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COLLECTION PHILOLOGIQUE
RECUEIL
DK TRAVAUX ORIGINAUX OU TRADUITS
PHII^pLOGIE & A L'HISTOIRE LITTÉRAIRE
NOUVELLE SÉRIE
DIX-HUITIEHE FASCICULE
PARIS
F. VIEWEa,- LIBRAIRE-ÉDITEUR
L[BRÀIR[E A. FKANCK
67 — RUE h:cheliïu — 67
1875
LES
TABLES EUGUBINES
TEXTE, TRADUCTION ET COMMENTAIRE
PARIS. - TYPOGRAPHIE LAHURE
Rue de Flearus, 9
LES
TABLES EUGUBINES
TEXTE, TRADUCTION ET COMMENTAIRE
1IXE GRWIUIRB ET UNE INTRODDCTION HISTORIQUE
FAm
MICHEL BRÉAL
L'icoix aK BitDTia ttvatt
PARIS
, VIEWEG, LIBRAIRE-ÉDITEUR
LIBRAIRIE A. ntÀNGK
67 — BDE HICBBLIEU — I
q r.
A
INTRODUCTION.
Les tables de bronze connues sous le nom de TcU)les Eugur-
bines^ ont été découvertes en \kkky à Gubbio, ville de Tltalie
centrale, dans la province d'Ombrie. Selon le récit du juris-
consulte et protonotaire apostolique Antonio Concioli, qui
était lui-même originaire de Gubbio, et qui a publié en 1673 un
livre sur le droit et les coutumes de sa ville natale, ces tables
furent trouvées en un souterrain orné de mosaïques, près des
restes d'un théâtre romain. Comme le témoignage de Concioli,
pour des raisons qu'on ne tardera pas à connaître, a donné
lieu à de nombreuses discussions, il est important de repro-
duire ses paroles : <c Quod autem Ëugubium civitas fuerit
antiquissima, ac reges ibi resederint.... fidem facit regium
sepulcru^, quod nomine Mausoleum, miroque constructum
artificio temporum adhuc edacitati répugnât. Rem eamdem
inter estera magnifica confirmât veterrimum theatrum : con-
flrmant novem aheneœ tabulae fama percelebres, ac litteris,
ac sententiis nemini cognitis exaratœ qusB totius orbis, ne-
dum Italia; antiquissima creduntur monumenta. Ânno 1444
hasce tabellas ex sere purissimo fortuna detexit in subterra-
nea concameratione miris emblematis tessellata, quœ quidem
tam egregio picturatur artificio, ut regalis aul» spécimen
praebeat, apud theatrum, hoc est in planitie, ubi antiquitus
sedebat Ëugubium. Âtque illœ notissimum sibi nomen compa-
rarunt apud eos, qui vetustate cognita delectantur, multique '
crediderunt leges ibi cœlatas esse primorum regum, qui in
hac provincia dominarentur. Centesimus trigesimus teriius
agitur annus ex quo iliarum duœ Yenetiis in armamentario
ducalis palatii inter rarissima custodiuntur, tanquam pretiosa
caligantis, sed pulchrœ antiquitatis monumenta, ac Tabu-
1. BuguHum est le nom latin que portait Guhhio au moyen âge.
II INTRODUCTION.
Ise Ëugubinœ vocantur. Delatœ fueruni in eam urbem a cla-
rissimo viro, ut nobilibus eorum temporum antiquariis tra-
dereniur interpretandœ : et licet brevi remittendas fuisse
promiserit, nec brevi, nec ullo unquam tempore redierunt in
societatem aliarum septem, quœ in secrète palatii communis
archivio asservantur * . »
D'après le récit qu'on vient de lire, les tables trouvées étaient
au nombre de neuf. Cette circonstance importante a été plu-
sieurs fois contestée, et la critique, une fois mise en éveil, a
été jusqu'à mettre en doute l'ensemble du témoignage. En
effet, si' les sept tables conservées au palais municipal de
Gubbio sont fidèlement arrivées jusqu'à nous, la trace de celles
qui auraient été transportées en 1540 à l'arsenal de Venise,
s'est absolument perdue. Le savant Italien Passeri (1694-1780)
suppose que Concioli, qui a passé la plus grande partie de sa
vie loin de Gubbio, et qui d'ailleurs s'est occupé des tables
d'une manière incidente, a accueilli des informations inexactes.
Des doutes analogues ont été exprimés par Huschke et, plus
récemment encore, par M. G. Conestabile. Je n'entrerai pas
ici dans la discussion de cette question, me réservant de l'exa-
miner à part^ Je dirai seulement que les doutes élevés par ces
savants semblent assez peu justifiés, et que les documents
invoqués contre Concioli me paraissent plutôt parler en sa
faveur. Que sont devenues les deux tables dont l'existence, en
1673, est affirmée d'une manière si précise, et qu'il serait
d'un si grand intérêt de retrouver? Peut-être sontr^iles ca-
chées dans quelque palais de Venise ou de la terre ferme. Il
serait digne du gouvernement italien d'ordonner à ce sujet
des recherches.
Nous retournons maintenant aux sept tables restées à Gub-
bio. Donnons-en ici le signalement. Ce sont des plaques de
bronze de grandeur inégale, mesurant en moyenne à peu près
cinquante centimètres de long sur trente centimètres de large.
Cinq d'entre elles (celles qui sont numérotées aujourd'hui de
I à V) sont en écriture étrusque; deux (VI et VII) sont en écri-
ture latine de la plus belle époque, mais dans une langue qui
n'est pas le latin. Il y a, en outre, une inscription en écriture
latine (celle qu'on appelle souvent l'inscription Clavemiur^
1. Antonii Concioli Statuta civiUUis Euguhiù — Macérât», 1673, in-fol. P. III.
Repet. in ejusd. op. 1729.
2. Voy. ci-dessous, p. 309.
INTRODUCTION. III
d'après le mot par lequel elle commence) qui a été ajoutée
sur une place restée disponible du verso de la table Y. L'état
de conservation de ces plaques ne laisse rien à désirer. Toutes,
excepté III et lY, portent des inscriptions au recto et au
verso : nous désignons le recto par a, le verso par 6.
La première collection épigraphique qui ait publié un spé-
cimen de ces inscriptions^ est le recueil dû au savant hollan*
dais Smetius, édité après sa mort par Juste Lipse, en 1588 '.
Il donne les tables lY et YI avec cette mention : « Tabulas
hasce ambas Joannes Metellus Burgundus vidit et exscripsit,
quas etsi nemo plane intelligit, quia tamen de rébus sacris
agere quidam crediderunt, ideo hoc loco ponendas existi-
mavi*. » Smetius avait joint une transcription de Talphabet
étrusque, autant que les connaissances d'alors le permettaient.
En 1601, Gruterre produisit ces deux tables*: il ajouta la partie
latine de la table V, qu'il tenait de Puteanus (Dupuy) ex Bembi
bibliotheca Patavii,
Le premier essai de traduction est dû à l'Italien Bemardino
Baldo (1553-1617). Pensant que c'était une chose indigne de
son siècle que personne n'eût encore tenté une interprétation,
il envoya à Welser, à Âugsbourg, qui la publia en 1613, une
Divinatio m tabulam^ œneam Eugubmam lingua Hetrusca ve-
teri perscriptam. Le texte est expliqué au moyen de Bérose et
de Caton, d'après Annius de Yiterbe. Il ne sera peut-être pas
inutile de donner un échantillon de la lecture et de la tra-
duction, pour montrer quelles étaient au commencement les
difficultés de la tâche : nous faisons précéder le texte tel qu'il
doit être lu (lY, 1).
Purtuvitu erarunt struhçlas eskamitu
Rudfucifu edadunf Sfduoblas eskamifu
Rex noster Dominus noster Sfduoblas excitator noster
1. s'il fout en croire Bernardino Baldo, dont il sera question plus loin, dès la
fin du quinzième siècle l'une des tables en écriture étrusque (la table IV) aurait
été publiée par le comte Gabriele di Gabrieli. En 1520, l'inscription Clavemiur
fut éditée dans un ouvrage devenu très-rare, la VUa di S. Vhaldo, data fuori dal
Padre Stefano di Cretnona, canonico regolare,
2. InseripUonMfn aruiquarum q%L» passim per Ewropam liber, Lugd. Bat.
p. XXXIX.'
3. Le Metellus Burgundus dont il est parlé ici est peut-être le môme dont il
est question dans l'histoire du texte des Agrimetuoret latins.
4. IntcriptioneM oMiqtix toi, orb. Rom, in corpus abtol. redaetœ ingenio ae
cura 1, Gruteri, auspic. I. Scaligeri ac El, VeUeri, If, p. CXLII sq.
ÏV INTRODUCTION.
aveitu inumek tertiama spanti
aceifu inumek fedfiama sranfi
paler noster et legislator liberatrix nostra mater domina nostra
triiatefra prusekatu edek supru
Fdiafegda rdusecafu epek surdu
Fdiafegda contritionem nostram educendo propulsaverunt
sese ereçluma vesune puemunes pupdices purtuvitu
sese edebiuma cesune ruemunes rurpibes rudfucifu
sexies Aulum consulem romanœ reipublicœ rex noster
struhçla
petenata
isek
sfduoblas
reienafa
isek
sfduoblas
debilitavit
et prwcipitanter currere fecit.
Richard Simon faisait allusion à cette traduction, quand il
parlait dans sa Bibliothèque critique (II, chap. v) « des imper-
tinences que Yelserus fait imprimer à Augsbourg. » Après
avoir cité quelques étymologies hébraïques de Baldo : « En vé-
rité, ajoute-t-il, il faut avoir Tesprit bien pénétrant, ou plutôt
être inspiré, pour voir que ces deux mots sont hébreux. Un
Chinois y trouverait plutôt sa langue chinoise qu'un Juif n'y
trouvera la langue hébraïque. »
L'année suivante (1614) vit paraître une traduction non
moins extraordinaire : elle venait cette fois des Pays-Bas. Le
Hollandais Adrien van Scrieck publia à Ypres un livre sur
les origines des peuples de l'Europe, et en particulier des
Néerlandais*, où il inséra la table VII, qu'il avait reçue, disait-
il, à Paris, d'un de ses amis qui l'avait rapportée de Rome. Il
y joignit une traduction où l'ombrien est expliqué & l'aide du
néerlandais ; car c'est le plus ancien monument de la langue
belge qu'il reconnaissait dans cette table. Pour donner une
idée de cette traduction, il suffira de dire que eno prinuatur
(VU a 1) <c tum viatores » est rendu par in bring water (qu'il
1. Adriani Scrieckii Rodorni Originum rerumque eeUieairum et belgicarum
Uhri XXlll.
INTRODUCTION. V
«
apporte de l'eau). Le nom de la déesse Çerfa est pris pour le
verbe sterben « mourir ».
Ici s'arrêtent, pour un temps, les essais d'interprétation.
Aux esprits avisés, le problème paraissait trop difficile. « Pour
votre langue étrusque et leurs caractères, écrivait Saumaise
à Peiresc, c'est un point où je confesse n'entendre rien du
tout. J'y ai voulu souvent bailler des atteintes, mais je n'y ai
jamais pu mordre. Je ne sais comment il s'y faut prendre :
s'il faut aller de dextre à senestre, ou de senestre à dextre....
Ceux qui ont voulu interpréter ces Tables Eugubines ne me
peuvent pas satisfaire. Mettons donc ceci entre les choses que
nous ignorons parfaitement. »
Au dix-huitième siècle, l'interprétation devait être reprise
avec un redoublement d'ardeur. Nous rencontrons ici un livre
qui exerça une influence considérable sur les esprits ; ce n'est
pas qu'il fût d'une grande nouveauté : l'auteur, quand son
œuvre parut, était mort depuis plus de cent ans. Le savant
Écossais Thomas Dempster (1559-1625) appartient au seizième
siècle par la date de sa naissance, par son érudition immense
et confuse, par son caractère batailleur, par son humeur in-
quiète et voyageuse. Après avoir professé dans les Pays-Bas,
en France, en Angleterre, en Espagne, il fut appelé en Italie
par Cosme II de Médicis, et, sur l'invitation de ce prince, il
écrivit en 1619 son grand ouvrage De Etruria regali. Ce livre
resta manuscrit jusqu'en l'année 1723, où il fut publié avec
luxe, à Florence, par les soins de Thomas Coke, comte de Lei-
cester. L'ouvrage était bien tel qu'on pouvait l'attendre d'un
homme réputé en son temps pour l'étendue de son savoir
comme pour son manque de jugement. Les Étrusques y sont
présentés comme le peuple inventeur de tous les arts, de
toutes les sciences, de tous les objets utiles à la vie. Ils
étaient autrefois les maîtres de l'Italie, et Rome, qui leur ar-
racha la primauté, se para de leur civilisation. Les anciens
titres de noblesse des diverses cités de l'Italie étaient énu-
mérés au long par Dempster. Ce qui donna à cette publication
une valeur durable, c'est qu'un savant aussi modeste que
judicieux, Philippe Bonaruoti, lequel avait été chargé de sur-
veiller l'édition, profita de l'occasion pour y joindre des plan-
ches exécutées avec le plus grand soin. Une quantité d'in-
scriptions et d'antiquités virent le jour pour la première fois.
Au nombre des planches figurent les Tables Eugubines, pu-
bliées intégralement et avec une correction remarquable pour
VI INTRODUCTION.
répoque. Bonaruoti se doutait déjà qu'elles n'étaient pas en
langue étrusque, mais plutôt en ombrien : il avait remarqué
qu'on n'y trouvait aucun de ces noms en al^ si fréquents sur
les inscriptions de TÉtrurie. <c Du reste, ajoute-t-il, qu'elles
soient en étrusque ou en ombrien, peu importe, puisqu'on
n'entend pas plus l'un que l'autre. » Quant au contenu des
Tables, il exprime, mais avec une grande réserve, l'idée que
ce sont des traités entre peuples voisins.
Cette prudence ne devait pas être imitée. La publication de
Dempster provoqua une quantité de travaux sur les antiqui-
tés de l'Italie, et principalement sur la langue et la civilisa-
tion étrusques, où le patriotisme eut plus de part que la cri-
tique. C'est ce mouvement d'idées qu'un écrivain italien,
Tiraboschi, a appelé Ventusiccsmo elntëco. Dès l'année 1726, il
se fonda dans l'antique ville de Cortone une académie étrus-
que*. Par leur étendue, comme par la facilité relative de leur
déchiffrement, les Tables Eugubines attirèrent particulière-
ment l'attention, et le principal effort se concentra sur ces
inscriptions, dont l'histoire, ainsi que le dit justement Lep-
sius, semble être devenue à cette époque l'histoire même des
études étrusques.
Les principaux érudits qui s'occupèrent des Tables furent
le marquis Scipion Maffei (1675-1755), le chevalier et abbé An-
nibal-Camille degl' Abati Olivieri (1708-1789), l'abbé Giam-
battista Passeri (1694-1780), A. F. Gori (1691-1757). Parmi ce
groupe, un réfugié protestant français, originaire de Nîmes,
Louis Bourguet, tient une place importante. A la fois théolo-
gien, orientaliste, numismate, géologue, mathématicien, il
était en correspondance avec les savants de toute l'Europe. Il
donna, sous le pseudonyme de Philalèthe, en 1728, 1732 et 1734,
trois lettres ayant rapport aux Tables Eugubines, dans un re-
cueil publié à Genève et intitulé Bibliothèque italique ou His-
toire littéraire de Fltalie ^ Dans la première de ces lettres, qui
est adressée à Maffei, il propose une interprétation de la
partie en caractères latins de la table Y b : nous reproduisons
cette interprétation, qui n'est pas longue, parce qu'elle peut'
être considérée comme un spécimen du genre : « Claverniur
] . Le président portait le titre de Lucumon. Les mémoires de cette académie
forment douze volumes in-4*. Saggi di Dissertojioni Àccademicehe pubblicamente
lette neUa nobile Aeeademia etnuca delC antichissima eUtà di Cortona. Roma,
1735
% T. m, XIV, XVIII.
INTRODUCTION. VII
Dirsa, frère du pontife Herti (a vendu) une pièce de terre de
six vingt pieds en quarré du côté septentrional à Faber Opeter
(sous condition) qu'il donnera la Taille de quatre pieds (en
quarré) du champ au Berger de Mars ; le cens & Homonus
Duumvir, pour avoir soin du pur froment. Il donnera aussi
VI paniers de froment du grain d'une dizaine de paumes (en
quarré) d'au-dessus de la pièce, à Claverniur Dirsa, frère du
pontife Herti; il lui donnera aussi dix chèvres et cinq déplus;
ensuite il chariera la balle et le* cens, et donnera encore Yl pa-
niers de froment du champ même à Dirsa, frère du pontife
Herti. »
Dans la seconde lettre, il donne de la table YI a une traduc-
tion non moins extraordinaire. Denys d'Halicamasse raconte,
d'après* Myrsile de Lesbos, au premier livre de ses Antiquités
romaines, que les Pélasges sont originaires de la Lydie, et
qu'à leur arrivée en Italie ils eurent à souffrir de divers
fléaux, tels que stérilité de la terre, guerre, peste, disette.
Pour apaiser les dieux, ils leur offrirent les prémices de tout
ce qui naîtrait. La table YI, qui est antérieure à la guerre de
Troie, nous a conservé le souvenir de ce vœu ; c'est un canti-
que qu'on chantait à plein gosier : de là le nom de carmen or-
Mum ou de litanies pélasges que lui donne Bourguet. Yoici
un fragment de cette traduction (table YI a, lignes 8 et suiv.) :
a Le produit des semailles a été renversé et brûlé. Les plus
gras pâturages ne seront soutenus que d'un peu de rosée. La
nourriture est nuisible. Les veaux qui croissaient sont consu-
més. Il manque de quoi se rassasier. Les veaux qui croissent
on^ le corps endommagé et le laboureur est perdu. »
Si ces deux premières lettres ne renferment guère que des
rêveries, la troisième fut d'une importance capitale dans l'his-
toire du déchiffrement. L'auteur, abordant l'étude de l'alpha-
bet étrusque (les tables précédemment expliquées par lui sont
en caractères latins), essaye de déterminer la valeur de
chaque signe : une découverte qu'il venait de faire l'aida sin-
gulièrement dans cette tâche. Il avait reconnu que la table YI
(en caractères latins) et la table I (en caractères étrusques)
donnent le même texte, sauf certains changements et déve-
loppements dont on pouvait faire abstraction. Il était dès lors
beaucoup plus facile d'arriver à une lecture correcte. Bour-
guet réussit à établir la vraie valeur de la plupart des carac-
tères. Quelques-unes de ses identifications auraient même
mérité plus d'attention que les contemporains ne parurent
VIII INTRODUCTION.
leur accorder. Ainsi te d continua d'être pris pour un B, quoi-
qu'il y eût déj& un B dans l'alphabet, et quoique Bourguet
eût démontré que c'était une sifflante. Il fallut qu'Otfried
MûUer prouvât de nouveau le même fait*.
Parmi les savants italiens, les uns, comme Olivieri et Gori,
admirent, ou du moins parurent admettre ces résultats. Ainsi
Olivieri traduisit les lettres de Bourguet dans les mémoires
de l'académie de Cortone; Gori les reproduisit dans son Mit-
sernn etruscum^j en ajoutant seulement la découverte qu'il
avait faite de son côté, que les litanies étaient en vers hexa-
mètres. D'autres savants proposèrent des interprétations dif-
férentes. Maffei, guidé par son tact naturel, avait émis sur le
contenu probable des inscriptions une vue qui n'avait rien
que de raisonnable. « Mihi visum est tractari ibi de rébus sa-
cris atque sacrificiis.... Ceterum hoc velim extra dubium acci-
piatur : laminas illas, quas dixi, Eugubinas nihilaliud conti-
nere posse quam documenta sive publica, veluti pacta inter
gentes inita, pacis aut fœderum formulas; sive privata, ven-
ditiones puta, donationes, testamenta'. »
L'abbé Passeri, qui avait écrit à l'âge de quatorze ans une
dissertation sur les Tables Eugubines, et qui revint encore
par deux fois sur le même sujet dans le cours de sa longue
vie, publia en 1739, dans un recueil philologique édité à Ve-
nise^, une série de lettres qu'il intitula Lettere Roncagliesi^ du
nom de sa maison de campagne de Roncaglia. Les lettres
étaient adressées à Olivieri. Ce dernier avait eu le mérite de
faire une découverte qui fut un trait de lumière au milieu des
ténèbres où l'on avait tâtonné jusque-là. Il avait reconjiu ^
que le nom, si fréquemment répété, de Ikuvina, liomna^ ne
désignait pas la jeunesse, comme le supposait Bourguet, mais
que c'était le nom même des Iguviens ; on commença dès lors
!• Nous ne saYoos trop pourquoi Lepsius, qui rend juBtice aux services rendus
par Bourguet, Taccuse de jactance et de vanité. Nous n'avons rien trouvé de sem-
blable dans les lettres de Philalètbe.
2. Trois vol. in-fol. 1737-43.
3. Scipionis Maffei origines etruscae et latinse, sive de priscis ac primis ante
Urbem conditam Itali» incolis commentatio. Ex italico sermone in latinum con-
vertit I. G. Lotterus. Upsiae, 1731, p. 66, 73.
4. Raccolta â^opmccli scientifici e filologiei édités par D. Angiolo Galogerà.
T. XXII, xxiir, XXVI, xxvn.
5. Sopra aleuni mmumenti peUugi. Pesaro, 1735. Il reconnut aussi le nom
des Tadinates, peuple de TOmbrie cité par Pline.
INTRODUCTION. IX
à se douter que ces tables se rapportaient au passé de la ville
où elles avaient été découvertes. Guidé par cette indication,
Passeri écrit : « Sapete voi in che lingua son esse scritte ? In
lingua gubina antica. » Voici un passage de ces lettres où,
avec un certain art de mise en scène et en une langue toute
colorée des idées philosophiques de Yico, il fait ressortir le
caractère national de ces recherches : « Ce sont 1&, dit-il, nos
vrais et légitimes monuments, et tout bon citoyen doit consi-
dérer cette étude comme une étude nationale. Ce que nous
avons de romain nous est aussi étranger qu'il peut l'être aux
Daces et aux Sicambres. Ce peuple qui a tout foulé aux pieds
n'a d'autre relation avec nous, que de nous avoir opprimés.
Ces inscriptions contiennent les noms et les prérogatives de
nos ancêtres ; ici sont renfermées les traditions et les cou-
tumes de notre peuple ; et si l'envie romaine a fait sentir sa
furie même à l'innocence de notre antique idiome, les germes
qui vivent encore dans les puissances de notre &me sont em-
portés par le tourbillon des choses humaines. Il ne se peut
que ce circuit universel qui agite les idées de toutes choses ne
vienne déposer un jour ou l'autre, soit à dessein, soit par ha-
sard-, des principes qui, accueillis et nourris, permettront de
réparer en quelque manière cette perte.» Il est intéressant de
voir comment le patriotisme italien, qui, à cette époque, ne
dépassait point encore l'amour de la province, avait trouvé
un aliment dans ces études : il n'est pas moins curieux de
comparer ces sentiments pour Rome avec les idées qui de-
vaient remplir l'Italie un siècle plus tard.
^Malheureusement Passeri ne s'en tint pas à ces déclarations.
Il voulut interpréter les tables. Oubliant ce qu'il avait dit sur
la langue des inscriptions, il les explique, tout comme Bour-
guet, à l'aide du grec et de l'hébreu. Vingt-cinq ans plus
tard il en donna une traduction nouvelle \ prouvant au moins
de cette manière son ardeur pour un problème que sans
doute le voisinage de Gubbio, qui lui éleva un monument,
l'empêchait d'oublier.
La vie fertile en loisirs des ecclésiastiques italiens au dix-
huitième siècle trouvait dans ce genre de travaux une
noble et élégante occupation. Un autre abbé, esprit enjoué
et fin, I. Lami, publia en 1742, sous le pseudonyme de Cle-
1. lo. Baptist» Paiserii In Thomêg Dempiteri lihros de Struria BegaH Para
lipomena* Lucas, 1767.
X INTRODUCTION.
mente Bini, et probablement en réponse aux LeUere Roncor-
gliesi, des LeUere Gualfondicme^ où il se moque avec esprit
des interprétations qu'on avait proposées. Il montre qu'il faut
chercher dans le latin vulgaire l'explication de la langue des
tables, et il donne à ce sujet d'excellentes indications. Mais,
lui aussi, il aurait dû se borner à la théorie, car la traduc-
tion qu'après un long et judicieux préambule il donne de la
table III, ressemble à un pur roman. « C'est, dit-il, un frag-
ment de l'histoire ancienne eug'ubine, racontant la fuite des
citoyens de Gubbio, de leur cité mise à sac et dévastée par les
ennemis. Ce sont les lamentations des fugitifs qui, considé-
rant le mal qu'ils ont souffert, se l'etournent vers Jupiter, et
l'excitent à les venger, en lui représentant le massacre de
leurs proches, la ruine de leurs biens et de leur patrie. »
Les ennemis, ajoute Lami, venaient probablement du côté de
Tivoli: On ne sait pas toujours si Tabbé florentin plaisante
ou s'il prend sa traduction au sérieux ^.
Pour finir l'histoire de ces efforts infructueux, il faut encore
mentionner un ouvrage qui parut en 1772 à Modène, et qui
est peut-être le plus faible de tous. Il a pour titre : Délia lin-
gua de' primi ahitatori delV Italia. C'est l'œuvre posthume du
jésuite Stanislas Bardetti. L'auteur explique la même inscrip-
tion que Lami, et, lui aussi, il suppose un récit historique
parlant de guerre et d'exil. Mais ce qui le distingue de ses
prédécesseurs, c'est qu'il interprète principalement l'ombrien &
l'aide de l'anglo-saxon, du vieux haut-allemand et du cel-
tique.
En présence de ces divagations, on apprécie d'autant mieux
la réserve d'un savant tel que Fréret, qui jugeait de cette
façon, en 1753, les tentatives faites jusqu'alors :
« Les inscriptions étrusques en caractères latins ne sont
«
1. Lettere Gualfondiane del signor Gius. Clémente Bini sacerdote fiorentino
8opra qualche parte dell* anticbità etrusca ail* illustrissimo signor Drake, cava-
lière inglese. 1744. Firenze, in-12.
2. Bini traduit (p. GGLXXXV) : Ezeunt [Iguvini], fùga ter summa [seu quam
citissima], ustis sex in thesauro umis [rerum scilicet preciosarum, ne in hos-
tium manus devenirent]. Tum quidem vocem promunt, petunt, invocant, ultorem
fortem [adversus hoslea], euntes. Frater ostentat purum [sceleris] fratrem, [qui]
mersus [mails et funere] fuit. Mulieres invocant ultorem fervidum : mulieres
sistunt sacras ovesultori [ut exaudiat]. Viri puncti [acri dolore] certant [sacri-
ficaturi] innumeris sacris ovibus; et fortes [quidèm] puncti ob summa fratrum
[mala] innumera, in via [dum essent^ atque vadentes lamentabantur]. Hersa
[àc perdlta] ovis, arva et tota; eradicata pyrus [et omnis arbos].
INTRODUCTION. XI
pas plus intelligibles que les autres, quoiqu'on y rencontre
des mots latins défigurés. Les interprétations que quelques
savants en ont prétendu donner ne sont que des divinations
absolument hasardées; des alliages de mots latins, grecs, hé-
breux, altérés et rendus méconnaissables. Avec de pareilles
licences on rapportera ces inscriptions à toutes les langues du
monde, au bas-breton, au basque, au mexicain. On peut
môme observer que les auteurs de ces interprétations ne font
aucun usage des mots étrusques dont les anciens nous ont
transmis le sens. Remarquons enfin qu'il n'est rien moins
que prouvé que ces monuments aient la grande antiquité
qu'on leur attribue. Ceux qui sont en caractères latins, & n'en
juger que par la forme de ces caractères, doivent être posté-
rieurs à la conquête de l'Étrurie par les Romains et remonter
tout au plus au temps de la première guerre punique ^ »
Le premier qui ait ouvert les voies à une interprétation
méthodique est L. Lanzi (1732-I8I0), dans son Saggio di lin"
gua elrusca e di altre antiche d'Italia^ publié à Rome en 1789 '.
S'inspirant de la prudence de Fréret dont il rappelle les pa-
roles, il annonce qu'il ne tentera pas une traduction intégrale
des textes, mais qu'il imitera ceux qui expliquent une in-
scription & demi effacée, et qui, là où ils ne peuvent lire, se
taisent ou se contentent d'une conjecture présentée avec
doute. Il ne saurait considérer les Iguviens comme des Étrus-
ques, puisque sur les tables Eugubines les Étrusques sont
nommés en toutes lettres à côté des Iguviens. Toutefois il
doit y avoir, vu le voisinage, une certaine parenté entre les
deux langues. La syntaxe est pour la plupart du temps iden-
tique à la syntaxe latine. Quelquefois elle a l'air barbare :
mais le lecteur, en ajoutant ici un S, là un M, comme il faut
faire aussi dans les inscriptions romaines, ou en opérant
quelque autre changement non moins régulier, n'aura pas de
peine à mettre habituellement le texte d'accord avec les rè-
gles des grammairiens ; c'est une sorte de latin rustique. La
date de ces tables ne peut guère être antérieure au septième
siècle de Rome. Pourquoi deux écritures? Passeri suppose
que les incriptions en caractères latins appartenaient à un
âge où le latin avait prévalu dans le pays. Lanzi lui-même
avait autrefois partagé cette opinion : mais il est convaincu
1. Bût. de VAead. det /fu.,t.XVIlI, p. 107.
2. Réimprimé à Florence en 1824,
XII INTRODUCTION.
aujourd'hui qu'il ne peut y avoir entre les deux sortes d'in-
scriptions une grande différence d'âge. Ce sont probablement
deux dialectes; un caractère du dialecte le plus moderne,
c'est le rhotacisme et le changement de *I en RS. Quant au
contenu, il n'était pas difficile de le deviner : tant de noms de
divinités et de sacrifices nous annoncent un rituel. Les ta-
bles YI et YII sont le plus grand monument de liturgie
païenne qui nous ait été conservé*.
On voit comme Lanzi touche déjà du doigt la vérité. Mais
quand il en vient à la traduction, un instrument essentiel
lui fait défaut. Son côté faible, c'est la grammaire: quand
il traduit tio esu hue (te hoc bove) par tio{A6vo<; foo, quand
il rend fakustapitek (postquam ita fecerit) par « ite, faces-
site », quand il fait du participe pesnis (precatus) le substantif
pesnis « la coda », quand il interprète peturpursus (qua-
drupedibus) par iTepoiç puris, quand il prend Hertei^ Appei,
Capir, Dirsas pour des noms propres, on découvre les lacunes
de la science grammaticale d'alors.
Trente ans plus tard, Otfried Mûller, dans son ouvrage sur
les Étrusques (1828), s'occupa des Tables Eugubines, et il le
fit en philologue supérieur'. Il établit d'une façon irréfutable
le point capital, déjà entrevu par Fréret et Bonaruoti, que
ces Inscriptions ne sont pas en étrusque, mais en ombrien, et
il nie qu'il y ait aucune parenté entre ces deux idiomes. Ses
vues sur les prétendus deux dialectes ne sont pas moins
justes. Les différences d'orthographe qu'on aperçoit entre les
tables en écriture étrusque et les tables en écriture latine
viennent de la différence des alphabets : mais si la voyelle o,
par exemple, est marquée V dans l'écriture étrusque, cela ne
prouve pas que le son o n'existât point dans la prononciation ;
on en peut dire autant pour les consonnes d et g^ qui n'ont
point de signe spécial, et qui sont représentées par T et K. Ces
considérations ont été un peu perdues de vue par les succes-
seurs d'Otfried Millier. Mais où il montre surtout son tact gram-
matical, c'est quand il s'agit de reconnaître les flexions. Il
établit les désinences du génitif et du datif singulier, celles
du nominatif et de l'accusatif pluriel. Dans la conjugaison,
il distingue la forme de l'impératif et celle du futur anté-
rieur. D'autre part, ses recherches sur le rituel étrusque
1 . Saggio {V édition), I, 37, 122, 220 s. HI, 582 ss.
2. Die Etrwher. 2 vol. Voy. surlouU
INTRODUCTION. XIII
furent à ses successeurs d'un utile secours pour le déchiffre-
ment.
Un élève d'Otfried Mûller, Richard Lepsius, avant de se
tourner vers Tégyptologie, publia comme thèse pour le doc-
torat sa dissertation de Tabulis Eugubinis (1833), que nous
avons déjà eu l'occasion de mentionner. Sans aborder direc-
tement l'interprétation du texte, il eut le mérite d'élucider
quelques questions extrinsèques d'une véritable importance.
En premier lieu, il donna une histoire exacte et complète des
tentatives qui avaient été faites jusque-là pour arriver au
déchiffrement : si les jugements qu'il prononce se sentent
un peu de la sévérité de l'étudiant, on ne saurait pourtant lui
donner tout à fait tort, quand il se résume en disant « qu'on
croit lever lorsqu'on met les résultats obtenus en regard du
temps et des efforts dépensés. » A la suite de ce préambule
historique viennent deux chapitres sur l'alphabet ombrien :
même après Mûller, il restait encore à faire sur ce point.
Ainsi Otfried Mûller écrit (I 6 1] : Fukukum iufiu pune
ufeph phurphath treph fitluph turuph Marte Hurse
phetu. Lepsius reconnut le v, le /*, le z, le d et le signe spé-
cial A employé pour m sur la table Y. Passant ensuite à la
question de Tàge des tables, il suppose que les différences
d'orthographe qu'on remarque entre les diverses inscriptions
doivent être attribuées à un changement survenu dans la
langue, que les inscriptions en caractères étrusques doivent,
par ce fait même, être regardées comme les plus anciennes,
et qu'un espace de deux siècles au moins les sépare des in-
scriptions en caractères latins, qui sont du VI* siècle de Rome *.
D'après ces prémisses, il propose une classification des tables
différente de celle de Bonaruoti. Plus tard, Lepsius eut en-
core le mérite d'aller prendre lui-même sur les lieux et de
1. « Tria sunt quae in omnibus Itali» monumentis examinandis a quoviâ
tenenda puto, primum Etruscas inscriptiones semper vetustiores habendas esse
quam Latinas, siquidem eodem profectœ sint loco : deinde Etruscam quam di-
cunt litteraturam d^versorum Italiœ populorum lis omnibus aeque atque ipsis
Etruscis fuisse piopriam et quasi nativam : deniqtie, quam inter Etrusce atque
Latine scripta ejusdem populi monumenta deprebendas diversitatem litterarum,
non litteraturse lantum, sed lingu» esse. » Comme Lepsius admet que le même
alpbabet existait dans toute Tltalie, il est arrivé à la conclusion que Vo manquait
non-seulement à Pombrien, mais aux autres peuples iUdiotes, y compris les Ro-
mains. Même bypotbèse pour le g et pour le d. (Di Tabulis Eugubinis, p. 30
et suiv.)
xnr INTRODUCTION.
publier le fac-similé complet des inscriptions ^ A cette publi-
cation il joignit un volume qui contient une recension corri-
gée, une dissertation épigraphique et philologique , et un
index des mots *.
Dans le môme temps où Lepsius publiait son premier tra-
vail, un éminent indianiste, Christian Lassen, faisait paraître
ses Beitrœge zut Deutung der eugubinischen Tafeln^. Avec lui
nous voyons la linguistique mettre pour la première fois ses
méthodes au service de l'interprétation : Lassen a trouvé juste
sur un certain nombre de points; mais il n'a pas toujours
échappé au danger d'exagérer l'archaïsme de la grammaire
ombrienne. Son travail, resté inachevé, ne va pas au delà
d'un court fragment*.
En 1835, G. F. Grotefend, qui s'était signalé par sa sagacité
dans le champ de l'épigraphie perse, donna ses Rudimenta
linguœ \wnbricœ*. Il ne suit pas l'ordre des inscriptions, mais
il explique successivement un certain nombre de passages
choisis de côté et d'autre : cette disposition incommode, que
vient aggraver le manque d'index, est cause sans doute
que son travail n'a pas été autant lu qu'il aurait mérité de
Tôtre. On y aurait rencontré un certain nombre d'interpré-
1. Tous les philologues qui sont venus après Lepsius ont adopté sa numérota-
tion : nous la gardons également, parce qu^elle est consacrée par l'usage. Hais
nous aurons des réserves à faire sur ce classement (voy. p. 223 et 307). Voici
la concordance des deux numérotations :
Bonanioti. Lepsius.
I. IV.
u. m.
III a. V a.
III &. V h.
IV a. I h.
IV h. I a.
V a. II b.
V b. II a.
VI a. VI b.
VI b. VI a.
VII a. VII a.
VII b. VU b.
2. Inseripiicnei uwbricm et oscx quotquot adhuc repertœ tunt omnes, 1841.
Lipsise. Atlas in-f^ et un vol. in-8*.
3. Bonn, 1833.
4. Il a interprété VI a 22-&9. Cf. un article de Lepsius dans le Rheinischet Mu-
séum fur Philologie, 1834.
5. En 8 parties. Hanovre. 1835-39,
INTRODUCTION. XV
tatiODS qui plus tard ont été retrouvées par d'autres ^ Il est
le premier qui ait systématiquement rapproché la table I des
tables YI-YII, et il déploie une connaissance approfondie des
textes latins qui peuvent servir à éclaircir le rituel d'Igu*
vium.
Nous arrivons à l'ouvrage d'Aufrecht et Kirchhoff : Die um-
brischen Sprachdenkmœler^ (1849-51), qui a fait époque dans
le déchiffrement des Tables Eugubines et qui peut servir de
modèle pour tous les travaux du même genre. Les auteurs,
philologues l'un et l'autre, le second représentant surtout
l'érudition classique, le premier se rattachant à l'école com-
parative, étaient par leur association parfaitement en mesure
de résoudre les principales difficultés du problème. Ils ont
apporté & leur t&che un savoir, une pénétration et un tact
qu'on ne saurait assez reconnaître. Le moyen principal qu'ils
emploient pour entrer dans la connaissance du texte n'est
pas, comme on pourrait le croire, l'étymologie. Ils gardent,
au contraire, en matière étymologique, une réserve presque
exagérée, mais qu'on approuvera si Ton pense aux témérités
dont ces études avaient été l'occasion. Le moyen employé
par les deux savants est le même qu'Eugène Burnouf avait
appliqué aux livres zends; c'est celui dont il faudra toujours,
en pareil cas, se servir de préférence à tout autre : le rappro-
chement des passages semblables. Tantôt c'est la même phrase
qui se trouve en deux endroits, mais la première fois avec un
seul sujet, la seconde fois avec deux : on voit alors les dési-
nences des adjectifs et des verbes se modifier, les pronoms
possessifs changer. Tantôt la même prière est adressée d'a-
bord à un dieu, puis à une déesse ; on obtient ainsi la marque
des genres. Ou bien la même prescription est exprimée une
fois avec un verbe à l'impératif, une autre fois avec une forme
verbale qui se révèle comme un subjonctif ou un optatif.
Après qu'une série de prescriptions a été donnée, elles repa-
raissent plus loin comme autant de faits accomplis : on arrive
à dresser de cette façon le tableau de la conjugaison. Les
deux auteurs reconnaissent la fin des phrases par la compa-
raison des endroits où la même phrase est répétée : ils distin-
1. Nous ravons lu nous-méme après rachèvement et l'impression de notre com-
mentaire.
2. 2 vol. in-4^ Le premier contient la phonétique et la grammaire , le second
l'interprétation.
XVI INTRODUCTION.
guent les différentes propositions par les verbes qui les ter-
minent, et ils arrivent à découvrir les particules par leur
voisinage habituel avec certains cas ou certains modes. Une
fois le pronom relatif et les pronoms démonstratifs reconnus,
il leur devient facile de faire la construction. Nous devons
convenir que les Tables Eugubines se prêtaient tout particu-
lièrement à cette méthode d'interprétation par la répétition
fréquente des mêmes formules, par la régularité de la con-
struction, par la fixité d'un langage où tous les termes ont
en quelque sorte une valeur consacrée. Il faut ajouter cer-
taines circonstances extérieures non moins précieuses : la
parfaite conservation du texte et la présence de la même
inscription en deux rédactions différentes. Mais il est juste de
dire que les deux savants interprètes ont remarquablement
mis à profit ces heureuses circonstances. Plus préoccupés de
la grammaire que du vocabulaire, il leur arrive de raisonner
d'une façon convaincante sur la construction d'une phrase
sans connaître le sens des mots. La plupart du temps, ils
serrent le texte d'une telle façon qu'au moment où ils don-
nent leur interprétation elle a déjà été pressentie et devinée
par le lecteur. Ce qui, outre ces qualités de méthode, donne
une valeur durable à leur ouvrage, c'est leur résolution
d'écarter les conjectures et d'omettre tout ce qui n'a pas le
caractère de la certitude : ne se lassant pas de déclarer qu'ils
ignorent, ils aiment mieux rester en deçà des limites per-
mises que de courir le risque de les dépasser. Aussi les
parties traduites par eux sont-elles, en général, restées acqui-
ses à la science.
Cependant cet ouvrage, si remarquable qu'il soit, a aussi
ses défectuosités. La réserve extrême que s'imposent les au-
teurs fait que près de la moitié des inscriptions n'est pas tra-
duite. Us poussent si loin la fidélité aux règles de phonétique
et de grammaire posées par eux en commençant, que pour
n'avoir pas à s'en écarter ils aiment mieux corriger le texte
que de retoucher leurs paradigmes. Si la' collaboration des
deux auteurs est ordinairement pour chacun d'eux un soutien
et un correctif, ils ne sont pas cependant sans s'être fait des
concessions inopportunes : ainsi la digression sur les tables
d'Héraclée est à peu près sans objet, et la grammaire est plus
que de raison remplie de rapprochements sanscrits. Un cer-
tain dédain des explications qui se présentent les premières
à l'esprit fait que les auteurs ont parfois préféré à la simple
INTRODUCTION. XVrt
vérité des théories compliquées et invraisemblables. Malgré
ces défauts, l'ouvrage d'Aufrecht et Kirchhoff est et restera la
base des études à venir sur les Tables Eugubines.
C'est pour avoir trop peu imité ce modèle que E. Huschke,
qui publia en 1859 un gros volume sur les mômes inscrip-
tions, fit une œuvre à peu près inutile*. Son livre marque un
retour dans la voie de l'interprétation aventureuse. Les rap-
prochements qu'il fait sont ordinairement contraires à toutes
les règles de la linguistique. L'utilité de la grammaire com-
parée (on le sent clairement en lisant ce livre) n'est pas tant
de suggérer des comparaisons, car de tout temps les rappro-
chements de mots se sont offerts en foule à l'esprit des inter-
prètes : le service qu'elle rend, c'est de donner une direction
aux conjectures et de resserrer le cercle des possibilités. A qui
n'a pas un instrument de contrôle tout parait également sou-
tenable. Ce jugement, qui peut sembler sévère, trouverait sa
confirmation à toutes les pages de l'ouvrage de Huschke.
Cependant son commentaire garde de l'intérêt à cause des
nombreux renseignements archéologiques qu'il renferme. On
peut sourire des étymologies de Huschke, de son symbolisme
raffiné, sans parler des connaissances qu'il déploie en cuisine :
mais on égalera difficilement son érudition pour tout ce qui
concerne le droit et le rituel.
Une fois la voie frayée, la grammaire comparée n'a pa
cessé depuis vingt ans de s'exercer sur un champ qui semble
fait exprès pour elle et qui recèle sans doute encore tant de
découvertes. Il suffira ici de nommer Ebel, Corssen, Ascolî,
Zeyss, Panzerbieter, Savelsberg : nous indiquons, au cours de
notre travail, les points où ils ont fait avancer l'interpréta-
tion^. Une place à part doit être donnée & M. Sophus Bugge,
qui, à plusieurs reprises, dans le Journal de Euhn, s'est oc-
cupé du dialecte ombrien, et l'a fait chaque fois avec bon-
heur*. Quelques-unes de ses découvertes concernent des par-
ties essentielles de la phonétique ou de la grammaire. Il
faut mentionner également la belle publication d'Ariodante
Fabretti, Corpus inscriptionu/m italicanmi antiquioris œvi et
glossarium italicum (Turin, 1867), qui contient le texte et le
fac-similé des inscriptions ombriennes, et qui, dans le Glos-
1. Die Iguvischen Tafeln. Leipzig.
2. En France^ M. Louis de Baeker a étudié le rituel ombrien en le rapprochant
du rituel mosaïque. Les Tables EugubineSy Paris, 1867.
3. Yoy. t. III, VI, VIII, XXII.
b
XVIII ÏNTRODUCTION.
saire, renvoie avec exactitude, pour chaque mot, pour cha-
que forme, aux savants qui en ont traité. Tout récemment,
M. F. Bûcheler a donné dans les Annales de Fleckeisen (1875),
sous le titre Conjectanea^ une traduction et un commentaire
de la table y, où il présente de judicieux rapprochements ^
II
Je dois maintenant au lecteur quelques explications sur le
contenu, sur la langue et sur Tâge probable des tables eugu-
bines. Ce sont les actes d'une corporation de prêtres qui avait
son siège à Iguvium, et dont l'autorité paraît s'être étendue
sur un assez grand rayon à Tentour. Ils s'appellent les frères
Attidiens (frater Atiiediur), et le nom de confrérie est
donné au collège (fratrecaté). Ils sont au nombre de douze :
différents noms de magistrature, tels que le questeur (kves-
tur) et le fratreks sont mentionnés. Le personnage qui joue
le rôle principal a le titre d'adfertur.
On s'est demandé à quel sanctuaire appartenait cette corpo-
ration, et l'hypothèse que nous avons ici les actes d'un temple
célèbre de l'antiquité a été émise par Passeri et Huschke.
Le poète Claudien, racontant le voyage de Ravenne à Rome
fait par l'empereur Honorius, décrit une sorte de tunnel qui,
non loin d'iguvium, après les lieux appelés Fanum Fortunoe
et Saxa intercisa, traverse les Apennins : dans le voisinage se
trouvait le temple de Jupiter Apenninus, dont on voit encore
aujourd'hui les ruines :
Laetior hinc Fano recipit Fortuna vetusto,
Ûespiciturque vagus prœrupta valle Metaurus,
Qua mons arte patens vivo se perforât arcu,
Admittitque viam sect» per viscera rupis,
Ëxsuperans delubra Jovis, saxoque minantes
Apenninigenis cul tas pastoribus aras'.
Ce même temple est marqué sur la carte de Peutinger : Jovis
Pennini templum*. Une inscription trouvée en cet endroit et
1. Notre commentaire était déjà imprimé en entier, quand a paru la suite du
travail de M. Bûcheler, qui traite de la table VI. Nous avons été heureux de voir
que, sur bon nombre de points jusque-là inexpliqués ou autrement expliqués» le
savant latiniste est arrivé aux mêmes interprétations que nous.
2. De sexto consul. Honorii, v. 500 sq.
3. Voy. Desjardins, p. 113.
INTRODUCTION, XIX
autrefois conservée & Gubbio, mais aujourd'hui déposée au
musée de Vérone, donne le nom de la divinité : 10 VI APE-
NINO I T. VIVIUS CAR | MOGENES | SULPICIA EUPHRO |
SVNE CONIUX I V. S. D. D.*. On venait consulter les oracles
dans ce temple et les sortes Apenninœ étaient célèbres.
Il faut dire que rien ne vient confirmer cette hypothëes.
Jupiter Apenninus n'est point nommé par nos textes. Si Ton
songe, en outre, au lieu de découverte des tables ', on sera
amené à écarter absolument la conjecture de Passeri. C'est ici
le moment de dire qu'Iguvium, dans l'antiquité, et surtout à
partir de la domination romaine, a été une ville d'une véri-
table importance. Le voisinage de mines de cuivre et d'argent,
et plus encore celui de la voie Flaminienne qui, coupant
en cet endroit les Apennins, reliait la mer Tyrrhénienne à la
mer Adriatique, firent de la cité ombrienne un centre com-
merçant et riche. Peut-être est-ce pour cette raison que les
Iguviens, à partir de l'an 307 de Rome, époque à laquelle
tous les peuples de l'Ombrie furent soumis par les Romains \
ne prirent part à aucun soulèvement et furent toujours les
fidèles alliés du vainqueur. On a trouvé sur remplacement de
l'ancien Iguvium des médailles, des statues, les restes d'un
thé&tre colossal qui est antérieur à Auguste, un mausolée,
des thermes et les ruines de divers temples consacrés à Janus,
à Apollon, à Diane, à Vesta, à Pallas. C'est à quelque sanc-
tuaire placé dans la ville, peut-être sur la colline si souvent
désignée sous le nom de Vocris Fisius, qu'a dû appartenir la
corporation attidienne. Quant à ce dernier nom, Lanzi l'avait
déjà rapproché du nom des Attidiates, population ombrienne
citée par Pline, et du nom de la ville moderne d'Attigio. Il est
probable que cette ville, qui portait dans l'antiquité le nom
d'Attidium, était le lieu d'origine de la corporation ^
Il ne semble pas que la confrérie attidienne fût vouée spé-
cialement au service d'une seule divinité : nous voyons qu'elle
offre des sacrifices à toute une série de dieux et de déesses.
Grâce à cette circonstance, les tables eugubines nous four-
1. Maffei, Mus. Ver. LXXIX, 5. OreUi, 1220.
3. Comme on l'a vu plus haut (p. ii), les tables ont été trouvées sur rempla-
cement de l'ancien Iguvium. Passeri, pour justifier son hypothèse, a jugé à pro-
pos de transporter le lieu de découverte du côté des ruines du temple de Jupiter
Apenninus, au village de Schigia. Mais c'est là une invention arbitraire.
3. Tite-Uve. IX, 41.
4. Voy. ci-dessous, p. 218.
XX INTRODUCTION.
Dissent de précieux renseignements sur le Panthéon d'un
peuple italique. Certains noms coïncident exactement avec
les noms romains : tels sont Jupiter, Sancus, Mars. D'autres
présentent une ressemblance plus ou moins lointaine, comme
FisuSy Grabovius, ÇerQus. D'autres encore étaient entière-
ment inconnus, comme Vofionus, Tefer, Trebus, etc. Nous
avons donc ici les monuments d'un culte indigène que la
religion romaine n'avait pas encore ejQTacé.
Le texte se rapporte à différentes cérémonies sacrées dont
la corporation attidienne était chargée. On aurait tort de rien
chercher qui ressembl&t à des inscriptions commémoratives :
ces tables, dont quelques-unes étaient fixées contre les parois
du temple, comme l'indiquent encore les trous destinés à re-
cevoir les clous et des blancs laissés dans le texte pour la
place des attaches, contiennent des prescriptions relatives au
rituel ou des résolutions votées en assemblée par le collège.
Il s'agit, par exemple, sur les tables VI et VII d'une purifica-
tion de la colline fisienne et d'une lustration du peuple iguvien.
Il faut d'abord prendre les auspices : la nature et le vol des
oiseaux qui seront considérés comme un présage favorable
sont stipulés à l'avance entre l'augure et Tadfertor. L'épervier
et le corbeau devront voler en avant, le pic-vert et la pie en
arrière. Pendant l'inspection des oiseaux, l'augure se tiendra
immobile et tourné du même côté : s'il fait un mouvement,
s'il se retourne, les auspices seront nuls. Les limites du carré
imaginaire à l'intérieur duquel les présages doivent se pro-
duire sont tracées dans le ciel : pour permettre à l'augure de
s'orienter, on indique les lieux correspondants sur la terre.
Nous avons ici un fragment de la topographie des environs
d'Iguvium. L'inscription, supposant que les présages ont été
favorables, donne la formule que prononcera l'augure ; après
quoi la purification commence. Elle consiste dans une proces-
sion autour de la ville et dans une série de quatre, ou plutôt
de huit sacrifices successifs. Le premier est offert à la porte
Trébulane : devant la porte Trébulane on immolera trois bœufs
à Dius Grabovius ; derrière la porte Trébulane, on immole trois
truies grasses à Trebus Jovius. Le second sacrifice est offert
à la porte de Tesena. Devant la porte on immole trois bœufs
à Mars Grabovius; derrière la porte, trois jeunes truies à
Fisus Sancius. Le troisième sacrifice a lieu à la porte de Veîes :
on immole trois bœufs devant la porte à Vofionus Grabovius,
et derrière la porte trois brebis à Tefrus Jovius. Le quatrième
INTRODUCTION. XXI
sacrifice n'a pas lieu près d'une porte^ mais à deux endroits
désignés sous le nom de voeu Joviu et de voeu Coredier : il est
probable qu'il est question de bois sacrés. On immole la pre*
miëre fois trois jeunes taureaux à Mars Hodius, et la seconde
fois trois autres taureaux à Hondus Çerfius.
Pour chacun de ces sacrifices l'inscription énumëre les dons
accessoires qu'il faut offrir à la divinité et elle entre quelque-
fois dans le détail des rites à suivre. Le double caractère que
Gicéron, dans sa RépuAliquôy dit être le propre de la religion
romaine, se retrouve à Iguvium : une extrême simplicité des
offrandes imie à une grande complication du rituel. Du lait,
du vin, un peu d'encens, diverses sortes de g&teaux compo-
sent le menu ordinaire des dieux : ce qui fait le mérite du
sacrifice, c'est l'exacte observation de toutes les prescriptions
liturgiques. Sacrorum autem ipsorum diligentiam difficilem,
apparatum perfacilem esse voluit : nam quœ perdiscendaquse-
que observanda essent, multa constituit, sed ea sine im-
pensa ^ « Si quelque chose, dit la table YI, a été omis, inter-
verti, manqué, le sacrifice sera nul, tu retourneras à la porte
Trébulane pour inspecter les oiseaux et pour tout recom-
mencer. »
Les prières, dont quelques-unes sont citées m extenso^ sem-
blent conçues dans le même esprit. Elles présentent la même
superfluité de mots, les mêmes répétitions, la même cautèle
et le même attachement aux formules que Cicéron relevait
chez les jurisconsultes romains^.
a Je t'ai invoqué, je t'invoque, Dius Grabovius, pour la col-
line Fisienne, pour le peuple Iguvien, pour le nom de la col-
line Fisiénne, pour le nom du peuple Iguvien '. Sois favorable,
sois propice à la colline Fisienne, au peuple Iguvien, au nom
de la colline Fisienne, au nom du peuple Iguvien. Saint, je
t'ai invoqué, je t'invoque, Dius Grabovius. Selon ton rite,
je t'ai invoqué, je t'invoque, Dius Grabovius. Je te consacre ce
bœuf ambarvale comme expiation pour la colline Fisienne,
pour le peuple Iguvien, pour le nom de la colline Fisienne,
pour le nom du peuple Iguvien. Dius Grabovius, sois enrichi
de ces dons. Si le feu a été souillé sur la colline Fisienne, si
dans la cité Iguvienne des rites ont été — omis, tiens-le pour
non avenu. Si quelque chose danfi ton sacrifice est manqué,
1. D€ Repi^iica. II, U, 27.
2. Ce sont les expressions de Lanzi.
3- Sur le double sens du mot nomne « nom », voy. ci*dessous, p. 72.
YXII INTRODUCTION.
mal fait, transgressé, négligé, vicié, s'il est & ton sacrifice un
défaut connu ou inconnu, Dius Grabovius, comme il est juste,
reçois en expiation ce bœuf ambaryale. Dius Grabovius, puri-
fie la colline Fisienne, purifie le peuple Iguvien. Dius Grabo-
vius, purifie le nom, les lares, les rites, les hommes, les trou-
peaux, les champs, les fruits de la colline Fisienne, du peuple
Iguvien. Purifie-les.... »
On trouverait chez le vieux Caton, dans les formules de
prières qu'il cite et qu'il donne comme modèle à l'agriculteur
romain, des invocations et des précautions toutes semblables.
En général, les religions qui ont divinisé les forces de la na-
ture sont arrivées à un formalisme de ce genre : les Indous,
les Perses ont des invocations presque identiques. Il s'agit
moins d'obtenir la bienveillance que d'enchatner la liberté du
dieu. Le brahmane qui connaît le rituel dispose du ciel, et par
le ciel il est le maître du monde. L'Italiote, sans aller aussi
loin, croit que s'il est fidèle & toutes les prescriptions sacrées,
le dieu, de son côté, ne saurait manquer à son office.
Vient ensuite une seconde cérémonie : la lustration du peu-
ple iguvien. Le sacrifice n'est pas offert à Iguvium, mais sur
différents points de la banlieue. Le prêtre, vêtu de la robe
prétexte garnie de pourpre et accompagné de deux acolytes,
conduit les victimes autour du territoire. Arrivé au point dé-
terminé, il s'arrête et prononce contre tous les étrangers,
Tadinates, Étrusques, Nariques, lapydes, une sentence d'éloi-
gnement. On a cru longtemps qu'il s'agissait d'un bannisse-
ment véritable : un examen plus attentif du texte doit faire
penser que nous sommes en présence dlune fiction légale, car
on indique aussitôt à ces étrangers le moyen de se racheter
de l'exil & prix d'argent. La lustration, à Iguvium comme à
Rome, paraît avoir été l'occasion d'un recensement et d'un
cens sur les étrangers. La procession achevée, le prêtre pro-
nonce une sorte d'imprécation contre les dieux du dehors,
suivie d'une invocation aux dieux nationaux.
Un autre document intéressant nous est fourni par la
table II &, qui donne la liste des peuples participant tous les
ans au sacrifice d'une truie et d'un bouc : parmi ces noms, il
en est qui sont cités dans Pline au nombre des populations
de l'Ombrie *. Chacune de ces tribus paraît avoir eu le droit de
l. Une de ces tribus^ les Curiates^ est donnée par Pline (III, 19) comme
éteinte : « interiere Curiates. » Ceci nous fournit une limite extrême au-dessous
INTRODUCTION. XXIII
venir tous les ans chercher un morceau des deux victimes :
en retour, elle payait une contribution de blé à la corporation
attidienne. Un usage analogue existait à Rome. Denys d'Hali-
carnasse raconte que Tarquin le Superbe, après avoir consti-
tué l'union des Latins, des Berniques et des Volsques, et élevé
sur le mont Albain le sanctuaire où quarante-sept villes te-
naient leurs réunions annuelles, décida qu'aux fériés latines
chaque peuple aurait sa part du taureau immolé en l'honneur
de Jupiter Latiaris : en retour, ces peuples alliés envoyaient
des agneaux, des fromages, du lait, des gâteaux. Cet usage,
qui existait encore au temps d'Auguste, s'appelait la visce-
ratio.
Une autre inscription nous laisse entrevoir l'organisation
intérieure de la confrérie. 11 ne semble pas que les frères Atti-
diens résidassent habituellement près du temple : ils se réu-
nissaient à des jours fixes pour vaquer à leurs cérémonies,
pour diner ensemble et pour examiner la gestion de l'adfer-
tor. Encore ne paraissent-ils pas avoir été très-exacts à ces
rendez-vous. C'est du moins ce qu'on peut inférer de l'insis-
tance avec laquelle l'inscription dit deux fois : « Si la majorité
des frères Attidiens qui seront venus est d'avis'....» Les affaires
de la confrérie paraissent être concentrées dans les mains du
personnage déjà plusieurs fois mentionné sous le nom d'ad-
fertor. C'est lui qui est chargé de diriger les sacrifices et les
lustrations, de fournir les objets nécessaires aux cérémonies :
je crois que le nom porté par ce personnage fait allusion à
ses fonctions. Dans la langue des Tables Eugubines, fertu a
souvent le sens «qu'il fournisse »; de même, le mot d'adfer-
tur désigne, à ce que je crois, le fournisseur ou le procura-
teur des sacrifices. Cela ne veut pas dire qu'il ne soit pas re-
vêtu d'un caractère public et sacré. Je ferai à ce propos une
autre observation. Parce que les Tables Eugubines contien-
nent de nombreux détails liturgiques, les interprètes de ces
inscriptions ont ordinairement pensé que c'étaient des in-
structions pour le sacrificateur. On a cru y lire, par exemple,
des indications sur la manière de découper la victime, de pré-
senter les entrailles, d'offirir les libations. Telle n'était point,
selon moi, l'intention principale de ceux qui ont fait graver
de laquelle on ne saurait placer [la date des tables. Hais il n*est pas douteux
qu'elles ne soient considérablement plus anciennes.
1. V a, 25, 28.
XXIV INTRODUCTION .
ces tables : ils ne songeaient point à transmettre des in-
structions qui se donnaient sans dodte mieux de vive voix
et par l'exemple. L'opération essentielle, qui est de tuer la
victime, n'est même pas mentionnée une fois. Ces inscrip-
tions se proposent surtout d'énumérer les objets à fournir
par les dififérentes personnes occupées au sacrifice, et no-
tamment par l'adfertor, ainsi que de fixer la taxe des rede-
vances qu'il percevra sur les croyants après chaque opé-
ration, et dont une partie doit être versée dans la caisse
de la communauté. On comprend que des indications de ce
genre aient été mises par écrit et affichées dans le temple
pour éviter les contestations et pour assurer les droits de
chacun.
Cet ensemble de circonstances ne nous transporte pas pré-
cisément dans un ten^ps de grande ferveur religieuse, mais
plutôt vers une époque de décadence, où l'ancien culte, aban-
donné à des mains intéressées, se propose surtout de main-
tenir, à l'aide de son rituel, un certain nombre de droits fis-
caux. Cette particularité peut déjà nous aider à pressentir
l'âge des inscriptions. Un autre indice nous est donné par
la forme des lettres. A cet égard, les tables en écriture étrus-
que ne peuvent être d'un grand secours, car ce que nous
savons jusqu'à présent de l'épigraphie tyrrhénienne est trop
peu de chose pour fournir des dates certaines. Mais il n'en est
pas de même pour les tables en écriture latine : nous avons
dit dans deux chapitres à part ce qu'on peut conjecturer sur
l'antiquité de ces documents, et les inductions qu'on peut
faire sur l'âge des autres tables. Il semble que la plupart
soient des copies d'inscriptions plus anciennes, et que la date
de ces copies doive être placée entre le second siècle et la fin
du premier siècle avant Jésus-Christ*.
La lecture des Tables Eugubines rappelle à l'esprit une
autre série de documents, ceux-là en langue latine, qui offrent
avec nos Tables une ressemblance frappante. Nous voulons
parler des Actes du collège des frères Arvales. Un hasard pareil
à celui qui nous donna les Tables Eugubines a fait retrouver
vers la fin du siècle dernier, à quelques milles de Rome,
l'emplacement du temple des Arvales, ainsi qu'un grand
nombre d'inscriptions qui le décoraient. Il y a huit ans, de
nouvelles fouilles, pratiquées au même endroit, augmentèrent
1. Voy. p. 227 et 308.
INTRODUCTION. XXV
notablement le nombre des inscriptions, de sorte qu'à, cer-
taines lacunes près nous pouvons dire que nous possédons
les archives du collège depuis Tibère jusqu'à Héliogabale. Le
culte des Arvales est d'une haute antiquité : une tradition le
faisait remonter jusqu'aux douze fils d'Acca Larentia, la
nourrice de Romulus. Le collège se composait de douze prê-
tres, qui se donnaient le nom de frères, probablement par al-
lusion à cette ancienne fable. Ils étaient voués au culte d'une
déesse que nous ne trouvons mentionnée nulle part ailleurs,
Dea Dia. Tous les ans, au printemps, ils célébraient en l'hon-
neur de cette divinité une grande fête, qui était l'occasion
d'une réunion solennelle. Mais ce ne sont pas les anciens actes
des Arvales qui nous ont été conservés : tous les documents
que nous avons sont postérieurs à la réorganisation du col-
lège sous Auguste.
Quand on rapproche ces inscriptions de celles qui nous
viennent d'Iguvium, on ne peut s'empêcher de remarquer,
malgré la triple différence de la langue, du temps et de l'im-
portance relative des deux villes, [les plus singulières coïnci-
dences. C'est le même culte de divinités champêtres, ce sont
les mêmes cérémonies, et jusqu'aux mêmes prières. Il est
vrai que l'étonnante fortune qui avait fait de la ville de Ro-
mulus la capitale de l'univers s'est étendue au collège des
frères Arvales. Les magistri successifs du collège s'appellent
Tiberius Cœsar, Caius Caesar, Néron, Galba, Othon, Vitellius,
Domitien, Trajan, Antonin, Marc-Aurèle. Les plus grands évé-
nements de l'histoire du monde, l'anniversaire de la bataille
d'Actium, les défaites des Germains, la découverte des com-
plots tramés contre la vie de l'empereur, sont mentionnés sur
les Tables et donnent lieu à des actions de grâces. Les frères
Arvales sont choisis parmi les plus illustres des familles pa-
triciennes de Rome, les Domitius, les Paulus, les Fabius, les
Gorvinus, les Silanus, les Memmius. Dans les repas, que les
inscriptions n'ont garde d'oublier, ce sont des fils de séna-
teurs qui servent à table, et tout le luxe de la Rome impériale
est déployé (discumbentes toralibus albis segmentatis — pue-
ris ingenuis senatorum filiis ministrantibus). Il n'est pas
jusqu'à l'emploi de calator {qui correspond sMxprinvatur om-
briens] qui ne soit avidement recherché. Des sommes consi-
dérables en or et en argent sont offertes à la caisse de la
communauté : aux anciennes réjouissatices s'en viennent
joindre de toutes nouvelles, telles que les courses de qua-
XXVI INTRODUCTION.
driges, ou le spectacle des exercices de voltige à, cheval (e car-<
ceribus signum quadrigis et desultoribus misit).
En présence de cette pompe, on se rappelle involontairement
les vers de la première Églogue : Sic canibus cattAlos similes.,..
Mais à travers cette énorme distance, il n'en est que plus in-
téressant d'observer l'accord qui persiste dans le fond du ri-
tuel. L'un et l'autre groupe de documents nous offre le mo-
dèle des mêmes cérémonies, la même corporation de douze
frères, et il n'est sans doute pas téméraire de penser que nous
avons ici un double spécimen d'un même culte italiote. Les
frères Attidiens nous apparaissent & certains égards comme
les frères Arvales d'Iguvium.
III
Malgré leur aspect, à première vue, un peu étrange, les Ta-
bles Eugubines se laissent donc ranger sans peine & une
place bien définie dans l'histoire des religions de l'Italie an-
cienne. Elles complètent sur certains points, elles conflrment
sur d'autres ce que nous savions en cette matière. Mais,
quelle que soit leur valeur comme document archéologique,
c'est surtout en linguistique qu'elles ont une importance ca-
pitale. Elles nous représentent à elles seules à peu près tout
ce qui reste d'un antique idiome de l'Italie : on peut noter à
ce propos une différence caractéristique dans l'histoire du
latin et du grec. Tandis que la langue hellénique est par-
venue jusqu'à nous, représentée par quatre dialectes princi-
paux, sans compter une foule de variétés provinciales, le la-
tin, faisant peu à peu le vide autour de lui, a partout étouffé
ses frères, si bien que, sans quelques heureuses trouvailles,
il aurait l'air d'être seul de son espèce. Cette extinction s'est
produite graduellement : encore au temps de Titus on parlait
osque à Pompéi, comme l'indiquent les inscriptions de cette
ville, et les Tables Eugubines sont la preuve qu'une corpora-
tion religieuse d'une ville de l'Ombrie a pu, longtemps après
la conquête romaine, se servir de l'idiome indigène. L'in-
fluence de Rome se révèle seulement par quelques mots,
comme le nom de kvestur donné à l'un des magistrats de la
confrérie, par la manière toute latine de marquer les chiffres,
par la substitution^ sur les deux dernières tables, des carac-
INTRODUCTION. XXVII
tères latins aux caractères étrusques, qui étaient sans doute
devenus d'un usage plus rare.
En jetant les yeux sur une carte, on voit qu'Iguvium con-
fine d'un côté à TÉtrurie, de l'autre à la Gaule cisalpine. On
doit donc se demander s'il existe sur nos tables quelque trace
d'influence étrusque ou celtique. J'examinerai brièvement
l'une et Tautre question.
Je soupçonne la présence de l'étrusque en deux endroits :
les inscriptions I b et lia sont terminées par une phrase inin-
telligible, qui semble avoir été ajoutée après coup et qui n'a
pas l'air d'être conçue dans la môme langue que le reste. Cer-
taines accumulations de consonnes rappellent l'orthographe
des inscriptions de l'Ëtrurie. D'autre part, dans la descrip-
tion des environs d'Iguvium, donnée à l'occasion du tracé du
temple (VI a 12), il se rencontre une série de mots qui ne pa-
raissent point appartenir au même idiome que le reste, et
qui peuvent faire penser que dans la campagne on parlait un
autre langage*. Si nous passons au vocabulaire, l'adjectif eeso-
nom^ qui désigne le sacrifice, pourrait être rapproché de l'é-
trusque œsar « dieu* ». Enfin quelques noms de peuples rap-
pellent la structure des mots étrusques*.
Une parenté avec le celtique pourrait d'autant mieux s'ex-
pliquer que les Ombriens, au témoignage de certains écri-
vains de l'antiquité, auraient été d'origine gauloise*. Nous
nous garderons de mêler la question d'ethnologie avec la
question de linguistique : l'expérience prouve trop souvent
que les renseignements de l'une et de l'autre science ne sont
pas d'accord. Les Ombriens, quoique de race celtique, ont pu,
comme leurs frères de la Gaule, renoncer à, leur idiome pour
adopter un dialecte italique; ou bien encore, on peut considé-
rer les frères Altidiens comme une confrérie italiote établie au
milieu d'une population de langue et d'origine différentes.
1. Voy. p. 50, 214.
2. Voy. p. 25.
3. Voy. p. 263 s.
4. Les renseignements des anciens ne sont pas concordants. Denys d'Halicar-
nasse (II, 49), citant Zénodote de Trézène, historien des Ombriens, les regarde
comme indigènes de Tltalie. Pline {H» iV. 111, 19) dit : Umbrorum gens antiquis-
sima Italie existimatur. D'autre part, Solin, citant Bocchus, dit que les Ombriens
sont d'origine gauloise. Cf. Servius, XÎI, 753. Ce qui est certain^ c'est que la ré-
gion ombrienne a subi pendant un temps la domination des Étrusques, puis celle
des Gaulois.
XXVUI INTRODUCTION.
Bornanl donc nos observations à l'idiome des Tables Eugu-
bines, nous dirons que ni pour la phonétique, ni pour la
grammaire, il ne rappelle les idiomes celtiques. Je citerai
seulement deux faits. Le changement en sifflante d'un k suivi
d'un e ou d'un i est étranger à ces langues : d'autre part, les
cas en btis existent en celtique, tandis qu'ils manquent en om-
brien. Cela ne veut pas dire que le vocabulaire ne puisse pré-
senter des traces d'influence gauloise : nous en avons signalé
nous-mème quelques-unes * ; les noms de divinités réclame-
raient particulièrement à ce point de vue un examen at-
tentif*.
Quelle est donc la langue des tables eugubines? Il ne peut
y avoir à ce sujet aucun doute. C'est un proche parent du
latin, un de ces idiomes que Yarron a heureusement caracté-
risés en disant (De l. l. V, 74] : Nonnulla in utraque
lingua habent radiées, ut arbores quœ in conûnio natse in
utroque agro serpunt.
On devine dès lors l'intérêt qui s'attache à Tétude gram-
maticale de cette langue. Les faits que l'on constate sont
de deux sortes. A certains égards, l'ombrien est déjà plus
avancé que le latin dans la voie de l'altération phonétique et
de la décomposition grammaticale : il peut jusqu'à un certain
degré être considéré comme un avant-coureur des langues
romanes. A d'autres égards, il est resté, comme c^la arrive
assez souvent aux patois, plus archaïque que le latin, et il a
conservé des mots et des formes qui sont sortis de cette lan-
gue. Nous donnerons rapidement quelques exemples de l'un
et de l'autre ordre de faits, en commençant par ceux où l'om-
brien se rapproche des langues modernes.
La prononciation du c est restée pure en latin jusqu'au
sixième ou septième siècle après Jésus-Christ, c'est-à-dire que
cette consonne, quelle que fût la voyelle dont elle était sui-
vie, avait la valeur d'un /c*. Ainsi Cicero^ Censor sont tran-
scrits par les Grecs Kixépwv, Kiîvdwp, et cercLSvSj cellarium sont
devenus chez les Germains Kirsche^ Keller. Mais en ombrien
le c, suivi d'un e ou d'un z, a déjà la prononciation d'une sif-
1. Voy. p. 259 et 301.
2. Mentionnons également un ou deux mots qui paraissent d'origine grecque et
qui seront entrés dans la langue par voie d'emprunt, en même temps que l'idée
qu'ils désignent^ voy. p. 102 et 182.
3. La seule exception est quand le e se trouve devant un i suivi lui-môme
d'une voyelle, comme dans patricius.
INTRODUCTION.
flante : l'alphabet a un caractère spécial pour marquer ce son^
Par exemple, à côté de l'accusatif cm^naco (cornicem) on a l'a-
blatif cumaée (cornice) ; le nom de nombre dix s'écrit deéen.
Un g placé entre deux voyelles prend le son d'un jod : ainsi
le nom des Iguviens s'écrit liovirms, le participe mugetovn de-
vient muietom. C'est le même phénomène que nous avons en
français à^nspaganus qui devient j^ai'en. Les consonnes fortes,
suivies d'un r ou précédées d'un n, s'affaiblissent : au latin
caprinus correspond l'adjectif axbriner^ alrum devient adro^
intendito fait endendu. Les mots, sous l'influence de l'accent
tonique, se resserrent : ainsi ;>opuZum devient ^^op/om, vestitiis
devient vestisj piatus fait pihaz^ preinveatur fait prinvatur. Le
groupe et est devenu trop dur, et la langue l'évite de diffé-
rentes manières : ainsi l'impératif feitu suppose une forme
plus ancienne /<ac/u, le mot auctor devient uhtur. Pour passer
& des faits d'un autre ordre, la conjugaison des verbes devient
plus uniforme : ainsi video fait au participe videti^s (virseto)^
seco fait secatv^ (pruseçeta). La déclinaison commence à
s'appauvrir : on met l'accusatif singulier neutre du pronom
relatif [pod = latin quod) même là où il faudrait le nominatif
singulier masculin ou le nominatif pluriel.
Mais il y a aussi des parties par où l'ombrien se montre
plus ancien et mieux conservé que le latin. Le génitif singulier
féminin en s, celui qui est représenté en grec par xe^aXîiç, et
en latin par fa/milicbs dans l'expression pater-familiaSy est le
génitif régulier de la première déclinaison : tutas liu vinas.
De même la seconde déclinaison fait son génitif en es : puples.
Le latin a gardé quelques vestiges de cette forme. L'opta-
tif des verbes en ao s'est remarquablement conservé : les for-
mes comme portaîa^ oseriaia, doivent être rapprochées des
formes grecques comme t<jTait|v, xifxcpïiv. Le futur est formé
comme en grec à l'aide de l'auxiliaire es : ferest « il portera »,
eest « il viendra ». Le vocabulaire a gardé dans leur accep-
tion primitive et générale des mots qui ne sont restés en latin
qu'en un sens secondaire et spécial. Ainsi mestru (pour ma-
gistra) est un adjectif féminin signifiant « major », tandis que
magister est devenu substantif en latin et désigne toujours le
maître. Des expressions comme magister equitvm (le plus
grand entre les cavaliers) nous laissent encore voir de quelle
façon s'est opéré ce changement. L'adjectif ^{itts est employé
t. Voy. ci-dedsous, Orammaire, S 1 e^ S 16.
XXX INTRODUCTION.
sur nos tables dans son sens étymologique de « nourrisson » :
sues filios ff des cochons de lait ». On peut rapprocher le latin
felare. L'adjectif g^iiwia, conservé dans Nonius M^rcellus avec
le sens de « goulu », parait ici comme adjectif et signifie « en-
graissé ». La fable des mensœ dévorées par les compagnons
d'Énée s'explique, si l'on voit qu'en ombrien le mot corres-
pondant désigne une espèce particulière de gâteau. De vieux
mots romains, en partie conservés par les glossateurs ou les
grammairiens, en partie employés dans les plus anciens tex-
tes, sortent de dessous la rouille ombrienne. Cet intérêt gram-
matical assurera toujours aux tables eugubines une im-
portance d'autant plus grande que les autres monuments de
ce genre sont plus rares et plus frustes.
IV
Il nous reste à dire un mot sur l'origine et le plan du pré-
sent travail. Pendant l'année 1873-74, j'avais pris pour sujet
de mes leçons au Collège de France l'étude des Tables Eugu-
bines. Je me décidai à publier ces leçons, parce que, gr&ce à
la révision attentive que nécessite l'enseignement, grâce à la
comparaison des actes des Ârvales, grâce aussi aux observa-
tions de quelques-uns de mes auditeurs, l'intelligence des tables
me parut avoir fait des progrès. J'ai donc continué mon étude
pendant l'année suivante et je la soumets aujourd'hui au ju-
gement du public. Il était nécessaire de dire à quelle occasion
ces pages ont été écrites : ceux qui ont l'habitude de l'ensei-
gnement savent que le professeur est obligé d'entrer dans des
explications que l'auteur d'un livre n'est pas obligé de four-
nir. J'ai cru devoir conserver & mon commentaire la forme
que je lui avais donnée d'abord, pensant que de cette façon il
. servira encore dans l'avenir aux étudiants. On y suppose le
lecteur, ainsi que l'auteur, ne sachant pas un mot d'om-
brien, de sorte qu'ils travaillent ensemble au déchiffrement.
On ne demande au lecteur que la connaissance des langues
classiques et l'attention. Quant aux ombrianistes de profes-
sion, j'ai la confiance qu'ils ne parcourront pas en vain ces
pages : si je n'ai pas cru devoir chercher des explications
nouvelles là où un autre avait rencontré juste, je me suis fait
INTRODUCTION. XXXI
une obligation de tout souniettre à une critique sévère, et j'ai
dû écarter des hypothèses qui, depuis trente ans, passaient
sans contestation de livre en livre. Sur un certain nombre de
points, je me suis senti aussi au dépourvu que Tétaient il y a
vingt-cinq ans Âufrecht et Kirchhoff : dans ce cas, j'ai imité
leur réserve, aimant mieux multiplier les blancs dans ma tra*
duction que de compromettre la bonne réputation des études
italiques. C'est aussi le meilleur moyen de ne pas tromper le
lecteur et de faciliter la tâche de ceux qui viendront après
nous et seront peut-être plus heureux.
Pour rétablissement du texte, j'ai distingué ce qui doit être
mis sur le compte de la liberté de l'orthographe ombrienne,
et ce qui vient de l'inadvertance du graveur. J'ai soigneuse-
ment respecté tous les caprices de l'orthographe, car ce sont
autant de renseignements sur la prononciation et autant de
faits grammaticaux dont il n'est pas permis d'eiTacer la trace.
Quand, par exemple, VI a 3 écrit une fois AVVEI au lieu de la
forme ordinaire AVEI ou AVEIF, je respecte cette orthographe,
car elle nous renseigne sur la prononciation. Lorsqu'au lieu
de ferine douze fois employé, on trouve deux fois ferime^ je
maintiens cette inconséquence apparente, car elle peut nous
éclairer sur l'origine du mot, qui est encore incertaine. Quant
aux inadvertances évidentes du graveur, telles que lettres
omises ou mots mal séparés, je les ai corrigées dans mon
texte, tout en donnant au bas de la page la leçon fautive.
— Pour faciliter le rapprochement des formes pareilles, j'ai
donné une esquisse de la phonétique et de la grammaire om-
brienne. L'expérience m'ayant appris qu'on ne lit pas beau-
coup ces sortes de travaux, j'ai fait entrer toutes les discus-
sions et explications dans le commentaire. La partie propre-
ment grammaticale a donc pu être réduite à peu près aux
proportions d'une statistique : elle est faite pour être consultée
plutôt que pour être lue*. — L'index qui complète le volume, et
pour lequel nous nous sommes servi de l'excellent index qui
termine l'ouvrage d' Aufrecht et KirchhofT, aidera les recher-
ches et permettra de vérifler toutes nos assertions. Nous nous
sommes appliqué à n'y citer que des formes réellement em-
ployées sur les tables, de sorte que la classiflcation a néces-
sairement quelque chose d'un peu arbitraire. De nombreux
1. De là certains faits cités en deux endroits^ pour éviter de plus longues
recherches aux lecteurs.
XXXII JNTRODUCTION.
renvois parent à ce défaut. — Un index spécial donne la
liste des mots latins sur lesquels la comparaison de l'ombrien
jette quelque jour nouveau. — Il était bon que le lecteur
pût suivre sur un texte en écriture originale et qu'il eût l'as-
pect toujours instructif des monuments eux-mêmes. Grâce à
l'obligeant intermédiaire de M. G. Conestabile, j'ai reçu les
photographies des tables Eugubines de M. le marquis Ran-
ghiasci-Brancaleone, qui continue à Gubbio la libérale tra-
dition d'une famille étudiant avec amour le passé de son
pays. Je leur adresse ici à tous deux mes meilleurs remer^*
cléments. L'atlas qui est joint à notre publication est la
reproduction de ces photographies.
LISTE DES ABRÉVIATIONS
EMPLOYÉES DANS LE COMMENTAIRE.
A. K. désigne Aufrecht et Kirchhoff, Die umhrischen Sprachdenkmxler.
MSL. Mémoires de la Société de Linguistique de Paris.
ZK. Zeiisehrift de Kuhn.
TEXTE ET TRADUCTION
DES
TABLES EUGUBINES
('
TEXTE
TABLES VI ET VIL
(VI a, 1 .) Este persclo a/oeis aseHaier enetu : par fa curnase
dersva, peiqu peica mersiu. Poei angla aseriato (2) eest^ eso
treninu serse arsferiure ehveltu, Stiplo aseriaia parfa ders^ta^
cumaco dersva^ (3) peico mersto^ peica mersta ; mersla auvei^
Tnersta angla esona, Arfertur eso anstiplatu : (4) Ef aserio,
Pwrfa dersva^ cumaco dersva^ peico mersto^ peica mersta;
mersta aveify m,erstaf (5) angla f esona : mehe^ tote iioveine^
esmei stahmei stahmeitêi. Sersi pirsi sesust poi angla (6) aseriato
estj erse neip mugatu^ nep arsir andersistu; nersa courtust
porsi angla anseriato (7) iust. Sve muieto- fitst, ote pisi arsir
andersesust^ disler alinsust.
(8) Verfale pufe a/rsfertur trebeit ocrer peikaner, erse stahmito
eso tuderato est. Angluto (9) hondomu^ porsei nesimei osa de-
veia esty angiome somo^ porsei nesimei vapersus aviehcleir (10)
est; eine angluto somo vapefe aviehclu todcome tuder\ angluto
hondomu asame deveia todcome (11) tuder, Eine todceir tuderus
sei podruhpei seritu,
(12) Tuderor totcor : vapersusto avieclir ebetrafe, ooserclome^
presoliafe Nurpier^ vasirslome, (13) smursime, tettome Miletinar^
tertiame praco pracatai^m, Vaperstisto avieclir
carsome (14) Vestisier^randeme Riifrer^ tettome Noniar^ tettome
(2) eesteso, — (5) iioueineetmei. — (7) andersesuspdisleralinnut. — (8) stahmù
tocsotuderatoest. — (10) eineanglutosomo. — uapefeauiehclu. -^ todcomatuder,
•> (11) tudercine. — seipodruhpei. — (12) uapersustoauieelir.
TRADUCTION
TABLES VI ET Vil.
(YI a 1) Ita precationem ayibus observatis inito, parra cor-
nice prœpetibus, picopica adversis. Qui oscines (?) observa-
tum (2) ibit, ita —a sede adfertori proponito. Stipuler [ut]
observes parram praspetem, cornicem prœpetem, (3) picum
adversum, picam adversam : adversas aves, adverses osci-
nes (?) sacros. Adfertor ita spondeto : (4) Eas observo. Parram
prœpetem, cornicem prœpetem, picum adversum, picam ad-
versam; adversas aves, ad versos (5) oscines (?) sacros : mihi,
civitati Iguvinœ, in hoc templo effato. Sede quum steterit qui
oscines (?) (6) observatum ibit, tum ne [se] moveat, neve pre-
cationibus (?j intersistat; neque antea se converterit quam
oscines (?) observatum (7) iverit. Si [quid] motum fuerit, aut
aliquantulum precationibus (?) interstiterit, litationis licentia
non erit.
(8) Carmen ubi adfertor pepigit collis piandi [causa], tum
[templum] efTatum ita limitatur. Angulo (9) infimo qui proxi-
me asam deveiam est, ad angulum summum qui proxime
vapides avieciUos (10) est; et angulo summo juxta vapides
avieculos usque ad publicum fmem; angulo infimo juxta
asam deveiam usque ad publicum (11) finem. Et publicos fines
intra utrinque servato.
(12) Fines publici : vapidibus avieculis ad hebetras^ ad osercii-
ium, ad presolias Nurpii, ad vasirculum^ (13) ad smurrim, ad tel-
tum Miletinœ, ad terliam pracum pracatarum, Vajndibus avie-
culis ad cadum (14) Vesticii, ad rantim Rufri, ad lettum Noniae,
XXXVI TEXTE. TABLE VI a.
Salier^ carsome Hoier^periome Padellar, (15) Hondraesio twlero
porsei suhra screihlor sent ^ par fa derswaj cumaco dersvaseritu:
subra esto ( 1 6) tuderopeico mersto,peica mersta seritu. Sve anclar
procanurenty eso tremnu serse (17) combifiatii, Arsferturo nomne
carsitu : Par fa dersva, cAirnaco dersva, peico merslo, peica
meersta; (18) mersta aveif, mersta ancla eesona tefe, tote liovine^
esmei stahmsi stahmitei, Esisco esoneir seveir (19) popler anfe-
rener et ocrer pihaner perça arsmatia habitu. Vasor
verisco Treblanir porsi ocrer (20) pehaner paca ostensendiy oo
iso ostendu pusi pir pureio. Cehefi dia surur verisco Tesoiiocir^
surur (21) verisco Vehieir,
(22) Pre vereir Treblaneir luve Grabovei buf treif fétu, Eso
naratu vesteis, Teio subocau suboco (23) Dei Grabovi, ocriper
FisiUy totaper liovinay erer nomneper^ erar nomneper. Fos sei^
pacer sei ocre Fisei^ (24) tote liovine^ erer nomne, erar nomne.
Arsie, tio subocau suboco ûei Grabove, Arsier frite, tio subocau
(25) suboco Dei Grabove. Di Grabovie, tio esu bue, peracrei pihor
du, ocreper Fisiu, totaper lovina, irer nomneper, erar nomne-
per. Dei Grabovie, orer ose. Persei ocre Fisie pir orto est, to-
teme lovine arsmor dersecor (27) subator sent, pusei neip
heritu. Dei Crabovie, persei tuer perscler vaseto est, pesetom
est, peretom est, (28) frosetom est, daetom est, tuer perscler
virseto avirseto vas est, Di Grabovie, persei mersei, esu bue,
peracrei pihaclu, pihafei. Di Grabovie^ pihatu ocre Fisei, pihatu
tota lovina. Di Grabovie, pihatu ocrer (30) Fisier totar lovinar
nome, nerf, arsmo, veiro, pequo, castruo, fri, Pihatu. Futu fos,
pacer, pose tua, ocre Fisi, (31) tote liovine, erir nomne, erar
nomne, Di Grabovie y salvo seritu ocre Fisi, salva seritu tota
liovina. Di (32) Grabovie, salvo seritu ocrer Fisier, totar liovinar
nome, nerf, arsmo, veiro, pequo, castruo, fri, Salva (33) seritu,
Futu fos, pa^er, pase tua, ocre Fisi, tote lovine, erer nomne,
erar nomne. Di Grabovie, tio esu bue, (34) peracrn pihaclu,
ocreper Fisiu, totaper lovina, erer nomneper, erar ^nomneper.
Di Grabovie, tio subocau,
(35) Di Grabovie, tio esu bue, peracri pihaclu etni, ocreper
(16) sueanclar.— (27) peseiomut.-^ peretomest. — (28) frosetomesi.— daetom-
est. — (30) ueiropeqw). — oertfisi. — (32) pequocastrw). — (35) Le graveur avait
d'abord écrit pihaelo.
TRADUCTION. TABLE VI a. XXXVIl
ad tettum Salii, ad cadum Hogii, sApei^tum Patellœ. (15) Infra
istos fines qui supra scripti sunt parram praepetem, corni-
cem prœpetem servato; supra istos (16) fines picum adver-
sum, picam adversam servato. Si oscines (?) féliciter cecine-
rint, ita — a sede (17) auspicator. Adfertorem nomine calato :
Parram praepetem, cornicem prœpetem, picum adversum,
picam adversam; (18) adversas aves, adversos oscines (?) sa-
cros tibi, civitati iguvinœ, [in] hoc templo effato. Cum his
sacris omnibus, (19) populi circumferendi et collis piandi
[causa] praetextam lustralem habeto. Vasa ad portam
Trebulanam quœ ocris (20) piandi [causa] — offerentur, hœc
eodem modo offerto quo ignem purificatum. Ita des et ad
portam Tesenacam, et (21) ad portam Vehiam.
(22) Ante portam Trebulanam Jovi Grabovio boves très fa-
cito. Ita nuncupato velatus : Te invocavi invoco (23) Dium
Grabovium, pro colle Fisio, pro civitate Iguvina,pro ejus [col-
lis] nomine, pro ejus [civitatis] nomine. Faustus sis, volens
sis colli Fisio, (24) civitati Iguvinae, ejus [collis] nomini, ejus
[civitatis] nomini. Yenerande (?), te invocavi invoco Dium
Grabovium; venerandi (?) more, te invocavi (25) invoco Dium
Grabovium. Die Grabovie, te hoc bove, ambarvali piaculo, pro
colle Fisio, pro civitate Iguvina, pro,ejus [collis] nomine, (26)
pro ejus [civitatis] nomine. Die Grabovie, his macte. Si in
colle Fisio ignis temeratus (?) est, in civitate Iguvina ritus — i
(27) omissi (?) sunt, ne velis. Die Grabovie, si [quid] in tuo
sacrificio omissum est, peccatum est, delictum est, (28) frau-
datum est, neglectum est, in tuo sacrificio visum invisum vitium
est, Die Grabovie, si fas est, hoc bove, (29) ambarvali piaculo,
piavi (?). Die Grabovie piato collem Fisium ; piato civitatem Igu-
vinam. Die Grabovie, piato collis (30) Fisii, civitatis Iguvinae
nomen, lares, ritus, viros, pecudes, campos, fruges. Piato. Sis
faustus, volens, pace tua, colli Fisio, (31) civitati Iguvinae, ejus
[collis] nomini, ejus [civitatis] nomini. Die Grabovie, salvum
servato collem Fisium, salvam servato civitatem Iguvinam. Die
(32) Grabovie, salvum servato collis Fisii, civitatis Iguvinœ no-
men, lares, ritus, viros, pecudes, campos, fruges. Salvas (33)
servato. Sis faustus, volens, pace tua, colli Fisio, civitati Igu-
vinœ, ejus [collis] nomini, ejus [civitatis] nomini. Die Grabovie,
te hoc bove, (34) ambarvali piaculo, pro colle Fisio, pro civitate
Iguvina, pro ejus [collis] nomine, pro ejus [civitatis] nomine.
Die Grabovie, te invocavi.
(35^ Die Grabovie, le hoc bove, ambarvali piaculo allero.
XXXVIII TEXTE. TABLE VI »•
Fisiu, totaper lovina^ erer nomneper, erar nomneper, Di (36)
Graboviôj orer ose. Persei ocre Fisie pir orto est^ tote lovine
o/Tsmor dersecor subator sent, pusei neip (37) hereitu. Di Cror-
bovie, persi tuer perscler vaéetom est, pesetom est, peretom est,
frosetom est, daetom est, tuer (38) perscler virseto a/oirseto vas
est, Di Grabovie, persi mersi, esu bue, peracri pihaclu etru, pihafi.
Di Grabovie^ (39) pihatu ocre Fisi,pihatu totalovina, Di Grabo-
vie, pihatu ocrer Fisier, totar liovinar nome, nerf, arsmo, veiro,
(40) pequo, casiruo, fri, Pihatu, Futu fos, pacer, pose tua, ocre
Fisie, tote liovine, erer nomne, erar nomne, Di (41) Graèovie,
salvo seritu ocre Fisim, salva seritu tota/m liovina, Di Grabovie,
saluvom seritu ocrer Fisier, totar (42) liovinar nome, nerf^ arsm^,
viro, pequo, castruo, frif. Saluva seritu. Futu fons,pacer, pose
tuva, ocre Fisi, tote (43) liovine, erer nomne, erar nomne, Di
Grabovie, tiom essu bue, peracri pihaclu etru, ocriper Fissiu,
totaper lovina, erer (44) nomneper, erar nomneper. Di Grabo-
viCy tiom subocau.
(45) Di Grabovie, tiom esu bu^, peracri pihaclu tertiu, ocriper
Fisiu, totaper liovina, erer nomneper, erar nomneper. Di (46)
Grabovie, orer ose. Pirse ocrera Fisiem pir ortom est, totems lo-
vinem arsmor dersecor svhator sent, pusi neip (47) heritu. Di
Grabovie, perse tuer pescler vasetom est, pesetom est, peretom
esl, frosetom est, daetom est, tuer (48) pescler virseto avirseto
vas est, Di Grabovie, pirsi mersi, esu bue, peracri pihaclu tertiu,
pihafi. Di Grabovie, (49) pihatu ocrem Fisim, pihatu totam lio-
vinam. Di Grabovie, pihatu ocrer Fisier, totar liovinar nome,
nerf, a,smo, (50) viro, pequo, castruo, fri. Pihatu. Futu fons,
pacer, pase tua, ocre Fisi, tote liovine, erer nomne, erar nomne.
Di (51) Grabovie, salvo seritu ocrem Fisim, salvam seritu to-
ta/m liovinam. Di Grabovie, salvom seritu ocrer Fisier, (52) to-
tar liovinar nome, nerf^ arsmo, viro, pequo, castruo, frif.
Salva seritu. Futu fons^ pacer, pase tua, ocre Fisi, (53) tote
liovine, erer nomne, erar nomne. Di Grabovie, tiom esu bue,
peracri pihaclu tertiu, ocriper Fisiu, totaper (54) liovina, erer
nomneper, erar nomneper. Di Grabovie, tio comohota tribrisine
(36) ortoest. — louineanfncr. — (37) pesetomest. — pereUmest. — frosetomest.
— daetomest, — (40) pequoe. astruo. — (41) ocrefîtim. — totamiiouina. —
(42) eaitr%u>frif. — (43) er. er. — nomneerar. — (45) dignibouie. — pihaelut.
ertiu. — (46) grahouieorer, — fkiempir — (47) digràbouie. — (48) vasest, —
peracripikaclu. — teriiupikali. — (50) fisitote. — (54) no. mneper.
TRADUCTION. TABLE VI a. XXXIX
pro Colle Fisio, pro civilate Iguvina, pro ejus [collis] nomine,
pro ejus [civitatis] nomine. Die (36) Grabovie, his macte. Si
in colle Fisio ignis temeratus (?) est, in civitate Iguvina ritus
— i omissi (?) sunt, ne (37) velis. Die Grabovie, si [quid] in tuo
sacrificio omissum est, peccatum est, delictum est, fraudalum
est, neglectum est, in tuo (38) sacrificio visum invisum
vitium est. Die Grabovie, si fas est, hoc bove, ambarvali
piaculo altero, piavi (?). Die Grabovie, (39) piato collem
Fisium; piato civitatem Iguvinam. Die Grabovie, piato collis
Fisii, civitatis Iguvinœ nomen, lares, ritus, viros, (40) pe-
cudes, campos, fruges. Piato. Sis faustus volens pace tua
coUi Fisio, civitati Iguvinœ, ejus [collis] nomini, ejus [civi-
tatis] nomini. Die (41) Grabovie, salvum servato collem Fi-
sium, salvam servato civitatem Iguvinam. Die Grabovie,
salvum servato collis Fisii, civitatis (42) Iguvinse nomen,
lares, ritus, viros, pecudes, campos, fruges. Salvas servato.
Sis faustus volens pace tua colli Fisio, civitati (43) Iguvinae,
ejus [collis] nomini, ejus [civitatis] nomini. Die Grabovie, te
hoc bove, ambarvali piaculo altero, pro colle Fisio, pro civi-
tate Iguvina, pro ejus [collis] (44) nomine, pro ejus [civitatis]
nomine. Die Grabovie, te invocavi.
(45) Die Grabovie, te hoc bove, ambarvali piaculo tertio, pro
colle Fisio, pro civitate Iguvina, pro ejus [collis] nomine, pro
ejus [civitatis] nomine. Die (46) Grabovie, his macte. Si in
colle Fisio ignis temeratus (?) est, in civitate Iguvina ritus — i
omissi (?) sunt, ne (47) velis. Die Grabovie, si [quid] in tuo
sacrificio omissum est, peccatum est, delictum est, frauda-
tum est, neglectum est, in tuo (48) sacrificio visum invisum vi-
tium est. Die Grabovie, si fas est, hoc bove, ambarvali piaculo
tertio, piavi (?). Die Grabovie, (49) piato collem Fisium ; piato ci-
vitatem Iguvinam. Die Grabovie, piato collis Fisii, civitatis Igu-
vinœ nomen, lares, ritus, (50) viros, pecudes, campos, fruges.
Piato. Sis faustus volens pace tua colli Fisio, civitati Iguvi-
nœ, ejus [collis] nomini, eju? [civitatis] nomini. Die (51) Gra-
bovie, salvum servato collem Fisium, salvam servato civita-
tem Iguvinam. Die Grabovie, salvum servato collis Fisii, (52)
civitatis Iguvinœ nomen, lares, ritus, viros, pecudes, campos,
fruges. Salvas servato. Sis faustus voiens pace tua colli Fisio,
(53) civitati Iguvinœ, ejus [collis] nomini, ejus [civitatis] no-
mini. Die Grabovie, te hoc bove, ambarvali piaculo tertio, pro
colle Fisio, pro civitate (54) Iguvina, pro ejus [collis] nomine,
pro ejus [civitatis] nomine. Die Grabovie^ te oblato ternione
XL TEXTE. TABLE VI b.
buo,p&>'acnio pihaclo, (55) ocriper Fistw, totaper liovinaj erer
nomneper^ era/r nomneper. Di Grabovie, tiom subocau. Tases
persnimu (56) sevom. Surur purdovitu proseseto ; naratu; pro-
sesetir mefa spefa ficla a/rsveitu. Arvio fétu. Este (57) esono.
HeH vinUy heri poni fétu. Vatuo ferine fétu.
(58) Post verir Treblanir si gomia trif fétu Trebo lovie ocri-
per Fisiu, totaper liovina. Persae fétu. Arvio fétu. (59) Pone
fétu. Tases persnimu. Surur naratu puse pre verir Treblanir.
Prosesetir strusla ficla a/rsveitu.
(VI 6 1) Pre verir Tesenocir buf trif fétu Marte Grabovei
ocriper Fisiu, totaper liovina. Arvio fétu. Vatuo ferine fétu.
Poni (2) fétu. Tases persnimu. Prosesetir farsio ficla arsveitu.
Surur na/ratu puse pre verir Treblanir.
(3) Post verir Tesenocir sif filiu trif fétu Fiso Sœnsie ocriper
Fisiu^ totaper liovina. Poni feitu. Persae fétu. Arvio fétu, (k)
Surur naratu pusi pre verir Treblanir, Tases persnimu. Man-
draclo difue destre habitu. Prosesetir ficla (5) struéla arsveitu.
Ape sopo postro peperscust^ vestisia et mefa spefa scalsie cone^
gos fétu Fisovi Sansi (6) ocriper FisiUj totaper lovina. Eso
persnimu vestisia vestis: Tio subocau subocOy Fisovi Sansi^ ocri-
per FisiUy (7) totaper liovina, erer nomneper , erar nomnep&r.
Fœis sir, pacer sir ocre Fisi, tote liovine, erer nomne, (8) erar
nomne. Ar^sie, tiom subocau suboco, Fisovi Sanéi. Asier
frite, tiom subocau suboco, Fisovi Sanéi. Suront (9) poni pes-
nimu. Mefa spefa eso persnimu : Fisovie Sanéie, tiom esa
mefa spefa Fisovina ocriper Fisiuy totaper liovina, (10) erer
nomneper, era/r nomneper. Fisovie Sanéie, ditu ocre Fisi, tote
lovine, ocrer Fisie, totar lovina/r dupursus (11) peturpursus
fato fito. Perne postne sepse sarsite *\' uou se avie esone.
Futu fons pacer pose tua ocre Fisi^ tote liovine, (12) erer
nomne, era/r nomne. Fisovie Sanéie, salvo seritu ocrem Fisi,
totam lovina/m, Fisovie Sanéie, salvo seritu (13) ocrer Fisier
totar lovinar nome^ nerf, arsmo, viro, pequo, castruo, frif.
Salva seritu. Futu fons pacer pose (14) tua ocre Fisi, tote lio-
vine, erer nomne, erar nomne. Fisovie Sanéie, tiom esa mefa
spefa Fisovina ocriper Fisiu, (15) totaper liovina, erer nomne^
(1) fêtumartegrabouei. — fiHutotaper. — fetuponi, -— (2) pusepre, — (3) fétu-
/iso. —(4) destr e {Ve est à une certaine distance), ~ (5) uesiisiaet. — m^aspefa.
— confgos. — (6) tiotubocau. — subocofisouisansi. — (7) sirocre. — (8) era.
rnomne. — subocofisoui. — (9) mefaspefa. — Fisouinaocriper. — Finutotaper.
— (10) nomneperfisouie.— Fitietotar. — (11) sepeesarsite. — seauie. — (12) «a^-
uouritik, -* MUi40fert(u« — (13) FUi. er. — (là) eremomneper.
TRADUCTION. TABLE VI 6. XLI
boYum, ambarvalium piaculorum, (55) pro colle Fisio, pro ci-
vitale Iguvina, pro ejus [coUis] nomine, pro ejus [civitatis]
nomine. Die Grabovie, te invocavi. Tacitus precator (56) totum.
Tune porricito prosecta, nuncupato; prosectis molam spar-
sam, offam addito. Ollas facito. Ita (57) sacrificium. Sive vino,
sive lacte facito. Tura acerra facito.
(58) Post portam Trebulanam sues altiles très facito Trebo
Jovio pro colle Fisio, pro civitate Iguvina. Libamina facito.
Ollas facito. (59) Lacte facito. Tacitus precator. Tune nuncupato
uti ante portam Trebulanam. Prosectis struiculam offam addito.
(VI b 1) Ante portam Tesenacam boves très facito Marti Gra-
bovio-pro colle Fisio, pro civitate Iguvina. Ollas facito. Tura
acerra facito. Lacte (2) facito. Tacitus precator. Prosectis
farcimen, offam addito. Tune nuncupato uti ante portam Tre-
bulanam.
(3) Pone portam Tesenacam sues lactentes très facito Fiso
Sancio pro colle Fisio, pro civitate Iguvina. Lacte facito. Li-
bamina facito. Ollas facito. (4) Deinde nuncupato uti ante
portam Trebulanam. Tacitus precator. Mantele lacerto (?) dex-
tro habeto. Prosectis offam, (5) struiculam addito. Postquam
pane altero precatus erit, libum et molam sparsam — in-
nixus (?) facito Fisovio Sancio (6) pro colle Fisio, pro civitate
Iguvina. Ita precator libo, velatus : Te invocavi invoco, Fiso-
vie Sancie, pro colle Fisio, (7) pro civitate Iguvina, pro ejus
[collis] nomine, pro ejus [civitatis] nomine. Faustus sis, vo-
lens sis, coili Fisio, civitati Iguvinae, ejus [collis] nomini, ejus
[civitatis] nomini. Venerande (?), te invocavi invoco, Fisovie
Sancie. Venerandi (?) more, te invocavi invoco, Fisovie Sancie.
— Deinde (91 lacte precator. Mola sparsa ita precator : Fisovie
Sancie, te hac mola sparsa Fisovina pro colle Fisio, pro civi-
tate Iguvina, (10) pro ejus [collis] nomine, pro ejus [civitatis]
nomine. Fisovie Sancie, dalo colli Fisio, civitati Iguvinœ, col-
lis Fisii, civitatis Iguvinœ bipedibus (11) quadrupedibus feli-
cem proventum. Antea postea avibus (?) sacris.
Esto faustus, volens, pace tua, colli Fisio, civitati Iguvinae,
(12) ejus [collis] nomini, ejus [civitatis] nomini. Fisovie San-
cie, salvum servato coUem Fisium, civitatem Iguvinam. Fi-
sovie Sancie, salvum servato (13) collis Fisii civitatis Iguvinae
nomen, lares, ritus, viros, pecudes, campos, fruges; salvas
servato. Esto faustus, volens, pace (14) tua, colli Fisio, civitati
Iguvinae, ejus [collis] nomini, ejus [civitatis] nomini. Fisovie
ancie, te hac mola sparsa Fisovina pro colle Fisio, (15) pro
.4-
1
XLII TEXTE. TABLE VI b.
peTy erar nomneper , Fisovie Sanéie^ tiom subocau. Fisovie
fritôy tiom subocau. Pesclu (16) semu vesticalu^ atripursatu :
ape eam purdinsust, proseseto erus ditu, Eno 8calseto vestisiar
erus conegos (17) dirstu. Eno mefa veslisia sopa pur orne efur-
fatu^ Subra spahmu. Eno serse comoltu, Comatir persnihimu.
(18) Capif purdita dtipla aitu. Sacra dupla aitu.
(19) Pre verir Vehier buf trif calersu fétu Vofione Grabovie
ocriper Ftsiu, totaper liovina, Vaiuo ferine fétu. Herie vmw, (20)
herie poni fétu. Arvio fétu. Tasea persnimu. Proseseter mefa
spefa ficla arsveitu. StM'ont naratu ptist pre verir (21) Tre-
blanir.
(22) Post verir Vehier habina trif fétu Tefrei lovi ocriper Fisiu^
totaper liovina. Serse fétu. Pelsana fétu. Arvio feitu. Poni (23)
fétu. Tasis pesnimu. Prosesetir styniéla ficla arveitu. Suront nor-
ratu puse verisco Treblanir. Ape habina purdinéus , (24) eront
poi habina purdinsust destruco persi vestisia et pesondro sorsom
fétu. Capirse perso osatu. Eam- mani (25) nertru tenitu amipo
vestisia vesticos. Capirso suhotu. Isec perstico erus ditu. Esoc
persnimu vestis : Tiom (26) subocau suboco Tefro lovi, ocriper
Fisiuy totaper liovina^ erer nomneper, erar nomneper. Fons sîV,
pacer si ocre Fisi^ tote (27) lovine^ erer nomne, erar nomne.
ArsiCy tiom subocau suboco Tefro lovi. Arsier frite, tiom subo-
cau suboco Tefro lovi. Tefre (28) lovie, tiom, esic sorsu persontru
Tefrali pihachi ocriper Fisiu, totaper liovina, erer nomneper,
erar nomneper. Tefre (29) lovie, orer ose. Perse ocre Fisiepir
orto est, 'tote liovine arsmor dersecor subator sent, pusi neip
heritu. Tefre lovie, (30) perse tover pescler vasetom est, pesetom,
est, peretom est, frosetom est, daetom est, tover j)escler virseto
avirseto vas est, (31) Tefre lovie, perse mers est, esu sorsu per-
sondrupihaclupihafi. Tefre lovie, pihatu ocre Fisi, tota liovina.
Tefre lovie, pihatu (32) ocrer Fisier, totar liovinar nome, nerf,
arsmo, viro, pequo, castmo, fri. Pihatu. Futu fons, pacer, pase
tiui, ocre Fisi, tote (33) liovine, erer nomne, erar nomne. Tefre
lovie, salvo seritu ocre Fisi, tota/m liovinamfi. Tefre lovie, sal-
vom seritu ocrer Fisier, (34) totar lovinar nome, nerf, arsmo,
(15) erite. — (17) uestisiasopa. puromeefurfcUu. — (19) buftrif. — ealersufe-
tuuofione. — uatuoferine. — (20) surorUnaratu. — preuerir. — (26) iouiocriper.
— fonsir. — (27) tefroiouiarsier. — subocausuboco. — (28) sorsupersonlru. —
(29) perseoere. — (30) wuetomesf. — peteiomest. — peretomest. — frosetnmett. —
daetomest. — (31) esiesu. — (32) pfquo. — pihatufutu. — (33) scrituocre.
TRADUCTION. TABLE VI 6. XLIII
<.
civitate Iguvina, pro ejus [collis] nomine, pro ejus [civitatîs]
nomine. Fisovie Sancie, te invocavi. Pîsovîi more te invocavi.
— Precatione ( 1 6) dimidia libato, infundito. Postquam hanc
poUuxerit, prosectorum frusta dato. Tum — libi frusta in-
nixus (?) (17) dato. Tum molam libum panem ad puritatem
februato. Supra instillato. Tum testas confringito; confractis
precator. (18) Capides dedicatas duas pronuntiato; sacratas
duas pronuntiato.
(19) Anteportam Vehiam boves très candidos facito Vofiono
Grabovio pro colle Fisio, pro civitate Iguvina. Tura acerra
facito. Seu vino, (20) seti lacté facito. Olias facito. Tacitus pre-
cator. Prosectis molam sparsam, offam addito. Deinde nun-
cupato uti ante portam (21) Trebulanam.
(22) Post portam Vehiam agnos très facito Tefro lovio pro
colle Fisio, pro civitate Iguvina. Testas facito. Aulicocia fa-
cito. OUas facito. Lacté (23) facito. Tacitus precator. Prosectis
struiculam, ofTam addito. Deinde nuncupato uti ad portam
Trebulanam. Postquam agnos polluxerit, (24) is qui agnos
poUuxerit ad dextrum postem libum et struem ferctum fa-
cito. Capide adspersionem ministrato : haiic manu (25) lœva
teneto donec libum libaverit. Capideitt voveto. Exinde inter
preces (?) frusta dato. Ita precator velatus : Te (26) invocavi
invoco iTefrum lovium pro colle Fisio, pro civitate Iguvina,
pro ejus [collis] nomine, pro ejus [civitatis] nomine. Faustus
sis, volens sis colli Fisio, civitati (27) Iguvinae, ejus [collis]
nomini, ejus [civitatis] nomini. Venerande (?), te invocavi in-
voco Tefrum lovium; venerandi (?) more, te invocavi invoco
Tefrum lovium. Tefre (28) lovie, te bac strue fercto, Tefrali
piaculo, pro colle Fisio, pro civitate Iguvina, pro ejus [collis]
nomine, pro ejus [civitatis] nomine. Tefre (29) lovie, bis macte.
Si in colle Fisio ignis temeratus (?) est, in civitate Iguvina ri-
tus — i omissi (?) sunt, ne velis. Tefre lovie, (30) si [quid] in
tuo sacrificio omissum est, peccatum est, delictum est, frau-
datum est, in tuo sacrificio visum invisum vitium est, (31)
Tefre lovie, si fas est, bac strue fercto piaculo piavi (?). Tefre
lovie, piato collem Fisium, piato civilatem Iguvinam. Tefre
lovie, piato (32) collis Fisii, civitatis Iguvinae nomen, lares,
ritus, viros, pecudes, campos, fruges. Piato. Sis faustus vo-
lens pace tua colli Fisio, civitati (33) Iguvinae, ejus [collis]
nomini, ejus [civitatis] nomini. Tefre lovie, salvum servato
collem Fisium, salvam servato civitatem iguvinam. Tefre lovie,
salvum servato collis Fisii, (34) civitatis Iguvinae nomen, la-
XLIV TEXTE. TABLE VI b.
viro, pequOy'* caslruo^ fri. Salva seritu, Futu forts, paceTy pose
tua, ocre Fisi, lote lioviney erer (35) nomne, erar nomne, Tefre
liovie, iiom esu sorsu persondru, Tefrali pihaclu, ocriper Fisiu,
totaper liovina, erer nomneper, erar (36) nomneper. Tefre
lovie , tiom subocau. Persclu sehemu airopusatu,
(37) Pesondro staftare nertruco persi fétu. Suront capirse
p&rso osatu, Suror persniinu pvse sorsu. Ape pesondro pur-
dhiéuSf (38) proseseto erus dirstu. Enom "f* vestisiar sorsalir
destruco persi persome. Erus dirstu. Pue sorso purdinéus, enom
(39) vestisia/m staflarem nertruco persi. Sururont erus dirstu.
Enom pesondro sorsalem persome. Pue persnis fust, ife (40)
endendu, pelsatu. Enom, pesondro stafla/re persome. Pue pesnis
fus, ife endendu pelsatu. Enom vaso porse pesondrisco hahus,
(41) serse subra spahatu. Ander vomu sersitu, a/mipo compatir
pesnis fust. Serse pisher comoltu. Serse compatir persnimu.
(42) Purdito fust.
(43) Vocucom loviu, ponne ovi furfant, vitlu toru trif fétu.
Marte Horse fétu popluper totar liovinar, totaper liovina,
Vatuo ferine (44) fétu. Poni fétu. Arvio fétu, Ta^es persnimu.
Prosesetir fasio ficla arsveitu. Suront naratu puse verHsco Tre-
blanir. (45) Vocucom Goredier vitlu toru trif fétu. Monde Serfi
fétu popluper totar liovinary totaper liovina. Value ferine
fétu. Arvio (46) fétu. Heri vinu, heri poni fétu. Tases persnimu.
Proseéetir tesedi ficlam, arsveitu. Suront naratu puse veinsco
Treblanir. Eno ocar (47) pihos fust, Svepo esome esono ander
vacose, va^etome fust, avif aseriatu, verofe Treblano covertu,
reste esono feitu.
(48) Pone poplo afero heries, avif aseriato etu. Sururo sti-
platu pusi ocrer pihaner. Sururont combifiatu. Eriront tuderus
avif (49) seritu. Ape angla combifianéiust, perça arsmatia/m
anovihimu; cringatro hatu; destra/nne scapla anovihimu. Pir
endendu. Pone (50) esonome ferai% pufe pir entelust, erç fertu
poe perça a/rsmatiam habiest. Erihont aso destre on^e fertu.
Erucom prinvatur dur (51) etuto. Perça ponisiater habituto.
Ennom stiplatu parfa desva seso, tote liovine. Sururont com-
bifiatu vapefe avieclu , neip (52) amboltu prepa desva connbir-
(34)' pequocastruofrû — tiuLocre. — (37) staflar. e. — apepesondro. — (38) dir-
stuenom. — uestisiarsorsalir. — (39) lur^ironterusdirstu. — (39) fustife, -—
(40) endendupeUatu. — (41) spahaiuanderuomu, — fustserse. — comoUuserse,
— (43) horsefelu. —(45) coredieruitlu.^ iiouinar. —fetuaraio. — (46) feiuheri. —
liclmrsueitu. — enoocar, — (47) aseriatuuerofe, — (49) cringatrohatu, — destrou
mescapla. — (50) esonomf. ffrar» — poeperca. — prinwUurdur. — (51) ponisia, ter.
TRADUCTION. TABLE VI b. XLV
res, ritus, viros, pecudes, campos, fruges. Salvas servato. Sis
faustus volens pace tua colli Fisio, civitati (35) Iguvinse, ejus
[coUis] nomini, ejus [civitatis] nomini. Tefre lovie, te hac
strue fercto, Tefrali piaculo, pro colle Fisio, pro civilate Igu-
vina, pro ejus [collis] nomine, pro ejus [civitatis] (36) no-
mine. Tefre lovie, te invocavi. Precatione dimidia infundito.
(37) Struem — arem ad lœvum postem facito. Deinde capide
adspersionem ministrato. Deinde precalor uti [in] fercto.
Postquam struem polluxerit, (38) prosectorum frusta dato.
Tune f libi — alis ad dextrum postem in adspersionem.
Frusta dato. Ubi strues polluxerit, tum (39) libum —arc ad
lœvum postem. Deinde frusta dato. Tune struem — alem in
adspersionem. Ubi precatus fuerit, ibi (40) imponito, coquilo.
Tum struem — arem in adspersionem. Ubi precatus fuerit,
ibi imponito, coquito. Tum vasa quœ cum struibus habuerit,
(41) testas supra instillato. Inter — um sedeto, donec confractis
[testis] precatus fuerit. Testas quivis confringito. Testis con-
fractis precator. (42) Polluctum fuerit.
(43) In luco lovio, ubi oves februant, vitulos tauros très fa-
cito. Marti Inferno facito pro populo civitatis Iguvinœ, pro ci-
vitate Iguvina. Tura acerra (44) facito. Lacté facito. Ollas fa-
cito. Tacitus precator. Prosectis farcimen, offam addito. Deinde
nuncupato uti ad portam Trebulanam.
(45) In luco Curiatii vitulos tauros très facito. Hondo Çerfio
facito pro populo civitatis Iguvinœ, pro civitate Iguvina. Tura
acerra facito. Ollas (46) facito. Sive vino, sive lacté facito. Ta-
citus precator. Prosectis — m offam addito. Deinde nuncupato
uti ad portam Trebulanam. Et collis (47) piatus fuerit. Si quid
inter istud sacrificium erratumve omissumve fuerit, aves
observato, ad portam Trebulanam revertitor, denuo sacrifi-
cium facito.
(48) Quum pQpulum circumferre voles, aves observatum ito.
Deinde stipulator ut collis piandi [causa]. Deinde auspicator.
lisdem fînibus aves (49) observato. Postquam oscines (?) auspi-
catus erit, praetextam lustralem induitor; ricam sumito; in
dextram scapulam induitor. Ignem imponito. Quum (50) ad
sacrificium feras (?), ubi ignem imposuerit, is ferto qui pra*-
textam lustralem habcbit. Itidem — in dextro humero ferto.
Cum eo calatores duo (51) eunto. Prœtextam [cum] purpurcis
[clavis] habento. Tum stipulator parram prœpetem sibi, civi-
tati Iguvinœ. Tum auspicator ad vapides avieculos, neve (52)
circumvertitor (?) antequam prœpetem auspicatus fuerit. Post-
XLVI TEXTE. TABLE VII a.
fianéi. Ape desva combifiansmst ^ via aviecla esonome etuio
com peracris sacris. Ape Acesonicmie (53) Hebeiafe benust^ enoni
temmuco stahituto. Poi percam wr&fnatia habiest etvrstahmu.
Eso etv/rstahmu. Pis est totar (54) Tarsinaterj i/nfor Tar-
smateTy Tuscer Naha/rcer labuscer nomner^ eetu ehe esu po-
plu, Nosve ter ehe esu poplu^ sopir habe^ (55) esme pople por-
taiu uk) pue mers est; fétu uru pirse mers est. Trioper
eheturstaha/mu. Ifont termnuco com prinvatir (56) stahitu. Eno
deitu : Arsm^ahamOj caterahamOj lovinur. Eno com prinvcUir
peracris sacris a/mbretuto. Ape ambrefurent^ (57) terrarimne 6e-
nufrenty termnuco com prinvatir eso persnim,um^ tasetur : Serfe
Martie, Prestota ^erfia ^erfer Mortier j (58) Twrsa ^erfia Serfer
Ma/rtier^tota/m, Tarsinatem^trifoXa/rsinatem^ TuscomNaharcom
labuscom nome, (59) totar Tarsinater^ trifor Tarsinater, Tus-
cer Naha/rcer labuscer nomner nerf éiJiitu anéihitUj lovie hos-
tatu (60) anhostatu tv/rsitUy tr&mitUj hondu^ holtUj ninctu, ne-
pitu, sonitUj savitUj preplotatu^ previhUu.
(61) Serfe Ma/rtie^ Prestota Serfia Serfer Martier^ Tursa Serfia
Serfer Martier^ fututo foner pacrer pose vestra pople totar
liovinoTy (62) tote liovine^ ero nerus sihitir ansihitir^ lovies
hostatir a/nostatir^ ero nomne, erarnomne. Ape este dersicwrentj
eno (63) deitu: Etato^ liovinur, porse perça arsm^tia habiest,
Ape este dersicusty duti ambretuto euront. Ape termnome (64)
covortitëOj sururont pesnvrmmio. Sururont deitu etaians, deitu.
Enom, tertim ambretuto. Ape termnome benuso^ (65) sururont
pesnim/u/nio. Sururont deitu etaias. Eno prinvatur éimo eluto
erafont via pora benuso.
(VII a 1) Sururont pesnimumo. Sururont deitu etaias. Eno
prinvatur éim^ etuto erafont via pora (2) benuso.
(3) Fondlire abrof trif fétu heriei rofu heriei peiu. Serfe Martie
feitu popluper totar liovinar totaper (4) liovina. Vatuo farine
feitu. Poni fétu. Arvio fétu. Tases persnvmu. Prosesetir mefa
spefa ficla arsveitu. (5) Suront naratu puse verisco Treblanir.
Ape Traha Sahata combifianéust, enom erus dirstu.
(6) Rubine porca trif rofa ote peia fétu Prestote Serfie èerfer
Mortier popluper tota/rliovina/r totaper lovina. Persaia fétu. Pont
fétu. Arvio fétu. Suront naratu pusipre verir Trebkmir. Tases
persnimu. (8) Prosesetir struéla ficla a/rsveitu. Ape supo postro
(52) esowmeetuU). — (53) pisest, — (54) ehesu. — popîusopir. — (55) fsme,
— mertest. — pirsemersett. — (56) enocom. — (59) tarsinat. er. -- (60) tremi'
tuhondu, — (61) popklotar. — (62) iiouineero. — (63) arsvMtiahalnestapeeste.
— (4) prateteiirmefa.
TRADUCTION. TABLE VII a. ILVII
quam prsepetem auspicatus erit, via aviecula ad sacrificium
eunto cum ambarvalibus sacris. PostquamÂquiloniam (53) — as
venerit, tum ad terminum stanto. Qui prœtextam lustralem
habebit exterminato. Sic exterminato : Quisquis est civitatis
(54) Tadinatis, tribus Tadinatis, Tusci, Narici, lapydici nominiSy
ilo ex hoc populo. Si non iverit ex hoc populo, si quis incola
est, (55) huic populo [vectigal] portato illuc ubi lex est; sacri-
ficato id quod lex est. Ter exterminato. Simul ad terminum
cum calatoribus (56) stato. Tum dicito : Lustramini, purifica-
mini, Iguvini. Tune cum calatoribus [cum] ambarvalibus sa-
cris ambeunto. Quum ambiverint, (57) ad terminum venerint,
ad terminum cum calatoribus ita precantor taciti : Çerfe Mar-
tie, Praestita Çeriia ÇerQ (58) Martii, Tursa Çerfia Çerfi Martii,
civitatem Tadinatem, Tuscum Naricum Japydicum nomen,
(59) civitatis Tadinatis, tribus Tadinatis, Tusci Narici Japydici
nominis Lares accitos, non accitos, Genios hospites, (60) non
hospites terreto, tremefacito, — — — propellito, pro-
fugato.
(61) Çerfe Martie, Prsestita Çerfia Çerfi Hartii, Tursa Çerfia
Çerfi Martii, estote fausti volentes pace vestra populo civitatis
Iguvinae, (62) civitati Iguvinœ, illorum Laribus accitis, non
accitis, Geniis hospitibus, non hospitibus, ejus [populi] no-
mini, ejus [civitatis] nomini. Postquam ita dixerint, tum (63)
dicito : « Itate, Iguvini », qui praetextam lustralem habebit.
Postquam ita dixerit, iterum ambeunto iidem. Postquam ad
terminum (64) reversi erunt, item precantor. Item dicito
« itent 9, dicito. Tum tertium ambeunto. Postquam ad termi-
num venerint, (65) item precantor. Item dicito « itent ». Tum
calatores redeunto eadem via qua venerint.
(YII a 1} Item precantor. Item dicito « itent ». Tum calatores
redeunto eadem via qua (â) venerint.
(3) Ad Fontulos apros très facito sive rufos sive piceos*
Çerfo Martio facito pro populo civitatis Iguvin», pro civitate
(4) Iguvina. Tura acerra facito. Lacté facito. OUas facito. Tacitus
precator. Prosectis molam sparsam, ofFam addito. (5) Item
nuncupato uti adportam Trebulanam. Postquam Trans Satam
auspicatus erit, tum frusta dato.
(6) Ad Rupiniajnti porcas très rufas aut piceas facito Prae-
stitae Çerfiae Çerfi Martii pro populo civitatis Iguvinœ, pro
civitate (7) Iguvina. Libamina facito. Lacté facito. Ollas facito.
Item nuncupato uti ante portam Trebulanam. Tacitus preca-
tor. (8) Prosectis struiculam, ofiam addito. Postquam pane
XLVIII TEXTE. TABLE VII a.
pepescus^ enom pesclu Ruseme vesticaiu Prestote èerfie (9) éerfer
Ma/rtieTy popluper totar lovinoTy totaper lovina, Enom vesclir
adrir Ruseme eso persnihimu : Prestota (10) éerfia Serfer Mar-
Her, tiom esir vesclir adrvr popluper tota/r liovina/r^ totaper lio-
vinay erer nom^neper, ( 1 1) erar nomneper. Prestota èerfia èerfer
MarticTy prevendu via ecla atero tote Tarsinate^ trifo Tarsinatej
(12) Tursce Naharce labusce nomne^ totar Ta/rsinater^ tri for
TarsinateTy Tuscer Naha/rcer làbuscer nomner (13) nerus éitir
a/néihitir, lovies hostatir anostatir^ ero nomne, Prestota Serfia
èerfer Martier^ futu fons (14) pacerpase tuapople totar liovinary
tote liovine, erer nomne, erar nomne, erar nerus éihitir anAihitir,
lovies (15) hostatir anostatir. Prestota èerfia èerfer Martier,
s^alvom, seritu poplom totar liovinar, salva serituu (16) totann
liovina/m, Prestota Serfia Serfer Mortier, salvo seritu popler
totar liovinar, totar iiovinar [17] nome, nerf, arsmo, viro,pequo,
cast'i^o, frif, Salva seritu, Futu fons, poncer, pose tua, pople totar
liovinar, (18) tote liovine, erer nomne, erar nomme, Prestota
èerfia èerfer Martier, tiom esir vesclir adrer popluper (19) totar
liovinar, totaper lovina, erer nomneper, erar nom/neper, Prestota
èerfia èerfer Martier, tiom (20) subocauu, Prestotar èerfiar èerfer
Martier foner frite, tiom, subocauu, Ennom persclu eso deitu:
(21) Prestota èerfia Serfer Martier, tiom isir vesclir adrir, tiom
plener, popluper totar liovinar, totaper (22) liovirux, erer nomr-
neper, erar nomneper, Prestota èerfia èerfer Martier, tiom si*-
bocauu, Prestotar (23) èerfiar Serfer Martier foner frite, tiom
subocauu, Enom vesticatu, aha^npy/rsatu. Enom Ruseme (24)
persclu vesticatu Prestote èerfie èerfer Martier popluper totar
liovinar, totaper lovina. Ennom vesclir (25) alfir persnimu. Sur-
peme adro trahvorfi a/ndendu. Eso persnimu : Prestota èerfia
èerfer Martier, tiom (26) esir vesclir alfir popluper totar liovinar
totaper liovina, erer nomneper, erar nomneper, Prestota (^1)
èerfia èerfer Martier, ahavendu via ecla atero pople totar lio-
vinar, tote liovine, popler totar lovinar, (28) totar liovinar ne-
rus éihitir anéihitir, lovies hostatir anhostatir, erer nomne, erar
nomne, Prestota èerfia (29) èerfer Martier, salvom seritu poplo
totar liovinar, salva seritu totam liovina/m. Prestota èerfia
èerfer (30) Martier, salvom seritu popler totar liovinar, totar
(14) erom,
(17) taluaseritu,
(22) Éerfiarierfer.
(28) ero (la première fois).
TRADUCTION. TABLE VU a. XLir
altero precatus erit, tune cum precatione ad Rusemam libato
Praestite Çerfiœ (9) ÇerO Martii pro populo civitatis Iguvinœ,
pro civitate Iguvina. Tune vasculis airis ad Rusemam ita pre-
cator : Praestita (10) Çerfia Çerfi Martii, te his vasculis alris
pro populo civitatis Iguvinœ, pro civitate Iguvina, pro ejus
(populi) nomine, (il) pro ejus (civitatis) nomine. Praestita Çer-
Qa Çerfi Martii, interdicito via illa uti civitati Tadinati, tribui
Tadinati, (l2)Tusco Narico lapydico nomini, civitatis Tadina-
tis, tribus Tadinatis, Tusci Narici lapydici nominis (13) Laribus
accitis non accitis, geniis hospitibus non hospitibus, eorum
ûomini. Praestita Çerfia Çerfi Martii, esto fausta (14) volens
pace tua populo civitatis Iguvinœ, civitati Iguvinœ, ejus (po-
puli) nomini, ejus (civitatis) nomini, ejus (civitatis) Laribus ac-
citis non accitis, geniis (15) hospitibus non hospitibus. Prœstita
Çerfia Çerfi Martii, salvum servato populum civitatis Iguvinœ,
salvam servato (16) civitatem Iguvinam. Prœstita Çerfia Çerfi
Martii, salvum servato populi civitatis Iguvinœ, civitatis Igu-
vinœ (17) nomen, lares, ritus, viros, pecudes, campos, fruges.
Salvas servato. Esto fausta volens pace tua populo civitatis Igu-
vinœ, (18) civitati Iguvinœ, ejus (populi) nomini, ejus (civitatis)
nomini. Prœstita Çerfia Çerfi Martii, te his vasculis atris pro po-
pulo (19) civitatis Iguvinœ, pro civitate Iguvina, pro ejus (po-
puli) nomine, pro ejus (civitatis) nomine. Prœstita Çerfia Çerfi
Martii, te (20) invocavi. Prœstitœ Çerfiœ Çerfi Martii faustœ
more te invocavi. Tune cum precatione ita dicito : (21) Prœstita
Çerfia Çerfi Martii, te his vasculis atris, te plenis, pro populo
Iguvino, pro civitate (Î2) Iguvina, pro ejus (populi) nomine,
pro ejus (civitatis) nomine. Prœstita Çerfia Çerfi Martii, te in-
vocavi. Prœstitœ (23) ,Çerfiœ Çerfi Martii faustœ more te in-
vocavi. Tum libato, infundito. Tum ad Rusemam (24) cum
precatione libato Prœstitœ Çerfiœ Çerfi Martii pro populo ci-
vitatis Iguvinœ, pro civitate Iguvina. Tum vasculis (25) albis
precator. Super atra transversim imponito. Ita precator :
Prœstita Çerfia Çerfi Martii, te (26) his vasculis albis pro po-
pulo civitotis Iguvinœ, pro civitate Iguvina, pro ejus (populi)
nomine, pro ejus (civitatis) nomine. Prœstita (27) Çerfia Çerfi
Martii, concedito via iila uti populo civitatis Iguvinœ, civitati
Iguvinœ, populi civitatis Iguvinœ (28) , civitatis Iguvinœ Lari-
bus accitis non accitis, Geniis hospitibus non hospitibus, ejus
(populi) nomini, ejus (civitatis) nomini. Prœstita Çerfia (29) Çerfi
Martii, salvum servato populum civitatis Iguvinœ, salvam
servato civitatem Iguvinam. Prœstita Çerfia Çerfi (30) Martii,
d
L TEXTE. TABLE VII a.
lioviafiar nome^ wer/, arsmOj viro^ pequçy castruo^ frif. (31)
Salva ieritu, Futu fons, pacer^ pose tua, pople totar liomtuvr,
tote lioviney erer nomne, erar nomne. Prestoia (32) éerfia éerfer
Ma/rtier, tiovn esir vesclir alfer popluper totar liovinar, totaper
liovina^ erer nomneper, erar (33) nomneper. Prestota Serfia
èerfer Mortier, tiom subocauu, Prestotar éerfiar èerfer Martier
foner frite, tiom (34) subocauu. Ennom persclu eso persnimu :
Prestota èerfia èerfer Martier, tiom isir vesclir alfer, tiom pie-
ner, (35) popluper totar liovinar, totaper liovina, erer nomne-
per, erar nomneper. Prestota èerfia èerfer Martier, tiom. (36)
subocauu. Prestotar èerfiar èerfer Martier foner frite, tiom su-
bocauu. — Enom vesticatu, ahatripursatu. (37) Vestisa et mefa
spefa scalsie conegos fétu Fisovi Sansii popluper totar liovinar^
totaper liovina. Suront (38) naratu puse post verir Tesonocir.
Vestisiar erus dirstu. Enno vestisia mefa spefa sopa/m purome
efurfatu, (39) Svhra spahamu. Traf Sahata/m etu. Ape Traha
Sahata covortus, ennom com^ltu; compatir p&i^smhimu. Capif
(40) sacra aitu.
(41) TrahafSahate vitla trif feetu Turse SerfleSerfer Martier
popluper totar liovinar, totaper liovina. Persaea fétu. Poni (42)
fétu. Arvio fétu. Tases persnimu. Prosesetir struéla ficla/m ars-
veitu. Suront naratu puse verisco Treblaneir. Ape (43) pur-
dinéiust, ca/rsitu pufe abrons facurent puse erus dersa. Ape erus
dirsvst,postro comèifiatuRubina/me; erus (44) dersa. Enem Traha
Sahata/m combifiatu; erus dersa. Enem Rubinams postro co-
vertu; comollu, comatir persnim/u et (45) capif sacra aitu. Enom
Traha Sahatam, covertu; comoltu, comatir persnihimu. Enom
pv/rditom fust.
(46) Pos tertio panepoplo andirsafust, porse perça a/rsmatia
habiest et prinvatur dur tefruto Tursar eso tasetv^ (47) persni-
himu/mo : Tursa lovia, tota/m Tarsinatem, trifo Tarsinatem, Tus-
eom Naharcom lapusco nome, totar (48) Ta/rmuUer, trifor Tar-
sinater, Tuscer Naharcer lapuscer nomner nerfsihitu anaihitu,
lovie hostatu anostatu (49) tursitu, tremitu, hondu, hoUu, ninctu,
nepitu, sunitu, savitu, preplohotatu, previélatu, Tursa lovia,
fu4u fons, (50) pacer, pose tua, pople totar lovinar, tote lovine,
erar nerus àihitir anéihitir, lovies fiostatir anhostaUir, erom
f43) Dirtu, it. -* 46) PoiUrlio. — (48) Tartinatertuscer, — (49) preplo, hotalu.
TRADUCTION. TABLE VU a. Ll
salviim servato populi civitatis Iguvinœ, civitatis Iguviiue no-
men^ lares, ritus, viroa, pecudes, campos, fniges. (31) Salvas
servato. Esto fausta voleas, pace tua, populo civitatis Igu-
vinie, civitati Iguvinœ, ejus (populi) nomini, ejus (civitatis)
nomini. Pnestita (32) Çerfia ÇerQ liartii, te his vasculis albis
pro populo civitatis Iguvinœ, pro civitate Iguvina, pro ejus
(populi) Domine y pro ejus (civitatis) (33) Domine. Prœstita
Çerfia Çerii Martii, te invocavi. Praestitae Çerfiae Çerfi Martii
faustœ more te (34) invocavi. Tune cum sacrificio ita preca-
tor : Prœstita Çerfia Çerfi Martii, te his vasculis albis, te ple-
nis, (35) pro populo civitatis Iguvinœ, pro civitate Iguvina,
pro ejus (populi) nomine, pro ejus (civitatis) nomine. Prœstita
Çerfia Çerfer Martier, te (36) invocavi. Prœstitae Çerfiae Çerfi
Martii faustae more, te invocavi. — Tum libato, infundito.
(37) Libum et molam sparsam — innixus facito Fisovio Sancio
pro populo civitatis Iguvinœ, pro civitate Iguvina. Tum (38)
nuncupato uti post portam Tesenacam. Libi frusta dato.Tum
libum molam sparsam panem ad puritatem februato. (39) Su-
pra instillato. Trans Satam ito. Postquam Trans Satam rêver-
sus erii, tum commolito; commolitis precator. Capides (40)
sacras dicito.
(41) Trans Satam vitulas très facito Tursœ Çerfi Martii pro
populo civitatis Iguvinœ, pro civitate Iguvina. Libamina fa-
cito. Lacté (42) facito. OUas facito. Tacitus precator. Prosectis
struiculam, oflfam addito. Item nuncupato uti ad portam Tre-
bulanam. Postquam (43) poUuxerit, calato [hue] ubi apros
fecerint ut frusta det. Postquam frusta dederit, denuo auspica-
tor ad Rupiniam; frusta (44) det. Tum Trans Satam auspicator;
frusta det. Tum ad Rupiniam denuo convertitor; confringito;
confractis precator, et (45) capides sacras nuntiato. Tum Trans
Satam convertitor; confringito; confractis precator. Tum pol-
luctum fuerit.
(46) Postquam tertium populum circumdederit, qui prœ*
textam lustralem habebit et calatores duo in delubro Tursœ
ita taciti (47) precantor : Tursa Jovia, civitatem Tadinatem,
tribum Tadinatem, Tuscum Naricum lapydicum nomen, civita-
tis (48) Tadinatis, tribus Tadinatis, Tusci Narici lapydici nomi-
nis lares accitos non accitos, genios hospites non hospites (49)
terreto, tremefacito, — , —, — , — , —, — , propellito, devincito.
Tursa Jfovia, esto fausta, (50) volens, pace tua, populo civitatis
Iguvinse, civitati Iguvinœ, ejus (civitatis) laribus accitis non
accitis, geniis hospitibus non hospitibus, eorum (51) nomini.
LU TEXTEt TABLE I.
51) nomney erar nomne. Este irioper deitiu. Enomi venga
perctcrif twrsituto porse perça a/rsmatia habiest et (52) pritir-
vaiwr» Hondra fu/ro Sehemeniar hatuto. Totar pisi Ae-
riestpafe trifpromom haburent^ eaf Acersoniem (53) fétu Twrse
loviey popluper tota/r liovinar^ totaper lomna. Sv/ront narcUu
puse verisco Treblanir. Arvio fétu. (54) Persaea fétu. Struéla
ficla prosesetir arsveitu. Tases persnimu. Poni fétu.
(VII b 1) Pisi panupei frcUrexs fratrus Atiersier fust^ erec
sueso fratrecate portaia sevacne fratrom (2) Atiersio desenduf,
pifi reper fratreca pars est erom ehiatOy ponne tvengar tur^
siandu herteiy (3) appei arfertur Atiersir poplom andersafust.
Sve neip portust issoc pusei subra screhto est^ (4) fratreci motar
sins A . CGC.
(51) peraerio. — (VII b 1) panupeifratrext, — fratrtuaiitrtier. ^ futterec, —
(2) partest, -* (4) fratredmotar.
;TABLE I.
(I a 1 ) Este persklum aves anzeriates enetu : (2) pernaies,
pusnaes. Pre veres Treplanes (3) luve Erapuvi tre buf fétu.
Arvia ustentu. (4) Yatuva ferine feitu. Heris vinu, heri puni
(5) ukriper Fisiu, tutaper Ikuvina feitu. Sevum (6) kutef pes-
nimu. Adepes arves.
(7) Pus veres Treplanes tref sif kumiaf feitu (8) Trebe luvie
ukriper Fisiu, tutaper Ikuvina. (9) Supa sumtu. Arvia us-
tentu. Puni fétu. (10) Kutef pesnimu. Ade. arv.es.
(11) Pre veres Tesenakes tre buf fétu. Marte Krapuvi (12)
fétu ukripe Fisiu, tutaper Ikuvina. Arviu ustentu. (13) Yatuva
ferine fétu. Puni fétu. Kutef pesnimu. Adepes arves.
(14) Pus veres Tesenakes tref sif feliuf fétu (15) Fise Saçi
ukriper Fisiu, tutaper Ikuvina. (16) Puni fétu. Supa sumtu.
Arviu ustentu. Mefa (17) vestiça ustetu. Fisuvi fétu; ukriper
Fisiu fétu. Kapid purtitaf sakref : etraf purtitaf, etraf (19) sa-
kref tutaper Ikuvina. Kutef pesnimu. Adepes arves.
(2) Preveres. — (3) trebuf. — arviaustentu. «^ (4) vatuTaferine, -— heripuni.
•^ (6) pesnimuadepesarves. — (7) pusveres. — trefsif. — (9) supasumtu. — ar-
viaustentu. — punifetu. — (10) kutefpesDimu. -^ Les points indiquent des lettres
eflhcées. — (11) preyeres. — trebuf. — (12) arviuustentu. — (13) vatuvaferine. ^
TRADUCTION. TABLE I. LUI
ejus (civitatis) nomini. Ita ter dicito. Tum juvencas am>
barvales Tursœ torrento qui prsetextam lustralem habebit et
(52) calatores. Antequam erunt SemenisB, [juvencas]
sumite. Civitatis quilibet, quas très primum habuerint, eas
Aquilonise (53) facito Tursae Joviœ, pro populo civitatis Igu-
vinœ, pro civitate Iguvina. Deinde nucupato ut ad portam
Trebulanam. OUas facito. (54) Libamina facito. Struicuiam,
offam prosectis addito. Tacitus precator. Lacté facito.
(VII b 1) Qui quandoque magister fratribus Attidiis fuerit,
is stipes (?) coliegio portet débitas fratrum (2) Attidiorum
duodecim, quas pro re fraterna jus est esse exactas (?), quum
juvencœ torreantur quotiescunque, (3) postquam adfertor
Attidius populum circumdederit. Si nec portaverit illud uti
supra scriptum est, (4) magistro multœ sint asses CGC.
TABLE L
(I a 1) Ita precationem avibus observatis inito : (2) anticis,
posticis. Ante portam Trebulanam (3) lovi Grabovio très boves
facito. OUas donato. (4) Tura acerra facito. Sive vino, sive
lacté (5) pro colle Fisio, pro civitate Iguvina facito. Totum (6)
tacitus precator. Adipibus, extis [facito].
(7) Post portam Trebulanam très sues altiles facito (8) Trebo
lovio pro colle Fisio, pro civitate Iguvina. (9) Panes ungito (?).
Ollas donato. Lacté facito. (10) Tacitus precator. Adipibus, extis
[facito] .
(11) Ante portam Tesenacam très boves facito. Marti Grabo-
vio (12) facito pro colle Fisio, pro civitate Iguvina. Ollas do-
nato. (13) Tura acerra facito. Lacté facito. Tacitus precator.
Adipibus, extis [facito].
(14) Pone portam Tesenacam très sues lactentes facito (15)
Fiso Sancio pro colle Fisio, pro civitate Iguvina. (16) Lacté
facito. Panes ungito (?). Ollas dedicato. Molam, (17) libum do-
nato. Fisovio. facito; pro colle Fisio facito. (18) Capides dedi-
catas, sacratas; altéras dedicatas, altéras (19) sacratas pro
civitate Iguvina. Tacite precator. Adipibus, extis [facito].
panifdttt. — adpe8.'»(14) pasveres. — (15) fisesaçi. — (16) aniuustentlii'i^
(17) fiittri.
\ -'
LIV TEXTE. TABLE I.
(20) Pre veres Yehiies tref buf kaleduf fétu Yufiune (21)
Krapuvi ukriper Fisiu, tutaper Ikuvina. (22) Vatuva ferine
fétu. Heri vinu, heri puni. (23) Arviu ustentu. Kutef pesnimu.
Adepes arves.
(24) Pus veres Vehiies tref hapinaf fétu Tefre luvie (25)
ukriper Fisiu, tutaper Ikuvina. Puste asiane fétu. Zedef fétu.
(26) Pelsana fétu. Arvia ustentu. Puni fétu. Taçez pesnimu.
(27) Adiper arvis. Api habina purtiius, sudum pesuntru fétu.
Esmik vestiçam preve fîktu. Tefri luvi fétu ukriper (29) Fisiu,
tutaper Ikuvina. Testruku pedi kapide pedum feitu. (30) Api edek
purtiius, enuk sudum pesuntrum feitu staflare. (31) Esmik
vestiça afiktu. Ukriper Fisiu, tutaper Ikuvina (32) feitu. Ner-
truku pedi kapide pedum feitu. Puni feitu. (33) Api suduf
purtiius, enuk hapinaru erus titu. Zedef (34) kumultu, zedes
kumates pesnimu.
(16 1) Viikukum luviu, pune uvef furfat, tref vitluf turuf
(2) Marte Hudie fétu pupluper tutas liuvinas, tutaper Ikuvina.
(3) Yatuva ferine fétu. Puni fétu. Arvia ustentu. Kutef pes-
nimu. (4) Adepes arves. Yukukum Kureties tref vitluf turuf
Hunte Çerfi (5) feitu pupluper tutas liuvinas, tutaper liuvina.
Yatuva (6) ferine fétu. Arvia ustentu. Tenzitim arveitu. Heris
vinu, heris (7) puni feitu. Kutef persni mu. Adipes arvis. Inuk
ukar pibaz fust. (8) Svepu esumek esunu anter vakaze, vaçe-
tumi se, avif azeriatu, (9) verufe Treplanu kuverlu, restef
esunu feitu.
(10) Pune puplum aferum heries, avef anzeriatu etu pemaiaf
(11) pustnaiaf. Pune kuvurtus, krenkatrum hatu. Enumek
(12) pir ahtimem ententu. Pune pir entelus ahtimem, (13)
enumek steplatu parfam tesvam tefe, tute Ikuvine. (14) Yape-
fem aviekiufe kumpifiatu. Yea aviekla esunume etu. (15) Pri-
nuvatu etutu. Perkaf habetutu puniçate. Pune menés (16)
Akeduniamem, enumek etudstamu tuta Ta^inate, trifu (17)
Tadinate, Turskum Naharkum numem, lapuzkum numem.
(18) Svepis habe, purtatulu pue medsest, feitu uru pede meds
est. (19) Pune prinuvatus staheren termnesku, enumek : Ad-
(20) praveres. — (24) pusveres. — (26) punifetu. — (29) ukriperfisiu. —
(30) feitu^i. — e4elpurtuaft. ^ (31) stafli. iuvesmik. — fisiututaper. — IkuYinpa.
^ (32) feitunertruku. -* (33) sudufpurtitius. — (34) zedef kumats. ^ (I » ])
TRADUCTION. TABLE I. LV
(20) Ante portam Yehiam très boves candidos fticito Yofiono
(21) Grabovio pro colle Fisio, pro civitate Iguvina. (22) Tura
acerra facito. Seu vîno seu lacté. (23) Ollas donato. Tacitus pre-
cator. Adipibus, extis [facito].
(24) Post portam Vehiam très agnos facito Tefro lovio (25)
pro colle Fisio, pro civitate Iguvina. Post [portam Vehiam]
agnos très (?) facito. Testas facito. (26) Aulicocia facito. Ollas
donato. Lacté facito. Tacitus precator. (27) Adipibus, extis
[facito]. Postquam agnos poUuxeris, struem ferctum (28) facito.
Deinde libum semel fîngito. Tefro lovio facito pro colle (29)
Fisio, pro civitate Iguvina. Ad dextrum postem capide libatio-
nem facito. (30) Postquam ita poUuxeris, tum struem ferctum
facito — em. (31) Deinde libum iterum fîngito. Pro colle Fisio,
pro civitate Iguvina (32) facito. Ad sinistrum postem capide
libationem facito. Lacté facito. (33) Postquam strues poUuxe-
ris, tum agnorum frusta dato. Testas (34) confringito, testis
confractis precator.
(I fc 1) In luco Jovio, ubi oves februant, très vitulos tauros
(2) Marti Inferno facito pro populo civitatis Iguvinae, pro civi-
tate Iguvina. (3) Tura acerra facito. Lacté facito. Ollas donato.
Tacitus precator. (4) Adipibus, extis [facito]. In luco Guriatii
très vitulos tauros Hondo (5) ÇerOo facito pro populo civitatis
Iguvinœ, pro civitate Iguvina. Tura (6) acerra facito. Ollas do-
nato. —m addito. Sive vino, sive (7) lacté facito. Tacitus preca-
tor. Adipibus, extis [facito]. Et collis piatus fuerit. (8) Si quid
inter istud sacrificium erratumve omissumve sit (?), aves ob-
servât©, (9) ad portam Trebulanam revertitor, denuo sacrifi-
cium facito.
(10) Quum populum circumferre voles, aves observatum ito
anticas (11) posticas. Cum conversus eris, ricam sumito. Tum
(12) ignem in foculum imponito. Quum ignem imposueris in
foculum, (13) tum stipulator parram prœpetem tibi, civitati
Iguvinœ. (14) Ad vapides avieculos auspicator. Via aviecula ad
sacrifîcium ito. (15) Calatores eunto. Prœtextas habento [cum]
purpureis [clavis]. Quum venies (16) Aquiloniam, tum exter-
minato civitatem Tadinatem, tribum (17) Tadinatem, Tuscum
Naricum nomen, Japydicum nomen. (18) Si quis incola est,
[vectigal] portato illuc ubi lex est ; sacrificato id quod lex est.
(19) Quum calatores stabunt ad terminos, tum : «Lustramini
farfaA. (2) tutaperikuvina. — (3) kutep. — (4) vitlup turup. — hunteçefi. — (9)
ferinefetuâtria. — (7) inukukar. — (8) yakazevaçetamiseavif. — (13) steplatupar-
lun. — (16) tutata4iiiate. — (19) armanu.
LVI TEXTE. TABLE V.
manu, (20) kateramu, Ikuvinu. Enumek apretu tures et pure.
Puni amprefus, (21) persnimu. Enumek : Etatu, Ikuvinus.
Triiuper amprehtu. (22) Triiuper pesnimu. Triiuper : Etatu,
Ikuvinus. Enumek (23) prinuvatus çimu etutu; erahunt vea
çimu etutu prinuvatus.
(24) Funtlere trif apruf rufru ute peiu feitu Çerfe Marti. (25)
Vatuvu ferime fétu. Arviu ustentu. Puni fétu. (26) Taçez pes-
nimu. Adepe arves.
(27) Rupinie e tre purka rufra ute peia fétu Prestate (28)
ÇerGe Çerfe Harties. Pedaia feitu. Arviu ustentu. (29) Kapi sa-
kra aitu. Yesklu vêtu atru alfu. Puni fétu. (30) Taçez pesnimu.
A^eper arves.
(31) TraSate tref vitlaf feitu Tuse Çerfie Çerfe Marties. (32)
Pedaia feitu. Arviu ustetu. Puni fétu. Taçez pesnimu. (33)
Adeper arves. Pune purtinçus, kadetu pufe apruf (34) fakurent
puze erus teda. Ape erus tedust, pustru (35) kupiOatu Rupi-
name; erus teda. Ene Tra Sahta kupifiaia; (36) erus teda. Enu
Rupiname pustru kuvertu. Antakre (37) kumate pesnimu.
Enu kapi sakra aitu. Vesklu vêtu. (38) Enu Satame kuvertu.
Antakre kumate pesnimu. Enu esunu (39) purtitu fust.
(40) Pustertiu panepuplu atedafust, iveka perakre tusetu.
(41) Super kumne adfertur prinuvatu tuf tusetutu. (42) Hutra
furu Sehmeniar, hatutu eaf iveka (43) tre. Akedunie fétu Tuse
luvie. Arviu ustetu. (44) Puni fétu. Pedaia fétu. Taçez pesni-
mu. Adepe arves.
(45) Kvestretie usaie svesu vuv çisti tisteteies.
(20) amprefu(21)u8. — (24) feituçerfe. — (2ô) feiu. — (40) postertiu. —
tuseiu. — (42) foriuehmeniar. — eafiveka. — (43) tuseiuvie. — (44) punifetu.
TABLE V.
(1) Esuk frater Atiiediur (2) eitipes, plenasier urnasier,
uhtretie (3) T. T. Kastruçiie. Adfertur pisi pumpe (4) fust
Eikvasese Atiiedier, ère ri esune (5) kuraia; prehabia pide
uraku ri esuna (6) si herte, et pure esune sis; sakreu (7) per-
akneu upetu; revestu pude tedte (8) eru emantur hertc.
Et pihaklu pune (9) tribriçu fuiest, akrutu revestu (10)
(9) trlMiçu.
TRADUCTION. TABLE V. LVII
(20) puriflcaminiy Iguvini. » Tum ambito turibus et igné. Qaum
ambiverisy (21) precator. Tum : « Itate, Iguvini. » Ter ambito.
(22) Ter precator. Ter « itate, Iguvini ». Tum (23) calatores re-
deunto; eadem via redeunto calatores.
(24) Ad Fontulos très apros rubros aut piceos facito Çerfio
Martio. (25) Tura acerra facito. OUas donato. Lacté facito. (26)
Tacitus precator. Adipibus, extis [facito].
(27) Ad Rupiniam très porcas rubras aut piceas facito Pr»-
stitœ Çerfiœ Çerfi Martii. Libamina facito. Oilas donato. (29)
Capides sacras dicito. Yascula voveto atra, alba. Lacté facito.
(30) Tacitus precator. Adipibus, extis [facito].
(31) Trans Satam très vitulas facito Tursse Çerfiœ Çerfi Martii.
(32) Libamina facito. OUas donato. Lacté facito. Tacitus pre-
cator. (33)Adipibus, extis [facito]. Postquam poUuxerit, calato
[hue] ubi apros (34) fecerint uti frusta det. Postquam frusta
dederit, denuo 35) auspicator ad Rupiniam ; frusta det. Tum
Trans Satam auspicator: (36) frusta det. Tum ad Rupiniam
denuo convertitor. Urceis (37) confractis precator. Tum capides
sacras nuntiato. Vascula voveto. (38) Tum ad Satam conver-
titor. Urceis confractis precator. Tum sacrificium (39) polluc-
tum fuerit.
(40) Postquam tertium populum circumdederit, juvencas
ambarvales Tursœ torreto. (41) Super culmine adfertor, cala-
tores duo, torrento. (42) Antequam erunt Semenise, sumite eas
juvencas (43) très. Aquilonise facito Tursse Joviœ. Ollas donato.
(44) Lacté facito. Libamina facito. Tacitus precator. Adipibus,
extis [facito].
(45) Quœstura ■•
— pe^ftiafeta. * taçezpasnimu. — (45) Kvestre. Ue. ^ Après usaie plus do
séparation.
TABLE V.
(1) Hoc fratres Attidii (2) decreverunt [tempore dicto] plena-
siis urnasiis, magistratum gerente (3) T. Gastrucio, T. f. Ad-
fertor quicunque (4) fuerit Iguasiensibus Attidiis, is rei divi-
nœ (5) consulat; prœbeat quidquid ad banc rem divinam (6)
[necessarium] sit et qui in sacrificio [necessarii] sint. Sacra
(7)justa praestato. Inspicito ut, in partitione (8) frustorum,
distribuantur. Et piaculi causa quum (9) [hostiarum] ternio
LVlii TEXTE. TABLE V.
emantu herte. Adfertur pisi pumpe (11) fust, erek esunesku
vepurus felsva (12) adputrati fratru Atiiediu prehubia. (13)
Et nudpener prever pusii kastruvuf.
(14) Frater Àtiiediur esu eitipes, plenasier (15) urnasier,
ubtretie K. T. Kluviier, kumnah(16)kle Atiiedie ukre Eik-
vasese Atiiedier. (17) Ape apelust, muneklu habia numer (18)
prever pusti kastruvuf; et ape purtitu (19) fust, muneklu
habia numer tupler (20) pusti kastruvu; et ape subra spafu
fust, (21) muneklu habia numer tripler pusti (22) kastruvu.
Et ape frater çersnatur furent, (23) ehvelklu feia fratreks
ute kvestur (24) sve rehte kuratu si : sve mestru karu (25)
fratru Atiiediu pure ulu benurent (26) prusikurent rehte
kuratu eru, edek (27) prufe si; sve mestru karu fratru
Atiied (28) iu pure ulu benurent prusikurent (29) kuratu
rehte neip eru, enuk fratru (V 6 1) ehvelklu feia fratreks
(2) ute kvestur panta muta (3) adferture si. Panta muta
fratru (4) Atiiediu mestru karu pure ulu (5) benurent ad-
ferture eru pepurkure (6) nt herifl, etantu mu tu adferture
(7) si.
(22) furend.
INSCRIPTiON EN CARACTERES LATINS DE LA TABLE V 6.
(V b 8) Clavemiur dirsas herti fratrus Atiersir posH ctcnu (9)
forer opeterp. IIII agre Tlatie Piquier Martier^ et êesna (10)
homomis duir puri fa/t eiscurentj ote a, VL Clavemi (11) dir^'
scms herti frater Atiersiur Sehmenier Dequrier (12) pelmner
8or8erpo8ti acnu vef X, cabrinervefVypretra (13) toco^ postra
fahey et éesna ote a. VI. Cdsilos dirsa herti fratrus (14) Atiersir
posti a>cnu farer opeter p. VI agre Casiler Piquier (15) Mortier ^
et éesna homonus duir puri far eiscurerUj ote a, VI , (I6) Casilate
dirsans herti frateer Atiersiur Sehmenier Dequrier (17) pelm-
ner sorser posti acnu vef XV, cabrinervef VUS. et (18) éesna
ote a, VL
(U) frtU.er {une lettre elfaeée).
TRADUCTION. TABLE V. LIX
fuerity in agro inspicito (10) ut distribuantur. Adfertor qui-
conque (11) fuerit, is in sacris operibus (?) — as (12) arbi-
tratu fratrum Attidiorum prœbeat (?). (13) Et — is singulis per
prœdia.
(14) Fratres Attidii hoc decreverunt [tempore dicto] plena-
siis (15) urnasiis^ magistratum gerente C. Cluvio, T. f., in
templo (16) Attidio coUis Iguasiensis Attidii. (17) Postquam
[hostias] impenderit [adfertor], stipes habeat nummis (18)
simplicibus per prœdia; et postquam polluctum (19) fuerit,
stipes habeat nummis duplis (20) per prsBdia; et postquam
supra instillatum fuerit, (21) stipes habeat nummis tripl^ per
(22) prœdia. Et postquam fratres cenati, fuerint, (23) rogatio-
nem faciat fratricus aut quAstor (24) si recte curatum sit : si
major pars (25) fratrum Attidiorum qui illuc venerint (26) cen-
suerint recte curatum esse, tum (27) probe sit; si major pars
fratrum Attidiorum (28) qui illuc venerint censuerint (29) cu-
ratum recte non esse, tum fratrum (Y b 1) rogattonem faciat
fratricus (2) aut quaBstor quanta multa (3) adfertori sit. Quan-
tam multam fratrum (4) Attidiorum major pars qui illuc (5)
venerint adfertori esse jusserint (6) [quantam] libet, tanta
multa adfertori (7) sit.
INSCRIPTION EN GARACTEKES LATINS DE LA TABLE Y 6.
(Y b 8) Glavemii dent fratribus Attidiis per fundos (9) farris
[in tributum] impensi pondo lY agri Tlatii Picii Msrtn, et ce-
nam (10) hominibus duobus qui fer receperint, aut asses YI.
Glavemiis (il) dent fratres Attidii Semeniis decuriis (12) camis
suillœ per fundos ve^X, caprinœ ve^ Y, prières (13) tuccetum,
posteriores fœcem (?), et cenam, aut asses YI. Gasilas det fra-
tribus (14) Attidiis per fundos farris [in tributum] impensi
pondo YI agri Casili Picii (15) Martii, et cenam hominibus
duobus qui far receperint, aut asses YI. (16) Casilati dent
fratres Attidii Semeniis decuriis(16) carnis suilIœ per fundos
vef XY, caprinae vef YII semis, et (18) ceiiam, aut asses YI.
LX TEXTB. TABLE n b.
TABLE II b.
(II 6 1) Semenies tekuries sim kaprum upetu. Tekvias (2)
famedias pumpedias XII. Àtiiediate, être Atiiediate, (3) Kla-
yerniie, être Klaverniie, Kureiate, être Kureiate, (4) Satanés,
être Satané, Peiediate, être Peiediate, Talenate, (5) être Tale-
nate, Museiate, être Museiate, luieskane, (6] être luieskanes,
Kaselate, être Kaselate, tertie Easelate, (7) Peraznanie teitu.
Admune luve pâtre fétu. Si perakne (8) sevakne upetu. Eveietu.
Sevakne naratu. Arviu (9) ustetu; eu naratu. Puze face-
fêle sevakne. Heri puni, (10) heri vinu fétu. Yaputu Saçi
ampetu. Eapru perakne sevakne (il) upetu. Eveietu. Naratu.
Çîve ampetu. Fesnere purtuetu. (12) Ifefertu. Tafle e pir fertu.
Eapres pruseçetu (13) ife adveitu. Persutru vaputis mefa vis-
tiça fêta fertu. (14) Sviseve fertu.pune, être sviseve vinu fertu,
tertie (15) sviseve utur fertu. Pistuniru fertu, vepesutra fertu,
(16) mantraklu fertu, pune fertu. Pune Fesnafe benus, (17)
kabru purtuvetu. Vaputu Saçi Juve pâtre prepesnimu; (18)
vepesutra pesnimu, veskles pesnimu. Atrepudatu, (19) ad-
peltu, statitatu. Yeskiu pustru pesturanu (âO) pesnimu. Puni
pesnimu, vinu pesnimu, une pesnimu. (21) Enu erus têtu.
Vitlu vufru pune heries (22) façu, eruhu tiçlu sestu iuve pâtre :
Pune seste, (23) urfeta manuve habetu. Estu iuku habetu:
(24) lupater Saçe, tefe estu vitlu vufru sestu (25) purtifele.
Triiuper teitu, triiuper vufru naratu. (26) Feiu Iuve pâtre
Yuçiiaper natine fratru Atiiediu. (27) Pune anpenes, krikatru
testre e uze habetu. Ape apelus , (28) mefe atentu. Ape pur-
tuvies, testre e uze habetu (29) krikatru. Arviu ustetu, puni
fétu.
(1) seme.nies. — (3) etrekurelate. — (4) etresatane. -^ etrep. eiediate. —
(5) etretalenate. — etremuseiate. — (6) etreiuieskanes. — otrekaselate. — ter-
tiekaselate. ~ (7) teituadmune. — pera. kne. — (8) upetue. veietu. — (9) eu-
naratu. — facefete. — (10) herivinufetu. — pera. kne. — seva. kne.— (11) purtu,
etu. — (12) epir. fer. tu. — (13) ifeadveitu. — fetafertu. t— (14) svi. se. ve.
— vinufertu. — (15) uturfertu. — pistunirufertu. — (17) kabrupurtu. vêtu. —
TRABUCTION. TABLE II 6. LXI-
TABLE II b.
(n h 1) Semeniis decuriis suem caprum praestato. Nuncu-
pandœ (?) (2) familise fœderatœ (?) XII. Attidiatibus, alteris
Attidiatibus, (3) Claverniis, alteris Claverniis, Curiatibus, al-
teris Curiatibus, (4) Satanis, alteris Satanis, Piediatibus, alte-
ris Piediatibus,Talenatibus, (5) alteris Talenatibus, Husiatibus,
alteris Musiatibus, luiescanis, (6) alteris luiescanis, Casilati-
bus, alteris Casilatibus, tertiis Gasilatibus, (7) Peraznaniis
dicito. Casto Jovi patri facito. Suem integrum (8) debitum
praestato. Devoveto (?). Debitum nuncupato. Ollas (9)donato;
eas nuncupato. Uti sacrificandum debitum (?). Seu lacté, (10)
seu vino facito. — Sanco impendito. Caprum integrum debi-
tum (11) prsestato. Devoveto (?). Nuncupato. — impendito. Ad
Fesnas poUuceto. (12) Ibi sacrificium procurato. In tabula
ignem ferto. Capri prosicias (13) ibi addito. Struem, — , mo-
lam, libum, — , ferto. (14) — a ferto lac, altéra — a vinum ferto,
tertia (15) — a unguentum (?) ferto. — um ferto, — am ferto,
(16) mantele ferto, lac ferto. Quum ad Fesnas veneris, (17)
caprum polluceto. — Sanco Jovi patri prœfamino; (18) — a
precator,vasculis precator. Infundito, (19) — to,— to. Vasculo
altero — (20) precator. Lacté precator, vino precator, unguento
precator. (21) Tum frusta dato. Vitulum varium quum voles
(22) facere, eodem ritu sistito Jovi patri. Quum sistes, (23) or-
bem in manu habeto. Hanc invocationem habeto : (24) « Jupi-
ter Sance, tibi hune vitulum varium sisto. » (25) Pollucendum
ter dicito, ter varium nuncupato. (26) « Facio Jovi patri pro
Vucia gente fratrum Attidiorum. » (27) Quum impendes, ricam
in dextro humero habeto. Quum impenderis, (28) moïse [ri-
cam] imponito. Quum pollucebis, in dextro humero habeto
(29) ricam. Ollas donato, lacté facito.
(18) vesklespesnimu. «-- atre. pu(jatu. •— (20) pesni. mu« -* unepesnimu. — «
(21) enuerustetu. — puneheries. — (22) punesesto.— (24) estuvitlu. — (25) tri.
iuperieitu. ^ (27)testre. euze. -^ apeapelus. -« (28) apepurtuvies. — euzehabetu*
^ (29) punifetu.
LXli TEXTE. TAKJE n a.
TABLE II a.
(II a 1) Pune Karne Speturie Atiiedie aviekate naraklum (2)
vurtus, estu esunu fétu fratrusper Atiiedie. Eu esunu (3) esu
naratu : Pede Karne Speturie Atiiedie aviekate (4) aiu urtu
fefure fétu, puze neip eretu. Vestiçe Saçe (5) Sakre. luve pâtre
bum perakne, Speture perakne restatu. (6) luvie unu erietu.
Sakre pelsanu fétu. Arviu ustentu, (7) puni fétu, taçez pesni-
mu; adepe arves. Pune purtiius (8) unu, su^u pesutru fétu.
Tikamne luvie kapi^e (9) pedu preve fétu. Ape purtiius su^u,
erus têtu. Enu kumaltu, (10) kumate pesnimu. Ahtu luvie uve
perakaem (il) pedaem fétu. Arviu ustentu, puni fétu. Ahtu
Marti abrum (12) perakne fétu; arviu ustetu; fasiu pruseçete
adveitu; (13) pedae fétu; puni fétu. Traekvine fétu; (14) ase-
çetes perakne fétu.
(15) Huntia katle tiçel stakaz est. Sume ustite (16) anter
Menzaru Çersiaru heriiei façiu adfertur. Avis (17) anzeriates
Henzne Kurçlasiu façia tiçit. Huntia fertu ; (18) katlu, arvia,
struhçla, fikia, pune, vinu, salu maletu, (19) mantrahklu,
veskla snata asnata, umen fertu. Pir ase (âO) antentu. Esunu
puni feitu. Uunte luvie ampentu katlu (21) sakre sevakne Pe-
truniaper natine fratru Atiiediu. Esunu (22) p^dae futu katles.
Supa hahtu ; sufafiaf supaf hahtu. (23) Berus, aplenies, pru-
seçia kartu. Krematra, aplenia sutentu. (24) Pedu seritu. Arvia
puni ptirtuvitu. \estikatu, ahtrepudatu. (25) Pustin ançif vinu
Muvis ahtrepudatu. Tiu puni, tiu vinu (26) teitu. Berva, frehtef
fertu. Pude Nuvime ferest, krematruf (27) sumel fertu. Vesti-
çia pe^ume persnibmu. Katles tuva tefra (28) tedti erus pru-
sekatu. Isunt krematru prusekatu, struhçla (29) fikla adveitu.
Katlu purtuvitu. Ampedia persnibmu; aseçeta (30) karne
persnibmu; venpersuntra persnibmu. Supa spantea (31) per-
tentu: veskles vufetes persnibmu; vestikatu, ahtrepudatu,
(32) a^peltu, statitatu. Supa pustra perstu. lepru erus mani
(2) estuesunu. — esum. ^ (4) puzeneiperetu. — vestiçesaçe. — (5) iUTepatre*
bumperakne. — (6) unuerietusakre — pelsanufetu. — (7) adepearves. — pune-
purtiius — (8) su4upe8Utru. •— (9) prevefetu. — purliiusudu. -^ (10) kumate-
desnimu. — iuvip. — uveperak. nem. — (11) pedaemfetu. — ustentupuni. -*
TRÂDOCTION. TABLE II a. L»Ii
TABLE II a.
(II a 1) Quum Garnis Spetoriis cum Aiiidiis ablegatis (?)
[ad] aedem (â) reversas eris, hoc sacrificium facito pro frairi-
bus Attidiis. In eo sacriGcio (3) ita nuncupato : « Si Garnis
Spetoriis Attidiis ablegatis (?) (4) — a violata fuerint — , ne
veiis. » Libis Sanco (5) Sacro [facito]. Jovi patri bovem inte-
grum, Spetori integrum instaurato. (6) Jovio agnum (?)
devoveto (?). Sacro aulicocia facito. Oilas donato, (7) lacté fa-
cito, tacitus precator; adipibus, extis [facito]. Quum poUuxe-
ris (8) agnum (?), struem ferctum facito. Tikamno (?) Jovio
capide (9) adspersionem semel facito. Postquam poUuxeris
struem, frusta dato. Tum confringito, (10) confractis precator.
Item Jovio ovem integram (11) libatione adspergendam facito.
Ollas donato, lacté facito. Item Marti aprum integrum facito ;
oUas donato; fafcimen prosectis addito; (13) libamina fa-
cito; lacle facito. — facito; (14) non sectis [carnibus] (?) inte-
gris facito.
(15) Ita catuli litatio instituta est. Série compléta (?) (16)
—arum— arum sacrificet adfertor. Avibus (17) observatis
sacrificet. Ita procurato : (18) catulum, ollas, struiculami
offam, lac, vinum, molam salsam, (19) mantele, vascula — ^ta
[aut] non — ta, unguentum ferto. Ignem arœ (20) imponito.
Sacrificium lacté facito. Hondo Jovio impendito catulum (21)
sacrum debitum pro Petronia gente fratrum Attidiorum. Sa-
crificium (22) cum libatione conjunctum sit catuli. Panes su-
mito; —os panes sumito. (23) — ibus, — lis prosicias dividito
^?). —os, — as subtendito. (24) Libationem servato. OUas lacté
polluceto. Libato, infundito. (25) vino Noviis infundito.
« Te lacté, te vino », (26) dicito. —a, — es ferto. Quum ad No-
vium [sacrificium] procurabit, — os (27) semel ferto. Libo in
adspersionem precator. Gatuli duo strebula (?) (28) dandis
frustis prosecato. Itidem — prosecato, struiculam, (29) ofTam
addito. Catulum polluceto. —a precator; non sectis (30) carni*
bus precator; — a precator. Panem libandum (31) obmoveto;
vasculis — is precator; libato, infundito, (32) — to, — to. Pane
thlumarti. — abrunu. — (13) punifetu. ^ tra. eJnri. ne. — (14) açetus. —
(28) terti. — prusektu. — (30) eenpersuntn.
LXIV TEXTB. TABLES III ET IV.
kuveitu. (33) Spinamad etu. Tuvere kapidus pune fertu; berva,
klavlaf aanfehtafy (34) vesklu snatu asnatu, umen ferlu. Ra-
pide Hunte (35) luvie vestikatu Petruniaper natinefratru Atiie-
diu. Berus (35) sevakniB persnihmu pert spinia. Isunt klavles
persnihmUy (37) veskles snate asnates sevaknis spiniama pers-
nihmu. YestikatUy (38) ahtrepudatu. Spina umtu; umne se-
vakni persnihmu ; mani vasa (39) vutu. Asama kuvertu ; asaku
vinu sevakni taçez persnihmu. (40) Esuf pusme herter erus
kuveitu. Tedtu vinu; pune tedtu; (41) struhçlas fikias sufafias
*]*kumaltu. Kapide punes vepuratu. (42) Antakres kumates
persnihmu. AmparihmUy statita subuhtu. Esunu (43) purtitu
futu. Eatel asaku pelsans futu.
(44) Kvestretie usaçe svesu vuv çisti teteies.
(33) tuve. rekapi4u8.— (34) snataasnattt.— (35) iuTievestikatu. — petrimiapert.
TABLES III ET IV.
(III, 1) Esunu fuia herter sume (i) ustite sestentasiaru (3)
umasiaru huntak: Yuke prumu pehatu. (4)Inuk uhturu urtes
puntis (5) frater ustentuta. Pude (6) fratru mersus fust (7)
kumnakle, inuk uhtur vapede : (8) Kumnakie sistu sakre uvem
uhtur, (9) teitu, punies terkantur. Inumek sakre (10) uvem
urtas puntes fratrum upetuta. (11) Inumek via mersuva Arva-
men etuta : (12) erak pir persklu udetu. Sakre uvem (13) kle^
tra fertuta; aituta; Arven kletram (14) amparitu. Eruk esunu
futu kletre tuplak. (15) Prumum antentu; inuk çihçeda en-
tentu; (16) inuk kazi ferime antentu; isunt fedehtru (17) an-
tentu; isunt sufedaklu antentu. Seples (18) ahesnes tris kazi
aBtintu; fedehtru êtres tris (19) ahesnes astintu; sufedaklu
tuves ahesnes (20) anstintu. Inumek vukumen esunumen etu;
ap (21) vuku kukehes, iepi persklumad kaditu. Yuke pir (22)
asc antentu; sakre sevakne upetu; luve pâtre (23) prumu am-
pentutestru sese asa, fratrusper (24) Atiiedies, ahtisper Eikva-
satis, tutape liuvina, (25) trefiper liuvina. Tiçlu sevakni teitu.
(26) Inumek uvem sevakni upetu : Puemune (27) Pupdike apen-
(20) inenek. ^ (22) iuvepatre. -* (23) seseasa.
TRADUCTION. TABLES III ET IV. LXV
altero precator. — frusta manu tradito. (33) Ad mensam ito.
Duabus capidibus lac ferto; — a, — as — as, (34) vascula — ^ta
[aut] non —ta, unguentum ferto. Capide Hondo (35) Jovio
libato pro Petronia gente fratrum Attidiorum. — ibus (36) de-
bitis precator propter mensam. Itidem — is precator, (37) vas-
culis — tis [aut] non — tis debitis ad mensam precator. Libato,
(38) infundito. Mensam ungito; unguento debito precator;
manu vasa (39) voveto. Ad aram revertitor; prope aram
vino debito tacitus precator. (40) Quibusvis frusta tradilo.
Dato vinum; lac dato; (41) struiculse offaB — œ f confringito.
Capide, lacté opéra tor. (42) Testis confractis precator. Ap
pone, posita devove. Sacriflcium (43) polluctum sit. Catulus
ad aram coquendus sit.
(44) Quœstura .
— (38) manf. — (42) persmhniu. — subahtu. — (44) les mots ne présentent au-
cune séparation.
TABLES III ET IV.
(III. 1) Sacriflcium fiat série (2) compléta (?) —arum (3)— arum
hoc modo : In luco primum piaculum facito. (4) Tum magis-
tratum — is — is (5) fratres creanto. Postquam (6) fratrum —
fuerit (7) in templo, tum magistratus in lapide (?) : (8) « In
templo sisto sacram ovem magistratus », (9) dicito, . Tum
sacram (10) ovem fratrum prœstanto. (Il) Tum via — a
ad Arvam eunto : (12) ibi ignem sacriflcii causa adoleto. Sa-
cram ovem (13) feretro fertote; nuncupate; Arvœ feretrum
(14)colloca. Ibi sacriflcium esto in feretro duplex. (15) Primum
[sacriflcium] imponito; tum cicinum oleum (?) imponito ; (16)
tum casiam acerra imponito; ibidem — um imponito; ibidem
sulfur imponito. Simpulis (18) aheneis tribus casiam urito;
— alteris tribus (19) aheneis urito; sulfur duobus aheneis (20)
urito. Tum in lucum ad sacriflcium ito ; quum (21) lucum
coinquies, quemlibet (?) ad supplicationem calato. In luco
ignem (22) arœ imponito; sacnim debitum impendito; Jovi
patri (23) primum impendito e dextra parte ad aram, pro fra-
tribus (24) Attidiis, pro focis Eigvasiehsibus, pro civitate
Igu^ina, (25 pro tribu Iguvina. Litationem debitam dicito.
26) Tune ovem debitam prœstato : Poimono (i7) Popidico im
LXVl TEXTE. TABLÉS III ET IV.
tu ; tîçlu sevakni naratu ; (28) iuka mersuva uvikum habetu
fratruspe (29) Atiiedie, ahtîsper Eikvasatis, tutaper (30) liuvina,
trefiper liuvina. Sakre (3 1 ) vatva ferine feitu. Eruku aruvia feilu.
Uvem (32) pedaem pelsanu feitu. Ererek tuva tefra (33) span-
timad prusekatu. Edek pedume purtuvitu; ( 4) struçla adveitu.
Inumek etrama spanti tuva tefra (35) prusekatu. Edek ereçlu-
ma Puemune Pupdike (IV, 1) purtuvitu ; erarunt struhçlas
eskamitu aveitu. (2) Inumek tertiama spanti triia tefra pruse-
katu. (3) Edek supru sese ereçluma Vesune Puemunes (4) Pup-
diçes purtuvitu; struhçla petenata isék (5) adveitu. Ererunt
kapidus Puemune (6) Vesune purtuvitu. Asamad ereçlumad
(7) aseçetes karnus, iseçetes et vempesuntres, (8) supes span-
tes pertentu. Persnimu, adpeltu, (9) statitatu. Veijkles snates
asnates sevakne (10) ereçluma persnimu Puemune Pupdike,
Vesune (II) Pueniunes Pupdikes. Klavles persnihmu (12) Pue-
mune Pupdikes et Vesune Puemunes (13) Pupdikes pustin
ereçlu. Inuk ereçlu umtu (14) putrespe; erus*}-; inuk vestiçia,
mefa purtuvitu; (15) skalçeta kunikaz apehtu. Esuf testru sese
(16) asa asama purtuvitu; sevakne vukatu. (17) Inumek vesti-
çia persuntru super ereçle hule (18) sevakne skalçeta kunikaz
purtuvitu. Inumek (19) vestiçia persuntru Turse super ereçle
sevakne (20) skalçeta kunikaz purtuvitu. Inumek Tehtedim
(21) etu : veltu. Edek persuntre antentu. Inumek (22) arçlataf
vasus ufestne sevaknef purtuvitu. (23) Inumk pruzude kebu
sevakne persnihmu (24) Puemune Pupdiçe. Inumek kletra ves-
kles (25) vufetes sevaknis persnihmu Vesune (26) Puemunes
Pupdiçes. Inumek svepis heri, (27) ezariaf antentu. Inumek
erus taçez (28),tedtu. Inumek kumaltu, adkani (29) kanetu,
kumates persnihmu. Esuku (30) esunu udetu tapistenu.
Habetu pune, (31) frehtu habetu. Âp itek fakust, purtitu
(32) futu. Huntak pidi prupehast, edek (33) urtes puntes
neidhabas.
(31) vatra. — (35) tuvatefra. (IV, 2) triiatefra.— (5) erererunt. — (6) ere-
çlama4. ^ (7) iseçeles. — (8) sanes. — (U) purtupite. — (15) apehtre. —
TRADUCTION. TABLES III ET IV. LXVir
pendilo; oblationem debitam nuncupato. (28) Invocationes
— as cum ove habeto pro fratribus (29) Attidiis, pro focis
Eigvasiensibus, pro ci vitale (30) Iguvina, pro tribu Iguvina.
Cum hostia (31) tus acerra facito. Simul oUas facito. Ovem
libandam coquendam facito. Ejus [ovis] duo strebula (?) (33)
ad (TKo^-fyt prosecato. Tum ad aspersionem polluceto; (34)
struiculam addito. Tune ad alteram oicov^v duo strebula (?)
prosecato. Tura in cespite Poimono Popidico (IV, I) polluceto;
ejusdem struiculœ — addito. (2) Tum ad tertiam «Troviiiv tria
strebula (?) prosecato. Deinde a supera parte ad cespitem Ye-
sonœ Poimoni (4) Popidici polluceto ; struiculam pectinatam (?)
ibidem (5) addito. lisdem capidibus Poimono (6) Yesonse pol-
luceto. Ad aram, ad cespitem (7) non sectas carnes, sectas et
— as, (8) panes libandos obmoveto. Precator, — to, (9) — to.
Vasculis — is [aut] non — is debitis (10) ad cespitem precator
Poimono Popidico, Vesonœ (11) Poimoni Popidici. — is preca-
tor (12) Poimoni Popidici et Vesonœ Poimoni (13) Popidici
post cespitem. Tum cespitem ungito (14) utriusque; frusta t;
tum lîbum, molam polluceto ; (15) — innixus (?) impendito.
Hœc a dextra parte (16) ad aram, in aram polluceto ; débita
vocato (?). (17) Tum libum ferctum super cespite eodem (18)
débita, — innixus (?), polluceto. Tum (19) libum ferctum Tur-
s« super cespite débita, (20) — innixus (?), polluceto. Tum —
(21) ito : — ^to. Deinde fercto imponito. Tum (22) arculatas
vasis — is débitas polluceto. (23) Tum debito precator
(24) Poimono Popidico. Tum feretro vasculis (25) — is debitis
precator Vesonœ (26) Poimoni Popidici. Tum si quis vult, (27)
— as imponito. Tum frusta tacitus (28) dato. Tum confringito,
carmen (29) canito, confractis precator. Subinde (30) sacrifi-
cium adoleto — ^um. Habeto lac, (31) — habeto. Postquam ita
feceril, poUuctum (32) esto. Ita quod — piabit, id (33)
habeant.
(16) sukatu. — (17) vesveça. — supu, — (18) inantek. — (20) purttuYitu. —
7b) penihmu. — (26) Pupdçes. ~ (28) tertu. — (33) ures panes.
Je profite de la place disponible pour mentionner deux em-
prunts, inavoués Tun et Fautre, faits aux Tables Eugubines.
Dans ses Miscellanea eruditœ antiquitatis, publiés en 1679,
Spon donne une inscription. ainsi conçue * :
LERPIRIOR . SANTIRPIOR . DVIR . FOR . FOVFER . DERTIER .
DIERIR . VOTIR . FARER . VEF . NARATV . VEF . PONI . SIRTffi .
Au-dessus de ces lignes sont représentés deux personnages
avec des attributs symboliques, et la mention : APOLLINI.
CLATRAE. Il est question de ce monument dans VHistoire de
V Académie des Inscriptions (t. I, p. 207). Le P. de la Chaire
apporta en 1705 à TAcadémie une interprétation d'un de ses
amis qui avait expliqué ce prétendu étrusque au moyen du
grec : mais il ne semble pas que l'Académie ait goûté la tra-
duction. Le môme texte est reproduit dans V Antiquité expliquée
de Montfaucon et dans le Muséum Etruscum de Gori. Les mots
de cette inscription, dont la fausseté n'est point douteuse, ont
été en partie inventés, en partie tirés des Tables Eugubines
\b et VI, publiées dans le recueil de Gruter.
L'autre emprunt est plus ancien. Sansovino, dans son ou-
vrage Delta origine et de* fatti délie famiglie illustri d'Italia^
(1609), raconte le fait suivant au sujet de la famille des Ma-
rioni, qui était originaire de Gubbio. Un jour on trouva aux
environs de cette ville un sceau portant les armoiries des
Marioni, avec ces mots : MARTIER TIOM ISIR SVBOCAVV,
écrits exactement dans les mômes caractères que présentent
les Tables Eugubines. On en conclut que le sceau venait sans
doute des mômes anciens rois qui avaient fait graver ces ta-
bles, et la présence des armoiries fit penser que la famille
des Marioni descendait de ces rois. Les mots gravés sur le
cachet furent expliqués: «Mars sit sub tua virga pastorali.»
Ils se trouvent table VII a, 20 et 21.
1. Page 87.
2. Page 341.
LES
TABLES EUGUBINES
COMMENTAIRE.
Nous commençons Tinterprélation par la Table I rappro-
chée des Tables VI -VIL C'est le môme cérémonial qui est
décrit sur I et sur VI-VII, et souvent les deux textes sont
d'accord mot pour mot; seulement VI-VII est une rédaction
détaillée, tandis que I doit être considéré comme un résumé.
La concordance de ces deux recensions n'a pas peu contribué
au déchiffrement de l'écriture, car tandis que I est en carac-
tères étrusques, VI-VII est en caractères latins. Les légères
divergences de rédaction ont été également d'un grand se-
cours pour pénétrer dans Tintelligence du vocabulaire et de
la grammaire, en permettant d'établir la synonymie de cer-
tains mots et de certaines formes. Comme VI-VII contient des
parties qui manquent absolument sur I, on a pu, pour les
parties communes, reconnaître le conmiencement et la fin des
phrases, et distinguer les mots qui ne sont pas essentiels au
sens. Enfln, la présence de leçons semblables au fond, malgré
de nombreuses différences extérieures, a permis de noter les
particularités de l'orthographe et les habitudes de la pronon-
ciation. La découverte de ce fait que le môme texte est donné
deux fois par les Tables Eugubines est due & Louis Bourguet
(1733)*. a Mais enfin, raconte-t-il, il plut à la Providence de
1. Voy. rhistorique du déchiffrement dans mon Introduction.
1
2 TABLE I a 1 — TABLE VI a 1.
m'ouvrir les yeux.... Car m'étant avisé de relire avec beau-
coup d'attention le premier côté de la Table IV de Dempster,
je découvris la véritable valeur des lettres que je méconnais-
sais auparavant, et je vis évidemment que ce que cette Table
contient n'est qu'un abrégé des grandes Litanies *. »
Le rapport que les deux recensions ont entre elles a été
diversement apprécié. Lanzi, s'appuyant sur la différence
d'écriture et sur certaines divergences grammaticales qui re-
viennent assez régulièrement, supposait qu'on parlait à Igu-
vium deux dialectes. Lepsius place un intervalle de deux
siècles entre I et VI-VII, et il explique les différences par le
changement survenu dans la langue ^ Il ne se prononce pas
sur la manière dont il faut concevoir le rapport entre la ré-
daction développée et la rédaction abrégée. Aufrecht et Kirch-
hoff adoptent les données chronologiques de Lepsius, et ils
présentent VI-VII comme une copie paraphrasée de I, en sorte
que là où il y a des différences ils regardent I comme le texte
authentique*. Ce point de vue a été généralement adopté, et
c'est sur les différences de phonétique présentées par les deux
recensions que repose la distinction faite habituellement entre
Vancien et le nouvel ombrien. Je crois que cette opinion ne
peut être admise qu'avec toute sorte de restrictions. Après
avoir terminé l'interprétation de ces deux textes, je me pro-
pose de montrer que VI-VII n'a pas été copié sur I et que les
deux recensions sont des copies diversement altérées d'un
modèle plus ancien. L'une et l'autre copie nous permet d'en-
trevoir un état antérieur de la langue où la prononciation
était plus correcte; mais les altérations phoniques que l'on
constate sur VI-VII se retrouvent aussi en plus ou moins
grand nombre sur I. Quant aux différences de rédaction, nous
constaterons que VI-VII est souvent plus près du prototype
commun, et que les parties qu'il contient en plus ne doivent
pas pour cela seul être considérées comme moins anciennes
que le reste. Il était nécessaire de donner dès à présent un
mot d'explication sur ce point, car nous prendrons ordinaire-
ment pour base VI-VII, dont le texte est plus complet et mieux
coordonné.
VI et VII sont deux tables de grandeur presque pareille,
1. Bibliothèque italique ou histoire littéraire de Vltalie, t. XVIII (1734), p. 8.
2. De Tabulis EugubiniSj p. 85^ 87, 03.
3. Voy. par ex. : Umhrische Sprachdenkmùlerj t. II, p. 130.
TABLE I a 1. — TABLE VI a 1. 3
mesurant environ 0",74 de long sur 0",44 de large. VI est
couvert d'écriture sur ses deux faces (nous distinguerons le
recto et le verso par a et 6) ; VII ne contient au verso que
quatre lignes. I mesure O^jôS de long sur 0'",37 de large. II est
écrit au recto et au verso. L'écriture, au verso, est plus petite
et plus serrée. Cette table porte d'assez nombreuses ratures
et surcharges.
PRÉPARATIFS DU SACRIFICE.
(VI a 1) Este persclo aveis aseriater enetu : par fa curnase
dersvay peiqupeica merstu.
(I a 1) Este persklum aves anzeriates enetu : (2)
pernaies, pusnaes^
Les cinq premiers mots sont semblables dans les deux tex-
tes, après quoi la concordance cesse. Nous allons d'abord
nous occuper de ces cinq mots. Il est naturel de chercher le
verbe dans enetu^ qui a tout Tair d'être un impératif sembla-
ble aux impératifs latins en to (osque ttid). Les formes en tu
abondent dans nos textes : portatu, pihatu, tenitu^ habitUy
kumultu. Entre autres formes, on trouve aussi etu et am-
prehtu, qui rappellent sur-le-champ le verbe dont nous nous
occupons : nous avons sans doute affaire à un verbe composé.
La lettre A qui se trouve dans amprehtu indique en même
temps que l'e de Tavant-dernière syllabe est long, cai' c'est
une particularité de l'orthographe ombrienne de représenter
souvent la longue au moyen d'un h placé après la voyelle.
On peut s'en convaincre en comparant, par exemple, des for-
mes comme sta/ia/mu stahmu s t a m u , persnihimu persnihmu
persnimuj kumnahkle kumnakle, sehemenia/r sehmenier
semenies. D'après tout ce qui vient d'être dit, il ne paraîtra
pas téméraire de reconnaître dans la seconde partie de en-etu
le latin eito, ito « qu'il aille ». — Il reste à nous occuper du
préfixe. On le retrouve dans en-tentu comparé à an-tentu
per-tentu su-tentu. C'est le latin in. On sait que, même
en latin, on trouve la préposition in écrite en : enque eodem '
(col. rostr» rest. C. 195); enubro inhibenti (Festus, p. 76). De
même en osque imperator s'écrit embratur. — Faut-il prendre
enetu comme une seconde ou comme une troisième personne?
1. Nous imprimons en lettres italiques Tombrien écrit en caractères latins, et,
Selon un usage généralement adopté, nous imprimons en lettres espacées l'om'-
brien écrit en caractères étrusques.
4 TABLE I a 1. — TABLE VI a 1.
c'est ce que nous connaîtrons seulement dans la suite. Le
faut-il traduire par « entrer » ou par « commencer »? Il est
impossible de le décider avant d'avoir vu le régime. Nous
allons donc chercher dans la phrase un mot qui présente le
caractère d'un accusatif.
Persklum, persclo. Il faut d'abord remarquer la différence
d'orthographe : le m final manque sur la table VI; d'un
autre côté, la table I présente un w, l'alphabet ombrien ne
possédant pas la lettre o ^ Si nous passons à la formation du
mot, nous constaterons la présence d'un suffixe clo^ cluy qui
se trouve dans un assez grand nombre de substantifs om-
briens : pihaklu, naraklu, kumnaklu, ehvelklu, su-
fedaklu, mandracloj etc. Ce suffixe est identique au latin
culo que nous avons dans spectaculum^ miraculwm^ piaculuniy
redimiculum. On sait qu'en latin la forme clo coexiste à côté
de culo : poclurriy periclum^ speclaclwm^ oraclwm. Le suffixe
en question, employé comme suffixe primaire*, s'ajoute à des
racines ou à des thèmes verbaux pour former des substantifs
neutres marquant soit l'action elle-même, soit le résultat de
l'action, soit le lieu dans lequel elle s'accomplit, soit l'instru-
ment qui sert à l'accomplir. Comme exemples de ces quatre
sens, nous citerons seulement remeaculum « le retour », objeo-
taculum « digue », cubiculum « chambre à coucher », everricur-
lum « un filet ». — Il faut maintenant examiner la racine ou
le thème verbal. A première vue, il semble que ce soit pers;
mais peut-être y a-t-il lieu d'ajouter encore un à ou un c à
cette syllabe, de manière que nous aurons persk, perse.
En eifet, c'est une loi constante en latin que les racines finis-
sant par un c, par un q ou par un g^ si elles prennent le suf-
fixe culoj clo, retranchent l'une des deux gutturales qui autre-
ment se trouveraient en présence. Ainsi nous avons vincu-
lurriy jaculum^ torculum, speculwn^ cingulum, à côté de vincire^
jacere, torquere^ specere^ dngere*. Ce qui doit nous porter à
1. Priscien (p. 553) : «0 aliquot Italis civitates, leste Plinio, non habebant,
sed loco ejus ponebant V^ et maxime Umbri et Tusci. »
2. Les suffixes primaires sont ceux qui peuvent se joindre directement à une
racine ou à un tbème verbal : les suffixes secondaires sont ceux qui s^ajoutent à
des noms déjà formés, comme quand on tire, par exemple, de honos Tadjectif
honestus, ou de augmen le dérivé augmentum. Le suffixe culo, employé comme
suffixe secondaire, forme surtout des diminutifs : muntu-eulum, oratiun-cula,
pauper-culus.
3. Dans speculamy jaculum la voyelle reste brève comme dans sUmulus pour
TABLE I a 1. — TABLE VI a 1. 5
penser qu'il en a été de même dans le mot qui nous occupe,
c'est qu'on trouve une fois (VI b 5) la forme verbale peperscust
qui, après suppression du redoublement et de la flexion, livre
un thème perse. Nous admettrons donc que persclo est pour
persc-clo. — Un thème perse serait devenu en latin p^sc, car le
latin a Thabitude de supprimer ou d'assimiler un r suivi d'un
s lequel soit accompagné lui-même d'une autre consonne.
C'est ainsi que torstiLSy participe de torsere^ lorrere, est devenu
ùostus; farstus « l'orgueil » est devenu fastus. Cette loi existe
également en ombrien, quoiqu'elle soit moins rigoureuse.
Ainsi à côté de notre forme persclu, qui revient fréquemment
sur les Tables Eugubines, on trouve pesclu. Le rapprochement
des passages ne permet pas de douter qu'il ne s'agisse de sim-
ples variantes orthographiques. A côté de la forme verbale
peperscust on rencontre pepescus. Il n'y a pas en latin un verbe
simple pescere; mais poscere^ qui n'en diffère que pat la
voyelle, existe, et il prend précisément le redoublement au
parfait comme la forme verbale ombrienne. Si l'on songe un
instant aux doubles formes comme terra exlorris, verto vorto,
tostus testa, et surtout precari procare^ qui sont de la même
famille, on se convaincra aisément de l'identité. — Ce thème
verbal porsc, persc^ remonte à une haute antiquité, car on le
retrouve en sanscrit et dans les langues germaniques : il faut
que de bonne heure il ait fait l'impression d'une racine, puis-
que au parfait, où il se redouble, il garde celles de ses lettres
qui sont d'une valeur purement formative. Nous ne pouvons
nous arrêter en ce moment sur l'origine de ce thème verbal *.
Porsc signifie d'une façon générale « demander », et dans les
védas le verbe correspondant est plusieurs fois employé en
parlant de la demande faite aux dieux. C'est un sens religieux
qu'il lui faut donner également ici. Cette formation en clum
pourrait signifier, d'après ce qu'on vient de dire, le lieu de la
prière aussi bien que la prière elle-même; mais on verra par
la suite que c'est la prière qu'il désigne. Nous le traduisons
par « precatio^iem ».
stigmulus, càmena pour casmena, etc. On ne saurait expliquer ces mots par un
suffixe ulOy qui ne forme que des diminutifs, et qui est toujours suffixe secon-
daire.
1. Voy. Corsaen, ZK, XI, 364. Disons seulement ici que porsc se retrouve dans
le sanscrit praech et dans le vieux haut-allemand forsc (allem. moderne forschen)
La racine est park ou prak (d'où preces, precari), suivi de la syllabe inchoative
ska, devant laquelle le premier h est tombé, comme dans di{cyscOy mi[c)-8ceo.
J*ai signalé un dérivé grec dans la Hivista difilologia cd istruxione classicay 1874.
6 TABLE I a 1. — TABLE VI a 1.
Aves anzeriates. Aveis aseriater. — Ces deux mots, pla-
cés entre persklum et enetUj par cela même qu'ils sont ainsi
rapprochés, doivent probablement être considérés comme se
rapportant Tun à l'autre, ce qui semble d'ailleurs indiqué par
l'identité de la désinence*. Une différence entre I et VI, c'est
que VI présente aveis, au lieu quel porte aves; mais la table I
n'a presque jamais dans le corps du mot et jamais dans les
désinences la diphthongueei, qu'elle remplace par e: cp. vereir
Treblcmeir {\l a 22) et veres Treplanes (Ia2).Une autredif-
férence à noter, c'est l'absence de la lettre n dans aseriater
comparé à anzeriates. C'est ainsi qu'en latin on écrit Mega^
lesia, cosoïj pour Megalensia, consul. Le 2 de I est dû à la
nasale qui précède. Nous rencontrons ici pour la première
fois une particularité importante de la phonétique ombrienne.
Un s précédé d'un n a développé devant lui un t, et dans le
groupe ainsi formé (nte), ts a pris un son comparable à celui
du th en anglais ou du 6 en grec moderne, lequel est tantôt
représenté par z, tantôt, comme nous le verrons plus loin,
marqué par une autre lettre. Cf. uze (II b 27, 28) = onse
(VI b bO). — Si nous passons à l'interprétation, nous recon-
naissons sans difficulté dans aves aveis un cas du latin avis
« oiseau ». Quant au second mot, il a tout l'air du participe
passé d'un verbe de la première conjugaison. Cette supposi-
tion devient une certitude si nous comparons des formes
comme aseriOy aseriaia, a^einatOy et si nous rapprochons, par
exemple, cette phrase où l'on retrouve les mêmes noms à
un autre cas : avef anzeriatu etu pernaiaf pustnaiaf
(I b 10) « qu'il aille — oiseaux ». Une étude ultérieure
montrera que Vf est le signe de l'accusatif pluriel. Si étrange
que cette afBrmation paraisse d'abord, on ne pourra, quand
on connaîtra les preuves à l'appui, garder aucun doute à cet
égard. En anticipant de la sorte sur la suite, nous n'aurons
plus aucune peine à faire la construction de la phrase citée.
Anzeriatu (m) est un supin dépendant de etu « qu'il aille ».
Dans la phrase qui nous occupe, on a le participe passif, ce
qui explique pourquoi les noms sont à un autre cas. — Il fau-
drait maintenant déterminer le cas où sont placés aves et
anzeriates. Puisque nous avons déjà le verbe et le régime
1. On va voir que cette identité n'est pas complète, comme on peut déjà l'in-
férer de cette circonstance que VI a changé le s final du second mot en r, tandis
(^i|'il a gardé le s du premier mot.
TABLE I a 1. — TABLE VI a 1, 7
direct, c'est sans doute ici un régime indirect. Anzeriates
conviendrait comme datif ou ablatif pluriel; quant à aves
aveis, il s'écarte tout à fait du datif-ablatif avibits. Tandis que
le latin forme ses datifs-ablatifs pluriels soit en is, soit en
buSy l'ombrien ne connaît que la première de ces deux forma-
tions pour toutes ses déclinaisons. Il est en ceci semblable au
grec, qui termine tous ses datifs pluriels en ai ou ç. On peut
toutefois découvrir sous cette uniformité apparente une cer-
taine diversité. Les tables en écriture latine, cédant à une
tendance au rhotacisme dont nous aurons beaucoup d'autres
exemples, changent régulièrement en r le s final des noms de
la l'* et de la 2« déclinaison : c'est ce qu'on peut déjà voir par
aseriater. Au contraire, sur les mômes tables, le s final des
thèmes en i, u reste s, et celui des thèmes à consonne se joint
à l'aide d'une voyelle u. Ainsi avi fait aveis^ le thème neutre
hera fait herus^ et les thèmes à consonne fratr « frère », homon
a homme », font /Va^rus, homonus. Je crois que cette difTérence
correspond à celle qu'on voit en grec entre les datifs comme
{xa)rT|ai, finroiae et icoXieaat, i)^6ue9ai, ^roSeaai. En OSque OU a de
même un datif pluriel anafriss, qui vient probablement d'un
thème à consonne*. C'est ce double s qui a empêché l'action
du rhotacisme. Quant aux tables en écriture étrusque, au lieu
de changer en r le s final, elles le conservent ou elles le lais-
sent tomber tout à fait : kumates (I a 34] kumate (I b 37)
= comatir (VI b 41); sevaknis (II a 36) sevakne (IV, 9);
erus (II a 28) eru (V a 8). De ces trois exemples, le premier
appartient à un thème en o, les deux autres à des thèmes en
ietenu*.
A présent que nous avons reconnu dans aves un datif ou
un ablatif pluriel déterminé par le participe anzeriates, il
faut étudier le sens de ce dernier. C'est probablement un verbe
composé: nous trouvons ailleurs (VI b 48) avif seritu. Si nous
rapprochons la formule fréquemment employée salvom seritu,
salvam seritu, la ressemblance avec le latin servare, qui a la
double signification « conserver » et « observer » (servare de
cœlo*), s'imposera & notre esprit. On peut être tenté d'expli-
1. Table d'Agnone, a 9, b 12.
2. Le rhotacisme à Tablatif pluriel n'est pourtant pas complètement étranger
à la table L On a adeper (I 5 30, 33), adiper (I a 27) à côté de adepes,
adipes, adepe. Ce nom appartient à la 1'* ou à la 2« déclinaison.
3. Ennius (éd. Yahlen, p. 15) : « Remus auspicio se devovet^ atque secundam
Solus avem servat. At Boroulu' pulcher in alto Quœrit Aventino, servat 'gcnus
8 TABLE I a 1. — TABLE VI a 1.
quer seriare comme étant pour servare^ par le changement de
Vu en i que nous avons, par exemple, en latin dans libet
(pour Ivbet). Mais un tel changement ne serait pas très-rcon-
forme aux habitudes de la phonétique ombrienne, qui aurait
plutôt développé le son du v et fait seruvare (cf.sa/Mvom,pri-
nuvatus, à côté de salvom^ prinvatus). Mais s'il n'y a pas
d'exemple d'un u ou d'un v changé en i, nous voyons assez
souvent le groupe ui se résoudre en un i; ainsi manus « main »
fait à l'ablatif mani (pour mcmui)^ sus « cochon » fait à l'accu-
satif pluriel sif (pour suif). C'est un changement de ce genre
qu'il faut probablement supposer ici. De môme que le latin
servare vient d'un primitif servus « celui qui garde » ou « qui
est gardé », de même le thème verbal ombrien séria- se rat-
tache à un primitif seruitts* (môme sens) devenu seriu^. L'im-
pératif seritu que nous citions tout à l'heure nous présente
également la fusion de ui en i; car ce verbe, qui suit la se-
conde conjugaison ombrienne, faisait à l'impératif serveitu et
par contraction seritu. Nous présenterons donc le latin servà-
et l'ombrien seriâr- comme deux formes apparentées, mais non
identiques. — Pour le préfixe an^ on peut hésiter entre èrzi^
«(1.1)1 et àvdt. Il est difficile de se décider entre ces trois prépo-
sitions, qui conviennent également pour le sens comme pour
la forme*. On remarquera que dans aseriater le n final du
préfixe a été assimilé par le s ou négligé dans l'écriture. La
seconde hypothèse est la plus probable, car on rencontre
atentu, apentu, astintu à côté de antentu, ampentu,
anstintu, et nous avons une fois (VI a 6) la forme anse-
riato. — Il ne nous reste plus que le mot este. On pourrait
y voir le sujet de enetu et en faire un nominatif semblable
au latin iste. Mais à quoi se rapporterait ce pronom démon-
stratif? L'hypothèse qu'une partie antérieure de l'inscription
se serait perdue n'est pas vraisemblable si l'on songe que les
deux tables commencent de la même manière. 11 faut donc
plutôt voir dans este un adverbe signifiant « ainsi », et cette
interprétation sera confirmée par la suite de nos textes, où
nous trouverons le môme mot dans des phrases comme este
trioper deitu « ita ter dicito », ape este dersicurent « postquam
Itivolantum. » Rapprochez aussi Virgile VI, 338: « Qui (Palinurus) dum sidéra
ervat Exciderat puppi. »
1 . On sait que Servius s*est conservé en latin comme nom propre.
2. Sur la présence de àvii et de àvd en latin, voy. Bréal, article cité de la
fiivista.
TABLE 1 a 2. — TABLE VI a 1. 9
ita dixerînt » (VI b 62, 63; VII a 51). Ce este est un locatif (es^ei)
ayant probablement perdu un c enclitique final. Quant à sa
composition, elle est la môme que celle du pronom latin iste,
c'est-à-dire qu'il y faut voir deux thèmes pronominaux (eis-\'to)
soudés ensemble*. Nous obtenons donc la phrase: «Ita pre-
cationem avibus observatis inito. »
Pernaies pusnaes. — Ces deux mots, qui se trouvent
seulement sur la table la, doivent être joints à ce qui pré-
cède : l'identité de la désinence peut déjà nous le faire sup-
poser. Mais cette supposition devient une certitude, quand on
rapproche le passage suivant (1610) : avef anzeriatu etu
pernaiaf pustnaiaf. Nous apprenons du même coup par
cette comparaison que pusnaes doit être, par une double
correction, lu pustnaies. Il n'est pas difficile de reconnaître
dans le dernier mot un dérivé de la préposition post^ qui, en
ombrien, perd souvent son t final, car à côté de post nous
trouvons les formes pos ou pus. L'intermédiaire entre pust-
naies et pust est l'adverbe postne (cf. latin pone^) que nous
avons VI 6 11 : peme postne. — Le suffixe aio se retrouve dans
certains noms propres osques, comme Pompaiia7is Maraiieis :
il correspond probablement au suffixe latin eio, dans Velleius^
Canuleius. On a même un nom latin Anaius (C. J. L., 1467)
devenu plus tard Annœus. — Au mot pustnaies nous attri-
buerons donc la signification du latin «posterior,posticus »,
en songeant aux expressions comme « postica pars templi ».
Ici également il s'agit d'un temple, imaginaire il est vrai, que
l'augure trace dans le ciel. L'adjectif pernaies, qui est tiré
de l'adverbe peigne, forme antithèse avec pustnaies et si-
gnifie «anterior, anticus ». La métathèse de pre en per est
semblable à celle de la racine prec «prier» en perc. —
Comme nous rencontrerons plus loin (VI a 6) la défense
adressée à l'augure de se retourner avant d'avoir fini son
inspection des oiseaux, on ne peut expliquer pustnaies par
« les oiseaux placés en arrière [de l'augure] ». Il ne saurait
être question que des oiseaux qui volent en arrière, c'est-à-
dire dans le sens contraire à la direction des yeux de l'au-
gure; pernaies désigne les oiseaux qui volent en avant,
c*est4-<lire dans la direction de son regard : les Romains
1. L. Havet, dans les Mémoires de la Société de Linguistique ^ II, p. 234.
7. Pour postne. Le suffixe est le même que dans pronus. infernus, internus,
estemuSy qui dérivent également d'adverbes.
10 TABLE I a 2. — TABLE VI a 1.
appelaient ces derniers prœpes^ propitius, mais avec une idée
accessoire de présage favorable que nous devons écarter ici,
puisqu'il s'agit, comme on le verra plus loin, de stipulations
particulières faites entre l'augure et l'auspex, et que toutes
les directions, du moment qu'elles sont stipulées à l'avance,
peuvent fournir des présages heureux.
TRADUCTION.
(I a 1) Ita precationem avibus observatis inito : (2) anticis
posticis.
Une dernière remarque à faire, c'est qu'on ne doit pas
prendre « avibus observatis » dans le sens d'un ablatif ab-
solu marquant l'achèvement de l'action. La syntaxe om-
brienne permet une autre traduction qui cadre mieux avec
la suite du texte : «Commence de cette façon la cérémonie
par les oiseaux observés, en observant les oiseaux. » Il
est vrai que sûr la table I ces renseignements sur l'ob-
servation des oiseaux qu'este semble annoncer, man-
quent : mais ils se trouvent sur la table VI, et c'est une
première raison qui doit nous faire penser que cette der-
nière table présente un texte plus complet, dont l'autre
recension est un abrégé ou un extrait. — Cette conclusion
est l'opposé de celle que Kirchhoff tire du môme passage.
Comme il traduit avibus observatis « après avoir observé
les oiseaux », il suppose que este fait allusion à la seconde
phrase de l'inscription I. Conséquemment le long passage de
VI jusqu'à la ligne 22 serait interpolé. Mais persclum
enetu est une expression peu convenable pour l'action
prescrite dans la seconde phrase de la table I. On y voit la
cérémonie non pas commencer, mais déjà s'accomplir, puis-
qu'il y est parlé de l'offrande de trois bœufs.
Nous quittons à présent pour un temps assez long la pre-
mière table, et nous allons examiner le morceau étendu et
se divisant en plusieurs sections que VI fait suivre.
Pa/rfa cu/mase dersva^ peiqu peica merstu. — Il est facile de
constater une énumération d'oiseaux. On devine qu'il est
question d'auspices. C'est peut-être le lieu de rappeler le mot
de Cicéron (De Div. I, 41) : « Phryges autem et Pisidae et Ci-
lices et Ârabum natio avium significationibus plurimum ob-
tempérant. Quod idem factitatum in Umbria accepimug.»
TABLE I a 2. - TABLE YL a l. 11
L'un de ces noms, peiqu (écrit avec un ç, selon l'ancienne
orthographe latine*), est pietés « le pic-vert», si célèbre dans
les présages. Pline l'Ancien dit (X, 18, 20) : « Pici, Hartio co-
gnomine insignes, et in auspicatu magni.... Principales Latio
sunt in auguriis. » — Peica est la pie. — Curncbse ne sera pas
plus malaisé à reconnaître, si l'on rapproche la forme cumaco
de la ligne suivante : c'est le latin comix « corneille ». Le c
de la dernière syllabe, se trouvant devant un e, a été rem-
placé par une lettre particulière à l'ombrien, qui a la forme
d sur les vieilles inscriptions, et ^ sur les nouvelles. Seule-
ment le graveur, comme il lui est arrivé souvent, a négligé
de marquer la barre transversale. Il faut remarquer la diffé-
rence des voyelles dans comix et cumcKc : c'est ainsi que le
latin a ferox à côté de rapax^ fiduda à côté de pertinada. La
répartition de ces voyelles semble s'être faite ou du moins
s'être fixée assez tard. Quant à parfa^ c'est, comme J'a déjà
reconnu Grotefend, le latin paiva, c'est-à-dire probablement
« l'épervier* ». Ce dernier oiseau n'est pas moins fréquem-
ment cité que les deux autres dans les présages. Festus s. v.
oscines : « Oscines aves Ap. Claudianus esse ait quœ ore ca-
nentes faciunt auspicium, ut corvus, comix, noctua; alites
quae alis ac volatu, ut buteo, sanqualis, aquila, immussulujs,
vulturius. Picus autem Martius Feronîusque et parra et in
oscinibus et in alitibus habentur'. » Et plus haut : <« Oscinum
tripudium est.... quum cecinit corvus, cornix, noctua, parra,
picus. » On a même, d'après ces passages, heureusement
corrigé un vers de Plante (Asin. Il, i, 11) :
Impetritum, inauguratum est, quovis adxnittunt aves :
Picus et cornix est ab laeva, corvus porro a dextera.
Consuadent.
Au lieu de porro^ déjà Camerarius avait proposé de lire
parra, ce qui restitue au vers sa symétrie.
Il reste à nous occuper de dersva et merstu. Ce ne sont pas
des substantifs : la ligne suivante, où l'on e^parfa dersva, cur-
1. Le 9, comme le coppa grec, s'employait quand la voyelle suivante était un o
ou un u.
2. Parraj ^âç et la première syllabe du vieux haut-allemand spar-wari, d*où
le français épervierj sont des mots d'origine commune. Voy. la note de M. James
Darmesteter dans le Bulletin de la Société de Linguistique, t. II, p. cxzi.
3. Éd. Otf. Mûller, p. 197. Le texte a encore été corrigé par Aufreoht et
Jlirchboff.
12 TABLE I a 2. — TABLE VI a 1.
naco dersvay peico mersto^ peica mersta^ le prouve surabon-
damment. Il faut donc y voir des adjectifs se rapportant
chacun aux deux noms qui précèdent. Chose curieuse et diffi-
cile à expliquer, Tadjectif est au singulier et il s'accorde en
genre avec le premier des deux substantifs. En effet, merstu
ne peut être qu'un ablatif singulier masculin se rapportant à
peiqu^ comme dersva est un ablatif féminin se rapportant &
parfa. Cette particularité, qui est contraire à la syntaxe de
l'ombrien aussi bien qu'à celle de toutes les autres langues,
s'expliquerait si l'on admettait que le second oiseau n'est
qu'un succédané ou un remplaçant du premier : « l'épervier
(ou à son défaut la corneille), le pic-vert (ou la pie)*. » Tous
ces noms sont & l'ablatif, étant en apposition avec avds.
Une question très-controversée est de savoir ce que si-
gnifient les deux adjectifs dersva et merstu. Il est probable
qu'ils forment antithèse entre eux. Grotefend a pensé (et c'est
la première hypothèse qui se présente à l'esprit) qu'ils dési-
gnent la droite et la gauche. Hais nous trouverons ailleurs
les deux mots qui veulent dire droite et gauche : c'est destra
(testra) et nertra. Une autre interprétation consisterait à
traduire par « favorable ^ et «défavorable». Mais cela est
contraire à l'ensemble du texte qui se contente de stipuler les
présages favorables ; il va de soi que les présages qui se pré-
senteront dans d'autres conditions que les conditions stipu-
lées seront considérés comme défavorables. Je crois que le
plus sûr moyen de ne pas s'égarer est d'avoir présente à
l'esprit l'exacte concordance des tables I et VI : les indica-
tions de YI étant résumées par I en ces deux mots pernaies
pu sn ai es, nous devons croire que dersva et merstu expri-
ment les mômes idées en d'autres termes, et à moins d'ad-
mettre une interversion de l'ordre des mots que rien ne nous
autorise à supposer, nous devons penser que dersva signifie
a anticus » et msrstu « posticus»*. Ce sont des termes dont il
a été impossible jusqu'à présent de trouver l'origine. Tout ce
qu'il nous est donné de faire, c'est de réunir les renseigne-
1. Le rituel ombrien réunit des oiseaux que le rituel latin sépare, comme on
peut le voir par les vers de Plaute cités plus haut.
2. Étant donnée la position fixe de Taugure dans une certaine direction, par
exemple au midi, Tun des termes est peut-être le mot signifiant «méridional »,
Tautre «septentrional». Les renseignements des anciens ne sont pas d*accord
su la direction où se plaçait Taugure : selon les uns, elle est au midi, selon
d'autres au levant. Voy. Otf. Mùller, Die Btrusker, II, p. 1*28.
TABLE I a 2. — TABLE VI a 1. Ig
ments fournis par les tables sur la forme de ces mots. Cha-
que fois qu'on rencontre dans les inscriptions en écriture
latine le groupe rs, il se présente une question assez bizarre,
qui est de savoir si ce rs représente les deux lettres r-^-s, ou
si c'est la transcription d'un ^, c'est-à-dire d'un ancien d.
Nous nous contentons de poser ici les termes du problème,
sans nous arrêter à en discuter les données ni à en chercher
la cause. Quand le môme mot est employé sur les tables en
écriture étrusque, l'incertitude cesse, car il est écrit dès lors,
soit par rs (comme on l'a vu pour persklum), soit par 4,
c'est-à-dire par un d*. Jamais (sauf les confusions qu'a pu
commettre le graveur) il n'y a équivoque à ce sujet dans l'an-
cienne écriture. En ce qui concerne dersva^ nous sommes
renseignés, car le mot se trouve une fois I b 13, où il est
écrit tes va m*. Gela suffit pour nous apprendre avec certitude
que le groupe r + s est organique, et n'est point la transcrip-
tion d'un ancien d. — En ce qui concerne merstu^ nous n'a-
vons pas le même renseignement, car le mot n'est pas em*-
ployé sur les tables à écriture étrusque. Tout ce que nous
savons sur ce mot difficile, c'est que Ve est probablement long
par nature, car on trouve VI 17 meersta*.
TRADUCTION.
(VI a 1 ) « Ita precationem avibus observatis inito, parra cor-
nice praBpetibus, pico pica adversis. »
Une remarque grammaticale importante qui ressort de ce
passage, c'est que l'ablatif singulier masculin ou neutre de la
2* déclinaison se termine en u. Cet u est long, comme on le
verra par la (orme podruhpei (VI a 11). Sur les tables en écri-
ture latine, où l'accusatif de la même déclinaison se termine
en om ou o (le m étant omis par le graveur*), la confusion
1. Nous transcrivons cette lettre par un d pointé pour en rappeler la nature
particulière. Àufrecht et Kirchhoff transcrivent la même lettre par un r pointé,
ce qui nous parait moins approprié.
3. Ainsi qu*on Ta déjà vu pour persklum, peskium, un r suivi d'un t,
surtout si ce s est encore suivi lui-même d'une autre consonne, s'assimile ou se
néglige dans la prononciation.
3. Des tentatives d'étymologie ont été faites par Ebel {ZK, IV, 200) et Panzer-
bietcr {Quiestiones um&n'ca?, p. 10).
4. Yoy. par ex. VI a 1 persclo.
14 TABLE I a 2. - TABLE VI a 1.
des deux cas n'est point possible ; mais dans l'écriture étrusque,
où l'accusatif est um (puisqu'il n'y a pas d'o) et où le m
final est souvent omis, il faut chaque fois examiner si c'est
d'un accusatif ou d'un ablatif que le texte entend se servir.
— Nous arrivons à une section du rituel qui se trouve uni-
quement sur VI et qui peut s'appeler
LA STIPULATION.
(Via 1) Poei cmgla aseriato (2) eest, eso tremnu serse arsfer-
tare ehveltu.
On a ici deux propositions dont la première finit par eesly
qui est évidemment un verbe, et l'autre par Vimipér util ehveltu.
Poei a été depuis longtemps reconnu comme un pronom rela-
tif : sa place au commencement des propositions, le fait bien
établi que certains dialectes italiques mettent un p initial là
où le latin a un 9, les variantes poe Qipoi n'ont pas laissé de
doute à cet égard, et déjà Lanzi le traduit par le latin qui.
Mais la composition grammaticale de poei a seulement été
élucidée plus tard, d'abord par Aufrecht et Kirchhoff (I, 137),
puis par Corssen* et dernièrement par Louis Havet*. Il faut
voir dans ce pronom un thème sans flexion po (en latin quo)^
comme nous avons en grec l'article 6; à ce thème est venue
se joindre l'enclitique et, qui se trouve aussi dans le grec
6ÔTo<y-(, TouTov-i, o&Tioa-(. Ccttc enclitique s'est fondue en latin
avec le masculin quo^ le féminin qua^ et a donné les formes
qui quœ. La même contraction a eu lieu dans hi-c (pour
hxh-ei-c)^ hcBH^ (pour hor^i-c). En ombrien et en osque, l'encli-
tique est restée beaucoup plus visible. Son adjonction avait
sans doute pour but, à l'origine, d'insister sur Tidée relative
ou démonstrative. Sur nos inscriptions l'enclitique ei est sou-
vent écrite ou i; à l'accusatif pluriel féminin, par exemple,
on a paf-e^ au nominatif pluriel masculin pur-e ou pur-i, —
Si nous passons immédiatement à l'autre pronom, commen-
çant le second membre de phrase, savoir eso, nous devons
d'abord croire que nous y découvrirons également un nomi-
natif, et que la construction serait en latin qui,,, ille.... Mais
si cette supposition n'a rien d'invraisemblable en elle-même,
1. D'abord dans les Kritische Beitràge, p. 542 (cf. Nachlràge^ p. 93), puis dans
Ausspraàiet > I 784.
2; MSL, II, 23bi
TABLE I a 2. — TABLE VI a 1. 15
elle n'est cependant pas nécessaire; il suffit, pour nous en
convaincre, de nous transporter à la ligne 16, où nous avons
sve anglar procanurent^ eso tremnu serse combiflatu. Il est
facile de voir qu'ici eso commence également un second mem-
bre de phrase, mais qu'il n'y a aucune corrélation possible
entre les sujets des deux propositions, puisque le verbe de la
première est au pluriel et celui de la seconde au singulier.
Nous aurons donc à voir si eso ne doit pas être construit d*une
autre manière.
Il est aisé de reconnaître dans eest le verbe dont poei est le
sujet. Mais eest n'est point, ainsi qu'on pourrait le croire, la
3» personne du verbe substantif. Si Ton rapproche les pas-
sages suivants : avif anzeriatu etu (1 b 10), avifaseriato etu
(VI b 48), porsi cmgla anseriato iiLSt {VI a 7), on se convainc
qu'on a ici une locution toute faite et que le même verbe doit
se trouver dans les quatre passages. C'est donc à ire et non
à esse qu'appartient eest. Nous rencontrons le premier exemple
du futur ombrien, qui se forme comme le futur osque (cf. osque
herest « il voudra »), d'après le môme principe que le futur
grec et sanscrit. On sait que ceux-ci ajoutent à la racine ou
au thème verbal l'auxiliaire foico, asjâmi^ : Xw-<i(i)w, Tev-<(ai)oj,
dâ-sjâmL C'est ainsi que nous trouverons fer est « il por-
tera », benes « tu viendras », habiest « il aura », prur-pehast
a il purifiera » et d'autres encore. Eest est donc pour ei^es-t et
signifie « ibit ».
Aseriato est le supin du verbe dont nous avons déjà vu le
participe passé aseriater. On peut s'étonner de trouver ici un
0, le supin latin appartenant à la 4'' déclinaison : deux expli-
cations se présentent. Il ne serait pas impossible qu'il y eût
pour le supin passage de la 4« déclinaison dans la 2',comme
en latin on a qiuesti, sumpti^ fructi^ senati^ dès les temps
les plus anciens'; mais je crois plutôt qu'il y a ici un fait
particulier à la phonétique ombrienne. Un u suivi de m est
changé en o ; c'est ainsi que simimum ^st écrit somo. Le thème
de la 4* déclinaison trifu (c'est le substantif latin tribus) fait
à l'accusatif trifo. L'affinité de \*o avec le m se montre encore
par cette circonstance que l'accusatif singulier des thèmes &
consonne, comme cumac, est cumaco[m).
Angla ne peut être que le régime de aseriato : sa désinence
1. Schleicher, Compendium, § 298.
2. BQcheier, Déclinaison latine^ trad. française, p. 104.
16 TABLE I a 2. — TABLE VI a 1.
n'a pas été marquée ici ; mais nous la trouvons ligne 5, où le
graveur a écrit anglaf. C'est l'accusatif pluriel d'un thème
féminin angla. Gomment la lettre f a-t-elle pu devenir dans
une langue indo-européenne la marque de l'accusatif pluriel?
car il ne peut y avoir à cet égard aucun doute, et nous ren-
contrerons par la suite un trop grand nombre d'exemples
empruntés à toutes les déclinaisons pour qu'on puisse con-
tester le fait. Ainsi nous avons pour la 1" déclinaison per-
naiaf, pustnaiaf, pour la 2« vitluf turuf (vitulos tauros),
apruf (apros), pour la 3» avef avifaveif^ pour la 4« kastru-
vuf; comme thème à consonne nous citerons nerf, kapif
(capides). Je ne donne en ce moment qu'un petit choix d'exem-
ples. Aufrecht et Kirchhoff, qui ont eu le mérite de mettre le
fait en pleine lumière, rappellent les désinences sanscrites
bhjaSy bhis, bhjâm, qui servent à marquer le datif, l'ablatif et
l'instrumental*. Cette explication, qui pourrait trouver quel-
ques points d'appui dans certains emplois de la désinence
grecque çt, <piv, laisse pourtant place à de graves objections.
Comment une désinence aussi fréquemment employée que
celle de l'accusatif a-t-elle pu jamais sortir de l'usage ou se
laisser évincer par une autre? Gomment l'ombrien, qui partout
ailleurs se montre si près de l'osque et du latin, s'en serait-il
écarté à un tel degré? comment aurait-il pu détourner pour
l'usage de l'accusatif des désinences qu'il n'emploie nulle part
ailleurs dans sa déclinaison? comment accorder enfin cette
explication avec le fait capital que l'ancienne désinence de
l'accusatif pluriel se trouve au moins une fois sur les tables
(VU a 43) : abrons « apros »? — Pour toutes ces raisons, nous
n'hésitons pas à adopter, en la modifiant sur quelques points,
l'explication récemment donnée par M. Sophus Bugge *, selon
laquelle le f est le résultat, non d'une perturbation de la
déclinaison, mais d'un accident de prononciation. Lassen
l'avait déjà soupçonné ' ; mais c'est au savant norvégien que
revient le mérite d'avoir ramené l'attention sur la vraie cause
de ce phénomène. — On sait que la désinence primitive de
l'accusatif pluriel est ns pour le masculin et pour le féminin.
Ainsi le thème apro- faisait d'abord apro-ns, vitlâ faisait
vitlâr-ns. En osque, le n a été assimilé par la sifflante, en sorte
1. I, p.29, 113.
2. ZKj XXII, 418. Les indications physiologiques fournies par M. L. Havet
nous ont été fort utiles.
3. Beitrâge xur Deulung der Eug, Taf. p. 18.
TABLE I a 2. — TABLE VI a 1. 17
qu'on écrit ss : feihoss « ficos >>, ékass « has », ter&mniss « ter-
mines». Ce phénomène d'assimilation montre que la pronon-
ciation de Ys final de l'accusatif pluriel était forte. En om-
brien, le n suivi d'un s articulé fortement a amené dans la
prononciation l'intercalation d'un t, et ce groupe nts se rédui-
sit & une spirante analogue au 6 grec moderne ou au ih an-
glais*. On sait, par de nombreux exemples tirés de diverses
langues, combien est grande la parenté de ce son avec f; je
rappellerai seulement le russe Fëdor et le cypriote çéXw (pour
ôsXo)). En latin le f est, au commencement des mots, le repré-
sentant ordinaire du 6 grec {fores = 6upa, fera = 6i{p, ^puOpdc
= ruf\r)us^ fumus = ôufA^ç). En ombrien, nous avons déjà vu
ns dans anseriates produire le groupe nz (la\): un pas de
plus dans l'altération phonétique a donné n^ et devant le /
final le n a cessé d'être entendu. Ainsi s'est produite la dési-
nence /*, qui perd dès lors son aspect étrange. Il semble qu'elle
ait existé également en volsque *.
Je passe à présent au sens du mot angla. Quand on rap-
proche les endroits où il est employé, on ne peut douter que
ce ne soit un terme signifiant « oiseau ». Je citerai seulement
ce membre de phrase : sve angla/r procanurent (VI a 16) « si —
accinuerint ». Mais en quoi diffère-t-il de avis? Car, dans un
texte de cette nature, l'emploi de deux mots ne peut être
attribué au hasard. On a pensé qu'il s'agissait d'une distinc-
tion analogue à celle que les Latins, font entre les oscines^
c'est-à-dire les oiseaux qui indiquent l'avenir par leur chant,
et les alites qui donnent des présages par leur vol*. Cela est
possible, quoique la distinction faite entre avis et angla
puisse aussi être empruntée à un autre ordre d'idées. Ainsi
les augures romains distinguaient entre les oiseaux qui vo-
lent haut dans les airs {qtuB altius sublimiusque volitent) et les
oiseaux qui sont près de la terre [inferœ), Voy. Aulu-Gelle,
VI, 6. Ce qui est certain, c'est que angla marque quelque
chose de plus que avis^ car autrement on ne s'expliquerait pas
des répétitions comme : merstaf aveif, merstaf angla f (VI a 3,
1. Parmi les exemples tirés des langues romanes que cite H. Bugge pour
attester le changement d'un s en f, les trois suivants doivent s'entendre d'un tt
dans le patois de la Suisse romande, pour cigogne, cinq et linceul on dit fe»
gogna, fein et leinfiu» On y peut joindre petanfe^z pitance, sanfon = chanson,
San-Frego = Saint-Cergues (Schuchardt, Vulgdrlatein, ïll, 316).
2. ZK, XXII, 428.
3. Servius ad JEn, III, 361. Plin. X, 22.
18 TABLE I a 2. — TABLE VI a 2.
18). On a songé au latin cmcula «ministra» (Festus, s.v.
cmcillœ) ou au grec dfyyeXoç. — Ce premier membre de phrase
signifie donc : « Qui oscines (?) observatum ibit >>. Il va sans
dire que « ibit y> ne doit pas être pris dans son acception ma-
térielle, mais que nous avons ici une locution toute faite
comme venum eo, infitias eo en latin.
Eso. Ce pronom, écrit ailleurs esoc^ isoc^ esuk (le c final est
souvent négligé par le graveur), se présente deux fois sous
la forme essu (VI a 43) et issoc (VII b 3). Les deux s ne sont
pas, comme le supposent A. K., une faute; mais ils témoi-
gnent au contraire de la véritable prononciation, et ils nous
expliquent pourquoi la sifflante, placée entre deux voyelles,
ne s'est pas changée en r. Je crois qu'il faut rapprocher les
formes osques eksuk (ablatif singulier neutre), exac (ablatif
singulier féminin), exaisc-en « hisce in » (ablatif pluriel
féminin avec Tenclitique ce et la postposition en), exeic
(locatif). C'est un pronom démonstratif composé de dc^y ec
que nous retrouverons dans les pronoms ecla (VII ail, 27),*
etantu (V 6 6), et du thème soj dont il est resté en latin les
formes sum^ sam^ sas (Festus, s. v,). L'enclitique c[e) est
venue se joindre à la fin, comme on la voit s'ajouter à plu-
sieurs autres pronoms, -r- Dans le passage qui nous occupe,
on pourrait considérer esoc comme le régime direct de
ehveltu. Mais l'emploi qui est fait ailleurs du môme mot doit
faire penser que c'est un accusatif ayant pris une significa-
tion adverbiale, et qu'il veut dire «en cette façon, ainsi ».
Ehveltu. 3» personne de l'impératif. Il faut séparer e/i, qui
est un préfixe correspondant au latin ec, ex on é : c'est ainsi
qu'en osque ehtrad répond au latin extra. Faut-il voir dans la
lettre h un pur signe orthographique indiquant la voyelle
longue, comme dans ampr-ehtu [ambito), ou bien y doit-on
voir, par une modification analogue à celle des langues ger-
maniques, le substitut d'un ancien /c? La première explica-
tion paraîtra la plus vraisemblable, si l'on compare l'ortho-
graphe ehe, que nous avons trois fois VI b 54, 55, et qui est
avec eh dans le même rapport que persnihimu avec persnihmuy
ou que ahatripursatu avec ahtrepudatu. — Dans le verbe
-^eltUj il est naturel de reconnaître la racine vel que nous
avons en latin dans velim^ vellem, velle. Mais la signification
1. Au sujet (le la diphthongue dansetc, cf. Plaute vxillam^ qu'il faut peut-éti-e
écrire ieillam (Festus, p. 297, s. v. soracum).
TABLE I a â. — TABLE VI a 2. 19
est quelque peu différente, ce qui ne pourra pas nous étonner
quand nous saurons que l'idée de vouloir est exprimée, en
ombrien comme en osque, par la racine her. A. K. tradui-
sent ehvellu par « jubeto » : ils rapprochent le substantif
ehvelklu (V a 23, V 6 1) qu'ils traduisent par a decretum ».
Ce sens peut parfaitement être adopté. Cependant quand nous
viendrons au substantif, nous verrons qu'il signifie plutôt
« propositum » que «decretum »; car il s'agit d'une formule
soumise au vote d'une assemblée. Nous traduirons donc éga-
lement ici ehvellu par «proponito». Il est question d'une
formule que l'augure [poei angla aseriato eest) propose à
l'acceptation d'un autre personnage désigné sous le nom d'ars-
fertur. Quant à l'emploi de la préposition e ou ex devant un
verbe de ce sens, on peut rapprocher en latin certains verbes
à signification approchante, comme eyiimciare, effari^ ediccre,
edictare, eloqui,
Arsferture : cas indirect d'un substantif en tur= latin tor^
osque tur. Nous avons déjà vu par curnaco que l'accusatif
des thèmes à consonne est en o; on verra plus loin que le
génitif finit en er [nomnei* == lat. nomini^). Nous avons donc
probablement ici un datif ou un ablatif. C'est le datif qu'exige
la construction. — Au lieu de arsfertur, les tables en écriture
étrusque écrivent ad fer tur. Nous avons ici le premier
exemple d'un fait important : le d ombrien, quand il est ou
était primitivement placé entre deux voyelles, ou quand il
est final (comme c'était le cas pour la préposition ad), a
changé de prononciation. Entre deux voyelles, il a toujours
pris le son du 5 en grec moderne, c'est-à-dire qu'il s'est légè-
rement assibilé. L'écriture ombrienne ancienne ne l'en repré-
senta*, pas moins par le caractère % qui est un rf, quoique
par sa forme il puisse être pris pour un r : il est assez
difficile de dire pourquoi l'alphabet ombrien a figuré son d
de cette façon, mais à ceux qui pourraient douter du fait
nous rappellerons l'alphabet osque, où le d est figuré par un
fl*. A l'époque où furent gravées les tables Vl-VII, ainsi que la
partie en écriture latine de V, on crut reconnaître un r dans
ce caractère; mais comme la prononciation exigeait un autre
son, comme on trouvait d'ailleurs un second caractère ayant
1. Momm^en, qui reconnaît le fait pour l'osque, en a prcscnlé une cxpliration,
page 25 de ses Unteritalische DiaUktc. Je crois que Toriginc, quelle qu'elle
soit; doit ôtre rapportée, à Talphabet auquel los Oirbriens et les Osq.ics uul cm-»
prunté leurs caractères.
20 TABLE ï a 2. — TABLE VI a 2.
la valeur r, le transcripteur prit le parti de représenter le
4 au moyen d'un r suivi d'un s : ainsi il satisfaisait à Texac-
titude dont il se fait partout une loi, et il empêchait une
confusion de la prononciation. Toutefois il lui arrive d'ou-
blier le r et de mettre simplement un s : ainsi VI b 36 atre-
pusatu à côté de VI b 16 atripursatu = atripudatu; Ace-
Sonia (VI b 52) à côté de Acersonia (VII a 52) = Akedunia,
Telle est l'explication que nous croyons devoir donner d'un
fait qui a beaucoup occupé tous ceux qui ont écrit sur la
langue ombrienne*. Nous transcrirons le î par un d; tou-
tefois, pour rappeler le son assibilé qu'il avait pris, nous
emploierons un d pointé (d). — Il y a cependant ;un cas où
le r, comme transcription d'un ancien 4, pourrait être le signe
exact de la prononciation : c'est quand 4 est fmal ; on a de
même en latin ad changé en ar dans arvenas^ arvocatos,
arfuissCy arversuiriy arbiter^arcessere^. Le mot qui nous occupe
est précisément un composé ayant ad pour préfixe, et au
lieu de arsfertur le graveur écrit deux fois (YI a 3, VII b 3)
arfertur. Il faut ajouter néanmoins que, môme en cette posi-
tion, ^ est plus souvent transcrit par rs: arsveitu « advehito »
onze fois contre une fois arveitu.
La seconde partie fertur est un substantif verbal formé de
la racine fer « porter». Le nom correspondant en latin serait
allaior. Quelle est la particularité à laquelle ce nom fait allu-
sion? On a rappelé que le verbe arf/b^re, arferre était usité
chez les Romains dans la langue religieuse. Festus (p. Il) :
Arferia aqua, quae inferis libabatur, dicta a ferendo; sive
vas vini, quod sacris adhibebatur. — Philoxcni Glossœ
ap. Labb. Adferial uoo)p tb lia toÎç vexpoTç ffitfev8o|Aevov. Ce sens
conviendrait au personnage, qui accomplit des fonctions sa-
crées. Je ne crois pas cependant que ce soit le vrai sens. On
verra plus tard, et notamment par les inscriptions II 6, V 6,
que l'adfcrtor est le personnage chargé de fournir, sous sa res-
ponsabilité et moyennant une indemnité fixée à l'avance, tous
1. Lepsius (J>e Tah. Eug. p. 54 ss.) a parfaitement élucide le côté épigraphiqae
de la question. Aufrecht et Kirchhoff (I, p. 84) transcrivent le ^ par un r, tout
en reconnaissant que la valeur étymologique est d; ils regardent rs comme la
représentation du son pris en ombrien nouveau par cette lettre. — M. Louis
Havet, dans une note communiquée à la Société de Linguistique de Paris, a
déterminé par les différentes positions où elle se trouve, la valeur physiologique
de Tarticulation ombrienne d.
2. Corsscn, Àussprachc^j I, 2î8.
TABLE I a 2. — TABLE VI a 2. 21
les objets nécessaires au sacrifice, tels que offrandes et usten-
siles. L'impératif signifiant «qu'il fournisse» est fertu. Jecrois
que adfertur se rapporte au môme ordre d'idées, et qu'il
désigne l'entrepreneur ou procurateur du sacrifice. Cela ne veut
pas dire qu'il ne soit pas revêtu d'un caractère public et sacré.
Une circonstance qui ressort du texte, et que cette phrase
suffirait déjà pour nous apprendre, c'est que nous sommes
en présence de deux personnages, l'un qui est l'adfertor, et
l'autre qui n'a pas de nom spécial sur les tables, mais qui
est désigné par la circonlocution : poei angla ascriaio eest,
« qui oscines observatum ibit ». C'est l'augure. Le seul fait
que l'adfertor entre régulièrement en dialogue avec l'augure
pour connaître l'avenir montre qu'il est en possession du jus
avspicii : à Rome il se serait appelé aiLspicans ou avspiciicm
captans^. Nous verrons plus loin se dessiner plus nettement le
rôle de ces deux personnages.
Tremnu serse. Ces deux mots doivent marquer quelque
circonstance accessoire de l'action. Cf. le passage suivant,
VI « 16 : sve anclar procanurent^ eso tremnu serse combifiatu,
Tremnu serse sont des ablatifs, l'un appartenant à la seconde,
l'autre à la troisième déclinaison. Je crois qu'il faut aussi
rapprocher VI a 5 : sersi pirsi sesust, où, au lieu de e, la dési-
nence est i'.Dans ce serse sersi je reconnais le latin sedes, mais
avec changement du genre, car le mot ombrien est du mas-
culin ou du neutre, ce qui ne peut surprendre, si l'on songe
que ce terme, qui signifiait d'abord l'action de s'asseoir, a
pris le sens concret « lieu, siège ». Cf. le neutre i^o<i, — Tremnu
est un adjectif qui détermine serse : les hypothèses qu'on
peut avancer sur le sens de ce mot sont trop peu certaines
pour y arrêter le lecteur*.
TRADUCTION.
(Via 1) « Qui oscines (?) observatum (2) ibit, ita — a sede
adfertori proponito. »
(VI a 2) SHplo aseriaia par fa dersya, cumaco dersva^ (3)
1. Voy. Bouché-Leclercq. Articles Augures et Auspices dans le Diciionnaite
d^AfUiquités de Daremberg et Saglio.
2. C'est ainsi qu'on a concurremment les formes d*ablatif ocre et ocri,
3. Une question très-obscure, et que nous traiterons en son lieu, est de savoir
s'il faut Yoir le môme mot ou un mot congénère dans le sese qu*on trouve
trois fois: IH^ 23; IV, 15, testru sese. IV, 3, supru sese.
22 TABLE I a 2. — TABLE VI a 2.
peico merstOj peica mersta; mersta auvei, mersta angla esona.
L'augure adresse ces paroles à radfertor. Dans le pre-
mier mot je reconnais la première personne du présent d'un
verbe correspondant au latin siipulor : seulement en ombrien
c'est l'actif au lieu du déponent. Si Ton rapproche (ligne 3) :
arfertuv eso anstiplatu^ on s'aperçoit déjà qu'il s'agit d'un
contrat qui se lie entre les deux personnages. Pour mieux
comprendre tout le passage qui va suivre, quelques éclaircis-
sements d'une nature plus générale sont nécessaires.
Si superstitieux que fussent les Romains, tout présage, à
leurs yeux, n'était pas également valable. Us faisaient une
distinction fondamentale entre les auguria oblativa ou pré-
sages non demandés, et les auguria impetrativa ou présages
obtenus (parce qu'ils ont été demandés) *. Il était au pouvoir
de chacun de récuser les signes de la première espèce : « Nam
in oblativis auguriis, » dit Servius [Mn, XII, 259), « in potes-
tate videntis est, utrum id ad se pertinere velit, an refutet et
abominetur. '» Mais il en est autrement pour les auguria im-
petrativa : par cela même qu'on les a demandés, on s'est
démis du droit de les refuser. Toutes les fois qu'il y a sacrifice
et invocation aux dieux, c'est d'un présage de la seconde
sorte qu'il est question.
Il n'en était que plus important de déterminer toutes les
conditions de l'acte qui allait s'accomplir. On sait jusqu'où
les Romains poussaient les précautions à cet égard. S'il s'agis-
sait du vol des oiseaux, ils limitaient la partie du ciel dans
laquelle le présage devait se produire*. Ils indiquaient, comme
nous le voyons ici, quels oiseaux devaient paraître. C'est ce
qui s'appelait aues|5oscere*. Ils pouvaient encore stipuler des
conditions plus expresses. Dans le sacrifice dont Tite-Live
nous présente la description, qui est offert par Numa Pom-
pilius pour savoir s'il doit accepter la royauté, ce sont préci-
sément les présages demandés par l'augure qui se produi-
sent : « Tum pcregit verbis auspicia quœ mitti vellet : quibus
1. Serv. ad JEn. VI, 190. Auguria aut oblativa sunt, qua3 non po<«cuntur,
aut impetrativa quse optata veniunt.
2. Pline. Hist. Nat. XXVIII, 4. « In augurum certe disciplina constat neque
diras neque ulla auspicia pertinere ad eos qui quamque rem ingredientes
observare se ea negaverint.
:i. « Nam moris erat ut captantes auguria certa sibi spatia dcsignarent, quibus
volebant videnda ad se pertinere. »> Serv. ad A\.n. VI, 191,
4. Serv. ad Mn. I, 398.
TABLE I a 2. — TABLE VI a 2. 23
missis declaratus rex Numa de templo descendit. » Pour le
dire en passant, la superstition se manifestant de cette façon
semble moins puérile : un peuple pieux comme les Romains,
convaincu de la continuelle intervention des dieux dans les
affaires humaines, pouvait sans inconséquence demander à la
divinité qu'elle manifestât sa volonté par un signe ; on choi-
sissait pour obtenir ce signe les phénomènes qui paraissaient
le moins astreints à des lois, comme le vol et le chant des
oiseaux, la direction de la foudre, la palpitation des entrailles
de la victime.
L'énonciation des conditions arrêtées entre Taugure et les
dieux s'appelle legwm dictio^. Mais une circonstance néces-
saire, dont nous n'avons pas encore parlé, c'est que la per-
sonne qui demande le sacrifice donne pleins pouvoirs à l'au-
gure et s'engage formellement à accepter pour elle-même les
présages qui se produiront. Il est clair que sans ce consen-
tement le sacrifice serait en vain. Ainsi s'explique le dialogue
qui, chez Tite-Live, s'engage enti*e le fétial et le roi Tullus
Hostilius, au moment où le traité avec Albe doit être conclu.
Fetialis regem TuUum ita rogavit : « Jubesne me, rex, cum
pâtre patrato populi Albani fœdus ferire? » Jubente rege :
« Sagmina, inquit, te, rex, posco. » Rex ait : « Puram tollito. »
Fetialis ex arce graminis herbam puram attulit. Postea re-
gem ita rogavit : « Rex, facisne me tu regium nuntium populi
romani Quiritium? vasa comitesque meos? » Rex respondit :
a Quod sine fraude mea populique Romani Quiritium fiât,
facio. » Il s'agit ici pour le roi d'autoriser le fétial à parler et
à traiter en son nom. Dans les Tables Eugubines, la relation
des deux personnages est renversée : l'augure, au moment de
consulter le vol des oiseaux, fait prendre à l'adfertor l'enga-
gement d'accepter les présages. La forme sous laquelle cet
engagement est contracté rappelle à certains égards celle de
la stipulation romaine.
On sait que, dans la langue du droit, on appelle stipulatio
un contrat solennel qui se lie entre les deux parties au moyen
d'une question et d'une réponse conçues en termes identiques.
Quinque aureos dare spondes? — Quinque aureos dare spondeo»
Quelquefois (et c'est là probablement la signification primitive
1. Serv. ad Mu. III, 89. « Legum dictio aulem est cum condicio ipsius augurii
certa nuncupatione verborum dicitur, quali condicione augurium peracluru^
si t. »
S4 TABLE I a 2. — TABLE VI a 2.
de ce terme) le mot stlpulalioy au lieu de s'appliquer à l'en-
semble de l'acte, c'est-à-dire à la demande et à la réponse,
désigne seulement la demande : la réponse porte alors le
nom de sponsio. On oppose de môme le stipulator, c'est-à-dire
celui qui fait la demande, au promissor ou sponsor, c'est-à-
dire celui qui répond. Le verbe stipulari s'emploie également
au sens étroit, en parlant de celui qui fait la question ^ Sur
notre inscription, sLiplo « je stipule, » est employé en cette
signification : mais au lieu de spondere ou promittere, l'om-
brien a un verbe an-stiplo dont le préfixe, qui représente soit
ivTi, soit ^va, marque le retour ou la réciprocité.
Par un excès de précaution qui marque bien le caractère
formaliste du rituel italique, le mot stiplo est exprimé au
commencement de la stipulation. Dans le droit romain, nous
n'avons pas d'exemple du verbe stipulor placé en tête d'une
stipulation : et cela se conçoit, puisque la demande et la
réponse devaient reproduire exactement les mêmes termes.
Mais dans les formules d'une autre nature on a soin d'ajouter
le verbe qui exprime le caractère de l'acte judiciaire : ainsi
aiOy postulOj jitbeOy volo, sont fréquemment exprimés*. C'est
ainsi qu'au début d'une formule un peu longue proposée au
peuple romain on place ces mots : « Velitis jubeatisne hoc
sic fieri? » (T. L., XXII, 10). Nous apercevons donc ici une
légère différence entre l'usage romain et l'usage iguvien : la
stipulutio, à Iguvium, n'avait pas nécessairement la forme
interrogative ; elle pouvait s'annoncer elle-même comme sti-
pulation, de sorte qu'il devenait impossible d'en répéter
identiquement le commencement*.
Aseriaia. Nous avons ici un subjonctif ou plutôt un optatif
1. « Qui uxorem ducturus crat, ab eo, unde ducenda erat, stipulabatur eam in
xnatrimonium ductum iri : qui daturus erat, itidem spondebat daturum. Is con-
tractus stipulatioQum sponsionumque dicebatur sponsalia. Ser. Sulpic. ap. Gell.
IV, 4. — Si stipulanti mihi decem tuviginti respondeas. Ulp. Dig. 45, 1. 1. —
Qui stipulatur reus stipulandi dicitur. Qui promittit reus promittendi habetur.
Modestin. Dig. 45, 2, 1.
2. Voy. par ex. : Gaii Comment, IV, 16.
3. Peut-être a-t-on exagéré dans le droit romain la nécessité de l'identité.
Ainsi chez Plaute (si nous pouvons prendre un poète comique comme exemple),
on trouve une stipulation où c'est seulement le mot essentiel qui est reproduit
dans la réponse. Pseudolus IV, 6, 14 :
Suc. NuUum periclum est, quod sciam, stipularier.
Ut concepisti verba, viginti minas
Dabin? Ball. Dabuntur. Sim. Hoc quidem aclum est haud maie.
TABLE I a 2. — TABLE VI a 3. 25
analogue aux optatifs attiques (|;iXoît)v, SriXoiriv, Tiji^riv. On trou-
vera plus loin portaia, kupifaia, etaians, qui sont de même
formation*. La désinence est tombée : c'était selon toute pro-
babilité un s. En latin, la conjonction ut eût été nécessaire
devant le second verbe : « stipulor ut observes ». On pour-
rait du reste mettre un point après stiplo et faire de ose-
riaia..., une proposition indépendante: « Que tu observes.... »
Vient ensuite la répétition des mômes oiseaux, avec cette
différence que les noms, au lieu d'ôtre à Tablatif, sont cette
fois à l'accusatif. Nous avons, par conséquent, peico mersto
au lieu de peiqu merstu, cumaco au lieu de cumase. Cet o des
thèmes à consonne*est représenté en vieil ombrien par un u.-
uhturu (auctorem). Les noms féminins parfa dersva, peica
mersta sont écrits, par la négligence du graveur, sans leur
m : mais ailleurs on a parfam tesvam, totam, saïvam.
Mersta auveP, mersta angla esona. — Ces mots sont égale-
ment à l'accusatif, étant régis comme les précédents par
aseriaia : il faut donc par la pensée ajouter à chacun un f.
Cet f qui manque dans notre passage a été au contraire
marqué à la fin de quelques-uns de ces mots, ligne 4.
La distinction entre les oiseaux dersva et les oiseaux mersta
étant une fois établie, il va être fait une déclaration au sujet
de ces derniers : il est annoncé que les oiseaux mersta (tant
avei que angla) seront considérés comme esona. Ce dernier
mot revient fréquemment : tantôt il accompagne un nom
avec lequel il s'accorde, tantôt il est seul et du neutre. En
cette dernière construction, il a le sens de « sacrifice ». Nous
pouvons donc, quand il est adjectif, le traduire par « sacer ».
Mais notre ignorance du rituel nous empêche de voir quelle
idée précise il faut attacher à ce terme. Sur l'origine du
mot, rien de bien satisfaisant n'a été proposé. Grotefend
pense à atorioç, Ebel à l'étrusque œsar « deus »* ; Aufrecht rap-
pelle le sanscrit asu « bon », grec eu *. On a songé aussi au
1. Sur ces optatifs, voy. Schleicher^ Compendium, § 290.
2. Vu dans ce mot est un développement du v. Il sera question de ce fait
plus loin.
3. ZK, IV, 200. Nous devons la connaissance de ce mot étrusque à Suétone,
Vie (V Auguste, XCVII. Il est question des présages qui annoncèrent la mort do
Tempereur. « Sub idem tempus ictu fulminis ex inscriptione status ejus prima
nominis litera effluxit. Responsum est centum solos dies poslhac victurum, quem
numerum C litera notaret; futurumque ut inter deos referretur, rpiod AESAR,
id est reliqua pars e Cœsaris nomine, etrusca lingua deus vocaretur. •
4. ZK, I, 282.
26 TABLE I a 2. — TABLE VI a 5.
nom de dieu celtique Esus^ Ilesus. Ce qui paraît plus près que
tous ces mots, c'est le sabin aisos *, qui se trouve en tête de
rinscription de Rapino. L'orthographe eesona{\l a 18) montre
que la voyelle initiale est longue.
TRADUCTION.
(VI a 2) Stipuler [ut] observes parram prœpetem, cornicem
prœpetem, (3) picum adversum, picam adversam : adversas
aves, adversos oscines (?) sacros. »
(Via 3) Arsfertur eso cmstiplatu : (k) Ef aserio, Parfadersva^
citmaco dersva^ peico mersto^peica mersta; mersta aveif^ merstaf
(5) anglaf esona : mehe, tote ijoveine, esmei stahmei stahmeitei,
— A la stipulatio succède la sponsio. L'adfertor doit répondre
en répétant les termes qui lui ont été proposés, et il énumère
tous ceux que concerne le sacrifice. Au lieu du verbe latin
spondere ou promittere nous avons ici un mot composé de sti-
plo et du préfixe an. Ce préfixe, qui correspond à (Jvxt ou iva,
implique une idée de réciprocité ou de retour. Le sens est
donc : « Adfertor ita spondeto ». Nous trouvons ensuite le verbe
aserio à la 1" personne avec l'accusatif pluriel féminin e/*pour
régime. Ef appartient au thème pronominal î, qui a donné
au latin les formes i-$ i-d i-in e-m i-6i, et à Tombrien le ma-
sculin er-ek er-ec er-ont^ le neutre ed-ek ers-e. Comme il
existe en latin à côté du thème i un thème eo (pour eto), qui
a donné les formes ea eum eam ii eos eas etc., de même en
ombrien nous avons un accusatif pluriel féminin eaf (I 6 42);
mais ce n'est pas une raison pour corriger notre forme ef en
eafj comme Ta cru devoir faire KirchhoflT.
Vient ensuite la répétition des mots déjà connus, mais avec
l'addition d'une couple de régimes indirects au datif.
Mehe. — C'est le latin mihL Plus bas on trouvera dans la
réponse de l'augure tefe = latin tibi. — Tote ijoveine, — Deux
datifs féminins de la 1" déclinaison. On aura plus loin le
génitif totar iovinar(Yla 30) = tu tas ijuvinas (I b 2), l'ac-
cusatif totam ijovinam {VI a 49), l'ablatif tota ijoxnna (VI a 23).
La désinence du datif latin œ est, comme on sait, la contrac-
tion de deux voyelles longues à -f î^ qui, au temps d'Ennius,
1. Corssen, dans ZK. IX, 133. AusspTache^ I, 375.
TABLE I a 2. — TABLE VI a 5, 27
se prononçaient encore d'une façon distincte : terrai frugiferai
était la fin d'un hexamètre*. En ombrien, la désinence cor-
respondante est toujours e. — Tote^ comme Lepsius Ta reconnu
d'abord*, est un substantif signifiant peuple ou ville. On
pourrait, au besoin, deviner ce sens par la comparaison de
nombreux passages de nos tables, où tota accompagné d'un
nom ethnique est aussitôt suivi de trifu (= latin trihus) ac-
compagné du môme nom ethnique. Ce sens est confirmé par
le témoignage des langues congénères. Dans les inscriptions
osques touta signifie tantôt « peuple» et tantôt « ville ». La
diphthongue de la première syllabe (on trouve aussi une fois
tauia) montre que Vo de l'ombrien tota doit être prononcé
comme une longue. L'adjectif dérivé du nom est en ombrien
totcus (YI a 12], en osque touticus. Les historiens latins con-
naissaient cet adjectif : « medix tuticus, dit Tite Live (XXIII,
35), summus magistratus erat Campanis ». — Existe-t-il un
rapport entre le substantif ombrien tota et l'adjectif latin
lotitë? Je crois que le rapport est de même sorte, quant au
sens, qu'entre populusplebs et jo/enits, entre icoXi<; ir>?6o< et «Xi^-
pT}c. Tandis que la signification est restée adjective en latin,
elle s'est condensée en un appellatif dans les deux dialectes
congénères, à peu près comme si de l'adjectif commun il ne
restait en français que le substantif la commune*. Nous ne
traduirons pas cependant tota par « populus » attendu que
nous trouverons plus loin poplo. Il y a même un passage où
les deux mots sont combinés de manière à nous éclairer sur
leur différence. VI b 43 on sacrifie popluper totar Ijovinar
totaper lovina. D'après ce passage, tota exprime une idée plus
compréhensive que poplu; nous traduisons « pro populo civi-
tatis— aî,pro civitate — a».
Ijoveine. On vient déjà de voir un certain nombre de va-
riantes de cet adjectif. Les formes les mieux conservées sont
ikuvina, ikuvine, ikuvinus, qui se trouvent sur la
table I. Comme Olivieri (1735) l'a déjà reconnu par la compa-
raison des monnaies*, c'est un adjectif dérivé du substantif
1 . Ennius, Ànn, y. 479, éd. Vahlen.
2. ZeiUchrift fur deutsehe ÀlterthuvfistjDissensehaft, 1847. P. 422. CT. Mom msen
Pie unteritalischefi Dialektei p. 30 '4.
3. Les rapports qu'on a signalés avec le lette tauta « peuple •, le gallois tuath
et le gothique tMuda me paraissent moins certains.
4. Ce fut un trait de lumière, car jusque-ià on n'avait aucune idée du contenu
des tables, V07. Lepsius, De Tabulis Bugubini», p. 17. — Les monnaies d'Igu-
28 TABLE I a 2. — TABLE VI a 5.
Iguvium (il faut se rappeler que Tancien ombrien n'a pas de
lettre pour le g et le représente par un /c), à Taide du suffixe
înus^. La diphthongue ei, que nous avons précisément dans
notre forme ijoveine, prouve que la pénultième est longue.
Mais un g placé entre deux voyelles est sujet à s'affaiblir en j.
C'est ainsi que nous verrons un peu plus bas (1. 8) rmijetOy
participe passé du même verbe qui fait à l'impératif mw^a^u.
De là les formes comme iiuvina iiovina (prononcez
ijuvina ijovina). D'autres fois on a iovina iovinur. Il est
clair que deux formes comme ikuvina et Iiuvina [là 2)
ne peuvent être contemporaines, mais se rapportent à deux
états différents de la langue.
Esmei stahmei stahmeitei, — Ces mots que Kirchhoff traduit
comme des datifs doivent être considérés comme des locatifs
analogues au latin domi, humi^ à Tosque rnûinikei tereî (m
communi agro) *. — Stahmei — probablement de la racine sta
(Vh est un signe orthographique indiquant la longue) — si-
gnifie la place, et, comme Kirchhoff Ta pensé avec raison, il
marque ici la place tracée dans le ciel par l'augure. C'est un
substantif masculin ou neutre formé à l'aide du suffixe mo^
comme fumiis^ arma en latin. — Stahmeitei est le participe
passé du verbe dénominatif tiré de ce substantif. Il est fléchi
d'après la seconde conjugaison, dont le participe est en eitom,
etom^ itom. On a ici une locution comme icdXfifxov TroXefisîv. Il est
question du temple tracé au ciel par l'augure et dans les
limites duquel le présage doit se produire. Quand Numa offre
son sacrifice à Rome (Tite-Live, 1, 18), la formule d'invocation
se termine de même : « Jupiter pater, si est fas hune Numam
Pompilium cujus ego caput teneo regem Romae esse, uti lu
signo nobis certo acclarassis inter eos fines quos feci. » Pour
traduire stahmeitei^ l'expression latine serait « effatum ».
Il reste le pronom esmei^ qui rappelle à première vue les
formes sanscrites comme asmâi (illi), asmât (illo), asmin (in
illo). Toutefois, je crois plutôt que nous avons ici une forma-
vium, dont Fabretti (pL XVIII) donne le fac-similé, portent tantôt lkuvins{f) et
tantôt Ikuvinû
1. La ville d*Iguvium est mentionnée chez Cicéron ad Att. VII, 13. pro Balbo,
c. 20. César, B. Gaîl. I, 12. Liv. XLV, 43. Pline, H. N. III, 14. XV, 7. XXIII, 49.
— L'adjectif Iguvinus, chez Pline, III, 19. — Le nom moderne Gubbio ne saurait
venir de la forme ombrienne, puisque le g était déjà brisé en; : il vient du mot
latin-
2. Bûcheler, La déclinaison latine, p. 186 de la traduction française.
TABLE 1 a 2. — TABLE VI a 5. 29
lion nouvelle eis -[- mo. Il est à peu près certain qu'il faut
encore suppléer un c à la fin : on trouve ailleurs (I a 28, 31)
esmik.
TRADUCTION.
(VI a 3) Adfertor ita spondeto : (4) Eas observo. Parram
praepetem, cornicem prœpetem, picum adversum, picam ad-
vcrsam; ad versas aves, ad versos (5) oscines (?) sacros : mihi,
civitati Iguvinœ in hoc templo effato.
(VI a 5) Sersi pirsi sesust poi angla (6) aseriato est^ erse neip
ntiigatUy nep arsir andersislu; nersa courtust porsi angla an-
senato (7) iusl. Sve mujeto pust, oie pisi arsir andersesust^ dis-
1er alinsust\
Nous distinguons aisément dans ce texte trois parties, dont
la première se compose de prescriptions, comme on le voit par
les ivcvpkvoixi^mugatu^and&i^sistu^ et dont la troisième est con-
ditionnelle, ainsi que cela ressort de la conjonction sve « si ».
Entre les deux vient se placer une phrase composée de deux
propositions, finissant par les deux verbes courtust et iust.
Nous connaissons déjà le sens de poi angla aseriato eest (il
faut lire ainsi, d'après la ligne 2, au lieu de est), — Sesust
est une troisième personne du singulier analogue aux futurs
antérieurs osques, comme fefacust. La racine est redou-
blée et prend la syllabe vs devant les désinences person-
nelles : on a de môme en ombrien peperscust, pepurkurent
dersicust (pour dedikust^). Disons tout de suite que très-
souvent le redoublement manque. La syllabe us n'est pas autre
chose que le futur du verbe fu qui a perdu son f initial *.
Deux formations présentent la syllabe complète fus : ce sont
les racines i « aller » et du « donner » ; elles font ambrefur-
rent « ambiverint », et atedafust (pour an-dedafust) « cir-
cumdederit ». Pour reconnaître à quel verbe appartient
sesitëty il faut nous transporter ligne 7, où nous trouvons le
composé ander-sesust : c'est là, comme on l'a dit, une phrase
conditionnelle régie par la conjonction sve. Il n'est pas diffi-
cile, en relisant le texte, de reconnaître que cette phrase ré-
1. Àndersesuspdiikralinsusl.
2. Cette dernière forme ne se trouve pas sur les tublcs.
3. Voy. Bopp, Grammaire comparée, § 856, Schleichcr, Compendiumf S 303.
30 TABLE 1 a 2. — TABLE VI a 6.
pète sous forme dubitative la prescription contenue dans la
ligne précédente, où figure Timpératif andersistu : dès lors
nous sommes fixés sur Torigine de sesixst^ qui appartient au
verbe sisto ou slo. On peut à ce propos observer comment le
langage finit par user ou par polir lés mots les plus rocail-
leux : la racine slo devrait faire stesttcst. Mais, de même que
le latin sisto a déjà éliminé le t de la syllabe réduplicative,
nous voyons effacé ici le t de Tune et de Tautre syllabe*. —
Sersi a déjà été expliqué comme variante de serse (ligne 2). —
11 Teste pirsi, qui doit être une particule régissant toute cette
proposition incidente : le p initial fait penser au thème du
pronom relatif. Cette particule se retrouve fréquemment sous
les formes suivantes : pidi pirsi pide perse pedi persi
pede perse perseL La dernière forme est la plus complète :
elle se décompose en pers-ei, dont la seconde partie est Ten-
clitique ei (cf. />o-ei), et la première le neutre du thème pij le
d étant représenté par d en écriture étrusque et par rs en
écriture latine. Quant au sens, il est naturel de chercher une
particule exprimant le temps, équivalant au latin « quum,
quando » ou « ubi ». — Le sens de toute cette proposition est
donc : Sede quum steterit qui oscines observatum ibit....
C'est le moment de nous reporter au passage de Tite-Live
(I, 18), où nous trouvons : « Inde ab augure deductus in ar-
cem [Numa], in lapide ad meridiem versus consedit. Augur
ad lœvam ejus, capite velato, sedem cepit. » Les témoignages
des anciens ne sont pas d'accord sur la position des augures
pendant qu'ils observent les oiseaux : tantôt on les repré-
sente assis, tantôt debout*. Le texte ombrien est en faveur
de ce dernier témoignage».
Erse. Ce mot, qui en vieil ombrien s'écrit edek , est le cor-
rélatif de pirsi. Il se décompose en id + e/c, et il correspond
exactement à Tosque îdik. Vi initial s'est changé en e, comme
à côté de pide on trouve pede. La signification est « alors »;
un peu plus bas (ligne 8) nous trouverons pufe,... erse. On
sait que dans les langues anciennes la plupart des mots signi-
1. D'après l'analogie de a-tedafust an^ersafust on se serait plutôt attendu
à une forme sêsafusL
2. Voy. Servius, ad JÉn. VI, 197. IX, 4. Les divers renseignements fournis
par les anciens sont réunis dans Husclike, Die Iguv. Taf. p. 48 et 512.
3. Pour expliquer avec HuschlLe setust par « sederit > et andersesust par
« intersedcrit •, il faut admettre que deux fois le graveur a écrit setust au lieu
de sersust (sedust), ce qui est peu vraisemblable.
TABLE I a 2. — TABLE VI a 6. 31
fiant ce lorsque.... alors » sont d'origine pronominale. Ici nous
avons des accusatifs neutres, comme ï-xe xd-xe en grec. —
Neip (écrit la seconde fois nep) est une négation dont la pre-
mière partie représente le latin nei, ne. Le p doit être consi-
déré comme l'équivalent de Tenclitique latine que; c'est ainsi
que pumpe correspond au latin cunque. L'addition de cette
enclitique se justifierait ici par la répétition de la négation;
mais on trouve ailleurs neip employé seul dans le sens du
latin non^ et l'ombrien, autant qu'il nous est connu, n'a pas
d'autre négation; de môme en ancien latin neque est employé
dans le sens de non. Ainsi dans une formule citée par Caton
(De r. T. 141) : « Mars pater, si quid tibi in illisce suovitauri-
libus lactentibus neque satisfactum est. » — Mugatu est l'im-
pératif d'un verbe de la i" conjugaison, comme stiplatu por-
tatu pihatu; mais il est difficile d'en déterminer l'origine et le
sens. KirchhoflT pense au verbe latin mugire^ et il croit qu'il
est question des bœufs du sacrifice dont les beuglements ne
doivent pas interrompre l'inspection des oiseaux. Comme cette
hypothèse l'oblige à admettre un changement de sujet, il fait
de mugatUy non pas un impératif, mais un subjonctif présent
passif pris dans le sens impersonnel : le r final du latin mugiar-
tur serait tombé et l'i éliminé ou absorbé par la voyelle sui-
vante, ou bien encore on peut admettre un verbe mugëre.
Cette explication rencontre plus d'une difficulté. Il n'a pas été
question de bœufs jusqu'à présent, et il peut sembler étrange
qu'au moment où ils paraissent pour la première fois, au lieu
de les nommer on mette le verbe sous la forme imperson-
nelle. Le verbe suivant andersistu est incontestablement un
impératif, ce qui doit faire penser la môme chose pour mvr-
gatu. Enfin, la phrase : nersa courtitët porsi angla aseriato
ixisl, de quelque façon qu'on l'explique, est une prescription
relative à la contenance de l'augure; il est donc naturel de
supposer que mugatu et andersistu sont des prescriptions
ayant rapport au môme personnage. Je crois que mugatu est
un verbe signifiant « remuer, bouger » et qu'il est apparenté
avec le latin movere. Un g peut disparaître en latin devant
un V sans laisser de trace, comme on le voit par nivem^ levis^
brevisj struo, fluo. C'est ce qui est probablement arrivé pour
f avère (sanscrit bhag) et fovere (grec ^x^yn). Le grec (aox^oç
« levier* » a peut-être conservé la gutturale qui a disparu de
1 i Comme veeiis, de oehere.
32 TABLE I a 2. — TABLK VI a 6.
mo[g)veo^. Le verbe doit être pris dans le sens neutre : « qu'il
ne se meuve pas ».
Arsir, Kirchhoff, suivant le môme ordre d'idées qui lui a
fait reconnaître dans mugatu le latin mugire, croit qn'arsir
représente le latin archaïque a^szV « sang ». Festus (p. 16) :
« Assaratum apud antiquos dicebatur genus quoddam potio-
nis ex vino et sanguine temperatum, quod Latini prisci san-
guinem assir vocarent. » Il s'agirait du sang des victimes qui
ne doit pas interrompre (andersislu dans le sens de inter-
cedere) l'observation des oiseaux. Mais en supposant même la
présence des bœufs, il n'est dit nulle part et il est peu vrai-
semblable qu'ils doivent être tués à ce moment, de sorte qu'il
n'y a point de raison pour prendre des précautions de ce
genre. Ou faut-il croire que ces mots renferment la défense
de les tuer? Mais c'est là une expression bien détournée et
bien recherchée pour un texte qui emploie toujours le mot
propre. Ce n'est pas un nominatif singulier, mais un datif
pluriel qu'il faut chercher dans ce mot, qui est, selon moi, un
régime indirect du verbe andersistu, dont nous allons d'abord
nous occuper.
A andersistu correspondrait le latin inter-sistito. Le préfixe
ander (en vieil ombrien et en osque an ter) a affaibli le ^ en d
sous l'influence de la nasale. Dans les verbes de la S' con-
jugaison, la syllabe iu se joint à la racine sans voyelle de
liaison : comoltu (commolito), rêve s tu (revisito). Quand la
consonne finale de la racine est un t ou un rf, cette dentale
disparaît sans laisser de trace, ou plutôt elle est assimilée par
le t de la désinence : covertu (converti to), ampentu (impen-
dito), ostentu (ostendito), de môme ici sisiu (sistito). Le sens
de ce verbe composé est probablement celui du verbe latin
intersistere « interrompre, s'arrêter au milieu ». — Revenant
à ai^sir^ nous pouvons maintenant conjecturer d'après le con-
texte ce qu'il signifie. Quelle est la chose que l'augure ne doit
pas interrompre? C'est sans doute ses prières, ses cérémonies,
ou, si l'on veut encore, ses observations. Le mot a^^siV doit, ce
semble, avoir quelque acception de ce genre. Nous allons pro-
poser le rapprochement qui, entre autres conjectures aux-
quelles on pourrait songer, nous a paru le plus vraisemblable.
1. Cf. aussi migrare et cette glose de Festus: Ccmmugcnto convocanto. -^
L'allemand miihej où le h n'a pas de valeur étymologique, suppose un primitif
mô/an, pour môgjan (Grimm, KL Schriften^ III, 103). La différence du sens est
celle de vehere à vexare.
TABLî: I a 2. — TABLE VI a 6. 33 '
I
— Le grec é^ signifie « precatio, preces ». Homère l'emploie
plusieurs fois en ce sens : 6e^ Bi ot ifxXuev dpvic [Od, A. 767).
BcTt8oç o' iia(<nov dlpTiv IlSaccv licixpi^vfis (IL 0, 599). Si le plus sou-
vent il a le sens d'imprécation, c'est là une acception posté-
rieure due à cette tendance péjorative dont toutes les langues
foumissenl des exemples. Nous serions disposé à expliquer la
voyelle longue par l'hypothèse d'un ancien dpaot, devenu avec
allongement compensatif dpd. C'est ainsi qu'atpa> fait au par-
ticipe aoriste apaç et qu'en laconien [Iep(re^(Sv4ca devient Dvipe-
fovcca^ Si l'on admettait cette conjecture, la forme ombrienne
cMTsir correspondrait exactement, sauf la différence du genre,
au grec ^paTç *.
Nersa. Ce mot, qui ne se trouve qu'une fois, a probable-
ment perdu un 7» à la fin : la première partie est la négation
ne, la seconde équivaut & la syllabe d(xm que nous avons en
latin dans quondœmy quida/m, Nersa est, à ce que nous sup-
posons, une particule négative impliquant une idée de temps,
et pouvant se traduire par non antea, — Courtust est le futur
antérieur du verbe co-vertere^ con-vertere^ employé au sens
roQéchi comme il l'est quelquefois aussi en latin. La forme
ombrienne se rapproche plutôt du latin vorterey qui s'est con-
servé dans vorteXy advorsum. Nous trouverons d'autres exem-
ples de vo changé enuK — Il est défendu ici & l'augure de se
retourner : on verra plus loin que la conversion de l'augure
marque le moment où cette partie du cérémonial est ter-
minée. — Porsi est, comme pim, une forme neutre du pro-
nom relatif, suivie de l'enclitique ei ; c'est ainsi qu'en latin on
a quod et quid. Il est pris adverbialement et il correspond
pour le sens à l'adverbe quam : nerm.... porsi « non antea...»
quam». — Angla anseriato ivsL Le seul mot qui demande
une explication est iust : c'est le futur antérieur du verbe
a aller », dont nous connaissons déjà le futur simple eest.
Nous avons déjà eu l'occasion de citer la forme plurielle
ambr-efurent (circumiverint), à côté de laquelle existe aussi le
1. Sur rallongement compensatif en grec, voy. Brngman, dans les Studien de
Curtius, IV, 58.
2. On aurait du même coup une explication du sanscrit Hshi (pour auhi), qui
est le nom des poètes védiques ; le sens de oe mot, pour lequel jusqu'à présent
aucune étymologie satis&isante n'a été présentée, sérail « precator ». Nous de-
vons ajouter toutefois que le mot arsir ne se trouve pas sur les tables en écriture
étrusque, de sorte qu'il règne de l'incertitude sur la valeur du groupe rs.
3. La forme vertere existe également : eovertu {VII a 4&}, ku vertu (I & 9}.
3
34 TABLE I a 2. — TABLE VI a 7.
singulier ampr-efus (circumiverit), où le /"du verbe auxi-
liaire s'est conservé. C'est à peu près comme on a en latin, à
côté des parfaits adfui^ prœfuiy la forme mutilée potui. A. K.
traduisent cette phrase d'une manière différente : ils regar-
dent porsi comme un nominatif masculin ayant môme sens
qnepoi^. Le sens de la phrase entière serait : «et il ne se
sera pas retourné auparavant, celui qui aura observé les oi-
seaux». Mais cette construction nous paraît peu naturelle.
Sve <3c si » est la conjonction qui, en osque, s'écrit svai,
svae. — Mujeto{m) est le participe passé neutre du même
verbe dont mugaiu est l'impératif. Le suffixe etom ne diffère
pas, au fond, du suffixe eitom de stahmeiiom. Lej est l'altéra-
tion d'un Qy comme dans Jjovina. — Fust^ futur tiré de la ra-
cine /u, comme eest de ei « aller » : « Si motum fuerit » (s'il
a été bougé). — Ote, en vieil ombrien ute, osque auti. Con-
jonction répondant au latin oaU. — Pisi, C'est probablement
le même mot que nous avions plus haut (ligne 5) sous la
forme pirsi. Ici le mot est pris dans le sens pronominal, et
non adverbial : nous le traduisons comme un accusatif neutre
signifiant c< en quelque chose, aliquomtulwifn ». — Arsir an-
dersesuspdisleralinsusL C'est ainsi que porte l'inscription.
Mais le jp, qui d'ailleurs est mal conformé, doit être changé
en t. Nous obtenons ainsi le mot cmdersesust qui correspond
à cmdersistUj et dont la dernière partie reproduit la forme
sestist (ligne 5) : « aut aliquantulum precibus interstiterit ». —
Il reste disleralinstisty qui doit être probablement séparé en
disler alinsust. Disler (pour diêler) peut être considéré soit
comme le génitif singulier (cf.puplery tupler), soit comme
le datif-ablatif pluriel du substantif masculin tiçel (II a
15) dont nous avons ailleurs l'accusatif singulier tiçlu (II
b ââ, III, 25, 27). Ce mot, dans les passages cités, a claire-
ment le sens de « litatio ». Il paraît naturel de penser au
verbe latin dicare : il faut supposer un substantif dicolom
diculwn ou plutôt dxcelwm formé avec le suffixe lo. Devant le
e qui jadis précédait le Z, le c s'est changé en sifflante,
comme dans arçlataf (arcelataf. — Quant au cas que re-
présente diçlevy nous attendrons pour en traiter que nous
ayons examiné le mot suivant. — Alinsust. Ce mot diffi-
cile, sur lequel Kirchhoff s'abstient de rien avancer, pré-
sente du moins ceci de certain qu'il y faut voir un verbe.
1. Ouvrage cité. 11^ 53.
TABLE I a 2. — TABLE VI a 7. 35
La désinence l'indique et la construction Texige : « Si telle
ou telle condition n'est pas observée, le sacrifice.... ». Sera
nul, sera défendu, voilà ce que le sens général paraît deman-
der. Dans Va initial, on peut conjecturer la syllabe priva-
tive (latin in, osque an, grec dv ou à) : que cette syllabe ait
été an en ombrien*, c'est ce qu'on voit clairement par les ex-
pressions comme çihitu amçihitu (VI b 57), hostatu anhostatu
(ibid.), virseto avirselo (VI a 28). Dans la seconde partie, linsust,
nous sommes obligé, si nous voulons trouver un sens, de
faire quelque correction au texte. Je suppose qu'une syllabe
a été omise à cause du voisinage de deux lettres semblables :
linéust (nous avons déjà dit combien est fréquente la confu-
sion entre ^et s) serait pour liéenéust ou liéinéust. Ne voulant
pas arrêter le lecteur sur l'analyse d'une forme conjecturale,
je me contente de renvoyer à ce qui sera dit de purdînmst et
de combifianéust^. Si l'on admet cette correction, on aura un
verbe parent du latin licet, et signifiant «il ne sera pas per-
mis ». La présence de la syllabe privative an peut se comparer
à ce qui a lieu en latin pour infitiari « nier » de infitiœ, « dé-
négations ». — En ce qui concerne le cas où est employé
diéler, on peut hésiter entre le génitif singulier et le datif-
ablatif pluriel. Les noms de la seconde déclinaison font leur
génitif en eiV, er, sur les tables en écriture latine; sur les ta-
bles en écriture indigène, il est en es ou en er. Au point de
vue de la syntaxe, l'une et l'autre construction pourrait se
justifier : sur des emplois analogues du génitif, je renvoie à
VI a 8, 19, 27; II a 21.
TRADUCTION.
(VI a 5) Sede quum steterit qui oscines (?) (6) observatum
ibit, tum ne [se] moveat, neve precationibus (?) intersistat.
Neque antea se converterit quam oscines (?) observatum (7)
iverit. Si motus fuerit, aut aliquantulum precationibus (?)
interstiterit, litationis licentia non erit.
Pour commentaire de ces prescriptions, je rappelle le pas-
sage de Pline (//. N. XXVIII, 3) : «Et ne quid verborum prœ-
tereatur, aut preeposterum dicatur, de scripto prœire ali*
1 . Uans alinsuti il faut supposer deux i comme dans wûirseto deui r.
2. Voyez VI b 16.
36 TABLE I a 2. — TABLE VI a 8.
quem : rursusque alium custodem dari qui attendat; alium
vero praeponi, qui favere linguis jubeat : tibicinem canere,
ne quid aliud exaudiatur. Utraque memoria insigni, quoties
ipsœ dirai obstrepentes nocuerint, quoliesve precatio erra-
verit, sic repente extis adimi capita vel corda, aut geminari
victima étante. »
L'intervalle que le graveur a laissé dans le texte suffirait
déjà pour nous annoncer qu'un autre ordre d'idées com-
mence. Il va être question de ce temple imaginaire que l'au-
gure trace au ciel et dans les limites duquel le présage doit
se produire.
(VI a 8) Verfale pufe arsfertur trebeit ocrer peihaner^ erse
staàmito eso tuderato est^. — Sur cette phrase difficile, les in-
terprétations sont loin d'être d'accord* : l'incertitude vient
des mots verfale et trebeit, qui ne sont employés qu'en ce
seul passage. — On reconnaît deux formes verbales : trebeit
et e$^ ; il y a donc au moins deux propositions. La seconde
commence, non à ocrer peihaner (ces deux mots dépendent
encore de ce qui précède), mais à erse. On a vu (ligne 6) que
erse est un pronom qui peut s'employer adverbialement avec
le sens « alors ». — Stahmito{m) est le nominatif neutre du
même mot dont le locatif (ligne 5) est écrit stahmeitei : mais
ici ce participe est employé substantivement, comme s'il y
avait stahmom stahmeitom. Des variations de ce genre se
trouvent encore ailleurs : nous rencontrerons (VI b 47) le
participe vaéetom ayant le même sens que vas dont il dérive,
et d'autre part (VI b 24) le substantif sorsom s'employant seul
au lieu et place de l'expression sorsom sorsale. — Eso(c) nous
est déjà connu conune signifiant « ainsi ». — Tuderalo{m)
est le participe d'un verbe tiré du substantif ttider, que nous
rencontrerons plusieurs fois à partir de la ligne 10. Comme
il s'agit dans ce passage du tracé d'un temple, et comme on
cite plusieurs noms de lieu qui doivent guider ce tracé, on a
été amené à supposer pour le mot tmier le sens de «limite*».
t. Stahmitoesotuderatoest.
2. Aufrecht et Kirchhoff, II, p. 63. Bugge, dans ZK, XXII, 407.
3. Cf. le nom de yille ombrien Tuder ou Tudertum, dont les habitants {Tudef"
tes^ Tudemi ou Tttdertini), placés aux confins de TÉtrurie, étaient peut-être
désignés comme les gens do la frontière. C'est le Todi actuel. Sur Tidentité
possible avec Sudertum, SovSepvov (Ptolémée, III, 1, 50), Yoy. F. U. Kaempf,
Umbiicuruin spécimen primum. Berlin, 1834, p. 24. — Pour s'expliquer que
le (/ do Tuder ne se soil pas changé en d (r;), il faut supposer une ancienne
forme Tuter ou Tunder,
TABLE I a 2. — TABLE VI a 8. 37
Cette signification convient d'autant mieux que le mot est
accompagné de Tadjectif totcor^ qui est tiré de tota « civi-
tas ». Si cette acception est vraie, tuderato[m) est signifiera
a limitatur ». L'auxiliaire est employé avec le participe passé
dans le sens du présent passif, comme quand nous disons en
français : « un carré est tracé dans le ciel ».
Le sens de cette proposition est donc « tum [templum] effa-
tum ita limitatur ». — En regard d'un mot signifiant « tum »
on s'attend à trouver dans la première proposition une con-
jonction « quum ». Cette conjonction est pufe, qui répond au
latin ubi (pour cubi) * ; elle est le second mot de la phrase,
comme plus haut (ligne 5) on a eu set^sipirsi sesitst, — Le su-
jet est évidemment arsfertur; verfale trebeit marque l'action
accomplie par l'adfertor. Si l'on tient compte du caractère
circonstancié des tables VI-VII, qui reviennent constamment
sur la partie antérieure de l'exposition à l'aide de phrases
incidentes signifiant « après qu'il a fait cela », on doit
penser qu'il est question dans cette phrase du seul acte ac-
compli jusqu'à présent par l'adfertor, qui a été de prononcer
une formule. Je traduirai donc, avec Aufrecht, verfale par
a formule* » et je verrai dans trebeit un verbe signifiant « éta-
blir ». Corssen en a rapproché l'osque triibom « construction »
et un certain nombre de noms propres comme Trebia (ville
ombrienne), Trebula (nom de plusieurs villes, une en Campa-
nie, deux autres dans la Sabine) ; de là l'adjectif Treblano,
qui désigne sur nos tables Tune des portes d'iguvium, ainsi
nommée sans doute à cause d'un Trebula auquel elle condui-
sait. La racine est trab, treb « construire, établir », qui a
donné le latin trabes^trabs « poutre' ». Cette racine existe
encore dans d'autres langues de la famille. Ebel y a rapporté
justement (ZK VI, 422) le gothique thaurp « village » (alle-
mand moderne dorf)^ le kymrique treb « village ». Nous avons
ici un parfait avec ei dans la dernière syllabe, comme on
trouve en latin 3,Tch3.ïqne posedeit, probaA)eity redieit^ posieil\
La voyelle de la première syllabe est probablement longue
(cf. legi). En ce qui concerne l'association des deux mots, on
1. Le e ou plutôt le q est tombé. Hais il est resté dans alùeubi, H^etibi.
Voy. Bopp^ Gr. comp. $ 86, 1, s. f.
2. CT. verhum. On a le suffixe alis dans staflaris, sonalitt tefralU.
3. Corssen, ZK, XUI, 179. Aussprfkcht ^ I, 660.
4. Ritschl, ùpuscula, II, p. 6V2.
.4.
38 TABLE 2 a I. ~ TABLE VI a 8.
peut rapprocher les expressions latines verha struere^ carmina
pangere*.
Il reste ocrer peihaner. Le premier de ces mots est fréquem-
ment employé. L'accusatif ocrem^ l'ablatif ocrij ocre nous an-
noncent un thème en i; le nominatif ocar ulcar a perdu la
voyelle finale du th^me en même temps que la désinence;
mais il a inséré une voyelle euphonique entre les deux con-
sonnes, comme fait le latin pour acer^ salvber. On reconnaît
l'archaïque latin oaris « montagne ». Festus (p. 181) : « Ocrem
antiqui, ut Atejus Philologus in libro Glossematorum refcrt,
montem confragosum vocant, ut apud Livium : Sed qui sunt
hi qui ascendunt altum ocrim, etc. » Ce mot correspond au
grec ixpc; « pointe » (comparez le rapport de collis et de cul-
metx) et dérive de la racine ak « être pointu ». Une ville om-
brienne s'appelle OcHculum, une ville de la Sabine Interocrea.
Dans notre forme ocrer nous avons le premier exemple d'un
génitif singulier de thème en i (probablement pour ocreir).
Sur les tables en écriture étrusque ces génitifs sont en es, mais
le 8 peut tomber. — Peihaner, Quoique ce mot présente une
flexion nominale, & savoir la désinence du génitif singulier
masculin, il est impossible de méconnaître dans la première
partie le thème d'un verbe qui est employé nombre de fois
par nos inscriptions, notamment en combinaison avec ocris :
inuk ukar pihaz fust « et collis piatus fuerit » (I b 7),
pihatu ocrem « piato coUem » (YI a 49). Nous devons donc
penser que peihaner est une forme nominale se rattachant à
la conjugaison, autrement dit un participe. Aufrecht a expli-
qué avec raison peihaner comme étant pour peUiander et
comme appartenant au participe en ndiLS*. Le n s'est assimilé
le d dont il est suivi, de sorte que par la pensée il faut se
représenter un mot peihanner. Cette assimilation de nd en
nn n'est pas absolument étrangère au latin, où nous avons
antennœ pour -an-tendœ^ dispennile^ distennite employés par
Plante pour dispandite, distendue^ et où grunnire existe à côté
de grundire. En osque, la forme participiale correspondante
présente les deux nn: trîibùm — ^upsannam deded « con-
structionem— operandam dédit ». En ombrien, le changement
de nd en n est constant : on a anferener « circumferendi »,
1. Les moto formula, termo viennent de racines signifiant « établir, entre-
lacer. »
2. Ouvr. cité, I, 87.
TABLE l a %. — TABLE VI a 8. 39
pawupei « quandoque ». Tous les nd que nous rencontrerons
proviennent d'un ancien nt. Nous remarquerons à ce propos
l'altération progressive et régulière du langage, qui déplace
méthodiquement les sons, changeant, comme nous le voyons
ici, sous l'influence d'une nasale, la forte en douce, et ren-
dant la douce semblable à la nasale. — Le thème verbal
peUwr- piha- répond au latin pich avec une h en plus que nous
trouvons pareillement dans d'autres dialectes italiques : osque
piihiûi^ volsque pihom. Le latin a-t-il supprimé cette lettre,
ou bien est- elle dans les dialectes congénères un simple
signe orthographique destiné à séparer les voyelles? Il est
difficile de décider la question en l'absence d'une étymologie
certaine. Nous penchons pour la seconde hypothèse, ne pou-
vant guère séparer piare de purus^ qui lui-même nous con-
duit à la racine pw (sanscrit pu « nettoyer, purifier »). Je sup-
pose que piare est pour puiare. La voyelle a d'abord dû être
longue, et c'est ce qu'indique l'orthographe osque piih^. On
a de même ui changé en i dans clienSj indens (pour cluiens
incuiensy. — Ces deux génitifs doivent donc se traduire « ocris
piandi '» . On peut les faire dépendre de verfale; mais à cause
de la place qu'ils occupent dans la phrase et en raison de la
liberté avec laquelle l'ombrien construit ses génitifs, je crois
qu'il vaut mieux traduire : « & l'occasion de la colline devant
être purifiée'». Cette liberté de construction se retrouve jus-
qu'à un certain point dans le rituel des frères arvales, où on
lit des phrases telles que : «piaculum factum ....ferrum infe-
rendi (un sacrifice expiatoire & l'occasion du fer qu'on a in-
troduit dans le bois sacré), promagister ad aram immolavit
porcas piaculares duas luco coinquiendi et operis faciundi * ».
Cette interprétation, qui s'éloigne peu de celle qu'Aufrecht
et KirchhofF ont proposée*, donne lieu à deux objections qu'il
faut mentionner. Quand une phrase résume sous forme de
proposition incidente ce qui a été fait précédemment, nos
textes emploient ordinairement le futur antérieur. Je crois
1. Voy. plus haut ce qui a été dit de anteriates, p. 8.
2. Il sera beaucoup question dans la sutle de cette colline qui parait former
le centre religieux d'Iguvium. Elle porte le nom de ocrU Fititu, probablement
du nom de la divinité à laquelle elle était consacrée,
3. Cf. VI b 28.
4. Henzen, Aeta fratrum Arvalium, p. CGXII, 20. C'est le mot piacvUum qui
aiâène cette construction : mais le lien avec le génitif est assez relAché.
5. D'autres interprétations chez Huschke, p. 64. Bugge, ZK. XXII. 409.
40 TABLE 1 a 2. — TABLE VI a 8.
que l'emploi du parfait s'explique ici par cette circonstance
que le verbe de la proposition principale n'est pas à l'impé-
ratif, mais à l'indicatif présent. Une autre objection a été tirée
par M. Bugge du t final de trebeit. Selon une théorie sur les
désinences primaires et secondaires qui est développée par
ce savant, le parfait devrait avoir un d ou être privé de dési-
nence. Mais si l'on songe que YI a été copié sur un texte où
la dentale douce est nécessairement écrite par un t^ cette
objection perd beaucoup de son impoiiance.
TRADUCTION.
(YI a 8) Carmen^ ubi adfertor pepigit coUis piandi [causa],
tum [templum] effatum ita limitatur.
(YI a 8) Angluto (9) hondomUy porsei nesimei osa deveia esl^
a/nglome somOj porsei nesimei vapersus aviehcleir (10) est; eine
angluto somo vapefe aviehclu todcome tuder; angluto hondomu
a&oïïne deveia todcome (11) tuder, Eine todceir tuderus seipo^
druhpei seritu.
On a ici l'énumération des points qui servent à détermi-
ner les quatre côtés du temple. Il suffit de lire ce passage
avec attention pour voir qu'il y règne un certain parallé -
lisme de construction. Si nous élaguons de la première phrase
les deux propositions relatives commençant par porsei ^ il
reste : angluto hondomu — angiome somo. Nous allons d'a-
bord nous occuper de ces quatre mots. Il est facile de recon-
naître le même nom, — évidemment le latin o/ngulus, — em-
ployé sous deux formes différentes, et accompagné une fois
d'un mot à l'ablatif [hondomu) y l'autre fois d'un mot à l'accu-
satif [somo] . Nous sommes donc amené à penser que anglu-to
nous cache lui-même un ablatif et a/nglomr^ un accusatif.
C'est ce que l'analyse grammaticale va nous prouver dans un
instant. Quant au sens de hondomu et de somo^ il est naturel
de supposer que ce sont des adjectifs servant à spécifier l'an-
gle dont il est question : somo se laissant aisément recon-
naître comme le latin swmmus^ il faudra probablement voir
1. Nous prenons le mot dans le sens où le prend Tite-Uve. « Lez horrendi
carminis erat : Duumviri perduelUonem judicent.... (I, 26). — Cf. Gic. pro Mur.
12. Prœtor interea ne pulcrum se ac beatum putaret, atque aliquid ipse sua
sponte loqueretur, ei quoque carmen compositum est : Suis utrisque saperstU
tibu-o, prœsentibus, Istam viam dico : inite viam.
TABLE I a 2. — TABLE VI a 8. 41
dans hondomu un mot & signification opposée, comme l'esl
en latin infimus. Cette conjecture acquiert encore de la force
si nous rapprochons les prépositions hondra et mhra (1. 15
et 16) qui sont opposées entre elles comme hondomu et somo.
Le groupe nd équivaut knl^ : nous avons donc un comparatif
hon-ira * et un superlatif horir-tomu formés d'un thème pro-
nominal Ao-no ou ho-n^. Au môme thème appartiennent
hunt ?iont (syllabe ajoutée à certains pronoms comme en
latin Hlem\ et les adverbes huntak « ainsi », huntia (même
sens), il y a sans doute une parenté entre la première partie
de ce thème composé hono et le pronom latin hic. Mais il faut
écarter, malgré la ressemblance apparente, le gothique hindar
« post, ultra », hinduma « postremus » et le vieux haut-alle-
mand hint « post » (allemand moderne hinter, anglais behmd)^
k cause de la nature particulière de Vh germanique, qui
suppose un ancien k. — Nous traduirons hondomu par infimo,
nous réservant de revenir sur le sens qu'il faut attacher à
cette expression. — Dans somo^ suivant l'habitude, l'un des
deux m (latin su/m-^m/ur-s pour sup-mvrs) n'est pas marqué. Si
l'on rapproche les formes ombriennes suèy subra^ supeme, on
voit que Vu s'est changé en o, probablement sous l'influence
de la lettre m.
Que fauMl penser de la syllabe -to dans anglvnto? fauf^il y
voir le frère jumeau du latin •tus dans cœlitus funditus intus^
du grec-Toç dans Ivroç ^xTo<,du8anscrit-<asdanssî;arg'a-^afi«de
cœlo », ku'tas « unde », atas « inde »? En tous cas, il est dif-
férent dans son emploi, car il s'ajoute, non au thème nu,
mais au mot revêtu de la désinence ablative. Je serais disposé
à y voir une préposition postposée, comme en (in), com (cum)
et ad (ad). Quant à la forme primitive de cette syllabe to, je
ne crois pas qu'elle puisse correspondre au latin tus, qui,
combiné avec anglu, aurait donné angluSj comme au par-
ticipe vestitTÂS devient veslis. Je pense que ce -to est le latin
turriy exactement comme -co est cvm. L'histoire des langues
nous montre fréquemment employés dans un idiome comme
prépositions des mots qui sont adverbes dans un autre : et il
n'est pas moins ordinaire de rencontrer avec une signification
locale des particules qui ailleurs sont appliquées & l'idée de
temps. Tum « alors » en latin, est postposition de lieu en
1. Voy. ci-dessus, p. 39.
3. En Yieil-ombrien hutra.
3. Bugge, dans ZK, III, 36.
42 TABLE I a 2. — TABLE VI a 9.
ombrien ; il sert à marquer le lieu où Ton est. Un mot latin
où timi est employé à la façon ombrienne comme postposition
mérite d'être rappelé ici : cbctutvm « sur-le-champ* ». — Nous
arrivons à angiome, dans lequel nous reconnaissons un accu-
satif, suivi d'un e qui est le débris de la préposition postposée
en. Cette préposition se trouve encore sous sa forme complète
dans esunimien vukwmen arvamen*. Un n final est souvent
omis : ainsi le substantif nomen est écrit treize fois nome sur
les tables VI et VII.
Le sens de la phrase principale est donc : <c angulo infimo
— ad angulum summum. » Reste à examiner les deux pro-
positions relatives : Porsei nesimei osa deveia est. — Porsei
nesimei vapersus aviehcleir est. Dans porsei nous retrouvons
le porsi de la 1. 6, que nous avons traduit comme une con-
jonction. Ici il est employé comme pronom. On pourrait sup-
poser, puisque porsi est pour pod-^, que le mot qui signifie
<c angle » est du neutre en ombrien : mais cette supposition
n'est pas obligée. Le pronom relatif présente cette particula-
rité qu'on trouve quelquefois le neutre porsi au lieu et place
du singulier masculin poe, et même au lieu du pluriel mascu-
lin piMf'e. C'est un commencement d'appauvrissement de la
déclinaison qui annonce ce qui s'est passé en italien pour le
pronom che et en français pour ^ue*. — Nesimei est un lo-
catif formé comme stcJimei stahmeitei. — Il est suivi la pre-
mière fois des deux mots osa deveia, la seconde fois de vaper-
sus aviehcleir. Comme ces deux propositions sont symétrique-
ment construites, le rapport grammatical que nous trouverons
pour Tune de ces expressions devra également être présumé
pour l'autre. Une ligne plus bas on lit : asame deveia qui
équivaut à asam-e (n) deveia (m), ce qui nous prouve que nous
avons affaire à un singulier de la première déclinaison. Dans
la phrase qui nous occupe, et dont le sujet est porsei, osa
deveia ne peut être qu'un ablatif. Il faut maintenant voir si
le même cas peut être admis pour vapersus aviehcleir. Ces
1. Voy. Bréal, HSL, II, p. 335. J*ai montré en cet endroit que le tens de to n'a-
joute pas beaucoup à la signification de Tablatif, ce qui explique pourquoi dans
des locutions identiques on a tantôt l'ablatif avec to et tantôt Tablatif seul.
2. Je rappellerai seulement ici pour mémoire que MM. Aufrecht et KirchhofT
ont cru voir dans les formations comme angUme un cas spécial de la déclinaison
ombrienne. Cette opinion, qu'ils ont savamment développée dans leur grand
ouvrage, sera discutée plus loin (VI a 26).
3. Bugge, dans ZK, III, 35.
TABLE I a 2. — TABLE VI rt 9. 43
deux mois reviendront encore une fois I. 12 et 13, et nous les
reconnaissons aussi 1. 10 sous la forme modifiée vapefe avieh-
clu. On les voit encore I 6, 14, qui porte : vapefcm avie-
klufe, et enfin l'un des deux mots se retrouve III, 7, où
l'on a : vapede. Cette dernière leçon nous renseigne sur la
nature du groupe rs dans vaperms. En rapprochant ces difl'é-
rents passages il est aisé de voir que les deux mois sont tou-
jours au môme cas, et que par conséquent ils doivent être
coordonnés. La forme d'aviehcleir convient parfaitement pour
un ablatif pluriel (comparez aseriater, 1. 1). Quant kvapersus^
il a un aspect un peu moins ordinaire. Mais si Ton se rappelle
ce qui a été dit de la désinence du datif-ablatif pluriel ^, nous
ne pourrons nous dispenser d'y reconnaître un thème à con-
sonne, qui a pris la désinence s (grec ac, et peut-être cai) à
l'aide d'une voyelle de liaison u. La suite nous montrera les
datifs-ablatifs pluriels fratrus (fratribus), komonxis (homini-
bus), dupursus (bipedibus), peturpwrsus (quadrupedibus), etc.
— Par quoi sont régis ces ablatifs? ils ne peuvent l'être que
par nesimei^ dans lequel nous devons voir un adverbe ou une
préposition. Par sa forme, nesimei rappelle les superlatifs
latins comme maximus proximus; le s entre deux voyelles
aurait été changé en r s'il n'équivalait pas à une lettre double.
On trouve en osque, sur la Table de Bantia, un adjectif nest-
mvm qui traduit, comme Kirchhoff l'établit d'une façon
incontestable, le latin proocimum : ainsi en regard de cette
formule latine qui se trouve au verso de la Table, IN DIEBVS
X PROXSVMEIS, le texte osque porte mais zicolois X nesimois.
Il faut sans doute rétablir un superlatif nec-timus, nec-simus^
présentant dans sa première partie la même syllabe que
nous avons dans neotere ?io(c)-dii-s, dans le gothique neh-va
« près », l'anglais nigh et next^ l'allemand nœchst et nach (cf.
nachbar « voisin »). Nous pouvons donc traduire le locatif
nesimei par le latin proxime^ qui est peut-être lui-même un
locatif : seulement la syntaxe latine exigerait encore une pré-
position ab devant le régime, tandis que l'ombrien qui, comme
nous l'avons déjà vu, dispose des cas plus librement, se con-
tente de l'ablatif.
Sur le sens des mots osa deveia et vapersus aviehcleir nous
ne pouvons rien dire de certain ; mais on voit que ce sont les
deux points de repère servant à l'orientation de l'augure.
!. Voy. ci-dessus, p. 7
44 TABLE I a 2. — TABLE VI a 10.
Peut-être osa est-il le latin ara, Tosque aasû « auteP ». Deveia
pourrait être formé à l'aide du môme suffixe qui, en vieil
ombrien, a la forme aio (pernaio, pusnaio]^; nous aurions
alors un mot comme divina en latin. Nous verrons plus loin
qu^on peut considérer cette osa deveia comme la place où se
tient le prêtre. — Quant à l'autre expression, elle est encore plus
obscure". Il est question (16 14) d'une vea aviekla (en latin
via aviecula) d'où l'on peut inférer que cet adjectif se rapporte
à la topographie des environs d'Iguvium. Vapersus suppose
un thème vaped, qui serait probablement en latin vaped ou
vapid. Kirchhoff fait remarquer que sur les Tables Eugubines
on ne trouve pas un seul mot commençant par un {, et il se
demande si nous n'avons pas ici le latin lapid. L'absence de
mots commençant par / est effectivement une circonstance
remarquable sur laquelle nous aurons occasion de revenir.
Toutefois, en l'absence d'autres présomptions, nous aimons
mieux employer l'expression vapides avieculi comme si c'était
un nom propre*.
Eine angluto somo vapefe aviehclu todcome tiuiery angluto
hondomu osa/me deveia todcome tuder. — Eine^ conjonction
qu'on trouve ailleurs sous la forme ene et enem. Cette der-
nière orthographe est la plus complète. En osque on a une
conjonction inim signifiant « et » ; c'est aussi le sens de notre
particule. Le latin enîm, qui est le même mot, a pris une
acception plus accentuée et il a abrégé la voyelle initiale. Tous
ces mots viennent d'un thème pronominal composé eis^no;
sur nos tables on trouve encore les formes enno et ennom à
côté de enOy enom; d'autres fois on a un i dans la première
syllabe (inuk, inumek). Qu'un mot signifiant « ceci » prenne
dans une langue le sens « et », dans une autre celui de « car »,
cela s'explique surtout par l'intonation qu'il reçoit et par la
place qu'on lui donne dans le discours *. En ombrien enem et
1. Hasenam antiqui dicebant, ut asas, quas nos aras, et Lases, quos Lares
dicimus. Placidus ia Glossis. Voy. Festus, éd. Olf. Mûller, p. 15, notes.
2. Voy. ci-dessus, p. 9.
3. SaveUberg donne dans ZK, XXI, p. 234, une explication que les lois de la
phonétique ne nous permettent point d'accepter.
4. L'orthographe avieheUir nous apprend que 1*0 est long.
5. Le latin enim a quelquefois un sens purement affirmât! f, par exemple dans
ces vers de Virgile, oii lepoSte imite la langue du rituel (y£n. YIII, 84) :
in litore conspicitur sus,
Ouam pius iËneas tibi, enim tibi, maxima Juno,
Mactat.
TABLE I a 2. — TABLE VI a 10. 45
enu peuvent signifier simplement « et », comme on le voit
par des passages identiques où Ton trouve tantôt enu, tantôt
enem, tantôt et; mais ils prennent aussi d'autres acceptions.
Enerriy enum se placent en tête de la proposition, et pour le
dire ici en passant, c'est sans doute enom, au lieu de enoSy \
qu'il faut aussi lire au commencement du chant des Frères '<
arvales. On sait que dans les anciens alphabets italiques la ;
ressemblance de M (ni) et de M (s) pouvait aisément donner f
lieu à des méprises.
Angluto somo vapefe aviehclu. Angluto hondomu asame de-
veia. — Nous traduisons chaque fois les quatre mots comme
formant ensemble un groupe compacte : « & l'angle su-
périeur [qui est] près des vapides avieculi. — A l'angle in-
férieur qui est près de Vasa deveia. » Au contraire, Kirch-
hoff traduit : « depuis l'angle supérieur jusqu'aux vapides
avieculi. — Depuis l'angle inférieur jusqu'à l'osa deveia. » C'est
seulement quand nous chercherons à nous rendre compte de
toute cette opération que nous pourrons justifier notre tra-
duction. Il faut d'abord expliquer les formes grammaticales.
Angluto est connu. Somo doit être regardé comme une faute
du graveur pour somu : ce serait le seul exemple d'un ablatif
de la 2« déclinaison qui finirait en o. Aufrecht fait remar-
quer à propos que sur la même table, ligne 35, le graveur
avait fait la même faute au mot pihaclOy et qu'il Ta corrigée
en mettant un u par-dessus l'o. Au contraire, hondomu est
correctement écrit avec un u. — Vapefe aviehclu. Ce dernier
mot est pour avielicluf. Nous avons déjà vu d'autres exemples
de la chute d'un f final (mersta aveif, ligne 4). Le premier mot
doit se décomposer en vapef-e[n) : c'est ici l'accusatif pluriel
d'un thème à consonne. Pour s'expliquer cette formation il
faut supposer que le f (représentant euphonique d'un ns),
après s'être établi comme désinence de l'accusatif pluriel dans
la déclinaison des thèmes à voyelle, a été introduit également
dans la déclinaison des thèmes à consonne : devant ce f cer-
On doit, je crois, construire enim avec le second tibi^ sur lequel il sert à insis-
ter. Comparez ce vers de Silius Italicus (XIII, 13$) :
Mactat, diva, tibi, tibi enim haec gratissima sacra.
On sait qu'mm peut se placer aussi en latin avant lo mot qu'il détermine :
cela est surtout fréquent dans le dialogue. Plaute, Bacch, IV, 4, 51 .
Mrbsil. Nunquid nos vis facere?
CEI. Ënim nihil niai ut ametis impero.
46 TABLE I a 2. — TABLE VI a 11.
taines consonnes ne pouvaient se maintenir. Ainsi vaped a
perdu son d final et a fait vapef; de même kapid fait
kapif. Au contraire un r se maintient devant le /*, comme
nous le verrons par l'accusatif pluriel nerf. — L'e final de
vapef-e est le reste de la préposition en. Cette préposition,
jointe à l'accusatif, n'implique pas nécessairement une idée
de mouvement; elle peut servir à marquer uniquement la
proximité, comme le fait ad en latin. Cf. Cic. Ep. Fam. 15. 2 :
Castraque ad Cybistra, quod oppidum est ad montem Tau-
rum, locavi.
Todcome tud&i\ Le premier mot se décompose en iodcoYnre[n\
qui est l'accusatif d'un adjectif todco suivi de la préposition
en. Tuder est l'accusatif d'un thème à consonne. Comme il
n'y a point de désinence, nous devons supposer qu'il est du
neutre. Nous reviendrons sur ce point un peu plus loin. —
Todcom est probablement formé de tota à l'aide du suffixe
co ^ : il signifie « publicus » et correspond à l'osque tàviiks.
Les limites de la banlieue d'Iguvium paraissent donc servir
en même temps de limites au temple tracé par l'augure.
Eine todceir tuderus sei podruhpei seritu. — Cette phrase,
qui termine l'alinéa, renferme une prescription, comme on
le voit par l'impératif seritu. C'est le môme verbe dont nous
avons rencontré (ligne l) le participe Orseriater : la forme la-
tine correspondante serait serviare^ seruiare^ et les trois
voyelles se sont fondues à l'impératif (seruieitu) en une seule.
Il a déjà été question de la contraction de ui en î : Vi long
s'est ensuite mêlé avec cet ei (souvent écrit t ou e*) qu'on voit
à certaines formes où l'on aurait attendu plutôt Va de la pre-
mière conjugaison (kadetu vaéetom pesetom = latin calato
va>catv/m peccatwm). — Le verbe seritu est ici employé sans
régime, comme servage en latin dans l'expression setn)are de
cœlo. — Todceir tuderus est le datif ou l'ablatif pluriel des
deux mots qu'on a vus à la ligne précédente. Je crois qu'ils
sont régis par sei, qui est une préposition. Cependant nous
trouverons plus loin une construction analogue (VI b 48) où
il n'y a pas de préposition : eriront tuderus avif seritu « intra
eosdem fines aves servato ». — Sei est expliqué par Aufrecht
comme étant pour seid = latin sed. On est alors obligé d'ad-
1. L't qui se trouve dans les mots latins comme mo(itci»,medtcttf, n'est pas écrit
en ombrien. Mais ii est clair qu'un son devait être entendu après le d de todceiu
3. On a déjà vu (1. h) stahmeitei, écrit plus loin (1. 18) stahmitef.
TABLE I a 2. — TABLE VI a 11. 47
mettre un assez notable écart de la signification , car la locu-
tion ombrienne doit équivaloir à une expression latine
« intra ». Mais sei peut encore être autre chose que le latin
sed. On y peut voir, par exemple, un locatif, et supposer que
le S tient la place, comme il arrive si souvent, d'un è. Nous
aurions alors un congénère du latin ds^ citra^ dont nous trou-
verons plus tard le superlatif éimo. Le sens d'une telle prépo-
sition conviendrai! très-bien ici. — Podruhpei est l'ablatif
neutre d'un mot correspondant pour le sens au latin « utrin-
que ». On peut rapprocher le locatif osque pùtereipid, le
nominatif pluriel pûturûspidy le génitif pluriel pûlûrumpid.
Le latin uter est pour cuter * ; l'ombrien est mieux conservé,
moins bien toutefois que l'osque. Sous l'influence de r, le t
s'est affaibli en d, comme dans adrer = latin atris. Le h est
destiné à indiquer la voyelle longue. La seconde syllabe pei
est pour peid : en latin, la diphthongue s'est abrégée en e
(uter que).
TRADUCTION.
(VI a 8) « Angulo (9) infimo qui proxime asam deveiam est, ad
angulum summum qui proxime vapides avieculos (10) est;
et angulo summo juxta vapides avieculos usque ad publicum
finem; angulo infimo juxta asam deveiami usque ad publi-
cum (11) finem. Et publicos fines intra utrinque servato. »
Nous retournons au sacrifice dépeint par Tite-Live (I, 18)
pour transcrire les lignes suivantes qui forment le meilleur
commentaire de notre passage : « Augur ad lœvam ejus, ca-
pite velato, sedem cepit, d extra manu baculum sine nodo
aduncum tenens, quem lituum appellaverunt. Inde ubi, pro-
spectu in urbem agrumque capto, deos precatus, regiones ab
oriente ad occasum determinavit; dextras ad meridiem par-
tes, lœvas ad septentrionem esse dixit. Signum contra, quo
longissime conspectum oculi ferebant, animo finivit. » Rap-
pelons aussi les mots : « Inter eos fines quos feci. »
(VI a 12) Tuderor todcor : vapersusto avieclir ébetrafe^ ooseï^
clomey presoliafe Nurpier^ va^rslome (13), «ntcmme, tetiome
MUetina/r^ tertiame pra^yo procalarv/m. — Vapersusto avieclir
t. Bopp, Qr. 6omp. gg 292, 397.
48 TABLE I a 2. — TABLE VI a 12.
carsome (14) Vestisiery randeme Rufrer^ teltome Nomar^ tetn
tome SalieTy carsome Hojer^ pertome Padella/r.
Suit une double série de noms de lieux, commençant
chaque fois aux vapides avieculi. Nous en pouvons inférer que
ces vapides sont situés à Tintersection de deux lignes du
carré. Les noms énumérés servent à établir la direction des
côtés du carré.
Tuderor todcor. Deux nominatifs pluriels. On a un peu plus
bas (ligne 15) screihtor^ et plus loin (lignes 26, 27) arsmor
dersecor subator. 11 est remarquable que la désinence or ap-
partienne seulement au commencement de la table YI. Plus
tard le graveur écrit wr, comme s'il reconnaissait qu'il s'est
trompé : prinvatur^ Jovinur^ taéetur. Sur les tables en écriture
étrusque la désinence est us ou ur. Comparez les formes
osques Abellanûs^ Nûvla^iûs, pûtûrûspid, status. Nous avons
ici Tancienne désinence en es, qui n'a survécu, en latin clas-
sique, que dans les trois dernières déclinaisons ^ La voyelle
o ou u est longue, car elle est produite par la fusion de ïo ou
u final du thème avec l'e qui précède s. De même les noms
ombriens de la première déclinaison font au pluriel as ou
dr;urtas, anglar, ivengar, motar. En osque on a : asasy
scriftas.
Remarquons toutefois qu'ici il s'agit du thème tude7\
c'est-à-dire d'un thème se terminant par une consonne.
Or, les exemples de pluriels analogues à tuderor^ c'est-à-
dire d'un thème à consonne prenant la désinence or^ nous
manquent. Aufrecht suppose qu'ici l'o est bref et qu'il corres-
pond à l'a de ''£XXv)vec, à la du sanscrit mai'utas. Mais nous
avons un autre thème en r, qui est employé au nominatif
pluriel : ce thème rejette absolument toute désinence, ou
peut-être se borne-t-il à allonger la voyelle de sa dernière
syllabe; cest frater (III, 5) = latin fratres. On peut comparer
Tosque kenzsû/r^ ccnstvr = latin censores. En latin, le pluriel
quatuor a perdu pareillement sa désinence. Quant aux thèmes
comme pater^ soror, on sait que le latin les fait passer dans
la déclinaison des thèmes en i. Il devient donc difficile de
croire que tuderor soit le nominatif pluriel de ttuier^ et si l'on
se rappelle qu'il y a dçs raisons de penser que tuder est du
1. Sur les restes de cette désinence en latin archaïque, à la 2** déclinaison^
voy. Bûcheler, p. 68 de la traduction française.
TABLE 1 a 2. — TABLE VI a 13 49
neutre, on aimera peut-être mieux admettre avec nous
l'existence de deux thèmes : Tun neutre de la troisième dé-
clinaison, l'autre masculin de la seconde. C'est exactement
ce qui se passe en latin pour termen et terminus. On en trou-
vera un second exemple en ombrien au mot vas. — Vaper-
susto aviedir. C'est le point de départ de l'énumération : a aux
vapides avieculi. » La même formule se retrouve ligne 13, et
le blanc laissé par l'inscription montre encore mieux qu'une
nouvelle série commence. Quoiqu'il n'y ait pas de verbe ex-
primé, le sens général de la phrase est suffisamment clair.
« Aux vapides avieculi^ les limites publiques [vont] vers tel et
tel endroit. » — Nous sommes en présence d'une, suite de
noms sur lesquels règne et régnera sans doute toujours une
profonde obscurité. C'est un fragment du cadastre iguvien
que le hasard de la conservation de ces tables met devant nos
yeux. Nous passerons rapidement sur des mots dont il est
impossible de rien dire de certain, et dont l'intelligence n'est
heureusement pas nécessaire à l'ensemble du texte. — Si l'on
examine ces mots au point de vue grammatical, on voit une
suite d'accusatifs accompagnés de la postposition e(n). Un
certain nombre de ces accusatifs régissent un génitif placé
après eux. Il faut sans doute voir dans les accusatifs des
mots signifiant « maison, champ, vigne », ou quelque chose
de semblable, et dans les génitifs les noms des propriétaires.
Il serait inutile de multiplier des conjectures manquant de
tout appui solide.
Ebetrafe. Comme on trouve ailleurs {VI b 53) hebetafe, et
qu'un h initial est fréquemment omis, on peut inférer un
thème hebetra. — Ooserdome. Les deux o indiquent une
voyelle longue. Le suffixe neutre do nous est connu par
p&i^sdom. On a proposé de voir dans l'o long le latin au (pour .
avi-s, cf. au-gur^ au-ceps), et dans ser la racine de seritUy
aseriater. Le mot supposerait en latin à peu près un composé
avi-servaculum, c'est-à-dire un observatoire à 'suivre le vol
des oiseaux*. — Presoliafe Nurpier : «les presoliœ de Nur-
pius ». — Vasirslome. Le second s est peut-être pour un é.
On pourrait rapprocher le suffixe de ereélom. — Smursime.
KirchhofF rappelle murrhiSy myrrhis (un champ de cerfeuil ?).
— Tettome MUeCinar, Le premier mot a quelque chose d'in-
solite, à cause du redoublement du L Le latin tectum aurait
1. Panzerbieter, Quœslionei umhricœ. P. 15. Cf. Aufrecbt, ZK, I, p. 284.
4
50 TABLE I a 2. — TABLE VI a 14.
dû donner, ce semble, teitom, Miletinar est un génitif féminin.
— Tertiam praco pracatarum. Cette expression est autrement
construite que les précédentes et les suivantes. Il faut traduire
« la troisième d'entre les.... ?> Pracatarum est le génitif pluriel
(comp. menzaru) d'un participe féminin. Praco (pour pra-
com) est le génitif pluriel ou l'accusatif singulier d'un thème
prac. L'association des deux mots rappelle stahmei staJvmeilei.
Retournant aux vapides avieculi, nous nous dirigeons main-
tenant d'un autre côté : Carsome Vestisier^ « vers le carsum
(ou cadum) de Vesticius ». — Randeme Rufrer^ « le ranlis de
Rufrius ». A Nola il y avait un lieu qui s'appelait ad Rufrt
maceriam. Caton {De r. r. 22 et 135). C'est le nom latin Ru-
brius. — Tettome Noniar « la maison (?) de Nonia ». — Tet-
tome Salier « la maison (?) de Salius ». — Carsome Hoier^
a le carsvm% ou cadum de Hogius ». — Pertome Padellar.
Dans ce dernier mot, KirchhofF est enclin à voir la déesse
Patella, qui présidait à l'épanouissement des bourgeons * ;
pertom signiGerait « sanctuaire, lieu consacré ». — Le caractère
étrange de tous ces noms communs pourrait faire supposer
que l'idiome parlé aux environs d'Iguvium n'est pas le môme
que celui qui nous est présenté par les Tables Eugubines.
TRADUCTION
(VI a 12.) Limites publici vapidibus avieculis ad hebetras, ad
oserculum, ad presolias Nurpii , ad vasirculum, ( 1 3 ) ad smurrim ,
ad tettum Miletinae, ad tertiam pracum pracatarum. Vapidibus
avieculis ad cadum (14) Vesticii, ad rantim Rufri, ad tettum
Nonise, ad tettum Salii, ad cadum Hogii, ad pertum Patellœ.
(VI a 15) Hondra esto tudero porsei subra screihtor sent^ par fa
dersva^ curnaco dersva seritu. Subra esto (16) tudero peico
mersto, peica mersta seritu.
Nous retrouvons ici la môme prescription que nous avons
déjà vue dans les premières lignes î mais elle est accompa-
gnée d'une indication [hondra esto tudero — subra esto tudero)
qui va nous confirmer le sens que nous avons adopté pour
dersva et mersta. Si nous faisons abstraction de la proposi-
tion relative : porsei subra screihtor sent, il nous reste deux
phrases, terminées chacune par seritu. llomlra est un com-
1. Cf. Mommsen, Die unterit. Dial. p. 135.
ÏAËLE l a %. — TAfiLE Vl a 15. 5l
paratif opposé à svAra. II en a déjà été parlé au mot hon-
domu^. — Esto tudero sont deux accusatifs pluriels de la
seconde déclinaison : ils ont perdu chacun un /* final, si nous
admettons, comme on a essayé de le rendre probable, que ce
sont des masculins; Vo est pour a si ce sont des neutres^.
Nous traduisons : « istos limites ». Ces accusatifs sont régis
la première fois par hondra^ la seconde fois par subra. —
Porsei est le même pronom relatif neutre dont il a été parlé
p. 42. Ici il remplit l'office du pluriel. — Sent est le verbe
ayant porsei pour sujet. Il correspond au latin sunt^ à Tosque
set : pas... scriftas set « quae... scriptœ sunt »; status pus set
« qui stati sunt' ». Ce verbe était sans doute enclitique et le
son de la voyelle peu distinct*. Il ne faudrait pas chercher ici
un subjonctif : on verra plus loin que ce mode fait sins à la
troisième personne. — Il reste le mot screihtor qui est l'attri-
but de la phrase : c'est un nominatif pluriel masculin corres-
pondant au latin scripti. Tandis que l'osque, comme on vient
de le voir, fait scriftas et le latin scripti, ici nous avons un h.
C'est que Tombrien évite le groupe ft ou pt tout comme le
groupe et : la première consonne a cessé d'être entendue,
et pour maintenir à la syllabe précédente sa valeur de syllabe
longue, on écrit une h après la voyelle. On a de même rehte
(recte), uhtur (auctor).
TRADUCTION.
(YI a 15) Infra istos fines qui supra scripti sunt parram
praepetem, cornicem prœpetem servato; supra istos (16) fines
picum adversum, picam adversam servato.
Il est temps que nous cherchions & nous rendre compte de
toute cette opération augurale. Sans essayer de mettre d'ac-
cord avec nos Tables les témoignages contradictoires que les
auteurs anciens ont laissés sur le temple romain et étrusque %
nous donnons ici la figure qui parait le mieux correspondre
1. Voy. ci-dessus^ p. 41. Il est inutile de rappeler que subra est pour supra,
comme fondra pour hontra.
2. Ce ohangement d'un a en o (sur les anciennes tables u) est très-firéquent<
Cf. yeskla et vesklu, arvia et aniio, etc.
3. T. de Bantia, 1. 25. ^ T. d*Agnone, 1. 1.
4. Corssen , Autsprache *, II, 52.
5. Otfried Mûller, Die Etrusker, lî, 120 ss. Nissen, Das Templum Berlin, 1869^
p. 4 ss. 162 ss. Gromatici veteres^ éd. Car. Lachmann. Berlin 1848. II, p. 343.
52 TABLE l a 2. — TABLE VI a 15.
aux termes de Tinscription. Elle s'écarte sur une circonstance
essentielle de celle qu'a proposée Kirchhoff • : au lieu de pla-
cer comme lui l'augure au centre d'une circonférence, nous
le supposons à l'un des angles d'un carré. Autrement nous
ne voyons pas comment il pourrait s'acquitter de ses fonc-
B
A asam deveiam.
B vapef aviecluf.
G todcom tuder.
D todcom tuder.
tions sans manquer à la défense qui lui est faite de se re-
tourner.
Nous supposons l'augure placé au point A, près de l'osa
deveia. De ce point il fixe en avant de lui un autre point qui
sont les vapides avieculi (B). C'est la même opération que fait
1. Ouvr. cité, p. 102.
TABLE I a 2. — TABLE VI a 15. 53
l'augure de Tite-Live (I, 18) : Signum contra, quo longissime
conspectum oculi ferebant, animo finivit. Les points G et D
sont de chaque côté le todcom ivder^. Si nous relisons main-
tenant le texte depuis la ligne 8, nous voyons que CAD for-
me l'angle inférieur et CED Tangle supérieur. Pour faciliter
à Taugure la connaissance des limites du carré, l'inscription
énumère un certain nombre de lieux qui sont situés d'une
part sur les côtés BG et GA, d'autre part sur les côtés BD et
DA. Tous les oiseaux qui entreront dans le carré en deçà de
la ligne GD, c'est-à-dire qui franchissent les lignes CA et AD,
sont hondra esto tudero; tous les oiseaux qui entreront par
les lignes GB et BD seront subra esto tudero. Ainsi se trouve
expliquée l'expression pemaies pusnaies employée par la t. I.
{VI a 16.) Sve anglar procanurenty eso tremnu serse (17)
combifiatu. — Deux propositions, dont la seconde est terminée
par un impératif, et la première par procanurent. La conjonc-
tion sve « si » annonce une proposition conditionnelle. —
Anglar est le nominatif pluriel de angla. — Procanurent nous
représente le futur antérieur d'un verbe qui en latin, s'il
existait, aurait fait procinuerint. La voyelle du verbe simple
ne change pas dans les composés ombriens. Le préfixe pro
doit probablement être pris au sens qu'il a en latin dans
provenire « réussir », proficere « profiter ». — Eso est le môme
adverbe que nous avons déjà vu 1. 3 et 8. 11 a été traduit par
« ainsi » : on pourrait être tenté de lui donner ici le sens de
« alors », comme l'a en allemand le mot so après une propo-
sition commençant par wenn. — Combifiatu. Ce mot, qui re-
vient fréquemment, exprime sans aucun doute un acte faisant
partie essentielle de l'inspection augurale. Mais il n'a pas
trouvé jusqu'à présent d'explication satisfaisante. Aufrecht,
sans rien hasarder sur son origine, le traduit par « conspi-
cito ». Mais c'est là une signification trop peu caractérisée
pour un acte qui clôt la cérémonie, et qui devait être de
nature très-spéciale. Bugge% acceptant cette signification, a
1. Varron {De I. j. VII, 8} donne une formule latine pour la description du
temple : « Templa tescaque me ita sunto quoad ego caste lingua nuncupavero.
011a veter arbos, quirquir est, quam me sentio dizlsse, templum tescumque
finito in sinistrum. OUa veter arbos, quirquir est, quam me sentio dixisse, tem-
plum tescumque finito in deztrum. Inter ea conregione,conspicione,cortumione
utque ea rectissime sensi.» — Dans cette formule, les detw vieux arbres jouent
le môme rôle que le todcom tuder ombrien.
2. ZK, III, 40.
54 TABLE I a 2. — TABLE VI a 16.
cru reconnaître la racine budh^ qui veut dire « savoir » en
sanscrit, «voir » en zend (grec iruvOavojiac), et cette étymologie a
passé dans tous les travaux postérieurs . La racine en question
est de celles qui, selon une théorie proposée par Grassmann%
aurait primitivement commencé et Qni par une aspirée (bhudh) .
Comme nous n'avons rien en latin qui puisse se comparer &
iwv6«vo|Mti (car putare a une autre provenance), nous ne sa-
vons pas si buf ou bif est bien la forme que l'ombrien devrait
avoir. Mais un autre verbe grec de structure semblable, TcctOw
ou irc(6ofAat (de la racine irt6), se trouve en latin sous la forme
fid (fides, fidelis). Il semble d'après cela que iruvOavofxat devrait
plutôt donner /W. Nous aimons donc mieux renoncer à cette
explication. Le mot latin qui rappelle le plus notre combifiatUy
c'est le nom propre Vibius, fort usité dans certains dialectes
italiques ^. En l'absence d'autres informations, nous tradui-
rons par l'impératif « auspicator ».
TRADUCTION.
(VI a lé.) Si oscines (?) féliciter cecinerint, ita— asede (17)
auspicator.
(VI a 17) Arsferturo nomne carsitu : Par fa dersya, cwmaco
dersvay peico merstOy peica meersta; (18) raersta aveif^ mersta
angla eesona tefe^ tote Ijovine, esmei stahmei stahmitei.
Arsferturo est un accusatif formé comme cumaco (ligne 2).
— Nomne est l'ablatif du neutre nomeriy et correspond au
latin nomine, — Carsiiu se trouve I b 33, sous la forme ka-
detu : Yi est donc une voyelle longue, et représente la diph-
thongue ei. Ici, pour la première fois, nous trouvons un d ou
rs correspondant étymologiquement, non pas à un d, mais à
un l : le verbe latin ferait calato (grec xaX«{Tco)*. — Le sens de
cette prescription, c'est qu'avant de prononcer les mots parfa
dersva.,.y l'augure doit faire précéder le nom de l'adfertor au
vocatif. C'était l'usage dans les actes solennels. Cic. De Div.
1. /&. xn, 81 et 110.
2. Mommsen, Die urUerit. Diai. p. 259. — Si je devais présenter une étymo-
logie de ce mot difficile, je songerais plutdt à la racine iwih « diviser», qui est
restée en latin dans dividere, viduus, et dont le dh primitif a pu devenir un f en
ombrien. Le sens de combifiatu serait « terminato. ».
3. Voy. ci-dessus, p. 46 ce qui a été dit de la diphthongue ei, qui se trouve
dans des formes verbales (jui en latin appaitieunent à la |" conjugaison.
TABLE I a 2. — TABfcE VI a 17. 55
II, 34 : «Q. Fabi, te mihi in auspicio esse volo. Respondet,
audivi. » — Les autres mots sont connus^, excepté (e/e, qui
représente le latin tibi (pour tibei).
TRADUCTION.
(VI a 17) Adfertorem nomine calato : Parram prœpetem,
cornicem prœpetem, picum adversilm, picam advcrsam ;
(18) adversas aves, adversos oscines (?) sacros tibi, civitati
iguvinœ, [in] hoc templo effato.
Cette allocution de l'augure s'appelle nuntiatio chez les Ro-
mains. Ici s'arrête Tinspection des oiseaux. L'augure quitte la
scène, et il ne sera plus question de lui.
(VI a 18) Esisco esoneir seveir (19) popler anferener et ocrer
pihaner perça arsmatia habitu, — Il est aisé de reconnaître
l'impératif habitu, qui correspond au latin habeto. Si l'on rap-
proche le passage (VI b 50) : poe perça a/rsmatiam habiest, on
se convainc qu'il faut rétablir un m et voir dans perca{m)
arsmatia(m) le régime direct. Nous avons déjà vu (ligne 8) les
mots ocrer peihaner qui sont des génitifs signifiant « collis
piandi » : on doit donc penser que popler anferener sont éga-
lement des génitifs, ce qui cadre très-bien avec leur dési-
nence. Il reste les mots esisco esoneir seveir dans lesquels il
faut voir des ablatifs pluriels régis par la postposition co,
qu'on trouve aussi écrite ku et com. Cette postposition sert à
marquer tantôt une idée de lieu, tantôt une idée de temps :
ici elle a cette dernière acception. — Se/oeir a été expliqué par
Aufrecht* comme étant pour selveir, d'un pronom selvm = 10.-
tin solliis, grec SXpoç, sanscrit sarva : il signifie « omnis >j. —
Esis est l'ablatif pluriel du même pronom dont on a vu l'ac-
cusatif singulier eso : « Cum bis sacris omnibus ». Il faut
entendre ces mots dans le sens d'une proposition condition-
nelle : « Si hœc sacra omnia fuerint ». Popler est le génitif
d'un mot correspondant au latin populus, — Anferener se
compose du préfixe a?i= latin amb ou am, et de ferener (pour
ferenner] = latin ferendi. Ce verbe a le sens du latin drcum-
ferre dans ce vers de Virgile [JEn. VI, 229) : « Idem ter socios
1 . Remarquez Torthographe meersta, eesona, qui semble indiquer des voyelles
longues.
2. Ouvr. cil. II, 418.
56 TABLE î a*^. — TABLE VI a 18.
pura circumtulit unda. » Il s agit d'une lustration du peuple
iguvien. On a déjà vu cette construction du génitif : « Populi
circumferendi et collis piandi [causa] ». — Perca{m) arsmar-
tia[m). Ces deux mots sont fort obscurs et l'interprétation
qu'en présente Kirchhoff est loin d'être convaincante. Nos
textes, outre lo, perça arsmatia, parlent d'une perça ;>oni^^er,
dont il est question en ces termes : I & 15 perkaf habetutu
puniçate. VI 6 51, perça poniéiater habituto. D'autre part
on a, VI 6 49 : perça arsmatiam anom/iimM. Ce dernier mot est
un impératif moyen signifiant « induitor ». On est donc
amené à penser qu'il s'agit de vêtements. Je tTBidms poniéiater
comme un ablatif pluriel d'un nom qui serait en latin puni"
ceatv/m ou pvmceata « coloré de pourpre ». Comme l'ablatif
exprime à lui seul en ombrien l'idée « avec », on peut tra
duire : « Ayez des perça avec des — colorés de pourpre ».
Pour le mot perça lui-même, nous sommes réduits aux con-
jectures. Je suppose que c'est le nom du vêtement porté par
l'adfertor, et je rapproche ce passage du rituel des Arvales :
« Fratres Arvales prœtextati sacrificium deae Diae ture vino
fecerunt.... Promagister in tetrastylo re versus est et in codice
cavit et prœtextam deposuit*. » Les prêtres portaient la pré-
texte seulement durant le sacrifice. Servius, ad JEn. VIII,
552 : ccNeque semper praetextam, neque apicem, nisi tempore
sacrificii gestare soliti erant. » — Cette robe prétexte était
garnie de pourpre. Pline, H, N. IX, 60 : « Purpura diis advo-
catur placandis. » Servius, ad JEn. VII, 612 : « Tertium (tra-
bearum genus) augurale, de purpura et cocco mixtum. »
Pacatus, Paneg. 37 : « Reverendos municipali purpura flami-
nes. » Ajoutons enfin ce témoignage de Pline (IX, 63) :
« Purpuras usum Roma) semper fuisse video, sed Romulo in
trabea. Nam toga praetexta, et latiore clavo Tullum Hostilium
e regibus primum usum Etruscis devictis satis constat. » —
D'après tout ce qui précède, je traduis percaf poniéiater par
« des prétextes avec des bords de pourpre » [clavis puniceis).
Quant à arsmatiay c'est un adjectif tiré d'un verbe arsmOy que
nous rencontrerons (16 19, VI 6 56) dans le sci^s de «lus-
trare » : arsmatia peut donc être traduit par « lustralis ».
Les robes des prêtres n'étaient pas les mômes dans toutes les
occasions : c'est ce qu'on peut voir dans Festus (p. 237) :
« s. V. praetexta pulla ». Comme nous rencontrerons un ad-
2. Henzen, p. 11, 14^ 21, 28.
TABLE I a 2. — TABJiE Vl a 19. 57
jectif farsio qui est pour farcivvm^ nous pouvons considérer
arsmatia comme étant pour arsmatiocùm. Quand nous en se-
rons au verbe arsmo^ je proposerai une conjecture sur la
présence du même verbe en latin.
TRADUCTION.
(VI a 18) Cum his sacris omnibus, (19) populi circumfe-
rendi et collis piandi [causa] prœtextam lustralem habeto.
(VI a 19) Vasor verisco Treblanir porsi ocrer (20) pehaner
paca ostensendij eo iso ostendu pxisi pir pureto. — L'intervalle
que le graveur à laissé entre cette phrase et la précédente
annonce déjà qu'on va entrer dans un ordre d'idées nouveau.
Cette phrase difficile renferme une prescription relative aux
vases {vasor)j dont on se servira à l'occasion de la cérémonie
expiatoire. Le verbe principal est ostendu^ impératif pour
ostendito. Le sens de ce verbe n'est pas celui du latin osten-
dere : on le voit clairement par cette circonstance que
la môme phrase, qui sur VI -VII est conçue toujours arviu
feilUy se dit arvia ustentu sur I. Fdtu^ qui est le latin
facitOy signifie « offre en hommage, sacrifie » : nous devons
donc attribuer le môme sens à ustentu. On conçoit sans
peine qu'un verbe composé de obs et de tendere ait pu prendre
ce sens spécial. Dans ostendu^ le t s'est affaibli en d sous l'in-
fluence de la nasale^
Le régime de ostendu est eolf) = latin eoSy qui a pour an-
técédent vasor. Ce substantif est ici du masculin et de la se-
conde déclinaison. Ailleurs (II a 38) il est du neutre. La
môme incertitude paraît avoir existé en latin, car nous avons
dans Pétrone [Satyr, 57) un masculin vasus. — Porsi est un
pronom relatif qui se rapporte à v<xsor : il a donc ici la va-
leur d'un nominatif pluriel masculin *. — Ce porsi commence
une proposition relative comprenant les cinq mots : porsi
ocrer peJianer paca ostensendi. L'attribut est ostensendi^ dans
lequel il faut se garder de voir un participe en rft^, puisque
la désinence du nominatif pluriel est or^ ter, et puisque le d
s'assimile à n. Comme Aufrecht l'a reconnu, c'est ici une
forme du passif : Tactif ostensent prend au passif la syllabe
1. Le verbe tend devient tenn par la môme assimilatioa que nous avons eue
dans dreumferener, pihaner, Y oy. p. 38.
2* Voy. ci-dessus, p. 42.
58 TABLE I a 2. — TABLE VI a 19.
ir (= latin ur) dont le r est tombé, en laissant seulement
après lui sa voyelle de soutien. Mais comment expliquer o^
tensent? Aufrccht ne se prononce pas sur ce point. Bugge*
y voit un futur, formé du thème ostenn et du verbe auxiliaire
sent. On peut comparer staheren (I h 19) « stabunt ». — Paca
est un mot absolument inconnu. Aufrecht, sans rien préjuger
sur son origine, pense y reconnaître une locution adverbiale
signifiant « causa, gratia, ergo », qui gouvernerait les géni-
tifs ocrer peha/ner. Mais puisque ces génitifs sont employés
ailleurs comme un [cas absolu, il n*est pas vraisemblable
qu'ici on les ait accompagnés d'une locution adverbiale de ce
genre. — Il faut remarquer l'attraction qui a eu lieu entre
porsi et vasor : c'est la construction de cette formule citée par
Cicéron : « Fundus qui est in agro, qui sabinus vocatur, eum
ego ex jure Quiritium meum esse aio. » — Il reste verisco
Treblanir, locution qu'il faut rapprocher de verisco Tesonodr
et verisco Vehieir^. Ce sont des ablatifs pluriels régis par la
postposition co. Kirchhoff a justement expliqué veris (on
trouve ailleurs l'accusatif verof) comme un nom de la seconde
déclinaison, et, par une série de déductions fortement enchaî-
nées, il est arrivé à établir pour lui le sens de « porte* ».
Bugge a fourni une confirmation de ce sens, en rappelant
l'inscription de Pompéi : Veru Sarinu « porte Sarinienne »
(conduisant au fleuve Sarnus) *. Le mot est employé au pluriel
comme lest fores en latin. Quant à l'étymologie de ce nom,
elle soulève toute sorte de difficultés*. Il faut renoncer à toute
parenté directe avec fores et ôupa, puisque ces mots auraient
exigé en ombrien un congénère commençant par f. Comme le
latin, à côté de fores^ a pour exprimer la môme idée d'autres
mots tels que porta et postes^ comme outre 6upa, le grec a
tcuXt], nous pouvons ég/alement supposer ici quelque mot d'ori-
gine différente. — Treblanis est un adjectif tiré d'un nom de
lieu. Il y a plusieurs villes portant le nom de Trebula^ l'une
en Campanie, deux (Mutesca et Suffena) dans la Sabine. C'est
d'une ville du môme nom qu'il s'agit ici*. La racine est trai
1. ZK, m, 37. XXII, 396.
2. Voy. VI a 20.
3- II, 117 et 8.
4. ZK, II, 385. Cf. .Corssen. Ih. V, 129. Cf. Titalien verone (Storm, Romania
II, p. 336).
5. Voy. sur cette question, Ascoli, Frammenti linguisticij et Bugge, ZK,XIX, 235.
6. Une population ombrienne s'appelle Trebiates (Lepsius, De Tàb. Eug. p. 3, n.).
TABLE I a 2. — TABLE VI a 20. 59
ireb « construire », dont nous avons vu plus haut* le parfait
trebeit, -^ Il reste iso.... pnsi pir pv/reto. Dans iso, on peut
reconnaître soit isoc, esoc^ que nous avons traduit « ainsi »,
soit plutôt isont •=r isunt (II a 28, 36; III, 16, 17) « itidem ».
Ce dernier mot n'est d'ailleurs pas autre chose que iso -\- hont.
L'enclitique hont^ qui a le sens de l'enclitique latine -dem
dans idem^ se réduit parfois à ho ou o, comme on le verra
par l'exemple de sum/ront écrit sururo (VI 6 48), de eru-hunt
écrit eru-hu (II b 22). — Pitëi est la conjonction annoncée
par iso : cette conjonction a les emplois divers du latin «uti »,
dont elle a aussi la signification *. Ici elle signifie « comme ».
Pusiy écrit aussi ptcse, pus&i, puze, vient probablement de
pum (= latin quvm)'\'Sei : on peut comparer le latin quasi
(pour qiumi + sei). On% déjà vu qu'une des anciennes tables
annonce le groupe ns. — Pir pureto sont deux accusatifs
neutres. Pir, qui est souvent employé sur les Tables Eugu-
bines, est un substantif neutre correspondant au grec irup, au
vieux hauf^allemand fivr « le feu ». Il n'est pas nécessaire
d'admettre que Vu se soit aminci en i : car la forme iruip, em-
ployée par Simonide d'Amorgos, nous a é\é conservée par
Hérodien. Nous aurions donc ici le changement de ui en i
déjà plusieurs fois constaté. — Il est curieux de voir que le
latin a entièrement perdu cette vieille dénomination du feu,
tandis que le grec n'a plus le congénère de ignis, lithuanien
ugnis, sanscrit agnis. — Pureto est le participe passé neutre
d'un verbe correspondant au latin purare. Plante dit [Aulul, II,
3, 3) : «Ecquid audis? vascula intus pura propere atque élue. »
Ce verbe a été ensuite remplacé par les composés purificare
et pvrga/re, La forme ombrienne complète serait pureilom,
avec la même altération de Va que nous avons eue dans
rrmjeto et dans slahmeitei. — Quoique la construction soit
claire, le sens reste obscur pour nous : on fait allusion à
certaines conditions dans lesquelles est offert le feu purifié,
conditions qui doivent s'étendre à l'oblation des vases sacrés.
Il sera question plus loin de cette purification du feu.
1. Voy. ci-dessus, p. 37.
2. Par ex. : pusei subra serehto est « uti supra scriptum est », puti pre wri^
Trehlanir « uti ante portam Trebulanam •, pute erus dersa • uti frusta det ».
60 TABLE I a 2. — TABLE VI a 20.
TRADUCTION.
(VI a 19) Vasa ad portam Trebulanam quœ ocris piandi
[causa] — offerentur, hœc eodem modo oflFerto quo ignem
purificatum.
(Via 20) Cehefi dia sururverisco Tesonocir^ surur (21) verisco
Vehieir.
Je regarde cehefi comme un adverbe de môme formation que
ife et pufe : la diphthongue finale eiest représentée ici par i,
comme on a poei poe poi, ou persei perse persi. Le c devant
un e doit surprendre : on se serait attendu à, un é. Mais quand
on voit qu'une môme table présente l'orthographe pupdike
pupdikes et pupdiçe pupdiçes, on doit conclure, comme
le fait Aufrecht, que les Ombriens prononçaient un son sif-
flant dans certains mots où l'orthographe présentait un k ou
un c *. Cehefi (= cêfi) est, à ce que je crois, de môme origine
que le latin cis, citra, citimus^ que l'ombrien éei et éimo *. On
peut le traduire soit par « deinde 5> soit par « ita ». — Dia,
pour diat^ est la troisième personne du singulier d'un sub-
jonctif (optatif) formé comme aseriaia^. Le verbe est dio^
qu'on peut rapprocher du latin au[s)"dio (cf. aus-culto) et
con-dio. Ce verbe, qui se rattache à la racine da « donner »,
est avec la forme ordinaire do (par exemple dans reddo, addo)
en la môme relation que parire, cupire, moriri avec parère,
cupere, mori *. Comparez encore le futur reddibo (pour reddam)
chez Plante.
Surur, mot écrit aussi une fois suror, et ordinairement
suivi de l'enclitique -hont, d'où les formes surv/ront, surwro,
est une conjonction dont l'usage est borné aux tables VI et VII.
A côté de la forme sururont, employée dix fois, on rencontre
onze fois suront. Il signifie « ensuite, alors ». Dans le passage
qui nous occupe, il paraît avoir le sens purement copulatif
« et... et... ». — Sur i'étymologie de ce mot, il est difficile de
rien avancer de certain. Voici ce qui me paraît le plus vrai-
semblable. Nous avons en latin une ancienne particule sus ou
1. Op. cit. 1,72.
2. Voy. ci-dessus, p. 47.
3. A. K., qui soupçonnent ici une altération du texte, proposent de lire en
un seul mot cehefidiaj sans vouloir rien conjecturer sur le sens, II, 112.
4. Neue Formenlehre der lateinischen Sprache^ TI, 318.
TABLE I a 2. — TABLE VI a 20. 61
sur (qu'il ne faut pas confondre avec suhs) : elle signifie « sur,
en haut ». On la trouve, par exemple, dans sm*emit, Festus,
p. 298 : Suremit, sumpsit... « Inque manum suremit hastam.»
Et : a puerum surempsit. » On la trouve aussi dans Tex-
pression susque deque^ que Festus (p. 290) traduit par « plus
minusve ». C'est cette particule sus qui est contenue dans cer-
tains verbes composés où suh ne convient ni pour la forme,
ni pour le sens : tels sont suspendere, sustuli^ sur go, sursum,
11 suffit de comparer suspendere et supponere pour voir que ce
n'est pas le même préfixe, A cette particule sus est venu se
joindre le pronom démonstratif ero(m), lequel aime à se faire
suivre de l'enclitique hont. La voyelle e s'est assourdie en u
sous l'influence du premier u * (on trouve d'ailleurs le pronom
oru VI a 26 et uru I 6 18. V a 5. VI 6 55). Le sens de sur-
uro-hont (ce serait là la forme complète) est donc : « insuper
hoc idem ». Quant à la conjonction surur^ elle a perdu la syl-
labe om^ comme cela est arrivé en latin pour m/w7, non^ et
pour tous les adverbes en ter^. Ce genre de composé se re-
trouve en latin dans adeo, posthac. Nous avons dit plus haut
qu'on trouve souvent suront : il me parait hardi d'affirmer
avec Kirchhoff que suront soit une faute pour sururont; un
adverbe sur pouvait aussi bien se faire suivre de l'enclitique
-/loni, qu'en latin l'adverbe ihi ou inde de l'enclitique -rfem.
— Verisco Tesonocir, — Ce mot, qui est écrit de la môme
façon VII a 38, paraît ailleurs (VI 6 1, 3) avec lorthographe
Tesenocir^ et la table I a écrit Tesenakes. C'est un adjectif
dont la formation rappelle celle des noms celtiques en ac.
Le latin n'emploie pas ce suffixe. Quant au primitif dont cet
adjectif est tiré. Kirchhoff' suppose une ville appelée Tesena
(ïujxnrjva?). — Verisco Vehieir. — Ce dernier adjectif fait son-
ger aussitôt à la célèbre ville de Km, quoi qu'il soit pos-
sible que le même nom ait encore été donné à d'autres
cités. On sait qu'au temps de Varron via, dans la langue des
paysans, se prononçait encore veha : de là sans doute le nom
de Vehii donné à ceux qui habitaient sur le bord d'une route,
ou au croisement de deux ou plusieurs voies. Le h dans notre
mot ombrien est-il étymologique, ou sert-il seulement à in-
diquer que la voyelle précédente est longue? Je serais disposé
1. La même influence se voit, par exemple, dans Tesonocir y employé deux
ois pour Tetetiocir.
2. Corssen, Âwi^prache ', II, 594.
3. II, 420.
62 TABLE I a â. — TABLE VI a 21.
à plutôt admettre la seconde hypothèse : car la forme om-
brienne vea ou via ce la route 5> ne présente plus trace de h.
Sur la table I a nous avons deux fois Vehiies, et nous re-
trouverons cette orthographe dans d'autres noms propres
Klaverniie, Kastruçiie, Kluviier, Vuçiia, Attiédie,
ainsi que dans l'adverbe triiuper. Les tables en caractères
latins écrivent Claveimiur Atiersir trioper. Nous croyons
qu'il faut voir dans cette orthographe un développement
purement phonétique du ; ou de Ti, comme nous avons pour
le V où Vu un développement analogue dans manuve, mer-
suva, prinuvatu, aruvia, subocauv.
TRADUCTION.
(VI a 20) Ita des et ad portam Tesenacam, et (21) ad por-
tam Yehiam.
On voit qu'il est question d'une purification de la colline
[ocrer peihaner) pour laquelle on s'arrête successivement à
trois portes. Il sera parlé plus loin d'une quatrième station en
un lieu où il n'y a point de porte, mais qui est désigné par
les mots vocucom Joviu, vocucom Coredier. Ces circonstances
rappellent d'une manière frappante la disposition des villes
étrusques, qui avaient trois portes consacrées chacune à une
autre divinité : Prudentes Etruscaî disciplinae aiunt apud con-
ditores Etruscarum urbium non putatas justas urbes in
quibus non très portœ essent dedicatœ et votivœ, et tôt tem-
pla Jovis, Junonis, Minervœ*. Cette disposition se retrouvait
dans la Roma quadrata^ où il y avait trois portes (Mucionis,
Romanula, Janualis)*. Le quatrième côté était fermé. On sait
que telle était aussi la disposition du temple, et que telle
était enfin celle du camp romain.
SACRIFICE PRÈS DE LA PORTE TRÉBULANE.
Après une longue interruption, nous retrouvons ici, mais
pour un instant seulement, la concordance avec la table I.
(Ia2)Pre veres' Treplanes (3) Juve Krapuvi trc
I buf*fetu.
I I. Serv. ad i£n. I, 422.
2. Varron, De I. {. éd. Mûller, p. 64.
3. Preveres. — 4. Trebuf.
TABLE I a 2. — TABLE VI a 22. 63
(VI a 22) Pre vereir Treblaneir Juve Grabovei buf ireif fétu.
Il faut remarquer la variante tre buf (pour tref buf)
et buf treif. Cette interversion se représente constamment
dans la suite*. En présence de Taccord littéral qui existe
presque toujours entre les deux tables, on est peut-être au-
torisé à s'expliquer cette divergence par un prototype où les
noms de nombre étaient marqués en chiffres, comme ils le
sont, par exemple, sur la table V 6. — Pre est le latin prœ. Il
s'oppose à pus postç[\iQ nous trouverons plus loin. Un dou-
ble sacrifice doit être offert à chaque porte : Tun devant,
Tautre derrière la porte. Cela rappelle le intra pomœrium^
extra pomœrium de la formule citée par Tite-Live (I, 26). —
Tref* hnf^ buf trei, deux accusatifs pluriels correspondant
pour le sens au latin très boves. Buf pour bouf, — Les vic-
times immolées dans ces sacrifices sont toujours au nombre
de trois.
L'impératif fétu est un des mots les plus fréquemment
employés sur les anciennes tables, où il ne revient pas moins
de soixante-cinq fois. Il est écrit quarante-cinq fois fétu, et
vingt fois feitu*. Cette différence d'orthographe est impor-
tante, car en vieil ombrien la diphthongue ei est toujours re-
présentée par e ou i. Nous avons donc ici, non une diphthon-
gue, mais deux voyelles distinctes. La forme primitive est
fdctUy dont le c, ne pouvant se maintenir devant le <, s'est
affaibli en j ou en i. Il est curieux de rencontrer en vieil om-
brien un phénomène que nous connaissons par le français
(fait pour factus] et par le moyen haut-allemand (maid^magd^
getreide = getregede^). Le ; ou Yi ainsi produit a fait changer
Va en e, à peu près comme en portugais factionem est de-
venu feitio. Par un nouveau progrès de Taltération phonique,
feitus s'est réduit à fétu, comme en espagnol fa^tum est de-
venu hecho. — Feitu signifie « qu'il présente en sacrifice », et
il se construit tantôt avec l'accusatif, comme dans notre pas*
sage, tantôt avec l'ablatif, comme, par exemple, vinu feitu
(VI a 57). Cette dernière construction est également usitée en
latin : « Cum faciam vitula pro frugibus. » (Virg. Ed. III.)
1. Tref sif kumiaf (Ia7) 9% gomia trif (\l a b&) ; tref sif feliuf (Ial4
sif filiu tnf (VI b 3), etc.
2. Sur les tables en écriture latine, feitu revient cinq fois, feiu cinquante-
trois fois. On a une fois feetu.
3. Grimm> Deutsche Gramtnatikj P, 426. Joret, Du G dans les langues ro^
mânes, p. 48 ss. 333 s.
64 TABLE I a 3. — TABLE VI a 22.
« Facere catulo.... » (Colum. II, 22) Quant à la construction
avec raccusatif, le latin n'en présente pas d'exemple pour le
verbe facere^ mais des abus de syntaxe analogues ont eu
lieu dans cette langue pour mactare, adolere.
Juve désigne la divinité à laquelle on sacrifie les trois
bœufs : c'est le latin Jovi. Nous avons ici le premier exemple
du datif d'un thème en i: il est terminé en e (= ei)*. En
nouvel ombrien on se serait plutôt attendu à une forme Jowe,
et en effet l'adjectif tiré de ce nom est Jovius. Peut-être la
forme Juve était-elle regardée comme consacrée *.
Nous arrivons au mot Krapuvi Grabovei qui ailleurs
(YI 6 19) est écrit Grabovie. Cette dernière orthographe est la
meilleure : elle nous présente le datif régulier d'un thème
Graibovio ; Vi ayant absorbé Ve long du datif, il en est résulté
un î long, que le nouvel ombrien représente par ei. Nous
avons ici un surnom de Jupiter; le même surnom est donné
un peu plus loin à Mars (I a 11, YI 6 1) et à un autre dieu
appelé Yufiune Voflone (I a 20, YI b 19). Il est très-difficile
de dire ce qu'est ce Grabovius. La dernière tentative faite
pour l'expliquer est, à notre connaissance, celle de Grass-
mann {Journal de Kuhn, XYI, 192). Il y découvre une racine
krapy qui se trouverait dans le grec xpatTrvoç, xapicaXtfjioç, « ra-
pide », et dans l'ancien slave krêpuku « fort », krèpiti « forti-
fier ». Ce serait donc un mot signifiant « puissant, fort ».
Si Ton songe que le nouvel ombrien présente un g et un 6,
on trouvera peu probable cette parenté avec une racine /crop,
d'ailleurs fort douteuse elle-même.
Nous aimons mieux ce qu'avaient dit Lassen, Pott et Au-
frecht, quoique leurs explications n'aboutissent à aucune
conclusion certaine, et quoiqu'elles diffèrent notablement
entre elles. On peut tenter Tétymologie de ce mot de
deux manières, suivant qu'on y cherche un composé ou
qu'on regarde -ovius comme un suffixe. Lassen fait re-
marquer que les trois dieux qui portent ce surnom sont les
seuls à qui des bœufs soient sacrifiés : les autres divinités se
contentent de truies, de brebis, de veaux, de porcs et de
sangliers. Il voit donc dans la seconde partie du nom le mot
1. Cf. pour le latin Quintilien, I, 4, s. m. « Quid? non £ quoque I loco fuit?
Menerva et leber et magester et Diiove victore, non Diiovi ?
2. Grimm a fait la remarque que les mots désignant des divinités ou d'autres
êtres qui éveillent une idée de respect, échappent parfois aux changements
de la langue et de Torthographe.
TABLE I a 3. — TABLE VI a 22. 65
hos : quant à la syllabe gra^ c'est la môme que dans grormen^
et elle signifie soit « croître », soit « nourrir ». Grabovivjs est
donc le dieu « qui fait verdoyer les prairies et qui nourrit les
bœufs ^ » Assurément ce sens serait plus que satisfaisant :
mais en tête du composé on attendrait autre chose qu'une
simple racine. Aussi, dans Tordre d'idées suivi par Lassen,
vaudraiWl mieux sans doute supposer un composé comme
Gfrandi6omitô ce celui à qui appartiennent les grands bœufs».
Homère, dans un sens différent, emploie l'adjectif IjcaTo^-
6ot<K « valant cent bœufs » •. — Pott est également enclin à
admettre une composition* : mais le second terme serait
JovitiSj comme nous avons plus loin Trebe Jovie (VI a 58,
I a 7), et Tefri Jovi (VI 6 22, I a 24). Ce surnom de Jovius,
qui peut être traduit « fils de Jupiter », ou « appartenant à
Jupiter », ou simplement « divin », est usité chez les Ro-
mains, où l'on trouve une Venus Jovia^, un Hercules Jovius^.
L'écrasement de Vi au commencement du mot trouverait
des exemples (tans le latin c-uncti pour co-juncti^ hnomus
pour hO'jomus^. Mais Pott semble embarrassé pour la pre-
mière partie du composé, car le mot gravis qu'il propose, et
auquel il veut donner le sens de « almus », ne convient pas
beaucoup, ni pour la signification, ni pour la forme. — L'a-
nalyse donnée par A. K. ' (nous ne pouvons l'appeler une
explication, car ils se tiennent sur la plus grande réserve en
ce qui concerne le sens et l'origine) diffère des deux précé-
dentes, en ce que le mot Grabovius est considéré comme sim-
ple. La seconde partie est la môme que dans Fisoviies, autre
nom de divinité : or Fisovius est dérivé du simple Fisus^ que
nous trouvons aussi sur nos inscriptions, à l'aide du môme
suffixe qui a donné en latin les noms comme VitruviiiSj Pa^
cuvius. Nous devons donc restituer un primitif Grabus, et
c'est sur ce mot que les étymologistes auront à s'essayer.
Peut-ôtre, ajoutent-ils, y a-t-il lieu de rappeler aussi la rela-
tion qui existe en latin entre Vejovis (pris à tort comme un
«
L Beitràge xur Deutung dit Eugvbinischen Tafeln, p. 17.
2. II. Il, 449. Cf. VI, 136.
3. WurzeUegncon, I, 1010.
4. Inscription chez F&bretti, p. CCCX. «Heisce magistreis Venerus Jovix muni
aRdificandum cunivêrunt.
5. Gniter. P. XVIII, 4.
6. Corssen, Aussprache^, l, 308.
7. II, 130.
5
66 TABLE I a 3. — TABLE VI a 22.
composé de Jwi^ et le simple Vedius. — C'est en accord avec
ces prémisses qu'à notre tour nous allons proposer une con-
jecture. La ressemblance avec le Mars Grâdîvus des Romains
a été signalée plus d'une fois : il se pourrait que le Grabus
statué par Aufrecht dût précisément s'expliquer à l'aide du
mot latin. Mais d'abord une courte digression sur la divinité
est nécessaire. On sait que les plus anciens surnoms de Mars
(silvanvSy ca/mpeslriSy custos, conservator) nous le présentent
comme une divinité rustique, présidant à la croissance des
champs et du bétail. Tel est aussi le caractère qu'il a dans
les vieilles invocations qui nous ont été conservées par Ga-
ton. Le surnom de GradiviLS se rapportait, selon nous, au
même ordre d'idées. Il y faut voir un adjectif formé comme
vcicivuSj fugitivuSf fv/rtivus : la racine est la même que dans
grcmdisy grandire. On sait que ce dernier verbe s'employait
en parlant des plantes, et Caton nous le présente justement
dans une prière adressée à Mars (R. R. I, 141} : <c Mars pater,
te precor uti fruges, frumenta, virgultaque grandire (alii
grandirï) beneque evenire siris. » Nous retrouvons le même
verbe dans un passage de Pacuvius cité parNonius Marcellus,
p. 119, éd. Quicherat : « Nec grandiri frugum fetum posse,
nec mitescere. » Le surnom Gradivus a eu le même sort que
la divinité elle-même, lorsque Mars devint, après son assimi-
lation avec "Apvic, de rustique qu'il était, un dieu de la guerre :
mais quoiqu'on expliquât le mot par le verbe gradior^ la syl-
labe initiale continua d'être comptée comme longue par la
plupart des poètes. Le caractère belliqueux de Mars Gradivus
ne semble d'ailleurs pas avoir été universellement reconnu
par les anciens. Ainsi Ovide (Fastes, Y, 229 et 255) fait allu-
sion à une étymologie que Festus nous a conservée, quia gror
mine sit ortus. Les Frères Saliens, qui, d'après le témoignage
de Tite-Live (I, 20) étaient voués au culte de Mars Gradivus,
honoraient en lui un dieu rustique, nullement une divinité
guerrière. — La racine grad ou grand « marcher », qui se
trouve dans gradua, gradior, grandis, se terminait primitive-
ment par un dh : c'est ce que montrent les langues germani-
ques, où le même verbe fait skridan en suédois, sckriden en
bas-saxon ^ Ce dh pouvait donner dans les langues italiques
1. On sait que les langues germaniques (sauf le haut-allemand) substituent
un (i à un ancien dh, — Pour le groupe initial sky devenu g en latin^ voy. Gur^
tius^ Orunàsiijge^, p. 693. Âsooli, Fonologia, p. 218.
TABLE I a 3. — TABLE VI a 22. 67
soit un f^ soit un 6, soit un d'. L'ombrien Grabus correspond
à un latin *grddus « croissance » : l'un a donné naissance à
l'adjectif graboviuSj Tautre à l'adjectif gradiyms. Grabomus est
donc un dieu qui préside au développement de la nature.
TRADUCTION.
(YI a 22.) Ante portam Trebulanam Jovi Grabovio boves
très sacrificato.
Après cette phrase» la concordance entre I et YI cesse de
nouveau pour longtemps. Nous poursuivons la lecture de la
table YI.
(YI a 22) Eso naratu vesteis.
Il faut mettre un signe de ponctuation après vesteis^ car la
phrase qui suit, répétée nombre de fois, forme un ensemble
à part. Le verbe est naratu^ qui correspond au latin narrato.
On sait que dans l'ancienne latinité narrare ne signifie pas
seulement « raconter », mais, d'une façon générale, « dire ».
Corssen* l'explique comme étant pour gnarigare (cf. mitigare,
lcsmgare\ qui signifie « gnarum facere ». Le mot a été con-
servé par Paulus (s. v.) : « Gnarigavit signiflcat apud Li-
vium narravit ». Cette étymologie suppose une assimilation
de rg en rr dont je ne connais pas d'autre exemple en latin,
car on a purga/re, jurgiv/m^ largiLS, virga^ etc. Il vaut mieux
admettre, avec le grammairien Yelius Longus, que le mot
doit s'écrire [g)narare : nous avons ici le verbe simple, qui
serait avec le gnarigare de Paulus dans le même rapport que
purare avec pur{i)gare •. — Dans le passage qui nous occupe,
naratu pourrait êb*e traduit par « recitato ». Mais la compa-
raison d'autres passages me fait paraître l'expression latine
« nuncupato » plus exacte. — E8o(c) « ita » ou « hoc ».
VesteiSy écrit ailleurs deux fois vesHs (YI 6 6, 25), est un
participe passé correspondant au latin vestitus. Le s final est
resté, grâce à sa combinaison avec le t de la syllabe précé-
dente. En vieil ombrien cet s est représenté par z. Ainsi l'on a
1. Cf. latin ûber s* oSOftp^ sanscrit Bâhar: osqoe fii<ta =s latin tMdius, sanscrit
madf^a; latin rubrum =: ombrien rufrom^ grec ipvOp^, sanscrit mdhiram. Sur
cette question que nous ne pouvons qu'effleurer ici, voy. Ascoli, Fanoiogiaf
p. 173 ss.
2. Kntisehe Beitràge, p. 401.
3« Voy. oi*dessus, p. 59* Comparez encore dwkifwe avec clarigare.
68 TABLE I a 3. — TABLE VI a 22-
taçez, taseSj tcisis = lat. tcLcittAs; pihaz, pihos = lat. piatus.
Il est intéressant de constater cette conservation d'un s Qnal
au nominatif, qui rappelle ce qui a lieu en vieux français. La
différence avec l'ancien latin est grande, car celui-ci supprime
le s final en gardant la voyelle ^ — Ce vesteis se traduirait en
latin par « velatus » : on s'adressait aux dieux la tête voilée,
capite velato ou operto. Ainsi Plante (Gurc. III, 1, 19) : « Quis
hic est qui operto capite Jisculapium Salutat ? » Plutarque,
dans ses Questions romaines, demande : Àuc ti toùc 68<àç icp<K-
xuvouvTeç èirtxaXuicTovTai t^v xe^otXi^v; Dans l'Enéide, Héléuus fait
allusion à cet usage, quand il ordonne à Énée (III, 405) :
Purpureo velare comas adopertus amictu,
Ne qua inter sanctos ignés in honore deorum
Hostilis faciès occurrat, et omina turbet :
Hune socii morem sacronim, hune ipse teneto;
Hac casti maneant in religione nepotes*.
Les mots vestis et velvm, qui viennent d'une môme racine',
ont ordinairement en latin des acceptions différentes : mais
la répartition est moins rigoureuse pour les verbes vesHre et
vela/re qui se prennent souvent l'un pour l'autre. — 11 faut
remarquer la place qu'occupe dans la phrase ombrienne le
mot vesieiSf placé après le verbe au sujet duquel il se rap-
porte.
TRADUCTION.
(YI a 22.) Ita nuncupato velatus.
Ici commence, pour accompagner le sacrifice du bœuf, ^ne
prière,. qui est répétée deux fois (VI a 35,45), en termes iden-
tiques, avec le sacrifice des deux autres bœufs. Elle revient
une quatrième fois, mais adressée à une autre divinité, et
avec quelques modifications imposées par la nature de la cé-
rémonie, yib 25. Nous joindrons immédiatement les variantes
de ces quatre morceaux.
1. « Esc ecfatu' pater.. . » (Eonius, éd. Vahlen^ p. 10). € Hic occasu' datust :
at Oratitts inclutu' saltu.... » {Ib. p. 27.)
2. Voy. les autres passages relatifs à celte coutume chez Brisson, De formulU
(éd. 1583), p. 40. Les seuls dieux à qui ron sacrifiât le visage découvert étaient
l'Hercule de l'ara mostma, Saturne et Honor.
3. Voy. Bréal, dans la Mivùta di fiMogia, 1874.
TABLE \ a 3. — TABLE VI a 22. 69
(VI a 22) Teio (tio^ Hom) subocau suboco (23) Dei Grabovi^
ocriper [ocrqper) FisiUy totaper Ijovina[Jovina)jerer norrmeper^
erwr nomneper.
TeiOy partout ailleurs écrit tio ou tiorriy ne doit cependant
pas être pris pour une leçon fautive. C'est, au contraire, la
vraie forme de l'accusatif de la seconde personne, et il est le
pendant exact de mems^ qui est resté en latin sous la forme
meus et miitô*. On a en osque un accusatif siom. Ces adjectifs
sont dérivés à l'aide du suffixe io d'un thème me-, ie-, se- que
nous retrouvons entre autres dans le génitif grec e(M-to, le datif
dorien Te-tv, le génitif éolien IfAt-ôev, f<-Ofv'. Les adjectifs pos-
sessifs latins tuus et stms sont d'une autre formation que
meus •. — C'est probablement i ces thèmes me, te, se qu'il
faut rapporter les différents cas des pronoms personnels,
comme mihi (pour m^heî)^ mêy etc. — Teiom est à proprement
parler l'accusatif d*un ancien adjectif possessif, qui a pris la
place de l'accusatif du pronom personnel : un empiétement
dont on trouverait des exemples dans toutes les langues, no-
tamment en latin, où ego, nos sont censés avoir pour génitif
mei, nostri, nostrum*. C'est comme si en latin, au lieu de :
te invoco, on disait tuum invoco.
Subocau, Cette forme qui a été d'abord expliquée par Las-
sen, puis par Aufrecht, comme une première personne du
présent, est en réalité une première personne du par-
fait. Vu est le même que nous avons déjà rencontré,
comme caractéristique du prétérit, dans sesustj courtust^ iust^
procanu/renty andersesust^ et que nous rencontrerons encore
dans peperscusty facwrenty benvrentj habus^ portuèt^ benusOj
covoriuso et plusieurs autres. Il reste ici distinct de l'a de la
première conjugaison, tandis que dans vesticos (VI b 25) pour
vesticaus{t) les deux voyelles se sont fondues, et que dans
portust Va a été retranché (à moins qu'il n'y ait eu change-
ment de conjugaison). Cet u est la contraction d'une syllabe
ve ou vi. Nous avons montré ailleurs qu'il est resté en italien
et en espagnol des traces de ce genre de formation à la troi-
sième personne du parfait cantd « il chanta » (pour cantau)^
1. Sur mt'ttjr, voy. Schuchardt, Dos Vulgdrlatein, l, 438.
2. Ahrens, De dtal. Mol. p. 12). De dial. dor. p. 252.
3. On verra que l'ombrien a également des adjectifs possessifs de cette forma-
tion^ par exemple tuer, tover.
4. Voy. Bréal, Introduction au t. III de la Grammaire de Bopp, p. XXXVI.
70 TABLE 1 a 3. — TABLE VI a 22.
ainsi qu'en calabrais où Ton a les prétérits amau, passau^. Le
latin nous offre sur deux inscriptions les parfaits EXPEN-
SAVT (C. I. N. 2800) et PEDICAVD (C. I. L. IV. 2048), aux-
quels il faut joindre trivmphaut (Fast. Min. XVI) '. On trouve
huit fois sur nos tables la variante SVBOCAVV, qu'il faut
lire subocauv^ où le v subsiste après Vu qu'il a développé de-
vant lui. Cf. AVVEI (VI a 3) pour AVEI, SALVVOM (VI a 41)
pour SALVOM, SALVVA (VI a 42) pour SALVA, crnAvia pour
orwta, etc. On se fait, en général, une idée inexacte de la pro-
nonciation du V latin, quand on se le représente comme un v
français : il ressemblait bien plutôt au w anglais. Ainsi s'ex-
plique l'historiette rapportée par Cicéron [De Div. II, 40), de
ce marchand qui vendait des figues de Caunus, et dont le cri
Cauneas! fut interprété comme un mauvais présage pour
Crassus partant en expédition contre les Parthes (cave ne
eas!). Nous avons ici un exemple d'une voyelle finale absorbée
par le v précédent comme dans sabocau. Un autre exemple
est l'ombrien sopir (VI h 54) =x sve pir « si quis ».
Nous devons dire dès à présent que tous les parfaits de la
première conjugaison ne sont pas sur le modèle de subocau :
nous trouverons une autre formation au mot pihafei (VI a
29) . C'est même cette formation qui a probablement empêché
de reconnaître la véritable valeur grammaticale de subocau.
Mais il n'est pas plus extraordinaire de trouver en ombrien
une bifurcation pour le parfait qu'en grec une bifurcation
pour le futur : on sait que Xuaw, wpdtÇw doivent leur existence
au même auxiliaire que orsXû), fAo^oufAtti, quoique les deux
formes soient devenues si dissemblables qu'on en a fait un
futur premier et un futur second*. — Le sens de subocau est
a j'ai invoqué », de la préposition sub et du verbe vocare
dont le V s'est assimilé au b précédent. — Svboco est une pre-
mière personne du présent formée comme stiplo et aserio. Il
faut remarquer que le présent suboco n'est jamais employé
seul, mais toujours & la suite du parfait subocau^ tandis que le
parfait subocau peut s'employer seul. Cela vient de ce qu'on
sous-entend le verbe, quand il doit s'entendre au présent et
rien qu'au présent: ainsi Ton trouve (1. 25) : tio esu buepei^
acrei pihaclu « te hoc bove ambarvali piaculo [invoco] ». Et
1. Mémoira de la Société de linguistique, U U. P. 287,
2. D'autres exemples chez Schuchardt, II, p. 399.
3. Schleicher, Compendium, % 298.
TABLE I a 3. — TABLE VI a 23. 71
ailleurs (II a 25) : tiu puni tiu vinu teitu « te lacté, te
vino [invoco] dicito ». Au contraire, à la fin des différentes
sections de la prière, on a.: tio subocau « te invocavi ».
Dei Grabom ne sont pas des vocatifs, mais des accusatifs
construits en apposition avec teio. Cela ressort de la place
qu'ils occupent, ainsi que de la comparaison avec VI b 26,
27, où Ton a : tiom subocau suboco Tefro Jovi. La forme com-
plète serait Deiom Graboviom : Vo a été absorbé par Vi précé-
dent, comme cela est arrivé en latin dans alis, alid (pour
alius, aliud), et le m n'a pas été marqué. Deiom correspond
à un latin Dîum. — Ocriper Fisiu, Nous trouvons ici le nom
de la colline : elle est appelée ocris Fisms d'après le dieu au-
quel elle était consacrée. Le nom complet de cette divinité se
trouve I a 15 et VI 6 3 : Fise Saçi, Fiso Scméie. Il y a égale-
ment un dieu Fisovivs Sanciiis. Il est naturel de penser au
Dius Fidius des Romains, qui portait aussi le nom deSancus :
Quarebam nonas Sanco, Fidione referrem,
An tibi, Semo, pater; cum mihi Sancus ait :
Cuicumque ex illis dederis, ego munus habebo.
Nomina trina fero : sic voluere Cures *.
Toutefois l'ombrien Fisus (écrit aussi une fois FissiUy VI a
43) suppose en latin, non pas un mot Fidivs^^ mais Fissits: on
peut comparer le parfait confissus Bwm^ qu'on écrit confisus^
comme divisusy lœsus. Le temple de ce dieu Fisus se trouvait
probablement sur la colline, et si l'on songe à la place im*
portante qui est donnée à Vocris Fisivs dans toute cette prière,
on doit penser que là étaient gardés les sacra d'Iguvium,
comme ceux de Rome au mont Palatin.
Erer nomneper^ era/r nomneper. — Nom/ne est un ablatif
équivalant au latin nomine , avec syncope de la seconde syl-
labe comme en latin vulgaire. — Cet ablatif est régi par la
postposition per, écrite quelquefois pe , qui correspond pour
le sens, et peut-être aussi pour la forme, au latin pro.
On comprend que placée comme enclitique à la fin d'un mot,
pro ait pu perdre son o final et insérer un e de liaison : je
rappelle ce qui s'est passé en latin pour sam. Cependant il
1. Ovide, FasUiy VI, 213.
2. Bagge (ZK, vm, 37) suppose que Fisus peut ôtre pour Fidiuiy comme on
a eh sabin CI<iu«im c= Claudius, et en latin rota = ^o$<a. Mais les mots f a me»
dias, Atiiediate, Atiiediur {AHerHwr)^ Hud le (17off«} montrent qu'un
ancien dto devient d i o (ombrien nouveau rsio).
72 TABLE I a 3. — TABLE VI a 23.
se pourrait aussi que ce fût Tune des diverses prépositions
qui ont fait per en latin. Il faut distinguer cette enclitique per
d'une préposition pert que nous rencontrerons II a 35, 36. —
Erer erar, sont les génitifs masculin et féminin d'un thème
pronominal ero, qu'il ne faut pas confondre avec le thème i,
ni avec le thème eso. Nous rencontrerons du même pronom
Tablatif eru (masc), era (fém.), le génitif pluriel eromy
l'ablatif pluriel erer, mr, irer. C'est un pronom démonstra-
tif, dont la forme primitive a du être eiVo, eisOy et qui corres-
pond au sanscrit esha^ ainsi qu'à la première partie du latia
is-te. Ce pronom parait avoir autrefois existé en latin, quoique
dans une déclinaison différente. Feslus (p. 162, 386) : nec
erim nec eum. C'est ce pronom eiso qui est devenu eizc en
osque. — Erer se rapporte à ocrer sous-entendu, erar à fo-
Ir'** sous-entendu. Le sens est donc : « pro ejus (collis) no-
mine, pro ejus (civitatis) nomine. » Mais quelle valeur exacte
devons-nous attacher à nomne? Est-ce pour le nom de la col-
line et de la cité qu'on invoque le Dieu ? Il est très-possible
que cette formule, qui revient toujours dans les mêmes termes,
ne présentât plus d'autre sens aux prêtres iguviens, au mo-
ment où ils l'inscrivaient sur leurs Tables : mais elle en avait
un autre dans un temps plus reculé. Sous le mot nomen se
cachent en réalité deux termes différents : celui de « nom »
et celui de « descendance ; » l'un se rapporte à la racine gnâ
« connaître », l'autre à la racine gan « mettre au monde* ».
C'est ainsi qu'en latin on n'a jamais cessé de dire dans le style
soutenu nomen romcmum pour « populus românus. » Illustres
animas nostrumque in nomen ituras, dit Virgile (VI, 758) fai-
sant allusion aux héros qui forment la race d'Énée. Ovide, en
parlant de la louve qui nourrit Romulus et Rémus, l'appelle
romani nominis allrix. Tite-Live (XXXI, 44), dans une for-
mule d'exécration : sacerdotes publicos detestari atque
exsecrari Philippum, libères ejus regnumque, terrestres nava-
lesque copias, Hacedonum genus omne, nomenque. De même
Velleius Paterculus : Jupiter Capitoline, et auctor et stator
1. On sait que les deux racines sont primitivement parentes (cf. man et mna).
Elles ne se sont jamais entièrement détachées Tune de Tautre : ainsi le grec yvi^-
G\oç, le sanscrit gnàti, quoique appartenant par la forme à la racine gnd, doivent
pour le sens être rapportés à gan. Comparez encore en latin gruitus, gnarut.
— Le sanscrit nJm:in présente également les deux significations « nom > et « race ».
Voy. le Dictionnaire de Pétersbourg et la note de M. James Darmesteter, dans
les Mémoires de la Société de Linguistique, tome H.
TABLE I a 3. — TABLE VI a 23. 73
romani nominis. En tous ces passages, les écrivains^ gui-
dés par l'usage, emploient nomen dans la signification de
a race » , quoiqu'eux - mêmes le prissent sans doute pour
le mot « nom ». On peut rapprocher encore les formules con-
sacrées in nomen acciscere, assumere, où les deux idées se
confondent. Ce n'est donc pas tant une preuve du formalisme
italiote qu'il faut chercher dans cette expression, comme le dit
Otfried Mùller *, qu'un exemple de la fidélité avec laquelle cer-
tains mots, sortis de la langue courante, se conservent en des
locutions toutes faites.
TRADUCTION.
(VI a 22) Te invocavi invoco (23) Dium Grabovium pro colle
Fisio, pro ci vitale Iguvina, pro ejus [collis] nomine, pro ejus
[civitatis] nomine.
(VI a 23) Fos sei^ pac&r sei ocre Fisd^ (24) tote Ijovine^ erer
nomne^ erar nomne, — Les variantes sir (VI b 8) et si (VI b 26)
permettent de reconnaître un subjonctif seir équivalant au
latin sis. Cette traduction donnée par Lassen est confirmée
par la formule : futu fos pacer (VI a 33), où au lieu du sub-
jonctif sir on a l'impératif du verbe fu. Il semble que l'impé-
ratif estu = latin esto ne soit pas usité. — Dans fos et pacer
nous devons chercher les attributs de la phrase, et comme on
s'adresse à un seul dieu , ils sont au nominatif singulier. La
variante fons (VI b 8, 26) fait mieux comprendre la structure
de ce mot, sans pourtant l'éclairer complètement. La pre-
mière idée est de reconnaître le latin favens : mais il y a 4
cela une difficulté. La même formule revient VI 6 61, où au
lieu de s'adresser à une divinité, on en invoque trois; le texte
dit alors : fuiuio foner pacrer. Un participe singulier favens
devait faire attendre un pluriel fonder^ car le groupe nt s'af-
faiblit ordinairement en nd : supposer que nt soit allé jus-
qu'à nn^ c'est admettre un changement dont nous n'avons
pas d'autres exemples, et c'est, en outre, attribuer à l'om-
brien la confusion de nt avec nrf, car il réserve ordinaire-
ment pour ce dernier gi*oupe l'assimilation en nn. Cette dif-
ficulté a décidé Aufrecht à chercher dans fons un thème /bni-,
1. Die Birwker, l, p. 55, note. Cf. A. K., H, p. 138.
74 TABLE I a 3. — TABLE VI a 23.
se déclinant comme /unis, finiz en latin, et ayant perdu Vi
flnal du thème en gardant le s du nominatif (cf. ves(is, pi/ios
pour 'oe^iituè^ piatvs). Mais tout en admettant un thème /bni-,
on peut regarder le mot comme un congénère du latin favere^ :
foni est pour faun% et il présente le môme suffixe ni que nous
avons en latin dans lenis^ segniSy reclinis. On obtient ainsi un
mot de môme famille que Faunus, le fils de Picus, dont le
nom signifiait « le favorable *. »
Pacer ayant pour nominatif pluriel pacrer (VI b 61), doit
être considéré comme une formation analogue à acer, celeber^
puter ; le nominatif singulier masculin et féminin aurait dû
être pacris : mais la syllabe is est tombée et un e euphonique
a été inséré devant le r *. Ce qui prouve que cette explication
est la vraie, et que le mot se prononçait pakr^ c'est que nous
ne trouvons jamais le c affaibli en ^, quoiqu'il soit suivi
d'un e. Ce mot est tiré de la môme racine qui se trouve en
latin dans pax : ce dernier mot signifie « protection », non
moins que « paix », ainsi qu'on peut le voir par des locutions
comme pace tua^ et par des passages analogues à celui-ci :
Nunc nos, tanquam jam nihil pace deorum opus sit, omnes
cœrimonias polluimus (Tite-Live, VI, 41). Ce sens ne doit pas
surprendre, si l'on songe que le verbe pangere s'employait
pour toute sorte d'accords ou de traités, et que pax pouvait
signifier « autorité, permission », aussi bien que « paix. »
On peut encore rapprocher cette formule citée par Aulu-Gelle
(XIII. 22) : Nerio Martis, te obsecro pacem dare uti liceat...
Les quatre autres membres de phrase, ocre Fisdj tôle
Ijovine^ erer nomne^ evar nomnCj sont des compléments indi-
rects régis au datif par fons et pacer : l'orthographe ei dans
Fisei (on trouve ailleurs Fisie) nous représente un i long, le-
quel vient de la fusion des deux voyelles ; c'est ainsi qu'on
a Grabovei à côté de Grabovie.
1. Bugge, ZK', III, 41. Autrement A. K., Die umbr. 9prd, I, p. 62.
2. Joignez-y Faustulus et peut-être Fdtua, la sœur de Faunus.
3. En latin classique^ acer fait au féminin acrù : mais le latin archaïque em-
ploie acefy aîacer, volucer au féminin comme au masculin. Il en est de môme
pour l'ombrien pacer, comme on le voit par VII a 13.
4. La même locution existe en ombrien, où l'on trouve pacer pose tua, pacrer
pose vestra (VI h 61. VII a 49).
TABLE I a 3: — TABLE VI a 24. 75
TRADUCTION.
{VI a 23) Faustus sis, volens sis colli Fisio, (24) civitali
Iguvinœ, ejus (collis) nomini, ejus (civitatis) nomini.
(VI a 24) Arsie^ tio subocaUySuboco^Dei Grabove.Arsierfritey
tio subocaUj (25) Buboco^ Dei Grabove.
Si nous n'avions que ce seul passage, la traduction « adsis »
proposée par Lassen pour arsie^ arsier^ aurait probablement
recueilli et gardé tous les suffrages. Mais ce qui fait déjà
pressentir qu'on ne saurait traduire ainsi, c'est d'abord le pas-
sage suivant :
VI b 15. Fisovie Sanèie^ iiom subocau; Fisovie frite^^ tiom
subocau.
La symétrie de ces textes fait supposer que arsie est un
vocatif comme Fisovie Sanéie^ et arsier un génitif comme Fi-
8ovie(r). Mais ce qui achève la démonstration, c'est le passage
quatre fois répété (VII a 20, 23, 33, 36) : Presiota éerfia... tiom
subocau; prestota/r éerfiar... frite, tiom subocau. Il est clair que
le rapport entre arsie et arsier est le même que celui qui
existe entre prestota éerfia et prestotar éerfiar : or, on ne peut
méconnaître dans ces mots un nom féminin de divinité placé
la première fois au vocatif, la seconde fois au génitif. Arsie et
arsier sont donc le vocatif et le génitif d'un thème arsio. — Il
est plus difficile de dire quel est le sens de ce mot. On n'y doit
point voir un nom propre, car le môme terme est employé
avec d'autres dieux (VI b 8, 27) : c'est plutôt une épilhète dé-
signant quelque attribut de la divinité. Je serais tenté d'y
voir un mot de môme famille que le datif pluriel arsir (VI a
6, 7) qui, comme nous l'avons vu , parait renfermer l'idée de
rite ou de prière. Arsivs, formé avec le môme suffixe que
*Yioç en grec, eximivs en latin, signifierait « adorande, vene-
rande ».
Frite^ d'après ce qu'on vient de voir, ^st nécessairement le
mot ^qui gouverne le génitif arsier. Lassen propose le latin
riiCy sans pouvoir expliquer le f initial. Kirchhoff pense à la
racine sanscrite prî « réjouir », qui a donné en sanscrit et en
zend plusieurs termes signifiant « prière » ou « rituel » : mais
1. Le texte a par erreur erite.
76 TABLE 1 a 3. — TABLE VI a 25.
un p suivi d'un r reste p en ombrien, comme on le voit par
des mots tels que pro, pre^ pretra, preve. Je rappellerai
que les verbes qui signifient « se servir » donnent facilement
naissance à des substantifs signifiant « usage » : le mot latin
U6US en est une preuve. Peut-être fructus^ ou plutôt la forme
faible fruituSj a-t-elle pris un sens analogue en ombrien : la
même racine, comme l'on sait, a donné l'allemand brauch
<K usage ». A cause de la désinence ablative e il faudrait sans
doute supposer un mot de la troisième déclinaison, /Vut^is (par
contraction frîtis) * .
Le sens de ce passage est donc qu'on invoque le dieu selon
le rite voulu. Cette préoccupation se retrouve en d'autres
endroits : persei mers est «c uti lex est ». Il ne suffit pas que le
dieu soit invoqué : il faut qu'il le soit d'après les formules
prescrites. La même idée est fréquente chez les Romains :
more institutoque. Plante (Pœn. V. 1. 17) : Deos Deasque ve-
neror, ut quod de mea re hue veni, rite venerim. Virgile
Mn. YII, 5 : At plus exsequiis ^neas rite solutis.... Ib. YII, 93.
Gentum lanigeras mactabat ritebidentes....
TRADUCTION.
(VIa24) Venerande {?),te invocavi invoco Dium Grabovium;
venerandi (?) more, te invocavi (25) invoco Dium Grabovium.
(VI a 25) Di Graboviey tio esu bue peracrei pihaclu ocreper
FisiUj totaper Jjovina^ irer nomneper^ (26) erar nomneper.
L'absence du verbe (suboco) s'explique par cette circon-
stance que jamais sur les Tables Eugubines on n'exprime
l'idée «j'invoque » quand elle doit être entendue au présent,
et rien qu'au présent. On peut rapprocher les formules latines
comme : « Mars pater, quod tibi illoce porco neque satisfac-
tum est, te hoce porco piaculo. (Caton, p. 141)... Mars pater,
si quid tibi in illisce suovitaurilibus lactentibus neque sa-
tisfactum est, te hisce suovitaurilibus piaculo. » (Ib.) La
construction est exactement la même ici. Esu bue est le com-
plément indirect régi par suboco sous-entendu. Peracrei pi-
haclu forme apposition avec ce régime.
Esu est l'ablatif d'un pronom démonstratif que nous avons
1. On trouvera plus loin frif (pour frujifj t= latin fmgei.
TABLE I a 3. — TABLE VI a 26. 77
déjà plusieurs fois rencontré. — Dans bue nous reconnaissons
l'ablatif latin bove^ avec contraction de ou en u. — Peracrei
paraît être l'ablatif d'un adjectif peragris ayant le sens du
latin oc arvalis » ou « ambarvalis ». Le c vient sans doute
de ce que la table en écriture étrusque, sur laquelle VI et
YII ont été copiées, avait un k. Mais nous ignorons le motif
pour lequel, en ce mot, qui n'est pas employé moins de treize
fois par les tables* VI et VII, le c est toujours conservé. On
doit s'en étonner d'autant plus que sur V 6 le mot ager est
deux fois écrit avec un g. Cependant le fait n'est pas sans
exemple : ainsi l'on a deux fois ancto (VI a 16, 18) à côté de
l'orthographe plus usitée angla. En latin également le C s'est
longtemps maintenu dans des mots qui étymologiquement
devraient avoir la gutturale douce : ainsi l'on a toujours écrit
C et Cn pour Gaitis et Gneus et l'on trouve sur des inscrip-
tions postérieures à l'invention du 6 l'orthographe sincula^
necotiay coiiLciy cnata^ denecavit^ lece^ acna^ acer^, — Les au-
tres mots de la phrase sont connus : remarquons seulement
l'orthographe irer au lieu de er&r employé partout ailleurs.
Cette incertitude de l'orthographe prouve que la première
syllabe était primitivement ei et elle montre en même temps
que Vd de la syllabe finale a favorisé le son i dans la pre-
mière.
TRADUCTION.
(VI a 25) Die Grabovie, te hoc bove, ambarvali piaculo, pro
colle Fisio, pro civitate Iguvina, pro ejus (coUis) nomine, (26)
pro ejus (civitatis) nomine.
(VI a 26) Dd Grabovie^ orer ose, Persei ocre Fisie pir orto
estj U)temeJjovine arsmor dersecor (27) subatorsent^ pusei neip
heritu. — Nous entrons dans un passage fort difBcile sur le-
quel on ne pourra guère présenter que des conjectures aussi
longtemps que le sens de orio et celui de subator n'auront
pas été établis. Une désinence grammaticale qui a donné lieu
à une grande controverse se trouve dans ce même endroit. Il
est d'autant plus important de recueillir toutes les variantes.
Le même passage se présente encore trois fois :
VI a 36. Die Grabovie^ orer ose. Persei ocre Fisie pir orto est,
tote J ovine arsmor dersecor svbator sentj pusei neip hereitu.
1. Corssen, Àuuprache*, l, 8.
78 TABLE I tt 3. — TABLE VI a 26.
VI a 46. Di Grabtyoie^ orer ose. Pvrse ocr&m Fisiem pir ortom
est y totems Jovinem arsmor dersecor subator sent^ pusi neip
heritu.
VI b 29. Tefre Jovie^ orer ose. Perse ocre Fisie pir orto est,
tote Jjovine arsmor dersecor subator sent^ pusi neip heritu*
Kirchhoff (11^ p. 144) se contente d'un certain nombre d'in-
dications sur la syntaxe de la phrase. Ebel (ZK. VII, 268) a
présenté une traduction peu convaincante. Nous ne serons
sans doute pas plus heureux. Essayons cependant de nous
rendre compte du mouvement général de la pensée. Une pre-
mière question est de savoir si orer ose doit être construit
avec le reste, ou si ces deux mots forment une proposition
indépendante. Nous adoptons la seconde hypothèse : voici
pourquoi. Une phrase dont le cadre est pareil se trouve II a
3 : ... esu naratu. Pede karne speturie Atijedie avie-
kate aiu urtu fefure fétu, puze neip eretu. Quoique le
sens soit incertain, on voit sans peine que les trois derniers
mots reproduisent le pusei neip heritu de notre phrase, et que
le pede du commencement est notre persei. Cette comparaison
doit donc nous porter à regarder orer ose comme étrangers à
la période régie par persei. Mais alors on ne voit pas quel sera
le verbe de cette courte proposition. Je crois que c'est une
phrase comme : macte virtute, macte ingenio, macte bonis !
L'équivalent ombrien de nuicte me paraît être ose, dans le-
quel je reconnais un participe latin archaïque auxus (cf. auxi-
lium) au vocatif. On trouvera plus loin le verbe à l'impératif
osatu (VI b 24, 37) qui correspond, selon moi, à un iBréquen-
tatif de augere. Quant à orery j'en fais l'ablatif du thème dé-
monstratif oro- qui se trouve deux fois sur les vieilles Tables
sous la forme uru (I b 18) et ura (V a 5), et qui a donné sur
les Tables nouvelles l'adverbe v/ru (VI b 55). On se souvient
que c'est le même thème que nous avons reconnu dans la
conjonction sur-^ront^. Le sens de la phrase sera donc:
« his [donis] macte! » Servius (Mn. IX, 641) rapporte, d'après
les livres pontificaux, la formule : macte hoc vino inferio
este. Des phrases comme : macte hac dape poUucenda este,
macte hoc porco esto, avaient leur place dans tous les sacri-
fices. Souvent le verbe est sous-entendu, comme il l'est chez
Virgile.
La phrase qui suit se compose de deux propositions corn-
1. Voy. p. 60.
TABLE I a 3. — TABLB VI a 26. 79
mençant Tune par perseî et l'autre parpusei. C'est la seconde
qui est la principale, ayant son verbe [heritu) à Timpéralif.
Ce verbe est accompagné d'une négation (neijp). Nous avons
déjà dit que pusei paraît avoir les différents sens du latin ut
ou tUi : il se construit ici avec l'impératif, ce qui n'est pas
plus surprenant que de voir en latin la conjonction ne con-
struite tantôt avec l'impératif et tantôt avec le subjonctif.
Quant à heritu^ c'est l'impératif d'un verbe signifiant « vou-
loir », sur lequel nous aurons occasion de revenir à propos
de différentes formations qui en dérivent. Le sens de cette
proposition serait donc : uti ne velis. L'invocation de l'augure
dans Tite-Live (I, 18) nous présente également un second
membre de phrase commençant par uti : Jupiter pater, si est
fas hune Numam Pompilium, cujus ego caput teneo, regem
Romœ esse, uti tu signa nobis certa acclarassis.
La première particule, perseiy s'est déjà présentée à nous
(YI a 5) avec le sens de « postquam » ; nous avons vu qu'en
réalité ce mot n'est pas autre chose que le neutre pid suivi de
l'enclilique ei. De même qu'en allemand la conjonction wenn^
wann signifie tantôt « quand » et tantôt « si », de même persei
doit être pris cette fois comme une particule conditionnelle.
La signification générale de la phrase est donc que si tel et
tel fait se produit, le dieu est prié de ne pas le vouloir, c'est-
à-dire sans doute de le tenir pour non avenu. Si nous faisons
attention aux deux compléments ocré Fiste, toteme Ijovine^
dont nous discuterons plus loin la valeur grammaticale, mais
dont le sens n'est pas douteux, nous voyons qu'il s'agit de
deux faits dont l'un se produirait sur la colline Fisienne, l'autre
dans la cité Iguvienne : ce parallélisme, auquel nous sommes
déjà habitués, doit faire penser que les deux actions sont de
nature assez semblable, et que c'est à peu près la même sup-
position énoncée sous deux formes différentes. Pour nous ren-
seigner sur la nature de ces deux actions, nous ferons bien
de consulter encore la phrase suivante, qui commence égale-
ment par persei et qui a l'air de continuer le même ordre
d'idées. Or, il est question dans cette phrase de rites oubliés
ou violés pour lesquels on présente une expiation. Il est donc
possible que les mots qui suivent le premier persei renferment
également renonciation d'une faute qui aurait été commise
par ceux qui s'adressent en ce moment à la divinité. Ortom^
sur lequel nous n'avons d'ailleurs aucune explication à pro-
poser, est le mot qui nous paraît signifier : « violatum , fœ^
80 TABLE I a 3. — TABLE VI a 26.
datum. » Pir est le substantif neutre que nous avons déjà
rencontré dans le sens de « feu. » Je rappellerai à ce propos
V expression pir pur etom (VI a 20) « ignis purificatus », qui se
rapporte au même ensemble d'usages et de croyances-
Passant au second verbe qui est sent^ dans lequel, comme
le prouve clairement le est précédent, il faut voir l'équivalent
du latin sunty nous devons nous demander en quel rapport il
se trouve avec les trois nominatifs arsmor dersecor svbator.
Je proposerais de regarder svbator comme l'attribut : c'est
peut-être matériellement le latin subacti^ avec le sens de
« soustrait, omis » (cf. subtrahere). Arsmor^ on le verra*, paraît
être un synonyme de ritus. Quant à dersecor^ on y peut voir
soit un attribut coordonné avec svbator^ soit un substantif
associé à arsmor. Gomme nous ne connaissons pas la nature
du groupe rs, il serait téméraire de rien conjecturer sur l'ori-
gine du mot Le sens de la phrase, qui, nous le répétons, est
l'une des plus obscures de nos Tables, semble donc être que si
le feu a été souillé, si quelque omission dans les rites a été
commise, le dieu ne doit pas en tenir compte.
La phrase suivante continue la môme pensée. Hais avant
d'aller plus loin, il faut revenir sur quatre mots qui ont be-
soin d'une explication grammaticale. Ces quatre mots sont :
VI a 26, ocre Fisie totome Jj ovine*
VI a 36, ocre Fisie tote Jovine.
VI a 46, ocrem Fisiem toteme Jovinem.
VI h 29, ocre Fisie tote Jj ovine.
C'est ce passage qui , chez Lassen comme chez Aufrecht et
Kirchhoff, a servi de point de départ aux théories sur le
locatif ombrien. Lassen attribue à l'ombrien un locatif en me
[angiome « in angulum, » termnoms « ad terminum, » Acerso-
niams « ad Aquiloniam, » asam^ « ad aram, » destrams « ad
dextram, » toteme « in civitate ») qu'il rapproche du locatif
sanscrit en smm (asmin^ tasmin) qu'on rencontre seulement
dans cette langue avec les pronoms, mais qui en p&li et en
pr&crit s'est étendu aux adjectifs et aux substantifs. II rap-
pelle en outre certaines formes du gothique (datif thamm^) et
du lithuanien (borussien : tesmei) *. Dans l'ouvrage d'Aufrecht
et KirchhofF nous retrouvons la même théorie, mais beau-
1. Voy. VI a, 19 et 30. VI b, 56.
2. Beitràge »ur DevUung der Bug, Taf. p. 38.
TABLE I a 3. — TABLE VI a 26. 81
coup complétée et développée*. Le localif, chez eux, prend
place régulièrement dans les cadres de la déclinaison ; il a sa
désinence du singulier et du pluriel. Au singulier, la forme
la plus complète de ce cas serait mem. On trouve ce mem seu-
lement trois fois, qui en réalité se réduisent à deux, car le
mot ahtimem est écrit ainsi deux fois dans la même ligne.
L'autre exemple est Akeduniamem. 11 est bon de dire que
ces exemples sont empruntés à une seule et même table
(I b 12, 12, 14), qu'ils se trouvent à deux lignes de distance,
et que la table à laquelle ils appartiennent fait fréquemment
la confusion de m et de n. La désinence complète du locatif
pluriel serait fem. Mais on ne la trouve qu'une fois, toujours
sur la même table et au même endroit : c'est vapefem
(Ib 14). A côté de la désinence complète, qui est rarement
employée, se trouvent, selon les mêmes auteurs, des altéra-
tions plus ou moins grandes, dont quelques-unes se répètent
fréquemment. Pour commencer par la forme qui se rapproche
le plus de mem, nous avons men sur la Table III, dans esunu-
men, vukumen, arvamen, arven. D'autre part, on a me,
qui est la forme la plus ordinaire du cas en question. On a
aussi m, par exemple dans Acersoniem^ ocrem^ Fisiem^ sahor-
tam. Enfln le m lui-même peut tomber, de sorte que le locatif
devient semblable au thème : mais cela n'arrive qu'avec des
adjectifs accompagnant un substantif, lequel est revêtu d'une
terminaison plus complète : asame deveia^ angiome somoy
lodcome iuder, La désinence plurielle fem a également subi
des altérations. Les trois lettres qui composent la syllabe fem
sont successivement tombées, de sorte qu'on a des locatifs
pluriels en /e, comme avieklufe, verufe, ehetvafe, vapefe;
en /*, comme krematruf; ou sans flexion, comme aviehclu^
Treblano. Ce dernier cas se produit seulement avec des ad-
jectifs : vapefe aviehclu (VI a 10), verofe Treblano (VI 6 47).—
Telle serait la série des dégradations de cette désinence. Quant
à son origine, Aufrecht n'y voit pas le sanscrit smin^ mais
un congénère du sanscrit bhjami ou bhjâm^ dont le bhy se
changeant d'une part en m, d'autre part en /*, aurait donné
tout à la fois mem et /em^ Le besoin de distinction a réparti
ces deux variantes entre le singulier et le pluriel. Une autre
1. Les principaux passages sont I, p. 43, 92, 93, 95, 11], 120. II, 70, 146.
2. Sur le prétendu changement de f en m, voyez Bergaigne, dans les !/('-
moires de la Société de Linguistique ^ II, 213.
6
82 TABLE I a 3. — TABLE VI a 26.
nuance se laisse voir au singulier des noms de la première
déclinaison. Quand il y a mouvement, on a des formes comme
destrame, asame; quand il y a repos, Va final du thème est
affaibli en e : toteme, Acersoniem, tote *. — Pour être complet,
il faut encore mentionner une conjecture des mêmes au-
teurs*, selon laquelle Tombrien aurait gardé quelques ves-
tiges du locatif pluriel sanscrit en su (grec ai, lith. sa ou se) :
c'est fesnere, funtlere fondlire dans lesquels s s'est
changé en r.
Le premier qui ait protesté contre cette théorie est Knôtel,
dans le Journal d'archéologie de Bergk*. Avec une vivacité
qui n'était pas de mise dans un pareil sujet, il montra que
les prétendus locatifs pouvaient s'expliquer par la postposi-
tion du mot' en (latin in). Mais il eut le tort d'ajouter à sa ré-
futation beaucoup de vues plus que hasardées sur l'origine
des flexions et des erreurs de détail. Néanmoins les vues de
Knôtel, mêlées de réflexions justes sur le rôle des post-
positions, auraient mérité plus de considération qu'elles ne
paraissent en avoir rencontré. — Dans la seconde édition de
sa Grammaire comparée (§ 200), Bopp s'occupe de ces loca-
tifs. Si les Ombriens, dit-il, font une distinction entre totame
« in urbem » et toteme « in urbe », la voyelle qui est la cause
de cette diflérence doit être une désinence : tote est donc un
locatif ou un datif et totam un accusatif. L'un et l'autre sont
suivis d'une syllabe memy men ou me, devant laquelle on
supprime ou l'on néglige d'écrire le m de Taccusatif. Quant à
l'origine de cette postposition mem, men ou me, Bopp ne
s'explique pas. La même postposition, continue-t-il, se trouve
peut-être aussi au pluriel, car on peut expliquer f-em [vape-
fem) comme étant une transposition pour f-me (vapef-me).
On aurait alors l'accusatif pluriel suivi de la syllabe me, —
Au même moment, Ebel, dans le Journal de Kuhn*, élevait
des réclamations pareilles à celle de Knôtel. Il faisait valoir
les raisons qui doivent nous porter à reconnaître dans an-
giome, asame, vapefe des accusatifs suivis de la postposition
1. I, 112. Dans une note du second volume (p. 148), les auteurs déclarent
qu'ils reviennent à la théorie de Lassen : mais nous avons conservé leur pre-
mière explication, parce qu'elle a passé dans d'autres ouvrages, tandis que la
note est généralement restée inaperçue.
2. Op. cit. 1, 114. II, 278.
3. 1852. N«« 15, 16, 17.
4. ÏV, 198.
TABLE I a 3. — TABLE VI a 26. 83
en. Mais il admet, à côté de ces formes, un véritable locatif
ombrien, dont toleme lui fournit le type pour le singulier, et
fondlire pour le pluriel. — La question a fait un pas impor-
tant grâce à une observation de M. Savelsberg^ Il a mis hors
de doute la présence de la postposition en, en la montrant
deux fois employée d'une façon indépendante, en des passages
qui jusqu'alors avaient été regardés comme fautifs*. Mais il
admet un locatif ombrien dont manuve, destre, onse seraient
des exemples. Il explique la forme toteme comme étant pour
tote-eme, c'est-à-dire un locatif combiné avec la préposition
hfi qui aurait gardé sa voyelle finale et changé son n en m. —
Tout récemment M. Louis Havet, dans une communication
faite à la Société de Linguistique de Paris, proposait de re-
connaître dans tot&tn^ ocrem, des locatifs formés comme le
sanscrit çivâjâm^ dhênvâm^ gatjâ/m (des thèmes çiva, dliênu^
gati). A Tappui de cette explication il cite Tosque fiisnim
« dans le temple » (d'un thème fiisna).
Le locatif en m oppose, comme on voit, une résistance te-
nace à ceux qui en veulent débarrasser la langue ombrienne :
délogé d'une position, on le retrouve dans une autre. C'est le
passage VI a 26, rapproché de VI a 46, qui a enrichi la gram-
maire de cette forme, car partout ailleurs on a ocre Fisie, ioie
Jovine^ dans lesquels personne n'aurait jamais songé à voir
autre chose que des datifs. Il y a bien encore Acersoniem (VII
a 52) = Akedunie {\h 43) : mais comme le changement
d'un n final en m est attesté par des exemples incontestables,
puisqu'on a deux fois numem au lieu de numen « nom »
(16 17, 17), nous n'hésitons pas à expliquer ces formes comme
étant des datifs combinés avec la postposition en [Acersonie
+ en.) Je ne dis rien du prétendu locatif osque fiisnim^ tiré
d'une inscription très-peu claire, et qui a plutôt besoin de
s'appuyer sur les formes ombriennes qu'il ne leur prête appui.
Si l'on fait abstraction des deux passages qui nous occupent,
tout ce qui a été cité comme locatif s'explique d'une autre
manière : anglomcy asame sont des accusatifs suivis de e[n) ;
verofe est un accusatif pluriel suivi de e[n] ; Fondlire^ Feenere
sont des datifs (et non, comme on l'a dit, des ablatifs) suivis
de e(n); arven est un datif singulier arve suivi de en. On
1. ZK, XXI, 100 et 110.
2. Rupinie e (I & 27), tafle e (II h 12). Il y faut joindre testre e uzo
(H 5 27, 28).
8^ TABLE I a 3. — TABLE VI a 26.
comprend qu'il y ait des formes différentes pour le mouve-
ment et pour le repos, puisque tantôt en est précédé de l'ac-
cusatif et tantôt du datif. On comprend aussi que dans les
locutions comme verofe Treblano le premier mot seul ait e(n) :
la locution « ad portas Trebulanas », où la préposition est
construite avec le nom, présente au fond les mêmes élé-
ments.
Pour en venir aux mots en question, je ferai d'abord re-
marquer combien il est invraisemblable que, dans des for-
mules toutes faites et se représentant toujours dans les
mômes termes, la langue ait eu recours à des cas différents.
C'est cependant ce qu'on serait obligé d'admettre pour toteme
et tôle. D'un autre côté, il est très-peu probable en soi que la
langue ombrienne ait conservé, comme le pense M. Havet,
une forme de locatif qu'on ne trouve ni en latin, ni en grec.
On pourrait croire à la rigueur que d'anciens locatifs se soient
maintenus à l'état pétrifié, c'est-à-dire comme adverbes : c'est
ainsi qu'on a en latin les adverbes illim, istim^ olim^ exim^
utrimque qui sont restés jusqu'à présent des problèmes éty-
mologiques, mais qui, en supposant que ce soient d'anciens
cas, ne sont plus sentis comme tels. Mais il en est autrement
ici, car si l'on voit dans totem le pendant du sanscrit çivâjâm^
il faut admettre que ce locatif faisait partie de la déclinaison
régulière, puisqu'il est suivi de la préposition e(n). Je ne crois
pas davantage qu'on puisse y voir avec M. Lassen la dési-
nence locative sanscrite en asmin; la véritable place de cette
désinence serait la déclinaison pronominale : or, nous n'en
trouvons pas trace dans les pronoms ombriens, qui auraient
pourtant plus d'une fois eu l'occasion de l'employer. Enfin
la forme manuve expliquée par Savelsbcrg comme un locatif
n'offre aucune difficulté, du 'moment qu'on explique manu
comme un datif (et non comme un ablatif qui serait mani).
Je crois que les deux passages VI a 26 et VI a 46 sont cor-
rompus et qu'on peut entrevoir la cause (\e la corruption.
Les langues qui se servent de postpositions sont exposées
à s'y habituer de telle sorte qu'elles- les prennent pour des
cas; c'est ainsi que le prâcrit, s'emparant du suffixe adver-
bial taSj en a fait une désinence, et termine à l'ablatif tous
ses substantifs en do*. C'est ainsi qu'en grec, où 8e se joint
volontiers à des accusatifs pour marquer la direction vers un
1 . Lassen, Institutiones linguœ prdcriiicœ, p. 302.
TABLE I a 3. — TABLE VI a 27. 85
endroit, on trouve des locutions comme ivSt ooaovSe. Cette er-
reur doit surtout être fréquente dans la bouche des hommes
illettrés. Nos tables en présentent un autre exemple : vape-
fem avieklufe (I b 14). C'est ce défaut qui a probablement
amené du désordre dans le modèle que le graveur avait sous
les yeux, et qui lui a fait écrire toteme au lieu de tote ou de
totem, Fisiem au lieu de Fisie. Je crois que la véritable leçon
est : ocre(in) Fisie, totem Jiovine. Dans ocrem (pour ocren) je
reconnais le datif ocre suivi de em (pour en) ; Fisie est le datif
qui se rapporte à ocre. De môme totem est pour tote -{-en et
Jiovine est le datif qui se rapporte à tote.
TRADUCTION.
(VI a 26) Die Grabovie, his macte. Si in colle Fisio ignis
temeratus (?) est, in civitate Iguvina ritus — i (27) om^si (?)
sunt, ut ne velis.
(VI a 27) Dei Grabovie, persei [persi, perse) tuer (tover) per-
scler (pescler) vaseto [vasetom, vasetom) est, pesetom est, peretom
est, (28) froselom e9t, daetom est, tuer [touer) perscler [pescler)
virseto avirseto vas est, Di Grabovie, persei [persi, pirsi^ perse)
mersei [mersi, mers est), esu bue, (29) peracrei [peracri) pihaclu,
pihafei [pihafi).
Tandis que Kirchhoff arrête la phrase après vas est, nous
croyons qu'il la faut continuer jusqu'à pihafei. Elle se com-
pose d'une proposition principale : est(, btie, peracrei pihaclu,
pihafi a hoc bove, ambarvali piaculo, piavi, » et de deux pro-
positions conditionnelles commençant Tune et l'autre par
persei. Je dirai d'abord un mot du parfait pihafi. C'est ce par-
fait qui, comme nous l'avons dit, a longtemps empêché de
reconnaître la valeur grammaticale de subocau. Cependant il
n'est pas plus extraordinaire de voir l'auxiliaire fu garder
son fen certaines formes, tandis qu'il l'a perdu en d'autres,
que de trouver en latin amabam, amabo à côté de ama[b)ui,
ou en grec Xudw, ©iXi^aco à côté de fA6v£((r)w. Le f s'est conservé
de même dans les futurs antérieurs amfibrefurent « ambi-
verint » et andersafust « circumdederit, » tandis qu'il s'est
perdu dans iust, andersesust. Ce qui paraît avoir décidé la con-
servation de f dans pihafi, c'est le désir d'éviter une forme
pihau, qui aurait eu trois voyelles de suite (le h, comme nous
86 TABLE I a 3. — TABLE VI a 28.
l'avons vu, étant un pur signe orthographique). Une fois le f
conservé, le parfait pihafuei ou pihafui est devenu régulière-
ment pihafei, pihafi, par la même contraction de uei en i [et]
que nous avons dans mani (ablatif de manus) et dans sim
(accusatif de sus « truie »).
Je viens à une série de mots dans lesquels il est facile de
reconnaître des participes passés. Vaéetom * a été justement
expliqué par Bugge (ZK. VI, 160) comme équivalant au latin
vacatum. Le môme (ib.) a reconnu dans peéetom^ le latin pec-
catum : le redoublement du c dans le mot latin n'a probable-
ment pas de valeur étymologique ■. Frosetom a été identifié
par Ebel (ZK. VI, 418) avec fraudatum : cette supposition
approche beaucoup de la vérité. Mais il serait étonnant qu'en
regard d'un ancien frodetom on n'eût pas une seule fois la
forme qu'on aurait attendue, frorsetom''. Aussi préférons-nous
supposer un fréquentatif fraussare, frausare tiré du participe
frausus. Plante, Asin. II, 2, 20. Metuo, in commune, ne quam
fraudem frausus sit. Liv. XXIII, 14. Qui capitalem fraudem
frausi. Peretom pourrait être le verbe ire avec le même préfixe
per que nous avons en latin dans perjurus etperdere : le mot
peretom signifierait donc « transgressé, violé. » Enfin daetom
a été récemment expliqué par Bugge (Z&. XXII, 464) par le
même participe etom et par le préfixe da (pour dad) = latin de.
En osque on a le préfixe rfadans dadikatted « dedicavit. »
La préposition dat se trouve quatre fois sur la table de Ban-
tia : dat senateis tanginud « de senatus sententia, » dat castrid
lùuf.,.y dàt eizaisc « de illis, » dat eizac egmad « de illa re. »
Une préposition de combinée avec ire pouvait aisément, comme
le remarque Bugge, donner un verbe signifiant « delinquere. »
Vient ensuite un membre de phrase toujours régi par
perseiy et dont le sujet est le substantif neutre vos. Ce sub-
stantif est de même famille que le participe vaéetom .-il si-
gnifie « vide, manque. » Le s final tient la place d'un x : en
effet, il faut, avec Ebel *, admettre un thème neutre en os
•
1. Le 8 se trouve Via 37. On a d'ailleurs vaçetum I & 8.
2. C'est ainsi qu'il faut lire au lieu de pesetom,
3. Corssen, ZR, XI, 333. Le redoublement est pareillement inorganique dans
aceipiter, sucetu, buccay muceus, ecce, vacca, suecerda, etc.
4. Bien que le r ait été pareillement omis dans Àcesoniame (VI h 52)= Ake-
duniamem^ atrepwaiu (VI, b 36) =atrepu4atu, on doit reconnattre que
cette omission est l'ezc^ptipp.
5. ZK. VII,2e7.
TABLE I o 3. — TABLE VI a 28. 87
(cf, gervas^ scelus\ vacosy dont le cos final s'est resserré en x,
comme pihatus en pihaz. — Virseto avirseto sont deux parti-
cipes neutres opposés entre eux comme 'snates asnates
(Il a 19), çihitir ançihitir {VI 6 62), hostatir anhostatir. Ainsi
que Ta très-bien vu Aufrecht, la syllabe an ou a ne peut être
que la particule privative, car une préposition comme iva ou
amb n'a pas un sens assez caractérisé pour justifier un
rapprochement évidemment fait à dessein : c'est la môme
particule privative que nous trouvons en osque dans an-
censto « non censitus, 3> am-prufid « improbe. » Ici encore
le vocalisme ombrien l'emporte sur celui de la langue latine,
qui a amalgamé sous la forme in beaucoup de syllabes diffé-
rentes d'origine et de sens. Vh^seto est le participe faible du
verbe viderey comme si le latin avait fait videtus ou vidîtus.
C'est le propre des patois de régulariser les formes archaïques
et de ramener, autant que faire se peut, à une conjugaison
uniforme les restes d'une plus ancienne flexion. Le sens de la
phrase est donc : « si.... visum invisum vitium est. » Aufrecht
rappelle la formule analogue chez Caton (R. R. 141) : « Uti lu
morbos visos invisosque.... prohibessis, defendas, averrun-
cesque. »
Il reste à examiner tuer persclevj deux fois employé. Remar-
quons d'abord la variante intéressante louer, qui montre que
le latin tuus est une contraction pour touiis. On en peut rap-
procher les formes latines soueiSy souom, souo *. — Tuerperscler
est un complément circonstanciel signifiant « in tuo sacrificio»
ou « in tuis sacrificiis. » Il y faut voir ou un datif-ablatif plu-
riel ou un génitif singulier : comme persclum est partout ail-
leurs employé au singulier, la seconde supposition est préfé-
rable. On obtient ainsi un nouvel exemple" de la liberté avec
laquelle l'ombrien construit son génitif.
La seconde proposition conditionnelle se compose des mots
pey^sei mersei {VI a 28, 38, 48), pour lesquels on trouve une fois
(VI b 31) perse mers est Cette dernière leçon semble confirmée
par VI b 55 : pirse mers est, et I 6 18 : pede meds est, sans
compter au môme endroit la locution : pue meds est. Il se-
rait cependant téméraire de dire que la première leçon fût
fautive : Tune et l'autre présente un sens satisfaisant et peut
se justifier grammaticalement. Je commence par mers est. Le
1. Corssen, Àussprache^, l, 668.
?. Cf VI aS.Wh 48.
88 TABLE I a 3. — TABLE VI a 29.
mot mers, qui est évidemment un nominatif, est écrit deux
fois meds, I b 18, 18, ce qui prouve que mers est pour merss^
et ce qui doit nous faire supposer soit un thème neutre medos
qui a perdu la voyelle de sa dernière syllabe, soit un thème
masculin ou féminin medvr- ou liiedi-, qui a éliminé sa voyelle
finale devant le s du nominatif. La racine est med, la même
qui se trouve dans le grec îxé^ojxat « avoir* soin de, » fuSccâv
« qui a soin de, qui règne sur. » Le latin medeor « je pour-
vois à » s'est restreint au sens médical, les verbes curare, con-
sulere, etc. ayant pris pour eux tous les autres emplois. Mais
on a encore le substantif modus, qui a conservé une significa-
tion générale : il désigne la manière, et dans certaines locu-
tions, comme ordo et modus, m^ore et modo aliquid facere, est
modus in rébus, il veut dire « la règle. ». En campanien et en
volsque, meddix (cf. ju[s)dex) désigne le magistrat suprême.
Tite-Live, XXIII, 35 : meddix tuticus qui summus magistratus
erat Campanis. Ennius a encadré le mot dans un vers (Ann. 296,
éd. Vahlen) : « Summus ibi capitur meddix, occiditur alter. »
Le mot meddix est un de ceux qui se rencontrent le plus fré-
quemment, sur les inscriptions osques*. Il faut enfin ajouter
le nom propre Mezentius, plus anciennement Medientius, dont
le sens originaire paraît avoir été « roi, souverain. » D'après
ces rapprochements, nous croyons pouvoir traduire la locu-
tion perse m^rs est par « si jus est, si fas est. » On sait com-
bien cette locution est fréquente chez les Latins, et particuliè-
rement dans les invocations. — Dans Thypo thèse où la vraie
leçon serait persei mersei, il faudrait considérer mersei comme
l'ablatif d'un thème medi-, et traduire : « si jure [est]. » D'au-
tres emplois de l'ablatif non moins hardis justifieraient cette
locution. Le latin emploie de la même façon le génitif : uti mo-
ris est".
TRADUCTION.
(VI a 27) Die Grabovie, si [quid] in tuo sacrificio omissum
est, peccatum est, delictum est, (28) fraudatum est, in tuo
1. Mommsen, UnUrit, DtalehU, p. 278. Mais contrairement à l'auteur, nous ne
saurions voir dans -ix un simple suffixe nominal : c'est bien le môme dex que
dans judex, vindeXy à savoir le verbe dicere,
2. Panzerbieter {Quxstiones umhricœ, p. 16) propose de lire mers seiit), et il
rapproche la leçon fautive fonsis (VI 6 26) pour fons sir. Mais nous voyons par
notre phrase même que persei gouverne l'indicatif, et non le subjonctif.
TABLE I a 3. — TABLE VI a 30. 89
sacriflcio visum invisum vitium est, Die Grabovie, si fas est,
hoc bove, (29) ambarvali piaculo, piavi.
(VI a 29) Di Ch^abovie^ pihatu ocre [ocrBm) Fisei (Fisi, Fisim);
pihatu tota [totam] Jovina {Jjovinam), Di Grabovie^ pihatu
ocrer (30) Fisier totar Jovinar noine^ nerf y arsmo (asmo), veiro
(viro)y peqtWy castruo, fri [frif), Pihatu,
L'emploi de pihatu « purifie » est un peu différent, comme
le font remarquer A. K., de ceux que nous avons observés
jusqu'à présent, car il est question maintenant de la divinité
qui doit purifier la colline et la cité, tandis que précédemment
c'était le prêtre qui exprimait par ce verbe sa propre i nter-
vention. — La variante Fisei montre que la seconde voyelle i
dans Fisim (résultat de la contraction pour Fisiom) est lon-
gue. — Nous rencontrons une énumération de substantifs à
l'accusatif régis par pihatu et régissant eux-mêmes les géni-
tifs ocrer Fisier^ totar Jovinar, Le premier de l'énumération
est nome « nomen ». Nous avons déjà parlé (p. 72) du double
sens qu'a ce mot, qui signifie à la fois « nom » et « race ». Il
est évidemment employé ici dans le même sens que dans la
locution déjà connue erer nomneper, erarnomneper : nous le tra-
duirons par nomen, tout en rappelant que le mot latin présente
la même équivoque. S'il figure en tête de l'énumération, c'est,
selon moi, au sens de « race » qu'il doit d'être placé en pre-
mière ligne. Laissant de côté pour le moment les deux sui-
vants, nous reconnaissons dans veiro[f) le latin viros, qui a
perdu le /"signe de l'accusatif pluriel. L'orthographe ei prouve
que Vi de la première syllabe dans virum était primitivement
long : c'est ce que montre aussi le sanscrit vira. Le mot pequo
rappelle aussitôt le latin pecu : mais la question est de savoir
si peqrw représente le neutre pluriel pecua, avec obscurcisse-
ment de Ya en o, ou bien si nous devons supposer un dérivé
pecuus (cf. en latin le génitif pluriel alituum), qui aurait ré-
gulièrement fait à l'accusatif pluriel masculin pecuo{f). Nous
nous décidons pour cette secondé supposition, à cause du
substantif suivant ca8truo{f), qui est avec un primitif castru-
(4* déclinaison) dans le même rapport où est pequus avec
pequ *. Cf. en vieil ombrien kastruvuf V a 13. A la différence
1. Le nom propre Kastruçijus (V a 3) a prubablement le thème Kastru
(4* déclinaison) pour primitif. On trouve aussi Caiirueius sur dos inscriptions
romaines. — Comme mots formés en latin de la même façon que l'ombrien
pequof, castruof, nous citerons encore paseuum.
90 TABLE I a 3. — TABLE VI a 30.
du mot latin, qui n'est resté guère usité que dans le sens de
« camp », le niot ombrien signifie « champ » : cette acception
ne s*est d'ailleurs pas entièrement effacée dans la langue la-
tine, puisqu'on avait à Rome des quartiers appelés castra ta-
bellariorum, victimariorum.
Le mot /H, écrit une fois /ri/, a été judicieusement expliqué
par Panzerbieter comme étant pour le latin fruges. Il faut
supposer que la forme primitive était fr^ugeif, et que le g entre
deux voyelles a été changé en jy comme dans miijeto (pour
mrjLgeito]^ puis absorbé dans Yi qui est le seul reste des deux
voyelles longues. — On prie donc la divinité de purifier les
hommes, les troupeaux, les champs et les fruits. Il est aisé de
voir que l'énumération ne se fait pas au hasard, mais qu'elle
suit une échelle descendante : cette observation doit nous
être présente à l'esprit quand nous examinerons, comme nous
allons le faire, les deux mots que nous avons d'abord laissés
de côté.
ArsmOy écrit aussi asrao^ est l'accusatif pluriel d'un nom
masculin : en efl'ct, nous avons vu plus haut {VI a 26) le no-
minatif pluriel arsmor. Il faut donc par la pensée lire ici
arsmof. Nous devons d'abord nous demander quelle est la va-
leur du groupe rs : je crois qu'il correspond à un d. En effet,
nous avons le verbe dérivé arsmahamo auquel correspond,
16 19, admamu*. On trouve, en outre, le datif admune
(II b 7) qui appartient à la même famille de mots. Si nous
passons à l'examen du sens, nous sommes d'abord guidés
par ce fait que a/rsmahamo est un mot prononcé par l'ad-
fertor au moment où il accomplit la cérémonie purificatrice.
La phrase en question se compose de ces trois mots : arsmor-
hamoj caterahamoy Jovinur. Dans le second verbe je recon-
nais le grec xoôa(p<i) « purifier* »; le premier verbe doit être de
signification approchante; l'un et l'autre sont à l'impératif
passif pluriel, et ils ont pour sujet le vocatif Jovinur. Le sens
est : a — mini, purificamini, Jguvini * ! » D'un autre côté, le
datif admune (Il b 7) est employé comme épithète de Juve
pâtre « Jovi patri », d'où l'on peut conjecturer qu'il est un
terme de respect. De ces deux faits combinés je crois pouvoir
conclure que l'idée conunune renfermée dans admamu et
1. Le texte porte arma nu. Voy. plus loin la disoussion de cettç leçon.
3. Il s'agit, bien entendu, d'un emprunt fait à la langue grecque.
3. L'analyse grammaticale sera donnée VI h 56.
TABLE I a 3, — TABLE VI a 30. 91
admune est celle de sanctirier. Je traduis admune Juve
pâtre par « casto Jovi patri » et Timpératif admamu par
« lustramini * ». Je rappellerai à ce sujet que nous avons ren-
contré (p. 56) l'expression arsmaticmi percam qui désigne le
vêtement destiné aux cérémonies lustrales. Quant au thème
arsmo- qui est le primitif du verbe, il doit être avec lui dans
le même rapport que lustrum avec lustrare; je crois seule-
ment qu'il a une acception un peu plus générale et qu'il signi-
fle « cérémonie, rite ».
Je ne veux pas quitter cette série de mots sans exprimer
une conjecture sur une famille de mots latins qui n'a jusqu'à
présent été rattachée à rien, et qui est, je crois, de même
origine. Il s'agit du verbe cumare et de tous les termes qui en
dérivent. On sait qu'une consonne disparaît quelquefois, sur-
tout devant un m, sans amener l'allongement compensatif de
la voyelle précédente. Je citerai omitto^ camenœ, camiUuSj sti-
mulus (pour obmittOj casinenœ^ casmillus^ stigmulics). Peut-être
le latin ûwno est-il pour admo et correspond-il à la famille de
mots ombriens. Le sens primitif du verbe paratt.avoir été non
celui de « aimer », mais de « honorer, respecter ». A mata
est le nom d^ la femme de Latinus et le surnom ordinaire des
prêtresses de Vesta. Comparer aussi Amxiliiis, L'adjectif om-
brien admune présenterait, si notre rapprochement est fondé,
une ressemblance frappante avec le latin amamus^ qui paraît
avoir signifié d'abord « agréable, cher ». Le changement de
sens consistant dans le passage de l'idée de « vénérer, hono-
rer » à celle de « chérir, aimer », se retrouve dans colère, di-
ligere. En ce qui concerne l'étymologie, je me contente d'in-
diquer la racine contenue dans le grec fxaîofMct (parfait fafAaa,
(UfAotbK) et le préfixe ad.
Nerf est l'accusatif pluriel d'un thème à consonne ; le datif
pluriel du même mot est nerus, qui se trouve VI b 62 dans un
passage important que nous reproduirons tout à l'heure. On
remarquera que le r se conserve devant le/*, à la différence du
(1 de kapi (d) f. Ce mot est placé entre arsmo eiveiro, d'où l'on
peut inférer qu'il exprime une idée supérieure à celle
« d'homme. » A l'exemple de Lassen , qui rappelle le sabin
1. Le verbe luere peat servir à faire bien comprendre le lien qui réunit cette
famille de mots. Luere a donné lues, qui signifiait à Torigine une purification;
il a pris ensuite un sens péjoratif (chose à purifier, souillure) qui est resté
étranger à anmor. Un dérivé cTe luêê est hutrum, qui a fait iuitrare et illutirù
(dans le sens de illustre calutn).
92 TABLE I a 3. — TABLE VI a 30.
Nero et la déesse Nerio, Neriene^y A. K. le traduisent conjec-
turalement par « magistratus , principes, nobiles.» Mais je
crois que nerf désigne des êtres encore supérieurs aux nobles
et aux princes, qui d'ailleurs ne seraient pas très à leur
place en ces prières d'un caractère peu politique. On trouve
les ner/" nommés avant les^ome, c'est-à-dire les génies, dans
ces deux passages :
VI b 58. Tolam tarsinatem , trifo tcirsinatem, iuscom nahar^
com iahuscorrt nome, (59) totar tarsinater, trifor tarsinater, tus^
cer naha/pcer iahuscer nomner nerféihitu anéihitu, jovie hostatu
anhostatu.
VI 6 61. Fututo foner pcLcrer pasevestrapople tota/r ijovinar,
(62) tote ijo^îne, ero nerus éihitir anéihitir, jovies hostatir anos-
tatir. ero nomne. erar nomne.
Dans le premier de ces passages, il s'agit d'une formule de
deprecatio contre les peuples du voisinage : dans le second,
nous avon^ une invocation en faveur du peuple iguvien. Di-
sons par avance qu'il faut entendre par les jovies hostatir
les génies étrangers admis dans la ville (novensiles, hostilii)
et par anhoskuir peux qui sont indigènes (indigetes, patrii).
Un sens analogue doit être attaché à éihitir anéihitir (citis,
non citis). Dès lors la supposition se présente à l'esprit que
par les nerus il faut entendre des êtres de même nature que les
jovies. Je crois, en effet, que ce sont des divinités, telles à
peu près qu'étaient à Rome les Pénates ou les Lares *. Je vais
même jusqu'à penser que les nerf et les lares ne forment
qu'une seule et même sorte d'êtres, et que les deux mots sont,
au fond, identiques. Il a déjà été parlé de l'aversion que le
1. Suétone, Tib. 1. « (Claudia gens) in ter cognomina et Neronis adsumpsit.
quo significatur lingua sabina fortis ac strenuus. » Âulu-Gelie. XIII, 22. « Id autem,
sive Nerio, sive Nerienes est, sabinum verbum est, eoque significatur virtus et
fortitudo. Itaque ex Claudiis^ quos a Sabinis oriundos accepimus, qui erat egregia
atque prsstanti fortitudine, Nero appellatus est. »
2. Les anciens nous disent que les Lares étaient les âmes des ancêtres. Festus
(p. 121) : «quod Lares, quorum is erat dies festus, animae putabantur esse homi-
num redactae in numerum deorum. > Apulée (De deo Socr.) : « Est et... species
dsmonum animus humanus emeritis stipendiis vitae corpori suo abjurans; hune
vetere latina lingua reperio Lemurem dictitatum. Ex hisce ergo Lemuribus, qui
posterorum suorum curam sorlitus, placato et quieto uumine domum possidet,
Lar dicitur familiaris. » Servius adifin. VI, 152 : « Apud majores... oomes in suis
domibus sepeliebantur. Unde ortum est ut etiam Lares colerentur in domibus. »
V. aussi l'opinion de Varron citée par Ârnobe, Al, 41. Cf. Fustel de Coulanges,
La Cité antique, liv. I, chap. i.
TABLE I a 3. — TABLE VI a 32. 93
dialecte ombrien paraît avoir pour le l initial : on pourrait
donc supposer qu'il a changé en ce mot la liquide l contre la
liquide n. Mais il se peut aussi que l'ombrien soit plus exact
que le latin, et que ce dernier idiome ait altéré la lettre ini-
tiale. Le changement de n en Z se retrouve dans le latin
lumpay d'où lumpidus^ limpidus^ comparé au grec vùjxçv) *.
Nous joignons encore à ce qui précède le mot pihatu, qui
forme une proposition à, lui seul, et qui résume toute cette
partie de la prière. En effet, dans ce qui suit, ce n'est plus
pihatUf c'est salvo seritu qui sera l'impératif.
TRADUCTION
(VI a 29) Die Grabovie, piato collem Fisium; pialo civitatem
Iguvinam. Die Grabovie, piato coUis (30) Fisii, civitatis Igu-
vinse nomen, lares, ri tus, viros, pecudes, campos, fruges.
Piato.
(\l a 30) Futu fos (fons)^ pacer^ pase tua^ ocre Fisi {Fisie)^
(31) tote Jj ovine ^ erir (erer) nomne, erar nomne, Di Grabovie^
salvo seritu ocre [ocrem) Fisi (Fisim)^ salva (salvam) smtu iota
[totam] Jjovina [Jjovinam). Di (32) Grabovie^ salvo [saluvom^
salvom) seritu ocrer Fisier^ totar Jjovitiar noraey nerf^ arsryio,
veiro (viro), pequo^ castruo, fri [frif], Salva (saluva) (33) se-
ritu. Futu fos (fons), pa^er^ pase tua [tuva), ocre Fisi^ tote
Jjovine^ erer (er er) nomne^ erar nomne, Di Grabovie^ tio [tiom)
esu [essu) bue^ (34) peracri piha^lu^ ocreper [ocrlper] Fisiu
(Fissiu), totaper Jjovina^ erer nomneper^ erar nom^ieper, Di
Grabovie^ tio [tiom) subocau.
Tout ce passage ne renferme que des mots dont il a déjà
été question. Il faut seulement remarquer l'expression pase
tua^^ qui est le pace tua latin. Par un pléonasme fréquent
dans les invocations, notre inscription dit : « sois gracieux.
1. Ritschl. Opuscula, II, 490, note. « Je ne crois pas, dit ce savant, que
lympha doive être tiré du grec vvijbçn , mais plutôt que lumpa est la forme ita-
lique qui se rattache à la même racine que wv\l^. » Sur une inscription bilingue
(Mommsen, n. 3523} les mots Lumphieis correspondent à Nviifciic. Cf. nubes,
nimhui. Un autre exemple est nuseitiosus (Pestus, p. 173) et lusciiiotus (Qui-
cherat, Àdd. Lex. lat, p. 162).
2. Il faut lire pase^ quoique le trait au-dessus de s ait toujours été oublié par
le graveur.
94 TABLE I a 3. — TABLE VI a 54.
par un effet de ta grâce*. » L'orthographe saluvom, saluva
rappelle celle de auvei VI a 3, de aru via III, 31. C'est l'adjec-
tif sqlvus. Il se rapporte seulement au premier mot de l'énu-
mération qui suit [nome]^ comme 1. 32 salva (pour salvaf) se
rijipporte seulement au dernier mot de Ténumération qui pré-
cède Ifrif). Seritu est pour serueitu = latin servatu.
TRADUCTION.
(VI a 30) Sis faustus volens pace tua colli Fisio, (31) civi-
tati Jguvinœ, ejus (collis) nomini, ejus (civitatis) nomini.
Die Grabovie, salvum servato collem Fisium, salvani sér-
vato civitatem Jguvinam. Die (32) Grabovie, salvum servato
collis Fisii, civitatis Jguvinae nomen, lares, ritus, viros, pecu-
des, campos, fruges. Salvas (33) servato. Sis faustus volens
pace tua colli Fisio, civitati Jguvinœ, ejus (collis) nomini,
ejus (civitatis) nomini. Die Grabovie, te hoc bove, (34) ani-
barvali piaculo, pro colle Fisio, pro civitate Jguvina, pro ejus
(collis) nomine, pro ejus (civitatis) nomine. Die Grabovie, le
invocavi.
Le sacrifice du second et du troisième bœuf est accompagné
de la même prière chaque fois citée in extenso. Comme nous
avons déjà donné plus haut les variantes d'orthographe, il
ne nous reste que bien peu de chose à dire sur ce passage,
qui va de VI a 35 à 55, et dont il est inutile de reproduire le
texte. La seconde prière commence et finit par : Di Grabovie^
tio esu bw, peracri pihaclu eiru, La troisième prière commence
et finit par : Di Grabovie^ tiom esu bue^ peracri pihaclu tertiu^.
Ce qui veut dire : « Die Grabovie, te hoc bove, ambarvali pia-
culo altcro... tartio ». Les mots etru et tertiu sont de ceux qui
ont été déchiffrés le plus tôt : etru est l'ablatif d'un pronom
qui a laissé au latin son accusatif ilerum (cf. sanscrit itara).
Quant à tertiu, c'est exactement le nom de nombre latin.
Comme conclusion générale aux trois invocations, se trou-
vent ensuite ces mots :
(VI a 54) Di Gt^abovie^ tio comohota tnbinsine buo peracmo
1. Virg. jEn, 111,370 :
Hic Helenus cssis primum de more juveDcis
Exorat pacem divum^ vittasque resolvit
Sacrati capitis.
2« VI a 45 , pihaclutertiUi
TABLE I a 3. — TABLE VI a 54. 95
pihaclo (55) ocriper Fisiu, totaper Ijovina^ erer nomnep&t*^ era/r
nomneper. Di Grabovie, tiom svbocau.
Conformément au modèle de tio esu bue^ peracri pihaclu^
nous devons nous attendre après tio à un ablatif, régi par
suboco sous-entendu. Cet ablatif, qui ne peut être autre que
comohota tribrisine, gouverne le génitif pluriel buo , lequel a
après lui comme apposition les deux génitifs peracnîo pihaclo.
Dans tribrisine * il est vraisemblable de chercher au com-
mencement le nom de nombre tri^ si Ton songe qu'il a été
question de trois bœufs, et que nous avons ici le résumé de
tout le sacrifice. Mais la suite du mot présente des difficultés
de plus d'une sorte. A. K. supposent un substantif féminin
tiHplicio (gémilt trijjlicionis, ablatif inpKctone, et par contraction
triplicine) signifiant» un ensemble de trois, une triade,» lequel
serait dérivé de triplex ou plutôt du thème triplic à Taide du
suffixe ion. Nous croyons qu'ils ont touché juste pour le sens :
mais comment admettre que Vo long et accentué a été absorbé
par Vi bref et atone ? Des exemples comme prinvatur (pour
prinveatuT)^scaléeto (pour scaléieto\ où la voyelle brève atone
a été absorbée par la voyelle longue accentuée, font pa-
raître la chose invraisemblable. D'ailleurs le mot Vofione
prouve que ce phénomène, qui serait le seul de son espèce
dans l'histoire des langues italiques, ne doit pas plus être
admis en ombrien que dans le reste de la famille". Ce qui a
évidemment conduit Aufrecht et KirchhofTà cette explication,
c'est d'une part le passage suivant : pihaklu pu ne tri-
briçu fuiest (V a 9), où ils ont vu dans tribriçu le no-
minatif irip/icio; c'est d'autre part l'ablatif natine (II a 21, 35,
II 6 26), dans lequel ils ont reconnu le latin natio7ie. Mais rien
ne prouve que tribriçu* soit le nominatif de tnbriçine : les
deux mots peuvent être apparentés entre eux sans avoir pour
cela le môme suffixe ; c'est ainsi qu'on a, par exemple, en latin
1* Le graveur, comme il lui est arrivé souvent, a négligé de mettre la barre sur
le S. Hais nous avons un ç dans tribriçu (Va 9) dont il sera question dans un
instant.
2. Corssen {Aiusptaehe *, I, 580 ss. U, 1015) suppose qu'en ombrien To du
suffixe ton n*était pas encore long aux cas indirects : hypothèse peu vraisem-
blable si l'on rapproche Vofione j et si Toa tient compte de Vesune, Puemune;
ces deux derniers mots seraient devenus, si Vu avait été bref, Vesne, Puemne
(cf. nomne).
3. Remarquons à ce sujet que le texte a trib4içu : mais A.K. supposent que
le 4 a été écrit par erreur à la place d'un r.
96 TABLE 1 a 3, — TABLE VI a 54.
duplicatio et duplicitas. Rien d'un autre côté ne prouve que
natine vienne d'un nominatif natiu, qui ne se trouve nulle
part*.
Je pense qu'il faut admettre un suffixe îna^ pareil au sufBxe
que nous avons en latin dans medicina, doctrina, disciplina.
Un tel suffixe, qui sert à former des noms abstraits*, a très-
bien pu être employé pour désigner des quantités numériques.
C'est ainsi que nous disons en français une neuvaine, une
dizaine, une centaine, noms qui dérivent des mots latins
comme centena, novena. Il y a seulement cette différence
entre le ina latin et son frère ombrien, que celui-ci suit la cin-
quième déclinaison, et non la première. Nous rencontrerons
dans la suite d'autres substantifs qui se fléchissent d'après
la cinquième déclinaison' ; je rappellerai seulement ici le nom
sabin Neriene qui a la même formation. — Quant à la pre-
mière partie du mot, j'éprouve quelque scrupule à la tirer de
triplus ou triplex. Les mots tupler tripler se trouvent sur
nos tables (V a 19, 29), sur VI 6 on a deux fois dupla, et III, 14
on a tupi a k. Tous ces mots présentent un l et non un r. Je
préfère donc supposer un adjectif tribricvs « triple » venant de
l'adverbe ^Woper, trijuper, qui signifie « trois fois» : l'affai-
blissement du p en b devant le r a déjà été constaté dans subra
et le sera dans cabriner^ abrons.
Comohota est l'ablatif féminin d'un participe équivalant au
latin commotus. L'orthographe oho pour ô est connue. Kirchhoff
a donné les exemples qui prouvent que commovere était égale-
ment employé en latin, dans la langue du rituel, pour signi-
fier « offrir. » Caton, De R. R. 134 : Priusquam porcam fœmi-
nam immolabis, Jano struem commoveto sic : Jane pater, te
bac strue commovenda bonas preces precor.... Postea Jano
vinum dato sic : Jane pater, uti te strue commovenda bonas
preces bene precatus sum, ejusdem rei ergo macte vino infe-
rio esto.... Les verbes movere et obmovei^e avaient le môme
sens.
1. Bugge (ZK. XXII, 431) croit découvrir trois nominatifs de ce genre en osque;
ce sont : ûittiufy tribarakkiuf, frvktatiuf, tous trois employés sur la table d'AbelIa.
Il y voit des substantifs féminins en ion, ayant s pour désinence au nominatif, et
changeant le groupe fis en f. Nous croyons que cet argument n^est pas de ceux
qui emportent la conviction.
2. Ce même suffixe est très-employé en osque ; mais il est du neutre : tan'
ginûd, medicatinom,
3. Uhtretie, kvestretic, Jome, etc.
TABLE I a 3. — TABLE VI a 55. 97
Buo[m) correspond à bo[v)um. — P%hckclo[m) est un génitif
pluriel formé comme les génitifs latins en um, tels que ntim-
mumy deum^ sestertium, — Peracnio[m) ne peut guère être con-
sidéré que comme une faute pour peracrio{m)y car Tépithète
ordinaire depi?uzcluy dans le passage qui précède, a toujours
été peracreL Cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas aussi un
adjectif perakne : nous le rencontrerons souvent dans la
suite. Mais il a un autre sens et ne serait pas à sa place ici.
Peracrio[m] est un exemple du génitif pluriel des thèmes en t.
TRADUCTION.
{VI a 54) Die Grabovie, te oblata trinitate boum , ambarva-
lium piaculorum, (55) pro colle Fisio, pro civitate Iguvina,
pro ejus (collis) nomine, pro ejus (civitatis) nomine. Die
Grabovie, te invocavi.
(VI a 55) T'oses persnimu (56) sevom. Surur pyrdovitu prose^
seto; nm^atu; prosesetir me fa spefa ficla arsveitu, Arvio fétu.
Este (57) esono, Heri vinUj heri poni fétu. Vatuo fcrine fétu,
(I a 3) Arvia ustentu. (4) Vatuva ferine feitu. Heris
vinu, heri puni (5) ukriper Fisiu tutaper Ikuvina
feitu. Sevum (6) kutef pesnimu. Adepes arves.
La concordance en^tre les deux textes reprend ici. Mais les
prescriptions ne sont pas disposées dans le même ordre sur
les deux Tables. Nous continuerons à suivre VI, en rappro-
chant les variantes de I.
Tases persnimu sevom, Sevum kutef pesnimu. — Per^
snimuy écrit dAlleurs persnihimu ou persnihmu ^ce qui in-
dique que la seconde syllabe est longue), ou pesnimu^ est une
forme très-fréquemment employée. Dans des phrases simi-
laires, persnimu alterne avec des impératifs en tu; on a, par
exemple : esoc persnimu vestis (VI 6 6, 25) et ailleurs : eso
naratu vesteis (VI a 22). Ou encore : ennom persclu eso pet^s--
nimu (VII a 34), et un peu plus haut : ennom persclu eso deitu
(VII a 20). Ou enfm : suror persnimu puse sorsu (VI b 37) et
suront naratu puseverisco Trebkmir (VI b 44). Ces rapproche-
ments, déjà faits par Aufrecht et KirchhofT, prouvent : 1* que
persnmw est un impératif ; 2*^ qu'il a un sens approchant deno-
ratu « qu'il récite », deitu « qu'il dise. » Les mêmes auteurs,
7
98 TABLE I a 3. — TABLE VI a 55.
bontinuant leur analyse , remarquent que persnimu accom-
pagné du régime direct esoc « hoc » se trouve souvent devant
des formules de prières (par exemple, VI 6 6), d'où Ton peut
inférer la signification : « qu'il prie. » Il faut maintenant ex-
pliquer la forme grammaticale. Âufrecht remarque que quand
il y a un sujet pluriel (par exemple, VII a 47), la forme
employée est persnimvmo. Ce redoublement de la désinence
(mu -f- mo) est semblable à ce qui se passe pour les impératifs
commeedt, fertu^ habetu, stahUu^ tursitu, qui ajoutent au plu-
riel une syllaÉe ta, tu ou to : etuto (etuta, etutu), fertuta,
habitutOy stahituto^ tvrsituto (tusetutu).Si l'on se rappelle qu'en
latin l'impératif des verbes passifs et déponents emprunte par-
fois ses formes au participe (famino, antestamino, amamini*),
on est amené à voir dans persrmnu (pour persnimnu) le parti-
cipe à signification impérative d'un verbe déponent. Ce qui
confirme cette hypothèse, c'est qu'on trouve (VI b 39 , 40) :
pibe pesnis fust « ubi precatus fuerit », pesnis étant pour
pesnitus comme on a vestis pour vestitvs. Cet exemple prouve
que le verbe en question emprunte quelquefois les formes du
passif, tout en gardant la signification active. Quant à l'ori-
gine du mot, nous supposons que le verbe perse « demander,
prier, » devenu />ers, a formé avec le suffixe ni un substantif
persnis « prière » : de là un analogue aux verbes latins finîre^
mmiîre^ punîre *. — Les impératifs pareils à persnimu ne sont
pas rares : on a amparihmu à côté de amparitu, spafiamu
ou spahmu à côté de spahatu^ anomhimu^ stahmu ou stahamu.
Quant au redoublement servant à marquer le pluriel, je n'y
puis voir autre chose qu'une imitation du redoublement de
l'actif tuto.
Taées^y écrit sur les anciennes tables taçez (p. ex. I a 26),
est un participe passé comme pihaz et vesteis* Nous avons le
nominatif pluriel dans cette phrase (VI b 57, VII a 46) : eso
persnimumo tasetwr. La forme ombrienne était probablement
taçeititëj car on a une fois t<ms (VI b 23). Le verbe taceo forme
donc son participe en eitus^ comme on a eu virsetom^ qui sup-
pose un latin videtum. — Sur les anciennes Tables, tases est
U Voy. Bopp, Grammain comparée, § 479.
2. Kuhn (ZK, II, 397), Corssen {Ib. XI, 364) et Zeyss {Ib. XVU, 421) regardent
ni comme une syllabe formative de la conjugaison, telle qu'on Ta, par exemple^
dans sper-ni-mui, ffu-nit-sci^
3. Le graTeur des deux dernières tables écrit toujours tates.
TABLE I a 3. — TABL£ VI a 56. 99
souvent remplacé, comme il l'est ici, par kutef^ Âufrecht ^
adoptant une conjecture de Grotefend, identifie ce mot difficile
avec le latin caute^ ou plutôt il suppose un substantif kuti
(pour cautï) dont serait tiré le cas adverbial kutef « cautim»^.
Mais le sens « avec précaution » ne conduit pas très-naturel-
lement à celui de « à voix basse ». Nous serions plutôt disposé
& voir dans ce mot le latin contentus^ dans le sens étymolo-
gique « renfermé [en lui-même], silencieux ». Le verbe tenn
(pour tend) fait au participe tenz (pour tenius) : or, c'est
précisément le son nz qui devient un f en ombrien, comme
on l'a vu p. 16. Quant au préfixe ku, c'est la forme ordinaire
du préfixe latin cum, — Se vu m sefoom est l'accusatif du
même mot dont on a eu (YI a 18) le datif-ablatif pluriel. Je le
traduis avec À. K. par « totum ».
Viennent ensuite sur VI a trois propositions coordonnées
renfermant chacune un impératif. iSurur a déjà été analysé
comme conjonction signifiant, « là-dessus, alors* ». — Pur-
dovitu^ sur les anciennes Tables purtuvitu, purtuvetu,
vient du verbe diLo « donner » fléchi d'après la conjugaison
faible, à peu près comme si nous avions en latin un verbe
duîre, et du préfixe pur qui se trouve en latin dans porten-
dere, porrigere. On a du même verbe le futur pur tu vies où
l'on remarque le même dédoublement de l'u en uv. Je regarde
Vo de purdovitu comme une modification analogue à celle qui
fait qu'on a indifféremmettt tuer et tover au génitif du pronom
possessif de la seconde personne. Ce verbe, qui se présente
quelquefois avec le sens du latin « poUucere », parait plutôt
avoir ici celui de « porricere ». Proseéeto * est l'accusatif plu-
riel neutre d'un participe correspondant au latin prosecta,
avec cette différence que le verbe ombrien suit la conjugaison
faible {pi^oseéeito). Ce mot désigne les parties de la victime
qui sont découpées pour être offertes aux dieux : on les ap-
pelle en latin prosectaou prosicise*. Schol. ad Stat. Thebaid.
V, 641 : Prosecta dicuntur exta cum redduntur inspecta....
Particules enim minutœ membrorum omnium prosecta dicun-
1. Voy. I a 10, 13, 19, 23, 1 6 3, 7 = VI a 59, VI b, 2, 4, 20, 44, 46. Cela n'em*
pdche pas que les anciennes Tables emploient aussi à roccasion taçez.
2. II, pages 169, 410.
3. Voy. p. 60.
4. On trouve plusieurs fois le i surmonté de la barre, en vieil ombrien
pruseçetu.
5. Voy. Brisson, De formuliez p. 28. Hartung, JHe ReUgûm der Rômer, 1, 162;
100 TABLE I a 3. — TABLE VI a 56.
tur in sacris, quœ inferuntur aris. Proseéeto est le régime de
pwrdovUu. — Ncvratu nous est déjà connu comme un verbe
signifiant <£ parler, dire ^ ». Ici il a à peu près le sens du latin
<c declarare, nuncupare ». Le sens du passage est qu'au mo-
ment où Ton offre les proseéeta^ on doit les déclarer en bon
état. Ordinairement un* adjectif tel que sevakne <c justum » ou
puriifele « poUucendum » est joint au verbe. Ainsi III, 27 : ti-
çlu sevakni teitu « litationem justam dicito ». De même
II b 24, où Ton immole un veau tacheté (vitlu vufru), l'in-
scription prescrit que le sacrificateur dise : Jupater Saçe,
tefe estu vitlu vufru sestu «Jupiter Sance,tibiislum vitu-
lum varium sisto ». Puis le texte ajoute : purtifele trijuper
teitu, trijuper vufru naratu « pollucendum ter dicito,
ter varium nuncupato ». De môme encore II 67: si perakne
sevakne upetu; eveietu; sevakne naratu « suem de-
bitam justam prœstato; — to; jastam nuncupato. » Cf. II 6 11.
L'absence d'un adjectif de ce genre dans le passage qui nous
occupe ne doit pas nous empêcher de prendre le mot na/ratu
dans le même sens : la langue du sacrificateur, comme celle
de toutes les professions, abrège les locutions reçues ; celles-ci
n'en sont pas pour cela moins claires pour Tesprit qui est fa-
milier avec les opérations ou les objets qu'elles désignent. —
Une autre manière de traduire consisterait à construire pur-
dovitu comme faisant une phrase à part, et à joindre proseéeto
avec na/ratu. Mais VII a 42 on a naratu employé sans accom-
pagnement d'aucun mot qui puisse être considéré conmie son
régime.
Proseéetir mefa spefa^ ficla arsveitu. — Ce dernier mot, écrit
adveitu sur les anciennes Tables, se compose du préfixe ad
et du verbe vehere. L'impératif a dû être d'abord vectu, et par
le même phénomène qui a eu lieu pour feitu {factu)^ la guttu-
rale s'est changée en j^. Les composés ombriens de vehere
paraissent avoir une partie des sens qu'ont en latin les com-
posés de da/re. Ainsi arsveitu se traduit fort bien par le latin
ce addito. » Cet emploi de vehere n'est pas plus extraordinaire
que celui du latin porta/re^ qui est une expression empruntée
à la marine marchande. — Proseéetir est le datif de proseéeto.
— Vient ensuite une série de trois mots à l'accusatif, comme
on le voit du moins pour l'un d'entre eux par VII a 42, où il y
1. Voy. ci-dessus, p. G7.
% Voy. ci-dessas, p. ôU.
TABLE I a 3. — TABLE VI a 56. 101
a : proseseHr struçla ficlam arsveitu. Des Irois mots en question
deux au moins sont des substantifs : en effet, mefa est em-
ployé seul II fe 28. Ficla est employé d'une façon non dou-
teuse comme substantif VI b 2, 44, 46. Reste spefa qui pour-
rait être une épithète, car on ne le rencontre jamais qu'en
compagnie de mefa. J'essayerai de prouver plus loin (VI b 5)
que c'est un participe passé signifiant <c sparsus, adspersus ».
— Il s'agit des objets qu'on doit joindre aux prosecta. Mefa
a été traduit par Grotefend (II 33) « maza » ; je reconnais plu-
I6t dans ce mot le latin mensa, au sens où il est employé par
Virgile (VII, 109):
Instituuntque dapes et adorea liba per herbam
Subjiciunt epulis....
Ut vertere morsus
Exiguam in Gererem penuria adegît edendî,
Et violare manu malisque audacibus orbem
Fatalîs crusti, patulis nec parcere quadris :
a Heusl etiam mensas consumimus! i inquit Juins.
Nous avons ici, habilement enchâssé dans un récit qui a
dû sa naissance au double sens du mot mensay le terme qui
désigne une espèce de gâteau sacré. Sur le changement de
ns en /*, v. p. 16. — Ficlay qu'on a identifié avec ficula « figue »
ou avec ferctum « gâteau sacré * », doit être rapproché du
verbe latin fingere , qui s'employait en parlant des produits
de la boulangerie. Ceux qui confectionnaient les gâteaux sa-
crés s'appelaient fictores : l'expression fictor se trouve plu-
sieurs fois en ce sens sur des inscriptions*. L'orthographe
ficla rappelle celle de anclaj peracrei. Le c peut d'ailleurs
s'expliquer si l'on songe que le mot est pour fing-clay comme
on a en latin spe{c)-cula.
Arvio fétu. Le premier mot, qui ne revient pas moins de 31
fois, et toujours dans cette phrase ou dans la phrase arvio
ustentu, s'écrit de quatre façons différentes : arvia, aru-
via, arviu, aruio. Il faut y reconnaître un pluriel neutre,
1. AK. I, 3Î. II, 175, 406.
2. Sayelsberg : ZK. XX, 442. Fieula aurait donné fiçiaj comme arculata
donne arçkUa.
3. Varron : Liba quod libandi causa flunt. Fictores dicti a fingendis libis.
Gruter, 270, 6. Dionysio, discipulo fictorum pontificum. Ibid., 1081, 1. In agro
Aureli Primiani fictoris pontificum. Ennius, éd. Vablen, V, 123 (en parlant de
1*1 uma) : Mensas constituit idemque ancilia.... Libaque, ficlores, Argeos et tulu-
latos. Cf. Becker-Marquardt, IV, 198.
102 TABLE I a 3, — TABLE VI a 56,
dont Va final s'est quelquefois obscurci en Oy u. Huschke tra-
duit arvia par « exta », et en effet rien, à première vue, ne
semble plus naturel que de rapprocher le latin haru^ qui s'est
conservé dans cette langue en tète du composé haraspex.
On a également en latin des dérivés de haru « entrailles » qui
ont perdu le h initial : arvina^ cmnlla. Aru pourrait donner
au pluriel arviay par un changement de déclinaison analogue
à celui qui a eu lieu pour les anciens adjectifs en u qui ont
passé dans la d"" déclinaison : tenuis, le(g)vis, sua(d)vis. En
produisant cette explication (p. 132], Huschke marche, sans
le savoir, sur les traces d'Otfried Mûller, qui, dans son
édition de Festus, dit au mol* àrbilla (p. 21) : « Vix dubito
equidem quin illud arvio^ id est arviom^ vel plurali numéro
dpf ta, quod in monimentis Umbricis diis in sacrificio offertur,
adipem, ic(ova S^jaov, significet, qui in aris adolebatur. Hsec certe
interpretatio formularum, quse ibi leguntur, structurée melius
convenit, quam ea, quam Grotefendius proposuit de arviga ».
Hais il y a un passage qui s'oppose d'une façon invincible à
la traduction de arvia par « exta ». C'est U a 18, où il est
question des fournitures à faire par l'adfertor pour le sacri-
ice annuel d'un chien. L'énumération commence par les mots :
huntia fertu « ita procurato ». Puis viennent à l'accusatif
tous les objets qu'il doit fournir, avec le verbe fertu à la fin
de l'énumération. Or, les deux premiers objets mentionnés
sont : katlu (catulum), arvia Ce passage est décisif, selon
nous, et doit faire écarter l'idée plus d'une fois émise que
dans les mots arvia felu il soit question de la porrcctio. —
Peut-être arriverons-nous plutôt au vrai sens par une autre
voie. On a déjà dit que l'expression arvia fétu est ordinaire-
ment rendue sur I par arvia ustentu. Ce verbe, que les ta-
bles VI-VII évitent habituellement, est pourtant employé deux
fois VI a 20 en parlant des vases qui doivent être offerts en
hommage après avoir servi au sacrifice. Peut-être que le ar vi a
ustentu de I et le vaso ostendu de YI a 20 expriment la même
idée : arve serait l'un des nombreux termes qui désignent les
vases nécessaires à la cérémonie. Sur l'étymologie il serait
périlleux de rien affirmer : je présenterai toutefois une hypo-
thèse. Le verbe grec içwùou ^puTo> « puiser » a formé un certain
nombre de mots signifiant « vase » : dpuTi^p, olpu^rpiç, ôlpu^nip, ^pu^-
Tic, dpuraivoe, dpij^otXXoç, dpuêaXtç, dfpuSdtffootXov, dpuaTt}^o<,dÊpuaavv).Il faut
j oindre probablement cette glose d'Hésychius : âpèw^a, Xr^xuOov,
Adbtwvtç. Quelques-uns de ces noms grecs ont pu pénétrer avec
TABLE I a 4. — TABLE VI a 56. 103
les objets eux-mêmes en Italie. Nous trouvons chez Festus :
Arykenam sive a/rtena/m vas ab hauriendo sic appellabant
(p. 21). Charisius (I, 95, P.) : Lucilius libro I saturarum arur-
ksnœque inquit aquales. Gloss. in Philox. Aryteena : vas in sa-
crificiis adhibitum. — Ceux qui ont vu en original les Tables
Eugubines ne paraissent pas s'être occupés des ratures dont
elles portent la marque. Autant qu'on en peut juger par des
fac-similé, le mot arvia a été trois fois corrigé sur I. Nous
mettons entre parenthèses les lettres effacées qui sont pour-
tant restées lisibles sous la rature :
arv(iu) ustentu (la 12)
arv(iu) ustentu (I a 16)
arvi(u) ustentu (I a 23).
Que faut-il conclure de ces corrections? peut-être le correc-
teur avait-il l'intention de substituer le singulier (oUam) au
pluriel (oilas).
Este esono. — Ces deux mots nous sont connus l'un et l'au-
tre. « Ita sacrificium ». C'est le résumé de tout ce qui précède.
Ailleurs, comme résumé final, on trouvera : Eno ocar pihos
fust a et collis piatus fuerit », ou encore : purditom fust « pol-
luctum fuerit ».
Heri vinu^ heri poni fétu. — L'explication de heri^ chez Auf-
recht et Kirchhoff, est un modèle du genre * . Ils rapprochent
d'abord la variante : I a 6. Heris vinu heris puni feitu.
Et ils en concluent que heri est pour heris. Puis ils citent un
passage qui présente la variante herie : VI 6 19. Herie vinu
herie poni fétu. La forme herie est rapprochée à son tour de
heriei qui se trouve dans une phrase de la table VII pour la-
quelle I présente une rédaction modifiée.
VII a 3 : abrof trif fétu heriei rofu heriei peiu.
I 6 24 : trif apruf rufru ute peiu feitu.
Il ressort de ce rapprochement que heriei est synonyme de
ute, lequel équivaut lui-même au latin aut; le sens de la
phrase est : apros très sacrificato aut rufos aut piceos (nigros).
Mais heriei est évidemment un verbe ; nous le trouvons dans
1. II, 177. Cf. l. 144.
1
104 TABLE I a 4. — TABLE VI a 57.
cette phrase : svepis heri « si quis vult^ » Il existe en
osque, où le futur herest « volet » se rencontre quatre fois sur
la table de Bantia*. Il faut donc voir dans heT%ei[s\ /ime(s),
heriSy des secondes personnes d'un verbe signifiant « vou-
loir », lesquelles ont pris le sens de la particule disjonctive
«c ou ». Ce phénomène ne nous étonnera pas si nous songeons
à l'origine de la particule latine sive (pour si vis) •. — Telle est
l'interprétation des deux savants et elle ne laisse prise à aucun
doute. Ce même verbe a encore fourni d'autres particules à
l'ombrien : on le retrouve dans pisher^ herter^ h&nfi^ sur les-
quels nous aurons à nous expliquer plus tard. Une question
plus controversée est de savoir si heris est une simple variante
de Aene(s), heriei[s) ou si ces formes sont des temps différents
du même verbe. A. E. supposent que les formes sont diffé-
rentes, heris représentant le présent et heiné[s)y heriei[s) le
futur. Ebel, dans le Journal de Kuhn (V, 407 ss.), a au con-
traire essayé d'identifier les trois formes, entre lesquelles il
n'y aurait d'autre différence que celle qui existe en latin entre
velim et siem, c'est-à-dire la contraction de la caractéristique
ie en i. La seconde personne de l'indicatif présent aurait été
hers. Mais Corssen (ife. XI, 345) montre que le verbe ombrien
en question fait heri[t) à la troisième personne de l'indicatif
présent, c'est-à-dire qu'il suit la conjugaison faible : il n'y a
dès lors aucune raison pour identifier heris avec herie[s). Dans
la première forme il faut voir avec A. K. l'indicatif (thème
hert-] et dans la seconde un subjonctif (optatif). Quant à la
forme heriiei (II a 16, VII a 3), il faut également y voir un
subjonctif, mais mieux conservé : le premier i appartient à la
conjugaison faible, le second à la caractéristique, et la diph-
thongue et est une manière de représenter l'e long, comme on
a poei et poe^ Fisei et Fise. Nous adopterons cette explication,
sauf en ce qui concerne les deux i, qui sont un développement
purement phonétique, comme quand on a trioper et triiuper.
1. Nous ajouterons que nous en ayons déjà vu Timpératif (Via 27) : ptwet' neip
heritu : « uU ne yelis. » Le latin herut « maître » vient probablement de la même
racine.
2. Sur une inscription osque découverte postérieurement à l'ouvrage d'Aurrccht
et Kirchhoff, ainsi qu'à celui de Mommsen, on trouve le subjonctif heriiad (ZK.
XI, 344).
3. Il eût mieux valu citer en exemple la particule latine vd, car iive peut s'ex-
pliquer autrement {set + vë, cf. la dernière partie du grec M pour f,H), Quand
on voit Hvê se contracter en seu, Texplication par si + w semble peu probable.
(Voy. cependant Corssen. ZK. XI, 348).
TABLE I a 5. — TABLE VI a 57. 105
Mais il reste toujours surprenant que ce verbe forme son sub-
jonctif en iê et non en iâ^ comme aseriaia^ portaia^ dia^ habia,
fuia, feia, d'autant plus qu'en osque on a la forme heriiad^
Dans vinu on reconnaît aisément l'ablatif d'un mot équiva-
lant au latin vinvm. Il est moins facile de dire ce que signifie
puni y poni. La construction indique que le mot est à l'abla-
tif : c'est donc un nom de la troisième déclinaison. A. K. le
traduisent par /itre, sans pouvoir justifier cette traduction par
l'étymologie, mais en s'appuyant sur la locution si connue :
ture et vino facere. Je ne suis pas plus en état de donner l'éty-
mologie de poni. Cependant je crois devoir m'écarter de l'ex-
plication de Kirchhoff pour les motifs suivants. Nous devons
avoir ici un surrogat et non un accompagnement du vin,
puisque la conjonction est lieris « sive. » On trouve une fois
(Il a 33) cette phrase : tuvere kapidus pune fertu « in
duabus capidibus — em ferto. » Or, nous voyons ailleurs que
le mot capis est employé quand il s'agit de libations. Enfin
nous allons trouver une phrase où il est question de l'encens,
de sorte que puni ferait double emploi. Je crois donc qu'il
s'agit ici d'un liquide qui sert aux libations et qui peut rem-
placer le vin. Nous ne pouvons dès lors hésiter longtemps :
il est impossible que dans des sacrifices comme ceux que dé-
crit ce rituel, le lait ne soit pas mentionné. Selon Pline l'An-
cien (Préface, s. m.), il fait partie essentielle des cérémonies
rustiques : Yerum et diis lacté rustici multœque gentes et
mola tantum salsa litant, qui non habent tura. Je rappelle
aussi les vers d'Horace (Ep. II, 1, 139] :
AgricolsB prisci, fortes, parvoque beatl
Gondita post fnimenta....
Tellurem porco, Silyanum lacté piabant.
La phrase suivante se présente treize fois avec les variantes
que nous indiquons ci-dessous :
vatuva ferine feitu
vatuva ferine fétu
vatuvu ferime fétu
vatra ferine feitu
vatuo ferine fétu
vatue ferine fétu
vatuo ferine feitu
la 4),
I a 22, I 6 3, 5],
1 b 25),
III, 31),
VI a 57, VI 6 1, 19, 43),
VI b 45),
VI a 57, VII a 4).
1. C*est pour cela sans doute que A. K. proposent d'expliquer herie, heriet comme
des futurs. Mais il n*est pas croyable que le t du futur, qui en est la partie es-
■
106 TABLE I a 5. — TABLE VI a 57.
Une fois (III, 16) on a ferime dans un autre contexte :
inuk kazi ferime antentu.
Si nous commençons l'étude de cette phrase difficile par le
mot ferme, nous voyons que deux fois on a la leçon ferime.
Cette incertitude entre n et m, qui ne se présente qu'à la fin
des mots ou quand il y avait anciennement le groupe mn, doit
nous porter à supposer soit une postposition e[n), soit un mot
ferimne. Dans la première hypQthèse, on est étonné de voir
onze fois fenn-e(n)j quand on se serait plutôt attendu à l'assi-
milation contraire /mm-e(m). Dans la seconde, on peut sup-
poser le datif d'un substantif de la première ou de la deuxième
déclinaison : mais un mot ferirnnus ou ferimna ne se rattache
à aucun terme connu. Quoi qu'il en soit, ce mot exprime une
idée de lieu : pour voir un peu plus clair dans le sens, nous
rapprocherons la phrase inuk kazi ferime antentu. Ce
dernier verbe a la valeur du latin « imponito; » kazi désigne,
comme on le voit par la suite du texte, un objet destiné à être
brûlé ; c'est, selon nous, sauf la désinence masculine, le latin
casiam qui marque une herbe odoriférante. On doit donc
penser que ferime, qui ne figure nulle part ailleurs, sinon avec
ces mots vatuo et kazi , signifie un récipient à mettre les
parfums, à peu près comme en latin acerra, turibulum, ar-
cula turaria ^ Cette sorte de récipient a ordinairement sa place
dans les sacrifices. On le voit presque toujours sur les monu-
ments figurés. Cf. Virg. jEn. V, 743 :
HsBG memorans, cinerem et sopîtos suscitai ignés,
Pergameumque Larem et can» penetralia Vest»
Farre pio et plena supplex veneraiur acerra*.
Quant au mot vatuva, je le traduis par « tura, » sans essayer
d'en expliquer l'origine. C'est un substantif neutre. La variante
vatra me paraît une faute^pour vatva, la lettre qui marque
le V en étrusque pouvant facilement être prise pour un r si
les deux traits à gauche ont Tapparence de se rejoindre. De
sentielle, ait pu tomber : il faudrait partout herieSf comme on a, par exemple,
hatriêst « habd)it », purtuviea(t) « poUucebit ».
1. Autrement Savelsberg, ZK. XX, 441.
2. Le mot, quelle que soit sa forme, parait venir de la racine fer « porter ». Il
rappelle le latin prœfericulum ainsi défini par Feslus (p. 249) : Vas aeneum
sine ansis, patens summum yelut pelvis, quo ad sacrificia utebantur in saccario
Opis Consivise.
TABLE I a 6. — TABLE VI a 57. 107
même Ve de vatue ( YI b 45) est, à ce que je crois , dû à une
erreur d'écriture {pour vatua).
Âdepes arves. Ces deux mots, qui reviennent douze fois
sur I, manquent absolument sur VI-VII. Outre quelques va-
riantes, ils présentent cette particularité qu'ils ont été une fois
ajoutés en surcharge (I a 13). On trouve : adpes arves,
adiper arvis, adipes arvis, adepe arves, adeper ar-
ves, ade. arv.es •. Comme ces mots viennent toujours après
kutef pesnimu ou taçez pesnimu, Kirchhoff a cru de-
voir les construire comme régime de pesnimu. Mais déjà la
particularité dont nous parlions tout à l'heure, savoir que les
mots ont été une fois ajoutés après coup, doit les faire consi-
dérer comme une proposition indépendante. Elle est, il est
vrai, fort elliptique, se composant de deux ablatifs pluriels avec
lesquels il faut sous-entendre un verbe; celui-ci ne peut guère
être autre que feitu. Le premier mot a Tair de correspondre
au latin adeps ou à un mot adipwm ou adipa^. Il faut remar-
quer la variante adeper, qui nous présente un exemple de
rhotacisme sur la t., I, contrairement aux observations de Lep-
sius et de A. K. Quant au second mot, je serais disposé à voir
ici le latin ha/ru « entrailles » transporté dans la déclinaison
en i; un neutre harve^ a^^e^ ferait à l'ablatif pluriel arvis ou
arves, comme le thème avi « oiseau» fait au môme cas avis
ou ave s. Le sens de ces deux mots serait donc : « qu'il offre
les graisses, les entrailles. » Si nous cherchons ce qui corres-
pond sur VI à cette prescription, nous voyons que c'est la
phrase : surur purdovitu proseéeto. « tune porricilo prosecla. »
C'est en effet des entrailles de la victime que se composaient
surtout les prosiciee.
TRADUCTION.
(VI a 55) Tacitus precator (56) totum. Tune porricito pro-
secta, nuncupato; prosectis molam sparsam, offam addito.
1. Cette dernière yariante (I a 10) présente la trace de deux ratures (nous avons
marqué chaque fois par un point la place d'une lettre grattée).
2. Je crois que c'est adipum ou adipa et non adepi quMl faut supposer, car le
datif-ablatif pluriel des thèmes à consonne se termine, ainsi qu'on l*a déjà vu,
eniu.
3. Rapprochez le latin arvina, arvUla , qui sont deux dérivés de hairu* On
trouve l'orthographe airretpex sur une inscription. De môme ariohu à côté de
hariolut.
108 TABLE I a 7. — TABLE VI a 58.
Ollas facito. Ita (57) sacrificium. Sive vino, sive lacté facito.
Tura acerra facito.
(I a 3) Ollas donato. (4) Tura acerra facito. Sive vino, sive
lacté (5) pro colle Fisio, pro civitate Iguvina facito. Totum (6)
tacitus precator. Adipibus, extis [facito].
{VI a 58) Po8t verir Treblanir si gomia trif fétu Trebo Jovie
ocriper FisiUy totaper Jjovina. Persae fétu. Arvio fétu. (59)
Pone fétu. Tases persnimu, Survr naratu puse pre verir Tre-
blanir. Prosesetir struéla ficla a/rsveitu.
(Ia7) Pus veres Treplanes tref sif kumiaf feitu (8)
Trebe Juvie ukriper Fisiu tutaper Ikuvina. (9) Supa
sumtu. Arvia ustentu. Puni fétu. Kutef pesnimu.
Ade, arv.es*.
Posf pus est la préposition latine posty mais gouvernant
Tablatif. Cette fois le sacriflce a lieu derrière la porte Trébu-
lane.
Sif (écrit si sur VI a) est l'accusatif phiriel d'un mot cor-
respondant au latin sus « porc, truie ». La forme complète
serait suif. — Gomiaf a donné lieu à diverses traductions qui
peuvent toutes s'autoriser du témoignage des anciens. On a
songé aux mots grecs xu^w, xtlua. L'habitude d'immoler des
truies pleines (gravidas, fordas, plenas) nous est attestée par
Festus : Plena sue Tellurî sacrificabatur (p. 238), et par Ovide
(Fastes, I, 572) :
♦ •
Placentur matres frugum Tellusque Geresque
Farre suo, gravidœ visceribusque suis.
D'autre part l'usage d'immoler des truies qui allaitent (por-
cilias) peut s'appuyer sur les Actes des Arvales*. On pourrait
aussi penser que gomia signiQe « lactens », car on sacrifiait
des cochons de lait à certaines divinités * : mais on trouvera
plus loin sif feliuf qui exprime cette idée. Enfin Panzerbieter
traduit gomiaf par « engraissé » et rapproche l'expression
1 . Nous désignons par un point la place d'une lettre effacée.
3. Henzen, p. 22.
3. Caton, R. R. 141. « Harumce rerum ergo fundi, terne agriquemei lustrandi
lustrique fadendi ergo sicuti dixi macte hisce suovetaurilibus lactentibus immo-
landis eslo. Cf. Arnob. Adv. Nationes, VII, 18.
TABLE 1 a 7. — TABLE VI a 58. 109
gumiœ chez Nonius Marcellus (p. 122 éd. Quicherat) : Gumiœ
gulosi. Lucilius, lib. XXX :
lUo quid fiai, Lamia et Pittho 3^6Sovtsc
Quod veniunt, ill» gumiae, vetuIaB, improbae, iniqu».
Ce rapprochement me parait d'autant plus fondé que les
porcs engraissés figurent, comme le fait remarquer ce savant,
dans les sacrifices romains sous le nom de sues majores vel
eximii. Une question que soulève le passage de Lucilius cité
par Nonius, c'est de savoir si le latin gumia est un féminin
ou si la forme est épicëne. Le passage suivant de Lucilius cité
par Cicéron (De Fin. Il, 8) montre que le mot est épicëne,
conune devait déjà le faire supposer la traduction gulosi de
Nonius : ,
Lapathe, ut jactare necesse est, cognitu^ cui sis I
In quo Laeliu^ clamores, oofbç ille, solebat
Edere, compellans gumias ex ordine nostros.
Si gumia s'emploie au^ masculin en latin, nous pouvons ad-
mettre le même fait pour Tombrien : on aura donc ici sif du
masculin, comme plus loin sif feliuf. Ainsi tombe dès les
premiers pas la supposition émise par Huschke et qui était, en
la plupart des endroits, difficilement conciliable avec le texte,
que les victimes immolées derrière la porte sont toujours des
femelles, et qu'elles s'adressent à des divinités féminines.
TrebOy Trebe. Trebo a été regardé comme une faute : mais
il se pourrait fort bien que nous eussions ici la première partie
do ladiphthongue oi, qui terminait anciennement les datifs de
la seconde déclinaison. D'autres traces de cette diphthongue oi
se rencontrent : par exemple si le datif vuke (III, 3, 21] a
gardé son k, au lieu de le changer en ç, cela tient sans doute
à ce que l'e représente oi. Le dieu Trebus (car il est question
d'un dieu, et non d'une déesse, comme le suppose Huschke]
nous est tout à fait inconnu. Peut-être y a-t-il une parenté
entre son nom et le parfait trebeit^ que nous avons traduit
(p. 37] par constituit. — Jovie. Nous rencontrons ici pour la
première fois le surnom JoviuSy qui est aussi donné chez les
Romains à certaines divinités, sans que nous sachions au
juste l'idée qu'impliquait cette dénomination. Il est question
chez eux d'un Hercule Jovius, d'une Venus Jovia. Nous ver-
rons plus loin que les Génies portent le nom Jovie. — Le sens
110 TABLE I a 7. — TABLE VI a 58.
de cette première phrase est donc que derrière la porte Tré-
bulane trois porcs gras doivent être immolés à Trebus Jovius
pour la colline Fisienne, pour la cité iguvienne.
Persaefetu. Supa sumtu. Ces deux phrases, quoique em-
ployant des mots entièrement difFérents, se correspondent
dans les deux textes. On peut s'en assurer en lisant les autres
prescriptions qui sont identiques de part et d'autre. Gonune
il n'est pas probable que les deux rituels s'écartent au fond
l'un de l'autre (ce serait le seul exemple), nous devons sup-
poser que la même prescription est donnée en des termes
différents. Nous commencerons par persae fêta. 11 faut rap-
procher les passages suivants :
I b 28, 32. Pedaia feitu, arviu ustentu.
I b 43. Tuse Juvie arviu ustetu, puni fétu, pedaia
fétu.
II a 13. Pedae fétu, puni fétu.
VI a 58. VI 6 3. Persae fetu^ armo fétu.
VII a 41. Persaea fetu^ poni fétu, arvio fétu.
VII a 54. Arvio. fetUj persaea fétu.
II a 22. Esunu pedae futu katles.
111,32. Uvem pedaem pelsanu feitu.
II a 11. Puve peraknem pedaem fétu.
De la comparaison de ces passages il ressort que le groupe
rs dans persae est le représentant d'un d; on voit, en outre,
que persae est écrit d'autres fois persaea, pedaia : c'est là
l'orthographe la plus complète et la meilleure. Nous retrou-
vons le même suffixe que nous avions dans pernaies pust-
naies. L'orthographe pedae pour pedaia est due, &ce qu'il
semble, à l'influence de l'i, qui, après avoir transformé l'a
suivant en e, a lui-même disparu, comme il a disparu dans
pusnaes (I a 2). Dans les six premiers passages, pedaia
pedae persaea persan représente un accusatif pluriel neutre
ou (ce qui est moins vraisemblable à cause du manque con-
stant de m) un accusatif singulier féminin. Dans le passage
II a 22 pedae est un nominatif singulier féminin. Dans les
deux phrases puve peraknem pedaem et uvem pedaem
l'accusatif masculin pe^aium s'est changé en pedaim, puis
pedaem. Pour connaître le sens de cet adjectif il faut main*
tenant étudier le substantif dont il est tiré, savoir pe^um,
persom.
TABLE I a 7. — TABLE VI a 58. 111
I a 29, 32. Kapide pe^um feitu.
II a 9. Kapide pedu preve fétu.
II a 23. Erematra aplenia pedu seritu.
II a 27. Yestiçia pedume persQihmu.
III, 33. Edek pedume purtuvitu.
VI b 24, 37. Capirse perso omtu»
VI b 38. Persome eriÂS dirstu.
VI b 39, 40. Persome.
Ce mot pedum persom désigne un objet destiné à être pré-
senté dans une coupe (capide) et à être recueilli dans un
bassin (krematra aplenia). On peut donc croire qu'il est
le nom de quelque liquide : mais Tétude des divers passages
où il figure donne plutôt à penser que c'est le nom de la liba-
tion elle-même; j'y vois un terme générique désignant l'of-
frande d'une libation aux dieux. Quand l'adjectif pedaium
est pris substantivement, il a le même sens que pedu m. Dans
les deux derniers exemples, où il se rapporte à des noms d'a-
nimaux (bovem, ovem), il signifie, à ce qu'il semble, cum liba-
tione conjunctum, libatione prœditum. D'après tout ce qui
précède, nous traduirons persae fétu par « libamina facito. »
Je viens maintenant à la leçon supasiimtu, qui, comme
on l'a dit, doit avoir au fond le même sens. Supa sopa est un
mot fréquemment employé. Voici les passages :
VI b 17. Eno mefa vestisia sopa purome efvrfatu; svbra
spahmu.
VII a 38. Enno vestisia mefa spefa sopcwn py/roms efu/rfatu;
subrà spaha/mu.
IV 17. Inumek vestiçia* persuntru supu ereçle
hule sevakne skalçeta kunikaz purtuvitu.
IIa22. Supa hahtu; sufafiaf supaf hahtu.
IV 8. Âseçetes karnus iseçeles et vempesuntres
supes sanes pertentu.
II a 29. Âseçeta karne persnihmu; vempersuntra
persnihmu; supa spantea pertentu; veskies vufetes
persnihmu; vestikatu; ahtrepudatu; adpeitu;sta-
titatu; supapustra perstu.
VI 6 5. Ape sopo postro peperscust^ vestisia et mefa spefa
scalsie conegos fetui
\i Vesfeça.
112 TABLE I a 7. — TABLE VI a 58.
YII a 8. Ape supo postro pepescuSj enom pesclu Ruseme
vesticatu.
I a 9. Supa sumtu.
I a 16. Supa sumtu.
II ressort de ces passages où tout (nous devons le dire d'a-
vance) n'est pas déchiffré, que sopa désigne un objet destiné
à être présenté en offrande (purtu vitu) et qu'il se trouve en
compagnie d'autres objets dans lesquels nous avons reconnu
ou nous reconnaîtrons un peu plus loin des g&teaux sacrés.
Je rappellerai à ce propos un passage d'Amobe qui montre
quelle était à cet égard la richesse de la synonymie latine
(Adv. Nationes, VII, 24) : Quid [sibi volunt] fitilla, quid firu-
men, quid africia, quid gratilla, catumeum, conspolium, eu-
bula? Ex quibus duo, quse prima, sunt pultium nomina sed
génère et qualitate diversa, séries vero qusB sequitur liborum
significantias continet , et ipsis enim non est una eademque
formatio. A cette série on peut ajouter, d'après Festus et
d'autres auteurs, far pium, mola, pastillum, glomus, subu-
cula, turunda, summanalia, arculata, etc. * Nous verrons que
dans notre texte la synonymie n'est pas moins nombreuse,
quoique nous ayons peut-être rangé à tort parmi les gâteaux
sacrés des termes qui signifient « pultem » ou « polentam. »
Quoi qu'il en soit, le mot sopa^ parait bien figurer à bon
droit dans la famille des liba, puisqu'il doit être exposé sur
le feu (purome) comme le far tostum des Romains (Ovid.
Fastes, II, 24) et puisqu'il doit être ensuite purifié [efurfatu]
et arrosé (subra spahmu). Nous reviendrons sur ces différents
points en temps et lieu. Nous traduisons sopa par <c panis ».
Si le régime est un mot signifiant « libum », pour que
la phrase soit synonyme de persae fétu, il faut sans doute
que le verbe signifie « adspergito. » Malheureusement sumtu
est d'origine inconnue. Tout en concédant qu'un verbe sumtu
« qu'il arrose » a pu exister en ombrien, je présenterai sur ce
mot une conjecture. Dans le passage qui nous occupe, supa-
sumtu est écrit sans séparation. Un peu plus loin (I a 16) on
a supa. sumtu. Il se pourrait que la seconde fois le graveur
1 . Bouché-Leclercq, Les Pontifes de Vancienne Rome, p. 65. Sur les objets, en
général, qui sont offerts dans les sacrifices, Toy. Becker-Marquardt, IV, 259, 286.
2. Il serait intéressant de savoir s'il y a une parenté entre Tombrien sopa et
le mot roman de môme forme. Diez croit ce dernier d'origine germanique.
TABLE I a 9. — TABLE VI 6 1. 113
eût mal lu son modèle, et que le verbe fût umtu. Nous trou-
vons ce verbe deux fois (II a 38, IV, 13) avec le sens « ungito. »
De fausses séparations ne sont rien d'insolite sur les tables
eugubines, et particulièrement sur la première. Il faut toute-
fois rendre compte du s qui est venu se placer en tête de
sumtu : ou bien nous avons ici Tancien accusatif féminin
pluriel, comme on trouvera abrons (VU a 43) au lieu de la
forme ordinaire abrof^ ou bien le texte original portait un M
et non un s, confusion facile à expliquer par la forme de ces
deux lettres dans l'alphabet étrusque (sopam umtu). Je penche
pour la première explication , car on verra plus loin qu'il est en
effet question de deux sup a. — Tous les autres mots sont con-
nus, sauf strusla qui est un congénère du latin stnu*8 au sens où
il est défini par Festus : Strues gênera liborum sunt, digitorum
conjunctorum non dissimilia, qui superjecta panicula in
transversum continentur. Cf. Ov. Fastes, I, 276. Hœc adolet
flammis cum strue ferta suis. Gaton (R. R. 134) : Jano struem
commoveto. Le mot ombrien est plusieurs fois écrit s t ru hçl a,
ce qui montre que Vu est long. L'affaiblissement de c en ç
prouve que nous n'avons pas ici le même suffixe que dans
pihaclv/my muneklu. La comparaison du mot arçlataf=i latin
arculatas doit faire penser que c'est le diminutif d'un an-
cien mot struca ou strucum.
TRADUCTION.
(VI a 58) Post portam Trebulanam sues altiles très facito
Trebo Jovio pro colle Fisio, pro civitate Iguvina Libamina fa-
cito. Ollas facito. (59) Lacté facito. Tacitus precator. Tuncnun-
cupato uti ainte portam Trebulanam. Prosectis struiculam,
offam addito.
(1 a 7) Post portam Trebulanam très sues altiles facito
(8) Trebo Jovio pro colle Fisio, pro civitate Iguvina. (9) Panes
aspergito. Ollas donato. Lacté facito. Tacitus precator. Adi-
pibus, extis [facito].
SACRIFICE PRÈS DE LA SECONDE PORTE.
(VI b 1) Preverir Tesenocir buf Irif fétu Marte Graibovei ocri'
per FisiUy totaper Jjovina. Arvio fetu.Vatuo feiHne fetti. P(mi{i)
8
114 TABLE I a 13. — TABLE VI b 13.
fetu, TcLses persnimu. Prosesetir farsio ficla arsveitu. Surwr noir-
ratu p%ise pre verir Treblanir,
(I a 11) Pre veres Tesenakes tre buf fétu. Mar-te Kra-
puvi (12) fétu ukripe Fisiu tutaper Ikuvina. Arviu
ustentu. (13) Vatuva ferine fétu. Puni fétu, Kutef
pesnimu. Adepes* arves.
La conservation du c et du /c dans Tesenocir et Tesenakes
mérite d'être remarquée. Elle tient à la diphthongue oi, dont
ri et Ye sont les représentants : autrement on aurait eu Tese-
noéir^ Tesenaçes. Il a déjà été parlé (p. 61) de cette dénomi-
nation géographique. — La divinité à laquelle est offerte le
nouveau sacrifice est Mars. On sait que ce dieu était à l'ori-
gine une divinité rustique et nullement guerrière, comme
l'indiquent ses surnoms de custos, pacifer, campestris, etc. *.
Si la conjecture que nous avons présentée (p. 66) au sujet de
Grabovius est fondée , nous avons ici le Mars Gradivus des
Romains. — Fa/rsio ne saurait être le latin fan^emn^ comme le
suppose Kirchhoff, car la forme deux fois employée farer
(V b 9, 14) prouve que rs a été assimilé en rr^. Il faut, comme
Ta déjà reconnu Huscbke, voir dans ce mot un congénère du
latin fa/rcirey fardmen. Isidore, Orig. XX, 2 : Farcimen caro
concisa et minuta, quod eo intestinum farciatur, hoc est, im-
pleatur, cum aliarum rerum commixtione. Arnobe (Adv. nat.
YII, 24) cite les farcimina au nombre des mets offerts en sacri-
fice. Je suppose que la forme primitive était fardvvm. — Re-
marquez I a 12 : ukripe au lieu de ukriper.
TRADUCTION.
(VI 6 1) An te portam Tesenacam boves très facito Marti Gra-
bovio pro colle Fisio, pro civitatc Iguvina. OUas facito. Tura
acerra facito. Lacté (2) facito. Tacitus precator. Prosectis far-
cimen, offam addito. Tune nuncupato uti ante portam Trebu-
lanam.
(I a 11) Ante portam Tesenacam très boves facito. Marti
Grabovio(12) facito pro colle Fisio, pro civitate Iguvina. OUas
1. Àdpes.
2. Voy. Robiou, dans les Mémoires de la Société de linguistique , II, 206.
3. Le même reproclie doit s'adresser aux comparaisons de Savelsberg, ZH,
XXI, 222-229.
TABLE I a 14. — TABLE VI 6 3. 115
doûato. (13) Tura acerra facito. Lacté facito. Tacitus preca-
tor. Adipibus, extis [facito].
(VI & 3) Post verir Tesenodr sif filiu trif fétu Fiso Scmsie
ocriper* Fisiu^ totaper Ijovina. Poni feitu. Persae fétu. Arvio
fétu. (4) Surur na/ratu pvsi pre verir Treblanir. Tases pers-
nimu. Mandraclo difue destre hàbitM. Prosesetir ficla (5) stru4la
cvrsfoeitu. Ape sopo postro peperscust^ vestisia et mefa spefa scal-
sie conegos* fétu Fisovi Sansi (6) ocriper Fisiu totaper lovina.
Eso persnimu vestisia vestis : Tio subocau subocOy Fisovi Sansi^
ocriper Fisiu, (7) totaper Ijovina^ erer nomneper^ (8) era/r nomr-
neper. Fons sir, pacer sir, ocre Fisi, tote Ijovine, erer nomne,
era/r nomne. Arsie, tiom subocau suboco^ Fisovi Sanéi. Arsier^
frite, tiom subocau suboco, Fisovi Sanéi. Su/ront {9)pompesnimu.
Mefa spefaeso persnimu : Fisovie Sanéie, tiom esamefa spefa Fi-
sovina ocriper FisiUytotaper Ijovina, (10) erernomneper,era/rnomr'
neper. Fisovie Sanéie, ditu ocre Fisi, tote Jovine, ocrer Fisie, totar
Jovinar dupursus (11) peturpursus fato fito. Peme postne sepse
sa/rsite "f* uouse avie esone. Futu fons pacer pase tua ocre Fisi,
tote Ij ovine, (12) erer nomne, era/r nomne. Fisovie Sanéie, salvo
seritu ocrem Fisi, tota/m, Jovinam. Fisovie Sanéie, salvo seritu
(13) ocrer Fisier * tota/r Jovina/r nome, nerf, arsmo, viro, pequo,
castruo, frif. Salva seritu. Futu fons pacer pa^e (14) tv>a ocre
Fisi, tote Ijovine, erer nomne, era/r nomne. Fisovie Sanéie, tiom
esa mefa spefa Fisovina ocriper Fisiu, (15) totaper Ijovina, erer
nomneper, erar nomneper. Fisovie Sanéie, tiom subocau. Fisovie
frite^jUom subocau. Pesclu (16) semu vesticatu atripv/rsata. Ape
ea/m purdinsust, proseseto erus ditu. Eno scalseto vestisia/r crus
conegos (17) dirstu. Eno mefa vestisia sopa pwrome efurfatu.
Suhraspahmu. Eno serse coraoltu. Comatir persnihimu. (18) Ca-
pifpv/rdita dupla aitu. Sacra dupla aitu^
\ ii. U, P„, ,er.s Tes.na.e. .«, ,., rsUuf ,e.„
(15) Fise Saçi ukriper Fisiu, tutaper Ikuvina. (16)
Puni fétu. Supa sumtu. Arviu ustentu. Mefa (17) ve-
stîça ustetu. Fisuvi • fétu; ukriper Fisiu fétu. Ka-
pi^ purtitaf sakref: etraf purtitaf, etraf (19) sakref
tutaper Ikuvina. Kutef pesnimu. Adepes arves.
La table YI contient in extenso une invocation qui est seule-
tnent indiquée sur I par les mots Fisuvi fétu. Le sacrifice a
1. Ocrifer. — 2. Confgos. — 3. Àner. — 4.Fm et* — &• *Wle. — 6^ Fiiuvi.
116 TABLE la 14. — TABLE VI b 4.
lieu derrière la porte de Tesena : on immole sif filiaf trif^
c'est-à-dire sues lactentes très*. Nous avons ici filiitë dans
son sens étymologique, qui est « nourrisson ». La racine fe
« allaiter, nourrir » a donné en latin femina^ felus, fecundus^
fela/te^ felix; son è s'est changé en ^dans fîlius^o\x% l'influence
de la syllabe suivante, comme on a mantele et mantilia.
Comme primitif de felare, felix^ et filius on peut supposer un
ancien mot fêla « mamelle », correspondant au grec ^M *. —
La divinité à laquelle on immole ces porcs s'appelle Fisus
Sancius ' : mais, par une particularité difficile à expliquer, il
est ensuite question d'un Fisovius Sancius auquel s'adresse
l'invocation. Le suffixe ovivs paraît le même que dans Grabo^
vixtë. Ce Fisovius ne fait-il qu'un avec Fisus ou est-ce une
divinité différente? C'est une question que je n'oserai décider:
en tous cas, si ce sont deux dieux, ils sont étroitement ap-
parentés. La ressemblance de Fisus (pour Fissus) Sancius
avec le dieu latin Fidius Sancus a été depuis longtemps si-
gnalée : c'est d'après ce dieu sans doute qu'est nommée la
colline Fisienne, si souvent mentionnée sur nos tablfts.V.p.71.
Mandraclo difue désire habitu est une prescription que nous
n'avons pas encore rencontrée. On peut rapprocher : pu ne
anpenes, krikatru testre e uze habetu ... ape purtu-
vies testre e uze habetu krikatru (II b 27, 29). Le mot
krikatru, comme nous le verrons, désigne un vêtement, et
testre e uze signifie « in dextro humero ». Nous pouvons
donc supposer qu'ici on a une prescription analogue. Huschke,
non sans à-propos, a rapproché une particularité du culte
romain. A la fête des Robigalia, dont le rituel rustique rap-
pelle beaucoup celui des cérémonies d'Iguvium, le prêtre
porte sur son côté droit un manteau en peau de bête. Ovide,
Fastes, IV, s. f.
Hac mihi Nomenta Romam quum luce redirem
Obstitit in média candida pompa via.
Flamen in antiquœ lucum Robiginis ibat,
Exia canis flammis, exta daturus ovis.
Protinus accessi ritus ne nescius essem.
1. Voy. p. 108.
2. Curtius, Grundxiige, n" 307.
3. Le datif Fùo (VI h 3) au lieu de FUe rappelle \Trébo (VI a 58) au lieu l'e
Tfche. V. ci-dessus, p. 109.
TABLE I a 14. — TABLE VI & 5. 117
Edidit hœc Flamen verba, Quirine, iuus :
Aspera Robigo, parcas Cerealibus herbis...
Dixerat : a dextra villis mantele solutis,
Cumqne meri paiera turis acerra fuit.
Tura focis, vinumque dédit, fibrasque bideatis,
Turpiaque obscen», vidimus, exta canis.
Une coïncidence qui confirme la précédente, c'est que le
prêtre de la déesse Fides avait la main droite enveloppée pen-
dant lé sacrifice. Liv. I, 21. Et soli Fidei solenne instituit. Ad
id sacrarium flamines bigis, curru arcuato, vehi jussit, ma-
nuque ad digitos usque involuta rem divinam facere : signi-
ficantes fidem tutandam, sedemque ejus etiam in dextris sa-
cratam esse. Serv. ad ^En. I, 292. Canam fidem dixit vel quod
in canis hominibus invenitur; vel quod ei albo panno involuta
manu sacrificabatur, per quod ostenditur fidem debere esse
secretam. Des statues représentant le prêtre de la déesse Fi-
des le bras droit enveloppé dans sa robe nous sont parvenues
en assez grand nombre. — Non-seulement le mot mandraclo
fait probablement allusion à cet usage, mais il est identique,
à ce que je crois, en sa première partie, au latin man-tele :
c'est le substantif manus^ raccourci comme dans mancipium.
Quant à la seconde partie, il y faut peut-être voir un mot dé-
rivé du verbe tergere (ter(c)-culum), dont Te, par le voisinage
de r, a été changé en a (cf. ukar) et le r transposé. Nous le
traduirons par « mantele ».
Il est plus difficile de dire ce qu'est difve ou difue. La post-
position e[n) doit être d'après l'exemple de testre e uze, re-
connue après le premier mot. Comme l'orthographe de ce
terme, qui ne revient nulle part ailleurs, n'est point sûre,
nous ne nous arrêterons pas à des hypothèses. Disons seule-
ment que c'est sans doute un mot de la 4*' déclinaison au
datif (cf. manuve II h 23) et que le sens paraît être « bras »
ou « côté ».
Ape sopo postro peperscust. — Ce dernier mot a déjà été
mentionné (p. 5) : c'est un futur antérieur signifiant « po-
poscerit ». Il est régi par ape (écrit ailleurs api, appeï) qui est
une conjonction signifiant « postquam, quum » et se con-
struisant avec l'indicatif. La valeur de ape est mise hors de
doute par cette circonstance qu'à ape correspond deux fois sur
la 1. 1 la conjonction pu ne, puni « quum » : ape ambrefurent
(VI b 56) = puni amprefus (I b 21); ape purdinçiust (VII a
118 TABLE I a 14. — TABLE VI 6 5.
42) = pune purtinçus (I b 33). — Je passe ksopopostro qui
sont deux mots régis par peperscust. Il faut rapprocher les
passages suivants :
II a 32. Supa pustra perstu.
II & 19. Vesklu pustru pestu.
VII a 8. Ape supo postro pepescus^ enom pesclu Ruseme ves^
ticatu.
VII a 43. Ape erus dirsusty postro combifiatu Rubiname.
I 6 34. Ape erus tedust, pustru kupifiatu Rupi-
name.
VII a 44. Enem Rvbiname postro covertu.
16 36. Enu Rupiname pustru kuvertu.
V b 13. Pretra toco^ postra fahe.
De la comparaison de ces passages il ressort que supo postro
est un ablatif féminin ^ Va a été obscurci en 6 comme dans
pihosss pihaz ou Tesenocir= Tesenakes. La construction
d'un verbe signifiant « precari » avec un ablatif est déjà
connue : «je t'invoque avec cet objet », c'est-à-dire « je t'offre
cet objet ». D'autre part, nous avons déjà vu que sopa est le
nom d'un gâteau destiné à être arrosé (p. 112). Il ne reste à
expliquer que postro. Ce mot exprime, non pas une idée d'es-
pace, mais une idée de temps. Les endroits les plus probants
sont VII a 43 = I & 34, VII a 44 = I b 36, où l'on ordonne à
l'adfertor de se rendre pour la seconde fois à Rubinia. Il a en
effet été déjà question d'un sacrifice à Rubinia. L'adverbe pos-
tro(m) correspond donc au latin rursum ou alterum. Dans le
passage qui nous occupe il est adjectif, de sorte que la phrase
se traduira : « postquam pane altero precatus erit », et en
effet, il a été question d'abord d'une autre supa. Rappelons
à ce sujet ces vers de Virgile (Mn. V, 77), où nous voyons le
nombre deux associé à des libations :
Hic duo rite mero libans carchesia Baccho
Fundit humi, duo lacté novo, duo sauguine sacro.
Le même fait est exprimé en d'autres termes I a 28, 30.
VesHsia et mefa spefa fétu. Ces mots doivent être réunis,
comme on le voit déjà par la comparaison de I a 16. Le texte
de I ne contient pas spefa^ ce qui montre qu'il n'est pas né-
cessaire au sens : nous avons déjà dit plus haut (p. 101 ) que c'est
probablement une épitbète. Je crois qu'elle fait allusion à
). le rappelle que Tablatif masculin et neutre est en v,
TABLE I a 14. — TABLE VI & 5. llô
l'action qui est exprimée sur I par supas umtu et sur YI
par persae fétu. J'y vois un ancien participe d'un verbe cor-
respondant au grec aTrevSo) : un participe spenssus, d'après
ce qui a été dit, donne spefus « arrosé »• Cette explication
sera confirmée par l'examen des expressions supa spantea
(II a 30) et supes spanes (IV, 8), ainsi que du parfait passif
spafu fust (V â 20).
Vestisia est un substantif féminin très-fréquemment em-
ployé; les variantes les plus importantes sont : vestiçia,
vestiça, vesteça, vistiça, vestiéia^ vestiéa, La forme pri-
mitive est vestiçia ou vesteçia ou vistiçia: l't, après
avoir amené le changement du c précédent en ç, a parfois
disparu; c'est un fait dont nous aurons plusieurs autres
exemples.
Ce mot figure ordinairement (comme cela a lieu dans le pas-
sage qui nous occupe) en compagnie de termes tels que mefa
ou sopa. C'est une raison de penser qu'il a une signification
approchante. On le rencontre aussi comme complément du
verbe fingere^ qui est le terme technique pour les opérations
de boulangerie (v, p. 101) :
I a 18. Esmik vestiçam preve fiktu « tum —ara semel
fingito. »
I a 30. Esmik vestiça afiktu «ctum — am denuo fingito.»
A côté de ce substantif ves^i^a se trouve un verbe qui mar-
que un acte important du cérémonial des sacrifices, et qui
présente sans aucun doute avec lui un rapport étymologique.
C'est le verbe qui fait à l'impératif vestikatu <
II a 24, 31, 37. Vestikatu ahtrepudatu.
II a 35. Rapide Hunte Juvie vestikatu.
VI 6 16. Pesclu semu vesticatu atripursatu.
VII a 8, 23. VII a 36. Enom pesclu Ruseme vesticatu.
VII a 24. Enom Ruseme persclu vesticatu.
VI 6 25. JÉom (capirso) mani nertru tenitu amipo vestisiu
vesticos.
Ce dernier passage nous montre les deux mots unis entre eux,
comme stahmei stahmeitei (VI a 5). Le verbe en question
marque un acte qui s'accomplit avec une coupe, ainsi qu'on
peut le voir par son association avec le mot capis. Je crois
qu'il signifie la même chose que le verbe latin libare. Quant à
vestiçia^ je le regarde comme le terme correspondant pour le
sens au latin libum : c'est le mot générique qui comprend les
120 TABLE la 14. — TABLE VI b 5.
différentes espèces telles que mefa^ sopa , etc. Le dernier pas-
sage cité signifie : « hanc (capidem) manu lœva teneto donec
libum libaverit. »
Si le sens du verbe vestico et celui du substantif vesiiéia ne
font guère doute à mes yeux , il me paraît plus difficile d'en
donner Tétymologie. Une question qu'il faudrait résoudre
d'abord, serait de savoir si ve est un préfixe (comparez le ve
de ve-persutra (Il a 30. II b 15, 18. IV, 7) ou s'il fait corps
avec le mot. Dans le premier cas, on aurait une racine stic;
dans le second cas, on pourrait penser à la déesse Vesta. Je
laisse cette question à de plus habiles.
Le sens de la proposition est donc : « postquam pane altero
precatus erit, libum et molam sparsam.... facito ». Il nous
reste à analyser les deux mots scalsie conegos, qui malheu-
reusement sont très-obscurs. Cette expression, qui revient
six fois, présente les variantes suivantes :
IV, 18, 20. Skalçeta kunikaz purtuvîtu.
IV, 15. Skalçeta kunikaz apehtu^
VI b 16. Eno scalseto vestisiar erus conegos dirstu.
VI b 5. VII a 37. Scalsie conegos fétu.
Ces différentes leçons servent à se contrôler et à se corriger
Tune l'autre. On voit que dans scaléie il faut rétablir un é, qui
représente le ç de skalçeta : d'autre part, scalsie a gardé Vi
qui a disparu dans skalçeta, probablement parce qu'il se
trouvait devant la syllabe accentuée. Mais quelle est cette fi-
nale ta que nous présente skalçeta et qui ne doit pas être
indispensable au sens, puisqu'elle manque dans une partie des
passages identiques qui viennent d'être rapprochés? Il est dif-
ficile d'y voir autre chose qu'une variante de la syllabe ta
dans anglu-tOj tefru-tOy vapersus-to, et de la syllabe tu dans
akrutu. Il faut remarquer que cette leçon skalçeta se
trouve sur la table III. Or, les tables III et IV représentent
encore en d'autres mots un u final par a : au lieu de terminer
l'impératif pluriel en tutu (cf. hatutu I b 42) elles le termi-
nent en tuta (ustentuta, fertuta). On ne peut douter que
ce ne soit là une particularité d'orthographe sans valeur
grammaticale : la véritable désinence de l'impératif pluriel,
mainte fois employé sur les t. VI-VII, est tuto^ dont la repré-
sentation normale en écriture étrusque eût été tutu. Nous
t. Le texte porte apehtre.
TABLE I a 14. — TABLK VI b 6. 121
sommes dès lors autorisé à admettre pareil changement de
Vu en a pour Tenclitique en question, qui, comme on Ta vu
(p. 41), équivaut à Tadverbe latin tum.
D'après l'exemple de anglu^ akru, vapedus, tefru, nous
verrons dans scalçie un ablatif : comme on a vu (p. 42) que
l'enclitique ombrienne tvm sert à marquer le lieu où l'on est,
sans être très-essentielle au sens, nous regarderons scaléie et
scalçe-ta comme deux expressions synonymes marquantune
idée d'emplacement. Quant à kunikaz, conegoSy c'est le no-
minatif singulier d'un participe passé comme pihaz, pihos.
La syllabe initiale est la préposition ku, co=. latin cum.
Reste la syllabe nik, neg^ oii le changement de la voyelle nous
révèle un ancien ei,etoii la gutturale a dû être primitivement
forte, puisqu'un ancien g entre deux voyelles se serait affaibli
en y. On a donc une syllabe neic qui se retrouve dans le latin
nicere et son fréquentatif nictare : le sens de ces deux verbes,
comme rétablit Corssen *, et comme le prouvent non-seulement
le participe nixus, mais le gothique hnaivan^ l'allemand nezgrcw,
est c< s'incliner, se baisser, s'appuyer ». Nous obtenons donc un
participe équivalant pour le sens au latin connixu^ et différent
seulement par la conjugaison. Dans l'ignorance où nous
sommes sur l'étymologie de scaléie^ il nous parait difficile de
rien dire de plus. Scaléie peut marquer soit l'objet sur lequel
le prêtre s'appuie, soit la direction dans laquelle il s'incline.
Je ferai remarquer en finissant que nous avons dans ce mot
un exemple d'un nom de la 5* déclinaison : on verra que ce
n'est pas le seul.
Eso persnimu vestisia vestis, — Ici le mot vestma est à l'abla-
tif, étant régi par pesnimu. On peut comparer les passages
suivants :
VI b 9. Suront poni persnimu; mefa spefa eso persnimu.
llb 19. Ranu pesnimu; puni pesnimu; vinu pesni-
mu; une pesnimu.
IIa29. Ampedia persnihmu; aseçeta karne pers-
nihmu; venpersuntra persnihmu.
II a 39. Asaku vinu sevakni taçez persnihmu.
YII a 9. Enom vesclir adrir Ruseme eso persnihimu.
VII a 24. Ennom vesclir alfir persnimu.
1. Àusiprache *, I, 83 s. Une gutturale initiale s'est perdue en latin et en om-
brien, comme en allemand moderne.
122 TABLE la 14. — TABLE VI b 10.
Ces exemples, qu'on pourrait aisément multiplier, montrent
que l'impératif persmmu « precator » se construit avec l'abla-
tif : « ita precator libo », c'est-à-dire « ita precans offerto li-
bum ». L'origine de cette construction doit sans doute être
cherchée dans la signification sociative de l'ablatif ombrien :
on a dit « qu'il prie avec ce gâteau, en même temps qu'il offre
ce gâteau », et l'ablatif, après avoir d'abord marqué une
offrande accompagnant la prière, a été pris comme régime de
persnimu. C'est peut-être ici le lieu de citer ce passage de Pline
(H. N. XXVIII, 3) : Quippe victimas cœdi sine precatione non
videtur referre, nec deos rite consuli. Comme exemple du sens
sociatif de l'ablatif, je citerai cette phrase qui nous présente
les deux mêmes idées associées d'une autre manière : enom
Rvseme persclu vesiicatu « tum ad Rusemam [cum] preca-
tione libato ».
Vestis est le même mot et construit de la même manière
que YI a 22, où nous avions vesteis. Nous traduisons : a Ita
precator [cum] libatione, velatus ». Il était d'autant plus im-
portant de mettre cette construction hors de doute que sur un
examen superficiel on pourrait être plus tenté de rattacher
vestisia à vesiis.
Nous avons ensuite le texte de l'invocation qui ne présente
rien de nouveau. Cf. VI a 22-34. — Le texte narratif reprend
avec les mots : suront poni pesnimu © tum lacté precator ».
Une seconde invocation est introduite par la formule : mefa
spefa eso persnimu « mola sparsa ita precator ». Dans cette
prière, à côté de formules déjà connues, se présentent un cer-
tain nombre de formules nouvelles, dont quelques-uaes, qui
ne reviennent nulle part ailleurs, sont obscures. La prière
commence par nommer l'objet qui est offert : tiom esa mefa
spefa Fisovina « te bac mola sparsa Fisovina [invoco] ». L'ad-
jectif Fisovina est formé d'après le nom du dieu. C'est ainsi
que dans un sacrifice au dieu Tefrus (VI b 28, 35) on a : Tefre
JoviCy tiom esu sorsu persontrUy Tefrali pihaclu « te hoc ,
Tefrali piaculo ». Cf. Festus (p. 104) : Janual libi genus quod
Jano tantummodo libatur. Il y avait de même à Rome des
gâteaux appelés Simim^nalia, d'après le nom du dieu Sum-
manus. Sur la table de Rapino on trouve une ovis Jovia.
Ditu est un impératif ayant pour régime direct fato fito^
pour régime indirect les trois groupes : ocre Fisi — tote Jovine
— dupurms peturpwrsus. Ces mots sont au datif. Le dernier
groupe gouverne à son tour les génitifs ocrer Fi$ie(r), totar
TABLE I a 14. — TABLE VI b 10. 123
■
Jovinar. ^ Il est aisé de reconnaître dans ditu un mot signi-
fiant <c donne! ». Mais la question grammaticale soulevée par
ce verbe n'est pas si facile à résoudre. On a les variantes
suivantes :
Ditu (YI b 10, 16, 25. VII a 38).
Titu (la 33).
Têtu (II a 9, II 6 21).
Tedtu(IIa40, 40. IV, 28).
Dirstu (VI b 17, 38, 38, 39. VII a 5).
La question qui se présente est celle-ci : toutes ces leçons
représentent-elles des orthographes diverses d'une seule et
même forme, ou avons-nous ici des formes grammaticale-
ment différentes? Pour répondre à cette question nous com-
mencerons par tedtu et dirstu^ qui supposent un thème ver-
bal ted ou dirs, c'est-à-dire, vu les particularités d'orthogra-
phe dont il a déjà été souvent question, ded ou did. C'est le
verbe dare avec un redoublement devenu à peu près mécon-
naissable, comme cela est arrivé, par exemple, en latin pour
serere « semer ». Le changement du rf en d suppose qu'il avait
encore à l'origine une voyelle à sa suite : on obtientdonc une
forme dedetu ou didetu^ qui répondrait au grec StSdro). Cette
voyelle ayant disparu, le d (représenté par rs sur les deux
dernières tables) a pu se maintenir, comme on voit, devant le
, probablement à l'aide d'une sorte de schéva. Aufrecht sup-
pose, et c'est la solution la plus vraisemblable, que dans ditu
titu têtu la seconde syllabe a fini par s'effacer. Cependant
il ne serait pas impossible que le verbe dare eût eu une autre
conjugaison sansjredoublement : dio^d'oii l'impératif ditu sur
le modèle de habitu, seritu. Une telle régularisation d'un an-
cien verbe irrégulier n'aurait rien que de conforme à l'histoire
du langage. On en verra un exemple dans un instant et le
latin audire^ pour aus-dire « placer dans l'oreille, écouter, en-
tendre » (cf. aus-culta/ré)^ nous montre le verbe en question
fléchi également d'après la conjugaison faible. Cf. plus haut
(p. 60) le subjonctif dia, — Il n'y a pas d'observation à faire
sur les mots suivants, sinon que Fisi est pour Fisei^ et que
le r final de Fisier a été omis. — Dupursus peturpy/rsus sont
deux datifs de thèmes à consonne. On a de même fratrus,
homonuSj kapidus, et nous avons déjà eu vapersiis (p. 43),
luderue (p. 46). Le thème est dupurs-^ peturpurs-^ dans les-
quels rs tient la place d'un d. Comme on l'a reconnu de bonne
124 TABLE I a 14. — TABLE VI 6 11.
heure, ce sont des composés dont le second terme est le
thème pvd = latin ped^, grec iro5, et dont le premier terme
est un nom de nombre. Dupursus correspond pour le sens au
latin bipedibiis : il est probable que Tombrien, qui a dû pos-
séder anciennement Fad verbe 6fs, ainsi que le thème 6i(=
sanscrit dvi, grec Sft, oi), a refait un composé nouveau à
l'aide du nom de nombre du, dont il a également tiré un ad-
jectif nouveau duti(m) (VI b 63) pour dutiom « la seconde
fois » (cf. tertim), — Peturpursus se traduirait en latin par
« quadrupedibus ». Cf. Festus (p. 206) : « Petoritum et gal-
licum vehiculum esse et nomen ejus dictum esse existimant
a numéro IlII rotarum : alii osce, quod hi quoque petora
quatuor vocent; alii grasce, sed aloXixéSç dictum ». Le rensei-
gnement de Festus est vrai de tout point. Dans certains dia-
lectes celtiques on voit le p remplacer le c des autres dia-
lectes : kymrique petguar^ pedwa/r, breton petua/r, en regard
de l'irlandais cethir^. D'autre part, la forme osque est attestée
par la table de Bantia, où Ton a(l. 14, 15) petiropert, petirupert
signifiant « quater ». On a enfin la forme éolienne ircaoupsc.
L'ombrien, d*accord avec l'osque, a petur^ contraction pour
petuor. — Fato fito. Ces deux mots, qui expriment ce que le
dieu doit donner aux bipèdes et aux quadrupèdes, n'ont pas
trouvé jusqu'à présent d'explication satisfaisante. Kirchhoff a
songé pour le premier terme au latin fatwm : mais l'idée de
destinée ne convient pas beaucoup, ce semble, au moins pour
les quadrupèdes. Ce qu'on attendrait ici, c'est une expression
comme « prospérité, développement, accroissement ». Je pro-
poserais de voir le substantif dans fitOy que Kirchhoff suppose
être l'adjectif, et je le rapporterais à la rapine fu « être, de-
venir ». Le premier rapprochement qui se présente à l'esprit,
c'est le grec «pttu, ©iTUfi-a « plante », d'où ««uw « planter ».
Mais l'i, dans ces mots, paraît être produit par la dissimila-
tion, le grec ne souffrant pas volontiers un u dans deux syl-
labes consécutives. L'ombrien fito a une autre origine. La
racine fu peut se conjuguer comme un verbe faible, c'est-à-
dire sur le modèle du latin audio. C'est ce que nous voyons
par la forme fuiest (V a 9) qui est un futur, et par la forme
fui a (III, 7) qui est un subjonctif. Même en latin, la racine
fu suit parfois cette conjugaison, car le verbe fio est pour
1. Vo se trouve en latin dans tripodarBj et, assourdi en u, dans tripudium.
2. Curtius, Grundsûge*j n»648. Zeuss^, p. 66.
TABLE I a 14. — TABLE VI 6 11. 125
fuio. On a donc, d'après cette conjugaison, un participe neu-
tre fuUv/m, Par la même contraction de uî en î qui a donné
l'ablatif ombrien manî (pour manwf), fuîtum est devenu fîtum.
On peut prendre ce mot soit au sens passif (produit, descen-
dance), soit plutôt au sens abstrait (production, dévelop-
pement). Cf. en latin appetUns. On a déjà vu que les mots de
la 4* déclinaison font leur accusatif en o[m)^.
Je passe à fato(m) dans lequel je reconnais Tadjectif déter-
minant fito{m). G est selon moi un participe auquel corres-
pondrait, s'il existait, un latin fauius. Ce mot ne se trouve pas
en latin parce qu'il a été remplacé, surtout dans le sens où
nous le voyons employé ici, par l'adjectif faustus*. En latin
vulgaire, au est souvent devenu d, c'est-à-dire que la première
partie de la diphthongue a pris le dessus sur la seconde. Ainsi
AugustuSyauguTium^ auscuUare^ ClauditLS^ defraudaviy augmerir-
tare^ aulem, Plautus ont donné Agustus^ aguritim^ (zscuUare,
CladiuSy defrordavi, agmenta/re^ atem^ Platus*. C'est le même
phénomène qui fait qu'à mtvfôfAev, Iloaet^v correspondent en
dorien icetvarfuc, IloaciSav. Dans certains dialectes allemands,
atich devient âch. Un autre exemple, sur les inscriptions om-
briennes, de ce changement de au en d, c'est la conjonction
ahtu (Il a 10, 11) = autem. — La traduction de cette phrase
est donc : « Fisovie Sancie, dato colli Fisio, civitati Iguvinœ,
collis Fisii civitatis Iguvinœ bipedibus quadrupedibus faustum
proventum. » Cette formule, en sa concision prosaïque, dé-
signe l'ensemble des êtres animés, y compris les hommes. Il
est rare de trouver chez les Romains le mot bipes appliqué à
l'espèce humaine, sinon en plaisantant ou par invective ^
Mais dans les Védas, dans l'Avesta les exemples de cette sorte
de formule sont nombreux.
Peme postne sepsesarsite uou seauie esone. — Dans leur
grand ouvrage, A. K. s'abstiennent de toute explication sur
ces mots, « dont quelques-uns sont monstrueux \ » Cependant
1. Cette tendance à régulariser les verbes un peu difficiles a produit en italien
Us participes comme vedtUo, creduto, dovuto, cretHuto, La forme affectionnée
par Tombrien est en eitom, etom, itom : cf. proteçetom, inrsetom, avtffeiomss la-
tin prosectum, visum, invisum.
2. Fauittu vient de favos, focor, par le suffîze secondaire -io. C'est ainsi que
honot, fas, onus, tcelus, robur font honestus, fastus, onusttu, scelestus, robuttus»
3. Corssen, Âutsprache^, J, 663. Schucbardt, Vas Vulgàrlatein, II, 305 ss.
D'Arbois de Jubainville, MSL, I, 415.
4. Voy. par ex, Cicéron, Pro domo sua^ 18.
5.ÎII , 200.
126 TABLE la 14. — TABLE VI 6 11.
ils font remarquer trois points qui peuvent du moins laisser
soupçonner le sens général. Peme postne sont des adverbes
formés comme le latin supeme^ infeme : et ce sont précisé-
ment les mêmes adverbes qui ont donné naissance aux ad-
jectifs pernaies pusnaes que nous avons rencontrés au
commencement de la table I, et qui s'appliquent aux oiseaux
dont on consulte le vol. D'un autre côté, dansseame, qui peut-
êlre est mal divisé, il semble que soit renfermé avis. Enfin esone
est le même adjectif qui est employé en parlant des oiseaux.
Cf. VI a 3, 5, 18, — Aufrecht est revenu plus tard sur ce pas-
sage dans le journal de Kuhn, VIII, 215, et il a essayé de faire
un pas de plus. Il corrige le texte de cette façon : peme
postne sepse sarsite vocus avie esone. Il reconnaît dans vocvs le
datif-ablatif pluriel de voœ, dans sepse^ sarsite des participes
correspondant au latin septus^ sa/rctus^^ dans a/oie un adjecn
tif formé de ams à la façon du latin igneus. Tous ces ablatifs
en e ont perdu un s final. Le sens de la phrase serait donc :
« Ab antica, a postica septis sarctis vocibus avium sacris. »
Le savant auteur ajoute qu'à l'exception de sa/rsite^ tout le
reste est pure hypothèse et doit être considéré comme tel. Un
endroit aussi évidemment altéré ne peut, en eflfet, être com-
pris qu'à l'aide de corrections apportées au texte : mais en
l'absence de passages similaires, ces corrections manquent
d'une base solide. Je ne veux pas multiplier inutilement les
suppositions : il me semble seulement que le mot essentiel
doit être avis, de sorte qu'au lieu de AVIE ESONE, je lirais :
AVIS ESONE ou AVI EESONT: (cf. VI a 18)^ Ajoutons que dans
la leçon corrompue vouse on pourrait avec autant de vraisem-
blance que vocus chercher un mot de la famille du verbe latin
vola/re. Pourquoi ces présages, qui se trouvaient au début du
sacrifice, sont-ils rappelés ici, et seulement ici, c'est ce qu'on
ne voit pas bien clairement. La traduction fort incomplète de
1. Sarie in Auguralibus pro integro ponitur: sane sarteque audire videreque.
Pestus, p. 3^2. Charisius (p. 320, éd. Keil) : « Sarcte pro intègre, sarcire enim est
intègre fkcere.... In auguralibus libris, sane sarcteque. »
2» La possibilité de la perte d*un s final au datif-ablatif pluriel de la 3' décli-
naison est attestée par les formes comme Museiate^ Kaselate (II h 2-6),
adepe (1 h 26), sevakne (IV, 9). Quant à la perte d'un s au datif-ablatif pluriel
de la 1'* déclinaison, il n'en existe pas d'exemple. Pour la seconde déclinaison
on a des preuves nombreuses sur les anciennes tables : kumate (I h 38),
Atiiedie (II a 2), snate (II a 37). Sur les tables nouvelles, le s est ordinaire-
ment changé en r.
TABLE la 14. — TABLE VI b 16. 127
ce passage serait donc : « Ante, pone, :— , — , — , avibus sa-
cris. »
Tout le reste, jusqu'à la fin de la ligne 15 est connu et ne
donne lieu à aucune observation, sinon que eriie (1. 15) est
écrit par erreur pour /Vite (cf. VII a 23, 36).
Pesclu semu vesticatu^ atripursatu. — Cette phrase se com-
pose de deux impératifs coordonnés et de deux noms à Tabla-
lif. Les prescriptions qu'elle renferme sont encore données
ailleurs avec diverses modifications :
VI b 36. Persclu sehemu atropusatu,
VII a 36. Enom vesticatu ahatripursatu.
VII a 8. Enom pesclu Ruseme vesticatu Prestote çerfie.., enom
vesclir adrir Ruseme eso persnihimu.
VII a 23. Enom vesticatu ahatripursatu; enom Ruseme pers^
du vesticatu.
lia 24. Vestikatu ahtrepudatu; pustin ançif vinu
nuvis ahtrepudatu; tiu puni tiu vinu teitu.
II a 31. Veskles vufetes persnihmu; vestikatu ah-
trepudatu
II a37. Veskles snate asnates sejvaknis spiniama
persnihmu; vestikatu ahtrepudatu.
II a 35. Kapide Hunte Juvie vestikatu.
VI 6 25. Capirse perso osatu; ea/m mani nertrutenitu arnipo
vestisia vesticos; capirso subotu.
De la comparaison de ces passages il ressort différents en-
seignements. On constate d'abord que si les deux impératifs
sont souvent associés ils peuvent aussi être employés séparé-
ment. On voit ensuite que dans atripursatu la voyelle initiale
est longue, et que le groupe rs représente un ancien % c'est-
à-dire un d. En outre, il est clair que les mots pesclu semu
ne sont pas nécessaires au sens. Chose plus importante, on
remarque que vesticatu et atripursaùu sont dans un certain
rapport avec ridée de coupe (kapide), de vases (veskles)
et de vin (vinu) : dans le passage VI b 25, nous avons le futur
antérieur vesticos (pour vesticaust) encore associé au mot
tt coupe » [capirse^ capirso).
Si nous poursuivons notre examen, nous observons que les
mots persclu semu sont seulement employés deux fois, et il
faut remarquer que c'est chaque fois à la fin d'une prière
citée in extenso. On en peut inférer que ces mots, dont le pre^
128 TABLE I a 14. — TABLE VI h 16.
mier veut dire « precatio, » sont un complément circonstanciel
se rattachant à la prière qui précède.
Nous avons déjà donné plus haut les raisons qui nous
ont fait traduire vesticalu par « libato»*. Quanta atripur-
satUy depuis Grotefend on le traduit par « tripudiato, qu'il
danse. » On a rapproché le célèbre passage du rituel des Arva-
les : « Ibi sacerdotes clusi, succîncti, libellis acceptis carmen
descindentes tripodaverunt in verbahœc*. » Assurément la
danse devait avoir sa place dans un culte où Thomme offrait
à la divinité les jouissances et les spectacles qu'il jugeait lui
être le plus agréables. Il suffit de rappeler ici l'institution des
prêtres Saliens (Liv, I, 20). Cf. Horace (Odes I, 37, 1). — Toute-
fois, si séduisante que soit cette interprétation, elle présente
des difficultés. On ne voit pas bien le rôle du préfixe a*.
D'autre part, des constructions comme : vinu ahtrepu-
datu (Il a 25) ne laissent pas que d'être singulières. Je crois
que nous avons ici un dérivé du mot Tpticou< ou tripes « tré-
pied », qui marque un vase à trois pieds servant soit à chauf-
fer l'eau ou à mélanger le vin, soit à supporter un brasier*».
Après avoir fait sa libation, le prêtre accomplit, au moyen
de ce trépied, une autre opération qui consiste soit à remplir
le bassin avec le reste du liquide, soit à verser la coupe dans
le feu : ainsi s'expliquerait le préfixe d. Je traduirai: « infun-
dito^. Je reviens au motsemu qui déterminepersc/w. Jelerends
par «dimidium ». Le préfixe latin semi- est bien connu. Quant
à l'adjectif serrms, son existence est attestée par la glose de
Philoxène : Semus ^fAixcvo^. Ce serait donc au milieu de la
prière que s'accomplirait cette cérémonie marquée par vesti-
catUy ahatripursatu.
Ape ea/m purdinsust, proseéeto erus ditu,
La phrase se divise en deux propositions , dont la première
est régie par ape «postquam» (v. p. 117) etapurdinsust pour
verbe; le verbe de la seconde est ditu «qu'il donne.» Pour
comprendre l'accusatif eam il faut se reporter, avant la prière,
1. Voy. p. 11 Q.--- A. K. traduisent vesticaiu par « frapper la terre » et le rappro*
chent du latin vesUgare, vestigium. Mais dans cette hypothèse on ne s'explique
pas le c ombrien.
2. Uarini, Tav. XLL Henzen, p. 26.
3. Ce préfixe n'est pas amh « autour, » qui fait an, am : andersafust. C'est le
môme préfixe que nous avons dans ahavcndu (VII a 27) et qui paraît corres-
pondre pour le sens au latin « ad ».
4. Les monuments figurés abondent : voy. par ex. Montfaucon, II, pi. 22.
TABLE I a 14. — TABLE VI b 16. 129
jusqu'aux mots mefa spefa (VI 6 5). On en peut conclure que
la mefa spefa est restée présente à l'esprit du sacrificateur
pendant le sacrifice, dont elle est l'objet principal.
Purdinsust présente une remarquable série de variantes,
qui ne sont pas sans importance pour la phonétique et pour
la formation verbale.
Pv/rdinéiiLSt^ VII a 43,
purtinçus, I 6 33.
purdinéusty VI b 16. 24.
purdinéus, VI b 23. 37. 38.
purtiius, la 27. 30. II a 7. 9.
purtitius, I a33.
A ces formes nous joignons l'impératif du même verbe :
purtuvetu, II b 11. 17.
purtuvitu, II a 24. 29. III 33. IV 1.4. 6. 14. 16. 18. 20.22.
purdovilUj VI a 56.
Le futur est :
Purtuvies, II b 28.
Le participe :
purtitu, I b 39. II a 43. IV 31. Va 18.
purtitaf, la 18. 18.
purditOy VI 6 42.
purditaj VI & 18.
Les variantes du futur antérieur se ramènent, selon nous,
à deux formes : purdinéiust purtinçiust d'une part, et pur-
tij us de l'autre. Quant à purtitius qui n'est employé qu'une
fois, et qui, comme on va le voir, joue un grand rôle dans
une explication proposée par Corssen, je crois que c'est une
faute de lecture du graveur, qui avait sous les yeux l'une des
formes précédentes. Je commencerai par purtiius qui est
régulièrement tiré d'un verbe duio, le môme qui fait purdovitu
purtuvitu à l'impératif. Ui s'est contracté en î, comme au
participe ;5urc?i^o pur tî tu, et cet » s'est dédoublé en t/, comme
dans trijoper et beaucoup d'autres mots. Il est plus malaisé
d'expliquer purdinéiusL A. K. font remarquer que la môme
formation se retrouve dans cambiflansivsl rapproché de l'im-
pératif combifiatu. Mais ils ne se prononcent point sur l'ori-
gine de cette syllabe am, iné. Corssen ' a essayé de fournir
1. Z&. XIII, 197.
9
130 TABLE I a 14. — TABLE VI b 16.
une explication que nous allons reproduire. Purdinéiust^
combifianéivst seraient des formes assibilées pour purdintiusl^
combifiantiust. Il faut supposer des participes présents ayant
donné naissance à des verbes, comme cela a lieu en latin
pour parentaroy ou bien encore des substantifs féminins en
entiay antia^ comme liceniiay patientia^ pœnitefitia, irrvpuden-
tia^ ignorantia. C'est ainsi que liœntia a donné le substantif
licentiatuSy qui suppose un verbe licentiare (Non. p. 228). La
même formation se retrouve en osque, où Ton a patensins
« patefecerint», d'un yerhe pate^isavm, Dans purtit ius laden-
tale n'a pas été assibilée ; c'est donc (sauf la disparition de la
nasale) la forme la mieux conservée. Quant à purtiius, c'est
la forme la plus altérée, puisque le second tj après s'être
changé en ç ou ^, a disparu complètement. Comparez feitu,
feia, deitu = facito^ fadat (volsque fasia)^ didto. — Cette
théorie repose sur deux hypothèses qui ne nous paraissent
pas démontrées : 1** l'assibilation d'un t devant un i suivi
lui-même d'une voyelle ; 2* la disparition d'un é entre deux
voyelles. A la première hypothèse je me contenterai d'oppo-
ser des formes comme uhtretie, Marties, Martie, tertie,
Tlalie où nous ne voyons aucune trace d'assîbilation : non-
seulement ces sortes de formes sont nombreuses, mais on
voit s'opérer des contractions qui prouvent qu'il n'y a pas
assibilation; ainsi dutiom devient duti{m)y tertiom devient ter^
tim. Une autre preuve, c'est que Kureties (ï b 4) est écrit
Coredier sur Ylb 45. Il n'y a pas un seul exemple certain en
ombrien d'un t qui, en cette position, soit devenu é. Tous les
é des mots dont on peut reconnaître l'étymologie viennent
d'un ancien k. — Quant à la seconde hypothèse, celle de la
disparition d'un é entre deux voyelles, elle ne s'appuie sur
aucun exemple concluant, car feia vient directement de fa-
kia, deitu de dectu, feitu de factu. — Conséquemment,
si nous voulons expliquer purdinéiust, comhifianémst par un
ancien nom purdinéia^ combifiaruHa ayant donné naissance à
un verbe, il faut plutôt chercher des analogues parmi les
mots latins comme fiducia, audacia. Je laisse la question ou*
verte*. — Pour terminer, je fais observer que l'i, après avoir
amené le changement d'un c en ç, a disparu d'une partie de
ces formes : purdinéus^ combifianêus. On a déjà eu le même fait
1. Il n'est peut-être pas hors de propos de faire remarquer que le prétérit
étrusque se termine en ce : turce, thece, lupuce, svalce.
TABLE la 14. — TABLE VI b 16. 131
dans vestéa; c'est ce qui a eu lieu en français dans les mots
comme chanson, rançon, annoncer*.
Proseseto erus ditu. Comme l'ont reconnu A. K., le premier
mot est un génitif pluriel : cf. vestisia/r erus diiu (VI 6 16, VII
a 38) où nous avons le génitif singulier. Le pluriel neutre
proseéeta = latin prosecta est connu : le génitif pluriel en
otn, ym est formé à la façon de Deum, nuinmum. — Erus ne
peut être autre chose que le substantif régi par ditu et régis-
sant lui-même proseéeto. De là, la conclusion forcée que erus
est un accusatif. Faut-il en faire un accusatif singulier neu-
tre (cf. tempus, onus) ou un accusatif pluriel masculin (cf.
fructus)? Ce mot, qui n'est pas employé moins de 23 fois,
Test presque toujours dans des phrases semblables à la nôtre.
Les seuls passages décisifs sont :
II a 27. Katles tuva tefra tedti erus prusekatu.
Va7. Revestu pude tedte eru emantur herte.
Dans ces deux passages tedti (tedte) erus (eru) forment
un ablatif absolu, et comme le participe tedti ou tedte ne
saurait être au singulier, la conséquence nécessaire est que
erus (eru) dans ces deux phrases est un ablatif pluriel de la
4* déclinaison % à la façon de ber us (II a 23). Nous obtenons
donc dans la phrase qui nous occupe un accusatif pluriel sur le
modèle de fructu (n) s. Le groupe ?tô n'a pas donné un/* comme
d'ordinaire : erus étant le seul mot de la 4* déclinaison dont
nous ayons l'accusatif pluriel, nous ne saurions dire si c'est
un fait général dans cette déclinaison, ou si erus a échappé à
la modiQcation phonique parce qu'il se trouve dans une
phrase typique revenant ordinairement sous la même forme
(erus dirstu). — Pour découvrir le sens de ce terme, on doit
rapprocher le passage suivant :
I a 33. Api suduf purtiçius, enuk hapinaru erus
titu.
II s'agit ici de donner les erus de trois agneaux (tel est pro-
bablement le sens de h api n a). On a déjà vu les erus des pro-
secta et les erus d'un gâteau. Ce rapprochement doit nous
faire supposer un terme abstrait tel que « partie, morceau' >).
1. Sur ce phénomène, voy. Corssen, Krit. Beitràge p. 468; Schuchardt, I,
152 s.
2. Voy, p. 7.
3. Panzerbieter (QuêçstUmes umbricâs, p. 12) et Huschke (p. 170) s'engagent
dans une voie tout à fait différente»
132 TABLE 1 a 14. — TABLE VI b 17.
Il s'agit du sacrifice dont les assistants reçoivent leur part.
Cf. Ovide, Métam. XII, 153.
Gujus ut imposuit prosecta calentibus ans
Et Dis acceptus penetravit in aBthera nidor,
Sacra tulere suam, pars est data caetera mensis.
Discubuere toris proceres, et corpora testa
Game replent....
Virgile, En. I, 210.
Illi se prsBdsB accingunt dapibusque futoris :
Tergora diripiunt costis et viscera nudant;
Pars in frusta sécant verubusque trementia figunt.
Je traduirai erus par « frusta ». « Postquam eam (molam
sparsam) polluxerit, prosectorum frusta dato. »
La phrase suivante est remarquable par sa construction,
conegos étant séparé de scalseto. Ces mots ont tous été déjà
analysés ^ Le seul mot nouveau est enoj écrit ailleurs enom^
ennoj ennom, enu, enuk, inuk; c'est une conjonction qui se
place à la tète de la phrase. Elle sert à joindre deux propo-
sitions à la façon de e(, comme on le voit par le passage YII a
45, où et capif sacra aitu se trouve correspondre à enu k api
sakra aitu I b 37. Il est vraisemblable toutefois que enom
a ordinairement un sens un peu plus prononcé ; nous le tra-
duirons par « tum ». On le trouve quelquefois en tête de pro-
positions impératives, où il paraît avoir la signification du
latin nuncou eia(par ex. YII a 51). Quant à Tétymologie de
enorriy nous renvoyons le lecteur à ce qui a été dit sur eine,
enem^ qui est une forme de même sens et d'origine voisine '.
Il faut décomposer le mot en : eis -(- no + ft. — Les formes
cnumek et inumek, fréquemment employées sur les an-
ciennes Tables, montrent une enclitique encore ajoutée à la
fin. Le rapport de enimi avec enwmek est à peu près le même
que celui du latin tum et tunCy num et nunc.
Eno mefa vestisia sopa purome efurfatu. — La même phrase
se retrouve VII a 38, où l'on a : enno vestisia mefaspefa sopaan
purome efurfatu. On voit par cette variante qu'il s'agit ici
d'une seule sopa^ quoique l'expression ape sopo postro pepers-
cusi (YI b 5) nous ait montré qu'il est parfois question de
deux objets de ce nom. Cette sopa, ainsi que la msfa et la
1. Voy. p. 121
2. Voy. p. 44.
TABLE la 14. — TABLE VI 6 17. 133
vestiéia doivent être soumises à une opération exprimée par
les mots purome efurfatu. Nous avons ici un verbe à l'impé-
ratif : pour en découvrir le sens, il faut rapprocher un au-
tre passage où Ton a le verbe furfant à la 3» personne du
pluriel. VI 6 43 : vocucom Joviu^ ponne ovi furfant « in — o
Jovio, ubi oves furfant. » Cf. I 6 1 : vukukum Juviu
pu ne uvef furfat. On a ici le thème verbal furfa, mais non
précédé de la voyelle c, ce qui montre que celle-€i est .un
préfixe : c'est évidemment la préposition ehe = latin e ou ex.
Que peut désigner un verbe qui a une fois pour régime des
mots marquant différentes espèces de gâteaux, et une autre
fois un mot signiûant « brebis » ? Il est question, selon moi,
d'une opération purificatrice. On sait que chez les Romains,
à la fête des Palilies (qui était en même temps le jour de la
fondation de Rome) on faisait sauter les brebis par-dessus un
feu de soufre. Ovide. Fastes, IV, 739 : Caerulei fiant vivo de
sulphure fumi, Tactaque fùmanti sulphure balet ovis....
Omnia purgat edax ignis, vitiumque metallis Excoquit : id-
circo cum duce purgat oves.... Per flammas saluisse pecus,
saluisse colonos : Quod fit natali nunc quoque, Roma, tuo.
Cette cérémonie, dans un calendrier rustique (Orell. Inscript.
Lat. II, p. 380), est désignée par les mots : OVES LVSTRAN-
TVR. D'autre part, nous apprenons par Ovide que les gâteaux
sacrés étaient purifiés. C'est dans un passage où il donne
l'explication du nom de Février. Le mot fébrwwm avait, dit-il,
autrefois le même sens que piamen ; plusieurs témoignages
de cette signification subsistent encore , car on appelle /&-
brua : P la laine que le roi du sacrifice et le flamine distri-
buent aux pontifes ; 2<' les gâteaux et le sel consacrés ; 3<' le
rameau qui est attaché au front des prêtres. Fastes, II, 19.
Febraa Romani dixere piamina patres :
Nunc quoque dant verbo plurima signa fidem.
Pontifices ab Rege petunt et Flamine lanas,
Queis veteri lingua februa nomen erat.
Quœque capit lictor domibus purgamina certis,
Torrida cum mica farra vocantur idem;
Nomen idem ramo, qui cœsus ab arbore pura,
Gasta sacerdotum tempora fronde tegit.
Ipse ego Flaminicam poscentem februa vidi :
Februa poscenti pinea virga data est.
Denique quodcumque est, quo pectora nostra piamur,
Hoc apud întonsos nomen hàbebat avos.
134 TABLE I a 14. — TABLE VI b 17.
Il faut rapprocher les vers qui précèdent de ce témoignage
de Varron, ap. Non. (p. 118) : Februare positum pro purgare
et purefacere. Varro de Vita populi romani lib. I : « In eorum
enim sacris liba quum sunt facta, incernere soient farris se*
mina, ac dicere, se ea februare^ id est pura facere ». Ajoutons
enfin cette définition de Festus (s. v. Februarius, p. 85) : Quœ-
cumque purgamenti causa in quibusque sacrificiis adhibentur,
februa appellantur. De tous ces passages nous croyons pouvoir
conclure que les brebis étaient purifiées & certains jours de fête
et qu'il en était de même pour les gâteaux : Tune et l'autre
opération s'appelait februare. C'est un parent de ce mot que
je reconnais dans l'ombrien efurfatu. Le primitif est sans
doute le substantif /eôm « feu, fièvre* », par métathèse pour
ferbis (comp. ferbui). Fébrwus était le nom d'une divinité
qu'on identifiait avec Plu ton. Ce qui a rapport au feu, et par
suite un moyen de purification par le feu s'appelait februum.
Dans le dialecte ombrien, l'ancienne forme ferbis est devenue
furfis^; delà un verbe /W/b, efurfo. Il s'agit donc de purifier
(probablement par l'opération indiquée dans Nonius) les gâ-
teaux sacrés. Le texte ajoute purome qu'on peut traduire lit-
téralement ce in purum », en rapprochant les locutions latines
telles que in cassum, in vicem, ad summum. « Purifie-le jus-
qu'à [complète] pureté ».
Subra spahmu, — Ces deux mots se retrouvent avec le
même contexte YII a 39 : svbra spahamu. Une forme un peu
difiérenie se rencontre dans le passage suivant : VI b 40. Enom
vaso porse pesondrisco habus serse subra spahatu. Enfin sur
la Table V a, où l'on énumère les différents actes d'une céré-
monie religieuse, le môme verbe se présente encore :apc
apelust... et ape purtitu fust... et ape subra spafu fust..
(1. 20). De ces passages on peut conclure que spahmu est un
impératif moyen (cî. persnimu), Spahatu est l'impératif actif.
Quant à spafu fust, c'est une forme assez extraordinaire :
A. E. la regardent comme une faute pour spatu(m) fust
Mais j'essayerai de montrer plus loin que la leçon est correcte.
En quoi consiste l'opération exprimée par ce terme? On voit
qu'une fois il est employé inunédiatement après qu'il a été
1. On sait qae la Fièvre était adorée à Rome comme une déesse, et qu'elle avait
plusieurs temples dans la ville.
2. Comme exemple d'un u ombrien correspondant à un e latin, je citerai tur-
tilu « terreto », kuvurlus « convcrtcrit», pepurkurent «precati erunt ».
TABLE I a 14. — TABLE VI fc 17. 135
question des gâteaux sacrés ; une autre fois il est construit
avec vaso « les vases » et avec serse qui, comme nous le ver-
rons en traitant de la phrase suivante, a aussi le sens de
« vases ». On pourrait croire que c'est un verbe de la 1""* con-
jugaison : cependant cette opinion devra se modifier par les
rapprochements qui suivent. En premier lieu, nous trouvons
une fois (II a 30) : supa spantea pertentu. Ici nous avons
le mot supa « pane » construit avec un adjectif spantea,
qui atout l'air d'être de môme famille que spahamu, spa-
hatu. En second lieu, on trouve (III, 33) : ererek (uver)
tuva tefra spantimad prusekatu, et plus loin (III, 34) :
inumeketramaspanti tuva tefra prusekatu. Et enHn
(IV, 2):inumek tertiama spanti trija tefra prusekatu.
Le substantif féminin spanti marque un acte trois fois
répété du sacrifice. C'est probablement ce substantif spanti
qui est le primitif de l'adjectif spantea. Supa spantea,
c'est une supa faite pour la spanti. Enfin la forme spafu
rappelle la mefa spefa qui figure ordinairement parmi les
offrandes : nous avons vu dans ce dernier mot le participe
passé d'un verbe signifiant « arroser » et correspondant au
grec (mévoco. Spanti est, selon moi, un substantif abstrait si-
gnifiant « aspersion », tiré du môme verbe : spantea supa,
c'est un gâteau destiné aux libations. L'impératif spahamu a
allongé sa voyelle pour compenser la perte de la nasale. Le
participe passé spafu (m) est pour spansum*. La différence
entre la voyelle dans spafum et dans spefa est la môme
qu'on a en latin archaïque entre Sœturnus et Saturrvus^ lœna
et lana. L'impératif subra spahamu signifie donc « supra
stillato ».
Eno serse comoltu; comatir persnihimu. — Ce passage, qui
revient un assez grand nombre de fois, présente les variantes
qui suivent :
VI 6 41. Serse pisher comoltu; serse comatir persnimu.
VII a 39. Ennom comoltu; comatir persnihimu.
VII a 44. Comoltu; comatir persnimu,
1. Voy^ plus haut, p. 16. Une objection pourrait être tirée de ce fait que dans
spanti la rencontre des deux dentales (d + t) a donné un t^ au lieu que dans
spansu elle a donné un s. Mais en latin la rencontre de d + < donne ou un i
(portenlum), ou un * (laesus), ou tt (infestus), ou U (aggrettus, Ennius chez Fes-
tus), ou Si (passus). Le même verbe fundere donne fusus et f'uMiis ; utor fait usut
et tt(Olâts. Ce sont des formations appartenant à différents &ges de la langue.
136 TABLE I a 14. — TABLE VI b 17.
*
VII a 45. Comoltu; comatir persnihimu.
I a 34. Zedef kumultu; zedef kumats pesnimu.
I b 36. 38. Antakre kumate pesnimu.
lia 9. Enu kumaitu; kumate pesnimu.
II a 41. Kumaitu... antakres kumates persnihmu.
JY. 28. Inumek kumaitu; adkani kanetu; kumates
persnihmu.
Il y faut joindre :
I a 25. Zedef fétu.
VI b 22. S'erse fétu.
II résulte de la comparaison de ces passages que serse est
pour serse fj et qu'il correspond, sur les tables en écriture
étrusque, à zedef. Ce mot est employé une fois (VI b 40) dans
une construction où il est annoncé par cette périplirase : vaso
porse pesondrisco habus « vasa quœ cum struibus habuerit ».
On en peut induire qu'il désigne un ustensile. Cette conjec-
ture est confirmée par le sens du verbe qui l'accompagne. —
Comoltu est écrit sur les anciennes tables kumaitu : il est
facile de reconnaître que kumaitu et kumates sont deux
formes du même verbe; la première est l'impératif et la se-
conde le participe. Le l s'est conservé à l'impératif parce que
la forme complète était anciennement kumaletu ou kuma-
litu; il a été supprimé au participe parce qu'aucune lettre
n'était venue séparer à ce temps le 2 du ^ (cf. mota « amende »
= latin multa). Par contre, sur VI- VII, Ya du participe s'est
conservé, tandis que celui de l'impératif est assourdi en o
(cf. kumultu I a 34). — Le verbe ombrien répond exacte-
ment au latin commolere^ qui, dans la langue sacrée, signifle
« réduire en petits morceaux ». Nous trouvons ce terme
comme nom d'une déesse dans le rituel des Arvales (p. 147) :
Adolendae Commolendae Deferundae oves II. Si l'on offre
deux brebis à la déesse Commolenda, c'est que l'acte exprimé
par son nom a sa place dans les cérémonies, et en effet, on lit
ailleurs (p. 141) : « Quod vi tempestatis, ictu fulminis arbores,
sacri luci deae Diaî attactœ arduerint, earumque arborum
eruendarum, ferro fendendarum, adolendarum, commolen-
darum, item aliarum restituendarum causa... » Dans ce pas-
sage, commolere ne peut signifier que « tailler » ou « briser en
petits morceaux ». Il n'y a aucune raison de croire que ce
mot s'employât exclusivement pour le bois : un vase réduit
en pièces a pu se dire également commolitvm. Or, le passage
TABLE I a 17. — TABLE VI 6 18. 137
VI b 40 nous montre comatir employé dans une phrase où
Ton nomme expressément les vases ayant servi au sacrifice
des persondru. Il faut encore ici rapprocher un endroit tiré
des actes des Ârvales (p. 26) : Deinde in œdem intraverunt et
oUas precatî sunt, et osteis apertis per clivum jactaverunt.
Cet endroit, qui était mal lu avant Henzen S nous apprend ce
qu'on faisait des vases ayant servi aux sacrifices, non pas
sans doute de tous, puisqu'une partie était consacrée aux
dieux, mais probablement des plus grossiers^. On les brisait
et l'on faisait hommage des débris à la divinité. C'est le même
fait dont je reconnais l'énoncé dans les mots : kumaltu, ku-
mates pesnimu « confringe, confractis precator ». On a vu
(p. 122) que persnimu suivi de l'ablatif signifie « ofiTrir à la
divinité ». J'ajouterai ici que le allas precati sunt du texte des
Arvales a peut-être une signification analogue; il ne veut
pas dire : « ils adorèrent les vases », mais « ils dirent des
prières quant aux vases, ils les offrirent à la divinité ».
Capif purdita dupla aitu; sacra dupla aitu. — Le texte de
I a 18 est plus développé, sans qu'au fond il dise rien de
plus : Kapid purtitaf sakref; etraf purtitaf; etraf
sakref tutaper Ikuvina. Capif ç^si l'accusatif pluriel du
même thème dont nous avons les cas qui suivent. Accusatif :
capirso YI b 25. Ablatif : kapide capirse I a 29, 32. II a 8,
34, 41. YI b 24, 27. Datif-ablatif pluriel : kapidus II a 33.
lY, 5. On reconnaît un thème en d, devenu en ombrien nou-
veau un thème en rs : mais ce qui montre combien cette
transcription est peu convenable, c'est que devant le f de l'ac-
cusatif pluriel le groupe rs disparaît (capif \l b 18. YII a 39,
45). On en peut conclure qu'il exprime un son assez faible.
Le fait est d'autant plus digne de remarque qu'un r véritable
se maintient devant le /, comme on le voit par l'exemple de
nerf. En vieil ombrien, le d reste aux dépens de f (kapid I a
18), ou bien les deux consonnes tombent (kapi I b 29, 37).—
La signification de ce mot paraît bien être celle du latin capis^
capidisoi coupe; » on verra du moins que partout où il est em-
ployé ce sens convient à la phrase.
Purdita a perdu son f final : il en est de même pour dupla
et sacra^ comme il est facile de s'en convaincre par la com-
1. On hsàii jacuerurU, Hais jactaverunt so trouve deux fois.
2. Voy. sur ce sujet le commentaire de Henzeo, p. 30^ et la remarque de
Rossi, ibid.
138 TABLE I a 17. — TABLE VI 6 18. i
paraison de I a 18. C'est un participe du même verbe dont
nous avons déjà mentionné Timpératif purdovitu et le futur
purtuvies. Nous ne voyons pas dans ce participe une forme
analogue à condUus^ abdïtus^ mais nous supposons que V%
tient la place de m, ueiy et que, par conséquent, il est long.
Le sens de ce verbe est « dedicare ». — Dupla(f) et 8acra(f)
sont les accusatifs pluriels féminins de deux adjectifs corres-
pondant au latin duplus et sacer. A côté de sacer^ sacra^ son
cnmiy le latin possédait aussi un adjectif sacer ^ sacriSy sacrer
qui est resté dans la langue du rituel comme épithètc de cer-
tains animaux, tels que le porc, offerts en sacrifice. Varron.
De r. r. II, 1. Porci puri ad sacrificium, ut immolentur, olim
appellati sacres ; quos appellat Plautus, cum ait : Quanti sunt
porci sacres. Voyez aussi Festus, s. v. Cette forme de la troi-
sième déclinaison est celle que présente I a 18 : sakref. —
Aitu. Cet impératif manque sur I a 18, d'où Ton peut inférer
qu'il n'est pas indispensable au sens général. Il est naturel
d'y voir le verbe latin aio, si fréquemment employé dans des
formules. Ici encore le verbe a passé dans la conjugaison
faible (pour ai-ei-tu).
La phrase entière signifie donc que l'on doit donner quatre
coupes, dont deux seront dedicatœ et deux sacrœ. La première
Table se montre ici, par exception, plus prolixe que la Ta-
ble VI. Elle dit : « capides dedicatas, sacras ; altéras dedica-
tas, altéras sacras pro populo Iguvino. » Sur la différence
entre la dediccUio et la consecratio , on peut consulter Festus,
s. V. sacer mons (cf. Becker-Marquardt, IV, 223, 226). Je
suppose que dans le cas présent les deux premières coupes
sont destinées à être brûlées avec le reste des offrandes. On
peut comparer Virgile, Jln., VI, 225 :
Gongesta cremantur
Turea doDa, dapes, fuso cratères olivo.
Quant aux deux autres, elles sont peut-être conservées au
temple dans le trésor public, ainsi que le donne à entendre
I a 18, par l'addition tutaper Ikuvina.
TRADUCTION.
(VI b 3) Pone portam Tesenacam sues lactentes très facito
Fiso Sancio pro colle Fisio, pro civitate Iguvina. Lacté facito.
TABLE I a 19. — TABLE VI b 18. 139
Libamina facito. Ollas facito. (4) Deinde nuncupato uti ante
portam Trebulanam. Tacitus precator. Mantele lacerto (?)
dextro habeto. Prosectis offam, (5) strulculam addito. Post-
quam pane altero precatus erit, libum et molam sparsam —
innixus (?) facito Fisovio Sancio (6) pro colle Fisio, pro
civitate Iguvina. Ita precator libo, velatus : Te invocavi in-
voco, Fisovie Sancie, pro colle Fisio, (7) pro civitate Iguvina,
pro ejus (collis) nomine, pro ejus (civitatis) nomine. Faustus
sis, volens sis, colli Fisio, civitati Iguvinœ, ejus (collis) no-
mini, ejus (civitatis) nomini. Venerande (?), te invocavi invoco,
Fisovie Sancie. Venerandi (?) more, te invocavi invoco, Fisovie
Sancie. — Deinde (9) lacté precator. Mola sparsa ita precator :
Fisovie Sancie, te hac mola sparsa Fisovina pro colle Fisio,
pro civitate Iguvina, (10) pro ejus (collis). nomine, pro ejus
(civitatis) nomine. Fisovie Sancie, dato colli Fisio, civitati
Iguvinœ, collis Fisii, civitatis Iguvinœ bipedibus (11) quadru-
pedibus felicem proventum. Antea postea avibus (?)
sacris. Esto faustus, volens, pace tua, colli Fisio, civitati
Iguvinae, (12) ejus (collis) nomini, ejus (civitatis) nomini.
Fisovie Sancie, salvum servato coUem Fisium, civitatem
Iguvinam. Fisovie Sancie, salvum servato (13) collis Fisii
civitatis Iguvinœ nomen, lares, ritus, viros, pecudes, campos,
firuges; salvas servato. Esto faustus, volens, pace (14) tua
colli Fisio civitati Iguvinœ, ejus (collis) nomini, ejus (civitatis)
nomini. Fisovie Sancie, te hac mola sparsa Fisovina pro colle
Fisio, (15) pro civitate Iguvina, pro ejus (collis) nomine, pro
ejus (civitatis) nomine. Fisovie Sancie, te invocavi. Fisovii
more te invocavi. — Precatione (16) dimidia libato, infundito.
Postquam banc polluxerit, prosectorum frusta dato. Tum — e
libi frusta innixus (?) (17) dato. Tum molam libum panem
ad puritatem februato. Supra instillato. Tum testas confrin-
gito; confractis precator. (18) Capides dedicatas duas pronun-
tiato; sacratas duas pronuntiato.
(I a 14) Pone portam Tesenacam très sues lactentes facito
(15) Fiso Sancio pro colle Fisio, pro civitate Iguvina. (16)
Lacté facito. Panes ungito (?). OUas dedicato. Molam, libum
donato. Fisovio facito ; pro colle Fisio facito. (18) Capides de-
dicatas, sacratas ; altéras dedicatas, altéras (19) sacratas pro
civitate Iguvina. Tacite precator. Adipibus, extis [facito].
140 TABLE I a 23. — TABLE VI 6 21.
SACRIFICE PRES DE LA TROISIEME PORTE.
(VI b 19) Preverir Vehier buf trif calersu fétu Vofione Gra-
bovie ocriper FisiUy totaper Jjovina, Vatuo f&rine fétu. Herie
vinu, (20) herie poni fétu. Arvio fétu. Tases persnymu. Prosese-
ter me fa spefa ficla arsveitu. Sur ont naratu pusi pre verir (21)
Tréblanir.
(la 20) Pre veres Vehijes tref buf kaleduf fétu
Vufiune (21) Krapuvi ukriper Fisiu tutaper Ikuvina.
(22) Vatuva ferine fétu. Heri vinu, heri puni. (23)
Arviu ustentu. Kutef pesnimu. Âdepes arves.
Nous passons au sacrifice qui est offert devant la porte de
Véies. Le dieu s'appelle Vofionus GraboviuSy et comme à tous
les dieux Grabovii, on lui immole trois bœufs. Sur ce nom de
Vofionus nous n'avons rien à dire, sinon qull a Tair d'être
une formation comme Eponay Pomona. On peut donc soup-
çonner que la première partie du mot indique les êtres ou les
objets auxquels il préside. Les bœufs qui lui sont sacrifiés
portent l'épithète kaleduf calersu (ce dernier mot a perdu
son f final, ou plutôt il le partage avec fétu , auquel le gra-
veur l'a joint par erreur). Kaleduf a trouvé, grâce à Grote-
fend, une explication aussi inattendue que satisfaisante.
Isidore, Orig. XII 1 . 52, nous apprend qu'on nommait callidi
(probablement calidi) les chevaux ayant une tache blanche
sur le front. Equi, qui frontem albam habent, calidi appel-
lantur. D'autre part, une glose de Philoxène porte : calidus
XeuxofjLéTciDiroc. Enfin un dictionnaire latin-allemand cité par
Graff, Althochdeutscher Sprachschatz, IV col. 1180, a : Bios roSj
calidi, qui albam frontem habent (Heinrici Summarium). Il
s'agit donc ici de bœufs blancs ou de bœufs à tète blanche.
On sait que pour certains sacrifices on choisissait des victimes
de cette couleur. Candentem in littore taurum Constituam
ante aras (Virg. iEn. V. 237). Cf. les Actes des Arvales, p. 22.
Quant à l'origine de calidus^ on peut penser que caleo vou-
lait dire « briller » en môme temps que « être chaud » : l'idée
de blancheur est ordinairement exprimée par des verbes
signifiant « luire, briller » * .
1. Comparez cependant les expressions xt)X(c • tache • et xT)Xàc aU « chèvre
tachetée ».
TABLE I a 24. — TABLE VI 6 22. ' 141
TRADUCTION.
(VI& 19). An te portam Vehiam boves très candidos facito
Vofiono Grabovio pro colle Fisio, pro civitate Iguvina. Tura
acerra facito. Seu vino, (20) seu lacté facito. Ollas facito.
Tacitus precator. Prosectis molam sparsam offam addito.
Deinde nuncupato uti ante portam (21) Trebulanam.
(I a 20). Ante portam Yehiam très boves candidos facito
Vofiono (21) Grabovio pro colle Fisio, pro civitate Iguvina. (22)
Tura acerra facito. Seu vino seu lacte. (23) Ollas donato. Ta-
citus precator. Adipibus, extis [facito].
(VI b 22) Post verir Vehier habina trif fétu Tefrei lovi ocriper
Fisiu to taper lovina. Serse fétu. Pelsana fétu, Arvio feitu. Poni
(23) fétu, Tasis pesnimu. ProseseHr struéla ficla arveitu. Sur ont
na/ratu puse verisco Treblanir.
(I a 24) Pus veres* Vehijes tref hapinaf fétu Tefre
luvie (25) ukriper Fisiu tutaper Jkuvina. Puste
asiane fétu. Zedef fétu. (26) Pelsana fétu. Arvia us-
tentu. Puni fétu. Taçez pesnimu. (27) Adiper arvis.
Le sacrifice qui se fait derrière la porte de Véies est adressé
& Tefrus ou Tefer Jovius. Les formes d'accusatif Tefro (VI b
26. 27. 27) montrent clairement qu'il s'agit d'un dieu, et non,
comme le veut Huschke, d'une déesse : le datif Ttfrei lui-
même (VI b 22) ne peut appartenir qu'à un masculin. La
diphthongue et, qui se réduit ordinairement à un e, doit sans
doute ici sa conservation au voisinage de Jovi^. On a rap-
proché le nom du Tibre : mais sans rien décider sur ce sujet,
nous croyons qu'il se présente des comparaisons plus immé-
diates et plus sûres. Le mot tefrum est employé VII a 46 dans
le sens de sacellum ou templum. L'osque tefùrùm (avec in-
sertion d'un û euphonique) , qui se trouve deux fois sur la
table d'Agnone, a le même sens. On doit donc penser que
l'adjectif tefrus signifiait « sacer » ou « sanctus », ce qui con-
vient très-bien pour un nom de divinité.
L'animal sacrifié porte le nom de habina (ha pin a). Eirch-
hoff pense que c'est l'agneau et nous sommes disposé &
adopter son interprétation, quoique pour une autre raison.
1. Pusveres.
2. Ce dernier est pour Jovie (I a 24 Juvie).
142 TABLE I a 26. — TABLE VI b 22.
Il suppose que dans la description du sacrifice suivant, le
membre de phrasé pu ne uvef furfat (I b 1), ponne ovifur-
fant (VI b 43), exprime encore une particularité de la cérémo-
nie accomplie derrière la porte de Véies*, et il en conclut que
ovi et habina sont entre eux dans le même rapport que le
genre et l'espèce. Mais ce passage a, selon nous, un tout autre
sens. Je serais plutôt porté à voir un indice dans le membre
de phrase puste asiane fétu (I a 25), dont A. K. déclarent
qu'ils ne savent que faire * ; ce membre de phrase est, en effet,
assez extraordinaire : rien n'y correspond sur la t. VI, rien
de semblable ne se trouve ailleurs. Je crois y voir une glose
mal à propos introduite dans le texte'. Cette opinion est con-
firmée par le mot pusti, qui a bien l'air de signifier «der-
rière [la porte de Véies] ». Asiane rappelle par sa première
partie un passage, malheureusement lui-même fort énigma-
tique, de Paul Diacre (p. 12) : Adasia ovis vetula recentis par-
tus. Le même mot se trouve dans les Gloses d'Isidore:
Adasia ovis major natu. Cet adjectif adasia est, à ce que je
crois, un terme du rituel signifiant une brebis qui a auprès
de soi ses agneaux, comme ambiegna ou ambegna^ dans le
même langage technique, désigne une vache flanquée de
deux agneaux. Sans nous arrêter trop longtemps à des hy-
pothèses, disons que la phrase puste asiane fétu paraît
copiée d'un texte où il y avait: puste asia III fétu, le mot
asia désignant l'agneau.
L'accord entre les deux tables se retrouve pour les pres-
criptions suivantes, qu n'offrent d'autre mot nouveau que
pelsana. Pour ce mot, comparez :
II a 6. pelsanu fétu.
III 31. uvem pedaem pelsanu feitu.
Il a 43. katel asaku pelsans futu.
VI 6 39. puepersnis fust, ife endendu, pelsatu,
VI 6 40. puepesnis fxistj ife endendu, pelsatu.
De ces passages il résulte que pelsana est une forme nomi-
nale provenant d'un verbe de la 1'* conjugaison. Comme l'ont
1. Kirchhoff traduit pune par « dum •, et croit que le sacrifice nouveau qui
est décrit VI b 43 commence tandis qu'on achève le précédent. Un tel empiéte-
ment n'a aucune raison d'être.
2. Die ufiibr. Sprd, II, 211.
3. Voy.à la fin de notre interprétation des Tables I et VI-VII, ce qui est dit
sur l'âge et le rapî'ort de ces deux inscriptions.
TABLE I a 27. — TABLE VI b 23. 143
reconnu A. K., il y faut voir un participe futur (pour pel-
sanda) : cf. pihaner et anferener. Le mot est pris ici substan-
tivement et il est à l'accusatif pluriel neutre. La phrase II a 43,
qui termine une série de prescriptions relatives au sacrifice
d'un chien, sera traduite par nous : « canis ad aram coquen-
dus sit ». Nous traduirons donc ici : « qu'il sacrifie les parties
destinées à être cuites ». Cf. dans le rituel des Arvales : exta
aulicocta reddidit^ Festus (s. v.) : Aulas antiqui dicebant
quas nos dicimus ollas, quia nullam litteram geminabant.
Itaque aulicocia exta, quee in ollis coquebantur, dicebant, id
est, elixa. Varron.(De 1. 1. V, 98) : Aries, quod eum dicebant
ipiîv veteres, nostri arviga, hinc arvignus. Hœc sunt quarum
in sacrifiais exta in oUa, non in veru cocuntur, quas et Accius
scribit et in pontificiis libris videmus. Et plus loin (o. c. 104) :
Etiam frumentum, quod ad exta ollicoqua.solet addi. Ces pas-
sages montrent que la cuisson d'une portion de la victime
faisait partie de la cérémonie. — Peut-être le thème pelsa a-
t-il une parenté avec pelmcn (V h 12, 17) qui désigne une sorte
de mets, ainsi qu'avec le latin puis et pulmentum. Pour le s
de pelsa, qui vient probablement d'un ancien <, cf. en latin le
changement d'un ^ en s après l dans les participes comme
avulsuSy pulsus.
Cette fois, au lieu de : suront naratu piisi pre verir Treblor
nir « deinde nuncupato uti ante portam Trebulanam » l'in-
scription dit : suront naratu puse verisco Treblanir, Kirch-
holf fait observer avec raison qu'il ne peut être question
d'une autre prière que de celle qui a été récitée devant
et derrière la porte Trébulane : verisco Treblanir doit donc se
traduire « à la porte Trébulane. » Cette signification de la
postposition co^ qui équivaut ici à un simple ablatif de lieu,
est importante à remarquer, parce qu'elle nous servira à in-
terpréter des constructions semblables.
TRADUCTION.
(VI b 22) Post portam Vehiam agnos très facito Tefro Jovio
pro coUè FisiOy pro civitate Iguvina. Testas facito. Aulicocia
facito. Ollas facito. Lacté (23) facito. Tacitus precator. Prosec-
1 . Henzen^ p. 93.
144 TABLE 1 a 27. — TABLE VI 6 23.
tis struiculam^ ofFam addito. Deinde nuncupato uti ad portam
Trebulanam.
(I a 24) Post portam Vehiam très agnos facito Tefro Jovio
(25) pro colle Fisio, pro civitate Iguvina. Post [portam Ve-
hiam] agnos très (?) facito. Testas facito. (26) Aulicocîa facito.
Ollas donato. Lacté facito. Tacitus precator. (27) Adipibus,
extis [facito].
(VI b 23) Ape habina purdinsvSj (24) eront poi habina pur-
dinsust destruco persi vestisia et pesondro sorsom fétu. Capirse
pefi'so osatu : eam mani (25) nertru tenitu amipo vestisia ves-
ticos, Capirso svbotu, Isec perstico ervs ditu, Esoc persnimu
vestis : Tiom.... (36) Persclu sehemu atripusatu^.
(37) Pesondro staflare^ nertruco persi fétu. Suront capirse
pefi^so osatu. Suror persnimu puse sorsu. Ape pesondro pur-
dinsuSy (38) proseseto crus dirstu. Enom '^^ vestisiar sorsalir
destruco persi persome. Ervs dirstu. Pue sorso pv/rdinéuSy enom
(39) vestisiam staflarem nertruco persi. Sururont erus dirstu.
Enom pesondro sorsalem persome. Pue persnis fust, ife (40)
endendUj pelsatu. Enom, pesondro stafta/re persome. Pue pesnis
fuSf ife endenduy pelsatu, Enom vaso porse pesondrisco halms,
(41) serse subra spahatu. Ander vomw' sersitu^ amipo comatir
pesnis fust. Serse pishet* comoltu. Serse comatir persnimu.
(42) Pv/rdito fust.
(I a 27) Api habina purtiiuSy sudum pesuntru (28)
fétu. Esmik vestiçam preve fiktu. Tefri Juvi fétu
ukriper (29) Fisiu tutaper Ikuvina. Testruku pedi
kapide pedum feitu. (30) Api edek purtiiu.s*, enuk
sudum pesuntrum feitu staflare. (31) Esmik^ yestiça
afiktu. Ukriper Fisiu, tutaper Ikuvina (32) feitu. Ner-
truku pedi kapide pedum feitu. Puni feitu. (33) Api
suduf purtiius*, enuk hapinaru erus titu. Zedef (34)
kumultu, zedes kumates^ pesnimu.
Une cérémonie nouvelle commence, dont la description est
donnée avec détail sur la t. VI, beaucoup plus sommairement
1. AtTopwatu.
2. Stafiar e.
3. SpahiUuandintomu,
4. Edelpurtiius.
5. (30) staf (31) 11 iuvesmik.
6. Sudufpurtitius.
7. Z646f kumats.
TABLE I a 27. — TABLE VI b 23. 145
sur 1. Elle exige au moins deux personnages : c'est ce qu'on
voit par le soin avec lequel VI spécifie à qui incombe l'obli-
gation d'en accomplir la première partie. Ce cérémonial se
divise en deux parties symétriques dont chacune comprend
trois opérations. La première opération est énoncée une fois
par la t. I en ces termes : sudum pesuntru fétu, et la se-
conde fois : enuk sudum pesuntrum feitu staflare*.
La seconde opération est décrite une fois ainsi :esmik vesti-
çam preve fiktu, et l'autre fois : esmik vestiça afiktu.
La troisième opération est énoncée d'abord ainsi : testruku
pedi kapide pedum feitu, et ensuite de cette façon : ner-
truku pedi kapide pedum feitu. On voit que chaque
prescription, sauf certaines variantes commandées par la na-
ture des choses, est donnée dans les mêmes termes deux fois.
Le texte fait suivre d'abord les trois prescriptions l'une après
l'autre, puis il les présente une seconde fois dans le même
ordre.
La Table YI, tout en donnant beaucoup plus de détails, ne
renferme au fond pas autre chose. Mais au lieu d'énumérer
d'abord une première série de trois opérations, puis une se-
conde série d'opérations semblables, elle rapproche chaque
fois les deux opérations de même nature, en sorte qu'au lieu
d'avoir cet ordre : 1 2 3 . T 2' 3', nous avons 1 T. 22'. 33'. Cette
explication nous paraissait nécessaire, parce que d'après les
premiers mots on peut être tenté de croire qu'il y a désaccord
ou confusion sur la t. VL Les mots de la 1. 24 : destruco persi
vestisia et pesondro sorsom fétu ont l'air de mêler, et mêlent
en effet momentanément, ce qui doit être séparé et ce qu'ef-
fectivement on sépare un peu plus loin. Nous allons mainte-
nant, pour apporter plus de clarté dans ce passage difficile,
commencer par le texte de I, où la description est moins com-
pliquée. Les trois premiers mots api habina(f) purtiius
1. C'est ainsi qu'il faut lire, selon la conjecture très-vraisemblable d'Â. K., au
lieu de s ta f H iuv, qui ne présente aucun sens. « Si Ton admet, disent-ils (II,
223), que la T. T a est la copie d'un original encore plus ancien, les deui i avec
les points qui les séparent ont très-facilement pu venir d'un a peu distinct et
jgaal lu; au v il manque seulement le trait transversal du milieu pour être un e;
et Vu pourrait s'expliquer par un r à angle aigu [< ) dont la partie supérieure
était devenue indistincte sur l'original, et dont le reste a été pris faussement
pour un u. • Cette explication suppose que la table I n'est pas un original : nous
avons apporté de nouveaux arguments à l'appui d'une hypothèse qui, comme
on le voit, n'a pas échappé à ces savants, mais dont ils ne se sont peut-ôtre pas
assez constamment souvenus.
10
146 TABLE I a 87. — TABLE VI b 25.
sont connus : ils forment une transition signifiant « postquam
agnos poUuxeris ». Api pour ape. Sur purtiius, v. p. 129.
La même transition revient 1. 30, api edek purtiius (où le
texte a edel) « postquam hoc poUuxeris », et L 33, api su-
dufpurtiius^ Nous venons maintenant à l'énoncé des trois
cérémonies.
Pour commencer par la seconde, qui est encore la plus
claire, elle consiste dans la fabrication d'un g&teau. C'est là^
en effet, le sens que nous avons reconnu au mot vestiçia,qui
est ici accompagné de l'impératif f iktu * « fingito »; le verbe
est le même que dans f i k 1 a et dans le latin fictor « boulanger » .
L'adverbe preve veutdire « semel » ou « primum » : il vient de
l'adjectif previtô = lat. privus que nous retrouvons V a 13, 18
avec le sens ce simplex ». Quand la même cérémonie revient
pour la seconde fois, le verbe est afiktu^ où le préfixe a(n)-
veut dire « de nouveau, pour la seconde fois » (cf. âva). Il
reste le mot esmik qui est évidemment un mot d'origine pro-
nominale : esmeiy esmi est un locatif (cf. stah/mei^ stahmeUeij
nesimei) et dans le k on reconnaît l'enclitique (e)k. Esmik
doit être pris comme adverbe soit de lieu (là, là-dessus), soit
de temps (ensuite), et fait allusion, selon toute apparence, à
8u<j[um persuntrum 'qui sont les deux mots essentiels de
la première cérémonie.
Malheureusement ces deux mots sont extrêmement obscurs.
La comparaison des divers passages où ils sont employés
nous apprend un certain nombre de faits qui ont leur va^
leur, mais elle ne nous renseigne pas sur la signification.
Nous apprenons, par exemple, que sud um est un substantif
ou du moins un adjectif qui peut être pris substantivement,
puisqu'on a I a 33 : api suduf purtiius. Ce même passage
montre que le mot est masculin. D'autre part, persuntrum
peut également être employé seul, car nous avons Yi 6 37 :
ape pesondro pwrdinéus;\ VI 6 40 : vaso porse pesondrisco ha-
1. Le texte a purtitius; je regarde cette leçon unique comme Une faute du
graveur, qui avait sous les yeux, soit purtiius, soit purtinçius (cf. Ib 33).
2. Il faut remarquer le groupe fcl, qui est rare en ombrien. Probablement un n
précédait le k,
3. La transcription sorsum pour sudum n*a rien que de parfaitement ré-
gulier. La leçon persuntrum se trouve la 30; d'autres ibis on a pesun-
trum, le r ayant été assimilé. VI présente une fois perstmtru (VI b 28] : partout
ailleurs, on trouve un d (persofidro), qui provient d'un affaiblissement dû à la
nasale (cf. ander, hondra).
TABLE I a «7. — TABLE VI 6 «5. 147
bus; II 6 13 : persiitru vaptitis mefA vistiça fêta fertu.
Ce perdutitrum, quand il est ftccolé à sudum, ne désigne
point un objet différent, car on a VI 6 23 cette phrase : de^
truco persi i)BSlma et pesondro sorsom feiUy oti la place occupée
par la conjonction bI ne s'expliquerait pas, si pesondro mar-
quait un autre objet que sorsonii On a d'ailleurs trois fois
(YI b SB, 30, 35) le Singulier esu sorsu persondru. Les deux
termes peuvent être employés l'un pour l'autre, comme on le
voit en comparant, par exemple, YI 6 37 : ape pesondro purdin--
çus^el I a 33 : api suduf purtiius. Nous avons probablement
ici deux termes à peu près synonymes, comme les Latins ai-
ment à en rapprocher dans leurs formules *. Yelitis jubealis
bellum indici *? -^ inter ea conregione, conspicione, cortumlone.
(Yarron. De L I. YII, 8.) ^ Mentionnons enfin, pour épuiser les
renseignements fournis par les tables, une circonstance qui
ne nous avance pas pour l'interprétation : c'est qu'on trouve
plusieurs fois un mot vempersuntrum* qui a tout l'air d'un
composé de persuntrum*.
La comparaison de la t. VI 6 (L 37 et 39) montre qu'on dis-
tingue un persondroim) êtaflai^(m) et un persondro[fn) sorsa^
le[m), qui sont successivement offerts & la divinité. La même
distinction est faite sur cette table pour la i^es/i^'a, car il est
question 1. 38 et 39 d'une vestiéia sorsalis et d'une vesHéia stc^
fUms. A première vue, la t. I semble assez sobre de ces dis^
tinctions. Le seul endroit qui y fasse explicitement allusion,
c'est ce mot mal écrit (I a 31) stafli iuv dans lequel on a vu
une altération de stafUre. Mais peut^tre l'accord est-Il plus
grand qu'il ne le semble d'abord. II faut remarquer, en eiTet,
le rapport étymologique qui existe entre sorsum (sudum) et
sorsalis. Je crois que ce dernier est un adjectif tiré de sorsum^
ce qui n'empêche pas qu'il ne puisse déterminer ce nom,
comme on a, par exemple, stahmei skbhmeitei ou praco pracor
ta/rum. Dans les passages I a S7 et Yt 6 37, 38, ob sorsum est
employé sans épithète, il est peui-êtrê entendu de soi qu'il
faut comprendre un sorsu/m $orsalém. Si cette explication est
fondée, les deux espèces dd su du sont mentionnés sur I Comme
sur VL
1. Tite-LÎTo, XXIl, 10.
% C*est U leçon qui résulté de la oomparaîson des trois formes Vetiper
suntra(lla30)i vepesutra (ndl5;l8) et vempesuntres (IV, 7).
3» A* K. ont pensé au préfixe latin M. On pourrait alors rapprocher les mots
comme ve-4Ugium, ve^tUndum,
148 TABLE I a 27. — TABLE VI 6 25.
Jusqu'à présent nous nous sommes tenu exactement aux
données fournies par les deux textes. Il faut maintenant es-
sayer de faire un pas de plus et de pénétrer dans le sens. Un
fait qui, jusqu'à un certain point, peut nous guider, c'est que,
comme nous l'avons dit, les deux adjectifs staflcuris et sorsalis
sont aussi employés pour déterminer le mot vestisia « li-
bum ». Si le sudum persuntrum reçoit les mômes épi-
thètes, cela vient peut-être de ce qu'il désigne un objet ana-
logue. Nous voyons qu'en d'autres endroits encore on men-
tionne l'un près de l'autre la vestiçia et le persuntrum
(Il b 13. IV, 17, 19). On a déjà rappelé combien la langue du
rituel à Rome était riche en termes pour désigner les gâ-
teaux sacrés. Le rapport intime du sorsum et du persontrtmi
rappelle l'alliance non moins habituelle chez les Romains
des deux mots strues et ferctwm^ alliance tellement passée dans
la langue qu'on a formé le dérivé strufertarii. Festus, s. v.
(p. 85) : Ferctvm genus libi dictum quod crebrius ad sacra
ferebatur, nec sine strue, altero génère libi, quse qui affere-
bant, struferctarii appellabantur. Effectivement, dans le rituel
des Arvales, les deux mots struibus et fertis sont toujours
associés*. Pour l'étymologie, je me contenterai d'indiquer, à
titre de conjecture, le rapprochement suivant. Sudum corres-
pond lettre pour lettre au latin sôiwm*, qui désigne chez Ca-
ton (R. R. 76) la croûte d'un gâteau, et que Virgile a employé
en ce sens, quoique avec l'épithëte c&realeqMi lui donne un
caractère plus littéraire (Jln. VII, 111). Si cette explication
est juste, l'adjectif sorsalis serait à peu près comme un ad-
jectif latin sedUiSy il s'opposerait à staflaris qui est dérivé de
la racine sta : ces deux adjectifs serviraient à indiquer la
forme du gâteau. Nous trouverons plus loin (IV, 22) le mot
a/rçlataf « arculatas » qui appartient au môme ordre d'idées *.
Je viens maintenant à la troisième cérémonie sur la. Tes-
truku (nertruku) pedi kapide pedum feitu. Nous avons
d'abord le verbe feitu « facito » et le mot kapide qui est
l'ablatif de capis « la coupe ». Testru-ku pedi, nertru-ku
pedi sont deux compléments circonstanciels : on reconnaît
&[ans peine la postposition k u , qui marque le lieu où se passe
1. Henzen, p. 135.
2. On sait que solum est pour todumy de même que dans solium, contul, extul,
pr.rsul , le l est pour un d. Tous ces mots viennent de la racine «ed«
3. De môme, les mots latins striM, eubula, gUmui, turunda servent à dési-
gner diverses formes du g&leau sacré.
TABLE I a 27. — TABLE VI b 25. 149
l'action, l'ablatif du substantif pes, perfis*, et l'ablatif de l'ad-
jectif desc/er. On est dès alors amené à supposer que nertru,
qui s'oppose à testru, et qui a comme celui-ci la forme d'un
comparatif, signifie « gauche » : cf. vépTtp(K*. Ce qui met cette
traduction hors de doute, c'est que nous trouvons cet adjectif
plus loin avec mani « la main ». Il reste pedum qui est évi-
demment le régime de feitu. Le contexte semble exiger le
nom d'un liquide ou peut-être un mot signifiant « libation ».
On se rappelle que c'est le sens de libation que nous avons
cm devoir donner au mot pedaia (p. 110), qui est, semble-
l-il, un adjectif tiré de pedum.
Je reviens à testruku pedi qui a été expliqué comme
désignant l'un des pieds de la victime. Mais si l'on songe
qu'il s'agit d'un quadrupède, le singulier peut sembler
assez extraordinaire*. D'autre part, s'il était parlé d'une liba-
tion à répandre sur un pied, on s'attendrait plutôt à l'accusa-
tif avec la postposition en. Je serais disposé & adopter un au-
tre sens. On se rappelle que les pontifes romains, quand ils
voulaient consacrer un temple, touchaient le poteau de la
porte, tandis qu'ils prononçaient la formule sacrée. Cic. Pro
domo. 45, 46. Postem teneri in dedicatione oportere videor
audisse templi. Ibi enim postis est, ubi templi aditus est et
valvœ. — Pontificem postem tenuisse dixisti *. — D'un autre
côté, on sait que la nouvelle mariée, en arrivant à la maison
de son époux, enduisait de parfums et ornait de bandelettes
les poteaux de la porte. Serv. ad JEn. IV, 457. Moris fuerat
ut nubentes puellœ simul venissent ad limen mariti, postes
antequam ingrederentur ornarent laneis vittis et oleo ungue-
rent, unde uxores dictœ sunt : quasi unxores. Si nous son-
geons que le sacrifice est fait à une des portes de la ville,
ridée d'un rite analogue se présente naturellement. Le mot
pes qui est employé par les Romains en parlant du pied d'un
lit ou d'une table, semble convenir très-bien pour marquer
le poteau d'une porte. La troisième cérémonie consisterait
donc dans une libation faite successivement auprès du po-
1. A. K. trouvent une difficulté dans Ve de p^di comparé à Vu de dupunus,
peturpursut (VI b 11). Mais il y a probablement dans ces derniers mots influence
de l'v des syllabes voisines.
2. Les mots signifiant « gauche » sont plus nombreux et plus variés que les
noms de la droite. Une idée superstitieuse n'est peut-être pas étrangère à ce faits
3. Huscbke traduit comme s'il s'agissait des pieds de l'adfertor.
4. On trouvera d'autres textes chez Becker-Marquardt, IV, 226.
150 TABLE I a 34. — TABLE VI b 25.
teau droit et gauche de la porte Yéienne. On verra plus loin
que les circonstances ajoutées par VI confirment cette inter-
prétation.
Les mots (1. 33) api suduf purtiius enuk hapinaru
erus titu prouvent que tout ce rituel fait partie du sacrifice
des trois hapines, dans lesquels il forme une sorte d'épisode.
•*^ La dernière phrase est écrite: zedef kumultu, ze46f
kumats. Par la comparaison des formes telles quecomatir^
antakres kumates, qui sont construites avec persnibntiu,
lequel, ainsi qu'on Ta vu, gouverne l'ablatif, on se convainc
que le second zedef a été écrit ainsi par erreur k cause du
premier, et qu'il doit être corrigé en zedica et kumats en
kumates^
TRADUCTION.
(1 a 27). Postquam agnos poUuxeris, struem ferctum (28)
facito. Deinde libum semel fmgito. Tefro lovio facito pro colle
(29) Fisio, pro civitate Iguvina. Ad dextrum postem capide
iibationem facito. (30) Postquam ita polluxeris, tum struem
ferctum facito — uni. (31) Deinde libum iterum fingito. Pro
colle Fisio, pro civitate Iguvina (32) facito. Ad sinistrum pos-
tem capide Iibationem facito. Lacté facito. (33) Postquam
strues polluxeris, tum agnorum frusta dato. Testas (34) con-
firingito, testis confractis precator.
Je passe maintenant au texte plus développé YI b 23. Nous
trouvons d'abord cette recommandation que celui qui sacri^
fiera le pesondro sorsom doit être le môme qui a offert les
agneaux. Eront se décompose en er = latin is^ et ont ou hont
que nous avons déjà rencontré à la fin de surur^nL Le sens
du pronom est celui de idem. Nous trouverons VI b 63 le no-
minatif pluriel eur-^nt « iidem ». — Au lieu de kapide pe-
du m feitu, VI 6 24 dit : capirse perso osatu. Le verbe doit
avoir le sens de «sacrifier» ou «répandre», Si l'on rapproche
ce que nous avons dit VI a 26 sur ose (^ latin aucte) , on
pourra voir dans osatu un auctatu ' latin ayant pris, comme
1. On pourrait, & la rigueur, rendre compte de la conAtniction, en admettant
que kumats est employé ici comme verbe déponent. Mais il est peu probable
que dans une locution toute faite on se soit une seule fois écarté du tour ordinaire.
2. Augere a dû avoir en latin un ancien participe atucui : de là awnliMm, Cf.
vexare à cdté de vectare. On sait que aug^e fait partie de la langue des sacri-
fices.
TABLE I a 34. — TABLE Vï 6 25. 151
plusieurs autres verbes du rituel, une signification détournée :
comme mactarey adolere^ qui signifient tous les deux « accroî-
tre, augmenter » ont pris le sens de « tuer, brûler », le axictare
ombrien a pu devenir un terme voulant dire « offrir en hom-
mage ».
La phrase suivante se décompose en deux propositions,
dont la première finit avec tenitu, la seconde avec vesticos. Ce
dernier mot, qui a perdu un t final (cf. purdinsus 1. 23), est
pour vesticaust^ futur antérieur du môme verbe dont on a eu
l'impératif vesticatu. Il faut remarquer la contraction de au
en o. Ce futur antérieur est régi par la conjonction amipQy
dans laquelle A. K. ont avec raison reconnu une formation
comparable au latin donicum. La seconde syllabe est la môme
dans les deux mots (cf. de-ni-qué). La syllabe initiale est peut-
être pour ors-, ad. Quant à la syllabe finale jpo, elle équivaut
au latin cum^ par suite du môme changement de qu enp que
nous avons dans poi = qui, putrespe = utriusque : le crnn de
donicvm n'est donc pas identique à la préposition ctcm, la-
quelle fait co en ombrien. Le sens est celui de «donicum ». —
Mani est Tablatif du substantif manus. Le thème en u s'est
& l'ablatif élargi par l'addition d'un i, comme en latin lenui-Sy
bre(g)vi'8y de sorte qu'on a eu manuel ou manui^ devenu mani
par Teffacement de Vu (cf. sif pour suif). On peut encore ex-
primer le môme fait autrement, en disant qu'à certains cas
monttô emprunte les désinences des mots en îs, comme en
latin le génitif pluriel ferentium, le nominatif pluriel masculin
ferentes, neutre ferentia ont emprunté les désinences des noms
en is, e. — Comme nous le voyons par l'adjectif qui accom-
pagne ce mot, m^nvs est masculin en ombrien : il semble
que pour les noms en u la fixation du genre ait eu lieu assez
tard ; ainsi ^ecits, metitSy sont du féminin en latin archaïque.
On sait qu'en grec les noms d'action en tuç, comme Sat-ruç, ppuiTuç
sont féminins. — ^ Nertru a été expliqué par einistro. Le sens
de la phrase est donc : « Hanc [capidem] manu laeva teneto
donec in libum libaverit. » L'ombrien dit : « donec libum liba-
verit » et cette construction paraît n'avoir pas été étrangère
au latin, puisqu'on a des phrases comme libare Diis dapes
(Tite-Live XXXIX. 43).
Capirso est l'accusatif du môme mot dont nous avions plus
haut l'ablatif. — Suboiu a été justement comparé par Savels-
berg à vu tu qui se trouve II a 39 avec vas a pour régime.
C'est le latin voveto, dont Icv initial s'est assimilé au b du
152 TABLE I a 34. — TABLE VI b 25.
préfixe siib (cf. subocau = sub-^ocavi) et dont la seconde syl-
labe a été absorbée par To, comme dans le latin votum (pour
vovitvm).
Vient ensuite une phrase : isec perstico erus ditu^ dans la-
quelle le premier mot est un adverbe de lieu ou de temps
qu'on retrouve IV, 4. C'est un locatif esef, isei, suivi de l'encli-
tique c. Cf. en osque eisei. Je le traduis par : «alors». —
Persti est un ablatif de la troisième déclinaison gouverné par
la postposition co. C'est un régime circonstantiel : mais le sens
de persti y qui ne reparaît pas ailleurs, est inconnu. Le voisi-
nage de persnimu peut faire penser que c'est un substantif
abstrait en ti (cf. en latin menSy pars) formé de la racine perse
ou pers : le sens serait alors « au moment de la prière, avec
prière, en priant )>. Cependant le substantif ordinaire est^ers-
clu/m et la particule co pourrait aussi bien faire supposer que
perstis est un mot exprimant le lieu. — La prescription erus
ditu « frusta dato » est donnée sur I beaucoup plus tard. La
seconde fois (1. 38), l'expression erus sera complétée par le gé-
nitif proseseto(m) « prosectorum ». — Esoc persnimu vestis « ita
precatorvelatus» annonce la prière que nous laissons pour le
moment de côté, et après laquelle se trouvent les mots : Pers-
clu sehemu atripusaiu^ «dimidia precatione infundito».
Après avoir parlé (1. 24) du pesondro sorsom^ notre texte
passe (1. 37) au pesondro staflare qui doit être offert nertruco
persi. Ce pesondro donne lieu aussi à une libation. Puis la
môme prière doit être répétée, ce que l'inscription indique
ainsi : suror persnimu puse sorsu « prie alors comme pour le
sorsum:^. On voit clairement par là que l'ablatif sans pré-
position est employé comme régime circonstantiel d'une ma-
nière plus libre qu'en latin.
Après l'oblation des deux pesondro ^ et la distribution des
erus^ le texte revient au côté droit pour prescrire l'offrande
d'une vestisia sorsalis, La phrase qui contient cette recomman-
dation est construite d'une façon très-extraordinaire. Si l'on
rapproche ces deux prescriptions de portée évidemment iden-
tique :
VI b 38. enom. vestisiar sorsalir destruco persi,
VI b 39. enom vestisiam staflarem nertruco persi,
1. c'est ainsi qu'il faut lire au lieu de atropusatu, La forme complète serait
atripursalu.
2. La phrase VI b 37 ape pesondro purdinéus correspond à la 33 api sudiif
pu rt i i us, d'où l'on voit qu'il faut lire pesondrof.
TABLE I a 34. — TABLE VI b 37. 153
et si l'on compare en outre ces deux passages :
VI 6 39. enom pesondro sorsalem persome
VI b 40. enom pesondro staflare persomCf
on se convainc qu'il y a un verbe signifiant «place, mets »
sous-entendu. Mais dès lors vestisiar sorsalir^ qui est un gé-
nitif, ne peut s'expliquer, et doit être corrigé en vestisiam sor-
salem. L'auteur ou le graveur de la t. VI parait avoir introduit
ici quelque confusion dans le texte : c'est ce qu'on voit égale-
ment par le persome qui vient terminer la phrase, mais qui
ne s'y rattache qu'avec peine. La phrase symétrique enom
vestisiam, staflarem nertruco persi est débarrassée de ce per--
some. Une troisième preuve que le texte n'est pas en bon état,
c'est la proposition pi«e sorsolf) purdinéus, qui signifie « là où
il aura dédié les sorsoy>y et qui exigerait une proposition res-
ponsive commençant par i/e, comme on le voit deux fois 1. 39
et 40. Le sens de cette proposition responsive serait : « là, il
sacriQera aussi les veslisia^>. Persome est un accusatif singu-
lier persom suivi de l'enclitique e(n) : on peut se demander si
cet accusatif appartient à un nom de la 3*" déclinaison, et alors
ce serait probablement le même mot que nous avons dans
destruco persi, nertruco persi; ou bien si c'est un nom de la
2» déclinaison, le même qu'on a eu dans persom osatu. Si Ton
rapproche les deux passages suivants :
II a 27. Vestiçia pedume persnihmu.
III, 33. Edek pedume purtuvitu, et si l'on tient compte
de ce fait que sur les tables II et III on n'a rien qui res-
semble à destruco persi, nertruco pei^si^ mais qu'on a au con-
traire des phrases comme : kapide pedu preve fétu {IIa9),
la seconde réponse paraîtra la vraie. Mais il est difficile de
dire quel sens on doit attribuer ici à la postposition e n : je
suppose que c'est une locution toute faite signifiant « ad liba-
tionem, en vue de la libation ». On trouvera (III, 33) l'expres-
sion spantimad employée dans le môme sens.
L'adverbe pue^ qui est trois fois employé en ce passage, et
qui revient encore VI 6 55 = I 6 18, a le sens du latin « ubi »
pris comme particule de lieu. Il se compose de l'ablatif neu-
tre jpu, suivi de l'enclitique e. — Ife est le latin Un : cf. pufe
= ubi. — Des deux impératifs endendu, pelsatu, le second est
connu : il signifie <c coquito ^ ». Le premier, ead^ndu (cf. os-
1. Voy. p. 142.
154 TABLE la 34. — TABLE VI 6 41.
tendu) vient du verbe tenu (pour tend) et du préflxe en : il
correspond matériellement au latin intendito et il signifie
« imponito». On a dans ce mot un double exemple d'affaiblis-
sement d'un i sous l'influence de la nasale précédente. Il
s'agit des prosecta qui ont été nommés plus haut : le man-
que d'ordre dans les prescriptions ne doit pas nous empêcher
de rapporter cette phrase aux proseéeta. On voit par I a 33 que
les hapinaru erus sont seulement distribués h la fin du
sacriflce,
La phrase suivante qui a pour verbe spahatu^ commence
un ordre nouveau de prescriptions qui manquent sur I, ou
plutôt qui y sont seulement indiquées d'une manière som-
maire. La table YI b 40 est beaucoup plus explicite. Elle com-
mence par dire : « Tuncvasa quœ cumferctis habueris.... »
— Va80 peut se prendre soit comme un masculin, pour vo-
80 f (cf. le nominatif vasor YI a 19], soit comme un neutre
vasa (cf. vas a II a 38). Porse est le neutre singulier, pod
suivi de l'enclitique e. On a vu que ce neutre singulier est
devenu une sorte de pronom invariable. — Pesondrisco peut
se prendre pour un régime circonstanciel marquant le temps :
a au moment de l'oblation des gÀteaux ». Yient alors la pres-
cription déjà étudiée stibra spahatu. Seulement au lieu de se
contenter du régime vaso^ le texte ajoute encore serseff). Ce
mot est donc construit en apposition avec vaso^ ou plutôt le
membre de phrase vaso porse pesondrisco Imbus est jeté en
avant pour expliquer et préciser l'expression serse(/j. Les
vases qui ont servi pour les persondris^ ce sont là les serse(f)
qui doivent être soumis à l'opération marquée par svèra spor-
hatUy c'est-à-dire à l'aspersion. On aurait plutôt attendu
l'ablatif, car c'est au moyen des vases que se fait sans doute
l'aspersion. Mais il y a peut-être ici un détail du rituel qui
nous échappe.
Ander vomu sersiiu permet deux constructions également
correctes et de sens également obscur toutes les deux. Ser-
situ est le verbe latin sedeto. Dans andervomu on peut voir un
seul mot (le texte ne fait pas de séparation) désignant le lieu
où l'adfertor doit s'asseoir : ce sera alors un ablatif. Ou bien
on peut expliquer ander comme une préposition équivalant à
inter^ et vomu comme son régime (ablatif singulier ou accu-
satif pluriel). En l'absence de tout renseignement sur le sens
de vomuy il serait téméraire de faire un choix. Je rappellerai
seulement, à titre d'indication sur le sens possible de vomu
TABLE I a 34. — TABLE VI b 42. 155
OU anilervomUj les mots du rituel des Arvales : « Ddnde in
œdem irUraverunt » qui précèdent le passage relatif à la rup-
ture des vases. On a proposé d'identifier vomu avec fiuï\u6ç. ^
Amipo camalir pesnis fu&t contient sous forme de futur anté*
rieur avec «cdonec» la même prescription qui est exprimée un
peu plus bas par l'impératif : 8erQe[si] comatir persnimu. Per^
mis pour persnitus, Ser8e(f) pisher comoltu nous apprend que
ce n'est pas nécessairement le prêtre qui doit exécuter cet or-
dre, mais qu'un autre peut s'en charger. Pis-her se compose
du pronom indéfini pis « qui » et de Aer, qui a été justement
expliqué par A. K. comme étant pour AeW, herit « vult ». On
peut rapprocher le latin quivis et quilibeL
Purdito fust est une formule annonçant la un de l'action ; .
« polluctum fuerit ». Cf. VII a 45 : enom purditom fiisL Nous
avons ici le participe du même verbe dont on a déjà vu l'im-
pératif purdovitu et le futur antérieur purdinéiust. Purditom
est contracté de purduei/om, comme onapurtijus venant de
purtueius. Cette phrase montre clairement que le verbe en
question, qui parfois s'emploie pour un seul acte du sacrifice,
peut aussi s'appliquer à l'ensemble de la cérémonie.
TRADUCTION.
(YI b 23) Postquam agnos poUuxerit, (24) is qui agnos pol-
luxerit ad dextrum postem libum et struem ferctum facito.
Capide adspersionem ministrato : banc manu (25) Iseva teneto
donec libum libaverit. Capidem voveto. Exinde inter pre-
ces (?) frusta dato. Ita precator velatus : Te .... (36) Precatione
dimidia infundito.
(37) Struem — arem ad lœvum postem facito. Deinde capide
adspersionem ministrato, Deinde precator uti [in] fercto.
Postquam strues polluxerit , (38) prosectorum frusta dato.
Tune t libi — alis ad dextrum postem in adspersionem,
Frusta dato. Ubi strues polluxerit, tum (39) libum — are ad
Isevum postem. Deinde frusta dato. Tune struem — alem in
adspersionem. Ubi precatus fuerit, ibi (40) imponito, coquito,
Tum struem — arem in adspersionem. Ubi precatus fuerit,
ibi imponito, coquito. Tum vasa quœ cum struibus habuerit,
(41) testas supra instillato. Inter — um sedeto, donec confractis
[testis] precatus fuerit. Testas quivis confringito. Testis con-
fractis precator. (42) Polluctum fuerit.
156 TABLE I ô 1. — TABLE VI b 43.
Nous avons laissé de côté le texte de la prière qui est
adressée à Tefrus Jovius (VI b 25-36). Cette prière est exacte-
ment semblable à celle qui est adressée à Dius Grabovius
(v. p. 68). La seule différence est qu'on dit au dieu (1. 28) :
Tefre Jovie^ tiom esu sorsu persontrUy trefrali pihaclu « Tefre
Jovie, te hac strue fercto, tefrali piaculo (invoco). » Sur l'el-
lipse de svAocOj V. p. 70. L'adjectif tefralis est tiré de Tefrus,
comme Fisovina (p. 122) de Fisovius.
QUATRIÈME SACRIFICE.
(VI b 43) Vocu^cimi JoviUy ponne ovi furfant, vitlu toru trif
fétu. Marte Horse fétu popluper totar Ijovinar^ totaper Ijovina.
Vatxw ferine (44) fétu, Poni fétu, Arvio fétu. Tases persnimu.
Proseéetir fasio ficla arsveitu. Suront naratu puse verisco Tre-
blanir,
(I b 1) Vukukum Juviu, pune uvef furfat, tref vitr-
luf turuf (2) Marte Hudie fétu pupluper tutas Iju-
vinas, tuiaper Ikuvina. (3) Vatuva ferine fétu. Puni
fétu. Arvia ustentu. Kutef * pesnimu. (4) Adepes ar-
ves.
Le nouveau sacrifice est offert à Mars Hodius (telle est la
forme qui ressort de la comparaison de Hudie et Horse) et
il consiste en trois jeunes taureaux (tref vitluf turuf =
très vitulos tauros). Le lieu est désigné par les mots vocucom
JoviUy vukukum Juviu. Dans Joviu il est facile de recon-
naître un ablatif du même adjectif Jovius dont nous avons
déjà eu différentes formes ; le substantif auquel il se rapporte
ne peut-être autre que vocus (2' déclinaison) . Dans ce mot,
Panzerbieter * a cru reconnaître le latin vîcuSy grec oTxoç. Mais
la voyelle de la première syllabe fait difficulté. Je serais
porté à croire qu'il s'agit d'un lieu situé hors de la ville,
car la formule d'invocation n'est pas la même : au lieu
de la colline Fisienne, il est seulement parlé ici du peuple
de la cité Iguvienne. Si l'on se rappelle ce qui a été dit déjà
sur l'absence de tout mot commençant par un Z, l'hypothèse
suivante ne paraîtra peut-être pas trop hardie. Je crois que
voku correspond — non pas à loco — mais à louco, luco, et
qu'il désigne un bois sacré. On peut admettre, ou bien que le
1 Ku^p.
2. QuxstUmes umbricœf p. 15. Cf. Âufrecht^ ZK, I, 283.
TABLE l b l. - TABLE VI b 43. 157
l est tombé, comme dans l'italien usigmwlo « rossignol » =
lat. Ivsciniay dans le français once = lyncem, it. lonzay et
comme le l portugais tombe fréquemment à l'intérieur des
mots (candêa = candela, taes = taies, car = color) ; ou bien
que cette lettre a pris le son du w^ ainsi que cela est arrivé si
souvent et en tant de langues différentes à Tintérieur des
mots, quand l est placé devant une autre consonne (français
aut7*e = alter, néerlandais ovd = allemand ait, crétois aôyav
= dX^ew), ou quand il est à la fin des mots (français fou = fol-
lis, Slovène rfai, prononcez dau, serbe pisao pour pisal) *. —
En admettant cette interprétation, l'adjectif Joviu paraîtra
tout à fait à sa place. Sur l'habitude de sacriQer dans des bois
sacrés, on peut comparer les Actes des Arvales, où le second
jour on sacrifie : in luco deae Diœ'. Nous ajouterons que sur
la t. III le même mot se retrouve dans les passages sui-
vants :
IIL 3. Huntak vuke prumu pehatu.
III. 20. Inumek vukumen esunumen etu.
III. 21. Ap vuku kukehes.
Les deux premiers passages, que je traduis : « ita in luco
primum piato » et « tum in lucum ad sacrificium ito », n'a-
joutent point d'argument nouveau à notre interprétation. Mais
dans le kukehes de III 21, je reconnais l'opération si fré-
quemment mentionnée dans le rituel des Arvales* : luci coin-
quiendi^ coinquendi, coinchuendi; elle consistait à ébrancher
les arbres trop touffus, ce qui nécessitait un sacrifice expia-
toire, que nous voyons en effet ordonner sur la t. III. Je tra-
duis : « cum lucum coinquies ».
Je passe aux mots : ponne ovi furfant. Ponne est une par-
ticule de lieu correspondant à la dernière partie du latin ali-
cunde^ et signifiant « ubi ». — Furfant a été déjà expliqué par
« februant ^ » Il faut remarquer le 9 qui se trouve a la fin du
mot 16 1. C'est avec pur tu vi Ou (IV, 20) le seul exemple de
1. Diez, Gr. (trad. fr.) I, p. 192. Je ne connais pas d'exemple du changement
de l en u au commencement des mots. Mais le changement de l en t, qui est un
phénomène d'un ordre symétrique, se présente même au commencement des
mots, par exemple dans le valaque tepura, iertà (= lepor0m, libertaiem). Cl.
Schuchardt, Vulgârlateiny II, 490.
2. Henzen, p. 19.
3. Henzen, p. 20, 22, 142.
4. Voy. p. 132.
158 TABLE I 6 4. — TABLE VI b 43.
remploi du 9 sur nos inscriptions ^ Il ne faut sans doute y
voir autre cliose qu'une preuve que Talphabet ombrien hési-'
tait entra deux signes pour exprimer la dentale forte.
L'adjectif Hudie (transcrit //orse par VI b 43) est probable-
ment de même origine que hondomu (YI a 9. 10) et hondra
(YI a 15). Nous avons traduit ces mots par « infimo » et par
ce infra ». Hodius (telle est la forme qu'il faut restituer) est un
adjectif contenant le sufQxe io^ et correspondant pour le sens
au latin « infemus ». Il est intéressant de trouver à Iguvium
un Mars infemus, ce qui achève de prouver le caractère tel-
lurique de ce dieu. Je rappelle seulement le double aspect
de Demeter. — Il faut remarquer 16 3 kutep au lieu de
kutef. Le même p, qui ne peut venir^ selon nous', que
d'une erreur de lecture, se représente I 6 4, oii Ton a vitlup
turup au lieu de vitluf turuf.
TRADUCTION.
(YI b 43) In luco Jovio, ubi oves februant, vitulos tauros
très facito. Marti Inferno facito pro populo civitatis Iguvinœ,
pro civitate Iguvina. Tura acerra (44) facito. Lacté facito. 01-
las facito. Tacitus precator. Prosectis farcimen, offam addito.
Deinde nuncupato uti ad portam Trebulanam.
(I b 1) In luco Jovio, ubi oves februant, très vitulos tauros
(2) Marti Inferno facito pro populo civitatis Iguvinœ, pro ci-
vitate Iguvina. (3) Tura acerra facito. Lacté facito. Ollas do-
nato. Tacitus precator. (4) Adipibus, extis [facito].
(YI a 45) Vocucom Coredier vitlu ton^ trif feiu. Monde èerfi
fétu popluper toiar Ijovinary totaper Ijovina^^ Vatuve ferine
fétu. An)io (46) fétu. HeH vinit, h&iri poni feiu, Taees persnimu.
Proêeéetir tesedi ficla/m arbveitu^. Suront na/ratu puse verisco
Treblanir»
(16 4) Yukukum Kureties tref vitluf turuf* Hunte
Çerfi • (5) teitu pupluper tutas Ijuvinas tutaper
1. On sali que cette lettre fait partie de l'alphabet étnuque. Voy.Corgsen, Die
Sprachê der Etruiker, p. 12 s.
2. Autrement Bugge. ZK. XXII. 454.
3. Jjovinar,
4. ficlmrneitu,
5. vitlup turup.
6. Hunteçe.fl.
TABLE I 6 4. — TABLE VI b 43. 159
Ijuvina. Vatuva (6) ferine fétu. Arvia ustentu. Ten-
zitim arveitu. Heris vinu heris (7] puni feitu. Kutef
persnimu. Adipes arvis.
Vocucum Coredier. Yukukum Kureties. — Un second
sacrifice est offert dans un autre voeu. Si notre interprétation
de ce dernier mot est juste, nous devons nous attendre à trou-
ver ici un nom de divinité faisant pendant à JoviUé Le d qui
remplace sur YI le < de kureties est dû & un affaiblissement
pareil à celui qu'on a dans teeedi = tenzitim» ^i (pour le
dire ici en passant) le t suivi d'un i, suivi lui-même d'une
voyelle, avait pris en ombrien un son sifflant, comme le sup-
pose Gorssen^ nous aurions dû avoir une forme Kuruçies,
Coreéier. Les mots que nous rencontrerons plus tard : uhtre-
tie, kvestretie, tertiam^ Martiey Tlatie^ etc., sont autant de
preuves que la théorie de Gorssen est erronée, ou, au moins,
excessive. Ce nom de Kureties a déjà frappé Grotefend par
sa ressemblance avec celui de la Juno Guritis adorée par les
Romains^. Huschke (p. 210] a rapproché le Janus Guriatius
dont parle Festus (s. v. sororium tigillum). Ges deux noms,
auxquels il faut probablement joindre le nom de Quirinus,
ancien surnom de Mars, paraissent être de la même famille
que le grec xupeoc « maître », xopcx « puissance »'. Ge serait
donc à un dieu Guriatius * que le bois sacré aurait été dédié.
Quant au sacrifice dont il est question, il est offert à Hunte
Çerfi, Monde èerfi. Le nominatif est* Hondus Çerflvs. Hon-
dm est évidemment de môme famille que Hodius (v, p. 156),
avec la seule différence qu'ici nous avons devant le d une na-
sale qui Ta empêché de devenir un d. Cela nous donne un dieu
qui s'appelle de son nom « Inferus » : Çerfius est le surnom.
Le mot Çerfixis ou son féminin Çerfia accompagne d^autres
noms propres t nous rencontrerons plus loin deux déesses,
dont l'une s'appelle Prestota Çerfia, l'autre Tursa Çerfla ; il y
a, en outre, un dieu Çerfùs Martius. Çerfus est évidemment
le primitif de Çerfius. Si nous songeons que parfa « l'éper*'
vier » a donné en latin pa/rraj nous devons, en regard de
Çerfiyéy attendre une forme latine Cerrue. On trouve, en effet,
cerriiuSy qui désigne les possédés : le délire était regardé
L Auuprùohê*, l, p. 63. Cf. cUdeastu, p. 130.
3. AttdtfiMfilo, VI, 22. Vn, 40.
3. Cartius, GrundMùgêf n* 82.
4. Dans la seconde syllabdi l't a disparu après avoir changé Va suivant en « r
cf. penae (pour penaia).
160 TABLE I 6 7. — TABLE VI 6 46.
comme envoyé par les dieux (cf. limphatus) . Peut-être le nom
de Ceres est-il pour C erres : c'est ainsi qu'on a farina à côté
de far^ farris. En osque, le surnom de Kei^ms^ KenHia^ se
trouve sur la table votive d'Agnone, à côté de divers noms de
divinités : Futrei Kerrixai^ Diwmpais Kerriiais^ Hereclûi Ker-
Hiûiy Fluiisai Kerrîiai^ etc. La même table a, en outre, le sub-
stantif Kerri employé seul. Mommsen traduit le substantif
par a genius » et l'adjectif par « genialis ». Ces sens convien-
draient également pour nos textes : nous ne conjecturerons
rien sur l'étymologie.
Le seul terme nouveau que présente le reste de l'alinéa,
c'est lesedi tenzitim; YI b 46 fait suivre ficla/m « offam »,
comme pour expliquer le mot. Nous y verrons donc une sorte
particulière de ficla. Il faut supposer un nominatif tenseitis
(3« décl.) ou tenseitius (2* décL).
TRADUCTION.
(YI b 45) In luco Curiatii vitulos tauros très facito. Rond o
Çerfio facito pfo populo civitatis Iguvinse, pro civitate Igu-
vîna. Tura acerra facito. Ollas (46) facito. Sive vino sive lacté
facito. Tacitus precator. Prosectis —m offam addito. Deinde
nuncupato ut ad portam Trebulanam.
(I b 4) In luco Curiatii très vitulos tauros Hondo Çerfio fa-
cito pro populo civitatis Iguvin», pro civitate Iguvina. Tura
(6) acerra facito. OUas donato. —m addito. Sive vino sive (7)
lacté facito. Tacitus precator. Adipibus, extis [facito].
(VI b 46) Eno ocar (47) pihos fust. Sve po esome esoixo atider
vacosej vasetome fustj avif aseriaiUj verofe TrMano covertu^
reste esono feitu.
(I b 7) Inuk ukar pihaz fust. (8) Sve pu esumek
esunu anter vakaze, vaçetumi se, avif* azeriatu,
(9) verufe Treplanu kuvertu, restef esunu feitu.
Les premiers mots annoncent la fin de cette cérémonie.
« Et coUis piatus fuerit. » Cf. purditwm fust (YI b 42) Yient
ensuite un passage, dont le sens général est clair, mais qui
offre de nombreuses difficultés de détail. Il est question d'une
condition rédhibitoire qui oblige de recommencer tout le sa-
1. Yakazevaçelumiseavif.
TABLE I 6 7. — TABLE VI b ikl. 161
crifice. Ebel a traité de ce passage dans le Journal de Kuhn^
YI, 418, sans dissiper toutes les incertitudes qu'il présente. On
distingue trois impératifs : aseriatu .... convertu .... feitu qui
terminent trois propositions. Au commencement^ on a une pro*
position conditionnelle : svepo .... fjÂSt « si quid . .. fuerit ».
Po est probablement une forme neutre pour pom : Vo est dû
à rinfluence de Vm final. — Ësumek esunu anter, esome
esono ander, — Les deux premiers mots sont à l'accusatif singu-
lier neutre, et ils sont régis par anter^. Le latin mettrait : «hoc
inter sacriflcium ». Esum-ek contient l'accusatif e[k]swm^
que nous avons déjà vu, et qui est suivi ici de l'enclitique ek,
qu'on trouve aussi dans erek, edek, ererek. Le c fmal est
omis sur VL — Vacos vakaz est formé comme pihos pi-
haz : toutefois, je ne le prends pas pour participe passé, mais
pour un substantif en tus comme hiatvSy meatus. Le sens de
ce substantif formé de vaco doit être « manque, faute ». —
Vasetom vaçetum est le participe passé neutre du môme
verbe : je suppose qu'il signifie « omis, oublié ». On remar-
quera que le neutre po se construit mieux avec le second attri-
but qu'avec le premier. Des irrégularités de ce genre ont déjà
été signalées (p. 12). — Tandis que YI b 47 emploie le futur
antérieur fust^ 16 8 nous présente se, qui est sans doute
pour sei(t) « sit ». L'emploi du présent du subjonctif trouve
son explication dans ce fait que le verbe de la proposition
principale est à l'impératif, et non au futur. Il reste à rendre
compte de la voyelle e qui est ajoutée après vacos et vasetom.
On ne saurait (le sens s'y oppose) en faire la postposition e(n);
d'autre part, y voir l'enclitique ei serait bien hardi, car cette
enclitique ne se place habituellement qu'après des pronoms
{po^y paf-e). Je propose d'y voir la particule disjonctive ve
ce ou », ayant perdu son v initial parce qu'elle s'appuie sur
des mots finissant par une consonne. I 6 8, au lieu de e, écrit
une fois i, ce qui ajoute à l'incertitude de ce passage.
Les trois propositions impératives ne présentent d'autre
mot nouveau que restef reste. Le sens exige un terme signi-
fiant « iterum, denuo » et nous voyons, en effet, que l'impé-
ratif restatu (II a 5) a le sens de « instaurato, restituito ».
Mais il est difficile de dire quelle forme grammaticale a pro-
1. Aufirecht, selon ses idées sur la prétendue désinence omet traduit les deux
mots comme des locatifs, et il fait de anter un adverbe signifiant « intérim. • '
Ebel voit dans esumek esunu un génitif pluriel, et il rattache ankrau verbe.
11
162 TABLE I 6 7. — TABLE VI b 47.
duit cet f : peut-être avons-nous un accusatif singulier neu-
tre, pris adverbialement, comme recens en latin ; une forme
restens se rattacherait à la 2* conjugaison ombrienne, celle
qui donne les participes comme vaéetom (vacatum) et les im-
pératifs comme kadetu (calato).
TRADUCTION.
(YI b 46) Et coUis (47) piatus fuerit. Si quid inter istud sa-
crificium erratumve omissumve fuerit, aves observato, ad
portam Trebulanam revertitor, denuo sacrificium facito.
(I b 7) Et coUis piatus fuerit. (8) Si quid inter istud sacrifi-
cium erratumve omissumve sit (?), aves observato, (9) ad por-
tam Trebulanam revertitor, denuo sacrificium facito.
Au sujet de cette prescription, qui oblige à tout recom-
mencer si quelque formalité à été négligée ou si quelque
erreur a été commise, nous rappellerons le témoignage
d'Arnobe (Adv. Nat. lY. 31) : Si in cœrimoniis vestris rebus-
que divinis postulionibus locus est, et piaculis dicitur con-
tracta esse commissio, si per imprudentiœ lapsum aut in
verbo quispiam aut simpuvio deerrarit, aut si rursus în so-
lenmibus ludis curriculisque divinis commissum omnes sta-
tim in religiones clamatis sacras, si ludius constitit, aut
tibicen repente conticuit, aut si patrimus ille qui vocitatur
puer omiserit per ignorantiam lorum aut tensam tenere non
potuit.... Cf. Liv. y. 17. Inventumque tandem est, ubi neglec-
tas cœrimonias intermissumve sollenne dii arguèrent : nihil
profecto aliud esse quam magistratus vitio creatos , Latinas
sacrumque in albano monte non rite concepisse. Unam expia-
tionem eorum esse ut tribuni militum abdicarent se magis-
tratu, auspicia de integro repeterentur.... Cf. Ibid. XLI. 16 :
« Latinœ feriœ fuere.... in quibus, quia in una hostia magi8«
tratus Lanuvinus precatus non eroi populo romcmo Quiritiwm^
religioni fuit. » Dio. XXXIX. 30. Plutarque. Coriol. 25.
La purification de la colline est terminée. Cette cérémonie a
eu successivement pour théâtre trois portes de la ville et deux
endroits dans lesquels nous avons cru reconnaître des bois
sacrés. II serait facile de multiplier les rapprochements avec
l'antiquité romaine. Je rappellerai seulement le commence-*
TABLE I 6 10. — TABLE VI 6 48. i63
ment de la Pharsale, où le devin étrusque Ârruns, pour pu-
rifier Rome, ordonne une cérémonie pareille :
Mox jubet et totam pavidis a civibus urbem
Ambiri ; et festo purgantes mœnia lustro
Longa per extremos pomœria cingere fines
Pontifices....
Dumque illi effusam longis anfractibus urbem
Circumeunt, Arruns dispereos fulminis ignés
GoUiglt....
Datque locis numen sacris : tune admovet ans
Electa cenrice marem. Jam fundere Bacchum
Cœperat, obiiquoque molas inducere cultro....
La cérémonie iguvienne, autant qu'on en peut juger par le
langage laconique de nos textes, paraît comprendre une pu-
rification du feu {pirpuretom VI a 20. persei ocre Fisie pir orto
est YI a 26). Il y a aussi quelque chose de semblable à Rome.
Aux calendes de Mars, le feu de Vesta était renouvelé. Ovide,
Fastes III, 143 :
Adde quod arcana fierî novus ignis in »de
Dicitur, et vires flamma refecta capit.
On prenait ce feu nouveau soit à un morceau de bois heureux
frotté jusqu'à combustion (Paulus, p. 106, s. v. Ignis Vestœ),
soit au Soleil (Plutarque. Numa, 9). Cf. Macrobe, Sat. I, 12.
Hujus [mensis Martii] etiam prima die ignem novum Yèstœ
aris accendebant : ut, incipiente anno, cura denuo servandi
novati ignis inciperet. *
Nous passons maintenant à une autre cérémonie, qu'on
peut désigner sous le nom de la
LUSTRATION DU PEUPLE IGUVIEN.
Elle n'est pas nécessairement liée & la précédente; c'est ce
qu'annoncent déjà les premiers mots.
(VI b 48) Pone poplo afero heries^ avif aseriato etu. Su/ruro
stiplatu pvsi ocrer pihaner, Sururont combifiatu. Eriront tudo'
rtis avif (49) seritu,
(I b 10) Pune. puplum aferum heries, avef anzeriatu
etu pernaiaf pustnaiaf.
Nous avons d'abord une proposition incidente commençant
par pone <c quum^ n et finissant par heries. Cette dernière
h Voy. page 157, où pimne est employé comme particule de lieu*
164 TABLE I 6 11. — TABLE VI h 49.
forme est le futur d'un verbe faible (2* conjugaison] signifiant
« vouloir», dont il a déjà été question ^ En osque, le futur
plusieurs fois employé herest appartient à la conjugaison
forte*. — -AfeTo[m) est Tinfinitif régulier du même verbe qui
a donné anferener (VI a 19). Ces infinitifs en om ne sont pas
autre chose que des accusatifs de substantifs abstraits en u
(4' déclinaison), comme vêrm-s « vente » en latin. L'osque
forme de la même manière ses infinitifs comme deicum,
acum. On a vu qu'un u primitif suivi d'un m devient o sur
les tables en écriture latine [trifo]. Le mot aseriato en est une
autre preuve, car il correspond au supin latin en atum. —
Poplo est le régime de afero : rapprochez le popler anferener
de VI a 19. — Tandis que I reproduit son pernaiaf pust-
naiaf sans autre explication, VI entre en quelques détails :
(c deinde stipulator uti ocris piandi [causa] (stipulatus es) ».
Erir-ont présente la môme enclitique hont^ dont il a déjà été
parlé (p. 60), précédée de l'ablatif erir qui se rapporte à lu-
derus (cf. VI a 11).
TRADUCTION.
(VI b 48) Quum populum circumferre voles, aves observa-
tum ito. Deinde stipulator ut coUis piandi [causa]. Deinde
auspicator. lisdem Qnibus aves (49) observato.
(I b 10) Quum populum circumferre voles, aves observa-
tum ito anticas (11) posticas.
(VI b 49) Ape angla combifianéiusty perça arsmatiœm anovi-
himu; cringatro hatu; destra/me scapla* anovihimu, Pir en-
dendu, Pone (50) esonome fera/r *, pufe pir entélusty ère fertu
poe perça a/Tsma/tiam habiest. Erihont aso destre onse fertu.
Erucom prinvatur dur (51) etuto. Perça ponisiater^ habitiUo.
Ennom sHplaiu parfa desva sesOy tote Ijovine. Syruront corn-
bifiatu vapefe avieclu^ neip (52) amboltu prepa desva combin
fianéi, Ape desva corribifiansiust^ via aviecla esonome etuto com
peracris sa^yris.
1. Page 103.
2. La conjugaison faiblo aurait également donné en osque h e ri est : cf.
hapiest.
3. Désira metcaipla,
4. Esonomf ffrar,
5 . ponisia ter.
TABLE I 6 11. — TABLE VI b 49. 165
(Ib 11) Pune kuYurtus, krenkatrum hatu. Enumek
(12) pir ahtimem ententu. Pune pir entelus ahti-
mem, (13) enumek steplatu parfam tesvam tefe tule
Ikuvine. (14) Vapefem avieklufe kumpifiatu. Vea
aviekla esunume etu. (15) Prinuvatu etutu. Perkaf
habetutu puniçate.
A la proposition incidente ape angla combifianéiyst corres-
pond sur I pune kuvurtus. Nous en pouvons conclure
qu'au fond les deux expressions marquent la même chose.
Dans combifianéiust il faut voir un futur antérieur venant d'un
thème combifianéir- qui se rattache à combifior- de la même
manière que purdinéi- (dans purdinéiust) hpurduir-, V. p. 129.
« Postquam oscines (?) inspexerit ». Nous avons ici comme
verbe transitif combiflo qui ordinairement est employé comme
verbe neutre signifiant à lui seul « auspicari ». — Pune ku-
vurtus, littéralement << quum converteris ». Ainsi que l'ont
reconnu A. K., il est fait allusion à la défense de se retourner :
en sorte que convertere est employé comme terme technique
pour marquer la fin de l'observation augurale.
Anovihimu est un impératif moyen formé comme persni-
himu. La première partie du mot est la préposition an^ cor-
respondant à in. Le verbe, comme l'a reconnu Bugge*, est le
même que dans purdovitu^ avec cette différence que nous
avons ici le moyen au lieu de l'actif. Le d initial s'est assimilé
& la nasale précédente (pour an^dovihimu^ an-novihimu)
comme dans anferener, pihaner^ pelsanay panupei. On a déjà
eu dans suboco un exemple d'assimilation de la première
consonne du verbe à la consonne finale du préfixe. Le. sens
est celui du latin induor, avec lequel le mot est identique
quant au préfixe et au verbe*. — Sur perc{am) arsmatiam^
V. p. 56. Cette première phrase signifie donc : « Postquam
aves inspexerit, prœtextam lustralem induitor ». I 6 11 omet
cette prescription, ce qui se pouvait faire d'autant plus faci-
lement qu'à la ligne 15 on a d'une façon générale, en par-
lant de l'adfertor et de ses acolytes, la recommandation :
perkaf habetutu <« prœtextas habento ».
1. ZK. V, 159. Autrement Zeyss, t6td. XI V, 40t.
2. On a quelquefois, à cause de exuo, décomposé le verbe latin en tnd-uo.
Mais nous sommes plutôt porté à penser que ex%M a été formé par une fausse
analogie sur tfiduo mal compris.
166 TABLE l b 11. — TABLE VI b 49.
Cringatro krenkatrum se retrouve II 6 Î7. 29 :
pune anpenes krikatru testre e uze habetu.
ape purtuvies testre e uze habetu krikatru.
Il s'agit d'un objet qu'on porte sur l'épaule droite (testre
e uze, destrame scapla) y probablement d'une pièce d'habille-
ment. Si nous comparons, dans le Rituel des frères Arvales, la
formule : Deinde magister latum sumsit et ricinium % et si
l'on se rappelle que les Romains appelaient rica^ ricula, ri-
dnvm^ ricinium un vêtement carré, garni de franges, de cou-
leur pourpre, que les prêtres portaient sur la tête et sur les
épaules dans certaines cérémonies sacrées*, on trouvera
vraisemblable de rapprocher le terme ombrien. La chute
d'un c initial s'observe en latin dans d'autres mots, comme
Umtentvm^ laus*^ et ici le voisinage des deux c rend cette sup-
pression encore plus explicable. Le mot krikatrum, affaibli
en cringatrom^ présente un suffixe de dérivation qui peut faire
supposer un verbe cringa/re : cf. en latin le participe rici-
niatiLs,
Hatu ne saurait être regardé comme une faute pour habitu:
en effet , nous le retrouvons non-seulement 16 11, mais on a
hatuto\ll a 52 = hatutu I b 42, et deux fois hahtu II a 22.
Cette dernière leçon prouve que Va est long. Le sens du verbe
me paraît être « prendre » : nous aurons à y revenir par la
suite.
Destrcmie scapla{m) anovihimu. C'est ainsi qu'il faut lire,
comme l'a reconnu Kirchhoff, au lieu de destra mescapla. Celte
correction, assez évidente par elle-même, le deviendra encore
plus par la comparaison des passages analogues où se trouve
uze (Il b 27. 28). — Le seul terme inconnu est scaplay qui
rappelle aussitôt le latin scapiUa. Nous avons ici l'accusatif
avec e(n) au lieu du datif, parce que anovihimu exprime un
mouvement. «Ricam sumito; indextram scapulam induitor.»
Au lieu de : pir endendu Ib 1 1 dit d'une façon plus expli-
cite enumek pir ahtimem ententu. Le verbe correspond
matériellement au latin intendere^ mais il doit avoir le sens de
«placer, mettre ». On peut observer que les verbes qui ont
ce sens un peu général ont tous commencé par une significa-
1. Henzen. Àet. Arv, p. 37.
2. Festus, s. V- ricinium»
3. Corssen, Aussprache^, I, p. 34.
TABLE I & 11. — TABLE VI b 50. 167
lion plus particulière. — Âhtim désigne l'objet sur lequel
est placé le feu : nous le traduirons par « foculus», qui est le
nom donné chez les Romains aux autels portatifs. Nous trou-
verons ailleurs tafle employé dans un sens analogue : tafle
epir fertu {llb 12). — Ënumek (ailleurs inumek) est une
conjonction composée de en u m et de l'enclitique ek; le sens
est «alors, ensuite». On trouve non moins souvent enuk,
i n u k , dont la signification est analogue : il est difficile de
dire si ces dernières formes résultent d'un resserrement (pour
enumk), ou si elles viennent d'un ablatif enu suivi de k.
La construction de la phrase suivante est jalonnée par
pone <c quum » etpufe «ubi», qui gouvernent des propositions
incidentes, par ere(k) qui équivaut au latin is suivi de l'encli-
tique ekj et par poe = latin qui. Cette construction ne laisse
pas que de parsdtre un peu compliquée quand on songe à la
simplicité ordinaire de ces textes. Une difficulté plus sérieuse
vient des mots esonomf ffra/r qui sont évidemment corrompus,
mais qu'il est malaisé de corriger. Nous lirons avec À. K.pone
esonome f&rar « quum ad sacrificium feras». U faut toutefois
prévenir le lecteur que VI emploie ordinairement la 3« per-
sonne et que pone gouverne d'habitude l'indicatif. — Les mots
pufe pir entelust expriment évidemment sous une autre forme
l'action marquée par : pir endendu. Au lieu de l'impératif, on
a le futur antérieur, selon le penchant de la t. YI-YII à répé-
ter sous forme de proposition incidente commençant par
«après que», ce qu'elle a précédemment ordonné. Mais on se
serait attendu à une forme &iitenust (du verbe tenn^ pour tend)
et non entelust. Un autre changement de n en l se trouve II b
27, où c'est le verbe ampenno (= latin impendo) qui est em-
ployé : on a d'abord : pune anpenes qui nous donne le
futur, et ensuite ape apelus qui représente le futur passé.
Les autres mots étant connus, nous pouvons traduire « quum
ad sacrificium feras, ubi ignem imposueris, is ferto qui prœ-
textam lustralem habebit. »
Erihont aso désire onse fertu. — Cette phrase commence par
un mot d'origine pronominale. On peut y voir un locatif erei*,
formé comme esmeiy nesimei, et suivi de l'enclitique hont : le
sens sera alors «itidem». Ou bien on en peut faire le nomi-
natif er (= latin is) -{- ei -\- hont : il faut alors traduire par
tt le même », c'est-à-dire l'adfertor. — Oestre onse sont deux
1. On a déjà eu le thème ero, p. 71.
168 TABLE I fe 12. — TABLE VI 6 50.
datifs correspondant au latin deœtro nmero : on sait que le
latin v/ments est pour umesuSy vmsiis = sanscrit amsa^ grec
Il reste aso qui ne peut être que le régime direct de fertu.
Nous sommes dans le même embarras que A. K. pour rendre
compte de ce terme. S'il est question d'un autel portatif, on
se serait plutôt attendu à une forme asa(m)^ puisque le fémi-
nin osa est employé plusieurs fois sur les tables. Peut-être Vo
est-il une faute du graveur. Sur les autels portatifs, ou du
moins sur les autels temporaires, on peut consulter Henzen
Act. Arv. p. 142, 144. Marini, p. 683. V. aussi Festus, au
mot anclabris. Au lieu de ce aso, I 6 12 ajoute deux fois
après ententu et entelus le mot ahtim-em (pour ahtim-
en) qui doit être un synonyme : le h indique que la voyelle
initiale est longue. Peutr-être esl^ce un mol altium (cf. latin
altaré) : on a le changement de U en /, dans mota pour ranUa^
comatir pour com-maltir. C'est ainsi que tertiom se contracte
en tertvm,
Erucom prinvatur dur etuto. — Prinuvatu etutu. — La
désinence verbale est nouvelle pour nous, car au lieu de la
forme etu « qu'il vienne », nous avons eiutOy etutu. Déjà la
comparaison avec le latin, où à côté du singulier ito on a le
pluriel itoiCy peut nous faire supposer que le redoublement
de la désinence sert à marquer le pluriel. Cette supposition
devient une certitude, si l'on rapproche, comme Ta fait Kirch-
hofT, ces deux passages :
VII a 49 : Tursa Jovia, futu forts peiner paée tua,
Tursa Jovia, sis fausta volens pace tua.
VI & 61 : èerfe Martie^ Prestota èerfia Serfer Martier^
Çerfe Hartie, Prsestita Çerfia Çerfii Martii,
Tursa éerfia Serfer Martier^ fututo foner
Tursa Çerfia Çerfi Hartii, sitis fausti
pacrer paée vestra.
volentes pace vestra.
On voit clairement que dans le second passage, où au lieu
d'une divinité le prêtre en invoque trois, la forme futu est
remplacée par fututo^ comme tua l'est par vestra, — Il est dif-
ficile de dire quelque chose de certain sur l'origine de celte
désinence grammaticale : l'appeler un redoublement n'est
peutrêtre pas tout à fait exact, car la syllabe to suppose plu-
TABLE I 6 12. — TABLE VI b 50. 169
tôt une ancienne forme tom. Mais il se pourrait aussi que Vo
marquât ici un son incolore pareil à notre e muet et à Te du
latin itote. On a déjà dit que ce procédé de formation s'est
étendu au moyen ou passif. — Dans le passage qui nous oc-
cupe, nous avons la troisième personne du pluriel, au lieu
que fututo est la seconde. Mais au singulier également une
même forme (etu^ futu) sert pour la deuxième et pour la troi-
sième personne.
Le sujet de etuto est le nominatif pluriel prinvatur prinu-
va tu (s). J'ai expliqué ailleurs ce mot comme étant pour
jyre-inveaiur^ c'est-à-dire « ceux qui vont en avant*». De
même qu'en latin le substantif via a donné un verbe via/re
qui est supposé par viator et par le participe viandus^ et qui
est d'ailleurs resté dans les composés deviare « se détourner
de la route », inviare « faire route, marcher », de même en
ombrien le substantif vea a donné un participe inveatvs, nomi-
natif pluriel inveatuTy lequel, précédé de pre, et contracté par
un effet de l'accent tonique, a fait prinvatur^. L'orthographe
prinuvatus nous montre un développement du v analogue
à celui qu'on a dans aruvia (pour arvia), mluvom (pour
salvom). Il s'agit donc ici des viatores ou des calatores de
l'adfertor. On peut comparer le rôle important que les catar-
/ores jouent dans le rituel des frères arvales.
Dur est le nom de nombre « deux » employé, non au duel
comme en latin, mais déjà au pluriel comme en français.
I 6 11 a omis le nom de nombre, mais probablement par
simple inadvertance, à cause de la ressemblance des deux
syllabes prinuvatu(s) tu (s). — Erucom est le thème dé-
monstratif ero à l'ablatif singulier, suivi de l'enclitique com,
qui a ici tout à fait le sens de la préposition latine cum. —
Percaif)^ perkaf, est au pluriel parce qu'il s'agit de plusieurs
personnes revêtues de la perça. Nous avons déjà expliqué
(p. 56) l'ablatif pluriel poméiater puniçate(s), qui est em-
1 . MSL, U. fasc. 5. — Aufrecht et Kirchh offont ?u dans ces personnages des
hommes privés (prtvaft), par opposition au caractère public du prêtre. Mais cette
interprétation ne rendait pas compte de la lettre n qui se trouve dans le mol.
Disons à ce propos que les caULtoru sont des personnages publics, et qu'on les
appelle même puMm tout court sur les Actes des frères arvales. Huschke^ qui
tourne volontiers ces inscriptions au tragique, voit dans les prtnra<itf des
hommes privés [de vêtements], des hommes nus, des condamnés à mort.
2. Un autre dérivé qui suppose le verbe viare est Tosque anivionud « circuitu •
snr plusieurs inscriptions de Pompéi.
170 TABLE I 6 13. — TABLE VI b 51.
ployé ici dans le sens d'un sociatif. Le mot latin serait puni-
ceata. Il s'agit d'une robe garnie d'un bord de pourpre. Il faut
remarquer la chute de s à la fin de puni ça te : c'est un
exemple où VI, qui a poniéiatery est mieux conservé que I.
Ennomstiplatu parfa cfesva. Enumek steplatu parfam
tesvam. Après avoir eu (VI b 48) une première inspection
des oiseaux, nous allons en avoir une seconde. Kirchhoff ex-
plique le fait par une conjecture qui présente une grande
probabilité. C'est que le cortège va sortir de l'enceinte de la
ville et s'avancer sur un territoire pour lequel les premiers
auspices ne sont pas valables. Nous savons par Cicéron (De
div., I, 17. II, 35. De nat. deor., II, 4) qu'en franchissant le
pomœrium, soit pour aller, soit pour venir, il fallait prendre
les auspices. Cette fois l'oiseau qui doit se présenter est ex-
pressément stipulé : parfa desva^ parfam tesvam. Ces
mots nous rappellent le passage VI a 4 : parfa dersva, cur-
naco dersva^ peico merstOj peica mersta^ mersta aveif^ merstaf
anglafesona mehe tote Ijoveine. Mais ici il n'est plus question
que d'un seul oiseau. I b 13, qui emploie constamment la
seconde personne, dit : « Tune stipulator parram prœpetem
tibi, civitati Iguvinœ ». Le datif tef e correspond exactement
au latin tibi^ dont le b représente, comme on sait, un ancien
bh (sanscrit tubhjam); tefe est pour tefei^ comme le montre
l'osque sifei « sibi ». Sur VI 6 51, on se serait attendu à une
forme correspondante se/e, puisque cette table parle à la troi-
sième personne : au lieu que nous avons seso. Le sens ne
peut être douteux : mais la forme est assez extraordinaire*.
II semble que si la langue a abandonné l'ancienne flexion
pronominale se/e, ce devait être pour entrer dans les voies
de la déclinaison régulière. Nous décomposons donc le mot
en sense, le datif redoublé se étant formé comme pople^ Tursce.
Il reste o dans lequel nous reconnaissons avec Bugge un
reste de la syllabe hont qui se joint à tant de pronoms : on a
déjà vu swm/ront mutilé en sururo (VI b 48). Cette forme sese-
hont semble avoir fait tomber en désuétude le pronom simple.
La proposition suivante nous apprend le lieu où se fait
cette seconde inspection des oiseaux : c'est à l'endroit déjà
mentionné plus d'une fois (VI a 9-13) vapefe aA)iecluif). I 6 14
dit vapefem avieklufe en répétant la postposition e(n)
1. Voyez les explications qui oat été proposées dans ZK, III^ 34. IV, 344.
XV,431. XX, 185.
TABLE I & 13. — TABLE VI b 52. 171
après le second mot, ce qui ne laisse pas que d'être assez
remarquable. Nous avons déjà expliqué (p. 84) cette répé-
tition par une confusion qui s'établit facilement entre les
postpositions et les désinences. Gomme en gouverne l'accusa-
tif, il faut supposer qu'il y a mouvement, au moins dans la
pensée de celui qui parle : combifiatu doit donc s'entendre
comme s'il y avait cornbifiato(m) etu. — La phrase suivante se
compose de deux propositions dont la première exprime un
commandement négatif, et dont la deuxième commence par
la conjonction prepa^ qui supposerait un prœquom latin (cf.
antequam). Ce prepa gouverne le parfait du subjonctif corn-
bifianéi[t)j lequel est formé comme les parfaits du subjonctif
osques fefacid^ hipid^ pruMpid, tribarakcUtins^ patensîns^» —
Amboltu exprime l'action qu'il est défendu à l'adfertor de
commettre avant d'avoir terminé son inspection. D'après
l'analogie de YI a 6, 1 6 1 1 , on s'attend à un verbe signifiant
« se retourner ». Le préfixe amb conviendrait bien pour cette
idée et nous avons YI b 60, YII a 49 un impératif holtu. Mais
il est malaisé de dire & quel verbe il appartient^. La dernière
phrase, qui commence par une proposition circonstancielle
dont le verbe est au futur antérieur (postquam praepetem
auspicatus erit], indique la route que l'adfertor doit prendre
pour se rendre au sacrifice : vea aviekla, via aviecla. Au
sujet de vea, rappelons le passage de Yarron, Der. r. I. 2.
14 : Ruslici etiam nunc quoque viam veam appellant, propter
vecturas. La forme primitive était sans doute vehia. L'adjec-
tif qui accompagne via est le même que nous avions avec
vapides : la route est donc nommée d'après les vapides avieculi^
ou ceux-ci et la route ont tiré leur nom d'une circonstance
commune. — Tandis que Yl a 52 emploie le pluriel etutOy I b
14 met le singulier etu, ce qui s'explique si l'on songe que
ce dernier texte n'a pas encore parlé des compagnons de l'ad-
fertor. YI ajoute encore : com peracris sacris, ce que nous
traduisons par « cum ambarvalibus sacris ». Faut-il entendre
par ce dernier mot, qui est évidemment le substantif, tous les
objets servant au sacrifice? ou faut-il le prendre au sens res-
treint de « victime »? Yarron (De r. r. II. 1. 20) dit : Porci puri
1. Sur cette formation, qui est difficile à expliquer, voy. Corssen, ZK, XIII,
195 ss. 243 8S.
2. On pourrait songer aussi au verbe latin volvere. Pour Tassimilation du v
au b de la préposition amb, cf. mhoeo (p. 70). On aurait un impératif voUu
comme on a, dans les langues néo-latines, du même verbe un participe voUus,
172 TABLE I & 15. — TABLE VI b 52.
ad sacrificium, ut immolentur, olim appellati sacres. Quos
appellat Plautus, cum ait : Quanti sunt porci sacres? Et plus
loin (II. 4. 16) : Porci... qui a partu decimo die babentur
puri, ab eo appellantur ab antiquis sacres^ quod tum ad sa-
crincium idonei dicuntur primum. Et Festus (p. 318) : Sa-
crera porcum dici ait Verrius ubi jam a partu habetur purus.
On voit, en rapprochant ces passages, que les porcs offerts
en sacrifice sont appelés en latin sacres. Mais cet adjectif pou-
vait fort bien, semble-t-il, s'appliquer à toute espèce de vic-
times. Nous avons ailleurs (III 8) : sacre uvem kletra fer-
tuta <c sacrem ovem — fertote » où l'adjectif en question est
appliqué à une brebis, et II a 21 : katlu(m) sakre(m) où
il s'applique à un chien. C'est à un féminin de la 3* déclinai-
son signifiant « hostia, victima » qu'on peut rapporter l*abla-
tif pluriel sacris. Mais d'autre part on trouvera (VI b 56) des
raisons de penser que sacris est un neutre *.
TRADUCTION.
(VI b 49) Postquam oscines (?) auspicatus erit, prœtextam
lustralera induitor; ricam sumito; in dextram scapulam in-
duitor. Ignem imponito. Quura (50) ad sacrificium feras (?),
ubi ignem imposuerit, is ferto qui prœtextam lustralem habe-
bit. Itidem — in dextro humero ferto. Cum eo calatores duo
(51) eunto. Praetextam [cum] purpureis [clavis] habento. Tum
stipulator parram prœpetem sibi, civitati Iguvinœ. Tum aus-
picator ad vapides avieculos, neve (52) circumvertitor (?) an-
tequam prœpetem auspicatus fuerit. Postquam praepetem
auspicatus erit, via aviecula ad sacrificium eunto cura ambar-
valibus sacris.
(16 11) Cum conversus eris, ricam sumito. Tum (12) ignem
in foculum imponito. Quum ignem imposueris in foculum,
(13) tum stipulator parram prœpetem tibi, civitati Iguvinae.
(14) Àd vapides avieculos auspicator. Via aviecula ad sacrifi-
cium ito. (15) Calatores eunto. Prœtextas habento [cum] pur-
pureis [clavis].
(VI b 52) Ape Acesonia^ne (53) hebetafe b&aust^ enwn
termnuco stahituto. Poi percamfi arsmatia habiest eturstahmu
Eso eturstahmu : Pis est tota/r (54) Tarsinatery trifor Tarsinor-
1. On trouvera plus loin (V a 6) le môme mot employé au neutre.
TABLE I 6 15. — TABLE VI b 52. 173
ter y Tuscer Ncbha/rc&r labuscer nomner^ eetu ehe esu* poplu.
Nosve ier ehe esu poplUy sopir^ habe^ (55) esme^ popleportatu
ulo pue mers est; fétu uru pirse mers est. Trioper ehetursta-
ha/mu.
(I b 15) Pune menés (16) Akeduniamem, enumek
etudstamu tutaTadinate, trifu (17) Tadinate, Turs-
kum Naharkum numem, lapuzkum numem. (18)
Svepis habe, purtatulu pue meds est, feitu uru
pede meds est.
La première station est Akedunia. On trouve sur des mon-
naies italiques le nom Akudunniad *; ces monnaies appar-
tiennent à la ville du Samnium que les Romains appelaient
Aquiloniay et qui a encore aujourd'hui le nom de Acedogna
ou V Acedogna. Il ne saurait être question de cette ville, mais
bien d'un lieu de même nom situé aux environs d'Iguvium.
La table VI, fidèle à son habitude de transcrire le d par rsy
devait mettre Acersonia : elle a négligé ici le r, qui se trouve
d'ailleurs une autre fois (VII a 52 Acersoniem). L'accusatif
pluriel hebetafe(n) a tout Tair d'une interpolation de la
table VI, car si le mot était essentiel, il se retrouverait sur I.
C'est sans doute une détermination plus exacte de l'endroit
où, à Aquilonie, le cortège devait s'arrêter. Il est probable
que ces hebetas sont les mêmes que les ebeiras dont il était
question VI a 12, où elles se trouvent citées immédiatement
après les vapersus avieclir. L'absence de la lettre h ne saurait
surprendre, si l'on compare des mots comme hostatir^ anos--
tatîTy écrits l'un à côté de l'autre, ou encore hereitu (VI a 37)
= eretu (II a 4).
Ape — benust signifie « postquam — venerit ». Le durcis-
sement du V en 6 est constant dans ce verbe, sur les tables an-
ciennes aussi bien que sur les nouvelles ^ Le futur antérieur
en ust nous est bien connu. — Si nous passons à I 6 15, on
ne peut pas douter que les mots pune menés ne correspon-
dent pour le sens à ape benust ', si l'on songe que pune veut
dire « quum » et que tout le reste de la phrase est d'accord.
1. Ehau.
2« Popltuopir,
3. Ftnxe.
4. Mommsen, JHe wiMrit. DiaX. 201, 246.
5. Comparez le grec paiv» et l'osque kum-hencd • conveoit ■ : on sait que la
racine primitive commençait par ga. V. Curtius^ u* 634.
6. Sauf, bien entendu, que I met le verbe à la 2* personne.
174 TABLE I 6 16. — TABLE VI b 53.
Mais comment expliquer le m de menés? Eirchhoff suppose
simplement une faute d'écriture pour benes, tout en conve-
nant que les deux lettres ne se ressemblent pas. Peut-être
que sur la table qui a servi de prototype il y avait par assi-
milation Âkeduniamem menés. Tandis que YI a 53 emploie
le futur antérieur, nous avons ici le futur simple, formé &
l'aide de la syllabe es (cf. (xcv-joMu, (icvéco) : la forme complète
serait benes-s, car il faudrait encore ajouter la désinence
de la seconde personne. L'ombrien (ce qui est rare dans la
conjugaison) se montre plus archaïque que le latin, puis-
qu'il emploie un verbe vëno là où le latin présente la forme
faible venio. C'est du reste à ce verbe vëno que se rapporte le
parfait latin vëni; Ton trouve en outre au subjonctif evenat^
advenatj provenant ^ convencwn^.
Par une irrégularité de syntaxe qui peut faire penser qu'ici
la table VI a développé le texte primitif, nous trouvons un
verbe au pluriel [stahiiuto] dans la proposition principale,
tandis que le verbe de la proposition incidente est au singu-
lier (6enws^). D'ailleurs, le sens est clair: « quand il (l'adfertor)
sera arrivé..., qu'ils (l'adfertor et ses compagnons) s'arrêtent
à la borne. » Le mot termnw-co * est le latin terminus à l'abla-
tif, suivi de la postposition co[m)j qui indique le lieu où l'on
est '. — Stahituto est la troisième personne plurielle de l'impé-
ratif d'un verbe staio^ stahio (le h servant seulement comme
lettre de séparation) « je me tiens debout, je m'arrête ». Ce
verbe staio est formé comme fuioj c'est-à-dire que la racine
sta a donné naissance à un verbe de la seconde conjugaison
faible. On trouvera plus loin du même verbe le futur simple
staheren I b 19.
Eturstahmu etu^stahmu est un impératif moyen comme
persnimuj spahmuy anovihimu. Mais il est très-difficile de rien
dire sur le verbe en lui-même. On trouvera plus loin (VI b 55)
la forme eheturstahamu qui nous apprend que l'a initial est
long. Il faut probablement en faire la préposition e ou ex
(cf. ehveltu). Il reste tuds ta qui serait impossible à prononcer
si l'on n'introduisait pas une voyelle brève après le d : cf.
meds pour med(e)s. Aufrecht remarque que le sens de ce
verbe parait être celui de « parler, dire », car il est placé en
1. Neue. Formenkhref II, p. 321.
2. Cf«rosqueteremniss.
3. V. p. 143,
TABLE I 6 16. — TABLE VI h 53. 175
tête d'un discours direct en compagnie du mot eso « sic » (YI
6 53). Âufrecht s'en tient à ce sens général : cependant les
paroles qui suivent sont d'une nature assez caractéristique,
puisqu'elles renferment une proclamation d'exil. Je serais
tenté de reconnaître dans tudes le même substantif neutre
•
tuder que nous avons rencontré plus haut* dans le sens de
« frontière, limite ». Ce nom a pu donner naissance, par l'in-
termédiaire d'un adjectif, à un verbe en tare^ comme on a en
latin honestarcy funesta/re. Le sens serait donc « exterminare* ».
Je n'insiste pas davantage sur cette conjecture qui a du
moins le mérite d'être grammaticalement plausible et de ren-
dre compte du sens. En efiFet, la signification « dire, parler »
ne convient que pour la t. VI. Sur I 6 15, ce verbe a pour ré-
gime à l'accusatif les noms des peuples qui sont exilés, et il
n'y a pas de discours direct.
Vient maintenant (VI 6 53) la formule d'exil.'Le verbe prin-
cipal est ee^u, dans lequel on peut voir, soit le simple ito
« qu'il ^ille », soit (en divisant e^tv) le composé eayUo « qu'il
sorte ». Je préfère la première interprétation, parce qu'un
peu plus loin (VI b 54), dans un passage analogue, on a le
verbe simple i&r, La préposition ehe ou eh (= latin ex] se
trouve exprimée devant esu poplu « hoc populo ». Le sujet du
verbe est le pronom indéûni pis qui est employé ici dans le
sens du latin « quicumque », comme en osque *. Le mouve-
ment général de la phrase est donc : que celui qui appartient
à telle ou telle cité, sorte du peuple iguvien. Comme il va
être procédé à une lustration, on éloigne tous ceux qui n'ont
pas les mêmes sacra,
La première population qui est mentionnée sont les Tadi-
natesj que Pline (H. N., III, 19) nomme parmi les races de
rOmbrie. Dans notre texte, ils sont mentionnés deux fois :
une fois comme cité et l'autre fois comme tribu. C'est exacte*
1. Voyez ci-dessus, page 36.
2. La différence entre le d de tuder (VI a 10-16) et le d de tudes s'expliquerait
par la présence d'une nasale dans le premier mot : on sait que Torthographe om-
brienne néglige souvent d'écrire le n quoiqu'il se fit entendre dans la prononcia-
tion. Ainsi orne et uze, tenzitim et teiedi^ dtrsans et dirsas, fons et fos, hondra
ethutra. Quand pour une cause quelconque la nasale vient à manquer effecti-
vement dans la prononciation, le d placé entre deux voyelles dervient d (en om-
brien nouveau rs) ; c'est ce qu'on voit par l'exemple suivant qui se rapproche
beaucoup du nôtre : H un te, Bonde à côté de Hudi e, Harse,
3. Table de Bantia. Pis pocapit post exac comono hapiest meddis ... factud ...
» qui quandoque posthac comitia habebit magistratus ... facito (L 8). •
176 TABLE I 6 16 — TABLE VI b 54.
ment ce que font nos tables quand il s'agit d'Iguvium. Les
mots totar et trifor sont au génitif, ainsi que Tadjectif Tarsi-
nater qui les accompagne. Viennent ensuite trois adjectifs se
rapportant au génitif nomner^ de nomen qui doit être pris ici
dans le sens de « nation, race ». Le premier est Tuscer qui
s'écrit aussi Turscer^ comme on le voit par les formes Tursce
(VII a 12) et Turskum (I b 17) : on a depuis longtemps re-
'connu les Tusci ou Étrusques. Le second est Naharcer (pour
Nâ/rcer) : à ce mot correspondrait un adjectif latin Naricus^
c'est-à-dire « riverain du fleuve Nâr », lequel coule au sud
de rOmbrie*. On trouve le nom de Nartes (et môme sur des
inscriptions Nahartes) comme désignation des habitants de la
ville ombrienne d'Interamna' : le suffixe est différent, mais
le primitif est le môme. Le troisième adjectif, Jahuscer^ Jor-
pvscer (VII a 48), Japuzkum (I b 17) est plus difficile à ra-
mener à un terme déjà connu. On a pensé aux Japyges : mais
outre que géographiquement ils sont loin, l'analyse gramma-
ticale ne se prôte pas à cette identification. On doit probable-
ment séparer dans ce mot le suffixe scoy qui est le môme que
dans Oscvs (pour OpiscuSj Opscus), Volscusy Turscus. Il reste
Jahu ou plutôt Jabud (à cause du z de la forme Japuzkum),
c'est-à-dire que nous avons une dentale au lieu de la guttu-
rale que ferait attendre le nom des Japyges. J'aimerais mieux
penser au peuple appelé par les Romains Japydes^ dont le
siège était l'Istrie actuelle. Virgile (Géorg. III. 475) les nomme :
Norica si quis
Castella în tumulis et lapydis arva Tirnavi...
Il faut remarquer qu'à la différence des Tadinates, il n'est pas
question pour les trois autres peuples d'une cité ni d'une
tribu : il est seulement parlé de la race. On peut donc suppo-
ser que la formule de bannissement s'applique ici à des indi-
vidus. Qu'il y ait eu des Étrusques, des Nariques, des Japydes
à Iguvium, vu le voisinage, cela n'a rien de surprenant. On
les invite à se séparer du peuple iguvien, comme on a déjà
invité à le faire ceux qui appartiennent à la cité et à la tribu
Tadinate. Cet exil dont ils sont frappés n'est d'ailleurs qu'une
sorte de formalité ou de fiction légale, car on va leur indiquer
les moyens de s'y soustraire.
1. Lepsius. De tah, Eug, p. 93.
2. Pline. U. N. ÎIL 19.
TABLE I 6 18. — TABLE VI b 54. 177
La phrase suivante commence par une proposition subor-
donnée : nosve ier ehe esu poplu, dans laquelle on reconnaît
une reprise de eetu ehu esu poplu. 1er est certainement une
forme du verbe ire : mais laquelle? pour nous éclairer, il faut
d'abord examiner nosve. Ce dernier mot se décompose en
no(n) et sve, d'où Ton peut inférer le sens du latin ni-si : il est
vrai que nos textes ne présentent jamais la négation non^ au
lieu de laquelle ils emploient neip. Mais ce n'est pas encore
une raison suffisante pour croire que l'ombrien n'ait pas
connu la négation noriy et pour corriger nosve en nesve, comme
le fait Bugge. Il se peut que la négation non se soit maintenue
dans le composé, tandis que comme mot indépendant elle ait
été remplacée par un synonyme. Je ne veux pas nier toutefois
que nesve serait plus en accord avec le latin nisi et l'osque
neisvae. Quoi qu'il en soit, le second terme, ainsi que le sens
de cette conjonction ne sont pas douteux. Nous pouvons déjà
pressentir que la portée générale de la phrase est d'indiquer
telle et telle prescription pour le cas où quelqu'un, bien qu'é-
tranger, ne sortira pas du peuple iguvien. On s'attendrait
donc à trouver dans ier un futur, et c'est ainsi que l'explique
Aufrecht. Il le regarde comme étant pour ies par le change-
ment ordinaire de s final en r, Bugge ^ fait observer que la
forme complète serait ies-s à la seconde personne et ies-t à la
troisième et il ne croit pas qu'un s ainsi suivi d'une autre
consonne puisse se changer en r. Il propose donc de corriger
le mot en tes, de sorte que nous aurions un futur régulière-
ment formé comme purtuvies et heries. Assurément une
telle forme serait plus claire : mais c'est peut-être pousser
trop loin le droit de corriger le texte. J'aime mieux voir
dans ier une 2* ou une 3' personne du parfait du subjonctif,
pour ieris ou ierit (Cf. ci-dessus, p. 171).
Une seconde proposition incidente se compose des mots :
8o pir habej sve pis hafe. Dans so le v s'est vocalisé et a
absorbé les voyelles longues dont il était suivi : c'est le même
phénomène que nous avons vu (p. 69) dans subocau. — Il
faut remarquer le f de hafe qui correspond au 6 de habe : on
peut comparer le rapport des mots comme rw/us et ruber en
latin. — Une question délicate est de savoir si pir représente
Iq latin quis ou le latin quid; on pourrait soutenir par des
exemples l'une et l'autre proposition. Hais ce qui, selon nous,
L ZK. VIII. 34.
là
178 TABLE I 6 18. — TABLE VI b 55.
doit trancher le débat*, c'est la leçon sve pis donnée par
I fc 18. Nous n'avons pas le droit d'admettre que la concor-
dance des deux tables n'existe pas sur ce seul point : le r de
pir doit donc être attribué au rhotacisme; nous avons cité
plus haut (p. 53) un passage d'une ancienne formule latine
ou le féminin quisquis devient quirquir, — Habe^ hafe doit
dès lors être considéré comme un verbe neutre : je suppose
qu'il est pris dans le sens du fréquentatif latin « habitat* » ;
nous rencontrerons V a 5 le subjonctif prehabia qui est
également employé comme verbe neutre dans le sens de
« prœesse ». Je traduis : « si quis habitat » (si quelqu'un de
ces étrangers est domicilié à Iguvium).
Nous arrivons à la proposition principale : le verbe est por~
tatu qui matériellement est le latin portato. À. E. supposent
qu'il a aussi le sens du verbe latin et ils pensent qu'il s^agit
de porter en un endroit convenu les biens possédés (si quid
habet) par les étrangers. Une telle disposition ne laisserait
pas que de présenter des difficultés d'exécution : elle serait
d'ailleurs sans exemple dans Tantiquité. Je suppose qu'il
s'agit d'un cens à payer par les étrangers domiciliés à Igu-
vium : on sait le rapport intime qui existait à Rome entre le
cens et les lustrations quinquennales*. Le yerhe porto, dans
cette hypothèse, doit être pris au sens spécial de « porter [le
tribut] » : cf. ç(Jpo<; « impôt » (de «péow) et vectigal (de veheré).
Ulo a été avec raison traduit par A. K. comme un adverbe
signifiant « là ». Il supposerait en latin un adverbe ollwn
(cf. olim). — Esme pople^ deux datifs singuliers signifiant
c huic populo ». Nous avons déjà vu (p. 146) le thème pro-
nominal esmo, qui ne doit pas être identifié avec l'antique
thème asmay lequel avait usé ou assimilé son s longtemps
avant qu'il y eût un dialecte ombrien : nous avons ici une
formation nouvelle se composant de eis, le môme qui se trouve
dans le latin is-te^ et de mo. Peut-être le latin irmno, dans
l'acception <5 justement, certainement » a-t-il la même com-
position. Par esme pople il faut naturellement entendre le
peuple iguvien. — Pue a déjà été rencontré (p. 153) comme
1 . A. K. se prononcent pour quid
2. Haheo est aussi employé en latin comme verbe neutre, dans le sens de « être
propriétaire ». Curius ad Cic. Fam. VU, 29 : Nos, quod simus, quod habeamuS|
quod existimemur, id omne abs te habere.
8« V. Fustel de Coulanges, La Cité antique, livre III, ch. VII;
TABLE I 6 Ig. — TABLE VI b 55. 179
adverbe signifiant « ubi » — Mers est^ meds est « iex est »
(p. 87).
Le sens de tout ce qui précède est donc que les étrangers
établis à Iguvium doivent payer le cens au peuple iguvien
dans le lieu indiqué par la loi. — Une seconde prescription
est donnée en ces termes : fétu uru pirse mers est y feitu uru
pede medsest. — Uruy régime indirect de fétu « sacrifie »
est à Tablatif, comme nous avons vu puni fétu, vinu fétu. Le
thème pronominal est le même qui fait la seconde partie de
sur-^r-hont; c'est celui que nous rencontrerons Va 5 (pide
uraku ri esuna si « quod in hac re divina sit ». — Pirse
= pede (I fe 18) nous est déjà connu dans le sens d'une con-
jonction signifiant « après que » ; ici il a gardé son sens pro-
nominal et peut se traduire par quod. On sait que c'est le neu-
tre pid suivi de l'enclitique indéfinie ei. Outre le tribut dû à
la ville, les étrangers domiciliés doivent donc payer (proba-
blement à la corporation religieuse ou à radfertor qui la re-
présente) certaines offrandes indiquées par la loi. — Nous
retrouvons dans la dernière phrase l'impératif ehetwrstaha/mu
accompagné de Tadverbe trioper, qui est écrit triiuper sur
les anciennes tables. Cet adverbe signifie « trois fois » comme
on le verra clairement un peu plus loin, par la comparaison
de VI h 56-64 avec 1 6 21. Il est formé comme en latin parum-
pevy paulisper, tantisper, semper, et comme en osque petiro-
pert « quatre fois ». La comparaison de cette dernière forme
nous fait penser qu'un t est tombé à la fin de cette enclitique,
non-seulement en ombrien dans irioper, mais peut-être bien
en latin dans les mots précités. Qu'il existât en ombrien une
particule pert, c'est ce qu'on voit par II a 35, 36, où on la
trouve une fois comme enclitique' et une fois comme mot in-
dépendant. Le sens semble être celui d'une préposition par-
titive. Quant à l'origine, on peut être tenté de songer au grec
irpoTi, au sanscrit prati : mais il n'est pas vraisemblat^le que
le t de cette particule se soit maintenu si longtemps à la suite
de r, la voyelle finale étant tombée. Il vaut mieux penser avec
Corssen ' à une formation italique analogue à antid, postid^
qui sont devenus ante eipost;pert serait donc le débris d'un
ancien pertid. — La première partie triju trio est probable-
ment un accusatif pluriel neutre, de sorte que le tout signi-
fie : « par trois [fois] ».
1. Peut-ôtre en cet endroit par erreur^ à cause du pert de la ligne suivante*
3. Auttpraeke H. 321,377.
180 TABLE I è 19. — TABLE VI b 55.
Nous retournons à I 6 16, qui présente les faits d'une ma-
nière beaucoup plus concise. Il n'emploie pas plus ici le dis-
cours direct qu'il ne Ta fait précédemment pour les prières.
Il se contente de direqu'on bannira tel et tel peuple. Puis, con-
tinuant à la troisième personne, il ajoute une phrase qui si-
gnifie en substance que si Ton est domicilié, .on doit payer la
redevance et présenter les offrandes. 11 n'est pas certain qu'il
faille séparer purtatulu en purtatu ulu : peut-être avons-
nous déjà ici une enclitique à la façon italienne et française.
Corssen à montré que ces sortes d'enclitiques existaient déjà
en latine
TRADUCTION.
{VI b 52) Postquam Aquiloniam (53) — as venerit, tum ad
terminum stanto. Qui prœtextam lustralem habebit extermi-
nato. Sic exterminato : Quisquis est civitatis (54) Tadinatis,
tribus Tadinatis , Tusci Narici Japydici nominis, ito ex hoc
populo. Si non iverit ex hoc populo, si quis incolaest, (55) huic
populo [vectigal] portato illuc ubi lex est; sacrificato id quod
lex est. Ter exterminato.
(I b 15) Quum venies (16) Aquiloniam, tum exterminato ci-
vitatem Tadinatem, tribum (17) Tadinatem, Tuscum Naricum
nomen, Japydicum nomen. (18) Si quis incola est, [vectigal]
portato illuc ubi lex est; sacrificato id quod lex est.
(VI b 55) Ifont termnuco com prinvatir (56) staàitu. Eno
deitu : ArsmahamOj cateraha/mo, Jovinur. Eno com^ ^prinvatir
peracris sacris ambretuto. Ape a/mbrefurent, (57) teminome be-
nurentj t&iminuco corn prinvatir eso persnimumo tasetur.
(I b 19) Pune prinuvatus staheren termnesku, enu-
mek : ajdmamu', (20) kateramu, Ikuvinu. Ënumek
apretu tures et pure. Puni amprefus*,(2l) persnimu.
Le premier mot se décompose en ife -f (h)ontj de sorte que
nous obtenons un équivalent de l'adverbe latin « ibidem ».
Mais je crois que cette expression doit s'entendre du temps
1. Ouvrage cité. Il, 835 ss.
2 Enoeom,
3« ArmaDU.
4. Amprefu (21) us, Le graveur a oublié qu'il avait déjà écrit Pu à la fin de
la ligne précédeote.
TABLE I 6 19. — TABLE VI 5 56. 181
et non de l'espace. Je traduirai donc par « simul ». — Termnu
est Tablatif d'un nom correspondant au latin terminus. Les
autres mots sont connus ; noiis voyons qu'on commande à l'ad-
fertor et à ses acolytes de s'arrêter en môme temps près de la
borne. I b 19, qui parle* de plusieurs bornes, se contente de
dire : « quum calatores stabunt ad terminos ». — Les deux
phrases suivantes commencent chacune par eno[m) «alors ». —
Deiiu, teitu, est l'impératif du verbe dicere. Il faut se garder
de prendre ei pour une diphthongue : ce sont deux voyelles
distinctes, et le mot doit se prononcer de^tu en trois sylla-
bes. On sait, en effet, que la diphthongue ei se réduit le
plus souvent à un e. Or, deitu teitu est la forme constam-
ment usitée sur nos tables : l't représente le c de l'impératif
dectu, qui s'est écrasé en dejtu^. — Après deux mots signi-
fiant « tum dicito » on doit s'attendre au discours direct, et en
effet on constate immédiatement un changement de personne
dans le verbe.
ArsToahcmio caterahamo sont manifestement deux verbes
de la V conjugaison, aha représentant un â long. Un autre
fait non moins certain, malgré l'inégalité apparente de I 6 19,
qui a armanu kater amu, c'est que la valeur grammaticale
que nous reconnaîtrons à l'une de ces formes verbales devra
également être admise pour l'autre : nous voyons, en effet, que
sur VI b 56 la flexion des deux verbes est exactement sem-
blable. Cela ne veut pas dire que nu doive nécessairement être
regardé comme une faute d'écriture pour mu, ou vice versa.
Je reviendrai sur ce point dans un instant. A. E. considèrent
ces deux formations comme deux premières personnes plu-
rielles de l'indicatif présent, soit actif, soit passif. Mais on a
peine alors à s'expliquer Vo fmal, au lieu duquel on aurait
attendu comme en latin un u (laudamus), ou comme en grec
un e ((pcpoutç, cpépouev). Je crois plutôt que le mo de armnahamo
caterahamo est le même qu'on a dans les formes plurielles
d'impératif moyen persnimumo persnihimumo a precantor ».
Ces pluriels sont, selon toute apparence, tirés du singulier
(persnimu) par imitation du procédé qui fait qu'à l'actif on a
etuto c itote » à côté de etu « ito ». U est vrai que dans les deux
mots qui nous occupent la première syllabe de la désinence
manque : on a arsmamo au lieu de arsmamumo et cateramo au
lieu de cateramvmo. Cette disparition d'une syllabe de la dé-
1 Voyez p. 100.
182 TABLE I fc 19. — TABLE VI b 56.
«
sinence a probablement sa raison dans le désir d'alléger des
formes trop pesantes : pareille chose a lieu en latin, où Ton
trouve laudate à côté de laudatote. Ce qui donne à cette expli-
cation un haut degré de vraisemblance, c'est qu'on a trois
fois rimpératif pluriel actif etatu, Ikuvinus (I b 21, 22),
etato, Ijovinur (VI b 63), où Ton aurait attendu, d'après l'ana-
logie de etuto, haAituto, stahituto^ une forme redoublée etc^
tuto : mais la langue, trouvant sans doute cette forme trop
lourde, a supprimé l'avant-dernière syllabe. — Je viens main-
tenant à la désinence nu de admanu (I b 19) : le n (s'il n'est
pas une faute du graveur) s'explique, soit par un phénomène
de dissimilation, à cause de l'm de la syllabe précédente, soit
par l'origine de la désinence mu^ qui est pour mnu *, de sorte
que la prononciation a pu rester incertaine, comme en latin
dans Portumnus, Portunus, columna, columella, et peut-être
en ombrien dans ferine, ferime (pour ferimne?*) . — Une au-
tre irrégularité du même mot, c'est que le texte a armanu
pour admanu : le Q ou r tient la place d'un ? ou d, le trait
de la panse venant aboutir trop bas. Nous rencontrerons dans
la suite au moins un exemple certain de la même erreur : IV,
28 ter tu au lieu de tedtu. — La valeur de ces formes comme
impératifs moyens ou passifs étant reconnue, il faut voir à
quelle personne ils appartiennent. Le mot Jomnur Ikuvinu(s)
ne peut être qu'un nominatif pluriel ou un vocatif pluriel : a
cause de sa place dans la phrase, la seconde supposition est
la plus probable. Les deux impératifs sont donc à la deuxième
personne: « Soyez — , soyez — , Iguviens! « Dans le. second
verbe, je reconnais le grec x«6aipo(Mti « se purifier ». Qu'un
verbe grec de cette signification ait pénétré à Iguvium en
compagnie de la cérémonie qu'il désigne, cela n'est pas plus
surprenant que de voir tant d'autres mots du rituel em-
pruntés par les peuples d'Italie aux Grecs. Je traduirai donc
cet impératif par « purificamini ». — Quant à ad ma mu ars-
mahamoj il en a déjà été plusieurs fois question par avance :
c'est rimpératif pluriel passif du même verbe auquel nous
avons rapporté l'adjectif arsmaticmi « lustralem ». Il dérive
du thème substantif arsmo, que nous avons traduit par « rite ».
Admune « casto » appartient à la même famille*. Je tradui-
1. La traduction latine s^ait « itato^, IguviDi, » du fréqueotatif iiare.
2. Voyez p. 98.
3. Voyez p. 106.
4. Voyez p. 90.
TABLE I fe 20. — TABLE VI 6 56. 183
rai donc « lustramini ». Peut-être ces deux mots désignaient-
ils deux genres différents de purification. Cf. Servius ad Mn.
VI, 741. Triplex est omnis purgatio.... Nam aut tœda purgan-
lur et sulphure, aut aqua abluuntur, aut aôre [ventilantur] . Cf.
id., ad Georg.^ II, 389.
La phrase suivante a pour verbe ambretutOy où nous avons
rimpératif pluriel eluto composé avec le préfixe ambr. Cette
variante de am et de amb a été expliquée par Aufrecht comme
équivalant au grec «jx^iç : on a reconnu une forme analogue
dans le latin ainfr-actus « circuit, courbe « et ambr-ex (Fes-
tus : ambrices sunt regulœ quee transversaî asseribus et le-
gulis interponuntur)*. J'aime mieux expliquer ce r comme
un comparatif : c'est ainsi qu'on a super à côté de sub. Quoi
qu'il en soit, le même composé existe en osque ; amfret » am-
biunt » est employé deux fois sur la colonne d'Abella. — Le
sujet de ambretuto^ c'est l'adfertor com prinvatir « avec les
acolytes », c'est-à-dire que le pluriel est amené par l'idée
plutôt que par la construction grammaticale. Il en est de
même un peu plus bas (VI b 57), oii persnimumo tasetur sont
mis au pluriel, quoique le sujet soit [arsfertur] com prinvor-
tir. — Quant au régime indirect peracris sacris « ambarvali-
bus sacris », il faut le considérer comme un instrumental ou
un sociatif : « qu'ils fassent le tour avec les — ambarvales. »
Nous avons déjà dit que par sacris on peut entendre les vic-
times. Ce circuit des victimes est mentionné nombre de fois
chez les anciens. Macrobe, Sat. III, 5 : Ambarvalis hostia est
quœ rei divinœ causa circum arva ducitur ab his qui pro
frugibus faciunt. Festus, p. 5 : Amburbiales hostiœ dicebantur
qusB circum terminos urbis Romœ ducebantur. Caton, De
r. r. 141 : Agrum lustrare sic oportet. Impera suovitaurilia
circumagi. Cum divis volentibus, quodque bene eveniat,
mando tibi, Mani, uti illace suovitaurilia fundum, agrum,
terramque meam quota ex parte, sive circumagi sive circum-
ferenda censeas, uti cures lustrare. Mais d'un autre côté la
comparaison de 1 6 19, où il n'est pas parlé de victimes, mais
(à ce qu'il semble) d'encens et de feu, doit nous engager à
traduire sacris comme un neutre et à le prendre dans le sens
général d'objets sacrés.
Avec sa minutie ordinaire, VI b 56 ajoute : « Quand ils au-
ront fait le tour, quand ils seront arrivés à la borne.... »
1, ZK. XVI. 381. XVn.43*,
184 TABLE I 6 20. — TABLE VI b 57.
Dans ambrefurent nous reconnaissons le futur antérieur du
même verbe qui fait à l'impératif amfereiuto : ici le fdu verbe
auxiliaire annexé s'est conservé, contrairement à ce qu'on a
vu dans lust (VI a 7) . On verra de môme le f conservé au futur
antérieur andersafust (VII a 46. VU 6 3), de la racine da. —
Le verbe de la proposition principale est persnimumo « pre-
cantor ». Les autres mots sont connus.
I b 19, qui est beaucoup plus concis, emploie le futur sim-
ple staheren(t) du verbe sto fléchi d'après la conjugaison
faible* : c'est à peu près comme si en latin on disait s^aê6un/.
— Après enumek, qui correspond à cnodeVI b 56, il supprime
le verbe signifiant « qu'il dise > et cite immédiatement les
paroles que le prêtre doit prononcer. La même particularité
se retrouve plus bas (I fe 21, 22). — Au lieu de peracris sacris
nous avons tures et pune : ces deux expressions ont l'air
de désigner tout autre chose, quoique probablement la dif-
férence soit plus dans les mots que dans le fond des idées.
Tures semble l'ablatif pluriel d'un substantif tus « encens ».
Pure est peut-être l'ablatif singulier du mot pir « feu »
(v. p. 59). La différence de voyelle est la même que dans le
latin AnxwTy Anxir^ : l'incertitude de la voyelle s'explique
encore mieux si le mot est emprunté au grec (itCp). C'est donc
d'une purification à l'aide du feu et de l'encens qu'il serait
question. On comprend dès lors la présence du brasier (ahti)
dont il a été parlé. — Apre tu (pour ambr-etu)^ persnimu et
amp refus, sont tous les trois à la seconde personne du sin-
gulier, suivant l'habitude de cette Table.
TRADUCTION.
(VI b 55) Simul ad terminum cum calatoribus (56) stato.
Tum dicito : Lustramini, purificamini, Iguvini. Tune cum
calatoribus [cum] ambarvalibus sacris ambeunto. Quum am-
biverint, (57) ad terminum venerint, ad terminum cum cala-
toribus ita precantor taciti.
(I b 19) Quum calatores stabunt ad terminos, tum : Lustra-
mini, (20) purificamini, Iguvini. Tum ambito turibus et igné.
Quum ambiveris, precator.
1. v. ci-d68Stts, p. 174.
%, V. Servius, éd. Lion, ad iEn. VII, 799,
TABLE I 6 20. — TABLE VI b 57. 185
(VI b 57) èerfe Martie, Prestota èerfia Serfer (58) Martier^
Tvrsa èerfia èerfer Martier^ totam Tarsinatem^ trifo Ta/rsinar-
terriy Tuscom Naharcom labuscom nome^ (59) totar Tarsinor-
ter y trifor Tarsinatery Ttiscer Naharcer labuscer nomner nerf
éihitu anéihitu, lovie hostatu (60) anhostatu tursitu tremitu
hondu holtu ninctu nepitu sonitu savitu preplotatu previlatu»
(61) Serfe Martie, Prestota Ser fia Serfer Martier^ Tursa Ser-
fia Serfer Martier^ fututo fonerpacrer pase vesirapople totar*
Ijovinar, (62) tote Ijovine, ero nerus sihitir ansihitir, Jovies
hostatir anostatir^ ero nomne, erar nomne.
Cette prière, qui est annoncée parle mot eso (VI b 57), man-
que sur I b. Elle est remarquable à plus d'un titre. Une pre-
mière circonstance qui la distingue des prières précédentes,
c'est qu'elle est adressée simultanément à trois divinités, re-
liées, il est vrai, entre elles par les liens de la parenté la plus
étroite. Ce sont Çerfus Martius et ses deux filles (ou fem-
mes?) Prestota Çerfia et Tursa Çerfia. La parenté est indiquée
de cette façon : Prestota Çerfia de Çerfus Martius, Tursa Çer-
fia de Çerfus Martius, c'est-à-dire que le nom du dieu est
placé à la suite avec la flexion du génitif. On peut supposer
que le génitif désigne le père, comme en grec. D'autre part,
la mythologie latine nous offre des exemples où le génitif a
l'air de désigner un rapport conjugal : par exemple, chez
Aulu-Gelle (XIII, 22), on trouve Nerienem Martis, Luam Sa-
turni, Majam Volcani, etc. Nous laissons indécise cette ques-
tion, qui est fort obscure*. — Le nom de Çerfius nous est
déjà connu par Hondus Çerfius (I 6 4. VI 6 45). Cette fois
nous trouvons d'une part le féminin Çerfia et d'autre part un
masculin Çerfus qui est avec Çerfius dans le même rapport
où Hondus est avec Hodius, c'est à dire qu'un suffixe io est
1. TofUtoiar,
2. Dans le passage d'Aulu-Gelle qui vient d'ôtre cité, certains dieux paraissent
être invoqués par un de leurs attributs : ainsi Herie Junonis signifie, à ce que je
crois, « Potestas Junonis >. Voici, du reste, le texte en question : > Compreca-
tiones deum immortalium, quae ritu romano fiunt, expositœ sunt in libris sscer-
dotum populi romani et in plerisque antiquis orationibus. In iis scriptum est :
Luam Saturni, Salaciam Neptuoi, Horam Quirini, Virites Quirini, Majam Volcani,
Heriem Junonis, Moles Martis Nerienemque Martis. » Comme exemples d'autres
relations exprimées par le génitif, je citerai encore les inscriptions où Ton invo-
que : Genium Jovis, Genium Asclepii, Genium Junonis Sospitae, Junonem Con-
cordifle August», Junonem Isidis victricis, etc. Comme pendant de Herie Junonis
on trouve à Rome une divinité appelée Jovis Libertas. Becker-M^trquardt. IV, p. 23.
Henzen, Ac%. Arv. p. 144.
186 TABLE I 6 20. — TABLE VI b 57.
venu s'ajouter au primitif. Je ne crois pas que cette circon-
stance ait une grande importance pour le sens : l'histoire du
langage nous présente constamment ce fait qu'un dérivé de-
vient synonyme de son primitif; je rappellerai seulement en
latin infertÀSy infemus et infemalis. Il n'y a donc pas grande
différence à dire Hondits Çerfius ou Çerfus Hodius : l'un peut
se traduire par « inferus divus » et l'autre par « deus infer-
nus ». ÇerfvLs étant un de ces mots signifiant « génie » si nom-
breux dans les langues italiques, nous pouvons reconnaître
dans Çerfus Martius un dédoublement du dieu Mars (cf. An-
cus Martius). Les deux déesses qui lui sont associées s'ap-
pellent Prestota et Tursa. Le premier de ces noms, qui est
écritPrestata I b 17, rappelle la déesse Ânterstata de la
Table votive d'Agnone, et encore plus les Lares prœstites des
Romains. Il y a aussi à Rome un Jupiter prœstes dont on a
retrouvé le nom sur plusieurs inscriptions. Le sens du mot
paraît être celui de protecteur, prœ étant pris dans le sens où
ordinairement on emploie pro. Ovide (Fastes, V, 135) dit en
parlant des Lares Prœstites :
Stant quoque pro nobis et prassunt mœnibus urbis,
Et sunt pressentes auxiliumque ferunt.
Il est plus difficile de dire ce qu'est Tursa. Nous lui trouve-
rons plus loin (VII a 47, 49) le surnom de Jovia, que nous
avons déjà vu porter à diverses divinités. Que le groupe rs soit
organique, et non le représentant d'un ancien d, c'est ce qui
ressort des formes Turse (IV, 19), Tuse (I b 31, 43). On pense
naturellement à la Terre, en latin TeiTa, Torra (cf. exioinns]
pour Tersa^ TorsaK Ce sens assurément n'est pas impossible.
Mais on ne comprend pas bien ce que la Terre viendrait faire
ici dans cette association. Si l'on prend garde à cette circon-
stance qu'il va être adressé aux trois divinités une sorte d'im-
précation contre les peuples étrangers, où entre autres choses
on dit : tursitu tremilu « terreto tremefacito », on est conduit
à penser que Tursa appartient plutôt au verbe terrere (pour
tersere) *. On sait que les Romains avaient deux divinités,
Pallor et Pavor, personnifiant la peur, auxquelles Tullus Hos-
tilius avait élevé un temple et consacré une corporation de
1. CurtiuS; GrufuUû^tf, n* 331.
3. Curlius, Grundx&gef n* 244. Pour Pu eorrespondant à un e latin, of. pepar-
kurcnt, kuvurtus.
TABLE I 6 20. — TABLE VI b 57. 187
prêtres. On disait que c'étaient deux compagnons de Mars.
Il y avait aussi à Rome une déesse Paventia*. Si nous admet-
tons ce sens, nous voyons associés à Cerfus Martius deux
déesses, dont Tune représente la protection accordée aux in-
digènes et l'autre la terreur inspirée aux étrangers. La prière
qui leur est adressée justifie ce double aspect.
Après les trois noms de divinités, viennent d'abord des ac-
cusatifs que nous n'avons pas de peine à traduire : ce sont les
mômes mots que nous avons rencontrés précédemment (VI b
54] au génitif. Il est question de la cité Tadinate, du peuple
Tadinate, de la race des Tusci, Narici, Japydici : si nous nous
souvenons que la lustration se fait pour les Iguviens, et que
les hommes appartenant à une autre origine ont été l'objet
d'un bannissement, nous pouvons déjà présumer que l'invo-
cation n'est pas conçue dans un esprit favorable. La suite con-
firmera cette prévision : mais d'abord il faut examiner une
série de mots qui appartiennent également au régime direct.
Il est question des Nerf et des Jovie du peuple Tadinate et
des autres nations étrangères. Comme le passage est capital,
comme nous y avons renvoyé d'avance en traitant une pre-
mière fois du mot nerfy il faut en parler ici avec un peu de
détail *. Ces Nerf sont accompagnés de la détermination êihitu
an,4ihitUj et les Jovie de la qualification hostatu anhostatu. Il
ne peut régner de doute sur le fait que nerf est un accusatif
pluriel: nous sommes donc autorisés à considérer comme des
accusatifs les cinq autres mots. Si toutefois il fallait une
preuve, nous la trouverions dans les passages où les mots
qui sont ici à l'accusatif sont tous employés au datif pluriel
par suite d'une construction syntactique différente. Je prends
comme exemple Yll a 12 :
Tote Tarsinale^ trifo Tarsinate, Tursce Naharce Jabusce
nomnCy totar Tarsinater^ trifor Tarsinaler, Titscer Naharcer
Jabuscer nomner Nerus éitir ansihUir^ Jovies hostatir diios-
talir.
La même construction se trouve VI 6 62. VII a 14. 28. 50.
Il est clair qu'à un datif nenui éitir ansihitir doit correspondre
un accusatif nerf éihitu(f) ansihitu(f)y et qu'à Jovies hos-
tatir anostatir on doit opposer Jovie[f) hostatu[f) anhos-
tatu(f). La construction étant élucidée, tâchons de voir
1. Li7. 1. 27. Augustin. Civ. D. IV. 11.
2. Le môme passage se retrouve VII a 48, mais sans variante.
188 TABLE I 6 20. — TABLE VI 6 "59.
quel est le sens de ces mots. J'ai dit plus haut qu'il con-
vient de voir dans nerf^ non pas la désignation de personnages
humains, magistrats, princes ou guerriers, comme l'ont sup-
posé tous les interprètes, mais un nom de divinité. La preuve
de cette assertion nous est fournie par le présent passage.
En effet, Jovie ne peut être autre chose qu'un mot masculin
de la 5* déclinaison, analogue aux mots grec en tic et en a«,
dérivé du nom propre Jovis, Si le môme terme existait en la-
tin, ce serait un mot Jovia formé comme scriba^ transfuga^ ad-
vena^ parricida. Quant au sens, il doit être à peu près celui
de l'adjectif Jovius ou Jovialis pris substantivement : je le
traduirai donc par « génie ». Les adjectifs hostatu anhostatu,
qui forment antithèse, sont des participes d'un verbe hostare
qui serait avec hostis dans le même rapport où testaH est avec
testis. Servius ( Aen. IV. 424) fait, au sujet de ce vers de Vir-
gile :
I, soror, atque hostem supplex affare superbum,
cette remarque : Nonnulli juxta veteres hostem pro hospite
dictum accipiunt. Conséquemment un verbe hostare signifie-
rait» donner l'hospitalité ». Je traduirai donc : « les génies
ayant reçu ou non l'hospitalité ». Je passe aux nerf éihitu
anéihitu. Pour commencer par le premier mot, il est manifeste
qu'il ne saurait être question d'hommes, si haut placés qu'ils
soient : on ne les aurait pas mentionnés avant les génies. Le
mot éihitu correspond au participe du verbe latin dêre « faire
venir, appeler », de sorte que nous nous retrouvons dans le
même ordre d'idées. J'ai proposé* de traduire Nerf par Lares;
Festus nous parle des Lares Hostilii de Rome, mais l'explica-
tion qu'il donne du mot prouve que le vrai sens de cette dé-
signation s'était perdu : Hostiliis Laribus immolabant, quod
ab bis hostes arceri putabant. Je crois que ces Lares Hostilii
sont les dieux Lares des autres nations lesquels ont été intro-
duits à Rome après soumission des villes auxquelles ils ap-
partenaient. C'est la même idée qui est exprimée en latin ar-
chaïque par DU Noveiisiles ou Novensides. Varron qui cite le
mot n'en connaît plus le vrai sens : il croit que la première
partie est le nom de nombre « neuf», tandis qu'en réalité le
mot est composé de inses, insidis (cf. prœses^ reses) et de novus.
Arnobe, mentionnant différentes étymologies, donne entre
1. V. ci-dessus, p. 91.
. TABLE I 6 20. — TABLE VI b 59. 189
autres Texplication justes Cincius ait sic appeliata numina
omnia peregrina in Urbem recepta, ex ipsa cultus novilate. Il
ajoute que ce sont les dieux des villes vaincues. On peut en-
core comparer cette invocation de Decius dans Tite-Live (VIII.
9] : Lares, Dii Novensiles, Dii Indigetes, Divi quorum est po-
testas nostrum hostiumque... Nous avons ici un pendant de
l'invocation ombrienne, où Ton nomme les Lares acdtos, non
accitos^ les Genios hospUes non hospites (c'est-à-dire indigè-
nes) *. Sur l'habitude d'attirer ou de conquérir les dieux ou les
sacra des autres villes, cf. Becker-Marquardt, IV, p. 21, 38
suiv. Le passage le plus énergique est celui du Digeste (XL 7.
36] : Cum loca capta sunt ab hostibus, omnia desinunt reli-
giosa vel sacra esse : sicut homines liberi in servitutem per-
veniunt.
Comme la prière s'adresse à trois personnes, on s'attendrait
à trouver le verbe au pluriel, tandis que nous avons une série
d'impératifs au singulier. Cette circonstance a porté KirchholTà
regarder tursitUy tremitu^ etc., non comme des impératifs, mais
comme des substantifs de la 2* déclinaison à l'ablatif : il sous-
entend un verbe signiQantoc affectez, frappez». Mais qu'on sous-
entende un mot aussi important, cela parait peu probable : il
vaut mieux admettre que la prière s'adresse à chaque divinité
individuellement et qu'on n'attend pas d'elles une action com-
binée. Nous traduirons donc tursitu, tr&mitu comme des im-
pératifs singuliers. Il est facile de reconnaître dans ces deux
mots, ainsi que dans les mots suivants, pris deux à deux, une
allittération : comme il arrive souvent en pareil cas, je crois
que les mots allittérants sont de signification assez voisine.
TursiiUj comme on Ta déjà dit, est le latin « terreto * ». Tre-
mituesi évidemment /réméré, mais transporté dans la seconde
conjugaison (/remets) et ayant le sens causatif. Quant aux
mots qui suivent, il est bien difficile d'en déterminer la va-
leur. Aufrecht et Kircbhoff voient dans tous ces termes une
1. Ad7. nat. IIl, 38.
2. Une coïncidence qui mérite d'être notée, c'est que dans le texte ombrien
comme dans le texte latin les dieux d'origine étrangère sont invoqués les pre-
miers. Servius, sur le vers de Virgile (^o. III, 120) ; Nigram Hiemi pecudem,
Zephyris felicibus albam, fait une remarque qui donne peut-être Texplication de
cette particularité. Bono usus est ordine, ut prius averteret mala, sic conciliaret
optanda. Frustra enim profutura poscuntur adversis sequeotibus. Nam et Romani
Teteres Diis asperioribus [prius?] sacrificabant, ne nocerent.
3. A. K. traduisent par « torreto ».
190 TABLE I 6 20. — TABLE VI b 61. .
série de fléaux, tels que sécheresse (tursitu), tremblement de
terre (tremitu), neige (ninctu)y tonnerre [sonitu)^ inondation
[preplotatu). On appellerait tous ces maux sur les nations
voisines. C'est prêter à la population d'Iguvium des senti-
ments trop haineux : les mots intelligibles prouvent qu'elle
se contente de se défendre, sans vouloir la destruction de ses
voisins. Preplotatu équivaut au latin « propellito » : la racine
pel a aussi dû faire pol en latin, comme on le voit par le par-
ticipe pulsus; nous avons ici un fréquentatif po tore, et par
métathëse plâtare. On a déjà vu dans le mot prestota, pre avec
le sens du latin pro. — De même previâlatu^ suppose un
substantif viclum ou vicia formé de vincere comme pîlum de
pins&re ou mâla de mandere. Nous avons donc un verbe dé-
rivé équivalant pour le sens à un composé inusité pro-vincito
(cf. provincia). Les mots struéla (VI a 59) pour strucela^ diéler
(VI a 7) pour diceler^ arçlataf (IV. 22) pour a/rcelataf mon-
trent également un c radical changé en ç devant le suffixe lo
ou la. — Le sens des deux premiers verbes est donc •: « ef-
fraye, feds trembler » et celui des deux derniers : < repousse,
chasse »; nous devons supposer que les autres mots se rap-
portent au même ordre dUdées. Il s'agit, pour tout dire,
d'une depulsio et deprecatio, et non d'une dirarum impre-
catio.
Je passe à la seconde prière qui, bien qu'adressée aux mê-
mes divinités, forme un ensemble à part, comme l'indique
déjà le renvoi à la ligne sur la Table (VI b 61). On les invoque
cette fois pour le peuple de la cité Iguvienne, pour la cité
Igu vienne, et dès lors on leur demande faveur et protection.
Il a déjà été question * de l'expression fututo foner pacrerpase
vestra^ qui est la forme plurielle de futu fons pacer pase tua
(VI a 42 etc.) « sis faustus volens pace tua ». Viennent en-
suite ero nems éihitir anélhitir^ Jovies hosiatir anhostatir * qui
ont été expliqués plus haut. Le seul mot qui prête à quelque
doute est ero : il y faut voir un génitif pluriel ero[m) « illo-
rum » se rapportant à la fois à pople et à tote. La phrase se
termine par la formule connue erer nomne^ erar nomne. Notre
texte a ici par erreur ero au lieu de erer * : mais la vraie forme
erer se trouve VII a 10. 18. 19. 22. 26. 32. 35.
1. C'est ainsi qu'il faut lire avec VII a 49.
2. V. p. 168.
3. C'est ainsi qu'écrit VII a 38, 50.
4. <2elté faute se trouve répétée VII a 14 et 51. Remarquons a ce propos que
ABLE I 6 21. — TABLE VI b 62. 191
TRADUCTION.
(VI b 57) Çerfe Martie, Prœstita Çerfia Çerfi (58) Martii,
Tursa Çerfia Çerfi Martii, civitatem Tadinatem, Tuscum Nari-
cum Japydicum nomen, (59) civitatis Tadinatis, tribus Tadi-
nalis, Tusci Narici Japydici nominis Lares accitos, non ac-
citos, Genios hospites, (60) non hospites terreto, tremefacito,
propellito, profugato.
(61) Çerfe Martie, Prœstita Çerfia Çerfi Martii, Tursa Çerfia
Çerfi Martii, estote fausti volentes pece vestra populo civitatis
Iguvinœ, (62) civitati Iguvinœ, illorum Laribus accitis, non
accitis, Geniis hospitibus, non hospitibus, ejus [populi] no-
mini, ejus [civitatis] nomini.
(VI b 62) Ape este dersicurenty eno (63) deiiu : Etato, Ijovt-
nur^ porse perça arsmatia habiest, Ape este dersicust, duti am-
bretuto euront. Ape termnome (64) covortuso, sururont pesni-
mumo. Sururont deitu etaianSy deitu. Enom tertim ambretuto.
Ape termnome benvsOy (65) su/ruront pesnimumo, Sururont
deitu etaias, Enoprinvatur çimo etuto erafont viapora benuso.
(VlI a 1) Sururont pesnimumio. Sururont deitu etaias. Eno
prinvatu/r çimo etuto erafont viapora (2) benuso.
(16 21) Enumek : Etatu, Ikuvinus. Trijuper am-
prehtu. (22) Trijuper pesnimu. Trijuper : Etatu,
Ikuvinus. Enumek (23) prinuvatus çimu etutu;
erahunt vea çimu etutu prinuvatus.
Après cette prière, reprend la correspondance entre VI et I.
Gomme presque toujours, VI est plus développé, sans conte-
nir au fond plus que I. Ape este dersicurent signifie « après
qu'ils ont ainsi parlé » (c'est-à-dire l'adfertor et ses aides).
Âerstcuren^ suppose une ancienne forme dedicurent, dans
laquelle il faut voir, avec Aufrecht, un futur antérieur à re-
doublement du verbe dicere. Je ne crois pas toutefois que ce
temps appartienne proprement au verbe deico, mais plutôt &
un verbe dïco qui se retrouve dans causidîcus, dans judexy ju-
dicium^ dîcis causa, et autres formations du môme genre. Le
redoublement se fait par un e, comme dans l'archaïque me-
dans le second passage où se trouve cette prière (VII a 47-51) on a erar nerm et
non erom nerut. Voyez aussi VII a 14.
192 TABLE I 6 21. — TABLE VI b 64.
mordi^ tetuli. — Eno deitu porse perça arsmalia habiest signifie
« tum dicito qui prœtextam lustralem habebit ». Les paroles
à prononcer sont insérées au milieu de la phrase; elles con-
sistent dans ces deux mots : EtatOy Ijovinur «allez Iguviens».
Nous avons ici un impératif en to au lieu de tuto, ce qui a
fait considérer etato comme un supin ( « en marche ! » ) par
KirchhofT. Mais on a vu plus haut d'autres exemples de cette
irrégularité (arsmahamoy caterahamo). Le fréquentatif eitare
a pris ici la place du verbe simple ire, sans qu'il y ait diffé-
rence pour la signification. Le fréquentatif paraît aussi avoir
pris le sens du verbe simple en osque; une inscription de
Pompéi, plusieurs fois répétée, commence ainsi : eksuk am-
vianud eituns.... « hoc ambitu itant..., par ce coin on va
chez.... » — Ape este dersicust « postquam ita dixerit », duii
ambretuto euront. Pour comprendre le mot duti il faut rap-
procher le tertim ambretuto de la 1. 64. On voit dès lors qu'il
s'est perdu un m à la fin de duti, lequel suppose un nom de
nombre ordinal dutius (cf. tertivs) à l'accusatif neutre. C'est
ainsi qu'on a Fisim^ Fisi, pour Fisivm. L'ombrien a refait son
second nombre ordinal d'après le nombre cardinal correspon-
dant, comme le français a fait deiixième et le sanscrit dvitija :
le latin alter est beaucoup plus archaïque. Le sens ^e la
phrase est donc qu'après que l'adfertor (ou en son nom le
hérault?) aura parlé ainsi, les mêmes (c'est-à-dire les prin-
vatwTy sans doute accompagnés du peuple) feront leur circuit
pour la seconde fois. C'était aussi l'usage chez les Romains
qu'à chaque acte des cérémonies religieuses un commande-
ment fût adressé au peuple. Cf. Plutarque, Vie de Coriolan
chap. 25. — Euront, qu'il faut décomposer en eur-ont, est le
nominatif pluriel régulier d'un thème pronominal eô que
nous avons déjà rencontré plus d'une fois, suivi de l'encliti-
que -hont.
Ce deuxième circuit accompli, et après qu'ils sont revenus
à la borne, ils doivent répéter la même prière. La seule forme
nouvelle est covortuso « converterunt [sese] », pour co^)ortu-
sont. C'est ainsi qu'en latin on trouve sur une inscription
dedro pour dederunt^. Dans la même ligne on a benuso « ve-
nerunt. » Il faut observer que ces deux verbes, qui prennent
l'un et l'autre en latin le parfait en i, ont en ombrien le par-
fait en uL C'est un progrès de la conjugaison faible sur la con-
1. CorsseD^ ouvrage cité, II, 203.
TABLE I 6 21. — TABLE VI b 65. 193
jugaison forte. Cela est d'autant plus remarquable que nous
avons eu (p. 174) le futur simple benes qui suit la troisième
conjugaison. — La forme complète du parfait serait covortus-
soy benus-sOy le premier s appartenant au thème du parfait
(cf. en latin habuis-ti, habuis~tis)y et le second s à la dési-
nence sont. Autrement nous aurions covorturoy benuro, com-
me plus haut dersicurent.
La prière terminée, un troisième circuit commence. Svru-
vont deitu etaianSy deitu. Au lieu de etato qui est le discours
direct, nous avons ici le discours indirect au moyen du sub-
jonctif etaians « îtent ». La troisième personne plurielle a
affaibli son i en s*. — Après deitu etaians est encore une fois
répété deitUy ce qui est peut-être moins une faute du graveur
qu'un tour populaire, sorte de guillemets parlés.
Le cortège étant revenu une troisième fois auprès de la
borne et la même prière ayant été dite une troisième fois,
Tordre de partir est donné. Alors les calatores s'en retournent
par les mêmes routes qu'ils ont suivies en venant. Çimo, qui
a perdu un m à la fin, est de la même famille que le latin
ci-Sy d'tra, et probablement que l'ombrien set (VI a 11) : c'est
un superlatif formé comme primits^ surmnus. Quant au sens,
il n'est pas douteux : puisqu'il est dit qu'on prendra les
mêmes routes par où l'on est venu, il ne peut être parlé que
d'un retour, et çimo se traduira par rétro. — Une question
beaucoup plus controversable, c'est de déterminer le cas des
deux mots erafont via. On peut décomposer en eraf-ont vialf)
et voir dans ces deux mots des accusatifs pluriels. L'emploi
de l'accusatif en pareille circonstance semble, il est vrai,
assez insolite; une autre objection, qui n'est pourtant pas in-
surmontable, vient de ce que I 6 23 met era-hunt vea qui
ne peut être qu'un ablatif singulier. Il y aurait donc une
légère divergence pour la forme entre les deux Tables, ce que
nous avons d'ailleurs déjà eu à constater plus d'une fois.
Une manière de trancher la difficulté, ce serait de supposer,
comme y paraît enclin Kirchhoff, que erafont est une faute
du graveur pour erahont^. Enfin une troisième solution,
de conséquence beaucoup plus grave pour la phonétique,
1. VI b 65, nous avons etaias avec omission de la nasale. — Sur la question
assez obscure des désinences primaires et secondaires dans les dialectes itali-
ques, voy. les articles d*Ebel, de Gorssen et de Bugge, dans le Journal de Kuhn,
V, 401 ; XI, 350 ; XXII, 394.
2. Il faudrait alors supposer que la cause de la faute se trouvait dans le
13
194 TABLE I fe 23. — TABLE VII a 1.
serait d'admettre que le A a pris parfois le son f, comme
les paysans du Latium prononçaient, selon Varron (De 1. L,
IV, 19), fedus « chevreau » au lieu de hedus (gothique gaits).
Je dois ajouter que nos textes ne présentent aucun autre
exemple certain du changement d'un h en f, de sorte que
cette possibilité doit être simplement mentionnée ici en
attendant des découvertes qui la confirment ou Técartent. —
Le dernier mot est pora qui, selon qu'on voit dans vm un
accusatif pluriel ou un ablatif féminin, sera lui-même ac-
cusatif ou ablatif (jporàf ou po7^â). Le mot se compose du
thème relatif po et du pronom démonstratif ero. Une com-
binaison analogue existe en osque, où Ton a l'ablatif
poizad = po + eizad. On trouve toutefois en ombrien
le thème po encore susceptible de flexion : ainsi l'accusa-
tif pluriel féminin paf-e (VI a 52). Cet engourdissement du
pronom relatif n'en mérite pas moins d'être noté comme un
symptôme de décomposition : on doit le rapprocher de ce
que nous avons dit (p. 42) sur porst.
Ici se termine la table VI. La table VII, dont le texte fait
suite à celui de VI, a répété, probablement par une inadver-
tance du graveur, la dernière phrase de VI : on n'y trouve
aucune variante. Le texte de I 6 21 condense ce que VI 6 62 a
exposé avec un peu de prolixité. « Tum : Itate, Iguvini. » La
suppression du mot teitu « dis » a déjà été observée, I b 19.
— Les impératifs amprehtu « ambito», pesnimu «preca-
tor » sont à la seconde personne.
TRADUCTION.
(VI b 62) Postquam ita dixerint, tum (63) dicito : « Itate, Igu-
vini », qui praetextam lustralem habebit. Postquam ita dixerit,
ilerum ambeunto iidem. Postquam ad terminum (64) reversi
sunt, item precantor. Item dicito «itent», dicito. Tum tertium
ambeunto. Postquam ad terminum venerunt, (65) item pre-
cantor. Item dicito «itent». Tum calatores redeunto eadem
via qua venerunt.
(VII a I) Item precantor. Item dicito « itent». Tum cala-
tores redeunto eadem via qua (2) venerunt.
modèle qui était sous les yeux du graveur, car la répétition de cette phrase
(VU a 1) présente également erafont.
TABLE I 6 24. — TABLE VII a 3, 195
(I b 21] Tum : « Itàte, Iguvini ». Ter ambito. (22) Ter pre-
cator. Ter « itate, Iguvini». Tum (23) calatores redeunto;
eadem via redeunto calatores.
SACRIFICES AUX ENVIRONS d'iGUVIUM.
(VII a 3) Fondlire abrof trif fétu heriei rofu heriei peiu,
éerfe Martie feitu popluper totar Ijovinar to taper (4) Ijovina.
Vatuo ferine feitu. Poni fétu, Arvio fétu. Tases persnimu. Pro-
sesetir me fa spefa ficla arsveitu. (5) Sur ont naratu puse verisco
Treblanir. Ape Traha Sahata combifianéusty enom erus dirstu.
(I 6 24) Funtlere trif apruf rufru ute peiu feitu
Çerfe* Marti. (25) Vatuvu ferime fétu. Arviu us-
tentu. Puni feitu*. (26) Taçez pesnimu. Adepe arves.
Le sacrifice qui a eu lieu à Aquilonie n'est que le premier
d'une série de quatre sacrifices, qui sont probablement offerts
aux quatre points opposés des limites du territoire iguvien.
Le second a lieu dans un endroit appelé Fondlire (VII a 3). Il
faut décomposer le mot en Fondlir (datif pluriel) et e[n), La
forme latine correspondante serait FontuHs^ car le groupe
ombrien nd représente d'ordinaire le latin nt. Le Funtlere
de I 6 24 ne nous apprend rien de plus. Les victimes consis-
tent en trois sangliers (abrof ^ apruf) qui doivent être heriei
rofuy heriei peiu, ce que I 6 24 exprime par rufru ute peiu.
Il a déjà été question de ce passage, sur lequel Kirchhoff
s'est appuyé pour établir le sens de heriei cvel», ainsi que
de heris*. — Rofu[f) est le latin rufus, tandis que rufru(f)
correspond plutôt à ruber. On trouvera encore plus loin (VII
a 6) rofa. — Peiu est évidemment un nom de couleur : Au-
frecht l'a traduit, non sans pénétration, par picem « couleur
de poix, noir ». Il faut supposer une forme pekjus ou pik-
jus, dont le k s'est assimilé au j dont il était suivi. Le même
fait a eu lieu au subjonctif feia (V a 23, V fe 1), pour fakja.
— L'expression piceus est également employée de cette façon
en latin. Valerius Flaccus (Argonaut., III, 439) : Tune piceœ
mactantur oves, prosectaque partim Pectora. — Le dieu au-
quel on sacrifie est Çerfvs Martius. — Les autres circoiwtances
du sacrifice sont connues, de sorte que nous passons immé-
diatement à la dernière phrase de l'alinéa. €omme elle est
1. Peituçerfe.
2. Feiu.
3. Voy. ci-dessus^ p. 103.
196 TABLE I 6 24. — TABLE VII a 6.
omise sur I, on peut admettre par avance qu'elle ne renferme
aucune prescription importante : c'est, en effet, un simple
avis que l'opération marquée par les mots erus dirstu aura
seulement lieu aux Fontuli après qu'on aura terminé le qua-
trième sacrifice, celui qui est offert à un endroit nommé Traha
Sahata. Nous reviendrons sur ces mots plus loin (cf. VII a 39,
41, 45). Disons seulement ici qu'il faut considérer Traha Sa-
hara comme un terme géographique à la façon de Ad casaSy
Cis Padvm.
TRADUCTION.
(YII a 3) Ad Fontulos apros très facito sive rufos sive piceos.
Çerfo Martio facito pro populo civitatis Iguvinœ, pro civitate
(4) Iguvina. Tura acerra facito. Lacté facito. Ollas facito. Ta-
citus precator. Prosectis molam sparsam, offam addito. (5)
Item nuncupato uti ad portam Trebulanam. Postquam Trans
Satam auspicatus erit, tum frusta dato.
(I h 24) Ad Fontulos très apros rubros aut piceos facito
Çerfo Martio. (25) Tura acerra facito. Ollas donato. Lacté
facito. (26) Tacitus precator. Adipibus, extis [facito].
(VII a 6) Rvbine porca trif rofa ote peia fétu Prestote êerfie
èerfer Martier popluper totar Ijovinar totaper (7) lovina. Per-
saia fétu. Poni fétu. Arvio fétu. Sur ont naratu pusi pre verir
Treblanir. Tases persnimu. (8) Prosesetir struéla ficla arsveitu.
Ape supo postro pepescus^ enom pesclu Ruseme vesticatu Prestote
èerfie (9) èerfer Martier^ popluper totar lovinar totaper lovina.
Enom vesclir adrir Ruseme eso persnihimu : Prestota (10) èerfia
èerfer Martiery tiom, esir vesclir adrir popluper totar Ijovinar
totaper Ijovitia, eret^ nom^neper^ (11) erar nornneper. Prestota
èerfia èerfer Martier^ prevendu via ecla atero tote Tarsinate^
trifo Tarsinate^ (12) Tursce Naharce lahusce nomne^ totar Tar-
sinater^ trifor Tarsinater^ Tuscer Naharcer labuscer nomner
(13) nerus éitir améikitir^ Jovies hostatir a/nostatir^ ero nomne.
Prestota èei'fia èerfer Martier ^ futu fons (14) pacer pase tua
pople totar Ijovinar ^ tote Ijovine^ erer^ nomne^ era/r nomne^
erar nerus éihitir anéihitir, Jovies (15) hostatir anostaHr. Près-
iota èerfia èerfer Martier^ salvom seritu poplom totar Ijovinar^
salva seritu^ (16) totam Ijovinam. Prestota èerfia èerfer Mar-
1. Erom. — 2. Serituu.
TABLE I 6 27. — TABLE VII a 6. 197
tier^ salvo seritu popler totar Ijovinar^ (17) nome, nerf, a/rsmOy
viVo, pequo, castruo, frif. Salva seritu^. Fulu fons pacer pose
tua pople totar Ijovina/r^ (18) tote Ij ovine, erer nomne, erar
nomne, Prestota éerfia Serfer Martier, tiom esir vesclir adrer
popluper (19) totar Ijovinar, totaper lovina, erer nomneper,
era/r nomneper, Prestota èerfia èerfer Martier, tiom (20) sitfco-
cauv. Prestotar Serfiar Serfer Martier foner frnte tiom, subo-
cauv. — Ennom persclu eso deitu : (21) Prestota èerfia èerfer
Martier, tiom isir vesclir adrir, tiomplener, popluper totar Ijo-
vinar, totaper (22) Ijovina, erer nomneper, erar nomneper.
Prestota èerfia èerfer* Martier, tiom subocauv. Prestota/r (23)
èerflxir èerfer Martier foner frite tiom, subocauv. — Enom ves-
ticatu^ ahatripursatu, Enom, Ruseme (24) persclu vesticatu Près-
tote èerfie èerfer Martier popluper totar Ijovinar totaper lo^
vina. Ennom vesclir (25) alfîr persnimu. Supeme adro trah-
vorfi andendu, Eso persnimu : Prestota èerfia èerfer Martier ^
tiom, (26) esir vesclir alfir popluper totar Ijovinar totaper Ijo-
vina, erer nomneper, erar nomneper, Prestota (27) Serfia, Ser-
fer Martier, ahavendu via ecla atevo pople totar Ijovinar, tote
Ijovine, popler totar lavinar, (28) totar Ijovinar nerus éihitir
anéihitir, Jovies hostatir anhostatir, erer * nomne, erar nomne.
Prestota èerfia (29) èerfer Martier, salvom seritu poplo totar
Ijovinar, salva seritu totam Ijovinam. Prestota èerfia èerfer
(30) Martier, salvom seritu popler totar Ijovinar, totar Ijovinar
nome, nerf, arsmo,viro, pequo, castruo, frif. (31) Salva seritu.
Futu fons, pacer, pase tua, pople totar Ijovinar, tote Ijovine,
erer nomne, erar nomne. Prestota (32) èerfia èerfer Martier,
tiom esir vesclir al fer popluper totar Ijovinar^ totaper Ijovina,
erer nomneper, erar (33) nomneper. Prestota èerfia èerfer Mar-
tier, tiom, subocauv. Prestotar Serfiar Serfer Martier foner frite
tiom, (34) subocauv. Ennom persclu eso persnimu : Prestota
èerfia èerfer Martier, tiom isir vesclir alfer, tiom plener, (35)
popluper totar Ijovinar, totaper Ijovina, erer nomneper, erar
nomneper. Prestota èerfia èerfer Martier, tiom, (36) subocauv,
Prestotar èerfiar èerfer Martier foner frite, tiom, subocauv. —
Enom vesticatu, ahatripursatu. (37) Vestisa et mefa spefa scalsie
conegos fétu Fisovi Sansii popluper totar Ijovinar, totaper Ijo-
vina. Suront (38) na/ratu puse post verir Tesonocir. Veslisiar
1. Une seconde fois totar Ijovinar.
2. àalv<ueritu.
3. Serfiarierfer.
4. Ero.
198 TABLE I 6 27. — TABLE VII a 6,
eii'us ditu. Enno vestisia mefa spefa sopa/m, purome efurfatu, (39)
Subra spahamu, Traf Sahatam etu, Ape Traha Sahatacovortvs,
ennom comoltu; comatir persnihimu, Capif (40) sa^ra aitu.
(I h 27) Rupinie e tre purka rufra ute peia fétu Pres-
tate (28) Çerfie Çerfe Marties. Pedaia feitu. Arviu us-
tentu. (29) Kapi sakra aitu. Vesclu vêtu atru alfu.
Puni fétu. (30) Taçez pesnimu. Adeper arves.
Ce morceau, qui sur VU est très-développé à cause des
prières citées in extenso^ est destiné à décrire le second sacri-
fice, celui qui a lieu dans un endroit appelé Ruhine (VII a 6),
Rupinie (I 6 27). Si nous rapprochons Taccusatif Rubinamr-e
(VII a 43, 44), Rupinam-e (I 6 35, 36), nous ne pouvons dou-
ter que ce ne soit un nom singulier de la première déclinai-
son, dont la forme latine aurait été Rubinia ou Rupinia. Li
atone qui précède la désinence a été supprimé dans la plu-
part des formes, comme cela a lieu pour vestiçia qui est sou-
vent écrit vestiça, ou pour combifiançiusi qu'on trouve écrit
combifianâust. Un autre exemple de la suppression d'un i après
un n est le mot spinia deux fois écrit spina (II a 33, 38). Un
fait analogue a lieu en latin dans les mots tels que aureus^ flam^
meus. La table I 6 27 a Rupinie e, ce que KirchhoiT regarde
comme une faute du graveur pour Rupinie; mais ce qui,
comme Ta reconnu Savelsberg, n'est pas plus incorrect que
Funtler-e (I b 24). L'un et l'autre, en effet, est un datif suivi
de la préposition e[n] : au lieu de joindre la préposition au
nom, ce qui l'aurait rendue méconnaissable, le graveur Ta
écrite comm ^ un mot indépendant ' . On peut se demander si
le Riibine de VII a 6 doit se décomposer en Rubine-ey' on s'il y
faut voir un simple datif employé comme locatif; la première
explication me paraît préférable à cause de la symétrie qui
règne dans ces différents passages où l'on énumère les lieux
destinés à servir de théâtre aux sacrifices.
Nous traduirons porca(f) par « laies *, ayant reconnu des
truies dans les sif de VI a 58 et VI 6 3. — Leur couleur est la
même que celle des sangliers. — VII emploie la conjonction
Ole « aut » au lieu de heriei qu'il avait mis à l'alinéa précé-
dent. ~ La déesse est la même Prestota Çerfia, fille ou femme
de Çerfus Martius, qui a déjà été invoquée précédemment ;
mais ici elle est invoquée seule. Nous verrons qu'à la fin de
la prière, un sacrifice est offert au dieu Fisovius Sancius. —
Voy. plus loin tafle e II & 12; test re e uze II b 27, 28.
TABLE I 6 27. — TABLE VII a 11. 199
La proposition : Ape supo postro pepescus est la répétition de
ce que nous avons vu VI 6 5. — Pesclu est un ablatif employé
dans le sens sociatif : « fais libation avec prière ». — Cette
libation n'a pas lieu à Rupinia, mais dans un endroit désigné
par l'expression Ruseme. Nous avons ici un nom propre, et
non, comme on Ta pensé, le substantif latin rus^ qui aurait
fait, comme en latin, rure à Tablatif. Je suppose un nominatif
Rusema^ qui est peut-être identique, dans sa première partie,
avec le nom de ville étrusque Rusellœ, — Vesclir est Fablatif
pluriel d'un nom correspondant au latin vasculum : on a déjà
vu VI 6 18, I a 18 des coupes (kapif) offertes à la divinité. —
Adrir est le latin atris; il sera question plus loin (VII a 25)
de vesclir alfir « vasculis albis ». Ces vases noirs et blancs
rappellent les vases dits étrusques qu'on trouve encore au-
jourd'hui en si grand nombre dans les tombeaux de l'Italie. —
Après avoir présenté ses offrandes à la divinité, le prêtre lui
adresse une prière qui nous fait connaître son désir. Il s'agit
encore une fois d'une demande relative à ces Tadinates, Étrus-
ques et autres peuples étrangers, desquels la population igu-
vienne prend soin de se préserver et de se séparer.
Prevendu via ecla atero tote Tarsinate..,, Pour comprendre
la portée de cette phrase, il faut rapprocher le passage sui-
vant (VII a 27), qui renferme évidemment l'idée contraire :
Ahavendu via ecla atero pople totar Ijovinar.... Toute l'op-
position se trouve dans les mots prevendu et ahavendu qui
sont les mômes verbes précédés de préfixes différents. A. K.,
qui gardent sur le sens de cette phrase une grande réserve,
supposent que atero est le régime direct de prevendu et aha^
vendu, lesquels deviennent dès lors des verbes transitifs.
Nous pouvons admettre cette construction, en faisant remar-
quer toutefois que atero n'est pas un substantif, mais l'infinitif
d'un verbe. Quant k.viu ecla, dont A. K. font un ablatif, c'est
le régime de atero, Prevendu n'est pas autre chose que le
latin prœvenito, dans le sens de « prohibeto » : l'idée de pré-
venir est voisine de l'idée d'empêcher, et le latin nous présente
plus d'une fois ce sens. Cic, De Off. III, 7. Nisi aliquis casus,
aut occupatio consilium ejus prœvenisset. Macrobe. Sat. VII,
12. Ex asperatione oris praeventa suavitas excluditur. On
comprend aisément que ce sens, qui est surtout attaché en
latin à prohibere, ait pu s'accuser d'avantage en ombrien
avec le verbe venirc. Ce verbe forme une partie de ses temps
d'après la conjugaison forte, comme on Ta vu par le futur
200 TABLE I 6 27. — TABLE VII a 27.
benes (16 15) : ici l'on avait un impératif preoerUu^ qui s'est
changé en prevendu par l'influence déjà constatée plus d'une
fois qu'un n exerce sur le t dont il est suivi. C'est ainsi qu'on
a eu (YI b 40, 40, 49) endendu « intendito » et (VI a 20) ostendu
« ostenditu ». La seule difficulté, c'est que, d'après benes ^ 6e-
nusoy on se serait attendu à un 6, et non un v. Mais on sait
qu'en tête du second membre d'un composé, les lettres ne
sont pas nécessairement soumises aux mêmes changements
que quand elles sont initiales. Ainsi en latin on a bellwm et
perduellioK Je passe au second composé : ahcuoendu (pour
âA)endu), qui doit avoir, s'il est le contraire de prevendu^ le
sens « permets, accorde ». On ne trouverait pas d'exemple de
advenvre employé en cette acception : mais accedere signifie
t consentir » et ffuyxwpsw, en grec, a le même sens*. Il reste a^ero
dans lequel, comme nous l'avons dit, il faut voir un infinitif
pareil à afero « circumferre ». C'est cet infinitif qui exprime
Faction qui doit être permise aux Iguviens et défendue aux
peuples voisins. Si l'on considère que atero a pour régime
eda via a hanc viam », ou « hac via », on pensera sans doute
qu'il est question d'un droit de passage ou d'un droit de pro-
priété, soit qu'il s'agisse de l'usage exclusif de la route, soit
qu'on veuille simplement réserver aux Iguviens un droit de
péage. Peut-être n'est-il pas hors de propos de rappeler le
double sens du mot pontifex « pontife » et « constructeur de
route (pont) ». Parmi les différentes explications qui se pré-
sentent pour l'infinitif aiero[m)^ aucune n'est tout & fait sûre.
La voyelle a peut représenter les préfixes amb ou cmt ou
an*. Ouant au verbe terom, on y peut voir le verbe latin terere
ce fouler », auquel cas via{m) sera un accusatif. Les datifs qui
suivent sont régis par prevendu et ahavendu.
Toute la prière, jusqu'aux mots tiom subocauv (VII a 20)
qui la terminent, ne présente que des formules déjà con-
nues. La prière reprend une seconde fois sans offrir aucune
particularité nouvelle, sinon que cette fois les vases sont dé-
signés comme pleins : tiom isir vesclir adrir^ tiom plener.
Après les prescriptions déjà connues : Enom vesticatUj ahatri-
pursatUy une autre offrande consistant en vases de couleur
1. De nombreux exemples tirés des langues romanes ont été assemblés par
Schuchardt, Roma'niay \\l, p. 1 ss.
2. Au sujet du préfixe aha, qui est le môme que dans aha(npur#a(u^ y. p. 12 ,
Nous reviendrons (IV^ 1) sur cette préposition.
3. Cf. atedafust, atentu^ apentu^ azeriatu.
TABLE I 6 27. — TABLE VU a 34. 201
blanche, donne lieu, dans le même endroit [Rus&mc)^ à un
cérémonial semblable, sauf le fait que cette fois on demande
pour le peuple iguvien la faculté que tout à l'heure on
priait la divinité de retirer aux autres peuples. Avant le texte
de la prière vient cette phrase : Supeme adro trahvorfi an-
dendu (VII a 25). Dans andendu nous reconnaissons un impé-
ratif mienc^iYo avec le sens de « qu'il place ». Il est difficile
de dire si c'est le môme verbe que endendu, ou si le préfixe
est autre. — Trahvorfi a été justement rapproché par Bugge
(Journal de Kuhn, XXII, 423) du latin transversim : pour ex-
pliquer le f il faut, selon ce que nous avons dit plus haut
(p. 16), partir d'un groupe ts. Le participe versus étant pour
vert'tuSy le degré intermédiaire a dû être vert-sus. Le sens de
l'adverbe semble bien être « en travers ». On doit donc poser
cette nouvelle offrande transversalement. Le texte ajoute :
supeme adro « superne atra, par-dessus les [vases] noirs ».
Nous ignorons le motif de cette recommandation & laquelle
s'attachait peut-être quelque idée de symbolisme.
Tout le reste est connu. Il faut seulement remarquer l'ex-
pression (VII a 34) : ennom persclu eso persnimu « tune cum
precatione ita precator », qui serait vide de sens si persclum
n'était pas la prière accompagnée de sacrifice. — La cérémo-
nie terminée, le prêtre reçoit l'ordre d'aller à Traha Sahala.
C'est alors seulement qu'il doit accomplir la prescription
énoncée par les mots comoUu, comatir persnihmu (voy.
p. 196). Comme notre texte emploie l'expression covortus
(après qu'il sera retourné à Trans Sata) , nous devons suppo-
ser que dans ses évolutions antérieures il a déjà passé par
cet endroit.
La rédaction I 6 27 n'a rien qui rappelle la prescription :
Ruseme persnihimu. Mais les objets à offrir sont les mêmes.
Le texte dit d'une façon très-concise : Vesclu vêtu atru
alfu. On reconnaît un régime « vascula atra alba », gou-
verné par l'impératif vêtu, qui doit signifier « qu'il offre,
qu'il voue ». Je crois que c'est le verbe latin voveo. Mais on
se serait plutôt attendu à une forme vutu. Cf. vu tu (II a 39),
sub-otu (VI b 25). Ce vêtu, s'il n'est pas une faute*, doit nous
faire supposer un impératif voeito {pour voueito) . Entre cette
forme faible et vutu la différence serait à peu près la même
qu'entre virseto (VI a 28) et le latin visum.
1. On le retrouve I b 37.
202 TABLE I 6 30. — TABLE VII a 40.
TRADUCTION.
(YII a 6] Ad Rupiniam porcas 1res rufas aut piceas facito
Prœstitœ Çerfise Çerfi Martii pro populo civitatis IguYinss, pro
civitate (7) Iguvina. Libamina facito. Lacté facito. Ollas facito.
Item nuncupato uti ante portam Trebulanam. Tacitus preca-
tor. (8) Prosectis struiculam, offam addito. Poslquam pane
altero precatus eris, tune cum precatione ad Rusemam libato
Prœstitœ Çerfiœ (9) Çerfi Martii pro populo civitatis Iguvinœ,
pro civitate Iguvina. Tune vasculis atris ad Rusemam ita pre-
cator : Prœstita (10) Çerfia Çerfi Martii, te bis vasculis atris
pro populo civitatis Iguvinœ, pro civitate Iguvina, ejus (po-
puli) nomine, (11) ejus (civitatis) nomine. Prœstita Çerfia
Çerfi Martii, interdicito via illa uti civitati Tadinati, tribui
Tadinati, (12) TuscoNarico lapydico nomini, civitatis Tadina-
tis, tribus Tadinatis, Tusci Narici lapidici nominis (13) laribus
accitis nonaccitis, geniis novensidibus patriis, eorum no-
mini. Praestita Çerfia Çerfi Martii, esto faustus (14) volens
pace tua populo civitatis Iguvinœ, civitati Iguvinœ, ejus (po-
puli) nomini, ejus (civitatis) nomini, ejus (civitatis) laribus
accitis non accitis, geniis (15) novensidibus patriis. Prœstita
Çerfia Çerfi Martii, salvum servato populum civitatis Iguvinœ,
salvam servato (16) civitatem Iguvinam. Prœstita Çerfia Çerfi
Martii, salvum servato populi civitatis Iguvinœ (17) nomen,
lares, ritus, viros, pecudes, campos, fruges. Salvas servato.
Esto faustus volens pace tua populo civitatis Iguvinœ, (18)
civitati Iguvinœ, ejus (populi) nomini, ejus (civitatis) nomini.
Prœstita Çerfia Çerfi Martii, te bis vasculis atris pro populo
(19) civitatis Iguvinœ, pro civitate Iguvina, pro ejus (populi)
nomine, pro ejus (civitatis) nomine. Prœstita Çerfia Çerfi
Martii, te (20) invocavi. Prœstita Çerfia Çerfi Martii fausti mo-
re te invocavi. — Tune cum precatione ita dicito : (21) Prœstita
Çerfia Çerfi Martii, te bis vasculis atris, te plenis, pro populo
Iguvino, pro civitate (22) Iguvina, pro ejus (populi) nomine,
pro ejus (civitatis) nomine. Prœstita Çerfia Çerfi Martii, te in-
vocavi. Prœstitœ (23) Çerfiœ Çerfi Martii faustœ more te invo-
cavi. — Tum libato, infundito. Tum ad Rusemam (24) cum
precatione libato Prœstitœ Çerfiœ Çerfi Martii pro populo ci-
vitatis Iguvinœ, pro civitate Iguvina. Tum vasculis (25) albis
precator. Super atra transversim imponito. Ita precator:
TABLE I 6 30. — TABLE VII a 40. 203
Prsestita Çerfia Çerfi Martii, te (26) his vasculis albis pro po-
pulo civitatis Iguvinœ, pro civitate Iguvina, pro ejus (populi)
Domine, pro ejus (civitatis) nomine. Prœstita (27) Çerfia Çerfi
Martii, concedito via illa uti populo civitatis Iguvinae, civitati
IguvinsB, populi civitatis Iguvinae (28), civitatis Iguvinae lari-
bus accitis non accitis, geniis novensidibus patriis, ejus (po-
puli) nomini, ejus (civitatis) nomini. Praestita Çerfia (29) Çerfi
Martii, salvum servato populum civitatis Iguvinae, salvam
servato civitatem Iguvinani. Praestita Çerfia Çerfi (30) Martii,
salvum servato populi civitatis Iguvinae, civitatis Iguvinae no-
men, lares, ritus, viros, pecudes, campos, fruges. (31) Salvas
servato. Esto faustus volens, pace tua, populo civitatis Igu-
vinae, civitati Iguvinae, ejus (populi) nomini, ejus (civitatis)
nomini. Praestita (32) Çerfia Çerfi Martii, te his vasculis albis
pro populo civitatis Iguvinae, pro civitate Iguvina, pro ejus
(populi) nomine, pro ejus (civitatis) (33) nomine. Praestita
Çerfia Çerfi Martii, te invocavi. Praestitae Çerfiae Çerfi Martii
faustae more te (34) invocavi. Tune cum sacrificio ita preca-
tor : Praestita Çerfia Çerfi Martii, te his vasculis albis, te ple-
nis, (35) pro populo civitatis Iguvinae, pro civitate Iguvina,
pro ejus (populi) nomine, pro ejus (civitatis) nomine. Praestita
Çerfia Çerfer Martier, te (36) invocavi.. Praestitae Çerfiae Çerfi
Martii faustae more, te invocavi. — Tum libato, infundito.
^37) Libum et molam sparsam — innixus facito Fisovio Sancio
pro populo civitatis Iguvinae, pro civitate Iguvina. Tum (38)
nuncupato uti post portam Tesenacam. Libi frusta dato. Tum
libum molam sparsam panem ad puritatem februato. (39) Su-
pra instillato. Trans Satam ito. Postquam Trans Satam rever-
sus eris, tum commolito ; commolitis precator. Capides (40)
sacras dicito.
(I b 27) Ad Rupiniam très porcas rubras aut piceas facito
Praestitae ( 28 ) Çerfiae Çerfi Martii. Libamina facito. OUas do-
nato. (29) Capides sacras dicito. Yascula voveto atra alba.
Lacté facito. (30) Tacitus precator. Adipibus, extis [facito].
(VII a 41) Trahaf Sahate vitla trif feeiu Turse èerfie Serfe^^
Martiei; popluper totar IjoviTiar, totaper Ijovina. Persaea fétu.
Poni (42) fétu. Arvio fétu, Tases persnimu. Prosesetir strusla
ficlam arsveitu. Suront naratu puse verisco Treblaneir. Ape (43)
purdinéiusty carsiiu pufe abrons facurent puse erus dersa.
Ape erus dirsust^postro combifiatu Rubincx/me; erus (44) dersa,
Enem Traha Sahatam combifiatu; erus dersa. Enem Rubiname
204 TABLE I 6 31. — TABLE Vn a 41.
postro covertu; comoltUy comatir persnimu et (45) capif sacra
aitu. Enom Traha Sahatcum covertu; comoltu^ comatir
persnihîmu. Enom purditom fust.
(16 31) Tra Sate tref vitlaf feitu Tuse Çerfie Çerfe
Martîes. (32) Pedaia feitu. Arviu ustentu. Puni fétu.
Taçez pesnimu. (33) Adeper arves. Pune purtinçus,
kadetu pufe apruf (34) fakurent puze erus teda.
Ape erus tedust, pustru (35) kupifiatu Rupiname;
erus teda. Ene Tra Sahta kupifiaia; (36) erus teda.
Enu Rupiname pustru kuvertu. Antakre* (37) ku-
mate pesnimu. Enu kapi sakra aitu. Veskiu vêtu.
(38) Enu Satame kuvertu. Antakre kumate pesnimu.
Enu esunu (39) purtitu fust.
Le sacrifice de Trahaf Sahata^ dont il a déjà été deux fois
question par avance, consiste en trois génisses {vitlaf) offer-
tes à Tursa Çerfia. Ce nom de Trahaf Sahata^ sur lequel nous
n'avons pas encore donné d'explication, est employé neuf
fois :
I b 31. Tra Sate feitu.
VU a 41. Trahaf Sahate fétu.
I h 35. Tra Sahta kupifiaia.
VII a 44. Traha Sahatam combifiatu.
VII a 5. Ape Traha Sahata combifiançust,
VII a 39. Ape Traha Sahata covortus,
VII a 39. Traf Sahatam etu,
VII a 45. Traha Sahata/m covertu.
I b 38. Satame kuvertu.
Il ressort de ces passages que les deux mots qui composent
cette expression sont traités comme n'en faisant qu'un , c'est-
à-dire que le premier terme reste invariable, tandis que le
second prend la flexion exigée par l'ensemble de la phrase.
Une fois (I b 38), au lieu de deux termes, on emploie le se-
cond seul. Dans les deux premiers passages, nous avons le
datif; dans les six passages suivants, c'est l'accusatif (le m est
plusieurs fois omis à la fin de Sahata) ; le dernier exemple
nous présente l'accusatif suivi de e(n). Le mot trahaf ou tràf
est, comme l'a reconnu Kirchhoff, le latin trans *; de même
1. Ant akre.
2. Cf. la première syllabe de trahvorH (VIE a 25).
TABLE I 6 31. — TABLE VII a 43. 205
que le ns de raccusatif pluriel, celui de irons a donné nais-
sance à un f. Ouant à Sahata, Sala, il était probablement à
l'origine le régime de traf : mais l'habitude ayant soudé les
deux mots, le substantif s'est rendu grammaticalement indé-
pendant de sa préposition, pour ne plus obéir qu'à la syntaxe
de la phrase. Pour former des mots comme Transpadantis,
Cisalpinus, le latin a dû souder également les locutions Trans
Padum, cis Alpes : pareille chose est arrivée pour les noms
de lieu comme Forum Julii, Forum Semproni, Portus Vene-
ris, qui ont fini par être traités comme ne faisant qu'un
seul mot^ Nous ayons donc un nom de lieu: Trans Satam. On
ne saurait déterminer ce que signifiait ce mot Sâta, et il vaut
•mieux s'abstenir de toute hypothèse à cet égard. La descrip-
tion du sacrifice ne présente rien de nouveau.
Vient ensuite l'ordre de retourner aux Fontuli pour y pra-
tiquer l'opération communément exprimée par les mots erus
dirstu. Le texte ne nomme pas les Fontuli; il se contente de
les désigner par la périphrase pufe abrons facurent « ubi apros
fecerint ». Mais le sens de cette expression ne peut laisser
aucun doute, quand on se rappelle que les sangliers ont été
immolés aux Fontuli, et quand on voit que le cortège revien-
dra ensuite à Rupinia, pour finir par Traha Sahata, c'est-à-
dire pour accomplir une seconde fois exactement le môme
trajet. Le verbe facurent est un futur passé, tout l'ensemble
des prescriptions étant considéré comme au futur. On voit
que facio a un parfait faible, comme si en latin, au lieu de
feci, nous avions facui. — Pufe, qu'il faut prendre ici comme
adverbe de lieu et non comme adverbe de temps, a déjà été
reconnu l'équivalent du latin (c)ubi^. — Reste l'accusatif plu-
riel abrons que A. K., avec une conséquence qu'il faut ad-
mirer en la condamnant, ont eu le courage de déclarer une
faute du graveur*. Nous avons ici la forme ancienne et com-
plète de l'accusatif pluriel, telle qu'elle s'est conservée seule-
ment en sanscrit, en crétois et en borussien S Cet accusatif n'est
pas seul de son espèce puisque erus, sans parler d'exemples
moins certains, est formé de la même façon. I 6 33 met apru f :
1« V. iieunief, Compotes iyniaetiques en grec, dans rAnnuaire de rAssociation
des Études grecques. 1872, p. 301.
2. Voy. p. 37.
3. Ouvrage cité, 11^ p. 287.
4. Schleicher, Compendium, $ 250.
206 TABLE I ft 31. — TABLE VII a 44.
preuve qui, à elle seule, suffirait pour attester que la langue
des tables VI et VII n*est pas plus moderne que celle de I.
Cette proposition pufe ahrons facurent dépend de Timpéra-
tif carsitu, qui a déjà été expliqué comme répondant au latin
calaio *. Il n'y a pas de régime direct, mais il est clair qu'il
est question des acolytes, et probablement aussi du peuple
qui les accompagne. L'adfertor doit les appeler là où Ton a
sacrifié les sangliers, c'es^àKiire qu'il leur doit intimer Tordre
de retourner à cet endroit. Le motif est contenu dans les mots
suiyeLtits puse erus dersa. Dersa{t), en vieil ombrien teda(t),
est le subjonctif du même verbe qui fait à l'impératif dirstu
ou tedtu : le redoublement est conservé; la flexion est celle
de la troisième conjugaison latine. On remarquera que nous
avons ici un vrai subjonctif, à la différence des optatifs comme
aseriaia^ portaia^ dia. C'est donc pour que l'adfertor distribue
les morceaux de la victime. En effet, cette partie du sacrifice
avait été, comme on se le rappelle, déclarée différée dans l'a-
linéa relatif aux Fontuli (VII a 5). — Ape erus dirsust est la
répétition du môme fait au futur passé : « postquam frusta
dederit ». Ce futur passé dirsust, tedust, pourrait, à ce qu'il
semble, être rapproché du latin dederit : mais je croiff qu'on
sera plus près de la vérité en admettant que l'ombrien n'a
plus conscience du redoublement renfermé dans ce verbe et
a formé dersmt d'un thème ders-, comme il tire 8es(t)ust d'un
thème ses{ty. Au contraire, dans une forme que nous allons
rencontrer (VII a 46), on aura un exemple de redoublement
pareil à celui de dedi. Les mots combifiatu Rubina/me contien-
nent l'ordre d'aller ensuite prendre les auspices à Rupinia.
On est étonné de voir reparaître ici la mention des auspices,
qui, jusqu'à présent, avaient eu leur place au commencement
et non à la fin des sacrifices. Postro[m) qui accompagne le
verbe, et qui a embarrassé A. K., parce qu'ils le prenaient
pour un adverbe de lieu signifiant t rétro, post tergum ' », se
justifie du moment qu'on y reconnaît un adverbe signifiant
ce denuo' ». Après la distribution faite aux Fontuli et à Ru-
pinia, une autre a lieu à Trans Satam. On voit que le sacrifica-
teur parcourt une seconde fois les mêmes étapes. Il s'écoulait
de même chez les Romains un laps de temps entre l'immola-
tion de la victime et la porrection des entrailles. C'est ce qu'on
1. Voy. p. 54.
2. Il, 288.
3. Voy. p. 118.
TABLE I 6 39. — TABLE VII a 45. 207
voit par Varron, De 1. 1. VI, 4, § 31, et par Macrobe, Sat. 1, 16.
De là, chez les Romains, le proverbe Inter cœsa et porrecta^
pour marquer Tintervalle entre le commencement et la fin
d'une entreprise. — L'emploi du subjonctif dersa au lieu de
Timpératif dirstu peut se comparer à celui de l'optatif kupi-
fiaia (I b 35) au lieu de la forme ordinaire kupifiatu.
Un troisième et dernier acte de ce sacrifice, mais qui a seu-
lement Rupinia et Trans Satam pour théâtre, c'est l'opération
marquée par comoltu comatir p&i^snihimu. La raison pour la-
quelle Fontuli n'est pas mentionné nous échappe. Au contraire
on aperçoit bien le motif d'une autre prescription qui concerne
le seul Rupinia : capif sciera aiiu « capides sacras nuntiato ».
Il est question ici des coupes qui ont servi à la libation, et
nous avons ici une nouvelle confirmation du sens que nous
avons cru devoir attribuer à vesticatu. 1 6 37 ajoute : vesklu
vêtu « vascula voveto », faisant allusion sans doute aux vases
noirs et blancs qui ont été présentés à Praestita Çerfia. — Il y
a peu de chose à ajouter sur I h 31-39, la plupart des termes
étant déjà connus. Tuse est pour Turse. Çerfe a perdu son
s finaL L'optatif ku pif iaia, le subjonctif ted a sont pour ku-
pifiaias,tedas,si Ton ad met que cette table continue à em-
ployer la seconde personne. Mais à la ligne 34 on a ted us t, à
la L 40 atedafust, ce qui montre que la t. I, sur la fin, em-
ploie comme VI-YII la 3" personne : le sens ne se trouve
d'ailleurs pas modifié par ce changement grammatical. — Au
lieu de kumate(s) tout court, on a ici deux fois antakre(s)
kumate(s) : antakres est le substantif qui désigne lesobjets
qu'on doit briser. Aufrecht reconnaît dans antakres le latin .
integriSj ce qui satisfait aux règles de la phonétique, mais ne
convient pas beaucoup pour le sens. J'aime mieux voir dans
ce mot l'un des nombreux termes qui, chez les anciens, dési-
gnent les vases du sacrifice.
TRADUCTION.
(VII a 41) Trans Satam vitulas très facito Tursœ Cerfiœ Cerfi
Martii pro populo civitatis Iguvinœ, pro civitate Iguvina. Li-
bamina facito. Lacté (42) facito. OUas facito. Tacitus precator.
Prosectis struiculam, ofTam addito. Item nuncupato uti ad por-
tam Trebulanam. Postquam (43) polluxerit, calato [hue] ubi
apros fecerint ut frusta det. Postquam frusta dederit, denuo
208 TABLE I 6 40. — TABLE VII a 46.
auspicator ad Rupiniam; frusta (44) det. Tum Trans Satam
auspicator; frusta det. Tum ad Rupiniam denuo convertitor;
confringito; confractis precator, et (45) capides sacras nun-
tiato. Tum Trans Satam convertitor; confringito; confractis
precator. Tum polluctum fuerit.
(I 6 31) Trans Satam très vitulas facito Tursœ ÇerBœ Çerfi
Martii. (32) Libamina facito. OUas donato. Lacté facito. Taci-
tus precator. (33) Adipibus, extis [facito]. Postquam polluxerit,
calato [hue] ubi apros (34) fecerint uti frusta det. Postquam
frusta dederit, denuo (35) auspicator ad Rupiniam; frusta
det. Tum Trans Satam auspicator; (36) frusta det. Tum ad
Rupiniam denuo convertitor. Urceis (37) confractis precator.
Tum capides sacras nuntiato. Vascula voveto. (38) Tum ad
Satam convertitor. Urceis confractis precator. Tum sacrificium
(39) polluctum fuerit.
(VII a 46). Po8 tertio^ pane poplo andirsafusty porse perça
arsmatia habiest et prinvatur dur tefruto Tursar eso tasetur
(47) persnihimumo : Tursa Jovia^ totam Tarsinatem^ Irifo
Tarsinatenij Tuscom Naharcom Japusco nome, totar (48) Tar-
sinaler^ tri for Tarsinater ^ Tuscer^ Naho/rcer Japuscer nomner
nerf sihitu an^itUy Jovie hostatu anostatu (49) tursitUy tremitUy
hondUy holtUy ninctu^ nepitu^ suniiu^ savitUy preplohotatu\
previélatu. Tursa Jovia, futu fons^ {hO)pacer pose tua pople totar
lovinar^ tote lovine^ erar nerus éihitir anéihitir, Jovies hostatir
anhostatir^ eroni (51) nomne^ erar nomne. Este trioper deitu.
(16 40). Pus tertiu* pane puplu atedafust, iveka
. perakre tusetu*.
La première phrase comprend deux propositions, dont Tune
a pour verbe andirsafust et l'autre persnihimumo. Le premier
verbe est écrit sur I 6 40 atedafust, ce qui permet de le
rattacher sûrement au môme thème dirs^ ders ou ted qui se
trouve dans le subjonctif c?ers-a, dirs-a^ ted- a, dans Timpéra-
tif dirS'tUj ted tu. On a déjà vu* que ce thème n'est autre chose
que la racine d[a) « donner» avec un redoublement : ded ou
didy écrit ted, tid ou ders, dirs. Mais ici le redoublement
1. FotUrHo.
2. TariinattrUucer,
3. Trefplo hota/iu>
4. Pustertiu.
5. Tuseiu.
6. Voy. p. 206.
TABLE I 6 40. — TABLE VH a 46. 209
est d'une autre nature que dans les formes que nous venons
de citer : en effet , nous n'avons pas cette fois un thème ders
ou ted appartenant à la 3* conjugaison, comme en latin
sistere; le futur antérieur serait alors dirsusl tedust, formes
que nous avons effectivement déjà rencontrées (VII a 43. I 6
34). Celle qui nous occupe se fait remarquer, non-seulement
par la conservation de Vf du verbe auxiliaire, mais par la
présence de Va du verbe da « donner » : cette différence s'ex-
plique si l'on admet que la syllabe réduplicative de est l'ex-
pression du parfait. On a vu qu'un autre verbe qui conserve
Vf de l'auxiliaire est ambr-e^furent (VI h 56), ampr-e-fus
(I h 20) . Pour compléter l'analogie, à côté de ce futur antérieur,
il y en a un autre sans f : iust (VI al). — Le préfixe contenu
dans artrdirsafust est le môme que dans arir-ferener^ c'est-à-dire
la préposition a/m ou a/mb « circum» *. — Le sens est donc « cir-
cumdederit ». — L'emploi d'un futur antérieur fait supposer
que la proposition est subordonnée : si nous cherchons le
terme qui la régit, nous sommes amené à le reconnaître dans
pos ... pane, PanCy comme l'a expliqué Aufrecht*, est le latin
quamde ou çuancfe, adverbe employé par Lucrèce : le d s'est
assimilé à l'n précédent, comme dans j^one, pu ne '. Quant à
pos, c'est le latin posty dont le t n'était plus prononcé, à moins
qu'il n'ait été simplement oublié par le graveur. La jonction
de ces deux mots nous donne le latin postquam : oh sait qu'en
latin aussi les deux termes peuvent encore quelquefois se sé-
parer. — Tertio(m) est un accusatif neutre pris adverbiale-
ment. D'après les règles ordinaires , on s'attendrait à une
forme tertim (cf. Fisim pour Fisiom), et, en effet, on a eu
tertim VI 6 64. C'est un exemple du peu de fixité de l'ortho-
graphe ombrienne. — Poplo{m) ne peut être que le régime de
andirsafust dont il reste maintenant à établir le sens. D'après
tout ce qui précède, drcumdare doit être pris ici dans le sens
1. M. Bugge (ZK. XXII, 454) a récemment expliqué andersafutt par la racine
tla «porter», qui en latin prête une partie de ses temps à fero. On aurait par con-
séquent la môme expression que popler anfertner. Mais il faudrait admettre avec
ce savant que tla est devenu tela, puis teda, ce qui me parait peu vraisemblable.
Le groupe (i existe dans Tlatie (V b 9) : si la langue avait voulu l'éviter, elle
aurait probablement supprimé le f, comme a fait le latin, et l'on aurait eu
a-4a/ufl.
2. Die umbr, sprd, I, 160; II, 293.
3. Sur Torigine de cette syllabe -de, qui est une pure enclitique, voyez Bréal,
Mémoires de la Société de linguittique, l, 198.
14
210 TABLE I 6 40. — * TABLE Vn a 51.
de « circumferre, lustrare ». Il s'agit du triple circuit prescrit
YI b 62-65, de sorte que toute la portion VU a 3-46 est comme
une parenthèse ou comme une cérémonie à part, qui est en-
castrée dans la cérémonie principale. Tandis que andirsafvst
est au singulier, Timpératif persnihimvmo est au pluriel, ce
qui s'explique par le sujet dont il est accompagné : porse
perça arsmatia habiest etprinvatur dur <^ qui prœtextam lustra-
lem habebit et calatores duo ». La fin de la phrase est égale-
ment connue : « sic taciti precantor». Il reste tefruto Tui*sar^
qui occupe ici la même place que termnuco dans un passage
semblable VI 6 57, d'où l*on peut inférer que c'est un com-
plément circonstanciel. Nous avons, en effet, l'ablatif tefru
suivi de la particule enclitique to{m) qui marque une idée de
lieu. Tefru répond & l'osque tefùrùm qui se trouve deux
fois sur la table votive d'Agnone (la 17. 6 20) : saahtùm
tefùrùm alttrBi pùtereipid akenei sakahiter «sanc-
tum delubrum [in] altero utroque fundo sanciatur ». Le pre-
mier u du mot osque est une simple insertion euphonique
comme le second a de sakaraklùmou comme le second o
de potorospid^ On a déjà vu le même mot Tefer comme
nom propre associé à l'adjectif Jotni*s (VI b 22-36). — Tursar
est le génitif] du nom de la divinité que nous avons vu adorer
en dernier lieu. U est vraisemblable que le temple de cette
déesse s'élevait à Trans Satam, puisque c'est à cet endroit
qu'elle a été spécialement invoquée. Une nouvelle prière lui
est adressée; seulement, au lieu du surnom Çerfia^ on lui
donne celui de Jcyoia. Tous les autres mots de cette prière sont
connus; il faut seulement remarquer (VII a 49) la variante
sunitu au lieu de sonitu. La prière doit être répétée trois fois.
— Gomme d'habitude, I b omet ce texte.
TRADUCTION.
{VII a 46) Postquam tertium populum cîrcumdederit, qui
prsetextam lustralem habebit et calatores duo in delubro Tursae
ita taciti (47) precantor : Tursa Jovia, civitatem Tadinatem,
tribum Tadinatem, Tuscum Naricum lapydicum nomen, civi-
tatis (48) Tadinatis, tribus Tadinatis, Tusci Narici lapydicî no-
minis lares accitos non accitos, genios novensides patrios (49)
1. Voy. Kircbhoff, ZK, 1,36.
TABLE I 6 40. — TABLE VU a 51. 211
terreto, tremefacito, — , — , — , — , — , — , propellito, devincito.
Tursa Jovia, esto fausta, (50) volens pace tua populo civitatis
Iguvinœ, civitati Iguvinœ, ejus (civitatis) laribus accitis non
accitis, geniis novensidibus patriis, eorum (51) nomini, ejus
(civitatis) nomini. Ita ter dicito.
(I b 42) Postquam tertium populum circumdederit...
(VII a 51) Enom ivenga peracrif^ tursituto porse perça ars-
maiia habiest et (52) prinvatur. Hondra furo sehemeniarhatuto.
Totar pisi heriest pafe trif promorn hahurent^ eaf A cersoniem
(53) fétu Turse Jovie, popluper totar Ijovinar^ totaper Jovina.
Suront naratu puse verisco Treblanir. Arvio fétu. (54) Persaea
fétu. Struéla ficla prosesetir arsveitu. Tases persnimu. Poni fétu.
(I b 40) Iveka perakre tusetu*. (41) Super kumne
adfertur prinuvatu tuf tusetutu. (42) Hutra furu
sehmeniar* hatutu eaf iveka* (43) tre. Akedunie fétu
Tuse Juvie*. Arviu ustetu. (44) Puni fétu. Pedaiafetu.
Taçez pesnimu. Adepe arves.
(45) Kvestretie* usaie svesu vuv çisti tisteteies'.
La première phrase a pour verbe Timpératif pluriel tursituto
et pour sujet l'expression déjà bien des fois répétée porse
perça arsmatia habiest et prinvaMir. I 6 40 a l'impératif singu-
lier tu(r)setu. Mais dans la phrase suivante on revient sur
la môme idée, et Ton dit cette fois tu(r)setutu, en donnant
pour sujet adfertur prinuvatu(s) tuf. C'est ce passage qui
montre que la périphrase porse perça arsmatia habiest désigne
Tadfertor. Il faut remarquer Taccusatif tuf au lieu du nomi-
natif tus (en ombrien nouveau dur) : on ne peut expliquer
cette anomalie (si Ton ne veut pas la regarder comme une
faute du graveur) que par un commencement d'appauvris-
sement de la déclinaison, analogue & ce que nous avons con-
staté pour les pronoms. C'est par les noms de nombre que la
flexion commence ordinairement & se perdre; comparez l'in-
déclinable latin quatuor au grec Ttff9«fe< encore susceptible
de flexion. Quand la flexion meurt, ce n'est pas une forme
dépourvue de désinence casuelle qui succède à l'ancienne
1. PeracrU). — 2. Tuseiu. — 3. Furusehmeniar. — [4. Eafiveka.
— 5. Tuseiuvie. — 6. Kvestre tie. — 7. Ces mots ne présentent aucune
séparation dans le texte.
212 TABLE I 6 41. — TABLE VU a 51.
déclinaison : c'est un cas quelconque (en ombrien, dans le
présent exemple, Taccusatif) qui usurpe la place de tous les
autres cas^
Le régime de tursitiUo (VII a 51) est wenga(f) peracrif : le
texte porte peracrio qui ne peut être qu'une faute. En effet,
partout ailleurs cet adjectif est de la 3* déclinaison : or, peror
crio ne pourrait être qu'un génitif pluriel, ce qui ne donne
aucun sens, et ce qui est en désaccord avec I b 40, où nous
avons iveka perakre (pour ivekaf perakref). On com-
prend que sur le modèle en caractères étrusques que le gra-
veur de VII avait sous les yeux, un 8 à moitié effacé ait pu
être pris pour un O. — Le substantif wenga^ iveka, est le
latin juvenca « génisse ». Comme il arrive souvent en vieil
ombrien, on néglige d'écrire la nasale, ce qui ne veut pas
dire qu'elle ne fût pas prononcée. La fusion de ju en i a aussi
lieu en latin dans biga^ quadrîga (pour bi-iga, quadriAga^ ve-
nant eux-mêmes de bi-juga^ quadrirjugà). Ces génisses sont
au nombre de trois, comme on le verra un peu plus loin (VII
a 52, I 6 43). — A. K. ont reconnu avec raison dans tursiivto
le latin torrere; il s'agit d'un holocauste.
Vient ensuite le complément circonstanciel super kumne
(I b 41). Dans ces mots je reconnais le latin super culmine
(culmne). La même expression est employée neuf fois dans
e rituel des frères Arvales. «Fratres Arvales sacrificium Deœ
Diœ indixerunt, ibique — magister fratrum Arvalium, ma-
nibus lautis, velato capite, sub divo, culmine, contra orien-
tem, sacrificium Deae Dise cum coUegis indixit ». On a deux
fois la variante columine (Henzen, p. 7). Ce passage a donné
lieu à diverses interprétations : Marini construit sub divo co-
lumine^ et croit qu'il est question d'un portique aipsi sur-
nommé du temple [Atii^ I, 273). Mommsen sépare sub divo^
et explique colwmine contra orientem par dinnanzi alla fac-
ciata orientale del tempio, culmen o colvmen essendo il comi-
gnolo deir edifizio (chez Henzen, Scavi^ p. 51). Je crois que
culmine ou columine doivent être détachés de ce qui précède
et de ce qui suit, et qu'ils sont pris dans le sens de colle « sur
la colline »':on sait que le temple des Arvales était situé sur
une hauteur (cf. le passage où il est dit per clivum jactave-
1. Le latin quatuor, qui a Tair de faire exception à cette règle, est en réalité
pour qwUuorës : nous reviendrons sur ce mot p. 230.
2. Cf. Catulle, LXUI, 71 :
Ego yitam agam sub altis Phrygiae columinibus.
TABLE I fe 42. — TABLE VH a 52. 213
runt). C'est aussi le sens de notre super kumne. Il est im-
possible de savoir si c'est l'oubli ou quelque autre cause qui
a fait omettre cette circonstance sur VIL
La phrase suivante présente de grandes difficultés. Nous
retrouvons Timpératif hatuto qui s'est déjà montré au singu-
lier VI 6 49 = I 6 11, et qui vient d'un verbe que nous avons
traduit par « prendre »*. — Nous avons ensuite le mot hondra
hutra qu'on a vu VI a 15 comme préposition signifiant
« infra » : la suite du contexte montrera si hondra doit être
entendu ici de la môme façon. — Sehemenia/r sehmeniar
est ou bien le génitif singulier, ou bien le nominatif pluriel
d'un nom féminin. Le même mot est encore employé trois
fois, mais comme adjectif : II 6 1, semenies tekuries; V h
11, 16, sehmenier dequrier. Nous avons ici un datif-ablatif plu-
riel féminin. Les sehmeniœ dequriœ sont une fête au sujet de
laquelle les inscriptions II 6 et V 6 contiennent difiérentes re-
commandations. Je crois que le mot sehmeniar est synonyme
de sehmeniar dequriar^ et comme nous avons le pluriel dans
les trois autres passages, nous regarderons sehmsniar — non
comme un génitif singulier — mais comme un nominatif plu-
riel. — Ce nominatif est le sujet d'un verbe qui ne peut être
autre que /wro, dans lequel je reconnais la 3* personne plu-
rielle du futur de fu. Il est vrai qu'ailleurs nous avons eu le
futur staheren « stabunt », avec une désinence en(t). Mais
on n'est pas en droit de demander à l'ombrien une fixité
que ne présente ni le latin, où l'on a erunt et fuerint^ dixe-
runt à côté de dixêre, ni le grec, où à côté des parfaits comme
XfiXodcaat OU trouve lopYOfv, dnearaXxav*, Dans furo{nt) nous avons
une contraction et le changement de s en r, pour fu-esont, —
Nous pouvons maintenant retourner à hondra^ qui doit être
ici conjonction, et non préposition : je le traduis par « ante-
quam ». Le sens est qu'avant la fête des SemeniaB il faut
prendre les trois génisses. Cette phrase et la suivante ne
doivent pas être considérées comme faisant partie de la des-
cription, mais plutôt comme une glose introduite ici dans le
texte, parce que les trois génisses qui forment l'objet prin-
cipal du sacrifice sont nommées pour la première fois. On
indique à cette occasion quand et comment l'adfertor doit se
procurer ces génisses. L'expression Semeniar deqv/riar sera
analysée V 6 1 1 .
1. Voy. p. 166.
2. Curtius, Tempora und Modi, p. 183.
2U TABLE I 6 45. — TABLE VII a 54.
Vient ensuite un membre de phrase qui ne se trouve pas
sur I b 42, et que nous rattachons à ce qui suit, bien qu'on
puisse aussi, sans changement important dans le sens, le
rapporter à la phrase précédente. Totar pisi heriest pafe trif
promom haburent est une proposition relative, comme on le
voit par le pronom paf-e « quas » ; trif « très » se rapporte à
pafe; ces deux mots sont le régime de haburent « habuerint ».
Promom est un adverbe équivalent au latin vrirmmt^. Le sens
est donc : « quas [juvencas] très primum habuerint ». Pisi
heriest est une expression correspondant au latin quilibet ou
plutôt quis lU)ebit. Quant à totar^ c'est le génitif de tota « civi-
tas ». On a donc une phrase ainsi conçue : ce Civitatis quili-
bet, quas [juvencas] très primum habuerint.... » Le sens de
la phrase principale n'est pas douteux : Acersoniem^ est le
datif suivi de en du même nom de ville que nous avions I b
43. <c Eas Aquilonise facito ». Mais il n'est pas admissible que
le premier venu s'immisce, au moment du sacrifice principal,
dans les fonctions jusqu'à présent réservées à l'adfertor et à
ses aides ; comme nous avons dans cette phrase une anaco-
luthe évidente, puisque fétu est au singulier et haburent au
pluriel, nous pouvons admettre une double interruption de
la construction. L'intention du texte, à ce qu'il me semble,
est de dire que les génisses immolées & Aquilonia pourront
être offertes par un homme quelconque de la cité, et qu'on
acceptera celles qui auront été données d'abord. La déesse est
appelée cette fois Tursa Jovia^ au lieu de Tursa Çerfia. Les
autres circonstances du sacrifice ne présentent rien de nou-
veau.
Nous sommes arrivés au bout de cette longue description.
Mais avant d'en résumer les principaux caractères, il nous
reste à lire ce qui se trouve au verso de VII, et à dire un mot
de la ligne dernière de I b. Cette ligne, qui est d'un aspect
assez extraordinaire, contient une série de mots dont les der-
niers ne présentent aucune séparation. Les mêmes mots, sauf
deux variantes, se retrouvent à la fin de II a inscrits en tra-
vers de la Table, mais cette fois sans séparation aucune. Voici
les deux textes :
16 45. Kvestre tie usaie svesuvuvçistitisteteies.
II a 44. Kvestretieusaçesvesuvuvçistiteteies.
1. Cf. m, 3, 15, 23. Cet adverbe vient de pro, et non de prss comme le latin
primum.
2. Pour Aeersonie + en. Le changement de n en m est dû à ]a dissimulation.
TABLE I fe 45. — TABLE VII 6 1. 215
Il est probable que cette phrase, dont le sens est d'ailleurs
indéchiffrable pour nous, forme un tout complet et ne se rap-
porte pas d'une façon immédiate à ce qui précède. Autrement
elle ne se trouverait pas sans changement sur deux tables
différentes. D'après le commencement on entrevoit seulement
qu'il est fait mention de la questure (Kvestretie) ou du
questeur (Kvestre). On verra plus tard (V a 23. V fe 2) que
cette dignité existait dans la corporation iguvienne. On croit
distinguer svesu ou svesuvuv, qui est peut-être le sueso
de VII fe 1. Un verbe parent de stare, sisterey statuerey se trouve
à la fin sous la forme stiteteies, qui parait être un parfait ^
Quand nous aurons terminé Tinscription YII fe, je reviendrai
sur un mot de cette phrase, dont le sens peut se deviner. Il
n'est pas sûr qu'elle soit conçue dans le même idiome que le
reste des inscriptions, et je rappelle à ce sujet ce que j'ai dit
plus haut (p. 50) des noms empruntés à la topographie des
environs d'Iguvium.
TRADUCTION.
(VII a 51) Tum juvencas ambarvales Tursœ torrento qui
prsetextam lustralem habebit et (52) calatores. Antequam
erunt Semeniœ [juvencas] sumite. Civitatis quilibet, quas très
primum habuerint, eas Aquiloniae (53) facito Tursœ Joviae,
pro populo civitatis Iguvinœ, pro civitate Iguvina. Deinde
nuncupato ut ad portam Trebulanam. Ollas facito. (54) Liba-
mina facito. Struiculam, offam prosectis addito. Tacitus pre-
cator. Lacté facito.
(I fe 40) Juvencas ambarvales Tursœ torreto. (41) Super
culmine adfertor calatores duo torrento. (42) Antequam erunt
Semeniœ, sumite eas juvencas (43) très. Aquiloniœ facito
Tursse Jovise. Ollas donato. (44) Lacté facito. Libamina facito.
Tacitus precator. Adipibus, extis [facito].
(45) Quaestura
OBLIGATIONS DE l'aDFERTOR ENVERS LE COLLEGE.
(VII fe 1) Pisipanupei fratrexs* fratrus Atiersier* fusty erec^
1. Cf. eitipes V a 2^ 14. La leçon de 1 6 45 contient un ti de trop. r-;Sur une
inscription osque de Velletri on a siaUatiens « statuerunt ».
2. Panuptifratrexs,
3. FnUfutaUenier,
4. FuMUf€e.
216 TABLE I 6 45. — TABLE VII 6 1.
sueso fratrecate portaia sevacne fratrom (2) A tiersio desendufy
pifi reper fratreca pars est * erom ehiaiOy ponne ivengar tur-
siandu hertei^ (3) appei arf&riur Atiersir poplom andersafust,
Sve neip portust issoc pitsei subra screhto est^ (4) fratreci motar
sins A. CGC.
Ce morceau, qui est inscrit au verso de VII, n'est repré-
senté, au moins en apparence, par rien de semblable sur I.
Nous verrons toutefois un peu plus loin qu'il y a lieu de pen-
ser que la dernière ligne de I 6 exprime quelque chose d'ap-
prochant. On remarquera que l'orthographe de ces quatre
lignes offre certaines particularités : l'emploi de la lettre X,
inusitée partout ailleurs, l'usage plus fréquent des lettres dou-
bles (ponne, appei, issoc). — Nous avons d'abord une propo-
sition relative commençant par pisi « qui » et ayant fusi
a fuerit » pour verbe. A ce pisi répond un erec « ille » qui a
portaia pour verbe. L'attribut de la proposition relative ne
saurait être un autre mot que fratreocs^ qui rappelle par son
xs l'ancienne orthographe latine, dans exstrad, saacsum^ lexs,
faxsit*. L'orthographe fratreks se trouve V a 23, en un pas-
sage ainsi conçu : ehvelklu feia fratreks ute kvestur
« — faciat fratrex aut quaestor. » La comparaison de cet en-
droit nous confirme que fratrexs est un jiominatif, et il nous
met également sur la voie du sens ; puisqu'on dit « le fratreks
ou le questeur »^ ce doit être un nom de fonctionnaire. On
est naturellement porté à regarder frater comme le primitif,
d'autant plus que dans notre phrase nous trouvons ensuite le
datif pluriel fratrus « fratribus ». La forme latine eût été
fratricas : en ombrien, elle a passé dans la troisième décli-
naison, comme on a en latin prœcox à côté de prœcoquus,
prœcoquis; imbrex à côté de imbricus*. Il ressort de ces pas-
sages qu'il y avait dans la corporation iguvienne un magis-
trat qui portait le nom de fratricas ou fratrex, et le sens de
notre phrase, autant que nous le comprenons jusqu'à pré-
sent, est : a Quicumque — fratricus fratribus — fuerit. » Par-
nupeiy par sa place à côté de pisi, comme par son aspect, ré-
vèle une origine pronominale : pei est la même syllabe qui
termine podruhpei (VI a 11) « utroque »; panu pour pannu,
panduy représente le latin qiuindo. Pam/wpei équivaut donc à
quandoque dont il a aussi le sens.
1. Parsest.
2. CoraseD, Ouvrage cité, 1, 296
3. Gorsseii; Ihid. II, 20b, 589.
TABLE I 6 45. — TABLE VII h 1. 217
Il reste le mot A tiersier qui réclame des explications un peu
plus étendues. Voici un certain nombre de passages où il est
associé comme ici au mot frater^ et où il s'accorde avec lui ;
\ a \. Esuk frater Atijediur eitipes.
V a 14. Frater Atijediur esu eitipes.
V fe 11. Frater AHersiur.
V 6 16. Frateer^ Atiersiur.
V a 25, 27. V 6 3. Mestru karu fratru Atijediu,
11^21,35. Petruniaper natine fratru Atijediu.
II b 26. Vuçijaper natine fratru Atijediu.
V a 12. Adputrati fratru Atijediu.
V 6 8, 14. Fratrus Atiersir,
II a 2. III, 24. Fratrusper Atijedies.
III, 29. Fratruspe Atijedie.
D'autres fois le mot est employé sans frater.
V a 4. Adfertur pisi pumpe fust eikvasese Atije-
dier.
y a 16. Kumnahkle Atijedie ukre eikvasese Atije-
dier!
II a 13. Atijedie aviekate.
Joignons-y tout de suite cet endroit où est employé un
terme évidemment apparenté :
II b 1. Sim kaprum upetu .... Atijediate, être Atije*
diate.
Dans les quatre premiers passages nous avons le nomina-
tif pluriel : dans les quatre passages qui suivent on recon-
naît le génitif pluriel; c'est le datif et l'ablatif pluriel que
présentent les trois suivants. On obtient donc une expression
fratres Atiedii dont il faut maintenant chercher à connaître la
valeur. Une première circonstance à noter, c'est la similitude
du mot Atijediate (II 6 1). Comme le suffixe as, atis, s'a-
joute ordinairement à des noms de Heu pour marquer l'ex-
traction (ArpinateSy Ravennates)^ on doit supposer un primi-
tif Atiedia ou Atiediwn, d'où les Atiediates sont originaires.
Or il existait en effet, auprès d'Iguvium, une ville d'Attidium
(aujourd'hui Attigio) plusieurs fois mentionnée sur des in-
1. U faut remarquer la forme fnawr où le double « indique que la chute de
la désinence a été compensée par rallongement de la voyelle.
218 TABLE I 6 45. — TABLE VII b 1
scriptions, et d'où étaient les Attidiates, cités par Pline l'An-
cien (III, 19) comme l'une des populations de l'Ombrie. Dans
le liber coloniarvm * il est aussi fait mention de Ydger Atteic^
tis et de YAtteiatis oppidum parmi les villes de l'Ombrie. Si
l'on songe qu'Iguvium est dans le voisinage, il paraîtra na-
turel de rattacher, comme l'ont fait A. K.' et Lepsius, les noms
employés sur nos tables à ce nom de ville Attidium. Pour mar-
quer l'extraction on emploie souvent, ainsi que cela vient
d'être dit, le suffixe .as, aiis^ et le mot Atijediate (II b 1) dé-
signera très-bien ceux qui sont originaires d'Attidium. Mais
un suffixe de ce genre n'est pas nécessaire : c'est ainsi qu'en
latin on emploie comme synonymes Lavinienses et Lavinii^
qui signifient tous deux « habitants de Lavinium »; Corfinii
est le nom des habitants de Corfinium et Latia pens désigne la
population du Latium. On peut donc traduire frater Atiersiur
par les frères Attidiens, c'est-à-dire les frères originaires d'At-
tidium. Comme le font remarquer A. E., cette dénomination
semble indiquer que la corporation reconnaissait Attidium
pour son lieu d'origine. Nous verrons plus loin (V a 4) une
expression qui doit faire penser qu'il y avait encore des frères
Attidiens en d'autres lieux'.
On apprend donc ici le nom du collège qui a fait graver
ces tables : le terme fratres est connu par les fratres Arvales
de Rome, et s'il est vrai, comme l'affirment Rossi et Monam-
sen, que cet emploi du mot frater soit unique dans la langue
latine *, la ressemblance entre le collège attidien et celui des
Arvales, qui se manifestera encore par d'autres traits, n'en
est que plus frappant.
Nous avons vu plus haut qu'au pisi « qui » du commence-
ment répond un erec « ille » ayant portaia(t) pour verbe.
C'est une forme de l'optatif pareille a aseriaia \ et apparte-
nant au même verbe dont on a vu l'impératif por^a^ (VI 6 55 =
I 6 18). Le régime ne saurait être autre, selon nous, que stieso.
Malheureusement le sens en est inconnu : Aufrecht, qui s'est
1. Gromatici vetores, éd. Lachmann^ Berlin, 1848, 1, p. 240, 252, 259.
2. Ouvrage cité, II, p. 303 suiv.
3. Les deux savants pressent trop les conséquences qu'on peut tirer d'un
nom, quand ils vont jusqu'à penser que la ville d'Iguvium était une colonie d'At-
tidium dont elle avait emporté les sacra.
4. Henzen, Acta frairum Arvalium, p. i. Âlios sacerdotes prster Arvales La-
tine fratres nuncupatos esse et Mommsenus et Rossius recte neganmt
5. Voy. p. 24.
' TABLE I 6 45. — TABLE VII b 2. 219
occupé deux fois de ce passage, la première fois dans son
grand ouvrage, une seconde fois dans le Journal de Kuhn
(YIII, 218), le traduit par « jussum » ou « mandatum ». Mais
comme toute la construction proposée par ce savant nous
parait inacceptable, nous devons aussi écarter cette significa-
tion pour laquelle il ne présente aucun argument spécial.
Il y a un mot qui peut nous éclairer jusqu'à un certain point
sur le sens de sueso : c'est sevacne, dans lequel je vois un
adjectif qui s'y rapporte. Ce mot que nous trouvons ici pour
la première fois, mais qui se présentera plusieurs fois dans la
suite, sera expliqué comme signifiant «debitus »^ Il se rap-
porte ordinairement à des objets présentés en sacrifice ou en
hommage à la divinité. On doit donc supposer que siteso
désigne également quelque offrande, d'autant plus qu'il est
régi par le verbe portaia{t), La suite du texte nous permettra
sa,ns doute de serrer le sens de plus près.
Nous avons laissé derrière nous fratrecate^ auquel il faut
joindre frairom Atiersio desenduf. Le premier mot est le datif
d'un substantif de la 1" ou de la 2* déclinaison, qui équivaut
pour le sens à notre français « confrérie », et pour la forme,
sauf la difTérence de la déclinaison, aux mots latins comme
magistratuSy consulatvs, pontificatuSj patriciatus, La base est
l'adjectif /Va^rici^. — Les deux mots fratrom Atiersio sont au
génitif, et l'indéclinable deéenduf (le graveur a mis un s au
lieu de ^) « douze » doit être considéré comme étant au même
cas : en ce qui concerne le f final, nous renvoyons à la p. 211.
On remarquera ce nombre de douze, qui est un nouveau
point de ressemblance avec les frères Arvales. — Celui qui,
parmi les frères Attidiens, exercera les fonctions de fratrictiSy
devra donc remettre à la confrérie des douze frères Attidiens
le sueso qui est dû.
Vient ensuite une proposition relative commençant par
pifi. On peut voir dans ce mot un accusatif pluriel du thème
relatif pi [pif-i)- Mais d'autre part on peut aussi le décompo-
ser en pi-fl et en faire un adverbe analogue à pu-fe (VI a 8) :
il correspondrait pour la formation au latin ibi, ubi. Pour
nous décider entre ces deux explications, il faudrait savoir
exactement ce qu'est siieso. Nous reviendrons sur ce point un
peu plus loin. — Le verbe de la proposition relative doit être
cherché dans parsest, ou plutôt (car le graveur a oublié de
1. Voy. n h 8.
220 TABLE I 6 45. — TABLE VU b 2.
séparer les deux mots) le verbe n'est autre que est et il a pars
pour sujet. Le substantif ;>ar8, dont le sens primitif est « ré-
partition », doit s'entendre comme formant avec est une lo-
cution analogue au latin « jus est, sequum est ». Cf. en grec
le rapport de v£V«<ri<; et vduioç. — Le complément de cette locu-
tion est formé par les mots reper fratreca erom ehiato. Dans
erom Aufrecht a reconnu avec raison l'infinitif (cf. a/ero,
yi b 48) du verbe substantif es. Le sens du participe ehiato est
inconnu : toutefois, on voit qu'il vient d'un verbe ayant e ou
ex pour préfixe. Les mots reper fratreca « pro re fratrica » qui
raccompagnent, rappellent l'idée d'ofFrande qui nous a déjà
été précédemment suggérée. Je suis donc porté à penser que
ehiato se réfère, non pas aux frères Attidiens, mais à sueso^
qui dès lors devra être considéré soit comme un accusatif
pluriel [suesof.,.. pifi..., pars est erom ehiato f)^ soit comme un
accusatif singulier neutre [suesom.,., pifi « comme » .... pa/rs
est erom ehiatom]. Si nous nous rappelons que le verbe j3or-
ta/re a déjà été employé (VI 6 55 = I 6 18) dans le sens spé-
cial d'apporter le tribut, on ne trouvera pas invraisemblable
la supposition qu'il est question ici d'une redevance payée à
la corporation attidienne. Dans les Actes des frères Arvales
il est fait mention de dons en argent : sportulas acceperunt
singuli présentes denarios centenos (Henzen, p. CCY, CCIX).
Ces offrandes en numéraire portaient le nom de stipes, Ovide
(Fastes, lY, 352) parle de cet usage :
Die, inquam, parva cur stipe quserat opes?
Gontulit sas populus; de quo delubra Metellus
Fecit, ait. Dandaa mos stipis inde manet.
Le peuple donnait aussi de l'argent aux fêtes en l'honneur
d'Apollon. Tite-Live, XXV, 12. Prœtor.... edixit ut populus
per eos ludos stipem Apollini, quantam commodum esset,
conferret. Paulus, p. 23. ApoUinares ludos.... populus lau-
reatus spectabat, stipe data pro cujusque copia*. — D'après
ces témoignages je crois devoir attribuer à sueso le sens de
(c stipem » ou « stipes » et à ehiato celui de « exaclam » ou
« exactas ».
Les deux propositions incidentes qui commencent l'une
par ponne, l'autre par appei^ doivent encore être rapportées
à ce qui précède ; elles indiquent à quel moment de la céré-
1. Voy. d'autres passages chez Becker-Marquardt, IV, 157, 172.
TABLE I 6 45. — TABLE VH b 3. 221
monie la redevance est payée. Ponne^ ainsi qu'on l'a vu,
signifie « lorsque » : cette orthographe conserve, par le dou-
ble n, le souvenir de l'assimilation qui a eu lieu dans pon-de
= qibom-de (cf. ali-cun-dôy inde, qucmide). Le verbe régi par
ponne est tursiandu dans lequel il faut voir une forme passive
(le r final est tombé) du môme verbe qui fait à l'impératif
tursito^. Nous avons ici un subjonctif présent : l'emploi du
subjonctif vient de ce qu'on indique une éventualité qui se
présentera plus d'une fois et d'une manière périodique. Le
texte ajoute hertei qui est une locution adverbiale accompa-
gnant fréquenunent le subjonctif.
III, 1. esunu fuia herter.
Y a 6. pide uraku ri esuna si herte.
Y a 8. revestu pude tedte eru emantur herte.
Y a 10. revestu emantu herte
Y 6 8. Clavemiur dirsas herti,
Y 6 11, 16. Dirsans herti frateer Aiiersiwr.
Y 6 13. Casilos dirsa herti.
Étymologiquement herte ir, herter, herte est la troisième
personne du singulier du présent passif d'un verbe signifiant
« vouloir », que nous avons déjà rencontré en plusieurs occa-
sions'. La présence d'un ei où e dans la dernière syllabe tient
à une variation comme celle que nous avons en latin, où Vi
alterne avec Vu dans les formes amaris et amatur. Chargé de
la désinence passive, heriteir s'est resserré en herteir (cf. l'os-
que vincter « vincitur »), à moins que nous n'ayons ici une
conjugaison plus ancienne et sans voyelle de liaison, comme,
par exemple, fer-tur à côté de fer-ir-mur en latin. Quant au
sens, herter peut se comparer au latin libet, qui est devenu
aussi une locution adverbiale {quilibety qiuintuslibet), ou encore
à licety qui se construit avec le subjonctif, mais qui a- une
acception un peu différente.
Le sujet de tursiandu étant évidemment ivengar, nous avons
une phrase dont la traduction littérale est : « quum juvencœ
torreantur [quoties] libet ». — La proposition suivante com-
mence par appeiy que Kirchhoff regarde comme une faute,
pour apei. Mais il se pourrait que nous eussions ici l'encli-
1. Voy. p. 212. Le r est tombé de même à la fin de emantu, herte [à côté
de emantur, herter).
2. Voy. p. 103, 163, 214..
222 TABLE I 6 45. — TABLE VII b 3.
tique pei (cf. podruhpei, panupeî)^ de sorte que la locution
complète serait apepei : le sens de l'enclitique serait de don-
ner à la conjonction une valeur distribu live, comme que en
latin dans quisque^ quandoque^. — Le sujet est wrf&rtuT^ auquel
se rapporte -4 ii^sir. Nous avons ici un exemple du nominatif
singulier des thèmes en io (= latin Aitidiy£). Cf. les nomina-
tifs osques comme Ohtavis, Helrennis (Octavius, Herennius).
Je traduis « Tadfertor attidien », c'esl-à-dire Tadfertor de la
corporation attidienne. Je ne saurais, comme le font A. K.,
voir dans ce personnage un magistrat de la ville d'Attidium,
ne faisant point partie de la confrérie religieuse, et venu ex-
pressément à Iguvium pour présider le sacrifice. Entre les
frères Attidiens et Tadfertor attidien le rapport, semble-t-il,
est le môme qu'entre les sodales Augustales et le fïamen Au-
gustalis. Ainsi la redevance due à la corporation doit être
payée au moment de l'holocauste, après que l'adfertor a pu-
rifié le peuple. On voit par ces mots que la prescription con-
tenue VII b se rattache au cérémonial décrit précédemment.
La phrase suivante commence par une proposition condi-
tionnelle négative : sve neip portust « si non portaverit ». Au
lieu de portust on aurait attendu poWattô^ owportosty d'après
le modèle de subocau et de vesticos (YI b 25). Je suppose qu'il y
a changement de conjugaison, comme en latin sono^ mico font
au parfait sonui^ micuL — Vient ensuite une proposition cir-
constancielle dont tous les mots sont connus : issoc pusei
subra screhto est « ita uli supra scriptum est ».
Le verbe de la proposition principale est sins^ pour sintj par
le changement de nt en ns comme dans etaians. — Motar^ est
le génitif singulier ou le nominatif pluriel d'un substantif
moia que nous retrouverons ailleurs (V b 2. 3. 6), et qui cor-
respond à l'osque molta ou multa, au latin multa. Il signifie
ce amende' ». Pour savoir à quel cas est ce mot, il faut con-
tinuer la phrase. — Fratreci est le datif de fratrexs et repré-
sente le régime indirect de sins. — Il reste A. CGC. dans lequel
il faut voir le sujet : c'est une façon toute romaine d'écrire
asses trecenti. On ne saurait conclure de cette somme que le
nummvs était inconnu : même à Rome l'usage de compter en
1. Diaprés une communication manuscrite de H. Sophus Bugge, je vois qu'il
fait dériver appei de ah-^-pH « a quo [tempore]. »
2. Sur l'origine de ce mot, voy. Bréal, dans la Rivista di fUologia, 1874. La
forme osque est molta. Le £ a été supprimé en ombrien, comme au participe
eomaÇI)tir,
TABLE I 5 45. — TABLE VU b 4. 223
cts les amendes des associations s'est maintenu après aue le
nummus était déjà devenu l'unité monétaire des amencies de
TÉtat*. — Le chiffre de la somme, qui est écrit à une certaine
distance, semble avoir été d'abord laissé en blanc. — Il reste
à expliquer la forme assez insolite moUxr^ au lieu de laquelle
on aurait attendu mota. Le plus vraisemblable est d'y voir un
nominatif pluriel : peut-être molia désignait-il une somme
fixe, comme à Rome le minimum de l'amende était une bre-
bis; trois cents as auraient alors constitué plusieurs amendes.
— Je reviens encore une fois au mot sueso (VII b 1) pour faire
remarquer que le même terme suesu se retrouve à la der-
nière ligne de I 6 et II a. On peut donc soupçonner que la
phrase inintelligible I 6 45 renferme la même prescription
que VII 6 1-4.
TRADUCTION.
{VII b 1) Qui quandoque magister fratribus Attidiis fuerit,
is stipes (?) collegio portet débitas fratrum (2) Attidiorum
duodecim, quas pro re fraterna jus est esse exactas {?), quum
juvencœ torreantur quotiescunque, (3) postquam adfertor
Attidius populum circumdederit. Si nec portaverit illud uti
supra scriptum est, (4) magistro multœ sint asses CGC.
QUEL EST LE RAPPORT DE LA TABLE I AVEC LES TABLES VI-VII?
Avant de quitter les textes dont l'explication nous a occupés
jusqu'à présent, nous voulons traiter certains points de cri-
tique et d'histoire qui s'y rattachent. D'abord la quesiion sui-
vante : quel est le rapport de la recension abrégée contenue
sur la table 1 avec la recension détaillée donnée par les tables
VI-VII? Les savants qui ont accordé leur attention aux Tables
Eugubines ont généralement regardé VI-VII comme une copie
amplifiée de I : c'est l'opinion d'Aufrecht et Kirchhoff *. Quant
aux divergences de phonétique et de vocabulaire qui séparent
les deux recensions, plusieurs explications ont été proposées.
Lanzi croyait qu'on parlait à Iguvium, dans le même temps,
1. Rttdorff dans la ZeiUehrifl fur ge$ckiehUiehê Bechttwistensehatt, XX, 228.
— L'amende en question doit punir la négligence de radfertor, et elle ne le
dispense pas de verser la somme qu'il doit à la caisse du collège. Cf. V a 13.
2. Voy. par exemple, Unibr» SprachdenkmxUr, II, p. 130. Cf. Huschke, p. 46.
224 TABLE I 6 45. — TABLE VU b 4.
deux dialectes; Lepsius est disposé à placer entre t et VI-YII
un intervalle de deux siècles, et il attribue les différences au
changement survenu dans la langue. Je ne crois* pas que ces
points de vue puissent être adoptés. Pour apporter dans cette
difficile question la clarté nécessaire, je la diviserai en plu-
sieurs propositions que j'essayerai de démontrer successive-
ment.
1* VI-VII n'a pas été copié sur L — Si VI-VII ne se distin-
guait de I que par des additions, telles que les prières citées
in extenso ou des prescriptions du rituel qui manquent sur I,
on pourrait dire que Tauteur de VI-VII a ajouté des détails
que l'auteur de I avait jugés inutiles. Mais il y a aussi sur
VI-VII des parties en moins qui ne peuvent s'expliquer ni
par une inadvertance, ni par une omission volontaire. Ce
sont entre autres :
I a 25 puste asiane fétu.
I 6 20 tures et pure.
I b 36, 38 antakre, antakres.
I 6 41 super kumne.
Neuf fois adepes arves.
En présence du soin méticuleux que prend VI-VII de ne
rien omettre, on ne peut douter que si Fauteur avait eu ces
mots sous les yeux il les aurait reproduits.
Une seconde preuve que VI-VII n'a pas copié I, c'est qu'il
a des formes plus archaïques. Tels sont : abrons Vil a 43
= apruf I b 33. Dur VII a 46 au lieu de l'indéclinable tuf
1 6 41. VI-VII emploie constamment dans ses prescriptions la
troisième personne, au lieu que I, après avoir longtemps
employé la deuxième personne, retombe à son tour dans la
troisième (I b 34, 40). — VI-VII a trois manières de marquer
les longues, savoir : ou bien il redouble la voyelle (eetUy eesona^
meersta^' feetu)^ ou bien il écrit deux fois la voyelle en sépa-
rant les deux lettres par un h : stahamu, spahamu^ sahate^
ahatripursatu, sehemeniar^ sehemUy sihiiUy persnihimu^ como-
hota)^ ou bien il fait simplement suivre la voyelle d'un h
(stahmuy spahmu^ sehmeniery podruJipeï). De ces trois modes,
le dernier est le plus moderne, puisqu'il suppose le second,
qui est lui-même moins archaïque que le premier*. Or, le
1. C'est le redoublement de la voyelle qui marque la longue en osque (faamat,
FlMUsaif fiitn4km).
TABLE I 5 45. — TABLE Vil b 1. 225
troisième est à peu près le seul usité sur I (ahtrepudatu,
sahta, amprehtu, sehmeniar, persnihmu)^
Certaines formes sont plus intactes sur YI-YU que sur I :
vestisia (ainsi écrit neuf fois) en regard de vestiça (I a 17, 28,
31), ponisiater (\lb 51) = puniçate [Ib 15). Non-seulement
Vi manque dans cette dernière leçon, mais la consonne finale
est tombée. Lepsius, et après lui Kirchboff, ont placé le crité-.
rium de l'ancien et du nouvel ombrien dans le changement
d'un s final en r au datif-ablatif pluriel et au génitif singulier.
Mais la suppression absolue de la consonne finale marque
une dégradation au moins aussi avancée que le changement
de £ final en r. Or, nous avons pour le datif-ablatif pluriel
antakre, kumate (16 37) = comaHr (VII 39), adepe (16 26,
44), et au génitif Çerfe (16 28, 31) = Serfer. Le changement
d'un s final en r ne manque pas non plus sur I, puisqu'on a
1 6 30 et 33 adeper arves à côté de la forme ordinaire ade-
pes arves. — L'adjectif grabovivs paraît au datif une fois
sous la forme complète grabovie (VI 6 19), tandis que I con-
naît seulement la forme contractée krapuvi (I a 3, il, 21).—
Enfin l'orthographe e ou i, qui remplace ordinairement sur I
la diphthongue ei encore fréquente sur VI -VU, me paraît
moins archaïque. En latin également, la diphthongue ei se
voit encore sur les inscriptions les plus anciennes^.
2® / est Vobbrégé dCune table plus ancienne. Certaines particu-
larités de l'orthographe de I sont inexplicables à moins d'ad-
mettre qu'il a été copié sur une table plus ancienne. Ainsi
dans la même ligne, à deux mots de distance, nous trouvons
16 2 Ikuvina et liuvina. Ces deux formes ne peuvent être
contemporaines; elles s'expliquent si l'on admet que la pre-
mière fois le graveur a copié son modèle et que la seconde
fois il a suivi la prononciation de son temps. — I débute par
cette phrase : este persklum aves anzeriates enetu
« commence ainsi le sacrifice par l'inspection des oiseaux. »
Mais le mot este « ainsi, » qui a un sens sur VI, parce qu'il
est suivi de la description détaillée de cette inspection des
oiseaux, n'en a aucun sur I, où immédiatement après l'on
passe au sacrifice. Certains passages sont tellement abrégés
sur I qu'ils ont l'air de se référer à une recension plus détail-
lée. Telles sont les formules : pernaies, pusnaes (I a 2.
1. Comme exemple du second mode, on ne peut citer que le nom propre
Naharkum (Ih 17).
3. Corasen, I, 730 ss.
15
226 TABLE I 6 45. — TABLE VH 6 1.
16 I0);enumek etatu ikuvinus (16 21); triiuper etatu
ikuvinus. Certaines parties ont été si abrégées qu'il a fallu
revenir en arrière pour les expliquer, si bien qu'en voulant
resserrer le texte on est arrivé à l'allonger; voy., par exemple,
I a 18. — Enfin les surcharges comme adepes arves (I a 6,
7, etc.) viennent probablement de ce qu'on avait d'abord cru
j)OUvoir omettre cette prescription, et qu'elle a été rétablie
après coup.
d<> Les deux recensions ont été copiées sv/r un ancien texte dont
VI-VII est plus près que I, Cette proposition, qui ressort déjà
de ce qui précède, a besoin d'être précisée. Il faut distinguer
entre la rédaction et la langue. En ce qui concerne la langue,
l'une et l'autre recension se sont permis des rajeunissements,
et c'est ainsi que s'expliquent les faits de grammaire et d'or-
thographe dont il vient d'être parlé. Pour le vocabulaire éga-
lement, des modifications ont été faites des deux parts. Ainsi
VI-VIl évite systématiquement le mot kutef qu'elle remplace
par taéesy au lieu que I connaît l'une et l'autre expression.
VI-VII, se servant de l'écriture latine, a introduit l'o à la place
de Vu partout où il le fallait, et quelquefois où il ne le fallait
pas, comme VI a 10 somo au lieu de somu et VI a 35 où le
graveur, après avoir écrit pihaclo^ a dû ensuite corriger en
pihaclu. Quelquefois on remarque des inconséquences qui ne
sont pas faciles à expliquer : ainsi le nominatif pluriel de la
seconde déclinaison est tantôt en or^ tantôt en ur : arsmor^
totcor^ dersecor, svbator^ screihtor; mais prinvatur, tasetury
lovinur. Les exemples en ur paraissent appartenir surtout à
la fin de VI 6 et à VII. — VI-VII emploie fréquemment la con-
jonction sururont qui est inconnue aux anciennes tables, et
il remplace us t en tu par feiiu. De son côté, I a 30, 32 a sub-
stitué le terme général feitu à osatUy qui était le mot propre
(VI b 24, 37). On peut donc dire que des deux côtés le texte a
été rajeuni par endroits. Mais ce qui assure un avantage con-
sidérable à VI-VII, c'est le caractère suivi et logique de sa
rédaction, où les invocations sont citées in extenso et les céré-
monies décrites d'une façon complète. Je ne veux pas dire
qu'il n'y ait pas, surtout vers la fin, certaines interpolations ;
mais, en général, ce que VI-VU donne en plus porte la marque
d'une authenticité incontestable. Je rappellerai seulement la
délimitation du templum et la formule de deprecatio à l'égard
des peuples du voisinage.
Il y a une variante, très-insignifiante d'ailleurs par elle-
TABLE I 6 45. — TABLE VU b 1. 227
même, dont la cause peut se deviner. Là où I met tre buf,
tref sif, tref hapinaf, etc., VI-VII a constamment buftrif^
sif trify habina trif. L'origine de cette divergence se com-
prend si l'on suppose que le prototype indiquait en chiffres
le nombre des victimes : c'est ainsi que les chiffres sont em-
ployés VII 6 4, V 6 10, etc.
De tout ce qui précède, je crois devoir conclure que VI-VII
est avec I en un rapport collatéral et non en un rapport de
filiation. Si nous admettons, en outre, comme cela me parait
nécessaire, que VI-VII est une copie, partiellement rajeunie,
mais souvent aussi très-exacte d'un texte plus ancien, les
termes consacrés d'cmden et de nouvel ombrieny qui reposent
sur l'hypothèse de Lepsius, ne devront à l'avenir être em-
ployés qu'avec toute sorte de restrictions.
AGE APPROXIMATIF DES TABLES VI-VH. - RÉSUMÉ.
Une question importante serait de déterminer approxima-
tivement la date de ces tables. Comme on vient de le voir,
il faut distinguer entre l'&ge du texte primitif et T&ge des
deux copies qui nous en sont parvenues. Nul doute que le
prototype était en écriture étrusque. D'après certains mots
mal écrits de la table I, comme vitlup turup kutep (au
lieu de vitiuf turuf kutef) on peut supposer que le f
était, au moins en certains endroits, représenté par le carao-
tère ^ qui appartient, selon Gorssen % à l'alphabet étrusque
du nord. Il suffisait que le trait de droite fût un peu effacé
pour que la lettre eût l'apparence d'un ^. On voit aussi que
ces mêmes tables se servaient du caractère O, puisque nous
avons une fois furfaO. Comme les points de repère chrono-
logiques manquent pour l'écriture étrusque, nous ne saurions
assigner une date ni au modèle perdu, ni à la t. I. Mais pour
les t. VI-VII, qui sont en caractères latins, les moyens de
comparaison ne manquent pas, quoiqu'il faille n'en user
qu'avec réserve. Ritschl*, parmi les critères qu'il indique, en
donne deux qui trouvent ici leur application :«Geminatio con-
sonantium nulla ante Ennium, ferme ex œquo fluctuans ab
a. circiter 580 ad 620, prsevalens ab a. 620 ad 640, fere constans
1. Ueher die Spraehe der Btnuker, I, p. 12, table I.
2. Priseœ laHnitatis monumenta epigraphiea, p. 123.
228 TABLE I 6 45^ — TABLE VH 6 1.
ab a. circiter 640. — XS pro X simplici non ante SC. de Bac-
chanalibus (568). «Comme l'un et l'autre critère se trouvent sur
YII b, où le graveur, n'étant plus lié à un modèle, employait
l'orthographe de son temps, nous pouvons fixer l'âge ap-
proximatif des t. VI-VII au milieu du septième siècle de Rome.
Si nous descendons encore un peu la limite, ce qu'il est pru-
dent de faire pour une inscription qui appartient à une ville
de province, nous arrivons au règne d'Auguste. C'est le temps
où, sous l'inspiration du maître, les anciens cultes étaient
partout remis en honneur ^
Passant maintenant au contenu de ces Tables, je rappelle-
rai qu'elles décrivent une double cérémonie*, Tune et l'autre
précédées d'une inspection des oiseaux, savoir : l* l'expia-
tion de la colline Fisienne et de la cité iguvienne; S*" la lus-
tration du peuple iguvien. La première de ces cérémonies se
compose d'une série de sacrifices ofierts près de trois portes
de la ville, et en deux endroits que nous avons cru pouvoir
prendre pour des bois sacrés. Il semble que cette expiation
coinprenne entre autres actes une purification du feu : mal-
heureusement nos textes, qui supposent le lecteur au courant,
sont fort laconiques sur ce point. La seconde cérémonie con-
siste dans une procession circulaire renouvelée trois fois et
dans une série de quatre sacrifices offerts en des endroits dé-
terminés de la banlieue d'Iguvium. Au moment de cette lus-
tration, les étrangers reçoivent l'ordre de quitter le territoire :
notre texte nomme les Tadinates, les Étrusques, les Nariques
et les lapydes. Cet ordre d'éloignement n'est d'ailleurs qu'uiîe
simple formalité, puisqu'on indique aussitôt après aux étran-
gers les moyens de se racheter'. La lustration, à Iguvium
comme à Rome, paraît donc être accompagnée d'un recense-
ment. Les prières adressées aux dieux en faveur du peuple
iguvien ont pour contre-partie des imprécations contre les
peuples du dehors.
Le tour fait trois fois par le cortège remet en mémoire les
vers où Virgile (Géorg. I, 338) décrit la fête célébrée au com-
mencement du printemps en l'honneur de Cérès :
In primis venerare deos, atque annua magnae
Sacra refer Cereri, l»tis operatus in herbis,
1. G. Boissier, La religion romaine d'Auguste aux Antonim» Livre I^ chap. 1.
2. Voy. ci-dessus, p. 3 et 163.
3. Voy. p. 176.
TABLE V O- 1. 229
Extremum sub casum hiemis, jam vere sereno....
Guncta tibi "Gererem pubes agresUs adoret ;
Gui tu lacté fa vos et miti dilue Baccbo ;
Terque novas circum felix eat hostia fruges,
Omnis quam cborus et socii comitentur ovantes.
Servius nous apprend que Virgile décrit ici les Ambarva-
lia. Cette fôte, qui se célébrait à Rome au mois de mai, était
confiée aux soins de la corporation des douze frères aryales^
La même fête était célébrée encore en d'autres endroits,
comme le prouve un calendrier rustique (G. I. L. I, p. 358), où
l'on trouve ay mois de mai cette mention : Segetes lustrantur.
Il faut rappeler aussi les documents d'origine chrétienne cités
par Marini [FrcUelli Arvali, I, 138). Sous la date du 29 mai,
les Actes des martyrs racontent un fait qui s'est passé (l'an 393
après J. G.), in valle Anaunensi in agro Tridentino. Adest dies
in qua diis suis quasi pro frugibus habituris gentiles immo-
lant et jam conversos cogunt immolare... Dum quodam ritu
gentilitas phantasias suas protenderent atque agrorum spa-
tia circuirent ... luctuosis omatibus et diversorum pecorum
pompis erectis.... G'est bien, semble-tr-il, la même fête que
nous avons ici, et si l'on tient compte des nombreuses coïn-
cidences que nous avons relevées chemin faisant, la lustra-
tion décrite sur les Tables apparaîtra comme la fête du prin-
temps, et les douze frères Attidiens comme les douze frères
arvales d'Iguvium.
TABLE V.
Gomme les Tables Eugubines (sauf YI et VU, III et lY) sont
indépendantes les unes des autres, et comme l'&ge relatif de
ces documents, ainsi qu'on a déjà pu le voir, est loin d'être
une question résolue, nous pouvons choisir pour continuer
notre interprétation celle de ces tables qui, par son contenu,
nous paraîtra la plus propre à faire avancer l'intelligence de
Fensemble. G'est la Table Y que nous allons donc étudier, en
faisant remarquer qu'elle se divise en deux partie^ tout à fait
1. Henzen, Àcta frairum ArvàUum, p. 41.
230 TABIJE val.
distinctes. La première, qui est en écriture étrusque, va de
V a 1 à V 6 7, et elle se divise elle-même en deux sections sé-
parées par une raie horizontale (après la ligne 13). La se-
conde partie (Y b 8-18) est en caractères latins et d'une main
différente. On verra que cette seconde partie n'offre aucun
rapport avec ce qui précède, et c'est probablement pour uti-
liser la place disponible qu'on l'a inscrite sur la même
plaque.
L'écriture de la partie étrusque offre cette singularité que
le M est représenté constamment par une lettre ainsi for-
mée A, qu'on ne retrouve pas sur les autres tables et dont
l'origine épigraphique est obscure*. Les caractères sont tra-
cés d'une manière ferme et lisible : le texte, sauf peu d'en-
droits, paraît correct, et les séparations sont faites avec un
soin irréprochable.
Nous rapprochons le commencement des deux sections
(Y a 1 et 14) qui est presque identique :
(1) Esuk frater Atijediur (2) eitipes, plenasier ur-
nasier, uhtretie (3) T. T. Kastruçije.
(14) Frater Atijediur esu eitipes, plenasier (15) ur-
nasier, uhtretie K. T. Kluvijer, kumnah (16) kle Âti-
jedie ukre Eikvasese Âtijedier.
Le sujet est frater Atijediur, qui n'est pas un nominatif
singulier comme on pourrait le croire à première vue, mais
bien un nominatif pluriel. La désinence plurielle us, ur est
déjà connue : Ikuvinus (I b 21, 22), Ijovinur (YI 6 56, 63),
tasetur (YI b 57), prinvatur (YI b 50). On voit déjà que sur cette
table le rhotacisme existe comme sur YI-YII. Atijediur étant
un nominatif pluriel, frater en est nécessairement un aussi :
pour expliquer cette forme, qui semble d'abord privée de
toute flexion, il faut tenir compte de la variante frateer
(Y b 16) qui prouve que Ve est long. En l'absence d'un autre
exemple de thème à consonne, on ne peut dire avec certitude
quel était plus anciennement le nominatif plurieP. Toutefois
je suppose qu'il faisait fratrs, fraters : l'a s'est introduit
1. Cette lettre a été déchiffrée par Lepsiua, De Tab, Sug, p. 46 s. Jusque-là on
l'avait toujours lue l, quoique le l fût déjà représenté par un autre caractère.
Je suppose que les deux traits initiaux de M, qui dans certains alphabets étrus-
ques a la forme AA, ont pris la place de la lettre entière.
2. Cf. en osque les nominatifs pluriels kenzsûr, censtur (Enderis, p. LXV).
 Tezception de quatuor, le latin a perdu ces formes : on sait que fraires, eemO'
res sont fléchis comme s'ils venaient de thèmes fratri-j cetuori-.
TABLE val. 231
pour aider la prononciation, et la syllabe est restée longue,
même après la chute de la seconde consonne. Le verbe est
eitipes, 3* personne du pluriel d*un verbe inconnu. La forme
en es, ens, rappelle celle de etaias^ etaianSy sins, dirsas, dirsans.
De môme en osque, uupsens*. On doit peut-être rapprocher
de ce eitipes le stiteteies de I 6 45, II a 44. Comme la pre-
mière phrase est chaque fois suivie d un texte de loi, je sup-
pose que c'est un parfait signifiant « jusserunt, decreverunt.»
— Le régime est esuk, esu, qui, comme d'habitude, se rap-
porte à ce qui suit : « hoc », ou si on le prend adverbiale-
ment : a ita ». Uhtretie est l'ablatif d'un nom de la cin-
quième déclinaison, analogue à planities^ mollities. Le primi-
tif est uhtur, employé III, 4, 7, 8, et correspondant au latin
aiictor^. Nous avons donc un substantif abstrait comme arjbc--
toritaSy dans lequel il faut remarquer la disparition complète
de la voyelle du suffixe tor, twr^. C'est probablement l'accent
(uhtretie) qui a amené la suppression de la voyelle brève
atone précédente (uhturetie). Le latin, qui aime à allonger
la voyelle des suffixes, ne connaît plus que des noms en
tôrem^ loris : mais c'est là un fait récent, ainsi que cela res-
sort de la comparaison des langues congénères, particulière-
ment du grec (fi^Topoç). Même en latin on a encore parturio^
esurioj qui supposent des primitifs à voyelle brève*. — Cet
uhtretie est chaque fois suivi d'un nom propre au génitif :
T. T. Kastruçije{r) et K. T. Kluvijer. Dans l'un et dans
l'autre on remarque un dédoublement de Vi qui n'est pas
borné, comme donnerait à l'entendre l'explication de Kirch-
hoff*, à Tavant-dernière syllabe des noms propres, mais qui
est un fait ordinaire de la phonétique ombrienne : j'ai déjà
cité trijuper, herijei, Atijediur. En latin les noms cor-
respondant Castrucius et Cluvius existent l'un et l'autre.
Quant aux deux sigles dont chacun est précédé, ils se rap-
portent à un usage pour lequel nous renvoyons à A. E. * : la
1. Bugge, ZK, XXII; 387.
2. Le h dans ce mot ne doit pas être considéré comme le représentant du
c latin, mais comme le signe de la longue.
3. Cf. kvestretie I h 45, II a 44 venant de kvestur.
4. Voy. Corssen^ I, 569, II, 350. Les noms latins en (rina, comme dùdtïna^ et
en trix, tricani; comme victrix^ vidricem appartiennent par leur formation à
une époque où To du suffixe tor était encore bref et a pu, par conséquent, être
supprimé comme celui de uhtretie.
5. Ouvrage cité, II, 310.
6. Ouvr. cité. II, p. 311. Gomp. Hommsen, Die utUmtolifc^im DiaUhie^ p. 240.
232 TABLE V a 2.
première initiale désigne le prénom de la personne; la se-
conde (il faut supposer le mot au génitif) désigne le nom du
père. — Ce sont donc ces deux personnages qui ont associé
leurs noms aux décrets qui vont suivre. Que faut-il entendre
au juste par uhtretie? On peut supposer que c'est par leur
autorité, c'est-à-dire sur leur proposition que les décrets ont
été adoptés. Mais une indication plus utile que celle de Vauctor
est, à ce qu'il semble, la date de la loi. Elle est indispensable
dans un document de ce genre, et elle ne manque jamais dans
les textes similaires des frères Àrvales. J'aime donc mieux
croire que uhtretie se rapporte à une charge alors exercée
par les personnages en question, de sorte que la formule
équivaut àTen-téte romain : Consulibiis..,^ ou œnsviatu.... Ce
qui me confirme dans cette idée, c'est que sur un autre mo-
nument ombrien, une borne agraire connue sous le nom de
pierre d'Âssisium, conservée au Musée de Pérouse, on re-
trouve la môme indication :
A6ER. EMPS. ET
TERMNAS. OHT
C. V. VISTINIE. NER. T. BABR
MARONATEI
VOIS. NER. PROPARTIE
T. V. VOISIENER
SACRE. STAHV
Ne pouvant nous arrêter en ce moment à l'interprétation
de cette pierre, nous nous contentons de donner la traduc-
tion qu'en ont proposée A. K. : « Ager emptus et terminatus
auct(oritate) C. Vistinii, V. f., Ner. Babrii, T. f., Maronis,
Vois. Propertii, Ner. f., T. Voisieni, V. f. Sacrum sto ». Je crois '
qu'ici encore cmctoritate doit se prendre comme l'indication
de la date. Pour revenir aux Tables Eugubines, on ne saurait
dire si les deux personnages remplissaient des fonctions dans
le collège Attidien, de sorte que nous aurions une chronologie
particulière à la confrérie, ou s'il est question de fonctions
politiques dans la ville d'Iguvium. Cependant la comparaison
de la pierre d'Assisium rend la seconde hypothèse plus vrai-
semblable.
Nous arrivons à deux mots extrêmement obscurs et sur
lesquels les conjectures les plus divergentes ont été mises en
avant : plenasier urnasier. Ce sont deux datifs-ablatifs
pluriels de la première déclinaison, comme on peut s'en
TABLE V a 2. 233
assut'er par le passage suivant, où l'un des deux est employé
au génitif pluriel :
III, 1. Esunu fuia herter sume ustite sestentasiaru
urnasiaru.
Urnasia paraît être un substantif et plenasia un adjectif,
car nous voyons que dans l'autre passage urnasia se fait
précéder pareillement d'un mot qui a l'air de le qualifier.
C'est là que s'arrête à peu près notre savoir en ce qui con-
cerne ces deux termes. Kirchhoff, reconnaissant dans ces
mots le même suffixe qui a donné* en latin des adjectifs
comme primarius , des substantifs masculins comme argen-
tariuSy ou neutres comme grcmarium, fait de urnasia l'é-
quivalent, sauf la différence du genre, du latin umariurriy
qui désigne, selon Yarron, la table ou la salle de cuisine
ou de bain où Ton plaçait des urnes remplies d'eau : pie-
nasius signifie pour lui « plein » et sestentasius, qu'il
identifie avec le latin sextantcmus^ signifie « renfermant un
sextans ». Dans la supposition qu'il est question de clepsy-
dres, il admet que plenasier urnasier marque le moment
où, la journée étant finie, on remplit de nouveau les réser-
voirs, c'est-à-dire, selon son calcul, midi, et sestantasier
urnasier désignerait le moment où les réservoirs auraient
laissé écouler 23 f de leurs vingt-quatre sextarii, c'est-à-dire
midi moins dix minutes*. Huschke, citant ce résultat, remar-
que qu'il est assez inutile d'indiquer l'heure et la minute, si
Ton se tait sur le jour et sur le mois. Mais Huschke n'est
guère mieux inspiré quand il explique urnasier par des
urnes de vin qu'on doit payer comme amende, car avant de
fixer une amende contre les délinquants, il est bon, ce semble,
de faire connaître la loi ou le règlement auquel il est défendu
de manquer. Nous avons ici le préambule d'un décret et nous
devons chercher dans ce préambule, non pas des circonstances
empruntées au décret lui-même, mais des données relatives à
sa confection, c'est-à-dire avant tout le nom des auteurs, la
date et le lieu. Le nom des auteurs étant déjà exprimé par
frater Atijediur, on peut se demander si plenasier ur-
nasier n'exprime pas le lieu. Mais il faut renoncer à cette
hypothèse, en présence du second décret qui, comme nous le
verrons tout à l'heure, tout en reproduisant les deux mots
plenasier urnasier, met l'indication du lieu à la fin du
1. Op cit. U, 312 se.
234 TABLE V a 2.
préambule. Nous sommes donc amenés à voir dans les deux
mots en question Ténoncé de la date, et comme Tannée,
selon nous, a déjà été marquée par le nom du magistrat,
plenasicr urnasier doit être l'indication du mois et du jour.
Si Ton consulte les Actes des frères Arvales, on voit que la
date complète n'y manque jamais : on trouve pridie idus ja-
nuarias, ou YII kalendas februarias, ou kalendis octobri-
bus *, etc. C'est une locution de ce genre que je soupçonne
dans notre texte : l'expliquer en détail, je ne l'oserais, à cause
de l'ignorance où nous sommes sur le calendrier iguvien. On
remarquera seulement l'identité du suffixe avec celui de ja-
nuariuSy fébruarius. 11 ne faut pas s'étonner de trouver la
même indication de mois et de jour sur les deux décrets (Y a 2
et 14), tandis que l'année est différente : le Collège des Atti-
diens, comme celui des Arvales, devait avoir ses réunions à
des jours fixes; voyez, par exemple, chez Henzen (p. 5), toute
la série de procès-verbaux datés des ides de janvier, depuis
Tan 38 de Rome jusqu'à l'an 183.
Tandis que le préambule du premier décret s'arrête sur ces
mots, celui du second (Y a 15) ajoute encore un membre de
phrase dans lequel il faut voir l'indication du lieu. A kum*
na'hkle, qui revient encore deux fois ailleurs (III, 7, 8), répon-
drait un mot latin culvninaculum. Le simple kumne (I 6 41),
qui représente le latin culmine^ a déjà été expliqué*. Il s'agit
sans doute de l'édifice construit sur la hauteur : une forma-
tion non moins hardie est le latin s&ncbculwm « salle de
séances pour le sénat ».
Ce substantif peut être considéré comme étant au locatif,
si l'on regarde Ye final comme représentant la diphthongue
et, qui ne parait jamais dans les désinences sur les tables
en écriture étrusque : on aurait alors le pendant de esmei
stahmei stahmeitei (YI a 5). On peut aussi regarder kumnah-
kle-e(n) comme un datif suivi de la postpositiôn en. L'une et
l'autre explication conviennent pour l'adjectif atijedie qui
se rapporte àkumnahkle:<ciD templo attidio ».
Yicnt ensuite une série de trois mots : ukre eikvasese
atijedier que je regarde comme étant tous trois au même
cas. Ukre, qui est le mot bien connu signifiant «colline»,
ne peut être qu'un génitif singulier (pour ukres ou ukrer);
1. Henzen, Actay p. 5, 89, etc.
2, Voy. p. 212.
TABLE V a 2. 235
atijedier est un adjectif se rapportant àukre. La colline
porte donc elle-même le nom de la corporation religieuse qui
y possède un temple : « in templo attidio collis — attidii ».
Il reste eikvasese. Ce mot difficile se retrouve V a 4 : Ad-
fertur pisi pumpe fust eikvasese atiiedier. Malgré la
ressemblance extérieure, je crois que nous avons ici un autre
cas (le datif pluriel) des deux mêmes mots. Il faut rapprocher
en outre un terme qui présente dans sa première partie une
grande analogie, savoir eikvasatis. Il se trouve III, 23, en
un passage qui est répété avec de légères variantes III, 29 :
Fratrusper (fratruspe) atijedies (atijedie), ahtisper
eikvasatis, tutape(tutaper) ijuvina, trefiper ijuvina
« pro fratribus attidiis, pro aris — is, pro civitate iguvina,
pro tribu iguvina ». Nous avons une gradation partant de la
corporation attidienne et aboutissant à la cité igu vienne et &
la tribu iguvienne.. On voit que la gradation va du particulier
au général. L'adjectif qui détermine les autels pour lesquels
on prie doit donc exprimer une relation ethnique ou topo-
graphique. Le suffixe est le même que dans Atijediates,
Kaselates, Kureiates, Peiediates, Talenates, Muselâ-
tes, tous noms ethniques qui se trouvent sur nos Tables. La
partie antérieure du mot eikvas suppose un primitif Eikva-
sum, Eikvasa, ou encore Eikvasium, Eikvasia, qui doit
être un nom de lieu. Les deux dernières formes me paraissent
les plus vraisemblables : c'est ainsi qu'on a Taurosta, Brun-
disium^ Canusium^ GemAsitmi^ Perusia^ Venysia, Bandvsia*.
Dans tous ces mots, le s n'est pas atteint du rhotacisme, pro-
bablement parce qu'il était précédé d'une nasale*. Dans ce
Eikvasium je reconnais un mot ayant une étroite afQnité
avec Igiivium. On sait que l'alphabet étrusque n'a pas de
caractère spécial pour le 6, de sorte qu'on écrit Ikuvinus,
Ikuvine, Ikuvina et sur les monnaies Ikuvins. La voyelle
longue initiale est représentée par ei. Quelle différence y a-
t-il entre le lieu nommé Eikvasium et celui qui portait le
nom de Eikuvium, Ikuvium? nous ne pouvons le dire.
Mais la base des deux mots (et'Au, iku) est la même. C'est ainsi
qu'on a à côté l'un de l'autre en latin Lav/rentes et Lavinales.
Je suppose donc que le sens de la phrase est : ce Pour les
1. Eikvasatis pour eikTasiatis, par suppression de Yi atone devant
l'a accentué. Comparez p. 119^ 120.
2. Cf. Corssen. Aussprache^: If, 186, 364. Je ne voudrais pas affirmer toute-
fois, avec Corssen, que ces mots dérivent d'anciennes formes en ofiUiomy otUia*
236 TABLE V a 3.
frères Attidiens, pour les autels ikvasiens, pour la cité igu-
vienne, pour la tribu iguvienne. »
Je reviens maintenant au passage Va4:Adfertur pisi
pumpe fust eikvasese atiiedier, ère ri esune kuraia.
« Adfertor quicunque fuerit — ibus Attidiis, is rei sacrs
provideat ». — Nous avons ici le nom des Attidiens employé
substantivement sans le mot f rater qui l'accompagne d'or-
dinaire. C'est qu'il est lui-môme accompagné d'un adjectif. Je
crois que eikvasese est un adjectif dérivé de Eikvasia ou
Eikvasium à l'aide du suffixe ensis et qu'il signifie igvasien.
On pourrait objecter que le s du datif pluriel manque à la fin
de eikvasese. Mais il manque aussi à la fin de adepe (Ib 26,
44, II a 7] qui est pour adepes, de Atiiediate, Kureiate,
Talenate, etc. (II b 2), tous mots de la 3* déclinaison em-
ployés au datif-ablatif pluriel. Retournant enfin à Va 16 :
Frater Atiiediur esu eitipes... kumnahkle Atiiedie
ukre Eikvasese Atiiedier, je traduis : « Fratres Attidii
hocdecreverunt... intemplo Attidio ocris Iguasiensis Attidii ».
Ici l'adjectif Iguasiensis est donné à la colline où s'élevait le
temple des frères Attidiens.
TRADUCTION.
(V a 1) Hoc fratres Attidii (2) decreverunt [tempore dicto]
plenasiis urnasiis, magistratum gerente (3) T. Castrucio, T. f.
(V a 14) Fratres Attidii hoc decreverunt [tempore dicto]
plenasiis (15) urnasiis, magistratum gerente C. Cluvio, T. f.,
intemplo (16) Attidio coUis Iguasiensis Attidii.
Je passe maintenant au texte du premier décret.
(Va 3) Adfertur pisi pumpe (4) fust Eikvasese Ati-
jedier, ère ri esune (5) kuraia; prehabia pide uraku
ri esuna (6) si herte, et pure esune sis; sakreu (7) per-
akneu upetu; revestu pude tedte (8) eru emantur
herte, et pihaklu pune (9) tribriçu* fuiest akrutu
revestu (10) emantu herte. Adfertur pisi pumpe (11)
fust, erek esunesku vepurus felsva (12) adputrati
fratru Atijediu prehubia (13) et nudpener prever
pusti kastruvuf.
l. Tribdiçu,
TABLE Vas. 237
Les mots ad fer tu r pisi pumpe fust... ère... se trouvent
une seconde fois Y a 10, où, au lieu de ère, on a erek. Ce
pronom, qui se décompose en er-j-ek, nous est déjà connu :
il signifie « is », et il est précédé d'une proposition relative
dont le sujet est pisi pumpe, le verbe fust, l'attribut ad-
fertur. Le sens de la proposition relative est : « adfertor
quicunque fuerit ». On remarquera l'orthographe pe au lieu
de pei que nous avons eue dans podruhpei {VI a 11). Pisi
pumpe supposerait plutôt en latin quiscunque^ qui n'existe
pas. — Nous avons ensuite le datif pluriel Eikvasese(s)
Atijedier « Iguasiensibus Attidiis ». Puisqu'on ajoute au
nom des frères Attidiens cette épithète, il y a lieu de penser
qu'il y avait encore des frères Attidiens en d'autres endroits.
Voyez ci-dessus, p. 218.
Ere(k) riesune kuraia(t). Ce dernier mot est un optatif
comme aseriaiaj portaia : il répond au latin curet et il est
construit avec le datif; on trouve aussi curare employé
comme verbe neutre en latin. — Ri, pour m, est le datif du
substantif féminin res. On a eu VII b 2 l'ablatif reper fradreca.
— Esune est l'adjectif qui détermine ri : nous le rencontre-
rons plus loin pris substantivement. Les deux emplois sont
déjà connus. Le sens est donc : « is rei sacrœ consulat » ou
a provideat ».
Prehabia(t) est composé de pre4-habia(t) et corres-
pond pour le sens comme pour la forme au latin prœhibeat,
prœbeat^. Il régit deux propositions relatives, dont l'une com-
mence par pi de « quod » et l'autre par pure « qui » (nomi-
natif pluriel masculin). Le verbe de la première est si(t) ^
latin sit^ celui de la seconde sis (pour sins) := latin sint. Le
premier subjonctif est accompagné de la locution adverbiale
herte(r) « libet' ». Uraku ri esuna sont trois ablatifs fé-
minins régis par la postposition ku(m). Ura est le môme
pronom démonstratif qu'on a eu VI 6 55 = I 6 18*. Ri pour
rei(d), rei, est l'ablatif de res. Esuna est l'ablatif féminin
de l'adjectif qu'on a eu 1. 4. Le sens de la première proposi-
tion relative est donc : « prsebeat quodcumque in hac re sacra
sit » (qu'il fournisse tout ce qui est relatif, tout ce qui est
1. L*ombrieD, en composition, n'affaiblit pas la voyelle radicale du verbe t
cf. procanurent , p. 53.
2. Voy. ci-dessus, p. 221.
3. Voy. p. 179.
338 TABLE V a 6.
nécessaire au sacrifice). — La seconde proposition, plus con-
cise, emploie le datif neutre es une pris substantivement.
Peut-être faut-il décomposer le mot en esune-f-e(n). «Et
qui in sacriûcio sint » (ceux qui sont nécessaires au sacri-
fice, c'est-à-dire sans doute les calatores) .
Sakreu perakneu sont deux accusatifs régis par upetu^
On peut rapprocher les passages suivants, où le régime est
au singulier masculin ou féminin : III, 10, sakre(m) uvem...
upetuta; III, 26, uvem sevakni(m) upetu; II b 10, ka-
pru(m) perakne(m) sevakne(m) upetu. Voici égale-
ment un passage semblable où Ton a le pluriel féminin : lY,
22, arçlataf... sevaknef purtuvitu. Le rapprochement
de ces phrases montre que les mots sakreu perakneu doi-
vent être à l'accusatif, et comme ils ne peuvent être ni au
singulier, ni au pluriel masculin ou féminin, la conclusion
rigoureuse est qu'ils sont au pluriel neutre ; comme ils ap-
partiennent tous deux à la déclinaison en i, la syllabe finale
-eu se montre l'équivalent du latin -ia (par exemple dans
utiliaj acria). On a déjà eu dans arviu un exemple de Va
final obscurci en u. Comparez, page 183, un passage où l'dd-
jectif sdcer semble être employé au neutre dans le sens d'ob-
jet sacré. — L'impératif upetu doit être rapproché de am-
petu (II b 10, 11), ampentu (II a 20; III, 23), qui ont pour
régime des mots comme katlu « catulum », kapru « ca-
prum ». Ce sont des impératifs correspondant au latin
impendito (cf. ustetu = ostendito). Upetu est composé avec
un autre préfixe : il est pour up-petuet supposerait un latin
vb-pendilo^ . Le verbe obmovere existe dans la langue du rituel
romain. Je le traduis par « praestare, fournir ».
Nous arrivons au mot perakneu qui rappelle par sa partie
finale l'adjectif sevakne que nous avons vu VII 6 1. Ce sont,
en effet, deux composés ayant le même second terme : comme
nous rencontrerons ce second terme V 6 8, 12, 14, 17, nous
ajournons l'analyse des composés perakne et sevakne.
Disons seulement ici que perakne paraît exprimer Tidée que
les Latins rendent par « integer, justus, solidus ». Nous tra-
duisons donc cette phrase : « justa sacra praestato », c'est-^-
dire qu'il fournisse les instruments du sacrifice tels qu'ils
doivent être, tels que les exige le rituel.
Revestu pude tedte eru emantur herte. — Cette
1. Saveisberg, ZK, XXI, 110.
TABLE V a 7. 339
phrase se compose d'un impératif rêves tu et d'une proposi-
tion subordonnée commençant par pu de. Le verbe ema n tur
est au subjonctif et il est accompagné de la locution adver-
biale herte(rL — Je reconnais dans revestu le latin re-
visito. — Pu de ne parait pas très-nécessaire au sens, car nous
voyons qu'on s'en passe à la ligne suivante : akrutu re-
vestu emantu herte. Je le traduis par« ut » : comparez
porsi YI a 6, qui est probablement le même mot, mais qui,
se trouvant dans une autre construction, a une valeur un
peu différente. — Emantur coïncide trop bien avec le sub-
jonctif passif du verbe latin emere^ pour que nous ne devions
pas identifier les deux mots. On sait que le latin emere signi-
fiait d'abord « prendre » (cf. sumere, demere, adimere, pro-
mère). Quelle signification a notre verbe ombrien? Pour ré-
pondre à cette question, il faudrait d'abord connaître la valeur
de tedte eru. On songe aussitôt à la locution erus dirstUy
erus tedtuS et il est probable en effet qu'il est question ici
de la même opération. Nous avons vu dans erus (pour eruns)
un accusatif pluriel : ici nous pouvons regarder tedte eru
comme deux ablatifs pluriels ayant perdu l'un et l'autre le s
final. Ge qui me confirme dans cette idée, c'est II a 28, où
nous avons la variante tedti ' erus. Le sens seraitdonc : «les
morceaux [de la victime] étant donnés » ou plutôt « quand
on donne les morceaux [de la victime]' ». La présence du re-
doublement au participe tedte montre que la langue a entiè-
ment perdu conscience de l'origine de la première syllabe :
c'est comme si en grec on avait ScSoto;; le sanscrit nous pré-
sente ce phénomène, puisqu'il fait dat-tà. Maintenant nous
pouvons nous prononcer avec plus de connaissance sur le sens
de emantur : ï'adfertor, au moment de la distribution des
morceaux de la victime, doit faire attention qu'ils soient
pris, c'est-à-dire doit surveiller leur répartition.
La même phrase revestu emantu (r) herte revient une
seconde fois Y a 9, mais précédée de akrutu, ainsi que d'une
proposition circonstancielle pu ne tribriçu fuies t. Je dé-
compose en ak ru- tu, c'est-à-dire en la particule de lieu tum^
et l'ablatif akru « agro ». C'est donc à la campagne cette fois
que Tadfertor doit exercer sa surveillance. — La phrase sui-
1. Voy. p. 131.
2. Le graveur a écrit t e r t i.
3. On a YU, p. 10, une construction analogue.
4. Voy. ci-dessus, p. 41, 120.
240 TABLE V a 11.
vante est assez difficile. Pu ne tribdiçu fuiest, telle est la
leçon de notre texte. L'emploi de la lettre ç devant un u doit
faire penser qu'un t a été omis, conmie dans purtinçus,
façu, combifiançust. Quant au % nous croyons que la
barre verticale a été trop prolongée et que ^ est une faute
pour a : la faute inverse a été signalée p. 182. On arrive donc
à un mot tribriçiu qui est le sujet de fuiest; j'y vois un
nominatif neutre tribriçiu m, synonyme de tribriçine {VI a
54), et ayant une origine voisine : l'un et l'autre dérivent
d'un adjectif tribricus « triple » et ils signiflent tous deux « une
trinité, un ensemble de trois [victimes] ^ ». La phrase entière
veut dire « quum triplex sacrificium fuerit ». U semble qu'il
soit question précisément du sacrifice appelé M'6riçine VI a 54.
Cette supposition est confirmée par les mots et pihaclu, que
je regarde comme un complément circonstanciel à l'ablatif :
« et en cas de sacrifice expiatoire' ». Ce complément circon-
stanciel forme pendant avec l'ablatif tedte eru. On se rap-
pelle que sur VI-VII le sacrifice est appelé pihaclu peracrei.
Nous voyons déjà que ce décret a pour objet de fixer les
obligations de l'adfertor. Le sens de la dernière phrase est :
« et en cas de cérémonie expiatoire, quand il y aura un triple
sacrifice, il surveillera à la campagne pour que la distribution
ait lieu. »
La phrase suivante présente une grande obscurité à cause
des mots vepurus, felsva, prehubia et nudpener dontle
sens est inconnu. Essayons au moins de reconnaître la con-
struction. Le sujet est le même que dans la phrase précé-
dente : « Adfertor quicunque fuerit is.... » Il y a ensuite un
complément circonstanciel esunesku vepurus. Nous avons
déjà appris à connaître dans ku une préposition marquant le
temps ou le lieu : elle a ici pour régime esunés vepurus,
qui ne peuvent être que deux datifs-ablatifs pluriels. Es unes
signifie « sacris». Dans vepurus' je propose de voir l'ablatif
pluriel du latin opits^ operis « œuvre ». On trouvera plus loin
(II a 41) l'impératif vepuratu où le sens « operator ». (qu'il
sacrifie) parait convenir non moins bien à la phrase. Le
changement de Vo en ve, t^e peut être rapproché du chan-
gement en i«u et en ou que Vo initial du même mot a subi en
1. Voy. ci-desaus, p. 95.
2. A. K. font de pihaklu un nominatif et traduisent : «piaculum quum
TpiTTÛç erit. »
3. Sur la désinence us, voy. p. 7.
TABLE V a 13. 241
osque : sur une inscription de Pompéi on trouve uupsens
« operati sunt , » et sur une inscription de Messine en lettres
grecques ouwffevç. Nous verrons plus loin sur les tables III et IV
le nom dePuemune qui semble bien correspondre au nom
latin Pâmona. Ajoutons encore le nom propre Voisienus, deux
fois employé sur l'inscription ombrienne d'Assisium (voy.
p. 232), et qui représente peut-être le nom Osinius donné par
Virgile à un chef étrusque :
Qua rex Clusinis advectus Osinius oris.
A quelle particularité de l'orthographe ou de la prononciation
doit-on rapporter ces faits? c'est ce que je n'essayerai pas de
démontrer.
Adputrati est l'ablatif singulier (cf. mam VI b 24) d'un
substantif correspondant au latin arbitratus. Cet ablatif régit
les génitifs fratru atijediu : « arbitratu fratrum Attidio-
rum ». Vu de adputrati ne laisse pas que de surprendre,
si l'on songe à Tétymologie donnée par les Romains (ad et
bitere). — Nous arrivons au verbe prehubia(t), qui est une
troisième personne du subjonctif. Si la leçon est correcte, il
est difficile de découvrir à quelle racine on doit rapporter
ce verbe. Si, avec KirchhofF, on le corrige en prehabia(t),
on obtient le verbe prœbeat : mais dès lors il faut le tra-
duire par « qu'il fournisse », car on ne saurait attribuer
au même mot , comme le fait ce savant, une fois le sens de
donner et une autre fois celui de recevoir. — Le régime de
prehubia(t) est felsva, dans lequel il faut probablement
voir un accusatif féminin. Le mouvement de la phrase est que
l'adfertor, dans les opérations (?) sacrées, doit fournir (?) le
ou les — d'après l'ordre des frères attidiens.
Vient ensuite une proposition qui n'a pas de verbe : et
nudpener prever pusti kastruvuf. Ces deux derniers
mots forment une expression qui est employée plusieurs fois
dans le décret suivant, et qui signifie « par bien-fonds, pro
[singulis] prœdiis ». Nous y reviendrons un peu plus bas
(V a 18). Nudpener prever peuvent être deux génitifs sin-
guliers ou deux ablatifs pluriels. Prever (cf. V a 18) est un
nom de nombre distributif signifiant « un ». Il s'agit donc
d'une évaluation faite par bien -fonds. Nudpener semble
désigner une somme à percevoir ou à verser dans la caisse
de la confrérie par bien-fonds compris dans la lustration ; ou
16
Stô TABLE V a 14.
bien encore est-ce un nom de mesure agraire marquant
rétendue d'un kastru. Dans la première hypothèse, le mot
rappellerait par sa seconde partie le latin assipondiuan ^ dun
pondium; dans l'autre supposition, il remettrait en mémoire
le gaulois arepennis « arpent' ». On voit que cette dernière
phrase, dont la construction est insolite, réclame encore toute
l'attention de la critique. Je suis disposé à croire que le décret
parle d'un bout à l'autre des charges de l'adfertor : ses droits
vont nous être enseignés par le décret suivant, qui n'a pas
été gravé sans intention par la même main sur la même
table.
TRADUCTION.
(Y a 3] Adfertor quicumque (4) fuerit Iguasiensibus Attidiis,
is rei divinse (5) consulat; prsebeat quidquid ad hanc rem di-
vinam (6) [necessarium] sit et qui in sacrificio [necessarii]
sint. Sacra (7) justa praestato. Inspicito ut, in partitione (8)
frustorum, distribuanlur. Et piaculi causa quum (9) [hostia-
rum] trinitas fuerit, in agro inspicito (10) ut distribuantur.
Adfertor quicumque (il) fuerit, is in sacris operibus (?)
— as (12) arbitratu fratrum Attidiorum prœbeat (?). (13) Et
— is singulis in prsedia.
(V a 14) Prater Atijediur esu eitipes, plenasier (15)
urnasier, uhtretie K. T. Kluvijer, kumnah (16) kle
Atijedie ukre Eikvasese Atijedier. (17) Ape apelust,
muneklu habia numer (18) prever pusti kastruvuf;
et ape purtitu (19) fust, muneklu habia numer
tupler (20) pusti kastruvu; et ape subra spafu fust,
(21) muneklu habia numer tripler pusti (22) kastruvu.
Et ape fraler çersnatur furent*, (23) ehvelklu feîa
fratreks ute kvestur (24) sve rehte kuratu si : sve
mestru karu (25) fratru Atijediu pure ulu benurent
(26) prusikurent rehte kuratu eru, edek (27) prufe
1. Cf. Bûcheler, dans les Jahrhûcher de Fleckeisen, 1875, p. 130. M. Bûcbeler
passe en revue un certain nombre de mots de la t. V, et il annonce Tintention
de soumettre les autres tables à une étude du même genre.
2. Fur end.
TABLE V a 17. 243
si; 8ve mestru karu fratru Atijed (28) iu pure ulu
benurent prusikurent (29) kuratu rehte neip eru,
enuk fratru (Y 6 l) ehvelklu feia fratreks (2) uie
kvestur panta muta (3) adferture si. Panta muta
fratru (4) Atije^iu mestru karu pure ulu(5) benu-
reat adferture eru pepurkure (6) ut herifi, etantu
mutu adferture (7) si.
Nous ne nous arrêtons pas au préambule qui a été expliqué
p. 230 ss. Il est facile de distinguer trois propositions subor-
données commençant chacune par ope : 1° ape apelust.
S"" ape purtitu fust. 3^" ape subra spafu fust. A quoi
répond trois fois cette même proposition : muneklu habia
numer — pusti kastruvuf. La première fois, nu mer est
suivi de prever, la 2* fois de tupler, la 3« fois de tripler.
Le verbe de la proposition principale ne peut être que ha-
bia (t) = latin habeatj le régime est nécessairement mune-
klUy qui peut être pris comme accusatif singulier (pour mu-
neklu m), ou comme accusatif pluriel (avec obscurcissement
de Va en u; cf. sakreu perakneu). Le substantif numer
a une ressemblance marquée avec le latin nummus; les noms
de nombre dont il est accompagné confirment la supposition
qu'il est question d'un payement. On ne peut, en effet, mé-
connaître dans tupler le latin duplus et dans tripler le
latin triplus. En présence de ces deux nombres, on doit pen-
ser que le premier, prever, qui correspond au latin privus^
signifie « un ». C'est le sens que le mot avait aussi en vieux
latin : Privos privasqiie antiqui dicebant pro singulis (Pau-
lus). Privilegium désignait une loi faite pour ou contre une
seule personne ; privigruas désigne le fils né de l'un [des deux
époux]. Pour expliquer muneklu, EirchhofT pense au latin
mv/nuscuiu/rn : on peut aussi le rapporter à un latin mvmcu-
IwfYhy du substantif qui a donné vmmiay immunis. Une ques-
tion indécise est de savoir si nvmer est à l'ablatif pluriel ou
au génitif singulier : on se prononcera pour la première ou
pour la seconde alternative suivant qu'on préférera voir dans
muneklu un pluriel ou un singulier. — Il reste pusti ka-
struvuf (lef final a été omis Y a 20 et 22). Une forme plus
complète pustin se trouve II a 25 et lY, 13, et il est probable
(quoique non absolument certain) que notre pusti est pour
pustin. Curtius et après lui Bugge et Corssen ont regardé
pustin, qui se retrouve en osque sous la forme postin,
comme un locatif en in, analogue aux locatifs osques h or-
244 TABLE V a 17.
tin, kerriifn* : le thème serait posti-^ dont Tablatif |908(id
se trouve dans le latin postidea. Que cette explication soit la
vraie, ou que pu s tin doive être considéré conune un mot
composé, & la façon du latin dein^ proin^ exin^ le sens de
cette préposition ne paraît pas douteux : elle répond à notre
préposition Irançaise « par » dans les locutions distributives
telles que « par mètre, par heure ». Le régime & l'accusatif
est kastruvuf dont il a été déjà parlé', et qui signifie
« champs » (je le traduis par « prsedia »). C'est donc un,
deux et trois nummi par champ qu*i/ recevra après qu'aura
été accomplie telle, telle et telle opération. Le sujet n'est pas
exprimé, et nous allons voir qu'il ne l'est pas davantage dans
les trois propositions circonstancielles. Mais peut-être le con-
tenu nous laissera-t-il voir de qui il est question.
L'un des trois verbes ne présente pas de difficulté : ape
purlitu(m) fust signifie « postquam polluctum fiierit u.
C'est, on se le rappelle*, une opération dont Tadfertor est
chargé sur les t. VI-VII et I. Le verbe est construit d'une
façon impersonnelle. — Ape subra spafu fust rappelle les
prescriptions subra spahatu (VI 6 40), subra spahamu (VII a
39), subra spahmu (VI b 17), que nous avons traduites par
<x supra instillato », et que nous expliquons par un verbe
spendo ou spando correspondant au grec aTrÉv^co*. La forme
spafu, que A. E. regardent comme une faute pour spatUj est
en accord avec les règles de la phonétique ombrienne : il faut
supposer un participe spand-sum^ devenu spafum^ par le
changement de ts en /'dont il a été déjà question plus d'une
fois (cf. spefa)*. Ici encore le verbe est employé d'une façon im-
personnelle : «postquam supra instillatum fuerit ». — Il reste
ape apelust, dans lequel Eirchhoff a reconnu avec raison le
même verbe dont on trouve ailleurs l'impératif ampentu,
apentu et le futur anpenes : c'est le laiinimpendere; le d
s'est assimilé à la lettre précédente ( apennust) et n est de-
venue l par un changement dont on a déjà eu un exemple dans
en te lus ^ Si l'on doutait de ce rapprochement^ il suffirait de
1. ZK. I, 269. V, 45. xm, 193.
2* Voy. p. 89 . Pour le développement de u en mv, cf. aruviA, prinuvK*
tas, etc.
3. Voy. p% 155.
4. Voy. ci-dessus, p. 134.
6. Voy. ci-dessus, p. 6, 16, 119
6. Voy. p. 167.
TABLE V a 17. 24&
comparer II b 27, où la même opération est d'abord exprimée
au futur simple, puis au futur antérieur : pune an pênes....
ape apelus. Cette fois le verbe n'est pas employé imperson-
nellement : il va de soi qu'il est parlé du même personnage
qui accomplit les deux autres actes, c'est à-dire de l'adfertor.
On pouvait d'autant plus aisément omettre son nom qu'il a
déjà été question de lui dans toute l'étendue du premier
décret : enfin, les derniers doutes sont levés par la fin de
notre texte, où l'adfertor est désigné expressément. Si nous
nous reportons aux t. VI-VII et I, nous ne trouvons pas le
verbe a/mpenno : mais il est plusieurs fois employé sur les
t. II et III. Voici les deux passages les plus significatifs, où il
a pour régime la première fois un mot signifiant « chien »,
la seconde fois un mot signifiant « bouc », c'est-à-dire des
victimes offertes en sacrifice :
II a 20. Hunte Juvie ampentu katlu sakre sevakne.
II h 10. Saçi ampetu kapru perakne sevakne.
De ces deux passages nous pouvons induire que le verbe
ampenno signifie « offrir » ou « fournir » : c'est un sens qu'a
souvent le latin impendo ^ Si nous nous rappelons que sur
les t. I et YI-YII il est parlé de victimes sans que le texte
nous dise par qui elles sont fournies, nous penserons que
c'est encore l'adfertor qui est chargé de les livrer. Il est donc
entendu qu'après avoir fourni les victimes, l'adfertor recevra
un nummus simple par champ (ce qu'il faut évidemment en-
tendre des champs compris dans le circuit de la lustration) ;
il recevra un nummus double après la dedicatio ; un nwntvmus
triple après la libation. Ces sommes doivent-elles s'addition-
ner, en sorte que l'adfertor, s'il accomplit la cérémonie tout
entière, recevra six nummi? ou est-ce un tarif dans lequel
sont compris chaque fois les émoluments antérieurement
obtenus? Je ne saurais décider la question. Ce qui paraît sûr,
c'est que ces sommes sont fournies par les habitants, puisque
le décret précédent, autant qu'on en peut comprendre la der-
nière phrase, revendique une partie dès émoluments pour le
collège, et puisque, comme nous le verrons dans un instant,
le collège demande encore à l'adfertor de lui servir un
banquet.
La dernière partie de l'inscription entre dans un autre or-
1. Arnobe, idv. siot. VII, 10 : Idcirco diis hostias et cetera impendlmus
munera.
246 TABLE V a 23.
dre d'idées, quoiqu'elle soit reliée à ce qui précède par et.
Nous avons d'abord une proposition incidente régie par ape,
dont le sujet est le nominatif pluriel f rater, le verbe fu-
rent*, l'attribut çersnatur. Ce dernier mot a été justement
identifié avec le latin cenati : cena (écrit à tort cœna par suite
d'une fausse étymologie grecque) est pour cesna^ comme nous
l'apprend ce passage de Festus (s. v. Pesnis) : Pesnis pénis,
ut Casmenas dicebant pro Gamenis, et cesnas pro cenis.
Nous avons éesna en ombrien V fc 9, 13, 15, 18. Ici on a encore
une forme plus complète, çersna* : lers'est perdu devant sn,
comme p&rsnimu est souvent écrit pesnimu. La manière
toute spéciale d'employer le participe cenatus en latin se re-
trouve dans notre phrase. « Et postquam fratres cenati fue-
rint. » Il s'agit ici d'une coutume qu'on retrouve aussi dans
les Actes des Arvales, où les repas faits en commun par les
Frères sont toujours soigneusement mentionnés, c Ibique
discumbentes in tetrastylo apud illum magistrum epulati
sunt.... Depositis prsBtextis, cenatoria alba acceperunt et in
tetrastylo epulati sunt ; more pompse in tetrastylum fercula
cum campanis et urnalibus mulsi singulorum transierunt....
Promeridie autem firatres Arvales prœtextas acceperunt et
in tetrastylo convenerunt et subsellis consederunt et caverunt
se adfuisse et sacrum fecisse et porcilias piaculares epulati
sunt et sanguem ' ».
La phrase principale n'a pas le même sujet, car le verbe
est au singulier. C'est feia, dans lequel on reconnaît un
subjonctif de faciOy avec même écrasement du c que dans
peiu <K piceos ». L'a a été altéré en e comme dans l'impératif
feitu <f facito ». Le ^ final a été omis. Nous rencontrerons
plus tard (II a \1) une autre forme du même verbe au sub-
jonctif, façia, qui doit son origine à un autre phénomène. —
Le sujet de feia est double : fratreks ute kvestur « firatri-
cus aut qusestor ». Le premier de ces magistrats a déjà été
nonuné VU 6 1 , 4. Nous avons cru reconnaître la mention du
second au bas de I 6 et de II a. Il n'est point parlé, bien en-
tendu, d'un questeur politique, mais d'un magistrat de la
corporation attidienne. — Le régime de feia est ehvelklu(m)
1. Le texte a furend^ qui ne peut être regardé que comme une faute, si
l'on rapproche benurent, prusikurcnt, pepurkurent.
2. L*étymologie de eersna est inconnue; peut-être la seconde partie du latin
silicemium « repas des fiinérailles » est-elle de même origine.
3. Henzen, p. 21, 25, 27 ) cf. p. 39.
TABLE V a 24. 247
dont le sens n'est pas clair en lui*-méme, mais ressort avec
une précision suffisante du contexte, ainsi que de Y 6 1, où il
est également employé. L'assemblée va être invitée à se pro-
noncer & la majorité des voix sur la gestion de l'adfertor.
C'est donc une résolution ou plutôt un projet de résolution
qu'on lui soumet : le terme latin qui conviendrait le mieux
est Togatio. On se rappelle que nous avons eu YI a 2 éhveltu
dans le sens « rogato ». Le suffixe est le même que dans piha-
clum. — Sve rehte kuratu(m) si(t) est une proposition
régie par sve « si » et ayant si(t) pour verbe, rehte kura-
tu(m] pour attribut. Jusqu'à présent toutes les fois que nous
avons rencontré la conjonction sve nous l'avons vue suivie de
l'indicatif; comme elle est construite ici avec le subjonctif, on
doit penser qu'il s'agit d'une proposition subordonnée, à la
façon de cette phrase de Tite-Live (XXXI, 9) : Ad coUegium
pontificum referre consul jussus, si posset recte votum in-
certœ pecuniœ suscipi. C'est, en effet, la même construction
que nous avons : « rogationem faciat.... si recte curatum sit ».
Rehte pour recte est tout à fait conforme à uhtur pour
auctor (p. 231).
Les deux phrases qui suivent commencent toutes les deux
par sve. Elles présentent d'ailleurs entre elles, dans leur pre-
mière partie, une complète identité, sauf la négation neip qui
est ajoutée la seconde fois et qui a amené une légère modifi-
cation dans l'ordre des mots :
(Y a 24) Sve mestru karu fratru Atijediu pure ulu
(Y a 27) Sve mestru karu fratru Atijediu pure ulu
benurent prusikurent rehte kuratu eru ....
benurent prusikurent kuratu rehte neip eru ....
Le verbe régi par sve est prusikurent, car pure ulu
benurent « qui illuc venerint » doit être mis à part,
comme formant une proposition incidente ^ D'après cela, il
semble que nous devions regarder mebtru karu, qui est le
sujet de prusikurent, comme un pluriel, et on pourrait
effectivement être tenté d'en faire un pluriel neutre. Nous
verrons toutefois dans un instant que cette conclusion n'est
pas nécessaire et que mestru karu peut être un singulier
féminin. — Il est facile de reconnaître dans les trois mots :
1. Pour ulu «illuc», cf. p. 178.
248 TABLE V a 25.
rehte kuratu(m) eru(m) « recte curatum esse* » et dans
les quatre mots kuratu(m) rehte neip eru(m) « curatum
recte non esse », l'expression des deux alternatives qui peu-
vent se présenter, du moment qu'on veut savoir des frères
Attidiens sve rehte kuratu si « si recte curatum sit ».
Nous cherchons donc dans prusikurent un verbe signifiant
« opiner » ou « déclarer ». Aufrecht a reconnu avec sagacité
un composé du même verbe qui a donné inseco « je dis » en
latin. On connaît les vers d'Ennius :
Insece, Musa, manu Romanorum induperator
Quod quisque in bello gessit cum rege Philippo.
Aulu -Celle, qui traite (XVIII, 9) de ce verbe, rapporte
le passage suivant de Caton : Scelera nefaria, qusB neque
insecendo, neque legendo audivimus. Il ajoute que insectio
signifie « narratio* ». On a aussi cette glose de Paulus : /n-
seqvs, apud Ennium, die Insexit, dixit. Il est donc naturel
de penser que c'est le verbe que nous avons en ombrien, avec
un autre préfixe et le changement d'e en t*. — Fratru Ati-
jediu étant au génitif doit être régi par mestru karu. Le
premier de ces mots a la forme d'un comparatif en ter (cf.
iiter^ alter)^ et si l'on se rappelle qu'un g entre deux voyelles
peut se réduire à un j et ensuite disparaître, comme on Ta
vu par luvina (Iguvina), frif= f^^gify on reconnaîtra avec
A.ufrecht dans ce mot le latin magister, réduit d'abord à maïS"
ter^ puis par contraction mester. L'osque nous présente l'ad-
verbe mais = latin magis et le superlatif maimas (pour ma-
gimaSy cf. le suffixe du latin minimtis). Le latin magister
n'existe plus dans la langue qu'à l'état de substantif : mais il
a commencé par être adjectif*; magister equitwm désignait le
plus grand parmi les cavaliers, absolument comme on a fait
plus tard m^jor domûs; magister Saliorum était le plus grand,
le premier parmi les Saliens. Cette signification adjective est
restée en ombrien. — Nous revenons au mot karu pour le-
1. Sur rinfinitif er um, voy. p. 220.
2. Sur cette racine mc, cf. Gurtius, n* 632.
3. Le verbe secarêj dans le sens de «décider», pourrait se présenter à Tesprit:
mais on a justement le composé pruseçetu proteieto, dans le sens de «pro-
vicise », et l'impératif prusekatu « qu'il coupe s, qui montrent que ce verbe
garde son e,
4. Sur la formation des mots comme magùUry minitîer, ginisterj qui renfer-
ment cbacun deux suffixes du comparatif, yoy. Gorssen, ZK. m, 241 ss.
TABLE V a 27. 249
quel l'ensemble de la phrase indique le sens de « pars ». C'est
à la plus grande partie des membres assistants qu'il appar-
tient de faire prévaloir son opinion. Aufrecht a comparé une
expression osque qui revient deux fois sur la Table de Bantia
(3 et 7) :maimas carneis senateis tanginud «maximœ
partis senatûs sententiâ».Nous avons ici un génitif carneis
qui est avec karu dans la même relation qu'en latin camis
avec ca^o. Il cite en outre des exemples d'inscriptions latines,
où une résolution est prise ex majoris pa/riis decurionu/m
decreto^. On devra donc regarder mestru comme un no-
minatif singulier féminin se rapportant à karu, et l'em-
ploi d'un verbe au pluriel s'expliquera par la tournure bien
connue : Major pars hostium occisi sunt. Le pluriel devait
ici se présenter d'autant plus facilement que le verbe de
la proposition incidente (benurent)est lui-même au pluriel.
Nqus arrivons aux deux propositions principales. La pre-
mière est ainsi conçue : edek prufe si(t). Il faut voir dans
edek un adverbe répondant à sve et signifiant «tum». On a
déjà vu VI a 6 le même adverbe er8e{k) correspondant à pirsi.
— Prufe représente le latin probe^ comme en osque ampru-
fid représente improbe. La phrase entière est donc : « tum
probe sit » (qu'alors la gestion soit tenue pour bonne] '. —
L'autre phrase principale est un peu plus compliquée. Après
enuk, qui est un adverbe jouant le même rôle que edek,
nous retrouvons le sujet déjà connu « fratricus aut quœstor »
avec « faciat » pour verbe et « rogationem » pour complément.
Ce dernier substantif est précédé de fratrufm), comme on a
en latin senatus consultwm ferre. Il s'agit donc d'une nouvelle
résolution soumiseau collège. Mais cette fois, après ehvelklu,
au lieu de sve rehte kuratu si, nous avons : panta muta
adferture si « quanta multa adfertori sit i>. Les mots sont ou
déjà connus ou clairs par eux-mêmes. Le collège est donc
consulté sur l'amende qu'il s'agit d'imposer à l'adfertor au
cas où il aurait manqué à ses obligations.
La dernière phrase revient sur la même idée, car elle com-
mence par les mots panta muta. Seulement, au lieu de
1. Sur le rapport probable de Toaque et de Tombrien karu «portion» avec
le latin earo^ camis « portion [de viande] •, yoy. Bréal , Mémoiret ds la SoeiéU
d$ Unguittique, II, p. 380.
2. F. Bûcbeler (Annales de Fleckeisen, 1875^ p. 132) croit que prufe est un
adjectif neutre de la 3* déclinaison. C'est ainsi que sans sortir du latin on a Pun
à côté de l'autre, hUamu et hUarii. Il faudrait alors traduire : « tum probum sit. »
250 TABLE V 6 7.
8i(t) le verbe est eru (m), c'est-à-dire un infinitif, d'où Ton peut
conclure qu'il faut lire panta(m) muta(m] et que la propo-
sition dépend de quelque verbe exprimant une opinion ou un
ordre. Ce verbe estpepurkurent, qui est un futur antérieur
à redoublement, comme meminerint en latin : la racine est
pwrky c'est-à-dire le prec ou proc latin dans preces ou procus :
le sens n'est pas précisément « prier », mais « demander ».
En latin les deux sens « prier » et « demander » se sont ré-
partis entre les deux verbes preca/ri et poscere (pour porc-
scere)^ — Il reste herifl qui rappelle les locutions adverbiales
comme herter^ pishery heriy heries* : je crois, en effet, qu'il
vient du môme verbe, et qu'il a à peu près le sens du latin
« quantumvis » ou « quamiibet ». Mais il est difficile de dire
exactement quelle est la forme grammaticale. Je suppose que
c'est la seconde ou la troisième personne d'un futur analogue
aux futurs latins comme amabo, ibo, quibo. Ce mot doit par la
pensée être rattaché à panta(m] : « l'amende, quelle qu'elle
soit, que la majorité des frères Attidiens présents aura im-
posée à l'adfertor.... ».
Au pan ta (m) du commencement répond dans la proposi-
tion principale etantu, nouvel exemple de l'assourdissement
d'un a final en u. Ue initial de e tan tu est pour ec. C'est la
même syllabe qu'on a en latin en tète de ecce^ et en ombrien
au commencement de ecla (VII a U, 27). — Le substantif au-
quel se rapporte etantu est mutu = latin multa, — Adfer-
ture si{t) n'a pas besoin d'explication. — Une formule pa-
reille se lit sur la Table de Bantia : suae pis contrud
exeic pruhipust, molto etanto estud n. ^. c< si quis
contra hoc prohibuerit, multa tanta esto n. M. » Le sens
général de notre phrase est que l'assemblée des fk*ères Atti-
diens, qu'elle soit au complet ou non, décide en dernier
ressort et sans appel.
TRADUCTION-
(V a 17) Postquam [hostias] impenderit [adfertorl, stipes
habeat nummis (18) simpiicibus per prœdia; et postquam
poliuctum (19) fuerit, stipes habeat nummis duplis (20) per
1. Voy. ci-dessus, p. 6.
3. Voy. ei^esBUS, p. 103, 163, 214, 231.
TABLE V 6 8. 251
prœdia; etpostquam supra instillatum fuerit, (21) stipesha-
beat nummis triplis per (22) prœdia. Et postquam fratres ce-
nati fuerint, (23) rogationem faciat fratricus aut quœstor (24)
si recte curatum sit : si major pars (25) fratrum Attidiprum
qui iliuc venerint (26) censuerint recte curatum esse, tum
(27) probe sit; si major pars fratrum Attidîorum (28) qui iliuc
venerint censuerint (29) curatum recte non esse, tum fratrum
(V 6 1) rogationem faciat fratricus (2) aut quœstor quanta
multa (3) adfertori sit. Quantam multam fratrum (4) Attidio-
rum major pars qui iliuc (5) venerint adfertori esse jusserint
(6) [quantam] libet, tanta multa adfertori (7) sit.
Cette inscription est curieuse en ce qu'elle nous permet de
jeter un coup d'œil dans l'organisation intérieure d'un col-
lège de prêtres. On comprend pourquoi les deux décrets sont
réunis sur une même table : ils constituent le cahier des char-
ges de l'adfertor. Cette magistrature nous apparaît avec un
caractère autant fiscal que religieux. Le rôle considérable
joué par ce personnage nous transporte dans un temps où le
collège de prêtres semble avoir remis la plupart de ses obli-
gations entre les mains d'un seul homme, se réservant seu-
lement un droit de contrôle et certains avantages matériels.
Tel se montre aussi à Rome le collège des Arvales à partir de
l'époque dont nous avons conservé des monuments, c'est-à-
dire à partir de sa réorganisation sous Auguste.
Ajoutons que la gradation du payement de l'adfertor laisse
voir que la lustration décrite sur I et VI-VII ne forme pas un
tout indissoluble, mais qu'elle se compose de trois actes qui
ne sont pas nécessairement liés entre eux.
INSCRiraON EN CARACTERES LATINS DE U TABLE V 6.
A la suite de ce texte en caractères étrusques, se trouve
ajoutée une autre inscription d'une main différente et en ca-
ractères latins. Elle n'a aucun lien avec ce qui précède. L'écri-
ture est nette, l'orthographe généralement correcte, les mots
sont soigneusement séparés. Nous reviendrons plus loin sur
les autres questions que soulève la présence à cette place
d'une inscription en caractères latins.
(V 6 8) CUwemiur directs herti fratrus AHersir posii acnu
252 TABLE V 6 8.
(9) fwr&r opeter p. //// agre Tlatie Piquier Mortier et éesna
(10) homoniis duir puri fa/r eiscti/rent ote a. VI, Cla/vemi (11)
dirscms herti f rater * Atiersiv/r Sehmenier Dequrier (12) pelmner
sorser posH acnu vef X^ cahriner vef F, pretra (13) toco, postra
fahCy et éesna ote a. VL Casilos dirsa herti fratrus[\k) Atiersir
posti acnu farer opeter p. VI agre Casiler Piquier (15) Martier
et éesna homonus duir pwri far eiscurent ote a. VL (16) CasilcUe
dirsans herti frateer Atiersiur Sehmenier Dequrier (17) pelmner
sorser posH acnu vef XV, cabriner vef VUS. et (18) éesna otea. VL
Cette inscription se divise en quatre sections, dont la 1" et
la 3% d'une part, la 2' et la 4*, d'autre part, se correspondent
entre elles. Nous traduirons en rapprochant les passages
identiques :
(V 6 8) Cla/oemiur dirsas herti fraJtms Atiersir posti oonu
(V 6 13) Casilos dirsa herti fratrus Atiersir posti acnu
farer opeter p. IIII agre Tlatie Piquier Martier et éesna
farer opeter p. VI agre Casiler Piquier Martier et éesna
homonus duir puri far eiscurent ote a. VL
homonus duir puri far eiscurent ote a. VL
Les seules difTérences sont dans le chiffre, qui est d'une
part 4 et de l'autre 6, dans les deux mots du commencement
et dans Tlatie pour lequel on a la seconde fois Casiler. — On
reconnaît aussitôt comme verbe de la seconde phrase dirsa,
qui a été déjà vu plus d'une fois (VII a 43, 44, 44 = I 6 34,
35, 36). C'est le subjonctif à la S* personne du singulier du
thème verbal dirs- ou ders- signifiant « donner* » : le < final
est tombé. D'autre part, V 6 8 nous présente dirsas au lieu
de quoi on a plus loin deux fois (V 6 11, 16) dirsans. Ces for-
mes, dont la dernière est évidemment la plus complète, re-
présentent une 3* personne du pluriel : cf. etaians, etaias,
sins, sis. — 11 y a donc une différence pour le nombre entre
le verbe de la première et celui de la seconde phrase; si nous
comparons Casilos à Clavemiur nous en apercevons la raison.
Clavemiur est un pluriel comme prinvatur. Quant à Casilos,
si l'on rapproche la forme Casilate (V 6 16), on voit qu'il est
pour Casilats, et que l'a s'est assourdi en o comme dans pihos,
1. Frat.er (une lettre effacée).
% Voy. p. 206.
TABLE V b 8. 253
en ancien ombrien pihaz (= latin piatus). Il y a seulement
cette différence que Casilos appartient & la 3* déclinaison et
non à la 2*; en effet, le mot a la même formation qu'en latin
UrbinaSy c'est à dire qu'il contient un suffixe secondaire
at(i)''S servant & faire des noms ethniques. Nous trouverons
Y 6 14 Casiler qui est un cas du primitif dont il est tiré.
Herti, pour herteir^ est la locution adverbiale qui accompa-
gne souvent, ainsi que nous l'avons vu, le subjonctif ^ Il est
difficile de voir ce qu'elle ajoute & la phrase, à moins qu'on ne
la prenne dans son sens étymologique : « il est voulu ». —
Fratms Aiiersir «fratribus Attidiis». Il s'agit donc de quel«
que chose qui doit être donné aux frères Attidiens par les Cla-
vernii et par le Casilate. D'après ce que nous savons du carac-
tère de ces Tables, nous pouvons déjà soupçonner qu'il s'agit
d'un droit exercé par le collège des Attidiens. — Si nous
cherchons maintenant le régime direct, nous ne voyons aucun
mot qui puisse remplir cette fonction, à moins que ce ne soit
l'expression abrégée P. IIII et plus bas P. YI. Il faut effec-
tivement regarder le P. comme désignant, à la façon ro-
maine, le mot pondOj lequel gouverne fcirer^ génitif du mot
far « froment ». Ce mot est un des premiers qui aient été dé-
chiffrés sur les Tables eugubines. — Opeter est un adjectif ou
un participe se rapportant à forer : j'y vois un participe du
même verbe qui fait à l'impératif upetu (Y a 7. Il 6 l, etc.).
On a dit plus haut* que cette dernière forme supposerait en
latin ob-penditOy et que le sens est < prœstato ». Ici nous avons
le participe passé : le d final de la racine pend a disparu ou
s'est assimilé * ; le n n'est pas marqué dans l'écriture. Il est
probable que farer opeter est l'expression consacrée pour dé-
signer le blé payé comme redevance.
Si l'on rapproche agre Tlatie de ogre Casiler, qui est con-
struit de la même façon, on voit qu'il faut suppléer un r à la
fin de TkUiej et par suite également à la fin de agre, qui est
le substantif auquel Tlatie d'une part, Casiler de l'autre se
rapporte. La désinence peut être celle du génitif singulier ou
du datif-ablatif pluriel; nous préférons le génitif singulier,
qui convient bien ici pour marquer l'idée d'origine ou de
propriété : c'est le blé du territoire tlatien et casilain qu'on
1. Cf. VII h 2. P. nu
2. Voy. p. 23S.
3. Sur les participes passés des nusines finissant par une dentale, voy. p. 136, n.
254 TABLE V 6 8.
doit donner. Sur le mot Tlatie on ne peut rien dire de certain ;
Husctike rapproche le passage de Pline (III, 19] où, parmi les
populations de l'Ombrie, il cite DoUUeSy cognomine SalerUinos^.
Quant à Casilery c'est Tadjectif qui a servi de primitif & Casi-
las. Huschke pense qu'il est question des CarsiUani nommés
par Pline au même endroit ' ; l'assimilation d'un r n'aurait
rien de surprenant (cf. pesnimuj fasio]. Une circonstance à
remarquer, c'est que pour le Gasilate il est parlé d'un terri-
toire casilain ; au lieu que pour les Giaverniens, il n'est pas
question d'un pays du même nom, mais du pays tlatien. Cette
différence vient elle de la même cause inconnue qui fait
qu*on a d'une part le singulier (Casilos) et de l'autre le plu-
riel (Clavemmr) ? Peut-être avec Casilos faut-il sous-entendre
un mot comme tota « civitas ». L'une et l'autre indication est
complétée par les mots Piquier Marner^ qui paraissent être
une désignation topographique plus générale. On a songé au
Picenum, qui avait, selon une tradition rapportée par Pline
(III, 18), Strabon (V, 4, 2) et Festus (v. Picena), tiré son nom
d'un pic-vert (picus martius) montrant le chemin aux pre-
miers habitants. Si l'on admet qu'au lieu de ctger Picenus on
pouvait aussi dire [ager] Picius MartiiLSy on aura notre ex-
pression ombrienne. L'emploi du q suivi de la voyelle u
(cf. dequria) se rapporte probablement à une forme plus
développée Picumer (cf. Paciwitts, écrit sur des inscriptions
romaines de Gampanie et du Samnium Paquius^].
Le substantif ^esna(m) est à l'accusatif, étant coordonné par
la conjonction et avec le régime direct p, IIII. On a dit plus
haut que c'est le latin cena « repas ». — Homonus duir sont
deux datifs pluriels, le premier venant du thème homon
oc homme » *, le second du nom de nombre « deux », qui se
décline comme un pluriel ordinaire de la seconde déclinai-
son'. — Pvri fa/r eiscurerU est une proposition relative, dont
le sujet puri (nominatif pluriel) se rapporte à homorms. Le
verbe est eiscurerU et le régime direct far^ lequel ne. peut être
autre chose que l'accusatif du même substantif neutre dési-
1. D*atttres conjectures ont été présentées. Ainsi Bûcheler suppose que c'est
le même mot qui a fait loltum, Latinut.
2. Lanzi [Saggio UI, p. 573) avait déjà fait la même conjecture. C<uilo, onde
i Carsulani di Plinio.
3. Mommsen^ Die unterit. Dial, p. 284.
4. Cf. Tancienne déclinaison : hemô, hemônis,
6. Cf. le nominatif pluriel dur, VI h 50.
TÂBL£ V 6 8. 255
gnant le froment payé en redevance au collège; le sens de
la phrase est donc que les Claverniens, outre la quantité
prescrite de grains, doivent donner un souper aux deux
hommes qui auront — le blé. Quoique Tétymologie de ei-
scureni soit inconnue, on peut supposer qu'il signifie « cher-
cher ». Je serais enclin à y voir un eciscere parent du verbe
latin occire^,
La phrase n'est pas encore terminée ici, car il reste les
mots ote a, VI . Ces mots n'appartiennent pas à la proposition
relative, comme on peut s'en assurer par V 6 13 et 18, où Ton
a : et éesna ote a, VL La conjonction ote « aut » marque un
rapport de coordination : nous avons donc un troisième ré-
gime de dir*s<is. Hais cette fois, ce n'est pas un nouveau don à
faire aux Attidiens ou aux deux hommes chargés de lever la
dîme : on annonce un équivalent facultatif du don précédent,
c'est-à-dire du repas des deux envoyés. Une évaluation en
numéraire serait ici à sa place, et en effet, nous trouvons
la lettre A. qui a été déjà expliquée YII b 4 par asses. C'est
donc, à défaut du repas, six as qu'il faut donner à chacun
des deux envoyés. Cette évaluation paraîtra assez élevée, si
l'on rapproche Polybe, II, 15, où l'on voit que les aubergistes
de la Cisalpine défrayent leurs hôtes moyennant un semis
par jour.
Nous avons réservé à dessein l'expression posti acnu (Y b 8,
14], dont on ne peut déterminer le sens qu'à l'aide du contexte.
Dans posti nous retrouvons la même préposition qui est em-
ployée Y a 18 : pusti kastruvuf « pro [singulis] prsediis ».
Kastruvuf étant un accusatif pluriel, il est probable qu'on en
a également un ici : posti acnuf, Aufrecht identifie ce mot avec
le latin cmniiSy et traduit : « per [singulos] annos » ou <c quot-
annis ». Mais ce rapprochement nous parait impossible. Si
l'on admet l'identification acnu = latin cmnus, on est obligé
de regarder la forme ombrienne comme la plus ancienne : il
faudra supposer que le c a été supprimé comme dans lunay
vanus (pour lucna^ vocnitô), et que le redoublement de n n'a
qu'une valeur purement orthographique destinée à indiquer
que la première syllabe est longue. Mais il devient dès lors
impossible d'expliquer le m de sollemniSj seule orthographe
1. Le c supprimé comme dans peiu, feia. — On pourrait aussi songer à un
parent du vieux-allemand etfcdn «demander », ancien slave isiuUi « chercher»^
sanscrit icchati « il désire ».
256 TABLE V 6 8.
attestée par les monuments^. On comprend, au contraire,
qu'un ancien amnus soit devenu annttô, comme on a la dou-
ble orthographe Portumnus et Portunus^ et comme le mot
amnis « fleuve » a donné un composé qu'on écrit peremnis
ou pérennisa. Sur le mot amnuSy dont le plus ancien sens
est « cercle », je me contenterai de renvoyer à un article de
M. A. Barth dans les Mémoires de la Société de Linguistique,
II, p. 235. Non-seulement l'identification avec annus est pho-
nétiquement impossible, mais le sens « année » soulève des
difficultés d'une autre sorte. Envoyer deux hommes au loin
pour aller chercher quatre et six livres de blé, c'est-à-dire au
témoignage de Pline, à peu près ^ et ^ de boisseau ', peut
sembler assez extraordinaire. Enfin, on ne voit pas pourquoi
une inscription qui est d'une rédaction sobre et nullement
verbeuse répéterait avec cette insistance (cf. encore V 6 12,
17) a quotannis ». Je crois que cette expression doit être re-
gardée comme ayant à peu près la même valeur que pusti
kastruvuf : ocnu est, selon moi, une dénomination agraire,
et je le regarde comme synonyme du latin fundus. On trouve
deux fois sur la table votive d'Agnone : saahtùm tefùrùm
alttrel pùtereipid akenei sakahiter, ce qui veut dire
« sanctum delubrum in utroque fundo sacratur ». Sur une
inscription de Pompéi, akun, (forme abrégée pour akûmïss)
est accompagné d'un chiffre : il s'agit probablement d'une
énumération de champs*. Un mot latin de même origine est
acna ou aerma qui désigne un demi-jugerum. On en pourrait'
induire, si les mesures s'accordaient chez les deux peu-
ples, quelle était l'étendue du champ ainsi nommé chez les
Ombriens. Quoi qu'il en soit, nous traduirons acntis par
« fundus ». Cette explication, qui n'a pas échappé à Aufrecht,
a été écartée par lui parce que les deux populations se trou-
vent dès lors payant une somme inégale pour la même unité
agraire. En effet, tandis que les Clavernii fournissent quatre
livres de blé par acnu, les Casilates en donnent six. Mais une
telle inégalité peut avoir bien des causes tenant soit au libre
consentement des contractants, soit à l'occasion ou à la date
1. Gorssen, Àiuspraehê^ I, 225. On trouve aussi perenmù dans le sens de
« étemel » sur une inscription chez Guattani, Jfonum. tned., I, 5, p. XXXIX.
2. Sur ce mot, voy. Festus, p. 245.
3. Hist. nat, XVHI, 12. In Transpadana Italia scio vicenas quinas libras farris
modios pendere : circa Glusium et senas.
4. Enderis, Oikisehe Formenkhre, p. 15.
TABLE V 6 10. 257
du contrat, soit à des particularités du sol. On remarquera
d'ailleurs (et c'est une observation qui a déjà été faite par les
premiers interprètes des Tables eugubines ) que la part de la
victime accordée aux deux peuples est en raison de rîmpôt
qu'elles payent. Ceci nous conduit à la seconde partie de notre
texte. Je donne simultanément le texte de la 2* et de la
4« section :
(V 6 10) Cla/vemi dirscms herti f rater AHersin/r Sehmenier
(V 6 16) Casilate dirsans herti frateer Atiersiur Sehmenier
Deqv/rier pelmner sorser posH acmi vef JT, cdbriner vef F*,
Dequrier pelmner sorser posti acnu vef XV ^ cabriner vef VUS
pretra toco, postra fahe^ et éesna^ oie a. VI,
et éesna^ ote a, VL
Cette fois les frères Attidiens sont au nominatif: ils for-
ment le sujet de dirsans herti <f qu'ils donnent », et le régime
indirect au datif est d'une part Clavemi^ d'autre part Casilate.
D'après ces contours généraux de la phrase , nous devinons
déjà qu'il s'agit d'un objet que les frères Attidiens donnent
aux mômes populations qui leur payent une redevance. Si
nous passons maintenant au détail , nous voyons d'abord
qu'au lieu de la forme attendue Clavernir, nous avons Clavemi.
Le r est-il tombé, ou le texte emploie-t-il ici le singulier (cf.
Grabovi)? Quoi qu'il en soit, le sens de la phrase ne s'en
trouve pas changé. Quant à Casilate , nous devons , d'après
ce qui précède, le regarder comme un datif singulier.
Pour trouver le régime direct, il faut de nouveau aller à un
mot accompagné d'un chiffre : vef^ accusatif pluriel, désigne,
selon toute apparence, une mesure de poids ou de longueur.
C'est malheureusement tout ce qu'on en peut dire de vrai-
semblable. Bugge (ZK. III, 42) rappelle l'expression latine
vis auri argentique, et pense que vis a pris en ombrien la
signification d'un poids déterminé*. Pelmner sorser... vefX^
cahHner vef V : voilà ce que les frères Attidiens doivent don-
ner aux Clavernii. Le mot cabriner est évidemment un adjectif
au génitif, et l'on n'a pas eu de peine à l'identifier avec le
latin caprinus; nous avons une forme kabru II 6 17, à côté
1. On sait qu'en ancien latin m se décline au pluriel comme un thème en t.
Lucrèce, 11^ 586 : Multas vis possidet in se. III, 266 : Sed quasi multae vis unius
corporis exstantc
17
858 TABLE V 6 11.
de kaprum II b l, kapres II b 12.— Pdmner etsorsersont
plus difficiles à expliquer : Tun des deux est sans doute un
substantif signifiant « chair, viande » et l'autre un adjectif
désignant un animal. Si nous nous transportons au com-
mencement de la table II 6, nous trouverons quelque lumière:
Semenies tekuries sim kaprum upetu « suem
caprum prœstato. » Le complément circonstanciel semenies
teq ur ies est exactement celui de notre phrase. Le sens est que
pour le sacrifice qui a lieu semenies tequries, Tadfertor
doit fournir une truie et un bouc. S'il est question dans les deux
textes, comme cela est vraisemblable, d'un seul et même sa-
crifice, nous serons amenés à voir soit dans 5orser, soit dans
pelmner^ un adjectif signifiant « suillus ». J'ai expliqué ail-
leurs * p.elmner comme le génitif d'un substantif pelmerij qui
est avec le latin pulmentum dans le même rapport que tegmen^
augmen^ avec tegmentium^ augmentum. On sait que pulmentum^
chez les Romains, désigne toute espèce de mets : l'exemple du
mot français viande nous montre comment un terme général si-
gnifiant «nourriture» peut se restreindre au sens de «chair».
C'est donc sorser qui signifie, à ce que je crois, « suillus ».
Mais je n'oserais rien affirmer sur Tétymologie de ce mot' :
je me contenterai de dire qu'il n'a rien de commun avec le
sorsom^ sudum dont il a été parlé p. 148. — C'est dix vef de
viande de porc et cinq vef de viande de bouc que doivent re-
cevoir les Clavernii par acnu de leur territoire; c'est quinze
vef de viande de porc et sept et demi de viande de bouc que
doivent recevoir par acnu les Casilates. La part des Clavernii
est avec celle des Casilates dans le rapport de 1 à l ^ ; la même
proportion se trouve dans la redevance des deux peuples. On
remarquera le sigle tout romain S = semissem.
Les mots pretra toco, postra fahe^ qui sont seulement em-
ployés pour les Clavernii, ont l'air d'être en apposition avec
ce qui précède. Je reconnais dans prelralf) et postra{f) des
accusatifs féminins se rapportant à vef : ce sont deux adjec-
tifs au comparatif tirés des adverbes pre et post. Quant à
toco[m) et fahe(m)^ il y faut voir des accusatifs singuliers :
a les premiers [vef], c'est-à-dire ceux qui proviennent du
porc, devant être toco ; les derniers, c'est-à-dire ceux du bouc,
1. Mémoirei de la Société de Unguùtique, II, p. 341.
2. On pourrait, avec BQcheler, supposer un adjectit mita, dont le l serait
devenu un d, comme on a famedias (II b 3)=: latin famiUa, Quant à la
voyelle o représentant un « latin» on va en avoir un exemple dans toco.
TABLE V 6 11. 259
étant fahe. » Toco^ ainsi que Ta justement expliqué F. Bû-
cheler, est un proche parent du latin ou plutôt xlu gaulois
Uiccetum^ qui désigne la viande de porc salée. Au sujet de ces
vers de Perse (II, 43) :
Poscis opem nervis, corpusque fidèle senectse.
Esto, âge : sed grandes patin», tuccetaque crassa
Annuere his superos vetuere, Jovemque morantur,
le scholiaste ajoute : Tucceta apud Gallos Cisalpinos bubula
dicitur caro condimentis quibusdam crassis oblita ac mace-
rata, et ideo toto anno durât. Solet etiam porcina eodem
génère condita servari , aut assaturarum jura. Cf. Apulée,
Met. II, 9 : At pudica uxor statim cenas Saliares comparât.
Yina pretiosa defœcat, pulmenta recentia tuccetis tempérât,
mensa largiter instructa. Le primitif de ce tuccetum se re-
trouve probablement dans lé mot gaulois toa^ea « lard ». Isid.
Orig. }Û(, 2 : Taxea lardum est gallice dictum ; unde et Afra-
nius in Rosa : Gallum sagatum pingui pastum taxea. Cf. Ar-
nobe, YII, 24 : Quid taxe»? quid nœniœ? quid ofifœ? Le
surnom de Tucca, qui a donné lieu chez les Romains & des
jeux de mots, appartient peut-être à la même origine. Nous
traduirons toco[m) par « tuccetum » : les dix vef de viande de
porc doivent donc être salés. — Fahe exprime probablement
une autre sorte de préparation : mais le terme est inconnu.
Peut-être est-ce un mot de même origine que le latin fœx
« saumure >. — Enfin le texte ajoute chaque fois les mots
déjà connus : et éesna[m) ote a. VI « et cenam (pour celui qui
est venu chercher le don) aut asses YI »,
Il reste sehmenier décimer^ qui est, comme plenasier
urnasier (Y a 2), un complément circonstanciel marquant
le temps. Nous ne pouvons guère, en l'absence d'un calendrier
iguvien, spécifier quelque chose de plus : deqwrier est un
ablatif pluriel, et Ton en peut rapprocher le latin decuriay qui
parait être le même mot, sinon pour le sens, du moins pour
la forme. Quant à sehmenier^ c'est ou un adjectif & l'ablatif
pluriel féminin, ou le génitif d'un substantif singulier de la
cinquième déclinaison. Ce qui me fait pencher pour la pre-
mière hypothèse, c'est le mot sehemeniar YII a 52, sèhme-
niar I 6 42, qui a l'air d'être le nominatif pluriel du même
mot, avec dequriar sous-entendu. La locution entière res-
semble aux expressions latines comme Martiis nonis ou comme
SemonieB feriis.
«60 TABLE V 6 18.
TRADUCTION.
(V b 8) Clavernii dent fratribus Attidiis per fundos (9) farris
[in iributum] impensi pondo lY agri Tlatii Picii Martii, et ce-
nam (10) hominibus duobus qui far receperint, aut asses Yl.
Claverniis (11) dent fratres Attidii Semeniis decuriis (12) carnis
suillse per fundos vefX, caprinsB «e/* Y, priores (13) tuccetum,
posteriores fsBcem (?), et cenam aut asses YL Casilas det fra-
tribus (14) Attidiis per fundum farris [in tributum] impensi
pondo YI agri Casili Picii (15) Martii, et cenam hominibus
duobus qui far receperint, aut asses YI. (16) Casiiati dent
fratres Attidii Semeniis decuriis (17) carnis suillsB per fundum
vefXVy caprinse vef YII semis, et (18) cenam, aut asses VI.
Cet usage de distribuer & des populations alliées un mor-
ceau de la victime a été justement comparé par Aufrecht
et Kirchhoff à une cérémonie romaine que la tradition faisait
remonter à Tarquin le Superbe. Tous les ans, sur le mont
Albain, aux fériés latines, un taureau était immolé en l'hon-
neur de Jupiter Latiaris , et près de cinquante cités latines
envoyaient des émissaires pour chercher un morceau de la
victime. Denys d'Halicarnasse (lY, 49) parle en détail de cet
usage qui existait encore de son temps. En retour, les peu-
ples qui avaient leur part du sacrifice envoyaient des agneaux,
des fromages, du lait, des gâteaux. Yarron (De 1. 1. YI, 25)
parle de ces fériés latines : Latinœ feriœ dies conceptivus
dictus a Latinis populis , quibus ex Albano monte ex sacris
carnem petere fuit jus cum Romanis, a quibus Latinis Latinœ
dictœ. Pline l'Ancien (III, 9) énumëre les noms des peuples
latins qui venaient chercher sur le mont Albain leur part du
sacrifice. Tite-Live en parle également : XXXII, 1. Legati ab
Ardea questi in senatu erant , sibi in monte Albano Latinis
carnem, ut assolet, datam non esse. XXXYII, 3. Laurentibus
caro, quœ dari débet, data non fuerat. — Cette inscription
peut donc être définie, comme elle Ta été par Aufrecht et
Kirchhoff , un extrait du livre de comptes de la corporation
Attidienne. Les mêmes savants font observer que les Claver-
niens et les Casilates ne sont pas les seuls en l'honneur de
qui, aux Semenier dequriery on immolait un porc et un bouc.
Nous allons voir II b toute une série d'autres peuples ou
TABLE II 6 1. 261
tribus qui avaient part: à cette cérémonie. Ils en concluent
que le texte est incomplet et que la partie qui nous a été
conservée est probablement la fin d'une inscription plus
étendue qui remplissait une table entière : le graveur, ayant
manqué de place pour les deux derniers peuples, a profité
de l'espace vide sur la t. V 6 pour y inscrire la fin de son
texte. Rappelant le témoignage de l'historien Concioli*, d'après
lequel les tables trouvées à Gubbio étaient primitivement
au nombre de neuf, ils supposent que l'une des deux tables
perdues contenait le commencement de Tinscription. On ne
saurait refuser à ce raisonnement, surtout dans sa première
partie, un grand caractère de vraisemblance. Une circon-
stance qui doit encore faire penser que nôtre inscription est
acéphale, c'est que d'après le modèle de V a 1, V a 14, on
aurait attendu un préambule comme : « Les frères Attidiens
ont décidé.... »
Nous allons passer immédiatement à l'étude de la t. II 6,
qui , comme on vient de le dire, est avec celle-ci en un étroit
rapport.
TABLE II b.
Cette table, qui est écrite lisiblement, se fait remarquer par
le grand nombre de fausses séparations de mots. Tantôt un
mot est à tort coupé en deux, comme pera kne, seva kne,
purtu vêtu, tantôt deux mots sont réunis, comme vinu-
fertu, vesklespesnimu.Nous avons corrigé sans les men-
tionner les fautes évidentes : quant à celles qui peuvent
donner lieu à quelque doute, nous les indiquons expressément.
L'orthographe paraît d'ailleurs présenter encore d'autres in-
corrections, en sorte que le sens , surtout dans les deux der-
niers tiers, laisse beaucoup d'incertitude. Nous nous attache-
rons à ne pas multiplier inutilement les conjectures , et nous
accélérerons notre marche, renvoyant, pour les mots déjà
connus, à ce qui a été dit plus haut.
(116 1) Semenies* tekuries sim kaprum upetu.
Tekvias (2) famedias] pumpedias XIL Atiiediate, être
1. Voy. l'historique dans mon Introduction.
2. Seme nies.
262 TABLE II 6 1.
Atiiediate, (3) Elaverniie, être Elaverniie, Kureiate,
être Kureiate, (4) Satanés, être Satané, Peiediate,
être Peiediate*, Talenate, (5) être Talenate, Mu-
seiate, être Museiate, luieskane, (6) être luieska-
nés, Kaseiate, être Kaselate, tertie Kaselate, (7) Pe--
raznanie teitu.
La première phrase a déjà été mentionnée*. L'impératif
upetu = ob^endito doit être considéré comme à la seconde
personne du singulier. Il s'agit donc d'un porc et d'un bouc
qu'on immole à la fête appelée Semenies tekuries (les
mêmes victimes dont les morceaux sont distribués, selon V 6,
en ces mêmes jours de fête, aux Glavernii et aux Gasilates).
— La phrase suivante est déclarée par Kirchhoif un problème
d'interprétation et de syntaxe qu'il renonce à résoudre. Sans
mieux comprendre le sens des mots, nous croyons que la
construction peut se deviner. Le sujet est famedias pum-
pedias XII, l'attribut tekvias et le verbe sins « sint »
sous-entendu. — Dans famedias on a reconnu depuis long-
temps le nominatif pluriel d'un mot correspondant au latin
familia. Eadetu (I b 33) et Akedunia (I b 16 43) ont
déjà présenté des exemples de d = / entre deux voyelles. Un
autre exemple est peut-être le mot suivant pumpedias,
qui a été rapproché du latin Pompilius et du samnite Pom-
pedius sans que cela nous puisse éclairer sur le sens. Je
soupçonne une parenté avec le grec ic«Vw« « envoyer » : « les
familles qui envoient [des ambassadeurs] ». — Il reste tek-
vias, qui est formé comme en latin conspicuus ou prœcipuus:
le verbe dont il est tiré est le même qui se trouve à la fin
de la phrase suivante sous la forme impérative teitu'. Le
sens serait donc que les douze familles ou plutôt les douze
tribus qui se font représenter au sacrifice doivent être nom-
mées. Ceci deviendra plus clair dans un instant.
Nous avons une longue énumération de noms de peuples
au datif pluriel ou au génitif singulier *. lesquels sont régis
par l'impératif teitu « dicito ». Le sens de la prescription est
qu'en immolant les victimes, le sacrificateur doit dire qu'elles
sont de ou pour tel et tel peuple. Le datif nous parait plus
1. Etrep eiediate.
2. Voy. p. 999.
3. Sur Torthographe tekvias au lieu de tekuviasi voy. p. 254.
4. Le g qui termine ces deux cas est tombé après la plupart des noms : il est
resté toutefois à Satanés et luieskanes.
TABLE II 6 5. 263
vraisemblable à cause des passages suivants que Eirchhoff a
rapprochés fort à propos : Paulus, p. 67. « Dici mos erat Ro-
manis in omnibus sacrificiis precibusque : populo Romano
Quiritibusque (p. 67). » Tite-Live, XLI, 16 : « Latinse feriœ
fuere ante diem tertium Nonas Maias in quibus, quia in una
hostia magistratus Lanuvinus precatus non erat : poptUo
Romano QuiriMumy religioni fuit. »
Des dix noms propres énumérés, six sont terminés en
ateSj deux en ani^ deux en ii. On a d'abord Atiiediate(s)
ce Attidiatibus » : les originaires d'Attidium ouvrent la
marche; ils sont ensuite nommés une seconde fois. Etre
Atiiediate « alteris Attidiatibus » : nous reviendrons plus
loin sur cetta expression. Attidium est une ville ombrienne
à Test dlguvium, sur la frontière du Picenum; il en a
déjà été question à propos du nom de la corporation atti-
dienne ^ .
Les Ciavernii nous sont connus par Y 6. — Les Kureiates
sont sans aucun doute les Curiates dont parle Pline (H. N.
m, 19], qui les nomme parmi les races éteintes de TOmbrie :
« Jungitur his sexta regio, Umbriam complexa, agrumque Gal-
licum ciixa Ariminum.... In hoc situ interiere Feliginates....
Item Solinates, Curiates. » .... — S a tan i. Ce mot a Tair d'être
dérivé d'un primitif Sata, qui rappelle le nom de lieu traf
Sahatam plusieurs fois employé YII a 39-45 et I 6 38. Momm-
sen ^ mentionne le nom propre Satanus sur des inscriptions
d'Asculum en Picenum : comme ce nom est un dérivé à la
façon de Albanus, on peut supposer qu'il y avait un nom de
lieu appelé Sata dans le voisinage d'Iguvium. Rapprochez-en
le samnite Saticula^. — Peie4iate(s) suppose un primitif
Piediwm. Talenate(s) et Muse*iate(s) se rattachent à des
primitifs Talena et Musa :. tous ces noms sont inconnus.
Cependant Lanzi fait observer qu'il reste auprès , de Gubbio
un village avec ruines appelé Musceia^ ce qui pourrait être
un adjectif dérivé de l'ancien nom. Huschke rappelle le fleuve
MisuSy en face duquel était b&ti Iguvium. — luieskanes est
tiré d'un primitif luieska, qui présente la formation bien
1. On pourrait être tenté de rapporter XU à Atiiediate, en sorte que nous
aurions ici les douze frères Attidiens. Mais c'est de peuples, et non de corpora-
tions religieuses, qu'il est question dans cette énumération. Je ne voudrais
pourtant rien affirmer à ce sujet.
2. UfUerit. Diaiêk. p. ?43.
3. Sur des inscriptions étrusques on a les noms de Satnal, Satiet,
264 TABLE II 6 7.
connue en sca, qu'on rencontre dans le nom des Opisci, des
Volsciy des Tusci, et de plusieurs autres peuples. Kirchhoff
compare le sabin MuPuesca, qui a donné un adjectif Muiues-
camAS. La première partie du mot est la même que dans
Ijuvina, de sorte que nous avons probablement encore ici
un dérivé du même primitif qui se trouve dans le nom d'Igu-
vium. A côté des Ijuvinus il y aurait donc eu des Ijujescanus^
comme on a une base identique dans le nom des Tyrrheni,
des Tusci et des Tuscani. — Les Casilates sont les mêmes
dont il a été parlé V 6. — Enfin le nom de Peraznanie
suppose un primitif Perazuanum, qui présente une accu-
mulation de consonnes comme on la trouve ordinairement
en étrusque (cf. Arznal, Percumsnal).
La plupart de ces noms de peuples sont cités deux fois, et
la seconde fois on les fait précéder de Tadjectif être « alte-
ris ». Les Casilates sont même nommés trois fois (tertie
Kaselate). C'est ainsi qu'à Rome il y avait les Luceres primi
et secundi. Cette subdivision tient sans doute à quelque par-
ticularité politique ou géographique. Si Ton compte chaque
subdivision comme une unité à part, on arrivera à une som-
me de vingt peuples; si Ton additionne seulement les noms
ethniques, on obtient une somme de dix peuples. Des deux
façons, la liste semble en désaccord avec la phrase précédente,
où il est question de famedias pumpedias XIL II est pro-
bable qu'il faut admettre la seconde manière de compter et
suppléer deux noms de peuples que Ton n'a pas indiqués,
peut-être parce que leur présence s'entendait de soi : ainsi les
Ijuvinus proprement dits ne sont pas désignés, quoique évi-
demment ils dussent avoir leur place dans la cérémonie.
TRADUCTION.
(II 6 1) Semeniis decuriis suem caprum prsestato. Fœde-
ratœ (?) (2) familiœ nuncupandœ (?) XII. Attidiatibus, alteris
Attidiatibus, (3) Claverniis, alteris Claverniis, Curiatibus,
alteris Curiatibus, (4) Satanis, alteris Satanis, Piediatibus,
alteris Piediatibus, Talenatibus, (5) alteris Talenatibus, Mu-
siatibus, alteris Musiatibus, luiescanis, (6) alteris luiescanis,
Casilatibus, alteris Casilatibus, tertiis Casilatibus, (7) Peraz-
naniis dicito.
TABLE II 6 7. 265
(Il b 7) Admune Juve pâtre fétu. Si perakne (8)
sevakne upetu. Eveietu*. Sevakne naratu. Arviu (9)
ustetu ; eu naratu'. Puzè façefele' sevakne. Heri puni,
(10) heri vinu fétu.
Après rénumération des peuples ou des familles qui ont part
au sacrifice, vient le détail du cérémonial dans le même style
que sur la table I, c'est-à-dire plutôt par des allusions que
par des prescriptions explicites, et comme cette fois nous n'a-
vons pas le secours d'une recension plus développée, beau-
coup départies restent obscures. Admune Juve pâtre sont
trois datifs régis par fétu : « —o Jovi patri facito ». Ad-
mune parait une formation analogue à Puemune, Yesune,
Yufiune, qui sont des noms de divinités ombriennes. Sauf
la différence du genre, on peut rapprocher les formes latines
comme Pomona^ Angerona; quant à la première partie du
mot, je crois qu'elle est la même que dans arsm-or, arstrir-
atia^ arsm-aha/mo *. Gomme nous avons été amené à traduire
arsmor par u ritus », arsmatia par <c lustralis » et a/rsmahamo
par c< lustramini », le surnom de admune, qui est tiré d'un
primitif admo- comme le latin Bellona de bellô-m^ doit expri-
mer une idée de pureté ou de sainteté. Je le traduis par
« casto ».
Les deux adjectifs perakne(m) et sevakne(m] sont à
l'accusatif et se rapportent à si (m) « suem », qui est régi par
l'impératif upetu « prœstato ». Un peu plus loin (II b 10),
les deux mêmes épithètes sont données & kapru(m] « ca-
prum ». L'adjectif perakni s est employé neuf fois : les sub-
stantifs avec lesquels il est construit sont tous des noms
d'animaux, sauf une fois (Y a 6) où il est avec sakreu'.
Quanta sevaknis, on le trouve également avec des noms
d'animaux, ainsi qu'avec d'autres mots qui ne sont pas tous
très-clairs, mais qui paraissent désigner des objets présentés
en offrande, tels que veskles « vasculis », vinum « vinum »,
tiçlu <c sacrificium », umne « unguentum », stieso « tribu-
tum » (?). La ressemblance des deux adjectifs vient de ce
qu'ils sont l'un et l'autre des composés ayant le même second
terme. On a proposé de les expliquer comme équivalant à
perennis et sollemnis. Mais pour les raisons que nous avons
dites (p. 255) il faut écarter ce rapprochement. Si aJcnis exis-
1. Upetue veietu. — 2. Eunaratu. — 3. Façefete.
4. Voy. p. 66, p. 90 et p. 182. — 5. Voy. ci-dessus, p. 238.
266 TABLE U 6 9.
tait en latin, il aurait fait ànis. Or, nous avons Tadjeetif itir
ânis dont la seconde partie est obscure, mais dont on peut
dire au moins que la composition est analogue à innermis ou
in-opSy c'est-à-dire que le composé renferme la particule pri-
vative in : si notre comparaison est juste, peraknis et sevak-
nis peuvent être considérés comme le contraire de inanis^ et
ils expriment par conséquent une idée de plénitude. Per doit
être pris dans un sens augmentatif : quant à sev-, je crois
avec A. K. que c'est le latin soll- (pour so/v-), c'est-^-dire le
même mot qui est employé en ombrien à l'état indépendant
sous la forme sevum^ Le sens des deux adjectifs sera donc
c plenus, solidus, justus, integer, debitus ». On sait combien
dans la langue du rituel ces sortes d'expressions sont fré-
quentes. Virgile, jEn. VI, 253 :
Et solida imponit tauronim viscera flammis.
Il reste à nous demander si le second terme a quelque pa-
renté avec le mot acnu que nous avons vu p. 255, et que nous
avons traduit par « champ, bien-fonds ». Je suis porté à croire
que c'est le même terme : l'adjectif latin profunduSy qui a une
signification approchante, est pareillement composé avec fun-
dus^. Je traduis peraknis par « justus » ou « integer yijseoakim
par « debitus ». Le sens de notre phrase est : « Casto Jovi pa-
tri facito; suem integrum debitum prœstato ».
Eveietu correspond peut-être, en sa seconde partie, au
latin voveto. Cf. vêtu (I b 29, 37). C'est ainsi qu'on a l'un à
côté de l'autre virsetom et rêves tu. Le préfixe e servirait à
renforcer l'idée du verbe : « devoveto » {?). — Sevakne(m)
naratu fait allusion à cet usage qu'il ne suffit pas que la
victime soit présentée, mais qu'il faut encore que le sacrifica-
teur l'annonce : « debitum nuncupato ». — Ârviu uste(n)tu;
eu naratu ne présente d'autre particularité à relever que
l'obscurcissement de Va final en u (pour arvia, ea). On doit
donc aussi annoncer les vases présentés en offrande. — A
l'exemple d'Aufrecht, nous avons corrigé face fête, qui ne
présente aucun sens, en façefele, lequel est un adjectif
comme purtifele, qu'on rencontrera plus loin. Le suffixe
1. Voy. ci-dessus, p.' 65 et 99. Pour la dUTérence de voyelle, comparez pelmen
s latin pulmentum»
2. Pour le passage dans la déclinaisoD en «, cf. en latin inêrmù, iwberbit.
- TABLE U b 10. 267
correspond au latin bilis et marque la possibilité, la légiti-
mité. «^ Puze nous est connu comme ayant les divers sens
du latin « uti ». Mais il est difficile de dire ce que cette con-
jonction vient faire ici.
TRADUCTION.
(II b 7) Casto Jovi patri facito. Suem integrum (8) debitum
prœstato. Devoveto (?). Debitum nuncupato. OUas (9) donato;
eas nuncupato. Uti sacrificandum debitum (?). Seu lacté, (10)
seu vino facito.
(II b 10) Yaputu Saçi ampetu. Kapru perakne se-
vakne* (11) upetu. Eveietu. Naratu. Çive ampetu.
Fesnere purtuetu. (12) Ife fertu. Tafle e pir fertu*.
Kapres pruseçetu (13) ife adveitu*. Persutru vaputis
mefa vistiça fêta fertu^
Ampetu est composé avec le même verbe que upetu, mais
il a un autre préfixe. On a les variantes ampentu (II a 20),
apentu (III 27). Je le traduis par « impendito ». — Saçi est
le datif d'un substantif Scmcus ou Scmcius^ nom de divinité. —
Je n'ose rien afQrmer sur vaputu, qui se retrouve ligne 17.
On a vaputis ligne 13. — Il est prudent de garder la même
réserve sur çive. — Fesnere doit se décomposer en Fes-
ner-e, c'est-à-dire que nous avons un datif pluriel suivi de
e(n). L'accusatif se trouve II 6 16 : pune Fesnafe bonus,
kabru purtuvetu «quum ad Fesnas veneris,capnimpollu-
ceto ». Cf. Funtlere I a 24. C'est donc un nouveau sacrifice
qui doit être offert en un lieu appelé Fesnœ.
Ife est le latin ibi, — Une proposition ainsi conçue : « ibi
ferto » semble inachevée, mais je crois que le verbe feroj
employé dans cette langue spéciale du rituel et en s'adressant
à l'adfertor (de là son nom) signifie « fais les fournitures ».
La suite du texte confirme ce sens. — Tafle e pir fertu
« in tabula ignem ferto ». Nous avons ici un exemple de e(n)
resté indépendant ^ Par tafia il faut sans doute entendre
1. Fera kne seva kne. -^ 2. Epirfer tu. ^3. Ifea^^eitu.
4. Fetafertu. — 5. Le graveur écrit epir.
268 TABLE II 6 15. -
quelque brasier portatif de forme particulière. Peut-être dans
la phrase suivante ife ne doit-il pas s'entendre du nom de
lieu, mais du feu : « capri prosicias ibi [in ignem] addito ». —
Vistiça est probablement le même mot que vestiça, ves-
tiçia (voy. p. 119). — Fêta me paraît être un substantif:
tous ces mots sont à l'accusatif, à l'exception de vaputis,
qui est peut-être une faute pour vaputu.
TRADUCTION.
(II 6 10] — Sanco impendito. Caprum integrum debitum
(11) prsestato. Devoveto (?). Nuncupato. — impendito. Ad
Fesnas poUuceto. (12) Ibi sacrificium procurato. In tabula
ignem ferto. Capri prosicias (13) ibi addito. Struem, — , mo-
lam, libum, — , ferto.
(II 6 14) Sviseve fertu pune, être sviseve*vinu fertu,
tertie (15) sviseve utur fertu. Pistuniru fertu', vepe-
sutra fertu, (16) mantraklu fertu, pune fertu. Pune
Fesnafe benus, (17) kabru purtuvetu*. Vaputu Saçi
Juve pâtre prepesnimu; (18) vepesutra pesnimu, ves-
kles pesnimu. Atrepudatu*, (19) adpeïtu, statitatu.
Vesklu pustru pesturanu* (20) pesnimu. Puni pes-
nimu, vinu pesnimu, une pesnimu. (21) Enu erus têtu.
Etre et tertie sont le datif féminin singulier ou le datif
féminin pluriel (avec chute de s) des nombres ordinaux si-
gnifiant « second » et « troisième ^. Les objets appelés de ce
nom de sviseva sont donc au nombre de trois. Dans le pre-
mier on porte le lait, dans le second le vin, dans le troisième
une substance inconnue nommée utur. A. K. pensent au latin
cuior. Nous reviendrons sur ce mot ligne 20. — Sur pistu-
niru, il serait d'autant plus téméraire de rien avancer que
Ton a ensuite (1. 19)pesturanu, en sorte que la leçon sem-
ble corrompue au moins une fois. — Vepesutra (m) est un
accusatif féminin. Cf. II 6 18: vepesutra pesnimu, veskles
pesnimu. II a 30 : venpersuntra * persnihmu. IV. 7 :
1. Stî se ve. — 2. Pistunirufertu. — 3. Kabrupurtu vêtu.
4. Atrepudatu. — S. Pestu ranu.
TABLE II b 20. 269
aseçetes karnus iseçetes et vempesuntres supes
sanes pertentu. Il résulte de ces diverses leçons qu'à la fin
de la première syllabe on doit intercaler un m. Ce mot rap-
pelle aussitôt à Tesprit le mot persutru ou persuntru,que
nous avons traduit par « ferctum* ». Il est difficile de dire ce
qu'est vem. — Sur mantraklu, voy. p. 116. — Il ne faut
pas confondre la conjonction pune << quum* » qui gouverne
ici le futur antérieur benus (« quum ad Fesnas veneris»),
avec l'accusatif pu ne (m) « lait » qui se trouve deux fois
dans la même ligne 14. — Le participe prepesnimu a été
justement rapproché par A. K. de ces formules conservées
par Gaton (R. R. 134. 141) : « Ture, vino Jano, Jovi prœfato.
— Janum Jovemque vino praefamino. » C'est une expression
de ce genre que nous avons ici : — Sanco Jovi patri praefa-
mino. Il s'agit de prononcer le nom de la divinité au moment
où Ton présente l'offrande. — Vient ensuite le simple pes-
nirau qui est construit avec l'ablatif féminin singulier vepe-
sutra et l'ablatif pluriel neutre veskles « vasculis». — Des
trois impératifs atrepudatu, adpeltu, statitatu*, le pre-
mier est connu : nous l'avons traduit par « infundito * ». Les
deux autres marquent sans doute des opérations relatives à
la libation : adpeltu correspond pour la racine et le pré-
fixe au latin adpellito; statitatu semble un fréquentatif
signifiant « placer, poser* ». — Sur pustru « altero », voy.
page 117. — Une doit être un ablatif, puisqu'il est construit
comme puni et comme vinu. On a ailleurs u m n e. Cf. II a 37 :
Yestikatu, ahtrepudatu, spina umtu, umne sevakni
persnihmu. Le rapport étymologique entre umtu et umne
est le même qu'en latin entre frangito et fragmen : il faut
supposer un substantif li^men, formé comme n(Hinen (VI a 17),
pelmen (V ô 12), et faisant umne à l'ablatif. L'impératif
umtu se trouve encore IV, 13 : inuk ereçlu umtu. On
a, d'autre part, umen II a 19 : veskla snata asnata
umen fertu. IIa34 : vesklu snatu asnatu umen fertu.
1. Le texte a eenpersuntra.
2. Voy. p. 148.
3. Voy. p. 157 et 163.
4. Les mêmes impératifs reviennent II a 31, IV, 9. Il s'agit toujours de vases
(veskles] et de libation (vestikatu).
5. Voy. p. 1Î8.
6. 11 s'agit peut-être dVne certaine façon de poser les vases sur Tautel.
Cf. VII a 25. II b 19.
270 TABLE II 6 21.
Je crois que l'origine commune de tous ces mots est le verbe
ungere^ qui anciennement avait la forme ongere (en sanscrit
ang « oindre ») : ce verbe a donné un substantif perdu ong-
meriy omen (cf. examen de agere) « huile » ou « graisse ». Par
l'addition d'un nouveau suffixe (cf. fragmen et fra^merUum)
on a eu en latin omentvm. Je traduis umne, une par « un-
guento». Revenant au mot utur (1. 15), je fais remarquer
qu'il suit précisément les mots p une et vinu, et qu'il parait
désigner la même chose que umen. Peut-être faut-il lire
utru, qui représenterait en latin Unctrum.
TRADUCTION.
(Il 6 14) —a ferto lac, altéra —a vinum ferto, tertia (15)
— a unguentum (?) ferto. — um ferto, — am ferto, (16) man-
tele ferto, lac ferto. Quum ad Fesnas veneris, (17) caprum
poUuceto. — Sanco Jovi patri prœfamino; (18) — a precator,
vasculis precator. Infundito, (19) — to, — to. Vasculo al-
tero — (20) precator. Lacté precator, vino precator, unguento
precator. (21) Tum frusta dato.
(II 6 21) Yitlu vufru pune heries (22) façu, eruhu
tiçlu sestu iuve pâtre. Pune seste, (23) urfeta ma-
nuve habetu. Estu iuku habetu : (24) lupater Saçe,
tefe estu vitlu vufru sestu (25) purtifele. Triiuper
teitu*, triiuper vufru naratu. (26) Feiu Iuve pâtre
Yuçiiaper natine fratru Atiiediu. (27) Pune anpenes,
krikatru testre e uze* habetu. Ape apelus', (28) mefe
atentu. Ape purtuvies*, testre e uze habetu^ (29) kri-
katru. Arviu ustetu, puni fétu.
La fin de cette inscription traite d'un autre sacriflce égale-
ment dédié à Jupiter, mais qui n'est pas nécessairement lié
au précédent. Les deux premiers mots vitlu vufru dési-
gnent la victime : vitlu est le latin vitulus. —Vufru a été
identifié par Zeyss • avec le latin vafer^ dont le sens primitif,
au témoignage des anciens Glossaires latins, était « varius,
1. Tri iuperteitu. — 2. Euze — 3. Apeapel us. ~ 4. Àpepurtuvies.
— 5. Euzehabetu. — 6. ZK. XYI 383. Cf. Gloses d'Isidore: Vabrumy varium^
multiforme.
TABLE II 6 23. 271
multiformis, diversipellis ». Le vers de Pomponius, cité par
Nonius Marcellus (s. v.), a Tair de faire allusion au même
sens : Tergum varium, linguam yafram. Le v initial a dû
contribuer au changement de Va en u. — Pu ne heries si-
gnifie « quum voies » ; le verbe, qui est fléchi d'après la con-
jugaison faible, est au futur. -- Façu(m) est un infinitif
formé comme aferum, eroin, eru. L'affaiblissement du c en
ç ne peut s'expliquer que par la présence d'uni ; façium.
C'est comme si en latin on disait fac^e. Nous avons effective-
ment f açiu(m) II a 16. Le mot est pris, comme d'habitude sur
ces inscriptions, au sens de « sacrifier ». « Quanid tu voudras
sacrifier un veau tacheté* ». Yitlu vufru peuvent être regar-
dés soit comme des accusatifs, soit comme des ablatifs.
Le verbe est sistu dans lequel il faut voir un impératif
comme andersistu (YI a 6) : il équivaut au latin mtito. —
Juve pâtre « Jovi patri » représente le régime indirect. —
Eruhu, pour eru-hunt (cf. p. 59), se rapporte à tiçlu,
qui est un cas du même substantif dont nous avons eu
YI a 7 le génitif diéler, et dont nous aurons II a 15 le nomi-
natif tiçel. L'accusatif tiçlu est employé III, 25, 27. Nous
pouvons hésiter ici entre l'accusatif (erum-hunt tiçlu m)
et Tablatif. Peut-être le sens de la phrase est-il : «TQuand tu
sacrifieras.... présente-le à Jupiter selon le même rituel. »
Pu ne seste(s) « quum sistes ». La chute de s est remar-
quable, car ce s n'est pas final : la forme complète serait
sestess pour la deuxième, sestest pour la troisième per-
sonne. On pourrait, il est vrai, supposer avec Huschke, que
se s te est au présent (pour ses te s) : mais ce serait le seul
exemple sur nos tables de p u n e « quand » construit avec le
présent de l'indicatif. — Urfeta(m) manuve habetu. Il a
déjà été parlé du mot manuv-e(n), qui prouve clairement
que en se construit avec le datjff, car l'ablatif est mam. Le
datif manu s'est développé en manuvj comme aruvia pour
arvia. — Urfeta(m) correspond à un latin orbUa, qui existe
en effet avec le sens de « ligne circulaire, roue, char, trace »,
acceptions qui ne sauraient convenir ici. Mais si l'on songe
que orbita est formé de orbiSy comme juventa de juveniSj on
comprendra qu'il peut désigner tout ce qui a forme d'un
cercle : de quel objet rond est-il question ici? peutrêtre est-ce
le marteau destiné à immoler la victime, peut-être un disque
1. Cf. 15 10. Pune puplum aferum heries.
272 TABLE II 6 26.
destiné à être lancé, comme on voit chez Tite-Live que le porc
est tué au moyen d'un caillou (I, 24). Des objets d'airain
appelés orbes étaient conservés d^ns le temple de Semo San-
cus. Tite-Live, VIII, 20 : Bona Semoni Sanco censuerunt con-
secranda, quodque aeris ex eis redactum est, ex eo œnei orbes
facti, positi in sacello Sanci versus œdem Quirini.
Estu iuku habetu. Le substantif iuku, que nous ren-
controns ici pour la première fois, est du genre neutre,
comme on le voit par le passage suivant, où nous avons le
pluriel, III, 28 : iuka mersuva uvikum habetu fra-
truspe atiiedie ahtisper eikvasatis tutaper iiuvina
trefiper iuvina. Dans ce dernier passage, il est construit
également avec le verbe habetu, et il est suivi de Ténuméra-
tion «.pro fratribus Attidiis.... », laquelle se trouve ordinaire-
ment avec subocau ou quelque autre verbe signifiant « je prie,
j Invoque». Nous pouvons donc soupçonner que le substantif
^n question signifie «prière, invocation». Cette hypothèse est
confirmée par notre passage, où, immédiatement après les
mots : estu iuku habetu, on passe au discours direct.
Aussi Aufrecht a-t-il déjà supposé un mot comme oratio. Je
crois que ce iuku est le primitif ou peut-être le dérivé ver-
bal de invoùare. Le préfixe in s'est réduit à un i, comme dans
iseçetes; la syllabe vo (en vieil ombrien vu) est devenue un
simple u, comme elle est devenue o dans suboco^ subocau.
Vient ensuite l'invocation, qui ne présente aucune diffi-
culté : «Jupiter Sance, tibi istum vitulum varium sisto pol-
lucendum ». — Purtifele{m) est formé à l'aide d'un suffixe
qui correspond au latin -bilis : le verbe est le même qui a
donné le participe purtitum, purditom. Il signifie donc :
« qui peut être offert, qui réunit les conditions nécessaires
pour être offert ». Cette invocation doit être répétée trois fois :
« ter dicito, ter varium nunçupato. »
II b 26-29. Feiu est corrigé par A. K. en fétu, et nous
avons, en effet, plusieurs exemples de ce genre de faute. Ce-
pendant, si l'on compare certains passages d'autres tables, où
le discours direct est repris brusquement, on peut être tenté
de voir dans feiu une première personne du présent, équiva-
lant à fado. Comparez feia (Va 23) = faciat. — Vuçiia
natine sont deux ablatifs régis par l'enclitique per; il faut
rapprocher II a 21 : Katlu sakresevakne Petruniaper'
1. Petruniapert.
TABLE II b 29. ' 273
natine fratru Atiiediu, et II a 35 : vestikatu Petru-
niaper natine fratru Atiiediu. Le mot natine a été
expliqué par KirchhofF comme répondant au latin natione : au
moins devra-t-on ajouter, comme le fait Bugge *, que le mot
ombrien suppose un latin naiiônem, et non natiônem. Au-
trement on ne comprendrait pas que la voyelle longue accen-
tuée eût été absorbée par la voyelle brève atone. Il se pourrait
d'ailleurs que ce fût une' formation en ine (cinquième décli-
naison), comme tribriéine (voy. p. 95). Ce mot, qui dérive
comme gens de la racine gan ou (g)nâ^ signifle « famille ». —
Vuçiia suppose un latin Vocius, Vucius, ou peut-être (cf.
p. 156) Lucius. — Sur pune anpenes, ape apelus, voy.
p. 244. — Krikatru a été expliqué (p. 166) comme désignant
le vêtement du prêtre. — Mefe atentu signifie littéralement:
« molae imponito, place sur le gâteau ». Je crois que cela doit
s'entendre du vêtement. Cf. Acta Arv. : Sacrifîcio peracto un-
guenta et coronas acceperunt et mantelis pulmenta rursus
contigerunt. (Henzen, p. ccv, 13). Le reste du texte est connu.
On voit que ce n'est pas, comme précédemment, pour les
frères Attidiens en général, mais pour une certaine famille
faisant partie des frères Attidiens, qu'il est offert un sacrifice
à Jupiter. Nous avons par anticipation cité tout à l'heure deux
passages de II a, où il est question de la gens Petronia des
frères Attidiens. Nous obtenons de la sorte un renseignement,
très-incomplet il est vrai, sur la composition de ce corps.
Peut-cHre la dignité de frère Attidien était-elle héréditaire dans
certaines familles. C'est ainsi qu'à Rome les Luperci se com-
posaient, à l'origine, de la gens Fabia et de la gens Quintilia.
Les Potitii et les Pinarii étaient chargés du culte d'Hercule à
l'ara maxima, la gens Julia du culte d'Apollon, la gens Au-
rélia du culte de Sol '. C'est donc à des sacra gentilicia que se
rapporte la description de la fin de II b, tandis que le com-
mencement décrit des sacra publica. La réunion de ces deux
textes tient sans doute à cette circonstance que, dans l'une
et dans l'autre cérémonie, le sacrifice est offert à Jupiter
Sancus. Peut-être même, comme le suppose Kirchhoff, la
gens Yucia était-elle spécialement chargée du culte de Jupiter
Sancus, de sorte que, dans l'un comme dans l'autre sacrifice,
c'est elle qui serait en scène.
1. ZK. XXU, 432.
2. Becker-Marquardt, IV, p. 145, 402. Mommsen, De CoUegiiit et sodoiictù
Romanorum, p. 10^ 24.
la
274 TABLE H a 1.
TRADUCTION.
(Il b 21) Vitulum varium quum voles (22) facere, eodem
ritu sistito Jovi patri. Quum sistes, (23) orbem m manu ha-
beto. Hanc invocationem habeto : (24) « Jupiter Sance, tibi
hune vitulum varium sisto. » (25) Pôilucendum ter dicito, ter
varium nuncupato. (26) « Facio Jovi patri pro Vucia geute
fratrum Attidiorum. » (27) Quum impendes, ricam in dextro
bumero habeto. Quum imponderis, (28) molae [ricaml impo-
nito. Quum pollucebis, in dextro humero habeto (29) ricam.
OUas donatOi lacte facito.
TABLE II a.
L'inscription qui couvre la face a de la table II n'a aucun rap-
port avec celle de la face b. Elle n'est pas non plus de la
même main : la lettre s est représentée deux fois par M
(1. 18 et 24). Cette inscription a été probablement gravée vers
le même temps que I, car elle se termine (1. 44) par la même
formule que nous avons vue I b 45, et qui manque partout
ailleurs. — Le texte de II a se divise en deux parties, conmie
on le voit déjà par la disposition extérieure, le graveur ayant
repris à la ligne. La seconde partie n'a aucun rapport néces-
saire avec la première, et elle paraît avoir été copiée d'après
un texte d'une autre provenance. Tandis que la première partie
abonde en fautes de toutes sortes, la seconde est générale-
ment correcte.
(II a 1) Pune Karne Speturie Atiiedie aviekate nara-
klum (2) vurtus, estu esunu* fétu fratrusper Atiie-
die. Eu esunu^ (3) esu naratu : Pede Karne Speturie
Atiiedie aviekate (4) aiu urtu fefure fétu, puze neip
eretu*. Vestiçe Saçe* (5) sakre. luve pâtre bum per-
1. Estuesunu.— 2. Esum. — 3. Puzeneiperetu. ^4. Vestiçesaçe.
TABLE n a !• 275
akne*, Speture •f* perakne restatu. (6) "f- luvie unu
erietu. Sacre* pelsanu fétu*. Arviu ustentu, (7) puni
fétu, taçez pesnimu; adepe arves*. Pune purtiius*
(8) unu, sudu pesutru* fétu. Tikamne luvie kapide
(9) pedu preve fétu'. Ape purtiius sudu", erus têtu.
Enu kumaltu,(10) kumate pesnimu*. Ahtu luvie*® uve
peraknem** (11) pedaem fétu". Arviu ustentu, puni"
fétu. Ahtu Marti** abrum" (12) perakne fétu; arviu
ustetu; fasiu pruseçete a^veitu; (13) pedae fétu; puni
fétu"; traekvine" fétu; (14) aseçetes" perakne fétu.
La première phrase commence par une proposition relative
annoncée par pune « quum » et ayant vurtus pour verbe;
on a déjà vu des futurs antérieurs semblables, et Ton sait
que ce verbe, qui correspond au latin vertere^ signifie en om-
brien «retourner » (au sens neutre) ou « se retourner».
Nous traduisons : « quum.... rediveris" ». — Karne Spe-
turie sont au datif ou à l'ablatif pluriel, et expriment une
idée de temps, comme Sehmenier Dequrier (V 6 11, 16). — Il
s'agit probablement d'une fôte ou cérémonie annuelle. Spe-
turie est un adjectif tiré d'un nom ou surnom de divinité,
comme on le verra 1. 5. On peut rapprocher des expressions
latines telles que « ludis Apoilinaribus » ou « feriis Satur-
nalibus ». — Le régime de vui'tus est narakium, oii Ton
reconnaît un suffixe klo analogue à celui de kumnahkle
« in culminaculo », muneklum « munusculum ». Je crois
que c'est un mot de même famille que nerf^ lequel a été tra-
duit par « Lares » : narakium correspondrait à un mot latin
laraculum qui n'existe pas, mais au lieu duquel nous avons
lararium. II s'agit donc du retour au temple ou à la chapelle,
d'où l'on peut conclure que la fête des Karne Speturie alieu
à une certaine distance, comme celle qui est décrite sur I et
VI-VII. — Nous avons un second complément circonstanciel
dans Atiiedie aviekate : ces deux mots ne peuvent être
qu'au génitif singulier ou au datif-ablatif pluriel. Je crois que
c'est un ablatif pluriel employé au sens sociatif. « Quand tu
1. luvepatrebumperakne. — 2. Unuerietusakre. — 3. Pelsanu-
felu. — 4. Adepearves. — 5. Punepurtiius. — 6. Sudupesutru. -
7. Preve fétu. —8. Purtiiusudu. — 9. Ku ma te pesnimu. — 10. luvip.
— 11. Uveperak nem. — 12. Pedaemfetu. — 13. Ustentupuni. —
14. Ahtumarti. — 15. Abrunu. — 16. Punifetu. — 17. Tra ekvi ne-
— 18. Açetus. — 19. 11 faut donc supposer une forme vurtus s.
276 TABLE H a 4.
seras revenu avec les Attidiens — ». Le discours s'adresse
probablement à Tadfertor. — Aviekate a la forme d'un par-
ticipe passé : le contexte exigerait, ce semble, un mot comme
« envoyé, député , chargé. » Le sens de la proposition relative
serait donc : « Lorsque, aux Karnae Speturiœ, tu seras revenu
au temple avec les Attidiens délégués (?).... »
Estu esunu fétu fratrusper Atiiedie : ces mots qui
composent la proposition principale ne présentent point de
difficulté. « Offre ce sacrifice pour les frères Attidiens ». —
La phrase suivante : eu esunu esu naratu peut se traduire
de deux manières. Ou bien eu suppose un accusatif neutre
latin evmy c'est-à-dire qu'au lieu de id, Tombrien emploie ici
le thème composé eô; ou bien il faut considérer eu esunu
comme des ablatifs et faire de naratu un verbe neutre; dans
le premier cas on traduira : « id sacrificium ita nuncupato »,
dans le second : «in hoc sacrificio, ita nuncupato ». Au fond,
le sens est le môme. — Au sujet du mot esunu, nous ferons
encore remarquer que l'inscription a esu m : par une faute
inverse, on a 1. 11 abrunu au lieu de abrum. Ces deux
erreurs s'expliquent aisément par la forme un peu compli-
quée qu'affecte le m sur cette table.
Vient ensuite une formule qui est identique, en sa seconde
partie, àVI a 27 : puze neip eretu « uti ne velis, que tu
ne le veuilles pas ». On a vu, p. 79, que cette formule signifie :
« tiens-le pour non avenu ». Dans la première partie nous
retrouvons la conjonction pede =persei, qu'au même en-
droit nous avons traduite par «si». Enfin urtu est le orto de
VI a 26, sauf la différence du nombre, car nous avons ici un
pluriel neutre : comme orto paraît avoir le sens de « viola-
tum », nous pressentons qu'il s'agit ici d'une invocation au
sujet de fautes qui ont pu être commises. — Fefure, pour
fefurent, est le futur antérieur du verbe fu, avec redouble-
ment* : la désinence nt est tombée, comme on voit le t tom-
ber dans staheren et ni tomber au parfait covortitso^ benuso.
— Aiu doit être pris comme un pluriel neutre. C'est tout ce
que j'oserai dire sur ce mot. — Il reste fétu, qui a l'air de
n'être pas à sa place. Il a pu s'introduire ici par erreur, l'im-
pératif fétu se trouvant à la 1. 2 et à la 1. 6. Si le texte n'est
pas fautif, on devra prendre fétu comme l'ablatif d'un sub-
stantif neutre fetum signifiant « le sacrifice » : cet ablatif
1. La forme sans redoublement furent se trouve V a 22.
TABLE II a 6. 277
jouerait le rôle d'un régime circonstanciel. « Si, aax Karnœ
SpeturisB, des - ont été transgressés, à Toccasion du sacrifice,
par les Attidiens délégués, n'en tiens pas compte. »
La suite présente de nombreuses difficultés : il n'est pas
sûr que le texte soit sans lacunes. Je sépare les trois mots
vestiçe saçe sacre que A. K. rapportent & Juve, mais que
je considère comme faisant une phrase à part, analogue à
adepe arve : le fétu de tout à l'heure serait ici à sa place.
Vestiçe pour vestiçies, ablatif pluriel signifiant « libis ».
Saçe et Sacre, deux datifs singuliers. [ « Qu'il sacrifie] avec
des gâteaux à Sancus Sacer ». Vient ensuite une phrase que
je termine à l'impératif restatu. On distingue un régime di-
rect bum perakne{m) « bovem integrum » : le régime in-
direct est Juve pâtre. Puis vient pour la seconde fois perak-
ne( m) avec Speture pour régime indirect : il semble que des
mots aient été omis. Restatu, qu'on doit rapprocher de
l'adverbe restef (I b 9) parait avoir le sens de « renouveler,
sacrifier pour la seconde fois ». Dans la crainte que la pre-
mière cérémonie ne soit entachée de quelque vice, on im-
mole une nouvelle victime : c'est ce qui s'appelait à Rome
hostia succidanea.
Ju vie est le datif d'un adjectif ^ovius. On se serait attendu
à un nom propre précédant Ju vie, comme nous avons eu,
par exemple, Tefro Jovie^ et comme on a plus bas (ligne 8)
Tikamne Juvie. — Unu, qui revient encore ligne 8, a été
traduit par A. K. «unus»; mais ce sens ne me parait convenir
ni & l'un ni à l'autre endroit. On ne voit pas pourquoi le texte
emploierait ce nom de nombre, qui ne figure nulle part ail-
leurs et qui n'est nullement nécessaire. — J'ai également des
doutes pour erietu, que KirchhofT traduit par arietem. Je se-
rais plus disposé & faire de erietu un impératif et de unu
un substantif qui en serait le régime ; de même, ligne 8, j
ponctuerais: pune purtiius unu, sudu pesutru fétu.
On peut comparer, pour la construction, ligne 9 : ape pur-
tiius sudu, erus têtu. — Sur le sens de ces mots, il con
vient d'être d'une grande réserve. Unu est peut-être un nom
d'animal, puisqu'on trouve ensuite les pelsanu : on peut
songer au grec i;xvdç ^ agneau », dont le m aurait été assi-
milé comme on a eu une à côté de umne (p. 269} et comme
en latin Portunus est pour Portwmnus, — Erietu, employé
seulement ici, pourrait être considéré comme le même verbe
que le latin porricere, mais avec un autre préfixe et selon la
278 TABLE U a 14.
conjugaison faible : le c aurait disparu comme dans feia =:
lat. faciat. Une autre explication consisterait & admettre que
le r est mis à tort pour un v, et à identifier cet impératif avec
eveietu, qui est employé deux fois II 6 (8 et 11). C'est ainsi
qu'on trouvera, III, 31, vatra au lieu de vatva. — L'accu-
satif de la 3' déclinaison sakre doit encore être rapporté à
cette phrase. — Le reste est connu jusqu'à Tikamne Ju vie
(ligne 8), qui paraît être un nom de divinité. A. K. repoussent
cette interprétation pour Tikamne, parce que plus haut
Juvie n'est accompagné d'aucun autre mot. Hais nous savons
trop peu de chose sur le sens de ces noms pour être en droit
d'écarter ce que suggère l'analyse grammaticale. — Sur ka-
pide pedu preve fétu, cf. I a28. — Ape purtîiusudu
doit être corrigé en ape purtiius sudu : cf. la 33, api
suduf purtiius. Mais nous avons ici le singulier, car il n'a
été parlé que d'une seule libation (kapide preve fétu). —
Kumate est pour kumates. — Deux nouveaux sacrifices,
l'un consistant en une brebis, l'autre en un sanglier, sont
annoncés tous deux par le mot ah tu, dans lequel je recon-
nais une conjonction équivalant au latin autem. La diph-
thongue au est représentée par à (écrit ah), comme on a eu
fato = fautus (VI 6 11) : le latin aiUem n'est pas employé en
tête de la phrase ; mais c'est là une différence qui ne doit pas
nous empêcher d'identifier les deux termes. L'ombrien sup-
pose plutôt une forme autom : cette conjonction peut être tra-
duite par « deinde» (cf. a3T«, oôT(xa) ou par «item ». — Le
premier sacrifice est offert à un dieu désigné de nouveau par
l'épithète Juvie = Jovio Le texte porte Juvip, qui est évi-
demment une faute du graveur. Le second s'adresse à Mars.
— Au lieu de abrunu que Kirchhoff a corrigé avec raison
en abrum, Bugge* propose de lire a bru unu « aprum
unum », ce que nous ne pouvons admettre pour les raisons
qu'on a vues plus haut. — Fasiu pruseçete(s) adveitu
se traduit par «farcimen prosectis addito». Les final est
tombé à la fin de pruseçete(s), comme il manque aussi,
ligne 14, à la fin de perakne. Dans la même ligne, on a
açetus qui est peut-être un mot défiguré pour aseçe-
tes. — Il reste traekvine (écrit tra ekvi ne), mot d'aspect
étrange, qui d'après le contexte doit être à l'ablatif ou à l'ac-
cusatif, et doit désigner une offrande.
1. ZK, VIIÎ, 33.
TABLE II a 15. 279
TRADUCTION.
(Il a l) Quum Karnis Spetoriis cum Attidiis ablegatis (?)
[ad] aedem (2) reversas eris, hoc sacrificium facito pro fratribus
Attidiis. In eo sacrificio (3) ita nuncupato : « Si Karnis Speto-
riis Attidiis ablegatis (?) (4) — a violata fuerint — , ut ne velis. »
Libis Sanco (5) Sacro [facito]. Jovi patri bovem integrum, Spe-
tori •(• integrum instaurato. (6) "f- Jovio agnum (?) devoveto (?).
Sacro auiicocia facito. Ollas donato, (7) lacté facito, tacitus
precator; adipibus, extis [facito]. Quum polluxeris (8) agnum (?),
struem ferctum facito. Tikamno (?) Jovio capide(9) adspersio-
nem semel facito. Postquam polluxeris struem, frusta dato.
Tum confringito, (10) confractis precator. Item Jovio ovem in-
tegram (il) cum libatione offerendam facito. Ollas donato,
lac facito. Item Marti aprum integrum facito; ollas donato;
farcimen prosectis addito; (13) libamina facito; lac facito;
— facito; (14) non sectis [carnibus] (?) solidis facito.
Nous passons & la seconde partie de II a.
(II a 15) Huntia katle tiçel stakaz est. Sume ustite
(16) anter Menzaru Çersiaru heriiei façiu acjifertur.
Avis (17) anzeriates Menzne Kurçlasiu façia tiçit.
Huntia fertu : (18) katlu, arvia, struhçla, fikla, pune,
vinu, salu maletu, (19) mantrahkiu, veskla snata
asnata, umen fertu. Pir ase (20) antentu. Esunu puni
feitu. Hunteluvie ampentu katlu (21) sakre sevakne
Petruniaper natine fratru Atiiediu. Esunu (22) pedae
futu katles. Supa hahtu; sufafiaf supaf hahtu.
(23)Berus, aplenies, pruseçia kartu. Krematra,
aplenia sutentu. (24) Pedu seritu. Arvia puni pur-
tuvitu. Yestikatu, ahtrepudatu. (25) Pustin ançif
vinu Nuvis ahtrepudatu. Tiu puni, tiu vinu(26) teitu.
Berva, frehtef fertu. Pude Nuvime ferest, krematruf
(27) sumel fertu. Vestiçia pedume persnihmu. Ka-
tles tuva tefra (28) tedti^ erus prusekatu. Isunt
krematru prusekatu', struhçla (29) fikla adveitu.
Katlu purtuvitu. Ampedia persnihmu ; aseçeta
(30) karne persnihmu; venpersuntra* persnihmu.
1. ïerti. — 2. Prusektu. — 3. Eenpersunlra
280 TABLE II a 15.
Supa spantea (31) pertentu; veskles vufetes pers-
nihmu; vestikatu, ahtrepudatu, (32) adpeltu, stati-
tatu.Supa pustra perstu. lepru erusmani kuveitu.
(33) Spinamad etu. Tiivere kapidus^ pune fertu;
berva, klavlaf aanfehtaf*,(34) vesklu snatu asnatu%
umen fertu. Kapide Hunte (35) luvie vestikatu* Pe-
truniaper* natine fratru Atiiediu. Berus (36) seva-
knis persnihmu pert spinia. Isunt klavles pers-
nihmu,(37)yeskles snate asnates sevaknis spiniama
persnihmu. Vestikatu, (38) ahtrepudatu. Spina
umtu; umne sevakni persnihmu; mani* vasa'
(39) vutu. Asama kuvertu; asaku vinu sevakni
tacez persnihmu. (40) Esuf pusme herter erus ku-
veitu. Tedtu vinu; pune tedtu ; (41) struhçlas fikias
su fa fias + kumaltu. Kapide pu nés vepuratu. (42) A n-
takres kumates persnihmu'. Amparihmu, statita
subuhtu'. Esunu (43) purtitu futu. Katel asaku
pelsans futu.
(44) Kvestretie usaçe svesu vuv çisti teteies**.
Le sacrifice est offert àHunte Juvie (lignes 20, 34). Dans
ce Hunte, on reconnaît la divinité nommée Honde, VI b 45.
Seulement, au lieu de Tadjectif ^er/i (çerfie), nous avons ici
Juvie a Jovio» : la môme synonymie s'est déjà présentée plus
haut. Ces mots sont au datif. — Le sacrifice consiste en un
katel (ligne 43) = latin catulus : la désinence s du nominatif
(katls, katl) est tombée. Ve est une voyelle de liaison : gé-
nitif katlefs), ligne 15. C'est ainsi qu'on a, ligne 15, tiçel,
dont l'ablatif est tiçlu (II b 22). Quoique catulus^ en latin, dé-
signe aussi les petits d'autres animaux que du chien, nous
croyons que c'est bien d'un chien qu'il est question ici. Comp.
le sacrifice de la chienne immolée à la déesse Robigo (Ovide,
Fastes, IV, 985). Cf. Pline, XXIX, 14. Catulos lactentes adeo
puros existimabant [prisci] ad cibum, ut etiam placandis nu-
minibus hostiarum vice uterentur his. Genitœ Hana^ catulo res
divina fit, et in cenis deum etiamnum ponitur catulina.
Nous passons maintenant à l'interprétation, qui (il faut le
dire d'avance) présentera de nombreuses lacunes. La première
1. Tuve rekapidus. — 2. À(34)anfehtaf. ~ 3. Snatuasnatu. --
4. luvieyestikatu. — 5. Petruniapert. -^ 6. Manf. — 7. A. R. lisent
easa; mais Pe a été corrigé par le graveur en v. — 8. P e r s m h ni u. — 9. S u-
bahtu. — 10. Le texte ne présente aucune séparation.
TABLE II a 15. 281
phrase s'arrête à est. Le nominatif tiçel en est .le sujet : ce
mot a été traduit déjà par « litatio ». Le génitif katle(s] est
régi par tiçel. — Stakazest l'attribut : c'est un nominatif
singulier masculin d'un participe, comme pihaz (pour pior-
tus)^ kunikaz. Le thème verbal staka paraît venir de la
racine sta allongée d'une gutturale. Peut-être est-ce un c de
même sorte que celui que nous avons en latin dans fac-io^
jac-io* : on pourrait rapprocher dans ce cas stag-nwm « eau
non courante » (pour stac-num^ comme culigna pour cidicna].
On remarquera toutefois la différence de conjugaison. Quoi
qu'il en soit, je crois que le sens de stakaz est celui de
« établi, ordonné ». — Il reste huntia, dans lequel, à pre-
mière vue, on peut être tenté de chercher un parent du nom
de divinité Hunte. Mais un examen plus attentif doit faire
écarter cette opinion. Nous retrouvons une seconde fois hun-
tia, ligne 17, où il commence également la phrase. D'autre
part, on a huntak sur les tables III et IV, où il n'est nulle-
ment question d'un dieu Hondus. Voici ces deux passages :
111,3. Huntak vuke prumu pehatu.
IV, 32. Huntak pidi prupehast, edek ures punes
neidhabas.
Quoique le sens soit loin d'être entièrement clair, on voit
suffisamment que dans ces deux phrases hu ntak joue le rôle
d'un adverbe. Or, la parenté de huntak et de huntia ne peut
être révoquée en doute, si l'on prend garde que les deux mots
se décomposent en h u n t-, qui est le même thème pronominal
que nous avons rencontré dans eri-hont^ era-hont^ erer-ont,
eur-onty if-ont, is-unt, surur-ont^ et en un pronom & l'ablatif
féminin, lequel équivaut d'une part au latin hâc et d'autre
part au latin eà. Nous avons donc ici un pronom composé
comme sont, par exemple, en latin, istàc^ illâc. Je crois que
hu ntia, qui est toujours placé avant une description, a la si-
gnification « de cette façon, ainsi »^. Le sens de la première
phrase est donc : « Ainsi est réglé le sacrifice du chien. » On
peut rapprocher le commencement de VI a et de I a.
L. 15, 16. La seconde phrase se termine & adfertur. Le
verbe est heriiei(t) qui gouverne l'infinitif fa ci u (m). Les
autres mots forment un complément circonstanciel exprimant
1. Sar ces verbes^ voy. Curtius, Grtmdsûge % p. 63 s.
2. Bugge (Journal de Kuhn, UI, 3«) regarde huntak comme Tablatif fémi-
nin d'un thème pronominal hunto. Mais alors Vi de huntia reste inexplicable .
Zeyss (»&• XX, 188) croit que Vi est une insertion euphonique.
282 TABLE II a 16.
le temps. — Dans herijei* (c'est ainsi qu'il faut prononcer),
on reconnaît la même forme que nous avons eue VU a 3, 4 :
mais tandis qu'en ce dernier passage elle est réduite au rôle
d'une simple particule disjonctive signifiant « vel », ici elle a
conservé sa pleine valeur verbale, et signifie « velit ». C'est
l'optatif du verbe herio '. Cet optatif a à peu près la même
énergie qu'un impératif, comme nous voyons 16 35 kupif iaia
alterner avec kupifiatu. — Façiu(m) se distingue de
façu(m) qu'on a eu II 6 22, par la conservation de Yi, cause
première du changement de A en ç. — Il reste le pommence-
mentde la phrase sume usti te anter menzaru çersiaru,
duquel il faut rapprocher III, 1, sume ustite urnasiaru
sestentasiaru. La construction est identique, sauf l'inser-
tion dans notre passage de la préposition anter. Je crois
que c'est cette préposition qui gouverne les datifs féminins
sume ustite% dans lesquels je serais disposé à reconnaître
le substatif latin simima « sonmie, totalité » et le participe
hostita du verbe hostire «mettre de niveau, remplir». Malheu-
reusement les deux génitifs pluriels qui suivent sont très-
obscurs. Tout ce qu'on peut pressentir, c'est qu'ils mai^quent
une époque de Tannée, car ils tiennent la môme place que
III, 1, sestentasiaru urnasiaru, lesquels eux-mêmes nous
rappellent aussitôt le complément de temps plenasier ur-
nasier de V a 2 et 14. Le parallélisme de ces expressions est
manifeste: il est même possible que sume ustite exprime
sous une autre forme la même idée de «accompli, révolu » qui
est marquée par plenasier. — C'est à la fin, semble-t-il, de
la période indiquée parles mots : menzaru çersiaru que
l'adfertor devra faire le sacrifice en question.
L. 16, 17. La phrase s'arrête à tiçit qui est un verbe à la
3* personne du singulier : ce verbe gouverne le subjonctif
façi a(t ). Le commencement de la phrase est formé par deux
régimes circonstanciels. — Dans tiçit, nous reconnaissons
avec A. K. * le verbe impersonnel latin decet. Ce verbe,
comme herter, par suite de son emploi avec le subjonctif,
a pris le sens d'une expression adverbiale indiquant la conve-
nance ou la nécessité : on peut comparer ce qui, en latin, s'est
passé, mais avec une autre direction du sens, pour licet
1. Poar le développement de Vi en ij, cf. trijuper.
2. Voy. ci-dessus, p. 104.
3. On a déjà eu de nombreux exemples de e(n) = latin in gouvernant le datif.
4. Op. cit. II, 383, 404.
TABLE 11 a 17. 283
a quoique ». — On remarquera façia, qui est un doublet de
feia (V a 23, V fe 1). Il est impossible que Tune de ces formes
dérive de Tautre : elles doivent être ramenées Tune et Tautre
à un primitif fakiat. — Avis anzeriates est un régime
circonstanciel : « avibus observatis ». Cf. VI a 1. — Menzne
kurçlasiu est fort obscur : comme l'époque du sacrifice a
déjà été indiquée, je crois qu'ici nous avons la désignation du
lieu. Cela est d'autant plus probable que dans la suite du sa-
crifice Tadfertor devra se déplacer et qu'il sera donné de
nouvelles indications de lieu. A la fin de Menzne on doit
peut-être détacher la postposition e(n). — Kurçlasiu pré-
sente le même suffixe asium que nous avons cru reconnaître
dans Eikvasium, primitif des deux adjectifs eikvasiatis
et eikvasese. On se serait plutôt attendu à un datif
Eurçlasie. Comparez toutefois les datifs Fiso (Y! 6 3), Trebo
(VI a 58).
La phrase suivante : huntia fertu « ita procurato » an-
nonce une énumération d'objets qui doivent être fournis par
l'adfertor. Cf. II 6 12. — Tous les mots de cette énumération
sont connus, & l'exception de salu maie tu et de veskla
snata asnata. Je crois que salu est Faccusatif du sub-
stantif sal « sel » : on sait que l'accusatif des thèmes à con-
sonne se termine en o(m), u(m); ex. : cwrruicOf a/rsfertwrOy
uhturu. Le sel occupe une place importante dans les sacri-
fices. Pline, XXXI, 41. Maxime [salis] in sacris intelligitur
auctoritas, quando nuUa conficiuntur sine mola salsa. Ovide,
Fastes, I, 337 : Ante, Deos homini quod conciliare valeret,
Far erat, et puri lucida mica salis. Arnobe, II, 67 : Sacras
facitis mensas salinorum appositu et simulacris Deorum. Cf.
Festus, s. V. mensœ. — Maletu est peut-être le participe 3u
verbe molere, en sorte qu'il s'agirait de sel réduit en poudre
et non présenté sous forme de bloc (gleba). Cependant comme
nous avons le composé kumates (commolitis) , on doit pen-
ser que le verbe simple aurait fait au participe ma (1) tum et
non maletu m. Je préfère donc une autre explication. L'of-
frande ordinaire chez les Romains, ce n'est pas le sel à l'état
naturel, mais le géLteau salé : mola salsa. V. Servius ad Ecl.
VIII, 82. Festus s. v. ador^ immola/re, mola, et beaucoup
d'autres passages des anciens. Je crois que nous avons ici-
l'expression mola salsa retournée, c'est-à-dire une locution
qui en latin serait sal mx)latit8 « du sel arrangé en mola (en
gAteau) ». Ainsi s'explique la forme faible du verbe. — L'ex-
284 TABLE II a 23.
pression veskla snata asnata, que nous rencontrons
pour la première fois, se trouve encore trois fois :
IIa34. berva klavlaf aanfehtaf vesklu snatu asnatu
umen fertu.
na37. veskles snate asnates sevaknis spiniama
persnihmu.
IV, 9. veskles snates asnates sevakne ereçluma
persnimu.
Dans veskla nous reconnaissons l'accusatif pluriel neutre
vascula, et dans les deux termes qui l'accompagnent deux
adjectifs opposés entre eux comme hostatir anhostatir^ çihitu
ançihitu. il s'agit d'une qualité (snata) que peuvent avoir
ou n'avoir pas les vases fournis par l'adfertor. Il serait péril-
leux d'en dire plus sur le sens de ce mot, qui peut se rappor-
ter soit à la conformation, soit à la provenance, soit à la des-
tination des vases.
Ligne 19-25. La phrase pir ase antentu « ignem arae impo-
nito»se compose de mots déjà employés (cf. VU a 25). —
Esunu puni feitu « sacrificium lacté facito » rappelle
VI a 52 ; este esono heri vinu heri poni fétu. — Vient ensuite
une phrase où le régime direct suit l'impératif parce que le
verbe est précédé d'un régime indirect. « Hondo Jovio impen-
dito canem sacrum debitum pro Petronia gente fratrum Atti-
diorum. » Il s'agit donc encore ici d'un sacrifice privé : cf.
p. 273. Le nom de Petronius est bien connu : outre le célè-
bre satirique, il a été porté par deux personnages qui ont
donné leur nom à des leges Petroniœ. — La phrase suivante a
été comprise jusqu'à présent comme s'arrètant au mot futu,
de'sorte que le génitif katles semblait devoir se construire
avec supa : on en concluait que supa désignait quelque por-
tion de la victime. Je crois que katles fait encore partie de
la première phrase, qui signifie dès lors : « qu'il y ait un
esunu pedaedu chien », c'est-à-dire un sacrifice accompa-
gné de libation. — Sur supaf, voy. page 111; sur hahtu,
p. 166, 213. — Sufafiaf, qui revient une seconde fois ligne 41,
a l'air d'un adjectif se rapportant à supaf. — Berus est le
datif- ablatif pluriel du même mot dont l'accusatif pluriel
berva est employé lignes 26 et 33. Le même berus revient
encore avec l'adjectif sevaknis ligne 35. On a songé au latin
veru : mais sans parler du b initial, le sens du contexte récla-
merait plutôt l'acception de plateau ^ écuelle, que celle de
TABLE II a 27. . 285
broche. — Api en ies est le datif-ablatif pluriel d'un substan-
tif féminin. Le même mot revient dans la phrase suivante. —
Pruseçia(f) est le régime de Timpératif kartu, qu'on peut
ôtre tenté de traduire « coupe, taille ». Cf. xct&cii et karu « pars »
(p. 248). — Krematra semble une faute pour krematru(f ) :
cf. ligne 26 et 28. Le sens est inconnu. — Su te n tu est formé
comme ustentu et pertentu : le préfixe est sub.
L. 25. Pu s tin ançif semble désigner une direction dans
l'espace: cf. pustin ereçlu (IV. 13). Nuvis est un nom de
lieu, car on ti*ouve ligne 26 : pude Nuvime ferest « quum
ad Novium feret ». Mais Nuvis est un datif-ablatif pluriel,
tandis que Nuvim est l'accusatif singulier. — Tiu puni, tiu
vinu « te lacté, te vino » sont les paroles que doit prononcer
(teitu) Tadfertor. — Frehtef désigne un objet à fournir : il
est coordonné avec berua el tous deux sont à l'accusatif plu-
riel. — La phrase suivante est d'une construction claire et ne
présente pas de mots nouveaux, excepté sumel, qui corres-
pond au latin semeloxi simul. — Ligne 27. Yestiçia pedumc
persnihmu, cf. p. 153. — Tuva tefra est un pluriel neutre
dépendant de prusekatu et gouvernant lui-même le génitif
katles. Tuva est le nom de nombre « deux » qui a pris les
désinences du pluriel. « Coupe deux — du chien ». Il faut
comparer III, 32, 33; lY, 2 : Ererek (il s'agit d'une brebis)
tuva tefra... prusekatu... Inumek... tuva tefra pru-
sekatu... Inumek... triia tefra prusekatu. Le nom de
nombre triia, qui vient dans cette dernière phrase, ne per-
met pas de conserver aucun doute sur le sens de tuva. —
Tefra, qui est un accusatif pluriel neutre, désigne une partie
de la victime, et l'on voit par les passages ci-dessus que l'on
coupe successivement sept de ces tefra. Je ne pense pas que
ce mot ait rien de commun avec l'adjectif te fer ou tefrus
dont il a été question page 141. S'il faut avancer une conjec-
ture au sujet de ce terme, je crois qu'on peut rapprocher le
passage suivant de Festus (p. 313) : Strebula umbrico nomine
Plautus appellat coxendices hostiarum quas Grœci fjmipia di-
cunt, quae in altaria imponi solebant. Cf. Arnobe (VU, 24) :
Non enim placet carnem strebulam appellare, quœ taurorum
e coxendicibus demitur. U ressort de ces passages qu'on pre-
nait les chairs des cuisses pour les offrir aux dieux et pour
les placer sur l'autel. C'est précisément l'acte que nous voyons
accomplir ici. U se pourrait même que le terme strebulum,
qui est d'origine ombrienne selon Yerrius Flaccus, d'origine
286 TABLE II a 32.
grecque selon Yarron \ mais qui probablement appartenait à
la langue latine, fût identique avec notre tefrum pour
steTrum.
Devant le verbe à l'impératif prUsekatu « qu'il coupe»
se trouve l'expression tedti erus : c'est ainsi que nous
lisons avec A. K. au lieu de terti erus qui ne présente aucun
sens: on atedte(s) eru(s) Y a 7, où nous l'avons traduit
par ce les morceaux [de la victime] étant distribués ». Il s'agit
donc de couper au moment de la distribution habituelle des
restes du sacrifice deux tefra du chien, probablement pour
être placés sur l'autel. — Ligne 28. Isunt, pour eso-hont,
signifie « en même temps, en outre ». — Prusektu a déjà
été corrigé par Lepsius en prusekatu. On a vu en eCTet
que le participe est pruseçeta. — Krematru est à l'accu-
satif ou à l'ablatif : il désigne le récipient dans lequel on
met ou l'on reçoit les prosiciœ. — Tous les mots qui sui-
vent sont connus jusqu'à ampedia, qui est un ablatif singu-
lier d'un nom féminin. — Aseçeta karne désigne la partie
de la victime qui n'est pas découpée. Le pluriel de plusieurs
de ces mots se trouve lY. 7 : Aseçetes karnus vempe-
suntres supes pertentu. On voit par ce rapprochement
que supa spantea (II a 30) est à l'ablatif singulier, et il est
probable qu'il en est de même pour venpersuntra^. Tous ces
mots sont donc des féminins. Le verbe pertentu appartient
à la famille de ustentu et ententu; on peut voir dans per
soit le latin prOj soit por : le verbe est tendere. Il s'agit évi-
demment d'une offrande : je traduis « obmoveto ». Spantea
est dérivé d'un substantif spanti, dont il a été question par
avance (p. 135) et qui correspond pour le sens et pour le suf-
fixe au grec (TTrsTffiç. Supa(f)spantea(f) sont donc les pains
destinés à être arrosés. — Yu fêtes est un adjectif se rap-
portant à veskles : il n'est pas plus clair que snata asYiata
que nous avons vus plus haut (1. 19) comme épithëtes de
veskla. — Sur supa pustra perstu, voy. page 117. —
Au lieu de l'expression ordinaire erus titu on a iepru erus
mani kuveitu. Gomme c'est la fin de cette section du céré-
monial, et que erus titu se trouve ordinairement à la fin,
on doit penser que l'expression est équivalente. — Iepru a
1. De U 1. VU, 67. Strlbula, ut Opilius scribit, circum cozendices sunt bovis;
id grœcum est ab ejus loci versura. Varron pense au grec orps^Xôc
2. On verra plus loin par la comparaison de IV, 7, que Tenpersuntra semble
être un adjectif se rapportant à karne sous-entendu.
TABLE n a 38. 287
été interprété par Savelsberg * comme étant le latin jecur^ le
grec ^itap ; il ne serait pas étonnant que dans ce mot l'om-
brien, comme le grec, présentât un p. Cependant iepru pour-
rait aussi avoir une toute autre valeur. Il pourrait indiquer,
par exemple, de quel côté ou & qui se fait la distribution, soit
qu'on en fasse un adverbe (iepru m), soit qu'on y reconnaisse
un accusatif pluriel (iepruf). C'est ainsi que nous avons plus
bas (1. 40) : esuf pusme herter crus kuveitu, que nous
traduirons par « quibus libet frusta tradito ». Peut-être faut-il
rapprocher le iepi de III. 21.
Ligne 33. Une nouvelle section, que rien du reste n'indique
dans la disposition du texte, commence par les mots spi-
namad etu «ad — ito». Spina est pour spinia: cf. 1. 36,
37. C'est ainsi qu'on a eu Rupina & côté de Rupinia*. Ce
mot ne désigne pas un lieu, mais un objet servant au culte.
On a, par exemple, ligne 38, spina(m) umtu « — am un-
gito », qui doit être rapproché de IV, 13 : ereçlu umtu. On
a encore, ligne 36, pert spinia (m), qui rappelle IV, 13 :
pustin ereçlu. Comme nous reconnaîtrons dans ereçlu
une espèce particulière d'autel, nous devons supposer que
spinia exprime une idée analogue. Cela nous explique pour-
quoi, dans notre phrase, on emploie avec etu la postposition
ad, et non, comme quand il s'agit d'un nom de lieu, la post-
position en. Je soupçonne une parenté avec spanti, spefa •
et les autres dérivés de entcvSw ; peut-être avons-nous ici une
corruption d'un mot grec <TicEv5«îa [xpâ-nti^a]. La forme <Ticfv5fiîov
au lieu de <ncov^7ov se trouve chez Athénée. Je* propose comme
traduction «mensa* ». — Tuver-e(n) kapidus «in duabus
capidibus ». — Les objets à fournir sont en grande partie
connus. Les mots nouveaux sont klavlaf, substantif féminin
qu'on retrouve IV, il, et aan fehtaf, peut-être adjectif ou par-
ticipe, tous deux de sens obscur. — Sur la préposition pert,
V. ma Grammaire. L'expression pert spinia(m) marque une
position par rapport à la spinia. Plusieurs autres prescrip-
tions, se rapportant à la place que l'adfertor doit occuper près
de l'autel, sont données sur III-IV. —Ligne 38. Spina (m)
umtu «mensam ungito». Nous savons, par le témoignage
des anciens, qu'on enduisait certains objets regardés comme
1. ZK, XXI, 213.
2. Voy. p. 198.
3. Festus : « Mensae in aedibus sacris ararum vicem obtinent. » Beaucoup
d'autres exemples cbez les auteurs latins.
288 TABLE II a 42.
sacrés. Cf. Acta Arv. (Henzen, p. 25) : Signis unctis..., et plus
loin : Deas unguentaverunt. Dans son traité De condic. agro-
rvm (éd. Lachmann, p. 141, 6), Siculus Flaccus rapporte que
les pierres bornes étaient couvertes « unguento velaminibus-
que et coronis ». — Manf vasa vutu. Cet impératif vu tu
est le simple de subotu (p. 151). — Vasa nous montre que le
neutre était employé concurremment avec le masculin vasuf.
— Manf doit être corrigé en m an i: le modèle qui a servi au
graveur devait être peu lisible à cet endroit, car il avait écrit
aussi easa, qu'il a ensuite corrigé en vasa. « Manu vasa vo-
veto ». Cf. Acta Arv. p. 43. Tuscanicas contigerunt quas per
calatores domibus suis miserunt. Henzen explique tuscanùxis
par <c vases toscans » : nous avons ici une indication qu'on
touchait (mani vutu) les vases pour les consacrer.
Ligne 39. Asama kuveitu «ad aram revertitor», indique
que Tacte accompli près de la spinia est terminé. — Esuf
pusme herter erus kuveitu présente un double accusa-
tif, comme dans doceo pueros grcptnmaticam, Erus est le ré-
gime direct de kuveitu. Esuf marque ceux à qui ces erus
sont transmis. Pusme est un adverbe formé du relatif po et
de esme(k). On a vu une formation semblable, p. 194.
Herter est la particule déjà connue signifiant « libet ». La
traduction littérale serait donc : « ad eos ubivis frusta tra-
dito », c'est-à-dire partage-les entre tous ceux qu'il te plaira,
entre tous ceux qui les voudront. — Ligne 40. Tedtu vinu.
Te<Jtu est l'impératif du verbe redoublé ted. En ce qui con-
cerne ces distributions de vin, on peut comparer Virg. VIII,
275 : Communemque vocate deum et date vina volentes.... Cf.
d'autres exemples, Brisson,»Z)e/brm.p. 280. Les mots struh-
çlas fiklas sufafias, par leur désinence, appartiennent au
génitif singulier ou au nominatif pluriel : mais on ne voit pas
comment l'un ou l'autre de ces cas pourrait convenir ici! Le
texte a probablement une lacune. Je proposerais de la com-
bler ainsi : struhçlas fiklas sufafias [erus tedtu; an-
takres] kumaltu. — Vepuratu est dérivé du substantif
vepur, dont on a eu, V a 11, le datif-ablatif pluriel; nous l'a-
vons traduit par « operibus ». Vepuratu signifiera donc
« operator » : ce verbe doit être pris dans le sens religieux,
comme il l'est souvent en latin. Le génitif pu nés dépend
peut-être du verbe : « fais l'offrande du lait avec la coupe ».
— Sur antakres kumates, voy. p. 207. Amparihmu doit
être rapproché de kletram amparitu (III, 13), que nous tra-
TABLE II a 44b. 289
duisons par « feretrum apponito ». Ici nous avons l'impératif
moyen au lieu de l'actif, et le régime est sous-entendu. —
Subahtu peut se prendre comme Timpératif d'un verbe sub-^
agere. En latin, subigere, dans la langue du rituel, signifiait
a donner » (Festus : subigere arietem in eodem libro Antis-
tius esse ait dare arietem....). Mais je crois que subahtu est
une faute, pour subuhtu (cf. vu tu et siÂoiu)^ et qu'il si-
gnifie «devoveto». — Statita est le régime de subuhtu : je
pense que c'est un participe correspondant au latin statûtus^ de
statuere. En ombrien, on a dû avoir staiueitom. Il s'agit donc
de vouer à la divinité les objets placés [sur l'autel]. — Esunu
purtitu futu; cf. esunu purtitu fust, 16 38. — Katel
asaku pelsans futu, cf. p. 142. — Sur la formule fmale,
voy. p. 214.
TRADUCTION.
(II a 15] Ita catuli litatio instituta est. Série compléta (?)
(16) — arum — arum sacrificet adfertor. Avibus (17) obser-
vatis sacriflcet. Ita procurato : (18) catulum, oUas,
struiculam, offam, lac, vinum, molam salsam, (19) mantele,
vascula — ta [aut] non — ^ta, unguentum ferto. Ignem àrœ
(20) imponito. SacriQcium lacte facito. Hondo Jovio impendito
catulum (21) sacrum debitum pro Petronia gente fratrum
Attidiorum. Sacrificium (22) cum libatione conjunctum sit ca-
tuli. Panes sumito; — os panes sumito. (23) — ibus, — iis
prosicias dividito (?). — os, — as subtendito. (24) Libationem
servato. OUas lacte poUuceto. Libato, infùndito. (25) vino
Noviis infùndito. « Te lacte, te vino», (26) dicito. — a, — es
ferto. Quum ad Novium [sacrificium] procurabit, —os (27) se-
mel ferto. Libo in adspersionem precator. Catuli duo stre-
bula(?) (28) dandis frustis prosecato. Itidem — prosecato, strui-
culam, (29) ofTam addito. Catulum polluceto. — a precator ;
non sectis (30) carnibus precator ; — a precator. Panem liban-
dum (31) obmoveto; vasculis — is precator; libato, infùndito,
(32) — to, — to. Pane altero precator. — frusta manu tradito.
(33) Ad mensam ito. Duabus capidibus lac ferto; —a, —as
—as, (34) vascula — ta [aut] non —ta, unguentum ferto.
Capide Hondo (35) Jovio libato pro Petronia gente fratrum
Attidiorum. — ibus (36) debilis precator propter mensam.
Itidem — is precator, (37) vasculis— tis [aut] non — tis debitis
19
2^0 TABLE m, 1.
ad mensam precator. Libato, (38) infundito. Mensam ungito;
unguento debito precator; manu vasa (39) voveto. Ad aram
revertitor; prope aram vino debito tàcitus precator. (40)
Quibusvis frusta tradito. Dato vinum; lac dato; (41) struiculs
offae — œf confringito. Gapide, lacté operator. (42) Testis
confractis precator. Appone, posita devove. Sacriûclum (43)
polluctum sit. Catulus ad aram coquendu8 ait.
(44) Quœstura .
TABLES III ET IV.
Ces deux tables se font suite l'une à Tautre, comme Tavait
déjà pressenti Passeri, d'après l'identité des dimensions et
celle de l'écriture. Ni l'une ni l'autre oue porte^ aucune inscrip-
tion au verso : on voit encore dans le bas les clous des trous
par lesquels elles étaient retenues au mur ; en outre, le gra-
veur a laissé vide un espace de chaque côté, pour permettre
de fixer des attaches* Elles donnent la description d'un sacri-
fice consistant en une brebis. Notre ignorance du sens d'un
certain nombre de mots, et particulièrement de l'expression
urtes puntis, forme un obstacle sérieux i l'intelligence de
l'inscription. La langue, ou plutôt Torthographe, présente
certains caractères d'archaïsme : ainsi les impératifs pluriels,
au lieu d'être terminés en tutu, finissent en tuta. Au lieu
de skalçetu qu'on aurait attendu, on a skalçeta (voy.
p. 120). Les pluriels neutres sont en a, jamais en u. L'âcriture
est large et facile à lire : on trouve une fois (IV, 20) la
lettre 8 employée avec la valeur d'ua t. L'orthographe, cor^-
recte au commencement, devient plus négligée vers le milieu
et la fin. Les séparations des mots sont soigneusement indi-*
quées.
(III, I) Esunu fuia herter sume (2) ustite sestenta-
siaru (3) urnasiaru huntak. Yuke prumu pehatu.
^4) Inuk uhturu urtes puntis (5) frater ustentuta.
Pude (6) fratru mersos fust (7) kumnakle, inuk uhtur
vapede : (8) Kumnakle sistu sakre uvem uhtur,
TABLE m, 5. 291
(9) teitu, puntes terkantur. Inumek sakre (10) uvem
urtas puntes fratrum upetuta. (il) Inumek via
mersuva Arvamen etuta : (là) erak pir persklu
udetu. Sakre uvem (13) kletra fertuta; aituta; ar-
ven kletram (14) amparitu. Eruk esunu futu kletre
tuplak.
(III, 1) La première phrase s'arrête après huntak. Nous
comprenons dans la première phrase cet adverbe, qui veut
dire « eo modo ' », et qui, étant le mot essentiel, puisqu'il
annonce tout le reste, devait être placé soit au commence-
ment (cf. huntia, II a 15), soit à la fin. On peut comparer les
phrases suivantes, où le mot essentiel est mis le dernier :
la 30, enuk sudum pesuntrum feitu staflare; lia 21 :
esunu pedae futu katles; III 14: eruk esunu futu
kletre tuplak. II n^est pas moins naturel qu'à la fln de la
description (IV, 32), nous trouvions huntak au commence-
ment de la phrase.
Sur sume ustite sestentasiaru urnasiaru, qui est
une désignation de temps, v. p. 232 et 282. — Esunu fuia
herter — huntak signifie : « sacrificium sit ita ». —
Fuia(t) est Toptatif du verbe . fu (cf. p. 24). — Sur herter,
V. page 221. Huntak a déjà été expliqué p. 281 à propos de
huntia. — La cérémonie commence par une purification du
bois sacré. Vuke pour vuke + e(n) « in luco » (p. 157).
Prumu est identique à 'provnxym, VII a 52. — Pehatu doit
s'entendre au sens neutre : cf. VI a 29. « In luco primum
piato ». — Frater est le nominatif pluriel (p. 230) sujet de
ustentuta. Le régime direct est uhturu. Urtes puntis
représente le complément indirect. Comme on a vu que
uhtretie est le nom d'une magistrature, on doit penser que
uhturu.... frater ustentuta signifie : « magistratum....
fratres creanto ». Urtes puntis sont deux mots féminins à
l'ablatif pluriel. Le premier est un thème en a, le second un
thème en i. On a L 10 le nominatif pluriel : urtas puntes;
puntes est employé seul III, 9, d'où l'on doit conclure que
c'est un substantif. Enfin IV, 32 on a ures pu nés, qui est
peut-être une leçon fautive. Nous ne pouvons dire si urtas
est de même famille que le oriom de VI a 26 et le urtu de
II a 4. — Pude annonce une proposition circonstancielle à
laquelle répond une proposition principale qui commence
•
l. Voy. p. 281.
292 TABLE Ul, 12.
avec inuk. — Mersus a l'air d'être apparenté avec l'adjectif
m ers u va deux fois employé :
III, 11. Inumek via mersuva Arvamen etuta « tum via
—a ad Arvam itote ».
III, 28. luka mersuva uvikum habetu a invocationes
— as cum ove [sacrificanda] habeto ».
Mais cela ne nous éclaire pas sur le sens, ni sur la valeur
grammaticale de mersus. Je ne crois pas qu'il ait rien de
commun avec le mers» lex » de VI a 28, 38, 48, car il faudrait
en écriture étrusque meds. — Kumnakle a été expliqué
p. 234. — Le sujet de la proposition commençant par inuk
est uhtur. A. K. font de sistu un impératif équivalant au
latin ce sistito ». Mais on pourrait en faire aussi une première
personne du singulier, en sorte que les cinq mots : kumnakle
sistu sakrem uvem uhtur' représenteraient les paroles
prononcées par le magistrat : « Moi magistrat, dans le temple,
je pose la brebis sacrée. ». — Vapede est manifestement le
même mot dont on a eu (p. 43, 45) les formes plurielles vapef
et vapersus. Les mots puntes terkantur paraissent ex-
primer un ordre ; mais le verbe, au lieu d'être à l'impératif,
est au subjonctif. — De la phrase suivante, dont le sens est
que les urtas puntes des frères (Attidiens) doivent fournir
la brebis, A. K. ont conclu que ces mots désignent des sub-
divisions de la confrérie. On pourrait alors comparer la
factio veneta qui est mentionnée dans les Actes des Arvales
(Henzen, p. 140).
Inumek via mersuva Arvamen etuta. Comp. VI6 52 :
via aviecla esonome etuto, — Arvam est l'accusatif du nom
de lieu où doit s'accomplir la première partie du sacrifice. Il
est suivi de la postposition en. L. 13, nous avons le datif
arve suivi de la même postposition. Arva est un fémimn;
peut-être est ce le nom commun a/rva « champ' » devenu un
nom propre comme Campus [Martius] à Rome. — Le pluriel
etuta « eunto » montre que l'adfertor est accompagné par
d'autres personnes. — L. 12. Erak est un ablatif se rappor-
1. On a eu pareillement le discours direct II h 24 : Jupater Saçe, tefe
estu vitlu vufru sestu «Jupiter Sauce, tibi hune vitulum varium sisto. >
2. Cf. Nonius Marcellus, p. 206 (éd. Quicherat). Arva feminlno. Nsvius Ly-
curgo :
li quaqua incedunt, omnes arvas obterunt.
Pacuvius :
Postquam calamitas [per] plures annos arvas calvitur.
TABLE III, 14. 293
tant à Arva, ou plutôt un adverbe à forme féminine comme
haCj illac en latin. — Pir udetu. Cf. IV, 30 : Esuku esunu
udetu. Si Ton veut admettre le changement d'un / en d,
comme dans kaditu = latin calato (p. 54), nous avons un
verbe oleto (cf. adoleto) qui signifie « alimenter », et avec un
régime comme pir « ignem >: il prend le sens de « allumer ».
Il va être question, en effet, de substances à brûler. — Pers-
klu est un régime circonstanciel à l'ablatif : à l'occasion du
sacrifice. Cf. p. 152et 199. Sakre uvem kletra fertutaapor-
t^z la brebis consacrée à l'aide d'une kletra. » Je crois qu'ici
l'impératif fertuta, qui est au pluriel, doit se prendre au
sens propre de « porter », et non au sens de « fournir » qu'il
a quand il s'adresse à l'adfertor. — Kletra est un substantif
féminin à l'ablatif qui désigne l'objet à l'aide duquel ou sur
lequel on porte la victime. Nous verrons tout à l'heure que
c'est cette kletra même qui sert aussi à la célébration du
sacrifice. Cela rappelle le cérémonial décrit avec d'autres mots
YI b 49. il est possible qu'il soit question d'une sorte de ci-
vière. Cf. Sil. Ital. V. 168. Quis opima volenti Dona Jovi portet
feretro suspensa cruento? — Nous traduisons par « fere-
trum ». — Aituta. Cet impératif est le pluriel de aitu « nun-
tiato », lequel est ordinairement suivi d'un adjectif qui le
complète, comme sakra, purdita (I b 29, 37. VI b 18). Il faut
supposer qu'un terme pareil est sous-entendu ici. — Arven
kletram amparitu. En rapprochant le déponent ampa-
rihmu (II a 42) on voit que Vi est long : c'est un verbe de la
conjugaison en et. Je crois que c'est un composé de para/re
signifiant « préparer, disposer. » On a eu page 86 d'autres
exemples de la conjugaison ombrienne en ei, correspondant
à la conjugaison latine en a.
L. 14. Eruk est l'ablatif neutre du pronom ero, suivi de
l'enclitique /c : « alors ». Esunu futu kletre(n) « sacrifl-
cium sit in feretro ». Je rattache encore à cette phrase le mot
tuplak dans lequel on reconnaît le latin duplex, mais sans le
8 qui, en latin, s'est indûment introduit au neutre, et avec a
au lieu d'un e comme dans ukar.
TRADUCTION.
(III. l) Sacrificium fiât série (2) compléta (?) — arum (3) —arum
hoc modo : In luco primum piaculum facito. (4) Tum magis-
294 TABLE III, 17.
tratum — is — is (5) fratres creanto. Postquam (6) fratrum —
fuerit (7) in templo, tum magistratus in lapide (?) : (8) « In
emplo sisto sacram ovem magistratus», (9) dicito, . Tum
sacram (10) ovem fratrum prsestanto. (11) Tum via —a
ad Arvam eunto : (12) ibi ignem sacrificii causa adoleto. Sa-
cram ovem (13) feretro fertote; nuncupate; Arvœ feretrum
(14) colloca. Ibi sacriQcium esto in feretro duplex.
(III, 15) Prumum antentu; inuk çihçeda ententu; (16)
inuk kazi ferime antentu; isunt fedehtru (17) an-
tentu; isunt sufedaklu antentu. Seples (18) ahesnes
tris kazi astintu; fedehtru êtres tris (19) ahesnes
astintu; sufedaklu tuves ahesnes (20) anstintu. Inu-
mek* vukumen esunumen etu; ap (21) vuku kukehes,
iepi persklumad kaditu. Yuke pir (22) ase antentu;
sakre sevakne upetu; luve pâtre" (23) prumu am-
pentu testru sese asa*, fratrusper (24) Atiiedies,
ahtisper Eikvasatis, tutape liuvina, (25) trefiper
liuvina. Tiçlu sevakni teitu.
Le texte met deux fois (1. 15 et 23) prumum « primum
[sacrificium] » quoi qu'il ne s'agisse que de deux sacrifices.
Cf. promom VII a 52. Ce premier sacrifice est offert Juve
pâtre (1. 22) : il n'est pas immolé de victime. On présente
en offrandes : çihçeda, kazi, fedehtru, sufedaklu. Ces
trois derniers objets sont ensuite soumis à une opération
énoncée par rimpératif astintu, et cette opération doit se faire
seples ahesnes tris, êtres tris ahesnes, tuvesahesnes.
On reconnaît aisément des ablatifs : tris et tuves sont les
noms de nombre « trois » et deux* ». Pour seples A. K. se
demandent s41 y faut voir un substantif, auquel cas ahesnes
sera Tadjectif qui s'y rapporte, ou bien s'il faut en faire l'ad-
jectif 8tmp/ttô, qui ferait pendant à êtres, à peu près comme
on a eu V a 18 prever opposé à dupler et tripler. Je ne crois
pas qu'ici une opposition dé ce genre serait à sa place, et je
prends seples comme un substantif : KirchhofT a déjà pensé
au latin simpulum et cette traduction me parait la vraie. Ce
mot désigne chez les Romains une petite coupe pour les liba-
1. Inenek.
2. luvepatre.
3. Seseasa.
4. Cf. duir V h 10, lô.
TABLE III, 20. 295
tions : mais comme on va le voir, elle sert ici pour un autre
usage. — Ces simpula sont en airain : ah es n a. L'orthogra-
phe ahenitë ou aheneus existe également chez les Romains. —
0«e veut dire Timpératif astintu? je crois qu'il marque le
contraire du latin eoi^tinguere ou restinguere^ et qu'il signifie
« allumer ». Cf. instigare. Ce qui a probablement empêché
jusqu'à présent de lui attribuer ce sens, c'est qu'on recon-
naissait dans kazi le latin caseus « fromage » : mais je crois
qu'il s'agit d'un mot correspondant à cosia, le daphné-cnéo-
rum, herbe odorante qu'on brûlait dans les sacrifices. Ciris,
V. 369.
At nutrix patula compoQôns sulfura testa,
Narcissum, casiamque, herbas incendit olentes.
Nous sommes dès lors amenés à voir dans fedehtru et
sufedaklu des substances de nature analogue. Je rapproche
le dernier de sulfur, à peu près comme si l'on avait en latin
sulfuraculum. Les vers que nous venons de citer montrent que
le soufre avait sa place dans les sacrifices. On peut comparer
Tibulle, 1,5, 11.
Ipsaque ter circum lustravi sulfure puro.
Cf. Properce, IV, 8, 86; Ovide, Fastes, IV, 739 ; Virg., Géorg.,
II, 449. Le d ombrien tenant la place d'un r latin a déjà été
vu dans adputrati = arbitratus. — Sur ferime, v. p. 105.
— Il reste fedehtru qui est inconnu. — Remontant main-
tenant à la ligne 15, nous faisons d'abord remarquer la forme
ententu, qui est employée une fois à côté de antentu qua-
tre fois répété : on ne saurait dire si c'est avec intention. Il a
déjà été question des préfixes en et an, qui se sont confondus
en latin sous la forme in. Nous traduirons par « imponito ».
— Çihçeda a sa première syllabe longue : je ne le rapproche
donc ni du latin dcer^ ni de ciceray mais plutôt de cîcilendrum
et de cîcimandrtmiy noms employés par Plante pour désigner
une sorte d'épice tirée d'un arbre résineux nommé cîci; il y
avait aussi une huile tirée du même arbre, qu'on appelait
cîcinum oleum, — Toute cette description se rapporte donc à
un sacrifice de substances odorantes placées sur l'autel, et
dont la plupart sont ensuite brûlées dans des vases d'airain.
Je reviens au mot ahesnes pour faire remarquer qu'il pour-
rait aussi être pris substantivement, puisque ahenum en
latin signifie une chaudière, une marmite.
296 TABLE III, 25.
Les mots : inumek vukumen esunumen etu signi-
fient : « tum in lucum sacrum ito », si l'on fait de esunum
répithète de vukum. Nous avons donné page 85 un exemple
de en répété d'une façon fautive. Mais je crois que le sens
est : « tum in lucum ad sacrificium ito ». — Ap (pour ape)
gouverne le futur kukehes, dans lequel je reconnais le latin
coinquies. Par le rituel des Arvales, on voit que toutes les fois
qu'un objet en fer avait été introduit dans un bois sacré, il
fallait ensuite procéder à une cérémonie expiatoire : usage
(pour le dire en passant) qui rapproche sensiblement de nous
ce qu'on appelle l'âge de pierre. L'amputation des arbres
d'un bois sacré est désignée par l'expression coinquire lucum
ou liLco. Cf. Acta Arv. Luci coinquiendi ^ coinquendi, coin-
chuendi causa ; luco coinquiendo ; Ivco coinquiendi causa. (Hen-
zen, p. 22). Pline, Hist. Nat.^ XVII, 47. Idem [Cato] arbores
religiosas lucosque succidi permisit, sacrificio prius facto ;
cujus rei rationem precationemque eodem volumine tradidit.
— Dans la seconde partie de iepim je reconnais soit la se-
conde partie du latin quempiam^ soit le pronom indéfini pis
à l'accusatif. Il est précédé d'une autre expression pronomi-
nale sur laquelle je m'abstiens de rien avancer. Le sens me
paraît être : « aliquem, quemvis ». — Dans l'expression sa-
kre sevakne le premier mot doit être pris comme substan-
tif : cf. Va 6. — Testru sese asa : cette locution difficile
revient sans variante IV, 15. On a IV : 3 : edek supru sese
ereçluma.... purtuvitu. Les adjectifs supru et dextru
ont l'air de se rapporter à sese, qui serait alors un substan-
tif marquant une idée d'emplacement. Je ne crois pas qu'on
puisse l'identifier avec le s&rse et le sersi de VI a 2 et 5, car il
faudrait ici sede. Je songerais plutôt à un. substantif sessis,
qu'on pourrait rapprocher du latin sessilisj sessimoniwn, sessir
hulwm. Quoi qu'il en soit, le mot paraît signifier « place,
côté». Testru sese asa «au côté droit de l'autel», soit qu'on
fasse du dernier mot un ablatif, soit qu'on y voie un accusa-
tif avec a(d) sous-entendu, comme on a plus loin (IV, 3)
supru sese ereçlum-a(d). — Sur ahtis, v. p. 168. — Sur
eikvasatis, p. 235.
TRADUCTION.
(III, 15) Primum [sacrificium] imponito; tum cicinum
oleum (?) imponito; (16) tum casiam acerra imponito; ibidem
TABLE III, 27. 297
— um imponito ; ibidem sulfur imponito ; simpulis (18) ahe-
neis tribus casiam urito; -- alteris tribus (19) aheneis urito;
suifur duobus aheneis (20) urito. Tum in lucum ad sacrifi-
cium ito; quum (21) lucum coinquies, quemlibet (?) ad sup-
plicationem calato. In luco ignem (22) arœ imponito ; sacrum
debitum impendito; Jovi patri (23) primum impendito e
dextra parte ad arjim, pro fratribus (24) Attidiis, pro focis
Eigvasiensibus, pro civitate Iguvina, (25) pro tribu Iguvina.
Litationem debitam dicito.
(III, 26) Inumek uvem sevakni upefu : Puemune
(27) Pupdike apentu; tiçlu sevakni naratu; (28) iuka
mersuva uvikum habetu fratruspe (29) Atiiedie,
ahtisper Eikvasatis, tutaper (30) liuvina, trefiper
liuvina. Sakre (31) vatva* ferine feitu. Eruku aruvia
feitu. Uvem (32) pedaem pelsanu feitu. Ererek tuva
tefra (33) spantimad prusekatu. Edek pedume pur-
tuvitu; (34) struçla adveitu. Inumek etrama spanti
tuva tefra* (35) prusekatu. Edek ereçluma Puemune
Pupdike (IV, 1) purluvitu ; erarunt struhçlas eska-
mitu aveitu. (2) Inumek tertiama spanti triia tefra'
prusekatu.
Nous apprenons ici le nom de la divinité à laquelle est
offerte la brebis: Puemune Pupdike. On trouve plus loin
(lY, 24) la leçon Puemune Pupdlçe, avec affaiblissement
du k en ç. Je crois qu'il en faut conclure que la prononcia-
tion, au temps où fut gravée l'inscription, était Çy tandis que
le k représente l'orthographe d'une époque antérieure. Une
autre variante, c'est Pu pdçe (IV, 4) : mais il y faut voir sans
doute une leçon fautive, Vi ayant été oublié. — Une première
question qui se pose est de savoir si nous avons ici le nom
d'un dieu ou d'une déesse, le datif Puemune Pupdike pou-
vant appartenir également à un nom masculin de la 2' décli-
naison ou à un nom féminin de la première. Plus loin (lY, 3,
11, 26), on a le génitif Puemunes Pupdiçes, qui fait
pencher la balance du côté du masculin, car la 1'* déclinai-
son aurait donné Puemunas Pupdikas * : nous avons déj&
eu un nom de dieu avec le suflixe unu, c'est Yufiune
1. Vatra. — î. TuTatefra; — 3. Triiatefra. — 4. On pourrait, il est vrai,
regarder ces mots comme appartenant à la 5* déclinaison ; cf. le sabin Nerienêy
le latin Herie,
298 TABLE III, 35.
(la 20) = Vofione (YI 6 19). Nous obtenons donc un mot
Puemunus, qui fait songer au nom Poimunien ou Poi-
muniei (la dernière lettre est incertaine) inscrit sur une pierre
trouvée près d'Amiternum et conservée au musée d'Aquila^
Faut-il rapprocher également IdiPomana latine? Cela se pour-
rait, si Ton songe que le latin a aussi réduit en â l'ancienne
diphthongue oi des datifs singuliers de la 2* déclinaison'.
Malheureusement nous sonunes sans renseignement sur le
caractère et les attributs de la divinité ombrienne. — Le se-
cond mot Pupdike ne peut guère, malgré une certaine res-
semblance extérieure, être rapproché du latin publicus^ car
nous voyons que l'ombrien a gardé le l dans puplu. Il est
difficile de rien conjecturer sur ce mot d'aspect assez bizarre :
peut-être est-ce un dérivé de nom propre, à la façon de Nu-
midicus : ce qui y ressemble le plus, c'est le nom samnite
Pûpidiis ou PupdiiSy qui est probablement le latin Popilms.
Peut-être est-ce un mot composé formé comme en grec Stvrf-
8()co(, 'ËustôixY), A«o8iK7). A. K. ont rapproché la divinité osque
Liganakdikei, qui est nommée sur la table d'Agnone. — Sur
iuka, voy. p. 272. Je prends l'ablatif sakre dans le sens
d'un sociatif : « avec la victime ». Cf. p. 199. — Sur la leçon
fautive vatra, voy. p. 105. — Pelsanu doit être pris comme
un accusatif masculin ayant perdu son m final, et se rappor-
tant à uvem. Ovis était aussi du masculin en latin dans la
langue du rituel. Paulus (p. 195) : Ovem masculino génère
dixerunt, ut ovibus duobus, non duabus. Cf. Nonius Mar-
cellus, p. 233.
Sur le sens de pelsanu, voy. p. 142. — Les phrases sui-
vantes ont déj& été citées, p. 285. Il s'agit de couper à la
brebis d'abord deux, puis encore deux, et finalement trois
tefra, qui sont destinés spantimad « ad adspersionem ».
La postposition ad exprime ici le but, l'intention : cf. la
postposition e(n), dans la locution pe^um e(n) (p. 153), qui
a le même sens. — Ereçluma doit se décomposer en ere-
çlum-a(d) ; le même mot, qui reviendra encore sept fois, se
trouve entre autres dans les passages suivants :
lY, 3. Edek supru sese ereçluma.... purtuvitu.
1. En voici le texte : ....mesbnb | flusarb | pomuNiEi | atrat | aunom | hibe-
TUM. Cf. Mommseni UrUerù. DiaUlUe. p. 339.
2. Voy. aussi ce qui a été dit p. 240 sur vepurus.
TABLE IV, l. 290
lY, 13. Klavles persnihmu pustin ereçlu; inuk
ereçlu umtu.
IV, 19. Super ereçle purtuvitu.
Le premier de ces passages doit être rapproché de III, 23 :
testru sese asa. Le second rappelle pustin ançif de
IIa25; la phrase inuk ereçlu umtu est le pendant de
spina umtu (II a 38). La troisième phrase doit être rap-
prochée de I 6 41 : super kumne tusetutu. On peut
conclure de ces comparaisons que ereçlum désigne un objet
sur lequel on dépose des offrandes, au-dessus ou auprès
duquel le prêtre doit se tenir, destiné & être enduit. Nous en
inférons que ereçlu est un synonyme de ara ; la formation
paraît la même que pour struçla, c'est-à-dire que le mot
peut être considéré comme le diminutif d'un primitif erecum
ou ereca*. A. K. font remarquer qu'on élève à Jupiter un
autel (asa), tandis que Poimonus obtient seulement un
ereçlum : ils proposent donc un mot comme foculus; je tra-
duirais par cespesj me référant aux Actes des Arvales, p. 23, 27,
et aux nombreux passages des auteurs latins où il est ques-
tion d'autels de gazon. La libation a dû entrer dans Tusage
religieux en des temps où Tautel était vivo de cespite. —
Erarunt struhçlas est un génitif signifiant «ejusdem
struiculae », et faisant allusion à la struçla dont il a été
parlé ligne 34. Le génitif est régi par eekamitu, qui doit
être à Taccusatif singulier neutre ou à Taccusatif pluriel
masculin. Ce mot, qui a la forme d'un participe passé, désigne
probablement une partie de la struçla. Un autre terme
technique du même genre se trouve IV, 4 : struhçla pete-
nata isek adveitu. Il y a 1& des détails techniques qui nous
échappent absolument. — L'orthographe ave i tu (au lieu de
adveitu) trahit une prononciation pareille à celle du fran-
çais avenir y avertir*. L'a ombrien est long par compensation
pour la chute du d : c'est ce qu'en d'autres endroits nos
textes indiquent par l'orthographe aha (ahcUripursatu^ aha-
vendu),
1. Bugge rapproehe ereçlun de l*étnuque eri. lenaer Literakurxeiiufig ,
1875t art. 259.
1. Des faits analogues, en latin, sont cités par Schuchardt, Vulgdrlateiny I, U9.
300 TABLE IV, 3.
TRADUCTION.
•
(III, 26) Tune ovem debitam prœstato : Poimono (27) Popi-
dico impendito; oblationem debitam nuncupato. (28) Invo-
cationes — as cum ove habeto pro fratribus (29) Attidiis, pro
focis Eigvasiensibus, pro civitate (30) Iguvina, pro tribu Igu-
vina. Cum hostia (31) tus acerra facito. Simul ollas facito.
Ovem (32) libandam coquendam facito. Ejus [ovis] duo stre-
bula (?) (33) ad ^ttovoi^v prosecato. Tum ad aspersionem pol-
luceto ; (34) struiculam addito. Tune ad alteram (ntovSi^v duo
strebula (?) proseeato. Tum in eespite Poimono Popidico
(IV, 1) pollueeto ; ejusdem struieulœ — addito. (2) Tum ad ter-
tiam oicovS^v tria strebula (?) proseeato.
(IV, 3) Edek supru sese ereçluma Vesune Puemunes
(4) Pupdiçes* purtuvitu; struhçla petenataisek (5)ad-
veitu. Ererunt" kapidus Puemune (6) Vesune purtu-
vitu. Asamad ereçlumad* (7) aseçetes karnus, îse-
çetes* et vempesuntres, (8) supes spantes* pertentu.
Persnimu, adpeltu, (9) sfatitatu. Veskles snates
asnates sevakne (10) ereçluma persnimu Puemune
Pupdike, Vesune (il) Puemunes Pupdikes. Elavles
persnihmu (12) Puemune Pupdikes et Vesune Pue-
munes (13) Pupdikes pustin ereçlu. Inuk ereçlu umtu
(14) putrespe; erus f] inuk vestiçia, mefa purtuvitu*;
(15) skalçeta kunikaz apehtu^ Esuf testru sese
(1.6) asa asama purtuvitu; sevakne sukatu. (17) Inu-
mek vestiçia' persuntru super* ereçle hule (18) se-
vakne skalçeta kunikaz purtuvitu. Inumek" (19) ves-
tiçia persuntru Turse super ereçle sevakne (20) skal-
çeta kunikaz purtuvitu".
Il est parlé d'une nouvelle série d'offrandes présentées cette
fois à Vesune, ou, comme elle est appelée plus souvent, à
Vesune Puemunes Pupdiçes. Le nom de Poimonus Popi-
dicus, sous la forme du génitif, accompagne le nouveau nom
1. Pupdçes. — 2. Erererunt. — 3. EreçUmad. — 4. Iseçeles
— 6. Sanes. — 6. Purtupite. — 7. Âpebtre. — 8. Vesveça. — 9. Supu
— 10. Inuntek. — 11. PurÔUYÎtu.
TABLE IV, 3. 301
de divinité. On a déjà eu, p. 185, des exemples d'association
du même genre, et comme, en la plupart de ces exemples,
Tune des deux divinités est masculine, l'autre féminine, nous
verrons dans Yesuna ou Vesu ne (5' déclinaison) un fémi-
nin. A. K. font remarquer que cette Yesuna se retrouve chez
les Marses ; une pierre découverte à Antinum (cività d'Antino)
porte cette inscription * :
PA. VI. PACVIES. MEDIS
VESVNE. DVNOM. DED
CA. CVMNIOS. CETVR
Les objets inconnus désignés par les deux derniers mots sont
dédiés à Yesona par le medix Pacuius, fils de Yibius Pacuius.
Une inscription en caractères nationaux a été trouvée à
Milionia, autre ville des Marses ' :
V. a{t)iediu{s) Y. Attidius
ve{8)une Yesonœ
erinie • et Eriniœ et
erine Erino
pâtre patri
donô • 7ne(re) dono meritis
libs libens.
Mais cette Yesuna semble aussi avoir été une divinité celtique.
Le même nom se lit dans une inscription de Périgueux con-
servée au musée de cette ville :
TYTELAE AUG
YESYNN[AE]
SECYNDYS
SOTTI • L • DSD
dat' ».
« Tutelœ Augustse Yesonnœ Secundus Sotti libertus de suo
I
On sait que la ville de Périgueux s'appelle Yesunna Petro-
coriorum. Il semble qu'on trouve encore le même nom dans
1. Mommsen, Unterit, Dialek, p. 321.
2. Ibid, p. 345. Le fac-similé se trouve pi. XV.
3. Nous donnons Tinscription d*après un fac-similé qui nous a été communi-
qué par M. Léon Renier. Le nom de Vesunnœ est incomplet aujourd'hui sur la
pierre; mais on voit encore le commencement du second N. Cf. Gruter, 105, 1.
Lebeuf, Aead, des Ituc. (Hisl.) XXIII, p. 201 : Muratori, 1093, 7.
302 TABLE IV, 7
Vesontio (Besançon) et VesiUus (le mont Viso). Peut-être
faut-îl joindre Vesuvius (le Vésuve). L'origine et la significa-
tion de la déesse ombrienne Vesuna n'en reste pas moins
obscure* : la conservation de la lettre s doit faire rejeter Téty-
mologie sanscrite vâscmâ « la brillante », proposée par Grass-
mann^ Celle de Yesta, donnée par Corssen', aurait besoin
d^une démonstration grammaticale plus rigoureuse.
Petenata(m) est un adjectif se rapportant à struhçla(m}.
Aufrecht suppose un latin pectinatam (en forme de peigne) ;
au sujet des formes variées qu'on donnait aux gâteaux sacrés,
on peut comparer Festus (p. 310) : Strues gênera liborum sunt
digitorum conjunctorum non dissimilia, qui superjecta pani-
cula in transversum continentur *. — Sur isek, voy. page 152.
— Ererunt kapidus Puemune Yesune purtuvitu « iis-
dem capidibus Poimono Vesonae polluceto ». On dit expressé-
ment que les mômes coupes serviront pour les deux divinités :
en effet, la règle chez les anciens c'est que chaque divinité
doit avoir son culte à part. Nous reviendrons sur ce point un
peu plus loin.
La phrase suivante présente une série d'ablatifs pluriels
régis par l'impératif pertentu. Il faut rapprocher II a 30 :
Aseçeta karne persnihmu, venpersuntra persnihmu,
supa spantea pertentu, veskles vufetes persnihmu.
Nous retrouvons à peu près les mômes termes, avec cette dif-
férence qu'ils sont au singulier. Nous avons traduit per-
tentu par « obmoveto ». On a donc d'abord parmi les objets
présentés en offrande les chairs [de la brebis] non découpées,
puis les chairs coupées en morceaux. Iseçetes (c'est ainsi
que nous corrigeons avec A. K. pour iseçeles, qui n'offre pas
de sens) correspond au latin insicia isicia^ qui désigne la
viande hachée. Varron, De 1. 1. V, 110 : Insicia ab eo quod
insecta caro, ut in carminé Saliorum est, quod in extis dici-
tur nunc prosectum. Macrobe, Sat. VII, 8 : Isicium, quod ab
insectione insicium dictum; amissione enim literee postea
quod nunc habet nomen obtinuit. Donat. ad Terent. Sun. II,
2, 26 : Fartores, qui insicia et farcimina faciunt. — Vempe-
1. M. d'Arbois de Jubainville, d'après les règles de la phonétique celtique,
pense que Vu du gaulois Vesunna devait être bref, sans quoi il n'aurait pu se
changer en yesowiM.
2. ZK. XVI, 183.
3. Aussprache ^, I, 580.
4. Cf. chez Ovide l'expression : digitis inter se pectine junctis. {Met, IX, 399).
TABLE IV, 17. 303
SU n très, par la place qu'il occupe dans la phrase et par la
conjonction et dont il est précédé, fait l'impression d'un ad-
jectif se rapportant à karnus. — Supes est le pluriel de
supa, que nous avons II a 31 avec le même verbe pertentu .
Quand on compare ces deux passages, on ne peut s'empêcher
de reconnaître qu'ils offrent entre eux une grande similitude :
les mêmes objets sont énumérés de part et d'autre. Aussi
doit-on être surpris de trouver ici le mot s ânes, lequel
n'est employé nulle part ailleurs : il a l'air de qualifier
supes, et il tient la place qui est occupée II a 30 par span*
te a. Nous avons expliqué ce dernier mot (p. 286] comme étant
pour spandea. Je suppose que dans le passage qui nous oc-
cupe, le graveur a oublié un p, et qu'il a figuré la pronon-
ciation de son temps [spannes spartes) : cf. anferener^ pihaner,
panupeiy pelsa/nUy pour cmferender^ pihaiyier, pandupei^ pel^
sandu. Je traduirai : « panes libandos obmoveto ». Il reste
asamad « ad ^am », qui se rapporte à l'autel dont il a été
parlé III, 22, et ereçlumad « ad cespitem », qui fait allusion
à III, 35.
Tous les autres mots ont déjà été vus. Il faut seulement
remarquer la chute de 8 à la fin de l'ablatif pluriel sevak-
ne(s). — Pustin ereçlu peut se traduire par « post cespi-
tem » ou ce propter cespitem ». Une indication analogue est
donnée par les mots super ereçle (IV. 17. 19). En général,
notre texte multiplie les prescriptions relatives à la position
que le sacrificateur doit occuper par rapport à Tautel : cf. III,
23; IV, 3, 15. — Je rattache putrespe à ereçlu, et je crois
qu'il est question d'oindre l'autel commun de Puemunus et
de Vesuna. Putrespe est le génitif du même pronom dont
l'ablatif est écrit VII ail podruhpei. -^ Après crus a été omis
probablement un verbe tedtu. — Apehtu (le texte a apeh-
tre, qui ne donne aucun sens) est le même mot que apentu
(III. 27), ampetu (II b 10. Il), ampentu (II a 20). Il signifie
« impendito ». — Le masculin esuf se rapporte à erus en
même temps qu'& vestiçia(m) et mefa(m). — L'impératif
su ka tu ne se trouve nulle part ailleurs : par son emploi avec
sevakne(f) il parait synonyme de naratu ou teitu. Peut-
être est-ce une faute pour vukatu « vocato ».
Hule est également un £irxç cipv)fMvov. J'y vois un pronom se
rapportant au datif singulier ereçle : le thème pronominal
hon dont il a été question page 41, combiné avec le pronom
lo (cf. ecla] a pu faire holo. C'est ainsi qu'en latin on a u//î/^,
304 TABLE IV, 20.
venant de unités. Le sens est : « super cespite eodem ». —
Sevakne(f) se rapportée ve8tiçia(m) per8untru(m). —
La même phrase revient une seconde fois avec h u 1 e en moins
et avec l'addition du mot Turse, dans lequel je reconnais le
datif du nom de divinité Tursa, que nous avons lu sur les
tables VI b et YII a. L'association de Poimonus avec les deux
déesses Vesona et Tursa rappelle celle qu'on a vue entre Çer-
fus Martius et les déesses Prestota et Tursa. Peut-être y a-t-il
lieu de rapprocher un fait plusieurs fois mentionné par les
anciens, que Jupiter partageait sur le mont Quirinal un an-
tique sacellum avec Junon et Minerve ^ La même triade était
adorée dans le temple capitolin; nous voyons qu'on les unit
ordinairement dans les prières % au point que Lactance a pu
dire (I. 11) : Jupiter enim sine contubernio conjugis filiœque
coli non solet. Le point de départ de cette conception, qui a
dû subir sans doute à travers les siècles bien des métamor-
phoses, et où des noms et des sens nouveaux ont pu se sub-
stituer aux anciennes idées, est-il l'association du Soleil (Ju-
piter), de la Lune (Juno) considérée comme l'épouse, et de la
Terre regardée comme la fille ? Il ne s'ensuivrait pas que les
noms de Poimonus et de Vesona dussent être ramenés néces-
sairement à cette signification, pas plus qu'en latin Minerve
ne représente la Terre.
TRADUCTION.
(IV. 3) Deinde a supera parte ad cespitem Vesonae Poimoni
(4) Popidici poUuceto; struiculam pectinatam (?) ibidem (5)
addito. lisdem capidibus Poimono (6) Vesonœ polluceto. Ad
aram, ad cespitem (7) non sectas carnes, sectas et — as,
(8) panes libandos obmoveto. Precator, — to, (9) — to. Vasculis
— is [aut] non — is debitis (10) ad cespitem precator Poimono
Popidico, Vesonœ (11) Poimoni Popidici. — is precator (12)
Poimoni Popidici et Vesonœ Poimoni (13) Popidici post ces-
pitem. Tum cespitem ungito (14) utriusque; frusta i;; tum
libum, molam polluceto; (15) — innixus (?) impendito. Hsec a
dextra parte (16) ad aram, in aram polluceto; débita vocato (?).
(17) Tum libum ferctum super cespite eodem (18) débita, —
1. Varron, De L. I. V, 158.
2. Cic. Verr. V, U, 36. Liv. VI. 16; XXXVIII, 51. Tacite, ffist. IV, 53. Serv. ad
iSn. III, 134.
TABLE IV, 27. 305
innixus (?), poUuceto. Tum (19) libum ferctum Tursœ super
cespite débita, (20) — innixus (?), polluceto.
(IV. 20) Inumek Tehtedim (21) etu : veltu. Edek per-
suntre antentu. Inumek (22) arçlataf vasus ufestne
sevaknef purtuvitu. (23) Inumek' pruzude kebu
sevakne persnihmu (24) Puemune Pupdiçe. Inumek
kletra veskles (25) vufetes sevaknis persnihmu'
Vesune (26) Puemunes Pupdçes. Inumek svepis heri
(27) ezariaii antentu. Inumek erus taçez (28) tedtu*.
Inumek kumaltu, adkani (29) kanetu, kumates pers-
nihmu. Esuku (30) esunu udetu tapistenu. Habetu
pune, (31) frehtu habetu. Ape* itek fakust, purtitu
(32) futu. Huntak pidi prupehast, edek (33) urtes
puntes* ncidhabas.
Cette dernière partie, qui est écrite avec moins de soin, ainsi
que le prouvent des fautes assez nombreuses, présente de
grandes difficultés. — Déjà la première phrase est très-obscure.
Tehtedim semble un nom propre dépendant de etu :
qu'il aille vers.... Veltu devra alors être considéré comme
un impératif formant une phrase à lui seul. Mais il se peut
aussi que veltu soit le supin d'un verbe ayant tehtedim
pour complément. Le sens de l'un et de l'autre mot est in-
connu. — Edek est probablement pris ici comme adverbe :
« tum fercto imponito ». Le régime direct du verbe est sous-
entendu. — Arçlataf correspond exactement à un terme
latin employé dans la langue des sacrifices. Arculata^ dit
Paulus (p. 16), dicebantur circuli, qui ex farina in sacrificiis
fiebant. Peut-être faut-il lire chez l'abréviateur latin arcu/a^œ.
— Vasus est l'ablatif pluriel du thème à consonne vas, et
ufestne est l'adjectif qui s'y rapporte : le mot est obscur,
comme la plupart de ces épithètes (comp. p. 284, 286). Pruzude
peut se prendre comme ablatif pluriel ayant perdu un s final,
ou comme ablatif singulier de la 3« déclinaison. — Kebu ne
peut guère être le latin cibits, dont le c aurait dû se changer
en ç. — Il semble que la kletra soit elle-même offerte en don :
sur vufetes, v. p. 286. — Sve pis heri(t) « si quis vult »,
cf. p. 214. 11 s'agit ici d'un don facultatif, et non d'une offrande
obligée comme les précédentes. — Ezariaf, accusatif pluriel
1. Inumk. — 3. Perslhmu. — 3. Tertu. — 4. Ures punes.
20
306 TABLE IV, 33.
d'un nom féminin : la lettre z doit faire supposer devant elle
la présence d'un n ou d'un L — La prescription taçez, accom-
compagnant erus tedtu, est nouvelle. Il en est de même de
la phrase adkani kanetu qui est insérée au milieu de la
formule bien connue kumaltu, kumates persnihmu.
A. K. ont rapproché, non sans vraisemblance, kanetu du
latin canitOy mais en faisant observer que l'ombrien suit la
conjugaison faible (kaneitu). Quant à adkani (m), il sup-
pose un latin accinium qui n'existe pas (cf. vaticiniwn). C'est
la première fois que le chant est mentionné : dans les actes
des Arvales, la rupture des vases est suivie du fameux chant
qui nous a été conservé. — Esuku est une particule mar-
quant le temps : « cum hoc ». Udetu a été traduit (p. 293) par
« adoleto ». — Tapistenu n'est employé que cette seule
fois. Je suppose que c'est le régime de udetu. — Frehtu
est peut-être parent de frehtef (Il a 26).
Ap itekfakust annonce la fin de la cérémonie : « après
qu'il aura sacrifié ainsi ». Itek est un mot d'origine prono-
minale, appartenant à la famille du latin ita^ item. Je sup-
pose un locatif itei, suivi de l'enclitique k. — Fakust nous
apprend que tous les impératifs qui précèdent doivent être
regardés comme à la 3* personne. Comp. fakurent (I b 34).
Nous avons ici le verbe conjugué d'après la 3* conjugaison
comme en latin, au lieu que l'infinitif façiu (lia 16), façu
(II 6 22) appartient à la conjugaison faible. — Purtitu(m)
futu « poUuctum esto ». Cette formule rappelle celles que
nous avons vues pages 155, 160, 289. Enfin l'inscription se
termine par une phrase dont la correction est probablement
défectueuse, comme on peut déjà l'inférer des mots ur es
punesau lieu de urtes (ou urtas) puntesque nous avions
III, 4, 9, 10. On distingue les deux expressions pronomi-
nales pidi et edek, qui se correspondent clans deux propo-
sitions : mais il est difficile de dire si elles doivent être prises
comme pronoms neutres ou comme adverbes. — Prupehast
est un futur du môme verbe dont nous avions III, 3, l'impé-
ratif pehatu. — Habas, dernière partie de neidhabas, est
probablement la 3» personne du pluriel du subjonctif, pour
habias. La désinence as s'est déjà présentée dans etaiaSj
dirsas. Vi a disparu comme dans façu (pour façiu). — Nei-
dhabas est corrigé par A. K., dans leur Index*, en nei
1, lî, pAOt, s. V. habe. On pourrait aussi corriger en neip habas*
TABLE IV, 33. 730
adhabas « ne adhibcant». Si cette conjecture est juste, il
semble que la dernière phrase renferme une clause rédhibi-
toire : on pourrait alors voir dans le pru de pru-pehast
un préfixe à sens péjoratif, comme en latin dans pervertere^
perderej perjurus. Mais l'incertitude où nous sommes sur le
sens de urtas puntes ne doit faire accepter toute correction
qu'avec beaucoup de réserve.
TRADUCTION.
(IV. 20) Tum — (21) ito : — to. Deinde fercto împonito. Tum
(22) arculatas vasis — îs débitas polluceto. (23) Tum de-
bito precator (24) Poimono Popidico. Tum feretro vasculis
(25) — is debitis precator Vesonœ (26) Poimoni Popidici. Tum
si quis vult, (27) — as imponito. Tum frusta tacitus (28) dato.
Tum confringito, carmen (29) canito, confractis precator. Sub-
inde (30) sacriflcium adoleto — um. Habeto lac, (31) — habelo.
Postquam ita fecerit, poUuctum (32) esto. Ita quod — piabit,
id (33) habeant.
AGE APPROXIMATIF DES TABLES I, II. III. IV ET V.
On a vu plus haut (p. 227) que les tables VI-VII sont la
copie d'un texte en caractères étrusques, et que cette copie a
été faite probablement vers la fin du premier siècle avant Tère
chrétienne.
L'inscription Clavemiur de la table V a Pair d'être du môme
temps ; je la crois également copiée sur une ancienne table
en caractères nationaux. C'est ce qu'on doit présumer d'a-
près la manière d'indiquer les voyelles longues (Sehmenier^
frateer) et d'après l'emploi de la lettre S destinée à représen-
ter le d ombrien.
Il resterait à déterminer l'âge des autres inscriptions : mais
c'est là une tâche beaucoup plus difficile, car ce que nous sa-
vons de l'épigraphie étrusque est trop peu de chose pour
fournir des dates certaines. Nous avons cherché à montrer
(p. 225) que I est l'abrégé d'une table plus ancienne : il faut
probablement regarder aussi comme une copie lia, qui se
compose de deux parties n'ayant aucun rapport entre elles,
308 TABLE IV, 33.
quoiqu'elles soient de la même main. II semble que la pre-
mière partie de II a ait été copiée sur un modèle peu lisible,
car les fautes y abondent, tandis que la seconde partie est re-
lativement correcte. La partie étrusque de la table V peut tout
au plus être contemporaine d'un des deux décrets dont elle
donne la teneur, car ces décrets ne sont pas de la même épo-
que. Enfin les tables III et IV présentent des inconséquences
d'orthographe telles que Pupdike etPupdiçe, qui rappel-
lent ce que nous disions plus haut (p. 225) pour ikuvina et
iiuvina. Il semble donc que la plupart de ces inscriptions
aient été reproduites d'après des modèles plus anciens, en
sorte qu'il y aurait lieu de distinguer chaque fois entre l'âge
du texte et Tâge de la copie. Les inductions qu'on peut tirer
de certains phénomènes de phonétique tels que le rhotacisme
doivent s'appliquer à la copie et non au modèle.
Autant qu'on peut avancer une opinion sur des questions
si obscures, je classerais, quant à»la copie, les tables de cette
façon. Les plus anciennes me paraissent être III et IV ; c'est
ce qu'avait déjà conjecturé Bonaruoti. Puis viendrait II b.
L'inscription II a a été, selon toute apparence, gravée après
II fc, car le graveur a serré son écriture pour faire tenir tout
le texte sur un seul côté de la table. Cette inscription II a est
contemporaine de I; toutes deux sont terminées exactement
par la même formule, émanant de la même autorité. La
première partie de V, dont les désinences grammaticales ap-
partiennent à un état de la langue plus récent, est probable-
ment parmi les inscriptions en caractères étrusques celle qui
a été gravée en dernier. Enfin VI-VII et l'inscription Claver*
niur peuvent être considérées comme ayant été copiées à une
époque où les caractères étrusques commençaient à sortir de
l'usage sous l'influence de la civilisation romaine.
Il faut ajouter que la langue et l'orthographe de toutes ces
tables présentent, malgré quelques divergences, un caractère
d'unité qui ne permet pas de les supposer séparées par un
très-grand intervalle : je crois donc qu'on ne sera pas loin
de la vérité en plaçant entre le deuxième siècle et la fin du
premier siècle avant Jésus-Christ l'époque où la corporation
attidienne , d'après des originaux plus anciens , a fait graver
ces sept tables.
TABLE IV, 33. 309
LES TABLES DÉCOUVERTES A GUBBIO ÉTAIENT-ELLES t
AU NOMBRE DE NEUF?
J'ai promis plus haut (p. II) de revenir sur la question des
deux tables qui , selon le récit de Concioli, ont été transpor-
tées au seizième siècle à Venise, qui, d'après cet écrivain , se
trouvaient encore à l'Arsenal en 1673, et qu'il a été impossible
de retrouver. L'assertion de Concioli a été contestée par Pas-
seri, Huschke, et plus récemment par M. G. Conestabile.
Une objection grave a été faite : l'acte d'acquisition des tables
eugubines par la ville de Gubbio, que Concioli ne connaissait
pas, a été retrouvé dans les Archives*, et il fait mention seu-
lement de sept tables. Comme ce document, publié d'une fa-
çon très-défectueuse par Passeri *, a donné lieu 4 toute sorte
de suppositions mal fondées ', nous en plaçons ici le texte * :
ce Eisdem anno (millesimo quadringen tesimo quinquagesimo
sexto) indictione (quarta) et pontificatu (Calisti terlii) dievero
XXV agusti Actum Eugubij in sala superiori palatij residentie
Magnificorum dominorum Gonfalonerij et Consulum dicte
Civitatis presentibus scilicet petro feordi et Batiste lohannis
lutie testibus michi cancellario notis ad hec habitis vocatis
et rogatis.
« Paolus Greghorj de Signa habitator Eugubij per se suos
heredes et successores Et vice et nomine presentine filie olîm
francisci vici Maggi et domine Angele ad presens uxoris dicti
pauli pro qua presentina dictus paulus de rato promisit etc
dédit tradidit cessit et concessit Magnificis dominis Gonfalo-
nerio et Consulibus dicte Ciuitatis et michi Gucacio Cancella-
rio infrascripto recipientibus pro dicto Comuni tabulas septem
1. Liher Riformationum civitatis Eugubii ab a. 1453 ad a, 1457, p. 132*
2. Paralipinnena in Thomœ Dempsleri libros de Etruria r^^a^t.I.ucques, 1767,
t'y p. 244. Un fac-similé imparfait se trouve dans les Hémoires de TAcadémie de
Leyde (lil, 136).
3. On a été jusqu'à en contester l'authenticité. Verslagen enmededeelingen d.
kotin Àkad, van Wetensehappen, Leyde, I, p. 237. Cf. II, 102.
4. Une leçon beaucoup plus correcte a été donnée par M. G. Conestabile dans
le GiomcUe di ErwHxione artistica (Perugia^ 1872). Nous devons à l'obligeance
de ce savant une photographie de l'acte de vente (voy. la planche zni de notre
aUas) : le texte que nous donnons est la lecture do M. Conestabile amendée en
certains endroits par M. Léopold Delisle.
310 TABLE IV, 33.
eburneas* variis literis scriptas latinis vîdelicet et ignolis* ad
habendum lenendum et posidendum etc et quicquid dicto
Comuni deinceps placuerit faciendum etc Et hoc fecit dictus
paulus nominibus ut supra Quia prefati Magaiûci domini et
Antonius Guidutij Sindicus et procurator dicti Comunis sub-
stitutus a francischo Nicolaj prout de dicto sindicatu prin-
cipali et substitutione predicta dicitur aparere manu scilicet
Jacobi Marci de Urbino olim Cancellarij cum consensu licentia
et voluntate prefatorum Magnifîcorum dominorum vendidit
tradidit cessit et concessit consignauit assignauit stabiliuit et
flrmauit dicto paulo recipienti pro se et vice et nomine dicte
presentine Gabellam Muntium et pascuorum Comunis dicte
Ciuitatis Eugubij consuetam • vendi et eius fructus reditus et
prouentus * pro biennio proxime futuro inchoando die primo
mensis Januarîj proxime futuri anni millesimi iiij'^Lvij Et hoc
fecit dictus Antonius Sindicus Antedictus pro prctio et nomine
pretij dictarum tabularum Qui Antonius Et paulus nominibus
ut supra fecerunt hinc indc finitivvm quietatiorjem et pactum
perpetuale de ulterius non petendo unus alteri et aller alteri
etc renunptiantes etc ad penam dupli etc Jurauerunt etc pro-
miserunt etc obligauerunt etc. »
Si Ton examine ce qui ressort de cet acte de vente, on voit
d'abord qu'en ce qui concerne la date les deux témoignages
ne se contredisent point : les tables, découvertes, selon Con-
1. Cette épithète est des plus extraordinaires', pidsqu'il s'agit de tables en
bronze. M* ^Conestabile a cru lire ehameat. Mais la leçon ebumeas parait cer-
taine. Elle est répétée dans la note marginale : Emptio certarum tabularum
eburnearum facta per commune a Paulo Scbavo. Lepsius et Huschke ont supposé
que le modèle que le scribe avait sous les yeux portait aheneat : mais il s^agit
ici d'une minute^ et non d'une copie, et la forme àheneus n'est point usitée au
moyen Age.
2. Passeri avait lu œgypiiis, Conestabile segretit,.Lii note marginale lege egip-
tiis;potiut greciit ne doit pas être antérieure au dix-huitième siècle.
3. Passeri lit eonsentiefiy après quoi il commence une phrase nouveUe.
4. Maxim! fœnoris erat tune temporis iste proventus, écrit Passeri. Lepsias
{de TabtUis Eugubinis , p. 7) s'étonne qu'on ait acheté ces tables tam intoknU
tamque immoderato pretio dans un temps oii les magistrats de Gubbio ne pou-
vaient soupçonner qu'il y était question des antiquités de leur propre ville. Auf-
recht et Kirchboff disent qu'elles ont été cédées à la ville gegeneinenenormhohen
Preis. U semble qu'on n'ait pas bien compris cette partie du texte : il n'est ques-
tion que de la cession pour deux ans d'un droit d'affouage et de pacage-
M. Conestabile a ramené les choses à leur véritable valeur. En comparant à quel
prix le môme droit est loué en 1451, il arrive à la conclusion que les Tables
Eugubines ont été payées 20 florins.
TABLE IV, 33. 311
cioli, en 1444, ont fort bien pu n'être vendues à la ville qu'en
1456. Pour ce qui est du nombre, le document que nous ve-
nons de citer n'a rien de décisif. Il prouve que la ville a acheté
sept tables : mais deux purent fort bien aller dans les mains
d'un autre acquéreur, ou encore elles ont pu, dès le moment
de la découverte, appartenir à un autre propriétaire. Selon
nous, il n'y a là, jusqu'à présent, rien qui contredise le récit
de Concioli. Mais il est, au contraire, corroboré par un témoi-
gnage beaucoup plus ancien. Le provincial des dominicains
Leandro Alberti (1479-1552), dans son ouvrage Descrizione
dCItaliay publié d'abord en 1550, et plusieurs fois réédité,
s'exprime en ces termes. Nous transcrivons le passage en
question d'après la traduction latine imprimée à Cologne en
1567* : « Antiquum et pervetus oppidum est [Eugubium]
ejusque rei plurima cernuntur etiamnum vestigia, sed loco
nunc paulum remoto in planitie, ubi prisca urbs fuit. Appa-
rent hic ruinœ templorum veterum ac theatri , mûris perele-
ganti opère factis.... Praeterea loci vetustatem tabulas quœ-
dam ex œre, partim Hetruscis, partim Latinis characteribus
inscriptœ probant, quœ non pridem inter antiquas urbis rui-
nas inventœ, nunc in Guria magno cum honore servantur.
Mihi cum aliquando Eugubium venissem, Priores urbis
summa cum religione septenas ostenderunt, binas adhuc
déesse addentes. Erant qusedam longitudine circa bipedali,
latitudine pedali ; nonnullae minores. Quod ad inscriptiones
attinet, equidem diligentissime laboraveram ut exempli co-
pia mihi fieret, quod huic loco insereretur; at cum jam vo-
luntati meae satisfactum, omniaque diligenter exscripta, post
ad me transmissa fuissent, maximam litterarum partem a
Latinis differre , nec sensum ullum elici posse animadverti :
quamobrem haud putavi conveniens rem tam obsoletam et
penitus obscuram operi inserere, diligentia nemini pro-
futura. »
M. 6. Conestabile suppose que Concioli n'a fait que déve-
lopper et enjoliver le passage que nous venons de transcrire.
«La favoletta è bell' e composta.... Ma veramente il giure-
consulto cantianese non ha altro merito che quello di aver
foggialo una bella frangia; la storiacui egli Tappiccô rico-
nosce per suo autore fra Leandro Alberti. » Mais cela nous
1. F. Leandri Alberti Bononiensis Descriptio totius Italise. Interprète Guilielmo
Kyriandro Hœningeno. Coloni», 1567, f", p. 133.
312 TABLE IV, 33.
paraît difficile à admettre, car si Concioli tirait sa science
d'Alberti, il reproduirait aussi ses erreurs. Or Albert! , qui
est assez vaguement renseigné, dit que les tables ont été
trouvées depuis peu (non pridem) ; ce qui est assez inexact,
puisqu'il était à Gubbio en 1530. Au contraire, la date de
1444, donnée par Concioli, s'accorde, comme nous l'avons vu,
avec l'acte de vente. On en peut conclure que Concioli avait
d'autres informations. M. Gonestabile demande comment on
peut parler en 1530 de deux tables absentes, puisque, d'après
le dire de Concioli, elles sont seulement parties pour Venise
en 1540. Mais cela se peut fort bien, si les deux tables en
question appartenaient déjà à un autre propriétaire. Si Con-
cioli avait puisé son savoir chez Alberti, il aurait placé le
voyage à une date plus ancienne. Nous ajouterons que le récit
de Concioli est fait avec une précision et une richesse de cir-
constances accessoires qui ne se trouvent pas d'habitude dans
les contes inventés à plaisir. On ne voit pas d'ailleurs quel
intérêt il aurait eu à avancer relativement à l'Arsenal de Ve-
nise un fait dont il eût été si facile aux contemporains de re-
connaître la fausseté. Pour ne rien omettre ici de ce qui se
rapporte à ce sujet, nous ajouterons que, dans leur ouvrage
d'interprétation*, Aufrecht et Kirchhoff sont arrivés, non sans
vraisemblance, à la conclusion que deux des inscriptions
conservées (V b et II a) sont incomplètes. Comme les Tables
Eugubines forment jusqu'à un certain point un ensemble,
puisque III et IV, VI et VII se font suite, et puisque I traite
le môme sujet que VI-VII, ces deux savants ont supposé que
les tables perdues contenaient précisément les parties ab«
sentes.
1. Die unibrischenSprachdenkmàler. II, p. 362, 379.
ALPHABET ETRUSQUE.
ALPHABET LATIN
a
3.
8
C
D
E
F
9
r. . . . .
^
l
ic
d...
C
J
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M
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»^ ..A
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J
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I
L
N
O
a
R
S
T
V
3
GRAMMAIRE OMBRIENNE
S 1. ÉCRITURE.
L'écriture des cinq premières tables est une variété de
l'écriture étrusque. Elle se lit de droite à gauche. L'alphabet
se compose de dix-huit lettres*. Il n'a pas de caractères spé-
ciaux pour marquer l'o, ni le ^, ni le q. Les aspirées O et X
lui manquent également; mais il a le 2, le /^et le v étrusques.
Il possède, en outre, un caractère qui lui est propre, le d,
lequel marque le son devenu sifflant d'un ft, quand il est ou
était primitivement suivi d'un e ou d'un i : nous le transcri-
vons par ç. La lettre 4 désigne le d : le même caractère, avec
l'addition d'une courte antenne % se retrouve, pour marquer
le dj en osque. Il semble qu'il y ait eu dans l'écriture un
échange entre le d et le r, car ce dernier caractère est repré-
senté par Q*
Les cinq premières tables ne sont pas de la même main,
et, quoique en général ce soit le même alphabet, il y a
pourtant quelques divergences. Ainsi la table II a repré-
sente deux fois le s par M, tandis que le signe ordinaire
est 2. La cinquième table représente constamment le m par
un A. Enfin, sur I et sur IV on trouve une fois O pour figu-
rer le t. Certaines fautes du copiste peuvent faire supposer
que le modèle sur lequel a été copiée la première table repré-
sentait le f par le caractère ^ resté usité en étrusque et en
falisque. Parmi les nombreuses inscriptions étrusques, celle
dont l'écriture présente le plus d'analogie avec nos tables
est la stèle de Pérouse.
Je passe maintenant aux tables VI, VII, et & la dernière par-
1. Voir la planche ci-contre.
314 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
lie de V, qui sont en écriture romaine. Il y a vingt et un ca-
ractères : ni le A ni le z ne se présentent. Mais on trouve le
q employé à, la façon du coppa grec, devant un u, dans les
mots pequo, peiqu^ Piquier et dequrier. Il y a en outre, sur
les tables en écriture latine, un caractère spécial destiné à
représenter le d de l'alphabet national : c'est le S, c'est-à-
dire un S surmonté d'une barre transversale. Lepsius a
voulu rattacher directement cette lettre au samech phéni-
cien : mais nous croyons que la barre est un signe diacriti-
que. La preuve que le graveur au moins l'entendait ainsi,
c'est qu'après avoir fait son S il a souvent oublié d'ajouter
la barre. Il reste à mentionner la manière particulière dont le
9, c'est-à-dire le d, est transcrit sur les tables en écriture
latine : il est représenté par le groupe RS. Ainsi pedi est
transcrit persi^ adfertur devient arsferlur^ teda devient
dersa. Nous aurons à reparler de ce fait (§ 22),
S 2. VOYELLES. — Manière démarquer les voyelles longues.
Les voyelles sont les mêmes qu'en latin : a, e, i, o, u. L'al-
phabet étrusque, il est vrai, n'a pas de signe spécial pour l'o,
qu'il représente ordinairement paru*. Mais il y a toute raison
de supposer que le son o existait dans la prononciation.
Quant aux tables en écriture latine, elles ont les deux lettres
et V, qu'elles ne confondent pas entre elles, et dont elles
font un usage conforme à l'étymologie.
L'orthographe des Tables Eugubines, plus parfaite sur ce
point que l'orthographe romaine de l'époque classique, s'at-
tache à distinguer les voyelles longues des voyelles brèves.
Elle se sert, à cet effet, de trois moyens : ou bien elle redou-
ble la voyelle (aanfehtaf, eesona^ feetu, ooserclom), ou bien
elle écrit deux fois la voyelle en séparant les deux lettres par
un h [stahamUj spahamr^u^ naharkum, ahavendu^ sahate^ aha^
tripursalUy sehemeniar^ cehefij sehemUy sihitu, persnihimu, ano»
vihimUj comohota), ou bien elle fait simplement suivre la
voyelle d'un h (slahmuy spahmu, sehmenier^ çihçeda,podruAr-
pei, struhçla). De ces trois moyens le troisième nous paraît
postérieur au second, dont il est une abréviation. U faut ajou-
ter que l'indication de la longue est souvent omise : à côté de
1. Voir ci-dessus, p. 4.
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 315
feetu on trouve, par exemple, nombre de fois fétu, à côté de
çihitir on a çilir, à côté de strvhçla on a struçla. Voici la liste
des mots qui présentent ces variétés d'orthographe : slahamu^
stahmuy stsunu; ahatripursaiu, ahtrepudatu, atrepudatu;
arsmahcmiOy admamu; caterahamo, kateranîu; sahatam,
sahate, sahta, sate, satam; trahaf, trafy trahvorfi; hahtu,
hatu; kumnahkle, kumnakle; mantrahklu, mantra-
klu; naharkum; spahatu, spatu; spahamu, spahmu;
ahavendu; sehemeniar , sehmeniar, sehmenier, semenies;
sehemUy semu; amprehtu, ambre tuto; eheturstahamu, etu-
rstahmu, etudstamu; aviehcleir^ aviecla; cehefi; kukehes;
fedehtru; rehte; frehtu; aanfehtaf; tehted im ; screA^o,
screihtor; feetu; eesona; meerslu; frateer; persnihimUy pers-
nihmu, persnimu; persnihimumOy persnimumo ; anovihimu;
çihitir, çitir; amparihmu, amparitu; çihçeda;prepZoAo-
tatUy preploiatu; comohota; struhçla, struqla,; podruhpei;
uhtur, uhtretie; subuhtu. On peut ajouter ahtu,
ahtim, ahtis.
§ 3. Va BREF.
A Va bref ombrien correspondent en latin :
1*» Ya bref*; par exemple dans : ad ad,'ahesnes ahenis,
Akedunia Aquilonia, abrons apros, aAru agro, anglom an-
gulum, amfcamb, arçlataf arculatas, alfu albos, kapide ca-
pide, habetu habeto, mani manu, salu salem, taçez tacitus,
vasetom vacatum, karu caro, tafle tabulée, scapla scapulam,
katles catuli, kaprum caprum, patine patri. Voyez en outre
la première déclinaison et les noms neutres de la seconde.
2°L'e ou Vi : an- in (devant les verbes); an- in (privatif);
anter inter; ocar, nominatif correspond^ant aux formes la-
tines comme acer, saluber, dans lesquels Ye est une voyelle
de liaison; tuplak duplex. Comparez en outre spantim,
spantea, spahmu, spafu, qui viennent d'une racine spend,
correspondant au grec a-nivota. Le substantif mantrahklum,
que nous expliquons par «mantele » (p. 117), renferme peut-
être le verbe tergere. Dans les exemples qu'on vient de voir
]. Par une confusion fâcheuse^ on se sert du même terme pour désigner la
voyelle longue par nature, et la voyelle (il serait plus juste de dire la syllabe)
kmgiie par position. Dans notre phonétique, long et bref doivent seulement s'en-
tendre des voyelles longues ou brèves par nature. Ainsi, dans arrib. Va est bref
par nature, quoique suivi de deux consonnes.
316 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
on remarquera que Ta est toujours accompagné d'unn, r ou L
3° Vo : kumaltu commolito; kumates commolitis.
Sur une particularité des tables III et IV, voy. p. 290.
§ 4. Va LONG.
A Va long correspondent en latin :
1" L'a, par exemple dans le nom propre Naharkum, qui
correspond à l'adjectif latin Naricus, nom d'une population
riveraine du fleuve Nar; dans le suffixe ahclmrt (kumnah-
kle), qui correspond au latin âculum. Il est probable que
nous avons aussi un a long dans asa ara, adres dXfïs^paée
pace, subra supra, frateer fratres; dans les suffixes aJis et aris
[iefralis^ verfale, stafïaris)] dans le suffixe at formant des
noms ethniques (Atiiediate, Kureiate); dans le suffixe atus
(adputrati). Mais dans ces mots l'orthographe de nos tables
a négligé d'indiquer expressément la voyelle longue. Voy,
aussi les noms de la r» déclinaison et les verbes de la 1" con-
jugaison faible.
2* au : ahtu aulem ; fato suppose un participe fautus^ de
favere.
3" ê. Dans la préposition-préfixe da =: latin de (cf. dat en
osque); dans le suffixe aiitô (pernaies, pustnaies,pedaia),
qui correspond au latin êitis*. Rapprochez aussi fahem^ que
j'explique par le latin fœcem.
§ 5. L'ô BREF.
A Ye ombrien correspondent en latin : !• e, par exemple
dans est est; tenitu teneto; peqiLO (pecudes); deéen decem;
benes venies; ^remi^u (tremefacito); prusekatu secaio;seritu
(servato); covertu convertito ; fer tu ferto; an^er inter; am-
pentu impendito; ententu intendito; anferener (pour an-
ferender]^ cf. les participes latins tels que ferendus; termnu
termino; sersitu sedeto; tertiu tertium; destru dextro; ves-
tra vestras; iveka juvencas. On trouve en outre Ye dans la
syllabe réduplicative des verbes forts, comme pepurku-
rent (cf. en ancien latin memordi, pepugi). Au vocatif des
thèmes en ô : Tefre, Fisovie^ Sanéie. Dans le suffixe men
1. Voy. p. 9,
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 317
(umen, nomen). Cf. la déclinaison des thèmes en i (accusatif
uvem = latin ovem).
2«i. Exemples : en in; ed-ek id; er-ek is; ped quid; trefo
tribum; etraf (iterum); stepl^itu stipulator; Kaselate (cf. Ga-
sïlinum); kaleduf (cf. calidus] ; urfetam orbitam. Dans la
première syllabe de mehe (mihi), tefe (tibi). Dans le sufOxe fêle
{jpv/rtifele) = bilis. Cf. la déclinaison des thèmes en i, où l'on
a des neutres pluriels en eu (sakreu perakneu] correspon-
dant aux neutres latins en ia.
En ombrien, e alterne avec i dans dersa dirsa; te^ust dir-
mst; sestu sistu; pide pede; adiper adeper; trifo
trefi; ahtripursatu ahtrepudatu; stiplatu steplatu; co-
negos kunikaz; vistiça vestiça. A côté de en = latin tn,
l'ombrien a aussi i(n], dans iseçetes (insiciœ), iuku (cf. in-
vocatio).
3* a. Ex. : nerf Lares (?); petur quatuor; vescles vasculis.
4*' ouu : sevum (latin sollum pour solvum); persclum
(poscere), peperscust (poposcerit); peimner (pulmentum);
sumel (simul); sent sunt. Sur vepurus, vepuratu,
Puemune, voy. p. 240, 298.
Ve est une insertion euphonique dans : tiçel, katel, por-
cer^ agevj frater. Cet e peut être allongé par compensation
pour la chute d'une consonne', c'est ce qui a lieu au nomi-
natif pluriel frateer (pour frairSy fraters),
§ 6. Ve LONG.
A Ye long ombrien correspondent en latin :
1° e long. Ex. : ehe^ qui est la préposition latine e; ec dans
acte, e{c)tantu (en latin ec-ce^ ec-4llitm); plener plenis; me/a
mensa; prufe probe; rehte recte. Cf. les noms de la 5* dé-
clinaison.
2» î et ei. Voy. le S ^»
3* œ. Ex. kvestur quœstor; pre prae. Cf. la déclinaison
des thèmes en a : par ex. au datif tote Ij ovine.
S 7. Vi BREF.
A Vi bref ombrien correspondent en latin :
!«> i. Ex. : ife ibi; it-ek id; lapuscom (lapydes); adipcs
adipibus; kapi^e capide: trifu tribum; pis quis; pid quid;
318 ORAIIMAIKË OMBRIENNE.
vitla vitula; fikla (flngere); sHplo stipuler; tripler triplis;
anstintu (instinguere) ; sistu sisto; tiçlu (dicare). Cf. la dé-
clinaison des thèmes en i.
%^ e, dans prusikurent comparé à tnsece (p. 248); tiçit
decet; poniçiateT puniceatis.
Vi représente probablement un jod dans Jupater = latin
Jupiter. Cf. § 36.
§ 8. Vi LONG.
A Yi long ombrien correspondent en latin un i long, par ex.
dans Ikuvinus Iguvini; filiu fîlios; vinu vinum; fisc
(confisus); çihitir (accitis); cabriner caprini; vestis vestitus;
sir (sis); sins sint. Cf. la déclinaison des thèmes en i6
et en t.
S 9. Eij ê ET I.
L'orthographe ombrienne, comme Torthographe latine,
présente dans les mêmes mots, tantôt et, tantôt a, tantôt i.
Il est probable qu'il s'agit d'un son flottant entre l'e long et
Yi long. Exemples : leiom liom; peihaner pihaner pehaner;
ijoveine ijovine; veiro viro; apei ape api; poei poe poi; persei
perse pei'si; porseiporse porsi; pusei pusepusi; podruhpei pa^
nupei putrespe pumpe; aveis avis; pera^rei peracri; pihor
fei pihafi; aviecleir avieclir; tefrei tefri tefre; heriei herie;
hereitu heritu ereiu; slahmeitei stahmitei; eine ene inu;
vesleis vestis; screihtor screhto; neip nep; hertei{r) herter;
es7nei{k) e s m i k ; Dei Di. Il faut remarquer que l'orthographe
ei appartient presque uniquement aux tables en écriture la-
tine*. Mais sur les tables en écriture étrusque on voit alterner
dans les mêmes mots e et i. Exemples : enumek inumek;
esuk esumek isek isunt; Çerfe Çerfi; avif avef;
krikatrum krenkatrum. Cf. d'autres exemples dans la
déclinaison des thèmes en o et en f, ainsi que des thèmes à
consonnes.
On ne sera pas étonné dès lors qu'à ces voyelles correspon-
dent en latin :
1» uni long. Exemples : es tu islum; etu ilo; screhto scrip-
tum; preve privus; feliuf fllios; mehe mihî; tefe tibî.
1. Les seules ezceplions sont: eikvasatis, eikvasese^ Kureiate, Peie-
(jiate, qui sont des noms propres, eiti pes, où IV représente peul-étre un pré*
fixe, et e ve i etu, dans lequel l't semble avoir la valeur d*un jod.
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 319
2"^ un e long ; habilu habetu ; tursitu torreto.
Notez encore rincertitude de Torthographe dans via et ve a,
Kaselati et Casilate, feliuf et filiu.
Il ne faut pas confondre avec la diphthongue ei le groupe eï
en deux syllabes, que nous avons, par exemple, dans /eiïu,
adv^tUj peïUj et qui a une origine à part. Voy. § 36. On doit
également prononcer en deux syllabes e- iscwrentj où Ye repré-
sente probablement le préfixe.
S 10. Vo BREF.
L'alphabet étrusque n'ayant pas de signe spécial pour To,
il va de soi, quand cette lettre est figurée dans un mot, que le
mot appartient aux inscriptions en écriture latine. Cependant
Ton doit présumer qu'une partie des u sur les tables en écri-
ture étrusque représentent des o (cf. § 1). A Vo bref ombrien
correspondent en latin :
1* bref. Ex. : ovif oves ; ostendu ostendito ; ocar ocris ;
pople populo ; portaia portet ; porcaf porcas ; subocau sub-
vocavi.
2* a. L'ombrien, aux formes latines comme templu^ utiliay
oppose des formes où la désinence est obscurcie en o. Exem-
ples : prose^efo prosecta, adro atra, trio tria (dans trioper)^
arvio. Il semble que les tables en écriture étrusque aient été
embarrassées pour marquer ce son, qu'elles représentent
tantôt para, tantôt par u : arvia arviu, veskla vesklu,
snata snatu, asnata asnatu.
De même, le nominatif singulier de la première déclinaison
est représenté tantôt par a, tantôt par u : à côté de pan ta
muta« quanta multa » on trouve quatre lignes plus bas
etantu mu tu « tanta multa » (V b 2. 6).
3*» w, surtout devant une nasale. Ex. : mota multa ; gomia
gumias ; poplom populum ; fratrom fralrum * ; com cum. Il y
faut joindre onse, qui suppose une forme latine umsus, deve-
nue par euphonie umesus umerus. Peu importe d'ailleurs que
la nasale soit omise dans l'écriture : on a, par exemple, salvo
salvum, to tum. L'influence de m sur la voyelle précédente va
si loin, que dans des mots où Yu est organique, il se change
en o; ainsi au supin : aseriato etu (observalum ilo) ;somo
(= latin summum). Au sujet des infinitifs en om, tels que
1. Mais on a avec un u le génitif pluriel pracaiarum.
320 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
efrom^ aferomy aterom, on peut se demander s'ils appartien-
nent à la 2" ou à la 4* déclinaison.
L'o est encore représenté en latin par un u dans le suffixe
ovius (Fisovius) = latin uvius (Vitruvius).
k* 6 ou 1 : covortust conyerienl; Aomoniw hominibus.
A Faccusatif singulier des thèmes à consonne : arsferturo
= adfertorem. Mais cette correspondance est seulement ap-
parente. L'o ombrien répond à l'a grec de wd^a, ''EXXTjvot, tandis
que la désinence latine em est empruntée à la déclinaison des
thèmes en i.
L'ô en ombrien alterne avec â dans : comoltu kumaltu
commolito; Prestote Prestate; Tesenocir Tesenakes. L'o
alterne avec e dans covertu covortys, dans Tesenocir Tesonodr.
S 11. L'o LONG.
A Vo long répondent en latin :
1* ô. Ex. : nome nomen; proseéeter prosectis; comoAo^ocom-
mota; -4 cersonia Aquilonia; abrof wpros. Il est remarquable
que les mêmes tables qui, à l'accusatif pluriel, écrivent (zbrof,
verof, ont d'autres fois w, uf : aviehcluf^ vitlu, toru, filiuj peiu,
rofUj calersu. Je crois que cette orthographe est due au mo-
dèle en écriture étrusque. Aux exemples qui précèdent joi-
gnez la première personne en o : subocoy stiplo.
20 a long. Aux participes latins en atus correspondent des
nominatifs en os : pihoSj conegos. Les tables en écriture étrus-
que mettent pihaz, kunikaz. Aux nominatifs comme C/r-
binas correspondent des nominatifs en os : Casilos, Par ex-
ception, on trouve (VI 6, 5, VII a 8) un o à l'ablatif singulier
de la première déclinaison : sopo postro. Peut-être Vu de mani
nertru (p. 151) et l'w final de supru (IV 3) sont-ils dus à un
obscurcissement analogue.
3* au*. Exemples : ote GiUt ; frosetom (fraudare); toru tau-
ros ; fons (favere, Faunus) ; ose suppose un participe auxus,
osatu un fréquentatif auxato. Il faut joindre uhtur auctor,
uhtretie (auctoritas), dans lesquels u doit représenter un o,
comme on le voit par l'inscription citée p. 232.
L'ombrien a-w (cf. subocau) s'est contracté en o dans vestkos
1. Festus, édition MûUer, p. 238. [Plotos appellant] Umbri pedibus planis [na-
tos. Hinc soleas dlmidiatas, quijbus utuntur in venando^ [quo planius pedem
ponant, vojcant semiplotia. Et [.... unde et Maccijus poeta, quia Umber Sarsioas
erat, a pedum planitie initio Plotus, postea Plautus cœptus est dici.
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 321
(VI b 25) pour vesticaus. Peut-être portust (VU b 3) est-îl une
faute du graveur pour portost,
4» û long. Exemples : rofa rufas ; toco tuccetum ; voeu
luco (?) ; poniéiater puniceatis. Il est probable que Tu, dans
les mots latins, vient de la diphthongue ou.
§ 12. L'UBHEF.
Pour la raison indiquée § 10, nous emprunterons de préfé-
rence nos exemples aux inscriptions en écriture latine. A Vu
bref ombrien, correspondent en latin :
V u. Ex. sub sub; subra supra; dupler duplis; putrespe
utriusque; fuiest fuerit; tua tua. Dans les désinences passi-
ves : emantur, tursiandu.
2° 0. Ex. /uveJovi; citmaco cornicem; iwrsiandu torreantur.
3® a ; vufru vafrum.
4"^ e. Ex. dupursus bipedibus ; peturpursus quadrupedibus ;
pepurkurent precati sunt.
5<* i dans adputrati arbitratu.
6° y dans lapuscum lapydiscum.
L'ombrien fait alterner 6 et w dans le thème ped « pied ». On
a, par exemple, l'ablatif persi « pede », mais dupursus « bipe-
dibus», joe^rpiirsitô « quadrupedibus », airipursatu^ verbe dé-
rivé d'un substantif signifiant trépied.
§ 13. u LONG.
A Vu long correspondent en latin :
l"" u long. Ex. kuratu curatum; Jupater Jupiter; muuc-
klu munia.
2° o long. A l'ablatif singulier des thèmes de la seconde
déclinaison : termnu terminç; podruhpei utroque; panupei
quandoque. Comparez ci-dessus, page 13. A l'impératif : piAahi
piato, prusekatu prosecato, fertu ferto. Dans le suffixe
tur = latin tor. Ex. arsferlwro adfertorem; kvestur quaestor.
Il y a encore un certain nombre de mots qui se trouvent seu-
lement en écriture étrusque, et dans lesquels Vu est pro-
bablement long et serait représenté par ô en écriture latine :
admune, Petrunia, Vesune, Puemune.
On voit les tables en écriture latine hésiter entre u et Or
Ainsi au nominatif pluriel de la 2* déclinaison, YI a emploie
21
322 GRAMMAIRE OMBRIENNK.
d'abord la désinence or : arsmor^ iotcor, tuderor^ dersecor, sii-
bator, screihtor; plus tard, le graveur met toujours ur, prin-
vatur, taéetur^ Jovinur, A Taccusatif pluriel, on a abrof VII a 3,
sorso VI b 38, mais vitlu toru VI b 43, filiu VI b 3, rofu, peiu
VII a 3.
Sur Vu de nertru^ qui est peut-être pour a long, voy. § 11.
Il faudrait alors corriger ce que nous avons dit p. 151 sur le
genre de manus en ombrien. Cf. supru (IV 3) qui est peut-
être pour supra.
S 14. ÉLISIONS ET CONTRACTIONS DE VOYELLES. — DÉVELOPPEMENT
DE lH en ij, DE l'u en UVy OV.
Vi suivi d'une voyelle a été élidé dans vestiça (à côté de
vestiçia); puniçate à côté de poniéiater; façu à côté de
façiu ; combifiunéust à côté de combiflanéiust ; purtinçust à
côté de purclinsiust ; skalçc à côté de scalsie (p. 123); Ru-
pina, spina à côté de Rupinia, spinîa; Horse à côté de
Hudie. Il en est probablement de même de Ve dans prîn-
vatus, pour prinveatus. Ce mot nous offre également
l'exemple d'une contraction, étant pour pre + inveatus.
Ui se contracte en i. On a, par exemple, sim pour &mm, sif
pour suif; purditom pour purduUom; purtiius pour pur-
tuiius; filo pour fuitom\ frif pour fruif. De môme à l'ablatif
des thèmes en u: mani, trefi, adputrati sont pour manui,
trefui, adputratui.
La voyelle longue écrite ci, e, i (voyez plus haut, § 9) est
une contraction pour ie au datif singulier des thèmes en io.
Ex. Fisei^ Fisi à côté de Fisie] Grabovei, Grabovi à côté de
Grabovie; Saçe à côté de Sansie; Marti à côté de Martie ;
lovi à côté de lovie; Çerfi à côté de Çerfie.
lo se contracte en i au nominatif et à l'accusatif singulier
des thèmes de la 2« déclinaison : Aiiersir^ dutim^ tertim, Fi-
sovirUy Sansi(m), adkani(m).
Uo se contracte en u- dans joe/wr quatuor.
Les suffixes se présentent ordinairement sous leur forme la
plus courte. Nous voyons se contracter :
tero en tro : etraf, mestru, putres, destru, nerlru, pos-
tra, pretra;
colo en clo: pihaclu^ manirach, sufedaklu, kumnaklo,
naraklum, muneklu, ehy olklu. vesclir^ perscin;
aRÂMMÀIRË OMBRIENNE. 323
meneninn:nomner (iponrnomener), umne (pour unicne),
kumne (pour kulmene)^ pelmner (pour pelmenev^ ;
meno en mno : termnu (latin termino).
De même on a : poplom, latin populum; fondlir^ latin fon-
tuli(?); katles, 1. catuli; vitlaf, 1. vilulas; anglom^ 1. angu-
lom; seples, 1. simpulis; Treblanir, 1. Trebulanis; cf. stiplOy
1. stipulor.
Une voyelle a été également supprimée :
A l'impératif des verbes de la 3« conjugaison : comoltu, co-
verlHj revestUj ampentu ipour comoletUj covertetu^revesetu, am-
pen{d)etu.
Au nominatif singulier des participes de la r« et de la 2*
conjugaison : pehos, pihaz pour pehatus^vestis pour vestUus,
Au nominatif singulier dés thèmes en atis^ désignani
l'origine ou rexlraction. Ex. Casilos (pour Casilatis).
L'i suivi d'une voyelle se dédouble parfois en ij (écrit ii).
Exemples : triia, triiuper, Atiiedies, heriiei, et les
mots formés à l'aide du suffixe io comme Klaverniie, Kas-
truçiie, Kluviier, Vuçiia, Vehiies. Joignez-y iiovie
(VI b 35) pour iovie, à moins qu'il n'y ait faute du graveur.
L'w, quand il est suivi d'une autre voyelle, se développe
parfois en wv, ov, c'estr-à-dire qu'il prend le son d'un w anglais.
Des traces de ce phénomène se trouvent aussi en latin, où on
lit sur des inscriptions INGENVVAE (1. N. 3543), SVVO (G. I.
L.I. 1242), SOVEIS [Ib. 198), etc.* Comme l'écriture latine n'a
pas de signe spécial pour le i;,nous avons sur les tablesVl-VII
l'orthographe VV, OV; les tables en écriture étrusque,qui pos-
sèdent un v, mettent uv. Ex. SALVVOM (VI a 41), SALVVA (VI
a 42), AVVEI (VI a 3), TVVA (VI a 42), TOVER (VI b 30 deux
fois), PVRDOVITV; aruvia, prinuvatus, mersuva, ma-
nu ve. Vu va jusqu'à absorber la voyelle suivante au parfait
subocauVy subocaUj ainsi que dans sopir (pour sve-pir).
Il semble que le v ou Yu ait quelquefois à lui seul la valeur
du groupe liv. Ainsi Eikvasatis, Eikvasese, Traekvine
sont des noms propres qui renferment tous trois le nom
d'iguvium, et qu'il faut sans doute prononcer Eikuvasatis,
Eikuvasese, Traekuvine. De môme, Piquier est pour Pi-
quvier, et nous avons traduit tekvias comme étant pour
tekuvias (p. 262). Il y faut peut-être joindre iveka pour
iuveka (latin juvenca).
1. Scimcbardt. Vulgàrlatein* II) d. 521.
3â4 GRAIOIÂIKE OMBRIENNE.
CONSONNES.
S 15. K ou C.
La gutturale forte est écrite K sur les tables en écriture
étrusque, C sur les autres. A cette lettre correspondent en
latin :
1* c. Ex. Aa6ru caprum, kuratu curatum, prusekatu pro-
secato, fakust fecerit, p'eperscust fopoBcerit ^ scapla scapula,
peico picum, cumoco cornicem, com cum. L'enclitique e/c ou
A, qu'on trouve & la fin de enumek, esumek, esocy enuk,
etc., correspond auc de hic^ hœc^ hocj tun-Cy nwnrc. En om-
brien, ce k final est souvent omis* par l'écriture : on a, par
exemple, dans des passages identiques, enuk et enu,edek
et erse^ esmik et esmei^ esuk et esu, esumek et esome^ etc.
2^" fu. Akedunia Aquilonia; kukehes coinquies.
3"* g. Ex. peracrei (composé de ager)y ainsi écrit douze fois.
On se serait attendu & une forme peragrei. Peutr^tre le modèle
étrusque a-t-il influé sur le graveur. On a de même ancla à
côté de angla.
On va voir (§ 16) que le k prend le son d'une sifflante de-
vant e ou i. Il y a toutefois un certain nombre d'exemples où
le k se maintient devant ces voyelles : Tesenakes, Tesench
cir; todceir; vuke; fratreci^; Jabusce; Naharce; Twrsce, Peut-
être le maintien du k s'explique-t>-il par la circonstance que
dans ces mots Ye ou Vi ou Vd tient la place d'une ancienne
diphthongue oi. Citons encore ici kebu et cehefi.
Nous voyons le k alterner avec ç dans Pupdikes, Pupdi-
çes. Une place à part doit être donnée kpocer^ où Ye est une
insertion euphonique {$ 14).
S 16. Ç, é.
Devant un e ou t, le k prend un son sifflant qui est repré-
senté sur les tables en écriture étrusque par d, sur les tables
en écriture latine par à. Ex. çersnatur cenati; éesna cena;
éihitir cîtis; çimu du thème pronominal qui a donné citra en
latin; fa ci a faciat; pruseçetes prosectis; deéen decem; cur-
1. Fratreci peut venir d'un substantif de la 2* déclinaison (fratricus) aussi bien
que d'un nom de la 3* (fratrex).
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 325
nase comice (à côté de cumaco comicem) ; tiçit decet; Kas*
truçiie Castrucii.
On trouve quelquefois cette lettre devant un a ou un u :
vestiça, puniçate, purtinçust, combifianéust. Mais alors
un t a été élidé (pour vestiçia, puniçiate, purtinçiusl,
combiflanéiust), V. § 14.
On rencontre également cette lettre devant un /. Ex. Ar-
çlataf arculatas; strvéla struecula. Mais alors une voyelle
brève a été supprimée (pour arçelataf, struçela). Sont
formés de même tiçlu, diéler (du verbe dicare) et preoiéUxtu
d'un substantif viêla venant de vincere. Sont d'origine incon-
nue ereçlu et kurçlasiu.
8 17. Q.
Cette lettre, qui se trouve seulement sur les tables en écri-
ture latine, est employée & la façon du coppa grec pour mar-
quer le k devant un u, Ex. dequrierypequo^ peiqu\ Piquier,
Les tables en écriture étrusque mettent tek u ries.
S 18. 6.
Cette lettre se trouve seulement sur les tables en écriture
latine. Elle correspond au g latin. Ex. gomia gumias ; cmglom
angulum ; agre agri.
Après un n, le c s'affaiblit en g : ivenga juvenca. On peul
comparer en latin quadringenti. Il faut peut-être ranger ici
cringatro et a/rvglaf.
Les tables en écriture étrusque écrivent kumiaf, iveka,
krenkatrum.
S 19. H.
Il a été déjà question, S ^j ^^ 1'^ servant à marquer les
voyelles longues : dans ce cas il est seulement un signe or-
thographique. Mais il peut aussi être une lettre ayant sa va-
leur propre. Ex. habetu habeto; homonus hominibus; Ae-
riest (futur d'un verbe Aer qui se retrouve en latin dans
iierus, Herie) ; hostatu du même thème qui est dans le latin
1 . k côté de raccusatif peico.
326 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
hostilius ; le thème pronominal /ton, avec ses dérivés hondra
hondomuy hunt, huntak, huntia, qui est probablement pa-
rent du latin ^ic Accc /ioc. Sont d'origine inconnue hapinaf,
hebetafj hondUj holtu,
La prononciation de cette lettre devait être assez faible, car
elle est souvent omise.. On trouve Tun à côté de l'autre :
heritu, ère tu; hebelafe, ebetrafe; anhostatu^ anhosiatir,
anostatu^ anostatir; erahont, erihont^ erontj euronty era-
runt.
D'autres fois h semble uniquement destiné à séparer deux
voyelles. Ex. ahesnes aeneis; pehatu piato; stahitu^ stahir
tutOy staheren du verbe staio.
Il est peut-être organique dans mehe (cf. tefe) et dans Ye-
hiies.
S 20. X.
Cette lettre, suivie d'un s (v. p. 228), se trouve une fois sur
la table VII b : fratreœs, La t. V a fratreks. Le mot latin
dexter est toujours écrit par uns:testru, desira/m.
S 21. T.
Sur les tables en écriture étrusque, on trouve souvent le i
là où l'étymologie exigerait un d. Gela tient à une circon-
stance particulière dont il sera question § 22. Nous emprun-
terons donc de préférence nos exemples aux tables VI et VII.
Au t ombrien correspond ^.en latin : Ex. tefe tibi; tua tua;
ioru tauros; trifo tribum; Jupater Jupiter-^ villa vitulas; des-
tram dextram; benw^ent venerint; et et; post post; pihatu
piatc
Un ^ final est souvent négligé dans l'écriture : pus(t),
pos{t); heries(t); purtuvies{t); anpenes{t); ampre-
fus(t); benus(t); fu8[t)'y covortu8(t); staheren(t); ha-
bia(t); fuia(t); feia(t); teda(t), dir$a{t)] aseriaia{t); por-
taia[t)\ habe(t). A la 3» pers. plur. du parfait on a benusOy co-
vortuso ipoxxv benus-sonty covortus-sont. De même eruhu pour
eru-hunt.
§ 22. Le d ou r8.
Entre deux voyelles ou & la fin d'un mot, le 4 ou rf a pris
un son sifflant analogue au son du 5 en grec moderne. Ce son
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 327
est représenté par rs sur les tables en écriture latine. Ainsi
Tablatif latin pede est écrit pedi sur la table I eipersi sur la
table VII. Le nom d'adfertor s'écrit adfertur sur II a et ars-
fertur^xxv VI. Quand on rencontre le groupe rs sur les tables
en écriture latine, il y a donc toujours lieu de se demander
si c'est r-|- s (comme par exemple dans tursitu iovTtio) ou si
c'est un ancien d. Quant à la raison de cette transcription,
deux explications sont possibles. Ou bien Ton a cru vérita-
blement entendre une vibration de la langue avant la sif-
flante, en sorte que le groupe RS serait destiné à flgurer la
prononciation ; ou bien, ceux qui ont transporté en écriture
latine les anciennes inscriptions en caractères nationaux
ont-ils pris le T pour un r : mais comme la langue parlée lui
donnait la valeur d'une sifflante, comme le r était d'ailleurs
représenté déjà par la lettre 0, ils écrivirent RS. Pour rappeler
que le d des anciennes tables a perdu le son pur de la den-
tale douce, nous le transcrivons par un d pointé.
Voici les mots où se rencontre cette lettre. Nous joignons la
transcription en caractères latins toutes les fois qu'elle se
trouve sur nos tables, et nous mettons à côté l'étymologie
quand elle est connue.
Adfertur arsferiur adfertor; adveitu arsveitu advehito;
adputrati arbitratu; ad ad; pedi^erst pede^ ahtrepudalu
atripursatu (d'un mot tripos, tripodis?) ; le verbe redoublé did
ou ded « donner » a donné naissance aux formes teda dersa,
tedust dirsust, atedafust andersafust; les pronoms neutres
id, pid (latin quid), pud (latin quod) se trouvent en compo-
sition avec les enclitiques ek, ei dans ed-ek, ped-e, pid-i,
pud-e. Les tables YI-VII transcrivent erse^ persei^ perse^
persi, porsi. L'ablatif singulier kapide, transcrit capirse sur
VI, correspond au latin capide. L'ablatif pluriel adepes est
parent du latin adipihus. Le nom propre Atiiedius est trans-
crit Atiersiur et Tadinate est transcrit Tarsinate : les formes
latines sont Attidii et Tadinaies, L'adjectif kaleduf, que VI
transcrit calersu, correspond à calidus, Meds est probable-
ment parent de modus.
Sont d'origine inconnue : ampedia, fedehtru, Hudie
(transcrit //orse), pedu m (transcrit joersom), pedaia (trans-
crit pers(iea]^ neidhabas, pruzudc, Pumpedias, zedef
(transcrit se/se) , s u d u m (transcrit sorsom), vape de (transcrit
vapersus]y tehtedim.
Dans les mots suivants d est devant une consonne. Mais il
328 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
le faut supposer suivi d'un scheva: admune, tedte, tedtu
(transcrit dirstu)^ etudstamu (transcrit e^urstofemu), nudpe-
ner. II est précédé d'une consonne dans tribdiçu etpupdiçe.
Dans les mots suivants, d est représenté en latin par un l :
Akedunia Aquilonia, famedias familiœ, kadetu calato,
udetu oleto (?). Le nom de ville moderne est L'Acedogna. Les
tables en écriture latine transcrivent Acersonia^ carsitu. Un
certain nombre de mots qui se trouvent seulement sur les
tables en écriture latine ont un RS, lequel peut faire soup-
çonner avec plus 'ou moins de certitude un ancien d. Ce
sont : dupursus « bipedibus »ypeturpursus « quadrupedibus »,
virseto « visum », avirseto « invisum », n&i*sa « ne.... dam »,
sersUu « sedeto », mersei (cf. meds), arsmory arsmatia (cf. ad-
mune), dersicurent (forme redoublée du verbe die).
Sont d'origine inconnue : arsie^ arsir^ dersecor^ ca/rsoniy
mersta, smursim, vasirslom.
Il faut encore remarquer, au sujet de celte transcription
par rsy que le r est quelquefois omis : ainsi l'on trouve Ace-
Sonia k côté de Acersonia^ atripusatu à côté à'airipursata.
D'autre part le préfixe ad est quelquefois transcrit ar : arfer-
tur^ a/rveitu. Je crois qu'alors le r représente un changement
de prononciation, comme quand en latin advena^ advolare
est devenu arvena^ arvolare.
Ajoutons enfin que le d, quand il est final, peut tomber ou
être omis dans l'écriture; ainsi l'on trouve a au lieu de ad :
ex. asama (ad aram), tertiama spantim (ad tertiam liba-
tionem).
Cela prouve que ce son était assez faible ; une autre preuve,
c'est que les thèmes finissant par un d ou rs, s'en dépouillent
devant le f de l'accusatif pluriel : ainsi kapid capirs fait à
l'accusatif pluriel kapif, et vaped vapers fait vapef.
S 23. D.
Le d a conservé sa valeur de muette dentale douce quand il est
initial. Les tables en écriture latine ont alors un D; quant aux
tables en écriture étrusque, elles mettent un T. Ex. duf duo;
deéenduf Aec^ia duo; dequria decuria; duples duplis; destram
dextram; deitu dicito; da (osque dat) de; dirs- (forme redou-
blée du verbe « donner », cf. 5(ôa)fit) ; diçlom de la racine qui
se trouve dans dicare.
aRÂMMAIRE OMBRIENNÇ. 329
Sont d'origine inconnue : dersecor^ dersva^ difuCy deveia. Les
tables I-Y mettent: tuf, tupler, tekuria, testru, teitu,
tid-, tiçlu, tes va. C'est probablement un d que représente
aussi le t initial de tiçit decet.
Un ancien t s'est affaibli en d dans adrer atris, podrvhpei
utroque, ander inter, andendu intendito, ostendu ostendito,
prevendu prœvenito, tursiandu torreantur. On y peut joindre
hondra, hondomUy Honde^ fondlir^ mcmdraclOy persondrOy ran-
derriy hondu. Dans tous ces mots l'ancien t est suivi d'un r ou
précédé d'un n. L'action d'un n sur le t ne se vérifie pourtant
point toujours : ainsi le t s'est conservé quand il est final
(sent y dersicurenty -horU).
On trouve un d médial dans quatre mots : tesediy Corediery
tudevy Padellar; en écriture étrusque, tenzitim, Kureties.
On doit supposer que le d est l'affaiblissement d'un ancien t,
affaiblissement dû à la position entre deux voyelles ou à la
présence d'un n non marqué dans l'écriture.* Il faut ranger
encore ici l'adjectif todcorriy todceir (on trouve une fois totcar).
La forme complète serait sans doute todecorriy todeceir.
S 24. N.
A n correspondent en latin :
!• n. Ex, naratu narrato, neip neque, nome nomen, nutner
nummiSy mani manu, benurent venerint, karnus (carni-
bus), homonus (hominibus), en in.
2" m. Ex. onse umerus (pour umesus, umsus); desenduf
decem duo; le préfixe an dans an-ferener correspond à am,
plus anciennement amb. Sans sortir de l'ombrien, on trouve
anpenes à côté de ampentu, venpersuntra à côté de
vempesuntres.
3» 1 (?). Sur nerf=LareSy voir page 92; naraklum = lara-
rium, voir page 275. Le changement inverse se trouve dans
entelvSy cmtpelus (§31).
TV pour nd, — De même que chez Plante dispendUCy disten-
due deviennent dispenniiCy distennitey de même le groupe om-
brien nd s'assimile en nn. Mais d'ordinaire l'orthographe se
contente d'un seul n. Ponne (VI b 43. VII b 2) répond au latin
cunde dans ali-cunde ; le plus souvent on écrit pone, pune.
Pane quamde; panupei quandoque; pihaner piandi; anferener-
circum ferendi.
330 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
N est souvent omis dans récriture :
1° Devant s (cf. en latin cesor^ cosenHunty cosol). Ex. fos à
côté de fons; cLseriaiay aseriater^ aserio à côté de aixseHatOy
anserialu; tesedi à côté de tenzUim; dirsas à côté de dirsans;
etaias à côté de etaians. Ainsi s'expliquent les formes conmie
aseçetes pour an-seçetes^ astintu pour an-stintu,
i-seçetes pour in-seçetes.
2" Devant ç. Ex. Saçe, Saçi à côté de Sansie.
3» Devant k. Ex. iweka, = ivengar; krikatrum = krenka-
trum, cringatro.
4® Devant t. Ex. hutr a. ^hondra; persutru=persuniru;
vepesutra = vempeswnires; xxsielu = o$tendu; furfat=/Mî^
fcmt; ditedsif nsi == andersafysi; atentu à côté de andendu,
5» Devant f : aferum afero à côté de anferener.
6^ Devant v : iuku pour in-vuku.
7* A la fin d'un mot. Ex. nome (nomen), posti à côté de
pustin. Cette omission est surtout fréquente à la Qn de
la postposition en : asame{n)j todcome{n]y anghme{n)y vervr-
fe{n)y Fesnafe[n)^ vapefe{n)y etc.
Voir aussi § 28.
S 25. P.
Au p correspondent en latin :
1° p. Ex. pose pace; parfa parra; poplo populum ; pâtre
patrî; pehatu piato;porto/it portato; peia piceas ; joeçuo (pe-
cudes); post post; p/ener plenis ; pre prac; dupursus{ bipedi-
bus); prufe probe; capirse capide; dupler duplis; scapla sca-
pulam. Le préfixe pur correspond au latin po7^ [por-rigere).
2* qu. Ex. pid quid ; poe qui; pune — cunde; pan ta
quanta; panupei quandoque; pumpe cunque; nnp neque;
quelquefois le qu test tombé en latin : putrespe utriusque.
A ces mots, qui se rattachent tous au pronom relatif, il faut
ajouter pelur quatuor. Sur cette correspondance entre qu et
p et les phénomènes analogues dans les autres langues, voy.
Baudry, Phonétique^ p. 110, Ascoli, Fonologia,
S 26. B.
Le B existe dans Talphabet étrusque : toutefois les inscrip-
tions en caractères étrusques, comme les vieilles inscriptions
romaines, mettent parfois le P là où Tétymologie exigerait un
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 331
B. On trouve, par exemple, Treplanes, amprehtu, ampre-
fus. La même table donne hapina et habina (I a 24, 27).
Cette incertitude de Torthographe s'est parfois étendue aux
tables en écriture latine : on a, par exemple, Icupvsco (YII a 47)
et labtiscer (VII a 12).
Au 6 correspondent en latin :
l"" b. Ex. bwn bovem ; habetu habeto ; Trebla/neis Trebulana;
sub- (dans svhocaUy su bu h tu) sub-; amb- (dans amboltu)
amb-.
2« V dans benitël, bemt/rent, bennso du verbe venio '. Peut-être
dans cambifiatu (voy. p. 54).
3" p, devant un r. Ex. abrum aprum ; kabru caprum; subra
supra. L'orthographe ombrienne a parfois gardé le p, quand
la prononciation inclinait déjà vers le b. On trouve, par
exemple, apruf et abrum; kaprum et kabru, cabriner;
supru et subra, subra. Peut-être le b tient-il la place d'un
ancien p dans tribriçu, tribriéine.
Sont d'origine inconnue : berva, ebetrafe, habina, Grabove^
kebu, Trebe, RiUnnam.
S 27. F.
A f correspondent en latin :
V f. Ex. frater fratres ; filiu filios ; façia faciat; farer far-
ris ; fn fruges ; aferom circumferre.
2* b. Ex. ife ibi ; prufe probe; trifor tribus; rufra ru-
bras; vufru vabrum; le second f de furfant februant; ur-
feta (orbita?); alfer albis; le suffixe fêle [puriifele] = latin
bilis (mirabilis).
Le groupe ombrien rf est parfois assimilé en rr^ r chez les
Romains. Ex. parfa parra; Cerf us Cerus (?), Çerfia (Gères?).
3»s. Sur ce phénomène de phonétique, voy. p. 6 et 16.
Ex. ira/* trans; me/amensa; spefay spafu (formes du verbe
fTKMtû) ; trahvorfi transversim ; les accusatifs pluriels de toutes
les déclinaisons, comme vitlafy abrofy^y'ity kastruvuf, nerf^
kapif. Le f final devait être d'une prononciation assez faible,
car il est souvent omis. On a ira, vitta^ ovi^ fri^ kapi, etc.
S 28. M.
A m correspondent en latin :
l"" m. Ex. mehe mihi; mani manu; moiar multae; Marti
Sur ce verbe, voy. Curlius, Grundftï^e, n» 634,
d32 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
Marti; mestru magistra; homonus hominibus; nome no-
men ; poplom populum.
2*" n. La postposition en est quelquefois écrite em, surtout
sur la table I 6. Ex. ahtim-em, Akeduniam-em, va-
pef-em. Ce changement est dû probablement à un phéno-
mène d'assimilation ou d'accommodation. On a de même sur
I b deux fois numem pour numen (= latin nomen). Dans
Acersoniem (VU a 52) pour Acersonie-\-en^ le changement a
été occasionné par la dissimilation.
Sur ocrem, Fistem, toleme^ voy. p. 80 ss. Umtu ungito est
probablement pour umb-tu.
3" mn. L'impératif moyen en mw, mo, par exemple, pers-
nimu^ cateraha/mOy arsmahcmiOj est probablement pour per&-
nimnUy caterahtrninor, a/rsmahamnor. Cf. en latin ahmintASy et
les impératifs comme progredimino^ antesta/mino (Bopp, Gramr-
maire comparée^ § 479). De môme ferime, qui alterne avec /♦-
fine, est peut-être pour ferimne. On trouve toutefois le groupe
mn en ombrien : nomner^ kumne, kumnahkle, umne,
pelmnety termnes, tremnu^ tikamne.
M est souvent omis dans l'écriture. Ainsi Ton a apretu et
amprehtu, ambretuto; vepesutra et vempesuntres;
apentu et ampentu; kumpifiatu et kupifiatu; le mot
se pi es correspond à simpulis. C'est surtout à la fin des mots
que m est souvent omis. A l'accusatif singulier : panta
muta (pour pantam mutam), puplu (pour puplum),
vinu (pour vinum), persclo (pour persclom), uve (pour
uvem), trifo (pour trifom)^ arsferturo (pour arsferturom)^
uhturu (pour uhturum), cumaco (pour cumacom). Tio
tiu (pour ^iom, tium). Au génitif pluriel : hapinaru (pour
hapinarum], sestentasiaru \xTïia.sieLrUj pihaclOyproseéetOj
fratru, buo. A l'infinitif : afero (pour aferom)^ eru (pour
erum), façiu (pour façium). Au supin : anzeriatu (pour
anzeriatum). A la fin de certaines particules : eno (pour
enom); ene (pour enem); co pour com^ ku pour kum, par
exemple dans deatrucOy nertruco. Cf. le préfixe ku : kuveitu
convehito, kuvertu convertito.
•
S 29. V.
Le V dans l'écriture latine n'est pas distingué de Vu. Hais
dans l'écriture étrusque il est représenté par un signe & part.
On le trouve, par exemple, dans vinu vino, vitluf vitales,
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 333
via via, veskla vascula, uvef oves, iveka juvencas,
Juve Jovi, prever privis. Kvestur qusestor est probable-
ment un mot emprunté.
Sur le développement d'un y en tev, ov, et sur les mots dans
lesquels un v paraît tenir lieu de uv, ov, cf. $ 14.
On a indiqué la possibilité que dans vuku, rapide, Vu-
çiia le v initial tienne la place d'un ancien 1.
Sont d'origine inconnue, vatuva, vufetes, Vufiune, Ve-
sune, berva, felsva, sviseve, klavlaf, derava.
§ 30. R.
A r correspond en latin :
!• r, Ex. re (ablatif de res); revestu revisîto; rehte recte
rufra rubras; abrof apros; kabru caprum; subra supra
adrer alris; kuraia curet; veiro viros; Marte Marti
fer tu ferto; par fa parra; porca porcas; termnom terminum
cumaco cornicem; supeme superne; arçlataf arculatas
adfertur adfertor ; ander inter; emantur emantur.
2« rr. Ex. forer farris, naratu narrato (mais peu^être fau-
drait-il écrire en latin narato, v. p. 67).
3" d. Les seuls exemples sont arfertur employé deux fois
(VI a 3 VII 6 3), et arveitu (I b 6).
On trouve aussi en latin des exemples du même phénomène :
a/rferia^ arbiier.
Sont d'origine inconnue randemy berva, ezariaf , ereçlu,
erus, veres, pistuniru.
Un r est parfois transposé à l'intérieur du mot : ainsi dans
pepurkarent la syllabe purk correspond à prec du latin precari;
furfant répond au latin februant et tefra représente peut-être
l'ancien mot strebula employé par Plante.
De même qu'en latin on a poscere pour porscersy tostus pour
torstuSy msum pour sursum^ prosa pour prorsa^ de même en
ombrien Yr est souvent supprimé ou assimilé devant un s,
surtout quand ce s est encore suivi d'une autre consonne. On
a par exemple, pepescm k côté de peperscust^ te s va, desva &
côté de dersva^ fasio à côté de farsio, pesnimu à côté de pers-
nimw, pesclu à côté de persclu^ éesna k côté de çersnaturj Tus-
com à côté de Turskum. Même quand s n'est pas suivi
d'une autre consonne, le r précédent peut manquer. On a Tme
k côté de Turse^ tus et u & côté de tursitu.
334 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
Dans les exemples qui précèdent le groupe rs est organique,
c'est-à-dire qu'il se compose de r+s : quand r$ est destiné à
représenter le d étrusque, r est pareillement omis en cer-
tains mots. Mais peut-être ici le graveur a-t-il simplement
oublié Tune des deux lettres de ce groupe un peu convention-
neL Cf. S 22.
Un r final tombe souvent dans les désinences du passif : on
a herte à côté de herter; emantu à côté de emantur; tur-
sianduy pour tursiandur. De même, la poslposition per est
plusieurs fois écrite pe, Enfm sur les tables où un s final est
changé en r, on peut dire que c'est le r (et non le s) qui
tombe. Ex. agre casiler, agre tlatie^ ocrer Fisie, Cf. §§ 32 et 34.
S 31. L.
A un l ombrien placé à l'intérieur d'un mot, correspond
ordinairement en latin un /. Ex. feliuf filios; kaleduf cali-
dos; salu salem; Treblaneir TTébulanis ; plener plenis ; alfer
albis; salva salvas; veskla vascula; scaplam scapulam;
katel catulus.
Sont d'origine inconnue : ame/k;/6ir, an^Za, klavlaf, kletra,
aplenia, vasirslam, felsva, scaléie.
Un l placé devant une autre consonne tombe quelquefois en
ombrien, tandis qu'il reste en latin. Ex.: mota = latin multa,
sevimi (pour selvum) = latin soUwn (pour solvum).
Aucun mot, sur les tables Eugubines, ne commence par l :
certaines conjectures se rapportant à ce fait ont été proposées
par nous §§ 24, 29. En ce qui concerne le rapprochement de
nerf = lares^ il faut rappeler ici qu'à l'intérieur des mots
/ permute avec n. Ainsi apelust est pour apenusl, ente-
lust pour entenust (p. 167, 244).
S 32. S.
A s ombrien correspondent en latin :
1<* 8. Ex. : sent sunt, sir sis, sistu sisto, somo summum, sif
sues, sve si, salva salvas, s^les simpulis, srnnel semel,
screhto scriptum, struhçla struecula, mestru magistra,
Tursku Tuscum.
2* ss. Fisei (on a une fois Fissiu) suppose une forme latine
Fissus; benusOy covortuso^ formes verbales pour benus-soni, co*
vortus-sont; frosetom pour frossetom (cf. en latm fraussus).
aRAMMAIRE OMBRIENNE. 335
3« X. Ex.: désira dextra; ose (vocatif) suppose un participe
latin auxus (cf. auxilium); osatu suppose un fréquentatif
auxatu ; les pronoms et adverbes eso, isir^ isec, isunt sont pour
eic+so, eic-f-sir, eic+sec, eic -|- se -|- hunt. Cf. en osque
exfltc, exeiCy eksuk,
4» ns. Le suffixe latin ensis, qui sert à former des noms
ethniques (Atheniensis, Megalensis), se retrouve, ajouté au
nom propre Eikvasium, dans Eikvasese. Il est probable
qu'un n doit être supposé pareillement devant le s dans le
suffixe asium, que nous avons dans kurçlasiu, plenasier,
urnasiaru, sestentasiaru, et dans le précité Eikvasium.
5^ r. Les deux seuls exemples sont onse = latin u/mero (pour
umeso, umso), où le rhotacisme a été occasionné en latin par
Tinsertion d'une voyelle euphonique, et as a = latin ara.
Cf. 8 34.
Sont d'origine inconnue : su du sorso, Semenies, sonitu^
sviseva, sumtu (peut-être une faute, v. p. 112), asiane (voy.
p. 142), asOy esonay sese, seso, ooserclum^ sveso^ Vesune, pel-
sanu, persuntru, carsom^ mersus, smursimy çersîaru,
scaléiCy snata, asnata, spinia, Fesnaf, mersta^ dersva.
Un s final tombe : 1" au génitif singulier : Cerfe Marties,
katle, Kastruçiie. 2*» Au nominatif pluriel : prinuvatu,
Ikuvinu. 3° Au datif-ablatif pluriel de la 2» déclinaison :
antakre kumate, fratrusper Atiiedie, veskles snate
asnates, puniçate, adepe. 4* Au datif-ablatif pluriel de la
3» déclinaison (thèmes en i) : perakne, sevakne, eikva-
sese, Atiiediate, Kureiate, Peiediate, Talenate, Mu-
seiate, Kaselate. 5* Au datif-ablatif pluriel des thèmes
en u ; eru (V a 8). 6" A la seconde personne du singulier :
heri (pour heris), herieiy herie (pour heries)^ sei, si (pour
seiSy sis). Cf. § 30, s. f.
S 33. Z.
Cette lettre, qui se trouve seulement sur les tables en écri-
ture étrusque, a deux origines différentes. Elle peut marquer
le son d'un s après un n exprimé ou sous-entendu. Ainsi uze
est représenté sur VI par onse, anzeriatu azeriatuest
pour anserialom. Ou bien elle marque un s précédé d'un t ou
d'un d. Ainsi pihaz est pour pia^ttô, taçez suppose une forme
taceitus; sont également des nominatifs masculins de parti-,
cipes passés kunikaz et stakaz. Le nom propre lapuzkum
336 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
suppose une forme latine lapydiscum. On peut d'après cela
expliquer la particule puze comme étant pour pum + sei ou
pour pud + s^i- Partout où l'écriture étrusque met z, l'écri-
ture latine met s.
Sont d'origine inconnue : zedef (c'est le seul mot avec z
initial], représenté sur la table YI par serse^ ezariaf, pru-
zude^menzaru, menzne,tenzitim (transcrit sur YI tesedi)y
Peraznanie. Il faut ajouter kazi que nous avons rappro-
ché du latin casiam,
S 34. LE rhotâcisme en ombrien.
Nous avons réservé pour un examen à part la question du
rhotâcisme, c'estrà-dire le changement d'un s en r. D'une
façon générale, on peut dire que le rhotâcisme, en ombrien,
va plus loin qu'en latin et en osque. Nous examinerons suc-
cessivement les diCTérents cas qui se présentent.
Un 8 placé entre deux voyelles à l'intérieur d'un mot se
change régulièrement en r, de sorte que toutes les fois qu'on
rencontre un s entre deux voyelles, on doit supposer qu'il est ou
était accompagné d'une autre consonne non exprimée par l'é-
criture. Ainsi le verbe es « être », qui fait est à la 3* personne
du présent, se combine, pour former son inOnitif, avec le suf-
flxe om, ce qui donne es-om, et par le changement de 8 en r :
er-om. Le même verbe substantif es se combine avec les ver-
bes attributifs pour former des futurs : à c6té du singulier
benust « venerit », on a donc le pluriel benurent « venerint »,
et à côté de amprefust^ on a amprefurent. Une preuve que le
rhotâcisme est allé plus loin en ombrien qu'en osque, c'est
que l'ancien thème pronominal eiso (sanscrit esha)y qui a
donné eizuc^ eizeis^ en osque, a fait en*r, erir^irer en ombrien.
Tandis qu'en osque le génitif pluriel de la l'* déclinaison est
en azurriy en ombrien il est en arum. La seule exception à la
règle précédente semble être le mot asa =s latin ara.
r Un second cas à examiner est celui où le s est final. Sur les
tables en écriture latine, le s final se change en r au nomina^
tif singulier de la seconde déclinaison, quand le r était pré-
cédé des voyelles io: ainsi ^^iedtor devient ^^terstr. De même
au nominatif pts, qui devient pir. En outre, au nominatif plu-
riel de la 1" et de la 2» déclinaison, et des thèmes en i (ivenr
goTy prinvatur, pacrer) ; au génitif singulier de la i'% 2% 3* et
4* déclinaison [toto/r^ popler^ ocr&r^ irifor)^ au datif- ablatif
aHAMMAIRË OMBRIENNE. 337
pluriel de Ja l" et de la 2" déclinaison [dequrier, Atiersir). Je
crois inutile de donner au long les exemples empruntés aux
inscriptions en caractères latins : le rhotacisme y est de
règle. Je me contenterai des exemples que présentent les
inscriptions en caractères étrusques : j'ajouterai chaque fois
l'indication de la table, à cause des inductions chronologiques
qu'on peut tirer des progrès du rhotacisme.
Première déclinaison. Nominatif pluriel (si notre traduction
est juste) : sehmeniar (I b 42). Datif-ablatif pluriel : plena-
sier urnasier (V a 2).
2» déclinaison. Génitif singulier : kluviier (V a 15); peut*
étrenumer prever tupler tripler (V a 17-21). Nominatif
pluriel : Atiiediur (Va 1), çersnatur (Va 22). Datif-ablatif
pluriel : Atiiedier (V a 4), adeper (I b 30, 33), adiper
(I a 27).
Le rhotacisme va plus loin qu'en latin, où le datif-ablatif se
termine en is, jamais en ir.
Un troisième cas est celui où une enclitique commençant
par une voyelle ou par un h vient s'ajouter & un mot finissant
par s. Dans ce cas le s se change en r. Ainsi le nominatif pro-
nominal iSj suivi de l'enclitique eA?, devient er-ek (Va 11), le
nominatif pluriel pus devient pur-e (Va 6. 25. 28. V b 4),
le génitif féminin eras suivi de hunt devient erar-unt
(IV 1), le datif pluriel ères suivi de hunt devient erer-unt
(IV 5), et le génitif masculin ères suivi de ek devient
erer-ek (III 32). Enfin le datif pluriel Fesnes suivi de la
postposition €(n) devient Fesner-e. Il y a toutefois deux ex-
ceptions : le pronom indéfini pis (== latin quis) fait pis-^
(V a 3. 10. VII a 52. VII b 1) et pis-her (VI 6 41) : cela est
d'autant plus étonnant que ces deux mots se trouvent sur V
et sur les tables en écriture latine, où l'on a ailleurs er-ek
(V 4) et sa^ir (VI b 54). On voit d'après ces faits quelle part
doit toujours être accordée au modèle que le graveur avait
sous les yeux et quelle autre part & la prononciation du
temps.
§ 35. DES CONSONNES DOUBLES.
Les inscriptions en caractères étrusques ne redoublent ja-
mais de consonne ; mais il n'en est pas de môme des inscrip-
tions en caractères latins, quoiqu'elles n'aient point à cet égard
d'orthographe constante. On trouve VII b 3 appei à côté de
22
338 GHÀMMÂIRË OMBHIËNNfi.
l'orthographe ordinaire ope; VI 6 51, VII a âO, 24^ 33, 38, 39
ennOj ennom, à côté de eno enom, qui sont les formes les
plus usitées; VI a 42, VII b 3 essu^ issoc à côté de esu, qui es.t
beaucoup plus fréquent; VII b 2 ponne à côté depone (pour
pon-de) ; VI a 43 Fissiu à côté de Fisiu. On a en outre Pa-
dellar VI a 14 et lettom VI a 13, 14, 14. Toutes les fois que
la consonne est simple, le graveur a suivi Torthographe de
son modèle étrusque ; quand la consonne est redoublée, il a
suivi l'usage de son temps. Nous avons indiqué, p. 227, les
inductions chronologiques qu'on doit tirer de ce fait. Dans les
passages où les lettres doubles se multiplient d'une façon in-
solite, comme cela a lieu VI a 12-16 et sur la table VII 6, on
peut conjecturer que les lignes correspondantes ne se trou-
vaient pas sur l'ancien modèle.
§ 36. MODIFICATIONS EUPHONIQUES DES CONSONNES. — LE
GROUPE kt. — LE GROUPE kj. — g ENTRE DEUX VOYELLES. —
RENCONTRE DE DEUX DENTALES.
Le groupe kt. — kt est un groupe que l'ombrien évite ordi-
nairement. Ou bien le k est omis (cette omission s'observe sur-
tout après une voyelle longue), ou bien le groupe kt donne
lieu au même phénomène que nous avons dans le français
fait^ trait ^ de foetus^ <rac<um, c'est-à-dire que la gutturale
devient un jod, puis un t. Un a précédent prend alors le
son e (voy. p. 63). Ex. subahtor subacti; uhtur auctor;
uhtretie auctoritate; rehte recte. Dans les exemples sui-
vants, le k est devenu y, i : adveitu pour advektu; deitu
pour dektu; feitu pour faktu. Ce qui prouve que feitu est
un mot de trois syllabes (fe-ï-tu), c'est qu'il est écrit ainsi sur
les tables en caractères étrusques, qui évitant ordinairement
la diphthongue ei. Toutefois l'i peut se fondre avec les voyelles
précédentes: on a, par exemple, l'orthographe feetu, fétu,
à côté de feitu. Mais deitu teitu, adveitu, kuveitu sont
toujours écrits de la même manière. Toutefois le groupe et
reste, quand il est précédé d'une nasale. Ex. ninctu. Ainsi
doit s'expliquer probablement la forme fiktu pour finktu.
Le groupe kj. — Le A suivi d'un jod qui est suivi lui-même
d'une voyelle donne lieu à une assimilation du k au jod : un
a précédent prend alors le son c. Ex. fakja (latin faciat) de-
GRAMMAIRE OMBRI£NN£. 3d^
vient feia, fakju (latin facio) devient feiu. Un autre exemple
estpeiUy qui est pour pikju ou pekju (latin piceos).
Cette loi phonique n'est pas d'une application constante,
car on trouve façia à côté de feia, façiu à côté de feiu.
g entre deux voyelles. — Un ^ placé entre deux voyelles
peut prendre le son d'un jod. Ainsi le même verbe qui fait
^mugatu à Timpératif, devient muietom (prononcez mujetam)
au participe; le nom des Iguviens, qui est encore écrit Iku-
vinus en certains endroits, devient liuvinus, liovinury lovi-
nur en d'autres. Ce même nom est encore plus resserré dans
l'adjectif luieskanes. Un autre exemple de contraction nous
est fourni par l'adjectif mes tru, qui suppose en latin une
forme magistra; les intermédiaires ont dû être majistru;
maîstru.
Rencontre de deux dentales. — Quand en latin une racine
finissant par une dentale, comme par exemple fendj tend^
fund^ se combine avec un sufBxe commençant par un ^, il se
produit des modifications diverses : fund a donné fusus et
futilis; tend a donné inientus et tensio; fend a donné infensus
et infestus; aggredior^ après avoir fait aggrettus^ a donné
aggressus. Ces formes, sans être du même temps, ont plus ou
moins coexisté dans la langue. De même, en ombrien, la ren-
contre de deux dentales donne lieu à des modifications assez
différentes. Le verbe spend a donné spantim, spantea et
spafu (pour spansu), spefa (pour spensa); le verbe vort
donne l'adverbe trahvorfi (pour Irahvorssï)^ tandis que pend a
donné au participe opeter.
DÉCLINAISON.
§ 37. CLASSIFICATION DES THÈMES*
Pour notre étude de la déclinaison, nous suivrons Tordre
généralement adopté dans les grammaires latines : l'* décli-
naison, thèmes en a; 2* déclinaison, thèmes en ô; 3* déclinai-
son, thèmes en i; 4* déclinaison, thèmes en u; 5« déclinaison,
thèmes en ê. Nous nous écarterons seulement de cet ordre en
faisant une sixième déclinaison pour les thèmes terminés par
une consonne.
La flexion des substantifs et des adjectifs étant la même,
nous emprunterons indifféremment nos exemples à l'une et à
l'autre classe de mots.
340 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
§ 38. 1~ DÉCLINAISON.
Singulier.
Nominatif. -^ Le nominatif singulier est en a : mais cet a
peut s'obscurcir en u. A cinq lignes de distance, sur la
même inscription, nous avons : pan ta muta « quanta
multa» (Y b 2) et etantu mutu « tanta multa ». Conune il
s'agit d'une inscription en caractères étrusques, nous ne pou-
vons affirmer si cet u représente le son o ou le son u.
Vocatif. — Le vocatif est toujours en a : Tursa Jovia (VII
a 47), Tursa Çerfia {VI b 58), Prestola Çerfia {VI b 57).
Accusatif. — L'accusatif est en am. Le m est souvent omis
dans l'écriture. Ex. par fa m tesvam (16 13), parfa dersva
(VI a 2); sopam (VII a 38), sopa (VI b 17); tota Jovina (VI a 29)
tuta (I b 16); perça arsmatiam (VI b 50), perça arsmatia
(VI a 19).
Génitif. — Le génitif est en as. Sur les tables en écriture
latine as devient ar (v. S ^^)- Ex. tutas Ijuvinas (I b 2),
totar Ijovina/r (VI a 30) ; Tursar (VII a 46), Prestotar Çerfiar
(VII a 20).
Datif. — Le datif est en e. Ex. tute Ikuvine (I b 13),
Tuse Juvie (I 6 43), tote Ijoveine (VI a 5), Turse Çerfie
(VII a 41), Turse Jovie (VII a 53). — Quand un datif est suivi
de la postposition en, et que le n final de cette enclitique n'a
pas été écrit, il est difQcile de distinguer cette forme du datif
tout court : rapprochez Rubine (VII a 6) de Rupin ie e (1 6 27).
On a de même Akedunie (I b 43), Sate (I b 31), SahaU
(VII a 41), tote (VI a 36), Ruseme (VII a 8, 9).
Sur les formes Jovinem (VI a 46), Acersoniem (VII a 52),
V. S 28. Sur toteme (VI a 26) v. p. 80 et suiv.
Ablatif. — L'ablatif est en a : cet a est probablement long
comme en latin. Toute trace de l'ancien d final a disparu.
Ex. tuta-per Ikuvina (I a 5), tota^er Ijovina (VI a 23);
asa-ku (II a 39); Petrunia-per. Sur les tables en écriture
latine, cet a est quelquefois obscurci en o. Ape sopo postro
pepcrscust (VI b 5), ape supo postro pepescus (VII a 8). Cf. II a 32
supa pustra perstu. Peut-être faut-il rapprocher nertru^
dans rrumi nertru (VI 6 25). — Mentionnons ici les préposi-
tions hondra et subra qui sont probablement d'anciens abla*
tifs féminins*
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 3kl
Pluriel,
Nominatif. — Le nominatif pluriel est en os*, qui devient
ar sur les tables en écriture latine. Ex. : urtas (III, 10)^ anglar
(Ml a 16), ivengar (VII 6 2). Toutefois si notre traduction de
I 6 42 est juste, le changement de as en ar n'est pas borné
aux tables en écriture latine : hutrafuru sehmeniar« an*
tequam erunt Semeniae ».
Accusatif. — L'accusatif pluriel est en af (§ 27). Le/'flnal est
souvent omis. Ex. merstaf anglaf (VI a 4, 5), m&rsta angla
(VI a 3); hapinaf (I a 24), habina (VI b 22); pernaiaf pust-
naiaf (I 6 10); purtitaf (I a 18), purdita (VI a 13); vitlaf
(Ib 33), vitla (VII a 41); perkaf (I b 15); sufafiaf supaf
(Il a 22); klavlaf anfehtaf (II a 33); arçlataf (IV, 22);
ezariaf (IV, 27).
Génitif. — Le génitif pluriel est en arum. Le m final man-
que ordinairement. Ex. hapinaru (Ia33); sestentasiaru
urnasiaru (111,2); menzaru cersiaru (lia 16); pracatarum
(on se serait plutôt attendu à l'orthographe pracatarom).
Datif-ablatif. — Le datif-ablatif pluriel est en es, qui devient
constamment er sur les tables en écriture latine. Les tables
I et V présentent des exemples du même changement. Quel-
quefois le s (ou r) est tombé. Ex. anzeriates (I a 1), aserior-
ter (Yl a 1); pernaies pusnaes (I a 2); klavles (II a 36);
urtes (III, 5); sehmenies tekuries (II b 1); sehmenier dequ-
rier (V b 11); plenasier urnasier (V a 2). Pour les exemples
suivants, on ne saurait affirmer si ce sont des mots de la 1'* ou
de la 2« déclinaison. Adepes (I a 6), adeper (I b 30); ponisiater
(VI b 51). On trouve aussi adepe (I b 28, 44. II a 7) et puni-
çate (I 6 15). Dans Fesner-e (II 6 11) le datif pluriel est
suivi de la postposition e ( n ).
TABLEAU DE LA 1"
DÉCLINAISON.
Singulier.
Nom.
muta, mutu.
Voc.
Tursa.
Ace.
parfam, parfa.
pa/rfam^ parfa
Gén.
tutas.
tota/r^
Dat.
tute.
tote.
Abl.
tuta.
tota^ Bopo.
1. Il en est de môme en osque : pew e«aifc-eR Ugû serifku set « qua hisce
legibus seripta sont. »
342 GRAMMAIRE OMBRTENNfi.
Pluriel.
Nom. urtas, sehmeniar (?).. anglar.
Ace. vitlaf, vitla. vitlaf^ vitla.
Gén. hapinaru. pracatarum.
Dat. tekuries. dequrier.
§ 39. 2» DÉCLINAISON.
Singviier.
Nominatif. — Le s du nominatif masculin s'est conservé
dans les participes passés, mais en se combinant avec le t du
suffixe : on obtient ainsi en vieil ombrien un z (§ 33), en om-
brien nouveau un s. Ex. pihaz (16 l)^pihos (VI b 47),piatus;
kunikaz, conegos; stakaz; taçez taées, tacitus; ves^ves-
titus ; persnis ; emps emptus (p. 232) ; termnas terminatus
(ibid.).
Le s s'est conservé également dans les participes en andus :
pelsans (II a 43).
On trouve aussi le s, mais changé en r, à la fin des thèmes
ento ; Aliersir pour Atiersior (VII b 3). On peut comparer les
nominatifs latins comme Glodis pour Glodius, et les nomina-
tifs osques comme Heirennis Herennius.
Les thèmes masculins katlo, diçlo, agro ont' perdu leur dé-
sinence s, ainsi que la voyelle o : mais ils ont inséré un e eu-
phonique. Nominatif katel (II a43), tiçel (lia 15), ager (§ 14).
Les nominatifs neutres sont en om ou o, en um ou u : pe-
setoMy peretom^ vaéetom^ frosetom^ daetorriy purditom, ortom;
muietOj tuderato^ orto^ purditOj scvehto^ stahmito; kuratu,
purtitu, esunu.
Vocatif. — Le vocatif se termine en e : Tefre^ Jovie^ Serfe
Martie, Grabovie, Fisovie^ Sanéie. — Le substantif Dius se con-
tracte en Dei ou Di : Di Grabovie [\la 25 ) , Dd Grabovie
(VI a 26).
Accusatif. — L'accusatif se termine en om ou o, um ou u
(le m étant omis dans l'écriture, voy. § 28). Ex. poplom^ pu-
plum, puplu; salvvmj salvo ; kaprum, kapru; sudum,
Borsom; Tefro; somo; katlu; tiçlu; villu vufru. Les
substantifs neutres se terminent de môme : persklum pers-
clo; krenkatrum krikatru; mcmdrado ^ mantrakiu ;
esono^ esunu.
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 343
Accusatif des thèmes enîo. — Les thèmes en io font leur ac-
cusatif en tm, qui est souvent écrit i. Ex. Fmm, Fm; Jovi;
Sanéi; Fisovi; Grabovi. On trouve deux fois (VI a 24, 25) Tor-
thographe Grabove, Dius fait à l'accusatif Dei, — Pour Taccu-
satif masculin pedaem, qui est pour pedaium, il faut sup-
poser une forme intermédiaire pedaim (voy. p. 110).
Les accusatifs neutres opèrent la même contraction :, terlim
{VI664), duH (VI b 63), âdkani (IV 28). Cependant on trouve
deux fois tertio (VII a 46), tertiu (I b 40).
Génitif. — Le génitif est en es ou e sur les anciennes in-
scriptions, en er ou 6 sur les nouvelles. Ex. katles (II a 22),
k après (116 12), Çerfe (16 28), katle (II a 15), cabriner
(V b 12), popler anferener (VI a 19), pihaner (VI 6 48), agre
(V 6 9.14).
Thèmes en io. — Les thèmes en io gardent toujours leur i
devant la désinence: Marties (16 28), Kureties (I b 4), Klu-
viier (V a 15), Piquier Ma/rtier (Vfr9), Kastruçiie, Tlatie
(V b 9), Fisie (VI b 11), Fisovie (VI b 15).
Datif. — Le datif est en e ou t. On trouve ei sur les tables
modernes. Ex. Tefrei (VI b 22), Tefre (I a 24), Tefri (I a 28).
Quand le datif est suivi de la postposition ^(n), il est difficile
de le distinguer du datif simple: ainsi kumnahkie Atiiedie
(V a 15) est probablement pour kumnahkle-e(n) Atiiedie.
Peut-être faut-il suppléer un n à la fin de ferincy pour
ferine-e[n) ou /erttnne-e(n). Voy. p. 106.
Deux formes difficiles sont Trebo (VI a 58), Fiso (VI 6 3),
desquelles il faut peul>être rapprocher Kurçlasiu (II a 17). II
se pourrait que la première partie de la diphthongue oi se fût
conservée ici comme en latin. La forme vuke (III, 3, 21), au
lieu de laquelle on aurait dû s'attendre à avoir vuçe (§ 16),
peut faire croire également que Ve représente une diphthon-
gue oi. Comparez aussi Pupdike (111,27,35; IV, 10, 12) à
côté de Pupdiçe (IV. 24).
Datif des thèmes en io. — Les thèmes en io font leur datif
en te, ou bien ils contractent Vi avec la désinence. Ex. Gra-
éovie (VI6 19), Grafcovet (VI a 22), Krapuvi (I a 3) ; Fisie
(VI a 40), Fisei (VI a 23); Juvie (I a 24), Juvi (I a 28), Jovi
(VI b 22); Hudie (I 6 2), Horse (VI b 43); Sarme (VI b 3), Sansi
(VI b 5). On trouve une fois Sansii (VII a 37).
Ablatif. — L'ablatif est en u (jamais en o) : aucune trace du
rf, qui terminait anciennement ce cas, ne s'est conservée.
Ex. puplu (I b 2), poplu {\ll a 3); persklu (III, 12), pesclu
344 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
semu (VI 6 15); peiqumerstu (VI a 1); anglu hondomu (VI a 8,
9); pihaclu (VI a 25); voeu Joviu (VI b 43).
Locatif. — Des restes de Tancien locatif en et se sont con-
servés en ombrien comme en latin, où nous avons les locatifs
domij humiy hi-Cy illi-c.
Le locatif ombrien est en et, e^ i. Ex. esmei stahmei stahmeitei
(VI a b)i nesimei (VI a 9, 9). Je range j)armi les locatifs les ex-
pressions pronominales : e^Tnei, esmi-k^ ise-k, estCy eri^orU.
Pluriel,
Nominatif. — Le nominatif-vocatif pluriel masculin est en
u s sur les quatre premières tables ; quelquefois la consonne
finale manque. La table V, au lieu de us, emploie ur (§ 34).
Sur les tables en écriture latine, la désinence est or et ur :
la forme or se trouve sur la table VI a jusqu'à la ligne 27 ; à
partir de là, le graveur met ur. C'est aussi ur qu'on a sur la
partie latine de V b. On peut se demander d'où vient cette in-
certitude dans l'orthographe : il est probable que le son était
intermédiaire entre o et u. Comme V 6, qui est d'une autre
main que VI- VII, met u, cette orthographe, à laquelle le gra-
veur de VI-VII a fini par se ranger, paraît la meilleure.
Ce nominatif pluriel en us et ter, qui s'écarte absolument du
nominatif latin, se retrouve en osque, où l'on a Abellanùs,
Nuvlanùs, status. C'est le nominatif sanscrit en ôs, au lieu
que les nominatifs latins comme dominiy et grecs comme Xo-
7ot, appartiennent à une autre formation. Il est probable que
Vu était long.
Il n'y a pas d'exemple du nominatif pluriel neutre; mais il
n'est pas douteux qu'il devait être semblable à l'accusatif
neutre dont il va être question.
Exemples : prinuvatus (I b 19), prinuvatu (I b 15);
Ikuvinus (16 21), Ikuvinu (16 20); Atiiediur (Va 1); çers-
natur (Va 22); totcor (VI a 12); tuderor (VI a 12); vasor
(VI a 19); arsmor dersecor subator (VI a 26); prinvahar
(VI 6 50); Jovinur (VI 6 56); tasetur (VI 6 57) ; Clavemiw
(V 6 8); Atiersiw (V 6 11).
Accusatif. — La désinencede l'accusatif pluriel masculin était
primitivement en ons. Cette désinence s'est conservée en un
seul exemple : abrons (VII a 43). Partout ailleurs le ns a
pris le son f (§ 27), en sorte que la désinence est uf sur les
anciennes tables, of sur les modernes. Le son de cette lettre
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 345
ne devait pas être très-accusé, car elle est souvent négligée
dans l'écriture. Il est probable que la voyelle précédente est
longue. Nous voyons, en ce qui concerne To, se produire sur
les tables YI-YIIla même incertitude qu'au nominatif pluriel,
c'est-à-dire que le graveur met quelquefois o et quelquefois
u. Ex. vitluf turuf{I6l), vitlutoru(Ylb 43); feliuf (Ial4),
filiu (VI 6 3); kaleduf (I a 20), calersu (VI b 19); suduf
(I a 33), sorso (VI b 38); apruf (I b 24), a^of (VII a 3); Tre-
planu (16 9), Treblano (VI 6 47); rufru (I&24), rofu
(VII a 3); peiu (I b 24), pdu (VII a 3); krematruf (II a 26).
L'accusatif pluriel neutre est en a ou u (§ 3) sur les an-
ciennes tables, en o sur les nouvelles : iuka mersuva (III,
28); veskla snata asnata (lia 19), vesklu snatu asnatu
(IIa34);pruseçetu ( II 61 2), prose^e<o (VIa58); adro (VII a25).
Génitif. — Le génitif pluriel est, non pas en onmij comme
en latin classique, et comme le ferait attendre le génitif a/rum
de la 1'* déclinaison, mais en um, comme les anciennes
formes latines nummumy sestertium^ Deu/m (voy. Bûcheler,
Déclinaison latine^ p. 139 de la traduction française). Le m
n'est nulle part marqué dans les exemples, d'ailleurs très-peu
nombreux, de ce cas : les vieilles tables mettent u, les nou-
velles (S 10) : Atiiediu (II b 26), Atiersio (VII b 2); proseseto
(VI b l6)]pihaclo (Via 54).
Datif-Ablatif. — Le datif-ablatif pluriel est en es, e, i (?)
sur les anciennes tables, en etV, er, ir, i (?) sur les nouvelles.
Devant la postposition -co le s ne se change pas enr. Ex. ve-
res Treplanes (I a 2), verisco Treblanir (VI a 19), vereir Tre-
ôianeir (VI a 22), verir Tesenocir{\l 6 3); antakres kumates
(II a 42), antakre kumate (16 36); veskles snates asna-
tes(IV,9), veskles snate asnates (IIa37); Atiiedies (III,
24), Atiiedie (II a 2), Atiersier (VII 6 1), Atiersir (V 6 8);
pruseçete (II a l^)ypro8eseter (VI 6 20), prosesetir (VI a 56);
eais-co esoneir stsveir (VI a 18), isir vesclir adrir plener (VII a 21 ),
isir vesclir alfer (VII a 34). Comme exemples de formes en i,
nous citerons, mais avec doute : Clavemi (V 6 10, voy. p. 257)
et tedti (II a 28, voy. p. 286).
Nous avons déjà parlé (§ 34) de la forme adeper, qui
prouve que le rhotacisme à la fin des mots n'est pas étranger
à la table I. U est déjà de règle sur ,V.
La désinence primitive à laquelle se rapportent toutes ces
variantes parait avoir été eis.
346 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
TABLEAU DE LA £• DÉCLINAISON.
SinffvMer.
Nom. pihaz^ taçez, pihos, veslis.
pelsans, katel.
Voc. Çerfe. Ç^'/<^-
Ace. pupliim. poplom.
Gén. puples. popler.
Dai. puple. pople,
Abl. puplu. poplu.
Loe. stafimei.
Pluriel,
Nom. 1 ku V i n u s, I ku V i n u. totcor^ Jovinur.
Ace. f i 1 i u f , f i 1 i u. abronSj abrof^ TreblanOy
torufy toru.
Gén, Atiiediu. Atiersio,
D.V. Abl. veres, veris. vereir, proseseter^ proseéelir,
THÈMES NEUTRES.
Nom .-ace. sing. esunum, esunu, esonom^ esono.
Nom .-ace. plur. esuna, esunu, esono.
THEMES EN 10.
Nom.
A tiersir.
Voc.
Graboviey Dei, Di,
Ace.
Fisim^ Fisiy Dei,
Gén.
Mariies, Martier,
Dai.
Grabovie^ Grabovei^ Grabovi.
Pluriel.
Nom .-voc.
Atiersiur,
Ace.
A tiersiuf.
Gén.
Atiersio.
Dai.-ablat. Atiersier^ Atiemir.
S 40. 3* DÉCLINAISON.
La 3« déclinaison comprend les thèmes en t. Il s'est parfois
opéré des contractions qui font ressembler les thèmes en i à
des thèmes terminés par une consonne
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 347
Singulier.
Nominatif. — Le nominatif est en s. Vi final du thème est
supprimé, et si la lettre précédente est un t^ il est également
supprimé ou assimilé & s. Ainsi le thème CasUati fait Casilos
(pour Gasilati's)j le thème porii fait par-s, le thème foni fait
fon-s. On remarquera dans le premier exemple l'obscurcisse-
ment de Va en o (cf. pihos pour pihahtë).
Les thèmes en cri suppriment à la fois Vi et le s du nomi-
natif, mais ils insèrent une voyelle euphonique, soit e (cf. en
latin acer, saluber], soit a. Ex. pacer (à la fois masculin et
féminin), ukar, ocar.
Un exemple du neutre se trouve sur la pierre d'Assisium :
S(zcre,
Accusatif. — L'accusatif est en em ou im. Le m final est
souvent omis. Ex. peraknem (II a 10), perakne (II b 8);
sevakne (II b 8), sevakni (III. 25); stafla/rem (VI b 39);
sorsal&m (VI b 39); uvem (III. 8) uve (II a 10); sakrem
(III. 8), sakre (II a 6); Tarsinatem (VI b 58), Tadinate
(16 16); sim (116 1), si (II 6 7).
Génitif. — Le génitif est en er ou ir : foner (VII 6 54), Tar-
sinater (VI b 54), ocrer (VI a 8), sorsalir (VI b 38). Nous avons
Va 16 les génitifs ukre eikvasese qui ont perdu la con-
sonne finale.
Datif. — Le datif est toujours en e : Casilate (V 6 16), Tar-
sinate (VII a 11), sakre (II a 5), ocre (VI a 23). Ukre (V a 15)
est pour ukre-e(n).
Ablatif. — L'ablatif est en ei, î, ou e. Ex. peracrei (VI a 25),
peracri (VI a 34); uvi (III. 28); ukri (I a 5), ocri (VI a 23),
ocre (VI a 25); sevakni (II a 38), sevakne (IV. 23); tefrali
(VI 6 28).
Pluriel,
Nominatif. — Le nominatif pluriel masculin et féminin est
en es ou er. Comme il n'y a qu'un très-petit nombre d'exem-
ples, il est impossible de dire si le rhotacisme se présente
déjà dans l'ancien ombrien : puntes (III. 9), foner (VI b 61),
pacrer (VI 6 61).
Accusatif. — L'accusatif pluriel masculin et féminin est en
eif, ef, if (§ 27). Le f est souvent omis dans l'écriture : Ex
aveif (VI b 47), avef (1 b 10), avif (I b 8), met (VI b 47) ; u vef
(16 1), ovi (VI 6 43); sakref(Ia I8);sif (U 7), si (VI a 58);
348 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
/W/", fri (VI a 30, 42). Les thèmes neutres ont leur accu-
satif pluriel en ia sur les anciennes tables. Au lieu de l'a
final on trouve aussi u, et devant cet u^ Vi se change parfois
en e. Ex. arvia (I a 3), arviu (I a 16] ; sakreu perakneu
(V a 7, 8). Sur les tables nouvelles, a est changé en o : arvio
(VI a 56).
Génitif. — Le génitif pluriel est en io[m) iperacrio (VI a 54).
Datif-ablatif. — Le datif-ablatif pluriel est en eis, is ou es.
Le 8 final peut manquer : mais il ne se change jamais en r
(cf. p. 7). Ex. aveis (VI a 1), aves (I a 1), avis (II a 6) ; peror-
cris (VI 6 56); sevaknis (II a 36), sevakne (IV. 9); ahtis
(III. 24); puntis (III. 5); Atiiediate, Kureiate, Peiediate,
Museiate, Kaselate (II b 2).
Sur avi (?), v. p. 126.
TABLEAU DE LA 3* DÉCLINAISON.
Singulier,
Nom.
Casilos^ forts.
ukar
pacer^ ocar.
Ace.
uvem, spantim. ovirriy ovem.
Gén.
ukre(s)
ocrer j ocrir.
Dat.
ukre
ocre.
Abl.
ukri
peracreij peracri^ ocre.
Pluriel.
Nom.
puntes
pacrer.
Ace.
avef , avif
avdff a/oef^ avif.
Gén.
peracrio.
Dat.-Abl.
aves, avis,
aveiSj aves, aA)is.
*
AI
.iiediate
•
Neutre.
Nom.-accusatif singulier. sacre.
Nom.-accusatif pluriel arvia, arviu, a/rvio.
sakreu
§41. 4« DÉCLINAISON.
Smgulier.
Il n'y a pas d'exemple du nominatif.
L'accusatif est en o (m) , que les anciennes tables écrivent u (m) .
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 349
Le génitif est en or (Vo est probablement long] sur les nou-
velles tables. Ex. Irifor (VI 6 54).
Le datif est en o (probablement long) : trifo (VII a 77). Sur
Trebo et FisOy que je rapporte à la 2« déclinaison, v. § 39.
Un datif suivi de la postposition e(n] est manuv-e (116
23). Il en* est peut-être de môme pour difu-e (VI 6 4).
L'ablatif est en i : mani (VI 6 24), mani (II a 32) ; tref i (III.
25); adputrati (V a 12). Il faut supposer que la désinence ei
de la 3* déclinaison a été introduite dans la 4^
Pluriel.
Les exemples du pluriel sont rares.
Nominatif. Point d'exemple.
Accusatif. L'accusatif masculin-féminin est en us : en^
(YI 6 16, VU a 38). Cf. p. 131.
L'accusatif neutre est en tca : berva (Il a 26).
Le datif-ablatif est en us, u : berus (II a 20), erus (II a 27),
eru (V a 7).
TABLEAU DE LA 4* DÉCLINAISON.
Singulier.
Nom.
....
....
Ace.
manum
manom.
Gén.
trifor.
Dat.
manu
trifo.
Abl.
mani
Pluriel.
mani.
Nom.
....
* . a a
Ace.
erus
eru8.
Dat.-abl.
erus, eru
Neutre.
....
Ace. pluriel.
berva.
§ 42. 5* DÉCLINAISON.
La 5* déclinaison ne compte qu'un très-petit nombre d^exem-
pies. Les seuls cas représentés sont les suivants :
Le datif singulier est en i. Ex. ri (V a 4).
L'ablatif singulier est en e ou t. Ex. ri (V a 5), r^ (VII b 2);
350 GHÀMMAIRK OMBRIENNE.
8caléie(Ylab)y8calse^to(\.p. 120); uhtretie (Va2); kvestre-
tie (I 6 45); tribriéine (VI a 54) v. p. 95; natine (II 6 26), v.
p. 273.
Au pluriel, l'accusatif est en e{f) : Jome (VI b 59, VII a 48).
Le datif pluriel est en es : Jovies (VI b 62, VII a 13, 14, 28, 50).
Ce nom est masculin.
§ 43, 6'' DÉCLINAISON.
La 6* déclinaison comprend les thèmes finissant par une
consonne. Tandis qu'en latin la flexion de ces thèmes s'est à
peu près confondue partout avec celle des thèmes en t, l'om-
brien a conservé nettement la différence à certains cas. Ainsi
la désinence de l'accusatif singulier est o(m)y ce qui corres-
pond à la désinence sanscrite am, à la désinence grecque a
(itoSit). De même au datifablatif pluriel la désinence se dis-
tingue très-clairement : elle est en us (l'u est probablement
une voyelle de liaison).
Nominatif. — Nous n'avons que des thèmes en tur. Le s du
nominatif est tombé. Ex. adfertur (I b 41), arsfertur (VI a
8) ; kvestur (V a 23) ; uhtur (III. 7). On y peut joindre Ju-
pater, qui est employé au vocatif [II b 24), mais qui avait
très-probablement au nominatif la même forme.
Au neutre, nous avons seulement pir (VI a 20, 16 12) et un
thème en os, correspondant aux mots latins comme genus,
pondus. La voyelle qui précède le s a été supprimée : vcls (pour
vacos), V. p. S6. Peut-être faut-il ranger encore ici meds (pour
medos), en ombrien nouveau rners, V. p. 87.
La désinence de l'accusatif est o{m\ en ombrien ancien
u(m). Le m a été omis partout. Ex. aTsferiwro (VI a 17); uh-
turu (III. 4); salu (II a 18); curruico (VI a 3); capirso (VI b
25).
Au neutre : tuder (VI a 10), pir (I b 12), pir (VI 6 50), far
(V 6 10); umen (II a 34); numen (I b 17), nome(n) (VI a 30).
Sur utur, v. p. 270.
Le génitif, qui se trouve seulement sur les tables nouvelles,
est en er : nomner (VI 6 54), forer (V 6 9). Il y a probablement
ici mélange avec la déclinaison des thèmes en i.
Le datif est en i ou e. Ex. adferture (V b 3), pâtre (II b 7);
Marti (lia 11), Marte (la 11); nomne (Vl a 24); kumné
(I 6 41) «culmini».
L'ablatif est e,i, et peut-être et. Ex. k api de (I a ^9)yCapirse
6HAMHÂIRË OMBRIENNE. 351
(VI b 24) ; nomne (VI a 1.7) ; umne (II a 38); paée (VI a 30) ;
pedi (la 29), persi (VI b 24) ; mersei (VI a 28) et mersz (VI a
38) sont des formes douteuses, y. p. 88.
Pluriel.
Nominatif. Le seul exemple est un thème en r. La désinence,
qui était probablement es, s, est tombée, el la voyelle précé-
dente a été allongée : frateer (Yb 16), frater (III. 5).
En latin le nominatif des thèmes à consonne est emprunté
à la déclinaison des thèmes en t ; le seul exemple qu'on puisse
citer est giuituor^ pour quatuors^ quatuorës.
A Taccusatif masculin-féminin, la désinence est /*, qui s^est
probablement introduit dans cette déclinaison d'après l'ana-
logie des thèmes à voyelle. Devant le f de la désinence, les
thèmes terminés par un d ou rs suppriment cette articulation.
Le f est quelquefois omis dans l'écriture. Ex. nerf (VI a 30) ,
capif[\lb 18), kapi (I 6 29), vapef, vapef (I 6 14, Via 10).
On trouve une fois (I a 18) kapid.
Le génitif pluriel est en om sur les nouvelles tables, um,
u(m) sur les anciennes : fratrom (VII 6 1), fratrum (III. 10),
fratru (II b 26).
Il faut peut-être ajouter aux thèmes finissant par une con-
sonne buOy pour buvo (VI a 54).
Le datif-ablatif est en us (cf. p. 7) : fratrus (V b 8), fratrus
(II a 2) ; homonus (V 6 10) ; dupursus (VI 6 11), pelurpursus (VI
6 11); kapidus (lia 33); karnus (IV. 7); vepurus (V a 11);
t%Mienis (VI a 11) ; vapersus (VI a 9).
TABLEAU DE LA 6« DÉCLINAISON.
Nom.
-voc.
. adfertur
•
<wsfertv/r.
Ace.
a^ferturu
arsfertwro.
Gén.
nomner.
Dat.
adferture, adferturi
nomne.
Abl.
kapide, pedi
Pluriel.
capirse^ persi.
Nom.
frater
frateer^ frater.
Ace.
kapif
capify nerf.
Gén.
fratrum
fratrom^
Dat.-j
stbl.
fralrus, kapidus
Neutre.
fratrus.
Nom.
-ace.
singulier :
vos, /V/r, numen.
352 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
S 44. ADJECTIFS.
De même qu'en latin il y a des adjectifs en us a um et des
adjectifs en is e, de même l'ombrien a deux classes d'adjectifs,
les uns suivant la déclinaison de poplo et de toUiy les autres
celle de avi. La flexion des adjectifs ne présente du reste au-
cune particularité digne de remarque. En composition, la
déclinaison en is est la plus usitée : comme le latin animvs
forme exanimis et unanimis^ le thème acnô forme les compo-
sés peroAnis et sevaknis, le thème agrô forme peracris.
On sait qu'en vieux latin le nominatif acer servait pour le
masculin et pour le féminin. Il en est de même en ombrien
où nous avons le féminin pacer (du thème pacri).
En ce qui concerne la syntaxe de l'adjectif, une irrégularité
peut-être accidentelle a été constatée page 12 et page 94.
§ 45. DEGRÉS DE COMPARAISON.
De l'ancien comparatif en tero ou tro^ il reste : etraf,
etram, être, êtres, etru; podruhr^ei; hondra^ hutra; des-
truy testru; nertru; pretra; postra^ pustra; vestra.
Un double comparatif est renfermé dans mestru, pour
magis-teru.
De l'ancien superlatif en mo et tvmo il reste : somu; pro-
morriy prumum; nesimei; hondomu; çimo.
§ 46. NOMS DE NOMBRE.
Nombres cardinaux.
Le nom de nombre « un » ne se trouve pas sur nos tables.
Voici la déclinaison du nombre « deux » :
Masculin-féminin. Neutre.
Nomin. dur.
Ace. dufy tuf. tu va.
Dat.-abl. duir^ tuves, tuve.
Mais on trouve en outre l'accusatif masculin duf employé
comme nom de nombre indéclinable (voir p. 211).
Le thème du se trouve en tête du composé durpursus.
Le nombre « trois » se décline ainsi :
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 353
M(i8(Mlinr^féminin, Neutre.
Nomin.
Ace. <m/, tref, trif, tre. triia.
Dat.-abl. tris.
Le nombre « quatre » se rencontre seulement dans le com-
posé petuT-pursus.
« Douze » se dit deéenniuf (indéclinable).
On a, en outre, quelques nombres exprimés par chiffres :
V,VI, VlIS(7i), XII,XV, CGC.
Nombres ordinaux.
Les nombres ordinaux sont : promom, prumum; etrOy
postro; un autre nom de nombre pour « deuxième » est re-
présenté par l'adverbe duti{m)j qui suppose un ancien nomi-
natif dutios (p. 192); tertim^ tertiu.
Dérivés et composés de noms de nombre.
Le nom de nombre distributif pour « un » est prévu, qui
correspond au latin privus.
Du nombre « deux » viennent tu-plu et tu-plak; du nom-
bre « trois » vient tri-plu.
Mentionnons encore, outre du-pursus, petur-pursiLSy Tadverbe
trio-^eTy triu-per « trois fois », qui se compose de l'accusatif
neutre tria et de la postposition per.
S 47. PRONOMS PERSONNELS.
Des pronoms personnels il n'est resté qu'un petit nombre
de formes : les datifs mehe mihi et tefe tibi, ainsi que seso
(YI 6 51), que nous avons expliqué comme étant pour se-se-
hont (p. 170).
L'accusatif tiom^ teiom est en réalité un adjectif possessif
formé comme l'est en latin meum^ meium. Il sert d'accusatif
au pronom de la seconde personne.
Comme adjectifs possessifs dérivés des pronoms personnels,
nous avons seulement le génitif <t6er, les ablatifs féminins tua
et vestra,
§ 48. PRONOMS DÉMONSTRATIFS.
11 y a en ombrien un assez grand nombre de pronoms dé-
monstratifs, les uns encore déclinables, les autres subsistant
23
d54 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
à l'état d'adverbes. Nous examinerons successivement les
principaux thèmes pronominaux.
Thème pronominal i, — Au thème pronominal i appartien-
nent : le nominatif masculin er-ek, er-ec, er-e, er-e, er-ont;
le nominatif-accusatif neutre ed-ek, ers-e; l'accusatif féminin
pluriel ef (VI a 4). A ce thème se rattachent l'adverbe ife
(latin ibi) et le comparatif etru.
Thème pronominal eo, — Au thème pronominal eo (en latin
il a donné les formes comme ewm, eain^ eos, cas, n, iis) appar-
tiennent : l'accusatif féminin eam; l'ablatif neutre eu (?) II a 2 ;
le nominatif masculin pluriel eur-ont (VI b 63); l'accusatif
masculin pluriel eo(/); l'accusatif féminin pluriel eaf, eaf-,
l'accusatif neutre pluriel eu (?).
Thème pronominal ero, iro. ^^ Le thème démonstratif ctpo,
ero, iroy qui vient d'un ancien thème eiso, et qui correspond
aux formes osques comme eizuô^ eizac^ ezvmy eizoiSy eizazunc *,
a laissé : l'accusatif masculin eru-hu, eru; le génitif mascu-
lin et neutre erer-ek, erer, irer^ erir; le génitif féminin erar-
unt, erar; l'ablatif féminin era-hunt; le génitif pluriel erom^
ero; l'ablatif pluriel erir-ont^ erer-unt. Sur erafont, voir
page 193. Il a donné en outre les adverbes : eri-hont (ancien
locatif), era-k (ablatif féminin), eru-k (ablatif neutre). Cf.
§ 49. Ce pronom est probablement le même que le sanscrit ^Aa.
Nous passons à trois thèmes <x)mposés qui contiennent le
thème eiso dont il vient d'être question.
Thème pronominal isto, — Le thème démonstratif eîsto,
cstOy isto (d'où le latin iste) a laissé : l'accusatif masculin estu
(116 24); l'accusatif neutre estu (II b 23); l'accusatif pluriel
masculin esto(f) (VI a 15). — Le thème esmo, le môme qui a
probablement donné immo en latin , donne le locatif singulier
esmei (VI a 5, 18), le datif singulier esme (VI b 65) et l'adverbe
esmik (I a 28, 31). Cf. S ^9.
Thème enno, — Le thème enno, eno, qui est probablement
pour ets^o, comme on peut l'inférer de la forme enno et ennom
six fois répétée, n'a laissé en <Mnbrien que des adverbes, sa-
voir : enum-ek^ inum-ek, enu-k, inu-k, enom, enOy enu
* alors». On peut comparer le rapport de enum-ek avec
enu-k à celui qui existe entre esum-ek et esu-k. Je crois
que enuk, csuk sont pour enunk, esunk.
A côté du thème eno il y a un thème eni, eini, qui a laissé
1. Voy. §34. Cf. p. 7a
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 355
les adverbes enemj eme, ene. On peut rapprocher le latin enim
et l'osque inim.
Thème esso, eso, iso, — Le thème pronominal esso, eso^ isoy
qui est pour ec-soy eic-so (voir p. 18), et qui correspond aux
formes osques comme eksuky exac^ exeiCy exaiscen, a laissé :
l'accusatif neutre esu-k, eso-c, iso-c, eso^ esu; à côté de ces
formes on trouve aussi esum-ek (I b 8), esom-e (VI b 47);
l'ablatif masculin esu; Tablatif féminin esa; l'accusatif pluriel
masculin esuf; le datif-ablatif pluriel esir^ isir. Il a laissé en
outre les formes adverbiales eso-c^ eso « ainsi ».
Thème hono. — Il y a en ombrien un thème hono, d'où l'en-
clitique 'honty les adverbes huntak et huntia, le comparatif
hondra et le superlatif hondomu (p. 40). Ce thème a probable-
ment une parenté avec le latin hic hœc hoc. Il y faut rattacher
sans doute la forme hule (p. 303).
§ 49. PRONOM RELATIF.
Le pronom relatif a deux thèmes : po, qui répond au latin
quô (par exemple dans qiwd) et pi qui répond au latin qui
(par exemple dans quid). Le thème po suit la déclinaison no-
minale : ainsi il fait po (pour pom) au nominatif singulier
neutre (p. 161), pur au nominatif pluriel masculin (p. 237).
On a également l'accusatif féminin paf, La seule forme qui
mérite une observation spéciale est le nominatif singulier
masculin : po-ei^ c'est-à-dire le thème dépourvu de flexion (cf.
le grec ô, le sanscrit sa, le latin is-te) suivi de l'enclitique ei.
Le nominatif latin qui (pour quo-ei) a la même formation.
Mais la déclinaison de ce pronom commence à sortir de
l'usage. A certains cas, pour être fléchi, le pronom relatif a
besoin de se combiner avec un autre pronom. C'est ainsi
qu'on a l'ablatif pora, pour po + era (p. 194), et ailleurs l'ad-
verbe pusmcy pour pu-|- esme (p. 288). Le neutre pors^ sert
pour le masculin : Eno deilu... porse perça arsmatia hcU>ie8t
« tum dicito... qui togam lustralem habebit » (YI b 62). Il sert
aussi pour le masculin pluriel : hondra esto tudero porsei
subra screihtor sent « infra istos fines qui supra scripti sunt »
(VI a 15).
Du thème po vient le comparatif podruh^pei^ putres-pe.
Un autre dérivé est l'adjectif panta« quanta ».
Le thème pronominal pi a donne :
Le nominatif masculin pis ou pir. A côté du simple pis on
356 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
trouve les composés pis-i et pis-her (§ 34). Le nominatif-accu-
satif pid ou ped, lequel est ordinairement suivi de l'encli-
tique ei : ped-e, pid-e, pid-i; perse^ pirse^ persei^ pensif
pirsiy pisi. Peut-être pif-4 (p. 220) doitril être considéré comme
l'accusatif pluriel, suivi de l'enclitique d.
Particules dérivées du pronom relatif. — Le pronom relatif
donne naissance en ombrien, comme en latin, à un bon
nombre de particules. Ainsi l'adverbe de temps et de lieu
p u f e répond par sa formation et probablement par son ori-
gine au latin ubi; pue, particule de lieu, est l'ablatif neutre
pu, suivi de l'enclitique e; le neutre pum pom se trouve
en composition dans puze, pv^ei, pusi^ puse (pour pum +
sei) et dans ami-po; la forme pa{m) qui répond au latin
quamy est contenue dans pre-pa (ante-quam). Enfin nous
avons l'enclitique pei dans appei^ podruhpeiy pumpe.
CONJUGAISON.
§ 50. LA CONJUGAISON FORTE ET LA CONJUGAISON FAIBLE.
Si l'on se place — non au point de vue de la grammaire
comparée, mais de la grammaire latine — on peut distinguer
dans cette langue une conjugaison forte et une conjugaison
faible*. La conjugaison forte est celle des verbes qui sont ou
qui paraissent tirés immédiatement de la racine : leur signe
extérieur est qu'ils font précéder les désinences d'une voyelle
brève. Tels sont légère^ vertere, fidere. La conjugaison faible
est celle qui comprend les verbes dérivés d'un nom, soit que
ce nom existe encore dans la langue, soit qu'on doive le sup-
poser. Le signe extérieur de la conjugaison faible est que les
désinences sont précédées d'une voyelle longue : tels sont sal-
tare^ nigrere^ vestire.
On doit ranger dans la conjugaison forte un petit nombre
de verbes, reste d'un âge antérieur, qui ne font précéder les dé-
sinences d'aucune voyelle : tels sont en latin es-t^ vul-ty fer-U
Nous adopterons la même division en ombrien.
Appartiennent à un âge antérieur, où le verbe ne faisait
précéder les désinences d'aucune voyelle de liaison, un petit
nombre de formes, telles que es-t^ Aer-(^), her-ter.
1 . u est superflu d'avertir le lecteur que ce sont là des termes de conventioui
et qu'on pourrait dire également conjugaison primitive et conjugaison dérivée.
Mais ces expressions ne seraient pas entièrement exactes.
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 357
La conjugaison forte est représentée par un assez petit
nombre de verbes, répondant aux verbes latins comme mo-
lerBy pendere, revisere.
La conjugaison faible est de beaucoup la plus nombreuse :
elle se subdivise en deux classes, les verbes en a et les verbes
en et, e, i. Comme exemple des premiers on peut prendre l'im-
pératif stiplatUy comme exemple des seconds l'impératif tenitu.
Un certain nombre de verbes, qui en latin suivent la conju-
gaison en a, se fléchissent en ombrien d'après la conjugaison
en ei. Ainsi calato devient carsitu; peccatimiy vacaùimi devien-
nent peéelom, vaéetom. Il peut arriver que le même verbe
suive dans une de ses formes la conjugaison en a, et dans une
autre forme la conjugaison en ei : ainsi à côté de l'impératif
mugatu on a le participe mujetom.
Certains verbes, qui en latin suivent la conjugaison forte,
ont passé en ombrien dans la conjugaison faible : ainsi au
participe visiLS correspond l'ombrien virsetom^ à prosecla cor-
respond pruseçeta.
§ 51. LES DÉSINENCES PLEINES ET LES DÉSINENCES ÉMOUSSÉES.
En grec, en sanscrit, en zend, et par endroits en gothique
et en slave, on peut distinguer deux sortes de désinences per-
sonnelles : les désinences pleines et les désinences émoussées.
La différence qui existe entre xi^\n et ItCOiiv, entre ç^powi et
Ifepov, sufflt pour indiquer de quoi nous voulons parler*.
Quelques traces de ces deux sortes de désinences subsistent
en latin : ainsi à la l'* personne du singulier nous avons
d'une part lego et d'autre part legam^ legéba/m. Mais ces traces
sont fort effacées; à la 3* personne du pluriel, par exemple,
on a uniformément legunt, legant, legebant. En ombrien la
différence paraît se borner à la 3« personne du pluriel, où l'on
a d'une part sent (^ sunt), furfanl (= februant), et d'autre
part sins (= sint), etaians (= itent). Cf. p. 193.
§ 52. LES VERBES €8 ET fu.
Avant de donner les différents temps, il nous paraît utile
de faire précéder la conjugaison des verbes es et fuy qui sont
employés comme verbes auxiliaires.
1. Bopp, Grammaire comparée, $ 492.
358 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
VERBE es.
Indicatif présent. — 3' pers. sing., est, 3« pers. plur., sent.
Subjonctif présent. — 2* pers. sing., «tV, sei, si, 3* pers. sing.,
si, se (7), 3« pers. plur., sins.
Infinitif. — Erom^ eru.
VERBE /u.
Le verbe fu suit tantôt la conjugaison forte, tantôt la con-
jugaison faible.
Conjugaison forte.
Impératif. — 2" et 3«pers. sing., futu, 2«pers. plur., fututo.
Futur. — 3" pers. sing., fust, fus, 3* per. plur. furent, fur u,
furo (?).
Conjugaison faible.
Futur. — 3« pers. sing., fuiest.
Subjonctif. — 3" pers. sing., fuia.
Participe. — fito,
■
§ 53. INDICATIF PRÉSENT.
1" personne. — La désinence est o, représenté en vieil om-
brien par u : stiplo stipulor, suboco subvoco, sestu (II h 24)
sisto, feiu (II b 26) facio.
2« personne. — La désinence est s : mais ce s peut tomber :
heris, heri (v. p. 103).
La 3« personne a pour désinence i, qui peut tomber : ti-
çit decet, habe habet.
La 3« personne du pluriel est nt. Le ?i peut Otre omis dans
l'écriture : furfant, furfat..
§ 54. IMPERATIF.
L'impératif est la forme la plus fréquemment employée sur
nos tables.
La seconde et la troisième personnes sont semblables : elles
ont pour désinence, au singulier tu^ au pluriel tuto, tutu,
tuta*. Cette dernière forme se trouve seulement sur III et IV.
La conjugaison forte supprime la voyelle qui en latin vient
1. Sur rorlgine de cette désinence, cf. p. 168.
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 359
se placer entre le thème et la désinence. On a rQYes-tu =
latin revisito, kuvertu = latin co)iYertito, ampentu = latin
im^endito, ku m al t u =: latin commolito. Cependant il est pro-
bable qu'on entendait une sorte de scheva, au moins dans
une partie de ces verbes, car on ne comprendrait pas com-
ment did « donner » aurait pu faire à Timpératif didtu.
Nous croyons qu'on prononçait kumalëtu, didëtu, kuver-
tëtu.
Nous passons maintenant à l'énumération des formes :
2* et 3* personnes du singulier.
Conjugaison forte : futu; etu^ amprehtu, enetu; ai tu;
fertu; kumaltu; ehveltu; revestu; tedtu, telu, titu,
dirstUf ditu; feitu, fétu; deitu; adveitu, kuveitu*; sestu;
kvLY ertn', ahavendu,prevendu ; upetu, ampentu; antentu,
ententu, ustentu, ostendu^\ spahatu; anstintu; umtu;
ninctu (?).
Conjugaison faible en a : steplatu; pihatu, combifiatu;
purtatu; naratu; ahtrepudatu; osatu; pelsatu; azeriatu :
restatu; statitatu; previç/a^w; vepuratu; vestikatu.
2* conjugaison faible : habetu^ habitu; tenilu; tremitu; tur-
situ; hereitUy heritUy eretu; tusetu; udetu; sersitu; kanetu;
amparitu; seritu; kadetu, carsitu; purtuvetu, purtu-
vitu, purdovitu; stahitu; sonitu (?); nepitu (?); vutu, subotu;
eveietu.
2* et 3* personnes du pluHel.
Conjugaison forte : fuluto; etuto, etutu, etuta, ambreiiUo;
aituta; fertuta; ustentuta, upetuta (impendunto).
Conjugaison faible : habetutu, habituto; tusetutu, tursi-
tuto ; stahituto,
§ 55. FUTUR.
Le futur se forme par l'adjonction de l'auxiliaire es, comme
en osque. C'est l'ancien futur, tel qu'il s'est conservé en san-
scrit, en grec, en lithuanien. Quand le s de l'auxiliaire se
trouve entre deux voyelles, il se change en r, La désinence de
la troisième personne manque souvent. Ainsi, au lieu de
purtuviest on trouve purtuvies. Celle de la seconde pcr-
1. Voy. J5 36.
2. Voy. § 23.
1
360 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
sonne manque nécessairement : ainsi benes «tu viendras»,
heries «tu voudras», sont pour benes-s, heries-s. II
semble que le s des formes comme sestes(t) ne doive pas
tomber, puisqu'en réalité il n'est pas final : voy. cependant
p. 271.
Conjugaison forte.
2» pers. benes.
3* pers. ferest; eest; anpenes.
3« pers. pi. furent; furo furu (?).
Conjugaison faible,
prupehast.
2" pers. sing. heries; kukehes.
3« pers. sing. heriest^ habiesty purtuvies, fuiest.
3« pers. plur. staheren.
Un autre futur, semblable à amabo, monebo, ibo, nous a
peut-être été conservé. dans herifi (p. 250). Cf. ci-dessous,
S 57, note.
S 56. FUTUR PASSÉ.
Ce temps se forme par Fadjonction de l'auxiliaire fu au
verbe principal. Cet auxiliaire a les désinences du futur. On
peut distinguer deux formations, suivant que le /^ est resté ou
suivant qu'il est tombé.
1" formation.
3* pers. sing. atedafust, andersafust^ andirsafustj am-
prefus.
3« pers. plur. ambr^efurent.
2* formation.
3* pers. sing. iiLst, fakust, benusty apelus^ entehis, kuvur-
tus, purtiius, Aa6i^,* tedust, dirsusty sesiLSt\ portust (?),
combifiançiusty pwrdinçiust^j alinsust* (?).
Formes redoublées : peperscust^ pepesctis, dersicust.
vesticos (pour vesticaust) .
3« pers. plur. benurent^ fakurent, prusikurent, ôiscm-
renty habwrenty procanurent.
Formes redoublées : pepurkurent, dersicurent^ fefure.
1. Ces deux verbes sont formés comme si le thème était ted ders et ses,
2. Sar ces formes, voy. page 129. Gurtius (Dos Verbum^ p. 268) y voit des
inchoatifs. Mais outre que la caractéristique inchoalive se est généralement bor-
née au présent et à l'imparfait, on ne voit pas d'où viendrait la nasale; ajoutons
que le groupe se reste ordinairement intact en ombrien : Bz. veskla, peperscust.
3. Voy. p. 34.
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 361
§ 57. PARFAIT.
Le parfait présente, comme en latin, diverses formations,
suivant que le verbe a pris ou non l'auxiliaire fu. Un exemple
de parfait sans auxiliaire est trébeit. Sont formés & Taide de
l'auxiliaire /u (dont le f est tombé) :
1" pers. sing. svbocau invocavi.
3* pers. plur. benuso^ covortuso *.
Une autre formation serait pihafei, pihafv^ si tant est qu'il
faille voir dans ce mot un parfait *.
§ 58. PRÉSENT DU SUBJONCTIF.
Gomme le subjonctif latin, le subjonctif ombrien amalgame
deux séries de formes,- dont les unes appartiennent à l'ancien
subjonctif, les autres à l'ancien optatif. Les premières sont
en a, les autres en ia. A cause des contractions qui se sont
opérées, il n'est pas toujours facile de démêler l'une et l'autre
série de formes : il n'y a d'ailleurs aucune différence pour
le sens.
Ex. teda, dersa^ dirsa (det); dirsans, dirsas (dent); façia,
feia (faciat); habia (habeat); prehabia (prœbeat); fuia
(sit); as&riaia (observes); kupifiaia (auspicetur); portaia
(portet); kuraia (curet); etaians^etaias (itent).
§ 59. PARFAIT DU SUBJONCTIF. ^
La formation de ce temps paraît avoir été celle du latin
imm, dixerim. Il ne reste que deux exemples, ayant tous
deux perdu la désinence : ier[is) «iveris» (p. 177) et combi-
fianéi[t) «auspicatus erit» (p. 171). On peut comparer les for-
mes osques hipid, fefacid.
1. Ces deux verbes sont construits avec a'pe^ qui prend ordinairement après
lui le futur simple ou le futur composé. II serait donc peut-être préférable de
supposer ici un thème de futur composé henut-^ covortus-^ qui a pris après lui
la désinence sont.
2. Un nouvel examen du passage où est employé pihafei a encore augmenté
nos doutes à cet égard. Si l'on prend garde que dans la phrase suivante nous
trouvons Fimpératif ptfcaCu, lequel est adressé à Dius Grabovius, on voit que
l'action exprimée par ce verbe doit s'entendre de la divinité et non du prêtre. Il
semble donc qu'il faille attendre une seconde personne du futur, ou encore
du plus-que-parfait du subjonctif plutôt qu'une première personne du parfait.
On peut comparer les formes latines comme aeclaratsis (p. 28).
362 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
S 60. PASSIF ET MOYEN.
Les désinences du passif sont en r. La voyelle qui précède r
peut être soit u, soit et, e, i. Comparez en latin amat-^th^ et
amar^i-s. Le r final peut tomber.
Ex. Présent : herter, hertei^ herHy herte.
Subjonctif: emantur, emantu; terkantur; turêiandu.
Futur : ostensendi.
Il est resté un impératif moyen en mu (pour mnu) au sin-
gulier, et en mumo au pluriel'. Ex. spakmu^ spahwmu;
stahmUy staha/mu; persnihmu^ persnihimUj persnvmu; a/mpor-
rihmu; anovihimu.
Pluriel : Persnihimwno^ persnimu/mOy pesnimu/mo. Sur les
formes caterahamo kateramu, arsmahamo admamu, dans
lesquelles une syllabe a probablement été supprimée, voy.
p. 181.
S 61. INFINITIF.
L'infinitif est en om, um, u, comme en osque. Ex. erom^
eru, esse; aferum, afero^ circumferre; façiu, façu, facere.
L'infinitif passif est exprimé d'une façon périphrastique par
le participe passif accompagné de Tauxiliaire « être ». Ex. ku-
ratu eru curatum esse (V a 26); erom ehiato esse exacta
( VU b 2).
S 62. PARTICIPES ET SUPIN.
Le participe présent est peu employé sur nos tables : on ne
peut guère lui attribuer que restef (p. 162), pour resiens.
Au contraire, le participe passé est représenté par de nom-
breux exemples : au nominatif singulier masculin nous avons
pihaz pihos; kunikaz conegos; stakaz; taçez iasestasis:
permis pesnis ; au nominatif pluriel masculin tasetur.
Les autres exemples sont : etom; kumates; comatiry suba-
tor; screhto; frehtu (?•); anfehtaf {?) -, urtas, ortom; co-
mohota; rihitu; anzeriates; iudei*ato; kuratu; hostatu;
arçlataf; petenata (?); ehiato (?); pracatai^um {?) ; virseto;
p\ir iilu ^ purditu; stahmito; statita; mujeto; frosetom; pe-
setom; vaéetom.
Le participe futur passif est en endus, andus; le groupe nd
s'assimile en nn, qui est représenté par un seul n. Ex. anfe-
1. Sur i'origme de cette désinence, cf. 181.
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 363
rener; peihaner^ pihaner; pelsans (nominatif singulier mas-
culin); pelsanu (accusatif pluriel neutre).
Le supin se termine en tom^ tum. Le m est souvent omis.
Ex. avef anzeriatu etu avif as&riato etu « aves observatum
ito » ; poei cmgla aseriato eest « qui oscines observatum ibit. »
MOTS INVARIABLES.
S 63. ADVERBES.
On retrouve en ombrien la plupart des formations adver-
biales du latin. Aux adverbes latins en 6i, comme ibi^ ubi^
qui sont d'anciens cas pronominaux (cf. tibi, sibi, en ombrien
tefé) correspondent : ife, if-ont (ibi); pufe (ubi); cehefi {?)
ita.
Aux adverbes latins en v/m, comme primum, mtUtu/m^ qui
sont d'anciens accusatifs neutres : enom, eno^ enu, enuk,
enumek (tum); eruk pour erunk (ibi); éimo^ çimu (rétro).
On y peut joindre les neutres enem et edek. Voy. aussi les
conjonctions pede et pude.
L'adverbe trahvorfi[m] est un ancien accusatif comme par-
tim, transversim en latin.
Aux adverbes latins comme primoy quoy qui sont d'anciens
ablatifs, correspond : pu-e « ubi. » Voy. p. 153.
Aux adverbes latins en a, comme supra^ infra, qui sont
d'anciens instrumentaux ou des ablatifs féminins : subra
(supra), erak (ibi), huntak (ita), huntia (ita).
Aux adverbes latins en e, comme recle^ valde, qui sont pro-
bablement d'anciens locatifs : nesimei (proxime), erirhont (ibi-
dem), es^e (ita), isek^ isunt pour ise-hunt (ita), itek (sic),
prufe (probe), rehte (recte). On y doit joindre sei, qui se
trouve seulement VI a 11, et qui paraît signifier « intra ».
Nous l'avons expliqué comme étant pour éei^ et comme appar-
tenant à la famille du latin cîs, citra, de l'ombrien éimo.
Aux adverbes latins comme porte : postne (pone), pet^e
(ante), probablement pour pre-ne, siiperne (superne). De
postne et peme viennent les adjectifs pusnaies et pernaies.
Voy. p. 9.
La négation ombrienne est fieip^ qui correspond au latin
nec ou neque.
Sont d'origine verbale les deux advçrbçs h^rter et Aen/?,
364 GRÀMMÂIJEIE OMBRIENNE.
dont le premier se joint au subjonctif sans en modifier sensi-
blement la signification, et dont le second sert à généraliser
le sens, à peu près comme le latin libet.
S 64. CONJONCTIONS.
Voici la liste des principales conjonctions : et « et »; ote
« aut »; Aeris, heries « vel * »; sn/mront « item »; puze ou pusei
« ut* »; sve ce si », qui répond à Tosque svai.
Autres conjonctions : pede,;?0rse,pir'se,;îirsi n'est pas autre
chose que le neutre pic? (= latin quid) suivi de Tenclitique et.
Il a le sens du latin quum dans cette phrase : Sersi pirsi sesust
(VI a 5) « sede quum steterit ». Il équivaut à une particule
conditionnelle dans l'invocation : persei,.,. pir orto estj ars-
mor.... suhator sent. Voir page 79.
Pude porsi est le neutre pod (= latin qaod) suivi de Tencli-
tique ei. Il a les emplois de notre conjonction « que ». Ex. re-
vestu pude emantu (V a 7) « inspicito ut distri-
bu antur ». Il a le sens du latin quam dans cette phrase : nersa
cowrtust poTsi angla aseriato iust (VI a 6) « neque se ante con-
verterit quam oscines observatum iverit ».
Hondra hutra « antequam » se construit avec le futur.
Ex. hondra furo sehemeniar (VII a 52) « antequam erunt Se-
meniœ ».
Amipo « donicum » se construit avec le futur antérieur :
amipo vesticos (VI b 25) «donec lustraverit ».
Nersa suppose une forme latine ne,... dam (cf. quondam).
Voy. p. 33.
Pus pane (pourpande) correspond à postquam et se
construit avec le futur antérieur. Pus tertiu pane puplu
atedafust (1 6 40) «postquam tertium populum lustraverit».
Appeiy apeiy ape, api, ap signifie « postquam» et gouverne
le futur simple ou le futur antérieur. Ex. ap vuku kukehes
1. n est intéressant de constater qu'à côté de cet emploi purement adverbial,
heries a conservé sa pleine force verbale, parez. II & 21 : vitl u vufru pune
heries façu« vitulum varium quum voles facere. >
2. Nous avons dit plus haut (p. 59) que pum a les différents sens du latin
« ut ». La formule yusei neip heritu (VI a 27) peut être rapprochée de cette for-
mule latine citée par Cicéron {Ve Legihus, II) : Jovis pater, si mihi es auotor urbi
populoque romano Quiritium haec sane sarteque esse, ut tu nunc mihi bene
sponsis beneque volueris.
GRAMMAIRE OMBRIENNE. 365
«( quum lucum coinquies »; ape apelus (II b 28) « quum im-
penderis ».
Ponne^pone, pu ne, puni (pour por^-de) <c quum» se construit
avec le futur simple ou le futur antérieur. Ex. (II b 27) pu ne
anpenes « quum impendes »; (l b il) pune kuvurtus
« quum conversus eris ». On trouve un exemple avec le sub-
jonctif présent VII 6 2; mais cette construction est exception-
nelle. Voir également VI 6 50. Le même mot s'emploie comme
adverbe dans le sens de<cubi» : pune uvef furfat « ubi
oves februant»*.
Prepa , composé de pre = latin prce^ et de pa(m) = latin
qv^Mj correspond pour le sens & anteqiumiy et gouverne le
subjonctif : neip amboUu prepa desva combificméi (VI b 52).
S 65. PRÉPOSITIONS ET POSTPOSITIONS.
Nous rencontrons ici une particularité du dialecte ombrien.
Il fait des postpositions un usage beaucoup plus étendu que
le latin. Quand une postposition gouverne un substantif ac-
compagné d'un adjectif, il se met ordinairement entre les deux
mots. Ex. ocre-per Fisiu « pro colle Fisio », Vuçiia-per
natine « pro gente Vucia». Nous croyons que Tusage des
postpositions a précédé celui des prépositions : la construction
que nous venons d'indiquer aide à comprendre comment un
mot, de postposition qu'il étaitd'abord, est devenu préposition.
Les prépositions ombriennes sont :
Pre, qui correspond pour la forme et pour le sens au latin
prœ et gouverne l'ablatif (ou le datif). Ex. pre veres Tre-
planes (I a 2), pre vereir Treblaneir (VI a 22) « ante portam
Trebulanam ».
Posl, pus correspond au latin post : mais il gouverne
un autre cas : pus veres Treplanes (1 a 7),postverir Tre^
blanir (VI a 58).
Pustin, pusti, posti gouverne l'accusatif. Il a : !• le sens
distributif : pusti kastruvuf (V a 17) « pro [singulis] prœ-
diis, » posti acnu (V b 8) « pro [singulis] fundis »; 2** le sens de
« post» ou « juxta, propter » : pustin ereçlu (IV. 13) « post
cespitem » ou « propter cespitem ». Sur l'origine du mot, voir
page 243.
1. Voy. page 157.
3Ô6 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
Ej ehSy eh correspond au latin e ou exy et gouverne l'ablatif :
ehe esu poplu (VI b 54).
Trahaf, traf^ traha^ Ira correspond au latin trcms et gou-
verne l'accusatif. Ex. traha sahatam (VU a 44). Sur cette ex-
pression, qui a uni par ne plus composer qu'un seul mot, en
sorte qu'on a pu dire tra sale — feitu « offre à [l'endroit
appelé] Trasata », voir page 204. — Il en est peut-être de
même pour l'expression traekvine (p. 278) : il faut sans
doute reconnaître dans ekvine un proctie parent du nom de
la ville d'Iguvium.
Super correspond au latin super. Il gouverne le datif: super
kumne (I b 41) « super culmine ». Super ereçle (I b 19)
« super cespite ». De là l'adverbe superne.
Subra correspond au latin supra et gouverne l'accusatif :
subra esto txidero (VI a 15) « supra istos fines ».
Hondra s'oppose à subra et gouverne comme lui l'accusatif.
11 signifie « ci tra ». Hondra esto tudero (VI a 15).
Com correspond au latin cum et gouverne l'ablatif. Il signifie
« avec ». Ex. com peracris sa^is (VI 6 52) « cum ambarvalibus
sacris»; com prinvatir (VI 6.55) « cum calatoribus ».
Pert est la môme préposition qu'on trouve en osque sur la
table d'Abella (ligne 33) : pert viam. Elle marque une posi-
tion dans l'espace. Elle est probablement composée de per et
d'une enclitique te (cf. post).
Nous passons maintenant aux postpositions.
La postposition la plus employée est en ou e (p. 80 et suiv.),
qui répond à la préposition latine in. Elle gouverne l'accusa-
tif ou le datif. Quand elle est ajoutée à un datif, il est parfois
difficile de la distinguer du nom auquel elle s'ajoute. Aussi
le graveur a-t-il pris soin quelquefois de l'écrire à part : Ru-
pinie e, tafle e, testre e uze. Des exemples de l'accusatif
sont : Arvam-en, vukum-en, esunum-en, asam-e^ Fes-
naf-e, verof-e. Des exemples du datif sont : manuv-e,
Arven, Fesner-e, Funtler-e, Fondlir-e, Akedunie. Sur
em au lieu de en, voir § 28. Il semble que cette postposition
ait fait quelquefois l'impression d'une désinence casuelle.
Cf. page 84 et suivantes.
Ad (écrit aussi a) correspond à la préposition latine ad* Elle
marque l'approche vers un lieu ou le but d'une action : asaçi-
ad (IV. 6), asam-a (IV. 16. II a 39) « ad aram »; ereçlum-
ad (IV. 6) ereçlum-a (III. 35. IV. 3. 10) « ad cespitèm »;
persklum-ad (III. 21) « ad sacrificium »; spantim-ad
GRAJIMAIRE OMBRIENNE. ' 367
(III. 33] « ad libationem »; spiniam-ad (II a 37] «ad men-
sam »; etram-a spanti (IV. 2] « ad alteram libationem ».
Per a le sens du latin pro. Il est toujours poslposition et il
gouverne l'ablatif. Ex. ocre-per Fisiu « pro colle Fisio »; tu ta-
per Ikuvina«pro civitate Iguvina »; fratrus-per Atiic-
dies (III. 23] ce pro fratribus Attidiis ».
Com, co^ kum, ku marque le lieu où se fait Taction. 11
gouverne Tablatif. Ex. asa-ku «ad aram »; termnes-ku
(I b 19] «ad terminos»; verisco TrebUxnir (VI a 19) « ad por-
tant Trebulanam »; vocucom^ vukukum (VI 6 43. I 6 1) « ad
lucum ». D'autres fois il signifie « avec » : esuuesku vepu-
rus (V a 11) «cum sacris operationibus »; uvikum (III. 28)
« cum ove ».
Toy tu est, à ce que je crois, pour twm. Il a la valeur d'une
préposition marquant le lieu où Ton est. Voir pages 41, 120.
Ex. akru-tu (V a 19) « in agro ». Sur l'orthographe ta, au
lieu de tu, voir page 290.
An ter, ander correspond à inter. Il gouverne l'accusatif et
aussi, à ce qu'il semble, le datif. Ex. esumek esunu anter
(I b 8) esome esono ander (VI b 47) « inter istud sacrifldum » ;
sume ustite anter (II a 16). Sur cette phrase, voir p. 282.
§ 66. PRÉFIXES.
Nous commençons par les préfixes placés devant les verbes:
Ambj réduit souvent à an ou a, correspond au latin ambj au
grec àfxcpf. Ex. amboltu^ anferener^ andersafxisL
Ambr^ ampr est étroitement apparenté avec le précédent.
V. p. 183. Ex. ambr-etutOy ambr^-e furent.
Ad ors, a/ia, a correspond au latin ad.Ex.adveitu arsveitUj
aveitu; adpeltu; ahavendu; ahatripwsatu. Sont dérivés de
verbes : adfertur, adkani, adputrati.
An ou a répond probablement au grec èyi. Ex. an-stintu;
an-tentu, a-tentu, an-dendu; am-pentu, ampetu, a-
^QniM) an-stiplatu; anovihimu; an-zeriates; am-paritu,
am-parihmu; afiktu.
Ander répond au latin inter. Ex. ander-sistu ^intersistito),
^nder^sesust (inlerstiterit).
Coy ku correspond au latin cum. Ex. kuveitu « conve-
hito »,* co-mohotu « commola »; ku-vertu « convertito »;
ku-pifiatu, combifiatu « auspicator » ; ku-maltu « com-
molito ».
368 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
Da dans daetam correspond au latin de^ à Tosque daL
Eh correspond au latin eoxiex dans eh^dtu « rogato » d'où
eh-velklu « rogationem ».
En ou e correspond au latin in. Il se réduit quelquefois & t.
Ex.En-etu; en-tentu,en-dendu; i-seçetes. Je considère
comme un dérivé verbal le substantif iuku « invocationem ».
Per se trouve dans per-tentu. Sur per dans pereUm,
voy. p. 86.
Pre correspond au latin prœ, Ex. pr&pesnimuy pr&'habiay
prer-vendUy pre-^içlatu^ pre^lotatu.
PrOj pru correspond au latin pro. .Ex. pru-sekatu, pro-
seéetiTy pru-sikurent. Dans pro^camirent le préfixe a le sens
du latin pro ddins provenire. Sur pru-pehast, voy. p. 307.
Au préfixe latin o&, obs correspond up, us, os. Ex. upetu
(pour up-petu) « ob-pendito » ; us-tentu, os^tendu « os-
tendito ».
Au latin por dans porrigere^ porncere^ correspond pur, pw.
Ex. pur-tuvetu, joMr-dom^w.
Au latin mb correspond sub ou su : suboco (sub-voco) ; siub-
oftt (sub-voveto); su-tentu (sub-tendito).
Trobh (pour iroAa/) représente le latin trans: trahvorfi trans-
versim.
Nous passons aux préfixes qui se mettent devant les noms.
An ou a, particule privative correspondant en grec à iv ou
a, en latin à in. Exemples : hostatir, anhostatir; çihitir ançi-
hitir; virsetom avirsetom ; snates àsnates; pruseçeta
aseçeta.
Per dans perakne, semble avoir le sens du latin pro dans
profundus; dans per akre il a le sens de a/mh dans ambarvalis.
D'origine inconnue est le préfixe vem, ven, ve, dans vem-
persuntres, venpersuntra, vepesutra.
S 67. ENCLITIQUES.
Les principales enclitiques sont :
ei, écrit aussi e ou i, qui se trouve ordinairement après le
pronom relatif. Ex. paf-e fquas); pid-e (quid); po-ei, po^
ou po'i (qui). Voy. l'Index, s. v. ei.
ek, souvent réduit à /c, est la môme enclitique que nous
avons en latin dans hic, illic, illuc. On la trouve dans er-ek,
esmi-k, enum-ek, eso-c, ite-k, eru-k, hunta-k. La
I
*
i
GRAMMAIHE OMBRIENNE. 369 i
même syllabe est préfixe dans ecla^ etanta (pour ec-tanta).
Cf. en latin ec-ce, ec-illum.
De^ que nous avons en latin dans quamde^ inde, se re-
trouve, mais avec assiniilation de rf à la nasale précédente,
dans ponne, pone^ pune (pour pun-de) et dans pane (pour
pan-de).
§ .68. FORMATION ET DÉRIVATION DES NOMS.
La formation et la dérivation des noms sont ces parties de
la grammaire qui montrent comment d'une racine ou d'un
verbe se tire, par l'addition d'un suffixe, un nom adjectif ou
substantif, et comment d'un nom déjà formé sort un autre
nom au moyen d'un nouveau suffixe. Dans le premier cas, le
suffixe est dit primaire ; dans le deuxième cas, il est secon-
daire. Les noms tirés immédiatement d'une racine ou d'un
verbe sont dits primitifs ; les noms tirés d'un autre nom sont
dits dérivés.
Nous ne donnons ci-après que les suffixes les plus usités.
SUFFIXES PRIMAIRES.
to forme des participes passés : pruseçeta, screhto; fato;
fito.
tur forme des noms d'agent masculins : adfertur, kves-
tur, uhtur.
clom forme des noms neutres : ehvelklu,pi/kic/om, kum-
nahkle, mcmdraclom^ muneklum. Après les racines finis-
sant par un c ou un ^, le c du suffixe disparaît : persC'{c)lom.
11 en est de môme pour la forme féminine cla : fio[c)la. Une
faut pas confondre ce suffixe avec le suffixe secondaire tom,
/a, qui forme des diminutifs.
men forme des substantifs neutres : nomeny pelmen^ umen.
H forme des substantifs féminins : spanti, trahvorfi (§ 36).
os forme des substantifs neutres ; aux cas indirects, le s
placé entre deux voyelles se change en r : vas (pour va4:-os)^
tuderuSj vepurus.
ro forme des adjectifs et substantifs : agro, abrOy kapru,
adrOj rufrOy sakru.
ri forme des adjectifs et des substantifs : pacri, sakri, ocri,
24
370 GRAMMAIRE OMBRIENNE.
SUFFIXES SECONDAIRES FORMANT DES SUBSTANTIFS.
tie forme des substantifs féminins abstraits de la 5« décli-
naison : uhtretie, kvestretie.
klom forme des diminutifs : veskles.
SUFFIXES SECONDAIRES FORMANT DES ADJEGXIFS.
alis : tefraliSy sorsalis, verfale.
a/ris : staflaris,
iu8 (correspond au latin ivus, par exemple dans captivus) :
farsiom (pour farsivom)^ arsmatia (pour arsmativa).
inus : cabriner^ Ikuvinus, Miletinaj Fisovina.
0VVU8 : GraboviibSj Fisovivs.
asius : urnasier, plenasier, sestentasia, Eikvasia
(primitif de Eikvasatis et Eikvasese).
aîttô: pernaies, pustnaies, pedaia.
iu8 : Fisiu^ Çerfia, Hudie, Jovia, Marties, Piquier^ San-
fie, tertiam; Vehiies, Vuçiia, Pelronia, Kastruçiier,
Klaverniie.
at forme des noms ethniques : Atiiediate, Eureiate,
Tadinate.
INDEX
Nous avons suivi pour cet Index Tordre de Palphabet latin, sauf quelques lé-
gères modifications nécessitées par la langue ombrienne. Ainsi le c a élé placé à
côté du h, pour ne pas séparer des mot» identiques. La même raison a fait rappro-
cher le g de la lettre s. On doit supposer le d placé après le d ordinaire. Le p ou i
vient après la gutturale forte k ou c, dont il est une altération.
Les mots sont mentionnés aussi souvent qu'ils se trouvent sur les Tables. Le
chiffre entre parenthèses renvoie au Commentaire.
il. abréviation pour as (1& monnaie ita-
lique ainsi nommée). V & 10^ 13, 15,
18. VII b 4 (222, 255).
a, postposition, v. ad.
aanfehtaf. lia 34.' (287).
abrof, ab ru m, abrunu, v. apruf.
adrer, adrir, adro, v. atru.
ad ou a, postposition, asa m -ad, IV, 6.
asam-a, II a 39. IV, 16. ereçlum-
ad, IV, 6. ereçlum-a, III, 35. IV.
3, 10. et^am-a,ÏII,34.persklum-
ad, 111,21. spantim-ad, 111,33.
spinam-ad, H a 33. spiniam-a,
lia 37. tertiam-a, ÏV, 2.
ade, l a 10, abréviation pour adepes.
adepes, la 6, 10,13,19,23. 15 4.
— adipes, 15 7. — adeper, 1 h 30,
33. — adiper, I a 27. — adepe,
I h 26, 44. II o 7 (107).
ad-fertur,Ib41. II a 16. Va 3, 10,
*— arsferturf VI a 8. — arfertur, VI
a 3. VII 6 3. — arsferturo, VI a 17.
adferture, V b 3, 5, 6. — arsfer-
ture, VI a 2. (19).
adkani, IV, 28. (306).
admanu, écrit armanu, I b 19 —
'arsmahamo, VI b 56 (90, 181).
admune, II b7 (90,265).
adpeltu,IIa32. H b 19. IV, 8(269).
adpes pour adepes.
adputrali, V al2(241).
adveitu, II a 12,29. II b 13. 111,34.
IV, 5. — arsveitu, VI a 56, 59. VI b
2, 5, 20, 44, 46. VII a 4, 8, 42, 54.
— arveitu, VI b 23. — arveitu, I
b6. — aveitu, IV, 1 (100).
afero, aferum, v. anferener,
afiktu, I a31, dean-ffiktu (146).
agrej V b9, 14 (253), v. akru, pera-
kri.
ahatripursatUf VII a 23, 36. — atre-
pvsatu, VI b 36. — atripursatu, VI b
16. — ahtrepudatu, II a 24, 25,
31, 38. — atrêpudatu, II b 18
(128).
a^awndt*, VII a 27 (199).
ahesnes, III, 18, 19, 19. (295).
ahtimem. I b 12, 12. — ahtis, III,
24, 29 (168).
ahtrepudatu, v. ahatripursalu,
ahtu, II à 10, 11(278).
ai l u, I b 29, 37. — aitu, VI b 18, 18.
Vlla40,45. — aituta, III, 13(138).
aiu, II a 4. (276).
Akedunia« Âcersonia, Akedunia-
mem, Ibl6. — Acesoniame, VI b
52. — Akedunie, I b 43. — Acer-
*ont>m, Vll*a52(173).
acnu,Vb 8, 12, 14,17 (255).
akru-tu, Va9. (339).
açetus, II a 14, peut-être une faute
pour aseçetes.
372
INDEX.
alfu , I 5 29. — alfer, VI a 32, 34. —
alfir, VU a 25, 26 (199).
aUmust, VI a 7, corrigé en alUerUusê
(34).
amboUu, VI h 52 (171).
amhrefurent, VI b 56. — ambreluto,
VI h 56, 63, 64. — amprefuus^ I b
20. — amprehtu, I d 21. — apre-
tu, I b 20. Du verbe e et du préâxe
ambr (183).
amparitu, III, 14, amparihmu,
Il a 42 (288).
ampedia, II a29.
%mpentu, II a 20. III, 23. — ampe-
tu, II b 10, 11. — apentu,III, 27.
^ anpenes, II b 27.^ apelus, II
b 27. — apelust, V a 17. Du verbe
penn (pour pend) et du préfixe an.
(167, 244, 267.) Cf. upetu, opeter.
La leçon apehtre (IV^ 15) est pro-
bablement pour apehtu.
amprefuus, amprehtu, v. anibrê"
furent,
andendu, v. an te n tu.
andeTj v. an ter.
andersafust, VII & 3. — andirsafust,
VU a 46. — atedafost, I & 40. —
Du verbe ted ou derSj et du préfixe
an (209). V. deda.
andertistUj VI a 6. — andersesust,
VI a 7. Du verbe mf et du préfixe
ander (29).
andervomUy VI b 41 (154).
anfehtaf lia 34.
anferener, VI a 19. — aferum, I b 10.
— afero, VI b 48 (55, 164).
anglar, VI a 16. — anglaf, VI a 5. —
angla, VI a 1, 3, 5, 6, 18. VI b 49.
V. ancla (17).
anglom, VI a 9.— anglu^ VI a 8, 10 (40) .
anhottatir, VII a 28, 50. — cmostatir,
VI b 62. VU a 13. 15. — an/io«laiu,
VI b 60. — ano»(a(u, Vil a 48. V.
hostatir.
aneUif VI a 18. — anclar, Vi a 16. V.
tLngla.
ançif, II a 25.
ansihitir, VI & 62. VII a 13, 14, 28,
50. — ançihitu, VI b 59. VII a 48.
V. çiTiilu.
anom'/iimu, VI b 49, 49. (165). Cf. pur-
dovitu.
anpenes, v. ampentu.
nseriato, VI a 6. — (ueriato, VI a 1,
6. VI 6 48. — aserialùf VI a 2. —
azéri atu, I 6 8. — aseriatUf VI b
40. — a*mo, VI a 4. — anzeriatu,
I b 10. (7).
antihitUy v. ançihiHr,
anstiotu,in, 20.— astintu,IIl, 18,
19. (295).
anstiplatu, VI a 3. (24, 26).
anzeriates, anzeriatu, v. ante-
riato.
antakre, I b 36^ 38. — antakres,
II a 42. (207).
antentu, II a 20. III, 15, 16, 16, 17,
22. IV, 21, 27. — aten tu, II b 28. -
andendUj VII a 25. Du verbe tenn et
du préfixe an. (201, 273). V.ententu,
attendu, pertentu, sutentu.
an ter, I b 8. II a 16. — ander, VI h
47. (161).
ap, III, 20. IV, 31,v. ape.
ape,I b34. II a 9. II b 27. IV,31.V
a 17, 18, 20, 22. — api, I a 27, 30,
33. — ape, VI b 5, 16, 23, 37, 49, 52,
56, 62, 63. VII a 5, 8, 39, 42, 43. -
apei, VII b 3. — appei, VII b 3. (117,
221).
apehtre (leçon probablement fautive
pour apehtu), IV, 15, v. ampentu.
apelus, apelust, v. ampentu.
api, V. ape.
aplenia, II a 23. — apienies, II a
23.
appei, V. ape.
apretu, v. ambre furent.
apruf, I b 24, 33. — ahrof, VII a 3.
abront, Vil a 43. — abrum (écrit
abrunu), U a 11. (195, 205).
arfer tur, v. a d f e r t u r.
arçiataf, IV,"22. (305).
armanu, I b 19, v. admanu.
amtpo, VIb25, 41. (151).
arsfertur, arsferture, arsferturo, v. ad-
fertur.
arsie, VI a 24. VI b 8, 27. — arsier,
VI a 24. VI b 27. — osier, VI b 8.
(75).
arsir, VI o 6. 7. (32)
arsmahamo, v. admanu.
arsmatiam, VI b 49, 50. — arsmalia,
VI a 19. VI b 53, 63. VII a 46, 51.
(56).
artmor, VI a 26, 36, 46. VI b 29. —
arsmo, VI a 30, 32, 39, 42, 52. VI h
13, 32, 34. VII a 17, 30. — amo, VI
a 49. (90).
Ofsvetfu, V. adveitu.
aruvia, v. arvia.
arvamen, III, II, — • arven, III, 13.
(292).
arveitu, v. adveitu.
arven, v. arvamen.
arves, I a 6, 10, 13, 19, 23. 1 & 4, 26,
INDEX.
373
30, 33, 44. II a 7. — arvis, I a 27.
I b 7. (107).
arvia, I a 3, 9, 26. 1 5 3, 6. II a 18,
24. — aruvia, III, 31. — arviu, I
a n, 16, 23. 1 b 25, 28, 32, 43. II a
6, 11, 12. II b 8, 29. — orvio, YI a
56, 58. VI M, 3, 20, 22, 44, 45. VII
a 4, 7,42.(101).
aryis, v. arves.
asam^ II a 39. IV, 6, 16. — ase, lia
19. III, 22. — asa, II a 39. 43. —
ata, VI a 9. — atame, VI a 10. —
asa, n a 38. III, 23. IV, 15. (44).
aseçeta, II a 29. — aseçetes, IV,
7. — açetus, peut-être une leçon
fautive pour aseçetes. II a 14.
(286).
aseriOf aseriaia, aseriato, v. anteria-
to.
asiane, I a 25. (142).
aner,y. cknie,
(umo, V. arsmor.
asnata. Il a 19. — asnatu, II a 34.
asnates, II a 37. IV, 9, de an et
mata.
MO, VI b 50. (168).
astintu, v. anstintu.
azeriatu, v. anseriato.
atedafust, v. andersafust.
atentu, v. antentu.
otero, Vlla 11,27.(199).
Atiiediate, II b 2, 2. (217).
Atiiediur, Val, U, — AUersiur,
y b il, 16. — Atiersir, Vil d 3. —
Atiiedie,Val6.— ji(t«r«i«r,VlI6
J. — Âtienir, V b 8, 14. — Atiie-
dies, III, 24. — Atiiedier, V a 4,
16. — Atiiedie, II a 1-3. 111,29.
— Atiiediu, II a21, 35. 115 26.
V a 12, 25, 27. V 6 4. — Atiersio,
VII 6 2. (217, 222).
atrepudatu, y , ahalripursatu,
atrojnuàtUy VI b 36, leçon fautive pour
airepiucUu.
atru, I b 29. — adrOj VII a 25. —
adrer, VII a 18. — adrir, VII a 9, 10,
21. (199).
aveitu, IV, 1, v. adveitu.
aveify VI a 4, 18. — * avef , I b 10. —
avif , I b 8. — avif, VI b 47, 48, 48.
— aveiSy VI a 1..— aves, 1 a L —
avis, II a 16. — auvei, VI a 3. (6).
aviehekir, VI a 9. — avUcUr, VI a 12,
13. — avieklufe, I b 14. — atten-
du, VI a 10. — aviedu, VI b 51 . —
aviekla, I b 14. ~ aviecUif VI b
52. (44).
aTiekate,IIal, 3. (276).
anUdiff v. aviefceletr.
amrseto, VI a 28, 38, 48. VI b 30, de
an + virseto.
B
benes, I b 15. — benust, VI b 53. —
bonus, II b 16. benuso, VI b 64, 65
— benurent. Va 25, 28. V b 5. —
benurent, VI b 57 (173).
berva, lia 26, 33. — berus, II a 23,
35.(284).
bum, II a 5. — bue, VI a 25, 28, 33,
35, 38, 43, 45, 48. 53. — buf, I a
3, 11, 20. — buf, VI a 22. VI b 1, 19.
..-btto, VIa54.(63).
D
daetomj VI a 28, 37, 47. VI b 30, du
préfixe da et du participe etom. (86).
d e d a , prototype du subjonctif écrit der-
s'a, VII a 43, 44, 44. — dirsa, V b
13. VII a 46. — dirsans, V b 11, 16-
— dirsaSf V b 8. — teda, I b 34-36.
tedtu, lia 40, 40. IV, 28. — têtu,
II à 9. II b 21. — titu, I a 33. —
dirstu, VI b 17, 38, 39. VII a 5. —
dUu, VI b 10, 16, 25. VII a 38. — te-
dust, I b 34. — dirsust, VII a 43.
tedte. Va 7. — tedti, II a 28. Du
verbe redoublé ded ou did, écrit en
vieil ombrien ted,tid, en ombrien
nouveau d'ifs, dirs. V. andersafust,
(123, 131, 206, 208, 239).
dei, VI a 53-27. — dt. VI a 25, 28, 29,
29, 31, 31, 33, 34, 35, 35, 37, 38, 38,
39^1, 43, 44, 45, 45, 47, 48, 48, 49,
50,51,53-55. (71).
deùu, VI b 56, 63-65. Vil a 1 , 20, 51. —
teitu, II a 26. II b 7, 25. 111,9, ?5.
— dersieust, VI b 63.— dersicurerU,
VI b 62. Temps du verbe die « dire »•
(181, 191).
deçenduf, VII b 2. (219).
dequrieTf V b 11, 16. — tekuries, II
b 1. (259).
dersa, v. ded a.
dersecor, VI a 26, 36, 46. VI b 29. (80).
dersicurent, dersieust, v. deitu,
dersva, VI a 2, 2, 4, 4, 15, 15, 17, 17.
desva, VI b 51, 52, 52. — dersva,
VI a 1. — tesvam, I b 13. (11).
desenduf, écrit p^r erreur pour deçenr'
duf.
destru, VI b 24, 8. — destre, VI b 4,
374
•INDEX.
50. — destrame, VI h 49. — testru,
I a 29. III, 53. IV, 15. — testre, II
6 27,28.(116).
desva, v. dersva.
deveiat VI a 9. — deveia, VI a 10.
dif V. det,
dia, VI a 20. (60).
di/we, VI6 4.(117).
diçler, VI a 7. — tiçlu, II b 22. III,
25,27. — tiçel. Halo. (34).
dirsa, dirstu, dirsust^ ditu, v. deda.
dupîa, VI b 18, 18. — tupler, V a 19.
(130). Cf. tuplak.
dupursus, VJ b 11. (123).
dur, VI b 50. VII a 46. — duiV, V b 10,
15. — tu va, II a 27. III, 32, 34. —
tuves, III, 19. — tuf, I & 41. —
tuvere, II a 33. (169). Cf. deçenduf,
duH.
(iutt, VI5 63. (192).
E
e, postposition, v. en.
e, enclitique, v. ek.
e, autre enc liUque, 7. ei.
e, préposition écrite comme mot à part,
I h 27. II 6 12, 27, 28. (83j.
eaf, V. eam,
eam, VI b 16, 24. — eaf, I 6 42. —
eafyVll a 52. — eur-ont, VI b 63. —
eo, VI a 20. eu, II a 2. II 6 9. (26)
ebetrafe, VI a 12. Cf. hebetra.
edek, v. erek.
e de 1. 1 a 30, leçon fautiye pour edek.
eenpersun ra, II a 30, probable-
ment par erreur pour venpersuntra,
eesona, VI a 18. — esonay VI a 3, 5. —
esunumen, 111,20. — esunes, Va
11. — esuna, Va5. — esune, Va4.
— esune, V a 6. — esone, VI b 11.
— esunu, 16 38. II a 21, 42. III, 1,
14. — esunu, 169. — esono , VI a
57. VI 6 47.— esunu, II a 2. —
esunume,I6 14. — «onom«, VI 6 50,
52.— esunu,I 6 8. — e»ono, VI 647.
esunu, II a 20. IV, 30. — esoneir,
VI a 18. (25).
eest, V. eetu.
ee(«,VI6 54. — etu, 16 10, 14. Ila6,
33. 116 12. IIï, 20. IV, 21. — etu,
VI 6 48. VII a 39. — etuta III, 11.
etutu, I 6 15, 23. 23. — etuto,
VI 6 51, 52, 65. VII a 1. — eest,
VI a 2, 6. — iusi, VI a 7. — ter,
VI 6 54. — Formes du verbe e ou et
< aller ». Cf. ambre furent, enetu (3,
15, 33).
efurf^Uu, VÎ 6 17. VII a 38 (132). Cf.
furfant,
ehe, VI 6 54, 54. (175).
eheturstahamu, VI 6 55.— eturstahmu^
VI 6 53, 53. — etudstamu, 1616
(HA).
ehicUo, VII 6 2. (220).
ehvelklu, VI a 23. V 6 1 (247).
ehveltu, VI a 2. (18).
ei, e, t, enclitique renfermée danspoet,
VI a 1. — poe, VI 6 50.— poi,VIa5.
VI 6 24, 53. — pure, V a 6, 25,28.
V b 4.— pur*, V6 10, 15. - ptA(?),
VII 6 2. — pede, 16 18. — pide,
Va 5. — pidi, IV, 32. — ptfie,
VI 6 55. — pafe, VI a 52. — pw,
V a 3, 10. VII a 52. VII 6 1. — pera,
VI a 47. VI 6 30. — persei, VI a 27.
— persi, VI a 37. — pw, VI a 7. -
pede, II a3. — perse, VI 6 29, 31.
— persei, VI a 26, 28, 36. — persi,
VI a 38. — pirse, VI a 46. — pirsi,
VI a 5, 48. — pue, I 6 18. VI 6 38-
40, 55. — pude, II a 26. III, 5. -
porse, VI 6 63. VII a 46, 51. — per-
met, VI a 9, 9. — porsi, VI a 6. —
pude, V a 7. — porse, VI a 15. —
porsei, VI a 15. — porst, VI a 19.
— pom VI 640(14).
eikvasatis, III, 24, 29 (234).
eikvasese, V a 4, 16 (234).
etne, VI a 10, 11. — en e, I 6 35. —
enem, VII a 44, 44. Cf. enom.
eiscurent, V 6 10, 15 (254).
eitipes, V a 2, 14.(231).
ek, enclitique renfermée dans erek
(q.v.),enumek, inumek, enuk,
inuk (v. erw), esmik, erak, ère-
rek, eruk, erak, esoc, isek, itek,
huntak. Cette enclitique est sou-
vent écrite e, par exemple dans er-e,
ers-e. V. erek.
e«, préfixe renfermé dans ecla, e tan tu,
«0.
ecla, VII a 11, 27. Du préfixe ec et du
pronom lo (199).
ekvine, II a 13. V. ci-dessus, p. 323.
em, pour en, postposition renfermée
dans Âkeduniamem, I 6 16. —
Jwinem, VI a 46. — Ac«rsùnie«ii
VII a 52. — Fùiem, VIo46. — ahti-
mem, I 6 12. — ocrem, VI a 46. —
vapefem, 1614(80).
emantur, Va8. — emantu, ValO.
(239).
INDEX.
375
en ou e, postposition renfermée dans
aryamen, III; 11. — rupinazne,
Ib 35.— satame, Ib ZS.^asame,
VI a 10. — tertiame, VI a 13. — des-
trame, VI & 49. — ÀceBoniame,
VI b 62. — rubiname, VU a 44. —
fesnafe, II b \6. — ebetrafefYla\2,
— pretoliafey VI a 12. — hebetafe,
VI&53.— fesnere,II b 11.— funt-
lere, I b 24. - fondlire, VII a 3. —
vukumen, 111^20. — esunumen,
III, 20. — esunume, Ib 14. — pe-
dume, II a 27. — angiome, VI a 9.
iodcome, VI a 10. — ooterekme, va-
sirçlome, VI a 12. — UtUme, car-
8ome, VI a 13. — pertome, VI a 14.
jwfome, VI b n.—persome, VI 638.
— esonome, VI b BO. — termnome,
VI 5 57. — verufe, I b 9.— t?ero/"e,
VI&47. — avieklufe, 15 14.—
nuvime, II a 26. — smursime,
VI a 13.— randeme, VI a 14. — ma-
nuve, II b 23. — vapefe, Via 10
(83). Ce prèflze est probabiement
contenu aussi dans Rupi nie, 1627.
— sate, I & 31. — Akedunie,
I b 43. — rtibine, VII a 6. — sahate,
Vlla 41. — nweme, VII o 8. — V. sur
cette postposition, p. 80 suiv.
en, préfixe renfermé dans enetu, en-
tentu, q. v. (3).
endendu, v. ententu.
ene, enem, v. eine.
enetu, I a 1. — eftetu, VI a 1. Verbe
composé de en + ^^u (3).
enno, VII a 38. — ennom, Vit a 20,
24, 33, 39. V. enom.
enom, VI b 17, 38, 38, 39, 40, 40, 51,
53, 64. VII a 5, 8, 9, 20, 23, 23, 24,
34, 36, 39, 45, 45, 51. — cno, VI b 16,
17, 46, 56, 56, 62, 65. VII a 1, 38.—
enuk, I a 30, 33. V a 29. — inuk,
I b 7. III, 4, 7, 15, 16. IV, 13, 14. —
enu, Ib36, 37, 38,38. U a 9.nb2l.
— enumek, I b 11, 13, 16, 19-22.
— inumek, UI, 9, 11,20, 26,34.
IV, 2, 17, 18, 20, 21, 24, 26-28. —
inumk, IV, 23 (44, 132). Cf. enno,
eine.
entelus, entelu8t,y. ententu.
ententu, I b 12. Ul, 15. — endendu,
VI b 40, 40, 49. — entelus, Ibl2.
— entelutt, VI b 50. De en et du
verbe tend, tenn (153, 166, 167). Cf.
antentu, ustentu, pertentu,
sutentu.
enu, enuk, enumek, y. eno»
00, y. eam.
epir, II b 12, leçon fautiye pour e pir.
erafont, erabunt, erak, erar, era'
rwU, y. ero.
ère, ère, y. erek.
erek, erec, pronom composé du nomi-
natif er (en latin is) et de l'enclitique
ek. V a 11. VII b 1. — ère, V a 4.
ère, VI b 50. Le même nominatif est
renfermé dans eroni, VI b 24. Le
neutre ested-ek, I a 30. III, 33, 35.
IV, 3. 21, 32. Va 26. — eree, VI a 6,
8. L'accusatif pluriel est e/, VI a 4
(?6, 30).
ereçlamad, IV, 6. V. le suivant.
ereçlum, ilF, 35. IV, 3, 6 (?), 10. —
ereçlu, IV, 13, 13. — ereçle, IV,
17, 19 (298).
erer, ererek, v. ero,
erererunt, leçon fautive pour ere-
runt. V. ero,
eretu, v. hereiiu,
erietu, II a 6 (277).
etihoni, v. ero,
erite, VI b 15, faute pour frite.
ero, pronom démonstratif. — eru, III,
31. — eru-hu, II b 22. — eru,
VI b50. — ererek, III, 32. — erer,
VI a 23, 24, 31, 33-35,40, 43,43, 45,
50, 53-55. VI b 7, 7, 10, 12, 14, 15,
26-28, 33-35. VII a 10, 18, 19, 22,
26, 31, 32, 35. — erir, VI a 31. —
trer, VI a 25. — eriront, VI b 48. —
erom, VII a 14, 50. — ero, VI b 62,
62. VII a 13, 28. — erarunt, IV, 1
erar, VI a 23, 24, 26, 31, 33-35, 40,
43-45, 50, 53-55. VI b 7, 8, 10, 12,
14, 15, 26-28, 33, 35, 35, 62.
Vil ail, 14, 14, 18, 19,22,26,28,31,
32, 35, 50, 51. — erabunt, Ib23.
era/br)r,VIb65. Vllal.— ererunt,
IV, 5. — eruk, III, 14. — erak,
III, 12. erihont, VI b50(72, 167, 193).
erom, pronom. V. le précédent.
erom, verbe, v. eel.
eront, v. erek.
erse, v. erek.
eru, pronom, v. ero.
eru, verbe, y. est.
erubu, eruk, v. ero.
erus, I a 33. I b 34, 34, 35, 36. II a 9,
32, 40. II b 21. IV, 14, 27. — crus,
VI b 16, 16, 25, 38, 38. VII a 5, 38,
43 (ter). — eru, Y a 8. — erus,
II a 28 (131).
efa, e^tr, esis, v. eso,
eskamitu,IV, 1 (299).
esmei, VI b 55. — eniiet, VI a 5, 18. —
esmik, Ia28,31(28, 178).
376
INDEX.
eso, pronom démonstratif, écrit une fois
par deux t. — essu, VI a 43. ^ «su,
VI a 25, 28, 33, 35, 38, 45, 48, 53.
VI h 28, 31, 35, 54. — eso, VI a 8.
— esuk, V a 1. — esoe, VI h 25. —
isoc, VU b 3. — esu, II a 3. Va 14.
— wo, VI a 3, 22. VI h 6, 9, 31, 53,
57. VII a 9, 20, 25, 34, 46. — esu,
IV, 29. -— esumek, I 5 8. — esome,
VI b kl. — esuf, il a 40. IV, 15. —
wo, VI a 20. — esir, VU a 10, 18,
26, 32. — inr, VII a 34. - esis,
VI a 18. — esa, VI b 9, 14. — eso,
VI a 2, 16. — isek, IV, 4. — ùec,
VI 625. — isunt, II a 28, 36. III,
16, 17 (18, 59, 152).
esonOf V. eesona.
estuy Y. eso,
est, I h 18, 18. II a 15. VI a a-10, 26,
27 (ter), 28 (ter), 36, 37 (quinquies),
38, 46, 47 (quinquies). 48 VI b 29,
30 (quinquies), 31, 50, 53, 53, 55,55.
VII a 46, 51, 52. VU b 3. — sent,
VI a 15, 27, 36, 46. VI b 29. — tir,
VI b 7, 7, 26. — sei, VI a 23, 23. —
si, VI b26. — si, Va6, 24, 27.
V b 3, 7. — sins, VU b 4. — sis,
V a 6. — eru, V a 26, 29. V b 5. —
«rom. Vil b 2. —««(?) I b8.
est, VI a 6, v. eest.
este, adverbe, I a 1. II b 22. — este,
VI o 1, 56. VI b 62, 63. VU a 51. (8).
Cf. le suivant.
esto, pronom, VI a 15, 15. — estu,
II b 24. — estu, II a 2. II b23.
esu, esuf, esuk, v. eso.
esu m, II a 2, probablement une faute
pour esunu.
esumek, y. eso.
esuna, esune, esunes, esunu,
esunume, esunumen, v. «exona.
esarlaf, IV, 27 (306).
et, I b20. IV, 7, lî, V a 6, 8, 13, 18,
20, 22. — er, V b 9, 13, 15, 17.
VI a 19. VI b 5, 24. VU a 37, 44, 46, 51 .
etaians, etaias, v. etato,
etantu, V b 6. De ec et tantu.
etato, VI b 63. — etatu, I b 21, 22. —
etaians, VI b 64. — etaias, VI b 65.
VII al. Fréquentatif du verbe e (192) .
Cf. eetu.
etraf, etram, être, êtres, v. le
suivant,
rtrti, VI a 35, 38, 43. —etram, 111,34.
— etraf, I a 18, 18.— etre,]lbl4.
— êtres, III, 18. — être, II b2,3,
3, 4, 4, 5 , 5, 6, 6 (94).
êtu, V, eetu.
etadstamu, eturstahmu, v. eheUvr-
stahamu.
etuta, etutu, emo,y, eetu.
eu, euront, v. eam.
euze, faute pour e uze, 11 b 27,
28.
eveietu, II b 8, 11 (266).
fahe, V b 13. (259).
fakust, ÏV, 31. — fakurent, I b34.
— faeurmt, VII o 43. — façia,
II a 17. — façiu, II a 16.— façu,
n b 22. — feia, V a 23. V b 1. -
feitu, la 4, 5, 7, 29, 30, 32 (ter).
I & 6, 7, 9, 18, 24,^28, 31, 32. II a 20.
III, 31,31, 32. — fétu, la 3, 9, 11,
12,13,13,14, 16. 17, 17,20,22,24,
25, 25, 26, 26, 28, 28. I b 2, 3, 3, 6,
25, 27, 29, 32, 43, 44, 44. U a 2, 4,
6-9, 11, 11, 12, 13 (ter), 14. U b 7,
10, 29. — feitu, VI b 3, 22, 47.
VII a 3. 4. — fétu, VI a 22, 56, 57,
57, 58 (ter), 59. VIb 1 (ter), 2,3 (ter),
5, 19, 19, 20, 20, 22 (ter), 23, 24,37,
43, 43, 44 (ter), 45 (ter), 46, 46, 55.
VU a 3, 4, 4,6, 7 (ter), 37,41,42,42,
53, 53, 54, 54. — feetu, VII a 41. —
felu, II b 26. Formes du verbe foc
(63, 205, 271, 272).
façefete, II b 9, peul-ôlre par erreur
pour façefete (266).
façia, façiu, façu, v. fakusl.
famedias, II b 2 (262).
far, V b 10, 15.— /ar«r , Vb 9, 14. (253).
farsio, VI b 2. — fasio, VI b44. — fa-
siu, Hal2 (114).
fato, VIb 11 (124).
fedehtru, III, 16, 18. (295).
feetu, V. fakust.
fefure, v. fust.
feia, feitu, felu, v. fakust
feiu, I b 25, par erreur pour fêta.
feliuf, I a 14. — /Wtt», VI b 3 (115).
felsva. Va 11. (241).
ferar (î),v. fertu.
ferivM. I b 25. III, 16 (106). Cf. le sui-
vant.
ferine, la 4, 13, 22. I b 3. 6. lU,
31. — ferine, VI a 57. VI b 1, 19, 43,
45. VII a 4 (106).
fertu, H a 17, 19, 26, 27, 33, 34.
U b 12, 12, 13, 14, 14, 15 (ter),
16, 16. — fertu, VI b 50, 50. - 'er-
tuta, III, 13. — ferest^ Ua26.—
ferar (?),VIb 50. (267)*Cf. anferener-
INDEX.
377
fesnafe, Il bl6.— -/(swiere, Il b 11.
(267).
fêta, II M3. (268).
fétu, V. fakust.
fPraff VI h 50, peutrôtre pour fera/r,
Fiiuvl, I a 17, pourFisuvi.
ficlam, VII a 42. — fiela, VI o 56 , 59.
VI h 2, 4, 20, 23, 44, 46. VII a 4, 8,
54.— f ikla, II a 18, 29. — f iklas,
II a 41 (101).
fiktu,I a 28 (146). Cf. afiktu.
/IWtt, V. feiiuf.
Fise (Dom de divinité), I a 15. Fiso,
VI b 3 (71).
Fisiu (adjectif tiré du précédent), écrit
une fois Fitsiu VI a 43. — Fisiu,
la 5, 8, 12,15, 17, 21, 25, 29, 31.
— Fisiu, VI a 23, 25, 34, 35, 45, 53,
55, 58. VI bl, 3,6,6, 9,14,19,22,
26, 28, 35. —Fisim, VI a 41, 49. 51.
— Fisi, VI a 29, 31, 39. VI b 12,31,
33. — FiHe, VI a kO.—Fisei, VU 23.
— Ftsi, VI a 30, 33, 42, 50, 52.
VI b 7, 10, 11, 14, 26, 32, 34. — Fi-
sier, VI a 30, 32, 39, 41, 49, 51.
VI b 13, 32, 33. — Fisiey VI b 10. —
Fisiem, VI a 46. — Fisie, VI a 26,
36, 40. VI b 29.
Fiso, V. Fise.
Fwoct>, VI b 9, 10, 12, 12, 14, 15, 15.
— Fisovij VI b6, 8, 8. — Fisuvi,
I a 17. — Fisovi, VI b 5. VII a 37.
(116).
Fisovina, VI b 9, 14. (122).
Fiisiu, Y. Fisiu.
Fisuvi, V. Fisotie,
fitOy VIbll. (124).Cf.futu.
Fùndlir-e^ VII a 3. — Funtler-e, I b
24. (195).
/bfitfr, V. le suivant.
fms, VI a 42, 50, 52. VI b 7, 11, 13,
26, 32, 34. VII a 13, 17, 31, 49. —
fos, VI a 23, 30, 33, 40- — foi^y VI
b61. VII a 20, 23, 33, 36. (73).
fotmr, VI b 26, par erreur pour foM sir.
fo$f T. fOM.
frateeff v. le suivant.
f rater, III, 5. V a 1, 14, 22. — fraier,
V b 11. — frateer, V b 16. fratrus,
Vb8, 13. VII bl.— fratrus, lia
2. III, 23, 28. — fratrum, III, 10.
— fratrom, VII b 1. — fratru. Il a
21 , 35. — II b 26. m, 6. V a 12, 25,
27, 29. V b 3. (218, 230).
fratreea, VII b 2. (220).
fratreeate, VII b 1. (219).
fratreks. V a 23. V b 1. —fralrexs,
vn b 1. (216).
frehtef, II a 26. (285).
frehtu,-IV, 31. (306).
/W, V. le suivant.
/WA VI a 42, 52. VI b 13. Vil a 17, 30.
— /W, VI a 30, 32, 40, 50. VII b 32,
34. (90).
fHUy VI a 24. VI b 8, 15,27. VII a 20,
23, 33, 36. (75).
frosetom, VI a 28, 37, 47. VI b 30. (86).
fsme, VI b 5ô , par erreur pour esiM,
fuia, fuiest , v. futu.
funtlere,v. fondlire.
futu, Il a 22, 43, 43. — fuiu, VI a 30,
33, 40, 42, 50, 52. VI b 11, 13, 32,
34. Vil a 13, 17, 31,49. — fututo,
Vib 1. — fuia, III, 1. —fuiest,
V a 9. — fust, I b 7, 39, 40. III,
6. V a 4, 11, 19, 20. — ftt«r, VI a 7.
VI b 39-42, 47, 47. VII a 45, 46. VII
b 1, 3. — fus, VI b 40. furent, V a
22. — furo, VII a 52. — furu, I b
42. — fefure, II a 4. Formes du
verbe substantif fu.
furfarUy VI b 43. — furfat, I b 1
(132).
furo, furu, v. futu.
ftu, fust, V. futu.
G
gomia, VI a 58. — kumiaf, I a 7.
(108).
Grabovie, VI a 25-28. 29, 29, 31-37, 38,
38, 39, 41, 41, 43-47. 48, 48, 49,51,
51, 53-55. — Grahove, VI a 24, 25.
— Gràbovif VI a 23. — Grahovie,
VI b 19. — Krapuvi, I a 3, 11, 21.
Grabot?et, VI a 22. VI b 1. (64).
H
hahe^ v. habetu.
habetu, II b 23, 23, 27, 28. III, 28.
IV, 30, 31. — habitUy VI a 19. VI b
4. — babetutu, I b 15. — habi-
tutOy VI b 51. — habiesty VI b 50,
53. VII a 46, 51. — habe, I b 18.
habe, VI b 54. — babia, V a 17,
19, 21. — habusy VI b 40. — habu-
rerUj Vil a 52. Formes du verbe
habe. (178). Cf. prehabia et neid-
habas.
^obtna, VI b 22-24. — hapinaf, I a
24. — habina, ï o27. — hapina-
ru, Io33. (141).
hàbitUy habitutOy haburerUy habusy v.
habetu.
378
INDEX.
hahtu, V. hatu.
hapinaf, hapinaru,v. habina.
hatu, I 6 11. — katu, VI h 49. —
hahtu, II a 22, 22. — hatutu, I
h 42. — hatutOy VII a 52. (166).
hebetafe, VI b 53. (173). Cf. ebetrafe,
hereitu, VI a 37. — licrttu, VI a 27,
47. VI b 29. — eretu, II a 4. —
heriiei, II a 16. — heries^ I b
10. II b 21. — heriest, Ylî a 52. —
heries, VI 6 48. — heri , IV, 26. —
herter, Il a 40. III, 1. — herte,
V a 6, 8, 10. — herUiy VII 6 2.—
heHi, V6 8, 11, 13, 16. — herifi,
V b 6. — heris-heri, I a 4. —
heris-heris, I b 6. — heri-heri,
I a 22. II b 9, 10. — hen-heri, VI a
57. VI b 46. — hene-herie, VI b 19,
20. — herieiy VII a 3, 3. Formes du
verbe heri « vouloir ». (79, 103, 163,
214, 22], 250). De là l'enclitique /ler,
dans pw-fc«r, VIb4l. (155).
heri, herie, heriei, heriesy heriesty
heri/ij heriieiy heris, herte, her-
tei, herter, herti, v. hereihi,
hoier, VI a 14.
hoUuj VI b 60. VII a 49.
homonus, V b 10, 15. (254).
Honde, VI b 45. — Hunte, I b 4.
II b 20, 34. (159).
hondomu, v. hondra.
hondra, VIo 15. VII a 52. — hutra, I
b 42. — hondomu, VI a 9, 10(41, 50,
213).
hondu, VI b 60. VII a 49.
/loni, enclitique se plaçant après divers
pronoms. On l'écrit aussi ont, unt,
hu, 0. Elle se trouve dans eur-ontj
e ru- h u, mr-o»<, erar-unt, era-
hunt, erafont, erer-unt, eri-horu,
ifont, is-unt, surur-oni, surur-o, et
peut-être «6«-o.Cf. h unt a k, huntia.
Horse, v. Hudie.
hostatu, VI b 59. VII a 48. — hoeiatir,
VI b 62. Vil a 13, 15, 28, 50. (187).
Cf. arihottaHr,
Hudie, I b 2. — Forw, VI b 43. (156).
hule, IV, 17 (303).
huntak, III, 3. IV, 32 (281).
hunte, v. Monde,
huntia, lia 15, 17 (281).
hutra, V. hondra.
enclitique, v. et.
Jàbusce, làbuseeTf labuteom, v. le sui-
vant.
lapuskum, I b 17. — /apiaco, VU
a 47. — labuteom, VI b 58. — la»
busce, VII a 12. — lapuscer, VII a 48.
labuscer, VI b 54, 59. VU a 12. (175).
le pi, m, 21 (296).
iepru, II a 32. (286).
ier, y. eetu.
ife, II b 12, 13. — ife, VI b 39, 40. -
tf-onl, VIb55. (180, 267).
ifont, V. le précédent.
iiovie, VI b 35, v. lovie,
Ijoveine^ Ijovina, Ijovinam, Ijovinar,
Ijovinej Ijovinur, Ijuvina, Ijuvi-
nas, Ikuvine, Ikuvinu, v. le
suivant.
Ikuvinus, I b 21,22.— Ikuvinu,
I b 20. — Ikuvine, I b 13. — Iku-
vina, I a 5, 8, 12, 15, 19, 21, 25,
29, 31. I b 2. — liuvina, I b 5.
III, 24, 25, 30, 30.— liuvinas, I b 2,
5. — Ijovinur, VI b 63. — Ijovinam,
49, 51. VI b 33. Vn a 16, 29. -
Ijovina,Wl a 31, 41. VI b 31. — Ijo-
vine, VI a 18, 24, 31, 40, 43, 50, 53.
VI b 7, 11, 14, 33, 34, 51, 62. VII a
14, 18, 27, 31. — Ijoveine, VI a 5.
— Ijovina, VI a 23, 45, 54, 55, 58.
Vï b 1, 3, 7, 9, 15, 19, 22, 26, 28,
35, 43, 45. VII a 4, 10, 19, 22, 26,
32, 35, 37, 41. — Ijovinar, VI a 32,
39, 42, 49, 52. VI b 32, 43, 45, 61.
VU a 3, 6, 10, 14, 15, 16, 16, 17, 19,
21, 24, 26-29, 30, 30, 31, 31. 32, 35,
37, 41. — Ijovine, VI b 29. — lovù-
nur, VI b 56. — lovinam, VI b 12.
— lovina, VI a 29, 39. — lovine, VI
a 33. VI b 10, 27. VU a 50.— /ovina,
VI a 25, 34, 35, 43. VI b 6. VU a 7,
9, 19, 24, 53. — lovinar, VI a 30.
VI b 10, 13, 34. VU a 9, 27, 50, 53.
— lovinem, VI a 46. — lovine, VI a
26, 36. (27, 323).
inenek, III, 20, leçon fautive pour
inumek.
inuk, inumek, inumk, v. enom.
inuntek, IV, 18, leçon fautive pour
inumek.
lovi, lovia, lovie, v. loviu,
lovie, v. lovies,
lovies, VI b 62. VU a 13, 14, 28, 50.
/otJi«, VI b59. VII a 48. (187).
loviu, VI b 43. — luviu, I b 1. -
luvi e, I a 8. — lovie, VI a 58. —
luvi, I o 28. — luvie, I a 24.
U a 6, 8, 10, 20, 35. — lovie, VI b
28, 29, 31 (ter), 33, 33, 35, 36. -
lovi, VI b (accusatiO, 26, 27, 27. -
iot?t (datif), VI b 22.— /oria, VI a 47,
INDEX.
379
49. — lu vie, I b 43. — lovie, VII
a 53 (cas différents de Tadjectif
lovius). (109).
lovinaj lovinam, lovinar, lovine, lo^
vineMy lovinur, v. I k u v i n u s.
irer, v. ero.
isek, V. eto.
iseçeles, IV, 7, leçon probablement
fautive pour i se ç êtes.
iseçetes,IV, 7 (302).
isiff 180^ issoCf isunt, v. eto.
itek, IV, 31 (306).
iuieskanes, II & 6. — iuieskane,
115 5.(263).
iuka, V. le suivant,
iuku, Il b 23. — iuka, III, 28 (272).
I u p a t e r, U 6 24. Cas indirects : II a 5.
II b 7, 17, 22, 56. III, 22. Cf. luve.
iustf V. eetu.
luve, datif du substantif. I a 3. —
ytti?e,VIa22(64).
iuvesmik, passage corrompu, I a 31.
luvi.^ luvie, luviu, v. loviu.
iveka^ V. le suivant.
ivenga, VU a 51. — ivengar, Vil b 2.
— tveka, 16 40. — iveka I 6 42
(212. Cf. 323).
K, C
K., abréviation d*un prénom (Gaius?)^
V a 15.
cabriner, V b 12, 17 (257). Cf. ka-
pr um.
kabrUfV. kaprum.
kadetu, I & 33. ~ kaditu, III, 21.
~ cauitu, VI a 17. Vil a 43 (54).
kaleduf, I a 20. — calersu, YI b 19
(140).
kanetu, IV, 29 (306). Cf. adkani et
procanurent.
kapide, ï a 29, 32. II a 8, 34, 41. —
capinef VI b 24, 37. — capirso ,
VI b 25. — capif, VI b 18.. VII a 39,
45. — kapi, 16 29, 37. — kapi-
dus. Il a 33. IV, 5 (137). Cf. le sui-
vant.
kapid, I a 18, faute pour kapif.
kaprum , II 6 1. — kapr u, II b 10. —
kabru, II b 17. — kapres, II b 12
(257).
karne, II a 1,3, 30 (275).
karnus, IV, 7. (302). V. karu.
carsitUj v. kadetu.
carsomey VI a 13, 14.
kartu, II a 23 (285).
karu, Va24,27. Vb4. (248).
kaselate, II 6 6 (ter). — Casilaief
V 6 16. — Casilos, V 6 13 (258).
Casiler, V 6 14. Cf. le précédent.
castruo, v. kastruvuf.
kastruçiie, V a 3.
kastruvuf, Va 13, 18.— kastruvu,
V a 20, 22. — eastruo, VI a 30, 32,
40, 42, 50, 52. VI 6 13, 32, 34.
VII a 17, 30 (88).
kazi, III, 16, 18 (295).
katel, Il a 43. — katlu, II a 18, 20,
29. — katles, II a 22, 27. — katle,
II a 15 (280).
kateramu, I 6 20. — caterahamo,
VI 6 56. (182).
kebu, IV, 23 (305).
eehefi,\la2Q (60).
Clavemi, V 6 10. — davemiur, V 68.
klaverniie, II 6 3, 3. (252).
klavlaf, II a 33.— klavles, IIa36.
IV, 11,
kletram, III, 13. — kletra, IV, 24.
— kletra, III, 13. — kletre, III,
14 (293).
kluviier, Va 15.
com, kum, coy ku, préposition et post-
position, VI 6 52, 55. — eruku,
Ilï, 31. — erucom, VI 6 50.— esuku,
IV, 29. — e*t«co, VI a 18. — esu-
nesku, Va 11. — persticOy VI 625.
— pesondriscc, VI 6 40. — uraku,
Va5. — uvikum, III, 28.— asaku.
II a 39, 43. — testruku, 1 a29.—
destrucOj VI 6 24, 38.— nertruku,
J o 32 — nertrucoj VI 6 37, 39. —
termnesku, I 6 19. — termnuco,
VI 6 53, 55, 57. — verùcOy VI a 19-
21. M6 23, 44, 46. VII a 5, 42, 53.
— vukukum, I 61, 4. — t70Cttcom,
VI 6 43, 45 (U3).
comaiirj v. kum al tu.
combifiançiusty v. combifiatu.
combifiaiUy VI a 17. VI 6 48, 51.
VII a 43, 44. — combifianàiustyW b
49, 52. — combifianiutty VII a 5. —
eombifianiiy VI 6 52. — kupifiaia,
1 6 35. — kupifialu, 16 35.—
kumpifiatu, I 6 14 (53, 129, 165).
eomohota, VI a 54 (96).
comoUUy V. kumaltu.
eonegos, VI 6 5, 16. VII a 37. — ku-
nikaz, IV, 15, 18,20(121).
Coredier, v. Kureties.
eourtusty v. coveriu.
cot?er(tt,VI647.VIIa44,45.— kuvertu,
I 6 9, 36, 38. II o 39. — covortuso,
VJ 6 64. kuvurtus, 1 6 lU — cour-
380
INDEX.
tusty VI a 6. — covortuSf VII a 39
(165). V. vu rt us et trahvorfi.
krapuvi, V. Grahovie.
krematra, lia 23. — krematruf,
II a 2fî. — krematru, II a 28.
krenkatrum, 1 & 11. — krikatru,
II b 27, 29. — eringatroj VI h 49
(166).
kukehes, 111,21 (296).
ku, kum, V. com.
kumaltu, II a 9, 41. lY, 28. — ku-
multu, I (j 34. — comoUu, VI h 17,
41. VII a 39,44,45. — kumates,
I a 34. II a 42. IV, 29. — kumate,
I b 37, 38. II a 10. — eomatir,
VI b 17, 41, 41. VII a 39, 44, 45
(135), V. maietu.
kumats, la 34, probablement une
faute pour kumates.
kumiaf, y.gomia.
kumnahkle, Va 15. — kumnakle,
m, 7, 8 (234).
kumne, 16 41 (212).
kumpifiatu. v. combi^atu,
kumultu. V. kumaltu.
kunikaz, ▼. conegos,
kupifiaia, kupifiatu,v.combi/la(u.
kuraia, y. le suivant,
kuratu, V o 24, 26, 29. — kuraia,
Va 5 (237).
kureiate, II b 3, 3 (263).
kureties, 16 4.— Coredier, VI b 45.
(159).
kurçlasiu, II a 17 (283).
cwmacOy VI a 2, 4, 15, 17. — cumcUe,
VI a 1 (11).
kutef, I a 6, 10, 13, 19, 23. I 6 3, 7.
(99).
kutep, I b 3, probablement une faute
pour kutef.
kuveitu, II a 32,40. (287). De kum
et veitu. Cf. adveitu.
kuvurtus, V. covertu.
kvestretie, I b 45. II a 44. (215).
kvestretieusaçesvesuvçistitete-
ies, IIa44. Cf. I b 45 (214).
kvestur, V a 23. V b 2. (246).
Ç ou o
Ce fi, I b 4, faute pour Çerfi.
pei (écrit m"), VI a 11 (46).
Çerfe (il s'agit du thème ÇerfOj quU ne
faut pas confondre avec l'adjectif
pcr/lo),Vlb57, 61. — Çerfe, Ib24.
— Çerfe, Vil a 3. — fer/cr, VI b
57, 58, 61, 61. VII a 6, 9-11, 13, 15,
16, 18-25,27,29,29,32, 33, 33,34-36,
41. — Çerfe, Ib 28,31 (159).
Çerfi (thème Çerfio), I b 4. — fer/î,
VI b 45. — Çerfia, VI b 57, 58, 61,
61. Vil a 10, 11, 13, 15, 16,18, 19,
21, 25, 27-29, 32-35. — Çerfie, l b
28, 31. — Çerfie, VII a 6, 8, 24, 41.
^ Çerfier, \11 a 20, 22, 23, 33. (159).
çersiaru, II0I6 (282).
çersnatur, V a 22 (246).
çesna, Vb9, 13,15, 18 (254).
çihitu, VI b 59. VII a 48. — çitir,
VII a 13. — cihiiir, VIb62. Vil a 14,
28, 50 (188).
çihçeda, III, 15 (295).
çimu, I b 23, 23. — ptmo, VI h 65.
VU a 1 (193).
çisti (?), 1 b45. II a 44. (214).
çive, Ilb 11 (267).
M
maietu, II a 18(283).
mandraelOf v. mantraklu.
manf, II a 38, probablement une faute
pour mani (288).
mani, v. manu,
mantraklu, II b 16. — mantrah-
klu, II a 19. — mandraclOf VI b 4
(116).
manu, datif contenu dans manuve,
II b 23. mani, II a 32. — mont,
VI b 24 (pour le genre de manus, cf.
Grammaire, p. 322).
Marte, I a 11. 1 b2. — Jfarle, VIbl,
43. (114).
Martie, VI b 57, 61. — Jfaftt>, VII a 3.
Marti, I b 24. II a 11. — Marties,
I b28, 31. — Manier, V b 9, 15.
VI b 58, 58, 61, 61. Vna6, 9-11,
13, 15, 16, 18-25, 27, 29, 30, 32-36,
41 (254).
meds, I b 18, 18. — mers, VI b31,
55, 55. — mersi, VI a 38, 48. — mer-
«i, VI a 28 (87).
meersta, v. mersta,
mefa, I a 16. II b 13. IV, 14. — mefa,
VI a 56. VI b 5, 17, 20. VII a 4, 37,
38. — mefa, VI b 9, 9, 14. — mefe,
II b 28 (101).
mehe,Yl a 5. (26).
menés, I b 15, pour benes (173).
menzaru, lia 16 (282).*
menzne, II a 17 (283).
mers, mersei, mersi, v. meds.
mersta, VI a 3, 4, 16. — meerskt, VI a
17. — merstafy VI a 4. — mersta.
INDEX.
381
YI a 3, 3, 4, 18, 18. — merJto, VI a 3,
4, 16, 17. ■- merttu, YI a 1 (12).
mersus, 111,6 (292).
mersuva, III, 11, 28 (292).
meseapla, YI b 49, fausse séparation;
Y skaola.
me'stru, V a 24, 27. Y 5 4. (2'i8).
Miletinar, VI a 13.
fnotar, YII 5 4. — muta, Y b 2. —
m ut u, Y b 6. — muta, Y b 3 (222).
mugatu, VI a 6. — mujetOj VI a 7
(28,31,34).
munekiu. Y a 17, 19, 21. (243).
Museiate, II b, 5, 5 (263).
muta, T. motar.
N
Naharkum, I b 17. — Nahareomj
VI b 58. VII a 47. — Naharce, YII a
12.— iYa/iarc«r, YI b54, 59.YIIal2,
48 (175).
naraklum, II a 1. (275).
naratu, II a3.IIb8,9,ll,25. 111,27.
— naratu, VI a 22, 56, 59. YI b 2,
20, 23, 44, 46. VU a 5, 7, 38, 42, 53
(67).
natine, II a 21, 35. II b 26 (273).
neidhabas, IV, 33 (306).
neip, II a4. Y o 29. — n«p, YI a 6,
27, 36, 46. VIb29, 51. YII b 3. —
ncp, VIa6(31).
nepj V. neip.
nepUu, YI b 60. VII a 49.
nerf, YI a 30, 32, 39, 42, 49, 52. YI b
13, 32, 34, 59. VU a 17, 30, 48. —
nerus, VI b 62. VU a 13, 14, 28, 50
(92, 187).
n«r<o,YIo6(33).
nertru, I a 32. — nertru, YIb25,
37, 39 (149).
nerus, v. nerf,
nesimei, VI a 9, 9 (43).
ninetut VI a 60. VU a 49.
nome, VI a cO, 32, 39, 42, 49, 62.
VI b 13, 32, 34, 58. YII a 17, 30, 47.
numem, I b 17, 17. — nomne, VI a
24, 24, 31, 31,33, 33, 40, 40,43,
43, 50, 50, 53, 53. VI b 7, 8, 12, 12,
14, 14, 27, 27, 33, 33, 35, 35, 62, 62.
YII a 12, 13, 14, 14,18, 18,28,28,
31, 31, 51, 51. — nomne, YI fl 17,
23, 23, 25, 26, 34, 34, 35, 35, 44, 44,
45, 45, 54, 54, 55, 55. VI b 7, 7, 10,
10, 15,15,26,26,28,28,35, 36. VU a
10, 11, 19, 19, 22, 22, 26, 26, 32, 33,
35, 35. — nomner, YI b 54, 59, VU a
12, 48 (72).
nomne, nomner, v. le précédent.
Noniar, YI a 14.
nosve, VI b 54 (177).
nudpener, Y a 13. (241).
n urne m, y. nome. (332).
numer, Va 17, 19,21. (243).
Nurpier, VI a 12.
Nuvime, II a 26. — Nuvis, II a 25
(285).
oear, VI b 46. — ukar, I b 7. —
ocrem, VI a 49, 51. VI b 12. — ocre,
VI a 29, 31, 39, 41. VI b 31, 33. —
ocre, VI a 23, 30, 33, 40, 42, 50, 52.
YIb7, 10, U, 14, 26, 32, 34. —
ukri, la 5, 8, 12, 15, 17,21,25,
28, 31. — ocri, YI a 23, 43, 45, 53,
55, 58. VI b 1, 3, 6, 6, 9, 14, 19, 22,
26, 28, 35. — ocre, VI a 25, 34, 35 —
ocrer, YI a 8, 9, 19, 19, 29, 32, 33,
39.41, 49, 51. Ylb 10, 13, 32,33.
48.— ukre, Y a 16.— ocre, YI a 26 ,
36. VI b 29.— ocrem, YI (^ 46 (38).
onse, YI b 50.— uze, II b 27, 28 (168).
ooserdome, YI a 12.
opeter, V b 9, 14 (253).
orer, VI a 26, 36, 46. YI b 29. (78).
ortom, VI a 46. — orto, VI a 26, 36.
YI b 29. — urtu, II a 4. — urtas,
m, 10. — urtes, III, 4. IV, 33 (79»
291).
osatu, VI b 24, 37 (150).
ose, YI a 26, 36, 46. VI b 29 (78).
osiendu, YI a 20. — ustentu, 1 a 3,
9,12, 16, 23, 26. Ib3, 6, 25, 28.
II a 6, 11.— ustetu, la 17. Ib32,
43. II a 12. IIb9, 29.— ustentuta,
III, 5. — ostensendi, VI a 20 (57) .
Cf. antentu, ententu,pertentu,
sutentu.
Ole, V b 10, 13, 15, 18. VI a 7. VII a 6.
ute, Ib24, 27. V, a23. Vb2. (34).
oci, Ylb 43. — uvef, Ibl. — uvem,
ÏII, 8, 10, 12, 26, 31. — uve, lia 10.
uvi, 111,28. (133).
P., abréviation pour pondo, Y b 9, 14
(253).
PadeUar, VI a 14. (50).
pafe, V. poei.
paca, YI a 20 (58).
pacer, Via 23, 30, 33, 40, 42, 50, 52.
382
INDBX.
YI b 1, 11, 13, 26, 32, 34. VII a U,
17, 31, 50. — pacrer, Yl 6 60 (74).
p<ierer, v. le précédent
page (toujours écrit pase), YI a 30, 33 ,
40, 42, 50, 52. VI 6 11, 13, 32, 34,
61. VIIal4, 17, 31, 50. (93).
pane, I b 40. — paM, YI a 46 (209).
panta, V 5 2. — panta, Y 6 3. (250).
panupet, VII 6 1(216).
parfam, I b 13. — parfa, VI a 2, 4,
15, 17. VI651.— por/a, VI a 1 (11).
par*, VII b 2 (220).
pase^ V. paçe.
pater, II b 24. — pâtre, Il a 5. II b
7, 17, 22, 26. III, 22.
pedaem, II a 11. III, 32. — pedae,
li a 22.— pedae, II a \Z, — persae,
VI a 58. VI b 3. — pedaia, I b 28,
32, 44. — persaea, VII a 41, 54. —
pirwota, VII a 7 (110).
pede, adverbe tiré du pronom relatif,
li a 3. — perse, VI a 47. VI b 29, 30,
31. — perseh VI a 26, 27, 28, 36. —
persi, VI a 37, 38. — pirse, YI a 46.
— ptm, YI a 5, 48 (30, 79). Cf. pis.
pe4i, ablatif du substantif ped, Ia29,
32. — persi, YI b 24, 37-39 (149).
pedum, 1 a 29, 32. — pe(Ju, II a 9,
24. — perto, VI b 24, 37. — pe-
dum e, II a 27. III, 33. — persome,
VIb 38-40 (111,153).
pebatu, III, 3. — pihatu, YI a 29
(ter), 30, 39 (ter), 40, 49 (1er), 50.
YI b 31, 31, 32. — pihafei, YI a 29.
— pihaji, VI a 38, 48. VI b 31. —
pihaz,Ib 7. — piAo*, VI b47. — pe-
haner, YI a 20. — pihaner, YI a 19.
YI b 48. — peihaner, VI a 8 (38 et
Grammaire, §57, la note sur pt7ia/().
Cf. prupehast, pihaclom,
Peiediate, II b 4, 4 (263).
peihaner, v. pebatu.
peica, YI a 3, 4, 16, 17. — peica, YI a
1 (U).
pcico, VI a 3, 4, 16, 17. — peiqu,
YI a 1 (11).
peiu, I b24.— petu, VII a 3. — pela,
Ib27. — peta, YIIa6(195).
peietom (il faut probablement lire ainsi
au lieu de peieUm], YI a 21 j 37, 47.
YI b 30 (86).
pelmner, Y b 12, 17(258).
pelsana, pelsanu, pelsans, v. le
suirant.
pelsatu, VI b 40, 40. — pelsans, II a
43. — pelsanu, II a 6. Ilï, 32. —
pelsana, la 26. — pelsana, VIb
22 (142).
pepencutt, pepeteus, v. persnimu
pepurkurent, Y b 5. (250).
pequo, YI a 30, 32, 40, 42, 50, 52. YI b
13, 32, 34. YU o 17, 30 (88).
per, postposition : nomneper, ocreper,
popluper, reper, iotaper, trefiper,
Petruniaper, Yuçiiaper,ahtis-
per, fratrusper, v. ces mots. Per
est réduit àpe, I a 12. HT, 24,28. (71).
peraknem, II a 10. — perakne, lia
5, 5, 12. II b 7, 10. — perakne,
II a 14. — perakneu, V a 7 (265).
peraenio, YI a 54, probablement une
faute pour peraerio (97).
peracri, YI a 34, 35, 38, 43, 45, 48,
53. — peracreij VI a 25, 29.— perth
crt«,YI b 52,56. —perakre, I b 40.
— peracrif, VU a 51. — psrocrto (?),
VI a 54 (77).
p^o^rto, faute pour peraerif, VII a 51.
Peraznanie, Il b 7 (264).
perelom, VI a 27, 37, 47. YI b 30. (86).
percam, VI b 53. — perça, VI a 19.
VI b 49-51, 63. VII a 46, 51.— per-
kaf, I b 15 (56).
pernaiaf, I b 10. — pernaies, la
2(9).
peme, VIb 11. (9).
persae,per8aea, y. pedaem.
perse, persei, persi, v. pede.
persi (substantif), v. pedi.'
persibmu, IV, 25, faute pour pers-
nibmu.
persklum, I a 1. III, 21. — persdo,
YI a 1. — persklu, III, 12. — psff-
clu, VI b 36. VU a 20, 24, 34. -
pejclu, VI b 15. VII a 8. — persder,
VI o 27, 28, 37, 38. — peseler, VI a
47,48. Ylb 30, 30(5, 201).
persmbniu, II a 42, &ute pour
persnibmu.
persnimu, I b 7, 21. IV, 8, 10. —
persnimUf YI a 55, 59. YI b 2, 4, 6,
9, 20, 25, 37, 41, 44, 46. VII a 4, 7,
25, 25, 34, 42, 44, 54. — pers-
nibmu, II a 27, 29, 30, 30, 31,36,
36, 37-39, 42. IV, 1 1 , 23, 25, 29. -
persnihtmu, YI b 17. Vlla 9, 39, 45.
— pesnimu, I a 6, 10, 13, 19, 23,
26, 34. I b 3, 22, 26, 30, 32, 37, 38,
44. U a 7, 10. II b 18, 18, 20. -
petnimu, YI b 9, 23. — persnimumo ,
YI b 57. — persnihimumo, VU a 47.
— pesnimumo, YI b G4, 65. Vlla 1.
persnis, VI b 39. — pefnw, VI b 40,
41. — perstu, II a 32. — peperscust,
YI b 5. — pepescus . VU a 8 (5, 97).
perso , personne, y. p e 4 u m.
INDEX.
383
persondru, v. le suivant.
persontruj VI h 28. — pertondru, VI h
31, 35. — persutru, II h 13. —
pesuDtrum» I a30.^ pesuDtru»
I a 27. — pe$ondro, VI & 24. — pe-
sutru, II a 8. — pesondro^ VI b 37,
37, 39, 40. — pesondris, VI 5 40. —
persantre, IV, 21. — persuntru,
IV, 17, 19(146).
perstico,Ylh2b (152).
pert II a 35, 36. La première fois peut-
être par erreur.
pertentu, Il a 31, IV, 8. (286).
periomef VI a 14.
pescler, pesclu, pesnimuj pesnimumo,
pemigf V. persnimu.
pesetom, v. pesetom.
pesondris, pesondro, y. persontru.
pestu (?), II b 19.
pesuntru, pesutru, v. persontrom.
petenata, IV, 4 (301).
Petrunia, Il a 21, 35 (284).
petarpursuiy VI 6 11 (123).
pfquo, VI h 32, faute pour pequo.
pide, pidi, pifij v. pis,
pihafei, pihafif y. p eh a tu.
pihaclo, VI a 54. — pihaklu, V o 8.
— pihacluy VI a 25, 29, 34, 35, 38,
43, 45, 48, 53. VI & 28, 31, 35.
(76).
pihaneVy pihaz, pihoSy v. pehatu.
Ptquter, V & 9, 14 (254).
pir, VI a 20, 26, 36, 46. VI b 29. —
pir, I 612, 12. II a 19. II b 12. III,
12, 21. — pir, VI b 49, 50. — pure,
I b 20 (59, 184).
pirsej pirsi, ▼. pede. •
pis (proDom relatif et interrogatif), VI b
53. — pis-her, VI 6 41. — pi»-if
V a 3, 10. VII a 52. VII b l, — pin
(pour pirsif)f VI a 7. — perse ^ VI a
47. VI b 30. — persei, VI a 27. —
persi, VI a 37. — sve-pis, I b 18.
IV, 23. — sve-pir, VI b 54. — pt/î,
VII b 2.— pede, 16 18. —pide,
V ab, — pidi, IV, 32. — pirse, VIb
55 (30).
pistuniru (?), II b 15.
plenasier, Vo2, 14(232).
plener, VII a 21, 34. (200).
podruhpei, VI a 11. — putrespe, IV,
14 (47).
poe, V. le suivant.
poei (pronom relatif), VI a i . — poe^
VI b 50. — pot, VI a 5. VI b 24, 53.
— pure. Va 6, 25, 28. Vb4. —
puri, V b 10, 15.— pa^e, VI a 52. —
pusme, II a 40. — pora, VI b 65.
VII o 1. — svepu, 16 8. — svepOj
VI b 47. Cf. pude (14, 33, 42, 194).
pone (conjonction), v. panne.
pone, v. le suivant.
pont, VI b 1, 3, 22, 44. VII a 4, 7, 41 ,
54. — pone, VI a 59. — pune. II a
18, 33, 40. II b 14, 16. IV, 30. —
puni, I a 9, 13, 16, 26, 32. I b3,
25, 29, 82, 44. II a 7, 11, 13, 20, 24.
II b 9, 20, 29.— puni, I a 4, 22.
ï b 7. II o 25. II b 9, 20.— pom, Via
57. VI b 9, 20, 46 (105).
poniçiater, VI b 51. — puniçate, I b
15 (56).
ponne (conjonction), VI b 43. VU b 2.
pone, VI b48, 49. — pune, I b, 1,
10, 11, 12, 15, 19, 33. II b 16,21,
22, 27. Vo8. — puni, I b 20. —
pune. Haï, 7 (221).
pople, V. le suivant.
poplomy VII a 15. VII b 3. — poplOf
VI b 48. VII a 29, 46.— paple, VI b
55, 61. VII a 14, 17, 27, 31, 50. —
puplum, I b 10. — puplu, I b 40.
— popltt, VI b43, 45,54, 54. VIIo3,
6, 9, 10, 18, 21, 24, 26, 32, 35, 37,
41, 53. — puplu, I b 2, 5.— popZer,
VI a 19. VII a 16,27,30.
pora, V. poet.^
porca, Vil a 6. — purka, Ib27 (198).
porse, porsei, porsi, v. pude.
portatu, VI b 55. — purtatu, I b 18,
portaia, VII b 1. — portust, VII b 3
(178).
post, VI a 58. VI b 3, 22, 38. — pos,
VI a 46. — pus, Ia7, 14, 24. 1 b40.
posti, V b 8, 12, 14, 17. — puste, la
25. — pusti, IV, 13(243). Cf. pus-
tin.
postne, VI b 11. (9).
postrOyYU a 43, 44. — pustru, I b 34,
36. IIbl9. — pustra, II a 32. —
postro, VI b 5. VII a 8. — pofira,
V b 13 (118, 206).
pracafarum, VI a 13.
praco,Vl a 13.
pre, I a 2, 1 1, 20 — pre, VI a 22, 59,
VIb 1,2,4, 19,20. VII a 7 (63).
prehabia, Va5(237).
prehubia, Val2 (241).
prepa, VI b 52 (171).
prepesnimu II b 17 (269), v. p^rf-
nimu.
preplohotatu, VII a 49. — prepUUatUf
VI b 60 (189).
presoUafe, VI a 12.
Prestate, I b 27. — Prestote, VII a 6,
8, 24. — Prestota, VI b 57, 61. VII a
384
INDEX.
9, 11, 13, 15,16, 18, 19,21,22,25,
26. 28, 29, 31, 33-35. — Prestotar,
VII a 20, 22, 33, 36. (186). •
prrtra, Y h 12. (258).
preve, I a 28. II a 9. — prever, V a
13, 18 (146, 242).
previmdu,yu ail (199).
previçlatUy Vlb 60. VII a 49 (189).
previlatu, VI h 60. V. le précédent.
prinuvatus, v. le suivant.
pHnvatur, VI b 50, 65. VII a 1, 46, 52.
— prinuvatus, 16 19, 23, 23.—
prinuvatu, I h 15, 41. — prinva-
«r, VI 6 55-57 (169).
procanurenty VI a 16. (53).
promom, VII o 52. — prumum, III,
15. — prumu, III, 3, 23 (214).
proseçetir, v. prusekatu.
prufe,V,27.
prumùm, v. promom,
prupehast, IV, 32 (306).
prusekatu, II a 28. 111,33,35. IV,
2. — pruseçetu, II h 12. — prose-
çeto, VI a 56. VI b 16, 38. — prose-
çeter, VI b 20. — proseçetir^ VI a 56,
59. VI b 2, 4, 23, /'4, 46. VII a 4, 8,
42, 54. — pruseçete, II a 12 (99).
prusektu, lia 28, probablement une
faute pour prusekatu.
pruseçia, II a 28. (285).
prusikurent, V a 28 (248).
pruzude, IV, 23(305).
pu de (conjonction tirée du pronom re-
latif poei), II a 26. III 5. — porse,
VI b 63. VII a 46, 51. —porsei, VI o
9» 9. — porsi, VI o 6. — pude,
V a 7. — porse, VI a 15. — porsei,
VI a 15. — porsi, VI o 19. —porse,
VI 6 40 (33).
pue (adverbe tiré du pronom relatif
poet), I & 18. — pue, VI b 38-40, 55.
(153).
Puemune, III, 26,35, IV, IQ, 12, 24.
— Puemunes, IV, 3, 11, 12, 26.—
Puemune, IV, 5 (297).
pufe, I b 33. — pufe, VI a 8. VI 5 50.
VII a 43 (37).
pumpe, Va 3, 10.(237).
pumpedias, II b 2 (262).
pune, puni, v. poni.
pune, puni, V. ponne.
punes, II a 41. (288).
punes, probablement une faute pour
puntes, IV, 33.
puniçate, V. pon^içiater.
puntes, 111,9, 10. — puntis, 111,4.
— puntes, IV, 33 (291).
Pupdike, m. 27, 35. IV, 10. — Pup-
dikes, IV, 11, 12, 13. — Pupdiçe,
IV, 24. — Pupdiçes, IV, 4, 26
(297).
P u p d i ç e, V. le précédent.
Pupdçes, leçon fautive pour Pupdi-
çes.
puplum, V. poplom,
purdinçiustf purdita, y. le suivant.
purdoviiu, VI a 56. — purtuvitu,
Il a 24, 29. m, 33. IV, 1, 4, 6, 14,
16, 18, 20, 22. — puriuvetu, II b
II, 17. — purtuvies, 116 28. —
purtiius, I a 27, 30, 33. II o 7,
9. — purtinçus, I b'33.— purdinr
çiust, VII a 43. — purdinçust, VI 6 16,
24. - purdinçus, Vi b 23, 37, 38. —
purditomt Vil a 45. — purtitu,
I b 39. II a 43. IV, 31. V a 18. —
purdito, VI 6 42. — purtitaf, la
18, 18. — purdila, VI 6 18 (99, 129,
137, 155).
pure, V. pir.
pure, Y.poei.
pureto, VI a 20 (ô9).
purif V. poei.
purka, Y. porca.
purome, VI b 17. VII a 38. (134).
purtatu, V. poriatu,
purtifele, 116 25 (272).
purtiius, purtinçus, purtitaf, v.
purdoviiu.
purtitius, I a33, leçon probablement
fautive pour purtiius.
p u r t i t u, V. purdoviiu.
purtupite,IV, 14, faute pour purtu-
vitu.
purtuvetu, purtuvies, purtu-
vitu, Y. purdoiDitu.
pus, V. post.
puse, VI a 59. VI b 2, 23, 37, 44, 46.
VII a 5, 38, 42, 53. — pusei, VII b 3.
— pusi, VI a 20. VI b 4, 20, 48. VII a
7.— puze, 16 34. II a 4. II b 9. —
pusei, VI a 27, 36. — puse, Vn a 43.
— ptt«, VI a 46. VI 6 29 (59).
pusme, lia 40, v. poei. (288).
pusnaes, v. pustnaiaf.
puste, pusti, V. posti.
pustin, II a 25. (285).
pustnaiaf, I 6 11. — pusnaes,
I a 2 (9).
pustra, pustru, v. postro.
puze, V. puse.
putrespe, v. podruhpei.
R
randeme, VI a U.
INDEX.
385
ranu m, II b 19.
re, Vlï b 2. — ri, V a 4. — ri, V a 5
(220).
rehte, Va24, 26, 29 (247).
restatu, II a 5 (277).
resu, VI b 47. — restef, I b 9 (161).
revestu, V a 7, 9 (239).
ri ▼• TG.
rofu, Vli a 3.— ro/a, VII a 6 (195).
RuMney v. Rupinie.
Rufrer, VI a 14.
ruf ru, I b 24. — ruf ra, I b 27 (195).
Rupinie, I b 27. — Bubine, VII a 6.
— Rupiname, I b 35, 36. — Rubù
namtf, VII a 43, 44(198).
Ruseme.Wll a 8, 9, 23 (199).
S., abréviation pour semis, V & 17.
sahatam, VII a 39, 44, 45. — sahta,
. I b 35. — sahata, VII a 5, 39. —
sate, I & 31. — sahate, VII a 41. —
satame, I & 38. (204).
sabta, V. le précédent.
sakra, I b 29, 37. — sacra, VI b 18.
VU a 40, 45 (138).
sakre, II a 6, 21. III, 8, 9, 12, 22. —
sakre,II a 5. — sakreu, V a 6. —
saais, VI b 52, 56. — sakref, I a
18, 19. — sakre, II], 30 (172).
saçe, II b 24. — saçe, II a4. — saçi,
II b 10, 17.Cf. safipie.
iolierj VI a 14.
salu,IIa 18(283).
salvom, VII a 15, 29. — salvo, VI a 31 ,
41, 51. VI & 12, 33. — salvom,
VI a 41, 51. VI b 33. VII a 30.—
saîvo, VI a 32. VI b 12. VII a 16. —
salvam, VI a 51. — salva, VI a 31 ,
41. VII a 15, 29. — salva, VI a 32,
42, 52. VI b 13, 34. VII a 17,31. Sur
Torthographe saluva, v. p. 323.
sa ne s, IV, 8, peut-être une faute pour
spanes (303).
sançiCj VI b 9, 10, 12, 12, 14, 15. —
sanei, VI 6 6, 8, 8. — sançiey VI 6 3 .
sançiiy VII a 87. — sonft, VI b S.-
saçi, I a 15.(71,116).
sarsited), VIbll (125).
sata, V. ûhatam.
satanés, II b 4. — satané, II b 4
(263).
savitu, VI b 60. VII a 49.
«aine(?), VIbll.
sehemeniar, VII a 52. — s e h m e n i a r ,
b 42. (2t3). Cf. sehmenier.
sehemu, VI b 36. — semu, VI b 16
(128).
tehmenier, V b II, 16. ~ se me nies,
II b I (259).
sei (probablement pour iei), VI a 11
(46).
sei, V. est.
semenies, v. sehmenier.
semu, V. sehemu,
sent T. est.
seples, III, 17 (294).
sepse (?), VI b 11 (125).
j«r/e, V. fer/e.
wriiw, VI a 11, 15, 16, 31, 31, 32, 3^..
41 (1er), 42, 51 (ter), 52. VI b 12, 12,
13, 33, 33, 34, 49. VU a 15, 16, 17,
29,29,30, 31.— sepitu, lia 24.—
serituu,\Ua 15 (8, 46).
serse, VI a 2, 16. — sersi, VI a 5 (21).
sersCy V, zedef.
sersitUj VI b 41. (164).
sese, III, 23. lY, 3, 15 (296).
mo, VI b 51 (170).
seste, T. sestu.
sestentasiaru, III, 2 (233, 282).
sestu, II b 24. — sestu, II b 22. —
sistu, III, 8. — seste, II b22. —
«ew^r, Vla5(29, 271).
sesustf V. le précédent,
sevakne, II a 21. II b 10. III, 22. —
sevakni, III, 25-27.— sevakne,
IV, 23. — sevacne, VII b 1. — se-
vakne, II b 9. — sevakni, U a 38,
39. — sevaknis, II a 36, 37. IV,
25.— sevakne,-IV, 9. — sevakne,
IIb8,8. IV, 16, 18, 19. — sevak-
nef, IV, 22(265).
seieir^ v. le suivant.
fet^om, VI a 56. — sevum, I a 5. —
seveir, VI a 18 (55).
si, V. est.
«t, sif, V. le suivant
sthitir, sitir, v. çihitir.
sim. Il b 1. — si, II b 7. — sif,
la 7, U.-w/iVI b 3. -ft, Via 58.
(108).
sinSy sir, sis, ▼. est.
si^iu, V. sestu.
skalçeta, IV, 15, 18, 20. — sealçeto,
VI b 16. — scaiçie^ VI b 5. VII a 37
(120).
sealçie, v. le précédent.
seapla, VI b 49 (166).
screhto, VII b 3. — screihtor, VI a 15
(51).
smursime, VI a 13.
snata, II a 19. — snatu, II a 34. —
snates, IV, 9. — snate, II a 37
25
366
INDEX.
soilM, VI a 9. — tomu, YI a 10 (45) .
Cf. sume.
ionitu, VI b 60. — tunitu, VII a 49.
sopam, VII a 38. — sopa, VI b 17. —
topo, VI b 5. — tupo, VII a 8. —
8upa, II a 32. ~ supa, I a 9, 16.
II a30. ^ supaf, Ilo22. — supa.
II a 22. — supes, IV, 8. — supu,
IV, 17 (111).
sopir, VI b 54 (177). v.pis.
sopOj V. sopam.
sorsalem, VI b 39. — sorsalir, M b 38
(147)^ V. torsom, sadum.
sorser, V b 12, 17 (258).'
sorsom, sorsUj ▼. su du m.
spahatu, VI b 41. » fpafcamu, VII a
39. — spahmu, VI b 17. — spafu,
Va 20 (134,244).
spanes, conjecturé pour sa ne s, IV, 8
(303).
spantea, II a 30 (286).
spantim, III, 33. — spanti, III, 34.
IV, 2 (298).
spefa, VI a 56. VI b 5, 20. VII o 4, 37 ,
38. — tpefaj VI b 9, 9, 14 (118).
speturie, II a U 3 (275).
spina, ▼. le suivant,
spiniam, II a 37. — spinam, IIa33.
— spina, Il a38.— spinia, IIa36
(287).
staflarem, VI b 39. — stafiare, VIb37,
40. (147).
stafliiuT, la 38, leçon corrompue,
probablement pour stafiare.
Btaheren, v. le suivant.
stahUUj VI b 56. — stahitulo, VI b 53.
— staheren,Ib 19 (174, 184).
ttahmei, VI a 5, 18 (28).
ttahmeitei, VI a 5. — stahmitei, VI a
iS. ^ itahmito, VI a 8. (28).
stakaz, 11 a 15 (281).
statita, lla42 (289).
statltatu, II a 32. 11 b 19. IV^ 9
(269).
Bteplatu, I b 13. — sHplatu, VI a 3.
VI b 48, 51. — stiplo, VI a 2 (22).
sUplo, T. le précédent.
8truhçla,II a 18, 28. IV, 4. — strw
fia, VI a 59. VI b 5, 23. VU a 8, 42,
54. — struçla, III, 34. — struh-
çlas, IIa41. IV, 1 (113).
subahtu, IIa42, peut-êlre une faute
pour su bu h tu. V. subotu (289).
subator, VI a 27, 36, 46. VI b 29.
fttbocau, VI a 22, 24, 24, 34, 44, 55.
VI b 6, 8, 8, 15, 15, 26, 27, 27, 36.
VU a 20, 20, 22, 23, 33, 34, 36, 36.
— uboco, VI a 22-25. VI b 6, 8, 8,
26, 27, 27 (69). Sur l'orthographe m-
bocauUf T. p. 70 et 323.
suhoeo^ V. le précédent.
subotUy VI b 25. — subuhtu, coDJeo-
turé II a 42 (151,289).
tubra, V. supru.
sudum, ] a 27, 30. — sorsonij VI b 24.
— sudu, lia 8, 9. — «or*u, VI b
28, 31, 35, 37. — suduf, I a 33. —
sorso, VI b 38 (146).
sufafiaf, II a 22. — sufafias, II a
41.
sufedaklu, 111,17, 19 (295).
sukatu, IV, 16, peut-être une faute
pour vukatu (303).
sume, II a 15. III, 1 (282).
su m el. Il a 27. (285).
sumtu, I a 9, 16, peut-être dû à une
fausse séparation. V. umtu (112).
sttfitttt, y. sonitu,
supa, V. sopam.
super, Ib4l. IV, 19. (212).
supeme, VII a 25 (201).
supes, supOy V. sopam.
supru, IV, 3. — subra, V a 20. —
subra.yia 15. VI b 17, 41. VIIa39.
VU b 3. — subra, VI a 15. (53, 320).
supu, y. sopam.
suront, VI b 8, 20, 23, 37, 44, 46. Vlla
5, 7, 37, 42, 53 (60). Cf. surur et «*-
rurorU.
suror, V. le suivant.
surur, VI a 20, 20, 56, 59. VI b 2, 4.
— suror, VI b 37 (60).
sururot v. le suivant.
sururontf YI b 39, 48, 51, 64, 64, 65,
65. VII al, 1. — sururo, VIb48
(60).
sutentu, II a 23 (285). Cf. antentu.
sve, V a 24, 24, 27.- sve, VI a 7, 16,
VU b 3 (34). Cf. nosve.
svepis, svepOy svepu, y. pis et poei.
sveso, Vil b 1. — svesu, I b45. II «
44 (219 223).
sviseve,']! b 14, 14, 15(268).
zedef, I a25,33, 34. — <ef«e,Vl617,
22, 41, 41, 41 (150).
T , abréviation d'un prénom (Titus?)]
Va 3, 3, 15.
ta (enclitique), v. to.
IXDÉX.
387
Tadinate, I b 16, 17. — TarsinaUm,
VI b 58, 58. VII a 47, 47. — Tam-
nate, VII o 11, 11. — Tarsinater,
VI h 54, 54, 59, 59. VII o 12, 12, 48,
48 (175).
tafle, 116 12(267).
taçez, I a 26. 1 5 26, 30, 32, 44. Il a
7, 39. IV, 27. — taçes, VI a 55, 59.
VI 6 2, 4, 20, 44, 46. VIT a 4, 7, 42,
54. — lacis, VI h 23. — taçetuTy VI h
57. VII a 46 (98).
Talenate, IIb4, 5 (263).
tapistenu, IV, 30.
Tarsinate^y. Tadinate.
taseSf T. taçez.
teda, tedte, tedtu, tedust, v.
deda.
tefe, V. teio.
tefra, lia 27. III, 32-34. IV, 2(2S5).
(«^raii, VI b 28, 35(156).
Tefre, VI b 27-29, 31 (ter), 33, 33, 35,
36. — Tefro, VI b 26, 27, 27. — Te-
fre, I a 24. — Tefri, I a 28. — Te-
fret, VI b 22 (141).
Ufru'to, VU a 46 (210).
Tehtedim, IV, 20(305).
teio, VI a 22. — Hom, VI a 43-45, 53,
55. VI b 8. 8,9,14, 15, 15, 25, 27,
27, 28, 35, 36. VII a 10, 18-20, 21,
21, 22, 23,25, 32, 33, 33, 34, 34, 35,
36.— tiOy VI a 22, 24, 24, 25, 3i-35,
54. VI b 6. — tiu. II a 25, 25. —
tefe, I b 13. 11 b 24.— tefe, VI a 18
(69).
teitu, V. deitu,
tekuries, v. dequrieTf
tekvias, II b 1 (262).
tenilu, VI a 25.
tenzitim, I b 6. — tesedi, VI b 46.
(160).
terkantur, III, 9. (292).
termnu, VI b 53, 55, 57. — termnom^,
VIb.57, 63, 6'i. — termnes, Ib 19
(174).
terti. Il a 28, probablement une
faute pour tedti.
tertiam, IV, 2,"— tertiame, VI a 13.
— tertie, Il b 14. — tertie, llb6.
— tertiu. Vi a 45, 48, 53. — tertiu,
I b 40. —tertio, VII a 46. — tertim,
VI b 64 (94, 209).
ter tu, IV, 28, probablement une faute
pour tedtu.
tesedit y. tenzitim.
Tesenakes, I a 11, 14. — Tesenocir,
VI b 1 , 3. — Tesonoeir, VI o 20. VU a
38. (61).
Tesonoàr, v. le précédent.
testre, testru, v. datru.
tesvam, v. denva,
tettome, VI a 13, 14, 14.
têtu, y. deda.
Tikamne, IIa8(278).
ticel, y. diçUr»
tiçit, lia 17(282).
(20, tiam, y. teio.
tisteteics, I b 45.11 a 44(215,
231).
titu, y. deda.
tiu, y. teio.
Tlatie, V b 9 (2.ô4).
to (enclitique), ait<7(u-to, VI a 8, 10,10.
— tefru'to, Vil a 46. — vapersusto,
VI a 12, 13. — «kru-tu, V a 9. —
fkalçe-ta, IV, 15, 18,20. — sealce-
to, VI bl6 (41).
todceir, VI a 11. — todeome, VI a 10,
10. — totcor, VI a 12 (27, 46).
toeo, V b 13 (258).
toru, VI b 43, 45. — turuf, l b 1. —
turup (leçon fautive pour luruf),
Ib4. (156).
tntam, Via 41, 49, 51. VI b 12, 33,58.
VU a 16, 29, 47. — ioto,VIa29, 31,
39. VI b 31. - tote, VI a 5, 18, 24,
3», 33, 40, 42, 50, 53. VI b 7, 10, 11 ,
14, 26,32, 34, 51, 62. VII a H, 14,
18, 27, 31, 50. — tota, VI a 23, 25,
34', 35, 43, 45. 53, 55, 58. VI b 1, 3,
6, 7, 9, 15, 19, 22, 26, 28, 35, 43,
45. VII a 3, 6, 9, 10, 19, 21, 24, 26,
32, 3.% 37, 41, 53. — totar, YI a 30,
32,39, 41, 49, 52. VI b 10, 13, 32,
34, 43, 45, 53, 59, 61. VU a 3, 6, 9,
10,12, 14, 15, 16, 16,17, 19,21,24,
2 :, 27, 27, 28, 29, 30, 30, 31, 32, .35,
37, 41, 47, 50, 52, 53. — toteme, VI o
26, 46. — tote, VI a 36. VI b 29. —
tuta, I b 16. — tute, I b 13. —
tuta, I a 5, 8, 12, 15, 19, 21, 25, 29,
81. 1 b2, 5. m, 24,29. — tutas, Ib
2, 5 (-27).
toicor, y. todceir.
tover, y. tua.
tra, traf, y. trahaf.
traekyine, y. ekvine.
tr.ha Sahatam, y. sahatam.
trahaf, VU a 41. — traf, VII a 39. —
traha, VU a 5, 39, 44, 45. — tra,
Ib31,35. lia 13.(204).
(rafctroi^, VHa25(201).
Trcbe, I a 8.— Trebo, VI a 58 (109).
trebeit, VI a 8 (37).
Treblaneir, VI a 22. VU a 42. — Tre-
blanir, VI a 19, 58, 59. VI b 2, 4, 21,
23,44, 46. Vlla 5, 7, 53. — Trepla-
38B
INDKX.
nés, I a 2, 7. — Trebkmo, VI b 47 .
— Treplanu, I b 9 (58).
Trebo, v. Trebe.
tref, V. treif.
trefi, V. trifu.
Irtif, YI a 22. — tnf, VI a 58. VI b 1,
3, 19, 22, 43, 45. Vil a 3, 6, 4i, 52.
— tref, lo 7, 14, 20, 24.1b 1,4, 31.
— trif, Ib24. — tre, Ia3. 1 b 27,
43. — triia, IV, 2. - tris, III, 18,
18. Cf. triiuper. (353).
Iremau, VI b 60. VII a 49 (189).
irmnié, VI a 2, 16 (21).
Treplanes, v. Treblamir,
trib4içu, V a 9, probablement une
faute pour tribriçu.
tnbri^ne (écrit (rtbrmne), VI a 54 (95,
240).
tribriçu, Va 9 (240).
trif, V. treif.
trifu, I b 16. — trifo, VI b 58. VU a
47. - trifu. Vil a 11. — trefi, III,
25, 30. - irifcrf, VI b 54, 59. VII a
12,48. (175).
triia, V. treif.
triiuper, I b 21, 22, 22. II b 25, 25.
trioper, VI b 55. VU a 61 (179).
tripler, Va 21. (243).
tris, V. treif,
tuay VI a 30, 33, 40, 50, 52. Vi b 11,
14, 32, 34. VU a 14, 17. 31, 60. —
tuua, VI a 42. — tuer, VI a 27, 28,
37, 37, 47. - tover, VI b 30, 30. (74,
323).
tuaer, VI a 10, 11. — tuderus, VI a 1 1.
VI b 48. — tuderor, VI a 12. — m-
dero, VI a 15, 16 (36, 48).
tuderato, VI a 8. (37).
Iiééf , y. («a.
tuf, tupler, V. dtir, dupla,
tuplak, UI, 14 (293).
tures, Ib20.(184).
Tursa, VI b 58, 61. VU a 47, 49. -
— Tttwar, VU a 46. — Turse, VU a
41, 53. — Turse, IV, 1». — Tuse,
1 b 31, 43 (186). D'après ce qui est
dit p. 304, le sens de « Terra » me
semble préférable.
«lirftttt (latin, terrée), VI b60. VUa49.
(189).
tiirttiuto (latin, torreo), VU a 51. —
tusetutu, I b 41. — tursiandu,
Vllb 2. — tusetu, I b 40. (211).
Turskum, I b 17. — Tuseom, VI b
58. VII a 47. — Turtce, VU a 12. —
Tuscer, YI b 54, 59. VU a 12, 48
(1Î5).
turuf, turup, r.toru.
Tuse, Y. Tuna*
tuseiu, I b 40, faute pour tursstu
Tuieer, Tutcom, v. Turskum,
tuta, tutas, tttte, v. tokk-
tuua, ▼. tua,
tuva, tttve, tuves, v. dur
u
udetu, III, 12. IV, 30 (293).
ufestne, IV, 22.
uhtretie, Va 2, 15(231).
uhtur, UI, 7, 8.— uhturu, 111,4.
(291).
ukar, ukre, ukri, ?. ocar.
ulo, YI b 55.— ulu, I b 18. V a 25, 28.
Vb4(178).
umen, lia 19,34. — umne, II a 38
— une, II b 20 (269).
umtu, U a 38. lY, 13. — Conjectaré
la 9, 16(112,269).
une, y. umen.
unu,Ua6, 8 (277).
uou (?), VI b U. — Tuv (?), l b 45.
U a 44.
upetu, II b l, 8, 11. III, 22, 26. V a 7.
upetuta, in, 10 (de up + ponn)
(238). a. opeler,
ures (pour unes?}, IY,33.
urfeta, U b 23 (271).
urnasiaru, UI, 3 ^urnasier. Va
2, 15 (232).
urtas, urtes, urtu, y. orfom.
uru, I b 18. — ttfu, VI b 56. — ura,
V a 5. (179).
usaie, usaçe, I b 45. II a 44. (214).
ustentu, ustentuta, ustetu, v.
ostendu,
ustite,Ual5. III, 2 (282).
uze, y. onse.
ute, y. ote,
utur, U b 15 (270).
uye, uyef, uvem, uyi, y. ot?t.
yakaze, I b 8. - ooeose, VI b 47 (161).
vaçetomy VI a 37, 47. VI b 30, 47.—
oofeto, VI a 27. — yaçetum, I b 8
(86,161).
yape^e, UI. 7. — yapefem, I bl4.
vapefey VI a 10. VI b 51 .— vûperro*,
VI a 9, 12, 13 (44)
yaputu, U b 10, 17. — yaputis, Il
b 13 (267).
vaty VI a 28, 38, 48. YI b 30 (86).
y a sa, y. vator.
INDEX.
389
voMBiom, y. vaçetom,
vasirçloine, VI a 12.
vator, VI a 19. — vatOf VI & 40. —
va8a,IIa38. — va8us^iy,22(154).
▼atra, III, 31 ^ probablement une faute
pour vatTa, ▼. vatuva.
iHilue, VI b 45, peut-dire pour vatuo.
vatUTa, I a 4, 13, 22. 1 d 3, 5. m, 31.
▼a tu vu, I & 25. — vaiuo, VI a 57.
VI b 1, 19. 43, 45. VII a 4 (105).
▼ea, I & 14. — fia, III, 11. — «ta,
VI b 52. VII a 11, 27. — vea, I b 23.
— ©ta, VI & 65. VII al (171).
Mf,V612, 12,17,17(257).
Vehieir, YI a 21 . — Vehier, VI b 19, 22.
— Vebiie8,Ia20,24. (61).
veiro, VI a 30, 32, 39. —viro, VI a 42,
50, 52. VI b 13, 32, 34. VII a 17, 30
(88).
veltu, IV, 21.
vempesuntres, IV, 7. — Tenper-
suntra, II a 30. — Tepesutra, II
b 15. — vepesutra, II b 18 (302).
vepuratu,IIa4l (288).
▼ epurus, Va 11 (240).
vereir,, VI a 22. — v$rir, VI a 58, 59.
VI b 1-4, 19. 20, 22. VU a 7, 38. —
verù, VI a 19-21. VI b 23, 44, 46.
VII a 5, 42, 53. — veres, I a 2, 7,
11, 14, 20, 24 (58).
verfale, VI a 8 (37).
▼eskla, II a 19. — vesklu, I b 29,
37. II a 34. II b 19. - veskles, II
a 31, 37. II b 18. IV, 9, 24. ^ veselir^
VII a 9, 10, 18, 21, 24, 26, 32, 34
(199, 284).
Deiffif, VI a22.— vestis^Wb 6,25 (68).
▼esteça, ▼. vestiçia.
Testikatu, II a 24, 31, 35, 37.—
vegtieatu, VI b 16. Vil a 8, 23, 24,
36. — vestieogj VI b 25 (118).
vestiçia, IV, 14, 19. — oefttptom,
VI b 39. — Teatiçam, I a 28. —
veHifia, VI & 5, 17, 24, 25. VII a 38.
▼estiça, I a 17, 31. — vesteça,
rv, 17 — visliça, Il b 13. — vm-
tt^, VII a 37. — vestiçia. Il a 27.
— vegtiçiaf VI 6 6. — vestiçiary VI 6
16, 38. VII a 38. — vestiçe, II a 4
(118).
Vuti^ (écrit Vestisier], YI a U.
verfiff, y. vesteit.
vestisa, wstisia, y. yestiçia.
vestra, VI & 61. (74).
Vesune, IV, 3, 6, 10, 12, 25 (301).
yeayeça, IV, 17, probablement uhe
faute pour veiteça.
vêtu, ïb 29, 37 (201).
«ta, y. yea.
Yinu, n a 18, 25, 40. II b U.^yinu,
I a 4, 22. 1 d 6. U a 25, 39. II b 10,
20. — vînii, VI a 57. VI b 19, 46
(105).
virseto, VI a 28, 38, 48. VI 6 30 (87).
vistiça, y. yestiçia.
yitlaf , I b 31. ~ vitla. Vil a 41.
vitlu, Il&21,24. — villuf. I b 1, 4.
— rttfv, VIb43,45(270).
vitlup, I b 4, probablement une faute
pour yitluf.
Vofiane, VI b 19. — Vufiune, I a 20
(140).
voeu, Vï b 43, 45. — yuku, I 5 1, 4.
III, 21. — yuke, HI, 3, 21. — yu-
kumen, UI, 20 (156).
vamu, y. andervomu,
vov, ▼. uou.
yufetes, II a 31. IV, 25.
Vufiune, y. VofUme.
yufru, 116 21,24,25(271).
yukatu, coi^ecturé pour sukatu,
IV, 16 (303).
yuke, yuku, y. voeu.
Vuçiia, n 6 26. (273).
yurtus, II a 2. (275).
yutu, II a 39 (288). Cf. iubotu.
LISTE DES MOTS LATINS
QUI ONT ÉTÉ RAPPROCHÉS DE MOTS OMBRIENS '.
N. B. — Les chiffres renvoient à la page du Commentaire.
acer (forme du nominatif masculin et
rémlnin), 74.
acna, acnua, 256.
adasia^ 142.
amare, 91.
amb-, 55, 183.
ar- pour ad-, 20.
arculata, 305.
arvina, arvilla, 107.
autem, 278.
auzillum, 78, 150.
calidus (blanc), 140.
caro, 249.
casia, 295.
castra, 89.
cena^ 246.
Gères, 159.
cerritus, 159.
cicinum (oleum); 2^5.
circumferre, 55.
cis, citra, 47.
coinquire, 296.
commolere, 135.
commoyere (struem), 96.
cornix, U.
-culum ou -clum (suffixe), 4.
-cunque, 237.
Curiaiius, 159.
de, 86.
dic (racine), 191.
dio (dansaudio, condio), 60, 123.
Dius, 71.
donicum, 151.
-eius (suffixe), 9.
en (forme archaïque pour îd), 3.
enim, enom, 44.
erim (dans nec erim, chez Festus), 72.
facere (sacrifier), 63.
faustuS; 125.
februare, 132.
filius, 116.
fingere, fictor, 101, 119.
fio, 124.
frausi, frausus, 86.
Gradivus (Mars), 66.
gumia, 109.
habeo(sens neutre), 177.
haru, 107.
Herie, 185.
hosUlii (Lares), 188.
immO; 178.
in (privatif), 87.
inanis, 255, 266.
induo, 165.
insece, 248.
insicia, isicia, 302.
instigaré, 295.
iste, 9.
ita, item, 306.
iterum, 94.
Lares, 92, 187.
magister, 248.
mantele, 116.
meddiz, 88.
medeor, 88.
mensa, 101.
meus, 69.
Mezentius, 88.
1. Nous n'avons fait entrer dans cette lisle que les mots latins qui reçoivent
quelque éclaircissement de la comparaison avec l'ombrien.
INDEX LATIN.
391
modus, 88.
mola salsa, 283.
moveo, 31.
narrare, 67.
nitor, 121.
nectere, nodus, 43.
Domen, 72.
nunc, 132.
obmovere, 96.
ocris, 38.
omentum^ 270.
ovis (masculin); 298.
parra, 10.
pars, 219.
pax; 74, 93.
pellO; 190.
piare^ 39.
picus, 11.
pone, 9.
posco, 4, 250.
prafamino, 269.
praestes (Jupiter ); praestites (lares),
186.
precarij 2â0.
prÎTUB, 146; 243.
profundus, 266.
prosecta, 99.
pulmentum; 258.
purare, 59,
quamâC; 209.
quatuor, 48.
-que (dans quisque, quandoque), 222.
qui (nominatif masculin), 14.
quirquir, 178.
quiyis, quilibet, 155, 221.
rica, ricinium, 166.
sacris, sacre, 138,171.
servo, servus, Servius, 7.
strebulum, 285.
strues, 113, 302.
sus- (dans suspendere, sutiuli), 61.
terreo, 189.
torreo, 212.
trabs, 37.
tuccetum, 259.
tum (dans actutum), 42.
tune, 132.
umerus, 168.
▼afcr, 270.
▼el, 103.
yelum, 68.
veno (pour venio), 174.
vestis, 68.
via, 61.
viator, 169.
vir, 89,
FIN.
TABLE DES MATIÈRES.
Pages
INTRODUCTION i
TEXTE ET TRADUCTION DBS TABLES EUGUBINES zxxiv
Table VI zzziv
Table VII xlvi
Table I ui
Table V lvi
Inscription en caractères latins de la table V b L?ni
Table U b lx
Tkble II a ucii
Tables III et IV lxiv
COMMENTAIRE.
Table I et Ubles VI-VII 1
Quel est le rapport de la table I ayec les tables VI-VII? 223
Age approximatif des Ubles VI-VII 227
Table V 229
Inscription en caractères latins de la table Y b 251
Table II 5 261
Tiblella 274
Tables m et IV 290
Age approximatif des tables I, U, III, IV et V 307
Les tables décoo?ertes à Gubbio étaient- elles au nombre de neuf?. . 309
GRAMMAIRE OMBRIENNE 313
S 1. Écriture 313
S 2. VoTBLLis. Manière de marquer let vayeUes longuet 314
S 3.L'abref 316
S 4. L'a long 316
S 5. L'e bref 316
S 6. L'elong 317
S 7. Vi bref 317
S S-Lflong 318
S 9. Et,«etf 318
394 TABLE DES MATIÈRES.
Piges
§10. L'obref 319
S 11. Uolong 320
§ 12. L*ubref. 321
§ 13. L'u long 321
§ 14. Élision et contraction de voyelles. — Développement de Vi en
t;, de Vu en MC, ot? 322
CONSONNES.
S 15. K OU C 324
S 16. Ç, s 324
§ 17. 325
§ 18. G 325
S 19. H 325
§ 20. X 326
§21. T 326
§ 22. Le d ou rs 326
§ 23. D..' 328
S 24. N 329
§ 25. P 330
S 26. B : . . . . 330
S 27. F 331
S 28. M 331
§29. V 332
S 30. R 333
J$ 31. L 334
§ 32. S 334
§ 33. Z 335
§ 34, Le rhotacisme en ombrien 336
§ 35. Des consonnes doubles.. 337
§ 36. Modifications euphoniques des consonnes. — Le groupe kt. —
Le groupe kj. — G entre deux voyelles. — Rencontre de deux
dentale» 338
DfiCLINATSON.
§ 37. Classification des thèmes . 339
S 38. 1" déclinaison 340
§ 39. 2« déclinaison 342
S 40. 3* déclinaison 346
S 41. 4* déclinaison 347
S 42. 6* déclinaison 349
S 43. 6* déclinaison 350
S 44. Adjectifs Zh2
§ 45. Degrés de comparaison , 352
§ 46. Noms de nombre 352
§ 47. Pronoms personnels 353
§ 48. Pronoms démonstratifs , 353
S 49. Pronom relatif 355
•
CONJUGAISOll.
S 50. La conjugaison forte et la conjugaison faible 356
§ 51. Les désinences pleines et les désinences étnoussées ^^^
TABLE DÈS MATIÈRES. 395
Pages
$ 52. Les verbes eseifu 357
S 53. Indicatif présent 358
§64. Impératif , 358
§ 55. Futur 359
§ 56. Futur passé 360
§ 57. Parfait 361
$ 58. Présent du subjonctif 361
S 59. Parfait du subjonctif 361
g 60. Passif et moyen 362
§ 61. Infinitif 362
§ 62. Participes et supin 362
MOTS INVARIABLES.
63. Adverbes 363
64. Conjonctions 364
§ 65. Prépositions et postposilions 365
66. Préfixes 367
67. Enclitiques 368
§ 68. Formation et dérivation des mots 369
Index 371
Liste des mots latins qui ont été rapprochés des mots ombriens 390
FIN DE LA TABLE DES MATIERES.
iri624. — Typographie Lahure, rue de Pieurus, 9, à Paris.