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Full text of "L'estoire de la guerre sainte; histoire en vers de la troisième croisade (1190-1192)"

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L'EJ^TOIRE 


DE  LA  GUEIRË  SAINTE 

HISTOIRE  EN  VERS  DE    ,X    BOISlfelWE  CROISADE 
(1190-11(12) 

PAR    \MBIKIISK 

>-i)m.iÉe  T.i  Tii*iiriTK 

D'AI'BKS   LK    «\;(|lHr.mT    USIOLIB   IH'    VATtCW 

ET  *ccoMi'«n*tir 

D■l^^E  ij\T«iiiiif.TU».\.  mrt  (ji,oss\iiiK  tr  ivlm-;  tahlk  uk«  >iims  i'Kopuks 

PAII 

(lASTON  IMHIS 

fT    01,    l,MI.*nK.>1IF    HKs    ^■<•^(lnn'tl'l^S    et    Bf;LI.KS-l.KTTBB" 


PAItlS 

IMl'KIMKniK   NATIONALK 


M  w.cc  \i;vii 


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AM. 


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i 


COLLECTION 


DE 


DOCUMENTS  INÉDITS 


SUR  L'HISTOIRE  DE  FRANCE 


PUBLIK8  PAR  LM  SOINS 


DU  MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE 


Par  anèlé  en  dalc  du  lO  mai  1875,  MM.  Gaston  Paris  cl  (jabriel  Monod  ont  oto 
chai'fjci)  de  publier,  dans  ia  Collection  des  Documents  inédits  de  l'Hisloire  de  Fran<*o, 
LEêUiirc  de  la  Gueire  Sainte  y  poome  d'Ainbroise  sur  ia  troisième  croisado. 

Par  le  même  arrêté,  M.  Paul  Meyer  a  été  nommé  Commissaire  responsable  «le  celle 
pubiirntion. 


SK  TftOlVE   A   PARIS. 


A  LA   LIBUAIHIE  ERJNEST  LEKOUX, 


RLE  BOi\ APARTE,  28. 


L'ESTOIRE 
DE  LA  GUERRE  SAINTE 

HISTOIRE  E^  VERS  DE  LA  TROISIÈME  CROISADE 

(H90-1192) 

PAR  AMBROISE 

PUBLIÉK  KT  TRADDITE 

U'Al'RÈS   LE   MANUSCBIT  LSIQUE  DU   VATICAN 

KT  ItCGOMPAGNÉE 

U'l'>E   I>TR0DICTI0N.   D'UK   (iLUSSAlRE   ET   D'UKE   TABLE   DES   NOMS   PROPRES 
PAU 

GASTON  PARIS 

MEMBRE    DE    L'ACADEMIE    flilKÇAISE 
KT    DE    l.-Ar.ADÉHIE   DES    INHCHIPTIONS    ET  BKLLES- LETTRES    ' 


^Wi^lîwiUlkMtri 


tARIS  ■■ 
IMPRIMERIE  NATIONALE 

M  DCCC  XCVII 


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AVANT-PROPOS. 


Cette  publication ,  par  suite  de  diverses  circonstances  qui  sont  en  partie, 
je  le  reconnais,  imputables  à  l éditeur,  a  subi  avant  de  voir  le  jour  les 
retards  les  plus  regrettables  et  les  plus  inusités.  La  copie  du  poème  d'Am- 
broise  était  entre  mes  mains  dès  1879,  et  j'avais  demandé  à  M.  Gabriel 
Monod  de  s'associer  à  moi  pour  en  donner  une  édition  à  laquelle  il  aurait 
joint  une  introduction  et  un  commentaire  historiques.  Le  projet  de  faire 
entrer  cette  édition  dans  le  recueil  des  Documenta  inédits  sur  Y  histoire  de 
France  fut  soumis  par  une  lettre  de  M.  Monod  au  Comité  des  travaux 
historiques  siégeant  au  Ministère  de  l'Instruction  publique.  M.  Paul  Meyer, 
membre  du  Comité,  fut  chargé  d'examiner  la  proposition,  et,  à  la  suite 
de  son  rapport  tout  à  fait  favorable'^*,  elle  fut  adoptée  par  le  Comité  dans 
sa  séance  du  9  juin  1878.  L'arrêté  ministériel  qui  permettait  d'envoyer 
la  copie  à  l'Imprimerie  Nationale  fut  rendu  le  1  o  mai  1 8  7  5 ,  et  l'impres- 
sion commença  aussitôt.  Vingt-deux  ans  se  sont  écoulés  avant  qu'elle  fût 
terminée,  et,  dans  ce  long  intervalle,  l'un  des  éditeurs,  se  reprochant  de 
ne  pas  avoir  fourni  sa  part  de  collaboration  et  craignant  de  ne  pouvoir 
trouver  le  temps  de  le  faire,  s'est  retiré,  au  grand  dommage  de  l'œuvre 
commune,  qui  y  a  perdu  une  part  notable  de  la  valeur  qu'elle  aurait  pu 
avoir.  Elle  n'en  a  pas  marché  plus  vite  pour  cela,  tant  il  est  difficile,  au 
milieu  des  occupations  de  tous  genres  qui,  à  Paris,  se  disputent  la  vie 
d'un  travailleur  chargé  de  fonctions  actives  et  sollicité  de  mille  côtés  dif- 
férents, de  mener  avec  suite  une  tâche  de  longue  haleine.  Le  texte  d'Ara- 
broise  était  imprimé  il  y  a  plus  de  dix  ans,  mais  tout  ce  qui  devait  néces- 

^'^  Voir  la  Revue  des  Sociétés  Bavantes  y  5*  sër.,  L  VI  (1873),  p.  98.  Un  extrait  du  rapport  dé 
M.  Meyer  a  été  insëré  dans  la  Romania,  t.  II  (iSyS),  p.  38i. 


AV\M-I'ROPOS. 

sairement  l'accompagner  restait  à  faire.  J'ai  trouvé  utile,  pour  la  coni- 
inoditc  dos  historiens  qui  voudraient  se  servir  de  ce  précieux  document, 
d'y  joindre  une  traduction.  Puis  le  Glossaire  et  la  Table  des  noms  propres, 
que  j'ai  dressés  avec  autant  de  soin  que  j'ai  pu,  ont  réclamé  bien  des 
heures,  Enfin  II  a  fallu  écrire  l'Introduction,  d'où  j'ai  exclu  toutes  les 
recherches  proprement  iiistoriques,  mais  où  l'élude  des  questions  linguis- 
tiques et  littéraires  soulevées  par  le  poème  m'a  demandé  encore  beaucoup 
dp  travail''*.  Enfin  j'ai  terminé  ma  tâche,  et  ma  conscience  est  dégagée 
du  poids  qui  la  chargeait  depuis  longtemps.  Le  Gomilc  des  travaux  his- 
toriques, en  ne  me  mettant  pas  en  demeure  de  macquitter  plus  tôt  de 
mon  engagement,  a  fait  preuve  à  mon  égard  d'une  indulgence  peut-être 
excessive,  dont  je  ne  puis  mempècher  de  lui  être  reconnaissant,  mais 
qui  n'atténue  pas  les  reproches  que  je  me  fais  à  moi-môme  :  je  serais 
désolé  qu'une  telle  longanimité  pût  être  invoquée  comme  précédent,  et 
qu'on  tolérât  habituellement  des  retards  aussi  contraires  à  l'intérêt  des 
éludes  et  aux  règles  d'une  bonne  administration. 

Cette  publication  trop  longtemps  attendue  justifiera  au  moins  le  bon 
accueil  que  le  Comité  des  travaux  historiques  a  fait  il  y  a  vingt^quatre  an- 
au  projet  qui  lui  avait  été  soumis.  Le  poème  d'Arabroise  méritait  assm 
ment  de  prendre  place  dans  le  recueil  des  DocwnenU  im'dits  nur  I  ■ 
de  France  :  par  sa  date,  par  son  mijet,  par  ea  forme,  il  est  un  ■' 
importants  qui  y  aient  été  admis  jusqu'à  ce  jour.  Il  sera  consul!' 
par  l'historien  et  par  le  philologue.  Je  remercie,  et  le  pnl  ! 
merciera  avec  moj  le  Comité  de  l'avoir  admis  dans  retli'  ' 

J'ai  d'autres  remerciements  encore  à  adresser  à  n'd 
dans  le  cours  de  ce  long  travùlMMyi^jlo  fois 
d'abord  à  mon  ami  Ed.  Stengal^^^BEie  d<H 
Home;  à  mes  confrères  de  11 
A.  Thomas,  qui  Tout  collaliontî 
la  publication,  qui,  à  la  le 

"'  La  lonffuenr  dn  celle  prtf^ 

la  ion^cnr  de  l'Emtn  joioL  k  te  % 
remorquera  d'eiltram  que  la  ptnperl  i 


.|ii'iini:e 

'  07%). 
.->iiùtle  acquis 

'IS.  Itt  caict  adjuugiîur 


il   qui'  la  dalc  de  1 188, 

>i<''i>  où  la  croix  fut  con(|uise 

l'iiip.  landis  que  c'est  celle  où 

iSiiiiinii  des  guerres  de  la  Ten-e 

qiif  |)oi1c  le  manusci-it,  ù  une  iiotf^ 

nii(>rc  feuille  de  garde''),  ce  qui  a  fait 

'    liistoiri'  des  croisades  depuis  l'origine 

■  |iii'  Moutfaucon  appelle  /a  Pai-iplee^''\  c'est 

f'.liiii-dri,  qui  fonne  d'ailleurs  un  iiiainiscrit 

~;ir<l  n.-li<-  ik  la  suite  de  l'Hisloire  do  la  guern^ 

iricxarlitudea,  que  la  notice  de  Mcmlfaucon  n'ait 
.  Li-juiig  l't  de  SCS  conliriuatoui'S  :  le  manuscrit  du 


•;;■■  lili-  [iliu  loin.  —  ■•'La  noir  du  wi'  Mwi'  1 
If  IWipIte. 


«l  ici  «nroK  co|iii<e 


INTRODUCTION. 


I.  —  LE  MANUSCRIT. 

Le  iiiaiiuscrit  unique  qui  nous  a  conservé  le  poème  que  nous  publions  se 
trouve  à  la  bibliothèque  du  Vatican ,  où  il  porte  le  n**  1669  du  fonds  provenant 
de  la  reine  de  Suède  :  on  ne  sait  pas  avec  certitude  où  celle-ci  l'avait  acquis, 
mais  il  est  probable  qu'il  vient,  comme  tant  d'autres  des  livres  de  Christine, 
de  la  collection  du  P,  Pelau.  La  plus  ancienne  notice  qui  en  ait  été  imprimée 
est  celle  qu'a  donnée  Montfaucon  dans  sa  Bibliotheca  bibliothecarum  (1739), 
1. 1,  p.  3 1,  où  il  le  mentionne  parmi  les  livres  de  la  reine  de  Suède  acquis 
par  la  bibliothèque  du  Vatican  : 

8iâ.  Roman  des  guerres  de  la  TeiTe-Sainie,  desinit  anno  1188.  In  cake  adjutigitur 
Poema  quod  inscrîbitur  la  Pariplee. 

Cette  notice  est  fort  inexacte.  Montfaucon  a  cru  que  la  date  de  1188, 
donnée  à  la  fin  du  poème  comme  celle  de  l'année  où  la  croix  fut  conquise 
par  les  Sarrasins,  était  la  date  où  finissait  le  poème,  tandis  que  c'est  celle  où 
il  commence.  Il  a  emprunté  le  titre  de  «Roman  des  guerres  de  la  Terre 
Sainte  17,  au  lieu  $  Estoirede  îagueire  sainte  que  porte  le  manuscrit,  à  une  note 
de  la  fin  du  xvi*  siècle  écrite  sur  la  première  feuille  de  garde  (*',  ce  qui  a  fait 
croire  que  le  manuscrit  contenait  une  histoire  des  croisades  depuis  l'origine 
jusqu'en  1188.  Quant  au  poème  que  Montfaucon  appelle  la  PanpIee^^K  c'est 
le  peti  plee  (corr.  le  petit  plet)  de  Chardri,  qui  forme  d'ailleurs  un  manuscrit 
distinct  et  n'a  été  que  par  hasard  relié  à  la  suite  de  l'Histoire  de  la  guerre 
sainte. 

Il  est  singulier,  malgré  ces  inexactitudes,  que  la  notice  de  Montfaucon  n'ait 
pas  attiré  l'attention  du  P.  Lelong  et  de  ses  continuateurs  :  le  manuscrit  du 

^'^  Voir  E.  Laiig^ois,  au  passage  cité  plus  loin.  —  ^*^  La  noie  du  xvi'  siècle  est  ici  encore  copiée 
et,  de  plus,  altérée  :  elle  porte  :  le  Periplee. 


A 

(«r«l1lt«lB    >ATIOI«LR. 


II  INTRODUCTION. 

Vatican  ne  figure  à  aucune  place  dans  la  Bibliothèque  historique  de  la  France  y  et, 
en  dépit  du  titre  erroné  qui  devait  y  faire  soupçonner  une  histoire  générale 
des  guerres  saintes,  il  n  est  pas  cité  davantage  dans  la  Bibliothèque  des  Croisades 
de  Michaud.  Une  sorte  de  fatalité  semblait  peser  sur  ce  volume  et  le  con- 
damner soit  à  être  omis  par  ceux  qui  auraient  dû  le  mentionner,  soit  à  être 
méconnu  par  ceux  mêmes  auxquels  le  hasard  le  mettait  entre  les  mains. 

Dans  la  septième  de  ses  Dissertations  sur  quelques  points  curieux  de  l'histoire  de 
France  et  de  l'histoire  littéraire,  publiées  en  1889  sous  le  nom  de  P.  L.  Jacob, 
bibliophile  (p.  2/4),  Paul  Lacroix  donna  de  notre  manuscrit  la  notice  sui- 
vante, parmi  celles  qui  concernent  la  bibliothèque  de  la  reine  Christine  : 

DCLix^i).  Iu-4%  90  f.  vel.  à  deux  colonnes,  écritur*?  du  xiii*  siècle,  timbre  de  la  Biblio- 
thèque  nationale, 

BSTOIBK  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

(Suivent  les  dix  premiers  et  les  onze  derniers  vers.) 

Ce  roman  de  la  Guerre  sainte,  qui  s'arrête  à  Tannée  1198^^),  est  sans  doute  celui  que 
Ton  trouve  indiqué  dans  la  BAUothèque  historique  de  la  France ,  sous  le  n""  i6635,  avec  le 
titre  de  fr  Histoire  de  la  première  croisade ?>,  par  Raoul  Tortaise  (il  fallait  dire  Tortaire,  en 
latin  Tortarius.  Voir  Hist,  liu.  de  la  France,  t.  X,  p.  94  ). 

Cette  notice  est  tout  à  fait  surprenante.  Le  manuscrit  du  Vatican  n  a  rien  à 
faire  avec  celui  que  le  P.  Lelong  mentionne  sous  le  n**  1 6635  et  qui  contient, 
parmi  d'autres  œuvres  de  Raoul  Tortaire  (ou  mieux  le  Tourlier),  un  court 
poème  latui  sur  la  première  croisade.  La  date  môme  de  1 198,  assignée  par 
Lacroix  au  poème  du  ms.  1669,  ^^vait  lui  démontrer  son  erreur. 

En  1844,  dans  le  livre  précieux,  malgré  des  fautes  graves,  qu'il  publia 
sous  le  titre  de  Romvart,  Ad.  Keller  ne  se  contenta  pas  de  signaler  notre  ma- 
nuscrit comme  «r petit  in-folio,  90  fol.  à  h  colonnes?)'*',  et  d'en  rapporter  le 
titre  :  il  en  publia  (non  d'ailleurs  sans  d'assez  nombreuses  erreurs  de  lecture) 
les  468  premiers  et  les  1 1  derniers  vei^s  (ceux-ci  déjà  imprimés  par  Lacroix). 
Il  signala  aussi  le  nom  de  l'auteur,  donné  au  v.  171.  Il  est  assez  singulier  que 
Keller,  malgré  cette  édition  qui  devait  l'éclairer,  semble  n'avoir  pas  reconnu 
le  sujet  du  poème  d'Ambroise  et  y  avoir  vu,  comme  Montfaucon,  Lelong  et 

^')  Faute  |K>ur  MDCLix.  ^'^  Lacroix  dit,  comme  on  Ta  vu  plus  haut, 

^'^  Lacroix  a  compris  par  étourderie  ^lùl  anz  deux  colonnes;  tous  deux  ont  raison  :  le  inanu- 

e  cent  uitatUe  et  uit  comme  signifiant  1 198,  et  a  scrit  a  en  effet  deux  colonnes  par  page,  ce  qui 

snppos^  que  c'était  la  date  où  s'arrêtait  le  rccil.  fait  quatre  pnr  feuillet. 


LE  MANUSCRIT.  ui 

Lacroix,  une  histoire  de  la  première  croisade;  il  ne  renvoie  du  moins ,  comme 
termes  de  comparaison,  qu'à  des  passages  où  il  s'agit  en  effet  de  poèmes  sur 
l'expédition  de  1096. 

Le  long  morceau  imprimé  par  Keller  montrait  suffisamment  qu'il  s'agissait 
d'un  poème  sur  la  troisième  croisade  composé  par  un  témoin  oculaire,  et  pré- 
sentant par  conséquent  un  vif  intérêt.  Aussi,  il  y  a  plus  de  trente  ans,  me 
proposais-je  d'aller  à  Rome  pour  le  copier  en  entier.  Il  ne  me  fut  pas  donné 
de  réaliser  ce  projet,  mais  en  1871  je  priai  mon  ami  Ed.  Stengel,  qui  avait 
été  mon  élève  à  l'École  des  hautes  Etudes  en  1869-1870,  et  qui  est  aujour- 
d'hui professeur  à  l'université  de  Greifswald ,  d'en  prendre  pour  moi  une  copie. 
C'est  cette  copie,  recopiée  et  préparée  pour  l'impression  par  mon  ami  G.  Monod 
et  moi,  qui  a  servi  de  base  à  ma  publication.  Elle  a  été  revue  à  diverses 
reprises  par  des  membres  de  notre  Ecole  d'archéologie  à  Rome,  auxquels  j'ai 
adressé  mes  remerciements  dans  YAvant-pt-opos.  J'ai  parlé  aussi  des  longs 
retards  que  subit  l'impression,  après  que  le  Comité  des  travaux  historiques, 
en  1878,  eut,  sur  le  rapport  de  M,  Paul  Meyer,  agréé  l'édition  du  poème  pour 
la  collection  des  Documents  inédits  sur  Thistoire  de  France. 

L'annonce  de  l'édition  du  manuscrit  de  la  reine  Christine  appela  naturelle- 
ment l'attention  sur  ce  manuscrit.  En  i885,  dans  le  .tome  XXVII  des  Monun 
menla  Germaniae  historica^  après  que  M.  Pauli  eut  remarqué  (p.  1^7)9  en 
s'appuyant  sur  le  rapport  de  M.  P.  Meyer,  que  le  poème  d'Ambroise  est  la 
source  de  Yllinerartutn  Ricardi,  M.  Liebermann  en  imprima ,  d'après  une  copie 
de  M.  Holder-Eîgger,  les  vers  1-86,  259-271,  287-296,  4i3,  2719-2762, 
2889-28/10,  28/15-2866,  2921-2986,  2967-2980,  8225-8260,  8771- 
8778,  8828-8826,  /iiii-/n5o,  /i527-/i5/i6,  /1698./1702,  6681-668/1, 
6691-6788,  1228/i-fin.  Voici,  sur  le  manuscrit,  les  remarques  que  M.  Hol- 
der-Egger  avait  communiquées  à  l'éditeur  : 

Codex  Christinac  reginae  nr.  1669^^),  membr.  fol.  min.,  90  foliis,  duabus  columnis, 
quarum  singulae  fere  3&  versus  continent,  distinctis  constat.  Scrîba  saec.  xiii.  ex.,  haud 
semper  quantum  oportebat  attenlus,  litteras  n  et  u,  ut  et  m,  ni  et  m  minus  perspicue  axa- 
ravit,  modo  vocales,  modo  consonantes  figuris  v  et  u  designavit^^^  verba  minus  accurate 
dislinxit,  saepe  singula  verba,  interdum  versus  omisit^^^. 

('^  (T Minus  recte  supra ,  p.  1 98 ,  semel  nr.  8 1  &  ^'^  Ce  Irait  ne  semblait  pas  mériter  d'être  spë- 

indicatur.  »  Le  n**  81 6  est  aussi  donné  par  Mont-        cialement  relevé, 
faucon  (voir  plus  haut).  .  ^^^  D'après  la  notice  préliminaire,  M.  Holder- 


IV 


INTRODUCTION. 


J'aui^ai  achevé  de  passer  en  revue  ce  qui  a  été  dit  du  manuscrit  en  rap- 
portant la  dernière  et  la  meilleure  des  notices  dont  il  a  été  l'objet ,  celle  de 
M.  E.  Langlois  dans  ses  Notices  des  nianuscrits  français  et  provençaux  antérieurs 
au  xn'  siècle  conscfvés  dans  les  bibliothèques  de  Rome  (Paris,  1889  )  : 

Reg.  1669.  Parchemin,  o"*,95a  sur  o'**,i67;  composé  de  a  manuscrits  :  le  premier 
(fol.  1-90),  du  XIII*  siècle,  de  33  à  87  lignes  à  la  colonne,  a  colonnes  à  la  page;  le  se- 


Ëgger  aurait  copié  dans  le  poème  partes  quae  m- 
perium  ohtitigunt.  Il  nous  est  très  difficile  de  trouver 
pour  beaucoup  de  ces  vers  en  quoi  ils  concernent 
TEmpire,  ou  de  deviner  pourquoi  on  en  a  découpé 
deux,  quatre,  huit  dans  un  contexte  qui  semble 
homogène;  il  est  surtout  singulier  que  le  dernier 
extrait  commence  avec  un  vers  (1  a  a8^)  qui  est  le 
dernier  d*un  discours  mis  dans  la  bouche  des 
gens  de  Syrie  et  qui  termine  une  phrase  inter- 
rogative.  U  semble  que  la  direction  des  Monu- 
menta  ait  surtout  tenu  à  publier  des  extraits  éten- 
dus de  ce  poème  (environ  i55o  vers  en  tout) , 
ce  qui  se  justifie  très  bien  par  le  long  retard  qiie 
sulnssait  fédition  française  annoncée.  —  Le  texte 
a  été  établi  sur  la  copie  de  M.  Holder-Egger 
par  M.  Ad.  Tobler  :  c'est  dire  qu  il  prête  peu  à 
la  critique.  J.e  vais  signaler  ici  un  certain  nombre 
de  divergences  soit  entre  la  copie  que  j'ai  suivie 
et  celle  qu  a  eue  M.  Tobler,  soit  entre  sa  façon 
de  constituer  le  texte  et  la  mienne.  Je  laisse  de 
côté  des  différences  dénuées  de  toute  importance. 
Nous  avons  très  souvent,  surtout  au  début  oii  le 
ms.  est  si  altéré,  apporté  au  texte  les  mêmes  cor- 
rections. Je  ferai  remarquer  que  mon  texte  était 
entièrement  imprimé  quand  a  paru  cette  édition 
partielle.  V.  8  Keller  et  ma  copie  (S)  ont  imlt; 
la  copie  de  M.  Holder-Egger  (H)  ayant  ualt, 
M.  Tobler  imprime  valt,  mais  n*ah  est  assuré- 
ment la  bonne  leçon.  —  3  5  je  ne  vois  pas  la  né- 
cessité de  changer  Qu*el  en  Del.  —  a 8  (corrigé 
par  T.  en  troee)  tirer  est  la  bonne  leçon,  et  il 
faut  traduii*e  comme  j'ai  fait  :  tirer  ses  tempes 
est  une  expi*ession  qui  nous  parait  singulière , 
mais  qu'on  retrouve  ailleurs.  —  44  T.  garde  le 
saiHa  du  ms. ,  que  je  corrige  en  salve  «.  —  83 
S  carporelment ,  H  cùrperalment,  —  84  H  a  de- 


vant vivent  un  //  qui  n'est  pas  dans  S ,  et  qui  rend 
le  vers  trop  long.  —  85  T.  intercale  tuity  et  P.  la 
pour  rendre  le  vers  correct.  —  A  propos  du  fait 
que  les  vers  impairs,  à  partir  du  v.  958,  ont  des 
numéros  pairs,  féditeur  fait  une  remarque  sin- 
gulière et  d'ailleurs  erronée ,  le  v.  1 7 1  n'étant  nul- 
lement isolé  (sans  doute  le  v.  179  avait  été  passé 
dans  H).  —  268  (je  compte  d'après  mon  chif- 
frage, celui  de  H  étant  erroné),  ms.  Eth  vos, 
P.  Eth  vos  itant,  T.  Estenie  vos,  correction  très 
bonne  en  soi ,  mais  qui  a  l'inconvénient  que  les 
formes  esteine  et  estete  sont  inconnues  à  notre  au- 
teur. —  970  la  leçon  de  S  est  excellente,  celle 
de  H  donne  un  sens  défectueux,  et  la  correction 
ne  remédie  qu'au  rythme.  —  aga  jVi  de  S  est 
meilleur  que  la  de  H.  —  434  ma  correction  de 
cler  en  chier  s'impose.  —  435  H  Tet,  corrigé 
par  T  en  Fet.  —  455  T.  remarque  que  le  vers  est 
trop  long;  je  corrige premerementeaprosprement. 

—  J'ai  remis  en  ordre  les  vers  46 1 -46a,  qui 
paraissent  intervertis.  —  465  H  lit  chili,  mais 
S  chai,  —  479  j'ai  cru  devoir  corriger  le  vers 
en  deux  endroits.  —  489  ma  correction  donne 
un  sens  plus  clair  que  celle  de  T.,  mais  elle 
s'éloigne  plus  du  manuscrit.  —  494  ma  cor- 
rection a  l'avantage  de  conserver  le  orent  du 
ms.  —  5o3  H  veneitiens,  T.  venetiens  (je  si- 
gnale ici  cette  divergence  qui  a  un  certain  inté- 
rêt, mais  non  beaucoup  d'autres  analogues).  — 
5o6  la  correction  de  T.  est  inutile;  il  a  imprimé 
nombre  pour  nombre.  —  5i5  la  correction  en- 
contre pour  encoste  paraît  niicessaire.  —  59  9 
H  tes,  S  des,  qui  vaut  mieux  que  la  corr.  très, 

—  596je  ne  comprends  pas  pourquoi  T.  change 
espose  le  en  esposee  ahfeme  espose  est  une  formule 
bien  connue  en  ancien  français.  — -  535-538  la 


* 


LE  MANDSGIUT.  v 

fonii  (toi.  1)1'  ion)  est  d'une  fine  écriture  .lOfrlnise  du  \tv'  siérie.  70  lignes  h  lu  coloniie, 
9  ralonne»  ù  la  puge;  reliure  en  peau  rouge,  aux  arui^ts  de  Pii^  l\'' . 

Les  deux  pages  du  niiiiuiscrit  (foi.  ho  v"-5o  1*)  i[iie,  grùce  à  i'obligeaiice 
de  M.  i'abbé  Ducliesiie,  directeur  de  l'Érole  française  d'arcliéologîe  à  Rome, 
j"ai  ^u  joindre  à  ce  volume,  penneltent  de  constater  que  M.  Langlois  avait 
raisou  de  remarquer  que  le  manuscrit  a  été  écrit  en  Angleterre.  La  graphie 


ponctua  lion  1I0  T.  est  hiut  k  fiiît  erroa<^  :  l'itotre 
8  ici  It  sens  de  -flotte»  et  non  d'» histoire".  — 
5'l9-^6o  le  mn.  porte  Ker  et  non  Ke,  Hgaivo- 
nnille.  —  (>o3  le  nis.  (nrlc  sûretneiit  etut  comme 
S  el  non  mui  ct)mme  H.  —  6o5  H  et  S  ont  lu 
arme,-  M.  Toblt-r  a  coinpli^lë  lp  vtrs  en  ajou- 
Isnl  ne.  mais  il  faol  lîi'i''  nrivé  (lat.  appulia»), 
'"  60Ç1  il  vaut  mieux  changer  Quen  en  Que  que 
for  en  lia.  —  titâje  ne  conifirendR  pas  pounguoi 
T.  corrige /«(  en  dist.  —  687  je  ne  «dis  s'il  est 
utile  de  coiTÎger  «e  en  »'i.  —  654  la  correction 
de  T.  est  sans  dautf  prëfëi-able  h  la  mienne,  aie 
VM  étant  ailleurs  dans  le  poème.  —  66A  il  est 
plus  simple  de  changer  Tuent  en  Ocienl  que  il'a- 
jouler  or.  —  67t>  la  ponctiialîon  adopta  par 
T.  i-eiid  ce  vers  |>eu  clair.  —  688  T.  a  raison  de 
corriger  iiorM,  mais  je  [iriTérerais  rile  kehoKe.  — 
£98  lor,  que  porte  U,  vaut  bien  inieuii  qui-  le 
jW  de  S  que  j"ai  conserva.  —  798  le  ms,  n/rann 
el  non_^'i4a«,  ce  qui  suggère  la  correction  framux. 

—  800  je  snppl^  pri»  plutAl  que  wiort,  —  8/|i 
Qm  de  coque  ileHfmeit.T.:  E  {ma.)  de  fo  qu'il 
en»i  feieil.  —  80a  je  corrige  reguesle,  repris 
du  vers  prëcëderil,  eu  tcmpnle.  —  8ââ  j'aime 
mieux  imprimer  iKnulu'et  qu'ABuriuOT'*.  —  878 
au  lieu  d'ajouter  n-o*  jwur  faire  le  vers,  j'ai  mis 
tignoriage  pour  êtignorage,  à  tort,  cnr  notre 
jioème  ne  connaît  f\ae  w^xorage ,  el  êeignoriage . 
itieii  qu'admissible,  n'est  pas  atteste  ailleurs.  — 
901  ms.  cet,  T.  as,  I'.  de».  —  goU  .Si,  il  Tant 
imprimer  S'i.  —  (|i3  il  vmtt  mieiii  corrigei' 
partie»  en  deparlien  (  I'.  )  que  .Unis  en  MaiiiU»  (T.). 

—  ga  1  le  ms.  jiorle  bien  PriiteeiiieM.  —  r|3o 
Que  il  penëosl  tel  filninie  est  In  leçon  qui  me 
|iarsll  la  meilleure.  —  t*  v.  976,  qui  rë|téle  le 


V.  97  A  .  me  parait  fautif;  je  l'ai  remplace  par  des 
points.  —  Le  v.  997  est  dans  le  ms.  et  a  été 
omis  par  U. —  io3t>  j'ai  suppk'i!  wu/t plutôt  qae 
le. —  io4a  ms.  laHuie  cl  non  laume.  —  1069 
chlnclien  el  uon  cliuiclte*.  —  1 066  de  se»  jiour 
icê,  an  lieu  d'ajouter  («it,  —  1 1 1 1  Delà  Setem- 
iwl»ee](H.),  be  la[mi\»elembrt  (T.).  —  a7a3- 
373'!  je  corrige  MonferanttA  Coraiit  en  Monterai 
el  Coriil.  —  9@53  je  cuiTigfi  enienert.  —  agaS 
T.  supprime  i  avant  tini,  ce  qui  fait  tomber 
la  remarque  sur  la  double  furrtie  Flaiidreu  et 
Flatidre  k  la  Table  des  iiojiis  propi-es.  —  iigSo 
S  a  de»  fiaii;  T.  lit  degeeii  et  traduit  par 
"decrepitus'i ,  ce  qui  est  bon  et  <Ioil  faire  clFacer 
ma  correction  ile»fniz..  —  33  h-]  je  ne  vois  pas  la 
n^cessit^  de  changer  tomboiienl  en  Irompouenl.  — 
383^  J'aime  mieux  lire  coineiieoii  que  roiiiene'on. 
—  6677  lu  cori-ectiim  el  la  [Knictunlinn  de  T. 
valeutmÏPUt  que  les  luiounes,  et  ]>ermetlent  de 
restituer  le  v.  ()6So  d'une  làçon  |ilausil)le.  — 
J'admets  une  lacune  npi-ès  le  v.  i93a8,  el  il 
manque  certainement  un  vers  uprèa  laSIiâ. 

'''  M.  Linglois  ajoute  qu'on  trouve,  aux 
fol.  89  v"  el  go  r*,  -une  chanson  franeaise. 
paroles  et  musique  {i?critui*e  du  im"  siÈrIe), 
tnl^ralement  reproduite  |>nr  Kellert.  Il  nnrsil 
Jù  remarquer  que  cette  cliauson  est  non  pas 
frauçaiiie,  mais  provençale,  bien  que  le  srrilie 
l'ait  fort  aliéna',  cl  qu'elle  est  dans  un  rapport 
^troil  avec  te  poème  à  la  suite  duquel  elle  est 
copiée  de  la  même  mt\ui.  C'est  le  célèbre  plani 
de  (iauœlui  Faidil  sur  la  mort  du  l'oi  llicliard. 
qui  se  retrouve  encore  dans  deu\  aiilres  iubs. 
d'origine  française.  (  Voir  L.  Gaucltat.  Bomaui», 
l.  XXlI.p.  33li.379.) 


VI  INTRODUCTION. 

présente  d'ailleurs  en  grand  nombre  les  caractères  bien  connus  de  langlo- 
normand,  et  la  négligence  constante  que  met  le  scribe  à  donner  aux  vers 
leur  nombre  régulier  de  syllabes,  ainsi  que  les  fréquentes  altérations  qu'il 
fait  subir  à  la  rime,  suffisent  à  montrer  qu'il  n'était  pas  Français (*'.  C'est  vers 
la  6n  du  xni^  siècle  que  la  paléographie  nous  permet  de  placer  la  copie  de 
YEsloire  de  la  guerre  sainte  qui  nous  est  parvenue.  On  y  remarque  l'absence 
de  certains  traits  anglo-normands  (comme  aun  pour  an)  qui  apparaissent, 
il  est  vrai,  dès  le  commencement  du  xni^  siècle,  mais  qui  ne  deviennent  tout 
à  fait  usuels  qu'à  la  fin.  Les  deux  premières  strophes  du  planh  de  Gaucelm 
Faidit  sur  la  mort  de  Richard  Cœur  de  lion,  copiées  à  la  fin  par  le  même 
scribe,  présentent  un  texte  fortement  francisé  et,  à  ce  qu'il  semble,  crpoite- 
viniséTî,  mais  n'oflfrent  que  très  peu  de  traits  anglo-normands (^J.  Cette  cir- 
constance indique  que  notre  manuscrit  a  été  copié  sur  un  manuscrit  exécuté 
en  France,  sans  doute  en  Poitou,  postérieurement  à  la  mort  de  Richard 
Cœur  de  lion ,  et  qui  faisait  déjà  suivre  le  récit  des  exploits  de  Richard  de  la 
complainte  à  laquelle  son  trépas  donna  lieu  de  la  part  du  célèbre  troubadour 
poitevin. 


IL  —  L'AUTEDR. 

L'auteur  de  YEstoire  de  la  guerre  sainte  nous  a  fait  connaître  son  nom;  il 
s'appelait  Ambroise  :  Amhroise  dit  y  qui  Jist  cest  livre  (171),  etc.W.  Il  ne  nous 
apprend  guère  autre  chose  sur  lui.  Il  se  présente  à  plusieurs  reprises  comme 
ayant  assisté  aux  événements  qu'il  raconte.  Il  était  présent,  le  3 1  janvier  1188, 
à  la  célèbre  entrevue  d'Henri  II  et  de  Philippe  II,  «rentre  Gisors  et  Trie, 
dans  la  grande  et  belle  prairie t)  (v.  i5o).  Il  était  à  Londres,  le  3  septembre 
1 189,  aux  fêtes  du  couronnement  de  Richard  (v.  193,  197)9  et  à  partir  de 
ce  moment  nous  le  voyons  suivre  partout  le  roi  d'Angleterre,  à  Lions-la-Forêt, 
à  Tours,  à  Vézelai  (v.  182),  à  Lyon,  à  Marseille,  à  Messine  (v.  617),  où  il 

^^^  On  peut  relever  aussi  le  bit  que  le  manu-  Keller,  p.  4aô.  Le  planh  de  Gaucelm  Faidit  a 

sent  se  trouve  relie  avec  un  autre  manuscrit,  ce-  été  imprime,   d*après   divers   manuscrits,  un 

lui  du  poème  de  Chardri,  exécuté  incontestable-  grand  nombre  de  fob. 
ment  en  Angleterre.  ^^^  Voir  à  la  Table  des  noms  propres  l'indica- 

(*)  Voir  le  texte  de   notre  manuscrit  dans  tion  des  neuf  passages  où  il  se  nomme. 


prit  part  au  grand  festin  que  donna  Ricliai-d  dans  ie  château  de  nMategrifoiiit 
le  jour  de  Noël  1190  (v.  jogi.  togg).  Embarqué  avec  !e  roi  le  10  avril 
tigi  (v.  1191),  ii  s'arrêta  comme  lui  en  Crète  (v.  laôo)  et  à  Rhodeg 
(v.  1^85).  Il  suivit  l'expédition  de  Chypre  (v.  i5oi  ss.  i6go,  1767)  et 
aborda  à  Acre  le  8  juin,  il  vit  de  ses  yeux  iilusicurs  épisodes  du  siège  (v.  /1898). 
Après  la  prise  do  la  ville,  il  partit  ie  90  août  ave<^  Richard  et  fit  toute  la 
longue  et  inutile  Ciimpagne  qui  se  termina  par  le  retour  des  croisés  à  Acre 
le  ao  juillet  119^  (voir  notamment  v.  Bgao,  6988,  7078,  7656,  7679, 
7632  SS-,  78Û1.  7899,  8716.  gUSa,  gSig,  9796  ss.,  983/1,  10377, 
loBia).  Il  ne  paraît  pas  avoir  suivi  Richard  dans  t'héroïque  te  rescousse •»  de 
Jaffe  (le  V.  1 1 687  ne  prouve  rien).  Après  la  trêve  conclue  le  a  septembre,  il 
fit  partie  du  deuxième  convoi  des  pèlerins  qui  furent  admis  à  entrer  à  Jéru- 
salem et  h  visiter  les  lieux  saints,  non  sans  courir  de  grands  dangers  et  sans 
essuyer  de  dures  humiliations  (v.  laoï'i  ss.).  Arabroise  termine  sou  i-écitau 
rembarquement  de  Richard,  qu'il  n'accompagnait  certainement  pas,  et  ne  nous 
tait  pas  savoir  comment  il  revint  lui-même  dans  sa  patrie. 

Qu'était  Ambroise?  En  quelle  qualité  prit-ii  part  à  la  croisade?  Il  résulte  ' 
de  son  naïf  témoignage  ((u'il  n'était  pas  chevalier.  Aprè-s  avoir  dit  que  les  che- 
valiers qui  faisaient,  comme  luî,  partie  du  second  convoi  des  pèlerins  admis 
k  Jérusalem  eurent,  par  !a  permission  de  Salahadin.  la  joie  de  voir  la  vraie 
croix,  il  ajoute  (v.  lîîoSg)  :  E  nos  autre  qui  a  pxé  Jumen  Ço  vetmes  que  uns 
pctïmesi').  Mais  il  ne  doit  même  pas  avoir  été  éeuyer  ou  simple  TsergenlTi.  H 
est  bien  remarquable  que.  dans  cette  longue  histoire  qui  se  eompose  sin-tonl 
de  récits  de  combats,  il  ne  se  met  jamais  en  scène  parmi  les  combattants.  Ni 
à  Messine,  ni  en  Chypre,  ni  devant  Acre,  ni  dans  cette  longue  marche  de 
Syrie  qui, sans  parler  de  la  gnmde  bataille  d'Arsur.  fut  une  escarmouche  per- 
pétuelle, il  ne  semble  avoir  porté  ou  reçu  un  coup.  C'est  parmi  les  non-com- 
battants qu'il  faut  le  cliercher'*'.  On  pense  d'abord  aux  clercs.  Miûs  rien  n'in- 
dique qu'Ambi'oise  ait  été  clerc.  Son  instruction,  comme  nous  allons  le  voir. 


'''  C'est  ce  (pie  Rirbnrd  du  la  Sainle-Trinil^ 
«le  Londres,  le  trsiliieteur  lalin  qui  se  suttstitiie 
impmlemiiient  h  Ambroise  (voir  le  ■*  V  de  ceUe 
Introduction),  rend  parres  mots,  où  on  retrouve 
une  des  rimes  de  l'original  :  ffoi  autem  pediica 
eidimia  quod polmuut  (VI.  uni). 


'■'  L«  seul  pawage  d'où  l'on  |joun-Bit  conclure 
qu'il  portail  les  armea  est  celui  dra  v.  1 5o3  as., 
où.  il  dit  «noiiH»  eii  partant  des  combattants; 
mais  cette  Tormule  n'esl  pas  dédsivc.  Ambroise 
emploie  souvent  ^'«  en  )iarlant  de  lui,  jamais  à 
propos  d'im  fait  de  ^erre. 


VIII  INTRODUCTION. 

est  piirenieiil  prise  à  des  œuvres  rraiiçaises.  Il  et-l  pieiiii ,  mais  coinmc  léhûeul 
tous  les  pèlerins,  ou  au  moiiis  comme  les  ineilleurii  d'entce  eux.  Quand  il  pm-le 
des  prêtres  «gui  fiiisiiieut  partie  de  l'expédilîoii,  il  nt^  i^  met  jamais  parmi  eux. 
Toute  sa  Taçou  do  juf^er  les  hommes  et  les  choses  est  celle  d'un  laïque  de  pe- 
tite condiliou ,  d'un  ineuibre  de  cette  ffent  menue  dont  il  exprime  avec  prédilec- 
tion les  opinions,  les  seutimeiiU,  les  espérauces  enthousiastes  et  les  amères 
dt^ceplions. 

En  ileliors  des  cmnbattanls  et  des  clercs,  ou  ue  voit  guère  dans  logl  des 
croisés  de  place  que  pour  un  poète  de  profession,  un  jongleur.  C'est  hien 
ce  que  je  crois  qu'était  Auibruise.  II  connaît  à  i'oud  les  chansons  île  geste 
qui  étaient  en  faveui'  ù  ia  fin  du  mi"  siècle,  et  le  souvenirlui  en  revient  à  tout 
propos.  (Jtiand  il  ai'Hve  h  Messine  et  qu'il  voit  eu  face  de  lui  Rise  (Heggio). 
il  ne  rappelle  aussitôt  que  c'est  la  ville  dont  s'empara  Agoland,  d'après  la 
chanson  lïAtrpremoHt  (v.  5i6).  Pour  louer  ses  héros,  il  les  compare  à  Roland, 
à  Olivier  (v.  6665),  il  va  même  jusqu'à  les  mellre  au-dessus  des  glorieux 
morts  de  Ronreviuix  (v.  i  fîo6).  Désolé  de  la  discorde  qui  règne  entie  les 
cmisés,  il  la  met  en  contraste  avec  l'union  des  guerrici's  de  Cliarlemague,  qui 
permit  à  celui-ci  de  conquérir  l'Espagne  (v.  8/179-8686),  la  Saxe  (v.  8685- 
8689)  et  l'Italie  {v.  8690-8693),  d'après  les  rliansons  de  liomevaux,  des 
Saimes  et  lY Atqirertiont ,  ou  avec  celle  des  premiers  croisés  au  siège  d'Antioche 
(v.  8696-8699).  C'est  d'après  la  chanson  consacrée  à  ce  siège  qu'il  rappelle 
encore  ailleurs  (v.  i  0666-10682)  les  noms  de  Godel'rol  de  Bouillon,  de  Boé- 
mond  et  de  Tancré .  Donl  l'on  reconte  enror  l'estorie.  Pour  donner  l'idée  de  la  per- 
fidie derempereiirdeChypre.il  dit(v.i388)  qu'il  éta  it  pire  que  Gaiielou.  Au 
reste,  it  connaît  tout  aussi  bien  d'autres  poèmes  en  langue  vulgaire.  11  compare 
Jacques  d'Avesnes  à  Alexandre  (v.  a856),  à  Hector  et  à  Achille  (v.  -iSSô). 
d'après  les  i-omans  (\'Alej:aitdre  et  de  Troie.  Dans  un  curieux  passage,  il  éiiii- 
nière  non  seulement  les  vieille»  chançon»  de  geste  Dont  jogleor  font  si  grantfeste 
(v.  6189-6190),  mais  d'autres  romans  en  vogue,  pour  opposer  l'absolue  au- 
thenticiléde  l'histoire  qu'il  raconte  à  ia  véracité  douteuse  de  leurs  récits  :  c'est 
(T  le  message  de  Balan-n  [Aspretiumt),  les  poèmes  sur  Pépin  et  sur  Charlemagne, 
Agoland  (encore  Aspremont),  Guileclin  (les  Saimneg,  cités  encore  ailleui's);  mais 
c'est  iinssi  la  mort  d'Alexandre  (voir  â  la  Table  des  noms  propres),  les  amours 
de  Paris  et  d'Hélène  { Troie),  les  prouesses  d'Arthur  de  Bretagne  et  de  ses  com- 
pagnons, les  aventures  de  Tristan.  Il  semble  que  nous  ayons  là  comme  un  cala- 


L'AUTEUR. 


IX 


logue  de  son  répertoire  habituel,  dans  lequel  la  chanson  d'Aspremont  devait 
tenir  une  place  d'honneur,  car  il  ne  la  cite  pas  moins  de  quatre  fois'^'. 

Si  Tinstruction  d'Ambroise  est  celle  d'un  chanteur  de  geste  et  diseur  de 
contes,  les  sentiments  qu'il  manifeste  en  certains  endroits  semblent  bien  aussi 
appartenir  à  cette  profession.  U  aime  les  f(Hes  et  les  décrit  avec  complaisance, 
en  insistant  sur  le  fait  qu'il  y  a  pris  part  :  il  n'a  vu  en  sa  vie  r  cour  plus  cour- 
toisement servie -n  que  celle  de  Richard  à  son  couronnement,  où  il  a  remarqué 
une  vaisselle  magnifique,  des  tables  chargées  de  victuailles,  et  des  présents 
distribués  avec  une  largesse  incomparable  (v.  1921  ss.).  De  même  à  la  fête  de 
Mategrifon,  il  admire  tout,  et  les  nappes,  et  la  vaisselle,  et  le  service,  et  les 
dons  (v.  1091  ss.)(^).  Ce  n'est  sans  doute  pas  sans  regret,  au  contraire,  qu'il 
constate  qu'à  la  fête  de  Noël  tenue  à  Lions-la-Forêt  Richard  était  si  pressé 
qu'on  n'eut  guère  le  temps  de  cr chanter  de  geste t)  (v.  25o). 

Mais  si  Ambroise  aime  naïvement,  en  vrai  jongleur,  les  fêtes  et  les  dons 
princiers,  il  n'en  a  pas  moins  des  sentiments  honnêtes  et  même  un  idéal 
assez  élevé.  11  est  sincèrement  pieux,  et  il  a  entrepris  son  pèlerinage  dans 
l'espoir  d'adorer  les  lieux  saints,  qu'il  pensait  voir  délivrer  par  ses  compa- 
gnons; il  gémit  sans  cesse  sur  la  désunion  des  croisés;  il  blâme  les  désordres 
et  les  péchés  de  l'ost  (v.  6676  ss.,  7088  ss.,  845o  ss.),  de  façon  à  nous 
persuader  qu'il  ne  fut  pas  de  ceux  qui  y  prirent  part  ^^K  Nous  verrons  plus  loin 
que,  dans  son  récit,  s'il  n'est  pas  toujours  impartial,  il  est  toujours  sincère 
et  s'elVorcc  d'être  juste. 

Ambroise  écrivit  son  poème  après  être  revenu  en  Occident,  et  il  a  eu  en 
l'écrivant  plusieurs  desseins.  Il  se  proposait  de  mettre  dans  tout  leur  jour  la 
prouesse  et  les  autres  qualités  de  son  souverain,  le  roi  Richard;  il  voulait 
répondre  au  dédain  que  montraient  à  l'égard  de  cette  croisade  stérile  beaucoup 
de  ceux  qui  n'y  avaient  pas  pris  part  (voir  le  curieux  passage  v.  laa  9  4-12  256). 
Mais  surtout  il  voulait  profiter  de  ce  qu'il  était  capable  de  rimer  et  d'écrire 


^')  En  i*egard  de  ces  réminiscences  constantes , 
le  nombre  des  allusions  bibliques  est  extrême- 
ment restreint  et  leur  caractère  très  gënëral;  il 
n'y  avait  pas  besoin  d*étre  clerc  pour  parler 
d'Adam  et  de  sa  pomme  (v.  667  a)  ou  pour  com- 
parer Kyrsac  à  Judas  (v.  i388). 

^*^  Il  s'intéresse  même  aux  fêtes  auxquelles  il 
n'assiste  pas,  par  exemple  aux  noces  d'Henri 


de  Champagne  avec  Isabel  de  Jérusalem  (voir 
V.  90^7-9049).  Voyez  encore  le  souhait  qu'il 
exprime  au  v.  910a. 

^^)  Ce  n'est  !pas  qu  il  fut  insensible  à  l  attrait 
de  la  beauté  féminine.  Voir  les  naïves  réflexions 
qu'il  fait  en  racontant  qu'Heni'i  de  Champagne 
épousa  Isal)el  de  Jérusalem  malgré  l'avis  de 
Richard  (v.  90  A  a). 


nirKiiumii  satiobau. 


X  INTRODUCTION. 

pour  raconter  fidèlement  ce  qu'il  avait  vu  outre  mer.  Les  croisades  ont  suscité 
chez  nous  la  littérature  historique  en  langue  vulgaire,  et  le  récit  d'une  de 
ces  lointaines  expéditions  était  sûr  d'avoir  du  succès.  Ambroise  destinait  son 
poème  à  être  récité  en  public,  soit  par  lui-même,  soit  par  d'autres  auxquels 
il  en  céderait  une  copie  ^^\  et  il  s'en  promettait  un  légitime  profit.  Il  avait  cer- 
tainement formé  ce  projet  dès  le  début  de  l'expédition,  et  il  dut  prendre  des 
notes  pendant  tout  le  temps  qu'il  fut  absent  de  chez  lui,  comme  on  le  voit 
par  l'exactitude  des  dates,  qu'il  rapporte  presque  toujours  minutieusement^^'; 
c'est  à  Acre  même  qu'il  recueillit  les  renseignements  qu'il  donne  sur  l'histoire 
antérieure  de  la  Terre-Sainte,  qu'il  connut  un  journal  du  siège  jusqu'à  l'ar- 
rivée des  rois  de  France  et  d'Angleterre '^\  et  qu'il  lut  le  catalogue,  dressé  par 
(Tun  bon  clerc  t),  des  croisés  de  marque  morts  devant  la  ville  depuis  le  com- 
mencement jusqu'à  la  fiq  du  siège  (v.  5582). 

Ambroise  était  donc  certainement,  sinon  un  jongleur  précisément,  du  moins 
un  écrivain  de  profession.  Ce  que  nous  avons  maintenant  à  nous  demander, 
c'est  le  pays  dont  il  était  originaire. 

Il  était,  cela  ne  saurait  faire  un  doute,  sujet  de  Richard  et  non  de  Philippe. 
Il  parle  toujours  des  Français  comme  d'étrangers,  tandis  qu'il  regarde  comme 
lui  appartenant  de  plus  près  les  Gascons,  Poitevins ,  Angevins ,  Manceaux,  Nor- 
mands et  Anglais,  c'est-à-dire  tous  les  habitants  des  provinces  soumises  directe- 
ment à  Richard,  roi  d'Angleterre,  duc  de  Normandie  et  de  Guyenne,  comte  de 
Poitou,  d'Anjou  et  du  Maine ^*'.  C'est  dans  une  de  ces  provinces  qu'il  faut  cher- 
cher la  patrie  d'Ambroise.  Il  n  était  pas  Anglais;  il  dit  expressément  (v.  66) 
que  Richard,  alors  comte  de  Poitiers,  se  croisa  le  premier  des  hauts  hommes 
Des  terres  dont  nos  de  ça  somes  :  de  ça  est  ici  précisément  par  opposition  à  l'An- 
gleterre. Il  n'était  pas  non  plus  Gascon,  comme  son  langage  le  montre  sufii- 


(*)  Voir  les  nombreux  appels  aux  auditeurs 
{Setgnor),  et  iiotaminent  les  vers  780G  et  1 1  ^70 
(«  veir  com  vos  ci  estes),  le  vers  2889  i^^^ 
orra  Qui  entor  moi  tant  sojorra)  et  les  vera 
83a5,  84/iA,  8817.  C'est  h  cause  de  ce  mode 
de  publicitti  que  Tauteur  se  désigne  tantôt;  avec 
son  nom,  à  la  3*  personne,  tan  loi  [mrje.  C'est 
ainsi  (|ue  s'expliquent  aussi  les  foiinules  comme 
ço  dit  li  livres  (v.  71 85),  selonc  Vestoire  quejo  di 
(v.  iia68). 


^'^  L'exactitude  de  ces  dates  est  presque  tou- 
jours conlirnn,%  par  le  lëmoignage  de  Thistorien 
arabe  lk)haeddin;  voir  les  références  données  par 
M.  Stubbs  dans  son  édition  de  Vltinerariwn  Ri- 
cardi, 

^'^  Sur  l'utilisation  de  ce  texte  par  Ambroise 
et  par  Kichard  de  la  Sainte-Trinité ,  voir  S  vu. 

^*^  Il  est  remarquable  qu'à  côté  des  Normands , 
Manceaux,  Angevins,  Poitevins  et  Gascons  il  ne 
mentioime  jamais  les  Tourangeaux. 


L'AUTEUR.  II 

samment,  et  la  même  raison  s'oppose  à  ce  qu'on  le  regarde  comme  Poitevin. 
On  peut  hésiter  entre  la  Normandie,  l'Anjou  et  le  Maine. 

C'est  pour  la  Normandie  qu'il  faut  opter.  Il  est  clair  qu'Ambroise  porte  à 
cette  province  un  intérêt  particulier.  Dès  le  début,  il  la  met  en  vedette  :  la  prise 
de  Jérusalem  cause  une  consternation  profonde  E  en  Normendie  e  eii  France  E  par 
tôle  cresiienié  (v.  i8);  la  guerre  des  rois  de  France  et  d'Angleterre  est  pour 
lui  une  guerre  entre  France  e  Normendie  (v.  88);  en  parlant  de  la  haine  de 
Philippe  contre  Richard,  il  dit  que  de  là  vint  la  guerre  Dont  Normendie  fu 
gastee  (v.  83o);  il  constate  de  même  que  le  séjour  de  Richard  en  Orient  eut 
les  plus  fâcheuses  conséquences  pour  Normendie  y  Quinfu  povrey  guaste  e  mendie 
(\.  9/159).  Quand  il  parle  des  Normands,  il  leur  donne  souvent  un  éloge  par- 
ticulier :  il  les  appelle  lagent  de  valor  (v.  92^),  h  gent  seûre  (v.  9533).  Enfin, 
en  parlant  des  Normands  qui  conquirent  la  Pouille  et  la  Sicile,  il  les  appelle 
(tnos  ancêtres T)  (v.  618).  Il  est  impossible  à  ces  traits  de  méconnaître  un 
Normand. 

On  peut  sans  doute  préciser  davantage.  Ambroise  mentionne,  pour  leurs 
prouesses  ou  leurs  aventures,  des  guerriei^  de  plusieurs  pays  :  il  ne  ménage 
pas  l'éloge  aux  barons  français  comme  Guillaume  des  Barres  et  Auberi  Clé- 
ment, flamands  comme  Jacques  d'Avesnes,  champenois  comme  André  de 
Brienne;  il  rappelle  les  hauts  faits  des  Poitevins  comme  Jofroi  de  Lusignan  ou 
André  de  Ghauvigni ,  des  Manceaux  comme  Juquel  de  Mayenne  ou  Robert  de 
Sablé.  Mais  ce  sont  tous  là  de  «r hauts  hommes?),  des  personnages  que  connaît 
l'histoire  du  temps.  Pour  les  Normands,  au  contraire,  il  cite  les  noms  de 
simple3  chevaliers  qui  sans  lui  n'auraient  pas  laissé  de  traces  dans  l'histoire, 
et  dont  plusieurs  ne  figurent  dans  ses  vers  que  comme  ayant  pris  part  à  la 
croisade,  sans  s'y  être  d'ailleurs  particulièrement  distingués.  Or,  —  sans 
parler  de  plusieurs  noms  normands  qu'on  ne  peut  identifier  avec  certitude, 
—  des  cinq  départements  de  l'ancienne  province  de  Normandie ,  l'Orné  ne 
fournit  aucun  nom  à  la  liste  d'Ambroise ,  la  Manche  n'en  fournit  que  deux  (Ma- 
thieu de  Saussei  et  Jourdain  du  Hommet;  encore  faut-il  noter  que  celui-ci 
est  un  grand  seigneur,  connétable  de  Séez  et  mentionné  ailleurs),  la  Seine- 
Inférieure  que  deux  (Huon  de  Gournai  et  le  chambellan  de  Tancarville,  per- 
sonnage illustre),  le  Calvados  que  deux  (Henri  de  Graïe  et  Aucoen  du  Fai, 
qui  est  douteux);  l'Eure  au  contraire  n'en  apporte  pas  moins  de  dix.  On 
peut  mettre  de  côté  Etienne  de  Longchamp,  suffisamment  célèbre  d'ailleurs, 


XII  INTRODUCTION. 

Guauqueliu  de  Ferrières,  qui  était  mentionné  dans  Touvrage  antérieur  à  Am- 
broise  dont  il  s'est  servi  pour  son  récit  de  la  première  partie  du  siège  d'Acre , 
et  Gislebert  de  Vascœil,  qui  dut  une  fâcheuse  réputation  à  son  abandon  de 
Gisoi-s  à  Philippe.  Mais  il  en  reste  sept  qui  certainement  sans  notre  poète  ne 
seraient  pas  connus  de  la  postérité '^^  :  Roger  de  Hardencourt,  cr  le  bon  archer  n,  et 
Guillaume  du  Bois-Normand,  qui  se  défendirent  si  bien  contre  les  ccGrifonsii 
de  Kyrsac;  Guillaume  et  Henri  de  Mailloc,  qui  combattirent  vaillamment  à 
Rames;  Bartélemi  de  Mortemer  (celui-là  est  douteux''^)),  un  des  compagnons 
de  Richard  dans  l'héroïque  délivrance  de  Jaffe;  Raoul  de  Rouvrai,  tué  à 
Messine  (douteux);  et  enfin  les  frères  de  Tournebu,  Pluseur  hon  fil  e  luit 
dun  père  (v.  /jyio),  qui  arrivèrent  à  Acre  en  juin  1191  avec  l'évêque 
d'Evreux  W.  Cela  indique  bien  un  proche  compatriote  de  ces  braves  chevaliers. 
D'autres  circonstances  confirment  cette  induction.  Je  n'attache  pas  d'impor- 
tance au  fait  qu'Ambroise  assistait  à  l'entrevue  de  Gisors  et  à  la  fête  de  Lions- 
la-Forêt,  puisqu'il  était  aussi  à  Londres  et  à  Tours;  mais  il  est  assurément 
significatif  qu'ayant  à  nommer  Dreux  (v.  760)  il  ajoute,  pour  faire  connaître 
la  situation  de  cette  ville  française  :  Qui  est  a  set  Hues  (T Evreties  ^^K  11  est  donc 
fort  probable  qu'Ambroise  était  de  l'Evrecin.  L'étude  de  la  langue  du  poème 
est,  comme  on  le  verra  plus  loin,  parfaitement  d'accord  avec  cette  conclu- 
sion. 

On  croirait  pouvoir  la  confirmer  et  même  la  préciser  encore  davantage  grâce 
à  un  tout  petit  détail.  Notre  poète  appuie  une  assertion  de  son  récit  (v.  qSSG) 
par  cette  invocation  :  Issi  m'ait  sainz  Celenns.  Le  nom  de  saint  Célerin  n'est 
pas  fort  célèbre,  et  je  ne  pense  pas  que  dans  toute  la  littérature  frsgiçaise 
du  moyen  âge,  où  les  invocations  de  saints  sont  si  fréquentes,  on  le  trouve 
mentionné  en  dehors  de  ce  passage.  Je  sais  bien  que  notre  versificateur  ne  le 
nomme,  dans  ce  vers  de  remplissage,  que  pour  rimer  di\ec pèlerins ,  mais  encore 
fallait-il  qu'il  le  connût,  et  c'est  une  connaissance  qui  ne  devait  pas  être  très 
répandue  en  dehors  d'une  certaine  région.  Or,  il  existe  dans  l'Eure,  allant  de 

^*^  Les  noms  de  quelques-uns  d'entre  eux  figu-  cliard  à   Tancrë  (v.   1009),  peul  encore  être 

rent  dans  des  chartes  qui  nous  ont  été  conservées  ;  signalée.  Toutefois ,  il  faut  remarquer  que  d'au- 

mais  c'est  là  une  notoriété  bien  restreinte.  très  historiens  le  nomment ,  comnie  il  est  natiu^l , 

^'^  Voir  à  r^rrato,  p.  578.  à  cette  occasion. 

^^'  La  mention  de  IVvéque  d'Évreux  Jean,  ^*^  Sur  cette  évaluation,   sensiblement  ti'op 

(rqui  supporta  beaucoup  de  dépenses  et  de  fa-  faible,  voirTarlicle  Dreues  a  la  Table  des  noms 

tiguesi»,  [)armi  les  messagers  envoyés  par  Ri-  propres. 


LA  LANGUE.  mii 

Neubourg  à  Hectomare,  uu  chemin  appelé  crie  Chemin  de  saint  GélerinT),  et 
d'après  M.  de  Blosseville  [Dictionnaire  topographique  de  l'Eure^  p.  191),  ce  nom 
est  cr  un  nom  très  ancien ,  dû  à  saint  Célerin ,  second  patron  de  la  Charité 
d'Hectomare  Tî  ;  on  pourrait  donc  être  tenté  de  croire  que  c'est  précisément 
à  Hectomare  que  notre  poète  était  chez  lui.  Mais  mon  savant  confrère 
M.  A.  Longnon,  auquel  je  dois  tant  pour  l'identification  des  noms  de  lieux  du 
poème,  m'a  fait  remarquer  que  suivant  toute  apparence  la  Charité  d'Hecto- 
mare  elle-même  n'est  pas  antérieure  au  xvn*  siècle;  par  conséquent  nous 
n'avons  aucune  raison  de  croire  que  la  dévotion  envers  saint  Célerin  ait  été 
anciennement  répandue  dans  cette  localité.  En  fait,  la  mention  de  ce  saint 
prouve  simplement  que  notre  poète  était  originaire  de  la  région  occidentale 
de  la  France.  Il  serait  trop  long  et  ici  hors  de  propos  de  chercher  à  distinguer 
entre  les  saints  personnages  désignés  sous  les  noms,  qui  se  confondent  sans 
cesse  entre  eux,  de  Celerint^y  CelericuSy  CenericuSy  CerenicuSy  Seretiicus ^  Sinericus y 
Célerin,  Céneri,  Céneré.  Il  y  a  eu  trois  martyrs  africains  du  nom  de  Celennus; 
mais  le  saint  Célerin  vénéré  surtout  dans  la  Normandie  et  le  Maine  parait 
bien  avoir  été  un  cénobite  du  vu®  siècle  du  nom  de  Cenetnctis.  C'est  sous  son 
invocation  qu'étaient  placées  les  églises  de  Saint-Céneri  près  Séez  (c***"  d'An- 
non-sur-Orne,  c**"  de  Séez,  arr*  d'Alençon)  et  de  Saint-Céneri-le-Gérei 
(c^"  d'Alençon),  dans  l'Orne;  de  Saint-Céneré  (c^"  de  Montsurs,  arr*  de 
Laval),  dans  la  Mayenne;  de  Saint-Célerin  (c*^"  de  Montfort-le-Rotrou ,  arr* 
du  Mans),  dans  la  Sarthe;  et,  jusque  dans  la  Hayjte-Vienne ,  de  Saint-Sénery 
(c''*  et  c^"  de  Pleuraartin,  arr*  de  Châtellerault)  (^).  Saint  Célerin  était  donc 
un  saint  populaire  dans  .la  Normandie  et  le  Maine,  et  son  nom  venait  natu- 
rellement sous  la  plume  d'un  Normand  occidental  pour  lui  fournir  une  rime 
riche  à  pelenn. 

III.  —  LA  LANGUE. 

La  copie  unique  qui  nous  a  conservé  le  poème  d'Ambroise  est  notable- 
ment postérieure  à  l'original  ;  elle  a  été  faite  en  Angleterre  par  un  scribe  qui 
parlait  une  langue  sensiblement  différente  de  celle  de  l'auteur,  qui  ne  com- 

^^^  Ijes  titi^  anciens  où  figure  le  patron  de  à  M.  A.  Longnon).  Il  est  probable  d'ailleurs  que 

ces  diflfërenles  églises  présentent  son  nom  sous  plusieurs  autres  ^^lises  étaient  dédiées  à  notre 

les  formes  variées  de  Cenerieuê,  Setiericus,  Sere-  saint  dans  la  Normandie  occidentale,  ou  il  a  jadis 

meus ,  Celericus  et  Celerinvs  (renseignements  dus  été  fort  populaire. 


XIV 


INTRODUCTION. 


prenait  pas  toujours  ce  qu'il  copiait,  et  qui  n'avait  surtout  aucune  notion  des 
lois  qui  régissaient  pour  Ambroise  la  mesure  et  la  rime  des  vers.  Aussi  le 
texte  qu'il  nous  a  transmis  aurait-il  besoin  d'une  revision  critique  radicale 
pour  nous  représenter  le  poème  tel  qu'il  est  sorti  de  la  main  de  l'auteur. 
Cette  revision  radicale,  j'avais  d'abord  eu  l'intention  de  l'essayer,  et  j'avais 
commencé  à  récrire  le  poème  dans  la  forme  que  permettent  de  lui  assigner 
et  l'étude  de  la  mesure  et  de  la  rime  et  la  connaissance  des  œuvres  écrites 
dans  le  môme  temps  et  la  même  région.  Mais  je  me  suis  bientôt  aperçu 
qu'une  telle  restitution  serait  téméraire  et  en  beaucoup  de  parties  arbitraire, 
la  mesure  et  les  rimes,  seuls  points  tout  à  fait  solides  sur  lesquels  elle  pour- 
rait s'appuyer,  laissant  incertains  un  grand  nombre  de  traits  importants,  et 
plusieurs  passages  étant  tellement  altérés  qu'on  ne  pourrait  les  restituer  que 
par  des  conjectures  trop  personnelles.  Je  me  suis  donc  résolu  à  imprimer  le 
manuscrit  du  Vatican  tel  qu'il  est,  sauf  à  introduire  quelques  modifications 
exigées  par  la  mesure,  la  rime  ou  le  sens.  Encore  n'ai-je  fait  ces  corrections 
qu'avec  beaucoup  de  réserve;  j'ai  laissé  subsister  le  texte  du  manuscrit  toutes 
les  fois  que  ces  trois  postulats  pouvaient  à  la  rigueur  être  satisfaits  par  la 
leçon  qu'il  donnait.  J'ai,  par  exemple,  conservé  les  vers  trop  longs  ou  trop 
courts  quand,  à  la  lecture,  l'élision  d'une  voyelle  ou  la  prononciation  en  deux 
syllabes  d'une  diphtongue  apparente  pouvait  leur  rendre  leurs  huit  (neuf) 
syllabes  réglementaires  ^^J;  j'ai  laissé  telles  quelles  les  rimes  qui  n'étaient  dé- 
truites que  par  la  graphie  et  se  retrouvaient  sans  peine  si  on  leur  rendait  celle 
qu'elles  auraient  dû  avoir^^^;  j'ai  renoncé  à  restituer  les  passages  trop  défigurés 
pour  que  le  contexte  général  et  la  comparaison  de  la  .version  latine  permissent 
de  les  reconnaître  sous  leur  travestissement^^);  j'ai  respecté  la  graphie  hicon- 


^*^  Par  exemple,  j'ai  laissé  subsister  ço, 
qui,  etc. ,  même  quand  leur  voyelle  doit  s'dider. 
Eii  revanche  j'ai  partout  rëintëgrd  les  voyelles 
omises  qui  tétaient  nécessaires  à  la  mesure  {feis- 
sent  \iowT fissent ,  etc.),  ajoute  des  mots  oublies 
dans  les  méme«  conditions,  supprimé  ou  ajouté 
Ve  mis  ou  omis  au  hasard  dans  or{e) ,  lor(c)»,  etc. 

^*^  Ainsi  les  rimes  de  ei  avec  ot,  de  e  avec  ie , 
inconnues  au  |)oètc,  ne  sont,  dans  le  manuscrit, 
que  graphiques;  on  peut  toujours  restituer  par- 
tout ei  et  ie  ou  e. 

^*^  Pour  bien  faire  comprendre  mon  système. 


je  demande  la  permission  d'examiner  quelques 
vers  pris  au  hasai*d  (je  ne  choisis  pas  ceux  du 
début,  parce  qu'ils  présentent  des  fautes  contre 
le  sens  plus  nombreuses  que  d'ordinaire  )  dans 
le  manuscrit  et  dans  mon  texte.  Au  v.  i355 
seignurs  est  probablement  fautif  pour  seignur, 
mais  il  n'est  pas  changé;  i358  l'f  qui  commence 
ie  vers  dans  ie  manuscrit  a  du  éti'e  supprimé 
pour  la  mesure,  et  au  contraire  pour  la  même 
raison  cajoulé  au  v.  i36o;  desirers  iSôg  rime 
avec  encatnbriers,  il  n'y  a  qu*à  lire  desiriers,  et  je 
laisse  ce  soin  au  lecteur;  mais  au  v.  i36*i  ele 


LA  LANGUE. 


ÏV 


séquente  et  souvent  barbare  du  copiste  anglo-normand '^^  partout  où  elle 
ne  détruisait  pas  le* vers  ou  le  sens.  Ce  système  ma  paru  s'imposer  surtout 
pour  la  première  édition  d'un  texte  conservé  dans  un  manuscrit  unique.  Si 
le  poème  d'Ambroise  est  imprimé  une  seconde  fois ,  surtout  si  on  en  découvre 
un  second  manuscrit,  le  nouvel  éditeur  pourra -être  plus  hardi  que  je  ne  l'ai 
été,  et  le  poème,  rapproché  de  sa  forme  primitive,  se  lira  certainement  avec 
beaucoup  plus  de  facilité  et  d'agrément. 

Mais,  si  je  n'ai  pas  cru  devoir  essayer  de  lui  rendre  dans  mon  édition  cette 
forme  primitive,  je  dois,  au  contraire,  signaler  avec  soin  tout  ce  que  nous 
permet  d'en  connaître  l'étude  attentive  des  rimes  et  de  la  mesure,  complétée 
par  ce  que  nous  savons  de  l'état  général  du  français  au  temps  et  dans  le  pays 
de  l'auteur.  Avant  d'employer  les  deux  moyens  d'investigation  que  nous  four- 
nissent l'homophonie  des  syllabes  accentuées  (rimes)  et  le  compte  des  syllabes 
dont  se  compose  le  vers  (mesure),  il  est  nécessaire  d'examiner  ces  moyens 
en  eux-mêmes  et  de  voir  dans  quelles  conditions  ils  s'offrent  à  nous. 

Rime.  — •  Ambroise  est  un  rimeur  très  exact.  Non  seulement  il  exige  pour 
les  voyelles  accentuées  une  parfaite  homophonie (^^,  mais  il  n'est  pas,  en  gé- 


donne  une  syllabe  de  trop ,  j'imprime  el;  je  laisse 
au  V.  i363  Grand  doelfud  pour  Granz  duels  Ju 
(de  m.  y.  id'jù  Ju  grant  doel)^  mais  je  ne  puis 
laisser  tel  pour  de  V,  qui  ddtniil  le  sens;  je  ne 
garde  pas  la  graphie  oueraine  pour  ovraine,  qui 
semble  ajouter  une  syllabe  au  vers,  mais  je  garde 
ovraine  el  Alemaine  au  lieu  éCovraigne  ei  Ale^ 
tnaigne,  formes  du  poète;  j'ajoute  au  v.  i365  f, 
nécessaire  pour  la  mesure  et  le  sens;  je  garde 
dans  les  vers  suivants  sustenue  pour  sostenue  {sos- 
tenir  v.  i383),  citié  pour  cite,  Guillame  pour 
Guilleahne,  murut  pour  morut,  mais  je  corrige  au 
V.  1375  surcurut  en  sucurut  (pour  socorut);  au 
V.  1 377  le  copiste  a  écrit  par  mégarde  mescheeites , 
qui  termine  le  vers  suivant,  je  restitue  escheeites; 
au  V.  1 379  une  abréviation  mise  pour  une  autre 
a  changé  gregiee  en  gurgiee,  je  restitue  gregiee, 
mais  au  v.  i38a  je  laisse  Ço  estait,  bien  que  cee 
trois  syllabes  ne  comptent  que  pour  deux;  je 
laisse  aux  v.  i38^ ,  1 387,  osait,  niait  pour  osaut, 


alout ,  et  ainsi  de  suite.  On  voudra  bien  excuser 

les  menues  inconséquences  qui  se  sont  glissées 

dans  ce  travail;  quelques-unes  ont  été  relevées  à 
XErrata,  ^ 

^'^  Sa  nationalité  est  attestée,  comme  on  la  vu 
plus  haut  (p.  VI ),  par  son  écriture ,  et  aussi  par 
tout  le  caractère  général  de  sa  graphie,  notam- 
ment par  la  réduction  si  fréquente  à!ie  à  e  el 
par  la  suppression  également  très  fréquente  d  une 
voyelle  atone  en  hiatus  dans  l'intérieur  des  mots. 
Si  certains  traits  habituels  aux  copistes  anglais 
de  son  temps  ne  se  rencontrent  pas  chez  lui, 
cela  n'a  rien  d'étonnant  :  on  sait  que  la  plus 
grande  variété  régnait,  avec  quelques  tendances 
générales ,  dans  le  français  parlé  et  écrit  en  An- 
gleterre. 

^'^  La  rime  contes  :  eoinles  que  donne  le  manu- 
scrit au  V.  7286  est  fautive,  et  a  été  corrigée 
dans  l'édition;  il  faut  dans  les  deux  cas  contes 
(comités  et  computos). 


XVI  INTRODUCTION. 

néral,  moins  scrupuleux  pour  les  consonnes  qui  les  suivent.  H  ne  se  permet 
que  quatre  fois  une  licence  qu'on  rencontre,  et  plus  fréquemment,  chez  des 
versificateurs  soigneux  contemporains  ou  peu  postérieurs,  et  qu'on  qualifie 
ordinairement  d'assonance,  bien  que  ce  nom  ne  soit  pas  tout  à  fait  propre. 
L'assonance  est  indifférente  à  tout  ce  qui  suit  la  voyelle  tonique,  sauf  qu'elle 
sépare  rigoureusement  les  oxytons  (masculins)  des  paroxytons  (féminins). 
Les  rimes  licencieuses  dont  il  s'agit  ici,  et  qui  sont  dans  la  grande  majorité 
des  cas  des  rimes  féminines,  observent  fidèlement  la  règle  qui  veut  que  le 
dernier  phonème  des  vers  rimants  soit  identique  :  ainsi  elles  n'admettent  pas 
un  singulier  avec  un  pluriel,  ou  --ent  atone  avec  -e  ou  -es,  comme  le  font  les 
assonances.  Mais  entre  la  voyelle  tonique  et  le  dernier  phonème,  elles  tolè- 
rent une  consonne  différente ,  bien  que  voisine.  C'est  le  cas  chez  Ambroise ,  dans 
les  quatre  paires  de  rimes  suivantes**)  :  Setetnbre  semble  7062 ,  perdirent  tindrent 
6/iâ2,  Vérone  prodome  3 182,  rescosse  sarse  2573.  C'est,  on  le  voit,  fort  peu 
de  chose,  sur  près  de  6,700  paires  de  rimes '^^  et  nous  sommes  autorisés  à 
tirer  de  la  rime  des  conclusions  sur  la  prononciation  du  poète  non  seulement 
pour  les  voyelles  mais  pour  les  consonnes. 

Mesure.  —  Inutile  de  dire  que  la  mesure  du  vers  octosyllabique  est  scru- 
puleusement observée  par  Ambroise  :  toutes  les  leçons  qui  donnent  au  vers 
moins  ou  plus  de  huit  (neuf)  syllabes  sont  imputables  au  copiste  et  ont  été 
corrigées  dans  le  texte  imprimé.  Mais  il  faut  tenir  compte  des  règles  que  suit 
le  poète  pour  l'élision  des  voyelles  finales  devant  une  voyelle  initiale  et  en 
certains  cas  pour  félision  des  voyelles  initiales  après  une  voyelle  finale. 

Dans  les  polysyllabes,  il  n'y  a  naturellement  que  l'e  féminin  qui  s'élide;  la 
question  est  de  savoir  si  pour  cet  e  Ambroise  admet  quelquefois  la  npn-élision 
produisant  hiatus.  Je  n'en  ai  relevé  que  quatre  exemples  qui  paraissent  assu- 
rés ^^^  :  Car  el  port  d^Acre  el  rochier  89/10,  En  Vost  d'Acre  ot  un  Pisan  65oi, 
E  cil  qui  Acre  assaillirent  ^671,  LHanguage  ensemble  etrouent  6187.  Il  s'agit 
toujours,  on  le  voit,  d'un  e  précédé  de  deux  consonnes  dont  là  seconde  est 
une  liquide,  position  où  il  a  une  consistance  plus  grande  que  d'ordinaire ^*^ 

^*^  Sur  l«  V.  1 1 5 1 6  voir  V Errata,  ^*^  L'hialus  apparent  formé  par  Genve  devant 

^*^  Souvent  des  rimes  imparfaites  sont  prêtées  une  voyelle  aux  v.  3|6a  et  11 335  doit  sans 

au  poète  par  le  copiste,  soit  qu'il  fasse  des  con-  doute  se  supprimer  par  l'admission  de  la  forme 

fusions  de  graphie  (comme  entre  -aineei  -oigne),  Genves  (voir  à  la  Table  des  noms  propres), 

soit  qu'il  mette  des  mots  fautifs  comme  dûmes  ^^^  On  pourrait  être  tenté,  ie  cas  se  présentant 

pour  dune^  (:  brunes)  7720.  trois  fois  pour  le  même  mot.  Acre,  d'introduire 


LA  LANGUE. 


xvii 


En  résumé,  c'est  un  fait  très  exceptionnel,  et  dont  on  peut  ne  pas  tenir 
compte  en  général. 

L'éli$ion  interne,  qui  s'applique  à  une  voyelle  atone  dans  l'intérieur  d'un 
mot,  est,  comme  on  pouvait  s'y  attendre,  complètement  inconnue  à  Ambroise. 
Le  manuscrit  en  présente  d'innombrables  cas,  mais  ils  proviennent  tous  du 
copiste.  Pour  n'en  donner  qu'un  ou  deux  exemples,  il  écrit  crior  baneisor  aux 
vers  9709-971.0,  au  lieu  de  cineor  banisseoty  qu'il  a  mis  correctement  aux 
vers  98/19-9850.  Beneite  9788  doit  être  lu  beneeite,  et  j'aurais  mieux  fait  d'in- 
troduire cette  forme  que  de  supposer  qu'on  pouvait  lire  beneite;  àe  même  il 
aurait  sans  doute  été  préférable  d'imprimer  partout  guaaignier^  etc. ,  au  lieu 
de  supposer  qu'on  pouvait  prononcer  gua^ier^^K  Le  seul  mot  neis  présente, 
à  côté  de  la  forme  pleine,  la  forme  contracte  nis  (voir  au  Glossaire);  mais 
cette  double  forme  se  rencontre  déjà  dans  des  textes  beaucoup  plus  an- 
ciens et  s'explique  p^  des  raisons  particulières  ^^^.  D'autres  contractions  ne 
sont  qu'apparentes  :  dttor  n'est  pas  dileor  =  dictatorem,  mais  répond  à  un 
dictorem  fait  comme  factorem;  quilé  répond  directement  à  une  forme 
quittitatem,  tandis  que  quitedét  quiteé  est  refait  sur  quile  avec  le  suffixe 
formatif  -^t^^K 

Les  monosyllabes  qui  élident  leur  voyelle  finale  se  divisent  en  deux  classes: 
dans  la  première,  qui  comprend  de^  le  art.  et  pron.,  me,  te  y  se,  l'élision  est 
obligatoire (^) ;  dans  la  seconde,  qui  comprend  ne,  se  conj.'^^,  que  conj.,  que 
pron.,  jo,  po,  li  art.  masc.  sing.  nom.,  K  pron.  dat.,  qui,  si,  elle  est  faculta- 
tive. Je  ne  relève  pas  les  exemples  d'élision  ou  d'hiatus  pour  ne,  se,  que,  K 
art.,  où  l'usage  d' Ambroise  n'offre  rien  de  particulier '^'^.  Les  autres  mots  mé- 
ritent un  examen  plus  attentif.  Jo  élide  naturellement  très  souvent  son  0  quand 


la  forme  Acres,  comme  Genves  (cf.  TangL  Acres); 
mais  cette  forme  ne  se  rencontre  pas,  que  je 
sache,  dans  les  textes  français  anciens. 

^'^  Une  élision  d'un  autre  genre  parait  exister 
dans  serment  au  v.  855o,  mais  il  faut  la  sup- 
primer. Le  manuscrit  porte  :  Que  les  serment  dei 
barttage;  j'aurais  dii  comger  serment  en  sere- 
ment,  et  non  del  en  de  son.  De  même,  v.  1 09 1 9, 
Jire  Qu'en  lor  seremenz.  Au  v.  53 a 9  ii  est  fiicile 
de  supprimer  lui  ou  le. 

^*^  Voir  La  vie  de  saint  Gilles,  publiée  par 
G.  Paris  et  A.  Bos,  Paris,  1881,  p.  xxn,  n.  2. 


^'^  Voir  A.  Darmesteter,  Reliques  scientifiques, 

Paris,  1889,  ^*  '^'P*  ^^^* 

^*^  Le  manuscrit  écrit  souvent  Te  dans  ce  cas, 
mais  il  iisiut  Télider  à  la  lecture. 

^^  I^e  copiste  de  notre  manuscrit  écrit  d^ordi- 
naire  si  pour  se. 

^*^  Je  noterai  seulement,  en  preuve  de  h 
liberté  que  se  donnait  le  versificateur  en  ce  qui 
concerne  li  art.  masc  sing.  nom. ,  li  tmpirere 
1671,  1767,  i8â9,  et  Vemperere  1911,  1715. 
Dans  li  masc.  nom.  pi..  Xi,  comme  on  sait, 
n'est  jamais  élidé. 


c 


nraiBsmis  mtxttht». 


XTui  INTRODUCTION. 

il  précède  immédiatement  le  verbe  qu'il  régit  :  jo  er-^W  2291,  jo  ai  6889, 
6892,  S^li'j,  faveie  8079,  jo  aveie  ^912,  6745,  9152,  jo  eusse  10189, 
i2i5o,deméme,quand  il  en  est  séparé  par  t  ou  «n  :  jo  1  10970,^^^  en  ioi83; 
mais  il  peut  aussi  l'élider  quand  il  suit  le  verbe  :  Taz  jorz  eusse  jo  autretel  910a, 
et  même  quand  il  est  employé  d'une  façon  absolue ,  où  il  semblerait  devoir  avoir 
un  accent  plus  marqué  qui  empêcherait  Télision  :  Ejo  a  tei  deusfaiz  sanz  retraire 
8762.  On  rencontre  d'ailleurs  assez  souvent  la  non-élision  :  jo  ai  6226,  jV 
en  i  1 028  W.  —  Ço  se  comporte  de  même;  je  ne  relève  pas  les  très  nombreux 
exemples  de  c'est,  cert,  cerent,  cesteit,  (festeient,  où  la  voyelle  est  le  plus  sou- 
vent écrite  (presque  toujours  0,  deux  ou  trois  fois  e)  et  quelquefois  omise  (de 
même  ço  en  est  8972).  Dans  tous  ces  cas^ço  est  sujet;  il  Test  aussi  dans 
c'avait  2867,  où  la  langue  moderne  admet  encore  l'élision,  et  dans  ç'ala  928, 
çaveneit  5  48 1 ,  ç'avint  3li^li,oii  elle  ne  la  connaît  plus  parce  que  ce  est  tombé  en 
désuétude  comme  sujet  sauf  devant  les  verbes  être  et  awir  (et  avec  le  pronom 
relatif).  Gomme  régime,  ço  élide  son  0  non  seulement  quand  il  est  régime 
direct  du  verbe  qui  suit  et  par  là  même  faiblement  accentué ,  comme  dans  ço 
aveit  8584,  ço  oirenl  909,  mais  encore  quand  il  est  régime  d'une  préposition 
qui  le  précède,  cas  où  il  semblerait  devoir  être  fortement  accentué  :  ainsi  de  ço 
avreient  6217,  deçoot  8991,  por  çoai'j,  porço  ait  8902,  par  ço  avoient  8808, 
por  ço  ala  8166,  por  ço  alomot  5888;  il  l'élide  même  quand  il  est  placé 
devant  un  verbe  dont  il  ne  dépend  pas  :  E  por  ço  aler  l'en  conveneit  8588,  ou 
devant  un  autre  mot  :  por  ço  al  Casel  7781,  por  ço  a  une  part  9187.  Cet  usage 
se  rattache  évidemment  à  celui  que  connaissent  plusieurs  poèmes  français, 
d'ailleurs  postérieurs  au  nôtre,  de  considérer  1'^  de  ce,  régime  de  prépositions, 
comme  atone  à  la  rime,  et  de  faire  rimer  par  exemple  sans  ce  et  puissance,  a  ce 
et  grâce  ^^\ 

Parmi  les  mots  en  1,  si  n'offre  pas  d'intérêt;  il  élide  ou  n'élide  pas  son  1  à 
volonté  (sur  sin,  voir  ci-dessous).  Qui  n'élide  plus  jamais  Yi  en  français;  chez 
Ambroise  il  l'élide  très  souvent  :  juii  1294,  1989,  38o6,  ^718,  5692, 
12887,  quiert  i5i,  7091,  qui  iert  471^,  qui  ierent  2760,  qui  0  lui  erent 

^'^  Dans  tous  les  exemples  cites  ici ,  la  voyelle  ^*^  Sur  la  question  de  savoii-  quelle  dtait  la 

finale  est  ëlid^,  mais  on  a  reproduit  telle  quelle  voyelle  finale  de^o  et  ço,  voir  ce  qui  est  dit  plus 

la  leçon  du  manuscrit,  qui  tantôt  la  supprime,  loin. 

en  rfiunissant  le  monosyllabe  au  mot  suivant  '^^  Voir  Tobler^X^t^er^yranpat»^  Paris,  18 85, 

(jaueie,  cest,  etc.),  et  tantôt  la  conserve.  p.  65,  i63. 


LA  LANGUE.  m 

3700,7669,  quiilloc  S6tio,quia  SbfàS^quoncoreb^S^^^KDamçoquenavint 
2761,  on  a  sans  doute  affaire  à  que  neutre  plutôt  quà  qui  (voir  ci-dessous); 
de  même  dans  Delfuerpor  quil  le  requereit  633 ,  où,  comme  souvent  en  ancien 
français,  on  a  la  forme  faible  du  neutre  dans  un  cas  où  Ton  attendrait  la  forme 
forte.  —  Li  pron.  dat.  nous  présente  un  cas  particulier  :  on  lit  six  fois  dans 
notre  texte  Fen  pour  lien  (/i5o6,  6566,  AgSâ,  55âi,  1007/i,  10973);  étant 
donnés  les  cas  d'enclise  A^en  dont  nous  allons  parler  (m,  juin),  on  pourrait 
être  tenté  de  lire  lin  ou  luin,  Télision  de  Yi  dans  ces  conditions  (p.  ex.  4566 
De  ço  qui  Fen  [»  lui  en]  vient  a  mémoire)  nous  paraissant  singulière;  mais  elle 
ne  Test  pas  plus  que  celle  de  ço  et  que  que  nous  venons  de  constater,  et  elle 
est  confirmée  par  des  groupes  comme  rdlasses  ^^Im  allasses  9606,  Fagreoit 
9 76 A  »  lui  agréait;  notons  d'ailleurs  que  le  manuscrit  élide  dans  tous  ces  cas 
sans  exception  la  voyelle  de  li,  et  que  le  groupe  luin  ne  se  trouve  que  dans 
des  textes  sensiblement  antérieurs  à  Ambroise. 

Enclise.  —  L'enclise  de  le,  les  art.  après  a,  de  (a/,  del,  as,  des)  est  com- 
mune à  l'ancien  français  et  au  français  moderne  et  ne  demande  qu  à  être  si- 
gnalée (^);  celle  de  le,  les  après  en  [el,  en  les)  a  disparu  par  la  suite,  mais  était 
jadis  aussi  constante  que  la  première;  elle  Test  dans  Ambroise.  L'enclise  de 
le,  les  pron.  a  disparu  de  meilleure  heure;  elle  est  encore  très  abondante 
dans  Ambroise,  mais  elle  ne  s'exerce  qu'après  si,  qui,jo,  ne^^\  et  elle  est  facul- 
tative. Je  ne  donne  pas  les  exemples  où  on  trouve  les  formes  libres;  je  crois 
devoir,  au  contraire,  relever  tous  ceux,  beaucoup  plus  nombreux,  qui  nous 
présentent  l'enclise,  ce  phénomène  n'étant  pas  sans  intérêt  pour  l'histoire  de 
la  langue.  On  trouve  :  sil  639,  36i&,  36â/i,  3768,  AaSS,  6695,  5364, 
5790,  6985,  75ia,  8792,  885i,  8976,  io^3i;quil  1970,  3467,  3576, 
36o6,  36qi,  3639,  6808,  5776,  6766,  7/101,  7761,  8o38,  88i4,  98/1/1, 
10837,  i2ii3,  12255,  1  i263;yo/  9838,  1 1665,  et  gel  7091;  nel  2o52, 
2/189,  2619,  2777,  3/i63,  3895,  /i656,  /i838,  523/i,  6o23,  6562, 
6658,  6890,  7/127,  7880,  8700,  9871,  9580,  11608,  11673,  11676, 

^'^  Dans  un  texte  plus  ancien  on  pourrait  lire  ^'^  Dans  les  textes  plus  anciens,  elle  se  pro- 

qui'neore,  mais  Télision  de  Yi  est  trop  frëqueni-  duit  même  après  les  mots  paroxytons,  comme 

ment  attestée  pour  qu'on  hësite  à  l'admettre  icL  altre,  et  en  outre  après  tu,  tei,  quei,  ja.  Voir 

Il  faut  ajouter  qui  en  10919,  si  on  adopte  la  (mais  il  faut  le  compléter)  le  travail  de  M.  K. 

leçon  proposée  ci-dessus,  p.  xvii  n.  1.  Gengnagel  :  Die  Kûrzung  der  Pronomina  hinter 

^*^  Sur  la  forme  de  ces  mots  dans  Ambroise,  vokaUêchem  Auslaut  im  Al^anzôsisehen,  Halle, 
voir  plus  loin.                                                         ,  1889. 

c. 


\ 


11  IMRODUCTION. 


4 


1  lyiS,  auxquels  il  faut  joindre  nu  7387,  797^  et  no  35 18,  0/137,  9^^^^ 
j  10977;  —  •**  2985,  3o88,  3363,  3709,  4355,  /i36/i,  446i,  /i66i, 

j  4872,  65*J3,  7203,  7373,  7602,  76^5,  871/i,  9396,  io333,  iii36. 

ii6o8,  11611,  13076;  qui$  3oi,  3183,  3196,  3818,  3ii3.  3/i33. 
38oi,  &009,  /ioi4,  (4858,  6019,  5977,  6719,  76/13,  7883,  8039, 
io55i,  1 1  i5o,  1 133 1; /M  73&5;  nés  3336,  3900,  3076,  3/i8o,  3856, 
6003,  6396,  6653,  73'îr>,  7338,  7Û96,  8i65,  93oi,  9653,  ioi33, 
io35i,  10/16/1,  io/i65,  10557,  10767.  L'enciise  des  pronoms  personnels 
me^  le  y  »e  est  un  fait  beaucoup  plus  archaïque  que  le  précédent;  obligatoire  à 
Torigine,  cette  éiision  est  déjà  facultative  dans  le  Pèlerinage  de  Charkmagne  ^^^ 
et  le  Roland,  et  on  n'en  a  pas  signalé  d'exemples  plus  récents;  il  s'en  trouve 
ce{>endant  un  incontestable  dans  notre  texte  pour  $e  :  Cunque$  genz  tant  ne$ 
deseorderent  10211  ^^K 

Une  enclise  d'un  genre  particulier  est  celle  qui  affecte  en  (inde)  :  ce  mot, 
quand  il  suit  les  monosWlabes  accentués  n,  qui^  peut  perdre  sa  voyelle  ini- 
tiale, et  Yn  s'agglutine  au  mot  précédent;  on  a  ainsi  dans  notre  texte  n»  /i8o, 
586,  1759,  4579,  535o,  5638,  690/1,  6667,  7078,  7139,  8027,  9013, 
9262,  9312,  9868,  101/17,  11167,  ^^^  ^^^  ^^^^  ^  ^  56i2,  et  quin 
7070,  863o,  8810,  9/160.  C'est  la  graphie  à  peu  près  constante  du  texte 
qui  détermine  à  admettre  ici  l'élision  de  1'^  de  en  plutôt  que  celle  de  Yi  de  m', 
qui^  qui  serait  admissible  aussi  (voir  ci-dessus)  :  quin,  gin  sont  des  formes  ar- 
chaïques qui  n'ont  pas  dû  être  introduites  par  le  copiste  ^^K 

Nous  pouvons  maintenant  passer  à  l'examen  des  renseignements  que  la 
rime  et  la  mesure  nous  fournissent  sur  la  langue  de  notre  poète. 

Voyelles  atone».  —  La  mesure  des  vers  nous  prouve  simplement  que  les 
voyelles  atones  placées  en  hiatus  dans  l'intérieur  des  mots  n'étaient  pas  encore 
élidées  (voir  ci-dessus  p.  xvu),  mais  elle  ne  nous  renseigne  pas  sur  la  qualité 
de  ces  voyelles,  et  comme  on  ne  peut  se  fier  à  la  graphie  du  scribe,  c'est  un 
point  qu'il  est  impossible  d'éclairer  pleinement.  Cependant,  vu  la  grande  pré- 

'    M.  Geognagel  la  conteste  pour  ce  texte,  trouve  dans  un  assez  grand  nombre  de  textes, 

mais  c*est  une  erreur  :  voir  Romania,  XIII,  139  surtout  occidentaux,  est  inconnue  au  n^tre. 
et  la  troisième  édition  (1896)  donnée  de  ce  ^'^  Au  contraire  nous  avons  admis  plus  haut, 

poème  par  M.  Koschwitz.  pour  des  raisons  en  partie  analogues,  /'en  et  non 

^''  liVnclise  de  vas  sous  la  forme  o«,  qui  se  Un  (et  aussi  yen  101 83  et  nonyoïi). 


LA  LANGUE.  xu 

domiiiauce  des  formes  qui  appuient  cette  conclusion,  on  est  en  droit  d affirmer 
que  le  traitement  des  voyelles  atones  dans  Àmbroise  était  sensiblement  celui 
du  français  ordinaire  du  xu^  siècle.  Il  serait  peu  à  propos  d'entreprendre  ici 
Tétude  de  ce  sujet  étendu  et  difficile,  en  s  appuyant  sur  un  texte  qui  présente 
aussi  peu  de  sûreté.  —  Les  anciens  proparoxytons  s'étaient  réduits  à  des 
paroxytons  :  image  rime  avec  bornage  /i3â2,  bien  qu'on  trouve  ailleurs  la 
graphie  imagene. 

Voyelles  toniques.  —  A.  L'a  accentué  simple ,  provenant  d'à  latin  entravé  ^'^ 
n'offi'e  rien  à  remarquer  :  palacre^  diacre^  sacre  (:  Acre  1200,  278/1,  29/18) 
sont  des  mots  savants;  maçacre  (:  Acre  3 090)  est  un  mot  étranger. 

L'a  entravé  précédant  une  nasale,  et  nasalisé  par  elle,  ne  rime  pas  avec  $ 
nasalisé  (voir  à  e).  —  L'at  qui  provient  d'à  libre  précédant  une  nasale  rime  avec 
ei  provenant  d'^  fermé  libre  dans  les  mêmes  conditions  (voir  à  ei).  Il  faut  noter 
quelques  mots  où  l'on  a  a  et  non  ai  devant  une  voyelle  simple  :  ane  (an  à  te  m) 
s'explique  par  le  fait  que  le  mot  a  été  longtemps  proparoxyton  (dn^)^^);  cara- 
vane est  un  mot  étranger  ;  ^/om^  est  un  mot  savant;  les  l'^pers.  en  -^mes 
remontent  à  -avmus;  dame,  par  une  exception  encore  imparfaitement  expli- 
quée^^), provient  de  domina.  Les  rimes  dame  ame  [aime)  8902,  dames  âmes 
[aimes)  365 1 ,  blâme  famé  9688,  semblent  prouver  que  la  chute  de  l'n  ou  de 
Ys  (voir  ci-dessous)  n'avait  pas  allongé  l'a  des  mots  anme,  blasme,  et  la  rime 
blâme  borne  [basme)  9906  autorise  à  en  dire  autant  du  groupe  Is  de  balsme; 
toutefois  il  peut  y  avoir  dans  tous  ces  cas,  où  l'a  s'est  trouvé  plus  ou  moins 
anciennement  en  contact  avec  l'm,  une  nasalisation  (a).  Avec  ces  mots  rime 
encore  mesame  (:  blâme  10160),  où  il  faut  remarquer  que  la  forme  primitive 
est  mesesme  :  le  verbe  esmer,  le  subst.  verb.  esme,  et  le  verbe  mesesmer  lui- 
même,  ont  conservé  leur^  étymologique  dans  la  graphie  du  copiste  comme 
dans  la  langue  du  poète  [esme  :  quareme  1112),  et  il  est  contraire  à  son 
parler  que  1'^  nasalisé  rime  avec  a  nasalisé.  11  faut  admettre  ici  l'emprunt  d'un 
mot  entendu  dans  la  bouche  d'un  homme  d'une  autre  province  ^*^  —  Sur  an 
précédé  d't,  voir  ie. 

^*^  Sur  le  sens  des  mois  trlibre^  et  «rentravë»,  ^*^  Cf.  Meyer-Lubke,  1. 1,  S  869. 

voir  G.  Palis,  Extraits  de  la  Chanson  de  Bohmd,  ^^'  A  côté  de  mesesmer  on  trouve,  et  même 

5'  ëd.,  p.  xxxy.  plus  souvent,  mesaesmer  (doù  mesaasmer,  me- 

^'^  Voir  W.  Meyer-Lubke,  Gramm,  des  langues  samer),  et  Ton  pourrait  admettre  Tinfluence  dé 

romanes,  t.  I,  SS  53o ,  64&.  la  sur  Te  qui  lui  est  contigu,  mais  cela  implique- 


XXII  INTRODUCTION. 

Les  combinaisons  d'à  avec  j(^)  (notées  a»)  peuvent  être  simples,  ou  se  com- 
biner de  nouveau  soit  avec  n,  soit  avec  /.  Nous  examinerons  successivement 
les  trois  cas. 

Le  groupe  ai  provenant  de  a  plus  une  palatale  quelconque  est,  dans  notre 
texte,  dont  la  graphie  varie  beaucoup  sur  ce  point,  réduit  à  è  comme  en  fran- 
çais moderne  :  lerme  (lacrima)  terme  2682,  881 3,  peisse presse  i5o  (voir  le 
Glossaire),  estre  nestre  q6,  désire  nestre  iâo58,  prestres  meistres  8564,  après pes 
66â ,  Nazarehtfet  1  q  183 ,  torqueis  (1.  tarqtuds)  près  3766.  Il  ne  faudrait  pas  se 
laisser  tromper  par  la  graphie  ei  pour  ai,  fréquente  dans  le  manuscrit,  et  croire 
que  ai  peut  rimer  avec  ei  :  tous  les  ei  qui  sont  dans  ce  cas  (p.  ex.  fomeisse  : 
mesaise  35os,  malveises  :  aises  biS ^feile  :  retraite  3968)  doivent  être  changés 
étymologiquement  en  ai  ou  phonétiquement  en  è  ^^K  —  Le  produit  de  an  plus 
la  palatale  yod  est  aing  lorsqu'il  est  final,  aigne  dans  les  finales  féminines,  ain 
devant  une  consonne.  Aing  (pi.  ainz)  ne  se  trouve  pas  à  la  rime.  Aigne{s)  s'y 
trouve  souvent,  presque  toujours  en  rime  avec  lui-même,  et  écrit  tantôt  aine^ 
tantôt  aigne  (voir  à  Yn  mouillée);  deux  fois  il  rime  avec  r^ne  :  règne  chevei- 
taigne  8608,  Charkmaines  règnes  8/180,  et  une  fois  avec  la  3^  pers.  sing.  du 
subj.  pr.  A'emprendre  (empraine  enpraine  6).  Nous  reparlerons  de  ces  faits  à  propos 
de  ei.  Ain  devant  une  consonne  rime  soit  avec  lui-même  (si  Ton  considère 
Tétymologie  et  non  la  graphie)  :  a^eû^Er^ (a ttangere)  remaindre  1 202 ,  enfraindre 
(infrangere)  ataindre  1 856 ,  empaindre  (impangere)  ateindre  2 1  Bs ,  remeindre 
pleindre  6678,  pkindre  remaindre  6908,  atainte  aleinte  âi5/i,  plainte  meinte 
3 6 9/1,  soit  avec  ein  (voir  à  ei).  —  Ai  plus  /  donne  ail  quand  il  est  final,  aille 
quand  c'est  une  finale  féminine,  au  devant  une  consonne  (voir  à  1'/  mouillée). 
AU  ne  figure  pas  à  la  rime,  aille  ne  s'y  trouve  qu'une  fois  (vitalle  bataille  7920); 
auz  rime  avec  auz  d'autre  origine  (voir  au  z).  Dans  paile  œntraille  k^3S  on  ne 
peut  savoir  si  Ton  a  les  anciennes  formes  pâlie  contralie^^^  ou  paile  contraUe^ 
mais  en  tout  cas  1'/  n'est  pas  mouillée. 

E.  L'ancien  firançais  connaît  trois  e  toniques,  distincts  par  leur  origine.  Le 
premier,  c\  est  l'e  ouvert  du  latin  vulgaire  (ë  du  latin  classique)  entravé;  le 
second,  ^^,  est  l'e  fermé  (ê,  ï  du  latin  classique)  entravé;  le  troisième,  ^,  est 

rait  une  contraction  dont,  comme  on  Ta  vu  plus  ^'^  Au  v.  3^98  il  faut  lire  par  sa  manaide 

haut,  il  n*y  a  pas  d'exemple  dans  Ambroise.  (:  laide),  au  lieu  de  l'inintelligible  por  sa  mets-- 

^'^  Lej  désigne  leyorf  (it  jeri,  alL  Jahr,  fp.  nade  (voir  au  Glossaire). 
pied,  yeux,  soleil).  ^^^  Par  dissimilation  pour  contrarie. 


LA  LANGUE.  xxui 

la  transformation  normale  de  Ta  tonique  libre  (sauf  devant  une  nasale  ou  une 
palatale).  La  prononciation  du  premier  était  certainement  è;  celle  du  second 
et  du  troisième  à  Tépoque  ancienne  est  plus  douteuse.  Nous  les  examinerons 
successivement. 

Sur  ^=»ë  entravé  en  lui-même,  rien  à  remarquer  ^*J.  On  a  vu  plus  haut 
que  Tancien  ai  avait  le  son  de  ¥è  et  rimait  avec  lui.  —  Devant  une  n  suivie 
d'une  autre  consonne,  IV  se  confond  avec  Yé^;  nous  parlerons  plus  loin  des 
deux  en  même  temps. 

Devant  /,  Yè  s'est  élargi  anciennement  en  èa,  et  quand  17  s'est  vocalisée, 
èal  est  devenu  èau,  puis  eàu.  Ce  groupe  est  noté  par  notre  manuscrit  de  façon 
très  variée  [ely  iely  ta/,  iau);  ainsi,  pour  citer  trois  paires  de  rimes  évidemment 
identiques,  on  lit  i6Sâ  aignek  biaus^  Ssoa  chastels  numgonieU,  9/108  e8ro[r]- 
neh  biais;  mais  c'est  eau  qu'il  faut  attribuer  au  poète.  L'assignation  à  l'a  de  la 
prépondérance  tonique  semble  attestée  par  les  rimes  de  eau  avec  au  que  nous 
montrent  les  deux  groupes  --eaus  et  -eaume  :  leam  (légales)  Preak  (pratellos) 
7i!ia,  i2â66(^),  Preals  reaus  (regales)  11000;  helmes  réanimes  5768, 
GuUlames  palmes  58o!i.  Il  faut  toutefois  remarquer  que  cette  confusion 
n'a  lieu  que  pour  le  mot  Preeaus,  où  il  était  facile  qu'un  des  deux  e  contigus 
tombât('),  et  pour  les  mots  étrangers  helme  et  Guillelmey  qui  ont  pu  avoir  des 
formes  variées,  correspondant  à  des  variantes  de  la  langue  originaire  (hjalm, 
Vilhjalm)(^).  On  ne  trouve  jamais  la  confusion  réelle  des  deux  groupes  eau 
et  au  telle  que  l'attesteraient,  par  exemple,  des  rimes  de  beaus  à  maus^  de 
apeaut  à  vaut.  —  Pour  l't  provenant  de  à  +  7,  voir  plus  loin. 

Ve  provenant  de  e  (ê,  ï)  ne  rime  en  général  qu'avec  lui-même  :  --ece  (-ïcia 
pour  -ïtia)  :  prœce  vistece  ifkHi.richesces  ligesces  18/1,  destrece  (districtia) 
laschece  621/1,  sesche  (sicca)  teche  (origine  allemande)  iii3â,  tresches  (du 
germ.  thriskan)  garlandesches  (suff.  germ.  -isk)  8/160,  Saete  (Sagitta) 
nette  5o58(^),  ewette  (suiï.  -itta)  Mont  Olivete  (mot  savant)  1062Q,  muschetes 
petitettes  96 3o,  bocettes  machettes  96/10,  saeites  desheites  (1.  deseetes  et  voir  au 

^^^  La  rime  estue  quareme  1 1 1  a  ne  prouve  ^'^  Et  encore  Preeaus  ne  rime-t-il  qa*avec  !eau$ 

rien,  les  deux  groupes  diffëreniment  écrits  ëtant  et  reaus. 

clans  les  mêmes  conditions.  Sur  Ys  devant  m,  ^^^  Sur  heaume,  voir  au  Glossaire, 

voir  ci-dessous  p.  xxxvi.  ^'^  La  rime  Saete  parjete  8688  indique  com- 

^*^  On  peut  y  joindre  Prêtais  reaus  iitSi,  ment  Ambroise  prononçait  les  formes  fortes  de 

011  reaus  doit  sans  doute  se  corriger  en  leaus,  jeter. 


XXIV 


INTRODUCTION. 


Glossaire)  1986,  gresle  (orig.  inconnue)  mesle  (subst.  verb.  de  mesïet*  mis- 
culàre)  fi  ^f^o,  gresle  pelle  (subst.  verb.  de  pester  pistulare?)  10892, /wy^- 
messe  espesse  8263 ^'^.  —  La  rime  senestre  celestre  12066  ne  fait  pas  excep- 
tion, sinistrum  étant  devenu  senestrum  en  lat.  vulg.  sous  l'influence  de 
destrum  =  dextrum.  Il  en  est  de  même  des  rimes  arbaleste  (arcuballista) 
preste  /ig/io,  arbalestes  prestes  1/180,  2172,  22  lû**-^';  il  est  vrai  que  ae  est 
en  général  traité  comme  ë  (cf.  ceste  (caespitat) /este  2744);  mais  l'adv. 
praesto  et  l'adj.  fait  sur  lui  praestus  avaient,  au  moins  en  Gaule,  en  Rétie 
et  en  Espagne^'^  un  e  fermé  en  place  de  Yae.  Sur  la  rime  eskec  iluecy  voir  à 
w.  —  On  peut  se  demander  si  la  distinction  de  e^  et  e^  dans  notre  texte 
n'est  pas  purement  fortuite;  en  efl*et,  d'une  part  il  n'y  a  guère  de  mots  qui, 
ayant  après  un  e^  ou  e^  les  mêmes  consonnes,  ne  diffèrent  que  par  cette 
voyelle;  d'autre  part  des  poètes  plus  anciens  qu'Ambroise  confondent  sans 
scrupule  ces  deux  voyelles  à  l'assonance  ou  à  la  rime ,  comme  le  fait  la  langue 
moderne.  Je  crois  cependant  que  la  distinction  est  réelle  :  les  cas  de  rime  pos- 
sible ne  sont  pas  si  rares  qu'il  le  semble  au  premier  abord;  par  exemple 
-ete  (-itta)  pourrait  rimer  avec  -mte,  -este  (-ista)  avec  -este  (-esta,  dans 
teste  y  festCy  geste,  tous  mots  qui  figurent  à  la  rime),  vert  avec  pert  (perdit), 
messe  avec  presse  y  etc.'*^;  quant  au  fait  que  la  confusion  des  deux  e  se  produit 
antérieurement  à  Ambroise^*^,  elle  ne  prouve  rien  pour  son  parier  à  lui,  et 
nous  voyons  que  des  poètes  qui  lui  sont  postérieurs  ne  la  connaissaient  pas 
encore^*^  —  L'c^  +  ^  vocalisée  ne  donne  pas  eau,  mais  eu,  distinction  conservée 
jusqu'il  nos  jours  dans  eux,  chevetiœ,  et  qui  existait  sûrement  pour  Ambroise; 
le  mot/eu«  2618  parait  bien  être  le  nominatif/e/  +  «  et  rentrer  par  consé- 
quent dans  cette  catégorie;  pour  sa  rime  avec  meseûretis,  voir  à  ou. 


^^)  On  sait  que  les  mots  en -I  lia  avaient  change 
leur  suflixe  pour  -ëlla;  les  rimes  comme  aissele 
twvde  A 990  sontdonc  parfaitement  correctes  (Su- 
chier,  Gramm,  des  AUfranzâsUehen,  S  i5  6).  La 
rime  cler$  cers  SSgi  doit  étrecorrigëe  en  elersfirs. 

^*'  Le  ms.  ëcrit  partout  arhlaste  ou  arbeUute, 
formes  évidemment  dues  au  copiste. 

^^^  Voir  Meyer-Lubke,  Grainm,  des  L  rom., 
S  393.  M.  Suchier  {Gramm, y  S  i5  c)  me  parait 
trop  restreindre  l'emploi  de  prtBi  avec  e'  (Wac<;, 
Beneeit,  Guillaume  le  Clerc). 

'^^  Noipr  que  engreue  rime  toujours  avec  presfte 


(voir  au  Glossaire),  jamais  par  exemple  avec/e- 
leneue. 

'*)  Au  reste,  cette  antériorité  est  douteuse; 
M.  Suchier  (*S  17  e)  ne  Tadrnet  pas;  mais  il  y 
en  a  au  moins  des  traces  incontestables  dans  les 
assonances  de  plusieurs  chansons  de  geste,  qui 
laissent  passer  des  mots  en  e*  dans  des  laisses 
en  e^  :  Jlesque  {Offer) ^  piiwcee  {Aie,  FhaooHt), 
frès  wiièê  {Am.  et  Am,). 

^*)  M.  Suchier  cite  Guillaume  le  Clerc  et  Raoul 
de  Houdan;  on  peut  y  joindre  Jean  Bôdel,  et 
même,  h  ce  qn*il  semble,  Adenet  le  Roi. 


i 


T 


ê    I 


s 

i  xrn  INTRODUCTION. 

'  permette  de  savoir  si  Ambroise  employait  la  terminaison  -a/,  comme  beaucou 

^;  de  poètes  normands ,  à  côté  ou  au  lieu  de  -el.  Sur  les  rimes  de  e^  avec  te,  voir  à  té 

^  La  diphtongue  ie  provient  de  ë  tonique ,  de  ^  précédé  médiatement  ou  im 

médiatement  d'une  palatale,  de  a  dans  le  suffixe  -arium  (auquel  la  terminaisoi 
^  des  mots  integrum,  ministerium,  monasterium,  maceria  a  été  assi 

1  milée).  Notre  ms.  confond  absolument  e  eiie^  les  écrivant  sans  cesse  l'un  pou 

3  l'autre,  à  la  rime'^^  comme  à  l'intérieur  du  vers.  Le  poète  faisait-il  cette  con- 

fusion? Un  assez  grand  nombre  de  rimes  semblent  l'attester.  Plusieurs,  il  es 
vrai ,  sont  certainement  fautives  et  ont  en  général  été  corrigées  dans  l'édition 
d'autres  doivent  l'être  :  ainsi  il  faut  sans  doute  corriger  au  v.  titi3H  avères  ei 
entières  (comme  je  l'ai  proposé  au  Glossaire),  et  lire  aux  v.  6965-6  aban 
donouent  trenchauent  au  lieu  d'abandonerent  trenchierent ;  au  v.  870/1  delœeSy  qu 
rime  avec/[a]t^«,  est  pour  desleiees  (voir  au  Glossaire);  au  v.  6686,  au  liei 
d'ajouter  se  devant  traveillerent,  il  faut  lire  travaillié  erent.  Dans  beaucou] 
/  d'autres  cas  la  rime  de  ie  avec  e  n'est  qu'apparente  :  il  s'agit  de  mots  qu 

doivent  avoir  réellement  e  et  non  ie^  comme  bacheler  [voir  au  Glossaire)  ;  endite 
!  (voir  au  Glossaire)  a  prescpie  toujours  é;  quiter,  aquiter,  déshériter  se  présentai] 

)  dans  les  textes  soit  avec  ^,  soit  avec  Î6,  et  ont  toujours  e  dans  Ambroise;  le  me 

^  merrery  dans  la  locution  merrer  son  dueil^  qui  est  attesté  par  trois  rimes  ave 

enterrer  (voir  au  Glossaire),  est  d'origine  inconnue  et  ne  peut  guère  être  1 
même  que  mairiery  qui  figure  souvent  dans  la  même  locution  et  semble  veni 
de  majorare;  effreiee  [:  arestee  6788)  est  régulièrement  esfreee.  Les  rime 
trébuchèrent  crièrent  Û902,  gracier  mercier  9928,  attestent  toutefois  que  V 
suivant  un  i  syllabique  commençait  à  se  prononcer  ie^'^^  (on  trouve  d'ailleurs 
conformément  à  la  prononciation  plus  ancienne,  criée  atomee  "^^^^^afieren 
rétamèrent  S'jS  ^  escrierent  numterent  5 00 8).  Il  reste  un  mot  qui  a  partout  ail 
leurs  e  et  qui  se  présente  deux  fois  avec  ie  (voir  au  Glossaire),  c'est  empressier 
il  faut  sans  doute  supposer  un  pressiare  à  côté  de  pressare^'^  de  mêm» 
espressier  6298.  Mais,  en  somme,  on  voit  que  la  distinction  entre  e  et  ie  est 
sauf  le  cas  de  crier^  mercier^  devenus  mter,  merciiei\  rigoureusement  observée 
'\  —  Une  question  toute  spéciale  se  pose  pour  Xie  devant  nasale,  qui  a  d'ailleur 

I 

<*^  Voiries variantesdes vers 376, 63à,  A087,  peissier  remonte  à  espeisse,  de  spissia  (qui ex 

AdSi,  &619,  66i3,  7^93,  7876,  io6&â,  etc.  plique  aussi  espeis  espots  au  liea  A*e8pès);pre9i 

<"^  Voir  Suchier,  S  1 7  rf.  au  contraire  ne  saurait  remontera  pressia  (voi 

^*^  On  pourrait  comparer  espeissier,  mais  es-  les  formes  des  autres  langues  romanes). 


« 


.  I 

'  I 

i 

f 


f 


i . 


»wii  INTRODUCTIOV. 

En  dehors  des  nasales,  ei  représente  un  é  {ê,  i)  tonique  soit  liLre,  soit  en- 
travé par  une  palatale.  Cet  ei,  dans  une  grande  partie  de  la  France,  déjà  au 
temps  d'Ambroise,  avait  passé  h  oi.  La  graphie  de  notre  ms.  présente  un  mé* 
lange  absolument  confus  des  deux  notations''^;  mais  Teiamen  des  rimes  per- 
met d'aflirmer  que  le  changement  dW  en  oi  est  inconnu  au  poète.  Un  cas 
particulier,  le  mélange  des  imparfaits  en  -^  et  en  -aue,  sera  examiné  à  la 
Conjugaison.  Sur  des  rimes  comme  vail  conseil,  chameilz  oilz,  voir  à  ue. 

La  diphtongue  eu,  sauf  le  cas  dV+/  vocalisée  (feus  =fels  26 1 8)  et  de  l'affai- 
blissement à' ou  (voir  plus  loin),  ne  se  rencontre  pas  en  français;  la  triphtongue 
ieuj  provenant  d'é  suivi  d  u,  n'y  est  pas  très  rare;  mais  elle  a  été  le  plus  souvent 
modifiée.  Les  rimes  [)^Bar/AoWu(D  eu  m  Bartholomaeum)  o^^^  ^^ ,  Andreus 
estreus  1  i/ii/f,  paraissent  prouver  que  notre  poète  la  conservait  pure  (1.  Dieu 
Bartkohnieu,  Andriens  estrieus),  d'autant  plus  qu'il  fait  ailleurs  rimer  Andriu 
avec  liu  (4998),  Dieus  avec  Uns  (laiss),  c.-à-d.  avec  feu,  lieus,  de  lueu, 
lueus.  Une  question  particulière  se  pose  pour  les  mots  equa,  treuca,  leuca; 
la  discussion  nous  en  entraînerait  trop  loin  ;  bornons-nous  à  remarquer  que 
ces  trois  moLs  riment  ensemble  :  liuue  yuue  91206,  liuues  iuues  81196,  liuues 
iriuues  7612,  11798,  lues  triuues  10618^^^.  Au  même  groupe  appartient  le 
verbe  sequere,  dont  le  représentant  français,  écrit  siure  et  siuursy  rime  en 
général  avec  son  composé  aconsiure  (voir  à  la  Conjugaison);  toutefois  la  rime 
livre  aconsivre  (7 1 36)  indique  pour  ce  verbe  la  forme  siwre. 

I.  L'i  continue  l'î  latin.  Il  provient  en  outre  d'é  (ë,  ï)  précédé  d'une  pala- 
tale (cire  y  merci  y  dl  cilium,  plaisir),  d'é  suivi  d'un  î  atone  final  (i,  »7,  cil,  cist, 
vint,  vin,  veïs,  -is,  marchis,  pats)  et  d'ï  dans  des  mots  savants  (livre,  servise, 
envie,  etc.)  Ces  faits  sont  communs  à  toute  la  France  du  Nord  et  n'ont  pas 
besoin  d'exemples^^^  non  plus  que  certains  cas  spéciaux  qui  reparaissent  par- 
tout. —  Il  n'en  est  pas  tout  à  fait  de  même  de  lï  provenant  d'ë  +  J.  Les  exemples 
qu'on  en  trouve  dans  notre  poème  ne  sont  pas  nombreux,  mais  ils  paraissent 
suffisamment  probants'*' :  sire  dire  1610;  7334 , 101/19,  i2i34,  sire  ire  1 466 , 


^''  On  y  troiivo  même  ie  pour  eie,  p.  ex.  6986  de  Fagetum)  rimant  avec  envaï  10998.  Sur  lï 

oiiverie/erie  (six  vers  plus  loin  olkeroie).  de  /le,  plie,  etc.,  voir  à  la  Conjugaison. 

^*''  Notez  quau  contraire,  dans  la  langue  mo-  ^*'  Je  ne  cite  pas  tous  ceux  où  deux  mots  de 

deme,  ces  trois  mots  donnent  trois  résultats  diiïë-  cette  catégorie  riment  ensemble,  ce  qui  naturel- 

rents  :  ive  (disparu),  trêve,  lieue.  lement  ne  prouve  rien  (p.  ex.  sojfire  desconfire 

^*'  Citons  seulpment  Fax  (r^lièrement  tiré  suffecere  di8Confecere)9i8C,  shree  remires 


.  LA  LANGUE.  xm 

687/i,  sires  dilues  568,  sire  bapttstire  /iSSaW,  matire  desfre^^^  2662,  eslire^^^ 
dire  5aao, /wn«  (part.  A%  prendre)  pris  1082,  56/io,  717/i?  9270,  ii53o, 
12268,  Henris  pris  3836,  Haasasis  sis  (sex)  10800,  église  (ecclesia)  remise 
(de  remaneiry  voir  ci-dessus  p.  xxv,  n.  k)  8126,  85/io,  i3o66,  églises  remises 
3708,  b^36, petite  eslite  k']']2^'^K  Les  mots  qui  riment  ici  en  i  rimeraient  dans 
certains  textes'^^  en  ie^  ei  ou  e  [dejiere,  esliere^  pines^  sieSy  egliese,  esliete^  etc.), 
—  Une  question  particulière  se  pose  pour  a  précédé  de  palatale  et  suivi  de  j  : 
ce  groupe  est  généralement  traité  comme  ë  suivi  de  j ,  et  notre  poème  même 
nous  en  offre  un  exemple  :  gise  desjise  1808^^'.  Mais  les  noms  de  lieux  en 
-iacum  présentent  à  la  rime  des  phénomènes  assez  compliqués  :  cinq  d'entre 
eux  y  figurent (^\  un  trois  fois,  un  autre  deux  fois,  les  trois  autres  chacun  une. 
Le  ms.  leur  donne  toujours  la  terminaison  ie,  qu'on  peut  interpréter  icj  i^et 
même  1;  les  rimes  de  ces  noms  entre  eux  [ChavigtUe  Sade  10992,  Chavignie 
Cloignie  11878,  Chavignie  Graie  7556)  ne  décident  rien;  mais  on  trouve  la 
rime  Sade  ronde  1 1/128,  où  le  second  mot  doit  certainement  être  lu  rond.  Il 
semblerait  donc  indiqué  d'attribuer  au  copiste  la  terminaison  -ie  et  de  rétablir 
partout  i;  jnais,  d'autre  part,  on  trouve  la  rime  envie  Toenie  10/172,  qui  ne  peut 
s'expliquer  que  par  la  prononciation  -ie.  Le  problème  semble  insoluble.  Peut- 
être  faut-il  admettre  que  le  poète  a  prononcé  ces  noms  comme  il  les  entendait 
prononcer,  et  que  Robert  de  Toenie  se  nommait  lui-même  ainsi  (suivant  la 
prononciation  de  son  pays'^') ,  tandis  que  les  seigneurs  de  Chauvigni,  de  Saci  et 
de  Graï  prononçaient  par»  la  finale  du  nom  de  leurs  châteaux'^).  Ce  ne  sont  pas 

9189,  pris  (pretium)  dis  (decem)  io5o8,  segvre.  Les  rimes  d'ermm  ermine  en  t  (i559, 

disme  redisme  66 3 0 ,  /tl  délit  /180  9 ,  desconfite  esUie  1 69 9  )  ne  prouvent  rien. 

80 ,  etc.  ('^  Le  mot  sw'e ,  à  vrai  dire ,  ne  prouve  rien ,  ce 

^^^  Les  mots  savants  en  -ërium,  -ërium,  mot  ayant  passe  h  toute  la  France,  même  Ih  où 

-ëria  ont  -ire  dans  notre  poème  :  dire  avoltire  phonëtiquement  il  aurait  pris  une  autre  forme 

61^9  .filatires  matires  1 93i 6.  Sur  la  rime  Sales-  (il  en  est  de  même  de  dame), 

hires  tnatires  5oo9 ,  voir  à  Ye,  ^^^  Ces  deux  subjonctifs  sont  d'ailleurs  analo- 

^*^  Desfire,  ou  mieux defire,  n*est  pas  d  e  f  I  c  e  r  e ,  giques  et  refaits  sur  l'indicatjf  présent  {gisent,  des^ 

qui  donnerait  defeire  défaire,  mais  defëcere  ^^/);  les  formes  primitives  étaient /ece^  <iç^0ce. 

re&it  sur  def ectus;  même  observation  pour  sof-  ^''^  MaUli  et  Quinci  ne  se  trouvent  que  dans  le 

fire,  confire;  mais  on  a  parfaire  malgré  parfit  corps  du  vers, 

(perfec  tum  ).  ^^^  Dans  le  voisinage  de  Gailloo ,  où  est  Tosni , 

('^  Eslire  est  naturellement  ex  légère  et  non  les  noms  de  ce  genre  sont  aujourd'hui  eu  t;  mais 

ellgere.  on  a  pu  prononcer  autrement  au  moyen  âge. 

(*)  On  peut  y  joindre  livre  aeonsivre  (voir  ci-  ^'^  La  forme  actuelle  Graie,  dans  le  Calvados, 

dessus),  sivre  de  sequere  ayant  dà  passer  par  n'est  sans  doute  que  graphique. 


XXX  INTRODUCTION. 

là ,  à  vrai  dire ,  des  mots  de  la  langue ,  et  on  sait  combien  varient  encore  aujour- 
d'hui, dans  notre  toponymie  officielle,  les  représentants  de  -iacum  disséminés 
en  si  grand  nombre  sur  tous  les  points  du  territoire  (^l 

0.  L'o  ouvert  n'offre  rien  de  particulier;  il  provient  do  entravé  et  d'au. 
On  ne  peut  savoir  si  dans  rampone  Rogne  &  i  s  Yo  est  encore  ouvert  ou  déjà 
allongé  par  la  chute  de  la  consonne  suivante  (formes  primitives  rampodne  Rodne). 
Vo  de  ordre  ( :  amordre  9 9 1  o  )  est  ouvert ,  bien  que  le  latin  soit  ô  r d i n  e m ,  parce 
que  c'est  un  mot  savant'^);  il  en  est  de  même  de  l'o  des  mots  savants  glorie 
vittorie  17/12.  Ces  mots  se  prononcent-ils  encore  comme  ils  sont  écrits,  ou  déjà 
ghire  vitoire?  On  ne  peut  le  dire.  Le  mot  boire  (Bôr  eam  )  est  un  emprunt  récent 
à  l'italien  boria;  il  rime  trois  fois  (s3o6,  SsSâ,  11026)  avec  estoire  (pour 
estoile  d'un  bas-latin  stôlia?)  :  si  ces  mots  étaient  entrés  plus  anciennement 
dans  la  langue,  ils  auraient  été  buirey  estuire.  —  La  diphtongue  ou  avec  0 
ouvert,  de  au  +  u,  se  trouve  dans  Anjou  Peitou  226;  dans  caillos  (1.  caillous) 
cols  (1.  cous)  766,  elle  rime  avec  (m  provenant  d'ô+l  vocalisée. 

L'o  fermé  est  écrit  dans  notre  texte  0,  u,  ou;  en  français  moderne  la  voyelle 
ainsi  notée  est  ou  {^vl)  quand  elle  répond  à  ù  fermé  (ô,  ù)  entravé,  eu  quand 
elle  répond  à  0  fermé  libre.  Notre  poème,  comme  l'immense  majorité  des 
anciens  poèmes  français,  dans  les  cas  où  le  mot  se  termine  par  une  consonne, 
confond  à  la  rime  0  fermé  entravé  et  libre  :  nouz  bouz  3852,  crieor  tur  /igSo, 
aillors^^^  turs  9068,  preuz  tuz  ioo5/i,  pruz  tuz  io5o2,  huntus  vus  1/172.  La 
graphie  eu  pour  0  fermé  libre  apparaît  assez  rarement  dans  notre  manuscrit 
[leusfevreus  1 1 22/i);  mais  une  rime  au  moins  prouve  que  le  poète  prononçait 
eu  à  côté  d'où  :  meseur[e]us  feus  2618.  Il  parait  même  probable  que  c'était  là  sa 
vraie  prononciation  (donc  crieeury  ailleurs  y  preu)^  et  que  l'autre,  attestée  par 
les  quelques  rimes  citées  plus  haut,  est  due  à  une  tradition  littéraire  venue 
d'une  autre  région  que  la  sienne.  Cet  eu  se  prononçait  avec  un  a^,  qui  avait 
l'accent,  comme  le  montrent  les  rimes  de  meseuretu^  di\ec  feus  et  defevreus  avec 
lem  (voir  ci-après).  Notons  comme  ayant  un  0  fermé  estoble  (:  troble  33 3 /i, 

^*>  On  pourrait  encore  songer,  pour  écarter  ^*^  Le  mot  ailhrs,  fr.  mod.  ailleurê,  ne  peut 

la  difficoltë,  à  lire  enui  au   lien    d'envie  au  guère  venir,  comme  on  le  dit,  de  aliorsum 

V.   10&71,  Ambroise  faisant  parfois  rimer  tft  (M.  Kôrting  marque  dans  ce  mot  ïo  conune 

avec  I  (voir  à  111).  bref,  mais  il  était  sans  doute  long);  il  faut  peut- 

^')  I^  mot  plus  ancien  orne  a  correctement  être  supposer  une  basealiorum,  avec  addition 

un  0  fermé  ;  il  ne  figure  pas  dans  le  poème.  de  ts  adverbiale. 


LA  LANGUE.  xxxi 

6119a)  de  stupula  pour  stipula,  mlusche  (:  mosche  566o)  dérivé  d'mtosehier 
[intàxicdire),  penteeoste  (:  coste  455ii,  9862,  9748)^^).  — La  diphtongue  au 
avec  0  fermé  provient  do  fermé  plus  u  :  Joujou  782;  on  a  vu  plus  haut  que 
Iw  présente  déjà  concurremment  la  forme  leu. 

Devant  les  nasales,  Yo  ouvert  entravé  et  Yo  fermé  se  confondent,  comme 
partout  en  français;  la  terminaison -ornes  (-û  m  us)»  qui,  pour  des  raisons  d'ana- 
logie (^^  prend  un  e  final  qui  ne  lui  appartient  pas  régulièrement,  rime  avec 
Aomes  (64,  3^66, /i796,  53a/i,  6896,  11926);  on  ne  peut  savoir  si  dans 
ce  cas  Ambroise  prononçait  lo  fermé  ordinaire  ou  lo  nasal  (de  même  pour 
one  dans  dane^  none^  coroMy  EscaUmey  etc.);  en  tout  cas  il  ne  prononçait  pas 
0  ouvert  comme* le  français  moderne.  Lo  devant  nasale  dans  les  terminaisons 
masculines  était  bien  probablement  nasalisé.  Sur  ô  libre  devant  nasale, 
voir  à  ne. 

La  diphtongue  ai  avec  0  ouvert  provient  de  au+j  dans/oié,  noise ^  Montoire. 
Montoire  rime  avec  estoire  (histôria),  qui  rime  avec  mémoire  4365  :  ces  deux 
mots  sont  des  mots  savants  ;  ils  auraient  donné  estuire,  memuire.  Sur  boire  y  gloire , 
estoire  j  voir  ci-dessus.  —  La  combinaison  de  0  fermé +j  avec  une  nasale  donne 
oin  ou  oin,  et  Yo  ouvert  dans  les  mêmes  conditions  aboutit  au  même  résultat  : 
besogne  rime  a\ec  Borgoigne  (228,  27/1, 88a)  ou  charoigne  (caronea)  3656, 
1 1686;  elessoigne^  dont  Yo  parait  bien  avoir  la  même  origine  que  celui  de 
besoigne,  rime  avec  testimoigne  5â6o(^).  La  rime  parpaitUes  coinies  io5âs  poui^- 
rait  faire  croire  que  oin  rime  avec  ein,  mais  il  faut  lire  parpointeSy  comme 
dans  la  même  paire  de  rimes  au  vers  i586(^^ 

La  diphtongue  ue^  plus  anciennement  uo,  est  l'épanouissement  d'ô  libre 
tonique.  Elle  est  écrite  dans  notre  texte  ue,  oe  y  souvent  0,  et  dans  certains  cas 
e  simple  :  Texamen  des  rimes  prouve  que  toutes  ces  graphies  représentent  un 
son  identique,  ue,  dans  lequel  Taccent  est  sur  Ye.  C'est  ce  qui  résulte  d'abord 
de  la  rime  fuerre  [écrit  faire)  guerre  3670,  et  ensuite  des  rimes  très  nom- 

(^>  On  sait  que  cette  forme,  encore  mal  ex-  de  clartë,  le  gn,  remplace  le  plus  souvent  dans 

pliquëe  (Sadiier,  S  la  i),  est  habituelle  en  an-  le  ms.  par  n  simple. 

cien  français;  il  est  remarquable  que  le  français  ^^^  Au  v.  7986,  le  mot  eaintes,  que  donne  le 

moderne  Penteeéte  représente  au  contraire  un  mannseril,  et  qui  rimerait  avec  contef  comités, 

ancien  PerUeeitte.  a  été  dans  Tëdition  corrige  en  contes  computos, 

(')  Voir  Rmnmùa,  t.  X\I,  p.  35 s.  comme  le  demande  aussi  le  sens;  voyez  ci-dessus 

(')  Dans  tous  ces  mots  j*ai  rétabli  ici ,  pour  plus  p.  un ,  n.  9. 


XXXII 


INTRODUCTION. 


breuses  où  figurent  les  mots  ilueques  et  ovueques  (écrits  iloqtieSy  ilocques^ 
illoques  y  et  ouequeSy  ouecques).  Souvent  ils  riment  entre  eux,  malgré  la  diffé- 
rence de  graphie,  et  cela  ne  prouve  naturellement  que  leur  identité ^^^  il  en 
est  de  même  quand  illoques  rime  avec  porogues  (365o);  mais  ilueques  rime 
sept  fois  (538, 1Û76,  1878,  9862,  8170,  670Û,  6698)  et  otnce^ues deux  fois 
(iâ6&,  79^8)  avec  ^snejftt^,  et  de  même  i7/ii«c  (»7&>c)  rime  avec  eskec  [io^k^): 
W  faut  donc  admettre  ou  que  ces  mots  étaient  déjà  devenus  ilec  \ovec\y  ileques 
ovequesy  ou  plutôt  qu'ils  étaient  encore  à  la  phase  antérieure  où  ils  se  pronon- 
çaient iluec  \€vuec\^  ilueques  ovueques  avec  Taccent  sur  Ve^^K  —  Ce  résultat  est 
confirmé  par  les  deux  observations  suivantes.  L'ô  libre  devant  nasale  devenait 
ue  dans  le  langage  d'Ambroise  tout  comme  devant  une  autre  consonne,  et  les 
mots  de  ce  genre  ne  riment  qu'entre  eux  (et  non,  comme  ailleurs,  avec  on)  : 
cuens  boens  /i&&6,  boen  Roem  io36,  Roém  hoem  1  i6â  (/?om  est  primitivement 
Rodœm  de  Rodômaum  Rotômàgum);  cuens  et  buens  (écrit  bons)  riment  en 
outre  avec  suens  (  â&B/i,  5o6/i),  et  buens  avec  Duens  (3 1 2 8 );  toutefois  le  mot 
uem,  lorsqu'il  fait  l'ofiice  de  pronom  indéfini,  rime  neuf  fois  avec  yertiW6m(i  766, 
5o5o,  6866,  7062,  7612,  777^,  9866,  loià/i,  1 194^)  et  une  fois  avec 
meien  (écrit  maan)  Ub^kj  ce  qui  prouve  ou  qu'il  avait  perdu  son  u,  ou  qu'au 
moins  l'accent  avait  passé  à  Ye^^K  Devant  une  /  mouillée,  la  diphtongue  ue  pro- 
venant d'ô  rime  également  avec  l'c^ provenant  d'e  {eviné  :  vueil  conseil  8702  W^ 
et  il  en  est  de  même  quand  une  consonne  suivant  le  groupe  eil  en  a  fait  dis- 
paraître le  mouillement  (voir  aux  Consonnes)  icliamelz  ueh  io58o^^).  On  peut 
donc  admettre  pour  ue  la  prononciation  indiquée  plus  haut;  mais  il  est  pro- 
bable qu'elle  n'était  pas  encore  tout  à  fait  établie,  puisqu'en  dehors  des  trois 
cas  cités  Ambroise  ne  fait  pas  rimer  ue  avec  e.  II  est  difficile  de  décider  quel 
était  Ye  de  cette  diphtongue  (la  valeur  de  l'a  d'esneque^  eskec  est  douteuse), 
e^  et  é^  se  confondant  devant  les  nasales;  ce  n'était  certainement  pas  ^  :  les 


^')  J'ai  noté  vingt-huit  de  ces  paires  de  rimes, 
ou  le  premier  mot  a  toujours  0,  le  second  tou- 
jours e.  • 

^*^  La  graphie  différente  des  deux  mots  dans 
notre  ms.  indique,  ce  que  confirment  d'autres 
témoignages,  que  Yu  est  tombé  dans  avuec, 
avuee  (sous  Tinfluence  duv  précédent)  plus  tôt 
q  ne  dans  ibtec  (et  dans  sentiec,  pontée). 

(*)  Le  ms.  porte  souvent  l'am  (trois  fois  en 


rime),  l'an  (en  rime  avec  waian);  mais  cette 
graphie  doit  être  imputée  au  scribe.  Plus  tard 
on  a  dit  en  effet  l'an  (et,  par  assimilation,  en 
Normandie,  n'oit)  pour  l'en,  tandis  que  le  fran- 
çais  propre  a  gardé  l'on. 

^*)  Le  ms.  a  voit,  mais  la  rime  exige  vueil. 

^')  Le  ms.  a  chameUz,  oilt,  mais  à  tort  ;  le  mot 
chameil  (decamèlum,  tandis  que  charnel  repré- 
sente camellum)  fait  au  pluriel  elunnelz. 


rimes  eii  -eil,  -eh,  iudiqueraient  plutôt  e^;  mais  la  rime  fu&re  guêtre  ne 
uermet  guère  de  douter  que  le  ii'ail  la  valeur  d'«''''. —  Sur  «i  provenant  de 
ue+j,  voir  mi. 

U.  La  voyelle  provenant  d'ù  latiii'^'  est  toujoui-s  ('■crite  dans  le  manuscrit 
(sauf  quelques  exceptions  sans  importance)  par  u,  ce  qui  l'ait  confusion 
avec  0  fermé,  souvent  aussi  noté  u;  mais  les  rimes  distinguent  absolument  les 
deux  voyelles'*'.  Sur  Tu  dans  les  formes  verbales  en  -ureni,  etc.,  voir  à  la 
Conjugaison. 

La  diphtongue  Ht  provient  essentiellement  de  û+j,  de  ù  +  idanscui,  lui, 
de  ù  ou  ô  +  palatale  dans/ui(e,  cuMfci*',  Mais  dans  les  mêmes  régions  où  ic+)  de- 
vient t,  ue+j  devientui.  Notre  poète  possédant  l'ien  question  (voir  ci-dessus), 
il  devait  posséder  aussi  lui  correspondant;  les  rimes,  peu  nombreuses,  oîi  fi- 
gurent ui,  ne  l'attestent  pas,  car  elles  nous  montrent  le  second  ui  rimant  avec 
lui-même  [pluie  *piôvia,  vuie  *vôcita  6068  ,  pltite  mmie  1 1  at/i,  nuire  cuira 
77  a,  duire  *docerenwire  aSi/i);  mais  la  grapliie  constante  se  joint  A  i'induc- 
lion  pour  l'attester.  Il  faut  noter  que,  de  même  que  ue  peut  rimer  avec  e,  ui 
(au  moins  le  premier  ut)  peut  rimer  avec  i  ;  on  trouve  dire  aconduire'''^  t  0 1 6. 
conduit  dit  833i''');  l'accent  était  donc  sur  l'i. 


CoBSOMïEs.  —  Les  rimes  nous  offrent  moins  de  renseignements  sur  les 
consonnes  que  sur  les  voyelles  ;  aussi  ne  nous  astreindrons-nous  pas  à  examiner 
chaque  consonne  l'une  après  l'autre,  et  nous  bornerons-nous  à  relever  les  laits 
sur  lesquels  les  rimes  peuvent  nous  éclairer. 

La  règle  d'après  laquelle  toute  sonore  finale  se  change  en  sourde  (sauf  g 
devant  voyelle)  n'est  pas  fidèlement  observée  par  le  copiste  :  on  trouve  par 


'''  Voir Snchier.  S  1 6,  où  la  niAme  conclusion 
est  appnyée  sur  d'autres  textes  oUrant  le  mSoie 
phénomine. 

'■'  L'u  de  iepacre{éctiltepulere)beiiii\cruBi 
(:fnucrff  mâcciduni  7683,  8386)  est  d'origioe 
savante. 

"'  Notons  les  rimes  de  BtUenulik  avec  luibk 
ùuhiUeletmuble(-j63o.  g8i&),de  B<iruta\ec 
aporul  (8680) .  et  de  Sur  avec  «ur  (  9638) .  as^eUr 
(7990),  iat^rewantes  pour  la  proDondation  de 
ces  noms  ëtraDgers. 

'''  De  cûgitat  et  Don  cûgital  (korliug). 


'''  Le  ms.  parle  acondire ,  que  j'ai  laissa  dans 
le  texte,  et  on  pourrait  dire  lentt^deomprcndre 
aeondirt,de  adcondicere;  mai»  le  sens  ne  eou- 
vieDdrait  pas  h  i>eaucoup  près  aussi  bîeii,  et  le 
latiu  porte  ;pecuHiae  miama  reeepla. 

'*'  Lia  rime  loU  lui  que  donne  le  ms.  (gooo) 
aurait  donc  pu  élre  conserva:  mais  U  est  ici 
préférable  (voir  au  Pronom ).  Le  mol  herruie 
rime  avec  «vie  6ai8(n)s.  beirue»ue)  et  avec^/uir 
10A&6,  ce  qui  n'exclurait  pas  la  forme  herrie. 
Fuilt  qitilt  1 858  ne  prouve  rien  :  im  a  prononci' 
cuite,  comme  le  montre  celle  graplite  fn^qnenle. 


xïxiT  INTRODUCTION. 

exempie  souvent  Richard  au  lieu  de  Riehart;  mais  des  rimes  comme  Richard 
part  868,  etc.,  prouvent  que  le  poète  ne  s'en  écartait  pas.  Aucune  sonore  ne 
termine  un  mot  en  rime. 

Le  copiste  ne  reproduit  pas  non  plus  toujours  la  prononciation  en  ce  qui 
concerne  la  chute  des  consonnes  terminant  les  thèmes  nominaux  ou  verbaux 
devant  Ys  de  flexion;  il  écrit  par  exemple  cerfs ^  vif»;  mais  les  rimes  avec  tror 
vers  3 1 3  s ,  ocis  8 1 3  o ,  montrent  que  le  poète  prononçait  cers ,  m ,  et  de  même 
dans  tous  les  cas  analogues;  cas  (nom.  de  coc)  :  bos  i683  est  écrit  correcte- 
ment. 

LiQun>£s.  —  R.  LV  double  ne  se  confond  ordinairement  pas  avec  IV 
simple,  bien  que  le  copiste  mette  souvent  une  r  simple  pour  une  r  double;  Tun 
et  l'autre  fait  sont  attestés  par  les  rimes  très  fréquentes  qui  réunissent  les 
mots  terre(s)  ^  gueire{s) ,  querre^  Engleteire  :  chacun  est  écrit  indifféremment  avec 
une  ou  avec  deux  r(*),  mais  ils  ne  riment  jamais  qu'ensemble  (ou  aYecfuerre 
3&7  0  ) ,  et  non  avec  des  mots  commeymr^,  guaire ,  paire ,  où  cependant  la  pronon- 
ciation de  la  voyelle  devait  être  identique  (voir  ci-dessus).  De  même  le  verbe 
corre  (écrit  aussi  core^  curre^  cure)  ne  rime  qu'avec  ses  composés  encorrCy  sa- 
corre,  acarre^  rescoircy  et  non  avec  des  mots  comme  are^  aore,  bien  que  la  rime 
d'o  fermé  libre  avec  o  fermé  entravé  ne  soit  pas,  comme  on  Ta  vu,  inconnue 
au  poète.  On  pourrait  objecter  la  rime  Barres  ares  /i538;  mais  si  l'on  observe 
que  la  forme  la  plus  usitée  de  ce  mot  en  français  et  sa  forme  constante  en 
provençal  est  an'ey  on  pensera  que  par  une  raison  quelconque  ce  représen- 
tant d'arïdum  avait  pris  deux  r.  La  rime  de  guerre  Siyecfuerre  (b.  1.  fôdrum) 
prouve  que  les  deux  r  doubles  étaient  identiques ,  qu'elles  provinssent  d'une 
r  double  ou  de  l'assimilation  d'une  dentale  à  l'r  suivante.  —  Le  mot  remires 
(:  sires)  91*26  nous  montre  le  changement  de  dj  en  r  dans  un  mot  savant  [re- 
miediCy  remidicy  remilicy  reniirie,  remire)^^K 

L.  VI  nous  présente  deux  questions,  celle  de  la  vocalisation  et  celle  du 
mouillement.  La  vocalisation  n'a  lieu  dans  notre  texte  que  dans  l'intérieur  des 
mots  devant  une  consonne,  mais  elle  y  est  constante  :  les  rimes  Emaus  maus 
^SkU  (ms.  Esmals  mais),  caillous  cous  766  (ms.  caillos  cols),  Gerout  out  k'j^a 

^^^  On  trouve  même   uue  fois   gaire   pour  ^'^  Notons  la  forme  apastre  pour  le  plus  an- 

guerre  6601  ;  mais  c*est  une  &ate,  qui  a  été  cien  apostk  (:  nostre  6679).  L'insertion  d'une  r 

corrigée  dans  Tëdition;  notez  encore  la  graphie  dans  celestre  est  attestée  par  quatre  rimes  (voir 

queire  pour  querre.  au  Glossaire  ). 


(tiis.  Gerod  ni);  l'attestent  âulllsamaieiil  (voir  aussi  ce  qui  a  été  dit  plus  haut 
sur  -aume,  «eaume).  Apr<i3  i,  «,  17,  au  lieu  de  s«  vocaliser,  tombe  :  sepu{£)cre 
mficre  7689,  8386''*.  —  VI  mouiiiée  se  produit  dans  les  couditions  ordi- 
naires (combinaison  avec  un;  précédaut.ou  i>uivant);  le  eopiiste  en  néglige 
très  souvent  la  marque  dislinctive,  mais  les  mots  qui  la  préseiileut  à  la  syllabe 
tonique  ne  riment  qu'ensemble  (par  exemple  vilalle  bataille  7920,  Bruei  oel 
7538)'''".  Le  mot  qui  termine  le  vers  OaSi,  xesttelle  (éd.  s'ewetle),  ne  peut 
être  m'esveille,  ear  il  rime  avec  gj-exle  (écrit  gmisle),  et  ce  mol,  qui  rime  avec 
mesle  aaao  et  pesie  10890,  n'a  jamais  eu  d7  mouillée.  Les  mots  en  -iVe  pré- 
sentent nue  question  spéciale  :  mVe  (écrit  souvent  villej  rime  avec  mile  Uno, 
77^,  Soi,  etc.,  Sezile  (écrit  Sezille)  5i/i,  566,  etc..  concile  (éeiit  conci/fc) 
6196,  6988,  nobile  i  ilx5^,  et  il  semble  (}ue  ces  mots,  représentant  milia. 
Sicilia,  concilium,  devraient  avoir  une  l  mouillée;  mais  ce  sont  des  mots  sa- 
vants; il  en  est  de  même  thMarsile  (écrit  Manille)  (}ui  rime  avec  acile  8^80^'''. 
Il  faut  remarquer  que  le  changement  de  1'/  de  ces  mots  en  r,  qui  se  rencontre 
dans  certains  textes,  est  inconnu  au  nôtre  (il  connaît  au  contraire  remire,  voii' 
ci-dessus),  lin  revanche  i!  change  contrarie  eu  contr/Uie  (:  pâlie,  voif  ci-dessus 
p.  !i\u);  mais  il  coimaît  aussi  conlraitv[:  Candaire  ig-Ji,  Hilaire  781  9).  — Dans 
les  noms  et  verbes  dont  le  thème  se  termine  par  l  mouillée ,  elle  se  comporte  eu 
français,  suivant  les  régions,  de  deux  manières  différentes  'levant  les  consonnes 
de  IlexioTi  '''  :  ou  17  disparaît  et  t'i  reste,  ou  l'i  disparaît  et  VI  reste  en  se  vocali- 
sant (dans  les  deux  cas  d'ailleurs  l's  finale  devient  z  :  on  a  par  exemple  travaiz, 
travail  ou  fravam,  Iravaut).  Notre  poète  pratique  le  second  de  ces  procédés, 
comme  le  montrent  les  rimes  Ernavz  noauz  76  3  i  (nis.  s),  chamciiz  veux  io58o 
(ms.  ckameih  oUz).  Après  un  i,  i'I  mouillée  tombe  :Jiz  costiz  359. 

Nasalbs.  —  M.  L'm  (inale  après  une  vojelle  ne  se  distinguait  plus  de  1'».- 
si  lem  (^l'uem)  rime  le  plus  souvent  a\ee  Jérusalem,  on  le  trouve  aussi  rimant 
avec  meien  (voir  ci-dessus),  ce  qui  indique  que  la  graphie  par  m  n'est  que  tra- 
t  ditioniielle.  Il  en  est  de  même  pour  la  terminaison  -ont  des  i™  pers.  du  plu- 
riel: la  graphie  habituelle  est  encore -vin  (Itaom  Cafarnaom  588/i),  mais  cotnençon 
rime  avec  Besaiiçon  3896,  muroii  avec  Tlioron  1088/1,  et  la  graphie  Tliorom 


'''  Sur  mur  |>oiir  mut,  vnir  le  Glossaire. 
'*'  En  l'evanche  oa  trouve  par  exemple  veilln 
etleitkt  i  aaifo  pour  retlei  ttieilet. 

'''  C'e»l  ^  tort  que  ilanti  te  Gbsuiire,  8llri- 


buant  fa  Manittt  uoc  /  motiilli'c,  j'ai  ritUcht' 
avUe  k  luilUer,  qui  existe  aussi  :  avîlc  ii|>|iaj-lienl 

<*>  Voir  Homatàa,  IX,  697. 


ï"vi  INTRODUCTION. 

poar  rimer  avec  avrom  i'jSti  montre  bien  qu'il  faut  partout  substituer  n  k  m 
(par  conséquent  aussi  Jerusaltrn,  Betleen,  Cufamaon);  les  rimes  ne  nous  per- 
mettent pas  de  savoir  si  Vm  et  i'n  s'étaient  déjà  perdues  toutes  deux  dans  la 
iiflsalitt''  dont  elles  avaient  infecté  la  voyelle  pri^cédente. 

N.  L'n  linale  après  r  a  cessé  de  se  prononcer  :  escharilt)  rime  bien  avec 
char[n)  iaSo.  yver(n)  avec  ver{n)  SaaM'',  sujor{n)  avec  jot{n)  ia8.  4aio. 
972^,  mais  d'antre  part  tor(n),  alor{n)  rimeni  avec  tor  1986 ,  1  io58'^'.  — 
A  s'en  rapporter  à  la  graphie,  ([ui  après  ('  supprime  très  souvent  ie  g  de  gti, 
l'n  mouillée  aurait  perdu  son  mouiliement;  mais  les  rimes  nous  montrent  que 
les  seuls  mots  où  l'n  est  mouillée  riment  ensemble,  et  réciproquement.  Ainsi 
les  mots  Brelaigne,  Alemaigiie,  Champaigne ,  mahaxgne,  rematgne,  Tijfaigne, 
chevetaigne,  compaigne,  monlaigne,  oiraigne,  grifaigne,  bien  que  d'ordinaire 
écrits  Bretaine,  etc.,  ne  riment  pas  avec  les  mots  comme  semaine,  graine, 
diemaine,  lointaine,  etc.'*';  le  mot  piaive,  qui  rirae  avec  ckampaine  Tu  10,  nton- 
laine  7666,  mravne  1  i36o,  est  planta,  distinct  de  /j/ame  plana,  et  devrait 
être  partout  écrit  plaigne,  comme  il  l'est  en  rime  avec  monlaigne  11918.  De 
même  empraine  enpratne  6  doivent  être  lus  einpreigne  (imprendiat)  empreigne. 
(impraegnat),  et  retiene  9011  rimant  avec  viegne  doit  être  également  écrit 
par  gn.  De  même  enfin  les  mots  Bo)goigne,  besoigne,  cliaroigne,  lestimoigne, 
egaoigne,  écrits  le  plus  souvent  sans  g,  ne  riment  qu'entre  eux  et  ont  une  n 
mouiUée. 

S.  Les  rimes  ne  nous  fournissent  aucune  preuve  de  l'amnïssemenl  de  l's 
devant  une  sourde;  au  contraire,  nous  la  voyons  maintenue  même  devant  ch 
par  la  distinction  de  rimes  comme  seclie  lèche  10619,  iii3a  (ms.  sesche) 
d'une  part  et  tresckes  garhndesches  8660  d'autre  part'*'.  Mais  devant  une  so- 
nore W  était  déjà  tombée,  comme  le  montrent  les  rimes  hiaane  faine  (fama, 
mol  savant)  9588,  jneiJimes  p(i')»«s  7070,  10078,  wi«'«mp»//ei'»j*s  i83a,3o48, 
meinmeit  veinies   i960,  tnetines  veïmes   109/1^,  meismes  queimes  11686'*'.  Sur 


'''  Ver  n'est  pas  ver,  mais  verniiiu  {(e»«- 
pu»),  comm«  ir-ej^w)  esl  tiibertium. 

'"'  L'ndeiin»i«,dupIusaiicienane»tr(aniinB, 
mol  savant).  11  disparu  au  lieu  de  ne  changer  en 
/  ou  r  comme  ilans  d'aulrea  textes;  le  copiste 
^cHl  ahu,  mais  le  mot  rime  avec  dame  .')65 1 , 
390s. 

<*'  Comme  on  l'a  vu  plus  haut,  regw  nnic 


Rvec  ehfveilaigiu!.  Maiitet  de  magniis,  mot  sa- 
vant, n'a  pa<)  A'n  mouilla. 

"'  La  terminaison  -«e  [protêt .  etc.  I  est  1res 
souveiil  &rite  -esee  ;  c'est  là  une  habitude  gra- 
phique qu'on  retrouve  ailleurs  el  qui  indique 
sans  doute  un  changement  dans  la  prononciation. 

'''  C'est  h  lorl  que  l'on  dit  souvent  que  les 
premièi'es  [lers.  pi.  en  -mneu,  -iuti 


à 


LA   LANGUE.  luvii 

Rosne  ramposne,  voir  ci-dessus,  p.  \ix,  —  L'g  finale,  comme  on  le  verra  au  z, 
est  nettement  distincte  de  z, 

Z.  Le  z  se  prononçait  ts;  il  provient  de  dentale  +  s,  et  en  outre  de  c*  de- 
venu final;  il  remplace  l's  de  flexion  dans  les  mot*!  oi!i  elle  s'ajoute  à  un  thème 
terminé  en  l  mouillée,  n  mouillée.  Notre  poêle  ne  fait  pas  rimer  z  avec  s,  ou 
en  d'autres  termes  l'éiémeot  dental  de  z  n'est  pas  encore  effacé  pour  lui.  C'est 
ce  que  prouve  la  séparation  constante  ries  mots  en  -aïs  et  -mi,  ~aus  et  -auz, 
-eis  et  -«12,  -erê  et  -erz,  -ts  et  -i;,  -os  et  -oz  :  d'un  côté,  aprèx  paix  669,  tar- 
quais  près  3766,  leaua  Preals  7120,  lasGi,  Preals  leaus  1 1 1.H6.  maïs  Esmals 
98^6,  Preals  reaus  t  i  000,  franceis  ainceis  (souvent  oi  pour  ei)  292.  i^a, 
53i8,  58oo,  7973,  Geneveis  eneveis''^  5o6,  iii/t8,  haubers  pers  U^'i^i,cern 
travers  3i3a,  marchis  aquis  /laia  etc.,  vifs  octs  8i3o,  pais  estais  (stativus) 
1 1784,  enginas  gintis  98,  htinlus  vus  1Û72,  meseûr^eyis feus  3618;  de  l'autre, 
Biaiwaiz  desfaiz  agBo,  Biaiivaiz  traiz  6t8a  ,  Btauvaiz  hatz  878/4  '^',  amirauz  kauz 
3671,  enchaia  ckauz  Sioli,  Emauz  noauz  (écrit  Erruius  tioausj  7536,  Ttebauz 
bauz  10930, /ciî  (vicem)  dreiz  268a, /eiz  (vicem)/m  (fides)  84ao,  conreiz 
reiz  6556,  descendreiz  dreiz  11379,  'foiffrz  cerz  %hhh,  diz  cocatnz  (calca- 
trices)  5970,  eiwiz  viz  1 196/1,  piz  respiz  ^970,  nouz  bouz  385a.  proz  poz 
3o5a,  proz  /oz  100B&,  io5oa.  Ou  remarquera  que,  par  une  singularité  qui  se 
trouve  dans  beaucoup  d'autres  textes  et  qui  n'est  pas  encore  expliquée,  pa- 
cem  donne ^xzts  tandis  que  Bellovacis,  calcatricem,  vicem  donnent  Beau- 
vaiz,  cocatriz,feiz^^K  Deux  ou  trois  mots  font  ditliculté  :  Guis  rime  en  is  (:  mar- 
chis 3io6,  «tçuts  6 1 5  a  ) ,  taudis  que  Wido  +  g  aurait  dû  faire  Giiiz;  de  même 
on  a  Jofreig  {-.frets  6658)  quand  on  attendrait  Jofreiz.  Ces  formes  sont  dues 
sans  doute  à  l'influence  des  accusatifs  Gut,  Jofrei  :  on  a  reformé  le  nominatif 
par  la  simple  addition  d'g.  Brandiz  (:  diz  5o8)  n'a  pas  droit  it  un  z  (lat.  Brun- 
disium,  it.  Brindisi);  c'est  sa  qualité  de  mot  étranger  qui  eu  a  rendu  la  pro- 
nonciation Hottante.  La  rime  de  baucenz  avec  cenz  6']6-i  montre  que  le  siu- 


pns  une  s  par  analofrie  avm  lea  deuxièmes  en 
-aile$,  -ùta,  -tules  :  en  rt'alili!  l'i  de  -atmei, 
-itmei,  -utmet  n'a  jamais  étë  qu'une  •^graphie 
inverse»  provenant  'le  la  cimie  très  ancienne  de 
l'i  devant  une  sonore.  Voir  sur  ce  poiot  Boina- 
nia.  XV,  618. 

'''  Ce  mot  a  toujours  une  >  el  non  un  £ ,  ce  <jui 
devra  dire  pris  en  considération  quand  on  lai 


cbercheni  une  ^[ymologie;  aucune,  que  je  wctie, 
n'a  été  propoak  jusiju'ici. 

<*'  Ces  mots  sont  ^rils  le  plus  souvent  par  ti 
ou  e  ;  je  ri(leblis  ni  pour  plus  de  clarl^. 

<''  Je  n'ai  pas  Irouvi'  de  rimes  en  ~é»,  -irn; 
mais  tes  nombi'euses  rimes  en  ~ei ,  -in  sont  sans 
m^aiige.  Notons  pie;  tutpiet  it3(j9.  La  rime 
Home:.  Seii  (  ^7 1 Â  )  n'est  pas  claire. 


ixxvm  INTRODUCTION. 

gulier  de  ce  mot  était  haueeni,  bien  que  la  forme  primitive  semble  avoir  été 
halcenCy  qui  au  pluriel  aurait  fait  bQucenê^}\  La  rime  cerz  (certus)  elen  569/1 
est  doublement  choquante,  il  faut  sans  doute  lire ^^  (firmes).  —  Les  rimes 
ne  nous  fournissent  pas  le  moyen  de  décider  si  après  nn,  m,  le  poète  chan- 
geait, comme  beaucoup  d'autres,  Xs  de  flexion  en  z  (imz,  jcrz)\  il  est  extrê- 
mement probable  qu'il  le  faisait  au  moins  dans  le  premier  cas. 

G.  La  distinction  entre  c^^^\  qui  se  prononçait  te,  et  «  dure  est  observée  sans 
exception  :  p.  ex.  les  rimes  comme  numaees  maces  678/1  (^),  prœce  vistece  1  !i3/i , 
richeces  ligeces  18/i,  ne  se  confondent  jamais  avec  des  rimes  en  -asse,  -esse  y 
-esses.  On  ne  rencontre  non  plus  dans  notre  texte  aucune  trace  de  la  rime 
entre  c^  et  ch  (p.  e\.  franche  France)  qui  apparaît  dans  un  assez  grand  nombre 
d  autres  poèmes.  Le  ch  est  également  distinct  de  cS  le  c^  ne  devient  pas  c&,  et 
il  n'est  pas  douteux  qu  Ambroise  prononçait  à  la  française  chevauche,  chace 
(c  est-à-dire  tchevautchcy  tchatce)^  et  non  pas  quevauquCy  catche^^K  Des  mots  sa- 
vants ou  récemment  empruntés  (comme  esneque,  du  néerl.  snecca)  conser- 
vent seuls  au  c  devant  a  la  valeur  de  cK  —  La  graphie  x  n'apparaît  pas  dans 
le  manuscrit. 

Les  rimes  ne  fournissent  sur  les  autres  consonnes  que  des  indications  qu'il 
serait  oiseux  de  relever,  parce  qu'elles  concordent  simplement  avec  la  pho- 
nétique française  générale.  Je  noterai  la  forme  robes  (:  abes  10096),  où  le  h 
au  lieu  de  v  indique  une  provenance  méridionale,  très  explicable  pour  cette 
racine,  qui  faisait  au  moyen  âge  la  nourriture  principale  des  habitants  du  Li- 
mousin et  de  l'Auvergne.  Le  verbe  aidier  se  présente  généralement  sous  des 
formes  où  le  d  est  tombé  (voir  à  la  Conjugaison);  mais  on  a  manaide,  qui 
semble  s'y  rattacher,  et  non  manaiey  plus  usité  ailleurs,  si  la  correction  de 
meisnade  3^98  (:  laide)  est  adoptée.  Le  copiste  écrit  voide  de  vôcita  (voir  au 
Glossaire),  mais  la  rime  de  vuie  (ms.  nue)  avec  jp/iiîe  atteste  la  chute  du  d. 

Déclinaison.  —  Nom.  La  déclinaison  à  deux  cas  est  en  général  bien  observée 
par  le  poète  (mais  non  par  le  copiste);  toutefois  la  mesure  ou  la  rime  nous 
attestent,  par  un  assez  grand  nombre  d'exemples,  que  l'usage  moderne  qui 

t*>  Voir  Bomania,  XXIV,  588.  i*^  Les  rimes  prouvent  que  le  poète  disait 

^*^  C  —  eduT,  c^i^c  sifflant  barge  el  non  barche  {barges  larges  488),  mais 

^^^  Ajoutez  les  autres  rimes  du  mot  mace       cAarcA«  (voir  au  Glossaire)  et  non  cAor^e,  comme 

(mattea)  indiquées  au  Glossaire.  écrit  le  copiste. 


LA  LANGUE.  xxxix 

réduit  la  déclinaison  des  noms  à  la  distinction  des  nombres  (et  des  genres  en 
certains  cas)  avait  déjà  commencé  à  ruiner  Tusage  ancien.  Voici  les  cas  que 
j'ai  remarqués.  Les  premiers  sont  attestés  par  la  rime  : 

Tant  sont  orés  tristes  ior  mères, 
E  Ior  parenz,  ior  fiz,  ior  frères, 
Lor  amis,  ior  apartenanz  (^)  (Sgg). 
Trais  jors  dura  ie  passement  (&97). 
. . .  costume  est  e  usage  (559). 
. . .  fust  folie  ou  fust  saveir  (Sas). 
Ço  ne  sereit  mie  saveir  (10168). 
.....  ço  fud  faus  acordement  (aSiS). 

ço  fut  grant  damage  (Sq&i  ). 

dont  damage 

Fud  (3899)  (2). 

Ainz  devint  îiloques  martir  (/!i899)  i"^). 

Si  lui  enuiot  son  estage  (6890). 

Qu'EscIialone  ne  refereit 

Ne  crislien  ne  Sarazin  (7397). 

E  par  tant  remist  lor  conseil  (8709). 

si  fud  ontage  (9896). 

E  Ricard  d'Orques  e  Terri 

I  esteient  (9967). 

s'en  fust  mestier  (ii3oo)(^^ 

Ces  exemples  concernent  des  substantifs;  voici  des  adjectifs  : 

Meschieffu  ço  trop  maieeit  (9097). 
Ki  puis  refud  a  force  empli  (3 900). 
.  En  paradis  iert  porguardé 
Son  liu  (6678). 

E  si  l'enctialz  fust  mielez  seû  (77^7). 
Si  i  fu  Hue  de  Noefvile, 
Un  ardi  serjant  e  nobile  (ii&39). 

Eu  général,  comme  il  est  naturel,  le  substantif  qui  est  uni  à  la  rime  sous 

(^)  On  pourrait  corriger  parent,  JU,  ami,  mais  que  marier,  mot  savant,  n*a  pas  droit  à  une  s  au 

non  frères  ni  apartenanz,  nominatif. 

(*^  Ajoutez  encore  &i59.  ^*^  Mestier  devrait  être  au  nominatif,  comme 

")  Ajoutez  6681.  On  peut  dire,  il  est  vrai,  fl  Test  au  v.  laSiS  :  EU  en  est  sigranz  mestiers. 


IL  INTRODUCTION. 

forme  d  accusalif  au  lieu  de  nominatif  entraine  avec  lui  Fartide  et  Tadjectif 
qui  s'y  rapportent,  et  il  en  est  de  même  de  Tadjectif  pour  rarticle'*^  on 
trouve  cependant  une  exception  : 

...  la  ramena  Deus  demaine  {Uk^i)\ 

mais  demeine  semble  avoir  été  pris  comme  une  espèce  d'adverbe  (^). 
Les  cas  suivants  sont  attestés  par  la  mesure  : 

Dont  le  Temple  ot  grant  desconfort  (sBoa). 

E  li  Franceis  dreit  acururent. .  • 

Le  Temple  e  cil  de  rOspîfaI  (9899). 

Ço  conte  Ambroise  en  s'escripture  (373&). 

Ço  soit  Ambroise  en  fin  sanz  faite  (6019). 

Se  volt  Tarcevesque  entremetre  (3839). 

Ces  exemples,  sans  être  extrêmement  nombreux,  le  sont  assez  pour  montrer 
que  la  déclinaison  ancienne  était  déjà  assez  gravement  ébranlée  ^''.  On  remar- 
quera toutefois  qu'ils  ne  portent  que  sur  la  première  forme  de  la  déclinaison  : 
les  noms  qui  présentent  entre  le  nominatif  et  l'accusatif  une  différence  plus 
marquée  que  la  présence  ou  l'absence  de  1'^  conservent  les  deux  cas  con- 
stamment distincts.  On  trouve  cependant,  contrairement  à  ce  qui  a  prévalu 
en  français  moderne,  serar  employé  au  nominatif  : 

Cui  {nu.  Qui)  sa  seror  avoit  norri  (11739), 

et,  conformément  cette  fois  à  l'usage  moderne,  la  forme  prestre  à  l'ace,  au  lieu 
depraveire  (9699)**^- 


^'^  On  pourrait  au  y.  9097  lire  me$eUês, 
6678  sei  btens,  mais  ce  serait  certainement 
fausser  la  leçon;  au  v.  ii/l3i  nobik  na  pas 
amené  Hvon  comme  Un  ardi  serjant,  parce  que 
les  deux  propositions  sont  dëtacliëes  Tune  de 
Tautre. 

^*'  On  pourrait  lire  Deu,  mais  cesl  inutile  et 
peu  probable. 

^'^  D  y  a  plus  d'un  cas  où ,  à  première  vue ,  on 
serait  tenté  de  voir  un  exemple  à  joindre  aux 
précédents,  mais  qui  s'explique  autrement  Ainsi 
aseûr  368,  9991,  9â8â,  7105  est  un  adverbe 


composé  (a  seûr)  et  non  un  adjectif;  lejor  ihig 
est  un  accusatif  absolu  et  non  le  sujet  Sesteit; 
ttit  tirant  1 385 ,  un  acordement  5o&9 ,  grmU  bar- 
nage  5iââ  dépendent  de  il  i  maneit,  il  vint,  hd 
vendrait  et  ne  sont  pas  les  sujets  de  ces  verbes; 
il  en  est  sans  doute  de  même  de  conte  dans  tï 
n'en  est  conte  5â  ;  mençonge  i  1 9a  est  féminin,  etc. 
^^^  Ici  les  deux  cas  étaient  trop  distincts  :  on 
les  prit  pour  deux  mots  différents ,  et  on  eut  d'une 
part  prestre  et  de  l'autre  proveire  munis  de  leurs 
deux  cas  aux  deux  nombres;  prestre  seid  s'est 
maintenu. 


H  LANGUE.  u.. 

L'observation  qui  vient  d'être  fnite  npiMi'tioiit  en  réatité  à  la  syntaxe 
plutôt  qu'à  la  n]oi'[)liolo«;ie:  mais  JI  a  paru  plus  commode  de  In  placer  ici. 
Il  en  est  de  même  des  remarques  qui  suivent  sur  ie  pj^Mire  des  subsUntil's. 
Je  ne  relève  natuj-eliement  que  ce  qui  est  hésitant  ou  contraire  à  l'usage 
moderne. 

Le  mot  navie  est  t^ininin  3o(),  33(}.  'i-i(f,  mais  masculin  sao  (navire  masc. 
■io85);  o$i,  giïnéraleinent  fém.  (/i3i,  1907,  etc.),  est  aussi  masc.  (1760., 
83 ^());  miVflrfo  est  masc.  86o4  et  fém.  8091  ;  sur  glaive,  eslate,  voir  au  Glos- 
saire. Sont  féminins  :  serpent  2180,  9fi'ii,  marhre  3»)5u,  essample  liàto, 
vespreScfi'] \  ovraig7ie[^^  10 ,Sh3^)  est  un  autre  mot  qu'ourle (operanea) et 
naturellement  féminin  ;  onor  est  fétu. ,  comme  toujours  en  anc.  français  (1 160, 
95()&,  loSgS).  Vuz  (volos)  semble  être  fém.  au  v.  338.  mais  voir  voe  au 
Glossaire.  Le  mol  ille  est  souvent  masc.  en  auc.  fr.;  le  copiste  le  fait  masc.  au 
V.  i38i,  ainsi  que  oire  au  v.  TjoSg;  si  il  semble  se  rapporter  à  vermitu» 
(5998-5939),  il  faut  voir  là  un  accord  d'idée  {avec  rw«)  et  non  la  preuve 
que  vermine  fût  masculin,  Genilatres  est  masc.  25(Î2. 

Je  noterai  encore  ici  ce  qui  concerne  le  motgent.  En  général  il  est  employé 
au  fém.  singulier,  mais,  en  sa  qualité  de  collectif,  il  prend  le  verbe  au  plu- 
riel :  tant  se  penerent  haute  gent  gtlS,  nmlre  gent. .  .  firent  '.1987, mur- 

i'eten/5o93, «etrcstrenf Baai, se guardouent  56a6, selia^ 

Itergerenl  6076,  6923 e'aparillouent  7607, s'armoienl  1  lioS. 

venaient  1 1  9^9 .  la  a-uei  geni .  .  .  Caveienl  698 1 ,  la  gent .  .  .  rechevalche- 

re}U  6io'!;  d'autres  fois  le  mot  est  au  plur.  fém.;  noz  genz  nont  deslorbees 
11017,  lo>-  gent  (1.  genz)  s'ent  erent  parties  Hiûo''l  Mais  1  idée  plurielle  et 
masculine  presque  toujours  contenue  dans  le  mot  l'incline  vers  le  pluriel 
masculin  :  on  trouve  d'abord  le  prou.  plur.  tV  se  rapporUmt  à  la  gent  :  Mais 
Deiis  voleit  la  gent  apriendre,  Qu'il  le  deivenl  atner  e  crtendrc  4ù  1 6 ,  et  enfin  genz 
masc.  plur.  :  gent  (I.  genz)  malemenl  entheckiez  aBÔa,  nuls  genz  8638  '*'. 

L'usage  d'employer  les  abstraits  au  pluriel,  fréquent  en  ancien  français ^^', 
est  assez  rare  dans  noire  texte  :  on  peut  citer  (et  encore  tous  les  ras  ne  sont 


''  CI'.  eiiroLV  li  plan  de*  gem  iietce»  [furent] 
3g46,  799IÎ. 

'''  Je  rsUaclie  ici  une  obsei'valion  <lu  mémo 
genre  sur  li  plu»  (la  plupart),  qui  esl  saiig  doute 
oriipnai renient  au  «ng.  masc.  nom.  et  piend  ie 


verl>e  su  siogulinr  (  Aao),  mais  souvent  au  plu- 
riel ù  cause  de  i'idt'e  (399.  ôo38,  iiViA).  Cf. 
encore  :  l'Iain  poûi. . .  t'erent  rmbatu  ayij?. 

'')  Voir  Leliiuaki ,  Dît  Deiclinatioa  der  Subtian 
livaiitJfrOilSpnKlu(^o»eH,iS-j8).  \i,  aa. 


(LU  INTRODUCTION. 

pas  sûrs)  osfages  5ii'i,  ekeitivisons  2653,  péchiez  9671,  huntfiz  192g,  9*7^1 

orpkenlez  a5o6(?),  wlentez  6780  {?),  piente\z\  69/18. 

C'est  encore,  à  vrai  dire,  une  queslion  de  syntaxe  que  l'emploi  des  adjectifs 
ou  participes  au  neutre  quand  ils  se  rapportenl  à  un  pronom  neutre  (ço,  lot, 
il)  ou  a  une  idée  indéfinie.  Nous  le  trouvons  souvent  riiez  Anibroise  :  se«  SaS  , 
iSgii,  %']o^,genl  967,  rendu  1039,^^^205,6860,897^,  megeheail  a/iii, 
repraoé  3o3i,  agraoenté  6866,  esckeiet  7369,  vpu  797^1.  ioé  1063Û,  laoSa, 
tems  logaS.  Mais  parfois  aussi  l'adjectif  sujet  est  mis  au  norain.  masc;  ainsi 
Qu'il  lor  sereit  bien  a/lresnez  908,  E  bien  doiteslre  racontez  1 1  358,  Dans  Cest  voir 
■provez  766 ,  9331 ,  il  faut  sans  doute  lire  vein,  en  considérant  ce  mot  comme 
un  substantif  masculin,  signifiantrtvérité".  Enfin  je  mentionnerai  ici  l'emploi 
IréquenI  comme  adverbes,  mais  sans  l'adjonction  de  de.  des  mot*  tant  (tout 
altre  genl,  i>/i ,  lanl  gent  ^96,  661 5  "1,  tant  péchiez  9661,  lanl  pereres'^^^  3i  1  3), 
numt  [muit  perîereê  3537,  ™"''  fi'""*  6368),  poi  [poi genz  6599),  et  l'emploi 
bien  connu  de  tin  comme  pluriel  de  l'art,  indéfini  :  uns  coh  6758,  wie»  ten- 
çons  i  i363.  uties  pluies  767',  vne»  muschetes  9529. 

Lf9  noms  de  la  seconde  et  de  la  troisième  déclinaison  (latine)  qui  se  ter- 
minent en  français  par  e  et  qui  n'ont  pas  d'«  au  nominatif  en  latin  n'en  ont 
pas  non  plus  dans  le  plus  ancien  français.  Nous  trouvons  ainsi  dans  notre 
texte  les  nom.  mestre  638g,  livre  71 35,  Alixandre  106 85,  autre  1  1  goS,  em- 
perere  1670  {?).  1767,  39  56.//'ere  9936'^',  sans  parler  de  wVeau  voc.  1610. 
3199,8566,8653,8765,  10162,  iiiig,  la  1  33.  Mais  l'usage  analogique 
qui  ajoute  une  s  à  ces  nominatifs  est  pins  souvent  al  testé  :  livres  9608, 
7566  W,  pères  96,  povres  a 658,  frères  8536,  sires  567,  91  a6,  delres  1 1856. 
eviperereg  i65i,  1799  (?),  181  5  {?),  1869,  91  95,  vengteres  3Gto,  poignerex 
7558,  greindres  177W.  Les  noms  propres  d'origine  germanique  [irennent 
cette  g  déj^  dans  les  plus  anciens  monuments  de  la  langue;  ici  nous  avons  Ouïs 
9657,  36o5'*^,  6i5i ,  Hiies  6169,  Otex  9971. 

I^es  noms  féminins  de  la  troisième  déclinaison  terminés  par  une  consonne 

'■'  Mb.  el  M.  loin. 

'"'  On  pourrail  croire  (fiie  dons  ces  mois  on  11 
Rimplemenl  l'emploi,  signalé  plus  baiil,  de  l'nc- 
ciisalir  poiii'  Ip  tinitiinalir:  m»i.<  an  moins  pour 
rmprnre  ev  n'est  pas  «dmiinible. 

''  Livres  rime  les  'lenx  fois  avec  dflivre», 
iju'oi)  pourcail  rsllacherkun  HcHb^ret  fcrîre 


délivre;  mois  délivre  est  un  adj.  verbal  tirà  de 

'*'  Les  paii'es  de  rimes  mendre*  tendrei  180, 
pretire*  menlres  85ii  sont  doiiLpuses,  1'^  pou- 
vant être  supprimée  ai»  deux  mois. 

'''  Sur  le  fail  cpi'on  a  *  e(  non  i ,  voir  ci-desBu* 


à 


ue  preiineut  pas  cl'«  au  iiominalif  singulier,  ou  plutùl  u'uut  pas  de  cas,  ly  iio- 

ifayanl  disparu  dès  l'époque  du  latin  vulgaire  :  cité^n,  1-287,  6863(?), 

'■  6/ii,  ve>-i(é  666,  g-enf  968,  lençon  liSG,  gi/io,  plmié  aâao,  mison 

i43,  chalo)-  6359,  proceuïon  12037,  desUial  y/iaS,  Une  seule  exception  est 

tttestée  par  la  rime  :  fins  5^o8.  Aux  v.  9r>o5-a5o6,  DoiU  la  seinle  cristtentez. 

Fttd  puis  ianz  jorz  en  oiphentez,  il  est  très  l'aciie  de  corriger  crislienlé  orphenlé 

K^of.  2633)  :  dès  lors  on  est  teulé,  aux  v.  6779-6780,  Or  chevalche  o-ùttcntez 

'■  Stirie  a  ses  l'olenlez,  de  corriger  de  même  ci-ïstienté  et  a  sa  volenlé^'K 

Les  adjectifs  latins  uniformes  de  la  troisième  déclinaison  ont  passé,  comme 

10  sait,  eo  français  à  la  déclinaison  ù  genres.  Notre  texte  montre  sur  ce  point, 

.^oiume  tous  les  textes  ane.  français,  hésitation  entre  raiicienne  et  la  nouvelle 

[ferme'*'.  A  côté  des  exemples  nombreux  du  premier  groupe,  qu'il  est  inutile 

f.Ae  relever,  on  trouve g-r«TM/e  i5i,  3375,  3396.  3961,  Uh-jS,  4536,  7921, 

•andes  69^18,  ']3']3,  forte  /i75,9i9Ù,/«/e/ii8,  iioa,333i,G579,ii566, 

6o5,/e/e»  k-iiiS,  6889.  '}hhh,ile.le  4a86,  itioo,  iieles  hxhh^^K 


PRONOM.  —  l'uo.iOB  PBHSoNMiL.    Le  nom.  sing.  du  |)ronom  de  la  première 

lers.,  suivant  le  verbe,  nous  présente  une  fois  lu  forme  gié  (:  confié  533o). 

-  Notons  Ifiit,  ace.  pi.  de  la  troisième  pers.,  emplojé  après  le  verbe  :  Qui  de 

\irah\r  h*  se penot  ^hti^.  —  La  troisième  pers.  fém.  est  au  sing.  nom.  ele  ou  el, 

L«e  dernier  plus  fréquent,  mais,  sauf  une  fois  (^^9^7),  écrit  consUnnmeut  ete 

L(ou  i7)  malgré  bi  mesure  (Ou  le  sens)  :  ele  1811,  3006,  3i58,  3G57,  ^9i3, 

15119,  656a,  903»,  9680,  9886,  iiGi6,i  1733;  e/  {écrit e/e)  5iii,  i359. 

,    1810,    a35/i,   3563,  36ûa,   365o,   Û109,  635o,  6899,  5^3o, 

^83o,  5870,  6016,60/18,  6!i8i,  6670,6661,7082,8/115,  8881,9/157, 

10117,  lui 36,  1080a,  (écrit  t7)  3/1 /i6,  583o,  9592,  10076;  de  même  au 

■plur.  nom.  on  a  eles  3536,  h-jhl\,  679a,  8666,  10968.  et  vis  ^966  (écrit 

Ltffejî)  2a5o,  6779.  6780,  5a46,  8028,  11073,  11876,  (écrit  i7)  9536, 

I  K1639.  A  l'ace,  sing.  fém    le  copiste  met  souvent  lui  où  il  faut  li  (ii56, 

l'i  Cr.  7(1(1.  I\ic.  IV,  un  ;  Eece  chrittimitat 
E  pn  Hbtm  mbtHlaU  Urram  Sgrim  peramiulat. 

'''  Inutile  de  wgntiler  dolee,  dolente,  ccmiute, 
I  pssu'S  il  la  lii^clinaison  b  genres  ilëa  l'ëpoque 
L gallo-roniunr.  Pio  est  toujours  invariable;  prode 
1  (3593)  ou  pruiU  (69o5)  est  en  réalité  prode, 
L^m  de  {\o\r  liomania,   W\,  lâS).  Vtelt  fem. 


ia6,  1  ti56,  doit  Mrs  ëcril  fus  (velus  iuv.), 
et  eie[i\llM  n^  est  vetulas. 

'*'  Souvent  le  nis.  donoe  ces  formes  analo- 
gii|ue8  sans  qu'on  ail  le  droit  île  les  nttiibuer  au 
[Ktèlt';  ainsi  forte  e  cruele  89  {\.farl  «  cruel); 
griem  brève  SgtiS  peuvent  saus  peine  »e  corriger 
mgrie/brief. 


xLiv  INTRODUCTIO^. 

<i6/i9,  19068),  comme  fe  montre  la  rime  du  v.  9000.  L'ace,  lém.  est  eles 

(679/1);  a  els  pour*!  eles  (33a3)  paraît  une  négligence  du  poète. 

Pbi)\om  déhonstr\tip.  ~  Cela  pour  arc.  lénu  cmpliatûjuc  pp/i  Hgyt);  il  pos- 
sède le  neutre  ce/(6i6li,  6853).  —  Le  nom.  sing.  de  cesl  est  cist  (683t):  il 
laul  également  lire  cist  au  nom.  phir.  ptmr  ces  11018. 

Pbonu»  RBLATiF.  —  La  forme  emphatique  de  l'acc-dat.  de  qui  esl  cui,  quel- 
quefois bien  écrit  ilans  notre  nis.  (aoi6.  63()6,  4 53 -a,  4536,  à  156,  6o85, 
7564,  838a,  9^56),  mais  beaucoup  plus  souvent  écrit  à  tort  ^«1  (loa, 
1918»  2/168, -2508,3371,  3908,  4'ia8,/ia/i3,/ia5-4,  iafi/i,  6978,  63i4, 
43ai3,  636o,  438o,  i/ii  a,  6720,  10786,  io838,  1 173a,  laaSS, 
ia3a6)''J. — -On  trouve  souvent  pour  le  fém.  sitig. ,  quand  il  est  sujet,  à  côté 
de  cm"  et  de  Ai',  la  Ibrme  ^«#(161,  5/119,  7870,  9397,  9996,  11 1 15).  mais 
00  u  est  pas  autorisé  à  l'attribuer  à  l'auletir.  Il  en  est  de  même  de  que  em- 
ployé pour  le  nom.  neutre  dans  les  locutions  de  queiqueseil  45  16,  (/(«  ^mi  1 
taille  5738,  d'ailleurs  bien  attesté,  et  de  que  pour  quei  {que  que  l'en  die  5a 58  , 
que  qu'on  en  die  5376,  que  qui  i faille  6758,  que  que  H  reisfeîsf  9487),  égale- 
ment bien  connu  dans  l'ancienne  langue. 

Pbonom  rossESSif.  —  l'our  ie  nom.  sing.  masc.  de  la  forme  atone,  le  ms. 
doiuie  régulièrement  mis,  lis,  st»(6536,  7573,  8653  ,  —  9768  ((i),  —  2a4, 
838  (si).  ii52,  3549,  7199,  7316.  7547  {si),  834o,  8536,  9o35. 
9476(81),  10039  (jt),  'o3o3,  iii38,  11930),  une  fois  seulement  »i^n 
(ioo56)  —  La  forme  accentuée  de  l'ace,  sing.  masc.  du  poss.  de  la  1™  pers. 
est  mien  9783,  écrit  men  1  i4ao.  Celle  du  posa,  de  la  a^  et  3'  pcrs.  est  :  .'ting. 
uiasr.  ace.  luen  9646,  suen  3844,  444o,4546,  5355,  8072,  8076,  844 1, 
iooa3,  I  i3aa,  maiswwi  logSa;  nom.  smns  a 4 54,  7174,  mais  sons  1  0788; 
pi.  ace.  suens  1953,  aaSo,  719a;  pliir.  nom.  suen  4943,  9999-  La  l'oi-me 
en  -on  n'est  nulle  part  confirmée  par  la  rime;  au  contraire  on  a  les  nnics 
euens  suens  9454  et  bons  (I.  buens)  suens  5o64,  qui  attestent  la  forme  en  -iwn. 
—  Au  fém.  il  n'y  a  pas  d'exemple  probant  pour  la  1"  ni  pour  la  supers.;  la  3" 
est  écrite  ordinaii'emcnt  sue,  parfois  seue  (6180,  6656,  iai39,  i9i4o); 
les  rimes  avec  Evreuea  6706,  Dreues  61  80  ,  6656  semblent  bien  établir  pour 
le  poète  la  i)rnnonciation  m  (voir  ci-<lessufi  p.  xxit).  —  Les  pron.  poss.  de 
la  pluralité  n'offrent  rien  de  remarquable  aux  formes  atones:  aux  formes 


'  Au  vi?rB  35Û I  il  Oiul  ^iil-éUf  liiv  «ualemeot  eut  au  lieu  de  7111  (ms.  fui'/). 


I 


LA  LANGUE.  ifv 

accenlii^es  nous  noterons  h  plur.  rnasc.  nom.  noz  6633  (mais  la  niosure  per- 
I  met  de  lire  linostte  comme  6986);  au  pi.  ace,  iiiasc.  ou  t'éni,  (les  iioz  i  ofia), 
kon  a  toujours  noz. 

'  Conjugaison.  —  Les  premières  pei'sonnes  du  pluriel  {sauf  les  exceptions 
éonnnes)  sont  écrites  très  diversement  :  ~wn,  -unis,  -on,  -ons;  les  rimes  at- 
testent-on  (  6M«ifOrt  cometiçon  38a4,  Thoi-on  mwon  i  o886,ai>iwn  Tkorom  [I.  To- 
ron] 9786,  Cafarnaom[\.  Ca/rtr?wott'^^]  5884)  et  aussi -ojis  (Dordermis  dirons 
I  igCo,  Tmitons  leisxomg  fi-j^i)  '^',  A  côté  se  trouve  la  forme  en  -ornes  ;  hontes 
avomes  ^3^!i,  poignomes  homesè3^6,savomes  10192  (et  bien  entendu  toujours 
sontes  ou  tûmes).  —  La  distinction  des  terminaisons  en  -etis  d'avec  celles  en 

atis  ne  se  trouve  que  dans  un  futur  :  descendroiz  droit  1 1  3^0. 
CoNJLCAisos  EN  -ER.  —  La  I  "*  pers.  du  prés,  de  l'ind.  ne  prend  jamais  d> 
final  eu  dehors  des  ronditious  01^  l'euphonie  t'exige:  on  a  régulièrement  aciinl 
■isi38.  atroc  h"]  fi,  cornant  12395,  cont  a 448,  533o,  cuti  (aiid,  quid)  3373, 

109,6803,8570.9069,  ioiyo,  1  9399,  rfemanf  8/i4,  rfesir  8995,  egy>rtV 
670, /o /i542,  8701,  mcireti  6^73,  nom  6735,  o«  3i35,  10976,  laaao, 
15937.  12343,  stispiez  1 1399.  —  L'e  analogique  ne  se  trouve  pas  davantage 
aux  trois  pers.  sing.  du  prés,  du  subj.  (il  n'y  a  d'exemples  que  de  la  3°)  :  ml! 
1  '19,  9535,  ameint  goi3,  ament  97 «8,  comenst  (ins.  comiist)  3,  depril  67^15, 
espvM  8998,  garl  (gard)  9966,  ost  2358,  saut  (im/f)  66ai,  travaut  iiraxaih) 
1 2.^39  "'.  Mais  A  côté  de  ces  subjonctifs  réguliers,  le  verbe  lorner  présente  le 
subj.  analogique  torge  :  retorge  lurge  678":!,  lorgent  relorgent  6880,  encurgiez 
reioî-giez  7340'''.  —  Les  formes  en  -tssiez  de  la  2'^  pers.  pi.  de  l'impf.  du  subj. 
ne  sont  attestées  que  ])ar  le  ras.  [allissiez  •ii'^k  i*J,  gelissiez  3985),  niais  elles 
sont,  comme  on  sait,  constantes  eu  ancien  français.  —  Les  futurs  des  verbes 
dont  le  thème  se  termine  en  n,  m  perdent  habituellement  \'e  de  rinfinitif  : 
merreient  (nureienf)    10285,   turreit  9716,  returretent  ']'J'J^,  sujorreit  9715 


'''  Sur  !'é<[ui valence  île  m  finale  à  n,  voir  ci- 
(tessus  [I.  xitTi. 

'*'  Ce  t^raoignagt'  est  moins  (Ifrisir,  car  on 
pourmit  lii'e  Beitrediii  Dortteron  n^Sg,  et  Haof 
Taigion  àyaQ;  toulefoia  l'it  de  Taitum»  paraît  at- 
testa par  la  rime  au  vers  1 1S79. 

'"'  On  pourrait  prendrp  demande  1 5a  pour  un 
subjonctif;  mais  c'est  iiu  indicatif. 


'*'  A  la  première  rime  retorge  est  3*  pers., 
lurge  Impers.:  ces  deui  mots  ne  pmirraietil  donc 
rimer  en»enilile  s'ils  n'avaient  la  forme  -ge  (on 
aurait  relort  for);  de  m£me  h,  la  troisième  on  au- 
rait meoriVï  Tttonet. 

'''  Ici  toutefois  la  recherche  des  rimes  l^uines 
|iar  le  poêle  invite  à  lire  aliuiet  rimant  avec  mis- 


k 


iLTi  INTRODUCTION. 

« 

(toutefois  on  trouve  retamereù  7783) (^).  Pour  lareie  jo  encore  loâo/i  il  vaut  sans 
doute  mieux  lire  loereie  f  encore.  —  Le  verbe  aler  fait  au  subj.  prés.  3^  sg. 
ait  8.  —  Danera  à  Find.  pr.  1  itm»9oo6,au  subj.pr.  ^domstSoSSy  19397. 
—  Esier  a  deux  parfaits,  l'un  en  -ai,  Tautre  en  -ni  :  d'une  part  aresta  presia 
1  â  1  â ,  aresterent  huèrent  1  Bgâ ,  arestereni  recuvrerent  65/iâ ,  s'estèrent  gtuxrdererU 
31/19;  de  Y  autre  esturent  munirent  66^6jfarentesturentSli^^ffarentresiureni 
8/173,  aresturent  furent  65/io  ^^\  aresturent  conurent  1 193/1.  —  A  côté  de  lais- 
sieTy  régulièrement  conjugué,  se  trouvent,  comme  dans  tant  d  autres  textes, 
des  formes  qui  semblent  postuler  un  infinitif  laire^^\  qu'on  ne  trouve  pas  : 
impér.  lai  3761,  1 1 979  {lais);  au  fut.  on  a  /a-  et  non  lai-  :  fut.  larai  6307, 
larrons  3387,  c^^^*  ^^  8890. 

L'imparfait  ind.  de  la  conjugaison  en  -^  n'est  représenté  qu'à  la  3^  pers. 
du  sing.  et  du  pluriel.  La  3^  pers.  du  sing.  est  toujours  écrite  -^t,  et  ne  rime 
ordinairement  qu'avec  elle-même  (ainsi  empêtrât  Jinot  1398,  guaitot  recelât 
1913,  ruot  tuot  3370,  destemprot  temprot  76/10);  mais  la  forme  de  cette  per- 
sonne, -out  ou  -o/,  est  ordinairement  identique  à  celle  de  la  3^  pers.  des  parf. 
en  -01,  et  celle-ci  étant  sans  doute  --ont  dans  notre  texte  (voir  ci-dessous),  il 
faut  probablement  en  dire  autant  de  celle-là.  —  La  3^  pers.  plur.  est  le  plus 
souvent  écrite  -ouent  (rarement  'Oent)^  ce  qui  concorde  bien  avec  ce  qui  vient 
d'être  dit;  mais  souvent  aussi  on  trouve  -oient ^  par  confusion  avec  la  3^  pers. 
pi.  des  imparfaits  en  -oie  (-^)'^).  Cette  confusion  semble  ne  pas  avoir  été 
tout  à  fait  étrangère  à  l'auteur  même,  à  en  juger  par  les  rimes  suivantes  : 
defendouent  aportouent  337/1,  vergondoient  f  croient  3710,  regardaueni  ardouenl 
58i5,  traùment  jetouent  U^U^ ,  fuioient estancenoient  /19/16,  laschouent porveouent 
8070.  Il  est  toutefois  à  remarquer  que  ces  rimes  sont  rares,  qu'au  contraire 
la  séparation  des  deux  imparfaits  est  observée  dans  un  très  grand  nombre  de 
rimes,  et  que  la  confusion  ne  se  rencontre  pas  pour  la  3^  pers.  du  singulier  (^). 

AuTBES  CONJUGAISONS.  —  Nous  uoterous  l'inf.  archaïque  taisir  11 56,  l'inf. 
néologique  grondre  1  /i 6 8,  et  l'inf.  aerdeir  (:  ardeir  3688),  que  je  n'ai  pas  ren- 

^*^  La  forme  enterrez  pour  entrerez  856o  n*e8t  pour  le  futur  et  inadmissible  pour  Pimpëratifl 
attestée  que  par  le  manuscrit  '^^  A  Tinversc  on  trouve  très  souvent  -iment 

^*^  Notez  que  la  paire  de  rimes  qui  suit  im-  fonv  -eient  {plaignauentfaisovent  to56  ^retraauent 

mëdiatement  celle-là  est  une  de  celles  où  figure  haouent  196a,  acwouenijenmna  aSyi,  etc.). 
aresterent,  ^^^  Sauf  )K)ur  estout,  de  eiter^  devenu  esteit 

^^^  Au  Glossaire  ces  formes  ont  éié  rapporta  par  une  attraction  facile  à  comprendre  et  rimant 

à  un  infinitif  laier,  mais  cela  est  peu  probable  avec  esteit  de  estre  (78a,  i45s,  3566). 


contré  ailleurs.  L'inf.  de  torquére  était  torlre  et  non  tordre,  comme  le 
montrent  les  formes  entoile  676,  detorloii  3638.  —  Au  siibj.  on  remarque^îwa 
{:  fiere  9635)  an  lîeii  du  plus  ancien  et  seul  régulier  fire,  ckîece  1 1  9  i  5  {à 
l'intérieur  du  vers),  enairglez  7360  '''.  Le  subj.  prés,  de  venir  est  écrit  viegne 
901a  (:  retiens  =  retieffTte) ,  forme  qui  a  remplacé  le  plus  ancien  vigne  et  a 
elle-même  été  remplacée  par  vienne;  mais  la  rime  viengiez  vengiez  8556  rend 
probable  une  formation  parallèle  et  récente  vienge.  Le  anbj.  pr.  de  plaire  est 
encore  place  (:  place  3o3o),  mais  les  anciens ^ece  el  defece  de  gésir  el  dejire  sont 
devenus  gise  et  de[s]^ee{  riment  ensemble  {1808).  —  Nous  noterons  les  par- 
faits en  s  .■  atains  (^atainst  665^),  conduis  (^eonduist  1970,  9769),  escris  (^escritt 
5590),  estorit  [estorsti-ent  i  4o3),  remis  de  remaneir  {^remislrent  3554)''^',  mors 
{morst  6672),  teins [laimt  6/1 58).  irais  i^treiat  a  t  3.  etc.,  et  traistrenl  785,  etc., 
iresij-ent  i5i5,  etc.).  Les  3"  pers,  pi.  des  parfaits  en  s  sont  en  -sir-  (estor^ 
strenl,  remklrent,  traistrenl);  toutefois,  sous  l'inSuence de^renf,  qui,  très  an- 
ciennement, a  remplacé  le  primitif ^d/en(,  plusieui's  parfaits  en  -is  ont  déjà 
-irenl  :  on  trouve  ainsi  Iramirent  (écrit  tramislrent)  rimant  avec  mVenf  iSa;  00 
peut  dès  lors  se  demander  si  les  rimes  tnislrenl  distrent  3^9,  distrent  conquis- 
trent  618.  mislrent  printrenl  638,  distrent  mesdistrent  683,  distrent  requistveni 
q'ia.  asïstrent  enpristrcnl  a/|o8,  remislrent  mislrent  955/(,  8i9o.  omirent pris- 
trenl  317^1,  3i8i,  8978,  885o,  ioo36,  sistreiU  distrent  9686,  mislrent 
sistrenl  9986,  requistrent  dixirent  ioi5*i,  oeistrent  mistrenl  8196,  ne  doivent 
pas  être  cliangées  en  dirent,  etc.  Toutefois  il  est  plus  probable  que  ces  formes 
si  nombreuses  (et  très  fréquentes  aussi  dans  l'intérieur  des  vers)  étaient  les 
formes  ordinaires  du  poète,  qui  commençai!  seulement  k  employer  à  côté  les 
formes  analogiques  en  -irent^^K  Les  formes  faibles  sont  constamment  écrites 
sans  s  {dets,  deïmes,  deïsl,  etc.).  —  Les  parfaits  en  -ot  fonl-ils  -ol  ou  -ont  à  la 
S'  pers.  sing.  ?  Une  seule  rime,  Gerod  ol  lij^n,  nous  éclaire  sur  ce  point, 
mais  elle  est  assez  eoncluante  :  Cernd  doit  en  elFet  être  corrigé  en  Gerout  (lat. 
Geroiduml,  et  \'u  représentant  17  n'était  bien  probablement  pas  tombé  : 
Gerout  appelle  donc  oui,  et  par  suite  -out  pour  les  autres  parfaits  en  -oi;  des 


'■'  Voir  ci-itessus  p.  \lv,  n.  i. 

'*'  Voir  ci-dessus  p.  wv,  n.  6. 

'"'  O  qui  appuie  encore  cette  opinion,  c'est 
la  pi'ésenre  parmi  ces  paiTaiU  de  remUtrent  ri- 
mant avec  mixtrfitt  (miserunt).  Remhtrcni  cal 


pour  remettrent  (voir  ci-dessus  p.  vxt,  n.  4), 
et  tneitrent ,  remestreiil  n'^lant  jamais,  que  je 
sache,  devenus  merent,  ninerent,  il  n'e«t  guère 
vraisemblable  que  les  Formes  ailà-ées  soient  de- 


ta 


ïLviir  INTRODUCT10^. 

graphies  comme  soh  =  s(nU  i636  appuient  celle  opinion.  Les  ',i"  ptirs.  pi. 
étaient  en  -ourenl  ou  plutôt  en  -eurent  {eurmt  t[e]ureHt  7800,  eurent  sewrewt  8368). 
Les  formes  faibles  et  i'tmpf.  du  subj.  avaient  sans  donte  -piï-  [esteûst  3o4a, 
coKetts[j(]en(  ewascnt  6798,  teû[s]senipe«sseKi  9386,  p/eu[»]seni  etïsscnr  i)ai6). 
—  Les  parfaits  en  -«t  comprennent  entre  autres  crut  [entrent furent  5oi8), 
mui  [murent  furent  1182,  1860,  2797.  6093),  jwi  (apnrMreitl  ji/rew/ 691  8, 
jurent  furml  io384,  1 1970),  phi  de  phvàr  [plurent furent  6*267),  ""'  (p'"" 
rent  Hwent  bh-]i),  perçai  (aperçurent  furent  iiooT),  i  loSo),  conui  [furent  co- 
nurent  lo-aoa);  conti  [acui^ureiU  parmrent  10700),  valui  [furent  valurent 
6798),  morui  [imirurent  esmurent  56o'j),  parut  [apnrurent  jurent  (39)8) ''^ 
La  3^^  pers.  du  sing.  conserve  90(i  (  aussi  bien  dans  les  parfaits  faibles  que 
dans  les  forts,  comme  le  prouve  la  rime  panil  Banit  9  Wi-i ,  8686.  Les  pai'^ 
faits  monosyllabiques  à  la  pi'cmière  et  à  la  troisième  personne  du  singulier  '*' 
ont  scids  un  di^placement  d'accent  aux  persoimes  faibles  et  à  l'impf.  du  sub- 
jonctif; les  rimes  ne  peuvent  nous  apprendre  s'ils  faisaient  -eus  ou  -oûs  [mom 
ou  nteûs,  etc.),  mais  la  graphie  constante  est  -eus.  Les  parfaits  de  plus  d'une 
syllabe  ne  déplacent  pas  l'accent  [valui,  valus,  etc.);  encormut  ^o^n^  doit  être 
lu  encorusl.  —  Il  n'y  a  dans  notre  texte  aucune  trace  de  parfaits  eu  -le;  tous 
ceux  qui  pourraient  avoir  cette  forme  out-t  comme  en  français  moderne,  et 
l'i  est  attesté  pai-  plusieurs  rimes  :  descendt  di  8980,  perdîmes  primes  7639, 
perdirent  tindrent  66îi3,  deperdirenl  firent  ia66,  rendirent  partirent  9606,  eiir- 
tendirent  défaillirent  ios-jG,  atendirent  virent  SySii,  esbaudirent  descendirent 
■1890,  descendirent  viretit  yaSS.  défendirent  saillirent  i  i5f|3;  de  même  dans  Ad'i, 
rmpondi,  etc.  A  celte  classe  appartiennent  aussi  les  parf.  chai  [ehairent  pe- 
n'cCTtï'^'  ^72)1  coilli  [recoilli[ê\renl  périrent  365a,  issirent  reeoitlirettt  9906), 
to/t  {:  U  9000).  La  rime  descendt  di  8930  montre  que  Ih  3'^  père.  sing.  était 
dépourvue  de  /.  —  Parmi  les  participes  passés  nous  relèverons  surse  de 
sordre  9462,  eoilleile  6699,  et  les  deux  formes  concurrentes  tolu  [:  absolu 
t  908)  et  toleit  [toloite  adroite  1  a338).  —  Le  verbe  estre  possède  les  deux  im- 
partiiils  ère  et  esleie;  pour  ert,  erent  on  trouve  souvent  écrit  iert,  iereiit,  mais  les 
rimes  n'autorisent  que  ert[:pert  969)  et  erent  [:  alerenl  \h-ih,nafrerent  i5i8); 
la  1"  pers,  pi,  est  erioms  1  5o4.  —  Le  verbe  prendre  a  toujours  dans  le  ms,, 
et  avait  bien  probablement  dans  la  langue  de  l'auteur,  pern-  aux  formes  de  la 

loin.  —  '"'  IjCs  pnrC  conih',  jifirui  i-enlrenl  dans  wllc 
;epi. 


'"  Sur  la  conjugaison  de  tivre,  voir  plu! 
claew,  leur  désinence  répondant  û  novi,  < 


4 


LA  LANGUE.  xlix 

première  série  accentuées  sur  la  terminaison  {pamoms  3p65,  permit  iQÔg, 
35912,8969,  i i>^o6 ^ pemoient  iâo/i5);il  possède  un  double  subjonctif  pré- 
sent, preigne  (:  enseigne  6)  etprenge[:  lasenge  7/10/i).  —  Les  formes  de  Tin- 
fihitif  correspondant  à  sequere  ont  été  étudiées.  ci*dessus  (p.  xivni);  le 
parfait  et  le  partidpe  sont  doubles  :  d'un  côté  on.  a  les  iîmes/ui;M»*m;t  i556, 
fuirent  siwirent  5666,  et  Jutz  siviz  1 85s,  qui,  malgré  la  graphie,  semblent 
indiquer  des  formes  mi  pour  le  parfait,  «111  pour  le  participe;  de  l'autre  on  a 
les  rimes  acururent  parsurenl  10700,  acansuretU  (ms.  consiurent)  11197,  qui 
indiquent  un  parfait  m  (s  e  c u  i ) ,  auquel  correspond  le  part,  seû  (:  retenu  7758). 
—  Le  parf.  de  voleir  est  vol  (volt  i5,  écrit  à  tort  velt  33,  3 33,  etc.),  ou  vols 
[volmt  106);  les  rimes  ne  permettent  pas  de  décider. 

SYNTAXE.  —  J'ai  présenté,  à  propos  de  la  déclinaison ,  quelques  remarques 
qui  regardent  plutôt  la  syntaxe.  Il  ne  saurait  être  question  d'étudier  ici  dans 
son  ensemble  la  syntaxe  de  notre  texte,  qui  ne  diffère  pas  de  l'usage  ordi- 
naire de  l'ancien  français.  Je  remarquerai  seulement  que  suivant  cet  usage  (*) 
l'accusatif  des  noms  de  personnes  peut,  sans  l'intermédiaire  de  de  ou  a,  faire 
fonction  de  génitif  ou  de  datif  (^).  Il  ne  faudrait  pas  voir  une  extension  de  cet 
usage  à  des  noms  de  choses  dans  des  expressions  comme  en  mm  le  mur  7/18, 
de  sum  les  murs  3â5/i,  par  en  sum  le  col  10073,  en  tor  la  cité  7/19 9  a  val 
ïeme  3091  :  en  sum^  en  tor,  a  val  sont  ici  devenus  de  véritables  locutions 
prépositionnelles  qui  régissent  l'accusatif  (').  —  Notons  encore  qu'un  nom  relié 
à  un  nominatif  par  eom  est  également  au  nominatif  et  non  à  l'accusatif  comme 
dans  d'autres  textes  [com  Turcoples  t^aa^  com madrés  68/i/i,  came  Salehadins 
7959),  et  qu'après  esvos  on  trouve  le  nominatif  (8/io3,  993o)  et  l'accusatif 

(8895). 

De  cette  étude  de  la  langue  du  poète,  dans  les  limites  où  peut  nous  la  faire 
connattre  l'examen  des  rimes  et  de  la  mesure,  que  résulte-t-il  de  caracté- 
ristique pour  le  dialecte  qu'il  a  employé  ou  plutôt  pour  le  pays  dont  il  était? 

^^^  Voir  entre  autres  mes  Extraits  de  la  Chan-  ceis  est  sëparë  de  jde,  dont  il  dépend,  par  une 

son  de  Roland,  Obs.  gramm,,  S  io4.  incise. 

^*^  y  en  citerai  seulement  un  exemple  remar-  ^'^  Dans  en  sum  des  murs  {'jb3),  au  contraire, 

quable  aux  vers  3187-3189  (De  la  grant  Joie  sum  a  conserve  sa  valeur  d'adjectif  pris  substan- 

perdurable ,  Qui  sont  fin  iert  e  est  estabk ,  Cels  ) ,  où  ti  vement. 


i  INTRODUCTION. 

A  vrai  dire,  assez  peu  de  chose.  Mais  ce  peu  de  chose  concorde  très  bien 
avec  ce  que  nous  a  appris  Tétude  externe  que  nous  avons  faite  du  poème.  La 
séparation  d'an  et  «i,  dW  et  ot  nous  montre  qu'Ambroise  était  de  l'ouest  et  non 
de  l'est  de  la  France,  ce  qui  est  d'ailleurs  tellement  assuré  que  cette  consta- 
tation n'a  pas,  à  vrai  dire,  grande  valeur.  La  réduction  de  iei  k  i  prouve  qu'il 
n'appartenait  pas  à  la  partie  occidentale  et  méridionale  de  la  Normandie,  et 
l'ensemble  des  caractères  linguistiques  convient  parfaitement  à  cette  région 
des  environs  d'Evreux  où  nous  a  permis  de  le  faire  vivre  d'abord  son  évidente 
qualité  de  Normand,  ensuite  l'intérêt  particulier  qu'il  porte  aux  chevaliers  de 
ce  pays.  La  langue  qu'on  y  parlait  était  très  voisine  du  français  de  France  |)ro- 
prement  dit(^\  et  le  poème  d'Ambroise  peut  être  regardé  comme  un  des  do- 
cuments les  plus  anciens  de  ce  parler,  qui  est  devenu  notre  langue  littéraire. 


IV.  —  LE  POÈME. 

VEstaire  de  la  guerre  sainte  est ,  en  somme ,  un  journal  de  l'expédition  de 
Richard  Cœur  de  lion  depuis  son  commencement  jusqu'à  sa  fin.  Ambroise^ 
nous  l'avons  déjà  dit,  avait  dû  prendre  des  notes  au  fur  et  à  mesure;  il  les 
rédigea  au  retour.  Les  derniers  événements  occidentaux  auxquels  il  fait  allusion 
'  sont  les  succès  de  Richard  en  xNormandie  (v.  19334  ss.),  qui  se  placent  dans 
les  années  1 1 9/1  et  1 1 96  ^^);  il  a  certainement  écrit  avant  la  mort  de  Richard 
(6  avril  1199).  On  peut,  avec  toute  vraisemblance,  placer  la  composition 
définitive  de  son  œuvre  en  1 196  ou  plutôt  en  1 1 96. 

Ambroise  n'a  pas  suivi ,  pour  écrire  l'histoire  des  événements  dont  il  avait 
été  témoin,  les  procédés  des  chansons  de  geste  qu'il  connaissait  sibien^').  Il  a 
fait  œuvre  strictement  et  honnêtement  historique.  S'il  a  employé  la  forme 
poétique,  c'est,  comme  on  l'a  vu  plus  h^ut,  qu'il  destinait  son  œuvre  à  la 
récitation,  et  que  la  récitation  en  public  ne  connaissait  pas  d'autre  forme. 

^*^  On  peat  comparer  le  travail  de  M.  Bur-  ^*^  La  mortdeSalaha(lin(mar8'ii93),lapri8e 
gass  :  Darêtellung  des  Dialeetsitn  juf.  éd.  in  den  de  Gisors  par  Philippe  (avril  1 198),  rëlection 
Départements  rfSelne-Inférieure  und  Eure  {Haute-  d'Hubert  Gaatier  à  Tarchevèchi^  de  Canterbury 
Normandie) yi  auf  Griind  nm  Urkunden  unter  (3o  mai  ii93),8ont  desëvënemellt8uapeuan- 
//fefVA^«/lJ^  Vergleichung  mit  dem  heuùgen  Pa  •  teneurs. 
tais  (HaPe,  1889).  ^^^  Voir  ci-dessus  p.  viii. 


LU 


INTRODUCTION. 


tard  dans  la  Branche  des  royaux  lignages  de  Guillaume  Guiart.  Regrettables 
assupi^ment  au  point  de  vue  littéraii^,  ces  expédients  de  versification  ne  font 
aucun  tort  au  fond  du  récit.  Quand  on  les  supprime,  on  trouve  ce  récit  remar- 
quablement net  et  clair  dans  l'expression  du  détail,  avec  çà  et  là  un  trait 
quelque  peu  pittoresque  ou  pathétique,  et  toujours  le  sentiment  de  Timpres- 


coin  l'en  trueve  35 oo,  eome  me$  cnerê  soêpiece 
6536 ,  de  veir  4335 ,  e  li/ol  e  H  sage  499  ,/o/  e 
sage  7671,  771  i,fu8l  folie  oujust  gaveir  8aa  , 
j'en  àui tozcerz  ^kkk^jovo»  di  Mûrement  1  o496 , 
jo  vos  puis  bien  afermer  id4oo,  juefne  e  ancien 
8399,  juefne  ne  ancien  11 85  4,  me  membre 
9967,  nel  tenez  mie  a  fables  7830,  1 1676,  por 
reir  3706 ,  9^54 ,  1  o536  ;  por  veir  e  sanz  dotance 
Sliûn,  por  veriié  boc^S,  ioùib,  iaio4,  quejo 
ne  tnente  9061,  quejo  n'i  faille  11497,  9"^  "^ 
mente  io683,  que  que  l'cm  die  5a58,.  que  qu'en 
en  die  5876,  qui  n'est  pas  fable  71 33,  sanz 
dotance  i34],  1391,  6906,  8930,  sanz  dote 
i3i5,  4905,  91 4i,  9693,  8091,  8387,  soHz 
faiUanee  11 93,  a6ii,  sanz  faille  io46,  a558, 
5737,6630,6693, 7190,8397,9151, 10849, 
se  jo  n'i  ai  mespris  358,  si  comj'enquis  4546, 
6 1 53 ,  #t  corn  jo  sospiez  1 1 393 ,  sieom  me  semble 
1797,  si  Deus  m'ornent  9738,  #t  Deus  me  saut 
4634 ,  #1  Deus  me  veie  386 ,  4935 ,  9o46 ,  selanc 
la  letre  3546.  —  La  liste  suivante,  disposée  de 
même ,  coinpreDd  des  vers  entiers  :  Al  mien  avis 
e  al  mien  esme  8367,  8437,  Ço  conte  Ambroise 
en  s'escriture  3734,  Ço  conte  Vestoire  e  la  letre 
3181 ,  Ço  dit  Vestoire  en  vérité  3538,  Çofu  bien 
seû  e  enquis  io5o6,  Ço  fu  seû  membreement 
9886 ,  Ço  poez  bien  creire  sanz  dote  3  43 ,  (x>  puet 
dire  quil  retendra  8o38 ,  Ço  sai,  si  Foi  dire  a 
mainz  3i  33 ,  Ço  seoent  phuor  se  je  ment  6386 , 
Ço  sont  Vem  de  verte  provee  10690,  E  bien  poez 
le  fi  saveir  81 3 ,  £*  brun  e  bai  e  sor  e  blanc  85 1  o , 
E  fu  sanz  dotance  la  veire  9789,  E  Vestoire  issi 
le  remembre  6696,  E  li  menu  e  H  maien  45o3 , 
E  hnc  conte  por  quei  fereie  6936,.  i?  que  direie 
d'autre  qfaire  9746,  E  qu'en  fereie  autre  parlance 
4547,  E  que  vos  direie  autre  afaire  1 1 873 ,  £*  que 
vos  direie  autre  conte  9701,  E  si  poez  saveir  e 


ereire  \'j^o,Esur  ço  plus  que  vos  direie  10750, 
Haut  ne  bas ,  juefne  n' ancien  3333,  95oo,  Iço 
saijo  très  bien  sanz  dote  1 1 884 ,  Issi  com  Vestoire 
raconte  9488,  Issi  eome  Vem  entendi  8074,  La 
sage  gent  e  la  jolive  h%k^Lesai  de  veir  non  pas 
par  esme  44o3,  ffel  puis  laisser  que  jo  nel  die 
53  34,  Ou  nos  pesast  ou  nos  fust  bel  i9o5y  Que 
Jipreie  ici  autre  conte  4699,  Que  fereie  vos  autre 
conte  81 1 4 ,  Que  vos  direie  d'autre  afaire  7018, 
1 1744 ,  Que  vos  en  fereie  autre  conte  9098 ,  Que 
vos  en  fereie  lonc  conte  938o,  Que  vos  fereie  en 
ço  lonc  conte  301,  Que  vos  fereie  jo  lonc  conte 
11196,  Qu'ireie  jo  plus  demorant  3060,  Sehne 
Vestoire  quejo  di  1 1 368 ,  St  com  Ambroises  dit  e 
esme  3336,  Si  com  jo  ai  Vuevre  entendue  53  96, 
Si  com  testemonie  la  letre  965 ,  Si  cotnej'ai  Vuevre 
entendu  8384 ,  9434 ,  Si  Deus  m'ait  e  il  mepaisee 
149,  Si  dit  cil  qui  Vestoire  traite  9436,  Si  dit 
Vestoire  qui  ne  ceste  fà^hà^Sifu  dit  por  vérité 
pure  7974,  Si  fit  la  fine  verte  pure  8779,  Si/m 
la  vérité  provee  1 1376,  Si  ne  luirai  que  jo  ne 
die  6 3  07,  Si  poons  bien  par  verte  dire  1 1070,  Si 
sai  de  veir  par  mouz  enseinz  7901,  Si  vos  dirai  ço 
qu'il  me  semble  6454 ,  St  oo*  m  bien  dire  en  pie^ 
vine  10376,  Si  vos  puis  conter  e  retraire  6389  , 
Vérité  fu  e  sanz  dotance  8665.  Parfois  même  la 
cheville  occupe  deux  vers  :  Si  est  bien  droiz  qu'on 
sache  e  oie  E  par  dreit  le  deiten  otr  8768-8769. 
Cette  liste  est  biea  loin,  même  en  la  supposant 
complète,  dVpuiser  tout  ce.  qui  dans  le  poème 
d' Ambroise  peut  être  considère  comme  pm*  rem- 
plissage amené  par  les  besoins  du  vers.  D'une 
part  je  n'ai  pas  relève  beaucoup  de  formules 
toutes  pareilles  aux  précédentes  dans  des  cas  où 
on  peut  les  regarder  comme  ajoutant  quelque 
chose  au  sens;  d'autre  |)art  il  faudrait  tran- 
scrire une  bomie  partie  du  poème  si  on  voulait 


LE  POÈME.  LUI 

sidii  directe  cl  présenle  des  i'atts.  Ces  qualités,  que  le  Iraducleur  lulîti  a  su 
roiiserver  en  grande  partie  là  oii  il  n'ajoute  pas  à  la  simple  étoile  de  sou  mo- 
dèle les  broderies  de  sa  rliétorique,  oui  valu  depuis  longtemps  A  YlltTierarium 
Hicardi,  comme  narration  historique,  une  réputation  méritée  :  elle  appartient 
plus  légitimement  encore  ft  ÏEstoire  de  la  guêtre  sainte. 

And)roise  raconte,  liilèlemont et  clairement,  non  pas  tout  ce  qu'il  a  vu,  mais 
ce  qui  lui  a  parn  intéressant,  el  par  là  son  œuvre  est  une  œuvre  historique 
itu  vrai  sens  du  mot.  Il  ne  nous  entretient  pas  de  ses  aventures  personnelles 
et  ne  se  met  jamais  en  scène  que  comme  témoin.  Il  choisit  dans  ses  notes  et 
dans  ses  souvenirs  ce  qui  répond  à  son  double  dessein  :  faire  connaître  les 
fiouflrances  et  les  périls  des  croisés  et  signaler  leurs  hauts  faits,  et  mettre  la 
prouesse  de  Richard  dans  tout  son  jour  et  le  défendre  contre  les  attaques  dont 
il  avait  été  l'objet.  Il  ne  l'aut  lui  demander  ni  vues  générales,  ni  obst^rvations 
profondes.  Son  point  de  vue  est  celui  d'un  pèlerin  convaincu,  qui  n'a  qu"un 
but  :  délivrer  Jérusalem  ou  tout  au  moins  adorer  les  sainte  lieux,  et  qui  ne 
comprend  pas  que  des  gens  qui  étaient  résolus  à  mourir  s'il  le  fallait  pour 
atteindre  ce  bul  aient  pu  en  éli-e  empêchés.  Il  représenle  eu  cela  l'opinion 
de  la  grande  majorité  des  croisés  et  surtout  de  la  gent  memie.  et  on  ne  peut 
s'empêcher  d'ètri^  touché  des  déceptions  successives  et  du  désespoir  Unal  de 
ces  pauvres  pèlerins  qui  ont  tout  sacrifié  pour  délivrer  la  ville  sainte,  qui  ne 
doutent  pas  que  Dieu  n'iq)prouve  et  ne  soutienne  leur  entreprise,  et  qui  la 
voienl  toujoui-s  éclioner  au  moment  oti  ils  croient  qu'elle  va  réussir.  Ambroise 
a  peint  leurs  senliments  avec  la  naïveté  de  leurs  cœurs  simples  et  passionnés.  Il 
va  presque,  dans  certains  endroits,  jusciu'à  blâmer  Riciiard  de  ne  pas  maicher 
droit  sur  Jérusalem,  de  trop  écouter  les  conseils  des  ff  Poulains  i>.  des  Templier.'! 
et  des  Hospitaliers,  qui  seuls  connaissaient  le  pa^s;  il  est  en  ces  occasions, 
quoi  qu'il  en  ail,  iivec  les  Français  contre  son  roî  el  son  héros.  De  même,  il 
s'atllige  des  négociations  courtoises  entamées  un  moment  eiilre  Kicliard  et 
Salahadin;  il   tremble  que  le  roi  d'Angleterre  ne  se  déshonore  en  quittant  la 


citer  lrai'pil)ièl«K,  les  loiimures,  les  invocations, 
I  s  iaiprécalioua .  les  cujnpar<iisonB  ijui  ue  sont 
là  que  pour  allonger  un  vers  ou  [»)ur  fournir  ime 
rime.  A  la  même  cntùfforie  Hpparliennent  des 
«lifterm  in  niions  de  dislance  ou  de  provenanre 
aussi  oineuKi  que  va^^ues  (voir  par  exemple  a 


la  Table  des  noms  propr<>s  le»  mots  :  Ddrrs, 
KoaaiB.  Vprr.  etc.).  Je  donnerai  seulement  en 
exemple  ces  deux  foriuules  qui  se  siiivertt  :  JVe 
gdit»irz  pas  une  pruue  For»  «or  gfiil  fercftie  e 
brune;  Es  tes  voserninl  drei'i  alDoe,  Si  n'rùMiei 
pat  cuit  UN  coe  Que,  etc.  (v.  3gt)&  as.) 


INTRODCCTlOPi. 


-Saillie  trop  tôt,  pour 


suivre  les  avii 


;  ceux  d'Aiigielerre  qui  l'y  ^a(^-" 


pellent  impérieusement;  il  montre  que  Richard  ne  s'est  décidé  à  la  trêve  que 
par  la  plus  grande  nécessité  et  atteste  qu'il  a  bien  l'intention  de  revenir 
quelque  jour  en  Syrie.  Les  sentiments  d'un  croisé  pieux,  fanatique,  borné 
et  prêt  au  martyre  se  manifestent  tout  le  temps  dans  ses  vers. 

Si  la  croisade  a  échoué,  d'après  lui,  c'est  surtout  à  cause  de  la  discorde 
qui  règne  parmi  les  chrétiens.  Rivalité  entre  le  roi  Gui  de  Jérusalem  et  le 
marquis  Conrad  de  Monti'errat,  guerre  à  Messine  eutre  les  liommes  de  Ri- 
chard et  les  jjens  du  pays,  jalousie  entre  Richard  et  Philippe,  dissentimente' 
toujours  renaissants  entre  les  sujets  du  roi  de  France  et  ceux  du  roi  d'An-j 
gîeterre.  Comment  Dieu,  s'écrie  Ambroise,  pouvail-il  bénir  une  croisai 
ainsi  menée?  Et  il  rappelle  avec  émotion  l'union  qu'il  suppose  avoir  régnôl 
entre  les  vainqueurs  de  la  première  croisade,  comme  entre  les  guerriers  aveej 
lesquels  Charlemagne  soumit  le  monde,  ^, 

Dans  ces  différends,  Ambroise  est  toujours  du  parti  de  Richard  et  de  soa^ 
client,  le  roi  Gui.  Il  est  avec  eux  contre  Raimond  de  Triple  et  contre  Conrad 
de.Montferral;  il  en  veut  surtout  au  roi  de  France,  qu'il  nous  montre  moim 
libéral  que  Richard,  nouant  à  Messine,  contre  son  frère  d'armes,  de  secrète» 
intelligences  avec  Tancré,  dévoré  de  jalousie  envers  Richard,  excitant  Conrad 
contre  lui,  et  finalement  quittant  la  Syrie  malgré  l'honneur  et  le  devoir.  11  est 
encore  plus  sévère  pour  le  duc  de  Rourgogne,  auquel  il  attribue  sinon  tous 
les  torts,  au  moins  les  premiers  torts  dans  ses  querelles  avec  Richard,  et  pour 
les  Français  placés  sous  les  ordres  du  duc,  qui  se  conduisent  à  Acre  comme 
des  débauchés  et  non  comme  des  pèlerins,  et  qui  refusent  à  Ricliard  de  l'ac- 
compagner dans  la  glorieuse  expédition  de  Jafl'e  :  il  fait  à  la  mort  presque 
subite  du  duc  de  Bourgogne  et  d'autres  seigneurs  français  une  allusion  iro- 
nique oîi  il  semble  la  regarder  comme  la  juste  punition  de  ce  refus. 

Mais  cette  partialité,  très  naturelle  chez  un  snjct  de  Ricbard  et  justitïée 
d'ailleurs  en  plus  d'un  cas,  ne  le  rend  aveugle  ni  pour  les  mérites  de  ses 
adversaires  ni  pour  les  côtés  faibles  de  ceux  qu'il  soutient.  On  voit  clairement 
en  le  lisant  que  si  les  querelles  naissaient  sans  cesse  entre  les  deux  princi- 
paux contingents  de  l'armée  croisée,  la  violence  et  l'arrogance  du  roi  d'Aij- 
glelerre  les  provoquaient  aussi  souvent  que  la  méfiance  de  Conrad,  la  jalousie 
de  Philippe  ou  ta  répugnance  des  Français  à  prendre  les  ordres  d'un  autre 
que  de  leur  roi.  Ambroise  a  supprimé  volontaire Iiient  plus  d'un  épisode  de 


I 


â 


ciîs  querelles,  rll  y  eut,  ditril  à  ])ropos  de  l'incident  des  bannières  à  MessitiP. 
bien  des  paroles  injurieuses  et  folles;  mais  il  ne  l'iiut  pas  écrire  et  conserver 
toutes  les  folies  (v.  355). n  De  m^uie  quand  Richard  reçoit,  évidemment  tort 
mal,  les  envoyés  de  Philippe  qui  viennent  le  relancer  en  Chypre  (v.  iSgS), 
et  lorsque  le  duc  de  Bourgogne  lui  demande  en  vain  de  rarfjenl  (v.  Siyi) , 
sii  se  dit,  remarque  l'auteur,  blendes  paroles  qui  ne  doivent  pas  être  écrites  i*. 
Parfois  nous  regrettons  sa  rési^rve:  nous  aimerions  qu'il  nous  ei\L  communiqué 
le  texte  de  la  chanson  pleine  ris grant  vilenie  (v.  i  t  658)  que  le  duc  de  Bour- 
gogne avait  composée  contre  le  roi  d'Angleterre  et  celui  de  la  riposte  de  Richard  : 
mais  nous  ne  pouvons  cependant  que  l'approuver  ot  appliquer  avi'c  lui  aux 
deux  partis  qui  divisaient  l'ost  le  nom  de  f^mt  demnenuree.  Ambroise  est  trop 
sincèrement  dévoué  à  la  cause  sainte  de  la  croisade,  supérieure  à  toutes  ces 
misérables  querelles,  pour  ne  pas  comprendre  et  reconnaître  que  l'union 
était  rendue  impossible  par  des  torts  réciproques,  bien  qu'il  en  attribue  la 
majeure  partie  aux  Français.  Ces  Français  avec  lesquels,  comme  sujet  et  ad- 
mirateur passionné  de  Richard,  il  se  trouve  sans  cesse  en  opposition  et  dont 
il  se  complaît  à  relever  certaines  fautes,  il  sait  d'ailleurs  aus^i  leur  rendre 
justice.  Il  les  appelle  lagenî  fiere  (v.  SySB):  il  mentionne  avec  une  sincère 
admiration  les  exploits  d'André  de  Bricniie,  d'Auberi  Clément,  de  GuiHaiime 
de  la  Chapelle,  de  plusieurs  autres,  et  surtout  de  l'incomparable  Guillaume 
des  Barres;  il  reconnaît  (jue  le  roi  Philippe,  en  attendant  à  Acre  l'arrivée 
de  Birhard,  s'était  très  bien  comporté.  Du  moment  ([ue  les  [jens  même  en 
qui  il  a  peu  de  conGance  méritent  bien  de  la  cause  qui  l'intéresse,  il  ne  leur 
marchande  pas  les  éloges. 

Cette  tendance  à  la  fois  équitable  et  partiale  est  surtout  sensible  dans  la 
façon  dont  il  parle  du  célèbre  Conrad  de  Montferrat,  l'ennemi  personnel  de 
Richard,  qui  fut  soupçonné  d'être  l'auteur  de  son  assassinat.  Ambroise  lui  est 
fort  hostile  :  non  seulement,  suivant  ici  un  récit  antérieur  dont  nous  parlerons 
plus  loin,  il  signale  en  la  réprouvant  sa  conduite  avec  le  roi  Giû.  l'accuse 
de  bigamie  et  même  de  trigamie,  et  lui  impute  les  procédés  les  plus  déloyaux 
envers  les  assiégeants  d'Acre,  mais  il  montre  tout  le  temps  sous  le  jour  le  plus 
défavorable  son  amitié  avec  le  roi  de  France  et  ses  procédés  envers  Bichard, 
et  lui  reproche  des  intrigues  secrètes  avec  Salaliadîn.  Toutefois  il  reconnaît 
qu'il  avait  eu  bon  coimncement  en  Syrie  (v.  a645  ss.),  et,  quand  Richard, 
sur  la  désignation  de  l'ost  tout  entière,  a  consenti  à  le  proclamer  seul  roi  de 


Ml  INTRODUCTION. 

Jf^nisalfni.  Aiiibi'ois4>  approuve  celte  décision,  met  Juiis  ia  bourlic  tlu  inar(|iiis 
lies  paroles  exprimant  les  sentiments  les  plus  élevt'-s.  et  constate  que  sa  mort 
l'ut  l'occasion  d'un  deuil  général  :  c'est  qu'il  comprend  que  Conrad  était  le 
seul  homme  qui,  par  son  intelli^jence  et  ses  talents  militaires,  pouvait  sauver 
la  Terre  Sainte,  tandis  que  le  brave  Gui  de  Lusignan,  avec  toutes  ses  excel- 
lentes qualités,  était  entaché  de  nimplece  (y.  91  i5)  et  manquait  d'énergie 

(v.  2Ct8)t'). 

La  partie  du  poème  d'Ambroise  consacrée  aux  Sarrasins  est  naturelleinuni 
empreinte  des  mf^mes  sentiments.  Il  les  rejjarde  comme  les  ennemis  de  Dieu 
et  les  accable  des  pires  injures'''';  il  applaudit  au  massaci-e,  ordonné  par 
Richard,  des  s5oo  prisonnier-s  d'Acre,  el  en  rejette  toute  la  responsabilité 
sur  Salahadin;  mais  en  maint  endroit  il  rend  justice  an  courage  et  à  l'endu- 
rance des  intidèies  et  déclare  que,  s'ils  étaient  chrétiens,  il  n'y  aurait  pas  de 
meilleurs  guerriers,  li  est  eu  général  malveillant  pour  Salahadin,  mais  il  i-e- 
connaît  cependant  ses  grandes  qualités  et  répète  le  mot  de  Tévèque  de  Salis- 
bury  (\.  I  î  1  ^9  ss.)  d'après  lequel  un  pi-tnce  serait  parlait  s'il  pouvait  réunir 
les  qualités  de  Richard  et  celles  de  Salahadin. 

Au  reste,  les  informations  d'Ambroise  sur  les  Sarrasins  sont  assez  vagues 
et,  fontrairenient  au  reste  de  son  récit,  parfois  peu  dignes  de  confiauce, 
n'ayant  pas  été  recueillies  directement  par  lui-même.  S'il  les  appelle  païens, 
gent  jiaiene,  il  ne  faut  sans  doute  voir  là  qu'une  e\pression  traditionnelle,  ijui 
ne  prouve  pas  qu'il  tes  criH  idolâtres,  comme  les  auteurs  des  chansons  de 
geste  composées  en  France;  c'est  à  une  source  étrangère  qu'il  a  pris  le  trait, 
assurément  erroné,  d'une  image  de  Mahomet  peinte  sur  un  étendard 
(v.  3369  ss.).  Mais  il  raconte  avec  complaisance,  à  deux  reprises(v.  6771  ss., 
1  i653  ss.),  de  prétendues  objurgations  de  Salahadin  à  ses  hommes,  aux- 
quelles ceux-ci  répondent  en  proclamant  que  les  croisés  et  surtout  le  »(«- 
lec  Richard  sont  invincibles.  On  trouve  de  pareils  entreliens  des  Sarrasins 
vaincus  dans  la  chanson  sur  la  première  croisade  ,  et  on  pourrait  croire  qu'Hs 
ont  servi  de  lointains  modèles  à  Ambroise,  ici  infidèle  à  son  ex;ictitude  ordi- 
naire; mais  il  est  plus  probable  qu'il  n'a  fait  que  rapporter  des  bruits  qui 


<''  Il  but  noler,  daiiâ  le  même  nnlrc  d'ûlëex, 
les  ràenes  qn'il  pe  inanigue  pes  d'expriuier  fore- 
iju'il  rapporle  des  tiniits  détavorables  h  teM\ 
auxquels  Jl  Mt  d'ordinaire  hostile  :  nin«i  xitr 


la  Iraliieoii  ilu  comte  de  Triple   (v.  aSi  i«.), 
sur  l'enlenU'  secrèle  de  Philipjw  iivec   Taocn* 

(ï.   917   88.). 

<''  Voir  &  In  Tatde  des  noms  propred. 


LE  POÈME.  Lvii 

couraient  dans  Tost  et  dont  la  formation  s'explique  sans  peine  (cf.  v.  1 1658). 
C'est  également  à  un  bruit  populaire  qu'il  a  emprunté  l'anecdote  du  feu 
sacré  du  jeudi  saint  119Q9  dont  l'apparition  et  la  reproduction  miraculeuse 
font  prédire  par  Salahadin  la  perte  prochaine  de  Jérusalem  '^'.  • 

A  part  ces  quelques  circonstances  sur  lesquelles  Ambroise  ne  pouvait  être 
renseigné  que  d'une  façon  indirecte,  à  part  aussi  le  grand  épisode  rétrospectif 
consacré  aux  événements  de  Syrie  antérieurs  au  8  juin  1 191,  le  récit  d'Am- 
broise  est  absolument  véridique  et  digne  de  foi.  Il  forme,  du  côté  occidental, 
la  source  1^  plus  précieuse  pour  l'histoire  extérieure  et  détaillée  de  la  troi- 
sième croisade.  Je  dis  pour  l'histoire  extérieure,  car  l'auteur  était  trop  bas 
placé  pour  comprendre  les  ressorts  internes  qui  déterminaient  les  mouvements 
des  hommes  et  le  jeu  des  événements.  11  n'a  su  des  traités  conclus  entre 
Richard,  Philippe,  Conrad,  Salahadin,  que  les  clauses  les  plus  générales, 
celles  qu'on  communiquait  à  la  foule.  Il  raconte  les  combats  qui  amenèrent 
la  prise  de  Chypre,  mais  ne  nous  dit  rien  de  la  façon  dont  Richard  organisa 
sa  conquête.  Des  négociations  si  curieuses  entre  le  roi  d'Angleterre  et  Sala- 
hadin, qui  faillirent  aboutir  au  mariage  de  Safadin  avec  la  sœur  de  Richard, 
il  n'a  connu  que  les  fréquentes  visites  des  envoyés  sarrasins  et  les  riches  . 
présents  qu'ils  apportaient  et  qui  jetaient  l'inquiétude  dans  le  cœur  des  simples 
pèlerins,  indignés  à  toute  idée  de  conciliation  avec  l'infidèle.  Il  n'a  approché 
dassez  près  aucun  des  personnages  de  premier  rang  pour  savoir  quelque 
chose  de  précis  de  leur  vrai  caractère  et  de  leurs  mobiles  intimes  :  il  n'a  vu 
que  leurs  gestes  et  leurs  actions.  H  a  regardé  la  scène  sans  pénétrer  dans  les 
coulisses.  Mais  dans  les  limites  de  son  information  il  se  montre  observateur 
non  seulement  sincère  ^  mais  intelligent.  Il  sait  nous  dire  que  les  rancunes 
des  Grecs  et  des  Longuebardst^'  de  Sicile  remontent  au. sou  venir  de  la  conquête 
de  leur  pays  par  Robert  Guiscard  et  ses  Normands;  il  peint  en  traits  fort  justes 
la  façon  de  combattre  des  Turcs,  pareille  à  celle  des  Parthes  d'autrefois  et 
des  Tartares  d'aujourd'hui;  il  apprécie  dans  Richard  non  seulement  ses  grands 
coups  d'épée,  mais  ses  très  réels  talents  de  tacticien  et  de  stratégiste,  dont  il 
nous  donne  des  preuves  frappantes.  Ses  longs-  et  nombreux  récits  d'épisodes 

(')  Il  est  probable  que  dans  la  version  primi-  modifiée  en  feisant  prédire  par  Salahadin  ou  la 

tive  de  Fanecdote  il  ne  s'agissait  que  de  cela  ;  la  perte  de  Jérusalem  ou  sa  propre  uiort  dans  un 

prédiction  ne  s'étant  pas  réalisée  et  Salahadin  bref  délai, 
étant  mort  Tannée  suivante,  Ambroise  Taura  ^*^  Sur  ce  mot,  voir  la  Table  des  noms  propres. 


H 

nVUHtUI    BATtOIAU. 


LVIII 


INTRODUCTION. 


de  siège  ou  de  guerre  sont  clairs  et  animés,  et  le  paraîtraient  plus  encore  sans 
la  monotonie  de  la  forme  rimée  et  Tennuyeux  emploi  des  formules  toutes 
faites.  11  sait  choisir  entre  ce  qu'il  a  vu  lui-même  et  ce  qu'il  a  entendu  dire  et  ne 
raconte  que  c#qui  vaut  la  peine  d'être  raconté.  C'est  ainsi  qu'on  remarquera 
qu'il  ne  dit  pas  un  mot  de  la  traversée  de  Marseille  à  Messine,  qui  n'oflFrit 
sails  doute  aucun  incident  remarquable,  ni  de  ce  qui  se  passa  dans  les  nom- 
breuses haltes  des  croisés.  On  ne  trouve  pas  dans  le  récit  qui  émane  directe- 
ment de  lui  de  ces  anecdotes  puériles  qu'offre  à  mainte  reprise  l'écrit  dont  il  a 
fait  usage  pour  raconter  la  partie  du  siège  d'Acre  à  laquelle  il  n'avait  pas  assisté. 
On  ne  pourrait  lui  reprocher  que  d'avoir  raconté  trop  d'exploits  sans  conséquence 
de  tel  ou  tel  chevalier  secondaire;  mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  ces  hauts 
faits  avaient  alors  un  intérêt  tout  vivant  et  que  la  plupart  des  guerriers  ainsi 
mentionnés  étaient  de  proches  compatriotes  du  poète.  Ce  n'est  pas  d'ailleui*s, 
semble-l>il,  pour  s'assurer  la  faveur  d'aucun  d'eux  qu'il  les  loue  :  rien  n'in  - 
dique  même  qu'il  ait  adressé  son  œuvre  à  Richard,  à  qui  elle  aurait  assu- 
rément dû  plaire.  C'est  sur  le  public  qu'il  comptait  pour  le  succès  de  son 
poème,  et  pour  assurer  ce  succès  il  a  cherché  et  il  a  réussi  à  être  à  la  fois 
intéressant  et  véridique  ^^K 

VEstoire  de  lagueire  sainte  est  donc  une  œuvre  historique  de  grande  valeur, 
qui  fait  honneur  au  brave  et  honnête  pèlerin  qui  l'a  rimée,  sans  prétention 
littéraire,  mais  non  sans  apporter  au  choix  et  à  la  disposition  de  ses  matériaux 
une  attention  diligente.  La  découverte  de  ce  poème  aurait  fait  sensation  dans 
le  monde  des  historiens  si  le  contenu  n'en  avait  pas  été  connu  depuis  long- 
temps par  la  traduction  latine.  Même  à  côté  de  ïlUnerarium  Ricardi,  VEstoire 
de  la  guerre  sainte  conserve,  outre  son  intérêt  philologique,  le  grand  mérite 
de  donner  le  récit  dans  sa  forme  originale  et  tel  que  l'a  conçu  l'auteur,  et  de 
nous  transmettre  les  discours,  les  entretiens,  les  impressions  passagères,  les 


^'^  Tout  ce  qu'on  pourrait  peut-être  lui  re- 
procher, c'est  lomission  de  certains  traits  qui 
n'auraient  pas  été  favorables  à  son  hëros.  Ainsi 
il  ne  dit  pas  que  la  venue  de  Bërengère  de  Na- 
varre k  Messine  ëlail  une  offense  pour  Philippe . 
dont  Richard  avait  promis  d'ëpouser  la  sceur,  et 
que  la  vraie  raison  de  Richard  pour  retarder  son 
dëpart  fut  le  désir  de  célébrer  son  mariage  avec 
cette  princesse  après  Temlxarquemont  du  roi  dp 


France,  ce  qui  n'empéclia  pas  celui-ci  de  fiEÛre, 
à  Acre,  l'accueil  le  plus  courtois  au  roi  et  k  la 
nouvelle  reine  d'Angleterre.  D  ne  dit  pas  un  mot 
de  la  violence  insultante  dont  Richard  usa ,  après 
la  prise  d'Acre,  envers  le  duc  Léopold  d'Autriche, 
et  qui  fut,  indirectement  et  directement,  la  prin- 
cipale cause  de  sa  captivité.  Il  est  cependant  dif- 
ficile de  croire  que  ces  faits  n'aient  pas  été  connus 
d'Arabroise. 


LA  TRADUCTION  LATINE.  lu 

sentiments  profonds  des  croisés  de  1 189,  dans  toute  leur  fraîcheur  et  leur 
naïveté.  Elle  a  en  outre  ce  grand  prix  d'être,  —  à  part  la  chronique  anglo- 
normande  de  Jordan  Fantosme  et  la  sèche  relation  en  prose  d'Ernoul,  —  le 
plus  ancien  texte  d'histoire  contemporaine  écrit  en  français  qu^nous  soit  par- 
venu, Gaimar,  Wace  et  Benoit  n'ayant  écrit  que  sur  des  époques  bien  anté- 
rieures à  la  leur  et  presque  exclusivement  d'après  des  sources  latines.  Malgré 
le  caractère  très  peu  personnel  qu'Ambroise  a  donné  à  son  récit  et  le  rôle 
effacé  qu'il  a  joué  dans  les  événements,  elle  a,  par  le  fait  que  l'auteur  (à 
l'exception  de  l'épisode  intercalaire)  ne  raconte  que  ce  qu'il  a  vu,  un  caractère 
qui  la  rapproche  des  Mémoires;  et,  consacrée  également  à  l'histoire  d'une 
croisade  par  un  témoin  oculaire,  elle  doit  prendre  place  désormais  en  tète 
des  mémoires  plus  célèbres,  mais  postérieurs  de  quinze  et  de  soixante-dix  ans, 
que  composèrent  sur  leurs  expéditions  d'Orient  Geoffroi  de  Villehardouin, 
Robert  de  Glari  et  Jean  de  Joinville. 


V.  —  LA   TRADUCTION   LATINE. 

On  est  embarrassé  de  décider,  au  premier  abord,  si  l'auteur  de  ïltine- 
ranum  Ricardi^  Richard,  chanoine  de  la  Sainte-Trinité  à  Londres,  doit  être 
considéré  comme  un  honnête  traducteur  ou  comme  le  plus  effronté  des 
plagiaires.  Ge  qui  semblerait  appuyer  le  premier  jugement,  c'est  qu'un  con- 
temporain, qui  devait  être  très  bien  informé,  donne  expressément  Yltine- 
rarium  pour  une  traduction  du  français,  et  cela  sans  avoir  nullement  l'air  de 
vouloir  faire  une  révélation  désagréable  au  prétendu  auteur.  On  lit  à  la  fin 
du  Chronicon  Terrae  Sanciae^  récit  de  la  guerre  de  1187  et  de  la  prise  de  Jéru- 
salem, fait  par  un  témoin  oculaire^  et  continué  de  1187  à  1191  à  l'aide 
d'extraits  du  livre  I  de  Vltinerarium  :  «Post  Pascha  anno  ab  Incarnatione 
Domini  1191,  rex  Francise  Philippus  applicuit  apud  Achon ,  et  non  multo 
post,  scilicet  circa  Pentecosten,  venit  rex  Anglorum  Ricardus;  quorum  serimn 
itineris  et  quœ  in  iiinere  gesseimni  seu  ex  qua  occasime  rex  Philippus  repatriavit 
si  quis  plenius  scire  desideraty  légal  librum  quem  dominus  prior  Sanctœ  Trinitalis  de 
Londaniis  ex  gallica  lifigua  in  latinam  tam  el^anti  quant  veraci  stilo  transferri 
fecit^^Kfi  M.  Stubbs  a  montré  par  d'excellents  raisonnements  :  i*'  que  l'auteur 

^'^  Marteno  et  Durand,  AmpiUstma  CoUeetio,  t.  V,  p.  877. 


u 


Lx  INTRODUCTION. 

de  la  première  partie  du  Chronicon  n  était  sans  doute  pas  Raoul  de  Goggeshail, 
auquel  on  Ta  attribué  sans  raison;  2^  que  la  seconde  partie  avait  été  ajoutée 
après  coup  et  n'était  pas  du  même  auteur  ^^).  a  Mais,  ajoute-t-il  justement,  il 
importe  peu  que  le  renseignement  qui  concerne  Yltinerarium  provienne  de 
Tabbé  Raoul,  de  Tauteur  de  la  première  partie,  ou  d'un  autre.  Il  çst  clair  que 
l'écrivain  qui  Ta  noté  le  croyait  exact,  et  il  n'y  a  aucune  raison  de  supposer 
que  c'est  simplement  une  fiction  due  à  la  jalousie  littéraire.  Dire  que  l'auteur 
prétendu  d'un  livre  Ta  simplement  traduit  ou  fait  traduire  tam  ekganti  quam 
veraci  stilo  serait  un  exemple  de  raffinement  satirique  au-dessus  de  la  malice 
d'un  écrivain  du  xiii^  siècle.^  Il  est  très  probable,  en  effet,  que  l'auteur  de 
cette  note  tenait  son  renseignement  du  prieur  même  de  la  Sainte-Trinité, 
lequel  n'avait  nullement  prétendu  dissimuler  que  l'ouvrage  qu'il  avait  fait 
exécuter  par  un  de  ses  chanoines  était  une  simple  traduction  du  français. 

Mais  le  prieur,  notons-le  bien,  n'était  pas  lui-même  l'auteur  de  ïldneron 
rium.  Cet  auteur  est  un  chanoine  appelé  Richard,  comme  nous  l'apprend  une 
notice  du  chroniqueur  Nicolas  Trivet,  qui  écrivait  au  commencement  du 
XIV*  siècle,  et  qui  n'a  pas  d'ailleurs  eu  l'idée  de  suspecter  l'originalité  de  l'/itî- 
nerarium.  Nicolas  Trivet  a  emprunté  à  ce  livre  le  récit  de  la  troisième  croisade 
qu'il  a  inséré  dans  ses  AnnaleSy  et  au  moment  de  tracer  le  portrait  du  roi 
Richard  il  s'exprime  ainsi  :  (r  cujus  mores  corporisque  formam  Ricardus  cano- 
nicus  Sanct»  Triuitatis  Lpndoniensis ,  qui  itinerarium  régis  prosa  et  métro  (') 
scripsit  secundum  ea  quae  ut  ipse  asserit  prsesens  vidit  in  castris,  per  hune 
modum  describit^''.  "»  Les  témoignages  du  Chronicon  TerraeSanctae  et  de  Nicolas 
Trivet  se  confirment  et  se  complètent  l'un  l'autre  :  le  prieur  de  la  Sainte- 
Trinité  avait  chargé  un  de  ses  chanoines,  appelé  Richard,  de  traduire  en  latin 
le  poème  d'Âmbroise,  et  celui-ci  s'en  était  acquitté  avec  autant  d'élégance  que 
de  fidélité. 

Des  trois '^)  manuscrits  qui  nous  ont  conservé  en  entier  Yltinerariumy  aucun 
ne  porte  le  nom  de  Richard;  deux  sont  anonymes,  le  troisième  attribue  l'ou- 
vrage à  Gaufroi  de  Vinsauf,  erreur  qui  s'est  perpétuée  jusqu'à  ces  derniers 

^*)  Itinerarium reg^  Ricardi,  edited  by  parler  d*uo  manuscrit  de  ï Itinerarium  conserve 

W.  Stubbs  (Londi^es,  186^,  in-S*"),  p.  ly-lyiii.  ciiez  sir  Thomas  PhilHpps  et  qu'il  lui  a  été  im- 

^*'  Voir  ci-après  p.  \c.  possible  de  voir.  Il  ny  a  aucune  trace ,  k  ce  que 

^^''  Trivet,  élit.  Hog,  p.  116.  veut  bien  m*assurer  M.  P.  Meyer,  de  Texistence 

'-  M.  Stubbs  (p.  Lxxiv)  dit  avoir  entendu  de  ce  manuscrit  à  Cbeltenham. 


LA  TRADUCTION  LATINE.  wi 

temps,  et  que  M.  Stubbs  a  parfaitement  réfutée  et  expliquée '^^  On  voudrait 
croire  que  dans  une  épître  dédicatoire  à  son  prieur,  que  les  copistes  auraient 
laissée  de  côté,  Richard  présentait  son  ouvrage  comme  une  traduction;  mais, 
malheureusement  pour  lui,  il  est  évident  que  Nicolas  Trivet  a  eu  sous  les 
yeux  un  manuscrit  où  Richard  se  nommait  et  où,  loin  de  se  donner  comme 
un  simple  traducteur,  il  affirmait  avoir  été  le  témoin  oculaire  des  faits  qu'il 
raconte,  c'estr-à-dire  que  ce  manuscrit  contenait  le  prologue  que  donnent  les 
nôtres,  et  où  nous  lisons  :  «rQuod  si  Phrygio  Dareti  de  Pergamorum  eversione 
ideo  potius  creditur  quia  quod  alii  retulere  auditum  ille  praesens  conspexit, 
nobis  etiam  historiam  Jerosolimitanam  tractantibus  non  indigne  fides  debetur, 
qui  quod  vidimus  testamur,  et  res  gestas  adhuc  calente  memoria  stilo  duximus 
designandas.  t)  A  la  rigueur  on  pourrait  supposer  que  c'est  l'auteur  français , 
nommé  dans  une  épître  dédicatoire  perdue,  que  Richard  fait  ainsi  parler; 
mais  que  dire  de  ce  qui  suit  ?  (r  At  si  cultiorem  dicendi  formam  deliciosus 
exposcit  auditor,  noverit  nos  in  castris  fuisse  cum  scripsimus,  et  bellicos  stre- 
pitus  tranquillœ  meditationis  otium  non  admisisse.  t)  Cette  apologie  faussement 
modeste,  —  car  l'auteur  s'est  efforcé  de  donner  à  son  style  tous  les  ornements 
à  la  mode  de  son  temps ,  —  ne  peut  s'appliquer  qu'à  la  forme  latine  de  l'ou- 
vrage. Richard  prétend  donc  bien  lui-même  avoir  écrit  cet  ouvragé  en  latin 
crdahs  les  camps  )>.  Ce  mensonge  évident  nous  prouve  qu'il  a  eu  l'intention 
de  se  donner  pour  un  témoin  oculaire  et  un  écrivain  original,  et  qu'il  n'est 
par  conséquent,  comme  nous  hésitions  à  le  dire  au  début,  que  le  plus  impu- 
dent des  plagiaires. 

Mais  comment  se  concilie  cette  usurpation  avec  le  renseignement,  donné 
visiblement  sans  malice,  du  Chronicon  Terrm  Sanctœl  Voici  ce  que  nous  serions 
enclin  à  supposer.  Il  existe  ou  il  a  existé  (^)  plusieurs  manuscrits  de  YIHnera" 
rium  ne  contenant  que  le  livre  I;  Giraud  de  Rarri,  Roger  de  Wendover,  une 
continuation  inédite  de  Guillaume  de  Tyr,  ne  font  d'extraits  que  du  même 
livre;  le  Chronicon  Terras Sanctae  s'en  tient  également  là, et  ce  n'est  qu'arrivé  à 
la  première  phrase  du  livre  II  qu'il  renvoie  à  la  traduction  d'un  ouvrage  fran- 

■ 

^*^  Un  manuscrit  du  livre  I ,  que  possédait  ce  qui  concerne  les  manuscrits  de  Vltinerarium 

Barth,  ()ortait  comme  nom  d'auteur  Guido  Ad-  et  l'histoire  iitté*aire  de  cet  ouvra(|[e,  je  ne  puis 

dmnensiê.  M.  Stubbs  a  également  montré  Tina-  que  renvoyer  à  Flntroduction  du  savant  éditeur 

nité  et  Torigine  possible  de  cette  attribution,  anglais, 
sur  laquelle  on  a  inutilement  disserté.  Sur  tout  ^*^  Voir  Stubbs,  p.  lxx. 


Lxn 


INTRODUCTION. 


çais  faite  par  ordre  du  prieur  de  la  Sainte-Trinité.  Or  le  livre  1,  comme  nous 
allons  le  voir,  n'est  pas  emprunté  à  Ambroise,  et  il  n'est  même  pas  certain 
que  Richard,  en  l'écrivant,  ait  eu  le  poème  d'Ambroise  sous  les  yeux  (voir 
ci-dessous  p.  lxviu).  Il  semble  qu'il  ait  composé  deux  ouvrages  distincts,  l'un 
(livre  11- VI)  traduit  d'Ambroise,  que  son  prieur  lui  avait  commandé  et  que 
sans  doute  il  lui  offrit,  l'autre  (livre  I)  racontant  la  croisade  de  Frédéric  et 
les  événements  de  Terre-Sainte  antérieurs  à  l'arrivée  du  roi  d'Angleterre  (et 
d'Ambroise)  à  Acre,  qu'il  avait  pris  à  d'autres  sources. 

On  peut  supposer  que,  le  prieur  étant  mort,  Richard  réunit  ses  deux 
ouvrages  en  un,  et  qu'il  eut  alors  l'idée  de  s'attribuer  non  seulement  la  tra- 
duction, mais  la  composition  du  tout.  Le  prieur  des  chanoines  augustins  de 
la  Sainte-Trinité  de  Londres  fut  à  partir  de  1170  un  certain  Etienne,  mort 
en  1 198,  mais  déposé  dès  1 197  et  remplacé  par  Pierre  de  Gornouaille,  qui 
ne  mourut  qu'en  mai  ^^K  C'est  sans  doute  Etienne  qui  avait  commandé  à  Ri- 
chard Yllinerarium,  dont  la  partie  vraiment  traduite  d'Ambroise  (livre  U-VI) 
aurait  ainsi  été  composée  en  1 1 96  ou  1 197  au  plus  tard,  tandis  que  l'autre, 
ainsi  que  le  prologue,  où  il  n'est  pas  fait  mention  du  prieur,  aurait  été  ajoutée 
ensuite.  Nous  avons  vu  que  le  poème  d'Ambroise  a  dû  être  terminé  en  1 195 
ou  1 196,  en  sorte  qu'il  aurait  été  traduit  aussitôt  après (^).  fin  se  demande, 
il  est  vrai,  comment  le  chanoine  Richard  a  osé,  en  face  de  ses  confrères  et 
de  ceux  qui  savaient  de  quelle  besogne  le  défunt  prieur  l'avait  chargé,  se 
donner  comme  un  auteur  original  et  un  témoin  oculaire  de  la  croisade  (^). 


')  Voir  Dogdale,  MonasUeon  AngUcamtm, 
t.  VI ,  p.  1 5o  b. 

^*^  Il  est  vrai  que  nos  trois  manuscrits  de 
Vliinerariutn,  en  mentionnant  Jean  sans  Terre 
(V,  ixii),  le  qualifient  de  tune  comité,  ce  qui 
prouverait  que  le  livre  a  éiA  ëcrit  après  Favène- 
ment  de  Jean  au  tr^ne  (Stubbs,  p.  lxx);  mais  il 
ne  fisiut  pas  oublier  que.  dans  Thypothèse exposée 
ci-dessus,  ces  manuscrits  ne  présentent  que  la 
seconde  rédaction  de  louvrage,  où  ces  deux  mots 
ont  pu  facilement  être  insérés.  L'ouvrage  lui- 
même  ,  comme  le  poème  d'Ambroise,  semble  bien 
partout  parler  de  Richard  comme  vivant  encore. 

^^^  On  ne  saurait  en  effet  supposer  que  Richard 
de  la  Sainte-Trinité,  tout  en  traduisant  le  poème 


français,  aurait  néanmoins,  comme  il  Taffirme, 
assisté  aux  événements  que  raconte  ce  poème. 
Nous  verrons  par  la  comparaison  des  deux  ou- 
vrages qu  il  n  ajoute  au  récit  d'Ambroise  rien 
qui  décèle  une  connaissance  personnelle  des  faits, 
qu'il  suit  son  modèle  avec  une  docilité  minutieuse 
à  laquelle  n  aurait  pu  s'astreindre  un  témoin 
oculaire,  et  qu'il  commet  des  erreurs  on  des 
contre  sens  i\m  prouvent  son  absence  du  théAtre 
de  la  guerre  et  son  ignorance  des  hommes  et 
des  choses.  —  Il  parait  inutile  de  recherdier 
si  le  chanoine  Richard  est  le  «r  frère  Richard 
du  Temple"  qui  fut  nommé  prieur,  è  la  place 
de  Pierre  de  Gornouaille,  en  lasa  (Stubl», 

p.  LXXVIl). 


LA  TRADUCTION  LATINE.  uni 

Quoi  qu  ii  en  soit,  la  découverte  du  poème  d'Ambroise  est  venue  conGrmer 
d'une  façon  indiscutable  fassertion  du  Chranicon  Terraè  Sanctae,  Jusque-là  elle 
avait  paru  peu  vraisemblable.  M.  Stubbs  a  consacré  à  la  réfuter  plusieurs 
pages  de  son  Introduction,  qui  montrent  dans  quelles  erreurs  peut  tomber 
la  critique  même  la  plus  perspicace  quand  elle  ne  s'appuie  pas  sur  des  faits. 
Je  ne  me  complairais  pas  à  rapporter  l'argumentation  de  l'émiuent  historien 
si  elle  ne  fournissait  l'occasion  de  quelques' remarques  qui  méritent  peut-être 
l'attention  de  ceux  qui  ont  à  s'occuper  de  discussions  du  même  genre. 

ail  est  impossible,  dit  l'auteur  dès  le  premier  mot,  que  l'ouvrage  soit  une 
traduction.  1)  En  effet  :  i**le  style  en  est  trop  différent  de  celui  d'aucun  ou- 
vrage français,  en  prose  ou  en  vers,  du  xui®  ou  même  du  xiv*  siècle;  2**  il  est 
rempli  de  citations  de  la  Bible  ou  de  poètes  et  de  prosateurs  latins  que  n'a 
jamais  pu  admettre  un  écrivain  français  et  que,  s'il  les  avait  admises,  le  tra- 
ducteur n'aurait  jamais  pu  remettre  précisément  dans  leur  forme  originale; 
souvent  ces  citations  et  ces  réminiscences  sont  incorporées  au  texte  de  façon  à 
en  être  inséparables;  3^  il  y  a  des  invei*sions  de  sens,  des  jeux  de  mots,  de 
petites  expressions  proverbiales  qui  prouvent  ou  que  le  livre  est  un  ouvrage 
original,  ou  que  le  traducteur  a  eu  plus  de  part  que  l'auteur  supposé  à  la 
forme  donnée  aux  détails;  /i^  il  y  a  dans  les  récits  des  combats  et  dans  la 
peinture  des  souffrances  de  l'armée  une  exaltation  et  en  même  temps  une  pro- 
lixité qui  auraient  lassé  la  patience  de  tout  traducteur  :  (r  Seul  un  homme  à  la 
fois  témoin  et  auteur  a  pu  soutenir  son  enthousiasme  à  travers  ces  descrip- 
tions, qui  sont  pour  le  fond  ce  qu'il  y  a  de  plus  ennuyeux  et  pour  la  forme  ce 
qu'il  y  a  de  plus  animé  dans  le  livret;  5^  cries  passages  où  les  manuscrits  dif- 
fèrent par  des  additions  ou  des  omissions  ne  sont  pas  compatibles  avec  l'hy- 
pothèse d'après  laquelle  l'ouvrage  serait  une  traduction,  taudis  qu'ils  s'expli- 
quent d'une  manière  satisfaisante  dans  l'hypothèse  contraires.  J'avoue  ne  pas 
comprendre  ce  dernier  argument,  et  je  dirai  seulement  que  la  comparaison  du 
français  permet  aujourd'hui  en  plus  d'un  cas  de  reconnaître  ce  qui ,  dans  les 
manuscrits  latins,  a  été  ajouté  ou  omis  par  les  scribes.  Quant  aux  autres  argu- 
ments, ils  pouvaient  produire  un  certain  effet  a  priori:  on  voit  comment  les  faits 
les  ont  réfutés.  Le  travail  de  Richard  a  justement  consisté  à  ajouter  à  un  simple 
et  naïf  original  tous  les  ornements,  tous  les  oripeaux,  tous  les  caparaçons  du 
beau  style  latin  tel  qu'on  se  le  représentait  alors.  Mais  c'est  précisément  ce 
style  pompeux  et  prétentieux  qui  aurait  dû  mettre  en  garde  le  jugement  du 


Lxiv  INTRODUCTION. 

critique.  Ce  n'est  que  quand  Richard  y  renonce  (et  cela  lui  arrive  souvent), 
quand  il  se  borne  à  traduire  littéralement  son  modèle,  qu  ii  peut  nous  donner 
riilusion  de  reproduire  l'impression  directe  d'un  témoin  oculaire.  Sa  rhéto- 
rique nous  fait,  même  sans  la  comparaison  avec  l'original,  l'effet  d'un  placage 
extérieur  jeté  sur  un  fond  préexistant.  Je  m'étonne  que  M.  Stubbs  ait  voulu 
établir  l'originalité  de  son  auteur  avec  des  remarques  comme  celle-ci:  et  Est-il 
concevable  que  le  discours  du  roi  Richard  à  ses  matelots,  dans  l'aventure  du 
dromon,  puisse  être  une  traduction,  je  ne  dis  pas  d'une  vraie  relation  des 
paroles  prononcées  par  le  roi,  mais  de  n'importe  quelles  paroles  qu'un  homme 
dans  son  bon  sens  aurait  pu  lui  prêter?  Ce  discours  se  compose  d'une  phrase 
raisonnable,  puis  d'un  vers  latin,  enfin  d'une  imitation  de  formules  d'actes 
légaux!  De  quelle  éloquence  imaginable  cela  peut-il  être  un  échantillon?  Ce- 
pendant en  latin  l'absurdité  n'est  pas  assez  grande  pour  nous  frapper  dés- 
agréablement. 19  Je  ne  vois  pas  comment  cela  prouve  que  l'auteur  latin  a 
lui-même  recueilli  le  discours  de  Richard  et  n'a  pas  arrangé  à  sa  guise  une 
indication  qu'il  trouvait  dans  son  modèle;  un  tel  farrago  révèle,  semble-t-il , 
tout  le  contraire  d'un  auteur  original.  Âmbroise  nous  dit  tout  simplement  que, 
les  (cgaliotST)  n'osant  pas  monter  à  l'abordage  du  vaisseau  sarrasin,  crie  roi 
jura  son  serment  qu'il  les  ferait  pendre  s'ils  se  relâchaient  et  laissaient  les 
Turcs  leur  échappera  (v.  2225-3228).  C'est  là-dessus  que  notre  chanoine  a 
construit  sa  mirifique  harangue  :  (t  Qui  fortiter  exclamans  suis  dixit  :  Numquid 
navem  intactam  et  illœsam  sustinetis  abire?  Proh  pudori  posl  tôt  triumphos 
exactos,  irrepente  desidia ,  ceditis  ignavi?  Nondum  quiescendi  tempus  advenit, 
dum  restant  hostes  et  quod  sors  obtulit  ultro.  Noverit  universitas  vestra  vos  omnes 
in  cruce  suspendendos  vel  ultimis  afficiendos  suppliciis,  si  hos  sustinueritis 
abire  tî  (I.  II ,  ch.  xui).  C'est  là  ce  qui  s'appelle  <r  orner  sa  matière  n ,  et  l'exemple 
est  typique,  mais  on  pourrait  en  citer  plusieurs  à  peu  près  pareils.  C'est  le 
procédé  que  nous  retrouvons,  poussé  plus  ou  moins  loin,  chez  tous  les  lati- 
nistes qui  se  sont  donné  pour  tâche,  du  i\®  au  \\\f  siècle,  de  remettre  en  beau 
style  soit  les  produits,  barbares  à  leurs  yeux,  de  l'époque  mérovingienne,  soit 
des  compositions  écrites  avec  trop  de  simplicité;  c'est  ainsi  que  trois  auteurs 
différents,  Baudri  de  Bourgueil,  Guibert  de  Nogent  et  Robert  de  Reims,  ont 
pris  pour  thème  de  leurs  nsTrrations,  plus  ou  moins  élégantes,  la  simple  et  sin- 
cère relation  de  la  première  croisade,  désignée  sous  le  nom  de  Gesta  peregri^ 
norum.  Un  bon  rhétoricien  comme  Richard  devait  employer  ce  procédé,  et 


LA  TRADUCTION  LATINE.  lxv 

plus  librement  encore,  du  moment  qu  il  lavait  pour  canevas  de  ses  broderies 
un  récit  en  langue  vulgaire. 

M.  Stubbs  n'a  pas  été  sans  voir  lobjection  que  les  habitudes  littéraires  du 
moyen  âge  opposaient  à  son  système;  il  la  même  admise  en  partie,  mais  il 
est  loin  de  l'avoir  saisie  dans  toute  sa  force.  rOn  peut  répondre,  dit-il,  que 
par  «r traduction 7)  un  écrivain  du  xni*  siècle  n'entend  pas  nécessairement  une 
V  ersion  littérale  du  français  en  latin,  et  que  le  mot  s'appliquerait  également  à 
un  livre  dont  Tarrangement  et  les  détails  seraient  empruntés  à  un  autre,  écrit 
dans  une  langue  étrangère.  .  .  Mais  un  paraphrasle  qui  revêt  de  vie,  de  cou- 
leur et  d'énergie  le  squelette  desséché  d'une  de  ces  (r  lettres  de  nouvelles  ^^ 
dont  nous  connaissons  le  type  médiéval,  qui  nous  en  raconte  le  sujet  avec 
tout  l'intérêt  et  toute  l'animation  d'un  témoin  oculaire,  celui-là  n'est  pas  un 
traducteur  au  sens  moderne  du  mot  :  son  œuvre  est  une  œuvre  originale.  ?)  11 
était  cependant  facile  de  faire  deux  parts  dans  le  livre  du  chanoine  de  Londres, 
celle  des  ornements  extérieurs,  tout  à  fait  inutiles  au  récit,  et  celle  du  récit 
lui-même  :  en  le  faisant,  on  arrivait  tout  naturellement  à  conclure  que  cet 
auteur  mérite  bien  le  nom  de  traducteur  pour  tout  ce  qui  a  de  l'intérêt  et  de 
la  valeur,  et  qu'il  n'est  réellement  auteur  (je  ne  dirai  pas  original,  car  sa 
rhétorique  est  en  bonne  partie  un  centon)  que  pour  ce  qui  est  insipide  et  su- 
perflu. Devant  l'assertion  formelle  du  Chronicon  Terme  Sanctaey  cette  conclusion 
aurait  pu  sortir  de  l'examen  de  YIttnerariumy  même  en  l'absence  du  poème 
français;  et,  dans  des  conditions  analogues,  la  critique  devrait  assurément 
y  regarder  de  plus  pràs  avant  de  rejeter  un  témoignage  contemporain  aussi 
clair  et  aussi  peu  suspect. 

Toute  cette  discussion  n'a  plus  d'objet  depuis  que  l'ouvrage  mis  en  latin 
par  Richard  de  la  Sainte-Trinité  est  sous  nos  yeux.  Il  n'y  a  même  pas  lieu  de 
combattre  sérieusement  l'hypothèse  qui  pourrait  se  présentera  l'esprit,  d'après 
laquelle  ce  serait  Âmbroise  qui  aurait  utilisé  l'ouvrage  latin.  11  y  a  en  effet 
dans  celui-ci  de  nombreuses  traces  des  rimes  de  notre  poème;  nous  en  relè- 
verons quelques-unes  dans  la  comparaison  qui  suit.  Il  y  a  aussi  plusieurs 
contre-sens,  dont  quelques-uns  ont  été  indiqués  soit  dans  le  Glossaire,  soit 
dans  les  notes  de  la  traduction,  et  dont  nous  signalerons  encore  plus  loin 
un  certain  nombre.  Mais  il  sufiit  de  mettre  en  regard  du  texte  français  un  des 
chapitres  où  Richard  a  suivi  exactement  Ambroise  pour  être  convaincu  du 
rapport  des  deux  textes  :  jamais  un  versificateur  ne  pourrait  se  modeler  aussi 


r 

laraiHKriB  iatioiilb. 


LX¥I 


INTRODUCTION. 


fidèlement  sur  un  récit  écrit  dans  une  langue  étrangère,  au  lieu  quun  tra- 
ducteur en  prose  a  pu  sans  grand'peine  reproduire  parfaitement  son  original. 
Nous  prenons  presque  au  hasard  le  chapitre  qui  nous  servira  d'exemple  : 


Ambroisb,  V.  6o5-6!i6^'). 

Quant  li  dui  rei  arrivé  furent, 
Li  Grifon  puis  en  pais  s'esturent; 
Mais  li  Longuebart  estri vouent, 
E  nez  pèlerins  maneçouent 
Que  lor  trës  lor  detrenchereient 
E  lor  aveirs  en  portereient; 
Car  de  lor  femmes  se  dotèrent, 
A  cui  li  pèlerin  parlèrent  ; 
Mais  teus  le  (ist  por  eus  grever 
Qui  n^i  deignast  rien  achever. 
Li  Longuebart  e  la  commune 
Eurent  toz  jorz  vers  nos  rancune 
,  Por  ço  que  lor  père  lor  distrent 
Que  nostre  anceisor  les  conquistrent  ; 
Si  ne  nos  poeient  amer, 
Ainz  nos  cuidouent  afamer^^). 
Nel  firent  por  nos  sushaucier  ^^\ 
Que  il  firent  lor  tors  haucler 
E  les  fossez  plus  parfont  faire  : 
Iço  empeira  moul  Tafaire, 
E  les  tençons  et  les  manaces 
Qui  levouent  en  plusors  places. 


Itinerarium,  1.  II,  ch.  xiy('). 

Grifibnum,  dum  reges  tanta  cum  mrMe 
vidèrent  appulsos,  in  parte  repressa  est  ar- 
rogantia,  quippe  qui  se  perpenderent  virtuie 
vrferwres  et  gloria,  Longobardi  vero  contuma^ 
citer  murmurantes  contendere  non  cessabant 
conviciis  et  opprobriis  lacessere  nôstros, 
tentoria  se  comminantes  invasuros  ut  ttm 
occidererU  et  res  suas  diriperent.  Zelo  qui- 
dero  ducebantur  super  uxoribus  suis,  cum 
quibus  nonnulli  peregrinorum  coUoqueban- 
tur,  pocius  ad  ipsos  irritandos  maritosquam 
ad  perpetrandum  adulterium.  Hac  îtaque 
occasione  et  invidia  perturbati  Longobardi 
cum  communa(^)  civitatis  semper  tu  quantum 
Ucuit  nostris  erant  infesti,  maxime  pro  eo 
quod  ab  antecessoribus  suis  se  didicerant 
olim  a  nostris  fuisse  subjugatos ,  unde  quanta 
poterant  nobis  procurabant  incommoda,  et 
turrium  exaltabant  propugnacula,  et  altioris 
profunditatis  fossas  ambierUes  perfodere. 
Praeterea  ad  incitandum  animorum  impul- 
sum  frequentissimis  provocabant  conviciis 
et  dchonestabant  contumeliis. 


Une  comparaison  suivie  entre  le  poème  d'Ainbroise,  tel  que  nous  Ta 
conservé  Tunique  manuscrit,  et  la  traduction  latine  offre  de  l'intérêt  à  plusieurs 
points  de  vue.  D'une  part,  la  traduction,  qui  s'appuyait  sur  un  manuscrit  tout 
à  fait  contemporain  du  poème,  nous  indique  souvent  une  leçon  meilleure  que 


(*)  Pai  introduit  dans  le  texte  quelques  très 
légères  modifications  orthographiques  qui  le  rap  - 
prochent  de  sa  physionomie  originale;  j'ai  fait 
de  môme,  soit  dit  eo  passant,  pour  plusieurs 
des  citations  données  dans  cette  Introduction. 

^*'  J*ai  imprimé  en  italique  les  mots  ajoutés 


par  Richard;  on  voit  qu'ils  ne  font  qu'amplifier 
le  texte  sans  rien  y  ajouter. 

('^  Mot  visiblement  pris  à  la  rime  française* 
(*)  Vers  non  traduit,  je  ne  sais  pourquoi. 
^'^  Cette  tournure  ironique  n*a  pas  été  tra- 
duite ni  peut-être  comprise. 


LA  TRADUCTION  LATINE.  lxvu 

celle  du  nôtre,  et  permet  même  d'en  combler  des  lacunes  plus  ou  moins  im- 
portantes. D  autre  part,  il  est  curieux  de  signaler  les  contresens  et  les  méprises 
dont  s'est  rendu  coupable  un  traducteur  si  voisin,  de  toute  façon,  de  Tori- 
ginal.  Enfin  il  y  a  dans  la  version  latine  un  certain  nombre  de  changements, 
de  suppressions  et  d'additions  qui  paraissent  bien  du  &it  du  traducteur,  et 
dont  il  peut  être  intéressant  de  rechercher  la  cause  ou  les  sources. 

Mais  pour  procéder  à  cette  comparaison  il  faut  d'abord  se  rendre  compte  de 
la  composition  de  Yltinerarium.  Richard  de  la  Sainte-Trinité  a  modifié  Tordre 
wivi  par  Âmbroise.  Celui-ci  raconte  les  événements  auxquels  il  a  pris  part 
dans  leur  succession  même,  telle  qu'il  l'a  vue  se  dérouler.  Après  un  bref  ex- 
posé des  causes  et  des  préparatifs  de  la  croisade,  il  suit  constamment  la  marche 
du  roi  Richard ,  d'Angleterre  à  Messine,  de  Messine  à  Chypre  et  à  Acre,  d'Acre 
à  Acre,  où  il  se  rembarque,  à  travers  toutes  les  étapes  de  la  guerre.  Seule- 
ment, au  moment  de  la  première  arrivée  du  roi  en  Syrie,  il  intercale  une 
grande  parenthèse,  où  il  résume  l'histoire  de  la  Terre-Sainte  depuis  l'avène- 
ment de  Gui  de  Lusignan  et  celle  du  siège  d'Acre  jusqu'à  ce  moment;  ici  il  nest 
plus  témoin  oculaire,  mais  suit  en  partie  des  récits  oraux,  en  partie  une  source 
écrite.  Richard  de  la  Sainte -Trinité  a  disposé  autrement  sa  matière.*  Dans 
son  livre  I,  il  raconte  les  causes  de  la  croisade,  l'expédition  de  Frédéric  (dont 
Ambroise  ne  disait  à  peu  près  rien),  et  l'histoire  de  la  Terre-Sainte  et  du 
siège  d'Acre  jusqu'à  l'arrivée  de  Richard,  d'après  la  même  source  qu'Ambroise, 
mais  non  d'après  lui.  Puis,  au  début  du  livre  II,  il  prend,  après  une  phrase  de 
..raccord,  le  récit  du  poète  français  et  le  suit  jusqu'au  bout,  en  supprimant  na- 
turellement la  grande  parenthèse  qui  répond,  dans  ce  récit,  à  une  partie  de 
son  livre  I.  Ainsi  ce  n'est  que  dans  ses  livres  II-VI  qu'il  suit  fidèlement  le 
poème;  le  livre  I  en  est  plus  ou  moins  indépendant.  Il  est  donc  bon  d'examiner 
les  deux  parties  séparément,  et  il  est  naturel  de  commencer  par  celle  qui  se 
prête  à  une  comparaison  suivie  avec  l'original. 

L.  II,  ch.  I.  Phrase  de  raccord,  correspondant  à  peu  près  au  v.  /iSag. 

Ch.  u-"V.  35-58.  Richard  amplifie  son  original  par  des  considérations 
pieuses;  il  ajoute  à  la  cessation  des  réjouissances  dans  la  chrétienté  occiden- 
tale celle  des  querelles  et  des  procès. 

Ch.  n  =  v.  59-166.  Le  traducteur  abrège  ce  qui  concerne  Henri  II  et  Ri- 
chard. Il  assure  que  l'archevêque  de  Tyr  avait  été  envoyé  spécialement  à 


I. 


ixvin  INTRODUCTION. 

Henri  II;  mais  ce  doit  être  par  orgueil  nationd,  car  ii  ne  sait  pas  plus  qu'Am- 
broise  le  nom  de  cet  archevêque,  qui  était  le  célèbre  Guillaume.  Le  motif 
donné  à  la  croiserie  simultanée  des  deux  rois  —  la  peur  de  chacun  d'eux  que 
l'autre  n'envahît  ses  terres  en  son  absence  —  est  très  vraisemblable  ;  mais ,  à 
cause  de  cela  précisément,  il  peut  avoir  été  imaginé  par  le  traducteur. 

Ch.  IV  =  V.  1 67-1 80.  Richard  ajoute  le  lieu  et  la  date  de  la  mort  de  Henri  II 
et  le  lieu  de  sa  sépulture. 

Gh.  v»v.  i8i-Qâ8.  Le  traducteur  ajoute  beaucoup  de  renseignements 
précis  sur  le  couronnement  de  Richard,  la  mention  des  massacres  de  juife  qui 
le  suivirent  de  près,  et  un  long  éloge  du  roi,  où  il  le  met  au-dessus  d'Achille, 
d'Hector,  de  Roland,  de  Titus,  de  Nestor  et  d'Ulysse,  mais  qui  contient  un 
portrait  physique  intéressant,  et  tracé,  sans  doute,  d'après  des  souvenirs  per- 
sonnels. 

Ch.  VI  =  v.  329-802.  Détails  sur  des  visites  de  Richard  à  Saint-Edmond 
et  à  Canterbury  ;  noms  des  évêques  institués  par  lui;  Guillaume  de  Longchamp 
est  fait  chancelier  et  grand  justicier.  —  Dreues  est  traduit  bizarrement  par 
Eh'wllos. 

Ch.  vn«v.  3o3-3/i6.  Richard  compte  cent  huit  navires  au  lieu  de  cent 
sept. 

Ch.  vui  =  v.  347-864.  Le  traducteur  ajoute,  évidemment  d'après  une 
source  officielle,  l'itinéraire  de  Richard  de  Tours  à  Vézelai  (par  Azai(^\  Mont- 
richard,  Selles,  la  Chapelle-Dan-Gillon'^),  Donzi). 

Ch.  IX  =  v.  365-648.  Ici  encore  nous  trouvons  dans  le  latin  l'itinéraire 
de  Richard,  de  Vézelai  à  Lyon  (par  Corbigni'^),  Moulins-Ëngilbert,  Mont- 
Escot,  Toulon,  le  Bois-Sainte-Marie ,  BeaujeuW,  Villefranche). 

Ch.  X  — V.  449-510.  Tandis  qu'Ambroise  dit  qu'après  la  rupture  du  pont 
les  pèlerins  passèrent  le  Rhône  avec  beaucoup  de  peine  dans  de  petites 
barques,  le  latin  raconte  que  Richard  fit  construire  un  pont  de  bateaux. 

^*ï  C'est  du  moins  aiosi  que  M.  Stubbs  inter-  ^''  On  écrit  à  tort  d'Angillon. 

prête  le  Laiù  ou  Luzi  des  manuscrits;  cela  pa-  ^'^  Sanctum  Leonardum  de  Corbenai. 

ratt  douteux,  Azai  n^étant  pas  entre  Tours  et  ^^^  Il  faut  tire  JBe^ftu  pour  JBe/tW  et  traduire  par 

Montrichard.  Beaujeu  et  non  par  Bellevilie. 


LA  TRADUCTION   LATINE.  iin 

Gumme  le  texte  français  ne  prête  à  aucune  équivoque,  il  faut  croire  que  le 
chanoine  de  Londres  a  recueilli  ici  le  souvenir  inexact  de  quelque  pèlerin. 

Ch.  \i  =  v,5i  i-53/i.  Ici  Richard  a  commis  sur  Rise  (nom  qu'il  semble  avoir 
pris  pour  celui  d'une  contrée  et  non  d'une  ville,  et  oii  il  n'a  pas  en  toutcas  re- 
connu l'antique  Rhe{;iura).  et  sur  Agolaud  un  plaisant  contresens,  qui  est  re- 
levé à  la  Table  des  noms  propres.  Le  cbanoine  de  Londres  était  plus  familier 
avec  les  poètes  latins  qu'avec  les  chansons  de  geste. 

Ch.xii=v.  535-558.  La  dernière  phrase,  qui,  malgré  sa  longueur,  ne 
contient  qu'un  développement  naturellement  suggéré,  est  ajoutée. 

Ch.  xin  =  v.  559-606.  A  noter  la  traduction  du  proverbe  Tel  te  vei,  tel 
t'espeir  par  [viilgo  îiatnque  dtàtur)  :  Qiialem  te  video,  Uilem  te  spero.  Le  traducteur 
ajoute  de  son  cru  une  réflexion  sur  l'impression  produite  par  la  trop  grande 
simplicité  du  roi  de  France ,  et  quelques  détails,  faciles  à  imaginer,  ii  la  des- 
cription de  l'arrivée  de  Ricliard.  Eu  revanche  il  supprime  ce  que  dit  Ambroise, 
dans  les  derniersvers,  du  mécontentement  causé  parce  fait  aux  «Griiïonsu  et 
aux  rt  LonguebardsD. 

Ch,  xiv  =  v.  6o5-6s6.  C'est  ce  chapitre  qu'on  a  imprimé  ci-dessus  en  re- 
gard du  texte  d'Ambroise. 

Gh.  XY  =  V.  627-666.  Richard  omet  le  nom  A'Einme,  donné  à  la  mairhande 
de  pain  (sans  doute  uniquement  pour  la  rime). 

Ch.  \vi  =  v.  665-83o.  Le  traducteur  a  conservé  à  Jordidu  rfc/ An  la  forme 
Française  de  son  surnom  (Roger  de  Howden  l'appelle  de  Pînu).  On  ne  peut 
méconnaître  l'écho  des  rimes  de  l'original  dans  cette  phrase  :  n  Rex  Rie  ardus 
uno  impetu  citius  occupaverat  Messanam  quam  quilibet  presbyter  cantasset 
inatutinas;  a  Ambroise  :  Pliai  tost  eurent  il  pris  Meschinex  Cunx prestre  ti'a  dit  ses 
matines.  Au  reste,  Richard  exagère  l'intimité  des  Français  et  des  gens  du  pajs, 
qui,  dit-il,  velul  unnm  ejjiciebant  populum.  —  Au  v.  779,  le  palalïum  du  latin 
prouve  qu'il  faut  lire  le  palets  et  non  les  palets  (voir  la  tradurtion).  Le  latin  ex- 
plique beaucoup  plus  clairement  que  notre  poème  la  prise  de  la  ville,  et  donne 
des  détails  qui  ne  sauraient  âtre  inventés;  îl  doit  y  avoir  dans  notre  nninu- 
Bopil  une  lacune  de  quelques  vers  après  le  v.  79a. 

Gh,  ïvii  =  v.  83i-8G6,  L'auteur  paraphrase  le  texte  de  façon  h  présenter 
la  conduite  de  Philippe  sous  un  jour  pins  défavorable. 


;  i 


•    1 . 


!■ 


Lix  INTRODUCTION. 

Ch,  XVIII  =  v.  867-890.  La  traduction  s'arrête  à  la  douzième  ligne  de  ce 
chapitre.  Les  vingt-quatre  lignes  qui  suivent  dans  le  latin  n  ont  rien  qui  leur 
corresponde  dans  notre  manuscrit;  c'est  sans  doute  une  lacune  de  celuî-cî, 
}'  car  ce  qui  est  raconté  dans  ces  lignes,  —  la  nouvelle  querelle  de  Philippe  et 

de  Richard,  et  la  menace  de  ce  dernier  de  partir  seul  pour  la  Syrie,  —  eàk 
tout  à  fait  dans  le  ton  du  récit  d'Ambroise  et  se  trouve  confirmé  par  d'autres 

historiens. 

■  ■  •  • 

Ch.  xix-xx  =  v.  89-1976.  Ces  deux  chapitres  doivent  être  réunis,  parce 
que  le  traducteur  a  légèrement  interverti  Tordre  du  récit  français.  Il  donne  sur 
la  situation  de  Mategrifon  des  détails  qui  ne  sont  pas  dans  le  français.  La  der- 
nière phrase  du  latin  indique  sans  doute  ce  qui  manque  à  notre  manuscrit 
I  entre  les  v.  9 7/1  et  978  (la  lacune,  attestée  par  l'absence  d'une  rime,  doit 

être  placée  là  plutôt  qu'entre  976  et  976). 

Ch.  XXI  «V.  977-1052.  Ambroise  donne  sur  les  deux  messagers  envoyés 
par  Tancré  à  Richard  et  sur  les  prélat<«  qui  négocièrent  la  paix  entre  les  deux 
|;  rois  (v.  1007  ss.)  des  indications  précises  qui  sont  omises  par  Richard.  En 

y.  revanche,  Yltinerarium  est  seul  à  dire  que  le  roi  d'Angleterre  partagea  avec 

Philippe  l'argent  donné  par  Tancré  et  même  la  dot  de  sa  sœur,  restituée  par 
le  roi  de  Sicile.  Aucun  autre  historien  ne  mentionne  ce  fait,  et  il  semble 
plutôt  contredit  par  les  v.  ios/i-1036  d'Ambroise;  il  est  possible  que  le  tra- 
ducteur l'ait  ajouté  de  son  chef  pour  faire  honneur  à  Richard,  de  même  quil 
ajoute  à  la  fin,  —  en  citant  un  vers  de  Perse,  —  une  réflexion  désobligeante 
pour  Philippe. 

Le  chapitre  xxn  de  Yltinerarium  manque  dans  YEsloire  de  la  guerre  sainte.  D 
raconte  l'entrevue  qui  eut  lieu  entre  Richard  et  Tancré,  et  dont  le  récit, 
confirmé  d'ailleurs  par  d'autres  historiens,  ne  doit  manquer  que  par  hasard 
dans  notre  manuscrit.  11  est  seulement  singulier  que  le  texte  latin  dise  de 
Gatane  que  medio  epatio  sita  est  inter  Messanam  et  Palermum;  il  y  a  peut-être 
là  une  méprise  du  traducteur. 

Ch.  xxiii  — V.  io53-io8o;  ch.  xxiv  =  v.  1080-1108.  Traduction  exacte, 
sauf  quelques  ornements;  la  remarque  d'Ambroise,  Gejuial  mangier  en  la  sale, 
est  omise,  comme  beaucoup  d'autres  analogues. 

Le  chapitre  xxv,  racontant  une  rixe  entre  les  gens  de  Richard  et  les  Pisans 
et  les  Génois,  manque,  par  omission,  dans  notre  manuscrit. 


1  ; 


LA  TRADUCTION  LATINE.  vai 

Gh.  xxYi»v.  iiog-iaoo.  On  remarque  dans  ce  chapitre  Taddition  de 
quelques  détails,  que  Richard  de  la  Sainte-Trinité  a  pu  connaître  à  Londres: 
le  retour  d'Âliénor  par  Saierne,  le  commandement  de  la  flotte  donné  à  Robert 
de  Turnham;  Richard  accuse  explicitement,  ce  que  ne  fait  pas  Ambroise, 
Gilbert  de  Vascœuil  de  trahison.  Notons  encore  la  définition  des  dromons. 

Ch.  xxva=v.  iaoi-i3ia.  Les  détails  (p.  179)  sur  la  situation  géogra- 
phique de  la  Grète  et  sur  le  mont  CamelusÇI)  sont  pris  à  une  autre  source;  la 
disposition  des  rimes  des  y.  1 267-1  q 68  prouve  que  ces  détails  n  ont  pu  figurer 
dans  le  poème  français. 

Gh.  xxYui  «  V.  i3i3-i35/i.  Les  renseignement  donnés  à  Richard  par  les 
gens  du  navire  quMl  rencontra  (p.  181)  sur  ce  qu  avait  fait  le  roi  de  France  de- 
puis son  arrivée  devant  Acre  ne  se  trouvent  nulle  part  dans  le  poème  d'Ambroise  ; 
ils  proviennent  sans  doute  de  la  même  source  à  laquelle  Ambroise  et  Richard 
ont  puisé  pour  l'histoire  du  siège  d'Acre  antérieure  à  l'arrivée  de  Richard. 

Gh.  XXIX  «»v.  1 355-1 /ioo.  Ambroise  ne  nomme  pas  l'empereur  de  Ghypre, 
et  son  traducteur  ne  le  nommait  pas  non  plus,  car  les  mots  Cursac  nomine 
manquent  dans  le  plus  ancien  manuscrit  et  ont  été  ajoutés  par  un  scribe  d'après 
d'autres  sources  ^^J. 

Gh.  xxx-xxxi«»v.  1601-1/127.  Get  endroit  est  très  altéré  et  mutilé  dans 
notre  manuscrit  du  poème  français;  le  récit  beaucoup  plus  clair  et  détaillé  de 
Yhinerarium  doit  ici  remplacer  l'original. 

Gh.  xxxn  =  v.  1/128*1 564.  Après  le  dernier  vers  il  s'en  est  perdu  dans 
notre  manuscrit  quelques-uns,  dont  le  contenu  (débarquement  des  reines  à 
Limeçon)  nous  est  rendu  par  la  dernière  phrase  du  latin. 

Gh.  xxxui-xxxiY  »  V.  1 565-1 73/1.  Il  n'y  a  que  des  divergences  insignifiantes  ; 
notons  seulement  que  le  traducteur  supprime  ce  que  dit  Ambroise  de  la 
haute  noblesse  et  des  puissants  parents  de  Gui  de  Lusignan. 

Gh.  xxxv-=Y.  1735-1760.  Le  chanoine  de  Londres  a  eu  des  renseigne- 

(^^  Ces  mots  manquent  aussi  dans  les  éditions  i*auteur  de  Yltinerarium  appelle  Tempereur  de 

de  fltmerarium  antérieures  à  celle  de  M.  Stubbs.  Chypre  Guenehn,  à  cause  du  passage  où  il  est 

Par  une  plaisante  méprise,  le  rédacteur  de  la  dit  qu'il  surpassait  Guenelonem  fnvdiHone  (pris 

BihUotkèque  de»  Croisades  (t.  Vlil,  p.  85)  dit  que  du  v.  i388  d* Ambroise). 


nxn  INTRODUCTION. 

ments  particuliers  sur  le  mariage  de  Richard  :  il  sait  qu'il  eut  lieu  le  jour  de 
saint  Pancrace,  et  connaît  le  nom  des  trois  évéques  qui  y  assistèrent. 

Ch.  XXXVI  =  v.  1761-1832.  Au  début  de  ce  chapitre,  on  remarque  la  aien- 
tion  du  maître  de  THôpital  comme  intermédiaire  de  la  paix,  qui  n'est  pas  et 
n  a  pas  dû  être  dans  Ambroise  :  c'est  encore  une  information  que  Richard  aura 
eue  indépendamment. 

Ch.  xxxvnïW  =  v.  1833-1962.  Il  faut  noter  que  le  traducteur  a  complè- 
tement omis  les  v.  1879-1906,  qui  racontent  l'invitation  pressante  de  le  re- 
joindre adressée  par  Philippe  à  Richard. 

Les  chapitres  xxxix-xlh,  qui  terminent  le  livre  11,  correspondent  aux 
V.  1963-2298  du  français.  On  n'y  trouve  guère  de  différences  notables.  La 
date  du  vendredi  après  la  Saint-Augustin  pour  la  reddition  de  Kyrsac  (p.  2o3) 
])arait  prise,  comme  d'autres  renseignements  du  même  genre,  à  un  itinéraire 
de  Richard.  On  pourrait  croire  que  le  passage  sur  Pierre  des  Barres  et  son 
entretien  avec  les  gens  du  vaisseau  sarrasin  (p.  2o5)  se  trouvait  dans  le 
français  et  manque  dans  notre  manuscrit;  mais  en  examinant  attentivement 
le  contexte  de  nos  deux  récits  on  voit  qu'il  n'en  est  rien,  et  que  ce  morceau, 
qui  contredit  la  narration  d'Ambroise,  a  été  ajouté  par  le  traducteur,  sans 
doute  d'après  une  information  particulière. 

L.  III,  ch.  i-ni  =  v.  2299-2386.  La  forme  Kahadini  (a,  b)  au  lieu  de  7î^ 
chehedini  (c)  est  attestée  par  le  français  Quahadin  :  (voir  à  la  Table  des  noms 
propres).  La  première  partie  du  chapitre  m,  relative  à  l'entente  des  Pisans  avec 
Richard,  manque  dans  le  français. 

C'est  ici  qu'Ambroise  ouvre  dans  son  récit  la  grande  parenthèse  (v.  2887- 
4568)  où  il  raconte  les  événements  de  Syrie  antérieurs  à  l'arrivée  de  Ri- 
chard. L'auteur  de  Y Itinei^arium  n'a  pas,  comme  Ambroise,  à  entrerompre  et  à 
renouer  le  fil  de  sa  narration;  il  la  continue  tout  droit.  —  Dans  le  chapitre  iv  de 
son  livre  111,  il  reprend  d'abord  quelques  renseignements  donnés  aux  v.  453 1- 
/i55o  du  poème  français,  puis  le  rejoint  tout  à  fait  au  v.  4569  ^^  ^^^  laban- 
donne  plus  jusqu'à  la  fin  du  livre.  11  serait  fastidieux  de  poursuivre  désormais 

^'^  M.  Stiibbs,  —  ou  plutôt  Gale,  qu'il  a  suivi  pour  la  numërotaiion  des  chapitres,  —  0  oublie  \e 
n"  xxxvii. 


LA  TRADUCTION  LATINE.  lxxiii 

la  comparaison  chapitre  par  chapitre.  Je  me  bornerai  à  signaler  les  quelques 
divergences  qui  m'ont  paru  offrir  un  cei-tain  intérêt. 

Le  nom  de  la  maladie  de  Richard  est,  dans  le  latin,  aimoldia  (p.  âi/i),  et 
plus  loin  arnaldia  (p.  363).  Le  manuscrit  français  porte,  au  premier  passage, 
leonard%e{y.  /i6o8),au  second  (v.  9660),  /enrkiWte( que  j'ai  corrigé ,  d'après  le 
premier,  en  leonardte).  La  mesure  des  vers  ne  permet  pas  d'admettre  une 
forme  correspondante  au  mot  latin;  je  crois  qu'il  eût  mieux  valu,  dans  les 
deux  cas,  lire  la  renardte  :  il  semble  que  ce  mot,  signifiant  (t alopécie  19,  ait  été 
altéré  en  renaldie^  et  que  les  Anglais  aient  entendu  Famaldie  au  lieu  de  la  re- 
naldie^^K 

On  a  relevé  à  la  Table  des  noms  propres  (au  mot  Mare)  l'erreur  du  traduc- 
teur qui  a  traduit  cil  (de  la  Mare)  par  ilU  au  lieu  d'Ule  (v.  U^jdS-ti'jSli);  mais 
après  les  noms  mentionnés  dans  le  poème  il  en  ajoute  une  quinzaine  (p.  ^  1 7) 
qui  devaient  certainement  s'y  trouver  aussi;  car  d'une  part  plusieurs  des  per- 
sonnages qui  les  portent  se  retrouvent  plus  loin,  et  d'autre  part  on  reconnaît 
que  la  formation  de  plus  d'un  couple  a  été  amenée  par  la  rime.  —  Le  traduc- 
teur a  transposé  les  v.  Bo/i-i-boGô,  qui  lui  auraient  fourni  son  chapitre  xiv  et 
dont  il  a  fait  le  chapitre  xx;  il  aide  d'ailleurs  à  combler  une  lacune  du  ma- 
nuscrit dans  ce  passage  (voir  ci*après,  p.  388).  —  Le  chapitre  xvui  du  latin 
manque  dans  le  français,  où  il  devrait  se  placer  après  le  v.  5236.  11  est  in- 
dispensable au  récit  et  faisait  certainement  partie  de  l'original. 

Le  livre  IV  suit  fidèlement  le  poème  du  v.  5358  au  v.  7760,  sans  qu'il  y 
ait  à  remarquer  aucune  différence  de  quelque  importance.  On  trouvera  dans 
la  traduction  française  l'indication  de  quelques  passages  où  le  latin  a  permis 
de  corriger  la  leçon  du  texte  ou  d'en  combler  des  lacunes.  —  En  revanche  on 
constate  au  chapitre  xix  un  contresens  du  traducteur  qui  a  mis  la  critique  his- 
torique dans  un  embarras  que  dissipe  la  connaissance  de  l'original  français  (^). 

Il  n'y  a  pas  non  plus  grand'chose  à  remarquer  sur  le  1.  V  (v.  776 1-1  oi36). 
Le  chapitre  xix  manque  dans  le  finançais  :  il  raconte  comment  Richard  alla 

^*)   Arnaldia  se  retrouve  dans  Roger  de  Howr  savons  que  la  maladie  de  Richard  et  de  Philippe 

den  et  dans  Bromton.  Le  mot  renardie  au  sens  fit  tomber  leurs  cheveux. 
dV alopécie»  est  attesté  en  français  au  xiv*  siècle  ^*^  Voir  à  la  Table  des  noms  propres  Tarticle 

(voir  le  Dictionnaire  de  M.  Godefroy),  et  nous  Guirmer  de  Nape». 


j 

tHPBIlIKUK    BaTIORALS. 


LxxiT  INTRODUCTION. 

d'Ëscaione  regarder  les  fortifications  de  Gaza  et  du  Daron,  et  il  devrait  se 
trouver  après  le  v.  8662. 

Les  quatre  chapitres  ixi,  xxii,  iixii,  xxxiu  manquent  dans  notre  manuscrit; 
ils  devraient  se  trouver  après  le  v.  897a;  ils  racontent  quelques  menus  évé- 
nements des  16,  *ia,  q8,  39  avril  et  a  mai  1192  (notamment  le  combat  de 
Richard  contre  un  sanglier),  et  il  n'y  a  aucune  raison  de  les  considérer 
comme  ajoutés  par  le  traducteur'^'.  Notons  encore  l'omission ,  dans  notre  texte 
du  poème  (après  le  v.  10188),  du  court  et  insignifiant  chapitre  un  (il  s*agit 
d'une  première  parcelle  de  la  vraie  croix  offerte  à  Richard). 

Le  livre  VI  et  dernier  est  non  moins  fidèlement  traduit  que  les  précédents. 
Je  ne  vois  guère  à  relever  qu'un  contresens  à  la  fin  du  ch.  xxxvi  :  Ambroise 
dit  que  Richard,  voulant  racheter  Guillaume  de  Préaux,  Laissa  dis  Sarrazins  de 
pris,  Qui  moût  rendissent  grant  avoir,  Par  le  cors  Guillaume  ravoir  (v.  isa68- 
19Q70),  c'est-à-dire  «r abandonna  dix  Sarrasins  de  valeur,  qui  auraient  rap- 
porté [par  leur  rançon]  beaucoup  d'argent,  pour  ravoir  la  personne  de 
Guillaume^;  Richard  de  la  Sainte-Trinité  traduit  bizarrement  (n'ayant  pas 
compris  qu'il  fallait  une  virgule  après  le  v.  1 2269)  :  ^^^^^^  ^^  nohilioribus  Turds 
dimisit  liberos,  qui  quidem  injinitœ  summam  pecuniœ  pro  eodem  Willelmo  gratanier 
impendissent  retinendo.  —  Les  deux  phrases  sur  l'embarquement  des  deux 
reines  et  sur  la  date  de  celui  de  Richard  (ch.  xxxvn),  qui  ne  sont  pas  dans  le 
poème,  manquent  également  dans  bs  deux  plus  anciens  manuscrits  de  Vldne^ 
rarium  et  ont  été  ajoutées  dans  le  troisième  d'après  Raoul  de  Dicet. 

La  fin  de  Vltinerarium,  dans  l'édition  de  M.  Stubbs,  est  donnée  d'après  le 
manuscrit  G,  bien  à  tort,  car  la  comparaison  de  notre  poème  montre  que  le 
vrai  texte  est  incontestablement  celui  des  deux  plus  anciens  manuscrits,  A  et  B, 
et  tout  ce  qui  est  ajouté  dans  G  est  emprunté  presque  textuellement  à  Raoul 
de  Dicet.  Je  ne  crois  pas  inutile  de  donner  d'après  A  B  la  fin  de  l'œuvre  de 
Richard  de  la  Sainte -Trinité.,  que  l'on  comparera  aux  vers  iâ3oi-ia353 
d'Ambroise. 

Ignarus  quidem  quantœ  ipsum  manebant  tribulationes  et  angustiae,  quot  esset  experturus 
adversitates  per  proditionein  oiim  demandatam  in  Pranciam,  unde  machinatum  est  ut  ab 

^^^  L*indicatioQ  du  1 6  avril  pour  la  fête  de  saint  Elpbège  doit  provenir  de  celui-H».  Roger  de  GlenviHe  '" 
(ch.  xuii)  n'est  mentionne  qu*ict. 


LA  TRADUCTION  LATINE.  iixv 

iniquis  nequiter  insidiantibus  comprehenderetur,  nihii  taie  suspicans,  in  obsequio  Dei  et 
Isiboriosa  peregrinatione.  0  quam  meritis  inaequali  recompensatione  retribuebatur  ei  quod 
pro  generaiitatis  negotio  iaboraverat  anima  ejusl  Et  jam  occupabatar  hereditas  ejus,  cum 
expugnarentur  nefarie  castra  ejus  in  Normannia,  crudeliter  grassantibus  œmulis  éjus  sine 
causa,  nec  nisi  redemptus  relaxatus  est  ab  iniqua  captione  ab  imperatore  Aiemanniœ.  Cujus 
occasione  redemptionis  ut  ad  summam  multipiicaretur  census,  in  omni  gente  sua  fiebat 
collecta  plurima  et  distractio  variarum  rerum.  Accipiebantur  enim  ab  ecclesiis  calices  et  vasa 
aurea  et  argentea  in  usus  ecclesiaslicos  sacrata  quibus  poterant  utcunque  carere  monasteria. 
Nec  hoc  quidem  secundum  Patrum  décréta  erat  illicitum(^),  immo  maxime  necessarium, 
cum  nunquam  sanctorum  quisquam  vel  sanctarum,  quorum  numenis  est  innumerabilis 
hominibus,  tanta  fuerit,  vita  superstite,  pro  Deo  angariatus  injuria  ut  rex  Ricardus  in 
captivitate  Ostericia  necnon  et  Alemannica.  Qui  tôt  Turcorum  celebris  fuerat  triumphis 
nefarie  circumvenitur  a  suae  fidei  fratribus,  et  ab  bis  qui  simul  cum  ipso  christiana  profes- 
sione  solo  nomine  censentur  comprehenditur.  0  quam  vere  timendœ  sunt  occuitœ  magis 
insidiœ  quam  manifestas  discordiœ,  juxta  illud  :  Facïlius  est  vàare  discordem  quam  declinare 
fallaceml  Proh  nefasi  cui  non  poterant  resistere  omnes  adversarii  ejus,  quem  totius  imperii 
Soldani  contraclœ  copiœ  non  prœvaluerant  debellare,  nunc  ab  ignobili  hoste  concluditur, 
et  in  Alemannia  retinetur.  0  quam  gravissimum  est  agi  nutibus  alienis  in  libertale  edu- 
catis  I  (^)  Sed  et  ex  illa  captione  solita  Dei  clementia,  sua  industria,  et  suorum  cura 
fidelium,  mediante  œre  multo  quia  sciebatur  multum  posse,  tandem  libertati  dimissus 
est^^).  Solo  denique  restitutus  nalali  et  regno  patrum,  in  brevi  dissidentia  régna  pacificavit 
ad  votum^^).  Postea  transfretans  in  Normanniam,  œmuli  sui,  scilicet  régis  Pranciœ,  justo 
liberiores  excursus  se  para  vit  retundere,  cujus  etiam  impetus  crebris  rejiciens  repulsio- 
nibus,  alienatum  jus  suum  cum  augmento  quoque  in  hasta  recuperavit  et  gladio^^). 

On  voit  par  cette  comparaison  que  le  travail  de  Richard  de  la  Sainte-Tri- 
nité a  bien  été  celui  d'un  traducteur  :  ce  qu'il  a  ajouté  à  notre  texte  est  de  pure 
forme,  sauf  un  très  petit  nombre  de  renseignements,  qu'il  a  dû  puiser  à  une 
source  oflicieiie  (itinéraire  de  Richard),  et  dont  aucun  n'atteste  sa  présence 
sur  les  lieux  des  événements.  11  est  même  évident  que,  s'il  avait  été  témoin 
oculaire,  il  lui  eût  été  impossible  de  ne  pas  ajouter  à  son  original  quelque 
détail  ou  quelque  nom,  ce  qu'il  ne  fait  jamais  :  sur  aucun  personnage,  sur 
aucun  fait,  il  ne  sait  absolument  rien  de  plus  que  sa  source.  Il  a  donc  voulu 

(^)  Ce  membre  de  phrase  est  ajoute  par  le  tuer  avec  grande  vraisemblance  (voir  ci-dessous, 

traducteur.  p.  ^63) ,  tandis  qu'il  ne  traduit  pas  les  deux  vers 

^*^  Cette  phrase  et  les  trois  précédentes  sont  suivants, 
du  fait  du  traducteur.  ^^^  Ce  membre  de  phrase  n'est  pas  représenté 

^')  Il  est  curieux  que  Richard  donne  ici  la  tra-  dans  le  français, 
duction  des  deux  vers  is3s9-is33o,  omis  dans  ^^^  Le  traducteur  sarréle  au  v.  laSSy,  iais- 

notre  manuscrit  et  qu  il  nous  permet  de  resti-  sant  de  côté  la  réflexion  qui  suit  et  la  date  (inale. 


i. 


Lxm  ISTRODICTIO.^. 

;ibu.<^rses  rontemporaia^,  et  il  a  jiiâqa*à  ce  jonr  abusé  la  postérité^  eo  se 
donnant  poar  le  cpmpagnon  de  pèlerinage  do  roi  d^Angleterre  et  eo  effiiçant 
de  son  li%Te  le  nom  du  véritable  pèlerin  dont  il  tradaisait  Fouvrage. 

La  question  da  rapport  de  Richard  avec  Ambroise  est  beaucoup  plus  com- 
pliquée pour  ce  qui  regarde  le  livre  I  de  ïllinerarium.  Comme  elle  ne  peot  se 
résoudre  sans  Texamen  de  la  source  commune  à  laquelle  tous  deux  ont  paisé, 
il  est  indiqué  de  Tétodier  daas  im  paragraphe  spécial. 


VI.  —   L  HISTOIRE   DU   SIÈGE  D'ACRE 

iLSQl'À   rARRHÉE  DES  ROIS  DE  FRANCE  ET  D  ANGLETERRE. 

Ambroise,  comme  nous  Tavons  vu,  suit  dans  son  récit,  depuis  le  commen- 
cement de  Texpédition,  la  marche  du  roi  Richard.  Mais  après  nous  avoir 
raconté  le  débarquement  du  roi  d'Angleterre  à  Acre,  où  était  déjà  le  roi  de 
France,  il  ouvre  (v.  2887  ss.)  une  grande  parenthèse  qu'il  signale  lui-même 
en  ces  termes  :  rr  Nous  laisserons  pour  le  moment  ce  récit, . . .  nous  ne  nous  occu- 
perons plus  des  deux  rois  et  de  leur  arrivée,  dont  j'ai  tant  parlé  que  je  les  ai 

amenés  à  Acre Je  veux  interrompre  ce  sujet  et  briser  ici  mon  fil;  mais 

il  sera  renoué  et  rattaché  plus  tard.  Les  rois  ne  vinrent  pas  en  effet  au  siège 
les  premiers,  mais  les  derniers,  et  Ambroise  veut  faire  entendre  et  savoir.  .  . 
comment  la  ville  d'Acre  avait  été  assiégée.  Il  n'en  avait  rien  vu ,  et  n'en  sait  que 
ce  qu'il  en  a  Iu.d  Et  après  avoir  dit  quelques  mots  de  ce  qu'avait  fait  le  roi 
Philippe  depuis  son  arrivée '')  et  raconté  celle  du  roi  Ricliard.  il  clôt  la  paren- 
thèse par  une  remarque  du  même  genre  que  celle  qui  lui  avait  servi  à  l'ou- 
vrir (v.  /iSSy  ss.)  :  «rJe  vais  maintenant  suivre  l'histoire  et  rejoindre  ma 
matière  en  racontant  le  siège  d'Acre.  Ambroise  veut  achever  son  conte, 

fournir  complètement  sa  carrière,  renouer  et  rejoindre  son  nœud et 

rapporter  tout  ce  qu'il  se  rappelle  de  l'histoire,  et  la  prise  d'Acre,  telle  qu'il 
la  vit  de  ses  yeux. 'n 

11  résulte  du  premier  de  ces  passages  qu'Ambroise  s'est  servi  pour  cette 
partie  de  son  récit,  relative  à  des  événements  dont  il  n'avait  pas  été  le  témoin, 

t*'  O  qa*il  en  dit  est  très  peu  Ae  cbofie;  et  ci-dessas  p.  l\si  et  ci-dessous  p.  lii\iv. 


L'HISTOIRE  ANTÉRIEURE  DU  SIÈGE  D'ACRE. 


LXXVIl 


d'une  relation  écrite.  Constatons  d'abord  que  ce  document  ne  nous  est  pas 
parvenu.  Les  sources  que  nous  possédons  pour  l'histoire  du  siège  d'Acre  sont 
assez  nombreuses  (^);  aucune  ne  répond  à  celle  que  nous  recherchons  ici.  Nous 
avons  à  nous  demander  ce  que  comprenait  le  document  en  question,  où  et 
quand  il  avait  été  rédigé,  s'il  était  écrit  en  français  ou  en  latin,  et  si  d'autres 
qu'Ambroise  l'ont  utilisé. 

Le  principal  élément  de  cette  recherche  est  dans  la  comparaison  des 
V.  a/ii9-/i55o  d'Ambroise  et  du  morceau  correspondant  de  V IHnerarium. 

Gomme  nous  l'avons  déjà  remarqué,  le  livre  I  de  YlAnerarium  est  avec  YEi- 
taire  de  la  guerre  sainte  dans  un  rapport  tout  autre  que  le  reste  de  l'ouvrage 
latin.  Ce  qui  dans  le  poème  d'Ambroise  forme  une  grande  parenthèse  rétro- 
spective a  été  placé  par  Richard  en  tète  de  son  récit;  mais  en  outre  il  ne  s'agit 
pas  ici,  comme  dans  les  livres  II-VI,  d'une  simple  traduction.  Le  chanoine  de  la 
Sainte-Trinité  raconte  d  abord  l'histoire  de  Salahadin ,  qui  n'est  pas  dans  Am- 
broise,  puis  la  destruction  du  royaume  de  Jérusalem,  avec  beaucoup  plus  de 
détails  que  le  poème  français  (^);  il  n'emprunte  pas  non  plus  à  celui-ci  le  récit 
des  premiers  préparatifs  de  la  croisade,  et  enfin  il  intercale  (ch.  iviu-xxiv) 
toute  une  histoire  de  l'expédition  de  l'empereur  Frédéric,  dont  je  n'ai  pas  ici 
à  rechercher  les  sources,  et  qui  est  totalement  inconnue  à  Ambroise.  Ce  n'est 
qu'à  partir  de  la  fin  du  ch.  xxvn  que  les  deux  récits  peuvent  se  prêter  à  la 
comparaison. 

Avant  d'aborder  cette  comparaison,  il  faut  dire  un  mot  du  morceau  qui 
précède  dans  le  poème  français  l'endroit  où  il  rejoint  le  texte  latin  (v.  q8i  5). 
C'est  une  courte  histoire  des  événements  antérieurs  à  la  délivrance  de  Gui  de 
Lusignan.  Je  ne  pense  pas  qu'elle  fût  contenue  dans  le  (t livrer  qu'a  suivi  Am- 
broise pour  l'histoire  du  siège  :  elle  parait  reposer  sur  des  récits  oraux,  dans 
lesquels  la  conduite  du  comte  Raimond  de  Triple  était  présentée  sous  un  jour 
odieux  ^^K  La  conquête  du  royaume  de  Jérusalem  et  de  la  ville  elle-même  par 


(*)  L'histoire  du  siège  d'Acre  a  é\A  racontée 
d'après  f  utilisation  critique  de  toutes  les  sources 
par  M.  R.  Rôhricht  daus  les  Fonchungen  zur 
ieuUehen  Geschiehte,  1876,  t.  XVI,  p.  i83- 
5s 4.  Ne  faisant  pas  ici  d'histoire,  je  me  borne  à 
renvoyer  à  cet  excellent  travail  et  aux  ouvrages 
qui  y  sont  cités. 

^*^  Sur  l'histoire  de  Salahadin  dans  Vlttnera- 


rium,  \o\r  mes  remarques  dans  le  Journal  des 
Savants,  iBqS,  p.  986. 

('^  Le  lien  où  fut  livrée  la  bataille  qu'on  ap- 
pelle communément  de  Tibériade  ou  de  Hittin 
est  désigné  par  Ambroise  comme  ia  Maresckau- 
cie,  par  Richard  comme  Marescallia;  cet  accord 
ne  prouve  pas  nécessairement  qu'ils  aienl  eu  la 
même  source. 


Lxivin  INTRODUCTION. 

Salahadin  est  ensuite  très  brièvement  rappelée;  la  prise  d'Escalone  est  seule 
racontée  avec  quelque  détail. 

D'après  Richard  (chap.  xxv),  dont  le  récit  est  confirmé  par  des  documents 
authentiques,  Gui  se  fit  délier  par  TEglise  du  serment  qu'il  avait  prêté  à  Sa- 
lahadin de  passer  la  mer,  de  renoncer  à  son  royaume  et  de  ne  plus  porter  les 
armes  contre  lui  ;  Ambroise  dit  au  contraire  que  ce  fut  Salahadin  lui-même 
qui  le  releva  de  son  engagement,  jugeant  qu'il  ne  pourrait  avoir  un  adver- 
saire moins  dangereux  et  plus  malchanceux  (v.  â6i5  ss.).  Il  y  a  dans  cette 
façon  de  sauver  la  loyauté  du  roi  de  Jérusalem  une  certaine  compassion  iro- 
nique qui  convient  bien  au  jugement  que  les  partisans  occidentaux  du  pauvre 
Gui,  et  sans  doute  le  roi  d'Angleterre  lui-même,  portaient  sur  cet  homme  qui 
n'avait  d'autre  défaut,  dit  ailleurs  notre  poète,  que  d'être  un  peu  cr simple i>. 
11  montra  cependant,  aussitôt  qu'il  eut  repris  sa  liberté,  une  audace  et  une 
persévérance  qui  n'auraient  pas  justifié  l'opinion  prêtée  ici  à  Salahadin.  Le 
récit  des  préparatifs  de  son  aventureuse  marche  sur  Acre  présente  dans  le 
poème  français  quelques  traits  qui  ne  se  trouvent  pas  ailleurs,  mais  qui 
peuvent  bien  encore  avoir  une  source  purement  orale. 

Il  en  est  autrement  du  récit  du  siège  lui-même.  C'est  là  que  commençait 
sans  doute  le  document  utilisé  par  Ambroise,  et  il  me  paraît  certain  que  ce 
document  a  également  été  consulté  par  Richard  de  la  Sainte-Trinité.  Je  ne 
serais  même  pas  éloigné  de  croire  que  celui-ci  avait  composé  tout  son  livre  I 
sans  connaître  le  poème  d'Ambroise,  à  l'aide  de  diverses  sources,  dont  l'une 
était  le  document  en  question.  Si  nous  comparons  le  récit  du  siège,  dans  nos 
deux  textes,  du  i**  septembre  1189  au  20  avril  1191,  nous  trouvons  par- 
fois un  accord  presque  littéral,  mais  le  plus  souvent  des  différences  de  détail 
et  surtout,  soit  dans  l'un,  soit  dans  l'autre,  mais  surtout  dans  le  poème  fran- 
çais, des  omissions  dont  plusieurs  sont  certainement  volontaires,  si  quelques- 
unes,  pour  ce  dernier  texte,  ont  probablement  pour  cause  des  lacunes  de 
notre  manuscrit.  Nous  allons  procéder  à  cette  comparaison  avec  quelque 
attention,  —  bien  que  sans  minutie,  —  parce  que  c'est  ici  la  seule  partie 
du  poème  d'Ambroise  qui  ne  soit  pas  représentée  fidèlement  par  YlUneranum 
et  qui,  par  conséquent,  puisse  apporter  aux  historiens  du  siège  d'Acre  quelques 
renseignements  nouveaux.  Toutefois,  comme  Ambroise,  en  général,  abrège 
sa  source  plus  que  ne  l'a  fait  Richard,  ces  renseignements  se  réduisent  à  peu 
de  chose. 


LHISTOIRE  ANTÉRIEURE  DU  SIÈGE  DIACRE.  um 

ftin. ,  I ,  xxYii-xxYiii  »  Est. ,  y.  sSiB-agâo.  Ambroise  omet  le  premier  assaut 
donné  par  les  chrétiens  et  leur  retraite  à  l'annonce  de  l'arrivée  de  Salahadin. 
Il  est  seul  à  mentionner  les  prouesses  de  Geoffroi  de  Lusignan  dans  les  jours 
qui  suivirent.  Il  estime  à  i&ooo  (au  lieu  de  isooo)  le  nombre  des  com- 
battants qui  vinrent  avec  Jacques  d'Avesnes  et  la  flotte  danoise.  Il  diffère  en 
outre  de  17aWartumen  plusieurs  points,  et  surtout  en  ce  qui!  donne  beau- 
coup moins  de  détails. 

liin. ,  I ,  xxix-xxx  «  Est. ,  v.  2921 -3 o5a.  Parmi  les  croisés  qui  débarquèrent 
à  Acre  venant  de  France  et  d'Allemagne,  dès  le  mois  de  septembre  1189, 
Richard  nomme,  comme  Ambroise,  les  comtes  de  Braine  et  de  Bar,  l'évéque 
de  Beauvais  et  son  frère  Robert,  et  le  landgrave,  mais  il  omet  André  de  Braine 
et  le  sénéchal  de  Flandre,  que  mentionne  le  poète  français;  il  déclare  d'ail- 
leurs-qu'il  s'abstient  volontairement  de  citer  beaucoup  de  noms.  En  revanche 
il  est  seul  à  nous  apprendre  cpie  Conrad  de  Montierrat  vint  de  Sur  rejoindre 
le  camp  des  assiégeants,  amené  par  le  landgrave:  c'est  un  fait  que  pourtant 
Ambroise  n'aurait  pas  dû  passer  sous  silence,  puisqu'il  nous  montre  plus  loin 
Conrad  parmi  les  combattants.  —  La  bataille  du  k  octobre  (qu'Ambroise  met 
à  un  vendredi  de  septembre)  présente  dans  les  deux  récits  des  détails  re- 
marquablement identiques  (comme  l'épisode  du  cheval  d'un  Allemand  dont 
-la  fuite  amena  une  panique  et  fut  cause  de  la  défaite  des  chrétiens),  mais 
aussi  d'assez  grandes  différences.  Ambroise  omet  le  trait  peu  héroïque  d'Erard 
de  Braine  ne  s'arrètant  pas  aux  cris  de  son  frère,  ainsi  que  le  dévouement 
du  chevalier  de  Jacques  d'Avesnes;  il  ne  nomme  pas  le  maître  du  Temple 
(Girard  de  Rideford)  dont  il  rapporte,  comme  Richard,  les  belles  paroles  (^). 
—  Richard  raconte  déjà  ici  que  Salahadin  fit  jeter  les  corps  des  chrétiens 
tués  dans  le  fleuve  qui  passait  par  le  camp,  ce  qu'Ambroise  ne -rapporte 
qu'un  peu  plus  loin  (v.  3077-8098). 

liin. y  I,  ww^EsL,  v.  3o5&-3i/iâ.  Le  récit  de  la  construction  et  de  la 

(*)  Les  historiens  arabes  nous  apprennent  d*aii-  ainsi  que  Gui  iui-niénie ,  pris  rengagement  de  ne 

leurs  que  Girard  de  Rideford  ne  iut  pas  tuë  sur  piuis  porter  les  armes  contre  lui  (Rôhricht,  /.  /., 

le. champ  de  bataille,  comme  le  crurent  les  chré-  p.  AgA,  n.).  J*aurais  dû  modifier  dans  ce  sens 

tiens,  li  iut  pris  et  livre  à  Salahadin,  qui  le  fit  rarticlé  Girard  de  Rideford  de  la  Table  des  noms 

mettre  à  mort  comme  parjure,  parce  qu'il  avait ,  propres. 


LUX- 


INTRODUCTION. 


défense  du  fossé  se  ressemble  beaucoup  dans  les  deul  textes;  parfois  on  re- 
trouve les  mêmes  expressions;  ainsi  dans  ce  passage  : 


Itin,,  p.  78. 

Noslri  omni  conamine  operabantur  et 
Turci  ces  dolebant  proficere.  Crebris  igitur 
congressionibus  nune  hos  nune  illos,  ut 
mos  est  belli,  videres  prosterni  et  in  ima 
rotari. 


Est. y  V.  3 107 -3 108,  3ii3-3ii6. 

Li  nostre  le  voleient  faire, 
E  cil  tendeient  ai  desfaire . .  • 
La  veîssiez  de  deus  parties 
Genz  corajoses  e  hardies; 
La  veîssiez  gent  roeler 
Ë  cheeir  e  esboeier. 


Des  nombreux  croisés  arrivés  en  octobre  (tous  destinés,  disent  nos  deux 
textes,  à  être  martyrs  ou  confesseurs)  que  nomme  Richard,  Âmbroise  ne  dé- 
signe que  trois:  Gui  de  Dampierre,  le  comte  de  Ferrières  et  l'évêque  de  Vé- 
rone. Le  fait  qu'aucun  des  deux  auteurs  ne  donne  le  nom  de  ces  deux  der- 
niers personnages  montre  qu'ils  ont  dû  avoir  sous  les  yeux  la  même  liste. 

Le  chap.  xxxn  du  1.  I  de  Yltinerariutnj  consacré  à  une  description  d'Acre, 
manque  dans  le  poème  français. 

■  •       ■ 

Itin.y  I,  xxxni  «£«/.,  v.  81/13-3267.  Les  deux  récits  se  suivent  de  très 
près,  sauf  qu  Ambroise  omet  un  petit  épisode,  d'ailleurs  sans  intérêt,  et  quil 
attribue  aux  Allemands  la  construction  d'un  moulin  à  vent  et  non  d'un  mou- 
lin mû  par  des  chevaux.  Il  est  seul  à  raconter  ici  l'impression  produite  dans 
l'ost  par  la  nouvelle  de  la  mort  de  l'empereur  Frédéric;  Richard  en  avait 
parlé  antérieurement. 

Itin. y  I,  xxxiv-xxxv  =  iPs^.,  v.  3268-339&.  Le  récit  du  combat  naval  est 
plus  détaillé  dans  Richard,  qui,  en  outre,  intercale  des  renseignements  inté- 
ressauts  sur  les  divers  bâtiments  de  guerre  et  une  courte  notice  sur  le  feu 
grégeois.  —  Ambroise  néglige  à  tort  de  nous  dire  que  le  marquis  Conrad 
était  retourné  à  Sur,  d'où  on  le  voit  cependant,  plus  loin,  revenir  avec  sa 
flotte.  —  Richard  dit,  comme  Ambroise,  que  les  nègres  de  l'armée  sarrasine 
avaient  pour  enseigne  une  image  de  Mahomet;  cette  erreur  remonte  évi- 
demment à  leur  source  commune. 

lUn.y  I,  xxxvi-xx\vn  =  £«^,  v.  3395-3456.  Ambroise  met  au  jeudi  après 
l'Ascension  l'attaque  malheureuse  avec  les  trois  tours,  que  Richard  place  au 


L'HISTOIRE  ANTÉRIEURE  DU  SIÈGE  D'ACRE.  nxu 

samedi  (5  mai  1190).  Il  nomme  seul  le  roi  Gui  et  le  marquis  comme  ayant 
construit  chacun  une  des  tours  (ce  dernier  avec  les  Génois).  11  ne  parle  pas 
des  propositions  des  assiégés  en  vue  d  une  capitulation. 

Les  chap.  xxxvui-xxxix  du  latin  manquent  dans  le  français.  On  peut  croire 
que  c  est  une  omission  du  copiste. 

Itin.y  I,  xL-xui  =  Est.y  V.  3/i57-35ao.  Le  récit  de  la  néfaste  expédition  des 
(T sergents 7)  [plebs)  est  beaucoup  plus  détaillé  dans  Richard;  il  omet  cepen- 
dant la  mort  de  Torel  du  Mesnil,  rapportée  par  Ambroise.  —  Des  très  nom- 
breux croisés  mentionnés  par  Richard  comme  étant  arrivés  en  juillet  1190, 
Ambroise  ne  cite  que  les  cinq  premiers.  Plus  d'un  cependant,  parmi  ceux 
qu'il  omet  ici,  figure  dans  la  suite  de  son  récit.  Notons  qu'il  semble  qu'on  re- 
trouve deux  vers  du  français  dans  ce  passage  du  latin  : 

Comes  Theobaldus  Biesensis,  sed  Si  vint  II  cuens  Tedbalz  de  Bieis, 

trium  mensium  terminum  non  visurus.  Mais  il  ne  vesqui  pas  treis  meis. 

Les  chap.  xuh-xlvi  du  latin  manquent  dans  le  français,  sauf  qu'on  y  re- 
trouve plus  loin  (v.  3897-8908)  la  mention  de  la  mort  de  la  reine  Sébile 
et  de  ses  deux  filles.  Cette  omission,  volontaire  ou  non,  est  regrettable,  car 
ces  chapitres  contiennent  des  particularités  fort  intéressantes;  on  serait  no- 
tamment curieux  de  trouver  dans  le  poème  d'Ambroise  un  passage  corres- 
pondant à  celui-ci  :  cr  Veteri  ac  pertinaci  dissidio  ab  Alemannis  Franci  dissi- 
dent, cum  regnum  et  imperium  de  primatu  contendant.  t) 

Les  chap.  xlvii'^'-lvii  du  latin,  correspondant  aux  vers  3531-8775  du 
français,  racontent  onze  petites  anecdotes,  eu  général  assez  puériles  et  eu 
partie  miraculeuses.  De  ces  anecdotes,  quatre  (chap.  li,  lu,  lui  et  lv) 
manquent  dans  notre  texte  d'Ambroise.  Gomme  elles  ont  absolument  le  même 
caractère  que  les  autres,  on  ne  voit  pas  pourquoi  il  les  aurait  laissées  de  côté, 
et  il  est  probable  que  l'omission  est  du  fait  du  copiste  (^).  Ce  qui  a  pu  la  fa- 
ciliter, c'est  que  chacun  des  sept  paragraphes  qui  contiennent  ces  anecdotes, 

^^^  Il  y  a  dans  Tédition  Stubbs ,  par  saite  d*ane  ^'^  Notez  cependant  cette   remarque  d'Am- 

erreur,  deux  chapitres  xi.vii;  mais  ils  peuvent  broise  (v.  3663)  :  Une  autre  aventure  ravinl  En 

facilement  se  fondre  en  un,  le  premier  ne  com-  Post,  e  d'autres  plus  de  vint,  Voire  assez  plus, 

prenant  qu'un  préambule  de  quelques  lignes.  mais  remembrer  Ne  les  sai  totes  ne  notnbrer. 


K 

nirtlMCKIB    VATIOStLt. 


Lxxxa  INTRODUCTION. 

correspondant  respectivement  aux  chap.  xlvh,  \Lvin,  xux,  l,  liv,  lvi  et  Lvn  du 
latin,  commence,  sauf  le  premier,  par  les  deux  mêmes  vers  t  Isin  eom  li  tem 
avenetent,  E  pluseurs  choses  aveneieni.  Richard  n'a  rien  d'équivalent  à  cette 
sorte  de  refrain,  qui  d'ailleurs  a  bien  pu  être  ajouté  par  Ambroise,  comme 
une  façon  de  rattacher  ces  incidents  épars.  —  Les  sept  historiettes  en  question 
ne  présentent  dans  les  deux  textes  que  de  légères  différences  (au  chap.  lxu, 
Richard  ne  donne  pas  le  nom  du  Gallois,  MaraduCy  et  appelle  Grammahir  le 
Turc  qu'Ambroise  nomme  Grair).  Il  faut  seulement  relever  un  détail  qui  n'est 
peut-être  pas  sans  intérêt.  Au  chapitre  xux  [Est.,  v.  3583-369/i)  est  rappor- 
tée, avec  d'assez  notables  variantes  dans  les  deux  textes,  l'aventure  d'un  che- 
valier qui  échappa  par  grande  chance  à  l'attaque  d'un  Turc.  Le  latin  termine 
ainsi  le  récit  :  «rHoc  quodam  alio  referente,  qui  casum  rei  perviderat,  factum 
est  notorium  in  castris.^  On  ne  comprend  pas  bien  pourquoi  ce  n'est  pas  le 
héros  de  l'aventure  lui-même  qui  la  raconta  dans  l'ost.  Il  semble  que  le  fran- 
çais soit  plus  près  de  la  source  commune  en  disant  (v.  36âi)  :  Si  vit  cil  quil 
nie  raconta  que  y  etc.;  seulement  Ambroise  parait  ici  se  substituer  à  l'auteur  du 
récit  qu'il  suit. 

//m.,  I,  Lvm-Lxu = iE«^ ,  v.  3771-/11  lo^^^.  Dans  ce  long  morceau,  nos  deux 
textes  se  suivent  avec  une  remarquable  fidélité.  Richard  a  cependant  quelques 
détails  en  plus;  mais  à  deux  reprises  il  omet  le  nom  du  Doc  (cf.  la  Table  des 
noms  propres);  il  ne  contient  pas  non  plus  l'équivalent  des  vers  UoliB-hoUb 
sur  la  composition  de  l'arrière-garde  à  la  journée  du  i3  novembre.  Les  vers 
6091-/11 10  manquent  également  ici  dans  le  latin,  mais  on  en  retrouve  plus 
loin  l'équivalent. 

Itin.y  I,  L\ni-Lxiv  =  £«/. ,  v.  /ii  11-/1178.  L'histoire  du  mariage  de  Conrad 
est  donnée  par  Richard  avec  plus  de  détails;  il  faut  surtout  noter  ce  qu'il  dit 
de  Balian  d'Ibelin  et  de  sa  femme,  la  veuve  du  roi  Amauri,  qui.  Grecque  de 
naissance,  avait  tous  les  vices  de  sa  race.  Mais  l'accord  entre  les  deux  textes 
nen  est  par  moins  très  étroit  par  endroits  (''^  ;  ainsi  on  retrouve  certainement 

^')  Comme  on  l'a  va  plus  haut,  les  vers  3897-  nuscrit  porte  :  Le  buteillier  de  son  lit  pristrent; 

3908  da  français  répondent  au  chapitre  xlvi  du  la  vraie  leçon,  de  Senliz  ou  de  Saint  Liz  (c^est^ 

latin.  à-dire  frde  Senlis?»),  est  indiqutfe  par  le  iatio  : 

^'^  Le  texte  latin  a  fourni  une  correction  assu-  (rPîncerna  de  Sancto  Licio^).  Voir  Sbnliz  à  la 

ree  du  texte  français.  Au  vers  4 161  notre  ma-  Table  des  noms  propres. 


L'HISTOIRE  ANTÉRIEURE  DU  SIÈGE  D'ACRE.  lxxiiu 

des  rimes  françaises  dans  ce  passage  :  (t  Unam  habuit  [Marchisus]  superstitem 
uxorem  in  patria  sua,  alteram  in  urbe  Gonstantinopolitana ,  utramque  nobi- 
lem ,  juvenem  et  formosam  ;  t)  cf.  Est.  ,y.  &  1 3 1  ss.  :  Car  U  marchis  an^eit  exposes 
Deus  bêles  dames,  jœfnes  tose$  :  Lune  esleit  en  Costentinoble ,  Bêle  femme,  gentil  ^e 
noble,  E  Vautre  esteit  en  sa  contrée. 

Le  chap.  lxv  du  latin  manque  dans  le  français,  et  a  très  probablement  été 
ajouté  par  Richard  à  son  original;  il  contient  le  récit  de  la  mort  de  Tarche- 
vèque  de  Ganterbury  Baudouin,  personnage  sur  lequel  le  chanoine  de  Londres 
avait  des  renseignements  personnels  (tandis  qu  Âmbroise  ne  donne  même  pas 
son  nom),  dont  il  a  déjà  exalté  les  mérites  (chap.  lxi),  et  dont  il  raconte  avec 
plus  de  précision  qu'Ambroise  la  vive  opposition  au  mariage  du. marquis  de 
Montferrat  (voir  la  Table  des  noms  propres). 

Itin.,  I,  Lxvi-Lxxvii»=E«/.,  V.  /i2o3  ^^J-44ia.  Ces  douze  chapitres,  comme 
les  chap.  xlvu-lvu,  contiennent  autant  de  petits  épisodes  détachés,  tous  rela- 
tifs à  la  détresse  que  subirent  les  assiégeants  pendant  Thiver  de  1 190-1 191. 
Ils  devraient  avoir  pour  correspondants  douze  paragraphes  du  poème  fran- 
çais; mais  ils  en  ont  onze,  parce  que,  d'une  part,  les  chapitres  lxxi-lxxh  du 
latin  manquent,  sans  doute  par  omission  du  scribe,  dans  le  français,  et  que, 
d'autre  part,  les  deux  paragraphes  /i38 1-^396  et  Ix^^'j-lxlii^  sont  réunis 
dans  le  même  chap.  lxxvii.  Ce  qui  caractérise  ces  onze  paragraphes  et  les 
douze  chapitres  du  latin,  c'est  qu'ils  se  terminent  tous(^)  par  un  refrain,  qui 
dans  le  français  est  toujours  le  même  :  Lors  (ou  ^'t7)  maudisseient  le  marchis. 
Par  cui  il  erent  si  aquis,  et  qui  dans  le  latin  est  un  peu  plus  varié,  mais  se 
compose  toujours  de  deux  (ou  si  l'on  veut  quatre)  vers  rythmiques  contenant 
également  des  imprécations  contre  le  marquis (^).  Ce  refrain ,  sous  quelque  forme 
que  ce  soit,  a  donc  dû  se  trouver  dans  l'original  commun  de  nos  deux  au- 
teurs. Ici  encore,  d'ailleurs,  on  remarque  dans  le  latin  des  traces  de  rimes 
françaises.  Chap.  lxvi  :  «r  modii  tritici  mensura  modica,  quam  quis  facile  portaret 
sub  ascellafi;  v.  /in  1 7-/12 1 9  :  Zi  muiz  de  blé. . .  Que  uns  hom  portast  soz  saieselle. 

(*^  Les  vers  4 179-4 a 0 a,  où  Ambroise  oppose  ^'^  Sauf  ie  paragraphe  43i5-/i33a,  h  la  fin 

la  certitude  de  ce  qu'il  raconte  à  Fauthenticitë  duquel  il  manque  sans  doute  quelque  chose, 

douteuse  des  chansons  de  geste  et  des  romans,  (Cf.  le  chapitre  lxxi?  du  latin.) 
ne  sont  pas  dans  ie  latin  et  sont  naturellement  ^'^  Aux  ch.  uui-lixiii,  il  faut  lire  Maledicentis 

du  (ait  de  notre  auteur.  et  rejeter  0  tune  dans  la  prose. 


E. 


LiiXIV 


INTRODUCTION. 


Au  chap.  Lwii,  Richard  a  commis  un  contresens  :  son  original  portait  sans 
doute,  comme  notre  poème,  que  l'on  vendait  dix  sous  la  wie  de  viande  de 
cheval;  il  n'a  pas  compris  ce  mot  rote  y  nom  d'une  mesure  arabe  passé  dans 
le  français  de  Syrie ^'^  et  il  a  traduit  :  rrlntestina  equi  venundabantur  solidis 
deceniT),  bien  que  plus  tard  il  soit  réellement  question  des  intestins  (en  fr.  :  la 
eore€)<^K  Ces  chapitres  ne  diffèrent  guère  d'ailleui^,  dans  nos  deux  textes, 
que  par  les  réflexions  et  les  enjolivements,  souvent  d*un  remarquable 
mauvais  goût,  que  le  rédacteur  latin  a  ajoutés  au  simple  récit  qu'il  avait  sous 
les  yeux. 

Itin.y  I,  L\xvni-L\xxi  ^EsL,  v.  /i/ii3-û526.  Ce  morceau,  s'il  n'était  pas  le 
dernier  du  document  utilisé  par  Ambroise  et  par  Richard,  est  le  dernier  qu'ils 
aient  utilisé  tous  les  deux.  Il  nous  présente  les  deux  textes  en  accord  à  peu 
près  complet. 

Ambroise  n'emprunte  au  récit  qui  nous  occupe  aucun  renseignement  par- 
ticulier sur  l'arrivée  de  Philippe  devant  Acre,  et  le  traducteur  n'est  [>as  à  cet 
endroit  plus  complet  que  son  original;  mais,  comme  nous  l'avons  dit  ci-dessus 
(p.  Lxxi),  il  fait  raconter  à  Richard,  par  les  gens  d'un  navire  qu'il  rencontre 
en  partant  de  Messine,  ce  qu avait  fait  Philippe  dans  les  premiers  temps  de 
son  séjour  devant  Acre.  Il  est  très  possible  que  ces  renseignements  soient  em- 
pruntés au  texte  que  nous  essayons  de  restituer,  et  que,  négligés  par  Ambroise, 
ils  aient  été  déplacés  par  le  chanoine  de  Londres.  Ce  texte  aurait  donc  mené 
le  récit  un  peu  plus  loin  que  l'arrivée  du  roi  de  France. 

Les  vers  4527-4556  d'Ambroise  rapportent  l'arrivée  du  roi  de  France, 
nomment  quelques-uns  de  ses  principaux  chevaliers,  et  rappellent  brièvement 
l'expédition  de  Chypre  et  l'arrivée  du  roi  d'Angleterre.  Ils  n'ont  d'équivalent 
dahs  Yltinerarium  que  les  quelques  mots  par  où.  débute  le  chap.  i  du  1.  Il  ^^\ 


^^^  Voir  au  Glossaire ,  et  ajouter  les  exemples 
relevés  par  M.  R.  Rôhrichl  dans  le  glossaire  de 
ses  Regesta  regm  hierasolymitani  (lonspruck  . 
1893). 

(')  La  comparaison  du  latin  aurait  dû  me 
faire  corriger  et  traduire  autrement  les  vers 
/1375-&376.  11  faut  lire  :  Tels  i  aveît  qui  respas- 
Mouenl,  E  quant  viande  ne  trovouent,  Lors  mal- 
Hiseient  le  tnarchis,  et  traduire  (p.  38o)  :  (tll  y 


en  avait  qui  guéiissaient,  et  quand  ils  ne  trou- 
vaient pas  il  se  procurer  de  nouiTÎture,  alors  ils 
maudissaient  le  marquis.  1) 

^'^  [jCs  noms  des  chevaliers  français  énumér^ 
ici  par  Ambroise  (les  comtes  de  Bar,  de  Flandre 
et  du  Perche ,  (roillaume  de  Garlande,  Guillaume 
des  Barres ,  Drooii d*Amiens ,  Guillaumede  Mello). 
sont  omis,  ici  par  Richard,  mais  il  les  donne  k  un 
autre  endroit. 


VESTOIRE  DE  LA  GUEBRE  SAINTE  DANS  LA  LITTÉRATURE.  lixxw 

et  ne  sont  en  effet  qu^un  raccord.  Aussitôt  après  vient  le  passage  cité  plus  haut, 
où  Âmbroise  nous  dit  qu'il  va  renouer  son  fil,  reprendre  sa  route  et  parler  de 
nouveau  des  choses  qu'il  a  vues  par  lui-même.  La  parenthèse  rétrospective 
est  terminée. 

Le  document  en  question  parait  donc  avoir  été  une  sorte  de  journal  du  siège , 
rédigé  dans  le  camp  des  chrétiens  au  fur  et  à  mesure  des  événements,  com- 
mencé avec  l'arrivée  de  Gui  de  Lusignan  devant  Acre  et  terminé,  pour  une 
i*aison  ou  pour  une  autre,  soit  à  Pâques  1191,  soit  peu  après.  Il  était  sans 
doute  en  français,  car  nous  avons  vu  qu  Ambroise  n'était  pas  un  clerc  et  ne 
devait  pas  savoir  le  latin,  et  très  probablement  en  vers,  puisqu'il  semble  bien 
qu'on  retrouve  des  rimes  pareilles  à  celles  d' Ambroise  dans  le  texte  latin  de 
Richard.  Ce  dernier  l'a  suivi  plus  fidèlement  qu'Ambroise,  qui  s'est  permis 
d'abréger  sensiblement,  mais  qui  a  cependant  conservé  quelques  noms  et 
quelques  menus  détails  omis  par  l'adaptateur  latin. 

Signalons  encore  un  autre  document,  beaucoup  moins  important,  dont 
Ambroise  a  fait  usage  :  c'est  la  liste,  dressée  par  (run  bon  clerc?),  et  que  notre 
poète  avait  vue  écrite  de  la  main  de  l'auteur  (v.  SBSs-BSgo),  des  per- 
sonnages de  marque  qui  moururent  pendant  ce  terrible  siège.  Richard  n'a 
connu  cette  liste  que  par  le  résumé  qu'en  a  fait  Ambroise,  et  il  a  reproduit 
(ch.  IV,  vi)  brièvement  l'indication  que  celui-ci  nous  donne  sur  l'auteur  en 
disant  simplement  :  crut  quidam  scribitT). 


VIL  —   VESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE 

DANS  LA  LITTÉRATURE. 

Il  nous  reste  à  nous  demander  si  le  poème  d'Ambroise  a  été  connu  et  utilisé 
dans  la  littérature  subséquente.  Nous  n'avons  pas  à  le  rechercher  pour  la  lit^ 
térature  historique  latine,  dans  laquelle  il  a  naturellement  été  remplacé  par 
la  traduction  qu'en  avait  faite  le  chanoine  de  la  Sainte -Trinité.  C'est  aussi 
cette  traduction  qui,  jusqu'ici,  a  servi  de  base  principale  à  toutes  les  histoires 
de  la  troisième  croisade  qu'on  a  composées  dans  les  diverses  langues  de  l'Europe 
moderne.  Il  faut  revendiquer  pour  Ambroise,  nous  l'avons  établi  plus  haut, 
l'honneur  d'avoir  fourni  aux  historiens  les  renseignements  originaux  que 
Richard  de  Londres  s'est  borné  à  reproduire. 


Lxxxn 


INTRODUCTION. 


En  français ,  nous  n'avons  réellement  dé  la  croisade  des  rois  de  France  et 
d'Angleterre  qu'un  seul  récit  quelque  peu  ancien,  et  il  est  tout  à  fait  indé- 
pendant de  notre  poème.  C'est  celui  qui  figure  dans  le  Livre  de  la  Terre  Smùuey 
lequel,  joint  dans  la  plupart  des  manuscrits  à  la  version  française  de  VHistoria 
rerum  in  partibus  trammarinis  gestarum  de  Guillaume  de  Tyr,  a  reçu  au  moyen 
âge  le  titre  bizarre  de  Livre  ^Éracle.  On  possède  de  ce  récit  plusieurs  rédac- 
tions, que  l'on  peut  comparer  facilement  dans  le  recueil  des  Historiem  dm 
Croisades  (l'une  d'entre  elles  en  outre  a  été  imprimée  à  part  sous  le  nom  d'Er- 
noul).  Ce  récit  parait  avoir  été  arrangé,  quelque  temps  après  les  événements, 
d'après  des  souvenirs  assez  confus,  et  contient  beaucoup  d'erreurs  de  tout 
genre <^^;  il  a  en  outre  été  remanié  à  diverses  reprises.  Ni  l'auteur  premier  ni 
les  remanieurs  n'ont  certainement  puisé  dans  notre  poème,  où  ils  auraient 
trouvé  des  renseignements  bien  plus  exacts  et  abondants  que  ceux  qu'ils  ont 
mis  en  œuvre  f^'. 

A  plus  forte  raison  en  est-il  ainsi  des  autres  textes  français  qui  nous  sont 
parvenus  :  ils  sont  très  postérieurs  et  ne  nous  présentent  les  événements  de  la 
troisième  croisade  que  sous  le  jour  de  la  légende.  La  légende,  en  France,  s'est 
surtout  attachée  à  expliquer  le  départ  de  Philippe  après  la  prise  d'Acre  et  à 


^'^  Il  en  est  une  qu'il  est  d'autant  plus  utile 
de  signaler  qu'elle  a  été  souvent  reproduite. 
D'après  le  Livre  de  la  Terre  Sainte,  les  croises 
auraient  pris  Jërusaiem  si  le  duc  de  Bourgogne, 
ne  voulant  pas  que  le  roi  d'Angleterre  eût  l'iion- 
neur  de  cette  conquête ,  n'avait  fait  rétrograder, 
sans  même  en  prévenir  Richard,  le  corps  d'armée 
qu'il  commandait.  Cette  histoire  est  directement 
contraire  à  la  vérité,  telle  qu'elle  est  attestée  par 
Ambroise,  pourtant  peu  favorable  aux  Français: 
ceux-ci  en  voulaient  à  Richard  précisément  de 
ne  pas  marcher  sur  Jérusalem,  qu'ils  croyaient 
qu'on  pouvait  prendre,  tandis  que  Richard, 
mieux  informé,  savait  qu'il  était  impossible  ou 
de  la  prendre  ou  de  la  garder.  Quoi  qu'il  en  soit, 
ce  conte,  grâce  au  Livre  de  la  Terre  Sainte,  était 
accepté  au  xin*  siècle  comme  vérité;  Joinville  le 
rapporte  en  renvoyant  expressément  au  Livre  de 
la  Terre  Sainte,  et  nous  apprend  qu'on  le  Ot  lire 
en  Syrie  à  saint  Louis,  qui  dut  en  être  peiné  pour 
rhonneur  de  la  France,  mais  qui  n'avait  sans 


doute  pas  le  moyen  de  rétablir  les  faits  tels  qu'ils 
avaient  eu  lieu.  —  Il  y  a  toutefois,  çë  et  là,  dans 
ce  morceau,  quelques  traits  qui  ne  manquent  pas 
de  valeur,  comme  le  récit,  probablement  authen- 
tique et  plus  détaillé  qu'aucun  autre,  de  la  fiiçon 
dont  Isabel  de  Jérusalem  fut  séparée  de  HunGroî 
du  Toron  et  mariée  à  Conrad  de  Montferrat  (/fttf. 
des  Crois.,  t.  II,  p.  iSt-iyi). 

^*^  Tout  au  plus  peut-on  croire  que,  pour  k 
partie  du  siège  d'Acre  antérieure  k  l'arrivée  du 
roi,  l'auteur  premier  du  récit  a  en  connaissance 
du  document  utilisé  aussi  par  Ambroise  et  par 
Richard  de  Londres.  Voir  notamment  le  récit  de  la 
désastreuse  expédition  des  ersergentsn,  le  a5  juil- 
let 1 1 90 ,  où  l'on  remarque  à  la  fois  dans  Am- 
broise et  dans  Tune  des  recensions  du  récit  en 
prose  le  mot  asseï  rare  de  (rsergenterie»  {Hisl. 
des  Crois.,  t.  II,  p.  i5o;  Itin.  Rie.,  L  I,  c.  xl; 
Ambroise,  v.  vîiSy  et  suiv.).  Toutefois,  là  même, 
il  y  a  des  différences  qui  empêchent  d'admettre 
avec  assurance  une  source  commune. 


UESTOIRE  DE  LA  GVEME  SAINTE  DANS  LA  LITTÉRATURE.  lïvuh 

présenter  sous  un  jour  odieux  la  conduite  de  Richard,  Celte  tendance,  indi- 
quée déjà  dans  le  Livre  de  la  Terre  Sainte,  se  marque  de  plus  en  pius  dans  les 
r(^cits  de  Plûiippe  Mousket,  du  Ménestrel  de  Reims,  de  Guillaume  Guiarl,  et 
aboutit  enfin,  dans  le  poème  perdu  du  xiv'  siècle  dont  le  roman  en  prose  de 
Jean  (TAvesnes  nous  a  conservé,  pour  cette  partie,  un  abrégé''',  à  une  inter^ 
version  complète  des  rAles  entre  les  deux  rois  :  Richard,  dont  les  multiples 
trahisons  sont  découvertes,  retourne  honteusement  en  Angleterre,  et  les  Fran- 
çais, restés  seuls  en  Syrie,  prennent  Damas;  Salahadin,  vaincu  dans  une 
grande  bataille,  est  obligé  de  s'enfuir  et  reçoit  une  blessure  mortelle'*'. 

La  délivrance  de  JalTc  le  5  août  i  iq-j,  le  plus  héroïque  des  exploits  de 
Richard,  a  servi  de  point  de  départ,  mais  très  lointain,  au  petit  poème  du 
Pa»  Salhadin,  composé  à  la  fin  du  xni"  ou  au  commencement  du  xiv"  siècle, 
et  qui  a  pour  source  directe  une  des  peintures  murales  où,  peui-ôlre  d'abord 
sous  l'inspiration  de  Richard  lui-même,  il  était  de  mode  au  \uf  siècle  de 
représenter  ce  glorieux  événement  :  les  quelques  détails  soi-disant  historiques 
donnés  dans  ce  poèipe  sont  fort  éloignés  de  la  vérité  et  ne  remontent  sûrement 
pas  à  Ambroise'*).  Un  épisode  de  ce  combat  raconté  dans  Anibroise  (v.  i  i5/l3- 
1 1 564),  le  don  de  deux  chevaux  fait  par  Safadin  à  Richard,  a  été  Tobjet,  dans 
les  diverses  rédactions  du  Livre  de  la  Terre  Sainte,  dans  les  Conli  dî  cavalieri 


■''  Sur  cette  question ,  voir  Jmiri'nl  desSamni^i , 
i8g3.p.  a88. 

"'  Voir  Journal  des  Satranli,  i8i)3,  (i.  iSj, 
ln^6.  —  U  esl  curieux  que  le  nom  de  Gnillsnme 
de  la  Cba|>elle.  le  chevalier  tjui  Qt  tnnl  de 
prouesses  au  siéger  de  Sur,  ue  sp  trouve  que  daus 
Anibroise  et  dans  ce  roman  (voir  à  la  Table  des 
noms  pi-o|ires);  mais  il  ne  faul  voir  là  qu'un 
hasard. 

'*'  J'ai  essayif  ailleurs  de  moulrer  i'oripne  et 
les  développemenls  de  la  hiidilion  du  Pat  Snl- 
liadin  [Jnumal  des  Savants,  189^!,  p.  ^i-âg6). 
(•e  poème  vient  d'être  réimprimé,  avec  une  iotro- 
daetion  litli^raii'e  et  grammaticale,  par  M.  P.-L 
Logeman  dans  les  Modem  Language  A'oWf,  pu- 
bilifes  ti  itnilimore  (janvier  el  n"'  suivants  de 
1897).  —  Un  autre  souvenir  de  cet  exploit  ce 
trouve  dans  un  rAHt  espagnol  qui  est  sûrement 
d'origine  françeise.  0.  Juan  Manuel,  au  conte  III 


de  son  Livre  df  Palnmio,  raconte  qu'un  saint 
criuile  obtint  un  jour  de  Dieu  de  voir  le  compa- 
gnon qu'il  aurait  dans  le  ciel  ;  ce  fui  le  roi  RichartI 
d'Angleterre  qu'un  ange  lui  montra.  L'ennîte  en 
Fut  surpris  et  scantlaliw!;  mais  l'ange  lui  iléclui-a 
que  toute  sa  vie  d'aust^rittfs  ue  pesait  pas  autant, 
dans  la  balance  divine,  qu'un  saut  qu'avait  fait 
le  rai  Richard,  lorsque,  étant  allé  combattre  le« 
Sarrasius  avec  le  roi  de  France  (et  le  roi  de  Na- 
varre, ajoute  de  son  chef  le  conteur  espagnol), 
il  se  jeta  tout  anmï  sur  son  cheval  h  la  mer,  où 
il  disparut  an  instant  :  trait  de  bardiesse  qui  en- 
flamma le  courage  des  cbréliens  et  mit  tes  Sar- 
rasins eu  fuite.  Cf.  Anibroise ,  v.  1 1 1 37-1 1 1 3o  : 
Ses  jamiies  totes  dtÉOrmees  SaiUi  dex  ci  qu'a  (a  ceiii- 
lare  En  mer  a  ta  bone  aventure.  Il  est  vrai  qu'il 
n'était  pas  èi  cheval,  mais  In  l^gendi'  avait  natu- 
rellement ampli  lî^.  Celte  légende  a  foii  bien  pu 
se  iranametlre  oralement. 


Lxxxvin 


INTRODUCTION. 


antichi,  dans  les  Cento  novelle  antichey  dans  le  poème  du  iiv^  siècle  représenté 
par  Jean  d'Avemes  et  dans  le  roman  anglais  de  Richard  Cœur  de  lion  y  de  trans- 
formations successives  qui  ont  abouti  à  faire  d'un  trait  de  généreuse  courtoisie 
une  machination  perfide  miraculeusement  déjouée  ^^^  :  il  n'y  a  pas  de  raison 
pour  croire  que  le  récit  de  notre  poème  soit  la  source  première  de  toutes 
ces  variantes,  car,  nous  Tavons  vu  plus  haut,  il  na  pas  été  connu  du  Livre  de  la 
Terre  Sainte  y  et  on  peut  encore  moins  supposer  qu'il  ait  inspiré  les  autres 
versions,  lesquelles  s'accordent  toutes,  comme  les  rédactions  du  Livre  de  la 
Terre  Sainte  (sauf  une),  à  substituer  dans  celte  historiette  Salahadin  à  Safadin. 
Le  fait  que  cette  substitution  se  trouve  également  dans  le  roman  anglais  em- 
pêche de  croire  qu'il  ait  ici  VEstoire  de  la  guerre  sainte  pour  source,  même  très 
lointaine,  d'autant  plus  que,  comme  toutes  les  autres  versions,  et  avec  des 
détails  plus  fantastiques  qu'aucune  autre,  il  fait  une  trahison  de  la  courtoisie 
apparente  du  Sarrasin. 

Si  le  roman  de  Richard  Coeur  de  lion  n'a  pas  emprunté  cette  histoire  à 
Âmbroise,  ce  n'est  pas  une  raison  pour  qu'il  ne  lui  ait  pas  emprunté  autre 
chose.  On  a  récemment  essayé  de  démontrer  que  ce  roman  avait  pour  base 
X Idnerarium  Ricardi^'^K  Au  cas  où  cette  démonstration  serait  solide  pour  le  fond , 
nous  aurions  à  nous  demander  s'il  ne  faut  pas  plutôt  comparer  le  roman  avec 
l'original  de  Y Itinerarium ^  le  poème  d' Ambroise  ^'L  En  effet,  le  roman  anglais 
n'est  que  la  traduction  ou  l'adaptation  d'un  poème  français  (anglo-normand) 


(^)  Tai  résume  toutes  ces  versioas  dans  mon 
travail  plusieurs  fois  cite  sur  la  Légende  de  So- 
ladin  {Journ,  des  Sav.,  1893,  p.  ASg-AQi). 

^')  Voir  F.  Jentsch,  dans  le  t.  XV  des  EngUseke 
Studien  (Leipzig,  1891),  p.  161-9&7.  II  faut 
joindre  à  cette  longue  ëtude  Tarticle  complémen- 
taire donné  au  même  recueil  Tannée  suivante 
(t.  \VI,  p.  i&s-i5o)  par  M.  Jentsch. 

^'^  M.  Jentsch  avait  fait  son  travail  sans  con- 
naître Texistence  du  poème  d' Ambroise.  Averti  par 
un  critique  (Li/er.  Centralblatt ,  1891,  col.  079), 
il  a  comparé  avec  ritinerarium  les  fragments  de 
ce  poème  qui  avaient  été  publiés  avant  la  pré- 
sente édition,  et  il  n*a  pas  été  convaincu  que  17a- 
nerarium  fôt  la  traduction  de  ïEstoire,  Il  admet 
que  Richard  de  la  Sainte-Trinité  avait,  comme 
Ambroise,  été  en  Terre  Sainte,  et  il  ne  regarde 


même  pas  comme  exclue  Thypothèse  que  ce  serait 
Ambroise  qui  aurait  utilisé  ïltinerarium.Les  pages 
précédentes,  011  j'ai  examiné  cette  question,  étaient 
imprimées  quand  j*ai  eu  connaissance  de  son  ar- 
ticle :  il  ne  change  pas  ma  manière  de  voir,  qui 
se  justi6e  suffisamment,  je  crois,  par  la  compa- 
raison des  deux  ouvrages  dans  leur  ensemble.  Les 
quelques  additions  de  Ridiard  à  sa  source  s'ex- 
pliquent ,  —  en  dehors  du  livre  I  consacré  à  la 
croisade  de  Frédéric  et  de  ce  qui  provient  du 
document  sur  le  siège  d'Acre  utilisé  par  Richard 
et  Ambroise  (ci-dessus ,  S  vi)',  —  les  unes  comme 
de  simples  développements  oratoires,  les  autres 
comme  provenant  de  passages  omis  dans  noti-e 
unique  manuscrit  d' Ambroise,  un  petit  nombre 
enfin  comme  dues  à  des  renseignements  |)erson- 
nels  de  Richard. 


VESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE  DANS  LA  LITTÉRATURE.  lxxxii 

antérieur,  et  il  serait  naturel  de  penser  que  Tauteur  de  ce  poème  s'est  servi 
d'un  livre  français  plutôt  que  d'une  chronique  latine.  Mais  la  démonstration 
en  question  ne  m'a  point  paru  convaincante,  et  j'ai  essayé  d'établir  ailleurs (^) 
que  le  roman  de  Richard  Cœur  de  lion  est  indépendant  de  notre  poème,  et 
que  les  rapprochements  qu'on  peut  relever  entre  les  deux  récits  doivent  être 
simplement  attribués  à  ce  que  l'auteur  premier  du  roman  a  eu,  soit  directe- 
ment soit  indirectement,  connaissance  des  faits  réels  de  la  croisade,  rapportés 
plus  fidèlement  dans  YEstoire.  Il  n'y  a  donc  pas  lieu  de  se  demander  si  c'est  Ylti- 
nerarium  ou  l'Estoire  que  cet  auteur  a  connu,  puisqu'il  n'a  vraisemblablement 
connu  ni  l'un  ni  l'autre. 

Le  roman  de  Richard  Cœur  de  liauj  qu'a  traduit  du  français,  vers  la  fin  du 
xin*  siècle,  un  poète  anglais  anonyme,  n'est  pas  le  seul  poème  anglo-normand 
qui  ait  été  consacré  à  la  gloire  de  Richard.  Pierre  de  Langtoft,  qui  écrivait 
au  commencement  du  xiv®  siècle  sa  chronique  d'Angleterre  en  laisses  mono- 
rimes, renvoie  expressément  à  une  composition  de  ce  genre'-',  et  il  en  a  tiré 
plusieurs  des  traits  qu'il  ajoute  à  sa  source  latine;  mais  aucun  de  ces  traits  ne 
se  retrouve  dans  YEstoire  de  la  guerre  sainte  y  et  il  n'y  a  pas  de  raison  de  croire 
que  Pierre  de  Langtoft  ait  connu  notre  poème,  non  plus  qu'il  n'a  connu  le 
roman  de  Richard  Cœur  de  lion  que  nous  possédons. 

En  résumé,  la  recherche  que  nous  avons  faite  des  traces  de  YEstoire  de  la 
guerre  sainte  dans  la  littérature  subséquente  ne  nous  a  donné  aucun  résultat, 
et  nous  a  seulement  permis  de  constater  que  le  poème  d'Ambroise  parait  être 
resté  inconnu  à  tous  ceux  qui,  depuis  lui,  ont  raconté  la  croisade  de  Richard. 
C'est  vraiment  un  heureux  hasard  qu'un  copiste  anglo-normand,  à  la  fin  du 
XHi*  siècle,  ait  eu  l'idée  de  le  transcrire  et  que  sa  copie  soit  parvenue  jusqu'à 
nous;  nous  n'en  aurions  autrement  connaissance  que  par  la  brève  mention 
du  Chronicon  Terras  Sanctae ,  qui  n'aurait  pas  suffi ,  comme  on  le  voit  par  l'exemple 
de  M.  Stubbs,  à  démontrer  que  Yliinerarium  Ricardi  n'est  guère  qu'une  tra^- 
duction  de  YEstoire^  et  nous  ne  saurions  même  pas  le  nom  de  cet  honnête 
Ambroise,  qui  nous  a  laissé  dans  son  œuvre,  sinon  la  preuve  de  son  talent 

^*^  Voir  Ramanta,  t.  XXVI  (1897),  p.  353.  vail  sa  chronique  anglaise  un  peu  avant  Pierre 

^*^  The  Chronicîe  0/ Pierre  de  Langtoft,  edited  de  Langtoft,  mentionne  aussi  une  romance  du  roi 

by  Thomas  Wright  (  Londres,  in-8',  1866-1868),  Richard;  mais  il  ne  lui  a  rien  emprunte  (voir 

t.  II,  p.  120.  —  Robert  de  Glocester,  qui  écri-  Jentsch,  /.  c,  p.  aii). 


L 


îc  nTB0DLXTf05. 

pf^t\f[nf:.  An  moîr»  i^  témoio^^i^  de  na  «iru^érité.  de  »  eandeur.  de  sod  dé- 
¥oaemerit  à  b  r:in.^  qn'il  croyait  sainte,  de  sa  6déiité  à  sod  roi.  et  on  précion 
do<ament  4ijr  les  sentiments  de  ia  partie  la  plus  homble  et  ia  meiDeare  des 
croi.^és  (\n\  arronjpagnèrent  le  roi  d'Angleterre  dans  eette  hér«>iqQe  et  inotSe 
troi.*ièrne  #^roisade. 


NV/ne  lODiTio^ftLLK.  —  J'ai  oublié  de  fair*?  ri-de^snâ  'p.  u.l.  ^i  nne  remarque 
1^'*  ^iprei^ioriA  dont  vi  âert  NiroUs  Triv^l  en  pariant  de  Xlûnermmm  BkmrJ^,  à  savoir  qve 
Ki#;hard  de  la  Sainte-Trinité  i'afait  é^rrit  prsM  cl  métro.  On  ne  peat  gnêre  eotendre  par 
md^o  les  r^frainÀ  en  fers  rythmiques  qui  se  troavenl  à  la  fin  de  quelques  chapitres  &m 
lîfre  I  fci-dessos,  p.  lxiiiii;,  ni  les  nombreases  citations  de  Ters  classiques  que  Richard 
a  m^iéen  à  sa  profte.  Il  me  parait  plut/4  probable  que  le  chanoine  de  Londres  avait  fait 
suivre,  viit  toii^  ses  chapitres,  soit  plusieurs  d'entre  eui.  de  morceaujL  poétiques  de  sa 
romp^isition .  qui  de%air;nt  aïoir  un  caract#:re  purement  lyrique  ou  moraliiant,  et  que  les 
r/ipi<tte4  auront  supprimés.  Cest  ainsi  que  procéda,  peut-être  à  rimitation  de  Richard, 
Gunther  de  Fairis  dans  son  histoire  de  la  quatrième  croisade,  et  plusieurs  des  scrihcs  qui 
nous  ont  crmsené  son  écrit  ont  supprimé  ces  ornements  inutiles,  comme  je  suppose  que 
Tont  fait  les  scribes  des  trriis  manuscrits  de  Vltmerarimm  et  Nicolas  Trivet  lui-même. 


X      ?  ti  >rûr  V»"'  xccKf ftftt-m-r'  ' 
^  f  rcett  Wt  Vu»  M  fmfrcmw-f 

«  Mf m  rtfor  ««*^  ^iw*« 
t   »  rwtfr  ttnft  nwntrr^ 

^   Mrenr  etUjȕtr  hat/ 
û»  «««nrfcirlcn  tiflie^ 

#    «ne  ^»  mm*  ïw**'^'»»*'*^ 
t    emilQift«i«nr'iumTt 

il-  Rtl  tmbtTttntr  CmTttmmmf/ 
4    <*i  Ane  ymerts  T^mitfr^ 

»   «ttMimw  ïVtt  ftwrrmr' 

Aï"  t^  uerm  UC  vmitvtn^ 

?■  tntw  4>'*^*wtl7  mome^ai 

j^  iflr  le-wittUf  mrtiy  7  «"«iWyî-, 
_     !f.  TnvriJtiRtr  MtU  tj-wr'A-^-J 


t.  Attire  fuïft'int 

tttnftwiC  l?4lifw 

t*ft-itftur^ft« 

Ci  tftftr-rtmr  t»^ 
ft- 1^  (l  ntr  Cnjpir 

r  or  wîWCî- vf***^ 
^  V  (froc  ma  tn« 

&   M  rtjfuA^  ai 

3    injwoue  tftuU 

Ç  M  IKC  Cav  CflUl  Jf 

0  V  (Vmr  M»  l«f5?a» 

1  ff  »i»r  t^9^^ 
ù.  tnR  lumcovenc 
ft-  ii^Alcft«t  ticnv 
ft  \»ftmrWr«itfi 

tt   \ffm.  mur'iftfkn 

t  wti  MI  tiMy  fUttic 

0-  ml  Qftctmr  fri  M> 
Al«mtYvr  tvuvo 

A  nwnr  m«ft- -v*! 
ofttr  mtlf  Mtra  4 


t  «f  or  \Uym.  «nrtt  wunirÉC^ 

A>  ulr  noTtUm  «ftoroi*^ 

A;  ttffM^ttn  ^  mtTAARMX 

^  t  twTnc  ùu*i   lA  el»<MCnv 

V  ofm  warïri  ipâf  4nu(Vtv 

t  «•  ne  rommr-fiftf  ^(>brtrr 

A  r  ftanC  4  ftfyAl  ««r' 

Vf  tf»t  in^ni  «prrtiWer' 

r  4r  ilMcrtanccf  dvtnOKtT 

S  iCte?   fttttURUJt(hlt»^ 

rc  yVuf  «n  \ixvt  ptt«  Vif»^         t 

Il  r  ^nfetuftf  Timepîftttre     '^ 

a  mu.  fttA  gjtttc  A  Antre  V 

b  «ifftwnf  «!«»«*  ««'^«^P'W"v  •^ 

6î  nwVtw  ©flit^tni^amt         a 


Ht 


'rt  4^»fteir  maUt  ti«yrb 
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uBf  nt  AuR  tanVtt 
dpd«  Ctfnkvti  QmfrfH 
1  kift-  ffi*  mtil  ifuil  !p*« 

dtuw  4l«T  Cintleratitr' 
taxe  mn  •O^Al^tu  dlArt 
flT  tuuomr  m«l'   tamn^nw 
hue  lAttoit  Ir^uaMi^ 
tktr  WatUc  <*»  «lafcr^ 
AiT  t«  S&m>  %Rf  traïf' 

ftaur  ni  fe«ttr  wnr 
fantfi»«rt  uftetr 
lul  tu  aptutCdwilt»^ 
Wtw  me»  14  «*tiA«,*i4rtt^ 

i  hitxz  ufft  «^  mit  l4ni< 
;  ^  ter  ytARtTe^flS  M  mi«n 
toin  mev  Ttinr  \<a^  «muf 
Agnir  «nt^n«rTT»u«**«f 
A  tnenr-  wU  tnomn»nc«nl>4*f 
CtI>««v>'U  4rtfttl  «nu» 

trf  ^iMf  ir'tAmMïrtrtir 
li  tt«r  ttmtr  n*  trmmni 
>lfttf  «rtATcl  tu  tuvr" 
(t  wr  nt  ftw-A«pMM«mt^ 

S    lUuctl  *\V«  fi**  tem 

^    al  ^  **>5:«  iRtumfcc? 


L'ESTOIRE 


DE  LA  GUERRE  SAINTE 


I 

I 


i 


I: 


é 
I     » 


L'ESTOIRE 


DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


-Ïî4><j. 


Fol.  1   a. 

Préambule. 

Dieu  punit  la 
chrétientiî  de  ws 
péchés  en  laUsaot 
retomber  Jérusa- 
lem aux  mains 
«les  SarroMn^. 


Qui  longue  esloire  ad  a  iraitler, 
Mult  lui  covient  estreit  guaiticr, 
Qu'il  ne  comenst  por  sei  grever 
Uevre  qu'il  ne  peusse  achever, 

5  Mais  si  la  face  e  si  Tempraine 
Qu  a  dreit  maint  iço  qu'il  enpraine; 
E  por  ço  ai  comencië  briefment , 
Que  la  matire  n'ait  griefment. 
Vers  la  materie  me  voil  traire 

10  Dont  l'estoire  estbone  a  retraire, 
Ki  retrait  la  mésaventure 
Qui  nos  avint,  e  par  dreiture, 
L'autre  an  en  terre  de  Sulie 
Par  nostre  surfaite  folie, 

1 5  Que  Deus  ne  volt  plus  consentir 
K'il  ne  la  nos  feist  sentir  : 
Sentir  la  nos  fist  senz  dotance; 
Et  en  Normendie  et  en  France 
E  par  tote  crestientë, 

ao  U  que  poi  en  ot  ou  plenté, 
La  fist  il  sentir  en  poi  d'ure 
Por  la  croiz  que  li  monz  aure, 
Qui  a  cel  tens  fud  destornee 
E  des  paens  aillors  tomee 

a5  Qu'cl  pais  ou  ele  selt  estre, 

Ou  Deus  deigna  morir  e  nestre.  •  • . 
Del  Hospital  e  del  saint  Temple 
Dont  fud  tirée  mainte  temple, 


Del  sépulcre  ou  Deu  fu  posez 

3o  Dont  péchiez  nos  ot  déposez , 
Nel  fud;  ne  feit  pas  a  retraire  : 
Mais  por  Deu  qui  velt  a  sei  traire 
Son  poeple  qu'il  aveit  raient 
Quil  serveit  lores  de  nient. 

35      D'ainsi  faite  descovenue 
Fud  la  grant  gent  e  la  menue 
Par  tôt  le  mont  desconfortee 
Que  a  paines  fud  confortée. 
Laissées  furent  les  charoles 

6o  E  sons  e  chançons  e  paroles 
E  tote  joie  teriane 
De  tote  la  gent  cristiane, 
Tant  que  l'apostoille  de  Rome 
Par  cui  Deus  salve  a  maint  home 

65  (Ço  fud  li  uitismes  Gregoires, 
Si  com  est  trovë  es  estoires) , 
Cil  fist  un  pardon  sucurable 
Por  Deu,  el  despit  al  diable, 
Que  de  toz  péchiez  sereit  quites 

5o  Qui  ireit  sor  les  gens  hérites 
Qui  aveient  déshérite 
Le  digne  rei  de  vérité; 
Et  por  ço  tant  rei  e  tant  conte. 
Tant  altre  gent  qu'il  n'en  est  conte, 

55  Se  croisèrent  por  Deu  requere 
En  Sulie,  en  luintaine  terre. 


Fol.  I  b. 


Tvule  la  ;.li ré- 
ticulé prcnU  U 
croii. 

Cf.  IHnermitiih 
K€€rii,  11.  II. 


Fol.  1  C. 


3  conuisl  —  6  De  uîc  —  1 1  retint  —  96  lacmiê  aprk  cê  ver$  —  36  deuenl  —  Hh  d.  salua  m.  — •  65  le  — 
67  Cilest  —  56  en  omU  —  56  En  u.  la  1. 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


i 


Richard,  comte 
'le  Poiticn,  prend 
la  rroû  (  nov. 
1187). 

/iMfrffr  JNm  Hi- 
rarii,  II,  m. 


Kol.  1  d. 

esnii.  Il ,  III. 

Pliiiippo,  roi 
jI«»  France,  cl 
llfmri ,  roi  (l'An- 
i^lderrc,  ont  une 
folirvoc  cn^rc 
r.isors  cl  Trie,  cl 
il»  prennent  la 
rroÏT  (ai  jiinv. 
1188). 


Croisèrent  sei  comunement 

Tote  la  plus  proisie  gent. 

Li  cuens  de  Peitiers  H  vaillanz, 

60  Richarz,  n'i  volt  eslrc  failtanz 
Al  besoing  Deu  e  sa  clamor; 
Si  se  croissa  por  sue  amor  : 
Premiers  fu  de  toz  les  hauz  homes 
Des  terres  dont  nos  de  ça  sûmes  ; 

(>')  Puis  mut  ii  reis  en  son  servise 
Ou  ii  misl  grant  peine  e  grant  mise. 
Ne  remanoit  a  la  croiz  prendi*e 
^'us  por  son  héritage  vendre; 
Ne  li  viel  ne  li  bachelier 

70  Ne  voleient  lor  cuers  celer, 

Qu'il  ne  moslrassent  lor  pesaiice , 
K  qu  il  ne  preissenl  venjance 
De  la  honte  qui  esteit  faite 
A  Deu  qui  ne  Tavoil  forfaile 

75  De  sa  terre  qui  ert  guaslee, 
U  sa  gent  lui  fud  si  haslee 
Qu'ele  ne  se  sot  conseillier; 
Mais  nuls  ne  se  deit  merveiller 
S'ele  fud  lores  desconfite, 

So  Ke  ço  esleit  bone  gent  eslile , 

Mais  Deus  voleit  que  cil  murussenU 
E  qu'autres  genz  le  succurusent. 
Cil  furent  mort  cx)rporelnient. 
Mais  vivent  celestielment. 

80  Autresi  fout  cil  qui  la  moerent 
Qui  el  servise  Deu  demuerent.  * 

L-ne  guerre  de  ancesseric 
Ot  entre  France  e  Normendie, 
Forte  e  cruele  e  orgoilluse 

90  K  feleuesse  c  periliose. 

Del  rci  Felippe  esleit  la  guerre 
Vj  dcl  rei  Henri  de  Englelerc, 
Cil  qui  ot  la  bêle  maisnde, 
La  pruz,  la  sage,  la  raisnee, 


95  Li  bons  pères  al  joefne  rei 
Ki  si  jostoit  a  grant  desroi. 
Le  perre  Richard  Tenginus 
Qui  tant  fud  sages  e  ginus, 
Li  pieres  Giefrei  de  Bi*etaiiie 

100  Ki  tant  refud  de  grant  ovraine, 
E  li  pères  Johan  sanz  Terre 
Por  qui  il  ot  tant  noise  e  guère. 
Li  reis  qui  tel  meisniee  aveit 
E  qui  si  riche  se  saveit 

io5  Poeit  bien  guerre  meintenir 
S  en  le  volsist  a  lui  tenir, 
E  s'il  feist  ço  qu'il  voleient 

Com  a  tel  gent  com  il  csteieul 

Li  dou  rei  crent  a  descorde, 

1 10  Que  nus  n'i  poeit  mètre  acorde. 
Devant  que  Deus  les  ajosla 
Al  parlement  qui  tant  costa  : 
Ço  fud  entre  Gisorz  e  Trie, 
lui  la  grant  bêle  praerie. 

11 5  La  ot  dite  mainte  parole, 
E  mcintc  sage  e  meinte  foie  : 
Li  uns  ert  de  la  pais  en  cure 
E  li  autres  n'en  aveit  cure; 
Mult  i  ot  gent  de  mainte  guise 

itto  Qui  ne  saveit  cum  ele  ert  quise, 
Fors  que  Deus  voleit,  ço  me  semble 
Qu'il  se  croissasent  toz  ensemble. 
Mult  ot  el  parlement  qucrcics, 
Mult  de  vielz  e  mult  de  noveles: 

13J  Mult  enn  i  avoit  de  encumbroses 
E  de  fi  ères  e  de  orgoilluses; 
Mult  les  cercherent  sanz  sujor  ; 
E  mult  par  fist  bel  tens  le  jor. 
Un  arcevesque  i  ot  message 

t3o  Qui  vint  de  Sur,  prodome  e  sage. 
Que  li  Sulien  i  tramistrent 
Pur  son  sen  qu'il  surent  e  virent. 


Ko 


G3  m.  il  r.  —  85  la  manque  —  87  Qiine  —  99  rei  manque  —  y3  qui  iv/wV  —  10a  tante  —  io3  te  — 
1  oS  lacune  après  ce  vers  ~^  1 38  del  L 


5 


L*ESTOIRE  DE  LÀ  GUERRE  SAINTE. 


Mult  le  veimes  entreinetre 
Des  reîs  en  dreite  veie  mètre; 

i33  Tant  i  mist  Deus  de  peine  avant, 
E  li  prodome  e  li  savant, 
Que  ambcdui  li  roi  se  croissirent, 
E  que  iloques  s^cnlrebaisierent. 
Il  se  baisierent  en  plorant, 

1^0  E  alouent  Deu  aurant 

De  là  grant  joie  qu'il  avoient 
R  del  besoing  que  il  saveient 
Que  Deus  aveit  de  lui  rescure. 
La  veissiez  chevaliers  curre 

t'i5  E  croisiersei  par  ahatie; 
Ne  sembloit  pas  gent  amatie, 
Si  que  entor  les  arcevesques 
E  entor  abbez  e  evesques 
(Si  Deus  me  ait  et  il  me  peise) 

1 5o  Vi  ge  iloc  si  grant  la  presse 

0  la  chalur  qu'iert  la  si  grande, 

(Nus  por  nient  greinur  demande) 

Que  tantes  genz  i  ateignouent 

Por  poi  que  il  ne  s*es(eigneient. 

Fol.  fi  6.  i55       Pur  la  joie  del  parlement 
La  mort  de         jj^  j^  -^jg  ^  j^j  eroisemcut 

lienn  trréte   le  ^ 

déprt  poar  it         Aloueut  trcstuz  la  croiz  prendre, 
i?89).     ^"'  Car  nus  ne  se  poeit  défendre 

Ne  le  grant  pardon  refuser. 

i6o  Mais  molt  par  fist  a  acuser 
La  muele  que  trop  demara , 
Ke  diables  s'esvigura 
De  remetre  es  reis  la  meslee, 
Qui  ne  pot  estre  demeslee 

i65  Devant  ço  que  Tuns  d'els  murut 
E  que  mort  sore  lui  curut. 
Ço  fu  li  vielz  reis  d'Engletere 
Henris,  cil  qui  quida  requere 
Le  seint  sépulcre  e  Deu  ensivre; 

170  Mais  mort  le  soit  bien  aconsivrc. 


/iMirariMM  il^ 


Ambboisb  dit,  qui  fist  cest  livre. 

Que  sages  est  qui  se  délivre 

De  son  vou  quant  il  Tad  voé 

Vers  Damnedeu  son  avoé. 
175  Après  la  mort  le  rei  lor  père 

N'estient  meis  que  li  deu  frère  : 

Li  greindres  ert  Richard  noroez, 

Cuens  de  Poitiers  mult  renomez; 

Johan  sanz  terre  ot  nom  li  mendres , 
180  Ki  joefnes  hom  esteit  e  tendres. 

Richart  Tainznez  ot  la  corone, 

Issi  come  raisuns  le  done, 

E  les  trésors  e  les  richesces 

E  les  terres  e  les  ligesces. 
i85  Por  ço  qu*il  s'iert  croisiez  de  primés, 

Issi  com  nus  le  vos  deimes, 

Se  voleit  por  Deu  traveiller. 

Lors  fist  son  eire  apareiller. 

En  Engletere  s'en  passa , 
190  E  mult  poi  de  tens  trespassa 

Qu*a  Londres  se  fist  coroner. 

La  vi  ge  des  granz  dons  doner, 

E  si  vi  tant  doner  vitaille 

Que  nus  n'en  sot  conte  ne  taille; 
195  Ne  onques  ne  vi  en  ma  vie 

Cort  plus  cortoisement  servie; 

Si  vi  de  la  riche  vessele 

En  la  sale  qui  (ant  est  bêle; 

Les  tables  vi  si  encombrer 
900  Que  Tem  nés  pot  onques  nombrer. 

Que  vos  fereie  en  ço  long  conte  ? 

Chescon  de  vos  siet  bien  que  monte, 

Com  grant  cort  cis  poet  meintenir 

Ki  Engletere  a  a  tenir. 

Grant  fud  la  feste,  riche  e  fiere; 

Trois  jorz  dura  tote  pleniere. 

La  dona  li  reis  des  granz  dons, 

E  si  rendi  a  ses  barons 


fio5 


KiclMnl.roiUlo 
de  Poitiers,  luc- 
cMeàHraritton 
|tèrp. 


lÙHtrarwui  Bi- 
airéi.  Il ,  r. 


Fol.  1  C, 


CoiroBoeoicol 
de  fUrhard  h 
IjODdrcK  (3  wpt. 
1189). 


i35  de  manqué  —  lAfi  quil—  167  qaenlor —  J5è  qtril  —  i59  la  —  161  mcrre  —  t6a  «ei  e.  —  179  ier 
n.  —  18a  com  —  193  vi  manque  —  196  ne  s.  —  901  freie 


1. 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


Richard  se  pr^ 
pare  à  partir  pour 
la  croisade. 


Fol.  3  d. 


/(UMfWIHM  ni- 
(iirdif  II,  Ti. 


Richard  passe 
Normandie 
(il  dëc.  1189). 


en 


Il  tient  ooar 
h  Lion-sur-Mer 
(  b5  dér.  1189). 


E  lor  Gez  e  lor  hcrilages, 

aïo  E  si  lor  crul  lor  seignorages. 
E  quant  la  curt  fud  départie 
Râla  chescons  en  sa  partie; 
Chescons  se  treist  a  son  manoir. 
Mais  ne  pot  gueres  remanoir; 

ai 5  Kar  li  reis  lor  avoit  mandé 
A  toz  par  nom  e  comandé 
Qu'il  aparillassent  lor  oirc 
Ou  par  enprout  ou  par  acroire, 
Ke  il  voleit  faire  movoir 

3  30  Son  navie  et  son  estovoir, 
Si  qu'il  fust  par  tens  al  passage 
Por  feire  son  pèlerinage; 
Car  nuit  e  jor  sis  cuers  tendeil 
A  sa  proz  gent  qui  Tatendeit 

aa5  E  de  Normendie  e  de  Angou, 
E  de  Gascoine  et  de  Peitou , 
E  de  Berri  e  de  Burgoine, 
Dont  mult  en  ot  en  la  besoigjic. 
Par  ses  églises  de  Engletere 

93o  E  par  les  autres  de  sa  terre 
Mist  en  son  movoir  arcevesques 
La  ou  n'i  erent  e  evesques. 
Lors  ne  velt  pas  l'yvcrn  atcndre , 
Ainz  fist  a  son  passage  entendre 

235  E  ses  riches  trésors  chargier. 
Dont  bien  se  saveit  deschargier. 
A  la  mer  ot  poi  sujomé 
Quant  Deus  ot  un  tens  atome 
D'un  bel  vent  portant  ki  torna, 

sâo  K'en  Normendie  retorna. 
Si  tost  cum  il  i  fud  veuz, 
A  grant  joie  i  fud  receuz, 
Ço  poez  bien  creire  sanz  dote; 
Lors  fist  isnelement  la  rote 

3/15  Hasler  e  avant  enveier 
Droit  a  Leons  por  festeier. 


Un  jor  de  la  nativité, 

Que  Deus  volt  prendre  humanité. 

Tint  li  reis  a  Leons  sa  fesle, 

200  Mais  poi  i  ot  chanté  de  geste , 

Einz  fist  molt  tost  un  brief  escriro, 
E  prist  un  messagier  délivre  : 
Al  rei  de  France  le  manda. 
Et  al  messagier  comanda 

a 55  Qu'après  le  brief  deist  aneire 
Qu'il  ert  del  tut  prest  de  son  cire; 
Et  de  ço  fud  parlement  pris 
Entr'els,  si  jo  n'i  ai  mespris; 
E  asemblcrent  devant  Dreues, 

s6o  Qui  est  a  set  liuues  d'Evreues. 
Issi  com  li  dui  rei  parlouent 
De  lor  eire  qu'il  devisouent, 
Eth  vos  itant  c'uns  messagiers 
Veneit  a  mult  grant  desirers 

365  Al  rei  de  France  teste  encline, 
E  dist  que  morte  ert  la  reine; 
E  par  icel  grant  descomfort. 
Et  par  un  autre  e  fier  e  fort 
Del  rei  de  Puille  qui  mort  ert, 

370  Dontgranz  dois  e  parut  e  piert, 
Fud  tote  la  gent  desheitee, 
E  por  un  poi  que  repleitie 
Ne  fud  la  veic  de  Sulie; 
Mais  la  merci  Deu  nel  fud  mie, 

375  Fors  seulement  jusqu'à  la  feste 
De  seint  Johan  que  chescons  feste. 

Quant  la  rose  suef  oleit, 
Li  termes  vint  que  Deus  voleil 
Que  li  pèlerin  s'esmeusent 

380  E  que  d'autres  genz  s'esleusent, 
E  que  tuit  fusent  apresté 
0  ço  que  Deus  lor  ot  preste, 
Prest  de  soffrir  por  Deu  ahan, 
A  moveir  a  la  seint  Johan; 


Kol.  3  a. 


Richard  et  Phi- 
lippe se  rencon- 
trent h  Dreui 
(1190). 


Philippe  ,  le 
'lue  Je  Boorfo- 
gnti ,  le  comte  de 
Flandre  se  reo- 
<lcnt  à  Vetelai 
(1"  juin  1190). 


312  Sala, en  manqua  —  335  E  tnatique —  a33  Lores —  sAi  i  manque —  3^3  veers. —  ahh  Lores  —  261  dui 
manque  —  3G3  ilant  manque  —  367  granl  manque  •—  370  le  pretnier  e  manque  —  373  f.  loire  d.  —  37^1  ne» 
—  379  sesmusent 


L*ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


10 


:i85  Si  qu*as  uilaves  sanz  délai 
Fut  rassemblée  a  Vercelai, 
E  lors  mut  le  rci  de  Paris, 
E  prist  congië  a  seint  Denis. 
Maint  chevalier  ot  esleu 

ago  Qui  n'ierent  pas  uncor  meu, 
Fol.  3  b,         Ke  li  plus  des  barons  françois 
Estcient  ja  meu  ainceis; 
E  lors  mut  li  dux  de  Burgoino 
Ovec  le  rei  en  sa  besoigne; 

390  Li  cucns  de  Flandres  eralment 
Mut,  ne  demora  pas  grantment. 
Lors  veisiez  tant  genz  movoir 
E  de  tantes  parz  aploveir, 
E  tel  convei  c  tel  tristesce 

3oo  E  al  départir  tel  destresce, 

Qu'a  poi  qu'a  cels  quis  conveoicnt 
Que  lor  quor  de  doel  ne  crevoient. 
Li  rois  Richarz  estoit  a  Turs 
0  ses  hemeis,  od  ses  aturs. 

3o5  La  citiez  ert  de  geni  si  plaine 
Qu'il  i  poeient  a  grant  peine. 
A  la  mer  envoia  bâtant 
S'estoire  somondre  en  hastant; 
En  mer  fist  sa  navie  enpaindrc 

3io  E  preia  mult  d'eirer  sanz  feindre. 
Cent  e  set  nés  furent  contées. 
Quant  Tem  les  ot  sor  mer  montées, 
Estre  celés  qui  les  sivirent, 
Ki  totes  s'encontrasivirent. 

3i5  Totes  passèrent  les  destreiz 
E  les  mais  pas  e  les  estreiz  » 
Les  perillus  destreiz  de  Aufrique 
Ou  la  mer  battez  jorz  e  frique, 
Que  onques  une  n'en  péri 

3fio  Ne  ne  hurta  ne  ne  feri; 
E  la  merci  Deu  tant  siglereni 
Que  a  Mescbincs  arivereqt. 


ItiHerërium  Iti- 
eartU,  H ,  ni. 

Richard  envoie 
M  flotte  Tatteo- 
dre  ft  lletaine. 


Le  rci  Richarz  0  son  barnage 
S'esmut  de  Turs  0  bon  curage. 

3a5  Mult  ot  la  des  bons  chevalers, 
E  de  alosez  arbelastiers. 
Ki  veist  Tost  quant  s'en  isseit  ! 
Tote  la  terre  en  fremisseit; 
Tote  la  gcnt  iert  en  tristesce 

33o  Pur  lor  seignor  plein  de  proesce. 
Plorcnt  dames  e  damoiscles, 
Joefnes,  vielles,  laides  e  bêles; 
Doels  e  pitiez  lor  quors  seroient 
Por  lor  amis  qui  s'en  aloient. 

335  Plus  pitus  convei  ne  veistes 
Ne  genz  al  retorner  plus  tristes; 
La  ot  meintes  lermes  plorecs 
E  meintes  bones  vuz  orées. 
Li  conveieor  retornerent, 

3/10  E  li  pèlerin  donc  eirerent. 

Si  qu'ai  terme  que  li  rei  mistrent, 
Ne  a  plus  ne  a  mains  qu'il  distrent, 
Fud  a  Vercelai  l'asemblee 
Que  Deus  ot  al  diable  emblée  : 

3/1 5  Emblée?  ainz  la  prist  a  veue, 
Ke  por  lui  s'ertele  esmeue. 

A  Verzelai  en  la  montaigne 
La  herbei^aDeus  sa  compaigne, 
E  mult  ot  gent  en  la  valee 

35o  Qui  por  lui  i  esteit  alee, 
E  es  vignes  e  es  costiz 
Ot  de  meintes  mères  les  fiz. 
Li  jorz  fud  chaud,  la  noit  série; 
La  plus  bêle  bachelerie 

355  Aveit  Deus  iloques  atraite 

Que  onques  fust  del  mont  estraite. 
Cil  avetent  por  Deu  leissees 
E  lor  terres  e  lor  meisnees 
E  enguagiez  lor  héritages 

36o  U  perdua  a  toz  lor  aages  : 


Ridiard  et  «ou 
armée  quittent 
Touripoor  venir 
à  Veielai. 

Fol.  3  r. 


Itùurmvtm  Hi- 
cmrdi,  U ,  vui. 

Astemblée  de 
V«Mlai(i"jirill. 
1190). 


Fol.  3  */. 


386  Fust  —  987  lorct  —  990  unoore  —  993  lorcs  —  997  Lores  —  3oo  E  ...  partir  del  d.  {quelqwt  lettifê 
tomt  êjacéa)  —  3o3  àpariir  de cê  vir$  ce  nom  ett  pta^ ut  lotyoMrt  ^cric  R.  — -  339  eonueior  —  3^9  na  pi.  iia  m. 


11 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


12 


llinertirium  Hi-  305 
emréi,  Il ,  i\. 

LciroÛEepré- 
leol  serment  l*an 


Les  deux  rois 
quiltent  Veselai. 


Fol.  tt  a. 


Si  s*en  laissèrent  deschater 
Por  Tamor  de  Deu  achater, 
Que  mieidre  marcheiz  ne  pot  estre 
Que  de  Tamor  le  rei  celeslre. 

A  Vcrzelai  ou  li  rei  erent 
Un  sairement  s'entrejurerent 
Que  qu^avenist  de  maint  eur 
Que  Tuns  fust  de  l'autre  aseur; 
Iço  qu'ensemble  conquereienl 

;{7o  Que  liaument  le  partireient. 
Si  ot  encore  en  lor  plevines 
Qui  que  ainz  venist  a  Meschines, 
En  quel  point  ou  en  quel  endroit, 
Que  li  uns  d'els  Tautre  alendreit  : 

370  Si  faitement  s*entrafierenl. 
De  Verzelai  s'en  retornerenl. 
Li  don  rei  devant  chevalchoicnl, 
E  lor  grant  oire  devisoient, 
E  granz  henors  s'enlrefasoient 

38o  Lores  en  quel  liu  qu  il  veneient; 
Si  eirot  Tost  od  tel  amor 
Que  ja  n'en  oissiez  clamor. 
Une  cortoisie  vi  faire 
As  genz  que  Tem  ne  deit  pas  taire: 

383  Quant  Tost  errol  lote  sa  voie, 
La  veissiez ,  si  Deu  me  voie , 
Valiez  c  dames  e  puceles 
Od  biaus  pichiers  e  od  orceles 
E  od  seilles  e  od'bacins 

390  L'eve  porter  as  pèlerins; 

Dreit  al  chemin  a  Tost  venoient, 
Les  bacins  en  lor  mains  tenoient 
E  disoient  :  (tDeus,  rois  celestre, 
(T Dont  vienent  tant  genz?  que  puel  estre? 

395  (rU  furent  nées  tels  joventes? 
ffVeez  quels  faces  si  rovenles! 
ffTant  sunt  ore  tristes  lor  mères, 
trE  lor  pareni,  lor  filz,  lor  frères, 


tr  Lor  amis*,  lor  apartenanz, 

/loo  rDont  jo  voi  ci  tanz  de  venanz  I  ^ 
L'ost  commandoient  a  Deu  iote 
E  ploroienl  après  la  rote. 
Lors  prièrent  escordement 
A  Deu  por  els  e  dolcement 

/io5  Qu'il  les  menast  a  son  servise 
E  ramenast  a  sa  devise. 
Errant  vindrent  a  la  Deu  grâce. 
Qui  bien  lor  fist  e  bien  lor  face, 
Od  grant  joie  et  od  grant  leesce, 

/n  0  E  sanz  coruz  e  sanz  tristesce 
E  sanz  escbar  e  sanz  rampone. 
Tôt  droit  a  Leons  sor  le  Rogne. 

A  Leons  fu  l'ost  arestee, 
Sor  le  Rogne,  l'eve  crestee. 

A 1 5  Li  dou  rei  iloc  se  teneient 
Por  la  gcnt  qui  oncor  veneienl. 
Tel  merveille  ne  fud  veue, 
N'onques  tele  gent  esroeue; 
E  furent  bien  esmë  cent  mile, 

h*2o  Dont  li  plus  gisoit  par  la  vile. 
Li  rei  ne  furent  herbergië 
Ne  en  vile  ne  en  vergié  : 
OItre  le  Rogne  firent  tendre 
Lor  pa veillons  pur  l'ost  atendre, 

h'2^  E  atendre  les  conveneit, 

Kc  meint  home  encore  veneit; 
E  illoc  tant  les  atendirent 
Qu'asemblez  e  venuz  les  virent. 
E  quant  orent  tant  atendu, 

63o  Seu  de  veir  e  entendu 
Que  tote  l'ost  esteit  venue, 
Mult  furent  lié  de  lor  venue. 
Lors  firent  lor  très  desfichier 
Qui  ierent  si  bel  e  si  chier 

/i35  Tôt  devant  par  la  sablonerre 
Por  l'ost  qui  veneit  grant  deriere. 


I 


368  Que  lom  -—375  scntralicrenl  —  388  onceles  —  395  teles  —  396  queles  —  kod  Lores  —  6o5  le  — 
âo9  et  tnatique  —  A 1 0  donu  —  A 1 6  encore  —  633  nés  d.  —  â3/i  cler  •—  /i35  la  inanquê 


13 


CESTOIRË  DÉ  LA  GtJERRK  SAINTE. 


l'i 


Li  dou  rei  s'enti*econveierent 
Tant  coni  lor  veies  s'aveierenl; 
Puis  ala  chescon  a  son  port 
A/io  A  grant  joie  e  a  grant  déport. 

pp«    T"         Li  rei»  Fiiippes  des  Franceiî» 

t  Richard  S'cslcil  ja  alocz  aincois 

'Il 

'  '•  As  Gencveis  de  son  passage, 

Por  ço  qu*il  en  sunt  pi*eu  e  sage; 
Vj.")  R  Richarz  li  reis  de  Engletere 
Costeia  la  nier  terre  a  tere 
E  s*en  ala  dreit  a  Marseille 
De  part  Deu  qui  toz  biens  conseille. 
^rimmiii-  Qaul  Tost  sot  que  li  rei  errèrent, 

"•  '*  .    /i5o  Tels  i  ot  qui  ainz  ior  levèrent, 

poui    (lu  ^  ^  .  . 

s'écroule         Li  autre  al  plus  matin  qu'il  porent 
.        '  Pur  le  Rogne  qu  a  passer  orent. 

(^il  qui  ainz  jor  lurent  levé 
Ne  se  tindrent  point  a  grevé  : 

'155  Le  pont  passèrent  prosprement, 
Conques  n'i  ot  arestement; 
Mais  cil  qui  al  matin  passèrent 
E  qui  sor  le  pont  s'entassèrent, 
Cil  durent  estre  mal  bailli, 

660  Kc  une  arche  del  pont  failli, 

De  Teve  qui  n'iert  pas  seure. 

Fol.  ^1  c.         Qi  esleit  haute  a  desmesure; 

Plus  de  cent  homes  ot  sur  Tarchc, 
Qui  de  sapicrt,  c'ert  trop  grand  charge. 

/i65  L'arche  chai,  cil  trebuchierent. 
Les  genz  crièrent  et  huchierent. 
Chescons  quidot  qui  nel  saveit 
Avcir  perdu  quant  qu'il  aveit, 
Filz  ou  frère  ou  apartenant; 

/170  Mais  Deus  i  ovra  meintenant, 
Que  de  toz  cels  qui  la  cfaaircnt 
iS'i  ot  mais  que  deus  qui  périrent, 
Ge  di  que  l'em  peust  trover; 
Mais  nus  ne  Tosast  esprover, 


'«75  Ke  l'ewe  est  si  rade  e  si  forte, 
Poi  i  chiet  riens  qui  en  estorle. 
Se  cil  péril lerent  el  monde, 
Il  sunt  devant  Deu  nel  e  munde: 
Il  s'esmurent  en  sa  besoigne, 

'180  Sin  avront  merci,  ço  besoigne. 
L'arche  del  pont  ert  peçoiee 
E  la  gent  tote  desvoiee  : 
Ne  saveicnt  quel  part  aler 
N'en  montant  ne  en  avaler; 

'18 5  N'el  pont  n'i  ot  nul  recovrer, 
Nil  ne  troverent  nul  ovrer, 
N'el  Rogne  n'a  voit  nés  ne  barges 
Qui  fussent  prou  granz  ne  preu  larges, 
Si  que  cels  n'i  poeient  sivre 

fi()o  Qui  passé  erenl  n'acunsivre; 
E  quant  autre  conseil  ne  surent. 
Si  firent  le  mielz  que  il  porent  : 
En  bargetes  assez  estreiles, 
Ou  les  genz  orent  granz  destreites, 

^95  Passèrent  ollre  a  mult  grant  peine; 
Mais  issi  veit  qui  por  Deu  peine. 
Treiz  jorz  dura  le  passement, 
E  si  ot  grant  entassement; 
E  donc  e  li  fol  e  li  sage 

5oo  Alerent  quere  Ior  passage. 

Al  plus  procein  port,  a  Marsille, 
Ala  de  genz  une  merveille; 
E  al  port  de  Venetiens 
Râla  de  mult  preuz  cristiens; 

5o5  Tant  en  râla  as  Geneveis 
Ne  sereit  nombre  eneveis, 
E  a  Barlete  e  a  Brandiz, 
Tant  que  l'em  en  diseit  granz  diz. 
A  Meschincs  mult  en  râlèrent, 

5io  Tant  que  li  dou  rei  ariverent 
Mescbines  est  une  cité 
Dont  li  «uctor  onf  iMIt  conté, 


Fol.  û  il. 

I..CS  Croiwt 
\onts*cuibirquer 
à  G^uM ,  à  Mai^ 
seille,  h  Venise, 
h  Darielte  et  h 
Brinili^i. 


hhh  8.  e  pr.  -~  àbb  premeremenl  —  A59  malnilii  —  A61-669  intervertie  —  A63  desor  —  670  i  manque 
—  679  ot  mort  que  d.  qui  morireol  —  A77  pariUerenl  —  hSh  nen  a.  —  &85  î  mm^t  —  A86  ne  manque ^ 
ourer  —  689  Nis  —  A99  qnil  —  A9&  grant  fMmque  — ^  699  k  premier  e  man^e  —  809  Ma  no. 


Les  âvut  rois 
M  remkul  i  )!««• 
sioe. 

/fuwnarwM  Ri- 
ewr^i,  n ,  11. 

Siluslion     de 


15 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


16 


L«roiTancrè<Je 
fdl  contraint  par 
Richard  de  ren- 
dre son  doaaire  h 
la  veuve  de  Guil- 
laume de  Pouilie. 


Fol.  5  a. 


Itimermrnim  Ri» 
eardi,  II ,  xii. 

La  flotte  de 
Richard  arrire  k 
Messine. 


Les  balMtanta 
de  Mctaine  mal- 
traitent les  Croi- 
wft. 


E  bien  e  bel  assise  vile, 

Car  el  siei  el  chief  de  Sezille, 
5i5  Desus  le  Far,  encontre  Risc 

Que  Agoland  prisl  par  s'emprise. 

Mesobines  iert  mull  pleine  d'aises, 

Mais  les  gcnz  trovanies  malveises. 

Lor  reis  si  ot  a  nom  Tancré, 
530  Qui  niult  aveit  or  csmcré 

Que  si  ancesur  aunerent 

Qui  des  Guiscbart  Robert  regnerenl. 

Lors  ot  une  dame  en  Palerne 

Ki  sujorné  i  ot  grant  terme, 
5a5  Reine  ot  este'  del  reaime, 

Femme  espose  le  rei  Giilame; 

Mais  li  proz,  libien  enlecbiez, 

Murut  sanz  eir,  ço  fu  pecbiez. 

La  reine  esloit  suer  le  rei 
53o  De  Engletere ,  ki  prist  conrei 

Qu  il  lui  fist  son  doaire  rendre, 

Si  que  ouques  ne  Tosa  défendre 

Tancrez,  qui  esteit  en  saisine 

Del  doaire  e  de  la  reine. 
533       Vos  qui  avez  sens  e  mémoire 

Oistes  bien  cornent  Testoire 

E  la  mer\eille  des  enekes 

Vint  par  devant  Espaine  iloques. 

A  Meschines  vint  la  navie, 
5'io  Cliques  ne  vi  tele  en  ma  vie, 

Que  li  reis  Ricbarz  atendoit 

A  cui  Engletere  apendoit. 

La  ot  gent  de  maintes  maneres, 

E  très  e  tentes  e  baneres 
5^i5  Fichées  contre  val  la  rive. 

Car  la  cité  lor  ert  eschive. 

Près  des  nés  s'estoient  tenu 

Tant  que  li  rei  fusent  venu; 

Ker  li  burgeis ,  la  grifonaille 
55o  De  la  vile  e  la  garçonaille, 


Gent  eslraite  de  Sarazins , 
Ramponoent  noz  |)elerins  : 
Lor  deiz  es  oilz  nos  aportouent, 
E  chiens  pudneis  nus  apelouent; 

555  Chascon  jor  nos  i  laidissouent, 
E  noz  pèlerins  mordrissouent , 
E  les  jetouent  es  privées, 
Dont  lor  bevres  furent  pruvees. 
Soignurs,  costume  est  e  usage 

56o  Que  quant  princes  de  hait  parage. 
Si  haut  coin  est  li  rois  de  France 
Dont  par  le  monde  ad  tel  parlance. 
Et  coin  est  li  reis  de  Engletere 
Ki  si  grant  henor  ad  en  terre, 

5G5  Entre  ou  en  cilié  ou  en  vile. 
N'en  tel  lerre  com  est  Sezille, 
Qu  il  i  deil  venir  com  hait  sires 
For  plusor  genz  e  por  lor  dires; 
Car  c'est  bons  moz,  a  mon  espeir, 

570  Qui  dit  :  trTel  le  vei,  tel  fespeir.^ 
Por  ço  di  ge,  quant  li  roi  vindrent. 
Que  multes  genz  illoc  sorvindrent. 
Le  rei  de  France  premiers  vint 
A  Meschines,  ou  il  survint 

570  Plusors  genz  qui  veer  Talerenl; 
Mais  onques  son  vis  n'avisèrent, 
Kar  il  n'aveit  c'une  nef  sole 
E  el  rivage  ot  presse  e  fuie, 
E  por  celé  presse  eschiver 

58o  S'ala  el  paleis  ariver. 

Quant  li  rois  Ricbarz  ariva, 
Lors  fu  assez  qui  estriva 
De  veer  le  desur  la  rive, 
La  sage  gent  e  la  jolive 

585  Qui  ainz  ne  Taveient  veu; 
Si  en  eurent  désirer  eu 
De  veer  le  por  sa  proesce  ; 
E  il  veneit  0  tel  hautesce 


Itimermrimm  Hi- 
emrdi.  Il ,  xiii. 

De  U    pompe 
qui  ronvMNit  aa\ 

n>if. 


Fol.  5  6. 


LeroidcFraoce 
entre  è  Mcniiie 
moaécUt(t€wp- 
lembre  1190). 


RkUnl  bit 
une  eolré«  aol»- 
Mlle  à  Mmiiie 
(•S  sept  1190). 


555  i  manque 


5 1  ^j  eie  —  5i  5  cocotte  —  5a3  Lores  —  537  E  manque  —  55  A  E  manque  - 
559  usages  —  56o  paragos  —  565  ou  manque  —  566  lele  —  569  Car  chescon  home  a  son 
—  57]  ge  manqué  —  58o  p.  0  anncr  —  58â  Lorcs  —  583  le  wanqne 


558  coures  — 
570  tetespcir 


■ 

IPIP 

W^Ê 

r 

17                                   L'ESTOIRE  DE  LA 

GUERRE  SAINTE. 

^1 

1 

Que  lole  la  mev  eit  coverto 

Si  avint  un  jor  c'une  famé. 

n-nn»  K-                           ^H 

1 

Sgo  Des  galees  o  geiil  aperfe, 

Que  l'en  disl  que  aveit  non  Ame, 

^H 

Combatanz  od  liardies  chicres. 

Porloit  par  l'ost  son  pain  a  vendre 

j'»piiX7'»            ^1 

1^ 

Ud  penoncels  e  od  baiiieres. 

63o  Uns  pèlerins  vit  cbput  e  tendre 

^m 

Issi  vinl  li  reia  el  rivage. 

Le  pain,  e  si  en  bargaigna. 

In  CnlUi  H  !'•                           ^^M 

Si  ot  eocoiilrc  lui  son  baroage  : 

E  ta  feme  se  desdeigna 

Uuib.r.|>(Swl.                        ^^M 

t^ 

Sgr.  Ses  biaus  destriers  lui  amenèrent 

Del  fuer  por  qu'il  le  reqnereit. 

^^^^^H 

[ 

Qui  en  ses  dromonz  venu  ereni. 

Si  que  par  poi  que  nel  fereit. 

^^^^1 

^— 

E  ii  monta  c  sa  gent  tôle; 

635  Tant  ert  ele  iruse  e  desvee. 

^^^^1 

^h 

Si  diseit  tels  qui  vit  la  rote 

Eth  vos  la  barale  levée. 

^^^^1 

^m 

Que  itels  reis  deveil  venir 

E  tant  que  li  burgeis  se  mislrent , 

^^^^H 

^ 

6oo  E  bien  deveit  terre  tenir. 

Le  pèlerin  iloqnes  prislrent. 

^^^H 

Mais  fi  Grifon  s'en  corucerenl 

Sil  bâtirent  e  cbeveierent. 

^^1 

1 

E  li  Lomgebard  en  Rrocerent 

6I10  E  laidement  le  démenèrent. 

^M 

Por  jo  iju  il  vinl  o  le!  estoire 

Al  rei  Richard  vint  la  clamor  : 

^1 

Sor  lor  citit!  e  od  tel  gloire. 

Cil  lor  requist  pais  e  amor; 

"..""'t          1 

Fol.  5  c 

Cu5       Quant  li  deu  rei  arivé  furent. 

Pais  entrela  qnisl  e  porchaça 

carU.  IL, UT. 

Li  Grifon  puis  en  pais  s'esturent; 

E  ses  genz  ariere  chaça. 

^H 

LnLonUnl 
ntllIniUrnt      h 

Mais  li  Longebard  estrivouent 
E  noz  pèlerins  maneçoueut 

615  Mais  diables,  qui  par  nature 
Het  pais  sor  tote  créature, 

«rJi.  li,..i.             ^^^^^M 

Que  lor  Ires  lor  delrencliereïent 

Resmiil  el  demain  la  meslee 

^^^^^H 

Oio  E  ior  aveirs  en  porlereieiit; 

Ki  a  mescbief  fu  desmellee. 

^^^^1 

l 

Car  de  lor  femmes  se  douteront 

E  li  dou  rei  ereul  ensemble 

^^^^^1 

1 

A  (]ui  li  pèlerin  parlèrent; 

li.rn  A  un  parlemeni,  ço  me  semble. 

^^^H 

1 

Mais  tels  le  fisl  por  els  grever 

E  les  juslises  de  Sezille 

^^^^M 

R 

Qui  n'i  deignastrien  achever. 

E  des  liauz  bornes  de  la  vile; 

^^^^^M 

L 

()i5  Li  Longebard  e  la  comune 

liloc  parloent  de  pais  faire. 

^^^H 

^H. 

Urenl  toz  jon  vers  nos  rancune. 

Elh  vosendreiten  ceiafaire. 

^^^^^1 

^ft 

Por  ço  que  lor  pères  lor  disErenl 

ùîi  Issi  com  li  dou  rei  parloent 

^^^H 

■P 

Que  nostrc  ancesur  les  conquistrent; 

De  la  |jais  que  fail'e  quidoent. 

^^^^H 

^ 

Si  ne  nos  poeient  amer, 

La  uovele  qui  fud  saillie 

^^^^H 

r 

U30  Ainz  nos  quidoicnt  afainer. 

Que  nostre  gent  erl  assaillie. 

^^^^^H 

L 

Net  firent  por  nus  sushaucîer. 

E  viiidrent  par  deus  foiz  message 

^^^^H 

^K 

Que  il  firent  tor  turs  baucier 

660  Que  loin  on  feseil  grunl  damage; 

^^^^H 

■ 

E  les  fossez  plus  parfont  faire. 

E  li  tien  mes  qui  vint  après 

^^^H 

^^ 

Iço  cmpeira  mult  l'afaire. 

Dist  al  rei  :  itCi  ad  maie  pes. 

^^^^^^ 

r 

Cï5  E  les  tençons  e  les  manaces 

t  Quand  li  home  de  cesle  lerr# 

^^^^^1 

Qui  levoient  en  pliisors  places. 

f*  Orient  les  genz  de  Engletere 

^^M 

1 

xiriMiîiiH  —  C19  no»  ne  posni—  Bsj  Qiiil  — t-ft 

llor                              ^^^^H 

l 

TUMII 

1 

19 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


SO 


CG5  rDedcDZ  e  dehors  la  cilié.?) 
Si  fud  donques  la  vérité 
Que  li  LuDgebard  s'en  partirent, 
Qui  as  reis  distrent,  si  mentirent, 
Que  ço  iert  por  la  tençou  desfaire, 

O70  E  ço  n  esteit  fors  por  mal  faite. 
Jordans  del  Pin  e  Marguariz, 
A  cui  toz  mais  seit  eschariz, 
Cil  dou  bracerent  la  braçaille 
Del  mal  e  furent  començaille. 
ol.  6  a.  (î-.*)  Le  rei  de  France  esteit  illoeques 
E  li  reis  d'Engletere  ovcques, 
Si  fud  0  lui  quil  reconta. 
Li  reis  d'Engleterre  monta , 
Qui  la  ala  por  depailir 

C80  La  mellee,  mais  al  partir 
De  granz  vilainies  li  distrent 
Cil  de  la  vile  e  lui  mesdistreut; 
E  li  reis  se  curut  armer, 
E  les  fîst  par  terre  e  par  mer 

685  Assaillir  tut  a  la  rounde, 

Ke  tel  gerrier  n'aveit  el  monde, 
e  France  Graut  fu  la  uoise  e  la  baratc, 

E  la  noise  en  malveis  estate. 
François  vindrent  lor  seignur  quere 

<')9o  A  Tostel  le  rei  d'Engleterre; 
Kar  la  vile  iert  si  estormie 
Qu  il  n'en  quiderent  trover  mie; 
E  il  revint  e  retorna 
El  paleis  ou  il  sujorua, 

O95  E  li  Lungebard  a  lui  vindrent, 
A  Testrier  senestre  le  tindrent; 
Si  lui  promistrent  e  douèrent 
E  le  jor  lui  abandonerent, 
E  preierent  qu'il  maintenist 

700  Els  en  la  vile,  e  retenist 
A  son  ues  e  en  son  domaine. 
Si  i  misirent  e  cust  e  peine, 


rètement 
avec   les 


Tant  que  li  rois  s  arma  euneîre; 
Si  dist  tels  qui  nos  fist  a  croire 

705  Qu  il  aida  a  cels  de  la  terre 

Plus  qu  as  genz  le  roi  d'Eogletere. 
Eth  vos  la  barate  esmeue 
E  la  noise  par  Tost  creue  : 
Li  François  en  la  vile  esteient 

710  Qui  a  aise  se  deporteient, 
U  li  Lungebard  se  fioient; 
Mais  cil  de  Tost  ne  s'en  guardoient. 
Estes  vos  les  portes  fermées, 
E  les  genz  de  la  vile  armées 

715  E  montées  as  murs  défendre; 

Mais  puis  lor  en  covint  descendre. 

E  cil  qui  ercnt  hors  sailli 

E  qui  avoient  assailli 

L'ostol  seignur  Hugun  le  Brun 

730  S'escombateient  tôt  comun. 
Quant  li  reis  d'Engletere  i  vint. 
Si  ne  cuit  pas  qu  il  eust  vint 
Houies  0  lui  al  comencer. 
Lors  loisscrcnt  le  manascer 

7^5  Li  Lungebard  tresque  il  le  virent. 
S'en  tornercnt,  si  s'en  fuirent, 
E  li  pruz  reis  lor  corut  sure. 
Si  vit  AuBRoisBs  a  ceie  liore 
Que  quant  cil  le  virent  venir, 

730  K'adonc  vos  peust  sovenir 
De  berbiz  qui  fuient  a  lou  ; 
Ausi  com  boef  traient  al  jou 
Traient  cil  sus  vers  la  posterne 
Qui  est  de  la  devers  Palerne, 

735  U  a  force  les  embati 
E  ne  sai  quanz  en  abati. 
L'ost  s'esturmi  e  tut  montèrent, 
Come  cil  qui  assailli  erent 
Des  Lungebarz  par  lor  olti'age 

7/10  E  des  faus  Grifons  plains  de  rage. 


Fol. 


Ri. 

faite 
MeMi 


O71  Aiordanz  lupins —  686  gorreier  —  71a  guadoient  —  720  seracombatoient  —  ^ik  Lores  —  747  corï 
—  728  a  icel  —  73o  peus  —  733  cil  manque —  7^0  plaiii 


21 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


22 


Mais  teus  genz  orent  Tovre  enprisc 
Qui  mainte  vile  aveient  prise  : 
Ço  erent  Norman  e  Peilevin, 
Gascon,  Mansei  e  Angevin, 
•"ol.  6  c.  7/15  E  de  Eng^eterre  en  i  aveit 

Assez  plus  que  Fem  ne  saveit. 
Hardiement  les  assaillirent, 
Quant  en  sum  le  mur  les  choisirent, 
Tôt  enlor  la  ciU^  cururent: 

750  Ne  finerent  tant  que  enz  furent. 
E  cil  jetoient  e  traioient 
E  grant  damage  lor  faisoient 
En  sum  des  murs,  d'ars,  d'arbalestes 
Que  il  avoient  totes  prestes, 

755  Gelouent  pieres  e  caillos 

E  feroient  noz  genz  granz  cols; 
Quarel,  pilet,  iloc  voloient 
Ki  noz  pèlerins  afoloient. 
Treis  chevalers  nos  afolerent 

760  A  une  porte  ou  il  entrèrent  : 
Li  uns  fud  Pieres  Tireproie 
Qu'il  jetèrent  mort  en  la  veie; 
E  Maheu  de  Sauçoi  aveques 
Regeterent  il  mort  illoques; 

765  E  Raols  de  Rovroi  trovez 
I  refu  mort,  c'est  veir  provez; 
Mult  furent  pleint  e  regrelë  : 
Deus  lor  otreit  sa  salvetél 
Si  Lungebard  fusent  leal, 

770  Comparé  l'eussent  real;* 
Mais  lor  folie  lor  dut  nuire. 
Que  nus  eschaufa  pur  els  cuire. 
Cil  qui  defeudoient  la  vile 
Erent  plus  de  cinquante  mile 

775  Sor  les  murs  c  sor  les  toreles, 
E  od  targes  e  od  roeles. 
La  veissiez  gent  assaillie 
Durement  e  de  grant  baillie. 


Devers  les  paleis  les  gualies 

780  Esteient  assaillir  alees; 

Mais  li  reis  de  France  i  estoil , 

Qui  sor  le  rivage  s'esteit, 

E  fist  les  gualees  défendre 

Le  port,  qu'il  nel  peussent  prendre; 

785  E  il  traistrent  tant  qu'il  ocistrent 
Deus  galioz,  dont  il  mespristrent. 
Mais  de  deçà  devers  la  terre 
Assailloit  li  rois  d'Ëngletere, 
Qui  les  Lungebarz  envai 

790  Eissi  que  mult  bien  l'en  chai. 
Lor  veissiez  ses  genz  monter 
E  les  montaines  sormonter 
E  coper  les  fraiaus  des  portes; 
La  ot  genz  e  prises  e  mortes. 

795  Par  mi  les  rues  s'enbatirent 
Tels  i  ot  qui  s'en  repentirent, 
Car  cil  getoient  e  traoient 
De  lor'soliers  ou  il  estoient. 
Mais  par  mi  tote  lor  aie 

800  Furent  pris  a  celé  envaie; 
E  qui  que  fust  as  dererains, 
Li  reis  fud  un  des  premerains 
Qui  osast  entrer  en  la  vile; 
Puis  i  entrèrent  bien  dis  mile. 

8o5  Lors  oisiez  noz  genz  huer 

E  descoufire  et  tempester, 

Blecier,  laidir  e  entester. 

Plus  tost  eurent  il  pris  Meschines 
810  C'uns  prostrés  n'ad  dit  ses  matines; 

E  mult  i  oust  gent  occise 

Si  al  rei  n'en  fust  pitië  prise. 

E  bien  poez  de  fi  savoir 

Que  il  ot  perdu  grant  avoir 
81 5  Quant  la  grant  presse  fud  entrée; 

Car  tost  fud  la  vile  pelfree, 


Fol.  C  d. 


Philippe  rcsU> 
sar  le  rivage  cl 
interdit  Tentrëp 
da  porl  anx  g»- 
lèresdeRichanl. 


FoL  7  a. 


7/18  le  iDor  manque  —  761  cil  manque  —  753  darblestes  —  75a  Quil  —  766  Gelèrent  —  76s  enmi  la  proie 
—  763  maher  —  777  genx  —  791  Lorea  —  793  fraua  —  796  le  premier  e  metnquê  — =-  800  pria  manque  — 
806  entra  —  8o5  Lorea  —  806  terepaeeé  —  809  il  manqm  —  81 1  m.  i oi  —  %\k  Quil 


9. 


23 


L'ESTOIRB  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


2& 


Jtûumium  Ri- 
tarii,  II,  iTti. 


Philippe  est  j«i- 
louxetobtieDldti 


Si  furent  lor  gaiecs  arses 

Qui  n'ierent  povres  ne  cscharses; 

Si  i  ot  femmes  guaaignees, 

83  0  Belcs  e  pruz  e  enseignées. 
Ge  ne  poi  mie  tôt  savoir; 
Mais,  fusl  folie  ou  fusl  savoir, 
Ainz  qu'il  fusl  bien  par  Tost  seu 
Eurent  ja  ii  Franceis  veu 

8a5  Noz  penoncels  e  noz  banieres 
Sor  les  murs  de  plusors  manières, 
Dont  li  reis  de  France  ot  envie 
Qui  lui  dorra  tote  sa  vie, 
E  la  fud  la  guerre  engendrée 

83o  Dont  Normendie  fut  gastee. 

Quant  li  rois  ot  Meschines  prises 
E  ses  banieres  es  turs  mises, 
Lors  lui  manda  le  rei  de  France, 
Qui  aveit  envie  et  pesance 


7.",  rù"  «35  De  ço  qu'il  les  i  ot  dresciecs 


uièm  ft  tt^Â  de 
celles  de  Richard 
<ar  lei  mors  de 
MessÎDe. 


Fol.  7  h. 


Ses  genz  en  erent  coreciees,' 
Que  ses  banieres  jus  meisent 
Si  home  c  les  sues  fcissent 
D rescier  as  murs  de  la  citié. 

8^10  Ço  lui  manda  por  vérité. 
Que  de  ço  que  il  en  feseit 
(Jue  a  sa  liautesce  en  mesfeseit, 
Si  lui  desplaisoit  durement. 
Seignurs,  si  demant  jugement 

S'iT)  Li  quels  les  i  deust  mielz  mètre. 

Cil  qui  ne  se  volt  enlremetre 

A  Tassait  de  la  citid  prendre, 

Uu  cil  qui  osa  ço  emprendre. 

Li  rois  Richarz  oi  Tafaire, 

83o  Si  n'en  deigna  pas  long  pleit  faire 
Vers  Tautre  rei  de  tel  requesle, 
Qui  mult  en  iert  en  grant  tempeste; 
Neporquant  mult  i  ot  paroles 
Uites,  henuiuses  e  foies; 


855  Mais  fen  ne  deit  pas  mètre  en  livre 
Totes  folies  ne  escrivre. 
Mais  li  haut  clerc  e  li  haut  home 
Parlèrent  tant,  ço  fu  la  some, 
De  la  pais  en  plusors  maneres, 

8Go  Qe  chescuns  des  reis  ses  baneres 
Ot  c  en  turs  e  en  tureles; 
Puis  pristrent  conrei  des  noveles 
Tost  mander  au  rei  de  Sezille, 
De  la  comune,  de  la  vile, 

8G5  La  vilainic  e  le  surfeit 
Qui  ert  a  els  e  as  lur  feit. 
Li  messagier  le  rei  Ricfaart 
Li  distrent  de  la  sue  part 
Qu  il  demandoit  od  sa  clainor 

870  Le  doaire  de  sa  sorur 

E  del  grant  trésor  sa  partie , 
Ke  lui  fust  a  droit  départie. 
Que  dreture  e  raisons  sereit , 
E  quant  que  a  la  dame  afereil. 

875  Li  messagier  furent  nome', 
Haut  gentil  home  e  renomé 
E  gent  de  mult  grant  parentage 
E  de  mult  grant  seignoriagc 
E  mult  furent  de  grant  affaire , 

880  Qui  alerent  en  cel  affaire. 
Li  uns  fud  li  dux  de  Burgoine 
De  cels  qui  quistrent  la  besoine, 
E  Tautre  Robert  de  Sabloil, 
Hait  hom,  proz  et  de  grant  acoil, 

885  E  de  autres  en  i  pot  avoir 
Dont  jo  ne  poi  les  nons  savoir. 
Cist  errèrent  e  chevalcherent, 
E  tant  en  lor  eire  aprochiercnt 
Que  tut  lor  message  a  brief  terme 

890  Contèrent  al  rei  de  Palerne. 

Li  reis  Tancrez  qui  mult  ert  sages 
Ot  oi  parler  les  messages; 


/fiJMrwrnuH  /m> 
etréi.  II,  tfiu. 

Let  deux  nns 
envoieotdesmeiu 
Mgen  à  T»D- 
crèdeRirhard  ré^ 
riane  1^  dooaif» 
•Ir  ta  Mrnr. 


Fol.  7  e. 


Cf.  lùntfrinm 
BUaréif  II,  III. 


818  nesdiarscft  ^-^  Sig  Si  ot  —  890  k  premier  e  mmique  —  833  Lores  —  8&1  E  de  co  quil  —  8&5  deil  — 
866  veit  —  859  requesle  —  861  kprimifr  e  fiMm^  —  877  parage  —  878  seignon^  —  888  en  moii^ife 


n 


27 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


28 


hmtrrnnhin  ttt- 


Taiicrv«Jf  in- 

\OK    des    KffSit- 

{jrrs  à  Rirh.'irJ. 
Il  offre  vu,ooo 
')urot  (l*or  [Kiiir 
le  (loaairi-  i\  1.1 
«u?ur  du  roi ,  cl 
une  de  tes  fillen 
|<our  Arlliur  de 
Itretague  ii^ec 
so.ooo  onrcs 
d'or  de  dot.  Ln 
paix  o>l  ronriue 
h  ce*  conditions. 

Fol.  8  b. 


De  mètre  entre  els  acorde  e  pais, 
970  E  chevalchoent  al  palais, 
A  Malegrifon ,  e  ariere 
Revenoient  par  la  cliarero; 
Mais  onqucs  n*i  porcnt  fin  mctre, 
Tant  ne  se  sorent  entremetre, 
975  Si  com  testeinoine  la  Idre, 

Devant  que  li  rcis  de  Sezilie 
Qui  sot  le  surfeit  de  la  vile 
Prist  le  filz  d'un  sucn  chancelier 

îi^o  E  od  lui  ot  un  chevaler, 

Mien  escient,  son  concstabie, 
Qu'il  tint  a  preu  e  a  ostable, 
Sil  tramist  al  rci  d'Englctere, 
Si  lui  manda  ço  que  sa  guerre 

98,')  Ne  quereit  il  nient  avoir. 

Mais  s'il  en  voleit  prendre  avoir 
Por  les  quereles  qu'il  quereit, 
Que  volenters  pais  en  t'ereit, 
E  doreit  vint  mile  onces  d'or 

990  Que  il  prendreit  de  son  trésor, 
E  s'il  voleit  d'un  mariage 
Parler  al  los  de  son  barnage, 
C'une  de  ses  filles  pucele. 
Bel  enfant  e  preu  damoisele, 

995  Dureit  a  Hertur  de  Bretaigne, 
E  por  faire  issi  faite  ovraigne 
Li  prometoit  li-estot  sanz  gile 
Des  onces  d'or  autre  vint  mile, 
Ne  mais  que  cel  or  lui  rendroit, 

000  Si  Herturs  l'emfant  ne  perneit; 
E  sa  sorur  encore  oveques 
Lui  renveiereit  il  ilioques. 
Quant  li  reis  ot  ço  entendu , 
Lors  n'i  ad  gucres  atendu, 

oo5  Qu'autres  genz  renveia  ariere 


Por  querre  pais  ferme  e  entière  : 
L'arcevesque  de  Montreial , 
Celui  de  Rise  le  leal, 
L'evesque  d'Evreues  Johan , 

1010  Qui  mult  soffri  cust  c  ahan, 
Fist  le  reis  le  message  faire , 
Qui  saveient  Tovre  e  Tafaire, 
E  al  très  genz  od  els  aierent: 
Pais  quistrent  e  paisaporterent. 

ioi5  E  firent  l'avoir  acondire 

Dont  vos  m'oistes  orainz  dii*e; 
E  quand  ço  fud  que  il  revindrent 
Trcstuit  lie  de  la  pais  devindrent. 
Lors  furent  les  Chartres  leues 

loao  E  coulrescritesc  veues, 
E  la  pais  cerchiee  e  jurée. 
Dont  la  gent  fud  asseuree, 
E  l'avoir  veu  e  pesé. 
Dont  il  n'ad  point  al  rei  pesë, 

lo-jT)  Qui  mult  fu  coveitus  del  prendre 
Por  el  servise  Deu  despendre; 
E  lui  fud  donc  sa  suer  rendue, 
Qui  dut  estre  mult  chier  vendue. 
Lors  volt  li  reis  que  fust  rendu, 

io3o  Que  plus  n'i  eust  atendu, 

Quant  que  ses  genz  aveient  pris 
Del  lur  :  ço  lui  torna  a  pris; 
Sur  escomunication 
Fud  rendu  par  confession , 

io35  Dont  l'arcevesque  de  Roem 
Dona  mult  hait  consel  e  boen. 
Eth  vos  la  vile  en  bone  estate 
E  sanz  tençon  e  sanz  barate, 
E  ({uiconques  les  oseit  faire 

10/10  Sil  feseit  l'om  pendre  ou  desfaire 
E  fud  l'ost  de  mult  grant  justise: 
Bien  ait  l'anme  qui  l'i  ot  misel 


97C  Tant  ne  seront  entremetre  — 
—  998  Dons  —  100a  reucreit  — 
1019    Lores  —  1029  Lorcs  volt 
1  o36  mult  manque 


979  cheualicr  —  98a  Qui  —  990  Quil  —  998  Come 

1006  Lores  —  ioo5  (jenz  ne  —  1010  mult  manqw 

—  io3a  Des  1.  —  io33   E  sur  —  io3A  confcnsion 


996  oueraigQc 
1017'quil  — 
io35  reùi  — 


■ 

-■  >t   . 

m'  \.t  k  »  A»             ^V^^^E^i^^^^^^^^^H 

r 

29                                   rESTOIRE  DE  LA 

GtlEltRB  SAINTE.                                30                                ' 

Lors  furenl  les  voies  eirees, 

Le  juf  de  la  Nativitû                                 Gr.od,    »ic 

^1 

Si  reumos  boncs  dunrees 

Li  ivis  Richan  por  vérité                       ^^°,j*^  J"m"^ 

^ft 

idAû  Edcclievals  eaevilaille; 

Fisl  crier  que  tuit  i  venissent                «^^''^^-  _'_'  i"" 
E  qui:  od  lui  la  fesie  leuissent; 

l^r 

Issi  ala  l'ovre  sant  raille. 

Pi.iiippttini. 

E  ii  burgeis  se  repaiserent 

io85  E  le  rei  de  France  mena 

cilMI. 

E  les  pèlerins  horbergiereni. 

Mangier  0  lui,  tant  se  pona. 

Ml 

E  Ii  dou  roi  lors  s'ncorderent. 

A  Malesgriron  fud  la  Teste 

m 

loâo  Mais  maintes  feiz  puiadescordereut, 

En  la  sale  que  par  poésie 

W 

E  parlireol  eulr'els  l'avoir, 

Ot  feite  li  reis  de  Englelere                    Fol.  9  n, 
loçio  Sor  le  pois  a  cels  de  la  lerre. 

E  ol  ehescoii  qu'il  dut  avoir. 

tlmn-a^i^-m- 

Li  clievalier  qui  en  l'esliS 

Go  Tui  al  manger  en  la  sale,                                                       ' 

«rJi. 11.11,1,. 

Aveient  illoques  cstij 

Mais  coques  n'i  vi  nape  sale 

iciriS  Se  dementouent  e  plaignouenl 

Ne  banap  de  Tust  ne  escuiele^ 

Fol.Kd. 

Por  la  dcspcnsG  qu'il  faisoueul. 

Aini  i  vi  si  ricbe  veisele 

Tant  ala  sus  e  jus  la  pleintc 

loyS  De  ovre  InToire  soldoisco 

Quel  fud  al  rei  Iticbard  atelate. 

E  a  ymages  geteisce, 

A  riches  pieres  preeioses, 

lipp.ri«i.o. 

E  il  dist  quu  tant  lor  durcit 

K 

lofio  Ke  cbescons  loeraen  poreit; 

Qu'eles  n'ierent  point  enuioses; 

■ 

E  lor  doua  si  grani  dons  riches 

E  si  i  vi  si  bel  scrvise 

B 

Richarz,  qui  n'est  aver  ue  chinches. 

1100  Que  a  chescon  ierta  sa  devise. 

V 

Hanas  dargenl,  copes  dorées, 

Bêle  Teste  iotehooeste. 

P 

K'en  aportoit  a  devautces 

Com  afereit  a  tele  Teste; 

loGil  As  clievaiiers  loue  ço  qu'il  erent, 

Ne  Cliques  ne  ïi,ço  me  semblL-,                                            1 

Que  de  ses  biaus  dons  le  ioereul 

Tani  riches  dons  douer  ensemble 

E  grant  e  maien  e  menur; 

,u,:>  Corne  li  reis  Ricbara  dcna 

E  lor  fist  del  suen  tant  heuur 

Illoquescabandona 

Que  nia  cil  qui  a  piiî  estient 

Ai  rei  de  France  e  a  sa  gent 

1070  Cent  8ol(  del  siten  al  rneins  avoieni; 

De  vaissele  de  or  e  de  argenL 

E  as  dames  desberitees 

Li  termes  vint  de  noi  passages;           ywn.r,.-te. 

()ue  de  Sulie  erent  gelées, 

1110  Qui  se  porvit  proi  Tud  0  sages.             "  ''    *"" 

E  as  dames  e  es  mcscliincs 

Jusqu'à  l'issue  de  quareme               > 

1075  E  U  reis  de  France  Gusemenl 

Fu  a  Meschines  a  sujor 

Itedoiia  a  ses  genz  granuienl. 

Ëth  vos  U)tc  fost  en  leesce 

mi  Que  il  Tuseiit  a  Acre  prendre                juV'i»*"  "" 

Por  l'onor  e  por  la  largesce 

0  cela  qui  l'osèrent  enpi-endre,             "'^"• 

E  por  la  pais  qui  ert  venue; 

Que  grani  mesaises  i  aveieul                                                ' 

wA-.ll.ii,.. 

idNo  Elb  vos  In  grant  Teste  tenue  : 

Trop  greignors  que  il  nesaveient  : 

^ 

iO&àlMit» —  iiilglorea  —  loàoRiiia  —  injt'xlu 

peiu  —  1  oG&  mIooc  —  t  oGS  w  no», m  —  i»83  i  omu 

ï 

—  logi  «ic  —  1099  i  manque —  iioâ  Corn  —  1 10< 

1 

Stter*.  — iiiiwlettbN  — in5giiil-Mi8qiiU 

31 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE 


33 


if  f'rc«ii*-r  pour 
Ik  Urr-  M  &> 
^3'»  fiuri  iiîii>. 


hiclitr'J   T«  à 

M  iRcrc  fMf*ntin 
t\  M  rwBcéc  B«- 

*4rT*. 


Mait  i  eurent  peine  e  ahan 
1 1 20  E  travatlz  en  cel  demi  an. 
E  qaant  tant  eurent  sejorné 
Oue  Deus  ot  lor  eire  atorné. 
Si  fud  vérité  sana  faillance 
Ke  donc  entra  li  reis  de  France 
1  l'jTj  Kri  mer,  il  e  sa  compaignie. 
Un  poi  devant  Pasclie  florie. 
Li  reLs  Kicharz  ne  pot  movoir. 
Kar  il  n  ot  presl  son  estoveir. 
Ses  ijfalees  ne  ses  uissiers 

I  i3o  A  porter  ses  coranz  deslriers 

E  s  armeure  e  sa  vitailie 
Por  aler  sorc  la  chenaiile  : 
Por  ço  li  eovint  demorer 
E  son  eire  mielz  atomer. 

m'a:»  Le  rei  de  France  conveia 
En  g^ualeesy  puis  s'avoia 
Litre  le  Far  lot  droit  a  Bise, 
Dont  novele  li  ert  tramise 
Que  sa  niere  i  esteit  venue 

1 1 'lo  Qui  amenoit  al  rei  sa  drue. 
Ço  esloit  une  sage  pucele 
E  gentilz  femme  e  preuz  e  bele. 
Non  pas  fausc  ne  loscngerc  ; 
Si  aveil  a  non  Berengiere, 

w'u)  ]ji  rei  de  Navaro  ot  a  pere^ 
Qui  Taveil  baillé  a  la  mère 
Le  rei  Richard ,  qui  s'en  pena 
Tant  que  jusque  la  li  mena. 
Puis  fud  el  reine  clamée , 

ii5o  E  li  reislaveit  mult  amee: 

Ucs  que  il  esteit  coens  de  Peitiers, 
La  coveita  sis  coveitiers. 
Mener  en  fist  dreit  a  Meschines 
Sa  mère,  lui  e  ses  meschines; 

I I  :):>  A  sa  mère  dist  son  plaisir 

E  ele  a  lui  sanz  rien  taisir  : 


ii6 


]  ITO 


La  pucele  retînt  qu*ot  cbiere, 

E  sa  mère  envoîa  ariere 

Sa  terre  gnarder  qii*ot  laissée, 

1  iCo  Que  s'onors  ne  fust  abaissîee; 
E  Tarcevesqne  de  Roem, 
Gauter,  qui  mult  est  saives  hoem. 
Cil  guarda  o  lui  Engletere, 
E  i  ot  mult  travail  de  goeire; 
E  si  s'en  torna  lors  d'îlocqoes 
Gilebert  de  Wascoil  oveqaes. 
Cil  qui  Gisorz  prendre  laissa. 
Onques  puis  li  rois  ne  cessa; 
Lors  furent  ses  nés  atomees 
E  chargées  e  aprestees 
E  ses  galees  ensemenL 
Lors  ni  ot  plus d^arestemenl  : 
En  mer  &st  entrer  le  bamage 
E  s*amie.  la  preuz,  la  sage, 

1 1;:*  E  sa  sorur  ovec  s'amie, 
E  od  els  grant  chevalerie 
Fist  en  un  grant  dromont  porter 
Por  Tune  l'autre  conforter. 
Ses  dromonz  &st  mètre  devant 

1  i8o  E  sigler  vers  soleil  levant; 
Mais  les  onekes  ne  se  murent. 
Qui  movanze  isneles  furent. 
Devant  que  li  reis  ot  mangië  : 
T>ores  murent  del  tut  rengië 

11 85  Cil  de  Testoire  merveillnse. 
Ço  fud  la  semaine  penose 
Que  de  Meschines  mut  Testoire 
Al  sueurs  Deo  e  a  sa  gloire. 
Le  mescredi  de  la  semaine 

1 190  Que  Dens  soflri  travail  e  paine 
Nus  reconvenoit  travaillier 
E  par  peor  e  par  veillier. 
Si  se  pot  Meschines  vanter, 
U  Tem  veit  tantes  nés  hanter, 


Fd. 


à 
I 

« 


1193  verte —  tifl5  e  il  — 1198  ii  manque  —  ii39  wp  —  1167  li  reis  —  ii/i€)  ele —  11 55  A  is  m. 

1 1  fi.T  Ion  u:anqw  —  1 1 69  Loret  —  1 1 7a  l^rea  —  1 1 8a  iands 


33 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


3& 


?i»\igalion  de 
Uicbartl  de  Mos- 
»ine  il  Chypre. 


itmermrimm  Ri- 
mrii,  Il ,  ixrii. 


1195  Conques  nul  jor  qu'il  ajorna 
Si  riche  estoirc  n'en  lorna. 
L'estoirc  ala  lote  rengiee 
Vers  la  terre  Deu  laidcngec 
Par  mi  le  Far  dreit  al  palacrc 

laou  De  l'autre  mer,  al  chemin  d'Acre. 
Les  dromonz  alames  ateindre  : 
Lors  veimes  le  vent  remaindre , 
Si  que  li  rois  volt  retorner. 
La  nuit  nos  covint  sujorner, 

1  jo5  Ou  nos  pesast  ou  nos  fust  bel, 
Entre  Kalabre  e  Mont  Gibel. 
Le  jur  del  juesdi  absolu 
Cil  qui  nos  ot  le  vent  tolu 
E  qui  puet  tolir  e  doner 

1  d  1 0  Le  nos  fist  bien  rabandoner, 
E  tote  jor  le  nus  presta; 
Mais  fiebles  fud,  si  s'aresta 
La  riche  estoire,  l'enoree. 
Le  jur  de  la  croiz  auree 

iai5  Nos  rencontra  uns  venz  contraires 
As  seneslres  près  de  Viaires. 
La  mer  parfonde  se  trobla , 
Li  venz  fu  forz,  qui  la  dobla. 
Grant  iert  la  plaie  al  reploiapt; 

ijso  Si  n'alioms  fors  desvoiant. 
Pour  eûmes  e  mesaise , 
Bûche  e  cuer  e  teste  malveisse; 
Mais  tut  iço  que  nos  suflfrimes 
Mult  volontiers  le  sustcnimes  : 
Fol.  10  a.  isaS  Bien  le  deumes  sustenir 

Por  celui  qui  deigna  venir 
A  icel  jor  a  passion 
E  por  nostre  rédemption. 
Forz  fud  li  veuz  qui  nos  cuita 

ia3o  De  si  qu'ai  scir  qu'il  anuita  : 
Lors  eûmes  vent  apaisië 
E  bien  portant  e  aaisié. 


Li  reis  Richarz  fist  grant  proesce  : 
Toz  jorz  ol  il  cuer  en  visteco. 

ia35  Par  nuit  aveit  acostumë 
Qu'en  sa  nef  aveit  alumé 
Un  grant  cirge  en  une  lanterne, 
Qui  multgetoit  clere  luseme; 
Tote  nuit  ardoit  totes  veies 

ia6o  Por  mustrer  as  autres  les  veies  : 
0  lui  aveit  bons  mariners, 
Preuz  e  seurs  de  lor  mesters; 
AI  feu  le  roi  tuit  se  traiouent 
E  bien  près  tut  tens  le  veoient, 

13^5  E  se  l'estoire  aillors  tendeit 
E  il  franchement  l'atendeit  : 
Ausi  menoit  l'estoire  fiere 
Com  la  gcline  pociniere 
Maine  ses  pocins  en  pasture; 

ia5o  Ço  estoit  proesce  e  nature. 
La  nuit  siglames  a  bandon 
E  sanz  tristur  e  senz  gaudon. 
El  demain  la  vigilie  haute 
Nus  remena  Deus  sanz  défaite, 

1355  La  nuit  tule  ausi  sanz  sujor 
De  la  grant  Pasche  e  tut  le  jor, 
Treis  jorz  erra  tote  esleissiee 
L'estoire  senz  veille  abaissiee  ; 
Devant  siglot  li  reis  meismes, 

laGo  Le  mecresdi  Crète  veimes; 
La  lorna  li  reis  d'Engletero 
Eucoste  Tille  près  de  (erre; 
Illoc  jut  e  l'estoire  ovequcs; 
Mais  vint  e  cinc  de  noz  eneques 

ia65  Icele  nuit  nos  deperdirent. 
Si  que  le  rei  tut  iri^  firent, 
E  mult  en  fud  il  coreciez. 
Al  matin  mut  sigles  drcsciec 
Vers  Rodes  le  joesdi  après, 

1370  Une  autre  isle  de  celé  près. 


Fol.  10  h. 


Rirbard  **i\o\t 
Pile  deCr^l*. 


Arrivéeè  RboiU. 


1 1 98  deu  tote  I.  —  1  aoo  Dautre  m.  —  1  aoa  Lores  —  i  ao3  velt  —  1  ao5  fist  b.  —  1 9 1 0  bien  m<mqu9  — - 
s  ai  5  recontra  —  ia3i  Loiret —  laSa  aisie —  1 935  costuiue -r*  1939  tote —  ia65  Eneftoire —  i953  vilgilie. 
—  1955  tut 


3 


35 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


36 


Diftrriplion  de 


Fol.  10  c. 


nicliArJ    ma- 
lailp  k  Rhodc». 


Granz  fu  li  vent  c  haute  loiide; 
Si  tost  conie  vole  une  arondc 
S  en  va  la  nef  le  inast  ploiant. 
L'isie  de  Rodes  costeiani 

1175  Nus  mena  Deus  {[rant  aleure 
Od  mencilluse  si|[leure, 
Qu'il  iert  s^miklant  i\\\\\  lui  plaiseit 
La  voie  que  sa  gent  t'aiseil; 
E  errâmes,  ço  fud la  voire, 

isSo  Mulltost  de  ci  qua  la  nuil  noire: 
E  el  malin  nos  enbatisnies 
En  uns  destreiz,  si  abati»mes 
Nos  très,  si  fumes  hors  de  paine, 
Sujornant  jusque  diemaine, 

1385  E  le  matin  fumes  a  Rodes, 
La  citié  u  fud  nez  Herodes. 
Rodes  fud  une  grunl  citié 
Anciene  de  antiquiti<', 
Autresi  grant  près  come  Rome; 

1-^90  A  peine  savreil  hom  la  sonie, 
Kar  tant  i  ad  maisons  guastccs 
E  murs  e  turs  agraventees, 
E  tanz  moslers  qui  encor  durent, 
De  la  plente  de  gent  qui  hirent 

1^95  Par  tanz  anz  e  par  tanz  aages 
E  par  tanz  divers  seignorages, 
Que  nus  hom  ne  poreit  nomhrer. 
Qu'il  n'eust  graut  a  descombricr. 
Ne  la  grandor  ne  la  noblesce 

i3oo  Qui  est  chaeitc  par  viellesce; 
E  neporquant  illoc  maneient 
Gent  qui  vitaille  nos  vendeient; 
E  por  ço  que  li  reis  esteit 
Malades,  e  lui  mesesteit, 

i3o5  Nos  covint  a  Rodes  atendre. 
Cil  fist  e  enquere  e  aprendre 
Ou  ses  nés  esteient  alees, 
E  si  atendeit  ses  gualees 


^}\\\  lui  siveioni  terre  a  tiTre; 

i3io  E  si  (Miquist  0  list  em|uerro 
Del  tirant  qui  Ciprc  teneit. 
Qui  les  pèlerins  releneit. 
Dis  jorz  a  Rodes  sujornames. 
E  apri*s  quant  nos  en  tornames, 

i3ir>  Le  premier  jor  de  mai  sanz  dote 
Fud  quant  Testoiie  eissi  en  rote 
De  Rodes  a  veille  levée, 
Dreit  al  gofre  de  Sartalee, 
Qui  est  un  trop  dotos  trespas, 

i3io  ^*ad  plus  dotos  en  toz  les  pas  : 
De  quatre  mers  est  la  bataille. 
Dont  chescone  l'autre  travaille. 
El  gofre  devions  entrer, 
Quant  uns  venz  nos  vint  encontrer 

1835  Qui  nos  reuK^na  la  vesproe 
I^  dont  Testoire  esleit  eniree. 
Li  venz  revint  qui  sovent  change. 
Si  nos  reGst  plus  curteis  change, 
Derieres  vint,  si  nos  bota 

i33o  Si  tost  que  chescons  le  doia 
Por  le  gofre  ou  nos  estions , 
Dont  mutes  peors  avions. 
La  nief  le  rei  esteit  première, 
Qui  toz  jors  en  iert  custumere. 

i335  Li  rois  esguarde  en  haute  mer, 
Si  i  vit  une  boce  errer 
Qui  de  Sulie  reveneil; 
E  il  a  cui  al  cuer  teneit 
S'i  fist  adrescier  por  euquere 

i3/îo  Noveles  de  la  seinte  terre; 

E  cil  distrent  que  sanz  dotance 
I  esteit  ja  li  reis  de  France, 
Qui  devant  Acre  Tatendeit, 
E  qui  chescon  jur  cntendeit 

i3/j5  a  feire  engins  por  quei  fust  prise. 
Li  reis  Richarz  une  autre  emprise 


Itiaermimm  A- 
/•ardi,  n.  If  «m. 


BidMnl  (|«itl* 
Rbod^s  (  t*'  nn 
1191). 


Tempête  Uans 
le  golfe  de  Stl>- 


Fol.  10  d. 


Uîcbaitl  ap- 
preud  i^arrÎTée 
<lt  Philippe  i 
Acre. 


1 376  merucillus  —  1 383  an  —  1 98/1  dimainc  —  1 386  li  credes  —  1 389  com  —  1 398  encore  —  1 39/1  qui  i 
—  i3oo  cliicle  —  i3o6  lepr$mier  e  manque  —  1819  Le  gofre  qui  est  un  d.  —  i33  3  T  manque  —  i396  lestoir 
csloire  e.  —  i335  eaguarda  —  i33C  i  manque —  i3'i6  un. 


37 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


38 


Richard  arrive 
h  Chypre,  où  il 
trouve  M  MBur  et 
M  fiancée. 


ItiÂtrmrmmBi' 
eërHf  II,  xxn. 

Enumëration 
des  malheurs 
des  chrétiens  en 
•Syrie. 


Fui.  il  a. 


Chypre  est  gou- 
vernée par  un 
empereur,  allié 
de  Saladin. 


Aveit  ja  dedenz  sa  pensée. 
Eht  vos  la  nef  oltre  passe^, 
E  ii  reis  al  vent  estriva 

i35o  Tant  que  Dampnedeus  Tariva 
Devant  Cypre  près  de  la  terre 
Que  Dampnedeus  li  fistconquere, 
E  trova  sa  sorur  illoques 
E  sa  gent  e  s'amie  oveques. 

i355       Oiez,  sei{fnurs  :  tantes  enjures 
E  tanles  granz  mésaventures, 
Tanz  destorbicrs,  tantes  ententes, 
Tanz  délais  e  tantes  atentes. 
Tantes  paines,  tanz  desirers, 

]8Go  Tanz  assauz  e  tanz  encombriers 
Ot  celé  terre  de  Sulie 
Ainz  qu'el  peust  aver  aie  ! 
Grant  doel  fud  a  oes  de  Tovraine 
De  Tcmpereur  d'Alemaine 

i365  Qui  si  i  aloit  hautement, 
Qui  morut  si  sodeement. 
Grant  enjure  ot  la  seinte  terre 
En  la  mort  le  rei  d'Engletere,^ 
Henri  le  bon  qui  tant  saveit, 

1870  E  qui  si  grant  aveir  aveit, 
Dont  la  terre  fust  sustenue 
E  la  citié  de  Sur  tenue. 
Trop  mesavint  al  seint  reaime 
En  la  mort  le  bon  rei  Guillame, 

1875  Qui  meinte  foiz  la  succurut, 

Si  fud  grant  doel  quant  il  munit. 
Mult  ot  li  règnes  escheeites 
D'ensi  mescheanz  mescheeites; 
Mais  rien  ne  Taveit  tant  gregiee, 

i38o  Destorbee  ne  delaiee 

CiUm  un  ille  près  de  Sulie  : 
Ço  estoit  Cipre  la  bien  garnie, 
Qui  mult  la  solcit  soslenir 


E  lors  n'en  osoit  riens  venir; 

i385  Ke  il  i  maneit  un  tirant 

Qui  mult  aloit  a  mal  tirant. 
Plus  traiter  e  plus  félon 
De  Judas  ou  de  Guenelon. 
De  Salahadin  icrt  privez , 

1890  E  cristiens  ot  eschivez, 

E  si  diseit  Tem  sanz  dotance 
Qu'il  aveient  por  aliance 
Li  uns  de  l'autre  sanc  beu, 
E  si  fud  puis  de  veir  seu. 

1895  Issi  se  fist  empereur, 

Nel  fist  pas,  mais  empeireur: 
Car  sei  meismes  empeirot; 
Onques  qu'il  peust  ne  finot 
De  mal  faire  e  de  porchacer 

1/100  E  des  cristiens  Deu  chacier. 
Hloc  ot  treis  nés  pecheiees 
Del  rei  Richard,  de  ses  maisnees. 
Cil  qui  estorstrent  del  péril, 
Qui  crent  tornd  a  essil, 

i/iof)  A  icels  fist  lor  armes  rendre, 
Puis  les  fist  il  trair  e  prendre, 
Por  ço  qu'il  lur  asseura 
La  seurté  ki  poi  durra, 
Kar  assaillir  les  fist  aneire 

i/iio  Cil  qui  point  ne  fesoit  a  creire; 
Mais  cil  si  bien  se  défendirent 
Que  lor  maltalenz  lor  vendirent 
Od  seul  treis  arcs  que  ii  aveient, 
Dont  li  Grifon  mot  ne  savaient. 

1/11 5  La  ert  Ilodiers  de  Herdecort, 
Compainz  le  rei  e  de  sa  cort, 
Ki  sur  une  ywe  recreue 
I  ot  tost  lor  gent  descreue; 
E  Guillames  del  Bois  Normant, 

i/iao  Li  bons  archiers,  aleit  traiant. 


Fol.  1 1  6. 

Itinertuium  Ri 
cturéi.  11,  XXI. 

Noufrage  il 
aventure  de  Ra- 
dier d^Haroourt 
et  de  Guillaumr 
du  Bois  •  Nor- 
mand. 


]3/i8  nef  ja  0.  —  i35o  Dampoeus —  i358  E  lanz  —  i36o  e  manque  —  i36a  ele  —  i363  tel  ouerainc 

—  i365  i  manque —  1875  siircurut  —  1877  mesdieeites  —  1879  gurgiee —  i384  iores  —  1898  Luns  — 
1896  empereur  —  1899  de  manque  —  1  Aos  des  ses  m.  —  1/108  cslordirent  —  1  hob  arncs  —  1606  il  iiiiiji^im 

—  1 608  seinte  *-  t  A i o  acrooirc  —  i  /i  1 1  cil  qui  si  —  i&  1 8  quil  —  1  /i  1 5  rodes 


3. 


39 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


iO 


lliticrarium  lii- 
etitdi,  Il ,  util. 


Qui  fereit  devant  e  deriere, 
Si  ert  plus  cremuz  que  n'est  periere . . . 
Si  que  veiant  cels  s'en  alerent, 
Jusqu'as  dromonz  ki  al  port  erent 
l'iaT)  Ou  la  reine  estoit  venue. 
La  ot  grant  bataille  tenue; 
Mais  bien  le  firent  li  prison. 
Quant  li  reis  sot  la  mesprison, 
Qui  s'esteit  al  port  arestez 
u  ««riir  ft  ij  j  ,^^Q  u  g^,g  homes  sot  tempestez, 

l:anr«e    lie    Ri-  > 

.iiarJ  tniji  m  Vit  Ic  dromont  de  sa  sorur 

i„il,b.  Qui  Talendeit  en  grant  freor. 

Vit  la  rive  tote  coverte 
De  la  gi*ezesche  genl  colverle, 

i'i35  Peors  Sarazins  ne  voltqucrrc  : 
Si  se  fist  treire  vers  la  terre 
Foi.  1 1  c.  Que  li  tiranz  quida  défendre, 

Qui  le  preu  rei  n'osa  a  tendre. 
Par  un  lundi  la  matinée 
RidiHni  «eut  iV'io  Aveit  Deus  ToTre  destinée 

Qu'il  voleit  que  li  rois  feist^ 
E  que  les  perilliez  queist, 
E  que  sa  suror  delivrast, 
E  que  s'amie  aillors  menasl. 

]  Vj5  Chascone  baeit  la  jornec 
Que  ele  esteit  iloc  tornee, 
Car  Temporelles  les  eusl 
Ambesdous  prises  s'il  peusl. 
Le  port  que  li  reis  voleit  prendre, 

1600  Assez  fud  qui  lui  volt  défendre; 
Kar  i'empereres  i  esteit, 
Qui  desor  la  rive  s'esleit 
Od  tant  de  gent  comm  pot  mander 
Par  aveir  e  par  comander. 

1/1 55  E  li  reis  prist  un  messagier, 
àSi  le  fist  a  tere  nagier, 
A  l'empereur  l'envoia 


t        • 


uegocier  avrc 
i'empcieur  de 
Chypre. 


E  corteisemeni  lui  proia 

Qu'il  rendist  l'aveir  as  prisons, 
]/iGo  E  adresçast  les  mesprisoDS 

Qu'il  ot  faites  as  pèlerins , 

Dont  fist  plorer  meins  orphenins. 

Cil  ot  eschar  del  messagier 

Si  grant  jusqu'à  sei  enragier, 
1/105  Si  ne  pot  pas  aleinprer  s'ire, 

Ainz  dist  al  messagier:  9  Tproupt,  sire  I  «    ^ 

N'onques  plus  bel  ne  volt  respondre,    mr. 

Ainz  comença  d'eschar  a  grandre. 

Cil  mut  ariere  isnelement, 
1/170  Si  redist  al  rei  bêlement  ; 

IjO  rei  oi  le  mot  huntus. 

Si  dist  a  ses  genz  :  cr  Armez  vusl^ 

E  il  si  firent  erraiment ,  Foi. 

E  si  n'i  mistrent  pas  grantment. 
]/j75  Esbargetes  de  lor  enekes 

Les  covint  mètre  armez  illoques. 

La  entra  des  bons  chevalers 

E  de  hardizarbalestiers; 

E  cil  ravoient  arbalestes 
1/180  E  lor  genz  as  rivages  prestes, 

E  si  aveient  cinc  galees 

Qui  esteient  tôles  armées; 

Mais  quant  virent  noz  armearcs, 

Pol  furent  puis  lor  genz  seares. 
i'j85      En  la  vile  de  Limeçon,  nid 

Ou  mut  Tassait  e  la  tençon, 

N'aveit  remis  buis  ne  fenestre 

Ne  riens  que  nuisance  puise  estre, 

Tunel  ne  tone,  escu  ne  large, 
1/190  Ne  viclz  galee  ne  vielz  barge. 

Ne  fust  ne  planche  ne  degrë, 

Qu'il  i  aportoient  de  grë, 

Qu'il  n'adresçassent  el  rivage 

Por  faire  as  pèlerins  damage;  * 


IJnr 


I&99  q.  niert  periee  -^  IÂ93  plusiew'»  ten  omii  —  ihah  Jusquas  port  -^  l&3o  set  t.  —  i/k3S  vell  — 
1&38  Que,  pr.  le  r.  —  i&&5  haiet  —  1&&6  Quele  —  i^&g  iieit  —  i45o  velt  —  t&5-j  ter  —  i46t  meint 
—  1 466  Irop  —  1 467  YcU  —  1 476  En  b.  —  1  '178  arblatUert  —  1  '179  arblastos  —  1489  Tone  ne  lunel 


kZ 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


kk 


Car  il  orent  tut  cngurdi 

E  deboistië  e  esturdi 

D'un  mois  qu'orent  en  mer  esté 

E  sanz  jesir  toz  jorz  esté. 
1575  Sanz  plus  de  sejor  qu'il  eussent, 

Que  par  raison  aveir  deussent, 
'  I  monta  li  reis  el  demain , 

Ki  la  chose  aveit  prise  en  main. 

Illooc  en  une  olivereie, 
i58o  Assez  pres  dejoste  une  voie, 
Fol.  1-2  c.  Aveit  de  Grius  od  lur  bancres 

E  od  penuncels  de  manières; 

E  li  reis  les  en  fist  chacier  : 

El  chief  se  mist  Telme  d'acier, 
i585  E  les  sivi  gi'ant  aleure. 

La  veissiez  preuz  gent  seurel 

Cil  devant  bien  les  enchacerent  : 

Cil  fuirent  e  cil  chacerent, 

Tant  que  noz  genz  les  granz  ostz  viren l  ; 
1690  Cil  chacerent  e  cil  fuirent, 

E  il  donques  si  s'aresterent  ; 

Cist  chacerent  e  cil  huèrent, 

E  tel  noise  e  tel  cri  i  firent 

(Ço  contèrent  cil  qui  Toirenl) 
1 595  Que  Tempereres  de  sa  tente 

Les  oi ,  a  la  meie  entente , 

De  plus  de  mi  liuue  de  terre. 

liloc  s'ert  retraiz  por  la  guerre , 

La  aveit  digne  e  dormi , 
1600  Mais  forment  furent  estormi. 

Lors  monta  e  ses  genz  montèrent 

E  les  montaignes  sormonterent, 

Por  veer  que  lur  gent  fereient, 

Que  riens  fors  traire  ne  savoient: 
i6o5  Toz  jorz  tomoent  e  huoent, 

E  noz  genz  ne  se  remuoent. 

La  vint  al  rei  uns  clers  armez, 

Huge  de  la  Mare  erl  nomez, 

1671  desgurdi  —  1579  oliuerie  —  i586  se  manque  — 

—  1 598  sest  —  1 6o3  freient  —  1606  remoucnl  —  1C07 

—  iGflj  c.  hobe  sor  la  loue  —  i638  e  manque 


Qui  par  conseil  lui  ala  dire 

1610  E  lui  dist  :  trAlez  vos  en,  sire  : 
crll  ont  grant  gent  a  desmesure.  « 
rr  Sire  clers,  de  vostre  escripture,^» 
Dist  H  reis,  rvos  entremetes, 
(tE  de  la  presse  vos  jetei; 

1 G 1 5  <r  Laissiez  nos  la  chevalerie , 
«rPor  Deu  e  por  seinte  Marie  !u 
E  cil  e  autre  lui  disofent 
Por  la  grant  gent  que  il  veoîent, 
N'il  n'erent  pas  plus  de  quarante 

iGao  Chevaliers,  ou  al  plus  cinquante, 
Ovec  le  roi  a  icele  hore; 
E  li  preuz  reis  lor  conit  sore, 
Qu'aine  plus  n'i  ala  ateodant  : 
Plus  tosl  c'une  foudre  fondant, 

1G25  Joint  com  hoberels  sor  Taloue 

(Qui  la  pointe  veit,  mult  la  loue), 
S'i  feri  très  parmi  la  presse 
De  la  greszesche  gent  engresse , 
Si  que  toz  les  descunreia 

iG3o  A  force,  e  tels  les  conreia 
C'uns  a  autre  ne  se  teneit, 
Dementers  que  sa  gent  veneit; 
E  des  que  il  crurent  e  il  vîndrent. 
Tant  en  oscistrent  et  retindrent, 

iG35  Sanz  cels  qui  fuirent  a  honte. 

Que  nuls  ne  soit  des  morz  le  conte; 
Car  cil  qui  avoient  chevals 
S'en  fuirent  e  monz  e  vais, 
E  la  gent  de  pië,  la  menue, 

16/10  Fud  tote  morte  ou  retenue. 
Foil  fu  li  estorz  e  pesanz  : 
Tant  veissiez  chevals  gisanz, 
Haubers  e  espees  e  lances 
E  penoncels  e  conisances: 

iGA5  Trebuchoent  cheval  e  some. 
L'emperere  vit  que  si  home 

i586  genz  e  seure  —  i588  fuient  —  1893  î  mon^ice 
V.  a  itii  —  1618  quil  —  16a  a  cort  —  16a 4  fendant 


45 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


/i6 


Noz  gcnz  ne  sofierreient  mie, 
E  toz  jorz  cresoit  nostre  aie, 
Si  s'en  fui  a  la  montaine 

]  65o  E  sa  genl  hermine  e  grifaine  : 
A  plein  lor  leissouent  la  terre. 
Quant  Richarz,  li  rcis  d'Engleterre , 
3  a.  Aparçut  que  il  s'en  fuieient 

E  que  lor  gent  lor  guerpisoient, 

]G55  Celui  qui  portoit  la  baniere 
L'empereur  en  tel  manière 
Feri  li  reis  qu*il  gaigua 
La  baniere,  c  si  comanda 
Que  ele  fust  muit  bien  guardee. 

i6<)o  Lors  vit  lor  gent  si  reusec 
E  fuir  s'en  corne  tempeste^ 
Sanglent  meint  cors  e  meinle  teste, 
E  qu'il  n'en  feist  mes  nul  sivre , 
Car  nés  peust  pas  aconsivre 

iGG5  E  que  dous  Hues  iert  durez 

L'enchauz  de  noz  Francs  adurez. 
Si  s'en  revint  son  petit  pas, 
^•icp  iMais  serjant  ne  fmouent  pas , 

Ainçois  pristrent  de  la  vessele 

1670  Tant,  d'or  et  d'argent,  riche  e  bêle, 
Que  li  emperere  ot  laissiee 
La  ou  sa  tente  fud  fichée. 
Son  herneis  e  son  lit  demeine, 
E  dras  de  seie  e  dras  en  graine, 

1675  E  chevals  e  muls  si  chargiez 
Come  si  ço  fust  uns  marchiez, 
Haubers  e  helmes  e  espeeç 
Que  li  Grifon  eurent  getees, 
Bues  e  vaches  e  pors  e  cbievres, 

1680  Trop  isneles  e  trop  enrievres, 
Motons  e  berbiz  e  aignels, 
Iwes  e  polains  gras  e  biaus. 
Chapons  e  gelines  e  cos 
E  cras  muiez  chargiez  les  dos 


^nr. 


]685  De  bones  coites  bien  paipointes 
E  de  robes  bêles  e  coin  tes, 
E  bons  chevals  qui  plus  valeient 
Que  li  nostre  qui  las  cstcient; 
E  si  pristi^ent  son  drugcman , 

1G90  Que  jo  oi  apeler  Johan, 

E  tanz  (irifons  c  tanz  Hennins 
Qu'il  encombroient  les  chemins, 
Tanz  bons  vins  c  tante  vitaille 
Que  nuls  n'en  set  conte  ne  taille; 

1695  E  li  reis  fist  un  ban  crier 
Que  sauf  venir  e  sauf  aler 
Peusscnt  les  genz  de  la  terre, 
Tut  cil  qui  ne  voleient  guerre, 
E  cil  qui  la  pais  ne  voloient 

1700  Pais  ne  triuues  de  lui  n'avreient. 
Le  samedi  de  la  semaine 
Que  li  Grifon  orent  tel  paioe 
Vint  a  Limeçon  treis  galees 
Ki  de  Cipre  esteient  lornees, 

1705  U  li  reis  de  Jérusalem 

Esteit,  ke  mult  csgarda  l'em. 
C'iert  li  reis  Guis  de  Lizegnan 
Qui  ot  tante  peine  e  ahan 
For  la  terre  Deu  sustenir 

1710  Kc  il  l'en  conveneit  venir; 
Car  li  reis  de  France  voleit, 
Dont  li  cuers  del  cors  lui  doleil, 
A  sa  persone  tant  mesfaire 
Qu'il  voleit  del  marchis  rei  faire; 

1715  E  por  ço  guerpi  Qt  la  lerve 
E  veneit  al  rei  d'Engletere, 
Qu'il  l'en  aidast  a  meintenir. 
Li  reis  ama  mult  son  venir 
E  si  aia  encontre  aneire; 

1720  E  si  poez  saveir  e  creire 
Qu'il  le  reçut  0  bon  curage, 
Car  il  ert  de  mult  grant  lignage 


l'oL  1 3  6 . 


Itinerarium  Ri- 
•  rirc/i,  ll,ixiJT. 

Arritëc  II  Chy- 
pre da  roi  Gai  de 


16A7  soffreieDt  —  i653  quil  —  i656  Lemperur  en  lele —  1667  ai  qiiil  —  1660  Lores —  1O71  leinperrur 
—  1675  £  manque  —  1676  Com  —  1680  isnels  —  i685  6  b.  c  bones  p.  —  1693  Et.  —  1700  aaereienl  — 
1 703  Vindrent  —  1 706  ki  —  1 71 0  Kil  —  1713  cors  de  lui  —  1 7 1 5  ol  manque 


47 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


«8 


ivngiTi'. 


E  IiautemcDt  enparcntez. 
Qu'iloc  estait  ses  parcniez. 
Fol.  i3  r.  1735  Si  n*ert  il  mie  aparissant 

Que  de  petit  fusent  eissant. 
Li  rois  lui  fist  joie  plenere 
E  honor  en  meinte  manière 
E  lui  dona  de  son  avoir 
1730  (Si  fist  corteisie  e  savoir), 

Que  Tem  preisa  deus  mile  mars 
(Ço  ne  fu  mie  dons  cschars), 
E  vint  copes  de  son  trésor, 
Si  furent  les  deus  de  fin  or. 
itûvranymiti'  i-jHo  E  Teudemain  la  matinée 
:ioa^  ije  iti-  l*ud  la  damoisele  esposee 

ri,«ni  cl  a.  ne.  E  corunee  a  Limeçon , 

La  belc,  od  la  clere  façon, 

La  plus  sage  feme  a  devise 

17^10  Que  Tem  trovast  en  nule  guise. 

Eth  vos  que  li  rets  fud  en  glorie 

E  en  joie  de  sa  vittorie, 

E  de  ço  qu'il  s'iert  mariez 

A  celé  cui  il  s'iert  fiez. 

hrnxétdnsa-  f]fto  Eth  VOS  SOS  gualeos  venues, 
^iTt  a  roi.  Q^^  y  ^^^jj  ^^j  atendues  : 

Si  bien  armées  e  guarnics. 
Ne  veimes  tels  en  noz  vies; 
Les  cinc  ovec  acompaigniees, 

1750  Qui  illoc  furent  guaignees  : 
Od  les  autres  de  par  les  porz. 
Dont  il  ot  puis  toz  les  desporz. 
En  ot  armées  bien  quarante , 
Qui  d'autres  valoicnt  cinquante; 

1753  Dont  puis  prist  la  nef  meneillose 
Ou  tant  ot  gent  bataillerose 
Qui  furent  a  uit  cent  esmë, 
Turc  e  Persant,  non  pas  cresmd; 
Sin  fud  li  reis  plus  esbaudiz 


17G0  Sor  Grius  e  sor  Hennins  maudiz. 
Lors  fist  son  ost  apariller 
E  ses  guaites  par  nuit  veiller 
Por  aler  l'empereur  qiiere 
E  prendre  le  en  mi  sa  terre. 

1765      Après  celé  descomfiture 
U  li  Greu  eurent  tel  iaidure 
lert  Temperere  a  Nicosie , 
E  il  e  sa  grant  conpainie. 
Irriez,  dolenz  e  esperduz 

1770  De  ses  homes  qu'il  ot  perduz, 
E  qu'il  aveit  este  chaciez  : 
De  ço  n'estoit  pas  solaciez; 
Mais  trop  hiert  haiz  en  sa  terre , 
Si  cremoit  le  rei  d'Engletere, 

1770  E  lors  lui  manda  pariement 
Por  faire  lui  adrescement , 
E  lui  manda  qu'a  lui  vendreit 
E  que  Haute  li  tendreit 
E  menreit  en  sa  compaignie 

1780  Cinc  cenz  homes  jusqu^en  Sulic, 
Tôt  a  cheval  al  Deu  servise , 
E  fereit  tut  a  sa  devise; 
E  si  fud  en  la  covenance. 
Que  li  reis  ne  fusten  dotance, 

1785  Ses  chastels  a  baillier  en  guages 
E  toz  ses  riches  héritages, 
E  por  les  pertes  de  sa  gent 
Trei  mile  cinc  cent  mars  d'ai^nt, 
E  s'il  le  servist  adeceries 

1790  Si  reust  sa  terre  en  désertes. 
Li  reis  graa  le  parlement 
E  l'empereres  ensement. 
Le  parlement  aterminerent 
D*ambes  parz  e  aine  ne  finerent; 

1795  Si  fud  en  une  figueroie 
Entre  la  marine  e  la  voie 


Fol 

h 


4c 


Fol 


173'!  Qui  c  iioc  csteit  aparentez  —  17^5  Co  erenl  li  mieks  —  1763  A  celé  quil  sert —  S74&  E  de  co  qui! 
—  1746  Quil  —  1768  vit  lem  —  1761  Lores  —  1768  lempenir  —  1766  icele  —  1767  lanpereres  — 
1768  (jurant  manque  —  1769  I.  éd.  —  1776  lorea  —  1779  menereit  —  178a  frdt  —  1790  ses  terres  — 
1790  n|;iiroic 


&9 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


50 


Bichaixl  con- 
sulte tes  compa- 
gnon». 


L'empereur  de 
Chypre  et  le  roi 
Richard  font  la 
paix. 


¥oL  ih  h. 


ItUmwmmJU' 
i.  11,  iiiTiii. 


De  Limeçon,  si  com  me  semble, 

E  les  sucs  iloc  ensemble, 

E  furent  les  choses  retraites 
1800  Assez  mielz  que  ne  furent  faites. 
Li  reis  apela  ses  maisnees 

E  de  ses  genz  plus  enraisnees; 

Lors  dist  a  cels  qui  0  li  erent, 

Qui  tele  pais  mull  désirèrent  : 
i8o5  rrScignors,  vos  estes  ma  main  désire: 

ïf  Veez  si  ceste  pais  puet  estre; 

fr  Gardez  que  vostre  benors  i  gise 

ff  E  que  ja  de  rien  n'i  desfise; 

T  Car  s'el  vos  plaist  el  sera  faite, 
1810  (tU  remise  s'el  vos  deshaite.?) 

{rSire,'î  distrenl,  trele  nos  grée, 

^  E  tel  pais  nos  est  honorée,  y* 

Arieres  sunt  tost  revenu 

E  furent  a  la  pais  tenu , 
i8i5  E  Tempereres  eralment 

Jura  al  rei  le  sairement 

E  Ten  asseura  illoques 

E  Ten  baisa  a  fei  oveques; 

E  li  reis  s'en  revint  a  Tost 
i8ao  Qui  près  esteit,  si  i  fud  tost. 

Lors  comanda  sanz  plus  atentes 

Que  l'em  charjast  treis  riches  tentes, 

Qu  il  prist  od  la  desconfiture 

Des  Grifons  de  maie  nature 
1895  (L'empereur  furent  demaine 

E  si  esteient  de  fustaine), 

E  riche  vaissele  a  plentë; 

Si  Tenveia  par  grant  chierlë 

A  Tempereur,  qui  fist  prendre 
i8do  La  veisseie,  e  les  tentes  rendre 

En  icele  place  meismes 

Del  parlement  dont  nos  deimes. 
En  celé  meimes  vespree 


Que  celé  pais  fud  atempreè 

i835  Aveit  ovec  l'empereur 
Un  chevalier  encuseur  : 
Païen  de  Chaiphas  ot  non; 
Faus  iert  e  fel  plus  d'un  gaignon. 
Cil  fist  l'empereur  entendre 

18/10  Que  li  reis  le  volt  faire  prendre; 
Mais  mençonge  li  fist  acroire. 
E  li  empereres  aneire 
Munta  en  un  cheval  isnel 
Que  il  apelouent  Fauvel. 

i8/i5  Sor  Fauvel  s'en  torna  fuiant 
Cum  se  il  s'alast  deduiant, 
E  leissa  i  bernes  e  tentes. 
Si  com  hom  qui  pert  ses  ententes, 
E  deus  destriers  ignels  e  forz, 

i85o  E  il  érrot  a  grant  efibrz. 
Li  rois  sot  qu'il  en  iert  fuiz. 
Si  ne  volt  pas  qu'il  fust  siviz. 
Car  ne  voleit  la  triuue  enfraindre. 
Ni  chevals  n'i  peust  ataindre. 

i855  Mais  quant  il  vit  de  lui  la  fuite, 
Nel  volt  pas  del  tôt  clamer  quite , 
Sil  cercha  par  mer  e  par  terre 
E  mult  s'entremist  de  lui  querre. 
Ses  gualees  par  nuit  s'esmurent  : 

1860  Par  tens  a  Fomagoce  furent; 
Il  meismes  s'i  ala  mètre, 
Car  mult  8*ea  voleit  entremetre. 
AI  rei  de  Jérusalem  dist 
Que  par  terre  le  conduisist, 

]8G5  E  qu'il  sivist  Tempereur, 
Son  parjure,  son  traitor, 
Saveir  si  ja  meis  fnat  veuB. 
Li  reis  Guis  s'est  lors  esmeuz; 
A  Fomagoce  la  citié 

1870  Vint  en  treis  jon  por  vérité, 


L'empereur , 
conaetll^  par 
Paien  de  Caï* 
pbai ,  i*enfttit  ii 
Ftmagoufte. 


Richard  «a  pai 
luer  à  Famn- 
gooale  et  y  en- 
voie par  terre  le 
roi  Gai. 

Fol.  1&  C. 


1797  corne  —  1809  sele,  ele —  1810  sde  —  181s  iele —  1817  E  le  a. —  1890  i  «mm^—  1891  Loret 

—  1 8«à  De  grifon  —  i8s5  Lemperur —  1 807  v.  e  a  —  18S9  lempcrur  qui!  feiât  —  1 833  icele  —  1839  !em- 
peror  —  i84o  ueit,  pendre  —  i8/ia  lempereres  —  iHhh  Qail —  18A6  til  —  18S9  oeil  —  i856  Si  nel  uell 

—  1869  parla  nuit —  18G0  E  par—  i8()t  i  nuiiifiM — 1869  te  y. —  tM8  lores 

A 


51 


L*ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


53 


Donl  ks  gna  sVa  ereot  alecs. 
La  vint  ii  reîs  o  «es  gualees; 
A  ses  gualees  fisi  guaiter 
Tox  les  pon  e  eschelgaiUer« 

i$75  Que  cil  aler  ne  sVn  peust 
Par  mer  qu*enconlre  ni  eu:>t; 
E  furent  par  treis  jon  itloques 
Puis  qu'il  |iarlireol  des  enekes. 
LVèfw    .àf  llloc  en  eeie  demorance 

p^wi  4»  ]ii^«  tSSo  Yindreot  dou  mcsssagier  de  France, 

DnHie  de  Meslo«  ço  me  semble  « 
LVvesque  de  Bîavex  ensemble* 
Qui  TeneienI  basier  le  rei 
E  le  bastooenl  a  desn^i 

iSS5  Dealer  a  Acn»  isneiemeol; 

Car  U  reîs  de  France  allnnuent 
Va^saudrat  ja  en  nui  endreit 
Devant  çi>  que  U  i  \eudreil. 
Mult  Tangutâserent  e  hasterent, 

iS^o  E  en  hastant  le  ramponerent. 
Tant  que  H  reê  se  coreça 
E  les  sumb  anoat  dre$ça, 
E  î  ol  lek  paroles  dites 
Qui  ne  deÀveot  pas  esire  eseriles;. 

t>^  Mais  cil  por  nient  le  basiouent. 
Les  paroles  en  lain  guastouent  « 
llar  Ii  IV»  s'esleit  mult  haslei^ 
E  si  a^eit  ks  Grins  tdkrtei 
Q«e  se  betmgoasi  a  S«lie« 

;4N  Por  deoù  Taveirde  iW$sie« 
Q«e  Cyp«e  ne  fiul  sa  sojette« 
Isie  qui  tant  «iaMie  jeile. 
Vil  ne  la  de^fiMHt  p»  sanx  prt>e 
La&iiier  de^«nt  qpi^îl  Teii»!  prèe. 
Por  ço  càl  basier  le  veneteat  « 
Qui  en  jranl  estai  Tea  teaeteaL 
\nom  nHil  donc  •  s'fWl  banie 
\  aler  dretl  ^ers  Nîctx»e. 


I^t:t    W    MlWfg  t^t^    «HBièMOmt  —  19:17    LdCf»  —  t^«5  ft  «fat  ftt 


M.  \'i  •/. 


•>^ 


X^kiUH 


;«l 


La  porta  chescon  sa  vitaille 

1910  E  lot  son  conrei  de  bataille; 
Kar  lempereres  le  guaitol , 
Qui  près  d'iloc  se  recetot. 
Li  reis  fesoit  la  guarde  riere 
Qu'il  n'i  perdissent  par  deriere, 

191  j  E  rem|>ereres  soudemeut 
Sailli  de  son  enbuchemeut» 
E  bien  set  cent  de  sa  maisnee. 
Qui  coardise  avoit  feisnee  : 
A  lavant  garde  alerent  traira  « 

1910  E  il  les  leisserent  atraire. 
Lemperere  vint  costeiaut, 
Com  Turcoples  en  berdeiant , 
Tant  qu'il  vint  a  la  riere  garde. 
Dont  li  rois  Ricbarz  esteit  guarde, 

19^3  E  cil  traist  a  lui  dous  saietes 
Entuchiees  en  desbeites. 
Lors  poinst  li  reîs,  si  desrenga. 
E  |[H>r  un  poi  ne  se  venga 
De  Temperenr  sanx  buntez; 

t«>3o  Mais  il  ert  en  Fauvel  montei, 
ki  le  porlol  de  tel  randon 
Cume  cerf  qui  cort  a  bandon 
Dreit  a  son  cbasiel  a  Candaire, 
Toi  pleins  de  doel  e  de  contraire. 

193^  Li  rets  toma  vers  Nicosie, 

Quant  il  fit  que  nel  preadietl  nue: 
Mais  niH  gcni  eurent  gaaignié 
De  bons  cbevals,  e  mabaignic 
Des  Grifetts  e  pris  a  plenlé^ 

i^U  Qui  trop  aveient  Toul  teolê. 
Après  le  roi  lindrent  la  role« 
Si  n'orenl  puis  gvarde  ne  dote. 
A  Nicoi^ie  al  matin  ^riadre»!; 
Onques  U  boi^pn»  ne  w  tiadroit  : 

t a'ô  De  totes  pan  al  ra  veneicnt 
E  a  drett  se^nor  le  teoetenl. 


1.A 


55 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


56 


Fol.  1 5  ^. 


LVopcrrar 
«wuliaplorerla 


Fol.  1 6  a. 

ttMermrmm  ffs- 
cmii.  II,  lu. 


Qu*il  ama  plus  que  rien  WvaDt, 
Iço  Fala  malt  aviVant 

90^5  De  fere  pais  a  tel  mescbief 
Com  il  poreit  Tenir  a  cbief. 
Mescbief  Tu  ço  trop  maleeit 
De  itels  chastels  com  il  aveil 
E  de  si  faite  manantise, 

so3o  Qu'il  leissa  par  recreantise; 
Mais  ço  Taveit  mort  e  pleisië 
Que  tuit  li  soen  Torent  laissié. 
Faire  Testut  :  plus  n*atendi. 
De  Cbandaire  jus  descendis 

9o35  Si  sala  al  rei  Richart  rendre. 
Dont  ne  se  quidot  pas  défendre, 
E  li  manda  aiuz  qu'il  venisi 
Que  pitië  de  lui  li  preist, 
E  quen  sa  merci  tut  rendroit, 

90^0  Si  que  riens  ne  lui  remandreit. 
Terre  ne  chastel  ne  maison , 
Mais  por  s'onur  e  por  raison 
Seul  tant  d'espairgne  lui  feist 
Qu'en  fers  n'en  liens  nel  meist  : 

90^5  Ne  il  nel  fist,  por  cri  de  gent, 
Ainz  le  mist  en  boies  d'argent. 
Devant  le  rei  humiliant 
Vint  a  genoilz  merci  criant, 
E  li  reis  vit  que  ço  ert  a  certes, 

9o5o  E  vit  ses  mescbiefs  e  ses  pertes 
E  que  Deus  voleit  cel  affaire, 
E  cil  qui  nel  poeit  plus  faire; 
Lors  Yolt  celé  of raigne  achever. 
Si  fist  l'empereur  lever 

9o55  E  dejoste  lui  aseeir, 
Si  li  fist  sa  fille  veeir. 
Quant  il  la  vit,  si  fud  plus  liez 
Que  s'il  tenist  Deu  par  les  piez; 
Cent  foiz  la  baisa  en  plorant. 

9o6o  Que  ireie  jo  plus  demuraut? 


En  quinze  jorz,  que  jo  ne  mente. 
Puis  que  Deus  i  ot  mis  s'entente, 
()t  il  Cipre  sue  quitee 
Si  qu'el  fud  de  Frans  habitée. 

9of)5     Quant  li  rois  ot  Cypre  en  demaine 
Pris  a  oes  Deu,  a  bone  estraine. 
Les  cbastels  e  les  fermetez 
Dont  il  ot  les  G  ri  us  ors  getez. 
Les  tors  trova  totes  guamies 

9070  De  trésors  e  de  mananties. 
De  poz  d'argent  e  de  chalderes 
E  de  cuves  granz  e  plenieres. 
De  copes  d'or  e  d'escueles, 
D'esperons,  de  frains  e  de  seles, 

9070  De  riches  pieres  precioses 
Contre  enfermel^  verluuses. 
De  dras  d'escharlele  e  de  seio 
(Ne  vei  tels  en  liu  ou  jo  seie), 
E  de  totes  autres  richesces 

9080  Qui  apartienenta  hautesces: 
Ço  conquist  le  rei  d'Engleterc 
A  ues  Deu,  de  mètre  en  sa  terre. 
A  Lime^n  l'ost  envoia 
E  a  ses  compaignons  proia 

9 08 3  De  son  navire  e  d'els  haster, 
Sanz  nu  le  rien  de  tens  guaster, 
E  fist  guarder  l'empereur 
Al  rei  Guion  le  poigneur; 
E  sa  fille,  qui  mult  ert  bêle 

9090  E  tosette  jofne  pucele, 
Fist  enveier  a  la  reine 
Por  enseigner  e  por  doctrine. 
E  donc  s'en  toma  l'ost  atant 
Tôt  dreit  a  l'estorie  bâtant, 

9095  Si  s'atomerent  e  chargèrent 

E  quant  qu'il  porent  s'avancèrent  : 

Es  enekes  se  recoillirent, 

E  siglerent  quant  lor  tens  virent , 


Itîebanl, 

ipni^  «le  rn*. 


HickarJ     (ail 
fairr    à    Likm» 

«lêpaii. 


rmrS,  II,  x\m. 
Fol.  I  6  b. 


9095  fare  —  9097  maleit  —  9o3o  creantise  —  9oâ3  cspaugne  —  9o4o  Nil  —  9069  vil  moit^  — 
9o5i  E  manque  —  9o53  Lares  aelt  c.  oaeraigne  —  9069  d.  mist  —  9079  cunez  —  9078  v.  nah  tels  en  nuliii 
oti  —  9087  iempenir  —  9099  E  por —  9097  se  tnoii^ 


57 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


38 


Ricbanl  quitte 
Chypre. 

Fol.  16  C. 


E  les  reines  en  menèrent 

sioo  E  les  dromonz  que  iiloc  errent; 
E  li  reis  leissa  en  la  terre 
Tels  genz  qui  saveient  de  guerre , 
Cels  qui  enveierent  vi tailles. 
Orges,  formenz,  mutons,  almaillcs, 

sio5  Dont  la  terre  esteit  bien  garnie, 
Ki  granz  lius  tindrent  en  Sulie. 

Eth  vos  noveles  aportecs 
Par  mer  al  rei  e  recontees. 
Que  la  citié  d'Acre  ert  emprise 

ai  10  A  prendre,  e  qu'elesereit  prise 
Ançois  qu'il  i  peust  venir. 
frJa  ne  doie  ice  avenir, 'j 
Dist  il,  (rque  nul  la  peusse  prendre 
Sanz  moi! 7)  Lors  ne  volt  plus  atendre 

ai  i5  Fors  tant  que  compaignon  venissent 
Qui  compaignie  lui  feissent. 

Fors  ne  sai  quanz  s'en  entremistrent. 

A  Fomagoce  entra  en  mer 
aiao  E  fist  ses  gualees  armer; 

Si  s'en  entra  en  une  beie. 

Merveilles  grant,  fort  e  isnele. 

De  guallees  si  meneilluses 

E  de  genz  si  bateilleruses 
aia5  N'ad  suz  ciel  ne  port  ne  entrée 

Que  mult  n'en  fust  espocntee. 

Eth  vos  les  gualees  meues, 

Que  totes  erent  esleues  , 

Le  rei  devant,  ço  iert  sa  custumc, 
ai3o  Sain  e  legier  com  une  plume; 

Si  tost  come  correit  uns  cerfs 

Traversa  la  mer  en  travers. 

Lores  vit  Margat,  la  costiere 

De  la  terre  Deu  dreiturere , 


31 35  E  après  Margat  vitTortuse 

Qui  resiet  sor  mer  turmentuse, 
E  Tripe  e  Infré  e  Botron 
Trespassa  tut  eu  un  randon , 
E  après  si  vit  Gibelet 

at/îo  E  la  tur  sus  el  chastelet. 

Devant  Saete,  enturBarut, 
Une  nef  al  rei  aparut, 
Plaine  des  genz  Salahadin  : 
Chargie  fud  par  Saffadin, 

2i^i5  Qui  l'ot  des  meillors  Turs  garnie 
Qu'il  pot  trover  en  paenie. 
En  Acre  ne  porent  torner. 
Si  n'orent  fait  fors  relorner 
Tant  que  il  venissent  en  aise; 

ai5o  Mais  lor  entente  fud  malvaise. 
Li  rois  Gst  sachier  e  empaindre 
[Sa  galee  pur  eus  ateindre]; 
La  nef  vit  quant  il  Tôt  atainte 
Grant  et  large  e  de  haute  ateinte  : 

ai 55  De  freis  hauz  mastz  esteit  mastee. 
Ne  scmbloit  pas  ovre  hastee. 
De  vert  feutre  Forent  coverle 
De  l'une  part  la  gent  culverte; 
L'aulre  coslé  rorent  covert 

a  160  D'un  feutre  jaune  li  colvert. 
La  nef  virent  si  acesmee 
Com  si  ço  fust  ovre  de  fee, 
E  si  plaine  de  guamesture 
Que  n'en  iert  nombre  ne  mesure; 

ai 65  Si  reconta  cil  quil  saveit, 
Ki  a  Barut  este  aveit 
Quant  celé  nef  i  fud  chargée 
Qui  a  honte  fud  deschargee. 
Qu'il  vit  porter  cent  chamelees 

9170  De  bones  armes  afilees. 


Prise  d*un  ua- 
\îre  lorc  qui  al- 
loit  aa  scroow 
«fAcre. 


Fol.  I Or/. 


a  1  o3  Cil  —  9107  Ethe  —  911/1  lores  ne  veit  —  a  1 1 5  qae  si  c.  —  9117  matiq^  un  vtn  —  9 1 1 8  en  manque 
—  9196  gent  si  combaieilleruses  —  91 95  nentrcc  —  9197  espontee  —  aiaS  e.  bien  c.  —  9i3i  com  coreil 
— '9i33  Lors  —  91 35  a.  vil  m.  —  9187  E  manque  —  ^ihh  saiïaadin  —  9169  quil  —  9i5i  «taindro  — 
91 59  ver$  i^'ùuté  par  une  main  pluê  récente  —  91 58  laulre  —  9159-60  iniervertii  —  9160  Dun  oncre  — 
9169  Come  —  9 1 67  n.  qui  f.  —  9 1 70  a.  bien  a. 


59 


L*ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


60 


Arcs,  pilez,  quarels,  arbalesles 
A  torz,  rueles,  a  main  prestes, 
E  uit  cenz  Turcs  toz  esleuz 
Que  diable  eurent  esmeuz, 

Q175  E  grani  guamesture  e  vitaille 
Qu*il  n  en  estuet  conte  ne  taille, 
E  de  feu  grezeis  en  violes, 
Tant  qu'il  en  erent  granz  paroles; 
E  si  erent  en  la  nef  mises 

3t8o  Dous  cenz  serpenz  laides  e  grises 
(Ce  conte  Testoire  e  la  letre 
E  cil  quis  i  aida  a  mètre), 
Qu'il  deurent  leissicr  en  Tost  currc 
A  la  nostre  gent  faire  encurre. 

91 85  La  gualee  les  aproça, 

Si  que  près  ne  les  atocba; 
Li  galiot  les  saluèrent. 
Qui  ne  saveientqui  il  erent, 
E  demandèrent  dont  venoient 

3190  E  de  quel  seignur  il  tenoient. 
Cil  eurent  latimer  franceis, 
Si  distrent  qu'il  erent  Engleis 
E  voleient  aler  a  Sur. 
Atant  lor  vint  un  vent  d'Arsur 

2195  Quis  esloigna  delà  gualee; 
Uns  galioz  ot  acertee 
Fol.  17  a.  La  nef  et  cels  qui  enz  estoient 

Que  volenlers  d'eb  partiroient. 
Cil  dist  al  roi  :  crSire,  entendez, 

9  300  trSi  me  desfaites  ou  pendez 

fr  Se  cele  nef  n'est  nef  des  Turs.  d 
Li  reis  dist  :  «r  Es  tu  en  seurs?^ 
(tOil,  sire,  seurement. 
trEnvoez  i  delivrement 

99o5  tr  Apres  els  une  autre  gualee, 
(tE  si  ne  seit  pas  saluée 
(rLor  genz,  si  verez  qu'il  feront 
«E  de  quel  créance  il  seront. ^ 

9171  arbelasiet  —  2179  A  toi  cnieles  —  9173  toz 
9188  qui!  —  919a  uient  — 9195  Qui  les  —  9197  laeni 
—  9908  qnelc  —  991 3  arblastes  —  9996  Nil—  9996 


Li  reis  comanda  :  cil  alerent 

9910  A  cels,  mais  pas  nés  saluèrent, 
E  cil  comencerent  a  traire, 
Qui  n  aveient  a  cels  que  faire , 
D'arcs  de  Damas  e  d'arbalestes. 
Li  reîa  fud  près  e  ses  geni  prestes, 

991 5  Qui  durement  les  assaillirent 

Quant  a  noi  genz  traire  les  virent; 
E  cil  trop  bien  se  defendoient, 
Descordoient  e  destendoient 
Plus  menu  que  ne  vole  gresle. 

3  390  D'ambes  parz  eurent  pelle  mesle; 
La  nef  errot  de  poi  de  vent 
E  il  l'ateignouent  sovent. 
Mais  n'i  osouent  pas  munter 
Ne  il  nés  porent  surmonter. 

9395  Li  rois  jura  illoc  endreit 

Son  sairement  que  il  pendreit 
Les  galioz  s'il  se  laschoient 
Ne  se  li  Turc  lor  eschapoient  : 
Cil  saillirent  come  tempeste, 

933o  Si  se  plungierent  cors  e  teste. 
Par  de  soz  la  nef  trespasserent 
E  repairerent  e  râlèrent  : 
As  governels  liierent  cordes 
De  la  nef  as  genz  vils  e  ordes, 

9935  Por  els  destorber  e  plaisier 
E  por  la  nef  plus  abaissier. 
Tant  rampèrent  e  s'avancèrent 
Que  dedenz  la  nef  se  lancèrent. 
Cil  les  corurent  detrenchier, 

99&0  Qui  ne  furent  pas  esclenchier: 
En  la  nef  a  force  montèrent 
Cil  qui  de  tel  chose  sage  erent, 
E  il  trenchouent  pies  e  poini, 
E  les  grevouent  en  toi  poins. 

9365  Li  galiot  les 

De  si  qu'ai  port  les  enchacierent; 

mon^iif  —  9i83  detuseot  —  9t8à  A  la  g.  deu  f.  — 
•—  9901  Se  et  n' iiupi^tMtil —  9909  est  —  9^07  fipOBt 
quil  prendreil —  9999  coin  —  99^5  les  endiacorsat 


FoLi 


^H 

RI                                    L'ESTOIRE   DE  LA  GUERRE  SAINTE.                                  62 

^^^H 

E  cil  duremeal  recovrerent. 

aaSÔ  A  Sulabadin  le  mandèrent, 

^^^^1 

Qui  de  le  mort  se  redolerent  : 

Kar  kié  e  dolent  en  erenl. 

^^H 

E  monlouent  par  establies, 

sïûo  Si  corn  elserent  establies, 

Treis  feii  tira  sa  barbe  d'ire; 

^^^^^H 

Noveles  goDi  mult  bien  armées 

Lors  dist  que  persone  espei-duc  : 

^^^^H 

D'armeures  trop  acesmees  : 

aîflo  >rDeus!  01-e  ai  ge  Acre  perdue 

^^^^^^1 

D'aiiibes  dous  paiz  se  combatoîenl 

tE  mes  geni,  dont  jo  ère  asseur. 

^^^^^^1 

Si  qu'en  la  ner  s' en  Ira  ba  loi  en  U 

■rTrop  m'avez  doiië  mai  eurl'n 

^^^^^1 

aiGT)  Li  Saraziu  laot  s'esforciereut 

Eu  l'ost  des  paens  tel  doel  Krent, 

^^^^^1 

Que  Jes  galtoi  eucliaciereiiL 

Ço  contèrent  cil  qui  ço  virent. 

^^^^^M 

Li  galiotsei-ecoillii-ent 

aay'.  Que  li  Turc  lor  Iresces  trcnchoueni 

j^^^^^H 

Es  gaiees,  si  rasaillirciil  ; 

E  lor  vestemenz  docirouenl 

^^^^^H 

Ë  li  rcis  lor  disl  qu'il  Imrtasseat 

Por  ço  qu'en  la  nef  iert  perie 

^^^^^H 

siGo  La  nef  lanl  4]ue  il  l'en  fond  ras  eu  t. 

Lor  amor  e  lor  seignorie. 

^^^^^H 

,    Cil  s'ealeisaerent,  si  hurlèrent 

Quant  li  reis  ol  la  fort  nef  prise 

Tant  qu'on  plusoi-s  lins  l'enfondrerent  : 

33oo  E  a  force  la  geut  conquise. 

Par  l'esfondre  M  afondee. 

A  Acre  esteit  sis  desiriers, 

Elli  vos  la  bataille  lînee, 

Si  s'i  traioit  mult  volenlers. 

^^^^M 

saCâ  E  Sarazins  o  défaillir 

Ses  galies  tote»  rengees 

^^^^^Ê 

E  dis  e  dis  en  mer  saiilii'. 

Qui  de  la  nef  serent  vengées. 

^^^^H 

Kol.  17  e.           Cliescons  se  penoit  del  tuer. 

i3a5  Si  com  il  erroït  e  s'cstoire 

^^^^^^H 

La  ïeissiez  fiers  copa  ruer 

Li  tramist  Deus  un  veut  de  boire; 

^^^^^H 

Que  li  reis  Richarï  i  mot. 

Il  haitiez  e  sa  ^nt  liaîtie 

^^^^^1 

9J70  E  les  ociet  e  tuol. 

Jut  devant  Sor  cela  nuitie; 

^^^^H 

E  en  retint,  ço  m'est  avis, 

Al  matin  vit  Caudalion 

^^^^^1 

Trente  e  cinc  qu'il  fisl  guarder  vis. 

i3io  Le  preuz  reis,  le  quor  de  lion. 

^^^^^1 

Admiralï  e  engineors 

E  trespassa  Casel  luiLert. 

^^^^^M 

Qui  saveienl  d'engins  plusors. 

Lors  si  vit  Acre  a  dfseovcrl. 

^^^^^M 

3175  E  li  autre  Turent  nei^. 

E  la  flur  de  la  gent  del  monde 

^^^^^^1 

Turc  e  Persant  e  rcneië. 

Seoir  entur  a  la  reonde. 

^^^^^1 

Se  Tusl  en  Acre  la  nef  mise, 

i3i5  E  vit  les  puiï  e  les  moulainea 

^^^^^1 

Ja  meis  ne  fusl  la  citié  prise, 

E  les  valees  e  les  plaiues 

l^^^^^M 

Tant  eust  porté  de  défense; 

Covertes  de  très  e  de  tentes 

^^^^^M 

niHo  Mais  ço  fist  Deus  qui  des  suens  pense, 

E  de  f>euz  qui  a  lor  ententes 

^^^^^M 

E  li  bons  forx  reis  d'Eogletcre 

r.revoient  la  cristienlé, 

^^^^^1 

Qui  ert  avealurus  de  guère. 

a3ïo  E  si  erent  trop  grant  pienté; 

^^^^^1 

Li  Sarazin  de  la  montaigne 

Vit  les  lentes  Salabadin, 

^^1 

Eurent  veue  cete  ovraigne  : 

E  les  son  frère  Snphadîn, 

^H 

aiâo  elcs  êtes  e.  —  3353  dont  uonf m  —  itGo  qu 

9  Lor«  —  «3o8  iode  —  ii3it  Lores  —  «3.3  (M, 

^^^M 

ouenigrie  —  si,85  «Udin  —  1187  Hlailii»  —  tt 

del  — a3i7C  Jwlurae 

3 

63 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


6i 


Fol.  180. 


UiHerarium  Hi- 
eurdi,  III ,  11. 

Magnifique  ré- 
repUon  faite  à 
nirhard. 


Si  près  de  nostre  ost  cristiane 
Que  trop  Tempressoit  la  paainc; 

33a5  E  Quahadin  d'autre  partie, 
Li  seneschals  de  paianie, 
Gardoit  la  marine  e  la  terre 
E  près  de  Tost  fesoit  grant  guerre, 
Sovent  lor  feseit  granz  assalz, 

93;{o  E  trop  volenters  granz  enchalz. 
Li  rois  esguarda  e  servit 
E  toz  jorz  porvit  e  porvit; 
E  quant  il  vint  près  dcl  rivage, 
La  veissiez  tôt  le  barnagc 

:>335  De  lost après  le  rei  de  France 
Venir  encontre  od  desirance, 
E  mult  ert  gent  encontre  alee. 
A  terre  eissi  de  sa  gualee; 
La*oissiez  trompes  tromper 

a3&o  Encontre  Richartle  nonper. 
Tôt  li  poeples  comunement 
Fud  liez  de  son  avènement; 
Mais  li  Turc  qui  dedenz  Acre  erent 
De  son  venir  s'espoenterent, 

23 A5  E  de  ço  qu'ot  tantes  gualees, 
Car  lors  sorent  qu*erent  alees 
Lor  entrées  e  lor  eissues, 
Por  quoi  mult  genz  erent  perdues. 
Li  dou  rei  s'entrecomvoierent 

a35o  E  toz  jorz  s'entrecosteierent. 
Le  rei  Richart  vint  a  ses  tentes, 
E  mist  grant  paine  e  granz  ententes 
Coment  Acre  sereit  comquise 
E  com  el  sereit  plus  tost  prise. 

9355      Granz  fu  la  joie  e  la  noiz  clere, 
N'onques  ne  cuit  que  Olz  de  mère 
Veist  si  grant  e  dire  Tost 
Come  Tom  fist  del  rei  en  Tost. 
Sonerent  timbres  e  busines , 

ti36o  Corns  e  estives  e  troines  ; 


La  veissiez  joie  pleniere 
De  gent  de  diverse  manière, 
E  biaus  soneiz  dire  e  chançons, 
E  vins  porter  a  eschançons 

a365  E  bêles  copes  par  les  rues 
E  as  granz  genz  e  as  menues; 
Car  ç'avoit  Tost  en  joie  mise 
Que  li  reis  aveit  Cypre  prise , 
Dont  tant  vitaille  lor  venoît 

3370  Que  tote  Tost  s'en  suslenoit. 
Tôt  estoient  en  bon  espeir. 
Ço  fud  un  samedi  al  seir; 
Si  ne  cuid  qu'onques  veissiez 
En  nul  liu  ou  vos  allissiez 

9375  Tanz  cirges  ne  tel  luminaire. 
Si  que  as  Turcs  de  Tost  cuntraire 
Estoit  avis  que  la  valee 
lert  tôle  de  feu  enbrasee; 
E  quant  il  sorent  la  venue 

938o  Del  rei  dont  la  feste  iert  tenue. 
Par  semblant  lores  s'esbaudirent  : 
Al  matin  tôt  le  val  emplirent 
E  traioient  e  herdeioient 
Sor  le  fosse  e  hobeloient, 

2385  E  fesoient  a  Tost  grant  presse 
La  felenesse  gent  engresse. 

Or  larrons  cest  point  ci  a  sivre, 
(Car  bien  le  m'ora  aconsivre 
Qui  entor  moi  tant  sojorra, 

9390  Quant  la  matire  s'i  dorra). 
Des  deus  reis  e  de  lor  venue 
Dont  tante  parole  ai  tenue, 
Que  jo  ai  a  Acre  amenez. 
Ore  oiez,  e  si  retenez, 

9395  Que  jo  Yoil  ici  mon  fil  rompre 
E  celé  matire  entrerompre; 
Mais  il  sera  bien  renoez 
Ë  rathachiez  e  raloez: 


Fd. 


deB 


9893  Si  qae  pr.  —  9899  grant  — 
9359  grant  manqué  -^  935^  ele  •— 
9396  E  i^nz  In  ID.  co  eniprompre 


-  933o  gr.  e  chalz  —  93d&  sesponterent  —  9366  lores,  que  e. 
9358  Com  —  9385  ai  los  t—  9887  ci  mtmque  —  9896  0.  si  o. 


■ 

B^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^W^^ï^^^^^^^^^^ 

^H 

65                                L'ESTOIRE  DE  T,A  GUERRE  SAINTE.                                66 

^^^^H 

Fol 

i8  c.           Car  ii  reî  vindreDt  deicraîn 

Que  l'aventure  issi  curut. 

^^^^1 

a'ioo  Al  siège,  nuu  pas  preineroiti. 
Si  vell  AuHROisKs  foire  entendre 

Guid  de  Luizeinan  golosa 
La  runtesse,  si  i'esposa. 

^^1 

E  saveir  a  cela  qui  aprendre 

L'emfes  fud  reis,  mais  nel  fu  gaires. 

i^^^^^l 

Levoldront,  par  com  faite  enprise 

ihH»  Car  isei  fait  Deus  ses  afaires. 

^^^^^1 

La  citié  de  Acre  fod  assise; 

Quant  de  l'enfant  fut  mescheait, 

^^^^^1 

a'n)5  Kar  il  n'en  aveil  rien  veu 

EhL  vos  le  rialme  escbaieît 

^^^^^^1 

Fors  tant  coine  il  en  a  leu. 

A  la  dame,  ço  fud  raison. 

^^^^^1 

Or  ai  orez  quels  genz  l'asislrent 

E  par  raisonnble  acliaison 

^^^^H 

E  (]uei  hardemeni  il  eupristrenl. 

l'jfij  Se  fud  li  reis  Guiscoronez, 

^^M 

Vos  m'oistes  conter  o  dire. 

Dont  puis  fu  meinl  grant  cop  douez. 

^H 

>!;o  Encore  Tait  bien  a  redire, 

Entre  le  fans  conte  Baenioot 

L.  0.01»  R..-                                   ^^1 

El  coineDcement  de  l'esloire, 

E  Salahadin  dont  jo  cont 

miHid  de  Tnpolt                                    ^^M 

08  a  alcon  vient  a  memoiref 

Ot  longement  une  alîance 

~^M 

Le  grant  damage  e  la  grant  pertt3 
Qui  en  Sulie  avintaperle  : 
ifiir.  Çu  fud  el  tens  le  rei  Guiun 

ïùSo  Dont  en  Sulie  ot  grant  parlance. 
Icil  Baemont  quida  aveir 
Le  riaume  par  son  avoir. 

^M 

Qui  tantôt  persecucion; 

Por  ço  qu'il  ert  de  Tripe  cuens. 

^^^^K 

Mais  tûtes  genz  ne  Mirent  mie 

Mais,  merci  Deu,  ne  fud  pa.s  suens. 

^^^^^^M 

Com  ii  fud  traii  par  euvie. 

3655  Quant  li  reis  Guis  se  corona. 

^^^^^M 

Comm 

m  Gai               Ultre  mer  ot  un  rei  nurrl. 

AcuiUeuscelehonordona, 

^^^^^M 

ï^l'^Tjirt  ''''^o  Ki  Ot  non  le  rei  Amaurj  : 

Toz  ses  barons  comunemeni 

^^^^^M 

«w. 

De  lui  eissi  undamiscis. 

Manda  a  son  coronemenl. 

^^^^^M 

Li  reis  Baudoins  Ii  meseis. 

Li  cuens  de  Tripe  i  fud  mandez; 

^^^^^M 

Baudoins  vesqui  sou  termine 

»'i6o  Mais  por  nient  le  demandez 

^^^^^M 

Tantquii  fud  mandé  a  vermine. 

S'il  ol  eschar  de!  mandement 

^^^^^H 

a'iaû  Cil  ot  dous  sorurs  damoiseles. 

E  s'il  respondi  laidement. 

^H 

Sages  Ternes  e  preui  e  bêles; 
L'une  fud  femme  a  un  baron 

Li  messager  s'en  retorna, 
E  li  cuens  son  eire  alorna, 

^ 

Ki  ot  nun  Raimfroiz  de)  Thonm; 

5S65  S'ala  a  Salahadin  plaindre 

L'autre  ot  a  moiller  esposee 
a^3o  Li  quens  Guillames  Longe  Espee, 

KVn  sa  terre  ne  pot  remaindre 
Por  le  rei  Cuiol  quil  haiet 

Fol.  .y». 

Sire  de  Jafphe  ou  la  mer  bat, 

A  qui  li  règnes  escheiet. 

Frère  al  marchis  de  Montferrat. 

TanI  li  disi  e  tant  lui  menti 

Fol 

18  rf.           La  dame  ot  de  lui  un  madie  eir 

î(i7r)  Que  creslientiez  s'en  senti... 

Qui  rot  nun  Baudoin  pur  voir. 

Eissi  com  il  Taveit  a  chier 

a&35  L'emfes  vesqui,  li  cuena  murut, 

Que  il  l'en  aidast  a  vengier. 

aaygdersin  — aSo6c.joen«U.— sio7  Ora—  i4n  U  prtmier  a  niangut  ~  iSiSlegr.  —  a'iiù  Quen 

—  3&3ij  fu  manfiM  _  «4A/i  reisnable  —  lAlfi  gnot  tnanqtu  —  1&S8  wri  lmn*  m  frinc,  TfUAIi  par  mn/fcfwr» 

—  ïi6a  ail  lui  r.  —  sftIjS  le  règne  —  s'i7»»  oprh  et  ren  il  doit  «n  «iDiifMr  émix  —  •471  ■  nonfiu  — 
^h^t  Quil 

6 

67 


L*ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


68 


Seignor,  a  icele  assemblée 
Fud  la  traisoDs  poq>arlee 

a&75  Dont  la  seinte  croii  fud  perdue 
E  cristienté  esperdue. 
Li  cueus  refud  mandez  a  curt 
E  mult  Ten  teneit  Ten  ja  curt, 
E  il  n'i  Yoleit  pas  venir 

a/j8o  Ne  del  rei  Guion  riens  tenir. 
Le  rei  le  manda  tierce  foiz 
E  dist  qu'il  lui  rcndroit  ses  dreiz, 
E  il  i  vint  a  mal  eur, 
Car  il  esteit  ja  asseur 

a685  De  mètre  la  terre  en  grant  paine, 
E  par  lui  vint  la  malc  estraine; 
Mais  puis  en  morut  il  a  honte 
Issi  com  Testorie  reconte. 
Assez  avez  oi  conter 

9/190  Par  maintes  feiz  e  reconter 
Gai,  après  la  Que  quant  cil  Guis  fud  novals  reis , 

dédite  dct  Ton*  r\    ^'i  J       .  * 

piierf  par  Sala-  ^^"  "  ^®  sejoma  pas  dous  meis, 

din,  tepr^rck  \[^^  ggj  somoudre  par  la  terre 

De  Sulie  les  genz  e  quere 

9/195  Ke  il  le  venissentsucorre; 
Car  Salaliadins  feseit  curre 
Ses  genz  a  plain  par  la  contrée, 
E  qu  en  la  terre  ierl  Tost  entrée 
E  aveit  sa  gent  descomGte, 

9  5oo  Cent  chevaliers  toz  a  eslite, 
Foi.  tgb.  E  Jaquelin  de  Mailli  mort, 

Dont  le  Temple  ot  grant  desconfort; 
E  d'icele  descomfiture 
Comença  la  mésaventure 

95o5  Dont  la  seinte  cristientez 

Fud  puis  tanz  jorz  en  orphentez. 
E  lors  manda  li  coens  de  Tripe , 
A  qui  toz  jorz  pendeit  la  lipe, 
Al  rei  Guion  qu  a  lui  vendreit 

95io  E  q'en  sa  aie  se  rendreit, 


la  goerrr. 


E  vint  a  lui  c  sacorda; 
Mais  li  poeples  puis  recorda 
Que  ço  fud  faus  acordcment. 
Qu'il  le  trahi  sodecment 

95i5  En  la  granlbataille  ou  il  furent, 
Ou  tantes  bones  genz  munirent: 
E  bien  [)ot  estre  qu'il  le  fist, 
E  bien  pot  estre  que  no  Ost, 
Mais  li  plus  tesmonient  sanz  faille 

3590  Qu'il  le  trahi  en  la  bataille, 
E  si  ço  fist  il  deust  fundre. 
Salahadins  ot  feit  somondre 
Ses  genz  de  toz  ses  nuef  reaumes 
A  arcs,  a  haubers  e  a  hialmes, 

a535  E  il  vindrent  od  granz  efl'orz, 
Que  n'i  remist  fîebles  ne  forz. 
Mult  i  ot  admiralz  nomez 
E  nobles  homes  renomez, 
Guarniz  a  lor  terre  leissier 

s53o  Por  crestienté  abaissier. 

Li  reis  Guis  e  li  crislien 
E  avec  lui  Veneizien, 
La  haute  gent  e  la  menue 
Esteit  en  sa  force  venue, 

9  535  L'une  des  ostx  a  Saforie 

E  l'autre  al  port  de  Thabarie. 
I^  nostre,  qui  huer  i  ala, 
A  Thabarie  s'avala, 
Car  cil  qui  les  cors  i  perdirent 

956o  A  Deu  les  aimes  en  rendirent. 
Li  coens  de  Tri|)e  les  menot . 
Qui  de  trahir  les  se  penot. 
Noz  genz  de  lui  ne  se  guardoent  : 
II  disout  e  il  graentouent. 

9  5/1 5  Tant  dist  e  fist  e  porchaça 
Que  lor  ost  la  nostre  enchaça 
Jusqu'à  la  mer  de  Galilée 
Tant  que  l'ewe  lor  fud  veee. 


SaladtD     rat- 
•cnble   aoo   ar- 


Le  roi  Gai  «al 
baUoAUNai^ 
rhasda  ptr  la 
tnhiaond«c**<k 
Tripoli  (4  jttUI. 
1187). 

Fol.  19  c. 


aA88  corne  —  9690  feis  manque  —  9695  Kil  —  a5o7  lores  —  9519  testimonient  —  95a  1  feisl.  dtist  — 
969/1  A  arcs  e  a.  —  9538  sei  ayala  —  i5/i8  vee 


■ 

.                     —    Z.    ■\  A^^^iCiÉ 

^^^^^^^^^^^^^^^^T 

^H 

1 

69                                L-ESTOIRE  DE  LA 

GUERRE  SAIHTE.                                   70 

^^^^H 

1 

La  oier  esl  dolce  e  boue  a  beivre, 

Tolc  la  terre  u  mn  plaisir. 

^^^H 

1 

:.:>Sn  Dont  n  traîtres  lor  Csl  leivre; 

Tôle  fors  Sur  0  Eskalone 

^^^^^1 

1 

E  quant  vint  as  lances  beissier 

(Issi  lot  Deus  sa  l«rrc  e  doue) 

^^^^H 

1 

E  il  s'en  duL  raieU  enpressier. 

E  Jérusalem  seulemeot; 

^^^^H 

1 

Si  s'en  fui  e  cil  remistrent. 

^H 

1 

Qui  les  vies  des  cors  i  mislrenl. 

Escalone  ala  asiogier, 

'^^H 

1 

«555  Ge  ne  sai  qui  l'autre  feri, 

Qu'il  quida  aveir  de  legier;                   '■" 

^^^^H 

Quieschapfl  ne  qui  péri. 

Mais  cil  se  lindreot  fièrement 

^^^^^H 

r 

Gène  fui  [>as  a  la  l.alaille; 

Contre  lui  e  eutierement. 

^^^^^1 

Mais  tant  vos  eu  dî  ge-sauz  faille 

^595  Eimurulgentsarazine 

j^^^^^l 

Que  Deus  ai  toi  ço  [)arveu; 

Mult  eiucets  qu'eu  fust  on  Raisiné, 

^^^^^1 

a:i6o  Car  il  aveitaparceu 

Tant  qu'il  lor  fist  lor  rei  mostrer 

^^^^^1 

Que  tant  aveit  el  mont  péchiez 

E  devant  lor  mms  amener. 

^^^^^1 

E  geiit  nialGmcuI  enlhecliiez, 

E  voleit  por  lui  rendre  aveir 

^^^^^1 

Dont  petit  a  lui  en  venist 

a6oo  La  vilc.eli  reis  iisl  savetr 

^^^^^1 

Si  celé  chose  n'avecist. 

A  cels  dedeuE  qu'il  se  leaissenl 

^^^^^H 

a5fi5  Ce  fu  a  la  Mnreschaucie, 

E  que  por  lui  rien  ne  fcissenl; 

^^^^1 

Qui  est  de  juste  Thabarie. 

Mois  il  ne  se  porent  tenir.                      Fol.  io  a.                          ^^^| 

U  li  reis  Cuisse  combati 

Si  en  eslout  a  plait  venir  : 

^H 

E  lanz  Saraiins  ubali: 

36o5  Eschaloue  por  lui  rendircul 

^^1 

Fol.  .9  A 

Mais  tuterentja  afolii 

E  sais  lorchatels  s'en  partirent  : 

'    ■ 

ï57o  Li  nostre.  e  mort  e  decoM; 

E  li  reis  Guis  fud  lors  délivres 

L-    roi                                                     ^H 

W\  aveîLmais  poiul  de  rescosse, 

Par  tel  covent,  çn  dit  li  livres,                Z 

;.';^r:           ■ 

Mais  sur  le  roi  vindreut  a  surâe 

Que  ollre  la  mer  s'en  ireit                     ''" 

.  à                               ^H 

Tant  qu'il  fud  a  lere  abaluz 

a6io  E  le  riaunie  guerpireit. 

^M 

E  mult  laidiï  c  mult  batuï. 

En  mer  s'en  entra  sanz  faillance 

sâ7 3  La  seinle  cn)iz  ot  eubraciee. 

Por  aquitei-  sa  covenance, 

^^^^1 

Car  se  no  fust  ceie  ombraciee 

E  vint  en  i'isie  de  Turluse  : 

^^^^^1 

H  l'eussent  prise  od  laidure; 

Elh  vos  sa  gent  mult  anguissuae. 

^^H 

Mais  bien  parut  Deus  en  ot  cure. 

•i6i5  La  lui  manda  Snlahadins, 

^H 

SdaJÎDbitG» 

Quant  la  haUiile  fud  finee 

Qui  mult  iert  saives  Sarazins. 

^^ 

Và0>i  l*»l.  U 

a»8o  Que  Deus  ot  issi  destinée. 

Quil  saveit  a  meseurus 

Li  rois  fud  pris  e  la  croii  prise 

Ne  qu'il  n'iert  pas  après  ne  feus, 

loD  tl  »ruulcin 

E  la  gent  presque  tôle  ocise. 

Ë  qui  nel  volt  pas  eschangïer 

Por  quel  tantes  geni  se  croiserenl 

afiao  Ne  d'autre  rei  eslre  en  dangier. 

E  lanz  de  lor  bons  en  leisserent. 

Qu'd  lui  quitot  son  covenanl; 

E  U  reis  revint  maintenant 

955i  duit—  lââK  en  nmjw  —  aSSg  ico  —  i5 

1  monde  —  s56ii  marcluude  —  9^77  prise  nuinqur 

—  9678  p.  que  deui  notaire  —  a&8*  qus  maafw  —  s 

&lj3  Par  eiii  —  s5gâ  Lor».  Muîer  —  aSç)?  quen  1.  — 

■6a*  que  man^  —  s6o4  eshiet  —  «607  loret  —  ■ 

oScdc. —  aei/iinguiae— >6i6  Que— >6ii>  quil 

M  Dell 

^ 

6. 

71 


LESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


7S 


Siif*  ée  Tir 
Fol.  to  6. 


DiUvntdtGui 
d«LvnfMB. 


A  Tripe  desur  la  marine. 
Si  trova  ilioc  la  reine 

«695  E  le  conte  qui  Tôt  bai. 

Que  Ten  dist  qu'il  Taveit  Irai. 
Ki  lores  lui  list  bêle  cbierc, 
Que  que  il  pensast  en  deriere. 
\e  puet  cbaleir  de  tenir  conte 

a63o  Del  traitor,  del  nialveis  conte 
Qui  niisi  a  doel  cristient^ 
E  ineint  enfant  en  orfpbenté  : 
Cbier  compera  la  traison 
Que  il  Gst  e  la  mesprison. 

«635  Car  il  en  munit  laidement, 
La  merci  Deu,  e  soudement; 
Ne  del  siège  qui  fud  a  Sur, 
Que  Saiahadins  trova  sur, 
U  Guillames  de  la  Chapele 

«6^0  Fist  meinte  grand  proesce  c  bêle, 
U  li  frère  de  Thaberie 
Par  cui  la  citië  fud  guarie 
Furent  de  si  grant  liante 
A  Deu  e  a  sa  realté; 

t6hh  Ke  del  marchis  grant  sermon  traire 
Qui  bien  comença  la  a  faire. 
Qui  vint  quant  la  terre  fu  prise. 
Si  fud  un  poi  al  Deu  servise. 
Si  ot  de  bon  comeni^ement 

a65o  Malveis  e  faus  ensivement. 
Al  rei  Guion  est  la  matire. 
Si  n*i  voil  faillir  ni  desGre, 
Qui  eissi  de  cheitivisons  : 
A  celé  matirie  toisons; 

s655  Car  a  Tripe  esloit  revenus, 
Ço  plut  as  granz  c  as  menuz. 
Li  reis  de  Jérusalem  Guis 
lort  si  povres  e  si  csquis 
(iOm  hom  qui  veueit  de  prison  : 

s66o  N\)t  pas  prise  sa  mesprison, 


Qui  n*aveit  rien  vivant  que  prendre, 
E  il  lui  coveneit  despendre; 
E  si  saveit  que  Acre  esteit  prise 
E  la  gent  hors  chaciee  e  mise, 

3(>65  E  ço  esteit  la  clef  de  sa  terre, 
E  il  ne  saveit  qui  requerc. 
A  Dampnedeu  dist  son  meschief, 
E  Deus  en  traist  mult  bien  a  chief. 
La  vint  li  princes  de  Antioche, 

3670  Un  matin  quant  soneit  la  cloche. 
Al  rei  Guion  por  lui  proier 
Qu'il  lui  pleust  a  otrier 
Qu  a  Antioche  retomast 
E  s'i  tenist  e  sojomast 

9675  Tant  qu'il  eust  genz  assemblées, 
Porchaciees  e  années, 
E  qu'il  seust  ou  peust  corre 
E  que  que  seit  as  Turs  rescore. 
Li  reis  s*en  ala  od  le  prince 

a68o  A  Antioche  en  sa  province. 
Si  fud  illoc  un  poi  de  terme 
E  si  i  plura  meinte  lerme 
Por  la  terre  qu'il  ot  eue. 
Qui  esteit  en  son  tens  perdue. 

•j68:>  a  Tripe  ariere  retoma 
E  se  porvit  e  s'atoma; 
E  tant  de  gent  com  pot  aveir 
Od  Tempront  que  il  pot  aveir 
Fist  donc  somondre  e  aprester, 

•J690  Car  ne  voleit  plus  arester; 
E  issi  com  il  atendeit, 
A  genz  auner  entendeit , 
Eth  vos  son  frère  illoc  venu, 
Giefrë  de  Luizeignan,  tenu 

96115  AI  plus  preu  vassal  de  sa  terre. 
Ke  il  esteit  norriz  en  guerre. 
Primes  fud  a  Sur  arivez. 
Mais  n'i  trova  passes  privez: 


G««itWè 


revint  à  TiipilL 
Fol.  to  r. 


SM  frire  à  Tii 
pâli. 


9698  quil  —  9(>'i'i  Qui  f.  0  la  iiiesprision  —  96.16  soudeement  —  96 ^ti  la  numqwê  —  965o  maluttse  - 
96&9  faire  —  i655  rypr«  —  9609  home  —  9660  pris,  rrrt  altère  —  2687  CM  t.  —  968A  qui!  —  S691 
manque^  eiileudeit —  9699  ntendeit 


E 


73 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


74 


CoQraddeMoflt- 
femt  refuse  de 
Rcetoir  Gai  à 
Tyr. 


Car  ie  port  lores  lui  veerent 

9700  Li  marchis  e  cil  qui  0  lui  erenl. 
E  Jefrei  atant  s'en  torna 
E  vint  a  Tripe  e  re torna  : 
Le  rei  Guion  Irova  son  frère. 
Qui  fisl  grant  joie  ai  Gz  sa  mère. 
Fol.  90  d.  9706  E  quant  li  reis  ot  aune 

Sa  gent,  lors  se  sunt  conreé, 
E  vint  a  Sur  tut  le  rivage 
Od  poi  de  gent  e  de  barnage , 
E  trova  les  portes  fermées 

2710  Qui  tôles  lui  furent  veees, 
Que  li  marchis  par  coveitise 
Li  vea  e  par  foie  emprise  : 
Si  lui  vint  de  malveise  vaine 
Quant  ai  rei  vea  son  demaine. 

9715  Li  reis  vit  que  il  n'enterreit, 

Si  dist  que  il  nel  sufferreit  : 

El  sablon  fist  Ochier  sa  tente 

E  fud  illoc  en  bone  entente. 

Dejoste  Sur  Fost  s'ajosta  : 

9790  Si  sachiez  bien  qu'il  li  costa 
Que  la  cite  lui  fud  veee; 
Mais  ço  fud  chose  purparlee 
Del  faus  marchis  de  Monferat, 
Le  filz  le  vaillant  preu  Corat, 

9795  Qui  fud  pris  en  la  grant  bataille  : 
Cil  ne  li  veast  pas  sanz  faille, 
Car  il  ert  prodom  e  liaus; 
Mais  li  filz  esteit  desliaus. 
Goiréoniiooe  Les  geuz  de  Sur  qui  Deu  amouent 

petite  année  pour  r«         •  tn 

oMrfberiurAcre.  9780  Ë  qui  par  Dou  so  reclamoueut 

Guerpirent  la  citië  mult  tost, 
E  si  vindrent  al  rei  en  Tost  : 
Ço  furent  li  preu  Aleman  , 
Qui  grant  liu  i  tindrent  cei  an, 
9735  E  li  frère  de  Thabarie, 


La  plus  leial  gent  de  Sulie; 
Si  i  fut  la  vaillanz  genz  de  Pise 
Qui  furent  bien  al  Deu  servise, 
Qui  si  laissèrent  lor  maisons 

97/io  E  mult  de  lor  possessions, 
E  femmes  e  emfanz  menèrent 
Devant  Acre  ou  Sarazin  erent. 

Li  reis  fist  de  son  frère  feste  : 
Si  dist  Testoire  qui  ne  ceste 

97/Ï5  Que  quatre  mois  fud  sujornez 
Einceis  qu'il  se  fust  atornez 
Joste  Sor  en  la  sabloniere , 
Sa  citié  qui  fud  dreituriere; 
E  quant  ses  genz  ot  amenées, 

9760  Par  tote  la  terre  années, 

0  cels  qui  grant  liu  donc  i  tindrent, 
Qui  ovecques  son  frère  vindrent, 
N'ot  que  quatre  cent  chevalers 
Ne  que  set  mile  peoniers 

9755  A  mener  a  Acre  aseoir. 

Ço  n'osast  nus  autre  hoem  pur  veir  ; 
Ço  fud  merveille  qu'il  pensa , 
Fors  en  tant  que  Deus  le  tensa , 
D'aler  s'en  sor  la  gent  embalre 

9760  Qui  ierent  pur  quatre  cent  e  quatre; 
Mais  Deus  voleit  ço  qu'en  avint 
Del  grant  ost  qui  a  Acre  vint 
Que  Salahadins  enforçot 
E  durement  s'en  esforçot, 

9765  Ki  bien  quidot  que  gent  vendreeent 
Qui  a  ravoir  la  entendreient. 
Li  rois  se  mist  en  l'aventure 
Dampnedeu  ou  il  ot  sa  cure; 
Si  conduist  l'ost  que  il  aveit 

9770  Par  un  chemin  que  il  saveit. 
Entre  Acre  e  Sur  a  un  fort  pas. 
Que  l'ost  passa  ignelepas  : 

9706  iore»  —  9710  vees  —  9716  qui!  nenlereit  —  9716  quille  stiffreit  —  •7<7  fichier  manqué  — 
9791  citée,  vee  —  9798  mon  ferant  —  979a  pr.  corant  le  vaillant  del  —  9789  E  manque  —  978Û  icel  — 
9786  leiale  —  9787  Si  i  furent  —  97A8  dreiture  —  9780  E  par —  9766  nosasl  nul  home  —  9766  lendreinl 
—  9769  quil  —  9770  quil 


ItvurâiimmBi- 
ernrH,  I ,  xxfi. 

Fol.  9 1  a. 


75 


L^ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


76 


Fol.  ti  b. 

L'armée  de  Gai 
If  rend  à  Acre. 


Gui  met  le  li^ 
devant  Acre,  et 
Saladin  vient  au 
seeoande  la  ville 
(1189). 


Foi.  9 1  e. 


C'est  le  pais  Candeiion  ; 

La  passa  0  le  rei  Gaion; 
3775  Mais  Salahadins  nel  sot  mie, 

Car  tôt  le  or  qui  est  en  Rossie 

i\el  garantist  s'il  le  seust, 

Car  toz  detrenchié  les  eust; 

Mais  Deu  volt  qu'il  fust  altrement, 
3780  E  ço  esteit  le  coinencement 

De  rescorre  cristienté 

Que  il  crut  mult  a  grant  plent^. 

Eth  vos  Tost  le  rei  devant  Acre 

El  non  del  seint  cors  que  Ten  sacre, 
3785  Que  nos  cristiens  aurom  : 

Eht  le  vos  monté  el  Thorom. 
El  Thorun  devant  Acre  furent 

Li  cristien  qui  de  Sor  murent, 

E  fud  sanz  dotance  la  veire 
3790  Que  il  montèrent  par  nuit  neire: 

N'osèrent  pas  el  bois  remaindre, 

Por  ço  alerent  en  haut  maindre. 

Al  matin  quant  li  Turc  eissirent 

De  la  citié  et  il  les  virent , 
3795  Eth  vos  Acre  tote  esmeue, 

Chevalerie  comeue  ; 

A  Salahadin  donc  mandèrent 

Que  plain  poin  de  crestiens  s'erent 

Sor  els  embatu  folement, 
9800  E  qu'il  venist  isnelement 

De  chascon  d'els  la  teste  prendre. 

Car  ne  s'osereient  défendre. 

Quant  Salahadins  Tôt  oi 

Sachiez  que  mult  s'en  esjoi 
3805  Al  siège  ou  il  ert  a  Biaufort, 

Que  il  feseit  assaillir  fort. 

Son  riere  ban  i  &st  mander, 

E  par  ses  terres  comander 

Que  chescons  de  sa  seignorie 

3783  Quil  —  9783  le  rei  manque  —  9790  Quil  — 
—  9809  osèrent  —  3806  en  manque  —  9803  Quil 
9895  £  il  qui  quida  bien  auoir  —  9*897  Ore  ne  f. 
%Sk%  quil,  prendre  manque 


«a» 


9810  Venist  al  guaing  de  Sulie. 

Trop  i  vintgent,  Deu  les  confonde 

Ki  fist  e  ciel  e  terre  e  monde! 

Que  si  nostre  gent  fust  mincee, 

N'en  eust  chascons  sa  pincée. 
381 5  Le  tierz  jor  que  nostre  geni  vindrent,    Pm 

Qui  el  Torun  en  haut  se  iîndrent 

E  tote  nuit  armé  esteient , 

Por  Sarazins  quis  assaiileient, 

Eth  vos  la  gent  Salahadin , 
3820  Turc  e  Persante  Bedoin, 

Qui  veneient  les  places  prendre 

E  tote  la  terre  porprendre; 

E  al  tierc  jor  de  la  semaine 

I  vint  Salahadins  demaine, 
3835  E  il  quida  bien  tost  avoir 

Les  testes  de  noz  genz  por  veir  : 

Or  ne  feit  pas  a  merveillier 

Si  les  estuveit  trop  veillier 

E  travillier  e  els  esperdre , 
383o  Qui  quidouent  les  testes  perdre; 

Car  al  Thoron  ou  il  estoient 

Li  Turc  nuit  e  jor  assailleient, 

E  si  sovent  les  travailloueut 

Que  a  grant  paine  nis  menjouenU 
9835  La  ot  Jefrei  de  Leuzengnan 

A  l'ost  défendre  grant  haan , 

Qui'pieça  iert  preuz  e  osez, 

Mais  or  fud  il  mult  alosez. 

Issi  furent  des  le  lundi 
9860  En  péril  jesqu'al  vendresdi. 

Si  orez  come  Deus  reguarde 

Cels  que  il  velt  prendre  en  sa  guarde; 

Qui  a  lui  servir  se  velt  duire 

Nule  rien  ne  lui  poreit  nuire. 
9865  Si  com  il  erent  en  tel  dote, 

Li  rois  e  sa  compainie  tote  Fol. 

9796  cornue  —  9797  saladin  —  9798  creslien  erent 

-^  9807  i  fiioii^ii^  —  9819  les  deux  e  manqunU  — 

9898  trop  manque  —  9888  ore  —  984 1  oom  — 


77 


L'ESTOiRE  DE  LA  GUERRE  SAIÏ<TE. 


78 


leJae- 
mes. 


En  haute  mer  en  loinz  gardouent, 
E  a  Deu  mult  se  dementouent 
Qu'il  lor  feist  alcon  secors  : 

a85o  Eht  vos  venir  tôt  le  dreit  cors 
Une  bêle  estorie  d*enekes, 
De  gent  qui  veneient  ilioques: 
Ço  ert  Jaches  d'Avesnes  en  Flandres, 
Si  ne  cuit  c*onques  Alixandres, 

2855  N'Ector,  n'Achilies  mielz  valusent, 
Ne  que  meillor  chevalier  fussent; 
Ço  estoit  Jakes,  qui  tôt  vendi 
E  enguaga  e  despendi 
Ses  terres  e  ses  héritages, 

9860  E  dona,  si  fist  muit  que  sages, 
Cuer  e  cors  e  aime  en  aie 
Al  rei  qui  vint  de  mort  a  vie  ; 
Quatorze  mile  homes  armez 
Aveit  bien  0  lui  renomez. 
d'oo«  9865  Ço  ert  Testorie  de  Danemarche, 

E  maint  preu  chastelain  de  Marche 
E  de  Cornewaille  i  aveit: 
Ço  dist  tels  qui  bien  le  saveit. 
Cil  aveient  de  bons  destriers, 

9870  Brons  e  baucens,  forz  e  legiers; 
E  quant  il  durent  ariver, 
Lores  veissiez  Turcs  desver; 
A  val  la  marine  acorouent 
Si  que  en  la  mer  se  ferouent, 

9875  E  cil  dedenz  Acre  ensement, 
Qui  traioient  espessement;^ 
Mais  cil  del  Thoron  a  val  vindrent,  « 
Qui  de  deus  parz  lor  estai  tindrent. 
Tant  que  endreit  els  les  chargèrent, 

9880  Mais  li  Turc  avant  les  chacerent. 
Qui  totes  voies  à  els  traistrent  : 
Neporquant  cil  avant  se  traistrent. 
Salahadins  a  Tost  veue, 
Si  dist  :  <r  Ore  est  preie  creue.  n 


«•e 


9  9  a. 


9885       Quant  li  halz  reis  que  Tem  aore 
Ot  s'ost  creue  en  si  poi  d'ore, 
Tant  que  auques  fud  aseuree. 

Qui  ainz  eust  poi  de  durée 

Mais  iot  ensemble  s'esbaudirent 

9890  E  jus  del  Thoron  descendirent, 
Si  se  tendirent  e  logierent, 
E  la  citié  d'Acre  asiegierent. 
Si  qu'il  esteient  asiegië 
De  deus  parties  e  gregié. 

9895  Li  Pisan  firent  vasselage. 
Qui  se  logierent  el  rivage 
E  gardèrent  la  la  marine 
De  la  cruel  gent  sarazine, 
Que  quant  les  nés  i  arivassent, 

9900  Qu'il  nés  preissent  ne  grevassent. 
Un  vendresdi,  la  matinée, 
I  ot  une  fiere  assemblée 
De  deçà  devei^s  Mont  Musart 
E  genz  morz  de  chescone  part. 

9905  Cil  delà  vile  s'en  issirent. 
Si  que  a  force  recoillirent 
En  Acre  une  carvano  grande 
E  chameilz  chargiez  de  viande, 
E  a  Salahadin  menèrent 

9910  La  preie  qu'il  i  conquesterent; 
En  Acre  entroient  e  issoient 
Corne  cil  qui  la  force  a  voient. 

La  gent  qui  en  Acre  s'ert  mise, 
Ço  sachiez  bien ,  ne  fud  pas  prise 

9915  A  charete  ne  a  charue; 

Ainceis  fud  puis  chose  seue 
Qu'entre  toz  cels  qui  Deu  mescroient 
N'ot  meillor  gent  que  il  estoient 
Por  vile  guarder  e  défendre 

9990  E  por  cbastel  a  force  prendre. 
Ne  demora  fors  la  quinzaine 
Que  illoec  vint  li  coens  de  Braine 


IjeflCroiiétre*- 
terrent  le  si^. 


Les  PiMDf  oc- 
cupent le  rivage. 


Les  Sarranos 
in  lèvent  ooe  ca- 
ravane. 


Fol.  99  6. 


lUnenariumRi- 
tardif  I ,  nil. 


9853  Co  est,  anemes  »—  1881  tote  —  9888  ofrèi  e»  vin  il  doit  en  manquer  deux  —  9906  qiia  —  99 1  o  quil 
i  menèrent  —  291 9  Com  —  991 5  na  —  991 7  mescreoient  —  9918  qiiil 


79 


L'ESTOIRË  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


80 


E  ovec  lui  Andreu  son  frère 
De  bone  dame  e  de  bon  père. 

9995  Li  seneschals  de  Flandre  i  vint 
E  0  lui  barons  plus  de  vint, 
E  Fandegrave  d'Alemaine 
Qui  aveit  bons  cbevals  d'Espaine; 
Si  i  vint  Tevesque  de  Biauveiz 

9980  Qui  n'esteit  ne  vielz  ne  desfaiz; 
E  sis  frères  li  cuens  Roberz, 
Vistes  chevalers  e  aperz; 
E  si  i  vint  li  cuens  de  Bar, 
N'ot  plus  corteis  de  si  qu'ai  Far; 

9935  E  maint  allre  prodome  e  sage 
Vindrent  en  Tost  a  cel  passage; 
Mais  merveille  com  plus  veneient 
E  Sarazins  meins  les  cremeient, 
Qui  lor  livroient  trop  ententes 

99/10  E  venoient  jusqu  a  lor  tentes. 
Cil  de  la  vile  hors  issoient 
E  li  autre  toz  jorz  creissoient, 
Dont  la  terre  esteit  si  porprise 
Que  la  nostre  ost  se  tint  por  prise; 

9965  Mais  neporquant  toz  jorz  se  tindrent 
Al  rei  hait  por  qui  il  i  vindrent. 

Quant  la  guerre  fud  devant  Acre, 
Prestres  nuls  ne  clerc  ne  diacre 
Ne  poreient  conter  ne  dire 

»95o  Les  granz  travailz  ne  la  martire 
Que  li  cristien  i  sostindrent, 
De  si  la  que  li  rei  i  vindrent, 
Cil  de  France  e  cil  d'Engletere, 
Qui  mistrent  les  murs  d'Acre  a  terre, 

«955  E  les  bones  genz  qui  s'esmurent , 
Qui  Deu  amerent  e  Deu  crurent. 

Cel  jor  d'un  vendresdi  me  menbre, 
E  si  fud  el  mois  de  setembre, 
C'une  laide  mésaventure 

99()o  Vint  a  noz  genz  e  laide  e  dure. 


Li  Sarazin  les  assaillouent 
Si  que  nul  jor  ne  defaillouent. 
Eth  vos  que  cristien  s'armèrent 
E  par  conreiz  se  conreerent, 

9965  Devise  par  conestablies 
Si  com  els  furent  establies. 
L'Ospilal  fud  sor  la  marine 
Ou  trop  aveit  gent  sarazine, 
E  li  Temples  premièrement: 

9970  Ço  ert  toz  jorz  le  comencement. 
Li  coens  de  Draine  0  sa  maisnee 
Qui  en  mi  l'ost  esteit  rengiee, 
L'andegrave  e  cil  d'Alemaine 
Qui  furent  gent  de  grant  compaine , 

9975  Mestrent  a  la  mahomerie. 

Car  bien  lor  dut  eslre  merie . .  • 
Li  reis  Guis  e  la  gent  de  Pise 
E  altres  genz  de  grant  emprise 
Furent  sor  le  Thoron  a  destre 

9980  Por  gueitier  les  Turs  e  lor  estre. 
Sarazins  vindrent  ad  esfrei  : 
La  veissiez  meint  gent  conrei. 
Li  Templer  e  FOspital  poiostrent. 
As  premerains  conreiz  se  joînstrent, 

9985  Sis  desconGrent  e  perchierent  : . 
Cil  fuirent  e  cil  chacerent; 
E  nostre  gent  autretel  firent, 
E  Sarazin  se  desconfirent; 
Mais  tel  plenté  en  i  aveit 

9990  Que  nul  cristiens  ne  saveit 
Quel  part  il  deussent  torner. 
Li  Turc  ne  sorent  retorner  : 
Ja  erent  près  de  la  montaine. 
Quant  diables  Gst  une  ovraigne 

9995  Par  quoi  mult  de  noz  genz  munirent 
E  périrent  e  encorurent. 
Par  un  cheval  qui  eschapa 
A  un  Aleman  quil  chaça 


3995  flandres  —  9980  desfraii  —  9986  prodom  —  9966  quil 
9959  i  manque  —  9960  e  manque 


19/18  ne  ifinfi^  —  sqSi  Qui  — 


81 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


82 


fbile      lies 

if. 


E  Osl  a  ses  compaignons  sivre, 
3ooo  Qui  nel  poeient  aconsivre. 
Li  chevais  fui  vers  la  vile, 
E  Sarazins  plus  de  cent  mile 
Quiderent  que  noz  gens  fuissent 
E  que  il  sei  desconfeissent  : 
3oo5  Sor  els  poinstrent  e  retornerent, 
E  cel  jor  tels  les  atomerent 
Que  cil  qui  a  Tost  suelt  entendre 
Ot  assez  a  sei  a  défendre; 
Car  por  un  erent  vint  e  quatre, 
3oio  Qui  se  penouent  d'els  abatre, 
E  qui  ot  gibet  e  ot  mace 
En  laissèrent  morz  en  la  place. 
MmriimiB^  La  fud  occis  Audreu  de  Braine  : 

[rt*  d'André  ^"®  i^  s'aime  ne  seit  en  paine! 

"'««         Soi 5  Car  tels  chevaliers  ne  murut 

Ne  tantes  genz  ne  socurut. 

'ol.  9  3  a.  La  fud  li  marchis  en  tel  presse 

De  Montferat  de  gent  engresse, 
Si  li  reis  Guis  nel  sucurusl, 
3oao  Ke  icel  jor  i  encurust; 

E  meimes  en  cel  contemple 

rt  du  grand  Fud  ocis  11  maistros  del  Temple, 

Cil  qui  dist  la  bone  parole 
Que  lui  vint  de  la  preuz  eschole, 
3oq5  Quant. la  gent  coarde  et  hardie. 
Lui  distrent  a  celé  envaie  : 
r  Venez  vos  en,  sire,  venez  In 
E  venist  s'il  s'en  fust  penez, 
«rJa  a  Deu,T)  ço  dist  il,  (?ne  place 
3o3o  frQue  donc  mais  seie  en  altre  place, 
(tNe  qu  al  Temple  seit  reprové 
r  Que  l'em  m'ait  en  fuiant  trové  !  y^ 
E  il  nel  fist,  ainz  i  murut, 
Car  trop  des  Turcs  i  acurrut, 
3o35  e  bien  cinc  mile  gent  menues 


v  du  Tem- 


Dont  les  chars  en  remestrent  nues; 
E  quant  cil  de  la  vile  sorent 
Que  cil  noz  genz  desconfiz  eurent, 
Es  chevais  arabiz  montèrent 

3o4o  E  vindrent  hors,  si  enconlrerenl 
Les  noz  si  merveillusement 
Que  lor  esteust  malement 
S'il  ne  s'eussent  défendu; 
Mais  lors  i  ot  estai  rendu , 

3045  E  lors  vit  l'em  chevalerie 
E  ferir  sur  la  gent  haie. 
La  le  fist  bien  li  reis  meismes, 
Icel  Guis  dont  nos  vos  deimes, 
E  danz  Giefrei  de  Linzegnan, 

3o5o  Qui  soffri  le  jor  grant  ahan, 
E  Jakes  d'Avesnes  li  preuz, 
Qui  en  la  terre  fist  taoz  pruz, 
E  li  autre  quis  reuserent 
Si  qu'en  Acre  les  entassèrent. 

3o55      Issi  ala  celé  jornee 

Que  Fortune  aveit  atornee. 
Or  sunt  Sarazins  esbaudi 
(Deus  les  maudie  e  jes  maudi!), 
Que  lors  vindrent  il  engressant 

3o6o  Noz  cristiens  e  empressant 

Assez  plus  que  devant  ne  firent; 
E  quant  li  prodome  ço  virent, 
Si  distrent  donc  la  baronie  : 
«rSeignurs,  nos  n'i  guaignons  mie. 

3oG5  tf  Pernoms  un  conseil  sucurable 
ff  Contre  ceste  gent  a  diable 
rrQui  tote  jur  a  nos  asemblent 
frE  la  nuit  noz  chevais  nos  emblent.» 
Tels  fud  li  conseilz  e  l'affaire 

3070  Que  il  firent  un  fosse  faire 
Grant  e  parfont  e  le  e  large, 
E  il  i  misent  meinte  targe 


Oéfenie  déses- 
pérée deR  cheva- 
iien  chrétiens. 


Fol.  î>3  h. 


Itmêrarhim  Bû 
UKrdit  I ,  isu. 


3oo6  qui  sei  desconfiseent  —  3oo6  les  manqm  —  8007  uelt  ^-  3oo8  entendre  —  3oi8  montferant 
3oflo  Ki  —  3oai  icel  —  3oa5  ot  h.  —  3o86  icel  —  3o36  en  manqué  —  3o6o  sis  —  3o/i8  estost 
ZokU  iores  —  3o45  lores  —  3o5i  dauernes  —  3o53  quil  —  8067  Ore  —  SoSg  lores  —  3o6s  prodom 
8070  Quil  —  8079  il  meisent 

6 


mptiwtsit  ■ATteiàiB. 


M 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


8& 


Siiloflillfoitjr- 

\rr  (lins  le  fleuri 
In  cadivreu  (1p< 
rlir«'li^ns. 


*1hHfrarhm  /iV 
rmnii,  1 .  m. 


Vj  mainz  escuz,  de  poni  parties; 
Si  erent  les  terres  parties. 

3075  Li  Saratin  les  assailloient, 
Qui  reposer  pas  nés  laissoienL 

Oiei  trop  (jrant  conrusion 
Qu'il  avint  de  Toccision 
Dont  j'aveie  devant  traitié, 

:<oKu  Dont  li  Franc  Turent  deshaitié. 
Lendemain  de  eele  aventure 
E  de  celé  descomfiturc 
Del  mielz  de  Tost  tôt  a  eslite, 
Dont  nosire  gent  fud  dcsconfite , 

;<o8r>  Moût  ot  de  morz  de  genz  menues 
Qui  la  erent  porDeu  venues; 
Fol.  93  c.  Les  cors  des  niorz  fist  trestnz  prendre 

Salahadins,  sis  nos  fist  rendre 
E  trebuchier  cm  el  flum  d'Acre. 

3090  La  veissiei  muit  lait  maçacre, 
Car  li  cors  a  val  Fewe  alerent , 
Si  que  jasqu*en  Tost  ne  finerent. 
Dont  la  pnurs  si  grant  eisseit, 
Si  que  li  monz  des  mon  croisseit, 

3095  Que  tote  fost  d'iloc  fui 
Devant  que  Ten  les  enibi  ; 
E  puis  que  il  les  enfuirent 
Grant  tens  la  flaur  en  fuirent. 
Cristien  firent  le  fossé 

3ino  Ou  il  se  furent  adossé; 

Dedenz  le  fossé  se  tenouent 
Quant  li  Sarazin  i  venouent, 
Ki  toz  jon  lor  firent  enclialz 
E  par  les  freiz  c  par  les  chauz. 

3io5  El  fossé  esteit  la  bataille 

De  la  (|[cnt  Deu  e  la  chenaille  : 
Li  nosire  le  voleient  faire, 
E  cil  tendouent  al  desfaire. 
La  veissîcz  en  dessaietes 

3i]o  Plus  de  cinc  cent  mile  sactes 


L«Uc«dnclirv- 
ti««fl  H  drf  Sar- 


3] 


3i 


3i 


3j 


3j3o 


3i 


3i 


Que  li  fosseur  Irametoient 
Es  mains  a  ceis  quis  defendoieiit; 
La  veissiez  de  deus  parties 
Genz  corajoses  e  hardies; 

1 5  La  veissiez  gent  roeler 
E  cheoir  e  esboeler; 
De  roistes  cops  se  départirent  : 
Devant  la  nuit  ne  départirent. 
Des  le  termine  de  Temprise 

30  Que  Tost  a  devant  Acre  assise, 
Desque  vers  la  feste  toz  rainz, 
Ço  sai,  si  Toi  dire  a  mainz. 
Ne  finerent  de  gent  venir 
Qui  bien  durent  k>r  liu  tenir. 

95  Lores  vint  li  mens  de  Ferieres, 
Qui  mist  plus  de  cent  Turcs  en  bières. 
Car  il  esteit  archers  si  bons, 
Yaveit  roeillor  de  si  qu'a  Duens; 
E  si  i  vint  Guiz  de  Dampierre, 

3o  Qui  ot  maint  bel  chaslel  de  pierre: 
S'i  vint  li  evesque  de  Vérone, 
Que  Tem  teneit  muit  a  prodonie. 
Tut  cist  a  cest  passage  vindrent , 
Martyrs  e  confessors  devindrent. 
Car  li  {ilus  aisiez,  ço  os  dire, 
I  fud  assez  en  grant  martirc 
E  de  peur  e  de  veillier 
E  de  jur  e  nuit  travillier  : 
Car  ne  pociont  reposer, 

&o  N'il  ne  s*osoueul  pas  poser 
De\'ant  ço  qu'il  o«*nt  parfait 
La  fossé  ou  tant  mal  ot  fait. 

A  feste  toz  seinz  la  sorveiile 
Avint  en  l'ost  une  merveille , 
E  merveille  e  mésaventure 
Fu  ço  trop  granz  e  laide  et  dure. 
Que  li  cristien  enduraient 
Les  Iravailz  qui  trop  lor  duraient, 


AnitétéÊm 
leau  CnMi. 

Fol.  ji3  d. 


Arriww 
l'Mqw  de  y 


'10 


IlimtrmHmml 
tmr^,  I,  un 

Dm      Sol 

ûgypUraae  vif 
•m  wcMm  4* 
crp. 


3o85  l  ot  de  m.  o  p.  —  3097  i|uil  —  3ioo  se  manque  —  3ior>  0  de  la  rh.  —  3i  1 1  metoient  —  3i  i3  d*- 
dens  p.  —  3i/jo  oser —  3iâi  fait  —  3i^3  scnieille  -  -  'AiH-j  crislieni 


87 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


88 


FoJ.  a^i  C. 

iUnernriiim  Bi- 
•  ardi,  i,  ixxiil. 

Lc-s  Aileinbmls 
r(<iiMrais<>nl  un 
iiion'iii  5  v<nl. 


La  nouvrlk 
rie  la  Oiorl  de 
Frédérie  Bar)i($- 
louise   arrive   h    ^aAo 


lùrttaiiumhf 
irJi,  1,  ixiT, 


Jci(.-  lies  b&r- 
irf>iiiset  tiitlfsie 
•  I'»  Croisés. 


Fol   i/h  (l. 


S-jj:")  E  lors  firent  en  cel  quaresme, 
Si  com  Ahbroisb  dit  e  esme, 
Li  Aieman  premièrement 
Le  premerain  molin  a  vent 
Que  onques  fust  feiz  en  Sulie, 

;^28()  Veiant  la  gent  qui  Deus  maudie, 
Que  estrangemeut  esguarderent, 
E  grantment  s'en  espoenterent. 
En  Tost  Deu  vint  une  noveie 
Ki  de  primes  fud  bone  e  bcie , 

.^j.Sf)  E  puis  fud  pesanz  e  dotose 
E  (Icshaitiee  e  enuiose  : 
Ço  i'ud  del  bon  empereur 
De  Alemaine,  qui  ot  vigor 
Ala  al  sépulcre  par  terre 
Por  la  merci  de  Deu  i*equerre, 
Ki  murut,  ço  fut  grant  damage, 
Al  fluminaire,  en  un  passage, 
A  un  gué  qu  il  n'ot  pas  temple. 
Si  com  Deu  vint  a  voieuto; 

3d/i5  Dedenz  Acre  tel  joie  en  orent 
Des  noveles  quant  il  les  sorent 
Qu'il  tombouent  e  thaborauent, 
Si  qu'autre  rien  ne  laborouent. 
Si  veneient  sor  les  toreles 

;^J^)o  A  noz  genz  dire  les  noveles 
Qu(>  Salahadins  bien  saveil 
E  qui  mandé  le  lor  avcit, 
Si  crioient  a  voiz  hauciee 
De  sum  les  murs  meinte  fiée, 

.^.>.>^)  E  firent  dire  asreneiez.: 

ff  Vosfre  em[>ereres  est  noiez.^j 
Lors  ot  en  Tost  tele  frislesce 
E  tel  deheii  e  tel  destresce 
Que  de  lur  bien  ne  lor  teneil 

3?r)o  Fors  del  passage  qui  veneit 
E  de  Tespeir  de  la  pramesse. 
Que  ja  iert  |)ar  mi  Tost  espesse , 


De  la  venue  des  bauz  bornes 
Des  reis  de  cui  terre  nos  sûmes, 

3365  Celui  de  France  e  d*Engletere, 
Qui  après  vindrent  en  la  terre, 
E  por  ço  fud  Tost  confortée. 
Eth  vos  la  noveie  aportee. 
Après  la  Pasche  un  poi  toi  dreit, 

3370  Que  Testorie  de  Survenoit, 
E  eth  la  vos  el  port  venir  : 
A  donc  vos  peust  sovenir 
De  formiz  ki  de  formilliere 
S'en  issent  devant  e  deriere; 

3375  Car  tôt  autresi  s*en  issoient 
Li  Turc  qui  en  la  vile  estoient, 
Plus  de  dis  mile  genz  armées, 
Toz  coverz,  il  e  lor  gualees, 
De  dras  de  seie  e  de  tapiz, 

3380  De  buquerains  e  de  samiz. 

Eth  les  vos  toz  contre  rcstorie , 
Qui  tost  veneit  del  vent  de  boire. 
Contre  val  la  rive  fendant, 
E  Tautre  Taloit  atendant 

3:i85  Qui's'iert  a  els  venu  combatre 
E  a  force  sor  els  embatre, 
E  cil  sor  els  lot  ensement. 
Qui  veneient  hardiement. 
C'ert  li  marchis  qni  Sor  teneit  ^ 

3390  Qui  sor  Testôrie  as  Turcs  veneit 
Od  cinquante  vaissels  armez 
E  bien  coverz  e  ascemez. 
La  veissiez  tantes  banieres 
E  tantes  genz  pruz  e  manières,  . 

3395  Hardies  e  vistes  e  prestes I 

Lors  treslrent  cil  as  arbalestes. 
A  tant  eht  vos  la  començaiiie 
E  des  estories  la  bataille: 
La  n'aveit  mie  ceardise; 

33oo  E  cil  de  Gienve  0  cil  de  Pise 


/lum 
M 

Juim 
floUcdc 


Fol.  3 
Kalaiil 


333i>  lores  —  .'JaaH  pHiiiiitT  —  3332  esjioiilei ent  —  3330  deshaitiez  —  3a55  empcrere  —  3267  Lores 

—  3a6i  E  manque  —  3 3 6 a  nii  manque  —  3371  E  nmnque  —  3a8i  lo  v. ,  loi  manque  —  3a8a  loi  veneient 

—  3390  loslones  —  3391  vassals —  339O  Lores  trestrcslrent,  arblesles 


91 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


92 


Victoire  navale 
lin  Croi«^. 


Acre  cft  blo- 
qué. 


Itintrmnum  10- 
eêrii,  1,  XYXU. 

Aflsaal  doiibë 
par  test  Croisés. 
Aicensiofi. 


Fol.  a5  c/. 


Sortie  dx  Sar- 
a»iD«. 


337:»  Ce  estoii  en  Tost  ia  grande  guerre 
Qu'il  aveient  devers  la  terre. 
Devers  la  mer  ert  la  bataille 
Qui  tote  jor  dura  a  taille; 
Mais  neporquant  la  nostre  estoire, 

3:^«f.  Merci  Deu,  en  ot  la  vicCoire; 
Car  de  jur  en  jur  establies 
I  estoient  conestablies 
Des  barons  de  lost  es  galees, 
Mult  bones  genz  e  bien  armées, 

.s.'^^T)  Qui  durement  s'en  combatirent 
E  lor  gualecs  embatirent 
A  vive  force  en  la  chaane  » 
Si  que  Testoire  cristiane 
Greva  tant  les  Turs  de  la  vile, 

3390  Qui  lors  crent  quarante  mile, 
Que  devers  mer  securs  nen  orent 
Ke  devers  terre  eissir  ne  porenl; 
S'orent  puis  si  poi  de  viande 
Qu'il  aveient  chiertë  trop  grande. 

3395       Le  juesdi  de  la  Âscencion , 
De  la  seinte  procession , 
Que  Dens  fist  el  ciel  la  montée 
Dont  Teuvangeille  est  recontee. 
Voudront  les  genz  monter  en  Acre 

3/100  El  non  del  veir  cors  que  Fen  sacre. 
Chastels  eûmes  bien  eoverz 
Por  le  feu  grezeis  als  colven  : 
Treis  en  i  ot  de  grant  affaire 
Que  trei  haul  home  firent  faire, 

3/io5  L'andegraves  e  li  reis  Guis 
E  Geneveis  od  le  marchis. 
Cil  trei  en  lor  chastels  esteient 
A  iccl  jur  qu'il  assaiileient 
La  gent  Dampnedeu  assaillirent, 

3/110  Cil  de  dedenz  as  murs  saillirent  : 
Grant  fud  Tassant  e  la  défense 
De  cels  qui  orent  poi  despense, 

338 1  C.  de  j.  en  j.  en  e.  —  338Û  Malt  mtmqm 
3/io9  al  c.  —  3Û19  que  —  3693  quil,  lost  tendre  - 
363a  ardeier  —  366o  U  $êcond  e  tnanquê  —  3666 


Qui  ai  forment  se  defendoientt 
Qui  lor  mesaise  nos  vendoient: 

36 1 5  Ne  furent  gent  si  defensable 
Cum  furent  li  menbre  al  diable. 
Li  un  alouent  thaborant 
E  li  autre  al  besoing  eorant, 
E  li  Turc  de  vers  les  moataines 

36ao  Racoreient  od  granz  eompaines 
As  fossez,  si  que  enz  sailleieni 
Des  que  onques  noz  geni  assadlleient, 
Si  que  il  covint  Tost  entendre 
A  assaillir  e  a  deffeadre. 

3695  Mult  dura  Tassait  longement 
Jusqual  seirdel  comencemeDt, 
Mais  al  seir  le  covint  remaindre 
Car  onques  nés  porent  destretadrc. 
Li  Turc  le  feu  grezeis  jetèrent 

363o  Es  treis  chastels  que  alumerent. 
Si  qu  a  cels  en  covint  descendre 
Quis  virent  toz  ardeir  en  cendre. 

En  Acre  furent  ia  chenaiUe 
Long  tens  soffreitus  de  vitaiHe, 

3635  E  si  com  li  tens  se  cola, 
E  viande  lor  escola; 
E  furent  puis  si  conreë 
De  mesaise  e  desareë 
Que  mangierent  totes  ior  liestet, 

36 6o  Piez  e  buels  e  cols  e  testes; 
E  jetèrent  les  cristiens , 
Les  vielz  cheitifs,  les  anciens, 
E  les  joefnes  as  vistes  chieres 
Retindrent  a  traire  pirieres; 

3665  E  il  orent  si  grant  soffraite 
Qu'el  ne  poreit  eslre  retraite, 
E  meschief  e  paine  e  ahan 
Jusqu'après  feste  saint  Jobau , 
Que  diable  lor  enveierent 

365o  Treis  nés  que  iiloc  depeschierent, 

—  3390  lorea  —  3393  E  orent  —  3399  Voudreiot  — 

-  3698  desteindre  —  3699  H  f.  —  36 3o  qualtunereol 

Quil —  365o  peschierent 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


K  nieint  luiraHe  i  aveneil 

Qui  des  vertuz  de  Deu  veueit. 

En  l'ost  aveit  meialeperiere 
n  On  mult  gcn(  devant  e  derierc 

Aloienl  sovent  e  vcnoienl , 

K  mullf^s  rliosois  avonoienl 

Qui  a  miracit!  erent  Iciiue» 

Quaiil  êtes  erenl  avenues. 
s  II  aveit  dedeni  la  cilië, 

(lo  dit  l'cstorie  en  verilé, 

Mull  perieres  sî  bien  jetaDte» 

Que  aine  ne  vil  l'en  de  tels  tantes. 

Une  en  i  ol  si  jeleresse 
o  Que  trop  csleitdamajeresse. 

Qui  nusdepeçoit  loles  veies 

ISoz  perieres  e  noi  cercleies. 

Car  el  petoit  les  pieres  leles , 

Volani  corne  s'eussi-nt  eles, 
T)  Que  dous  genz  coveneit  s  mètre 

En  la  funde,  sulonc  la  leire, 

E  quant  la  picre  descendeit 

E  la  funde  aval  la  i-endeit 

Que  bien  plein  pië  parfont  en  lerre 
p  Al  chaeir  la  coveneit  (luerre. 

Iceste  nieiiimes  periere 

Feri  un  home  el  dos  deriere. 

E  si  li  bom  dcvenisl  arbre 

0  une  columpne  de  marbre, 
f)  Si  l'eust  el  par  mi  colpee. 

Tant  i  l'ud  el  drcil  açopee  : 

E  ti  prodom  ne  la  senti. 

Car  Dampnedcus  nel  consenti; 

Kn  itel  seif^nor  doit  lom  creire. 
r>  Que  tel  miracle  fait  a  creire. 
Issi  corn  li  tens  aveneieni, 
T  plusorst  cboscs  aveneieni. 

Entre  Avril  el  Mai  en  conchange 

Avint  une  aventure  estrange 

rish  de  iiiaH^uf  —  3â3o  Od  —  3ri3s  leli-s  —  3âi 
lô^i'l  M  home  —  35Ô&  Od  —  3555  ele  —  353fi  e 
iâ'''  ('o  viront  eu  —  3û8i  qui.  en  maai/ut  —  358 


3â''ir>  En  l'ost  d'un  serjant  ki  csteil , 
Ki  el  l'oss^  del  mur  g'e«teit 
Armci  de  coife  e  de  baulierc 
E  de  parpoint  a  meint  bel  merc. 
Uds  enemis  al  creatur 

3b-;n  Teneil  une  arbalesle  a  tur: 

Al  serjant  traiït  |*ar  une  archîere, 
Sil  feri  el  pis  soi  ia  chiere  : 
Le  parpoint,  la  coiphe  l'ausa 
Si  que  oitre  l'auberc  passa: 

307ri  Li  serjant  ol  al  col  un  bricf. 
Merci  Deu ,  quil  garda  de  grief, 
Kar  li  non  Deu  escrit  i  erent; 
Ço  virent  cil  qui  illoc  erent 
Que  quant  li  quarels  i  tucha 

3r>Kn  Qu'il  resorti  e  resbucha. 

Eissi  feit  Deus,  quïl  preot  eu  garde. 
Que  il  n'a  de  nule  rien  guarde. 

Issi  com  li  lens  aveneient, 
E  plusors  choses  aveneient. 

3^R5  11  arint  que  bors  des  fosseï 
S'ierf  uns  chevaiers  adosseï 
L'n  jora  faire  sa  besoigne. 
Si  com  il  a  chcscun  besoine. 
Issi  coni  il  iert  abeissîei 

35(|o  E  a  sa  besoigne  aaisiei, 

Des  Turs  qui  erent  en  Tanguarde, 
Dont  cil  ne  se  perneit  pas  guarde. 
S'en  parti  uns  grant  aleure; 
Si  fu  vilainie  c  laidure 

3&95  Qu'il  veit  al  chevalier  mal  faire 
Tant  com  il  ert  en  tel  affaire. 
Il  aveit  l'anguarde  esloigoie 
E  veneil  la  lance  esloigoie 
Al  chevalier  por  lui  oscire. 

36on  Quant  cil  de  l'ost  prislreut  s  dire  : 
Tpuict,  sire,  fuicE,  fuiez!* 
Il  se  fud  a  paines  dresciei. 

tolc  —  35S3olc  — 33ii  C.  sele»  c.  —  3565  gent 
;  —  31359  E  en  —  3570  arbl»te  —  337a  Si,  deMi 
I  Quil  nal  —  3r>87  aOàire  —  35()0  E  immfiM 


97 


L*ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


98 


Fol.  1 7  6. 


ItmerëriumRi-  3(')1i^ 
emrài,  I ,  l. 

HortoouFtgcase 
d*une  feniint  qui 
IniftiUe  à  eoip- 
bler  les  foti/s 
d'Acre. 


Neporquant  en  piez  se  leva 

E  sa  besoigne  n'acheva. 
36o5  Cil  vint  quant  que  chevals  pot  rendre, 

Qui!  quida  bien  a  tere  estendre, 

Mais,  merci  Deu,  il  i  failli, 

Car  a  la  traverse  sailli; 

E  si  prist  en  ses  mains  deus  pierres 
3610  (Oiez  com  Deus  estdreii  vengieres)  : 

Si  com  li  Tores  ot  son  tor  feit 

Por  retomer  a  son  forfeit , 

Ë  li  chevalers  Tavisa, 

Sil  feri  com  il  devba, 
36i5  Enz  el  venir  com  il  veneit, 

D'une  des  pieres  qu'il  teneit 

Desoz  le  chapel  en  la  temple  : 

Cil  chai  morz  en  cel  contemple. 

Li  chevalier  prist  le  cheval, 
36a 0  Si  traist  la  reigne  contre  val; 

Si  vit  cil  qui!  me  reconta 

Que  li  chevalers  i  monta 

E  s'en  ala  jusqu'à  sa  tente, 

Sil  fist  guarder  en  bone  a  tente. 
Issi  com  li  tens  aveneient, 

E  plusors  choses  aveneient. 

Une  foiz  ravint  une  affaire 

Dont  l'em  doit  bien  parole  faire. 

Meintes  genz  as  murs  assailloueni, 
363o  E  meintes  feiz  s'en  defiaillouent; 

Tels  i  aveit  qui  ne  finooent 

De  pieres  coillir  qu'il  portouent^ 

E  li  baron  a  lor  destriers 

I  portouent  e  as  somers^ 
3635  E  meiote  femme  i  reporta, 

Qui  en  portant  s'i  déporta. 

Entre  les  autres  i  portot 

Une  qui  mult  s'i  deportot  : 

Uns  Sarazins  quil  defendeit 
36^0  Vit  que  celé  feme  entendeit 


Al  fes  de  son  col  deschargier; 
Si  com  el  volt  en  sus  marchier, 
Cil  treist  a  lui,  si  la  feri, 
E  la  femme  a  terre  chai, 

36/i5  Qui  fud  férue  mortelment; 
E  tud  li  poeples  eralment 
Vint  entor  la  femme  acorant. 
Qui  se  detortoit  en  morant. 
Sis  mariz  la  veneit  poroques, 

365o  Mais  el  preia  as  genz  illoques , 
As  prodes  homes  e  as  dames. 
Que  il  por  Deu  e  por  lor  aimes 
Feissent  de  son  cors  atrait 
Al  fosse  ou  ele  avoit  trait, 

3655  Car  ne  voleit  que  sa  charoine 
Fust  meis  mise  en  altre  besoine. 
Ele  se  faiseit  ja  porter. 
Quant  Deus  en  fist  fanme  porter; 
E  tel  femme,  ço  dit  l'estoire, 

366o  Deit  chescons  avoir  en  mémoire. 
Issi  com  li  tens  aveneient, 
E  plusors  choses  aveneient. 
Une  autre  aventure  ravint 
En  l'ost,  e  d'autres  plus  de  vint, 

3665  Voire  assez  plus;  mais  ramembrer 
Ne  les  sai  iotes  ne  nombres 
Un  jor  hors  d'Acre  s'en  issirent 
Li  Turc  por  noz  genz  que  il  virent. 
Qui  estoient  aie  en  fuire, 

3670  Si  com  ues  est  a  geni  de  guerre; 
E  s'en  issi  uns  amiralz, 
Granz  home  e  de  parage  halz  ^ 
Bellegemîn  esteit  nomez, 
Preuz  e  hardiz  e  renomez, 

3675  E  li  baron  qui  l'ost  gardèrent 
Contre  les  Sarazins  alerent. 
Cel  jor  fud  l'ost  mult  estormie, 
Qu'il  n*en  voloient  garder  mie, 


Fol.  Q7  c. 


/lm«r«ri««  Ri- 
ewrdi,  i ,  ur. 

MéMfcature 
d«  raniral  Bel- 
legemîn- 


36o4  D*  manque  —  S606  Quil  Iq  —  8609  E  numqw  —  36i5  veneieiit 
3665  mortelement  —  365o  ele  —  3659  Quil  —  3656  mis  —  366 1  vendent 


8636  Quen  —  366i  eie 
3663  raioinl  —  36Q8  qoil 


mniMIKII    HATIOIAll. 


99 


L'ESTOIRK  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


100 


Car  tant  ala  gent  en  forage 
3<)8o  Ou'ii  orent  Tost  en  granl  damage 
Vj  par  devant  e  par  deriere, 
(Jue  muil  fud  rassaiiiie  fiere. 
Mais  nos^re  gent  les  enchacerenf 

:>(  >>5  Toz,  fors  l'amirail  seulement 
Qui  remist  porpenseement 
E  voleit  noz  engins  ardeir, 
Se  il  s'i  peusl  aerdeir, 
Kar  issi  l'aveit  pris  en  main. 

:u'n)o  Une  viole  ot  en  sa  main 

Qui  de  feu  grezeis  esteit  pleine  : 
Des  engins  nrdeir  ert  en  paine. 
Uns  chevaliers  le  ala  ferir 
Qui  lui- volt  son  luer  merir: 
Fol.  27  (i  :Uh):}  Le  Turc  a  la  terre  estendi 

E  la  violete  espandi 
Desur  ses  choses  nécessaires. 
Si  qu'il  ot  ars  les  genitaires  ' 
Del  feu  grezeis,  que  il  estaindre 

.{700  Voldrent,  mais  n'i  porent  ataindre. 
itùurarwmBi-  Issi  com  li  tens  aveneient, 

*!*'  .'.  ^^t  E  plusors  choses  aveneient. 

Morlu  unTur.*  * 

qui  iusuiiflii  in  11  avint  par  plusors  fiées 

Que  les  fauses  genz  desloees 

3705  Qui  contre  Deu  Acre  teneient 

En  som  les  murs  en  haut  venoienl 
E  aportoient  des  églises 
Les  croix  qu'i  estoient  remises, 
Sis  baloient  e  vergondoient 

.'{710  E  eschoppient  e  feroient 
El  despit  ie  fei  cristiane  : 
Ne  heenl  tant  rien  terriane. 
Un  jor  si  com  uns  Turcs  esteit 
Desur  les  murs  e  il  bateit 

:i7i .')  Une  croiz  de  fust  qu  ot  trovee, 
Mult  Voi  batue  e  vergondee 


•TOIX 


E  ne  la  volt  atant  leissier, 
Einceis  la  voleît  compissier, 
Quant  uns  arbalestiers  corteis 

3730  Fist  de  s'arbaleste  un  enteis, 
E  joinst  le  quarei  a  la  noîz  : 
Al  Turc  qui  vergondeit  la  croîs 
Volt  que  tel  feit  lui  fust  meri; 
Lors  Favisa  e  si  feri 

3735  Le  Sarazin  par  mi  Tentraille 
E  lui  perça  cors  e  coraille. 
Si  chai  mort,  jambes  levées, 
Dont  lor  gent  furent  trop  desvees; 
E  issi  velt  Deus  que  vengiee 

3730  Fust  la  croiz  qu'il  ot  laidengee. 

Issi  com  li  tens  aveneient,  F 

E  plusors  choses  aveneient. 
Un  jor  avint  une  aventure, 
Ço  conte  Ambroisb  en  s'escripture,       |! 

3735  Cons  Turs  s*en  issi  as  noz  traire 
Si  qu  il  ne  s'en  voleit  retraire, 
E  un  Galeis  par  aatie 
S'ala  traire  celé  partie. 
Li  Gualais  ot  nom  Marcaduc, 

37/10  Si  n'iert  filz  n*a  rei  ne  a  duc, 
E  li  Turcs  ot  a  non  Grair, 
Hardiz,  forz  e  de  grant  air. 
L'uns  traist  a  Tantre  demaneis, 
Gualeis  al  Turc,  Turc  a  Gualeis. 

37^1 5  Li  Turc  comença  a  enquerre 

Dont  li  Gualeis  iert,  de  quel  terre. 
Li  Gualeis  dist  :  (rJo  sui  de  Giiales, 
rr  Se  feis  que  fols  que  tu  avales,  y) 
Li  Turs  li  dit  :  rrTu  siez  bien  traire. 

3700  ffVoIdries  un  giu  parti  faire, 

tQue  jo  traie  e  que  tu  malendes 
«Si  que  nule  part  ne  te  pendes, 
(tE  si  jo  fail,  jo  t'atendrai 
rrSi  que  nule  part  ne  pendrai?^ 


368ii  vert  omit  —  8687  ardeier  —  3688  Sil  se  p.  aardeier 
poront  —  3706  miir  —  3719  arbWliers  —  3730  sablastc 
rei  na  —   37/n  e  fora  —  3 7 '16  queie  —  3761  que  manque 


369a  ardeier  —  3699  quil  —  3700  Voldroiil, 
-  3726  Lores  —  378!  veneient  —  37^0  na 
3759  Si  jo  D.,  penles 


101 


UESTOIRE  DE  LA  GUERRE  S^IliTË. 


102 


3755  Tant  lui  dist  e  tant  lui  proia 
Que  H  Gualeis  lui  oireia. 
CjA  treist  al  Gualeis  e  failli , 
Car  al  mestraire  défailli» 
Li  Gualeis  dist  :  tr  Jo  retrarai. 

3760  rr  Ateoi  meuTi  Cil  dist  :  trNel  ferai. 
(rLai  mei  une  feiz  encor  traire, 
rr  E  jo  a  iei  deus  foiz  sanz  retrairc.  ^ 
rrGe  volenters,^  li  Gualeis  dist. 
E  endementers  que  cil  quist 

3765  Un  dreit  pilet  en  son  torqueis, 
E  li  Gualeis  qui  lui  fud  près, 
98  b.  Qui  ne  le  velt  prendre  a  cel  fiier, 

Dèscorda,  sil  feri  el  euer; 
Lors  dist  :  trCoveiiant  ne  tenis, 

3770  Ne  jo  a  tei,  par  sein  Denis.  ^ 
w«A»-  Li  Pisan  qui  en  Tost  esteient 

lotunie  ^  S^^^  fl"'  ^®  '*  ^^^  saveient 

'    pr  Firent  un  cbastel  sor  gualees 

E  deus  eschieles  grani  e  lieea  ; 

3775  Toz  lor  veissels  de  cuir  corrirent, 
E  del  diastel  autretel  fireal; 
La  tur  des  Mosches  asiegerent 
E  mult  i  (restrent  e  lancèrent. 
Cil  de  la  tur  se  defendoient 

3780  Si  bien  que  mult  chier  se  vendoient, 
E  des  gualees  de  la  vile 
S'en  issi  hors  plus  de  deus  mile 
Sarazin  guami  de  iiataille 
Por  aidier  a  Tautre  chenaille; 

3785  Mais  il  traioient  e  lançouent 
E  de  granz  pierres  lor  jetouent, 
Granz  e  pesanz,  e  dars  aguz, 
Brusoient  lances  e  escuz. 
Quant  cii  del  chastel  assailloient, 

3790  Cil  a  défendre  ne  faillouent. 
La  Yeissiez  bien  nez  genz  traire 
E  meint  bel  trait  sor  les  murs  traire; 


La  veissiez  pilez  pkimri 
E  Turs  mucier  parestoveir; 

3795  La  veissies  proz  genz  osées 
E  assaillir  par  reposées. 
Les  eschieles  furent  dreciees 
Contre  la  tur  e  àdresciees 
A  grant  force  e  a  granz  meschiefs, 

38oo  Car  l'en  jetoit  desor  les  chiefs 
As  crisltens  quis  i  dresçouent 
Grandismes  fusU  que  il  lançouent, 
Qu'il  n'alouent  pas  coardant, 
E  s'en  rélornerent  a  tant 

38o5  Tant  que  le  diastel  alumerent, 
E  cil  s'en  vindrent  jus  qui  i  erent, 
E  jetent  feu  grezeis  ardant 
A  grant  bataille  conibaiant; 
Mais  tnult  ot  aiuz  en  la  marine 

38 10  Grant  glaive  de  gentisarazine. 
Li  chasiels  ftid  are  erralment 
E  les  eschieles  ensement 
E  li  vessiel  qui  les  portèrent. 
Dont  li  Turc  se  réconfortèrent; 

38 1 5  Et  quant  il  vinent  la  desfaule 
Lors  écrièrent  a  voiz  haute 
E  huèrent  la  gent  haie 
L'ost  qui  a  Deu  iert  en  aie. 
Mult  fud  de  ço  descomfortee 

3890  L'ost  Dampnedeu,  mais  confortée 
Befud  de  la  grant  baronie 
Qui  iert  arivee  en  Snlie. 
L'arcevesque  de  Beèen^n, 
De  sue  part  le  oomençon, 

3895  Fist  devant  Acre  un  moton  faire 
As  murs  depechier  e  desfaire 
De  trop  grant  cost,  s'ert  bien  ferrez 
E  innlt^strèitenient  ^serrez, 
Haut  e  bas,  devant  e  deriere, 

383o  Qu'il  ne  denst  cHciendre  perierre, 


Fol.  980. 


Itvurtaitim  Bi- 
cardi,  I,  ux. 

Engins  de 
guerre  constniit 
par  l*archevéqu«* 
(le  Besançon  et 
par  le  eointe 
Henri  df  Cham- 
pagne. 


3760  dit,  frai  —  3761  encore  —  8766  E  numque  —  8767  nel  v.  —  ^7^  Lores  ne  d.  *-  3779  E  cil 
3781  E  les  —  3799  grani  imm^iif  —  38oi  qail  i  dr.  —  38o9  Graot  dîmes,  quil  —  3807  jetereDt 
3890  dampoedou  —  3897  sert  lerrei  —  3898  ferm 


103 


L'EStOlRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


lOiSi 


Car  (lel  melz  que  l'em  soit  i  mètre 
Se  veit  Tarcevesque  eniremetre. 
Un  altre  en  fist  li  coens  Henris, 
Bien  covert  e  de  mult  grant  pris, 

8835  E  li  haut  baron  e  ii  conte 

Maint  autre  eng^n  dont  ne  sai  conte; 
Mais  de  celui  dont  vous  deimes, 
Que  Tarcevesque  Gst  de  primes. 
Vos  dirons  corn  ii  en  avint 
Fol.  98  d.  38^10  Devant  les  murs  quant  il  i  vint. 

Li  baron  de  Tost  devisèrent 
Cel  assalt,  ou  il  porparlerent 
Les  engins  que  orent  fait  faire  : 
Fist  chescon  le  suen  as  murs  traire. 

38/i5  L*arcevesque  fist  traire  avant 
Le  muton  dont  jo  dis  avant, 
Ki  iert  de  si  riche  faiture 
Que  il  ne  deust  créature 
Criendre  par  dreit  ne  par  raison; 

385o  Si  esteit  fait  com  soz  maison, 

Un  grant  mast  de  nef  dreit  sanz  nouz 
S'iert  en  mi  ferrez  a  deus  bouz; 
Dedesoz  le  muton  esteient 
Cil  qui  ai  mur  hurter  dévoient, 

3855  Qu'il  n'i  aveient  de  rien  doto. 
Li  Turc  qui  nés  amouent  gute, 
Tant  sèche  bûche  i  aporterent 
E  tant  feu  grezeis  i  geterent, 
E  feroient  0  lur  piereres 

386o  De  colombes  totes  entières 
De  liois  pesanz  e  de  marbres, 
E  i  getoient  fîistz  0  arbres; 
Si  jetèrent  «n  buz,  en  seilles. 
En  peitailles  e  en  oceilles, 

3865  Soifre  e  catran  «  siu  e  peiz, 

E  puis  granz  fuz  après  tôt  dreiz, 
E  feu  grezeis  par  «n  somet 
I  jeta  la  gent  Mahumet, 


imbel  aatour 
lëlier  de  1*8  r- 


Tant  que  del  mulon  s'en  fuirent 

3870  Li  fueur  e  le  guerpirent 

Li  Turc  as  murs  s'abandonoient, 
Qui  al  muton  toz  jorz  jetoient  : 
La  veissiez  les  archers  traire, 
E  arbalestes  biaus  traiz  faire; 

3875  La  veissiez  granz  aaties, 

E  gent  navrer  de  deus  parties; 
La  veissiez  bons  vassals  core 
Al  muton  défendre  e  rescore 
E  a  Tatreit  desus  abatre, 

388o  E  Turcs  jeter  e  Turs  abatre 
As  défenses  od  ior  ireles. 
Qu'il  aveient  peintes  e  bêles. 
Tant  i  lancèrent  e  jetèrent 
Que  le  moton  nos  enfondrerent 

3885  E  desclostrent  la  fereure 
E  tote  l'autre  enbordeure, 
E  le  feu  derechief  lancèrent 
Tant  que  tôt  ars  le  noz  leisserent; 
Mais  li  motons  fud  comperez, 

3890  Car  quatre  vint  des  mielz  parez 
E  un  admirait  i  perdirent, 
Mais  damage  des  noz  refirent 
Eht  vos  atant  Tassait  remaindre , 
Quant  li  mutons  ne  pot  estaindre, 

3895  Ke  nul  nel  peust  remuer: 
Eht  vos  Sarazins  a  huer. 

Apres  Haust  a  cel  termine 
'  Fu  en  Tost  morte  la  reine 
De  Jérusalem,  dont  damage 

3900  Fud  de  feme  de  son  eage. 

Car  tenue  iert  a  vaillant  dame, 
E  por  ço  ait  Deus  merci  de  s'aime  ! 
E  si  mururent  deus  puceies. 
Filles  le  rei  Guion,  mult  bêles; 

3905  E  par  les  emfanz  qui  mururent, 
Qui  dreiz  hoirs  de  la  terre  furent, 


Fol.  99  a. 


DcftroctkMi  da 

béHer. 


Mort  de  la 
idoe  de  Jéro»- 
lem  et  des  deoi 
filles  de  Gai  de 
LofigiMin. 


383a  que  lem  i  s.  i  m.  —  38S&  malt  tiMUi^  —  3835  e  U  baot  c.  ^  38/i9  qnil  p.  —3868  Quil  —  385o  Mt 
manqw  —  385i  sanz  boni  —  3859  Si  iert  emi  f.  a  deus  nom  —  3853  Deaoi  —  3863  Si  en  j.  en  bntheis- 
seilles  —  387A  arblastes  —  3888  toi,  ars  les  n.  «-  3890  dei  —  8901  vaillante 


107 


L*ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAffiTE. 


108 


En  peusl  rom  le  chief  veoir, 
Qui  ne  se  aiast  en  hait  seoir; 

agST)  \e  gelissiez  pas  une  prune 

Fors  sor  gcnt  fervestue  e  brune. 
Ko',  oi)  //.  Elit  les  vos  errant  dreit  ai  Doc, 

Si  n'eussiez  pas  cuit  un  coc 
Que  Salahadins  sot  de  veir 

:\i)()n  Qu'il  iert  a  la  bataille  aveir. 
S'il  voleit  cristiens  atendre; 
Mais  celé  nuit  fist  s'ost  destendre 
R  lor  guerpi  celé  montaine 
On  il  seeit  e  sa  compaine. 

'Ar)():)  Eth  vos  a  nostre  ost  une  espie, 
Qui  lor  dist  que  la  gent  haie 
Ot  celé  niontaigne  laissiee 
E  s'en  fuioit  tote  esleissiee. 
Qui  d'iloques  se  esloignoient; 

^looo  Por  poi  que  nez  genz  ne  poignoieni , 
ihNertainmhi-  Mai's  graut  folie  fust  del  sivre, 

Car  nés  poussent  aconsivre. 

Iienoontre  des  > 

Turc»  «fw  un  E  quant  bataille  ne  troverent, 

rorp*  df  Croisa  .,  y^    .    t  i      • 

quiest«néfoiir<  Vors  Caiphas  tôt  dreit  tornerent, 

rager  è  r.„ph«..    ,^^^^.     q^  j,^^  jj^^  q^v,  ^^^j^  ^Jt^JHg  ^ 

Dont  al  siège  aveit  meinte  faille. 
Eht  les  vos  a  la  Recordane  : 
Plus  tost  que  ostors  ne  siut  l'ane 
Vindrent  li  Turc  quis  anguisoient; 

'loio  Tant  virent  que  il  retornoient 
E  apoigneient  a  Tost  iraire, 
Taburer  e  crier  e  braire, 
Celé  vespree  se  tendirent 
Li  pèlerin,  si  atendirent 

^101 5  Jusqu'al  demain  a  l'enjorner, 
E  se  devient  atorner 
D'aler  en  dreit  a  Cayphas; 
Mais  la  vitaille  n'i  ert  pas 
Qui  lor  i  esteit  encusee; 

/loao  Anceis  l'orent  li  Turc  portée 


Al  matin  quant  il  se  levèrent; 

E  com  il  einz  se  reguarderent 

Si  virent  toz  les  Turcs  del  monde,       F«l.i 

Ço  lor  fud  vis,  a  la  reonde , 
'ioa5  Qui  a  voient  lor  ost  aanse, 

Dont  la  terre  en  iert  si  pqjrprise. 

Sus  e  jus,  e  destre  e  senoestre. 

Que  Tost  volsist  bien  aiibrs  estre. 

Onques  tel  gent  ne  fod  esmee. 
'in'Au  Eth  VOS  nostre  ost  aneire  armée, 

E  se  conreia  de  bataille; 

Mais  li  Sarazin,  la  chenaiile. 

Ne  se  osèrent  a  els  combatre 

Ne  sor  si  bone  gent  embatre; 
/io3r>  E  li  pèlerin  retomerent 

Por  repairier  la  dont  tornerent. 

Mais  rouit  eurent  ainceis  ententes 

Qu'il  venissent  jirâqu'a  lor  tentes. 

Al  chief  del  flam  qui  curt  yen  Acre,      t 
'loV)  La  ou  il  surst,  ot  grant  maçacre 

De  chevaliers  de  deus  parties, 

Ainz  que  les  ostz  fusent  parties. 

En  celé  jomee  de  terre 

Fist  la  gent  le  rei  d'Engletere 
'lo'io  Od  le  Temple  la  riere  gnarde; 

Mais  il  i  eurent  tote  guarde. 

Que  Deus  ne  fist  neiff  ne  grésille 

Ne  pluie  en  Mai  quant  il  rosille 

Que  chee  plus  menuement 
'ior)o  Que  li  pilet  espesement 

En  Tost  ausi  tost  ne  obéissent, 

Einz  que  noz  genz  d'illoc  pairtisaent; 

Toz  conreé  s'en  départirent 

E  vers  Acre  s'en  revertirent; 
/io55  Nostre  ost  se  toma  a  senestre 

Del  flum ,  e  le  lor  ost  vers  désire  : 

De  deus  parz  le  flum  costeierent 

E  toz  jorz  s'entreherdeierent; 


eotr 
liew 
4èle 
tt9* 


3987  les  manque  —  'loio  quii  —  6011  apoignent  —  6096  en  manque  —  60S7  lê'prmmere  iimm^m» -^ 
/i099  lelc  —  ^loAo  od  —  6o56  osl  manque 


109 


L'ESTOIREDE  LA  GUERRE  SAINTE. 


MO 


CoiulMlaufiuul 
«le  Dahoak  (  1 5 
noTcrobre). 


'1070 


'107.') 


Fol.  3o  b.  E  de  par  les  noz  genz  veneit 

'i<)r)o  Tels  genz  qui  soeur»  li  teneit. 
Que  li  serjant  qui  erenl  guarde 
A  pié  de  nostre  ariere  garde, 
Qui  deriere  Tosl  se  teneient, 
Les  vis  tomez  as  Turs  veneient. 

'm)()5  Icele  gent  s'iert  trop  gregiee. 

Ainçois  que  Tost  fust  herbergiee. 

Par  matinei  a  Tenjornant 
S'alerent  noz  genz  atornant 
De  repairer  a  Acre  al  siège; 
Mais  li  Turc  teneient  lor  triege 
Al  pont  del  Doc  ou  ja  estoienf, 
Par  la  ou  il  passer  deveient. 
Ja  voleient  le  pont  abatre, 
Quant  Tost  s'en  vint  sor  eis  embalre; 
Mais  le  pont  si  porpris  aveient 
Que  li  pèlerin  ne  saveient 
Par  ont  il  poussent  passer, 
Tant  s'en  i  vindrent  entasser. 
Lors  poinst  de  Lenzeignan  Giefreis 

/iu8o  Sor  un  destrier  qui  esleit  freis, 
E  cinc  bon  chevalier  ovequcs 
Poinstrenl  le  jor  o  lui  illoques, 
Qui  si  duremenl  les  ferirent 
Que  plus  de  trente  en  i  cheirent, 

/io85  Qui  naierent  el  fluminaire, 
E  que  voiant  la  gent  contraire 
Tant  les  ferirent  e  lassèrent 
Qu  a  vive  force  oltro  passèrent 
E  que  al  siège  ariere  vindrent, 

^1090  Dont  cil  de  Tost  tut  lie  devindrent. 
Contre  la  fin  de  cel  passage 
Que  poi  passoient  fol  ne  sage. 
Tôt  le  passage  trespassouent 
E  neporquaut  encor  passouent. 
Foi.  3o  c.  '1095  Que  que  li  poepies  vint  e  crut, 

E  la  vitaille  lor  descrut  ; 


Lci  Oroiê«« 
suaffreot  de  la 
dÎMlte. 


Mais  trop  lor  aloit  descreissaut 
Que  que  li  tens  aloit  creissant, 
N'il  nule  denrée  n  avoient 

fiMto  Fors  quant  li  passage  venoient. 
La  riche  gent  en  iert  guarnie, 
Mais  la  iK)vre  en  iert  desguarnie. 
Qui  chascon  jor  se  complainoit 
Por  la.  chierté  quis  destreineit. 

/iiur)  Li  alquant  aler  s'en  voleient, 
Qui  des  mesaises  se  doleient  ; 
E  la  vitaille  iert  détenue 
A  Sur  quant  ele  i  ert  venue, 
Que  li  marchis  faiseit  tenir. 

'n  10  Qu'el  ne  poeit  a  Tost  venir. 
Or  si  orez  del  faus  marchis, 
Qu'il  aveit  porcbacië  e  quis 
Par  hautes  genz  e  par  aveir 
K'il  voleit  le  riaume  aveir, 

'Il  iT)  K  tant  Gst  e  tant  porchaça 
E  tant  par  son  engin  braça 
Cune  serur  de  la  reine 
Ki  ja  iert  morte  a  cel  termine, 
La  femme  Raimfrei  del  Thoron, 

fi\'2i)  Qui  iert  tenu  por  hait  baron, 
Fud  de  cel  Raimfrei  départie 
E  quil.la  prist  a  sa  partie. 
Par  tel  covent  que  sa  bataille 
Pereit  venir  a  Tost  sanz  faille; 

fna^)  Si  Tesposa  en  sa  maison 
Contre  Deu  e  contre  raison. 
Mult  en  grosça  li  areevesques 
De  Canturbire,  e  li  evesques 
De  Biaveii  la  lui  esposa; 

^ji3o  Si  ot  grant  tort  qu*il  le  pensa, 
Car  li  marchis  aveit  eB[M>se8 
Deus  bêles  dames,  joefnes  toses  : 
L'une  esteit  en  Costentinoble, 
Bêle  £emme,  gentil  e  noble, 


IUi*ertu-tuM  lU- 

tMlli,    I  ,   Lilll. 

Le    marqait 
iUtund  \eiit 

épooierlafemiue 
de  lUiofroi  du 
Thoron  «  liéri- 
tièrtdu  royounir 
lU*  Jf^rtisaieni. 


Oppoiilioii  de 
rareberéqoc  dr 
Caolorbury. 


l'ul.  3o  </. 


6071  del  doi  —  6073  voleiont  —  6078  tant  eo  unrenl  —  A079  Lores  —  6089  oae  lui  —  &086  qui  — 
&087  laissèrent  —  6089  ^  quant  —  4  09^1  eooore  —  A 099  nule  manque  —  ^1110  Quele  ne  pooiet  —  ^1 1 1 1  Oro 
—  /il  19  raimfrieE —  fii^k  Fr«it —  ^1  laGe  encontre  r.  —  â  1 97 iarceoesques  —  lki33  iert 


411 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


112 


Le     uiarqais  /l  1 3  5 
ë|>oa8e  la  femme 
de  Rainfroi,  bien 
qu'il    eût    déjà 
deuK  feoiines. 


Al  Ao 


/jlA5 


/ii5o 


Ai55 


Ai6o 


I.o  Luultfillcr 
(le  Si'nlis  cfl  cu- 
levë  le  jour  des 
itoccs  par  \et 
SarraMO". 


Fol.  3i  a.  /il 65 


/itKerarnrm  At- 
rardi,  I,  HIT. 

Conrad   »'cn 

retourne  è  Tvr. 

a  170 


E  Tautre  eslcit  en  sa  contrée, 
E  la  tierce  aveit  encontree; 
E  por  ço  li  boens  arcevesques 
E  aitres  genz,  clers  e  evesques, 
Cest  mariage  contredistrenl 
E  escomengicreot  e  distrent, 
Corne  cil  qui  Foserent  dire, 
Que  il  ot  feit  treble  avoltire, 
No  Deus  n'iert  a  lor  esposaiiles 
Ne  a  iteles  assemblailles. 

Quant  li  marchis  ot  esposee 
Ceie  qu*ot  long  tens  golosee, 
Ses  noces  fis!  e  ses  convives  : 
Ore  en  ot  il  treis  totes  vives, 
Une  en  sa  terre  e  l'autre  en  Tost, 
E  encor  la  tierce  en  repost. 
Mais  dut  venir  del  mariage, 
Si  fist  il  cel  jor  e  damage: 
Car  quant  cil  orent  bien  beu 
Qui  as  noces  furent  veu, 
As  cbams  vindrent  esbanier 
Com  s'il  allassent  torneier; 
Sarazin  qui  en  aguail  erent 
Les  enchacereut  e  basterent, 
E  cil  de  Tost  al  cri  saillirent; 
Mais  Sarazin  pas  n'i  faillirent  : 
Le  buteillier  de  Senliz  pristrent , 
Mais  nus  ne  soit  ou  il  le  mistrent, 
S'il  murut  ou  que  il  devint; 
Mais  que  pris  que  mort  furent  vint 
Cil  furent  des  noces  paie. 
Cil  de  lost  furent  esmaië : 
La  sage  gent  plus  en  duterent. 
E  alquant  encore  quiderent 
Que  li  marcbis  veir  lor  deist, 
E  que  vitaille  lor  feist 
Venir  en  Tost  par  covenant; 


de    gwle 

sont 

pMUira 

men- 

•oogèrw. 

maiii 

ce   q«*Aakn)wr 

va    eoBicr 

de* 

fooffraoeet 

des 

Croisa   à 

Aat 

eat      la 

venté 

ineine. 

Mais  il  s'en  ala  maintenant, 

Il  e  sa  gent  e  sa  esposee. 

Que  aine  puis  n'enveia  denrée, 
A 175  Qu'il  fud  asseur  de  vitaille. 

En  l'ost  ou  ele  fesoit  faille. 

Fors  a  cels  qui  le  mariage 

Aveient  feit  par  lor  oltrage. 

Seigneur,  de  la  mort  Alixandre,  Ut  eiuuiaoo» 

6180  De  la  cui  mort  fud  grand  esclandre,     pMUire 

Ne  del  message  de  fialan. 

Ne  des  aventures  Tristran, 

Ne  de  Paris  ne  de  Heleine 

Qui  por  amor  orent  tel  peine, 
Al 85  Ne  des  faiz  Hartur  de  Bretaine 

Ne  de  sa  hardie  compaine, 

Ne  de  Charlon  ne  de  Pépin, 

De  Agoland  ne  de  Guitecliu, 

Ne  de  vielles  chançons  de  geste 
Al 90  Dont  jugleur  font  si  grant  fesle 

Ne  vos  sai  mentir  ne  veir  dire 

Ne  afermer  ne  contredire , 

Ne  jo  ne  trois  qui  le  m'espouge 

Si  ço  est  veir  o  tôt  mençonge; 
A 195  Mais  de  ço  que  tantes  genz  virent 

E  qu'il  meismes  le  sofirirent, 

Cil  de  l'ost  d*Acre,  les  meschiefs 

Qu'il  orent  es  cuers  e  es  chiefs 

Des  granz  chalors ,  des  granz  froidures, 
A300  Des  enfermetez,  des  eiijures, 

Ço  vo  puis  jo  por  veir  conter, 

E  il  feit  bien  a  escoltier. 
Ço  fud  en  yvern,  en  Avenz, 

Qui  ramenoit  pluies  e  venz, 
Aso5  Que  en  l'ost  d'Acre  esteit  la  plainte 

E  le  deheit  e  la  complainte 

De  gent  e  maene  e  menue 

Por  la  chiertë  qui  ert  venue; 


Fol.  3i  h. 


H,  I,  LITI. 

Horrible  di- 
witt  an  euap 
des  chrétieiKi. 


Al  38  le  second  e  manque  —  AiAo  £  escomeiani  —  Ai  Ai   Com   —  AiAa   Qui)  —  AiAG  quii  ot  — 
Ai5o  encore  —  A]5i  MuU  d.  —  Ai 53  il  o.  —  Ai 55  ch.  alassenl  —  Ai 56  touneier  —  Ai 58  haatereent 

—  A161  de  son  lit  —  AiC3  quil  —  A166  E  cil  •—  A17A  Quainc  —  A181  biilaan  —  A188  Ne  de,  gutteelin 

—  A3o5  Quen  —  Aao7  U premier  e  manque 


113 


L'ESTOiRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


114 


Car  el  cressoit  de  jur  en  jor, 

&910  Si  se  piaignouent  sanz  sujur. 
Bien  lor  estai,  ce  est  vérité, 
De  si  qua  la  Nativité; 
Mais  lors  comença  la  destresce 
E  la  famine  e  la  laschesce  : 

49i5  Que  que  li  Noels  s'en  issoit, 
E  la  chiertë  toz  jon  cressoit. 
Mult  iert  li  mais  de  blë  pesanz. 
Qui  costoit  en  Tost  cent  besanz, 
Que  unsiiom  portast  soz  s'aissele; 

Asso  Mult  aveit  ci  freide  novele» 
Ghiers  i  esteit  blez  e  farine; 
Doze  solz  valeit  la  geline, 
£  Toef  vendeit  Tom  sis  deners , 
Tant  esteit  H  iens  pautoners; 

6s35  Mais  al  pain  esteit  la  bataille 
A  cels  qui  en  avaient  faille, 
Qu'il  maldiseient  le  marchis 
Par  qui  il  erent  si  aquis. 
Bi-  Seignors,  nel  tenez  a  eschar: 

âi3o  Que  en  Tost  Deu  ne  faillist  char, 
Les  biaus  destriers  i  escorchierent 
E  mult  voleoters  les  mangèrent; 
Grant  presse  aveit  a  Tescorcier, 
Si  Tachatoit  encore  chier; 
•  di  e.  &9d5  Tut  yvem  dura  la  riote, 

Si  vendeit  Tem  dis  solz  la  rote. 
Plus  iert  venduz  li  chevals  morz 
Que  ne  fust  vifs  par  nul  esforz. 
La  char  lor  sembloit  savoree, 

à%ho  Si  menjouent  bien  la  coree. 
Lors  maldisoient  le  marchis 
Par  qui  il  erent  si  aquis. 
nmA-  Chiers  iert  li  tens,  grant  la  défaite 

\J^^  A  la  gent  basse  e  a  la  haute, 

&i65  E  neporquant  qui  ot  avoir, 


lOgfedlrfl 


Cil  qui  pot  la  viande  avoir, 
Nis  quant  il  la  voleit  doner. 
Si  ne  Toseit  abandoner 
A  tant  de  gent  corn  i  veneit; 

&95o  E  por  ço  chescons  la  teneit 
Qu'il  maldiseient  le  marchis 
Par  qui  il  erent  si  aquis. 

Ne  fusent  herbes  qu'il  planteront 
E  semences  que  il  semèrent, 

&a55  Dont  chescons  feseit  sa  poree. 
Ne  fust  la  perte  restoree. 
La  veissiez  tanz  biaus  seijanz. 
Bien  gentilz  homes  e  vaillanz. 
Qui  erent  nurri  en  richesce, 

Aa6o  Qui  par  famine  e  par  destresce, 
Quant  il  veoient  herbe  nestre, 
Il  l'aloent  manger  e  pestre. 
Lors  maudiseient  le  marchis 
Par  qui  il  erent  si  aquis. 

/ia65       La  curut  une  maladie. 
Si  atendez  que  jo  la  die  : 
Par  unes  pluies  qui  donc  plurent. 
Que  tantes  ne  leles  ne  furent, 
Ke  tote  l'ost  d'iaue  naiot, 

6970  Chescons  tusset  e  enroot, 
E  emfloent  jambes  e  chieres. 
Le  jor  aveit  en  l'ost  mil  bières, 
E  de  l'emfle  qu'es  chiefs  avoient 
Les  denz  des  huches  lor  chaieient. 

6975  Tek  i  aveit  ne  repassoient. 
Quant  il  viande  ne  trovoient. 
Lors  maudiseient  le  marchis 
Par  qui  il  erent  si  aquis. 

Seignors,  besoingfeit  meinte  chose 

&980  Dont  l'em  blâme  meint  home  e  chose. 
En  l'ost  aveit  de  mainte  terre 
Maint  home  hontus  de  pain  querre  : 


6909  de —  &9i3  iores —  6917  ii  mois  —  &919  home  —  6990  ici  —  A998  Parqiiil  esleientri  esquis  — 
&93oQoeD — Û93i8oiornerent — â9âiLoref — 69â9qiiilesteieot  —  6967  Eq. — AaSimakliseint — 6969  quil 
esteient — A  95 &  qnil— 69571802  mon^ — 69 61  Que  quant  v. — 6969Qiiii — 6968  Lores-^  6966  qiiilesteient 
—  6969io6tdeadiaue — &973Elele. —  6976  il  hmm^-»  6977  Lores — &978qoile9leieQt — Û989M.bdthoiitas 


[imtrgrimmBt 
eâréi,  I ,  lux. 

On  est  réduit 
i  maoger  de 
rherbe. 


iniMfflrniM  m- 

lé»  meladie  se 
met  daos  le 
eaiBp. 


Fol.  3l  d. 


Itùurmrmm  Ai- 
Mnfi,  I,  uxiu. 

Aveotare  d*no 
Yolear  de  pein. 


B 


iVratHIAtl    lATlO^ALK. 


115 


L*BSTOIRE  DB  LA  GUBBRE  SAINTE. 


llfi 


Fol.  ds  a. 


/tMeron'iim  Hi- 
têréi,  I ,  LXYiT. 

Quel«]ueK-uiio 
oanent  aui  infi- 
dèlM  «I  devien- 


As  bulongiere  le  pain  emblouent, 
Si  que  tôt  près  les  enpreignouent. 

/i285  Un  jor  i  ot  pris  un  prison, 
E  por  itele  mesprison 
L'en  mena  cil  qui  pris  Taveit, 
Si!  lit  al  miels  qu'il  saveit 
Les  deus  mains  deriere  le  dos, 

'1390  A  Tostel  ou  not  point  de  ados. 
Cil  de  Tostel,  qui  forneouent, 
A  mont  e  a  Yal  torneiouent, 
Si  ne  pristrent  del  prison  guardc; 
E  Deus,  qui  la  suc  gent  guarde, 

'1995  Rompi  les  liens  de  ses  mains. 
Il  seeit  sor  un  mont  de  pains; 
Li  serjant  musèrent  es  veies  : 
Cil  manja  des  pains  tote  veies 
E  si  en  mist  un  sos  Taissele 

/i3oo  Par  desoz  Tombre  d'une  sele. 
Or  ne  fud  pas  trop  a  mesaise, 
E  quant  il  en  vit  tens  e  aise 
Si  s'en  fui  bone  aleure 
A  lost  e  lor  dist  s'aventure, 

'i3o5  As  serjanz  qui  od  lui  esteient, 
Qui  a  glaive  de  faim  mureient. 
Le  pain  que  cil  lor  aporta , 
Dout  un  petit  les  conforta, 
Celui  mangèrent  e  partirent; 

/i3io  Mais  onc  guaires  ne  s'en  sentirent. 
Eth  vos  la  faim  si  esmeue 
E  lor  mesaise  tant  creue 
Qu'il  maldiseient  le  marchis 
Par  qui  il  erent  si  aquis. 

/i3i5       Cil  qui  en  l'ost  se  deleneient 
Maint  grant  meschief  i  sosteneient, 
Ne  nus  ne  vos  poreit  conter 
Que  la  mesaise  pot  monter 
Qu'il  endurèrent  e  sostindrent 


D« 


IroM 


âSao  Al  si^e  puis  qae  il  i  vindrenL 
Oiez  quel  perte  e  quel  damage 
D  orne  qui  Deus  ûst  a  sa  imagt, 
E  quel  meschief  e  quel  laidesoe. 
Qu'il  renit  Deu  por  sa  deatresoe  ! 

6335  En  l'ost  lïid  ia  ckierté  si  grande 
De  tote  espèce  de  viaide 
Que  mdt  de  noz  gêna  a'an  aloient 
Od  les  Turcs^  e  se  reaeâoueDt, 
Conques  n'avint  ne  ne  pot  esire 

433o  Que  Deus  de  femme  daignas!  oestre, 
E  la  eroiz  e  le  baptistire 
Reneiouent  il  tôt  a  tire.     . 

Deu  eompaignoB  en  foat  ealeient,    ^ 
Povre  serjant,  qui-  rien  n'avaient 

6335  Fors  un  angevin  seulement; 
Si  lor  en  avint  nullement. 
Car  il  n'aveient  point,  de  veir. 
Plus  viande  ne  plus  aveir. 
Fors  seulement  lor  armeures 

636o  Senglement  e  lor  vesteures.  * 
Sor  l'angevin  fud  la  devise 
En  quel  manière  e  en  quel  guise 
Viande  en  sereit  achatee 
A  trespasser  celé  jomee  ; 

6365  A  lor  pelisces  enquerouent 

Saveir  mon  que  il  en  ferouent. 
Tant  firent  e  tant  esgarderent 
Que  tresze  fèves  acbatereot  : 
Si  troverent  une  percbiee, 

635o  E  por  ço  qu'ei  fust  rechangce 
Si  covint  l'un  d'els  l'aler  quere 
Plus  luinz  de  set  arpenz  de  terre; 
Mais  cil  qui  la  dut  rechangier 
La  lui  chaoja  a  grant  dangîer. 

6355  Cil  vint  arieres,  sis  mangèrent, 
Por  poi  que  de  faim  n'eragerent. 


Foi 


/ia86  pris  —  6a8G  par  —  6391  fornoucot  —  6^92  tornoucnt  —  6397  seronl  —  6399  en 
63oi  Ore  —  63 1 3  maldiseinent  —  63 16  quil  esteieut  —  63 1 5  lost  deu  se  —  43i6  grtnt 
63ao  quil  —  63a6  Quil  ne  nie  d.  —  6396  espère  —  63a7  se  aloient  —  633o  femme  ne  d.  — 
sire  —  6337  dauier  —  636o  vestures  —  6365  pelisees  —  6346  quil  —  635o  e)e  —  6354  Si  kiî 


433] 


117 


L*ESTOIR£  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


It8 


XXTI. 

Ctox 
it  do 
ureut. 


mmBi- 

LIXTII. 

og«  de 
en  et- 

3a  c. 


Quant  les  fèves  furent  alees 
Eht  vos  lor  mesaises  dublees. 
Lors  maldiseienl  le  marchis 

âd6o  Par  qui  il  erent  si  aquis. 

Une  chose  en  i*<>st  Deu  vendeîent, 
Quarobles  out  non,  ço  diseient. 
Qui  ierent  duces  a  mangier 
£  sis  aveit  ¥em  sani  dangier, 

A365  Por  le  denier  une  denrée; 
La  iert  la  voie  Inen  menée. 
De  celés  e  de  Doii  menues 
I  furent  mult  genz  sostenues. 
Mais  cil  qui  malade  gisoient» 

A370  Qui  le  fort  vin  sovent  bevoient, 
Dont  il  aveient  grant  marehië, 
Esteient  de  vin  si  chargië, 
A  iço  que  riens  ne  menjouent 
Fors  ço  que  il  meins  coveitouent, 

l^^^b  Qu'il  morouent  ça  treis  ça  quatre; 
E  cil  qui  8*a}oieiit  esbatre 
E  repassouent  e  viveient, 
Qui  point  de  vitaille  n*avoient. 
Cil  maldisotent  le  marchis 

63Bo  Par  qui  il  erent  si  aquis. 

Mainte  mesaise  ot  en  Tost  traite 
Ainz  que  vitaille  i  fnst  atraiie, 
N'il  n  est  rage  fors  ée  destresce 
De  faim,  de  pain  quant  il  estresce, 

6385  Car  la  faim  celui  toz  jorz  haste 
Qui  de  manger  ad  greignur  haste; 
Car  a  vive  force  mangèrent 
Char  en  quaresme,  si  péchèrent. 
Ço  fud  en  Ja  cape  jeune 

ûSgo  Que  chescons  hom  par  dreit  geaiie; 
Mais  furent  penitencië 
Quant  Deus  ot  le  tens  avancië; 
E  quant  issi  la  char  mangouent 
E  del  pechië  se  recordouent, 


/iSgS  Lors  maudiseient  ie  roarchié 
Par  cui  il  erent  si  acuis. 
Tut  cel  yvero  issi  dura 
La  grant  chiertë,  que  endura 
La  gont  de  Tost  qui  Deu  quereit, 

/1600  E  esguardeit  quel  le  fereit, 

Del  Noël  jusqu*al  grant  quaresme, 
I^  sai  de  veir,  non  pas  par  esmc, 
Que  la  ou  Deus  fist  1  ost  seoir, 
Ke  {>oi  velt  Tuns  Tautre  veoir. 

/iAo5  Charité  iert  si  refreidee 

Que  avarice  iert  trop  eshaucie 
E  puis  que  avarice  i  sorvint 
Li  larges  aveirs  en  devint; 
E  d*avarice,  sanz  largeaee^ 

/lâio  I  moreient  gent  de  destresce. 
Qui  maudiseient  le  marchis 
Par  qui  il  ereni  si  aquis. 

Tant  dura  èele  meaestanee 
Qu  il  en  esteii  trop  granA  pariance; 

hhib  Mais  D^is  voleil  la  gent  apreradre, 
Qu  il  le  doivent  amer  e  criendre. 
Li  evesque  de  Sakaberes 
Apela  ses  fila  e  ses  fireres 
De  Des  e  ai  las  semoiia, 

kh2o  E  bone  easample  lor  dona; 
E  li  eveaques  de  Vérone, 
Qui  bien  iert  dignes  de  corone. 
Ne  fud  al  sermooer  feigniMM; 
Ainz  disi  paraJe8.ateignafiz; 

6  A  3  5  Cil  de  Pannes  en  Lomibardie, 
Un  evesque  de  seinte  vie, 
Represcba  aralt  ateignantment. 
E  ne  demura  puis  grantmeni 
K*en  Tost  fud  faite  une  coilleite 

663o  Par  la  geat<pii  trop  iert  destreile, 
Qui  a  grant  cboae  s^estencti. 
Chescons  mult  bien  i  entendi. 


t«a  disetle  dure 
de  Noël  à  Pàque*. 


Itinerûrium  Ri- 
Mrii,  I ,  uxviu. 

Les  évéques  do 
Salinbury,  de  Vé- 
rone et  de  Fan» 
fonl  faire  aoe 
coliecle  pour  se- 
courir le*  pau- 
vres de  Farm^, 

Fol.  3a  d. 


àêbg  Lores  maldiseint —  636o  P6r  quil  eat^ent  -^  6d6i  Deu  manqMê,  veodeffent  —  637^  quil  ^-  6377  e 
ioootot  —  6396  Loref  —  &1I96  Par  coil  —  4^8  qoil  e.  —  hhoo  E  e.  e  quel  il  lor  freit  —  hhoS  Si  \. 
—  &616  ie  manqué  •—  Uàiô  Une  —  àhi^  ateignament  —  &43o  trop  matique —  4639  bi^imNifaïf 


8. 


119 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


120 


As  besoiniu  resuier. 
La  reissiei  Deu  grazier 

hkZb  As  povres  geoz  quant  il  menjouent 
Ço  que  li  riche  lor  dénouent 
La  ci  Wakelins  de  Ferieres 
Mains  perchiees,  non  mie  avères, 
E  il  e  Robert  Trossebot, 

Ukko  Qui  tôt  le  suen  i  mist  a  bot; 

£  li  cuens  Henris  de  Champaine, 
Qui  mult  i  fud  de  grant  OTraine; 
Sire  Jocelins  de  Montoire, 
Cri  doit  estre  poinz  en  Testoire; 

khkb  E  de  Clermont  li  cortois  cuens, 
Qni  i  fud  despenderes  boens; 
E  Tevesque  de  Salesberes, 
Qui  ni  ot  pas  les  mains  avères, 
E  li  autre  qui  Deu  conurent, 

Uiibo  Qui  meintes  genz  i  sucururent. 
La  coilleite  i  fud  bien  donee 
Par  esguard  e  abandonee 
Fol.  33  a  As  petites  genz  e  as  granz, 

As  chevalers  e  as  serjanz, 

/i/i55  E  as  povres  que  il  veeient 

Qui  greignor  besoing  en  aveient, 
A  chescon  solunc  qu'il  esleit 
E  solonc  ço  que  mesesteit 
Deu  vit  sa  gent  de  bien  esprise 

6660  E  que  charitez  se  i  iertmise. 
Sis  reguarda  por  cele  acorde 
Des  oilz  de  sa  miséricorde. 
iiûmmium  lu-  Bien  avez  oi  puet  cei  estre 

Année  d'à»  '^  miraclo  le  rei  celeslre, 

chaTgaMBt  de  ^/^^s  g  trestut  cil  qui  Tout  oi 

En  deivent  estre  resjoi. 
Al  port  d'Acre  vint  une  barge 
-Qui  n'iert  guaires  lee  ne  large; 
En  cele  barge  aveit  forment. 


m 


A&70  Or  si  porez  oir  cornent 
Deus'  succurut  cristientë 
E  del  chier  tens  fist  grant  plentë. 
Por  ço  n'iert  la  chiertë  si  grande. 
Car  en  Tost  mist  assez  viande; 

hh'jb  Mais  li  marcheant  la  teneient 
Por  ço  que  chiere  la  vendeient; 
Mais  quant  Deus  qui  est  charitë 
E  fontaine  d'humilitë 
Vit  en  son  poeple  la  laschesce, 

/!i68o  Si  coroanda  que  la  destresce 
E  la  famine  a  tant  cessast 
E  que  li  formenz  abeissast. 

Ço  fud  un  samedi  einz  none 
Que  la  barge  vint  od  Tanone; 

UiiSh  N'iert  pas  grant  parole  tenue 
De  la  barge  qui  iert  venue 
Fors  de  cels  qui  le  blë  vendeient. 
Qui  a  lor  guain  entendeient 
La  barge  vint  un  samedi, 

Uàgo  Mien  escient,  après  midi. 

Que  la  l'amena  Deus  domaine, 
Prist  le  forment  le  diemaine 
Qni  esteit  as  gemiersgisanz, 
Que  cil  vendeient  cent  besanz, 

&&95  Sil  mist  de  cent  besanz  a  quatre  : 
Tel  marcheanz  s'i  dut  enbatre 
Qui  tant  et  si  tost  embati. 

Oiez  com  Dampnedeus  bâti 
Un  vassal  e  par  son  oltrage, 

i^Soo  Si  ne  fud  mie  grant  damage. 
En  Tost  d'Acre  ot  un  Pisan 
Qui  si  tint  chier  le  blë  cel  an 
Qu'il  n'en  voleit  vendre  denrée 
Fors  a  chiertë  trop  desreee. 

65o5  E  Deus  qui  conuist  chescon  home 
L'en  fist  porter  issi  grief  some, 


Pio  de  I»  di 


Fol.  33  6. 


Aâ3d  besoins  —  lihBS  p.  nol  m. 
&&56  en  manqvê  —  &&61  iœie  - 
hà'jh  mtrchant  —  6699  dimaine 
bie  —  65o4  deiree 


-  hhU2  oueraioe  —  ItlihS  i  manque  —  âà^g  que  —  &655  qail  Yeienl  — 
à&6t  sa  moNfiM  —  6663  pucelestre  —  6^68  lie  —  6&70  Ore  — 

-  6495  Si  —  &&96  marchans  —  6/^97  tant  si  L  a  e.  —  &5ot  cfa.  de 


ISl 


L*ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


122 


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33  C. 

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I. 

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1191). 

wmK- 
ér«ti<»i 

■fMHIfl 


Por  (0  qu'il  s'i  acostuma, 

C'uns  feus  sa  meison  aluma 

Si  que  quanque  aveit  en  maison, 

âSio  Qu  il  aveit  atrait  sans  raison, 
Fud  tôt  péri  e  ars  en  cendre. 
Si  que  nus  ne  la  pot  desfendre. 

Quant  celé  ovre  Deu  fud  veue, 
Eht  Tos  la  charité  creue. 

65 1 5  Ghescons  prosdom  s*eslar|^ceit 
Kuns  Ters  l'autre  de  quoi  que  seit. 
La  veissies  reassazier 
Les  povres  e  Deu  gracier; 
E  tuit  cil  qui  la  char  usèrent 

Â5so  En  quaresme  se  comfesserent 
E  en  pristrent  lor  penitance, 
Car  feit  Torent  par  mesestance. 
Treis  cops  d'on  baston  sor  le  dos 
Ot  chescons  d'els,  ne  gaires  gros, 

6595  De  Fevesque  de  Salesberes, 
Qui  les  chastia  oom  bons  pères. 
E  a  icele  Pasche  close, 
Que  Deus  ot  fait  icele  chose. 
Vint  li  reis  Filippes  de  France 

i^53o  En  Tost  por  veir  e  sanz  dotance; 
Si  i  vint  0  lui  li  cuens  de  Flandres, 
De  la  cui  mort  fud  grant  esclandres  ; 
Si  i  vint  li  prenz  coens  de  Saint  Pol , 
Cui  bien  seeil  escu  al  col; 

&535  Si  i  vint  Guillames  de  Gariande, 
Qui  ot  compainie  mult  grande; 
Si  i  vint  Willames  des  Barres, 
Bons  chevaler  e  preuz  e  ares; 
Si  i  vint  mis  sires  Dreus  d'Amiens, 

Ubào  Ou  mult  aveit  proesce  e  biens; 
Si  i  vint  Willames  de  Merio, 
Un  chevaler  dont  jo  me  lo; 
E  si  i  vint  li  cœns  de  Perche, 
Qui  tut  le  suen  i  mist  sanz  merche; 


UbUh  E  lores  i  vint  li  marchis 

0  les  Franceis ,  si  com  jo  enquis. 
E  qu'en  fereie  autre  pariance? 
Il  ne  remist  hait  home  en  France 
Qui  ne  venist  a  Acre  en  l'ost 

/j55o  a  cel  termine,  ou  tart  ou  tost. 

Li  reis  de  France  fîid  illoques, 
E  la  cristienté  oveques, 
De  Pasches  .jusqu'à  Pentecoste, 
La  haute  feste  qui  tant  coste; 

/i555  E  lors  ot  li  reis  de  Engletere 
Pris  Cyprès,  e  vint  en  la  lerre. 
Mais  l'estorie  me  covent  sivre 
E  la  materie  reconsivre 
Del  siège  d'Acre  reconter; 

â56o  Si  velt  Ambeoisbs  parconter 
Ici  e  parfomir  son  poindre 
E  Sun  neu  renoier  e  joindre 
Des  deus  reis  qui  a  Acre  vindrent 
AI  siège  e  com  il  se  contindrent, 

4565  E  de  la  some  de  l'estoire 

De  ço  qui  l'en  vient  a  mémoire, 
E  coment  Acre  fud  eue , 
Si  com  il  vit  a  sa  veue. 

Quant  li  reis  Richarz  d'Engletere 

4570  Fud  venuz  en  la  seinte  terre, 
Issi  com  jo  vos  ai  conté. 
Si  deil  bien  estre  recontë 
La  corteisie  e  la  proesce 
Qu'il  fist  lores  e  la  largesce. 

A575  Li  reis  de  France  aveit  donë 
A  ses  genz  e  abandonë 
Que  chescon  mois  treis  besanz  d'or 
Avreit  chescon  de  son  trésor; 
Sin  iert  grant  parole  tenue. 

458o  Li  reis  Richarz  en  sa  venue, 
Quant  il  oi  si  fort  affaire, 
Si  fist  par  mi  Tost  son  ban  faire 


Afflbroite  re- 
prend In  mite  du 
rédl  des  érèiM- 
raenta  dont  il  a 
été  témoin  ocn- 
lairp. 


Fol.  33  d. 


lùnerarium  Bi- 
eitr^,l\\ ,  iT. 

Philippe  donu<> 
trois  besans  d*or 
h  chacun  de  se» 
chevalière.  Ri- 
chard en  donne 
quatre  aux  sifo^. 


&5o9  que  wumquê,  en  n  m.  —  &5i6  dcsque  s.  —  hbtg  mangèrent  —  4533  preoei  —  4566  Que  — 
6567  freie  —  àbhg  Que  —  655o  Oa  a  cd  —  6555  lores  —  &56i  Id  a  parfongier  —  6563  De 


123 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


m 


Larme*  csl 
inipalienl^  d<; 
donner  i'ossaut. 


rj.  3h  a. 


Itinerartvm  Bi- 
rarii,  III ,  v. 

Philippe  vcul 
ulUqut-r .  mais 
Hichard  «si  ma- 
Ude  et  ÏP  prie 
irnlli'ndre  ••n- 
cori.'. 


Philippe  alla- 
qae  ndanmoins. 


Que  chevaier,  de  quelque  terre 
Qu'il  fust,  qui  ses  solz  voidreit  quore , 

^i58r>  Quatre  besanz  d  or  lui  doroit, 
£  que  issi  lor  acoreit; 
E  ço  erent  les  dreites  soudées 
Qui  la  soient  estre  donees. 
Elb  vos  tote  Tost  resjoie 

'lor^o  Quant  la  parole  fud  oie. 

Lors  diseient  les  genz  menues 

Qui  pieç'a  i  erent  venues, 

E  li  menu  e  li  maian  : 

rSire  Deus,  quant  assaudra  Tan  ? 

/ir)9r)  frOre  est  yenuz  li  plus  vaillanz 
r  Des  reis  c  li  mielz  assaillanz 
r  De  tote  la  cristienté. 
trOr  face  Deus  sa  volenté.T) 
El  rei  Bichart  iert  lor  Gance. 

/1600  Lors  li  manda  le  rei  de  France, 
Qui  des  après  Pasche  iert  venut 
E  s'esteit  mult  bien  contenus, 
Que  bien  sereit  qu  il  assaillisent 
E  que  Tassait  crier  feissent. 

^lOof)  Mais  li  reis  Ricbarz  iert  malades 
E  aveit  boche  e  lèvres  fades 
D*unc  emfertd  que  Deu  maudie 
Quen  apele  leonaitlie, 
E  manda  al  rei  son  malage, 

^jGio  E  li  manda  que  son  barnage 
.\c  s'estoire  n'iert  pas  venue, 
Eiiiz  Taveit  uns  tens  détenue 
Que  Tem  claime  li  venz  d  arsur, 
E  faveit  arestee  a  Sur, 

/i<)i5  E  que  ses  perieres  veneient 
E  que  par  tens  illoc  sereient, 
E  quant  sa  maisnoe  vendreit 
Que  mult  volentcrs  entendreit 
A  tôt  son  poeir  d'Acre  prendre. 

ùr);)o  Mais  onc  li  reis  de  France  atendro 


Por  ço  ne  velt,  si  Deus  me  sali» 
Qu'il  ne  feist  crier  i'assalt. 
Al  matinet  par  tôt  ^armèrent. 
Car  assaillir  mult  désirèrent. 

A6a5  La  «eissiei  tanz  genz  armées 
Que  a  peine  fussent  esmeea; 
La  veissiei  tanz  biaus  haubers 
E  tanz  belmes  luisanz  divers, 
Tanz  chevals  de  bêles  faitures, 

/i63o  E  tantes  blanches  covertures, 
E  tanz  chevalers  esleuzl 
Aine  n'en  eûmes  tant  veas, 
Tanz  bons  chevalers,  preuz,  osez, 
Fiers  e  hardis  e  aloseï , 

66.^5  Tanz  penoncels,  tantes  banieret, 
Ovriees  en  tantes  manières  ! 
Lors  devisèrent  e  partirent 
Cels  qui  la  guarde  al  fossé  firent , 
Que  Salahadins  par  deriere 

/lO/io  JN'entrast  en  l'ost  od  sa  gent  fiere. 
Le  gent  Deu  vers  les  murs  ae  irestrent, 
E  assaillirent  bien  e  Irestrent; 
E  quant  li  Turc  d'Acre  ço  virent 
Que  cristien  les  assaillirent, 

W\h  Lors  peussiez  oier  soner. 
Corne  se  Deus  feist  toner, 
Bacins  e  tymbres  e  laburs  : 
Ne  faiseient  autres  labors 
Cil  qui  de  tel  mestier  serveient, 

A65o  Qui  del  paleis  l'ost  sorveeient. 
Fors  noisier  e  faire  fumée  : 
C'ert  a  lor  Sarazins  mostree 
Que  il  les  venissent  socure; 
Si  les  veissiez  lor  acorre, 

'1655  Od  Ta treit  le  fossé  emplir; 
Mais  nel  porent  pas  acomplir, 
Que  cil  de  Linzeignan,  Jefireis, 
Qui  de  proesce  iert  toz  jorz  freis. 


Fol 


lai 


/ir)83  De  rh.  —  /1591  Lores  —  45^8  Ore  —  A599  afliance  —  6600  Lores  —  46oi  Que  —  66o5  Richarz 
manque  —  6607  emfermetc  —  ûô'^G  Qui  —  â6do  lani  —  /iôdsi  eareni  —  6634  e  oseï  —  46^7  Loret  — 
h^l\h  I^ores  —  6666  Cono  —  665o  sorueneient  —  A6S3  Quil  —  6654  Si  iorres  les  v.  a.  —  6658  Qttt 


La 
P« 


125 


L'ËSTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


Ii6 


66(10 


Ifib. 


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Bl  a 
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A  670 


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6690 


mAi- 
▼1. 

des 

MoK   4e*5 
}     de         ^ 

Croi- 


Vinl  a  la  barre  ou  il  esteient, 
Que  8or  noz  geoz  ja  pris  aveient, 
Sis  reusa  a  force  ariere 
E  en  mist  plus  de  dis  en  bière 
D'une  hache  que  il  ieneit  : 
A  laQz  eops  tanz  en  reteneit 
Que  puis  Rodland  e  Olivier 
Ne  fud  tel  los  de  chevalier; 
Ë  refud  la  barre  conquise 
Que  Sarazins  aveient  prise; 
Mais  il  i  ot  aini  grant  mdilee 
E  tel  bataille  ei  tel  criée. 
E  cil  qui  Acre  assaillirent, 
Qui  les  fossez  a  force  emplireat, 
CoviQt  que  arieres  se  traissitent 
E  que  autre  conseil  preissent, 
E  fud  que  vers  quarels  se  trestr^nt 
E  u'i  lancèrent  plus  ni  treslrent. 
Elh  vos  lassait  atantremeiudre» 
Et  le  pople  crier  e  pleindre 
E  regreter  cele  venue 
Des  reis  qu'il  orent  atendue. 
Chescons  diseit  devant  sa  tente  : 
ffBiaus  sire  Deus,€oiii  povre  atente!^ 
Noz  genz  s*alerent  désarmer. 
Etli  vos  Sarazins  a  huer; 
E  quant  noz  genz  se  desarmouent , 
E  li  Sarazin  alumoaent 
Al  rei  de  France  tôle  reiea 
E  ses  engins  e  ses  cereleies. 
Dont  il  li  prist  al  quor  tel  ire 
Que  rem  le  sot,  e  Toi  dire, 
Qu'il  en  chai  en  maladie 
Issi  qu'il  ne  chevalchot  mie. 
Issi  fud  Tost  en  tele  estate, 
Triste  €  pensive  e  morne  e  nMte, 
Des  dens  reis  qui  malade  esteient , 
Qui  la  citié  preadre  dévoient; 


E  li  coens  de  Flandres  ier  morz, 
Dont  Tost  iert  en  grant  desconiorz. 
Que  fereie  ici  autre  conte? 

A700  Li  mais  des  reis,  la  mort  del  conte 
Mistrent  Tost  si  en  grant  destresce 
Qu'il  u'i  ot  joie  ne  leesce. 
Fors  de  l'estorie  des  enekes 
Qui  vint  en  cel  contemple  illoques; 

6705  E  lors  vint  l'evesque  d'Evreues 
E  bones  gens  qui  crent  sues; 
Si  i  vint  de  Thoeni  Rogiers 
03  grant  plenté  de  chevaliers; 
E  cil  de  Cornebu  li  frère, 

^1710  Plusors  bons  filz  e  tuit  d'un  père; 
Si  i  vint  Robert  de  Noefbroc, 
A  plus  franc  home  ne  m'abroc; 
Si  i  vint  Jordans  de  Homez, 
Qui  iert  oonestables  de  Set; 

6715  E  si  i  vint  li  chamberleos 
De  Tancarvile  en  icel  tens; 
U  coens  Robert  de  Leicestre 
Iert  ja  venus,  qui  i  voleit  estre; 
Si  i  vint  Gilebers  Taleboz, 

i!i7i3o  Un  des  plus  preus  vassals  des  noz; 
E  mes  sires  Raof  Teissons 
I  vint,  n'est  dreitque>lui  leissoms; 
E  li  vescuens  de  Ghasteldon 
I  vint,  e  Bertransde  Verdon; 

/1795  E  si  i  vindrent  li  Tozeleis, 
Hardi  chevalier  e  corteis; 
Si  i  vint  Rogiers  de  Hardincort, 
Compainz  le  rei  e  de  sa  cort; 
Si  i  vindrent  cil  de  Preals, 

/1730  Ço  erent  des  compaignons  reiab; 
Si  i  vint  Guarins  le  filz  Gerod, 
Qui  bde  compaignie  i  ot; 
E  cil  de  la  Mare  ensement 
I  vint  e  bel  e  richement; 


Arrivée  d«  uou- 
veaux  CroÎKb. 

Fol.  34  (i. 


/i66d  quil  —  !i66S  sarainf  —  /1676  E  que  ni  —  6696  De  deus  —  6699  fràe  —  &705  iores,  de  ucreues  — 
^709  comube  —  471s  A  pi.  fr.  oe  naturoc  —  6720  pbsaMNfitf  —  à7ds  heletnanque 


127 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


lis 


Fol.  35  c. 

Itmtrûiim»  Ai- 
cm-éi,  ni ,  f  ti. 

Malevouine , 
pierrière  du  roi 
de  France. 


Pii-rrières  du 
'lue  de  Bour- 
gogne ,  des  Teni- 
plienetilr*  Hos- 
pitaliers. 


Pierrière    de 
Dieu. 


Piernères  du 
roi  d'Angleterre. 


6735  E  meint  autre  que  ne  nom  tnie, 

Qui  vindrent  en  la  Deu  aie. 
Li  dou  rei  malade  giseient 

Al  siège  a  Acre  ou  il  esteient. 

Deus  ne  velt  pas  que  il  munissent, 
67/jo  Mais  que  la  citië  sucurussent. 

Li  reis  de  France  repassez 

Fud  ainz  que  ii  autre  d'assez. 

Les  pereres  as  murs  jetouent 

Nut  e  jor,  qu'eles  ne  finouent  : 
A  7/1 5  Li  reis  aveit  Maie  Veisine, 

Mais  en  Acre  ert  Maie  Cosine, 

Qui  tote  jor  la  depesçoit, 

E  ii  tozjorz  la  redresçoit, 

E  tantes  feiz  la  redresça 
6750  Quelemaistremur  depesça, 

E  la  tur  maudite  ensement 

Rot  ele  empeiriee  grantment. 

La  periere  al  duc  de  Borgoine 

I  refaiseit  bien  sa  besoine, 
/1755  E  celé  as  preuz  seignors  del  Temple 

Feri  meint  Turc  joste  la  temple. 

Celé  as  Hospitaliers  faiseit 

Uns  cols  qui  a  toz  lor  plaiseit. 

Une  periere  i  ot  fermée , 
Û760  Periere  Deu  estoit  clamée, 

U  uns  bons  prestres  prcecha , 

Qui  tote  Tost  esleesça  , 

E  porchaça  tante  moneie 

Qu*il  mist  bien  del  mur  a  la  veie 
6766  Qui  iert  lez  la  maudite  tur 

Plus  de  deus  perches  tôt  entur. 

Li  coens  de  Flandres  en  aveit 

Une  eue  quant  il  viveit , 

Nu  le  meillor  n'estuveit  querre  : 
6770  Icele  ot  li  reis  d*Engletere, 

Si  ot  od  ccle  une  petite 

Que  Ten  teneit  por  bone  eslite. 


Gelés  a  une  tur  jetouent 

D'une  porte  ou  ii  Tare  hantouent  : 

6775  Tant  la  hurterent  e  bâtirent 
Que  la  meitië  en  abêtirent  ; 
Si  en  aveit  Ii  reis  fait  faire 
Dous  noves  de  si  riehe  affaire 
Qu  eb  jetouent  totes  covertes 

6780  La  ou  els  erent  poroffertes; 
Si  ot  fait  lever  un  berfroi , 
Dont  li  Turc  erent  ep  effiroi. 
Qui  si  iert  coven  e  vestui 
De  cuir,  de  cordes  e  de  fui 

/^785  Que  ne  criemeit  pierre  gettee 
Ne  feu  greceis  n'autre  rien  née; 
Si  fist  faire  dous  mangoneb. 
Dont  li  uns  esteit  si  ignels, 
Quant  sa  piere  voleit  en  Acre, 

A  790  Qu'eie  aloit  jusqu'en  la  maçacre. 
Les  sues  perieres  jetèrent 
Nuit  e.  jur,  qu^eles  ne  finerrat. 
Si  fud  si  veirs  com  nos  ci  sûmes 
Cune  d'eles  tua  douze  homee 

6796  D'une  pierre,  qui  fud  portée 
A  Saiabadin  e  mostree , 
Que  tels  pierres  ot  en  la  terre 
Aporté  li  reis  d'Engletere, 
Gaus  de  mer  qu'il  prist  a  Hescbines, 

6800  A  tuer  les  genz  sarazines. 
Mais  li  reis  giseit  contre  lit. 
Trop  malades  e  sanz  délit, 
E  aloit  veoir  les  batailles 
Des  Sarazins  e  des  chenaiiies 

A8o5  Si  près  de  l'ost  e  des  fessez 
Que  ço  li  grevoit  plus  d'assez 
Que  il  ne  poeit  assembler 
Que  li  mais  quil  feseit  trembler. 
Multpar  fud  Acre  maie  a  prendre, 

6810  E  mult  i  covint  einz  despendre 


Fil 


U'jBg  quil  —  &7A1  fud  repassiei  —  àfjUi  Jautre  —  ^768  la 
'1768  qua  —  4761  prêcha  —  6771  od  manque  —  6778  un  l. 
criemeieDt  —  4 797  leles  —  A 807  Quil  —  A808  qui  li  f.  —  Û8 


drescoit  —  à'jbk  refdt  —  ^767  hospîlali  —  ^ 
—  /1779  des  —  4780  des  —  6785  Qui  ne  p^ 
10  i  manqué 


139 


LESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


130 


A  mult  engins  que  il  i  6rent, 
Qui  a  grans  paines  i  suffirent; 
Car  quant  il  ne  se  regardouent, 
E  li  Saraizin  iorardouent. 

/i8i5  Li  reis  de  France  ot  fait  un  chat 
De  grant  cost  e  de  grant  achat, 
E  une  cercloie  coverte 
Trop  richement,  dont  fud  grand  perte. 
Le  rei  meismes  se  seeit 

68ao  Soz  ia  cercloie,  si  traieit 

Sovent  od  s'arbaleste  as  Turs 
Qui  veneient  défendre  as  murs. 
Un  jor,  si  com  ses  genz  gueitouent 
Son  chat  e  ceis  qui  i  ovroient, 

6895  Eth  vos  que  Sarazin  jetèrent 
Tant  sèche  huche  e  aporterent 
Sor  le  chat  e  sor  la  cercleie 
(Que  Ambboisbs  vit  celé  foie) 
Qu'après  le  feu  greceis  lancèrent 

/i83o  E  une  perriere  adrescierent 
Tôt  dreit  sor  le  chat  a  ferir. 
Tant  que  le  chat  covint  périr, 
E  la  riche  cercleie  oveques 
Fud  arse  e  depecie  illoques; 

/!i835  Dont  li  rois  ot  al  quor  tel  ire 
Que  il  comeoça  a  madire 
Trestoz  cels  qui  son  pain  mangouent. 
Quant  des  Sarazins  net  vengouent. 
Celé  nuit  6st  crier  Tassait; 

68/10  L'endemain  fist  merveilles  cbait. 
Estes  vos  al  malin  monté 
La  fiere  gent  de  grant  bonté. 
Cel  jor  fist  as  fossez  la  garde 
n  Sar-  Tel  geut  qui  n'esteit  pas  coarde , 

6865  Car  tôt  entor  a  la  reonde 

Aveit  des  meiliors  genz  del  monde. 
A  cel  jor  iud  mult  grans  mesters, 


1,  II. 

irétieos 
Il  ua 
Sapba- 


Car  Salahadins  tut  premiers 

Aveit  dit  que  il  enterreit,  Fol.  35  d. 

685o  E  que  lores  si  mostereit. 

Ki  vint  pas,  meis  ses  genz  i  vindrent, 

Qui  al  fossé  tel  estai  tindrent 
'  Qu'il  erent  a  pie  descendu. 

La  veissiei  estai  rendu 
6855  E  ferir  de  mace  e  d'espee. 

La  iert  la  bataille  açopee , 

Car  li  Turc  dehors  se  desvoent 

Por  cels  de  Acre  quis  acenoient 

0  l'enseigne  Salahadin. 
686o  Ço  iert  Tamiralz  Saphadin 

E  tel  gent  qui  tel  presse  firent 

Al  fossé  qu'a  force  l'emplirent; 

Mais  nostre  gent  le  reuserent, 

E  cil  qui  devers  les  murs  erent 
6865  Assailloient  Acreadecertes, 

Dont  Deus  lor  rende  lor  désertes  ! 

Li  mineor  le  rei  de  France ,  u^  Frtnçai* 

Qui  lui  aveient  fait  liance,  "^T'v!  ""; 

^  *  mille  il  Acre  el 

Foirent  tantxpar  desoz  terre  y  ^'^^^  *»^*«*»'- 

6870  Por  le  fondement  del  mur  quere 

Que  d'estançons  l'estançonerent, 

E  pub  après  sis  aiumerent, 

Tant  c'un  grant  pan  del  mur  chai  ; 

Mais  un  poi  lor  en  meschai , 
6875  Car  al  cbair  jus  s'acota, 

Si  que  chescons  bom  se  dota. 

Eth  vos  grant  gent  la  endreit  traire 

Ou  il  virent  le  mur  atraire. 

La  veissiez  tantes  banieres; 
6880  Enseignes  de  tantes  oMinieres 

La  veissiez  a  celé  presse 

De  la  paene  gent  engresse; 

La  les  veissies  avancier 

E  feu  grezeis  as  noz  lancier; 


6811  quil,  i  manqtiê  —  6819  a  grani  paine  - 
68ti  arbe  —  6896  i  manqué  —  683o  pertiere  — 
li  m.  -^  6869  quil  entreit  -^  6859  del  e.  — 
6878  affaire  — 6880  E  tantes  enseignea  de  m. 


-  68id  ne  numque  —  6817  bien  oooerte  —  6890  Sor  — 
6836  Qoii  —  6861  Eht  voa  —  6866  mdlior  —  6867  «^^^ 
6857  acenoient  —  6861   tele  —  6877  gr^nt  manqui  — 


larRivtniK  x4Ttev4iK. 


131 


LESTOIRE  DH  LA  GUERRE  SAINTE. 


132 


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La  \eis!>iez  de  dcus  pan  traire 
As  eschieles  ai  mur  alraire. 
I^  fud  feiz  un  granz  hardemenz. 
K  ço  list  Aubens  ClimeDZ, 
(!il  qui  dist  qu'a  cel  jor  murreil 
Ou  que  dedenz  Acre  enterreit, 
Vil  n'en  deigna  onques  mentir, 
Ainz  devint  iiloques  martir. 
Car  sor  les  murs  i^'ala  combalre 
\s  Tur»  qui  Tatouent  abatre, 
E  tant  sor  lui  en  acunit 
Oue  sei  défendant  i  munit: 
i's^  cil  qui  sivre  le  de^eient. 
nui  sor  Teschiele  ja  esLeient, 
La  char^gerent  tant  qu'el  pleia 
E  que  al  ploier  peeheia 
E  cil  el  fos»^.*  trébuchèrent. 
Li  Turc  huèrent  e  crièrent , 
Si  i  ot  de  t«U  qui  i  morureut 
De»  noz  e  tels  qui  traii  i  furent; 
liais  d'Auberi  Qiment  sani  dote 
Fod  desbeitie  Tosl  trestote, 
E  por  loi  regreter  e  plctndre 
Goiînt  icel  assalt  mnaindre. 
Ne  denora  mie  grantment 
Psk  la  mort  Auberi  Climent 
0^  il  foireot  la  tar  maudite. 
Que  jo  avoie  nomee  e  dite. 
Tant  qu'ele  fod  astaoçonee 
E  empeîriee  e  estooee: 
E  li  Turc  par  dedenz  Codent 
i>>otr  eb  al  plos  dreit  qu'il  poeient 
E  tant  que  il  s*entreeontrereot. 
K  qae  triuues  s'entredooerent; 
E  il  i  aveit  eristiens, 
Tennz  on  fer»  e  en  lioos  : 
Tant  paiier^fit  ensemble  e  firent 
Mn^  fil  dt^lvDz  hors  s'en  is^^iient. 


E  li  Turc  de  dedenz  le  soreot  ^ 

Sachiez  bien  que  grant  doel  en  orent  ; 
6«n5  Le  pertus  par  ont  cil  passèrent 

Afeiterent  e  amendèrent. 
Li  reis  Richarz  giseit  encore 

Malades,  si  com  jo  dis  ore; 

Mais  il  veit  que  de  sa  baillie 
1930  Fust  la  citié  d*Acre  assaillie. 

Lors  Gst  une  cercloie  traire 

As  fossez  de  trop  riche  aflaire; 

La  erent  si  arbalesier. 

Oui  bien  fesoient  lor  mesler. 
^93:1  II  meimes,  si  Deu  me  voie. 

Se  Gst  porter  soz  la  cercloie 

En  une  grant  coilte  de  paile 

Por  faire  a  Saratins  contraille. 

E  i  fist  mein  trait  d*arbaleste 
^9^0  De  sa  main  qui  mult  en  iert  preste 

A  la  tur  ou  li  Turc  traiooent 

E  ou  ses  pereres  jetouent; 
i  E  li  suen  mineor  fuioient, 

*  E  cil  toz  jon  estancenoient. 

h^\h  E  tant  l'orent  eslan^nee 

E  as  perieres  eslonee, 

Qu'el  tresbucba  jus  contre  terre; 

E  donc  tist  li  rois  d'*Englelere 

Cner  |>ar  l'ost  son  crieor. 
\    ^900  D*un  mur  qui  ert  joste  la  tnr. 
;  Que  qui  un  quarel  en  trareit 

!  Que  deus  besanz  d  or  l'en  doivit . 

t  Puis  en  pramist  trois  e  puis  quatre. 

I  Lors  veissiez  serjanz  embativ; 

j    ^909  La  veissiez  tanz  mahaignier 


«-r*.  11 

nirb 
l«le  au 
ville  (< 
■  •91  I. 


i      iqtio 


—  ^$90  enlrat 

—  &93sl>oret- 
&9&S  E  mnjmfte 


-  &933  ariilertfr 

—  ^9^)1   QQ 


La  veissiez  tanz  enven^r 
Qu'il  n'i  osouent  ooniver^r 
Ne  demorer  desoz  les  tai^ges. 
E  li  mur  iert  mult  hait  e  laigos 

-r  i936  tor  —  4937  (^nede  —  ^939  i 
—  i95i  Lira  —  4960  oMilt 


FuL34 


133 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


Vilt 


«in  re- 


Cl^ 


numBi- 

1 ,  XIV. 

iglftiH  et 
u  mon- 
brècbe. 

.  30  ff. 


E  neporqaant  tant  i  atrestrent 
Que  des  quarels  hors  del  mur  trestrent. 
Lors  veissie2S  tans  Tares  atraire 
La  ou  les  quarels  virent  traire, 

AgôS  Qu  a  descovert  s'abandonerent 
A  jeter  a  ceis  qni  trencbierent. 
Uns  Turs  s'iert  armes  richement 
Des  armes  Auberi  Gtiment, 
Qui  le  jor  trop  s'abaodona; 

/1970  Mais  ii  reis  Riebarz  loi  dona 
D'un  fort  quarel  el  gros  del  pis, 
Que  cil  cbai  mors  sanz  re8f>ii. 
Lors  veissiez  Turs  descovrir, 
Por  le  doel  de  celui  covrir, 

6975  E  as  quarels  abandoner 

Ë  traire  e  de  granz  cops  doner. 
Ne  furent  aine  de  tel  défense  : 
Merveilles  ot  qni  s'en  apense. 
La  n'aveit  mestier  armeure, 

/igSo  Tant  fust  tenaus,  fort  ne  seure  : 
Dobles  parpoinz,  dobies  baubercs 
Ne  tenouent  ne  c'uns  drap  pers 
Les  quarels  d'arbaleste  a  tur, 
Car  trop  erent  de  fort  atur. 

6985  E  li  Turc  par  dedenz  foirent 
Tant  que  li  nostre  s'en  fuirent 
Ë  qu'il  les  covint  remuer; 
Etb  vps  Sarazins  a  huer. 
Quant  celé  tur  fiid  abatue 

^990  Qui  tant  aveit  este  batue, 
E  la  fumée  fnd  estainte , 
Si  qu'il  i  ot  montée  mainte, 
Lors  s'armèrent  li  escuier, 
Qui  csteient  preu  e  legier; 

6995  E  la  fud  la  baniere  al  conte 
De  Leicestre  en  icel  conte; 
Si  fud  la  mon  seignor  Andriu 
De  Chavingni  en  icel  liu; 


La  seignor  Hugon  ensement 
5ooo  Le  Brun  i  vint  mult  richement, 
E  l'cvesque  de  Saiesbires , 
E  autres  de  plusors  matires. 
Ço  fud  a  hore  de  mangier 
Qu'a  la  tnr  se  vindrent  rengier. 
5oo5  Li  preu  escuier  assaillirent 

Les  gardes  des  murs  s'escrierent 
Quant  il  virent  que  cil  montèrent. 
Ëlh  vos  la  citié  esmeue 

5oio  Quant  cde  chose  fud  seue; 
Lors  veissiez  Turcs  apluveir, 
E  escuiers  si  tost  moveir. 
Qu'il  voleient  en  Acre  entrer. 
La  les  veissiez  encontrer 

5o]5  E  les  uns  as  autres  combatre, 
Hurter  e  terir  e  abatre. 
Li  escuier  poi  de  gent  furent 
E  li  Saraizin  toz  jorz  crurent , 
Quis  ardeient  a  feu  ardant; 

5oao  E  cil  s'en  vindrent  regiiardant, 
Qui  n  osèrent  le  feu  atendre, 
Ainz  les  en  covint  jus  descendre; 
E  ne  sai  quanz  en  i  murut, 
Si  com  l'aventure  curut. 

5oa5  Lors  s'armèrent  la  gent  de  Pise, 
'  Qui  esteient  de  grant  emprise, 
E  sus  en  haut  del  mur  montèrent; 
Mais  Sarazin  les  rehasterent 
Si  durement  que  la  bataille 

5o3o  Des  Pisans  e  de  la  chenaille 
Fud  si  forz  e  si  desreee 
Qu'aine  ne  fud  veue  rien  née 
Si  bien  deifendre  n'assaillir  : 
les  Pisanz  covint  jus  saiUir; 

5od5  E  se  l'ovre  fust  mielz  seue, 
Acre  fust  icel  jur  eue:  * 


Lf-5  Tuics  re- 
l>ous£ent   les  «%< 


Fol.  37  a. 


6*961  arestrent 
—  6973  Loreu  — 
5oit  E  numquê  — 


—  ^1963  Lores  —  6966  a  numfuê  —  6967  si  iert  -^  A969  Que  —  6971  fort  manque 
6977  aine  manque  -^  A983  arbleste  —  6993  Lores  —  ^999  Le  -^  5oii  Lores  •— 
5os5  Lores  —  6097  del  mur  masMfM  —  5odo  pianns  —  SoBi  si  tnon^,  deaaree 


133 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


136 


Itmtrnrium  Rm- 
cardi,  III ,  iz. 

Accord  entra 
Gui  et  Conrad, 
soutenus,  celui- 
c\  par  Philippe 
et  celui-là  par 
Richard. 


Gui  reste  roi. 
Conrad  a  Tyr, 
Bevrout  et  Si- 
don. 


Conrad    aéra   5o6o 
roi  à  la  mort  de 
Gui. 

Fol.  37  6. 

GeiTroi    reçoit 
Jiifla  et  A»ralnn. 


IHnerarùunni' 
eardi,  111 ,  zf . 

Les  infidèles 
ïool  réduits  à  la 
dernière  exlr<*- 
niilé. 


Mais  ii  plus  des  gens  qui  esleient 
En  Tost  a  lor  manger  seeient, 
Ë  Tovre  fud  fait  en  sorsalz, 

So'io  E  par  tant  remist  H  assalz. 

En  l*ost  ût  ÙLii  un  parlement 
Dont  il  vint  un  acordement 
Del  rei  Guion  e  del  marchis , 
Qui  mult  fud  porcliacid  e  quis. 

ôo'io  Le  rei  de  France  se  tcneit 
Al  marcbis  e  le  maintencil, 
E  Richarz  li  reis  d'Elngletere 
Se  teueit  al  rei  de  la  terre 
Qui  fud  reis  en  Jérusalem; 

5o5o  E  por  ço  si  esgarda  Tem, 

Por  ço  que  il  ne  s'entreamouent 
E  por  le  rialme  estrivouent, 
Que  li  reis  Guis  reis  remtindrcit, 
Mais  quant  qu'ai  reaime  apendreit 

5o55  Partireient,  corne  des  rentes; 
Et  li  marcbis  Sor  en  atentes 
Avreit  e  Barut  e  Saete, 
Por  un  de  pais  estable  e  nette  ; 
E  si  li  Cens  si  encoreust 
Que  li  reis  Guis  ainceis  murust, 
Li  marcbis  avreit  la  corone, 
E  Jciïrei  Jaffe  e  Escbalone 

De  Leizegnan fereit  ses  bons 

Del  pais  tant  com  sereit  soens. 

0065  Mais  li  marcbis  lote  sa  vie 
Porta  as  deus  frères  envie. 

Pierre  iert  la  gent  e  orgoillose 
En  la  citië  c  merveillose  : 
Se  ço  ne  fust  gent  mescreue, 

5070  Onqucs  micldre  ne  fud  veue; 
Ncporquant  grant  pour  aveient 
De  la  merveille  qu*il  veeient, 
Que  tôt  li  mondes  s'atendeit 
A  els  destruire  e  entendeit; 


5075  E  veeient  lor  murs  percbier, 

E  estroer  e  depecier, 

E  veoient  lor  gent  bleciee 

E  ocise  e  apeticiee; 

Et  neporquant  dedenz  la  vile 
5o8o  En  erent  encor  bien  sis  mile, 

E  le  Mestolt  e  Caracois; 

Mais  il  n*esteient  pas  a  cbois 

N*en  espérance  de  soeurs, 

E  bien  saveient  tôt  a  curs 
oo85  Que  tote  Tost  iert  en  tormenl 

Por  la  mort  Auberi  Climenl, 

Et  por  lor  filz  e  por  lor  frères, 

Por  lor  oncles  e  por  lor  pères, 

Lor  neveuz,  lor  cosins  germains, 
5090  Qu'il  aveient  mort  de  lor  mains, 

Dont  les  baouentveirement; 

E  saveient  certainement 

Que  nostre  gent  ilioc  murreient 

Ou  que  a  force  les  prendreient  : 
0095  Ne  poeient  par  el  passer. 

Un  mur  orent  fait  compasser 

E  fait  en  travers  la  citié; 

Si  vos  di  bien  por  vérité 

Qu'il  se  quidasent  mult  défendre; 
5 100  Mais  Deus  lor  fist  un  conseil  prendre 

Qu  a  nostre  gent  vint  honorable 

Ë  as  lor  mortel  e  nuisable, 

Si  que  Acre  fud  par  cel  affaire 

Nostre  sanz  lancier  e  sani  traire. 
01  o5       Li  Sarazin  qui  en  Acre  erent 

Pristrent  conseil  e  esgarderent 

Que  a  noz  genz  conduit  reciueneient,  *sai«dindeitor 

A   c   1    1      r  *  permeUf»  de  •• 

A  oalahadin  envereient, 
Qui  esteit  pleviz  par  fiance 
5iio  Que  s'il  veeit  lor  mesestance 
Qu'il  fei*eit  pais  a  lor  devise; 
Car  si  fud  la  fiance  prise. 


Fol.  37  c. 


Iam  Samairti 
enfeméa  dans 
Acre  d«iiMiidcnt 


reodre. 


5oû4  E  qui  —  5o55  com  —  5o6o  aini  —  5o63  •/  doit  y  avoir  ici  une  lacune  assez  forte  —  607/1  ^^^  "^ 
5076  estorer  —  5o8o  eocore  —  6908  mureienl  —  bogU  qua  —  5io3  icel  -—  5io6  le  second  nni  manqfte  — 
5i  06  e  gardèrent  —  6107  condiucr  requereient  —  5io8  E  que  a  —  6109  e.  paela  par  —  5i  1 1  freit 


137 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


138 


là. 


leur 
•  en* 
once 


Gonduit  a  noz  genz  demandèrent, 
E  a  Salabadin  mandèrent 

5ii5  Qu'endreit  els  gardast  sa  hautescc» 
E  son  renom  e  sa  proesce, 
E  sa  grand  lei  deancesorie, 
Que  Mahumet  ot  eslablie, 
Que  ele  ne  fust  empeiriee 

5iao  Por  cristiens  ne  abaissiee, 
£  que  hastif  conseil  preist 
E  que  nul  autre  n'en  creist 
Fors  des  prodomes  délivrer 
Qu'aveit  en  Acre  fait  entrer, 

5i95  Ki  lorent  tant  por  lui  guardec 
Qu'erent  al  prendre  de  fespee, 
Ë  de  lor  chaitives  maisnees 
Qui  tanterent  desconseillees, 
Qu'il  n'orent  de  treis  anz  veues 

5i3o  Puis  que  les  ostz  furent  meues; 
Que  d'els  e  de  cels  preist  guarde, 
Que  ne  murussent  par  mesguarde, 
E  qu'il  aquitast  sa  fiance , 
Ou  ço  seust  il  sanz  dotauce 

5i35  Que  il  vers  cristiens  fereient 
La  meillor  fin  que  il  poreient. 

Salahadins  oi  la  plainte 
De  sa  gent  qui  si  iert  atainte, 
El  lor  mescbief  e  lor  destresce, 

5iâo  E  lor  desbeil  e  lor  fieblesce; 
Si  lor  dist  del  mielz  qu'il  saveit, 
C  respondi  que  il  aveit 
De  Babiloine  eu  message, 
E  que  lui  vendroit  grant  barnage 

5iA5  Par  tens  en  nés  e  en  guallees, 
Que  il  aveit  pieç'a  mandées 
A  ses  prieuz  genz  d'Acre  socore, 
Qu'il  ne  voleit  leissier  encore; 
E  aveit  mandé  l'amulaine 


5t5o  Que  il  vendroit  en  la  semaine, 
E  si  soeurs  ne  lor  veneit 
Que  par  la  lei  que  il  teneit 
Qu'il  fereit  a  lor  salvetë 
Pais  envers  la  cristienté. 

5i55  Cil  alerent  e  si  revindrent, 

A  oui  plosors  meschiefs  avindrent. 
Les  perieres  les  murs  quassouent 
Que  ne  nuit  ne  jor  ne  cessouent, 
E  li  Turc  tel  pour  aveient 

5 160  Que  par  nuit  sor  les  murs  veneient 
E  se  laissoient  jus  chaioer 
Por  pour  de  lor  meschaier. 
Message  alerent  e  revindrent, 
Salabadin  entendre  firent 

5i65  E  li  dislrent  que  mort  esteient 
S'il  pais  ou  soeurs  nen  aveient. 

Salabadins  vit  adecertes 
Les  granz  mescbiefs  e  les  granz  pertes 
De  ses  genz  e  le  grant  damage. 

6170  Lors  prist  conseil  a  son  barnage, 
E  lor  manda  qu'il  en  ferait 
De  ço  que  l'en  lui  requereit. 
Li  ricbe  bome  e  li  admirait 
Li  respondirent  tôt  en  balt, 

5175  Qui  ami  et  parent  esteient 
A  cek  qui  Acre  defendeient, 
Qui  hors  les  en  voleient  traire, 
Qu'il  n'i  aveit  fors  de  pais  faire 
La  meillor  que  feire  peust, 

5i8o  Ainzeis  que  noalz  i  eust. 
E  quant  li  soldans  entendi 
Ou  cbescon  des  barons  tendi, 
E  il  sot  d'Acre  le  mescbief, 
Dont  il  ne  poreil  traire  a  chief , 

5i85  Volsist  ou  non,  dist  as  messages, 
Qu'il  saveit  a  preuz  e  a  sages, 


Itmerarium  Di- 
tardif  III ,  xTi. 

Les  Tares  aax 
abois  supplient 
de  noaveau  Sa- 
ladio  de  céder. 


Fol.  38  «. 


Itinerarmm  Ri- 
eardi,  III,  xTii. 

Baladin  con- 
sulle  ses  barons , 
qai  lui  ron  • 
seillent  de  rendre 
la  Tillo. 


5119  Qaele  —  5i3o  fusent  —  SiSa  Que  manque  —^  5i35  Qui],  freient  —  5i36  quîl  —  Siûs  quil  — 
5ià6Qttil—  5i5o  vendront—  5i5s  quil  teneit — 5i53freit— 5i5â  vera — 5i55  simofi^  — 5167  pieres 

—  5i58  h  prmmtr  ne  wumqui  —  5i63  Messegier  <—  5i66  Qui  a  stl.  —  5i65  ii  manque  —  5i66  t.  naudenl 

—  5i68  e  manque  —  6170  Lores  —  6171  frait  —  6178  del  p. 


139 


UESTOIRË  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


m 


Jei 

Fc 


5935       Le  jor  que  Acre  fud  reDdue,  i\ 

Si  corn  jo  ai  Tovre  entendue,  '^ 

Ot  quatre  anz,  ço  fnd  chose  enquîse,  ru 
Que  Sarasin  forent  conquise; 
Si  ai  en  momorie  e  a  main 

533o  K'el  fud  rendue  Tendemain 
De  la  leste  saint  Beneeit, 
Mal  grë  le  pofde  maleeit, 
Que  Deus  de  sa  boche  maidie, 
Nel  puis  leissier  que  jo  nei  die. 

5335  Qui  lores  veist  les  églises 
Qui  ierent  en  Acre  remises, 
Corn  il  aveient  depechiees 
Les  ymagenes  e  enfacees, 
E  les  autiers  jus  abatua, 

53^0  E  croiz  e  crucifix  batuz 
El  despit  de  nostre  créance 
Por  acomplir  lor  mescreance, 
E  faites  lor  mahomeries! 
Mais  els  lor  furent  puis  meries. 

5365       En  cel  contemple,  al  mien  entendre, 
Que  li  Turc  durent  la  croiz  rendre. 
Après  ço  qu'Acre  fnd  rendue,  > 

Eth  vos  la  novele  espandue 
Par  tote  Tost  al  rei  de  Franee, 

53 5o  Ou  li  poples  ol  tel  fiance, 

Que  en  France  voleit  relomer^ 
E  faiseit  son  eire  atomer. 
El  merci  Dcu,  quel  retomeel 
Tant  fud  malement  atomee, 

5355  Quant  cil  qui  deveit  maintenir 
Tantes  genz  s'en  voleit  venir! 
Il  s'en  vint  par  sa  maladie, 
Li  reis  ço  dist,  que  que  l'en  die; 
Mais  nus  n'ad  de  ço  testimoine 

5360  Que  maladie  en  seit  essoigne 
D'aler  en  Tost  le  rei  domaine 
Qui  toz  les  reis  conduit  e  maine. 

5187  granlol  —  5189  Lores  —  5191  quil  offreient  «-  5196  De  cela  e  de  noz  —  53O0  qui!  —  5 toi  quil 
— *  5303  creeient  —  baoU  E  manque  —  5t07  freit  —  59i&  an  —  53 1 5  mile  —  Saao  verer  —  599A  cran- 
tèrent —  53^0  Kele  —  533 1  beneit  —  5333  maleit  —  b^àU  eles  —  5s5o  li  pople  aueil  —  5t5d  dems 


Qu'il  graantot  la  vile  a  rendre, 
Quant  ne  la  poeient  défendre. 
Lors  fud  illoques  porveu, 

5190  Aiuz  que  li  mes  fusent  meu, 
Lor  offre  que  il  offereient 
As  cristiens  quant  il  vendreient. 
Li  messagier  vindrent  ariere, 
Fol.  3^  6.  Qui  ne  firent  pas  laide  chiere. 

5195  Eht  vos  eusembie  le  concilie 
Des  noz  e  de  cels  de  la  ville 
Qui  veneient  lor  offre  faire; 
A  tant  fist  l'em  le  poeple  taire. 
Lci  Sarrasins  Li  Turc  a  uu  latimier  firent 

'lomaadcnl       la  tn*        n    i*  «i      n*  • 

paix.  5aoo  Dire  I  ofre  que  il  oiirirent. 

coodiiiont  do  L'offre  fud  tels  que  il  rendreient 

jii  paix.  .  .  1*       •  .*  •       . 

La  croiz  ou  li  cristien  creient, 
E  qu'il  lor  rendreient  la  vile, 
E  de  lor  halz  cheitifsdous  mile, 

53o5  E  cinc  cent  d'autre  gent  menue, 
Qu'il  aveient  pieç'a  tenue; 
Que  Saiabadins  fereit  querre 
E  cerchier  par  tote  sa  terre 
Lor  armes  e  lorguamesture; 

53  10  E  si  que  nule  ci'eature. 

Quant  li  Turc  d'Acre  s'en  istreient. 
Ensemble  od  els  n  en  portereient 
Chescon  par  sei  fors  sa  chemise. 
Encore  i  ot  une  autre  mise, 

531 5  Que  deus  cenz  mil  besanz  dureient 
«       As  deus  reis  qui  illoc  esteient 
E  de  ço  avreient  en  ostages 
Les  plus  hauz  Turs  e  les  plus  sages 
Que  l'em  poreit  en  Acre  eslire 

5;î2o  Par  veeir  e  par  oir  dire. 

Nostre  gent  a  conseil  se  trestreni 
Le^    cmiM-^  E  les  coveuauces  rctrestreut, 

\^x^{9  juiu.1  Tant  qu'en  nostre  conseil  troverent 

'*^'^  La  pais  e  qu'il  la  graanterent. 


iAl 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


1&2 


Ge  ne  di  pas  que  il  n'i  fust 
E  qu'il  n'i  meist  fer  ne  fust, 

5^65  Plum  e  estaim,  or  e  argent, 
E  ne  socurust  meinte  gent, 
Gom  li  plus  haut  reis  teriens 
Que  i*en  sache  de  eristiens; 
E  por  ço  dcust  il  remaindre 

5970  A  faire  son  poeir  sanz  faindre 
En  la  povre  terre  esguaree 
Qui  tant  ad  este  comparée. 
La  novele  fud  descoverte, 
Tote  seure  e  tote  aperte, 

5975  Par  Tost  que  li  rois  retornoit, 
Qui  chascon  jor  s'en  atomoit. 
Eth  vos  de  France  le  bamage 
Tôt  plein  de  forsan  e  de  rage. 
Que  le  chicf  dont  il  menbre  esteient 

5s8o  En  itel  volcntë  yeeient 

Qu  il  ne  voleit  por  els  remaindre 
Ne  por  plorer  ne  por  complaindrc; 
E  quant  il  ne  porent  fin  mètre, 
Tant  ne  se  sorent  entremelre, 

5s85  Si  vos  di  bien  qu'il  le  blasmouent, 
E  por  poi  qu'il  ne  reneiouent 
Et  lor  rei  e  lor  scignorie. 
Tant  haeient  s'avoerie. 

Li  reis  do  France  iert  sor  son  eire, 

5a9o  Si  qu'il  n'en  voleit  home  creire 
De  faire  illoc  plus  demorance 
Au.  Qu'il  ne  s'en  retornast  en  France; 

Si  s'en  retorna  par  s'esmuete 
De  barons  e  de  genz  grant  muete. 

5995  Lores  leissa  en  cel  chonchange 
^  ^'  Le  duc  de  Bergoine  en  eschange 

Por  lui  od  les  genz  de  sa  terre, 
E  fist  le  rei  Ricbart  requerre 
Que  il  lui  prestast  dous  gualees. 

53oo  Elh  vos  ses  gens  al  portalees, 


au 
our- 
con- 


Si  Tem  firent  aveir  dous  bêles, 
E  bien  guarnies  e  isneles, 
Qui  furent  mal  gueredonees 
E  franchement  abandonees. 

53o5       Li  reis  Richarz,  qui  en  Taie 
Dampnedeu  remist  en  Suiie, 
Fist  requere  le  rei  de  France, 
Vers  cui  il  esteit  en  dotance, 
Car  lor  père  s'entredoterent, 

53 10  Qui  meinte  feiz  s'entregreverent  : 
Si  volt  qu'il  lui  asseurast 
E  que  sor  sainz  le  lui  jurast 
Que  a  sa  terre  mal  ne  fereit 
Ne  qi/e  il  ne  lui  empeirereit 

53 1 5  Tant  com  il  sereit  el  veage 
Deu  e  el  son  pèlerinage, 
E  que  (quarante  jors  ainçois 
Lui  mandereit  par  ses  François, 
Puis  qu'il  sereit  dedenz  sa  (erre, 

5330  Qu'il  ne  meust  noise  ne  guerre 
Ne  ne  i  feist  nul  grevemcnt; 
E  li  rois  lui  fist  le  serment 
E  mist  en  plcge  de  halz  homes, 
Dont  remenbrance  encore  avomes 

53 a  5  Del  duc  de  Borgoine  e  del  conte 
Henri,  e  autres  gent  par  c^nte 
En  furent  plege  ou  cinc  ou  plus; 
Mais  ne  sai  nomer  le  surplus, 
li  reis  de  France  prist  congië; 

533o  Mais  une  chose  vos  cont  gië, 
Que  il  ot  plus  malaiçons 
Al  partir  que  beneiçons. 
Il  e  le  marchis  s'en  alerent 
Par  mer  a  Sur  e  si  menèrent 

5335  Garacois  e  la  lor  partie 

Des  Sarazins  qui  fud  partie  > 
Dont  li  rois  quidoit  bien  aveir 
Gent  mil  besanz  de  lor  avoir, 


Itinerariitm  Hi- 
i-ardi,  III ,  1x11. 

Philippe -Au- 
guste jure  h  Ri- 
chard de  rcspec' 
ler  !tes  Etnls  ft. 
son  ahiM»ncp. 


i' oi.  39  L 

Itiiterarhun  A>- 
emrii,  III ,  xxiu. 

Philippe- Au- 
guste el  Conrad 
•le  Monlfvrral  m- 
lendeni  pnr  mer 
iTvr. 


S963  qiiil  —  &965  k  fnmin'  e  imm^im  —  5t66  E  qoii  ne  t.  —  ^tgg  Qtnl  <— •  33o3  g;iieffdoii«ef  —  53i6  el 
mciifttf  —  53t8  mandral—  53a&  e  le  e.  —  533o  congië  —  533i  Qail  —  5338  nûle 


\ài 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


m 


fjCIoUgfl  MF- 

rtrius  «0  don- 
nent pas  de  ran- 
çon ;  nirhanl 
prête  de  l'argent 
au  dur  do  Bour- 
gogne. 


Itineraritim  /îi- 
'«it/i.  IV,  1. 

LnrgC!tses  <1« 
RichanI  cnviTs 
\fs  Cmisëf  fran- 
çais. 


Fol.  3()  c. 


Dont  il  qaidot  ses  genz  tenir 

53/10  Desqu'a  la  Pasche  e  retenir; 
Mais  tut  li  ostage  encorûrent, 
Dont  li  plusor  a  doel  mururent, 
Si  que  n'en  fud  prise  maaille 
Ne  chose  née  qui  la  vaille 

w.S'xA  A  celé  foiz  ne  créature, 
Fors  demie  la  guarnesturc 
Que  Franceisen  Acre  Iroverent, 
Qui  meinte  foiz  le  reproverent, 
Qu'il  n*i  orent  autres  soudées, 

TiSTio  Sin  furent  des  granz  descordees. 
Fors  puis  que  li  rois  d'Engletere, 
Que  li  dux  en  ala  requere, 
Prcsta  al  duc  sor  ior  ostages, 
Dont  il  Ior  fist  granz  avantages, 

r>.S55  Del  suen  cinc  mile  mars  d'argent, 
Dont  il  soldeerent  Ior  gent; 
Mais  ço  fud  puis  après  grant  pose. 
Le  reis  Richarz  vit  que  la  chose 
E  Fovro  estoit  sor  lui  tomee 

r)36o  E  le  cust  por  la  retomee 

Del  rei,  qui  ne  voleit  remaindre. 
Lors  fist  de  son  trésor  ataindre 
Or  e  argent  a  grant  plenté, 
Sil  dona  par  grant  volenté 

5365  As  Franceis  por  els  ahaitier. 
Ou  il  n  aveit  que  deshaitier, 
E  as  genz  de  plusors  languages 
Dont  il  aquiterent  Ior  guages. 
Li  reis  de  France  en  retorna  ; 

5870  E  li  reis  Richarz  se  aloma, 
Qu'il  ne  velt  pas  Deu  oblier. 
Lores  fist  somondre  e  crier 
L'ost,  qui  puis  demora  quinzaine 
Plus  que  le  terme  e  puis  uitaine; 

5375  Car  Salahadins  ne  velt  mie, 

Ou  Deu  ne  plot,  que  qu'on  en  die, 


Rendre  as  noz  geoz  sa  covenance, 
Por  quei  l'ost  fist  tel  demorance. 
E  li  reis  fist  endementeres 

53  80  Ses  mangonels  e  ses  perieres 
Chargier,  si  qu'il  fust  apresiei; 
Car  ja  trespassot  li  estez, 
E  por  ço  atomot  Ior  affaire; 
Si  fist  les  murs  d'Acre  refaire 

5385  Tant  e  plus  qu'il  n'en  fist  abalre. 
Il  meismes  s'aloit  esbatre 
E  les  ovriers  veoir  ovrer; 
Car  mult  tendeit  a  recovrer 
A  Dampnedeu  son  héritage , 

5390  Si  lui  ennuiot  son  estage; 
E  bien  lui  èust  recovrë. 
S'envie  n'i  eust  ovrë. 

Li  termes  vint  des  covenances. 
Des  sairemenz  e  des  fiances 

5395  Que  Sarazins  as  Frans  aveient; 
Mais  li  cristien  ne  saveient 
Que  cil  en  vain  les  traveillouent. 
Termes  e  respiz  demandouent 
Li  Sarazin  de  la  croiz  quere. 

5^100  Lors  oisiez  noz  genz  enquere 
Noveles  quant  la  croiz  vendreit; 
Mais  Deus  ne  voleit  mie  endreit 
Que  cels  por  cui  l'en  la  dut  rendre 
Deust  guarantir  ne  défendre. 

54o5  Li  uns  diseit  :  «rEle  est  venue,  n 
L'autre  diseit  :  «r Cil  lad  veue , . 
rQui  fut  en  l'ost  as  Saraizins.i» 
Si  mentirent,  ço  fud  la  fins. 
Salahadins  sanz  les  soecurre 

5â]o  Leissa  les  otages  encorre, 

Car  il  quidot  par  la  t^roiz  faire 
Une  pais  de  greignor  affaire. 

Dementeres  qu'il  termoierent, 
E  li  cristien  enveierent 


536 1  M.  li  o.  t.  e.  —  5363  Si  que  onques  nen  f.  pr.  maille  —  h^hk  Ne  une  ne  qui  —  5368  Que  —  5356  foldeent 
5358  vit  maiiçiM^quela  la  ch. —  5369  Lores  —  5369  sen — 5376  Puis — 5376  que quend.— 5887  OQeretv.-— 
-^  5^100  Lores  —  56os  ne  se  velt  m.  —  56o5  dist—  5ûo6r  manque-^  5609  les  man^f —  56 1 3  Demeaters 


145 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


14ff- 


«otoie 
BoWt 

CC  QD 

M     de 

Coond 

otagei. 


d     les 
(  «oAt 


ào  a.  bU3o 


eoToie 
»D  le 
Boar- 
Drem 
et  Ro- 
Qmoci 
e  Goo- 


56 1 5  Messages  a  Sur  al  marchis, 
Si  lui  fud  mande  e  requis 
Qu'il  venist  les  ostages  rendre 
E  la  part  receveir  e  prendre 
Que  afereit  al  rei  de  France  : 

56  a  o  Ço  iert  demie  la  covenance. 
Li  evesques  deSalesberes, 
Li  coens  Roberz  e  un  des  frères 
Des  bons  chevalers  de  Preials, 
Pieres,  li  preuz  e  li  leals, 

5695  Cil  trei  porlerent  le  message. 

Li  marchis,  qui  iert  plein  de  rage, 

Lur  respondi  que  no  fereit, 

Car  en  Tost  aler  n'osereit 

Por  le  rei  Richart  d*En^etere, 

Quil  cremeitplus  que  orne  en  terre; 

Eusorquetot,  si  ç'aveneit 

Qu'il  rendist  les  Turs  qu'il  teneit , 

Voleit  que  la  croiz  fust  partie, 

Si  qu'il  en  eust  sa  partie, 

E  lôres  sereient  rendu, 

Ja  plus  n'i  avreit  atendu. 

Cil  oirent  l'enrievretë 

Del  marchis  plein  d'oribletë» 

Si  sachiez  que  mains  l'en  preiserent; 

566o  Mais  a  lor  poeir  l'achoiserent 

E  distrent  que  uns  d'els  remandreit 
En  ostages,  e  il  vendreit 
Devant  le  rei  seurement; 
E  il  jura  son  sairement 

5665  Que  ja  n'i  portereit  ses  piez. 
Cil  s'en  revindrent  sanz  congiez 
A  Acre  al  rei,  si  lui  contèrent 
Tôt,  si  que  rien  n'i  mesconterent. 
Li  reis  ot  eschar  e  vergoine, 

565o  Si  manda  le  duc  de  Burgoine, 
Si  manda  danz  Droon  d'Amiens, 
Ou  tant  aveit  proesce  e  biens, 

56i6  mande  fud  •—  5693  De  b.  —  563i  E  sor  que 
—  5669  not  —  5657  ^  porqaei — 5663  ne  prise 
5676  Quil,  a  comquere  —  5683  Mais  taot  alerent  a  - 


5635 


E  Robert  de  Quinci  oveques; 
E  quant  li  reis  les  vit  illoques , 

5655  Si  lor  mostra  la  desraison 
E  le  sorfeit,  e  la  achaison 
Por  quel  li  marchis  ne  veneit, 
Por  quei  les  ostages  teneit, 
E  voleit  partir  al  rialme 

566o  Senz  porter  escu  ne  hialme, 
E  la  vitaille  ot  destorbee. 
Si  qu'a  Sur  n'en  veneit  denrée 
Que  ne  fust  arestee  e  prise. 
Dist  li  reis  :  trCi  ad  foie  emprise. 

5665  ((Sire  dux,  aler  i  covient  : 
((Si  de  folie  nos  sovient, 
((Nus  n'i  feroms  nule  besoine.?» 
Lors  s'esmut  li  dux  de  Borgoine , 
E  danz  Dreus  d'Amiens  e  Roberz 

5670  De  Quenci  li  preuz,  li  aperz; 
A  Sur  al  marchis  en  alerent. 
De  part  Deu  lui  amonesterent 
E  de  part  le  rei  d'Engleterre 
Que  il  venist  a  recomquere 

5675  E  a  reguainer  Sulie, 

Si  com  il  i  clamot  partie. 

Cil  lui  diseient  bonement; 

E  il  respondi  folement 

Qu'en  l'ost  son  pië  n'en  portereit, 

568o  E  quesa  citiéguardereit. 
Dont  ne  cremoit  home  vivant. 
Assez  alerent  estrivant, 
Mais  tant  firent  a  la  persome 
Li  trei  messagier,  li  hait  home, 

5685  Que  les  ostages  en  menèrent 
A  l'ost  en  Acre  ou  li  autre  erent. 

Li  ostage  furent  venu , 
Cil  qui  a  Sur  erent  tenu , 
Et  li  termes  iert  trespassez 

5690  Quinze  jorz,  voire  plus  assez, 

tôt  —  566 1  diat  —  5663  leurerent  —  5666  vindrent 

—  5666  des  Ibiies  —  6667  froma  —  5668  Lores  — 

-  5686  Le  —  5685  en  amenèrent 

10 


Fol.  60  6. 


Le  marquis 
cède  Itf  oUget, 
miûrcfufe  de  re- 
joindre Ridiard. 


Itkurmiimm  At- 
emrdi,  IV,  it. 

Richard  fait 
maaiarrer  \9t 
otaget  sarranns 
(ao  aoAt  1191). 


IHrRIMCaïC    XATIOHALK. 


Mil 


L  ËSTOIHË  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


IM 


Des  covenanz  que  cil  diseient 
Qu  a  la  cristienté  tendreient. 
Dont  li  soldans  s'iert  defailliz, 
Qu  il  fisk  que  faus  e  que  failliz, 

5695  Quant  cela  que  a  la  mort  livra 
Me  rainai  ne  ne  délivra. 
Lors  perdi  il  sa  renomee 
Qui  tant  aveit  este  nomee , 
Fol.  ko  r.  Car  n'aveit  cort  el  monde  eue 

0000  Ou  el  ne  fuit  amanteue; 

Mais  Deus  son  enemi  despose 
Quant  ii  Tad  soflert  une  pose, 
Et  son  ami  tient  e  surhauce 
Et  governe  sa  ovre  e  esbauce. 

55o5  Mais  Salahadin  surhaucier 
Ne  deveit  plus  ne  eshaucier, 
€ar  quant  qu'il  fist  et  il  ovra 
Sor  cristieps  e  recovra 
Ne  fud  fors  que  Deus  velt  ovrer 

55io  Et  par  s'ovraine  recovrer 

Son  poeple  qui  iertdesveiez, 
Si  voleit  que  fust  ravoiez. 

Quant  ii  reis  Richarz  ot  seu 
De  verte  et  aconseu 

55 1 5  Sen  dotance  veraiement 

Que  ço  n'iert  fors  delaiement 
Que  Salahadins  lui  fesoit , 
Mais  lui  grevoit  e  despleisoit 
Qu'il  n'aveit  ja  Tost  esmeue; 

5:)9o  E  quant  il  ot  Tovre  seue 

Que  ii  nient  plus  ne  l'en  fereit 
Ne  qu  il  cels  ne  reguardereit 
Qui  Acre  iui  eurent  guardee, 
Si  fud  si  la  chose  esguardee 

r>5a5  A  un  concile  ou  assemblèrent 
Li  hait  home  9  qui  esguarderent 
Que  des  Sarazins  ocireient 


Le  plus  e  les  autres  tendreient , 
Cels  qui  erent  de  balz  parages 

553o  A  achater  des  lor  ostages; 

E  Richarz  li  reis  de  En^etere, 

Qui  tanz  Turs  ocist  en  la  terre. 

Ne  volt  plus  sa  teste  ddMitre, 

xMais  por  Torgoil  des  Tnrcs  abatre        l'ol. 

5535  Et  por  lor  lei  desaengier 
Et  por  cristienté  vengier 
En  fist  mener  hors  de  la  vile 
Toz  liez  set  cenz  e  deus  mile. 
Qui  trestuit  furent  detrenchië  ; 

55/10  I']  dont  furent  li  cop  vengié 
De  quarels  d'arbaleste  a  tor. 
Les  granz  merciz  al  creator. 

Eth  vos  Fosl  criée  e  semonse ,  tu 

A  rhore  que  soleil  resconse 

55/45  Et  que  par  tens  chevaichereient  R» 

E  le  flum  d'Acre  passereient,  .  tm 

El  non  Deu  qui  toz  les  biens  done, 
A  aier  droit  a  Eschalone 
Por  conquere  avant  la  marine. 

555o  Bescuit  chargèrent  e  farine. 
Vins  e  chars  et  estoremenz; 
Si  fud  fait  uns  comandemens 
Qu  a  dis  jorz  vitailie  portassent, 
E  que  li  mariner  guardassent 

5555  Que  lors  venissent  od  lor  barges, 
Costeiant  Tost  od  tôt  lor  charges . 
E  les  enekes  ensement  ^ 

Venissent  après  prestement, 
De  vitailie  e  degenz  chargées, 

55<)o  Armées  e  apareillees. 

Issi  distrent  qu'il  errereient 
E  que  deus  ostz  partir  fereient. 
L'une  par  mer,  l'autre  par  terre. 
Que  nuis  ne  poeit  reconquere 


clia 


5/195  qua  —  5/197  Lores  —  6699  corf  —  55oo  elc  —  55o3  eshauce  —  55o5  sabadins  suhauder  — 
5507  il  mmiuiuê  —  55io  souoraine  —  55i/{  vérité  —  55i5  veraimenl  —  55ii  Quil  —  55a9  ne  répé^  — 
5o9/j  fud  si  la  chose  si  —  553o  A  manque  —  55/ii  carblaste  —  55/i/j  Iocum  aprèê  ce  vert  —  5545  que  fHmèque 
—  5555  lores —  5556  lor  manque  —  556 1  erreient  —  556^  freient  —  5503  Liin  —  556/i  nuls  Fiome 


149 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


lâO 


ht  a. 


Croisa 
•  n*ge 


5565  En  autre  manière  Sulie, 

Puis  que  li  Turc  font  en  bailiie. 
En  Tost  qui  en  A«re  ol  esté  56o5 

Dous  yvers  e  toi  un  esté 

A  grant  meschief  e  a  grant  cost, 
5570  De  si  que  près  le  mi  Ausl, 
•abie*  Que  li  reis  ot  Tocise  faite 

De  ceis  qui  bien  Torent  forfaite 

Vers  Deu  e  vers  ses  pèlerins , 

Dont  il  remist  tanz  orphenins, 
5575  Tantes  puceles  esguarees, 

E  tantes  dames  esvedvees, 

E  tanz  héritages  leissiës, 

E  tanz  lignages  abeiasiës, 

Tanz  eveschiës,  tantes  églises 
558o  Sanz  lor  pasturs  seules  remises , 

La  mururent  tant  prince  e  conte, 

£)ont  uns  bons  ders  escrist  le  conte , 

De  toz  cels  qui  eo  TosÉ  munirent 

E  qai  anques  renomë  fiirent, 
5585  Sanz  les  maei»  e  les  menuz, 

Dont  ja  se  fast  a  ehief  venuz 

Se  il  les  i  Yolsist  toz  meire. 

Car  trop  i  enst  cnsi  e  letre; 

En  la  letre  trora  e  dist, 
5590  El  fol  que  de  sa  main  escrist, 

Quen  fost  murut  sis  arcevesques, 

Le  patriarche  e  douce  etesques, 

Estre  les  prestres  et  les  clers 

Dont  nus  ne  peust  estre  cers; 
55q5  Si  i  ot  mon  quarante  contes, 

Dont  li  clers  retint  les  acontes. 

Et  ci  ne  cenz  haut  homes  de  terre 

Qui  alerent  la  Deu  reqnere. 

Qui  Deus  assoiUe  e  il  ço  YOÎUe 
56oo  Qu'il  en  son  règne  les  acoiUel 

Pot  trestoc  cels  qui  la  munirent, 

E  por  trestoz  qui  s'i  esmurent, 

&S66  font  manque —  5568  unnumfMe  —  5570  I>et0i  —  5577  ieifsees  —  6678  «baimii  —  SS79  euM^ued, 
Uf»  -*  SôSa  bons  monqm  *—  558&  E  nurn^iie  — -  5587  Sii ,  i  mmtquê  —  SS^  miinirent  -—  56o  1  cds 
manque  —  66o3  e  por  la  menue  —  56 16  Lores  —  56ao  9.  «tAogier  — »  56t8  lure 


Por  la  grant  gent  e  la  menue 
Par  qui  Tost  Deu  fud  maintenue, 
Por  toz  a  un  aoordement 
Devons  prier  escordement 
Que  Deus  «n  sa  gloire  oelestre» 
Ou  il  fera  merveillus  estre. 
Les  acoille  entre  ses  amis, 

56 10  ksi  com  il  lur  ad  pramis, 

E  por  lor  preu  e  por  le  noslAi; 
Si  en  die  cheseon  pakr  nesire. 
Quant  la  chenaille  fud  ocise 
Qui  dedenz  Acre  s*esieit  mise, 

56i5  Ou  tant  nos  livrèrent  ententes, 
L011B  fist  li  reis  Ricbarz  ses  tentes 
Hors  des  fossez  porter  e  tendre 
Por  Tost  esmoveir  e  atendre. 
Et  fist  seijanz  a  pië  rengier 

56a  o  Tôt  «nviroB  sei  e  logier, 
Por  la  Cause  gent  sarBiine 
Qui  veneient  -o  grant  ravine 
E  tote  ure  les  eaorîouent 
Quant  nostrégeat  mains  se  gardouonl. 

56a 5  E  li  reis, qui  iert  custumers, 
Salloit  as  armes  tôt  (premiers 
E  poigneit  dreit  as  gens  haies , 
E  feseit  les  chevaleries. 

Un  JQT  avint  qu'il  eiMhacarent 

563o  Et  que  le  bavât  comeuoerefll. 

•  Eth  vos  que  nostre  gant  s'armerenl, 
Li  reis  e  cil  qui  o  lui  ereut. 
Si  s'arma  uns  ooens  de  Hungrie 
Et  de  Huugrais  graat  cmptinit; 

5635  Encontre  les  Turs  s'en  iasireat, 
Si  i  ot  de  t«lf  qui  bieu  le  £fent; 
Maïs  trop  cbaœranl  losgemMt, 
Sin  funeui  Mestf  laidement  : 
Li  coens  de UuQgrie  fiid  pris, 

564o  Qui  mult  aveit  en  Tost  grant  pris; 


Fol.  ki  b. 


Itineruimn  Bi- 
earéi,  IV,  m. 


Richard  campe 
hon  de  la  riUe. 


Itinei'mrmm  /?i- 
earéi,  IV,  nii. 

Lot  T«reB  at- 
taquant famiëe. 


Fol.  Ul  c. 


13d  comte  hoo- 
grob  «t  Hugues, 
mariai  du  roi, 
sont  faits  pri- 
sonniers. 


10 . 


151 


L*ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


153 


56/i5 


Gompanùon 
de  la  manière  de 
combatlra  des 
Taret  et  de  eelle 
dn  chrMens. 


565o 


5655 


566o 


5665 


Itmnmrimm  Bi- 
eardi,  IV,  n. 

Fol.  ft  t  i. 


5670 


Les  Croisés 
quittent  atec  re- 
gret Saint4ean- 
d'Aert.  55^5 


Si  en  fiid  Hugeioz  menez, 

Un  chevalier  de  Peito  nez, 

Ki  esteit  mareschaus  le  rei. 

Lia  poinst  le  rei  toi  a  desrei , 

Qui  quida  Hugelot  rescorre; 

Mais  menez  fud  a  trop  loing  core, 

Ke  li  Turc  ont  un  avantage 

Par  quei  il  nos  font  grant  damage  : 

Li  cristien  sunt  mult  arme, 

Et  li  Sarazin  desarmé 

Fors  d^arc  e  de  mace  e  d'espee 

Ou  de  cane  bien  aceree 

Et  de  cotel  qui  petit  peise; 

Et  quant  Tem  les  chace  a  la  teise, 

Il  ont  chevals  n'a  tels  el  monde, 

Volant  par  semblant  com  aronde; 

Et  quant  li  Turc  est  tant  seuz 

Qu'il  ne  poet  estre  aconseuz , 

Si  a  la  custume  a  la  mosche 

Enuiose  e  plaine  d'entusche  : 

Toz  jorz  chasciez  e  il  fuira, 

Retomez  e  il  ensivra. 

AIsi  feseit  la  gent  engresse 

Al  rei  illoques  meinte  presse  : 

E  il  poigueit  e  il  fuirent, 

E  retorneit  e  il  siwirent; 

Tele  bore  iert  qu'il  le  comperoient, 

E  tele  bore  qu'il  gaignoient. 

Li  reis  Ricbarz  iert  en  sa  tente 
Por  l'ost  atendre  en  tele  atente; 
Pereçosement  s'en  issoient 
Hors  des  fossez  e  poi  cressoient, 
E  la  cititf  d'Acre  iert  si  plaine 
De  gent  que  i  poeit  a  paine. 
Bien  furent  d'omes  treis  cent  mile , 
Que  dedenz  que  debors  la  vile. 
La  gent  esteit  trop  peresçose; 


Car  la  vile  iert  deliciose 

De  bons  vins  e  de  damiseles, 

568o  Dont  il  i  aveit  de  mult  bêles. 
Les  vins  e  les  femmes  bantouent, 
Et  folement  se  delitouent: 
Qu'en  la  vile  aveit  tant  laidure 
E  tant  pecbië  e  tant  luxure 

5685  Que  li  prodome  bonté  aveient 
De  ço  que  li  autre  faiseient. 

L'ost  s'en  issi,  qui  iert  somonse. 
Si  come  cbandeille  en  esconse 
Destaint  par  vent  quant  il  l'enforce, 

0690  Tôt  autresi  a  une  force 

Covint  lores  en  l'ost  estaindre 
La  folie  qu'i  sueut  remaindre; 
Car  totes  les  femmes  remistrent 
Dedenz  la  citië  d'Acre  e  mistrent, 

5695  Fors  les  bones  vielles  ovrieres, 
Les  pèlerines  lavenderes 
Qui  laveient  chiels  e  dras  linges 
E  d'espucer  valeient  singes. 
Etb  vos  l'ost  al  matin  armée 

5700  E  par  bels  conreiz  conreee. 
Li  reis  fud  en  la  riere  guarde. 
Qu'il  ne  perdissent  par  mesguarde. 
Celé  jornee  fud  petite; 
E  si  tost  com  la  gent  maldite 

5705  Eurent  veu  l'ost  esmoveir, 
Lors  les  veissiez  esploveir 
Des  montaines,  ça  vint,  ça  trente, 
Car  lor  pensée  iert  mult  dolente 
De  l'ocise  que  la  veoient 

5710  De  lor  parenz  qui  morz  gisoient; 
E  por  iço  l'ost  engresserent 
E  su  virent  e  apresserent; 
Mais,  merci  Deu,  rien  n'i  forfirent. 
A  tant  noz  genz  d'iioec  partirent 


Draordrae  peu- 
liant  l««r  a^oor. 


Dépvt     «Ica 
Croiaéa(tta«él). 

Fd.  h%  a. 


Lea  Tarcahaf 
<^ent  rarwée. 


b^kû  de  petto  —  56&6  trop  manque  —  5656  lem  le  —  5655  noDt  t.  —  5658  poeit  —  5675  d^omes 
manque  —  5678  deliose  —  5684  le  premier  tant  manque  —  5686  autre  home  f.  —  5688  oom  — 
569s  soleil  —  569/î  i  mistreDt  —  5695  errere»  —  6699  arme  —  5700  conroe  —  5703  fud  mult  p.  — 
570/1  come  —  5706  Lores  —  5711  engresserent 


153 


L'ESTOIRB  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


156 


ȉt) 


5715  E  le  flum  d*Acre  oltre  passèrent; 
Si  se  tendirent  e  traverent 
E  sujornerent  por  atraire 
La  gent  qui  d'Acre  iert  fort  a  traire, 
Qui  a  tel  paine  fud  hors  traite 

6790  Ja  ne  pout  estre  ensenUe  atraite. 
du  L'ost  cristiene  dont  jo  di 

Passa  le  flum  un  vendresdi; 
Une  feste  fud  rendemain^ 
Que  nus  ne  fist  ovre  de  main, 

6796  D'un  des  desciples  Dampnedeu , 
Uapostle  saint  Bartholomeu  ; 
E  le  lundi  après  sanz  faille 
Si  ot  deus  anz,  que  que  i  faille, 
Que  Acre  aveit  este  assise, 

5780  Qui  iert  des  cristîens  porsise. 
N  Ri-  E  Tost  s'esmut  le  diemaine, 

El  non  Deu  qui  tôt  garde  e  maihe; 
Al  matinet  par  Tost  montèrent 
E  lor  batailles  conreerent. 

5735  La  veissiez  chavalerie, 
a  6.  La  plus  bêle  bachelerie, 

La  plus  preuz,  la  plus  esleue, 
Qui  devant  ne  puis  fust  veue; 
La  veissiez  lanz  genz  seures 

57A0  E  tantes  bêles  armeures 
E  tanz  preuz  serjanz  e  oseï 
E  de  grant  proesce  alosez  ; 
La  veissiez  tanz  penuncels 
^  E  tanz  glaives  luisanz  e  bels; 

5745  La  veissiez  tantes  banieres 
Ovrees  en  tantes  manieras, 
Tanz  bialz  haubercs  e  tanz  biais  helmes, 
PTa  tanz  de  tels  en  cinc  réanimes; 
La  veissiez  gent  aroutee 

6760  Qui  bien  deveit  estre  dotée. 

Le  rei  Richarz  fist  Tavant  guarde 


»o  (le 
nar- 


E  tel  gent  qui  n'iert  point  coarde. 
Li  Normant  a  Testa ndard  erent. 
Qui  par  plusors  feiz  le  guarderent. 

5755  Li  dux  e  François,  la  gent  fiere, 
Cil  furent  en  la  guarde  ariere; 
Mais  tant  se  targerent  d'errer 
Que  trop  i  durent  meserrer. 
L'ost  errot  joste  la  marine, 

5760  E  la  cruel  gent  Sarazioe 
Erent  es  doues  a  senestre. 
Si  virent  bien  de  noz  genz  Testre; 
E  une  neule  esteit  levée, 
Qui  mult  dut  Tost  avoir  grevée. 

5765  La  rote  esteit  aclaroiee 
E  en  un  liu  atenvoiee, 
La  ou  les  charetters  enrouent 
Qui  la  vitailie  lor  portouent  ; 
E  li  Sarazin  descendirent, 

5770  Tôt  droit  as  chareters  tendirent, 
Chevais  e  homes  i  ocistrent, 
E  del  hemeis  assez  i  pristrent , 
E  desconfirent  e  perchierent 
Gels  qui!  menouent  e  chacerent 

5775  De  si  que  en  la  mer  bâtant; 
Illoc  s'encombatirent  tant 
Que  un  serjant  le  poing  colperent, 
Evrardz  ot  non,  ce  nos  contèrent, 
Hom  Tevesque  de  Salesberes; 

5780  Aine  cil  ne  fist  semblant  ne  hères. 
Quant  ot  trenchiee  la  main  destre. 
Si  prist  Tespee  od  la  senestre, 
E  a  estai  ies  atendi 
Tant  que  d'els  toz  se  defendi. 

5785  Etht  vos  tote  Tost  estormie  : 
Le  rei  Richarz  n'en  saveit  mie; 
La  riere  guarde  iert  arestee, 
Tote  esbaie  e  effreiee. 


Les  Sarraùnt 
attaquent  les  W- 
gaget  de  l^arm^c 
(aSaoât  1191). 


Fol.  /|«  r. 


5716  Si  Motendirent  —  5718  La  g.  de  qui  —  57S0  Ja  ne  deuat  —  5791  Lo  ost  —  679/1  noa  ne  — 
6796  dea  numquê  —  6796  bartholmeu  —  67^0  Qne  ciert  —  6731  dimaine  —  6747  T.  b.  h.  tant  b.  — 
—  6769  tele  —  b'jbh  regoarderent  —  6769  destendirent  —  677/1  4^  —  ^77^  q<>^  —  ^77^  Eorada,  œ 
00  c.  —  6779  Home  —  6781  tranche 


I 


155 


l/ESTUiltE  bV.  I.A  OIEKRE  SAINTFL 


f36 


07c,.. 


Rkli.-inl  iiK-l 
fil  fiiile  Ips  Sai- 
raMiis. 


79'» 


Fol.  /la  H. 


•    I  , 


L*arniéecfmp«    5Kir> 
au     bord     d*un 
flenveoù  Saladio 
avait  rampé. 


Ix)rs  poinsi  Johan  le  iiz  Lucas.  I 

Sil  disl  ai  rei  eo  (>s  le  pas,  ; 

E  li  reis  vint  (jurant  aleure. 

Il  e  sa  maisnee  seure. 

K  retonia  de  Tavant  louante. 

Si  poinsl  as  Turs  jusififa  ranguanit*. 

Plus  tost  que  foidre  eutrVIs  se  iiii^t. 

FI  ne  sai  (|uanz  en  i  ocist 

Aincois  que  il  le  coneusent, 

K  mal  veisin  en  lui  eussent 

S'un  poi  Teusl  seu  ançois. 
jHoo  La  le  fisi  si  bien  un  Franceis. 

C'ert  de  Baires  ii  preu  Guiilames, 

Qui  maint  Turc  tist  flatir  as  palmes, 

E  cel  jor  tant  s^abandona 

Que  li  reis  tut  li  perdona 
b^ob  Un  mai  talent  qu'a  lui  aveit, 

Si  que  mal  grë  ne  Ten  saveit. 

IjCs  Turs  a  la  montaine  mistrent, 

Vj  ne  sai  quanz  en  i  ocistrenl. 

Saiahadins  iert  a  meisme 
58 10  A  son  esforz  de  paeinisme; 

Mais  puis  que  ses  geoE  rcuserent , 

Lors  saresturent  e  musèrent, 

E  Tost  erra  tote  arotee. 

Que  fil  aveient  desroulee, 

Jusqua  un  fluni  que  il  troverenl; 

Es  cislernes  qu  il  esproven»nt 

La  se  traverent  e  tendirent. 

En  une  grant  place  qu  ii  virent. 

Ou  Saiahadins  ot  geu , 
j89o  Ou  bien  parut  qu'il  ot  eu 

Merveiilose  ost  a  desniesure 

De  Tengresse  gent  sanz  mesure, 
(lele  jornee  premeraine 

Ot  Tost  eue  tel  esiraine, 
r)8a5  Que  li  Turc  de  lor  gueruierent  : 

Issi  va  (le  gent  qui  conquièrent.  j 


Ço  lisl  l)(*us  por  lor  garisoUt 
Que  Tost  errast  sanz  mesprison, 
K  plus  seree  e  mielz  rengiee 

.'ih.'to  QuVI  n'iert  quant  el  fud  leideogee; 
K  il  mult  bien  puis  sVn  penereol 
E  plus  sagement  la  menèrent. 
Mais  mult  engrejot  lor  ovraÎDe, 
Oar  par  derien*  la  montaine 

.'i^.'tj  S'en  alouent  ja  la  putaille, 
Saiahadins  e  la  cheoaille. 
As  pas  estreiz  ou  ii  saveient 
Que  nosire  gent  passer  deveîent, 
Kt  a\eient  si  l'ovre  enprise 

.'iH'i.i  Que  nostre  ost  sereit  morte  ou  prise 
Ou  qu'il  tant  s'al)andonereient 
Al  mains  qu'il  la  desconfireîent. 
\osln'  gent  del  fluro  se  partirent. 
Mais  |>etite  jornee  firent  : 

.')S'ij  Soz  Chayphas  s'aierent  tendre 
Por  la  menue  gent  atendre. 

Soz  Cayphas  en  la  eostiere 
S^ert  tendue  ia  prod  gent  fiere 
De  deus  |>arties  loi  entor 

.'iHôo  Entre  la  marine  e  la  tor; 

Deus  jorz  ilioques  sujomerent 
Por  lor  herneis  qu  H  alomerent, 
Si  jetèrent  ço  que  n'usoit 
E  relindrent  ço  que  plaisoit. 

OH.').')  Car  la  gent  de  oi^,  ia  menue, 
l(Tt  a  si  grant  paine  venue. 
Qui  rhargie  esteit  de  vilaîile 
E  (les  armes  por  ia  bataille. 
Qu'assez  en  i  covint  remaindre 

.'>8t)o  E  de  chad  e  de  sei  esteindre. 

Quant  l'ost  Deu  se  fud  aejomee 
Soz  Cay plias  e  atomee, 
A  un  marsdi  s'en  départirent 
E  lor  batailles  establirent. 


cm 


(• 


0789  Lores  —  6790  Si  d.,  isnet  pM  —  .7791  vient  a  jyranl  —  r>79:<  reooma  —  5797  qiiil  —  5798 
lueiseat —  bHog  meisniefl  —  5hii  L«ro«,  e  si  m. —  58 if)  quil  —  .'>««:<  torn<>e —  58i&  eu  —  58^5 
alléi-t  —  58.'<u  Quil,  elv  —  583 1  se  p.  —  .')8.'<7   Al  pa.s  —  r>H'iS  pnidc  —  585 1   illor  —  S855  Ch 


157 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERKE  SAINTE. 


f58 


58G5  Li  Temples  i'eseit  Tavant  guarde 
E  rOspitais  la  riere  guarde. 
Qui  veistles  eschieles  faire, 
Bien  sembloit  geat  de  grant  affaire; 
Si  estoit  Tost  mielz  avoiee 

5870  Qu  el  ne  fud  a  Tautre  foiee, 
E  lor  estut  por  le  sujor 
3  h.  Grant  jomee  faire  le  jor  ; 

Mais  muit  trovwent  el  rivage 
Grant  espinei  e  grant  herbage, 

5875  Qui  grevoit  la  gent  peoniere 
E  les  fereit  en  mi  la  chiere. 
Tote  la  terre  ierl  enermie; 
La  veissiez  mainte  estorroie 
De  la  plenté  de  salvagine 

588o  Quil  troveient  par  la  marine, 
Qui  par  entre  lor  piez  sailleient, 
Si  que  a  grant  plentë  en  pemeient. 

Al  chastel  de  Cafarnaon, 
Que  abatirent  cil  que  haom, 

5885  La  vint  li  reis,  si  descendi. 
Si  digna  e  Tost  atendi; 
E  cil  qui  voidrent  si  dignerent 
E  après  digner  si  errèrent 
•tnpe  De  si  qu'ai  casel  des  Destreiz, 

5890  Qui  n  iert  pas  larges,  mais  estreiz. 
lUoc  vindrent  e  descendirent. 
Si  se  traverent  e  tendirent. 
Toz  jorz  quant  fost  iert  herbergiee, 
Al  seir,  ainz  qu'ele  fust  cochiee, 

5895  I  esteit  uns  hom  qui  crioit, 
E  lote  Tost  s  en  recrioit, 
Car  sa  voiz  esteit  mult  oie; 
Cil  crioft  :  (T  Saint  sépulcre  aiel  yi 
E  tuit  après  lui  s^escrioient 

5900  E  lor  mains  vers  le  ciel  dresçoient, 
E  plurouent  des  oilz  del  chief ; 
E  cil  s'escrio    derechief , 


phar- 


9  W 


Tant  que  treis  feiz  aveit  crie, 
Sin  esleient  mult  récrie. 

5905       Par  jor  iert  Tost  tote  seure; 
Mais  quant  la  nuit  esteit  oscnre, 
Lors  aveient  assez  ententes 
De  vers  poignanz  e  de  tarentes. 
Qui  grant  presse  lur  i  faseient 

5910  E  qui  les  pèlerins  poigneient, 
E  il  tôt  eralment  emflouent; 
Mais  li  hait  home  lor  donouenl 
Del  triade  que  il  aveient, 
Que  eralment  les  garisseient. 

5915  Les  tarentes  presse  lor  firent; 
Mais  les  sages  genz  s'avertirent, 
E  quant  les  vermines  veneient 
E  les  genz  les  aperceveient, 
Donc  oisiez  en  Tost  tel  noise, 

5990  En  testimonieen  trai  Ambroisb, 
Tel  barate,  tel  bateiz, 
Tel  son  e  tel  tambusteiz , 
Batoient  hiaumes  e  chapels, 
Barriz  e  seles  e  panels, 

5925  Escuz  e  larges  e  roeies, 

Bacins,  chauderes  e  paeles, 
E  les  vermines  s'en  fuioient 
Por  la  grant  noise  qn*il  oioient; 
E  com  il  plus  s'i  auserent, 

59.30^  E  les  vermines  reuserent 
Al  casel  ou  Tost  saresia, 
La  se  guami  e  apresta 
Contre  la  cruel  gent  haie 
Qui  puis  lor  iist  meinte  envaie. 

5935  Larges  iert  li  leus  e  la  place. 
Deus  jorz  de  sujor  e  d'espace 
Covint  al  rei  et  a  Tost  prendre 
Por  viande  illoques  atendre. 
Lors  vindrent  les  vaissels  illoques , 

59/10  Barges  e  gualees  oveques, 


Ithterûrimm  Hi- 
eardi,  IV,  %m. 

Les  Croisas 
sont  tourmeDUb 
p  r  les  taren- 
tules. 

Fol.  'j3  c. 


Ambroiie  t^  - 
moigne  4^*00 
réussit  à  les  chas- 
ser  en  Csisaot  an 
(rrand  bmît. 


La  flotte  ravi- 
laiile  Porro^. 


5867  as  e.  ^  5870  Quele —  6877  latente  —  5886  lofft  li  a.  —  6887  roldret  ~  5891  llloc  tendirent 
5894  que  fust  —  5907  Lorefl  —  5918  quil  —  5916  sageni  —  6918  peroeoeient  —  6939  tel  manqué 
5996  chauders  —  6999  se  a.  —  5981  lost  se  reosa  —  6983  cruele  —  5989  Lores 


159 


LESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


160 


Fol.  /i3  d. 


lUmtnaimm  Bi- 
•tarai,  IV,  iir. 

Mnrrhe     do 
Tann^  de  Me ri« 


Totes  veies  Tost  costeoient 

E  la  viande  lor  portoient. 

Ei  case!  s'estoient  torné;  5980 

E  ii  reis  aveit  atome 
59/15  AI  Mcrie  ou  il  aveit  geu 

E  tôt  iiloques  ponreu 

Qu  ii  fereit  cel  jor  ravanlguarde, 

Qu'il  n'eussent  par  devant  garde,  6985 

E  que  cil  del  Temple  fereient 
5950  La  riere  garde  e  guaitereient; 

Car  Sarazin  Tost  aprismerent 

E  tote  jor  la  herdeierent. 

Cel  jor  poinst  Ii  reis  d'Engletere,  6990 

Qui  bien  i  dut  grant  los  aquere; 
5955  E  ne  fust  le  jor  par  peresce, 

Mult  i  eust  ovré  proesce; 

Car  Ii  reis  e  ses  genz  cbacerent, 

E  tels  i  aveit  parescierent,  0995 

Qui  al  vespre  blasmc^  en  furent 
5960  E  qui  par  dreit  estre  le  durent; 

Car  qui  eust  le  rei  seu, 

Riche  feit  i  eust  eu; 

Mais  toz  les  Turs  chaça  ariere,  6000 

E  Tost  erra  la  sabloniere 
5965  Bêlement  petite  aleure, 

Car  chad  feseit  a  desmesure , 

Et  la  jornee  iert  grant  e  grieve 

Qu'il  faisoient,  ne  mie  en  brieve,  6oo5 

E  la  chalors  les  destreineit 
5970  Si  qu'assez  en  i  esteineit. 

Icels  feseit  l'om  enterrer, 

Cels  qui  ne  poeient  errer, 

Les  travilliez  e  les  lassez,  6010 

Dont  sovent  i  aveit  assez, 
5975  E  malades  e  deshaitiez; 

E  Ii  reis  feseit  qu'afaitiez 
Fol.  46  a.  Quis  faiseit  porter  es  gualees 

5961  Tote,  costoient  —  5965  al  merie  —  5966  E  manqué  - 
quil  la  freicnt  —  5956  i  manque  —  5955  par  manque —  6960  le 

—  5977  aporler  —  5981  Desqua  a  —  5988  quil  —  5990  al  c. 

—  68o3  i  manque  —  6008  Qui  manque  —  601 A  malt  numque 


E  es  barges  jusqu'as  jomees. 
Cele  jornee  a  paine  errèrent, 
E  Ii  herbergeor  alerent 
Desqu'a  la  citië  de  Cesaire. 
La  ot  este  la  gent  contraire 
E  orent  la  vile  abatue 
Et  trop  damagiee  e  fundue; 
Mais  quant  il  vint  si  s'en  fuirent. 
Et  nostre  gent  la  descendirent. 
Si  se  tendirent  e  traverent 
OItre  a  un  flum  que  il  troverent  : 
Ço  est  uns  flums  qu'oncore  est  diz 
Ores  Ii  flums  as  cocatriz, 
Ou  deus  pèlerins  se  baignèrent 
E  les  quoquatriz  les  mangèrent. 

A  Cesaire  ou  ad  grant  açainle, 
La  ou  Deus  fist  ovraine  mainte, 
Car  mult  hanta  en  la  costiere, 
H  e  sa  companie  chiere, 
Comanda  Ii  reis  ses  enekes 
Qu'après  lui  venissent  illoques, 
E  fist  un  ban  par  Acre  faire 
Por  la  gent  pereçose  atraire, 
Que  es  enekes  se  meissent 
E  que  en  l'ost  por  Deu  venissent; 
E  ii  en  i  vint  grant  partie, 
Ançois  que  l'ost  s'en  fust  partie. 
Eth  vos  a  Cesaire  acostee 
La  riche  estoire  une  vespree  : 
Od  les  barges  s'acompaignerent 
Qui  chescon  jor  l'ost  costeierent, 
E  aveient  assez  vitaiHe 
Des  nés  mai  gré  a  la  chenaille. 

Eth  vos  i'ost  endroit  tierce  haute, 
Ço  soit  Ambroisb  en  fin  sanz  faite. 
Armée  e  d'iloc  esmeue, 
E  si  fud  mult  bien  porveue 

-  5967  freit  icel  —  5969  sereint  —  5950  e 
manque  —  5966  sablonoiere —  5970  estreineit 

—  5991  Od  ceus  —  5997  La  c.  —  6001  Qui 


sur  b  rivière  d» 
Gfoeodil^t. 


Fol.  kk  6. 

L*MaiéBqwUe 
CtfMrét(t«'Mp- 

lMibf«),àDMf 

hnm  în  ■■tJB 


161 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


162 


601 5  El  cslablic  c  atoFDee, 
Qu'el  fereit  petite  jornee 
Por  Sarazins,  qui  apiovouent 
Cbescon  jor  quant  il  se  movouent. 
Icei  jor  Tost  tut  enchaucerent, 
*éinir  6oao  Maîs  uD  admirald  i  leisserent 
Tant  loé  de  grant  bardement 
E  de  très  grant  force  ensement 
Que  neuls  hom  ne!  peust  abatre 
\e  ne  sosast  sur  lui  embatre; 

Go9  5  Car  il  a  voit  si  grosse  tance 

Que  dous  groissurs  H'aveiten  France  : 

Ço  fud  Ayas  Estoi, 

Par  non  issi  nomer  Foi. 

Li  Turc  por  lui  tel  doel  menèrent 

6o3o  Que  lor  cbevals  en  escoerent, 
E  mult  Yoienters  Yen  portassent 
Se  li  cristien  lor  ieissasent. 
A  iant  d'iioques  se  partirent, 
E  vindrent  tant  qu'il  descendirent 

6o35  Sor  le  flum  mort,  qu  orent  covert 
Li  felum  sarazin  cul  vert; 
Mais  descovert  fu ,  si  en  burent 
E  par  deus  nuiz  illoques  jurent. 
mm-  Del  flum  s'esmut  la  gent  osée, 

"*j    6o4o  Quant  deus  jorz  se  fud  reposée; 
Soef  errot,  nom  mie  en  haste, 
Par  mi  la  terre  povre  e  gaste. 
Cel  jor  par  la  montaine  alerent, 
Car  la  marine  illoc  troverent 

6o/i5  Si  encombrée  et  enhermie 
6  c.  Qu'il  ne  peussent  passer  mie. 

Cel  jor  fud  Tost  plus  près  reugiee 
Qu  el  ne  fud  puis  nule  foiee. 
La  riere  garde  fist  li  Temples, 

6o5o  Qui  al  seir  se  grala  les  temples, 
Car  tanz  cbevals  le  jur  perdirent 


la  ri- 
îft  U 
le  (3 


Por  poi  qu'il  ne  s'en  esperdireut; 
E  li  coens  de  Saint  Pol  ovecques, 
Ueperdi  trop  cbevals  illoques 

6055  Car  tant  soffri  par  bardement 
Les  Turs  e  lor  bardoiement 
E  tant  le  jor  s'abandona 
Que  tote  l'osl  los  l'en  doua. 
Cel  jor  fud  li  reis  d'Engletere, 

60G0  Qui  de  près  les  Turs  aloit  quere, 
Nafrez  d'un  pilet  el  costé 
D'un  Turc  qu'il  aveil  acosté; 
Mais  ne  fud  pas  blescië  granlmenl , 
Ainz  lor  curut  sure  eralmeut. 

Go65  LaNeissiez  pilez  voler, 
Cbevals  morir  e  afoler; 
De  pilez  veissiez  tel  pluie 
Que  quatre  piez  de  terre  vuie 
Ne  trovissiez  en  l'entornee 

6070  La  ou  l'ost  Deu  esteit  tornee, 
E  tote  jor  issi  dura 
Cil  ennuiz  que  l'ost  endura 
Jusqu'al  seir  que  li*  Turc  se  trestrent 
As  herberges  e  se  retrestrent. 

6075  E  nostre  gent  se  herbergerenl, 
A  un  flum  sale  se  logierent; 
Si  veissiez  illoc  grant  presse 
As  chevals^morz  de  greinor  gresse 
Qui  en  cel  jor  occis  i  erent  : 

6080  Li  serjant  la  cbar  acbaterent 
Encore  a  mult  chieres  denrées, 
Si  i  aveit  de  granz  mellees; 
E  quant  li  reis  oi  l'afaire. 
Si  fist  crier  un  ban  e  faire 

6o85  Que  a  cui  ses  cbevals  morreit 
E  as  pruz  serjanz  le  donreit 
Un  vif  en  fereit  eschangier; 
E  cil  les  eurent  sanz  dangier 


Us  sont  har- 
celés par  les 
Turc*. 


Fol.  4/1  d. 


Ils  maugeo  lies 
rhcvaux  morts. 


6016  Quele  —  6017  quil  aplouent  —  Goa3  home  —  6o9à  lui  lembatre  —  6o3o  escorcerent  —  6o3â  le 
lor  —  6o36  Le  f.  —  6o38  illoc  —  6o/i5  hennie  —  60&7  plus  conreiee  —  6o/î8  Quele  —  6o5o  al  s.  grata 
ses  —  6060  requere  —  6066  Gheualier  —  6068  ntie  —  6069  troissiez  en  len  jornee  —  H070  Deu  manque 
—  607a  qui  lor  e.  —  6079  i  tnanque  —  6o83  en  oi  —  6o85  moreil  —  6086  len  d. 


]  I 


IMPklHIKIK    lAtlOSALZ. 


163 


L'ESTOlhK  l)K  LA  GUHUHK  SAINTK. 


IGâ 


'ùueratium  Vu- 
iitr^i ,  IV.   ivi. 

Marrh»?  «les 
Croisas  H  Irnvrrs 
1.»  fon'l  «rArJur. 


M  les  prislrenl  e  escorcieri'iit 

(;')i^o  E  les  buns  lardez  en  man{jcreiil. 
Deiis  jorz  sujornanz  illor  f'urcnl 
Va  al  (ierz  endreit  tierce  iniironl. 
Trestol  conreé  de  bataille: 
Car  Teii  lor  disl  que  la  cbeiiailli*. 

('>o(jr>  Li  mescreani,  li  neir  oscur. 
Krent  en  la  forest  d'Arsur 
K  qu  en  cel  jor  Talumereient, 
E  que  si  granl  feu  en  fereient 
i^w^"  Tosl  en  sereit  arostee; 

(ii<M»  Mais  elc  erra  tote  aprestee 
Par  la  foret  d'Arsur  sa  voit-; 
Si  ne  cuit  pas  que  nus  boni  \oie 
Ne  qu  en  un  liu  nul  ost  veist 
Plus  bel  errer  que  illoc  fist; 

(ito5  \  onques  n'orent  arestemeni, 
Ainz  errèrent  toi  quilemoni  : 
Mont  d'Arsur  le  jor  trcspasserenl 
E  loto  la  forest  passèrent, 
E  vindrent  hors  a  la  champaine 
lis  cam|>eo(  Oiio  Horbcrgier  soi  en  une  plaine 
tlère  de*^Rwi"-  Sor  le  flum  de  Rochetaiilee, 

*''"^  Mal  grë  a  la  gent  retaillée, 

Qui  de  tanz  iius  ierl  apleue 
Que  cil  dit  qui  Tosl  ol  veue 

(il  i5  E  sorveue  e  esguardee 
Kol.  f\')  o.  E  dreit  al  suen  viaire  esmee 

Qu'a  treis  cent  mile  les  esma. 
Ou  que  de  poi  les  mesesma  ; 
E  noslre  cristien  pas  n Virent 

Oiao  Plus  de  cent  mile,  ço  esmerent. 
Sor  le  flum  de  Rochetaiilee 
La  jut  Tost  Deu  e  sa  maisnee: 
La  se  herbeija  un  joesdi, 
E  sujorna  le  vendresdi. 

0i25  Le  samedi  a  Fenjorner 


Lors  veissiez  gent  alorner 

(lliesron  por  sa  teste  defendri*; 

Car  Ten  lor  fist  le  jor  entend ro 

Qu'il  ne  poreient  sanz  bataille 
(ii.'io  Pas  errer  vers  la  cuvcrlaille, 

Qui  de  totes  pan  aprismouent 

Et  lor  batailles  conreoueut; 

Et  |)or  iço  Tost  crisliene 

Se  guanii  si  vers  la  paiene 
Tn.^")  Qu'il  n'i  ol  as  eschieles  faire 

Que  reprendre  ne  que  refaire. 

Kicharz,  le  preuz  reis  d'Engletere, 

Qui  tant  saveit  d'ost  c  de  guerre. 

Lors  devisa  a  sa  manière 
(it'io  Qui  ireit  devant  e  deriere  : 

Duze  batailles  conreerent 

E  par  conreiz  les  devisèrent 

De  tels  gens  que,  tant  corn  cels  covre, 

N'en  eiïst  tant  de  groinur  ovre; 
()i'i5  De  lor  cuers  furent  bien  ficbié 

En  Deu  servir  e  afichié. 

Li  Temples  fist  cel  jor  Tanz  guarde 

E  rOspital  la  riere  guarde; 

Breton  e  Angevin  ensemble 
CiiSo  Errouent  après,  ço  me  semble; 

Li  Poitevin  e  li  reis  Guis 

Erent  après,  si  con  jo  enquis; 

\ormant  e  Engleis  chevalchouent 

Apixîs,  qui  le  dragon  porloueni: 
6155  E  rOspitals  errot  deriere, 

Qui  fist  cel  jor  la  guarde  riere. 

La  riere  guarde  fud  guami«* 

Ijejorde  haute  baronie, 

E  fud  par  conreiz  conreee 
(n(x>  Tôt  coste  a  cosle  e  devisee 
'  Issi  serré  que  d'une  pomo 

Ne  ferissiez  fors  beste  ou  home; 


Itiiiermrimm  Ri- 
emrJi.  IV,  itii. 

I.cii  V^rmaét  <* 
inHlf^nl  en  nur- 
rbe  sor  ArMir 
r{:ng^  trt  ha- 
faill*r  (  7  «'■p  - 
l'Mnhr»*). 


Fol.  'j5  t. 


6089  e  les  escorcierent  —  6090  lioîies  iardiz —  609a  lierz  jor  -  ()093  K  Irostoz  —  6098  freieni  — 
610^  home  —  610^  feist  —  6109  vint  —  Oi  16  >is  —  6117  Qui  a  —  61 -^o  mil  —  61  î>6  Loros  — -  Gi35  ot 
al  —  6189  Lo'*^  —  (iiAo  c  qui  d.  —  6167  fiid  irol  j.  iniiant  (juank*  —  Gio/j  porloiiet  —  61 56  Que,  fist 
manque  —  6169  conrec 


.*. 


165 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUEURE  SAINTE. 


i6() 


E  durot  de  i'ost  sarazine 
De  si  que  a  val  la  marine. 

616»  La  veissiez  tantes  banieres 

Et  tantes  genz  od  vistes  cbieres  : 
La  iert  H  coens  de  Leiceslre, 
Qui  ne  volsist  pas  aillors  estre; 
E  s'i  esteit  de  Cornai  Hues, 

6170  Qui  aveit  genz  bien  coneues; 
Si  i  ert  Guillanies  de  Borriz, 
Qui  de  la  (erre  esteit  norris; 
Si  i  ert  Guaquelins  de  Perieres, 
E  genz  de  diverses  manières; 

6175  Si  i  ert  de  Toeni  Rogiers 

Od  grant  pienté  de  chevaliers; 
Si  i  ert  li  preuz  Jakes  d'Avesne, 
Qui  Deu  mist  le  jor  en  son  règne; 
Si  i  ert  li  coens  Robert  de  Dreues 

OiHo  E  plusurs  genz  qui  ereut  seues; 
S'i  iert  levesques  de  Biavez, 
Qui  vers  son  frère  s'esteit  trez; 
Cil  de  Barres,  cil  de  Cerlande 
I  raveient  compaine  grande; 

61 85  Cuillames  et  Di*eu  de  Merlo, 
5  c.  Cil  n'en  raveient  mie  po; 

Li  lingnage  ensemble  crrouent 
Et  ensemble  se  recovrouent, 
Si  que  Tost  en  iert  si  liée 

6190  Qua  paine  fust  desaliee. 

Li  coens  Henris,  cil  de  Champaine, 
Gardoit  Tosi  devers  la  montaine  : 
Icel  jor  fisi  la  guardecoste, 
E  tozjorz  chevalchoit  encoste, 

6195  E  li  serjant  de  pië  esteient 
Derieres  Tost,  qui  la  clœient. 
Le  herneis  e  les  guarnestures, 
Charettes,  somiers,  trosseures, 
C'ert  encontre  val  el  rivage, 

6900  Qu*il  n  en  eussent  grant  damage. 


Issi  errot  la  gent  seure, 
Socf  e  petite  aleure; 
Issi  erroient  li  conrei  ; 
Li  dux  de  Burgoine  od  le  rei 

(i^of)  E  prude  gent  hardie  e  fiere, 
Alot  devant  Tost  e  ariere 
E  en  costé  destre  e  senestre, 
Por  veoir  les  Turs  e  lor  esiro 
E  por  lost conduire  e  mener; 

C)ûio  E  mult  les  en  covint  pener, 

Car  endreit  tierce  avant  une  bore 
Lor  veneient  luit  li  Turc  sure , 
Plus  de  deus  mile  od  arcs  traiani, 
Qui  si  vont  Tost  Deu  embraçant. 

(iaïf)  Après  venoil  une  gent  noire  : 

Les  Noirez  ont  non,  ço  est  la  voire; 
E  Sarazins  de  la  berrue, 
Isdos  e  neirs  plus  que  n'est  sue. 
A  pië  od  ars  e  od  roeles, 

Gaao  Trop  vistes  genz  e  trop  tsueles. 
Cil  feseient  a  Tosi  tel  presse 
Qu'il. n*aveient  ne  fin  ne  cesse. 
La  veissiez  par  la  campaino 
Des  Turcs  tante  riche  compaine, 

Osa 5  Tanz  penuncels,  tantes  enseignes, 
Tantes  banieres  od  enseignes, 
Tanz  biais  conreiz  si  acesmez. 
Plus  de  trente  mil  Turs  esniés 
Venir  tant  acemeement 

6a3o  Droit  a  fost  desreeement 

Sor  chevals  isnels  corne  foldre! 
Devant  lor  piez  iert  grant  la  poidrc; 
Devant  les  admiralz  venoient 
Cil  qui  les  buisines  tenoient, 

Ga35  Li  autre  timbres  et  taburs  : 
Ne  faisoient  altres  laburs 
Fors  taburer  e  noise  Taire 
Et  huer  et  crier  et  braire. 


Itincrarium  iii- 
rardi,   IV,  XTiii.    * 

Les  B^ouins 
alUiquoiil  1rs 
rhiéliens. 


Kol.  /JÔ  d. 


61 64  quaiial  —  6178  icrl  tozjorz  n.  —  6177  dauerae  —  6>79  treues  —  6180  f^oni  manque 
—  ^199  eucontie  c.  —  6!Jo5,  6ao6  interverlii  —  6a  11  avaiil  manque  —  6a  1  a  luil  manque  - 
manqtM  —  6a  1 5  v^noienl   —  6aa4  tant  —  6aaH  mil*»,  adesines  —  6a.So  Tc»t  droit,  desreoinent 


-6190  fini 

6'u4   Deu 

6a3i  fom 


1 1  . 


167 


L'ESTOIRË  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


168 


La  n  oisl  1  oin  pas  Deu  tooant, 
GâAo  Tant  il  i  ot  taburs  sonant. 
La  chenaiilc  Tost  engrossa 
Va  assailli  et  empressa  : 
De  deus  liues  tôt  environ 
Ne  veissiez  plein  mon  giron 

()3/i5  De  terre  voide  ne  de  place, 

i\e  de  rien  fors  de  maie  estrace; 
E  devers  mer  e  devers  terre 
S'en  alouentsi  près  recjuere, 
0(1  tel  force  e  od  tel  ollrage, 

ihï)o  Qu  il  lor  faiseient  grant  damage 
Des  chevals  qu'il  lor  ocieient; 
Car  trop  de  morz  en  i  cheoient. 
Mult  eurent  cel  jor  grant  mestier 
Fol.  /K)  a.  En  Tost  H  bon  arbalestier 

Oafif)  E  H  bon  serjant  qui  traioient, 
Qui  deriere  Tost  se  tenoient. 
Cil  quiderent  eslre  enpercié, 
Car  il  esteient  si  chargié 
Qu'il  ne  quidouent  bore  vivre, 

GqBo  N'escbaper  s'en  sain  ne  délivre; 
E  si  sachiez  bien  tut  de  veir 
Que  li  coard  par  estovoir 
Ars  e  saetes  jus  jetouent 
E  dedenz  l'ost  se  robotoui»nt, 

i\'?.C)\>  Eli  hnrdi  qui  remaneient, 
Qui  Tost  deriere  sostenoient, 
Aveient  tel  presse  as  talons 
Que  râlèrent  a  rebursons 
Icel  jor  plus  qu'autre  aleure. 

()a7o  En  losl  n'aveit  gent  si  seure 
Qui  ne  volsist  par  bon  curage 
A  veir  fait  son  peregrinage; 
Mais  de  ço  ne  me  merveil  mio, 
Car  Tosl  estoil  si  estormie 

()a7îî  El  coslé  désire  e  el  senestre 

QuOnques  ne  fist  home  Deus  nestre 


Qui  veist  gent  si  achence 
Ne  ost  a  tel  paine  menée. 
La  veissiez  les  chevaliers , 

GjSo  Quant  il  perdouent  lor  destriers, 
Tôt  a  pié  odies  seijanz  traire; 
Si  vos  puis  conter  e  relraire 
Conques  pluie  ne  neif  ne  graisic 
Par  grant  yvern  quant  el  s'esvelle 

()a85  Ne  vola  plus  espessement 

(Ço  sevent  plusor  si  ge  ment) 
Que  lor  pilet  illoc  voloient. 
Qui  les  chevals  nos  afoloienl; 
*     E  la  les  peussiez  coillir 

(iaijo  A  bracees  e  racoillir, 

Come  l'em  coït  chaume  en  estoble, 
Tant  i  traient  de  la  gent  troble , 
Sor  noz  conreiz  tant  s'cspresserent 
Que  par  un  poi  que  nés  plaiserent. 

6295  Lors  manda  l'Ospital  al  rei 

Qu'il  grevouent  trop  lor  conrei, 
E  que  plus  soffrir  ne  poreient 
En  manere  s'il  ne  poigneicnt. 
Li  reis  manda  qu'il  se  tenissent 

O.'ioo  E  que  lor  meschief  sustenissent; 
Et  il  a  force  le  sustindrent 
Et  a  meschief  lor  voie  tindrcnt. 

Mult  fist  grant  chaut  celé  jornee 
Que  Dampnedeus  ot  atornee. 

()3or)  Li  chauz  fud  grant  e  la  gent  fiere 
Qui  la  nostre  enchasçoil  ariere; 
Si  ne  larai  que  jonc  die 
Qu'il  n'a  el  monde  si  hardie. 
Qui  veist  l'espoisse  e  la  presse 

(53 10  De  la  paene  gent  engresse. 
Le  desrei  e  la  grant  emprise 
Dont  diables  l'aveit  esprise. 
Qui  n'eust  aucune  dotance. 
Qui  veist  nostre  mesestance, 


Fo 


Ga'io  il  loi  —  r)«>5o  le!  damage  —  6a5/j  arblasiier  —  6368  Que  mult  r.  —  6369  que  aulre  allre  a.  — 
6^75  E  coslc  Hcstre  e  s.  —  6377  achene  —  6a8/j  de  —  fitîSG  plus  s.  —  6391  Corn  —  6296  Lor  —  6998  En 
nul'"  m.  —  C3o6  Que  —  63o8  Qui!  oil  e.  —  G3i3  Quil  —  63 1 A  mesiancc 


169 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


170 


A6c. 


63 1 5  S'il  ne  cuneust  ior  custume; 
Car  toi  ausi  com sor  Icncluine 
Forgent  ferrona  longues  chaudes, 
Toi  autres!  Ior  genz  por  baudes 
Feroient  sor  la  riere  guarde , 

G390  Dont  meint  prosdom  iert  le  jor  guarde  ; 


El  il  point  ne  se  regardoienl 
Issi  com  il  faire  dévoient, 
.  E  cil  grant  cuivre  Ior  faisoieni , 

G3â5  Quis  conveoient  a  les  maces  : 
La  vcissiez  des  voides  places 
Endroit  tels  genz  qui  aillors  lussent, 
Qui  a  enui  rcquencussent 
Que  por  les  Turs  estai  gerpissent 

G33o  .\e  por  els  plein  pasguencbeissent; 
Mais  la  tôt  autrement  le  firent, 
Que  fièrement  se  combatirent, 
E  se  feroient  en  la  rote 
Par  droite  destresce  e  par  dote; 

0335  Mais  ço  n'iert  mie  de  merveille, 
Se  aucons  de  ço  s'esmerveille  : 
Car  loz  Tesforz  de  paenic. 
De  Damas  de  si  qu  en  Persie', 
Des  la  mer  jusqu'en  Orient, 

03^10  N'avoit  remis  hardie  gent, 
Ne  seure  ne  alosee, 
Ne  conqueranz  ne  preuz  ne  osée. 
Que  Salehadins  n  eust  quise, 
Louée  e  proiee  e  requise 

G3/j5  e  porchaciee  e  retenue, 

Por  la  gent  Deu  qui  ert venue. 
Qu'il  quidot  lores  desconfire; 
Mais  n'i  peussent  pas  soffire, 
Quar  la  flur  de  chevalerie, 

635o  Li  grains  de  la  bachelerie, 
Gent  tote  duite  de  bataille , 
S'iert  la  levée  de  la  paille 


Fol.  /ju  fl. 


Ilinerniium  Bi- 
eardi,  IV,  xtx. 

Vicloirp    ileK 


De  tôle  la  lei  crisliaine 

Por  josteier  sor  la  paiene, 
G355  Genz  (Ole  preuz  e  tote  eslite; 

E  qui  ceste  eust  desconfite. 

Donc  peust  il  bien  en  fin  dire 

Que  rien  ne  Tosast  contredire. 
Granl  iert  la  poidre  e  la  chalor, 
G3Go  E  les  genz  Deu  plains  de  valor; 

Fiers  iert  li  poeples  al  diable, 

E  le  Deu  preuz  e  dcfensable  ; 

La  iert  des  Turs  eiytasseiz 

Plus  espès  que  un  plesseiz. 
G3G5  Li  cristien  Ior  voie  errouenl, 

E  cil  as  dos  les  enchaçouent; 

Mais  poi  Ior  porent  damagier. 

La  veissiez  Turs  enragier, 

Le  poeplc  al  diable  d'enfer, 
G370  Qui  nos  clamoieut  gent  de  fer; 

Quar  tant  avioms  armeures 

Que  nos  gens  erent  si  seures 

Qu'il  en  cremoient  mains  Ior  cuivre. 

Cil  metoienl  Ior  arcs  en  cuivre 
G375  E  venoient  as  maces  sore. 

Plus  de  vint  miliersen  poi  d'ore 

Sor  rOspilal  erenl  a  forge, 

Quant  li  unsd'elsclama  :(r  Saint  Jeorge, 

(L  La  irez  vos  nos  issi  confondre  ? 
638o  ftOr  devreil  cristientë  fondre, 

"T  Quant  encontre  ceste  chenaille 

ff  Ne  se  poroflfre  de  bataille  !  y> 

C'ertde  Napes  frères  Guarniers, 

Li  mestres  des  Hospitaliers. 
G385  Cil  vint  al  roi,  poignant  en  haste, 

Si  li  dist  :  rSire,  len  nos  haste 

rrOd  trop  grant  honte  e  0  laidure; 

rCliescons  pert  sa  chevalcheure.  75 

E  li  rois  dist  :  «rSoiTrez,  bel  mestre  : 
0390  ^L'en  ne  puet  mie  par  lot  estre.T)         Fol.  67  a 


6819  80  —  633o  guenchisseiit  —  6336  Sauçons  —  635o  La  grain  —  635?»  le  premier  la  manque  — 
6356  ce«t  —  G36o  plaines  —  6363  dcntasseiz  —  6366  les  chacouent  —  6867  P^''  ^^^  —  ^^7^  seuros  — 
6376  mile  —  6378  li  manque  -   638o  Ore  — -  6388  cheualcimre 


171 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUEliRE  SAINTE. 


17Î 


(^il  vint  orl  son  conrei  ariere; 
Li  Turc  cîiichiiçoiKHil  Heriere, 
Si  i\{\i\  n'i  ol  prince  ne  conte 
Oui  en  soi  n'en  eust  |][ran(  honte, 

r,:ii,:)  K  riisoieni  :  f'Seifjnors,  poi|fnoniesî 
•L'en  nos  tendra  por  malvès  bonios. 
y-Tel  lion  le  ne  fn  mes  veue, 
•*  :N'onr|ues  mes  par  gent  mescreue 
r.Nen  ot  nosire  ost  lel  reprover; 
.  H.o  '^E  ^e  por  aucon  recoillier 
'•\e  nos  oH'rions  a  défendre, 
"Ja.-^i  porrions  trop  alendre.w 
Deusî  quel  perle,  quel  mescheance, 
E  quel  doel  e  quel  meseslance 

•i'H.')  Avinl  en  lost  a  rel  termine, 
Ou  lanl  moreit  gent  sarazine 
vSe  pechié  n'eu8t  destorbiee 
La  pointe  qui  fud  devisee! 
Endementers  qu'il  devisoieni 
(lele  pointe  ou  tuit  sacordoient . 
Vi  avoient  ja  esganlé, 
S'il  l'eussent  a  droit  ganlé , 
Ainçoi»  que  ii  conroi  poinsissent, 
Qu'en  lost  en  trois  lius  establisenl 
Sis  busines  qui  soneroient 
Quant  vers  les  Turs  retorneroienl . 
Deus  «levant  l'ost  e  deus  deriere 
E  deus  en  mi  d'autre  manière; 
E  s*ensi  t'eussent  tenu, 

(>'i»o  Li  Turc  fussent  tuit  retenu; 

Mais  par  deus  homes  les  perdirent 
Qui  pai^  de  poindre  ne  se  lindrent. 
Fol.  '17  //.  Mais  tut  premerains  s'eslaisserent 

Si  <pie  deus  Turs  morz  i  laissèrent. 

(\fi'i:}  L'un  des  dens  fud  uns  rhevalier^î, 
\A  niareschals  ospitaliers; 
L'autre  iert  Baudowins  li  Garons, 
Qui  iert  hardiz  com  uns  leons  : 


•  i'i  !  o 


n'iiT» 


Co0ipain2  iert  le  rci  d'Englclere, 

O'i.So  Qui  l'ot  amené  de  sa  terre. 
Cist  commencèrent  le  desrei 
El  Siiint  non  del  tôt  poissant  rei; 
Saint  Jorge  a  haute  voiz  crièrent, 
E  les  genz  Dampnedeo  tomerent 

()'j35  Lor  chevals  ço  davaut  dariere 
Encontre  ia  cruel  gent  fiere. 
Lors  poinst  rOspital  tôt  rengiez. 
Qui  mult  ot  esté  leidengez; 
Si  poinst  li  sires  de  Champaine: 

()Vio  E  il  e  sa  chiere  compaine; 

Si  poinst  Jakes  d'Avesne  illoques 
E  cist  de  son  lignage  ovecques; 
Si  poinst  lores  li  coenz  Roberz , 
Cil  de  Driues,  jo  en  sui  tôt  cerz, 

r>Vir)  Le  evesque  de  Biauveiz  od  lui, 
leil  poinstrent  ensemble  abdui; 
Si  i  poinst  li  eoeus  de  Leicestre 
Vers  la  marine  sor  senestre; 
Et  tuit  cil  de  la  riere  guarde, 

<'i'ir)o  Ln  point  n'i  ot  de  gent  coarde; 
E  après  poinstrent  Angevin. 
Breton,  Mansel  e  Peilevin, 
E  li  auire conrei  ensemble. 
Si  vos  dirai  ço  qu'il  me  semble  : 

(>'ir)r)  Queji  prodome  qui  la  poinstrent 
De  tels  esforz  as  Turs  se  joinstreiit 
Que  chescon  al  sucn  qu'il  atainst 
Le  fer  del  glaive  el  cors  li  lainst , 
Si  qu'il  lui  covint  voidier  sele. 

r,'iOo  A  celé  genl  semble  novele, 

Car  il  sorvindrent  corne  foldre  : 
La  veissiez  voler  grant  poldre; 
Et  tuit  cil  qui  a  pîé  esteient 
Descendu,  qui  as  ars  traoienl, 

O'Hîf)  Qui  mult  eurent  noz  genz  grève*.»». 
Cil  orent  les  testes  copees, 


Ko 


^)^^92  e.  e  arierc  —  H3«)<j  Non  ol  manqua  --  6ûoîî  {ioitoiis  —  6A0G  i  inoreiiil  |{.  —  6/11/1  Qui  en  —  6&19  si* 
il  •'.  —  'iV'  I  !«»<;  inislr^'nt  —  (\h<\  lut  li  —  G'i.'iîi  saint  manque  —  fi'iSI*)  rnielf  gent  et  f.  —  fi/i/io  R  mmufu^ 


17a 


LESTOIHt:  DE  LA   GUEKKE  SAINTE. 


17/4 


K  ai  coin  ii  les>abaloi(.MU 

E  les  sorjanz  les  ocioent. 

E  des  que  onques  Ii  reis  Iroblee 

0^170  Vit  Tost  e  qu'el  fud  assemblée, 
Des  espérons  al  cheval  tendre 
Dona  cbau  pas  sans  plus  aleudre  : 
De  granl  air  le  leissa  corre, 
As  premerains  conreiz  socurre. 

^'175  Plus  tosl  que  quarols  d'arbalesle, 
(3(1  sa  niaisnee  preuz  e  tiîste, 
Abi  ferir  en  tas  sor  désire 
Un  conrei  de  la  gent  ])aestre 
Si  durement  qu'il  esbairent 

(i'iSt»  Des  prodonies  qu'il  i  scMilironl, 
Qui  lor  (irenl  voidier  les  soïes  : 
Gisanz  esjHîs  come  gaveles 
Les  vcissiez  gisir  a  1ère; 
de  E  Ii  vaillanz  rei  d'Engleler<î 

()'i85  Les  porsiwi  c  conit  sore, 
Qui  le  fist  si  bien  a  celé  on^ 
Ou'entor  lui  avoit  de  charriere 
Sus  e  jus,  encoste  e  deriere, 
Des  Sarazins  qui  mort  chaeienl, 

<)'ii>o  Oue  Ii  autre  en  sus  se  traieienl, 
7  (/.  E  duroil  bien  <les  morz  la  Irace 

Demie  liuue  près  d  espace». 
La  veissiez  Turs  trcsbucbier 
E  Sarazins  deschevalchier; 

G<iy5  La  veissiez  poldre  voler. 
Que  noslre  gentdut  afoter  : 
Car  quani  de  la  grant  presse  issoient 
Adonc  ne  s'entreconeissoient 
Por  la  poldre  qui  iert  levée, 

65oo  Si  que  lor  paine  en  ert  doblee. 
Lors  feroient  destre  e  senestre  : 
La  orentli  Turc  malveis  eslre; 
La  veissiez  cf)ps  départir 
E  gent  sanglent  del  champ  partir; 

6^70  elo  —  6'i75  arblosle  —  0'i89  coni  —  6686  icp|e- 

—  65oi  Lorps  —  65 1 9  Cliîirgiez  —  65 1 A  corn  —  65 18 

—  65îï8  Qui  —  6533  Cer    —  6536  com  —  6586  Qui 


().')i>r)  La  veissiez  chaii  banieres, 

E  lanz  penoneels  de  manières. 

Tantes  bones  trenchanz  espees 

E  tantes  canes  acérées, 

Tanz  arcs  torqueis  e  tantes  mace-^ 
6.')  10  Peussiez  prendre  en  plusoi>i places, 

Quarels  e  pilez  e  sectes, 

Cliai*giees  plus  de  vint  chareles; 

La  veissiez  lanz  Turs  od  barbes, 

Morz  gésir  espes  comejarbes; 
05]  5  La  veissiez  caple  tenu 

De  cels  qui  s'erent  près  tenu; 

E  cil  qui  abalu  esteieni , 

Qui  lor  clievals  peixluz  aveient, 

E  cil  es  buisons  se  botouent 
6:).>o  Et  es  arbres  a  mont  mon  louent, 

E  d'iloc  les  aleit  Ten  traire. 

Sis  oissiez  al  tuer  braire. 

Tels  i  ot  lor  chevals  guerpirent, 

Que  devers  la  mer  s'en  fuirent 
or)rir)  E  sailliri^nt  jus  des  faleises,  Poi.  i^^  „, 

Lais  a  val  plus  de  dis  teises. 

Bien  furent  lor  gent  rcus<îes, 

Que  de  deus  granz  liuues  ferees 
()»3(>  IN'i  veissiez  fors  gent  fuitive. 

Qui  devant  esteit  si  braidive; 

Car  totes  noz  genz  retornerent, 

E  cil  qui  Testandard  gardèrent 

((Gèrent  Normant  la  gent  seure) 

Tote  lor  petite  aleure 
i\:y^:y  Itetornerent  une  grant  pièce 

Issi,  come  mis  cuers  sospiece , 

Qu'ainz  empeirast  muit  Tautre  affaire 

Que  fem  lor  peust  grant  mal  fain*. 

Li  poigneor  qui  od  Deu  furent  l«m  Sarra^u» 

65/io  Apres  lor  pomdre  saresturent,  ,i^^^. 

E  si  toet  com  il  s'areslerent, 

E  li  Sarazin  recuvrerent. 

—  6488  j.  p  encosle  —  6493  Demi  —  6A98  ne  mmtque 
cil.  ahftln  —  ()5i  [)  busoins  —  65fla  Si  —  65î»7  reuisees 
a.  —  654 1  saresturent  —  654 9  recrorent 


Turcs. 


n.-j 


LESTOIKK  l>E  LA  (ilERRE  SAINTE 


176 


Plus  (1(*  vinl  niiiiers  en  \enoient 
Qui  les  riiacc's  es  |K>inz  teDoienI 

r>r*'ir>  A  n-scorrc  les  abatuz. 

1^  veissiez  les  noz  batuz, 
Cels  qui  ;  lost  se  relraioient. 
Li  àSarazin  toz  jorz  traioieiit, 
K  si  i'eroienl  od  let>  maces, 

t):t:}o  K  quassoieiil  testes  e  braces 
Si  qu'as  arçons  les  cncliuoient . 
K  li  prrxlome  recovroienl 
Quant  lor  aleine  aveient  prise; 
Lors  (Kiigneient  od  grant  emprif^* 

i't^tit't  E  S4*  fereient  es  ronreiz, 
K  les  roni|>oient  conie  roiz. 
1^  veissiez  seles  torner 
E  Turcs  guenchir  et  retoroer; 
Foi.  68  h,  La  r      nostre  gent  si  rhargiee 

05«io  Qu  ele  n'errast  pas  une  archiee , 
Se  li  connâ  ne  s'arestasent, 
Que  chierement  nei  comperassent. 
Cmmm  u»-  La  iert  lamiralz  Dequedin, 

4j,  Un  des  parenz  Saiahadin , 

0565  Qui  ot  portrait  en  sa  baniere 
Enseignes  d'estrange  manière  : 
Ço  estoit  une  baniere  as  braies, 
C  erent  ses  enseignes  veraies. 
Ço  iert  li  Turs  qui  ot  voient^ 

6570  Haieit  plus  la  cristienté; 
Cil  aveit  en  sa  conipaignie 
Plus  de  set  cent  Turs  de  baillie, 
La  gent  Saiahadin  deniaine 
Qui  conquisse  fusl  a  grant  paine. 

0575  Chescons  conrei  a  sa  manière 
Aveit  une  jalne  baniere 
Od  penuncel  d'autre  teinture; 
E  vint  de  si  grant  aleure, 
Od  tele  frainte,  od  lele  cniprise 


,    h'.th,,  l)f  l'rrir  la  gent  bii»iè  apris^e. 

Qui  a  Teslandanl  retomei*eul 

Od  les  armes  que  il  portèrent. 

<}u*il  n'i  ot  si  preu  ne  si  coinh- 

De  toz  qui  a  icele  pointe 
(>r»h:)  Wussent  assez  a  entendre. 

La  veissiez  noz  genz  atendre. 

Iji  \eissiez  meinle  aalie, 

1^  veissiez  fort  départie . 

Car  ariere  a  fost  s'en  revindrent  : 
*\:>ijo  Car  Sarazin  si  cort  les  tindrent 

Que  toz  les  cors  i  chancelèrent. 

Si  que  [>oi^genz  i  retornerent: 

Ainz  les  paioient  sor  les  helmes. 

Quant  des  Barres  li  preuz  Guillanies 
<'>r>9r)  Fist  un  poindre  que  tuit  proiserent  :     Pol.  68  c. 

Car  il  e  ses  genz  se  lancèrent 

Par  entre  les  noz  e  la  presse 

De  lenuiose  gent  engresse, 

E  si  durement  les  ferirent 
<>f)oo  Que  ne  sai  quant  Turs  i  chairent. 

Qui  onques  puis  ne  virent  guerre. 

Et  Richarz  li  reis  d'Englelere 

Repoinst  par  devers  la  montaine, 

11  c  sa  hardie  compaine, 
Ofiof)  Et  seeit  el  favel  de  Cypre 

(N'ot  tel  cheval  de  ci  qu'a  Ypre), 

E  Gst  tantes  chevaleries 

Sor  les  laides  genz  enemies. 

Qu'a  grant  merveille  Tesgardoueut 
OOio  Corn  il  e  ses  genz  assembloent. 

Tant  les  rcuserent  e  tindrent 

Que  noz  genz  a  Testandard  viudrent, 

E  derechief  se  conreerent. 

Lors  chevalcherent  e  errèrent 
CCmo  Jusqu'à  Sur  ou  il  descendirent; 

Lors  se  traverent  e  tendirent, 


05/i3  mile  —  Cï/jO  alialuz  —  6669  E  tnaru/ue  —  G55o  Et  i  q.  —  G55/i  Lores  —  656!>  Qui  —  6564  saladiii 
-  6566  Uik;  eiiëcij^m*  —  6577  od  autre  t.  —  6578  si  manque   —  658a  quil    -    658'i  rcio  —  6585  Ni  e., 

hwusi  répété        65y!  i  manque  —  659a  poi  innntiue        dbijS  paiol        6(>oi  gairo  —  660a  El  li  preui  reis  — 

r)6i.*{  ronienceronl  - —  661 4  Loi  es  —  661 5  il  tmmf/M  —  6616  Lorw 


177 


L'BSTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


178 


t  fioalo 


Car  bien  iert  bore  d'ostel  prendre. 
Qui  au  seir  volt  a  guain  tendre 
Si  vint  la  ou  fud  la  bataille, 

66ao  Si  guaigna  assez  sanz  faille; 
Si  distrent  cil  qui  i  alerent 
Qui  des  Sarazins  morz  contèrent 
Que  trente  dous  barons  de  terre, 
Admiralz,  k'il  vindrent  puis  quere, 

6695  En  cel  cbamp  a  cel  jor  munirent, 
Et  set  cent  Turs  qui  illoç  esturent, 
hHd.  Estre  cels  qui  nafré  esteient, 

Qui  par  mi  les  cbams  mort  chaeient, 
E  des  noz  n'i  ot  pas  la  disme 

663o  Morz  iluec,  non  pas  la  redisme. 
«nA^  Haï  Deus,  si  grant  descomfiture 

Et  si  laide  mésaventure 
Nos  a  vint  la  ou  li  noz  erent, 
6  jac-  Quant  li  Sarazin  recovrerent, 

G635  D'un  prodome  ()ue  il  forsclostrent, 
En  lor  rccovrer  et  enclostrenti 
Ço  fu  li  preuz  Jaques  d'Avesne, 
Dont  Deus  face  saint  en  son  règne, 
^  Car  de  lui  trop  nus  meschai 

66do  Par  son  cheval  qui  lui  chai; 
Mais  il  fist  tant  de  sei  défendre 
Que  Ten  nos  dist  e  fist  entendre 
Que  après  la  fin  de  la  bataille. 
Quant  il  jut  entre  la  chenaille 

OG65  E  Fen  enveia  son  cors  quere, 
Que  en  un  poi  espace  de  terre 
Entor  le  cors  de  lui  troverent 
Li  prodome  qui  i  alerent 
Bien  quinze  Turs  tôt  detrenchiez, 

665o  Dont  li  prodom  s'esteit  vengiez. 
Sei  quart  de  parenz  i  mururent. 
Si  que  onques  nés  sucururent 


esoes. 


Tels  genz  dont  il  fud  grant  parlance  : 

Ço  fud  un  de3  barons  de  France, 
()655  Ço  diseient,  li  coens  de  Dreues, 

Il  e  les  genz  qui  erent  sues, 

Sin  oi  Ten  tant  gent  mesdire 

Que  Testorie  nel  puet  desdire. 
Devant  Arsur  fud  Tost  travée, 
6G60  Qui  ot  la  gent  paiene  avee. 

Et  tote  Teust  el  feit  mate ,       *  Fol  /^q  a. 

Qui  eust  eu  dreite  estate. 

Etbt  vos  la  novele  espandue 

De  nostre  gent  qui  iert  perdue, 
66()5  Non  pas  perdue,  mais  trovee, 

Qu'ele  s'iert  por  Deu  esprovee, 

Jake  d'Avesne  e  sa  maisnee 

Qui  esteit  morte  e  delrenchiee. 

Eth  vos  Tost  Deu  tote  pensI/<», 
6670  E  si  troblee  e  si  baive 

Conques  de  la  mort  un  sol  home 

Pois  que  Adam  morst  en  la  pome 

Ne  fud  oie  si  grant  plainte 

Ne  tel  regret  ne  tel  complainte; 
6675  Et  il  feseit  mult  bien  a  pleindre. 

Car  mult  bien  servi  Deu,  sanz  faindre, 

Que  il  aveit  ja  esguardë 

En  paradis  iôrt  porguardé 

Son  liu  0  seint  Jake  Taposlre, 
668u  Qu'il  tint  a  son  non  e  a  nostre, 

Jake  d'Avesne  le  martyr. 

Qui  des  Turcs  ne  deigna  partir. 

Devant  Arsur  fud  Fost  tendue  l  .inuëe  chré 

Sur  la  grant  rivere  espandue 
6685  E^la  nuitiee  reposèrent, 

Car  durement  se  traveillerent 

De  cops  doner  e  recevoir, 

Si  ne  s'en  voldront  pas  moveir 


Ueune  campe  de- 
vant Arsur. 


6617  del  ostel  —  6618  velt  —  6699  mort  —  66%U  kis  —  66a5  a  manqut  —  66a8  cbaeint —  663o  iluec 
numque  —  6633  li  manqw  —  663A  li  numque  —  6635  prodom  quis  —  6636  recourir  —  6637  daueme 

—  6638  saint  manqué  —  66A5  lenueia  —  6661  ele  —  6669  eust  dreit  en  dreite  —  6665  Nont —  6667  dauernc 

—  6671  sol  tnanquê  —  6679  en  manque —  6677  Quil  — -  6680  Quil  leneit  —  6681  dauerne  —  6686  grant 
manqué  —  6685  le  n.  —  6686  se  manque  -»  6688  s^en  manque 


la 


lUrMVtaiE    RATlOXALt. 


179 


LESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


180 


Devant  «  la  tierce  jornee, 

(;09o  Que  Tost  refud  bien  atornee. 
Un  samedi  fad  la  bataille, 
E  le  diemeinge  sanz  Taillé 
Fud  la  fesie  a  la  gloriose , 
La  mère  Deu,  la  preciose, 
Fol.  696.  1)695  Celé  que  l'em  feit  en  Setembre, 

Et  Testorie  issi  le  remembre. 
Lbrs  s'armèrent  Hospitalier 
E  del  Temple  li  chevalier 
E  des  proz  Turcoples  menèrent, 

(»7oo  E  mull  d'autres  genz  i  alerent  : 
Elh  les  vos  el  champ  ou  cil  jurent 
Qui  mort  en  la  bataille  furent. 
Par  le  champ  quistrent  e  cerchierent, 
Einz  ne  burent  ne  ne  mangèrent 

(1705  Devant  ço  qu'il  orent  trové 
Le  cors  del  vassal  esprové, 
Jake  d'Avesne,  qu'il  troverent; 
Mais  le  vis  anceis  li  lavèrent 
Ou  ja  meis  ne  fuet  coneuz, 

6710  Tant  aveit  mortels  oops  cuz 
Issi  com  il  se  defendeit 
Des  Sarazins  qu'il  atendeit. 
Le  cora  covrirenl  e  chargicrent, 
E  a  Arsur  s'en  repairerent. 
Kiiiit^raiii<»(ie  6715  1^  veissiez  grant  compaignie 

Jacques    iI'A*e»-  tv  a      «     1         l         1      • 

....  (8  .epiem-  De  gcnt  et  de  chevalerie 

^"''  Qui  encontre  le  cors  alerent, 

£  qui  tel  doel  en  démenèrent 
Que  soz  ciel  n'a  riens  (juis  veist 
6790  Qui  trop  grant  pitié  n'en  prcist: 
Li  un  regretot  sa  proesce, 
L'autre  retraiot  sa  iargesce. 
Le  jor  fad  li  reis  d'Angletere 
E  li  reis  Guis  al  mètre  en  terre 


6735  El  moster  de  la  seiute  dame 

Qui  deprit  son  dooi  fiiz  por  Taoïe 
Dont  le  cors  fad  la  berfaeigiez  I 
Après  la  mesae  li  dergiex 
Refirent  ior  altre  servise 
Ententivemënt  a  ior  goise; 


()73o 


E  li  hait  home  le  cors  pristrent 
Entre  Ior  braz,  si  l'enlererent  : 
Ne  demandes  s'il  i  plorerenl. 

0735       Ore  lairons  de  cest  affaire 
De  parler  e  d'acunte  faire 
Ci  endreit  a  ceste  feieo; 
Mais  ja  de  riens  n'iert  desvoîee. 
Car  tote  est  de  nostre  matière, 

(J7/i()  Si  reprendroBs  tôt  en  ariere, 
E  dirons  de  la  gent  haie 
Qui  nos  orent  fait  l'envaie. 

La  gent  de  bien  desansee 
Ol  este  issi  reusee 

07'!  5  Coro  jo  aveie  devant  eontë. 

Si  com  il  s'esieient  vaatë 

Al  soldan  par  ior  grant  fierté, 

Qu'il  lui  diseient  sanz  vantance, 

6700  Senz  faille  et  sanz  nule  dotance 
Sereit  cristienté  aquise 
A  cel  terme  c  morte  e  conquise. 
Mais  altrement  aloit  i'ovraine; 
Car  qui  lors  veist  la  montaine 

0755  Par  ont  icel  Tare  s'en  fuirent, 
Ço  nos  contèrent  cil  quil  virent 
Que  quant  Ior  genz  as  nos  hurlèrent 
Qu'a  tel  vertu  les  reuserent 
C'a  lotie  herneis  s'en  fuioîent, 

O-jOo  E  tanz  chameils  morz  i  chaeient 


Foi. 


cmré 

D 
San 


6690  bien  mcaïque  —  6699  dimeing«  —  6696  remcndre  —  0697  Lores  - 
6707  dauenie  —  671  a  Les —  671 A  E  a  sur  —  67^4  de  m.  —  6786  doui  tmaiiqim  — 
le  mistrent  ajouté  phu  tard  —  6736  i  matu/uê  —  6737  fee  —  6738  de  manqiut  - 
manque  —  67Û9  norerit  —  6765  Gome  —  6767  Si  manque  —  67/18  por  — 
6753  louerainc  —  6765  li  L  —  6700  Que  nos  —  67^9  Car  lot  li 


-  6700  des  autres  — 

-  Âprè9  6739  E  en  tam 

-  67^9  tôt  —  67A0  en 
6760  nule 


181 


i;estoire  de  la  guerre  sainte. 


183 


E  tanz  chevals  brans  e  tiauçans, 
Muls  e  muies,  milliers  e  çanz, 
E  tant  perdeient  a  celé  bore 
Quant  noz  genz  lor  cororent  sore, 

6765  Que  si  lor  ost  fust  mielz  cbaciee 
E  raielz  siwie  e  enthaciee, 
^19  d.  La  terre  fust  nocTIre  aquitee 

E  de  cristiens  babitee. 
imm  Ri-  Quant  Tost  des  Tors  se  féd  retraite 

J^  6770  El  celé  cbose  ot  eslë  foite 
*b«  k  E  Salahadins  sot  fovraine, 

Qui  esteit  devers  la  montaine , 
Quant  il  vit  sa  gent  deseonfite, 
La  meillor  et  la  plus  eslite, 

6775  A  ses  admiralz  prist  a  dire, 
Tôt  coreciez  e  lot  plein  d'ire  : 
rE  u  est  ore  ma  maisnee, 
pLa  vanteresse,  Fenragiee? 
r  Or  chevalcbe  cristientez 

6780  «-Par  Snlie  a  «es  volentefc, 
ff  Si  ne  trove  qui  la  retoiçe. 
ff  Ore  ne  sai  quel  part  jo  turge. 
rOu  sunt  ore  les  grsnK  manaces, 
r  Les  cops  d'espees  e  de  maoes 

6785  r  Que  se  vantouent  qu'il  fereienl 
^ Quant  a  Tester  venu  sereient? 
rr  Ou  sunt  les  riobes  eomençailles 
rrDes  granz  osz  e  des  granz  batailles? 
r  Ou  sunt  les  granz  descmifilures 

6790  ffQue  Tom  trove  enz  es  escriptures 
trQue  notre  aocesur  i  ont  feites, 
ffQue  tote  jor  nus  sunt  retraites, 
ff  Qu'il  suelent  sor  ori^iens  faire  ? 
(rMalement  vait  icest  affaire, 

6795.fr Car  or  sûmes  nos  la  curaiHe 
trDel  mont  en  09t  et  en  bataille; 
(tE  quant  envers  cels  qui  ainz  forent. 


rëinir  d'AI(*|>. 


(r Riens  ne  valons,  e  il  vahirent.?) 
Li  admirais  des  Sarazins 
6800  Oirent  que  Salabadins         \ 

Les  ot  blamë  en  tel  manière  Fol.  5o  a. 

Conques  nus  n'en  leva  la  chiere 

Fors  uns,  Sanguis  de  Halabi,  RépoD»    a. 

Qui  s'aficha  sor  l'arabi, 
68o5  Si  dist  :  trDreiz  soldans,  or  m'oez. 

ff  Mult  nos  avez  estotoiez 

rr  Vilainement  e  trop  blasmez; 

rr  Mais  por  quei  nus  mesaamez 

ff  Si  vos  ne  savez  l'acbaison? 
68 10  tr  Vos  n'i  guardez  pas  a  raison; 

rCar  ne  remaint  pas  por  combat  re, 

crNe  por  bardiement  embatre, 

rrNe  por  traire  ne  por  lancier 

^  As  Frans  al  fer  et  a  l'acier, 
681 5  trNe  por  lor  granz  cops  endurer  : 

r  Mais  riens  ne  pnet  a  els  durer, 

frCar  il  ont  tantes  armeures, 

(tSi  forz,  si  tenanz,  si  seures 

rrDont  il  sunt  arme  en  tel  goise 
68i)o  trQue  plus  qu'en  une  piere  bise 

trNe  poons  en  els  rienforfaire; 

tE  qui  a  tel  gent  a  a  faire, 

(t  Cornent  se  puet  il  conseiller? 

(rEncor  fait  plus  a  merv^iller 
6895  rD'on  Franc  qui  est  en  ior  compaine, 

fQui  noz  genz  ocist  e  mabaine; 

^  Onques  mes  nul  tel  ne  veimes  : 

rToz  jorz  iert  il  devant  meismes; 

rr  A  toz  besoinz  est  il  Irovez 
683o  rrCom  bon  cbevalier  esprovez. 

tr  C'est  cist  qui  des  noz  feit  esart; 

ff  Si  l'apelent  tneke  Ricbart, 

rr  E  tel  mêlée  deit  tenir  terre 

n  E  aveir  despendre  e  oonquerre.  v 


6771  ioueraine  —  677a  e.  tant  d.  —  6776  toi  manque  —  67^8  vaterenc  la  e.  —  6779  Ore  —  678A  de 
eapees  et  des  m.  —  6786  Qni  —  6788  h  teemd  gnra  manqué  —  6789  grant  — 6790  eni  mtqtquê  — 
6798  soleient  —  679/i  cesl  —  6796  ore  sunl  noi  —  6796  et  fMmque  —  68tA  Encore  —  68*9  l.  les  b.  — 
6836  E  a.  e  d. 


19. 


183 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


m 


Itmermrium  Hi- 
««nli,IV,  XXIII. 

Saladin     fait 
raser  tontes  les 


Fol.  5o  b.       6835      Salahadios  en  itei  ire 

Corn  vos  m'avez  ci  oi  dire 
S'apela  Safadin  son  frère. 
Si  disl  :  (rOre  voii  quil  i  père 

places  fortes  sauf  ^  .         .  « 

j^nisaiero.     le  r  Lom  jo  ai  en  mes  genz  grant  nance. 

Cr.ceiieD.ron.  ^y,^^  ^Monlez  e  aiez  sanz  dolance, 

tt  Feites  mei  Eschaione  abalre  : 
(tNos  n  avoms  mestier  de  combatre; 
ftÂbatoz  la  citié  de  Guadres, 
rrE  seit  debrisiee  corn  madrés; 

OH'if)  trMais  le  Daron  faites  tenir, 

trPar  ont  mes  genz  peussent  venir; 
rr  Abatez  mei  la  Gualatie, 
«Que  Franc  n'i  facentaatio; 
tE  faites  abatre  le  Fier, 

0H5o  ïr  Qu'il  ne  s'i  peussent  alier; 

rAbatez  mei  la  Blanche  Gunrdo, 
rQue  nos  n'aioms  par  delà  guardo; 
rrAbatez  Jaiïe  ecel  multbien, 
ffCasel  des  Plains,  Casel  Maien; 

6855  rrAbatez  moi  Seint  Jorge,  Rames, 
rLa  grant  citié  que  nos  trovames, 
trBel  Mont  de  la  montaine  en  hait, 
rrLe  Thoron,  le  Chastel  Ernald 
ïT  Et  Bel  Veeir  e  Mirabcl  ; 

TiKOo  f^  A  bâtez  le,  car  mei  est  bel, 
rrE  \e9>  chastels  de  la  monlaine, 
<r  Que  ja  un  entier  ne  remaine, 
rt  Chastel  ne  casel  ne  citié, 
(rQue  tut  ne  seit  agraventé, 

iWui  ffFors  le  Crac  e  Jérusalem  : 
«tSi  le  Yoil,  si  le  fera  ïeni^-n 
Salahadins lad  comandé, 
E  cil  ad  congié  demandé. 
Fol.  r»o  f.  Qui  bien  sel  son  comandomcnt. 

6)^70  Ijors  parla  un  Turc  hautement 
Qui  Caisac  esteil  nome/, 


Hait  Sarazin  e  renomex. 
Cil  dist  a  Salahadin  :  crSire, 
(tNus  hom  ne  deit  tant  creire  s^ire 

0875  frNe  son  maltalent  com  vos  faites. 
(tMais  enveiez  ore  vos  guailes 
(tE  voz  espies  e  vos  guardes 
(tEs  pleins  de  Rames  es  anguardes, 
(T  Si  que  quel  part  que  Franc  se  torgent 

6880  (T  Que  les  espies  ça  retorgent, 
(tE  qu'il  sachent  al  retomer 
trQuel  part  lor  ost  voldra  torner  : 
(tE  tel  ior  poreient  il  faire 
(r  Que  bien  poreit  l'em  lor  forfaire. 

0885  trPar  Mahumet  que  l'em  aore, 
(r  L'en  deit  guarder  e  tens  et  bore 
(rEt  achaison  degentblasmer. 
rrNe  nos  devez  mesaamer, 
tr  Car  teles  sunt  les  aventures 

O890  (rQue  genz  ont  granz  deseonfitures; 
(rSi  ne  larai  que  jo  nei  die, 
(tQue  si  jo  ai  bone  compainie, 
(r  Ge  cuit  les  Frans  si  curt  tenir 
(t  Qu'il  avront  ça  malveis  venir.  19 

6895  Lorseslurent  trente  admiralz, 
Granz  genz  e  de  parage  halz; 
Chescon  ot  en  sa  compainie 
Bien  cinc  cenz  Turs  de  gent  hardie, 
Que  Salahadins  fist  aler 

6900  Al  flum  d'Arsur  et  avaler, 
E  tuit  i  furent  e  gueterent 
Quant  la  gent  Deu  rechevalchercnt. 

L'ost  Deu  qui  s'esteit  combaUie ,       Fo 
E  qui  un  poi  ot  abatue 

6905  Des  Sarazins  la  sorquidance, 
Le  tierz  jor  après  sanz  dotance 
Torna  d'Arsur  tote  rengiee 
Par  mi  la  terre  laidengee 


voc 

Jéf 

Im 


083C  ici  —  68/10  c  mattque  —  685/i  casel  dol  mien  —  6857  Del  monl  —  6858  Le  Ih.  e  le  —  685ç)  veir 

—  686(>  fra  —  6870  Lores  —  687 6  laiil  sairc  —  6877  vos  répétp  —  6879  le  tecond  que  man^,  rplorgent 

—  6886  c  manque  —  6888  vo»  —  6891  jo  manque  —  689.*)  I.,on\<*   —  6898  B.  cuit  cent,  gent  immtquf  — 
6900  flur  —  6901  gueroreni  —  690:»  Qui  —  690.S  abaluo 


180 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


J8G 


Ou  il  aiouenl  ch(*.valcbanl 

691  ô  E  kl  grant  hoDtc  Dcu  vcngant. 

Li  Templer  iccl  jor  guardereut 
La  riere  guarde  ou  il  errèrent; 
Car  li  vilains  dil  qui  guarniz 
Est  qu'il  ne  puet  estre  escbarniz. 

6915  Mais  lors  por  nient  se  guarnirent, 
Car  on(|ues  Turc  le  jor  ne  virent , 
N'onques  a  Tost  ne  s'aparurent 
Desque  al  flum  on  noz  genz  jurent, 
Oui!  les  quiderent  destraindre; 

O990  Mais  ne  lor  pot  a  riens  ateindre  : 
Assez  enchacerent  e  trestrent, 
E  neporquant  tuit  se  relrestrent. 
K  nostre  gent  se  herbergerent 
Sor  le  flum  d'Arsur  e  logierent; 

6995  El  al  malin  la  gent  menue, 
Qui  a  grant  paine  esteit  tenue, 
E  li  herbergeors'esmurent, 
Si  que  par  tens  a  Jafl'e  furent; 
Et  Jafle  siet  sor  la  marine; 

6980  Mais  la  cruel  gent  Sarazine 
L'aveient  ja  si  abatue 
E  si  laidee  e  si  fondue 
Que  Tost  dedenz  n'i  peust  estre, 
Ainz  se  logierent  a  senesire 

6935  En  une  bêle  olivereie. 

Et  long  conte  por  quei  fereie  ? 

I.  5i  a.  I^^^is  ^}^^  ti'^î^  semaines  entières 

Trespasserent  endemantieres 
Que  l'ost  fud  la  d'Acre  venue  : 
39/10  Issi  iert  la  chose  avenue. 

triumfii-  Devant  Jaife  en  Toliveroie, 

^'  '"•  En  la  bêle  jardineroie , 

net      $e  * 

eà  Jaffa.  La  ficha  Tosl  Deu  ses  banieres; 

69/115  La  furent  les  guaigneries; 


La  aveit  tanz  reisins  e  (les, 
Pomes  grenetes,  alemandes, 
Tôt  entor  a  plenté  si  grandes, 
Dont  li  arbre  esteient  fichié, 

(*>9r)()  Tant  en  pernouent  sanz  marchië 
Que  Tost  en  fud  niult  sostenue. 
Eht  \os  Teslorie  al  port  venue  : 
Les  nés  aloient  e  veneicnt 
De  JalTe  a  Acre  e  reveneienf, 

0955  Qui  aportouent  lor  vitaille, 
Dont  mult  pesot  a  la  chenaille. 
Et  Salahadins,qui  combatre 
Ne  s'osoit,  fesoit  ja  abatre 
Les  murs  e  les  turs  d'Escalone. 

0960  Un  jor,  endreit  bore  de  none, 
Etb  vos  la  novele  venue 
•  En  lost,  de povre  gent  menue 
Qui  par  nuit  s'en  iert  enfoie. 
Que  Escalone  erl 

0905  E  cecfoie  et  estonee, 
Epar  desuz  estançonee; 
Li  alquant  a  veir  le  teneient. 
Si  com  les  noveles  veneient, 
Li  uns  a  veir,  Tautre  a  meirçonge 

(Î970  E  l'autre  a  eschar  et  a  songe. 
Que  Salahadins  tel  fieblesce 
Pensast  ja  [>or  nule  destresce 
Ne  por  nule  mise  d'avoir; 
Tant  que  l'en  envoia  savoir 

6975  Le  rei  Richarz  od  le  barnage 
En  une  fort  galee  a  nage 
Par  danz  Jeiïrei  de  Lenzeignan , 
Qui  por  Deu  sofl'ri  meint  ahan, 
Epar  Willame  de  l'Estanc, 

6980  Un  chevalier  prodome  e  franc, 
E  altres  genz  od  cls  alerent. 
Devant  la  citié^  s'aresterent , 


llinerarmm  Bi- 
cardi,  IV,    xtti. 

Rirhard  pro- 
pose (l^aller  au 
MTonre  irAaca- 
ion  qnc  fUiIailiu 
faisail    jlélruire. 


l*ol.  5i  b. 


6909  Qui!  —  <)9io  |rranl  manque  —  691 9  quil  e.  —  691 5  lores  —  691 7  saporcurcnt  —  6918  Desqunl  — 
6999  se  rcslrenl  —  6997  herbergor  —  6933  n'  manqué  —  6935  oliueric  —  693^)  ferie  —  69 '19  9.  si  f.  — 
6960  Que  tant  —  6963  roiieneient  —  69.5/1  rcueient  —  6968  Nosoit  —  69G3  Que,  foiee  —  69G6  ce  vers 
manque  en  entier  —  6966  desur  —  6968  les  manque  —  6969  Luns  ouers  —  O97 1  Que  s.  par  f.  —  6976  forle 


187 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


188 


Tant  qu'il  sorent  certainement 
Que  l'en  1  abaleit  veirement. 
«985  Arieres  vindrent,  sil  redislrent; 
E  H  baron  conseil  en  pristrent 
Saveir  mon  que  il  en  fereient 
E  savoir  s'il  la  rescorreient. 
Devant  Jaffe  hors  de  la  vile 
O990  Fud  assemblée  la  concilie; 
La  ot  paroles  départies 
E  conseilz  de  plusors  parties, 
Car  cbescon  hom  a  son  oorage , 
Ne  tuit  ne  suntpas  d'un  eage; 
6995  Si  voldroit  l'uns  tel  chose  faire 
Ou  l'autre  avreit  trop  a  refaire. 
La  n'iert  mestiers  qu'il  descordassent, 
Mais  que  tuit  a  un  s'acordassent. 
Li  uns  rovoient  e  disoient 
7000  Que  vers  Jérusalem  iroient, 
E  li  autre  se  il  peussent 
Escalone  as  Turcs  escoussopt, 
Car  la  feist  bon  receter. 
La  peussièz  oir  reter 
7005  Les  uns  as  autres  lor  devises 

Corne  genz  de  si  granz  emprises. 
Fol..5t  r.  Lors  parlai!  reis  d'Engletere, 

Qui  toz  jorz  fud  nurri  en  guère , 
Al  duc  e  as  Franceis  ensemble, 
7010  Si  lor  dist  :  trSeignors,  il  me  semble 
rrQue  nos  avoms  divers  corages; 
rr  Ço  puet  tomer  a  granz  damages. 
rrLi  Turc  font  Escbalone  abatre  : 
rrll  ne  s'osent  a  nos  combatre. 
701 5  r  Alon3  Eschakne  rescorre  ; 
rTot  li  mondes  i  devreit  corre, 
wE  vis  m'est  que  c'est  bien  a  faire. -n 
Que  vos  direie  d'aitre  affaire? 
Fors  que  li  Franceis  respondirent, 
7020  Tels  qui  puis  mult  s'en  repentirent, 


Que  illoc  feseit  boen  sejorner 

Por  Jaffe  faire  ratorner, 

E  que  ço  iert  li  plus  cort  veiages 

A  faire  lor  pèlerinages. 
7095  Mais  mult  malveis  conseil  doneren t. 

Quant  a  Escbalone  ne  alerent  ; 

Car  se  lors  l'eussent  escosse 

La  terre  fust  tote  rescusse; 

Mais  tant  parlèrent  e  tant  distrent 
7o3o  Que  Jaffe  a  rafermer  enpristrent. 
Quant  celé  ovre  fud  craantee, 

Eth  vos  l'ost  a  Jaffe  arestee; 

Une  taille  de  granl  affaire 

Coillirent  al  chastel  reffaire  : 
7035  Les  fossez  firent  redrescier 

E  les  murs  entur  adrescier. 

Eth  vos  l'ost  illoc  a  sujor  ; 

Eth  vos  venir  de  jor  en  jor 

En  l'ost  le  pechié  e  l'ordure 
70^10  E  la  laidesce  e  la  luxure; 

Car  les  femmes  en  l'ost  revindrenl. 

Qui  vilainement  se  contindrent. 

Es  nés  venoient  et  es  barges. 

Ha  I  Deu  merci  !  com  maies  targes, 
7045  Com  mais  escuz  a  reconquerre 

L'eritage  Deu  e  sa  terre . 

E  com  vilment  cil  s'atornerent 

Qui  as  péchiez  se  retornerenf 

E  perdirent  par  lor  oltrage 
7060  A  faire  loi*  peregrinage  ! 

Ce  fud  envers  fin  de  Setembre , 

E  ço  m'est  vis  e  ço  me  semble 

Que  Jaffe  iert  ja  aaques  refaite; 

Eth  vos  l'ost  hors  des  jardins  traite. 
7055  Tôt  environ  Seint  Abacuc 

La  se  tendirent  prince  e  duc  ; 

Mais  mult  ert  l'ost  apeticiee 

De  si  que  ele  iert  comenciee; 


Par  itf  conseil 
des         Français 

UfÏH. 


Lf*  Croisés  s*- 
livrent    au    A^- 


Fol.  5l  fl. 


Itinertuimm  Bi- 
caréi,  \\\  xTTii. 

Richard  \h 
chercher  k  Acre 
les  Croisés  qui 
T  Atai^nt  resté*. 


6987  S.  quil  en  freienl  —  6988  recoreienl  —  6990  La  fud  —  6996  pas  manque  —  6999  reuoienl  —  700 1  sil 

■  700a  escusscnt —  7006  Com  —  7007  Lore»  —  7009  duc  es  franceis  —  7018  d'  manque —  7019  ii  manque 

■  7090  puis  manque  —  70*7  Car  iores  —  70B1  enuers  en  fin  —  7067  est  —  7o58  quele 


189 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


190 


Car  a  Acre  s'en  retornouent, 
70G0  Et  es  tavernes  sujornonent. 
El  quant  ii  reis  sot  la  peresce 
Des  pèlerins  e  la  iaschesce. 
Par  le  rei  de  Jerusalam 
Manda  a  Acre,  ço  vit  Tam, 
7065  As  pèlerins  qu'a  Tost  venissent 
E  que  a  Deu  covent  tenissent; 
Mais  pereçusement  i  vindrent 
Por  le  rei  Guion,  ainz  se  tindrent 
Tant  que  li  reis  Iticharz  meismes , 
7070  Quin  ot  grant  paine  puis  e  primes, 
Revint  a  Acre  e  sermona 
Tant  que  mult  gent  en  amena, 
E  fist  amener  les  reines 
E  mètre  en  Jaffe  e  lor  meschines, 

52  a.  7075  Epor  les  genz  faire  venir 
Covint  Tost  illoques  tenir 
Près  de  deus  meis  ou  sis  semaines; 
Sin  eûmes  puis  des  grans  peines. 
Quant  li  reis  ot  d'Acre  jetée 
7080  La  gent  et  a  Tost  amenée, 
Mult  en  fud  durement  creue 
Assez  plus  qu'el  n'erl  descreue  ; 

ium  m-  Mais  or  orez  en  qoele  esprove, 

Que  cil  vit  qui  Testoire  trove, 


,  IITIII. 

d  tombe 

embut-  ^oHû  Pu  lost  tote  a  icd  termine  : 
iiuame  Tutc  doust  ostro  OU  U  mine, 

nx. 


Car  quant  osl  pert  son  cheveotaine 
En  estrange  terre  lointaine 
Si  com  est  celé  de  Sulie, 

7090  Tut  se  desvoie  edesalie. 

Gel  di  por  le  rei  d'Englelere , 
Qu  iert  alez  Salabadin  querre 
E  guaiiier  les  por  els  soprendre  ; 
Mais  malement  dut  Taguait  prendre, 

7095  Car  trop  escharie  maisnee 
Ot  li  rois  a  celé  foiee, 


Si  s'endormi  par  aventure; 

E  li  enemi  de  nature, 

Li  Sarazin,  qui  se  gnaiterent, 

7100  Erent  près,  e  tant  Taprismerent 
Qu'a  paine  a  tens  fud  esveilliez. 
Seignors,  ne  vos  esmerveilliez 
Se  li  reis  se  leva  en  haste; 
Car  uns  faom  sels  que  tant  gent  haste 

7105  N'est  mie  del  tôt  asseur. 
Mais  Deus  li  dona  tel  eur 
Qu'il  monta  e  ses  genz  montèrent , 
Cil  quï  en  ot,  mais  trop  poi  erent. 
E  quant  li  Turc  montez  les  virent, 

7110  Li  reis  chaça  e  il  fuirent 

De  si  qu'a  lur  enbusehement. 
Cil  desbuehiereot  duremeni 
E  voldrent  le  rei  enbnicier  ; 
Mais  il  mist  main  al  brant  d'acier, 

7115  Et  sist  en  Fauvel  a  celé  hore. 
Ja  li  veneient  ii  Turc  sore, 
Chescons  i  voloit  la  main  tendre  : 
Mais  nus  n^oseit  son  cop  atendre; 
E  puet  estre  que  pris  l'eussent, 

7130  Si  a  celé  foiz  le  coneusent, 

Quant  uns  chevaliers  prem  ieaus 
Dessuens,  Guîilaumes  de  Preals, 
Parla,  e  dist:  (rSarazineis, 
tr  Ge  Mi  melee.  y»  Mekc  e'eal  rei9. 

7125  Ë  ii  Turc  ehau  pas  le  saisirent, 
Dreit  a  lor  ost  mener  te  firent. 
Lit  fud  morz  Reinier  de  Maron, 
Qui  aveit  cuer  de  preu  baron , 
E  sis  ni^s  qui  ot  non  Gautier, 

7 1 3o  Qui  raveit  preu  cuer  et  entier, 
Alain  e  Lucas  de  l'Batable 
I  furent  mort,  qui  sest  pas  fable. 
Quant  la  novele  fud  seuo 


Fol.  .")•!  6. 


7068  r«i  aumftM  —  7071  acrce  —  70&0  mtuee  —  708a  qude  —  7088  a  eel  —  7086  Tul  dut  — 
7087  oft  manqué,  sa  eb.  —  709<>T«Bt  —  7099  atiakadiiia  —  7109  si  m  —  710a  gent  mmqun^  chasde  — 
71 15  a  icele  —  7119  paoelesire  —  71  si  pr.  ei  L  —  7199» 


191 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


192 


71*35  Lie  et  joant,  ço  dist  H  livre. 
E  nienl  fud  de  TacoDsivre, 
Car  de  grant  air  s'en  alouent, 
E  Guillame  pris  en  menouent; 
Sin  quidoent  la  gent  haie 

7 1  ho  Mener  le  rei ,  mais  ne  plot  mie 
A  Dampnedeu,  qui  en  fud  guarde. 
Li  Turc  erent  jaenTenguarde, 
Qui  le  rei  mener  en  quiderent, 
Ë  noz  genz  a  Tosl  repairierent; 
Fol.  r>9  r.  71^5  Mais  de  Guiiiame  orent  grant  dote 

Li  reis  e  la  gent  de  Tost  tote. 

Quant  Dampnedeus  par  sa  Franchise 
Ol  esparnië  en  ilel  guise 
Le  rei  qui  Tost  deveit  conduire, 

7i5o  Lores  pristrent  plusors  a  dire, 
Qui  a  coregeus  le  saveient 
E  qui  de  lui  peur  aveient  : 
f  Sire,  por  Deu  merci,  ne  faites! 
rNe  vos  chaille  a  feire  tels  guaites; 

7155  (T  Gardez  vos  e  cristienté. 
rr  Bone  gent  avez  a  plenté  : 
rr!V*alez  mes  sels  en  loi  affaire, 
tr  Quant  vos  voldrez  as  Turs  forfaire, 
(T  Menez  od  vos  grant  compainie, 

7160  ffQue  en  voz  mains  est  nostre  vie 
trOu  nostre  mort,  s'il  vos  meschiet  : 
r  Que  quant  li  chief  des  membres  chiet, 
rrLi  membre  puis  mes  ne  soffisent, 
rr  Ainz  faillent  sempres  e  defisent; 

7165  (tE  tost  avient  une  aventure.  ?> 
Assez  i  mistrent  paine  e  cure 
A  chastier  Ten  meint  prodome; 
E  il  toz  jorz ,  ço  est  la  some, 
Quant  il  veeit  les  assemblées, 

7170  Dont  mult  poi  li  erent  emblees. 


Assembloit  as  Turs  a  meschief, 
Et  en  veneit  si  bien  a  chief 
Qu'il  en  avcit  ou  mort  ou  pris 
Equejsuens  iert  li  graindre  pris; 

7170  E  Deus  toz  jorz  des  greignors  presses 
Le  jetoit  hors  des  genz  engrosses. 
Quant  Tost  se  fud  aherneschiec 
A  grant  force  et  a  grant  bachiee, 
Eth  la  vos  semonse  e  banie 

7180  El  non  deu  filz  sainte  Marie, 
Que  al  casel  des  Plains  ireient, 
E  que  il  le  refermereient 
Por  le  chief  de  Tost  mielz  guarder. 
Lors  plut  al  rei  a  comander 

7185  Que  a  Jaffe  tels  genz  remansissent 
Qui  la  vile  fermer  feissent, 
E  que  le  port  si  bien  gardassent 
Que  nules  genz  ne  s'en  alassent 
Fors  marchcant  por  la  vitaille. 

7190  Le  evesque  d'Evreucs  sanz  faille, 
Li  coeus  de  Chaalon  oveques, 
E  dan  Hue  Ribole  iiloques 
Remistrenl  por  icele  afaire  : 
Cil  firent  les  ovraines  faire. 

7195  Eth  vos  Tost  montée  e  meue; 
One  plus  bêle  ne  fud  veue 
iNe  plus  richement  atornee. 
Mais  petite  fud  lor  jornee. 
Entre  les  deus  casels'^tendirent 

7300  Lor  pavillons  e  descendirent  ; 
Si  sai  de  veir  par  mulz  ensaimi 
Que  vigilie  iert  de  la  toz  sainz 
Quant  illoques  nos  herberjames. 
E  l'ost  des  Turs  esteit  a  Rames  : 

790.5  La  nos  firent  les  genz  haies 
Granz  enchalz  e  granz  envaies. 


Foi.  5  s  </. 

Itmtrmrmm  Ki- 
emrdi,  IV,  iiii. 

IlîrlMrd  «ïotrp- 
preml  U  reeoo- 
firuclioo  da  r»- 
sol  àt%  Plaifu  el 
ilu  casai  Moyen 
(  o'^obiv-ooTmi- 
lirc  1191). 


7135  liures.  Ce  ven  $il  écrit,  puit  exponctvé  aprh  le  verê  71/i/i,  le  latin  de  ritinëraire  :  eeximic  laclalir?, 
enmariiye  Ut  place  —  7188  et  mcnoacnt —  7163  Que —  71  ûû  retoroerent  —  7i5i  Que  —  71 55  cris- 
tionlei  —  7i5<»  Vos  auoi  bone  gvnt  a  plentex  —  7i58  vos  mmufue  —  7160  Queo,  aie  —  7169  Que  manque 
—  7163  mes  riMtufue  —  7168  ccsl  —  7177  aherneschies  —  7178  hachiees  —  7189  qiiil  —  7188  mielz 
mnnqtiê  —  718^1  Lore^  —  71^9  la  manqw  —  7190  Heiiereiis  —  7901  rouit 


193 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


194 


Bons  quinze  jorz  ou  plus  toi  plains 
Fud  en  Ire  le  casel  des  Plains 
Nostre  ost  e  le  casel  Maen, 
7910  Que  eurent  abatu  li  paen. 
Fol  53  a.  Le  Maen  fist  le  rei  refaire 

Plus  fort  qu  il  n*esteit  al  desfaire, 
E  li  Templier  l'autre  refirent; 
Mais  li  Turc  granz  presses  nos  firent. 
791 5  Un  jor  en  vint  vers  Tost  ensemble 
Bien  mil  a  cbeval ,  ço  me  semble. 
Estes  vos  nostre  ost  estormie 
Come  formilliere  formie; 
Li  reis  e  li  autre  montèrent, 
7990  E  quant  qu'il  porentse  hasterent, 
E  li  Turc  tornerent  en  fuie  : 
Le  vif  diables  les  conduie  I 
Car  lor  cheval  si  tost  aloient , 
En  quelque  sens  qu'il  s'en  tornoient, 
Richard  pour.  7995  Que  li  reis  nés  pot  aconsivre, 
j^oîr  t w  d!  0»c  tant  ne  soit  chacer  ne  si wrc  ; 

Rmmiab.  g  quaut  il  los  ot  tant  seuz 

Et  il  nés  ot  aconseuz, 
E  vit  Rames  a  descovert 
7930  E  Tost  del  faus  pople  colvert. 
Si  s'en  revint  en  Tost  ariere, 
Il  e  la  gent  hardie  e  fierc. 
itmtnarmmRi'  Al  sislejordo  la  graut  feste, 

Mi'L  '  *j*^-  I)e  la  toz  seinz  que  chescons  feste, 

Victoire  de  Ri'-  *  ' 

chtrd  sor  les  ^935  Eissireut  de  Tost  en  forage 

Sarmiiii  (  6  no-  .  , 

vcmbre  1191).  Li  oscuier  por  quere  herbage. 

A  els  guarder  en  cel  contemple 
Purent  li  preu  seignor  del  Temple. 
Li  forrier  qui  de  Tost  partirent 
7960  Par  la  contrée  s'espartirent. 
Qui  coveitouent  herbe  drue , 
Qui  meinte  feiz  lor  fud  vendue, 
Car  meinte  feiz  la  comparèrent 


79/15  Li  Templier  les  foriers  gardèrent; 

Si  com  il  mains  se  regardèrent.  Fol.  53  6. 

Estes  vos  lor  quatre  conreiz 

Des  Sarazins  od  granz  desreiz. 

Bien  furent  quatre  cent  esme', 
7950  Tôt  a  cheval,  bien  acesmé, 

E  par  devers  Bombrac  saillirent 

Dreit  as  Templers,  sis  assaillirent 

E  enclostrent  a  la  reonde. 

Car  n'a  plus  viste  gent  el  monde  ; 
7955  Estreitement  e  cort  les  tiudrent, 

E  de  plusors  parties  vindrent. 

Quant  li  Templer  si  près  les  virent, 

Des  chevals  a  pié  descendirent; 

Si  firent  trop  graoz  vasselages , 
7960  Les  vis  tornez  as  genz  salvages, 

E  les  dos  chescon  a  son  frère , 

Com  se  il  tuit  fusant  d'un  père. 

Li  Sarazin  les  empressèrent 

Tant  que  treis  morz  nos  i  laissèrent. 
7965  La  veissiez  graoz  cops  doner, 

La  obsiez  helmes  soner 

E  de  l'acer  le  feu  saillir, 

Bien  deiïendre  e  bien  assaillir. 

Li  Turc  les  quiderent  sorprendre  : 
7970  La  les  voleient  as  mains  prendre. 

Si  estroitement  les  tenoieot. 

Quant  cil  qui  de  nostre  ost  issoient 

Vindrent  ferantgrant  aleure; 

Si  fud  dit  por  vérité  pure 
7975  Que  Andriu  de  Chavignië  premiers, 

Sei  quinzime  de  chevaliers, 

Rescust  les  Templers  icele  bore; 

Grant  aleine  vint  as  Turs  sore, 

E  le  fist  la  mult  prousement 
7980  E  si  compaignon  ensement.  Fol.  53  c. 

La  ot  il  trop  fiere  assemblée; 

Mais  ne  fud  mie  al  rei  emblée; 


7917  Etli  - 
quatre  desreix 
—  7977  icel  - 


-7918  Com  —  7999  Quit  —  7933  sbt  —  79^5  Li  forier  les  templers  —  79^7  Eth  —  79^8  od 

—  7951  E  manque  —  7969  il  manqtte  —  7966  nos  il  1.  —  797s  qui  matiqw  —  7*75  chauigni 

—  7978  De  grant  —  7979  la  fnemque —  7981  il  manque  —  7389  nel,  mie  mantpw 

i3 


l«r*IMK*IK    VArtOIALK. 


195 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


196 


AÎDz  faiseit  icel  jor  refaire 
Casel  Maen  e  cel  affaire, 

7985  E  aveit  maDdë  por  deus  contes, 

Qui  deivent  eslre  en  toz  bons  contes, 
De  Seint  Pol  e  de  Leicestre, 
Si  comanda  li  reis  a  estre 
Od  els  Guillame  de  Caieu, 

7990  Qui  bien  i  tint  le  jor  son  leu; 
Si  i  fud  Otes  de  Transigniees, 
G  erent  genz  de  haltes  lignées. 
Eth  vos  la  noise  e  la  criée 
Que  li  forier  orent  criée, 

7995  E  li  reis  as  contes  manda 
Ou  il  lor  dist  e  comanda 
Qualassent  les  Templiers  socure, 
E  il  ireit  as  armes  corre; 
Meintenant  as  armes  correit 

7300  Al  plus  tost  qu'il  onques  poreit. 
Et  il  erralment  chevalcberent; 
E  si  com  il  i  aprismerent, 
Elb  lor  saillir  d'un  fluminairc 
Bien  quatre  mil  de  gent  contraire, 

73o5  Qui  en  deus  parz  se  départirent: 

Li  un  sor  les  Templiers  guenchirent, 
E  li  autre  as  barons  tornerent; 
Eli  baron  se  conreerent, 
E  ensemble  en  conrei  se  tindrcnt. 

7810  Li  Turc  aprismerent  e  vindrenl. 
Illoc  6st  li  coens  de  Saint  Pol 
Un  giu  parti  hardi  e  foi 
Al  preu  conte  de  Leicestre: 
Qu'il  assemblast  as  Tnrs  sor  destre 
Fol.  53  d,  731 5  Et  il  tozjorz  le  guardereit, 

Ou  sis  cors  i  assemblereit 
E  il  de  lui  guarde  preist 
Ou  qu'il  alast  ne  qu'il  feist. 


Exploit      do 
comte    d«    Lei- 


Ë  li  coens  prist  le  jeu  parti  : 

7390  Od  sa  maisniee  s'en  parti 
E  se  feri  grant  aleure 
Es  conreiz  de  la  gent  oscure, 
E  asembla  od  tel  ruistesce 
Que  ioee  fud  sa  proesce, 

7395  E  que  deus  chevaliers  recust, 
.     Qui  rescus  furent  od  grant  cusl; 
Et  iert  li  estors  ja  pleniers 
Quant  li  reis  Richarz  li  gueriers 
Vint  e  vit  noz  genz  en  la  presse 

7^30  De  la  paene  gent  engresse; 
E  n'aveil  od  lui  guerres  genz. 
Mais  sis  conreiz  iert  biaus  e  genz. 
Lors  lui  comencerenl  a  dire 
Tels  i  en  aveit  :  «  Par  fei,  sire, 

7335  frVos  errez  a  mult  grant  meschief, 
tfNe  ja  n'en  vendrez  vos  a  chicf 
fr  De  noz  genz  qui  la  sunt  rescore  ; 
frE  sels  les  en  vient  mielz  encorre, 
(rSanz  vos,  que  vos  i  encurgiez. 

73/10  (rPor  ço  est  bien  que  vos  retorgiez  ; 
(T  Gar  si  a  vos  vos  mescheiet 
rrE  que  issi  fust  escheiet, 
trGristienté  sereil  tuée.?» 
Li  reis  ol  la  culor  muée; 

73/15  Lors  dist  :  «Quant  jos  i  enveiai 
tr  E  que  d'aler  les  i  preiai , 
(r  Se  il  i  moerent  donc  sanz  moi , 
(T  Donc  n'aie  ja  mes  non  de  rei  1  r. 
Es  costez  al  cheval  doua 

7350  E  le  frein  lui  abandona, 

E  fud  plus  joinz  que  uns  esperviers. 
Lors  se  feri  es  chevalers, 
Très  parmi  la  gent  saraziae, 
E  les  perça  de  tel  ravine 


KoI.  5'i  fl. 


7983  faiseient  —  7986  par  —  7986  Qail  deuicnt  cstre  en  tuit  bien  cointes  —  7989  guillaues  —  7991  tian- 
sigees  —  7999  hait  —  7999  E  meinlenant,  coreit  —  7309  i  manqué  —  73 o&  mile  —  73  iC  i  manqtw  — 
7396  Li  r.  —  7398  guereiera  —  7333  Lores  —  7336  en  wutnfue  —  7336  vos  tnanque  -^  7338  Enceb  L 

—  73&1  a  manqut  —  7365  Lores,  jo  les  i  —  7366  que  répété  —  7367  Sil,  i  manque  —  7368  nai  jo  james 

—  7359  Lores 


197 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


198 


ItÎMtnuimm  Ri- 
c«nb'.  lY,  txv. 

Biobari)  de- 
UModeàSaUdin 
de  loi  céder  le 
royanme  de  J^- 
roMleiT]. 


7355  Que  fte  une  foldre  i  fust  passée 
Ne  fust  pas  plus  lor  gent  quassee, 
E  les  oltreit  e  destreigoeit, 
E  retorneit  e  rateigneit, 
E  irenchoit  mains  et  braz  e  testes; 

7360  E  il  fueient  come  bestes, 
E  mult  en  i  ot  des  lassez 
£  de  mon  e  de  pris  assez; 
E  tant  longement  les  chaciereot 
E  sivirent  e  encbaucerent 

7365  Que  tens  fud  de  la  retomee. 
Ensi  raia  celé  jomee. 

Endementers  qu'il  refermoient 
Les  deus  casels  qu'il  redresçoient , 
E  li  reis  vit  fost  esbaudie 

7870  Sor  Sarazins  que  Deus  maudie, 
Lores  apela  ses  messages 
De  halz  homes  e  de  genz  sages, 
Sis  tramist  a  Salahadin 
Et  a  son  frerc  Saffadin, 

7875  E  fîst  merveilluses  demandes 

E  mult  riches,  nobles  e  grandes  : 
Ço  iert  le  riaume  de  Sulie, 
De  chief  en  chief  si  com  il  lie, 
E  quant  qu'ai  règne  aparteneit 

7380  Quant  li  reis  mesiaus  le  teneit  ; 
E  de  Babiloine  treu 
Issi  com  il  Taveit  eu  ; 
Car  tôt  clamot  en  héritage 
Par  le  conquest  de  son  lignage. 
Fol.  56  6.  7385  Li  messagier  le  soldan  quistrent 

E  lor  message  mult  bien  distrent; 
Et  il  lor  dist  que  nu  fereit, 
E  que  ii  reis  le  sorquereit, 
E  li  manda  par  Saffadin 

7890  Son  frère,  un  sage  Sarazin, 
Qu'il  lui  lareit  tote  la  terre 


Saladio  eof  oie 
Saphadin  ponr 
traiter. 


De  Sulie  en  pais  e  sa.nz  guerre 
Des  le  flum  de  si  qu'a  la  mer. 
Que  il  ni  poreit  riens  clamer; 

7895  Mais  par  tel  covent  le  fereit 
Que  Eschalone  ne  refereit 
Ne  cristien  ne  Sarazin. 
Ço  li  manda  par  Saffadin; 
Mais  li  rois  ne  se  gardot  mie 

7600  De  la  fause  gent  enemie, 
Quil  detrioent  e  teneient 
Por  les  chastels  qu'il  abateienl, 
E  le  scrveient  de  losenge  : 
Lor  acointement  mal  chief  prenge! 

7/io5  Car  Saffadin  tant  le  déçut 
Que  li  reis  ses  presenz  recul. 
Messagier  vindrent  e  alerent 
Qui  les  presenz  al  rei  portèrent. 
Dont  il  fud  blaamë  durement 

-jiiio  Et  en  paria  on  malement. 

Mais  Saffadins  lui  fist  entendre 
Que  il  voleit  a  la  pais  tendre, 
E  li  reis  tost  la  pais  preist,     . 
Qui  honorée  lui  feist, 

7615  Por  eshaucier  nostre  créance, 
Ë  por  ço  que  ii  reis  de  France 
S'en  iert  aie,  dont  ii  ot  dote. 
Qu'il  saveit  qu'il  ne  l'ameit  gute. 
Messagier  aierent  e  vindrent 

7/130  E  le  rei  en  parole  tindrent. 
Tant  qu'il  aperçut  la  traine 
De  la  fause  gent  Sarazine, 
Qui  trop  iert  fause  e  desleial  ; 
E  por  le  Crac  de  Mont  Real 

7^95  Que  il  voleit  qu'il  al>atissent 
E  que  issi  la  pais  feissent, 
E  por  ço  qu'il  nei  voldrent  faire 
Remist  la  pais  par  celé  affaire. 


Fol,  5/1 1. 


Rupture    iW» 
naSgoriatioiiJi. 


7358  raiceineit  —  7867  que  cil  —  7868  que  cil  —  7879  de  manque  —  7875  E  ior  fîst  —  7877  la  r.  — 
7880  measaiN  -—  7886  b.  li  d.  —  7887  lor  manqué,  freit  —  7898  Dele  ie  —  ^^h  Qail  —  7895  freil  — 
7896  refreil  '^  7^01  Qail delrichent  —  7A08  resemeieiit  —  'jUio  en  paroleoi  m.  —  761s  Quil  —  76 17  $i«Tt 
—  7^95  voleient  —  7A97  nel  manque  —  7^98  celé  manque 


18. 


199 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


SOO 


Les  Tores  re^ 
coaincnceDt    à 
harceler  les Groi-  7^'^^ 
1^. 


7635 


74ÛO 


7^65 


m. 

U,  lY,  ixin.  i 

Marebt  des 
Croisa  sar  Ram- 
lab. 


7^50 


Fol.  5A  d. 


7/155 


7/160 


Sabdin  te  re- 
tira au  Tboroa 
df«  Cbatolien. 


7/165 


Quant  ccle  pais  ne  pot  pas  esire, 
Elh  vos  venir  destre  e  senestre 
Les  Turs  en  i*ost  granz  enchauz  faire, 
Car  mult  nos  volsissent  forfaire; 
E  li  reis  a  els  assembloit, 
E  par  essample  a  ceis  muslroit 
Qui  des  presenz  blasmé  Taveient 
De  quci  li  Turc  le  deceveient 
Qu'il  ne  voleii  fors  liautë 
A  Deu  ne  a  la  cristienlë. 
Plusors  feiz  les  Turs  encontra 
E  meinle  teste  eu  Tost  muslra , 
Qu'il  en  aveit  meinte  copee, 
N'onques  Tost  ne  fud  destorbee 
Por  présent  que  il  receust; 
E  la' terre  reçusse  eust, 
Mais  ieles  genz  Ten  destorbouenl 
Qui  sa  burse  sovent  robouent. 

Quant  li  casel  furent  arme 
Et  radrescié  e  rafermé 
E  li  reis  i  ot  mis  ses  guardes 
Qui  guaitouent  par  les  anguardes, 
Elh  vos  Fost  criée  e  semonse 
A  Tore  que  soleilz  resconse; 
E  lendemain  quant  il  montèrent, 
Lor  gent  sagement  aroterent, 
Si  chevalcherent  dreit  a  Rames; 
E  si  lost  corne  nos  errâmes. 
Et  Scilahadms  sot  de  veir 
Que  de  Rames  Testuet  movoir, 
A  ço  qu'il  ne  sosoit  combalre, 
Si  Gst  tolc  la  vile  abatre, 
E  s'en  tonia  fuiant  premiers 
Dreit  al  Thoron  as  Ghevalers  : 
Mult  se  fioit  en  la  montaine. 
E  l'ost  erra  parmi  la  plaine. 
Sor  les  biaus  chevals  peuz  d'orge 
Vint  en  dcus  jorz  entre  Soinl  Jorge 


E  Rames;  la  s'alerent  tendre 
Pur  plus  gent  e  vitaille  atendre. 
La  reumes  granz  envaies 

7670  Des  enuioses  genz  haies; 

Et  unes  granz  plues  qui  plurent 
Nos  delaierent  trop  e  nurent. 
Iceles  pluies  nos  chacerent 
Tant  que  nos  genz  se  berbergierent 

7/Ï75  Dedenz  Saint  Joi^e  e  dedenz  Rames; 
La  nos  tendîmes  e  lojames, 
E  fumes  la  bien  sis  semaines 
A  grant  meschief  et  a  granz  paines. 
Issi  come  nus  estioms 

7/180  Illoc  ou  nos  sujornioms, 
I  ot  une  fiere  assemblée, 
Qui  ne  deit  pas  estre  obliee, 
Del  preu  conte  de  Leicestre 
Devers  Seint  Jorge  sor  senestre 

7/185  E  des  Turs  qui  illoc  esteient, 
Qui  sovent  près  de  l'ost  veneient 
E  faiseient  mainte  envaie; 
E  li  coens  a  gent  escfaarie 
Eissi  del  ost  por  els  chacier, 

7/190  Et  el  chief  ot  l'elme  d'acier; 
Trei  chevaler  devant  alerent. 
Qui  folement  se  desreerent, 
Si  poinstrent  as  Turcs  esleissië; 
Mais  tut  trei  i  fussent  laissië, 

7695  Quant  li  coens  leissa  cheval  corre. 
Qui  nés  velt  pas  leisser  encorre. 
A  plus  de  cent  Turs  s'esleissa, 
E  tant  i  poinst  qu'il  ne  cessa, 
Ainz  les  ot  oltre  un  flum  passez, 

7500  Mais  trop  i  dcut  poindre  d'assez; 
Car  bien  quatre  cent  Turs  veneient, 
Chanes  et  arcs  turqueis  teneient, 
Si  qu'entre  lui  et  l'ost  se  mistrent 
E  de  lui  prendre  s'entremistrcnt. 


7Û3Û  a  els  —  7/186  cui  —  7^39  Plusorsors  —  7Û/10  meinte  foii  —  7443  quil  —  7^56  com  —  7^65  cb. 
preiis  —  7671  Eûmes  g.  —  7676  ioames  —  748a  Que  —  7^85  de  t.  —  7688  a  sa  g.  —  7Û89  Et  eissi  — 
7690  Et  man^ii^  —  7^99  des  rongierent  —  7/19^  furent  —  7600  deost 


L*amée  dii^ 
Ueooe  reste  six 
«enudaes  à  Rani- 
lab  (oovanbn- 
déeembreatgt). 

fUJICJ  WPH  fit* 

Mrdî,  IV,  mm. 

L«  eonrie  de 
Leieestre  altaqoe 
les  SamniM  et, 
après  avoir  eooni 
les  plas  grands 
dangers,  lessMC 
eo  d^roate  (àé- 
rembre). 


Fol.  55  a. 


SOI 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


30â 


75o5  Ja  nos  aveient  abalu 
E  trop  laidi  e  trop  balu 
Guario  le  filz  Gerod  a  tere. 
La  veissiez  fiers  cops  de  guerre, 
liloc  ou  daoz  Guarins  chai; 

7610  Al  conte  plus  i  mescbai, 

Que  après  Guarin  Tabatirent, 
Sil  laiderent  muit  e  bâtirent. 
Dreu  de  Fontenil  deu  poutrel 
Ë  après  Dreu  Robert  Neei 

751 5  Rabatirent  il  en  poi  d*ore; 
Ë  tant  en  vint  au  conte  sore 
Turc  e  Persant  e  renoië. 
Qui  Tavoient  entr  els  noie, 
Qu  a  poinc  le  porent  abatre. 

75so  La  veissiez  genz  bien  combatre; 
La  fu  Henris  le  filz  Nicole 
Fol.  55  6.  Ovec  le  conte  a  dure  eschole. 

Si  i  fu  de  Noefbroc  Robcrz  : 
Plu8  dolz  franc  hom  ne  jut  en  berz 

7595  Que  cil  fist,  si  ot  grant  faiture, 
E  tel  proesce  e  tel  nature 
Qu'il  desccndi  en  la  grant  presse 
De  la  paene  gent  cngresse, 
E  bailla  son  cheval  au  conte 

7530  Si  garda  sei  e  lui  de  honte; 
E  Raols  de  Sainte  Marie 
Estoit  au  conte  en  compaignie; 
E  si  ne  fust  del  Bois  Ernaùs 
Il  li  eust  este  noaus; 

7535  Henri  de  Malloc  e  Guillames 
I  eurent  0  lui  sor  les  hiaumes; 
E  0  lui  fu  iSaol  del  Bruel; 
Ne  onques  meis  ne  fu  veu  d'oel 
Si  grant  proece,  ce  me  semble, 

75/10  Come  cist  se  tindrent  ensemble 
Contre  tanz  Turs  com  la  avoit; 


Car  nul  conseil  nus  n'i  savoit 
Cornent  s'en  partireit  délivres  ; 
Si  fud  vertet,  ço  dit  li  livres, 

7565  Que  li  cuens  s'iert  tant  combatuz 
E  tant  avoit  esté  batuz 
E  si  compaignon  ensemenl 
Que  li  Turc  sanz  nul  tensement 
Les  avoient  près  d'afolez. 

7550  Les  cols  des  destriers  acolez. 

Droit  al  Thoron  les  en  menoient. 
Quant  de  Tost  que  il  aprismoient 
Vindrent  ferant  grant  aleuro 
Un  conroi  de  la  gent  seure. 

7555  La.iert  Andreus  de  Cbavignié, 
E  si  iert  Henris  de  Graië, 
E  si  i  iert  de  Preiaus  Pieres, 
Bons  chevalers  e  bon  poigneres, 
E  meint  autre  home  renômë 

7560  Qui  ne  me  furent  pas  nomé. 
Chescon  d'icels  en  son  venir 
Fist  son  Turc  a  terre  flatir. 
Mais  li  Turc  que  Pieres  feri , 
Cui  cors  e  aime  ilioe  péri, 

7065  Esteit  si  fort  a  desmesnre 

Que  Pieres  i  mist  paine  a  cure; 
Mais  onc  ne  s'en  sot  tant  pener 
Que  l'en  peust  vif  amener, 
Ne  il  ne  tut  cil  qui  o  lui  erent , 

7570  Qui  a  grant  paine  le  tuèrent. 

Oiez,  seignors,  estrange  juste, 
E  tant  est  proz  qui  issi  juste 
Com  mis  sires  Andreus  jostal 
A  l'admirad  qu'il  encontra 

7575  Mist  sa  glaive  par  mi  le  cors. 
Si  que  le  fer  parut  dehors; 
E  Tamiralt  eu  sa  \enue  '■ 
Ol  sa  cane'si  droit  tenue 


Fol.  55  e. 


kadré  de  Ch»- 
vigny     tue    an 


7511  QuapreS' —  751  â  Quil  —  75'j3  Si  i  fud  de  noef  burc  henris  broc;  un  renvoi  indique  qu*H  faut  re^- 
place%'  barc,  exponctué,  par  broc  —  7034  dois  répété —  75a5  ot  manque  —  7537  Eouec  —  7539  Si  gr.  doel 
—  75Û1  conic  —  7543  il  sen  partirent  —  7 548  E  li  —  755a  quil  —  7555  thauenaie  ~  7556  beris  de 
^raie  —  7557  i  manque  —  7560  me  manque  —  7569  Et  fist  —  7564  Ki  cors  ^  7566  i  manque  —  7568  Quel 


203 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


906 


Qu'-es  brax  Andreu  entra  li  fers 

7580  Si  qu'il  li  brusa  en  travers. 
Si  feitement  l«i  eschai  : 
Li  admiralz  a  tant  chai. 
La  veissiez  riche  rescosse, 
La  aveit  meinte  cane  escusse 

7585  E  maint  glaive  par  hardemcnt. 
As  premerains  fust  malement 
Se  cil  ne  fussent  avenu. 
La  veissiez  estai  tenu 
Fol.  55  </.  Del  preu  conte  de  Leicestre, 

7590  Gom  il  fereit  destre  e  senestre, 

Tant  que  deus  chevals  lui  ocistrent. 
La  furent  tels  qui  nos  redistrent 
G  onc  en  home  de  son  eage 
Ne  virent  greignur  vasselage 

7595  Ne  meillor  genz  senz  plus  encore 
Qu'il  ot  le  jor  a  lui  sucore; 
Gar  de  Tost  tant  en  acurut 
Que  nus  des  noz  ni  encurut  : 

7600  Rescus  furent  e  repassèrent. 


Sis  desconfistrent  et  perchierent 
E  tant  longement  les  chacerent 
Que  par  dreit  ennui  les  gaerpirent 
E  a  lor  tentes  revertirent. 
!tmenrhm  Bi-  7605       Salahadîn  sot  tôt  de  veir 

raréi .  IV,  utiv.  i^  r  •         ■ 

SabdiD  êtn-  *^  *^^^^  *^  P^^  apaTCCveir 

tireàJéraniem.  Que  nostrs  gcttt  S  aparilloueut, 

Ë  cescoB  jor  s'en  atomouent, 
D'aler  vers  la  seinte  citië. 

7610  Des  qu'il  li  fud  bien  endilë 
E  il  soit  nostre  ost  a  deus  liues 
Dont  il  n^aveit  mes  pais  ne  triuues, 
Si  nos  fist  del  Thoron  abatre 
Turs  e  toreles  cinc  e  quatre, 

7615  E  s'en  ala,  ço  conta  l'em, 
Fuiant  dreit  en  Jérusalem , 


BHhMoblr. 


E  nos  leisserent  la  champaîiie 

Li  Turc,  e  pristrent  la  montaine. 
Quant  Tost  des  Turs  se  fud  retraite 
7690  E  la  nostre  se  fud  atraite, 

Elh  vos  la  semonse  criée 

E  la  chose  si  atornee 

Qu'ai  pië  de  la  montaine  ireient  Fol.  5(>  0. 

E  que  illoc  se  herbergereient 
7695  E  «traireient  lor  vitaille. 

Eissi  le  firent  tut  a  taille. 

Lors  montèrent  e  chevalcherent 

E  lor  batailles  adrescierent 

Eth  les  vos  devant  Bettenuble. 
7630  Lores  feseit  freit  tens  e  nuble  n,  wSm 

E  granz  pluies  e  granz  tempesten  ^fb  ^î^ 

Qui  mult  nos  descnirent  noz  besles; 

Gar  tant  plut  la  a  desmesure 

Qu'il  n'en  iert  nombre  ne  mesure. 
7G35  Pluie  e  grésille  nos  batoient, 

Qui  noz  pavillons  abatoient. 

Si  que  tanz  chevals  i  perdîmes 

E  al  Noël  e  puis  e  primes , 

E  tant  bescuit  i  destemprot 
7660  Si  corne  l'eve  le  temprot, 

E  tanz  bacons  i  porrissouent 

Des  orages  quis  laidisseient, 

E  tanz  haubercs  i  roillerent 

Que  a  paine  desroillerent, 
7665  E  tantes  robes  i  porrirent, 

E  tantes  genz  i  desnurirent 

Que  mult  iert  lor  cors  a  mesaise; 

Mais  mult  ierent  lor  cuers  a  aise 

De  l'espérance  qu'il  aveient 
7660  Que  al  sépulcre  aler  deveient. 

Jérusalem  tant  coveitouent 

Que  tuit  lor  vitaille  aportouent 

A  plein  por  le  si^  tenir. 

Lors  veissiez  en  l'ost  venir 


7585iiiaiat« —  75980011^068  —  7596  Une  —  7608  E  <l jor num^iiéiif  —  7619  meBmanque  —  7616  y.  e.  fi. 
ctqiie —  7695  atrtieieot  —  7696  Et  mi,  toit — 7697  Lores — 7699l«8mai»fiie — 76360068.  —  76&ocom 
1ère  —  7661  perissoaent  —  7668  lor  cors  —  7680  Qaal  —  7659  tuît  mamqut  —  765^  Lores 


â05 


L^ESTOIRE  DB  LA  GUERRE  SAINTE. 


206 


Fol.  5G  h. 

Les  Tares  at- 
[Ui^Dl  les  ma- 
ies qui  se  fai- 
ent  porier  à 
'nsalem. 


tiHtrmrimm  Bi- 
-a,  IV,  nxf. 

Les  Croisa  6e 
éparent  à  en- 
r  à  Jérusalem. 


Foi.  56  c. 


7655  Tote  la  gent  od  grant  leesce, 
Enlalentee  de  proesce  ; 
E  cil  qui  malade  giseient 
A  Jaffe  e  la  oa  il  esteient 
Se  feseient  mettre  en  litere, 

7O6U  Od  ferme  pensée  e  entière, 

E  porter  en  Tost  a  granz  presses  : 
La  veneient  les  genz  engresses 
Al  ehemin  ou  fil  les  portoaent 
Qui  en  portant  les  comfortonent, 

7665  Sis  guaitouent  et  assailleient 
E  tuouent  e  o^ierenl. 
Cil  esteient  verai  martyr 
Qu'il  conveneit  issi  partir 
De  cest  siècle  en  bone  créance 

7670  Et  en  issi  ferme  espérance 
Com  tuit  a  voient,  fol  e  sage, 
De  faire  ilioc  pèlerinage. 

A  Tost  iert  la  joie  pleniere 
De  grant  fin  e  de  grant  manière. 

7675  La  veissiez  haubercs  roiier, 
E  as  genz  les  testes  crollw 
E  dire  :  trDeus,  la  vostre  aie! 
rrDame  virgine  sainte  Marie! 
ffDeus,  vos  peussoms  nos  aurer 

7680  «tE  gracier  e  mercierl 

(rOr  verrom  nus  vostre  sépulcre  I^) 
La  n*aveit  home  irë  ne  mucre 
Ne  en  ire  ne  en  tristece  : 
Par  tôt  aveit  joie  e  leesce, 

7685  E  par  tut  tait  s'esjoisseient; 
Par  tôt  comunement  diseient  : 
ffDeus,  ore  alom  nos  droite  voie; 
«rLa  vostre  grâce  nos  avoie.v  * 
Mais  icil  muit  poi  Tesguardoient 

7690  Qui  le  veiage  detrioient  : 
Ço  estient  li  sage  Templier 


E  li  prodome  Hospitalier 
E  li  Polain,  cil  de  la  terre, 
Qui  distrent  al  rei  d^Engletere 

7695  A  lor  avis  por  vecitë 
Que  qui  asejast  la  citîë 
De  Jérusalem  a  celé  hore, 
Sulahadins  lor  correit  sure 
Quant  noz  genz  al  siège  sereient, 

7700  E  ii  Tare  al  chemin  vendreient 
Entre  la  mer  et  la  montaine, 
Si  alast  maleroent  Tôvraine, 
Si  en  ilel  point  h  cbenaille 
Tokissent  a  Tost  la  vitaille; 

7705  Mais  or  seit  qu'il  ne  la  tolsissent 
E  que  lores  mal  n'i  feissent 
E  aeit  que  la  citië  fost  prise , 
Si  fust  periiluse  l'emprise, 
Si  tost  avant  ne  la  publasent 

7710  De  tel  gent  que  i  demorasent; 
Car  tôt  errant  e  fol  e  sage 
Feissent  lor  pèlerinage 
E  rallassent  en  lor  pais, 
La  ou  chescons  iert  estais, 

7715  Si  refiist  la  ferre  perdue, 

Quant  la  gent  se  fust  etpandue. 

Tier  jor  d'an  nœf,  la  matinée, 
Esteit  une  ovre  destinée  : 
Sarazins,  les  laides  genz  brunes, 

7730  Sor  le  casel  des  Plains  as  dunes 
Le  seir  devant  ja  se  bûchèrent, 
Ë  tote  nuit  illoc  guaiterent 
Desqu'al  matm  que  il  saillirent 
Al  chemin  de  Tost,  ou  il  virent 

7735  Deus  serjanz  qui  i  trespasserent. 

Tant  que  tut  furent  detrenchié; 
Mais  Deus  volt  qu'il  fusent  vengië. 


Les   cbrélieus 
«le    Svrie    'lis  - 

m 

saadeot  d'assië- 


ItUuraritm  Rt- 
cmrdi,  IV,  ixui. 

Richard  met 
en  faite  uLe 
troupe  de  Sarra- 
sins (3  janvier 
iigt). 


Fol.  56  d. 


7666,  E  enlalente  —  7660  pense  —  7664  descomforioaent  —  7666  odseîeDt —  7668  Qui  —  7679  i.  lo  p, 
—  7681  Oro  —  768s  bom  —  7686  lesce  —  7685  tait  manqué,  semoraeioiii  —  7688  La  manqttê,  reoiioie  — 
7689  MBguardoient  —  7698  coreil  —  770a  oaelraiiie  —  7708  tel  — 7706  ore  —  771 1  U premier  e  manque  — 
7716  se  manqm  —  7717  de  n,  —  7719  les  mmifue  —  7710  damfs  —  7718  qui!  —  7738  quis  f. 


\ 


207 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


SOS 


Car  le  rei  d'Engletere  aveit, 

7780  Qui  cel  enbuchement  saveit, 
Por  ço  al  casel  des  Plains  geu , 
Qu  il  ot  Taguait  des  Turs  seu. 
La  Tu  Jefrei  de  Lencignan. 
Ço  iert  li  lier  jor  de  novel  an 

7735  Qu  illoc  leisserent  cheval  cure, 
Les  scrjanz  quidouent  rescore; 
Mais  mort  e  detrencbié  esteient, 
E  li  Turc,  qui  bien  conisseient 
Le  rei  Richart  c  sa  baniere 

77/10  E  sa  vistesce  e  sa  manière. 
Les  destomez  d'illoc  partirent. 
Bien  quatre  vins,  qui  s*en  partirent 
E  vers  Mirabel  s'en  alerent; 
E  li  autre  adonc  s'en  tornerent. 

7765  La  en  ot  set  que  morz  que  pris, 
E  li  reis  son  cheval  de  pris 
Ala  des  espérons  ferant 
A  quatre  vint  Turs  qui  fuiant 
S'en  alouent  vers  Mirabel , 

7760  E  sist  icel  jor  sor  Fauvel, 
Quil  portot  de  si  grant  ravine 
Qu'il  ateinst  la  gent  sarazine 
Si  que  einz  que  ses  genz  venissent 
Ne  c'onques  a  lui  se  tenissent 

7755  En  ot  il  ja  dous  destroissiez 
E  des  chevals  morz  Irebuchiez; 
E  si  l'enchalz  fust  mielz  seu 
Plus  en  i  eust  retenu; 
E  neporquant  vint  en  retindrent 
Foi.  57  a.  7760  Que  morz  que  pris,  puis  en  revindrent. 

Après  la  feste  la  Tiffaine, 
Li  hait  home  e  li  chevetaine 
A  un  concile  s'asemblerent, 
E  as  sages  genz  demandèrent 

7765  Qui  de  la  terre  ne  esteient 


itmÊnrmmBi- 

CUtÉt  f  V|  I* 

Cooadl      de 
fiMire  où    l*on 


demMNH 
cer  ao  riffe  de 
iÀVMlcin  et  de 
relever  \n  man 
d*AMloo  (  i3 
janvicT  >>9t). 


Saver  mon  que  il  loereient 

De  aler  ariere  ou  avant. 

Cil  respondirent  tut  devant. 

Et  rOspital  et  cil  del  Temple, 
7770  Que,  a  lor  los,  en  cel  contemple 

Vers  Jérusalem  pas  n'ireient. 

Mais  Escalone  fermereient. 

Se  il  les  en  voleient  croire, 

Por  guarder  le  passage  e  l'eire 
7775  As  Sarazins  qui  trespassouent, 

Qui  de  Babiloine  aportouent 

La  vitaille  en  Jérusalem; 

E  por  ço  lors  esgarda  l'em 

Qu'a  Escalone  returreient 
7780  E  que  il  la  refermereient. 

Quant  la  novele  fud  seue, 

Descoverte  e  aconseue, 

Que  l'ost  retornereit  ariere 

(Mais  n'est  mie  dit  en  deriere), 
7785  Estes  vos  l'ost  tant  desheitiee. 

Qui  de  errer  iert  si  enhaitiee. 

Que  onques  puis  que  Deus  fistle  siècle 

Ne  fud  veue  si  tenicle 

Ne  si  mate  ne  si  pensive 
7790  Ne  si  troble  ne  si  baive 

Ne  si  plaine  de  grant  tristesce; 

Car  nient  fud  de  la  leesce  p^  5-  ^ 

Que  devant  ço  eu  aveient, 

Quant  al  sépulcre  aler  deveient, 
7795  Envers  la  tristesce  qu'il  eurent; 

Si  i  ot  tek  qui  pas  ne  s'en  turent, 

Einz  maldiseient  celé  atente 

E  que  onques  virent  tendu  tente; 

Mais  s'il  seussent  la  destresce 
7800  E  le  torment  e  la  fieblesce 

Qui  en  Jérusalem  esteit 

Des  Turs ,  a  qui  trop  mesesteit 


DéaoblioD 


Vi 


7781  des  Uainx  —  7783  des  Turs  ma»i^iic —  77^4  8*en  uurnque  —  7766  en  tnanque,  mort  —  7768  turc 

—  7754  ne  I.  —  7760  mort  —  7761  de  la  l.  —  7766  E  manque,  sageni  —  7766  quil  —  7768  Cil  lui  r. 

—  7778  Sil,  voleil  —  7778  lors  nutnque  —  7779  récuraient  —  7780  quil  —  7785  Eht  vos  —  7788  Ne 
fu  gent  V.  s.  --  7790  Iroblee  —  7794  la  manque  —  7798  en  —  7796  Car  —  7798  E  manque 


S09 


L'BSTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


210 


iréiitfODe. 


De  la  neif  qui  crt  es  montaines, 
Qui  ocieit  les  granz  compaines, 

7S05  Lor  chevais  e  ior  autres  bestes, 
Qui  fu  si  veîrs  com  vos  ci  estes, 
Qui  seust  bien  lor  mesestances 
De  lor  cors  e  de  lor  sustances . . . 
Que  H  Turc  a  icele  emprise 

7810  Fussent  mort  e  la  citië  prise. 
7ftMr«rwm  M-  Ço  fud  a  fcste  sslut  Hilaîre 

Éui  «MfiiTo.  ^°®  *®^^  ^^  ^'^^*  ®"  contraire 

iMe  ae  i*arni<e  E  dohet  por  la  retomee. 

Chescons  maldiseit  la  jornee 

7815  Qu'il  viveit  e  qu'il  esteit  nez, 
Quant  d'iloc  s'en  iert  1:«tomez. 
Eth  vos  gent  trop  desconseillee 
E  trop  penee  e  travaillée. 
De  lor  vitailles  reporter 

7890  Ne  se  saveient  comforler; 
Car  totes  lor  chevalcheures 
Esteient  de  si  granz  froidures 
E  des  pluies  afebloiees 
Fol.  57  c.  E  des  fièvres  trop  empoirees; 

7895  E  quant  la  vitaille  chargouent 
E  li  somier  le  tai  marchouent, 
A  genoilz  a  terre  cheeient, 
E  li  home  se  maudiseient 
E  comandouent  a  diables. 

7880  Seignors,  nel  tenez  mie  a  fables 
Que  onques  bone  gent  eslite 
Veist  Tem  mes  si  descomfite. 
E  des  malades  genz  menues. 
Qui  d'enfertë  furent  tenues 

7835  E  trop  erent  mesaaisees, 
I  eust  mult  cel  jor  leissees. 
Si  ne  fust  le  rei  de  Engletere, 
Qui  fist  par  tôt  cerchier  e  quere 


Tant  que  toz  les  en  aporterent. 

78Â0  Tuit  d'iloc  bataille  tornerent. 
A  Rames  fumes  la  jornee 
Le  jor  de  celé  retomee. 

A  Rames  fud  Tost  desheitiec, 
Dont  j'ai  la  parole  traitiee, 

7865  E  par  le  deshet  que  il  aveient, 
Que  greinur  aver  ne  poeient, 
Fud  tote  l'ost  desaloiee 
Lores  a  icele  foiee; 
Car  mult  des  Franceis  s'en  partirent 

7860  Par  mal  talent  e  s'espartirent  : 
Li  un  a  Jaffe  s'en  alerent 
E  une  pièce  i  sujomerent; 
£  li  alquant  a  Acre  ariere, 
Ou  la  vitaille  n'iert  pas  chiere; 

7855  E  li  autre  a  Sur  al  marchis. 
Qui  mult  les  en  aveit  requis; 
Li  autre  od  le  duc  de  Rorgoine 
Droit  de  coruze  de  vergoine 
Tornerent  au  casel  des  Plains; 

7860  Si  i  furent  huit  jorz  lot  plains. 
E  li  reis  e  l'ost  coresciee. 
Qui  mult  esteit  apeticiee, 
E  li  quens  Henri  de  Ghampaine 
Sis  nies,  e  cil  de  sa  compaine, 

7865  A  Ibelin  dreit  s'en  alerent; 
Mais  si  laides  voies  troverent 
Al  seir  quant  vint  al  herbergier 
Qu'il  n'aveit  en  els  que  gregier. 
A  Ibelin  jut  l'ost  pensive 

7870  E  plus  mate  que  rien  que  vive; 
Et  al  main  ainz  soleil  levant 
S'en  issirent  cil  qui  devant 
Aloent  por  les  places  prendre. 
Lor  pavillons  firent  destendre 


IHmrmvum  Ri- 
emrdi,  V,  ni. 

Les  Crdtés  re- 
loumeDl  à  R«m- 
bh. 


Lei  Français 
dëiertenl    Tar- 
mée. 


Fol.  57  d. 


Marche  des 
Cfoiaéa  de  Ram- 
lah  à  Ibelin  et 
dMbeUn  à  Asca- 
Ion  (eo  janvier 

M90- 


7808  c  manque.  Il  manque  probablement  ici  plutieurê  ver$  —  781 1  a  b  f*  —  7817  ^nt  ma$ique  —  7890  Ne 
ne  flaueeint  —  7899  grant  —  789Â  fieres,  trop  manqué  —  7816  le  tai  manque  —  7897  Que  a  g.  — 
7839  Que  o.  de  b.  —  7835  mesaisees  —  7836  icel  —  7839  Tanz  —  786 1  E  fumes  a  rames  —  7866  E  par 
le  he  quil  eurent  —  7866  Qni,  poicnt  —  78Â7  desauoiee  —  785é  Od  la  vitaille  meiot  pas  —  78^6  e  manque 
—  7867  Quai  s.  —  7871  al  matin  —  7876  estendre 

i/i 


IILraillBKIC    HAIIOKAM 


m 


L'ËSTOIRB  DE  LA  GUëBRE  SAi.HTE, 


Mi 


\ 


Fol.  ô^  *. 


-X, 


7>î^> 


7h7r>  E  chevakha  rm»!  iote  armée; 
Mais  ja  meis  de  pior  jornee 
Viert  coQté  par  home  TÎvaot, 
Car  nient  fud  del  jor  devant 
A  fers  celoi  que  il  errenent; 

7^^f•  Car  tans  mab  pa»  i  li^espai^âerent 
Oue  lor  vitailks  i  perdirent 
Par  les  iomieis  qui  lor  cbairraf . 
Issi  Teit  Deus,  quis  cspmva 
E  qui  a  forre  lor  proia 

7^^ô  Que  qui  por  lai  n'eat  a  me»ai6«^ 
Ne  deii  pas  o  loi  estre  a  aise. 
Estes  les  vos  a  Escbalone 
Venir  entre  midi  e  nom; 
Si  la  tioveneni  si  fondue 
E  tn?sbucliiee  e  abatae. 
Quant  sor  Tabateia  moniefenf  • 
Qu*a  si  grant  maitire  i  entrèrent. 
Au  fort  lens  qull  oient  le  jor. 
Que  il  ni  ot  oui  de  sejor 
Veost  takat  e  volentë; 
Mais  pois  en  eurent  a  plenlé. 

Escalone  siel  sor  b  mer 
De  Giece«  isbi  foi  Bomer. 
Vonqnes  ne  vi  a  ma  devise 
Xe»iine  citîé  mieb  assise. 
S'il  i  ensi  port  on  eoti««>. 
Car  trop  i  ad  bone  omtiee; 
Mais  la  mer  esl  si  tarmenlnâe 
Dioc  eadieile  perilinie 

T9^>^  Qœ  nnk  «cîs«eb  ni  poct  durer: 
E  por  ^  co«int  enduier 
La  a  MK  ge&i  tel  ■h^-wKtawi» 
Que  oaques  uil  jorx  sani  dotanee 
Par  mer  n*i  poi  veîà«el  lenir 
De  vitaiiie  a  \oA  soM^oir, 
\e  ooqucs  de  rien  ni  go^lrient 


■■-îVi 


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IV 


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1      T 


7^10 


7^*^ 


Fora  de  ço  qu'il  i  aporlereni 
Por  forage  e  por  le  tempeate; 
Ne  par  tere  ne  hom  ne  béate 
Ne  ft*i  oionent  esmovoir, 
Ne  ne  se  poeient  movoir 
Por  la  cruel  gent  saraiine* 
Tant  que  de  Jafie  la  marine 
Par  un  bel  tens  lor  vint  vitalle. 
Puis  recomeaça  la  bataille 
E  la  tempeste  en  mer  ai  grande 
Que  trop  eneberri  la  viande; 
Car  les  baiges  e  lea  gualees 
Qui  por  viande  erent  alees  . 
Furent  en  cet  tens  deperiees, 
E  li  plus  de  lor  geox  aeiees: 
E  totes  hoz  beka  enekes 
Furent  depeciees  oveequfss. 
Que  li  reis  i  fisl  puis  deffaire. 
Dont  il  fiât  se»  longes  nés  faire 
En  quei  il  se  quida  venir; 
Mais  ço  ne  poi  pas  avenir. 

Salabadins  par  seaespias 
Sot  bien  que  nos  goiz  départies 
S'esleient  a  val  la  marine. 
I»rf  dist  a  sa  geni  saraaine 
Que  en  lor  contrées  s'en  alaswnt 
E  desque  a  raay  fejomassent. 
Qu'il  reiust  tens  de  josteier. 
Cil  ne  se  firent  pas  proier, 
Aini  sen  alerent  volenler^. 
Qui  aveient  quatre  ana  entiers 
A  nieacbief  en  Salie  est». 
E  meint  chat  so&rt  en  i'e>lir 
E  en  Twera  meinte  fieidnre, 
<}ui  point  nafiert  a  lor  nature. 
Que  maint  en  i  ot  fait  remaindre. 
La  otnez  tani  Turs  compiaindre. 


Fd.  5*  • . 


c-  —  7*;*  pi  ^  T^ée  taai.  i  mtmfÊ^  -  -  7«i«»3  ifà  le» 
e  —  7>"5  «MÎT  —  7517  «rwie  ^  79ii>  d»  ^  —  79^9  î 


213 


L'ESTOIRE  DE  LA  OUERRE  SAINTE. 


2U 


Tanz  admrfah,  tanz  Tare  poissanz, 

7950  E  tanz  Cordins  e  tenz  Persanz, 

E  tanz  genz  de  iamtaine&  terres,     * 
Fol.  58  c.  Qui  tantes  foiz  en  tantes  goerres 

Aveient  este  sanz  rien  prendre, 
Qu'au  partir  veissieï  esprendre 

79.55  De  la  gratit  perte  e  Ael  damage 
Dont  éheslson  plaigneit  son  linage, 
Qu1l  aveît  perdu  en  Sulîeî 
Ne  onques  ttiais  rien  si  baie 
Ne  fud  cîome  Salaffaadins 

7960  Ne  tant  blasmé  des  Sarazins 
Por  les  Tnw  qn^l  leissa  encure 
Sanz  deKvpet  è  sanz  «ucure 
Devant  Acre,  00  tant  €fn  périrent. 
A  tant  les  ostz  s'en  départirent 

7965  Fors  la  gcfnt  al  Soidah  demaine, 
Qtri  e/étàeUi  de  son  'flèttifline. 
Çb  fnd  entnr  ta  dbând^or 
Que  de  tidstr^  dét  è  de  la  Inr 
Se  fumît  les  gent  'départies 

7970  Plnsors  si^ns  e  plusm^  parties. 
Lors  mvtida  fi  reis  aï  Prawceis , 
Qui  erenlt  départi  oineeis. 
Qu'a  Estalone  s- en  véhaissent, 
E  que  tôt  a  un  se  tenissent 

7975  E  «qne  a  ior  tdnsefl  fti^  ve« 
E  eonseiltë  e  porveu 
Sayèr  mon  qnél  panrt  tomeref^tit 
E  comeirt  ii'ae  eonlandreiènt; 
Car  mielz'Ber(Atl[}tt^enaembië  ntasent 

7980  Que  par  fè<:(bîS  B6  demordaaéent. 
E  il  mandèrent  qn^tl  vendreient 
Et  qtfe  'oyeeqnes  lui  tdndreient 
Desque  la  Paséhe  Bi^tement, 
Fol.  58  d.  E  par  itèl  Oetisement 

7985  Que  se  tores  aler  Tolsisent 
E  que  en  conseil  le  preissent, 


Itmerûrium  fti- 
rH,  V,  Ti. 

Lr.s  Français 
osentent  k  n~ 
nir  à  l^arméo 

Richard. 


Que  son  conduit  tor  baillereit 
E  que  conduire  les  fereit 
A  aler  s'en  tôt  asseur 

7990  Par  terre  a  Acre  ou  a  Sur; 
E  li  reis  le  tor  otreia 
E  fist  quant  que  chescons  proia. 
Eht  vos  l'ost  a  un  repainee 
E  la  joie  multesdlairee. 

7995      <)uant  TfMt  Tud  issi  farHement 
Ensemisfe  a  un  acordemenft 
A  Escatone  rasemblee, 
Qui  puis  en  fud  desasemblee, 
Tuit  ensenAte  ittoc  dejomereni. 

8000  Lors  porvirenft  e  atornerent 
'Qne  la  ^ië  Tefeiinereient"; 
Mais  li  baron  -si  pe^re  «éteienl 
Qui  illoc  enrerit  snjomë 
Puis  qu'A  eataeni  riAomë 

8oo5  Que  de  ^hmors  iert  la  poYcrIe 
Si  seue  e  ^i  ^scc^rte 
Que  rien  vmint  ne  ta  «euirt 
Que  trop*grant  pitié  n'en  eui^t. 
Nepoftfnmt^tut'a  Vorvt  alerent, 

8010  E  le  fendemedt  dcfarerent 

D'one  poi*(e,  on  Ire^tnl  «enrouent , 
E  si  qne  il  s'eamerveifoueirt 
Del  grant  "espleit  qfoe  ii  fesonent. 
De  main  a  mm  ^entnslenoiient 

80 1 5  Les  pieres  fli  ^bon  tdieMalier, 
Li  serjant  e  li  .'esonier':- 
Ttrit  t  orronent  sans  délai; 
Tant  i  ¥enoi«nt  eletw  et  iai 
Q«e  en  bri^f  ifcms  molt  espfleteyent  ; 

8030  E  doncafnrës  aieiyfeierent 
Pories  mepfonata'iWre  faire 
Qui  grant  tens  oosta  a^paffeire. 

En  Bsealone  aveit^ues, 
Qui  totes  esteient  fundues, 


AçUvilé  dé- 
piof  ée  h  la  reçoit- 
fltnjction  d*As- 
caloD  (février 
1191). 


Ko],  09. 


7954  eBpndre  *-  7968  Nonqaes —  7968  eniwm^ —  7971  Lores  —  797a  ten  —  7987  le  —  7988  que 
fiumquê,  freit  —  7998  desemblee  ^-  8000  Lorw  —  8008  Gil  qui  —  8008  jp«nt  moiifiie  —  ^01  a  qnil  -« 
8oid  qoii  —  8èi8  ederc —  8019  Tant  qneen  —  80111  Qae,  lens 


16. 


215 


LESTOIRB  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


916 


Soaf)  Cinquante  Ireis  turs  forz  e  bêles, 
Estre  les  petites  roeies  ; 
Sin  i  ot  cinc  par  nom  nomees 
Après  ço  qu'els  furent  fundees; 
Si  oiez  primes  quis  fondèrent, 

8o3o  Issi  corne  cil  nos  contèrent 
Qui  saveient  la  veritë. 
Que  al  viel  tens  d'antiquité 
Régna  uns  bom,  Cham  iert  nomez^ 
Haut  e  puissant  e  renomez  : 

8o35  Fiiz  Noë  fu  qui  Tarcbe  ot  faite, 
Par  qui  toterien  fud  retraite; 
Eicil  Gham.si  engendra, 
Ço  puet  dire  quil  retendra, 
Trente  deus  fils  qui  puis  régnèrent 

8o4o  E  qui  Escalone  fondèrent; 
E  icil  filz  si  enveierent 
Par  les  terres  qu'il  justiserent, 
Par  les  citiez  e  par  les  burs, 
Quere  aie  a  feire  les  turs; 

8o45  Si  dientque  les  dameiseles 
Fol.  59  b.  Fondèrent  la  tur  des  puceles; 

E  la  tur  des  escus  fondèrent 
Li  chevalier  qui  al  tens  erent; 
La  tur  del  sanc  des  forfetures 

8o5o  Firent  e  des  entrepresures; 
E  la  tur  desadmiralz  firent 
Li  admirail  e  establirent; 
E  Bedoin  firent  la  lur, 
Forte,  riche,  de  grant  valor. 

8o55  Celés  cinc  turs  tds  nous  aveient 
E  li  ditor  tant  en  saveient; 
E  l'autre  gent  solonc  qu'il  erent 
Les  autres  ovraines  fondèrent. 
Quant  li  maçon  furent  venu» 

8060  A  l'ovre  furent  retenu. 
Li  reis  entra  premerement 


A  efforz  entérinement, 

E  li  haut  home  meintenant; 

Chescon  en  prist  son  avenant. 
8o65  La  ou  les  autres  i  faillouent. 

Ou  li  baron  rien  ne  feissouent, 

E  li  reis  ovrer  i  feseit 

E  comenceit  e  parfeseit; 

E  quant  li  baron  se  iaschouent 
8070  D'ovrer  e  il  n'i  porveouent, 

E  li  reis  lor  feseit  porter^ 

Del  suen  a  els  racomforter; 

E  tant  i  mist  e  despendi, 

Issi  come  l'en  entendi^, 
8075  Que  des  treis  pars  de  la  cilié 

Fud  le  cust  del  suen  aquité. 

Par  le  rei  fud  la  cilié  faite, 

E  par  lui  refnd  el  defiEnite 

Des  François  qui  se  deffaiilireot, 
8080  Quant  il  e  sa  prod  gent  saillirent 

A  Jafie  en  mer  de  sa  gualee  : 

La  fud  sa  proesce  esprovee. 

Qu'en  liu  e  en  tens  mosterons, 

E  si  bien  nos  i  proverons 
8o85  Que  ja  solonc  nostre  mémoire 

D'on  mot  n'en  mentira  l'estoire. 

Si  me  doinst  Dampnedeu  sa  gloire. 
Oiez  une  estrange  aventure 
8090  Qui  bien  doit  estre  en  escripture, 

E  dreite  miracle  sani  dote. 

Salahadins  en  une  rote 

A  Babiloine  en  enveeil, 

Que  sa  maisnee  i  comveiet, 
8095  Mil  de  noz  cheitiis  cristien3; 

Frans  i  aveit  e  Suliens. 

Ja  esteient  jusqu'al  Daron; 

Mais  Dampnedeu  qui  Lazaron 


Fol.  59  f . 


h 

MTAt    V«  Vit. 

Bicterd  m 
vre  «après  A 
Daron  an  om- 
TOI  de  anlle  pri 
•oonien  dire 
tint. 


8098  qaolet  — >  8o3o  com  —  8odi  le  v.  —  8o33  uns  b.  cam  iert  —  8o5o  Furent,  entreprcsturès  — 
8o53  E  li  bedoin  —  8o55  leels  —  8o65  iman^  — 8066  ne  numqw  —  8069  que  —  8070  Denrer,  n'i  numque 
—  807 ii  com  —  8078  ele  —  8080  E  qoanl,  prode  —  8o8â  pomerons  —  8o85  Que  la  s.  —  8086  men- 
loira  —  8091  dreit  —  8098  en  numquê —  80^6  aueieni 


217 


LESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


218 


Resuscita  de  mort  a  vie 

8100  Lor  Gst  la  suca^  et  aie; 
Or  si  oiez  en  quel  manière. 
Le  rei  Richarz  od  sa  gent  fiere 
Un  jor,  entre  midi  e  none, 
S'en  esteit  eissu  d'Escaione 

8io5  E  aloitle  Daron  veoir 

Que  il  prist  pois  par  asseoir. 
Ou  li  Saraxin  recetouent 
Qui  de  Babiloine  aportouent 
En  Jérusalem  la  vitaille 

8110  En  peis,  sans  noise  e  sanz  bataille, 
Fol.  59  d,  Ainçois  que  le  Daron  (îist  pris. 

La  esteient  cil  entrepris 
Que  Ten  menoit  morir  a  honte. 
Que  fereie  vos  altre  conte? 

81 1 5  Si  com  li  reis  veneit  illoques 
E  sa  bardie  gent  oveques, 
E  li  Turc  sa  baniere  virent, 
Pour  eurent,  si  s'esbairent. 
Tels  i  ot  el  chastel  se  mistrent, 

8iao  E  li  cheitib  dehors  remistrent, 
Que  cil  n'osouent  retenir 
Quant  il  virent  le  rei  venir, 
Einz  se  mistrent  en  une  église; 
La  ert  la  povre  gent  remise  : 

8195  La  vint  li  reis,  sis  délivra, 
E  les  Turs  toz  a  mort  livra. 
Gels  qu'il  pot  entrechevalchier; 
Si  i  guaina  meint  cheval  fier, 
E  i  prist  le  jor  vint  Turs  vifs 

8i3o  Estre  ceb  qui  furent  ocis; 
E  si  Deus  de  la  sue  main 
Ne  Teust  mène,  Tendemain 
Fussent  li  cheitif  convoie 
E  en  Babiloine  envoie, 

81 35  E  en  cheitivisons  munissent. 
Se  li  reis  e  sa  gent  ne  fusent. 


Quant  Dampnedeus  ot  délivrée 
Sa  gent  qui  ert  a  mort  livrée. 
Dont  il  out  mis  le  rei  Richard 

8iâo  En  Teschange  saint  Léonard , 
Qui  les  prisons  ot  déliez. 
Dont  Deus  esteit  tant  graciez. 
Lors  manda  li  rois  al  marchis. 
Qui  plusors  feiz  Ten  ot  requis, 

8 1/1 5  Que  a  Eschalone  venist 
E  que  son  liu  en  Tost  tenist, 
E  qu'il  deservist  sa  partie 
Del  règne,  qui  lui  fud  partie 
E  par  devant  fe  rei  de  France 

8]  5o  Par  serement  e  par  fiance. 
Issi  faitement  lui  manda; 
E  li  marchis  lui  remanda 
Qu'en  Tost  son  pië  n'en  portereit 
Devant  ço  qu'a  lui  parlereit. 

8i55  E  puis  parièrent  il  ensenble 
Al  casel  Ymbert,  ço  me  semble. 

nioc  ou  noz  genz  suijoroouent 
A  Eschalone  qu'il  fermouent,  * 
Ou  il  esteient  par  escholes, 

8160  Illoc  surstrent-unes  paroles 
Del  rei  e  del  duc  de  Burgoine, 
Qui  mult  empeira  la  besoine. 
Li  Franceis  al  duc  d^nandouent 
Les  sondées  e  Ton  hastouent, 

81 65  E  il  nés  aveit  dont  paier; 
E  por  ço  ala  a  essaier 
Al  rei  d'Engletere  e  savoir 
S'encor  lui  presiast  plus  avoir 
Qu'il  n'aveit  as  Franceis  preste 

8170  Desur  lor  part  d'acre  en  l'esté. 
Mais  li  reis  ne  volt  plus  prest  faire; 
E  por  ceste  e  por  autre  aSiure 
I  ot  assez  paroles  dites 
Qui  ne  sunt  mie  ici  escrites, 


FoL  boa. 

iDMtfnirNiM  lit* 
etardi,  V,  vin. 

RieiuirdioaiaM 
l«  mtrqait  de 
Moatfemt  de 
venir  à  Aietloo. 
Ceini-d  refme. 


m- 


••,V.ix. 


Le  doc  de 
BoaiyogneabeD- 
donne  Rieherd  et 
M  retire  à  Acre. 


8toi  Ore  —  8io5  veoier  —  8to6  Quil,  asseioier —  81  lA  E  quefireie-^  8196  ereot  —  81  a5  lot  manqué 

—  8199  i  manque —  81 3a  amené —  81 35  E  quen  cheitifsoi» —  8id8  liure  — 8161  E  dont —  8i&3  Lores 

—  8i5o  sennant  —  8i58  refermouent  —  8168  Senoore  —  8171  ne  li  yoU  —  8179  ieeste 


2i9 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUÈIRRE  SAtNTE. 


i^ 


Itinermiitm  Ri- 
eardi.  V.  X. 

Querriieè  Acre 
entre  Içs  Pisaus 
partiMM  de  Gai 
t^  le»  Oéboh 
partiMMdeGoih- 
nd.  Henri,  de 
Bourgogne  t'en- 
fnit  à  Tyr. 


Fol.  606.  8175  Tant'qné  lettre  •parti  d'iloqaes 

Par  mal  e  des  Franteh  ovetjues , 
E  vindrerA  ^  Acre  bâtant. 
Illoc  tiyi^eirefnt  comllMaYrt 
Les  Gewïif^te'od  cefs  *e  Kse; 

8180  Carti  Pisôn  pàfr  fert*  frîrtiéhi^ 
Od  *te  tfei  Gtf ion  •^e  t(^dtettt 
E  H  Oenfevois  s'apetidoicfht 
Vers  le  raa¥dïis|]l<rt'  dà  fiance, 
Qu*il  iert  jùi^  le  rèi  de  Fwtocé. 

«i85  Elh  vos  a  Acre  graftrt  barate, 
E  la  vMe  en  mêrtveië  estate . 
E  getit  oscire  è  gent  tuêfr, 
E  grant  Yioîde  foire  'e  huer; 
E  tant  qtfèi  =H' France»  tftffmêrefnt 

8190  E  le  duc  e  -cH  qui  \k  erfertt. 
E  quanft  cil  dé  Pise'ço "virent, 
Hardiemenft  èe  defetiAiCént, 
E  firetat  ai  duc  'dé  B(l^gdi^e 
Tote'h<mte  e Idte  Vëfgbine; 

8195  Cat  son  thcvai  ë<)z'ltii  ocràtfént, 
E  mal  grt  iBtfeil  a  piële  tmstrenf. 
Puis  ctrt»tft^t  les  porté%1*l(/i*e , 
Car  n'i  vdleietft  getit  eh<*lore 
Dotit  la  cttiié  ëd^bamage*; 

8aoo  Car  li  Genevois  ^'efr  me^Mge 
Eurerit  dl  iMahrdhis  ënéKtë 
Qu'il  li  fetidVeîeril  la  cîtJë. 
Icil  i  vint'od  ^S  gtfaliEles 
E  od  ses  gëût  *f6ïe^  ai'toèiers  ,' 

8ao5  E  quida  ia  t^itié  sdrpréridfe. 
Lort  veiséiez  les  f^rsaAi  pfreniire 
Fol.  60  c.  As  mangôbeaus  e  as  perîeres, 

Corne  hardies genzë  fieres. 
Treis  jorz  issi  s'éritras^alelnent , 

8a  10  Tant  que  li  Pisan  ehvteiereût 
Bâtant  por  Ife  rei  d^Englétete. 
Icil  iert  ja  venu  par  tefre 

8 18a  sen  pdûdoient  —  8 1 98  a  duc  —  8ao9 Cil  • 
—  Saia  Cil  —  8916  Lores  —  89i7'la  manqm 
ëd  gu.  —  8fid8  Lorei  —  8960  qnil  •—  89&1  ni  • 


A  Cesaire ,  tfnn  j&  fenqtfrs , 
Por  aler  parier  au  marehis; 

891 5  Car  li  ntessagier  Vencontferënl. 
Lçrs  iihevaScfcercnt  e  ^^^e^ertt, 
E  vint  a  Acre  en  b  nuit  noire'; 
E  quaïïlli  itiarchis  *ot  la  ve'ife. 
Que  li  reis  <et*l  d^ofc  yëtivtt , 

8390  Onqtfès  nM  pot  efi/tre  tanuz, 
Einz  s*en  ala  bon  =eire  la  Sur, 
Qui  fud  a  cinc  linties'd'Arsûr  ; 
E  le  duc  de  Burgoine  anceis 
ï  ert  aie  0  ses  Francers. 

8995  E  quant  li  reis  di  ço  seu 
A  Acre,  où  il  «veit  geu, 
Par  n^tin  mvynta  el  demain 
E  prist  tôle  la  'chose  eu  main , 
E  fud  la  noise  defpartie 

8930  En  pais  de  chescone  pai^frç, 
E  les  GeHeveis  acorda 
As  Pisans,  e  se  recorda 
Que  a  grant  mal  peusl  tomer. 
S'il  n'alast  la  pais  atornér. 

8235      Quant  cil  de  Gienve  e  dl  de  ï^iso 
Fureirt  acordé  en  lelguîse 
Corne  genz  oti  tanz  jorz  ont  gnerre, 
Lors  mamda  li  reis  tl'Engletere 
Al  marchis  que  H  efssemblassetit 

89/40  Al  casél  Ymlcrt  e  parlassent, 
Sareir  mon'se  il  ja  peusseat 
Faire 'tant  qu'a  tin  acoi^ fussent; 
E  vrndretïtla  e  asi^emVIërent, 
E  longement  illoc  parlèrent 

89/15  Li  reis  è  le  marchis  ènsenïble; 

Mais  ne  monlta  rieù,  ço  me  semble; 
Car  li  marchis  tôt  maintenant 
Failli  al  rei  de  coveinant, 
Que  par  le  duc  des  Burgoignons, 

8950  Que'par  ses  ant^e8'compaignons^ 

89o61iOres —  8907  mangneaas — 8909  sentreassaierent 

-  8id3  Qua  —  8935  gieue  —  8936  M  —  8987  Gom, 

Sihû  cm  cart  —  8969  de  b.  —  ^5o  'Et  p.,  ses  manqué 


Richard  ap«i(tr 
la  qoerellr. 


Itimertrmm  Bi- 
cmrii,  V.  u. 

ConfértiiM  4r 
Richard  d  d« 
Conrad  aa  caiii 
Imbert. 

Fol.  60  rf. 


Ils   D'arriveol 
pas  è  f^eotrodre. 


Qui  de  la  paîa^  le  deeveierent, 
Tant  que  tote  la  d^pesderent. 
E  quàttt  li  reis  àoU  Ceï  »fhm 


m 


d.  61  a. 


Ai- 
i,  V.  xn. 

Hearenx  eoap 
t  min  de  Croi- 
it  (t7  mari). 


llooidlteip^ 
MwMddàda 
IfefMKtSBan). 


B>i55  Si  li  rudjugié(|^ar4t^i^re 
Que  por  v^qjm  U;ii'weili  oare,  < 
De  sa  piMT^e  d^ssii^r   , 
Del  riaMmet,  i^a  Deii  servir. 
Que  a  ses  rei^a  iuq  preadreiânt 

8960  Pi  que  il  L'eJii  deffaiUereieiii. 
E  dQ,  w*  ml  la  desicordaiice 
Del  rei  edea  ba^ua  d^^J^i'^PQ^ 
E  delIQarcbis^q^i.l€ls.Fraaceis 

Atre&t  e  lorea  e  anceia, 
8!i()5  E  ItQbla  si  tôle  la  terre 

Que  onques  le  rei  d*£ngleterey 
Al  mien  ay^s  et  al  mien  esme,. 
De  près  de  Ireis  pars  de  qu#!:^nie 

8970  Fud  qu'il  n'osa  Acre  leissi^. 

Tierc  jor  devant  Pacbe  flurie 
S'esmut  de  la  bachelerie 
De  Jaffe  dreil  a  Mirabel  ; 
Si  fud  a  plusora  genft  mult  bel 

8375  D'unegrant  proie  qu'il  trovçr^ii 
Car  il  trestote  l'en  menèrent 
E  trente  Saraxins  pciatren^i 
E  cinquante  tok  vis  ea  pristrept^; 
E  a  Jafie  a  tôt  s'ei^  i^vindrent; 

8980  Demie  la  proie  en  ^tindrent. 
Dont  a  peine  sorept  le  çonie, 
E  la  melié  en  fud  al  conte. 
La  part  as  seijanz  fud  vendua. 
Si  come  j'ai  Tovre  entendue, 

8985  Plus  de  qualorse  cen^  besaox 
Sarasineiz,  for?  e  pesam. 
Ui  aan^di  après  fi^n^  d^ 


Rcissirent  d'^scaione  an  imte      • 
Tuit  icil  qui  cbevals  aveient 

8990  Porune  proie  qu'il  sai^e^i,. 
Q^i  lor  ot  esAét^^f^ee.  <; 

Bien  le  6t^^k  cale,  fi^e , 
Car  cil  f^di^trent  q^^  î  furent      i 
Que  d^WiepJIgiftteçMruFeql,! 

8395  OUrQM,I>arQn>qiHiireiiuues; 
Si  pri^trmk)ajçbieH^ls  e  iuuea;. 
E  si  i  pri^tr^hi?Q.a4lis  faille 
Setcenz  ^ma  beip)bii;,({ue  almaille, 
E  asnes  vi'f^lecbAQ^aib&trfaite;  . 

83oo  Si  pristçQ||^aiia:iBeie^nleAte 
Plus  d^no^f  vins  gens  meacresns, 

Que  b^g^,  %^a  iwuoea»  qœ  eml'anz  ; 
E  s'en  y^f^fit  0^  }ie  cbîere 
Tôt  dr^^  a.fi9C||lp«a  atiere. 
83o5      Vos  oi^  ia  49%iard^ 

Qu^  ia.a«eia,  cm  f^f«wdea 

Des  bfi)tMM  f  ui  sei  descQfderent  : 
Le  4w  et  le  jpmcbia  manderant 
De  Sur  a  Qscalqpa:  a  l'ost, 

83 10  A  trestoz  las  Fiapcaisi.que  tost 
A  Sur  aljiMrehip  ifn»  lenisA^tt 
E  que  tuitalpM  sat^jasmi» 
Si  qu'il  6i4  d'eW  iOA  a  (ianofi 
Sor  i'qmig^  le.reidis  KiMce. 

83 1 5  Ë  ki^  fud  fpvre  deseovar^ 
E  bien  seu(^  e  Iwn  apefte 

E  le  barat  Q.ifi  traine  ;  » 

E  la  cmi^ mortaf  baiM  *• 
Dont  U  fans  oMffcbîs  atoma, 
8330  Quant  U  nBÎs  fraoAais  retOTM,. 
Le  serement  qn  il  s'entrefisent,  , 
Par  quai  U  Fraoceis  a'w  partiieDt 
A^eeik  point  d^l  ^iid^fingletoret 
Qui  t^d^  id  fMu jk  la  terve  ) 


Fol.  61  6. 

Itmtrmrium  Hi- 
etardi,  Y«  un. 

Heuri  et  Con- 
rad rappellent  k 
Tyr  tout  les 
Françaû  restés  a 
AscaloD. 


^%Ut  le  nm^  —  3s5i>  fod  manqw  -rr-  9s^6  quil  —  Bs6a  fi  db  cuit  b 
mtmq^  -^  ^80  Demi  •*-  8984  ooul  -^  9sd9  cil  -»-  Bsf  a  iceia  —  Bagô  U 
imiÊ9»qtt09U —  83oi  meacraant —  8do9  emUnt  —  83o4  Tôt  dreit  hmh^ - 
8390  Qae  quant  •*—  83ii  s*  manque  -^  83tÀ  Qui  eqlendmt 


--  SiSô  CtaqaM  —  8976  ii 
fmimiir  e  manqué  —  8^97  E  «( 
--  89ii  se  V.  <--  83'i&  ioret  — 


333 


L'BSTOIRE  DE  LA  GUflRRB  SAINTE. 


au 


8395 


lUmrmrnmK- 
cmrdi,  V,  ut. 

Ridiard  eon- 
mt  aa  déptrt 
d«iFraiiçii0(8i 
mars  tigs).         833o 


Fol.  6f  c. 


8335 


83&0 


8365 


835o 


Ri- 

cjrii,  y,  xf . 

Saladin  coo- 
Twio*  MO  armée  8355 
(avril  i>9a)> 


836o 


Issi  coin  vos  in*orez  retraire, 
S'il  voud  plenst  un  poi  atraire. 

A  un  marsdi  de  ia  aemainé 
PeDuse,  que  gentont  tant  peine, 
Revint  li  ost  al  rei  ariere, 
Coreciex  od  pensive  chlere; 
E  le  mecresdi  le  refqoistrent 
Li  baron  de  France  e  li  distrent 
Qu'il  lor  apariilast  conduit, 
Issi  corn  il  le  lor  ot  dit 
E  corn  il  ot  en  covenant; 
E  il  otreia  meintenant 
E  bailla  de  ses  Poitevins 
E  de  Mansels  e  de  Angevins 
E  des  barons  de  Normendie; 
E  il  sis  cors  par  compainie 
Les  conveia  tôt  en  plurant, 
E  preia  les  en  demorant 
Qu'a  son  oust  o  lui  remansissent 
E  que  ensemble  se  tenissent; 
Mais  onques  ne  voldrent  remaindre. 
E  quant  a  rien  ne  pot  ataindre 
E  il  n'oirent  sa  proiere, 
Si  vint  a  E^ealone  ariere , 
E  manda  a  Acre  bâtant 
Isnelement  pië  en  estant 
A  ses  joetises  qu'il  gardassent 
Que  François  ne  se  herberjassent. 

Ço  fud  le  joesdi  absolu 
Que  pechië  ot  issi  tolu    ' 
A  Tost  le  bamage  de  France. 
Eth  vos  Tost  en  fiere  dotance , 
Pensive  e  morne  e  desbeitiee , 
E  durement  apeticiee 
De  plus  de  set  cent  chevaliers, 
Preissiex  d'armes,  preux  o  legiers, 
Qui  n'osoient  plos  demorer. 


La  veissiex  tant  gent  plorer 
Por  la  descordee  qu'il  eurent! 
E  quant  li  Saraxin  la  seurent, 

8365  Saciez  que  mnlt  s'en  esjoirent; 
Si  contèrent  cil  qui  Toirent 
Que  Salabadins  eomanda 
Ses  briefs  a  faire  e  si  manda 
A  toz  les  admiralz  des  terres 

8370  Dont  il  iert  sires  pâi*  ses  gueres 
Qu'il  revenissent  en  Sulie, 
Car  Franc  ne  conqueroient  mie, 
Ainz  i  avoit  tétdiscordee. 
Qui  bien  li  estoit  recordee, 

8375  Que  par  son  sen  e  son  avoir 
Qu'il  quidoit  Sur  e  Acre  avoii*. 
E  cil  son  comandement  tindrent, 
Mais  pereçosement  i  vindrent; 
Neporquant  tant  en  rasembla 

838o  Que  trop  furent,  ço  me  sembla. 
A  grant  Pasches  le  samedi, 
Si  dit  cil  après  cui  jel  di, 
Ert  li  soltàns  Salabadins 


8385  En  Jérusalem  al  sepnicre  : 
La  aveit  meint  cristien  mocre, 
Chetiren  fers  e  en  liens. 
De  latins  e  de  Suliens, 
Qui  tendrement  illoc  plorouent 

8390  Et  en  plorant  a  Deu  priouent 
Merci  por  la  cristientë. 
Qui  iert  chaete  en  orfenté. 
Si  com  il  alouent  plorant 
A  dolces  lermes  en  orant, 

8395  Eth  vos  le  feu  espirilel, 
Tôt  autresi  e  tôt  itel 
Com  il  sH>lt  venir  en  la  lampe  : 
Si  com  oil  d'ome  monte  ^t  rampe. 


Foi.  61  d. 


iAmmimmRi^ 
tvéi,  V,  ZTi. 

Miracle  aa 
Saint -SépricR 
(A  avril  119a). 


8395  VOS  manqvê —  83^6  piiut  —  8Si8  tant  de  p.  -*  SBig  lost  —  8339  hmmtfue  — -  883&  le  mtmfue 
—  836  r  tôt  manqtu  —  8359  Quant  ii  franceis  —  8369  tante  -^  8363  deaeorde  —  8366  c$ver$e§t  répéta  imx 
fait  —  835iy  les  c.  —  8376  Que  —  8875  sen  e  par  son  —  8876  quidoit  soc  a  acre  —  8879  E  oeporqMnt 
^  8389  a.  que  —  8387  Gentils  —  8388  E  i.  ^  8896  Ed.  —  8896  feus  eiplritefe  ^  8896  iteb 


â25 


L*EST01RE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


2â() 


Virent  tuit,  joefne  e  ancien, 
sV)o  E  Sarazin  e  cristien, 

Que  la  lampe  s'iert  alumee 
Si  com  ele  iert  acustumee. 
Elh  vos  li  poepies  esmeuz, 
Quant  tel  miracle  fud  veuz. 
l'i»!.  «•)•'  a.  >s'M.r>  Li  Sarazin  s'esmerveilierent, 

E  si  disoienl  e  guidèrent 
<Jae  ço  fud  par  enchantement 
(^iie  el  alumast  si  faitement. 
Salahadins  volt  Tovre  ataindre, 
Si  comanda  la  lampe  estaindre, 
E  ses  genz  eralment  Testainstrent; 
Mais  lor  pense  a  rien  n'aleinstrent. 


>«  'I  1  M 


ItherariuM  /?t- 
etiréi,  V,  xfii. 

Rickard    et*  - 
lèbre  la  félo  de 

1 19«  ). 


Fol.  09  6. 


Que  ia  lampe  ne  ralumasl; 

86 1 5  E  il  dist  qu'el  refust  estainte  : 
E  Dampnedeus  volt  que  atainle 
Fust  illoques  la  veritë 
En  spn  non  et  en  sa  citié. 
Si  la  raluma  tierce  foiz. 

86qo  Quant  Salahadins  vit  les  foiz 
Des  crisliens  e  la  créance. 
Lors  dist  por  voir  e  sanz  dolance 
A  ses  Turs  que  par  tens  morroit 
Ou  que  la  citië  ne  seroit 

8/195  Pas  seue  quite  longemenl; 
E  il  ne  vesqui  solement 
Al  mien  avis  e  al  mien  esme 
Après  fors  desqu'a  un  quaresme. 
A  granz  Pasches,  la  feste  chiere, 

863o  Tint  li  rois  cort  grant  e  pleniere 
Por  ses  genz  de  Tosl  conforter, 
E  fist  ses  pavillons  porter 
Dehors  Escalone  e  estendre .  . . 
La  viande  que  il  volt  prendre. 

8635  La  curt  ne  dura  fors  un  jor. 


E  Tendemain  sanz  plus  sejor 
ReGst  li  rois  as  murs  ovrer, 
E  les  ovraines  recovrer 
Que  li  François  eurent  gerpies 

86/10  Quant  lor  genl  s'ent  erent  parties. 
Il  refist  tôt  del  suen  refaire 
Quant  qu  il  i  a  voit  a  parfaire. 
Vos  m'oistes  ore  conter, 
A  qui  il  plot  a  escoter, 

8665  Del  convoi  de  sa  baronie 
De  Poitou  e  de  Normeudie, 
D'Anjo,  del  Maine,  qui  ainçois 
Orent  convoie  Jes  François 
'Desqua  Acre  e  puis  s*en  revindrcnt  ; 

865o  Si  orez  coment  se  contindrent 
Li  Franceis  a  Sur  ou  il  furent, 
Une  pièce  qu'il  i  esturent, 
E  quels  bien  vint  de  lor  affaire, 
E  que  il  i  alerent  faire, 

8655  Quels  besoines,  quels  chevalchees 
Et  quels  paines  e  quels  haschees 
Por  amor  Deu  il  i  soffrirent. 
Ço  contèrent  cil  qui  le  virent 
Qu'il  fesoient  par  nuit  les  Iresches, 

8660  E  portoient  les  garlandesches 
De  (lors  en  lor  chiés  e  corones; 
E  seoient  devant  les  tones, 
E  bevoient  desqu^a  matines; 
E  puis  par  les  foies  mesehines 

8665  Revenoient  les  huis  brisant, 
E  foies  paroles  disant, 
E  jurant  les  granz  sairemenz; 
Tels  estoit  lor  repairemenz. 
Ge  ne  di  pas  que  tuit  feissent 

8670  Tel  vilainie  ne  deissent, 
Car  li  prodome  qui  la  furent 
E  qui  sor  lor  pois  i  resturent, 


ItiHirarium  l\i- 
curdi .  V,  XVIII. 

Achi.*\eiiit'nt 
«VAcrf*  aux  fr.'ii< 
il  II  roi. 


hitttrarium  iU- 
rardi ,  V» \v 

DctNiudu.'s  It^ 
Français  rftor.r- 
néi  h  Tvr. 


Fol.  Gi  c. 


8601  8*  manqué  —  8606  E  manqué  —  8616  nalumasi  —  86i5  queie  —  8691  e  de  la  —  8899  Lores  — 
8693  ces,  moroit  —  8&95  quite  manqué  —  8133  il  doit  manquer  ici  quatre  vér$  —  8636  qui!  —  8661  Et  il 
r.  —  8666  quil  —  865o  r.  il  se  c.  —  8663  bien  i  vint  —  8655  Itcsoins  —  86*67  i  manqué  —  8658  qui! 
—  8666  E  muit  foies  —  8670  Teie,  nerépM —  8679  i  manque 


1.) 


uraiVLaïc   ^\Tiof«Lr. 


227 


L'ESTOiRË  DB  LA  GUERRE  SAINTE. 


isa 


«.'n5 


Itinerarium  Bi- 
■ttrHi,  V,  1X1. 

Oinipa  raison 
<io  la  coaduiU' 
«les  (iroiscf  avec 
«'ri  le  <l>^  aiirienK 
hhoi  de»  chan- 


8'iK 


Foi.  6s  d. 


A  qui  pesol  de  la  descorde 

Ou  Deus  ne  voleit  mètre  acorde, 

Cil  en  erent  trop  corescié; 

Mais  li  maivais  esleicié 

Estoieni  de  la  descordance 

Des  barons  et  del  i^i  de  France. 

Quant  li  vaillant  reis  Charlemaines , 
Qui  tant  conquist  terres  et  n^nes, 
A  la  osleier  en  Espaine 
Ou  il  mena  la  preuz  conipaine 
Qui  fu  vendue  al  roi  Marsilie 
Par  Gueuelon,  dont  France  avile; 

H/i85  E  quant  il  refu  en  Sesoigne, 
Ou  il  Gst  meinte  grant  besoigne 
E  il  desconfist  Guiteclin 
E  mist  les  Senes  a  déclin 
Par  la  force  de  maint  prodome; 

8/190  E  quant  il  mena  Fost  par  Rome, 
Quant  Agolant  par  grant  emprise 
Fu  par  mer  arivé  a  Rise 
En  Calabre  la  riche  terre; 
E  quand  Sulie  a  l'autre  guerre 

8/195  Refu  perdue  e  reconquisse 
E  Antioche  fud  assise; 
E  es  granz  ost/  e  es  batailles 
Sor  les  Turcs  et  sor  les  chenailles 
Dont  tant  i  ot  mortes  et  mates, 

85oo  La  n'a  voit  estril's  ne  barates, 
Lores  a  cel  iens  ne  anœis. 
Qui  erent  Norman  ou  Frauceis, 
Qui  Poitevin  ne  Li  Breton, 
Qui  Mansel  ne  ki  Burgoinou , 

85o5  Ne  ki  Flamenc  ne  qui  Eogleis; 
lUoc  n*aveit  point  de  jangleis, 
Ne  point  ne  sentreramponouent; 
Mais  tote  honor  eu  reportouent , 
Si  erent  tuit  apelë  Franc 


85 10  E  brun  e  bai  e  sor  e  blanc; 

E  par  pechié  quant  descordouenl, 
E  li  prince  les  racordouent, 
E  erent  tuit  a  une  acorde, 
Si  que  poi  i  doroit  descorde, 

85 1 5  E  ausi  deussent  cist  faire 
E  si  guvemer  lor  affaire 
Que  hom  i  peust essample  prendre, 
Non  pas  li  uns  l'autre  entreprendre. 
Après  Pasches  au  droit  passage 

85jo  Vint  al  rei  Richart  un  message 
Dont  Tost  fud  en  grant  desconfort. 
Ço  iert  li  priors  de  Hereford , 
Une  prioré  d'Engletere, 
Qui  en  Sulie  lala  quere; 

852  0  Si  lui  aporta  tels  noveles 

Qui  n'esteient  bones  ne  bêles, 
E  briefs  seelez  e  escriz 
Qui  a  grant  besoing  erent  escriz, 
Qui  diseient  que  ses  justises 

853o  Qu'il  ot  en  Angletere  mises 
Orent  des  chastels  remuées, 
E  en  contrée  genz  tuées 
I  aveit  a  Toster  eu , 
E  ço  aveit  li  priors  veu; 

85.35  E  si  diseit  encor  la  letre 

Que  sis  frères  ot  feit  hors  mètre 
D'Engletere  son  chancelier, 
E  qu'en  chambre  ne  en  celier 
Ne  eu  trésor,  fors  en  église, 

85/10  Ne  li  iert  nule  rien  remise 

Qu'il  n'eust  fait  saisir  e  prendre, 
E  tant  osa  faire  e  mesprendi*e 
Que  au  chancelier,  qui  esteit  prostrés 
E  evesques  e  sire  e  meistres, 

85/i5  Fist  tant  d'enui  e  vilainie 
Qu'il  s'en  fui  en  Normendie. 


Itùutaruum  fU- 
rni-éi.  V.  II 11. 

Ias  prieor  «1^ 
H^rfonl  TfiVt 
«rAoglelerre 
|)onr  rappeler 
Hkbanl  flans  soii 
mvauineafin  d*« 

»  « 

coinballre  les 
uiiirpatiou»  <!<- 
jfin  frvr»-. 


Fol.  G*{  a. 


848i  jwleier  —  8à8a  amena  —  8683  vendu  —  8698  Et  calabre  —  8696  conquisse —  8696  si  fud  — 
85o6  ni  aueit  —  85o8  honore  —  8609  Gérant  tuit  a  tuit  —^  85io  E  bruc  —  8&i5  icist  — «  8619  passages 
->  85âo  uns  messages  — *85a3  priorie  —  869/1  Quen  —  85i5  itels  —  8596  ne  bones  ne  — .853ji  contre 
—  8533  El  a.  —  8535  encore  —  8538  nen  —  8539  ^'«n  —  ^^^1  Qail  n^t  —  85/ià  euesqiie  e  sires 


ââ9 


L'ESTOIRÈ  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


230 


Encore  i  aveit  autre  affaire, 
Qu'il  tant  voleil  al  rei  mesfaire, 
Qui  ierl  en  son  pèlerinage, 
8550  Que  les  sermenz  de  son  barnage 
D'Engleterre  voleit  aveir. 


Fol.  63  6. 


lÙMenrimn  Hi- 
emrHf  V,  xxiii. 

L^armée,  à  la 
ooavalto  da  àé- 
partdei&hard, 
ehoidtt  G)Drad 
pour  roi  de  Jé- 
niMd#ni. 


Qui  veneient  a  1  escfaekier. 
f'Biaus  sire,  e  por  ço  vos  requier, 

H555  Dist  li  priors,  «que  vos  viengiez 
f?  En  vostre  terre  e  vos  vengiez 
"^De  ceis  qui  tant  vos  ont  forfeit, 
rO\x  il  crestront  plus  lor  for feil: 
^En  la  terre  quen  prent  a  taille 

SoCio  rr  N'enterrez  jameis  sanz  bataille.  "* 
Seignors.  or  ne  vos  merveilliez 
Del  rei  qui  s'esteit  travilliez 
Por  Deu  en  la  terre  lointaine. 
Ou  il  ot  tant  travail  e  paine, 

8565  Si  fust  troblé  en  son  corage. 
Car  tel  novcle  descorage 
Chescon  prodomc  efeitesperdre, 
Qui  sa  dignetd  quide  perdre. 
Eth  vos  la  novefe  seue; 

8570  Si  ne  cuit  c'onques  fust  veue 
En  nul  liu  gent  plus  coresciee 
Par  home  ne  si  desheitiee 
Qui  d'un  ost  s'en  deust  partir, 
Car  tuit  fussent  al  départir 

8575  Se.lireis  s'en  fust  departiz, 
Si  fust  trop  mal  li  giu  parti/, 
A  ço  qu'il  erent  a  descorde; 
Si  n'i  eust  ja  meis  acorde 
En  cels  de  Sur  e  Escalone. 

858o  L'endemain  entre  tierce  e  none 
Asembia  li  reis  le  bamage, 
E  dist  oianl  toz  le  message 


Qui  li  ert  venu  d'Engleterre, 
Ke  en  li  velt  tolir  sa  terre 

8585  E  qu'en  lui  aveit  desposé 
Son  chancelier  par  lui  pose, 
Qui  lui  guardeit  e  mainteneit, 
E  por  ço  aler  l'en  coveneit; 
E  dist  que  s'issi  avenist 

8090  Que  aler  s'en  l'en  convenist, 
Qu'a  son  cust  lareit  en  Sulie 
Treis  cenz  chevaliers  de  baillie, 
Si  i  lareit  dous  mile  serjanz 
E  preuz  e  leaus  e  vaillauz; 

8595  E  dist  qu'il  en  voleit  saveir 
E  respons  en  voleit  aveir 
Qui  od  lui  s'en  voldroit  venir, 
E  les  en  mist  en  convenir 
Ou  de  l'aler  ou  del  remaindre, 

8600  Car  il  n'en  voleit  nul  constreindre. 
Li  haut  home  qui  iloc  erent 
De  si  faite  chose  parlèrent 
Come  li  reis  les  requereit. 
Chescons  d'els  mult  i  enquereit 

86o5  Qu'il  en  deveient  dire  e  faire, 
Si  troverent  en  lor  affaire, 
Por  ço  qu'en  la  teixe  n'el  règne 
N'aveit  nul  mestre  cheveitaigne, 
Einz  esteit  en  deus  départie, 

8610  Dont  lî  reis  Guis  de  sa  partie 
Ne  pœit  en  nui  chef  venir, 
E  que  li  marchis  revenir 
Ne  voleit  en  l'ost  por  fiance, 
Ainz  se  teneit  od  cels  de  France, 

861 5  Si  que  tut  aveit  descordé, 
E  quant  eurent  ço  recordé. 
Si  revindrent  al  rei  ariere 
E  distrent,  non  pas  en  deriere, 


Ko!.  63  t: 


885s  i7  manque  sans  doute  plus  d'un  vers  —  855o  del  b.  —  8556  E,  nos  —  8557  ^^  ^^  manque  —  8558  plus 
tnanque  —  856o  entrez  —  856 1  ore  —  8565  en  manque  —  8566  celé  —  8567  prodono,  e  manque  —  8568  Qui 
de  M  d.  —  8573  départir  —  8578  eust  ou  —  8679  sur  e  de  e.  —  8583  Que  —  8584  Ken  —  8588  çxi 
tnanque  —  8590  s*en  manque  —  Sb^h  le  premier  e  numqve  —  8^96  velt  —  86o3  Gom  —  860/i  i  manque 
—  8616  quant  il  e. 

i5. 


ijl 


LESTOIRB  DE  LA  GlRKKE  SAINTE. 


23i 


♦. 


Que  s  il  ne  feseil  eu  la  terre 

HOso  Un  seignor  qui  seust  de  guerre 
Et  a  cui^  trestuit  se  tenissent 
De  quelque  part  que  il  venissent, 
Que  tuit  après  lui  s'en  ireient, 
E  que  la  1ère  guerpireient. 

KOaf)  E  H  reis  demanda  aneire. 

Qu'il  quidol  estre  sor  son  eire, 
Del  quel  des  reis  il  le  voloient 
E  del  quel  il  le  desvoloient, 
"     Del  rei  Guion  e  del  marchis; 

H()3o  E  distrent  tuit  quin  sunt  requis 
Et  devant  lui  s'agenoillerent 
E  tuit  requistrent  e  proiercnt. 
Foi.  G3  tl.  Petit  e  main  e  greinor. 

Que  del  marchis  feist  seignor; 

8635  Car  ço  esteit  le  plus  sucurables 
Al  règne  et  le  plus  aidables. 
Quant  li  reis  vit  que  tut  le  voidreiit 
E  que  nuls  genz  ne  le  desvoidrent , 
Lues  blâma  tels  qui  illoc  esteîent 

H(yiio  Qui  mal  de  lui  dit  li  aveient; 
E  quant  chescons  por  lui  proia  y 
Lors  le  volt  e  si  otreia 
Que  hautes  genz  por  lui  alassent 
E  que  a  grant  joie  ramenassent, 

H6/i5  E  que  il  e  li  Franceis  venissent 
E  que  tôt  a  un  se  tenissent. 

Geste  élection  que  jo  ai  dite 
Ne  iiid  pas  tenue  a  petite, 
Ainz  la  voidrent  e  fol  e  sage. 

K()5o  Lors  s'atornerent  li  message: 

Li  coens  Henris,  cil  de  Cbampaine, 
Si  fud  0  lui  eu  sa  compaine 
Mis  sire  Otes  de  Transignees  : 
Ço  erent  genz  de  hautes  lignées; 

8655  Si  i  fud  de  Caieu  W illames. 

Lores  mistrent  es  chiefs  les  hiaumes, 


Itiueraiiuul  Hi- 
etirtU.  V,  xxif. 

Richard  con- 
«tf'ul  k  rël«cU(iii 
de  Conrad. 


I^e  message  alerent  porter 
E  le  marchis  recomforter, 
E  dire  lui  bones  noveles 

8()6o  Que  mult  semblèrent  a  lui  bêles 
E  as  Franceis  qui  a  Sur  erent 
Ijors  chevalcherent  e  errèrent. 
Si  orroiz  bien  quant  ii  i  vindrent 
Les  choses  com  êtes  avindrent. 

8665      Veritez  fud  e  sanz  dotanoe 
Que  quant  li-barnages  de  France 
Se  fu  alez  o  le  marchis, 
E  li  reis  Richarz  Tôt  requis 
Par  tantez  ferz  com  nos  veimes 

8670  E  come  nos  le  vos  deimes, 
Qu'il  venist  aider  a  conquerre 
En  Tost  od  les  autres  la  terre. 
Que  il  n'i  volt  onques  venir, 
Dont  li  dut  bien  mesavenir. 

8675  Ore  si  orrez  qu'il  volt  faire, 
E  com  il  volt  a  Deu  mesfaire  : 
Contre  l'enor  de  la  corone 
Et  encontre  l'ost  d'Eschalone 
Aveit  tel  pais  asseuree 

8680  A  Salehadin  e  jurée 

Que  il  devoit  a  lui  venir, 
E  qu'il  devoit  de  lui  tenir 
De  Jérusalem  la  moitié  : 
Issi  avoit  ja  esploitié 

8685  Vilainement,  si  i  parut, 
E  si  devoit  aveir  Barut 
E  si  devoit  aveir  Saete, 
Si  com  li  pais  se  porjete, 
E  demie  la  terre  ovecques 

8690  Redevoit  il  aveir  illoques. 
Ceste  pais  volt  Salehadins; 
Mais  li  admiralz  Safadins 
Ne  la  veit  onques  crean ter, 
Ainz  oimes  après  conter 


(loored  cbcfclf 
k  faire  •lliaocr 
avec  Sahéia. 

Fol.  64  A. 


Sapliadui 
will«  à  MO  fiktt 
de  ne  tnilcr 
qn'avee  RMiaH. 


86  a  S  E  de,  qui!  —  8697  De  quels  Ireis  il  - 
8669  le  premier  e  manque  —  865o  Lores  —  8653 
8673  Qiiil 


—  863o  (.  cunt  r.  —  86ào  ii  manque 
traiiùgees  —  8655  carer  —  8669  Lores 


86/ia  Lores 
8669  comm 


233 


L  ESTOIRE  DE  LA  [GUERRE  SAINTE. 


i3^ 


Fol.  d'i  b. 


rardi,  V,  xxt. 

Joie  de  Con- 
rad h  la  iioQTeHo 
Je  son  «^loclinn. 


H(U)^}  Que  il  dist  al  soldan  son  frère  : 
rSire,  ne  place  a  Deu  le  père 
rQue  pais  a  la  crislientë 
r  Por  nului  qui  vos  ait  temptë 
r  Façoii  sanz  le  roi  d'Engletere 

«700  r  (Meillor  cristien  n'a  en  terre); 
rNe  jo  nei  lo  ne  jo  nei  voil.v 
I']  par  tant  remist  lor  conseil , 
E  ço  i  fu  par  tôt  seu 
E  ccrcliië  e  aconseu  : 

8705  CarEstienes  de  Tornehan 
En  Jérusalem  al  soldan 
Estoit  envoies  quant  cil  viudrent, 
Dont  plusors  genz  les  noms  retindrent  : 
Ço  fud  Balians  d'Ibelin, 

8710  Qui  iert  plus  fans  de  gobelin, 
Ë  si  i  fu  Renauz  de  Saete, 
Qui  Torde  pais,  non  mie  nele, 
Venoient  quere  e  porchacier, 
Sis  deusl  Ten  a  chiens  chncier. 

8715      Li  messagier  dont  nos  deime», 
Que  el  message  aler  veimes, 
Errèrent  tant  par  tels  jornees 
Com  il  avoient  atornees 
Que  il  vindrent  a  Sur  bâtant. 

8720  Illoc  descendirent  a  tant 
E  alerent  droit  al  marchis , 
Dirent  li  ço  qu'il  orent  quis, 
Cortoisement  le  saluèrent; 
E  il  e  cil  qui  0  lui  erent 

8795  J^s  saluèrent  0  grahz  ris; 
E  lors  parla  li  coens  Henris, 
Si  dist  o  bone  volenté  : 
^Li  rois  e  la  cristien  të, 
ffSire  marchis,  Tost  d'Eschaione' 

8780  ff  Vos  ont  olrië  la  corone 
(tE  le  riaume  de  Sulie. 
tr  Venez  en  od  vostre  ost  banie, 


8735 


rrSi  la  conquérez  fièrement,  t» 
Si  dit  Testoire  finement 
Qu'il  ot  tel  joie  en  son  corage 
Qu'il  dist,  oiant  tôt  le  bamage, 
Ses  deus  mains  vers  le  ciel  dresciees, 
Dont  puis  fist  mult  genz  coreciees  : 
rrBiaus  sire  Deus  qui  me  feis, 


Fol.  r,/i , . 


87/10 


^Tu,  qui  es  voirs  rois  e  bénignes, 
rrCom  sez,  sire,  que  jo  suis  dignes 
ffDe  ton  règne  bien  govemer, 
ff  Que  jo  m'en  voie  coroner , 

87/1.")  rrSire,  e  si  tel  ne  me  sentez 
rrQue  vos  ja  ne  le  consentez.  ^^ 

La  novele  fud  entendue 
Par  la  citië  e  espandue 
Que  li  marchis  rois  en  seroit, 

87.50  E  tote  l'ostz  le  requeroit. 
Eth  vos  la  joie  merveillose 
E  la  gent  liée  e  anguisosse 
De  harnescher  e  aprester. 
De  tost  acroire  e  d'empromter 

87.55  Or  e  argent  a  sa  despense. 
Si  come  chescons  de  soi  pense. 
La  veissiez. armes  ataindre, 
Hiaumes,  chapeals  de  novel  taindre; 
La  veissiez  maint  escuier 

8760  Meinte  bêle  espee  essuer; 
La  veissiez  haubercs  roller, 
Chevaler  e  serjant  moller 
A  fcrir  sor  la  gent  haie; 
La  avoit  gent  de  grant  aie, 

8765  Si  Deus  volsist  ovecques  estre. 

Qui  mielz  que  nos  savoit  lor  estre  ; 
La  veissiez  mult  gent  en  joie. 
Si  est  bien  droiz  qu'en  sache  e  oie, 
E  par  droit  le  puet  l'en  oir, 

8770  Que  nus  ne  joie  sorjoir 


Fol.  (i/i  d. 


8698  nuliu  —  8701  ne  jo  manqu$  -.—  8706  tboroan  —  8709  beKans  —  8786  Le,  ^Êunumque  —  8739  m. 
toi  deflchalone  —  8780  ont  manqtiê  —  8761  Ta  manqué  —  8743  bien  numque  —  875a  de  proroter  — 
8760  espie  —  8766  Que  —  8769  droit  le  droit  pnet  —  8770  db  j. 


I  • 


i35 


L'ESTÛIRE  DE  LA  GUERKE  SAINTE. 


236 


•^m'4i .  V,  xxf  I 

CiOiirad  est  ai>- 
fHfsin^  par  deut 
'>DYoyésduVioa\ 
'i*?  la  Montagpn»' 
(  a^  avril  119»)- 


.\e  devroit  ne  doel  sordoloir. 
Tuit  estoient  en  bon  voloir 
E  en  talent  de  cest  affaire, 
E  erent  aie  enproni  faire 
lu^frarimm  Ri-  K775  Li  cuens  Henris  od  le  barnage 

Qui  ot  aporlé  le  message 
A  Acre,  ou  il  ja  s^atornoient 
D'alercn  Tost  e  s'apresloieni; 
Si  fud  la  fine  vertez  pure 

X7X0  Qu'a  Sur  avint  par  aventure 
Que  li  marchis  aveit  mangié, 
E  s'en  venoit  a  son  congié 
De  chids  Tevesque  de  Biauveiz 
Od  grant  solaz  e  od  granz  heiz, 

87H5  Et  estoitja  devant  le  change  : 
Or  si  orrez  com  joie  change 
El  est  tost  tornee  en  tristesce. 
Si  com  il  vQneit  od  leesce, 
Et  dui  vallet  od  deus  cotiaus. 

8790  Defublié  erent  sanz  mantiaus , 

S'en  vindrent  droit  vers  lui  coranl, 
Si!  ferirent  en  acorant 
Par  mi  le  cors  tant  qu'il  cbai  ; 
E  cil  qui  Tavoient  trahi, 

8795  Qui  erent  orne  al  Harsasis, 
Li  uns  fu  maintenant  ocis, 
Li  autres  se  mist  en  un  mostier; 
Mais  onques  ne  li  ot  mestier, 
Qu'il  ne  fust  prise  traînez 
Fol.  TyS  a.  8800  Tant  que  li  cors  en  fu  finez, 

Kors  tant  qu'ançois  li  demandèrent 
Que  il  morust  cil  qui  la  erent 
Por  quoi  il  aveient  ço  fait, 
E  que  il  lor  a\oit  forfait, 

8805  E  qui  les  avoit  envoiez, 
E  tant  qu'il  dist,  li  desliez. 
Puis  le  sot  l'en  de  vérité. 


Que  por  ço  avoient  abité 
Longement  entor  le  marchis, 

8810  Quin  orent  este  contrequis 
D'oscire  le,  desqua  tel  terme 
Ou  il  ot  ploré  mainte  lerme, 
E  qu'envoieiz  les  en  avoit 
Li  vils  de  Mousequit  haioil, 

881 5  Qui  toz  cels  qu'il  hct  de  haine 
Fait  ocire  par  tel  traine 
Corne  vos  orrez  ja  tenter. 
S'il  vos  plaist  ja  a  escoter. 

Li  vilz  de  Mouse  a  tel  custume, 

88i)o  E  d'oir  en  oir  s'i  acustume. 
Qu'il  fait  norir  en  sa  maison 
Mult  enfanz,  tant  qu'il  ont  raison 
E  doctrine  e  enseignement, 
E  aprenent  contenement, 

88a 5  E  hantent  od  hautes  genz  sages, 
Tant  qu'il  sevent  toz  lès  langages 
Des  terres  de  par  tôt  le  siècle, 
E  lor  créance  est  si  teniecle 
E  si  cruel  e  si  oscure 

883o  Que  en  lor  aprent  od  grant  cure. 
Quant  li  vielz  de  Mouse  les  mande 
De  devant  lui  e  lor  comande 
En  gueredon  de  penitance 
De  lor  péchiez  e  d'aliance, 

8835  Qu'il  aillent  ocire  un  hait  home; 
Si  est  de  lor  ovre  la  some 
Que  illoques  lor  baille  cuteis 
Granz  e  furbis  e  clers  e  bels; 
E  cil  s'en  toment  e  aguaitent 

88/10  Le  haut  home,  e  s'i 

E  devienent  de  sa  maisniee, 
E  ont  lange  trop  enreisniee, 
Tant  qu'il  li  ont  tolu  la  vie  : 
Lors  quident  aver  deservie 


Fol.  65  b. 


878/i  gr^  h.  —  8785  ieschange  —  8786  Ore,  corne  —  8787  loi  tome  —  8795  ome  manque  —  88o5  quis 
aaoit  —  881s  oimmifU—  88i3  len  les  a.  —  881 4  quis—  881 5  haoitde^88)7  Com  —  8890  E  douz 
en  oir  —  8896  a|)erneient  —  8895  lianten  -^  8896  les  langes  —  883o  Quen  lor  raptent  —  883 1  mause 
te- II).  —  8839  Deuant  —  8860  Li  haut  b.e  si  aguaitent  —  8863  toluc  •—  88&6  Lores 


i239 


L^ESTOIRË  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


ÛM 


Kuguarde  a  loes  le  rei  de  France; 

^()9.(}  Va  el  respondi  sanz  dotance 
Que  quant  li  reis  la  revendreil 
Que  mult  volenters  li  rendreil, 
Si  ainz  n'i  ad  autre  scignor; 
Et  il  eu  eurent  desdeignor. 

«92  5  Endementers  qu'il  estri voient 
Si  faitement  e  s'abri voient 
D'aveir  Sur,  si  corne  jo  dis, 
Elh  vos  que  li  bons  c^uens  Henris 
Vint  en  la  vile  e  desceudi, 

H()3o  Si  dit  cil  après  cui  jel  di: 

E  si  lost  com  la  gent  le  virent 
Onqiics  plus  terme  n'ateudirent , 
Einz  Torent  a  rei  esleu, 
îoi.  lifi  ti.  Si  coine  Deus  Tôt  [>orveu; 

f<()'A:t  Et  vindrent  a  lui  e  le  pristrent, 
E  li  proierent  e  lui  distrent 
Qu  il  receust  la  seignorie 
E  le  riaume  de  Sulie, 
E  qu'il  esposasl  la  marcbise, 

8960  Qui  iert  eir  e  vedve  remise. 
E  il  re^pondi  eraument, 
E  si  qu'il  n*i  mis!  pas  granment. 
Que  quant  Deus  l'aveit  apelé 
E  ii  Taveient  ancelé 

8945  A  Toir  de  goveruer  la  terre, 
Que  Tasens  le  rei  d'Engleterre, 
De  son  oncle,  en  voleit  aveir; 
E  a  tant  enveia  saveir 
Sa  volonté  e  son  corage 

8960  De  l'eslection  del  barnage. 

Ce  fud  en  mai,  quant  renovele 
Flur  e  foille,  que  la  novele 
Fud  desqu'al  rei  Richart  venue 
Que  si  iert  la  chose  avenue 

8955  Del  marchis  corne  nos  contâmes. 


ratdi ,  \,  ixix. 

Kx|.lotl'  d» 
Ririiaiil  rf.\  lie 
ii*<  Turcs. 


Et  li  reis  iert  as  plains  de  Rames, 
Ou  il  poigneit  par  la  beruie 
En  une  cbace  d'une  fuie 
De  Sarazins  qui  lui  fuieient, 

89G0  Com  a  celui  qu'il  tant  cremeient 
Que  puis  que  Deus  forma  la  terre 
Nen  Gst  uns  hom  as  Turs  tel  guerre 
!\e  par  un  seul  tant  n'en  murut; 
Meintes  feiees  i  curut 

8965  E  aportoit  a  l'ost  les  testes 
Des  Sarazins  come  de  bestes, 
Ou  dis  ou  duze  ou  vint  ou  trente. 
Dont  paenie  esteit  dolente  ; 
E  de  toz  vifs  en  reperneit 

8970  Li  preuz  Ricbarz  quant  renpenieil  : 
One  n'en  murut  tant  por  nul  home 
A  celé  foiz,  ço  en  est  la  some. 

Eth  vos  les  messages  ferant. 
Qui  alouent  le  rei  querant; 

8975  A  lui  vindrent,  sil  saluèrent 

De  part  le  conte,  e  lui  contèrent 
Celé  aventure  del  maiThis, 
Dont  li  poeples  Taveit  requis 
Que  il  fust  sires  de  la  terre 

8980 

Car  li  petit  e  li  greignor 
L'orent  esieu  a  seignor, 
E  li  voleient  faire  prendre 
La  marcbise;  mes  entreprendre 

8985  Ne  voleit  a  sa  volenté, 

Mais  c'ert  por  la  cristtentë. 

Li  reis  fud  longement  pensis 
De  la  novele  del  marchis. 
Qui  par  si  grant  mésaventure 

8990  Esteit  ocis  od  tel  laidure , 
E  de  ço  ot  joie  merveilluse 
Qu'il  80U  la  gent  si  anguisose 


Fol.  66  6. 


ctrtU,  V.  xiiiT. 

RicbartI  ap  - 
prcml  l^élfclion 
de  Htmi .  Tap- 
proavc.  mait  dis 
snade  œ  prinrr 
d'épouf^  la  mar- 
quise. 


8990  eie  —  8926  obruioient  —  8927  com  —  8938  que  )i  répété,  bons  manque  —  8980  a|>re8  que  je  — 
8983  Conques  —  8986  com  —  Sg^'j  en  vet  —  8968  E  quant  il  e.  — 8961  quant  tens  r.  —  8969  foi!  qui  la 
—  895^^  Ridiart  manque  —  8955  com  —  89^7  bruiee  —  8968  fuiee  —  8966  M.  feies,  acural  —  8966  com 
des  —  ^9'/0  quant  il  lenperneit  —  8979  Quii  —  8986  par  —  8988  al  m.  —  8989  Que 


2&1 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


2&2 


De  son  neveu  tel  honor  faire; 
Si  respondi  a  tel  affaire  : 

8995  tr  Seignor  serjant,  mult  le  désir 
trQue  il  seitreis,  al  Deu  plaisir, 
rr  Quant  la  terre  sera  comquisse; 
'rMais  n'espust  il  pas  la  marchise, 
fr  Celi  que  li  marchis  toli 

9000  (tSon  dreit  seignor,  e  jut  0  ii 
rr  Contre  Deu  e  contre  raison, 
T  E  la  tint  par  tel  desraison 
Fol.  66  c.  tf  Que,  s'il  me  creit,  a  son  eage 

rfîie  la  prendra  en  mariage; 

9005  f?Mais  receive  la  seignorie 


ff 


itÎMermriMm  K- 
emrii^  V,  zzxr. 

Nocet  de  Henri 
et  de  la  marquise 
de  MoDtferrat. 


rr  E  jo  li  doins  Acre  en  demàinc 
rrE  les  rentes  de  la  chaaine, 
rrE  Sur  e  Jaffe  c  la  justise 

9010  rrDe  tote  la  terre  comquise; 

rrCar  jo  voil  bien  qu'il  ço  retiene; 
frE  dites  lui  que  en  l'ost  viegne, 
fr  Sin  ameint  0  lui  les  Franceis 
rrSi  tost  corn  il  pora  ainçois: 

9015  frCar  jo  Yoldrai  le  Daron  prendre, 
rSi  li  Turc  m'i  osent  atendre.  ?) 
Cil  retindrent  ço  qu'il  oirent 
Del  rei^  e  puis  si  s'en  partirent 
A  son  congé  sanz  plus  d  aconte, 

9090  Ë  revindrent  a  Sur  al  conte. 
Si  li  distrent  e  li  contèrent 
Ço  que  del  rei  li  aporterent. 
Que  vos  en  fereie  autre  conte  ? 
Grant  joie  fud  a  Sur  del  conte, 

9095  Quant  cil  furent  venu  ariere. 
La  veissiez  grant  presse  e  fiere 
De  halz  homes  qui  illoc  erent. 
Qui  trestuit  lui  anioncsterent 
De  la  marchisc  a  moillcr  prendre; 


9o3o  Mais  ne  l'osoit  pur  els  emprendre 
Sor  le  peis  le  rei  de  Engletere; 
Mais  ele  esteit  heir  de  la  terre, 
E  li  quens  Taveit  coveitee. 
Eth  la  chose  tant  esploitee 

90.35  Que  ele  sis  cors  la  marchise, 
Qui  tote  en  esteit  contrequise. 
Porta  les  clefs  de  la  citië 
Al  conte,  ço  fud  vérité; 
E  li  Franceis  traient  aneire, 

yo6o  Si  enveient  por  le  proveire, 
Si  li  font  esposer  la  dame; 
E  si  feisse  jo,  par  m'ame. 
Car  ele  esteit  trop  bêle  e  gente, 
E  si  que  a  la  meie  entente 

90^15  Que  li  cuens  fud  mult  tost  en  voie 
D'esposer  la ,  si  Deus  me  voie. 
Eth  vos  les  noces  e  la  joie, 
Si  ne  cuit  que  ja  meis  tel  oie 
Ne  ne  veie  en  tote  ma  \ie; 

9o5o  Eth  vos  besoine  sanz  envie 
E  sanz  contenz  e  sanz  barat; 
Eth  vos  la  terre  en  bon  estât 
Del  conte  e  en  bone  espérance. 
Qui  esteit  niés  le  rei  de  France 

9055  E  niés  le  preu  rei  de  Engletere. 
Li  coens  envoia  par  la  terre, 
A  Acre  e  a  Jaffe  e  aillors, 
Saisir  les  chastels  e  les  turs 
'  E  faire  les  a  lui  respondre, 

9060  E  fist  crier  Tost  e  somondre, 
E  furent  somons  li  baron 
A  aler  prendre  le  Daron. 

Quant  li  coens  ot  ses  noces  faite.s 
E  totes  ses  genz  a  lui  traites, 

9065  Lors  veit  al  los  de  son  barnage 
E  des  Franceis  de  son  lignage 


FoK  66  d. 


A»- 
taéi,  V,  XHTi. 

Mtgnifiqae  r^ 
ception  d*Henri 
(le  Cbimpagne 
&  Sainl-Jein- 
d*Aer«. 


8996  Quil  —  8999  Ceiui  qui  ie  —  9000  Haeit  s.  s.  0  j.  od  iui  —  9006  ce  ver»  en  blanc  dam  le  m».  — 
9008  chainc  —  9011  ço  manque  —  9013  quen  —  9016  i  manque  —  9018  si  manque  —  9099  li  manque 
—  9093  en  manque  ■ —  9086  Eth  vos  ).  —  9o35  Qiiele  —  9086  en  manque  —  9o53  e  de  b.  —  90^7  le 
premier  e  manque  —  906a  totes  manque  —  9065  Lores 

16 


IMPailIKtlC    RâTiOatLC. 


S&3 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


iàh 


Sa  geni  tofte  a  Acre  amener, 
Ahernescher  e  atorner, 
E  achater  orge  e  aoone 

9070  Por  che?alcher  vers  Eschaloine. 
Lors  lessa  a  Sur  bones  guardes, 
Qui  guaiierent  par  les  anguardes 
Fol.  67  a.  Et  ia  cititf  e  la  contrée, 

Que  maie  gent  n'i  fusl  entrée. 

9075  Li  quens  mena  0  lui  sa  femme, 
Qui  iert  blanche  com  une  gemme. 
Eth  vos  Tost  de  Sur  esmeue, 
Eth  vos  la  novele  seue 
A  Acre  que  li  cuens  veneit; 

9080  Eth  vos  que  chesoons  se  teneit 
Del  conte  a  si  très  bien  paie 
Que  a  grant  paine  erent  apaië 
Ne  nuit  ne  jor  de  joie  faire. 
La  veissiet  si  riche  affaire, 

9085  Les  processions  assemblées 
Et  les  rues  encortinees. 
Les  eneensiers  par  les  fenestres 
Tôt  pleins  d*encens  e  par  les  estres  ! 
£  tote  la  gent  de  la  vile, 

9090  Plus  ou  près  de  seisante  mile, 
Tôt  arme  d'Acre  s'en  issirent 
Encontre  lui  tant  qu'il  le  virent: 
Ço  fud  signe  qu'a  lui  veneient 
E  que  a  dreit  seignor  le  teneient. 

9095  Li  clerc  al  moster  le  menèrent. 
Les  reliques  lui  aporterent, 
La  seinte  oroiz  baissier  li  firent, 
E  il  e  molt  genz  i  ofinrent. 
Desqu'ai  paleia  le  convoierent , 

9100  Si  faitement  le  herbergei^nt; 
La  tint  li  coens  si  riche  ostel  : 
Tôt  jorx  eusse  jo  autretel  I 
îtmÊnarimm  Ri-  Quaut  11  cueus  fu  saissi  de  Sur, 

E  d'Acre  e  de  Jaffe  et  d'Arsur, 


8,  V,  xixtii. 


9105  Lors  fud  li  reis  Guis  sanz  realmc, 
Qui  tanz  cops  eut  sot  le  biaume, 
E  qui  tant  l'a  voit  compara, 
Et  ore  se  veit  esguarë. 
Cil  qui  soffri  tantes  enjures 

9110  E  tantes  granz  mésaventures, 
E  non  pas  por  ses  solz  péchiez, 
Car  nus  reis  n'iert  mielz  enleefaiez. 
Fora  d'une  teche  qu'il  aveit, 
Celé  que  nul  mal  ne  sa  veit, 

9115  Celé  que  l'em  claime  simplesce; 
C'ert  li  reis  qui  par  sa  proesce 
Aveit  la  cilié  d'Acre  assise 
Quant  li  Sarazin  forent  prise. 
Si  avint  einz  icel  contemple 

9100  Aveient  li  seignor  del  Temple 
La  terre  de  Cypre  achatee 
Al  rei  qui  l'aveit  comqueatee; 
Mais  li  marchez  fud  puis  deafeit, 
Si  que  li  reis  Guis  en  fud  feit 

9135  Après  empereres  e  sires, 

Si  li  fud  alques  grant  remires. 
El  contemple  que  li  marchis 
Fud  a  Sur  des  cotels  ocia. 
En  icel  point  e  puis  e  primes 

9180  E  par  plusors  feiz  le  veimcs 
Quai  rei  d'Engletere  veneient 
Messager  qui  mal  lui  feseient. 
Car  li  un  le  desconfortouent 
E  li  autre  le  asseurouent; 

9135  Li  uns  diseit  qu'il  s'en  venist, 
Li  autre  dist  qu'il  se  tenist 
E  demorast  al  Deu  servise  : 
Issi  parlouent  par  devise; 
Li  uns  li  diseit  que  sa  terre 

91/10  Esteit  en  bone  pais  sanz  guerre; 
Li  autre  li  diseit  sanz  dote 
Qu'en  li  aveit  troblee  tote, 


Fol.  67  b. 


Ricb«rd  dont» 
la  royaoté  de 
rile  de  Chypre  à 
GuideLoaignan. 


Itimarmrimm  Ah 
e«rA'»V,  xxxvni. 

Richard  reçoit 
(PAngleterre  àt» 
tneangn  contra - 


9069  aueine  —  9071  Loree  -*  909s  le  moii^  —  910&  £  mtmquê  —  910S  Lores,  sai  r.  —  9106  au  — 
9109  Eoffrï  manque —  9117  prise  —  9196  li  numqwt  —  91^7  Uc.  — -  9i35  un  disMienl  —  91&1  li 


8â5 


KESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


246 


Fol.  67  f . 


lUMtrgrwm  Ri- 
etrdi,  V,  xxiii. 

Prise  do  Daroo 
ptr  le  roi  Ri- 
chard (i7-tt  mat 
1199). 


Si  que  ii  un  ço  ii  diseient 
Que  ii  autre  lui  desdiseient; 

9165  Si  ne  fait  pas  a  merveillier 
S'il  ne  se  saveit  conseiUier, 
Ne  8*il  esteit  en  grant  doutance 
Por  le  retorn  le  rei  de  France; 
Car  Ten  dit  qu'il  ad  mal  matin 

9i5o  Senz  faille  qui  ad  mal  Yeîsin. 
Endementers  que  Ii  Franceis, 
Dont  jo  aveie  parie  ançois, 
Erent  a  Acre  e  s  aprestouent 
D  osteier  e  se  herneschouènt, 

9155  Li  coens  Henris  e  Ii  baron, 
Por  estre  al  siège  del  Daron, 
E  li  reis  ^si  deEscbalone, 
El  non  Deu  qui  toz  les  biens  done, 
Qu  il  ne  voleit  pas  tant  targîer, 

9160  Einz  fist  ses  perieres  chargier 
E  mener  al  Daron  par  mer, 
E  fist  ses  bones  genz  armer, 
E  prist  serjaaz  a  ses  soudées. 
Qui  richement  erent  donees, 

9165  E  Gst  par  toz  les  chastels  mètre 
D'iloc  entor  e  entremetre 
De  guarder  les  e  de  guaitier, 
E  de  par  nuit  eschelgaitier, 
Que  les  carvanes  n'i  passasent, 

9170  Ne  que  li  Turc  i  recetassent 
Al  Daren,  si  com  il  soleient, 
Par  quei  meint  mal  feit  nus  aveient. 
Eth  vos  que  li  rois  fu  montez, 
Richarz,  ou  tant  avoit  buntez. 

9175  Od  sul  les  genz  de  son  demaine 
Vint  «1  Daron  un  diemaine. 
Eth  le  vos  devant  le  Daron  : 
Là  se  tindrent  tuit  li  baron. 


Mais  si  petit  de  gent  aveîènt 
9180  Que  li  reis  ne  il  ne  saveient 

De  la  quel  part  ii  Taseissent; 

Car  se  tut  entor  s'espandissent 

E  li  Turc  feissent  saillie 

Ou  que  k)r  ost  fust  assaillie, 
9t85  II  ne  peussent  pas  soffire, 

Ainz  les  convenist  desconfire; 

E  por  ço  a  une  part  se  trestrent 


Fol.  67  d. 


Ë  herdeierent  e  hoberent 
9190  Tant  qu'el  chastel  trestuit  entrèrent 

E  atornerent  lor  défenses 

• 

E  mistrent  i  cures  e  penses 
E  seelerent  bien  lor  porte, 
Que  il  teneient  a  midt  ibrte. 

9195       Quant  la  porle  as  Turs  fu  fermée 
E  lor  genz  dedenz  enseree 
E  hors  des  veissels  descemloes, 
Eth  vos  les  perieres  venues 
E  par  menbres  mises  a  tere, 

9300  E  li  vaillanz  reis  d'Engletere 
Portèrent  as  cols,  ço  veimes, 
Si  compainon  e  il  meismes. 
Les  fusz  e  les  irefs  des  perieres. 
Tut  a  pië  a  snillentes  chieres 

9ao5  Par  le  sablon  près  d'une  liuue, 
Chargië  come  cheval  ou  yune. 
Eth  vos  les  perieres  dresciees 
E  as  conestables  livrées: 
Li  rois  en  ot  une  en  bail  lie 

9310  Don  la  grant  tur  fud  assaillie; 
Li  Normant,  la  gent  de  valur, 
I  orent  tut  par  ek  la  lor; 
E  li  Poitevin,  ço  me  semble 
I  orent  une  tuit  ensemble. 


9163  ço  manqué  —  91&&  Go  que  —  91^7  grant man^iM  —  9168  retoraer  —  9i58  leenumqui  —  9166  par 
tôt  les  chasteb  par  tôt  —  9168  de  manque  ->  9170  i  manqué  —  9173  mal  manque  —  9176  dimaine  — 
9178  tuit  manque  —  9^79  ^^  manque  —  9180  nil  —  9186  feist  —  9187  plueieurê  vert  iont  pa$êS§ 
«—9189  E  manque  —  9190  trestuit  manque  —  9199  i  manque  —  9196  Quil  —  9900  li  t.  nchan  —  9903 
de  p.  —  9906  com  —  991 6  tote 

16.  .    r 


â&7 


L*ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


2W 


Foi.  68  tf.  99  <*^  Totes  treis  al  chastel  jetèrent, 

E  li  Turc  s'en  espœnterent, 
U  molt  deust  avoir  défense 
De  fort  chastel  e  de  despense; 
Mais  li  reis  le  fist  asaillir 

9320  E  nuil  e  jor  sanz  défaillir, 
E  les  feseit  tant  travillier 
Qu'il  s'en  poeient  merveillier. 
Dis  e  set  que  turs  que  tureles 
Aveil  el  Daron  forz  e  bêles; 

9335  Une  grant  tur  i  ot  plus  mestre 
Des  autres  e  de  plus  fort  estre; 
Entur  iert  parfont  li  fossiez, 
Si  iert  de  Tune  part  pavez 
E  de  l'autre  iert  roche  naive; 

933o  Mais  pour  fist  lor  gent  baive. 
Qui  ne  s'en  poeient  fuir; 
E  li  reis  Richarz  fist  fuir 
Par  desor  terre  sotilment 
Tant  qu'il  furent  al  pavinient 

9335  E  que  a  force  le  rompirent, 
E  donc  après  le  mur  foirent 
E  la  terre  ariere  els  jetèrent. 
Les  perieres  as  Turs  jeterenl, 
Un  mangonel  lor  depescierenl 

93^10  Que  en  la  maistre  tur  drescierenl, 
Dont  molt  furent  il  esmaié. 
Eth  vos  chastel  bien  essaie 
En  plusors  manières  a  prendre. 
La  veissiez  les  Turs  défendre 

93^45  E  as  kemeals  e  as  archieres, 
E  feraient  noz  genz  as  chieres , 
Car  lor  pilez  espès  pluvoenl; 
xMais  si  tost  com  il  se  movoent, 
E  nostre  arbalestier  guaitouent 

9a5o  A  descovert,  e  il  jetouent 

Sor  les  targes  quant  il  traiouent. 
Fol.  68  6  Sîn  nafroient  tant  e  feroient 


Que  a  dote  s'osoient  movoir, 
Et  erent  a  meschief  por  voir. 

93.55  Eth  vos  lor  la  porte  fendue 
Et  arse  od  feu  e  abatue 
A  la  grant  periere  le  rei  ; 
La  veissiez  gent  od  desrei 
Vigurusement  assaillie 

9360  E  esmaiee  e  mai  baillie; 

Car  nuit  e  jor  les  travailiouent 
Tant  que  trestut  s'en  esmaiouent. 

Li  reis  Richarz  e  si  baron 
Seoient  entur  le  Daron; 

93()5  Treis  jorz  près  a  près  asaillirent 
Nuit  e  jor,  qu'il  n'en  deffarllirent, 
E  al  quart  jor,  un  vendresdi, 
Virent  li  Turc  dont  jo  vos  di 
Qu'il  ne  la  poroient  durer 

9370  Ne  les  granz  assalz  endurer 
Dont  il  esleient  esmaie, 
E  que  maint  noîvé  e  plaie 
En  ot  par  le  chastel  gisant, 
E  que  l'en  les  aloit  tensant 

9275  Par  desuz  terre  e  par  desus, 
E  que  li  reis  iert  el  desus 
De  prendre  les  a  poi  de  tente. 
Lors  ne  firent  plus  longe  alente, 
Fors  que  de  tensier  els  parlèrent 

9380  E  par  treis  Sarazins  mandèrent 
Al  rei  Richart  qu'il  se  rendreient 
Par  tel  covent  qu'il  s'en  ireient. 
Sans  lor  cors  e  sauves  lor  vies 
E  lor  femmes  e  lor  maisnies; 

938;")  E  li  reis  dist  qu'il  se  teusent, 
Defendisent  sei  s'il  peussent. 
Eth  les  vos  al  chastel  ariere; 
Eth  vos  que  la  maistre  periere 
Fiert  e  hurte  a  une  torele, 

9390  Qui  mull  empoira  lor  querele. 


Foi.  G8  c. 


9946  espoQlcrent  —  9386  a.  si  f.  —  93/10  Quen  —  99iSi]  il  manque  —  93^9  arblastier  —  9960  traioueDi 
—  9961  jetouent  —  9368  Vindr«iit  —  9978  I^res  —  9988  e  saus  lor  viea 


2Â9 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  Î5AINTE. 


:250 


Si  que  ia  maistre  tor  chai  : 
Deu  le  velt,  e  si  escbai, 
Et  ele  iert  desoz  cerfoie, 
E  lor  gent  ieri  lote  foie. 

9990  D'iloes  en(or  noz  genz  saillirent 
Si  s'armèrent,  sis  assaillirent; 
El  il  se  mislrent,  ço  me  semble, 
En  la  maistre  tur  tuit  ensemble; 
Mais  de  grant  mal  se  porpenserent, 

9800  Qui  lor  chevals  esjarelerent 
Que  li  cristiens  nés  eussent 
Ne  que  cbevalchier  les  peussenl. 
La  gent  Deu  elchastel  montèrent, 
E  cil  qui  primes  i  entrèrent, 

93o5  Seguins  Barrez  fud  li  premiers, 
E  Espiarz,  uns  escuiers, 
Ne  se  tint  pas  de  Seguin  loinz; 
Li  tierc  fud  Pieres  li  Gascoinz, 
E  d'autres  en  i  pot  aveir, 

ij'Sio  Dont  jo  ne  poi  les  nons  savoir. 
Puis  i  entrèrent  les  banieres , 
Sin  i  ot  de  plusors  manières  : 
Estiene  de  Longchamp  première 
I  entra,  si  n'iert  pas  entière, 

9315  Anceis  esteit  mult  depeciee; 
Après  icele  i  fud  dresciee 
La  le  conte  de  Leiceslre; 
E  deseure  le  mur  a  destre 
Fud  TAndriu  de  Chavigni  mise, 

93ao  E  ovec  celé  i  fud  assise 

Après  la  mon  seignor  Reimont 
Le  filz  le  Prince  el  mur  a  mont; 
Fol.  68  d.  E  cil  de  Gienve  e  cil  de  Pise 

En  i  orent  de  mainte  guise; 

9895  Nos  banieres  es  murs  dresçouent 
E  les  lor  contre  val  jetouent. 
Lors  veissiez  Turs  detrenchier 
E  des  aleoirs  trebuchier 


E  entreprendre  e  atraper, 
9880  Ocire  et  ferir  e  fraper 

Tant  qu'el  chastel,  ço  est  veir  provez, 

En  ot  seisante  mort  trovez, 

Gels  qui  a  la  grant  tur  faillirent , 

Qui  a  lens  ne  s'i  recoillirent. 
9885       Li  Sarazin  en  la  grant  tur 

Erent,  si  guaitoient  entur, 

E  virent  lor  chastel  tut  pris 

E  lor  Turs  morz  e  entrepris. 

Et  virent  les  targes  drescier 
98/10  Contre  la  tur  e  adrescier 

Por  trenchier  le  mur  par  desuz. 

Si  erent  el  desus 

E  que  Tamirail  qui  sucorre 

Les  deveit  les  laisseit  encure , 
98/15  Qui  Caisac  esteit  nomez, 

Uns  Sarazins  mult  renomez; 

Et  quant  il  virent  tôt  a  cors. 

Que  il  n'avreient  nul  sucui*s, 

Si  se  rendirent  tut 'a  tant 
9850  Al  rei  Richart  le  combatanl, 

Sanz  contredit  chaitifs  esclaves, 

Pris  e  conquis  e  maz  e  aves; 

E  bien  quarante  cristiens 

Qui  ierent  tenu  en  liens 
9855  I  orent  les  vies  sauvées 

E  guaranties  e  tensees. 

E  li  reis  fist  les  Turs  guaitier 

En  la  tur  e  eschelgailier  Fol.  69  a. 

Tote  la  nuit  del  vendresdi, 
9860  E  al  matin,  le  samedi, 

La  vigille  de  Pentecoste, 

La  haute  feste  qui  tant  coste, 

Les  fist  tosz  del  chastel  descendre, 

E  tut  errant  sanz  plus  atendre 
9865  Les  adossa  a  tel  ados 

Que  les  mains  derierc  le  dos 


9991  torele  —  980 1  E  qu  li  crisliens  eussent  —  9807  seguins  —  9816  Et  anceis  —  98 1 6  E  après  —  98 1 8  E 
de  aseur  m.  —  9890  auec  tele  i  fud  celé  a  —  9897  Lores  —  9898  Ce  ven  est  dam  le  nu.  après  le  père  98/4C  — 
9880  c  frainer  —  9886  Aloienl  e  g.  —  98/11  mur  manque  —  98/19  lacune  et  altération  —  98^8  Qiiil 


ItiaerMriÊum  f?H 
•wirfi,  V»  xt. 

Richard  donne 
le  Daron  à  Henri 
«!t  sVn  Ta  à 
Piirhie. 


Fol.  69  h. 


JtiHtrtrium  Ri-   9896 
•itrdi,  Y.  xu. 

Riehanl  mar- 
<'be  contre  Gaiaac, 
•|ui  M  troate  au 
Kiguirr. 


251  L'ESTOIRE  DE 

Lor  fist  lier  estreitement, 
Si  qu'il  braeient  durement. 
Et  issi  fad  li  Darons  pris 

9370  Que  a  cels  torna  a  grant  pris 
Gui  mult  pesast  s'il  uel  preissent 
Ainceis  qae  li  Pranceis  venissent, 
E  mult  en  fussent  il  mari. 
Eths  vos  od  le  conte  Henri 

9875  Les  Franceis  qui  esperonoent, 
Qui  a  tens  venir  i  quidouent, 
Mais  trop  a  lart  venu  i  erent; 
E  li  reis  e  sa  gent  alerent 
Encontre  son  neveu  le  conte. 

9880  Que  vos  en  fereie  long  conte, 
Fors  que  grant  joie  s'entrefirent? 
Et  li  reis,  si  que  mult  le  virent, 
Le  Daron  al  conte  dona 
E  de  son  conquest  Testrena. 

9385  E  fumes  illoc  a  sujor 
De  la  Penteceete  le  jor, 
E  le  lunsdi  dos  en  alames 
Vers  Eschalone  e  trespassames 
Par  mi  Gazres  dreit  a  Furbie, 

9390  Ou  li  reis  e  sa  compaignie 
Icele  nuit  se  herbergerent; 
E  Fautre  gent  tant  chevalcherent 
Qu'a  Eschalone  s'en  revindrent, 
Ou  H  Franceis  grant  feste  tindrent. 

Un  poi  après  vint  a  Furbie 
Al  rei  d'Engletere  une  espie, 
Que  veneit  de  vers  le  Fier 
Por  les  Sararins  espier, 
E  dist  qu'ai  Fier  en  aveit 

9A00  Mil  ou  plus,  si  qu'il  le  savoit, 
Qui  od  Caisac  sujornerent, 
Et  que  le  chastel  atomerent 
Contre  cristiens  a  défendre; 


LA  GUERRE  SAINTE. 


95S 


Et  li  preuz  reis  sanz  pluB  atendre 

9606  Monta  e  tote  Tost  ensemble, 
E  jurent  la  nuit,  ço  me  semble, 
A  la  canoie  as  Estomels. 
L'endemain  (ud  li  matin  biais, 
Si  mureat  al  soleil  levant, 

9610  E  errèrent  jusque  devant 
Le  Fier,  que  li  Turc  deveient 
Tenir  contr'els,  mais  no  feseieot, 
Fors  deus  Turs  que  il  i  troverent 
Que  il  ovec  ets  en  menèrent; 

9/415  Ainz  orent  les  portes  fendues 
Od  feu  grez^s  e  abatues, 
E  orent  le  chastel  laissië, 
E  s'en  fuioient  esleissië, 
Quant  il  sorent  que  l'ost  venoit, 

9Aao  Cardel  Daron  lorsuveneit, 
Dont  noveles  eurent  eues 
Qu'il  iert  prise  lorgenz  perdues; 
E  por  ço  le  chastel  leissereot. 
E  nostre  gent  tant  chevalcherent 

9Aa5  Qu'il  virent  le  chastel  seiiz  guardes  : 
Lors  montèrent  par  les  anguardes 
Pur  surveir  se  il  trovassent 
Nul  Turc  a  qui  il  se  mellassent; 
E  quant  il  plus  n'en  i  troverent 

9A30  A  giste  ariere  retomerent, 
E  revindrent  a  la  canoie 
Des  Estomels  tote  lor  voie. 

A  la  canoie  iert  l'ost  tendue. 
Si  come  j'ai  l'ovre  entendue, 

9635  Quant  del  Fier  se  fud  retraite; 
Si  dit  cil  qui  l'estorie  traite 
Qu'ai  rei  vint  la  uns  messagiers 
Qui  de  sa  terre  iert  estagîers. 
Uns  ders,  c'ert  Johansd'Alençon  : 

9Aâo  Cil  dist  al  rei  que  la  tençon 


Caiaac    abaa- 
donne  le  Figiiirr. 


lUmwrmimm  K- 
etaréi,  V,  un. 

Ridiard  ap- 
prend Ici  OMoéet 
perfidct  dt  ioo 
frère  Jet». 

Fol.  69  c. 


9871  Que —  9375  espernoent  —   937^1  i  manqué  —  9880  freiejel.  — 
teres  —  939^  grant  manqué  —  9^09  sil  qui!  —  9607  estonds  —  9&id  quil 
manqué  —  963/1  tant  manqmé  —  9696  Lores  —  9697  sil  —  9^33  lor  ost 
vint  —  9à38  ostagien 


9389  si  manqué  —  9389  ga- 

—  9^16  Qat  ouc  eb —  96 19  H 

—  ghSk  00m  —  9^37  rei  ea 


S53 


LESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


256 


E  la  g^ant  brubuilie  e  la  guerre 
Ert  surse  par  tote  Engletere 
De  ses  barons  e  de  son  frère 
Ki  por  la  reine  sa  mère 

9/1 A 5  Ne  voleit  fors  son  voleir  faire, 
£  que  tant  iert  aie  Taflaire 
E  tant  aveit  maie  semblance 
Des  messagiers.  le  rei  de  France 
Que  en  Engletere  enveeit 

9660  A  sou  frère  qu'il  desvoieit 
E  Yoloit  a  lui  aller, 
Qu*ii  osoit  tealimonier 
Ke  se  il  tost  ne  s*en  veneit 
Que  la  terre  que  il  teneit 

9655  En  sereitbîen  tost  retaillée 
A  cels  cui  il  Taveit  baillée; 
Et  e\  si  fud  en  son  repaire  : 
Encor  n*estmal  ki  n'i  repaire. 
Corn  il  parut  en  Normeudie, 

9/160  Quin  fud  povre,  guaste  e  mendie. 
Quant  li  reis  oi  les  noveles 
Qui  n'esteient  bones  ne  bêles, 
Fol.  69  d,  Lores  fud  pensis,  mat  e  mûmes, 

E  dist  a  sei  :  nS'or  ne  retomes, 

9/165  ^Veirement  as  terre  perdue.  19 
Es  vos  sa  pansée  esperdue. 
Tant  qu  il  dist  estroseement 
Que  il  s*en  ireit  veirement; 
E  quant  les  bones  genz  Toirent, 

9&70  Sachiez  que  point  ne  s'esjoirent. 
Li  uns  les  noveles  savoient 
Par  Tost,  li  autre  non  feaoient; 
Li  uns  diseit:  irll  s'en  ira,* 
E  Tautre  diseit  :  t  Nu  fera,  yt 

9675  Si  ennemi  multlevoloient. 


Mais  si  ami  ledesvoloienl. 
Car  s*onor  fust  mult  abaîssiee 
S*il  eust  la  terre  laissée 
En  autre  point  qu'il  ne  deust 

9680  E  que  plus  bien  feit  ni  eust. 

Eth  vos  que  illoc  ou  il  erent 
Que  tuit  li  baron  s'asemblerent, 
Franceis,  Norman  e  Poitevin, 
Engleis,  Mansel  e  Angevin  : 

9685  Conseil  pristrent  que  il  fereient, 
Tant  qu'il  distrent  que  il  iraient. 
Que  que  li  reis  Richarz  feist, 
N'ott  qu'il  alast,  ne  qu'il  deist. 
En  Jérusalem  tut  enserobler 

9/190  Etk  vos  que  ne  sai  qui  s'en  emble, 
E  vent  as  genz  de  l'ost  e  conte 
Que  li  haut  home  e  que  li  conte 
Al  parlement  tuit  dit  aveient 
Que  Jersalen  asejemient. 

9/195  Eth  vos  en  l'ost  joie  venue 
El  en  grant  gent  et  en  menue 
Tel  espérance  e  tel  leesce, 
Tel  luminaire  e  tel  noblesce 
Qu'en  l'ost  n'aveit  nul  cristien , 

9500  Haut  ne  bas,  joefna  n^ncien. 
Que  n'esjoiat  od  grani  desrei, 
Fors  sulement  le  cors  le  rei , 
Qui  point  ne  s'iert  esleeciez, 
Ainz  se  chocha  tut  eoreciez 

95o5  Des  noveles  qu'il  ot  oies; 
Mais  de  l'ost  les  genz  esjoies 
Esteient  si  que  tant  dancierent 
Que  après  mie  nuit  se  cochierent. 
Ço  fud  en  join  quand  soleil  lieve, 

9510  Qui  la  rosée  guaste  e  grieve, 


itiiurmium  lU- 
eardi,  V,  luii. 

L'arma  décide 
de  marcher  sur 
JénHol^m. 


Fol.  70  tf. 


Itinmnrmm  fit- 
carêi,  V.  tii». 


9^/11  brubaîl  -^  9&4a  Eftot  tune  —  94^7  taoi  vel  s.  —  9/169  Qui  en  —  9^53  nen  v.  —  9/15/1  quil  — 
9&55  bien  man(iU9  —  9/^56  cela  quii  a.  —  9^67  ele  —  9/158  Eocor  nest  si  mai  -^  9/1^9  Car  —  9662  nesteint  ne 
bones  —  966/^  sore  r.  —  9/168  Quii  —  9/^71  les  manqué  —  9/170  que  manque  —  9/179  non  sauoient  — 
9673  disent  —  ^h'jk  E  il  autre  —  9^77  moit  manqua  —  9/^81  illoques  —  9485  Lores  pristrent  quil  frètent 
—  9486  dist  qdl  —  9490  sai  que  —  949a  qua  «on^— ^  9498  tuit  «HififiM —  9494  îemsaiem  -<-  9695  tel 
joie  —  9500  ne  j.  —  95o3  esoissies  —  9510  Que  la  rose 


255 


L'ESTOIRB  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


256 


Marche  des 
Oruisé»  de  la 
r^inoie  à  Ibeltn 
(les  Hospitaliers 
<  join  119»). 


Que  tote  chose  s'esbanoie, 
Lors  sesmut  Tost  de  la  canoie 
Par  mi  les  plains  tut  contre  val 
Vers  Ybelin  de  TOspilal, 

<».*)!  5  Josle  Ebron,  emprës  la  valee, 
Ilioc  ou  seinte  Anne  fud  née, 
La  inere  a  la  seinte  pucelc 
Qui  est  mère  Deu  e  ancele. 
La  vi  Tost  tote  esleicee 

95J0  De  l'ovre  qui  icrl  fiancée, 
Que  vers  Jérusalem  ireient 
H  la  citié  asiegereient; 
Mais  anceis  mult  la  désirèrent 
Tels  genz  qui  unques  n'i  entrèrent, 

05a5  E  ii  povre  e  li  riche  oveques, 
Oiez  que  lor  avint  iiloques, 
Une  esLrange  comfession 
E  fiere  persecucion  : 
En  Tost  vindrent  unes  muschetes 

9530  Que  si  esteient  petitettes 
E  si  sutils  corn  estenceles, 
Que  nus  apelons  scinceneles. 
De  celés  par  mi  la  contrée 
Par  fud  Tost  la  si  encontree. 
Foi.  70  h.  9^'^^  Issi  m'ait  seint  Celerins, 

Qu  il  mordeient  les  pèlerins, 
Mains,  col  e  gorge  e  front  e  face, 
Qu  il  n'i  aveit  plein  poing  d'espace 
Ou  il  n'eust  par  tut  bocettes 

9560  De  la  morsure  des  muchettes, 
Que  chescoas,  vielz  ou  damoisets, 
Sembloit  a  estre  tut  mesels; 
E  lor  covint  fere  visières 
E  covrir  lor  cols  e  lor  chieres. 

9565  Geste  paine  i Hoc  endurèrent. 
Mais  tozjorz  se  recomforterent 
Par  Temprise  e  par  Tesperance 
Dont  il  esteient  en  fiance. 


Mais  ii  reis  iert  pensis  c  tristes 

9550  Des  noveles  que  vos  oistes. 
Que  tozjorz  pensot  en  sa  tente 
E  en  penser  metteit  s'entente. 
Un  jor  que  Ii  reis  iert  assis 
En  sa  tente  cois  e  pensis, 

9555  Vil  trespasser  devant  l'entrée 
Un  chapelein  de  sa  contrée: 
Ço  esteit  Guillames  de  Peitiers, 
Qui  al  rei  parlast  volenters, 
Se  il  losast  araisoner; 

9560  Mais  ne  li  osot  mot  soner. 

Car  il  n'en  iert  ne  liu  ne  termes. 
Li  chapeleins  a  chaudes  termes 
Plorot  et  esteit  en  grant  ire; 
Mais  ii  n'osoit  pas  al  rei  dire 

9565  Ço  dont  la  gent  de  Tost  parlèrent 
De  lui,  e  dont  il  le  blâmèrent  : 
Por  les  noveles  d'Engletere 
Voleit  leisser  la  seinte  terre, 
Povre  e  guaste  e  desconseillee, 

9670  Ainçois  qu'il  l'eust  conseillée. 
Li  rois  apela  le  proveire. 
Si  li  dist  :  «  Dites  moi  la  veire, 
rr  Par  la  fei  que  vos  me  devez. 
^Dont  vos  est  cist  curuz  levez 

9575  rrDont  jo  vos  ai  veu  plurer? 
r  Dites  le  moi  sanz  demorer.w 
E  li  prestres  lui  respondi, 
Si  que  gueres  n'i  atendi, 
Tôt  en  plorant  od  voiz  série  : 

9580  trSire,  jo  nel  vos  dirai  mie 
(T  Devant  que  asseuré  m'avrez 
fQue  malveis  gré  ne  me  savrez.^ 
E  li  rois  lui  asseura 
De  sa  parole  e  l'en  jura 

9585  Que  ja  nul  mal  ne  l'en  voldreit 
En  nul  point  ne  en  nul  endroit. 


Richard  médi 
de  retoamcr  * 
Earope. 


emrdi,  V,  Uf. 

Le  rhapAi 
Gnillanme  à 
Pbitiert  refiraeh 
à  Ridiard  an 
prqi«l  deqmtte 
la  Terre  Saiate 


Fol.  70  c. 


951  a  Lores  —  95 1 5  près  la  —  95 18  E  qui  —  9696  genz  cunques 
mien  e  manquent  —  9559  Sil  osast  —  9661  le  premier  ne  manque  — 
9573  Di  moi  —  958a  mai  gre  —  9586  nen 


—  95a5  riches  — 9587  lee  deux  pre^ 
9566  e  manque  —  9570  la  eust  — 


257 


UESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


258 


Cil  li  dist  :  trSire,  Tem  vos  blâme, 
(tE  par  cest  ost  s'en  vait  la  famé 
(T  Par  tut  de  vostre  retomee. 

9690  <r  Ja  n  avieoge  celé  jornee 

(vQae  tele  ovre  aiez  aprochieel 
f(  Ja  ne  vos  seit  el  reprochiee 
(t  Ne  loing  ne  près ,  ne  ci  n'aillurs  I 
rr  Remembre  tei  des  granz  honurs, 

9595  tt Reis, que  Deus  t at  en  lanz  lius  faites, 
rrQui  serunt  mes  tozjorz  retraites, 
rrQue  onques  a  rei  de  ton  eage 
«rNe  fist  aveir  mains  de  damage. 
rrReis,  recorde  tei  que  Ten  conte, 

9600  tr Quant  jo  te  vi  de  Peitiers  conte, 
rr  Conques  notnul  si  enveisië 
ft  Veisin,  si  hait  ne  si  preisié, 
vr  Si  de  guerre  te  venist  sus. 
Fol.  70  d.  (tQue  ne  Tallasses  en  desus. 

9605  rr  Remenbre  tei  des  granz  tençons 
(tE  des  routes  des  Brabençons 
ffQue  desconfeis  tantes  feiz 
fr  A  poi  de  gent  e  de  conreiz. 
(t  Remenbre  tei  de  Taveniure 

9610  (rDe  la  riche  descomfiture, 
frEt  de  Haltfort  que  rescussis, 
(rQue  li  cuens  de  Seint  Gile  assis 
crAveit,  que  tu  desbaretas 
r  E  vileinement  Ten  jetas. 

9615  (T  Remenbre  tei  de  ton  reaime 

crQue  senz  porter  escu  ne  hiaume 

(tEus  en  pais  e  en  quitë, 

ff  Que  nuls  n'i  aveit  abité. 

fr  Remenbre  tei  des  granz  emprises 

9620  (tDe  tantes  genz  que  tu  as  prises, 
(rDe  Meschines  que  tu  preis, 
(T  Des  pru^sces  que  tu  feis 


f(  Quant  tu  matas  la  grifonaille 
rrQui  te  quidot  prendre  en  bataille, 

96a 5  (rDont  Dampnedeus  te  délivra, 
fr  E  els  a  grant  honte  livra. 
(T  Remenbre  tei  de  la  pruesce, 
(rDont  Deus  festendi  sa  largesce, 
(rQue  tu  feis  de  Cypre  prendre, 

9630  rrÇo  que  nuls  hom  voleit  enprendre, 
(r  Ke  en  quinze  jorz  eus  prise  : 
(rFors  que  de  Deu  ne  vint  Temprise; 
ffE  que  l'empereur  prison 
r  Preis  e  meis  en  prison. 

9635  rrReis,  guarde  qu  engin  ne  te  fiere; 
(rMenbre  tei  de  la  grant  nef  fiere 
(r  Que  en  Acre  ne  pot  entrer 
rr  Quant  Deus  la  te  fist  encontrer, 
rrKe  tu  preis  0  tes  gualees 

96i!io  rrOd  tut  uit  Cent  de  genz  armées, 
(T  Quant  les  serpenz  furent  noiees. 
(r  Remenbre  tei  quantes  feiees 
rrDeus  t'a  soliegitf  e  soliege. 
rr  Remenbre  tei  d'Acre  e  del  siège 

9645  (rOu  tu  venis  a  tens  a  prendre, 

rr  Ou  Deus  f  e  fist  del  tuen  despendre 
(rTant  que  la  citië  fud  rendue. 
(rBon  reis,  don  n'as  tu  entendue 
rrL'espargne  de  la  maladie 

9650  (rQui  au  siège  ert,  leonardie, 
rrDont  li  autre  prince  mureient, 
rrDont  nuls  mires  nés  sucureient? 
rrReis,  remenbre  tei,  e  si  guarde 
rrLa  terre  dont  Deus  t'at  feit  garde, 

9655  rrKe  tote  sor  tei  l'atoma, 

rr  Quant  li  autre  rei  s'en  toma. 
rr  Remenbre  tei  des  cristiens 
(r  Que  tu  getas  hors  des  liens 


Fol.  7]  a. 


9599  seit  il  —  9693  Na  loing  naillurs  ne  d  naillun  —  9694  Reis  r.  —  9695  Reia  mtmçuê  —  9698  fiai 
a  maina  —  9601  n'ot  manqué  —  9609  Veisin  ne  ai  —  9606  Reia  r.  —  9607  daaconfiatea  —  9609  Reia  r. 

—  9610  E  de  —  961 1  E  manque  —  9616  Reia  r.  ^  9619  Reia  r.  •—  9690  tu  inan^tM  —  9691  ta  aa  preia 

—  9697  Reb  r.  —  9681  Ken  —  9639  ne  manqué,  lentrepriae  —  9635  guarde  tei  —  9669  Reia  r.  tei 
tantea  —  966 6  Reia  r.  —  9660  len  naudie  —  9666  lautre  —  9667  Reia  r. 


>7 


SS9 


L*ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


S60 


ft  Al  Daron,  que  Turc  en  menouent, 

9660  frQui  ea  cheitivisons  alouent, 
fr  Quant  Deus  t'i  £st  si  lost  venir. 
(rReis,  bien  deusses  retenir 
ft  Que  Deus  t'at  fait  tantes  bontez 
rDont  tu  i&  en  tel  pris  montez 

9665  (T  Que  tu  ne  criems  rei  ne  baron. 
(rReis,  car  te  menbre  del  Daron 
«tQue  tu  preis  en  quatre  jorz; 
tt  One  n'i  fud  plus  longs  ti  sujorz. 
ft  Remenbre  tei  de  la  grant  presse 

9670  (t  Ou  tu  fus  de  la  gent  engresse, 
(r  Quant  tu  t'endormis  par  péchiez, 
rr Menbre  tei,  reis  bien  entechiez, 
fr  Cum  Deus  t'en  ot  tost  délivre. 
crOr  sûmes  tuit  a  mort  livre; 

9675  trOr  dient  tuit,  grand  e  mener, 
Fol.  71  &.  f^  Cil  qui  voleient  vostre  enor, 

ftQae  vos  soliez  estre  pères 
frDe  la  cristienté  e  frères, 
fr  E  s'or  la  laissiec  sanz  aie 

9680  crDonc  est  ele  morte  e  traie.  ") 
/fîMrwtiHii  m-  Li  clers  ot  dite  sa  parole 

«rrf.,  V,  XLT,.  g^  j^  j.gj  ^^^  ^  ^^j^ 

Rkhard    an-  ,  .     . 

aoBc«  qa*ii  n^  Et  11  ot  issi  sermouë. 

Ura    tn    Terre  r  *        *  1*      â  a  1 

Sainte   jniqa^à  ^1  reis  ne  11  ot  mot  sone , 

P*qn«»-  g685  Ne  cil  qui  el  pavillon  sistrent 

Un  mot  de  lor  bûche  ne  distrent  ; 
Mais  li  reis  son  penser  dona 
A  ço  que  il  lui  sermona  ; 
Si  fud  sa  pensée  esclarie. 
9690  Eth  vos  Tendemain  repairie 
L'ost  qui  vint  a  bore  de  none 
Devant  les  barons  d'Escalone; 
Si  que  chascons  quidot  sanz  dote, 
E  li  baron  e  Tost  trestote, 
9695  Que  li  reis  son  ost  atornast 


E  que  loress'en  retornast; 
Mais  il  relorna  son  coroge 
Qu  il  aveit  eu  del  message 
Par  Deu  avant  e  par  le  prestre 

9700  Qui  mostra  raison  de  son  estre. 
Tant,  que  vos  direie  autre  conte? 
Qu  il  dist  a  son  neveu  le  conte. 
As  barons,  al  duc  de  Burgoine, 
Que  por  besoing  d'autre  besoigne, 

9705  Por  messager  ne  por  novele. 
Ne  por  teriene  querele 
Devant  Pasches  ne  s'en  ireit 
Ne  la  terre  ne  guerpireit. 
Lors  demanda  son  crieor, 

9710  Felippe,  son  banisseor. 
Si  fist  crier  par  Eschalone, 
En  non  celui  qui  les  biens  done. 
Que  li  reis  estroseement 
Diseit,  son  cors  nomeement, 

9716  Que  desquea  Pasques  sujorreit 
En  la  lerre,  qu'il  n'en  turreit, 
E  que  tuit  fussent  aprestë 
Od  ço  que  Deus  lor  ot  preste, 
E  qu'en  Jérusalem  ireient 

9730  Ë  que  en  cel  point  Tasejereient 
Quant  la  criée  fud  oie, 
Eth  vos  la  gent  tote  esjoie 
Cume  li  oisels  est  de  jur. 
Lores  s'atument  sanz  sujor, 

97^5 

Chescons  endreit  sei  s'adresçoit 
Vers  Deu  a  mont  el  6rmament 
E  disoient,  si  Deus  m'amait: 
(rDeus,  vos  peussoms  gracier 
9780  rr  Et  aurer  e  mercier. 

rrOr  verroms  nous  vostre  citié; 
ftTrop  i  ont  li  Turc  abitë. 


Kol.  71  f. 


/fÎMrwriwH  ili- 
earèiy  Y,  si,fu. 

L*anB^  K 
prépare  è  ■mp* 
(ber  i«r  Jémn* 
lem  (  h  jaifl 
ii9t). 


9659  eo  man^  —  9661  Deas  «uvifiM  —  9669  Reis  r.  —  9670   (u  feis  de  —  9671  ten  denraes, 
pacfaie  —  967  a  techie  —  967  4  Ore  —  9675  Ore  —  9677  toUei  —  9680  ore  —  9688  quil  —  9708  et  ai 

—  9709  LoTM,  crior  —  9710  baneisor —  971 1  Kâ  —  971$  stiioraereit  —  9716  luraereit  —  97*0  aseierent 

—  97S7  at  f.  — :973i  Ore 


261 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


363 


n  Beneite  seit  or  l'entente 
rr  E  la  demoree  e  Tatente 

9735  ^Que  chescon  de  nos  ad  ci  faite 
«rE  la  peine  qu'il  i  at  traite  It» 
La  veissiez  gent  anguisuse 
De  herneschier  e  cuveituse; 
E  la  petite  gent  menue, 

9760  En  celé  iert  tel  joie  venue 
Que  chescons  portot  sa  vitaille 
A  son  col  e  diseit  sanz  faille 
Que  vitaille  portoit  assez 
Tant  que  li  mois  seroit  passez, 

97 &5  Tant  coveilouent  Tovre  a  faire. 
E  que  direie  d'altre  affaire, 
Fors  qui  Deu  sert,  rien  ne  li  coste? 
Fol.  71  </.  Ço  fud  a  close  Pentecoste, 

Mien  escient  le  samedi, 

9760  Que  Tost  refud,  si  com  jo  di, 

Hors  d*Escalone  ensemble  atraite, 

loo    à    BlsDcbe- 

gtrde  (7  jain  Qui  mult  eu  fud  de  legier  traite; 

*'^'^'  Car  a  chescon  quant  qu'il  feseit 

L'agreoit  e  mult  lui  pleiseit. 

9755  Eth  vus  Tost  al  matin  meue; 
Si  ne  cuit  c'unques  fust  veue 
Ost  plus  preuz  ne  mielz  atomee; 
Si  errèrent  celé  jomee 
Petite  ovre  por  la  chalur. 

9760  La  veissiez  geot  de  valor 
Faire  honur  e  humilité 
Et  curteisie  e  charité; 
Car  cil  qui  les  chevals  aveient 
Ou  lels  bestes  com  il  poeient 

9765  Les  povres  pèlerins  portouent. 
Et  a  pié  après  els  alouent 
Li  haut  home  e  li  bachelier. 
Illoc  veissiez  venteler 
Tantes  bêles  riches  banieres 


caréi,  V,  xvrm. 

Blarehe    des 
Croi»^    d*Asea- 


9770  E  penuncels  de  granz  manières. 

Tanz  veissiez  la  filz  de  mères, 

Tanz  lignages,  nevuz  e  frères, 

Tant  bons  haubercs,  tant  bons  parpoinz, 

Tanz  armées  genz  si  qu'as  poinz, 
9775  Tantes  lances  e  tantes  glaives, 

Tant  ne  vit  Tem  el  tens  noz  aives. 

Tantes  cleres  espees  chères, 

Tanz  biaus  serjanz  od  bones  chères  ! 

La  veissiez  tanz  genz  errant, 
9780  Tanz  chevals  balcenz  e  ferranz. 

Tantes  mules  e  tanz  biaus  muls, 

Tanz  chevaliers  preuz  et  seurs, 

Qu'il  deussent  al  mien  entendre  Foi.  79  a. 

Bien  quarante  tek  Turs  atendre. 
9785  Tant  chevalcherent  e  errèrent 

Que  un  flum  d'eve  duze  passèrent, 

E  que  devant  la  Blanehe  Guarde 

S'estendi  i'ost  a  la  Deu  guarde. 

Celé  nuitée  premeraine. 
9790  Si  ot  esté  un  diemaine 

En  i'ost  mort  um  bon  chevalier 

Et  un  serjant  preuz  e  legier 

De  deuz  morsures  de  serpenz 

En  mains  terre  que  deus  arpenz; 
9795  Dont  Deus  les  aimes  oie  e  voie, 

Car  il  mururent  en  sa  veie. 
Deus  jorz  illoques  sujomames, 

E  puis  al  tierz  nos  en  turnames, 

E  erra  I'ost  tote  serrée 
9800  Plems  les  cbemms  de  gent  feree,  (9  join  it9a){ 

Sanz  encontre,  senz  enconbriers, 

Dreit  al  Thoron  as  Chevaliers. 

Une  nuit  illoques  geumes, 

E  l'endemain  ne  nos  meumes 
9805  Onques  de  si  qu'après  mangier; 

Mais  lors  fist  li  reis  deslogier 


lUiurmtiÊm  Bi- 
i,  V,  lux. 

L*tmée  chré- 
tien o«  an  Tboroo 


deus 


9733  ore  —  9735  ici  —  97/10  icele  —  97^4  soit  passes  —  9766  affaire  —  97^6  d' man^  —  97^7  ' 
—  9766  mult  manque  ~  9766  Vùsinumqu»  —  9766  cuit  mie  —  97^7  Nuie  preux  miels  —  9769  riches 
numqu9  —  9770  granx  manqué  —  9776  desi  qu  a  —  9781  biaus  fÊUtnquê  —  978^  Biea  manqué  —  9790  di- 
maine  —  9791  bons  —  9797  illoe  —  9809  al  ebeoalîers  -—  9808  iUoe  —  9806  iores 


263 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


36A 


an     cMtri     Ar- 
naud (to  jain); 


è  BHbenoble . 


Sei  e  sa  gent  de  son  demaine, 
E  vint  avant  son  cors  demaine; 
Si  se  fist  tendre  en  destre  en  hait 
9810  Un  poi  loinz  de!  chastel  Ernalt; 
E  i*endemain  vindrent  ilioques 
Li  Franceis  e  li  autre  oveques, 
E  vindrent  devers  Bettenuble. 
Bel  tens  feseit,  non  pas  ennabie; 


Iinimaii^mdl  9Bi5  Illoc  fut  Tost  et  sujoma, 


(11  join-S  jail- 
let  119a). 


Fol.  79  6. 


La  dont  i'ivern  s'en  retorna , 
Por  atendre  Henri  le  conte, 
E  si  vos  dirai  de  quel  conte  : 
Car  ii  reis  le  aveit  enveië 

9830  A  Acre  al  poeple  desveië 
Qui  ne  voleit  en  Tost  venir, 
E  por  ço  nos  covint  tenir 
Un  mois  ou  plus  por  celé  ovraine 
Joste  le  pië  de  la  montaine 

9835  Par  la  ou  li  paumier  soleient 
Revenir  s*en,  quant  il  voleient, 
De  la  haute  sainte  citië 
Dont  estions  déshérité. 
Cel  terme  que  nus  sujumames 

9830  En  la  valee  ou  nus  turnames 
Advindrent  plusurs  aventures 
Et  baraz  e  desconCtures 
Que  nus  veimes  avenir, 
Si  nos  conveneit  retenir. 

9835  Un  jor  avint  que  une  espie. 
Si  cum  Tum  enquiert  e  espie, 
Vint  al  rei  jus  de  la  monjoie. 
Dont  jol  vi  revenir  a  joie, 
Si  dist  que  Sarazins  aveit, 

9860  E  de  veritë  le  saveit, 

A  la  montaigne,  qui  gueitouent 
Le  chemin  por  Tost  e  gardouent. 
E  li  preuz  reis  einz  jor  monta. 
Si  fud  od  lui  quil  reconta, 


9865  Que  il  quist  les  Turcs  por  lor  mais 
Jusqu*a  la  fontaine  d'Esmals  : 
A  Tenjornee  les  suzprisi , 
Sin  tua  vint  qu'il  entreprist, 
E  si  prist  le  banisseor 

9860  Salahadin,  son  crieor, 
Celui  seulement  esparnia, 
E  treis  chameilz  i  gaigna, 
E  de  beis  Turquemans  aveques; 
Si  guaigna  encore  iiloques 

9855  Deus  bêles  mules  bien  chargiees 
De  riches  robes  essaiees. 
Et  espèces  e  aloë. 
Aveit  es  buges  aloë. 
E  les  Sarazins  chaça  tant 

9860  Par  mi  les  montaines  bâtant 
Que  un  en  aconsiut  en  un  vai 
Qu'il  jeta  mort  jus  dei  cheval. 
Et  vit,  quant  ot  mort  le  eulverl, 
Jérusalem  a  descuvert; 

98(35  E  eurent,  ço  nos  conla  Tam, 
Tel  pour  en  Jérusalem, 
Que  si  li  reis  eust  eu 
Ensemble  lost,  que  fust  veu, 
Jérusalem  fust  aquitee 

9870  E  de  cristiens  abitee. 

Que  tuit  li  Sarazin  eissirent 
De  la  citië  e  s'en  fuirent. 
Qui  quidouentque  i'ost  venist, 
Qu'il  n'iert  qui  la  citië  tenist 

9875  Ne  qui  dedenz  osast  remaindre 
Por  manacier  ne  por  destreindre; 
E  si  aveit  ja  demande 
Salahadin  e  comondë 
Son  meillor  destrier  nprester, 

9880  Qu'il  n'i  osoit  plus  arester. 

Quant  de  voir  sot  par  une  espie 
Que  la  grant  ost  ne  veneit  mie. 


pnad  %m  Ti 


ja»). 


(«■ 


Fol.  7«  e. 


MpréptriBtèla 
foite. 


9808  sis  s.  —  9810  loinz  tnanque  —  9818  virent  —  9893  ouerain  —  9886  nne.  — -  9887  jai  numpÊ$ 
—  9865  Qui!  —  9867  etpees  —  9868  E  quant  vit  mort  le  —  9876  deskeindre  —  9881  an  e. 


S67 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


Mais  ii  iert  a  Acre  enveiei; 
E  mes  sires  Ferris  preiei  ■ 
Aveit  Baudoin  le  Caron 

9960  E  Clarembaut  de  MootcbaUoii 

Que  cel  jor  por  lui  la  guardasseot, 
Que  les  geuz  folement  n  emsseut; 
Mais  foiemeutie  jur  errèrent. 
Si  i  ot  de  tels  quil  oompererent 

9965  La  esteit  Manessiers  de  Tille, 
Qui  ot  un  cbeYal  bauçant  gride. 
Et  Ricard  d'Orques  e  Terri 
I  esteient  el  liu  Ferri, 
Felippes  e  li  eompainon 

9970  Seignor  Baudoin  le  Caron, 
Otes,  e  escuier  plusor 
Furent  od  els  en  cel  estor; 
Lor  parent  e  lor  ami  erent 
Et  a  besoing  le  jur  mustrerent 

9975  Si  cumecil  de  la  grant  rote. 
Qui  n  aveient  de  nnlui  dote, 
Errouent  com  gent  descbafgiee, 
La  riere  garde  esteit  cbai^ee, 
La  rote  alout  grant  aleure; 

9980  Et  cil  corne  preuz  gent  seure 
Les  siveient  tôt  bêlement 
Eth  Tos  que  d'un  embnchement 
Saillirent  li  Turc  a  cberal, 
E  vindrent  ferant  contre  val 

9985  Tut  qui  ainz  anz  jusqu^a  Tanguarde 
Dreit  a  cels  de  la  riere  guarde; 
Très  par  mi  lor  oonrei  se  mistrent 
Fol.  73  r.  Cil  qui  es  ignels  cbevals  sistrent 

Si  durement  qu  il  les  perchier«it, 

9990  E  que  iluec  descberaucherent 
Le  preu  Baudoin  le  Caron; 
Mais  il  aveit  queur  de  baron. 
Si  mist  main  a  sa  bone  espee 
Que  le  jor  fud  mult  redotee, 


9995  Car  li  Tur  sovent  la  ê&ÊâinmL 
A  celé  reseoste  abafmat 
Ricard  d'Orques  e  pois  Tari, 
E  Baudoîns  s'ea  *^ft«"W^ 
E  tant  que  li  sœn  le  reauuiraat 

10000  Sor  uncbevalqtte  ii  oonqnistrenL 
La  TeisBÎet  moltfier  estor 
E  meint  l>el  oop  e  meial  tnslor 
E  meinle  espee  flambeîer 
E  meint  esfon  aenz  fcUeier 

loooS  E  meinie  encontre  dore  e  beie, 
E  meint  cbevai  od  voide  sele; 
La  Teissiet  les  Turs  embatre. 
Et  geot  bien  défendre  e  eonibotre. 
Quand  ii  Turc  on  en  akatdeni, 

10010  Et  ii  autre  se  remlialeîent 

Par  mi  la  presse  e  ie  monkmmi 
E  corne  preo  s'aitraidooeiiL 
Mais  ia  meslee  iert  meqMrtîe; 
Car  dl  de  la  nostre  partie 

1001 5  Esteient  si  entreis  noie 

Qu'il  ne  pot  pas  estre  noitf 
Que  maint  des  eontes  ni  chaist 
E  que  trop  ne  ior  mesdiaist  .* 
Car  li  pilet  as  Tors  Tcrioieat, 

looso  Qui  ior  dievais  lor  afirioieot 
Eth  TOS  que  teb  cops  est  ciieoi 
Que  Baudoins  refud  dieoi; 
Si  fist  un  suen  serjant  descendre» 
Que  trop  ot  feit  de  sei  defeadie. 

loosS  Baudoins  el  cheval  monta. 
Si  qu'il  meimes  reconta^ 
Qu'a  mult  petite  demuree 
Vit  celui  la  teste  copee 
Ki  son  cheval  li  ot  {»esté. 

ioo3o  nioc  esteient  arestë. 

Et  illoc  fud  Felippes  pris, 
Compain  Baudoin,  qui  grant  pris 


Fd.  ^Z  i. 


9969  •  BÏ  c.  —  997S  cmn  —  9977  corne  gent  dioryee  —  9980  eoo 
iNçiitf  —  10000  quîl  —  sooii  com,  sentrt  douent—  10017  Que  plnton 


269 


UESTOIRE  DE  Ik  GUERRE  SAINTE. 


270 


1  conqnist  de  tuz  qui  i  erent; 
E  ovec  Feiippe  en  menèrent 

ioo35  Unpreu  seijant  qu'a  force  pristrent, 
E  le  frère  Richard  ocistrent. 
La  veissiez  dure  bataille  : 
A  champ  malë  erent  a  taille 
Baudoin  e  si  compaignon, 

loo/io  E  Clarembaut  de  Montchablon 
Les  aveit  guerpiz  e  laissiez 
E  s'en  fui  tut  esleissiez 
Des  que  il  vit  les  Turs  venir. 
La  veissiez  estor  tenir 

10065  A  Baudoin,  qu'il  rebâtirent, 
E  tant  de  maces  le  bâtirent 
Que  por  poi  ne  fud  afolez, 
E  li  sanc  en  esteil  volez 
Par  le  nés  e  par  mi  sa  bûche, 

ioo5o  E  s'espee  ert  tote  rebuche 
Et  esgroinee  e  depechiee. 
Lors  escria  a  voix  hauciee 
Manessier  de  Tlslele  preuz, 
Qui  les  Turs  descomfisoit  tuz  : 

1  oo55  (r  Manassier,  larrez  me  vus  donques?  n 
Fol.  7A  a.  Et  mes  sire  Manassier  onques 

Ne  cessa,  ainz  Tala  rescorre. 
La  veissiez  tanz  Turs  acare 
Que  Manessier  jus  abatirent 

10060  Del  cheval,  e  tant  le  bâtirent 
Et  le  laidirent  et  blescierent. 
Que  de  la  jambe  lui  trenchierent 
Le  meistre  os  jusqu'à  la  moole, 
E  erent  perdu  en  la  foie 

10065  E  Baadoins  et  il  ovecques, 

Quant  Deus  lor  enveia  illoques 
Le  preu  conte  de  Leicestre, 
Qui  point  n'aveit  seu  lor  estre. 
Li  coens  si  com  il  vint  poignant 


10070  Feri  un  Turc  en  ataignant, 

Si  durement  le  descrucha 

Que  li  Saracins  tresbucha 

Par  en  sum  le  col  de  sa  beste , 

E  Ançons  l'en  trencha  la  teste, 
10075  Compainz  Estiene  de  Longchamp, 

Si  qu'el  vola  en  mi  le  champ; 

Et  mis  sire  Estienes  meismes 

Le  fist  mult  bien  e  puis  e  primes; 

E  fud  nostre  gent  tant  creue, 
10080  Quant  la  novele  fud  seue. 

Que  quant  li  Turc  crestre  les  virent 

Vers  la  montaine  s'en  fuirant. 

Fors  cil  qui  aconseu  furent; 

E  noz  nafrez  qui  illoc  jurent 
ioo85  Soef  sor  les  chevals  montèrent 

E  puis  en  Tost  les  aporterent 

Issi  râla  ceste  aventure 

Qui  bien  deit  estre  en  escripture. 

Devant  Saint  Johan  al  tierc  jor         itmtrêrnm  m- 
10090  llloc  OU  lost  lert  aeujor  Wcoaveru 

Eth  VOS  tel  novele  aporlee  **'«"  moweau  df 

Dontl'ost  fud  forment  comfortee;        (ti  juin  1191  ). 

Car  uns  seinz  abes  Taporta , 

Qui  tôt  le  poeple  en  comforta. 
10095  De  Seint  Helye  iert  le  seinz  abes, 

Si  viveit  de  pain  et  de  rabes  : 

Barbe  ot  grant  creue  od  nature, 

Bien  sembloit  seinte  créature. 

Cil  dist  al  rei  c'un  liu  saveit, 
10100  Que  longement  guardé  aveit. 

Ou  une  croiz  esteit  reposte , 

Dont  Dampnedeu  rot  feit  son  oste  : 

Une  part  ot  de  la  croiz  sainte 

Dont  il  i  ot  partie  mainte, 
ioio5  Que  tut  sois  li  bons  eristiens. 

Qui  n'esteit  pas  trop  anciens, 


Fol.  74  i. 


10065  Desquil  —  100&8  en  manqué  —  ioo5o  espie  —  ioo59  Lores  sescria  —  10061  et  le  bl.  — 
10070  agaitaDt«—  10071  les  —  1007&  E  a  aueom  —  10075  esiieaes  —  10076  quil  —  «0077  missires 
— -  10078  bien  •  wunquê  —  ioo83  aeoesio  -*  10086  E  wtampu  —  10091  tele  ^-  10099  forment  manqué 
—  10097  grtu[i<le  —  10101  Ou  numquê  —  lOioS  Une  partie  i  ot—  101  o5  t.  «itos  —  10106  pas  mamquê 


271 


L^ESTOIKE  DE  LA  GU^ERRE  SAINTE. 


S7a 


Fol.  7^  c. 


/fiMr«rNMitf- 
1,  VI,  I. 


Richard  hMu 
èraititleeoMcU 
dm  FniBçaif  qai 
tcokot  attaqatr 
Jéraftla». 


Aveit  iiloc  miiciee  e  mise 
Jusque  ia  terre  fust  comquise, 
Si  Taveit  mult  chiers  comparée, 

10110  Car  Salahadins  demandée 
L*aveit  plusors  foiz  a  Yabé; 
Mais  li  abes  Yen  ot  gabé, 
Et  si  Yen  mist  il  en  destreit, 
E  Ten  fist  lier  mult  estreit; 

1011 5  Meis  onc  por  mal  quen  li  feist 
Ne  pot  tant  faire  qu  il  deist 
U  ele  iert  ne  qu'el  fust  rendue, 
Ainz  li  dist  qu'il  Taveit  perdue 
Quant  Jérusalem  fud  comquise  ; 

loiao  E  quant  li  reis  ot  Tovre  enquise, 
Si  fist  le  seint  abë  monter 
Dont  vos  m  oez  ici  conter. 
Lors  monta  e  la  baronie , 
Et  i  otgrant  bacbelerie; 

10195  Tôt  sereement  s'aro teren t , 
Si  cbevalçberent  e  errèrent 
Après laube  tote  la  veie 
Jusqu'al  liu  dont  parle  aveie, 
Ou  celé  croiz  esteit  muciee, 

ioi3o  Qui  cei  jor  lud  si  eshauciee 

Que  tanz  genz  Talouent  baissier 
Que  Tem  nés  poeit  apaisier. 
Tôt  droit  a  Tost  Ten  aporterent, 
Dont  tote  la  recomforterent, 

ioi35  E  meinte  lerme  i  ot  pluree 
lUoc  ou  el  fud  a  urée. 

Quant  celé  croiz  fud  eshauciee, 
Dont  Tost  fud  mult  esleiscee , 
E  longement  Torent  tenue, 

10160  La  povre  gent  de  Tost  menue 
Commencierent  illoc  a  dire 
E  diseient:  «vDeus,  biaus  dolz  sire, 
(T  Que  fesons  nos  ?  Que  ferad  Tem  ? 
r  Iroms  nos  en  Jérusalem  ??) 


10165  Donc  se  plainstrent,  ço  fu  ia  some, 

Tant  que  li  reis  e  li  haut  home 

L'oirent  dire,  sin  parlèrent 

E  en  plusors  sens  devisèrent, 

Saveir  quel  conseil  il  avreient 
ioi5o  E  s'en  Jérusalem  ireient; 

E  li  François  le  rei  requistrent 

Plusors  foiees  e  li  distrent. 

Tels  i  aveit,  que  il  loassent 

Que  Jérusalem  asejassent. 
101 55  E  li  reis  dist  :  trÇo  ne  puet  estre, 

(rNe  vos  ne  me  verrez  ja  mestre 

(rDe  gent  mener  dont  j  aie  blâme, 

ffSi  ne  me  chalt  qui  m'en  mesame; 

(tE  si  sachiez  de  voir  sanz  faille 
10160  (r  Que  en  quel  liu  que  noslre  ost  aille,  fol.  76  d. 

(r  Salahadins  set  nostre  affaire 

ftE\e  efforz  que  nos  poums  faire; 

n  Si  sûmes  loinz  de  la  marine  : 

(tE  s'il  e  sa  gent  sarazine 
1016^  (tEs  plains  de  Rames  s^avalouent, 

frE  la  vitaille  nous  veouent 

(r  Que  ne  la  poissums  aveir, 

tf  Ço  ne  sereit  mie  saveir 

fr  A  cels  qui  al  siège  sereient, 
10170  ff  Ainz  quidbien  qu'il  le  comperreient; 

ffE  l'açainte  de  la  citië, 

trÇo  me  dit  l'em  de  vérité, 

((Est  si  granten  cbescon  endroit 

ff  Que  tant  de  gent  i  covendreit 
10175  •....• 

V  Que  Tost  ne  porioms  rescore 

«S'ele  esteit  des  Turs  assaillie, 

ff  Einz  sereit  morte  e  malbaillie  ; 

(tE  si  jo  Tost  issi  menoue 
s  01 80  (tE  Jérusalem  asejoue 

(T  E  aventure  i  avenist 

trPer  quoi  il  lor  mesavenist, 


10111  I  aveit  —  10117  iert  iert,  ele  —  loiaa  ci  —  lOiaS  Lores  — -  ioi3a  pot  —  ioi33  laporterent 
—  ioi36  ele  —  ioi63  frid  —  10166  Tint  manque  —  10169  tuereint  —  10160  Quen  —  1016a  qo6 
ma»fu§  -«>  10170  compereint 


273 


L'ESTOIfiE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


27A 


<t  6e  en  sereie  tuz  jorz  blasmcz 
(tE  honiz  e  meins  aamez; 

iot85  (tE  si  sai  de  veirs  sanz  dotance 
tt  Qu'il  ad  lel  gent  ci  e  en  France 
(T  Qui  ont  Yolu  e  qui  voidreient 
(tE  qui  mult  le  desirereient 
f  Que  jo  eusse  tele  ovre  faite 

10190  (rQue  fust  par  tut  en  mal  retraite; 
ttE  nos,  genz  de  estranges  contrées, 
trQui  ne  savomes  lor  estrees, 
trNe  les  chemins  ne  les  lanroiz, 
(r  Ne  les  mais  pas  ne  les  destroiz .  .  . 

10195  ft  Par  quoi  nos  peussoms  conquere. 
Fol.  75  a.  ffMais  par  cels  qui  sunt  de  la  terre, 

ff  Que  lur  fiez  volent  recovrer, 
tf  Par  icels  devons  nos  ovrer 
(f  Et  par  le  conseil  des  Templiers 

10900  tfO  Tassens  des  Ospitaliers, 

tf  E  par  cels  qui  autre  feiz  furent 
frEn  la  terre,  e  qui  la  conurent 
(rEt  qui  la  conussent  uncore. 
ff  Sor  cels  loreie  jo  encore 

10305  (rQue  Ten  meist  Tesguard  a  faire, 
(tIço  si  fereit  bien  affaire, 
(f  U  del  siège  faire  e  emprendre 
(T  Ou  d'aler  Babiloine  prendre 
(tU  a  Barut  ou  a  Damas; 

1  oa  1  o  fr  Si  ne  nos  descorderons  pas,  [rent t)... 
trCunques  genz  tant  nés  descorde- 
Tant  que  illoques  esguarderent  : 
itmtrêrmm  K-  Des  TempUors  pristrent  cinc  ou  quatre 

•^'  ^'  "•  ,  Por  les  estrifs  entr'els  abatre, 

Confdl      de 

nngt  cberaUen  io9i5  Et  autant  d OS  Hospitaliers 
d^iuq^î^nî  E  des  Suliens  chevaliers, 

^^'  Et  autant  des  barons  de  France , 

Tant  que  vint  furent  sanz  dotance 
Qui  enz  lor  sermenz  se  metreient 


Les    Français 
s*y  opposent. 


loaao  Et  en  ço  qu'il  esguardereient 

E  sur  lur  liautez  se  mistrent; 

E  cil  esguarderent  e  distrent 

Que  li  greindre  preuz  de  la  terre 

lert  de  Babiloine  comquerre; 
10a a 5  Et  quant  li  Franceis  Tentendirent, 

Si  fud  veirs  qu  il  s'en  deffaillirent, 

E  distrent  que  al  siège  ireient 

E  que  aillurs  n'en  tomereient. 

Quant  li  rois  oi  la  descorde , 
ioa3o  Ou  Deus  ne  voleit  mètre  acorde, 

E  que  c'ert  par  les  genz  de  France , 

Lors  dist  illoques  sanz  dotance  Fol.  75  6. 

Que  se  li  Franceis  le  creussent 

Qu'en  Babiloine  s'esmeussent  : 
10935  trVeez  m'estorie  a  Acre  arestee, 

(f  Que  ja  lur  aveie  aprestee 

tr  A  porter  enz  lor  guarnestures, 

trLor  hemeis  e  lor  trusseures 

(t E  lor  bescuit  e  ior  farine; 
10960  «rE  l'ost  alast  par  la  marine, 

r  E  je  menasse  a  mes  deniers 

ffEl  non  Deu  set  cent  chevaliers, 

tr  E  deus  mile  serjanz  oveques 

ri  menasse  des  ci  ilioques; 
109 65  rE  si  sachent  encor  de  veir 

(T  Que  nuls  proz  hom  a  mon  aveir 

trNe  faillist  ja  por  nul  affaire; 

(tE  quant  il  ço  ne  volent  faire, 

(rGe  sui  tut  prest  d'aler  al  siège, 
io95o  «rForsqucparseint  Lambert  de  Lege, 

r  Sachent  que  jo  nés  merrai  mie, 

ffMais  bien  iere  en  lor  compainie.)) 

Lors  comanda  sanz  plus  d'atente 

Que  les  sues  genz  en  la  tente 
10955  De  rOspital  tuit  s'asemblassent , 

E  que  illoques  esguardassent 


ioi85  de  manque  —  10186  ici  —  10188  desireint  —  10191  doz  —  10199  Muoms  —  Après  1019& 
laewiê  de  deux  verê  —  10195  rien  conquerent  —  10197  recourir  —  10198  ourir  —  10901  icels,  i  furent 
—  i09o5  affaire  —  10906  freit  —  10911  cum  g.  t.  ne  d.;  t7  doit  manquer  quatre  ven  aprèi  celm-â  — 
1091 3  Des  t.  ou  c.  —  io995  entendiret  —  10997  quai  —  10989  Lortt  —  i0935  apraslee  —  i0953  Loret 


18 


UIMIVEKiC    BâTIOntlS. 


275 


L'ESTOIRB  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


376 


ItimertriMm  /ti- 
<«nii,  VI  »  ▼. 

Richard  fait 
une  npéditko 
âvec  les  Fraaçaia 
poar  sarpreodre 
aae  earatane 
(to  juin  >i9a). 

Fol.  75  c. 


Quel  aide  al  siège  i  tendreient 
Quant  vers  Jérusalem  vendreient. 
E  il  i  vindrent  e  s'asistrent, 

10360  E  mult  richement  i  premistrent, 
E  tels  i  oSri  mult  granz  offres 
Qui  mult  aveit  poi  en  ses  cofres; 
Mais  trop  grant  folnr  enpreissent 
Si  en  icel  point  Tasegissent 

10965  Après  ço  que  cil  qui  jurèrent 
Par  bone  fei  lor  desloerent. 

Endementers  qu'il  prometeient 
Ço  qu'ai  siège  mètre  deveient, 
Estes  vos  que  Bernard  Tespie, 

10270  Uns  hom  qui  iert  nez  de  Sulie, 
Sei  tiens  d'autretels  barbarins, 
Od  vestemenz  de  Sarazins, 
De  Babiloine  reveneîent , 
Ne  d'autre  mestier  ne  serveîent 

10375  Fors  d'espier  Tost  sarazine; 
Si  vos  os  bien  dire  en  plevine 
Conques  ne  vi  gent  mielz  senblasent 
Sarazins,  ne  qui  mielz  parlassent 
Sarazinois,  oiant  la  gent. 

1 0380  Chescons  d'els  trois  cent  mars  d'argent 
Aveit  del  rei  Richart  eu 
De  ço  qu'il  esteient  meu. 
Cil  distrent  al  rei  bêlement 
Que  il  montast  ignelement 

10385  E  ses  genz,  e  il  le  mereient 
Jusqu'as  carvanes  ki  veneienl 
Devers  Babiloine  chargiees, 
Que  il  aveient  espiees; 
E  si  tost  com  li  reis  le  oi , 

10390  Enz  en  son  cuer  s'en  esjoi, 
E  manda  al  duc  de  Burgoine 
Qu'il  venist  a  celé  besoinc 
E  meuast  od  lui  les  Franceis; 
E  il  si  fist,  fors  que  anceis 


10995  Distrent  qu'il  voleient  aveir 
Le  tierc  del  guaing  de  i'aveir, 
E  li  rois  le  lor  graanta. 
Lors  montèrent  e  il  monta, 
E  furent  dune  illoc  esmë 

io3oo  Cinc  cent  chevalers  bien  armé, 
E  mil  serjanz  preuz  e  legiers 
iMena  li  reis  od  ses  dmiers, 
E  il  devant  sis  cors  demaine. 
Ço  fud  un  seir  de  diemaine; 

io3o5  Tute  nuit  a  la  lune  errèrent, 
One  si  poi  non  ne  s'aresterent, 
Ainz  furent  a  la  Galatie; 
La  descendi  la  gent  hardie, 
Tote  garnie  de  bataille, 

io3io  Et  enveiereot  por  vitaille 
A  Escalone,  e  la  se  tindrent 
Tant  que  li  escuier  revindrent. 
Si  tost  com  nostre  gent  a^esmurent, 
Li  reis  e  cil  qui  od  lui  fiirent, 

io3i5  Eth  vos  c'une  espie  s^en  torne 
A  Jérusalem  e  retome 
Dreil  a  Salahadin  conter 
Qu'il  ot  veu  le  rei  monter 
Por  aler  ses  carvanes  prendre. 

io33o  Salahadin»  sanz  plus  atendre 
Prist  cinc  cent  Turd  toz  esleuz , 
Des  meillors  qu'il  aveit  enz; 
Sis  enveia  dreit  as  carvanes. 
Et  aveient  e  arcs  et  canes; 

to395  E  quant  il  od  cels  s'asemblerent 
Qui  les  carvanes  amenèrent, 
Deus  mile  a  cheval  les  esmouent 
Estre  cels  a  pië  qui  aloueot. 
Estes  vos  au  rei  une  espie 

io33o  Poignant  dreit  a  la  Galatie, 
Sil  hasta  mult  que  tost  venist 
E  que  l'ost  coie  se  tenist 


Fol.  75  d. 


10966  done  fci  —  10977  sasenbiasent  —  i098&  QttH  —  10988  Qail  —  10993  ad  lui  —  10197  fpnoÈU 
—  10998  Lores  —  io3o6  dimaine  —  io3i5  can  e.  —  io3i6  De  ierasalem  —  io399  esleus  —  loSsS  Si 
c.  —  10399  Eth  YO8 —  io339  coi 


/fiMr«rnni/li- 
carAj  Vif  tT< 

Richard  eidèf  c 
la  caraTane  après 
OB  brillant  oxb- 
bat  (•t'ftS  JQia 
119a). 


277 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


278 


Fol.  7 1  a. 


E  qu'a  la  reonde  cisterne, 
Entor  e  environ  le  cerne, 
io335  lert  une  carvane  venue, 
E  qui  celé  avreit  retenue 

m 

Mult  i  poreit  grant  chose  aquere. 
L  espie  iert  née  de  la  terre, 
Si  ne  se  pot  pas  en  lui  croire 

io3/io  Li  reis,  einz  envoia  anoire 
Un  Bedoin  e  deux  serjanz 
Turcoples,  preuz  e  encerchanz, 
Por  enquerre  e  por  espier, 
E  fist  les  Turcoples  lier 

io3/i5  A  la  guise  del  Bedoin, 
AIsi  corne  autre  Saraizin; 
E  fud  par  nuit  que  il  errèrent  : 
Par  mi  les  anguardes  montèrent, 
E  montèrent  e  descendirent, 

io35o  Tant  que  en  une  anguarde  virent 
Guaitier  ne  sai  quanz  Sarasins; 
E  lespie  e  li  Bedoins 
S'aia  pas  por  pas  vers  els  traire, 
E  fist  ses  deus  compaignons  taire, 

io355  Qu'il  ne  fussent  apereeu. 
Dont  li  Turc  furent  deceu. 
Cil  de  la  as  noz  demandèrent 
Dont  e  de  quel  part  venu  erent; 
E  li  Bedoins  s'abandone, 

io36o  Si  dist  que  devers  Escalone, 
D'une  proie  qu'il  orent  prise. 
Li  uns  respondi  a  sa  guise  : 
rEnçois  venez  por  nos  mais  quere  : 
(tTu  i^  od  le  rei  d'Engletere.  t) 

io365  Li  Bedoins  dist:  fr Vos  mentez. t^ 
Lors  fud  d'errer  entalentez, 
Si  s'en  ala  vers  les  carvanes, 
E  li  Turc  as  arcs  e  as  canes 
Les  sivirent  o  les  chacierent, 

10370  Tant  que  par  ennui  les  laissèrent. 


E  quiderent  qu'il  fust  des  lur; 

Eli  Bedoins  prist  son  tur. 

Quant  la  vérité  ot  seue  Fol.  76  6. 

Que  la  carvane  esteit  venue, 
10375  Si  li  fu  a  grant  sen  tome. 

Eth  le  vos  al  rei  retomë. 

Si  lui  dist  qu'il  saveit  de  veir 

Qu'il  poeit  la  carvane  avoir; 

E  li  reis  el  non  a  seint  Jorge 
io38o  Fist  douer  as  chevals  lor  oi^ge. 

Lors  mangèrent  e  puis  montèrent, 

E  trestute  la  nuit  errèrent. 

Tant  que  a  meimes  le  liu  furent 

Ou  la  carvane  e  li  Turc  jurent. 
io385  Ethile  vos  illoc  aresté. 

Bel  tens  feseit  cum  en  este; 

Li  reis  s'arma  e  tuit  s'armèrent, 

E  lor  batailles  conreerent. 

François  firent  la  riere  guande , 
10390  E  li  reis  fud  en  l'avanguardc, 

Qui  fist  par  tote  l'ost  crier 

Que  qui  ne  voldreit  oblier 

Sonor  qu'a  gaing  ne  tendist, 

Mais  tote  voies  entendist 
10396  As  Turs  descomfire  e  perchier 

E  a  ferir  des  branz  d'acier. 

Endementers  qu'il  conreouent 

Lor  batailles  e  ordenouent, 

Eth  vos  une  autre  espie  al  rei 
10/100  Venir  poignant  a  grant  desrei, 

Ki  lui  dist  que  des  l'enjornee 

Esteit  la  carvane  atomee, 

E  qu'il  s'erent  aparoeu  ; 

E  quant  li  reis  ot  ço  seu , 
io6o5  Si  enveia  avant  archiers, 

Tarcoples  e  arbalastiers, 

Por  herdeier  e  détenir. 

Tant  qu'il  peust  as  Turs  venir.  Fol.  76  c. 


iod33  ronde  — 
10369  les  m«fi^f««  — 


to33&  E.  a  e.  —  ]o365  de  —  103^7  <P^  — 
- 10373  verte  —  10379  'i  '^  ^^  "*"  lo^^i  Lofei 


io35o  queo  —  io36G  Lores  — 
—  iod86  «1  wumquê  — •  10899  ^"^  ^' 

18. 


279 


L*ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


380 


Endementers  qu'il  herdeioient, 

10^1 10  E  lor  batailles  aprismouent, 

E  tant  viodrent  que  près  d'eU  furent; 
E  quant  li  Turc  les  aparçurent, 
Il  se  trestrent  a  un  condos 
D'une  montaine  pur  ados, 

lohih  De  bataille  tut  conreë; 

Mais  n'erent  pas  trop  desreë; 
E  li  reis  par  de  deus  parties 
Ot  ses  batailles  départies; 
Ë  cil  trestrent  e  herdeierent, 

10^90  Quant  les  batailles  aprismerent, 
Ausi  espès  corne  rosée; 
E  la  carvane  ierl  arestee; 
E  li  bons  reis  a  bone  estraine 
En  lor  bataille  preroeraine 

10695  Ala  ferir  si  durement 

Que  jo  vos  di  seurement 
Que  il  e  si  autre  conrei 
Les  ferirent  od  tel  desrei 
Queonques  tant  n'en  enconlrerent 

io63o  Corn  a  la  terre  en  reversèrent. 
N'onques  puis  Turs  ne  retorna, 
Si  en  fuiant  ne  trestorua, 
N'onques  puis  n'i  ot  recovrier, 
Mais  tôt  autresi  corn  lévrier 

10^35  Teinssent  le  lèvre  a  la  campaine, 
Tut  autresi  par  la  montaine 
Fesoient  nostre  gent  la  kir, 
E  les  meteit  a  tel  dolur 
Qu'el  s'en  fuoit  tote  espartie 

loàâo  E  descomfite  e  départie, 
E  la  carvane  esteit  leissiee; 
E  nostre  gent  tote  esleissiee 
Chaçoit  tozjorz  destre  e  senestre; 
Pol.  76  d.  Si  dit  cil  qui  puis  sot  lor  estre 

10^65  Que  tant  en  loinz  dura  la  fuie 
Des  Turs  en  la  lai^e  berruie 


Qu'il  chaeient  de  sei  estaiot; 

E  cil  qui  esteient  ataint, 

Li  chevaler  les  abateient 
io/i5o  E  li  serjant  les  ocieient. 

La  veissiez  seles  tumer 

E  gent  laidement  atomer; 

La  veissiez  fiers  cops  de  guerre 

Ferir  al  preu  rei  d'Engletere. 
10&55  Si  ne  quidez  pas  que  j'enprenge 

Dire  de  li  ici  losenge; 

Car  tantes  genz  ses  biaus  cops  virent 

Que  sor  ço  arester  me  firent. 

La  veissiez  le  rei  chacier 
10&60  Les  Turs,  el  poing  le  brant  d'acier. 

Que  cels  que  il  aconsiveit 

Issi  com  il  les  parsiweit 

Que  ja  arme  nés  defendist 

Jusqu'enz  es  denz  nés  porfendist, 
io665  Que  tut  autresi  le  fuioient 

Cume  berbiz  qui  le  lou  voient. 

Cum  issi  li  premier  chaçouent 

Par  la  montaine  e  les  tesoient, 

E  Saraizin  jusques  a  trente 
10&70  Trestomerent  jusque  une  aente, 

Par  dreit  curuz  e  par  envie, 

Desur  Roger  de  Toenie  : 

Son  cheval  desoz  lui  ocistrent, 

Si  que  por  poi  que  il  nel  pristrent. 
10675  Eth  vos  dreit  a  la  gent  paiane 

Un  compainon,  Juquel  del  Maine, 

Qui  erraument  fud  abatuz, 

E  Rogiers  qui  s'iert  combatui 

Ala  tut  a  pië  al  rescure; 
10680  Lors  veissiez  noz  genz  acure.  Fol.  77 

Ferant  illoc  destre  e  senestre; 

Si  viul  li  coens  de  Leiceslre, 

Si  vint  Gileberz  Malesmains, 

Sei  tierc  od  sei  e  altre  al  mains, 


loâiS  Ci  tr.  —  io6d3  recourir  —  10639  Qude  —  io656  Por  dire  —  10661  quil  —  10666  Gum  — 
loàôgjuiqui — 10671  e  par  dreit  enuie — 10673  ch  sor  lui — 10676  quil — io676juqaet — 10680  Lores 


381 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


283 


H)/i85  Ë  Alixandre  Arsis  i  vint, 

E  chevaliers  ou  quinze  ou  vint; 
Si  i  vint  de  Loingchamp  Estienes, 
Qui  par  mi  liu  des  genz  paienes 
Fist  a  Rogier  si  grant  bunté 

10/190  Quil  le  rota  cheval  monte. 
La  veissiez  descomfiture 
De  cele  gent  oitre  nature; 
La  veisFiez  granz  cops  d'espees, 
Piez  e  poinz  e  testes  copees, 

10690  Porfendues  par  oilz,  par  bûches, 
Tanz  cors  morz  gisanz  cume  chocfaes 
Que  nostre  gent  enpeecoient 
Si  que  en  som  en  trebuchoienf. 
Bien  i  ferirent  Poitevin, 

io5oo  Normant,  Engleis  e  Angevin, 
E  li  bon  reis  hardiz  et  pruz 
Le  faisoit  bien  par  en  sum  tuz. 
La  veissiez  des  Turs  tel  glaive. 
Tel. ne  vit  Fem  el  tens  nostre  aive, 

io5o5  E  furent  mort  e  si  aquis, 
Ço  fud  bien  seu  e  enquis, 
C'uns  petiz  garz  de  povre  pris 
En  peust  tuer  set  ou  dis. 
La  veissiez  les  sumettiers 

loSio  As  serganz  et  as  chevaliers 

Venir  prisons,  e  se  rendeient, 
E  les  granz  chameilz  lor  teadeient 
Par  les  cheveslres  tuz  chargiez, 
Les  muls,  les  mules,  ço  sachiez, 

to5i5  Qui  tanz  aveirs  de  granz  noblesces 
Fol.  77  6.  Portouent  e  tantes  richesces, 

Or  e  argent,  pailles,  samiz. 
De  la  terre  al  seignor  Damiz, 
E  mutabez  e  baudequins 

loSao  E  ciglatons  e  osterins, 

Casingans  e  coiites  parpaintes, 
E  bêles  vesteures  cointes. 


Bels  pavillons  e  bêles  tentes, 
Manovrees  0  granz  ententes, 

10695  Bescuit,  forment,  orges,  farines, 
Letuaries  e  médecines, 
Bacins,  bucels  e  eskekiers, 
E  poz  d'argent  e  chandeillers, 
PeivTc  e  comin  e  çucre  e  cire, 

io53o  Tant  que  nel  savreie  redire. 
Tantes  espèces  de  maneres 
E  tantes  autres  choses  chieres 
E  tantes  bêles  armeures, 
Forze  legieres  e  seures, 

io535  E  tel  richece  e  tel  aveir 

Qu'il  diseient  illoc  por  veir 
Conques  el  tens  de  nule  guerre 
N'ot  tel  guaing  feit  en  la  terre. 
Quant  la  chenaille  fud  ocise 

loo'jo  E  la  riche  carvane  prise, 

Mult  aveient  feit  riche  eskec; 
Mais  mult  furent  grevé  illoc 
Des  chameilz  cursiers  assembler, 
Que  lote  Tost  firent  trobler; 

io5/i5  Car  si  durement  s'en  fuioient, 
Quant  cil  a  cheval  les  sivoient, 
Ke  Deus  ne  fist  rien  si  ignele. 
Cerf  ne  bise,  daim  ne  gacele. 
Que  aconsivre  les  peust, 

io55o  S'un  poi  esluinë  les  eust; 

Si  distrent  cil  quis  aunerent, 
Qui  sanz  les  serjanz  les  esmerent. 
Que  quatre  mile  e  set  cent  ierent 
Les  chameilz  quil  i  guainerent; 

1  o555  E  tanz  i  ot  mules  e  mus 
E  tanz  asnes  portant  seurs 
Qu'il  nés  porent  onques  nombrer 
Ne  feseient  fors  encombrier; 
E  dient  bien  qu'en  cele  chace 

io56o  Que  haut  que  bas  que  en  la  place 


îtmerêrimm  Hi- 
CMrdi,  VI ,  V. 

Enom^tioD 
d^aaiiiMQxeap 
tarés  et  det  en- 
nemii  tné». 


Fol.  77  e. 


10696  gisant  fMn^,  cxun  —  10697  en  pecoient  —  10698  /«•  êecond  en  manqn$  —  10607  Gom  p.  — 
io5i7  p.  e —  io5i9  boUbciedaubequis  —  loSai  E  calingans e  comtes  p. —  loSss  veslures  —  loôaà  egrani 
—  io53o8aueie —  io53i  Tances — io536  legien —  io553Qualrei  mile  eviiic  mars  esmerent — so56oquen 


383 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


88i 


Itmerêiium  Bi-    i  o 565 
fitrii,  VI ,  VI. 

ParUgedu  bu- 
Ud. 


La  comte  Henri 
rrjoiDt  Richard. 


Fol.  77  d. 


10570 


10575 


io58o 


10585 


1 0590 


It'mtrarium  Bi- 
e*rdi ,  VI ,  VII. 

Dëtespoir    de 
rhnnëc      qu'on    10595 
«npécbe  de  mar- 
cher eon  Ire  Jrni- 
Mlem. 


Ot  bien  mort  mil  Turs  a  cheval 
E  set  cenz  qu'el  mont  que  el  val, 
Estre  cels  a  pië  qu'il  tuèrent, 
Qui  onques  ne  se  remuèrent. 

Lors  errèrent  par  tels  jornees 
Com  il  aveient  atornees, 
Tant  qu'il  vindrent  devant  Betafe  : 
C'est  a  quatre  liuues  de  Jaffe; 
Lor  guaing  illoc  départirent, 
E  quant  d'iloques  s'en  partirent, 
Si  firent  en  lor  retornee 
A  Rames  lor  autre  jornce; 
E  l'ost  repaira  d'Acre  illoques, 
Li  coens  Henris,  sesgenz  oveques, 
E  vindrent  tuit  en  l'ost  ariere. 
La  veissiez  joie  pleniere 
De  la  grant  merveille  qu'il  virent 
Des  bestes  qui  l'ost  raemplirent. 
Li  reis  départi  les  chameilz. 
Tant  bels  ne  furent  ven  d'oilz, 
As  chevaliers  qui  l'ost  gardèrent, 
Alsi  com  a  cels  qui  errèrent; 
E  muls  e  mules  ensement 
Lur  départi  il  richement; 
E  toz  les  ânes  as  serjanz 
Fist  il  doner,  petiz  e  granz. 
Eth  vos  l'ost  de  bestes  si  pleine 
Que  Ten  les  teneit  a  grant  paine. 
Mais  les  joefnes  chameilz  tuouent 
E  les  chars  volen tiers  manjouent, 
Car  ele  iert  blanche  et  savoree 
Quant  ele  iert  rostie  e  lardée. 

Quant  les  bestes  furent  donees 
Par  mi  lost  e  abandonees. 
Tant  que  li  plnsor  s'en  plaignouent 
Por  l'orge  qu'il  encherissouenl. 
Lors  recomencerent  a  dire 
Les  genz  qui  aveient  grant  ire 


Que  Jérusalem  n'aseoient, 

10600  Car  grant  desirier  en  aveient; 
E  n'erent  pas  asseuré 
Icil  qui  aveient  juré 
E  esguardé  que  pasn'ireient, 
Por  lor  conseil  qu'il  rediseient 

io6o5  Que  se  la  citië  asejassent 

Q'entur  si  poi  d'ewe  trovassent 
Que  cheval  ne  bestes  béassent 
Ne  les  genz,  que  li  Turc  peussent, 
Senz  meschief  e  sanz  grant  ahan; 

10610  Car  c'ert  entur  la  seint  Jehan, 
Que  la  chalur  tote  rien  sèche 
En  la  terre,  tele  est  sa  teche; 
E  li  Saraizin  abatues 
Aveient  totes  e  fendues 

1061 5  Les  cisternes,  por  vérité, 
De  tut  environ  la  citié; 
Si  que  devant  bones  deus  lues, 
U  nos  n'avioms  pais  ne  triuues, 
Ne  fust  sanz  grieve  eve  trovee, 

10690  Ço  soit  l'em  de  verte  provee. 
Fors  une  mult  petite  ewette, 
Qui  curt  desuz  mont  Olivete 
En  Josaphas,  ço  est  Siloé; 
Si  ne  fud  pas  par  cels  loé 

10695  Q'entur  la  citié  se  meissent, 
Ne  k'en  esté  siège  i  feissent. 
Quant  la  parole  fud  seue, 
Descoverte  e  aconseuè. 
Qu'en  Jérusalem  pas  n'ireient 

io63o  E  que  il  se  retomereient , 
La  veissiez  gent  tant  dolente 
Qu'il  maudiseient  celé  atente 
Ke  il  aveient  atendue 
E  que  tente  i  eurent  tendue, 

io635  Quant  Jernsàlem  n'iert  assise 
Ne  ne  poeit  estre  conquise  ; 


Fol.  78  fl. 


io56a  quel  val  —  10676  c  ses  ÇGfix  —  io58i  cbeoals —  10689  ^^'  fn&mqw  —  10697  Loret — 
10601  E  cil  —  to6io  vente  —  io63o  qoil  —  io6d3  Kil  ^—  io636  poeiet 


285 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAIKTE. 


286 


trmium  Bi- 

,  VI  ,  TIII. 

Kffiealt^s 
In    Fran- 


«  dac  de 
JTOgne  fait 
aneehaaioa 
«  Richard, 
»lai-€i  r^ 
le  par  une 
•  chaniOD. 


Fol.  78  6. 


Car  puia  jor  ne  rovassent  vivre 
Que  Jérusalem  fust  délivre. 
Seigdor,  or  ne  vos  merveiiliez 

106/io  Si  Deus  ot  en  vain  travilliez 
Noz  pèlerins  si  com  deimes; 
Car  verlez  fud  que  nos  veimes 
Parmeintes  feiz  quant  herbergerent, 
Al  seir  quant  il  d'errer  las  ierent, 

io6/i5  Que  li  Franceis  se  departouent 
Des  autres  genz  e  se  tendouent 
Tôt  par  els  a  une  partie^ 
Si  que  Tost  iert  si  départie 
Que  li  uns  por  veir  sanz  mentir 

io65o  Ne  Yoleit  Tautre  consentir; 

Eiuz  dist  li  uns  :  «rTu  es  itels,?) 
Ë  laulre  a  lui  :  irTu  es  iqueb;^ 
Et  Henri  li  dux  de  Burgoine, 
Ki  mult  enpoira  la  besoinè, 

io655  Par  surfeit  e  par  gnant  desrei 
Fist  fere  une  chançon  del  rei, 
Si  que  la  chançon  fud  vilaine 
Ë  de  grant  vilainie  plaine, 
Ë  la  chançon  par  Tost  hanta. 

10660  Que  pot  li  reis  s'il  rechanta 
De  cels  qui  le  coniraliouent 
Par  fine  envie  e  ramponouent? 
Ë  de  gent  si  desmesuree 
N'iert  ja  bone  chançon  chantée 

io665  N'ovraine  feite  que  Deu  voie, 
Si  com  il  fist  a  Tautre  veie, 
Quant  Ântioche  fud  assise 
E  nostre  gent  par  force  enz  mise, 
Dont  Ten  reconte  encor  Testorie, 

10670  De  cels  qui  Deus  dona  victorie, 
De  Buiamont  et  de  Tancrë, 
C'erent  pèlerin  esmeré, 
E  de  Godefreide  Buillun, 


I 


Ë  de  hauz  princes  de  grant  non, 
10675  E  des  autres  qui  lors  i  furent, 

Qui  el  Deu  servise  s'esmui'ent, 

Tant  qu  il  lor  rendi  lor  servise 

A  lur  grë  et  a  lur  devise 

E  lor  ovraines  suzhauça 
1 0680  Par  tantes  feiz  et  eshauça , 

Ë  eus  e  totes  lor  lignées; 

Si  en  sunt  encore  eshaucees. 

Dis  jorz  ou  duze,  que  ne  mente, 

Au  veir  dire,  a  la  meie  entente, 
io685  Puis  que  la  carvane  fud  prise, 

Sujorna  lost  eu  itel  guise 

Cum  vos  m*avez  oi  cunter; 

Ë  quant  a  rien  ne  pot  monter 

Por  nul  travail  qu'il  i  meissent 
10690  Que  le  sépulcre  requeissent 

Dont  a  quatre  liuues  esteient, 

Ë  dont  grant  doel  es  cuers  aveient. 

Si  s'en  retomerent  ariere 

Od  tel  desbeit  e  od  tel  chiere 
10695  Que  suz  ciel  de  gent  si  eslite 

N'ot  plus  mate  ne  desconfite. 

Lur  ariere  guarde  establirent; 

Ë  si  tost  com  il  se  partirent, 

Ë  li  Sarazin  acururent 
10700  De  la  montaine  e  les  parsurent, 

Tant  que  un  serjant  nos  ocistrent; 

Mais  cil  qui  es  bons  chevais  sistreut 

Les  reuserent  e  chacierent. 

Puis  errèrent  e  ohevalchierent 
10705  Tresque  entre  Saint  Jorge  e  Rames; 

Ë  icel  jor  que  nos  errâmes 

Ot  cine  anz  senz  plus  que  la  terre 

Rot  esté  perdue  par  guerre. 

Li  Franceis  furent  a  senestre, 
10710  E  lireis  e  sa  gent  a  deaire; 


IHneratiwm  i?S- 
earii,  VI,  ix. 

Retraite  des 
rhrétif ns  (&  jaii- 
l4>t  a  19a). 


Fol.  78  c. 


10689  ore  —  io64i  no»  deimes  —  106 43  quant  il  —  io6/i4  quant  ils  errèrent  —  10659  Car  la  — 
10661  le  manqué  —  io665  Noueraine  —  16669  encore  —  1067a  Vêrê  répété  dam  le  m$.  —  10675  lores 
—  10676  Qui  deu  seruirent  et  munirent  —  10681  E  il  e  t.  —  io68d  que  jo  ne  —  10689  ^  ><MM^  — * 
1069Â  e  mtuiquê  —  10698  actirerent —  10709  tiatret  —  10707  cent  ani  —  10709  lurent 


287 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


388 


Ittmerwrimm  Ai- 
CÊréi,  VI,  X. 

Saladio  réunit 
ODlès  ies  forcer. 


Fol.  78  d. 


E  reodemain,  quanl  ii  errereot, 
Tôt  autresi  se  devisèrent. 
Devant  Chasel  Meien  revindrent, 
E  se  tendirent  e  se  tindrent, 

10715  Et  tels  i  ot  s'en  départirent 
Et  a  Jaffe  s'en  revertirent 
Por  Tenui  e  por  la  poverle 
Qu  il  aveienl  en  Tost  sofferte. 
Quant  Salahadin  sot  de  veir 

107^0  Que  noz  genz  nul  conseil  aveir 
Ne  porent  fors  d'aler  ariere, 
Lors  ol  joie  e  fist  bêle  chiere, 
E  fist  chau  pas  ses  briefs  escrire, 
E  prist  meint  messagier  délivre; 

107^25  Si  manda  as  Turs  qui  Tamouent 
Que  ii  crislien  s'en  alouent, 
E  que  tut  erent  a  descorde 
E  départi  sanz  point  d'acorde; 
E  qui  voldreit  de  son  aveir 

10730  Venist,  se  il  en  voleit  aveir, 
En  Jérusalem  a  soudées. 
Elh  vos  la  tant  genz  assemblées. 
Que  dedenz  que  dehors  la  vile , 
Ke  esmë  furent  bien  a  vint  mile, 

10735  Turs  a  cheval  e  bien  arme, 
Estre  cels  de  pië  ki  esmé 
Ne  peussent  de  legier  esire, 
Qui  tuit  saveient  bien  noslre  estre, 
E  ki  mult  bien  le  nos  mustrerent 


10760 


Itimmmrimm  Bi- 
emrii,  VI,  xi. 

Richard  de- 
mande one  tréte 
wn*  Tobtenir. 


Si  tost  com  noz  genz  relomerent 
Illoc  ou  noz  genz  surjornerenl. 

De  jur  en  jur  s'en  revenouent 
Por  le  desheit  e  s'en  partouent, 
10765  E  a  Jafle  s'en  retomouent. 

Que  trop  povre  vie  menouent; 
E  quant  Ii  reis  les  vit  retraire 
E  qu'il  ne  poeit  a  chief  traire 


De  mener  l'ost  a  droite  voie, 
10750  E  sur  ço  plus  que  vos  diroie? 

Fors  qu'il  manda  a  Saffadin 

Qu'il  parlast  a  Salahadin, 

E  Ii  feist  par  tens  saveir 

Se  ii  poreit  la  triuue  aveir 
10755  Qu'il  lui  offri  as  plains  de  Rames, 

Issi  com  nos  le  vos  contâmes. 

Tant  qu'il  revenist  de  sa  terre; 

Il  l'ala  al  soldan  requere  : 

Mais  il  sot  nostre  retornee 
10760  De  la  premeraine  jornee; 

Si  ne  Ii  Volt  solement  onques 

Les  triuues  otrier  idonques , 

S'  Escalone  n'iert  abatue. 

Eth  vos  la  novele  esbatue 
10765  De  si  qu'au  rei  a  l'ost  ariere. 

Qui  onc  n'en  fist  semblant  ne  chiere, 

N'onques  nés  en  veit  escoltier; 

Einz  comanda  chau  pas  monter 

Que  Templiers,  que  Hospitaliers.        Fol.  79  a. 
10770  Ke  autres  trois  cent  chevaliers; 

Si  comanda  qu'il  abatissent 

Le  Daron,  e  que  il  feissent 

Prendre  d'Escalone  grant  garde 

Que  il  n'en  perdist  par  mesgarde. 
10775  Cil  alerent  e  l'abatirent, 

E  puis  a  l'ost  s'en  revertirent, 

E  revint  l'ost  a  Jafle  ariere, 

Pesante  e  od  pensive  chiere, 

£  de  Jafle  a  Acre  erraument; 
10780  Mais  mult  remist  a  Jafle  gent 

Seine  e  malade,  après  la  rote. 

Qui  puis  i  furent  a  grant  dote. 

Eth  vos  a  Acre  revenue 

L'ost  par  la  ou  ele  ert  venue , 
10785  Mate  e  comfuse,  un  diemaine; 

Mais  issi  veit  qui  pechié  maine. 


Riebaid  («it 
détruire  le  Di- 
roB«  forliicr 
Aacaloo  H  n- 
CoomeèAcrtpar 
Jaft  (tajoHM 
ii9t). 


10717  Par,  par —  10711  del  aler  —  1073a  gent —  107&3  se  retornouent —  107/15  reveDouent —  10766 
Qui,  trop  man^ —  10768  pot —  10754  Sil —  10756  corne  — 10758  E  ilala  — 10766  Que —  10770  Kautres 
—  10779  quil  —  10776  Quil  —  10776  E  numqui —  10779  *  Acremaii^ —  1078s  Que —  10785  dimaine 


289 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


290 


trdi,  VI,  xn. 

Saladia  marcbe 
»ntre  Jaflà. 


Fol.  79  6. 


ituttrarÛÊm  Ri- 
trdi,  VI,  un. 

Attaque  de 
iffa  par  Sala- 
in  (to  juillet). 


Si  tost  corne  Salahadins 
E  li  sons  frères  Saffadins 
Seurent  que  nos  nos  départîmes 

10790  De  Jaffe,  si  com  vos  deimes, 
E  que  nos  nos  en  esloignames 
Od  tel  deshet  com  nos  contâmes, 
Elh  vos  Tost  semonse  e  banie 
Des  fieres  genz  de  paenie; 

10795  E  ot  bien  donques  li  soldans 
A  cel  termine  e  a  cel  tans 
Turs  a  cheval  plus  de  vint  mile, 
E  si  ot  Tamirail  de  Bile, 
Si  i  ot  le  filz  le  Hausasis, 

10800  E  admiralz  bien  cent  e  sis, 
E  gent  de  pië  de  la  montaine, 
Tant  qu'el  covroit  tote  la  plaine. 
Eth  vos  Tost  tote  descendue 
De  Jérusalem  et  tendue 

io8o5  Es  pleins  de  Rames  ça  aval; 
La  veissiez  meint  bel  cheval. 

Le  demeinche,  el  jur  meimes 
Que  a  Acre  nus  revenimes, 
Fud  de  Jaffe  Tost  atrovee 

10810  De  la  pacne  gent  desvee, 
E  le  lunsdi  si  assaillirent 


Dehors  es  jardins  s'encontrerent, 
E  tute  jor  les  contresterent, 

1081 5  Si  qu  onques  cel  jor  n'aprismerent 
Del  chastel,  tant  les  herdeierent. 
Ne  Tendemain  qui  fud  marsdi, 
Ne  le  tierc  jor;  mais  le  joesdi 
Fud  la  vile  entur  asiegiee, 

10890  E  la  gent  dedenz  trop  gregiee; 
E  fist  drescier  quatre  perieres 
Salahadins  forz  e  legieres 
E  dous  mangonels  a  jetler; 


E  donc  oissiez  regreter 

10835  As  cristiens  dedenz  la  vile. 

Qui  esteient  plus  de  cinc  mile. 
Que  sain  que  malade  gisant, 
Qui  tut  alouent  regretant 
E  diseient:  trHal  reis  d*Engletere, 

io83o  frQue  es  tu  alez  a  Acre  quere? 
ffCrislienté,  com  iés  faillie  I?) 
La  veissiez  gent  assaillie 
A  tel  force  e  od  tel  emprise, 
E  tant  gent  nafree  e  ocise, 

io835  E  si  hardiement  deffendre 
E  si  tost  monter  e  descendre 
Que  suz  ciel  n*ad  riens  quil  veist 
Qui  trop  grant  pitië  n'en  preist. 
Les  perieres  tozjorz  jetèrent^ 

108&0  E  li  mangonel  ne  finerent; 
Cil  dedenz  perieres  aveient, 
Mais  aidier  ne  s'en  saveient. 


Fol.  79  c. 


Li  Turc  jetèrent  a  la  porte 

Devers  Jérusalem  trop  forte, 
108^5  Tant  que  li  arc  de  sus  chairent, 

Dont  nostre  gent  mult  s*esperdirent, 

E  le  mur  a  destre  trencherent  : 

Deus  perches  jus  en  trébuchèrent 

Le  jur  de  vendresdi  sanz  faille.  u  niie  eat 

io85o  La  veissiez  dure  bataille,  [«o!     *  ' 

Quant  li  Turc  en  la  vile  entrèrent  r 

Achamaillé  illoques  erent; 

Mais  li  Turc,  qui  tozjorz  creissouent 

Des  conroizqui  de  Tost  issouent, 
io855  Crurent  tant  que  il  les  perchierent, 

E  que  contre  mont  les  chacierent 

Desqu'el  Toron  devant  la  tur. 

La  veissiez  hisdos  atur 

Des  malades  qui  se  giseient 
10860  Par  les  maisons,  qu'il  ocieient, 


10787  com  —  10788  £  sisfr.  —  10790  si  c  dos  to» —  10791  en  numquê  —  10799  come —  10796  donc 
—  10809  quele  —  10807  dim^che  —  10809  troaee  —  io8id  sis  encontrerent  —  io83&  tant  i  ot 
gent  nafre  —  io838  Que,  grtnt  manque  —  10868  en  manqué  —  io853  qui  manque  —  io855  quil  — 
108  56  qui 


>9 

awftmctia  satioiau. 


291 


L*ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


S9S 


Dont  il  i  ot  maint  bon  martyr. 
La  veissiez  genz  departyr 
E  fuir  s^en  Yen  la  marine; 
E  la  cruel  gent  sarazine 

io8C5  Les  maisons  pristrent  e  pelfrerent, 
E  tresloz  les  blez  en  portèrent 
E  trestoz  les  vins  espandirent. 
Li  un  le  Thoron  assaillirent 
Ou  la  gent  Dampnedeu  esteient, 

10870  Qui  durement  se  defendeient; 
E  li  autre  a  la  mer  cunirent. 
As  nefs,  as  barges  ki  la  furent, 
Ou  noz  genz  voleient  vertir 
Por  ds  salver  e  guarantir. 

10875  La  ot  meint  mort  des  dererains. 
La  vit  Tem  Auberi  de  Rains, 
Fol.  79  d.  Qui  le  chastel  deveit  guarder, 

Si  vilainement  coarder 
Qu'il  îert  entre  en  une  barge 

10880  Por  fuir  s'en  par  la  mer  large, 
QuSnt  li  prodome  Tescrierent 
Tant  que  ariere  ie  retomerent, 
£  mistrent  a  force  el  Thoron, 
E  tant  qu'il  dist  :  «Ici  muron 

I  o885  ir  Por  Deu ,  quant  autre  ne  puet  estre.  y* 
LechAtcMf^  Tut  eutur  els,  destre  e  senestrc. 

Au  pië  dd  Thoron  assailleient 
Tant  Turc  que  il  ne  se  saveient 
De  la  quel  partie  défendre. 

10890  La  veisaîez  pilez  descendre 

E  chaoîr  plus  menu  que  gresle; 
Pié  a  pië  erent  melle  pelle. 
Tote  jor  dura  Teschcrmie, 
Mais  noz  genz  ne  durassent  mie 

10896  As  granz  assalz  ne  a  la  grant  charge, 
Si  Deus  n'eust  le  patriarche 
Novel  feit  feit  illoc  remaindre. 


Qui  por  mûrir  ne  se  veit  faindre 
De  cela  sauver  qui  illoc  esteient 

10900  Qui  a  la  mort  se  eomhateient; 
Einz  manda  a  Salahadin, 
Au  iai^e,au  vaillant Saraân, 
E  Saffadin  qu'il  l'en  preiast. 
Que  une  triuue  lor  otreiast 

10905  Seulement  desqu'a  l'endemain; 
E  il  pemeit  la  chose  en  main, 
S'il  n'aveient  veu  einz  none 
Ou  genz  d'Acre  ou  genz  d'Escalone 
Ou  del  rei  Richart  d'Engletere 

10910  Qu'il  aveient  en veië  quere, 
K'il  metreit  son  cors  en  ostage 
E  autres  genz  de  grant  parage 
A  mètre  en  fers  ou  en  liens 
Que  chescon  d'icek  cristiens 

10915  Qui  el  Thoron  se  combateient 
A  Salahadin  paereient 
Dis  besauz  d'or  deu  tensemeat^ 
E  les  femes  tut  ensement 
Chescone  doreit  cinc  besanz, 

10930  E  trois  por  les  petiz  «nfimz. 
Issi  com  il  le  demanda 
Et  Salahadins  comanda 
Qu'il  fust  afié  e  tenu. 
Eth  vos  le  messagier  venn , 

10990  Eth  vos  la  triuue  graantee 
Ë  la  chose  issi  arestee: 
As  Turs  deus  ostages  livrèrent, 
Ki  od  le  patriarche  alerent: 
Ço  fud  Auberiz  e  Tiebauz 

10980  De  Treies,  qui  iert  preoz  e  bauz, 
Un  serjant  le  conte  Henri, 
Qui  le  son  peire  aveit  nurri , 
E  d'autres  en  i  pot  avoir 
Dont  jo  ne  poi  les  nous  savoir. 


Fol.  80  a. 


10861  ot  manqvê'^  1086/i  croele  —  10876  de  deraim  —  10876  «abri—  10881  11  Mènerait io898  quil 

— '  10889  Itqucle—  10894  ne  demorMBenl—  1 0896  ne  «1  (pr.  —  10897  ^ '^cond  feii  tiumfm ^  lùg9^  veu 
wumqnê  —  10908  le  aecond  gent  iinpi^  —  10917  denteotement  —  10996  gnntee  —  10999 
10930  treis  —  10989  le  manque 


295 


UESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


296 


Si  qu'il  furent  illoc  assis  : 
Ço  estoii  le  filz  al  Hausasis, 

iioi5  Qui  ert  entre  Arsur  e  Cesaire. 

Devers  la  mer  d'un  vent  contraire 
Noz  autres  genz  sunt  destorbees, 
E  li  rois  e  ces  des  gualees, 
Si  que  de  Ireis  jorz  ne  se  murent 

tooao  De  soz  Chaiphas  ou  il  jurent, 
E  que  li  reis  diseit  :  «r  Merci, 
r  Deu  I  por  quoi  me  tenez  ici  ? 
ff  Ja  vois  je  en  vostre  serviseliî 
Mais  Dampnedeus  par  sa  franchise 

11035  Lor  envoia  un  vent  de  boire, 
Qui  le  mena  o  tôt  s*estoire 
Al  port  de  Jafle  al  vendresdi 
Tart  e  par  nuit;  le  samedi 
Fust  la  triuue  a  none  faillie, 

iio3o  E  la  gent  morte  e  malbaillie 
E  a  mort  e  a  doel  livrée, 
Si  Deu  ne  Teust  délivrée 
Par  le  rei  issi  failement 
Com  nos  vos  conterons  briefmenl. 

iio35      Le  preuz  rois  e  ses  genz  menbrees 
Orent  geu  en  lor  gualees 
Tote  la  nuit  del  samedi 


S'arma  e  ses  genz  ensement. 
Il 060  Or  si  orez  deu  tensement, 
Come  la  vile  estoit  tensee 
De  traison  e  porparlee. 
Que  li  Turc  orent  porpensé 
Vers  cels  qui  s'estoient  tensë 
110&5  Por  les  besanz  que  il  pramistreni. 
A  paier  le  matin  les  mistrent, 
Fol.  81a.  E  si  paioient  ja  al  main. 


Et  li  Sarazin  tôt  de  plain, 
Ensi  come  cil  les  paioient, 

iio5o  Et  il  les  testes  lor  trenchoienl. 
Si  quidoient  ovrer  molt  bien  ; 
Mais  honie  soit  foi  de  chien  ! 
Ja  en  avoient  set  tuez 
E  en  une  fosse  estroez, 

iio55  Quant  cil  del  Thoron  s'aperçurent; 
Si  contèrent  cil  qui  la  furent 
Que  illoc  veissiez  dolz  ator. 
Sus  el  Thoron  devant  la  tur. 
De  la  peor  que  cil  avoient 

11060  Qui  a  la  mort  jugië  estoient; 
La  veissiez  tanz  genz  plorer, 
E  meire  a  genoilz  e  orer 
Faire  conf&s  e  copes  batre, 
E  cil  dehors  dedenz  abatre 

iio65  En  la  presse  grant  de  la  gent 
Por  morir  dererainement  : 
Quar  toie  rien,  quant  mort  la  chace, 
Quiert  un  poi  de  tens  e  d'espace. 
Ja  atendoient  lor  martire  : 

11070  Si  pouns  bien  por  verte  dire 
Que  illoc  ot  tels  lermes  plorees 
Que  a  Deu  erent  savorees; 
Car  els  venoient  de  destresce 
De  mort  e  de  la  parfondesce 

11075  De  lur  cuer,  que  a  lui  tendoient. 
Ensi  com  il  mort  atendoient. 
Et  il  n'i  avoit  nule  atente 
Fors  de  morir  a  lor  entente, 
Eht  vos  li  Turc  qui  aperçurent 

11080  Les  gualees  qui  el  port  furent: 
Le  rivage  tôt  contre  val 
Vinrent  a  pië  e  a  cheval, 


m- 

[,  VI ,   XT. 

Richard  déliTre 
le  châtera  et  U 
▼iUe  de  JaSk 
(t*'aodt  it9t). 


iioi5  e.  asur  e  «  cesaire  —  11016  mer  uns  venx  —  11017  Ou  noi  —  11018  E  manfU9  —  11097  le  v. 
—  iioag  Fu  —  iioAo  Ore  —  iio4i  Com  —  iio43  poipensee  —  11066  tensee  —  iio45  qui!  pre- 
mistrent  —  11066  A  lor  paine  I.  —  11067  ja  a  fin  —  11069  com,  les  man^ê  —  iio59  boni  —  iio55  cil 
manque  —  11066  derainement  —  11068  de  tens  e  manqué  —  11070  vente  —  11071  or^nt  tdes  — 
11079  orent  —  11073  eles  —  11075  qua  —  11076  mort  moii^tf* —  11077  forsdatente  —  11078  de  lor  e. 
•—11089  Vint 


297 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


298 


Fol.  81  b.  Que  la  marine  en  fu  si  plaine 

Que  il  i  porent  a  grant  paine. 

iio85  Roeles  avoient  e  larges, 

E  traoient  desi  qu'as  barges 
E  tresqu  as  galees  le  roi. 
La  veissiez  tant  fier  desroi 
De  cels  qui  a  cheval  estoient, 

11090  Qui  dedenz  la  mer  s'enbatoient 
E  traoient  a  estriver 
Que  il  ne  peusseut  ariver, 
E  li  preus  Richarz,  ço  me  semble, 
Toz  ses  veissels  atrait  ensemble 

11095  Por  parler  a  sa  compaignie. 
Lors  dist  a  sa  chevalerie  : 
(T  Gentilz  ehevaler,  que  feroms  ? 
frirom  nos  ou  ariveroms, 
(rOu  coment  le  porom  nos  faire  ?7> 

11100  Si  fu  donc  itele  l'affaire 

Qu  il  ot  d'itels  qui  respondireut 
Que  a  lor  avis  entendirent 
Que  nient  n'estoit  de  Tenprendre 
De  Tariver  ne  del  port  prendre; 

1 1  io5  Car  tuit  quidouent  sanz  devise 
La  gent  del  chastel  fust  ocise. 
Endementers  qu'il  enqueroient 
Saveir  mon  s'il  ariveroient, 
Eth  vos  que  li  rois  d'Engletere 

11110  Vit  saillir  en  mer  de  la  terre 
Un  provoire  messe  chantant 
Qui  vint  al  roi  toi  droit  noant, 
Quil  recoilli  en  sa  gualee. 
Cil  li  dist  :  tr Gentilz  rois,  alee 

1 1 1 1 5  «r  Est  la  gent  que  vos  atent  ci , 
trSe  Deus  e  vos  n'en  ait  merci.  ?> 
Fol.  Sic.  ^  ÇomentfT)  dist  li  rois,  tt  biaus  amis? 

(tVit  en  mes  nul?  ou  sunt  il  mis??) 
(tSire,  oil  :  devant  celé  tor 


1 1 1  ao  «  Atendent  lor  mort  tôt  entor.  ■» 

Si  tost  com  li  rois  entendi 

Que  si  estoit,  plus  n'atendi; 

Lors  dist  :  (r  Deus  nos  fist  ça  venir 

ffPor  soffrir  mort  e  sostenir; 
11135  (tE  quant  morir  nos  i  covient, 

frHoniz  soit  qui  ore  n'en  vient  lu 

Lors  fist  traire  avant  ses  galees; 

Ses  jambes  totes  désarmées, 

Sailli  des  ci  qu'a  la  çainture 
iiiSo  En  mer  0  sa  bone  aventure, 

E  vint  a  force  a  tere  sesche 

Secont  ou  prims,  ço  fu  sa  teche. 

Giefroi  del  Bois  e  de  Prefafs 

Pierre,  li  preu  e  li  reaus, 
iii35  E  tuit  li  autre  après  saillirent. 

As  Turs  vindrent,  sis  assaillirent. 

Dont  la  marine  en  esteit  plaine; 

E  li  fM*euz  reis  sis  cors  demaine 

Les  ocioit  0  s'arbaleste, 
iii&o  E  sa  preuz  gent  hardie  e  preste 

Par  les  rivages  les  sivoient. 

Li  Turc  devant  lui  s'en  fuioient, 

Qu'il  n'i  osoient  aprisroier; 

Et  il  mist  main  al  brant  d'acier, 
iii/i5  Si  lor  curut  en  corant  sore, 

E  les  hasta  si  a  celé  bore 

Qu'il  n'orent  leissir  d'els  défendre, 

Ne  ne  l'osèrent  plus  atendre 

Ne  sa  compagnie  esprovee, 
iii5o  Quis  fereit  come  gent  desvee. 

Tant  les  ferirent  e  hasterent 

Que  la  marine  délivrèrent 

Des  Turs  e  que  toz  hors  les  mistrent.  Fol.  81  d. 

E  donques  après  ço  si  pristrent 
iii55  Toneals  e  fuz  e  planches  larges 

E  vielz  galees  e  vielz  barges. 


1108&  ifnanqw  —  iiogS  E  li  preai  rois  —  11099  nos  manque —  11100  itel  —  iiios  atendirent  — 
itii5  Est  nuauptê  —  iii95  E  manque  —  iii3o  et  sa  boue  —  iii39  ou  premiers  —  iiiSS  e  manque 
—  11137  en  ert  p.  —  11139  ouec  sarbleste  —  iiià8  Ne  len  0.  —  11169  compaigne  —  ]ii5o  com  --• 
iii5i  hastirent  —  iii53  que  manque —  iii5Â  çommm^ 


299 


L*ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


300 


Sin  estoperent  la  marine 
Entr*el8  e  la  gent  saraiine; 
E  i  mist  li  rois  chevalers 

1 M  60  E  serjanz  e  arbalesters 

Qai  as  Sarazins  paletoient; 
E  il  braoient  e  huoient 
E  s'en  partoient  a  enrii. 
Puis  monta  li  rois  une  viz 

1 1 165  Qui  Teit  en  Tostel  as  Templiers  : 
Illoc  entra  il  tôt  premier» 
E  se  mist  a  force  en  la  vile, 
E  trora  bien  plus  de  treis  mile 
Saracins  qui  tôt  eissilloient 

11170  Le  efaastel  etot  en  portoient; 
E  li  plus  hardiz  rois  del  mont, 
Ricbarz,  des  qu'il  fu  sus  a  mont, 
Fist  ses  banieres  desploier, 
E  les  fist  a  mont  entoier 

11175  As  cristiens  tant  qu'il  les  virent; 
E  si  tost  com  il  les  choisirent, 
cr Saint  sépulcre  In  tait  escrierent, 
Lor  armes  pristrent,  si  s'armèrent, 
E  si  ne  demorerent  mie. 

1 1 180  Eht  vos  l'ost  paiene  estormie 

Quant  il  Tirent  not  gent  descendre  : 
La  Teissez  tanz  Turs  estendre. 
Que  li  rois  a  tere  estendoiti 
Nus  a  son  eop  ne  l'atendoit 

iii85  Que  sa  vie  n'en  fost  alee. 
Eth  vos  nostre  gent  avalée 
Fol.  89  a.  Tôt  contre  val  par  mi  les  nies. 

Le  veisBÎei  gent  confutidiiea 
El  oeises  e  deirenchiees; 

iit^o  La  fvrent  les  plaies  vengées 
Des  malades  que  il  tro^rent 
Dedena  la  vile,  qu'il  tuèrent, 
Qui  ne  se  pooient  movoir. 


La  veissiez  genz  aplovoir 

1 1 195  E  Sarazins  litrer  a  honte. 

Que  vos  feroie  jo  long  conte? 
Fors  que  tant  com  en  aconsuirent 
De  cels  qui  en  la  vile  furent, 
Qui  a  lens  eissir  ne  se  porent, 

1 1900  Que  cela  erralment  tuë  orent. 
Eth  vos  la  vile  délivrée 
Et  gent  a  grant  honte  livrée. 
Li  rois  après  els  s'en  eissi , 
Que  le  jor  en  ot  feit  ensi, 

ii9o5  E  n'a  voit  lorsque  treis  che  vais; 
Qu'onques  neis  en  Roneevals 
Nus  hom  ne  joefnes  n'anciens 
Ne  Sarazins  ne  cristiens 
Ne  se  contint  a  sa  manière; 

1 1910  Car  quant  lors  virent  sa  baniere, 
Si  frémirent  destre  e  senestre. 
La  ne  volsist  nul  coart  estre, 
Que  Deu  ne  fist  ne  neif  ne  pluie, 
Quant  ele  cbet  tant  qu'ele  henuie, 

ii9i5  Qui  chiece  plus  espesement 
Que  pilet  plus  menuement 
E  quarel  illuc  ne  pleusent, 
E  que  plus  entr'els  n'en  eussent. 
Eth  vos  ta  Dovele  aportee 

11990  A  Salebadin  e  contée 

Que  sa  gent  si  ert  assaillie; 
E  i),  la  persone  failKe , 
Qui  estoil  plus  irez  que  lens. 
Dut  estre  de  peur  fevreos  ; 

11995  Si  n'osa  iHoc  plus  atendre, 

Aînz  fist  ses  paveillons  destendre 
E  ses  tries  sus  es  plains  ariere; 
E  li  rois  e  sa  preuz  gent  fiere 
Tant  les  sivirenl  e  chacerent 

1 1 93o  E  ferirent  e  enchaucerent 


Fol.  Sa  6. 


11160  «rbletters  —  11169  ^'  —  ^^'77  ^^  mmufm  —  inSt  tHiz  mimqm  —  iiiSft  Qae  tons  — 
tiiëf  oeises  e-—  11191  quil  —  i>«97  com  coowirMit^-^iiiOo  taé«MMf«e  —  titoâ  en  M—  11*07  Nos, 
ne  fMNfw  —  ii9f6  Qae  It  pilet -«  11990  B  st^bidint-^  iiiif  ta  mmifÊe  — ^  1199a  Dewt,  feUtefoui  — 
11997  ^  "lon^  —  11998  preude  —  ii9do  ei 


r               301                                 L'KSTOIRE  DE  LA 

GUERRE  SAINTE.                                 a02 

^H 

As  arbalestiers  qui»  Teroient, 

Ce  fu  un  jor  d'nn  samedi. 

Qui  lor  cbevals  ior  ocioienl. 

Selonc  l'esloire  que  jo  di, 

"il  Md.'n^               1 

E  tant  encliaucerent  e  tresireut 

Que  la  vile  fu  recovree 

lu»  Knl  nUléf                                       ^M 

Que  deus  grani  liuues  Be  retrestrenl  ; 

1  U70  E  des  Saraïins  délivrée. 

><>i«il  éfoit*--                                       ^M 

1 1 135  E  II  rois  se  list  sempres  tendre 

Que  merveille»  i  orenl  l'aites 

■ 

1                            La  ou  Salcihadins  a(endr« 

E  qui  loijnrE  seront  retraites. 

^M 

Car  il  oreot  Jaiïe  reprise. 

^^^^Ê 

1'                            La  se  tendi  Bîclian  li  maines. 

E  la  gent  cresLiene  ocise 

^^^^M 

\.                               Quant  cele  jornee  Tu  iail« 

11273  Malade  qu'il  orent  irovee; 

^^^^M 

i                  n'j'.û  E  l'oBt  des  Tores  se  fu  relraite, 

Si  fu  la  vérité  provee 

^^^^M 

l                            L'ost  iert  honîe  e  vergondee 
Que  gent  de  ]iié  l'ont  reusee, 

Qu'en  la  vile  tanz  pors  Iroverent, 

^^^^M 

Que  il  ocisireol  a  tuèrent. 

^^^^M 

Que  si  petit  d'eforz  avoient 

Que  ço  fu  une  enfmili; 

^^^^1 

Contre  Uni  Tmcs  com  il  esloient. 

1  laSo  E  ço  est  sen  de  vérité 

^^^^^1 

in^ô  Fors  lanl  que  Deus  i  ot  main  mise, 

Que  char  de  pore  il  ne  manjuent, 

^^^H 

Que  sa  gent  ne  fust  pas  malmiBe. 

b)  por  ço  volentiers  les  luent  : 

^^^^H 

Este»  vos  <,ue  Saleliadins 

Ne  heeut  plus  rien  lerrieue. 

^^^^^1 

PisI  apder  se^^  Saraizins 

Ei  despit  de  fei  cristiene  ; 

^^^^1 

E  les  Turcs  de  plus  haut  ostace. 

iiï85  Si  avoient  mise  mellei 

^^^^1 

iiaSo  Si  lor  demande  :trQui  vos  ctace? 

La  gent  e  les  pors  lez  a  lei; 

^^^^1 

I>                            (tEsl  donc  i'ûsl  d'Acre  reloraee 

Mais  li  crislion  les  cors  pristrent. 

^^^^H 

r-Que  si  a  ma  gentatornee? 

Cii  qui  por  Deu  s'en  entreaùstrent , 

^^^^H 

tSudI  if  a  pié  ou  a  cheval 

Les  cristiens  tôt  enlererent 

^^^^^1 

1                            "  Cil  qui  venoient  contre  lal  î  « 

^^^H 

r                  11355  Tant  c'un  traîtres  quii  snvoil. 

Qu'au  samedi  ocis  avoient 

^^^^^1 

Ë  qui  le  roi  veu  avoit  : 

Ovec  les  pors,  qui  tant  puoient 

^^^H 

Fol.  Sa  c.             "Sire,  chevalcheure  nule 

Qu'il  ne  pooient  endurer. 

^^^^^1 

"Font  ilod  els,  cheval  ne  mule, 

Elh  vos  que  li  rois  QsL  ovrer 

Sa                           ^^H^l 

tFors  que  li  rois,  Il  bon  vassals. 

11195  Le  diemainee  le  lundi 

IUttrmm-Ri-                                     ^M 

ii»6o  itTrova  en  Jaffe  treis  chefals  : 

AlmurdeJaiTeeiemarsdi, 

~1L  !!ùr!'"'=                                         ^ 

\                          s  Itanl  i  a  e  puet  avoir 

La  ou  le  virent  depecîé. 

HB,  «ni  rip.-                                            ■ 

)                             "E  neient  plus  por  nui  avoir; 

Tant  que  auqties  l'orent  redrescié. 

■*■ 

itE  s'il  icrt  quil  volsist  enprendre. 

Come  sanz  chaiz  e  sauz  mortier. 

•  L'on  poroit  lui  e  son  cors  prendre. 

ii3oD  A  défendre  s'en  fustmesUer; 

mq65  rrË  sans guairesi  mètre  entente. 

Mais  l'ost  iert  par  dehors  es  tentes 

«Que  il  gist  Ut  sels  en  sa  tente-n 

Ou  plus  orent  de  graiu  atentes. 

ii33i  arblcalier» — i  laSS  Ptaimcs  —  iiiSQiceif? 

—  iiaioBert—  iia&i  iert  mançu»  —  iiiÙ.lpetii 

—  i.9Û7Elh— Ma5.Eth  —  i.!iS*  qui  »««(•.— 

ti9â7  S.  iwlal  OKilDemule—  iisb%  cboiiilier  m^m 

ue  —  11*66  Qiij  g.  —  11168  di  d  —  11973  priw 

«tuoMnl—  na85Simartîiu  — llî88enl«m^nH~ 

.                  iiagSdimaine  —  iiagG  As  murs,  mecreHii  —  iia^i 

J  Coui  —  1  i3oi  M,  iwt  -  1  t3o)i  graut 

^ 

303 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


30& 


m- 

K,VI,m. 
LesTurctpro» 
jettent  de   inr-   ii3o5 
prendre  Richard 
dans  M  tente. 


1  l3lO 


ll3l5 


/n'jMrertWN  K- 
ernrH,  VI,  u. 

Henri        de 
Champagne   ar-   uSao 
rire  de   Césarëe 
h  Jafb. 


1 1335 


ii33o 


Fol.  83  a. 


11335 


Li  Mamelon  Salehadin, 
Cil  de  Halape  e  li  Cordin, 
La  le{jiere  bachelerie 
De  la  paiene  geut  haie, 
A  un  parlement  s'asemblerent, 
E  distrent  tuit  que  honiz  erent 
Que  por  tant  gent  guerpi  avoienl 
Jaffe  corne  )i  nostrc  estoient, 
E  qu'il  n*avoient  nul  cheval. 
Co  distrent  a  mont  e  a  val 
Enir'els  tant  qu'il  s'entrcfierent 
E  tant  que  illoc  se  vantèrent 
Qu'en  sa  tente  le  roi  prendroient 
E  que  a  Saleadin  le  menroient, 
E  fu  Tovre  ensi  affiee. 

Eth  vos  que  en  une  gualee 
Vint  li  cuens  Henris  de  Champaine 
De  Cesaire,  il  e  sa  compaigne. 
L'ost  ert  a  Cesaire  venue, 
E  s'iert  mal  gré  suen  détenue 
Por  les  Sarazins  qui  guardouent 
Les  flums  e  qui  les  pas  guaitoient, 
Si  que  li  rois  secors  ne  aie 
N'ot  de  tote  lor  compaignie 
Fors  seul  de  son  neveu  le  conte. 
Onques  n'i  pot  avoir  par  conte, 
A  trespasscr  la  fort  jornee 
Que  hom  li  avoit  alornoe, 
Fors  que  tant  seulement  cinquante 
Chevalers  ou  al  plus  seisantc, 
E  serjanz  e  arbalestiers 
Preuz  e  seurs  de  lor  mestiers, 
E  gent  de  Genve  e  gent  de  Pise 
Qui  por  Deu  s'ert  illoc  promise» 
E  autre  genz  entre  deus  mile; 
Ne  illoc  puis  que  rescust  la  vile, 
Ne  pot  aveir  quinze  chevals 


ii3/io  'Assemblez  entre  bons  e  mais. 
Dont  il  ot  puis  si  grant  sofraite 
Que  sa  gent  fust  perie  et  fraite 
Se  Deu  ne  Teust  guaranlie 
Des  Turs  e  de  lor  aatie. 

1  i3/i5       Ore  orez  une  grant  merveille, 
Dont  tôt  li  mondes  s'esmerveille, 
Que  nostre  gent  fust  tote  prise, 
Le  mecresdi,  par  celé  emprise 
Que  cil  durent  prendre  le  roi, 

]i35o  Si  Deu  n'en  eust  pris  conroi. 
La  nuit,  a  bore  de  matines 
Montèrent  les  genz  sarazines, 
Si  conreerent  lor  batailles, 
E  puis  lacierent  lor  ventailles 

1 1355  E  chevalcberent  a  la  lune. 
Iloques  fist  Dampnedeus  une 
De  ses  glorioses  bontés, 
E  bien  doit  estre  recontez 
Quant  il  fait  une  bêle  ovraine. 

ii3Go  Estes  les  vos  a  val  la  plaine, 
Chevalchant  tut  sereement; 
E  Dampnedeus  nomeement 
Leva  entr'els  unes  tençons 
Des  Cordins  e  des  Mamelons, 

ii365  Saveir  mon  li  quels  descendroient 
A  pië  e  noz  genz  atendroient 
Qu'il  ne  peussent  reverUr 
Al  chastel  por  els  guarantir. 
Cbescons  disoit  :  (rVos  descendroiz, 

11370  ff  Mes  vos.  li  «f  Mes  vos.  y»  «r  Mes  vos ,  c'est 

[droiz; 
frNos  devon  mielz  estre  a  cheval.^ 
E  vindrent  tençant  contre  val, 
E  tant  dura  l'estrif  illoques 
Des  uns  et  des  autres  ovecques 

11375  Qu'il  orent  le  cler  jor  veu, 


FoL  83  h. 


ii3o9  tant  de  gent  —  ii3io  com  —  ii3i3-ii3i&  interverti»  —  ii3i&  E  maMjne,  nutntereot  — 
ii3i8quen —  iiSaa  seucn —  ii3a9  forte —  iid3i  tant  man^  —  1 1333  arblasliers —  iid35genato 
de  pise  —  1 1337  genz  bien  entre  —  j  i338  par  quoi  r.  —  1 1339  P^^^  —  ^  ^^^o  Assembler  —  wZhZ  dea 
nen  e.  —  ii3/i5  la  gr.  —  113/17  g.  ne  fui  t.  —  iid66  tendroient 


305 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


306 


Si  corne  Deus  lot  porveu ; 
E  ii  rois  dormolt  en  sa  tente. 
Oiez  belc  aventure  e  gente 
D'un  Genevois  qui  s'iert  levez 

ii38o  E  ert  a  la  berue  alez 

Tôt  droit  al  point  de  Tenjorner. 
Si  com  il  voloit  retomer, 
Si  oi  les  Turs  qui  venoieni 
E  vit  les  hiaumes  qui  lusoient, 

11385  Si  corne  son  chief  abeissa  ; 
Onquëb  puis  sa  voiz  ne  cessa 
De  crier  que  noz  genz  s'armassent 
E  que  tuit  a  armes  alassent; 
E  li  rois  del  cri  s'esveilla , 

iiBgo  Qui  le  jor  puis  mult  traveilla. 
De  son  lit  sailli  sus  en  piez 
E  vesti,  si  com  jo  suspiez, 
Un  blanc  bauberc  fort  e  tenant; 
Si  comanda  de  mantenant 

1 1395  Ses  compaignons  a  esveillier; 
Si  ne  fait  pas  a  merveillier 
Se  de  si  faite  suzpresture 
Ot  illoques  contrepresture 
A  els  vestir  e  a  armer; 

1 1/100  Car  jo  vos  puis  bien  afermer 
Quil  furent  si  hasté  illoques, 
Le  roi  e  assez  autre  oveques, 
Que  jambes  désarmées  nues 
Fol.  83  c.  E  descovertes  fors  des  nues, 

iiâo5  E  tels  i  ot  tôt  nuz  sanz  braies, 
Qui  i  orent  assauz  e  plaies, 
Se  combatirent  a  jornee  ; 
Sis  greva  plus  qu'autre  rien  née. 
Si  corne  nostre  gent  s'armoient, 

11610  E  li  Sarazin  apresmoient. 

Eth  vos  que  li  rois  fu  montez, 
E  n  ot  0  li  d'omes  contez 


idMTWNNM  ro> 

rH,  VI,  xui. 

Combtts.  Bi- 

oiu  d«  Richard 

d«  set  comp«- 

lOOt. 


Fors  dis  a  cbeval  seulement; 

Si  dit  Testoire  finement 
11  Al 5  Que  li  quens  Henris  de  Champaigne 

Fu  a  cbeval  e  sa  compaigne; 

Si  i  fu  li  quens  de  Leicestrê, 

Roberz,  qui  bien  i  deveit  estre; 

E  Bertelmeu  de  Mortemer 
iiAao  Fu  a  cheval,  al  men  esmer; 

Si  i  fu  de  Mallion  Raols, 

Qui  onc  ne  fu  d'armes  saols; 

Si  i  fu  de  Cbavigni  Andreus, 

Qui  fort  e  preu  fu  a  estreus  ; 
ii/iâ5  Si  i  fu  Girard  de  Fornival 

Oveques  le  roi  a  cheval; 

Si  i  fu  Rogiers  de  Saci , 

Qui  sist  en  un  povre  ronci; 

Si  i  fu  Guillames  de  l'Estanc, 
ii/i3o  Qui  ot  un  cheval  trop  estanc; 

Si  i  fu  Hue  de  Noefvile, 

Un  ardi  serjant  e  nobile. 

Henri  le  Tyois  el  conroi 

Portoit  la  baniere  le  roi. 
11 635  Eth  vos  nostre  gent  conreee 

Contre  l'ost  cruel  desreee , 

E  par  batailles  establie , 

Chescone  a  sa  conestablie. 

Li  cbevalers  sor  la  marine 
1 16/10  Furent  por  la  gent  sarazine 

Vers  Saint  Nicbolas  sor  senestre  : 

lUoques  lor  convenoit  estre 

Quar  li  plus  des  Turs  se  traioient 

E  taburoienl  e  braioient; 
tihtib  E  par  devant  lor  cortillages 

Ot  mis  genz  de  plusors  lignages  : 

Laot  Pisanz  e  Geneveis; 

Si  ne  seroit  dit  eneveis 

Ne  recontë  les  envaies 


Fol.  83  d. 


ii38o  beni —  ii385  com —  iiSgg  a  manpu  —  11/^09  autres —  nàoS  d.  e  nues —  11606  ven  répété 
ioMÎemt,  —  11608  Si  —  11 609  com —  11619  Eimm^ —  11699  onques  —  11696  Ooec  —  11697  sacie 
—  11698  roncie  —  11 63o  trop  numque  —  1 1 635  com'ee  —  1 1 636  cniele  e  desree  —  11 660  Furen 


90 


nriniEBIt    lATIOHAil. 


307 


L*ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


308 


1 1 65o  Que  il  oreni  des  geni  haies. 
Li  Turc  comencerent  a  traire, 
A  huer,  a  crier,  a  braire; 
La  Teissiez  merveilles  dreites 
E  noz  bones  genz  mull  destreites  : 

11^55  A  geneiilons  s*agenoillerent, 
E  targes  e  escuz  drescierent 
Devant  els,  en  lor  mains  lor  glaives; 
E  li  rois  qui  d*armes  ert  saives 
Fist  desoz  les  targes  mucier 

ii/ir)o  Entre  deus  un  arbaleslier 
E  un  home  qui  li  lendoit 
S'arbalesie,  e  il  li  rendoit 
Quant  il  lali  avoit  tendue  : 
Par  ço  fu  Tost  mult  défendue. 

11 665  Ensi  s'estoient  arestë. 

Or  ne  doit  pas  estre  doté 
Que  cil  qui  en  tel  plait  estoient 
Contre  tanz  Turs  corne  veoient 
N'eussent  peor  de  lor  testes; 

1 1/170  Si  fu  si  voir  corn  vos  ci  estes 
Que  li  rois  ala  reerchant 
Les  chevalers  e  preeschant , 
E  Johans  de  Preals  ovecques 
Lor  aloit  sermonantiloques, 

11/175  E  disoieut:  trOre  i  parra, 

rr  Tant  corne  Deus  son  cors  guarra, 
(T  Qui  se  penera  de  bien  faire, 
ft  Qu'ore  n'i  a  mes  autre  affaire 
tr  Fors  de  noz  cors  richement  vendre 
Fol.  8/i  a.  11680  (tË  de  nostre  martire  étendre, 

«t  Quant  Deus  le  nos  a  envoie. 
'tOr  sûmes  nos  droit  avoié, 
«r  Quant  il  par  sa  bonté  meismes 
T  Nos  doue  ço  que  nos  queimes. 

ii/i85  rCi  gisent  noz  droites  soudées.^ 


Eth  vos  les  batailles  fermées 
E  les  conreiz  des  Turs  venir, 
E  nostre  gent  tozjorz  tenir 
Lor  jambes  el  sablon  fichées, 

11/190  Totesles  laoces  esloignees, 
E  apresté  de  recevoir. 
Eth  vos  les  batailles  movoir 
De  la  fause  gent  sarazine 
0  tel  freinte  e  od  tel  ravine 

1 1695  Que  si  nostre  gent  se  meussenl. 
Que  tôt  trespereiez  les  eussent, 
Ë  avoit  bien,  que  jo  n'i  faille, 
Mil  Turs  en  chescone  bataille; 
E  quant  a  meismes  d*els  furent 

1 1000  Et  il  virent  qu'il  ne  se  murent, 

Res  a  res  d'els  en  sus  guenchirent; 
E  arbalestiers  destendirent, 
Que  li  Turc  n*oserent  étendre; 
Et  il  les  faisoient  estendre: 

1 1 5o5  Es  cors  e  es  chevals  feroient; 
E  les  esehieles  revenoient 
'  E  autre  foiz  les  reproçoient 
E  flatisoient  e  tornoient, 
E  plusors  foiz  ensi  le  firent. 

1 1 5io  E  quant  li  rois  e  sa  gent  virent 
Cels  qui  tant  a  cheval  estoient 
E  que  autrement  ne  feroient. 
Les  fers  des  glaives  abeissiez, 
S'i  feri  chescons  esleissiez 

1  i5i5  Enz  en  mi  liu  de  la  grant  presse 
De  le  mescreant  gent  adverse, 
E  si  durement  assemblèrent 
Que  trestat  li  conroi  tremblèrent 
Desi  que  a  la  tierce  guarde. 

ii5ao  Estes  vos  que  li  rois  reguarde, 
Si  vit  cheoir  illoc  sor  destre 


Fol.  86  b. 


1  i65o  Quil  —  1 1 659  cr.  c  a  —  1 1656  mull  manque  —  1 1655  Ë  a  —  1 1660  deus  e  deus  un  arblastier 

—  11661   que  li  —  11663  Sableste,  li  manque  —  11 663  la  manque  —  11666  Ore  —  11668  com  — 
11^79   prescbant  —  11676  com  —  11689  Ore  —  ii488  détenir  —  11690  £  totes  —  11A91  reuoir 

—  11699  seft  b.  —  11695  g.  ne  m.  —  11697  anoient  —  ii5o9  arblastiera  —  1  i5i5  lin  mon^iM  —  is5t6 
ineacrcanle  —  1 1 5i  9  qiia  —  1 1  Si 0  Eth  voe 


«  . 


309 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


310 


Fol.  86  e. 


Le  preu  conte  de  Leicestre, 
Qui  del  cheval  ert  abatuz 
Es'estoit  très  bien  combatuz, 

1  iGaf)  Quant  H  preuz  reis  Tala  rescore. 
La  veissiez  lanz  Turs  acorre 
Droit  a  la  baniere  al  lion  I 
Eth  vos  Baolâ  de  Mallion 
Que  H  Turc  en  inenoient  pris; 

1  i53o  E  li  rois  son  cheval  de  pris 
Fiert  des  espérons  es  costez 
Tant  quil  fn  de  lor  mains  estez. 
En  la  presse  iert  li  rois  puissanz 
Contre  les  Turs  e  les  Persanz; 

1 1535  Onques  mes'om  fieble  ne  forz 
Ne  fist  en  un  jor  tel  eflbrz  : 
Car  es  Turs  s*enbatoit  dedenz, 
E  les  fendoit  desi  qu'as  deuz, 
E  tantes  foiz  s'i  embati 

ii5ào  E  a  tanz  cops  s'en  abati 
E  tant  de  ferir  se  greva 
Que  le  cuir  de  ses  mains  creva. 
Eth  vos  un  Sarazin  poignant, 
E  des  autres  Turs  esloignant 

1  i5/i5  Sor  un  destrier  corant  e  rade  : 
C'ert  li  preuz  Saffadin  d'Arcade, 
Cil  qui  fesoit  les  granz  proesces 
E  les  bontez  e  les  largesces; 
Cil  vint  poignant,  si  com  jo  dis, 

ii55o  0  tôt  deus  chevals  arabis 

Qu  il  tramist  al  rei  d'Engletere; 
Si  lui  fist  proier  e  requerre 
Por  ses  proesces  qu'il  savoit 
E  por  hardement  qu'il  avoit 

]  1 555  Que  par  tel  covent  i  montast, 
Si  Deu  d'illoques  l'en  jetast 
E  sain  e  sauf,  qu'il  le  veist, 
Que  aucon  gueredon  l'en  feist  : 
Puis  en  ot  il  riches  loîers; 


1  i56o  E  li  rois  les  prist  volenters, 
E  dist  encor  meint  autretel 
De  son  enemi  plus  mortel 
En  prendroit  il  s'il  en  venoit 
A  tel  besoing  com  il  avoit 

1 1565  Eth  vos  la  bataille  creue  : 
Onques  tele  ne  fud  veue; 
Tote  la  terre  esteit  coverte 
Des  pilez  a  la  gent  coiverte. 
Que  il  coillouent  a  braciees. 

1 1 570  La  veissiez  tant  genz  blesciees 
Que  li  galiot  s'en  fuirent 
Es  gualees  dont  il  cissirent  : 
Qui  en  tel  point  fuit  molt  s  avile. 
Eth  vos  le  cri  devers  la  vile 

11575  Que  li  Turc  ia  plain  se  metoient, 
Qui  noi  genz  sozprendre  voloient 
E  par  devant  e  par  deriere; 
E  li  preuz  rois  od  sa  baniere 
I  vint  sei  tierz  de  chevaliers 


ii58o 


E  si  tost  com  il  i  entra , 
En  mi  une  voie  encontra 
Trois  Turs  de  mult  riche  hemois, 
E  il  les  feri  corne  rois 

11 585  E  encontra  si  durement 
Que  il  guaigna  eraument 
Deus  chevals  e  les  Turs  ocist, 
E  les  autres  a  force  mist 
Hors  de  la  vile,  e  passa  lor, 

11590  E  fist  estoper  des  qu'en  l'or 
La  porte  par  ont  il  entroient, 
E  mist  gardes  qui  la  gardoient. 
Eth  le  vos  tôt  droit  as  galees 
Ou  ses  genz  s'en  erent  alees 

1 1 595  Par  grant  peor  e  par  destresce  ; 
E  Richarz,  le  filz  de  proesce, 
Les  raloit  toz  encoragier, 


/iMflwillMi?!- 

em^,  VI ,  izni. 

Victoire  001»' 
plète  de  Richard. 

Fol.  8/1  d. 


11 535  orne —  ii5à6carcade —  115^7  le —  ii555  par  telmmu^  —  1 1 556  dilloc  ne  len  —  1 1558  gue- 
redon ne  len  —  ii56i  encore  —  11 563  venoient  —  ii56&  aaoient  —  11569  Q^  —  11570  tantes  — 
11573  malt  fauile  —  11576  Que,  noi  manque —  ii586  Quil  — 11589  pwMst — 11693  les  — 1-1596  Ricbas 


90. 


311 


CESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


312 


E  refis!  a  terre  nagier, 

E  les  remis!  !o!  en  comune, 

11600  Si  qu'il  ne  remis!  en  chescune 
Des  galees  que  cinc  sans  plus, 
E  s'en  revint  od  le  surplus 
A  Tosl,  qui  n^er!  poin!  reposée, 
E  lors  fis!  il  la  poinle  osée  : 

ii6o5  Onques  mes  !ele  ne  fu  fai!e. 

Que  il  poins!  en  la  gen!  forfaite 
Tan!  en  parfon!  qu  il  le  covrirent, 
Si  que  nul  de  ses  genz  nel  virent, 
Si  que  por  poi  qu'il  n'i  aleren!, 

11610  E  qu'il  ne  se  desconreeren!; 
Sis  eussoms  tres!oz  perduz  : 
Mais  li  reis  nier!  poin!  esperduz, 
Ainz  feri  avan!  e!  ariere. 
Qu'il  fesoi!  ilioc  !el  chariere 

11 61 5  D'une  espee  que  il  tenoi! 

Que  en  quel  liu  qu'ele  venoi!. 
Fus!  en  cors  ou  fus!  en  cheval, 
Qu'il  delrenchoit  tôt  contre  val. 
La  fist  il  le  cop,  ço  me  semble, 

1 1690  Del  braz  e  de  la  !es!e  ensemble 
D'un  admirad  armé  de  fer 
Qu'il  envoia  droi!  a  enfer; 
E  par  cel  cop  que  li  Turc  virent 
Si  large  place  puis  li  firent 

11699  Qu'il  revint,  merci  Deu,  sanz  perte; 
Mais  sa  persone  ier!  si  cover!e, 
Son  cheval  e  ses  covedures, 
Des  sae!es  as  genz  oscures 
Qu'il  orent  trait  a  entençon 

ii63o  Qu'il  resembloit  un  heriçon. 
Foi.  H5  a.  Ensi  se  vint  de  la  bataille. 

Qui  dura  tote  jor  a  taille 
Del  matin  jusqu'à  l'avespree. 


Si  cruel  e  si  destempree 

11 635  Que  si  Deus  n'eus!  sustenue 
Noslre  gent,  mar  i  fus!  venue; 
Voiremen!  i  fu,  ço  veimes, 
Qaan!  onques  orne  n'i  perdîmes 
Cel  jor  qu'un  ou  deus  seulemen!, 

116&0  E  il  perdiren!  eralmen! 

Plus  de  dis  e  cinc  cen!  chevals, 
Qui  gisoien!  par  mons,  par  vais, 
E  plus  de  set  cent  Turs  oveques. 
Qui  toz  gisoien!  mor!  illoques; 

11665  Ne  por  toi  cel  lor  gran!  desroi 
N'en  meneren!  il  pas  le  roi, 
Qui  par  devan!  lôr  genz  haies 
0!  fei!  ses  granz  chevaleries. 
Si  que  !res!ui!  s'en  esbahirenl 

i  i65o  De  ses  granz  proesces  qu'il  virent. 
E  de  tels  qui  0  lui  estoient 
Qui  desqu'a  la  mort  se  me!oient 

QuantDampnedeusparsa  franchise 
Ot  espemié  en  itel  guise 

11 655  Le  roi  e  la  gent  cristiene 

Del  pueple  e  de  la  gen!  paiene, 
E  l'os!  se  fu  ariere  !rai!e. 
Une  parole  fu  retraite 
Que  li  soldans  Salehadins 

1 1660  Demanda  a  ses  Sarazins 

Par  rampone  de  lor  desroi  : 
frOu  suntcil  qui  on!  pris  le  roi? 
«rOu  es!  cil  qui  le  m'en  ameine?i» 
Un  Turs  d'une  !erre  loin!aine 

11 665  Li  dis!  :  trSire,  jol  vos  dirai, 
tr  Si  que  de  rien  n'en  men!irai. 
trOnc  mes  !el  om  ne  fu  veux, 
frSi  preuz  ne  si  aperceuz, 
(tNe  qui  mielz  sei!  d'armes  provez  : 


Foi.  85  h. 


ii6o'j  lores  —  11606  Quil  —  11609  Si  manque,  qui  ni  —  11610  ne  manque —  11619  li  nàs  wianqme 
—  11 61 5  quil  —  11616  Quen  —  11617  ^  ^^o"^  (usi  manque  —  ii6ii3  icel —  11 634  le  eeeond  à  manque  — 
11635  nel  euftl  —  11 636  i  manque  —  J1637  deimes  —  11639  fon  unoa  d.  —  116A9  mont —  ii6&5  cel 
manque  —  11666  Ne  m.  —  11668  gruu  manque  —  11660  Manda  —  ii663  en  manque  —  11667 
Onques,  ome  —  11669  qui  manque 


313 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


3U 


'i««r«nitM  Ai- 
K,  VI,  HT. 


Maladie 
hart). 


de 


1 1670  (t  A  toz  les  besoins  iert  trovez; 
(tE  mult  nus  nus  eniremeîmes 
(tE  assez  granz  cops  i  meismes; 
irMais  onques  nel  poeismes  prendre, 
(rCar  nus  ne  Tose  a  cop  atendre, 

1 1675  trTaut  est  hardiz  e  maniables.?) 
Segnor,  nel  tenez  mie  a  fables 
Que  li  Turc  bien  nel  coneusent 
E  que  illoc  pris  ne  l'eussent, 
Ne  fust  Deus  e  ses  granz  visteces, 

11680  Que  il  fist  la  tantes  proesces 
E  tant  soffri  le  jor  illoques, 
E  li  autre  prodome  ovecques, 
Qu'il  chairenlt  en  maladie 
Près  de  la  gent  que  Deus  maudie, 

11 685  Que  del  fes  de  celé  besoigne, 
Que  des  puors  de  la  charoine 
Dont  la  vile  ert  si  t^orompue 
E  lor  nature  si  rompue 
Por  un  poi  que  tuit  n'i  munirent, 

11690  E  li  rois  e  cil  qui  i  furent. 
lUoques  ou  li  rois  estoit 
Malades,  e  lui  mesestoit, 
La  li  manda  Salehadins 
Qu'entre  lui  e  ses  Sarazius 

i  1695  L'iroient  la  ou  il  ert  prendre, 
S*il  les  osoit  illoc  atendre; 
E  li  rois  li  manda  anoire. 
Se  ço  peust  savoir  e  croire, 
Que  il  illoques  Tatendroit, 

11700  E  que  ilja  en  nul  endroit, 
Tant  com  peust  sor  piez  ester 
Ne  sor  ses  genoilz  arester, 
Ne  lui  fuireit  plein  pië  de  terre  : 
Ë  ensi  ert  prise  la  guerre, 
Fol.  85  e.  11705  E  Deus  savoit  bien  Taisement 


ii,  VI,  xsTi. 

Saladjn  mc- 
•  Richard  de 
ir  la  preodre. 


Dont  il  paiioit  si  richement. 
Lors  remanda  il  par  le  conte 
Henri  (ce  dist  Testoire  e  conte) 
A  Cesaire  por  les  Franceis, 

11710  Gels  qui  erent  venu  ançois, 

E  por  Tautre  gent  qu  il  venissent 
E  que  la  terre  sustenissent; 
Si  lor  manda  de  Tafiance, 
Si  lor  manda  la  mesestance; 

11715  Mais  onques  nel  voldrent  secure, 
Ainz  le  leisserent  tôt  encure, 
Se  il  n*eust  la  triuue  pri^e. 


Mais  nul  ne  Ten  deust  emprendre, 

11790  Car  li  Turc  le  venissent  prendre 
E  de  son  cors  li  mescfaaist 
E  Eschalone  il  i  perdist, 
Que  ele  fust  prise  a  drotnre  - 
E  Sur  e  Acre  en  aventure. 

11795       Li  rois  iert  a  Jaffe  en  dotance, 
A  uieschief  e  a  mesestance. 
Si  se  porpensa  quil  feroit, 
E  que  d'iloc  il  s*en  iroit 
Por  la  vile  qui  iert  enferme 

11780  E  qui  n'estoit  ne  fort  ne  ferme* 
Lors  manda  le  conte  Henri  ^ 
Qui  sa  seror  avoit  nurri, 
£  si  manda  por  les  Templiers^ 
Si  manda  les  Ospitaliers, 

11735  E  lor  ramentut  son  meschief 
Qu'il  aveit  al  cuer  e  al  cbief, 
E  lor  dist  que  li  un  alassent 
A  Escalone  e  la  gardassent, 
E  li  autre  illoc  remansissent 

117&0  A  Jaffe  e  bien  guarde  en  preisent, 
E  il  a  Acre  s'en  vendroit 


Richard  ap- 
pelle à  ton  le- 
cours  1m  Fran- 
rais,qairefDaent 
de  tenir  à  son 
aide. 


11677  Equeyconoiseni —  11678  illoques —  1 1 679  grans  mon^  —  11680  Qui)  —  i]685Qui  del  fel  — 
11687  iinumque —  11689  un  manqué  —  11696  les  manque  —  11697  ^  second  li  manque  —  11698  Que  se 
—  11699  Quil  —  11709  SOI  ces  genoilz  ester  —  11706  biennum^iie  —  1 1707  il  manqué —  11716  leis^ent  — 
11717  Sil  —  11791  ^manque  — 11799  il  manque  —  11798  Quele  —  11798  Hmanque  —  1 1 780  quil nestoit 
ne  forte  —  11781  Lores  —  11783  E  manque —  11784  Si  m.  por  les  —  11787  lors  —  11760  bien  manque 


Itànmwmm  :Ri> 
ciardi,  VI, uni. 

Richard  est 
contraint  de  si- 
gner une  trêve 
de  trois  ans 
(  a  septembre 
119a). 


»ii 


L*ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


316 


E  medeciDe  iUoc  prendroît; 
Fit  ^^  4.  E  dit  que  il  ne  pot  ei  faire. 

Que  To»  diroie  d'autre  affaire? 

117!:::'  Fors  que  trestut  s'en  escondirent, 
E  t/it  en  trarers  respondirent 
Que  ja  chastel  ne  guarderoient 
.Sanz  lui.  neo  guarde  oe  seroient, 
E  ^'eu  aierpDt  sanz  plus  dire. 

s  1700  Elit  vos  le  roi  eo  trop  grant  ire. 

Oatnt  ii  rois  rit  que  tôt  li  mondes. 
Qui  n'est  guaires  iiaus  ne  mondes. 
Lui  fu  tôt  en  trarers  faiiliz, 
Lors  fu  troblez  e  maubaiiliz 

f  1 7^5  E  durement  desconseilliez. 

Seignors,  ne  vos  esmeneilliez 
S'il  fist  del  mielz  que  il  savoit 
Selonc  le  tens  que  il  avoit  : 
Car  qui  crient  honte  e  siut  henur 

117O0  Clioisist  de  deus  mais  le  menor; 
Si  relt  mielz  une  (riuue  quere 
Que  leisser  en  péril  la  terre  : 
Car  tuit  li  antre  la  letssoient, 
E  a  lor  nefs  a  plain  aloient. 

11765  Lors  manda  il  a  Saffadin, 
Qui  iert  frères  Salehadin, 
Qui  molt  Tamoit  por  sa  proesce, 
Qu'il  li  porchaçast  sanz  peresce 
\jSi  meillor  triuue  qu'il  poroit, 

11770  E  il  devers  lui  la  donroit. 
E  SaiTadin  mult  se  pena, 
E  la  parole  tant  mena 
Que  la  iriuue  fu  devisee 
De  Salehadin  e  nomee, 

11775  Par  tel  covent  que  Eschalone, 
Qui  mult  ert  contre  sa  corone , 
Seroit  abatue  e  charoit, 


E  que  nus  ne  la  fermeroit 
Devant  treis  anz,  mais  lor  Teust 

11780  E  refeisl  qui  plus  peust; 
E  Jaffe  seroit  refermée 
E  de  cristiens  repupiee; 
E  trestut  Tautre  plain  pais. 
Ou  nus  n'ert  lores  estais, 

11785  Contre  le  mont  e  la  marine, 
Seroit  en  triuue  eslable  e  fine  ; 
E  qui  la  voidroii  droit  tenir 
Que  sauf  aler  e  sauf  venir 
Poroit  le  sépulcre  requere; 

1 1 790  E  que  sans  (reu  par  la  terre 
Iroient  les  marcheandises. 
Ensi  alerenl  les  devises 
E  ensi  fu  la  triuue  escrite 
E  reportée  al  rei  e  dite; 

1 1795  E  il  qui  estoit  sanz  aie 

E  si  près  de  la  gent  haie, 
E  Tost  ert  al  mains  a  deus  liuues, 
Prisl  ensi  faitement  les  triuues; 
E  qui  autrement  en  diroit 

11800  L'estoire,  si  en  mentiroit. 

Quant  la  triuue  fu  aportee 
Al  rei,  e  il  Tôt  creantee. 
Quant  vit  que  il  ne  pot  el  faire, 
Lors  ne  pot  son  corage  taire, 

ii8o5  Ainz  manda  a  Salehadin, 
Oiant  maint  noble  Sarazin, 
E  lui  devisa  par  devise 
Qu'il  n'avoit  celé  triuue  prise. 
Ce  seustil  veraiement, 

11810  Tresque  a  treis  anz  seulement. 
L'un  por  aler  s'en  en  sa  terre, 
L'autre  por  aveir  gent  e  querre, 
Le  tierz  por  revenir  e  prendre 


Fol.  86  « 


iMUmrwnÊÊÊH  nn 
tmriij  n ,  xino. 

ÉchiBfe  de 
polilCMM  dMva- 
lereiqiMs  entre 
Riehard  el  S«- 
ladin. 


17/ia  mescine  —  11768  qui!  —  11744  d*  manqu»  —  1175a  ne  Iiaus  —  11757  quil  —  11758  quil  — 
11759  aint  hoiitc  —  11764  E  manqué  —  11765  E  lores  —  11769  meillore  —  ^^111  Abatue  seroit 
—  11779  I'  manque  —  11780  E  le  r.  —  1178s  De  cristiens  e  r.  —  11788  plain  pas  —  11784  nos  — 
11787  qui  si  la —  11789  quere  —  11790  que  man^,  triuae —  11798  E  si  f.  —  11794  reporte  — r 
11796  Que  si  —  11797  Que  lost  —  11808  quii  —  11808  naurat  fors  cde  —  11811  s'ennum^tM 


r,'fîSTO[llE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


318 


La  lerre  s'il  i'osoit  ateiidre. 

!i8i^  E  li  soudans  lui  remanda 
Par  ccis  que  il  i  coniarida 
Que  par  la  loi  que  il  leuoit 
E  par  le  Deu  qu'il  snstenoit 
Qu'il  preiset  Uni  sa  graul  proesce 

I  iSio  E  sou  graul  cuer  c  eu  vislcsce. 
Que  se  la  lerre  esLeiL  conquise 
A  son  vivant  en  nule  guise. 
Que  c'erl  li  princes  qu'il  savoit 
De  toi  cels  qu'il  veu  avoit 

I  i8i5  Qu'il  mielz  volsist  qui  la  preist 
Sor  lui  a  Torce  e  couqueiât. 
Eusi  quida  li  rois  ovrer, 
E  le  sepulcie  recovrer; 
Mais  ae  viL  pas  ne  u'entendoil 

I  i8;io  Iço  que  a  l'oil  lui  pendoit. 

Quant  ccle  triuue  fujuree 
De  deus  parz  c  asseuree, 
E  les  coveuances  reirailes, 
E  les  cbarties  un  furent  faites, 

I  tHST)  E  li  bons  rcia  s'en  Gsl  porter 
Poi-  lui  guarlr  e  conforter 
A  Cbaypbas  sor  la  marine. 
Ou  il  prisl  illuc  médecine. 
E  ii  Franceis  qui  sujomuient 

iiS^io  D'aler  eu  France  desiroient 


Que  en  lor  peleriuage  iroient , 
E  la  triuuc  avoient  blasmee, 
E  despite  e  meaaamee, 
i  E  ne  voldrenl  JalTe  rescore 
Al  besuing  ne  le  roi  sucore; 
E  quant  ai  roi  fu  fait  savoir 
Qu'il  voloient  conduit  atoir 
A  faire  ior  pèlerinage, 
1 1850  E  li  rois  prisl  iues  son  message. 


Si  manda  a  Salebadin 

E  H  Tadmirald  Saffudiu 

Qu'il  ne  leissassent  crislien 

Aicr,  joefne  ne  ancien, 
ii855  En  Jérusalem  sanz  SOS  letres. 

S'il  voleient  qu'il  fusl  lor  detres 

Ou  sani  les  le  conte  Henri; 

E  i  furent  si  très  mari 

Del  mandement  quant  il  le  sorent 
L 1 8(io  Que  li  plusor  a  l'ainz  qu'il  porent 

Se  chargèrent  e  s'alornereat 

E  en  France  se  retornereot. 
Quant  la  presse  fud  départie 

Des  Franceis,  la  greignor  partie. 
itSG!i   De  cels  qui  le  roi  niautlisoienl 

E  qui  plus  deslorbi^  l'avoient, 

Onques  ne  s'i  pooit  lier, 

Ë  lares  Gat  li  rois  crier 

Que  ses  gens  al  sépulcre  alasseat, 
11870  E  que  lor  offrendes  portassent 

A  JafTe  a  l'aide  des  murs  t'ere. 

E  que  vos  diretc  altre  afaire? 

Fors  que  par  très  conestablîcs , 

Si  com  els  furent  cslabltes. 
1 1H7:)  Alorent  el  sépulcre  ensemble. 

L'un  coneslable,  ço  me  semble. 

Si  i  fu  Andreus  de  Cbavignié, 

Si  a  peor  moine  a  Cloignié; 

E  l'autre  fu  Raols  Tessons, 
iiHSo   Qui  mult  amoil  notes  e  .sons; 

De  Salesbtre  li  evesques, 

Qui  depuis  fu  faiz  arcevesqucs. 

Mena  ladereraine  rote; 

Iço  sai  jo  très  bien  sanz  dote. 
II US!)  Quant  cil  des  cliartres  saisi  furent, 

Elh  vos  que  li  pèlerin  murent, 

E  errèrent  serré  un  turbc. 


'  IlSib  quil,  i  NUHfiu  —  1 1S17  quîl  —  iiSio  E  monçw  —  iiSad  miuli  nunfuf,  quîl  ->  ii8>y  11' 
MONftK  —  ii83o  qua  —  iiH3^  en  manqai  —  11 835  bon»  manqut  —  118&0  [kder  kd  en  —  118A& 
mtninirr  —  1  i85o  luea  nuauju*  —  i  i85&  oacien  —  1  ib55  se»  aian^iM  —  1 18Ë7  ne  m  p.  —  1 1870  t 
porUMCtil  —  1187A  eles—  11&80  noces—  1 188«  puis  —  ii8S3  derMoe  ~  1188A  00  —  11887  e"^' 


319 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


320 


Oiez  come  pcschié  desturbe 
Maintes  gonz  qui  bien  volent  faire 

11890  En  maint  liu  e  par  maint  affaire. 
Fol.  86  tf.  Es  chemins  par  ou  il  erroient, 

Es  plains  de  Rame  ou  il  passoient, 
Eth  vos  que  li  baron  parièrent 
llloc  ensemble  e  devisèrent 

11895  Que  Salehadin  manderoient 
En  Jerusalcn  qu'il  venoient 
Veoir  le  sépulcre  e  requere, 
0  les  briés  le  roi  d'Englelerre. 
Cil  qui  portèrent  le  message 

1 1900  Erent  niult  prodome  e  mult  sage, 
Mais  lor  pechië  ou  lor  peresce 
Lor  dut  empeirer  lor  proesce. 
Li  uns  fu  de  Roches  Guillames, 
En  qui  chief  seoit  bien  li  hiaumes; 

1190,5  L'autre  ierl  Girard  de  Fornival, 
E  Pieres  de  Préals.  A  val 
Les  plains  de  Rames  chevalcherent; 
Tant  errèrent  e  esploiterent 
Qu'ai  Thoron  as  Chevalers  vindrent; 

11910  La  s'aresturent  e  se  tindrent 
For  Saffadin  que  il  queroient, 
E  son  conduit  aveir  voleient; 
Sifu  verte  qu'il  se  dormirent, 
E  si  lonc  demorer  i  firent 

11915  Que  après  relevée  abassee. 
Si  com  la  rôle  errout  seree , 
E  avoicnt  passe  la  plaigne, 
E  erent  près  de  la  montaigne , 
Ensi  com  il  se  regardèrent, 

11990  Mis  sire  Andreus  c  cil  qu'i  erent, 
Si  virent  cels  qui  lors  venoient. 
Qui  message  fere  dévoient. 
Quant  il  les  virent  e  conurent. 


Trestut  esbai  s'aresturent; 

11935  Si  oissiez  dire  as  hauz  homes  : 

rHa  !  sire  Deus,  mar  venu  sûmes, 
(T  Si  Sarazin  nos  aperceivent  I 
irVeez  la  cels  venir  qui  nos  doivent 
(t  Avant  porter  nostre  message! 

11980  rrNos  n'erroms  mie  come  sage; 
rCar  il  apresme  la  vespree, 
rrE  celé  gent  desatempree 
ffDe  l'ost  n'est  mie  départie. 
frSi  nos  aloms  celé  partie, 

11935  (tE  nos  n*i  envoioms  avant, 

(rll  nos  vendront  ja  al  devant, 
irSi  avroms  les  testes  perdues; 
(T  E  nos  genz  qui  sunt  esmeues 
(tE  nos  sûmes  tôt  désarmé.^ 

11960  Li  messagier  furent  blasmë, 

E  neporquant  tant  les  proierent 
Qu'el  message  les  renvoierent, 
E  durement  les  hasta  Tem. 
Cil  vindrent  vers  Jérusalem, 

1 1966  E  troverent  dehors  la  vile 

Des  Turs  logiez  plus  de  deus  mile. 
L'amirail  Saffadin  tant  quistrent 
Qu'il  le  troverent,  si  lui  distrent 

• 

Que  nostre  gent  illoc  venoient 
11950  E  que  conduit  lui  requeroient, 
E  portoient  Chartres  del  roi, 
E  qu'il  en  preist  bon  conroi. 
Mais  Saffiadin  mult  les  reprist, 
E  dist  que  grant  folie  emprist 
11955  E  que  fol  conseil  lor  dona 
Qui  cele  gent  issi  mena, 
E  que  lor  vies  poi  amoient. 
Que  sanz  conduit  issi  erroient; 
E  parlèrent  illoques  tant 


Fol.  87 


11891  par  manque  —  1189a  rmes  —  11897  e  quere  —  11899  qui  manque  —  11900  prodom,  le  êêcond 
iDult  manque  —  1 1901  le  iecond  ior  manque  —  1 190a  li  manque  —  1 1905  Lautres  —  1 1909  al  cheotler  — 
11910  se  manque  —  11911  quil  —  11918  vérité  —  11916  E  manque  —  11916  come,  ert —  11917  paisee 

—  11990  Miflsires  —  1199a  Qui  lor  m.  —  11996  venu  manque  —  11997  aprochoieut  —  11998  dévoient 

—  11933  qui  nest  —  119^7  tant  manque  —  119&8  et  si  —  11966  icele 


321 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


822 


'H,  ?l ,  XXXII. 

Les  Turcs  vru- 
it    tirer   veo- 


1 1960  Que  il  aloit  ja annitant. 
Eth  vos  la  rôle  illoc  vernie, 
De  bon  conseil  e  d'armes  nue; 
E  quant  li  Sarazin  les  virent, 
Tel  chiere  e  tel  semblant  lor  firent 
Kol.  87  A.  1 J  965  Que  por  vérité  Je  vos  di 

Qu'en  la  rote  n'ot  si  hardi 
Qu'il  ne  volsisl  od  bêle  cbiere 
Estre  a  Sur  ou  a  Acre  ariere. 
Dejosie  un  mur  celé  nuit  jurent, 

1 1970  Si  sachiez  que  a  grant  dote  furent; 
^tmawriwm  Ri-  E  Tendcmain  li  Sarazin 

Vindrent  devant  Satehadin 
E  a  ses  piez  s'agenoillerent. 
M.    saïadin  Si  lui  rcquistreut  e  proierent, 

""***•         1 1975  Si  lui  distrent  :  tt  Ha  I  droit  soudans, 

crOre  seroitbien  droit  e  tens 
crDe  vengier  nos  de  la  maçacre 
(tQue  cist  nos  firent  devant  Acre. 
crSire,  lais  nos  vengier  noz  pères, 

1 1980  (tNoz  parenz,  noz  filz  e  noz  frères, 
(t  Que  cist  ont  mort  e  detrenchiez  ; 
<r  Or  puet  chescons  estre  vengiez,  -n 
Il  respondi,  si  en  ot  droit, 
Que  a  ses  amis  en  parleroit 

1 1985  Devant  le  sondan  s'asemblerent^ 
E  estroitement  en  parlèrent. 
La  furent  li  haut  Sarazin 
E  li  Mestoms  a  Saffadin; 
Si  i  fu  Bedredin  Dorderons, 

11990  Si  distrent  :  crSire,  nos  dirons 
(tÇo  qn'afiert  a  vostre  hautesce. 
tr  Trop  par  sereit  ço  grant  laidesce 
(tE  grant  blasme  a  la  loi  paiene, 
(rSe  iceste  gent  cristiene 

11995  (fQui  ci  est  soz  nostre  poisanee 
tt  E  qui  croit  en  bone  créance 


ffEstoit  si  fftitement  ocise 

(rDedenz  ço  que  la  triuue  est  prise 

<rDe  nos  e  dei  roi  d'Engletere. 
1  a  000  cr  Cornent  tendriez  vos  mes  terre 

rtSi  vos  faisiez  tele  fraiture 

ïfEn  nul  sens  por  nule  aventure?       Foi.  87  •. 

trE  qui  nos  poroit  ja  meis  croire  î?)  • 

E  Salehadins  totanoire 
i9oo5  Pristses  seijânz  e  si  manda 

Por  Saffadin ,  cui  comanda 

Que  li  cristien  guardé  fussent 

E  que  son  sauf  conduit  eussent 

E  al  sépulcre  e  as  veages 
1  s  0 1 0  A  faire  lor  pèlerinages  ; 

E  assez  plus  les  henorerent. 

Tant  que  a  Acre  8*en  tornerent. 

Ensi  com  il  s'en  retomerent,  itUuntrimBi^ 

E  cil  de  nostre  route  errèrent.  '^'  ^;  ^"^ 

1901 5  Tôt  droit  el  point  de  l'enjomer,  depèitrios,  doot 

Lj  Ai»'..  AmbroiM      fait 

L  soudans  ot  fait  atomer  partie. 

Sesgenz,  qui  les  chemins  guardoient 

Quant  li  pèlerin  trespassoient. 

Si  que  aseur  i  trespassames 
19090  E  les  montainessormontames, 

E  venimes  a  la  monjoie. 

Lors  eûmes  as  cuers  grant  joie 

De  Jérusalem  que  veism^; 

A  terre  a  genouz  nos  meimes, 
1909^  Si  come  tuît  le  font  par  dete; 

Si  veimes  mont  d'Olivete,* 

La  dont  mut  la  procession 

Quant  Dens  vint  a  sa  passion. 

Puis  venimes  vers  la  cite 
i9o3o  Ou  Deus  conquist  son  heritë. 

Cil  qui  avant  chevalchë  eurent 

Le  sépulcre  seint  baissier  porent; 

Si  nos  dist  la  chevalerie 


ii96oQiiil  —  11969  emanque —  ngôh  hrnumqut —  11980  emanqne —  11983  Eilr. -^  11985  aasem- 
Ueroil  —  1 1986  parierok  —  1 1990  Si  li  —  1 1999  ço  numqut  —  1 1998  la  manqué  —  1 199&  Si  eeste  —  1 1'996 
cr.  aucone  cr.  —  1 9006  qtt*il  —  1 9008  E  manqw  —  1  toi  9  aifMM^,  retoroerenl  —  1 901 3  Si  com  —  1 9096 
genoiJIons  —  1 9016  com  —  19096  le  mont  —  19098  Que  —  1 9o3i  avuit  mon^  —  i9o39  Lç  s.  aini      ^ 


91 


ntrftUIBMI    lATtOllU. 


338 


L'BSTOIRE  DE  LA  GUERRE  &AINT& 


SS4 


Qui  fu  en  noBitei  compaignie 

i9o35  Que  cde  sainte  croiz  sanz  faille 
Qui  fu  perdue  en  la  bataille 
Lot  fist  Saiehadins  mostrer 
E  baissier  la  e  aorer; 
E  nott  autres  qui  a  pië  fumes 
Fol.  87  d.  ifloào  Veimes  ço  que  nos  peumes  : 

Nos  veismes  le  monument 
Ou  le  cors  Deu  nomeement  . 
Fu  mis  quant  la  mort  ol  soflRérte. 
La  ot  aucune  oifrende  offerte; 

i9oâ5  Mais  li  saraiiini  les  pernoient 

Quant  nostre  genz  lès  i  melolenU 
E  por  ço  petit  i  offrîmes; 
Car  as  cheitifs  le  départîmes 
Que  illoc  estient  en  liens,     • 

iso5o  E  de  Frans  e  de  Sulieds.: 

A  cels  portâmes  nostre  offirende, 
Qui  disoient  :  «Deu  le  lor  rende  ! 7) 
Illoc  esteoient  en  servage. 
Puis  feimes  autre  veage 

iso55  Droit  sur  le  mont  CaWarie  a  destrc, 
Ou  cil  murut  qui  deigna  nestre, 
lUoe  oa  la  croix  fu  fichée 
E  la  sein  te  char  clofichee, 
Car  la  roche  se  depesça 

1S060  E  fendi  desqu  en  Golgatha. 
Cel  leu  veimes  e  baisâmes; 
E  d'iloc  si  nos  en  alames 
En  Monte  Sion  en  Feglise, 
Que  tôte  guaste  estoit  remise, 

iso65  Un  Uu  veimes  sor  senestre 
La  ou  la  mère  al  roi  celestre 
Transi  el  ciel  a  Deu  son  père, 
Qui  de  lui  fist  sa  dolcé  mère; 
Gel  Uu  baisâmes  en  plorant , 

19070  Puis  nos  en  alames  coraal 


A  la  seiate  taUe  veoil* 

Ou  Deus  velt  mangier  e  seoir. 

Celé  baisâmes  eJralment; 

Si  n'i  demoràmes  grfeinmenl, 
19075.  Car  li  Saraizin  nos  emUoienl 

Noz  pèlerins  é  sis  muçoient, 

Ça  trois,  ça  qilatre,  par  les  erotes; 

C'erent  noz  peors  é  nos  dotes.  PoK  88  a 

Puis  en  alames  conlj^  val, 
19080  Geùt  a  pië  e  gent  a  cheval, 

En  Jojsaphas  sor  Siloë  : 

Eiisi  nos  fu  dit  e  loë. 

La  veismes  ta  sépulture 

Del  cors  Ou  Deus  prist  nureture  : 
i9o85  Celé  baisâmes  volénters 

Od  piteos  euers  e  entiers^. 

Puis  alames  0  mult  grant  dote 

En  icelo  meimes  crote 

Ou  Deus  estoit  quant  cil  le  pristrent 
19090  Qui  son  precios  cors  ocistrent  : 

Cel  liu  baisâmes  sanz  leissiers 

Od  pitë  e  od  desîriers, 

E  plorames  0  chaudes  lermes; 

E  bien  en  iert  e  lia  e  termes, 
19090  Car  illoques  ot  les  estables 

As  chevals  as  genz  des  diables 

Qui  les  sainz  lius  Deu  ordeoient; 

E  noz  pèlerins  nos  hasioient  : 

De  Jérusalem  nos  partîmes 
19100  E  a  Acre  nos  en  venimes. 

La  tierce  rote,  li  evesques, 

Cil  qui  depuis  fu  aroevesques 

De  Canterbire  la  cite. 

Cil  ramena  porveritë; 
i9io5  Si  fu  veirs  que  par  sa  proesce, 

Par  son  los  e  par  sa  hautesce, 

Li  fist  tant  Sdlehadins  faire 


t^ffét,  VI,  xiUT. 


voi,was]adirce- 
iMS  de  rtreU- 
véqm  de  SeUt- 
borjf. 


190^3  la  wuinqm  —  i9o/t8  parlimet  —  19069  le  mtmqm  —  iio55  sur  le  monfiM  —  19066  mère  le  roi 
-<-  19a8o  k  99cmtd  gent  manqué  —  1908^  Des  —  19089  quant  il  le  —  19090  Que  —  19099  Od  pîtese 
cuers e  —  1 909&  Uprmm€r  e  mtmffêê  —  1 9097  l«"i  ordwent—  19099  dm  enptrtÎDMS  —  1 9iooreaeniiiie8  — 
4  9109  qui  puis  —  i»io5  ta  iiMmf«f 


325 


KESTOIRË  DE  LA  GUIttRei SAINTE. 


a2C 


D'eoor  com  jo  vos  puis  retraire; 
Car  enooulre  lui  envoia 

19110  Ses  genz,  par  qui  il  Ten  proia 
Qu'il  fîist  o  lui  a  sa  despense; 
Mais  li  vesques  ot  tel  défense 
Qu'il  respondi  as-Sarazios^ 
Por  ço  qu'il  estoit  pèlerins ^ 

1  a  1 1 5  Que  son  cust  nient  n'en  prendroit 
Fol.  88  6.  En  nule  fin  jo'en  nul  endroit; 

E  quant  il  son  cust  n'en  velt  prendre , 
Si  fist  mult  sa  maisnee  entendre 
A  honorer  lui  e  sa  gent, 

1  a  1 30  E  lor  firent  maint  biau  présent; 
E  le  fist  mener  par  les  lius 
Ou  hanta  nostre  sire  Deus, 
Puis  le  manda  a  parlement 
Por  Yeoir  son  contenement; 

13195  La  seinte  crois  lui  fist  reoir. 
Puis  le  fist  doYani  li  seoir, 
E  furent  ensemble  e  parlèrent 
Longuement  e  si  demorerent; 
E  il  comença  a  enquere 

i9i3o  Des  tesches  le  roi  d'Engletere, 
E  que  nos  cristiens  disoient. 
Des  sues  que  o  lui  estoient; 
E  li  Yesques  respondi  :  erSire, 
«De  mon  seignor  bien  vos  puis  dire 

iii35  crQue  c'est  li  mieldres  chevalers 

(tDel  monde  e  li  middre  guerriers,    • 
ff  E  larges  e  bien  enteschies. 
rrGe  n'acunt  mie  nos  péchiez; 
(rMais  qui  atroit  vos  teches  mises 

i9i6o  trOvee  les  sues  e  assises, 

(T  Nos  disons  bien  qu'en  tôt  le  monde , 
(rTant  comm  il  clôt  a  la  reonde, 
tr  N'avroit  tels  deus  princes  troves>, 


frSt  vaillahz  ne  si  esprovefei.T) 
i2ii^5  Li  soudans  l'evesque  escouta, 

Si  li  diàt  :  tr  Bien  sai  que  molt  a 

f(£l  rei  proesce  e  hardement; 

((Mais  il  s'embatsi  foiemenl! 

((Quel  haut  prince  que  jo  ja  fusse, 
1  a  1 5o  rr  Je  voidroie  mielz  que  jo  eusse 

fcLargesce  e  sens  o  tôt  mesure 

(t  Que  hardement  o  desmesure,  n 

Quant  Salehadins  longement 

Ot  perlé  ensi  faitement  Fd.  88  Ci 

191 55  A  l'evesque  par  latimiers, 

E  l'ol  escolë  volentiers, 

Lors  dist  c'un  don  li  demandast, 

Quel  qu'il  volsist  e  comandast, 

Tel  com  il  doner  li  devrait, 
laiGo  E  ço  seust  que  il  l'avroit; 

E  l'evesque  l'en  mercia , 

E  dist  :  ffPar  ma  foi,  ici  a 

crGrant  chose,  qui  le  set  entendre; 

rrMais,  s'il  vos  plest,  jo  voil  étendre, 
i9i65  (îE  a  Deu  conseil  en  prendrai 

tr  Anuit,  e  demain  revendrai.?) 

E  li  soudans  lui  otreia. 

E  cil  el  demain  li  preia. 

Si  fu  grant  chose  qu'il  conquis  l  : 
19  170  Que  al  sépulcre,  qu'il  requist. 

Ou  n'avoit  point  de  Deu  servise 

Fors  de  Suliens  a  lor  guise, 

Que  deus  de  nos  prostrés  latins , 

Chescon  jor,  e  seirs  e  matins, 
13176  E  deus  diacres  ensement 

A  estre  lor  sostenement, 

Oyec  les  Suliens  servisenl 

E  des  offrendes  i  vesquissent  ; 

E  autresi  en  Belleem 


itJo8  corne—  isiio  par  quil  —  isiia  li  «itesque  —  i9ii3  al  s.  —  iiii5  c.  neo  nan  pr.  —  lataG 
il  fium^tw —  i9i33  eneaquea— •  i si34  biennumftM  —  iti36  iêmieldre  gaeroiera —  i9t6i  que  Irestoi  li  — 
\%\kt\  esparuei  —  11169  jamoii^o—  iii56B  lot  e.  -—  19167  ^  "von^ift  —  i9i58Que  quil —  19160  quil 
—  19169  ma  mofi^iM —  19168  Enuin^ —  19170  Qiud —  19171  I>euiNaii^ —  19174  jor  seire  malin  — 
19176  ioaleiiieiit  —  isi78iiNaii^ 


91  . 


327 


L^ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


SS8 


13180  Fuâi  fait  comm  en  Jérusalem , 
Ë  autresi  en  Naxareht 
Là  soldans  volt  que  il  fust  fei 
Tant  corne  meintendroit  la  tere; 
E  ii  bons  vesqoes  fist  enquere 

i3t85  Les  proYoires  e  fist  chanter; 
Si  se  pot  Tevesques  vanter 
Que  il  rendi  la  chanterie 
A  Deu  qui  Ion  ne  Tavoit  mie. 


laïQO 


FcLSSd. 


llùmmnmK- 
cmrêt,  VI ,  nxT. 

lUlhflin  q«i 
«nilkol  les 
Croiaéi  pcsduit 
l««r  vojage  et 
ntoar. 


E  fait  orent  ço  qu'il  quislrent, 
A  Salehadin  congié  pristrent; 
De  Jérusalem  se  tomerent 
E.  a  Acre  s*en  retornerent. 

1  a  1 90       Quant  les  genz  furent  revenues , 
Totes  les  granz  e  les  menues , 
Del  saint  sépulcre  e  repeirees. 
Les  nés  furent  apariilees , 
Li  pèlerin  dedenx  entrèrent 

1  jsoo  £  quant  vent  orent  si  siglerent. 
Les  nea  furent  tôt  départies 
E  depeciees  par  parties  : 
Li  un  vindrent  a  salvetë 
Al  port  ou  il  furent  jeté, 

19300  Li  autre  furent  perillë, 
E  en  plusors  lius  eissillié; 
Si  en  munirent  autre  sor  mer, 
Si  orent  covertor  amer  : 
Amer?  mes  dob,  que  la  dolçor 

13310  En  sentirent  al  règne  alçor; 
E  li  auquani  s'i  engroterent. 
Si  que  onques  nen  respasserent; 
Li  autre  orent  leissië  lor  pères, 
Lor  cosins  germains  e  lor  frères 
Morz  ou  d'armes  ou  d'enfertë, 


13313 


Dont  il  erent  en  grant  nertë  : 

Tôt  autresi  com  li  martir 

Con  vit  de  œst  siècle  partir 

Por  Deu  pristrent  divers  martire, 
13330  Tôt  autresi,  os  jo  bien  dire, 

Orent  cil  diverses  enjures 

E  mult  diverses  aventures 

Qui  cest  pèlerinage  enpristrenL 

Mais    meintes    genz    non    sachanz 

[distrent 
i3395r  Puis  plusors  feiz  par  lor  folie 

Qu'il  n'orent  rien  fait  en  Sulie, 

Quant  Jérusalem  nert  conquise;         Fd.  89  a. 

Maisn*orent  pas  bien  Tovre  enquise. 

Ainz  blâmèrent  ço  qn  il  ne  sorent 
i333o  E  ço  ou  onques  lor  piei  n'orent. 

Mais  nos  meimes  qui  i  fuimes, 

Qui  ce  veimes  e  soumes 

E  qui  covint  les  mais  sentir. 

Nus  n  en  devom  mie  mentir 
13335  De  ço  que  li  autre  soffirirent 

Por  amor  Deu,  que noz  eilz  virent; 

Si  os  dire,  oiant  cels  qu'i  furent , 

Que  tels  cent  mile  home  i  munirent 

Por  ce  qu'a  femme  ne  gisoient, 
133&0  Qui  a  l'amor  Deu  se  tenoient. 

Qui  en  cel  point  pas  ne  moreussent 

Si  lor  abstinences  ne  fussent  ; 

E  si  os  bien  dire  en  plevine. 

Que  d'emfertë  que  de  famine 
133&5  En  ot  bien  mort  plus  de  trois  mile. 

Qu'ai  siège  d'Acre  qu'en  la  vile; 

E  li  prodome  qui  avoient 

Lor  chapeleins  e  qui  ooieot 

Lor  servise,  com  un  evesques 


13183  quil  —  iai83  comm  —  13186  euesques  —  13190  //  doit  matiquer  deux  ten  —  13196  Tux  — 
1 31 97  e  moHquê,  reperirees  —  1 9301  totes  —  1 9906  E  manqué  —  1 3307  m.  kutrc  —  1 9909  doloor  qua 
—  1991 1  seogrocerent  —  I99t3  conques  nen  tresptsserent —  1991 5  Ujntmwr  ou  numque  —  19316  Yerie  — 
iS9i8  Gouiotde  —  i99i9peraoient —  19391  divers —  19999  mult  «uM^ut — 19998  Que  cest  — 19995  feù 
muMqu9  —  i933i  n.  ueinies  — .  i993t  Qui  ice,  smiies  -»  19936  Nos  ukënquê,  mie  de  co  —  i99S5  De  ço 

1^  —  19336  qui — 19938  home  «MnifiM —  1 9  9&9  abstinence  —  i99&âdeinlennele  —  i99âSbienflNniftie 


329 


L'ESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


330 


TU- 
li,Vl,  nxTi. 

Riehard  n- 
chèle  GnUlaome 
àf  Préaox. 


Fol.  89  b. 


U,  Yl  t  uxf  u 
et  dtrnicr. 

OépirideRi- 
cbard  pour  POc- 
eident  (9  octobre 
ti9«). 


iaa5o  U  com  uns  ires  sainz  arcevesqiies, 
E  qui  en  tel  vie  moroient, 
Issi  corne  li  mal  corroient, 
Cil  seront  o  Deu  a  sa  destre 
El  haut  Jérusalem  celestre; 

13355  E  tels  genz  o  le  bien  qu'i  pristrent 
L'autre  Jérusalem  conquistrent. 

Quant  Richarz  li  rois  d'Engletere 
Ot  este  en  la  seinte  terre 
Tant  que  tens  fu  del  relorner, 

13360  Lors  fisl  son  passage  atomer, 
E  II  fu  sa  nef  atornee 
Si  que  il  n'i  faillot  rien  née, 
Gent  ne  armes  ne  guarnesturc. 
Lores  fist  proesce  e  nature 

13365  E  que  prosdom  e  que  leaus; 
Car  por  Guillame  de  Preals, 
Qui  por  lui  avoit  esté  pris, 
Leissa  dis  Sarazins  de  pris. 
Qui  mult  rendissent  grant  avoir, 

13370  Por  le  cors  Guillame  ravoir; 
E  par  tôt  fisl  crier  sa  sotte, 
Qu  il  n'i  oust  plainte  ne  tolte, 
E  fisl  lot  aquiter  e  rendre  : 
Qui  lors  veisl  al  congé  prendre 

13375  Les  genz  qui  après  lui  ploroienl 
Tendrement  e  por  lui  preoient, 
E  regreloient  ses  proesces 
E  ses  valorse  ses  largesces, 
E  disoienl  :  «rHail  Sulie, 

13380  (rCom  hui  remanezsanz  aie! 

rrDeusI  se  ore  en  fust  la  triuue  cn- 

[fraile, 
rrSi  come  ele  est  mainte  foiz  faite, 
rr  Qui  est  qui  nos  garanliroit, 
«Puis  que  li  rois  s'en  partiroit?^ 

13385  Lors  veissiez  mult  gent  plorer, 
E  li  rois  sanz  plus  demorer. 


Se*   «dieut  h 
la  Syrie. 


Qui  encore  crt  mult  desbeitiez, 

Entra  en  mer  a  lor  congiez, 

E  fist  al  vent  lever  les  veilles, 
13390  E  curut  la  nuit  as  esteilles. 

Al  malin  a  l'aube  csclarcie , 

Torna  son  vis  devers  Sulie 

E  dist,  si  que  ses  genz  l'oirent 

E  que  li  autre  l'entendirent  : 
13395  (rHel  Sulie,  a  Deu  te  comant  ! 

trE  Dampnedeus  par  son  comant 

(tMo  doinst  encore  tant  d'espace, 

(tSe  lui  plesl, que  secors  le  face! 

(rCar  encore  te  cuit  secore.^ 
13800  Lorscomença  sa  nef  a  corre. 

Mais  ne  savoitpas  les  nuisances,  Uaihean  qui 

T  i  •   i*  1  rattenUent      en 

Les  granz  mescbiefs  ne  les  pesances  sorope. 

Qui  devant  les  oilz  li  pendoicnt, 

E  les  tormenz  qui  l'atendoient 
i93o5  Parla  Iraison  porpensee. 

Que  de  Sulie  fud  mandée 

En  France  al  roi  des  Hausasis,  Fol.  89  e, 

Por  quoi  il  fud  jeté  et  pris 

El  conduit  Deu  et  el  vcage, 
13810  Par  quoi  Ten  prist  son  héritage 

E  ses  chastels  de  Normendie 

Par  coveilise  e  par  envie; 

Puis  fu  rainz  a  fin  argenl. 

Dont  il  tailla  tote  sa  gent 
i33i5  E  prist  e  croiz  e  filalires. 

Calices,  veissels  e  matircs 

D'or  e  d'argent  par  les  mostiers; 

E  il  en  ierl  si  grant  mestiers 

Qu  onques  n'ot  Deu  ne  saint  ne  sainte, 
13890  Dont  il  i  a  ja  maint  e  mainte. 

Qui  sanz  morir  onques  soiTrisl 

Plus  mal  por  lui  que  li  rois  fist 

Dedenz  la  prison  en  Ostricbe 

E  en  Alemaine  la  riche. 


i335o  1res  manque —  13959  com  —  19969  quil —  13966  Lors  —  19970  auoir —  19978  tant  ~  13978 
E  les  —  1981 5  Ï9  premier  c  manque  —  13816  G.  e  veissels  de  maiire  —  19819  Quonques  0  deu  s.  — 
13893  lui  manque 


331 


LESTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


3SS 


I  a3a5  De  tot  ice  mot  ûe  savoit; 

Mais  Deus  qai  servi  il  a  voit, 
E  ^D  sen  e  9a  grant  largesce. 
Sa  porveance,  sa  proesce, 


1  â33o 


E  li  baron  qui  Tostagierent, 
Qui  ioreufani  i  envoierent. 
Tant  qu'il  chalenja  puis  sa  terre 
Al  rei  de  France  e  li  mut  guère; 
1^335  E  tant  fist  puis  e  tant  ovra 
Que  tant  ou  plus  en  recovra 
Que  Tom  li  en  avoit  toloite. 
Ensi  fait  Efeus  si  s'ovre  a  droite, 
Qui  que  travailt  en  son  senrise, 


I  aSho  Que  il  li  rent  a  sa  devise. 

Si  sachent  tuil  cil  qui  sunl  ore 
E  tuit  cil  qui  seront  encore 
Que  Testoire  en  icel  point  fine. 
Qui  afiche  por  verte  fine 

1^365  Que  Tan  que  la  croiz  Tu  conquist^ 

Ot  mil  anz  e  cent  e  uitante 
E  uit,  e  Tescrit  le  créante, 
Desci  quen  Tencamacion, 
iâ35o  Que  le  filz  Deu  prist  nacion. 
Qui  od  son  pere  vit  e  règne, 
Et  qui  nos  toz  mete  en  son  r^ne. 


Épiltfi». 


Fol.  89  4. 


Explicit. 


1 93a9-3o  U  doit  manquer  tUus  ten  —  1 9337  en  tnanquc  —  1 1338  si  manque  —  1 936o  Quil  —  1 236 1  di 
manque  —  1 93^9  t  qui  en  s  —  193&S  eo  tel  —  193&9  la  camacion 


TRADUCTION. 


L'HISTOIRE 


DE   LA  GUERRE  SAINTE. 


Celui  qui  veut  traiter  une  longue  histoire,  il  faut  qu'il  se  donne  bien  garde  de  ne  *V.  i. 
pas  commencer  de  façon  à  se  surcharger  une  œuvre  qu'il  ne  puisse  achever;  il  faut 
qu'il  l'entreprenne  et  qu'il  ia  fasse  de  manière  à  mener  à  bonne  fin  ce  qu'il  met  en 
train.  Et,  à  cause  de  cela ,  j'ai  commencé  brièvement ,  pour  que  la  matière  ne  soit  pas  trop 
lourde.  Je  veux  aller  droit  vers  mon  sujet,  vers  une  histoire  bonne  à  raconter,  qui  ra- 
conte le  malheur  qui  nous  advint,  et  à  bon  droit,  l'autre  année,  en  la  terre  de  Syrie, 
par  notre  folie  excessive ,  que  Dieu  ne  voulut  plus  supporter  sans  nous  en  faire  sentir 
les  conséquences.  Il  nous  les  fit  sentir  assurément, jen  Normandie  et  en  France,  et  dans 
toute  la  chrétienté;  qu'il  y  eût  eu  peu  ou  beaucoup  de  cette  folie,  il  la  fit  sentir  promp- 
tement  par  la  croix  que  l'univers  adore,  qui,  à  cette  époque,  fut  enlevée  par  les  païens 
et  portée  loin  du  pays  où  elle  était  et  où  Dieu  daigna  nattre  et  mourir ^^^  de  l'Hô- 
pital et  du  saint  Temple,  à  cause  de  quoi  plusieurs  se  lamentèrent,  du  sépulcre  où 
Dieu  avait  été  mis,  et  dont  le  péché  nous  avait  privés;  non,  ce  n'est  pas  ainsi  qu'il 
faut  dire  :  ce  fut  par  Dieu,  qui  voulut  ramener  à  lui  son  peuple,  qu'il  avait  racheté, 
et  qui ,  alors ,  négligeait  son  service. 

A  la  suite  d'un  si  grand  malheur,  grands  et  petits  par  tout  le  monde  furent  affligés  V.  35. 
et  eurent  peine  à  reprendre  courage.  Tout  le  peuple  chrétien  en  abandonna  les  danses, 
les  chansons,  la  musique  et  les  paroles  et  toute  joie  mondaine,  tant  que  le  pape  de 
Rome,  par  qui  Dieu  a  mené  maint  homme  au  salut  (ce  fut  le  huitième  Grégoire,  comme 
on  le  trouve  dans  les  livres),  proclama,  pour  l'honneur  de  Dieu  et  la  confusion  du 
diable,  un  pardon  de  grand  profit  :  ceux  qui  iraient  combattre  les  infidèles  qui  avaient 
déshérité  le  Roi  de  vérité  devaient  être  quittes  de  tout  péché.  C'est  pour  cela  que  tant 
de  rois  et  tant  de  comtes,  et  tant  d'autres  gens  qu'on  n'en  sait  pas  le  nombre,  se 
croisèrent  pour  aller  chercher  Dieu  en  Syrie ,  dans  la  terre  lointaine.  Tous  les  gens  les 
plus  renommés  du  monde  se  croisèrent  en  masse.  Richard,  le  vaillant  comte  de  Poi- 
tiers, ne  voulut  pas  faillir  au  besoin  de  Dieu  et  à  son  appel,  et  se  croisa  pour  son 

(0  II  manque  ici  un  morceau  dont  on  ne  peut  apprécier  Tétendue. 

ta 

UirftlXtail    HATIOSAtk. 


336  CHISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

amour  ;  il  fut  le  premier  de  tous  les  hauts  hommes  des  terres  de  deçà  la  mer,  dont 
nous  sommes.  Puis  le  roi  d'Angleterre  lui-même  s'ébranla  pour  le  service  de  Dieu; 
il  y  mit  grande  peine  et  grande  dépense.  Nul  ne  regardait,  pour  prendre  la  croii,  à 
vendre  son  patrimoine.  Ni  les  vieux  ni  les  jeunes  ne  voulaient  celer  leur  cœur  et  re- 
noncer à  montrer  leur  courroux,  et  à  prendre  vengeance  de  la  honte  qui  était  faite 
à  Dieu  sans  qu'il  l'eût  méritée  :  sa  terre  avait  été  ravagée,  ses  gens  avaient  été  pris 
de  si  court  qu'ils  n'avaient  pas  su  aviser.  Il  ne  faut  pas  s'émerveiller  de  la  dé- 
faite qu'ils  subirent  alors  :  c'étaient  des  preux  entre  tous;  mais  Dieu  voulait  qu'ils 
mourussent  et  que  d'autres  le  secourussent.  Ils  moururent  corporel lement,  mais  ils 
vivent  au  ciel,  et  autant  en  font  ceux  qui  meurent  là-bas  et  qui  restent  au  service 
de  Dieu. 
V.  87.  Il  Y  avait  depuis  longtemps  entre  la  France  et  la  Normandie  une  guerre  forte  et 
/fin. Aie,  II, m.  cruelle  et  orgueilleuse  et  acharnée  et  périlleuse.  La  guerre  était  entre  le  roi  Philippe 
et  le  roi  Henri  d'An^eterre,  celui  qui  avait  la  belle  famille,  la  vaillante,  la  sage, 
l'aviséf ,  le  bon  père  du  jeune  roi  qui  joutait  avec  tant  d'ardeur,  le  père  de  Richard 
l'avisé,  qui  était  si  sage  et  si  subtil,  le  père  de  Joifroi  de  Bretagne,  qui  était  aussi 
d'un  si  grand  mérite,  et  le  père  de  Jean  sans  terre,  qui  lui  causa  tant  deg;aerres  et  de 
troubles.  Un  roi  qui  avait  une  telle  famille,  et  qui  se  savait  si  puissant,  pouvait  bien 
mener  la  guerre  si  on  voulait  la  lui  faire;  et  s'il  avait  fait  ce  qu'ils  voulaient^  tels  qu'ils 

étaient ^^\  Les  deux  rois  étaient  en  discorde,  et  nul  n'avait  pu  les  accorder  jusqu'au 

jour  où  Dieu  les  rapprocha  dans  l'entrevue  qui  fut  si  heureuse.  Ce  fut  entre  Gisors  et 
Trie ,  dans  une  prairie  grande  et  belle.  On  dit  Ut  maintes  paroles ,  tant  de  folles  que 
de  sages;  l'un  n'avait  souci  que  de  la  paii^  et  l'autre  n'en  avait  cure;  il  y  avait  des 
gens  de  toute  sorte,  et  on  ne  savait  comment  la  paix  pourrait  se  faire;  mais  Dieu  voulait, 
je  le  pense,  qu'ils  se  croisassent  tous  ensemble.  On  toucha,  dans  cette  entrevue,  à  bien 
des  querelles,  vieilles  et  nouvelles;  il  y  en  avait  beaucoup  de  fort  embarrassées,  qui 
excitaient  la  fierté  et  l'orgueil^  et  on  les  repassait  longuement.  C'était  un  jour  où  le 
temps  était  fort  beau.  Là  vint  de  Sur  un  archevêque,  sage  et  pmdhomme,  envoyé  en 
message  par  les  Syriens  qui  oonnaissaient  son  grand  sens;  nous  le  vtmes  se  donner 
beaucoup  de  peine  pour  mettre  les  rois  dans  la  bonne  voie.  Dieu  s'en  peina  tant,  et 
avec  lui  les  pmdhcraimes  et  les^sages,  que  les  rois  se  croisèrent  tous  deux,  et  que  là 
ils«fentre4)tisèreRt.  Us  se  baisèrent  en  pleurant,  et  ils  adorèrent  Dieu  pour  la  grande 
joie  qu'ils  avaient  et  pour  le  besoin  qu'ils  savaient  que  Dieu  avait  d'être  secouru.  Vous 
anriea  vu  là  les  chevaliers  courir  à  l'envi  pour  prendre  la  croix,  et  vous  n'auriez  pas 
jugé  que  c'étaient  des  genS;au  courage  défaillant;  si  bien  qu'autour  des  archevêques, 
des  évêques  et  des  abbés  (ainsi  Dieu  puisse-t-il  m'eider  et  me  protéger!)  je  vis  là  une 

(')  Lacune  de  deux  vers  au  moins. 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


presse  si  grande  et  tant  de  f 


1  fallait. 


c  la  chaleur 


337 
i  était 


,  avec  I; 
là  aussi  grande  qu'on  la  pourrait  demander,  qu'ils  ne  s'étoufTassenl. 

Sous  rem{)ire  de  lu  joie  que  causaient  cette  entrevue  et  la  pai\  et  lu  croisade,  tous 
allaient  prendre  la  croix,  car  nul  ne  pouvait  se  détendre  et  refuser  le  grand  pardon 
qu'on  offrait.  Mais  le  retard  apporté  au  départ  fut  bien  blâmable,  car  le  diable  fit  si 
bien  qu'il  remit  entre  les  deux  rois  la  discorde,  qui  ne  put  être  apaisée  jusqu'au  jour 
où  l'un  d'euï  mourut.  Ce  fut  le  vieux  roi  d'Angleterre,  Henri,  qui  avait  cru  visiter 
le  saint  Sépulcre  et  répondre  à  l'appel  de  Dieu;  mais  la  mort  sut  bien  le  prévenir. 
Ahbhoise,  qui  fit  ce  livre,  dit  que  celui-là  est  sage  qui  accomplit  son  vœu  envers  Dieu 
son  seigneur  dès  qu'il  l'a  voué.  Après  la  mort  du  roi  leur  père,  il  ne  restait  plus  que 
deux  frères  :  l'atné  s'appelait  Richard,  très  renommé  comte  de  Poitiers;  le  cadet  avait 
nom  Jean  sans  terre,  il  était  encore  tout  jeune.  Richard,  l'ainé,  comme  le  veut  la 
raison,  eut  la  couronne  et  les  trésors  et  les  richesses  et  les  terres  et  les  hommages. 
Puisqii'U  s'était  croisé  le  premier,  comme  nous  vous  l'avons  dit,  il  voulait  se  donner 
du  mal  pour  Dieu.  11  fit  donc  préparer  son  voyage.  Il  passa  en  Angleterre,  et,  très  peu 
de  temps  après,  il  se  fit  couronner  t)  Londres.  Je  vis  là  distribuer  de  grands  dons,  et 
je  vis  servir  tant  de  mets  que  nul  n'en  put  savoir  le  compte;  jamais  en  ma  vie  je  ne 
vis  une  cour  tenue  plus  courtoisement.  Je  vis  de  la  riche  vaisselle  dans  la  salle  magni- 
fique ;  j'y  vis  des  tables  si  pressées  qu'on  ne  pouvait  les  nombrer.  A  quoi  bon  vous  en 
faire  un  long  récit?  Chacun  de  vous  sait  bien  ce  qu'il  en  est,  et  quelle  grande  cour 
peut  tenir  celui  qui  est  matlrc  de  l'AnglcIerre. 

La  fête  fut  grande ,  riche  et  magnifique  ;  elle  dura  pendant  trois  jours  sans  diminuer. 
Le  roi  fit  là  de  grands  dons  et  rendit  à  ses  barons  leurs  fiefs  et  leurs  héritages'"  et 
accrut  leurs  domaines.  Et  quand  la  cour  se  sépara,  chacun  retourna  dans  son  pays, 
chacun  [lartit  pour  sa  maison;  mais  cela  ne  put  durer  longtemps,  car  le  roi  leur  avait 
envoyé  à  tous  un  mandement  nominatif  et  leur  avait  ordonné  de  préparer  par  des  em- 
prunts, tels  qu'ils  voudraient  les  faire,  leur  voyage,  parce  qu'il  était  décidé  à  mettre 
en  mouvement  sa  flotte  et  ses  équipages  pour  être  à  temps  au  passage  et  faire  son 
pèlerinage.  Nuit  et  jour  son  cœur  était  tourné  vers  ses  preux  qui  l'attendaient,  de  Nor- 
mandie et  d'Anjou,  de  Gascogne,  de  Poitou,  de  Berri  et  de  Bourgogne,  dont  beau- 
coup prenaient  part  à  t'expédrtion.  Lors  de  son  départ,  U  mit  des  archevêques  et  des 
évêques  dans  ses  églises  d'Angleterre  et  de  ses  autres  pays  où  il  n'y  en  avait  pas.  Cela 
fait,  il  ne  voulut  pas  attendre  l'hiver;  il  fit  faire  ses  préparatifs  de  voyage  et  charger 
ses  riches  trésors,  qu'U  savait  si  bien  employer.  Il  n'avait  guère  attendu  sur  le  rivage 
quand  Dieu  lui  prépara  le  temp  dont  il  avait  besoin  :  un  beau  vent  le  reporta  droit 

'■'   D»m  la  théorie  tëodale.  à  h  mort  du  suierain  loua  In  conirata  de  fîeCb  sont  dinous.  Le  successeur  du 
iiuerain  rentre  eu  pleine  poweuion  de  Iuub  les  fieb,  el  il  les  rend  ensuite,  ] 
qui  !«  possëdaifnL 


^  nouvelle  investiUire,  èce 


338  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

II, Ti.  en  Normandie.  Dès  qu'il  y  fut  arrivé,  on  le  reçut  à  grande  joie,  vous  pouvez  bien  le 
croire.  Il  fit  aussitôt  hâter  le  départ,  et  il  envoya  ses  gens  en  avant  à  Lion  (sur  mer) 
pour  célébrer  la  fête  du  jour  où  Dieu  voulut  naître.  Le  roi  tint  sa  fête  à  Lion,  mais  on 
ny  entendit  guère  de  chansons  de  geste;  il  fit  aussitôt  écrire  une  lettre  qu'il  envoya  au 
roi  de  France  par  un  messager  rapide,  et,  outre  la  lettre,  le  messager  avait  ordre  de 
dire  qu'il  était  tout  prêt  à  partir,  et,  si  je  ne  me  trompe,  ils  prirent  pour  cela  rendez- 
vous  entre  eux,  et  se  réunirent  à  Dreux,  à  sept  lieues  d'Evreux.  Comme  les  deux  rois  par- 
laient et  faisaient  le  plan  de  leur  voyage,  voici  venir  en  grande  hâte  un  messager  qui 
s'approcha  du  roi  de  France,  la  tête  basse,  et  lui  dit  que  la  reine  était  morte.  A  cause 
de  ce  grand  chagrin,  et  à  cause  d'un  autre  bien  cruel  aussi,  la  mort  du  roi  de  Fouille, 
qui  causa  et  cause  encore  gi*and  deuil,  tout  le  monde  fut  déconforté,  et  il  s'en  fallut 
peu  qu'on  ne  renonçât  au  voyage  de  Syrie.  Mais,  grâce  à  Dieu,  il  n'en  fut  pas  ainsi; 
on  le  remit  seulement  jusqu'à  la  fête  de  saint  Jean,  que  le  monde  entier  célèbre. 

V.  377.  Quand  la  rose  répandait  son  doux  parfum,  vint  le  terme  où  Dieu  voulait  que  les 
pèlerins  se  missent  en  marche  et  que  d'autres  se  joignissent  â  eux,  et  que  tous,  avec 
ce  que  Dieu  leur  avait  confié  de  biens,  fussent  disposés  à  souffrir  pour  Dieu  et  prêts  à 
partir  à  la  Saint-Jean.  Si  bien  que,  sans  plus  de  retard,  à  l'octave  de  la  fête,  eut  lieu 
à  Vézelai  l'assemblée  générale.  C'est  alors  que  le  roi  de  France  quitta  Paris  et  prit 
congé  de  saint  Denis.  Il  y  avait  bien  des  chevaliers  d'élite  qui  n'étaient  pas  encore  partis, 
tandis  que  la  plupart  des  barons  français  étaient  déjà  en  marche.  Le  duc  de  Bourgogne 
partit  alors  avec  le  roi  pour  l'expédition,  et  le  comte  de  Flandres  ne  tarda  guère  à  en 
faire  autant.  Il  faisait  beau  voir,  alors,  les  gens  qui  accouraient  de  toutes  parts,  et  la 
conduite  qu'on  leur  faisait,  et,  au  moment  de  la  séparation,  une  telle  douleur  et  une 
telle  détresse,  que  ceux  qui  leur  faisaient  la  conduite  sentaient  presque  leur  cœur 
se  briser. 

V.  3o3.  Le  roi  Richard  était  à  Tours  avec  tout  son  attirail  de  guerre;  la  cité  était  si  pleine 
II ,  im.  de  monde  qu'on  pouvait  à  grand'peine  y  tenir.  Il  envoya  promplement  à  la  mer  con- 
voquer sa  flotte;  il  fit  mettre  ses  vaisseaux  en  mer  et  recommanda  qu'on  partit  sans 
retard.  On  compta  cent  sept  navires  quand  ils  furent  entrés  en  mer,  sans  parler  de  ceux 
qui  s'y  mirent  ensuite,  qui  tous  se  suivirent  de  près.  Tous  passèrent  les  détroits,  les 
passages  étroits  et  difficiles,  les  périlleux  détroits  d'Afrique  où  la  mer  bat  et  heurte  tou- 
jours, si  heureusement  que  pas  un  ne  périt  ni  ne  toucha.  Et,  par  la  grâce  de  Dieu, 
ils  cinglèrent  tant  qu'ils  arrivèrent  à  Messine.  Le  roi  Richard  et  ses  barons  partirent 
allègrement  de  Tours;  il  y  avait  là  de  bons  chevaliers  et  des  arbalétriers  renommés. 
Si  vous  aviez  vu  l'ost'*^  quand  elle  sortit  de  la  ville!  Toute  la  terre  en  frémissait;  tous 
les  gens  étaient  dans  le  deuil  pour  leur  seigneur  plein  de  prouesse.  Là  pleuraient  dames 

^^)  J*ai  partout  conservé  ce  vieux  root,  que  notre  mot  armée  ne  rend  pas  tout  è  fait  exactement. 


L^HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  339 

et  demoiselles,  jeunes  et  vieilles,  laides  et  belles;  le  deuil  et  la  pitié  leur  serraient  le 
cœur  pour  leurs  amis  qui  s'en  allaient  :  jamais  on  ne  vit  conduite  plus  attendrissante 
et  gens  plus  tristes  au  retour.  Là  il  y  eut  bien  des  larmes  répandues  et  bien  des  vœux 
faits  dans  les  prières.  Ceux  qui  faisaient  la  conduite  retournèrent  h  la  ville,  et  les  pèle- 
rins suivirent  leur  route,  si  bien  qu'au  terme  qu'avaient  fixé  les  rois,  sans  un  jour  de 
retard  ou  d'avance  sur  ce  qui  avait  été  dit,  eut  lieu  à  Vézelai  l'assemblée  que  Dieu 
avait  dérobée  au  diable.  Dérobée  ?  Non  :  il  la  prit  ouvertement,  car  c'est  pour  lui  qu'elle 
avait  été  convoquée. 

A  Vézelai,  dans  la  montagne,  Dieu  hébergea  sa  compagnie,  et  il  y  avait  aussi  dans  V.  367. 
la  vallée  bien  des  gens  qui  y  étaient  venus  pour  lui,  et  dans  les  vignes  et  dans  les  \\,nn. 
coteaux  il  y  avait  les  (ils  de  bien  des  mères.  Le  jour  était  chaud,  la  nuit  calme.  Dieu 
avait  réuni  là  la  plus  belle  jeunesse  qu'on  ait  jamais  vue.  Ceux  qui  y  étaient  avaient 
abandonné  pour  Dieu  leurs  terres  et  leurs  familles;  ils  avaient  engagé  ou  perdu  pour 
toujours  leurs  héritages;  ils  s'en  étaient  laissé  déposséder  pour  acheter  l'amour  de  Dieu , 
car  on  ne  peut  faire  un  meilleur  marché  que  d'acquérir  l'amour  du  roi  céleste. 

A  Vézelai,  où  ils  étaient,  les  deux  rois  se  jurèrent  un  serment  :  quelque  fortune  V.  365. 
qu'ils  pussent  rencontrer,  l'un  ne  devait  rien  avoir  à  craindre  de  l'autre,  et  ce  qu'ils  n,ix. 
conquerraient  ensemble,  ils  devaient  le  partager  loyalement.  Ils  prirent  encore  un 
autre  engagement  :  celui  qui  arriverait  le  premier  à  Messine,  à  quelque  moment  ou 
dans  quelque  circonstance  que  ce  fût,  devait  attendre  l'autre.  Voilà  les  conventions  qu'ils 
firent.  Us  partirent  de  Vézelai  :  les  deux  rois  chevauchaient  en  tête,  parlant  de  leur 
expédition,  et,  partout  où  ils  s'arrêtaient,  ils  se  portaient  grand  honneur.  L'ost  mar- 
chait dans  une  telle  union  qu'on  n'entendait  aucune  réclamation.  Je  vis  faire  là  aux 
gens  une  courtoisie  qu'on  ne  doit  pas  taire  :  le  long  de  la  route  que  suivait  l'ost,  vous 
auriez  vu,  ainsi  Dieu  m'aide,  des  jouvenceaux,  des  dames,  des  jeunes  filles,  avec  de 
belles  coupes  et  des  cruches  et  des  seaux  et  des  bassins,  apporter  de  l'eau  aux  pèlerins. 
Ils  venaient  droit  sur  la  route,  tenant  les  bassins  dans  leurs  mains,  et  disaient  :  «Dieu , 
te  roi  du  ciel,  d'où  viennent  tant  de  gens?  Qu'est-ce  que  cela  peut  être?  Où  est  née  une 
c(si  belle  jeunesse?  Voyez  leur  visage  coloré  !  Comme  doivent  être  tristes  maintenant  les 
c( mères,  les  parents,  les  fils,  les  frères,  les  amis,  les  alliés  de  tous  ceux  que  nous  voyons 
«avenir  par  ici! 99  Us  recommandaient  l'ost  à  Dieu  et  pleuraient  après  le  passage.  Ils 
priaient  Dieu  pour  eux  doucement,  et  lui  demandaient  du  fond  du  cœur  de  les  conduire 
à  son  service  et  de  les  ramener  s'il  lui  plaisait.  Conduits  par  la  grâce  de  Dieu,  qui  leur 
fit  et  leur  fera  du  bien ,  en  grande  joie  et  liesse,  sans  tristesse  ni  courroux ,  sans  reproche 
ni  raillerie,  ils  marchèrent  si  bien  qu'ils  arrivèrent  à  Lyon  sur  le  Rhône. 

A  Lyon ,  sur  le  Rhône  à  l'eau  rapide ,  s'arrêta  l'ost.  Les  deux  rois  se  tenaient  là  pour  at-    Y.  àiS, 
tendre  les  gens  qui  venaient  encore.  Jamais  on  ne  vit  telle  merveille  ni  un  si  grand  ébran- 
lement de  peuple.  On  comptait  bien  cent  mille  hommes,  dont  la  plupart  couchaient 


340  L*HISTOIRB  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

par  la  ville.  Quant  aux  rois,  ils  ne  prirent  leur  herberge^^^  ni  dans  la  ville  ni  dans  les 
jardins;  ils  firent  tendre  leurs  pavillons  au  delà  du  Rhône  pour  attendre  fost,  et  il 
fallait  bien  attendre ,  car  il  venait  encore  beaucoup  d^hommes  ;  et  ils  les  attendirent 
tant  qu'ils  le&  virent  toiis  arrivés  et  assemblés.  Quand  ils  eurent  tant  attendu  qu*ik 
virent  bien  certainement  que  Tost  était  réunie  tout  entière,  ils  en  furent  très  joyeux.  Ils 
firent  déplanter  leurs  tentes,  si  belles  et  si  précieuses,  tout  le  long  de  la  sablonnière, 
pour  Tost  qui  arrivait  en  grand  nombre  derrière  eux.  Les  deux  rob  se  firent  la  con- 
duite tant  que  leurs  chemins  s'accordèrent,  puis  chacun,  à  grande  joie,  s'en  alla  à  son 
port.  Le  roi  de  France,  Philippe,  avait  déjà  traité  de  son  passage  avec  les  Génois,  qui 
sont  habiles  et  sages  en  ces  matières,  et  le  roi  d'Angleterre,  Richard,  cAtoya  la  mer 
tout  du  long  et  s'en  alla  droit  à  Marseille ,  de  par  Dieu  qui  inspire  toutes  les  bonnes 
pensées. 

V.  htig.  Quand  on  sut  dans  l'ost  que  les  rois  se  mettaient  en  marche,  il  y  en  eut  qui  se 
u,  X.  levèrent  avant  le  jour,  et  les  autres  le  plus  matin  qu'ils  purent,  pour  passer  le  Rhône; 
ceux  qui  s'étaient  levés  avant  le  jour  n'eurent  point  à  souffrir:  ils  passèrent  le  pont 
heureusement  et  sans  encombre  ;  mais  ceux  qui  passèrent  au  matin ,  et  qui  s'entassèrent 
sur  le  pont,  ceux-là  furent  en  grand  danger,  car  une  arche  du  pont  manqua,  à  cause 
de  l'eau  qui  était  démesurément  haute  et  peu  sûre.  Il  y  avait  plus  de  cent  hommes  sur 
l'arche,  qui  était  de  sapin;  c'était  une  trop  lourde  chai^  :  l'arche  tomba  et  ils  cul*- 
butèrent.  Les  gens  se  mirent  à  crier  et  à  appeler;  dans  l'ignorance,  diacun  croyait  avoir 
perdu  tout  ce  qu'il  avait  de  plus  cher,  son  fils,  son  frère  ou  son  parent;  mais  Dieu 
y  mit  la  main,  car  de  tous  ceux  qui  tombèrent  là  il  n'y  en  eut  que  deux  qui  périrent,  au 
moins  que  l'on  put  trouver,  mais  personne  n'aurait  osé  s'en  assurer,  car  cette  eau  est 
si  forte  et  si  rapide  qu'il  n'y  tombe  guère  rien  qui  en  échappe.  Si  ceux-là  furent  perdus 
pour  le  monde,  ils  sont  devant  Dieu  purs  et  nets  :  ils  étaient  partis  pour  son  service; 
il  aura  pitié  d'eux ,  c'est  bien  juste. 

V.  /j8i.  L'arche  du  pont  était  brisée,  et  les  gens  étaient  tout  égarés  :  ils  ne  savaient: de  quel 
côté  aller,  soit  en  amont,  soit  en  aval.  11  n'y  avait  plus  aucun  espoir  dans  ce^  pont-;  on  ne 
trouva  nul  ouvrier,  et  dans  le  Rhône  il  n*y  avait  ni  vaisseau  ni  barque  assez  grands 
et  assez  larges,  si  bien  qu'ils  ne  pouvaient  suivre  et  atteindre  ceux  qui  étaient  déjà 
passés;  et,  ne  voyant  aucun  autre  parti  à  prendre,  ils  firent  le  mieux  qu'ils  purent  : 
ils  passèrent  outre  dans  des  barquettes  bien  étroites ,  oh  ils  eurent  beaucoup  de  gène 
et  de  mal;  mais  ainsi  va  qui  peine  pour  Dieu. 

V.  Â97.  Le  passage  dura  trois  jours,  et  il  y  eut  grand  entassement.  Tous  alors  se  dirigèrent 
vers  le  lieu  de  leur  embarquement  :  au  plus  prochain  port,  à  Marseille,  il  alla  une 
masse  de  gens;  au  port  des  Vénitiens  il  alla  aussi  de  très  preux  chrétiens;  il  en  alla 


(I) 


Campement,  logemetit  militeirQ. 


L^HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE;  3A1 

aussi  tant  chez  les  Génois  qu'on  ne  saurait  les  nojxibrer,  et  k  Barlette  et  i  Brinde  tant 
que  Ton  en  faisait  de  grands  discours.  Et  beaucoup,  aussi,  allèrent  à  Messine  et  y  res- 
tèrent jusqu'au  moment  oà  les  deux  rois  y  abordèrent. 

Messine  est  une  cité  dont  les  auteurs  anciens  ont  beaucoup  parlé  :  c'est  une  ville  V.  Su. 
qui  est  située  dansiunc  bonne  et  belle  position,  à  l'endroit  principal  de  la  Sicile,  sur  n.  »• 
le  Phare,  en  face  de  Rise  dont  jadis  Agoland  s'empara  dans  son  expédition.  Toutes  les 
commodités  abondaient  à  Messine,  mais  nous  y  trouvâmes  les  gens  mauvais.  Le  roi 
s'appelait  Tancré;  il  possédait  beaucoup  d'or,  amassé  par  ses  ancêtres  qui  avaient  régné 
depuis  Robert  Guiscard.  Il  y  avait  alors  h  Païenne  une  dame  qui  y  avait  longtemps 
séjourné  :  elle  avait  été  reine  de  ce  royaume,  comme  femme  du  roi  Guillaume;  mais  ce 
roi  si  preux,  si  plein  de  vertus,  était  malheureusement  mort  sans  héritier.  Cette  reine 
était  sœur  du  roi  d'Angleterre,  qui  entreprit  de  lui  faire  rendre  son  douaire;  si  bien 
que  Tancré,  qui  s'était  emparé  et  de  la  reine  el  du  douaire,  n'osa  pa&.s'y  opposer. 

Vous,  qui  avez  de  Tintelligence  et  de  la  mémoire,  vous  voua  raj^lez  bien  comment  V.  535. 
b  flotte  merveilleuse  de  nos  énèques  ^^  avait  passé  par  devant  l'Espagne.  Elle  était  arrivée  n ,  m. 
à  Messine,  où  elle. attendait  le  roi  Richard  d'Angleterre  ^^^.  De  ma  vie  je  n'en  ai  vu  une 
pareille.  Il  y  avait  là  des  gensi  de  toute  sorte,  des  tentes,  des  pavillons,  des  bannières, 
plantés  tout  le  long  du  rivage^  caria  cité  leur  était  interdite.  Ils  s'étaient  tenus  près  des 
vaisseaux  jusqu'à  l'arrivée  des:  rois  ^  car  les  bourgeois  de 'la  viUe,  ramas  de  Grecs  et  de 
ribauds,  gens  issus  de  Sarrasins,  conspuaient  nos  pèlerins.  Us  se  mettaient,  pour  nous 
insulter,  les  doigts  dans  les  yeux,^  et  nous  appelaient  chiens  puants.  Chaque  jour,  ils 
nous  faisaient  des  vilenies  et  ils  nous  tuaient  des  pèlerins,  qu'ils  jetaient  dans  les  privés, 
comme  cela  fut  bien  établi. 

Seigneurs,  c'est  l'usage  et  la  coutume,  quand  un  prince  de  haut  par^ge,  tel  que  le  v.-BSg. 
roi  de  France,  qui  a  une  telle  renommée  dans  le  monde,  ou  le  roi  d'Angleterre,  qui  a  ii,  xm. 
un  si  grand  honneur  terrestre,  fait  son  entrée  dans  une  cité,  dans  un  pays  comme  la 
Sicile,  qu'il  doit  la  faire  connue  un  haut  seigneur,  à  cause  des  dires  de  bien  des  gens; 
car  c'est  un  bon  dicton,  suivant  moi,  que  celui  qui  dit  :  «Tel  je  te  vois,  tel  je  t'estime,  v 
Aussi,  quand  les  rois  vinrent,  bien  des  gens  y  accoururent.  Le  roi  de  France  arriva  le 
premier  à  Messine,  et  bien  des  gens  y  coururent  pour  l'allé  voir,  mais  ils  n'aperçurent 
même  pas  son  visage,  car  il  n'avait-^u'un  seul  vaisseau,  et,  peur  éviter  la  presse  et  la 
foule  qui  étaient  sur  le  rivage ,  il  se  fit  débarquer  au  palais  même. 

Quand  le  roi  Richard  aborda,  il  y  eut  aussi  bien  des  gens,  tant  les  sages  que  les    V.  58i. 
jeunes,  qui  ne  l'avaient  jamais  vu,  qui  se  pressèrent  sur  le  rivage^  désirant  le  voira 
cause  de  sa  prouesse^  Et  il  venait  en  telle  pompe  que  toute  la  mer  était  couverte  des 


<')  J*ai  cru  devoir  garder  ce  terme  lechnique,  qu^on  ne  saurait  rendre  cxadêmeDt  par  un  mot  moderne. 
W  Diaprés  la  version  latine  et  oe  ipii  sui|^  îl  fani  corriger  an  vers  54i  dki  teite  ;  Ki  le  m  JKaWl  ûêtnâeit. 


3&S  L*H1ST0IRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

galères  [qu'il  amenait],  pleines  de  braves  gens»  de  combattants  à  mine  hardie  portant 
pennons  et  bannières.  Ainsi  vint  au  rivage  le  roi  Richard,  et  ses  barons  allèrent  à  sa 
rencontre,  lui  amenant  ses  beaux  destriers,  qui  étaient  venus  avant  lui  dans  ses  dro- 
mons^^^  Il  monta  à  cheval  avec  tons  ses  gens,  et  ceux  qui  virent  le  cortège  disaient 
que  c  était  bien  là  l'entrée  d'un  roi  fait  pour  gouverner  une  grande  terre.  Mais  les 
Grecs  se  courroucèrent  et  les  Lombards  murmurèrent  de  ce  qu'il  venait  dans  leur  ville 
en  tel  apparat  et  en  telle  pompe. 
V.  6o5.        Quand  les  deux  rois  furent  débarqués,  les  Grecs  se  tinrent  en  paix,  mais  les  Lom- 

il,  m.  bards  querellaient  toujours  nos  pèlerins;  ils  les  menaçaient  de  détruire  leurs  tentes  et 
d'enlever  tout  ce  qu'ils  possédaient.  C'est  qu'ils  se  méfiaient  à  cause  de  leurs  femmes, 
avec  qui  les  pèlerins  parlaient;  mais  tel  le  faisait  pour  les  vexer  qui  n'aurait  jamais 
songé  à  pousser  les  choses  jusqu'au  bout.  Les  Lombards  et  les  bourgeois  avaient  tou- 
jours de  la  rancune  envers  nous,  parce  que  leurs  pères  leur  avaient  dit  que  nos  an- 
cêtres les  avaient  conquis  ^^\  Aussi  ils  ne  pouvaient  nous  aimer,  et  ils  cherchaient  à 
nous  affamer. .  J^^  Ils  ne  le  firent  pas  pour  nous  être  agréables,  car  ils  firent  hausser 
leurs  tours  et  creuser  leurs  fossés.  Gela  embrouilla  beaucoup  les  affaires,  avec  les  me- 

11,  XT.  naces  et  les  querelles  qui  surgissaient  de  tous  côtés.  Il  arriva  un  jour  qu'une  fenune  qui, 
dit-on,  avait  nom  Emme,  portait  son  pain  à  vendre  par  l'ost;  un  pèlerin  vit  le  pain 
tendre  et  chaud  et  le  marchanda  ':  la  femme  se  fâcha  du  prix  pour  lequel  il  voulait 
l'avoir,  si  bien  qu'elle  le  frappa  presque,  tant  elle  était  forcenée  de  colère.  Voilà  le 
tumulte  commencé,  si  bien  que  les  bourgeois  s'en  mêlèrent,  prirent  le  pèlerin,  le  bat* 
tirent,  lui  arrachèrent  les  cheveux  et  le  traitèrent  vilainement.  La  clameur  en  vint 
jusqu'au  roi  Richard.  Il  leur  demanda  de  garder  paix  et  amitié;  il  mit  paix  entre  eux 

i,xTi.  et  chassa  ses  gens  loin  de  là.  Mais  le  diable,  qui  naturellement  hait  la  paix  par-dessus 
tout,  réveilla  le  lendemain  la  dispute,  qui  ne  se  termina  pas  sans  malheur.  Les  deux 
rois  étaient  ensemble  à  une  enlrevue,  si  je  ne  me  trompe,  avec  les  juges  de  Sicile  et 
les  principaux  de  Messine  ;  ils  s'entretenaient  des  moyens  d'établir  la  paix.  Précisé- 
ment pendant  que  les  deux  rois  parlaient  de  la  paix  qu'ils  croyaient  faire,  voilà  qu'on 
leur  apporte  la  nouvelle  que  nos  gens  étaient  attaqués.  Par  deux  fois ,  des  messagers 
vinrent  dire  qu'on  les  maltraitait  fort,  et  après  il  en  vint  un  troisième  qui  dit  au  roi  : 
«Voilà  une  mauvaise  paix,  quand  les  hommes  de  ce  pays  mettent  à  mort  les  gens  d'An^ 
«gleterre  dans  la  cité  et  en  dehors.»  Les  Lombards  [qui  étaient  avec  les  rois],  c'est  la 
vérité,  s'en  allèrent  alors,  disant  aux  rois  que  c'était  pour  apaiser  la  dispute;  mais  ils 
mentaient  :  ce  n'était  que  pour  faire  du  mal.  Jourdain  du  Pin  et  Marguarit  (à  qui  tous 
les  maux  puissent-ils  arriver  !),  ces  deux-là  brassèrent  le  mal  et  en  furent  le  commen- 

'^)  Dnymon,  root  encore  admis  dans  les  dictionnaires,  «bateau  de  transport?*. 

'^)  Du  temps  de  Robert  Guiscard. 

^'''  li  semble  bien  qu^il  y  ait  ici  une  lacune;  la  version  latine  abrè^  ce  passage. 


^HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  3&3 

cernent.  Le  roi  de  France  était  là,  et  le  roi  d'Angleterre  avec  lui,  et  celui  qui  l'a  raconté 
y  était  aussi.  Le  roi  d'Angleterre  monta  à  cheval  et  alla  pour  séparer  les  combattants; 
mais,  à  son  départ,  ceux  de  la  ville  l'injurièrent  et  lui  dirent  de  grandes  vilenies.  Il 
courut  s'armer  et  les  fit  assaillir  à  la  ronde  par  terre  et  par  mer,  car  il  n'y  avait  au 
monde  tel  guerrier. 

Le  bruit  et  le  tumulte  étaient  grands,  et  la  ville ^^^  était  fort  troublée.  Les  Français  V.  687. 
vinrent  chercher  leur  seigneur  chez  le  roi  d'Angleterre,  car  la  ville  était  dans  une  telle 
agitation  qu'ils  n'espéraient  plus  le  trouver.  Il  ref int  avec  eux ,  et  retourna  au  palais 
où  il  habitait.  Les  Lombards  vinrent  à  lui  et  lui  tinrent  l'étrier  gauche  ;  ils  lui  firent 
promesses  et  dons;  ils  lui  abandonnèrent  l'honneur  de  la  journée,  lui  demandèrent  de  , 
les  protéger  dans  la  ville  et  de  les  considérer  comme  siens  et  ses  sujets.  Ils  y  mirent 
peine  et  dépense,  si  bien  que  le  roi  s'arma  promptement,  et  tel  qui  mérite  bien  d'être 
cru  nous  rapporta  qu'il  aida  ceux  du  pays  plutôt  que  les  gens  du  roi  d'Angleterre. 
Voilà  le  tumulte  soulevé  et  le  bruit  grandissant  par  l'ost.  Les  Français  étaient  dans 
la  ville,  jouissant  de  toutes  leurs  aises,  et  les  Lombards  se  fiaient  à  eux,  mais  ceux 
de  l'ost  ne  s'en  donnaient  pas  garde.  Voilà  les  portes  fermées;  les  gens  de  la  ville 
s'armèrent  et  montèrent  sur  les  murs  pour  les  défendre;  mais  il  leur  en  fallut  des- 
cendre bientôt.  Ceux  qui  étaient  sortis  de  la  ville  et  qui  avaient  attaqué  la  maison 
de  monseigneur  Hugues  le  Brun  combattaient  péle-méle,  quand  le  roi  d'Angleterre  y 
vint  :  je  ne  crois  pas  qu'il  eût  vingt  hommes  avec  lui  en  ce  premier  moment.  Dès  que 
les  Lombards  le  virent,  ils  laissèrent  leurs  menaces,  tournèrent  le  dos  et  s'enfuirent. 
Et  le  preux  roi  les  poursuivit.  Ambroisb  le  vit  alors,  et  il  dit  que,  quand  ils  le  virent 
arriver,  on  eût  pu  se  rappeler  des  brebis  qui  fuient  devant  un  loup;  comme  des  bœufs 
tirent  au  joug,  ils  tiraient  vers  la  poterne  de  la  ville  qui  est  du  côté  de  Palerme.  Il  les 
y  poussa  de  force,  et  en  abattit  je  ne  sais  combien.  L'alarme  fut  donnée  dans  l'ost, 
et  tous  montèrent  à  cheval  pour  repousser  l'attaque  des  arrogants  Lombards  et  des  Grecs 
perfides  et  pleins  de  rage.  Mais  ceux  qui  se  défendaient  étaient  des  gens  qui  avaient  pris 
maintes  villes:  c'étaient  des  Normands,  des  Poitevins,  des  Gascons,  des  Manceaux,  des 
Angevins,  et  il  y  en  avait  d'Angleterre  plus  qu'on  ne  le  pourrait  dire.  Quand  ils  virent 
leurs  ennemis  au  haut  des  murs,  ils  les  assaillirent  hardiment.  Ils  coururent  tout  autour 
de  la  cité  et  ne  s'arrêtèrent  pas  avant  d'être  dedans.  Les  autres  jetaient,  tiraient  du 
haut  des  murs,  et  leur  faisaient  grand  dommage  avec  des  arcs  et  des  arbalètes  qu'ils 
avaient  là  sous  la  main.  Ils  jetaient  cailloux  et  pierres,  et  frappaient  grands  coups  sur 
nos  gens.  Les  carreaux,  les  traits  volaient  sur  nos  pèlerins,  non  sans  leur  nuire  beau- 
coup ;  ils  nous  abîmèrent  trois  chevaliers  qui  étaient  entrés  par  une  porte.  L'un  fut 
Pierre  Tireproie,  qu'ils  jetèrent  mort  sur  le  chemin;  et  avec  lui,  au  même  endroit,  ils 

>^)  11  faut  lire  an  texte  (v.  688)  vile  au  Heu  de  notée. 

93 


IWrftIXBMB    lATIOXALt. 


L'HISTOIÀE  DE  LÀ  GUEBHB  SAINTE, 
jetèrent  mort  Mahieu  de  Sauçol  ;  et  Raoul  de  Bouvroi ,  c'est  la  vérité ,  fut  aussi  trouvé 
mort.  On  tes  plaignit  et  regretta  beaucoup  :  Dieu  leur  octroie  son  salut! 

Si  les  Lombards  avaienl  i^té  plus  loyaux,  les  gens  du  roi  auraient  passé  un  mauvais 
moment;  mais  leur  folle  conduite  leur  nuisit,  à  bon  droit,  en  nous  endammanl  contre 
eux.  Ceux  qui  défendaient  la  ville  étaient  plus  de  cinquante  mille,  sur  les  murs  et  sur 
les  tourelles,  avec  des  écus  longs  ou  ronds  :  vous  auriet  vu  là  un  dur  et  violent  assaut. 
Les  galères  étaient  allées  attaquer  du  c6té  du  palais'";  mais  le  roi  de  France  était  là 
qui  se  tenait  sur  le  rivage,  qui  fit  intei-dire  le  port  aux  galères  et  les  enipécba  de  le 
prendre.  Et  eux  tirèrenttant  qu'ils  tuèrent  deux  rameurs,  ce  qui  fut  grand  lort.  Mais  du 
c6té  de  la  terre  le  roi  d'Angleterre  menait  l'assaut,  et  il  attaqua  si  bien  les  Lombards 
qu'il  réussit.  Vous  auriez  vu  là  ses  gens  monter,  gravir  les  montagnes  et  couper  les 
fléaux  des  portes;  il  j  eut  là  bien  des  gens  pris  et  morts.  Au  milieu  des  rues  s'élancèrent 
plusieurs  qui  s'en  repentirent,  cor  les  ennemis,  des  étages  des  maisons  où  Ils  se  te- 
naient, jetaient  et  lançaient  des  traits.  Mais  ils  eurent  beau  se  défendre,  ils  furent 
pris  à  cet  assaut,  et,  quels  que  fussent  les  derniers,  le  roi  fut  un  des  premiers  qui 
osèrent  entrer  dans  la  ville.  11  en  entra  bien  dix  mille  autres  après  lui.  Vous  auriez 
entendu  là  nos  gens  pousser  de  beaux  cris .....  ''^'  et  déconfire  el  tempêter,  blesser, 
abimer  et  frapper  à  la  télé.  Ils  eurent  plus  tôt  fait  Je  prendre  Messine  qu'un  prêtre 
de  dire  ses  matinea.  11  y  aurait  eu  là  bien  des  gens  tués  si  le  roi  n'en  avait  eu  pitié. 
Et  vous  pouvez  bien  savoir  qu'il  y  eut  de  grands  avoirs  perdus  là,  quand  la  grande 
presse  fut  entrée;  caria  ville  fut  bien  vite  mise  bu  pillage.  On  brAla  leurs  galères,  qui 
n'étaient  ]>a3  pauvres  ni  mesquines:  on  y  gagna  des  femmes  belles,  sages  et  Instruites. 
Je  n'ai  pas  pu toutsavoir;  mais,  'a  tort  ou  à  raison,  avant  qu'on  le  sût  bien  dansl'ost. 
les  Français  avaient  déjà  pu  voir  sur  les  murs,  en  plusieurs  endroits,  nos  pennons  et 
nos  bannières,  ce  dont  le  rtii  de  France  conçut  une  envie  qui  lui  durera  sa  vie  entière: 
et  c'est  là  que  prit  naissance  la  guerre  qui ,  plus  tard ,  fit  ravager  la  Normandie, 

Quand  le  roi  Richard  eut  pris  Messine  et  mis  ses  bannières  sur  les  tours,  le  roi  de 
.  France  qui,  ainsi  que  ses  gens,  était  jaloux  et  chagrin  de  ce  qu'il  les  y  avait  dressées, 
lui  (it  dire  qu'il  fallait  que  ses  hommes  abattissent  ces  bannières  et  fissent  dresser  celles 
de  France  sur  les  murs  de  la  cité,  et  il  lui  manda  qu'en  agissant  comme  il  avait  fait 
il  avait  manqué  à  son  devoir  envers  sa  suzeraineté  et  lui  avait  fait  grand  déplaisir. 
Seigneurs,  j'en  appelle  à  votre  jugement  :  lequel  avait  plus  droit  de  les  mettro,  celui 
qui  n'avait  pas  voulu  se  mdler  de  l'assaut  de  la  ville  ou  celui  qui  avait  osé  l'entre- 
prendre ? 

Le  roi  Richard  entendit  ce  message,  et  il  ne  daigna  pas  entrer  en  longue  dis- 
cussion, sur  cette  requête,  avec  l'autre  roi  qui  s'en  faisait  un  tel  tracas;  cependant  on 
'•  T19)i  mais  c'est  une  Taule ^  te  lalin  a  veriiu  ^xiiaCiuni. 


C'  lie  texte  porte  Dntn  lu  paltû  (v. 
1*1   L  muique  dd  ver». 


I 


L'HISTOIHE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


3A5 


dit  là  bien  des  paroles  folles  et  blessantes;  mais  l'on  ne  doit  pas  écrire  ni  mettre  en  livre 
toutes  les  folies.  A  la  Gn,  les  grands  clercs  et  les  hauts  hommes  parlèrent  tant  de  la 
paix  que  chacun  des  rois  eut  ses  bannières  sur  les  tours  et  sur  les  tourelles.  On  s'oc- 
cupa aussi  de  mander  prompteruent  au  rul  de  Sicile  les  nouvelles  de  la  comnmne  do 
la  ville'",  l'injure  et  l'outrage  cju'on  avait  faits  à  eux  el  aux  leurs.  Les  messagers  du  roi 
Richard  lui  dirent,  en  son  nom  particulier,  qu'il  réclamait  le  douaire  de  sa  sœur, 
en  sorte  que  sa  part  du  grand  trésor  [du  roi  Guillaume]  lui  fàt  assignée  justement, 
et  tout  ce  qui  revenait  h  la  dame,  et  que  ce  serait  droit  et  raison.  On  nomma  les 
messagers,  hauts  hommes,  renommés,  de  grande  parenté,  de  grande  seigneurie  et 
de  grande  importance,  pour  aller  traiter  cette  affaire.  L'un  de  ceux  qui  en  furent 
chargés  fut  le  duc  de  Bourgogne,  et  l'autre  Robert  de  Sableuil,  haut  homme,  preux  et 
affable.  11  peut  y  en  avoir  eu  d'autres,  dont  je  n'ai  pu  savoir  les  noms.  Ih  partirent  à 
cheval  et  avancèrent  tant  leur  voyage  qu'en  peu  de  temps  ils  purent  conter  leur  message 
au  roi  dePalerme. 

Le  roi  Tancré,  qui  était  très  aviné,  écouta  les  discours  des  messagers,  il  avait  connu 
bien  des  aventures,  i!  était  bon  clerc  en  écritures,  et  U  savait  déjà  bien  l'affaire.  U 
ne  réfléchit  pas  longtemps  à  sa  réponse.  Il  répondit,  sans  autre  délai,  aux  gens  du  roî 
d'Angleterre  que,  pour  ce  qu'il  lui  réclamait,  il  s'en  rapporterait  aux  lois  de  sa  terre, 
aux  coutumes  du  roi  Guillaume  et  aux  barons  de  son  royaume,  et  qu'il  ferait  ce  que 
tout  ie  monde  approuverait.  Quant  aux  bourgeois  de  Messine,  s'ils  avaient  commis  de 
folles  incartades  et  courroucé  les  deux  rois,  on  en  ferait  une  bonne  réparation.  Quand 
les  messagers  entendirent  cela,  il  y  en  eut  plus  d'un,  parmi  ceux  qu'avait  envoyés  le 
roi  Richard,  qui  dit  que  jamais  le  roi  n'accepterait  de  plaider  sur  sa  réclamation  :  il 
V  eut  là-dessus  bien  des  paroles  échangées.  Quant  aux  messagers  de  France,  oji  leur 
distribua  de  belles  coupes;  les  autres  prirent  patience.  Entendez  le  grand  tort,  qu'on 
rappela  alors  et  depuis  '^',  que  fit,  dit-on ,  le  roi  de  France.  11  aurait,  sur  cette  question 
(je  ne  sais  ce  qu'd  en  espérait),  mandé  en  particuUer  au  roi  Tancré  de  ne  faire  que  ce 
qui  lui  plairait  et  de  bien  défendre  son  droit,  et  que  jamais,  pour  le  roi  d'An^elerre, 
il  ne  lui  ferait  la  guerre,  mais  qu'il  était  lié  k  lui  [Tancré]  par  serment.  S'il  en  fut 
ainsi,  ce  fut  une  triste  chose;  l'histoire  ne  garantit  pas  qu'il  ait  pensé  une  telle  dé- 
loyauté: mais,  quoi  qu'il  en  soit,  le  peuple  disait  tout  haut  qu'il  l'avait  mandé. 

Ceux  qui  n'avaient  pas  eu  de  coupes  retournèrent  le  plus  tôt  qu'ils  purent:  ils  re- 
tinrent bien  leur  message  et  s'en  revinrent  à  Messine.  Le  roi  Richard  faisait  alors  faire 
un  ouvrage  qui  lui  plaisait  beaucoup  :  c'était  un  château,  Mategrîifon,  qui  courrouça 
fort  les  Grecs.  Les  messagers  vinrent  au  roi.  ils  lui  dirent  te  qu'ds  avaient  demandé  au 
roi  Tancré  et  ce  que  Tancré  lui  faisait  dire  sur  cette  demande,  c'est-à-dire  qu'il  suivrait 

'''  Il  v«ul  nieiii  uiu  doute  siq)pri»pr  U  *irg<ilc  '{ai.  itus  \f  leite  (v.  ^6li),  ml  apràs  cviniin*. 
'*'  Coiiigei  an  leile  (v.  gi8)  atardre  en  rtcenitt. 


^ 


3ie  L*HISTOIRB  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

les  lois  (le  sa  terre ,  diaprés  la  décision  de  ses  barons.  Le  roi  Richard  répondit  sans  gnftre 
attendre  qu'il  ne  plaiderait  pas  contre  Tancré  et  qu'il  chercberait  autrement  la  satisfac- 
tion à  laquelle  il  avait  droit. 
Y.  961.  Quand  on  sut  la  nouvelle  qu'on  n'avait  pas  établi  de  paix  ni  de  trêve,  on  commença 
à  s'attendre  à  la  guerre,  à  cause  de  l'appui  que  nos  ennemis  trouvaient  chez  le  roi  de 
France,  caries  astucieux  Lombards  s'étaient  alliés  avec  lui.  Voilà  que  les  provisions 
nous  furent  coupées,  si  bien  qu'il  n'en  venait  plus  rien  en  l'ost,  et,  sans  l'aide  de  Dieu 
et  la  flotte,  on  y  aurait  mené  une  bien  pauvre  vie;  mais  il  y  avait  dans  les  vaisseaux 
des  provisions  en  blé,  en  vin  et  en  viande.  La  ville  était  gardée  chaque  nuit,  et  Test 
aussi.  Les  deux  rois  étaient  en  discorde,  par  l'effet  de  l'envie  qui  trouble  tout.  Ce  n'était 
ni  beau  ni  honnête  :  de  hauts  hommes  se  donnèrent  beaucoup  de  md  pour  mettre  la 
paix  entre  eux.  Us  chevauchaient  du  palais  à  Mategriffon,  puis  revenaient  en  arrière 
par  le  même  chemin;  mais  jamais  ils  ne  purent  en  venir  à  bout,  quelque  peine  qu'ils 

11.  ixi.    se  donnassent,  comme  le  livre  le  témoigne ^^^  Enfin  le  roi  de  Sicile,  qui  savait 

les  torU  des  gens  de  Messine,  prit  le  fils  de  son  chancelier  et,  avec  lui,  un  dievalier 
qu'il  tenait  pour  preux  et  sâr  et  qui  était,  si  je  ne  me  trompe,  son  connétable.  Il 
l'envoya  au  roi  d'Angleterre  et  lui  manda  qu'il  ne  tenait  pas  du  tout  à  être  en  guerre 
avec  lui,  et  que,  s'il  voulait  accepter  de  l'argent  pour  les  réclamations  qu'il  présentait, 
il  en  ferait  volontiers  la  paix  et  lui  donnerait,  de  son  trésor,  vingt  mille  onces  d*or, 
et  que  s'il  voulait,  sur  l'avis  de  ses  barons,  parler  d'un  mariage,  il  donnerait  i  Arthur 
de  Bretagne  une  de  ses  filles  non  mariées,  demoiselle  jeune,  belle  et  sage.  Pour  ce 
mariage,  il  lui  promettait  sans  fraude  vingt  mille  autres  onces  d'or;  seulement  Richard 
lui  restituerait  cet  or  si  Arthur  n'épobsait  pas  l'enfant;  en  outre,  il  promettait  è  Richard 
de  lui  rendre  sa  sœur.  Quand  le  roi  Richard  entendit  cela,  il  lui  renvoya,  sans  plus 
attendre,  d'autres  messagers  pour  obtenir  une  paix  ferme  et  stable.  Le  roi  fit  faire  le 
message  à  l'archevêque  de  Montréal,  à  celui  de  Rise,  homme  loyal,  à  l'évêqued'Ëvreux, 
Jean ,  qui  souffrit  tant  de  peine  et  de  dépense  :  ils  connaissaient  bien  la  question  ; 
d'autres  encore  allèrent  avec  eux.  Ils  allaient  chercher  la  paix,  ils  la  rapportèrent,  et 
ils  firent  amener  l'argent  dont  j'ai  parlé  tout  à  l'heure.  A  leur  retour,  tout  le  monde 
se  réjouit  de  la  paix;  les  chartes  furent  alors  lues  et  copiées,  la  paix  fut  jurée  et  la 
sécurité  rétablie.  On  regarda  et  pesa  l'argent,  au  grand  plaisir  du  roi,  qui  désirait 
beaucoup  avoir  de  quoi  dépenser  au  service  de  Dieu.  On  lui  rendit  aussi  sa  sœur,  qui 
valait  bien  d'être  vendue  cher.  Le  roi  voulut  alors  que,  sans  plus  tarder,  on  rendit  [aux 
bourgeois]  tout  ce  que  ses  gens  avaient  pris  du  leur  :  cela  lin  valut  de  grands  éloges  ; 
on  le  rendit  par  confession,  et  sous  peine  d'excommunication,  d'après  le  bon  et  sage 
conseil  de  l'archevêque  de  Rouen.  Voilà  la  ville  en  bon  état,  sans  querelle  et  sans 

(*)  La  lacooe  esl  aans  doute  de  plus  d*un  vers,  comme  Tindique  le  latin;  il  est  probable  ea  oatre  qa*dle  doit 
être  placée  après  le  vers  976  et  que  c'est  le  vers  976  qui  devrait  être  remplacé  par  des  points. 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


347 


trouble,  et  si  quelqu'un  osait  en  soulever,  on  le  faisait  pendre  ou  tuer.  Dans  l'ost  ré- 
gnait grande  justice;  bénie  soit  IVime  de  celui  qui  l'y  avait  mise!  Alors  on  recom- 
mença h  aller  par  les  routes;  il  nous  revint  de  bonnes  provisions  pour  les  chevaux 
el  les  hommes  :  ainsi  se  Icmiina  l'affaire.  Les  bourgeois  se  riîconcilîèrcnt  avec  nous  et 
hébergèrent  les  pèlerins.  Les  deux  rois  refirent  amitié;  mais  ils  devaient  se  diviser 
encore  plus  d'une  fois.  Ils  partagèrent  entre  eux  l'argent,  el  chacun  eut  ce  qui  lui 
revenait. 

Les  chevaliers  qui  avaient  été  là  pendant  tout  l'été  se  désolaient  et  se  plaignaient 
des  dépenses  qu'ils  avaient  été  obligés  de  faire.  Les  plaintes  allèrent  tant,  haut  et  bas, 
qu'elles  arrivèrent  au  roi  Richard,  et  il  dit  qu'il  leur  donnerait  tant  que  tous  pouiv 
raient  s'en  louer.  Hichard,  qui  n'était  pas  chiche  ni  avare,  leur  donna  de  si  riches 
dons,  hanaps  d'argent,  coupes  dorées  qu'on  apportait  è  pleins  girons  aux  chevaliers, 
suivant  ce  que  chacun  était,  que  grands,  moyens  et  petits  le  louèrent  de  ses  beaux 
dons;  et  il  fui  envers  eux  si  libéral  de  ses  biens  que  môme  ceux  qui  étaient  à  pied 
eurent  de  lui  au  moins  cent  sous.  Et  aux  dames  déshéritées,  qui  avaient  été  chassées 
de  Syrie,  aux  demoiselles  aussi,  il  donna  de  grands  dons  b.  Messine;  et  le  roi  de  France 
aussi  donna  largement  à  ses  gens.  Voilà  toute  l'osl  en  liesse  pour  tant  d'honneur  et 
de  libéraUté  et  pour  la  paix  qui  s'était  faite.  On  tint  grande  fêle  le  jour  de  la  Nativité; 
le  roi  Richard  Cl  crier  que  tous  pouvaient  venir  et  faire  la  fête  avec  eux,  et  il  réussit 
à  emmener  le  roi  de  France  manger  chez  lui.  La  fôte  fut  à  Mategrlffon,  dans  la  salle 
que  le  roi  d'Angleterre  avait  construite  par  sa  puissance,  en  dépit  de  ceux  du  pays. 
J'étais  dans  la  salle,  à  ce  repas  :  je  n'y  vis  pas  une  nappe  sale  ni  un  banap  ou  une 
écuelte  de  bois;  mais  j'y  vis  une  si  riche  vaisselle,  avec  des  ciselures  appliquées  et  des 
images  coulées,  enrichie  de  pierres  précieuses,  qu'elle  n'avait  rien  de  mesquin,  et  j'y 
vis  si  noblement  servir  que  chacun  était  satisfait.  La  fêle  fut  belle  cl  honnête,  comme 
il  convenait  i  un  tel  jour,  el  je  ne  crois  pas  avoir  jamais  vu  donner  en  une  fois  tant  de 
riches  dons  que  le  roi  Richard  en  donna  là  au  roi  de  France  et  aux  siens,  en  vaisselle 
d'or  et  d'argent. 

Le  terme  de  notre  passage  arriva,  et  ceux-là  furent  avisés  qui  prirent  leurs  précau- 
tions. Depuis  la  Notre-Dame  de  septembre,  si  je  compte  bien,  jusqu'à  la  fin  du  carême 
fut  à  Messine,  en  repos,  l'osl  qui  désirait  ardemment  le  jour  où  elle  serait  devant 
Acre  avec  ceux  qui  avaient  osé  en  entreprendre  le  siège,  et  qui  souffraient  des  maux 
plus  grands  encore  qu'on  ne  le  savait,  beaucoup  de  peines,  de  fatigues  el  d'épreuves 
pendant  cette  demi-année.  Quand  on  se  fut  assez  reposé  et  que ,  grâce  à  Dieu ,  le  voyage 
fut  préparé,  le  roi  de  France  el  sa  compagnie  entrèrent  en  mer  un  peu  avant  PAques 
fleuries.  Le  roi  Richard  ne  pouvail  encore  s'embarquer,  car  il  n'avait  pas  tout  ce  qu'il 
lui  fallait,  ses  galères  et  ses  transports  pour  porter  ses  chevaux,  ses  armes  el  ses  pro- 
visions, avant  d'aller  attaquer  les  infidèles.  Il  lui  fallut  donc  attendre  et  parfaire  ses 


3tô 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


préparatifs.  Il  accompagna  le  roi  de  France  avec  des  galères,  puis,  traversant  le  Phare, 
il  vint  droit  à  Rise,  où  il  avait  reçu  nouvelle  que  sa  mère  était  arrivée,  lui  amenant 
son  amie.  C'était  une  sage  demoiselle,  gentille  femme,  honnête  et  belle,  sans  fausseté 
ni  perfidie;  elle  s'appelait  Bérengère ,  elle  était  fille  du  roi  de  Navarre,  et  celui-ci  l'avait 
remise  à  la  mère  du  roi  Richard,  rpii  prit  la  peine  de  la  lui  amener  jusque-là.  Elle  eut 
ensuite  le  nom  de  reine;  le  roi  l'avait  beaucoup  aimée  :  depuis  le  temps  où  il  était 
comte  de  Poitiers,  son  désir  l'avait  désirée,  il  fil  mener  à  Messine  sa  mère,  elle  et  ses 
demoiselles;  là  il  dit  à  sa  mère,  et  elle  à  lui,  sans  restrictions,  tout  ce  qu'ils  voulurent. 
Il  garda  avec  lui  la  jeune  fille  qu'il  aimait ,  et  il  renvoya  sa  mère  pour  garder  son  paye 
qu'il  avait  quitté,  afin  que  son  honneur  n'eût  rien  à  craindre.  Avac  elle  l'archeviîque  de 
Rouen,  Gautier,  qui  est  un  homme  très  sage,  eut  la  garde  de  l'Angleterre,  et  il  eut 
beaucoup  à  y  guerroyer.  Et  alors  s'en  retourna  aussi  avec  euï  Gilbert  de  Wascueil,  celui 
qui  [plus  tard]  laissa  prendre  Gisors.  Le  roi  ne  perdit  plus  de  temps  :  il  fil  préparer 
et  charger  ses  vaisseaux  et  ses  galères,  il  n'y  eut  plus  de  relard.  11  fît  entrer  en  mer 
les  barons,  son  amie,  et  avec  elle  sa  sœur,  et  il  les  fit  mettre  ensemble,  avec  beaucoup 
de  chevaliers,  dans  un  grand  dromon,  pour  se  conforter  l'une  l'autre.  II  fit  prendre 
les  devants  è  leur  dromon,  et  les  fit  cingler  vers  l'orient;  mais  les  énèques  agiles  et 
rapides  ne  partirent  qu'après  que  le  roi  eut  mangé.  Alors  s'ébranla ,  toute  en  rang,  la 
flotte  merveilleuse.  Ce  fut  le  mercredi  de  la  semaine  sainte  que  la  flotte  quitta  Messine 
pour  le  service  et  la  gloire  de  Dieu  :  dans  cette  semaine  où  Dieu  a  tant  soufl'ert  pour 
nous,  il  nous  fallait  aussi  souffrir  et  les  dangers  et  les  veilles.  Mais  Messine,  où  l'on  voit 
se  presser  tant  de  navires,  peut  se  vanter  que  jamais,  à  aucun  jour  que  Dieu  fit,  une 
si  riche  flotte  n'a  quitté  son  port. 

La  flotte  se  dirigea  en  bon  ordre  vers  la  terre  de  Dieu ,  si  malheureuse.  ïi\e  traversa 
le  Phare,  et  vint,  à  la  haute  mer,  de  l'autre  c6té,  sur  le  chemin  d'Acre.  Bientôt  nous 
atteignîmes  les  dromons,  mais  nous  vîmes  alors  le  vent  tomber,  si  bien  que  le  roi  voulait 
retourner.  De  gré  ou  de  force  il  nous  fallut  rester  là  la  nuit,  entre  la  Calabre  et  Mont- 
gibel.  Le  jour  du  jeudi  saint.  Celui  qui  nous  avait  enlevé  le  vent,  et  qui  peut  tout  enle- 
ver et  donner,  nous  le  rendit  et  nous  le  préla  pour  toute  la  journée.  Mais  il  était  faible , 
et  la  belle  flotte  dut  s'arrdter.  Le  jour  de  l'adoration  de  la  croix,  un  venlconlraire  nous 
accosta  à  gauche  près  de  Viaires  '".  La  mer  se  troubla  jusqu'au  fond;  le  vent  la  couvrait 
de  flots  énormes  et  reployés,et  nous  ne  faisionsque  perdre  la  route.  Nouseâmes  grand 
peuret  grand  malaise  en  tête,  en  cœur  et  en  bouche;  mais  toutes  ces  souffrances,  nous 
les  supportâmes  très  volontiers,  et  nous  devions  les  supporter  pour  Celui  qui,  à  pareil 
jour,  daigna  subir  la  passion  pour  nous  racheter.  Le  vent  était  fort,  et  il  nous  tourmenta 
jusqu'à  la  tombée  de  la  nuit.  Alors  nous  eûmes  un  vent  apaisé,  favorable  et  douï. 


'  Nom  de  lien ,  sans  doutp  <ur  li  ciHv  de  Calabre .  que  }e  i 


L'HÏSTOIBE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  3S9 

Le  roi  Richard,  dont  le  cœur  était  toujours  prompt  aux  bonnes  actions,  on  fit  une 
signalée.  Il  voulut  que  chaque  nuit  on  allumât  sur  son  vaisseau,  dans  une  lanterne,  un 
^raud  cierge  qui  jetait  une  lueur  très  claire.  Il  brûlait  toute  la  nuit,  pour  montrer  le 
chemin  aux  antres;  et  comme  le  roi  avait  avec  lui  de  bons  mariniers  liabiles  et  con- 
naissant leur  métier  à  fond,  tous  les  autres  se  ralliaicntau  feu  du  roi  et  ne  le  perdaient 
guère  de  vue.  Et  si  la  flotte  s'écartait,  il  l'attendait  généreusement.  Il  menait  ainsi 
celle  fière  expédition  comme  une  mère  poule  mène  ses  poussins  à  la  [tâture  :  c'était 
de  sa  part  prouesse  et  bon  naturel.  Nous  voguâmes  ainsi  toute  la  nuit,  sans  tristesse 
et  sans  souci  (?).  Le  lendemain ,  veille  de  Pâques,  Dieu  nous  conduisit  encore  très  bien, 
et  aussi  toute  la  nuit  et  tout  le  jour  de  la  grande  fête.  Pendant  trois  jours,  la  flolle 
avança  à  toutes  voiles,  le  roi  tenant  la  léle.  Le  mercredi .  nous  vîmes  l'île  de  Crète.  Le 
roi  c6toya  l'tle  de  près;  il  y  dormit,  ainsi  que  la  flotte;  mais  cette  nuit,  vingt-cinq  de 
nos  énèques  nous  perdii-enl,  au  grand  chagrin  et  déplaisir  du  roi.  Le  lendemain  matin 
jeudi ,  on  dressa  les  voiles,  et  on  marcha  vers  Rhodes ,  une  autre  ile  près  de  là.  Le  vent 
était  grand,  les  vagues  étaient  hautes.  Aussi  vite  que  vole  l'hirondelle  allait  le  navire, 
pliant  son  mât.  Dieu  noan  mena  le  long  des  c&tes  de  Rhodes,  à  grande  allure  et  avec 
une  vitesse  merveiUeuse.  montrant  bien  qu'il  prenait  plaisir  à  l'entreprise  de  ses  servi- 
teurs. Nous  allâmes  très  vite  jusqu'à  la  nuit  noire.  Au  matin,  nous  arrivâmes  dans  un 
détroit;  nous  abattîmes  les  voiles  et  nous  fûmes  bors  de  peine.  Nous  nous  reposâmes 
jusqu'au  dimanche,  et  au  matin  nous  étions  à  Rhodes,  la  cité  où  Hérode  naquit. 

Rhodes  a  été  autrefois  une  grande  cité  ancienne,  presque  aussi  grande  que  Home. 
On  aurait  peine  à  en  savoir  au  juste  la  vérité,  car  il  y  a  tant  de  maisons  détruites,  de 
murs  et  de  tours  en  ruines,  tant  d'église-s  qui  subsistent  encore,  à  cause  de  la  masse 
de  gens  qui  y  ont  vécu  pendant  tant  d'années  et  de  siècles  et  sous  tant  de  seigneuries 
iliverses.  que  nul  homme  ne  pourrait  les  compter  sans  grande  peine,  ni  en  estimer  la 
grandeur  et  la  noblesse.  La  ville  est  aujourd'hui  ruinée  par  la  vieillesse;  cependant 
il  habitait  là  des  gens  qui  nous  vendirent  des  aliments,  et  comme  le  roi  était  malade 
et  mal  à  son  aise,  il  nous  fallut  attendre  è  Rhodes.  Il  fit  chercher  et  demander  où 
étaient  allés  ses  navires  [perdus],  et  il  attendit  là  ses  galères,  qui  le  suivaient  le  long 
du  rivage.  11  s'enquit  aussi  du  tyran  qui  possédait  Cypre  et  qui  arrêtait  ics  pèlerins. 
Nous  séjournâmes  à  Rhodes  dii  jours,  et  quand  la  flotte,  voiles  levées,  sortit  en 
rang  de  Rhodes,  c'était  le  premier  jour  de  mai.  Noua  vînmes  droit  au  goulFre  de 
Satalie  :  c'est  un  passage  bien  dangereux,  il  n'y  en  a  de  plus  dangereux  nulle  part. 
Quatre  mers  s'y  livrent  bataille  et  chacune  excite  l'autre.  Nous  allions  entrer  dans  ce 
gouffre  quand  nous  fûmes  assaillis  par  un  vent  qui  nous  ramena  le  soir  à  l'endroit 
par  oiï  nous  étions  entrés.  Lèvent,  qui  change  souvent,  se  fit  ensuite  plus  courtois  pour 
nous  :  il  nous  prit  par  derrière,  el  nous  poussa  si  vite  que  chacun  avait  peur,  à  cause 
du  gouffre  où  nous  nous  trouvions  et  qui  nous  remplissait  de  crainte.  Le  vaisseau  du 


à 


350  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

roi  était  en  avant,  suivant  sa  coutume.  Le  roi  regarda  la  haute  mer,  et  vit  s'avancer 
une  bouce^^^  qui  revenait  de  Syrie.  Et  le  roi,  que  cela  intéressait,  se  fit  diriger  près 
d'elle  pour  demander  des  nouvelles  de  la  Terre  Sainte.  On  lui  dit  que  le  roi  de  France 
y  était  déjà  et  l'attendait  devant  Acre,  et  qu'il  s'occupait  chaque  jour  à  faire  des  ma- 
chines pour  prendre  la  ville.  Mais  le  roi  Richard  avait  déjà  en  tête  une  autre  entreprise. 
La  bouce  passa  outre,  et  le  roi  lutta  contre  le  vent  tant  que  Dieu  l'amena  devant  Gypre, 
près  de  la  terre  qu'il  lui  fit  conquérir.  Il  trouva  là  ses  gens,  sa  sœur,  et  aussi  son  amie. 
V.  i355.  Écoutez,  seigneurs  :  cette  terre  de  Syrie,  avant  qu'on  pût  lui  porter  secours,  elle  a 
II,  xzn.  souffert  tant  d'injures,  tant  de  grandes  mésaventures ,  tant  de  contre-temps,  tant  d'at- 
taques, tant  de  délais  et  tant  d'attentes,  tant  de  peines,  tant  de  désirs,  tant  d'assauts 
et  tant  d'embarras  !  Ce  fut  un  bien  grand  malheur  que  la  mort  de  l'empereur  d'Alle- 
magne, qui  y  allait  en  si  grand  appareil,  et  qui  mourut  si  soudainement.  Ce  fut  grand 
dommage  aussi  pour  la  Terre  Sainte  que  la  mort  du  roi  d'Angleterre ,  le  bon  Henri , 
qui  était  si  sage  et  qui  avait  tant  de  richesses  qui  auraient  servi  à  soutenir  le  pays 
et  à  conserver  la  ville  de  Sur.  Ce  fut  encore  une  grande  mésaventure  pour  elle  que 
la  mort  du  bon  roi  Guillaume,  qui  l'avait  secourue  maintes  fois  :  il  y  eut  grand  deuil 
quand  il  mourut.  Le  royaume  eut  ainsi  à  souffrir  bien  des  malchances,  mais  rien  ne 
lui  avait  apporté  plus  de  mal,  d'ennui  et  de  retard  qu  une  tle  voisine  de  la  Syrie  : 
c'était  la  riche  tle  de  Cypre,  qui,  autrefois,  l'aidait  beaucoup,  et  dont  alors  rien  ne 
pouvait  plus  lui  venir,  car  il  y  régnait  un  tyran  porté  vers  tout  mal,  plus  félon  et  plus 
trattre  que  Judas  ou  Ganelon.  Il  avait  délaissé  les  chrétiens,  et  était  le  bon  ami  de 
Baladin,  et  on  disait  même  que,  pour  s'allier,  ils  avaient  bu  le  sang  l'un  de  l'autre, 
et  on  le  sut  plus  tard  certainement.  Il  se  fit  ainsi  empereur,  non  vraiment,  mais  empi- 
reur^^^  car  il  s'empirait  lui-même.  Jamais,  quand  il  le  pouvait,  il  ne  cessait  de  faire 
et  de  susciter  le  mal,  et  de  poursuivre  les  chrétiens  de  Dieu.  Il  y  eut  là  trois  vais- 
seaux du  roi  Richard,  pleins  de  ses  gens,  brisés  à  la  côte,  de  ceux  qui  avaient  échappé 
au  naufrage  et  qui  étaient  en  triste  état  :  l'empereur  de  Cypre  les  engagea  d'abord  à 
rendre  leurs  armes  et  ensuite  il  les  fit  prendre  par  trahison.  Il  leur  avait  garanti  une 
sûreté  qui  dura  peu,  car  le  déloyal  les  fit  aussitôt  attaquer.  Mais  ils  se  défendirent  si 
bien  qu'ils  leur  vendirent  cher  leur  colère,  avec  trois  arcs  en  tout,  qu'ils  avaient,  et 
dont  les  Grecs  ne  savaient  rien.  Là  était  Rodier  de  Hardecourt ,  compagnon  et  fidèle 
du  roi,  qui,  monté  sur  une  jument  recrue,  leur  diminua  promptement  leurs  gens;  et 
Guillaume  du  Boisnormand,  le  bon  archer,  allait  tirant  des  flèches,  les  frappant 
devant  et  derrière  et  plus  redouté  qu'une  pierrière ^'^ 

(')  Le  mot  subsiste  encore  dans  l'anglais  huu;  il  est  à  pea  près  synonyme  de  dromon, 
(')  Le  jeu  de  mots  oblige  à  conserver  mnpireur, 

(9)  La  lacune  de  notre  manuscrit  est  comblée  dans  la  version  latine,  où  Ton  voit  que  les  trou  croisés  furent 
secourus  par  leurs  compagnons,  qui,  les  ayant  vus  du  rivage,  vinrent  les  dégager  et  les  ramenèrent  anx  vaisseaux. 


. ^JiT*.--- ,.„._._. 

L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  351 

si  bien  que,  à  la  vue  des  Grecs,  ils  s'en  allèrent  jusqu'au  dromon  qui  était  dans  le 
port  et  qui  avait  amené  la  reine.  11  y  eut  là  grande  bataille,  oii  les  prisonniers  firent  de 
belles  prouesses.  Le  roi ,  qui  s'était  arrêté  au  port ,  ijuand  il  sut  cette  perfidie  et  le  danger 
de  ses  botnmes,  qu'il  vit  le  dromon  de  sa  sœur  qui  l'attendait  en  grande  crainte,  qu'il 
vit  le  rivage  tout  couvert  de  ces  misérables  Grecs ,  ne  voulut  pas  chercher  de  pires  Sarra- 
sins que  ceuï-là.  II  se  fit  conduire  vers  la  terre  :  le  tyran  crut  pouvoir  la  défendre 
rentre  lui,  mais  il  n'osa  attendre  le  vaillant  roi. 

C'est  un  lundi  malîn  que  Dieu  avait  préparé  l'affaire  qu'il  voulait  que  le  roi  fit  :  il 
voulait  qu'il  recueillit  les  naufragés,  qu'il  délivrât  sa  sœur  et  qu'il  menât  son  amie 
ailleurs.  Toutes  deux  maudissaient  le  jour  oîi  elles  étaient  arrivées  14,  carl'empereur  les 
eût  prises  s'il  avait  pu.  Quand  le  roi  voulut  s'emparer  du  port,  il  ne  manqua  pas  de 
gens  pour  l'en  empêcher,  car  l'empereur  était  lui-même  sur  le  rivage  avec  tout  ce  qu'il 
avait  pu  faire  venir  de  gens  par  argent  et  par  commandement.  Le  roi  prit  un  messa- 
ger et  l'envoya  dans  un  bateau  à  terre,  priant  courtoisement  l'empereur  de  rendre  leur 
avoir  aux  naufragés  et  de  réparer  les  torts  qu'il  avait  faits  aux  pèlerins  et  qui  avaient 
coûté  des  pleurs  à  maints  orphelins.  Celui-ci  se  moqua  du  messager  jusqu'à  en  perdre 
la  raison;  il  ne  put  pas  modérer  sa  colère,  et  dit  au  messager:  «Tproupt,  sire!» 
Et  il  ne  voulut  jamais  donner  une  réponse  plus  honnête,  tuais  se  mît  à  grogner  en 
ricanant.  Le  messager  revint  promptement  en  arrière  et  le  répéta  au  roi.  Quand  le  roi 
entendit  le  mot  honteux,  il  dit  à  ses  gens  :  ?  Armez-vous!  n  Ils  le  firent  aussitôt,  et  ne 
demeurèrent  pas  grand  temps.  11  leur  fallut  entrer  armés  dans  les  chaloupes  de  leurs 
énèques.  11  entra  là  de  bons  chevaliers  et  de  hardis  arbalétriers.  Les  Grecs  aussi  avaient 
des  arbalètes,  et  leurs  gens  étaient  tout  prêts  sur  le  rivage,  et  ils  avaient  cinq  galères 
tout  armées;  maïs,  quand  ils  virent  nos  armures,  ils  se  sentirent  peu  en  sûreté. 

Dans  la  ville  de  Limeçon,  où  commenta  la  bataille,  ils  n'avaient  pas  laissé  une  porte 
ni  une  fenêtre,  ni  rien  qui  pât  servir  au  combat,  tonneau  ni  tonne,  écus  ni  larges,  ni 
vieilles  galères  ou  vieilles  barques,  ni  poutres,  ni  planches,  ni  degrés.  Ils  apportaient  tout 
sur  le  rivage  pour  nuire  aux  pèlerins.  Tout  armés  sur  la  rive,  plus  arrogants  que  gens 
(]ui  soient  au  monde,  avec  des  pennons  et  des  bannières  d'étoffes  précieuses  et  de  riches 
couleurs,  montés  sur  de  grands  chevaux  forts  et  rapides  et  sur  de  grands  mulets  puissants 
et  beaux,  ils  se  mirent  à  nous  huer  comme  des  chiens;  mais  on  rabattit  bienlAt  leur 
orgueil.  Nous  avions  grand  désavantage;  car  nous  venions  de  la  mer,  nous  étions  en- 
tassés dans  de  petites  barques  étroites,  tout  étourdis  des  grandes  fatigues,  tout  harassés 
par  l'agitation  des  flols  et  tout  chargés  de  nos  armes,  et  nous  étions  tous  à  pied.  Eux 
étaient  dans  leur  pays;  mais  nous  savions  mieux  la  guerre.  Nos  arbalétriers  commen- 
cèrent l'attaque,  et  il  y  en  eut  qui  ne  manquèrent  pas  leur  coup.  Us  tirèrent  d'abord  sur 
les  gens  des  galères,  qui  ne  savaient  rien  de  guerre;  ils  les  blessèrent  et  navrèrent  si 
bien  que,  de  leurs  galères,  ils  sautaient  en  mer  quatre  par  quatre,  et  l'un  culbutait 


SSS  L*HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

Tautre.  Leurs  galères  furent  prises  et  mises  avec  nos  énèques.  Archers  et  arbalétriers 
se  mirent  à  tirer  dru^  et  ils  firent  reculer  les  Grecs.  Alors  vous  auriez  entendu  nos  gens 
les  huer  comme  ils  nous  avaient  hués  avant  que  nous  eussions  bougé.  Des  deux  côtés 
on  tirait,  on  lançait,  et  nos  rameurs  avançaient  toujours,  et  partout  où  ils  allaient, 
carreaux  et  traits  pleuvaient  sur  eux.  Toute  la  rive  était  pleine  de  ces  gens  sauvages. 
Vous  auriez  vu  là  une  attaque  hardie  et  des  gens  qui  s'entendaient  à  la  guerre.  Et  quand 
le  roi  vit  ses  compagnons  lutter  pour  aborder,  il  sauta  de  sa  barque  en  mer,  vint  aux 
Grecs  et  les  attaqua,  et  tous  les  autres  sautèrent  après  lui.  Les  Grecs  se  défendirent, 
mais  les  nôtres  allaient  par  le  rivage,  les  frappant  et  les  vainquant.  Vous  auriez  vu  là 
voler  les  carreaux,  et  les  Grecs  mourir  en  masse.  Les  nôtres  les  choquèrent  si  bien 
qu'ils  les  repoussèrent  dans  la  ville.  Us  les  attaquaient  comme  des  lions,  frappant  sur 
eux  et  sur  leurs  chevaux.  Devant  la  vaillante  nation  latine  s  enfuyaient  les  Grecs  et  les 
Arméniens.  Nos  gens  les  poursuivirent  jusque  dans  la  campagne  si  vivement  qu'ils  en 
dhassèrent  l'empereur,  qui  prit  la  fuite.  Le  roi  le  poursuivit  tant  qu'il  s'empara  d'un  che- 
val ou  d'une  jument  y  je  ne  sais,  qui  avait  un  sac  attaché  derrière  la  selle  et  des  étriers 
de  torde.  D'un  bond  il  fut  en  selle,  et  dit  au  lâche  et  perfide  empereur  :  «L'empereur, 
II,  iixm.  viens  !  Joute  avec  moi  !  »  Mais  celui-<;i  n'en  avait  cure.  A  la  nuit,  sans  plus  attendre,  le 
roi  fit  mettre  à  terre  tous  les  chevaux  qui  étaient  dans  les  énèques;  l'empereur  ne  savait 
pas  qu'il  en  e&t  avec  lui.  On  promena  les  chevaux  car  ils  étaient  tout  engourdis,  étour- 
*  dis  et  harassés  d'être  restés  un  mois  en  mer  sans  pouvoir  se  coucher.  Sana  leur  donner 
plus  de  repos,  quoiqu'ils  y  eussent  bien  droit,  le  roi,  qui  poursuivait  son  entreprise, 
y  monta  le  lendemain.  Assez  près,  dans  un  bois  d'oliviers  le  long  de  la  route,  il  y  avait 
des  Grecs  avec  bannières  et  pennons.  Le  roi  les  en  débusqua  ;  il  se  mit  en  tête  le  heaume 
d'acier,  et  les  suivit  en  grande  allure.  Vous  auriez  vu  là  de  braves  gens.  Geux  de  devant 
les  mirent  en  fuite;  les  Grecs  s'enfuirent,  les  nôtres  les  poursuivirent  tant  qu'ils  virent 
\m  ffros  de  leur  ost.  Là  ils  s'arrétèi^ent.  Mais  dans  la  poursuite  les  Grecs  pousMient  de 
telles  huées  et  de  tels  cris  (c'est  ce  qu'ont  raconté  ceux  qui  les  ont  entendus)  que  l'em- 
pereur les  entendit  de  sa  tente,  à  plus  d'une  demi-lieue.  Il  s'était  retiré  là;  il  y  avait 
dtné  et  dormait;  mais  ce  bruit  le  éveilla.  Avec  ses  gène,  il  monta  à  cheval  et  vint  sur 
le  haut  des  montagnes  pour  voir  ce  que  feraient  ses  homnes ,  qui  ne  savaient  que 
lancer  des  flèches.  Us  tournaient  toujours  en  criant  autour  des  nôtres,  qui  ne  bougeaient 
pas.  Là  vint  au  roi  un  clerc  armé,  qui  s'appelait  Hugues  de  la  Mare,  qui  lui  dit  tout 
bes  :  «Sire^  allez-vous-en  :  ils  ont  des  forces  énonnes.  —  Sire  ckdte^  dit  ie  roi,  mêlez- 
Kveus  ée  votre  écriture,  et  tirez  vous  de  la  mélée^  au  aMd  de  Dieu  et  de  sa  mère  : 
«iaîtser-nous  la  dievalerie!  »  Gekû4à  et  d'autres  le  lui  disuent  à  cause  du  nombre  des 
fmtiniaw  qu'ils  voyaient,  et  'à  n'y  avait  pas  ^ès  4u  roi,  à  ce  moment-là,  pkis  de  qua- 
rante chevaliers  ou  use  tisquautaine  au  plus;  maîi  le  grand  roi  courut  eue  aux  enne- 
mîir  Ipltts  prompt  ^e  k  foudre  qui  tembe»  plue  vanaasë  cpie  l'^ervîer  ^  fond  sur 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  S58 

l'alouette  (ceui  qui  ont  vu  cette  rharge  l'adoiirent  beaucovip).  Il  se  jeta  au  milieu  de 
ces  méchants  Grecs,  si  bien  qii'it  les  mit  tous  en  désordre  et  les  arrangea  de  telle  sorte 
qu'ils  ne  tenaient  plus  ensemble.  Cependant  ses  gens  arrivaient,  et  dès  qu'iU  furent  en 
nombre,  ils  en  tuèrent  et  en  prirent  tant,  sans  parler  de  ceux  qui  s'enfuirent  honteu- 
sement, que  jamais  on  ne  sut  le  compte  des  morts;  ceux  qui  étaient  à  cheval  s'enfuirent 
par  monts  et  par  vaux,  et  les  piétons,  les  petites  gens  furent  tous  tués  ou  pris.  Ce  fut 
une  rude  batBille.  Vous  auriez  vu  là  tant  de  chevaux  «-tendus  ou  trébuchant  avec  leur 
charge,  tant  de  hauberts,  d'épées.  de  lances,  de  pennons  et  d'enseignes!  L'empereur 
Yit  que  ses  gens  ne  pouvaient  tenir,  et  que  les  nôtres  croissaient  toujours.  Il  s'enfuit 
dans  la  montngne  avec  ses  Grecs  et  ses  Arméniens,  nous  laissant  tout  le  pays.  Quand 
Richard  vit  qu'il  s'enfuyait  ainsi,  abandonnant  ses  gens,  il  frappa  celui  qui  portait  la 
bannière  de  l'empereur,  s'en  empara  et  ordonna  qu'on  la  gardât  bien.  Voyant  leurs 
gens  en  telle  di^route  s'enfuir  comme  un  tourbillon ,  avec  plus  d'une  plaie  en  corps  ou 
en  tête,  il  ne  les  fit  pas  poursuivre,  car  it  n'aurait  pas  |fu  les  atteindre,  et  la  poursuite 
de  nos  braves  Francs  avait  [déjà]  duré  deux  lieues.  Il  s'en  revint  au  pas;  mais  les  ser- 
gents ne  lâchaient  pas  prise  :  ils  prirent  de  la  belle  et  bonne  vaisselle  d'ur  et  d'argent, 
que  l'empereur  avait  laissée  dans  sa  tente,  son  harnois,  son  propre  lit,  des  étoffes  de 
soie  et  de  pourpre,  des  chevaux  et  des  mulels  chargés  comme  pour  un  marché,  des 
hauberts,  des  heaumes,  des  épées  que  les  Grecs  avaient  jetées,  des  bœufs,  des  vaches, 
des  porcs,  des  chèvres  agiles  et  mutines,  des  moutons,  des  brebis,  des  agneaux,  des 
juments,  de  gras  et  beaux  poulains,  des  coqs,  des  poules,  des  chapons,  de  gras  mulets 
chargés  sur  le  dos  de  bons  coussins  bien  brodi^s  et  de  beaux  et  précieux  vêtements,  et 
de  bons  chevaux  qui  valaient  mieux  que  les  nôtres,  qui  étaient  fatigués.  Ils  prirent 
aussi  le  drogman  de  l'empereur,  que  j'entendis  appeler  Jean,  et  tant  de  Grecs  et  tant 
d'Arméniens  qu'ils  encombraient  les  chemins,  tant  de  bons  vins  et  tant  de  virtuailles 
que  personne  n'en  sait  le  compte.  Le  roi  fit  crier  un  ban,  donnant  sûreté,  pour  aller 
et  venir,  à  tous  les  gens  du  pays  qui  ne  voulaient  pas  la  guerre;  quant  à  ceux  qui  ne 
voulaient  pas  la  paix,  ils  n'auraient  de  lui  ni  paix  ni  trêve. 

Le  samedi  de  la  semaine  où  les  Grecs  avaient  tant  GOufTort,il  arriva  à  Limeçon  trois 
galères  qui  revenaient  de  Cypre  :  le  roi  do  Jérusalem  y  était,  et  on  le  regarda  beau- 
coup. C'était  le  roi  Gui  de  Lusignan,  qui  avait  eu  tant  de  peine  et  de  fatigue  pour  sou- 
tenir la  Terre  Sainte.  Il  était  obligé  de  venir,  parce  que  le  roi  de  France,  ce  qui  lui 
causait  grand  chagrin ,  voulait  lui  faire  tort  en  donnant  la  royauté  au  marquis  de  Mont- 
ferrat.  C'est  pour  cela  qu'il  avait  abandonné  le  pays,  ei  qu'il  venait  demander  au  roi 
d'Angleterre  de  l'aider  h  maintenir  son  droit.  Le  roi  fut  très  content  de  sa  venue  et  alla 
Aussitôt  à  sa  rencontre;  et  vous  pouvez  être  sûrs  qu'il  le  reçut  de  bon  cœur,  car  il  était 
de  grand  lignage,  et  ses  parents,  qui  étaient  là,  n'avaient  point  l'air  d'être  des  gens 
de  peu.  Le  roi  lui  fît  grande  joie  et  l'honora  de  maintes  manières,  et  lui  donna  par 

ti. 


iU  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

grande  oourtoisie,  de  sod  trésor,  eoriron  deux  mille  marcs  et  nngt  coupes,  dont  deux 
n.  cxsr.  ^or  fio:  ce  n'était  pas  là  un  don  mes<[ain.  Le  lendemain  an  matin,  la  demoisdle  de 
Hatarre,  la  belle  an  clair  fisage,  la  femme  la  plos  sage  qae  Ton  pôt  troayer  on  soo- 
Ibaker,  fat  épousée  et  couronnée  à  Limeçon.  Voilà  le  roi  en  gloire  et  en  joie  de  sa  rie- 
foire  et  de  son  mariage  arec  celle  à  qui  il  avait  donné  sa  foL  Voici  venir  ses  galères, 
^11  avait  tant  attendues,  si  bien  armées  et  garnies  que  nous  n  en  avons  jamais  vu  de 
telles,  et  avec  elles  les  cinq  qu'on  avait  gagnées  à  Limeçon.  Avec  les  autres,  qui 
étaient  dans  les  ports,  dont  il  tirait  maintenant  tout  ce  qu'il  voulait,  il  en  avait  bien 
quarante  d'armées,  qui  en  valaient  cinquante.  Cest  ainsi  que  plus  tard  il  prit  le  vaisseau 
menreilleui  où  il  y  avait  de  vaillants  guerriers  estimés  à  huit  cents.  Turcs  et  Persans 
infidèles.  Le  roi  en  eut  plus  d'entrain  encore  à  l'encontre  des  Grecs  et  des  Arméniens 
n.  tan.  maudits.  U  Gt  préparer  son  ost  et  veiller  les  gardes  par  nuit,  pour  aller  chercher  Tem- 
pereur  et  le  prendre  au  cœur  de  sa  terre. 
V.  176S.  Après  cette  déconGture,  où  les  Grecs  avaient  eu  tant  de  honte,  Tempereur  avec  sa 
grande  compagnie  était  à  Nicosie,  courroucé,  dolent  et  éperdu  (f avoir  perdu  ses 
hommes  et  d'avoir  été  repoussé.  Il  ne  pouvait  s'en  consoler;  mais  il  était  trop  haï  dans 
son  pays,  et  3  craignait  le  roi  d'Angleterre.  U  lui  demanda  une  entrevue  pour  lui  faire 
réparation  et  lui  fit  dire  qu'il  riendrait  à  lui,  qu'il  lui  tiendrait  loyauté,  qu'il  mènerait 
avec  lui  cinq  cents  hommes  à  cheval  jusqu'en  Syrie  pour  le  senrice  de  Dieu,  et  qu'il 
ferait  tout  ce  que  le  roi  voudrait  U  ajoutait,  pour  que  le  roi  n'eût  pas  de  doute,  qu'il 
donnerait  en  gage  ses  diateaux  et  toutes  ses  riches  possessions,  et  pour  les  |)ertes  que 
nous  avions  faites,  il  payerait  trois  mille  cinq  cents  marcs  d'aiigent,  a  condition  qne, 
n'a  le  servait  loyalement,  on  lui  rendrait  sa  terre  en  récompense.  Le  roi  et  Fempereur 
convinrent  de  l'entrevue  ;  on  prit  un  terme  des  deux  parts  et  on  n'attendit  pas.  Ce  fut 
dans  un  bois  de  figuiers,  entre  le  port  et  la  route  de  Limeçon,  si  je  ne  me  trompe; 
c'est  là  qu'ils  se  rencontrèrent  ^^^  et  on  y  dit  des  choses  meilleures  que  cdles  qui  furent 


V.  tSoi.  Le  roi  appela  son  conseil  et  les  plus  sages  de  ses  gens,  et  il  dit  à  ceux  qui  l'entou- 
raient  et  qui  désiraient  beaucoup  cette  paix  :  «Seigneurs,  vous  êtes  ma  main  droite: 
«voyez  si  cette  paix  peut  se  faire;  gardes  que  votre  honneur  y  soit  sauvé  et  n'y  soit  en 
«rien  compromis.  Elle  sera  faite  si  elle  vous  platt;  si  elle  vous  déplaît,  elle  ne  se  fera 
«pas.  —  Sire,  dirent-ils,  elle  nous  agrée  et  nous  la  trouvons  honorable.»  Ils  retour- 
nèrent en  arrière ,  et  s'accordèrent  à  la  paix.  Aussitôt  l'empereur  prêta  serment  au  roi , 
lui  donna  toute  garantie  et  le  baisa  en  signe  de  foi.  Le  roi  revint  à  Tost,  qui  était 
tout  près  ;  il  y  fut  bientôt  II  commanda ,  sans  plus  attendre ,  que  Ton  diargeât  trob 
ridies  tentes  qu'il  avait  prises  lors  de  la  déconfiture  de  ces  méchants  Grecs  (elles  appar- 

<0  Celle  Iradoetioo  eit  eon^ètbÊnàe^  le  fcn  1798  tA  àHré  «I  incnmjwihwriMc. 


»Sfi 


L'HISTOIRE  DE  \.K  GUERRE  SAINTE. 


!;arde  que  menait  le  roi  Richard ,  et  lui  iaiifa  deuï  flèches  empoisonnées.  Le  roi  sorlit 
des  rangs,  e'élança,  el  peu  s'en  fallut  qu'il  ne  lirai  vengeance  de  ce  mauvais  empereur; 
mais  relui-ci  était  monté  surFfiuvel,  qui,  aussi  rapide  qu'un  cerf,  le  porta  droit  à  son 
rliâteau  de  Candaire,  plein  de  deuil  et  do  dt'pit.  Quand  ie  roi  vit  qu'il  ne  le  prendrait 
pas,  il  se  dirigea  vers  Nicosie.  Nos  gens  avaient  gagné  là  de  bons  chevaux,  et  malmené  et 
pris  beaucoup  de  Grecs  qui  s'étaient  trop  approchés  de  nous.  Ils  suivirent  te  roi ,  n'ayant 
plus  rien  ù  craindre.  On  arriva  au  matin  à  Nirosie.  Les  bourgeois  de  la  ville  n'atten- 
dirent pas  :  ils  venaient  de  toutes  paris  au  roi.  le  tenant  pour  leur  vrai  seigneur  et  leur 
père.  Le  roi  leur  fit  raser  lu  barbe.  Quand  l'empereur  l'entendit  dire,  il  en  eut  tel 
courroux  qu'il  en  pensa  perdre  le  sens,  et  il  maltraita  ses  gens  et  les  nôtres;  aux  sieDs, 
qui  venaient  se  rendre  à  nous,  quand  ii  pouvait  les  attraper,  et  sus  nôtres  qu'il  pou- 
vait prendre,  ne  pouvant  se  venger  autrement,  il  faisait  couper  les  pieds  ou  les  poings, 
crever  les  jeux  ou  trancher  hi  nez.  Le  roi  recevait  les  hommages  des  plus  sages  et  des 
meilleurs,  qui  abandonnaient  volontiers  l'empereur,  qu'ils  haïssaient.  11  divisa  l'osl  en 
trois  parties  et  fil  assiéger  trois  châteaux,  dont  deux  furent  pris  facilement.  L'une  des 
divisions  alla  à  Cberines'",  dont  on  fut  bientôt  maître.  Oe  fut  le  roi  de  Jérusalem  qui 
donna  cotte  place  à  Richard,  il  conduisit  et  ramena  bien  nos  gens;  il  les  fit  armer  prës 
du  château ,  l'assiégea  par  terre  el  par  mer  et  donna  vivement  l'assaut,  (^eux  du  château 
n'avaient  pas  du  secours;  ils  ne  purent  tenir  et  il  leur  fallut  parlementer.  Ils  rendirent 
au  vaillant  roi  Gui  le  chàlenu,  et  aussi  la  fille  de  l'empereur;  ce  qui  mit  celui-ci  en  si 
grand  émoi  que  rien  ne  put  le  consoler  et  qu'il  n'eut  plus  ni  sens  ni  conseil.  Le  roi 
Gui  fit  dresser  sur  la  tour  les  bannières  du  roi,  mit  des  gardes  dans  le  château  et  mena 
l'osl  à  Didemus. 

Didemus  est  un  fort  château,  el  on  n'aurait  pu  le  prendre  par  force;  mais  ceux  que 
l'empereur  y  avait  envoyés  étaient  si  troublés  des  nouvelles  qu'ils  apprenaient  qu'ils  ré- 
sistaient à  peine.  Cependant  ils  nous  envoyèrent  à  plusieurs  reprises  de  grandes  pierres, 
[rf!  château  n'aurait  rien  eu  à  craindre  sans  la  peur  qu'avaient  ces  couards.  Le  roi  Gui 
l'assiégea  et  y  resta  plusieurs  jours,  tant  que  l'empereur  ordonna  de  le  rendre  et  fit 
descendre  de  haut  en  bas  ceux  qui  l'occupaient.  Quand  ils  se  furent  rendus,  à  ce  qu'on 
m'a  rapporté,  ie  roi  Gui  en  prit  possession.  Il  ordonna  que  la  jeune  fille  fût  bien  gardée 
dans  la  tour,  afin  qu'on  ne  pût  l'enlever.  Puis  îl  ramena  son  ost  en  arrière;  mais  par 
le  pays  il  trouva  une  grande  cherté. 

Le  roi  Richard  était  resté  malade  i\  Nicosie;  dès  qu'il  se  sentît  mieux,  il  assiégea  Btt- 
fevent,  un  château  exlr^moracnt  fort.  Écoutez  l'étrange  aventure  de  ce  méprisable  em- 
pereur, que  ses  méfaits  perdaient.  Il  s'était  enfermé  dans  Gandaire ,  plein  de  honte  et  de 


''  Ce  nom  eil  donné  pir  le  lalin,  el  M.  Slulibs  ridenlifii!  il  Ghyma.  Il  faut  donc  cdrrîgcr  linai  le  vera  1967  : 
/.'hm  mI  <n  ala  a  Chtrinei. 


à 


L'HlSTOrRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


357 


deuil;  il  s 


'Oyait  p 


e  dans  u 


.  Quand  il  sut  le  siège  de  Bufevenl, 


s  comme  d 

1  61Ie,  qu'il  aimait  plus  que  rien  au  inonde,  élait  prisonnière  dans  une  tour,  cela 
l'engagea  beaucoup  à  faire  la  paix  telle  qu'il  pourrait  l'obtenir,  à  quelque  dommage 
que  ce  fût.  Et  le  dommage  fut  bien  grand,  quand  on  songe  à  tous  les  châteaux  qu'il 
avait  et  à  cette  grande  ricbes&e  à  laquelle  il  renonçait  par  sa  lâcheté.  Mais  ce  qui  l'avait 
perdu,  c'est  que  tous  les  siens  l'avaient  abandonné.  U  le  fallait  :  il  n'attendit  plus. 
Il  descendit  de  Candaire,  et  alla  se  rendre  au  roi  Richard,  n'espérant  plus  se  défendre. 
Avant  de  venir,  d  lui  Gt  demander  d'avoir  pitié  de  lui,  lui  promettant  de  tout  mettre 
en  sa  merci,  sans  rien  garder,  ni  terre,  ni  château,  ni  maison,  le  suppliant  seulement, 
par  honneur  et  par  raison ,  de  lui  faire  la  grâce  de  ne  pas  le  mettre  en  fers  ni  en  liens  : 
et  le  roi,  pour  ne  pas  faire  crier  les  gens,  ne  le  mit  que  dans  des  chaînes  d'argent.  U  vint 
devant  le  roi,  à  genoux,  s'humiliant,  criant  merci;  le  roi  vit  qu'il  était  sincère.  Il  con- 
sidéra ses  malheurs  et  ses  pertes,  comprit  qu'il  ne  pouvait  plus  leur  nuire,  et  que  Dieu 
avait  conduit  celte  alFaire.  H  voulut  la  terminer  :  il  releva  l'empereur,  le  Ot  asseoir  près 
de  lui  et  lui  fit  voir  sa  fdle.  Quand  il  la  vit,  il  fut  plus  content  que  s'il  avait  tenu  Dieu 
par  les  pieds.  11  la  baisa  cent  fois  en  pleurant.  Que  vous  dîrais-je  de  plus?  En  quinze 
jours,  que  je  ne  mente,  Dieu  ayant  tout  mené,  le  roî  eut  Cypre  à  sa  disposition  et  au 
pouvoir  des  Francs. 

Quand  le  roi  se  fut  emparé  de  Cypre,  en  bonne  élrenne,  pour  le  service  de  Dieu, 
qu'il  eut  les  châteaux  et  les  forteresses  dont  il  avait  mis  dehors  les  sales  Grecs,  U  trouva 
les  tours  toutes  remplies  de  trésors  et  de  richesses  :  de  pots,  de  chaudières  et  de 
grandes  cuves  d'argent,  de  coupes  et  d'écuelles  d'or,  d'éperons,  de  mors,  de  selles,  de 
pierres  précieuses. si  salutaires  contre  les  maladies,  d'étoffes  d'écarlate  et  de  soie  (je  n'en 
vois  jamais  de  pareilles),  et  de  tous  autres  objets  semblables  qui  conviennent  auv  grands 
seigneurs.  Le  roi  d'Angleterre  conquit  tout  cela  pour  l'employer  au  service  de  Dieu 
et  à  la  délivrance  de  sa  terre.  U  envoya  l'ost  à  Lïmeçon,  priant  ses  compagnons  de 
hâter  leur  départ  et  celui  de  la  flotte  sans  perdre  un  moment.  Il  chargea  le  vadlant 
roi  Gui  de  garder  l'empereur.  Sa  Glle,  qui  était  fort  belle  et  toute  jeune  fillette,  il  la 
fit  envoyer  à  la  reine  pour  qu'elle  reçut  une  bonne  instruction.  L'ost  vint  alors  droit 
à  la  flotte,  se  prépara  et  se  hâta  autant  que  possible.  On  remonta  dans  les  énèques, 
et  on  fil  voile  quand  le  moment  fut  venu,  emmenant  les  reines  et  les  dromons  qui 
étaient  restés  au  port.  Le  roî  laissa  à  Cypre  des  gens  qui  s'entendaient  à  la  guerre, 
et  ceux-là  envoyèrent  des  provisions,  de  l'orge,  du  froment,  des  moutons,  des 
bœufs,  toutes  choses  dont  l'fle  était  bien  garnie  et  qui  rendirent  de  grands  services  en 
Syrie. 

Voilà  qu'on  apporta  au  roi,  par  mer,  et  qu'on  lui  raconta  la  nouvelle  que  la  prise 
d'Acre  était  en  train  et  que  la  ville  serait  emportée  avant  qu'd  y  pût  arriver,  r  Puisse 
«une  telle  chose  ne  pas  advenir,  dit-il,  que  nul  la  prenne  sans  moi!»  Il  ne  voulut 


358  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

nlus  rien  attendre,  sinon  que  ses  compagnons  l'eussent  rejoint "'  Mais  beaucoup 

s'en  raêièrcnt,  A  Fomagouce  il  entra  en  mer  et  fit  armer  ses  galères ,  et  monta  lui-raéme 
dans  une  d'elles,  merveilleusement  belle,  grande,  ferle  et  rapide.  11  n'y  a  pas  sous  le 
ciel  un  port  qui  ne  fût  épouvanté  en  voyant  approcber  des  galères  si  merveilleuses, 
armées  de  |>;ens  si  belliqueux.  Voilà  en  roule  les  galères,  qui  étaient  toutes  de  premier 
rboix  :  le  roi  devant,  suivant  son  usage,  sain  et  léger  comme  une  plume.  Aussi  vite 
que  courrait  un  cerf,  il  traversa  la  mer;  il  vit  Margat,  sur  la  côte  de  la  vraie  terre 
de  Dieu,  puis  Tortose,  située  sur  une  mer  agitée.  11  jiassa  rapidement  devant  Tripe. 
Infré  et  Botron.  et  ensuite  il  vit  Oibelct  et  la  tour  qui  domine  le  cbâleau. 

Devant  Saetle,  pr^s  de  Barut .  le  roi  aperçut  un  vaisseau  rempli  des  gens  de  Sala- 
hadin.  SalTadin  l'avait  chargé  et  rempli  des  meilleurs  Turcs  qu'il  avait  pu  trouver,  lis 
n'avaient  pu  entrer  dans  le  port  d'Acre,  et  ils  ne  faisaient  que  tourner  autour,  attendant 
une  occasion.  Mais  leur  dessein  fut  déjoué.  Le  roi  fit  pousser  rapidement  sa  galère  pour 
les  atteindre  :  quand  il  fut  près  du  vaisseau,  il  le  vit  grand,  large  et  haut.  11  était  mâle 
de  trois  grands  m!Hs,  et  on  voyait  bien  qu'il  n'avait  pas  été  construit  hâtivement.  Les 
infidèles  l'avaient  couvert  d'un  feutre  vert  d'un  côté  et  d'un  feutre  jaune  de  l'autre:  il 
était  ainsi  paré  comme  un  ouvrage  de  fée.  et  si  rempli  de  provisions  de  toute  sorte 
qu'il  n'y  en  avait  nombre  ni  mesure;  et  quelqu'un  qui  le  savait,  qui  avait  été  h 
Barut  quand  on  avait  chargé  le  vaisseau  qui  fut  déchargé  si  honteusement,  raconta 
qu'il  y  avait  vu  porter  cent  charges  de  chameaux  de  bonnes  armes  aiguisées,  des  arcs, 
des  javelots,  des  carreaux,  des  arbalètes  à  tour,  à  roue  et  à  main,  et  huit  cents  Turcs 
d'élite,  poussés  par  les  diables,  et  des  munitions  et  provisions  qu'on  ne  pourrait 
rompter;  et  du  feu  grégeois  dans  des  fioles,  dont  on  parlait  beaucoup-,  et  on  avait  mis 
dans  le  vaisseau  deux  cents  serpents  noirs  et  hideux  (c'est  ce  que  raconte  l'histoire 
écrite  et  celui  qui  avait  aidé  à  les  y  mettre), qu'ils  voulaient  laisser  courir  parmi  notre 
armée,  pour  faire  dommage  à  nos  gens.  La  galère  les  approcha  de  si  près  qu'elle  les 
louchait  presque.  Nos  rameurs  les  saluèrent,  ne  sachant  pas  qui  ils  étaient,  et  leur  de- 
mandèrent d'où  ils  venaient  et  qui  était  leur  seigneur.  Ils  avaient  un  interprète  parlant 
français,  et  ils  répondirent  qu'ils  étaient  Génois'^'  et  qu'ils  voulaient  aller  à  Sur.  A  ce 
moment  se  leva  un  vent  d'Arsur,  qui  les  éloigna  de  la  galère.  Un  matelot  avait  regardé 
avec  attention  le  vaisseau  et  ceux  qui  étaient  dedans .  et  qui  auraient  bien  voulu  s'écar- 
ter. Mdit  au  roi  :  <t  Sire,  écoulez-moi!  Faites-moi  tuer  ou  pendre  si  ce  vaisseau  n'est  pas 
K  un  vaisseau  turc,  n  Le  roi  dit  :  r  Kn  es-tu  sûr? —  Oui ,  sire ,  certainement.  Envoyez  tout 
«de  suite  après  eux  une  autre  galère,  et  qu'on  ne  les  salue  pas  :  vous  verrez  ce  qu'ils 
1  feront  et  de  quelle  foi  ils  sont,  n  Le  roi  donna  l'ordre:  la  galère  s'approcha  d'eux,  ma'is 
ne  les  salua  pas,  et  eux,  qui  ne  se  souciaient  pas  de  notre  approche,  commencèrent  à 


'   Lacune  d'ui 
'  Corrigei  aîi 


,  d'après  le  li 


)  1 91  :  Si  dittrei 


UO  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE, 

ordre,  qui  »' étaient  vengiies  du  vaisseau  ennemi.  Comme  U  avançait  avec  Ba  Sotte.  Dieu 
lui  envoya  un  vent  du  nord.  En  bonne  disposition  ainsi  que  ses  gens,  il  passa  la  nuit 
devant  Sur.  Au  malin,  le  preui  rai,  le  cœur  de  lion,  passa  devant  Candalion  et  CsBtl- 
Itnb«rL  De  là  il  vil  Acre  à  découvert,  et.  tout  autour,  la  fleur  des  gens  du  inonde  entier, 
qui  campaient  devant.  11  vit  les  montagnes,  les  collines,  les  vallées  et  les  plaines  cou- 
vertes de  lentes  et  de  pavillons  et  de  gens  qui  voulaient  nuire  à  la  cbrélienté,  et  qui 
étaient  en  trop  grand  nombre.  Il  vit  les  tentes  de  Salahadin  et  celles  de  Saphadin  son 
frire,  et  l'ost  des  païens,  serrant  de  bien  près  la  nôtre.  D'autre  part,  Quahadin,  le  sé- 
néchal des  Sarrasins,  gardait  le  rivage  et  faisait  grande  (guerre  aux  cbréliens,  leur 
donnant  souvent  et  volontiers  de  grands  assauts  et  de  grandes  poursuites.  Le  roi 
aperçut  et  regarda  tout,  et  considéra  tout  attentivement.  Quand  il  vînt  près  du  rivage, 
vous  auriez  vu  le  roi  de  France,  avec  tous  ses  barons,  et  des  gens  en  grand  nombre. 
ik  sa  rencontre  en  grand  désir.  11  descendit  à  terre  :  là  vous  auriez  entendu  les  trompes 
retentir  en  l'honneur  de  Richard  le  nonparell.  Tout  le  peuple  était  en  grande  joie  de 
son  arrivée:  mais  les  Turcs  qui  étaient  dans  Acre  furent  épouvantés  de  sa  venue  et  de 
le  voir  avec  toutes  ses  galères,  ils  comprirent  qu'ils  ne  pourraient  plu.<^  entrer  et  sortir, 
ce  qui  avait  fait  tant  de  tort  aux  nôtres.  Les  deux  rois  firent  roule  ensemble  toujours 
cMe  à  cale.  Le  roi  Richard  vint  à  ses  tentes,  et  pensa  avec  grande  attention  au  moven 
de  prendre  Acre  le  plus  tàt  possible. 

La  nuit  était  claire  et  la  joie  grande.  Je  ne  crois  pas  qu'on  ait  jamais  vu  et  qu'on 
puisse  raconter  une  joie  pareille  à  celle  qu'on  Ol  en  l'ost  de  la  venue  du  roi.  On  son- 
nait les  timbres,  les  Iromfiettes,  les  cors  et  d'autres  instruments.  Tout  le  monde  se 
divertissait  à  sa  manière.  On  chantait  de  belles  chansons  et  de  beaux  airs;  par  les  rues.  ■ 
les  échansons  portaient  du  vin  dans  de  belles  coupes  aux  grands  et  aux  petits.  Ce  <\m 
réjouissait  tant  l'ost,  c'est  que  le  roi  avait  pris  Cypre,  d'oîi  ils  attendaient  un  ravitaille- 
ment abondant.  Tous  étaient  pleins  d'espérance.  C'était  un  samedi  soir.  Je  ne  crois  pas 
que  vous  ayez  vu  nulle  part  tant  de  cierges  et  tant  de  lumières;  si  bien  qu'il  semblait 
aux  Turcs  de  l'année  ennemie  que  toute  la  vallée  était  embrasée  de  feux.  Quand  ils 
surent  fa  venue  du  roi,  à  qui  on  faisait  telle  fête,  ils  firent  semblant  d'en  être  excités  : 
au  matin  ils  emplirent  la  vallée,  nous  harcelant,  nous  lançant  des  traits,  s'élançant  sur 
le  fossé,  et  tourmentant  l'ost  autant  qu'ils  le  pouvaient. 

Nous  laisserons  pour  le  moment  ce  récit  (ceux  qui  resteront  auprès  de  moi  me  l'en- 
tendront bien  continuer  quand  la  matière  le  voudra);  nous  ne  nous  occuperons  plus 
des  deux  rois  et  de  leur  arrivée,  dont  j'ai  tant  parlé  que  je  les  ai  amenés  â  Acre.  Ecoutez 
bien  et  faites  attention.  Je  veux  interrompre  ce  sujet  et  briser  ici  mon  fd;  mais  il  sera 
renoué  et  rattaché  plus  tard.  Les  rois  ne  vinrent  pas,  en  efl'et,  les  premiers  au  siège, 
mais  les  derniers,  et  .Ahbhoise  veut  faire  entendre  et  savoir  à  ceux  qui  voudront  l'ap- 
prendre comment  la  ville  d'Acre  avait  été  assiégée.  Il  n'en  avait  rien  vu,  et  n'en  sait 


que  ce  qu'O  en  a  lu.  Vfwrs 


entem 


LA  GUEURË  SAINTE.  361 

dre  quelles  gens  l'assiégèrent  et  combien  leur 


entreprise  fut  hardie. 

Vous  m'avez  entendu  rticonler.  et  il  est  bon  de  le  rappeler,  au  commencement  de 
cette  ^liftoire ,  vous  vous  en  souvenez  peut-élre ,  le  grand  dommage  et  la  grande  perte 
qui  ëtflienl  arrivas  en  Syi-ie  au  temps  du  roi  Gui ,  qui  eut  tant  à  souffrir.  Mais  tout  le 
monde  n'a  pas  su  comment  ii  avait  i^ti^  trahi  par  jalousie. 

H  y  avait  dans  la  terre  d'outre-mcr  un  roi  qui  y  avait  été  élevé.  Il  s'appelait  Araauri. 
De  lui  naquit  le  roi  Baudouin  le  lépreux.  Baudouin  vécut  son  temps,  et  fut  enfin  livré 
atixvers.  11  avait  pour  sœurs  deux  demoiselles  belles  et  sages.  L'une  était  femme  d'an 
baron  qui  s'apporait  Hainfroi  du  Toron;  l'autre  avait  épousé  le  comte  Guillaume 
Longue-Epée,  seigneur  de  Jaffe  sur  la  mer,  frère  du  marquis  de  Montferrat.  Elle  eut  de 
lut  un  héritier  rafile,  ^uî  s'appela  Baudouin  comme  son  oncle.  Le  comte  mourut,  comme 
le  voulut  le  sort,  et  l'enfant  vécut.  Gui  de  Lusignan  désira  la  comtesse  et  l'épousa. 
Baudouin  l'enfant  fut  roi;  mais  il  ne  le  fut  guère  :  c'est  ainsi  que  Dieu  gouverne  le 
monde.  Quand  l'enfant  fut  mort,  le  royaume  revint  de  droit  à  la  dame,  et  Gui  se  fit 
téfptimement  couronner  roi,  ce  qui  fut  cause  de  bien  des  guerres. 

Entre  Salahadin,  dont  j'ai  tant  à  conter,  et  le  déloyal  comte  Haimond  [de  Tripe  j,  il 
y  avait  depnis  longtem[is  une  alliance  dont  tout  le  monde  parlait  en  Syrie.  Raimond 
croyait  pouvoir  s'emparer  du  royaume .  à  cause  de  sa  richesse .  et  parce  qu'il  était  comte 
de  Tripe;  maïs,  Dieu  merci,  il  ne  l'eut  pas,  A  son  couronnement,  le  roi  Gui,  auquel 
Dieu  avait  accordé  cet  iionneur,  convoqua  tous  ses  barons  sans  exception.  Le  comte  de 
Tri[ie  y  fut  aussi  mandé;  mais  inulîle  de  demander  s'il  se  moqua  de  la  convocation, 
et  s'il  fit  une  réponse  injurieuse.  Le  messager  s'en  retourna,  et  le  comte  se  mit  en  route 
et  alla  se  plaindre  à  Salahadin.  disant  qu'il  ne  pouvait  rester  dans  sa  terre  à  cause 
de  la  haine  du  roi  Gui  à  qui  le  royaume  était  échu.  11  lui  dit  e4  il  lui  mentit  tant,  que 
la  chrétienté  s'en  ressentît.  ....  [Il  lui  demanda),  par  l'amitié  qu'il  avait  pour  lui, 
de  l'aider  h  se  venger.  Seigneurs,  c'est  à  cutte  entrevue  que  l'on  convint  de  la  trahison 
par  laquelle  la  sainte  croix  fut  perdue  et  la  chrétienté  mise  en  grand  émoi.  Le  comte 
fut  encore  mandé  à  la  cour,  et  on  le  pressa  beancoup  d'y  venir;  maïs  il  ne  voulut  pas 
y  aller,  ni  rien  tenir  du  roi  Gui.  Le  roi  le  manda  une  troisième  fois,  promettant  de  ne 
lui  faire  que  droit;  enfin  il  y  vint  à  la  malheure,  car  il  était  déjà  assuré  de  ftire  grand 
mal  au  pays.  C'est  par  lui  que  commencèrent  les  désastres  :  mais  il  en  mourut  honteuse- 
ment, comme  l'histoiro  le  raconte. 

Vous  aveK  souvent  entendu  raconter  que  quand  ce  roi  Gui  fut  couronné,  il  ne  se 
reposa  pas  deux  mois;  mais  il  fit  par  toute  la  terre  de  Syrie  cherelier  et  convoquer  »e» 
gens  pour  qu'ils  le  vinssent  secourir,  rar  Salahadin  avait  déjà  fait  entrer  ses  coureurs 
dans  le  pays;  son  armée  y  avait  pénétré  et  avait  déconfit  les  chrétiens,  cent  chevaliers 
d'élite,  et  avait  tué  Jaqueltn  de  MaiiU.  ao  grand  chagrin  du  Temple.  Celle  défaite  fui  le 


k 


V.  3/119. 
(Cf  i,u.,.| 


36â  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

commencement  des  malheurs  qui ,  depuis ,  ont  si  longuement  désole  la  cbrëlientë.  Le 
comte  de  Tripe,  qui  avait  la  lippe  pendante,  manda  alors  au  roi  Gui  qu'il  viendrait 
à  lui  et  qu'il  lui  prêterait  secours;  il  vint  et  se  mit  d'accord  avec  lui;  mais  le  peuple 
raconta  ensuite  que  c'était  un  faux  accord,  et  qu'il  le  trahit,  sans  l'avoir  défié,  dans  la 
grande  bataille  où  ils  furent  tous  deux,  et  où  moururent  tant  de  braves  gens.  Il  se 
peut  qu'il  l'ait  fait,  il  se  peut  qu'il  ne  l'ait  pas  fait;  mais  la  plupart  assurent  qu'il  le  tra- 
hit dans  la  bataille,  et,  s'il  le  fit,  il  aurait  mérité  d'être  englouti  en  terre.  Salahadin 
avait  convoqué  ses  gens  dans  tous  ses  neuf  royaumes,  armés  d'arcs,  de  heaumes  et 
de  hauberts;  faibles  et  forts,  tous  y  vinrent  en  grand  nombre.  Il  y  avait  là  beaucoup 
d'émirs  de  nom,  beaucoup  de  nobles  hommes  renommés,  bien  préparés,  en  quittant 
leur  pays,  à  nuire  à  la  chrétienté. 
.  a53i.        Le  roi  Gui  et  ses  hommes,  et  avec  lui  des  Vénitiens,  ayant  réuni  toutes  ses  forces, 
(CM,  ▼.)    avait  envoyé  l'une  des  osts  à  Saforie  et  l'autre  au  port  de  Tabarie.  Celle  qui  descen- 
dit à  Tabarie  y  alla  à  la  bonne  heure,  car  ceux  qui  y  perdirent  leurs  corps  y  ren- 
dirent leurs  âmes  à  Dieu.  Le  comte  de  Tripe  les  conduisait,  qui  ne  s'occupait  que  de 
les  trahir.  Nos  gens  ne  se  gardaient  pas  de  lui,  et  faisaient  tout  ce  qu'il  leur  disait. 
Il  dit  et  fit  tant  que  leur  ost  poussa  la  nôtre  jusqu'à  la  mer  de  Galilée.  Gomme  ils 
n'avaient  pas  d'autre  eau ,  le  traître  leur  fit  boire  de  celle  de  la  mer,  qui  est  d'ailleurs 
douce  et  bonne  à  boire;  mais  quand  on  en  vint  au  combat,  et  qu'il  aurait  dû  se  com- 
porter le  mieux,  il  s'enfuit,  et  les  autres  restèrent  et  y  laissèrent  la  vie  du  corps.  Je  ne 
sais  pas  qui  frappa  et  qui  fut  frappé,  qui  échappa  et  qui  périt  :  je  n'étais  pas  à  la  ba- 
taille; mais  ce  que  je  puis  vous  dire  sûrement,  c'est  que  c'est  Dieu  qui  arrangea  tout 
cela,  car  il  avait  reconnu  qu'il  y  avait  au  monde  tant  de  péchés  et  de  vices  que  bien 
peu  de  gens,  sans  ce  moyen,  auraient  pu  venir  à  lui.  C'est  à  la  Maréchaucie,  près  de 
Tabarie,  que  le  roi  Gui  livra  bataille  et  renversa  bien  des  Sarrasins.  Mais  déjà  les 
nôtres  étaient  tous  blessés  ou  morts  et  décapités,  et  il  n'y  avait  plus  de  ressource.  Les 
ennemis  vinrent  en  foule  sur  le  roi,  tant  quil  fut  renversé  par  terre  et  rudement  mal- 
traité et  battu.  Il  avait  embrassé  la  sainte  croix,  qui,  sans  cette  étreinte,  eût  souffert  des 
outrages  quand  on  la  prit;  mais  Dieu  montra  bien  qu'il  en  avait  soin. 
V.  9679.        Quand  la  bataille  fut  terminée,  suivant  la  décision  de  Dieu,  que  le  roi  fut  pris,  la  croix 
prise,  et  que  presque  tous  les  nôtres  furent  tués  (ce  qui  décida  tant  de  gens  à  se  croi- 
ser et  à  quitter  tous  les  biens  de  la  vie),  Salahadin  saisit  tout  le  pays  (ainsi  Dieu  donne 
et  enlève  sa  terre)  excepté  seulement  Sur,  Escalone  et  Jérusalem,  qu'il  ne  tarda  pas  à 
(Cf.  i,Titi.)    prendre  aussi.  Il  alla  assiéger  Escalone,  pensant  l'avoir  sans  peine;  mais  ceux  de  la 
ville  tinrent  contre  lui  avec  courage  et  obstination,  et  il  y  mourut  bien  des  Sarrasins 
avant  qu'il  pût  s'en  emparer.  Enfin  il  fit  amener  le  roi  devant  la  muraille  et  le  leur 
montra,  proposant  de  le  rendre  si  on  lui  ouvrait  la  ville;  le  roi  leur  fit  dire  de 
résister  et  de  ne  rien  faire  pour  lui;  mais  ils  ne  pouvaient  résister  davantage,  et  il 


L'HISTOIRE  DE  I.A  GUERRE  SAINTE. 


363 


leur  faillit  entrer  en  négociations.  Ils  rendirent  Escalonc,  en  échange  du  roi,  et  s'en 
allèrent  avec  tout  ce  qu'ils  possédaient.  Le  roi  Gui  fui  donc  mis  en  liberté,  à  condi- 
tion, dit  ie  livre,  qu'il  quitterait  le  rojauine  et  s'en  irait  outre  mer.  En  eiïet,  il  entra 
en  mer  pour  tenir  sa  promesse,  et  alla  dans  l'Ile  de  Tortose,  ce  dont  ses  gens  étaient  i 
fort  en  peine.  Mais  Salahadin,  qui  était  un  Sarrasin  très  sage,  savait  qu'il  était  mal- 
chanceux et  qu'il  n'était  pas,  en  guerre,  âpre  ni  terrible.  Il  ne  tenait  pas  à  le 
changer,  et  à  avoir  à  craindre  un  autre  roi.  Il  lui  fit  dire  qu'il  ie  quittai!  de  sa  pro- 
messe. Le  roi  revint  aussitôt  à  Tripe  sur  mer;  il  y  trouva  sa  femme,  el  le  comte 
qui  avait  été  son  ennemi,  et  qui,  dit-on,  l'avait  trahi.  Il  fil  alors  grand  accueil 
au  roi.  quelle  que  fût  sa  pensée  de  derrière;  mais  à  quoi  bon  parler  longtemps  de 
ce  mauvais  comte,  de  ce  traître,  qui  mil  la  chrétienté  en  deuil  et  rendit  tant  d'en- 
fants orphelins  ?  Il  paya  cher  son  tort  et  sa  trahison;  car.  Dieu  merci,  il  en  mourut 
subitement  et  vilainement.  Je  ne  parlerai  pas  non  plus  du  siège  de  Sur,  qui  fui  pé- 
nible pour  Salahadin,  où  Guillaume  de  la  Chapelle  fit  tant  de  belles  prouesse.*),  où 
les  Frères  de  Tabarie,  qui  défentUrent  la  ville,  se  montrèrent  si  loyaux  envers  le 
Roi  du  ciel;  ni  du  marquis  de  Monlferrat,  qui  commença  li  par  bien  se  conduire  : 
il  venait  d'arriver  quand  le  pays  fut  conquis  et  il  ùl  d'abord  bon  service  à  Dieu; 
mais  de  ce  bon  commencement  vint  une  suite  mauvaise  el  déloyale.  C'est  au  roi  Gui 
que  j'en  suis,  qui  sortait  de  captivité;  je  ne  veux  pas  le  laisser,  el  je  m'attache  à 
ce  sujet.  Le  roi  Gui  de  Jérusalem  était  revenu  à  Tripe,  au  plaisir  des  petits  et  des 
grands;  mais  il  était  pauvre  et  gêné  comme  un  homme  qui  sort  de  prison.  Il  ne  prenait 
pas  plus  que  son  dû,  car  il  n'avait  rien  au  monde  k  prendre,  et  il  était  obligé  de 
dépenser.  11  savait  qu'Acre  était  prise,  la  clef  de  sa  terre,  et  que  ses  gens  étaient 
chassés,  el  il  ne  savait  à  qui  recourir,  il  se  plaignit  à  Dieu  de  sa  triste  situation, 
et  Dieu  y  pourvut  très  bien.  Un  matin,  la  cloche  sonnante,  le  prince  d'Anlioche  fut 
à  Tripe  trouver  le  roi  Gui  et  lui  demander  de  consentir  à  aller  à  Antloche  avec  lui 
et  à  y  séjourner  jusqu'à  ce  qu'il  efll  trouvé  el  rassemblé  des  gens  et  qu'il  sût  oïl  il 
pourrait  attaquer  les  Turcs  et  leur  reprendre  quelque  chose.  Le  roi  s'en  alla  avec  le 
prince  dans  son  pays,  à  Antloche;  Il  y  resta  quelque  temps,  versant  bien  des  larmes 
sur  la  Sainte  Terre  qu'il  avail  possédée  et  qu'il  voyait  perdue  sous  son  règne.  Puis  il 
revint  à  Tripe,  s'équipa  et  s'arrangea,  et,  avec  l'emprunt  qu'il  avail  pu  faire,  il  fit  con- 
voquer el  apprêter  tout  ce  qu'il  put  avoir  de  monde,  car  il  ne  voulait  plus  arrêter. 
Comme  11  attendait  là  et  s'occupait  de  réunir  des  gens,  voici  venir  son  frère,  Jofroi 
de  Lusignan,  réputé  pour  le  chevalier  le  plus  preux  do  son  pays  el  toujours  nourri 
dans  la  guerre.  U  avail  d'abord  débarqué  à  Sur,  mais  il  n'y  avait  pas  trouvé  d'amis, 
car  le  marquis  et  ceux  qui  étaient  avec  lui  lui  inlertlirent  l'entrée  du  port.  Jofroi  partit 
donc  et  s'en  vint  à  Tripe,  où  11  trouva  ie  roi  Gui ,  qui  lit  grande  joïe  à  son  frère.  Quand 
ie  roi  eut  rassemblé  ses  gens,  ils  s'équipèrent,  et,  suivnnl  le  rivage.  Us  vinrent  à  Sur. 


3&6  L*HISTOIRE  DE  LA  GOERRE  SAINTE. 

11  avait  peu  de  moiMle  avec  lui;  il  troma  les  portes  fermées,  et  le  maiiqaîi,  |laf 
Yoitise  et  par  «rogance,  lui  £t  interdire  Tentrée  :  c'était  une  mauvaise  inspiratioi»  qui 
lui  faisait  interdire  au  roi  son  propre  domaine.  Le  roi,  voyaat  qu'on  ne  le  laissait  pas 
entrer,  dit  qu'il  ne  supporterait  pas  cet  outrage  :  il  fit  planter  sa  tente  sur  le  sable,  et 
y  campa  en  ferme  résolution. 

V.  9719.  L'ost  se  réunit  près  de  Sur,  et  saches  qu'il  fut  très  pénible  au  roi  de  se  voir  interdire 
la  ville;  mais  c'est  ce  qu'avait  arrêté  d'avance  le  perfide  marquis  de  Montferrat,  le  fils 
du  vaillant  Conrad,  qui  avait  été  pris  dans  la  grande  bataille.  Celui-Ui  n'aurait  pas  ugi 
ainsi ,  car  c'était  un  loyal  prudhomme  ;  mais  le  fils  était  déloyd.  Les  gens  de  Sor  qui 
aimaient  Dieu  et  qui  s'en  faisaient  honneur  quittèrent  la  ville  et  vinrent  trouver  le  roî 
(Cf.  i,xTn.)  dans  l'ost.  C'étaient  les  preux  Allemands  qui  y  tenaient  alors  grande  place  et  les  Frères 
de  Tabarie,  les  gens  les  plus  loyaux  de  la  Syrie,  puis  les  vaillants  Pisans  qui»  pour  le 
service  de  Dieu,  avaient  abandonné  leurs  maisons  et  leurs  terres,  et  qui  coftduiaîfesit 
leurs  femmes  et  leurs  enfants  assiéger  les  Sarrasins  dans  Acre. 

V.  9763.  Le  roi  était  joyeux  d'avoir  son  frère.  L'histoire  véridique  dit  qu'il  s'était  repoeë  quatre 
t,  xtn,  mois  avant  de  camper  sur  le  sable  du  rivage  devant  Sur,  qui  lui  appartenait  légitima 
ment.  Et  quand  il  eut  amené  les  gens  qu'il  avait  réunis  dans  tout  son  pays,,  en  comptant 
ceux  qui  étaient  venus  avec  son  frère  et  qui  tenaient  une  grande  place ,  il  n'avait  que 
quatre  cents  chevaliers  et  sept  mille  piétons  à  mener  au  siège  d'Acre.  Jamais  on  autre 
n'aurait  eu  pareille  audace,  et  c'est  prodigieux  qu'il  ait  entrepris  (si  ce  n'est  qu'il  comp- 
tait sur  la  protection  de  Dieu  )  d'aller  combattre  des  gens  qui  étaient  plus  de  cent  contre 
quatre;  mais  Dieu  voulait  amener  ce  qui  en  advint  et  la  grande  armée  qui  se  rassem- 
bla devant  Acre.  Salahadin  fortifiait  la  ville  et  s'en  travaillait  beaucoup,  pensant  bien 
qu'on  essayerait  delà  lui  reprendre.  Le  roi  se  lança  dans  cette  aventure  pour  Dieu,  en 
qui  il  se  confiait  11  conduisit  ce  qu'il  avait  d'armée  par  un  chemin  qu'il  connaissait 
Entre  Acre  et  Sur,  il  y  a  un  passage  difiicile,  qu'on  appelle  Candalion  :  le  roi  le  passa 
rapidement  avec  son  armée  ;  Salahadin  ne  le  sut  pas ,  car,  s'il  l'avait  su ,  tout  l'or  de 
Russie  n'aurait  pas  empêché  les  chrétiens  d'être  mis  en  pièces;  mais  Dieu  voulait  qu'il 
en  fût  autrement,  et  c'était  le  commencement,  qui  depuis  fut  bien  accru,  de  la  revandie 
des  chrétiens.  Voilà  l'armée  du  roi  venue  devant  Acre,  au  nom  du  saint  sacrement  que 
nous  adorons  :  le  roi  monta  sur  le  Toron. 

V.  9787.  Sur  le  Toron,  devant  Acre,  vinrent  les  chrétiens  qui  venaient  de  Sur,  et  sadiei 
(CM,  »Tn.)  pour  certain  qu'ils  y  montèrent  par  la  nuit  noire.  Ils  n'osèrent  pas  rester  dans  le  bois 
qui  est  au-dessous,  et  allèrent  s'établir  en  haut  Au  matin,  quand  les  Turcs  sortirent 
d'Acre  et  les  virent,  voilà  la  ville  en  émoi  et  la  chevalerie  sur  pied.  Ils  mandèrent 
à  Salahadin  qu'une  poignée  de  chrétiens  s'était  follement  jetée  devant  eux,  et  qu'il  se 
hâtât  devenir  leur  couper  la  tête,  car  ils  n'oseraient  pas  se  défendre.  Quand  Salahadin, 
qui  était  occupé  à  mener  vivement  le  siège  de  Beaufort,  entendit  cette  nouvelle,  il 


L'HISTOIRE  DE  I-A  GUERRE  SAINTE. 


305 


n  réjoi 


maada  s 


rière-ban  el  fit  dire  p 


s  terres  que  tous  ceuï 
(|ui  lui  obéissaient  vinssent  en  Svrie  au  butin.  Il  y  vint  trop  de  gens  :  que  le  Créa- 
teur  les  confonde!  Si  on  avait  haché  menu  notre  armée,  il  n'y  en  aurait  pas  en  une 
pincée  pour  chacun  d'eux.  Il  y  avait  trois  jours  que  les  nôtres  étaient  arrivés  et  se  te- 
naient en  haut  sur  le  Toron,  où  ils  restaient  en  armes  toute  la  nuit  contre  les  attaques 
des  Sarrasins,  quand  voilà  les  troupes  de  Salahadin, Turcs.  Persans  et  BMonlns,  qui 
occupèrent  tout  le  pays.  Le  troisième  jour  de  la  semaine,  Salahadin  y  vint  luî-méoie. 
pensant  qu'il  aurait  bientôt  les  têtes  des  chrétiens.  Ne  vous  étonnez  pas  si  ceux  qui 
défendaient  leurs  têtes  étaient  inquiets  et  astreints  aux  veilles  et  aux  fatigues  sur  le 
Toron  oîi  ils  se  tenaient  :  les  Turcs  les  attaquaient  nuit  et  jour,  les  fatiguaient  tant 
qu'ils  avaient  peine  même  ^  manger.  Là  Jofroi  de  Liisignan  se  donna  bien  du  mal 
pour  défendre  l'ost;  il  était  depuis  longtemps  hardi  el  preux,  mais  il  conquit  alors  un 
grand  renom.  Ils  furent  ainsi  en  péril  depuis  le  lundi  jusqu'au  vendredi.  Mais  vous- 
allez  voir  comment  Dieu  protège  ceux  qu'il  veut  prendre  sous  sa  garde  :  celui  qui  se 
voue  à  son  service,  rien  ne  peut  lui  nuire.  Comme  le  roi  et  tous  les  siens  étaient  en 
telle  crainte,  qu'ils  regardaient  au  loin  en  mer  el  suppliaient  Dieu  de  leur  faire  quelque 
secours,  voici  arrivée  tout  droit  une  belle  flotte  d'ënèques,  de  gens  qui  venaient  là. 
C'était  Jacques  d'Avesnes,  le  Flamand  :  je  ne  crois  pas  qu'Alexandre,  Heclor  ni  Achille  c 
aient  élë  meilleurs  chevaliers  et  plus  vaillants  que  lui;  c'était  Jarques,  qui  avait  vendu, 
engagé  et  dépensé  ses  terres  et  ses  héritages  pour  mettre,  en  homme  sage,  son  cœur, 
son  corps  el  son  l'ime  au  service  de  Celui  qui  mourut  et  ressuscita.  11  avait  bien  avec 
lui  quatone  raille  hommes  d'armes  renommés.  Puis  c'était  la  (lotte  de  Danemark,  et  il 
y  avait  au^i  maints  preux  châtelains  de  la  Marche  et  de  Cornouaillo,  qui  avaient  de 
bons  chevaux  bruns  et  bais,  forts  et  rapides,  à  ce  qu'ont  dit  ceux  qui  le  savaient.  Quand 
ils  furent  près  d'aborder,  vous  auriez  vu  la  rage  des  Turcs.  Ils  couraient  sur  le  rivage 
et  même  entraient  dans  la  mer,  ceux  du  dehors  et  ceux  d'Acre,  et  ils  lançaient  des 
traits  en  grand  nombre.  Mais  les  nôtres  descendirent  du  Toron  et  les  combattirent 
des  deux  côtés,  ils  les  pressèrent  vivement  ;  les  Turcs,  à  force  de  tirer,  les  repoussèrent, 
mais  néanmoins  les  autres  réussirent  h  débarquer.  Salahadin,  quand  il  vit  les  nouveaux 
arrivants,  dit  :  «Voilà  notre  butin  qui  augmente.» 

Quand  le  haut  Roi  que  nous  adorons  eut  en  si  peu  de  temps  grossi  son  armée ,  qui 

était  près  de  périr  et  qui  retrouva  ainsi  un  peu  de  sécurité 

ils  reprirent  courage  tous  ensemble  et  osèrent  descendre  du  Toron.  Ils  dressèrent 
des  tentes  et  des  feudlées.  et  assiégèrent  la  cité  d'Acre;  ils  se  trouvaient  ainsi  eux- 
mêmes  assiégés  et  attaqués  de  deux  côtés.  Les  Pisans  firent  là  prouesse.  Ils  se  logèrent 
sur  le  rivage  el  le  gardèrent  contre  les  Sarrasins,  afin  qu'ils  ne  pussent  prendre  ni 
endommager  les  vaisseaux  qui  aborderaient.  Un  vendredi  au  matin,  il  y  eut  du  côté 
de  Montmusart  une  fière  rencontre,  où  on  tua  des  gens  des  deux  parts.  Ceux  de  la 


366  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

ville  firent  une  sortie;  ils  ramenèrent  par  force  dans  Acre  une  grande  caravane  de 
chameaux  chargés  de  provisions,  et  menèrent  à  Salahadin  le  butin  quils  y  firent.  Ils 
sortaient  d'Acre  et  y  rentraient  comme  ils  voulaient,  car  ils  avaient  la  force. 

V.  9913.  Les  gens  qui  s'étaient  enfermés  dans  Acre,  sachez-le  bien ,  n'avaient  pas  été  pris  à  la 
charrue  ni  à  la  charrette;  on  sut  depuis  qu'il  n'y  en  avait  pas  de  meilleurs  panni  tous 
les  infidèles  pour  garder  et  défendre  une  ville  ou  prendre  de  force  un  château.  Il  ne 
1,  xzu.  se  passa  pas  plus  d'une  quinzaine  que  nous  arriva  le  comte  de  Braine,  et  avec  lui  son 
frère  André,  fils  de  bon  père  et  de  bonne  mère;  vinrent  aussi  le  sénéchal  de  Flandres, 
et  avec  lui  plus  de  vingt  barons,  et  le  landgrave  allemand,  amenant  de  bons  chevaux 
d'Espagne;  l'évéque  de  Beauvais,  qui  n était  ni  vieux  ni  infirme,  et  son  frère  le  comte 
Robert,  chevalier  adroit  et  agile;  le  comte  de  Bar,  le  plus  courtois  quon  pût  trouver, 
et  beaucoup  d'autres,  preux  et  sages,  rejoignirent  l'ost  en  même  temps.  Mais  plus  il 
en  venait,  et  moins  les  Sarrasins  les  craignaient.  Ils  leur  livraient  sans  cesse  des  com- 
bats et  venaient  jusqu'à  leurs  tentes.  Ceux  de  la  ville  faisaient  des  sorties,  et  les  autres 
croissaient  toujours,  et  remplissaient  tellement  le  pays  que  nos  gens  se  regardaient 
comme  prisonniers;  mais,  néanmoins,  ils  n'abandonnèrent  pas  le  Roi  du  ciel  pour  qui 
ils  étaient  venus  là. 

V.  S9&7.  Pas  un  prêtre,  ni  un  diacre  ou  un  clerc  ne  pourrait  raconter  les  grandes  peines 
et  le  martyre  qu'endurèrent  les  chrétiens  à  la  guerre  devant  Acre,  jusqu'à  la  venue 
des  deux  rois  de  France  et  d'Angleterre,  qui  en  renversèrent  les  murs,  avec  les  braves 
gens  qui  les  accompagnaient,  aimant  Dieu  et  croyant  en  lui. 

V.  9967.  Un  vendredi  du  mois  de  septembre,  je  me  le  rappelle,  arriva  à  nos  gens  une  dure 
et  triste  mésaventure.  Les  Sarrasins  les  attaquaient  sans  y  manquer  un  seid  jour;  les 
chrétiens  s'armèrent  et  se  disposèrent  en  bon  ordre,  divisés  en  divers  commandements 
qu'on  avait  établis.  D'abord  l'Hôpital  et  le  Temple  prirent  place  sur  le  rivage,  où  il 
y  avait  de  nombreux  ennemis  :  c'étaient  toujours  eux  qui  commençaient.  Au  milieu  de 
l'est,  le  comte  de  Braine  et  les  siens,  le  landgrave  et  les  Allemands,  qui  formaient  une 

grande  compagnie,  restèrent  près  de  La  mahomerie,  car  il  était  bien  juste 

Le  roi  Gui  et  les  Pisans,  et  d'autres  vaillants  hommes,  étaient  à  droite  sur  le  Toron 
pour  surveiller  les  Turcs.  Les  Sarrasins  s'approchèrent  avec  entrain.  Vous  auriez  vu  là 
de  beaux  bataillons  :  les  Templiers  et  les  Hospitaliers  chargèrent,  attaquèrent  les  pre* 
miers  rangs,  les  mirent  en  désordre,  les  percèrent,  les  mirent  en  fuite  et  les  poursui- 
virent. Puis  les  autres  chrétiens  en  firent  autant,  et  les  Sarrasins  lâchèrent  pied.  Mais 
il  y  en  avait  une  telle  masse  que  les  chrétiens  ne  savaient  de  quel  côté  aller.  Les  Turcs 
ne  pouvaient  se  rallier.  Ils  étaient  déjà  près  de  la  montagne,  quand  le  diable  s'en  mêla 
et  causa  la  mort  de  beaucoup  des  nôtres.  Le  cheval  d'un  Allemand  s'échappa  :  celui-ci 
le  poursuivit,  et  ses  compagnons  aussi  coururent  après  le  cheval  sans  pouvoir  l'atteindre. 
Le  cheval  s'enfuit  vers  la  ville ,  et  les  Sarrasins  crurent  que  nos  geos  fuyaient  en  désordre  ; 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  367 

ils  tournèrent )  chargèrent  à  leur  tour,  et  les  arrangèrent  si  bien  que  ceux  qui  avaient 
pour  fonction  de  diriger  l'armée  étaient  assez  occupés  de  se  défendre  eux-mêmes,  car 
pour  un  des  nôtres  ils  étaient  bien  vingt-quatre,  cherchant  à  les  renverser,  et  avec  des 
masses  d'armes  et  des  massues  ils  en  tuèrent  beaucoup.  Là  fut  tué  André  de  Braine  :  i,  »x. 
que  son  âme  soit  sauvée,  car  il  ne  mourut  jamais  un  chevalier  si  vaillant  et  si  secou- 
rable  !  Le  marquis  de  Montferrat  fut  serré  de  si  près  par  les  ennemis  qu'il  y  serait 
resté  si  le  roi  Gui  ne  Teût  secouru.  Et  dans  cette  même  affaire  fut  tué  le  Mattre  du 
Temple,  celui  qui  dit  cette  bonne  parole  qu'il  avait  apprise  à  bonne  école;  tous, 
couards  et  hardis,  lui  disaient,  lors  de  cette  attaque  :  ç^ Venez-vous-en ,  sire,  venez- 
«vous-en!»  Il  l'aurait  pu,  s'ill'avait  voulu  :  «Ne  plaise  à  Dieu,  leur  répondit-il,  qu'on 
Rme  revoie  jamais  ailleurs,  et  qu'on  puisse  reprocher  au  Temple  qu'on  m'ait  trouvé 
t( fuyant!  7)  Et  il  ne  le  fit  pas;  il  y  mourut,  car  trop  de  Turcs  se  jetèrent  sur  lui.  Et  des 
gens  de  peu,  il  en  mourut  bien  cinq  mille,  dont  les  corps  restèrent  nus  sur  la  place.  • 
Quand  ceux  de  la  ville  connurent  la  défaite  des  nôtres,  ils  montèrent  sur  leurs  chevaux 
arabes,  sortirent  des  portes,  et  attaquèrent  les  nôtres  av^c  une  telle  rage  qu'ils  leur 
auraient  causé  grand  dommage  sans  leur  belle  défense;  mais  les  nôtres  leur  firent  face, 
et  on  vit  là  de  beaux  coups  de  chevaliers.  Là  fit  merveille  le  roi  Gui  lui-même, 
et  Jofroi  de  Lusignan,  qui  eut  beaucoup  de  peine  ce  jour-là,  et  le  preux  Jacques 
d'Avesnes,  qui  fit  tant  d'exploits  dans  la  Terre  Sainte,  et  les  autres,  si  bien  qu'on  les 
repoussa  et  qu'on  les  fit  rentrer  dans  la  ville. 

Aipsi  se  passa  cette  journée,  oh  la  fortune  nous  fut  si  contraire.  Les  Sarrasins  v.  3o55. 
en  reçurent  tant  d'encouragement  (que  Dieu  les  maudisse,  et  je  les  maudis!)  qu'ils 
commencèrent  à  vexer  et  harceler  les  chrétiens  beaucoup  plus  qu'ils  ne  faisaient  au- 
paravant. Quand  les  prudhommes  et  les  barons  le  virent,  ils  dirent  ;  ce  Seigneurs,  i,  un. 
tenons  ne  profitons  en  rien;  il  faut  prendre  une  résolution  qui  nous  protège  contre  ces 
«gens  du  diable  qui  nous  tourmentent  toute  la  journée,  et,  la  nuit,  nousWolent  nos 
R  chevaux.  »  Voici  la  résolution  qu'ils  prirent.  Us  firent  faire  un  fossé  grand ,  large  et 
profond,  et  le  garnirent  d'écus,  de  targes  et  de  morceaux  de  ponts  (?).  Ainsi  les  terres 
des  deux  côtés  furent  séparées.  Cependant  les  Sarrasins  les  attaquaient  toujours  et  ne 
leur  laissaient  pas  de  repos. 

Ecoutez  un  trop  grand  ennui  :  à  la  suite  de  la  tuerie  dont  j'ai  parlé,  qui  fut  si  dou-  v.  3077. 
loureuse  pour  les  Francs,  le  lendemain  de  cette  aventure,  où  l'élite  de  l'ost  avait  été 
déconfite  et  oà  tant  de  pauvres  gens,  venus  là  pour  Dieu, ^valent  trouvé  la  mort^ 
Salahadin  fit  prendre  tous  les  corps  morts  et  nous  les  fit  renvoyer  en  les  jetant  dans  le 
fleuve  d'Acre.  C'était  une  laide  boucherie,  car  les  corps  deseendaient  à  vau-l'eau ,  lant 
qu'ils  arrivèrent  au  milieu  de  l'ost,  et  à  mesure  que  les  monceaux  de  morts  crois- 
saient, il  en  sortait  une  telle  puanteur  que  toute  l'ost  dut  s -éloi|^er  jusqu'à  ce  qu'on  les 
eût  enfouis.  Et  longtemps  après  qu'ils  avaient  été  enterrés,  on  en  fuyait  encore  l'odeur. 

a6 


M^ftlHtltl    «àTIOIAU. 


Vit  LBISTOUE  DE  LA  GUEBBE  SAI5TBL 


• .  3'.y^,        Le»  Aritiem  tnraillaiettt  ao  bmé  qai  leur  ««nrait  île  renpart.  Ib  te 

defii  qiiajMl  iei  Sarrasiiis  nsiaîeBl  ias  alla^per,  conne  îb  le  iaMieni  taai  la 

<|a  il  fit  froid  ou  <}a'ii  fit  cbaiML  C'était  le  fbfté  qui  étak  le  dunp  de  tirtiilh  dei 

dt  biea  et  d^»  cet  cbiens.  Les  nàtrei  Toelaieat  le  creaser  et  les  aalrei  iiiiimuI  de  le 

déCnre.  Vous  auriei  vu  la plus  de  cinq  eent  auUe  flèches  :  eans 

qui  creusaient  le  fofsé  les  [laisaient  à  ceoi  qui  le  défeodaieiiL  Vov  aonei  ru  des  den 
€ôîAm  des  gens  hardM  et  eoorageni.  Vous  aorîex  vu  les  combattaDts  toaber,  mAr. 
s'ouvrir  le  ventre,  et  de  rudes  coups  s^écbaDger.  La  nuit  seale  lei  séparaiL 

V,  3f  ifj.  Depuis  le  conHoeacemeat  du  siè(B;e  d'Acre  jusque  vers  la  fête  de  la  Tousnil«  je  le 
fat*»  fd  je  Tai  entendu  dire  souvent,  il  ne  eessa  d arriver  de  nouveaux  venos  qui 
tenaient  bien  leur  place*  Alors  vint  le  comte  de  Ferrières,  qui  tua  plus  de  cent  Turcs. 
car  il  était  hi  bon  archer  qu'il  n'y  en  avait  pas  de  meilleur;  et  Gui  de  Daoïpiem.  qui 
possédait  maint  beau  cbâteau;  et  l'évéque  de  Vérone,  que  Ton  estimait  grandement  : 
tow»  ceni-lâ  vinrent  devant  Acre,  et  ils  devinrent  confesseurs  et  martyrs,  car  j'ose  bien 
dire  que  celui  qui  fut  le  plus  à  son  aise  y  souffrit  un  martyre  assez  dur,  les  penn  et 
les  veilles  et  les  fatigues  de  nuit  et  de  jour;  ils  n  avaient  jamais  de  repos,  et  ils  n'osaient 
pas  en  prendre  avant  d'avoir  terminé  le  fossé  qui  causait  tant  de  combats. 

\ .  3f  63.        L'avanirveille  #le  la  Toussaint,  il  arriva  dans  l'ost  une  mésaventure  prodigieuse,  trop 

I  iisi».  forte  et  trop  pénible.  Pendant  que  les  chrétiens  souffraient  tant  de  peines,  ceux  qui  se 
tenaient  sur  le  Toron  regardèrent  du  côté  de  Caipbas  et  virent  arriver  une  grande 
flotte  de  galères  qui  venaient  de  Babylone,  qui  soutint  longtemps  Acre.  La  flotte  ap- 
prochait en  bon  ordre,  et  la  nouvelle  s'en  répandit  promptement  dansl'osL  Plusieurs 
croyaient,  mais  personne  n'en  savait  rien,  que  c'étaient  des  vaisseaux  de  Pise,  de 
G^nes,  de  Venise,  de  Marseille  ou  de  Sicile  qui  venaient  aider  au  siège.  Pendant 
qu  on  se  livrait  a  ces  suppositions,  les  galères  approchaient,  et  elles  aj^rochèrent  si 
bien  qu'elles  entrèrent  dans  Acre,  et  en  arrivant  elles  s'enqMirèrent  d'une  de  nos 
éni^ues  oli  il  y  avait  des  hommes  et  des  provisions  :  elle  fut  enunenée  dans  la  ville; 
les  hommes  furent  tués  et  les  provisions  prises. 

V,  :^72î.  Ecoutez  ce  que  firent  les  Turcs,  et  leur  grande  injure  à  Dieu.  Le  jour  de  la  fêle  de 
tous  les  saints  qu'il  rassembla  dans  le  ciel,  de  la  grande  fête  oik  on  pleura  tant  de 
larmes,  iU  pendirent  sur  les  murs  d'Acre,  par  défi,  les  corps  des  chrétiens  qu'ils 
avaient  pris  dans  l'énèque  et  tués.  Ceux-là  partici|>èrenl  à  bon  droit,  les  prédicateurs 
peuvent  bien  le  dire,  è  la  grande  joie  qui  dure  et  durera  sans  fin  et  qu'ont  ceux  dont 
on  célébrait  re  jour-là  la  fête. 

V.  :ii9i.  C^ette  flotte  dont  je  vous  ai  parlé  garda  si  bien  le  port  et  le  chemin  par  où  abor* 
daient  les  n6tres  qu'ils  n'osèrent  plus  s'en  approcher,  en  sorte  qu'il  n'arrivait  plus  de 
secours  aux  défenseurs  de  Dieu.  L'hiver  s'avança  sans  qu'ils  eussent  fait  de  provisions. 
Ils  avaient  terminé  le  fossé,  mais  il  fut  plus  tard  comblé  malgré  eux.  Pendant  cet 


370  L'HISTOrRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE, 

des  Turcs  et  emmenèrent  de  vive  force  une  galère  jusque  dans  le  port.  La  joie  liif 
belle.  Vous  auriez  vu  les  femmes  s'approcher,  tenant  des  couteaux  dans  leur»  maiiM, 
saisir  tes  Turcs  par  les  tresses  et  les  tirer  de  toutes  leurs  forces,  puis  leur  traoeher  !■ 
tétc.  qu'elles  emportaient  à  terre.  Sur  les  deux  flottes,  la  huée  ne  cessait  pas. Chacune 
cédait  à  son  tour;  souvent  elles  se  rapprochaient,  elles  se  lançaient  du  feu  grëgeoù; 
les  vaisseaui(  étaient  allumés,  puis  éteints,  et,  quand  ils  fie  joignaient,  se  frappaient 
H  l'envi  et  se  poussaient  jusqu'au  port.  Jamais  homme  ne  vit  une  telle  bataille;  mais  ce 
furent  nos  gens,  ceux  de  l'ost  de  Dieu  qui  menait  le  siège,  qui  en  eurent  le  plus  i 
:90ufTrir.  Car  les  Turcs,  plus  nombreux  chaque  jour,  transportés  de  colère  à  eaïue  de 
la  ijalère  que  les  nôtres  avaient  emmenée,  donnèrent  au  fossé  un  terrible  assaut  peo^ 
danl  la  bataille  qui  se  livrait  sur  la  mer.  Il  n'y  eut  pas  un  chrétien  dans  l'ost,  grand 
nu  p<!tit,  jeune  ou  vieux,  si  hardi  ou  si  renomma  qu'il  fAl,  qui  n'eût  fort  affaire  h  se 
défendre  des  Turcs;  car  ils  se  pressaient  comme  des  mouches  et  »'eiïorf<iiei]t  à  qui 
mieux  mieux  de  défaire  et  de  combler  ie  fossé.  Tmiie  la  plaine,  jusqu'au  pied  de  la 
montagne,  était  couverte,  comme  un  champ  d'épis,  des  Turcs,  qui  les  attaquaient  sans 
un  moment  de  relâche,  et  qui  se  jetaient  dans  les  fossés  en  si  grand  nombre  qu'ils  s'y 
renversaient.  It  y  avait  là  une  grande  masse  de  gens  hideux  et  noirs,  ennemis  de  Dieu 
et  de  la  nature,  portant  sur  leur  léte  des  coiffures  rouges  :  Dieu  n'a  pas  fait  de  [dus 
laides  bétes  ni  de  plus  cruelles.  En  voyant  les  flots  pressés  de  ces  gens  avec  leurs  têtes 
coiffées  de  rouge,  on  aurait  dit  des  cerisiers  couverts  de  fruits  mars,  et  il  y  avait  tant 
d'autr(>s  Turcs  qu'on  les  estimait  à  cinq  cent  mille.  Ceux  de  la  ville,  bannières  en  télé, 
faisaient  des  sorties  et  attaquaient  les  chrétiens  de  l'autre  câté.  L'ost  fut  tellement 
harassée,  ce  jour-là  et  bien  d'autres,  que  les  chrétiens  se  demandaient  s'ils  pourraient 
résister  à  ces  attaques  incessantes.  Les  gens  coiffés  de  rouge  avaieni  un  étendard  oii  ils 
se  ralliaient  tous  :  c'était  l'enseigne  de  Mahomet,  dont  l'image  était  en  haut,  el  au  nom 
de  qui  ils  étaient  venus  combattre  la  chrétienté.  Ces  coquins  se  défendaient  avec  de 
grandes  pierres  qu'ils  apportaient.  Voilà  le  combat  que  l'ost  avait  à  livrer  du  côté  de  le 
terre.  Du  côté  de  la  mer,  la  bataille  dura  tonte  la  journée;  à  la  fin,  par  la  grAce  \ 
de  Dieu,  notre  flotte  eut  la  victoire;  car  on  y  avait  établi,  de  jour  en  jour,  dcsdivi- 
sions  de  barons  de  l'ost  qui  se  relayaient  dans  hs  galères,  hommes  vaillants  et  bÎM 
armés,  qui  combattirent  rudement.  La  flotte  chrétienne  repoussa  de  vive  force  les  g 
ennemies  en  deçà  de  la  chaîne  [qui  ferme  le  port],  et  causa  grand  doiumsn 
Turcs  enfermés  dans  la  ville  et  qui  étaient  alors  quarante  mille.  Depuis  « 
purent  plus  recevoir  de  secours  par  mer  ni  sortir  du  c6té  de  la  (erre,  € 
sions  diminuant,  ils  souffrirent  beaucoup  de  la  disette. 

Le  jeudi  de  l'Ascension,  le  jour  oir  l'on  fait  la  procession  sainte  J 
Dieu  monta  au  ciel,  comme  l'Évangile  le  raconte,  nos  gens  vould 
murs  d'Acre  au  nom  du  coq»  sacré  do  Seigneur.  Nous  avitxi&LiJ 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


371 


couvertes  coQtre  le  feu  grégeois  des  infidètes.  Il  y  en  avait  trois  grandes,  que  trois  hauts 
hommes  avaient  fait  faire  :  le  landgrave,  le  roi  Gui  et  le  marquis  avec  les  Génois  : 
tous  trois  étaient  dans  leurs  tours  quand  on  donna  l'assaut.  Les  chrétiens  attaquèrent; 
ceux  d'Acre  garnirent  les  murs.  L'attaquefutviffoureuse  et  la  défense  aussi.  Les  assiégés, 
qui  souffraient  de  la  disette,  se  défendaient  avec  acharnement  et  nous  faisaient  pay<ir 
cher  leur  souffrance,  il  n'y  eut  jamais  une  défense  comme  celle  du  ces  inemhres  du 
diahle.  Les  uns  sonnaient  du  tabour,  les  autres  se  pri^ssaient  ù  l'endroit  où  ils  étaient 
nécessaires,  et  les  Turcs  campés  sur  les  montagnes  accouraient  de  leur  côté  en  grand 
nombre  dès  qu'ils  voyaient  nos  gens  Dccu|)és  à  l'assaul,  venaient  aux  fossés  et  sautaient 
dedans,  si  bien  que  les  chrétiens  devaient  è  la  fois  attaquer  et  se  défendre.  L'assaut 
dura  longtemps,  du  matin  au  soir;  mais  au  soir  il  fallut  le  cesser  sans  que  l'on  ei^t  pu 
les  forcer.  Les  Turcs  jetèrent  le  feu  grégeois  sur  les  trois  tours  et  les  embraseront,  si 
bien  qu'il  fallut  les  abandonner  et  qu'elles  furent  réduites  en  cendres. 

Les  chiens  d'infidèles  furi^nt  pendant  longtemps  clans  la  ville  en  grande  diséUe  itf    ' 
vivres;  comme  le  temps<i' écoulait,  leurs  provisions  s'épuisèrent.  Ils  furent  n'thiits*  »"    ' 
lel  point  qu'Us  mangèrent  toutes  leurs  bêles,  cous,  tétea,  pieds  et  boyaux.  Il»  «ww»* 
hors  de  la  ville  des  chrétiens  qu'ils  retenaient,   les  vieui   gardant  ceux   i|in  **■•'** 
jeunes  et  dispos  pour   travailler  aux   pierrières.  Ils  curent   lanl  de  pn»4fK«* 
peines  et  de  soulTrances  qu' 
Jean.  Alors  le   diable  leur  envoya 

Turcs  péril:  mais  let;' assiégés  rccueilllrenl  les  vivres  qui  y  éufcni.  *"***  *■* 
du  courage,  et  ils  faisaient  souvent  des  sorties,  en  sorte  qui"  m»  o""-  '^  '"" 
enfermés  [de  deux  pMésj. 

U  tilede  saint  Jaccpies  fut  une  journ^  trop  pénibl?  ;■"'■' '-   '■■""■ 

i  iliable,  qui  ne  se  repose  jamais,  fil  (ao( 

I  pas  te  diable  qui  h?  fît;  c'est  Pieu  qui  h 

l  martyrs  dnas  son  royaume  céleste.  La  ptu 

Lde  l'oet  de  Dieu  sans  $o  gsrder  siilTuan 

■grands  besoins  et  pousséii  par  leurs  soûl 
>jliiien(  environ  dîi  millft:  ils  iwrtircn'  > 
"h  miirrhèrnnt  Inril  dniif  sur  ' 


ne  pourrait  le  raconter,  jusqu'après  la  fttf  *  '^^ 
roya  trois  navires;  iU  se  brisèrent,  rt  «•*  1'*'**';^ 


I  l'ost  i\il  1 
innil,  (j 


land 
Jor  le 


S7a  UHISTOIBE  BE  LA  GUERRE  SAINTE. 

mourut  Torel  <lu  Mdsnil ,  ndJi  sans  avoir  fait  de  grands  exploits  ;  oti  le  Mgretta  l>eaii«* 
coup.  L'ost  eut  cette  aventure  et  bien  d'autres. 
V.  3/195.  L'ost  de  Dieu  eut  à  souffrir  de  ses  ennemis  bien  des  assauts,  bien  des  tntjures;  Dieu 
souffrit  par  sa  pitié  bien  de  dures  aventures*  Il  mettait  son  peuple  à  Tépreuve,  conmie 
il  a  fait  pour  les  saints,  qu'il  éprouva  par  tant  de  souffrances^  c«mme  on  âe  raconte, 
ainsi  qu'on  fait  l'or  dans  la  fournaise.  Ceux  qui  s'étaient  donnés  k  Dieu  avaient  déji 
beaucoup  souffert  là. 
V.  35o5.  Gomme  ils  étaient  dans  cette  situation  difficile ,  voici  venir  les  barons  de  Fraftce, 
Il  uii.  vers  le  mois  d'août,  au  meilleur  moment  du  passage  qui  est  avant  le  temps  d'hiver. 
Alors  arrivèrent  le  comte  Henri  de  Champagne  avec  beaucoup  de  monde ,  et  le  comte 
Tibaud  de  Biois,  qui  ne  vécut  pas  trois  mois  depuis,  et  le  comte  Etienne,  qm,  lai  aussi, 
mourut  peu  après  son  arrivée;  le  preux  comte  de  Glermont,  qui  plaisait  k  Dieu  et  au 
monde;  le  comte  de  Ghâlons,  qui  était  un  homme  fort,  grand  jU  haut  U  arriva  tant 
d'autres  prudhommesque  nul  n'en  sut  le  compte. 
V.  35a  1.  Devant  Acre,  pendant  que  les  preux  y  restaient  pour  leur  salut  et  l'amour  de  Dieu, 
I,  zLTu.  il  arriva  beaucoup  de  grandes  aventures  que  l'on  a  conservées  par  écrite  et  beaucoup 
de  miracles,  par  l'effet  de  la  puissance  de  Dieu.  Devant  et  derrière  les  pierrières»  qui 
étaient  nombreuses  dans  l'ost,  beaucoup  de  gens  allaient  et  venaient,  et  il  arrivait 
souvent  des  choses  que  l'on  tenait  pour  des  miracles  quand  elles  advenaient.  Il  y  avait 
dans  la  ville,  l'histoire  le  raconte,  beaucoup  de  pierrières,  qui  lançaient  si  bien  qu'on 
ne  vit  jamais  de  tels  coups.  Il  y  en  avait  une  si  puissante  qu'elle  nous  causait  grand 
donunage  :  elle  nous  brisait  sans  cesse  nos  pierrières  et  nos  cercloies,  caries  pierres 
qu'elle  lançait  volaient  comme  si  elles  eussent  eu  des  ailes  :  il  fallait  que  deux  hommes 
se  missent,  l'écrit  le  dit,  pour  tendre  la  fronde^  et  quand  la  pierre  lancée  par  la  fronde 
était  tombée,  il  fallait  bien  la  chercher  à  un  pied  en  terre.  Gette  pierrière  frappa  un 
hooDune  par  derrière  dans  le  dos  :  si  c'eût  été  un  arbre  ou  un  pilier  de  marbre,  elle 
l'aurait  coupé  par  le  milieu,  tant  elle  était  tombée  droit  dessus;  mais  le  prudhomme 
ne  la  sentit  mâme  pas,  parce  que  Dieu  ne  le  voulait  pas.  Voilà  un  seigneur  qui  mérite 
qu'on  croie  eniui,  et  un  miracle  qui  impose  la  foi! 
V.  356 1.  Gouune  les  jours  passaient,  il  arrivait  bien  des  choses.  Dans  le  passage  d'avril  i 
I,  xLTiu.  mai  il  advint  une  étrange  aventure  enl'oat.  Un  sergent  était  dans  le  fossé,  anné  d'une 
coiffe  de  mailles  et  d'un  haubert  et  d'une  cotte  piquée  et  richement  brodée.  Un  ennemi 
de  J)ieu  tenait  une  arbalète  i  tour;  il  visa  le  sergent  par  une  meurtrière,  et  le  frappa 
à  la  poitrine  :  le  trait  faussa  la  coiffe,  .[^erça  la  cotte,  et  passa  outre  le  haubert;  mais 
le  sergent  portait  au  cou,  Dieu  merci,  une  lettre  qui  le  préserva,  car  les  saints  noms 
de  Dieu  y  étaient  écrits,  et  ceux  qui  étaient  là»virent  que,  quand  le  trait  y  toucha,  il 
rebondit  en  arrière.  Voilà  ce  que  fait  Dieu  à  ceux  qui  le  prennent  pour  gardien  :  ils 
n'ont  rien  à  craindre. 


(  ,. 


378  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

V.  âo66.  Au  matin,  au  petit  jour,  nos  gens  s'étaient  mis  en  marche  pour  retoarner  k  Acre, 
au  siège;  mais  les  Turcs  s'étaient  assemblés  au  pont  du  Doc,  par  où  ils  devaient  passer. 
Ils  s'apprêtaient  à  abattre  le  pont,  quand  Tost  arriva  sur  eui;  mais  ils  avaient  si  bien 
occupé  le  pont  que  les  pèlerins  ne  savaient  comment  ils  pourraient  le  passer,  tant  ils 
y  voyaient  d'ennemis  entassés.  Alors  Jofroi  de  Lusignan,  sur  son  destrier  qui  était  frais, 
et  avec  lui  cinq  bons  chevaliers,  les  chargèrent,  et  les  frappèrent  si  rudement  qa*fls 
en  firent  tomber  plus  de  trente  dans  le  fleuve,  où  ils  se  noyèrent  sous  les  yeux  de 
l'armée  ennemie;  ils  les  frappèrent  tant  qu'ils  passèrent  tous  de  vive  force,  et  les  nôtres 
revinrent  au  siège  tout  joyeux  d'être  rentrés. 

V.  6091.  On  était  à  la  fin  de  la  saison  du  passage;  il  arrivait  peu  de  renforts  aux  chrétiens , 
car  ce  n'était  plus  le  moment  favorab1e^  et  cependant  il  en  arrivait  encore.  A  mesure  que 
la  foule  croissait,  les  vivres  diminuaient,  et  plus  le  temps  avançait,  plus  ils  décroissaient. 
On  n'avait  de  provisions  que  quand  il  arrivait  des  vaisseaux;  les  riches  n'en  manquaient 
pas;  mais  les  pauvres,  qui  en  étaient  dépourvus,  se  plaignaient  chaque  jour  de  la  di- 
sette qui  les  tourmentait;  beaucoup,  ne  pouvant  pas  supporter  ces  souffrances,  vou- 
laient s'en  aller.  Les  vivres  arrivaient  bien  à  Sur,  mais  le  marquis  [de  Montferrat]  les 
y  retenait  et  les  empêchait  de  venir  jusqu'à  l'ost.  Vous  allez  savoir  ce  qu'avait  fait  ce 
i,txiit.  perfide  marquis.  Il  essayait,  par  de  hauts  hommes  et  par  son  argent,  de  se  rendre 
mattre  du  royaume;  il  fit  tant,  il  travailla  si  bien  par  ses  machinations  qu'une  sœur 
de  la  reine  qui  venait  de  mourir,  femme  de  Hainfroi  du  Toron,  un  des  hauts  ba- 
rons du  pays,  fut  séparée  de  son  mari,  et  qu'il  la  prit  pour  femme,  en  promettant  que 
ses  forces  rejoindraient  l'ost  h  Acre.  Il  l'épousa  dans  sa  maison,  contre  Dieu  et  contre 
droit.  L'archevêque  de  Cantorbéry  en  fut  très  irrité,  mais  l'évêque  de  Beauvais  les 
maria;  il  eut  grand  tort,  carie  marquis  avait  déjà  deux  épouses,  deux  belles  et  jeunes 
dames  :  l'une,  belle  et  noble  dame,  était  à  Constantinople ,  l'autre  était  dans  son  pays, 
et  il  en  prenait  une  troisième  !  C'est  pourquoi  le  bon  archevêque  et  d'autres  clercs  et 
évêques  s'opposèrent  à  ce  mariage,  l'excommunièrent,  et  ne  craignirent  pas  de  dire 
qu'il  avait  fait  un  triple  adultère,  et  que  Dieu  n'était  pas  présent  à  une  telle  union  et  à 
de  telles  noces. 

V.  4 1^5.  Quand  Te  marquis  eut  épousé  celle  qu'il  désirait  depuis  si  longtemps,  il  fit  ses  noces 
et  ses  festins.  Il  avait  maintenant  trois  femmes  vivantes,  une  dans  son  pays,  l'autre 
avec  lui,  et  encore  la  troisième  en  réserve.  D'un  tel  mariage  devait  venir  du  mat,  et 
il  en  vint  le  jour  même,  et  du  dommage;  car  quand  ceux  qui  avaient  été  aux  noces 
eurent  bien  bu,  ils  allèrent  se  divertir  aux  champs,  comme  s'ils  voulaient  s'ébattre. 
Des  Sarrasins,- qui  étaient  en  embuscade,  se  jetèrent  sur  eux  et  les  poursuivirent. 
A  leurs  cris,  ceux  de  l'ost  accoururent;  mais  les  Sarrasins  ne  manquèrent  pas  leur 

^*)  Mot  à  mot  ?rcar  ils  laissaient  passer  le  passage ».- 


coup; 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 
ils  prirent  Le  Bouleiller  de  Senlis  :  nul  De  sut  où  ils  l'emmenèrent. 


379 


s'il  mourut 
i  ce  qu'il  devint.  Il  y  en  eut  vingt  tant  pris  que  morts;  ceux-là  eurent  une  belle  Wte 
de  noces!  Les  gens  de  l'est  furent  troublés,  et  les  hommes  sages  en  devinrent  plus 
inquiets.  Beaucoup  croyaient  encore  que  le  marquis  leur  disait  la  vérité,  et  que,  sui- 
vant sa  promesse,  il  ferait  venir  des  vivres  dans  l'ost;  mais  il  s'en  alla  aussitôt,  lui, 
ses  gens  et  son  épousée,  et,  bien  qu'il  eût  des  vivres  en  abondance,  il  n'envoya  plus 
rien  dans  l'ost,  où  l'on  en  manquait  tant,  excepté  à  ceux  qui,  à  grand  tort,  avaient  fait 
son  mariage. 

Seigneurs,  sur  la  mort  d'Alexandre,  qui  causa  une  telle  rurneur,  sur  le  message  de 
Balan,  sur  les  aventures  de  Tristran.sur  Paris  et  Hélène,  que  l'amour  fit  lant  souffrir, 
sur  les  prouesses  d'Arlhur  de  Bretagne  et  de  ses  hardis  compagnons,  sur  (ihurlemagne. 
sur  Pépin,  sur  Agoland  et  sur  GuitecHn,  sur  les  vieilles  chansons  de  geste  dont  les 
jongleurs  font  si  grande  fête,  je  ne  sais  vous  dire  ni  vérité  ni  mensonge,  ni  affirmer 
ni  contredire  ce  qu'on  en  raconte ,  et  je  ne  trouve  personne  qui  puisse  me  dire  si  r'esl 
vrai  ou  faux.  Maïs  ce  qu'ont  vu  lant  de  gens  qui  l'ont  euï-mémes  souffert  devant  Acre, 
les  peines  qu'ils  eurent,  les  grandes  chaleurs,  les  grands  froids,  les  maladies,  les 
tourments  de  tout  genre,  je  peux  vous  en  faire  le  conte  véridique ,.et  cela  vaut  la  peine 
d'être  écouté. 

En  hiver,  au  temps  d'avent,  qui  ramenait  les  vents  et  la  pluie,  c'est  alors  que  dans 
l'est  d'Acre  étaient  grandes  les  plaintes  et  les  misères  des  petites  gens  et  des  moyens 
pour  la  disette  qui  était  arrivée,  car  elle  croissait  de  jour  en  jour  et  ils  se  plaignaient 
sans  cesse.  Tout  alla  bien,  il  est  vrai,  jusqu'à  Noél,  mais  alors  commencèrent  la  dé- 
tresse, la  famine  et  la  misère.  A  mesure  que  le  temps  de  Noël  passait,  la  cherté  allait 
croissant.  Un  muid  de  blé  qu'un  homme  aurait  porté  sous  son  aisselle  pesait  cepen- 
dant bien  lourd,  car  il  coûtait  cent  besants  :  c'étaient  là  de  dures  nouvelles;  le  blé  et  U 
farine  étaient  chers;  le  temps  était  si  dur  qu'une  poule  valait  douze  sous  et  qu'on  ven- 
dait un  œuf  six  deniers;  mais  c'est  pour  le  pain  que  se  livrait  la  hataUle  entre  ceux  qui 
en  étaient  privés.  Alors  ils  maudissaient  le  marquis,  par  la  faute  duquel  ils  étaient  si 
mal  en  point. 

Seigneurs,  je  le  dis  sérieusement,  pour  ne  pas  manquer  de  viande  on  écorcha  les 
beaux  destriers,  et  on  les  mangea  avidement;  quandonenécorchait  un,  il  y  avait  grande 
presse  à  l'enlour,  et  l'on  payait  encore  la  viande  cher.  Cette  gène  dura  tout  l'hiver  :  on 
vendait  le  morceau  dix  sous;  on  vendait  un  cheval  mort  plus  cher  qu'on  n'eiU  jamais 
fait  un  vivant.  La  chair  leur  en  semblait  savoureuse,  et  ils  mangeaient  m<!me  les  en- 
trailles. Alors  ils  maudissaient  le  marquis,  par  la  faute  duquel  ils  étaient  si  mal  en  point. 

Le  temps  était  cher,  le  besoin  grand  pour  les  petites  gens  et  pour  les  riches,  et 
pourtant  ceux  qui  avaient  de  l'argent  pouvaient  avoir  des  provisions;  mais  m^me  quand 
ils  auraient  voulu  les  partager,  ils  n'osaient  pas  te  faire,  parce  que  trop  de  gens 


LHISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  375 

vrirent  tous  leurs  vaisseaux  de  cuir,  et  en  firent  autant  de  la  tour;  ils  assiégèrent  la 
tour  des  Mouches,  et  ils  y  lancèrent  beaucoup  de  traits.  Ceux  de  la  tour  se  défendaient 
si  bien  qu'ils  se  vendaient  très  cher,  et  il  sortit  de  la  ville,  sur  des  galères,  plus  de 
deux  mille  Sarrasins  pour  aider  les  leurs.  Les  ennemis  lançaient  des  flèches  et  jetaient, 
avec  des  dards  aigus,  de  grandes  pierres  pesantes  qui  brisaient  les  écus  et  les  lances. 
Les  gens  du  château  assaillaient,  et  les  autres  ne  se  défendaient  pas  moins  bien.  Nos 
gens  firent  maints  beaux  coups  d'arbalète  sur  les  murs  :  les  traits  pleuvaient,  et  les 
Turcs  étaient  obligés  de  se  cacher.  L'assaut  était  donné  par  des  hommes  vaillants  qui 
se  relayaient.  On  dressa  les  échelles  et  on  les  appliqua  contre  la  tour  à  grand  effort  et 
h  grande  peine;  car  pendant  que  les  chrétiens  les  dressaient,  les  autres,  qui  ne  lâ- 
chaient pas  pied,  leur  jetaient  sur  la  tête  de  grandes  poutres.  Us  revinrent  en  nombre, 
et  embrasèrent  le  château  en  y  jetant  du  feu  grégeois  dans  un  dernier  effort. 
Sur  la  mer,  on  avait  tué  beaucoup  de  Sarrasins;  mais  ils  réussirent  à  brûler  le  château 
avec  les  échelles  et  les  vaisseaux  qui  le  portaient.  Quand  les  Turcs  virent  leur  succès, 
ils  en  furent  pleins  de  joie,  et  ils  se  mirent  à  pousser  de  grands  cris  et  à  huer  les  défen- 
seurs de  Dieu. 

Ce  fut  un  grand  déconfort  pour  Tost  de  Dieu;  mais  elle  trouvait  de  la  consolation  V.  3819. 
dans  l'arrivée  en  Syrie  de  vaillants  barons.  Parlons  d'abord  de  l'archevêque  de  Besan-  i,  us. 
çon.  Il  fit  faire  devant  Acre  un  bélier,  pour  entamer  et  rompre  les  murs,  qui  coûta 
très  cher.  Il  était  bien  ferré,  et  protégé  si  solidement  en  haut  et  en  bas,  par  derrière 
et  par  devant,  qu'il  ne  devait  pas  craindre  une  pierrière,  car  l'archevêque  avait  voulu 
y  employer  tout  ce  que  l'on  met  de  meilleur  à  ces  sortes  de  machines.  Le  comte  Henri 
en  fit  un  autre,  bien  couvert  et  de  grand  prix,  et  les  autres  comtes  et  barons  firent 
plusieurs  autres  engins  qu'on  ne  pourrait  compter.  Mais  nous  voulons  vous  dire  ce 
qui  advint  du  premier,  de  celui  de  l'archevêque,  quand  il  se  présenta  devant  les  murs. 
Les  barons  de  l'ost  avaient  préparé  cet  assaut  après  s'être  entretenus  des  engins  qu'ils 
avaient  fait  faire.  Chacun  fit  approcher  le  sien  des  murs.  L'archevêque  fit  avancer  le 
bélier  dont  j'ai  parlé,  qui  était  construit  à  si  grands  frais  qu'il  aurait  eu  le  droit  de  ne 
rien  craindre  au  monde.  Il  était  comme  sous  une  maison  :  au  milieu,  un  grand  mât  de 
vaisseau  bien  droit;  sans  nœuds,  et  ferré  aux  deux  bouts.  Par-dessous  se  tenaient  ceux 
qui  devaient  heurter  contre  les  murs  et  qui  étaient  en  sûreté.  Les  Turcs,  nos  ennemis, 
y  entassèrent  du  bois  sec  et  y  jetèrent  le  feu  grégeois;  avec  leurs  pierrières  ils  y  lan- 
çaient des  colonnes  entières  de  marbre  et  de  liais,  et  y  jetaient  des  arbres  et  des 
poutres.  Us  y  lancèrent,  à  seaux  et  à  bouteilles,  à  brocs  et  k  cruches,  du  soufre,  du 
goudron,  du  suif,  de  la  poix,  puis  de  grands  morceaux  de  bois  par-dessus,  et  sur  tout 
cela  le  feu  grégeois,  si  bien  que  ceux  qui  attaquaient  le  mur  sous  le  bélier  s'enfuirent 
et  l'abandonnèrent.  Les  Turcs,  pour  attaquer  le  bélier,  se  découvraient  sur  les  murs. 
Vous  auriez  vu  là  de  beaux  coups  d'arc  et  d'arbalète ,  de  grands  combats  et  des  gens 


•7 

laPttMIIII    BATIOli'.R. 


376  r&lSTÔIRE  DE  LA  GCERRE  SAINTE. 

bieltô^s  des  àeut  cAtés;  voas  atiHez  va  3e  boAs  va6i;atix  conVit  potif  dëféhdf^  le  bâier 
et  pour  enlever  tout  ce  doiit  les  ennciriis  r^Vaient  chargé;  voua  auriez  vii  'flBuvc^er  des 
murs  bien  des  Turcs  avec  leurs  beaux  bbticliers  peints.  ËnGn,  ils  jetèrent  et  laneèîreht 
tant  qu^ils  enfoncèrent  le  bélier  et  brisèrent  le  toit  ferré  et  toute  l'autre  garniture.  Ile 
recomtnehcèréht  alors  à  jeter  le  feu  grégèoiis,  ^i  bien  quHis  nous  le  brûlèreilt  tout  ji 
fait.  Le  bélier  leur  fut  vendu  cher,  car  ils  perdirent  quatre-vingts  des  ineHleiliis  et  an 
émir;  mais  ils  ûôus  firent  aussi  du  md.  Quand  on  vit  tfi*6n  ne  pouvait  Yàmënier  le 
bi^liér  ni  Tiéteindrë ,  l'assaut  fiit  suspëndh ,  et  leis  Sairràsins  se  mirent  h  ûom  hiier. 

V.  3897.        A  l'a  fin  du  mois  d'août  tnourtat  en  Tost  la  reine  de  Jélrosaiêm;  ce  fut  dommage, 

1.  xLTi.    car  elle  h'était  pas  énbor'e  âgfée,  et  elle  passait  jpour  une  Vaillante  dame  :  que  Dieu  ait 

pitié  de  s'en  âme!  Et  aussi  moururent  deux  demoiselles  très  belles,  filles  du  roi  Oui. 

Ces  enfaiits  qui  moururent  étaient  les  héritières  légitimes  du  royèuare,  et  par  leur 

mort  lé  foi ,  qui  avait  tant  souffert  pbur  ce  royaume ,  le  perdit. 

v.  3909.  En  oétobré,  après  septembre,  près  des  calendes  de  novembre,  arriva  d'Alexandrie^ 
I  <^<  éh  grande  pobpe  et  en  grand  orgueil,  une  autre  flotte.  Ceux  de  l'ost  qui  ptos  tard 
comptèrent  les  vaisseaux  dirent  qu'il  y  en  avait  quinze,  lis  venaient  secourir  les  Turcs 
qui  étaïeilt  dans  At;re,  qui  avaient  supporté  tant  de  privatioïis  et  de  veilles.  Derrière 
la  flotte  venaient  trois  grands  dromons  ;  nos  galères  et  ceux  qni  les  montaient  sur- 
veillèrent leur  arrivée.  Quand  ceiix  des  vaisseaux  turcs  les  aperçurent ,  ils  eoren^  pear 
et  ils  se  troublèrent;  il  n'y  eut  si  preux  ni  si  habile  qui  n'eût  bien  voulu  être  ââleors. 
Il  était  déjà  tard,  ii  faisait  sombre,  et  il  ventait  terriblement,  si  bien  que  la  flotte 
chrétietine  n^osa  pas  aborder  la  païenne,  car  la  tourmente  leur  donnait  tant  de  mal 
que  chacun  aVait  assez  à  faire  à  s'occuper  de  soi-même.  Comme  les  Sarrasins  appro- 
chaient toutes  voiles  dehors,  et  passaient  avec  difficulté  la  chatne  pour  secourir  leurs 
amis.,  il  leur  arriva  grande  honte,  sans  qu'ils  pussent  l'éviter,  et  grande  perte;  car 
dans  le  port  d'Acre,  sur  les  rochers,  Dieu  fit  briser  leurs  navires.  Toute  l'ost  chré- 
tienne les  accablait  de  pierres;  les  navires  furent  mis  en  pièces  et  la  plupairt  des  gens 
Qoyés.  Alors  les  chrétiens  accoururent  en  poussant  des  cris  sur  le  rivage,  et  se  mirent 
à  tuer  ces  chiens.  Us  prirent  une  grande  galère,  qui  était  par  force  arrivée  à  terre;  ils 
y  conquirent  beàtrcoûp  de  provisions,  et  tuèrent  toute  la  chiennaille.  Mais  les  autres 
vaisseaux  franchirent  la  chatne,  et  les  Turcs  qui  les  attendaient  bravement  leur  tendirent 
des  lances  et  allumèrent  tant  de  lanternes  qu'ils  réiissirent  à  aborder.  Grâce  aux  Sar- 
rasins qui  venaient  d'arriver,  ils  purent  se  renouveler;  ils  mirent  dehors  ceux  qui 
étaient  sans  forces  et  retinrent  les  vaillants. 

V.  3961.        Le  jour  de  la  grande  fête  de  saint  Martin,  quand  déjà  la  nourriture  renchérit, 
I.  ui.    Tost  fut  convoquée  pour  le  lendemain,  au  nom  du  fils  de  Marie,  pour  marcher  vers 
lés  montagnes  et  combattre  les  Turcs.  On  fit  là  une  grande  bénédiction  et  une  abso- 
lution générale  :  l'archevêque  de  Gantofbéry  la  'donna  avec  d'autres  'évêques.  Là  on 


UJQ^TOIBE  I)E  L4  GU^RJ»]^  ^AIN^E.  377 

choisit  et  op  ^jstribqa  |(es  chefs,  et  ceux  qui  devaient  avoir  soin  de  Tost.  Nos  cens  inon- 
tèrent  le  matin;  on  cQipptait  là  bien  des  liataillpns.  La  plus  belle  armée  chrétienne  que 
jamais  pn  ^t  vue  sur  terre  s'avançait  si  étroitement  serrée  et  rangée  qu'on  aurait 
dit  êies  gens  enchaînés  Iqs  uns  aux  autres.  ]Le  front  de  l'armée  ét^it  grand  et  large  et 
capable  de  bien  support(sr  de  rudes  attaques,  et  l'arrière-garde,  faite  de  bons  che- 
valiers,  était  9Ji  nombreuse  qi^e  pour  en  voir  le  bout  il  aurait  fallu  aller  s'asseoir  sur 
une  hauteur;  on  n'aupait  pas  pu  jeter  une  prune  qui  ne  tombât  sur  des  gens  vêtus  de 
fer  éclatant.  Les  voilà  marchant  droit  au  Doc;  avant  qu'on  e&t  eu  le  temps  de  cuire 
un  poulet,  Salahadin  avait  appris  qu'il  aurait  bataille  s'il  voulait  attendre  les  chrétiens. 
Mais  cette  nuit  il  fit  lever  son  camp  et  leur  abandonna  la  montagne  où  i|  était  avec  les 
siens.  Voici  venir  à  nptre  ost  un  espion  qui  raconta  que  les  ennemis  avaient  aban- 
dojiné  cette  montagne  et  s'éloignfiient,  fuyant  en  grande  hâte.  Il  s'en  fallut  de  peu  que 
nos  gens  ne  s'élançassent;  mais  c'aurait  été  une  grande  folie  de  les  poursuivre,  car  on 
n'aurait  pa^  pu  les  atteindre.  Ne  trouvant  pas  bataille,  ils  se  dirigèrent  tout  droit  vers  i,lxii. 
Gaîphas,  où  l'on  disait  qu'il  y  avait  des  provisions,  dont  les  assiégeants  avaient  grand 
besoin.  Les  voilà  arrivés  h  la  Becordane  :  plus  prompts  qu'un  autour  qui  poursuit  un. 
canard  accoururent  les  Turcs  pour  les  jïSLTceler.  On  les  vit  revenir,  attaquer  l'ost, 
lancer  des  flèches  en  criant  et  en  faisant  sonner  leurs  tabours.  Ce  soir-là,  les  pèle- 
rins campèrent  et  attendirent  jusqu'au  lendemain  matin.  11^  voulaient  toujours  aller 
droit  à  Caïphas;  mais  les  provisions  qu'on  leur  avait  signalées  n'y  étaient  pas  :  les  Titres 
les  avaient  toutes  emportées  le  matin  quand  ils  étaient  partis,  et  au  jour,  qua;id  ils 
regardèrent,  ils  virent  à  la  ronde  tous  les  Turcs  du  monde,  à  ce  qu'il  leur  sembla,  qui 
avaient  assiégé  leur  ost.  La  terre  en  était  si  couverte,  en  haut,  en  bas,  à  droite,  à 
gauche,  que  l'ost  aurait  bien  voulu  être  ailleurs;  jamais  on  n'a  vu  tant  de  gen^  réunis. 
Voilà  les  nôtres  pro.mptement  armés  et  rangés  en  bataille;  ijnais  les  Sarrasins,  cette 
chiennaille,  n'osèrent  pas  les  combattre,  ni. attaquer  de  si  braves  gens.  Les  pèlerins  se 
mirent  en  roy  te  pour  retourner  là  d'où  ils  étaient  partis  ;  mais  ils  eurent  encore  bien 
de  la  peine  avant  d'être  revenus  à  leurs  tentes.  A  la  source  du  fleuve  qui  descend  vers 
Acre  il  y  eut  un  grand  carnage  de  chevaliers  des  deux  côtés  avant  que  les  deux  a^ées 
se  séparassent.  Dans  cette  journée  de  marche,  les  gens  du  roi  d'Angleterre  firent 
l'arrière-garde  avec  le  Temple,  et  ils  eurent  bien  à  se  garder,  car  Dieu  n'a  pas  fait 
de  neige  ni  de  grésil  ni  d'averse  en  mai,  quand  il  pleut,  qui  tombe  plus  dru  que  les 
traits  ne  tombaient  sur  l'ost  avant  qu'elle  fût  partie  de  là.  Enfin  qos  gens  s'en  allèrent 
en  bon  ordre  et  s'en  retournèrent  vers  Acre.  Les  nôtres  marchaient  à  g&|}cbe  du 
fleuve  et  les  leurs  à  droite;  ils  côtoyaient  le  fleuve  des  deux  côtés  et  se  harcelaient 
toujours,  n  nous  arriva  des  gens  qui  nous  prê^rent  secours.  Les  sergents  à  pied  qui 
accompagnaient  notre  arrière-garde,  et  qui  se  tenaient  derrière  l'ost,  marchaient  la 
tête  tournée  vers  les  Turcs;  ils  eurent  bien  à  souffrir  avant  que  l'ost  fût  en  sûreté. 

«7- 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  383 

trois  coups  d'un  bâton  assez  léger,  que  leur  donna  Tévéque  de  Salisbury,  qui  les  corrigea 
en  bon  père.  Et  à  la  Pàque  close,  après  que  Dieu  eut  ainsi  agi,  arriva  véritablement  ii,  i. 
dans  l'ost  le  roi  Philippe  de  France;  et  avec  lui  vint  le  comte  de  Flandres,  dont  la  mort 
fit  tant  de  bruit;  et  aussi  le  preux  comte  de  Saint-Pol,  à  qui  Técu  seyait  bien  au  cou;  et 
Guillaume  de  Gaiiande,  en  grande  compagnie,  GuiUaume  des  Barres,  bon  chevalier, 
preux  et  dispos;  monseigneur  Droon  d'Amiens,  qui  avait  prouesse  et  vertus;  Guillaume 
de  Mello,  un  chevalier  dont  je  me  loue;  le  comte  du  Perche,  qui  mit  là  tout  ce  qu'il 
possédait,  et  avec  les  Français,  comme  je  l'ai  appris,  arriva  le  marquis.  Que  vous  di- 
rais-je  de  plus?  Il  ne  resta  pas  un  haut  homme  en  France  qui  ne  vînt  alors  au  siège 
d'Acre  plus  tôt  ou  plus  tard. 

Le  roi  de  France,  avec  l'armée  chrétienne,  fut  là  de  Pâques  jusqu'à  la  Pentecôte,  'V.  /i55i. 
la  noble  fête,  et  alors  le  roi  d'Angleterre,  qui  avait  pris  Cypre,  arriva  aussi.  Je  vais  iii,n. 
maintenant  suivre  l'histoire  et  rejoindre  ma  matière  en  racontant  le  siège  d'Acre.  Am- 
BRoiSE  veut  achever  sou  conte,  fournir  complètement  sa  carrière,  renouer  et  rejoindre 
son  nœud,  dire  comment  les  deux  rois  qui  étaient  venus  à  Acre  se  comportèrent  pen- 
dant le  siège,  et  rapporter  tout  ce  qu'il  se  rappelle  de  l'histoire,  et  la  prise  d'Acre,  telle 
qu'il  la  vit  de  ses  yeux. 

Quand  le  roi  Richard  d'Angleterre  fut  venu  dans  la  Terre  Sainte,  comme  je  vous  l'ai  V.  4569. 
dit,  il  fit  une  courtoisie,  une  prouesse  et  une  largesse  qui  méritent  bien  d'être  racon- 
tées. Le  roi  de  France  avait  promis  et  accordé  à  ses  gens  que  chacun  d'eux,  chaque 
mois,  aurait  de  son  trésor  trois  besants  d'or.  On  en  pariait  beaucoup.  Quand  le  roi 
Richard  fut  arrivé  et  qu'il  entendit  cette  grande  nouvelle,  il  fit  crier  par  l'ost  que  tout 
chevalier,  de  quelque  terre  qu'il  fût,  qui  voudrait  prendre  ses  soudées,  aurait  de  lui 
quatre  besants  d'or,  et  qu'il  le  leur  promettait  ainsi.  Et  c'étaient  les  soudées  ordinaires 
que  l'on  donne  dans  ce  pays.  Quand  on  entendit  cette  promesse ,  voilà  toute  l'ost  en 
joie.  Les  petites  gens,  et  aussi  les  moyens,  qui  étaient  là  depuis  longtemps,  disaient: 
«Seigneur  Dieu,  quand  donnera-t-on  l'assaut?  Voilà  venu  le  plus  vaillant  des  rois  de 
«toute  la  chrétienté  et  le  plus  capable  d'assaillir.  Que  Dieu  fasse  sa  volonté!»  Leur  con- 
fiance était  au  roi  Richard.  Le  roi  de  France,  qui  était  venu  depuis  Pâques  et  s'était  m,  t. 
très  bien  comporté,  lui  fit  dire  qu'il  serait  bon  d'attaquer  et  de  faire  crier  l'assaut. 
Mais  le  roi  Richard  était  malade  :  il  avait  la  bouche  et  les  lèvres  en  mauvais  état  d'une 
maladie  maudite  de  Dieu  qu'on  appelle  léonardie.  11  fit  savoir  au  roi  de  France  son  mal, 
ajoutant  que  sa  flotte  avec  ses  barons  n'était  pas  arrivée,  retenue  par  un  vent,  qu'on  ap- 
pelle le  vent  d'Arsur,  qui  l'arrêtait  à  Sur;  que  ses  pierrières  arrivaient;  qu'elles  seraient 
bientôt  là,  et  que,  quand  ses  gens  seraient  venus,  il  mettrait  volontiers  toute  sa  peine 
à  prendre  la  ville.  Mais  le  roi  de  France,  si  Dieu  me  protège,  ne  voulut  point  attendre 
pour  cela  et  fit  crier  l'assaut.  Au  matin  on  s'arma  de  tous  côtés,  en  grand  désir  de 
donner  l'assaut.  Vous  n'auriez  pu  compter  tous  les  gens  armés  qui  étaient  Jà,  tous  les 

98 


larMHcmii  iatioxiu. 


38i  LHISTOiaS  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

beaux  haokerls,  tout  les  heanises  reluisants,  tous  les  cheranx  aux  belies  foniies,  toalea 
les  courertures  blanches,  tous  les  cberalien  (Tëlite.  Jamais  nous  n'avions  tant  v«  de 
bons  chevaliers  preux,  osés,  fiers,  hardis  et  renouunës,  tant  de  pennons,  tant  de  ban- 
nières ouvrées  de  mille  façons.  On  distribua  les  postes;  on  désigna  ceux  qui  devaient 
faire  la  garde  aux  fossés  pour  que  Salahadîn  et  ses  gens  n'entrassent  pas  dans  i'ost  par 
derrière.  Les  geos  de  Dieu  s'avancèrent  vers  les  murs  et  eommencèreot  à  lancer  des 
traits  et  à  attaquer.  Quand  les  Turcs  d'Acre  virent  que  les  chrétiens  les  assaillaient, 
vous  les  auriez  entendus  faire  sonner  leurs  bassins,  leurs  timbres  et  leurs  tabours 
comme  si  Dieu  y  avait  tonné.  11  y  en  avait  parmi  eux  qui  n'avaient  pas  d'autre  occupa- 
tion. Du  haut  du  palais,  ils  surveillaient  I'ost,  et  étaient  chargés  de  faire  grand  bruit 
et  grande  fumée  :  c'était  pour  montrer  aux  gens  de  Salahadîn  de  venir  les  secourir: 
et  vous  les  auriez  vus  accourir,  essayant  de  combler  le  fossé  avec  des  fascines;  mais  ils 
ne  purent  y  arriver,  car  Jofroi  de  Lusignan,  dont  la  prouesse  était  toujours  fraîche, 
vint  à  la  barrière,  qu'ils  avaient  déjà  conquise  sur  nos  gens,  et  les  repoussa  de  vive  force. 
11  en  mit  plus  de  dix  en  bière  avec  une  hache  qu'il  tenait;  il  frappait  tant  de  coups, 
et  de  si  bons,  que  depuis  Roland  et  Olivier  un  chevalier  n'a  pas  mérité  de  pareilles 
louanges.  La  barrière  que  les  Sarrasins  avaient  enlevée  fut  reconquise,  mais  non  sans 
grande  mêlée,  grande  bataille  et  grands  cris.  Quant  à  ceux  qui  assaillaient  la  ville,  et 
qui  avaient  déjà  rempli  les   fossés,  il   leur  fallut  reculer  en  arrière  et  prendre 
un  autre  parti  :  ce  fut  de  se  retirer  vers  leur  camp  (?)  et  de  ne  plus  lancer  de  traits. 
Voilà  l'assaut  arrêté;  voilà  tout  le  peuple  à  se  plaindre,  à  crier,  à  regretter  cette  arri- 
vée des  rois  qu'on  avait  tant  attendue.  Chacun  disait  devant  sa  tente  :  <(  Beau  sire  Dieu, 
quelle  pauvre  attente  nous  avons  faite  !  9  Nos  gens  allèrent  se  désarmer,  au  milieu 
des  huées  des  Sarrasins,  et  pendant  qu'ils  se  désarmaient  les  Sarrasins  mirent  en- 
core le  feu  aux  engins  et  aux  cercloies  du  roi  de  France.  11  en  eut  telle  douleur  au 
cœur,  on  le  sut  et  je  l'ai  entendu  dire,  qu'il  en  tomba  malade  et  ne  put  plus  monter 
à  cheval. 
V.  6693.        Voilà  où  en  était  I'ost,  triste  et  pensive  et  morne  et  abattue,  voyant  les  deux  rois  ma- 
in, Ti.    lades,  qui  devaient  prendre  la  ville,  et  le  comte  de  Flandres  mort,  ce  qui  causait  grand 
découragement.  Que  vous  dir^is-je?  La  maladie  des  rois,  la  mort  du  comte,  mirent 
I'ost  en  û  grande  détresse  qu'il  n'y  avait  plus  place  pour  aucune  joie.  Heureusenwnt 
une  flotte  d'énèques  arriva  en  ce  moment,  nous  amenant  l'évéque  d'Evreux  avec  de  vail- 
lants hommes  ses  vassaux,  et  Roger  de  Toéni  avec  beaucoup  de  chevaliers;  les  frères 
de  Cornebu ,  tous  braves ,  fik  d'un  même  père;  Robert  de  Neufbroc ,  le  plus  franc  homme 
qu'on  puisse  chercher;  Jourdain  de  Homez,  connétable  de  Séez;  le  chambellan  de  Tan- 
carville.  Déjà  avant  était  venu  le  eomte  Robert  de  Leicestre.  Alors  vint  aussi  Gilbert 
Talebot,  un  des  plus  preux  de  nos  guerriers,  et  monseigneur  Raoul  Taisson,  qu'il  ne 
fiaut  pas  aubHer;  le  vicomte  de  GhAteaudun;  Bertran  de  Verdun;  ceux  de  Touzel, 


37/4  L'HISTOIRE  DE  LA  GURRRE  SAINTE. 

l'ost  fut  en  grand  péril  par  devant  et  par  derrière.  L'assaut  fut  terrible ^^^ 

mais  nos  gens  les  repoussèrent  tous,  excepté  Témir  seul,  qui  resta  exprès,  voulant  brûler 
nos  machines,  s'il  avait  pu  s'en  approcher,  car  il  l'avait  mis  dans  sa  t^te.  Il  tenait  dans 
sa  main  une  fiole  pleine  de  feu  grégeois,  et  ne  pensait  qu'à  brûler  nos  machines.  Mais 
un  chevalier  voulut  lui  payer  sa  peine;  il  le  frappa,  et  l'étendit  par  terre  :  sa  fiole  se 
répandit  sur  ses  choses  nécessaires,  si  bien  qu'il  eut  ses  génitoires  brûlées  par  le  feu  gré- 
geois. Les  siens  voulurent  l'éteindre,  mais  ils  ne  purent  y  réussir. 
V.  ;^7oi.  Comme  les  jours  passaient,  il  arrivait  bien  des  choses.  Il  arrivait  souvent  que  les 
I,  ivi.  mécréants  qui  occu[)aient  Acre  contre  Dieu  venaient  sur  le  haut  des  murs  :  ils  appor- 
taient des  églises  les  croix  qui  y  étaient  restées,  ils  les  insultaient,  les  battaient,  cra- 
chaient dessus  en  mépris  de  la  foi  chrétienne  :  ils  ne  haïssent  rien  tant  au  monde.  Un 
jour,  un  Turc  était  sur  le  mur;  après  avoir  beaucoup  battu  et  insulté  une  croix  de  bois 
([u'il  avait  trouvée,  il  n'en  avait  pas  encore  assez,  mais  il  voulait  la  souiller,  quand  un 
courtois  arbalétrier  banda  son  arbalète  et  rapprocha  le  trait  de  la  noix,  voulant  payer 
suivant  son  mérite  le  Turc  qui  honnissait  la  croix.  Il  visa  bien,  et  frappa  le  Sarrasin  au 
milieu  du  ventre,  lui  perçant  corps  et  boyaux.  Le  Turc  tomba  mort,  les  jambes  en 
l'air,  ce  qui  remplit  de  rage  les  infidèles  :  Dieu  /voulut  venger  ainsi  la  croix  qu'il  avait 
outragée. 
V.  37:^1.  (lomme  les  jours  passaient,  il  arrivait  bien  des  choses.  Voici  une  aventure  qu'AM- 
I.  iTii.  BRoisE  raconte  dans  son  écrit.  Un  jour,  un  Turc  sortit  pour  tirer  de  Tarbalète  sur  les 
nôtres,  et  ne  voulait  pas  s'en  aller.  Un  Gallois,  excité  par  son  obstination,  alla  de  son 
côté.  Le  Gallois  s'appelait  Marcaduc,  il  n'était  fils  ni  de  duc  ni  de  roi,  et  le  Turc  hardi, 
fort  et  puissant,  s  appelait  Graïr.  L*un  se  mit  à  tirer  sur  lautre,  le  Gallois  sur  le  Turc, 
le  Turc  sur  le  Gallois.  Le  Turc  demanda  au  Gallois  de  quel  pays  il  était.  Il  répondit  : 
^ie  suis  de  Galles.  Tu  es  fou  d'être  descendu  ici.»  Le  Turc  lui  dit  :  «Tu  ne  tires  pas 
ccmal.  Voudrais-tu  faire  une  convention?  Je  tirerai,  et  tu  attendras  le  coup  sans  te  dé- 
(( tourner,  et,  si  je  manque,  j'attendrai  le  tien  de  même.  »  Il  lui  parla  et  le  pria  tant  que 
[e  Gallois  v  consentit.  Il  tira  sur  le  Gallois,  mais  il  fit  un  faux  mouvement,  et  le  trait 
ne  partit  pas.  Le  Gallois  lui  dit  :  c^ A  moi  de  tirer;  attends*moi.»  Il  répondit  :  «Non: 
«  laisse-moi  tirer  encore  une  fois,  et  tu  tireras  sur  moi  deux  fois  de  suite.  —  Volontiers, i? 
dit  le  Gallois.  Mais  pendant  que  le  Turc  cherchait  dans  son  carquois  un  bon  trait,  le 
Gallois,  qui  était  tout  près  et  qui  ne  voulait  pas  de  cet  arrangement,  lâcha  sa  corde  et 
le  frappa  au  cœur.  «Tu  ne  m'as  pas  tenu  l'engagement,  lui  dit-il,  et  je  ne  te  le  tiens 
«pas  non  plus,  par  saint  Denis!  » 
V.  8771.  Les  Pisans  et  les  autres  gens  de  Tost  qui  connaissaient  les  choses  de  la  mer  con- 
struisirent un  château  sur  des  galères  avec  deux  échelles  grandes  et  larges.  Ils  cou- 

(^>  Le  Ten  man^ut  ett  le  vera  3683  et  non  le  3684. 


386  ^HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

et  après  lancèrent  avec  une  pierrière  le  feu  grégeois  si  droit,  qu'ils  détruisirent  le  chat, 
et  la  belle  cercioie  aussi  fut  là  brûlée  et  mise  en  pièces.  Le  roi  en  fut  si  courroucé 
qu*il  se  mit  h  maudire  tous  ceux  qui  mangeaient  son  pain  quand  ils  ne  le  vengeaient 
pas  des  Sarrasins.  U  fit,  cette  nuit-iè,  crier  l'assaut  pour  le  lendemain.  Ce  jour  du  len- 
demain, il  fit  merveilleusement  chaud. 
V.  àShi.  Dès  le  matin  se  mirent  en  marche  nos  braves  et  vaillants  combattants.  La  garde  des 
III,  n.  fossés  fut  confiée  à  des  gens  qui  n  avaient  pas  peur  :  tout  alentour  A  la  ronde  c'étaient 
les  meilleurs  chevaliers  du  monde;  il  en  fut  besoin  ce  jour-là.  Salahadin  avait  dit 
qu'on  le  verrait,  et  qu'il  entrerait  le  premier  chez  nous;  il  n'y  vint  pas,  mais  les  siens 
y  vinrent  et  descendirent  è  pied  pour  attaquer  le  fossé.  On  les  y  attendit  de  pied  ferme, 
et  l'on  y  donna  de  bons  coups  d'épée  et  de  masse  d'armes.  La  bataille  fut  acharnée;  car 
les  Turcs  du  dehors  étaient  enragés  à  la  vue  de  ceux  d'Acre,  qui  les  appelaient  en  leur 
montrant  l'enseigne  de  Salahadin.  C'était  l'émir  Safadin  avec  les  siens  qui  nous  atta- 
quaient. Ils  réussirent  à  combler  le  fossé,  mais  nos  gens  les  repoussèrent.  Pendant  ce 
temps,  ceux  qui  étaient  allés  à  l'assaut  attaquaient  les  murs  de  la  ville  :  que  Dieu  leur 
en  rende  bon  salaire  ! 

■ 

V.  6866.  Les  mineurs  du  roi  de  France,  qui  lui  avaient  fait  promesse,  creusèrent  tant  sous 
terre  qu'ils  trouvèrent  le  fondement  du  mur;  ils  le  soutinrent  avec  des  étançons  aux- 
quels ils  mirent  ensuite  le  feu,  si  bien  qu'un  grand  pan  de  mur  tomba;  mais  ce  ne  fut 
pas  sans  danger  pour  eux,  car,  avant  de  tomber,  il  s'inclina,  si  bien  que  tout  le  monde 
eut  grand'peur.  Quant  on  vit  le  mur  céder,  les  ennemis  arrivèrent  en  grand  nombre. 
Vous  auriez  vu  là  grande  presse  de  ces  maudits  païens  avec  leurs  bannières  et  leurs 
enseignes;  vous  les  auriez  vus  avancer  et  nous  jeter  le  feu  grégeois;  vous  auriez  vu  la 
ni,  s.  lutte  autour  des  échelles  qu'on  appliquait  aux  murs.  Là  fut  faite  une  grande  prouesse, 
et  c'est  Auberi  Clément  qui  la  fit.  U  avait  dit  que  ce  jour-là  il  nK)urrait  ou  il  entrerait 
dans  Acre ,  et  il  n'en  mentit  pas  :  il  devint  martyr.  U  alla  sur  le  mur  combattre  les  Turcs, 
qui  se  pressaient  pour  le  renverser,  et  il  en  vint  tant  sur  lui  qu'il  mourut  en  se  défen- 
dant; car  ceux  des  nôtres  qui  le  suivaient  et  qui  étaient  déjà  sur  l'échelle  la  char- 
gèrent tant  qu'elle  plia  et  qu'elle  se  brisa  en  morceaux  :  ils  furent  précipités  dans  le 
fossé,  aux  grandes  huées  des  Turcs;  beaucoup  y  moururent,  et  d'autres  purent  être 
retirés.  Mais  toute  l'ost  fut  attristée  à  cause  d'Auberi  Clément,  et  pour  le  plaindre  et 
le  regretter  on  laissa  ce  jour-là  l'assaut. 

V.  6909.  11  ne  s'était  pas  écoulé  beaucoup  de  temps  depuis  la  mort  d'Auberi  Clément  quand 
ni,  XI.  les  mineurs  pénétrèrent  sous  la  tour  Maudite  dont  je  vous  ai  parlé,  et  l'étançonnèrent; 
elle  était  déjà  fort  ébranlée.  Les  assiégés,  de  leur  côté,  faisaient  une  contre-mine, 
cherchant  à  atteindre  nos  mineurs.  Enfin  ils  se  rencontrèrent.  Ils  se  donnèrent  mu- 
tuellement trêve.  Or  il  y  avait  parmi  ceux  qui  contre-minaient  des  chrétiens,  qui  étaient 
là  aux  fers  :  ils  parlèrent  avec  les  nôtres,  et*  firent  tant  qu'ils  s'évadèrent.  Quand  les 


388  LWSTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

nombre,  et  les  Sarrasina  croissaient  toujours;  ils  leur  lançaient  le  feu  ardent ,  et  ks 
nôtres,  voyant  ce  feu  approcher,  n'osèrent  l'attendre  et  redescendirent,  el,  dans  cette 
aventure,  il  en  mourut  je  ne  sais  combien.  Alors  les  Pisans,  gens  de  grande  prouesse, 
s'arjmèrent  à  leur  tour  et  montèrent  en  haut  du  mur;  maia  les  Sarrasins  leur  tûumit 
tête.  La  bataille  entre  les  Pisans  et  cette  chiennaille  fut  si  forte  et  si  acharnée  qu'on 
n'a  jamais  vu  si  bien  attaquer  ni  si  bien  défendre.  EnGn  les  Pisans  furent  obligés  de 
descendre  aussi.  Si  l'on  avait  mieux  connu  l'affaire.  Acre  aurait  été  prise  ce  jour-là; 
mais  la  plupart  des  gens  de  l'ost  étaient  assis  et  prenaient  leur  repas  :  tout  avait  été 
fait  soudainement;  ainsi  l'assaut  en  resta  là. 

V.  5oât.  Il  y  avait  eu  dans  l'ost  une  assemblée  à  la  suite  de  laquelle  on  établit  entre  le  roi 
ni,  XI.  Gui  et  le  marquis  un  accord  qu'on  avait  beaucoup  souhaité.  Le  roi  de  France  tenait 
pour  le  marquis  et  le  soutenait,  et  le  roi  Richard  soutenait  le  roi  du  pays,  qui  avait  été 
couronné  à  Jérusalem.  Gomme  ils  ne  s'aimaient  pas  et  qu'ils  se  disputaient  le  royaomet 
on  décida  que  le  roi  Gui  resterait  roi,  mais  qu'ils  partageraient  entre  eux  toutes  les 
terres  et  les  rentes.  Le  marquis  aurait  immédiatement  Sur,  Barut  et  Saette,  a6n  d'éta- 
blir une  paix  solide;  et  s'il  arrivait  que  le  roi  Gui  mourût  le  premier,  le  marquis  aurait 
la  couronne,  et  Jofroi  de  Lusignan  aurait  Jaffe  et  Eschalone.  [Et  s'il  arrrivait  que  le 
roi  Gui,  le  marquis  et  sa  femme  mourussent,  alors  le  roi  Richard ^^^J  disposerait-  du 
pays.  Mais  le  marquis,  tant  qu'il  vécut,  porta  envie  aux  deux  frères. 

V.  5067.  Les  Sarrasins  qui  étaient  enfermés  dans  la  cité  étaient  des  gens  de  grande  et  mer- 
III.  iT.  veilleuse  fierté.  Si  ce  n'eût  pas  été  des  mécréants,  on  peut  dire  qu'on  n'en  aurait  ja- 
mais vu  de  meilleurs.  Cependant  ils  prenaient  grande  peur  en  voyant  cette  merveille, 
que  le  monde  entier  se  réunissait  pour  les  détruire,  en  voyant  leurs  murs  percés,  crevéa 
et  mis  en  pièces,  en  voyant  leur  nombre  diminuer  par  les  tués  et  les  blessés.  Ils  étaient 
bien  encore  six  mille  dans  la  ville,  parmi  lesquels  le  Mestoc  et  Caracois;  mais  ils 
n'avaient  plus  d'espérance  de  secours;  en  outre,  ils  savaient  que  toute  l'ost  était  exas- 
pérée pour  la  mort  d'Auberi  Clément,  et  que  les  chrétiens  les  haïssaient  profondément 
pour  leurs  fils,  leurs  frères,  leurs  oncles,  leurs  pères,  leurs  neveux,  leurs  cousins  ger- 
mains qu'ils  nous  avaient  tués.  Ils  savaient,  à  n'en  pas  douter,  que  nos  gens  mourraient 
là  pu  qu,'ils  les  prendraient  de  force;  il  n'y  avait  pas  d'auti*e  alternative.  Ils  avaient  fait 
construire  un  mur  au  travers  de  la  ville,  et  ils  songeaient,  j'ose  bien  l'aflBrmer,  à  se 
défendre  jusqu'à  l'extrémité;  mais  Dieu  les  poussa  à  prendre  un  parti  dont  le  résultat 
fut  très  honorable  pour  nous  et  pour  eux  nuisible  et  mortel,  si  bien  que,  grâce  à  cette 
résolution,  Acre  fut  à  nous  sans  coup  férir. 

V.  5io5.        Les  Sarrasins  qui  étaient  dans  Acre  tinrent  conseil,  et  décidèrent  qu'ils  nous  de- 
manderaient un  sauf-conduit  pour  envoyer  des  messages  à  Salahadin,  qui  leur  avait 

^*)  Ce  qui  est  entre  crochets  est  restitué  d'après  le  latin,  mais  sans  une  certitude  absolue. 


390  ^HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

rendre  la  croix  en  laquelle  les  chrétiens  ont  foi,  et  la  vilie,  et  deux  mille  captifs  de  haut 
rang,  avec  cinq  cents  de  moindre  condition,  qu'ils  gardaient  depuis  longtemps;  Sala- 
hadin  ferait  chercher  par  toute  sa  terre  leurs  armes  et  leurs  effets.  Quand  les  Turcs  sor* 
tiraient  d'Acre,  aucun  d'eux  ne  pourrait  emporter  avec  lui  rien  autre  que  sa  chemise, 
n  y  avait  encore  une  autre  condition  :  ils  donneraient  deux  cent  mille  besants  aux  deux 
rois  qui  étaient  là ,  et  ils  livreraient  en  otage  les  Turcs  les  plus  nobles  et  les  plus  esti- 
més, que  l'on  choisirait  dans  Acre  d'après  leur  apparence  et  le  conuBun  bruit.  Nos 
gens  tinrent  conseil,  examinèrent  ces  propositions,  et  le  conseil  trouva  la  paix  accep- 
table et  l'accorda. 

V.  5îii5.  Le  jour  où  Acre  fut  rendue,  si  je  suis  bien  informé,  il  y  avait  quatre  ans,  on  le 
m,  XIX.  sut  avec  certitude,  que  les  Sarrasins  l'avaient  conquise,  et  je  me  rappelle  nettement 
qu'elle  fut  rendue  le  lendemain  de  la  fête  de  saint  Benoît,  malgré  la  race  maudite, 
que  Dieu  puisse  maudire  de  sa  bouche,  je  ne  saurais  m'empécher  de  le  souhaiter.  Il 
fallait  voir  alors  les  églises  qui  étaient  restées  dans  la  ville,  comme  ils  avaient  mutilé 
et  effacé  les  peintures,  renversé  les  autels,  battu  les  croix  et  les  crucifix  par  mépris 
de  notre  foi,  pour  satisfaire  leur  mécréance,  et  fait  à  la  place  leurs  mahomeries!  Mais 
tout  cela  ils  le  payèrent  ensuite. 

V.  5a&5.  A  cette  époque,  si  je  ne  me  trompe,  comme  Acre  venait  d'être  livrée  et  que  les 
III,  XXI.  Turcs  devaient  nous  rendre  la  croix,  la  nouvelle  se  répandit  par  toute  l'ost  que  le  roi 
de  France,  dont  le  peuple  espérait  tant,  voulait  retourner  en  France  et  faisait  ses  pré- 
paratifs. Eh!  Dieu  clément,  quel  retour!  Ce  fut  une  bien  mauvaise  pensée,  à  celui  qui 
devait  diriger  tant  de  gens,  de  vouloir  s'en  revenir.  Il  s'en  retournait  à  cause  de  sa 
maladie  :  quoi  qu'on  en  dit  d'ailleurs,  c'est  ce  qu'il  disait;  mais  il  n'y  a  aucune  autorité 
d'après  laquelle  la  maladie  soit  une  dispense  suffisante  de  faire  le  service  du  Roi  souve- 
rain qui  dirige  tous  les  rois.  Je  ne  dis  pas  qu'il  n'y  ait  été,  et  qu'il  n'ait  dépensé  or  et 
argent,  fer  et  bois,  étainet  plomb,  et  secouru  bien  des  hommes,  comme  le  plus  haut  roi 
chrétien  qu'on  sache  en  terre.  Mais  c'est  pour  cela  qu'il  aurait  dû  rester  et  faire,  sans  dé- 
faillance, tout  son  possible  dans  cette  pauvi^e  terre  sans  secours,  qui  a  été  si  éprouvée. 

Y.  597a  La  nouvelle  se  répandit  par  l'ost,  toute  sûre  et  toute  claire,  que  le  roi  s'en  retour- 
nait, et  il  s'y  préparait  chaque  jour.  Voilà  les  barons  de  France  pleins  de  trouble  et 
de  colère,  en  voyant  le  chef  dont  ils  étaient  membres  si  décidé  que  leurs  pleurs  et 
leurs  plaintes  ne  pouvaient  le  faire  consentir  à  rester.  Et  quand,  malgré  tous  leurs 
efforts,  ils  virent  qu'ils  n  y  pouvaient  rien,  je  vous  assure  qu'ils  le  blâmaient;  et  peu 
s'en  fallait,  tant  ils  étaient  mécontents  de  sa  direction,  qu'ils  ne  reniassent  leur  roi 
et  leur  seigneur. 

V.  SiSg.  Le  roi  de  France  était  sur  son  départ ,  et  ne  voulait  se  laisser  persuader  par  personne 
d'attendre  davantage  pour  s'en  retourner  en  France.  Et,  h  son  exemple,  s'en  retour- 
nèrent beaucoup  de  barons  et  d'autres  gens.  Il  laissa  comme  échange  à  sa  place  le 


^HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  391 

duc  de  Bourgogne,  avec  les  gens  de  son  pays.  Il  fit  demander  au  roi  Richard  de  lui 
prêter  deux  galères  :  les  gens  de  Richard  allèrent  au  port  et  lui  en  firent  avoir  deux 
helles,  vîtes  et  bien  garnies;  le  roi  d'Angleterre  les  abandonna  libéralement,  et  il  en 
eut  mauvaise  récompense. 

Le  roi  Richard,  qui  restait  en  Syrie  pour  secourir  Dieu,  se  méfiait  du  roi  de  France,  V.  53o.5. 
car  la  méfiance  avait  régné  entre  leurs  pères,  qui  s'étaient  souvent  fait  du  mal.  11  lui  m,  mi. 
demanda  de  lui  donner  sûreté  et  de  lui  jurer  sur  des  reliques  qu'il  n'attaquerait  pas 
sa  terre  et  ne  lui  nuirait  pas  tant  qu'il  serait  dans  son  pèlerinage,  et  que ,  une  fois  qu'il 
serait  revenu,  le  roi  de  France  ne  lui  ferait  ni  tort  ni  guerre  sans  l'avoir  fait  prévenir 
par  message  quarante  jours  d'avance.  Le  roi  en  fit  le  serment,  et  donna  comme  cau- 
tions de  hauts  hommes  dont  on  se  souvient  encore,  le  duc  de  Bourgogne,  le  comte 
Henri  et  d'autres  gens,  cinq  ou  davantage;  mais  je  ne  sais  pas  nommer  les  autres. 

Le  roi  de  France  prit  congé,  et  je  peux  bien  vous  dire  une  chose,  c'est  qu'è  son  dé-  v.  5399. 
part  il  reçut  plus  de  malédictions  que  de  bénédictions.  Lui  et  le  marquis  s'en  allèrent  iii^uiu. 
par  mer  à  Sur,  emmenant  avec  eux  leur  part  des  prisonniers  sarrasins  qui  avaient  été 
partagés,  entre  autres  Garacois  :  le  roi  espérait  bien  en  tirer  cent  mille  besants,  dont  il 
pensait  pouvoir  entretenir  ses  gens  jusqu'à  Pâques.  Mais  les  otages  furent  victimes  de 
l'abandon  des  leurs,  et  la  plupart  livrés  à  une  mort  douloureuse,  si  bien  qu'on  n'en 
eut  pas  une  maille  ni  rien  qui  la  vaille.  Les  Français  n'eurent  que  la  moitié  du  butin 
qu'on  avait  trouvé  à  Acre  ;  ils  se  plaignirent  souvent  de  n'avoir  pas  eu  d'autre  payement,  et 
il  y  eut  là  de  grandes  querelles.  Plus  tard ,  le  roi  d'Angleterre,  que  le  duc  de  Bourgogne 
en  avait  requis,  prêta  au  duc,  sur  leurs  otages,  cinq  mille  marcs  de  son  argent  pour  la 
solde  de  leurs  hommes,  leur  faisant  ainsi  grand  avantage;  mais  cela  fut  longtemps  après. 

Le  roi  Richard  vit  bien  que  toute  la  peine  et  toute  la  dépense  le  regardaient,  puisque    V.  5358. 
le  roi  de  France  était  parti  sans  vouloir  rester.  Il  fit  alors  tirer  de  son  trésor  grande    iv,  1. 
foison  d'or  et  d'argent,  qu'il  donna  généreusement  aux  Français  pour  les  réconforter, 
parce  qu'ils  étaient  pleins  de  découragement,  et  à  d'autres  gens  de  plusieurs  nations, 
qui  purent  ainsi  retirer  ce  qu'ils  avaient  dû  mettre  en  gage. 

Le  roi  de  France  partit,  et  le  roi  Richard,  qui  n'oubliait  pas  Dieu,  prit  ses  dispo-  V.  5369. 
sitions.  Il  fit  convoquer,  par  ban,  toute  l'ost;  mais  il  resta  encore  là  une  quinzaine, 
puis  une  huitaine  après  le  terme  fixé,  car  Salahadin  ne  voulut  pas  nous  tenir  l'engage- 
ment qu'il  avait  pris,  ou  cela  ne  plut  pas  à  Dieu,  quoi  qu'on  en  dise.  C'est  ce  qui  fit 
attendre  l'ost  si  longtemps.  Pendant  ce  temps,  le  roi  fit  charger  ses  mangonneaux  et  ses 
pierrières,  de  façon  à  être  prêt  à  partir,  car  déjà  l'été  se  passait,  et  c'e&t  pour  cela  qu'il 
préparait  tout.  Il  fit  refaire  les  murs  d'Acre,  autant  et  plus  qu'il  en  avait  fait  abattre; 
lui-même,  pour  se  divertir,  il  allait  voiries  ouvriers  qui  y  travaillaient,  car  il  pensait 
toujours  à  recouvrer  le  patrimoine  de  Dieu,  et  il  lui  déplaisait  de  tant  se  reposer,  et 
il  l'aurait  bien  recouvré  san$  les  machinations  de  l'envie. 

«9 


392  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

V.  5393.  *  Le  terflie  amva  des  engagements  et  des  iseimenis  qne  les  Sarrasîm  avnmt  fatta  «m 
IV,  n.  Francs.  Les  chrétiens  ne  savaient  pas  xpte  les  antres  les  faisaient  itteodre  pour  imi, 
demandant  toujours  des  termes  étoiles  répits  nouveaux  pour  «hercker  la  MMtO'CmB. 
Nos  gens  en  demandaient  sans  cesse  des  nouvelles,  et  quand  elle  rendrait;  mais  Diea 
ne  voulait  pas  garantir  ni  protéger  ceux  en  échange  desquels  on  devait  la*  rendre.  L*im 
disait  t  «Elle  est  venue !m  L-autre  disait  :  «Un  teU  qui  a  été  dans  l'ost  des  SarratÛM, 
«  Ta  vue.  n  Mais  on  reconnut  enfin  que  ce  n'étaient  que  mensonges.  Saldiadin  imaaa 
périr  les  otages  sans  les  secourir;  car  il  pensait  faire,  au  moyen  de  la  croix,  une  paii 
plus  importante. 

v.  56 1 3.  Pendant  tous  ces  répits,  les  chrétiens  envoyèrent  des  messages  A  Sur  au  marqois, 
IV,  III.  lui  demandant  de  venir  rendre  les  otages  et  recevoir  la  part  qui  revenait  au  roi  ée 
France ,  c'est-à-dire  la  moitié  de  ce  qui  était  promis.  L'évéque  de  Saligfcury,  le  comte 
Robert,  et  l'un  des  frères  de  Préaux,  bons  chevaliers,  le  preux  et  lopl  Pierre,  furent 
les  trois  qui  portèrent  le  message.  L'enragé  marquis  leur  répondit  qu'il  n'en  ferait 
rien,  car  il  n'osait  pas  aller  dans  l'ost  à  cause  du  roi  Richard  d'Angleterre,  qu^  crai- 
gnait plus  qu'homme  du  monde;  et,  par-dessus  tout,  s'il  consentait  à  rendre  les  Tares 
qu'il  gardait,  il  voulait  que  la  croix  fût  partagée  et  qu'il  en  eût  sa  part;  et  alors  il 
les  rendrait  sans  plus  attendre.  Les  messagers  entendirent  les  paroles  entêtées  de  Tabo- 
minable  marquis;  sachez  qu'ils  l'en  estimèrent  moins.  Ils  firent  tout  ce  qu'ils  purent 
pour  l'adoucir,  et  lui  dirent  qu'un  d'eux  resterait  en  otage,  et  qu'ainsi  il  pourrait 
venir  en  toute  sûreté  devant  le  roi;  mais  il  jura  par  son  serment  qu'il  n'y  porterait  pas 
les  pieds,  ils  s'en  revinrent  à  Acre  sans  prendre  congé,  et  racontèrent  tout  au  roi, 
sans  rien  omettre.  Le  roi  en  eut  honte  et  dépit.  11  manda  le  duc  de  Bourgogne,  Droon 
d'Amiens,  qui  était  si  preux  et  estimé,  et  Robert  de  Quinci;  et  quand  ils  furent  venus, 
le  roi  leur  exposa  la  déraison  et  l'arrogance  du  marquis  et  le  prétexte  qu'il  donnail 
pour  ne  pas  venir  et  pour  garder  les  otages  :  il  voulait  avoir  sa  part  du  royaume  sans 
porter  écu  ni  heaume,  et  il  avait  si  bien  coupé  les  vivres  qu'il  n'en  passait  pas  une 
denrée  par  Sur  qui  ne  fût  arrêtée  et  prise.  «C'est  une  folie,  dit  le  roi;  sire  duc,  il  y 
te  faut  aller.  Si  nous  entrons  dans  la  voie  de  la  folie,  nous  ne  ferons  rien  de  bon.  »  Alors 
le  duc  de  Bourgogne  partit  avec  Droon  d'Amiens  et  le  preux,  le  sage  Robert  de  Quinci. 
Ils  allèrent  trouver  le  marquis  à  Sur,  et  le  sommèrent  de  par  Dieu  et  de 'par  le  roi 
d'Angleterre  de  venir  reconquérir  et  regagner  la  Syrie,  puisqu'il  en  réclamait  sa  part 
Ils  lui  parlèrent  en  hommes  sages ,  et  il  répondit  follement  qu'il  ne  mettrait  pas  les 
pieds  dans  l'ost,  et  qu'il  garderait  sa  cité,  qui  ne  craignait  homme  vivant.  Ils  dispu- 
tèrent longtemps,  mais  à  la  fin  les  trois  messagers,  ces  hauts  hommes,  firent  tant  qu'ils 
emmenèrent  les  otages  dans  l'ost  d'Acre,  où  étaient  les  autres. 

V.  bhB^,        Ainsi  arrivèrent  les  otages  qui  avalent  été  retenus  à  Sur.  Cependant  depuis  quinte 
IV.  II.   jours,  et  même  plus,  était  passé  le  terme  des  engagements  que  les  Sarrasins  avaient 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  393 

promis  de  tenir  k  la  chrétienté.  Le  Soudan  y  avait  failii;  il  se  conduisit  comme  un 
homme  déloyal  et  méprisable  en  ne  rachetant  ni  ne  délivrant  les  siens ,  qu'il  livra  à  la 
mort;  il  perdit  dors  sa  renommée,  qui  avait  été  si  haute,  car  il  n'y  avait  pas  eu  une 
cour  au  monde  où  on  ne  la  célébrât;  mais  Dieu  dépose  son  ennemi,  après  l'avoir  toléré 
un  temps,  tandis  qu'il  maintient  et  élève  son  ami  et  dirige  ses  affaires.  Pour  Salaha- 
din.  Dieu  ne  devait  plus  l'élever  ni  le  soutenir,  car  tout  ce  qu'il  avait  fait,  toutes  ses 
conquêtes  sur  les  chrétiens  ne  lui  avaient  réussi  que  parce  que  Dieu  se  servait  de  lui 
et  voulait,  par  son  moyen,  recouvrer  et  ramener  dans  la  bonne  voie  son  peuple,  qui 
était  dévoyé. 

Quand  le  roi  Richard  sut  véritablement  et  comprit  sans  doute  possible  que  Salahadin  V.  55 1 3. 
ne  faisait  que  l'amuser,  il  sentit  un  grand  déplaisir  de  n'avoir  pas  déjà  mis  l'ost  en 
mouvement.  Quand  il  connut  bien  la  chose,  et  vit  que  Salahadin  ne  lui  tiendrait  rien, 
et  n'aurait  pas  égard  au  salut  de  ceux  qui  lui  avaient  défendu  Acre,  il  assembla  en 
conseil  les  hauts  hommes,  qui  délibérèrent,  et  l'on  décida  qu'on  tuerait  la  plupart  des 
Sarrasins,  et  qu'on  garderait  ceux  qui  étaient  de  haute  naissance  pour  racheter  de  nos 
otages.  Le  roi  Richard,  qui  avait  tué  tant  de  Turcs  dans  le  pays,  ne  voulut  pas  s'en 
rompre  davantage  la  tête:  pour  abattre  l'orgueil  des  Turcs,  pour  abaisser  leur  loi  et 
pour  venger  la  chrétienté,  il  en  fit  mener  hors  de  la  ville,  chargés  de  liens,  deux  mille 
sept  cents,  qui  furent  tous  mis  à  mort.  Ainsi  furent  vengés  leurs  coups  et  leurs  traits  • 
d'arbalète;  grâces  en  soient  rendues  au  Créateur! 

Voilà  l'ost  convoquée  par  les  crieurs  à  l'heure  oii  le  soleil  se  couche.  [Il  fut  crié  V.  5563. 
partout  qu'ils  se  mettraient  en  marche^^^],  qu'ils  chevaucheraient  au  moment  voulu  iv,  t. 
et  qu'en  invoquant  le  nom  de  Dieu  ils  passeraient  le  fleuve  d'Acre  pour  aller  droit  à 
Escalone  et  conquérir  le  rivage  de  la  mer.  Ils  chargèrent  des  approvisionnements,  du 
biscuit,  de  la  farine,  des  vins  et  des  viandes;  on  avait  ordonné  que  chacun  portât  des 
vivres  pour  dix  jours;  les  mariniers  devaient  venir  avec  leurs  bateaux  chargés  et  suivre 
l'ost  le  long  de  la  côte,  et  les  énèques  aussi  devaient  suivre  promptement,  armées, 
appareillées,  chargées  d'hommes  et  de  vivres.  Le  plan  était  d'avancer  ainsi  en  deux 
corps  séparés,  l'un  marchant  par  mer,  Tautre  par  terre;  car  on  ne  pourra  jamais  re- 
conquérir autrement  la  Syrie  maintenant  que  les  Turcs  s'en  sont  emparés. 

L'ost  était  restée  devant  Acre  deux  hivers  et  tout  un  été,  presque  jusqu'à  la  mi-    V.  5567. 
aoAt,  à  grande  peine  et  à  grande  dépense,  quand  le  roi  fit  l'exécution  de  ces  Turcs,  qui    iv,  n. 
avaient  bien  mérité  la  mort  par  tout  le  mal  qu'ils  avaient  fait  à  Dieu  et  à  ses  pèlerins, 
dont  il  était  résulté  tant  d'orphelins,  tant  de  filles  sans  appui,  tant  de  veuves,  tant 
d'héritages  perdus,  tant  de  hauts  lignages  abaissés,  tant  d'évéchés  et  tant  d'églises 
privés  de  leurs  pasteurs.  Ce  qu'il  mourut  là  de  princes  et  de  comtes,  un  bon  clerc  en  a 

(>'  Reslitaë  d'après  le  latin. 


39&  LHISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

écrit  le  compte,  de  tous  ceux  qui  moururent  dans  Tost  et  qui  avaient  quelque  renom, 
sans  parler  des  moyens  et  des  petits  ;  car  s'il  avait  voulu  les  y  mettre  tous ,  il  n'en  serait 
jamais  venu  à  bout,  il  lui  aurait  fallu  trop  de  peine  et  trop  d'écriture.  Dans  le  compte 
qu'il  écrivit  de  sa  main,  il  trouva  et  dit  qu'il  mourut  dans  l'ost  six  archevêques, 
douze  évéques  et  le  patriarche,  sans  compter  les  prêtres  et  les  dercs,  dont  personne  ne 
pourrait  dire  le  nombre.  Il  y  mourut  quarante  comtes,  que  le  derc  nota  exactement, 
et  cinq  cents  hauts  seigneurs  terriens  qui  étaient  allés  là  requérir  Dieu.  Que  Dieu  les 
absolve,  et  veuille  bien  les  accueillir  dans  son  royaume!  Pour  tous  ceux  qui  moururent 
\k  et  pour  tous  ceux  qui  y  allèrent,  pour  les  gens  de  haut  rang  et  pour  les  petites  gens 
qui  soutinrent  l'ost  de  Dieu,  pour  tous  ensemble,  nous  devons  prier  du  fond  du  cœur 
que  Dieu  les  accueille  entre  ses  amis  dans  la  gloire  céleste,  oii  il  sera  merveilleux  d^étre 
reçu,  comme  il  le  leur  a  promis  pour  leur  bien  et  pour  le  nôtre  :  que  chacun  en  dise 
un  Pater  noster. 

V.  56 1 3.  Quand  fut  mise  à  mort  la  chiennaille  qui  s'était  enfermée  dans  Acre  et  nous  y  avait 
IV.  vn.  donné  tant  de  mal,  le  roi  Richard  Gt  porter  et  dresser  ses  tentes  hors  des  fossés,  pour 
attendre  l'ost  prête  à  se  mettre  en  mouvement.  Tout  autour  de  lui,  dans  des  loges, 
il  établit  des  sergents  à  pied,  à  cause  des  perfides  Sarrasins,  qui  venaient  en  grande  im- 
pétuosité et  à  chaque  instant  nous  assaillaient  avec  des  cris  quand  les  nêtres  s'y  atten- 
daient le  moins.  Le  roi,  accoutumé  à  ces  alertes,  sautait  le  premier  sur  ses  armes, 
piquait  droit  sur  les  ennemis  et  faisait  de  grandes  prouesses. 

V.  5699.  Il  arriva  un  jour  que  les  Turcs  repoussèrent  les  nôtres  et  commencèrent  la  mêlée. 
iv,Tiii.  Nos  gens  s'armèrenl,  le  roi  et  ceux  qui  étaient  auprès  de  lui,  et  avec  eux  un  comte  de 
Hongrie  et  une  grande  bande  de  Hongrois.  Ils  sortirent  contre  les  Turcs,  et  il  y  en  eut 
qui  firent  merveille;  mais  ils  poursuivirent  trop  longtemps  et  ils  en  eurent  mauvaise 
aventure.  Le  comte  de  Hongrie,  qui  était  un  des  grands  seigneurs  de  l'ost,  fut  pris, 
et  un  chevalier  de  Poitou,  nommé  Huguelot,  qui  était  maréchal  du  roi,  fut  emmené 
par  les  Turcs.  Le. roi,  voulant  délivrer  Huguelot,  s'élança  à  corps  perdu;  mais  il  fut 
emporté  trop  loin;  car  les  Turcs  ont  un  avantage  par  lequel  ils  nous  nuisent  beaucoup  : 
les  chrétiens  ont  de  lourdes  armures,  et  les  Sarrasins  n'ont  d'autres  armes  qu'un  arc, 
une  masse,  une  épée  ou  un  javelot  acéré  et  un  léger  couteau;  et  quand  on  les  pour- 
suit, ils  ont  des  chevaux  qui  n'ont  pas  de  pareils  au  monde,  qui  semblent  voler  comme 
des  hirondelles.  On  a  beau  poursuivre  le  Turc,  on  ne  peut  l'atteindre,  et  il  ressemble 
à  la  mouche  venimeuse  el  insupportable  :  poursuivez-le,  il  prendra  la  fuite;  revenez, 
il  vous  poursuivra.  Ainsi  cette  race  odieuse  mettait  le  roi  en  grande  gêne.  Il  les  char- 
geait, et  ils  s'enfuyaient;  il  revenait,  et  ils  le  poursuivaient.  Souvent  ils  y  avaient  de 
la  |)erte;  mais  d'autres  fois  ils  avaient  le  dessus. 

V.  5669.         Le  roi  Richard  était  donc  dans  sa  tente,  attendant  l'ost;  niais  les  gens  étaient  pa- 
IV. IX.    ressoux  à  sortir  de  la  ville,  et  le  nombre  de  ceux  qui  avaient  passé  les  fossés  ne  s'ac- 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  395 

croissait  guère  ;  pourtant  la  ville  d'Acre  élait  si  pleine  de  gens  qu'ils  pouvaient  à  peine 
y  tenir  :  tant  dans  la  ville  que  dehors,  il  y  avait  bien  trois  cent  mille  hommes.  On 
s'en  allait  à  regret,  car  la  ville  était  pleine  de  délices,  de  bons  vins  et  de  demoiselles, 
dont  plusieurs  étaient  fort  belles.  On  s'adonnait  au  vin  et  aux  femmes,  et  on  se  livrait 
à  toutes  les  folies.  Il  y  avait  dans  la  ville  tant  de  désordre,  tant  de  péché  et  tant  de 
luxure ,  que  les  prudhommes  avaient  honte  de  ce  que  faisaient  les  autres. 

L'ost  était  convoquée,  il  fallut  partir.  Comme  une  chandelle  abritée  s'éteint  si  on  V.  5687. 
l'expose  à  un  fort  vent,  ainsi  force  fut  bien  que  la  folie  répandue  dans  l'ost  s'éteignit 
d'abord,  car  toutes  les  femmes  restèrent  dans  la  ville  d'Acre,  excepté  les  bonnes  vieilles 
pèlerines,  les  ouvrières,  les  lavandières  qui  leur  lavaient  le  linge  et  la  tête,  et  qui  pour 
ôter  les  puces  valaient  des  singes.  Voilà,  un  beau  matin,  l'ost  armée  et  bien  rangée. 
Pour  qu'il  n'y  eût  pas  de  surprise,  le  roi  resta  à  l'arrière-garde.  Ce  premier  jour,  on 
fit  une  petite  marche.  Dès  que  les  gens  maudits  eurent  vu  l'ost  se  mettre  en  route, 
vous  les  auriez  vus  descendre  des  montagnes  par  vingt  ou  trente;  car  ils  étaient  enragés 
du  massacre  qu'ils  avaient  vu  faire  de  leurs  parents,  étendus  morts  sous  leurs  yeux; 
aussi  suivaient-ils  l'ost  en  la  harcelant  tant  qu'ils  pouvaient;  mais,  grâce  à  Dieu,  ils 
ne  nous  firent  pas  de  mal.  Nos  gens  partirent  et  passèrent  le  fleuve  d'Acre;  là  ils  dres- 
sèrent leurs  tentes  et  leurs  pavillons,  et  attendirent  que  tous  ceux  qui  devaient  sortir 
d'Acre  fussent  arrivés  :  il  était  si  diiBcile  de  les  en  tirer  qu'on  n'avait  pas  pu  les  faire- 
sortir  tous  ensemble. 

L'ost  des  chrétiens  passa  le  fleuve  un  vendredi;  le  lendemain  c'était  une  fête  V.  5791. 
où  personne  ne  fit  œuvre  de  ses  mains,  la  fête  de  l'apôtre  saint  Barthélemi.  Le  lundi  iv,  z. 
d'après,  il  y  avait  juste  deux  ans  qu'avait  commencé  le  siège  d'Acre,  enfin  possédée  par 
les  chrétiens.  Le  dimanche,  au  nom  de  Dieu,  l'ost  se  mit  en  marche  de  grand  matin; 
les  chefs  montèrent  et  ordonnèrent  les  corps  d'armée.  Vous  auriez  vu  là  grande  cheva- 
lerie, la  plus  belle  jeunesse,  la  plus  vaillante,  la  plus  choisie  qu'on  ait  vue  avant  ni 
après,  tant  de  gens  au  courage  assuré,  tant  de  belles  armures,  tant  de  sergents  preux 
et  hardis  et  renommés  pour  leur  prouesse,  tant  de  lances  reluisantes  et  belles,  tant  de 
pennons,  tant  de  bannières  richement  ouvrées,  tant  de  beaux  heaumes,  tant  de  beaux 
hauberts!  En  cinq  royaumes  on  n'en  trouverait  pas  de  tels.  C'était,  à  la  voir  en  marche, 
une  armée  à  inspirer  la  terreur.  Le  roi  Richard ,  accompagné  de  gens  qui  ne  connais- 
saient pas  la  peur,  faisait  l'avant-garde;  au  centre,  à  l'étendard ,  étaient  les  Normands, 
qui  en  eurent  mainte  fois  la  garde.  Le  duc  et  les  Français,  la  fière  nation,  étaient  à 
l'arrière-garde;  mais  ils  avancèrent  si  lentement  qu'il  faillit  en  arriver  malheur. 

L'ost  marchait  le  long  du  rivage;  les  cruels  Sarrasins  étaient  à  gauche  sur  les    v.  5759. 
dunes  et  voyaient  très  bien  notre  marche.  Il  s'était  levé  un  brouillard  très  gênant  pour 
l'est;  la  file  s'était  éclaircie  et  presque   interrompue  à  l'endroit  oii  marchaient  les 
charretiers  qui  portaient  les  vivres.  Les  Sarrasins  descendirent,  se  jetèrent  droit  sur 


396  L*HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

les  charretiers,  tuèrent  hommes  et  chevaux  »  prirent  beaucoup  de  provisions,  mirent 
en  désordre  ceui  qui  menaient  le  convoi  et  les  poussèrent  jusqu  à  la  mer.  Us  les  j  pour- 
suivirent, et  ]à  ils  coupèrent  le  poing  à  un  sergent  qui  s'appelait  Evrard,  à  ce  qu'on 
m'a  raconté,  et  était  homme  de  l'évéque  de  Salisbury.  Evrard  ne  se  déconcerta  pas  : 
quand  sa  main  droite  fut  coupée,  il  prit  son  épée  de  la  main  gauche,  les  attendit  de 
pied  ferme  et  se  défendit  contre  eux  tous.  Voilà  toute  l'ost  en  émoi,  tandis  que  le  roi 
Richard  n'en  savait  rien  encore.  L'arrière^garde  était  arrêtée,  pleine  de  trouble  et  de 
désordre.  Alors  Jean,  fils  de  Lucas,  courut  vers  le  roi  lui  dire  les  nouvelles;  le  roi  vint 
en  toute  hâte  avec  les  compagnons  auxquels  il  se  fiait;  il  revint  de  l'avant-garde  où  il 
était,  et  se  jeta  au  milieu  des  Turcs  près  de  la  colline.  Il  tomba  sur  eux  comme  la 
foudre  :  je  ne  sais  combien  il  en  tua  avant  même  qu'ils  l'eussent  reconnu;  s'il  avait  su 
la  chose  un  peu  plus  tôt,  il  leur  aurait  fait  grand  dommage.  Il  y  eut  là  un  Français, 
le  preux  Guillaume  des  Barres,  qui  renversa  bien  des  Turcs  par  terre;  il  se  conduisit 
si  bien  ce  jour-là  que  le  roi  lui  pardonna  une  rancune  qu'il  avait  contre  lui,  et  ne  lui 
sut  plus  aucun  mauvais  gré.  Ils  repoussèrent  les  Turcs  vers  la  montagne  et  en  tuèrent 
je  ne  sais  combien.  Salahadin,  avec  de  grandes  forces,  était  tout  près;  mais  quand  il 
vit  ses  gens  reculer,  il  s'arrêta  et  ne  fit  rien.  L'ost,  qui  avait  été  mise  en  désordre, 
reprit  ses  rangs  et  sa  marche,  tant  qu'ils  trouvèrent  un  fleuve  et  des  citernes  dont 
on  fit  l'essai.  Ils  dressèrent  là  tentes  et  pavillons,  dans  un  grand  espace  où  Salahadin 
avait  passé  la  nuit,  et  où  l'on  voyait  bien  qu'une  merveilleuse  armée  s'était  arrêtée. 

V.  58sd.  En  cette  première  journée  de  marche ,  telle  fut  l'étrenne  de  l'ost  que  les  Turcs  firent 
nr,  tt.  sur  eux  du  butin  ^^K  Ce  sont  là  les  aventures  de  la  guerre;  Dieu  le  voulut  pour  leur  salut, 
pour  que  l'ost  avançât  sans  négligence,  plus  serrée  et  mieux  en  ordre  qu'elle  n'était 
quand  elle  fut  attaquée.  Depuis  lors,  on  y  fit  grande  attention,  et  on  la  dirigea  avec 
plus  de  prudence.  Mais  les  difficultés  grandissaient;  car  Salahadin  et  la  chiennaille 
infidèle  s'en  allaient  déjà  de  l'autre  côté  de  la  montagne,  aux  défilés  où  ils  savaient 
que  nos  gens  devaient  passer^.  Ils  avaient  pris  leurs  mesures  de  telle  sorte  que  l'ost 
devait  être  tuée  ou  prise,  ou  tout  au  moins  mise  en  grande  déroute.  Nos  gens  partirent 
du  fleuve;  mais  ils  firent  ce  jour-là  une  petite  marche.  Ils  allèrent  camper  sous  Caîpfaas 
pour  attendre  les  petites  gens,  qui  n'étaient  pas  encore  venus. 

V.  58^7.  Sous  Gaïphas,  le  long  du  rivage,  campait  l'ost  vaillante  et  fière,  divisée  en  deux 
parties,  entre  la  tour  et  la  mer.  Ils  restèrent  là  deux  jours  à  s'occuper  des  équipe- 
ments et  des  approvisionnements.  On  jeta  ce  qui  ne  servait  à  rien,  on  garda  ce  qui 
semblait  bon;  car  les  gens  de  pied ,  les  petites  gens,  s'étaient  tellement  chargés  de  pro- 
visions et  d'armes,  et  étaient  venus  avec  tant  de  peine,  qu'il  fallut  en  laisser  beaucoup 
là ,  qui  moururent  de  chaud  et  de  soif. 


0)  On  peut  lire,  au  vers  SBsS,  éM  lor  guaaignwrent. 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  397 

Quand  i'ost  de  Dieu  se  fat  reposée  et  eut  pris  ses  arraiigements  sous  Galphas,  ils  V.  586 1 
en  partirent  un  mardi  et  établirent  leurs  divisions.  Le  Temple  faisait  l'avant-garde ,  iv,  m. 
l'Hôpital  Tarrière-garde.  A  voir  les  divers  corps  d'armée  »  on  prenait  de  l'ost  une 
haute  idée ,  et  l'est  était  mieux  conduite  qu'elle  n'avait  été  la  première  fois.  A  cause 
du  repos  qu'ils  avaient  eu,  ils  firent  ce  jour-lÀ  une  grande  journée;  mais  sur  le  rivage 
ils  trouvèrent  de  hautes  herbes  et  de  grandes  épines  qui  gônaient  les  piétons  et  les 
frappaient  en  plein  visage.  Toute  la  terre  -étak  déserte.  Vous  auriez  vu  là  de  belles 
chasses  données  au  gibier  qu'on  trouvait  en  masse  sur  le  rivage,  qui  se  levait  entre 
leurs  pieds  et  qu'on  prenait  en  abondance. 

Le  roi  vint  au  château  de  Gapharnaum,  qu^avaient  abattu  nos  ^inemis.  Il  descendit,  V.  5883. 
et  dtna  en  attendant  l'ost.  Ceux  qui  voulurent  dînèrent,  et,  après  diner,  continuèrent 
jusqu'au  Casai  des  Défilés,  qui  m'est  pas  large  mais  petit;  arrivés  là,  ils  descendirent 
et  dressèrent  leurs  tentes.  Tous  les  soirs,  quand  l'ost  campait,  avant  qu'elle  fût  cou- 
chée, il  y  9vait  un  homme  qui  criait,  et  toute  l'ost  y  prenait  plaisir,  car  sa  voix  s'en- 
tendait partout;  il  criait  :  c( Saint  sépulcre,  aide^-nous!»  et  tous  criaient  après  lui,  et 
tous  tendaient  leurs  mains  ^u  ciel  et  pleuraient ,  et  lui  il  recommençait  et  criait  trois 
fois;  etttous  en  étaient  fort  récréés. 

Pendant  le  jour,  l'ost  était  tranquille;  mais  quand  la  nuit  était  obscure,  ils  avaient  Y.  SgoS. 
fort  affaire  avec  les  vers  piquants  et  les  tarentules ,  qui  les  tourmentaient  fort  ;  les  pèlerins  iv,  un. 
qui  en  étaient  piqués  enflaient  aussitôt.  Les  hauts  hommes  leur  donnaient  de  la  thé- 
riaque  qu'ils  avaient  et  qui  les  guérissait  promptement  ;  cependant  les  tarentules  les 
incommodaient  fort.  Enfin  des  gens  sages  donnèrent  un  'bon  avis  :  quand  ces  vemiines 
venaient  et  qu'on  les  voyait,  on  faisait  dans  l'ost  un  grand  bruit,  j'en  prends  Am- 
BRoisB  à  témoin  ;  on  frappait  les  heaumes  et  les  chapeaux  de  fer,  les  barils ,  les  selles , 
les  panneaux,  les  écus,  les  targes,  les  bassins,  les  chaudières  et  les  poêles.  On  faisait 
un  tel  tapage  et  un  tel  fracas  que  les  vermines  s'enfuyaient  en  entendant  ce  bruit,  et 
quand  on  en  eut  pris  l'habitude,  les  vermines  se  retirèrent. 

Au  Casai,  oii  l'ost  s'était  arrêtée,  elle  se  mit  en  mesure  et  en  défense  contre  les  cruels  V.  6931. 
ennemis  qui  depuis  l'attaquèrent  souvent.  On  avait  là  un  large  espace;  il  fallut  y  rester 
deux  jours  pour  attendre  les  vivres  ;  enfin  arrivèrent  les  vaisseaux ,  barques  et  galères ,  qui 
suivaient  l'ost  le  long  du  rivage  et  apportaient  les  provisions.  On  était  revenu  au  Casai;  iv,ut. 
le  roi,  qui  avait  couché  au  Merie,  avait  tout  arrangé  pour  la  marche.  Il  avait  décidé 
qu'il  ferait  ce  jour-là  l'avant-^arde,  de  sorte  qu'on  n'eût  rien  à  craindre  par  devant ,  et 
que  les  Templiers  feraient  l'arrière-garde  et  seraient  attentifs,  car  les  Sarrasins  étaient 
près  de  l'ost,  et  ils  la  harcelèrent  tout  le  jour.  Le  roi  d'Angleterre  chargea  ce  jour-là, 
et  y  conquit  grande  renommée;  sans  la  mollesse  de  quelques-uns,  il  eût  fait  de  grandes 
choses.  Le  roi  et  les  siens  poursuivirent  l'ennemi  ;  mais  d'autres  se  montrèrent  paresseux , 
et  le  soir  en  furent  blâmés  à  bon  droit,  car,  s'ils  avaient  suivi  le  roi,  on  eût  vu  un  beau 


398  LHISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

fait  d'armes.  Toutefois  il  repoussa  les  Turcs,  et  l'ost  marcha  sur  le  sable,  doucement  et  à 
petite  allure,  car  il  faisait  une  chaleur  excessive,  et  l'étape,  ce  jour-là,  n'était  pas  courte, 
mais  grande  et  pénible.  La  chaleur  les  accablait  tellement  qu'il  en  mourait  beaucoup , 
qu'on  enterrait  aussitôt;  et  ceux  qui  ne  pouvaient  avancer,  dont  il  y  avait  souvent 
beaucoup,  ceux  qui  étaient  lassés,  épuisés,  découragés  et  malades,  le  roi,  en  chef 
compatissant,  les  faisait  porter  dans  les  galères  et  dans  les  barques  jusqu'à  l'étape. 
Cette  journée  fut  pénible.  Les  fourriers  allèrent  jusqu'à  la  cité  de  Gésaire  :  les  ennemis 
y  avaient  été;  ils  avaient  fait  grand  mal  dans  la  ville  et  l'avaient  détruite;  mais  à  l'ar- 
rivée des  nôtres  ils  s'enfuirent;  nos  gens  y  descendirent  et  dressèrent  leurs  tentes  au 
delà  d'un  fleuve  qu'ils  y  trouvèrent.  C'est  un  fleuve  qu'on  appelle  encore  aujourd'hui 
le  fleuve  des  Crocodiles  :  deux  pèlerins  s'y  baignèrent  et  les  crocodiles  les  mangèrent. 

V.  5993.  Césaire  est  une  ville  avec  un'e  grande  enceinte,  où  Dieu  a  fait  de  nombreux  miracles, 
car  il  séjourna  beaucoup  sur  ce  rivage  avec  ses  chers  compagnons.  C'est  là  que  le  roi 
ordonna  à  ses  énèques  de  le  rejoindre.  Il  fit  faire  une  proclamation  à  Acre  pour  faire 
venir  les  retardataires,  leur  enjoignant  au  nom  de  Dieu  de  se  mettre  dans  les  énèques 
et  de  venir  dans  l'ost,  et  il  en  vint  beaucoup  avant  que  l'ost  fût  partie.  La  belle  flotte 
arriva  un  soir  à  Césaire;  elle  se  joi<;nit  aux  barques  qui,  chaque  jour,  accompagnaient 
l'ost  le  long  du  rivage,  et  qui  lui  fournissaient  des  vivres  en  suflisance,  malgré  la  chien- 
naille  sarrasine. 

V.  6011.  Un  matin,  à  l'heure  de  tierce,  comme  Ambboisb  l'a  su  exactement,  l'ost  fut  armée 
et  se  mit  en  marche,  très  bien  garnie  et  rangée.  Il  était  décidé  qu'elle  ferait  une  petite 
journée,  à  cause  des  Sarrasins,  qui  se  jetaient  sur  les  nôtres  dès  qu'ils  bougeaient. 
Ce  jour-là,  ils  nous  poursuivirent  tout  le  temps;  mais  ils  y  perdirent  un  émir  si  re- 
nommé pour  son  grand  courage  et  aussi  pour  sa  grande  force  que  personne,  disait-on, 
n'aurait  pu  le  renverser,  et  que  personne  n'osait  ratta(|uer;  car  il  avait  une  si  grosse 
lance  qu'il  n'y  en  avait  pas  en  France  deux  plus  grosses.  C'était  Aîas  Estoî.  je  l'entendis 
nommer  de  ce  nom.  Les  Turcs  en  menèrent  tel  deuil  qu^ils  coupèrent  la  queue  de  leurs 
chevaux.  Ils  auraient  bien  voulu  emporter  son  corps,  si  les  chrétiens  le  leur  avaient 
laissé.  Les  nôtres  avancèrent  tant  qu'ils  arrivèrent  sur  la  rivière  Morte,  que  les  perfides 
Sarrasins  avaient  recouverte;  mais  les  nôtres  la  découvrirent,  en  burent,  et  campèrent 
là  deux  nuits. 

V.  0o38.  Après  deux  jours  de  repos  «  l'ost  quitta  la  rivière:  elle  marchait  doucement  «  sans  se 
11.  xt.  presser,  dans  un  pays  pauvre  et  ravagé.  Ce  jour-là  on  alla  par  la  montagne,  car  le 
rivage  était  si  sauvage  et  si  obstrué  qu'on  n'aurait  pu  y  passer.  L'ost  était  plus  serrée 
qu'elle  ne  le  fut  en  aucune  autre  occasion.  L'arrière-garde  était  confiée  aux  Templiers, 
qui,  au  soir,  se  frappèrent  la  poitrine,  car  ils  perdirent  tant  de  chevaux  qu'ils  en  étaient 
tQut  découragés.  Le  comte  de  Sainl-Pol,  aussi,  perdit  là  beaucoup  de  chevaux,  car  il 
eut  beaucoup  à  souffrir  des  Turcs  qui  le  harcelaient.  11  montra  tant  de  courage  et  se 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  399 

mit  tellement  en  avant  que  toute  Tost  lui  donna  de  grandes  louanges.  Ce  jour-là  le  • 
roi  d'Angleterre,  qui  allait  voir  les  Turcs  de  près,  fut  navré  au  côté  d'un  javelot  par  un 
Turc  qu'il  avait  attaqué;  mais  la  blessure  n'était  pas  grave  et  ne  l'empêcha  pas  de  leur 
courir  sus.  On  pouvait  voir  là  voler  les  dards,  tuant  ou  blessant  les  chevaux  :  il  y  en 
avait  une  telle  pluie  qu'on  n'aurait  pas  trouvé  tout  autour  de  la  place  occupée  par 
l'ost  quatrp  pieds  de  terre  vide,  et  ce  tourment  qu'endurait  l'ost  dura  toute  la  journée 
jusqu'au  soir,  oii  les  Turcs  se  retirèrent  dans  leurs  cam|)ements.  Nos  gens  campèrent 
près  de  la  Rivière  Salée  et  s'y  logèrent.  Vous  auriez  vu  là  un  grand  concours  autour  des 
chevaux  les  plus  gras  qui  avaient  été  tués  le  jour  :  les  sergents  en  achetaient  la  viande; 
ils  la  payaient  très  cher,  et  encore  on  se  battait  pour  en  avoir.  Quand  le  roi  l'apprit, 
il  fit  crier  un  ban,  annonçant  que  celui  qui  donnerait  son  cheval  mort  aux  sergents, 
il  lui  en  rendrait  un  vivant  en  échange.  Alors  ils  les  eurent  en  abondance  :  ils  les 
prirent,  les  écorchèrent  et  en  mangèrent  de  bons  morceaux  au  lard. 

lis  se  reposèrent  là  deux  jours,  et  au  troisième,  à  {'heure  de  tierce,  ils  se  mirent  en  ^*  ^^9^- 
marche,  rangés  en  bataille.  On  leur  avait  dit  que  les  mécréants,  la  noire  chiennaille,  iv,  xn. 
étaient  dans  la  forêt  d'Arsur,  et  qu'ils  voulaient  ce  jour-là  l'allumer  et  faire  un  si  grand 
feu  que  l'ost  en  serait  rôtie;  mais  elle  suivit  son  chemin  à  travers  la  forêt,  et  je  ne 
crois  pas  qu'on  voie  ou  qu'on  ait  jamais  vu  une  plus  belle  marche  que  celle-là.  Ils  ne 
rencontrèrent  rien  qui  les  arrêtât,  et  avancèrent  sans  encombre.  Ils  passèrent  la  mon- 
tagne d'Arsur  et  toute  la  forêt,  et  vinrent  dans  la  plaine  ouverte.  Ils  campèrent  sur  la 
rivière  de  Rochetaillée  en  dépit  des  circoncis,  qui  étaient  venus  là  en  si  grand  nombre, 
au  dire  de  tel  qui  les  avait  bien  vus,  examinés  et  comptés  à  son  estimation,  qu'ils  pou- 
vaient être  trois  cent  mille,  ou  il  s'en  fallait  de  peu.  Et  nos  chrétiens,  à  ce  qu'on  esti- 
mait, n'étaient  pas  plus  de  cent  mille.  L'ost  de  Dieu  coucha  sur  la  rivière  de  Roche- 
taillée;  elle  y  campa  un  jeudi  et  se  reposa  le  vendredi. 

Le  samedi  bu  matin,  chacun  s'apprêta  de  son  mieux  pour  défendre  sa  vie,  car  on  V.  6196. 
leur  avait  donné  à  entendre  qu'ils  ne  pourraient  pas  avancer  sans  livrer  bataille  aux  iv,  xth. 
ennemis,  qui  s'approchaient  de  tous  côtés  et  rangeaient  leurs  corps  d'armée.  C'est  pour- 
quoi l'ost  chrétienne  prit  ses  dispositions  contre  les  païens,  si  bien  que  dans  l'arrange- 
ment des  corps  d'armée  il  n'y  eut  rien  à  reprendre.  Richard,  le  preux  roi  d'Angleterre, 
qui  connaissait  mieux  que  personne  toutes  les  choses  de  la  guerre,  ordonna  à  sa  guise 
qui  devait  aller  devant  et  derrière.  On  fit  douze  corps  d'armée  bien  distribués,  composés 
des  meilleures  gens  qu'on  eût  pu  trouver  sous  le  ciel,  tous  résolus  dans  leur  cœur  à  bien 
servir  Dieu.  Le  Temple  faisait  l'avant-garde;  et  l'Hôpital  l'arrière-garde  ;  après  le  Temple 
venaient  les  Bretons  et  les  Angevins  réunis;  ensuite,  comme  je  m'en  suis  assuré,  venaient 
les  Poitevins  et  le  roi  Gui;  puis  chevauchaient  les  Normands  et  les  Anglais,  portant 
le  dragon,  et  THôpital,  chargé  de  l'arrière-garde,  marchait  en  dernier.  L'arrière- 
garde  était,  ce  jour-là,  garnie  de  hauts  barons;  ils  étaient  rangés  en  bon  ordre,  bien 

3o 


lariiaciiiB   lATiORâie. 


\ 


&00  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

*  distribués,  et  s'avançaient  si  serrés  qu'une  pomme  qu'on  aurait  jetée  n'aurait  |>u  tom- 
ber que  sur  un  homme  ou  un  chevaL  Cette  arrière-garde  allait  de  l'ost  des  Sarrasins 
jusque  tout  près  de  la  mer.  Vous  auriez  vu  là  bien  des  bannières  et  bien  des  gens  de 
bonne  mine.  Là  étaient  le  c^mte  de  Leicestre,  qui  n'aurait  {)ds  voulu  être  ailleurs,  et 
Huon  de  Gournai  avec  ses  gens  bien  renommés;  Guillaume  de  Borriz,  qui  était  du 
pays;  Gauquelin  de  Ferrières,  avec  des  gens  de  toutes  sortes:  Roger  de  Toéni,  avec 
beaucoup  de  chevaliers;  le  preux  Jacques  d'Avesnes,  que  Dieu  reçut  ce  jour-là  dans 
son  royaume;  le  comte  Robert  de  Dreux,  avec  ses  gens  en  grand  nombre;  l'évéque  de 
Beauvais,  qui  s'était  joint  à  son  frère;  le  seigneur  des  Barres,  le  seigneur  do  Gariande 
y  étaient  en  grande  compagnie;  Guillaume  et  Droon  de  Mello  n'en  avaient  pas  moins. 
Les  lignages  marchaient  ensemble  et  se  retrouvaient,  et  ainsi  l'ost  était  si  bien  unie 
qu'on  aurait  eu  peine  à  la  disjoindre.  Le  comte  Henri  de  Champagne  gardait  l'ost 
du  côté  de  la  montagne;  il  faisait  fonctions  de  garde-côte,  et  chevauchait  tout  le  tem|i8 
le  long  des  rangs.  Les  sergents  à  |)ied  étaient  derrière  l'ost  et  fermaient  la  marche; 
les  munitions,  les  provisions,  les  charrettes,  les  sommiers,  les  harnais,  tout  cela  était 
en  bas  sur  le  rivage,  de  façon  à  être  moins  exposé. 
V.  Gaoï.  .Ainsi  l'on  marchait  avec  confiance,  l'armée  et  les  approvisionnements,  doucement  et 
IV, xuu.  à  petite  allure.  Le  duc  de  Bourgogne,  avec  le  roi  et  des  gens  hardis  et  preux,  che- 
vauchait par  devant,  par  derrière,  à  droite  et  à  gauche,  pour  diriger  l'ost  et  voir  les 
Turcs  et  leurs  positions.  Ils  eurent  beaucoup  de  peine;  car,  une  heure  avant  tierce,  arri- 
vèrent plus  de  deux  mille  Turcs  tirant  de  l'arc,  qui  enveloppèrent  l'ost.  Après  eux  vint 
un  peuple  noir,  ceux  qu'on  appelle  les  Noirets ,  et  les  Sarrasins  de  la  berruie  ^^\  hideux 
et  plus  noirs  que  de  la  suie,  gens  extrêmement  agiles  cl  prompts,  allant  à  pied,  portant 
des  arcs  et  de  légers  boucliers.  Ils  tourmentafent  l'ost  sans  lui  laisser  un  moment  de 
repos.  Vous  auriez  vu  dans  la  campagne  des  Turcs  en  si  grand  nombre,  tant  de  pen^ 
nous,  tant  d'enseignes,  tant  do  bannières,  tant  de  bataillons  si  bien  rangés!  Plus  de 
trente  mille  Turcs  vinrent  ainsi  en  bel  équipement  se  jeter  à  toute  bride  sur  l'ost, 
montés  sur  des  chevaux  prompts  comme  la  foudre  et  soulevant  des  touii)illons  de  pous- 
sière; devant  les  émirs  s'avançaient  ceux  qui  tenaient  les  trompettes;  d'autres  |K)rtaient 
des  timbres  et  des  tabours,  et  n'avaient  d'autre  fonction  que  de  frapper  sur  leurs  ta- 
bours  et  de  pousser  des  cris  et  des  huées  :  on  n'aurait  pas  entendu  Dieu  tonner,  tant 
il  y  avait  de  tabours  qui  retentissaient.  Cette  chiennaille  attaqua  l'ost  et-  la  pressa 
vivement.  A  deux  lieues  tout  alentour,  vous  n'auriez  pas  trouvé  plein  mon  giron  de 
terre  vide  ni  de  place  où  il  y  eût  autre  chose  que  cette  race  maudite.  Du  côté  de  la 
mer  et  du  côté  de  la  terre  ils  les  attaquaient  de  si  près,  avec  tant  de  force  et  d'em- 
portement, qu'ils  leur  faisaient  grand  dommage,  d'abord  en  tuant  leurs  chevaux,  dont 

('}  Ce  mot  lopiqae  a  dâ  éire  conservé;  voir  tu  Glostaife. 


402  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

la  fleur  de  la  chevalerie,  le  bon  grain  de  la  jeunesse  militaire,  tout  ce  qui  savait  le 
mieux  la  guerre  s'était  levé  dans  toute  la  chrétienté  pour  combattre  les  païens  :  c'était 
l'élite  des  preux,  et  celui  qui  l'aurait  vaincue  aurait  bien  pu  dire  que,  dans  le  monde, 
rien  ne  pouvait  lui  résister. 
V.  6359.  La  chaleur  et  la  poussière  étaient  grandes;  le  peuple  du  diable  était  lier,  mais 
IV.  m.  l'ost  de  Dieu  était  pleine  de  valeur  et  se  défendait  bien.  Les  Turcs  étaient  là  amon- 
celés, plus  serrés  qu'une  haie;  les  chrétiens  avançaient  dans  leur  route,  et  les  autres  les 
poussaient  dans  le  dos;  mais  ils  ne  purent  leur  faire  grand  mal.  Les  Turcs,  les  gens 
du  diable,  enrageaient.  Ils  nous  nommaient  «les gens  de  fer?),  parce  que  nous  avions  des 
armures  qui  garantissaient  nos  gens,  en  sorte  qu'ils  craignaient  moins  leurs  attaques. 
Les  Turcs  mettaient  leurs  arcs  sur  lourdes  et  nous  attaquaient  avec  leurs  masses.  Il  y  en 
avait  plus  de  vingt  mille  qui  forgeaient  ainsi  sur  les  Hospitaliers,  quand  l'un  de  ceux-ci 
s'écria  :  «Saint  Georges,  nous  laisserez-vous  détruire  ainsi?  La  chrétienté  devrait  périr 
«  de  honte  quand  il  n'y  a  personne  qui  ose  attaquer  cette  chiennaille  !  "  C'était  le  maître 
de  l'Hôpital,  frère  Garnier  de  iVapes;  il  vint  au  roi  au  galop  de  son  cheval  et  lui  dit  : 
«Sire,  on  nous  fait  trop  de  tort  et  de  honte;  nous  perdons  tous  nos  chevaux,  w  Le  roi 
lui  dit  :  «Patience,  maître.  On  ne  peut  pas  être  partout.»  II  revint  aux  siens,  et  les 
Turcs  nous  poussaient  toujours  par  derrière,  si  bien  que  les  princes  et  les  comtes  en 
étaient  tout  honteux  et  disaient  :  «Allons,  chargeons!  On  nous  prendra  pour  des 
«lâches.  Jamais  on  n'a  vu  une  telle  honte;  jamais,  par  les  mécréants,  notre  armée  n'a 
«  encouru  un  tel  blâme,  et  si  nous  tardons  h  nous  défendre,  nous  pourrons  bien  attendre 
«  trop.  7)  Dieu!  quelle  perte,  quel  malheur  et  quel  deuil  ce  fut  alors  !  Tant  de  Sarrasins 
y  auraient  péri,  si  nos  péchés  n'avaient  fait  manquer  la  charge  qu'on  avait  projetée! 
On  arrangeait  cette  charge,  à  laquelle  tout  le  monde  s'accordait;  ils  avaient  déjà  pris 
toutes  leurs  mesures,  qui  auraient  été  bonnes  si  on  les  avait  bien  gardées.  Il  était  con- 
venu qu'avant  la  charge  on  placerait  en  trois  endroits  six  trompettes  qui  sonneraient 
au  moment  où  Ton  devrait  se  retourner  vers  les  Turcs,  deux  devant  l'ost,  deux  der- 
rière et  deux  au  milieu.  Si  on  l'avait  fait  ainsi,  les  Turcs  n'auraient  pas  échappé.  Mais 
tout  fut  perdu  par  la  faute  de  deux  hommes  qui  ne  purent  se  retenir  de  charger.  Ils  se 
lancèrent  en  avant  et  tuèrent  chacun  un  Turc  :  l'un  des  deux  était  un  chevalier,  le 
maréchal  de  l'Hôpital  ;  Vautre  était  Baudouin  le  Garon,  qui  était  hardi  comme  un  lion, 
compagnon  du  roi  d'Angleterre  qui  l'avait  amené.  Ces  deux-là  commencèrent  l'attaque 
au  nom  du  Tout-Puissant  en  criant  à  haute  voix  :  «Saint  Georges  !  r>  Les  gens  de  Dieu 
retournèrent  leurs  chevaux  contre  l'ennemi.  L'Hôpital,  qui  avait  beaucoup  souffert, 
chargea  en  bon  ordre;  le  comte  de  Champagne,  avec  ses  braves  compagnons,  Jacques 
d'Avesnes,  avec  son  lignage,  chargèrent  aussi.  Le  comte  Robert  de  Dreux  et  l'évêque 
de  Beauvais  chargèrent  ensemble.  Du  côté  delà  mer,  à  gauche,  chargea  le  comte  de 
Leicestre  avec  toute  Tarrière-garde,  où  il  n'y  avait  pas  de  couards.  Ensuite  chargèrent 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  403 

les  Angevins,  les  Poitevins,  les  Bretons,  les  Manceaux  et  tous  les  autres  corps  d'armée. 
Et  pour  vous  dire  la  vérité,  les  braves  gens  qui  firent  cette  charge  attaquèrent  les  Turcs 
avec  une  telle  vigueur  que  chacun  atteignit  le  sien,  lui  mit  sa  lance  dans  le  corps  et 
lui  fit  vider  la  selle.  Les  Turcs  furent  étonnés;  car  les  nôtres  tombèrent  sur  eux  comme 
la  foudre,  en  faisant  voler  une  grande  poussière,  et  tous  ceux  qui  étaient  descendus  à 
pied  et  qui,  avec  leurs  arcs,  nous  avaient  fait  tant  de  mal,  ceux-là  eurent  les  têtes 
coupées.  Dès  que  les  chevaliers  les  avaient  renversés,  les  sergents  les  tuaient.  Quand 
le  roi  vit  que  l'ost  avait  rompu  ses  rangs  et  attaqué  les  ennemis,  sans  plus  attendre  il 
donna  de  l'éperon  à  son  cheval  et  le  lança  à  toute  vitesse  pour  secourir  les  premiers 
combattants.  Plus  rapide  qu'un  carreau  d'arbalète,  entouré  de  ses  vaillants  compagnons, 
il  alla  attaquer  sur  la  droite  un  corps  ennemi  si  rudement  qu'ils  furent  tout  déconcertés 
et  que  nos  chevaliers  leur  firent  vider  les  selles  :  vous  les  auriez  vus  étendus  à  terre, 
pressés  comme  des  épis  en  javelle;  le  vaillant  roi  d'Angleterre  les  poursuivit.  Il  fit,  en  ce 
jour,  de  telles  prouesses  qu'autour  de  lui,  des  deux  côtés,  devant  et  derrière,  il  y  avait 
un  grand  chemin  rempli  de  Sarrasins  morts,  et  que  les  autres  s'écartaient,  et  la  file 
des  morts  durait  près  d'une  demi-lieue.  Les  Sarrasins  tombaient  de  cheval  l'un  après 
l'autre,  et  la  poussière  volait  si  épaisse  qu'elle  nous  nuisait  beaucoup,  car  quand  nos 
gens  sortaient  de  la  grande  presse,  k  cause  de  cette  poussière,  ils  ne  se  reconnaissaient 
pas,  ce  qui  doublait  leur  peine.  Cependant  ils  frappaient  à  droite  et  à  gauche.  Les 
Turcs  n'étaient  pas  à  leur  aise.  On  voyait  là  donner  de  beaux  coups,  des  gens  sanglants 
quitter  le  champ  de  bataille,  des  bannières  et  des  pennons  tomber.  Vous  auriez  pu 
•ramasser  là  tant  de  bonnes  épées  tranchantes,  de  javelots  acérés,  d'arcs,  de  carquois, 
de  masses  d'armes,  de  carreaux,  de  dards,  de  flèches!  On  en  aurait  chargé  plus  de 
vingt  charrettes.  On  voyait  les  corps  des  Turcs,  avec  leur  tête  barbue,  couchés  serrés 
comme  des  gerbes.  Ceux  qui  étaient  restés  se  défendaient  bien;  d'autres,  qui  avaient 
été  renversés  et  avaient  perdu  leurs  chevaux,  se  cachaient  dans  les  buissons  ou  mon- 
taient sur  les  arbres.  On  allait  les  en  tirer,  et  on  les  entendait  crier  quand  on  les  tuait. 
Il  y  on  eut  qui  laissèrent  là  leurs  chevaux,  s'enfuirent  vers  la  mer  et  sautèrent  en  bas 
des  falaises  de  plus  de  dix  toises  de  haut.  Ils  furent  là  bien  repoussés  :  à  plus  de 
deux  lieues  vous  n'auriez  vu  que  des  fugitifs,  de  ceux  qui,  auparavant,  étaient  si  fiers; 
car  toute  l'armée  s'était  retournée  contre  eux.  Ceux  qui  gardaient  l'étendard  —  c'étaient 
des  Normands,  gens  sûrs  entre  tous  — ne  se  retournèrent  vers  l'ennemi  que  très  len- 
tement, en  sorte  qu'il  aurait,  fallu  que  tout  allât  bien  mal  avant  qu'on  eût  pu  leur 
causer  un  sérieux  dommage. 

Les  guerriers  de  Dieu,  après  avoir  chargé,  s'arrêtèrent,  et  dès  qu'ils  se  furent    V.  G.n.'^. 
arrêtés,  les  Sarrasins  reprirent  courage.  Il  en  arriva  plus  de  vingt  mille,  la  masse 
au  poing,  pour  secourir  ceux  qui  avaient  été  renversés.  Les  nôtres,  qui  revenaient 
vers  l'ost,  furent  là  maltraités  :  les  Sarrasins  leur  lançaient  des  flèches  et  les  frappaient 


^lO'i  L'HISTOIRE  DK  LA  GDEURË  SAINTE. 

(io  leurs  masses  d'armes,  cassant  les  téies  et  les  bras,  et  les  inclinant  sur  les  arçons. 
\os  chevaliers  revenaient  à  eux  quand  ils  avaient  repris  haleine,  et,  recommençant 
h  charger,  se  jetaient  dans  les  rangs  ennemis  et  les  rompaient  eonmie  des  réseaux. 
Vous  auriez  vu  là  tournor  les  selles  des  Turcs,  et  eux-mêmes  s'enfuir  et  s'éloigner. 
Mais  les  noires  étaient  tellement  pressés  qu'ils  ne  pouvaient  plus  avancer,  et  si  l'on 
ne  s'était  pas  arrélé,  il  y  aurait  eu  un  désastre.  Là  était  l'émir  Déquedin,  un  des  pa- 
rents de  Salahadin,  qui  avait  peintes  sur  sa  bannière  d'étranges  insignes  :  sa  ban- 
nière portait  des  braies;  telles  étaient  ses  insignes.  C'était  le  Turc  qui  haïssait  le  plus 
la  chrétienté;  il  avait  en  sa  compagnie  plus  de  sept  cents  Turcs  d'élite,  de  la  garde 
particulière  de  Salahadin,  gens  diQiciles  à  vaincre.  Chaque  escadron  avait  une  ban- 
nière jaune  avec  un  pennon  de  couleur  différente.  Ils  avançaient  d'un  tel  élan  et  avec 
une  telle  ardeur,  et  en  faisant  un  tel  bruit  pour  charger  les  chrétiens  (|ui  revenaient 
vers  l'étendard,  qu'il  n'y  avait  si  preux  ni  si  habile  qui  n'eût  fort  à  faire.  Nos  gens  sou- 
tinrent l'effort,  et  il  y  eut  là  de  beaux  combats;  mais  on  se  sépara,  et  les  nôtres  revin- 
rent droit  à  l'ost  :  les  Sarrasins  les  serraient  de  si  près  qu'il  y  en  eut  peu  qui  osèrent 
retourner  sur  eux  ^^^  et  que  tous  sentaient  leur  corps  trembler  des  coups  qu'ils  recevaient 
sur  les  heaumes.  Le  preux  Guillaume  des  Barres  fit  là  une  charge  que*  tous  louèrent. 
Il  s'élança  avec  les  siens  entre  les  nôtres  et  les  ennemis  qui  les  pressaient,  et  il  les 
frappa  si  rudement  qu'il  renversa  je  ne  sais  combien  de  Turcs,  qui  ne  nous  tirent 
plus  jamais  la  guerre.  Du  côté  de  la  montagne,  Richard,  le  roi  d'Angleterre,  avec  ses 
hardis  compagnons,  monté  sur  son  Fauvel  de  Cypre,  le  meilleur  cheval  qu'on  pût 
voir,  chargea  de  son  côté  l'ennemi,  et  fit  tant  de  prouesses  que  c'était  merveille  de  voir 
comment  lui  et  les  siens  attaquaient  les  Turcs.  Ils  les  repoussèrent  et  les  retinrent  si 
bien  que  nos  gens  rejoignirent  l'étendard  et  se  remirent  en  ordre.  Ils  reprirent  leur 
chemin  et  chevauchèrent  jusqu'à  Arsur,  oii  ils  descendiœnt  et  dressèrent  leurs  tentes,  car 
il  était  bien  l'heure  de  se  reposer.  Ceux  qui,  le  soir,  voulurent  faire  du  butin  vinrent 
sur  le  champ  de  bataille  et  en  6rent  tant  qu'ils  voulurent;  ceux  qui  y  allèrent  racon- 
tèrent que  dans  cette  bataille  il  mourut  trente-deux  puissants  barons  ou  émirs,  dont 
ils  vinrent  plus  tard  reprendre  les  corps,  et  sept  cents  Turcs,  sans  compter  ceux  qui 
étaient  blessés  et  qui  tombaient  morts  dans  la  campagne.  Et  nous  ne  perdîmes  pas 
la  dixième  partie  de  ce  nombre,  ni  même  le  dixième  du  dixième. 
\.  r)63i.  Dieu!  quel  grand  malheur  et  quelle  perte  nous  eûmes  ce  jour-là,  quand  les  Sarra- 
IV,  IX.  sins  revinrent  sur  nous!  Dans  ce  mouvement,  ils  séparèi:ent  des  nôtres  et  enfermèrent 
un  vaillant  homme  :  ce  fut  le  preux  Jacques  d'Avesnes;  Dieu  puisse-t-il  en  faire  un 
saint  dans  son  royaume  !  Ce  malheur  nous  arriva  par  son  cheval,  qui  tomba:  mais  il 
se  défendit  si  bien  que,  après  la  bataille,  ceux  qu'on  envoya  chercher  son  corps  étendu 

t>)  Lb  traduction  de  ce  passage  obscur  est  donnée  d^apràs  le  ia  tin. 


L^HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  i05 

au  milieu  de  cette  chiennaiiie,  nous  dirent  qu'ils  avaient  bien  trouvé  autour  de  ce  corps 
quinze  Turcs  mis  en  pièces,  dont  il  s'était  vengé.  Il  y  mourut  avec  trois  de  ses  parents, 
et  ils  ne  furent  pas  secourus  par  d'autres,  dont  on  paria  beaucoup,  un  des  barons 
français,  disait-on,  le  comte  de  Dreux  et  les  siens  :  tant  de  gens  en  dirent  alors  du 
mal  que  l'histoire  ne  peut  le  démentir. 

L'ost  était  campée  devant  Arsur,  ayant  fait  grand  mal  aux  païens,  et  elle  les  aurait  V.  ooni). 
tout  h  fait  déconfits  si  Ton  avait  eu  une  meilleure  ordonnance.  La  nouvelle  se  répandit  de 
ceux  des  nôtres  qui  étaient  perdus,  non  pas  perdus,  mais  trouvés,  car  ils  avaient  com- 
battu pour  Dieu,  et  étaient  morts  dans  le  combat  :  c'est  Jacques  d'Avesnes  et  les  siens. 
L'ost  de  Dieu  en  fut  toute  pensive,  et  si  troublée  et  si  déconcertée  que,  depuis  Adam, 
on  n'a  jamais  vu  tant  de  plaintes  et  tant  de  regrets  pour  la  mort  d'un  seul  homme;  et 
il  méritait  bien  d'être  plaint  !  Il  servait  Dieu  sans  jamais  faillir.  Il  avait  déjà  choisi  en 
paradis  sa  place  à  c6lé  de  l'apôtre  saint  Jacques,  qu'il  regardait  comme  son  patron 
et  le  nôtre ,  Jacques  d'Avesnes  le  martyr,  qui  n'avait  pas  daigné  fuir  devant  les  Turcs. 

L'ost  était  campée  devant  Arsur,  sur  la  grande  rivière.  Us  se  reposèrent  toute  la  nuit,  v.  G(i83. 
car  ils  s'étaient  grandement  fatigués  à  donner  et  h  recevoir  des  coups,  et  ils  n'en  bou- 
gèrent pas  jusqu'au  troisième  jour,  qu'ils  se  retrouvèrent  en  bon  état.  La  bataille  avait 
été  un  samedi,  et  le  dimanche  était  la  fête  de  la  glorieuse  Mère  de  Dieu,  l'histoire  nous 
l'apprend,  celle  qu'on  célèbre  en  septembre.  Alors  s'armèrent  les  chevaliers  de  l'Hô- 
pital et  du  Temple.  Ils  emmenèrent  de  braves  Turcoples,  et  beaucoup  d'autres  gens  y 
allèrent  avec  eux.  Us  vinrent  au  champ  où  gisaient  ceux  qui  avaient  été  tués  dans  la 
bataille;  ils  cherchèrent  par  tout  le  champ  et  ne  burent  ni  ne  mangèrent  tant  qu'ils 
eurent  trouvé  le  corps  du  vaillant  chevalier  Jacques  d'Avesnes.  Enfin  ils  le  trouvèrent, 
mais  il  fallut  d'abord  lui  laver  le  visage,  ou  on  ne  l'aurait  jamais  reconnu,  tant  il  avait 
reçu  de  coups  mortels  en  se  défendant  de  pied  ferme  contre  les  Sarrasins.  Ils  recou- 
vrirent le  corps,  le  chargèrent  et  s'en  revinrent  à  Arsur.  Vous  auriez  vu  là  une  grande 
ibule  de  gens  et  de  chevaliers  qui  allèrent  à  la  rencontre  du  corps,  menant  tel  deuil 
qu'il  aurait  été  impossible  de  les  voir  sans  en  éprouver  grand'pitié.  L'un  regrettait  sa 
prouesse,  l'autre  racontait  sa  libéralité.  Quand  on  le  mit  en  terre,  le  roi  Richard  et  le 
roi  Gui  y  furent,  dans  l'église  de  Notre  Dame  :  puisse-t-elle  prier  son  doux  fils  pour 
l'âme  dont  le  corps  fut  logé  là  !  Après  la  messe,  les  clercs  en  grand  recueillement  firent 

à  leur  guise  ce  qui  restait  à  faire ^'^  et  les  hauts  hommes  prirent  le  corps  entre 

leurs  bras  et  l'enterrèrent.  Ne  me  d^aandez  pas  s'ils  y  pleurèrent. 

Laissons  cetta  affaire  et  n'en  parions  plus  pour  le  moment  :  nous  ne  l'abandon^    V.  G735. 
nous  pas,  car  elle  ne  nous  écarte  pas  de  notre  sujet;  mais  présentement  nous  revien- 
drons en  arrière  et  nous  parlerons  des  ennemis  q«i  nous  avaient  attaqués. 

(')  Lacune  dVa  vers. 


&06  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

V.  67A3.  Celte  race  mécréante  avait  été  repoussée,  comme  je  vous  Tai  raconté  auparavant, 
IV,  XII.  [et  ils  n'avaient  pas  accompii^^^j  ce  dont  ils  s'étaient  vantés  au  soudan  dans  leur  arro- 
gance :  car  ils  lui  avaient  dit  que,  sans  aucun  doute  et  sans  vanterie,  la  chrétienté 
serait  cette  fois-là  vaincue  et  morte;  mais  les  choses  allaient  bien  autrement.  Si  vous 
aviez  vu  la  fuite  de  ces  Turcs  par  la  montagpe  !  Ceux  qui  la  virent  nous  racontèrent 
que,  quand  nos  gens  heurtèrent  les  leurs,  ils  les  repoussèrent  si  rudement,  eux  et  leur 
bagage,  que  dans  la  fuite  tant  de  chameaux  y  tombaient  morts,  tant  de  chevaux,  tant 
de  mules  et  de  mulets,  par  centaines  et  par  milliers,  et  ils  perdaient  tant  de  monde, 
que,  s'ils  avaient  été  mieux  poursuivis  et  serrés  de  plus  près,  tout  le  pays  aurait  été 
gagné  et  peuplé  de  chrétiens. 

V.  6769.  Quand  Tost  des  Turcs  se  fut  retirée  après  cette  journée  et  que  Salahadin,  qui  était 
IV.  xin.  dans  la  montagne,  sut  la  chose,  quand  il  vit  la  déconfiture  de  ce  qu'il  avait  de  meilleur 
et  de  plus  choisi,  il  se  prit,  tout  plein  de  dépit  et  de  courroux,  à  dire  à  ses  émirs  : 
«Eh  bien!  où  donc  sont  mes  gens,  ces  vantards,  ces  enragés?  Les  chrétiens  chevauchent 
(c maintenant  par  la  Syrie  à  leur  plaisir  sans  que  personne  les  arrête,  et  moi,  je  ne 
7 sais  où  aller.  Où  sont  maintenant  ces  grandes  menaces?  Où  sont  ces  coups  dVpéc  et 
a  de  masse  d'armes  qu'ils  se  vantaient  de  faire  quand  ils  seraient  aux  prises?  Où  sont 
ce  les  beaux  commencements  des  grandes  expéditions  et  des  grandes  batailles?  Où  sont 
(cces  grandes  déconfitures  qu'on  trouve  dans  les  livres  et  qu'on  nous  raconte  tous  les 
c(  jours  que  nos  ancêtres  avaient  accoutumé  de  faire  des  chrétiens  ?  Voilà  qui  va  mal. 
c(Nous  sommes  le  rebut  du  monde  en  guerre  et  en  bataille;  nous  ne  valons  rien  au 
«regard  de  ceux  qui  ont  été  et  qui  ont  beaucoup  valu.  79 

V.  6799.  Les  émirs  des  Sarrasins  entendirent  Salahadin  les  blâmer  ainsi;  aucun  ne  leva  les 
yeux,  excepté  un,  Sangui  d'Alep,  qui  se  redressa  sur  son  cheval  et  dit  :  «Soudan,  en- 
(( tendez-moi.  Vous  nous  avez  vilainement  insultés  et  trop  blâmés;  mais  pourquoi  nous 
«  méprisez-vous  si  vous  ne  savez  pas  la  cause  de  ce  qui  est  arrivé  ?  Vous  ne  suivez  pas  la 
«raison.  Ce  n'est  pas  pour  n'avoir  pas  bien  combattu,  pour  n'avoir  pas  attaqué  hardi- 
«  ment,  tiré  et  lancé  contre  les  Francs,  avec  l'acier  et  le  fer,  ni  pour  n'avoir  pu  endurer 
«leurs  grands  coups;  mais  rien  ne  peut  durer  contre  eux,  car  ils  ont  de  telles  armures 
«dont  ils  sont  couverts,  si  fortes,  si  solides,  si  sûres,  que  nous  ne  pouvons  leur  faire  de 
«mal  plus  qu'à  une  pierre;  et  quand  on  a  affaire  à  de  tels  ennemis,  comment  peut-on 
«s'en  tirer?  Mais  ce  qui  est  plus  merveilleux  encore,  c'est  un  Franc  qui  est  avec  eux, 
«qui  tue  et  massacre  nos  gens.  Nous  n'avons  jamais  vu  son  pareil.  Il  est  toujours  de- 
«  vant  les  autres;  on  le  trouve  toujours  prêt  en  tous  les  besoins.  C'est  lui  qui  fait  parmi 
«les  nôtres  un  si  grand  carnage.  On  l'appelle  Melec  Richard,  et  c'est  un  Melec  comme 
«celui-là  qui  doit  posséder  des  royaumes,  conquérir  l'argent  et  le  distribuer.  » 


0; 


Suppléé  d  après  le  latin. 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  Ml 

Dans  cette  colère  où  était  Salahadin,  il  appela  Safadin,  son  frère,  et  lui' dit  :  c^Je  veux    V.  68:^'». 
^  qu'on  voie  quelle  confiance  j'ai  en  mes  gens.  Montez  à  cheval  et  allez  sans  hésiter  me 
((  faire  détruire  les  murs  d'Escalonc  ;  ce  n'est  plus  la  peine  de  combattre.  Abattez  et  brisez 
«comme  du  bois  la  cité  de  Gadres,  mais  conservez  le  Daron,  que  mes  gens  puissent 
<( venir  par  là.  Abattez-moi  la  Galatie,  pour  que  les  Francs  n'y  prennent  pas  un  point 
«(d'appui;  faites  abattre  le  Figuier,  pour  qu'ils  ne  puissent  pas  s'y  rallier;  abattez-moi  la 
«  Blanche- Garde,  pour  que  nous  n'ayons  rien  à  craindre  de  ce  côté-là.  Abattez  complète- 
ciment  Jaffe,  le  Casai  des  Plains,  le  Casai  Moyen;  abattez-moi  Saint-Georges,  Rames, 
«la  grande  ville  que  nous  avons  conquise,  Beaumont,  sur  le  haut  de  la  montagne,  le 
«Toron,  Châtel-Ernaud,  et  Beauvoir,  et  Mirabel.  Abattez  aussi,  je  le  veux,  les  châteaux 
«de  la  montagne;  qu'il  ne  reste  rien,  ni  château,  ni  casai,  ni  cité,  qui  ne  soit  détruit, 
«excepté  le  Crac  et  Jérusalem.  Je  le  veux  :  qu'on  le  fasse  ainsi !)9  Snlahadin  donna  cet 
ordre;  son  frère  demanda  congé,  ayant  entendu  son  désir;  mais  un  Turc  qui  s'appe- 
lait Caîsac,  Sarrasin  puissant  et  renommé,  parla  hautement,  et  dit  h  Salahadin  :  «Sire,    iv,  mr. 
«personne  ne  doit  en  croire  sa  colère  et  son  dépit  comme  vous  le  faites.  Envpycz  vos 
«espions  et  vos  gardes  dans  les  plaincs.de  Rames,  sur  les  collines,  et  que  les  espions 
«reviennent  ici  quand  ils  sauront  de  quel  côté-l'ost  des  chrétiens  se  dirigera.  Ils  pour- 
«  raient  bien  prendre  tel  chemin  où  Ton  pourrait  leur  faire  du  mal.  Par  Mahomet  que 
«nous  adorons,  avant  de  blâmer  les  gens,  il  faut  regarder  au  temps  et  à  la  raison.  Vous 
«ne  devez  pas  nous  mésestimer  :  ce  sont  les  aventures  delà  guerre,  où  l'on  a  souvent  de 
«grandes  déconvenues,  et  je  ne  crains  pas  de  dire  que,  si  j'ai  de  bons  compagnons, 
«je  pense  tenir  les  Francs  de  si  court  qu'ils  regretteront  d'être  venus  dans  ce  pays.  » 
Alors  on  choisit  trente  émirs,  grands  seigneurs  de  haut  parage,  dont  chacun  avait  bien 
avec  lui  cinq  cents  Turcs  d'élite;  Salahadin  les  fit  partir  et  descendre  sur  la  rivière 
d'Arsur;  ils  y  vinrent,  guettant  le  moment  où  les  chrétiens  se  remettraient  en  marche. 

L'ost  de  Dieu ,  qui  avait  livré  bataille  et  qui  avait  un  peu  abattu  l'arrogance  des  v.  6903. 
Sarrasins,  partit  d'Arsur  lé  troisième  jour  en  bon  ordre,  traversant  la  terre  si  éprouvée 
où  ils  chevauchaient  pour  venger  la  honte  de  Dieu.  Ce  jour-là,  les  Templiers  étaient 
à  l'arrière-garde  et  la  veillaient^  car  le  vilain  dit  que  qui  est  sur  ses  gardes  n'est  pas 
pris  au  dépourvu;  mais,  cette  fois-là,  leur  précaution  fut  inutile,  car  de  tout  le  jour 
les  Turcs  ne  se  firent  pas  voir,  et  ils  ne  se  montrèrent  qu'à  la  rivière  où  nos  gens 
couchèrent.  Là,  ils  pensèrent  leur  faire  grand  mal,  mais  sans  réussir  à  rien  :  ils  tirè- 
rent et  attaquèrent,  et  cependant,  ils  finirent  par  s'en  aller.  Nos  gens  campèrent  sur 
la  rivière  d'Arsur.  Au  matin,  les  petites  gens,  qu'on  avait  peine  à  retenir,  partirent  avec 
les  fourriers  et  furent  bientôt  à  Jaffe.  JaiFe  est  sur  la  mer;  mais  les  cruels  Sarrasins 
l'avaient  déjà  tellement  abattue  et  détruite  que  l'ost  n'aurait  pu  y  habiter  :  elle  campa 
à  gauche,  dans  une  belle  oliveraie.  A  quoi  bon  retarder  mon.  récit?  Il  se  passa  trois 
semaines  entières  avant  que  l'ost  fût  venue  d'Acre  là  :  ainsi  étaient  allées  les  choses. 

3i 


nii 


408  LHISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

V.  69A1.        Devant  Jafle,  dans  l'oliveraie,  dans  les  beaux  jardins,  Tost  de  Dieu  planta  ses 

IV.  HT.    bannières ^^\  Là  étaient  les  grands  pAturages;  là  il  y  avait  tant  de  raisins,  de 

figues,  de  grenades,  d'amandes  en  grande  abondance,  dont  les  arbres  étaient  couverts 
et  dont  on  prenait  à  volonté,  que  l'ost  en  fut  grandejnent  rafratcbie.  Voici  venir  au 
IV.  MU.  port  la  (lotte;  le?  navires  allaient  et  venaient  de  Jaffe  à  Acre  et  revenaient  leur  appor- 
tant des  vivres,  ce  qui  déplaisait  fort  à  l'ennemi.  Salahadin,  qui  n'osait  plus  combattre, 
faisait  renverser  les  murs  et  les  tours  d'Escalone.  Un  jour,  vers  midi,  la  nouvelle 
arrivn  dans  l'ost  par  de  pauvres  gons  qui  s'étaient  enfuis  la  nuit,  qu'Escalone  tout 
entière  était  creusée  et  minée ^^^  par-dessous,  puis  étançonnée.  Les  uns  croyaient  ces 
nouvelles  véritables;  les  autres  n'y  voyaient  qu'un  mensonge,  un  jeu  et  une  rêverie, 
ne  croyant  pas  que  Salahadin,  pour  aucun  embarras,  eàt  jamais  pensé  à  une  telle 
défaillance  et  à  une  telle  perte;  si  bien  que  le  roi  Richard  envoya  s'en  informer,  dans 
une  forte  galère,  Jofroi  de  Lusignan,  qui  souffrit  beaucoup  pour  Dieu,  Guillaume  de 
l'Étang,  preux  et  loyal  chevalier,  et  d'autres  gens  avec  eux.  Us  s'arrêtèrent  devant  la 
ville,  tant  qu'ils  surent  certainement  que  vraiment  on  l'abattait.  Us  revinrent  et  le 
dirent,  et  les  barons  tinrent  conseil  pour  savoir  ce  qu'ils  feraient  et  s'ils  iraient  au 
secours  de  la  ville. 

V.  6989.  Le  conseil  s'assembla  devant  Jaffe,  hors  de  la  ville.  On  dit  là  des  paroles  en  sens 
divers,  car  chaque  homme  a  sa  manière  de  voir  et  tous  ne  sont  pas  du  même  Age  :  l'un 
voudrait  faire  telle  chose  où  l'autre  trouverait  trop*  à  blAmer.  Il  n'aurait  pas  fallu 
qu'ils  fussent  en  désaccord;  il  aurait  fallu  que  tout  le  monde  fût  du  même  avis.  Les 
uns  déclaraient^^)  qu'ils  iraient  tout  droit  à  Jérusalem,  et  les  autres  auraient  voulu,  si 
c'était  possible,  sauver  Escalone  des  Turcs,  car  c'aurait  été  une  bonne  place  forte. 
Les  uns  reprochaient  aux  autres  leur  opinion,  et  tous  étaient  de  puissants  seigneurs. 
Alors  le  roi  d'Angleterre,  qui  avait  pratiqué  la  guerre  depuis  son  enfance,  dit  au  duc 
[de  Bourgogne]  et  aux  Français  :  «Seigneurs,  je  vois  que  nous  différons  de  sentiment  : 
«  cela  peut  nous  faire  grand  tort.  Les  Turcs  font  détruire  Escalone;  ils  n'osent  pas  nous 
«livrer  bataille.  Allons  secourir  la  ville;  il  me  semble  que  cela  est  bon  à  faire,  et  que 
«tout  le  monde  devrait  y  courir.?)  Que  vous  dirai-je?  Les  Français,  dont  beaucoup,  s'en 
repentirent  depuis,  répondirent  qu'il  valait  mieux  séjourner  à  Jaffe  et  la  réparer,  et 
que  de  là  était  le  plus  court  chemin  pour  faire  leur  pèlerinage.  Us  donnèrent  un  bien 
mauvais  conseil  en  refusant  d'aller  à  Escalone,  car,  s'ils  avaient  alors  délivré  cette  ville, 
la  terre  tout  entière  aurait  été  reconquise.  Mais  ils  parlèrent  tant,  qu'on  se  décida  à 
réparer  Jaffe. 

V.  7o3i.        La  chose  ainsi  convenue,  voilà  l'ost  arrêtée  à  Jaffe.  On  leva  une  grosse  taille  pour 

•  * 

<'^  Lacune  d*un  vers.  • 

<^  Il  manque  14  un  mot,  qui  devait  être  â  peu  pr^s  synonyme  des  deux  aiitreé. 
.'')  La  le^on  rovoiint,  tnbelitué»  dans.lc  lexteâ  rtutmntda  manascrit, est  douteuse;  p.  è.  rotMit. 


4i0  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

remmenèrent  dans  leur  ost.  Là  fut  tué  Renier  de  Maron,  qui  avait  un  cœur  vaillant,  et 
son  neveu,  appelé  Gautier,  qui,  lui  aussi,  avait  un  cœur  preux  et  loyal;  Alain  et  Lucas 

de  rÉtable  y  furent  tués,  cest  la  vérité.  Quand  la  nouvelle  fut  connue ^^K 

contents  et  joyeux,  dit  le  livre.  On  ne  put  poursuivre  les  Turcs,  car  ils  s'en  allaient 
{^rand  train,  emmenant  Guillaume  prisonnier.  Ils  croyaient  emmener  le  roi;  mais  Dieu 
ne  le  voulut  jias  et  le  préserva.  Les  Turcs,  qui  croyaient  emmener  le  roi,  étaient  déjà 
sur  la  hauteur  :  nos  gens  revinrent  à  Fost,  mais  le  roi  et  toute  Tost  étaient  en  grand 
souci  de  Guillaume. 

V.  71^17.  Quand  Dieu,  dans  sa  bonté,  eut  ainsi  épargné  le  roi,  le  chef  de  l'ost,  plusieurs, 
qui  connaissaient  son  courage,  et  qui  avaient  peur  pour  lui,  se  prirent  à  lui  dire: 
«Sire,  pour  Dieu,  ne  faites  pas  ainsi;  ce  nest  pas  votre  affaire  d'entreprendre  de  telles 
(c  expéditions  :  pensez  à  vous  et  aux  chrétiens.  Vous  ne  manquez  pas  de  braves  gens  : 
c^n'allez  pas  seul  en  ces  occasions.  Quand  vous  voudrez  faire  du  mal  aux  Turcs,  menez 
(cavec  vous  une  compagnie  sufTisanlc;  car  de  vous  dépend  notre  vie,  ou  notre  mort 
«s'il  vous  arrivait  malheur.  Si  le  chef  tombe,  les  membres  ne  peuvent  exister  seuls. 
t(  mais  bientôt  ils  périssent  eux-mêmes,  et  une  mauvaise  aventure  est  vite  arrivée.  r>  Plus 
d'un  prudhomme  mit  grand*peine  à  lui  donner  de  bons  avis;  mais  lui,  quand  il  con- 
naissait un  combat,  et  on  pouvait  lui  en  cacher  bien  peu,  il  se  jetait  toujours  sur  les 
Turcs,  et  il  s'en  tirait  si  bien  qu'il  y  en  avait  toujours  de  morts  ou  de  pris,  et  que 
l'honneur  était  à  lui.  Et  Dieu  le  tirait  toujours  des  plus  grands  dangei*s  où  le  mettaient 
les  ennemis. 

^- 1*11'  Quand  l'ost  se  fut  bien  équipée,  non  sans  grande  peine,  on  la  convoqua,  et  l'on 
IV,  niz.  proclama  au  nom  de  Dieu  qu'elle  irait  au  Casai  des  Plains  et  qu'on  eu  relèverait  les 
murs  pour  mieux  protéger  la  léte  de  l'ost.  Le  roi  ordonna  qu'il  restât  à  Jaiïe  des  gens 
pour  s'occuper  de  fortifier  la  ville  et  pour  garder  le  port,  si  bien  que  personne  ne  pût 
s'en  aller  excepté  les  marchands  qui  fournissaient  les  provisions.  L'évéque  d'Evreux,  le 
comte  de  Chalon  et  Huon  Ribole  furent  ceux  qui  restèrent  pour  cela  et  qui  firent  faire 
les  travaux.  L'ost  monta  et  se  mil  en  route.  Jamais  on  n'en  a  vu  une  plus  belle  ni 
mieux  équipée;  mais  ils  firent  une  petite  journée.  Ils  descendirent  et  dressèrent  leurs 
tentes  entre  les  deux  casais.  Je  sais,  par  plusieurs  indices,  que  ce  fut  la  veille  de  la 
Toussaint  que  nous  .campâmes  là.  Lost  des  Turcs  était  à  Rames,  et  de  là  ils  nous 
firent  de  grandes  attaques  et  de  grandes  poursuites. 

V.  7^07.  Nôtre  ost  resta  bien  quinze  bons  jours  ou  plus  entre  le  Casai  des  Plains  et  le  Ca- 
sai Moyen  que  les  ennemis  avaient  abattus.  Le  roi  fit  refaire  le  Moyen  plus  fort  qu'il 
n'était  avant,  et  les  Templiers  se  chargèrent  de  l'autre.  Les  Turcs  nous  tourmentaient 

(')  Il  y  a  ici,  comme  le  montre  le  latin,  une  lacune  de  quelques  vers  :  on  racontait  TanxiéU;  des  Croisés  ù 
la  première  nouvelle  de  Tévènement,  puis  leur  marche. à  la  rencontre  de  Richard,  qu'ils  ramènent  «contents 
et  joyeux?). 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  Atl 

beaucoup.  Un  jour  ii  en  vint  bien  mille  à  cheval  nous  attaquer.  Voilà  f ost  en  agita- 
tion comme  une  fourmilière  qu'on  dérange.  Le  roi  et  les  autres  montèrent  à  cheval  et 
se  hAtèrent  tant  qu'ils  purent.  Les  Turcs  prirent  la  fuite  :  que  le  diable  Tes  conduise  ! 
car  leurs  chevaux  allaient  si  vite,  dans  toutes  les  directions,  que  le  roi  eut  beau  les 
poursuivre,  il  ne  put  les  atteindre.  El  en  les  poursuivant  ainsi,  sans  les  avoir  atteints, 
il  vit  à  découvert  Rames  et  l'ost  des  ennemis,  et  il  revint  au  camp  avec  ses  hardis 
compagnons. 

Le  sixième  jour  après  la  grande  fête  de  la  Toussaint  que  chacun  célèbre,  les  écuyers  v.  7133. 
sortirent  du  camp  pour  aller  chercher  du  fourrage.  Les  vaillants  Templiers  étaient  iv,  m. 
chargés,  ce  jour-là,  de  les  garder.  Les  fourriers  se  répandirent  par  la  contrée,  ayant 
besoin  de  bonne  herbe  qui  souvent  leur  fut  vendue  cher,  car  souvent  ils  la  payèrent 
[de  leur  sang^^^].  Les  Templiers  gardaient  les  fourriers.  Au  moment  oii  ils  s'y  atten- 
daient le  moins,  voilà  quatre  escadrons  de  Sarrasins  qui  tombent  sur  eux  bride  abat- 
tue. Us  étaient  bien  quatre  cents,  tous  à  cheval,  bien  armés;  ils  vinrent  du  côté  de 
Bombrac  droit  sur  les  Templiers,  ils  Ips  attaquèrent  et  ils  les  enfermèrent,  car  il  n'y  a 
pas  au  monde  de  gens  qui  aient  des  mouvements  plus  prompts.  Ils  étaient  arrivés  de 
plusieurs  côtés,  et  les  serraient  de  près.  Quand  les  Templiers  les  virent  si  ])rès  d'eux, 
ils  descendirent  de  cheval  et  firent  une  belle  vaillantise  :  ils  tournèrent  leurs  visages 
contre  les  ennemis;  chacun  avait  le  dos  appuyé  contre  son  frère,  comme  s'ils  eussent 
tous  été  les  (ils  d'un  même  père.  Les  Sarrasins  les  attaquèrent  si  vivement  qu'ils  en 
étendirent  trois  morts.  Là  vous  auriez  vu  donner  de  grands  coups,  et  l'acier  des  armes 
jeter  du  feu,  et  vous  auriez  entendu  les  heaumes  résonner  sous  les  coups.  Bien  atta- 
qué, bien  défendu.  Les  Turcs  avaient  cru  les  surprendre,  et  ils  pensaient  les  prendre 
à  la  main,  tant  ils  les  tenaient  étroitement  enfermés,  quand  arrivèrent  en  toute  hiite 
de  nos  gens  sortis  du  camp.  On  dit,  et  c'est  la  vérité,  qu'André  de  Ghavigni,  avec 
quatorze  chevaliers,  fut  le  premier  qui  secourut  alors  les  Templiers;  il  se  jeta  sur  les 
Turcs  avec  grande  force,  et  lui  et  ses  compagnons  se  conduisirent  là  vaillamment.  Ce 
fut  un  beau  combat,  mais  le  roi  ne  le  perdit  pas.  Il  était  ce  jour-là  occupé  à  faire  re- 
faire le  Casai  Moyen  ;  il  y  avait  mandé  deux  comtes  qui  méritent  d'être  nommés  dans 
tous  les  bons  récits,  celui  de  Saint-Pol  et  celui  de  Leicestre,  et,  avec  eux,  le  roi  y  avait 
mandé  Guillaume  de  Caîeu,  qui  ce  jour-là  tint  bien  sa  place,  et  Oton  de  Trasignies  : 
c'étaient  des  gens  de  haut  parage.  Voici  venir  le  bruit  et  les  cris  que  poussaient  les 
fourriers.  Le  roi  dit  ou  fit  dire  aux  comtes  d'aller  secourir  les  Templiers,  pendant 
que  lui-même  irait  prendre  ses  armes  et  y  courrait  aussitôt  qu'il  pourrait.  Ils  partirent 
sans  perdre  un  moment,  et,  comme  ils  approchaient  de  l'endroit  du  combat,  voici  bien 
quatre  mille  Turcs,  sortant  d'une  embuscade  près  d'une  rivière,  qui  se  séparent  en  deux 


(0 


Suppléé  d*apr^  ie  latin. 


M:î  L^HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

corps  :  les  uns  alièimt  sur  les  Templiers,  les  autres  se  tournèrent  vers  ceux  qui  arri- 
vaient. Oeux-ei  se  mirent  en  bon  ordre  et  se  rapprochèrent  les  uns  des  autres,  pendant 
»|ue  les  Turcs  s'avançaient  contre  eux.  Le  comte  de  Saint-Pol  proposa  le  au  vaillant 
comte  de  Leicestre  un  jeu  parti  ti^mëraire  et  fou  :  «Ou  bien,  lui  dit-il,  vous  atta- 

*  *?  querei  les  Turcs  par  la  droite  et  je  me  chargerai  de  vous  protéger,  ou  bien  je  les 

?  attaquerai  et  vous  me  garantirez  où  que  j'aille  et  quoi  que  je  fasse.  ^  Le  comte  de  Leî- 

t  cestrt^  accepta  le  jeu  parti  :  accompagné  des  siens,  il  se  lança  au  plus  é|)ais  des  enne- 

mis, et  il  les  attaqua  avec  une  telle  vigueur  que  sa  prouesse  fut  louée  et  qu'il  dégagea. 
non  sans  grande  peine,  deux  chevaliers.  Le  combat  était  dans  son  plein  quand  arriva 
le  roi  Ric4iard.  Il  vit  nos  gens  tout  entourés  par  les  païens  :  il  n*avait  avec  lui  que  peu 
de  monde,  mib  des  hommes  vaillants  et  choisis;  plusieurs  se  mirent  à  lui  dire  : 
t  Vraiment,  sire,  vous  risipiej  une  grande  mésaventure:  vous  ne  réussirez  pas  à  tirer  de 

•  «là  nos  gens,  et  il  v^ut  mieux  qu'ils  succombent  seuls  que  si  vous  périssiez  avec  eux. 

«Retournez  donc;  car,  s*il  vous  arrivait  malheur,  la  chrétienté  serait  perdue.?  Le  roi 
ch,inge)  de  couleur  et  dit  :  «Je  les  y  al  envoyés,  je  les  ai  priés  d\  aller  :  s*ils  y  meu- 
«r^nt  sans  moi.  que  jamais  on  ne  m'appelle  roi!  «  Il  donna  à  son  cheval  les  éperons  et 
lui  lÀcha  le  frein;  plus  prompt  qu  un  épervier,  il  se  jeta  tout  au  milieu  des  Sarrasins, 
et  il  penra  leurs  rangs  avec  une  telle  impétuosité  que  si  la  foudre  était  tombée  an  mi- 
lieu d  eut  elle  n'y  aurait  pas  fait  plus  de  ravages.  Il  les  poussait ,  les  renversait .  reve- 
nait sur  ses  pas  pour  les  rattraper,  tranchant  les  têtes  et  les  bras.  Ils  fuyaient  comoM 
du  bétail.  Beaucoup  ne  purent  s'enfuir  et  furent  pris  ou  tués.  Les  nôtres  les  pourchas- 
sèrent si  longtem|>s  qu'il  fut  l'heure  de  revenir  au  camp.  Ainsi  se  passa  cette  joumée. 

V.  756-.  Cependant  qu'ils  étaient  occupés  à  relever  les  murs  des  deux  casais .  le  roi  vit  que 
rv  nx:  Tost  était  pleine  d'entrain  et  pr^te  à  combattre  les  miudits  Sarrasins^  Alors  il  appela 
ses  messagers,  hauts  hommes  et  sages:  il  les  envoya  à  Salabadin  et  à  son  frère  Safadin. 
leur  faisant  des  demandes  nobles  et  grandes  à  merveille.  Il  leur  demandait  le  royaoïne 
de  Syrie  tout  entier,  de  bout  en  bout,  et  tout  ce  qui  en  dépendait  du  temps  du  roi 
lépn^Y«  et  le  tribut  de  Rabylone  comme  celui-ci  Pavait  eu,  car  il  rédamait  tout  cela 
par  ^n^nqu^e  et  par  naissance.  Les  messagers  trouvèrent  le  soudan  et  firent  bien  le«r 
me^^^i^^.  Il  n^^ndit  qu'il  n'en  ferait  rien  et  que  le  roi  lui  demandait  trop;  il  lui  fit 
dire  )^r  s<ni  frère  Safadin,  Sarrasin  très  sage,  qu'il  lui  laisserait  sans  contestation 
toute  la  terrt^  de  Syrie,  tiepuis  le  Jourdain  jusqu'à  Ki  mer.  sans  y  rien  réclamer,  mais  à 
\N^ndition  qu  Kscalone  ne  serait  relevée  ni  par  les  chr^iens  ni  par  les  Sarrasins.  Voilà 
ce  qu'il  lui  manda  par  Safadin;  mais  le  r\)i  ne  faisait  pas  attention  que  nos  pertides 
ennemis  ne  voulaient  qMe  gagner  du  temps  et  l'occuper  {Mnadant  qu'ils  abattaient  les 
châteaux  ;  ainsi  ils  le  tr\nu|Mient  :  que  leur  rwe  soit  maudite!  Sa(adin  sut  si  bien  le 
déce\oir  que  le  r\>i  reçut  ses  pr^nts.  On  vit  aller  et  venir  les  mciss^i^jeffs  qui  les  por^ 
taient,  ce  qui  fit  nattric  de  gmmls  hUmes  c\^nlre  lui  et  de  mauvMMs  panies:  umîs  c'est 


avait  offert  un 


pau 


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L'HISTOIRE  DR  LA  GUERRE  SAINTE.  S13 

t  fait  croire  qu'il  voulait  sérieus^enieiit  la  paix,  el  le  roi,  si  on  lui 
jotiorable,  l'aurait  acceptée  sans  tarder,  pour  lebien  de  notre  foi, 
et  parce  que  le  rut  de  France  était  parti,  dont  il  se  méfiait,  sachant  t|u'il  ne  l'aimait 
pas.  Les  messagers  allèrent  et  vinrent  et  amusèrent  .linsî  le  ruî,  tant  qu'il  comprit  la 
manœuvre  des  faux  et  déloyaux  Sarrasins.  Oc  fut  à  propos  du  Crac  de  Montréal  :  le 
rot  voulait  qu'ils  l'abattissent  et  que  ce  fitt  une  des  conditions  de  la  paix;  et  parce 
qu'ils  ne  voulurent  pas  le  faire,  les  pourparlers  prirent  Gn, 

Quand  on  ne  |)arla  plus  de  paix,  voici  qu'à  droite  et  à  gauche  les  Turcs  revinrent 
faire  dans  l'osl  de  grandes  attaques,  car  ils  ne  cherchaient  qu'à  nous  faire  du  mal: 
et  le  roi  les  combattait  et  montrait  par  sa  conduite,  à  ceux  qui  l'avaient  blâmé  à  pro- 
pos des  présents  qu'il  avait  reçus  des  Turcs,  combien  il  était  loyal  envers  Dieu  et  en- 
vers la  chrétienté.  Il  les  combattit  souvent  et  il  leur  coupa  bien  des  télés,  qu'il  montra 
dans  l'ost,  et  les  présents  qu'il  avait  reçus  ne  nous  firent  jamais  aucun  tort.  Il  eàt  dé- 
livré la  Terre  Sainte  s'il  n'en  eût  été  empêché  par  ceux  qui  trop  souvent  pillaient  sa 
bourse. 

Quand  les  casais  eurent  été  relevés,  fortifiés  et  armés,  et  que  le  roi  y  eut  mis  bonne 
garde,  l'ost  fut  convoquée  et  prévenue  au  coucher  du  soleil.  Le  lendemain,  on  monta 
ù  cheval,  et  l'ost,  sagement  disposée,  chevaucha  droit  sur  Rames.  Dès  que  nous  fûmes 
en  marche  et  que  Salahadin  sutqu'il  lui  fallaitquitter  Rames,  parce  i|u'il  n'osait  livrer 
bataille,  il  fit  abattre  toute  la  ville,  et.  [irenant  le  premier  la  fuite,  s'en  alla  droit  au 
Toron  des  Chevaliers,  ne  se  fiant  qu'à  la  montagne.  L'ost  avança  duiis  la  plaine.  fa)n 
Jeux  Jours,  sur  les  beaux  chevaun  bien  repus,  elle  arriva  entre  Saint-Georges  et  Rames. 
Là  on  campa  pour  attendre  les  vivres  et  ceux  qui  manquaient.  Là  nous  suhhiies  de 
nouveau  de  grandes  attaques  des  ennemis,  et  de  grandes  pluies  qui  tombèrent  nuuK 
nuisirent  et  nous  retardèrent  beaucoup.  Ces  pluies  nous  obligèrent  à  nous  loger  dans 
Saint-Georges  et  dans  Rames.  Nous  nous  y  inslallùmes,  et  nous  re.st>imes  bien  là  si\ 
semaines  en  grande  gène  et  incommodilé. 

Pendant  que  nous  séjournions  là,  il  y  eut  un  beau  combat  qu'on  ne  doit  pas  ou- 
blier, près  de  Saint-Georges,  sur  la  gauche,  entre  le  preu\  comte  de  Leiceslre  et  les 
Turcs  qui  étuient  là  et  qui  souvent  s'approchaient  de  l'ost  et  fatlaquaient.  Le  comte, 
avec  petite  compagnie,  sortit  pour  les  chasser,  le  heaume  d  acier  sur  sa  léte.  Far 
devant  allaient  trois  chevaliers  qui  s'avancèrent  follement  et  se  jetèrent  au  milieu  de» 
Turcs.  Tous  tes  trois  y  seraient  restés  sans  le  comte,  qui,  ne  voulant  pas  les  laisser 
périr,  poussa  son  cheval  après  eux,  au  milieu  de  plus  de  cent  Turcs,  et  il  Ht  si  bien 
qu'il  les  força  de  passer  une  rivière.  Mais  il  avait  poussé  avec  trop  d'ardeur,  car  il 
arriva  bien  quatre  cents  Turcs,  portant  des  dards  et  des  arcs,  qui  se  mirent  entre  lui 
et  l'ost  et  voulurent  le  prendre.  Déjà  ils  nous  avaient  renversé  et  vilainement  battu 
G&rin  le  Fils  Geroul.  Vous  auriez  vu  de  beaux  faits  d'armCs,  là  oii  tomba  Garin.  Lt 


i\\  ^HISTOIRE  DE  LA  GlERRE  SAINTE.       . 

ooiuto  \  tut  ie  plus  malhoureux«  car  ib  le  renversèrent  auprès  de  Garin  et  raccaUèmit 
lit^  oou|Vk  ils  renversèrent  aussi  de  cheval  Droon  de  Fontenil  et  Robert  Neel.  11  y  eo  avait 
tant«  de  Tuu^.  de  Perva:)S  ot  de  renégats,  autour  du  comte,  noyé  au  milieu  d'eu, 
%fu*iU  avaient  à  |>eine  pu  TaKâttre.  Vous  auriet  vu  là  de  beaui  combats.  Henri  le  Fik 
Nuvif  fut  awo  le  comte  à  uïie  dure  épreuve,  et  aussi  Robert  de  .Neufbroc  :  jamais  oo 
n4  %u  un  homme  |<lus  doux  qu'il  n*êtait:  il  avait  une  haute  taille,  et  tant  de  prouesse 
•';  de  ciTur  i|u*il  se  jetA  dans  la  ^nde  |iresse  des  païens  et  donna  son  cheval  as 
ccnUe.  se  i^arxlant  et  le  i^ardant  de  dé>honneur.  bans  ia  compagnie  du  comte  étaîeni 
:'n\\>re  Raoul  \le  Sainte-Marie,  Kmaud  du  Bois,  qui  ne  lui  fut  pas  inutile.  Henri  et 
Ituài.iunie  do  M^ilKv.  qui  n^^urvnt  des  coups  avec  lui.  et  Saoul  du  Breuil.  On  n*a  ja- 
mais ^  a.  jc^  ie  irx'is.  ui:-e  plus  belle  viillantise  que  celle  de  tous  ces  che^-aliers.  comoe 
iis««ir  t^n^it^n:  ^n>eiv.bW  i>'>n;re  tant  de  Turrs  qu*il  %  aiait  là:  car  aucun  d^eui  ne  io«ail 
«Nvoraoer.î  r.  .xMirraiî  s'rn  i.rer.  e:  li  e>t  %rai,  le  li%Te  le  dit.  que  le  comte  et  s**  com 
;vj(<r>^n>  >-.  A:er.<  ur.:  La:iKs  e:  avaient  reçu  tant  de  ct>ups.  qu'ils  i.e  poavaîent  plâs 
>.'.  i::V:îir:*  t*.  ^,.:  it-s  Tjr:>  :e>  avaient  presque  îues.  l.s  les  tmmenaiect.  coochés  sur 
•f  v*>»  lif  îvjrs  C:"ïs:r^-r>.  cr.-^i;  *«^  le  Toron.  q;;and  dr  Tas:,  prè*  de  iaqucfie  ils  pas- 
s*^?«4.  s  f  .>.a:a  i  li^u:^  uTeNSc  »ir>e  .r.'ûîw  «Je  d^:>  cens.  Là  étaient  ADdr>ê  de  Lkangai. 
Hfoir.  ii  ù-Ax.  ISerr?  ic  ISfiaui.  ie  h:  a  chevalier,  e:  Mori*ii;^  d'autre»  koiDBC»  et 
"v-j>/flDf.  :4:\>a  t^  at'a  wss  rn>aM»i!<^  «/jk^cazî  dTeai.  qua^i  ii  arr!»*,  jeU  son  Torr  par 
r-^er;.  irf  Tisr:  zm  I^-frr*  fra;^  ec  qpu  perAit  .a  oc^«s  il  ^mt  «in  s*  deq^wariieat 
vc;  L^L  :  ih:.7^k  rrjoji^j^w  h  P^-ecrf.  e<  qBef^cK  téen  ^'û  i  mil.  lui  H  u«s  cen 
1*0:  fCKfz'X*  âvf>:  ^..  :^  2^  ;«rr&:  fase»»'  uraa;.  ec  Us  eurf-s;  cra»£;^:»e  a  ie  tver. 
tu**M:'i.  r^^r^f-ars.  ii^f  fcra^c*;  ^MBie:  i:  iai;  i^in  «ai^aa:  :<^r  K«a:er  ^c-^^ie  ie  fil 
ni/a2?^4n>^L;  ii*ir;.  1.  ^^HK^roùn  ^lt  fxiâBr  t^  i%i  sii  sa  :a2>:v  â^as  >f  r:cw.  sa  ^NS  Me 

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••   '-c  fj  rf^fciiv:  .,  ixitii>  "i^n^  y'i^u^:  •*<.*  s^ar  il-.  ;f^z^aiL;  se  iri*:  <sa  ^4ji>f  c»t  if  lir 
**:ài    -•  .^  wi.j>  j;  :rii^     i  \d^"^  i\  h  :a.  a«*L.:  ïtf-i?4e^  ^  :iii*  fai^ataT^  cx'i:  <«:  :  Ttmir 

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(u.  i>  T  r^jufO);  •iina:s>  «rt  nies  ^ruuùi  ^«rfiaai«'Y  ^x  îmiiaDf  ùt  ma.  koi^  m  ul  yi 
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L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  M5 

Saiahadin  sut  et  il  vit  bien  que  nos  gens  se  préparaient  et  s'appareillaient  chaque    V.  7605. 
jour  pour  aller  vers  la  ville  sainte.  Quand  on  le  lui  eut  bien  rapporté  et  qu'il  sut  à    iv,  hut. 
deux  lieues  notre  ost,  qui  ne  cessait  de  combattre  la  sienne,  il  fit  abattre  quatre  ou 
cinq  tours  et  tourelles  du  Toron,  et  s'en  alla,  à  ce  qu'on  nous  raconta,  fuyant  droit 
à  Jérusalem.  Les  Turcs  nous  laissèrent  la  plaine  et  occupèrent  la  montagne. 

Quand  l'ost  des  Turcs  se  fut  retirée  et  que  la  nôtre  se  fut'  rapprochée,  on  fil  crier 
par  l'ost  et  on  ordonna  qu'on  irait  au  pied  de  la  montagne,  et  que  le  on  camperait  Y.  7619. 
et  on  ferait  venir  les  vivres.  C'est  ce  que  l'on  fit.  On  monta  à  cheval  et  on  s'avança 
en  bon  ordre.  Voilà  l'ost  devant  Bettenuble.  11  faisait  alors  un  temps  froid  et  couvert; 
il  y  eut  de  grandes  pluies  et  de  grandes  tempêtes,  qui  nous  firent  perdre  beaucoup 
<le  nos  bétes;  car  il  plut  là  avec  tant  d'excès  qu'on  ne  saurait  le  calculer.  La  pluie 
et  le  grésil  nous  battaient  et  renversaient  nos  tentes.  Nous  perdîmes  là,  à  la  Noël, 
avant  et  depuis,  bien  des  chevaux;  bien  des  biscuits  y  furent  gâtés  par  l'eau  qui  les 
trempait;  les  viandes  de  porc  salé  y  pourrissaient  par  les  orages;  les  hauberts  se 
couvraient  d'une  rouille  qu'on  put  à  peine  enlever;  les  vêtements  s'y  perdaient,  et 
bien  des  gens  étaient  malades  par  manque  de  nourriture;  mais  leurs  cœurs  étaient 
joyeux  à  cause  de  l'espérance  qu'ils  avaient  d'aller  au  Saint  Sépulcre.  Us  désiraient 
tant  Jérusalem  qu'ils  avaient  tous  apporté  leurs  vivres  pour  le  siège.  Le  camp  se  rem- 
plissait de  gens  qui  arrivaient  en  grande  joie,  désirant  bien  faire.  Ceux  qui  étaient 
malades  à  Jaffe  et  ailleurs  se  faisaient  mettre  dans  des  litières  et  porter  en  grand 
nombre  au  camp,  l'âme  résolue  et  confiante.  Mais  les  ennemis  venaient  sur  les  che- 
mins, où  on  les  portait  en  les  encourageant;  ils  les  épiaient,  se  jetaient  sur  eux  et 
les  tuaient  :  ceux-là  étaient  de  vrais  martyrs,  qui  quittaient  ce  monde  en  si  bonne 
foi  et  dans  la  ferme  espérance  qu'ils  avaient  tous,  sages  et  fous,  d'accomplir  leur 
[)èlerinage.  • 

Dans  le  camp  régnait  la  joie  la  plus  complète;  on  roulait  les  hauberts,  et  les  gens 
agitaient  la  tète  en  disant  :  «Dieu,  aidez-nous!  Dame  sainte  Vierge  Marie,  aidez-nous!  V.  7G73. 
«  Dieu,  laissez-nous  vous  adorer  et  vous  remercier,  et  voir  votre  sépulcre!  »  Il  n'y  avait  iv,  mv. 
personne  de  fâché ,  de  sombre  et  de  triste  ;  on  ne  voyait  partout  que  liesse  et  réjouis- 
sance. Tous  disaient  :  c(Dieu,  nous  voilà  enfin  au  bon  chemin!  C'est  votre  grâce  qui 
«  nous  dirige.  "  Mais  il  y  en  avait  qui  ne  faisaient  guère  attention  à  ces  discours,  et  qui 
voulaient  retarder  le  voyage;  c'étaient  les  sages  Templiers,  les  preux  Hospitaliers  et  les 
Poulains,  les  gens  du  pa^s.  Ceux-là  disaient  au  roi  d'Angleterre  que  véritablement,  sui- 
vant leur  avis,  si  on  assiégeait  présentement  Jérusalem,  pendant  que  nous  serions  au 
siège,  Saiahadin  nous  attaquerait,  et  les  Turcs  occuperaient  la  route  entre  la  mer  et 
la  montagne,  et  nous  serions  dans  une  situation  fâcheuse  s'ils  nous  empêchaient  de 
nous  ravitailler,  et  si  même  ils  n'y  réussissaient  pas,  et  qu'ils  ne  pussent  nous  faire 
de  mal,  et  que  la  cité  f&t  prise,  ce  serait  encore  une  entreprise  fort  périlleuse,  si  elle 

39 


tartintmc  «ATioNâir. 


M6  i;histoire  de  la  guerre  sainte. 

n'était  pas  aussitôt  peuplée  de  geos  qui  y  restassent;  car  les  Croisés,  tous  tant  qu'ils 
étaient,  dès  qu'ils  auraient  fait  leur  pèlerinage,  retourneraient  dans  leur  pays,  chacun 
chez  soi,  et,  une  fois  l'ost  dispersée,  la  terre  serait  perdue. 

Le  troisième  jour  de  la  nouvelle  année,  au  matin,  la  destinée  amena  une  aventure. 

Y.  7717.    Les  Sarrasins  s'étaient  embusqués  dès  la  veille  dans  les  dunes  près  du  Casai  des 

IV.  iisw.    Plains.  Us  restèrent  là  toute  la  nuit  à  épier.  Au  matin  ils  en  sortirent  et  vinrent  sur 

la  route  du  camp,  où  ils  virent  deux  sergents  qui  passaient ^')  tant  qu'ib 

furent  mis  en  pièces;  mais  Dieu  voulut  qu'ils  fussent  vengés,  car  le  roi  d'Angleterre, 
qui  savait  lembuscade  des  Turcs,  avait,  è  cause  de  cela,  couché  au  Casai  des  Plains, 
ainsi  que  Jofroi  de  Lusignan,  ce  troisième  jour  de  la  nouvelle  année.  Ils  lancèrent 
leurs  chevaux,  croyant  délivrer  les  sergents;  mais  ils  étaient  déjà  tués,  et  les  Turcs,  qui 
connaissaient  bien  le  roi  Richard  et  sa  bannière,  sa  promptitude  et  sa  façon  de  com- 
battre, partirent  de  là  par  des  chemins  détournés;  quatre-vingts  environ  s'enfuirent  vers 
Mirabel,  et  les  autres  ailleurs^  11  y  en  eut  sept  de  pris  ou  de  tués,  et  le  roi  donna 
des  éperons  à  son  cheval  pour  atteindre  les  quatre-vingts  Turcs  qui  fuyaient  vers  Mi- 
rabel. Il  montait  ce  jour  là  son  Fauveau,  qui  le  portait  si  rapidement  qu'il  atteignit  les 
Sarrasins,  et,  avant  que  ses  gens  fussent  venus  et  l'eussent  rejoint,  il  en  avait  déjà 
renversé  de  leurs  chevaux  et  tué  deux.  Si  la  poursuite  avait  été  mieux  faite,  on  en 
aurait  plus  atteint;  néanmoins  les  nôtres  en  tuèrent  ou  prirent  une  vingtaine,  puis  s  en 
revinrent. 
V.  7761.  Après  la  fête  de  l'Epiphanie,  les  hauts  hommes  et  les  capitaines  se  rassemblèrent  en 
conseil  et  demandèrent  aux  gens  sages  qui  étaient  natifs  du  pays  quel  avis  ils  don- 
naient :  s'il  fallait  avancer  ou  retourner.  Ils  répondirent,  et,  tous  les  premiers,  ceux 
de  l'Hôpital  et  du  Temple,  que,  d'après  eux,  en  ce  moment,  on  ne  devait  pas  aller  à 
Jérusalem;  mais  que,  si  jon  voulait  les  en  croire,  on  fortifierait  Escalone  pour  garder 
le  passage  et  intercepter  les  convois  de  vivres  que  les  Sarrasins  amenaient  de  Babylone 
à  Jérusalem.  On  décida  donc  qu'on  retournerait  à  Escalone  et  qu'on  en  relèverait  les  mu- 
railles. Quand  la  nouvelle  fut  sue  et  découverte  dans  toute  l'ost,  qu'on  sut  qu'on  allait 
retourner  (je  ne  dis  pas  reculer),  l'ost  qui  avançait  avec  tant  d'entrain  fut  si  décou- 
ragée, que  depuis  le  commencement  du  monde  on  n'a  jamais  vu  une  ost  si  morqe, 
si  affligée,  si  troublée,  si  déconcertée  et  si  triste.  La  joie  qu'ils  avaient  eue  aupara- 
vant, quand  ils  pensaient  aller  au  Sépulcre,  n'était  rien  auprès  de  la  tristesse  qu'ils 
avaient  alors.  Il  y  en  eut  qui  ne  s'en  taisaient  pas  et  qui  maudissaient  cette  longue 
halte  et  les  tentes  qu'on  avait  dressées.  S'ils  avaient  su  la  détresse  et  la  peine  qu'il 
y  avait  alors  à  Jérusalem,  la  faiblesse  des  Turcs,  qui  souffraient  cruellement  dans  les 
montagnes  de  la  neige  qui  leur  tuait  en  masse  leurs  chevaux  et  leurs  autres  bâtes, 

<■)  Ltcune  d*un  vers  :  rils  les  alUquèrent  el  les  frappèrantr. 


V.  I. 


L^HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  ^17 

aussi  vrai  que  vous  êtes  ici ,  si  on  avait  su  le  mauvais  état  de  leurs  personnes  et  de 
leurs  subsistances, ^'^  qu'on  aurait  tué  les  Turcs  et  pris  la  ville. 

C'est  k  la  fête  de  saint  Hilaire  que  l'ost  eut  cette  affliction  et  ce  chagrin  de  retour-  v.  7811. 
ner.  Chacun  aurait  voulu  élre  mort,  et  maudissait  le  jour  de  sa  naissance,  puisqu'il  v.  n. 
lui  fallait  revenir  sur  ses  pas.  L'ost  était  toute  déconcertée;  elle  avait  aussi  trop  de 
fatigue  et  de  peine.  Ils  ne  savaient  comment  faire  pour  remporter  les  vivres  qu'ils 
avaient  apportés;  toutes  leurs  bétes  de  somme  étaient  affaiblies  par  le  grand  froid  et 
la  ploie,  et  atteintes  de  fièvre.  Quand  on  les  chargeait  de  provisions  et  qu'elles  mar- 
chaient dans  la  fange,  elles  tombaient  par  terre  sur  leurs  genoux,  et  les  hommes  se 
maudissaient  et  se  donnaient  au  diable.  Seigneurs,  croyee-le  bien,  on  n'a  jamais  vu 
une  aussi  belle  armée  dans  un  aussi  triste  état;  et  dans  les  petites  gens,  il  y  avait  bien 
des  malades  que  leur  mal  retenait  et  qu'on  aurait  laissés  là  sans  le  roi  d'Angleterre,  qui 
les  fit  partout  chercher,  tant  qu'on  les  amena  tous.  Enfin  tout  le  monde  partit  en 
ordre,  et,  le  jour  de  ce  retour,  nous  arrivâmes  à  Rames. 

A  Rames  était  l'ost,  découragée  comme  je  viens  de  le  dire,  et  à  cause  de  ce  dé-  V.  78^18. 
couragement  elle  se  dispersa.  Beaucoup  de  Français,  pleins  de  dépit,  s'en  allèrent  d'un  v,  m. 
côté  ou  de  l'autre  :  les  uns  allèrent  è  Jaffe  et  y  restèrent  quelque  temps  ;  les  autres 
revinrent  à  Acre,  où  la  vie  n'était  pas  chère;  d'autres  allèrent  à  Sur,  près  du  marquis, 
qui  les  en  avait  beaucoup  priés;  d'autres,  de  dépit  et  de  honte,  allèrent  droit  au  Casai 
des  Plains  avec  le  duc  de  Bourgogne,  et  y  restèrent  huit  jours  entiers.  Le  roi,  avec 
ce  qui  restait  de  l'ost  tout  affligée,  son  neveu  le  comte  Henri  de  Champagne  et  les 
leurs,  s'en  allèrent  droit  à  Ibelin;  mais  ils  trouvèrent  de  si  mauvais  chemins  et  au  soir 
un  si  mauvais  gtte,  qu'ils  étaient  de  fort  méchante  humeur. 

L'ost  coucha  è  Ibelin,  morne  et  pensive,  et,  au  matin,  avant  le  lever  du  soleil,  V.  7869. 
partirent  ceux  qui  allaient  en  avant  pour  occuper  les  places.  On  enleva  les  tentes,  et 
l'ost  chevaucha  tout  armée;  mais  jamais  un  homme  vivant  ne  vous  racontera  une 
journée  pire  que  celle-là  :  la  précédente  n'était  rien  à  e6té.  Ils  y  perdirent  leurs  vivres, 
à  cause  des  bétes  de  somme  qui  tombaient;  ainsi  le  voulait  Dieu,  qui  les  éprouva,  et 
qui  leur  montra  clairement  qu'il  faut  souffrir  pour  lui  si  on  veut  être  en  joie  avec  lui. 
Ln  peu  après  midi  ils  arrivèrent  à  Escalone.  Ils  h  trouvèrent  renversée  et  détruite, 
et  durent  monter  sur  les  décombres  pour  y  entrer,  et  ils  ne  le  firent  qu'à  grand' peine, 
en  sorte  que,  avec  la  dure  journée  qu'ils  avaient  eue,  il  n'y  en  avait  pas  un  qui  n'eût 
besoin  et  désir  de  repos.  Mais,  par  la  suite,  ils  en  eurent  tant  qu'ils  voulurent. 

Escalone  est  située  sur  la  mer  de  Grèce,  c'est  ainsi  que  je  l'ai  entendu  appeler,    V.  7897. 
et  jamais,  à  mon  avis,  je  n'ai  vu  une  cité  mieux  placée,  car  le  pays  tout  autour  est  ex-    v,  u. 
relient,  si  elle  avait  un  bon  port  ou  une  entrée;  mais  la  mer  est  là  si  violente  et  si 

^*)  Lacune  d'au  moias  deux  vers,  dont  le  sens  est  à  peu  près  :  «il  ett  ceriain.  avec  peu  de  peine  et  de  dé- 
penae *- 


M8  LHISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

périlleuse  que  nui  vaisseau  n*y  |)eut  durer,  et  à  cause  de  cela  il  fallut  que  nos  gens 
souffrissent  beaucoup,  carde  huit  jours  aucun  vaisseau  ne  put  y  aborder,  à  cause  de  ia 
ti^mpéte,  pour  leur  apporter  des  vivres,  et  ils  n'eurent  à  manger  que  ce  qu'ils  avaient 
avec  eux.  Par  terre,  hommes  ni  hétes  n'osaient  bouger  et  s'approcher  d'eux  à  cause  des 
Sarrasins.  Enfin, par  un  beau  tf'mps,  il  leur  vint  des  provisions  de  Jaffe;  mais  bientôt 
recommença  en  mer  une  tempt»te  si  furieuse  que  les  vivres  enchérirent^  l'excès:  car  les 
barques  et  les  galères  qui  étaient  allées  en  chercher  avaient  été  brisées,  et  la  plupart 
des  gens  qui  les  montaient  noyés,  et  là  furent  brisées  aussi  toutes  nos  belles  énèques. 
Le  roi  les  lit  plus  tard  dépecer  pour  en  faire  faire  de  longs  vaisseaux,  dans  lesquels  il 
|)ensait  s'embarquer:  mais  il  ne  put  mettre  ce  projet  à  exécution. 

\.  79:i:{.  Salahadin  sut  par  ses  espions  que  nos  gens  étaient  revenus  sur  le  bord  de  la  mer; 
V.  ^.  alors  il  dit  à  ses  Sarrasins  de  s'en  aller  dans  leur  contrée  et  de  s'y  reposer  jusqu'à  mai, 
oii  il  serait  temps  de  reprendre  les  combats.  Ils  ne  se  firent  pas  prier,  et  s'en  allèrent 
volontiers,  après  être  restés  quatre  ans  tout  pleins  en  Syrie,  à  grand'peine,  avoir  souffert 
du  chaud  en  été  et  en  hiver  du  froid,  ce  qui  ne  convient  pas  à  leur  nature,  et  ce 
qui  en  avait  fait  périr  beaucoup.  Vous  auriez  entendu  là  les  plaintes  de  tant  de  Turcs. 
d'émirs,  de  hauts  hommes,  de  (lurdins  et  de  Persans,  de  gens  de  pays  lointains,  qui 
avaient  été  si  souvent  en  tant  de  guerres  sans  éprouver  de  revers.  En  se  séparant,  ils 
se  rappelaient  leur  grand  dommage  et  leurs  grandes  pertes:  chacun  pleurait  ceux  des 
siens  qu'il  avait  perdus  en  Syrie.  Jamais  on  n'en  voulut  et  on  ne  fit  de  reproches  à  per^ 
sonne  autant  que  les  Sarrasins  à  Salahadin  pour  les  Turcs  qu'il  avait  abandonnés  sans 
essayer  de  les  délivrer  devant  Acre,  où  il  en  périt  tant.  Enfin  toutes  leurs  osts  se  sépa- 
rèrent, excepté  les  sujets  directs  du  soudan,  ceux  qui  étaient  de  son  domaine  propre. 

V.  7907.  On  était  près  de  la  Chandeleur,  au  moment  où  de  notre  ost  et  de  la  leur  se  sépa- 
V.  Ti.  rèrent  ainsi  beaucoup  de  gens,  allant  de  divers  côtés.  Le  roi  manda  aux  Français,  qui 
étaient  partis  les  premiers,  qu'ils  vinssent  à  Escalone,  qu'ils  se  réunissent  aux  autres  et 
(|u'oii  délibérât  et  qu'on  pourvût  en  commun  pour  savoir  de  quel  côté  on  se  dirigerait 
et  ce  qu'on  ferait:  car  il  valait  mieux  marcher  ensemble  que  vivre  en  discorde  et  en 
péché.  Ils  firent  dire  qu'ils  viendraient  et  qu'ils  resteraient  avec  lui  seulement  jusqu'à 
Pâques,  étant  bien  entendu  que,  si  alors  ils  voulaient  s  en  aller  et  qu'ils  l'eussent  dé- 
cidé, il  leur  donnerait  congé  et  les  ferait  conduire  en  toute  sûreté  par  terre  à  Acre  ou 
à  Sur.  Le  roi  le  l»»ur  accorda  et  consentit  aux  demandes  de  chacun.  Voilà  Tost  revenue 
ensemble  et  la  joie  bien  augmentée. 

V.  7995.  Quand  l'ost  fut  ainsi  de  nouveau  réunie  à  E<calone  et  bien  d'accord  { ce  qui  ne  dura 
pas  longtemps),  elle  fit  là  son  séjour.  Ils  décidèrent  qu'ils  s'occuperaient  à  fortifier  la 
cité:  mais  les  barons  qui  séjournaient  là  depuis  qu'ils  étaient  revenus  étaient  si  pauvres, 
et  la  pauvreté  de  beaucoup  d'entre  eux  était  si  apparente,  qu'on  ne  pouvait  la  voir  sans 
grand'pitié.  Cependant  tous  se  mirent  à  l'œuvre.  Ils  déblayèrent  les  fondations  d'une 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  M9 

porte;  fous  y  travaillaient  si  bien  qu'ils  s'émerveillaient  eux-mêmes  de  la  besogne  qu'ils 
faisaient.  Les  bons  chevaliers,  les  écuyers,  les  sergents  se  passaient  les  pierres  de  main 
en  naain;  tous  travaillaient  sans  relâche,  et  il  y  venait  tant  de  clercs  et  de  laïques  qu'en 
peu  de  temps  ils  avancèrent  beaucoup  l'ouvrage.  Plus  tard,  pour  le  continuer,  on  en- 
voya chercher  des  maçons;  il  fallut  beaucoup  de  temps  pour  terminer. 

Il  y  avait  eu  à  Escalone,  mais  elles  étaient  toutes  détruites,  cinquante-trois  tours  V.  SoaB. 
belles  et  fortes,  sans  compter  les  petites  tourelles.  Cinq  étaient  nommées  d'après  ceux 
qui  les  avaient  bâties  :  écoutez  ceux  qui  les  bâtirent,  h  ce  que  nous  contèrent  des 
gens  qui  en  savaient  la  vérité.  Dans  la  plus  vieille  antiquité  régnait  un  homme  appelé 
Cham,  puissant  et  renommé;  il  était  fils  de  Noé,  celui  qui  fit  l'arche  par  laquelle  tout 
fut  sauvé.  Ce  Chapi  engendra  (qui  le  retiendra  pourra  le  redire)  trente-deux  fils,  qui 
régnèrent  après  lui,  et  qui  fondèrent  Escalone.  Ces  fils  envoyèrent  par  les  terres  qu'ils 
gouvernaient,  par  les  cités  et  les  bourgs,  chercher  de  l'aide  pour  construire  les  tours. 
On  dit  que  les  demoiselles  bâtirent  la  tour  des  Pucelles;  les  chevaliers  d'alors  bâtirent 
la  tour  des  Ecus;  on  éleva  la  tour  du  Sang  avec  les  amendes  des  délits  et  des  crimes; 
les  émirs  établirent  la  tour  des  Emirs;  les  Bédouins  firent  la  leur,  forte,  riche  et  im- 
portante. Voilà  les  noms  que  portaient  ces  cinq  tours  et  ce  qu'en  savaient  ceux  qui 
nous  les  dirent.  Les  autres  gens,  chacun  selon  leur  état,  bâtirent  les  autres  ouvrages. 

Quand  les  maçons  furent  venus,  on  les  engagea  pour  l'ouvrage.  Le  roi  s'y  mit  le  v.  8059. 
premier  avec  grande  générosité,  et  les  hauts  hommes  l'imitèrent.  Chacun  en  prit  la 
charge  quilui  convenait.  Là  où  les  autres  n'arrivaient  pas  et  où  les  barons  ne  faisaient 
rien,  le  roi  faisait  travailler,  commençait  et  terminait;  et  quand  les  barons  se  relâ* 
chnient  et  ne  pouvaient  suffire,  le  roi  leur  faisait  porter  des  secours  pour  les  encou- 
rager. Il  y  mit  et  il  y  dépensa  tant,  h  ce  que  l'on  sut  bien,  que  la  dépense  des  trois 
quarts  de  la  ville  fut  payée  par  lui.  C'est  par  le  roi  qu'elle  fut  refaite,  et  c'est  par  lui 

(|ue  plus  tard  elle  fut  détruite ^'^  par  les  Français,  qui  manquèrent  â  leur 

devoir,  quand,  avec  ses  braves  compagnons,  il  s'élança  en  mer  h  Jaffe  de  sa  galère;  là 
sa  prouesse  se  montra ,  comme  nous  le  ferons  voir  en  temps  et  lieu ,  et  nous  ferons  si 

bien  qu'au  moins  suivant  nos  souvenirs  l'histoire  n'en  mentira  pas  d'un  mot ; 

ainsi  Dieu  me  donne  sa  gloire  ! 

Écoutez  une  étrange  aventure,  qui  mérite  bien  d'être  écrite;  c'est  sans  doute  un  vrai    V.  8089. 
miracle.  Saladin  envoyait  h  Babylone,  escorté  par  ses  gens,  un  convoi  de  mille  chré-    v,  «u. 
tiens  captifs.  Francs  et  Syriens.  Ils  étaient  déjà  au  Daron;  mais  Dieu,  qui  ressuscita 
Lazare,  les  secourut;  écoutez  de  quelle  manière.  Une  fois,  après  midi,  le  roi  Richard 
avec  ses  hardis  compagnons  étaient  sortis  d'Escalone  et  étaient  allés  voir  le  Daron, 
qu'il  prit  depuis  par  siège,  car  tant  qu'il  n'était  pas  pris  les  Sarrasins  qui  apportaient 


(») 


U  y  a  r^ainement  ici  une  lacune  assez  considérabie.  Le  latin  omet  ce  passage. 


420  L^HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

les  vivres  de  Babylone  à  Jérusalem  y  trouvaient  un  asile  sûr  où  ils  ne  craignaient  au- 
cune attaque.  Par  là  passaient  ces  malheureux  que  l'on  menait  è  la  honte  et  à  la  mort. 
Que  vous  dirais-jc?  Quand  le  roi  approcha  avec  sa  vaillante  troupe  et  que  les  Turcs 
virent  sa  bannière,  ils  s'étonnèrent  et  eurent  peur.  Beaucoup  se  réfugièrent  dans  le 
château ,  et  ils  n'osèrent  pas  retenir  les  prisonniers  en  voyant  le  roi  arriver.  Ces  pauvres 
gens,  restés  dehors,  se  mirent  dans  une  église.  Le  roi  vint,  il  les  délivra,  et  il  mit  à 
mort  tous  les  Turcs  auxquels  il  put  couper  la  retraite.  Il  gagna  là  maint  bon  cheval,  et 
outre  les  Turcs  qui  furent  tués  il  en  prit  vingt  vivants.  8i  Dieu  de  sa  main  ne  l'avait 
pas  amené  là,  lui  et  les  siens,  le  lendemain  les  prisonniers  auraient  été  conduits  à 
Babylone  et  seraient  moris  en  captivité. 

V.  81:^7.  Après  cette  journée  où  Dieu  délivra  les  siens  qui  étaient  condamnés  à  mort,  et  où 
V.  Tiu.  il  donna  au  roi  Richard  le  pouvoir  de  saint  Léonard  en  lui  faisant  briser  les  liens  des 
prisonniers,  ce  dont  on  rendit  bien  {;râce  à  Dieu,  le  roi  manda  au  marquis  de  venir  à 
Escalonc  pour  tenir  sa  place  dans  l'ost,  comme  il  Ten  avait  déjà  prié  plusieurs  fois,  et  de 
mériter  la  part  du  royaume  qui  lui  avait  été  attribuée,  suivant  l'engagement  et  le  ser- 
ment qu'il  avait  prêtés  devant  le  roi  de  France.  Voilà  ce  qu'il  lui  manda;  le  marquis 
lui  fit  répondre  qu'il  ne  mettrait  pas  le  pied  dans  l'ost  jusqu'à  ce  qu*ils  eussent  parlé 
ensemble.  C'est  ce  qu'ils  firent  plus  tard,  au  Casai  Imbert,  si  je  ne  me  trompe. 

V.  8157.  Pendant  que  nos  gens  séjournaient  à  Escaione,  rangés  chacun  dans  son  ordre,  et  en 
V.  II.  relevaient  les  fortifications,  il  se  dit  des  paroles  mauvaises  entre  le  roi  et  le  duc  de 
Bourgogne,  ce  qui  empira  beaucoup  les  affaires.  Les  Français  réclamaient  au  duc  leur 
solde  et  l'en  pressaient,  et  il  n'avait  pas  de  quoi  la  leur  payer.  Il  alla  donc  trouver  le 
roi  d'Angleterre  et  lui  demanda  s'il  pourrait  lui  prêter  encore  plus  d'argent  qu'il  n'en 
avait  prêté  aux  Français  en  été  sur  leur  part  du  butin  d'Acre.  Mais  le  roi  ne  voulut 
plus  faire  de  prêt,  et  pour  cette  raison  et  pour  d'autres  se  dirent  beaucoup  de  paroles 
qui  ne  sont  pas  écrites  ici,  si  bien  que  le  duc  s'en  alla  par  dépit  avec  une  partie  des 
V.  I.  Français.  Ils  arrivèrent  droit  à  Acre;  là  ils  trouvèrent  les  Génois  et  ceux  de  Pise  en 
train  de  se  battre;  car  les  Pisans  se  tenaient  loyalement  au  roi  Gui,  et  les  Génois  se 
ralliaient  au  marquis ,  ayant  plus  de  confiance  en  lui  parce  qu'il  était  dans  le  serment 
du  roi  de  France.  Voilà  à  Acre  grand  désordre,  et  la  ville  en  mauvais  point.  Partout  des 
gens  tués,  partout  du  bruit  et  des  cris.  Les  Français,  le  duc  et  ceux  qui  étaient  là, 
prirent  aussi  les  armes.  Quand  ceux  de  Pise  virent  cela,  ils  se  défendirent  hardiment 
et  firent  grande  honte  au  duc  de  Bourgogne,  car  ils  tuèrent  son  cheval  sous  lui  et  le 
mirent,  malgré  lui,  à  pied.  Puis  ils  coururent  fermer  les  portes,  ne  voulant  pas  en- 
fermer avec  eux  des  gens  qui  auraient  fait  courir  grand  danger  à  la  ville;  car  les  Gé- 
nois avaient  envoyé  un  message  au  marquis  pour  lui  dire  qu'ils  lui  rendraient  la  cité. 
Il  y  arriva  avec  ses  galères  et  ses  hommes  d'armes,  pensant  surprendre  la  ville;  mais 
les  Pisans  se  mirent,  comme  des  gens  braves  et  hardis,  aux  mangonneaux  et  aux  pier- 


L^HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  Ui\ 

rières.  On  combattit  ainsi  pendant  trois  jours,  tant  que  les  Pisans  envoyèrent  en  hâte 
chercher  le  roi  d'Angleterre.  Celui-ci  était  déjà  venu  par  terre  à  Césaire,  voulant, 
comme  je  m'en  suis  informé,  aller  parier  au  marquis;  les  messagers  le  rencontrèrent  : 
il  poursuivit  sa  route  et  vint  è  Acre  dans  la  nuit  noire,  et  quand  le  marquis  sut  que  le 
roi  était  arrivé,  rien  ne  put  le  retenir  là  :  il  s'en  alla  promptemcnt  à  Sur,  car  alors 
soufflait  le  vent  d'Arsur^'^.  Le  duc  de  Bourgogne  y  était  déjà  avec  ses  Français.  Quand 
roi  sut  cela,  à  Acre,  où  il  avait  passé  la  nuit,  il  monta  à  cheval  dès  le  lendemain 
matin  et  prit  l'affaire  en  main,  de  telle  façon  qu'il  apaisa  les  deux  partis  et  réconcilia 
les  Génois  avec  les  Piçans,  songeant  que  s'il  ne  rétablissait  pas  la  paix  il  pourrait  en 
venir  de  grands  maux. 

Quand  ceux  de  Gènes  et  ceux  de  Pise.  qui  avaient  été  si  longtemps  en  guerre.  \.8j35. 
furent  ainsi  mis  d'accord,  le  roi  d'Angleterre  fit  dire  au  marquis  qu'il  serait  bon  qu'ils  v,  u. 
se  rencontrassent  a  14  Casai  Imbert  et  parlassent  ensemble,  pour  voir  s'ils  pourraient  ar- 
river à  se  mettre  aussi  d'accord.  Ils  y  vinrent  et  se  réunirent  et  parlèrent  longtemps 
ensemble;  mais  cela  ne  mena  à  rien,  car  le  marquis  manqua  aussitôt  de  parole  au  roi 
sur  ce  qu'il  lui  avait  dit,  tant  à  cause  du  duc  de  Bourgogne  que  de  ses  autres  compa- 
gnons, qui  le  détournèrent  de  la  paix ,  si  bien  qu'ils  l'empêchèrent  complètement ^'^^ 

Et  quand  le  roi  sut  cela,  on  lui  conseilla,  par  jugement  équitable,  que,  puisque  le 
marquis  ne  se  souqiait  pas  de  mériter  sa  part  du  royaume  ni  de  servir  Dieu ,  il  fallait 
s'en  prendre  à  ses  rentes  et  ne  pas  les  lui  payer.  Et  de  là  vint  la  grande  discorde  entre  le 
roi,  les  barons  de  France  et  le  marquis,  lequel  attira  à  lui  les  Français  comme  il  le  fai- 
sait déjà  auparavant,  et  troubla  si  bien  tout  le  pays  que  le  roi  d'Angleterre,  pendant 
près  des  trois  quarts  du  carême,  s'il  m'en  souvient  bien ,  n'osa  pas  quitter  Acre. 

Deux  jours  avant  Pâques  fleuries,  des  bacheliers  de  l'ost  partirent  de  Jaffe  et  allé-  V.  8^71. 
rent  droit  à  Mirabel,  Us  eurent  )a  chance  de  trouver  une  belle  proie,  qu'Us  emmenèrent  v.  m. 
tout  entière,  tuant  trente  Sarrasins,  et  en  prenant  cinquante  tout  vifs,  avec  lesquels 
ils  s'en  revinrent  à  Jaffe.  Us  gardèrent  la  moitié  de  la  proie,  dont  ils  savaient  à  peine 
la  valeur,  et  l'autre  moitié  fut  pour  le  comte  de  Leicestre.  La  part  des  sergents  fut 
vendue,  à  ce  que  j'appris,  ponr  plus  de  quatonse  cents  besants  sarrasins  forts  et  de  bon 
poids.  Le  samedi  suivant,  tous  ceux  qui  avaient  des  chevaux  sortirent  aussi  d'Esca- 
lone  en  bon  ordre,  pour  une  proie  qu'on  leur  avait  signalée.  Ils  réussirent  bien  cette 
fois  :  ceux  qui  y  furent  racontèrent  qu'ils  poussèrent  jusqu'en  %ypte,  quatre  lieues 
outre  le  Daroo;  ils  prirent  des  chevaux  et  des  juments,  sept  cents  têtes  de  bétail  gros 
ei  petit,  vingt  Ânes  et  trente  chameaux;  et  ils  prirent,  à  ce  que  je  sais,  plus  de  cent 

(')  Le  vers  8s«i  est  évidemment  corrompu  (le  l«lin  ne  le  traduit  pas).  Nous  le  restituons  ici  diaprés  d'autres 
passages  (voir  Anur  à  la  Table)  :  Qu9  adoncfu  li  venz  d'Anur. 

(')  La  lacune  doit  sans  doute  être  placée  après  le  vers  8 9 53,  et  comprendre  piutieurs  vers  :  on  y  racontait  que 
le  marquis  se  relira  à  Sur  auprès  de  sa  femme,  renonçant  à  la  guerre  (voir  le  latin). 


/i2â  LHISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

quatre-vingts  mécréants,  hommes,  femmes  et  enfants.  Ils  revinrent  pleins  de  joie  tout 
droit  a  Escalone. 

\ .  S.'iof).  Vous  avez  entendu  ce  que  je  vous  ai  raconté  de  la  discorde  qui  régnait  entre  les 
V,  iiii.  barons.  Le  duc  et  le  marquis  mandèrent  de  Sur  à  tous  les  Français  qui  étaient  dans 
l'ost  à  Escalone  de  venir  aussitôt  à  Sur  auprès  du  marquis  et  de  se  tenir  tous  à  lui, 
si  bien  qu'ils  s'engagèrent  tous  envers  lui,  à  cause  de  l'hommage  qu'il  avait  prêté  au 
roi  de  France.  Et  ainsi  on  connut  bien  et  on  vit  clairement  toute  l'affaire,  toute  la  ma- 
nœuvre, toute  la  perfidie  et  la  haine  mortelle  de  ce  félon  marquis,  et  le  serment  qu'il 
avait  échangé  avec  le  roi  de  France  quand  celui-ci  était  parti.  C'est  à  cause  de  cela 
que  les  Français  se  séparèrent  alors  du  roi  d'Angleterre,  qui  ne  cherchait  que  le  bien 
du  pays,  comme  vous  me  l'entendrez  raconter  si  vous  voulez  me  prêter  un  peu  d'at* 
tention. 

V.  83 J7.  Le  mardi  de  la  semaine  sainte,  oii  les  gens  font  pénitence,  le  roi  revint  à  l'ost '^^  triste 
V,  xiT.  et  pensif,  et  le  mercredi  les  barons  de  France  se  présentèrent  à  lui ,  lui  demandant 
(le  leur  donner  une  escorte,  comme  il  l'avait  promis.  11  y  consentit  aussitôt;  il  leur 
donna  pour  les  escorter  de  ses  hommes,  Poitevins,  Angevins  et  Manceaux,  et  de  ses 
barons  de  Normandie.  Lui-même  il  les  accompagna  en  pleurant,  et,  quand  il  s'arrêta, 
il  les  pria  de  rester  avec  lui  à  ses  frais,  et  de  ne  pas  se  séparer  des  autres;  mais  ils 
ne  consentirent  jamais  à  rester.  Et,  quand  il  vit  qu'il  n'obtenait  rien  et  quils  nécou- 
taient  pas  sa  prière,  il  revint  à  Escalone,  et  manda  aussitôt  h  Acre,  sans  perdre  un 
moment,  à  ses  lieutenants  qu'ils  empêchassent  les  Français  de  s'y  arrêter. 

V.  835.3.  Ce  fut  le  jeudi  saint  que  le  péché  nous  enleva  ainsi  les  barons  de  France.  Voilà  Tosl 
V.  x^.  fort  troublée,  découragée  et  morne,  et  bien  réduite,  ayant  perdu  plus  de  sept  cents 
chevaliers  prisés  d'armes,  preux  et  forts,  qui  n avaient  plus  osé  y  rester.  Que  de  gens 
vous  auriez  vus  pleurer  sur  ces  discordes!  Quand  les  Sarrasins  l'apprirent,  sachez  qu'ils 
s  en  réjouirent  fort;  et  des  témoins  ont  raconté  que  Salahadin  fit  aussitôt  faire  ses  lettres 
et  envoya  dire  à  tous  les  émirs  des  pays  qu'il  avait  conquis  de  revenir  en  Syrie,  et  que 
les  Francs  ne  s'en  empareraient  pas,  car  il  régnait  entre  eux  de  telles  discordes,  comme 
il  l'avait  appris,  que  par  son  sens  et  sa  richesse,  il  pensait  ravoir  Sur  et  Acre.  Ceux-ci 
obéirent  à  ses  ordres,  mais  ils  vinrent  assez  mollement.  Cependant  il  en  rassembla  assez 
pour  que,  à  mon  aviS;,  il  y  en  eôt  trop. 

V.  838 1.         Le  samedi  de  Pâques,  m'a  dit  celui  d'après  lequel  je  le  raconte,  le  sultan  Salahadin 

V,  lîi.    était '-^^  à  Jérusalem  au  Saint  Sépulcre.  Il  y  avait  là  bien  des  pauvres  chrétiens 

liés  et  enchaînés,  des  Latins  et  des  Syriens,  qui  pleuraient  tendrement  et  demandaient 
à  Dieu  d'avoir  pitié  de  la  chrétienté  tombée  en  détresse.  Comme  ils  versaient  ainsi  leurs 
prières  et  leurs  douces  larmes,  voici  venir  le  feu  du  ciel,  tout  ainsi  qu'il  a  accoutumé 

(»   Il  faut  corriger  le  vers  83  a 9  ainsi  :  Revint  li  rn$  a  Voit  ariet^ 
î')  Lacune  d'un  vers. 


AS&  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

vainquit  Guiteclin  et  extermina  les  Saxons  à  Taide  de  maints  vaillants  hommes;  quaad 
il  mena  son  armée  à  Rome,  après  qu'Agoland,  avec  tous  ses  païens,  fut  arrivé  par  mer 
à  Rise,  dans  la  riche  terre  de  Calabre;  et  à  l'autre  expédition  d*outre-roer,  quand  la 
Syrie  fut  reconquise  et  Antioche  assiégée^  dans  les  grandes  guerres  et  les  batailles  li- 
vrées aux  Turcs  et  aux  mécréants  dont  on  tua  et  vainquit  tant,  alors  il  n'y  avait  pas 
d'inlrigue  ni  do  querelle:  on  ne  se  demandait  pas  qui  était  Normand  ou  Français.,  Poi- 
tevin ou  Breton,  Bourguignon  ou  Manceau,  Anglais  ou  Flamand;  il  n'y  avait  point  de 
méilisanres:  on  ne  s*insultait  pas  l'un  Tautre;  aussi  tous  remportaient  de  Thonneur,  et 
lous,  de  quelque  couleur  qu'ils  fussent,  étaient  ap|>elés  Francs.  Si«  par  leurs  péchés  » 
la  désunion  se  mettait  entre  eux,  les  princes  les  réconciliaient,  et,  comme  les  prinees 
étaient  tous  d'accord,  les  discordes  duraient  peu.  Ceux  de  notre  temps  auraient  dA  faire 
de  même,  et  se  conduin*  de  façon  à  donner  le  bon  exemple,  au  lieu  de  se  déchirer 
sans  cesse  l'un  fautre. 
\.  8Si«>  Après  Pâques,  au  moment  du  grand  |>assage,  arriva  au  roi  Richard  un  message  qui 
V.  xxm,  déconforia  beaucoup  YosL  (/était  le  prieur  de  Hereford,  un  prieuré  en  Angleterre,  qui 
était  venu  trouver  le  n>i  en  S\rie.  H  lui  apporta  des  nouvelles  qui  n'étaient  ni  belles 
ni  bonnes,  et  des  lettres  écrites  et  scellées  en  grande  nécessité  qui  disaient  qu*on  avait 
fait  {Wiriir  des  châteaux  les  gouverneurs  qu*il  avait  établis  en  Angleterre,  et  qu'il  y  avait 
eu  à  cette  occasion  des  gens  tués  dans  le  pays,  et  ct^la  le  prieur  l'avait  vu  lui-même. 
La  lettre  disait  eocort^  que  son  frère  avait  fait  chasser  d'Angleterre  son  chancelier  et 
qu'il  ne  restait  au  roi,  ni  en  |)alais  ni  en  trésor,  sauf  dans  les  églises,  rien  que  son 
frère  nVAt  fait  saisir;  et  que,  ne  redoutant  rien  dans  sa  malice,  il  avait  fait  tant  dVn- 
nuis  et  de  vilenies  an  chancelier,  bien  qu^il  fAt  maître  et  seigneur,  prêtre  et  évéqoe. 
qii*il  s'était  enfui  en  Normandie.  ÏÀ  il  y  avait  encore  pis,  car  il  voulait  trahir  le 
n>i  pendant  qu*il  était  en  son  pèlerinage,  et  recevoir  les  serments  de  ses  barons  d'An- 
gletorr^,  [et  il  avait  tenté  de  $Vm|>arer  des  rentes  du  roi  ^  ]  qui  venaient  à  réckiqiiier. 
t(  Kt  à  cause  de  cela,  sire,  dit  le  prieur,  je  vous  sup|4ie  de  revenir  dans  votre  terre  et  de 
Kvoos  venger  de  ceux  qui  vous  ont  fait  tant  de  tort,  ou  ils  fefft>nt  eneorv  pis,  et  vous 
«nVntnMrei  pas  sans  livrer  bataille  dans  votre  royaume,  qu'ils  pillenL  v  Seigneurs,  ne 
vous  émeneillei  pas  si  le  roi,  qui  s'était  donné  tant  de  peine  pour  Dieu  dans  une 
terre  lointaine  et  \  avait  tant  souffert,  fut  tn>ublé  da  is  son  cœur;  car  la  crainte  de 
per\lr\^  son  rang  trouble  et  déconcerte  tout  homme  d'honneur.  La  nouvelle  se« répandit  : 
je  ne  croîs  i^as  qu^on  ait  jamais  vu  nulle  part  des  gens  plus  tristes  et  plus  abnltus 
pour  le  dé|^rt  dTun  homme;  car  si  le  roi  était  parti,  ils  auraient  été  en  trop  maurûse 
Situation,  tous  dispenaés  et  en  di^iacrord:  jamais  on  n  aurait  pu  acconier  ceux  de  Sur 
^«  xiM     et  c^uv  d'Escalone*  Le  lendemain,  ver»  midi,  le  r\n  a^ssembla  ses  barons  et  dit  devant  eux 


L'flISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


AS5 


lous  qu'il  avait  reçu  des  nouvelles  d'Angleterre;  qu'on  voulait  lui  enlever  son  royaume; 
qu'on  avait  dépose!  le  chancelier  établi  par  lui  qui  le  lui  gardait  et  gouvernait,  et  qu'il 
était  obligé  d'y  aller.  Il  ajouta  que,  s'il  arrivait  qu'il  fût  obligé  de  jiartir,  il  laisserait 
en  Syrie  trous  cents  chevaliers  d'élite  et  deux  oiille  sergents  preux  et  vaillants,  le  tout 
è  ses  frais.  Enfin  il  dit  qu'il  désirait  savoir,  et  qu'il  les  priait  de  répondre  là  dessus ,  qui 
voudrait  s'en  venir  avec  lui.  Il  leur  laissa  le  choix  on  de  partir  on  de  rester,  car  il  ne 
voulait  contraindre  personne. 

Les  hauts  hommes  qui  étaient  là  réunis  délibérèrent  sur  la  question  que  le  roi 
Ifur  soumettait.  Ils  étaient  lous  en  peine  de  savoir  ce  qu'ils  devaient  dire  et  faire.  Enfin , 
considérant  qu'il  n'y  avait  pas  dans  le  royaume  de  chef  suprême,  mais  qu'il  était  par- 
tagé entre  deux;  que  le  roi  Gui  ne  pouvait  venir  à  bout  d'occuper  sa  part  et  que  le 
marquis,  quelque  assurance  qu'on  lui  donnât,  ne  voulait  pas  revenir  dans  l'ost  et 
restait  avec  les  Français,  .si  bien  que  tout  était  en  discorde:  ayant  pensé  à  tout  cela, 
ils  revinrent  trouver  le  roi  et  lui  dirent,  sans  rien  celer,  que,  s'il  n'établissait  pas  dans 
le  royaume  un  chef  qui  s'entendtt  à  la  guerre  et  auquel  tous,  de  quelque  côté  qu'ils 
vinssent,  se  ralliassent,  ils  s'en  iraient  tous  avec  lui  l't  abandoiineraiint  le  [lays.  Et  le 
roi,  pensant  partir  aussitât,  leur  demanda  sur-le-champ  duquel  des  rois,  du  roi  Gui  ou  ' 
du  marquis,  ils  voulaient,  et  duquel  ils  ne  voulaient  pas.  Tous  ceux  auxquels  il  avait 
adressé  cette  demande  s'agenouillèrent  devant  lui,  grands,  moyens  et  petits,  et  le  sup-  ■ 
plièrent  d'établir  pour  roi  le  marquis,  cor  c'était  le  plus  capable  el  le  plus  utile  eu 
royaume.  Quand  le  roi  vit  qu'ils  le  voulaient  tous  el  que  personne  ne  s'y  opposait,  il 
bl'imn  plus  d'un  qui  était  là  et  qui  lui  avait  dit  du  mal  du  marquis.  Tout  le  monde  fai- 
sant la  même  demande,  il  s'y  accorda,  et  il  voulut  bien  que  de  hauts  hommes  allassent 
le  chercher  pour  le  ramener  joyeusement,  qu'd  revînt  avec  les  Français  et  que  tout  le 
monde  filt  d'accord, 

(iette  élection  ne  fut  pas  une  petite  atfaire.  Tous,  les  fous  et  les  sages,  la  voulurent. 
Les  messagers  se  disposèrent  à  partir;  le  premier  était  le  comte  Henri  de  Champagne, 
avec  lui  monseigneur  Oton  de  Trasignies  (c'étaient  des  gens  de  haut  lignage) ,  et  aussi 
Guillaume  de  Caieu.  Ils  s'armèrent  et  allèrent  porter  leur  message  au  (uarquis.  et  le 
réconforter  par  de  bonnes  nouvelles,  faites  pour  plaire  à  lui  et  aux  Fran^rais  qui  étaient 
i\  Sur.  Ils  montèrent  à  cheval  et  partirent,  et  vous  allez  entendre  conunent  les  choses 
se  passèrent  quand  ils  arrivèn'nt. 

C'est  une  vérité  certaine  que,  quand  les  barons  de*  Fjance  furunl  allés  rejoindre  le 
marquis,  le  roi  Richard  le  ht  requérir  plusieurs  fois ,  comme  nous  l'avons  vu  et  comme 
nous  l'avons  dit.  de  venir  à  l'ost  avec  les  autres,  pour  aider  à  reconquérir  la  sainte 
terre:  et  il  n'y  voulut  jamais  venir,  méritant  ainsi  qu'il  lui  arrivât  malheur.  Ecoutez  ce 
qu'il  avait  dans  l'idée  et  le  tort  ([u'ii  voulait  faire  à  Dieu  :  contrairement  tt  l'honneur 
de  la  couronne  royale  et  à  l'ost  d'Ëscatone,  il  avait  fait  et  juré  la  paîk  avec  SalahaJin  . 


^i6  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

lai  promettant  cTaller  le  trouver  et  de  tenir  de  lui  la  uioihé  de  Jérusalem.  U  avait 
déjà  avance  celte  vilaine  affaire,  comme  on  le  sut  :  il  devait  avoir  Barut,  Saette  et  le 
pays  environnant,  et  avec  cela  la  moitié  du  royaume.  Salahadin  était  d*accord  pour  faire 
c«^tte  paii:  mai<  Témir  Safadin  ne  voulut  jamais  y  consentir.  On  nous  raconta  plus  tard 
qu'il  dit  au  Soudan  son  frère  :  ce  Sire,  ne  plaise  à  Dieu  que  vous  fassiez  jamais  une  paix 
-a^i»'?  les  chrétiens,  quelque  proposition  que  vous  receviez,  en  dehors  du  roi  d'Angle- 
-  terre,  qui  est  le  meilleur  de  tous  les  chrétiens.  Je  ne  vous  le  conseille  pas,  et  je  n*y 
-? consens  pas.^  Ainsi  Taffaire  en  resta  là:  mais  on  s'informa  et  on  le  sut  partout,  car 
Etienne  de  Toumehan  se  trouvait  à  Jérusalem  en  message  auprès  du  soudan  quand 
vinrent  les  messagers  du  marquis,  dont  on  a  bien  ret*'nu  les  noms  :  c^étaient  Baliân 
d*lbelin.  plus  félon  qu*un  diabi»'.  et  Reniud  de^  Saette;  ils  venaient  chercher  el  solli-» 
citer  cette  paii  sale  et  honteuse:  ils  auraient  mérité  qu'on  lâchât  sur  eux  d«^s  chiens. 

^.  ?7t^.  Les  messagers  du  roi  Richard,  dont  nous  avons  parlé  et  que  nous  vîmes  partir  pour 
^  »x»  leur  message,  suivirent  la  roule  qu'ils  s'étaient  tracée  et  arrivèrent  promptement  a 
Sur.  Ds  descendirent  de  cb*'val,  allèrent  droit  au  manpis  pour  lui  dire  ^  ce  qu'ils  lui 
voulaient.  Ils  le  saluèrent  courtoisement,  et  lui  et  ceui  qui  étaient  avec  lui  les  sa- 
luèrent avec  des  éclats  de  rire.  Alors  le  comte  Henri  prit  la  pantle  et  dit  de  bonn«*  vo- 
lonté :  T  Seigneur  marquis,  le  roi  et  l'ost  chrétienne  d'Escalone  vous  ont  décerné  la 
'Couronne  et  le  royaume  de  Syrie.  Venez  avec  votre  armée  et  conquérez  hra\ement 
"votre  ro%aume. "*  L'histoire  dit  qu*il  eut  telle  joie  dans  son  cœur  que  devant  tous  lés 
barons,  levant  ses  deux  mains  vers  le  ciel,  il  dit  ces  |)aroles.  dont  le  souvenir  attrista 
plus  tard  beaucoup  de  gens  :  r.  Beau  sire  Dieu  qui  m*as  fait  [et  m'as  mis  Tâme  dans  le 
7 corps  *].  toi  qui  es  roi  véritable  et  bon.  comme  tu  sais,  Seigneur,  que  je  suis  digne 
^de  bien  gouverner  ton  ro\aume.  fais  que  je  m'en  voie  couronné:  et  si  tu  ne  me  sais 
•:pas  tel.  Seigneur,  n'y  consens  jamais. - 

v.  ^7 17.  La  nouvelle  fut  connue  et  se  répandit  par  la  ville  que  le  marquis  serait  rui  et  que 
toute  l'ost  le  demandait.  N'oilâ  une  joie  merveilleuse,  tous  les  gens  en  liesse  et  en  grande 
presse  de  se  prépart»r,  eux  et  leurs  bagages,  d'emprunter  de  l'or  et  de  l'argent  |H>ur 
leurs  dépenses,  chacun  se  pounoyant  de  son  mieux.  De  tous  cotés,  on  voyait  saisir  les 
armures,  revernir  les  heaumes  et  les  chapeaui  de  fer;  les  écuyers  fourbissaient  les  belles 
épées  et  roulaient  les  hauberts;  les  chevaliers  et  les  sergents  prenaient  déjà  des  |koses 
de  combat  pour  frapper  sur  les  ennemis.  Il  y  avait  là  des  gens  de  haute  vab'ur.  si  Dit^u. 
qui  les  connaissait  mieux  que  nous,  leur  avait  donné  siui  s^Nrours.  Entin  tout  1*^  iiRinde 
était  en  joie.  Il  est  bon  et  juste  qu'on  apprenne  et  qu'on  sache  qu'on  ne  dt'vnùt  jamais 
trop  se  réjouir  d'une  joie  ni  trop  s<*  douloir  d'un  deuil.  Tous  étaient  en  bon  \ouloir  et 
T.  nn.    en  bonne  dis^HK^ition;  le  comte  Henri  et  les  barons  qui  avaient  fait  le  message  était^nt 

t*-  Au  TVTS  $7«i  il  faiil  mu»  doul«  «Itnr  «u  Imhi  à^Àvft 
^^  Suppléa  iTapr^  W  ItlÎQ. 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  «7 

ailes  emprunter  de  l'argent  à  Acre,  où  ils  se  préparaient  et  se  disposaient  déjà  à  aller 
rejoindre  Tost,  et  voici  en  toute  vérité  l'aventure  qui  arriva  à  Sur.  Le  marquis  avait 
dîné  chez  l'évêque  de  Beauvais,  en  grande  aise  et  en  grande  joie;  il  avait  pris  congé 
de  lui  et  s'en  revenait.  Il  était  arrivé  devant  le  change  :  écoutez  comme  en  un  moment 
la  joie  se  tourne  en  tristesse.  Comme  il  s'avançait  gaiement,  deux  garçons  court  vêtus 
et  sans  manteau,  qui  portaient  chacun  un  couteau,  s'en  vinrent  en  courant  droit  sur 
lui  et  le  frappèrent  en  plein  corps,  si  bien  qu'il  tomba.  De  ces  deux  meurtriers,  qui 
étaient  des  hommes  du  Hausasis,  l'un  fut  aussitôt  tué;  l'autre  s'enfuit  dans  une  église, 
mais  cela  ne  lui  servit  de  rien  :  on  l'en  arracha  et  on  le  tratna  par  la  ville  jusqu'à  ce 
qu'il  fût  mort.  Mais  avant  qu'il  mourût  ceux  qui  étaient  là  lui  demandèrent  pourquoi 
ils  avaient  fait  cela,  ce  que  le  marquis  leur  avait  fait  et  qui  les  avait  envoyés.  Il  dit,  le 
traître,  et  on  le  sut  depuis  sûrement,  que  pour  faire  le  coup  ils  avaient  longtemps  ha- 
bité près  du  marquis  (mais  ils  avaient  été  empêchés  de  le  tuer  jusqu'à  ce  jour  qui  fit 
couler  tant  de  larmes)  et  qu'ils  avaient  été  envoyés  par  le  Vieux  de  Mouse,qui  haïssait 
le  marquis.  Or  il  fait  tuer  tous  ceux  qui  encourent  sa  haine,  de  la  manière  que  vous 
allez  entendre,  si  vous  voulez  bien  écouter. 

Le  Vieux  de  Mouse  a  celte  coutume,  et  elle  se  transmet  d'hoir  en  hoir,  qu'il  fait  V,88i(j. 
élever  dans  son  palais  beaucoup  d'enfants  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  de  la  raison,  de  l'in- 
struction et  de  l'éducation.  Ils  apprennent  à  se  conduire  et  vivent  avec  de  nobles  et 
sages  gens,  tant  qu'ils  savent  les  langages  de  tous  les  pays  du  monde.  Et  ils  ont  une 
foi  si  sombre  et  si  cruelle  que,  d'après  les  leçons  qu'ils  ont  reçues,  quand  le  Vieux 
de  Mouse  les  fait  venir  devant  lui  et  leur  ordonne,  pour  prix  de  la  rémission  de  leurs 
péchés  et  de  son  amitié,  d'aller  tuer  quelque  grand  seigneur,  ils  regardent  cela  comme 
unebonneœuvre.  On  leur  donne  de  grands  couteaux  beaux  et  bien  fourbis;  ils  s'en  vont, 
guettent  celui  qu'on  leur  a  désigné,  se  familiarisent  ^^^  avec  lui  et  entrent  à  son  service, 
ayant  la  langue  bien  affilée,  jusqu'à  ce  qu'ils  lui  aient  donné  la  mort.  Ils  croient  ainsi  avoir 
mérité  le  paradis,  ce  qui  certainement  ne  peut  être.  Tels  étaient,  seigneurs,  les  deux 
hommes  dont  nous  vous  avons  parlé,  qui  tuèrent  ainsi  le  marquis.  Ses  gens  le  prirent 
tout  doucement  entre  leurs  bras,  le  relevèrent  de  la  place  où  il  avait  été  blessé  et  l'em- 
portèrent chez  lui.  Tout  le  peuple  y  accourut,  menant  grand  deuil.  II  vécut  encore  un 
peu,  puis  mourut.  Mais  auparavant  il  avait  pu  se  confesser,  et  dire  en  secret  à  la  mar- 
quise sa  femme,  dont  il  voyait  les  yeux  mouillés  de  larmes,  qu'elle  pensât  à  bien 
garder  Sur,  et  qu'elle  ne  rendit  la  ville  qu'au  roi  d'Angleterre  en  personne  ou  au  roi 
légitime  du  pays.  Le  voilà  mort;  on  l'enterra,  et  le  deuil  fut  grand  des  clercs  et  des 
laïques.  On  l'enterra  à  l'Hôpital;  là  recommença  un  deuil  si  grand  qu'on  n'en  avait 
jamais  vu  de  plus  grand:  mais  Dieu  l'avait  voulu  ainsi.  Voilà  la  nouvelle  répandue; 

^'l  Mol  suppléé. 


'j!28  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE, 

voilà  la  grande  joie  détruite,  après  atoir  si  peu  duré,  dans  ce  pays  qui  lui  avait  donné 
sa  foi  et  qu'il  abandonnait  sit6t.  Voilà  une  terre  toute  troublée,  et  si  pleine  de  deoil  el 
de  chagrin  que  personne  ne  saurait  le  raconter. 

V.  887^.  Ecoutez  comment  le  diable  travaille,  et  comment  son  travail  réussit  et  multiplie 
V,  iiTP.  pour  le  mal,  et  comment  alors  il  le  multiplia  et  Tétendit  tout  au  long,  au  moyen  d*ane 
parole  qui  fut  dite  par  de  maudits  envieux,  qui  auraient  mérité  d*étre  chassés,  qui 
haïssaient  le  preux  roi  Richard  et  dénigraient  toutes  ses  actions.  Ceux-là  dirent  que  le 
roi  Richard  avait  recherché  et  machiné  à  prix  d'argent  la  mort  du  marquis,  el  ils  firent 
dire  au  roi  de  France  qu'il  pouvait  avoir  grand'peur,  et  qu'il  se  gardât  bien  des  Han* 
sasis,  car  ils  avaient  tué  le  marquis,  et  le  roi  d^Angleterre  en  avait  envoyé  quatre  en 
France,  le  doux  pays,  pour  le  tuer,  lui.  Dieu  !  que  c'est  une  chose  horrible  à  dire,  et 
quelle  vilaine  action  firent  ceux  qui  envoyèrent  ce  message,  à  cause  duquel  tant  de 
gens  furent  plus  tard  malheureux  et  tourmentés!  Car  c'est  à  cause  de  cette  méchanceté 
que,  par  la  suite,  le  roi  Richard  fut  fait  prisonnier  par  trahison,  et  à  cause  de  Tenvie 
excitée  par  les  prouesses  qu'il  avait  faites  en  Syrie. 

v.  8909.  Quand  le  marquis  fut  enterré,  qu'on  eut  mené  le  deuil  et  qu'on  lui  eut  rendu  les 
V,  xum.  derniers  devoirs,  les  barons  français  se  trouvaient  dans  leurs  tentes,  hors  de  la  ville;  ils 
étaient  plus  de  dix  mille,  tant  grands  que  petits.  Les  principaux  délibérèrent  ensemble 
et  firent  dire  à  la  marquise  qu'elle  leur  rendit  la  ville  sans  contestation,  et  qu'ils  la 
prendraient  en  garde  pour  le  roi  de  France.  Elle  répondit  sans  hésiter  que  quand  le 
roi  de  France  reviendrait,  elle  la  lui  rendrait  très  volontiers,  si  auparavant  il  n'y  avait 
pas  un  autre  seigneur  élu  dans  le  pays.  Ils  s'en  courroucèrent,  et,  pendant  qu'ils  se  dis- 
putaient ainsi  avec  elle  et  cherchaient  à  s'emparer  de  Sur,  le  bon  comte  Henri  vint 
dans  la  ville  et  descendit  de  cheval.  Et  celui  de  qui  je  tiens  la  chose  dit  que,  dès 
qu'on  le  vit,  on  n'attendit  pas  d'autre  terme  et  on  l'élut  roi,  comme  Dieu  l'avait  décidé. 
Les  gens  vinrent  à  lui  et  le  prirent  et  lui  demandèrent  instamment  de  recevoir  la 
seigneurie  et  le  royaume  de  Syrie,  et  d'épouser  la  marquise,  qui  était  restée  veuve  et 
héritière  du  royaume.  Il  répondit  aussitôt,  sans  demander  plus  de  temps,  que,  puisque 
Dieu  l'avait  appelé  et  quSis  l'avaient  choisi  pour  gouverner  le  pays,  il  voulait  avoir  Tap- 
probation  de  son  oncle  le  roi  d'Angleterre,  et  il  lui  envoya  demander  sa  volonté  et  son 
sentiment  sur  l'élection  faite  par  les  barons. 

V.  8951.  Ce  fut  en  mai,  quand  les  fleurs  et  les  feuilles  se  renouvellent,  que  le  roi  Richard 
V.  xiix.  reçut  la  nouvelle  de  ce  qui  était  arrivé  au  marquis,  comme  nous  l'avons  raconté. 
Le  roi  était  alors  dans  les  plaines  de  Rames,  occupé  dans  la  berruie  à  poursuivre  des 
Sarrasins  qui  fuyaient  devant  lui,  comme  devant  celui  qu'ils  craignaient  par-dessus 
tout,  car,  depuis  la  création,  jamais  un  homme  n'a  fait  telle  guerre  aux  Turcs  et  n*en 
a  tué  tant  à  lui  seul;  bien  souvent,  après  des  courses  faites  contre  eux,  il  rapportait  à 
l'ost  des  têtes  de  Sarrasins,  dix,  douxQ,  vingt  ou  trente,  comme  si  c'eût  été  du  gibier, 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  &29 

et  causait  ainsi  beaucoup  de  chagrin  aux  infidèles.  D'autres  fois,  quand  il  le  voulait, 
il  en  ramenait  de  vivants.  Bref  jamais,  par  un  seul  homme,  il  n'est  mort  tanl  de  mé- 
créants. 

Voici  venir  les  messagers,  cherchant  le  roi.  Ils  le  trouvèrent,  le  saluèrent  de  la  part    v.  8973. 
du  comte,  et  lui  racontèrent  l'aventure  du  marquis  et  comment  le  peuple  lui  avait    v,  ix^r. 

demandé  d'être  seigneur  du  pays ^^\  car  petits  et  grands  l'avaient  élu  et  voulaient 

lui  faire  prendre  pour  femme  la  marquise;  mais  le  comte  ne  voulait  rien  faire  contre 
la  volonté  du  roi  et  l'intérêt  de  la  chrétienté. 

Le  roi  fut  longtemps  pensif  en  apprenant  ces  nouvelles,  la  grande  mésaventure  et  la  v.  K987. 
triste  mort  du  mirquis;  mais  il  eut  une  grande  joie  de  voir  que  le  peuple  désirait  si 
ardemment  faire  à  son  neveu  un  tel  honneur.  Il  répondit  aux  messagers  :  «  Seigneurs  ser- 
«gents,  je  désire  beaucoup  qu'il  soit  roi,  s'il  platt  à  Dieu,  quand  la  terre  sera  conquise; 
«mais  qu'il  n'épouse  pas  la  marquise,  celte  femme  que  le  marquis  enleva  à  son  époux 
«légitime  et  mit  dans  son  lit  contre  Dieu  et  contre  la  raison.  Après  une  telle  conduite, 
tcs'il  m'en  croit,  il  ne  l'épousera  jamais;  mais  qu'il  prenne  la  seigneurie  [et  le  royaume 
ce  de  Syrie  ^^)],  et  je  lui  donne  Acre  en  toute  propriété,  avec  les  rentes  du  port,  et  Sur 
«et  JaiTe  et  l'autorité  sur  tout  le  pays  conquis;  je  consens  ce  qu'il  garde  tout.  Dites-lui 
(t qu'il  vienne  à  l'ost  et  qu'il  amène  avec  lui  les  Français  le  plus  tôt  qu'il  pourra;  car  je 
«veux  enlever  le  Daron  aux  Turcs,  s'ils  osent  m'y  attendre, )»  Les  messagers  retinrent  v,  xuv. 
ce  que  le  roi  leur  avait  dit  et,  ayant  pris  congé,  partirent  sans  plus  de  délai.  Ils  re- 
vinrent à  Sur  auprès  du  comte,  et  lui  redirent  ce  dont  le  roi  les  avait  chargés.  Que  vous 
dirai-je  ?  La  joie  fut  grande  à  Sur  pour  le  comte  quand  les  messagers  furent  revenus. 
Vous  auriez  vu  là  le  grand  empressement  autour  de  lui  des  hauts  hommes  qui  y  étaient, 
lui  demandant  tous  de  prendre  la  marquise  pour  femme.  Malgré  ce  qu'ils  lui  disaient, 
il  n'osait  le  faire  contre  l'avis  du  roi  d'Angleterre;  mais  c^était  elle  qui  était  l'héritière 
du  royaume  et  le  comte  la  convoitait  fort.  On  mena  si  bien  la  chose  que  la  marquise 
en  personne,  quoiqu'on  l'en  eût  beaucoup  dissuadée,  alla  remettre  au  comte  les  clefs  de 
la  ville.  Les  Français  ne  perdent  pas  un  moment  :  ils  envoient  chercher  le  prêtre,  et  ils 
lui  font  épouser  la  dame,  et,  par  mon  âme,  j'en  aurais  fait  autant,  car  elle  était  tro|) 
beHa  et  gente;  aussi  je  crois,  si  Dieu  me  protège,  que  le  comte  fut  bien  vite  disposé  à 
l'épouser.  Voilà  les  noces  et  une  joie  telle  que  je  ne  crois  pas  que  dans  toute  ma  vie  j'en 
voie  ou  en  entende  de  pareille;  voilà  une  affaire  réglée  sans  envie,  sans  dispute  et  sans 
fraude;  voilà  le  pays  en  bon  état  et  en  bonne  espérance  avec  le  comte  de  Champagne, 
qui  était  neveu  du  roi  de  France  et  du  preux  roi  d'Angleterre.  Le  comte  envoya  dans 
tout  le  pays,  à  Acre,  à  Jaffe  et  ailleurs,  prendre  possession  des  châteaux  et  des  tours, 

^*)  Lacune  d*im  vers  peu  important. 
i^  Vers  n^iiléé. 


VîO  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

ot  se  faire  prtMer  hommago.  Puis  il  fit  convoquer  son  ost,  et  tous  les  barons  furent 
invil^^  à  aller  prendre  le  Daron.  * 

\.  9x»ii:v  Quand  le  comte  eut  fait  ses  noces  et  réuni  tous  ses  gens,  il  voulut,  sur  l'avis  de  ses 
>•  ixx  barons  et  des  Français  de  son  lignage,  mener  tous  ses  gens  à  Acre  poursV  harnacher, 
>'*  ts|uiper  et  acheter  des  provisions  pour  les  honmies  et  les  chevaux  avant  d  aller  vers 
Kscalone.  Il  laissai  à  Sur  de  bonnes  gardes,  charjjées  de  veiller  sur  la  cité  et  sur  le  pays 
pour  que  les  ennemis  i\\  entrassent  pas.  Le  comte  emmena  avec  lui  sa  femme,  plus 
blanche  qu^une  perle.  L*ost  partie  de  Sur,  la  nouvelle  se  répandit  à  Acre  que  le  comte 
arrivait,  (.hacun  était  si  heureux  de  l'avoir  pour  roi  qu'on  calmait  à  grand'peine  la 
joie  qu'ils  menaient  nuit  et  jour.  Aussi  vous  auriez  vu  là  une  belle  réception,  les  pro- 
cessions réunies,  les  rues  tendues  de  courlines.  aux  fenêtres  et  devant  les  maisons  les 
«*ncens4^irs  pleins  d'encens.  Tous  les  gens  de  la  ville,  près  de  soixante  mille  ou  plus, 
sonireni  d'Acre  tout  armés  et  allèrent  h  sa  rencontre  jusqu'à  ce  qu'ils  l'eussent  vu, 
montrant  ainsi  qu'ils  se  donnaient  à  lui  et  qu'ils  le  tenaient  pour  leur  seigneur  légi- 
time. Les  clen*s  le  menèriMil  à  l'église,  lui  apportèrent  les  reliques  et  lui  firent  baiser 
la  sainte  croix,  et  il  remit  son  offrande  avec  beaucoup  de  gens.  Ils  l'escortèrent  jus- 
qu'au |uilais.  ou  ils  le  logèrent.  Le  comte  eut  là  un  gite  magnifique  :  je  voudrais  en 
a\oir  toujours  un  pareil. 
\,  cjuvi.  Quand  le  comte  fut  en  possession  de  Sur,  d'Acre,  de  Jaffe  et  d'Arsur,  le  roi  Gui  se 
\.  tw.t.  trouva  sans  royaume,  après  avoir  re^u  tant  de  coups  et  avoir  tant  souffert  pour  l'ac- 
quérir. Il  se  voit  maintenant  tout  dépounu,  après  avoir  essuyé  tant  d'injures  et  de  si 
grandes  infortunes,  et  cela  non  pas  seulement  pour  ses  péchés,  car  aucun  roi  n'eut  de 
meilleures  qualités.  Il  n'avait  qu'un  défaut,  c'était  de  ne  pas  connaître  le  mal,  ce  que 
l'on  ap^H^lle  simplicité.  Cétail  lui  qui  avait  vaillamment  assit^jé  la  cité  d'Acre  après  que 
h>s  Sarrasins  l'eurent  prise.  Avant  le  moment  dont  je  vous  parle,  les  Templiers  avaient 
acheté  l'Ile  de  ^'}pre  au  roi  Kichanl,  qui  l'avait  conquise:  mais,  depuis,  ce  marché  fut 
défait  «  et  plus  tanl  le  roi  Gui  en  fut  fait  empereur  et  seigneur,  ce  qui  lui  fut  un  grand 
adoucissement. 
^  9<^:*  A  l'époque  où  le  man]uis  fut  assassiné  à  Sur,  et  depuis  et  avant,  comme  nous  le 
\  v\x^v.,  \{nu*s  plusieurs  fois,  venaient  au  n>i  d'Angleterre  des  messagers  qui  le  tourmentaient 
fort,  car  les  uns  l'inquiétaient  et  les  autres  le  rassuraient.  L'un  lui  disait  de  revenir^ 
i',uitre  de  n^tcr  au  senice  de  Dieu;  chacun  parlait  à  sa  façon.  L'un  lui  disait  que  son 
nnauiue  était  tranquille  et  sans  guerre:  Tautrv  lui  affirmait  qu'il  était  complètement 
tri>ublé,  si  bien  que«  ce  que  lui  disaient  les  uns,  les  autres  le  contredisaient.  Il  ne 
faut  donc  |Kis  s'étonner  s'il  ne  savait  quel  parti  prendra'  et  s*il  était  en  grande  inquiétude 
à  caust^  du  retour  du  rxn  de  France,  car  on  dit  communément  que  rvqui  a  mauvais 
voisin  a  mauvais  matin  *'. 
\.<it.%i.         Pendant  que  les  Français^  dont  je  vous  ai  |^rlé  tout  à  l'heure^  étaient  à  Acre* 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  'Vi\ 

s'éijuipaient  et  se  barnachaient  pour  la  guerre  et  pour  aller  au  siège  du  Daruti,  ainsi  ^ 
i|ue  le  comle  Henri,  le  roi,  qui  ne  voulait  pas  tant  attendre,  sortit  d'Escalone,  au  nom 
de  Dieu.  Il  Ht  charger  ses  pierrières  et  les  fil  mener  au  Daron  par  mer;  il  fît  armer  ses 
hommes  et  prit  des  sergents  à  sa  solde ,  qu'il  donnait  richement.  Il  lit  mettre  dans  tous 
les  châteaux  des  environs  des  gens  auxquels  il  recommanda  de  les  surveiller  et  de 
veiller  la  nuit  pour  empêcher  les  caravanes  de  passer  et  les  Turcs  de  se  retirer  au 
Daron,  comme  ils  en  avaient  l'habitude,  ce  qui  leur  avait  permis  de  nous  Faire  beau- 
coup dâ  mal.  Li'  vaillant  roi  Hichard  monta  à  cheval  et,  accompagm^  seulement  des 
jrens  de  sa  propre  terre,  il  arriva  au  Daron  un  dimanche.  tJne  fois  là,  lui  et  les  siens, 
ils  se  trouvèrent  en  si  petit  nombre  qu'ils  ne  savaient  comment  s'y  prendre  pour  l'at- 
taque, car,  s'ils  sYtaient  répandus  tout  autour  et  que  les  Turcs  eussent  fait  une  sortie, 
ou  que  leur  camp  eât  éié  attaqué ,  ils  n'auraient  pas  pu  résister  et  auraient  été  ceriaine- 

ment  défaits.  Aussi  se  porlèrent-ils  tous  d'un  côté "' 

et  ils  (les  Turcs)  firent  tant  en  harcelant  les  nôtres  qu'ils  entrèrent  tous  dans  le  châ- 
teau, mirent  leurs  défenses  en  état  avec  beaucoup  de  peine  et  de  soin  et  barrèrent  soli- 
dement la  porte,  dans  laquelle  ils  avaient  grande  confiance. 

Quand  les  Turcs  eurent  fermé  leur  porte  et  furent  établis  dans  le  château ,  voici  venir  V.  yi  g6. 
nos  pierrières,  descendues  des  navires'"^'.  On  les  débarqua  par  morceaui,  et  le  preun 
roi  d'Angleterre  en  personne,  lui  et  ses  compagnons,  portèrent  sur  leurs  épaules, 
nous  le  vîmes,  les  bois  des  pierrières,  tous  à  pied,  le  visage  couvert  de  sueur,  près 
d'une  lieue  par  le  sable,  chargés  comme  chevaux  ou  juments.  Enfin  voilà  les  pier- 
rières dressées  et  remises  aux  connétables.  Le  roi  en  commandait  une.  qui  donna 
l'assaut  à  la  grande  tour;  les  Normands,  gens  courageux,  avaient  la  leur  pour  eux.  et 
les  Poitevins,  tous  ensemble,  en  avaient  une.  Toutes  les  trois  lançaient  des  pierres 
contre  le  château;  les  Turcs  en  prirent  grand'peur,  bien  qu'ils  dussent  .se  fier  h  la 
force  du  cbâteau  et  à  l'abondance  de  leurs  provisions.  Mais  le  roi  faisait  attaquer  nuit 
et  jour  sans  arrêter,  et  il  leur  donnait  tant  de  peiav  qu'ils  ne  savaient  plus  oi!i  ils  en 
étaient.  Il  y  avait  dans  le  Daron  dix-sept  que  tours  que  tourelles,  belles  et  fortes;  i)  y 
avait  une  grande  tour  qui  dominait  les  autres  et  qui  était  plus  solide.  Tout  autour,  il  y 
avait  un  fossé  profond,  qui  d'un  c6té  était  pavé,  tandis  que  de  l'autre  c'était  le  roc 
vif:  mais  la  peur  troublait  les  Turcs,  qui  voyaient  qu'ils  ne  pouvaient  fuir.  Le  roi 
Richard  fit  creuser  sous  terre  très  subtilement,  si  bien  i{u'on  arriva  jusqu'au  pavé  et 
que.  par  force,  on  le  brisa.  Ensuite  ils  creusèrent  le  mur'*',  jetant  derrière  eux  la 
terre.  Les  pierrières  lançaient  toujours  contre  les  Turcs;  elles  lear  brisèrent  un  man- 


i''  Ia  lacua<>,  d'iprèe  le  Utin.  doit  être  d'tu  i 

oprèi  un«  ewarmoucbe,  renlrenl  dsni  le  cMl«aa. 

'*'  Il  faut  InLervertir  lea  vers  9197  et  gig8. 

I*'  Lt  mur  EtI  ijotilé  dans  le  lette  d'aprèt  le  ti 


;  le  poÉle  y  rKonUÏI  l«  «ortie  de«  Tiin 


m 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


goaneau  fju'ils  avaient  dresst!  sur  la  maîtresse  lour,  ce  qui  les  décourageu  beaucuup. 
Voilà  un  cbàteau  attaqué  de  bien  des  manières.  Le.s  Turcs  se  (l(ffend<ii(>nt  aux  cri^nf^aui 
et  aux  meurtrièrRB  et  frajipaivnt  nos  gens  au  visage,  car  leurs  dards  plouvaient  dru: 
mais  dèa  (qu'ils  bougeaiiint,  nos  arbalétriers,  qui  les  guettaient  à  diicauvert.  tiraient 
sur  euv"',  et  ils  en  frap|)Bioiit  et  bleKti:nciil  tant  qu'ils  osaient  à  peine  se  r«muer  ol  qu'ils 
n'étaient  pas  à  leur  aîse.  Bientôt  la  porto  fut  fendue  ol  brûlée  par  le  feu  et  abattue  par 
la  grande  pierrière  du  roi.  Afora  iU  furoat  vigoureusement  attaqués,  mis  en  désordre 
et  mal  m  point,  car  on  leur  donnait  tant  de  peine  nuit  et  jour  qu'ils  en  perdaient  tous 
le  courage. 

Le  roi  Ricbard  et  les  siens  assiégeaient  ainsi  le  Daron;  pendant  trois  jours,  nuit  et 
jour  sans  arrêter,  ils  continuèrent  l'attaque.  Le  qualrième  jour,  qui  était  un  vendredi . 
los  Turcs  virent  qu'ils  ne  pouvaient  plus  résister  ni  endurer  les  grands  assauts  qui  les 
décourageaient,  quo  beaucoup  de  blessés  gisaient  par  le  château,  qu'on  les  atlnquail 
sur  terre  et  par  dessous  terre,  el  que  le  roi  était  sur  le  point  de  les  prendre.  Alors, 
sans  attendre  davantage,  ils  songèrent  à  leur  salut,  et  firent  dire  au  roi  Richard ,  par 
trois  .Sarrasins,  qu'ils  se  rendraient  à  telles  conditions  qu'ils  s'en  iraient  la  vie  sauve 
avec  leurs  femmes  el  leurs  gens.  Le  roi  leur  dit  de  se  taire,  et  de  ee  défendre  s'ils  pou- 
vaient. Le«  voiià  rentrés  dans  le  château.  A  ce  moment,  la  grande  pierrière  atteignit  Pt 
heurta  une  tourelle,  ce  qui  empira  beaucoup  ieurafr.iirc,  si  bien  qu'elle  tomba  sur'^'  la 
maitresse  tour  :  Dieu  le  voufut  et  rela  arriva  ainsi  :  elle  était  toute  minée  par  dessous, 
et  leurs  gens  s'étaient  enfuis.  Nos  gens  s'élancèrent  de  tous  c&tés,  s'armèrent,  et  los 
attaquèrent:  el  les  Turcs  se  retirèrent  tous  ensemble,  ou  peu  s'en  faut,  dans  la  maî- 
tresse tour.  Mais  ils  firent  là  une  grande  malice:  ils  coupèrent  les  jarrets  de  leurs 
chevaux  pour  que  les  chrétiens  no  pussent  les  prendre  ut  s'en  servir.  Les  eôtres  mon- 
tèrent dans  le  château,  et  voici  ceux  qui  y  entrèrent  d'abord  :  le  premier  fut  Seguin 
Barré,  et  un  écuyer  appelé  Ëspiard  n'était  pas  loin  de  .Seguin;  le  troisième  fut  Piern; 
le  Gascon,  et  il  dut  y  en  avuir  d'autres  dont  je  n'ai  pas  pu  savoir  les  noms.  Puis  y 
entrèrent  les  bannières  de  toutes  sortes  :  la  première  fut  celle  d'Etienne  de  Longcharap . 
qui  n'était  pas  entière,  mais  était  dépecée  fortement;  après  celle-là  y  fui  dressée  u^e 
du  comte  de  Leicestre;  sur  le  mur  à  droite  fut  mise  celle  d'André  de  Chavigni,  el.  à 
côlé  d'elle,  fut  plantée  celle  de  monseigneur  Hainiond,  fils  du  Prince;  ceux  de  Gén«£ 
et  df  Pise  eu  avaient  aussi  de  plusieurs  sortes.  On  dressait  nos  bannières  sur  les 
murs  el  oo  jetait  bas  les  leurs;  vous  eurteît  vu  là  égorger  les  Turcs  et  les  renver.-^er  du 
haut  des  remparts,  les  attraper  et  les  retenir,  les  frapper  et  les  tuer,  si  bien  que.  dans 

"'  C«p4uage(¥.  g9&o-g«&i)«st  altéré;  an  ua  voit  pai  à  i)Hi  urapporlebl  letDwU:  U grloii"l  lur  ki  (fn'gvi; 
ccln  duil  l'appliquer  aui  Turta  (car  il  s'a^t  sang  doul?  des  (arg«a  à  l'abri  desquellea  l«a  awagaanb  alts[|uaia»l 
la  murailie).  mais  ne  va  pas  avec  le  conleile. 

"*  Il  faiil  lire  an  \er»  9991  çb'w  on  lieu  df  qiu. 


1 


L'HISTOIRE  DB  LA  OUBltRE  SAINTE.  43» 

le  château,  c'est  la  v^rit^,  on  en  trouva  soixante  de  morte  :  cV'taienl  ceux  qui  avaient 
manqué  la  grand»  tour,  qui  n'avaient  pas  pu  s'y  réfugier  à  temps. 

Les  Sarrasins  t'taient  dans  la  maltrosse  tour;  ils  regardaieat  autour  d'eux.  Us  virent 
leur  chàleau  pris,  ieuTN  compagnons  saisis  et  tués,  et  ils  virent  qu'un  disposait  déjà 
et  qu'on  apprêtait  tes  tflrgcs  contre  la  tour,  pur  entamer  la  muraille  par  dessous 
pendant  qu'eux  étaient  au-dessus et  que  IVmir  qui  devait  les  secourir,  Sar- 
rasin très  renommé  qui  s'appelait  Caïsac,  ioi  laissait  h  l'abandon.  Qu^nd  ils  virent 
rlairement  qu'ils  ne  seraient  pas  secourus,  ils  se  rendirent  au  vni  Bicbard  le  vaillant, 
sans  condition,  comme  captifs  et  esclaves,  pris,  vaincus  et  abattus.  Il  y  avait  bien  là 
quarante  cbrëtiens,  retenus  et  liés,  qui  eurent  [ainsi]  la  vie  ttsuviïe  et  garantie.  Le  roi 
fît  garder  et  surveiller  ces  Turcs  dans  la  four  toute  la  nuit  du  vendredi ,  et  le  samedi 
matin,  veille  de  Pentecôte,  b  liaule  fête,  il  les  lit  tous  descendre  du  château  et,  sans 
plus  attendre,  il  les  arrangea  de  telle  sorte  qu'il  leur  Ht  lier  les  inaias  derrière  le  dos 
si  l'iroitenieni  qu'ils  on  poussaient  de  grands  cris.  Ainsi  fut  pris  le  Duron,  au  grand 
honneur  de  ceux  qui  le  prirent,  qui  auraient  été  bien  fâchés  et  courroucés  s'iU  ne 
i'nvaiont  pas  pris  avant  l'arrivée  des  Français. 

Voici  venir  éperonnant,  avec  le  comte  Henri,  les  Français,  qui  croyaient  bien  y  arriver 
à  temps;  mais  ils  venaient  trop  tard.  Le  roi  alla  avec  les  siens  à  la  rencontre  du 
comte  son  neveu.  Que  vous  dirai-jeî  Ils  se  tirent  grande  fête,  et  le  roi,  en  présence 
de  tous,  donna  le  Daron  au  comte  et  l'étrenmi  de  sa  conquête.  Mous  nous  roposàmus 
là  le  jour  delà  Pentecôte;  le  lundi,  nous  nous  dirigeâmes  versËscalone,  et,  en  passant 
par  Gadres,  nous  arrivâmes  droit  à  Furbie.  Le  roi  et  les  siens  y  passèrent  la  nuit,  el 
les  autres  poussèrent  jusqu'^  Kscalone,  où  les  Français  menèrent  grande  fêle. 

Un  peu  après,  à  Furbie,  vint  QU  roi  d'Angleterre  un  espion  qui  était  allé  épier  les 
Sarrasins  du  c6té  du  Figuier.  Il  dit  qu'il  savait  certainement  qu'il  y  en  avait,  au 
Figuier,  mille  ou  plus,  avec  Caïsar,  qui  mettaient  le  château  en  état  de  défense  contre 
les  chrétiens.  Sans  plus  attendre,  le  preux  roi  monta  ^  cheval  avec  tous  les  siens.  lis 
couchèrent  cette  nuil-U  h  la  (^annsie  des  Elourneaux.  Le  lendemain,  par  une  belle 
matinée,  ils  partirent  au  soleil  levant  et  arrivèrent  jusque  devant  le  Figuier,  que  les 
Turcs  devaient  défendre  contre  eux;  mais  ils  ne  le  défendirent  pas  :  on  n'y  trouva  que 
deux  Turcs,  qu'on  emmena;  les  autres,  avant  de  partir,  avaient  abattu  et  fendu  les 
jtorles  avec  le  feu  grégeois  et  étaient  partis  au  plus  vile,  abandonnant  le  cbàleau.  en 
apprenant  l'arrivée  des  chrétiens;  car  ils  s'étaient  rappelé  le  Duron,  dont  ils  avaient 
eu  des  nouvelles  :  ils  savaient  qu'il  était  pris  et  que  leurs  gens  étaient  perdus.  C'est 
pourquoi  ils  abandonnèrent  le  château,  el  nos  gi-ns,  arrivée  devant,  le  trouvèrent 
sans  garde.  Ils  montèrent  sur  les  collines  avoisinantes  pour  voir  s'ils  trouveraient 
quelques  Turcs  à  attaqo<T;  mais  comme  îls  n'en  trouvèrent  pas,  ils  rentrèrent  mt 
gîte  et  revinrent  toat  droit  à  la  Cannaie  des  Ëtourneaux. 


484  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

Y.  9^33.  L'osi  campait  à  la  Cannaie,  si  je  suis  })ien  informé,  après  être  revenue  du  Figuier. 
V,  xLii.  LÀ,  dit  celui  qui  raconte  l'histoire,  vint  au  roi  un  messager,  habitant  de  son  pays: 
c'était  un  clerc,  Jean  d'Alençon.  Il  dit  au  roi  que  toute  l'Angleterre  était  en  discorde, 
en  trouble  et  en  guerre,  à  cause  de  ses  barons  et  de  son  frère,  qui  ne  voulait,  quoique 
lui  dtt  la  reine  sa  mère,  faire  que  sa  volonté,  et  que  les  affaires  prenaient  une  si 
mauvaise  tournure,  grâce  au  roi  de  France  qui  envoyait  en  Angleterre  des  messagers 
au  frère  de  Richard  pour  le  détourner  de  la  bonne  voie  et  l'allier  avec  lui ,  qu'il  osait  bien 
affirmer  que,  s'il  ne  s'en  revenait  pas  promptement,  sa  terre  serait  bientôt  enlevée  à 
ceux  à  qui  il  l'avait  confiée;  et  c'est  bien  ce  qu'il  trouva  quand  il  revint  :  encore  au- 
jourd'hui, on  voit  les  maux  qui  en  sont  provenus,  particulièrement  dans  la  Normandie, 
qui  en  a  été  appauvrie  et  ravagée.  Quand  lé  roi  entendit  ces  nouvelles,  qui  n'étaient 
ni  belles  ni  bonnes,  il  fut  pensif,  morne  et  abattu,  et  il  se  dit  à  lui-même  :  ccSi  tu  ne 
((retournes  pas  maintenant,  vraiment,  tu  as  perdu  ta  terre,  y)  Le  voilà  tout  éperdu  dans 
ses  pensées.  Enfin,  il  dit  résolument  qu'il  allait  partir  pour  tout  de  Son.  Quand  nos 
gens  l'entendirent,  sachez  qu'ils  ne  s'en  réjouirent  pas.  Les  uns,  dans  l'ost,  savaient 
ces  nouvelles;  les  autres  ne  les  connaissaient  pas.  L'un  disait  :  cdl  s'en  ira.  ))  L'autre 
disait  :  «Il  ne  le  fera  pas.  t?  Ses  ennemis  le  souhaitaient  beaucoup,  mais  ses  amis  ne  le 
voulaient  pas,  car  son  honneur  aurait  été  fort  abaissé  s'il  avait  quitté  la  terre  autre- 
ment qu'il  ne  le  devait,  et  s'il  ne  lui  avait  plus  fait  de  bien. 

V.  9681.  Pendant  qu'ils  étaient  là,  tpus  les  barons  s'assemblèrent.  Français,  Normands, 
V,  luii.  Poitevins,  Anglais,  Angevins  et  Manceaux.  Ils  délibérèrent  sur  ce  qu'ils  devaient  fairç. 
Enfin  ils  dirent  tous  que,  quoi  que  fit  le  roi  Richard,  où  qu'il  allât  et  quoi  qu'il  dit, 
ils  iraient  tous  ensemble  à  Jérusalem.  Je  ne  sais  qui  s'échappa  du  conseil,  vint  aux 
gens  de  l'ost  et  leur  raconta  que,  dans  cette  délibération,  les  hauts  hommes  et  les 
comtes  avaient  tous  dit  qu'on  assiégerait  Jérusalem.  Voilà  dans  l'ost  une  grande  joie 
chez  les  grands  et  chez  les  petits,  une  telle  espérance,  une  telle  allégresse,  un  tel 
allégement  et  une  telle  gloire  qu'il  n'y  avait  personne,  grand  ou  petit,  jeune  ou  vieux, 
qui  ne  menât  une  joie  désordonnée,  excepté  seulement  le  roi.  Il  ne  se  réjouit  point; 
au  contraire,  il  se  coucha  tout  affligé  des  nouvelles  qu'il  avait  apprises.  Quant  aux 
gens  de  l'ost,  ils  étaient  tellement  en  liesse  qu'ils  se  mirent  à  danser  et  ne  se  cou- 
chèrent qu'après  minuit. 

V.  9509.  En  juin,  quand  le  soleil  à  son  lever  détruit  la  rosée,  quand  tout  se  réjouit  dans  le 
Y,  iLiT.  monde,  l'ost,  quittant  la  Cannaie,  se  mit  en  marche  et  descendit  par  les  plaines  vers 
Ibelin  de  l'Hôpital,  à  côté  d'Hébron,  qui  est  près  de  la  vallée  oii  naquit  sainte  Anne,  la 
mère  de  la  vierge  sainte  qui  fut  mère  et  servante  de  Dieu.  Là  je  vis  l'ost  tout  en 
liesse  pour  l'engagement  qu'on  avait  pris  d'aller  vers  Jérusalem  et  de  l'assiéger;  mais 
bien  des  gens,  pauvres  et  riches,  la  désiraient  ardemment  qui  n'y  entrèrent  jamais. 
Ecoutez  ce  qui  leur  arriva  là,  un  étrange  martyre  et  une  dure  persécution.  Il  vint  dans 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  /i35 

l'osl  des  moucherons,  ce  que  nous  appelons  des  ctncenelles,  qui  étaient  petits  et  menus 
comme  des  étincelles.  Ils  étaient  dans  le  pays,  et  quand  ils  rencontrèrent  l'ost  (ainsi 
m'aide  saint  Gélerin),  ils  mordaient  les  pèlerins  aux  mains,  au  cou,  à  la  face,  au  front 
et  à  la  gorge,  si  bien  qu'il  n'y  avait  pas  un  espace  de  la  largeur  de  la  main  où  il  n'y 
eAt  partout  de  petites  bosses  causées  par  la  morsure  de  ces  moucherons.  Chacun, 
vieillard  ou  jeune  homme,  ressemblait  à  un  lépreux,  et  il  leur  fallut  se  faire  des 
masques  pour  couvrir  leur  cou  et  leur  visage.  Ils  souffrirent  là  cette  peine;  mais  ils  se 
réconfortaient  toujours  par  la  pensée  de  ce  qu'ils  avaient  entrepris  et  par  l'espérance 
qu'ils  avaient  sûrement.  Le  roi  était  toujours  triste  et  pensif  des  nouvelles  dont  je  vous 
ai  parié.  Il  pensait  toujours  dans  sa  tente,  et  ne  faisait  autre  chose. 

Un  jour  que  le  roi  était  assis  dans  sa  tente,  pensif  et  silencieux,  il  vit  passer  devant  v.  9553. 
l'entrée  un  chapelain  de  son  pays.  C'était  Guillaume  de  Poitiers,  qui  aurait  bien  voulu  v\  ht. 
parler  au  roi  s'il  avait  osé  lui  adresser  la  parole.  Mais  il  n'osait  rien  lui  dire,  car  il 
n'en  trouvait  ni  le  lieu  ni  l'occasion.  Le  chapelain  pleurait  à  chaudes  larmes  et  était 
en  grande  douleur;  mais  il  n'osait  pas  dire  au  roi  ce  que  les  gens  de  l'ost  disaient  de 
lui  et  ce  dont  on  le  blâmait  :  c'était  qu'à  cause  des  nouvelles  d'Angleterre  il  voulait 
laisser  la  Terre  Sainte  pauvre,  sans  secours  et  sans  appui,  avant  de  l'avoir  remise  en 
bon  état.  Le  roi  appela  le  prêtre  et  lui  dit  :  c^Par  la  foi  que  vous  me  devez,  dites-moi 
t^la  vérité.  D'où  vous  vient  ce  chagrin  dont  je  vous  ai  vu  pleurer?  Dites-le-moi  sans 
((retard.  77  Et  le  prêtre,  sans  attendre,  lui  répondit  doucement,  tout  en  pleurant:  t^Sire, 
«je  ne  vous  le  dirai  pas  avant  que  vous  m'ayez  assuré  que  vous  ne  m'en  saurez  pas 
((  mauvais  gré.  7>  Et  le  j^i  l'en  assura  par  sa  parole,  et  lui  jura  que  jamais  il  ne  lui  en 
voudrait  d'aucune  façon  et  à  aucun  égard.  Alors  il  lui  dit  :  «Sire,  on  vous  blâme, 
«et  par  toute  l'ost  court  le  bruit  de  votre  retour.  Puisse  ne  jamais  venir  le  jour  où  vous 
«exécuteriez  un  tel  dessein  !  Puisse-t-on  n'avoir  jamais  à  vous  le  reprocher  ni  près  ni 
«loin,  ni  ici  ni  ailleurs  !  Roi,  souviens-toi  des  grands  honneurs  que  Dieu  t'a  faits  si  sou- 
«  vent  et  qu'on  racontera  toujours;  car  jamais  un  roi  de  ce  temps  ne  souffrit  moins  de 
«dommage  que  toi.  Roi,  rappelle-toi  ce  que  l'on  raconte,  quand  tu  étais  comte  de  Poi- 
«  tiers,  que  tu  n'as  pas  eu  un  voisin  si  puissant,  si  renommé  ou  si  habile,  quand  il  t'a  fait 
«la  guerre,  que  tu  n'aies  vaincu.  Souviens-toi  des  grandes  discordes  et  des  bandes  de 
«Brabançons  que  tu  déconfis  si  souvent  avec  peu  de  gens  et  de  ressources.  Souviens-toi 
«de  cette  belle  aventure  de  Hautefort,  que  tu  délivras  quand  le  comte  de  Saint-Gilles 
«  l'avait  assiégé,  et  tu  le  défis  et  le  repoussas  honteusement.  Souviens-toi  de  ton  royaume 
'«que  tu  acquis  en  paix  et  sans  obstacle,  ce  qui  n'était  arrivé  à  personne  [avant  toi],  et 
«sans  avoir  besoin  de  revêtir  tes  armes.  Souviens-toi  de  tes  grands  combats,  de  tous  les 
«gens  que  tu  as  vaincus,  de  Messine  que  tu  as  prise,  des  grandes  prouesses  que  lu  fis 
«quand  tu  domptas  les  Grecs,  qui  avaient  pensé  te  prendre  en  bataille,  au  lieu  que  Dieu 
«te  délivra  et  les  couvrit  de  honte.  Rappelle-toi  l'exploit  de  la  prise  de  Cypre.  où  Dieu 


^36  LHISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

'fie  montra  sa  iibëralitë,  qaand  tu  fis  en  quinze  jours  celte  conquête,  que  personne 
<^ n'osait  entreprendre,  parce  que  Dieu  t'en  donna  la  force,  et  de  l'empereur  que  tu 
(cmis  en  prison.  Roi,  prends  garde  au  piège  où  tu  vas  tomber.  Souviens^toi  de  ce  grand 
t  navire  qui  serait  entré  dans  Acre  si  Dieu  ne  te  l'avait  pas  fait  rencontrer,  que  tes  galères 
«t prirent  avec  huit  cents  hommes  armés,  quand  tu  noyas  les  serpents  qu'il  portait. 
«Rappelle-toi  combien  de  fois  Dieu  t'a  aidé  et  taide;  souviens^toi  d'Acre  et  du  siège 
«où  tu  vins  h  temps  pour  prendre  la  ville,  où  Dieu  te  fit  dépenser  tant  que  la  ville  fut 
«rendue.  Bon  roi,  n'as*tu  donc  pas  compris  pourquoi  la  maladie  qui  régnait  pendant 
frie  siège,  la  léonardie,  t'a  épargné,  tandis  que  les  autres  princes  en  mouraient  sans 
«que  les  médecins  pussent  les  secourir?  Roi,  aie  bonne  mémoire,  et  protège  cette  terre 
«dont  Dieu  t'a  fait  le  gardien,  car  il  l'a  remise  tout  entière. à  toi  quand  l'autre  roi  s'en 
«est  allé.  Souviens-toi  des  chrétiens  que  tu  as  délivrés  au  Daron,  que  les  Turcs 
«emmenaient  et  qui  s'en  allaient  en  captivité,  quand  Dieu  t\  fit  venir  à  point.  Roi,  tu 
«devrais  bien  songer  sans  cesse  h  toutes  les  bontés  que  Dieu  t'a  montrées,  et  qui  t'ont 
«fait  monter  si  haut  que  tu  ne  crains  roi  ni  prince.  Roi,  souviens-toi  du  Daron  que  tu 
«pris  en  quatre  jours  :  il  ne  t'en  fallut  pas  plus.  Souviens-toi  du  grand  danger  où  te 
«mirent  les  ennemis  quand  tu  t'endormis  pour  tes  péchés,  et  comment  Dieu  t'en  tira. 
««Nous  voilà  tous  livrés  à  la  mort.  Tous,  grands  et  petits,  tous  ceux  qui  aiment  votre 
«honneur  disent  que  vous  étiez  le  père  et  le  frère  de  la  chrétienté,  et  que  si  vous  la 
«laissez  maintenant  sans  secours,  elle  est  morte  et  trahie. ?» 
V.  9681.  Le  clerc  avait  tern^iné  son  discours  et  fait  ainsi  au  roi  une  leçon  et  un  sermon;  le 
V.  XLT1.  roi  ne  lui  avait  dit  mot .  et  ceux  qui  étaient  assis  dans  la  tente  n'ouvrirent  pas  non  plus 
la  bouche;  mais  le  roi  réfléchit  à  ce  qu'il  avait  entendu  et  le  jour  se  fit  dans  son  es- 
prit. Le  lendemain,  voici  revenir  l'ost,  à  l'heure  de  none,  devant  les  portes^  d'Escalone. 
Chacun  croyait,  les  barons  et  toute  l'ost,  que  le  roi' allait  faire  ses  préparatifs  et  s'en 
retourner;  mais  il  avait  changé  d'idée,  car  il  avait  été  averti  par  Dieu  d'abord,  et 
ensuite  par  le  prêtre,  qui  lui  fit  voir  la  vérité  sur  sa  situation.  Si  bien  (à  quoi  bon 
vous  en  dire  plus  long?)  qu'il  dit  à'  son  neveu  le  comte,  au  duc  de  Bourgogne  et  aux 
barons  que,  pour  aucune  autre  affaire,  poqr  aucun  message  ou  pour  aucune  nou- 
velle, pour  aucune  querelle  terrienne,  il  ne  s'en  irait,  et  qu'il  n'abandonnerait  pas  le 
pays  avant  Pâques.  Il  demanda  Philippe,  son  crieur,  celui  qui  faisait  ses  bans,  et  il  fit 
crier  par  Escalone,  au  nom  du  Tout-Puissant,  que  le  roi  disait  décidément  et  affir- 
mait en  personne  qu'il  resterait  jusqu'à  Pâques  dans  le  pays  sans  en  partir,  et  que  tous 
se  tinssent  prêts,  avec  les  biens  qu'ils  tenaient  de  Dieu,  pour  aller  à  Jérusalem  et 
l'assiéger. 

(^)  Le  mol  banmifëu  vers  9699 ,  est  évidemmeot  dénué  de  sens.  Le  latin  dit  :  txfra  pcmwria/ons;  peul-étre 
ia  bonne  leçon  est-elle  bailUê;  ce  mot,  qui  signifie  frenreinte  extérieure»,  ne  se  trouve  pas  ailleurs  dans  notre 
poème. 


L'HISTOIHE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


'i37 
Quand  les  gtms  entcndirenl  ce  cri .  ils  eu  furent  n^jouis  comme  l'oiseau  l'est  du  jour. 

Tous  se  préparèrent  aussitôt; chacun  de   son  cùié  s'adressait   à 

Dieu  on  haut  dans  U'  ciel  et  disait:  nDieti,  nous  pouvons  bien  voua  adorer,  vous  re- 
n  mercier  et  vous  rendre  grâce!  Enfin,  nous  verrons  votre  ville,  que  les  Turcs  ont  trop 
ntongtomps  possi^dée;  nous  bi^nissons  maintenant  notre  attente,  notre  séjour,  les  soucis 
«que  chacun  de  noua  a  supportés  et  la  peine  qu'il  a  souiterte.  n  Vous  auriez  vu  là  des 
gens  pressés  et  heureux  de  s'iiquiper;  et  les  pt^tites  gens  étaient  si  en  train  qu(>  chacun 
portait  ses  vivres  à  son  cou  et  disait  avec  vérité  qu'il  en  portait  assez  pour  un  mois, 
tant  ils  désiraient  mettre  à  (in  leur  entreprise.  Que  vous  dirnia-je  ?  Celui  qui  sert  Dieu . 
rien  ne  lui  coûte. 

Ce  fut  après  les  féteii  de  la  Pentecôte,  le  samedi,  si  je  ne  me  trompe,  que  l'udt  fut 
réunie,  comme  je  l'ai  dit,  et  tirée  d'Escalone,  d'oii  l'on  n'eut  pas  de  peine  à  la  fairesortir, 
car  tout  ce  qu'on  faisait  agréait  et  plaisait  à  chacun.  L'ust  se  mit  en  roule  l''  malin, 
etjpne  crois  pas  qu'on  en  ait  jamais  vu  une  plus  vaillante  ni  mieux  équipée.  Ce  joui--là 
ils  avancèrent  peu,  à  cause  de  la  chaleur.  On  vit  là  dos  gens  de  haut  rang  faire  œuvre 
d'humilité,  d'honneur,  de  charité  et  de  courtoisie;  car  ceux  qui  avaient  des  chevauj 
ou  d'autres  bêles  de  somme  y  fuisaient  monter  les  pauvres  pèlerins  et  allaient  ù  pied 
après  eux,  hauts  hommes  et  bacheliers.  Que  de  belles  et  riches  bannières  vous  auriei! 
vues  là  Holter  au  vent,  et  que  de  beaui  pennonceaux  !  Que  de  fils  de  bonnes  mères ,  que 
de  parents,  frères  et  nevoui!  Que  de  gens  armés  jusqu'auv  poings,  que  lie  bons  hau- 
berts et  de  bonnes  rottes,  que  de  Isnres  et  d'épieux.  que  d'épées  élincelantes,  que  de 
beaui  sergents  de  bonne  mine  1  On  n'en  vit  jamais  autant  du  tem[>s  de  nos  HÏeux.  Ou 
voyait  là  cheminer  tant  de  gens,  tanl  de  chevau\  do  louLe  robe,  tant  de  mules  et  de 
mulets,  tant  de  chevalier.'^  preut;  ut  sArs  qu'a  mon  avis  ils  auraient  pu  attendn:  quarante 
fois  autant  de  Tuns.  Ils  chevauchèrent  et  aviiucèrent  si  bien  qu'ils  passèrent  uuv 
rivière  d'eau  douce  et  que  devant  la  Blanche  Garde,  ïous  la  protection  de  Dieu,  l'wt 
Gompa  cette  [iremière  nuit.  Le  dimanche  moururent  dans  l'ost  un  bon  chevaJier  et 
un  preux  sergent,  dans  l'espace  de  moins  de  deux  arpenb,  de  deux  morsures  de  ser- 
|)ents  :  Dieu  reçoive  leurs  âmes,  car  ils  moururent  un  voyageant  pour  lui! 

Nous  restâmes  là  deux  jours;  le  troisième  nous  en  partîmes,  et  l'ost  s'avança  à  rangs 
serrés,  remplissant  les  cbemtna  de  gens  armés  de  fer,  et  urriva  sameacomhre  et  sans  ren- 
contrer personne  droit  au  Toron  dos  CbovalIerN,  Nous  y  couchâmes  pne  ouït,  el  le  len- 
demain nous  ne  pai'limos  qu'après  avoir  mangé  :  alors  le  roi  délogea  aver  ses  geos.  prit  le^ 
devants  en  personne,  et  bientôt  planta  sa  tente  à  quelque  distanve  du  Cbàlol-Ërnauil . 
â  droite  sur  ta  hauteur.  Le  lendemain  y  arrivèrent  les  Français  et  les  autres,  et  on 
avança  jusqu'à  Boltenuble.  Le  temps  était  beau  et  clair.  L'ost  se  reposa,  lil  d'où  elle 
était  venue  et)  hiver,  pour  attenilre  le  comte  Henri,  el  je  vous  dirai  pourquoi  :  le  roi 
l'avait  envoyé  i^  Acre  aux  gens  insoumis  qui  ne  voulaient  pas  venir  dans  l'ost,  et.  à 


/i3H  LHISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

cause  de  cette  affaire,  il  nous  fallut  rester  là  an  mois  ou  plus,  près  du  pied  de  la  mon- 
tagne par  où  passaient  les  pèlerins  quand  ils  voulaient  s'en  revenir  de  la  sainte  cité 
que  nous  avions  perdue.  Pendant  le  temps  que  nous  restâmes  dans  cette  vallée,  il 
arriva  plusieurs  aventures  fâcheuses  que  nous  voyions  se  passer,  mais  nous  étions 
obligés  de  nous  contenir.  Un  jour  il  arriva  qu'un  espion,  de  ceux  qu'on  envoie  pour 
s'informer,  descendit  de  la  monjoie^^  au  roi,  et  je  l'en  vis  revenir  la  figure  joyeuse.  Il 
dit  qu'il  était  sAr  qu'il  y  avait  des  Sarrasins  dans  la  montagne,  qui  surveillaient  et 
gardaient  les  chemins  à  cause  de  l'ost.  Le  preui  roi  monta  avant  le  jour,  et  celui  qui 
nous  le  raconta  était  avec  lui.  Il  alla  chercher  les  Turcs,  â  leur  dam,  jusqu'à  la  fon- 
taine dlUmmaùs.  Il  les  surprit  au  lever  du  jour,  et  il  en  tua  vingt;  il  prit  le  cricur  de 
Salahadin,  celui  qui  faisait  ses  bans  :  ce  fut  le  seul  qu'il  épargna.  Il  y  gagna  trois  cha- 
meaux, de  beaux  Turcomans  et  de  belles  mules  bien  chargées  de  riches  vêtements  et 
portant,  dans  des  sacs,  des  épices  et  de  l'aloès.  Il  poursuivit  les  Sarrasins  à  travers  les 
montagnes  et,  dans  une  vallée,  il  en  atteignit  un  qu'il  renversa  mort  de  son  cheval: 
quand  il  eut  tué  ce  mécréant,  il  vit  en  plein  Jérusalem.  On  nous  raconta  qu'ils  eurent 
une  telle  peur  à  Jérusalem  que,  si  le  roi  avait  eu  l'ost  avec  lui  et  qu'on  l'eât  vue, 
Jérusalem  aurait  été  délivrée  et  serait  revenue  au  pouvoir  des  chrétiens;  car  tous  les 
Sarrasins,  croyant  que  l'ost  arrivait,  sortirent  de  la  ville  et  s'enfuirent,  et  on  avait 
beau  les  menacer  et  les  contraindre,  il  n'y  en  avait  pas  qui  osassent  rester  dans  la  ville 
et  la  défendre.  Salahadin  avait  déjà  commandé  qu'on  lui  apprêtât  son  meilleur  cheval , 
car  il  n'osait  plus  rester  là,  quand  il  sut  par  un  espion  que  la  grande  ost  n'arrivait 
pas,  car  ce  n'était  pas  le  plaisir  de  Dieu  qu'elle  fât,  pour  cette  fois,  si  bien  adressée. 
V,  9885.  Ce  jour  même  (on  le  sut  certainement)  que  le  roi  avait  fait  son  expédition,  et 
Vu.  qu'il  avait  mis  leurs  gens  en  désordre,  deux  cents  Turcs  descendirent  de  la  montagne 
dans  la  plaine  vers  les  tentes  des  Français;  ils  attaquèrent  le  camp  avant  que  personne 
eât  bougé,  et  déjà  avant  ils  nous  avaient  tué  près  du  camp,  c'était  grand'honte,  deux 
sergents  qui  étaient  allés  fourrager.  Les  Français  accoururent,  les  Templiers  et  les 
Hospitaliers,  aux  cris  des  sergents,  mais  trop  tard.  Les  Turcs  tinrent  bon  contre  eux, 
appuyés  à  la  montagne,  car  ils  ne  se  risquent  pas  dans  la  plaine;  mais  ils  se  rallièrent 
si  bien  qu'ils  jetèrent  mort  un  chevalier,  ce  dont  les  Français  furent  grandement 
blâmés.  Prouesse  vaut  mieux  qu'or  ni  baume,  et  une  grande  prouesse  fut  faite  là  par 
un  chevalier  de  l'Hôpital,  et  un  beau  fait  d'armes,  s'il  n'avait  manqué  aux  règles  de  son 
ordre;  mais  son  courage  l'emporta.  Il  s'appelait  Robert  de  Bruges;  il  était  venu  en 
toute  hâte  aux  cris,  et  il  avait  déjà  dépassé  l'étendard  et  s'était  éloigné  de  ses  frères 
^^^  et  qu'ils  ne  se  séparassent  pas  de  l'ost. 

<^)  Voyey  9u  Glossaire  Texplication  de  ce  mot. 

^')  La  lacune  cootenail  visiblement  Tindication  de  la  défense  qai  avait  été  faite  aux  Hospitaliers  par  le  Maître 
de  combattre  isolément. 


UHISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  ài9 

Mais  il  fut  si  emporté  par  son  ardeur  qu'il  se  sépara  des  autres.  Sur  un  cheval  d'une 
merveilleuse  vigueur,  qu'il  avait,  il  se  lança  droit  sur  un  Turc  qu'il  avait  choisi,  le 
voyant  fier  et  richement  armé.  Il  arriva  d'un  si  grand  élan,  tenant  en  main  une  forte 
lance,  qu'il  lui  perça  son  casingan  jaune,  et  lui  en  mit  une  aune  dans  le  corps;  il  eut 
cette  belle  aventure.  Le  Turc  tomba  mort;  mais  son  corps  ne  fut  pas  abandonné.  Là- 
dessus  arriva  en  toute  hâte  le  Mattre  de  l'Hôpital ,  Garnier,  le  chevalier  courtois.  Il 
dit  au  frère  :  «Descendez  de  cheval,  frère,  et  apprenez  comment  vous  devez  observer 
«votre  ordre. 7»  Il  lui  fallut  venir  à  pied  jusqu'à  la  tente  de  l'Hôpital,  et  il  resta  là  à 
attendre  son  sort.  Enfin,  de  hauts  hommes  supplièrent  le  Mattre;  et,  s'agenouillant 
devant  lui, lui  demandèrent  un  don,  qui  était  de  pardonner  au  frère  son  infraction  à 
la  règle,  à  cause  de  la  prouesse  qu'il  avait  faite,  tant  qu'il  en  eut  pitié  :  ce  Mais,  dit-il, 
«qu'il  ne  s'en  avise  plus!» 

^'^Un  mardi,  si  je  ne  me  trompe,  devait  venir  en  l'ost  notre  caravane  bien  har-    V.  9967 

nachée  et  toute  chargée  de  vivres,  et  ce  jour-là,  à  ce  qu'on  nous  raconta,  devait  la  v,  ui. 
conduire  monseigneur  Ferri  de  Vienne  :  il  remplissait  cette  charge  en  place  du  comte 
Henri,  qui  devait  conduire  l'arrière-garde ,  et  qui  avait  été  envoyé  à  Acre.  Monseigneur 
Ferri  avait  prié  Baudouin  le  Garon  et  Glarembaud  de  Montchablon  de  protéger  la  cara- 
vane ce  jour-là  à  sa  place,  pour  que  les  gens  ne  fissent  pas  de  folies;  mais  ils  en  firent, 
et  il  y  en  eut  qui  le  payèrent.  Là  étaient  Manessier  de  Lille,  qui  avait  un  cheval  gris 
pommelé,  Richard  et  Tierri  d'Orques,  qui  remplaçaient  Ferri,  Philippe  et  les  compa- 
gnons de  Baudouin  le  Garon,  Oton  et  plusieurs  écuyers,  qui  furent  avec  eux  au  moment 
du  combat  :  ils  étaient  leurs  parents  et  leurs  amis,  et  le  leur  montrèrent  au  moment  du 
danger.  Geux  de  la  grande  bande,  qui  ne  craignaient  rien,  marchaient  à  l'aise,  comme 
des  gens  qui  n'ont  pas  de  fardeau.  Geux  qui  venaient  derrière  étaient  chargés,  et  tandis 
que  ceux  de  devant  allaient  grand  train,  les  autres,  en  gens  preux  et  sages,  les  suivaient 
tout  bellement.  Voilà  que  d'une  embuscade  sortirent  les  Turcs  à  cheval ,  qui  se  lancè- 
rent à  toute  bride,  à  qui  mieux  mieux,  sur  ceux  de  l'arrière-garde;  montés  sur  des  che- 
vaux rapides,  ils  se  jetèrent  si  vivement  au  milieu  du  convoi  qu'ils  le  rompirent.  Là, 
Baudouin  le  Garon  fut  renversé  de  cheval,  mais  il  avait  un  cœur  vaillant  :  il  mit  la 
main  à  sa  bonne  épée,  que  les  Turcs  sentirent  souvent  et  redoutèrent  ce  jour-là.  Dans 
cet  engagement,  ils  abattirent  Richard  d'Orques,  puis  Tierri;  Baudouin  se  défendit 
si  bien  que  les  siens  le  remirent  sur  un  cheval  pris  à  l'ennemi.  Vous  auriez  vu  là  de 
rudes  assauts,  des  coups  bien  portés  et  bien  évités,  des  épées  flamboyantes,  des  faits 
d'armes  intrépides,  plus  d'une  belle  et  dangereuse  rencontre,  et  bien  des  chevaux  à  la 
selle  vide.  Les  Turcs  se  lançaient  sur  les  nôtres,  qui  se  défendaient  du  mieux  qu'ils 

(*)  Il  manque  ici  quelques  vers  (voyez  le  kkin)  racoDkant  la  fin  du  combat  où  le  comte  du  Perche  joua  un 
rôle  peu  brillant  et  où  rarrivëe  de  févéquede  Saliabory  empêcha  teole  une  défaite. 

35 


IMPCia»!!     RiTIO«Alt. 


440  LHISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

pouvaient.  Quand  les  Turcs  en  «ibatiaient  un,  les  autres  se  faisaient  jour  au  milieu  de 
la  presse  et  le  remettaient  à  cheval  :  ils  s'entr'aidaient  comme  de  braves  gens.  Mais  la 
partie  n'était  pas  i^gale,  car  les  nôtres  étaient  comme  noyés  au  milieu  d'eux;  aussi  on 
ne  peut  nier  que  plusieurs  comtes  n  aiont  été  renversés  et  qu'ils  n'aient  beaucoup  souf- 
fert, car  les  dards  des  Turcs  volaient  ot  faisaient  grand  mal  aux  chevaux.  Un  de  ces 
coups  fit  de  nouveau  perdre  son  cheval  à  Baudouin  :  il  fit  descendre  un  sien  sergent 
qui  s'était  vaillamment  défendu:  Baudouin  monta  sur  le  cheval,  et  il  raconta  lui- 
même  que,  bien  peu  de  temps  aprrs.  il  vit  couper  la  t^te  à  celui  qui  le  lui  avait  prêté. 
Ils  étaient  \k  ainsi  retenus.  Là  fut  pris  Philippe,  le  compagnon  de  Baudouin,  qui 
gagna  grande  estime  de  la  part  de  tous  ceux  qui  y  étaient.  Ils  emmenèrent  aussi .  avec 
Philippe,  un  brave  sergent  qu'ils  prirent  de  force,  et  ils  tuèrent  le  frère  de  Richard. 
La  bataille  était  terrible.  Ils  étaient  là  en  champ  clos.  Baudouin  et  ses  compagnons; 
(ilarembaud  de  Montchabbm  les  avait  abandonnés  et  s'était  enfui  bride  abattue  dès 
qu'il  avait  vu  venir  les  Turcs.  Baudouin  luttait  toujours;  il  fut  de  nouveau  renversé, 
et  il  reçut  tant  de  coups  de  masse  qu'il  eu  fut  pres(]ue  tué:  le  sang  lui  sortait  par  le 
.  nei  et  par  la  bouche:  son  épée  était  tout  émoussée.  ébréchée  et  brisée:  alors,  élevant 
la  voix,  il  cria  au  preux  Manessier  de  Lille,  qui  était  habitué  à  vaincre  les  Turcs  : 
rcManessier.  ui'abandonnerez-vousft»  Monseigneur  Manessier  n'hésila  j)as  :  il  alla  à  sa 
rescousse.  Il  atrourut  là  tant  de  Turcs  qu'ils  n^nversèrent  Manessier  du  cheval;  ils  lo 
battirent  et  le  blessèrent  tant  qu'ils  lui  coupèrent  le  gros  os  de  la  jambe  jusqu'à  la 
moelle.  Baudouin  et  lui  avec  étaient  perdus  au  milieu  de  cette  presse,  quand  Dieu 
leur  envoya  le  preux  comte  de  Leicestre,  qui  n'avait  |)as  su  à  temps  leur  aff.tire.  Le 
comte,  arrivant  la  lance  en  arrêt,  frappa  un  Turc  si  duremont  que  le  Sarrasin  culbuta 
par-dessus  le  cou  de  son  cheval,  et  Ançon,  compagnon  d'Etienne  de  Longchamp.  lui 
trancha  la  tête,  qui  vola  à  terre.  Monseigneur  Etienne  st*  conduisit  vaillamment  alors  et 
plus  tard.  Quand  la  nouvelle  de  ce  combit  fut  connue,  nos  gens  grossirent  tant  que 
les  Turcs,  voyant  leur  nombre  s*accroitre.  senfuirent  vers  la  montagne,  excepté  ceux 
qu'on  put  atteindre.  On  plaça  doucement  sur  les  chevaux  nos  blessés  qui  gisaient  là. 
et  on  les  ramena  dans  Tost.  Ainsi  alla  cette  aventure,  qui  mérite  bien  d'être  écrite. 
V.  tooSt».        Trois  jours  avant  la  Saint-Jean,  pendant  que  Tost  était  en  repos,  on  lui  apporta 
une  nouvelle  qui  lui  fut  une  grande  consolation.  Un  saint  abin'  l'apporia  et  consola  tout 
le  peuple.  Cétait  l'abbé  de  Saint-Elie.  qui  ne  vivait  que  de  pain  et  de  raves:  il  avait 
une  grande  barbe  qu'il  avait  laissée  croître:  il  ressemblait  bien  à  un  saint  homme,  il  dit 
au  roi  quil  savait  un  lieu,  qu*il  gardait  depuis  longtemps,  où  était  cachée  une  croix 
dont  Dieu  lui  avait  confié  la  protection,  il  y  avait  dedans  un  morceau  de  la  sainte 
croix,  qu'on  avait  dépecée  en  plusieurs  parties:  et  ce  bon  chrétien,  qui  n'était  pas  trop 
vieux,  Tavait  tout  seul  mise  et  cachée  là  jusqu'à  ce  que  la  terre  fût  reconquise.  Il  avait 
payé  cher  son  coumge,  car  Sabbadîn  la  lui  avak  plusieurs  hk  deuandée;  mais  ¥M»t 


V.  in. 


Uâ  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

«vaincre;  mais  il  faut  nous  conduire  par  Tavis  de  ceux  qui  sont  du  pays  et  qui  veulent 
«recouvrer  leurs  fiefs,  et  par  le  conseil  des  Templiers,  d'accord  avec  les  Hospitaliers, 
«ou  de  ceux  qui  ont  été  d'autres  fois  dans  le  pays,  qui  l'ont  connu  et  qui  le  connaissent 
«encore.  Je  voudrais  qu'on  s'en  rapportât  à  eux  pour  décider  ce  qu'il  faut  faire,  si  on 
«entreprendra  le  siège,  ou  si  on  essayera  de  prendre  Babylone,  ou  si  on  ira  h  Barut  ou 
«à  Damas.  Ainsi  nous  nous  mettrons  tous  d'accord,  tandis  que  jamais  gens  ne  forent 
VI,  II.  «plus  en  désaccord. 7) ^^\  Enfin  on  décida  que  quatre  ou  cinq  Tem- 
pliers et  alitant  d'Hospitaliers  seraient  chargés,  avec  des  chevaliers  de  Syrie  et  autant 
de  barons  de  France,  de  rétablir  la  concorde,  si  bien  qu'ils  étaient  en  tout  vingt.  On 
décida  qu'on  s'en  rapporterait  h  leur  serment  et  à  leur  loyauté,  et  qu'on  accepterait  ce 
qu'ils  auraient  décidé.  Après  avoir  délibéré,  ils  dirent  que  ce  qu'on  pouvait  faire  de 
plus  utile  pour  le  pays  était  de  conquérir  Babylone.  Quand  les  Français  l'apprirent , 
ils  manquèrent  à  l'engagement  et  dirent  qu'ils  iraient  au  siège  et  qu'ils  n'iraient  pas 
ailleurs.  Quand  le  roi  apprit  ce  dissentiment,  que  Dieu  ne  voulait  pas  apaiser,  et  qu'il 
sut  que  c'était  à  cause  des  Français,  il  dit  que,  si  les  Français  l'avaient  cru,  ils  seraient 
partis  pour  Babylone.  «Voyez,  dit-il,  ma  flotte  est  toute  prête  à  Acre,  où  je  l'ai  mise 
«en  état  de  porter  leur  équipement  et  tout  ce  dont  ils  ont  besoin,  le  biscuit  et  la 
«farine.  L'ost  serait  allée  le  long  du  rivage,  et  j'aurais  mené  à  mes  frais,  d'ici  jusque 
"^là,  sept  cents  chevaliers  et  deux  mille  sergents.  Et,  en  outre,  ils  peuvent  être  sûrs  que 
«jamais  mon  argent  n'aurait  fait  défaut  à  aucun  prudhomme.  Puisqu'ils  ne  veulent 
«pas  le  faire,  je  suis  tout  prêt  à  aller  au  siège;  seulement,  par  saint  Lambert  de 
«Liège,  qu'ils  sachent  que  je  ne  les  conduirai  pas  :  je  ne  ferai  que  les  accompagner,  v 
Il  ordonna  aussitôt  que  tous  ses  gens  s'assemblassent  dans  la  tente  de  l'Hôpital,  et 
que  là  ils  décidassent  quel  secours  ils  donneraient  pour  le  siège,  si  on  allait  à  Jérusa- 
lem. Ils  vinrent  là  et  s'assirent,  et  firent  de  riches  promesses  :  tel  offrit  largement  qui 
avait  bien  peu  dans  ses  coffres;  mais,  s'ils  avaient  attaqué  la  ville  à  ce  moment,  ils 
auraient  fait  une  entreprise  trop  folle,  après  que  ceux  qui  avaient  juré  de  leur  dire 
la  vérité  le  leur  avaient  en  bonne  foi  déconseillé. 
V.  10367.  Pendant  qu'ils  étaient  ainsi  occupés  à  promettre  ce  qu'ils  devaient  donner  pour  le 
VI, III.  siège,  voici  que  Bernard  l'espion  revint  de  Babylone  avec  deux  autres  Barbarins 
comme  lui,  habillés  en  Sarrasins.  Ils  ne  servaient  pas  à  autre  chose  qu'à  épier  l'ost 
ennemie,  et  je  peux  bien  vous  dire  que  jamais  je  n'ai  vu  de  gens  qui  ressemblassent 
plus  à  des  Sarrasins  et  qui  parlassent  mieux  sarrasinois.  Chacun  d'eux,  lors  de  leur 
départ,  avait  eu  du  roi  Richard  trois  cents  marcs  d'argent.  Ils  dirent  au  roi  qu'il  ^e 
hâtât  de  monter  à  cheval  avec  ses  gens,  et  qu'ils  le  mèneraient  jusqu'aux  caravanes 
qui  venaient,  bien  chargées,  du  côté  de  Babylone  et  qu'ils  avaient  épiées.  Dès  que  le  roi 


II) 


Lacune  sans  doute  àe  quatre  Vers,  où  l^on  disait  que  le  diseoulrs  Ae  Richaitl  fit  de  l^eflei  sur  les  barons. 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  /î/i3 

l'entendit,  il  s'en  réjouit  dans  son  cœur,  et  fit  dire  au  duc  de  Bourgogne  de  se  joindre 
à  lui  pour  cette  affaire  et  d'amener  avec  lui  les  Français.  11  le  fit;  mais  auparavant  ils 
dirent  qu'ils  voulaient  avoir  le  tiers  du  butin,  et  le  roi  le  leur  accorda.  Alors  ils  mon- 
tèrent k  cheval  et  lui  aussi.  On  comptait  là  cinq  cents  chevaliers  bien  armés  et  mille 
sergents  preux  et  agiles,  que  le  roi  menait  à  ses  dépens;  et  lui ,  de  sa  personne,  mar- 
chait le  premier.  Ce  fut  un  dimanche  au  soir;  ils  marchèrent  toute  la  nuit  à  la  lune  et 
ne  s'arrêtèrent  que  bien  peu  jusqu'à  ce  qu'ils  arrivassent  à  la  Galatie.  Là  cette  troupe 
hardie,  toute  prête  au  combat,  se  reposa.  Ils  envoyèrent  chercher  des  vivres  à  Esca- 
lone,  et  restèrent  là  jusqu'au  retour  de  leurs  écuyers.  Dès  que  le  roi  et  ceux  qui 
étaient  avec  lui  s'étaient  mis  en  marche,  un  espion  était  allé  à  Jérusalem  raconter  à 
Salahadin  qu'il  avait  vu  le  roi  monter  à  cheval  pour  aller  s'emparer  de  ses  caravanes. 
Salahadin  aussitôt  prit  cinq  cents  Turcs  d'élite,  les  meilleurs  qu'il  eât,  et  les  envoya, 
armés  d'arcs  et  de  dards,  aux  caravanes.  Et  quand  ils  furent  réunis  à  ceux  qui  escor- 
taient les  caravanes,  on  les  estima  à  deux  mille  à  cheval,  sans  compter  ceux  qui 
allaient  à  pied. 

Voici  venir  un  espion  droit  à  la  Galatie,  qui  pressa  le  roi  de  venir  vite  sans  déranger  V.  loSug. 
l'ost,  lui  disant  qu'à  la  citerne  ronde,  tout  autour,  était  arrivée  une  caravane,  et  que,  ^i*  '"'■ 
si  on  pouvait  l'arrêter,  on  y  ferait  un  beau  gain.  L'espion  était  un  homme  du  pays, 
le  roi  ne  se  fia  pas  en  lui,  mais  envoya  aussitôt  un  Bédouin  et  deux  sergents,  Tur- 
coples  preux  et  avisés,  pour  épier  et  s'enquérir;  il  fit  entourer  de  linge  la  tête  des  Tur- 
coples,  à  la  façon  du  Bédouin  et  des  autres  Sarrasins.  Us  partirent  dans  la  nuit,  mon- 
tèrent et  descendirent  les  collines,  si  bien  que,  sur  une  colline,  ils  virent  je  ne  sais 
combien  de  Sarrasins  qui  faisaient  le  guet.  Le  Bédouin,  accompagné  de  l'espion,  s'ap- 
procha d'eux  pas  à  pas  et  dit  à  ses  deux  compagnons  de  se  taire,  pour  qu'on  ne  les  re- 
connût pas,  ce  qui  trompa  les  Turcs.  Ceux-ci  demandèrent  aux  nôtres  d'où  ils  venaient; 
le  Bédouin  entra  en  conversation  et  dit  qu'ils  venaient  du  côté  d'Escalone,  où  ils  avaient 
fait  du  butin.  L'un  des  Turcs  se  prit  à  dire  :  t^Vous  venez  plutôt  pour  nous  faire  du 
t?mal.  Tu  es  avec  le  roi  d'Angleterre.»  Le  Bédouin  dit  :  «Vous  mentez.»  Il  poursuivit 
son  chemin  et  s'approcha  des  caravanes.  Les  Turcs,  avec  leurs  arcs  et  leurs  dards,  les 
suivirent  quelque  temps;  enfin  ils  en  furent  ennuyés  et  les  laissèrent,  croyant  qu'ils 
étaient  des  leurs.  Le  Bédouin  s'en  revint  quand  il  eut  su  la  vérité  et  se  fut  assuré  que  la 
caravane  était  venue,  ce  qu'on  trouva  fort  avisé.  Il  revint  au  roi  et  lui  dit  qu'il  savait 
certainement  qu'il  pouvait  prendre  la  caravane.  Le  roi,  au  nom  de  saint  Georges,  fit 
donner  l'orge  aux  chevaux,  et  nos  gens  mangèrent  eux-mêmes,  puis  montèrent  à  cheval 
et  marchèrent  toute  la  nuit,  tant  qu'ils  arrivèrent  à  l'endroit  où  la  caravane  et  les  Turcs 
couchaient.  Là,  ils  s'arrêtèrent.  On  était  en  été,  il  faisait  beau  temps.  Le  roi  ot  tous 
s'armèrent  et  prirent  leur  ordre  de  bataille.  Les  Français  faisaient  l'arrière-garde, 
le  roi  était  à  Kavant-garde.  Il  fit  crier  par  toute  l'ost  que  ceux  qui  se  souciaient  de 


Wi  L'HISTOIRB  DE  LA'  GUERRE  SAINTE. 

Thoniieur  ne  devaient  pas  penser  au  butni,  mais  songer  toojoure  à  dëconfire  et  i  percer 
les  Turcs,  et  à  frapper  de  leurs  épées  d'acier.  Pendant  qu'ils  étaient  occu|)és  à  prendre 
CCS  dispositions,  voici  venir  au  roi,  bride  abattue,  un  autre  espion  qui  lui  dit  que  dès 
nvant  le  jour  la  caravane  s'était  [iréparée,  et  qu'ils  étaient  sur  leurs  gardes.  Quand  le  roi 
le  sut,  il  envoya  en  avant  des  archers,  des  arbalétriers  et  des  Turcoples,  pour  harceler 
les  Turcs  et  les  occuper  jusqu'à  ce  qu'il  pût  venir.  En  effet ,  pendant  qu'ils  les  harcelaient, 
le  gros  des  nôtres  s'approcha ,  et  arriva  enfin  tout  près  d'eux.  Quand  les  Turcs  les  virent, 
ils  se  retirèrent  vers  le  pied  d'une  montagne  pour  s*y  adosser.  Ils  étaient  tout  prêts  au 
combat,  quoiqu'ils  n'eussent  pas  beaucoup  d'ardeur.  Le  roi  avait  divisé  sa  troupe  en 
deux  corps.  Au  moment  où  il  arriva,  nos  archers  les  harcelaient  et  leur  lançaient  des 
flèches,  Qussi  dru  que  la  pluie.  La  caravane  était  arrêtée.  Le  roi,  en  bonne  étrenne, 
se  jota  si  rudement  sur  leurs  premiers  rangs,  et  lui  et  les  autres  les  attaquèrent  si 
vivement  qu'ils  n'en  rencontrèrent  j)as  qu'ils  ne  jetassent  par  terre.  Aucun  Turc  n'en 
échappa,  si  ce  n'est  en  fuyant,  et  ils  ne  se  remirent  pas  de  ce  premier  choc.  Tout 
comme  les  lévriers  chassent  le  lièvre  dans  la  plaine,  ainsi,  par  la  montagne,  nos  gens 
ehassaient  les  leurs  et  les  mettaient  en  telle  déroute  qu'ils  s'enfuyaient  tout  déconfits  et 
dispersés,  laissant  là  la  caravane;  et  nos  gens  les  poursuivaient  toujours,  à  droite  et  à 
{{nuche ,  et  ceux  qui  virent  l'affaire  dirent  que  la  fuite  des  Turcs  dans  la  vaste  berruie  fut 
poussée  si  loin  qu'ils  tombaient  morts  de  soif;  et  ceux  que  les  chevaliers  atteignaient, 
ils  les  renversaient,  et  les  sergents  les  tuaient.  Vous  auriez  vu  là  des  gens  mal  arrangés, 
des  selles  (|ui  tournaient,  et  de  beaux  coups  donnés  par  le  preux  roi  d'Angleterre.  Ne 
croyez  pas  que  je  vous  dise  sur  son  compte  des  flatteries  :  tant  de  gens  virent  ses  ex- 
ploits qu'ils  m'ont  obligé  de  m'y  arrêter.  Vous  auriez  vu  le  roi,  l'épée  d'acier  au  poing, 
poursuivre  si  rudement  les  Turcs  que  ceux  qu'il  atteignait,  il  ny  avait  pas  d'armure 
qui  les  garantit  d'être  pourfendus  jusqu'aux  dents:  aussi  le  fuyaient-ils  comme  des 
brebis  qui  voient  le  loup.  Pendant  que  les  premiers  chassaient  ainsi  les  Turcs  par 
la  montagne  et  les  mettaient  en  grande  peine,  une  trentaine  de  Sarrasins,  pleins  de 
rage  et  de  dépit,  arrivèrent  par  un  sentier  détourné  sur  Roger  de  Toéni,  tuèrent  son 
cheval  sous  lui,  et  peu  s'en  fallut  qu'ils  ne  le  prissent.  Un  compagnon  appelé  Juquel 
du  Maine  attaqua  les  païens,  mais  il  fut  aussitôt  renversé,  et  Roger,  bien  qu'il  eût  eu 
déjà  beaucoup  à  faire,  alla  à  pied  à  sa  rescousse.  Nos  gens  accoururent  de  droite  et 
de  gauche.  Il  y  vint  le  comte  de  Leicestre,  et,  avec  lui,  Gilbert  Malesmains  avec  deux 
compagnons  ou  au  moins  un,  Alexantlre  Arsis,  et  quinze  ou  vingt  chevaliers.  Il  y 
vint  aussi  Etienne  de  Longchamp,  qui,  tout  au  milieu  des  païens,  fut  si  secourable  à 
Roger  qu'il  le  remit  à  cheval.  Là  vous  auriez,  vu  la  déconfiture  de  ces  gens  dénaturés; 
vous  auriez  vu  donner  de  grands  coups  d'épée,  abattre  des  pieds  et  des  poings,  pour- 
fendre par  l'œil,  par  la  bouche,  ou  couper  des  têtes,  et  tant  de  corps  morts,  gisant 
comme  des  souches,  qu'ils  gênaient  nos  gens  et  les  faisaient  trébucher,.  Poitevins,  Nor- 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  ^5 

niaiids,  ÀDglaii  et  Angevins  y  frappèrent  de  bons  coups,  et  le  bon  roi,  preux  et  hardi, 
faisait  plus  que  tous  les  autres.  Il  y  eut  un  tel  massacre  de  Turcs  que  nos  aïeux 
n'ont  rien  vu  de  pareil.  Ils  étaient  tellement  abattus,  comme  on  le  vit  clairement,  que 
le  moindre  petit  garçon  aurait  pu  en  tuer  huit  ou  dix.  Les  gens  qui  menaient  la  cara- 
vane venaient  se  rendre  prisonniers  aux  sergents  et  aux  chevaliers,  et  leur  amenaient 
par  la  bride  les  grands  chameaux  tout  chargés,  et  les  mulets  et  les  mules  qui  portaient 
des  biens  si  précieux  et  tant  de  richesses  :  or,  argent,  étoffes  de  soie  et  de  velours 
du  pays  de  Damis,  des  mustabets,  des  étoffes  de  Bagdad,  des  ciglatons,  des  étoffes  de 
pourpre,  des  casingans^^^  des  courtes-pointe»,  de  beaux  vêtements  élégants,  de  beaux 
pavillons  et  de  belles  tentes  parfaitement  travaillées,  dju  biscuit,  du  froment,  des  fa- 
rines, des  orges,  des  électuaires  et  des  médecines,  des  bassins,  des  outres,  des  échi- 
quiers,  des  pots  et  des  chandeliers  d*argent,  du  poivre,  du  cumin,  du  sucre,  de  la  cire 
en  quantité  incalculable,  des  épices  de  tout  genre,  et  tant  d  autres  choses  précieuses, 
et  tant  de  belles  armures,  fortes,  légères  et  sûres,  enfin,  une  (elle  richesse,  quils  di- 
saient que  véritablement,  dans  aucune  guerre,  on  n'avait  fait  dans  le  pays  un  si  grand 
butin. 

Quand  la  chiennaille  fut  mise  à  mort  et  la  riche  caravane  prise,  on  avait  fait  beau  V.  io5:h>, 
butin;  mais  on  eut  beaucoup  d'embarras  pour  rassembler  les  chameaux  de  course,  qui  vi  "■ 
donnèrent  grande  peine  à  lost,  car  ils  s'enfuyaient  si  fort,  quand  les  gens  è  cheval 
les  poursuivaient,  qu'il  n'y  a  rien  d'assez  rapide,  cerf  ou  biche,  daim  ou  gazelle,  qui 
eût  pu  les  atteindre,  s'ils  avaient  pris  un  peu  d'avance.  Ceux  qui  enfin  les  rassem- 
blèrent estimèrent  que  les  chameaux  qu'on  avait  gagnés  là  montaient  à  quatre  mille 
sept  cents;  et  il  y  avait  tant  de  mules  et  de  mulets,  et  d'ânes  sûrs  et  robustes,  qu'on 
ne  put  jamais  les  compter.  Ils  ne  faisaient  que  gêner.  On  dit  aussi  que,  dans  cette 
affaire,  il  y  eut  bien  de  tués,  tant  grands  que  petits,  dans  la  vallée  et  dans  la  mon- 
tagne, mille  et  sept  cents  Turcs,  sans  parler  des  gens  à  pied  qui  furent  fués  sans  avoir 
bougé  de  place. 

Ils  marchèrent  ensuite ,  d'après  les  étapes  qu'ils  s'étaient  tracées,  tant  qu'ils  arrivèrent  n  •  *  o565. 
devant  Bétafe,  qui  est  à  quatre  lieues  de  Jaffe.  Là,  ils  partagèrent  leur  butin, et,  quand 
ils  en  partirent  pour  revenir,  ils  firent  l'étape  suivante  jusqu'à  Rames.  Là  les  rejoignit 
l'ost  qui  venait  d'Acre»  le  comte  Henri  avec  ses  gens  :  tous  se  trouvèrent  réunis.  11  y 
eut  une  joie  et  une  admiration  générales  quand  ils  virent  ces  bétes  qui  remplissaient 
l'ost.  Le  roi  partagea  les  chameaux,  les  plus  beaux  qu'on  pût  voir,  aussi  bien  entn* 
les  chevaliers  qui  avaient  gardé  l'ost  qu'entre  ceux  qui  avaient  pris  part  à  l'expédition. 
Il  distribua  aussi  libâ^lemeot  les  mules  et  les  mulets,  et  il  fit  donner  aux  sergents  tous 
les  ânes,  gramis  et  petits.  Voilà  l'ost  si  remplie  de  biHes  qu'on  avait  grand'peine  à 


VI.  >i 


(0 


Sur  (0118  ces  mots  d^origiue orientale,  voyez  le  GiosMÎre. 


U6  LHISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

les  garder.  Mais  on  tuait  les  jeunes  chameaux  et  on  en  mangeait  volontiers  la  chair: 
elle  était  blanche  et  de  bon  goût  quand  elle  était  rôtie  et  lardée. 

V.  1059."^.  Ainsi  les  bétes  furent  distribuées  et  répandues  dans  Tost,  si  bien  que  beaucoup 
VI.  TH.  s'en  plaignaient  à  cause  de  l'orge  qu'elles  faisaient  renchérir.  Alors  on  recommença  à 
murmurer,  ceux  qui  étaient  très  mécontents  de  ne  pas  assiéger  Jérusalem,  car  ils 
n'avaient  pas  d'autre  désir,  et  ils  ne  se  tenaient  pas  tranquilles.  Mais  ceux  qui  avaient 
juré  et  qui  avaient  décidé  qu'on  n'irait  pas  leur  répétaient  leurs  raisons,  leur  disant 
que.  si  on  assiégeait  la  ville,  on  trouverait  à  l'entour  si  peu  d'eau  que  ni  les  bétes  ni 
les  gens  ne  pourraient  boire  sans  danger  et  sans  grande  peine,  pour  peu  que  les 
Turcs  pussent  les  en  empêcher.  Car  c'était  autour  de  la  Saint-Jean,  quand  la  chaleur, 
suivant  sa  coutume,  dessèche  tout  dans  le  pays,  et  les  Sarrasins  avaient  détruit  et  crevé 
les  citernes  tout  autour  de  la  ville,  si  bien  qu'à  moins  d'aller  à  deux  bonnes  lieues, 
dans  un  pays  où  nous  n'avions  que  des  ennemis,  on  n'aurait  pu  facilement  trouver  de 
l'eau,  cela  fut  su  d'une  manière  certaine,  excepté  un  petit  ruisseau  qui,  du  mont  des 
Olives,  coule  dans  la  vallée  de  Josaphat  :  c'est  Siloé;  aussi  ces  gens  ne  conseillaient- 
ils  pas  d'entourer  la  ville  et  de  l'assiéger  en  été.  Quand  cette  résolution  fut  révélée  et 
connue,  qu'on  sut  qu'on  n'irait  pas  à  Jérusalem  et  qu'on  reviendrait  en  arrière,  vous 
auriez  vu  les  gens  bien  affligés  maudire  la  longue  attente  qu'ils  avaient  faite  et  les 
tentes  qu'ils  avaient  dressées,  puisque  Jérusalem  ne  serait  pas  assiégée  et  ne  pouvait 
être  conquise;  car  ils  n'auraient  pas  demandé  à  vivre  un  jour  après  avoir  délivré 
Jérusalem. 

V.  10639.  Seigneurs,  ne  vous  étonnez  pas  si  Dieu  voulait,  comme  nous  l'avons  dit,  que  les 
vi.Tiii.  peines  de  nos  pèlerins  fussent  vaines,  car  maintes  fois  nous  le  vtmes  véritablement, 
après  une  longue  marche,  le  soir,  quand  on  campait,  les  Français  se  séparaient  des 
autres  et  dressaient  leurs  tentes  seuls  d'une  part.  Ainsi  l'ost  se  séparait;  car,  sans 
mentir,  l'un  ne  pouvait  s'accorder  avec  l'autre.  L'un  disait:  ((Tu  es  ceci;?)  l'autre  disait: 
(tTu  es  cela;  9  et,  ce  qui  empira  beaucoup  les  affaires,  Hugues^')  le  duc  de  Bourgogne, 
par  grand  tort  et  par  grande  arrogance,  fît  faire  une  chanson  sur  le  roi,  et  la  chanson 
était  vilaine  et  pleine»  de  grandes  injures,  et  elle  se  répandit  par  l'ost.  Peut-on 
blâmer  le  roi  s'il  chansonna  à  son  tour  ceux  qui,  par  envie,  l'attaquaient  et  le  bafouaient? 
Eh  bien,  de  gens  si  outrecuidants,  on  ne  chantera  jamais  une  bonne  chanson,  et  Dieu 
ne  bénira  pas  ce  qu'ils  font ,  comme  il  le  fit  dans  l'autre  expédition  dont  on  raconte 
encore  l'histoire,  quand  Antioche  fut  assiégée  et  prise  de  force  par  nos  gens,  à  qui 
Dieu  donna  la  victoire,  par  Boémond  et  par  Tancré,  —  c'étaient  là  des  pèlerins  irré- 
prochables ,  —  par  Godefroi  de  Bouillon  et  par  de  hauts  princes  renommés  et  les  autres 
qui  y  furent.  Ils  servirent  si  bien  Dieu,  qu'il  les  récompensa  de  leur  service  à  leur  gré 


(0 


Corrigez,  dans  le  texte  (v.  io653),  Henri  en  Huguêt. 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  kM 

et  suivant  leurs  désirs  :  ii  rendit  leur  œuvre  glorieuse  et  féconde;  il  les  mit  haut  eux  et 
leur  lignage,  qui^en  est  encore  aujourd'hui  illustré. 

Dix  ou  douze  jours,  autant  que  je  m'en  rappelle  la  vérité,  après  la  prise  de  la  ca-    V.  io683. 
ravane,  l'ost  se  reposa  de  la  façon  que  je  vous  ai  dite;  et  quand  ils  virent  qu'ils    vi,». 
auraient  beau  faire,  qu'ils  n'arriveraient  pas  à  aller  adorer  le  Saint  Sépulcre,  dont  ils 
n'étaient  plus  qu'à  quatre  lieues,  ils  en  eurent  grand  deuil  au  cœur.  Ils  revinrent  en 
arrière  si  découragés  et  si  tristes  que  jamais  on  ne  vit  des  gens  d'élite  plus  abattus  et  ' 

plus  troublés.  Ils  établirent  leur  arrière-garde;  à  peine  étaient-ils  partis,  que  les  Sarra- 
sins descendirent  de  la  montagne  et  les  attaquèrent,  si  bien  qu'ils  nous  tuèrent  un  ser- 
gent ;  mais  ceux  qui  étaient  sur  les  bons  chevaux  les  repoussèrent  et  les  poursuivirent 
à  leur  tour.  Puis  ils  se  remirent  en  route  et  arrivèrent  entre  Saint-Georges  et  Rames. 
Le  jour  où  nous  fîmes  ce  chemin,  il  y  avait  cinq  ans  juste  que  le  pays  avait  été  perdu 
par  la  guerre.  Les  Français  étaient  à  gauche,  le  roi  et  ses  gens  à  droite;  ils  conser- 
vèrent cet  ordre  le  lendemain.  Ils  revinrent  devant  le  Casai  Moyen;  ils  y  dressèrent 
leurs  tentes  et  y  restèrent.  Il  y  en  eut  qui  quittèrent  l'ost  et  retournèrent  à  Jafie  à 
cause  des  peines  et  des  privations  qu'ils  avaient  souffertes  dans  l'ost. 

Quand  Salahadin  sut  que  nos  gens  n'avaient  pu  prendre  une  autre  résolution  que  celle  V.  1 07 1 9. 
de  s'en  retourner,  il  eut  grande  joie  et  Gt  belle  chère.  Il  fit  aussitôt  écrire  ses  lettres,  vi.  s. 
et,  par  de  rapides  messagers,  il  manda  aux  Turcs  qui  lui  étaient  dévoués  que  les 
chrétiens  s'en  allaient,  qu'ils  n'avaient  pu  s'accorder,  et  qu'ils  se  séparaient  les  uns  des 
autres,  et  que  ceux  qui  voudraient  avoir  de  son  argent  n'avaient  qu'à  venir  à  Jéru* 
salem,  oii  il  les  prendrait  à  sa  solde.  Il  s'assembla  donc  tant  de  gens,  hors  de  ia 
ville  et  dedans,  qu'on  les  estimait  à  vingt  mille  Turcs  à  cheval  et  bien  armés,  sans 
compter  les  gens  de  pied  qu'on  aurait  eu  peine  à  nombrer,  qui  tous  savaient  bien  ce 

qui  nous  concernait  et  qui  nous  le  montrèrent  bien ^'^  aussitôt  que 

nos  gens  revinrent  là  oii  ils  s'étaient  arrêtés. 

De  jour  en  jour,  dans  leur  découragement,  ils  abandonnaient  l'ost  et  s'en-  allaient  V.  107A3. 
à  Jaffe,  car  dans  l'ost  ils  menaient  une  trop  dure  vie.  Quand  le  roi  les  vit  s'en  aller  vi,  u. 
ainsi  et  comprit  qu'il  n'était  plus  maître  de  mener  l'ost  le  droit  chemin,  que  vous 
dirai-je?  Il  manda  à  Safadin  de  parler  à  Salahadin  et  de  lui  faire  ensuite  savoir  s'il 
pourrait  maintenant  obtenir  la  trêve  qu'on  lui  avait  offerte  dans  les  plaines  de  Rames, 
comme  nous  vous  l'avons  conté,  jusqu'à  ce  qu'il  fût  revenu  de  son  pays  [où  il  voulait 
se  rendre].  Safadin  alla  le  demander  au  Soudan;  mais  celui-ci,  dès  le  premier  jour, 
avait  su  notre  retraite,  et  il  ne  voulut  plus  accorder  de  trêve  si  Escalone  n'était  abattue. 
La  nouvelle  en  revint  dans  l'ost  au  roi,  qui  n'en  fit  nul  semblant  et  n'écouta  même  pas 
ce  qu'on  lui  en  disait.  Il  fit  monter  à  cheval  aussitôt  des  Templiers,  des  Hospitaliers 

^')  Lacune  probablement  de  trou  vers,  qui  ne  sont  pts  représeotëi  dtns  le  latin. 

36 

iMpaiMirie   ■atiouaii. 


ààS  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

trois  cents  autres  cbevaiiers;  il  leur  ordonna  d'abattre  le  Daron  et  de  faire  prendre 
grand  soin  d'Escalone,  pour  qu  ii  n  y  arrivât  pas  de  dommage  par  mauvaise  garde.  Ils 
allèrent  au  Daron,  Tabattirent,  puis  revinrent  à  l'ost^et  l'ost  revint  à  Jaffe,  pensive  et 
accablée,  puis  de  Jaiïe  h  Acre;  mais  il  resta  .en  arrière,  à  Jaffe,  beaucoup  d*bommes, 
tant  de  bien  portants  que  de  malades,  qui  depuis  y  eurent  grand'peur.  Voilà  lost  re* 
venue  è  Acre,  par  le  même  chemin  qu'elle  avait  pris  pour  s'en  éloigner,  un  dimanche, 
abattue  et  confuse;  mais  c'est  ce  qui  arrive  ù  ceux  qui  se  laissent  gouverner  par  le  péché. 

V.  10787.  Dès  que  Salahadin  ctSafadin,  son  frère,  surent  que  nous  avions  quitté  Jaiïe  et  que 
VI.  m.  nous  nous  étions  éloignés  tristement,  comme  je  vous  l'ai  raconté,  ils  tirent  convoquer 
et  réunir  l'ost  de  leurs  (Sers  païens ,  et  le  soudan  avait  bien  alors  plus  de  vingt  mille 
Turcs  à  cheval.  Il  avait  l'émir  de  Bile  et  le  fils  du  Hausasis,  et  bien  cent  six  émirs,  et 
tant  de  gens  de  pied  de  la  montagne  que  cette  ost  couvrait  toute  la  plaine.  Elle  des- 
cendit de  Jérusalem  et  dressa  ses  tentes  en  bas  dans  les  plaines  de  Rames.  On  pouvait 
voir  là  bien  de  beaux  chevaux. 

V.  10807.  Le  dimanche,  le  jour  même  où  nous  rentrâmes  à  Acre,  l'ost  des  païens  maudits 
VI.  iiii.  campa  devant'Jaffc,  et,  le  lundi,  ils  attaquèrent;  [les  n6tres  sortirent  de  la  ville^]  :  ils 
se  rencontrèrent  dehors,  dans  les  jardins.  Nos  gens  leur  résistèrent  toute  la  journée,  si 
bien  que  ce  jour  là  ils  n'approchèrent  pas  du  château,  tant  ils  furent  harcelés,  ni  le 
lendemain,  qui  était  mardi,  ni  le  troisième  jour.  Mais,  le  jeudi,  la  ville  fut  assiégée 
tout  à  l'entour,  et  les  gens  qui  étaient  dedans  se  trouvèrent  en  grande  peine.  Salahadin 
fit  dresser  quatre  pierrières  légères  et  fortes,  et  deux  mangonneaux  pour  l'attaque.  Alors 
vous  auriez  entendu  les  lamentations  des  chrétiens  restés  dans  la  ville,  qui  étaient  plus 
de  cinq  mille,  ou  bien  portants  ou  malades  au  lit;  tous  se  lamentaient  et  disaient  :  ce  Ah! 
^  roi  d'Angleterre ,  qu'es-tu  allé  faire  à  Acre?  Chrétienté ,  comme  tu  es  ruinée!  »  Ils  furent 
attaqués  avec  une  telle  force  et  une  telle  vigueur,  il  y  eut  tant  de  gens  tués  et  blessés, 
ils  se  défendirent  si  hardiment,  montant  et  descendant  sans  cesse,  qu'on  n'aurait  pu 
les  voir  sans  on  avoir  grand'  pilié  :  les  pierrières  et  les  mangonneaux  ne  cessaient  de 
tirer.  Ceux  du  dedans  avaient  bien  des  pierrières;  mais  ils  ne  savaient  [)as  s'en  servir. 
Les  Turcs  tirèrent  sur  la  porte  du  côté  de  Jérusalem ,  tant  que,  malgré  sa  solidité,  les 
arches  d'en  haut  tombèrent,  ce  dont  les  nôtres  furent  éperdus,  et  le  mur  de  droite  fut 
brisé  :  il  en  tomba  deux  perches.  C'était  le  jour  du  vendredi.  Ce  fut  une  rude  bataille 
quand  les  Turcs  entrèrent  dans  la  ville;  il  y  eut  une  mêlée;  mais  les  Turcs,  qui  s'ac- 
croissaient toujours  par  les  renforts  qu'ils  recevaient  de  l'ost,  devinrent  si  nombreux 
qu'ils  mirent  les  nôtres  en  désordre  et  les  chassèrent  jusqu'au  Toron,  devant  la  tour.  Ce  fut 
grande  horreur  à  voir  que  les  malades  qui  étaient  couchés  dans  les  maisons  et  que  les 
Turcs  tuèrent  :  il  y  eut  là  de  bons  martyrs.  Beaucoup  de  gens,  se  séparant  des  autres. 


(»^ 


Suppléé  diaprés  le  latin. 


I.'HtSTOinF.  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


hfi9 


s'eniuirenl  vers  la  mer.  Le»  truels  Sarrasins  jirirent  les  maisons  et  les  pillèrent:  Ils  em- 
portèrenl  lutis  les  blés  et  n^pandirent  tous  les  vias.  Les  uns  attai|u6rDnl  le  Toron,  oik 
étnienl  les  gens  de  Dieu ,  qui  se  défendaient  vigoureusement;  tes  autre»  coururent  à  la 
mer,  aux  vaiiisoaux  el  yux  bnrques  qui  y  L'taient ,  où  nos  gens  voulaient  monter  |iour  se 
sauver;  heaucouj)  de  ceu»  qui  étaient  les  derniers  y  furent  tués.  On  vît  là  Auberi  de 
it«>ims,  qui  ét^tit  le  ca|>itairie  du  nbàleau,-  se  conduire  comme  un  vilain  ot  un  couard  : 
il  i^lfiit  déjà  entr^  dans  une  barque  pour  s'enfuir  par  la  mer.  quand  les  |>rudhomnies 
poussèrent  de  lels  cris  qu'ils  le  firent  re\enir  en  arrière  et  le  contraignirent  à  rentrer 
dans  le  Toron,  si  bien  qu'il  dit  :  «Puisqu'il  ne  peut  en  Hre  autrement,  mourons  ici 
"pour  Dieu!»  Tout  autour  d'eux,  à  droite  et  à  gaucbe,  au  pied  du  Toron,  il  y  avait 
tant  de  Turcs  qui  assaillaient  que  les  nôtres  ne  savaient  de  quel  côté  se  défendre.  Les 
traits  tonibaif>nt  là  pluR  dru  que  grêle;  car  ils  étaient  péle-niéle  et  pied  à  pied.  Le 
combat  dura  toute  la  journée;  mais  nos  gens  n'auraient  pu  résister  aux  grands  assauts 
et  à  la  grande  presse:  beureusement  Dieu  avait  fait  rester  le  patriarche  nouvellement 
fait,  qui,  pour  rien  an  monde,  n'aurait  voulu  renoncer  à  sauver  ceux  f|ui  étaient  là  el 
qui  combattaient  jusqu'à  la  morf.  Il  manda  h  SaUhadIn,  In  Sarrasin  libéral  et  vail- 
lant, el  il  pria  Safadin  de  lui  demander,  qu'il  leur  accordât  une  trêve  seulement  jus- 
quau  lendemain,  el  it  s'engageait,  si  avant  le  soir  il  ne  voyait  pas  arriver  de  secours 
d'Acre  ou  d'Ëscidone  on  du  ruï  Richard  qu'ils  avaient  envoyé  chercher,  "à  donner  en 
otage  sa  propre  personne  et  d'autres  gens  de  haut  pacage  à  mettre  en  fers  ou  en  liens, 
pour  garantir  que  chacun  des  chriHiens  qui  combattaient  dans  le  Toron  payerait  à  Sa- 
lahadin .  pour  être  épargné,  dix  besants  d'or,  ot  qu'on  donnerait  de  même  cinq  besanis 
ponr  chacune  dos  femmes  et  trois  pour  les  petits  enfants.  Comme  il  l'avait  demandé. 
Salabatlin  commanda  que  l'engagement  fàt  accepté  et  tenu.  Voilà  le  messager  revenu, 
voilà  la  Irêvc  accordée  et  la  chose  arrêtée  ainsi.  Ils  livrèrent  aux  Turcs  deux  otages 
qui  allèrent  avec  le  patriarche;  l'un  était  Auberi,  l'autre  Tïbaud  de  Troies,  qui  était 
preux  el  hardis:  c'était  un  sergent  du  comte  Henri  [de  Champagne],  qui  avait  élevé 
son  piVre,  et  il  peut  y  en  avoir  eu  d'autres,  dont  je  n'ai  pu  savoir  les  noms. 

Vous  m'avez  entendu  vous' parler  et  il  est  bon  de  le  raconter,  à  cau»o  du  grand  bien 
qui  en  advint,  de  l'ost  qui  revint  à  Acre  tout  abattue  et  découragée  et  accablée  de  cha- 
grin. Tous  pensaient  s'en  retourner  el  aller  droit  à  leurs  vaisseaux.  Le  roi  Richard  lui- 
même,  nous  le  vimes  tle  m)s  yeux,  avait  déjà  pris  congé  du  Temple  cl  de  l'Hôpilal:  il 
avait  vu  à  ce  que  ses  galères  fussent  bien  préparées.  Il  devait  y  monter  le  lendemain, 
dit  le  livre,  pour  s'embarquer  et  aller  par  Bariit  avec  ses  gens,  et  il  aviit  déjà  en- 
voyé ses  galères,  qui  avaient  donné  l'assaut  à  ceux  du  clulteau,  si  bien  qi/ils  s'étaient 


Is  ne  l'auraient  pas  attendu  s'ils  avaient  vu  arriver  d'autres  galères.  Un 
le  roi  était  dans  sa  tente,  dans  les  dispositions  que  je  viens  de  vous  dire. 
oici  venir  en  toute  hâte  une  barque  qui  aborda  dans  le  port.  Ceux  qui  en  sortirent 

36. 


enfuis  et  qu  i 
soir,  comme 


«SO  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

vinrent  an  roi  sans  attendre ,  et  lai  dirent  qae  Jaffe  était  prise  el  que  les 
.  étaient  assiégés  dans  ie  Toron,  et  qa'ils  étaient  perdus,  comme  je  tous  Tai  racoolé, 
s'ils  n'étaient  pas  secoaros  par  lui.  Le  preoi  roi,  dans  sa  générosité,  renonça  à  tout  mm 
projet,  et  dit  :  «J'irai  vraiment.  99  11  fit  denooTeaa  conToqner  Fost;  mais  les  Fraofaîs 
ne  voularent  pas  lai  obéir:  ils  répondirent,  ces  envieui,  qui  en  earent  grand  blane, 
qu'ils  n'y  mettraient  pas  les  pieds  et  qu'ils  n'iraient  plus  jamais  dans  Fost  avec  lui:  et 
en  vérité,  ils  ne  le  firent  plus,  ni  avec  lui  ni  avec  personne,  mais  ils  moarurent  [bien 
peu  de  temps  après].  Cependant,  ceax  qui  craignaient  Dieu,  de  quelque  pajsqalls 
fussent,  Templiers,  Hospitaliers  et  beaucoup  d'autres  bons  chevaliers,  se  préparèrent, 
montèrent  à  cheval,  et  allèrent  par  terre  droit  à  Césaire,etle  vaillant  roi  d'Angleterre 
alla  par  mer  sur  ses  galères.  Il  s'arma  richement,  aiosi  que  les  siens,  si  bien  qulb  ne 
pouvaient  ^*tre  mieux.  lÀ  étaient  le  comte  de  Leicestre  et  André  de  Chavigni  et  Roger 
de  Saci  ;  on  y  vit  aussi  Jourdain  du  Homez,  qui  mourut  cette  année,  et  Raoul  de  Hao- 
léon,  qui  porte  un  lion  dans  sa  bannière,  Auçon  du  Fai,  qui  attaqua  maint  Sarrasin, 
les  seigneurs  de  Préaux,  qui  étaient  des  compagnons  du  roi,  et  beaucoup  d'autres 
hommes  renommés  dont  je  n'ai  pas  su  les  noms.  Ils  partirent  pour  le  service  de  Dieu, 
et  avec  eux  ceux  de  Gènes  €t  ceux  de  Pise,  qui  rendirent  de  grands  services  au  besoin. 
Kcoutez  comment  les  choses  se  passèrent  :  ceux  qui  allaient  par  terre  à  Jaffe,  et  qui 
croyaient  y  arriver  tout  droit,  s'étaient  arrêtés  h  Gésaire  et  n'y  étaient  pas  depuis  long- 
temps quand  on  leur  dit  que  Salahadin  faisait  garder  les  chemins,  si  bien  qu'ils  se 
trouvaient  là  enfermés  :  c'était  le  fils  du  Hausasis,  qui  s'était  porté  entre  Gésaire  et 
Arsur.  Les  autres  gens,  qui  allaient  par  mer,  furent  entravés  par  un  vent  contraire, 
le  roi  et  ceux  des  galères,  si  bien  que  de  trois  jours  ils  ne  purent  bouger  de  Galphas 
où  ils  s'étaient  arrêtés.  Le  roi  disait  :  c(Dieu,  pitié!  Pourquoi  m'arrétez-vous  ici?  Ceai 
ff  en  votre  service  que  je  vais.  r>  Enfin  Dieu  eut  pitié  d'eux  et  leur  envoya  un  vent  du  nord 
qui  amena  le  roi  avec  sa  flotte  au  port  de  Jaffe  dans  la  nuit  du  vendredi.  Le  samedi  à 
minuit  la  trêve  expirait.  Les  chrétiens  auraient  été  perdus  et  livrés  à  la  mort  si  Dieu 
no  les  ovait  délivrés  par  le  roi,  comme  nous  vous  le  conterons  brièvement. 
V.  t  io35.  Le  preux  roi  et  ses  nobles  compagnons  avaient  couché  dans  leurs  galères  la  nuit  du 
[vendredi,  et  au  matin  du]  samedi  ^'^  il  s'arma  et  ses  gens  aussi.  Écoutez  ce  qui  en  était  de 
In  convention  qui  avoit  été  faite ,  comment  nos  gens  étaient  bien  garantis  et  quelle  trahison 
les  Turcs  avaient  ourdie  contre  ceux  qui  avaient  cru  se  mettre  en  sûreté  avec  lesbesants 
qu'ils  avaient  promis.  Ils  les  mirent,  ce  matin-là,  en  demeure  de  payer  :  ils  payaient,  et  à 
mesure  qu'ils  payaient  les  Sarrasins  leur  tranchaient  la  tête.  Ils  croyaient  ainsi  bien  faire; 
mais  honnie  soit  une  telle  foi  de  chien!  Us  en  avaient  déjà  tué  sept  et'les  avaient  jetés 

^''  L08  vers  1 1037,  I  io38  cHniont  sans  doute  ainsi  conçus  :  Toute  la  nuit  del  vendretdi,  E  al  matin  del  êa- 
m€(ii;  le  copifito  a  passé  le  premier  dêl  et  les  mois  compris  entre  les  deux  del.  Le  latin  ne  donne  pas  cette 
phrane. 


I 
I 


L'HrSTÙIRE  DE  I,A  GUKRRË  SAINTE.  451 

dans  uD  Fossé,  quand  ceux  du  Toron  s'en  aperçurent.  Ceux  qui  étaient  là  ont  raconté 
qu'on  vit  alors  une  grande  pitié,  en  haut  dans  le  Toron,  devant  la  tour  :  se  voyant  con- 
damnés à  mort,  ils  avaient  grand'peur;  Ils  pleuraient,  se  mettaient  à  genoux,  priaient, 
se  confessaient  el  battaient  leur  coulpe,  et  ceux  qui  étaient  dehors  se  rejetaient  de- 
dans, au  milieu  de  la  grande  presse,  pour  mourir  le  plus  tard  possible;  car  tout  élre, 
, quand  il  voit  la  mort  qui  le  poursuit,  cherche  à  avoir  un  peu  de  temps  et  d'espace. 
Ils  n'attendaient  que  le  martyre,  el  nous  pouvons  bien  dire  en  vérili!  qu'on  pleurait  des 
larmes  qui,  pour  Dieu,  avaient  grande  saveur,  car,  dans  la  détresse  de  la  mort,  elles 
venaient  du  plus  profond  de  leur  cœur,  qu'ils  tendaient  vers  lui  en  attendant  le  mo- 
ment de  mourir,  et,  dans  leur  cœur,  ils  n'avaient  plus  ncn  à  attendre  que  la  mort. 
Cependant  les  Turcs  aperçurent  les  galères  qui  étaient  arrivées  dans  le  port  :  à  pied  et 
à  cheval,  ils  descendirent  au  rivage,  qui  en  fut  bienlAt  si  rempli  qu'ils  y  tenaient  à 
grand'peine.  Ils  portaient  des  boucliers  et  des  targes,  et  liraient  jusqu'aux  barques  et 
aux  galères  du  roi.  Ceux  qui  étaient  i\  cheval  se  lançaient  impétueusement  jusque  dans 
la  mer  el  tiraient  sur  nos  gens  pour  les  empêcher  d'aborder.  Le  preux  Richard  lit 
mettre  tous  ses  vaisseaux  ensemble  pour  parler  aux  siens.  11  dit  h  ses  hommes  :  nGen- 
«lils  chevaliers,  que  ferons-nous?  Faut-il  nous  en  aller  ou  aborder?  Et  comment 
ff  pourrons-nous  le  faire  N  11  y  en  eut  qui  répondirent  qu'à  leur  avis  c'était  chose  vaine 
d'essayer  d'aborder  ni  de  prendre  port,  car  ils  croyaient  sûrement  que  tous  les  gens 
du  château  étaient  tués.  Pendant  qu'ils  se  demandaient  ce  qu'ils  feraient,  voici  que  le 
roi  d'Angleterre  vil  sauter  en  mer,  du  rivage,  un  prêtre  qui  vint  droit  en  nageant  au 
roi  el  fut  recueilli  dans  sa  galère.  Il  lui  dit  :  «  Gentil  roi,  les  gens  qui  vous  attendent 
«ici  sont  perdus  si  Dieu  et  vous  n'en  avei  pitié.  —  Comment?  dit  le  roi,  bel  ami.  y 
«en  a-t-il  encore  de  vivants?  Ofi  sonl-ils? —  Oui,  sire;  et,  rangés  devant  celle  tour,  ils 
nattendent  leur  mort.»  Dès  que  le  roi  sut  ce  qui  en  était,  il  n'attendit  plus.  «Dieu, 
ndit-il ,  nous  a  fait  venir  ici  pour  endurer  et  souffrir  la  mort,  et  puisqu'il  nous  y  faut 
v  mourir,  honni  soit  qui  n'y  viendra  In  11  fit  approcher  ses  galères,  et,  les  jambes  toutes 
désarmées,  il  sauta  dans  la  mer,  à  la  grâce  de  Dieu ,  jusqu'à  la  ceinture.  Il  arriva  à  la 
terre  sèche  le  second  ou  le  premier  :  c'était  sa  coutume.  Jofroi  du  Bois  el  le  preus 
Pierre  de  Préaux,  compagnon  du  roi,  el  tous  les  autres  ensuite,  firent  de  même:  Ils 
vinrent  aux  Turcs  dont  le  rivage  était  rempli  el  les  attaquèrent.  Le  preux  roi  lui-même 
les  tuait  avec  son  arbalète,  et  ses  gens,  hardis  el  dispos,  le  suivaient  par  le  rivage;  les 
Turcs  n'osaient  pas  l'approcher  el  s'enfuyaient  devant  lui.  Il  mit  la  main  à  son  épée 
d'acier,  les  poursuivît  en  courant,  el  les  pressa  tellement  qu'ils  n'eurent  pas  le  loisir  de 
se  défendre.  Us  n'osèrent  pas  l'attendre  davantage,  lui  ni  ses  vaillants  compagnons,  qui  les 
frappaient  comme  des  fous.  listes  frappèrent  et  les  poussèrent  tant  qu'ils  débarrassèrent 
le  rivage  dos  Turcs  et  les  mirent  tous  dehors;  après  quoi,  ils  prirent  des  tonneaux,  des 
pièces  de  bois,  de  grandes  planches, de  vieilles  galères  el  de  vieilles  barques,  en  firent 


452  LHISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

un  rempart  sur  le  rivage,  entre  eux  et  les  Sarrasins,  Le  roi  y  mit  des  chevaliers,  des 
arbalétriers  et  des  sergents,  qui  combattaient  les  Sarrasins;  ceui-ci  criaient  et  huaient, 
et  s'éloignaient  bien  malgré  eux.  Le  roi  monta  alors  par  un  escalier  tournant  qui  va 
dans  la  maison  des  Templiers;  il  entra  là  le  premier  dans  la  ville,  oii  il  trouva  plus  de 
trois  mille  Sarrasins  occupés  à  piller  ù  et  tout  emporter.  Richard ,  le  plus  hardi  roi  du 
monde,  dès  quil  fut  en  haut  du  mur,  fit  déployer  ses  bannières  et  les  fit  tourner  du^ 
côté  des  chrétiens  assiégés,  tant  qu'ils  les  virent.  Aussitôt  qu'ils  les  aperçurent,  tous 
s'écrièrent  :  «Saint  Sépulcre Ir»  Ils  prirent  leurs  armes  et  s'armèrent  sans  attendre. 
Quand  l'ost  païenne  vit  nos  gens  descendre  du  mur,  elle  fut  toute  troublée.  Vous 
auriez  vu  là  tant  de  Turcs  à  terre,  que  le  roi  y  abattait!  Aucun  n'attendait  son  coup 
qui  n'y  perdit  la  vie.  Voilà  nos  gens  descendus  au  milieu  des  rues.  Vous  auriez  vu  là 
bien  des  gens  mis  à  mal,  tués  et  taillés  en  pièces.  Là  furent  vengés  les  malades  qu'ils 
avaient  trouvés  dans  la  ville,  qui  ne  pouvaient  remuer,  et  qu'ils  avaient  tués.  Nos  gens 
arrivaient  de  toutes  parts  et  faisaient  aux  Sarrasins  grand'honte.  Que  vous  dirai-je?  Tous 
ceux  qui  furent  atteints  dans  la  ville,  tous  ceux  qui  ne  purent  en  sortira  temps,  furent 
aussitôt  tués.  Voilà  la  ville  délivrée  et  les  Sarrasins  livrés  à  grand'honte. 

V.  11 303.  Le  roi  sortit  de  la  ville  à  leur  poursuite,  après  avoir  déjà  fait  tant  d'exploits.  Il 
VI.  iTi.  n'avait  alors  que  trois  chevaux,  et  jamais,  même  à  Roncevaux,  aucun  homme  jeune 
ou  vieux,  chrétien  ou  Sarrasin,  ne  se  comporta  comme  lui.  Quand  les  Tores  virent  sa 
bannière  flotter,  ils  frémirent  de  tous  côtés;  aucun  couard  n'aurait  voulu  être  là,  car 
Dieu  n'a  fait  neige  ni  pluie,  qvand  elles  tombent  jusqu'à,  lasser,  que  les  dards  et  les 
carreaux  ne  plussent  là  plus  dru  entre  les  rangs  des  chrétiens.  La  nouvelle  fut  portée 
à  Salahadin  que  ses  gens  étaient  ainsi  assaillis,  et  lui,  ce  maudit  païen,  qui  était  plus 
enragé  qu'un  loup,  en  eut  la  fièvre  de  peur.  Il  n'osa  plus  rester  là,  mais  fit  détendre 
ses  tentes  et  ses  pavillons  et  les  fit  reporter  dans  les  plaines  en  arrière.  Le  roi,  avec  ses 
braves  compagnons,  les  suivit  et  les  serra  de  si  près,  avec  les  arbalétriers  qui  les  frap* 
paient  et  leur  tuaient  leurs  chevaux ,  qu'ils  reculèrent  de  deux  grandes  lieues.  Le  roi 
lit  dresser  sa  tente  à  l'endroit  même  où  Salahadin  n'avait  pas  osé  l'attendre.  Là  campa 
Richard  le  Magne. 

V.  11339.  'Après  cette  journée  et  la  retraite  des  Turcs,  leur  ost  se  sentit  honnie  «^t  confuse 
d'avoir  été  chassée  par  des  gens  de  pied  qui  étaient  en  si  petit  nombre  contre  tant  de 
Sarrasins  qui  étaient  là  :  mais  Dieu  y  avait  mis  la  main  pour  empêcher  la  défaite  des 
siens.  Salahadin  fit  appeler  ses  Sarrasins  et  ses  Turcs  du  plus  haut  rang  et  leur  de-  ' 
manda  :  nQui  vous  a  mis  en  fuite?  C'est  donc  l'ost  d'Acre  qui  est  revenue  et  qui  a  ainsi 
^  traité  mes  gens?  Etaient-ils  à  pied  ou  à  cheval ,  ceux  qui  se  sont  lancés  sur  vous?  "Si  bien 
qu'un  trattre,  qui  le  savait,  et  qui  avait  vu  le  roi,  lui  dit:  c(Sire,  ils  n'ont  pour  monter 
((  ni  cheval  ni  mule,  si  ce  n'est  trois  chevaux  que  le  vaillant  roi  a  trouvés  à  Jaffe.  Voilà 
(c  ce  qu'ils  en  ont  et  peuvent  en  avoir,  et  rien  de  plus.  Et  si  on  voulait  f  entreprendre ,  on 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

il  Touche  tout  s 


fi53 


jldai 


tpouiTuil  le  saisir  nu  cor|is.  et  cela  sans  trop  He  peine,  car 
'tettle.n 

D'après  l'histoire  «lueji^  vous  récite,  ce  fut  un  sampdî  ijue  la  ville  fui  recouvrée  et 
délivrée  des  Sarrasins,  Ils  y  avaient  fait  des  merveiiles  qui  seront  toujours  racontées, 
à  la  reprise  de  Jaiîc  :  ils  avaient  lu^  les  chrétiens  malades  qu'ils  y  avaient  trouvés,  et  il 
eil  certain  qu'ils  tuèrent  dans  la  ville  tous  les  porcs  qu'ils  y  trouvèrent  et  tant  que  ce 
fut  une  infinité,  car  on  sait  certainement  qu'ils  ne  mangent  pas  la  chair  des  porcs,  et 
à  cause  de  cela  ils  les  tuent  volontiers  :  il  n'y  a  rien  qu'ils  haïssent  plus ,  en  haine  de 
la  foi  chrétienne.  Ils  avaient  mis  côte  à  côte,  et  méli^s.  les  chrétiens  tués  et  les  porcs-, 
mais  ceux  des  nôtres  qui  en  prirent  la  peine  pour  Dieu  enterrèrent  tous  les  chrétiens 
et  jetèrent  dehors  les  Sarrasins  qu'ils  avaient  tués  avec  les  porcs,  qui  puaient  tant 
qu'on  no  pouvait  l'endurer. 

Le  dimanche,  le  lundi  et  le  mardi,  le  roî  lit  travailler  au  mur  de  Jaiïe.  ik  où  on 
vil  des  brèches,  si  bien  (pi' on  le  redressa  un  peu .  autant  qu'on  le  pouvait  sans  mortier 
et  sans  chaux,  pour  se  défendre  s'il  en  était  besoin.  Mais  l'ost  était  dehors,  sous  les 
tentes,  où  il  semblait  plus  nécessaire  de  veiller. 

Les  Mamelons  de  Salahadîn,  ceuv  d'Alep,  les  (Jurdiris,  les  troupes  légères  des  mau- 
dits païens  so  r<''unircnL  en  assemblée,  et  dirent  qu'ils  étaient  déshonorés  d'avoir  aban- 
donné Jaffe  devant  des  ennemis  aussi  peu  nombreux  et  qui  n'avaient  pas  de  chevaux. 
Après  avoir  beaucoup  discouru.  Ils  se  lièrent  par  serment  et  se  promirent  de  prendre 
le  roi  dans  sa  tente  et  de  le  mener  à  Salahadin.  Voïlè  à  quoi  ils  s'engagèrent. 

Voilà  que  le  comte  Henri  de  Champagne  vint  de  fii^saîrc  avec  les  siens  dans  une 
galère.  L'ost  i^taîl  venue  jusqu'à  Césaire  et  y  était  arr<!lée  malgré  elle  à  cause  des 
Sarrasins  qui  gardaient  les  fleuves  et  guettaient  les  passages,  si  bien  tpie  le  roi  n'eut 
aucun  secours  d'euv  tous,  si  ce  n'est  du  comte  son  neveu.  El  pour  résister  au  grand 
danger  qu'on  lui  préparait,  il  n'avait  en  tout  que  cinquante  chevaliers,  ou  au  plus 
soixante,  et  des  sergents,  des  arbalétriers  preux  et  habiles,  des  Génois  et  des  Pisans 
qui  se  donnaient  là  an  service  de  Dieu,  et  d'autres  gens  ju,s(]u'ii  deux  mille.  Et  depuis 
la  reprise  île  la  ville,  il  ne  pitl  avoir  plus  de  quinze  chevaux  ramassés  [comme  on 
avait  puj,  de  bons  et  de  mauvais.  Ce  manque  de  chevaux  aurait  fait  périr  ses  gens  si 
Dieu  ne  les  avait  garantis  des  Turcs  et  de  leur  entreprise. 

Ecoutez  un  grand  miracle  qui  mérite  qu'on  s'en  émerveille,  que  nos  gens  n'aient 
pas  été  tous  pris  le  mercredi,  lors  de  cette  conjuration  faile  pour  s'emparer  du  roi, 
si  Dieu  ne  l'avait  protégé.  La  nuit,  à  l'heure  de  matines,  les  Sarrasins  montèrent  à 
cheval.  Ils  lacèrent  leurs  heaumes,  se  mirent  en  ordre  et  chevauchèrent  h  la  lune. 
Là  Dieu  fit  une  de  ces  bontés  qui  augmentent  sa  gloire,  et.  quand  il  fait  une  belle 
oeuvre,  il  est  bon  de  la  raconter.  Les  voilà  dans  la  plaine,  chevauchant  serrés;  Dieu  lui- 
même  iil  surgir  une  querelle  entre  lei>  Cordins  et  les  Mamelons  pour  savoir  lesquels 


&5â 


l.'IllSTOiaE  DE  LA  GUERRE  SAISIE. 


descendraient  à  pied  et  arri^teraient  nos  gens  pour  les  empêcher  de  rentrer  dans  la  ville 
et  d'y  trouver  un  abri.  Chacun  disait  :  «C'est  à  vous  de  descendre.  —  Non.  c'est  à 
rfvous.  — Non.  c'est  à  vous.  —  Non  ,  c'est  à  vous  par  ju.itice;  nous  avons  plus  le  droit 
"d'être  à  cheval.»  Ils  chevauchèrent  Rinsi  en  se  querellant,  et  leur  discussion  dura  si 
longtemps  qu'ils  virent  arriver  le  jour  clair,  comme  Uieu  l'avait  arrangé.  Le  roi  dormait 
dans  sa  tente.  Ecoutez  une  belle  aventure  d'un  Génois  qui.  juste  au  point  du  jour, 
s'était  levé  et  était  allé  dans  la  Lerruie.  (iomrae  it  voulait  revenir,  il  entendit  les  Turcs 
qui  arrivaient,  et, baissant  la  têle,  il  vit  les  heaumes  qui  reluisaient.  Aussitôt  il  cria,  sans 
s'arrêter  un  instant,  à  nos  gens  d'aller  tous  aux  armes  et  de  s'armer.  Aux  cris,  le  roi 
s'éveilla,  qui  eut  ce  jour  beaucoup  de  fatigue.  Il  sauta  de  son  lit  sur  ses  pieds  et  endossa, 
je  le  suppose,  un  haubert  fort  et  brillant.  Il  ordonna  qu'on  éveillât  aussitôt  ses  com- 
pagnons. Il  ne  faut  pas  s'étonner  si ,  dans  une  telle  surprise ,  ils  mirent  quelque  trouble 
à  se  vêtir  et  à  s'armer.  Je  peuï  bien  vous  assurer  qu'ils  furent  si  hâtés,  le  roi  et  beau- 
coup d'autres  avec  lui.  qu'ils  durent  combattre,  ce  jour-là,  les  jambes  désarmées, 
nues  et  couvertes  par  le  ciel  seul.  Il  y  en  eut  m^me  qui  étaient  tout  nus,  sans  braies, 
et  qui  reçurent  des  plaies  et  des  coups,  et  c'est  ce  qui  leur  nuisit  [dus  que  tout. 

Comme  les  nôtres  s'armaient,  les  Sarrasins  approchaient.  Le  roi  monta  à  cheval;  il 
n'avait  pas  avec  lui  plus  de  dix  hommes  k  cheval.  L'histoire  dit  que  le  comte  Henri  de 
(Champagne  était  à  cheval  en  sa  compagnie;  le  comte  Robert  de  Leicestre  y  était  aussi, 
et  c'était  justice.  Bartélemi  de  Mortemer  était  à  cheval,  si  je  suis  bien  informé,  et  Raoul 
de  Mauléon,  qui  n'était  jamais  las  de  combattre,  et  André  de  Chavigni,  qui  était  so- 
lide sur  ses  étriers;  et  Girard  de  Fournival.  accompagnant  le  roi  à  cheval;  et  Robert  de 
Saci,  monté  sur  un  pauvre  bidet;  el  Guillaume  de  l'Klang,  qui  avait  un  cheval  bien 
recru;  et  Huon  de  Neuville,  preiu  et  hardi  sergent.  Henri  le  Tiois,  au  milieu  d'eux, 
portnil  la  bannière  du  roi.  Voilà  nos  gens  mis  en  ordre  contre  l'ost  de  nos  cruels 
ennemis,  et  divisés  en  corps,  chacun  avec  son  commandement.  Les  chevaliers  étaient 
à  gauche,  vers  Saint-Nicolas,  sur  le  rivage,  pour  arrêter  les  Sarrasins.  C'est  là  qu'il 
leur  fallait  être,  car  c'est  là  que  la  plupart  des  Turcs  se  portaient  avec  grands  cris  et 
grand  tapage.  Par  devant  les  jardins ,  on  avait  mis  des  gens  de  plusieurs  nations;  W  y 
avait  là  des  Pîsans  et  des  Génois ,  et  il  serait  dilTicile  de  vous  raconter  tous  les  assauts 
qu'ils  eurent  à  subir.  Les  Turcs  commencèrent  à  tirer  avec  grands  cris  et  grandes  huées  : 
vous  auriez  vu  là  une  chaude  affaire ,  et  nos  bonnes  gens  serrés  de  près.  Ils  se  mirent 
à  genoux,  dressant  devant  eux  leurs  écus  et  leurs  targes .  tenant  leurs  lances  dans  leurs 
mains.  Le  roi,  qui  s'entendait  à  la  guerre,  ftt  cacher  sous  les  larges,  entre  deux  hommes, 
un  arbalétrier  et  un  homme  qui  lui  bandait  son  arbalète,  et  qui  la  lui  pa.ssai(  quand 
il  l'avait  bandée.  Par  ce  mo\en.  l'ost  put  se  défendre.  Il  ne  faut  pas  douter  que  ceux 
qui  étaient  dans  un  tel  danger,  el  qui  voyaient  devant  eux  tant  de  Turcs,  n'eussent  peur 
pour  leur  l£le:  mais,au.sBi  vrai  que  vous  êtes  ici,  le  roi  allait  au  milieu  d'eux,  les  passant 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  455 

en  revue,  les  exhortant,  avec  lui  Jean  de  Préauï  qui  les  prêchait  aussi.  Ils  disaient  : 
«C'est  aujourd'hui  qu'on  verra  ceux  qui  s'efforceront  de  bien  faire  tant  que  Dieu  leur 
«  préservera  leur  corps.  Il  n'y  a  plus  à  penser  à  aulre  chose  qu'à  vendre  chèrement  notre 
«vie,  et  à  attendre  le  martyre,  puisque  Dieu  nous  l'a  envoyé.  Nous  sommes  bien  dans 
«le  bon  chemin,  puisque,  par  sa  bonté,  il  nous  envoie  ce  que  nous  sommes  venus 
«chercher.  C'est  ici  que  nous  attend  notre  vrai  salaire.»  Une  fois  l'ordre  bien  établi 
voici  venir  la  masse  des  Turcs,  nos  gens  tenant  toujours  leurs  jambes  Gchées  dans  le 
sable,  toutes  les  lances  en  arrêt,  et  prêts  à  les  recevoir.  Les  escadrons  des  Sarrasins  se 
lancèrent  avec  un  tel  élan  et  un  tel  fracas,  que,  si  dos  gens  avaient  bougé,  ils  eussent 
été  compus.  H  y  avait  bien,  si  je  ne  me  trompe,  mille  Turcs  dans  chaque  escadron,  et 
quand  ils  furent  près  des  nôtres  et  qu'ils  virent  qu'ils  ne  bougeaient  pas,  ils  tournè- 
rent bride  en  longeant  les  nôtres.  Alors  les  arbalétriers  tirèrent,  et  les  Turcs  n'osèrent 
pas  les  attendre,  car  ils  frappaient  leurs  corps  et  leurs  chevaux  et  les  renversaient. 
Puis  les  escadrons  revenaient,  se  rapprochaient  d'eux,  s'arrêtaient  court  et  tournaient. 
Ils  le  firent  ainsi  plusieurs  fois.  Et  quand  le  roi  et  ses  gens  virent  que  ces  Turcs,  qui 
étaient  si  nombreux  à  cheval,  ne  feraient  pas  autrement,  chacun  s'élança,  et,  le  fer  des 
lances  abaissé,  se  précipita  au  milieu  de  la  grande  presse  des  mécréants,  et  ils  les 
attaquèrent  si  rudement  que  tous  les  bataillons  en  tremblèrent  jusqu'au  troisième 
rang.  Le  roi  regarde  à  droite  et  voit  tomber  là  le  preux  comte  de  Leiceslre,  qui,  aj>rès 
s'être  très  bien  battu ,  venait  d'être  renversé  de  son  cheval  quand  le  roi  vint  à  sa  rescousse. 
Vous  auriez  vu  là  tant  de  Turcs  se  lancer  sur  la  bannière  royale,  qui  portait  un  lion! 
Ils  emmenaient  prisonnier  Raoul  de  Mauléon;  mais  le  roi  donna  des  éperons  à  son 
cheval ,  tant  qu'il  l'ôta  de  leurs  mains.  Le  vaillant  roi  était  au  milieu  de  la  presse  des 
Turcs  et  des  Persans;  jamais  aucun  homme,  fort  ou  faible  «  ne  fit  tant  de  prouesses  en 
un  jour.  Il  se  lançait  au  milieu  des  Turcs  et  les  fendait  jusqu'aux  dents.  Il  s'y  lança  tant 
de  fois,  leur  porta  tant  de  coups  et  se  donna  tant  de  mal,  que  la  peau  de  ses  mains  en 
creva.  Voici  venir  un  Sarrasin  qui,  sur  un  destrier  rapide,  s'écartait  des  autres  Turcs: 
c'était  le  preux  Safadin  d'Arcade,  celui  qui  faisait  les  grandes  prouesses  et  les  grandes 
libéralités.  Il  arriva  grand  train,  comme  je  vous  l'ai  dit,  avec  deux  chevaux  arabes 
qu'il  envoya  au  roi  d'Angleterre,  et  il  lui  fit  demander,  pour  ses  prouesses  qu'il 
vovait,  et  pour  son  grand  courage,  d'y  monter  à  telles  conditions  que,  si  Dieu  le 
tirait  de  là  sain  et  sauf,  il  lui  en  rendrait  quelque  récompense.  Il  en  eut  plus  tard  un 
riche  salaire.  Le  roi  les  prit  volontiers,  et  dit  que,  dans  le  grand  besoin  où  il  était,  il  en 
prendrait  encore  bien  d'autres  de  son  plus  mortel  ennemi,  s'il  lui  en  venait.  La  bataille 
grandissait  toujours;  on  n'en  a  jamais  vu  de  telle.  Toute  la  terre  était  couverte  des 
dards  des  Sarrasins;  on  les  ramassait  à  brassées.  Il  y  eut  là  tant  de  gens  blessés  que 
les  rameurs  des  galères  s'enfuirent  dans  les  galères  où  ils  étaient  venus.  Fuir  dans  un 
tel  moment,  c'est  grandement  se  déshonorer!  Voici  le  cri  du  côté  de  la  ville,  que  les 

37 


larMIMKRIK    RATIOIIALr. 


456  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

Turcs  y  arrivaient  en  masse,  voulant  surprendre  nos  gens  par  devant  et  par  derrière. 

Le  preux  roi,  lui  troisième  de  chevaliers,  y  vint  avec  sa  bannière ^^\ 

et,  dès  qu'il  y  entra,  il  rencontra  dans  un  chemin  trois  Turcs  richement  montés.  Il  les 
frappa  royalement,  et  leur  donna  une  si  rude  atteinte  qu'il  les  tua,  et  il  gagna  là  deux 
chevaux.  Il  chassa  hors  de  la  ville  les  autres  Turcs,  fit  boucher,  de  haut  en  bas,  la 

VI,  mil.  porte  par  où  ils  étaient  entrés,  et  mit  des  gardes  pour  la  garder.  Ensuite,  il  alla  droit 
aux  galères  oîi  ses  gens  s'étaient  sauvés  dans  leur  angoisse  et  grande  peur;  et  Richard, 
le  fils  de  prouesse,  leur  rendit  à  tous  le  courage.  Il  les  décida  à  revenir  à  terre  et  les 
remit  avec  les  autres,  si  bien  qu'il  ne  res(a  dans  chacune  des  galères  que  cinq 
hommes.  Avec  le  surplus,  il  s'en  revint  à  l'ost,  qui  n'avait  toujours  pas  de  repos.  C'est 
alors  qu'il  fit  cette  charge  audacieuse  dont  on  n'a  jamais  vu  la  pareille.  Il  se  lança  au 
milieu  des  mécréants  si  profondément  qu'ils  le  recouvrirent  et  que  ses  gens  ne  le  virent 
plus.  Il  s'en  fallut  de  peu  qu'ils  ne  se  jetassent  après  lui  et  qu'ils  ne  rompissent  leurs 
rangs;  ils  auraient  tous  été  perdus.  Mais  le  roi  ne  se  troublait  pas.  Il  frappait  avant  et 
arrière,  et  avec  l'épée  qu'il  tenait  il  se  frayait  passage  partout  où  il  la  menait.  Qu'il 
frappât  un  homme  ou  un  cheval,  il  abattait  tout.  C'est  là  qu'il  fit,  si  je  ne  me  trompe, 
le  coup  du  bras  et  de  la  tôte  ensemble  d'un  émir  armé  de  fer,  qu'il  envoya  droit  en 
enfer.  Et,  quand  les  Turcs  virent  ce  coup,  ils  lui  firent  une  si  large  place  qu'il  revint, 
Dieu  merci,  sans  dommage.  Mais  sa  personne,  son  cheval  et  son  caparaçon  étaient  si 
couverts  des  flèches  que  les  ennemis  lui  avaient  lancées  à  l'envi,  qu'il  ressemblait  à  un 
hérisson.  C'est  ainsi  qu'il  revint  de  la  bataille,  qui  dura  toute  la  journée,  depuis  le 
matin  jusqu'au  soir,  si  cruelle  et  si  furieuse  que,  si  Dieu  n'avait  pas  soutenu  les  nôtres, 
ils  auraient  été  perdus;  mais  il  était  avec  nous,  nous  le  vîmes  bien,  puisque  ce  jour-là 
nous  ne  perdîmes  qu'un  ou  deux  hommes,  et  ils  perdirent  plus  de  quinze  cents  chevaux, 
qu'on  voyait  étendus  de  tous  côtés,  et,  avec  eux,  plus  de  sept  cents  Turcs  qui  gisaient 
là,  morts.  Et,  malgré  tous  leurs  efforts,  ils  n'emmenèrent  pas  le  roi,  qui  avait  fait  là, 
devant  leurs  yeux,  ses  grandes  prouesses.  Ils  s'ébahissaient  tous  des  faits  d'armes  qu'ils 
lui  voyaient  accomplir,  à  lui  et  à  d'autres  qui,  avec  lui,  s'exposaient  à  la  mort. 
V.  1  iG53.         Quand  Dieu ,  dans  sa  bonté,  eut  ainsi  délivré  le  roi  et  les  chrétiens  du  peuple  païen, 

VI.  xxir.  et  que  l'ost  se  fut  retirée,  on  raconta  une  parole  du  Soudan  Salahadin.  Il  demanda  à 
ses  Sarrasins,  pour  les  railler  de  leur  déconfiture  :  «Où  sont  ceux  qui  ont  pris  le  roi? 
ftOùesl  celui  qui  me  l'amène?»  Un  Turc  d'un  pays  lointain  lui  répondit:  t^  Sire,  je  vous 
tle  dirai  sans  mentir  de  rien.  On  n'a  jamais  vu  un  tel  homme,  si  preux,  si  avisé  et  si 
^  éprouvé  aux  armes.  Les  siens  le  trouvaient  prêt  à  tous  leurs  besoins.  Nous  nous  sommes 
«donné  beaucoup  de  peine  et  nous  avons  frappé  de  grands  coups;  mais  nous  n*avons 
«jamais  pu  le  prendre,  car  personne  n'ose  attendre  son  coup,  tant  il  est  adroit  et  hardi.  » 

t*^  Tiacunc  d'un  ver»  sans  importance. 


VI.  xxf. 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  457 

Seigneui^,  ne  douiez  pas  que  les  Turcs  ne  le  connussent  fort  bien  et  qu'ils  ne  l'eussent 
pris  là  sans  Dieu  et  sans  sa  grande  maîtrise  d'armes;  car  il  fit  lant  de  prouesses,  et  il 
y  peina  tant,  lui  et  les  autres  prudhommes,  qu'ils  en  tombèrent  malades,  tout  près 
de  nos  ennemis  maudils,  tant  delà  fatigue  de  cette  journée  que  de  la  charogne  dont  la 
ville  était  si  infectée  et  leur  santé  si  atteinte  qu'il  s'en  fallut  peu  qu'ils  n  y  mourussent 
tous,  le  roi  et  les  autres. 

Pendant  que  le  roi  était  à  Jaffe,  malade  et  en  fâcheux  état,  Salahadin  lui  fil  dire  V.  11691. 
qu'avec  ses  Sarrasins  il  viendrait  l'y  prendre  s'il  osait  l'y  attendre.  Le  roi  lui  fit  répondre  vi,  x«i. 
aussitôt  que,  s'il  pouvait  croire  cela ,  il  l'y  attendrait,  et  que  nulle  part,  tant  qu'il  pourrait 
se  tenir  sur  ses  pieds  ou  s'arrâter  sur  ses  genoux,  il  ne  fuirait  devant  lui  un  pied  de 
terre.  11  acceptait  ainsi  la  guerre,  et  Dieu  savait  bien  pourtant  dans  quel  état  il  était 
quand  il  parlait  si  noblement!  Alors  il  envoya,  dit  l'histoire,  le  comte  Henri  à  Césaire 
chercher  les  Français,  ceux  qui  étaient  arrivés  auparavant,  et  les  autres  gens  qui  y 
étaient,  leur  faisant  dire  de  venir  et  de  défendre  le  pays.  Il  leur  rappela  leurs  enga- 
gements et  leur  fit  savoir  le  triste  étal  où  il  était.  Mais  ils  ne  voulurent  pas  le  secourir, 
et  ils  l'abandonnèrent  à  un  danger  dont  il  ne  serait  pas  sorti  s'il  n'avait  accepté  la 
trêve  :  [cette  trêve  fut  blâmée  de  plusieurs  ^^\]  mais  personne  n'aurait  dà  l'en  blâmer, 
car  les  Turcs  seraient  venus  le  prendre,  il  y  aurait  souffert  dommage  de  son  corps,  et 
Escalone  aurait  été  perdue.  Escalone  aurait  certainement  été  prise.  Sur  et  Acre  auraient 
été  en  grand  danger. 

Le  roi  était  à  Jaffe,  inquiet  et  malade;  il  pensa  qu'il  s'en  irait  de  là,  à  cause  de  la  V.  ]i7a5. 
faiblesse  de  la  ville,  qui  n'offrait  pas  de  résistance.  11  fit  venir  alors  le  comte  Henri,  le  vi,  uni. 
fils  de  sa  sceur,  les  Templiers  et  les  Hospitaliers.  Il  leur  exposa  le  mal  qu'il  avait  au 
cœur  et  à  la  télé,  et  leur  dit  qu'il  fallait  que  les  uns  allassent  à  Escalone  pour  la  garder, 
et  (]ue  les  autres  restassent  là  et  gardassent  Jaffe,  et  que  lui  s'en  irait  à  Acre  pour  se 
faire  soigner.  Il  déclara  qu'il  ne  pouvait  agir  autrement.  Que  vous  dirai-je?  Tous  s'y 
refusèrent,  et  répondirent  tout  net  que  jamais  ils  ne  garderaient  de  places  fortes  sans 
lui  et  n'y  tiendraient  garnison,  et  ils  s'en  allèrent  sans  en  dire  plus.  Voilà  le  roi  bien 
courroucé.  Quand  il  vit  que  le  monde  entier,  qui  n'est  guère  loyal  ni  pur,  lui  faisait 
complètement  défaut,  il  fut  troublé,  déconcerté  et  dans  un  grand  embarras.  Sei- 
gneurs, ne  vous  émerveillez  pas  s'il  fit  du  mieux  qu'il  put  selon  le  temps  où  il  était; 
car  celui  qui  craint  la  honte  et  cherche  l'honneur  de  deux  maux  choisit  le  moindre.  Il 
aima  mieux  demander  une  trêve  que  laisser  la  terre  en  grand  péril,  car  les  autres 
l'abandonnaient  tous,  et  gagnaient  ouvertement  leurs  vaisseaux.  Alors  il  manda  au 
frère  de  Salahadin,  Safadin,  qui  l'aimait  beaucoup  à  cause  de  sa  prouesse,  qu'il  s'oc- 
cupât sans  retard  de  lui  obtenir  la  meilleure  trêve  qu'il  pourrait,  et  que  de  son 

(*)  Vers  snpplëë  diaprés  le  lalin. 

37. 


/i58  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

côté  il  racooptcrail.  Safadin  s*en  occupa  beaucoup,  ci  il  conduisit  si  bien  les  choses 
que  la  trêve  fut  déterminée  par  Salahadin  aux  conditions  suivantes  :  Escalone,  qui 
lui  était  très  importune,  serait  rasée,  et  personne  ne  pourrait  la  fortifier  jusqu'à  trois 
ans;  mais  alors  celui  qui  serait  le  plus  fort  l'aurait  et  la  relèverait;  Jaffe  serait  fortifiée 
de  nouveau  et  repeuplée  par  les  chrétiens;  tout  le  reste  de  la  plaine,  le  long  de  la  mon- 
tagne et  de  la  mer,  où  personne  n'habitait  alors,  serait  en  tr(?ve  loyale  et  sûre,  et  ceux 
qui  voudraient  observer  la  trêve  pourraient,  en  toute  sûreté,  aller  visiter  le  Sépulcre 
et  revenir;  les  marchandises  parcourraient  le  pays  sans  payer  de  tribut.  Telles  furent 
les  conditions.  Ainsi  fut  écrite  la  trêve  et  reportée  au  roi,  et  lui,  qui  était  sans  se- 
cours, et  si  près  des  ennemis  que  leur  ost  n'était  pas  à  plus  de  deux  lieues,  accepta  la 
trêve  dans  ces  conditions,  et  celui  qui  raconterait  l'histoire  autrement  en  mentirait. 
Quand  la  trêve  eut  été  apportée  au  roi,  et  qu'il  l'eut  ratifiée,  voyant  qu'il  ne  pouvait 

V.  11801.  faireautrement,ilneput  taire  ce  qu'il  avait  sur  le  cœur.  Il  manda  à  Salahadin  (et  maints 
vi,xiTin.  Sarrasins  l'entendirent)  et  lui  fit  dire  expressément  qu'il'n'avait  pris  cette  trêve,  en 
toute  vérité,  que  pour  trois  ans,  l'un  pour  s'en  aller  dans  son  pays,  l'autre  pour  ras- 
sembler des  hommes,  le  troisième  pour  revenir  et  conquérir  le  pays,  s'il  osait  l'attendre. 
Le  Soudan  lui  fit  répondre  par  ceux  qu'il  envoya  pour  cela  que,  par  sa  loi  et  le  Dieu 
(|u'il  croyait,  il  prisait  tant  sa  prouesse,  son  grand  cœur  et  sa  vaillance,  que  si  la 
terre  devait  être  conquise  de  son  vivant,  Richard  était  de  tous  les  princes  qu'il  con- 
naissait celui  qu'il  aimerait  le  mieux  qui  la  conquit  et  qui  la  lui  enlevât  de  force.  Le  roi 
pensait  bien  faire  ce  qu'il  disait,  et  recouvrer  le  Saint  Sépulcre;  mais  il  ne  voyait  ni  ne 
savait  ce  qui  lui  pendait  à  l'œil. 

Quand  cette  trêve  fut  jurée  et  ratifiée  des  deux  parts,  que  les  conditions  furent  bien 

V.  ii83i.  établies  et  que  les  chartes  en  furent  faites,  le  bon  roi  se  fit  porter  à  Caïphas,  sur  le 
VI ,  «II.  bord  de  la  mer,  pour  se  guérir  et  se  remettre,  et  il  y  prit  des  remèdes.  Les  Fiançais  qui 
VI,  xxï.  séjournaient  à  Acre  désiraient  retourner  en  France;  [toutefois  ils  déclaraient  d'abord  ^^^] 
qu'ils  iraient  faire  leur  pèlerinage;  et  cependant  il  avaient  blâmé  et  raillé  la  trêve,  ils 
avaient  refusé  de  défendre  Jaffe  et  de  secourir  le  roi.  Quand  le  roi  sut  qu'ils  voulaient 
avoir  un  sauf-conduit  pour  faire  leur  pèlerinage,  il  envoya  aussitôt  ses  messagers  à 
Salahadin  et  à  Safadin,  leur  demandant  de  ne  laisser  aller  aucun  chrétien,  jeune  ou 
vieux,  à  Jérusalem,  s'il  voulait  qu'il  tînt  les  conditions  de  la  trêve,  sans  ses  lettres  ou 
celles  du  comte  Henri.  Quand  les  Français  connurent  ce  message,  ils  en  furent  si  fâ- 
chés que  la  plupart,  dès  qu'ils  le  purent,  préparèrent  leur  bagage  et  s'en  retournèrent 
en  France. 

Quand  la  plupart  des  Français  furent  partis,  ceux  qui  avaient  dit  le  plus  de  mal  du 
V.  118O3.    roi  et  qui  l'avaient  le  plus  empêché,  auxquels  il  ne  pouvait  avoir  aucune  confiance, 

^')  Supptéé  d'après  le  lalin;  il  manque  peut-élre  trois  vers. 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  /i59 

il  fil  faire  une  proclamation  portant  que  ses  gens  pouvaient  aller  au  Sépulcre,  et  qu'ils 
devaient  porter  leurs  offrandes  à  Jaffe  pour  aidera  refaire  les  murs.  Que  vous  dirai-je? 
Ils  allèrent  au  Sépulcre  ensemble  en  trois  corps,  sous  le  commandement  de  trois  conné-  vi,  xt.i. 
tables.  Le  premier  fut  André  de  Chavigni  :  il  y  a  à  Cluni  des  moines  qui  ne  le  valent 
pas;  le  second  fut  Raoul  Tesson,  grand  ami  des  chansons  et  de  la  musique;  l'évèque 
de  Salisbury,  qui  depuis  fut  fait  archevêque,  conduisit  la  dernière  troupe.  Je  sais  tout 
cela  pertinemment.  Quand  les  chefs  furent  en  possession  des  chartes,  les  pèlerins  se 
mirent  en  marche  et  partirent  en  rangs  serrés.  Ecoutez  les  malheurs  qui  arrivent  souvent, 
et  de  bien  des  manières,  aux  gens  qui  ont  les  meilleures  intentions.  Comme,  dans  leur 
voyage,  ils  passaient  par  les  plaines  de  Rames,  les  barons  parlèrent  ensemble  et  déci- 
dèrent qu'ils  enverraient  dire  à  Salahadin  qu'ils  venaient  à  Jérusalem,  avec  les  lettres  du 
roi  d'Angleterre,  pour  visiter  le  Sépulcre. 

Ceux  qui  portaient  ce  message  étaient  sages  et  prudhommes;  mais  toute  leur  V.  ij8î,9. 
prouesse  faillit  mai  tourner  par  leur  négligence  ou  leur  péché.  L'un  était  Guillaume 
de  Roches,  sur  la  tête  duquel  le  heaume  seyait  bien;  les  autres,  Girard  de  Fournival 
et  Pierre  de  Préaux.  Ils  descendirent  à  cheval  par  les  plaines  de  Rames,  et  s'avancèrent 
jusqu'au  Toron  des  Chevaliers.  Ils  s'arrêtèrent  là,  cherchant  Safadin,  dont  ils  voulaient 
avoir  le  sauf-conduit.  La  vérité  est  qu'ils  s'y  endormirent,  et  ils  y  restèrent  si  long- 
temps que,  beaucoup  après  relevée,  les  pèlerins  marchaient  en  bon  ordre,  ils  avaient 
passé  la  plaine  et  étaient  près  de  la  montagne  quand  ils  se  retournèrent,  et  virent 
venir,  seulement  alors,  monseigneur  André  et  ceux  qui  étaient  avec  lui,  ceux  qui 
devaient  faire  le  message.  Quand  ils  les  virent  et  reconnurent,  ils  s'arrêtèrent  tout 
ébahis  :  c(Ah!  seigneur  Dieu!  dirent  les  hauts  hommes,  nous  sommes  perdus  si  les 
t? Sarrasins  nous  aperçoivent!  Voici  venir  ceux  qui  devaient  porter  notre  message.  Nous 
(tne  nous  conduisons  pas  sagement,  car  voilà  le  soir  qui  approche,  et  l'ost  des  Sar- 
ccrasins  n'est  pas  licenciée.  Si  nous  allons  de  leui;  côté  sans  les  avoir  fait  prévenir,  ils 
tenons  attaqueront,  et  nous  y  perdrons  la  vie;  car,  nous  et  nos  gens,  nous  sommes 
((partis  tout  désarmés.»  Ils  blâmèrent  les  messagers,  et  cependant  les  prièrent  et  les 
pressèrent  fort  de  reprendre  leur  voyage.  Ceux-ci  allèrent  vers  Jérusalem;  ils  trou- 
vèrent plus  de  deux  mille  Turcs  campés  hors  de  la  ville.  Ils  cherchèrent  tant  l'émir 
Safadin  qu'ils  le  trouvèrent,  et  lui  dirent  que  nos  gens  venaient,  portant  des  chartes  du 
roi,  et  qu'ils  lui  demandaient  sauf-conduit  et  protection.  Safadin  leur  fit  do  grands  re- 
proches, et  dit  que  c'était  une  folie  entreprise,  et  que  celui-là  avait  donné  un  conseil 
insensé  qui  avait  amené  là  ces  gens,  et  qu'ils  tenaient  peu  à  la  vie,  pour  marcher 
ainsi  sans  sauf-conduit.  Ils  parlèrent  tant  ensemble  que  la  nuit  commençait  déjà.  La 
troupe  des  chrétiens  arrivait,  sans  armes  et  sans  direction.  Quand  les  Sarrasins  les 
virent,  ils  leur  firent  une  telle  mine  que  je  vous  dis  en  vérité  qu'il  n'y  avait  pas  dans 
la  troupe  un  seul  homme  si  hardi  qui  n'eût  été  heureux  de  se  retrouver  à  Acre  ou  à 


A60  KHISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

Sur.  Ils  passèrent  cette  nuil-Ià  près  d'un  mur,  et  sachez  qu'ils  étaient  en  grande  crainte. 
Le  lendemain,  les  Sarrasins  vinrent  devant  Salahadin,  et  s'agenouillant  à  ses  pieds,  ils 
vi.iiui.  lui  firent  leur  requête  et  prière,  lui  disant  :  c(Ah!  soudan,  il  serait  bien  juste  et 
«opportun  de  nous  venger  maintenant  du  massacre  qu'ils  ont  fait  des  nôtres  devant 
((Acre.  Sire,  laisse-nous  venger  nos  pères,  nos  fils,  nos  frères  et  nos  parents  que 
ft  ceux-là  ont  tués.  Chacun  de  nous  peut  maintenant  se  venger.))  Il  répondit  »  comme 
de  raison ,  qu'il  en  parlerait  à  ses  conseillers.  Ceux-ci  s'assemblèrent  devant  le  soudan 
et  examinèrent  de  {)rès  la  chose.  Là  étaient  les  plus  hauts  des  Sarrasins,  le  Mestoc 
avec^'^  Safadin  et  Bédreddin  Dorderon.  Us  dirent  :  «Sire,  nous  vous  dirons  ce  qui  con- 
envient  à  votre  grandeur.  Ce  serait  une  trop  grande  vilenie  et  un  grand  blâme  pour 
cela  loi  païenne  si  ces  chrétiens,  qui  sont  ici  en  notre  pouvoir,  et  qui  ont  pleine 
çç confiance,  étaient  lues  de  cette  manière,  pendant  qu'il  y  a  trêve  entre  nous  et  le  roi 
c(  d'Angleterre  ;  si  vous  faisiez  une  telle  infraction,  pour  quelque  raison  que  ce  soit, 
«comment  pourriez-vous  jamais  tenir  terre,  et  qui  pourrait  jamais  se  fler  à  nous?* 
Aussitôt  Salahadin  prit  ses  sergents,  et  fit  dire,  par  Safadin,  qu'il  ordonnait  que  les 
chrétiens  fussent  protégés  et  qu'ils  eussent  un  sauf-conduit  pour  aller  et  venir  au 
Sépulcre  et  faire  leur  pèlerinage.  Et  on  les  traita  encore  plus  honorablement  jusqu'à 
ce  qu'ils  reprissent  le  chemin  d'Acre. 
V.  iaoi3.  Comme  ceux-là  s'en  revenaient,  ceux  de  notre  bande  arrivèrent.  C'était  juste  au  point 
VI.  ixim.  du  jour.  Le  soudan  avait  fait  placer  des  gens  qui  gardaient  les  chemins  quand  les  pèle» 
rins  passaient,  si  bien  que  nous  passâmes  sûrement.  Nous  franchîmes  le^  montagnes 
et  vînmes  à  la  inonjoie^'^K  Nous  eûmes  alors  grande  joie  au  cœur,  de  Jérusalem  que  nous 
voyions  :  nous  nous  agenouillâmes  à  terre,  comme  le  font  et  doivent  le  faire  tous  ceux 
qui  viennent  là.  Nous  vîmes  le  mont  des  Olives ,  d'où  partit  le  cortège  qui  menait  Dieu  vers 
sa  passion;  puis  nous  allâmes  vers  la  cité  oii  Dieu  conquit  son  héritage.  Les  chevaliers 
qui  étaient  dans  la  première  troupe  avaient  pu  baiser  le  Saint  sépulcre,  et,  quand  ils 
furent  avec  nous,  ils  nous  racontèrent  que  Salahadin  leur  avait  montré  et  fait  baiser  et 
adorer  la  sainte  croix  qui  avait  été  perdue  dans  la  bataille;  mais  nous  autres  qui  étions 
à  pied  nous  vîmes  ce  que  nous  pûmes.  Nous  vîmes  surtout  le  monument  oi!^  fut  mis 
le  corps  de  Dieu  après  sa  mort  :  on  y  fit  quelques  offrandes;  mais  ce  que  noâ  gens  y 
mettaient,  les  Sarrasins  le  prenaient;  aussi  nous  y  offrîmes  peu,  et  nous  distribuâmes 
l'argent  aux  captifs  francs  et  syriens  qui  étaient  là  attachés  et  en  servage.  Nous  leur 
portâmes  notre  offrande,  et  ils  disaient:  «Dieu  le  leur  rende!»  Nous  fîmes  ensuite 
une  autre  visite  :  nous  allâmes  à  droite  sur  le  mont  du  Calvaire,  là  où  mourut  celui 
qui  daigna  naître  pour  nous,  là  où  la  croix  fut  plantée  et  la  chair  divine  percée  de 

^')  Il  faut  lire  o  dans  le  loxle  au  lieu  de  a, 

'')  Voyei  au  GIosBaire  Texplicalion  de  ce  mot  (cf.,  ci-dessus,  p.  à 38). 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  661 

clous,  là  où  la  roche  se  brisa  et  se  fendit  jusqu'au  Golgotha;  nous  vtmcs  ce  lieu  et 
nous  le  baisâmes.  De  là,  nous  allâmes  à  l'église  du  mont  de  Sion,  qui  était  restée 
toute  ruinée.  Nousvimes,  à  gauche,  le  lieu  où  la  mère  du  roi  des  cieux  fut  portée  dans 
le  ciel  à  Dieu  son  père,  qui  avait  fait  d'elle  sa  mère  :  nous  le  baisâmes  en  pleurant.  Puis 
nous  courûmes  voir  la  sainte  table  où  Dieu  s'assit  et  mangea  :  nous  la  baisâmes  aussi; 
mais  nous  n'y  restâmes  guère,  car  les  Sarrasins  nous  volaient  nos  pèlerins,  et  les  ca- 
chaient dans  les  cavernes  par  trois  ou  par  quatre;  c'était  là  notre  grande  pour.  Nous 
descendîmes  ensuite,  les  gens  à  pied  et  ceux  à  cheval,  suivant  le  conseil  qu'on  nous 
avait  donné,  dans  la  vallée  de  Josaphat  jusqu'à  Siloé.  Là  nous  vtmes  la  sépulture  du 
corps  où  Dieu  prit  naissance  :  nous  la  baisâmes  volontiers,  le  cœur  plein  de  tendresse 
et  de  dévotion.  Puis  nous  allâmes,  toujours  très  inquiets,  dans  la  grotte  même  où  était 
Dieu  quand  il  fut  pris  par  ceux  qui  mirent  à  mort  son  saint  corps.  Pleins  de  pitié  et  de 
désir,  nous  baisâmes  ce  lieu  et  nous  pleurâmes  à  chaudes  larmes,  et  il  y  avait  bien 
de  quoi,  car  là  étaient  les  écuries  des  chevaux  des  serviteurs  du  diable,  qui  souillaient 
les  lieux  sanctifiés  et  menaçaient  nos  pèlerins.  Nous  partîmes  enfin  de  Jérusalem  et 
nous  revînmes  à  Acre. 

La  troisième  troupe  fut  amenée  par  l'évéque,  celui  qui  plus  tard  fut  archevêque  de  v.  ijtoi 
Gantorbéry,  et  il  est  vrai  qu'à  cause  de  sa  renommée,  de  son  mérite  et  de  sa  dignité,  vi.  xxxit. 
Salahadin  lui  fit  faire  tout  l'honneur  que  je  vais  vous  dire.  Il  envoya  des  gens  à  sa  ren- 
contre pour  le  prier  de  vivre  avec  lui  à  ses  frais;  mais  Tévêque  s'en  excusa  et  répondit 
aux  Sarrasins  que,  comme  il  était  pèlerin,  il  ne  pouvait  pas  accepter  d'être  défrayé. 
Alors  Salahadin  ordonna  à  ses  gens  de  prendre  le  plus  grand  soin  de  l'honorer  lui  et  les 
siens;  il  lui  fit  maint  beau  présent  et  le  fit  conduire  par  tous  les  lieux  où  notre  seigneur 
Dieu  a  passé.  Ensuite  il  l'invita  à  une  entrevue  pour  le  connattrc.  Il  lui  montra  la 
sainte  croix,  puis  il  le  fit  asseoir  devant  lui.  Ils  restèrent  longtemps  ensemble  et  par- 
lèrent. Salahadin  se  mit  à  lui  faire  des  questions  sur  les  qualités  du  roi  d'Angleterre,  et 
il  lui  demanda  ce  que  les  chrétiens  disaient  de  celles  qu'il  avait  lui-même.  L'évéque 
répondit  :  ctSire,  quant  à  mon  maître,  je  peux  bien  dire  que  c'est  le  meilleur  chevalier 
«et  le  meilleur  guerrier  du  monde.  Il  est  libéral  et  rempli  de  bonnes  qualités.  Je  no 
ce  tiens  pas  compte  de  nos  péchés,  mais  si  on  pouvait  réunir  ses  qualités  avec  les  vôtres, 
«nous  disons  bien  que  dans  le  monde  entier  on  ne  trouverait  pas  deux  princes  pareils. 
«  aussi  vaillants  et  aussi  éprouvés.  »  Le  Soudan  écouta  l'évéque  et  lui  dit  :  «Je  le  sais,  le 
«roi  a  beaucoup  de  vaillance  et  de  hardiesse;  mais  il  se  lance  si  follement!  Quelque 
«haut  prince  que  je  fusse,  j'aimerais  mieux  avoir  de  la  libéralité  et  du  jugement  avec 
«de  la  mesure,  que  de  la  hardiesse  avec  de  la  démesure.  »  Quand  Salahadin  eut  ainsi 
parlé  longtemps  à  l'évéque  par  interprètes,  et  l'eut  écouté  avec  plaisir,  il  lui  dit  de  lui 
demander  un  don,  celui  qu'il  voudrait,  tel  qu'il  pût  le  lui  donner,  et  qu'il  sût  qu'il 
l'aurait.  L'évéque  le  remercia  et  lui  dit  :  «Par  ma  foi,  c'est  une  grande  chose,  si  on  la 


/i62  LllISTOiaE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

r.  comprend  ;  mais ,  s'il  vous  plaît ,  j'allendrai  :  j'en  demanderai  conseil  à  Dieu  ce  soir,  el  je 
«reviendrai  demain.»  Le  Soudan  le  lui  permit.  Le  lendemain  il  fit  sa  demande,  et  ce  fut 
une  grande  chose  qu'il  obtint;  il  demanda  qu'au  Saint  Sépulcre,  qu'il  avait  visité,  et  où 
Dieu  n'avait  pas  de  service,  si  ce  n'est  de  Syriens  qui  l'honoraient  à  leur  façon,  il  y  eût 
deux  de  nos  praires  latins  qui,  tous  les  jours,  matin  et  soir,  y  fissent  le  service  comme 
les  Syriens,  avec  deux  diacres  pour  les  aider,  et  vécussent  des  offrandes;  et  qu'il  en  fût 
h  Bethléem  et  à  Nazareth  comme  ù  Jérusalem.  Le  soudan  voulut  qu'il  en  fût 'ainsi 
tant  qu'il  posséderait  le  pays.  Le  bon  évoque  fit  chercher  aussitôt  les  prêtres  et  les  fit 
chanter  [leurs  messes].  Il  put  se  vanter  d'avoir  remis  Dieu  en  possession  des  chants 
qu'il  n'avait  plus.  [Quand  ils  eurent  visité  Jérusalem ^*^]  et  qu'ils  eurent  fait  ce  qu'ils 
avaient  voulu,  ils  prirent  congé  de  Salahadin,  partirent  de  Jérusalem  et  s'en  retour- 
nèrent à  Acre. 
V.  19 19?.  Quand  les  gens,  petits  et  grands,  furent  tous  revenus  du  Saint  Sépulcre,  et  que  les 
\i,  Tixv.  vaisseaux  furent  prêts,  les  pèlerins  y  entrèrent  et  mirent  à  la  voile  dès  qu'ils  eurent  du 
vent.  Bientôt  les  vaisseaux  furent  séparés  et  jetés  de  côté  et  d'autre.  Des  pèlerins,  les 
uns  arrivèrent  à  bon  port  où  ils  allaient,  les  autres  firent  naufrage  et  se  trouvèrent  en 
grand  péril  en  des  lieux  divers.  D'autres  moururent  sur  mer  et  eurent  une  sépulture 
amère.  Amère?  non,  douce,  car  dans  le  royaume  d'en  haut  ils  en  sentirent  la  douceur. 
Quelques-uns  y  prirent  des  maladies  dont  ils  ne  guérirent  jamais.  D'autres  avaient  laissé 
on  Syrie  leurs  pères,  leurs  frères,  leurs  cousins  germains,  morts  dans  les  batailles  ou 
de  maladie,  dont  ils  avaient  grand  deuil.  De  même  que  les  martyrs  ont  souffert  pour 
Dieu  des  martyres  divers  et  ont  ainsi  quitté  ce  monde,  de  même,  j'ose  bien  le  dire, 
ceux  qui  entreprirent  ce  pèlerinage  eurent  des  souffrances  diverses  et  passèrent  par 
diverses  aventures.  Mais  beaucoup  de  gens  ignorants  ont  dit  depuis,  follement,  qu'ils 
n'avaient  rien  fait  en  Syrie  puisqu'ils  n'avaientpas  conquis  Jérusalem.  Ceux-là  n'étaient 
pas  bien  informés  :  ils  blâmaient  ce  qu'ils  ne  connaissaient  pas  et  où  ils  n'avaient  pas 
mis  les  pieds.  Mais  nous-mêmes,  qui  y  avons  été  et  qui  avons  vu  ce  qui  se  passa,  et  qui 
avons  connu  les  maux  qu'on  eut,  nous  ne  devons  pas  mentir  sur  les  maux  que  nous 
vîmes  de  nos  yeux  souffrir  aux  autres  pour  l'amour  de  Dieu;  et  j'ose  dire,  en  prenant 
à  témoin  ceux  qui  y  furent,  qu'il  mourut  bien  là  cent  mille  hommes  parce  qu'ils 
s'abstenaient  de  femmes  :  c'étaient  des  gens  qui  s'en  tenaient  à  l'amour  de  Dieu,  et 
ils  ne  seraient  pas  morts  sans  cette  abstinence.  Et  j'ose  bien  encore  vous  garantir  que, 
tant  de  maladie  que  de  famine,  il  en  mourut  bien  plus  de  trois  mille  au  siège  d'Acre 
et  dans  Acre  même.  Et  les  prudhommes  qui  avaient  leur  chapelain,  qui  entendaient 
leur  service  [chaque  jour],  comme  un  évêque  ou  comme  un  saint  archevêque,  et  qui, 
atteints  par  les  maladies  qui  couraient,  mouraient  au  milieu  d'une  telle  vie,  ceux-là 


(I) 


Il  rofinqae  deux  vers,  auxquels  ne  répond  rien  dans  le  latin. 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE.  463 

seront  à  la  droite  de  Dieu  dans  la  Jérusalem  céleste  :  de  (elles  gens  par  leurs  bonnes 
actions  ont  conquis  l'autre  Jérusalem. 

Quand  Richard  le  roi  d'Angleterre  fut  resté  dans  la  Terre  Sainte  tant  que  le  mo-  V.  laaSy, 
ment  de  partir  fut  venu,  il  fit  préparer  son  passage  :  son  vaisseau  fut  équipé  de  telle  vi,  xxi»i. 
sorte  que  rien  n'y  manquait  en  hommes,  en  armes,  en  approvisionnements.  II  se  con- 
duisit alors  en  homme  preux,  généreux  çl  loyal,  car,  pour  Guillaume  de  Préaux  qui 
avait  été  fait  prisonnier  pour  lui,  il  rendit  dix  nobles  Sarrasins  qui  auraient  rapporté 
beaucoup  d'argent;  mais  il  y  renonça  pour  ravoir  Guillaume.  11  fit  crier  partout  qu'il 
payerait  ce  qu'il  devait,  afin  qu'il  n'y  eût  ni  plaintes  ni  exactions,  cl  il  fit  tout  rendre 
et  acquitter.*  Quand  il  prît  congé,  vous  auriez  vu  les  gens  le  suivre  en  pleurant  ten- 
drement, en  priant  pour  lui,  en  rappelant  sa  prouesse,  sa  valeur  et  sa  libéralité.  Ils 
disaient  :  «Ah!  Syrie, comme  tu  restes  maintenant  dépourvue  d'aide!  Dieu!  si  la  trôve 
(c  était  maintenant  rompue  comme  elle  l'a  été  mainte  fois ,  qui  serait  là  pour  nous  défendre , 
«tune  fois  le  roi  parti?»  Là  pleuraient  beaucoup  de  gens.  Le  roi,  qui  était  encore  très 
souffrant,  ayant  pris  congé  d'eux,  entra  en  mer  sans  plus  attendre  et  fit  ouvrir  les 
voiles  au  vent.  Il  vogua  pendant  la  nuit  aux  étoiles.  Au  matin,  quand  l'aube  parut,  il 
tourna  son  visage  vers  la  Syrie  et  dit,  ses  gens  l'entendirent  et  les  autres  le  comprirent  : 
«Ah!  Syrie,  je  te  recommande  à  Dieu,  et  puisse  Dieu  me  donner  encore,  s'il  lui  plaît, 
«assez  de  temps  pour  que  je  te  fasse  secours!  Car  je  pense  encore  te  secourir.  »  Alors 
son  vaisseau  l'emporta  au  loin;  mais  il  ne  savait  pas  les  grands  maux,  les  ennuis  et 
les  peines  qui  lui  pendaient  devant  les  yeux,  et  les  tourments  qui  l'attendaient  par  la 
trahison  préméditée  qui  fut  mandée  de  3yrie  en  France  au  roi,  au  sujet  des  Hausassis. 
Il  fut  ainsi  pris  et  jeté  en  prison,  étant  en  pèlerinage  et  sous  le  sauf-conduit  de  Dieu, 
ce  qui  permit  de  prendre  son  patrimoine  et  ses  châteaux  de  Normandie  par  convoitise 
et  par  envie.  Ensuite  il  fut  racheté  moyennant  une  rançon  d'argent  pour  laquelle  il 
lui  fallut  tailler  son  peuple  et  prendre  dans  les  églises  les  croix,  les  reliquaires,  les 
calices,  les  vases,  et  Tor  et  l'argent.  Il  en  était  en  si  grand  besoin  que,  de  tous  les  saints 
et  saintes  de  Dieu,  il  n'y  en  a  pas  un  qui,  sans  mourir,  ait  plus  souffert  pour  Dieu 
que  ne  fit  le  roi  dans  sa  prison  en  Autriche  et  dans  la  riche  Allemagne.  Mais  Dieu 
qu'il  avait  servi  ^^^ , et  son  sens,  et  sa  libé- 
ralité, sa  prouesse  et  sa  prévoyance,  et  les  barons  qui  envoyèrent  pour  lui  leui*s  fils 
en  otage,  tant  qu'il  revendiqua  sa  terre  sur  le  roi  de  France  et  lui  fit  la  guerre,  et 
il  fit  si  bien  qu'il  recouvra  autant  ou  plus  qu'on  ne  lui  avait  enlevé.  Dieu  conduit 
toujours  si  bien  ce  qu'il  fait  qu'il  rémunère  équitablement  celui  qui  a  souffert  à  son 
service. 

Sachent  tous  ceux  qui  sont  maintenant  et  tous  ceux  qui  viendront  que  l'histoire  finit    V.  laSAi. 

(')  Il  paraît  y  avoir  une  lacune  d^au  moins  deux  vers,  qu*on  ne  peut  combler  avec  sûreté. 

38 


i6à  LHISTOIRË  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

ici,  el  ussure  comme  vérité  certaine  que  l'année  où  la  croix  fut  conquise  [ci  prise  par 
les  Sarrasins^')]  il  y  avait  mille  cent  quatre-vingt-huit  ans,  le  Uvre  l'ailirme,  depuis 
le  temps  de  Tincarnation ,  où  prit  naissance  le  fils  de  Dieu,  qui  vit  et  règne  avec 
son  père.  Puisse-t-il  nous  mettre  tous  dans  son  royaume!  Ameti. 


t')  Vers  manquant  restitué  |>ar  conjecture. 


GLOSSAIRE. 


3>< 


L^  Glossaii-c  qui  suit  nn  contient  pas  tous  les  mots  du  texte  :  on  y  a  compris  tous  ceux  qui  n^exis- 
tent  plus  en  français  moderne  ou  qui  se  présentent  dans  le  texte  avec  une  forme  ou  un  sens  assez 
différents  de  ceux  du  français  moderne  pour  créer  une  difficulté  au  lecteur,  et  en  outre  quelques  mots 
dont  il  a  paru  intéressant  de  noter  Tapparition  dans  un  texte  littéraire  dès  le  xu*  siècle. 

Les  têtes  d  articles  of&ent  les  mots  sous  la  forme  qu^ils  ont  dû  avoir  dans  la  langue  de  Touteur 
et  qui  est  constatée  dans  Tintroduction  grammaticale;  quand  cette  forme  n'est  pas  repr^entée  dans 
le  manuscrit,  elle  est  placée  entre  crochets.  Les  formes  du  manuscrit  sont  placées  à  leur  ordre  al- 
phabétique, avec  renvoi  h  la  forme  normale  (on  Ta  souvent  né^igé  quand  la  forme  fautive  occuperait 
le  même  rang  alphabétique  que  la  forme  restituée).  Toutefois,  sauf  un  petit  nombre  d'exceptions,  on 
s  est  contenté  d'enregistrer,  comme  articles  à  part,  l'infinitif  des  verbes  et  l'accusatif  singulier  des 
noms  ou  pronoms. 

Tout  substantif  est  enregistré  à  l'accusatif  sidgulier,  tout  adjectif  &  l'accusatif  masculin  singulier, 
sans  que  ce  soit  expressément  mentionné.  La  note  pL  seule  indique  que  le  mot  est  h  Taccusatif  plu- 
riel, la  note/,  qu'il  est  au  féminin.  La  note  s.  indique  que  le  mot  est  sujet  (ce  qui  n'implique  pas 
toujours  qu'il  ait  la  forme  du  nominatif).  Le  singulier  est  toujours  donné  avant  le  pluriel,  le  mascu- 
lin avant  le  féminin ,  la  forme  du  régime  avant  celle  du  sujet. 

Dans  les  verbes,  l'infinitif  est  toujours  mis  en  tète  de  l'article.  Tous  les  temps,  sauf  indication  oon« 
traire,  sont  h  l'indicatif;  ils  sont  ainsi  marqués  :  pr.  =  présent,  tmj/.  =  imparfait,  jy«  =  par&it, 
/u/.  =  futur,  coiid,  =  conditionnel.  Les  modes  autres  que  l'indicatif  sont  ainsi  marqués  :  tmpér,  ==  impé- 
ratif, sbj,  ^  subjonctif  Un  p.  seul  désigne  le  participe  passé.  Le  participe  présent  et  le  géréndif  sont 
également  marqués  par  ffér.  =>  gérondif*  Les  personnes  sont  marquées  par  les  chiffres  i ,  9 ,  3 ,  il ,  5, 6 , 
les  trois  derniers  chiffres  désignant  les  trois  ])ersonncs  du  pluriel. 

Dans  les  \erhes  comme  dans  les  noms ,  une  indication  donnée  pour  une  forme  s'applique  aussi  à  la 
fonne  suivante,  si  celle-ci  ne  porte  aucune  indication  nouvelle;  quand  elle  porte  seulement  une  sous- 
indication,  il  faut  suppléer  l'indication  plus  générale  qui  précède.  Ainsi  fffut.  i  larai,  à  larroHiJi, 
signifie  que  larai  est  la  première  personne  du  singulier,  larrons  la  première  personne  du  pluriel  dtt 
futur  de  laier;  (fp.  remis,  f.  remise,  pi.  remises  m  indique  que  remis  est  l'accusatif  masculin  singu- 
lier, remise  le  féminin  singulier,  rémises  le  féminin  pluriel  du  participe  passé  de  remaneir» 

Quand  la  traduction  d'un  passage  cité  contient  les  noms  et  verbes  aux  mêmes  nombres,  genres, 
fonctions,  temps,  modes  et  personnes  que  le  texte,  ou  que  ces  données  résultent  clairement  de  la 
traduction,  les  indications  cinlessus  expliquées  sont  omises.  Ainsi  rtdesvoierent,  détournèrent n ,  mais 
ffimpf.  G  desvoleient,  desvoloient,  pf.  6  desvoldrent,  ne  pas  vouloir,  se  refuser  h*). 

Pour  plus  de  clarté ,  on  a  introduit  dans  le  Glossaire  l'usage  du  tréma  pour  distinguer  ai,  ei,  oi,  ié, 
né  y  eu,  où  en  deux  syllabes  des  diphtongues  ai,  ei,  oi,  ie,  u?,  ou:  pais,  feîs,  roUlier,  crier,  huer, 
fteûr,  pour. 


GLOSSAIRE. 


A,  A.  Avec  le,  art  masc.  sg.^  a  se  combine  en  al, 
avec  let,  art.  pi.  m.  et  f.,  en  «u;  on  trouve  cepen- 
dant au  V.  6395  a  la  maceê;  cf.  Tobler,  Le  Yen 
fronçai»,  p.  36«  —  A  contenu  dans  al  n*est  pas 
répéta,  comme  on  s^y  attendrait,  v.  6t  \  Al  heeoing 
Deu  e  ia  clamor,  —  A  peut  exprimer  entre  un  sub- 
stantif et  un  autre  le  rapport  de  possession  :  li  peree 
aljoefne  rei  96,  lafeete  a  ton  Ui  eainz  3179.  —  Il 
signifie  avec  :  a  iço  6373,  a  ço  7^69,  8677»  avec 
cela.  —  Il  désigne  la  manière  :  a  gtwitjoie  Aâo; 
aforee'j^b^  i63o,  ss6i,  93oo,  9766,  etc.,  avive 
force  33o6 ,  6690  (ms.  éd.  a  unef).  —  Auemblent 
a  not  3067,  en  viennent  aux  mains  avec  nous.  — 
Berbiz  fuient  a  /ou  731,  fuient  devant  un  loup.  — 
Deu  vint  a  volenté  39âA,  fut  dans  la  volonté  de 
Dieu.  —  Avoir  a  père  ii/iS,  a  non  11/i/i,  avoir 
pour  père,  pour  nom;  avoir  a  ekier  9Â71,  avoir  en 
amitié;  ee  tenir  a  /i56,  se  regarder  [à  bon  droit] 
comme  ;  quil  eaveit  a  meieûrua  961 7,  qui  le  connais- 
sait pour  malchanceux.  —  A  devant  un  infinitif  au 
sens  de  «pour»  :  De  vitaille  a  l'oet  euttenir  7910. 
—  Au  V.  1998  a  est  incompréhensible  et  sans 
doute  fautif. 

Aaoi.  Voir  Eaoi. 

Aaisiib  :  i'ert  aaieiez  3690,  s^était  mis  k  son  aise; 
p.  aaiiié,  commode  :  vent  aaùié  1 939 ,  vent  propice. 

Aahix.  Voir  Mbsabsmbb. 

Aatib,  ahatie,  attaque,  6687,  ii3â&;  granz  aatiet 
3875,  violentes  attaques;  par  aatie  3737,  par  pro- 
vocation, par  défi;  ]A5,  à  Tenvi. 

Aatirb  906,  comme  Aatib. 

[Abaissibb],  sbj.  impf*  3  aheiêtoêt  à&Sa*  baisser  (de 
prix). 

AiARDORBB  i3oâ,  cédeT;  e'alHmdonêr  3871,  6969,  se 
mettre  en  avant,  s^exposer  (dans  un  combat); 
1035^,  s*oavrir,  parler  avec  abandon. 


Abassbb,  devenir  bas  (au  sens  de  tardif)  :  relevée 
abasese  11915  (:  ieree)^  heure  avancée  de  Taprès- 
midi. 

Abatbîx  7891,  amas  de  choses  abattues. 

Abatbb  i59'o,  i568,  renverser;  pf.  3  abaU  â/197 
(ms.  éd.  emhati)^  faire  baisser  de  prix. 

Abbs  10093,  s.  à'abé,  abbé. 

Abbissibb.  Voir  Abaissibb. 

Abitbb,  habiter,  p.  abité  8808,  fréquenter,  converser; 
abitee  6768 ,  9869 ,  habitce  9 06/1 ,  habitée;  que  nuU 
n'i  aveit  abité  9618,  ce  que  personne  n^avait  réa- 
lisé (î). 

Abbivbb  :  i'abrivoient  8996,  s'efforçaient;  p,Labrivec 
10959,  lancée  avec  force. 

Abbochibb.  Voir  Atbocbieb. 

Absolu.  Voir  Asoldbb. 

AçAiRTB.  Voir  Agbiutb. 

[  AcEiirrB  ] ,  açainte  5993 ,  10171,  enceinte. 

ACBMBBHBNT.  Voir  AcB8MBBMB!fT. 

AcBNBB  Â858,  appeler  par  signes. 

AcBBTBB  9196,  reconnaître  avec  certitude. 

AcBSMé  9999,  pi.  aceemez  6997,  f.  acesmee  3161, 
orné,  paré. 

[Acbshebhbtit],  acemeement  6999,  élégamment,  en 
grande  parure. 

AcBAisoR  9 6 /i à,  5456,  cause. 

AcHAMAiLLié  io859  {d.  S.,  ougBgés  dans  une  mêlée, 
aux  mains. 

Achat  :  de  grant  achat  /i8i6,  de  grand  prix. 

AcBATBB  369,  impf.  6  achatoietU  A 93  6  (L  Si  Vacha- 
totanf  eneor  chier),  acheter. 

AcHEiiBB  6977,  réduite  à  la  condition  de  chiens,  misé- 
rable. 

AcHoisiBB.  Voir  Aquiisiib. 

[AcuBBiu]  :  aclœroim  5765,  édairde,  lâcbe. 

AooiL.  Voir  AcoBiL. 


hGi 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


Aoo»TEifE!iT  7606,  liaison,  connaissance  que  Ton  fait 
avec  quelqu^un. 

AcoLEX  7550,  entoures  dos  bras,  embrasses. 

AcoMPAio.iiEB  :  8*acompaigmereni  6007,  se  mirent  de 
compagnie,  se  réunirent;  aeompaigmeei  17^9* 
mises  dans  la  même  compagnie,  jointes. 

AcoMPLiB  3199,  terminer. 

AC05D1RI.  Voir  ACORDDIRE. 

[AcoRDUiRi],  acondire  101 5,  convoyer. 

AcoKsivRE    170,    690    {acun$wre)f    1G6&,    9  388, 

3ooo ,  pf.   6   aconêuirent    1 1 1 97,  p.  pi.   aconseû 

55iâ,  870/i,  acomeùe  f.  778a,  atteindre. 
Aco5TE,  aatnte  G73G,   pi.   acontes   6696,   compte. 
[AcoiTTER],    pr.   1    aevLhi    131 38,   faire    entrer   en 

compte. 
AçoPBR  :  tant  if^d  el  dreit  acopee  3556,  tant  elle  s*y 

arrêta  (y  tomba)  droit;  la  iert  la  bataille  açùpn 

6856,  là  la  bataille  était  arrêtée. 
AcoBDB  110,  969,  A661,  accord,  pacification. 
AcoBDEMERT  35i3,  Bccord,  arrangement;  a  un  acor^ 

dément  56o5,  ensemble,  d*accord. 
AcoBDBR  :  i'acorderent  10&9,    tombèrent    d^accord; 

acordee  918,1.  recordee.  Voir  Rbcobder. 
AcoBEiT  6586,  1.  a(orrw(.  Voir  Atobrib. 
Agorbe  :  en  acorant  8799,  en  courant  dessus. 
Agosteb  6069,  approcher  de   cêté;   acottee  6oo5, 

arrivée  à  côte. 
AcoTEB  :  al  cKaeir  jus  i'acota  6876,  au  milieu  de  sa 

chute  il  resta  suspendu  en  s^appuyant. 
AcREiBE  918,  aeroire  87 56,  emprunter;  fi»t  acroire 

1861,  fit  accroire. 

ACBOIRE.  Voir  AcRElBE. 

[Acueil]  :  de  grant  aeoil  886 ,  très  accueillant. 
AcDis.  Voir  Aquis. 

ACUNSITRI.  Voir  ACONSIVBB. 

AcuNTE.  Voir  Ago!<te. 

ACUKTIB.  Voir  AcOilTBB. 

Adbgbbtes  1789,  6865,  pour  de  bon,  sérieusement; 
5167,  avec  certitude. 

Admirad,  admirail,  admirald,  admirali,  admirait,  ad- 
tniralz.  Voir  Amibal. 

Adouc  760,  alors. 

Ados  10616,  endroit  où  Ton  s^adosse;  lei  adoêsa 
a  tel  ados  9365,  (fig.)  les  mit  dans  une  telle 
situation. 

Adosseb  9365 ,  acculer;  s'adosser  3 100,  3586,  s'a- 
dosser, tourner  le  dos. 

[Adbbcbmirt],  aèrmcemtnt  1776,  réparation,  redres- 
sement 


[Adbicibb],  adrescier  i339,   sbj.    impf.  3  adrestast 

1660,  6  adresçassent  1693,  p.  pi.  adresciez  908, 

1693,  dresser;  1 339, diriger;  9^^*  1660,  réparer,. 

redresser. 
[Aobbit]  :  adroite  19338  (éd.  a  droite),  droite,  bien 

dirigée. 
Adbiscemi?it.  Voir  Adbecbmbht. 
Adbbscieb.  Voir  Adbbcieb. 
Adubes  1666,  endurcis  (fig.)* 
Adtibse  ii5i6.  Voir  EiiGBàs. 
AiRDEiB  (S')  3688,  s'atUcher. 
Afaibe  656  (masc.),  affaire  880,  Vaffaire  3069  (au 

sujet,  fém.),  affaire,  entreprise;  de  grant  affaire 

879,  36o3,  de  grande  conséquence. 
Afaitieb,  pf.  6  afeittrent  6996,  arranger;  p.  s.  afaitiez 

5976,  bien  appris,  sage. 
[Afeilbibb]  :  irfebloiees  7893,  affaiblies. 
Afibloiib.  Voir  Afeblbibb. 
Apiitir.  Voir  Afaitiib. 
Apbbib  ,  pr.  3  afiert  7966,  impL  3  afereil  876 , 1 109 , 

aferoit  5619,  convenir,  appartenir. 
Afbbmbb  6199,  affirmer. 
Apfaibi.  Voir  Apaibb. 
Apiahcb  11713,  promesse ,  engagement. 
Aficbiib,  pr.  3  ajiche  19366,  pf .  3  aficha  6806, 

p.  ajichié  6166  :  19366  affirmer;  s'ajicha  6806, 

s*affermil;  pi.  s.  t^chié  6166,  bien  décidés,  con- 
firmés dans  leur  résolution. 
Afilees  9170,  affilées. 
Afoler  i566,  impf.  6  efoloieni  758,  pf.  6  afolerent 

769,  p.  pi.  s.  afolé  9569,  détruire,  perdre;  i566 

être  détruit ,  perdu. 
AroRDiE  9963,  coulée  à  fond. 
AoBATETfré  6866,  f.  pi.  agraventees  1999,  jeté  bas, 

écroulé. 
Agréer,  impf.  6  agreoit  9756,  agréer. 
Agd,  pi.  aguz  3787,  aigu. 
AouAiT  6157,  7096,  embuscade. 
AocAitiEB,  pr.  6  aguaitent  8839,  ^pi^''- 
Ahaitier  5365,  mettre  de  bonne  humeur,  en  bonne 

disposition. 
AiA5  983, 1010,  1119,  1708,  9836  (haan),  peine, 

fatigue. 
Ahatis.  Voir  Aatie. 
Ahbbhiscbbr.  Voir  ABnmsGBiBB. 
Ahbbrbsgbibb  9068  (ahemescher),  p.  f.  ahernesehiee 

7177,    9950,    armer,    équiper;    s'ahernêêchéer 

7*77- 
AiDi  11871,  aide,  coatribation. 


GLOSSAIRE. 


&69 


AîDAiU  8636 ,  pL  aidabUê  SgCo,  capable  d'aider,  de 
rendre  service. 

AiDUB,  imp.  me  5898,  sbj.  3  ait  169,  aider;  êaint 
iepulere  ai>  5898,  saint  sëpulcre,  aide-nous  I 

Aîi  799,  i369,  i648,  aSio,  9861,  aide,  secours; 
de  graiU  où  8764 ,  de  grande  valeur  militaire. 

AiRc  179&,  3538,  jamais. 

A1HGU8  999,  ainzeiê  5i8o,  dnceù  9696,  9766,  omi^ 
cm  6&9,  901&,  aneeiê  1907,  ançois  9 m,  avanl; 
1907  mais;  ii  toit  eom  il  pora  ainç9i$  9016,  le 
plus  tôt  qu'il  pourra.f 

AiRÇois.  Voir  Airgbis. 

Aiifz  345,  379,  585,  emz  aSi,  9119*  avant;  ainz 
jùT  653,  avant  le  jour;  einz  icel  contm^k,  avant 
ce  temps;  il  ns  ceaa  (suppr.  la  virg.)  Ainz  kê  ot 
poitez  7699»  il  ne  s'arrêta  pas  avant  de  les  avoir 
ùâi  passer;  ainz  que  893,  1869,  9087,  A769;  a 
Vainz  qu'il  porent  986,  11860,  le  plus  vite  qu'ils 
purent;  ^ut  ainz  ainz  8889 ,  9985  {q,  a,  anz)^  à  qui 
arriverait  le  plus  tôt. 

AmzBis.  Voir  Aircbis. 

AÏB  :  de  grant  atr  8769,  d'une  grande  force;  6678, 
avec  une  grande  violence. 

Aisi  63o9,  facilité,  aise;  517,  commodité, bien-être; 
en  aite  91A9,  dans  un  lieu  favorable  (au  dâ>ar- 
quemenl);  a  aise  710,  ayant  leurs  aises. 

AiSKMKiiT  11705,  commodité,  bien-être. 

Aisié,  s.  aiêiez  81 85,  qui  est  à  l'aise. 

AivB,  aïeul;  el  tens  noz  akkt  9776,  el  tens  no$tre  aive 
io5o/i ,  au  temps  de  nos  aïeux. 

Ajobrcb,  pf.  8  ajm*na  1195,  faire  jour. 

Ajostbb,  pf.  3  ajoeta  111,  réunir,  rassembler;  6  t'o- 
jotiouent  83 17,  se  rassemblaient;  i'ajoita  9719,  se 
rassembla. 

Alcoh.  Voir  A0C05. 

Alçob.  Voir  Adçob. 

[Aleibr]  :  i'alièr  685o,  se  rallier,  s'appuyer  sur. 

Alemakdb,  pi.  aletnandeê  6967,  amande. 

Albb,  pi.  aleeê  8939,  marche  (en  parlant  de  plu- 
sieurs vaisseaux). 

Albgibr  :  p.  alegié  9011,  allégé,  rétabli. 

Albine  :  grant  aleine  7978,  d'un  grand  élan. 

Alboib,  pi.  aleoiri  9898,  chemin  sur  le  haut  des 
remparts. 

Albr,  impf.  &  alioms  1990,  cond.  8  trett  5o,  sbj.  pr.  3 
a/(  8,  aller;  lor  entrées  ereni  aleeê  9866, ils  avaient 
perdu  tout  moyen  d'entrer;  les  fêtes  furent  edâes 

.    hSo'jy  furent  finies;  la  gent  est  alee  11116,  est 

.  '  pferdue;  que  ta  vie  n'enfust  alee  iii85,  qu'il  ne 


perdit  la  vie.  Aler  construit  avec  un  gérondif  1190, 

9036,  6068. 
Albûrb  6969,   allure;  grant  aleûre   1975,    i585, 

5898,  5791,  vite,  grand  train; petite  0/0111*05965, 

à  petite  allure. 
.\likr.  Voir  Aleibr. 
Almaille.  Voir  Aumaillk. 
Alme.  Voir  Ame. 
[Alob],  a/oue  1695,  alouette. 
ALoé  9857,  aloès. 
Alobb,  p.  aloé  9858,  loger,  colloquer;  l'ert  alœz 

669,  avait  fait  un  contrat  de  location. 
Aloigmibb.  Voir  Esloignibr. 
Alosé,  s.  alosez  9888,  8885,  pi.  r.  ahsez  896,  loué, 

célèbre. 
Aloub.  Voir  A  lob. 
Alqua5t.  Voir  AuQUAhT. 
Alsi.  Voir  A  DSI. 
Amartbîb.  Voir  Ambktbvbib. 
Amatib  :  amatie  166,  accablée,  abattue. 
Ambbdui.  Voir  Arsdous. 
Ambbs.  Voir  Ans. 
Ambbsdocs.  Voir  Arsdous. 
[Amb],  anme  loâa,  8658,  aime  9861,  8909,  pi. 

aimes  956o,  8659,  âme.  La  rime  d*alme,  aimes 

avec  dame^  dames  (8909,  8659)  indique  la  môme 

prononciation  pour  les  deux  mots. 
Ambrder,  sbj.  8  ament  9798,  pf.  6  amendèrent  6996, 

réparèrent,  remirent  en  état;  si  Deus m'ornent, BÎnû 

puisse  Dieu  m'améliorer  ! 
[Ambntbveir],  p.  f.  amanteOe  55oo,  rappeler. 
Amirail  8685,  98/18,  10798,  11967,  amN*a/t  7577, 

admirait  8891,  admirald  11 859,  admàrad  7576, 

11691;  pi.  amiralz  8671,  6860,  6563,  admiralz 

9978,  9597,  6988,  6G96,  7589,8699,  admirais 

6799,  s.  admirail  8o59 ,  chef  sarrasin ,  émir.  La  rime 

d^amirah  avec  halz  (8671  )  indique  pour  le  sing. 

amirail  ou  amiralt;  le  premier  est  préférable.  Le  d 

de  plusieurs  formes  est  dû  a  l'influence  à^admirari, 
Amiralt.  Voir  Amiral. 
AMo^BSTBR,  pf.  6  amonesterent  5679,  9098,  conseiller 

(gouverne  le  datif). 
Amor  69,  9998,  etc.,  amour  (fém.). 
AMoaoRB  9910,  se  prendre  à  (comme  le  poisson  à 

l'hameçon);  gart  ne  s*iamerde  9^5,  qu'il  fasse 

attention  à  ne  pas  s'y  laisser  tenter. 
Amulaikb.  Voir  Mulairb  à  la  Table  des  noms  propres* 
Ar.  Voir  Or. 
Argbis.  Voir  Aircbis. 


470 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


[Arciisoi],  pi.  8.  anctêur  Sai,  Gi8,  6791,  ancêlros. 

[Axcusobie],  (mceiserie  87,  ancetorie  5117,  temps  des 
ancêtres,  aotiquilé. 

AsciLEB,  anetfê  89  H  ? 

AscisoRiE.  Voir  A^cusoiic. 

AscEsn.  Voir  A?iceisoi. 

Abciê?i  333>'i.  vieux  (^ d'âge). 

Ançois.  Voir  Ak^ceis. 

Atidbgbate  :  Pandegrave  9937,  s.  fandegrave  3978, 
Vandegraret  S'ioô,  ie  landjjravo.  Cette  forme,  tirée 
de  rail,  lantgrévê  où  17  a  été  prise  pour  Tarticte,  se 
retrouve  dans  la  Sainte  ElUabith  de  Rustebcuf  et 
dans  le  Roman  de  Ham ,  et  oe  doit  pas  être  corrigée. 

Axe  4oo8,  canard. 

AxDci.  Voir  .A.1SD0CS. 

ASEIBE.   Voir  E.^EIBC. 

A!iGETi?(  ^335,  'i3'ii,  denier  d'Anjou. 
[A31GOISSIEBJ,  impf.  6  anguitoient  6009.  pf.  6  «a- 

gmêêerent  1889,  serrer  de  près,  tourmenter. 
[A.iGoissos],   r.   mmgHiêmte  ù6i\,  anguim^e  8999, 

tourmenté,  plein  d*augoisse. 

AUGCABDE.  Voir  A^ZGUABDE. 

Atigcisos.  Voir  Aigoi:»sos. 
Amcisseb.  Voir  A^goissier. 
A5iaB.  Voir  Ame. 
[Ans],  f.  mmbet  179't,  tous  deui. 

ASEIBE.  Voir    E^EIBC. 

[AsorriEB],  pf.  3  anwUL  i93o,  gér.  miail/utl  1 1960, 

(Sûre  naît. 
AsosE  iiyi,  90O9  '  mi.  «««W),  provisions  de  bouche. 
[A^SDOcs],  sj.  ûmbedui  187.  andui  6^ ^6,   f.   ambet- 

douM  lâ^s,  9^53,  tous  deux. 
A!icrr  19166,  cette  nuit. 
AsnrnB.  Voir  ATiorriEE. 
An.  Voir  Aua ,  Asigcibde. 
AsMf IBM  6 1  ^7  ( ms.  éd.  ojiz  gumrde),  anguarde  369 1 , 

3597,  avant-ganle;  imguarde  9980,  pi.  OMguardei 

6878,  9^96,  hauteur,  éminence. 
[Aobeb],  pr.  3  aûre  99,  p.  f.  aûree  19 1&,  adorer. 
Apaieb,  p.  pi.  s.  apaiê  908^.  réconcilier. 

APiBCBTElB.  Voir  APEBCEfElB. 

Afjlbeilleb.  Voir  Apibeilueb. 

[Apibeiluib],  préparer,  mettre  eu  état  :  apareilkr 
«m  ein  187,  sbj.  impf.  6  apariUas»ent  iar  uire  917, 
faire  ses  préparatifs  de  voyage;  aparilUr  «on  oêt 
1761,  mettre  son  année  sur  le  pieil  de  guen-e. 

Apulbistbb,  parait re;  nVttnl  nul  o^rrwMml  1795,  il 
ne  semblait  pa:&. 

Apabilleb.  Voir  Apibeilueb. 


Apabtb?(Ib,  pr.  6  apartiettent  9080 ,  convenir  ;  ge'r.  mpar- 
tenant  669,  aparlenanz  899,  qui  appartient  a. 
parent 

Apb5i>bi,  impf.  3  opendoU  Sàti,  cond.  3  apemdreit 
5o5 6, appartenir  féodalement,  être  sujet;  l'op:»- 
doieni  rert  U  marakit  8189,  faisaient  alliance 
avec  le  marquis,  se  mettaient  dans  son  parti. 

Apebsbb  (S*)  :  pr.  3  i'aptnae  6978,  songer  à  (avec  de). 

Apbbcbvbib,  p.  aperfeiî  9060,  apercevoir,  reconnaître; 
s.  «parera;  1 1668,  avisé,  intelligent. 

Apibt,  f.  aperte  a^i'i,  5976,  clair,  visible  ;  s.  ofi^rr 
9939,  5670,  adroit,  habile  au  métier  des  anne«: 
geut  aperte  390,  de  même. 

AmiciEB  :  p.  f.  apeiidee  0078,  7007.  réduite,  dimi- 
nuée. 

Akoveib  998,  apiureir  5oi  1,  aplovoir  1119^,  impf. 
6  aplw^ueni  60 1 7,  p.  f.  i^leie  6 1 1 3 ,  arriver  comme 
b  plaie.  Cf.  Esplovbib. 

Aplovoib.  Voir  Aploveib. 

Apli'teib.  Voir  Aploveib. 

Apoail.  Voir  Apoiail. 

[Apoiail],  apoail  90^ ,  appui. 

[Apoieve3t],  apuiement  197^,  appui. 

Apoumb,  impf.  6  apoigneient  âoi  1,  piquer  sur,  a-^- 
courir. 

Afo!(dbe  898,  ajouter. 

Apobteb  :  lor  deiz  fê  oilz  noe  ap^jrtouent  553 ,  ils  nous 
mettaient  leurs  doigts  sou^  les  yeux. 

Apostle.  Voir  Apostbe. 

[.4postuile],  apo9tiÀHe  43,  pape. 

Apostoille.  Voir  Apostoile. 

Apostbe  6O79,  apceth  S796,  apôtre.  La  rime  aver 
noêtre  (6679)  établit  la  forme. 

.4pbe.  Voir  AspBE. 

.Apbehobe.  Voir  .\pbieibbe. 

Apbexdbe  :  apris  de  gaerrj  i536,  expert  dans  Tart 
de  la  gii?rre. 

Apbès  8389 ,  d'après. 

Apbesseb,  pf.  6  apretê.Ttnt  9719 ,  serrer  de  pK'<. 

[Apbievbbe],  apnmdre  ^'ii5,  déprimer.  La  rime  a\»s' 
eriemhre  (ms.  criendre)  établit  la  forme  et  le  s*?n*. 

Apbismieb.  Voir  Apboismieb. 

[ APBOisaiEB ] ,  apriemier  iii63,  impf.  6  apriêmMent 
3 1 67,  pf.  3  aproema  3 1 97,  6  apruw  rent  3 1 68 ,  ap- 
procher. 

Apwmsibb.  Voir  Apboissieb. 

APCIEIB9T.  Voir  Apoievest. 

[Aqlbisieb],  pf.  6  ackoiterent  5  6 '10,  apaiser,  calmer. 

Aqcis  4998,  4949,  4959,  496i,  4978,  43iî. 


GLOSSAIRE. 


471 


636o,&38o,  i^3g6  (aeuù),  6619,  io5o5,  aquise 
6751,  réduit  à  une  condition  fâcheuse,  malmené. 

AQQirn  :  t7  aquitênnt  lor  gagsi  5368 ,  ils  retirèrent 
ce  qa*ib  avaient  mis  en  goge;  p.  f.  aquitea  6768, 
9869,  délivrée.  La  rime  avec  habitée,  aux  deux 
derniers  passages,  indique  la  fo^e. 

AiAii  68o4;  pi.  arabii  11550,  arabiz  3o39,  arabe 
(en  pariant  d'un  cheval);  680/1  chevai  arabe.  La 
rime  du  sg.  avec  Halahi  ci  du  pL  (1 1 55o)  avec  dit 
indique  la  forme. 

AiAisonn  9559,  interpeller,  adresser  la  parole  à. 

AasALim  3171,  etc.  (  ms.  arblaate ,  arbelatte) ,  arbalète. 

Abiiusti,  arhlaste.  Voir  Abbalistb. 

Abc,  pL  s.  arc  108/1 5,  arche,  voilte. 

Abchibb  656o  ,  portée  d'un  arc. 

AaaiiBBB  3571,  pi.  arehù:rei  93/^5,  meurtrière. 

Abdiib  3639,  3687,  3693  (ras.  ardeier  les  trois  fois), 
p.  an  3698,  38i  1 ,  pi.  f.  anet  817,  brûler. 

Abb,  sec;  (fig.)  s.  arsi  4538,  svclte,  dispos. 

Abbstbmbnt  656,  1173,  6io5,  arrêt,  retard. 

Abbstbb  (S^),pf. 6 s'urrsturen/ 58i 3,  11910,  11936 
(:  coftuftfn/),  s'arrêter. 

Abibbb  1 158  (:  ehiere),  ariera  181 3,  en  arrière. 

Abiibbs.  Voir  Abiebb. 

ABifBB  58o  (ms.  a  armer) ^  i538,  9871,  pf.  3  ariva 
583,  i35o,  6  ariverent  893,  5 10,  p.  pL  s.  aiicé 
6o5  (ms.  arme)^  aborder;  58o  i^ariver,  de  même; 
i35o  faire  aborder. 

Abmbûbb  ii3i,  pi.  armeûrei  i683,  5760,  armure; 
i]3i  ensemble  d'armures,  armemenL 

Abochueb,  pf.  3  arocha  3963,  attaquer  à  coups  de 
pierres,  lapider. 

Abobdb  1979,  5656,  hirondelle. 

Abostbb,  p.  f.  aroitee  6099,  rôtir. 

Abotbb,  pf.  6  aroterent  7656,  101 95,  p.  f.  aroutee 
3i58,  5769,  mettre  en  troupe. 

Aboutbb.  Voir  Abotbb. 

Ab8.  Voir  Abdbib. 

As  5o5 ,  etc.  Voir  Lb. 

[Asaillib],  a$$aillie  3689,  attaque. 

AsBBiB  8i  o6(aMe(m-),pf.  3ani(  1 979, 6aniffvnX  9608, 
p.  f.  as«tM5i3,  9606;  5i3  asseoir,  situer;  1979, 
3606,  3608,  assiéger;  8166  par  oêseoir,  par  siège. 

AsBfiiBB  1965,  3591  {atiegier)\  pf;  6 asiegierent  2%^^ ^ 
asiegerent  ^'J'J'J,  p.  pi.  s.  asiegié  3013,  3893,  as- 
siéger. 

AsBGiB,  sbj.  impf.  6  a$egitHnt  10366,  assiéger. 

[Asbmblaillb],  pi.  a$$emblaHlei  6166,  union. 

AsBMBLBB,  pr.  6  oiemblènt  3067,  impf.  6  aaemblosnt 


66 1 0 ,  sbj.  impf.  3  atêemblait  7316,  cond.  3  aiiem- 

blerfit  73 16,  attaquer,  en  venir  aux  prises. 
[AsBBs],  auetu  8966,  10300,  approbation. 
AsbCb  368,  aaeûr  3391,  etc.,  en  sûreté;  3686  en 

certitude.  Au  v.  6175  pour  aneùr  I.  a  Sur  m, 
[Asbôbeb],  impf.  6  aueûrouent  9i36,  pf.  3  oêieura 

iSi'j^^,f,aueiiree  1033,3887;  1033,9887,9136, 

rassurer,  tranquilliser;  1817  assurer,  rendre  sûr. 
[Asbs]  :  asiez  plui  766,  sensiblement  plus;  oêsez 

tnielz   1800,  bien  mieux;  d*anei  6769^  6806, 

7500,  de  beaucoup. 

ASIBGIBB.  Voir  ASBGIBB. 

[Asoudbb],  pf.  3  anoh  3970,  sbj.  pr.  3  asBoille  5599, 
absoudre;  jueidi  abêolu  1307,  8353,  jeudi  saint 
(où  l'on  donne  l'absoute  générale). 

[Aspbb],  s.  apret  9618,  âpre,  ardent. 

Assaillie.  Voir  Asailue. 

AsSEMBLilLLE.   Voir  AsBMBLAILLB. 
ASSBMBLBB.  Voîr  AsBMBLBB, 

AssEss.  Voir  Asbks. 
AssBoiB.  Voir  Asbbib. 
AssBJJB.  Voir  AsBÛB. 

AsSBtBBB.  Voir  ASBÛBBB. 

Assez.  Voir  Asbz. 

AssouDBB.  Voir  Asoodbb. 

[ATAIGIlA^TllE!fT],  ateigtiantment  6697  (ms.  ateigna" 
fftfiif),  d'une  manière  forte,  pénétrante. 

Ataindbb,  ateindre  1901,  6990,  impf.  6  aleignouetU 
i53,gér. atetj^Tumz  kkaU ,  en  ataignant  10070, p.  f. 
atainU  9i53,  10616,  ateinte  io58,  i90i,  3i53, 
gagner,  rejoindre;  i  ateignouent ,  y  arrivaient;  aîei- 
gnant,  pénétrant;  en  ateignani,  en  piquant  droit 
dessus  ;  6990 ,  profiter,  servir  ;  atainte  10616,  atêinte 
10 58,  manifestée,  connue. 

[  Ataiktb]  :  de  haute  ateinte  9 1 53 ,  de  grande  poiasancc. 

Atakt.  Voir  Tabt. 

ATEIGRARTlIEIfT.   Voir  ATAlGlfAlfrMENT. 

Ateisdbb.  Voir  Ataihdbb. 

Ateinte.  Voir  Xtaiktb. 

Atempbeb  1 665 ,  modérer;  p.  f,  atempreeiSSh ,  réglée, 

arrangée. 
Atendbb  :  i*atendeit  5o73,  se  préparait. 
Ateutb,  attente  :  eanz  plu»  atentet  1891,  sans  plus 

attendre  ;  en  atentêê  5o56 ,  en  attendant.  Cf.  Entente. 
[Atenveibb],  p.  f.  atenvùiee  5766,  amincie,  éclaircie. 
Atbkvoibb.  Voir  Atesvbibb. 
Atebminbb,  pf.  6  aterminerent  1793,  fixer  à  un  terme 

précis. 
AfoGBiBB,  pf.  3  atoeha  9186,  toucher. 

39 

MKIHtlU    NATIOlâLI. 


Mi 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


Atoi  :  pi.  tUun  3oâ,  ëquipementj  de  guerre;  dolz 
ator  1 1067,  spectacle  (propr*  orrangement  )  doux  4 
voir;  hiido$  atur  io858,  speciacie  hideux  ;  de  fort 
atur  hgShj  de  forte  fabrication.  Les  nmes  avec 
lor  =  turritn  (loSbS  y  11067)  iudiquent  la  forain. 

Atoskir  11 3^1,  impf.  3  atortunt  5376,  pf.  3  at«ma 
966^^,  9686,  6  atomeretU  3oo5,  cond.  3  atorreit 
&586  (ms.  éd.  aoorftC),  gér.  atoritattt  i!io68,  p. 
•toiW  938,  1191,  pi.  atornez  9766,  f.  pi.  alor- 
Rém  1169,  arranger,  disposer;  s'atamêr  Â068, 
5976,  se  disposer. 

Atiairb  1990,  6963,8396,  s'approcher;  6878 céder, 
s'incliner;  atrettrmt  696 1,  tirèrent;  atrailê  355, 
6389,  amenéi*. 

Atrait  3656,  atreit  3339,  3879,  6655,  fascines,  ce 
qu'on  jette  dam  un  fosse  pour  le  eomhler,  sur  une 
machine  pour  la  bniier. 

Atr4Peb  9399,  attraper. 

Atraver  :  atraree  10809  (^**  trompe,  éd.  alrtNW»), 
campée  (I.  a  Jaffe  pour  de  Jaffe). 

Atrocuier  (S*)  :  ne  m*atroc  6719,  ne  m'attache  (le 
ms.  iK>rtc  ne  nnturoc,  Téd.  ne  m*abroc,  mais  afro- 
chier  convient  mieux  pour  le  sens  qu'c&rocài«r  et 
s'éloigne  moins  du  ms.). 

Atrotbr.  Voir  Atrater. 

Atur.  Voir  Ator. 

Acrerc.  Voir  Hausrerc 

[Accon],  ëleon  9869,  quelque;  9619,  quelqu'un. 

[  Adçoi]  :  ^  regrfi^  a^ori  9  9 1 0,  le  hant  royauaie(  leciel  ). 

AccTOR  5i  9  pi.  s. ,  tes  auteurs,  spécialement  les  poètes 
anciens. 

AuMAiLLR,  plur.  collectif  a/tN/ii7/?  8998,  pi.  aumaillet 
9106,  gros  bétail. 

Andbr  9699,  pf.  6  aàneretU  591,  p.  aùné  9705,  pi.  f. 
oêmêeê  9676,  9760,  rassembler. 

AuQUAST  :  s.  H  auquant  19911,  alquant  6 1 68 ,  quelques- 
uns. 

Auques  9887,  5586,  7o53,  un  peu,  quelque  peu. 

ACrer.  Voir  Aorer. 

Aôsrr  :  t'aûeerent  5999,  s'accoutumèrent. 

Acsi  corn  739,  ahi  corne  io366,  ainsi  que. 

[  Auter],  autierê  5939,  sutel. 

.4oTRB8i  85,  3975,  19181,  aussi;  autrm  grant  eom 
1 989,  aussi  grand  que;  autre$i  comm  19179,  ainsi 
que. 

AoTRRBL  9109,  8867  (pi,  s,),  semblable;  3776 
(neutre)  tout  autant. 

Aval.  Voir  Val. 

Avaler  6900,  pr.  9  a9ale$  3768,  descendre  ;  #m  arffltr 


I 


686,  en  descendant;  9'ûtalû  9538,  descendit;  s'a* 
udownt  10165,  descendaient. 

Ave,  qui  est  en  échec  :  jrriê  e  conyntt  e  mai  §  mvm 
9359.  Ce  mol  se  rencontre  toujours  rapproché  de 
mat  (voir  Godefroy),  ce  qui  ne  permet  pas  de  le 
confondre  avec  juofê.  Cf.  Avia. 

AfiiBB,  aroiee  6869,  mettre  en  ronte;  f'oraia  11 36, 
•0  dirigea;  i'ateiertnt  638,  marchèrent  de  concert. 

AvRia  (pour  les  (ormes,  voir  riotrodiictioo),  avoir; 
n'imtnit  atendu  5636,  on  n'attendrait pts;  n'aenr 
cvri  fée  5699,  il  n'y  avait  pts  eu  de  coar. 

Avtia,  atoir  816,  986,  acein  610,  avoir,  hient;  par 
aveir  1 656 ,  poor  de  l'argent. 

AvEiR.  Voir  AvER. 

AvERRMERT  9369,  arrivée. 

Avenir ,  pf.  3  avtmt  1 9 ,  abj.  impf.  3  ommiI  367,  advenir, 
arriver;  soa  avenant  8o63,  ce  qui  lui  oon venait. 

AvE?iT  :  pi.  (fi  artns  69o3,  dans  le  temps  de  l'avent. 

AvBirroRE  :  qM  Vaventun  ttst  eurut  9636,  car  telle 
fut  la  fortune;  tt  eom  Vaventure  curât  5os6 ,  comme 
le  Toulut  le  sort;  êe  9Uêt  «n  Pavemimrê  Diu  9767. 
se  livra  au  bon  plaisir  de  Dieu. 

[AvETfosos],  arenturui  d 3  guerre  9989,  hasardeux  A 
la  guerre. 

AviQUBs.  Voir  Ovcic. 

AviB,  s.  aver  1069, omn  6608,  f.  pi.  avérée  6638, 
avar  e. 

A  VER,  mettre  en  échec  à  :  Vosl, . .  et  la  gent  paiene 
avee ,  et  tote  i'eûit  elfait  mate  6660,  l'ost  avait  infligé 
nn  édiec  a  la  race  païenne,  et  elle  l'aurait  com- 
plètement matée  (expr.  6g.).  Jean  de  Meon,  cité 
par  M.  Godefroy,  écrit  kever  et  lait  Vk  aspirée; 
mais  ici  la  mesure  du  ven  est  d'accord  avec  la  gra- 
phie du  ms.  pour  établir  la  forme  orar.  Cf.  Ave. 

Avers  7879,  au  regard  de.  Cf.  Ervbrs. 

Avertir  :  •* avertirent  5916,  Grent  attention. 

AvBSPREE  1  ]633,  commencement  de  la  soirée. 

[Avillibr],  pr.  3  avile  8686,  déchoir,  devenir  mépri- 
sable. La  rime  (Marttï^)  indique  la  forme. 

Avis  :  eetoit  avie  9377,  semblait 

AvisiR,  pf.  3  atiùa  36] 3,  3796,  6ameerent  576,  re- 
garder, apercevoir. 

Aviver,  gér.  avivant  9096,  preater,  rendre  impatient. 

Avoé  176,  patron,  prolecteur. 

AvoBRii  5988,  patronage,  suprématie. 

AVOIBR.  Voir  AVEIER^ 

Avoir.  Voir  Aviia. 
AvoLTiRi.  Voir  Atodtirb. 
[AvooTiRi],  aivohire  6169,  adultère. 


GLOSSAIRE. 


hli 


B 


[Bachklei],  pi.  8.  baeMier  69,  97C7,  jeune  homme. 
La  rime  avec  aler,  vmteler,  indique  la  forme. 

Bacbilibii  356,  635o,  8373,  10196,  ii3o5,  jeu- 
nesse guerrière. 

Bachiuib.  Voir  Bacbelbr. 

Bacis  389,  399,  pi.  baeinë  6667,  ba«in. 

Bacos,  pi.  8.  bacoiiê  7661,  morceau  de  porc  salé. 

Biir,  f.  Imifs  6670,  7790,  9a3o,  déconcertée,  éba- 
hie. 

Baille,  pi.  bailles  969a  (ms.  éd.  haronê)^  retranche- 
ment  avancé,  cnceinlc  fortifiée. 

Baillsb.  Voir  Biillieb. 

Baillib  :  de  ea  baUlie  6939,  dépendant  de  lui  ;  ds  grant 
baUUe  778,  avec  un  (rraod  déploiement  de  forces; 
debûiUiê  6679,  8599,  de  choix. 

[Baillibb],  p.  baillé  1166,  livrer,  donner. 

Bailub  :  mal  bailU  669,  mal  en  point. 

Balcebt.  Voir  Baucbkc. 

Bah  1695,  6589,  ban ,  proclamation. 

B.iNDO?!  :  a  bandon  i95i,  1939,  de  toute  sa  force, 
sans  se  retenir. 

Bamebb.  Voir  Bariebe. 

Bakiebb  6565  etc.,  pi.  banieree  599  etc.,  banereê  566 , 
bannière. 

Bamr  :  banie  3963,  7179*  convoquée;  i'ott  banie 
9907,  son  armée  régulièrement  convoquée. 

BA.11S8BOR  97 1  o(banei9or) ,  9869,  proclamateur,crieur. 

Baptistibb.  Voir  Batestibe. 

Babat  83 17,  9o5i,  tromperie,  intrigue;  563o,  pi. 
s,  barai  9839,  petit  combat,  échauflourée. 

B\B4TE  5991,  bruit,  tumulte;  636,  687,  707,  ]o38, 
81 85,  tumulte,  échauITourée. 

BABBiRn,  pi.  r.  barbarine  10971,  homme  de  nation 
barbare.  Oriental. 

Barbbkaxb,  pi.  barbekanet  39o8,  barbacane. 

BAncAiG.MEB,  pf.  3  barguigna  63 1,  marchander. 

Babge,  1690,  10999,  10961,  pi.  6ar^g^  687,  33oi, 
barque,  vaisseau  distinct  de  la  n^et  de  la  galee. 

RAnoETE  1539,  P'*  bargetee  1670,  bargettee  693, 
1005,  chaloupe. 

Bargette.  Voir  B  a  boite. 

Babkage  393,  99'j,  1173,  9336,  9708,  etc.,  ré- 
union de  barons. 

Babon  9697,  pi.  barons  66^3,  s.  baron  9696 ,  baron, 
ligueur;  barom  de  teire  6693,  seigneurs  terriens. 


Au  v.  9699  baroui  est  une  faute  et  doit  sans  doute 
être  corrigé  en  baillée. 

Babosie  966,  3o63,  3891,  assemblage  de  barons. 

Barbe  6659, 6C67,  b&irière. 

Babril,  pi.  barrii  5996,  baril. 

Bas  3336,  de  basse  condition. 

Basme  9906,  baume  (:  blaeme). 

Bataille,  pi.  batailleê  5866,  division,  corps d armée; 
torner  balaille  7860,  diriger  sa  marche  (militaire). 

Batiillebos,  f.  bataillerote  1756,  pi.  bateUUrutet 
9196  (ms.  combateilleruêee),  belliqueux. 

Bateillerus.  Voir  Batailleros. 

Bateïz  5991,  action  de  ballre,  tapage. 

[Ratestire],  Imptittire  633i,  liapléme. 

Batre,  pf.  6  bâtirent  75 19,  battre;  gér.  bâtant  307, 
9096,  vile,  droit. 

Bauçiiit.  Voir  Baucexg. 

Baucebc,  bauçant  9966,  pi.  r.  bauceni  9870,.^iifaiM 
6761,  baleenz  9780,  blanc  et  noir  (en  pariant  d*un 
cheval). 

Baldequin,  pi.  baudequine  io5i9,  étoffe  de  soie  pro- 
venant de  Bagdad. 

Baut,  s.  bauz  10980,  f.  pi.  baudet  63i8,  plein  dVn- 
train;  par  baude»,  comme  des  (geas)  bien  en  train. 

Beivbe  9569,  boire.  Au  v.  955o  beivre  est  une  faute. 
Voir  SsiTRE. 

Bel  :  n.  estre  bel  1 9o5 ,  6860 ,  plaire;  b^  1 667, 6736 , 
pris  adverbialement,  de  belle  manière;  ft^'m  sam- 
bloêl  a  cheicun  bêle  906  parait  signifier  :  de  façon 
((uo  tout  le  monde  l'approuvât,  bek  étant  pris  au 
sons  absolu  qu'il  a  parfois  (cf.  Bbibt);  toutefois  cet 
emploi  semble  ici  forcé. 

Bblbmekt  1670,  10983,  d'une  belle  manière,  cour- 
toisement; 3i55,  en  liel  ordre. 

Bejieïços  3967,  pi.  beneironi  5339,  bénédiction. 

Be?iig!<e,  s.  bénignes  8761,  bon,  bienveillant. 

[Bebpbbi],  berfroi  6781,  tour  de  bois  servant  dans  un 
siège. 

Bebproi.  Voir  Berprbi. 

Berrie.  Voir  Bbrrdie. 

Berrdie  106661  beruie  8957,  berrue  6917,  berue 
1 1 38o ,  lande,  plaine  non  cultivée  (terme  propre  n 
la  Syrie).  La  rime  avcc/ui>  (8957,  10V16)  et  suie 
(6917)  indique  la  forme. 

Berce.  Voir  Bbbbuie. 

39. 


474 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


BrauiB.  Voir  Bibruib. 
BiBz  7696 ,  berceau. 
Bbsahz,   pi.  be$ani   A918,  8986,   10915,  besant, 

monnaie  d*or  grecque. 
Bbsccit  555o,  7689,  biscmL 
BuoioRE  998,  sgh,  ^79,  3587,  3590,  néceanté; 

buoinê  889,  h'jbli,  besogne,    affaires,  service; 

betoineê  8655,  peines,  fatigues. 
BisoiONiBR,  sbj.  impf.  3  b^icigtuut  1899,  travailler, 

s*occuperde;  pr.  3  hetoine  3588,  faire  besoin,  être 

nécessaire;  ço  beioignê  680,  il  le  faut. 
[Bbsoioiios],  hôêoinu»  Â633,  besogneux. 
BssoiRi.  Voir  Bbsoiorb. 

Bbsoiho  :  a  grant  beioing  8598,  en  grande  nécessité. 
BssouiiEB.  Voir  Bisoigiiibr. 
BBSoiffos.  Voir  Bbsoionos. 
Bibu  :  bien$  6568,  5659,  bonnes  qualités. 
BiBEB,  pi.  biereê  8196,  cercueil. 
Bis,  f.  hitê  6890,  de  couleur  sombre. 
BiSB  îo568,  biche. 
Blahc  11398,  reluisant,  brillant. 
BLiaiB  808,  pf.  6  bkem^nt  i5i7,  blesser  (propr' 

meurtrir). 
BocB  i336,  espèce  de  vaisseau. 
TBocbl],  pi.  ImceU  10597,  outre. 
[Bocbtb],  pi.  bocetteê  9539,  petite  bosse. 

BOCBTTB.  Voir  BoCBTB. 

[Bobl],  pi.  hueU  366o,  boyaui. 

Boits  9066,  entraves,  chaînes. 

BoiRB  (Vent  de)  9806  (:  eitoire)^  3a89  (:  e$lorie), 
1 1096  (:  êitoire)^  vent  du  nord  (Borée). 

[Boloxoibb],  pi.  buhngieri  6988,  boulanger. 

BoR.  Voir  BoBR. 

BoRBiBirr.  Voir  Bubrbibrt. 

[Boqubrah],  pi.  huqueraine  8980,  étoffe  de  Bokhara. 

[BoBc],  pi.  bun  8068,  boui^. 

Bot,  pi.  bouz  8859,  bout;  a  bot  6660,  jusqu^au 
bout,  complètemcnL 

[Botbillibr],  buteillier  6161,  bouteiller  (charge  ho- 
norifique de  cour). 

Botbb,  pf.  3  bola  1899,  pousser. 

[Bouge],  pi.  bugee  9858,  petit  sac. 

Bour.  Voir  Bot. 

Braçaillb  678 ,  action  de  brasser.  Cf.  Bracibb. 


Bbace,  pi.  bracee  655o,  les  deux  bras. 

Bracibb,  pi.  braeieee  11569,  ^("o^^^  6999,  brassée. 

[Bbacieb],  brasser  :  braça  6116,  travailla;  braeerêmt 

la  braçaiîle  678,  ourdirent  Ui  machination. 
Braidif,  f.  braidive  653 1,  arrogant  (propr^  rétif,  en 

parlant  d^un  cheval). 
Braies  6567,  1  ]6o5,  braies,  caleçons  de  toile. 
Brairb  6019,  6988,  impf.  6  brament  11666,  crier 

(ne  se  dit  que  des  Turcs). 
Brart  7116,  épée. 
Bribf  889,  court;  en  brieve  5968,  en  peo  de  tanps 

(cf.  Bel). 
Brief    95i,  .955,    3575,   pi.  briéë   11898,  (nirfe 

8868,  lettre. 
Bbiepmert  7,  brièvement. 
Brisibr.  Voir  Bbuisier. 
Bro.*!.  Voir  Bror. 

[Brcboille],  brubutlh  9661,  dissension. 
[  Bruisier]  ,  impf.  6  bruêoient  8788 ,  pf.  8  bnua  7580 , 

gér.  brieant  8665,  briser. 
Bru?i,  pi.  brùM  9870,  brun;  (riuis  8986,  couverte 

d'armes  brunies. 
Brusier.  Voir  Bruisier. 
BucEL.  Voir  BOCEL. 
BucRB.  Voir  BuscHB. 
[BuE5]  :  boni  quinze  joure  7907,  bien  quinte  jours  ; 

de  lor  bone  9586,  de  leurs  u]seB;fsreit  eee  hem 

5 068,  ferait  son  bon  plaisir.  La  rime  avec  fimif 

(5o68)  indique  la  forme. 
[Bubrembrt],  bonement  ^fx'j'j^  avec  bonne  intention. 
BuiL.  Voir  Boej.. 
BuER  :  buer  t  ala  9587,  y  alla  sous  de  bons  auspices, 

pour  son  bonheur. 
BuGE.  Voir  Bouge. 
BuisiRB,  pi.  buinnei  6986,  buiinêt  9859,    66 15, 

trompette. 
[Boissor],  pi.  buiiunt  65 19,  petit  bois. 
BnisuR.  Voir  Buissor. 

BULORGIEB.  Voir  BOLOROIBR. 
BOQUEBIH.  Voir  BoQOERiM. 

[Bgschb],  buchs  8857,  6896,  bois  de  chauffage. 
[BusGHiER  (Se)],  pf.  6  $e  bûchèrent  779 1,  s^embusquer. 
BusiRE.  Voir  BuisiRB. 
Buteillier.  Voir  Botbilubb. 


GLOSSAIRE. 


/i75 


Ça  :  ça  trtit  ça  qtutre  kZ'jSt  6707,  par  groupes  de 
trois  ou  de  quatre;  de  m.  fa  vint,  ça  trente  6707. 

Gahi.  Voir  Chahi. 

Gâhoib.  Voir  Chanbib. 

Gaitahi  S907,  9968,  9956,  io335,  1087 à,  pL 
earvanee  9169,  10986,  io3i9,  loSaS^  io3*i6, 
10367,  caravane. 

Gapb  JiûiiB  6389,  commencement  du  carême. 

Gapli.  Voir  Ghaplb. 

[Gaboilb],  pi.  quaroblee  Â369,  caroube. 

[Gabolb],  pi.  charolee  39,  danse  en  rond. 

Gasil  5889,  5931,  5963,  685/i,  6863t  7181, 
7908,  7909»  7790,  7731,  8i56,  etc.,  pi.  8. 
caeel  76/17,  r.  caeele  7199,  7368,  casai,  petit 
château.  r 

Gasiboar  9995  (ms.  catsan),  pi.  easingan$  io^%i  (ms. 
ealmgan»)^  casingan,  cotte  de  mailles  rembourrée 
de  colon,  portée  par  les  Turcs.  Voir  la  note  de 
M.  Stubbs,  Itin,Rie.,  VI,  t. 

Gatiah  3865,  goudron. 

GBLBSTiiLHBHT  SU ,  dVno  manière  céleste. 

GiLBSTRB  36/i,  393,  6/166,  5607.  La  rime  constante 
avec  ettre  indique  la  forme. 

[Gebchibb],  pf.  3  cereha  1867,  6  cercherent  197, 
chercher. 

Gbbclbib  6897,  eercUne  6817,  6896,  6931,  6936, 
pi.  eereleiet  39o3,  6688,  abri  fait  avec  des  claies 
pour  protéger  les  machines  de  jet. 

Gbbpoîb,  p.  f.  cetfotè  6966,  9993,  entourer  en  creu- 
sant, fouir  tout  autour. 

Gbrre  ]  o336 ,  cercle. 

Gbbt,  s.  eere  6696,  cerz  6666,  certain.  L*«  et  le  t 
sont  également  attestés  par  les  rimes  cïeri  et  Ro- 
hen  (peut-^tre  au  premier  passage  pourrail-on  lire 
/m). 

Gertbs  :  a  ceriee  9069,  sérieusement,  pour  de  bon. 

GsssBR,  pf.  3  ee%$a  1168,  dilayer,  perdre  du  temps. 

Gbster,  pr.  3  cette  976^,  broncher,  trébucher  ifi^*)' 

Graahe.  Voir  Gbabisb. 

Ghace  8958,  poursuite. 

[Goacier],  pf.  3  chaça  9998, 6  chactrént  9880,  pour- 
suivre (trans.)i  t^ça  7110,  chaeerent  i588, 
1599,  9986,  5637,  poursuivre  (intrans.),  donner 
la  chasse. 

Ghad.  Voir  Ghadt. 


[Ghabirb],  chaaine  9008  (chaîne),  chaane  3387, 
3935,  chaine  fermant  le  port  d^Acre;  lee  rentei  de 
la  chaatne  9008,  les  revenus  des  droits  qu^acquit- 
taient  les  navires  pour  être  admis  dans  le  port.  La 
rime  avec  demaine  (9008)  iudique  la  forme  chaeine; 
la  rime  avec  criuiane  (3387)  et  paiane  (3935) 
semble  indiquer  une  autre  prononciation. 

Goaeib  355o,  pr.  3  chiet  676,  pf.  3  chaî  790,  p.  f. 
chaeite  i3oo,cWte  8399,  tomber;  al  chaeir  ^bbo , 
dans  sa  chute;  moût  bien  l'en  chai  790,  cela  lui 
réussit  très  bien. 

[Ghaitip],  pi.  cheitifo  3669,  prisonnier  (  Richard  tra- 
duit ici  par  coptivoê). 

[Ghaitiîbison],  pi.  chettivieoM  9653,  81 35  (ms.  chei- 
ti/ions),  captivité  (le  pluriel  au  sens  du  singulier). 

Ghalbir  t  ne  puet  chaleir  9699,  on  ne  peut  se  pré- 
occuper; ne  voue  chaiUe  71 56,  ne  vous  niéloE  pas, 
n*ayez  pas  Tidce. 

Ghalbrgibr,  pf.  3  chalenja  19333,  revendiquer,  re- 
prendre. 

Gbambbrlbrg,  s.  c^ffifiier/eiM  671 5,  chambellan  (terme 
de  service  féodal). 

Gbame.  Voir  Gdaumb. 

Ghaveil,  pi.  chatneih  9908,  6760,  chameau. 

Ghamblee,  pi.  chameleee  9169,  charge  de  chameau. 

[Grampaigne],  ehampaine  6109,  campagne.  Sur  la 
rime,  voir  Plaigne. 

Ghahpaikb.  Voir  Ghampaiore. 

Gharcbler,  pf.  6  chancelèrent  6591,  chanceler,  plier. 

Grarçor  10666,  pi.  chanrone  60,  9363,  chanson. 

[Gbaxdbile],  chandeille  5688,  chandelle. 

Gbardeillb.  Voir  Gbardeilb. 

Guare,  cane  5659,  7578,  7586,  pi.  canee  io396, 
chanei  7009,  canne,  lance  légère  des  Turcs. 

[Gbareie],  canoie  9607,  9631,  9633,  9^1  a,  lieu 
planté  de  cannes,  de  roseaux. 

Gbarge  1398,  changement,  échange;  8785  change, 
lieu  où  se  tiennent  les  changeurs. 

Ghartbrie  1 9 1 87,  chant  habituel. 

Gbapbl,  pi.  ehapeli  5993,  chapeah  8758,  chapeau 
de  fer,  sorte  de  heaume. 

[Gbaplr]  :  tenir  caple  65 1 5,  soutenir  le  combat,  la 
mêlée. 

[Gbarcbb]  ,  charge  666, 1 0895,  faix ,  poids(de  la  lutte). 
La  rime  avec  arche  et  patriarche  indique  la  forme. 


A76 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


[Charchiir],  pi.  6  chargèrent  2879,  charger  (au  sens 
militaire).  La  forme  est  indiquée  par  charche. 

Charebe.  Voir  Chabiere. 

Chabge.  Voir  Ghabcbk. 

Ghaboirr.  Voir  GHABcniER. 

Gbibiere  11616,  charriere  6687,  char$re  979,  voie, 
chemin. 

[Charoigki]  ,  eharoine  1 1 686 ,  assemblage  do  cadavres; 
3655  cadavre. 

Gharole.  Voir  Garole. 

Gbartre,  pi.  chartreg  1019,  11 834,  charte. 

Ghastel,  pi.  chastelê  390 1,  3io],  3 Aoi,  château  de 
bois  servant  aux  sièges. 

Ghastelu!!  9866,  châtelain,  seigneur  d*un  château. 

GflASTELET  a  160,  petit  château-fort. 

[Grastiier],  chattièr  7167,  reprendre,  corriger. 

Ghat  68i5,  /i83/i,  6827,  683i,  pi.  ckalz  39o3, 
chat,  machine  de  siège.  Gf.  Itinerarium  Ricardi 
(m,  8)  :  itutrumentum  quoddam  tnnrii  OMcendmdit 
appHcandum,  unde  et  illtid  caltutn  norkinant,  $0 
quod,  more  catti  mbrependo,  muro  inhaereat  occi^ 
pando, 

Gbat.  Voir  GuAUT. 

Gbatcl,  pi.  chateh  960C,  avoir,  bien;  $aU  torcha- 
telif  les  biens  saufs. 

Gbaudb.  Voir  Gbaut. 

[Gbaume],  chamei  3346,  chaume,  Xige  de  blé. 

Gbaut,  chat  796/1,  chad  5S6o,  5996,  chaud;  7966 
chaleur;  chau  pat  6679,  7196,  ioiâ3,  d*un  pas 
pressé ,  vite ,  aussitôt  ;  pris  subst.  pi.  f.  chauds»  63 1 7, 
temps  pendant  lequel  le  fer  est  chaud  et  on  frappe 
dessus.  Voir  Tobler,  Vermitcht»  Beitrâge  zurfran- 
zôtiichen  Grammatik,  p.  i58. 

Gbbitif.  Voir  Ghaitif. 

Cbiitiviso!!.  Voir  Gbaitiveison. 

Ghebaillb  ii39,  3io6,  3633,  3786,  6o39,  5o3o, 
56] 3,  5836,  6010,  pi.  chenaillei  6806,  chien- 
naiile,  amas  de  chiens  ^terme  de  mépris  appliqué 
aux  Sarrasins). 

Gbbre.  Voir  Gbiere. 

Gbb8C05  ,  s.  chescons  9 1 9, 9 1 3 ,  f.  chetcone  1 39  9 ,  chacun. 

Gbevalcbeûrb,  chefMlchui*e.  Voir  Gbbvaucbeïre. 

Gbetalcuee.  Voir  Gbevaucbibe. 

GflEVALERiE  i9o33,  société  de  chevaliers;  9796,  en- 
semble de  chevaliers,  de  gens  de  guerre;  161 5, 
activité  guerrière,  guerre;  pi.  chevaleries  5698, 
CO07,  11668,  prouesses. 

Gbbvalier,  pi.  s.  chevalier  9856,  guerrier. 

f  CnEVACcBECnE],  chevalcheûre  6388  (ms.  chwalehure)  ^ 


11957  (le  ms.  a  une  leçon  altérée),  pi.  cheval- 
cheûree  7891,  monture. 

[Gbbvaucbiee],  pi.  chevalchee  9887,  ehwalcheet  8655, 
chevauchée,  expédition  à  cheval. 

Gbbvbitaioiib.  Voir  Gbivbtaibi. 

Gbbvilbi,  pf.  6  ehevelerent  639,  arracher  les  che- 
veux à. 

CflEfERTAiRE.  Voir  Cbbtbtaiiie. 

[Gbetitaiiib],  chèventaÎM  7087  (fém.  d'après  le  ras.), 
cheveitaigne  8608,  {d.  s.  chevetaim  7769,  capi- 
taine, chef.  La  rime  avec  Tifaine,  IwUaine,  règne 
laisse  ia  forme  iocerCaine. 

[Gbicbe],  s.  ehinehei  1099  (:  riches)^  chiche. 

Gbief  :  al  chirfde Sicile  5i  6 ,  à  one  des  extrémités  de 
la  Sicile;  al  ekief  de  Ceà^hae  3i5o,  du  côté  de 
Gaïphas;  al  chirf  iel  finm  6039,  à  la  source  du 
fleuve  ;  de  chiefen  chief'jS'jSy  d'un  bout  à  raulre: 
venir  a  chirfao26,  9668,  venir  à  bout;  prendre 
mal  chief  7^6,  mal  finir;  en  nul  chirf  8611, 
d'aucune  façon. 

Gbiir  :  mult  trova  la  terrj  ehitrj  9008 ,  il  trouva  dans 
le  pays  une  grande  cherté;  adv.  dùer  9633. 

Gbiere  3579,  5876,  pi.  c^>r«t  6971,  9906,  9966* 
face,  visage  ;  ijver  la  chiere  6809 ,  lever  la  tête  ;fmr^ 
bdechiere  9697,  faire  bonne  mine;  0  lis  cAûrt Sdo3 , 
joyeusement;  yôfrj  laide  chiere  5196,  avoir  un? 
mine  renfrognée;  od  penêive chiere  833o,  Tair  sou- 
cieux; od  Lonn  cheree  9778,  de  bonne  mine;  ftd 
hardies  chier.e  590,  a  la  mine  hardie. 

Gbibrté  1898,  amitié,  tendresse;  3996  cherté. 

Gbiscbe.  Voir  Ghicbe. 

Gbogbe.  Voir  ÇocuE. 

Gbois,  choix  :  a  clwit  5o89,  â  même. 

Cboisib,  pf.  6  choisirent  768,  apercevoir. 

Gbo?icbarok.  Voir  Goncbaïige. 

Gbosb  :fud  chose  s?Û9  9916,  on  sut;  chose  nés  5366 , 
chose  quelconque. 

Gbosbr,  pr.  3  chose  6980,  réprimander,  blâmer. 

Gi  :  et  ad  maie  pès  669,  voilà  une  mauvaise  paix.  Gf. 
Dbsci. 

CisLAToif,  pi.  ciglatons  io590,  étoffe  de  prix  de  fa- 
brique grecque. 

[Gikce5Ble]  :  muschetes  que  nus  apslons  scineensL^s 
9533,  cousin,  moustique. 

GiBfiE  1937,  pi.  cirges  9 37 5,  cierge. 

Glameb  i856,  impf.  3  elamot  5676,  pf.  3  elama 
6378,  p.  f.  clamée  1169,  crier;  1169  appeler; 
i856  clamer  quite,  déclarer  quitte;  5676  ré- 
clamer. 


GLOSSAIRE. 


Ml 


Gun  :  od  la  clert façon  1738,  au  visage  brillant,  ra- 
dieux. 

Glebc  :  8.  hinu  chn  dei  eêcripium  89Â  «  ncbant  bien 
lire  et  écrire. 

Guuoié,  s.  elergiez  6798  (aiec  k  lerbe  au  plur.), 
réunion  de  clercs. 

[Cumciin],  p.  f.  clofkhêê  i9o58,  alUchcr  avec  des 
dons,  crucifier. 

Gloib,  pr.  3  dot  lai/ia,  enfermer;  closimU  6196, 
fermaient  (la  marcbo  de)  Tannée;  a  doie  PentecBtts 
97A8,  4  la  fin  de  la  semaine  de  la  Pentecôte. 

Ço  53,  etc.,  cela;  ço  davant  dariere  6637,  ce  devant 
donère. 

GoiiDiB  10878,  gér.  coardant  38o3,  se  conduire  en 
couard,  avoir  peur. 

GoABOisi  1918,  Uchelé,  couardise. 

GoABT,  f.  coardê  1996,  lâche,  couard. 

Goo,,pl.  eo»  i683  (rimant  avec  do$),  coq. 

CocATBii,  pi.  qHoqiiatriz  6999,  s.  cocatnz  6990, 
crocodile. 

[ÇocBi],  pi.  chocKei  10/196,  souche. 

GoBRs.  Voir  GoRTi. 

Goi.  Voir  QoBj. 

GoDPB  3567,  coiphe  3673,  vêtement  rembourré  qui 
couvrait,  sous  le  heaume  et  le  haubert,  la  létc  et  les 
épaules. 

GoiLLBiTB  iiâa9,  hkbiy  collecte. 

GoiLUB  3639,  6989,  ramasser;  coiUirent  une  tailU 
7o36,  perçurent  une  contribution. 

GoiLTB  6937,  pi.  coiltei  loSai,  coite»  i685,  couver- 
ture; coiltei  parf  ointes  y  couvertures  piquées. 

[Goilvbrt],  coivirt  7930,  culvert  9863,  pi.  s.  eolwrt 
9160,  r.  eolverz  36oâ,  f.  colverts  i/i3/î,  culverte 
9158,  terme  de  mépris;  proprement  homme  de 
condition  intermédiaire  entre  Tesclave  et  Thomme 
libre. 

[Coilvbbtaillb],  cuvertaille  6i3o,  ramas  de  gens  mé- 
prisables. 

GoiKTB  6583,  avisé,  adroit;  f.  pi.  coinlee  1686, 
io599,  élégantes. 

GorrB.  Voir  Coilti. 

[Goitier],  pf.  3  cuita  1399,  pousser,  presser. 

GoLEn  :  88  cola  3435,  s^écoula,  s*eufuit. 

GoLOMBB,  columpns  355Â,  colomhee  386o,  colonne» 

GoLP.  Voir  Goup. 

GoLTEL.  Voir  GoOTUt. 

GOLUMPRE.  Voir  GOLOHBB. 
COLTEBT.  Voir  GOILVBBT. 

GoM  /i6,  etc.,  comm  thbSy  J9i8o,  cum  lao,  etc.,    | 


corne  i  8  a ,  etc. ,  cutne  1939  etc. ,  comme  ;  eicom  h  6 , 
etc.,  comme;  corne  cil  qui  738,  comme  il  est  na- 
turel à  des  gens  qui  ;  cum  en  eeté  i  o386 ,  comme 
il  est  naturel  en  été;  corne  eanz  choix  1 1999,  ^^^^ 
bien  qu^on  peut  le  faire  sans  chaux. 

GoifARDEB  /loi  :  a  Dim  te  cornant  19995,  je  le  re- 
commande à  Dieu;  a  diablet  te  comandouent  7899 , 
demandaionl  aux  diables  do  les  emporter. 

GoMAxT  19996,  commandement. 

GoMBATRB  :  le  combatant  1978,  le  belliqueux. 

GoMB5ÇAiLLB  67^,  3997,  pi.  f.  començoUle»  6787,  ini- 
tiative,C3n  mencemsnt. 

[Gomencibr]  :  sbj.  pr.  3  commet  3,  commencer;  alco- 
msnccr  793,  au  commencement. 

Gobent:  cornent  que  933,  quoique. 

GoMPAKOx.  Voir  GoprrAROR. 

G0MPES810K.  Voir  GoNPEssiOR. 

GOMPORT.   Voir  Go?(PORT. 

GoMiR  10599,  cumin. 

GoMM.  Voir  GoM. 

GoMOVBiB,  p.  f.  comeûî  9796,  ébranler. 

[Compaigrb],  compaine  997/i,  eompamie  98/^6,  com- 
pagnie. La  rime  avec  Alanaignj  (9976)  indique 
la  forme. 

Gompaighib  ^739,  compainie  5634,  compagnio. 

Gompaigror  :  s.  compainz  Is  rvi  1&16,  6699,  pi.  r. 
cotmpaignonê  reiale  li'jSo^  compagnon  du  roi,  titre 
que  Richard  d'Angleterre  avait  accordé  à  quelques 
chevaliers  d'élite  attachés  â  sa  personne. 

Gompaire,  compainie.  Voir  Gobpaioni. 

GOHPAIKIB.  Voir  GOMPAIGNIB» 

GoMPABBR,  pf.  3  compsra  9633,  6  comparèrent  7963, 
p.  s.  comparez  3889,  payer,  expier;  tant  ad  tetd 
compares  5979,  elle  a  coAté  si  cher;  impf.  6  il  U 
cotnpTToient  5667,  p.  comparé  reûetmtt  770,  pay.?r 
les  frais  de  Taflaire,  y  avoir  le  dessous. 

GoMPAssBB  5096,  établir,  arranger. 

GOMPERBR.  Voir  GOBPARER. 

GoMPissiBB  3718,  salir  d\irine. 

GoMPLAi>DRE  79^8,  impf.  3  ee  complainoit  /iio3,  s«^ 

plaindre. 
GoMPLAiRTR  4906,  lamentation. 

GOMQUERRB.  Voir  G0!«QnERBB. 
GOBQl'BSTBB.  Voip  Go.lQUBSTEB. 

CoMUR,  p).  S.  tôt  comun  790,  tous  ensemble. 
GoMURE  6i5,  866,  commune,  réunion  de  bourgeois; 

en  comune  11599,  ensemble,  en  bloc. 
Go]ioRBMB.>T  93/11,  d'accord,  unanimement. 

GOBVBBSBR.  Voir  G0RVBB8BB. 


478 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


GORBATBB.  Voir  COMBATBB. 

CoRCH45GE  :  entre  am'il  et  mai  en  conchange  3563 ,  au 
moment  du  passage  d^avril  à  mai  ;  en  ce2  chonehange 
5395,  en  celln  occurrence. 

Concile  55s5,  6990,  7763,  concilU  6195,  réunion 
politique,  assemblée.  Le  mol  est  fém.  6990,  masc. 
ailleurs.  La  rime  avec  vile  (5 196,  6990)  indique 
la  forme. 

CoBDos  ]oâi3,  pente,  condos. 

GoHODiBE  7988,  sbj.  impf.  3  conduùiet  1866 ,  escorter. 

GoKDoiT  7987,  escorte;  6107,  5i  i3,  1 18A8,  1191a, 
sauf-conduit;  el  conduit  Deu  iâ3o9,  sous  le  sauf- 
cooduit  (qui  aurait  âù  le  rendre  inviolable)  de 
Dieu. 

CosESTABLB  98 1,  8.  coneetables  11876,  pi.  eoneitablei 
9:108,  ordonnateur,  directeur;  981,  maître  d^h6- 
tel;  à'jiii  conettahle  de  Sez  :  voir  Sbez  à  la  Table 
des  noms  propres. 

Go!ibstiblib  11 638,  pi.  conêetabliee  9966,  3389, 
11873,  section ,  division. 

[Go!irÂ50P(],  c&irfanon  9919,  étendard  servant  de 
signe  de  ralliement. 

CoHris  :  {$$)  faire  confh  iio63,  se  confesser. 

[CoRTESSioii],  comjeuion  9697,  épreuve  (terme  em- 
prunté au  langage  de  Thagiographie). 

CoRFOiiDBB  :  Deu  let  confonde  9811,  que  Dieu  les 
perde  I 

[Gohfobt],  comfort  198s,  reconfort,  encouragement, 

CoifFOBTBB,  ootforter  38,  consoler. 

CoHGiB,  congé;  pi.  eanz  congiez  5466;  a  son  congid 
8789 ,  a  /or  congiez  1 9 388 ,  ayant  pris  congé  de  lui , 
d^eux. 

CoBisAiicBs.  Voir  C0!I01SSARCE. 

[Coroissarcb],  pi.  coniiancei  16A6 ,  marque  distinctive 
que  les  chevaliers  portaient  sur  le  heaume  ou  Tar- 
mure. 

CosQOEBBB,  gér,  comquerant  i5&6,  vaincre,  battre. 

jGo!iQCE8T  7386,  9386,  conquête. 

CoRQVESTEB,  pf.  6  conqueêterent  9910,  p.  f.  comqueetee 
9199,  conquérir. 

CoBBBEB,  pf.  3  conreia  i63o,  6o3i,  6  eonreerent 
9966,  p.  eonreé  9706,  3637,  6o53,  f.  conreee 
5700  {conree),  arranger,  ordonner;  te  c.  9706, 
9966 ,  s^ordonner;  te  c.  de  bataille  6o3 1 ,  se  mettre 
en  ordre  de  bataille;  ti  eonreé  3637,  en  tel  état; 
teU  le»  conreia  ]63o,  les  arrangea  de  telle  façon. 

GoïiBBi  53o  etc.,  pi.  conreiz  9066  etc.,  arrange- 
ment; conreit  9966,  9986,  3676,  7967,  divisions 
de  combat;  gent  conrei  9989,  belle  ordonnance; 


conrei'dê  balaille  1910,  équipement  de  combat; 

prendre  conrei  53o,  869,  ii35o,  s^arranger  de 

façon,  prendre  soin. 
GoRSBiL  :  par  coneeH  1609,  pour  le  conseiller;  attire 

conseil  691,  autre  expédienL 
GoHSBiLUBB  (Sb)  77,  se  tirer  d*afraire. 
GoBSBBTiB  :  pf.  3  eonsenti  3666,  permettre;  U  tMf  jm 

voleit  Vautre  coneentir  i  o65o ,  Tun  ne  voulait  pas 

faire  de  concessions  k  Tautre. 
GoHTB  9667  etc.,  s.  euene  59,  178,  995,  9635  etc., 

quent  963o  etc.,  coens  9971  etc.,  pL  s.  conte  53, 

comte. 
GoRTB  56,  compte;  de  quel  conte  9818,  dans  qodles 

conditions. 
GoRTEMPLB  :  en  cel  contemple  3o9i,  36i8,  5^65, 

7937,  en  ce  temps;  einz  cel eoniempU  9^199  avant 

ce  temps;  el  contemple  quê  9 1 97,  dans  le  temps  oà. 
GoHTBHBMBirr    8896,   19196,  contenance,   manière 

d*étre. 
GoRTBRiB,  pf.  6  se  contindrent  6566,  865o,  p.  s. 

i'ettoit  contenuz  6609,  se  comporter. 
GoHTBifz  905 1,  discussion,  querelle, 
GoHTEB,  p.  pi.  contez  11619,  compter. 
[Goutbaub],  contraUle  6938,  dépit,  conlrariélë.  Sur 

la  rime,  voir  Paii,b.  G*esi  une  autre  forme  de  Cou* 

TBAIBE. 

GoirrBAiLLB.  Voir  Gontbaili. 

GoBTBAiBE  1936,  7819,  dépit,  contrariété;  cf.  Gor- 

TRAILB. 

G0HTB4L111R  :  impf.  6  cantraliouênt   10661,   vexer, 
contrarier. 

•    GoRTBB  :  contre  val  565  (éd,  confreoa/),  etc.,  en  hA; 
contre  lit  6801,  au  lil, 
GoRTBBDiBB  :  pf.  6  oontredittrent  6139,  s*opposer  i. 

GORTBBPRBSTUBE.  Voir  GûRTBiPBBSDRB. 

[Gortrbpbbsurb],  contrepreiture  11398,  presse. 
GoHTBBQDBBBB ,  p.  cofiffS^UM  88i  o ,  f.  confrsfvtsf  9o36 , 

requérir. 
GoiiTBBscRivBB ,  p.  f.  pi.  coftlusicnlsf  1090,  copîer. 
GoRTBBSTBR,  pf.  6  contre»terent  10816,  résister  é. 
GoRTBBVAL.  Voir  Cortbb. 
GoRVBBB.  Voir  Gorvbibb. 
Co9VBi  999,  335,  accompagnemenL 
GoRVBUB  3oi,  11 35,  eonoeoiefil  6395,  accompagner, 

faire  la  conduite  à. 
GoRVBiBOR,  pi.  s.  339,  celui  qui  accompagne.  . 
[Gorvbrsbb]  ,  comvereer  6958,  séjourner. 

GOHVBKIB.  Voir  GOVBHIR. 

GoRvivB,  pi.  convive»  6167,  festin. 


GLOSSAIRE. 


A79 


Copi.  Voir  CovPE. 

[Coâ],  pL  cwm  936o,  cor. 

GoBAOi8735,cœur,  âme;39/^  (curag$)^i']ûitSgti^^ 
dispositions;  6998  (curage) ^  caractère. 

CotAiLLB  3736,  entrailles. 

G)tAJ08,  pi.  f.  corajosei  3iiA,  c<tregeui  7161,  coura- 
geux. 

GoBDiLB  i56o,  corde. 

CoBKiBR  :  pf.  3  ie  corera  1891,  p.  s.  eoreciez  1267, 
pi.  eorteiêz  907,  f.  pi.  corecieei  836,  courroucer, 
ttcher. 

CoïKB  Aaâo,  entrailles. 

C0BBOBC8.  Voir  GoBAJos. 

CoBR.  Voir  GoB. 

GoBOHPBB,  p.  f.  corompue  1 1687,  infecter. 

GoBOKB  khaûj  tonsure  cléricale. 

GoBPOBBLMBHT  83,  corporolleDaenL 

GoBBB ,  curre  a  1 83 ,  courir  ;  einêi  Vaventure  curtU  9^36, 
ainsi  le  voulut  le  sort  ;  coranz  1 1 3o ,  rapides. 

GoBS,  personne  :  1$  con  le  rei  9609,  le  roi;  $i$  cor$ 
7316,  lui-même  ;  en  apposition  t7  eie  con  836o ,  lui- 
même,  ele  êis  cort  9o35 ,  elle-même,  /t  rei»  m  con 
demaine  1 1 1 38 ,  le  roi  en  propre  personne;  en  con- 
struction dépendante  :  /t  reii  dieeii ,  son  con  nomee- 
ment  97 1  à ,  le  roi  s'engageait  nominativement  ;  lui 
et  eon  con  1 1 966 ,  lui-même. 

GoBs:  a  con  93/17,  tôt  a  cnn  5o86,  clairement,  sûre- 
ment; tôt  le  dreit  corn  9860,  tout  droit. 

[Gobsibb]  :  chamelz  cunien  10 56 3,  chameaux  de 
course ,  rapides. 

GoBT  8A3o,  curt  911,  8/i35,  cour,  assemblée  tenue 
par  un  roi,  fête;  curt  9676,  cour  royale  en  fonc- 
tion judiciaire. 

GoBT,  court  :  tenir  curt  9/178,  presser:  cort  7966, 
adverbialement. 

[GoBTBis],  aimable,  gracieux;  plue  curtei»  change 
i398,  changement  plus  agréable. 

GoBTEiSBMBKT  i/i58,  poHment,  courtoisement. 

[Gobteisib],  cortoiêie  383,  chose  aimable,  courtoise. 

GoBTiLLAGB  :  cortiUogei  11 665,  jardins,  potagers. 

GoBToisiE.  Voir  Gobteisie. 

GosT  19  1 15,  19117,  cuj(  709,  1010,  dépense;  a 
ton  cuêt  8591,  à  ses  frais;  de  grant  co$t  3897,  de 
trop  grant  cost  6816,  ayant  coûté  très  cher;  od 
grant  cust  7396,  chèrement  (%.)• 

(jOSTe  6196  (ms.  éd.  encoete  pour  en  cotte)^  côte,  ri- 
vage. 

GosTEiEB,  pf.  3  costeia  666,  gér.  coeteiant  1976,  cô- 
toyer; leflum  coeteierent  6067,  suivirent  le  cours 


du  fleuve;  coeteiant  1991,  suivant  (farmée)  sur  les 

flancs. 
GosTBB,  coûter;  la  haute  feete  qui  tant  coste  6556, 

9369,  si  précieuse,  si  sainte;  il  U  coeta  9790,  il 

lui  fut  pénible. 
GosTiEBE  91 33,  5867,  côte,  rivage. 
GosTiL,  pi.  costiz  35 1,  coteau. 
[Gostdmibb]  :  quin  (ms.  éd.  qui)  iert  cuitumen  5695, 

qui  en  avait  Thabitude. 
Coup,  pi.  cols  756,  coup. 
[Covpe] :  copet  batn  1  io63,  se  frapper  la  poitrine  en 

s'avouant  coupable. 
CoDTEL,  pi.  colteli  33io,  couteau. 
GovEiTiEB,   impf.  6  coveitouent  6376,  convoiter;  la 

coveita  iiê  coveitien  1 159 ,  son  désir  la  convoita. 
GoTEiTisB  9711,  convoitise. 
GovEiTos  1025,  désireux. 

GOTERAKCB   I783,   96l9,   5999,   5377,  5690,  pi.  CO- 

venancee  5393,  convention,  pacte. 

GofERAiiT  9619,  3769,  pi.  covenanz  5691,  engage- 
ment, promesse;  par  covenant  6171,  suivant  son 
engagement. 

GovEif  IB ,  pr.  3  covient  9 ,  impf.  3  cowœneit  695,1710, 
pf.  3  covint  716,1133,1906,  sbj.  impf.  3  convenût 
8590,  falloir;  lee  en  miit  en  convenir  8598,  leur 
laissa  la  décision ,  le  choix. 

GoTEKT  :  tenir  cotent  7066,  tenir  parole;  par  tel  covent 
6123,  à  condition. 

CovERTOB  19908,  couverture  (fig.). 

CovEBTURE,  pi.  covertttret  663o,i  1696,  couverture  de 
cheval ,  housse. 

Cbaanteb.  Voir  Gbeahteb. 

Gbas.  Voir  Gbas. 

Gbearce  9908,  croyance,  foi. 

GBEAifTER,  pr.  3  creanfe  19368,  certifier;  creantee 
11809,  craantee  7o3i,  ratifiée. 

Greature  5365,  nule  créature  bu  10^  rien  au  monde. 

Gbeistbe  pf.  3  crut  910,  9789,  p.  f.  creûe  708, 
9886,  9886,  accroître  (trans.). 

Gresmé,  pi.  s.  1758,  baptisé,  oint  du  saint  chrême. 

Gresté,  crête  :  Veve  crestee  616,  Teau  rapide,  dan- 
gereuse. 

[Gbestiier],  cristien  pass.,  f.  crietiane  69, 9393,  chrétien. 

Gri  :  por  cri  de  gent  9o65,  de  crainte  des  cris,  des 
protestations  des  gens. 

Criée  6670,  cris;  7993,  9791,  cri  public,  procla- 
mation. 

[Gribmbbb],  criendre  383o,  3869,  6616;  impf.  3 
cremeit  563o ,  cremoit  l 'j'jh ,  6  cremeient  S938 ,  p.  s. 

60 

IMraiHCKIB     IIATIO!IALt. 


A»0 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


creniuz  i  Aaa ,  craindre.  Les  formes  aufres  que  Tin- 
Qnitif  indiquent  pour  celui-ci  crtembre;  la  rime  avec 
apriembre  A/i  1 6  est  eu  faveur  de  la  même  forme. 

CfiiB^DRE.  Voir  Griembbb. 

Crier  5879,  convoquer  par  cri  public;  p.  f.  aiéè 
739^,  crier  une  proclamation. 

Cbistun  ,  crUuén.  Voir  Crestiien. 

Croiixbiibrt.  Voir  Grollemeiit. 

Gboi8Bme?it  56,  croisade. 

[  Grollement  ] ,  pi.  croillemefu  1 5o8 ,  agitation ,  secousse. 

Gboller  la  testes  7676,  secouer  la  tète. 

Grote,  pi.  crotes  12077,  Ç^otle,  caverne. 

Grdêl,  f.  9898,  cruel. 

ÇocRB  106^9,  sucre. 

GuEifs.  Voir  GoNTK. 

[Guidier],  pr.  1  cuil'jifij  a356,  aSb h /impt.  Zquidot 
/Î67,  so3G  ,9765,6  quidouent  383o ,  quideient  630 , 
pf.  3  quida  1A37,  9^51,  s835,  3313,  6  quiderent 
3oo3,  3i59,  croire,  s^'maginer. 

(iUiRB  :  (fî^.)  nuê  etchaufa  pur  eh  cuire  779 1  nous 
anima  pour  leur  perle. 


GUITIEB.  Voir  GoiTIER. 

GuivRE  633 A ,  6373,  ennuis  que  Ton  cause,  veiation. 

Gdivre  637&,  carquois. 

[Gditreier],  p.  f.  cumroiee  3363,  vexer,  harceler. 

GUIYROIER.  Voir  GuiVREIER. 
CULVERT.  Voir  GoiLVBRT. 

GuM.  Voir  GoM. 

GtMB.  Voir  GoM. 

GuRAGE.  Voir  G0RA6B. 

GuRAiLLE  6795,  balayures,  rebut. 

GuRE  117,118,  9768, pensée  constante,  préoccupation. 

GoRBE.  Voir  CORRE. 

GuRs.  Voir  Cors. 

GURSIER.   Voir  CORSIER. 

CuRT.  Voir  GoRT. 
GoRT.  Voir  GoRT. 

GURTEIS.  Voir  GORTRIS. 

GusT.  Voir  GosT. 
GusTaMBR.  Voir  GosTUiiiEn. 

GUVERT.  Voir  GoiLVERT. 
GUVERTAILLE.  Voir  CoiLVERTAILLR. 


D 


Damage  660,  759,  etc.,  s.  39^1  damage,  dom- 
mage; aveir  en  damage  368o,  malmener,  endom- 
mager. 

[Dahageresse],  damajeres^e  35/io,  qui  fait  du  mal, 
dommageable. 

Damajeresse.  Voir  Dahageresse. 

[Dambisel],  sj.  damiieli  3^91,  damoiseU  9561,  jeune 
bomme,  garçon. 

[Dambis^^e],  pi.  damieelei  5679,  damoiselee  3^95, 
jeune  fille,  demoiselle. 

Dahisel.  Voir  Dambiseu 

Damisblr.  Voir  Dameiselb. 

DAU.fBDEu,  9.  Dampnedeus  4/198,  le  seigneur  Dieu, 
Dieu. 

Damoisbl.  Voir  Dameisbl. 

Damoisele.  Voir  Dameiselb. 

Dampnedbd.  Voir  Damnedbu. 

Dargier  :  a  grant  dangier  635/i ,  en  faisant  de  grandes 
difficultés;  Manz  dangier  4364 ,  6088,  sans  rencon- 
trer d'obstacle,  de  difficulté;  estre  en  dangier  de 
9630,  avoir  à  redouter. 

Dart,  pi.  dar$  8787,  dard. 

DR,de;9  4,&3,etc.,par;i6i,46i,i394,aoio,etc., 
à  cause  de;  44,  19806,  etc.,  au  sujet  de;  9083, 


pour;  pi^t  r/«  3  56 ,  383 ,  tout  prêt  pour;  pffuet*  de 
9980,  se  préoccuper  de  ;  eaceir  de  guerre  9103, 
avoir  Texpérience  de  la  guerre;  te  tnoveir  de  guerre 
936,  partir  en  gueri*c;  il  JUt  tant  de  set  défendre 
664 1 ,  il  se  défendit  si  bien;  privé  de  1889,  fami- 
lier avec;  errot  de  poi  de  vent  3391,  avait  peu  de 
vent  pour  le  faire  marcher  ;  de  ço  que  il  enfeseit  84 1 , 
par  sa  manière  d'agir.  —  Sur  TomiRsion  de  de, 
exprimant  la  possession,  devant  un  nom  de  per- 
sonne, voir  rintroduction.  —  Locutions  :  de  grant 
acoil,  d'anceisorie,  de  grant  baillie ,  de  fi  ^  de  Ugier, 
de  nient,  de  grant  ovraine,  de  primés,  de  pris,  del 
tôt,  de  veir,  voir  ces  mois.  —  De  employé  après 
plus  i388,  etc.  —  De  ça  64,  corr.  deçà, 

DERATREta  teste  5583,  s?  donner  du  souci,  se  casser 
la  tête. 

Deboistibr.  Voir  Dbsboistibr. 

Dbbrisibr,  p.  f.  debrisiee  6844,  détruire,  briser. 

Deçà  64  (éd.  de  ça),  de  deçà  787,  9908,  de  ce  côté- 
ci;  787  d'occident,  par  opposition  à  la  Syrie. 

Dbciribr.  Voir  Descirirr. 

DiCLiR  :  mist  a  déclin  8488,  ruina  dans  leur  puis- 
sance. 

DicoLiR,  p.  dtcolé  9670,  décapiter. 


GLOSSAIRE. 


&81 


Dbducz  :  cêli  dêdenz  9601,  cil  dedenz  3876,  ceux  de 
l'intérieur. 

DioiJiBi  :  M  dsduiant  1866,  se  promcnaut  pour  son 
plaisir. 

DiFAiLLiR  sa65,  impf.  6  defaiUouent  996a,  363o 
(^ff')%  pf*  3  défailli  3768,  cond.  6  defaillereient 
8a6o,  p.  s.  defttilliz  B/igS ,  manquer;  9960,  perdre 
courage,  lâcher  pied;  te  défaillir  3030,  manquer 
(à  une  habitude);  ^hg^,  manquer  (à  ses  engage- 
ments); t7  l'en  deffaillereient  8960,  ils  lui  en  fe- 
raient défaut,  ils  ne  les  lui  serviraient  plus  (ses 
revenus). 

Defalte.  Voir  Dipaute. 

[Défauts],  detjaute  38i5,  échec;  tanz  défaite  i95/i, 
sans  faute. 

Dbfjuidbb  539,  refuser. 

Dbfeusablb,  s.  6363,  pi.  s.  3 Ai 5,  capable  de  dé- 
fense, résistant. 

Dbfe.^sb  9979,  dejffenae  3991,  matériaux  de  défense; 
defeme  19119,  manière  de  défendre ,  excuse. 

Deffaillib.  Voir  Défaillir. 

Dbffbtise.  Voir  Depexsb. 

Dbfirb,  detfire  9633,  pr.  6  defisenl  716a,  sbj.  pr.  3 
detfiie  t8o8,  manquer,  défaillir. 

Dbfublbb.  Voir  Despubler. 

Dbgabocuieb  3939,  se  briser;  degarocha  39Ai,biisa 
(trans.). 

Dbheit.  Voir  Desuait. 

Deubt.  Voir  Dbsoait. 

Dbio!(Ieb,  pf.  3  deigna  85o ,  sbj.  impf.  3  deignast  61  /i , 
1903,  consentir  à. 

Dejoste  i58o,  9o55,  9566  (éd.  de  jotte)^  près  de. 

DELAiEMB!fT  55 16,  délai,  relard. 

Deuier,  p.  f.  delaiee  i38o,  retarder  (trans.). 

Dblicios,  delicioie  5678,  délicieusement  abondant. 

Dblit  a 809,  plaisir. 

DxLiTiEB,  impf.  6  se  delitouent  5689,  se  donner  du 
plaisir. 

Delitre  959,  1079 A,  s.  délivrée  9607,  75A3,  pi.  s. 
délivre  6960,  délivré,  quill?;  909,  1079/i,  agile, 
prompt. 

Delivrevent  99oA,  prompteuicnt. 

Delitbeb  (Se),  pr.  3  »e  délivre  179,  s'acquitter. 

[Delureb]:  le  fondement  delurerent  d'une  porte  8010 
(  Richard  traduit  :  portae  mnjori»  altius  fundamenta 
rnnfodiendo  perqairentes ,  uitque  ad  ipsiat  maceriei 
xoliditatem  dejecerunt  directam  lapidum  congeriem; 
il  doit  manquer  quelque  chose  dans  le  français). 

DsvATiEis  37/13,  iuconlinent. 


Demain  :  el  demain  6A7,  i953,  1577,  8997,  le  len- 
demain. 

Dbmbincub  10807,  faute  d'impression  pour  Dib- 
meixcbe. 

Demsike  1673,  etc.,  </0matf)«  701,  etc.,  1673,  1895, 
6573,  7965,  propre;  ae  placée  demaines  1 1937,  à 
la  propre  place  ;  sit  con  demaine  11 1 38 ,  eu  propre 
personne,  9 89 A,  A/19],  lui-même;  en  demaine 
9o65,  9007,  en  propre;  en  ion demaine 'joi^  9716, 
en  sa  possession;  de  son  demaine  7966,  9807,  de 
son  domaine  propre. 

Dbme5Br,  pf.  6  démenèrent  6/io,  traiter;  p.  pi.  s.  dé- 
mené 1 570,  promener,  dégourdir. 

Demewter,  impf.  6  êe  dementouent  io55,  98A8,  sW- 
fliger,  se  plaindre. 

[Demertieres],  dementetti  56 1 3,  tandis. 

[Dembntibbs],  detnenleri  i639,  tandis. 

Dbvesleb.  Voir  Desmbslbb. 

Dexetre  (Se)  39 19,  renoncer. 

Deborance  1879,  5991,  séjour,  attente. 

[Devoreb],  demuree  359 1,  séjour. 

Demoreb  9576,  pr.  6  demuerent  86,  pf.  3  demora 
996,  gér.  demurant  9060,  attendre,  tarder;  86, 
rester  (au  service  de  Dieu,  y  mourir). 

Dbmubek.  Voir  Demobbb. 

Dexurer.  Voir  Demorer. 

De51er,  pi.  denei'n  A 9 93,  denier,  monnaie  d'argent, 
douzième  partie  du  sou. 

Denrée  958,  A365,  ce  qu'on  a  pour  un  denier; 
6099,  A17A,  pi.  denrées  loAA,  provisions  de 
bouche;  a  chieres  denrées  6081,  à  très  haut  prix. 

Départie  6588,  séparation. 

Départir  3oo,  679,  pf.  6  départirent  3117,  p.  f.  de- 
partie  311,  879,  A 191,  pi.  départies  91 A  (ms. 
parties),  196A,  séparer;  départir  la  mellee  679, 
séparer  les  combattants;  al  départir  3oo,  nu  mo- 
ment de  la  séparation  ;  3i  18  se  séparer  (intrans.); 
879,  91  A,  attribuer  comme  part,  donner;  se  dé- 
partir granz  couh  3ii7,  se  distribuer  de  grand** 
coups. 

Dbpechirr.  Voir  Depecier. 

Dâpecier,  depechier  3896,  impf.  3  dépeçait  35Ai, 
depesçoit  A7A7,  pf.  3  depesça  A750,  19069,  6  de- 
pescierent  89  5:i,  depeschierent  3A5o,  p.  f.  depecie 
A83A,  mettre  en  morceaux,  déchirer;  se  despeça 
13059,  ^^  brisa. 

Deperobb,  pf.  6  deperdirent  19 05,  perdre,  perdr.» 
de  vue. 

Dbpescbieb.  Voir  Dbpecibb. 

Ao. 


&82 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SALNTE. 


Dbpbscieb.  Voir  Depbciib. 

DiPOBT  33o8,  divertissement;  a  grant  déport  &&o,  en 
grand  plaisir;  toi  Ut  detporz  1763,  toute  la  jouis- 
sance. 

Dbpobtbb  (SB),impr.  3  têdeportot  3638,6  iedepoi'- 
tuient  710,  pf.  3  te  déporta  3636,  se  divertir, 
prendre  plaisir. 

Deposbb,  pr.  3  detpote  53oi,  p.  detpoté  8585,  dépo- 
ser (de  son  rang);  p.  p).  dépotez  3o,  dépouiller, 
chasser. 

Dbpheibb,  sbj.  pr.  3  deprit  6796,  prier. 

Dbbbbair  3399  (ms.  derain)^  pi.  dereraint  801,  10876 
(ms.  deraint),  dernier. 

Dbbbbiixbmbnt  1 1066  (ms.  derainement) ^  en  dernier. 

Dbbibbb  :  en  deriere  8618,  par  derrière,  en  secret; 
que  que  il  pentatt  en  deriere  9698,  quelle  que  fût 
son  airière-pensée  :  en  deriere  7786  parait  opposé 
à  aniere,  comme  marquant  plus  nettement  la  re- 
traite, la  reculade. 

Des  539,  depuis.  Cf.  Dbsci. 

Dbsabxgibb  5535,  déraciner  (fig.). 

Dbsaleieb,  pr.  3  detaîie  7090,  p.  f.  detaliéè  6190, 
débander,  désunir. 

Dbsabebb,  p.  pi.  8.  detareé  3638,  en  désarroi. 

Dbsasbvblbb  ,  p.  r.  (;{efaj0m6/««  7998,  désunir,  séparer. 

Dbsatempbbb  :  celé  gent  detatetnpree  11939,  ces  gens 
mal  dressés,  indociles,  sauvages. 

Dbsaûseb  :  la  gent  de  bien  detaûtee  6763,  la  race  qui 
n*a  pas  Tusage ,  la  pratique  du  bien. 

Desbabetbb,  pf.  3  detbaretat  9613,  défaire  (â  la 
guî?iTe). 

Desbauchieb,  p.  f.  detbauchiee  9888,  mettre  en  dés- 
ordre. 

[  Desboistieb]  :  p.  pi.  s.  detbottié  l 'ho^  ^  deboitiié  1 579 , 
éclopés,  détraqués  (en  parlant  de  chevaux). 

[Desboschieb],  pf.  6  detbucherent  7119,  sortir  d^une 
embuscade. 

Deschabgieb  i566  (ms.  charger),  débarquer. 

Deschatbb  36 1,  déposséder  (prov.  detcaptar), 

DESGHEVAUcniEB,  detchevalchier  669^1,  pf.  detchevau- 
cherent  9990 ,  renverser  do  cheval. 

[Dbsci]  i93o  (de  «),  1980  {de  ci),  99^6  {de  «"), 
393^  {de  ci),  3399  {de  tt),  33^9  {de  ti),  6919 
{de  ti),  6606  {de  ci),  7068  {de  si),  9805  (de  ti), 
109^4  (des  ci),  depuis  ici  jusque;  dans  Tespace  : 
detci  qu'ai  port,  qu'as  porz,  qu*al  Far,  qu'ai  pie 
de  la  montaine ,  qu'a  Ypre;  ou  dans  le  temps  :  detci 
qu'ai  teir,  qu'a  la  nuit,  qu'a  la  Nativité,  qu'aprèt 
mangier;  par  exception ,  la  limite  est  placée  en  ar- 


rière :  de  ti  que  lie  iert  cimefteim  7087.  —  Cet  ad- 
verl>e,  composé  de  det  et  et,  pourrait  s^écrire  en 
deux  mots,  et  c^est  ce  qui  a  été  iait  dans  le  texte, 
mais  les  variations  graphitjues  entre  de  ti,  de  et  et 
det  ci  montrent  que  les  deux  éléments  étaient  étroi- 
tement liés. 

[Dbscibibb],  impf.  6  deeirouent  9996,  déchirer. 

Desclobe,  pf.  6  detclottrent  3885,  ouvrir  de  force. 

[Dbscombbeb]  :  qu'il  n'eûtt  grant  a  detcombrier  1998 
(  :  nombrer)  ;  le  sens  de  ce  vers  est  obscur,  j^ai  com- 
pris :  trsans  qu^il  dût  prendre  beaucoup  de  peines  ; 
ma»  il  faudrait  sans  doute  remplacer  detcomhrier 
par  encombrer  et  changer  tout  le  vers. 

Descombbibb.  Voir  Descombbeb. 

Dbscompibb.  Voir  Descojipibb. 

Descompitube.  Voir  Desco>pitcbb. 

Dbscohpobt.  Voir  Desco^pobt. 

DBSC05P1BB  807,  pf.  6  detconfirent  985,  p.  f.  detcomJUe 
9699,  déconfire ,  défaire  (  à  la  guerre  )  ;  pf.  6  te  dêê~ 
confirent  3988 ,  sbj.  impf.  6  te  detconfeittent  Sooh , 
(ms.  desconfittent) ,  lâcher  pied,  plier. 

Dbsco.npiti'Bs  \Hfi'6,descomfiture  1765,  95o3,  décon- 
fiture, défaite. 

Dbsgo?ipobt  967  (detcotnfort) ,  9  5o9,  pi.  dêêcon/orz 
k6ijS,  déconfort,  aflliction. 

Dbscokpobtbb  ,  impf.  6  detconfortouenl  91 33,  p.  f.  dte- 
confortée  37,  décourager,  ailigcr. 

[  Dbsco5bebb]  :  pf.  3  detcunreia  1699,  mit  en  désordre  ; 
6  te  detconrcierent  11610,  quittèrent  leurs  rangs,  se 
mirent  en  désordre. 

Descotibeieb.  Voir  Descojireeb. 

DsscoxsEiLLié,  f.  detconteilliee  7817,  pi.  detconteilUeet 
5 198,  sans  direction,  désoriente. 

Dbscordakce  8961,  discorde,  désaccord. 

Descobde  109,  discorde;  a  detcorde  965,  en  désac- 
cord. 

Descobdee  917,  535o,  83 o5,  8363,  ditcordee  S^'j^ , 
discorde,  désaccord. 

Dbscobder,  pr.  3  detcorde  966,  p.  detcorde  S6ib , 
brouiller,  mettre  en  discorde;  detcorderent  ]o5o, 
furent  en  désacconl. 

Desgorder,  impf.  6  detcordoient  3918,  pf.  3  detcorda 
3768,  lâcher  la  corde  (de  Tare),  décocher,  tirer. 

Dbscovenue  35,  malheur. 

Descotbir  :  p.  f.  descoverte  ^-l'jS,  révélée;  a  detcoverl 
93i3,  à  découvert. 

Descbeistbe,  pf.  3  detcreiU  /Ï096,  gér.  detcreittant 
6097,  décroître;  detcreiie  ikiS,  3669,  diminuée, 
décrue. 


GLOSSAIRE. 


i83 


DiscBUCBiBB,  pf.  3  detcrueka  10071,  renverser,  jeter 
à  bas;  voir  D^êcrunquier  dans  Godefroy. 

DisouGRiia,  pf.  3  te  detdngna  639,  se  fâcher,  sUn- 
digner. 

DasDiiGRoa  8996 ,  coiirroax,  dépit. 

D18DIBI  6658,  impf.  6  deêdùeient  91A&,  contre- 
dire. 

Dmibti.  Voir  Dissbbtb. 

DisBBTia.  Voir  Dbssibtib. 

Dmfiirb  la  tençon  669,  apaiser  la  querelle;  detfaire 
io&o,imp.  5  deêfaitet  9900,  mettre  à  mort;  p.  s. 
dêrfah  9930,  accablé  par  i^âge. 

Dbsfautb.  Voir  Depautb. 

DisPBSTivi.  Voir  Dbsfbstu^. 

DasrBSTui,  f.  derfettivte  10939  (corr.  det/etltêeê),  cha- 
griné, désappointé;  voir  Godefroy. 

Pbsfichibb  A3 3,  dépiquer,  lever  (en  parlant  de 
tentes). 

Dbspibb.  Voir  Dbfibb. 

[Disfublbb]:  p.  defubUé  8790,  débarrassé  de  son 
manteau.  * 

Dbsouabhib  :  de$guamie  6109,  dépourvue. 

[Dbshait],  deshêit  5i/io,  degheit  78/^5,  dehet  3a 58, 
6906,  dehet  7813,  découragement,  tristesse. 

DiSHAiTiBR  5366 ,  s'attrister  ;  deêhaite  1810,  déplaît  ; 
19987,  P*  àethaitié  3o8o,  pi.  dethaiiiez  5975,  f. 
dethaitiee  3936,  desheitiee  971,  7786,  78^3,  det^ 
heide  6906,  découragé,  attristé. 

Dbsheit.  Voir  Dbshet. 

Dbshbites.  Voir  Dbssàibtes. 

Dbshbitier.  Voir  Dbsbaitibb. 

Dbshbt.  Voir  Deshait. 

Dbsibancb  9336,  désir. 

Dbsibibb  1 9099  (ms.  éd.  deâirien), denrer  586,  s.  de- 
tirien  93oi,  19099,  pi.  detirert  96A,  i359,  dé- 
sir. 

Dbsjoirdbb  9918,  séparer;  te  detjointitteni  9916,  se 
séparassent. 

[Dbslbial],  s.  detUaut  9798,  déloyal. 

[DESLEié],  p.  s.  detliez  8806,  pi.  f.  defloeet  3706, 
sans  loi ,  scélérat. 

Dbslial.  Voir  Desleial. 

Dbslié.  Voir  DESLEii. 

DESLoé.  Voir  Deslei^. 

Dbsloer,  pf.  6  detloerent  10966,  déconseiller. 

Dbslooibb  9806,  lever  le  camp,  ddoger. 

Dbsmbslbb,  p.  f.  demetlee  i6li ,  detmellee 668 , arranger, 
pacifier  (une  querelle). 

Db8iibsubb(A)  /i69, 1611,  90i3, 19153,  avec  excès. 


DisHESUBé,  f.  detmeturee  ]o663,  présomptueux,  qui 
manque  de  modération. 

[Deskorir],  pf.  6  detnurirent  76A6,  dépérir  par 
manque  de  nourriture. 

Desnobir.  Voir  Desrorir. 

Despehdrb  1096,  9669,  A810,  etc.,  pf.  3  detpendi 
9858,  dépenser. 

Drspense  :  a  ta  detpente  19111,  à  ses  frais;  3999, 
3A]9,  9918,  provisions  de  bouche;  povre  et  de 
grant  detpente  3^69,  pauvre  et  coûtant  très  cher  à 
nourrir. 

Despirr,  p.  f.  detpite  118/ii),  traiter  avec  mépris. 

Dbspit  :  el  detpit  al  diable  kS^el  detpit  defei  critUane 
3711,  en  haine  du  diable,  de  la  religion  chré- 
tienne. 

Dbsport.  Voir  Déport. 

Desposer.  Voir  Déposer. 

Dbsque  3i9i,  899A,  11 659,  jusque. 

Dbsbaisoii  5/i55,  9009,  tort. 

DBSREEKiiBirr  6930  (ms.  deireement)^  avec  impétuosité , 
furieusement. 

Dbsbeeb  :  te  detreerent  7^99  (ms.  te  den^engierent)^ 
sortirent  des  rangs;  detreee  5o3i  (ms.  dwree)^ 
acharnée,  furieuse;  chierté  tant  detrees  hboà 
(ms.  desree)^  cherté  si  excessive,  si  déraison- 
nable. 

Dbsrei  643 1,  action  de  rompre  les  rangs,  désordre; 
a  dstrei  b^ùli,  avec  impétuosité;  1886  avec  trop 
d^ardeur;  a  tel  detroi  96,  avec  tant  de  fougue. 

DESRK50IER,  pf.  3  detrenga  1997,  sortir  des  rangs. 

Desroi.  Voir  Desrei. 

[Desboîllier],  pf.  6  detrotllerent  76^^,  se  dérouiller. 

[  DbsRoteb  ]  1  p.  f.  d^troutee  58 1 6 ,  faire  sortir  de  Tordre 
régulier. 

Dessaibtbs  :  cil  traitt  a  lui  doue  taietet  entuchieet  en 
det  heitet  1996,  la  vetttiez  en  dettaietJt  plut  de  cinc 
cc-nt  mile  taietet  3109.  On  a  évidemment  dans  les 
deux  passages  le  même  mot,  qui  doit  être  :  en  d^s- 
taietit;  mais  le  sens  n^en  est  pas  clair:  sans  doute, 
«ren  un  moment,  aussitôt?).  Le  mot  se  retrouve 
seulement,  à  ma  connaissance,  dans  le  Roman  det 
Franceis  d^André  de  Coutances,  où  il  a  le  même 
sens  :  £11  detsetet  (éd.  Endeteetet)  t'ettormi  (  Jubi- 
nal,  iVouv.  Aec.,  II,  6). 

[Desserte],  pi.  detgrtet  4866,  ce  qu*on  mérite;  en 
detertet  1 790 ,  en  récompense. 

Dbssebvib  8957,  sbj.  impf.  3  detervitt  81A7,  mériter, 
gagner. 

[Dbssob],  <iefur9693,  8170,  sur. 


uu 


L'HISTOIUE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


[Dessus],  ditut  5i5,  sur;  qtts  ne  Valassen  en  thfua 
9606,  que  tu  110  ic  surmonlas^s;  tl  de$ui  9976 ,  à 
•  même. 

Dbstaiptdre.  Voir  Desteindre. 

[Destei^idre],  pr.  3  destaint  0689,  sYleindre. 

Destempree  :  destempree  iiC3'i,  déréglée,  acharnée; 
destemprot  7039,  î>e  |][àtait  par  Thumidilé. 

Destendre,  impf.  0  dM.ndoient  aaiS,  pf.  0  desten- 
dirent  ii5o9,  lâcher  la  détente,  tirer;  dettendre 
8999,  lover  h»s  tontes. 

Destiner,  p.  f.  di'ttin.'e  1A60,  q38o,  fixer  d'a\ancc 
(en  parlant  de  Dieu). 

Dbstobbeb  9  935,  pr.  3  detinrh»  1 1888,  p.  f.  dentorbec 
i38o,  (jôner,  nuire  à;  impf.  fi  denlorhouvnt  'jktihj 
\},  (.  di'9torhei'  540 1,  ^hh-i^  entraver,  arrêter. 

Destorbier,  pi.  d .'Klorhiei'i  i357,  trouhie,  entrave. 

Destor5ET,  petit  détour  :  let  dcuiorntz  77'iiï  par  des 
chemins  détournés.  On  pourrait  aussi  regarder  <i<<- 
iwnez  comme  le  pi.  de  detUmté,  en  sou*i-ent.  che- 
min; mais  je  ne  connais  que  le  fém.  deâtotikse  (sous* 
enl.  voie)  qu'on  enjploie  de  cetle  manière. 

Destobher,  p.  f.  d'stotTice  93,  enlever,  déroher. 

Desibaindre.  Voir  Destreindre. 

Dbstre  :  deitve  et  tenettre  65oi,  à  droite  et  à  gauche; 
a  deëlre  9979,  à  droite. 

[Dbstrege],  destresce  3 00,  3^)58,  4383,  pi.  detlreice» 
33i9,  génc,  souffrance. 

Destreindre  8/198,  dettraindrs  697*? ,  forcer,  réduire; 
pr.  6  dettreinerU  610/1 ,  5969,  presser,  tourmenter. 

Dbstieit,  f.  dextreit!  /i/i3o,  tourmenté,  malheureux. 

Destbeit,  de^trciz  3i5,  817,  détroit;  en  unt  degtreiz 
1989,  dans  un  lieu  resserré,  un  défilé;  position 
ditlicile,  génc  :  /Vn  tniu  en  detirvii  101 13,  le 
tourmenta  à  cause  de  cela. 

Destreite  :  en  destieitcs  fujti ,  à  la  gène. 

Destbesce.  Voir  Destrege. 

Destrier,  pi.  destnern  3633,  cheval  de  guerre. 

DisTEoissiEn,  p.  pi.  d'jxtroistiez  7755,  abattre? 

Dbstorber.  Voir  Destorber. 

Dbsub.  Voir  Dessor. 

Desus.  Voir  Dessus. 

Dbsteier,  p.  s.  detveiez  55i  1,  f.  desvoise  A 89  ,  égarer; 
detvoiee  6788,  perdue;  desvoiant  1990,  perdant  le 
chemin;  desvoierent  895 1,  détournèrent. 

Dester  9879,  perdre  la  raison,  enrager;  p.  f.  degvse 
635,  pi.  detve?8  8798,  furieux,  enragé;  la paijne 
gent  deêvee  10810,  les  païens  insensés  ;  ie  desvouent 
4857,  enrageaient. 

Destoier.  Voir  Deeteier. 


Dbstoleir,  impf.  6  deevoleient  8698 ,  desvoUietU  9^76 , 
pf.  6  desvoldrent  8638,  ne  pas  vouloir,  se  refuser  i. 

Dbte  :  par  dele  1 9095,  suivant  le  devoir. 

Detb.mr,  p.  f.  détenue  /jio8,  arr^'ter,  retenir;  impf.  6 
se  deteneient  /i3i5,  restaient. 

Detor,  s.  detres  1 1856,  débiteur. 

Detortre  :  impf.  3  se  detortoit  36'i8,  se  tordait. 

DETRE:<iCHiER  9989,  <'0"^«  ^>  detrenchcrtient  609,  p. 
pi.  s.  detrcnchié  5589,  tuer  (propr*  couper  on 
morceaux). 

Detres.  Voir  Detor. 

Detriêr,  impf.  6  detriomt  7A01,  detrioient  7G90,  re- 
tarder. 

Detriés  1559,  derrière. 

Dévastée,  pi.  devantees  106/1,  de  quoi  remplir  le  gi- 
ron, le  devant  d\mc  robe. 

Deveir,  devoir.  Ce  verbe  s'emploie  dans  des  sens  aasex 
variés,  se  ramenant  à  peu  près  à  ceux  de  rrétre  juste, 
naturel,  probable *)  :  cil  durent  ettre  malbailli  459, 
ceux-là  furent  bien  prî^  d'être  perdus;  mais  lor 
folk  lor  dut  nuire  771,  mais  il  était  juste  que  leur 
folie  tournât  contre  eux;  ja  ne  doie  ice  avenir 
9119,  qu'il  no  soit  jamais  dit  que  cela  arrivera  ; 
qu'il  durent  laissier  en  l'ost  ctrre  9188,  qu'ils 
avaient  l'intention  de  laisser  courir  dans  l'ast;  e 
quant  il  durent  ariver  9871,  et  quand  ils  furent 
sur  ie  point  d'aborder;  que  cels  deOst  gnarantir  n? 
défendre  5/io4,  qu'il  fût  dit  qu'elle  protégeait 
c^nx;  qui  miilt  dut  Vost  aveir  grecee  5766,  qui 
faillit  faire  grand  tort  à  l'ost.  Dans  mais  trop  1 
dcut  poindre  d^asMez  7500,  le  sens  est  assez  diffi- 
cile à  rendre;  c'est  à  peu  près  :  «ril  s'avança  trop, 
plus  qu'il  n'aurait  dû?». 

Devers  786,  9908,  etc.,  du  côté  de. 

Deviner,  impf.  6  devinaient  3i65,  faire  dc>s  conjec- 
tures. 

Devise  4 06,  opinion,  plan  :  ottifi  alerenl  les  devises 
1 1799 ,  telle  fut  la  base  des  négociations;  la  peûs- 
siez  otr  reter  les  uns  as  antres  lor  devises  7005,  les 
uns  reprochaient  aux  autres  leur  opinion;  ainsi 
parlouent  par  devise»  9188,  ils  parlaiiMit  ainsi  sui- 
vant leurs  idées;  car  tout  quidouent  senz  devise 
iiio5,  car  tous  croyaient  sûrement  (propr*  sans 
penser  qu'il  y  eût  là  ime  question  douteus?,  d'opi- 
nion); sor  V angevin  fid  la  devise  en  quel  manière 
viande  en  serait  achatee  /i8'ii,  la  question  était  de 
savoir  comment,  avec  ce  denier,  on  achèterait  de 
la  nourriture;  a  sa  devise  1100,  1789,  à  son  idée, 
à  son  goût;  la  plus  sage  feme  a  devise  1789,  la 


GLOSSAIRE. 


i^S5 


femme  la  plus  sage  qu^on  pill  imaginer;  lui  devita 
par  devi$e  11807,  ^"^  expliqua  clairement. 

DBfiSBMBXT  798^),  arrangement. 

Dsfisu,  p.  pi.  S.  devisé  3966 ,  f.  devUeen  196/i ,  pf.  6 
ff  ievmrent  10710,  diviser;  3  devisa  36iA,  6  de- 
visèrent  384 1,  avoir  en  intention,  projeter;  devi- 
Mouent  k>r  être  96a,  378,  formaient  le  plan  do 
leur  voyage;  lui  deviw  par  devise  1 1807,  lui  expli- 
qua clairement. 

Di&iLi  3o66,  etc.,  le  diable  (empl.  sans  article);  pi. 
s.  diable  36^9,  les  diables. 

DiBHAiJiB  11295  (ms.  dimaine)^  diémeinge  6693 
(ms.  dfmeinffe)^  dièmeinche  10807  (^^*  demeinche, 
ms.  dimeinche)j  dimanche.  La  forme  du  commen- 
cement du  mot  est  attestée  par  la  mesure,  mais  il 
n^y  a  pas  de  1  ime  qui  en  détermine  la  fm. 

Digubb.  Voir  Disreb. 

DiGRBTé  8568,  rang,  dignité. 

DiHBiRCBB,  dimeinge.  Voir  DiésiAiiiB. 

DiBB  pris  subst.  :  puv  lor  dires  567,  pour  leurs  dis- 
cours. 

DiscoBDBB.  Voir  Dbscobdek. 

DisMB  6639,  dixième  partie. 

[Disrbb],  digner  5888,  pf.  3  digna  5886,  6  di- 
gnerent  6887,  p.  digne  1599,  prendre  le  premier 
repas. 

Dn  :  Vem  en  diseit  granz  dit  5o8,  on  en  faisait  beau- 
coup de  discours. 

DiTOB  :  pi.  s.  li  ditor  tant  en  saveient  8o56,  c'est  ce 
qu'en  savaient  ceux  qui  en  parlaient. 

DivEBS,  f.  diverse  2369,  divers. 

DoBLCB  :  qui  la  dobla  1918,  qui  la  fit  se  gonfler  (In 
nier)» 

DocTBiifB  3099,  instruction. 

DoBL.  Voir  DcBL. 

DoL,  Voir  Dlel. 

DoLBin,  doleil  1712,  souffrir;  impf.  6  s?  doleient 
/il 06,  de  même. 

DoLz.  Voir  DoDz. 

Dow.  Voir  DoKC. 

Do^c  3/io,  9751,  alors;  don  n*as  tu  96^8,  n'as-lu 
donc  pas? 

DorsE.  Voir  Dune. 

Do.NER,  pr.  3  done  189,  domier;  sU  dotra  9890, 
conviendra. 

Dont  39/i,  i396,  9189,  5oA9,  9570,  d'où. 

Dorer.  Voir  Durbr. 

Dorvir  (Se),  pf.  6  te  dormirent  11913,  dormir. 

Dota5CB,  doute  :  en  dotance  178/i,  en  doute;  sanz 


dotance  17,  i3/ii,  9789,  .«ans  aucun  doute,  si\re- 
nif^nt. 

Dote  1969,  98A5,  crainte. 

Doter  (Se),  impf.  6  xe  dotouent  3365,  pf.  6  se  dou- 
tèrent 6t  1,.  avoir  peur. 

Douter.  Voir  Doter. 

Doue  :  Francs  la  dulce  terre  8897,  ^^  ^^^  P^Y*  ^^ 
France;  doit  ator  11057,  voir  Atob. 

DoTos  i3i9,  i390,  dotose  3935,  qui  cause  de  la 
peur,  redoutable. 

Dr\gok  6i5A,  enseigne  des  Normands,  en  forme  de 
dragon  {regium  vexillnm  dans  Richard). 

Drap,  étoffe  :  pi.  chiers  dras  1A98,  e  dras  de  seie  e 
dras  en  graine  167/1,  *''*'"  d'escharlete  e  de  soi? 
9077. 

Dreit,  direct,  droit  :  s.  dreiz  heirs  3906,  héritier  lé- 
gitime; un  dreit  pilet  3765,  un  Irait  bon,  conve- 
nable ;  merveilles  droites  1 1  /i  53 ,  des  choses  vraiment 
merveilleuses;  snbst.  pi.  ses  dreiz  9^189,  ce  à  quoi 
il  avait  droit;  a  dreit  879,  suivant  le  droit;  adv. 
dreit  391,  droit;  dreit  de  coruz  7868,  par  la  suite 
immédiate  de  leur  dépit;  tôt  droit  619.  Sur  droite 
19338  voir  Adbeit. 

Dbbiturb,  19,  873,  8355,  justice;  a  droture  11793, 
sans  manquer,  certainement. 

Dreiturier  ,  f.  dreituriere  97/18,  drettnrere  9 1 33 ,  légi- 
time, qui  appartient  légitimement. 

Dreture.  Voir  Dreiturb. 

Droit.  Voir  Dreit. 

Drouont  1177,  pi.  dromonz  596,  1179,  I90i,  ba- 
teau de  transport. 

Droti  RE.  Voir  Dreiture. 

Drue  11/10,  amie,  bien-aimés. 

Drugemaki  1G89,  drogman,  truchement. 

DiiBL,  doel  3o9,  s.  dois  970,  deuil,  douleur. 

DuiRE,  enseigner  :  dnite  de  bataille  635 1,  experte  à  la 
guerre;  se  dnire  2 8/1 3,  s'habituer,  se  faire  une  loi 
de. 

Dune,  dones  5761,  dunes  7790,  dune,  monticule  de 
sable.  La  forme  est  attestée  par  la  rime  avec  brunes 
(7720). 

Durée  :  eûst  pni  de  durée  9888,  aurait  pu  résister 
peu  de  temps. 

Durement  778,  1973,  99/18,  976/i,  fortement,  ri- 
goureusement. 

Duber  :  fut.  3  dorra  898,  cond.  3  doroit  85 1/1,  6  do- 
rouent  3366,  p.  s.  i>rf  durez  1666,  durer;  durer 
a  els  6816,  leur  résister;  la  durer  9970,  résister 
(cf.  i<  la  durare,  la  pris  absol*). 


&S6 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


E 


E  5,  7,  13,  19,  ùli,  37,  36,  âo,  elc.;  et  18,  19, 
36,  60,  etc.,  cl  (la  forme  e  est  la  plus  fréquente 
de  beaucoup,  sans  qu^il  y  ait  d^ailleurs  de  raison 
viable  pour  le  choix  de  e  ou  f()  :  dit  e  dû  9966, 
dix  par  dix;  e  5^1  A,  10/110,  commence  la  propo- 
sition principale  après  une  phrase  incidente;  voir 
Dicz,  trad.  fr.,  III,  317.  —  Et  ne  se  fond  en 
enne,  enn  135. 

Eagb  699/ï ,  pL  aagee  36o ,  âge; par  tanz  aages  1 395 , 
pendant  de  si  longues  périodes  de  temps. 

EcBiËn.  Voir  EscniËB. 

Eppouz.  Voir  Esforz. 

Effbbibb.  Voir  Esfbbbr. 

Eht.  Voir  Es. 

EiifCBis.  Voir  AixcBis. 

E1BB188,  356,  359,  1199,  1  i3/i,  3645,  etc.,  cire 
917,  378,  chemin,  Toyage;  atomer  son  eire  1 136, 
9/165,  faire  ses  préparatifs  de  voyage;  Deu$  ot  lor 
eire  atome  11 93,  Dieu  avait  tout  préparé  pour 
leur  expédition;  estre  $or  $on  eire  5989,  8696, 
être  sur  son  départ  ;  en  lor  eire  aprochierent  888 , 
ils  furent  rapprochés  du  terme  de  leur  voyage;  bon 
eire  8991,  bon  train.  Voir  Erbibb. 

EiR  598,  3^33,  héritier,  pi.  s.  dreiz  hein  3906,  hé- 
ritiers légitimes  (il  s^agit  de  femmes);  au  fém.  eir 
89^0;  peut-être  de  même  oir  89/15,  mais  ce  pas- 
sage semble  altéré. 

Eibbb.  Voir  Ebbbb. 

Eissi.  Voir  Issi. 

[Eissil]:  tome  a  euil  i/ioA,  naufragés. 

EissiLLiBB,  impf.  6  eiteilloient  1 1 169,  dévaster,  piller; 
p.  pL  s.  eiêiiUié  19906,  maltraités. 

Eissii,  pr.  6  istent  397A,  impf.  3  itseit  397,  6  û- 
toient  9911,  pf.  3  eiui  i3i6,  9691,  6  itiireni 
9905,  gér.  eisiont  1796,  sortir;  s'en  eiêsir  397, 
9905,  de  même. 

[Eissub],  pi.  iauet  1119,  sortie. 

El.  Voir  Le. 

El  1958,  5095,  autre  chose. 

Elmb.  Voir  HucMB. 

Em.  Voir  Or. 

Ehbatbb,  pf.  3  embati  735,  ùembatirent  15A7, 3386, 
pousser  de  force;  embatre  6819,  au  sens  de  s'em- 
batre;  $*embatre  3986,  hii^Q^  pr.  3  t'embat 
i9i/i8,  pf.  6  i*enbatirent  795,  p.  pi.  s.  s'ierent 


embatu  9799,  se  lancer,  arriver  à  Timprovisle.  An 

V.  6  A 97  embati  est  une  faute  pour  aboli, 
Ehblbb  34 a,  368,  pr.  6  emblent  3o68,  p.  f.  embUe 

9006,  dérober,  prendre  en  secret;  t'embUr  9/190, 

se  dérober,  partir  furtivement. 
[Emboidbûbb],  enbordeûre  3886,  bordure,  encadre- 
ment. 
Embiacibb,  enbraeiir  71 13,  saisir  dans  ses  bras;  p.  f. 

enbraciee  9575,  entourer  de  ses  bras;  pour  embra- 

çant  691/i,  il  faut  etnbraiant, 
Ehbbaibb,  gér.  embraiant  6916,  attaquer,  harceler. 
[Embuschbmert],    enbuschement    7111,    enbuchement 

1916,  embuscade,  cachette. 
Emfart.  Voir  Erfart. 
EnFBBTi.  Voir  ERFBBré. 
Emfbs.  Voir  Ehfàrt. 
Emflb.  Voir  Erflb. 
Ehpairdbe.  Voir  Empbirdbb. 
EuPABBRTé,  s.  enparentez  1793,  apparenté. 
[Empbechibb],  enpetcoient  10/197  (ms.  en  pecoient\, 

entraver,  embarrasser. 
Empbirdbb  3 09 ,  empaindre  9 1 5 1 ,  pousser. 
EmpbIbbob,  empeireûr  1396,  empireur,  mot  forgé  par 

Tautcur  pour  faire  un  jeu  de  mots. 
Empbiribb,  pf.  3  empeira  69a,  gAter,  empirer;  p.  f. 

empeiriee  /1759,  endommager;  cond.  3  en^^eirenit 

53iâ,  faire  tort  à;  $ei  tneieme»  empÀroi  1397,  '^ 

se  nuisait  à  lui-même. 
Empbbcibr,  p.  enpercié  6957,  percer,  enfoncer. 
Ehpbbignibb,  pr.  3  fmpraÛM  6,  concevoir  (propr*  être 

gros  de);  impf.  6  empreignouent  àùSh  (le  sens  de 

ce  verbe  ici  est  obscur). 
Ehpbbrdbb  868,  enprendre  1 116,  sbj.  pr.  3  empreim 

5,  pf.  6  et^ristrent  9/108,  p.  f.  enprits  761,  9109, 

entreprendre,  commencer. 
Ehpiessibb,  impf.  3  empreesoit^^^k ,  presser,  serrer  de 

près;  pf.  6  êmpretterent  7963  (:  ItUsterent  =  latme- 

rent);  e^enpreuier  9553  (:  beiuier)^  s^occuper  avec 

aitleur. 
Empbisb  i3/i6, 1903  (lire  ineû  ne  deignatt  pa$  e'em- 

prise),  entreprise;  par  com  faite  enprite  9/io3,  dans 

quelles  conditions;  a  icele  emprise  7809,  à  ce  fait 

d^armes;  hardie  empriee  i535,  fait  d'armes  hardi  ; 

foie  empriee  9719,  5/^6/i,  témérité;  par  s^emprite 

5 16,  en  exécutant  son  dessein;  de  grant  emprie» 


GLOSSAIRE. 


487 


997^  «  5oa6,  tr^  fntrq)rcnant;  genz  de  it  granz 

impri$es  7006 ,  bominos  si  entreprenants. 
Empbohteb.  Voir  Emprokter. 
Ehpioxt  a688,  enpront  ai 8,  8776,  einpininl. 
Ehpboiitbr,  empromter  875'!,  emprunter. 
Eh.  Voir  On. 
Eji  avec  pwrter,  méfier,  etc.,  est  loujours  séparable. 

Cf.  Si. 
En,  en  :  munta  en  un  cheval  18/1 3,  monta  sur  un 

cheval. 
EiiBATBK.  Voir  Embatre. 

ENBOBDEtiBE.   Voir  ËVBORDEL'RE. 

EsiBBiciBR.  Voir  Emdricieb. 

Ehbcgdbvbnt.  Voir  Embuscbeme.nt. 

Erbuschemert.  Voir  Embuscukme.nt. 

Ehcabracion  133^9,  incarnation. 

Ebcbhsibb,  pi.  encmiiers  9087,  pol  où  brûle  de  Tencens. 

E5CBBCHIEB  :  ^r.  encei'chani  103^9,  habiles  à  s'in- 
former, pénétrants. 

ExcHAciBB.  Voir  EpiCHArCIER. 

Enchalz.  Voir  Erciiauz. 

Erchascier.  Voir  Exchaccier. 

Ekcbaccibb,  impf.  3  enchascoit  G3o6i  G  enchaeouent 
6366,  6399  ipf.  3  cnchaça  aSAG,  6  etichaucerent 
6019,  736/i,  iia3o  (ms.  inchacerent) ,  11 333, 
enchacierttU  32^6  (au  v.  an'iô  ettchacertnt  par  er- 
reur dans  le  ms.),  enchaesi'ent'ibbS ^  1^)87,  3683, 
Al 58,  5699,  6991,  poursuivre.  Le  ms.  donne 
plus  souvent  enchacier,  mais  le  sens  appelle  plutôt 
partout  enchaucicr,  comme  le  montre  notamment 
le  V.  11 33o. 

Krchade  1666,  2  33o,  enchah  3io3,  79,06,  pour- 
suite. 

Erchebir,  impf.  6  encherissonent  10.596,  fnire  en- 
chérir. 

EifCLiR  :  teste  encline  265,  ti^te  baisser». 

E11CLIKER,  impï,  6  enclinoient  655 1,  faire  baisser,  cou- 
rber. 

EfICOMBATBE.  Voir  EsCOMBiTRC. 

Ercombbier,  pi.  encombrieri  i36o,  enconhri'rn  9801, 

embarras,  difliculté. 
[Ejscombbos],  cncumbroies  iîî5,  embarrassé,  diflicul- 

tueux. 
Ercotibrier.  Voir  Encombrier. 
E^icoTiTBB   5i5  (ms.   encoite)^   en    face    do;   a 336, 

3337,  33/10,  à  la  rencontre. 
Rkcortbe    iooo5,    renconira    (en    bntaille),    fém.; 

qu*encontre  n'i  cûst  1876,  sans  trouver  quelqu'un 

en  face  de  lui. 


Ekcortrbb  139/i,  rencontrer. 

Ekcorb.  Voir  Oncore. 

Ercobe.  Voir  Ercorre. 

Etîcorre  5/iio,  7338,  7696,  encore  5i/i8,  7595, 
encuire  21 84,  encurj  7961,  pr.  6  encurent  7599, 
pf.  6  encorurent  3996,  53/ii,  sbj.  pr.  5  eneurgiez 
7339,  sbj.  impf.  3  encoreuit  5 059,  p.  f.  encorne 
10966,  souffrir  un  dommage,  proprement  à  la 
suite  d'une  faute,  comme  les  otages  que  Salahadin 
laisse  encoire  53/ïi,  56 10^  7961;  puis  en  général 
être  victime,  périr  3996,  3o30,  5 168,  7338, 
7339,  7^96,  7599;  la  gant  iert  mûrie  e  encorne 
1 0966 ,  ienz  plus  encore  ']hgb ,  sans  souffrir  de  plus 
grandes  pertes;  a  la  nostre  geni  faire  eneurre 
31 86,  pour  faire  du  mal  à  nos  gens.  Au  v.  5o59 
le  même  verbe  a  un  tout  autre  sens  :  e  si  le  tens 
si  encoreust,  s'il  arrivait  dans  la  suite  du  temps. 

Encortiner,  p.  f.  pi.  encortinees  9086,  tapisser. 

Encoste  1363,  près  de  (6196  1.  en  eoste). 

EifcuHBROs.  Voir  Ebcombbos. 

EKGi'BB.«Voir  Ercobrb. 

Ekcdrre.  Voir  Ercobbi. 

ërccsbor,  encuseûr  i836,  dénonciateur. 

ërcusbr,  p.  f.  encuBse  6019,  signaler,  annoncer. 

E?(DEMAn  :  Vendemain  593o,  le  lendemain. 

E^DEMANTiEREs.  Voir  Erdehertiebbs. 

Erdbhb^itbrs.  Voir  Erdemertibbs. 

E:«DBME5nEBB8  5379,  endemantieres  6938,  cependant, 
dans  l'intervalle. 

Erdemertibbs,  endêmenters  3i65,  3766,  6609, 
8935,  etc.,  pendant,  tandis. 

Erditer,  p.  cndité  7610,  8301,  indiquer,  faire  savoir. 
La  fonne  est  attestée  les  deux  fois  par  la  rime  avec 
cité, 

Erdbeit  ^335,  56o3 ,  justement;  ci  endreit  6737,  ici 
(précisément  ici);  endreit  oel  afaire  376,  sur  ces 
entrefaites;  endreit  els  5ii5,  à  leur  égard;  endreit 
els  9879,  de  leur  côté. 

Endreit  :  en  nul  endreit  1887,  en  aucune  façou. 

[Ereibb],  enneire  703  (ms.  en  neire)^  aneire  355, 
1609,  1719,  1863,  6o3o,  8635,  9039,  anoire 
io36o,  11697,  19006,  promptement,  aussitôt. 
Eneire  est  composé  de  en  et  <iVv;  l'intimité  de  la 
soudure  est  montrée  par  les  formes  enneire  aneire. 

Erbke.  Voir  Esrbbb. 

Erermi,  f.  enermie  5877,  mihertniê  6o65  (ms.  kermte), 
désert,  dévasté. 

Ekeskb.  Voir  Esrbkb. 

Erbteis  5o6,  11668,  maintenant,  cette  fois. 

61 


MrajaiuK  viTioaiLt. 


^88 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


Enfant,  s.  emje»  s/iSS,  9639,  enfant;  fém.  enfant 
99/ï,  emfant  looo. 

Enfeb,  f.  enferme  11799,  faible,  non  forlifié. 

[EnrEnGiEn],  p.  f.  enfiergiee  8978,  allacher  ensemble 
parades  fers,  river. 

EifFERMBTé  9076,  pi.  enfeiinetei  Aaoo,  maladie. 

ËRPERTé  i99i5,  emferté  UGoT^  i9s/i6,  maladie. 

Enpiergibb.  Voir  Enpergibr. 

ENFiifiTé  11977,  infinité. 

[Enfle],  em/Ie  ^973,  enflure. 

Erfoîr,  pf.  3  enfoi  3096,  6  enfaïreni  3097,  enfouir, 
enterrer. 

Enfondbbb,  pf.  6  enfondrerent  9969,  3886,  sbj.  iriipf. 
6  eii/bn^r<uen(  9  960,  enfoncer,  défoncer,  briser. 

[Enforgibb],  impf.  6  enforçouent  39 o5,  pf.  6  enfor- 
cerent  3909,  fortifier;  impf.  3  enforçol  9763,  ren- 
forcer, 

Enfraindbb,  p.  f.  enfraite  99/16,  enfreindre. 

Enfuir.  Voir  Enfoîb. 

[Enoeigneor],  pi.  engineor»  9973,  engineûrt  39 15, 
construcicur  de  machines  de  guerre,  ingénieur. 

[Engeignos],  enginui  97,  avise,  habile. 

Engin  6116,  sage  conseil;  s.  9635  ruse  (du  diable); 
engins  i365,  9976,  machines  de  siège. 

Engineor.  Voir  ëngiigreob. 

Engineûr.  Voir  Enobionbor. 

Enginus.  Voir  Engeignos. 

[Enoordi],  pi.  s.  engurdi  1571  (ms.  deigwrdi)^  en- 
gourdi. 

Engbaine,  pi.  engramet  1698,  étoffe  teinte  en  rouge? 

Engregier,  impf.  3  engrejot  5833,  devenir  plus  diffi- 
cile. 

Engbès,  f.  engretae  1698,  9386,  3oi8,  6889, 
5663,  5899,  acharné,  hostile. 

Engbesseb,  pf.  3  engre$sa  6961,  6  engrenèrent  5711, 
gér,  engrenant  3o59,  presser,  serrer  de  près. 

Engboter  (S*j ,  pf.  6  ê'engroterent  19911,  tolhber  ma- 
lade. 

Engurdi.  Voir  Engordi. 

Enhaitier  :  p.  f.  enhaitiee  7786,  en  train,  bien  dis- 
posée. 

Erbbbmi.  Voir  Enebmi. 

Erjobnrb  :  a  Vat^omer  /i0J5,  6i95,  a  Vanjomani 
6067,  au  point  du  jour. 

Enjcre  1367,  pi.  enjnrei  i355,  6900,  19991,  souf- 
france, tribulation. 

Enn.  Voir  Et. 

Enreire.  Voir  Eneire. 

Enncrlk  9816,  nuageux,  sombre. 


[Enoios],  f.  enuioie  3936,  pk  enuioie$  1098,  dés- 
agréable; henuiuêe*  85 ù,  blessantes. 

Enober.  Voir  Onorer. 

Enpaindrb.  Voir  Ehpaindrb. 

Enparentk.  Voir  E!iPABE.^Té. 

Enpercier.  Voir  Empercier. 

Enprainibr.  Voir  Empbbignibb. 

Enpbendbb.  Voir  Emprendre. 

Enprbssier.  Voir  Empressibr. 

Enprise.  Voir  Emprise. 

Enpront.  Voir  Empront. 

Enquere.  Voir  Enqderre. 

ExQUERRE  ]3io,  enquere  i3o6,  ]339,  pf.  3  enquût 
1 3 1 0 ,  rechercher,  s^enquérir  de  ;  ço  fud  diote 
enquûe  5997,  c^est  une  chose  dont  on  sWorma. 

Erragier  :  enraga  del  sens  1951,  perdit  la  raison;  $ei 
enragter  1 666 ,  devenir  enragé. 

ENBAisNii,  p.  f.  enreisniee  8869,  disert,  habile  à 
parler;  pi.  enraisnees  1809,  de  bon  conseil. 

ENREisNié.  Voir  Enraisni^. 

Enrievbe,  enrievres  1680,  mutin,  indocile. 

Enrievreté  5637,  indocilité,  rébellion. 

Enroer,  impf.  3  mroo(  6970,  s^enrouer. 

Ersaim.  Voir  {Insbing. 

[Enseignibb]  :  enseignées  890, bien  élevées,  instruites. 

[Ensbino],  pi.  ensaimz  7901,  indice,  enseigne. 

Ersbmrnt  1B75,  1171,  1596,  1799,  9878,  3987, 
35i3,  38i9,  6733,  6751,  etc.,  de  même,  éga- 
lement. 

Ensbrer.  Voir  Enserrer. 

Enserrer,  p.  f.  enseree  9196,  enfermer;  s'enserra 
9017,  s'enferma. 

Ersi  ii9o6,  ainsi. 

Ensi?ement  965o,  suite. 

Ensivrb  169,  fut.  3  ensivra  5669 ,  suivre,  poursuivre. 

Ensorqdetot  563i,  surtout. 

Entalent^,  s.  entalentez  io366,  f.  entaUntee  7606, 
en  disposition,  désireux. 

Entasseîz  6363,  entassement,  amas. 

Entasser,  pf.  6  entassèrent  3o56,  refouler  en  tas. 

ENTEcuié  :  s.  bien  entechiez  597 ,  9679 ,  doué  de  bonnes 
qualités;  tnieh  entechiez  9119,  doué  de  meilleures 
qualités;  pi.  r.  malement  enthechiez  9569,  de  mau- 
vais naturel. 

Entres  3790,  action  de  tendre  (une  arbalète). 

Entençon  :  a  entençon  1 1699,  exprès. 

Entbndbb  936,36i3,  6585,  im^L  3  enlendmtiUh^ 
9699,  pf.  6  entendirent  iti09,  19996,  cond.  3 
entendreit  6618,  6  entendraient  9766,  ^.entendu 


GLOSSAIRE. 


489 


hZo^  f.  entendue  59a6,  entendre  a  93 A,  i3Aâ, 
9699,  9766,  3âi3,  entendre  de  /j6i8,  être  occupé 
à,  8*occuper  de;  n'eùeeent  a$$et  a  entendre  6585, 
n'eussent  fort  à  faire  (de  quoi  s'occuper);  iiioa, 
OToir  une  opinion  sur,  enlcndrc  (une  affaire);  al 
mien  entendre  59/i5 ,  9783 ,  autant  que  je  Tentends ,  à 
mon  avis  ;  &3o ,  59  36 ,  comprendre  ;  eet  gent  Voirent 
et  H  autre  Ventendirent  ia<]96,  l?s  siens  Tenten- 
dirent  et  les  autres  compi  irent  bien  ce  qu'il  disait. 

Ertbiits  :  t  ot  mis  t'entente  ao63,  s'y  fut  applique; 
miet  granz  ententes  s3i3,  s'appliqua  beaucoup; 
en  bone  entente  9718,  en  bonne  intention;  la  erent 
lor  ententea  3^78,  c'était  là  le  but  qu'ils  se  propo- 
saient; a  lor  ententes  9319,  tant  qu'ils  pouvaient; 
ententes  i357,  ii3o3  (ms.  éd.  atentes)^  soucis, 
diflicultés  :  livrer  ententes  3939,  56i5,  donner  du 
souci;  mult  eurent  entente  A037,  ils  eurent  bien 
de  la  préoccupation  ;  a  la  meie  entente  1 596 ,  dans 
mon  opinion;  perdre  ses  ententes  18^8,  perdre 
l'entendement. 

EiiTiBnBMBifT  8063,  pleinement,  sans  conteste. 

Ehtestbb  808,  frapper  sur  la  této. 

Ehtbbchik.  Voir  EirrEcuié. 

EirriBB  :  euer  entier  7 1 3o ,  s.  ciiersentieis  1 3086 ,  cour 
lovai,  ferme. 

EfiTienEMENT  959A,  fermement. 

Ertob.  Voir  Ton. 

Entobreb  :  en  l'entornee  G069,  À  la  ronde. 

[Ertoscbb],  entutche  566o,  venin. 

[Ektosgbier],  p.  f.  pi.  entuchiees  1936,  empoi- 
sonner. 

EirrBiBATBE  (S'),  impf.  6  s'entrabatoient  995^,  33A8, 
se  renverser  mutuellement. 

ExTBAConsiTBR  (S'),  pf.  6  s'etUraconsivirent  3iû,  s'al^ 
teindre  mutuellement. 

EicTBAriBR  :  pf.  6  s*entrafiirent  875,  a'entrefierent 
ii3i3,  s'engagèrent  mutuellement. 

Entbaïoier  (S'),  impf.  6  t'entraïdonent  10019,  s'entr'- 
aider. 

[Ertraiieb(S')],  impf.  6t*entreamouentbobi^  s'aimer. 

Ertrassaier.  Voir  E^ttsessaibb. 

[Eiïtbataiîidrb  (S')]:  imi^f,  G  i'entrateignoient  3390, 
s'atteignaient  l'un  l'autre. 

EïVTBE  :  entre  bons  e  iftals  1  i3âo,  tant  bons  que  itiau- 
vais. 

Khtrbahbb.  Voir  Ektrameb. 

Ertrebaisier  (S'),  pf.  6  t*entrebaisierent  i38,  se 
baiser  réciproquement. 

Ektbbcbbtalchibb.  Voir  Ertbbcbbt aucbieb. 


[ExTBEcnEVAocniER] ,  entreclïevalchierSiù']^  intercepter 

en  se  mettant  à  cbeval  sur  le  passage  de. 
Entrecomvoier.  Voir  Entrecohtbibr. 

E^ITRECOREISTRE.  Voir  EnTRBCONOlSTBE. 

[  Emreconoistrb  (  S'  )] ,  impf.  6  s'entréconeisseieut  6698 , 

se  reconnaître. 
Entrbcoktrer  (S'),  pf.  6  s'entrecontrerent  Û917,  se 

rencontrer. 
[Ehtreconveier  (S')],  pf.  6  i'entreconvoierent  A 87, 

8*entrecomvoierent  93/19,  ^^  ^^^'  mutuellement  la 

conduite. 
[ Ektrecosteibr  (S')]:  8*etUre€0$toierent  335o,Ke  tin- 
rent compagnie  de  près. 
Entredoner  :    s'entredonerent    ^91 8,    se    donnèrent 

mutuellement. 
E>TRBD0TER  (S'),  pf.  G  s'cntredoterent  53o9,  se  méfler 

l'un  de  l'autre. 
ENTREE,  pi.  entrées  93/17,  entrée,  faculté  d'entrer; 

entrée  9195,  entrée  de  port. 
Entbepaire,  impf.  G  s*etUrefnsoient  378,  pf.  6  s'en- 

trefirent  8391,  se  faire  mutuellement. 
E?(TBBpERiR  (S'),  impf.  6  s'entreferoient  339 1,  se  fra|>- 

per  réciproquement. 
EiiTR EPIER.  Voir  ErtrafiIb. 
Entrbgrevbr   (S'),   pf.   6  t'entregreverent  53io,   se 

faire  réHproquement  du  mal. 
EirrREDERDEiER  (S'),  pf.  6  g'entreherdeierent  hobS,  so 

barceler  réciproquement. 
Ertrbji'Rer  :   s'entrejurerent    366,  jurèrent   l'un   à 

l'autre. 
E?(TBBLANCiBn  :   t'entrelonroueiU  33 19,   se   lançaient 

mutuellement. 
Ektrembtbe  (S')  i33,  8/16,  976,  1869,  pf.  3  f'^- 

tremiit  i858,  6  8*entremistrent  9118,  impér.  5  von 

enireineiet  161 3,  s'occuper,  se  mêler. 
Entbbpbendre  85i8,  empiéter,  attaquer;  entreprendre 

a  898a,  usurper  sur;  p.  entrepris  8113,  gSSH, 

en  mauvais  état. 
Etitrepresurb,  pi.   entrepretures  8o5o,    usur|>ation, 

abus. 

E:«TRERAMP0XBR.  Voir  E5TRERA1IP0S5ER. 

[Entrbbamposner  (S')],  impf.  6  $*entr^amponouent 
8607,  se  renvoyer  des  railleries. 

E?iTRBROHPRB  9396,  interrompre. 

[EsTRESsAiER  (S')]  :  i*entras$aierent  8909,  s'éprou- 
vèrent mutuellement  (en  se  battant). 

EirrRETRiiB  :  t*entretenonent  80 1 A ,  se  faisaient  passer. 

Entucbieb.  Voir  Ektobcbibr. 

E?iTD8CBB.  Voir  Ertoscbb. 

/il. 


/i90 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


Ehtci.  Voir  Ton. 

E?ivAÏB  800,  3o96,  5934,  etc.,  attaque,  charge;  par 
envoie  8189,  par  défi. 

Ektajr,  pf.  3  envai  789,  attaquer. 

EiiYEBs  7795,  auprès  de,  en  comparaison  de. 

Enterseb  ^967,  tomber  à  la  renverse. 

Entiz  :  a  enviz  1 1  ij53,  à  contre-cœur, 

Ekz  760,  3197,  dedans;  enz  s*ajoute  à  en  pour  le 
renforcer  8089,  36i5,  6790. 

Ebaoier.  Voir  Esbagiei. 

Ebalment.  Voir  Ebbadhekt. 

Ebaument.  Voir  Ebbaumbnt. 

Ebmir  :  gent  hermine  i65o,  gens  d^Amiénie;  Vermine 
i55a  (sous-ent.  geni)^  de  même. 

Errauve^it  9690,  erraîment  1678, 1657,  38 11,  erau- 
ment  8961,  eralment  181 5,  8^90,  36/i6,  6911, 
*)gik,  promplement,  aussitôt. 

Ebbeb  1886,  5767,  eirer  3 10,  impf.  3  eiroit  93o5, 
errot  385,  i85o,  9991,  6759,  eirot  38 1,  pf.  3 
erra  1957,  A  errame$  1979,  6  errèrent  A/ig,  888, 
eirerent  34o,  gor.  errant  Û07,  cheminer,  voyager; 
eireee  1068,  parcourues;  tôt  errant  771 1,  986/1, 
aussi  loi. 

[Es],  eth  vot  968,  636,  656,  707,  etc.,  etht  vot 
5785,  eht  vot  18/18,  9/169,  8997,  9980,  voici, 
voilà;  eitea  vos  718,  6861,  7785,  10969,  ^^ 
même;  eth  lavoe  3971,  la  voilà;  eth  /et  vot  8981, 
6007,  6701,  ette  let  vot  8677,  les  voilà;  eth  vot 
Vattah  remaindre  6677,  ^^^'^  ^^  Tattaquc  s'arrête  ; 
eth  vot  faillir  7808,  voilà  que  sortent;  eth  vot  Sa- 
raiine  a  huer  6686 ,  voilà  les  Sarrasins  qui  se 
mettent  à  crier. 

Es  :  en  et  le  pat  6790  (ms.  itmlpat),  ignelepat  9779 , 
aussitôt  (m.  à  m.  dans  le  moment,  le  pas  même). 

EsABT.  Voir  ESSART. 

ESBAHIB.  Voir  ESBAÏB. 

EsBAÏB,  pf.  6  etbairent  6679,  être  élooné,  intimidé; 
t'ethaïrent  11669,  de  même;  ethaîe  6788,  éton- 
née, déconcertée. 

[ EsBAREiEB ] ,  etbaniër  61 55,  se  divertir;  pr.  8  t^etha- 
noie  951 1,  de  même. 

ESBA?(IKB.  Voir  ESBAREIBB. 
ESBIKOIBR.  Voir  EsBARElBB. 

EsBATRE,   p.  f.  etbatue  10766,   répandre;  t'etbatre 

6876,  prendre  ses  ébats,  se  divertir. 
EsBAiJDiB  :  p.  s.  etbaudiz  1759,  pi.  s.  etbaudi  8057, 

enhardi,  en  train;  t'etb^udirent  9889,  se  mirent 

en  train,  s'enhardirent. 
EsBOBLEB  8116,  perdre  ses  boyaux. 


EscHABiB,  impf.  3  etcheiet  9668,  p.  etekaiêit  9669, 
échoir,  revenir  par  héritage;  p.  n.  etcheiet  7869, 
advenu;  tifaitement  lui  etchai  7681,  voilà  ce  qui 
lui  arriva. 

[Escbabite],  pi.  etcheeitet  1877,  revenant  bon  (ironi- 
quement; propr*  ce  qui  revient  par  héritage). 

EscHARGE  :  en  Vetchange  taint  Léonard  8160,  à  la 
place,  comme  substitut  de  saint  Léonard. 

EscHA!<GiBB  6087,  donner  en  remplacement. 

EscHAPER  :  etchapa  a  un  Aleman  9997,  s'échappa  des 
mains  d'un  Allemand. 

EscHAB  6999,  etcham  619,  raillerie;  etchar  1668, 
5669,  indignation,  dépit;  d*etchar i U6% ,  de  dépit. 

EscHABiB,  p.  s.  etehariz  679,  attribÉié,  donné  en  par- 
tage; etcharie  nmisnee  7095,  suite  restreinte;  gent 
etcharie  7688,  petite  troupe. 

EscHABLETE  2077,  fiAe  étoffe  de  laine. 

EscHABx.  Voir  Esguab. 

EscHARKiR,  railler,  bafouer  :  qui  ett  guarniz  ne  puei 
étire  etchamiz  6916,  proverbe  :  quand  on  a  pris 
toutes  SCS  précautions,  on  ne  risque  rien. 

EscnARs,  s.  etchart  1 789 ,  f.  pi.  etchartet  818,  chiclie, 
mesquin. 

[Eschaugaitirr],  etchelgaitier  1876,  9168,  etchel- 
gaitiee  966 ,  garder  par  des  postes,  des  sentinelles. 

[Escueg],  etkec  io56i,  butin. 

Escbeeitr.  Voir  Escuaeite. 

Eschekier  :  etkekiert  1 0597,  échiquier;  etchekier  8558 , 
l'échiquier  royal ,  le  fisc  du  roi  d'Angleterre. 

EscBBLGuriER.  Voir  EIschacgaitier. 

Escderhik  10898,  combat. 

EscuiELK  8976,  pi.  etchielet  3676,  8776,  corps  d'ar- 
mée ,  division  de  combat. 

EsGHiD  :  f.  etchive  566,  interdite,  inabordable;  m.  9. 
etifuit  9658,  chétif,  misérable. 

EscBivER  579,  esquiver;  eschivez  1890,  abandonnés; 
etchivoient  8196,  évitaient,  n'osaient  s^approcher 
de;  etchivier  8988,  se  dérober. 

EscuoLB.  Voir  Escole. 

EsGHOPiR.  Voir  EscopiR. 

EsciBRT  :  mien  escient  981,  6690,  97^9 f  autant  que 
je  sache. 

EscLAiRiRR  :  tijadta  pemee  etclarie  9689,  la  lumière 
se  fit  dans  son  esprit  ;  la  joie  fud  mult  etclairee 
7996 ,  la  joie  fut  augmentée  (rendue  plus  brillante). 

EscLAiiDRE ,  s.  etclandre  6 1 80 ,  etclandret  6539 ,  bruit , 
sujet  de  paroles. 

EscuRciR  :  a  Vaube  etclarcie  19991,  en  pleine  ma- 
tinée. 


GLOSSAIRE. 


/i9I 


Ë8CUIIBB.  Voir  ESGLAIBIBR. 

Esclave,  pi.  eiclave$  935 1,  esclave. 

Esclbuchiib  ,  pi.  s.  eêclenchier  aa/io,  gaucher. 

EscoEB,  pf.  6  eêcoerent  6o3o,  mutiler  en  coupant  la 
queue. 

EscoLB  :  tenir  a  eseole  968a,  sermonner;  qui  lui  vint 
de  la preuz  e$choU  3oaâ ,  quHI  avait  apprise  à  bonne 
école;  a  dure  eichole  763 a,  à  une  rude  épreuve;  1 
d'outrée  eicholeg  3a  1 8 ,  d^autres  sortes;  par  eëcholet  1 
8159,  chacun  à  son  rang,  à  son  ordre.  1 

EscoLBB,  pf.  3  etcola  3A36,  se  consumer,  manquer. 

EscoMBATBE,  impf.  6  9*e8combatoient  730  (ms.  scm^ 
combatoient) ,  pf.  6  t'eicombatirent  577 G  (ms.  éd. 
s'eneombatirent) ^  se  battre.  Le  vorbe  i'escombatre  est 
attesté  (voir  (lodefroy);  au  contraire,  s'encombatre 
est  plus  que  douteux  :  dans  les  trois  exemples 
donnés  par  M.  Godcfroy,  il  faut  lire  s^en  combatre, 

EscoMRSGiBR,  pr.  G  escomengierent  Jithoy  excommu- 
nier. 

EscoRDiBB  :  s'en  eicondirent  117/15,  s^cn  excusî>rent, 
s'y  refusèrent. 

EscoKSE  5688,  cachette,  abri. 

EscoPiB,  impf.  G  eschopoient  8710,  cracher  sur,  con- 
spuer. 

EscoBDEMBKT  /io3,  56o6,  du  fond  du  cœur. 

EscoBBB,  sbj.  impf.  G  escune  758^^,  agiter,  secouer; 
sbj.  impf.  6  escoiigsent  700a,  p.  f.  escosse  7037, 
enlever  des  mains  d'un  autre,  délivrer. 

EscBiÊB,  impf.  6  escriouenl  5Ga3 ,  pf.G  écrièrent  38i  6 , 
huer,  crier  contre. 

EscBirriRB.  Voir  Escritubb 

ESCBIBE.  Voir  EsCRIVRfc. 

[Escbitubb],  eicripture  35a 6,  8090,  10088,  écri- 
ture,  écrit  ;  enz  es  escriptures  6790 ,  dans  les  livres; 
en  s'escripture  3 73 A,  dans  son  écrit  (Ambroise  dé- 
signe ainsi  son  propre  poème). 

EscRivEE  85G ,  escrire  35 1 ,  écrire  ;  la  forme  est  attestée 
par  la  rime. 

EscuRBB.  Voir  Escorre. 

EsPO.>DRE  aaG3,  choc. 

EsPORciER  (S'),  impf.  3  n'es/orrot  37G/1,  pf.G  s'es/or- 
cierent  a*î55,  se  donner  de  la  peine,  s'efforcer. 

EspoRE  :  par  effort  1988,  j>ar  force;  par  nul  esforz 
An 38,  quelque  effort  qu'on  fil;  par  esforz  33a  1, 
de  toutes  leurs  forces;  a  ejforz  8oGrî ,  a  gi-ant  ejforz 
1 85o ,  de  toute  sa  force  ;  od  grant  efforz  n5a  5 ,  avec 
de  grandes  forces;  a  son  esforz  de  Sarrazins  58io, 
avec  ses  forces  (ses  troupes  nombreuses)  de  Sar- 
rasins. 


[Espbbbr],  p.  f.  effreiee  5788,  troubler,  déconcerter. 
EsFREi  :  en  ejfivi  '1783,  troublés;  ad  esfrei  3981,  en 

tumulte. 
EsGROiG.MER  :  esffi'oinse  ioo5i,  ébrécliée. 
EsGRon'ER.  Voir  Esgroigmer. 

ESGIARD.  Voir  ESGUART. 

Esgcarder,  pr.  3  esguardc  i335,  pf.  3  esguarda 
2  33i,  G  esgiiarJerent  3a3j,  regarder;  p.  f.  esguar- 
dee  553^1 ,  pf.  G  esguardercnt  Saag,  résoudre  après 
délibération. 

Esguarer  :  esguaree  5371,  dénuée  de  secoui's,  mal- 
heureuse. 

[Esguart],  par  efguard  A'iSa,  avec  un  juste  égard 
aux  conditions  de  chacun;  a  Vosguard  de  9^6, 
d'après  le  jugement  de;  faire  Vesguard  ioao5, 
prendre  la  décision. 

E)sH\rr.iER  55uG,  pr.  3  eshauce  55o/i,  élever,  faire 
prospérer;  eshaucie  AAoG,  accrue,  montée. 

EsJARETER,  pf.  G  esjareterent  93oo,  mutiler  (un 
cheval)  eu  coupant  les  jarrets. 

Esjoîa  (S'),  impf.  6  s'enjoisseient  7685  (ms.  sesiur- 
seiont),  pf.  3  s'esjoî  a 80 A,  se  réjouir. 

EsEEc.  Voir  EscDEc. 

EsEEKiER.  Voir  EscnBEiER. 

[KsliissierJ,  p.  pi.  s.  esleissié  7A93,  f.  esleissietf 
1^57,  3998,  lancé,  de  plein  élan;  pf.  G  s^eslaisse- 
rent  aaGi,  se  lancer;  pf.  3  s'eshissa  a  7A97,  G  s*es- 
leisterent  a  3  A 85,  se  jeter  sur,  s?  lanc^îr  contn». 

EsLARGiR  :  s^eslargiceit  A5i5,  se  montrait  libéral,  fai- 
sait des  générosités. 

EsLF.EciEB  :  p.  s.  esleeciez  95o3,  pi.  s.  esleïcié  8A7O, 
réjoui. 

ESLBÎCIER.  Voir  ESLBECIER. 

EsLEissiER.  Voir  Eslaissier. 

EsLiRE,  p.  ezleii  289,  aia8,  3173,  f.  esUte  80, 
A772,  choisir;  sbj.  impf.  3  s'eslcûsetil  a8o,  s<' 
choisir. 

EsLiTE  :  a  eslite  a5oo,  d'élite;  del  mielz  de  Vost  lot 
a  eslite  3o83,  de  ce  qu'il  y  avait  de  moilhuir  (du 
meilleur  choix)  de  l'armée. 

EsLoiGMER,  p.  f.  esloignie  3697,  laisser  loin,  s'éloi- 
gner de. 

EsLOlGMER.  Voir  EsLOKGIER. 

[Eslo.xgier]  :  esloignie  3598,  allongée,  baissée   (sa 

lance). 
EsMAiER  :  p.  pi.  s.  esmaié  A1G6,   9tiAi,   f.   esmaiee 

9360,  abattu,   décx)uragé;   impf.   6   s'eêmaiouent 

9263,  se  décourageaient. 
EsvB  :  al  mien  estne  1 1 1 1,  8367,  à  mon  avis,  d'après 


492 


L*HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


nioa  cai€ii];jP«ire*M«  4 601,  par  calcul,  par  appré-    j 
dation.  j 

EsacB,  pr.  3  ame  3s s6,  impf.  3  etimot  3359,  P-  P^*  '*     i 
etmé  âig,  1707,  apprécier,  calcoler;  p.  efW  9991, 
viser. 

EsMiiÉ  :  or  etmeré  Sao,  or  raffiné,  par;  pi.  s.  ettneré 
10679,  purifié,  parfait 

Etaof  ui  56 1 S ,  p.  5.  etfliaU  9 1 7  & ,  pi.  8.  etmeii  33  9  9 , 
t  eMw^fûe  &18,  9795,  5519,  ébranler,  mettre  en 
mouvement;  bamU  etmeie  707,  tiunnlte  sonle^é, 
pf.  3  c'etiiiMl  39/1,  6«'enniirefil  679,  1859,9955, 
5Co9 ,  sbj.  impf.  6  s'nmeûient  979,  p.  L  ê'iert  et- 
meut  366,  se  mettre  en  marche,  s'ébranler. 

EsMcrri  :  par  t'etmuete  5993,  par  Fimpokion  qiril 
donna. 

IEssbkc],  eneske  3i86,  pi.  enekmbZù^  1181, 1675, 
1878,  9097,  *^5'»  3170,  6703,  5557,  7997, 
ettequet  1966,  i599,  navire  de  transport,  plus 
lai|re  et  plus  lent  de  marche  que  le  dromon. 

EsrACB  5936,  intervalle,  arrêt 

EapAiacsB  9o63,  etpargnê  9669,  action  d*épargner, 
grâce. 

[EspiiBGSiEa],  p.  etpemii  1 1606,  épargner. 

EsPAnDBB,  p.  r.  etpandue  6663,  répandre;  la  grmiU 
rmere  e$pandue  6686 ,  la  grande  rivière  large;  $$ 
fuMt  etpmtdue  7716,  se  serait  dispersée. 

EspABGXB.  Voir  EsrilBGKC. 

EsPiiTiB,  pf.  6  ê'egpartirent  7850,  p.  f.  etpariie 
10639,  disperser. 

EsPBGBs  9857,  io53i,  épices. 

EspBii  569,  attente,  opinion. 

[Espbisse],  etpoÎMte  63o9,  épaisseur. 

EspcBDBC,  p.  f.  eMperdue  8879 ,  perdre  ;  eip^n/tv  8567, 
perdre  la  possession  de  soi-même ,  être  éperdu  ;  p.  s. 
nperdut ,  f.  etperdue,  éperdn  ;  s'etperdirent  6o59 , 
lurent  q>erdas;  eU  etperdre  9899,  se  QDndnire 
comme  des  gens  éperdus,  sWoler;  etperdre  7956 
(mi.  €»pndrt,  éd.  eBprtnirt)^  de  même. 

EanoiBi  :  Ul  t*e$peir  570,  je  m^attends  à  te  voir  tel. 

EfPtBniBi.  Voir  £spajbg?iibb. 

EMs  6366,  épais;  pi.  s.  etpè»  3368,  dru;  /a  pro- 
meitê  quija  iert  etpase  3969 ,  la  promesse  qui  avait 
déjà  pris  de  la  consistance. 

EfpBsnnT.  Voir  Espbssbhbut. 

EsPBSSBnsvT  9876,  6385,  apetement  i593,  dru. 

Efp»  3995,  pi.  «tptM  6877,  6880,  espion.  Le  mot 
tfi  iëminin;  U,  au  t.  6881,  s'accorde  avec  Tidée. 

CaPiiBB  :  etpiSe  8991,  dénoncée  par  des  espions. 

EafiBBi  5876,  fourré  d^^mies. 


Espiainx  3395,  spirituel,  câesfte. 

EsPLBiT  8016,  ouvrage  aeromplL 

[EspLDTin],    pf.   6   eipUUrmi   8019,   tapititarmt 

11908,  p.  mpkitié  8686,  f.  apUrnÙK  9036,  ac- 
complir par  son  travail. 
EcPLBTBa.  Voir  EsPLorua. 
EspLoiTiBa.  Voir  EspLunia. 

EsPLoraa  5706,  tomber  comme  la  pluie.  CL  Aplovbib. 
EsPOCSTia,  pL  6  9*etpotmUrtni  9366  (m^etpomUrent) . 

3939  (ms.  efpoAfrrml),  p.  L  apoenim  9196  (ms. 

etpoiifae),  ^Mmvanter. 
EspoiMB.  Voir  Espbissc. 
£sPO!iaaB,  sbj.  pr.  3  ev/wa^  6193,  expliquer. 
EsposAiLLBs  61 63,  noces,  épousailles. 
EsPOSB  ijemnm  etpou  596,  épouse. 
EspasxDBE  :  nprite  à»  6659,  bien  en  train  de.  Em- 

prendre  7956  doit  se  corriger  en  mptràn  (7908 

corr.  prendre  en  perdre  y, 
EsPBBssiBB  (S"),  pL  6  i'eepreueremt  6993  (en  rime 

avec  p^oûstmif),  ae  presser  avec  force.  CL  £■- 

PBBSSIBB. 

EsPBOvB.  Voir  Espblbvc. 

EspBovo  676,  vérifier. 

[E^bcevb],  etproi^3699,  7086,  épreuve. 

[EspcaBB],  eepucer  5698,  6ter  les  puces. 

Esocis.  Voir  Eschic 

EsBAQiB ,  pL  6  eragereiU  6356,  devenir  fou. 

Essai BB  :  etêûier  al  rei  8166,  essayer  auprès  du  roi; 
chattd  eisaié  a  prendre  9969,  château  qu*on  a  es- 
sayé de  prendre. 

Essamplb  6690,  fém.,  exemple. 

[Essabt],  place  défrichée  dans  un  bois;  (fig.)  dm  naz 
fait  etart  683 1,  il  renverse  beaucoup  des  oêtres. 

EssiL.  Voir  E1SSIL. 

EssoiSKB  5960,  empêchement  valable,  excuse  légale. 

EsTABLB  :  pi.  eitabUs- 19095,  écuries. 

EsTABLB  5o58,  11786,  solide,  durable;  989,  con- 
stant, ferme. 

EsTABUB  900,  965,  constitution,  coutume;  ettabliet 
9969,  séries  réglées  d'avance. 

ESTACB.  Voir  ESTBACB. 

EsTAGB,  8.  attogtf  5390,  repos,  arrêt. 

EsTAGiBB,  8.  ettagien  9638,  habitant 

EsTAÎP,  s.  ettttû  7716,  11786,  fixé  à  demeure. 

EsTAiH  5965,  étain. 

EsTAL  :  a  ettal  b'jSZ ,  de  pied  ferme;  tenir  estai  9878 , 
6859,  7588,  10066  (ras.  éd.  Mtor),  rendre  eetal 
3o66,  6856,  résister,  tenir  bon;  gvrpircila/ 6399, 
muer  eêtal  i595,  lâcher  pied;  qui  en  grant  filai 


GLOSSAIRE. 


A93 


Ten  Uneient  1906,  qui  Ten  pressaient  beaucoup  (la 
Iraduclion  est  inexacte,  voir  aux  Add.  et  Gorr.). 
EsTAHC  1  iâ3o,  fatigué,  recru. 

ESTIRCBIIIB.  Voir  ESTAIIÇOIIBB. 

EsTARÇGB,  pi.  êstançofu  /1871,  étançon. 

EsTiBÇONBB,  impr.  6  eitancenoient  A  9^/1,  pf.  6  eitan» 
çonentU  Û871,  p.  f.  eitançoneû  A9/15,  6966,  élan- 
çonner. 

EsTAKDABD  5753,  etc. ,  étendard  royal,  servant  de 
signe  de  ralliement.  Cf.  Dbaoor. 

EsTATB,  état;  bcne  eitate  1087,  teleettate  h(ygSydreite 
M(a<«  6669,  semblent  attester  le  féminin,  malveis 
ettatê  688,  8186  le  masculin;  mais,  le  mot  com- 
mençant par  une  voyelle,  ni  Tune  ni  Tautre  gra- 
phie n^est  probante;  toutefois  1«j  mot  est  sans 
doute  masculin. 

EsTB.  Voir  Es. 

EsTBiiiDBE  586o ,  mourir;  tusez en  i etteineit  5970 ,  il  en 
mourait  beaucoup;  i'eiteignoueiU  i5/i,  s^écrasaicnt. 

EsTBiiGBLB,  pi.  eitenceks  953 1,  étincelle. 

EsTBJDBi,  pf.  3  ë'eitendi  ââ3i,  monta. 

EsTBB  1 1 70 1 ,  p.  eêté  1 57  â ,  se  tenir  debout  ;  (  (ig,)pié 
en  eitant  835o,  sans  perdre  un  instant;  eêtvrent 
6696,  8â59,  îareni;  bien  hr  estut  k^ii^  cela  leur 
réussit;  lor  êêteûet  m(dement  3o/i3,  cela  eût  mal 
tourné  pour  eux;  impf.  3  i'esioit  78a,  pf.  6  s*e$- 
turent  606,  i'eiîerent  31/19,  se  tenir. 

EsTivB,  pi.  ettives  936o,  chalumeau. 

EsTOBLE  33â^i,  6991,  champ  de  blé  moissonné. 

EsfoiBB  3o8,  536,  6o3,  ii85,  1187,  ^^O^»  >*97» 
]9i3,  19^5,  19A7,  1958,  196a,  i3i6,  i396, 
93o5,  3i59»  3i6],  3911,  39^19,  ettorie  909A, 
i85i,  9865,  3970,  3981  (rimant  avec  boire), 
3919,  A703,  10935,  pi.  eetories  8998,  flotte. 

EsTOiBB.  Voir  EsToniB. 

EsTORBn,  p.  f.  estonee  ^916,  ^9/16,  6965,  ébranler. 

EsTOPBB  11590,  pf.  6  ettoperent  11157,  boucher. 

EsTOBDin,  pi.  s.  eslordi  i5o7,  1579,  étourdir. 

EsTOBBHENT,  pi.  cstoremenz  bbo i y  approvisionnement. 

EsTOBEB  8198,  s^approvisionner. 

ESTORIB.  Voir  ESTOIRR. 

EsTOBiB  1,  999,  3536,  6658,  9^36,  10669,  eêtoire 
10,  9181,  3659,  ^^^^^  (rimant  avec  Monioire), 
&565  (rimant  avec  mémoire),  11968,  193A3,  pi. 
estoires  /j6,  hisioire- 

EsTon  6786,  s.  eetorz  16/ji,  combat.  —  Pour  «tlor 
10/16,  il  faut  corriger  estai, 

E6TOBiiii5878,  attaque. 

EsTOiwiB,  pf.  6  eftormtrtffit  9899,  10953,  p.  pi.  s. 


ettormi  1 600 ,  ff  eslormie  697/i ,  attaquer  en  sursaut  ; 
eetormie  691,  8677,  5785,  7917,  agitée ,  soulevée  ; 
ë*csturmi  787,  sVbrauIa  pour  le  combat. 
EsTOBTRE,  pf.  Qettoritrent  i/io3,  p.  f.  eetorte  b'jS, 
échapper. 

ESTOTEIEB.  Voir  ESTOUTEIBB. 
Es^TIE.  Voir  ESTOUTIB. 

[Estoctbier],  p.  pi.  eetotoiez  6806,  traiter  de  sot,  ra- 
valer; p.  pi.  s.  cBtoteié  1990,  abrutis,  abattus. 

[Estoutie],  estotie  8/195,  insolence. 

EsTOVEiB,  pr.  3  ettuet  9176,  7658,  impf.  3  eetuveii 
9898,  6769,  pf.  3  ettout  1976,  96o/i,efttt(  9o33, 
5871,  fu\\o\r\  par  ettoveir  879/1 ,  P^^  f'tovoir  6969  , 
par  nécessilé;  (subst.)  ettoveir  1 198,  cstovoir  990, 
ce  qu^il  faut,  le  nécessaire. 

EsTRiCE,  de  maie  ettrace  6 9 66,  de  race  mauvaise;  de 
plut  haute  estrace  (il  faut  sans  doute  corriger  ainsi  : 
haut  eitace)  1 1969,  de  plus  haute  naissance. 

ESTRAIXB.  Voir  ESTREINE. 

EsTRAiRB,  p.  f.  ettraite  356,  tirer;  ettraite  55 1,  issue. 

EsTBABGEMBfiT  8981,  étonnamment,  beaucoup. 

EsTBB,  pr.  3  ett  lo,  66,  56,  elc,  6  sûmes  66, 
3966,  etc.,  impf.  3  ert  75,  117,  i90,  etc.,  iert 
i5i,  i85,  399,  etc.,  ef/et(  78,  80,  91,  etc.,  6 
erent  109,  etc.,  terent  990,  etc.,  esteient  108,  etc., 
pf.  3/u  «9 ,  elc.  ,/«rf  38 ,  etc. ,  6  furent  89 ,  83 , etc. , 
cond.  3  .sereit  69,  elc,  sbj.  pr.  3  seit  7700, 
7707,  etc.,  être;  (subst.)  Vestre  5769 ,  la  situation; 
lor  estre  9980,  leur  situation;  de  plus  fort  estre 
9936,  d'une  situation  plus  forte. 

EsTRB  3i3,  5598,  8i3o,  hors,  outre. 

[Estrecibr],  pr.  3  ecfreece  6386 ,  se  réduit, se  raréfie. 

EsTBBB,  pi.  estrees  10199,  route. 

[Estreixb],  ce  qui  commence,  inaugure  :  tel  estraine 
5896 ,  a  bone  estraine  90  66, 10698,^  maie  estraine 
9/i8G. 

EsTBEiT,  pi.  estreiz  816,  étroit;  (adv.)  9,  étroitement. 

Estrcner,  pf.  8  ettrena  9886,  étrenner,  régaler  (an 
début  d\me  nouvelle  situation). 

EsTBEs  9088,  (our  de  maison. 

ESTRBSCIBB.  Voir  EsTBBCIEB. 

[EsTHiEu],   pi.  «f^rtuf   i56o,  estreus  11696  (:  An- 

dreiit),  étricrs. 
EsTRip,  pi.  estrifs  85qo,  10916,  querelle. 

ESTRID.  Voir  EsTRlEU. 

EsTRiTER  1587,  impf.  6  estrivouent  607,  5o59,  eslri- 
voient  8990,  pf.  3  etfma  589,  1869,  se  disputer  ; 
estricer  1 1 09 1 ,  s^oppoBer. 

EsTBOBB  5076,  trouer;  estroez  iio56,  I.  esîuêz. 


/i9'i 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


ËSTIOSBÊMBIIT.  Yoir  ESTBOSSEÈMIRT. 

[E6tro88Eêmb.^t],  estroteèment  9^67,  97 1 3 ,  avec  assu- 
rance, décidément. 

[  Ectubb]  ,  p.  pi.  eêtuez  \  1  o5A  (ms.  éd.  e$troet)^  cacher. 

EsTrjRDi.  Voir  Estordi. 

EsvEDTBE  5576,  réduite  à  Tétai  de  veuve. 

EsvBiLLiER  (S')  :  i'eivelle  6a86  (rimant  avec  granle) 
parait  être  une  faute. 

[EsvtGOREB  (S')]:  i'eêvigura  de  162,  s'efforça  avec 
succès  de. 


EsviGUREB.  Voir  Esvioorbr. 

Eth,  ethL  Voir  Es. 

Eûr  367,  7106,  fortune;  mal  eûr  9299,  mauvaise 
chance;  a  mal  eûr  9683,  à  la  maie  heure;  de 
maint  eûr  367,  par  une  chance  on  par  une  autre. 

Edtargeille.  Voir  Edvargillb. 

[Euvargillb],  euvangeUU  3398,  fém.,  évangile. 

Eté  390,  etc.,  ewe  A75,  3568,  3091,  eau. 

EwE.  Voir  Eve. 

[Ewbte],  eweltê  io6ai,  petit  cours  d*eau. 


F 


Faço!i  :  od  la  cler^/açon  1738,  à  la  figure  brillante. 

Fade,. affadi  :  f.  pi.  boche  et  levreê/adee  6606. 

Faillaïice  :  »ani  JaiUance  1  laS,  2611,  sans  faute. 

Faille,  manque  :  tanz  faille  931,  10/16,  9519,  sans 
(auie-^  faire  faiUe  6176,  faire  défaut,  manquer; 
avoir  faille  6226,  être  privé,  manquer;  dont  ont 
meinte  faille  6006,  dont  on  manquait  souvent. 

Faillir  660,  9662,  manquer;  étire  faillanz  60,  être 
en  défaut;  njofail  3703,  si  je  manque  mon  coup; 
faiUir  de  covenant  8268,  manquer  à  son  engage- 
ment; ^,  failli  i562,  {.faillie  11299,  indigne, 
méprisable. 

Fai!idrb.  Voir  Feindre. 

FAiBB,pr.  3y«(3i,G/onl  85,pf. 3y7«f  17,  67, 128,6 
Jirent  1697,  sbj.  impf.  3  fetst  1 6 , 1 07,  p.  i,  faite  35 , 
faire;  bien  le  Jirent  1627,  se  comportèrent  bien; 
ainsi  faite  35,  si  faite  8602,  telle  ;/aw'e  a  retraire 
3i,  a  creire  706, 1610,  356o,  a  escolter  6209,  a 
pleindre  7667,  mériter  d'être  i-apporlé,  cru,  écoulé, 
plaint;  faire  a  meroeillier  9827,  mériter  qu'on  s'en 
émei*veiile. 

[FAis],yê<  366 1,  faix;  (Hg.)  11 685,  fatigue. 

[Faisnibb]  enchanter,  ensorceler  :  qui  coard>$e  aveit 
feisnee  1918,  que  la  couardise  avait  [comme]  en- 
chantée. 

VknzuEjtj^feitement,  n'est  jamais  employé  seul  :  sifai- 
tement  375,  7582,  issi  faitement  7995,  ensifaite^ 
mmt  1 1 798 ,  1 9 1 56 ,  ainsi ,  de  cette  façon. 

Faitdre  3867,  fabrication;  7025,  stature;  faitures 
6699,  formes,  figures. 

Falbise,  p\,faleites  6535,  falaise. 

Famé  9588,  renommée. 

Facs  760,  (.faute  11 63,  perfide,  faux. 

Faivel,  favel  66o5,  cheval  de  couleur  fauve.  Voir 
aux  Noms  propres. 


Fatel.  Voir  Fauybl. 

[Feblecb],^6^sc«  5 160,  faiblesse. 

Fbblbieb  10006,  faiblir. 

Fbb  :  ovr9  de /m  9169 ,  travail  de  fée. 

[ Fbiblb] ,  s.  febkt  1919,  pi.  fieblet  9596 ,  faible. 

[FBiB],/ote  6898,  fois. 

Fbibb  3366,/ofee  5870,  6068,^/^00  3956,  ip\.feiee* 
1993,  8966, ^îé^s  3703,  fois. 

Fbirdrb  ^10^  faindre  5970,  10898  (rimant  avec  re- 
maindre);  se  feindre  10898,  se  soustraire  à  Tobli* 
gation,  manquer  (à  un  devoir);  tanz  feindre  dio, 
5270,  sans  défaillance;  pl.feignanz  6693,  pares- 
seux, manquant  d'empressement. 

Feisnbb.  Voir  Faisrieb. 

Feitembnt.  Voir  Faitement. 

Fbl.  Voir  Fkloh. 

Felekesse.  Voir  Fblor. 

Félon  i387,s.yè/ 1 838, /eus  9618  (rime  avec  maleû- 
reus)\  (ém.  felettêtte  ^0 ,  9386,  3356,  méchant, 
cruel;  1387,  perfide,  traître;  9618,  acharné  (plu- 
tôt dans  un  sens  favorable). 

Feudbb,  gér.  ^^n^ant  3983,  fendre. 

Ferestbe  1687,  fenêtre. 

Fmi.  Voir  FERBé. 

Fbbbûbb.  Voir  Fbbbbôbe. 

Fbbir,  impf.  6  feraient  ']h6 ^fervuent  9876, pf.  3y«n 
320,  frapper;  390,  heurter  (intr.);  te  ferdent 
2876,  se  jetaient;  ferant  8973,  9986,  en  héte 
(proprement  frappant  [le  cheval]). 

Fbrmbb  7186,  impf.  6  fermouent  81 58,  fortifier; 
fermeet  11686,  établies,  rangées. 

Febmet^,  pi.fermetez  9067,  forteresse. 

Febbaht,  pl./ffToiiz  9780,  de  couleur  de  fer. 

[Fbbbé]  :  gentferee  9800,  gens  couverts  de  fer;  liras 
granz  liuumfereet  6698,  s.  d.  deux  grandes  lieues 


GLOSSAIRE. 


&95 


(le  ehemin  fcri-é  :  on  appelait  proprement  chmnins 
fgrrés  les  routes  empierrées  avec  les  scorîas  des 
mines  de  fer,  comme  relaient  trùs  souvent  les 
voies  romaines;  T^msfeiré  devint  une  épithète  ba- 
nale de  chemin, 

[Fbbuîbb],  f.fereûre  3885,  {'arnitni'e  de  fer. 

Fbbbon,  pi.  t,ferron  6817,  forgeron. 

Fbbtbstc,  f.fBTveilue  8986,  vêtu  de  i'cr. 

Fe8.  Voir  Fais. 

Fbsteibb  9^6,  célébrer  une  t'éle, 

Fbi'b.  Voir  Fblo?!. 

Fbutbb  9157,  9160,  tapis  de  feutre. 

[FBTBOs]./etT««  iiaa/i,  ticvreux. 

Fi  :  défi  8i3,  nûremenlf  en  loule  confiance. 

Fiance  ^699,  confiance;  0109,  5ii9,  pi.  fiancet 
539/i,  assurance,  cng;n|reinent. 

[Fiancikb],  p.  î,  fiancée  çi^ô^o ,  promettre,  garantir. 

FiCHiBB,  pf.  8  ficha  69^'!,  p.  f.  pi.  fichieei  5/i5,  fi- 

cber,  enfoncer;  p.  pi.  s.  ^c/ue  69/19,  plantés;  bien 

fichié  en  Deu  servw  Gi65,  bien  afTermis  dans  la 

résolution  de  servir  Diou;  pf.  6  $e  fichèrent  8167, 

s'introduire  vivement ,  pénétrer. 

F»,  pi.  ^M  69^6,  figuo. 

FiBBLBscB.  Voir  Feblece. 

FiBE.  Voir  Fbibb. 

Fii,  p\,fiez  909,  10197,  (lef. 

FiBi,  Jfer  968,  pénible,  cruel;  Lfiere  ao5,  noble; 
9909,  sérieuse,  meurtriùro. 

FiiB  :  i7  s'ertfiez  176^1,  il  s'était  fiancé. 

FiBBBMBiiT  9698,  8733,  avec  courage,  bravement. 

[Figuebeie],  yîgi/frote  1790,  plantation  de  figuiers. 

Fil,  fils;  s,  fih  (le  mei-e  23.56,  bomme;  r.  al  filz  ta 
mère  970  A,  à  son  frère;  s.  le  filz  de  proece  1 1 696, 
le  preux  par  excellence  (  Ricbard  ). 

F1LATIBE,  y\,filatirei  1 38 1 5 ,  reliquaire. 

Fin,  s,  fine  blioS  (rime),  conclusion;  mètre  fin  5  s  83, 
conclure  la  paix;  fin  de  pais  5o58,  la  meilleur  fin 
5i36,  conclusion  de  paix. 

FiB,  fin;^n0  vertez  8779,  vérité  pure,  sans  alliage 
d'erreur. 

Finement  878/1,  en  toute  vérité. 

Fheb,  p.  L  finee  3579,  terminer  (trans.);  impf.  3 
fitioi  1898,  pf.  6  finerent  8198,  cesser  (iutr.); 
impf.  6  fmouent  1668,  pf.  6  finerent  750,  179'!, 
s'arrêter  (intr.). 

[Flaiel],  pi. /raûiM»  798,  fléau  d'une  porte,  barre 
qui  la  lient  fermée. 

Flambeieb  iooo3,  llamboyer  (au  fig.). 

[FuoB],^ûr  8098,  odeur. 


Flatib  58o9  ,  7569 ,  tomber  à  plat;  impf.  6  flatitoient 
1  i5o8,  faire  reculer,  rejeter  a  plat. 

FlaCb.  Voir  Flaob. 

[ Flor]  ,  fleur  :  (fig.)  lafltar  de  chevalerie  68/19  ;  laflur 
de  la  gent  del  monde  9818. 

Florie.  Voir  Pasque  aux  Noms  propres. 

Flim  8089,  /io56,  A057,  fleuve. 

Fldminaire  89^2,  /io85,  7808,  fleuve. 

Flur.  Voir  Flor, 

[Foêob],  pi.  8,fuëàr  8870,  fouisseur,  mineur. 

Foie.  Voir  Frie, 

FoïE.  Voir  Feieb. 

FoiEB.  Voir  Feiee. 

[ FoiLDRE ],/oWrtf  6alU,  foudre  169A,  féin.,  foudre. 

[Foïr],/mi>9985  ,impf.  0/uioietU  /i 9 A 8,  fouir, creuser. 

Fol.  Voir  Fueil. 

Fol,  fou;  les  folet  meechinet  8/i6/i,  les  filles  do  joie. 

Foldre.  Voir  Foudre. 

[  Folb]  ,/m&  578 ,  foule. 

[FoLOB],/o/ar  10968,  folie. 

[  Fokdb]  ^fnnde  35/i6 ,  3548 ,  fronde ,  cuiller  dans  la- 
quelle on  mettait  la  pierre  que  lançait  la  pierrière. 

Fo^DBE,  p.  f.  fundue  598 4,  détniire;  fundre  9691, 
se  perdre,  s'abimer;  gër.  fondant  169/i,  fondre 
comme  la  foudre. 

FoRAOB  :  en  forage  8679,  7986,  en  fourrage,  pour 
fourrager. 

FoRFAiRE  6891,  pf.  ijforfirent  5718,  p. forfait  8557, 
faire  du  mal,  du  dégât;  p.  f.  forfaite  7/1,  5579, 
mériter  par  sa  conduite  mauvaise  (  un  inel ,  un  ché- 
liment). 

[FoBPAiT],/oi/eiV  8619 ,  8558,  mauvaise  action,  tort. 

[Fobfaitcrb],  ipL  forfeturei  Holiç^,  crime,  action  illé- 
gale. 

FoRPEiT.  Voir  Forfait. 

FoBpBTLRB.  Voir  FoaPAlTURE. 

Forge  ;  (fig.)  eetre  a  forge  6877,  frapper  à  grands 
coups. 

FORIER.  Voir  FoBRlER. 

Forment,  s,  forment  9io5,  froment. 
Forment.  Voir  Fortmbnt. 
FoRMi,  pl./ormiî  8978,  fourmi. 
FoBMiiER,  pr,  Zformie  7918,  fourmiller. 
FoRMiLUERE  8978,  7918,  fourmilière. 
[FoRN AISE ],/on)eit«  35o9,  fournaise. 
[Forneieb],   impf.    6  fomeouent    ha^Q,   enfourner 
(intr.), 

F0B?iEI8B.  Voir  FOBNAISB. 

Fobnbstubb  969,  fourniture,  approvisionnemcnls. 

/l9 

UiruilKMS    lATlOilALC. 


496 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


FoiBiEB,  pi.  S.  7389,  pi.  /ofvrt  79/15,  fouiragcur. 

F0B8  C}-]o,  sauf;  laso,  91^8,  ^i383,  sinon;  3960, 
si  ce  n'est;  i7  n'i  aveit  for»  de  pais  faire  0178,  il 
n*y  avait  autre  chose  à  faire  que  de  faire  ia  paix. 

FORSAN.  \'oir  FORSEN. 

FoRscLORc ,  pf.  S/orsclosirent  G()35,  séparer  des  siens. 

FoRscLosE,  \)\.  fifrscUtset  3'i55,  sortie. 

[FoB8E!«i],/ar«in  6978,  fureur,  déraison. 

Fort  5718,  dillicilc. 

[FoRT«EiïT],/orwi«il  34 13,  fortement. 

[Fossror],  pi.  s.foiieùr  3i  1 1 ,  fouisseur,  homme  qui 

creuse  un  fossé. 
F088EÛR.  Voir  FossEOB. 
Foudre.  Voir  Foildre. 
Fbaindre,  p.  (,/raite  11 3^9,  détruire. 
Fbajkte.  Voir  Friexte. 

Fbaitl're  19001,  infraction  (  à  la  foi  jurée). 
Frangeis  3191,  français.  Voir  aux  Noms  propres. 
Fbajigiibmbmt  iâ/j5,  53o/l,  avec  bonté,  libéralement. 
Fbarcuise  71^7,  11 653,  bonté,  libéralité;  8180, 

noblesse  de  cœur,  sentiments  élevés. 
Fbeidcre,  fil.  freidurei  A 199,  froid,  froidure. 
Fbbis  /1080,  A658,  frais,  dispos,  non  lassé. 
Fbkit,  froid  ifreide  novele  /iâso,  nouvelle  triste,  qui 

glace. 


Fbbmib,  pr.  Gfremiêtent  898,  tressaillir,  élro  ébraolë. 

Fbeor  iU39,Jrêûr  1980,  trouble,  frayeur. 

FbsCb.  Voir  Fbeor. 

Fbsbe,  pi.  s,Jrtre  96A1,  9785,  frère. 

[Fni ente], /rature  G579,  1169/1,  bruit  de  chevaux 
eu  marche. 

Fbiqcier,  pr.  3  Jrique  3i8,  battre,  heurter  (intr.). 

[Foeil],/o/ 5590,  feuillet. 

FuER  G33,  prix,  marché  :  a  celfuer  8767,  à  ces  con- 
ditions. 

Fi]ERRE,/uire  8669,  fourraf^. 

FoEÛR.  Voir  FoEOB. 

Foie  7991,  fuite;  8908,  troupe  de  fuyards. 

Fuir.  Voir  Foïb. 

Fuire.  Voir  Fcbbrb. 

Fcitif,  (.fuitive  6099,  fuyard. 

FuLE.  Voir  FoLE. 

FuifDE.  Voir  Fonde. 

FUNDBE.  Voir  FOKDBE. 

FosT  1098,  8715,  bois;  1691,  pièce  de  bois;  pl./iu 
8866,  A78&  (rime),/iu(z  8809,  8869,  pièces  de 
bois. 

FcsTAixB  1896,  étoffe  de  coton. 

FcsTE.  Voir  FusT. 

Fez.  Voir  FcsT. 


Gabbr,  p.  gabé  1019,  se  jouer  de  (trans.). 

Gacelb  io5/i8,  gazelle. 

Gaignon.  Voir  Guaioîiok. 

Gaires.  Voir  Guaires. 

Gal.  Voir  Jal. 

Galee  1  /i90,  aie,  ^gualee  9 1 85 ,  etc. ,  pl.ga^  590,  etc. , 

gualeet  788,  etc.,  gualUeê  9i98«   8166,  galiê$ 

9808 ,  gnalies  779 ,  galère.  La  forme  en  ee  est  seule 

attestée  par  les  rimes. 
Galie.  Voir  Galee. 
Galiot,  s.  ga/to:  9196,  pi.  gaiioz  786,  i5i5,  9937, 

s.  galiot  9187,  rameur  de  galères. 
Garço?(,  s.  uns  petiz  garz  10507,  un  petit  garçon. 
Garço!! aille  55 1,  ramas  de  gens  de  rien. 
Garison.  Voir  Guariso!<. 

Garunoescue  :  garlandesches  8/160,  guirlandes* 
Gabdb.  Voir  Guarde. 
Garder.  Voir  Guarder. 
Gabnistcre.  Voir  Guarnbsturb. 
Garz.  Voir  Garço5. 


Gast.  Voir  GoAST. 

Gastbb.  Voir  Guaster. 

Gaudo?i  :  e  sanz  tristur  e  sêiiz  gaudon  19  59,  semble 
signifier  ^ contrariété,  obstacle?». 

Gavelb.  Voir  Javelb. 

[Gbignos],  ginus  98,  spirituel,  avisé. 

Gburb  i9â8,  À999,  [A.  gelines  1688,  poule. 

Gemme  9076 ,  pierre  précieuse* 

Gbueilloxs.  Voir  Genoilloivs. 

Gbkitaibbs  8698,  parties  génitales. 

[Geroillons]  :  a  geneilloM  1  iA55,  à  genoux. 

Gett  :  s.  gent  36,  58  (rime),  76,  899,  elc.^genz 
9907,  pi.  gens  5o,  getiz  89^1,  etc.;  assemblage 
d^hommes,  gens;  gent  au  S(r.  gouverne  un  verb:' 
au  plur.  58 , 6 1 6 , 1 809 ,  9765 ,  9987,  6 1 67  ;  il  est 
toujours  féminin  au  singulier  ;  féminin  au  plur.  716, 
79/1,1/186,  1809,1871,  9866,  9617,  3o35  (lire 
genz  pour  gent)^  etc.,  tantes  genz  8016  (dans  tant 
gem  896 ,  (i0  est  sous^ntendu)  ;  gent  a  souvent  dans 
ce  cas  le  sens  dV hommes?»  :  plu»  de  deus  mile  gem 


GLOSSAIRE, 


/i97 


armeei  3377,  Un  U  plui  de»  genz  neirei  S()hh  ;  de 
ce  sens  est  venu  Tempiol  de  genz  avec  des  adjeclifs 
masculins,  qo'on  trouve  déjà  :  geru  morz  9906; 
au  V.  65o6  il  faut  s.  d.  lire  genz  ianglenz  pour 
genl  ionglent, 

GuT  sgSa,  s.  genz  7339,  noble,  élégant. 

GnTiL,  f.  s.  Âi34i  gentil,  de  boone  naissance. 

GlBFlB.  Voir  GUBBPIB. 

GiBBiBB.  Voir  Gdbbbibb. 

Gbsib,  jmr  157^,  impf.  3  giêoit  /i90,  6  gisaient, 
1 9939,  pf.  ^jut  9000,  sbj.  pr.  3  gi»e  1807,  P*  ^^' 
9010,  être  couché ,  se  couclier  ;  genv  afnne  19939, 
avoir  commerce  charnellement  avec  des  femmes. 

Gbstb  :  chançons  de  geste  ^189,  chansons  d^un  carac- 
tère historique;  chanter  de  geste  960,  chanter  des 
chansons  de  ce  genre. 

Gbteïs.  Voir  Jbteîs. 

Gbteb.  Voir  Jetbb. 

Gbûrbb.  Voir  Jblneb. 

GiBBT  3oii,  bâton. 

Gié.  Voir  Jor. 

GuD.  Voir  Jbd. 

GiLB.  Voir  GuiLE. 

GiHCs.  Voir  Gbionos. 

GiBo?i  69/1  A,  giron. 

GitTB  :  agistegUSoy  à  Tendroit  011  Ton  couche. 

Gic.  Voir  Jeu. 

Glaive  3954,  b'jhh,  7676,  7086,  9776,  11657, 
i]5i3,  grande  lance;  fém.  7575,  9775,  masc. 
57^6,7585;  38 10,  io5o3,  massacre,  destruction; 
a  glaive  de  faim  mureient  /i3o6,  mouraient  de  fa- 
mine (au  sens  figuré ,  glaive  est  toujours  masculin). 

GoBELiif  8710,  gnome,  mauvais  esprit. 

GoFBB  i3i8,  i393,  \33ii  le  tTgouffren  de  Satalie 
(voir  SiBTALEE  à  la  Table  des  noms  propres). 

GoLosEB  :  pf.  3  golosa  s 637,  p.  f.  golosee  /1166,  dé- 
sirer avidemenl. 

[Gotb],  gute  3855,  76 18,  goutte  (renforcement  de 
la  négation). 

GovBBNBL,  ^\.  governels  9933,  gouvernail. 

[GovEBifEB],g(ivem«r  85 16,  diriger,  gouverner. 

Gbaartbb  :  impf.  3  graantot  5187,  pf.  3  graanta 
10997,  fic<^i^6r,  assurer;  impf.  6  graatUotLerU 
9 5/1/1,  pf.  6  graanterent  599/1,  ratifier. 

[Gbauier],  gracier  /i5i8,  grazièr  ààSli,  remercier, 
rendre  grâces  à, 

Gbabtitbb.  Voir  Graasteb. 

Gbabb,  pf.  3  graa  179I1  accorder,  trouver  bon;  pr.  3 
grée  1811,  agréer,  sembler  bon. 


[Gbaignob],  s.graindre'ji'jlijgreindreioaaSj  grein" 
dres  177,  f.  greignor  5ài9,  greinur  i59,  6iâ/î, 
greinor  6078 ,  8633 ,  plus  grand;  trop  greignors  que 
il  ne  saveient  1118,  bien  plus  grandes  qu^ils  ne 
savaient. 

Gbaindbe.  Voir  Graighob. 

Gbaix  :  H  gi'ains  de  la  bachelerie  635o,  Télite  de  la 
jeunesse  guerrière. 

Gbaine  1G7/Î,  teinture  rouge. 

Gbaisle  G983,  grêle. 

[G baisse]  :  de  greinot- gresse  6078,  qui  étaient  les  plus 
gras. 

Gbandishe  38o9,  très  grand. 

Gbabdob  1999,  grandeur. 

GbANMENT.  Voir  GfiARTIlBflT. 

Gbakt,  grand;  f.  s.  grant  36;  grant  1998,  beau- 
coup; grant  iens  3098,  beaucoup  de  temps. 

Gbaïitmbiit  996,  1676,  3939, grramn^fU  1076,  gran- 
dement. 

Gbas  1689,  eras  168/1,  gras. 

Gaé  :  mal  gré  suen  8196,  quelque  mauvais  gré  qn^il 
en  eût,  malgré  lui. 

Gbbcbis.  Voir  Gbbzeis. 

Gbbgibb  :  p.  gregié  9896,  f.  gregiee  1879,  6o65,  en- 
dommager, faire  souffrir  :  U  n'aveit  en  els  que  gre- 
gier  7868,  ils  étaient  affligés  de  toutes  façons. 

Gbbig?(or.  Voir  Gbaioob. 

Gbbirdbb.  Voir  Gbaighob. 

Gbeirob,  greinur.  Voir  Graigrob. 

Gbbnetb  :  pomes  grenetes  69/17,  gi^nadea. 

Gbisillb  i^oâ7,  7635,  grésil. 

Gbessb.  Voir  Gbaissb. 

Gbbszeis.  Voir  Gbezbis. 

Gbbveiiert  5391,  dommage. 

Gbbveb  3,  61 3,  pr.  3  grieve  95io,  impf.  6  grevoient 
9319,  grevouent  3966,  sbj.  impf.  6  grevassent 
9900,  p.  grevé  hbh ,  endommager,  faire  tort  â;  sei 
grever  3 ,  se  faire  du  tort ,  se  surmener. 

Gbbzeis,  f.  grezesche  i/i3/i,  greszescKe  1698,  grec; 

feu  grezeis  9177,    3917,    3âo9,    8699,    8691, 

3699,  3807,    3858,  3867>   /i884,   9Û16,  feu 

greceis  33i8,  /i786,  6899 ,  feu  grégeois.  Voir  aux 

Noms  propres. 

Gbiep,  f.  grief  hbo^^  lourd. 

Grief  3576,  dommage,  mal. 

GBIEPIIE5T  8,  péniblement. 

Gbibvb  10619,  difficulté,  peine. 

Gbipâih  :  gent  grifaigne  ]65o,  grecque  (avec  une 
nuance  de  mépris). 

/19. 


/i9S 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


GiiP05AiLLi  5â(),  9633,  ramas  de  Grecs  (terme  mé- 
prisant). Voir  aux  Noms  propres. 

Gbislb  9966,  de  couleur  grise  (en  parlant  d^un  che- 
val). 

[Grociek]  :  pf.  6  grocerent  60  a,  grogner,  murmurer. 

[Gboissob],  f.  pi.  pviêturê  6oa6,  plus  gros. 

Groissur.  Voir  Ghoissob. 

Grotidre  iil68,  gronder,  grogner. 

[Gdaaig?ibrib],  pi.  guaîgnerieê  6965,  pâturage. 

[Goaaiïig],  guatng  9810,  butin. 

GOAÎONBBIB.  Voir  GuAAIGRRHlB. 

[  GuAiGxolf  ] ,  gaignon  1 838 ,  dogue. 

GUAÎRO.  Voir  GUAAI5G. 

[GcAfREs],  gairet  ihSg  (rime  avec  afaire»)^  guères. 

GuAiTB,  pi.  guaitet  1763,  6876  (rime  avecyititef), 
715A  (de  même),  sentinelle,  éclaireur;  fém. 

GuAiTiBR,  pf.  6  gueterent  6901,  faire  le  guet;  p.  f. 
guaiteegôS,  garder;  ^i<«t(i0r998o,  impf.  3  giMii- 
tot  1911,  épier  ;  guaitier  3 ,  faire  attention. 

(lUALBE ,  guallee.  Voir  Galib. 

Gdabdb  :  l'avant  garde  1919,  Tavant-gardev  la  riere 
garde  1993,  la  guarde riere  1913,  la  guarde  artère 
5756,  Tarrière-garde  ;  la  tierce  guarde  11519,  la 
troisième  Kgne;  i7t  eurent  toute  gtiarde  60/16,  ib 
curent  toutes  raisons  de  se  tem'r  siu*  leurs  gardes; 
li  chatteU  n'eiut  point  de  guarde  1995,  le  château 
n^aurait  rien  eu  â  craindre. 

Gdabdbcoste  6  j  93 ,  fëm. ,  corps  de  treupe  qui  protège 
les  flancs  d'une  armée  en  marche.  Cf.  Gcardc. 

Gdardbr,  sbj.  pr.  3  gard  9966,  prendre  garde ,  impf. 
6  gardouent  98/17,  pf.  6  g^^f'^^'^'*^  3 1 5o ,  regarder. 

GcARiB,  p.  f.  guarie  96/13,  protéger,  sauver.' 


[Gi'ABisox],  gariêon  6897,  protection,  salut. 

GoARRBSTURB  9i63,  5309,  53Â6,  6197,  10937, 
13363,  gamiêture  961,  approvisionnement,  muni- 
lion  complète. 

GnAR5iB,  p.  f.  pi.  guamiee  1767*  garnir,  approfinon- 
ner  ;  guarni  de  bataille  3783 ,  prêts  pour  le  combat  ; 
guamiz  a  lor  terre  laisiier  9539,  tout  préparés  à 
renoncera  leur  terre;  pf.  3  êe  guamirent  6913, 
p.  s.  guamiz  69 1 3 ,  se  préparer,  se  précautiooner. 

GcAST,  f.  guoite  9/160,  i3o6/i,g(U/e6oA9,  dévasté, 
désert. 

GuASTBR,  p.  f.  gwutee  76,  gattee  83o,  ravager,  dé- 
vaster; pi.  guaeteet  1391,  ruiner;  guatter  9086, 
impf.  6  guattouent  1896,  perdre,  gaspiller. 

Gué  33/^3,  gué. 

GUBITIBB.  Voir  GOAITIBB. 

GuBKCBiB  6558,  pf.  6  guenchirent 'j^oô ,  ii5oi,  abj. 

impf.  6  gueneheùêent  633o,  se  détourner. 
GuBRBDOR  8833,  11 558,  récompense.' 
GuBBBDo^Bii,  p.  f.  p\,  gueredoneee  53o3,  récompenser. 
GoBBciBR  ;  pf.  6  guerttierent  5835,  mot  altéré  non 

restitué. 
Gdrbpir,  pr^  6  gerpistent  6339,  impf.  6  gtèerpiâieHt 

i65â,pf.  3 gu^r^n  1 7 1 5 ,  6 gti^r^miml  3731,7609, 

cond.  3  guerpireit  96 1 0 ,  abandonner. 
GuBBRiBii,  gerrier  6S6  {gerreier)^  guerrière  I3i36 

(gueroier»)^  guerrier,  combattant. 

GOBTRR.  Voir  GuAlTlBR. 

[GoiLBJigtfe  997,  tromperie. 

Guisi  :  en  nule  guiêe  1760,  en  aucune  façon* 

Gdtb.  Voir  GoTB. 

GvvBBNBB.  Voir  Govbrnbb. 


H 


Haak.  Voir  AtfA!(/ 

HiBiTBB.  Voir  Abitbb. 

Hachibb.  Voir  Haschieb. 

Haîb  :  la  gent  lune  38174  etc.,  les  Sarrasins;  haeit  la 

jomee  lUUhi  maudissait  le  jour. 
[Hait],  joie,  entrain;  pi.  od  granz  heiz  878a,  en 

grande  allégresso. 
Haitieb,  réjouir  :  il  haitiez  et  ea  genz  haitie  9307,  lui 

et  ses  gens  remplis  d'allégresse* 
Halt.  Voir  Haut. 

Ha5Ap  1 093 ,  pi.  hanoê  1  o63  «  coupe. 
Haktbb  119/1,  pr.  3  hantent  88fl5,  impf.  6  hantouent 

h']'] II,  hanter  (intr.),  venir  fréquemment;  pf.  3 


hanta  10609,  ^  répandre  (en  parlant  d^une  chan- 
son); impf.  6  hantouent  568i, hanter (trans.), avoir 
un  fréquent  commerce  avec. 

Hardbmbht  6091^  7585,  131/17,  i9i59,  courage, 
hardiesse;  9/1  a8,  pi.  hardemenz  68874  action  baf 
die  1  prouesse. 

Hârrbschbb.  Voir  Hbbrêschieb. 

Haschbb.  Voir  Haschieb. 

[Hascbieb],  hachiee  7178,  effort,  peine;  haecheee 
8à56,  tribulations,  misères. 

Hastbb  9^5,  pr.  3  haete  63854  pf.  6  hoêterent  /ii58, 
p.  f.  Koitee  76,  presser;  hattee  91 56,  faite  à  la 
hâte;  en  haetant  3o8,  â  la  hâte. 


500 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE, 


Ille.  Voir  IsLE. 

Illec.  Voir  Iluec. 

Illecques.  Voir  Ilueques. 

Illooc.  Voir  Iluec. 

Illoques.  Voir  Ilueques. 

Iloc.  VW  Ilubc. 

Ilocques.  Voir  Ilueques. 

Iloques.  Voir  Ilueques. 

Iluec  663o,  Hoc  /ii5,  i5o,  1798,  illoc  697,  illooe 

1579,  là. 
[Ilueques],  illoequa  675  (rime  avec  ovequea)^  iloques 

1 38 ,  355 ,  638 ,  ilocque$  1 1 65 ,  illoque»  76/i  (rime 

avec  avequei),  100 a  (rime  avec  ovequet)^  ^877 

(rime  avec  enekes),  s85a  (de  même),  3169  (de 

même),  là. 
Image  /i33a  (:  damage)^  pi.  ymagenes  5a38,  ymages 

1096,  image,  figure  sculptée. 
Iqubl,  s.  iquelt  io659,  opposé  à  itel, 
Ibi,  colère:  creire  t*ire  687/»,  en  croire  sa  colère. 
Irele,  pi.  irelei  388 1,  pièce  non  identifiée  de  Tar- 

mure  des  Turcs. 
Inii  ia66,  etc.,  s.  irriez  1769,  courroucé. 


[Iros],  r.  iruie  635,  en  colère. 

InaiÉ.  Voir  Imi. 

Irus.  Voir  Ibos. 

IsLE  1370,  ille  ia69,  i38i,  lie  (un  Ule  i38i,  mais 
le  mol  est  fém.  1370). 

IsNEL  i8/i3,  pi.  isnelê  1/199,  igneU  18/19,  /1788, 
9988,  f.  pi.  iineles  1189,  1680,  agile,  rapide. 
Voir  Es. 

IsRELEllE^T  9/1/i,  1/169,  i885,  9800,  3i56,  rapide- 
ment, promptement. 

Issi  186,  593,  655,  eitsi  790,  ainsi. 

IssiB.  Voir  EissiB. 

Issue.  Voir  Eissue. 

Itakt  963,  11961,  tant. 

Itbl  9098,  8.  itels  599,  io65i,  tel. 

luuB,  yuue  1/117  (ywe)^  9206  (:  Uuuê),  pi.  lutiet 
8996  (:  /tttu«t),  1689  (i^tre*),  jument. 

IvBB,yo^  3993  (rime avec  ver)^yvem  3900,8.  ivema 
3197,  hiver. 

IvERx.  Voir  IVBB. 

[Iverrage]  :  le  Un$  yvemage  35o8 ,  la  saison  d'hiver. 

IwE.  Voir  luuE. 


Ja  9993,  etc.,  déjà. 

[  Jil],  pi.  gaus  de  mer  6  799,  galet. 

Jalet,  ^Ljalez  337/i,  galet. 

Jakglbis  85o6,  bavardage  nuisible,  criaillerie. 

Jabbb,  pi.  jarbei  65 1  /i ,  gerbe. 

Jabdiuebeie  69^49,  ensemble  de  jardins. 

[Javele],  pi.  gaveles  6^8a,  javelle. 

Jbsib.  Voir  Gbsib. 

Jesqcb.  Voir  Jusque. 

[Jmîz],  f.  geteùce  1096,  fondu  au  moule. 

Jbtib,  jeter;  impf.  6  jetaient  751,  getoimU  797)gér. 
jetantes  3537,  ^*^'*'  lancer  (intr.);  geteee  1079, 
chassées,  bannies. 

Jbtbbbssb  3539,  qui  lance,  qui  tire. 

[  Jbu  ] ,  jeu  ;  giu  parti  375o ,  gieu  parti  7319,  propo- 
sition comprenant  deux  alternatives,  dont  celui  à 
qui  on  la  fait  peut  choisir  Tune  ou  Pautre;  eijust 
trop  mal  li  gius  partiz  8576,  la  situation  aurait  été 
très  fâcheuse;  mal  giu  parti  1 5o3,  mauvaise  situa- 
tion, danger. 

Jbûre.  Voir  Cape  jeûre. 

Jbûreb,  pr.  3  geûne  A 390,  jeûner. 

JoART.  Voir  JoîB. 


JoEFNE.  Voir  Juefxe. 

J0F5E.  Voir  .luEFNE. 

[Jogleor],  pi.  s,  jugleûr  A  990,  jongleur,  exécutant 
de  chansons  de  geste. 

Joindre  :  p.  s.  joint  i6a5,  ^01112  735 1,  ramassé  et 
prêt  à  fondre  sur  son  ennemi  (comme  un  faucon 
sur  sa  proie). 

[Joïr]  ,  jouir  ;  ^'oonf  7 1 35 ,  heureux,  joyeux. 

JoLiF,  f.  jolive  5 8 A,  de  bonne  humeur,  léger. 

Job,  jom,  jour:  totejor  1911,  3378,  \  i^Za  ^  tote  jmr 
3067,  tout  le  jour. 

JoBN.  Voir  Job. 

JoRREE  3/i58,  tâche,  combat  d'une  journée;  f.  pi. ^'or^ 
nées  8717,  journée  de  marche;  jomee  de  terre 
Ao/i3,  chemin  qu'on  parcourt  en  un  jour. 

JosTE.  Voir  Dejoste. 

[Joste],  jtMte  7^7 1«  jouto,  combat  de  près. 

JosTEiEB  635/i,  7939,  guerroyer. 

[Josm]  ajuster  7579 ,  pf.  3  justa  7573,  jouter,  com- 
battre de  près  à  la  lance. 

Jou  739  (rimé  avec /ou),  joug. 

JoD,  ge ,  je , gié  b^3o ^  je. 

JoTENTE,  pi.  joventee  395,  jeunease,  personne  jeune. 


GLOSSAIRE. 


501 


[Jmm],  jœfM  gS,  333/i,  jofnê  9090,  pi.  joefnM 

180,  3Ââ3,  &i3a,  jeune. 
ioisDi  3396,  jeudi. 

JOOLIÛI.  Voir  JOOLBOB. 

Jdku  :  jwne  8876,  liée  par  serment. 
Jus  837, 1996,  fto3&,en  bas;  ftt«0ljti«io57,  ^^097, 
6 A  88,  en  haut  et  en  bas. 


Jusque ,  yefçtie  98^0,  jusque. 
Juste.  Voir  Joste. 
Justes.  Voir  Joster. 

JusTisB  loAi,  justice;  65i,  835i,  8699,  juge. 
Justiser.  Voir  Justisibr. 

[Jcstisibr],  pf.  0  juMiiierent  80 Û9,  gouverner  (propr* 
juger). 


K 


K\  Voir  Que. 

Kalbndbs  3910,  calendes. 

Kab.  Voir  Kbb. 


Kbr  5/19,  etc.,  kar  1198,  etc.,  car. 
Ker?iel,  pi.  kemeaU  93^5,  créneau. 
Kl.  Voir  Que. 


hkidêUlSà,  de  ce  c6té-là. 
Labor,  pi.  labon  4668,  travail. 
Labobbb,  impf.  6  laboroumt  390&,  travailler. 
Lai,  pi.  s.  2at  8018,  laïque. 
[Laidbcb],  laidêice  /i393,  70/10,  11999,  action  vi- 
laine, honteuse. 
Laidbvbrt  6/10,  9669,  d^une  vilaine  façon. 
Laidergbr.  Voir  Laidbhgieb. 
[Laidbugibr],  p.  f.  laidêngêê  1198,   3730,   traiter 

d^unc  façon  vilaine,  outrager. 
Laideb,  pf.  6  laiderent  761 9 ,  p.  f.  laidee  6939 ,  mettre 

en  piteux  état ,  abîmer. 
Laidesce.  Voir  Laidege. 
Laidib  808,  impf.  6  laidisieient  7G63,  p.  laidi  7606, 

pi.  laidiz  967/1,  (endommager,  maltraiter;  impf.  6 

laidisiouent  555,  insulter. 
Laidurb  17G6,  9677,  359A,  8990,  honte,  outrage; 

5683,  infamie,  action  honteuses. 
Laier,  impér.  9  lai  3761,  fut.  1  larai  6307,  h  lar- 

roM  9387,  laisser. 
Laîs  6696,  là  en  bas. 
Laissier  :  sanz  leissier  19091  (ms.  éd.  leisiien) y  sana 

perdre  un  momonl. 
Lait,  f.  laide  9969,  9960,  triste,  fâcheux. 
[Lancier],  pf.  6  lancèrent  1699,  lancer  des  traits, 

tirer;  ie  lancèrent  9  938,  pénétrèrent  violemment. 
La^iboi  ,  pi.  lanroiz  1  o  1 93  f  mol  sans  doute  altéré. 
Lardé,   pi.  lardez  6090,   filet,   morceau  de  viande 

coupé  sur  le  dos  d^un  animal  de  boucherie  et  propre 

à  être  piqué  de  lard. 
Labqb,  s.  largei  â/io8,  libéral. 


[Largegr],  largesce  hko^^  667 A,  etc.,  libéralité. 

Largesce.  Voir  Labgbce. 

[Lasghege],  lascheice  691A,  6679)  découragement; 
7069,  mollesse,  inertie. 

Lascbesce.  Voir  Lasghege. 

Lasghibr,  impf.  6  te  laschoient  9997,  se  laichment 
8069,  se  relâcher,  faiblir. 

Lasser,  pf.  6  huèrent  6087,  fatiguer,  harasser. 

Latixier  5199,  latimer  franceit  *ii^if  pL  lattnners 
i3i55,  interprète. 

Lati5,  pi.  latin$  8388,  19173,  latin,  de  religion  c^ 
tholique  latine;  la  gent  latine  i55i,  les  T^atins  par 
opposition  aux  Grecs,  Arméniens  et  Syriens. 

[Lavandbre],  pi.  lavenderei  6696,  lavandière,  blan- 
chisseuse. 

Lavekdibbe.  Voir  Lavaxdibbb. 

Le,  pron.  :  nW  3],  no  5^97,  fitt  7387,  9A76,  ne  le;  $il 
G39,  loâo,  si  le;  nei  900,  ne  les,  ne  le;  qnil  3A. 
qui  lo;  de  veer  le  583,  687,  prendre  le  1766, 
trahir  let  oS'ia ,  ravoir  /a  9766  ;  ^s  ton  frère  9399 , 
ceux  de  son  frère;  la  le  conte  9317,  celle  du 
comto;  del  Inr  io39,  du  leur;  a$  lur  866,  aux 
leurs;  poMêa  lor  1 1689,  leur  passa  devant;  la  prift 
absolument  :  la  durer  970,  résister. 

Le,  arL  :  al  68,  etc.,  au;  del  97,  etc.,  du;  at 
985,  etc.,  aux;  det  96,  etc.,  des;  el  95,  etc.. 
dans  le;  es  66,  etc.,  dans  les. 

Lé  3071,  pi.  f.  lieei  3776 ,  large;  (,  Ue  ne  large  lià6H, 

Leal.  Voir  Lbial. 

[Lbege],  leeice  609,  6709,  8788,  liesse,  joie. 

Lbbsgb.  Voir  Lbbcb. 


i 


502 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


Legieb,  léger;  de  legier  1966,  9693,  9759,  facile- 
ment. 

Leul,  pi.  s.  leal  769,  lovai. 

[Leia^ce],  lianee  /i868,  allégoanco,  engagement. 

[Leiache^t],  liaument  370.  loyalement. 

[Leiact^],  Haute  1778,  loyautô, 

[Leieh],  Uêr  to3'|/i,  lier  :  #1  cwn  il  lie  7378,  autant 
qu'il  embrasse. 

Leissieb.  Voir  Laissier. 

Leotiardie  /i6o8.  9050  (ms.  len  naudie)^  ninladic  des 
rroiscs  à  Acre,  qu<^  le  traducteur  lalin  appoUe  ar^ 
naidia, 

Lebve  9G8a,  839'j,  larme. 

Letre  970,  2]8j,  35ii6,  5ô88,  5589,  lOQ^o,  écrit, 
document  dcril. 

Leti'arie  toSaô,  élecluaire. 

Leu,  s.  Uns  ii9a3,  loup. 

Lever,  p.  s.  levez  957'!,  f.  ^evee  636,  émouvoir,  sou- 
lever; impf.  6  levaient  6fi6,  pf.  3  leva  it363, 
s'élever. 

Lez,  côté:  lez  a  lez  i  19S6,  côte  à  côte. 

LiASCE.  Voir  Leiakce. 

LiAi'VE!«T.  Voir  Lbiadment. 

LiAuxé.  Voir  Leiacté. 

Lié,  s.  /iezao57,pl.  s.  /tV/i39,  1018,  /1090,  joyeux. 

[LiEis],  ^tf  386 1,  picrrn  de  liais. 

Lier.  Voir  Leier. 

[Lieu],  liu  9761,  pi.  lius  9106,  place,  rang. 

[Ligecb],  pi.  ligeêcet  186,  possession  lige. 

Jjois.  Voir  L1BIS. 

L105  :  baniere  al  lùm  1 1097,  bannière  portant  Tirnagc 
d'un  lion. 

LiPE,  lippe,  grosse  lèvre  :  «  qui  toz  jorz pendeit  la  lipe 
95o8,  qui  faisait  toujours  la  moue,  qui  était  tou- 
jours de  mauvaise  humeur. 

Liu.  Voir  Libc. 


Lici'B  1697,  6>^99,  9906  (rime  avecyii«e),  pi.  liuueê 
6548,  89^9.  8990  (rime  avec  tu.'ift),  liue$  ]665, 
761 1  (rime  avec  triuues),  lues  10617  (de  mémo), 
lieue;  mi  liuue  1097,  mais  demie  (ms.  demi)  liuue 
6ii9'!. 

LiYBE,  s.  livre  71 35  (rime),  mais  Uvrea  9608  (rimo), 
754/1  (rime),  livre,  source  écrite  consultée  par 
Ainbroise. 

Livrer  :  livraient  ententes  9989,  donnaient  de  Toccu- 
pation. 

LoEB,  louer;  $e  loer  1060,  se  louer,  s*»  féliciter;  pr.  i 
lo  8701,  cond.  6  loereient  7766,  approuver,  con- 
seiller. 

LoGiEB  6690,  pf.  6  se  lofrierent  9891,  ^1896,  camper, 
s'installer,  propr*  s'établir  sous  des  loges  ou  ca- 
}»anes  de  branches. 

LoiER,  luèr  3694,  pi.  loierB  1 1599,  ^^*^*  8899,  ré- 
compense, salaire. 

Lonz,  loin;  en  loinz  io/i45,  au  loin. 

LoTic  io65,  selon. 

Lo.'VG,  s.  lon$  35i8,  de  haute  taille. 

LoNGEXE5T  96/19,  3 '49 5,  5637,  longtemps. 

LoR.  Voir  Le. 

LoREs  3-'i,  79,  38o,  etc.,  lor»  188,  etc.,  alors. 

Los  6666,  louange,  gloir»^;  al  loi  999,  d'après  ic 
conseil;  a  lor  los  7770,  d'après  leur  conseil. 

Lo8E!<GE  ]o/i56,  flatterie;  7'io3,  tromperie. 

[Lose?!gier].  f.  losengere  iihS^  menteur,  trompeur. 

Lue.  Voir  Liuie. 

Lier.  Voir  Loier. 

Lies  1  i85o,  aussitôt. 

Li'iEB.  Voir  Loier. 

[Luiser^e],  luieme  1938,  lueur. 

LcMiR\iBE  9 3 70, éclairage ;(fig.) 9/1 98, enthousiasme. 

Lur.  Voir  Le. 

LcsEn^B.  Voir  Luisbbre. 


M 


y 


Maaille  5343,  la  plus  petite  pièce  do  monnaie,  demi- 
denier. 

Maçagre  4790,  boucherie;  3090,  /io4o,  11977, 
massacre;  la  m,  6790,  1 1977,  mais  lait  m.  3090. 

Macb  4855,  565 1,  3oi]  (rime  avec  place),  pi. 
maces  6395  (rime  Bvec places),  65o9  (de  même), 
65^9  (rime  avec  bracen),  mass^'  d'armes. 

Madle.  Voir  IVIaslb. 

Madbe,  s.  madrés  $844.  sorte  de  \ms. 


Maen.  Voir  Meie^. 

Mahaigmer  4955,  pr.  3  mahaine  68^6  (rime  avec 

compaine),  estropier. 
MiHOiiEBiE  9975,  5:!43,  mosquée. 
Maib!t.  Voir  Meje?!. 
Mali  :  jtrendre  en  main  3689,  entreprendre;  avoir  a 

main  5999,  avoir  à  sa  disposition,  être  sûr  de. 
Maix  7871,  matin. 
Maï5.  Voir  Meie^. 


1 

é 

\ 

I 


504 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


■ 

t 


i 


Malbailub:  p.  s.    manbailliz   IJ75A,   f.   malbaillie 

10178,  ]io3o,  en  mauvais  état,  mal  arran(][C« 
[Mauhetrb],  |).  r.  malmiiû  1 1966,  mallrailor. 
[Maitale.>t],  tnaUttltnt  1/119,  colère,  mauvaûe  hu- 
meur. 
[Maltais],  f.  mahai»e  ai5o  (rime  avec  nw),  wal- 
veiuê  1393  (rime    avec    meaatse)^   maireiset   5i8 
(rime  avec  aUt'»),  mauvais. 
[Mbies],  maten  loC-j,  maian  /i5ç)3  (riiiH»  avec  l'an 

=  r«i),  matn  8033,  moyen. 
Mbîmes.  Voir  Meïsmb. 
Mei>8  ,  maitu  3iSi  9 ,  moins  ;  au  v.  1  o  1 8/i ,  lire  tne$aaiHez 

pour  meina  aamez. 
Mbixte."sa?ît.  Voir  Mii.'^te.na^t. 
Mbintemr.  Voir  Mii5te>ir. 
Mbis.  Voir  Mais. 
Meis>ade.  Voir  Mamide. 
Mbi8>eb.  Voir  Mais.mee. 
Mbi851ee.  Voir  Mais.iibe. 

Mbîshe,  meîiviet  88^17  (rime  avec  deim"*),   meîm?M 
3o!3],    précisément,  justement;    a  meùme   .1809 
(rime  avec  paienigmi),  ù  portée;  a  inetxm?9  d*eh 
11/199,  ^  porléo  dVux;  a  9immei  le  iiu  io383,  à 
portée,  a  proiimité  du  lieu. 
Melec  6833,  71 9^,  mot  arabe,  roi. 
Mblle.  Voir  Mbsle. 
Mellee.  Voir  Meslee. 

[Membre],  pi.  menbvcs  9199,  pièces;  pi.  s.  /i  mefibre 
al  diable  36 16,  les  membres  du  diable  (c'est^- 
dire  les  Sarrasins). 
Membbeeme.xt  988G,  par  mémoire. 
[Mkuooer]  :  pr.  3  me  tiienbrc  9907,  je  me  souviens; 

mçnbi-ee  i]o35,  renommée. 
Me.ndi,  r.  mendie  9660,  pauvre,  mendiant. 
Mendres.  Voir  ME!«ofl. 

Mexer,  sbj.  pr.  3  maint  6,  mener.  Cf.  Merrer. 
|Me>or],  s.  mendrea  179,  pi.  s.  menur  1067,  plus 

petit. 
Me^t,  p!.  ?n«rii(Z9C5G,  petit;  genl  menue  ç^'J^^igenz 

mentes  3360,  gens  de  petile  condition. 
Me.nur.  Voir  Mb^ok. 
[MeoleJ,  moole  joo03,  moelle. 
Merc  3508,  marque,  signe. 
Mercub  hbhhy  borne. 

Merci  /i8o,  miséricorde,  grâce;  la  merci  Deu  97/», 
39  1,  338o,   11695,  la  merci  de  Deu  39&o,  les 
Ipnnz  merciz  al  creator  55^9,  (par)  la  grâce  de 
Dieu  ;  en  ta  merci  9039 ,  à  sa  discrétion. 
Mercier  7680,  remercier. 


1 


Merir  3696 ,  p.  s.  meri  3793 ,  p.  f.  merie  «976 ,  payier, 

rérompcntier. 
Mbrrrr,  pf.  3  mTra  9018,  p.  8.  merrez  8868,  pi. 
8910,  seulement  dans  la  locution  merrer  U  doM^ 
meiTei'  son  dneil,  qui  veut  dire  :  se  livrer  à 
deuil.  Au  v.  8860  lire  mei-rerent  pour  mjnmrmi 
Merveille  3iâ/i,  Hi/iô,  chose  surprenante;  une 
rei7/:'   r)o*j  ,   une  foule  énorme;   la    mertmlh  de» 
enekes   537,    '*  nierveiileiisi*   flotte  des  éoèques; 
merteillês  ot  qui  A  97 8,  cciui-lâ  entend  des  cboiM 
merveilleuses  qui  ;  merveilles  grant  9199,  merveslles 
chalt  68/10,  merveilleusement  (prand,  chaud. 
Mbrveillibr  :  me  merveil  6973,  je  in'ëmenreilie; ^in'I 

a  merveillier  9897,  est  de  nature  à  émerveiller. 
xMbrveill(»8,  f.  merveillose  5o68,  étrange,  extraordi- 
naire; r.  pi.  meivjilliisen  91 93,  admirahlet. 
[Mbrvbillosbhbtit],  merveillusetnent  do6i,  d^ane  ma- 
nière étonnante. 
MBRVkiLLUS.  Voir  Merveillos. 
Merveilli'sbiiert.  Voir  Merveillosembnt. 
Mes  669,  5190,  messager. 
Mes.  Voir  Mais. 

[MBSAAisib],  f.  pi.  nusaaiMees  7835,  mal  à  Taise. 
MBSàAXER.  Voir  Mesiesxer. 

[Mesaesher],  mesaamer  6888,  p.  pi.  mesaatnez  6808, 

fneins  aamez  1.  mesaamez  10186,  f.  mesaamee  (ms. 

mesamee)  11866,  blâmer,  apprécier  d^une  façon 

méprisante. 

Mb8aise  1117,    1991,  36i6,  3638,  63i9,  génfi. 

souffrance. 
Mesauer.  Voir  Mesesmer. 

Mesavemr  8676 ,  pf.  3  tnesavini  1 373 ,  arriver  malheur. 
Mes\ve?(tl-rb  t356,  9606,  9909,  malheur. 
Meschaeir,   meschaier   5 163,   pr.  3  meschiet   7161, 
pf.  3  meschaï  6876,  6038,  sbj.  iinpf.  3  mesckaùt 
1 1731,  tomber  mal,  niiissir  mal;  gér.  f.  pi.  mes- 
elieanz  1378,  malheureux. 
[Meschaeite],  pi.  mescheeites  1378,  mauvaise  aven- 
ture, malheur. 
Me8chea?(cs  66o3,  malheur. 
Mescuekite.  Voir  Mesciiaeite. 

MEsciiiEr  3035,  3097,  9667,  11735,  pi.  metchiefs 
9000  ,  malheur,  méchef;  pi.  a  meschiés  3935,  pour 
son  malheur;  a  meschiif  (îhS ^  à  grand'peiue. 
Mbschinb  9006,  pi.  meschines  1073,  ii56,   7076, 

jeune  fille. 
Mbsco!<itbr,  pf.  6  mesconterent  5668,  compter  mal. 
Mbscrbakcb  5969,  infidélité,  impiété. 
Mbscrbirb,  pr.  6  mescrotent  9917,  ne  pas  croire,  re 


306 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


Mmn  ^79^.  ii^S^,  p^  t  mmcm  10107, 

Mfitcas.    proffr*   WÊÊmm.    qn   fest  rhaandilé;  (fig-) 

76^.  iZ^.  triste,  (iécoufjyé. 
Mcia.  ^  6  iifnwf  iSos,  cban^er:  auifirerttfi  iSsa, 

Aayr  <i«  pbee.  f^rârt  m  potilion  de  balaillt». 
Mrcîi  i^/s,  Ss9^,  départ,  ^p^fition. 
Ifcf,  f.  «Mnt  ^517.  moid. 
Mil.  Toir  McE. 

MfiA  1195%.  pi.  mudt»  ^i^î.  mole. 
Mctcr.  pi.  Mflifs  16%^.  muirt 


I 


; 


Mnj.  Toir  Voct. 

)lc9»B.  Voir  Mo9»t. 

Me».  pL  mnd»  1675,  9781  (riaie  afoc 

loSdS  (de  méfoe),  amleL 
Met.  Voir  Mra. 
Mcfta  :   pf.  6   wuutrmt  ^997,  58ii,  penifv 

tmpt,  OMiocr. 
IfcsTiBCT,  pi.  mmt^btz  10019,  ^^<^  <I^  ^^ 
McT.  Voir  IfocT. 
McT09.  Voir  MocTOs. 


5irB0,  mf I ri   3876,  pf.  6  mmfrtttmi  1S17,  pi.  s.  imh 

Jinez  64^1,  bi<M«r. 
51  MA  :  m  mmg€  ^7^f  en  lugeaot. 
l'^A^foo].  pi.  <.  t^fér  i93o,  runeor. 

5lt*fKS«  VlMf  5i«IOt« 

5(ft4iuii^S6.  s  1 .798 ,  transporter  en  boleaa. 

^Affft.  Voir  5ktiu. 

^AÎr,  fMcr#  9999,  tMtiff  mUn^L 

\iWfBi  i/mremi  met»  399,  Doqoireol. 

3(tfrM  11688,  qoaiité  satnreBe;  is5o,  iss66,im>- 
Meiie  oatoreHe;  d  awwt  de  nmtwre  7098,  i«  ^ml 
4^nr  nmimrt  1  o  ^92 ,  1^  gens  dénaturés,  les  infidèlet. 

5ifif ,  maâc  ISO,  féiD«  $09,  539,  9^9,  flotte,  en- 
•emblede  navires. 

3ÎAVIBS  so85,  comme  \atic« 

^ATBEa.  Voir  Niranu 

5i.  Voir  Nos. 

Nt  :  n'  so^^i,  mais  lu  t/  non  élidé  9o&5  (ma.  rî/}, 
ni:  n«  ^u^  275^,  et  <{oe;  ii«  ^aHW  grm  65i6,  et 
qoi  n*était  pas  fort  gros. 

Necissaibe  :  aer  ehmet  neetuMÛt»  3697,  sea  p«ties 
bonteuses. 

Nef  577,  s.  rdef  i333,  pi.  ne$  3ii,  487,  5^7,  na- 
vire. 

Non,  impf.  3  nmot  6969,  pf.  6  iMtereal  âo85,  p.  s. 
noMz  3956,  se  noyer,  noyer;  (fig.)  p.  pi.  8.  noie 
7518,  looio,  perdu  (dans  une  foule). 

[Ncna],  p.  neutre  naié  10016,  nier. 

NiiF  7803,  liai 3,  n^ 6067,  neige. 

Niia,  f.  neire  9790,  noir. 

Xais  11906,  ntt  1069,  9836,  6967,  même. 

NiH.  Voir  No5. 

NaroBoniiiT  853,  i3oi,  19979  9889,  9960,  3379, 
36o3,  609&,  11961,  néanmoins,  nonobstant. 


Naaré,  Doireeor;  (ûg.)  isjiiô.  Irisiesse. 

.\is.  Voir  La. 

Nascs ,  f.  memute  7900 ,  aucun ,  nul.  Cf.  Ni 

N ar ,  f.  mette  5o58 ,  net ,  complet. 

NacL,  a.  nciUf  6o93,  nul.  Cf.  Ncl. 

Netlc  5763,  broailbrd. 

NsfEC.  Voir  Nbto. 

[Naro],  aarr«  9379,  s.  nié»  900^,  9o55.  pi. 

9779,  neveu. 
TfïïMt,  Voir  Nivo. 
NiiF.  Voir  Nef. 
NiBST,  disjilab.,  rien  :  qmil  terveit  de  nient  36,  qui  ne 

le  servait  pas;  nu»  por  ment  greimmr  dentmmde  lâa, 

il  serait  otseui  d^o  demander  ime  plus  gramie: 

^r  nient  le  éemanéez  9660,  ne  demandei  pas; 

nient  fu  de.  .  .  enter»  7799,  nient  fmd  de. . .  mrtr» 

7878,  on  ne  peut  comparer. . .  à. 
Niés.  Voir  Nevo. 
Nis.  Voir  Nbîs.^ 
NoiLX.  Voir  NoAcz. 
NoAcs.  Voir  Noaci. 

[NoACz],  fMNi/z5i8o,  noam»  7536,  pi& 
NoMLB  1 1&39  (rime  avec  nie),  de  noble  famille. 
Nosa,  gér.  «ooiil  1 1 1 1 9 ,  nager. 
Noiaa.  Voir  Nbieb. 
NoiBB.  Voir  Neibb. 
Noise  109,  687  (noue  au  f.  688  est  fautif).  70S . 

1593,  noise,  querelle  tumultueuse. 
NoisiEB  665i,  faire  du  bruit. 
Noiz  3791,  noix  de  Tarbalète,  Tendroitoù  est  arrêtée 

la  corde  tendue  et  où  pose  le  carreaa. 
Nom.  Voir  Nojt. 
Nom.  VoirNo5. 
NoMaaEB  3666,  compter. 
Nombbme:<t  9716,  11 369,  19069,  nominati>-anent. 


f 


f 

I 

9 


f 


4 
I 


50$ 


LHISTOIIU-:  DE  L\  GCERRE  SAINTE. 


Oet.  f.  c»n/(f  87 n.  f.  pi.  nrée»  3^3^,  sale,  impur. 

0$ciR  :  rr*^»v  041'Mr  -^p^y»  «MP  ol><*:ur :  crfunet  oteure 
Siig.  cnuam*^  erroné^,  contrair*'  à  la  lumière,  à 
la   %**nl«f;  la  i(tut  oncmrc   734  j.    Ut  gi^nt  ntcmrt* 

Oit  3!^-*Î7,  33.?»>,  au*bci^ii;  les  f>;ens  brares ,  liar\li<«, 

lél  ''t^t  tMkrt  Ôi'^io. 

•  KiT,  f«?m.   '1  o  ! .  ï o  '1': .  *.  r'Mt  ."ÎH I .  ;i>» .'1 .  '1 1 3 .  \3 1 , 

ê  é  mr  ^  mf         ê  * 

#i'/  'rraaf '>4f  -»-»*n  I  **33*»  I.  li  iri$  «1  /'njf  .  p\.o*tz 
!.'**.).  -«rtJtô.  L'rn)H.?.  iMiupo».'  o»i  «Ml  mairh*.*. 

HsTiCE  :  •'*  f*ta^i  5j  4*.  K'U  olajji». 

OsTi'-isn.  ff.  h  •ista-ji rrrnt  i-j.'i3l.  f»iirnir  ilv*  otaf^ 
pour  iji-  {ijifiin. 

OsTE  1 0 1  •:>  ! .  hi'le,  cbir;j»*  J-?  l.i  gji«i  . 

OsTCL  •■*  j'.«.  "i*j.  IwliiLlîion   L:i.»»iM.ir»':  miA  'jr^iuift 

OfTEsn.  pi.  'Mlvnns  luôi  <.  Hi-îk*  étotJi.'  Ofio.'itaio. 
*.'>p)a.  pi.  'jtt'ri  io'j**.  aut'iiir. 


eitès.  vio- 


fhiciEB,  pf.  3  ntrifr  9769.  «Irns  3755,  sbi*  pr.  3 

oimt  768,  acmrd«*r.  donner. 
Utiiu.  Voir  OTBiin. 

Ol,  oÎi  :  3:î09.  r/iSâ.  M  76.  M  71 1,  €0  qiâ. 
Oi ,  t:  3Go,  ou  :  ■  qwi  p9i  en  «t  on  phmté  90.  ifoU 

y  «^Q  eût  ou  peu  ou  heauroup. 
[Orrii»!,  oltmge  7^9.  6i7><.  •>'»^9. 

[OiTBEBJ.  iinpf.  3  o/fml  73Ô7.  lerra«r»r.  vaii 
niE...  Voir  MiiEC. 
OfBCQCis.  Voir  Ôfrtc. 
Ote.jiej».  Voir  OfCEi;. 

t.^VRlIG^E  0Q(^.    l3('t3.    4Qâ3.    19^%.    a4|Q&. 

ti.'O,  fem..  cnivr*,  alTain\ 
0-<iim.  Voir  Otbiio^e. 
l)*Bï.  Voir  L'bvrb. 
OvRiB.  pf.  ;t  09rrt  ^70.  tra«aiil«T.  agir;  orr« 

59ÔÔ .  a'*romplir  d»*-  ppou»*5»>, 
[OfCBi:!.  *>r»fc  1 175.  *>rt»*ptn  676. 1001. 1 166.  i«63 

attqHet  763.  or.'tvy»!'*  370* .  a>ec. 


Piii^.  Voir  Pi  B^. 

Pabi^isb*.  Voir  PiiLti^is. 

PiELE.  rL  purh^  3«^46.  l»i^«*. 

PiE''.  Voir  Pu!'. 

PiEMZ.  Voir  PiîEii!. 

Pic-Tsr.  ô'i7^  :  i-:  •■"■iîTi*  •  l'iipikb»?  tie  n'<;ocmaitrî 
\*-\  ■  n  îopm»'  i»*  u^ntrt .  À  p***!:  u*i^'*i n  est  ««an- 
•iin;t  '  j::  ^v  i?  r-  :i»?  lif  poftn.  f-  "-aît»  p.r  une  sin- 
;nj|'.iT     *ub**i'  '.!■  n  «i     ■»i:lli\'*. 

P\U>IS.    V.tr  PtlE^lE. 

Paie-»    .ri.  wf«w»  »  j .  -inyA .  f.  paais-i  i^^s  'i .  paK'Q. 
•lit  nnr  'vtt^nicion  iJ»m»  mo^uimans. 

'  pKEMB  .  ptuni"  31^6.   >)6>.  pautftte  b396.   «Iu- 

nraine  «i»*9  païens,  tl^s  diusuîoijqs. 
Piie>isie".  rfttftiti*m-*  .'j^iii.  enâi*nib!e  Je*  paieii-^. 
«^5  inrtd**l'?. 

PuBR .  pa^er  :  «f  U-iunt  j  ptfàp  q«>%!^  1 .  r^it  <-<wit»'Dt  :  iroo. 
If  s  •MwtfMt  »»3o3 .  !e<  tnppaior.l  :  cii  /'«nf»/  de*  ««H-» 
^tVf  1 1  v'».  iU  i>*fup'nl  un  U'aii  s«m\=Miir  -li»  rwces. 
al'u-iio:!  rr»>iiinie  .1  '*ii^i;p»  d»»  se  «louper  ;iut  noc*s 
il.>  >ouffl<;l3>  de^lin«««  .1  jnïvifr  J.ins  Te^i^iit  d«.'s  le- 
ii]oiii<  du  mariage  le  !H.hi\  «lir  de  rewt'ueii»»!!!  aur- 
quei  iK<  a!»i5iai**Dt. 

Pailb  1937.  p«//"  io5i7,  riclie  H**^v  de  wi»». 

Pii^E.  Voir  1**1^8. 


PftisTBB,  Doum'r  :  petae  1  ^9  iloit  un*  d*Mile  êire  cnr- 

rig»?  en  peuw .  n«^nm5se. 
PiLii.RE  ii«i'i.  'a  baiiti-  UT. 
Pïiii-  07'' .  ;■•»/"«  r>><rt,  60 \ .  77Q  1 1.  u  p,  poor  1rs 

p.   .  j^'.j:^. 

P\i^rE».   '  1.   î.   ••  •j'i/f'f'.i-nl   II  loi,   livrer  d?»   fi^Hife» 
c.-aîlirfS.  •.■■i<'.:rM"U'*!i<»r. 

PlLUE-  ^      r  P\i  ^i. 

Pi^Ti.  [»!.  ;. '?'"/■«  .'i#ai.  coiis-in  pl4ee  s«?i»  la 
du  rfa.na!. 

Pi-iB.  p»»'r  119:!.  pefir  3i37.  pomr  ja-st.  ^.►ii, 
îi.j»».  i\.  peiirt  13-î'.  j-i^îir. 

P i r.  i-io ,  'i 3ô .  -Ir. .  p;»r :  eheK*m  p*»r  $^  Tii  1 .3 . 
rwil  de  SiMl  oHr?:  (o(  ^-'r  <^.i  Q31J.  a  »r«t 
^«*  «'r«  fW  p»»»;  .')^>*i.  entr»»  leurs  piv'ds:  pmr  é^ 
ihttt  yaning  in^i7.  en  -ieMi  jwr*i»*-:  pir  len  folem 
tht'9»-hin'*$  '<jrt'i.  'Ml  pajKïant  par  ch^z  les  tille»  de 
j'»:-?;  r'-rr  ■2'^,  t'*u.  i*^' <î .  pris  ail%''!'bi.tK*Tnent  et 
•«•^nrarît  à  r-nfonv'-r  r«»!»edif. 

PiRi-^E  3»>7"i .  eti*..  finiiM»»  n«»M.«. 

PiRi-i«iiER  3iS.'î.  ^•irt.i'ip.int .  •'opi.M.'i«>><eur. 

PtRiiMTEi   '5^»^i>.  aWie*  T  lie  nmter. 

PkRD.«^   17.  i.'.j,  i•^^l^JlMl  ■«■  3i- -lpI».-  iw-  |p  i>apn. 

Pi»j<R\iLi  •»t^7.  eli*pn»»l. 

PiBEt:  »  slj.  pr.  3  p^tf  liVW,  parairn» .  ^^  Êhtp  vq- 


PmrmcB  877,  pareille,  ffliiiille. 

PiRiKiiit.  Voir  Pu  ICI  En. 

[Piwoiinxci],  parfondetca  1 107 A,  proromloiir. 

PABfOSmsCB.   Voir  PiMOSDBCI. 

Pj«ïost  3871,  {.  parfoniLi  m 7,  profond;  mparfonl 
11607,  proroadément;  aAi.  par/ni  Cit3,  SSbij, 
prorondément. 

PiBrnnMn  hbGi,  achever,  rooroir  juïC|n'*ii  lioiil. 
PiELA>ci  â6s,   iUâo.   6653,  discours  (]ii'aii  IJciil 

PinwjfEST  III.  iï3,  i55.  «57,  6âu,  1775.  i79i> 
1793,  5o'ii.  conférence,  rendei-voiu  pris  pour 
ilisciiler  une  aOàiro. 

PiHOlB  ;  parBle/mn  36a8,  parier. 

PAlPti^DiK.  Voir  PiiPoiMinl. 

Pafipoibdm,  piquer  i  l'aiguille  :«oi(eipnrpoJfirH  i685, 
milla par/itiinM  loBsi,  couvcriures  piquées. 

PiDPoinT  3568,  3573,  fi.parpainzgTjS.dabltipen'- 
panz  4981,  vélemcal  piqué  qu'on  portail  p«r- 
desaos  le  baubcK. 

Pinsltaï,  pf.  6  parturtM  10700,  pOursuî»re. 

[Pahwme]  :  a  la  ptnomt  hk%Z,  *  la  lin  du  compila. 

P»»T,poil!  quel  part  483,  aggi.dcqnol  tM;iU  dit*' 
cane  part  19D& ,  de  touscâlét;  dfpurt  lecanU  81)76, 
de  la  part  du  comte;  de  part  Ihu,  A83.  au  nom  de 
Dieu;  dt  part  Dm  tt  di  part  h  rei  J'Emglêltrt 
547»,  de  la  part  de  Dieu  ul  du  roi  d'AngleUrn'. 

PinriE  :  d'autre  piirlît  si^h ,  d'aiilre  part;  dt  dtui 
parlât  9894,  dn  dpui  cités;  ctlt  partit  3738,  de 
ce  eàté;  a  ta  partis  hiao,  pour  lui. 

PisTiR  5ô6s,  pf.  6  partirnU  lulii,  &3og,  cond.  6 
partireieiil  370,  partager;  mn/l  i  ol  panlti  partitt' 
9)3,  il  y  eut  beaucoup  de  paroliw -A;l^1^gées; 
p.  pi.  s.  parti  looh,  séparés;  pt.  6  ir  parlirmt 
GÛ8,  partirtnt  910.  cond.  6  ^xtrliraiVul  a  198, 
|>artir  (înlr.)^  «I  poi-ntr  CBo,  au  inonietil  dfiln  té- 


i3so, 


Pis.   pas  :  ann  petit   pm   11)67,  Ipnlemcal; 

passage   en   mer;  «771,  5887,   pana)^-  dani  les 
moulaj{ues. 

Ptscm.  Voir  PisquE  ani  Noms  propres. 

Pasuauc  :Wis,  pa.Hgsge;  *93G,  &U91,  spédalnncnl 
travenee  de  la  tuer  d'Oecideul  en  Oricul  par  le» 
croiai'si  3^07.  &093,  moment  faiorabte  A  celte 
traversée;  336o,  arrivage  de*  ci«isi!S  par  mer. 

PissiHtiiT  A97,  panage. 

PisslK  :  l'en  piUÈa  1  89 ,  passa. 

(Padmi],  paume  de  la  main  -./alirai  palmei  5Hai, 
tomber  à  plat  *ur  les  maioi. 


IRE.  Ô09 

PigMiin  9815,  pËI-?rin  qui  a  fait  Buii  ro)«gi!  et  rap- 

poi'le  des  palmes  de  Jéricho. 
PiuTu.iiia   3373,   coquin;   Uni   nieil   II    Uni  pau- 

lonen    &99&,    tant  ce    tempt'U   éUit   micliani, 

PittiLLon,  pt.  pavtitloii»  As  A,  tente  roude. 

PtriMiiiT  9334 .  pavenienl. 

Pacatkp,  pf.  3  p.Yin'a  ^00,  p.  f.  prchât»  i6ai, 
pefuie»  fi8i,  hri»i>r,  mettre  en  pièws. 

l'toiiEiEn.  Voir  Pxcei». 

Ptcuii  :  ço/upprUn  âaS.  ce  fat  un  mailieur-  , 

Peçoitn.  Voir  Pécher, 

[Peihe]  :  irt  an  painr  ill  3699,  l'eSorçail  de;  B 
pai'iM  38,  36ou,  i  grand'peiDC. 

[Psion],  pior  7876,  pire. 

Peis,  ce  qui  pèse,  ce  qui  contrarie  :  wr  lêpmi  1 090, 
malgré;  «or  lar  peii  9o3i,  tor  lerpaù  8^71,  mal- 
gré eut. 

Peebe.  Voir  P.iidtre. 

PuTiiLLE,  pt.  paifoiflM  33t>^i,  sorte  de  vase. 

Peu  3B«&,  p.ni. 

PsLiHia  3go,  etc.,  pèlerin;  ^éeisleiDcnl  craini. 

PELinnini  7oi'i,  ptregrmag*  6371,  7o5<i,  pHeri- 


nage,  < 


isade. 


P■l.EEl^E  [)Cg6,  pi^lerinc. 

PïLTEEB,   pf.  G  pelfrerent  loSÛ.Î.  p.   f,  pnj/jw   Hili. 

piller. 
PiLicE.  fourrure  :  «  lor  prlùca  rnijiuirBuent  &3A5. 

peut-être  :  ils  eonsullaienl  le  loK  on  amduuit  des 

poili  da  leur»  «ïteinnnls  de  fourrurr. 
PfUscB.  Voir  Pelice. 
Pellk.  Voir  Pkle. 
Pekïh,  pendre;  pnir/rt  37n3  et  pmJriti  3-jilt  aoiii 

pïut-ctm  allMs;  ipt  que  a  feil  Ini  paidoU  1  i83u. 

ce  qui  allait  lui  arriver;  gui  devant  In  tilt  li  pm- 

doiettt  i93o3,  i\m  allaient  lui  arriver,  qai  vUi«ni 

immiucnls. 
PitiïB  :  le  peirni'  g68,   iu8G,   Iii7,  -1967,   l&A*. 

3oio,  s'efforcer,  le  donner  de  la  (loine. 
Pekitocieb  -./iirtut  p.nîteaeir  hUgt,  ils  rofurcnl  une 

pcnilence.  Il  faut  ajouter  puît  ovaut  /iirrnl,  pau- 

ItiKié   ne   devant  sans   doule  compter  que  pour 

quatre  «)  Il  abcs. 
PEUonctt,.,  pmaïKilibga,  8a5,  &63â,  et«.,  petit  ilni- 

peau  atlicbé  au  haut  de  1«  Itnca. 
Pnos,  (ImriouiiMit :  la  «muuiw  praon   itBG,  la  it- 

matne  penuta  8348,  la  (emaine  Minle. 
pENM,  pi.  jwntja  9193,  peiiaév:. 
l'Mtii'^  8Aia,  pentve. 


.:!•' 


LHISTOHSE  DE  LA  GLERRE  SAINTE. 


9^n*«^  àf  ii^o.  «*  i^nocnj^  de, 
a;  •■_•  -.*-•.  >. 

r-»^  >^.«t*^*  ^•7->.  !■:•  !:ofr.nj->»  4  pi*»!. 
Pii.«.  '•  '_•  P»'>i- 

Pu-  -r»: .  «■  •»  _>-   i.'  i    .  corj  p*r»'l. 
Pii«:ii.  p*.  ?  rîA«  i-'>i.   i'j"'i*.  fD^orc  de  loa- 

Pia..J:is.  V.-,ir  Pe4i.iu. 

Pli.  ;ci.  :>*rrAf:  wi'iau  pe'iiu^ê  J43*.  main»  Ury?- 

Pu»«i  7<>^''    ir<^'*-  -r^.  f^^iUr»  :  airiol^iro-nt  :  fH*a2  a'i 
^iixt^n:  :r^i\.  qii'iU  n'j  rpr*>4i*v«*Nit  du  doin- 

Pl»« .  t.  9^rT»  ^,-.  ^i»  (4^.  îoi.  pi^ea  fjij ,  p*rr*. 
PII1..E   .  >T*9r*  Z*'ê'/'à.  parc 'y .  mol !***<:. 
Piii«'.ru  .  pf.  r  ^r-j^-k^-ni  3<^ j ^ .  «r  monlr»*r  mou. 

Puir..i^.  i.p^trfttte  ^rMr*cj.  f^r^w/iê^i  Ô677.  ID4U.  «ao» 

Pes£i;/>}EHL'«7  ^«171.  p^^ruêtn^mt  7  .O7.  mo!l-  ntftaL 
Pu£i;r>iBnT.  Voir  Piik^o^eie^t. 

PllE<.im<'.E.  V'^ir  PiLEIMi'jE. 
PEIE.-.!.    Voir   PEIEf.B. 

Puft.«<o«.  Voir  pEIEÇr^. 

PnjiiE  Z'j^i,   1703.  ^735.  'j76«>,  y^'i^frt  i83o. 

p0ftwetrm   3^3o.  p'^nert  i5ao2.  pi.  ymtrts  5337. 

35îa.  i^i-î.   154Ô.  ôi'»'.  p^rrrfg  'J2i3.  ^713. 

i<) i  j  . p>ifrtfr»  Zi'}fj .  yirvfT^t  3  1 4  i ,  pierrirrrc,  nia- 

rbin-^  .«  i^tver  d  ri  pi-rr».-?. 
Peiibiie.  Voir  Peciebc. 

Peiiluei.  pf.  0  ff^-ilUrent  J77.  -tr».-  victinio  d'un  acci- 
dent: p.  pi.  i.  ff^tnlUz  l'x'Ài,  5.  perilliê  laaoô. 

naufrage. 
PmE.  Voir  Peae. 
Peuieke.  Voir  Pekieke. 
PsR»  -^9^9.  bleu  foncH.  violrL 
pEB«ccrciO!i  9^16,  inrnrtun<». 
PsB90«E.  Voir  pLlSOIE. 
PiB«o!iB   :   que  pînone  etptrdme   3989.   comiiK^   un 

homme  bon  de  lui. 
PiiTi:»  ^990.  trou. 
Pisiici  71.  834,  cha^n.  ennui. 
pESU.  p.  pe9e  1093;  sbj.  impC  3  peuut  i9o3.  p-  pt*ê 

109^.  être  désagréable,  déplaire  :  ger.  s,  petanz  1 6 4 1 , 

rud^.  p>^nible;  {,  petanz  39  35.  pénible,  fâcheuse. 
[  Pesle  mbsle  ] ,  ptlle  mette  9 -j 90,  (>ék^mèK* .  embarras. 

Cf.  Mbsli  peslc. 


Petit  ^503.  peu. 

Petitet.  f.  pi.  petiUtteê  iSoO,  933o.  |»eiiL 

Peîi.  Voir  Paoi. 

Piciici.  pi.  ptckieru  388,  pot.  cnicbr. 

Pli.  pied:  pletn  ptê  p^rfemt  33^9,  à  h 

J*iin  bon  pied:  fM  mm  pw  m'a  pêt tn mi    5^79, 
qu'il  D^  m«*(lnit  pa^  les  pieds:  (6g.)  pkê  €m 
h35o,  sur-le-champ. 

Piiçi.  Voir  Piici. 

PiiCE  :  mmf  ptece  7809.  84Ô9.  un  espace  de 
piee'a  9^37  (  éd.  pteeû  > .  ^Cki?  ,  j  1 46 .  d9o6 « 
il  y  a  un  certaiu  temps,  d'^is  un  certaio 

PiiiE.  Voir  Psai. 

PlEBEBI.  Voir  PEIICII. 

PiEiiEBE.  Voir  Pebiebe. 

PiLiT.   3765,  60Ô1.  pi.  pliez  9171.  3793. 

6067.  s  pUi  707,  i53i.  trait  d*arc. 
Pisasi  s8i^.  pincée. 
Pioa.  Voir  Peiob. 
PiBiEBE.  Voir  Pebiebe. 
PiTEos  19066.  plein  d*alteniirusew?nt. 
[PiTos].  puut  333.  digne  de  pitié,  atlendrissaoL 
PiTt*.  Voir  PiTo*. 
Pu.  poitrine  :  U  ^ro«  tUl  ptz  4971.  la  poitrine  b  ou 

elle  e*t  le  plu*  larg*». 
PLiiBiiB.  coni.  3  piatJereit  919.  piaiderfMt  9^9.  aller 

devant  de^  ju;{e<.  plaider. 
Pllie.  Voir  Plue. 
pLAKi.^E  11917  -rime  avec  nuMUa^mn,  ploime  6110 

■  rime  avei:  ckampaine.  ckaimpaigne  .  plain<^. 
Plii5.  ^/fiiii«  0*^3  4,  ^936,  pleént  6S7>.  pUine. 
Plai*.  Voir  Plei^. 
Plame.  Voir  pLiiosE. 
Plai^eb.  \oir  pLilSSlEB. 
pLiiïiEB.  Voir  Pliissieb. 
Plaisib  :  t&m  pUuir  1 153.  ce  qui  lui  plut. 
[  pLii>?Eii  \ .  pUtsetz  6364 .  clûlure  de  branches  eolrv- 

lacées. 
[Plussieb],  plûuwr  :i933.  plattereni  6994.  pleine 

9o3!.  domtiler.  accabler,  ruiner. 
Pliit. pleit  ^o*j .  discussion:  n  pUit  ternir  1 976.  960 1. 

parlementer. 
pLEbE   53 i3.  caution:  pi.  s.  plep  03 9 7.  perwone 

qui  cautioime. 
[  Pleib  j .  plau  1919.  pli. 
Pleii  :  a  plf\n  i63i.  a  platn  9497.   it375.  tout  a 

fait,  sans  restrictioii. 
pLEn.  Voir  pLAn. 
Plei^ub.  Voir  PLii^àiEB. 


502 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUEIIRE  SAINTE, 


LcGiER,  léger;  de  lef^ier  1966,  QogS,  9703,  facile- 

menl. 
LuAL,  pi.  s.  leal  7G9,  loyal. 
[LsiA^iCi],  Uanee  /1868,  ollégoanco,  engagement. 
[Leuume^it],  Uaument  870,  loyalement. 
[Leiacté],  Haute  177B,  loyauté, 
[Leibr],  lier  108^1,  lier  :  ti  com  il  lie  7878,  autant 

qu'il  embrasse. 
Lbissier.  Voir  Laissier. 
Leorardie  /1608,  9660  (ms.  len  naudie)^  maladie  des 

croisés  à  Acre,  que  le  Iradiiclcnr  latin  appelle  ar- 

naldia, 
Lebme  3G8a,  839/^,  larme. 
Letre  975,  2181,  35^6,  5588,  5589, 10950,  écrit, 

document  écrit. 
Letcarie  io5a6,  électuaire. 
Lec,  s.  /91/s  iiaaS,  loup. 

Lever,  p.  s.  levez  957/1,  f.  levée  630,  émouvoir,  sou- 
lever; impf,  6  levaient  OaG,  pf,   3   leva  it363, 

s'élever. 
Lez ,  côté i  lez  a  lez  1 1  aS6 ,  côte  à  côte. 
LiANCE.  Voir  Leiakce. 
LiAUMEiKT.  Voir  Leiaument. 
LiAUTÉ.  Voir  Leiauté. 

Lié,  s.  fe  3057,  pi.  s.  /te /i 3 a,  1018,  A090,  joyeux. 
[LiEis],  /toit  386 1,  pierre  de  liais. 
LiiR.  Voir  Leier. 

[Lieu],  liu  3751,  pi.  lius  3106,  place,  rang. 
[LiGECs],  pi.  ligeicet  18A,  possession  lige. 
Liois.  Voir  LiBis. 
Lio:«  :  baniere  al  lion  1 1537,  bannière  portant  Timage 

d'un  lion. 
LiPE,  lippe,  grosse  lèvre  :  a  qui  toz  jorz pendeit  la  lipe 

95o8,  qui  faisait  toujours  la  moue,  qui  étail  tou- 

jours  de  mauvaise  humeur. 
Lie.  Voir  LiBo. 


LiDUE  1597,  6/199,  9306  (rime  avec  y UMf),  \À,liuuet 
65^8,  8933,  8395  (rime  avec  tu.'fft),  liuei  i665. 
7611  (rime  avec  iriuuet)^  luet  10617  (de  même), 
lieue;  mi  liuue  1597,  mais  demie  (ms.  detni)  liuue 
6/19*!. 

Livre,  s.  livre  71 35  (rime),  mais  Uvre*  9608  (rime), 
75/14  (rime),  livre,  source  écrite  consultée  par 
Ambroise. 

Livrer  :  livraient  ententet  9939,  donnaient  de  Toccu- 
|>ation. 

Loer,  louer;  te  loer  1060,  se  louer,  s-»  féliciter;  pr.  1 
lo  8701,  cond.  6  loereicnt  7766,  approuver,  con- 
seiller. 

LoGiER  5630,  pf.  6  te  logierent  3891,  9896,  camper, 
s'installer,  propr*  s'établir  sous  des  loges  ou  ca- 
banes de  branches. 

LoiER,  luèr  3694,  pi.  loiert  1 1599,  '*<(^''  ^^9^1  ^~ 
compense,  salaire. 

L01.1Z,  loin;  en  loinz  10645,  au  loin. 

LoKG  ]o65,  selon. 

Long,  s.  Iom  35i8,  de  haute  taille. 

LoNGE3iE.1T  3449,  3'is5,  5637,  longtemps. 

LoR.  Voir  Le. 

LoREs  34,  79,  38o,  etc.,  lort  188,  etc.,  alors. 

Los  4666,  louange,  gloire;  al  loi  993,  d'après  lo 
conseil;  a  lor  lot  7770,  d'après  leur  conseil. 

Lo8e:«ge  io456,  flatterie;  74o3,  tromperie. 

[Losengier],  f.  lotengere  ti US,  menteur,  trompeur. 

Lue.  Voir  Lici  e. 

LtËR.  Voir  LoiER. 

Lues  1  i85o,  aussitôt. 

LuiEn.  Voir  Loier. 

[Lciserke],  Interne  i938,  lueur. 

Ldmisaire  3375 ,  éclairage  ;  (  fig.  )  9498 ,  enthousiasme. 

LuR.  Voir  Le. 

LCSERNE.  Voir  LUISSBKE. 


M 


Maaille  5343,  la  plus  petite  pièce  de  monnaie,  demi- 
denier. 

Maçagre  4790,  boucherie;  3090,  4o4o,  11977, 
massacre;  la  m,  4790,  1 1977,  mais  lait  m.  3090. 

Mage  4855,  565i,  3oii  (rime  avec  place),  pi. 
macet  6395  (rime  ùvec place»),  65o9  (de  môme), 
6549  (rime  avec  bracen),  mass<^  d'armes. 

Madle.  Voir  Masle. 

Madré,  s.  madret  ^844,  sorte  de  bois. 


Maex.  Voir  Meien. 

Mauaigmer  4955,  pr.  3  mahaine  6896  (rime  avec 

compaine),  estropier. 
MiHOMSRiB  9975,  5'j43,  mosquée. 
Maie5.  Voir  Meiek. 
Maw  :  prendre  en  main  3689,  entreprendre;  avoir  a 

main  5999,  avoir  à  sa  disposition,  être  sûr  de. 
Main  7871,  malin. 
Main.  Voir  Meien. 


GLOSSAIRE. 


503 


Maihdbi.  Voir  M  as  un. 

Mairb,  grand;  épithètc  de  renipereur  Charles  Iranii- 

portée  par  asainiilation  à  d'autres  héros  :  Richarz 

U  momM  11938. 
Maiks.  Voir  Mbitis. 

MaIKT.  Voir  MB!<iBR. 

Maimtbraht  aôaa,  meinteMmt  ^70,  à  ce  moment-là, 
aiissitôl. 

[MaiktbhibJ,  meintenir  17 17,  défendre,  maintenir. 

Mais  :  »«. . .  nm$  176,  ne  plus  (au  sens  temporel); 
M...  maù  h'jû,  pas  plus;  meit  3656,  ^a  mei$ 
1867,  onc  meit  1 1667,  jamais. 

Maisrîbb,  inaisnee  gS,  meiiniee  j  o3  ,  pi.  meisneeê  358, 
lamillc;  maisnee  1917,  2971*  ^617,  pi.  tnaiênees 
1801,  meitneeê  1603,  familiers,  maison,  entou- 
rage intime. 

[Maistrb],  mettre  8608,  principal,  en  chef;  ti  mettre 
3995,  si  habile,  si  fort;  f.  titr  mettre  9995,  tour 
principale. 

Mal,  f.  maie  669 ,  mauvais;  maie  A809,  difficile. 

Mal  :  par  mal  8176,  dans  de  mauvaises  dispositions, 
en  mauvais  termes.  Cf.  Mar. 

Malaob  a  609,  maladie, 

Malaîçor.  Voir  MiLEî(:o.\. 

Malbailur.  Voir  Maubaillir. 

Maleeit  9097,  6989,  maudit. 

[Malbïçoh],  malatn<m  533 1,  malédiction. 

Malbmbnt  998,  951)9,  /i336,  mauvaiscmont. 

Mal|B  :  a  champ  malé  ioo38,  propr^  dans  un  champ 
clos  et  avec  des  conditions  de  bataille  réglées 
comme  pour  un  combat  judiciaire. 

Malmbtrb.  Voir  Maumbtrb. 

Maltalent.  Voir  Mautalbnt. 

Malvais.  Voir  Mauvais. 

Malvbis,  Voir  Mauvais. 

Maragb  695,  menace. 

[Mar acier],  manatcer  'jtih,  iuipf.  G  inaneçouent  608, 
menacer. 

[M AI» aide]  :  por  sa  nieitnade  3/198  (rime  avec  laide); 
peut-être  faut-il  lire  par  ta  manaide,  par  sa  misé- 
ricorde. 

Manartib  :  pi.  manantiet  9070,  richesse. 

Mam attise  9099,  richesse. 

Makascbr.  Voir  MA?(\ciEn. 

Mandement  9/161,  convocation. 

Mander:  p.  mandé  3/19/1,  livrer,  renioltiv. 

Manecier.  Voir  Manacier. 

Maneir,  maindre  9799,  iiupf.  3  maneit  i3H5,  6  tna- 
neient  i3oi,  pf.  3  mi'«e  /1/17/1,  89/12,  6  mettrent 


S975 , imttrent  ik^h^ demeurer,  habiter; prissubst. 

manoir  9i3,  habitation,  demeure. 
Manebe.  Voir  Maniebb. 
Mangier,  pr.  6  manjuent  11981,  manger. 
Mangonel,   pi.   mangonelt  ^1787,  mangonielt   3909, 

39i3,  mangonneau. 
Maniable,  s.  maniablet  11675,  agile,  adroit  dans  ses 

mouvements. 
Manier  :  f.  pi.  gem  manière*  399/t,  gens  adroits, 

exercés. 
Manière  :  en  manere  6998,  dans  cet  état;  de  mult 

grant  manere  8990,  très  riche,  très  beau;  de  ma- 
nières i589,  de  pinson  manieret  896,  de  diverses 

sortes. 
Manovrer,  p.  f.  pi.  manovreet  }o59A,  travailler  à  la 

main. 
Mar,  mal,  à  la  malheure;  mar  i  Jutt  venue  11 636, 

cette  expédition  aurait  causé  sa  perte;  mar  venu 

tumet  11997,  nous  sommes  perdus  pour  être  venus 

ici;  mal  le  virent  1097/i,  cela  leur  nuisit. 
Marc,  pi.  mait  1731,  1788,  marc,  poids  d^argent. 
Marcheandisb*  pi.  marcheanditet  1 1791,  marchandise. 
Marcheant  A/175,  marchand. 
Marchié  :  gi'anl  marehié  /1371,'  pi.  hont  marchiez 

3/186,  achat  à  bas  pin,  bon  marché. 
Marcuier  36/19,  s'avancer,  faire  un  pas;  impf.  6  mar^ 

chouent  7896,  fouler  aux  pieds,  marcher  sur. 
Mabcbis  9^39,  etc.,  marquis. 
Mabescbal,  s.  maretcfiaut  5643,  maretchalt  6/196, 

maréchal,  propr^  chargé  de  la  cavalerie. 
Marbschaucie.  Voir  aux  Noms  propres. 
Mabi,  Voir  Mabbi. 
Marine  1796,    9397,    9693,   9873.   B897,  9967, 

bord  de  la  mer. 
[Marri],  pi.  s.  mari  9373,  fâché, 
Martibe   789a,  fcm.  9900,  tribulation,  souffrance 
[Masle]  :  madle  9/133,  mâle. 
Master,  p.  f.  mattee  91 55,  mater. 
Mat,  pi.  mai  935a,  propr^  mat  (aux  écliecs);  de  là 

f.  tnate  669/1,  77^9  *  ^^l^ltu*  découragé. 
Mater,  pf.  9  matât  9693,  vaincre,  dompter. 
Materie.  Voir  Matire. 
Matikbt  /1067,  point  du  jour. 
Matire  8,  ^396,  965i  (rime  avee  detfire)^  tnatirie 

965/j,  matene  9,  /t558,  sujet  d^un  récit,  matière; 

pi.  matiret  i93i6  (rime  avec  JUatiret)y  matières 

précieuses;  de  plutort  matiret  5oo9  (rime  avec 

Saletbiret)j  de  diverses  conditions  (en  parlant  do 

personnes). 

/i3 

IHrtIVKlIK    XATIOVALL. 


304 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


Malbaillir  :  p.  s.  manbailUz  11754,  f.  malhaiUie 
10178,  iio3o,  en  mauvais  état,  mal  arranf^c. 

[MALMETnB],  p.  r.  malmiic  113A6,  maitrailor. 

[Maitalem],  fnaUalent  i/iis,  colon*,  mauvaiiie  hu- 
meur. 

f  Maltais],  f.  uiahaise  ai5o  (rime  avec  aise),  nuil- 
t€iê90  13  93  (rime  avec  mctaise)^  malvei»et  5 18 
(rime  avc<:  «««»*),  mnuvni». 

[Mu»],  tfuiiVfi  10G7,  maian  fioç^^  (niuo.  avec  l*tm 
=  l'en),  main  80'i3,  moyen. 

MiivEs.  Voir  Mrîsiir. 

Mei\8,  tnaitu  3ii9,  moins;  au  v.  1018/^,  lire  mctaatHez 
pour  tneint  aatnez, 

MeI.STEJ*AM.  Voir  MlI.1iTE.>A>T. 

Mii^rexiR.  Voir  Mihte^ir. 
Msi!).  Voir  Mais. 
Meih5(A»e.  Voir  MA.-^dDE. 
Mbiii>eb.  Voir  Maismee. 
M1M51BB.  Voir  Maih^iee. 

Mbisme,  meîsmei  88^7  (rime  avec  </««*?«),   inewi!» 
30*)  1,    précis<$ment,  justement;    a  meùme   5809 
(rime  avec  pai'cwiim.*),  ù  portée;  a  tnewtms  d*el$ 
1 1^199,  à  portéo  d*eax;  a  fneïmei  le  Uu  io383,  à 
portée,  à  proximité  du  lieu. 
Melbg  G833,  713^,  mot  arabe,  roi. 
Melle.  Voir  Mesle. 
Mellee.  Voir  Mkslee. 

[Membre],  pi.  menbrcs  9199*  pièces;  pi.  s.  li  tnenbt-e 
al  diable  SU  16,  les  membres  du  diable  (c'est-à* 
dire  les  Sarrasins). 
Membreemeist  9886,  par  mémoire. 
[Membrer]  :  pr.  3  nie  menbre  3907,  je  me  souviens; 

mçnbree  1 1  o35 ,  renommée. 
Mb.>di,  r.  mendie  9660,  pauvre,  mendiant. 
Me.>drls.  Voir  Me^oh. 

Mener,  sbj.  pr.  3  maint  6,  mener.  Cf.  Merrer. 
[Mesor],  s.  mmdres  179,  pi.  s.  menur  10G7,  plus 

petit. 
Me^i',  pi.  rm*iiMZ365(),  iwiii ;  gent  menue  9739,  gens 

menues  336G,  gens  de  petite  condition. 
MsM'R.  \oir  ME.ton. 
[Meolk],  moole  iooG3,  moelle. 
Merc  35G8,  marque,  signe. 
Merciir  /i5'4/i,  borne. 

Merci  4 80,  miséricorde,  grâce;  la  tnerci  Deu  37/1, 
33  1,  338o,   iiGso,  la  merci  de  Deu  Sa&o,  les 
grani  merciz  al  Creator  5543,  (par)  la  grâce  de 
Dieu;  en  $a  merci  9o39 ,  â  sa  discrétion. 
Mbrciër  7G80,  remercier. 


Merir  3694 ,  p.  s.  mari  3733 ,  p.  f.  merie  9976,  payer, 

récompenser. 
Mbrrbr,  pf.  3  mTra  3018,  p.  8.  mteritz  8868,  pi. 
8910,  seulement  dans  la  locution  merrtr  U  duêil^ 
merrer  son  dueil,  (pii  veut  dire  :  se  livrer  à 
deuil.  Au  v.  88GG  lire  merrertnl  pour  iMnarfnl 
Merveille  3i44,  3i4.'),  chose  surprenante;  une 
veilli'  5o*j  ,   une  foule  énonne;   la    tnerteillê  dex 
enekeê  537,   '*  merveilleus4>   flotte  des  énéques; 
merveilles  ot  qui  4978,  celui-là  enterai  des  cboae« 
merveilleuses  qui  ;  merteillei  grani  3199,  merveUlen 
chalt  48/io,  merveilleusement  grand,  chaud. 
Mkrveillibr  :  tne  tnerveil  6973,  je  m*éinenreille;y4Ml 

a  merveillier  9897,  est  de  nature  à  émenreiUer. 
Mbbvbilliis,  f.  nu^rveillose  5o68,  étrange,  extraordi- 
naire; r.  pi.  meiv.'illuses  3133,  admirables. 
[Mbrvbillosbvbrt],  merreillusement  3oài,  d*une  ma- 
nière étonnante. 
Mrrveillds.  Voir  Merveillos. 
Merveillisbiert.  Voir  Mervbillosembtit. 
Mes  6G9,  5190,  messager. 
Mes.  Voir  Mais. 

[Mbsaaisié],  f.  pi.  misaaisees  7835,  mal  i  Taise. 
Mesaamer.  Voir  Mesaesmer. 

[Mesaesmer],  mesaamer  6888,  p.  pi.  mesaamez  6808, 

9neins  aamez  1.  mesaatnei  1  o  1 84 ,  f.  mesaamee  (nos. 

mesamee)  ii8^4,  blâmer,  apprécier  d^une  façon 

méprisante. 

Mbsaise  1117,    1391,  34i4,  3438,  43i9,  gène, 

souffrance. 
Mesaver.  Voir  Mbsesmer. 

Mesavexir  8G74 ,  pf.  3  mesavint  1 373 ,  arriver  malheur. 
Mesaverturb  i33G,  3  5o4,  9959,  malheur. 
Mescuaeir,  meschaier   5 163,   pr.  3  tneêckiet   7161, 
pf.  3  meschai  487/1,  ^^^8,  sbj.  impf.  3  meschmt 
1 1731,  tomber  mal,  nîiissir  mal;  gér.  f.  |>l.  mee- 
cfieanz  1378,  malheureux. 
[Meschaeite],  pi.  mescheeites  1378,  mauvaise  aven- 
turc,  malheur. 
Mb8Cbea5cb  G4o3,  malheur. 
Mescueeite.  Voir  Meschaeite. 

Mescuiep  3095,  9037,  3GG7,  11735,  pi.  meechie/s 
9000  ,  malheur,  méchef;  pi.  a  meschiés  3935,  pour 
son  malheur;  a  meschi.f  OUS ,  â  grand^peiue. 
Meschi?(e  30o4,  pi.  meschines  1073,  ii54,  707^1, 

jeune  fille. 
Mesco.'vtbr,  pf.  G  fnesccmterent  5448,  compter  mal. 
Mbscrbakgb  59 4i,  infidélité,  impiété. 
Mi8€«iiaB,  pr.  6  meeennent  9917,  ne  pas  croire,  rc 


506 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


MociER  379/î,  1  lÂSg,  p.  f.  muciêe  10107,  cacher. 
MccRB,    propr*   moisi,   qui   sent  rhumidité;  (fig.) 

768a,  8386,  triste,  découragé. 
MuBii,  pf.  6  muèrent  i5o3,  changer;  muérettal  iSaB, 

changer  de  place,  perdre  sa  position  de  bataille. 
MuiTB  161,  629^,  départ,  expédition. 
Moi,  s.  mut9  A3 17,  muid. 
MuL.  Voir  Mur. 

Mole  iis58,  pi.  mulet  9781,  mule. 
MoLiT,  pi.  muiez  168A,  mulet. 


MoLT.  Voir  MooT. 

M05DB.  Voir  MOHDK. 

Moi,  pi.  tifttif  1675,  9781  (rime  avec  ««îirt), 

io555  (de  même),  mulet. 
Mes.  Voir  MoR. 
McsKR  :  pf.  6   mutei'ent  A997,  58i9,  perdre  mm 

temps,  muser. 
McsTABBT,  pi.  muiabez  10619,  étoffe  de  soie  brochée. 
Mot.  Voir  Moct* 
MoTOK.  Voir  MouTos. 


N 


Naciok  i335o,  naissance. 

Nafrbr,  navrer  3876,  pf.  6  nafrerent  i5i7,  pi.  s.  na- 
frez  6061,  blesser. 

Nagb  :  a  nage  6976,  en  nageant. 

[NagborJ,  pi.  s.  nageur  i53o,  rameur. 

Nagbôr.  Voir  Nagbob. 

Nagier  1AA6,  11598,  transporter  en  bateau. 

Naibr.  Voir  Nbieh. 

Naîp,  natve  9399,  natif,  naturel. 

Naistrb  %  furent  née»  dgS,  naquirent. 

Nature  11688,  qualité  naturelle;  isSo,  19366, no- 
blesse naturelle;  li  enemi  de  nature  7098,  la  gent 
fiUre  nature  1 0  A93 ,  les  gens  dénaturés ,  les  infidèles. 

Navib,  roasc.  990,  fém^  309,  SSg,  969,  flotte,  en- 
semble de  narircs. 

Natirr  3o85,  comme  Natib. 

Navrer.  Voir  Naprbr. 

Ne.  Voir  N05. 

Ne  :  n*  20AA,  mais  ne  il  non  élidé  3oA5  (ms.  ni7), 
ni;  ne  que  3766,  et  que;  ne  gairet  grot  &59A,  et 
qui  n^était  pas  fort  gros. 

Nécessaire  :  f^f  chose»  necestaires  3697,  ses  parties 
honteuses. 

Nef  577,  s.  nief  i333,  pi.  ne»  3ii,  A87,  5A7<  na- 
vire. 

Neier,  impf.  3  naiot  6369,  pf.  6  naierent  Ao85,  p.  s. 
notez  3356,  se  noyer,  noyer;  (tig.)  p.  pi.  s»  noie 
7618,  1001 5,  perdu  (dans  une  foule). 

[Nbibb],  p.  neutre  noie  10016,  nier. 

Neif  7803,  ii3i3,  n^AoA7,  neige. 

Nbir,  f.  neire  3790,  noir. 

Nbïs  11306,  ni»  1069,  383 A,  A9A7,  même. 

Neh.  Voir  Non. 

Nbporquart  853,  i3oi,  1997»  9883,  39 A5,  3379, 
36o3,  A09A,  119A1,  néanmoins,  nonobstant. 


NERTé,  noirceur;  (fig>)  13316,  trbtesse. 

Nbs.  Voir  Le. 

Nbsdr,  f.  tieeune  7900,  aucun,  nul.  Cf.  Nbïs. 

Nvr,  f.  nette  5o58,  net,  complet. 

Nbôl,  s.  neûl»  6o33,  nul.  Cf.  Nul. 

Nbcle  5763,  brouillard. 

Nb? BU.  Voir  Nbvo. 

[Nbto],  nei^eu  9379,  s.  nié»  9o5A,  9o55,  pi.  nevuz 

9779,  neveu. 
Nevu.  Voir  Nbvo. 
NiBF.  Voir  Nef. 
NiBST,  disjllab. ,  rien  :  quil  terveit  de  nient  36 ,  qui  ne 

le  servait  pas;  nu» por  nient  greinur  demande  169, 

il  serait  oiseux  d^en  demander  une  plus  grande; 

pur  nient  le  demandez  9 A 60,  ne  demandez  pas; 

nient  fu  de»  .  .  enver»  7793,  nient  fud  de» .  .  arer* 

7878,  on  ne  peut  comparer. . .  à. 
Niés.  Voir  Nbvo. 
Nis.  Voir  Nbïs* 
Noalz.  Voir  Noauz* 
NoAos.  Voir  Noauz. 

[NoAOz],  noa/i  5 180,  noau»  7 53 A,  pis. 
NoMLB  11  A3 3  (rime  avec  rt'/e),  de  noble  famille. 
NoBR ,  gér.  noant  11113,  nager. 
NoiBR.  Voir  Neier. 
Noter.  Voir  NbiBa. 
Noise  io3,  687  {noite  au  v.  688  est  fautif),  708, 

1693,  noise,  querelle  tumultueuse. 
NoisiER  A65i,  faire  du  bruit. 
Noiz  3791,  noix  de  Tarbalète,  Tendroitoii  est  arrêtée 

la  corde  tendue  et  où  poso  le  carreau. 
Nom.  Voir  Non. 
Nom.  Voir  Non. 
NoMBHBii  3666,  compter. 
NoMBBMBNT  971A,  11 369,  i9oA3,  nominativement. 


M 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


Ort,  r.  orde  8719,  f.  pi.  oft/es  9a36,  sale,  impur. 

Osci'R  :  vetprc  oicur  8937,  soir  obscur;  créance  oicure 
8229,  croyance  erronée,  contraire  à  la  lumière,  à 
la  vérité;  la  (feni  oseuro  7893,  les  genz  oscvres 
11698,  et  m  âme  li  neir  oscur  6096,  les  inG- 
dèlos. 

Osé  9887,  3330,  audacieux;  les  (yens  braves,  hardis, 
lagent  onee  6089. 

OsT,  fém.  /ioi,  99^!!^,  s.  Vott  38i,  365,  /ii3,  â3i, 
787,  9G6,  9698,  s*ott  1907;  mais  son  osii'^^i^ 
delgraniQtt  9769  (8899  I.  /tf*ets  a  Vo$i),  pi.  os^2 
15.89,  9  535,  armée,  campée  ou  en  marche. 

OsTAGE  :  en  ottages  5^69,  en  ola^. 

OsTAGiER,  pf.  6  ostagierent  ]933i,  fournir  des  otages 
pour  queiqu^un. 

OsTE  1 01 09 ,  hôte,  charge  dé  la  garde. 

OsTCL  690,  7 1 9 ,  habitation  provisoire;  ostel  prendre 
6617,  se  loger. 

OsTERin,  pi.  oiterint  io590,  riche  étoffe  orientale. 

OsTOR,  pi.  ostorM  Â008,  autoiu*. 


Otreieb,  pf.  3  otHer  9769,  olreia  8755,  sbj.  pr.  3 
otreit  768,  accorder,  donner. 

Otrisb.  Voir  Otbbiir. 

On,  oA  :  5909,  5/Ï59,  ti  76,  u  711,  en  qui. 

Oo,  u  860,  ou  :  ti  quêpoi  en  ot  ou  plenté  90,  qu*il 
y  en  eût  ou  peu  ou  beaucoup. 

[Outrage],  olirage  789,  6178,  6969 ^  excès,  vio- 
lence. 

[Outrer],  impf.  3  oltreit  7857,  terrasser,  vaincre. 

Ovec.  Voir  OvuEC. 

OviCQUis.  Voir  Ovuic. 

OvEQUBs.  Voir  Ovuec. 

OvRAiGSE  996,'  i3G3,  9a53,  9s86,  9996,  wraine 
100,  fém.,  œuvre,  affaire. 

OVRAINB.  Voir  OVRAIONR. 

OvRE.  Voir  Uevrb. 

OvRER,  pf.  3  wra  ^70,  travailler,  agir;  otrwprowe 

5956 ,  accomplir  des  prouesses. 
[OvuBc],  01^001175,  ovequêi  676,1001. 1166, 1968, 

avequeê  768,  ovecquet  9759,  avec. 


Paaiti.  Voir  Paib5. 

Paei5Isme.  Voir  Paibxismb. 

Pable,  pi.  poêles  5996,  poéle. 

Pabk.  Voir  Paie5. 

Paenie.  Voir  Pairrie. 

Paestre  6678  :  le  contexte  empêche  de  reconnaître 
ici  une  forme  de  peeslre,  k  pied;  paestre  est  sans 
doute  un  synonyme  de  paien,  formé  par  une  sin- 
gulière subsfitulion  de  suffixe. 

Paia?(ie.  Voir  Paierie. 

[Païen],  pi.  petene  96,  9998,  (,  paaine  9896,  païen, 
dit  par  extension  des  musulmans. 

[Paierie],  paênie  91&6,  8968,  painnie  9896,  do- 
meine  des  païens,  des  musulmans. 

[ Païen isme],  paeinisme  58io,  ensemble  des  païens, 
des  infidèles. 

Paibr  ,  payer  ;  se  teneit  a  paie  908 1 ,  était  content  ;  iron. 
les  paioient  6598 ,  les  frappaient;  cil  furent  des  noces 
paie  /i  1 65 ,  ils  reçurent  un  beau  souvenir  de  noces, 
allusion  ironique  à  Tusage  de  se  donner  aux  noces 
des  soufflets  destinés  à  graver  dans  Tesprit  des  té- 
moins du  mariage  le  souvenir  de  Tévènement  au- 
quel ils  assistaient. 

Pailb  A987,  pétille  10617,  riche  étoffe  de  soie. 

Paine.  Voir  Peine. 


Paistrb,  nourrir:  peise  169  doit  sans  doute  être  cor- 
rigé en  peisse,  nourrisse. 

Palacre  1 1 99 ,  la  haute  mer. 

Palus  976,  palets  58o,  69^ ,  779  (I.  le  p.  poar  k$ 
p.),  palais. 

Palbter,  impf.  G  paletoient  11161,  livrer  de  petits 
combats,  esc^rmoucher. 

Palve.  Voir  Paume.  • 

Panel,  pi.  panels  599/î,  coussin  placé  sous  la  selle 
du  cheval. 

Paor,  p^or  ii99,/>mrr  3187, poâr  1991,  8996,piiot* 
1996,  pi.  ^eorf  1889,  peur. 

Par  690,  A 85,  etc.,  par;  chescon  par  sei  59 18,  cha- 
cun de  son  côté;  tôt  par  els  9919,  à  eux  sealt; 
par  entré  lor  piez  588 1,  entre  leurs  pieds;  p«r  de 
deus  parties  10^17,  ®"  ^^®"^  parties;  par  les  foies 
meschines  8/i6â,  en  passant  par  chez  les  filles  de 
joie;  par  198,  160,  6809,  pris  adverbialement  ot 
servant  à  renforcer  l'adjectif. 

Paragb  8679,  etc.,  famille  noble. 

Parçonier  81 85,  participant,  coposM!«seur. 

Parconter  6 5 60,  achever  de  conter. 

Pardon  67,  109,  indulgence  accordée  par  le  ptpe. 

Parocrablc  8187,  étemel. 

Pabbih,  sbj.  pr.  3  père  6858,  paraître,  se  faire  voir. 


GLOSSAIRE. 


509 


Pamxtagi  877,  parente,  famille. 

Pabesciib.  Voir  Pkbbcier. 

[Pabpohdbcb],  parfondeice  1 107/j,  profondeur. 

Pàifordisck.  Voir  Pabfordbci. 

Pabfont  387 1 ,  f.  parfonde  1217,  profond  ;  en  parfont 
11607,  profondément;  adv.  parfont  698,  35/19, 
profondément. 

Pabporhir  456 1,  achever,  fournir  jusqu^au  bout. 

Pabli5CB  56a,  a45o,  6653,  discours  qu^on  tient 
sur  une  chose. 

Pablbmbkt  119,  193,  i55,  s57,  65o,  1775,  1791* 
1793,  5o6i,  conférence,  rendex-vous  pris  pour 
discuter  une  affaire. 

Pabolb  :  parole  faire  3698,  parler. 

Pabpaindrb.  Voir  Parpoimdrb. 

Parpoihbrb,  piquer  à  Taiguille  :  coileê  parpointee  1 685, 
eofitet  parpaintes  io59i,  couvertures  piquées. 

Parpoirt  3568,  3573,  pl.;>a^potnz9773,(io6fcf;?ar- 
|;otflz  4981,  vêtement  pique  qu^on  portait  par- 
dessus le  haubert. 

Parsivrb,  pf.  6  partureni  10700,  poursuivre. 

[Parsomb]  :  a  la  penome  5683,  à  la  fm  du  compts. 

Paît,  part  ;  quel  pari  /i83, 9991, de  quel  côté  ;  de  chet- 
cène  part  990/t ,  de  tous  côtés  ;  de  piirt  le  conte  8976 , 
de  la  part  du  comte;  de  part  Deu  683,  au  nom  de 
Dieu;  de  part  Deu  et  de  part  le  rci  d'Englelere 
5479,  de  la  part  de  Dieu  et  du  roi  d'Angleterre. 

Partir  :  d'autre  partie  2395,  d'autre  part;  de  deuê 
parties  9896,  de  deux  côtés;  celé  partie  3738,  de 
ce  côté;  a  ta  partie  61 39,  pour  lui. 

Partir  5562,  pf.  6  partirent  io5i,  6309,  cond.  6 
partireient  370,  partager;  mult  i  ot  paroles  parties J 
913,  il  y  eut  beaucoup  de  paroles  ^ échangée»; 
p.  pi.  s.  parti  i5o/i,  séparés;  pf.  6  se  partirent 
668,  partirent  910,  cond.  6  partiroient  9198, 
partir  (intr.);  al  partir  6H0,  au  moment  de  la  sé- 
paration,  du  départ. 

Pas,  pas  :  son  petit  pas  1C67,  lentement;  i39o, 
passage  en  mer;  9771,  583^,  passage  dans  les 
monlagues. 

Pasche.  Voir  Pasque  aux  Noms  propres. 

Passage  32^i9,  passage;  9936,  6091,  spécialement 
traversée  de  la  mer  d'Occident  en  Orient  par  les 
croisés;  35o7,  6093,  moment  favorable  à  celte 
travei*sée;  336o,  arri vag.?  des  croisés  par  mer. 

Passemert  a  97,  passage.  | 

9 kssEK  t  s'en  passa  189,  passa. 

[Pauub],  paume  de  la  main  iflatiras  palmes  58o9,     | 
tomber  à  plat  sur  les  mains.  [ 


Paduibr  9815,  pèlerin  qui  a  fait  son  voyage  et  rap* 
porte  des  palmes  de  Jéricho. 

Pautomer  3373,  coquin;  tant  estait  li  tens  paU" 
toners  62 96,  tant  ce  temps-lA  était  méchant, 
mauvais. 

Paveilloîi,  pi.  paveillons  /iqA,  tente  ronde. 

Paviuert  9236,  pavement. 

Pbgbier,  pf.  3  pjcheia  6900,  p.  f.  pecheiee  1601, 
peçciiee  681,  briser,  mettre  en  pièces. 

Pbchbier.  Voir  Peceier. 

PECHié  :  çofti  péchiez  598,  ce  fut  im  malheiu*.  ^ 

Peçoieh.  Voir  Peceier. 

[Peitse]  :  ert  en  peine  de  3699,  s'efforçait  de;  a 
paines  38,  36o2,  à  grand'peine. 

[ Peior ] ,  j>ior  7876,  pire. 

Peis,  ce  qui  pèse,  ce  qui  contrarie  :  sor  le  pois  1 090, 
malgré;  for  lor  peis  9o3],  for  lorpois  8679,  mal- 
gré eux. 

Peise.  Voir  Paistre. 

Pbitaille,  pi.  peitaillee  3866,  sorte  de  vase. 

Peu  3846,  poix. 

Pblbrih  390,  etc.,  pèlerin;  spécialement  croisé. 

Pèlerinage  709'ji,  peregrinage  6979,  7o5o,  pMeri- 
nage,  croisade. 

Peleri>b  5696,  pèlerine. 

Pelfrer,  pf.  6  pelfrcrent  io865,  p.  f.  pdfree  816, 
piller. 

Pelice,  fourrure  :  a  lor  pelisces  enquerouent  6365, 
peut-être  :  ils  consultaient  le  sort  en  arrachant  des 
poils  de  leurs  vétemt^nts  de  fourrure. 

Pelisce.  Voir  Pelice. 

Pelle.  Voir  Pesle. 

Pekdrb,  pendre;  pendes  3759  et  pendrai  3756  sont 
psut-étrc  altérés;  iço  que  a  Voil  lui  pendoit  1  i83o, 
ce  qui  allait  lui  arriver;  qui  devant  les  oilz  li  pen- 
doient  i9  3o3,  qui  allaient  lui  arriver,  qui  étaient 
imminents. 

Pener  :  se  pener  968,  1086,  1167,  9267,  956s, 
3oio,  s'efforcer,  se  donner  de  la  jM?ine. 

Pe.'vitencier  '.furent  p.nitencié  6391,  ils  reçurent  une 
pénitence.  Il  faut  iljouter  puis  avant  furent  ^  p«Rf- 
iencié  ne  devant  sans  doute  compter  que  pour 
quatre  syllabes. 

Perongel.,  penoncels  599,  895,  6635,  etc.,  petit  dra- 
peau attaché  au  haut  de  la  lance. 

Pbros  ,  douloureux  :  la  semaine  penose  1186,  la  se- 
maine petmse  832  8,  la  semaine  sainte. 

PnisB ,  pi.  pensss  9199,  pensée. 

PhMsî  8619,  pensée. 


510 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


PsisBB,  penser;  penser  de  a  a  80,  se  préoccuper  de, 
avoir  souci  de. 

Pbnds.  Voir  Pbros. 

PioMiB,  p\.  peoniers  376/1,  combattants  à  pied;  la 
gent  peaniere  6876,  les  hommes  à  pied. 

Pboi.  Voir  Paor. 

PiR,  égal;  non  per  33^0,  non  pareil. 

Percbb,  pi.  perches  ^766,  io848,  mesure  de  lon- 
gueur. 

Pbbgbier.  Voir  Pescier. 

Pebcier,  percer;  mains  perehiees  UhSS,  mains  large- 
gement  ouvertes,  prodigues. 

Perdbb  7953  (ms.  éd.  prendre);  absolument  :  qu*U  n'i 
perdissent  191  A,  qu^ils  n'y  éprouvassent  du  dom- 
mage. 

Perk  ,  s.  perre  97,  pères  96 ,  101,  pieres  99 ,  père. 

[Pmci],  peresce  6955,  paresse,  mollesse. 

[Pebecibb],  ^f,  6 parescierent  5968,  se  montrer  mou, 
peu  énergique. 

Pereços,  f.pereçose  6000,  peresçose  6677,  mou,  sans 
énergie. 

Pereçosement  ^6'j  1  ^  pereçusement  7067,  mollement. 

Pebeçusehiht.  Voir  Pebeçosemekt. 

Pebegrinage.  Voir  Pelebinage. 

Pebbsce.  Voir  Pbbbce. 

Pbbbsços.  Voir  Pebeços. 

Pbbikre  355 1,  6753,  6769,  /i76o,  perriere  â83o, 
perierre  383o,  pieriere  3ao2,  pi.  perieres  3537, 
35Aa,  /i6i5,  49/16,  bib'j,  pereres  33i3,  67/13, 
hgh2 , piereres  3869,  pirieres  3/t/i6,  pierrière,  ma- 
chine à  lancer  dos  pierres. 

Pebibbbe.  Voir  Periebe. 

Pbbiluer,  pf*  6  pei-illerent  677,  être  victime  d'un  acci- 
dent; p.  pi.  s.  perillei  i/i/ia,  s.  perill^  iato5, 
naufragés. 

Pure.  Voir  Perb. 

Pbbribbb.  Voir  Pbbibbe. 

Pbbs  /i98a,  bleu  foncé,  violet. 

Pebsbgucioh  aâi6,  infortune. 

Pbbbomb.  Voir  Pabsomb. 

Pbisorb  :  que  persane  esperdtte  3989,  comme  un 
homme  hors  de  lui. 

pBBTiis  693 5,  trou. 

Pesarce  71,  834,  chagrin,  ennui. 

Peser  ,  p.  pesé'  1 033  ;  sbj.  impf.  3  pestut  1 3o5 ,  p.  pesé 
1034,  être  désagréable,  déplaire  ;  gér.  s.  pesant  16/^1, 
rud*?,  pénible;  (,  pesant  33  35,  pénible,  fâcheuse. 

[  Peslb  HBSLE],pe/^  mesle  3330,  péle-méle,  embarras. 
Cf.  Mesle  peslb. 


Petit  s  563,  peu. 

Petitbt,  f.  pLpetitetUs  i5o6,  953o,  petit. 

Peîb.  Voir  Paor. 

Pichier,  pi.  pichiers  388,  pot,  cruche. 

Pi£,  pied;  plein  pié  parfont  35 /19,  à  la  profondeur 

d'un  bon  pied;  (pu  son  pié  n'en  porUrait  6679, 

qu'il  ne  mettrait  pas  les  pieds;  (6g.)  pié  en  eêtant 

835o,  sur-le-champ. 
PiEÇi.  Voir  Pièce. 
Pibcb  :  uns  pièce  7863,  8453,  un  espace  de  temps; 

pieç'a  9837  (éd.  pteça),  6693,  5 1/16,  59o6,  etc., 

il  y  a  un  certain  temps,  depuis  un  certain  temps. 
PiEBB.  Voir  Perb. 
Pibberb.  Voir  Pebierb. 
PiBBiEBE.  Voir  Pebierb. 
Pilbt,  3765,  606 j,  pi.  pilez  317],  3793,  6o65, 

6067,  s.  pilât  757,  i53i,  trait  d'arc. 
PiRciEE  981 4,  pincée, 
PioR.  Voir  Pbior« 
PiRiERB.  Voir  Periebe. 
P1TEO8  19086,  plein  d'attendrissement. 
[Pitos],  pitus  335,  digne  de  pitié,  attendrissant. 
PiTCs.  Voir  PiTos. 
Pu ,  poitrine  :  le  gros  del  pit  697 1 ,  la  poitrine  là  où 

elle  est  le  plus  large. 
Plaidibr,  cond.  3  plaidertit  913,  plaiderait  9/19,  aller 

devant  des  juges,  plaider. 
Plaie.  Voir  Plbib. 
Plaigrb  11917  (rime  avec  montaigne)^  plaine  6110 

(rime  avec  champaine,  ehanq>aigne) ,  plaine. 
Plair,  plains  6854,  8966,  pleins  6878,  plaine. 
Plain.  Voir  Pleir. 
Plaire.  Voir  Plaigrb. 
Plaiseb.  Voir  Plaissibb. 
Plaisibb.  Voir  Plaissieb. 
Plaisir  :  son  plaisir  1 1 55,  ce  qui  lui  plut 
[pLKisstii] ^  plesseit  6364,  clôture  de  branches  entre- 
lacées. 
[Plaissibb],  plaisier  3935 «  plaiserent  6994,  pleisié 

3o3],  dompter,  accabler,  ruiner. 
Plaît, pleit  85o ,  discussion;  a plait  venir  1 976 ,  960 4, 

parlementer, 
Pleub   53a3,  caution;  pi.  s.  plege  5337,  personne 

qui  cautionne. 
[  Plbib]  ,  plaie  1319,  pli. 
Plbib  :  a  plein  i65i,  a  plain  9497,  11575,  tout  à 

fait,  sans  restriction. 
Pleir.  Voir  Plair. 
Pleisieb.  Voir  Plaissieb. 


GLOSSAIRE. 


511 


Plsit.  Voir  PLàiT. 

Pliniib,  pîeniere  9o6,  1797»  936i,  plmierei  9079, 
7897,  complet. 

PLBirré  90,  1996,  9390,  9989,  ^479,  6879,  ^°' 
dancc,  foison;  aplenté  1897,  1989,  agrantplenté 
9789,  en  abondance,  en  grande  abondance. 

PlbssbIz.  Voir  PLAissBiz. 

Ple?ikb,  plevinei  871,  engagement,  convention*,  en 
plevine  10976,  19968,  en  le  garantissant. 

P1.BTIR ,  garantir  ;  pleviz  6109,  engagé. 

Plus  :  Uplm  991,  /i 90  (avec  verbe  au  sg.),  la  plupart. 

Plusors  696,  plusieurs. 

Pocm.  Voir  Podcin. 

PocuiiiRB.  Voir  P0CCIK11BE. 

PoBiB,  pouvoir;  puet  cel  etlre  /i/i63,  peut-être;  i poeit 
0676,  i  poeient  3o6,  i  parent  11086,  y  tenait,  y 
tenaient,  y  tinrent 

PoiSTB  1088,  puissance. 

Poi  90,  91,  190,  etc.,  peu;  676,  rarement;  a  pot 
3oi,  par  poi  i5/i,  par  \m  poi  979,  peu  s^en  faut; 
poi  detpente  3/ti9,  poi  genz  6699,  peu  de  provi- 
sions, peu  de  gens. 

Poi ,  petit  :  tin  pot  e»pace  6666,  un  petit  espace. 

Poi05BOR  6689,  poigneûr  9088,  sg.  s.  poignem 
7558,  combattant. 

PoiGNEÛB.  Voir  PoiGNBon. 

PoiH.  Voir  PoiRQ. 

PoiRDRB,  impf.  6  poigneient  6910,  gér.  pL  poignam 
5908,  piquer;  broder,  tracer  au  point  :  (iig.)  doit 
eetrê  poinz  en  Vettoire  Uiihh,  doit  figurer  dans  le 
récit;  chai^r,  proprement  piquer  son  cbeval  :  pr.  6 
poignomeê  6895,  impf.  6  poignoient  6000,  pf.  8 
poinst  1997,  a  pointtrent  1988 ,  8oo5,  sbj.  impf.  6 
poinsittent  6618;  iuf.  pris  subsl.  api'h  lor  poindre 

656 0,  après  leur  charge;  parjumir  ton  poindre 

656 1,  achever  sa  charge,  aller  jusqu*au  bout  de 
Télan  imprimé  au  cbeval,  au  fig.  teitnincrce  qu^on 
a  commencé. 

[P0150]  :  plainpoin  9798,  une  poignée. 

Poi?fT  :  en  quel  point  878,  à  quel  moment;  un  point 
n*i  ot  de  6fibOyi\  n^y  avait  pas  un  seul  point,  c'est- 
à-dire  il  n'y  avait  pas  du  tout  de;  de  même  n'i 
aveit  point  de  retcone  9571,  il  n'y  avait  pas  de  se- 
cours possible. 

Pointe  1696,  6608,  6610,  charge  à  cheval; /a  pomte 
oaee  11606,  la  charge  audacieuse. 

Pois.  Voir  Peis. 

PoLAiR,  pi.  polaine  1689,  poulain. 

[  Poplbb]  ,  sbj .  impf.  6  publasent  7709,  peupler,  remplir. 


I  PoB,  pour;  568,  587,  k  cause  de;  por  ço  que  666, 
1808,  9653,  etc.,  parce  que;  por  «^^1870,  en 
vérité  ;  por  gens  baudet  68 1 8 ,  comme  des  gens  pleins 
d'entrain;  pat  por  pat  io853,  pas  à  pas;  enveier 
por  9060,  envoyer  chercher. 

PoRCHAciER,  porchacer  1899,  pf.  8  porchaça  663, 
9565,  tâcher  de  faire,  travailler  à;  p.  f.  pi.  por- 
chacieet  9676,  se  procurer;  cond.  8  te  porchaee- 
voit  950,  se  pourvoir,  s'arranger. 

PoREE  6955,  hachis  de  légumes. 

[Porforgibr],  purfoiyerent  39 10,  rendre  extrême- 
ment fort. 

PoRGDARDBR,  p,  poTgfiardé  6678,  garder  d'avance. 

PoRJBTBR,  pr.  8  te  porjete  8688,  s'étendre. 

PoROPPRiR,  p.  f.  pi.  porojfertet  6780,  présenter;  te. 
porojre  de  bataille  6389,  se  prâtente  pour  le 
combat. 

POROQCBS.  Voir  PORCEQUBS. 

PoBPARLBR  :  porparlee  9676,  purparles  9799,  conve- 
nue ,  arrangée  d'avance  ;  corn  la  vile  etteit de 

trmton  porparlee  11069,  comme  il  y  avait  une  con- 
vention faite  pour  trahir  la  ville. 

Porpbnsbbmeut  3686,^ exprès,  à  dessein. 

PoBPERSBR,  p.  porpenté  iio63,  f.  porpentee  i93o5, 
méditer,  combiner  d'avance. 

PoRPOSEMBRT  1 0969 ,  desseiu,  propos. 

PoRPRBRDRB  9899,  p.  poTprit  6075,  f.  porprite  9963, 
6096,  occuper. 

PoRSREiR,  p.  pi.  f,  portite  5780,  posséder. 

Porter  :  vent  portant  989,  vent  bien  portant  1989, 
vent  favorable,  qui  pousse. 

PoRTRAiRB,  p.  portrait  6565,  Lportraite  8870,  tracer 
(à  l'aiguille),  dessiner. 

[PoRUEQDBs],  poroquet  8669  (rime  avec  illoquet ^il- 
luequet)  :  la  v?neit  poroquet,  venait  la  chercher. 
Cf.  PoR. 

PoRVBARGB  19398,  prévoyance,  habileté. 

PoRVEEiR,  pf.  8  porvit  9889,  p.  porveû  9559,  ar- 
ranger  d'avance  ;  pormi«  6016,  pourvue,  mise  en 
bon  état;  pf.  3  te  porvit  1110,  9686,  se  pourvoir, 
prendre  ses  précautions. 

Pose  :  une  pote  55o9,  un  certain  temps;  grant  pots 
896,  5357,  longtemps. 

Poser  :  te  poter  3 160,  s'arrêter. 

Pour.  Voir  Pior. 

[PoDCUi],  pi.  poctiif  1969,  poussins. 

[Pouciiiibrb]  :  geline  pocimere  1969,  poule  qui  a  des 
poussins. 

PocTRBL  7618,  jeune  cheval. 

66 


uraimut  iatioialc. 


512 


^HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


Pof  BTi  8oo5 ,  paoTrelé. 

Prahissb  3961,  promesse. 

PtAviTBB,  iropf.  6  jntmelmênt  10367,  pf.  6  pnrni- 
iremt  s  0960,  p.  pramù  56 10,  promeilre. 

Piiaos,  r.  precioMe  669a,  qui  a  du  prii,  saint 

PiucBin,  pf.  3  freecha  676 1,  prêcher» 

Pani  1886,  9910,  butin. 

Pnisin,  eslimcr;  protn9  98,  eslimée,  louée. 

PiMiiAi5 ,  s.  premtrain»  809 ,  pi.  s.  pnmermMi  9600 , 
premier. 

Panirai.  Voir  Piamstbi. 

PiMiKB,  S.  premiers  63,  le  premier. 

PiEirDBi  (ao  Y.  7953,  1.  perdre)  :  prietreni  a  dire 
36oo ,  se  mirent  à  dire  ;  ne  te  pemeit  paa  ffuarde 
3599,  ne  se  donnait  pas  garde;  »e  al  rei  n'enjusl 
pâté  priée  819,  s^  n'en  fût  pris  pitié  au  roi. 

Pais  1 989 ,  presque  ;  bien  près  1 9  â  /î ,  à  peu  près,  pres- 
que ;  prêt  ne  le$  atocha  9 1 86 ,  peu  s'en  fallut  qu'elle 
ne  les  touchât  (m.  â  m.  die  ne  les  loucha  pas, 
mais  ce  fut  de  bien  peu  quMl  s'en  ûillut);  prêt  que 
(éd.  preeque)^  presque. 

Pbbssb  565A,  5915,  pi.  preetet  791a,  presse,  foule 
serrée. 

Pbbst,  t  preets  hgUo^  iiiâo,  pi.  prettef  3996, 
di^KNi,  adroit,  prompL 

PaisTBVDir  5558,  prompCemenl. 

Pbbstbe.  Voir  Pboteibb. 

Paie.  Voir  Pbo. 

Pbibu.  Voir  Pbo. 

Pbiu  ,  s.  primi  1 1 1 39 ,  premier. 

Pbiues 9697, <i0prfm5s393&,  d'abord;  <i«prMM»  i85, 
le  premier. 

Paioaé  8593,  féro.,  prieuré. 

Pais,  valeur,  louange  méritée  :  ço  lui  toma  a  prie 
]o39,  il  en  fut  plus  estimé;  monter  en  prit  966a, 
augmenter  en  valeur. 

Pbisk  :  1 903  lire  ne  il  ne  deignaitpat  e'empriee  au  lieu 
de  n*il  ne  la  deigmut  pat  tanz  priée, 

Pbisoii  1&59,  9633,  pi.  prieont  âs85,  4993,  s« 
priêom  1&97,  nuic,  prisonnier. 

Paivé  :  s.  privei  de  1 389,  ami  de;  pi.  tet privez  9698 , 
ses  bons  amis. 

Pbitbe,  pi.  priveet  557,  latrines. 

Pbo,  prtu  983,  9695,  preuz  ioo53  (rime  avec 
Ms),  8.proi  597,  88/î,/>reiiz  3o5i,  iii38,  preu 
iii36,  p\.  prêta  5o6,  s.  preu  A6A,  9733,  f.  s. 
prod  58A8,  preuz  ii49,  1174,  t586,  3o94, 
6676,  9757,  111/io,  11998,  V,  preu  ^h^prez 
994,  pruz  94,  pi.  proz  3796,  pruz  890,  prêta 


9696,   prieuz    5i47,    preui,  vaillant   Cf.   Pbo, 

Pbodb,  Pbodoub. 
[  Pbo]  :  prou  granz  ne  preu  larget  488,  suffisamment 

grandes  et  larges. 
Pbod.  Voir  Pbo. 
Pbodb  :  la  prode  gent  3599  ;  la  prude  geni  69o5,  les 

gens  vaiiianls  (en  réalité  c'est  la  pro  de  gent,  voir 

Romaniaf  XXI,  p.  i93);  prodet  omee,  voir  Pbo- 

DOMK. 

Pboimub  i3o,  8.pr(Mfem  9797,  3557,  pronisM  45i5, 
f\,prodee  komee  365 1 , 8.prodame  1 36,  prodlMMiifiie, 
homme  de  valeur,  notamment  à  la  guerre.  Prodoute 
est  en  réalité  pro  d^ome  (voir  Pbom);  las  formes 
prodom  et  prodet  komet  ou  prodetmnee  smi  nées 
d'une  interprétation  erronée. 

[PBOBCB],prwso0  i95o,  11596,  vaiilanee,  prooease. 

Pbobscb.  Voir  Pboecb. 

Pboisieb.  Voir  Pbkisieb. 

Pboubtbb.  Voir  Pbaubtbb. 

[PaoosBHBirr],  preÙMement  7979  (suppr.  la  ajouté  k 
tort  dans  l'éd.),  vaillamment. 

Pbosdov.  Voir  Pbodovb. 

Pbospbbhbkt  455,  heursusement 

Paou.  Voir  Pbo. 

PaoCsBUBirr.  Voir  Pboosbmbkt. 

Pbovbibb  9o4o,  pi.  provoiret  i9i85,  prêtre;  le  ag. 
s,prettre  fait  fonction  de  régime  9699  (rime  avec 
eeire), 

Pbovoibb.  Vmr  PaovEiaB. 

Pbovbb,  p.  f.  pi.  prttoset  558,  prouver;  p.  a.  procez 
d'armée  1 1668 ,  qui  a  fait  ses  preuves  comme  guer- 
rier. 

Pbd.  Voir  Pao. 

Pao»B.  Voir  Pbodk. 

PmsvBB.  Voir  Pbovbb. 

POBLBB.  Voir  POFLBB. 

PvcBLB  993,  ii4i,  1157,  9090,  pi.  pueelet  387, 

jeune  fille. 
[PoDNAis],  chientpudneit  554,  chiens  puants. 
PoaBBis.  Voir  Pubiiais. 
Poi,  pL  puiz  93 15,  éminence,  hauteur. 
Pms  9446,  depuis;  (adv.)  puie  que  1998,  depuis 

que. 
PooB.  Voir  Paob. 

Pooa,  a.  puurt  3o93,  pi.  puore  1 1686,  puanteur. 
PuBPOBCBB.  Voir  PoBFoaaBB. 

POBPIBLEB.  Voir  POBPABLBB. 

PcTiiLLB  5835,  amas  de  sales  gens,  racaille. 
Pdob.  Voir  PooB. 


GLOSSAIRE. 


513 


QuÂiiouB.  Voir  QuAXT. 

QoiST  :  m  «ot  quant  786,  je  ne  sais  en  quel  nombre, 
je  ne  sais  combien  de  ;  quant  que  Û68 , 1  o3i ,  9096 , 
écrit  quanqw  /iSog,  tout  ce  que. 

QniiEL  3791,  6971,  8.  quarelê  3579,  pi.  quarels 
i5&5,  9171  (quareU  h^i^  est  s.  d.  une  faute  du 
ms.),  6983,  qtioreU  d^arbaUtte  55^1,  6^76,  s. 
quanl  767,  i53i,  carreau,  trait  de  Tarbalètc; 
quarel  ^^961,  pi.  quareh .  UgQa ,  ^1975,  pierre 
d*un  mur  (le  sens  de  quareU  /Î975  est  douteux). 

QoAnssMB  39  95,  A&oi,  niasc.,  carême. 

Qdassei,  impf.  6  qua$souerU  5 167,  ébranler,  démolir; 
au  fig.  quauee  7356. 

Qui,  s.  qui,  f.  s.  qw  161,  779,  que  :  hi  vêtit  397, 
^ttt  veut  1997,  si  vous  aviez  vu  !  qui  oiejait  7696, 
si  on  assiégeait;  eut  11739  (^tu),  que;  neutre 
quêi,  quê,  quoi  :  por  qiiei  i365;  que  pour  quei 
peut  éKder  son  e  :  por  qiCil  le  reqnereit  633  ;  ce  que  : 
qu'il  dut  aveir  1 003 ,  ce  quMl  devait  avoir  ;  Jaire  que 
Mogee  ûSQoy/aire  que  fols  Z']  US  y  faire  qu'trfaitiez 
6976,  agir  en  sage,  en  fou,  en  homme  bien  appris 
(m.  à  m.  :  faire  ce  que  ferait  un  sage,  etc.);  qu'il 
aveit  1771,  de  ce  qu'il  avait;  que  monte  909,  ce  a 
quoi  cela  s^éiève. 

Qui,  W  16,  que  :  q\té  que  teit  9678  (le  premier  que 
est  le  pron.  quei,  le  second  la  conj.  que)^  qui  qu» 


futt  80 1  ;  t7  n'avait  en  eUque  gregier  7868 ,  ils  étaient 

affligés  de  toutes  façons  (mot  à  mot:  il  n*y  avait 

pour  eux  autre  chose  que  deTaffliction);  que  ..,qiw 

âi6A,  5676,  que. .  .que. 
Quel  Voir  Que. 

[Quei],  a.  coit  965/1,  f.  eoie  io339,  paisible. 
Quel,  masc.  cl  fém.,  quel  :  quel  le/ereii  4i!ioo,  ce 

qu*ii  ferait  (m.  à  m.  :  une  action  de  quelle  nature 

il  accomplirait),  de  quel  part  911e  1 539 ,  deqndqoe 

côté  que. 
QuEBBLE,  pi.  querele»  987,  rédamation  ;  querele  9990 , 

affaire,  situation. 
QuEBBB,  quere  689,  impf.  3  quereit  987,  poursuivre 

(une  réclamation);  pf.  3  quitt  683,  chercher  à 

procurer;  quereit  avoir  986,  cherchait  â  avoir,  avait 

envie  d^avoir. 
QuiDBB.  Voir  CoiDin. 
Quis.  Voir  Lb. 
QoiTB,  eeue  quite  8495,  à  lui  en  toute  propriété; 

clamer  quite  i856,  tenir  quitte. 
[Quit£]  :  eji  quitié  8918  (rime  avec  et^ »  ct^) ,  sans 

réserve. 
Quiteb,  impf.  3  quitot  9691,  abandonner,  remettre'; 

quitee  9o63  (rime  avec  habiUe),  abandonnée  en 

toute  propriété. 
QuoQUATiix.  Voir  Gocatbiz. 


R 


Rabiroonii  :  le  nos  fiet  bien  rabandotier  1 9 1 0 ,  voulut 
quUl  (le  vent)  nous  fdt  de  nouveau  largement  ac- 
cordé. 

Rabatbb,  pf.  6  rabatirent  761 5,  abattre  d^autre  part 

Rabb,  pi.  robes  10096  (rime  avec  abes),  rave. 

Ragompobtbr.  Voir  Racohporter. 

[Raconfobtbb],  racomforter  8079,  remettre  en  train, 
réconforter.  Cf.  Ricorforteb. 

Racobbb,  impf.  6  racoreient  3/i90,  accourir  d^autre 
part. 

Rade  A 75,  11 545,  rapide. 

[Radbecibr],  p.  radrescié  7/1^8,  relever. 

Radrbsgibr.  Voir  Radbbcibb. 

Rapbbhbb  7o3o,  p.  rafermd  7668,  fortiûer  de  nou- 
veau. GL  RlFBBMBR. 


Ragb  4383,  désespoir;  5496,  mauvaises  passions, 
méchanceté. 

Raibmbbb.  Voir  Rbibvbbb. 

Baïubbe.  Voir  Rbibmbbb. 

[Raisih],  pi.  reisins  6946,  raisin. 

Raisrk.  Voir  Rai8hi£. 

[Raisbié],  f.  raisnea  94  (rime  avec  maisnee  =3  mais- 
m>e),  disert,  pariant  bien. 

Raisorable  9444,  juste,  raisonnable. 

Ralbr,  impf.  3  rahit  11597,  pf.  3  râla  5o4,  5o5, 
7866,  6  râlèrent  609,  aller  de  son  côté;  pf.  6  râ- 
lèrent 6968,  aller  en  arrière;  9939,  aller  de  non- 
veau. 

Ralobr  9398,  remettre  en  place. 

RiLUMBB,  sbj.  impf.  3  ralumast  84 1 4,  se  rallumer. 

44. 


r>i4 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


RiHEHBRBR  3665,  rcmémorer. 

Ravbntevrib  ,  pf.  3  ratninUit  1 1735,  rappeler. 

Rahpbb,  pr.  3  rampe  8398,  pf.  6  rampèrent  9937, 
Çiiiiipcr. 

Rampons.  Voir  Ravposiie. 

Ramporkr.  Voir  Raiipo8.<«rr. 

[ Ramporre ] ,  rampone  /i  1 1  ( rime  avo  cRogne  =  Bù$ne) , 
1 1 66 1 ,  raillcrio  insultante. 

[Rahposrer],  impf.  6  rampononent  559,  10669,  pf. 
6  ramponerent  1890,  railler  avec  insulte. 

Rahdor  :  011  tin  randon  9 1 38 ,  d'un  seul  clan ,  sans  dis- 
continuer. 

Raoscbb  3337  (rime  avec  mtuche  —  mo$ehe)^  presse? 
attaque?  im{)ortunité? 

Rasaillir,  pf.  6  rasaillirent  9958,  attaquer  de  nou- 
veau. 

[Rasuiirr],  reoMêaziér  9  958,  rassasier. 

[Rataindre],  impf.  3  rateigneit  7358,  rattraper. 

RaTIIRDRB.   Voir  R.iT4I>DRE. 

Rator.%br  7099,  rarran[;er,  remettre  en  état. 
[RaybibrJ,   ravoitr   55i9,  remettre  dans  la  bonne 

voie. 
Raybir,  pf.  ^1  reûmet  loVi.  sbj.  impf.  3  reiUt  1790, 

avoir  de  nouveau,  ravoir;  impf.  6  raveieni  6i8â, 

6186,  pf.  3  rot  9/j3â,  avoir  de  son  c6t<$. 
Raverir,  pf.  3  ravint  3697,  3663,  arriver  d'autre 

part. 
Ratirb  :  de  grant  ravine  Sg^h ,  0  grant  ravine  5699 , 

avec  un  grand  élan,  imo  grande  impétuosité;  de 

tel  ravine  735/i,  avec  une  telle  impétuosité. 
Ravoier.  Voir  Raveier. 
Real.  Voir  Rbial. 
Rbalté.  Voir  Reiauté. 
Rbassazibr.  Voir  Rasaxiier. 
I  Rbioc],  f.  rehuche  ]oo5o  (rime  avec  bûche—  boche) ^ 

émousfté,  qui  a  pordu  son  tranchant. 
|Rrbouiibr],  pf.  3  reibucha  358o,  revenir  en  arrière 

sans  pïhiétrer  (en  parlant  d'un  trait). 
I  Rbbohnons]:  a  rebunonê  6968,  à  rebours,  à  reculons. 
Mrnotrh  :  M  rebotonent  6966,  se  rejetaient,  revenaient 

lir/^ripitainment. 
lUNtii.iiN.  Voir  Rbboc. 
lliiNiiNNiii«N.  Voir  Rbborsors. 
HiifiBfiiN  700.1,  impf.  6  rtcetouent  8107,  ee  recetouent 

qH^f  "''J-  '^"¥'  ^'  reeetoismt  9170,  trouver  un 

ruhiips  R^jouni(*r  A  Tabri. 
lUiiNANuHN.  Voir  RRi;N4naiRR. 
I  MiMiN4>«<iiiiN  |,  I».  f.  ruchangee  /i85o,  changer  en  re- 

littir. 


RiCHANTBB,  pf.  3  rtekêMta  10660,  chanter  de  «on 

côté. 
Rechbvalcbbr.  Voir  Rbcbevaccbier. 
[Rbcbbvacchibr],  pf.  6  rech^valcherent  6909,  recom- 
mencer la  marche  à  cheval. 
Rbclambr  :  qui  par  Deu  êe  reclamoueiU  9780,  qui 

étaient  du  parti  de  Dieu. 
Rbcoillier  6600  (rime  avec  reprover  =  rtprovtrr), 

mot  altéré  non  restitué. 
Rbcoillir,  pf.  6  recaillirent  9906,  Dure  entrer;  te 

reanlUrent  9097,  9336,  se  réfugier,  eotrer. 
Rbcortobter  :  m  recottforiermt  38 lA,  reprirent  cou- 
rage. 
Rbcortbr  9&90,  6559.  pf.  3  reconta  677,  p.  f.  pi. 

reconteee  9108,  raconter. 
RicoRsivRB  A558 ,  rattraper,  rejoindre. 
Rbcorvekir.  Voir  Rbcovbrib. 
Rbcorder,  pf.  3  recorda  95i9,  p.  f.  reeordee  918 

(ms.  éd.  acordee)^  rappeler,  raconter;  ta  recor- 

douent  6396,  se  ressouvenaient. 
[Rbgovbrir]  :  nui  reconoenoit  1 J91,  il  nous  fallait  de 

notre  côté. 
Rbcovrbr.  Voir  Rbcovribr. 
Rbcovrbr  6636,  impf.  6  recuvreient  6569,  pf.  6  re- 

covrerent  9967,  6636,  reprendre  courage  dans  un 

combat,  recommencer  la  résistance;  te  recovnment 

6188,  se  ralliaient. 
Rbcotrier  io633,  ralliement,  tentative  de  reprendre 

la  résistance;  recovrer  685*  (rime  avec  otrer  = 

ovrier)^  moyen  de  salut. 
Recrbartisb  9o3o,  lâcheté,  pusillanimité. 
[Recréer],  impf.  3  récriait  5896,  p.  f.  récriée  6906, 

récréer,  conforter. 
Rbcrbire,  renoncer  par  lâcheté  ou  par  lassitude  : 

reereû  901 5,  lâche;  rtcreue  1617,  lasaée,  recrue. 
Récrier.  Voir  Rbcrbbr. 
Recdrre.  Voir  Rrscorre. 
Recovrer.  Voir  Rbcovrbr. 
Rbdbvbir,  impf.  6  redevoit  8690,  devoir  aussi. 
Rbdisme  663o,  dJme  de  la  dtme,  centième  partie. 
Redorer,  pf.  3  redona  1076,  donner  de  son  côté. 
Redotbr  :  98  redoterent  9968,  eurent  peur. 
Rbdrbcier,  impf.  6  redretçoient  7868,  relever. 
Redrbscier.  Voir  Redrrcibr. 
Rebbcbieb.  Voir  Rebbrcibr. 
Refairr  6996,  amender,  réformer;  impf.  3  refaiêeit 

6756,  pf.  6  refirent  3899,  faire  de  son  côté. 
Reterher,  impf.  6  refermoient  7867,  cond.  6  refer- 

mereient  7189,  fortifier  de  nouveau.  Cf.  Rafbrmer. 


GLOSSAIRE. 


RErnEiDCR.  Voir  Refbeiiiiiii. 

[RarniiDiH],  p.  S.  rejrâdm  A&c5  (rime  nv<y  ahaa^ 

OÊ  =  eifcfliicHM).  rafroidir. 
Rioibuu.  Voir  IttGViaDKn. 
Ronti  ia359,  rDjaumc. 
Reoeteb.  Voir  Rejeteh- 
RioRET  66711,  laiDCDlalion  funèbre. 
RionEii  6907,  impr.  3  rfgrelol  67SI1  6  regnioient 

li«77,   p.  rtgrtli   767,  louec  avec   larme»   (un 

mort  ou  sca  qualités);  rrgnUr   ^679,   déplorer; 

rtgntfT    loSi'i,   gér,   regrtlont    loSaS,   ae   la- 

[RmctiiGKiu],  reguaintr  &A75,  reconquérir. 

REGDMKln.  Voir  Reguuigiiier. 

RiGi:iiiDEn,pr.  Z  regaarde  aHAi,  proléger,  avoir  soin 
de;  coDcl.  3  mgiiardavit  559s,  «onsiilérer,  avoir 
égard  i;  impf.  6  11  irgardotimt  ASi3,  faire  lUcn- 

REBABTBB.pr.  6  rthailertnt  SoaS,  presser  de  ion  dlé. 
(Rehercibe],  gér.  i-eerchant  11^71,  recorder,  rappeler 

(aon  devoir)  à, 
[Reij.pl.  reix  6556,  Glot. 
RtiiL  :  pi  eompaignont  rnola  6730,  mi»p«gnoas  du 

roi,  cf.  CoupiiarioN ;  b.  rtal  770,  lea  roynui,  iei 

hommes  du  roi. 
[REuuiii].  i-rallé  16U,  rovaulé, 
[RiiEHiiiti],  p.  raùnl  33,  a.  reini  i93i3,  racbelcr. 
nEisiii.  Voir  BiisiH. 

Rkiseu,  pf.  6  rriuinail  SaSS,  wriir  â  son  tour. 
[Ruitid],  pf.  6  rtgetsmtt  76^,  jeter  nuiai. 
Relitbi,   Dpràs-inidl;   rclmte  abœaee    11915.   Voir 

Rtiiij:iDnK.  Voir  Remineiii. 

Rii(isDER,impr.  ireiaandoil  gA3,mand<.'r  en  réponse. 

[RlMtnEin],  remaitoir  aili,  remaindre  laoa,  aàGG, 
9791,  3A97,  A90S,  5699,  âB59,  pr.  3  rmaint 
6Slt,  împr.  3  muDioi'C  G7,  eond.  3  remanditit 
30^0,  pr.  3  remiit  lia/tH,  5oAa,  hi'jli,  7638, 
pf.  6  retnetlnnl  3o3f>,  nmûtreiil  9553  (rims 
Bxec  mùlrtnl),  5693  (rime  avec  nuiCmiI  =  nui- 
rrsnl),  7193,  Siao  (rime  nvec  mitirml),  sbj. 
impf.  6  reiRannural  7183,  p.  •tmii  I&S7,  I.  rff- 
(MM  8i9&  (rime  avec  rgfw),  RbUo  (de  même). 
S9&0  (rime  aiec  marchue),  iiofiJi  (rime  avec 
tglUt).  pi.  rmàa  3708  (rime  avec  fgHtfê),  5«3G 
(de  m.),  5580  (de  m,),  rcsler;  BGga,  séjourner; 
U03,  3S97.  5oio,  s'arrêter,  cesser',  ai'i ,  larder; 
.  ne  remanail  a  prctidrt  Û7.  no  s'aUleDaît  de  prendre; 
mntil  la  paii  7^118,  la  paix  ne  se  fit  pai;  at  re- 


i(  pat  par  ciiinbatri  6811,  l'insuecis  de  l'entrc- 
?  ne  linnt  pas  é  ce  que  l'on  ne  comliat  point 
as  :   M  rrmbalaent    looio,   m  lanfoient  ie 


Rmei 


.  pf.  3  r 


laSa, 


9196  (rime  avec  tint),  remède, 
consolnlion. 

niHuÊn,  p.  f.  pi.  rviRNA*  853i,  ehinger  da  plat», 
écarler,  Alcr;mntur  A9S7.  p.  nmui  iBaS.gSgS. 
r.  rtiKtiia  33i6,  bouger, 

Rekdre  :  muli  a  in  baroiu  lorJitfsaS,  accomplit  la 
formalité  du  reDou»eliemenl  de  l'invealiture  de 
lcuL-8  fiefs  k  ses  baroni;  quant  ;u«  cliteaU  pat  rtndre 
3Gu5,  de  toute  la  vitesse  que  pouvait  fournir  son 

Rkiiié.  Voir  Rekeies. 

RiTiiiEl.  inipf.  6  T-aiproiiml  &333,  renier;  h  reneiauenl 

/i3i8,  aposlDsiaienl ;  p.  pi.  rmein  3a55,  s.  9976, 

renégat. 
Rtiiiiiaa,  p,  rrngié  ii8ù,  ranger. 
[Rekoer],  rmmVr  S5Ca,  renouer. 
RiMOiia.  Voir  RwoïB. 
Rekotu-ib,   pr.  3  rmovelt  Hi)5i,   parailre    à    nou- 

Reite,  pi.  ranin  5d55,  revenu. 

Reoit,  Voir  Boosi. 

RapAïai  9^57,  retour  dans  son  pjs. 

RKriiEEHEiiT  U468,   errcmenl,  manière  de  »e  coui- 


tni^Sk,  9a39,  revenii 
n  reicnii';  ahj.  pr.  3  r 


<n  cdté. 


Repiieib.  Voir  Itipumai, 
RsPUBiEa  i^o36,pr.  Grepain 

l'an  rtpairertitl  671  A,  s' 

paire  gASS,  séjourner,  faire  sa  demeure. 
Rapi[SEa.  Voir  RtpiiBiEn. 
[Rbpiiskb],  pf.  6  itpaittrtnl  lali-],  apaiser. 
RiPiBsER.  Voir  RtsriBSEa. 
RiPEanaa,  pf.  3  rrpûrdi  Go3&,  perilre  d« 
[Heplbieb]  ;  ai  Tipleiant   1119,  an  nior 

vague  Bc  replie. 
REPi.iiTiEa.  Voir  RESPLEiTita. 
RiPLOiM.  Voir  RtriauR. 
RiroinDaB,  pf.  3  npenul  GCu3.  faire  du  si 

cbargc  i  cbevnl. 
Rapo^iuai,  p,  f.  ifpoilt  10101,  CBcber. 
REroBTEB,  pf.  3  rtpafta  3635,  porter  do 
Reposbb  :  ^r  repoita  379G,  par  inlervallcg. 
Repost:  an  rtp<at  6i5o.  en  caebellc.  Cf.  Hipouhb. 
Rifainnat,  impf.  3  rtptmeit  8969,  prendre  aussi. 
RBPBE.1CDIER,  pf.  3  ivprssc^  'iA*7,  pr^dicr  auMi. 


ncâlé. 


I.  HISTOIRE  DE  LA  GlERRE  SAINTE. 


*i|^     "^^  I  -IF*  •  :  S/  ; .  Ht  -Ww 

•'     "."ri  tau. 
Tïfrou.fiiri.  A  or  Hnu<  i.  n.:.. 
F..>*.-j'.\>ai:i  .ri-    .*    -"««-«i.tf   '..';■  :.t  .  "  "  i  *  .  SN  r».-l»w,  *■ 

.■^nn.-li.»-    jM    »•:»  -JHti,  .ti   *<»i--»i  . 

r;«^v*ti.ri .   ■■v*r>'x  '  "■^      ;•:■.:     <r-*^.  ^>"^. 

-.'■•:      :..    -%^<'^<      ~J-f*       ""ïiiM  .  i.  iA<«jMr    "htt. 

M-W4N      -    M'^a•«r    .  nrJUN-    «f    i1-*p»p»*,   dfJ'V-nlC*' . 

't*»/*ii'^  Mtrti   rtniN  ar.  ft»nih«i    i   .— 'iii    on    \t  *iir- 

fils:-.-        •..      ■    -y-K,  --      .\«4k, ..  '•T*   '•IM».    il*ï 

***«*     A;-    .<    ^v    -ta. 


I    RirciB^u  5«S3.  536o.  7813,  7S44.  rvloar. 

Rnot^u  :  «/  rrt^rwr  S36,  «1  rKour; 
tooroer  île  çà  et  «!«  là;  d).  pr.  S 
fâinp  MMiriMr  ^ Irm^  ):  pf.  6  « 
ivttHirow. 

RcTiAiLi  ?*6t.  fuL  1  frCiwai  3*50. 

6  M  rtfrawwT  J064.  ne  relirfr.  te 
mAi#  <o36.   oiùifr  «  Tabn.  nqtée: 


7oâ8. 


1». 

3i,  pf.  6  iKiMliit  »«9  9.  p.  fvCfmx  11.  1799. 
rwxmlrr. 
Rsi^fi.  fif.  6  •téarnf»:  T'^ii.  recalfr.  sr 
oom^ol:   vvûfPY»:   $»Z^3.   33<»S.    1S63. 
î.7c»5.  jf»,  f,  npîjtfv  iMK».  |i  I fi—i  6S»7.  »»- 


)ii  «f  riifb^ .  ft'c  -^rw    imn:  '^m    #v  naiA  Crri^. 
i.  r't  I  {«rwuiD'  on.  '»»  pin  ^-a>:  -"m  «  ioir  7Mè. 

-mn.  ro^m:  «  î'tr  :.  >i>:*.  cliiMs  oit  IMH.  «■*  ^■«■1  ée 
tn»  roSt  .  it  nifunàrt  T^rr^Iif  ù  iaxii&. 

rmr». 

iif*i    II.,  'yify*'  '.  ttSr  .  '•uli     ragtnnf*     hBiàU 
liiiKCi-    miji.   i   -wioM^é   --^i     *ii»-»-.  iiilitr. 
Ti'i&kJ     II.  -w»*"  • — T     ;«*.f.i".  hnocii"  ytnu:,  lu. 

lAir  n«ulf.. 
Rncxt  f    :  :  .  '-mikff 
l««^.sin       imii».   I    "  M  fimm,  S.'>Si     lar^   irHif«*  s 

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516 


L^HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


[RtPBocBin],  impT.  6  nprofoient  iiSoy,  Be  rappro- 
cher de. 

Repiociib.  Voir  Rkpiocbibb. 

Repboybi  pf.  6  reprocerent  5368,  p,  reprové  do3i, 
reprodier. 

BEPtoTBi.  Voir  Rbpbotieb. 

Rbpbotibb  6399,  reproche. 

Rbqdbbb.  Voir  Rbqobbbb. 

Rbodbbbb  Sfkhoj  inipf.  3  requertit  633,  demander; 
requere  55,  i68,visiler;  impf.  6  requéraient  i5â9, 
attaquer. 

Rbbb  1948,  raser. 

Rbs  :  res  a  rei  1  i5oi,  au  ras. 

Resaziêb.  Voir  Rbsaziibb. 

[Resaziibb],  resaziër  /1633,  rassasier.  Cf.  Rasaziibb. 

Resbacoib:  se  retbaudi  3/i54,  se  ragaillardit,  reprit 
de  Tentrain. 

RBSBCcaiBB.  Voir  Rebocbibb. 

Re8G0!i8Bb,  pr.  3  rescorue  55&&,  7^53,  se  cacher,  se 
coucher  (en  parlant  du  soleil). 

Rbscobb.  Voir  Rescobbb. 

Rbscobbb,  rescçre  3781,  56/i5,  9678,  3878,  meure 
i/i3,  pf.  9  reecuêtU  9611,  3  rescust  7977,  reeuet 
7335,  p.  regcu»  7396,  7600,  f.  reçusse  7&Â&, 
tirer  d^un  mauvais  pas,  dégager,  déliYrer. 

Rescosse  9571  (rime  avec  serse)^  7583  (rime  atec 
eseusse  =  eseesse)^  action  de  dégager,  délivrance, 
secours  porté  dans  mi  combat  k  celui  qui  va  suc- 
comber. 

Rbsccbb.  Voir  Rescobbe. 

Rbsbbib,  pr.  3  resiet  3 136,  être  situé  de  son  c6té. 

Rbshovbib,  pf.  3  restnut  6/I7,  susciter  de  nouveau. 

Resobtib,  pf.  3  resorti  358o,  rebondir,  rcssauter. 

Rbspassbb,  impf.  6  repassoient  6975,  repaseowmt 
6377,  pf.  6  repassèrent  7600,  reepasserent  1991a 
(ms.  trespasserent),  p.  s.  repûseei  àyàt^  guérir. 

[Rbsplbitibb],  p.  f.  r^ïeitie  979,  ajourner. 

Rbspohobb  9059,  prêter  hommage,  s^engager;  «i  ree- 
pmdre  8^7,  à  la  réponse. 

Rbspors  8596,  réponse. 

Rbstbb,  pf.  6  resturent  8/179,  rester. 

Rbstobbb,  p.  f.  reffoTM  &956,  réparer. 

Rbstbb,  pf.  3  refud  100,  9/177,  3900,rç/u  766,  être 
aussi ,  être  de  son  côté. 

Ritjiillbb.  Voir  Rbtaiu.ibb. 

[Ritailubb],  couper,  retrancher;  p.  f.  retaillée  9^55, 
enlever;  la  gent  retaillée  61 1 9 ,  les  circoncis. 

Rbtbb,  accnser;  reter  lor  deeises  700/i,  attaquer, 
combattre  leurs  propositions. 


Rbtobbbb  5953,  536o,  781$,  78^9,  retour. 

Rbtobhbb  :  al  reUmer  336,  au  retour;  rétamer  91 48, 
tourner  de  çà  et  de  là;  sfaj.  pr.  3  reterge  6781, 
faire  retourner  (trans.);  pf.  6  se  retemerent  70^8, 
retourner. 

Rbtbâibb  3769,  fuL  1  retrarai  3759,  tirer  de  doo- 
veau;  s*ert  retraiz  1598,  s^était  retiré,  enfui;  impf. 
6  ee  retraouent  1969,  se  retirer,  se  détacher;  re- 
trmte  8o36,  mise  à  Tabri,  sauvée;  retraire  10, 
3i,  pf.  6  retrettrent  5999,  p.  retrait  11,  1799, 
raconter. 

Rbl'sbb,  pf.  6  reOserent  58 11,  reculer,  se  dérober  au 

*  combat;  reûeerent  3o53,  33o5,  A863,  593o, 
10703,  p.  f.  reûsee  1660,  pt  rsûiest  6597,  re- 
pousser, faire  reculer  (trans.). 

Bbvebsbb,  pf.  6  nverserent  io43o,  renverser. 

Rbvbbtib  :  reeertirent  760&,  retournèrent;  s'en  reeer- 
tirent  &o5&,  s^en  retournèrent. 

RicHBHiBT  11706,  magnifiquement,  noblement; 
11/^79,  â  haut  prix. 

RiBif,  s.  riens  676,  chose;  s.  tote  rien  8o36,  11067, 
toute  chose;  n*a  riens  (pour  riéfi)  fut  m£i(  6719, 
il  n*y  a  personne  qui  les  eût  tus;  rien  ei  haie  7958 , 
personne  d^aussi  détesté;  rien  née  ^786,  5o33, 
rien  vivant  3661,  8007,  chose  qui  soit;  iwle  rien  de 
tens  9086,  la  moindre  parcelle  de  temps. 

RiBBB  :  arrière;  la  guarde  rim^  191 3,  la  riare  garde 
1933,  cf.  Guabdb;  le  riere  ban  9807,  l^enîère- 
ban. 

RioTB  /i935,  embarras,  gène. 

Robe,  j^,  robes  1686,  76^5,  costume,  habillement. 

RoBBB,  impf.  6  robouent  7&â6,  voler,  piller. 

RoBu,  pi.  roe/es  776,  5995,  boudier  rond;  pi.  mefas 
9179,  rouet  d'arbalète;  pi.  roeles  8096,  petite 
tour  roode. 

RoBLBB  3ii5,  rouler. 

[Rogbibb],  impf.  6  rojeioient  3356,  laire  briller  sa 
couleur  rouge,  rougeoyer. 

Roi.  Voir  Rbi. 

[Roîlubb],  pf.  6  roulèrent  76^3,  se  rouiller. 

RoiSTB.  Voir  RuisTB. 

ROJBIBB.  Voir  ROOBIBB. 

RoLLEB  7675 ,8761,  rouler  (  le  haubert  pour  le  serrer). 
RoHpBB  :  rompue  1 1688,  violemment  ébranlée. 
RoBCi  11^98  (rime  avec  Soct),  roussin,  cheval  de 

petit  prix;  roncin  i558,  cheval  mâle. 
RoBCi!!.  Voir  Rona. 
RoosT,  rond  :  a  la  roûnde  685,  a  la  reonde  aSiÂf  â 

la  ronde. 


GLOSSAIRE. 


517 


RosiLun,  pr.  3  rMle  &0&8,  faire  de  la  roeéo. 
Bon  598,  6333,  8099,  9976,  pi.  rtmteê  9606, 

troope;  tindrent  la  rote  19A1,  formèrent  la  bande; 

m  rotê  598,  8988,  en  bande. 
Bon  &936  (rime  avec  riote),  petite  mesarc  (cf.  Du 

Gange ,  Reia  7) ,  mot  arabe. 
RodiT.  Yoir  Roorr. 
Rom.  Voir  Rotb. 


RoTBiT,  f.  pi.  roventet  396,  rouge,  coloré. 
Ro?iB  :  impf.  6  rovoient  6999;  le  ma,  a  retoient,  il 
faut  pcut-éti'c  corriger  vooient, 

RUKLE.  Voir  ROBLE. 

RnËB  9368,  ippf.  3  ruât  9969,  lancer. 
[Ruistb],  pi.  roiitei  3117,  rude,  violent 
[RuiSTBGi],  niistesee  7393,  rudesse,  violence. 
RcisTBSGi.  Voir  Ruistbgb. 


Samor,  «7171  9905,  sable. 
Sablohbibi.  Voir  Sabloiubib. 
Sablohibbi  9767,  5966,  $ttbhmnr$  ii35,  endroit  sa- 
blonneux. 
Sacbhi  9i5i,  tirer  en  avant. 
Sagbbb,  pr.  3  iocre  3&oo,  consacrer. 
Sair.  Voir  Saiitb. 
Smb  :  $ag€  dff  ââ& ,  99/19 ,  expérimenté  en ;fol  ne  eage 

6099 ,  formule  habitudJe  pour  dire  personne. 
Saiitb,  pi.  eaietee  1995,  tMCet  3iio,  6963,  eeetee 

65i],  flèche. 
Saillis  9183,  sortie. 
Saux»,  impf.  6  edloumt  1619,  sauter;  pf.  6  eaU» 

Urent  3Aio,  s^élancer;  p.  $ailli  1916,  pL  s.  eailU 

717,  sortir;  taillie  667,  répandue. 
Saiiit  :  $or  tainz  53 19,  sur  des  reliques. 
Saibbmbnt  366,  etc.,  eerement  85io,  terment  5399, 

pi.  êoiremenz  5396,  elc,  eermenz  855o,  10919, 

serment. 
Saisine  533,  9Co3,  9596,  possession;  le$  »ai$me$ 

1968,1a  possession. 
Saivb,  s.  iaivee   1169,    9616,   iiâ58  (rime  avec 

glakee),  sage.  Cf.  Sagi. 
Salp.  Voir  Sauf. 
Saluh.  Voir  Saillir. 
Salvagub.  Voir  Sauvagins. 
Saltbmbrt.  Voir  Sacvbmbxt. 
Salvbb.  Voir  Sauvbr. 
Saltet^.  Voir  SAUTBié. 
Sahiz  3980  (rime  avec  tapii)^  10917  (rime  avec 

Damiz),  pi.,  velours. 
Sargliht  1669,  65o&  (cf.  Gbrt),  sanglant. 
Sap  66A,  sapin. 

Sabazir,  Sarazineii,  Voir  aux  Noms  pr(^)res. 
Saugbssion  8858,  root  altéré  non  restituée 
[Saop]  :  pi.  eaU  lor  chateU  9606,  en  gardant  ce 

qa*ib  possédaient 


Sauf  1696,  en  sdreté. 

[Sauvagisb],  eahagine  5879,  gibier. 

[Sauvimbkt],  talvement  3593,  salut 

[Sauvib]  :  sbj.  pr.  3  eiDeus  me  ealt  /i69 1 ,  ainsi  puisse 
Dieu  me  sauver  I 

[SAOVBTé],  ealveté  768,  salut;  a  $alf>eté  i99o3,  sains 
et  saufs;  a  lor  ealveté  5i53,  pour  les  sauver. 

Satbir,  pf.  3  iot  77,  savoir;  ne  eorent  9999,  ne  pu- 
rent, ne  trouvèrent  pas  moyen  de;  eaveir  1867, 
pour  savoir;  eaveient  de  la  mer  3779,  se  connais- 
saient dans  les  choses  maritimes;  qu'il $a!wit  aproz 
5 1 86 ,  qu^il  connaissait  pour  vaillants. 

SAvofié,  f.  iovoree  /la 39,  10591,  savoureux,  de  bon 
goât;  (6g.)  pi.  eavoreee  11079. 

Sgircbiiblb.  Voir  Ciiicknblb. 

Se,  sei,  seiseitierç  io/i8â  (éd.(Mre),t0ttîerzii579, 
lui  troisième,  avec  deux  compagnons;  tst  quart 
665i,  lui  quatrième;  eeiquinzime  7976,  lui  quin- 
zième. 

Sb  i8â6,  etc.,  si. 

Sbbib,  être  assis;  eeoir  93i&,  pf.  3  fût  1997,  être 
campé;  pr.  3  eiet  5i/i,  être  situé;  ueit  tib3à, 
seyait,  allait  bien. 

SiELBR,  p.  pi.  teelei  8597,  sceller;  pf.  6  teelerent 
9193,  fermer  complètement 

Sbetb.  Voir  Saibtb. 

Su  586o,  soit 

Sbignor,  s,.iire$  567  (rime  avec  dire»)^  9195  (rime 
avec  remiree),  seigneur,  sire  ;  l'estel  êeigneur  Hugun 
719,  la  maison  de  sire  Hugues. 

Sbignobagb,  pi.  eeignorages  910,  1996,  possession 
seigneuriale. 

SeigiIORiagb  878,  seigneurie,  qualité  seigneuriale. 

SuGKOBiB  9809,  seigneurie,  domination;  9998,  ce 
qu^il  y  a  de  plus  noble,  de  meilleur. 

Sbigrur.  Voir  Sbigrob. 

Sbillb,  pi.  ieillei  389,  3863,  seille,  seau. 


518 


LHISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


I  Sdtu].  séparé  :  iomi  U  îrmStrt»  tottjut  anrrf  955o 
(tire  ainsi  ao  lieo  de  larjuî  beirre),  doot  le  traître 
tint  rarmée  écartée. 

Suouci.  VoirSojoEiu. 

ScLC  Â3oo,  sége;  pi.  $eles  0996,  selle. 

Sels.  Voir  Sol. 

SniLA5T  :  pmr  toMaml  s3Si,  5656,  en  apparenee. 

ScsBUB  :  il  iert  tewJAami,  1177,  00  voyait  bieo. 

SEaosDBB.  Voir  Soiosvu. 

ScMPBES  7166,  aussilôl. 

Ses  iSa,  8375,  espril,  sagesee. 

Sn.  Voir  Suz. 

SciiscBAL,  u  teneêckaU  9995,  léoéchal,  ofiîcier  (eo- 
dal;  li  êenetckak  de  pmiamie  9396,  le  chef  des  ar- 
mées païennes. 

Soimi  696,  gaoche;  e  ée$tre  e  Bometirt  &097,  à 
droite  et  à  gauche  ;  om  Mimlm  1916,  à  gaocbe. 

Sdcumdt  43^0,  amplement,  sans  antre  chose. 

Sdsdtbl  Voir  Sesbtu. 

StsM  :  pkuon  MM  7970 ,  en  piosieors  sens,  de  diren 

CÔléf. 

Scrri  10&70,  sentier. 

Sm  17,  etc.,  MU  55i5,  sans;  i635,  outre. 

SioiB.  Voir  Skbib. 

SllEMllT.  Voir  SlIBIlIST. 

Sm  :  Mrie  353,  douce,  calme  (en  pariant  de  la  noit); 
od  tciz  êerit  9579,  d*nne  Toix  douce,  basse. 

SBIJA9T,  3565,  3571,  s.  3575,  pi.  serjoMz  3685, 
8983,  8593,  s,êerjaMt  1668,  combattant  non  che- 
valier, soldat;  pi.  s.  U  mrjani  de  fié  6195,  les 
combattants  à  pied  (qui  étaient  tous  des  sergents, 
mais  fl  y  arait  des  sei^genls  à  cheval)  ;  seignor  ter- 
jant  8995 ,  formule  polie  employée  par  le  roi  Ri- 
chard; êerjamz  i90o5,  serviteurs. 

SuiASTBUB  3Â67,  aasembbge  de  combattants  noo 
chevaliers. 

Seivest.  Voir  Sâibbhbst. 

Sebho5  9665,  discours. 

Sebio»bb,  pf.  3  êermona  9688,  p.  urmmi  9683, 
adresser  un  discours,  une  exhortation. 

Sbbbosibb  3 186,  pL  s.,  prédicateur. 

Ssarsirr,  fém.,  pL  urf€n  9180,  s.  $erpem  g6hi^ 
serpent 

SEiBEBflE5T  ii36i,  eo  raugs  serré:*. 

Sbbvigb  1 9o53 ,  servitude. 

Sebvib  :  qmU  êerreit  de  niéu  3&,  qui  ne  faisait  rien 
pour  son  service;  U  $êrveient  de  loienge  7âo3 ,  l'amu- 
saient par  de  feintes  promesses. 

SnvisB  65,  86,  Ao5,  etc.,  service. 


[Sbtembikb.]  Voir  aux  Xoms  propres. 

SKmniBscB.  Voir  ScrnsucB. 
I    SBn.¥oirSoL. 

Seîb,  pi.  Mân  3336,  t  pi.  9eûm  5739.  qui  a  cofi- 
nance en  SOI. 

SEÎBTé  1  jio8,  garantie  de  sérurilé. 

Si  &i59,  etc.,  ainsi;  n  Detu  m'mU  1^9,  n  Dmu  as 
t<tie  386,  fl  DeuB  me  smU  h6%i\  ainsi  pnisBe  Dica 
m'aîder,  me  voir,  me  sauver!  si  jme  906 !i ,  9876, 
en  sorte  que;  n  gnmt  juaqti^m  tei emrûgier  i&6&,si 
grand  qn*il  en  perdit  le  sens;  copule  légèrement  ad- 
versative  sii97t  668,  etc., de  même  e  «193, etc.: 
SI  en  ce  sens  élide  son  •  59a,  etc.;  n  avec  em  se 
contracte  en  m  à8o,  etc. 

SiBCE  96^6,  etc.  (rime),  tien  3396,  siège. 

SiEBB.  Voir  S1B6B. 

SiSLB,  masc ,  voik  :  tiglm  drmeiez  1968,  toutes  voiles 
levées. 

SiSLCB  1180,  impf.  3  tigiot  1959,  pH  h  sylaiss 
i95i,  6  ngUremi  39i,  9098,  iâire  voâe,  di^gler. 

SiSLBcu  1976,  action  de  cingler. 

SiL.  Voir  Lb. 

[Sihplbce],  timpUtce  91 15,  âmplkilé. 

SiirLBscB.  Voir  Siiplzcb. 

Sis.  Voir  Si. 

SisTB  7933,  sixième. 

Sic  3865,  suif. 

SiviB  ^89,  etc.,  suivre. 

SoATR  885 1,  doucement 

[SocoEiSLB],  tueurMê  &7,  3o65,  8635,  secooraUe. 

SocoBBE,  tticorre  9^95,  secourir. 

SoDBBHE5T,  i366.  Subitement 

[Sodbbbtt],  soiul!nMiil  1915,  soudainemeot 

Soir  60Â1,  saçf'977,  <loucement 

SoppBirrB.  Voir  Sofbiitb. 

SorFBÂXCB.  Voir  Sofbisce. 

SoFPB  Erres.  Voir  Sopsaros. 

SoPBiiTE  ii3âi,s^^nRte  3&&5,  3917,  privatioa. 

[SoPBAiTOs],  êoJrtilMM  3636 y  privé,  dénué. 

[Sofbascb]  :  mistrent  en  toffranee  916,  prirent  pa- 
tience. 

[SoPBuJ  :  êùjfm  6389,  patientes;  êofferreiemt  1667, 
seraient  capables  de  résister  à. 

Sojbt:  m  s(y«fls  1901,  soumise  à  loi,  dans  sa  sujétion. 

[Sojob],  êujor  1955  (rime  avec  jor),  eg'vr  i575, 
repos,  arrêt 

S0JOB21XB,  êujcmer  1906,  fut  3  soforra  a  389,  gér. 
sii^onMDil  i9o6,  s^arrèler;  impf.  6  titiyuniswsiil 
8 1 57,  pL  3  s^'oriM  9499 ,  p.  s.yM  $tjwmn  9765 , 


GLOSSAIRE. 


519 


f.  iejudiejomee  5 861,  se  reposer;  pf.  3  iujoma 

694,  p.  iujomé  Saâ,  sëjouraer. 
[Sol],  pi.  r.  m2s  7338, 1  js66,  8eul;adv.  ieul  iSid, 

90&3,  seulement. 
SoL4CiEi,  p.  8.  iolaciez  1779,  réjouir. 
SoLAz  878a ,  réjouissance. 
SoLDAii.  Voir  Soudan. 

SOLDIBB.  Voir  SotJDKlIB. 

S0LD0Ï8CI.  Voir  SoDDiîi. 

[ SoLKoiBB ] ,  pr.  ZioUege  gùUS  (rime  avec *î«g«) «  p.  *o- 

liegié  ^6ii^^  aider. 
SoLBiB,  impf.  3  ioleU  i383,  avoir  coutume  de;  iuelt 

3007,  iclt  95,  êuelent  6793,  présent  avec  sens  de 

passé. 

S0LIB6IBB.  Voir  SOLBGIBB. 

SoLiEB,  pi.  ioUen  798,  étage  supérieur. 

SoLOHC  hUbS,  iuUme  3566,  selon;  idunc  quê  6^57, 
8057,  selon  ce  que. 

SoLT.  Voir  SouT. 

SoLTB.  Voir  SOUTB. 

SoLTiL.  Voir  SOTIL. 

Son  :  en  êum  le  7/18,  10073,  en  haut  du;  en  $om  lee 
3706,  de  $om  le$  395â,  en  haut  des;  en  tum  de$ 
753,  en  haut  des;  par  en  tum  tuz  io5oi,  par- 
dessus tous. 

SoMB  1990,  45o6,  fardeau. 

SoMB  16&5,  4565,  somme,  total. 

SOMBB.  Voir  SOMIBB. 

SoMET  :  en  eomet  3370,  en  haut;  par  en  eomet  3867, 
tout  eo  haut. 

[Somibb],  pi.  iomere  363&,  cheval  de  somme. 

SoMOBDBB  3o8,  9A93,  9689,  p.  f.  êomonee  5687, 
MtnofiM  7&5ii  convoquer,  mander. 

[Somoiisb],  eenumêe  7691,  convocation. 

Son,  pi.  s.  ioni  1 1880,  chanson  légère.  Cf.  Sonbt. 

Son,  fém.  fiw  69,  son;  me  quitte  9o63,  entièrement 
sienne;  ton  parjure,  ton  traitor  1866,  qui  était 
parjure  et  traitre  envers  lui;  chetcon  fat  ton  Turc 
flatir  766^,  chacun  abattit  son  Turc. 

SoHBi,  Voir  SORBT. 

[Sonbt],  pi.  toneiz  9363,  chanson  légère.  Cf,  Sor. 

SoB  85io,  blond  ardent. 

SoB  4 1 0 ,  etc. ,  twr  h  63  elc. ,  sur  ;  tor  tote  oreatwre  646 , 
plus  que  personne;  tor  hr  citié  60 A ,  dans  leur  cité. 

[Sobcdidarcb],  torquidance  6905,  arrogance. 

[  SoBccipii] ,  pi.  s.  torquidé  1  /196 ,  arrogant ,  présomp- 
tueux. 
Sobdolbib],  tordohnr  8771,  ressentir  avec  escès  (un 
chagrin  ). 


[Sobdbb],  pf.  3  turtt  /io4o,  6  turttrent  8160,  p.  f. 
turte  9449,  s^élcver. 

SoBB,  sur  :  aler  tore  1 1 39^,  attaquer;  eorir  tore  a  1 66 , 
ture  a  797,  3345,  courir  sus  à,  attaquer. 

[Sobfait],  f.  turfaite  i4,  excessif. 

[Sobpait],  torfeit  5456,  turfeil  865,  978,  excès. 

SoBPBiT.  Voir  Sobpait. 

[ SoBH aocibb ],  sur^ucter  55o5,  pr.  3  turhauce  55 o3  , 
élever,  exalter.  Cf.  Sdzoadcibb.  « 

SoBJoÎB  8770,  se  réjouir  avec  excès  de. 

SoBMOi^TBB  799 ,  pf.  6  tormonterent  1609 ,  monter  au- 
dessus  de,  gravir;  tumumter  9  994,  vaincre. 

SoBOB,  sortir -870,  100.1,  1175,  turor  i443,  s.  tuei' 
1097,  pi.  torurt  9495,  sœur. 

SoBQUBBiB  :  le  torquereit  7388,  lui  faisait  des  de- 
mandes excessives. 

SOBQDIDANCB.  Voir  SoBCUlDAKCE. 
SOBQUIDIBB.  Voir  SOBCDIDIEB. 

SoBSALT.  Voir  SonsADT. 

[Sobsaut]  :  pi.  en  tortalz  5o39,  précipitamment. 

SoBSB  :  a  torte  9579,  avec  impétuosité,  avec  élan. 

SoBUB.  Voir  SoBOB. 

SoBVBBiB  :  turvetr  9497,  pf.  6  torvirent  3993,  aperce- 
voir; pf.  3  torvU  933 1,  considérer. 

SoBVBiLLB  3 1 4  3 ,  avant^veille. 

SoBVERiB,  pf.  3  turvmt  575,  6  torvindrent  579,  ar- 
river. 

SosPBCiBB,  pr.  1  tutpiez  11399,  3  totpiece  6536, 
soupçonner. 

SOSTENEMEM  1 9 1  7  6 ,  Bldo. 

[  S08TBNIB  ] ,  tuttenir  i  a  9  5 ,  pf.  4  tuttenmet  1994,  sou- 
tenir. 

Sera  :  f.  pi.  tutilt  953 1,  ténues;  pl.«o/ti7z  39 1 5,  ha- 
biles, subtils. 

SoTiLHEKT  9933,  habilement,- avec  dissimulation. 

Soudan  11985,  toldan  5 181,  5493,  6768,  68o5, 
7385,  7965,  8695,  8706,  10758,  11659,  s. 
tondant  ii8i5,  11975,  19016,  i9i45,  19167, 
toutant  8383,  Soudan,  sultan. 

SouDBB,  toujours  au  pi.,  toudoet  5349,  8t64,  solde; 

.  <froi(«i  toudeet  4587,  ti485,  juste  solde;  a  tet 
toudeet  9163,  è  sa  solde. 

[Socdbieb],  pf.  6  toldeerent  5356,  soudoyer. 

[SouDBii]  :  toldoùce  1095,  appliquée  par  une  sou- 
dure. 

SOUDBMBNT.  Voir  SODBMBNT. 

[Sodt],  tolz  4999,  sou;  tet  toU  458'4,  sa  solde. 

[Sootb],  toile  19971^  payement. 

SoTBNiB  :  vot  peûtt  tovenir  730,  3979,  vous  anrici 

45 

n»tiiiiiui  ■ATieiAic. 


520 


L4IIST0IRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


pu  (en  voyant  cela)  avoir  Tidéc;  de  folie  noê  io- 
rient  5â66,  nous  avons  de  folles  pensées. 

SoiPRB!iDBB  11576,  surprendre. 

[SozpRBsuBi],  iuzpreiture  11897,  surprise*. 

SucoBRB.  Voir  SOCORRB. 

SUCURABLB.  Voir  SOCOBABLB. 

S08.  Voir  Sox. 

SuB.  Voir  Suie. 

Sdbb.  Voir  SoBOB. 

[Scib],  êue  6s  18  (rime  avec  berrue  =■  beiTuie)^  suie. 

SUILLBNT.  Voir  SOLLBIIT. 

SuJOR.  Voir  SoJOB. 

[Sullb;it],  f.  pi.  tuillenteê  990Â,  couvert  de  sueur. 

SULOXG.  Voir  SOLOHC. 

Sci.  Voir  Son. 
SvB  a638,  aigre  (fig.) 
Sur.  Voir  Sob. 
Sl'rdbe.  Voir  Sobdre. 
SuBE.  Voir  SoBE. 


SuBFBrr.  Voir  Sobpait. 
ScBBAuciBB.  Voir  Sobiadcibb. 
Sdbjub!(br.  Voir  Soiobheb. 

SUBHO.ITBB.  Voir  S0BH0!(TBB. 

SuBon.  Voir  Sobob. 

SuBTBÎB.  Voir  SORTUIB. 

SuBTBRin.  Voir  Sobvbmb. 

Su8  1985,  91A0,  en  haut;  eut  e  jut  1067,  &o«7, 
6688,  en  liaul  et  en  bas;  pemir  eue  9608,  atta- 
quer; au  contraire,  ee  irmre  mm  733,  tu  fut  6&90, 
s^éloigner;  en  eue  36^3 ,  en  avant. 

SusnAUciBB  691,  pf.  3  euzhaura  10679,  rendre  proa^ 
père,  avantager. 

SCSPECIBB.  Voir  SoSPBCIBR. 

ScsTARCB  :  pi.  euetancee  7808 ,  provisions,  sobfialaiioea. 

SOSTBMR.  Voir  S08TB51R. 

Sl'til.  Voir  Sotil. 
SuzuAuciBB.  Voir  Sosbaucibr. 

SuiPBESTUBB.  Voir  SoiPBBSUBE. 


Tabob,  pi.  tabure  6667,  6935,  tambourin. 

Taborbr  6019,  6937,  impf.  6  thaborouent  3967, 
iaburoient  ii&^à,  gér.  thaborant  3617,  faire  re- 
tentir le  tambourin. 

Tabub.  Voir  Tabor. 

Taborbr.  Voir  Taborer. 

Tai  7896,  boue. 

Taillb  :  conte  ne  taille  196,  1696,  compte  ni  esti- 
mation; a  taille  3378,  7696,  8559,  ioo38, 
1 1639 ,  de  compte  fait,  exactement,  complètement  ; 
taille  7033,  imposition. 

Tailubb,  pf.  3  tailla  i93i6,  imposer. 

Taiiidbb.  Voir  Tbirdbb. 

Taisib  11 56,  taire. 

Talent  7895,  désir;  mal  talent  58o5,  rancune, 
mauvais  vouloir. 

Tahbustbïz  5939,  tapage.  ■ 

Tart,  si  nombreux;  tant  39 13,  s.  tant  53,  etc., 
de  tels  tantet  3538,  de  telles  en  si  grand  nombre. 

Tart  :  tant  maisont  1991,  tant  genz  997,  396,  tant 
(ms.  éd.  tanz)  pereree  39i3,  tant  de  maisons,  de 
gens,  de  pierrières;  tant  degent  compot  aveir  9687, 
autant  de  gens  qu^il  en  put  avoir;  a  tant  9093 
(éd.  atant)^  919a  (de  même),  9701  (de  même), 
3717  (de  même),  38o/i,  3898  (éd.  atant),  5198, 
8790,  9869,  à  ce  moment,   alor 


Tapu  pi.  8979  (rime  avec  eamà),  tapn. 

Tabbxtb,  pi.  tarentet  5908,  591 5,  tarentule. 

Tabgb  1689,  8079,  pi.  targes  776,  8309,4959* 
targe,  bouclier  long;  (%.)  com  malee  targm  70^6, 
quels  mauvais  boucliers,  quelles  mauvaises  armes. 

[Tabgibb],  targer  i565  (rime  avec  dêechm^gêr^*  Jst- 
chargier)y  tarder;  $e  targeifnt  5757,  tardèrent. 

[Tabqcais],  torqneie  8765  (rimeavecpnst),  carquois. 

Tastbb  ,  p.  pi.  r.  tastn  1 898 ,  tâter,  éprouver. . 

Tbcib  9118,  io6t9,  11189,  techee  19189,  ^'■^^ 
i9i3o,  manière  d^étre,  babitude,  qualité  bonne 
ou  mauvaise. 

[Tbiudrb],  /diWr» 8758 (rime  avec  ataindre)^  teindre. 

Tbirssibb.  Voir  Tbsbr. 

Tbisb,  pi.  teitee  6596,  toise;  a  la  teiee  565â ,  avec  in- 
tensité, vigoureusement. 

Tbl,  f.  tel  pass.,  tele  it6o5,  pi.  f.  tele  ptis.,  tele» 
3563,  tel;  tel»  le»  conreia  i63o,  tel»  le»  atomennt 
3oo6,  il  les  arrangea,  ils  les  arrangèrent  de  telle 
façon;  n'a  tel»  5655,  il  n'y  en  a  pus  de  pareils;  i7 
t  ot  tel  qui  diteit  9 1 1 ,  il  y  en  avait  qui  disaient  ; 
tel»  i  ot  qui  &5o,  796,  il  y  en  eut  qui;  »i  quiderent 
tel»  t  aveit  8159,  il  y  en  avait  qui  crurent;  comen- 
cerent  a  dire  tel»  i  en  aveit  7836,  il  y  en  avait  qui 
commencèrent  à  dire;  tel»  i  ot  »e  mietrent  8119, 
il  y  en  eut  qui  se  mirent. 


GLOSSAIRE. 


521 


TiMPim,  fëm.  le  tempeite  7913,  tempête;  cotiM  tom- 
pe$te  1661,  9999,  comme  un  ouragan,  précipitam- 
ment; au  fig.  en  grant  tempeite  859,  dans  une 
grande  excitation. 

TiMPuni  807,  faire  tapage;  p.  pi.  tempettez  i/i3o, 
victimes  de  ia  tempête,  naufragés. 

TiMPLi  3617,  tempe;  fud  tirée  mainte  temple  98, 
beaucoup  s'en  frappèrent  les  tempes  (on  signe  de 
douleur);  se  grata  les  temple»  6o5o,  B^égratigna 
les  tempes  (en  signe  de  douleur). 

TsMPiiB,  impf.  3  temprot  76A0,  tremper,  mouiller. 

TnmB.  Voir  Tertbi. 

Tmcibb,  gér.  tençant  11373,  se  quereller. 

Tbnçom  695,  669,  io38,  s.  tencon  1/186  (rime),  pi. 
tençons  11 363,  querelle,  dispute. 

TBRDBB,impf.  3  tendeit  1 9^5,  se  diriger;  se  fat  tendre 
9809,  fit  dresser  sa  tente;  $e  tendirent  &oi3,  dres- 
sèrent leurs  tentes,  campèrent. 

Tehdbb,  s.  tendre»  180,  d'âge  tendre. 

Tbribclb  8898  (rime  avec  siècle)^  tenicle  7788  (de 
même),  sombre,  morne. 

Tbfiiclb.  Voir  TE?iiECLK. 

Temb  :  nel  tenez  mie  a  fable»  7830  «  ne  prenez  pas  cela 
pour  des  fables;  tenue»  d'enferté  783/i,  arrêtées  par 
ia  maladie;  tenouent  A 983,  tenaient,  résistaient; 
tenant  6980,  6818,  résistantes,  solides;  tenaient 
9190,  tenaient  féodalement  (intrans.);  un»  a  autre 
ne  »e  teneit  i63i,  ils  ne  se  tenaient  plus  ensemble; 
a  Deu  »e  tenaient  3196,  étaient  du  parti  de  Dieu; 
(impers.)  de  lur  bien  ne  lor  teneit  3969,  ils  ne  se 
souciaient  d'aucun  bien  ;  d*e»torer  ne  lor  teneit  3198, 
il  ne  leur  était  pas  possible  (?)  de  faire  de  provisions. 

Tbxs,  temps  :  par  ten»  991,  1860,  /i6i6,  à  temps; 
tut  ten»  1 9/1/1,  toujours;  s.  un»  ten»  /i6i9,  un 
temps  (un  état  de  Patmosphère);  lor  ten»  9098, 
le  temps  qu'il  leur  fallait. 

TEftSEMEirr  35 1/1,  iio'jo,  défense,  protection;  deu 
teneement  10917,  pour  la  protection,  la  garantie. 

Tesseb,  p.  f.  tensee  iio/ii,  protéger;  »*e»toient  ten»é 
iioA/i,  s'étaient  assuré  protection,  s'étaient  ga- 
rantis; de  teneier  el»  9979,  de  s'assurer  p: élection, 
de  se  garantir.  Cf.  Tesbh, 

Tbnsieb.  Voir  Tersbb. 

Tbktb,  tente;  tension  :  a  poi  de  tente  9977,  à  peu  do 
peine,  avec  peu  d'effort.  Cf.  Teise. 

Tenteb,  p.  tempté  33  63,  sonder,  attaquer,  barceler. 

Tebi\n.  Voir  Tebiie.i. 

TiBIEN.  Voir  TERIIENf 

[Tbbiibti],  terrestre  :  rci»  terien»  5967,  roi  terrien; 


joie  teriane  âi,  joie  d'ici-bas;  rien  terriane  3719, 
diose  terrestre,  chose  quelconque. 

Tbbhb  :  un  poi  de  terme  9681,  un  peu  de  temps. 

Termbibr,  pf.  6  tenneierent  5/ii3,  délayer,  atermoyer. 

Tebml^b  9/193,  3119,  temps  fixé,  terme. 

Tbbbibn.  Voir  Tbbiien. 

Tbsche.  Voir  Teghe. 

Tbsbb,  pp.  /i  toieon»  9656,  tendre,  s'attacher;  6  tei- 
»ent  io/i35  (ms.  éd.  tein»»ent),  impf.  6  teeoient 
10668,  gér.  te»ant  9976  (nos.  éd.  tentant),  serrer 
de  près,  poursuivre.  Cf.  Tbisb. 

[Teshoighibb],  pr.  6  teemonient  9^19,  témoigner. 

Tbsmotiibb.  Voir  Tbsmoigkibb. 

Tbst  :  8a  mai»nee  preuz  e  te»te  6/176,  mot  inconnu, 
peut-être  altéré  pour  preete, 

[Testemoigre],  teetiinoine  5 a 59  (rime  avec  etsoignê), 
témoignage. 

[Testemoigrier],  pr.  ^  teetemoine  975,  témoigner. 

Testemoiubr.  Voir  Tbstbmoignieb. 

Testimoirb.  Voir  Tbstbhoignb. 

Tbstiiionibb.  Voir  Testimobiibb. 

[Testimoniibb],  tosftmontër  9659 ,  témoigner. 

Thaborbr.  Voir  Tabobbb. 

Toabdrer.  Voir  Taburbb. 

TiEBZ  661,  tierç  3989,  etc.  (éd.  tierc),  tier  7717, 
7736;  f.  tierce  9/181,  troisième;  tierce,  la  troisième 
heure  (neuf  heures  du  matin):  endreit  tierce  858o, 
entre  tierce  et  none  6099;  tierce  haute  6011,  la 
partie  du  jour  comprise  entre  tierce  et  none  étant 
déjà  avancée. 

Timbre,  pi.  timbre»  9359,  6^35,  tymbree  6667,  tam- 
l)our  de  basque. 

Tirant  i3i  1,  i385,  s.  tiranz  1637,  tyran. 

TiBE,  lile;  tôt  a  tire  /i339,  d'affilée. 

TiBiBB,  tirer;  a  mat  tirant  i386,  s'adonnantau  mal. 

Toiser.  Voir  Tbsbb. 

Tour  1909,  pr.  3  tôt  9588,  sbj.  impf.  6  tol8i»»ent 
7706,  7705,  p.  tolu  i9o8,  toleit,  f.  toloite  19337, 
enlever,  ôter. 

ToLoiT.  Voir  Tour. 

ToLTB.  Voir  Toute. 

Tohbbb,  impf.  6  tombouent  39/17,  faire  des  culbutes. 

Ton  6883,  tour;  en  tor  5869,  /i8/i5,  en  tur  1986, 
9166,  9189,  9997,  alentour;  en  tor  lii'j^  168,  en 
tur  9161  (l'édition  porte  généralement  entor,  entur, 
mais  il  vaut  mieux  séparer  les  deux  mots),  autour 
de;  arbaUete  a  tor  55/ii  (rime  avec  creaior),  arba- 
le»te  a  tur  3570  ( rime  avec creatur),  li^S3  (rime  avec 
atur)y  pi.  arbaleete»  a  ton  9179,  arbalète  à  tour. 

65. 


52â 


L'HISTOIRE  DK  LA  GUERRE  SAINTE. 


[Tobbb] f  fiirfrtf  1 1887  (rime  avec  dê9iurbe=  dulorbe)^ 
foule,  masse. 

ToRELB,  pi.  toreiei  3307,  tourelle. 

ToRMBST,  pi.  tormeiiz  i5o7,  fatiguent;  tonneia  39 18, 
choses  nuisibles. 

[TonMiKTOs],  f.  tunnentiise  31 30,  7908,  en  pariant 
de  la  mer,  agitée ,  lumallueuse. 

ToBREEB.  Voir  ToRRItKn. 

ToBifBiBR,  impf.  6  iorneouent  6393,  tourner,  aller  çà 
et  là;  Uimeier  i!ii56,se  promener,  faire  un  tour. 

ToRRBR,  tourner;  toma  iâ6i,  se  dirigea;  aUlort  tomee 
3/1,  emportée  ailleurs;  en  toma  1196;  »*en  torna 
11 65,  en  partit;  ro  lui  torna  a  pri$  ]o33,  cela 
augmenta  Testime  qu'on  faisait  de  lui  ;  a  Deu  i'iert 
tornee  Shïy'j,  s'était  dirigée  du  côté  de  Dieu. 

ToBQUEis.  Voir  Tarqlais  et  Tcrqubis. 

TosB  :  joefnei  totet  A 1 3  3 ,  jeunes  fillettes. 

[Tosbtb],  toKtte  9090,  petite  fillette. 

TosBTTE.  Voir  TOSETE. 

[Tossir],  impf.  3  tuuet  ^370,  tousser. 

Tôt,  tout;  del  tut  356,  118/i,  entièrement;  tut  le 
rivage  2707,  tout  le  long  du  rivage;  tozjorz  619/4 , 
90/15,  9551,  9606  (éd.  tozjorz),  toujount. 

[Toute],  tolte  13372,  rapine,  exaction. 

ToEJonz.  Voir  Toi. 

TozsAïKz  (La)  7309 ,  793/i,  la  féto  de  iouftles  saints, 
la  Toussaint;  cf.  3iâ3,  3 180. 

Tpboupt  1/166,  exclamation  d'injure  et  de  mépris. 

TraL^b  7/131,  83 17,  8816,  machination,  manœuvres. 

Traï.ser,  p.  s.  traînez  8799,  traîner  (sur  la  claie)  de 
façon  à  faire  périr. 

Traire,  tirer;  trans.  (raiz  h^o'4 ,  tirés  en  haut;  (rairs 
39,  attirer;  traire  3799,  tirer  (avec  uu  arc);  a 
nient  traoient  8888 ,  réduisaient  à  rien,  dénigraient; 
traire  grant  termon  9665,  faire  un  long  discours; 
ne  fat  treire  i/i36,  se  fil  porter;  impf.  3  se  traioit 
33o3,  6  te  traiouent  lùhZ,  pf.  3  m  tretit  31 3,  6 
ie  traiitrent  3883,  s'avancer;  intrans.  traire  3791, 
aller;  pr.  6  traient  aljou  739,  tirer  sous  le  joug; 
traient  9039,  vont;  traient  iut  733,  tirent,  s'en- 
fuient; en  treiit  a  0^1^3668,  en  vint  à  bout;  impf. 
6  traioient  751,  pf.  6  traiitrent  785,  3881,  tre^ 
irent  t5i5,  gér.  traiant  1630,  etc.,  tirer  de  l'arc, 
de  l'arbalète. 

Trait  3793,  pi.  (raiz  387/1,  coup,  manière  de  tirer 
(de  l'arc  ou  de  l'arbalète). 

TRArriBB  1,  traiter;  p.  (raiW  3078,  traiter  (intrans.). 
Traïtor  1387,  traître  (adj.);  ion  trmtor  1866,  qui 
était  traiire  envers  lui* 


Traibtrb,  pf.  3  tramiet  983 ,  7373 , 6  tramiêtrwi  1 3i , 
p.  f.  tramiie  11 38,  envoyer. 

Travail  1 1 90 ,  pi.  trownlz  1190,  9900 ,  travail  1 1 66  , 
fatigue,  peine. 

Tratailubr  1 19],  travillier  9899,  3i38,  pf.  3  tra- 
veilla  1 1390,  peiner,  avoir  de  la  peine;  se  traveiUer 
1 87,  de  même;  intr.  pf.  3  travaille  i399  (rime  avec 
bataille),  impf.  6  travaillouent  9833,  travmUouint 
5397,  fatiguer. 

Tratbillbb.  Voir  Trataillibb. 

Tbaîeb,  abriter  sous  des  tentes;  travée  6669,  caoïpée; 
$e  traverent  5716,  5817,  dressèrent  leurs  tentes, 
campèrent. 

Travers  :  tôt  en  traven  1 1 766,  1 1763 ,  en  face,  sans 
ménagement. 

Tbavbbsb  :  a  la  traverte  iailli  36o8,  s'élança  à  sa 
rencontre. 

Tbitillibr.  Voir  Travailukr. 

Trbble  /u/i9,  triple. 

Tbbbccoier  3089,  lancer,  faire  tomber;  tr^buchier 
9338 ,  impf.  trebuckoent  1665 ,  pf.  3  tretbucka  6967, 
6  trebuchierent  665,  tomber. 

[Trbcb],  pi.  treacet  9395,  33i  1,  tresse,  natte.       * 

Tbef,  pi.  tre$  633,  566,  609,  i983,  9317,  triée 
1 1 397,  espèce  de  lente  munie  d'une  poutre  (poutre 
est  le  sens  propre  de  tref);  les  trefe  dee  perieree 
9303,  les  poutres  des  picrrières. 

Tbbibb.  Voir  Traire. 

Tbesbicuibr.  Voir  Trebuchibr. 

Tbbsce.  Voir  Trbcb. 

Trbsche,  pi.  treecheê  8659,  sorte  de  danse,  farandoh*. 

Trbspas  i3i9,  passage. 

Trbspassbr  :  pf.  3  tretpaua  91 38,  33 11,  dépasser 
(trans.);  tretpauouent  6093,  dépassaient ,  laissaient 
passer;  iert  treipoitez  5689,  était  passé;  impf. 
3  treepateot  5383,  pf.  3  tretpatta  190,  6  treepae- 
eerent  933 1,  passer  (intrans.). 

Trbspbrcibb  ,  p.  pi.  treteperciez  1 1 696 ,  traverser,  percer. 

Tbbsqub  795,  di«  que. 

TRBsroB  10009  (rime  avec  eetur),  tour  fait  (dans  une 
bataille)  après  avoir  lancé  le  cheval. 

Tbestor.ser,  pf.  6  treitornerent  13670,  aller  en  dé- 
tour; pf.  3  trestorna  io639 ,  se  détourner,  échapper. 

Tbestot,  pi.  treêtnz  3087,  s.  treituz  th'j,  absolu- 
ment tout. 

Trbstut.  Voir  Trestot. 

Trbû  7381,  11790,  tribut. 

Triacle  5913,  thériaque. 

Triep.  Voir  Trbt . 


GLOSSAIRE. 


523 


Tims  4 070  :  ce  mot,  qui  signifie  proprement  sen- 
tier, voie  de  commwiication,  est  souvent  employé 
comme  terme  de  chasse  au  sens  spécial  d'affât, 
embuscade  sur  le  passage  du  gibier,  et  e^esl  le  sens 
(fig.)  qu*il  parait  avoir  ici  :  les  Turcs  étaient  à 
raffdt. 

TiiPOiBB  :  otTtf  trifoire  1 096 ,  travail  à  festons. 

[TaiSTOn],  trittur  laSa,  tristesse. 

TaisTOt.  Voir  Tustoi. 

TiiuuK  gSa,  pi.  fn'utiet  1700,  6918,  7611  (rime 
avec  Uuêt)f  trêve. 

Tbobli,  sombre  :  la  gent  troble  6^93,  les  Sarrasins; 
pi.  s.  troblê  3 3/1 3,  assombris;  (au  moral)  f.  troble 
7790,  troublée. 

Tboblbb:  troblee  6^69,  troublée,  en  désarroi. 

TboIrb,  pi.  irotnea  q36o,  instrument  de  musique  in- 
connu. 

TBOiiPB,pl.  trompée  9389,  trompe. 

Tbohpbb  3339  >  sonner  (en  pariant  dVne  trompe). 


Tbop,  trop  ;  1 3 1 9 ,  /i8 1 8 ,  extrêmement  ;  trop  greignora 
1118,  bien  plus  grandes. 

Tbossbb,  p.  troué  iSSg,  chargé;  te  troeserent  3/î8i, 
se  chargèrent. 

Tbossbûbe,  pi.  troueûree  G 198,  trut$eure$  i0938,  ba- 
gage». 

Trotbr,  pr.    t    troiê  4 198,  Irouver;  3  trove  7084 

(rime  avec  eeprove  =  eaprueve)^  composer  poétique- 
ment. 9 

Truie,  pi.  truiee  39o3,  truie,  machine  de  si^e. 

Tbdsseûbb.  Voir  Trossbure. 

ToR.  Voir  Tor. 

Tubbb.  Voir  Tobbb. 

TuBcopLE.  Voir  aux  Noms  propres. 

TURMBNTDS.  Voir  TORMBKTOS. 

TuBQUEis  7609,  torqueie  6609,  turc. 
TussiB.  Voir  Tossir. 
Tôt.  Voir  Tôt. 
Ttmbrb.  Voir  Timbre. 


u 


Ubs,  besoin  :  nef  eet  8670 ,  il  faut;  a  Voee  le  rei  8919 , 
a  ue$  Deu  9089,  a  oes  Deu  9066,  pour  le  roi, 
pour  Dieu;  a  eon  tiet  701,  pour  lui;  a  oee  de 
Vovraine  i363,  dans  Tinténît  de  Tœuvre. 

[Ubvbb],  ovre  7^1,  10/16,  affaire,  entreprise;  de 
greinur  ovre  6i/i&,  de  plus  grande  valeur;  ovre  tri- 
foire 1095,  travail  festonné. 

[Uis],  huiê  1A87,  porte. 

UissiBB  :  uiêiierê  1199,  vaisseaux  munis  de  poKes 
(pour  transporter  les  chevaux). 


UiTANTB  1 936 7,  quatre-vingts. 
UrrivB  :  as  uitaves  985,  à  Toctave. 
UiTisMB  65,  huitième. 
[Umilieb]  :  humiliant  90/17,  s*humiIiaot. 
Un  :  a  un  797/i,  8666,  ensemble. 
Ubcobe.  Voir  Ongobb. 
Ubb.  Voir  Obe. 

User,  pf.  6  uterent  6519,  faire  usage  de;  impf.  ueoit 
5853,  être  utile,  servir. 


Vaibe.  Voir  Veine. 

Val,  vallée:  a  val  9000,  9873,  9877,  3548  (éd. 

aval)^  en  bas;  a  val  Verne  8091,  à  vau-feau;  a  val 

la  marine  6166,  en  descendant  le  long  du  rivage; 

contre  val  la  rive  3983,  en  descendant  le  long  de 

la  rive. 
Vallbt.  Voir  Vaslet. 
Vartakce  6769,  vantcric. 
Varteresse  G778,  qui  se  vante  (sert  de  féminin  à 

vanteor), 
[Vaslet],  ^L  valiez  387,  jeune  garçon. 
Vassal  9695,  guerrier. 


Vasselagb  9895 ,  pi.  vauelages  7959,  prouesse ,  action 

de  vaillant  guerrier. 
Veagb  :  el  veage  Deu  53i5,  dans  le  voyage  de  Dieu 

(fait  pour  Dieu). 
Vbbib,  voir  :  si  Dctisme  voie  386 ,  ainsi  puisse  Dieu  me 

voir,  c'est-à-dire  me  protéger;  mal  le  virent  i097'i> 

ils  virent  cela  pour  leur  malheur,  c^est-à-dire  cela 

leur  nuisit. 
Veer,  pf.  3  vea  9719,  971  &,  6  veerent  9699,  sbj. 

impf.  3  veaêt  9796,  p.  f.  veee  957,  9791,  pi.  veeea 

9710,  interdire. 
Veib  ,  chemin  :  tote  ea  voie  385 ,  en  suivant  son  chemin  ; 


52â 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERKb)  SAINTE. 


t 


furent  let  roMt  mrmi  i  ofi3 ,  les  chemins  furent  par- 
courus; lor  veies  i*aveiermt  /i38,  leurs  rhemins 
marrht^rcnt  de  concert;  veie  37.3,  voyage,  eipédi- 
tion;  tote$  ret'et  1339,  nSSi,  3*jo6,  35^11,  ^JagS, 
/Î687,  69/11,  toutefois. 

[Vbile],  veille  iq58,  i3i7,  fém.,  voile. 

ViiLLB.  Voir  VErLE. 

ViiLUBi  3918,  veille. 

[Veirb]  :  «I  lui  vint  de  malvaiie  vaine  3713,  cela  pro- 
venait d^une  mauvaise  inspiration. 

Veib  ,  vrai  ;  de  veir  /i3o ,  </«  r«ri  1  o  1 85 ,  por  veir  aSaô , 
en  vérité;  la  veire  98a<),  8a  18,  957a,  la  voire 
1979,  la  (chose)  vraie,  ia  vérité;  (prisBul»st.)  c'ett 
veir  provez  766,  c'est  une  véiilë  éprouvée. 

[Veibe],  voire  5^190,  vraiment,  cl  par  eit.  même. 

Vbirehekt  6091,  véritablement. 

Veisi.^,  voisin;  mal  veixin  6798,  ennemi  redoutable. 

VERGEon,s.  vengieres  36 10  (rime  a\cc  pieres),  ven- 
geur. 

Vb!iir,  venir;  (pris  subsl.)  1718,  33'V'i,  venue;  tant 
de  venant  /ioo,  tant  qui  vionnenl. 

Vetitaille,  pi.  ventaillfi  11 356,  paKie  du  haul>ert 
qui  se  relevait  devant  la  face. 

Ve^teler  97G8,  flotter  au  vent. 

Ver  3n3â,  printemps. 

Vbrai,  f.  pi.  veraiet  6568,  vrai. 

Vebaieme:<it  55i5,  vraiment. 

VsRGié  433,  verger. 

[Vbrgoig5b],  vergoine  5 6/19  (rime  avec  Burgoine 
=  Borgoigne),  honte. 

Vbrgoi?(b.  Voir  Vergoighe. 

Vergo?(DER,  impf.  3  vergondeit  3739,  6  vergondoient 
3709 ,  p.  f.  vergondee  37 1 6 ,  11361,  outrager, 
honnir. 

Vermine  363/1,  vers;  pi.  vermines  6917,  6937,  593o, 
petits  animaux  nuisibles. 

ViRs  5573,  envers. 

Verte  :  de  verte  55i 6 ,  en  toute  vérité. 

Vertir  10873,  se  tourner,  se  diriger. 

Vertu  :  pi.  veriuz  de  Deu  3538,  pouvoirs  miraculeux 
de  Dieu. 

[Vbrtcos],  f.  pi.  vertuuies  3076,  puissant,  doué  de 
vertus. 

Vbrtocs.  Voir  Vbrtuos. 

Vescoîite,  s.  vegcuenê  6733,  vicomte. 

Vbspre,  fém.  :  t7  esteit  tant  vetpre  o$cure  3997,  il  fai> 
sait  si  sombre  dans  cet  après-midi. 

Vespree  i335,  i833,  1 1 93 1 ,  soirée. 

VbstbC'ib,  pi.  veiteûreê  636o,  vêtement 


VBbE  33a6,  vue;  a  vtûe  345,  3&6i,  ouveiiemeot. 

VBiié.  Voir  VEiiié. 

[Vbiiik],  vfiiê  9&5,  rusé. 

ViAiRB  :  al  tuên  narrt  6116,  d'opn*s  son  opiniou, 

d'après  ce  qui  lui  semblait. 
ViA.^DE  967,  1909,  3393,  nourriture,  provisioiit  de 

Itouche. 
ViEu.  Voir  Vies. 
[ViKs],  f.  sg.  vielz  1690,  f.  pi.  vieh  laà,  111 56, 

vieux. 
Vigilie  1 353,  7303 ,  rigile,  veille  de  fêle  (ne  compte 

que  pour  trois  syllabes,  Taccent  étant  sur  le  fé- 
cond 1). 
ViGOR  3338,  viguour. 
ViLAis,  paysan;  s.  litikuni  ditû^tS,  formule  agitée 

pour  annoncer  un  proveH>e. 
ViLii7iEME5T  8685,  d'uuo  façou  déloyale,  honteuse. 
ViLAiNiE  3596,  conduite  grossière;  93o,  infamie, 

action  basse;  681,  685,  insulte. 
ViLVEfiT  7067,  honteusement. 
Viole  3690,  pi.  violes  3177,  3917,  fiole. 
Viulete  3696,  petite  fiole. 
ViRGi:«E  7678  (compte  pour  deux  syll.  avec  Taccent  sur 

le  premier  1),  vierge. 
Vis  6066 ,  visage. 
Vis  :  ço  lor  fud  vis  6036,  il  leur  sembla;  vis  m'est 

7017,  il  me  semble. 
VisiERE,  pi.  visières  9563,  masque. 
VisTE,  pi.  vistcs  9933,  3395,  6330,  dispos,  alerte; 

as  vistrs  chÛTes  36'i3,  od  visies  chieres  6166,  à  la 

mine  gaillanle. 
VisTECE,  vistesce  1 1 830 ,  adresse;  pi.  vistesces  1 1679 , 

agilité,  qualité  de  celui  qui  est  dispos;  ^raiit  vt»- 

tesce  9908,  acte  d*un  homme  dispos  et  adroit;  ton 

cu'.r  ot  en  vistece  1236,  il  avait  le  cœur  dispos, 

entreprenant. 
V1STE.SCE.  Voir  Vistece. 

VlTAILLE     193,     1065,     l]3l,     l303,     1 693 ,     IQOQ, 

9175,  9369 ,  etc. ,  pi.  vitailles  9 1  o3 ,  provisions  de 

bouche,  victuailles. 
Vil  1 1 166,  escalier  tournant. 
[Vos],  restitution  possible  de  vuz  338  (la  ot  meinîe 

1er  me  ploree  e  meinte  bone  voe  orée) ,  vœu.  Le  sens  est 

en  tout  cas  celui-là;  mais  on  ne  connaît  voe  au  fém. 

que  dans  la  locution  archaïque  mole  vœ,  désastre. 
VoiDiER.  Voir  VoiER. 
Voie.  Voir  Veie. 

[Voier],  voidier  6659,  vider,  quitter.  Cf.  Voi. 
Voir.  Voir  Veir. 


I» 


li 


'I 


GLOSSAIRE. 


525 


Vouu.  Voir  ViiBB. 

Voit.  Voir  Vui. 

VoLiii,  pr.  1  vot7  9,  3  velt  3a,  impf.  6  voleient  70, 

j  07,  pf.  3  volt  1 5 ,  60 ,  clc ,  sbj.  impf.  3 ,  voltiêt 

1 06 ,  vouloir. 


VoLBNTÉ  Sii^j,  volonté. 

Vou  173,  vœu.  Cf.  Vos. 

Vui,  fém.  vuie  60G8  (rime  avec  pluie),  voide  Ga^T), 

voidei  G3s6f  virle. 
Viiz.  Voir  VoE. 


YiiGB,  ytHogene.  Voir  Image. 
YviB,  ffftem.  Voir  Itbb. 


YvBB>AGB.  Voir  [vEnR4(iE. 

YwB.  Voir  IitE. 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES. 


\ 

46 

mnaoMa  utkniui. 


*    r 


\ 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES. 


AoiiLLis  9855,  Achille,  câèbre  par  sa  prouesse, 
grâce  au  roman  de  Troie,  de  Benoit  de  Sainte-More. 

AcBi  ii]5,  isoo,  i3/i3,  etc.,  Tanciemie  Accon, 
plus  tardPtolëmaïs,  aujourdMiui  Saint-Jean-d*Acrc. 
Ce  mot  rime  avec  palacn  (isoo),  diacre  (9967), 
maçaere  (3089,  A039),  eacre  (3399),  ce  qui 
prouve  qu^il  ne  prenait  pas  d*i  finale.  Devant  une 
voyelle,  Ve  s*élide  d^ailleurs  habituellement  (1 885 , 
9109,  93oi,  93i9,  3363,  etc.);  cependant  il  y 
a  quelques  exemples  de  non-ëlision  (39&0,  &5oi, 
&671).  t(LeJlumd'Aere{ho^gy  /io56,  55/i6),  auj. 
ie  Nahr  Na^mefn,  le  Bélus  de  Tantiquîté;  Rae-^l- 
Am,  donné  par  Stubhs  comme  nom  de  cette  rivière, 
signifie  simplement  la  tète  ou  la  source.  —  Cl.-G.  r> 
—  Acre  est  prise  par  Baladin  en  1 187,  est  assiégée 
par  Gui  de  Lusignan  (3749),  que  rejoignent  suc- 
cessivement beaucoup  de  chrétiens  et  les  rois  de 
France  et  d'Angleterre.  La  ville  est  prise,  après 
un  siège  de  près  de  deux  ans,  ie  13  juillet  1191 
(5995).  Beaucoup  de  Français  y  reviennent  en 
janvier  1199  (7883)  et  surtout  plus  tard  (8177); 
les  Pisans  et  les  Génois  s*y  battent  (8178),  Richard 
les  pacifie  (8995).  Richard  donne  Acre  à  Henri  de 
Champagne  après  son  élection  comme  roi  (9007); 
Henri  y  est  reçu  magnifiquement  (9063). 

Adam  6679  (s.),  Adam. 

AeoLAiiT  8691  (s.),  Agoland  8/191  (s.),  Agoland 
Al  88  (r.),  Agoland,  roi  sarrasin  qui  joue  le  prin- 
cipal rôle  dans  la  chanson  de  geste  d^Atpremont, 
Agoland,  dans  cette  chanson,  s^empare  de  Bise 
(Reggio  en  Galabre),  comme  le  rappellent  les 
vers  5 16  et  869 1-8693.  Le  traducteur  latin  ne 
connaissait  pas  la  chanson;  aussi  a-t-il  traduit 
tout  de  travers  ie  vers  5i6,  faisant  d* Agoland  un 
baron  chrétien  qui  aurait  été  investi  de  Bise  : 
Ritœ  quœ  UU  fxmoêo  Agolando  dicitur  Jui$ê$  olim 


pro  eervitio  êuo  collata  (p.  tbh).  Les  vers  8691- 
8/193,  étant  plus  explicites,  ont  été  mieux  com- 
pris par  lui ,  et  il  les  a  paraphrasés  dans  son  style 
oratoire,  sans  remarquer  la  contradiction  avec  le 
passage  précédent  (p.  339).  Les  allusions  d'Am- 
broise  prouvent  que  la  chanson  d^Aêpremont  était 
très  répandue  à  la  fin  du  xii*  siècle.  Voir,  sur  ce 
poème,  Nyrop,  Storia  deW  epopeafrancèie,  à  la  bi- 
bliographie, et  P.  Meyer,  Romania,  XIX,  901  ss. 

Alair  de  l'Eitabk  7i3i  (s.),  chevalier,  tué  avec  son 
frère  Lucas,  le  99  septembre  1191,  dans  un  com- 
bat près  de  Jafle. 

Alimaigiib  :  Alemaine  i36&,  9997,  9973,  3938, 
19396  (les  rimes  prouvent  qu*ii  faut  Alemaigne), 
Allemagne.  Le  bon  empereur  d'Allemagne  (Fré- 
déric I"),  qui  venait  en  Syrie  par  terre,  se  noie 
en  passant  un  fleuve,  à  la  grande  joie  des  Sarrasins 
et  au  grand  deuil  des  chrétiens  (  i366  et  3937  ss.). 

Voir  AlfDBGRATB. 

Alemah  9998  (sg.  r.),  AUman  9783,  3997  (pL  s.). 
Allemand.  La  rime  avec  an  (9783)  prouve  que 
le  dont  ne  s'était  pas  encore,  par  fausse  analogie, 
introduit  à  la  fin  de  ce  mot.  Sur  les  Allemands  dont 
il  s'agit  au  vers  9733,  voir  Du  Gange,  Famillee 
d'ouire-mer,  p.  896.  Ils  construisent  devant  Acre  le 
premier  moulin  è  vent  qu'on  eût  vu  en  Syrie  (3997). 

Aliéner,  Voir  Englitiii. 

Alixanorb  6179  (r.),  AUxandree  985&  (s.,  rime 
avec  Flandree),  Alexandre  de  Macédoine,  pris, 
d'après  les  poèmes  français ,  comme  type  de  héros 
incomparable.  Les  vers  385/1-9855,  qui  parlent 
du  grand  eeclandre  que  causa  la  mort  d'Alexandre, 
se  rapportent  à  la  quatrième  branche  de  la  com- 
pilation qui  nous  est  parvenue.  Voir  P.  Meyer, 
Alexandre  h  Grand,  t.  il,  p.  993  ss. 

AuiARDBi  3911,  Alexandrie. 

46. 


530 


L^HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


AuiASBtt  Jfsîii  aâ85  (t. ,  avec  r«  âdé ,  donc  sans  f) , 
ckefalMr  mfntwmnë  dans  le  combat  âa  93  juin 
119s.  Le  latin  a  Jmr  on  AtïïL  Ce  peraonoage  ae 
retromre  dans  Gmittammê  U  Mmréehml  (y.  6719),  où 
i  cat  appelé  i'Ank,  Cétait  on  Xomand. 

Anicn  siso  (r.),  Amaori  d*Anjou,  roi  de  Jérusalem 
dn  18  ferner  1169  an  11  jniflet  ifjS. 

Anaaoïsc  6990  (r.),  AatbroiêeÊ  798,  9&01,  656o, 
^898  (f.,  ff  empécbe  Vé^Um  au  vers  798),  Am- 
hrmm  171,  8996,  378^,  6019  (s.,  Pâision  de  Ve 
am  vers  373&  et  6019  prouve  Tomisâon  de  Tf), 
Ambroiie,  auteur  du  poème.  Voir  Tlntroduction. 

Aat.  Voir  Eaat. 

Aaisfs  ^539,  545 1,  5669,  Amiens,  en  Picardie. 
Voir  Dioov. 

AacLAïf  t.  Voir  M ulaivi. 

Asçoss  1007Â  (s.),  Ançon,  compagnon  d*arme8 
duîenne  de  Longcfaamp  {Ameimuê  ou  Ameon» 
dans  le  latin,  p.  376). 

AsMatATS  (  U)  iPAUmamt,  le  landgrave  (de  Tliuringe , 
Louis).  Il  arrive  en  1189  derant  Acre  (9997), 
prend  part  au  combat  du  h  octobre  (a973)  et  à 
Tassant  de  TAsceosion  1190  (3Âo5).  Louis  quitta 
bientôt  le  siège  pour  retourner  cbex  lui,  i  la  suite 
de  différends  avec  les  Français,  et  mourut  en  route 
le  t6  octobre  1 190.  Sur  la  forme  andegrave,  voir 
au  Gloisaire;  cf.  encore  HUior,  oce,  dn  Croûadei, 
H,  56o. 

AftiiEO  de  Brame,  Andreu  9993,  3oi3  (r.),  André, 
frère  du  comte  Erard  de  Brienne,  tué  devant  Acre 
le  h  octobre  1 1 89.  Ambroise  lait  de  sa  prouesse 
un  éloge  que  le  traducteur  latin  amplifie  encore 
(p.  71).  André  était  seigneur  de  Ramenipt  (D*Ar- 
bois  de  Jubain ville ,  HUt.  des  eomU$  de  Champagne, 
IV,  99,  53,  568). 

Aumsi;  dt  Chawmgm  :  Andriu  6997  (rime  avec  Uu)^ 
9319,  Andrtu  7579  (r.),  Andriu  7975,  Andrmu 
7555,  7573,  10991,  11&93  (rime  avec  M(mc#), 
1 1877,  1 1990  (s.),  André  de  Ghauvigni,  Tun  des 
plus  fidèles  et  des  plus  vaillants  compagnons  de 
Richard  (appelé  num  uignor  ^997,  mU  tire  7573), 
monte  k  Tassaut  d*Acre  le  1 1  juillet  1191  (&997)f 
vient  à  la  rescousse  des  Templiers  le  6  novembre 
1191  (7975),  joute  brillamment  en  décembre 
1191  contre  un  émir  cpi^il  tue  (7573),  prend 
port  â  la  prise  du  Daron  le  99  mars  1 199  (937^j), 
va  le  99  juillet  1199  secourir  Jaffe  avec  Ilichard 
(  1 090 1  ) ,  prend  part  avec  neuf  autres  au  combat 
livré  par  Richard  le  5  août  1199  (11693),  est 


Tnn  des  trois  cfae6  qui,  en  sfpliiht»  1199, 
duisent  à  Jémsdem  le  pranûer  caa? «  de  pèlerins 
(11877). —  André  de  Ch»gfigni,demMipi«sl»d 
seigneur  de  Cliiteanroux,  joua  no  grand  rflle  dans 
rbistoire  de  son  temps;  il  est  souvent  mentÎMaié 
dans  les  chartes  et  les  chroniques  et  notamment 
dans  GwUawme  le  ÈiarédutL  Sous  le  simple  nom 
de  Ckauvigntf,  il  est  devenu  Tun  des  principaux 
héros  du  grand  poème  du  xiv*  siècle  wur  les  Crû- 
sades  (voir  llntroduction  ;  sur  les  aventures  qui 
lui  sont  prêtées,  voir  Journal  dee  Saaamt»,  1893, 
p.  636,  693,  696,  698).  Ce  poème  en  U  on 
vassal  dn  roi  de  France,  au  liée  qn^  était  dès 
Torigine  vassal  de  Richard ,  comte  de  Foitîeff,  pois 
roi  d* Angleterre. 

AvGBVia  :  Angenm  766,  6169,  665 1,  9686,  loSoo 
(pi.  s.),  Angevim  8338  (r.).  Les  Angevins  aoot 
mentionnés  comme  sujets  de  Ridiard;  ils  mardient 
avec  les  Bretons,  les  Manceaux  et  les  Poitevins.  Sur 
angevin,  denier,  voir  le  Glossaire. 

AiiGLiTnt.  Voir  Eiiglitbbi. 

Ahgov.  VoirAajoo. 

Arjo.  Voir  Arjou. 

Aiuoo  :  Angou  995  (rime  avec  PitiUm)^  Ajhjo  8667, 
Anjou. 

AiTNi  (Seinte)  95i6,  sainte  Anne,  mère  de  la  Vierge. 
Voir  IsiLiR  de  l'OtpitaL 

AanocHi  9669  (rime  avec  cloeKe)^  1673,  1680, 
8696, 10667.  Le  prince  d^Antioche  mentionné  aux 
vers  9669  et  suiv.  est  Boémond  III  (ii63-iaoi). 
Au  vers  8696  il  est  fait  allusion  au  siège  d^Antioche 
lors  de  la  première  croisade;  aux  vers  10667  "^ 
Ambroise  renvoie  dairement  au  poème  français  sur 
ce  siège  fameux,  trdont  Ton  raconte  encore  Tins- 
toire». 

Ababi.  Voir  au  Glossaire. 

AicADi  11 566  (rime  avec  rade).  On  ne  sait  ce  que 
le  poète  entend  ici  par  Arcade  (le  latin,  p.  659, 
traduit  par  Arehadia).  CVst  probablement  un  nom 
vague  désignant  un  pays  lointain,  comme  dans  ce  vers 
à^Aleichanê  (8o36)  :  Néêfu  d'Arcage  d'mn  eetnmge 
régné,  G^est  certainemen  .e  même  mot  que  pré- 
sente un  vers  de  Gerart  ae  Blaie  :  Et  pute  Ufiet 
donner  un  bon  dettrier  d*Arquage  (M.  Godefroy, 
qui  cite  ce  vers  diaprés  le  ms.,  imprime  dettrier 
d^arquage  et  ajoute  :  trpcul-êlre  cheval  qui  se  courbe 
bien»).  On  peut  encore  rappeler  TEmenidus  d' Ar- 
cade des  Fuerret  de  Gadret.  Arcage  grejoit,  fnàwm^ 
grec»,  dans  Gui  de  Bourgogne,  doit  se  rattacher 


53S 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


B«nnt  507,  BirietU,  port  d'Italie. 

BiMi.  VoirSiMn. 

BiMt>(£«)iS37, 5601  (Apoar  J«),  6i83  (i)  pour 
ijw),  6691.  Il  y  a  des  bimeiiii  de  ce  DOdi  dan* 
Lutr-et-Cher,  le  Loiret,  !■  Vienne,  etc.i  dmm  aucun 
Ds  aenible  pouvoir  être  regardé  romne  le  berceu 
de  la  célèbre  ramîlle  de«  Btiree;  H.  Longnoo,  ijui 
■ulreroii  avait  nttacbé  cette  famille  au  fief  des 
BarrM,  commune  de  Cbarnî,  prèa  Ueani  (Lan 
da  auiaux  Jet  comttt  dt  Ckampagtir,  p.  353), 
e«t  aujourd'hui  porté  à  croire  qu'elle  lirait  aon 
nom  d'un  nlieu-ditu  de  l'ancien  Paru.  Voir  Gihl- 

BllroLOaliD  :  BatihclaM»  5^»6  (■'.,   mx.  Berlkol- 

wmi),  i'apdlre  saint  Etwlélenii. 
BuTOLoniill    dt   M«rUHitr;  BarItlmtH    ii&ig    (r., 

I.  fiarMfMKM  en  n'ajoutant  pas  £),  Bartélemi  de 

Mortemer,  un  des  dii  compagnon»  de  Ricbaid  daiis 

le  ctHnbal  du  5  août  i  igi. 
BiBDT  9166.  &057,    8686,    loiog,    logSi,  Bey- 

roath,  l'andenne  Bérjtos,  ville  et  port  île  Sjrie. 
BuDOls  :  Baudoim  i&is.s&iS  (s.),  limntU  ■&!!, 

Baudouin  IV  le  Lépreni,  roi  de  Jénuilan  (1 173- 

1186],  fila  d'Amauri. 
Binooia  thU  (r).  Baudouin  V  l'Enfant,  fila  de  Sebiie 

e(de  Guillaume  de  Honllërrat  H  petit-fils  d'Amauri , 

eouronnc  nù  de  Jêrusilem  le  30  novembre  ii83, 

du  vivanl  de  son  «ode  Bandonin  IV,  et  mort  1  huit 


BïDDoiir  b  Carm  ggSg,  gggi,  looS*.  ioo&5  (r.), 
Banioainu  li  Cn-oiu  6ka-],BaiÈdoùu  gggfl.iooai, 
loofiâ  (a.),  fiaHdna  looSg,  nn  des  ploa  vaillanl* 
compagDons  de  Bichard;  il  compromet  la  victoire 
à  Arsur,  le  7  septembre  itgi,  pars*  fbu^e  indis- 
cipliuée;  il  fait  de  grandes  prouesses  et  court  de 
grandi  dangers  daiu  le  combat  du  1  7  juin  i  igi. 
Il  est  laentionné  dau  GaSUvKu  U  MaréekiU, 
,m  45,.. 

BatiJoHin,  Voir  CAirroatiat. 

BtDOiN  io3A5  (sg.  r.),  Bmioàu  io35s,  ia35g, 
10365,  10373  (sg.  s.),  Baiam  sSso,  SoS3 
([d.s.),  Bédouin,  Arabe  nomade. 

BuaiMii  iWdtroR  .-  Btdndi»  DanUraiu  1198g  (s.), 
OD  des  émirs  de  SiUhadia,  Bedreddin  Duldur 
(Slubbs). 

BiLLian  11179  (''')i  Bethléem. 

BiL  Hoirr  6857  (r-).  un  des  chlteaui  que  fait 
abattre  Salabadin  en  iigt.  On  ne  connaît  pas  de 
cblteau  de  ce  nom  ea  Sjrie,  cl  M.  Stubb*  np- 


p.  *8o)  est  une  merise  pour  Belfacl  m 
mai*  c'est  peu  profalhle.  iHaDle,  dtaa  son  AIIm. 
identifie  Belmoot  avec  le  Modin  dea  Croïiéi,  et  le 
place  entra  B«it-Noub«  et  Beit-OiLr.  D'apcte  G.  B«y 
\Calomm  /rmaf»itn ,  p.  383),  Ce  senit  SoiUm,  * 
10  kilomètres  à  l'ouest  de  Jérusalem.  —  Cl^.^.* 

Bu.  VtEta  6H&g  (r.) ,  un  des  cblleaui  que  fait  aballre 
Salabadin  en  1  igi.  irllMt  impaaaîUcde  l'ideotifin-, 
comme  le  bit  H.  Slobba,  avec  Kank^  al-Hawa, 
ntué  dans  nneré^on  beaucoup  trop  Soignée  dacalitt 
que  meosfait  Hicberd.  Bthitir,  comme  1m  ^*«a 
places  fortes  qui  furent  démantelées  en  iigi.  était 
dans  l'ouest  et  non  loin  de  Jérusalem;  cf.  d'ailleon 
Paoli,  p.  &5,  et  DeUville  U  RouU,  p.  iiS  :  Bd- 
ttet;afid(L»^iAmT)jiua*Jrrm«lmi. — CL-G.> 

BnillT  &i3i  (r.):  ta  JimU  tml  Btmmil,  la  fête  d« 
la  Tran^tion  de  saint  Benoit  (1 1  juillet). 

BaïuDiiai  ii&A,  Bérengère  de  Navarre,  fianoâa  d« 
Bicliard,  auni  belle  et  sage  que  possible  (iiAi, 
1738),  simée  de  Bichard  avant  qu'il  EU  raî 
(ii&o),  lui  est  amenée  par  h  mère  è  Bieggio; 
Richard  la  fait  venir  1  He«ioe  (ii3g  n.);  elle 
s'embarque  »  méoM  temps  que  Bîcbard,  qai  la 
r^oint  en  Chypre  (i1"i^).  rlli  niani|iin  iTrirn  [aiwi 
parKjrMC  (liSi,  li&i);  Ricbard  l'époose  i  [i- 
loefoa  (173a)  le  1  s  mai  i  igi;  on  loi  eonfia  la 
fille  de  Kyraac  pour  qu'elle  l'inMruiae  (aoSg  a*.), 
die  quitte  Chypre  avec  Ricbard  (*og9)i  il  la  bit 
venir  1  JaSè  en  septembre  iigi  (7073).  Iprta  la 
mort  de  Richard ,  elle  eut  le  Uan*  comme  dooura 
et  y  mourut  en  ■9*9. 

BiiGoisa.  Voir  Boaooicai. 

Bnaïav  :  0«ivi«rd  loafig  (s.),  fmpm,  Spion  qui 
sert  d'espion  aiil  croisés. 

Biiii  117  (r.).  province  de  France,  Ibunit  de  ooid. 

BisTiLuiu.  Voir  BiatoLoasv, 

Biarata  ;  Hertnuu  dt  Ytrdo»  &71&  (S.),  Berinn  de 
Verdun ,  cheialier,  arrive  devant  Acre  en  1 1 90.  Voir 
sur  ce  personnage,  qui  fut  iHostre  en  iod  lenpa, 
GuiUaumt  k  liarJchal,  v.  8*i6-8a3i. 

Bisasfoa  38a3  (r.),  Besançon.  L'anlietéque  de  B*- 
san{on  fait  faire  un  bélier  1  grands  frais  pour  ■!!«- 
quer  Acre  en  1  igo.  C'était  Tierri  de  MoDHancon; 
il  mourut  au  aiége. 

BiuTi  10567,  ^  ^  \ieufa  de  Jafle.  Le  latin  (Sg*) 
a  BtduKm.  ■  C'est  Beil-'ABî,  s  10  Iteuei  de  Imibi 
{ho  kihmèlrea)  et  non  à  i  (1  i  d'Aacahm);  cL  lU- 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES. 


533 


cumli'arekM.  onmi., p.  385.  Malgré  cette  erreur, 
ndenlification  fie  parait  pas  douteuae.  —  Ci.-G.» 

Brtiiiiiu.1  7699  (:  nublê)^  981 3  (:  eimubU),  Beit- 
Nouba,  entre  Jaffe  et  Jérusalem;  le  latin  Tappelle 
BUêMblê  (p.  3o3)  et  Bêtênopolii  (p.  369),  è  tort, 
car  les  rimes  prouvent  que  le  mot  se  prononçait 
avec  un  u. 

BiAuroBT  a8o5,  château  appartenant  au  seigneur  de 
Sayette  et  situé  dans  la  montagne  au  nord  de  Pa- 
nées. Le  latin  donne  (p.  63)  Bêllum  forte  ou  la 
mauvaise  variante  Beaufordum.  trC^est  Karat-ech- 
Qiaklf,  au  nord-ouest  de  Panéas.  —  CI.-G.t) 

BuuvAiz  :  Biauveiz  3939  (rime  avec  deêfaiz),  6^65, 
8783  ( rime  avec  heiz),  Biaveiz  A 1 39 ,  Biavez  1 889 , 
6181  (rime avec  (m),  Beauvais;  les  rimes  attestent 
la  prononciation  du  z  final.  Lévéque  de  Beauvais , 
encore  jeune,  arrive  à  Acre  en  1190  (9939)  avec 
son  frère;  il  est  envoyé  en  Chypre  par  Philippe 
pour  hâter  Richard  (1883);  il  marie  Conrad  de 
Monlferrat  à  Isabel  de  Jérusalem  malgré  Topposilion 
de  Tarchevéque  de  Canterbury  (i^ia9);  il  est  placé 
à  c6té  de  son  frère  Robert  de  Dreux  dans  la  marche 
des  croisés  sur  Arsuf,  le  7  septembre  1191  (6181), 
et  prend  part  au  combat  de  ce  jour  (6/iâ5);  cVst 
en  sortant  de  ches  lui ,  à  Sur,  que  Conrad  est  as- 
sassiné (8783).  11  s'agit  ici  de  Philippe  de  Dreux, 
évéque  de  Beauvais  en  1 1 7  5 ,  mort  en  1 3 1 7  et  bien 
connu  dans  l'histoire  de  son  temps.  Richard  de  la 
Sainte-Trinité  dit  de  lui  (p.  67)  •:  Vir  armi»  potiui 
didiluê  quam  armariis,  qui  gloriatur  in  milttia,  et 
Turpino  par  eue  contenderet  et  Carolum  invetûret. 
Notons  ici  qu'il  fit  traduire  le  Bestiaire  par  Pierre, 
qu'employèrent  aussi  d'autres  personnages  men- 
tionnés dans  notre  poème  (voir  Romaniaf  t.  XXI, 
p.  363). 

BiLK  10798  :  l'amiral  de  Bile  est  parmi  les  vassaux 
de  Salahadin  qui  l'accompagnent  au  siège  de  Jaiïc , 
en  1193.  Le  latin  (p.  &00)  donne  Bila,  Un  pays 
de  Bile  est  mentionné  dans  quelques  chansons  de 
geste  (est-ce  le  même  que  la  terre  de  Birie  dans  la 
Chanton  de  Roland?)^  mais  on  ne  sait  à  quoi  l'iden- 
tifier. Vu  l'exactitude  habituelle  d'Ambroise,  il  est 
probable  que  Bile  désigne  chez  lui  un  lieu  réel. 

Blanchb  Gdakob  {La)  6853,  9787,  un  des  châteaux 
que  fait  détruire  Salahadin  en  1191  (6863);  les 
croisés,  marchant  sur  Jémsalem,  y  arrivent  le 
7  juin  1199.  La  Blanche  Garde  est  aujourd'hui 
Tell  el-Safieh  (cf.  GuiU.  de  Tyr,  XV,  36).  Le  laUn 
donne  Blanchewarda  (p.  380)  et  Candida  Outodia 


(p.  366).  Il  est  à  remarquer  que  le  latin  rapporte 
deux  aventures  de  Richard  k  la  Blanche  Garde 
(p.  999  et  36à)  qui  ne  sont  pas  dans  Ambroise; 
la  première  manque  aussi  dans  le  plus  ancien  ma- 
nuscrit de  la  version  latine.  Voir  l'Introduction. 

Bliis  35ii,  Blois;  voir  Tibbaut. 

Boémond  d'Antiœhe,  Voir  Artiochb. 

BoiLLOR  :  BuiUun  10673,  Bouillon  en  Belgique;  voir 

GODBFRBI. 

Bois  (Le)  7533,  iii33,  nom  de  lieu  impossible  à 
identifier.  Voir  Ebnact,  Gibfbbi. 

Bois  Normant  {Le)  1 A19.  11  y  a  de  ce  nom  deux  com- 
munes dans  l'Eure,  Bois-Normand-la-Campagne 
(canton  d'Évreux)  et  Bois-Normand-près-Lire  (can- 
ton de  Rugles),  et  dans  l'Orne  un  village  (c**  et 
c^mton  de  Laigle).  Voir  GuiLLAuirB. 

BoMBRAG  7961,  lieu  où  quatre  cents  Sarrasins,  le 
6  novembre  1191,  attaquent  les  Croisés  et  sont  dé- 
faits par  Richard.  M.  Stubbs  suppose  (p.  991  )  que 
ce  nom,  qu'on  ne  rencontre  pas  ailleurs,  pourrait 
être  identique  à  el-Nimereck ,  à  3  kilomètres  au  Nord- 
Est  de  Yazour.  «Lire  Ibn  Ibrdk,  à  l'est  et  non 
loin  de  Jaffa.  —  Cl.-G.» 

BoBGoiGNB  :  Borgoine  &753,  5395,  5668,  7857; 
Bergoine  5996,  Burgoine  997,  993,  881,  565o, 
690Â,  8161,  8193,  8993,  9703,  10991,10653, 
Bourgogne;  le  mouillement  de  l'n  est  attesté  par 
la  rime  fréquente  avec  betoigne.  Il  vient  de  Bour- 
gogne beaucoup  de  croisés  (997).  Voir  Hdgoh. 

BoRRiz  617!),  sembleriedt  être  le  nom  d'un  lieu  en 
Syrie,  à  en  juger  par  le  v.  6173  (le  latin,  qui  a 
conservé  Borriz  tel  quel,  ne  traduit  pas  ce  vers); 
mais  il  faut  sans  doute  lire  de  la  guerre  pour  de  la 
terre  (cf.  v.  9696);  car  il  doit  s'agir  ici  du  même 
personnage  que  l'auteur  de  Guillaume  le  Maréchal 
mentionne  en  ces  termes  (v.  &53i):  Sinfu  Guil- 
l[aumei]  de  Borri[z] ,  En  chevalerie  norri[z].  11  s'agit 
de  Bouri  (Oise),  anciennement  Borriz  ou  Buriz, 
dont  Richard  prit  le  château  en  1198  {Histor.  de 
France,  XVII,  Ind.  géogr,), 

BoTRON  9137,  Batroûn,  l'antique  Botrys,  ville  et 
port  de  Syrie,  entre  Triple  et  Giblet. 

BouTBiLUBR  (Le)  de  Senliz,  Voir  Sbrliz. 

Brabbrçons  9606  (pi.  s.),  proprement  Brabançons, 
mais  ici  routiers,  gens  de  guerre  se  louant  à  qui 
voulait.  Voir  Du  Cange,  s.  v.  Brabantitmee. 

Braihb  9999,  9971,  3oi3,  Brienne  (Aubo).  Le 
comte  de  Brienne  mentionné  aux  deux  premiers 
passages  est  Érard  U.  Voir  Andribu. 


S3/k 


[/HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


BiARDix  607,  Brindisi.  La  rime  avec  Hz  atteste  un  z 
final ,  qui  d'ailleurs  n'est  pas  justifié. 

BaiTAiGiiK  996,  Bretaime  99,  Âi85,  Bretagne  fran- 
çaise (99,  995);  Grande-Bretagne  (ài85). 

Bbroh  61  &9,  6459,  85o3  (pi.  s.),  Bretons  (de 
France). 

Bbukil  {Lé)  :  Saol  du  Bruel  7687  (rime  avec  od).  Il 
y  a  en  France  tant  de  localités  de  ce  nom  qu'il  est 
impossible  d'identifier  celle-ci.  Voir  Saol. 


Bbogis  991  i«  ville  des  Pays-Bas.  Voir  Robut. 

Bbuh  (L«)  719,  5ooo.  Voir  Hogov. 

BoriviiiT  SOIS,  S019,  l'un  des  trois  châteaux  forU 

de  l'Ile  de  Chypre.  Voir  Gmtêê  des  Ck^ftvU,  I  bik. 
BniAHosT  10671  (r.),  Boémond,  Tun  des  héroe  de 

la  première  croisade. 
BoiLLCii.  Voir  BoiLioii. 
Bobgoirb.  Voir  Bobooigri. 
Butbillbb.  Voir  Bovtulubb. 


Gafabbaom  :  Qrfamaon  5883  (rime  avec  Aaoni).  «C'est, 
non  le  Caphamaûm  de  l'Évangile,  mais  le  Capema- 
Kum  que  B.  de  Tudèle  signale  entre  CaîflTa  et  Cé- 
sarée;  cf.  Rôbricht,  Régula,  p.  la,  76.  —  CI.-G.t) 

Caibu  7989,  8655,  parait  être  Caïeux-en-Santerre 
(Somme);  le  latin  porte  à  tort  Cagm,  Cageu 
ou  Cagni  (p.  999).  Voir  Gdilladmb. 

Caîphas  Aoo/i,  Cayphai  3i5o,  ^017,  5867,  5869, 
Chaiphoi  1837,  J1090,  Chayphoi  ^SUb ,  11837, 
Haîfa,  ville  et  port  de  Syrie,  au  sud  et  presque  en 
face  d'Acre.  Voir  Paibr. 

Caîsac  9&01  (r.),  6871,  93/15  (s.),  nom  d'un  des 
principaux  émirs  de  Salahadin.  «Le  nom  correct  est 
Caisar  (Alam  ed-din  Kaisar),  que  donne  Raoul  de 
Dicet(L  II,  p.  89);  cf.  Asc.  d'arck.orùnt,,  p. 379, 
note  —  Cl.-G.'» 

Calabbb  8693,  Kalahre  i9o6,  Calabrc,  province  d'I- 
talie; la  riche  terre  8/193. 

Calvarib.  Voir  Mokt  Calvabib. 

Cazidaibb  1933,  9017,  Chandaire  9o3/i,  l'un  des  trois 
châteaux  forts  de  Chypre ,  appelé  la  Candaire  dans 
les  Gestee  dee  Chiproi» ,  auj.  KasUara. 

Cabdaliob  9309,  Candalion  9773,  ville  de  Syrie,  sur 
la  mer,  entre  Sur  et  Acre,  auj.  Iskanderouna. 
Le  défilé  ou  pae  de  Candalion  est  franchi  par  le  roi 
Gui  9309  (lire  pae  de  C,  au  lieu  de  paie  6\); 
ff  c'est  la  Seala  Tyriorum  ou  Râs  el-Abiadh.  —  Cl.-G.  n 
Le  latin  (p.  69,  910)  a  aussi  Candelion  ou  dwdor 
lion^  corrigé  à  tort  par  l'éditeur  en  Scandalion, 

Cahbib  as  Estobrbls  {La)  9&3i,  9/i33,  95i3,  «rla 
roseraie  des  étourneauxn ,  nom  d'une  localité  située 
entre  Furbie  et  le  château  du  Figuier.  Le  latin 
donne  Cannettim  Stumelhrum  (p.  358,  359),  et 
une  fois,  par  erreur,  Caeellum  Stumellorum,  «C'est 
le  Wâd  el-Kassâba  (Vallée  des  roseaux),  branche 
du  Wâd  el-Hesy,  à  l'est  de  Gaza.  —  Cl.-G.  t) 


Gabtbbbibb  iiio3,  CaeUurlnrê  6198*  CMUmétnê 
3969 ,  Canterbury,  ville  et  archevêché  d'Angleterre 
(Kent).  L'archevêque  de  Canterbury  mentionné 
deux  fois,  mais  non  nommé  par  Ambroise,  s'ap- 
pelait Baudouin;  il  était  archevêque  de  G.  depuis 
le  16  décembre  ii8â.  Il  donne  l'absolution  mox 
croisés  qui  vont  combattre  le  1 9  novembre  1 1 90 
(3969);  il  proteste  contre  le  mariage  de  Coiur»d 
de  Montferrat  avec  Isabel  de  Jérusalem,  en  1190 
(Â198);  mais  Ambroise  ne  dit  pas,  comme  le  tra- 
ducteur latin  (p.  199),  qu'il  ait  excommunié  les 
contractants  et  ceux  qui  avaient  consenti  au  mariige. 
Ambroise  ne  raconte  pas  non  plus  la  mort  de  Tar- 
chevéque,  arrivée  le  19  novembre  1190  {Itmer., 
p.i  9&).  —  L'autre  archevêque  de  Canterbury  men- 
tionné dans  notre  poème  ne  fut  réellement  arche- 
vêque, comme  le  remarque  d'ailleurs  Ambroise 
(j9io3),  que  depuis  la  croisade  :  c'est  Hubert 
Gautier,  évêque  de  Salisbury  le  99  octobre  1189, 
archevêque  de  C.  le  3o  mai  1 193.  Voir  Salbsbbbbs. 

Capb  JBiÎHB ,  commencement  du  carême  ;  en  latin  eaput 
jejunii  (p.  i33).  Voir  au  Glossaire. 

Cabacois  5o8i,  Garacoiê  5335 ,  Karakousch  (Slubbs  ), 
l'un  des  principaux  défenseurs  d'Acre  ;  il  est  fait 
prisonnier  et  tombe  dans  le  lot  du  roi  de  France 
(le  latin,  p.  33A,  le  dit  expressément,  tandis  que 
notre  texte,  où  il  y  a  sans  doute  une  lacune,  se 
borne  à  y  faire  allusion);  il  est  emmené  à  Sur 
(5335),  où  il  mourut  probablement  :  cf.  5369.    • 

Cabor  (Le).  Voir  Baudoin. 

Casbl  DBS  Dbstbeiz  (Le)  5889  (r.),  et  cf.  5931.  Le 
nom  de  ce  caeal  indique  qu'il  se  trouvait  dans  un 
défilé,  ce  que  confirme  le  vers  5890  :  Qui  n'iert 
pae  largee,  maie  eeireiz;  il  est  donc  surprenant  que 
le  poète  dise  plus  loin  (v.  5935),  en  parlant  de  ce 
même  caeal  :  Largee  iert  H  leue  e  la  place.  Toute- 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES. 


535 


foit,  ce  n*e8t  pas  une  faute  de  notre  manuBcrit,  car 
le  latin  dit  de  même  :  im^  ad  Casam  Anguttarum 
:  Un  fuippê  coanguitatur  meatui  (p.  iSS), 


et  pfais  loin  :  ad  CateUum  premominatum  biduo  mo- 
rabaturexereitui;  ampliu  enim  êrat  loeui  et  iatU  ae- 
commoduM  (p.  aSA).  11  faut  sans  doute  comprendre 
qœ  Te^ce  entre  les  montagnes,  très  resserré  au 
easal  même ,  s^ëlargissait  aussitôt  après.  L*endroit 
est  situé  entre  Gaphamaûm  et  Merle  (Mallaha); 
diaprés  M.  Stubbs,  c^est  probablement  Athlit,  qui 
est  appelé  Diêtrietum  dans  des  textes  latins.  «Le 
nom  actuel  est  en  réalité  Khirbèt  Dustrey,  qui  a  con- 
servé Tancienne  dénomination.  —  G1.-6.  y* 

Gasil  dis  Plams  (Le)  685/i,  7181,  7308,  7730, 
7859,  un  des  châteaux  que  fait  abattre  Salahadin 
en  1191  (685A);  Richard  le  reconstruit  (7181); 
c'est  Yazour,  entre  Jaffeet  Jérusalem  (Stubbs). 

Gasil  Imbbbt  93ii,  ComI  Ymhert  8i65,  8s/io,  châ- 
teau situé  sur  la  mer,  entre  Gandalion  et  Acre ,  en 
latin  Castnim  ou  Catêllum  Imberti.  trEl  Hamsi,  se- 
lon Rey;  Ez-Zib,  suivant  Rôbricht,  qui  s^appuie  sur 
une  charte  de  ii3o.  —  Gl.-G.». 

Gasbl  Mbiih,  Casel  Maien  6856,7309,  798a ,  Chasel 
AftfCm  10713,  fe  Mam  736,  château  situé  près  de 
Yazour  (voir  vers  7199),  abattu  par  Salahadin  en 
1191  et  reconstruit  par  Richard  la  même  année. 

Gasil  Ymbbrt.  Voir  Gasil  Imbut. 

Gatphas.  Voir  Gaîpoas. 

GiLiRiN  :  ieint  Celerinê  9535  (s.).  Sur  les  saints  de 
ce  nom,  voir  rintroduction. 

Gesaibb  5981,  5993,6005,  83i3,  10985,  11009, 
iioi5,  ii330,  ii33i,  11709,  Gésarée,  ville  et 
port  de  Syrie,  entre  Acre  et  Jafie. 

Ghaalon  7191,  ChaaUms  35 17  (rime  avec  /oiu),  Gha- 
lon-sur-Saône  {Vm  du  vers  35 17  est  due  â  une 
confusion  de  Tauteur).  Le  comte  de  Ghalon,  dont 
Ambroise  mentionne  la  force  et  la  haute  taille, 
était  Guillaume  II.  Il  arrive  à  Acre  en  juin  1 1 90 
(3517);  il  est  chargé  par  Richard  de  garder  JafTe 
en  novembre  1191  (7191);  il  reçoit  la  moitié  du 
butin  fait  le  37  mars  1199  (8389). 

Ghaîphas.  Voir  Gaîphas. 

Gham  8o33,  8037  (s.),  Gham,  fils  de  Noé,  fondateur 
prétendu  d'Escalone  et  père  de  trente-deux  fils. 

Ghambiileng  {Le)  de  Tancarvillê,  Voir  Tahgabtillb. 

Ghampai61iiii&i5,  ChampainêfQàZg^  865i,  11 319, 
Ghampagne,  comté  en  France.  Voir  Himi. 

Ghamcblibb  (Le),  8537,  ^54 3,  évéque,  laissé  par  Ri- 
chard en  Angleterre  pour  gouverner  le  royaume. 


est  contraint  par  Jean  sans  Terre  de  s'enfuir  en 
Normandie.  H  s'agit  de  Guillaume  de  Longchamp, 
évéque  d'Ely,  chancelier  d'Angleterre,  qui  mourut 
â  Poitiers  en  1 1 97. 

Gbandaibb.  Voir  Gaidaibi. 

Ghardilor  {La)  7967,  la  Ghandeleur,  fêle  de  la  Pu- 
rification de  la  Vierge  (  3  février). 

Ghapbli  {La)  3639.  Voir  Guillavmi. 

Ghablimaighi  :  Charkmainei  8A79  (s.,  rime  avec 
regneê),  Gharlemagne,  cité  d'après  les  chansons 
de  geste. 

Ghablor  a  187  (r.),  Gharles,  c-â-d.  Gharlemagne. 

Ghastildun  :  Chattddon  h*] 23  (rime  avec  Verdon)  : 
le  vicomte  de  Ghâteaudun,  qui  n'est  pas  nommé 
(c'était  Raoul  y,  arrive  â  Acre  en  juin  1 190. 

Ghastil  Ebnaut  :  le  Chastel  Emald  6858,  le  Choêlêl 
Email  9810,  un  des  châteaux  que  Salahadin  fait 
abattre  en  1191  (6858),  situé  non  loin  de  Jéru- 
salem ,  entre  le  Toron  des  Ghevaliers  et  Bettenuble 
(cf.  Emâd  cd-din,  éd.  Landberg,  p.  391). 

Ghadvigni  :  Chavigni  9319,  ii&93,  Chavingnih^^'j^ 
Ckavignié  'jù'jb^  7555  (rime  avec  Graié)^  10991 
(rime  avec  Sacié),  11877  (""*©  ^^^  Cloigniê)^ 
Ghauvigni,  an*,  de  Montmorillon  (Vienne).  Notre 
manuscrit  supprime  toujours  Vu  de  ce  nom.  Voir 
A.  Tranchant,  Notice  êommaire  iur  Chauvigny  de 
Poitou  et  $eê  monumeatt.  Voir  Anoniiu. 

Ghbbinis  1 967  (c'est  ainsi  qu'il  faut  lire  pour  Ebetinet; 
voir  la  note  p.  356),  château  fort,  sur  la  mer  en 
Ghypre  (Ghyma). 

Ghivaliirs  {Le  Toron  œ).  Voir  Tobo5. 

Chypre,  Gipbe.  Voir  Gypbi. 

GiSTEBRB  RooMDi  {La)  io333,  la  Giterae  ronde,  en- 
drpit  de  halte  des  caravanes,  â  quelques  heures 
de  marche  de  la  Galatie.  tr  D'après  les  récits  arabes, 
le  Bir  (puits)  KhoueUJé,  à  environ  38  kil.  est-sud-est 
de  Gaxa;  cf.  Rec,  d'areh,  or,,  p.  387.  —  Gl.-G.» 

Glarbmbadt  de  Montchablon  9960  (r.),  100/10  (s.), 
chevalier  français,  chargé  avec  Baudouin  le  Garon 
de  protéger  une  caravane,  s'enfuit  quand  les  Sarra- 
sins l'attaquent. 

Glbbg  {Un  bon)  5589,  écrit  de  sa  main  la  liste,  vue 
par  Ambroise ,  de  tous  les  personnages  de  marque 
qui  moururent  au  siège  d'Acre. 

Glbbmont  35i5,  àhhb,  Giermont  en  Beauvaisis.  Le 
comte  de  Giermont  (Raoul)  arrive  â  Acre  en  juillet 
1191  (35i5);  ilse  montre  courtois  et  libéral  lors 
de  la  grande  pénurie  des  assiégeants  (A  A  A  5).  — 
Il  mourut  devant  Acre ,  avant  la  prise  de  la  ville. 

IHr&IMSRU   NATIO»ALI. 


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4 


336 


CuMKST  à^oD,  4910,   6968,   5o86  (r.), 
Â888  (f.).  Voir  Aobui. 

CiMQMi  :  Qoigmé  1 1 878  (rime avec  Ckmwmgmd)^  Gloni 
(Sa6ae-et-Loire),  fiège  d*uiie  célèbre  abbave. 

CocATBH  (lÀfiumê  tu)  5990,  fleove  des  ('.rocodilet, 
nom  donné  à  uoe  rivière  entre  Merle  et  Gésaire, 
le  Nabr  Zerka  (Stubbs),  parce  que  deux  bommes  y 
furent  mangés  par  des  crocodiles.  Il  semblerait  ré- 
sulter du  texte  d\4mbroise  que  cet  événement  serait 
arrivé  pendant  Texpédition  même  qu*il  raconte; 
mais  le  latin  dit  (p.  956)  :  eo  (ptod  eoeoàriUi  dmoê 
miiitm  tUvannertuU  olim  Ai  bttlmeamU» ,  et  c*est  ce 
qui  semble  aussi  résulter  de  ces  expressions  d*Am- 
broise  :  umêjimwu  qu'imeore  e$t  diz  Om  kjbtmê  . . . 
Ce  ne  peut  être  que  par  un  accident  fort  rare  qu^il 
s*est  trouvé,  à  Fépoque  bistorique,  des  crocodiles 
dans  une  rivière  de  Syrie.  *Sepp  {JeruioUm  umd 
doê  htUigê  Lamd,  t.  II ,  p.  676  s^)  rapporte  à  ce  sujet 
des  tradiliom  diverMs  de  Tantiquité,  du  moyen  âge 
et  des  temps  modernes.  —  Cl.-G.ii 

OiaiT  9736  (r.),  Conrad  de  Montferrat,  père  du 
marquis  Conrad  qui  défendit  Sur  contre  Salaba- 
din.  O  nom  «4  une  erreur  :  le  père  de  Conrad ,  qui 
fut  pris  i  Tabarie  (9736)  et  dont  Ambroise  fait 
réloge  par  contraste  avec  son  (115(9797-8),  était 
Guillaume  III.  Il  est  curieux  que  dans  la  rbronique 
d^Emool  (p.  hS  et  isS)  ce  même  Guillaume  soit, 
par  une  autre  erreur,  appelé  Bonifare.  Voir  Mon- 
riaaiT. 

Coao»  1  i3o6  (pi.  s.),  Ccrdim  7950,  11 364  (pi.  r.), 
KurdcH. 

CoaTiEBi .  Voir  Tor^iebl'. 

CoR^KWiiLLE  9867,  ComouaîUe,  partie  extrême  de 
TAnglelcrre  au  sud-ouest. 

CosTiTiTisoBLE  iïi33,  Constautinople. 

CiAc  DE  MojiT  RiAi.(£4)7&9/i.  Voir  Mostiiâl. 


LHISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAI.ME. 


CaiTB  is6o»  file  de  Crète. 

CTraii35i,  1901,  9o65,  9368, 6605,9191,  96^9, 
Cfj^reê  6556,  Ci]prt  i389,  1706,  9o63,  File  de 
Gbypre,  conquise  par  Richard  sur  rempereur  grec 
Isaac  Coinnène  (Kyrsac),  vendue  d*aboni  par  lai 
aux  Templiers  (  91 90),  puis  donnée  i  G«i  de  Lb- 
signan.  —  L'empereur  de  Cbypre,  Isue  Coauiène 
(non  nommé  par  Ambroise,  mai^  que  d*aalres 
sources   occidentales   appellent  Kfnme  ■=  K4fi0t 
iamdM),  est  allié  i  Salabadm  et  ne  lait  que  da  mal 
(1389).  Il  fait  asnillir  traitreusement  des  uuijéa 
que  la  nier  a  jetés  i  la  c6le  (i6o3),  et  répond 
grossièrement  aux  réclamations  courtoises  de  Ri- 
cbard  (1  ^67  );  il  essaye  de  s*opposer  au  débarque- 
ment de  celui-ci  k  Limcçon,  mab  est  obligé  de 
s*enfuir  une  première  fois  (i555),  puis  une  ne- 
conde  Ibis,  en  laissant  son  camp  plein  de  rici 
lÎTré  au  pillage  (1695);  il  se  réfugie  à  Nil 
(i646),  d*oii  il  demande  une  entrevue  i  Ricbard 
(1766);  la  paix  est  presque  conclue,  mais  Tempe- 
reur  par  défiance  s'enfuit  sur  son  excellent  dwvnl 
Fauvel  (  1 833).  Il  rerienl  attaquer  Ricbard  (1911), 
mais  s'enfuit  de  nouveau  à  Candaire  (i933),  011  il 
se  venge  par  de  grandes  cruautés  sur  ses  proprea 
sujets  (1969).  Désespéré  par  l'abandon  des  siens 
et  par  la  prise  de  sa  fille  à  Cberines  (1980),  il 
se  rend  à  Ricbard,  en  demandant  i  ne  pas  être 
mis  aux  fers  (9o33);  Ricbard  lui  fait  revoir  si 
fille,  ce  qui  le  remplit  de  joie  (9o56);  il  le  cbarge 
d'entraves  d'argent  (so&S)  et  le  remet  k  la  garde 
de  Gui  de  Lusignan  (9087).  Plus  tard,  Isaac  fiit 
livré  aux  Templiers,  qui  l'enfermèrent  â  Margat, 
où  il  ne  tarda  pas  à  mourir  (Mas  Latrie,  HitL  de 
Chypre,  1. 1,  p.  1  &).  —  La  fille  de  Kyrsac  est  con- 
fiée à  la  reine  Rérengère  pour  recevoir  Téducation 
française. 


D 


♦ 


Dauas  39 13,  6338,  10909,  Damas,  ville  de  Syrie. 

Diaiz  io5i8  (r.,  rime  avec  %amiz),  nom  inconnu. 
Le  latin  ne  le  traduit  pas.  Je  trouve  U  tre$or  Da~ 
mi*  dans  le  roman  de  In  BtUe  Hélène  (voir  Mém,  de 
la  Soc,  néo-philologiqus  de  HeUingfon ,  t  I,  1893, 
p.  A  3). 

Dampisbbi  3199,  Daropierre  (Aube).  Voir  GniOR. 

Danbmabchb  9865,  Danemark. 

Dabon  (L0)  68/i5,  8097,  8105,8995,  9019,  9069, 


9i56,  9161,  9171,  9176,  9177,  999^1,  9966, 
9383,  9&90,  9669,  9666,  10779  (r.),  li  Dannu 
9369  (s.),  le  Doron  81  il  (s.),  le  Daron,  le  plus 
méridional  des  châteaux  forls  de  Palestine,  auj. 
Deir  el-Relah.  Salahadio  l'excepte  de  la  destruction 
qu'il  ordonne  en  1191  (68&5);  il  seK  de  point 
d'appui  aux  relations  des  Sarrasins  d'Egypte  et  des 
Sarrasins  de  Syrie  (8097  ^Oî  Richard  songe  à  s'en 
emparer  (9015)  et  part  pour  l'attaquer  (9069);  il 


i 


S38 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


badÎD  doooe  ordre  de  démanteler  en  1 191  (68Â1); 
les  croisés  teaienl  empêcher  cette  desiractioo 
(7009  98.),  mais  les  Français  ne  sont  pas  de  cet  avis 
(7019  8S.);  Salahadin  ne  consent  à  la  paix  qu*â  la 
condition  qu*efle  ne  sera  pas  reconstruite  (7  396  ss.); 
en  janner  119a,  les  Templiers  conseillent  encore 
d^aller  avant  tout  la  rebâtir,  et  on  s*y  décide 
(7768  ss.);  les  croisés  y  souffrent  de  la  (aminé  à 
cause  de  la  mauvaise  condition  du  port  (7897  ss.)  ; 
légende  sur  les  anciens  foodateun  de  la  ville  et  de 
ses  dnquante-trois  tours  (80 a 3  ss.);  on  travaille 
activement  i  sa  reconstruction  (8069  ss.);  Richard 
y  tient  cour  plénière  i  Pâques  de  1 199  (8699  ss.); 
il  la  quitte  avec  son  armée  l<!  7  juin  (97^8  ss.  )  ;  Sala- 
hadin exige  pour  condure  une  trêve  la  destruction  de 
la  ville,  ce  que  Richard  refuse  (10761  ss.),  mais 
finit  par  accepter  (1 1 773  ss.).  — La  forme  EsekoUme 
pour  Eêcahne  est  sans  doute  purement  graphique  ;  le 
nom  de  Téchalotte ,  anc.  e$chahignê,  ne  prouve  rien 
à  rencontre,  ce  mot,  qui  existait  déjà  en  latin  avec 
le  même  sens  sous  la  forme  atcaloma,  étant  entré 
dans  la  langue  beaucoup  plus  anciennement 

Essais.  Voir  Emaos. 

EspAiGHi  :  Eêpaitiê  538,  9938  (rime  avec  il2«maûi#) , 
8681  (rime  avec  eompame),  Espagne. 

EsriABT  :  Eipian  9306  (s.),  écuyer,  qui  entre  le 
second  dans  le  Daron.  Le  latin  a  Oipiardo  dans 
le  texte  (p.  355),  mais  il  laut  adopter  la  variante 
Etpiardo,  que  donne  le  ms.  G;  le  traducteur  latin 
a  d^ailleurs  fait  i  tort  d*Espiart  Técuyer  de  Seguin 
Bairé. 


EsTAiLi  (L')  7199,  nom  de  lien  imni  itiinMt. 

Ala»,  Lccas. 
EsTABc  (L*)  6979,  nom  de  lieu  non  wàeÊÊîêL  Vair 

GoiUADMI. 

EsTiiTHi.  Voir  Esnx». 

EsniRi :  U  euên»  Ettitfna  35i3  (s.),  lecartk 
de  Sancerre;  vient  i  Acre  en  aaàt  11^,  cC 
presque  aussitôt 

EsniHi  de  Longehamp  93 1 3,  10075  (r.)« 
10077,  10Â88  (s.,  rime  avec  ^aÎMSt), 
de  Longehamp,  chevalier  normand,  met  le  premier 
sa  bannière  dans  le  Danm  (93i3);  accomplit  des 
prouesses  aux  combats  des  17  et  93  juin  1199 
(10077  et  10&88).  Etienne  de  Longehamp  joua 
encore  un  rôle  imporlast  après  son  retour;  voir 
Hutor.  de  Fr.,  t  XXUI,  p.  684,  693,  et  A.  Le 
Prévost,  Mém.pour  unir  à  VkiêL  du  dép.  de  VEwre, 
t.  II,  p.  39&. 

EsTiKNS  de  Tomelian  :  EeUenee  8705  (s.),  Etienne  de 
Tumbam ,  chevalier  de  Richard,  envoyé  en  message 
auprès  de  Salahadin  à  Jérusalem.  H  fut  plus  tard 
chargé  d*e8corter  i  Rome  les  reines  Bérengère  et 
Jeanne,  avec  la  fille  de  Kyrsac,  quand  elles  quittè- 
rent la  Terre-Sainte  {HûUtr.  de  Fnms»,  t  XVll, 
p.  569). 

EsTOBNBLs  (La  Caneie  a$).  Voir  Gaiiiii. 

EvaABT  :  Etrardz  5778  (s.),  sei*gent  de  Tévéque  de 
Salisbury;  a  le  poing  coupé  dans  le  combat  du 
95  août  1191. 

EvRiDES  960  (rime  avec  Drmee)^  1009,  &7o5  (rime 
avecfii«f),  7190,  Evreux.  Voir  Johah. 


F 


Fa!  (Le)  10997  (rime  a\ec  eitvot).  Le  Fai;  beaucoup 
de  lieui  habités  en  France  portent  ce  nom  (Fage- 
tum);  on  peut  surtout  songera  Sointe-Honorin^ 
du-Fai,  cant.  d*£vreci  (Calvados).  Voir  Avcoins. 

Farris,  en  Lambardie  Aà95,  Fano,  ville  et  port 
d'Italie,  sur  TAdrialique,  A  Terobouchure  du  Me- 
tauro.  L'évéqoe  de  Fano  (Faneneie  epieeopue  dans 
le  latin,  p.  i35),  homme  <^  teinte  vie,  prêche  avec 
succès  devant  Acre  en  1 1 90. 

Fas  (Le)  5i5,  1137,  1199,  993A,  le  Phare  de  Mes- 
sine. 

Favvil  i8&â,  i8A5,  1930,  7115,  7750,  i  la  fois 
nom  propre  et  désignation  par  la  couleur  (elfavel 
66o5)  d'un  cheval  excdlent,  conquis  par  Richard 


sur  Tempcreur  de  Chypre  et  dont  il  se  servit  pen- 
dant toute  1a  croisade.  On  retrouve  le  nom  da 
cheval  Fauvel  de  Chypre  dans  le  poème  angjUds 
(traduit  du  français  pour  celle  partie)  de  Riekard 
CcBur  de  Lion. 
FiLiPPi  91  (r.),  FiUppeê  &âi,  6099  (s.),  Philippe  II, 
roi  de  France,  plus  souvent  désigné  par  son  titre. 
Il  fait  la  guerre  à  Henri  II  d'Angleterre  (91  as.); 
il  se  réconcilie  avec  lui  et  se  trouve  à  Tentrevue  de 
Gisors  (il  1  ss.)  ;  après  la  mort  de  Henri,  il  s^entend 
avec  Richard  pour  la  croisade,  en  1190,  i  Dreux, 
où  il  apprend  la  mort  de  sa  première  femme  (959 
ss.);  il  part  de  Saint-Denis  et  se  rend  à  Véielai  le 
i**  juin  1190  (985  SB.);  il  jure  i  Véielai  d'a|- 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES. 


539 


tendre  Richard  à  Meflûoe,  et  de  partager  avec  lui 
tout  ce  quHI  pourra  conquérir  (365  sa.);  il  se  rend 
i  Lyon  (&i3).  —  li  s*eml>arque  à  Génea  (AÂi), 
arrire  le  premier  i  Messine ,  le  1 1  septembre  1190, 
y  débarque  sans  éclat  et  va  se  loger  au  palais  (673 
sa.);  il  est  cbet  Richard,  eo  conférence  avec  lui, 
quand  éclate  le  soulèvement  de  Messine  (669  ss.); 
il  rentre  chei  lui  et  ne  prend  pas  part  à  la  lutte, 
8*entendant  avec  les  gens  du  pays  (689  ss.);  il  in- 
ierdît  même  Tentrée  du  port  aux  galères  anglaises 
(781  as.);  il  est  très  mécontent  de  voir  les  ban- 
nières de  Richard  sur  les  tours  de  Messine,  ot  loi 
en  garde  une  rancune  durable;  il  veut  les  faire 
abattre,  mais  on  convient  qu*il8  y  mettront  tous  deux 
les  leurs  (897  ss.);  il  est  soupçonné  d'un  accord 
secret  avec  Tancré  contre  Richard  (917  ss.);  il  est 
en  désaccord  avec  Richard  (gSA  ss.),  mais  ils  se 
réconcilient  et  partagent  le  butin  (1069  ss.);  il  fait 
des  largesses  i  ses  hommes  (1076  ss.);  il  mange 
ehei  Richard  au  château  de  Mategrifon  et  en  reçoit 
de  riches  présents  (  1 087  ss.  ).  —  Il  s'embarque  pour 
Acre  le  3omar8  1191  (iisA)  et  y  arrive  le  ao  avril 
(^597);  il  s'y  comporte  bien  en  attendant  Richard 
(Â609),  mais  il  veut  faire  roi  de  Jérusalem  Conrad 
de  Monlferrat  à  la  place  de  Gui  de  Lusignan  (171 1, 
5oâ5);  il  envoie  dire  à  Richard  en  Chypre  qu'il 
l'attend  pour  attaquer  Acre  (1879  ss.).  —  il  vient 
à  la  rencontre  de  Richard  quand  celui-ci  débarque, 
le  8  juin  (9335);  il  donne  trois  besants  d'or  par 
mois  à  ses  chevaliers  (6575  ss.);  il  fait  dire  à 
Richard  de  donner  l'assaut;  celui-ci,  malade,  le 
prie  d'attendre,  mais  il  attaque  seul  (A690  ss.), 
et,  dépité  de  son  insuccès,  tombe  malade  (6689 
86.);  il  guérit  avant  Richard  (^7^9);  avec  sa  pier- 
rière  Maie  Voisine  il  abat  un  pan  de  mur  de  la  Tour 
Maudite  (k'jbb  ss.),  et  tire  lui-même  des  coups 
d'arbalète  contre  les  assiégés  (68 19);  on  lui  brûle 
ses  engins  (48i5  ss.).  —  Acre  prise,  on  apprend 
avec  indignation  qu'il  se  prépare  à  retourner  en 
France,  donnant  pour  raison  sa  maladie,  ce  qui 
n'est  pas  une  excuse  valable  (5968  ss.);  il  charge 
le  duc  de  Boui^gogne  de  la  conduite  des  Français 
(6995  ss.);  il  emprunte  deux  galères  à  Richard 
(5998)  et  lui  jure  qu'il  n'envahira  pas  ses  terres 
sans  l'avoir  prévenu  quarante  jours  à  l'avance  (53o5 
ss.);  il  prend  congé,  au  milieu  des  malédictions, 
le  1*'  août,  et  va  à  Sur  avec  Conrad,  emmenant 
ses  prisonniers  (53^9  sa.);  il  se  lie  avec  Conrad 
par  des  serments  (83 10).  —  Richard  est  inquiet, 


i  bon  droit,  de  ce  qu'il  peut  faire  contre  lui  en  sou 
absence  (7616,  9167);  on  fait  croire  i  Philippe 
que  Richard  a  envoyé  des  Hausasis  en  France 
pour  le  tuer,  ce  qui  causa  plus  tard  la  captivité  du 
roi  d'Angleterre  (8893,  19307);  il  intrigue  avec 
Jean  sans  Terre  (9667  ss.);  Richard,  délivré,  lui 
fait  la  guerre  avec  succès  (i9333  ss.). 

FiuppK  looZh  (r.),  Pelippes  9969,  ioo3i  (s.), 
compagnon  de  Baudouin  le  Caron. 

FsLippi  9710  (r.),  crieur  du  roi  Richard. 

FiBiiBss  3 195,  6/137  (i^me  avec  aver$i,  lire  p.-é. 
sftfteres),  6173  (rime  avec  manitm),  auj.  Saint- 
Hilaire,  c*"  de  Broglie  (Eure)  :  Guauquelin  de  Fen- 
rières  était  Normand,  d'après  Vltinerarium  (p.  93). 
—  Le  comte  de  Ferrières  mentionné  au  vers  3i  95 
est  Guillaume,  qui  mourut  au  siège  d'Acre  en  1 1 90 
(  Hiitor.  de  France ,  XVII ,  5 1 9  ). 

Fiaai  de  Fimns  9968  (r.).  Ferrie  9958  (s.),  Ferie 
9953  (s.),  Ferri  de  Vienne,  qualifié  de  fM$  nree 
9953,  seigneur  champenois,  remet  à  d'autres  le 
soin,  qui  lui  avait  été  confié,  de  proléger  une  cara- 
vane. Voir  d'Arbois  de  Jubainviile,  Hi$t.  des  cemteê 
de  Champagne,  t.  IV,  p.  68,  568;  Longnon,  Livre 
de$  vauaux  de  Champagne,  p.  963. 

FiiiB(JU):isFi#r6869,  9397,  9399,  9611,  9635, 
le  Figuier,  nom  d'un  château  fort;  Salahadin  le  fait 
démolir  en  1191  (6869);  les  croisés  le  prennent 
le  97  mai  1199  (9397  ss.).  Le  latin  l'appelle  Caê- 
trum  Ficuwn  (p.  357,  358;  au  premier  passage, 
p.  180,  il  l'omet).  C'est,  d'après  Stubl»,  un  en- 
droit entre  Tell  el-Hessy  et  Masjdeljaba;  trmais  c'est 
impossible  en  ce  qui  concerne  Medjdel  YâbA,  qui 
est  situé  très  loin  au  nord;  voir  Bec.  d'areh.  or., 
p.  3oi.  —  CI.-G.9  Le  mot  a  nécessairement  deux 
syllabes;  il  faut  corriger  le  vers  6869,  où  il  n'en 
a  qu'une,  en  supprimant  E  au  commencement. 

FiupPB.  Voir  FiLiPPB. 

Flâmbhc  85o5  (pi.  s.).  Flamands. 

Flarobbs  995,  9853  (rime  avec  AUxandreê),  653 1 
(rime  avec  eeclandree),  6697,  6767,  Flandre  9995 
(le  ms.  zflandres,  mais  Ye  est  élidé),  Flandres; 
on  voit  que  les  formes  avec  et  sans  $  étaient  usi- 
tées, mais  la  première  était  plus  ordinaire.  Le 
comte  de  Flandres  mentionné  plusieurs  fois  est 
Philippe  d'Alsace  :  il  se  met  en  route  (995);  il 
meurt  à  Acre  le  1*' juin  1191  (653i),  au  grand 
regret  de  tous  les  croisés  (6697,  6767).  Le  séné- 
chal de  Flandres  est  mentionné  au  vers  9995. 

FoMAeocB  1860,  1869,  9119,  Famagouste,  ville  de 


5i2 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


(?.  3o99  ss.)  ane  {>arole  héroïque.  Sur  l^histoire 
romanesque  de  ce  persoonage,  Yoir  Ernoul,  p.  1 1  & 
(où  il  (aut  lire  dtecalwr,  1.  5,  au  lieu  de  clerc  : 
Yoir  Journal  deê  Savant»,  1898,  p.  967,  note  3). 
11  avait  été  fait  prisonnier  à  Hittin,  puis  délivré. 
M.  Stubbs  a  imprimé  à  tort  de  Bidefordia  {Itm,, 
p.  70)  pour  de  Riddefordia,  que  donnent  deux  ma- 
nuscrits. Voir  Rôhricht,  Bericktigungen  und  Ztudize 
zu  Du  Cange'ë  Lignage»  d'outremer,  p.  17* 

GisLEBKRT  de  WaecoU  :  Gilebert  1166  (s.),  Gilbert  de 
Yascœuil,  chevalier  normand,  quitte  Messine  en 
avril  1191  pour  retourner  en  Angleterre.  Ambroise 
rappelle  à  ce  propos  que  c*est  lui  qui  plus  tard 
laissa  prendre  Gisors  par  Philippe;  ce  fait  eut  lieu 
en  avril  1193.  Le  traducteur  latin,  plus  sévère, 
accuse  Gilbert  de  trahison  (p.  176),  et  ce  fut  Topi- 
nion  générale  des  Anglais  (voir  Roger  de  Hoveden , 
éd.  Slubbs,  111 ,  306,  et  Hûtar.  de  Fr. ,  XXUI ,  696). 

GiSLBBiaT  Maletmain»  :  GUeben  io483,  prend  part 
au  combat  du  99  juin  1 199.  Voir  sur  ce  person- 
nage Hietor,  de  Fr.,  L  XXIU,  p.  71&,  715. 

GiSLBBiBT  Talebot  :  Gileben  TaUboz  Û719  (s.),  un  des 
plus  preux  parmi  les  croisés,  arrive  en  juin  1191. 
Le  latin  Tappelle  par  erreur  Girardu»  de  Taleboz 
(p.  917). 

GisoRz  ii3,  1167,  Gisors  (Eure).  L*entrevue  do 
Philippe  H  et  de  Henri  II  en  1188  a  lieu  entre 
Gisors  et  Trie  (11 3);  Gisors  fîit  plus  tard  livre 
i  Philippe  par  Gilbert  de  Vascœuil  (1167;  voir 
Gislebeit).  Gisors,  revendiqué  par  Philippe,  avait 
été  abandonné  par  lui  k  Richard  dans  le  traité 
condu  À  Messine,  et  Gilbert  de  Vasc<Buil  en  avait 
été  fait  gouverneur. 

GoDiTBBi  de  Boillon  to6']3  (r.),  Godefroi  de  Bouillon, 
le  principal  héros  de  la  premièro  croisade. 

GoLAATHA  19060,  le  Golgotha. 

GoBNAi  6169,  probablement Goumai-en-Brai  (Seme- 
Inférieure).  Voir  Hnoii. 

GnjLià  7556  (rime  avec  Chavignié),  Graye,  cant.-  de 
Ryes  (Calvados).  Voir  Hbubi. 

Graîb  376 1,  Turc  qui  se  fait  tuer  par  le  Gallois  Mar- 
cadiic  au  siège  d^Acre. 

Gbbge  7898  :  la  mer  de  Grèce,  la  partie  de  la  Médi- 
terranée comprise  entre  la  Grèce  et  la  Syrie. 

Grbcbis.  Voir  Gbezeis. 

Gbbgoibb  :  U  uitime»  Gregorie»  hb(B.),  Grégoire  VIII, 
pape  du  91  octobre  au  17  décembre  1187. 

Gbbszbscbb.  Voir  Grbzbis. 

Grbxbis  3917,  3âo9,  3i^99,  3691,  3699,  3858, 


3867,  greeeU  33i8,  6786,  toi^ours  avec  fin, 
grégeois;  la  gre»ze»che  gent  engreeee  1618,  la  mé- 
chante race  grecque. 

Gbibus  :  Griu  i559,  i58i,  1898  (pL  s.),  Greu  1766 
(pi.  s.),  Griu»  i595,  i56o,  i5&6,  1760,  9068 
(pLr.),  (rrj^on  601, 606, 9/10,  \h\h,  i5&9, 1678, 
1709  (pL  s.),  Grifon»  760,  1691,  189&  (pi.  r.). 
Grecs;  les  deux  mots  Grieu»  et  Grtfon»  sont  employés 
indifféremment  Tun  pour  Tautre  (voir  notamment 
1760  et  1769),  et  1er  second  ne  parait  être  qu*an 
diminutif  méprisant  du  premier;  c^est  par  erreor 
que  M.  Godefroy  explique  Griffon,  Gr^bn  par  «rnom 
donné  aux  Grecs  byzantins,  et  par  extension  aux 
peuples  d'Orient  en  générale;  il  ne  désigne  jamais 
que  les  Grecs  par  opposition  aux  Latins.  Les  Grecs, 
habitants  de  Messine  avec  les  Longebards,  sont  de 
mauvaises  gens  (5i8);  ils  insultent  les  craiaés 
(5&9);  ib  murmurent  contre  Richard  parce  qn*i] 
arrive  en  trop  grande  pompe  (601);  cependant  îb 
se  tiennent  en  paix  (606),  mais  ils  se  joignent 
aux  Longebards  dans  le  soulèvement  de  Messine 
(7/10  )  ;  pour  les  tenir  en  sujétion,  Richard  construit 
un  château  qu'il  appelle,  i  leur  grand  dépit.  Mate- 
grtfon  (9&0).  —  Les  Grecs  de  Chypre  attaquent  des 
croisés  qui  ont  fait  naufrage  (iài&);  ib  sont  chassés 
de  Limeçon  (  i  &85  ss.),  battus  le  lendemain  (1679 
ss.),  et  finalement  expulsés  de  Chypre  (9068).  — 
Ib  sont  appelés  gent  engre»»e  1698,  de  maie  nature 
1896. 

Gbifouaillb  669,  9693,  terme  de  mépris  pour  dési- 
gner un  ramas  de  Grecs.  C'est  à  tort  que  M.  Go- 
defroy, en  citant  le  premier  de  nos  deux  passages 
et  un  autre  de  Florence  de  Rome,  traduit  ce  mot 
simplement  par  «  canaille  ». 

Gdadbbs.  Voir  Gasdbis. 

GUALAIS.  Voir  GUALBIS. 

GuALATiE.  Voir  Galatib. 

Gdalbis  S^hU  (r.),  Gualei»  S^hti,  37/16,  3769, 
3763,  3766  (s.),  Gualai»  3739  (s.),  GaleieZ-j^q 
(s.),  Gallois,  habitant  du  pays  de  Galles. 

GuALBs  3767 ,  Galles,  région  occidentale  de  la  Grande- 
Bretagne. 

GUAQDBLIN.  Voir  GnAUQDBLIll. 

GnABDB.  Voir  Blahchb  Guardb. 

GuABiN  u  fiti  Gerod  7507  (r.),  Guarin  7611  (r.), 
Guarin»  le  filz  Gerod  /i73i,  7609  (s.),  Garin  Fia 
Gerout,  chevalier  anglais,  rejoint  les  croisés  à  Acre 
en  juin  1191  (6731),  est  renversé  et  frappé  dans 
un  combat  en  décembre  1 191  ;  le  latin  a  Garmue 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES. 


5&1 


Brelon,  MtDceau,  Bourguignon,  Flamand  ou  An- 
glais (85oa  sa.). 


Frédéric,  Voir  Alimaiqhi. 

FsaBii  9889,  9395,  Herbia,  entra  Escalone  et  Gaza. 


GALiTii  (La)  to3o7,  io33o,  la  Chtalatiê  68/17,  un 

des  diAteaux  que  Salahadin  fait  détruira  en  1191 

(6847),  Karatieh,  près  d'Esealone. 
Galiis.  Voir  Goâliis. 
Gaulu  {La  mtr  de)  s5Â7,  le  lac  de  Tibériade,  dont 

Teau  est  douce  et  bonne  i  boira  (cf.  Emoul, 

p.  ik). 
Gabacois.  Voir  Giaioois. 

GàlLAllOI.  Voir  GUABLAROI. 

GiscoiRi,  Gascoisx,  Gascos.  Voir  Guascoiri,  etc. 

Gasdus  :  Guadru  6843  (rime  avec  madru)^  Gazrei 
9889,  Tandenne  Gaza,  ville  et  port  an  sud  de  la 
Palestine,  dont  le  nom  était  devenu  Gaxara,  sans 
doute  par  confusion  avec  Gazara  ou  Gadara  de 
Célésyrie  (rou  plutôt  avec  la  Gazara  de  Palestine 
(Gezer  biblique,  MontgUart  des  croisés),  à  une 
soixantaine  de  kilomètres  au  nord-est  de  Gaza.  — 
G1.-G.;»  une  des  villes  fortes  que  Salabadin  fait 
démanteler  en  1191  (6863). 

Gautir.  Voir  Guactiib. 

Gaibis.  Voir  Gasdrks. 

GmivBis  34o6  (pi.  s.),  GenevoU  818s,  8aoo  (pi.  s.), 
GmmfêU  643,  5o5*,  8179,  8a3i,  11&67  (lira  en 
outra  GeMveU  au  lieu  d^EngUië'va  v.  3193),  Gé- 
nois, citoyens  de  Gènes.  Les  Génois  sont  experts  en 
navigation  (  64  6  ),  et  le  roi  de  France  traite  avec  eux 
pour  son  passage  (  443  ),  comme  beaucoup  d^autres 
(5o5).  —  Les  Génois  construisent  un  chAteau  de- 
vant Acre  avec  Conrad  de  Montferrat  (34o6);  ils 
sont  attaqués  dans  leurs  vaisseaux  (33oo);  ils  sont 
du  parti  de  Conrad,  à  qui  ib  ont  promis  de  livrer 
Acre,  et  ils  y  bataillent  contre  les  Pisans  en  1 19a 
(8178  ss.);  Ricbard  les  réconcilie  (8aoo);  avec 
les  Pisans,  ils  aident  à  prendre  le  Daron  (9398  ) , 
et  vont  avec  eux  et  Richard  au  secours  de  Jaffe 
(iioo4,  11 335);  ils  soutiennent  de  rudes  atta- 
ques des  Turcs  (1147  ss.). 

GmvE  iioo4,  11 835,  Giênvê  33oo,  8985,  9898, 
Gènes.  Dans  tous  ces  passages,  Ve  final  est  élidé; 
il  ne  Test  pas  au  v.  8169 ,  et  on  pourrait  admettre 
un  hiatus;  mais  il  a  semblé  préférable  d'introduire 
la  forme  Getweê,  qui  est  très  anciennnement  attestée 
et  persiste  daus  le  nom  français  moderne.  On  peut 


en  faire  autant  au  vera  11 335,  au  lieu  d'ajouter 
gitU  au  texte  du  manuscrit. 

Geojfroû  Voir  Guraii. 

Georoi  :  sotni  Jêorge  6878  (voc.),  êainl  Jorge  6433 , 
10879  (s.),  saint  Georges,  patron  spécial  des  che- 
valiers. 

Girlardi.  Voir  Guarlahdi. 

GiRODT  :  Gerod  4781  (rime  avec  ot,  c-è-d.  out), 
7507.  Voir  GuARUf. 

GiBiLiT  9189,  Jebeil,  Tancienne  Byblos,  ville  et  port 
de  Syrie,  entre  Tripoli  et  Beyrouth. 

Giiran  de  Bretaigne  99,  Geoffroi,  fils  de  Henri  II 
d'Angleterre  et  frère  de  Richard, duc  de  Bretagne, 
mort  en  1 1 86. 

GiiFRRi  del  Boû  :  GUfroi  iii33  (s.),  chevalier,  l'un 
des  premiers  qui  se  jettent  à  la  mer  pour  secourir 
Jaffe  en  1 199.  Voir  Erraut. 

GiKPRii  de  Lvtignan  :  Gigfré  9694  (r.),  hfrei  9885 
{T.)tJeffrei  6g']']  (r.),  (ytig^mi  4079  (s.,  rime  avec 
frmê),  Jefreù  4657  (••»  "™®  avec^û),  Gê/rei 
9701,  7788  (s.),  Giefrêi  8049  (s.),  Jeffrn  5o69 
(s.),  Geoffroi  de  Lusignan,  frère  aine  du  roi  Gui  : 
c'est  le  plus  preux  chevalier  du  royaume  et  le  plus 
expert  en  guerre  (9694);  il  n'y  a  pas  eu  son  pareil 
depuis  Roland  et  Olivier  (  4665).  Il  vient  retrouver 
son  frère  à  Triple  en  1188  (9701);  il  accomplit  de 
nombreux  exploits  au  siège  d'Acre  (9835,  8049, 
4079,  4667);  on  lui  attribue,  dans  le  partage  du 
royaume,  Jaffe  et  Escalone  (5o69);  il  est  envoyé 
par  Richard  pour  s'assurer  si  on  détruit  Escalone 
(6977);  il  accompagne  Richard  dans  le  combat 
du  8  janvier  1199  (7788). 

GiLIBIRT.  Voir  GiSLSRBRT. 

GiLLAMi.  Voir  Guillaume. 

GiRART  de  Fomivaî,  1 1 495 , 1 1905  (s.),  chevalier  fran- 
çais, se  distingue  dans  le  combat  du  5  août  1 199 
(ii495);  est  l'un  des  messagers  envoyés  à  Sala- 
hadin en  septembre  1199,  et  dont  la  négligence 
manque  d'amener  de  grands  malheurs  (1 1899  ss.). 
Le  latin  l'appelle  une  fois  (p.  4i5)  de  Fumivalf 
et  l'autre  (p.  43i)  its  FomivaUiê, 

Girard  de  Ridêford,  nom  du  maître  du  Temple  tu^ 
devant  Acre  le  4  octobre  1 189  et  dont  on  rapporte 


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TABLE  DES  NOMS  PROPRES. 


5A5 


an  aisaut  donné  par  Richard  et  les  aiena  à  i*hôlel 
du  roi  de  Franco.  L'auteur  de  Guillaume  k  Ma- 
réckiU  (vers  àhgg  as.  et  ailleura)  prodame  que 
Guilkume  des  Barres  iormonia  toz  Uê  hoêM  de 
France,  Il  fut  plus  tard  comte  de  Rocheforl  et 
mourut  en  isd3. 

GuiLunm  dee  Rocket  :  Guilkanee  1 1908  (s.,  rime  avec 
hiaMmee)^  est  un  des  messagers  envoyés  à  Salahadin 
en  septembre  1199  et  dont  ia  négligence  faillit 
amener  de  grands  malheurs.  Guillaume  des  Roches, 
plus  lard  sénéchal  d'Anjou ,  après  avoir  servi  Richard 
et  Jean  contre  Philippe,  passsa  en  1 307  au  service 
du  roi  de  France  et  combattit  le  roi  Jean.  Voir 
Beautemps-Beaupré,  Recherchée  tur  ke  anâenneê 
jundictione  de  l'Anjou,  t  I,  p.  a86  et  suiv.  (Pau- 
teur  de  cette  savante  Notice  iur  Guillaume  dee 
Rochee  ne  mentionne  d'aiUeurs  pas  sa  présence 
k  la  croisade);  Dubois,  SUA,  de  VEc.  dee  chartee, 
XXX,  1377;  XXXII,  88;  XXXllI,  5o9. 
Guillaume  de  Tancarville.  Voir  Tarcarvillb. 

Guillaume  de  Tyr.  Voir  Soa. 

GoiLiADHK  Longe  Eepee  :  Guillamee  a/i3o  (s.),  Guil- 
laume de  Monlferrat,  frère  de  Conrad,  fait  seigneur 
de  JafTe  et  d'Escalone^  en  1176  par  Baudouin  IV 
(  Chron.  d*Emoul,  p.  /18  ),  épouse  Sébile  de  Jéru- 
salem et  meurt  peu  après  (96A9  ^O* 

GuiOR  de  Dampierre:  Guiz  3199  (s.).  Gui  de  Dam- 
pierre,  chevalier  français,  seigneur  de  maints  châ- 
teaux, arrive  à  Acre  en  1 189.  Raoul  de  Dicet  Tac- 
cuse  d'avoir  reçu,  ainsi  que  Tévéque  de  Beau  vais 
et  d'autres,  de  riches  présents  de  Salahadin  pour 
traîner  le  siège  en  longueur  (Uittor,  de  France, 
XVII,  637).  Il  joua  plus  tard  un  rôle  important 
au  service  de  Philippe  II. 

GciON  de  Luiignan  1978,  9088,  9/ii5,  9/180,  9609, 
9601,  9671,  9703,  9776,  390/i,  5oâ3,  7068, 
8i8i,  8699  (r.),  Guioi  9667  (r.),  Guie  1707, 
1868,  1983,  1998,  90o3,  %àkb,  9/155,  9/Î91, 
353i,  9567,  9607,  9657,  9977,  3019,  3069, 
3/io5  (rime  avec  marchie),  5o53,  5o6o,  6i5i 
(rime  avec  pnguis),  6796,  8610,  9io5,  9196  (s.), 
Guid  9/1 3 8  (s.).  Gui  deLusignan,  frère  de  Geoffroi; 
il  épouse  Sébile,  fille  du  roi  Amauri,  veuve  de  Guil- 
laume de  Montferrat  et  mère  de  Baudouin  V  (  94i  5 
ss.);  Baudouin  V  mort,  il  devient  roi  et  se  fait  cou- 
ronner avec  sa  femme;  il  mande  ses  barons  â  son 
couronnement,  et  parmi  eux  le  comte  Raimond  de 
Triple,  qui,  furieux  de  ne  pas  être  roi,  ne  parait 
qu'après  la   troisième  sommation  et  après  avoir 


conclu  un  pacte  secret  avec  Salahadin  (9 63 8  sa.);  il 
se  résout  à  attaquer  les  Sarrasins,  et  Raimond  se 
joint  à  lui,  mais  la  trahit,  au  moins  d'après  l'opi- 
nion la  plus  répandue,  et  Gui  est  vaincu  et  pris  à 
la  bataille  de  Hittin  ou  Tabarie,  le  U  juillet  1 187 
(9A89  ss.).  —  Salahadin  lui  donne  la  liberté  en 
échange  de  la  ville  d'Escalone,  quoique  Gui  exhorte 
les  défenseurs  de  la  ville  à  ne  pas  céder  (9597  ss.); 
il  s'est  engagé  à  aller  outre  mer,  et  se  rend  dans 
l'ile  de  Tortose,  mais  Salahadin  le  dégage  de  sa 
promesse ,  aimant  mieux  lui  qu'un  autre  comme  roi 
(9607  ss.);  il  va  à  Triple,  où  Raimond  l'accueille 
fort  bien,  et  il  y  retrouve  sa  femme  (9699);  il  est 
dans  une  grande  pénurie  (9657  sa.);  le  prince  d'An- 
tioche  l'invite  è  aller  chez  lui  et  il  s'y  rend  (9669 
ss.),  mais  il  retourne  à  Triple,  où  son  frère  GeoflTroi 
le  rejoint  (  9685  ss.);  il  va  à  Sur,  dont  le  marquis 
Conrad  lui  refuse  l'entrée;  il  reste  devant  la  ville, 
où  le  rejoignent  les  chrétiens  les  plus  loyaux ,  Alle- 
mands, Pisans,  et  les  frères  de  Tabarie  (9707  ss.). 
—  Il  se  décide,  n'ayant  que  hoo  chevaliers  et 
7,000  honunes  de  pied,  à  assiéger  Acre  (97/19  ^*)« 
il  vient  camper  sur  le  Toron,  où  il  s'établit  pour 
tout  le  siège  avec  les  Pisans  (9977);  il  combat  très 
vaillamment  dans  l'affaire  du  mois  d'octobre  1189 
et  sauve  Conrad  près  d'être  tué  (3019  sa  )t  il 
prend  part  à  l'assaut  donné  le  jour  de  l'Ascension 
1190  (3Ao5);  il  perd  de  maladie,  en  septembre 
1190,  sa  fenune  et  ses  deux  filles  (3897  ss.).  — 
Il  se  rend  en  Chypre  auprès  de  Richard  (qui  était 
son  suzerain  en  Poitou)  pour  lui  demander  son 
appui  (1707  ss.);  il  est  chargé  par  Richard  de 
marcher  par  terre  sur  Famagouste  (i863  ss.); 
il  s'empare  de  Cherines  et  de  la  fille  de  l'empe- 
reur grec  (1969  ss.);  il  est  cliargé  de  la  garde  de 
l'empereur  (9088).  —  Après  la  prise  d'Acre,  il 
se  fait  un  accord  entre  le  marquis  de  Montferrat, 
soutenu  par  Philippe,  et  Gui,  appuyé  par  Ri- 
chard :  on  décide  (97  juillet  1 191)  que  Gui  aura 
le  titre  de  roi  et  la  moitié  du  royaume  (5o6i 
ss.).  —  Il  prend  part,  à  ia  tête  des  Poitevins, 
à  la  bataille  d'Arsur  le  7  septembre  (6i5i);  il 
assiste  le  lendemain  aux  funérailles  de  Jacques 
d^Avesnes  (679 A);  Richard  l'envoie  quelques  jours 
après,  mais  inutilement,  à  Acre,  pour  rappeler 
les  croisés  qui  y  sont  restés  (7068  sa.).  —  Les 
Pisans  qui  le  soutiennent  se  battent  â  Acre  contre 
les  Génois,  partisans  de  Conrad  (8181  ss.);  les 
barons  de  l'ost,  considérant  le  dommage  d*aToir 


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jiipsn  ç^"  laui-;  m*  5uaiisHiin  aii  leir'iir?  SscaiaB 
'Ki'^A  :  ismoai  irv-  ip  Stiaant   e  â  anît  :  r» 
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jrikni   jumam»  -uur»  lor?*  i  ji   3aiaiff^   ftnar 

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-Mini  'C.wHaniWM  ttf*3aii*>-gi  'nt-»mi«*  tlMT  VI  'oillf 

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TABLE  DES  NOMS  PROPRES. 


547 


roi  d^Angieterre;  on  rappelle  sa  brillante  famille 
(93  S8.);  il  fait  la  guerre  à  Philippe  II  (87  as.);  les 
deox  rois  se  réconcilient  entre  Gisors  et  Trie  et  se 
croisent  le  ai  janvier  1188  (111  as.};  mais  la 
guerre  reprend  et  dure  jusqu'à  la  mort  de  Henri , 

le  6  juiUet  1189  (^^^  ^0*  ^^  ^^^  ^'^«  ^8®  ®^ 
riche  (1869  s.). 

Hiau  io653,  faute  pour  Hugvêt.  Voir  Huooii. 

Heurt  é^ Angleterre,  Voir  Rei  (Le  joefne). 

Henri  de  Bar,  Voir  Bar. 

HiRBi  de  Champaigne  6896,  9817,  9966,  10981, 
11708,  11781,  11867  (^*)t  H^f**^  85io,  3888, 
&&&1,  6191,  865i,  8776,  8998,  9155,  1057&, 
11819,  ii&i5  (s.),  Henri  7868  (s.),  Henri  II, 
comte  de  Champagne,  fib  de  Henri  l"  et  de  Marie 
de  France,  sœur  è  la  fois  de  Philippe  et  de  Ri- 
chard ;  il  arrive  à  Acre  en  juillet  1 1 90  (  85 1 0)  ;  il  fait 
construire  un  bélier  (8838);  il  se  montre  très  li- 
béral lors  de  la  famine  (&6&1);  il  est  un  des  pièges 
des  engagements  pris  par  Philippe  lorsqu'il  retourne 
en  France  (58a6).  —  Lors  de  la  bataille  d'Arsur, 
le  7  septembre  1191,  il  garde  le  flanc  de  Tannée 
en  marche  (6191  ss.);  en  janvier  1199,  il  s'en 
retourne  avec  Richard  et  le  suit  très  péniblement  à 
Ibelin  (7868  ss.). —  Il  est  un  des  envoyés  qui  vont 
annoncer  à  Conrad  son  élection  (865 1);  au  moment 
de  partir  pour  Sur,  il  apprend  l'assassinat  de  Conrad 
(8775  ss.);  il  arrive  à  Sur,  et  aussitôt  on  l'élit  roi 
en  l'engageant  à  épouser  la  veuve  de  Conrad,  et  il 
accepte  sous  réserve  de  l'approbation  de  Richard 
(8998  ss.);  celui-d  est  heureux  de  l'élection,  mais 
le  dissuade  d'épouser  la  marquise  (8978);  les 
Français  l'en  pressent  tant  et  elle  est  si  belle  qu'il 
l'épouse  néanmoins  (900&  ss.).  —  En  juin  1 199 , 
il  est  envoyé  à  Acre  pour  faire  revenir  ceux  qui  y 
restent  (9817  ss.,  9955  ss.),  et  les  ramène  bientôt 
à  Rames  (10576  ss.);  il  arrive  par  mer  à  Jaffe 
pour  y  retrouver  Richard  lors  de  la  délivrance  de 
cette  ville  (11818  ss.);  il  combat  à  côté  de  Richard 
(1  i6i5);  il  est  envoyé  à  Césaire,  mais  sans  succès, 
pour  en  faire  venir  les  Français  (11708);  il  est 
consulté  par  Richard  au  sojet  de  la  trêve  (1 1781); 
son  sauf-conduit  ou  celui  de  Richard  est  exigé 
pour  visiter  Jérusalem  (11867).  —  Henri  de  Cham- 
pagne, devenu  roi  de  Jérusalem ,  mais  ne  possédant 
qu'une  petite  partie  du  royaume,  mourut  à  Acre  en 
1197,  étant  par  accident  tombé  d'une  fenêtre  de 
son  château. 

Herbi  de  Graié :  Henrie  7556  (s.),  Henri  de  Graye, 


chevalier  normand,  prend  part  à  un  combat  à 
Rames  en  décembre  1191. 

Hnrai  de  MaiUoe  7585  (s.),  chevalier  normand ,  prend 
part  avec  son  frère  Guillaume  à  un  combat  à  Ra- 
mes en  décembre  1191. 

Huiii  le  filz  Nicole  :  Henrie  7591  (s.),  Henri  Fiz 
Nicole,  chevalier  anglais,  compagnon  du  comte  de 
Leicester,  prend  part  à  un  combat  à  Rames  en  dé- 
cembre 1191. 

Hbiiri  le  Tieie  :  Henri  le  Tyoie  11688,  chevalier  de 
Richard,  porte  sa  bannière  à  Jaffe  le  5  août  1 199. 

Herade.  Voir  Patburchb. 

HBRnBCORT.  Voir  HiRDniCORT. 

Hbripord  8599,  Hereford,  rille  d'Angleterre,  chef- 
lieu  du  comté  de  ce  nom.  Le  prieur  de  Hereford 
mentionné  ici  est  sans  doute  Robert,  plus  lard 
abbé  de  Munchelney  (Stubbs,  p.  838,  note  6). 

HéaoDB  :  Herodee  1986  (s.),  Hérode,  était  ne  a 
Rhodes.  Ambroise  a-t-il  inventé  cette  rirconstance 
uniquement  pour  la  rime?  On  ne  la  retrouve  nulle 
part,  et  le  traducteur  latin  l'a  omise. 

Hbktdr.  Voir  Arthur. 

HiLiiRB  (Saint)  7811,  saint  Hilaire  de  Poitiers,  fêté 
le  1 6  janrier. 

HoHBz  6718,  leHommet-d'Artenai,  comm.  de  Saint- 
Jean-de-Daie,  cant.  de  la  Périne,  arr.  de  Saint-Lô 
(Manche);  il  faut  rétablir  de  ou  du  Homez  au  lieu 
de  dee  Omee  au  vers  10998  ;  le  latin  a  Humez  dans 
les  deux  cas  (p.  917,  6o5). 

HoifORBis  :  Hungreie  5636  (pi.  r.).  Hongrois. 

Hororib:  Hungrie  5633,  5689,  Honfjrie.  Le  comte 
de  Hongrie  mentionné  là  est  sans  doute  le  comte 
Nicolas,  dont  l'arrivée  à  Acre  en  1 189  est  indiquée 
dans  i*/lMi«rarttfm  Ricardi  (p.  76);  il  est  fait  pri- 
sonnier par  les  Turcs  (5689). 

HospiTiL  97,  6877,  8^67»  95» 4,  9899,  9908, 
10955,  10966  (r.;  partout  VOepital,  sauî del  //. 
et  al  H  10966);  l'QisUale  5866,  6i55  (s.), 
l'Hôpital  de  Saint  Jeau  a  Jérusalem,  perdu  en 
1187(97);  la  maison  de  l'Hôpital  à  Sur  (8867); 
l'ordre  des  frères  de  l'Hôpital.  Voir  Hospitaubr. 
Ybelin  de  VOepitai;  voir  Irbuk. 

Hospitaubr  :  Oepitaliere  6696  (sg.  s.),  Hœpitalier 
6697,  7^9'*  10981  (pL  s.),  HoejntaUers  6757, 
6386,  9981,  i09i5,  10769  (pi.  r.),  OepitaUen 
10900,  1 178^  (pi.  r.),  Hoq>itaiier,  frère  de  THô- 
pital.  Les  Hospitaliers,  le  6  octobre  1 1 89,  prennent 
position  devant  Acre,  avec  les  Templiers,  sur  le 
rivage  de  la  mer,  et  cliargent  avec  eux  (9967, 


? 


516 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


roîs  «t  riiBf  wware  de  Gai.  dcnumlent  à 
Rkàiffd  d'HikbIir  sa  «ml  hm,  et.  coonltéi,  il»  dé- 
sK^wai  Ciar»!.  w  <pftf  Rîckwd  «ccple  (  S^t  ».): 
«fnè»  b  awt  éf  Cfarvd .  H«tin  de  CKanpa^B?  «ft 
eb  Tvi.  <i  *t«i  M  troaie  tml  i  £ul  d«ikfhle:  ■!>» 
fc'hani  ivii  dmw  RSe  é^  ^^F'^  \9io<^  i».  .  — 
C-ftait.  J^Aprv»  \adbrafe.  oa  baouw»  «wnliette- 

«^1*  ;  il  avait  ft»  omHearei 
û  KÛt  nnniir  «fea^ni  •  9 1 1  ^  m.  • 


1         €tiiiiaqiuitd*éiier;g;ie(t6i8);fl« 
I         de  méaiteatuie*  (9109)  et  toqflnt  de  la 
et  de  Feane  (t&iS  a.\.  —  Gni  de 
«ena  le  preaùcr  roi  btia  de  Chypre, 

GriKmAn.  Voir  Rotin. 

Gcmcio  ^188.  ^^87  (r.K  non  de  Witikînd 

de 


H 


» 


Hàll»lll   d»f   TWtmi  r   Mtmmfi  n    1 1 1 4 .   i  1 J  t   (>.  • . 
jii!^    IL  .  EâinJra  'in  Torea.  pffjer 
d^bibei .  ÛBue  -ia  rai  Inaorî    «w  Mabcu»i  -  : 

M  hnés  'in  'Jiyrte. 
RujuK    Sfliiyw  tAr    ^j3  :  la  1  «a»  duate  an  l«  awc 

â»  Taw  sort  bi  râiw    raraéi 
prNTi?  'fi"!  s'y  4  30»  'f  • .  «!C  'riolR  port  Vs  btât 
3.    i**'!     gwrte   SoMnfHHH   waun*  dr    Bttimmiz 

ia  Pid.  wr-  •fî^'-Œi  Em  :  ii 
4iK  3H>n  TrièaÉNe  'Hw  £iwiw».'in  n  fbrtaKiirt  wor 
m  nnïiiiK  -aim  -iC  im»  k  hhibir  in  :«  ût.  looeitt 
flmiir  :  1*3  -te  BtHf*^  l'^'i"  .  ]'-9C  'in'in  wui 
ai«nunmap  «oir  Bimua  :  ai  .""sb*  ai  «4n  i  i  :  3 
!b  «na.  9urte  -Wia  -iv^iiKniminc  &aQr.  ^  i  airaïc 
«o>  tnniK  ^lu  ail  ■  'i}^  Rutipmr  -^t  mn  ftwnwr  &#- 
./«mu  'j!^  tHiu  :ui»  taoji  k  atin  .  L^  'juxn  ptirte  :a 
DnsnufTf  iite-  Hurît^nr*  a.  1  ^  -la  7«aiaii«>  fiar^ 
iuMjjim  9.  i  '  I  :  IL  fixiobft.  mi  !■  Lirsimers  rin» 
4  «imitf  i  -Jirc  la  «anaoïe  flur«»rt.  1  •roaaiiifR  1 
ia  aôi*'  •»»  iaia  luma-  'nanoe  linncxinii»*  wu» 
«Uh  •'urrw  -sTr-Hni».  '.'a  j^ia*»;.  ai  un'  ««rie.  pnur 
Har*iKni?Jur*  :e»  àirvM»  £far*iigii;tift  fC  ^jancnrsrt. 
*.^  puumii  foonçifc.  3iHir  '«  prsmiijr  pauinji! .  4  dar- 
àe*niurt  lainf  a  5«iauDi!.  nai»  1h  -nMvaJier  iiioi  :i 
*9^  'XX  -ftaiL  Mjoc  ôtf  Biisiarû  -iC  mia  je  Phiiippi. 

ELufehuHik  *<>iir  cliusAMik 

'^.kOniB»  ^'Mr  iiraaa. 

i.iiisksrf»  f'''*!^^  ^'  ^-*  ^»^  ''**K  «•  .  ttiti  4(f. 
r..  -!iD«  HHjc  JMM  .  iAirwflM  !*^*jô  if.  r. .  rioM 
iMfc  n-w  .  tfaaiaiii  •  i J^r;*  pi.  r.  .  tfarwn 
^f^i^;»      pi.    r.   :   CT*    OMt     {ux    pnîod.  .-uaauii   w 


tes  haKS.  ane  j 

cvo^c^Beai  lev  sMcaanti  aa 
rVwiii  ^  HoaBeT  '^790.  1^799.  tiot<&t.  H 
MMK  ««  riief  lai  »JBW  •  «oir  Mocm': 
«  ^ne  bâte  da  eopîiie:  I/4 
KnuMaiM  «al  b  fimne  ocdbatL*^  de*  lot» 
çaok  Dem  f?«a«i  Bac 
ri*eur.  tiwafi  b 
-:  vi.*nt  'T^%n  raeiiana  wai  rot  de  Jeranicfli  <  8^4^ 
Ww  ;  Ifiiht'aae  'JOib^  à  ce  peopw 
*a  bna  'iiiat  Uf  Ti«in  et  Minmc 
«c  -?ipita|ae  oiamigni  ib 
•.>v  «cave  Ibrba'if  «Tevoir  oa^e  b  Vî 
tiKT  ÛKirai.  ec  •»  BHEife  en  Fnare  a  PbSpfe 
•tA  m  ■iÇÊT^KT,  car  Rkâard  a  âzt  ea^'i^  «faitea 
H«iaaHif  ••n  F!-uKe  pour  ^  okt  :  eaiimaie  tfu  tmt 
iK»  piiB  âdiaœi*»  CTHMetn^nc^   rS-S  !»..  t  j-^u';*  v 

H^riTirqaT  'lôit     la  !xiri  i'ii'mcer  £  -fC  «>  ;^arder 
War  r^irt  'ài  na..  il  âoC  hr*  flaai^fflrt  .  Bante^ 
ibrt.  dMt'-tiim  >if*  •anam.  arr.  -b  P«flLyaim    IVir» 
•ii»^e  ;   'If    afin    ima»*   Bitmùif'frwtm     p.  M4  • 
D'aprs  •»  aaa.iagi" .  Bicbori  nirait  ieimv  AaiftiK 
riir*. .  -H  -ttiiHoii  •!«  B«?rtnn  ip  3»r3 .  in  àespe  ^*y 
ivaxt  311»  'js  nimiif  -b  iiiuic-«Tiile9  ja  b  T'HiiiMiae 
Raunuaii  V    ;  ^;  liuit  ai  laca^  nicune  aairv  traça 
«bn»  .^biatiiins;  i  -bit  «  nopurvr  ■  runaw  it8^. 
ju  âicaant.  aiiirs  nimca  ie  PoiDiir».  ÛL  <m  jueffg 
aciUHTitftf  an  cvam*  b  r-jaiimw. 

EiBcnia    £csDr  -i  >jô .  BtKtur.  ib  ii*  P*«am .  '>!bbre 
par  SI  vaiilaiKtf .  çmx  lu  7<iDun  b  r-tw. 

BbLic»!   1 1  y.i     -imif  i««!<tr  amtv  .  Seiene .  r'ifmim!  «b 
Mraebft;  in  puvns  nvpvilH  i»««  inniurs  i*(*e  Pvb. 
pmutufr^  .*^iîbr<^  par  :i!  rvnao   b  r*"»».  La  :tirai« 
awfc  «.  •»(  cbie   lu^mpiuio  Benuil  ée 


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L*HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


3983);  ib  ont  une  pierrière  à  eux  (4767);  ils 
font  l*arrière-garde  à  la  bataille  d'Araur  (6i48  as.), 
et  demandent  à  Richard  la  permission  de  chai^ger, 
qu'il  leur  refuse  (ôagS  ss.),  mais  ils  sont  serrés  de 
si  près  que  leur  maître,  Gamier  de  Naplouse,  va 
solliciter  Richard  (6877  ***)«  ®^  ^  charge  a  lieu, 
mais  échoue  par  Tindiscipline  de  deux  chevaliers, 
dont  Tun  est  le  maréchal  de  THôpital  (64a6).  — 
Avec  les  Templiers  et  les  Poulains,  ils  s'opposent  en 
janvier  1199  à  la  marche  des  croisés  sur  Jérusalem 
(769s,  7769);  ils  secourent  les  Français  surpris 
le  la  juin  119Q  (9899);  Robert  de  Bruges,  frère 
de  Tordre,  ayant  manqué  à  la  discipline»  est  ré- 
primandé par  le  maître  (9907  ss.);  Richard  loue 
rejq>érience  des  Hospilaliers  pour  leur  façon  de  mener 
la  guerre  en  Palestine  (loaoo);  quatre  d'entre  eux 
sont  délégués  pour  décider  avec  d'autres,  en  juin 
1199,  ce  qu'on  doit  faire  (ioai5);  Richard  ré- 
unit le  conseil  dans  leur  tente  (i0955);  avec  les 
Templiers  et  d'autres,  ils  sont  chargés  de  détruire 
le  Daron  (10769);  Richard  prend  congé  d'eux 
(109/^6)  et  leur  expose  les  motif)»  de  son  départ 
{ti'jZU).  Voir  Gamibb,  Maiisghâl,  Robibt. 

Hubert  Gautier,  Voir  Garterbirb  ,  Salxsbkbbs. 

Hdbs.  Voir  HuoB. 

HoGB  de  la  Mare,  Voir  Hugob. 

HuGBLOT.  Voir  Hdgublot. 

HcGOJi  :  Huguee  li  dux  de  Burgoine  io653  (s.),  le  duc 
Hugues  de  Bourgogne.  Il  faut  certainement  lire 
Huguee  au  lieu  de  Hernie  dans  ce  passage  (le  seul  où 
le  duc  de  Bourgogne  soit  désigné  par  son  nom); 
mais  il  est  singulier  que  le  latin  (p.  396)  ait  aussi 
Henricue;  dans  les  deux  cas,  la  faute  doit  provenir 
de  ce  que  le  manuscrit  qui  a  été  copié  portait  sim- 
plement l'abréviation  H,  Le  duc  de  Bourgogne  part 
avec  le  roi  de  France  (993);  il  est  un  des  messa- 
gers envoyés  par  Philippe  à  Tancré  (881);  il  a  une 
pierrière  à  lui  devant  Acre  (6753);  Philippe  en 
s*en  allant  le  laisse  comme  son  remplaçant  dans  le 
commandement  des  Français  (6396)  et  en  fait  un 
des  pièges  de  ses  engagements  avec  Richard  (5395). 
—  Envoyé  par  Richard  à  Sur  pour  décider  Conrad 
à  rejoindre  l'osl,  il  réussit  seulement  à  ramener  les 
otages  sarrasins  (5A5o  ss.);  il  dirige  l'ost  avec 
Richard  à  la  bataille  d'Arsur  le  7  septembre  1191 
(6906  ss.);  Richard  essaye  vainement  de  le  déci- 
der à  marcher  sur  Escalone  (7019  ss.);  en  janvier 


1199,  dépité  de  ne  pas  marcher  sur  Jérusalem ,  il 
se  retire  avec  beaucoup  de  Françab  au  Casai  des 
Plains  (7857);  il  rejoint  l'ost  à  Escalone,  mais,  en 
février  1 199 ,  Richard  ayant  refusé  de  lui  prêter  de 
l'argent  pour  solder  ses  hommes,  il  se  retire  à  Acre 
(8157  ss.);  il  y  prend  les  armes  contre  les  Pisans 
et  a  son  cheval  tué  sous  lui  (8190  ss.);  apprenant 
l'arrivée  de  Richard ,  il  s'en  va  k  Sur  avec  les 
Français  (8993);  revenu  auprès  de  Richard  après 
l'élection  de  Henri,  il  reçoit  avec  d'autres,  le  3  juin 
1 199 ,  la  promesse  de  Richard  de  no  pas  quitter  la 
Terre-Sainte  avant  Pâques  1193  (9708);  il  accom- 
pagne Richard  le  90  juin  dans  l'attaque  d'ime 
caravane  (10991);  il  se  montre  arrogant  et  fait 
faire  contre  Richard  une  chanson  très  injurieuse,  à 
laquelle  Richard  répond  sur  le  même  ton  (io653 
SB.).  —  Hugues  ni  de  Bourgogne,  fils  d'Eudes  II, 
duc  en  1 1 69 ,  mourut  à  Sur  fort  peu  de  temps  après 
s'éli*e  séparé  de  Richard  ;  Ambroise  fait  une  allusion 
peu  charitable  à  celte  mort  au  vers  j  0978  (cf.  /tt- 
nerarium,  p.  ho  h). 

Hdgor  le  Brun  4999»  Hugun  719  (r.),  Hugues  le 
Brun,  comte  de  la  Marche,  frère  de  Gui  et  Geoffroi 
de  Lusignan;  son  hôtel  à  Messine  est  attaqué  par 
les  gens  de  la  ville  (719);  il  prend  part  à  l'assaut 
d'Acre  le  11  juillet  1193  (^999).. 

Huooii  de  la  Mare:  Huge  1608  (s.),  Hugues  de  la 
Mare,  «clerc  armé»,  conseille  à  Richard,  à  la  ba- 
taille de  Limeçon,  de  ne  pas  trop  s'exposer;  le  roi 
le  renvoie  à  Boa  «écriture  t). 

HoGDBLOT  :  Hugelot  56/i5  (r.),  Hugdoz  56&i  (s.), 
chevalier  poitevin,  maréchal  de  Richard,  est  em- 
mené par  les  Turcs  peu  après  la  prise  d'Acre,  et 
Richard  essaye  en  vain  de  le  délivrer.  Le  latin 
(p.  9/1 6)  l'appelle  simplement //itigo. 

Huguee  Camdavene.  Voir  Samt-Pol. 

HUBGRBIS.  Voir  HOBGRBIS. 
HlIHGBlB.  Voir  HUBGBIX. 

HooN  de  Cornai:  Huée  6169  (s.,  rime  aveceonsiisf), 
Huon  de  Goumai,  chevalier  normand,  figure  à  la 
bataille  d'Arsur  le  7  septembre  1 191. 

Hoon  de  Noefvile  :  Hue  ii/i3i(s.),  sergent  normand, 
«hardi  et  noble t?,  combat  avec  Richard  lors  de  la 
délivrance  de  Jaffe. 

HuoR  Ribole  :  dan  Hue  7^99  (s.),  chevalier  d'ailleurs 
inconnu,  est  un  de  ceux  que  Richard,  en  octobre 
1 191,  laisse  à  la  garde  de  Jaffe. 


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l/llIKTOinK  I)K  LA  GlJERKB  SAINTE. 


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hiM'PiH  iIp  hImlU  «rifii  (r.  ),  ffiiir^rli»!  rlii  T^rii|il#, 
hiri  (nii  iMMiliul  i|n  Naiiirnlli,  !•«  i"  tuai  1 1H7;  par 
MmIiiIhiiIiii.  |//iiniiifffiNm  /fir.  (p.  7)  imhii  aiiiirrnd 
qu'il  iMiiil  ilit  lu  'rtiiirniin*  vi  turiifiln  ■■  riM>rl  W- 
iiMi|iii«.  Viiii  MiiliMilil,  lUni'kî,  und  XuâHltt  su  l)u 
('iiNf/i>  (  lliM-lili,   iMHll,  III  Z^"),  p.   1^), 

7ntNNi>  ir  in/z/w^f-f-*,  ri>ino  ijn  puiiitlii.  Voir  l*iiii.t.R. 

lMv«n*«  l'/iiti,  iMll.l,  «5K^),  41^17,  ilMiic),  TindQ, 
ItNnti,  /iMMi,  7*1 1 II,  7rilii,  7771,  7777%  7^0 i» 
Nhi||.  H.lMri.  NflN.1.  87011.  ))/^Hf|.  iiliti.  97 Hj. 
)|Nfl\,f)Nfl(l,  ini  If),  MU  M,  luitui,  init'iA,  lolMo, 
lii«îiN,  tulhfl,  ii>h\ltlt  l(*(^*\li  lofittt»!  loAAN, 
io;i'i«,  iiiNiO,  loHA^,  itKrib,  itnt.l,  lin()i), 
t  «  I  fi.'l .  I  «  n  «  ; ,  1 4«5A ,  I  ««Ml ,  J^runtUn  1 1  K()A« 
Ji^na^Um  ;o(i,1,  J^*^l^m  9A\)A  (nm.  /^iiim/mi), 
JiM«i«<«li«tn  (  inuoli^Va  mm^iMt!  mvoc  Z'^ni  (ili»  m.  Jmru 

«lo  I  M«iDhiii)  >  «M  ««Mii^Miii*^  ^  4^  'lii,  St»\i)^;  ollof*«l 
|m%«  |wii  SAliiUntlu)  oit  I  «  S  ;  ^  «  4  ««.,•'« a  \«)  V        Ka     { 
«i«|tl«MktUv  I  MM .  )««  ti^M««^«  «itn^ut  k  ni«i>*lhT  «iir 

Imv  ,  »U  «\Mt  .-«|\|M^vhlM)l  A  iloux  li««iio«  «*l  SAUhmiiii 

\HM   «io«.  «^^  iïiShi\   4IU  i;iMihl   nrvçfvl  »lo   Ti^M 

\n  iViix^vk^  1^1  U  riviinio  ^111  i^^iMi^nt  «l«n^  U  >\\\^. 
^W^'^A  ik%\i\Mi  )M1^^  A^v^  «I  ,y)  Ta^AiI  «tl*i)lNV 
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mail  avf*r.  deii  Irtlret  de  Richard  ou  du  comte  Hcori 
(iiH55);  récit  de  la  viaile  det  pèlerins  (11868- 
11196).  —  On  reproche  à  tort  aux  aoîe^a  de  n*af«r 
ri«'n  fait  de  bon  parce  qu*ib  n^ont  |Mt  repris  Jëni- 
nalrm  (1 1 9i3  la.);  en  tout  cas,  beaueoup  ont  ceo- 
quii  la  JéruMlem  célotte  (1 9953  aa.).  —  Le  rwi  dt 
Jtruâniêm,  voir  Gdioh.  ~^  La  rmm»  de  Jkruêmitm 
3899,  Sébile,  fiW**  d*Anianri,  Mge,  bonne  et  belle 
(9496),  époiMe  en  premièrea  nocea  GniHemne  de 
Montforrat  (  a 4 9 9  ),  eat  mèra  de  Baudouin  V  (•  433  ); 
deveniii*  vruve,  elle  épouse  Gui  de  Luaignan  {màZ'j) 
vi  devient  riMne  par  la  mort  de  son  fila  (eAfte); 
non  mari  la  r«*trouve  à  Triple,  quand  il  eit  aorti  de 
pri!ion,cn  1189  (969^^;  elle  meurt,  ainai  qoe  aea 
deiii  lîllos,  au  siège  d*Acrp  en  septembre  1190 
^3897  ss.\.  —  Sa  sœur  Isabel ,  devenue  reine 
ollis  n^i'Kl  pa»  appelée  reine  dans  notre 
\mhnMso  étant  op|M>!te  à  Conrad,  qui  Tépouse;  elle 
elaii  dejÀ  mari«v  à  Hainfroi  du  Toron  (eAe7), 
i*t  nVii  e}iou»e  |tas  rooin;*  le  marquis  (&117  ae.); 
ollore^Ml  le!tdemière«  recmiimandatioas  de  Conrad 
nuMirjiiit  .  SS3S  «ft.^;  elle  refusie.  saiTani  cee 
ïXMunuiKLition*.  d*ou%rir  Sur  aui  barons  fr 
\  S91  ;^  «k  ^;  ci^ii\-ci  i«n(*agcnt  Henri  de 
à  M\v(>ter  }-•  rp%aume  et  à  épouser  la 
vS«)3i  «.\  Richard  dissuade  son  neveu 
un.'  l'emmi*  qiie  le  man^uis  avait .  cMitre  tonl 
en^^^ee  à  ïot)  mar  .  $9*.^  :  maif.  àan§  rînWtvaBe, 
\â  marqu^w  fvric  »  H^^ri  ler  c^  de  la  TBe«  «t 
suxmU^:  (e»  Kn:vA>  :ji  !u:  f«>nt  tpanser»  iTanlaRiA 
i^a«  ;jN^.«eiwo:  i^^Viie  ha:1  pwôe  de  beanié  d  de 
jçHkv     yt'^tf  !«<  ■   ImStI  df  Jcruvalf»  apvls  la 
m.vi  .Vf  tierr*.  «»  :  lO".  *f  mtr'éà^  w^  la 

;  j.Tv'A'x    <«-  .ir*:::  fa*  r-MT  M   li:^^"^!»  îar«  ^e  la 
,^^«."»■  «  >.'*.-vur.  V  '<«e^"^  ■    \:^". 
.i,N».\    S«»     ♦"-r.t>...*    .>    ■  ■■.'•*»ç,  :i^*io    r. ', 

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. ••uï»M:a\    *   o     'V»*"^    ^ 


I   ■•! 


550 


LHISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


Jaqubliii  de  MailU  tSoi  (r.),  marécbtl  da  Temple, 
tué  (au  combat  de  Naiareth,  le  i**  mai  1 187)  par 
Salahadin.  Vltmerarium  Rie.  (p*  7)  nous  apprend 
^*il  était  de  la  Touraine  et  raconte  sa  mort  hé- 
roïque. Voir  Rôhricht,  BniekL  uttd  Zuiâtxê  zm  Du 
Congé  (Berlin,  1886,  in-&*),  p.  19. 

Jetmne  ^Angleterre,  reine  de  Fouille.  Voir  Poilli. 

JiBosiLni  i7o5«  i863,  9S89,  9667,  3899,  5o&9, 
6865,  7000,  7616,  7661,  7771»  7777i  7801, 
8109,  8385,  8683,  8706,  9^89,  9591,  9719, 
986&,9866,ioii9,ioi&A,ioi5o,ioi5&,  10180, 
10908,  io3i6,  10599,  ^^^39*  io635,io638, 
10731,  1080&,  108&&,  ii855,  19093,  19099, 
19193,  19997, 1995&,  1 9956, /anuolfii  11896, 
Jeruealam  7063,  JereaUm  gh^h  (ms.  leruealem)^ 
Jérusalem  ;  rime  très  souvent  avec  f§m  (de  m.  Jer»- 
eaUtm  rime  avec  ^am)\  la  eamie  eité  (7609).  Gui 
de  Lusi^pian  y  est  couronné  (9& 65,  5o&9);  elle  est 
prise  par  Salahadin  en  11 87  (99as.,5o&9). —  En 
septembre  1 191,  les  croisés  songent  à  marcher  sur 
Jérusalem,  mais  restent  à  Jafle  (7000);  en  décem- 
bre, ils  s*en  approchent  à  deux  lieues  et  Salahadin 
s*y  retire  (7605  ss.);  les  croisés  se  réjouissent  de 
marcher  sur  la  ville  sainte  (7651),  mais,  le  1 3  jan- 
vier 1199,  on  décide,  au  grand  regret  de  Tost 
(7761  ss.),  de  rebrousKT  chemin,  ne  sachant  pas 
la  détresse  et  la  crainte  qui  régnaient  dans  la  ville, 
qu*on  aurait  prise  alors  si  on  Tavait  attaquée 
(7799  M-);  le  h  avril,  samedi  saint,  se  produit  à 
Jérusalem  le  mirade  du  feu  sacré  (838i  ss.); 
Élieniie  de  Tomehan,  envoyé  en  message  à  Sala- 
hadin ,  trouve  à  Jérusalem  ( 8706)  des  messagers  de 
Conrad,  qui  proposait  à  Salahadin  de  tenir  en  fief 
de  lui  la  moitié  de  Jérusalem  (8681).  —  A  la  fin 
de  mai  1199,  on  décide  de  reprendre  la  marche 
sur  Jérusalem,  à  la  joie  générale  (9&81  ss.,  9719 
ss.);  on  s*en  rapproche,  et  Richard,  en  poursoivant 
des  Sarrasins,  voit  une  fob  Jérusalem  da  haut 
d*une  montagne  (986Â);  à  Jérusalem,  on  a  grand^ 
peur  et  Ton  s*q>préte  à  évacuer  la  vifle,  et  cette  foi«i 
encore  les  croisés  auraient  pu  la  prendre ( 9865  ss.); 
les  Français  insisteni  auprès  de  Richard  pour  qu*on 
Tattaque;  mais,  sur  favis  des  gens  les  [dus  expéri- 
mentés, on  prend  encore  une  fois  le  parti  de  la  re- 
traite (  1  o  1  &o  ss. ,  1 060 1  ss.  ),  au  grand  désespoir  des 
pèlerins  (10696  as.). Salahadin  rassemblée  Jérusa- 
lem le  plus  de  soudoyers  qu^il  peut  (1 073 1  ).  —  Par 
la  trêve  conclue  entre  Richard  et  Salahadin,  les 
pèlerins  ont  ledroit  de  visiter  Jérusalem  (11788), 


mais  avec  des  lettres  de  Richard  ou  du  comte  Henri 
(ii855);  rédt  de  la  visite  des  pèierins  (11868- 
1 919&).  —  On  reproche  à  tort  aux  croisés  de  n*avoîr 
rien  fait  de  bon  parce  qu'ik  n^ont  pas  repris  Jéru- 
salem (1 1 993  sa.);  en  tout  cas,  beaucoup  ont  con- 
quis la  Jérusalem  céleste  (1  aa53  ss.).  —  Le  roi  de 
Jeruealem,  voir  Guioa.  —  La  reim  de  JenuaUm 
3899,  Sebtfe,  fille  d'Amanri,  sage,  boone  et  bdle 
(a&afi),  épouse  en  premières  noces  Goillauine  de 
Montferrat  (  9 &9 9 ),  est  mère  de  Baudouin  V  (9 &33  ); 
devenue  veuve ,  elle  ^Muse  Gui  de  Ljisignan  (9^37 ) 
et  devient  reine  par  la  mort  de  son  fils  (9&&9); 
son  mari  la  retrouve  à  Triple,  quand  il  est  sorti  de 
prison,  en  1189  (969^);  eHe  meurt,  ainsi  que  ses 
deux  filles,  au  siège  4* Acre  en  septembre  1190 
(3897  ss.).  —  Sa  sœur  Isabel ,  devenue  reine  après 
elle,  n^est  pas  q>pelée  reine  dans  notre  poème, 
Amhroise  étant  opposé  à  Conrad,  qui  Tépousa;  die 
était  déjà  mariée  à  Hainfit>i  du  Toron  (9697), 
et  n^en  épouse  pas  moins  le  marquis  (&117  sa.); 
die  reçoit  les  dernières  recommandations  de  Conrad 
mourant  (8858  ss.);  elle  refuse,  suivant  ces  re- 
commandations, d^ouvrir  Sur  aux  barons  français 
(8915  ss.);  ceux-d  engagent  Houi  de  Champs^gne 
à  accepter  le  royaume  et  à  épouser  la  marquise 
(8931  ss.);  Ridiard  dissuade  son  neveu  d'épouser 
une  femme  que  le  marquis  avait,  contre  tout  droit, 
enlevée  à  son  mari  (8973);  mab,  dans  Tintervdle, 
la  marquise  porte  à  Henri  les  clefii  de  la  viUe,  et 
ausnt^t  les  Français  la  lui  font  ^MNiser,  d'autant 
[dus  faôlement  qu*elle  étdt  pidne  de  beauté  et  de 
grice  (9096  ss.).  Isabd  de  Jérusdem,  après  la 
mort  de  Henri  en  1 197,  se  maria,  pour  la  qua- 
trième fois  (eHe  n*avdt  que  vingt-dnq  ans),  à  Aî- 
meri  00  Amauri  de  Losignan. 

JociLiii  de  Moniaire  :  JoeeHn»  hkkZ  (s.),  chevalier 
français,  se  distingue  par  sa  libéralité  lors  de  la 
disette  pendant  le  siège  d^Acre. 

JoiAR  (Ssnil)  976,  98&,  3&&8, 10089, 10610  (r.), 
saint  Jean  Baptiste;  il  8*agit  dans  tous  ces  passages 
de  la  fête  de  sa  nativité,  le  9&  juin. 

JoBAS  1690  (r.),  Jean,drogmandeKyr9ac,  pris  dans 
le  combat  de  limeçon. 

JoaAi  1 009  ( r.) ,  évéque  d^vreux ,  qui  supporta  beau- 
coup de  dépenses  et  de  fatigues,  est  envoyé  par  Ri- 
chard en  message  k  Tancré  en  1 1 90.  Jean,  évéque 
en  1180,  mourut  à  JafiiB  le  1*' juin  1199. 

lomkHi  de  Preau»  :  MkOM  11Â73  (s.),  Jeande  Préaux, 
lirère  de  Guillaume  et  de  Pierre,  se  tient  aux  o6tés 


TABLE  DES  NOMSPROWRBS:*  ' 


551 


de  Richard  et  eiborte  avec  lui  les  croiiéa  è  mourir 
vafllamiiient  dans  le  combat  àa  5  août  1 199* 

JoBAK  lefz  Luetiê  S789  (s.),  Jean  Pii  Locas,  che- 
valier de  Richard,  Tient  Tavertir,  le  9 5  août  1191, 
<pie  les  Turcs  attaquent  Toet  en  marche. 

JoHAi  êomz  terrf  soi,  179,  Jean,  dit  «sinâ  terrei» , 
quatrième  fils  de  Henri  il  d^Aogleterre.-  Il  commet 
toutes  sortes  d'usurpations  et  d'offenses  envers  Ri- 
chard en  son  absence  (8536  ss.),  malgrlf^les  efforts 
de  sa  mère  (9&H)  et  à  Tinstigatîon  du  roi 'de 
Franco  (gàhS). 

JovhàM  iê  Homez  67 13,  dsi  Ome$  1099$  (lire  ds 
Homez;  Jordan  rime  avec  an),  Jordan  du  Hemmet, 
-  chevalier  normand,  connétable  de  5ées,  arrive  i 
Acre  en  juin  1 191  (&7i3);  accompagne  Richard 
dans  son  expédition  à  Jaffe  en  juillet  1 199  et  meurt 
cette  même  année  (  1 0993  ).  il  avait  été  à  Messine  en 
1190  un  des  garants  du  traité  entre  Philippe  et 
Richard  [Hiêtor,  de  Fr,,  XVII,  607  B)  ;  il  est  qua- 
lifié dans  Tacte  de  eonitabularius  noiter. 


JoBDAR  M  Pin:  Jordam  671  (s.),  Jordan  do  Pin, 
un  des  principaux  de  Messine,  joue  un  rôle 
odieux  dans  les  querelles  entre  les  Siciliens  et  les 
cnnsës. 

JosAPBAS' 10693,  19081,  la  vallée  de  Josaphat,  près 
d»  Jérusalem. 

Jouis '1 388  (ri),  Judas  Ischariote,  pris  comme  type 
datrailre. 

JoQon.  dsMlAms  10&76  (r.),  Juquel  de  Mayenne,  un 
dea  cOmpagnoaa  de  Richard,  est  renversé  dans  le 
combat  du  93  juin  1199  et  dégagé  par  Roger  de 
Tèsni;  le  traducteur*  latin  Tappelle  futdom  ioenu 
^JohêUnuê  Cmtomannenêig  (p.  389),  mais  les  va- 
riantes donnent  Jukel  et  Joh$l,  Sur  ce  personnage, 
•'  qin  était  vicomte  de  Samte-Susanne,  et  qui,  après 
avoir  été  un  ami  dévoué  de  Richard,  devint  un  des 
plus  fidèles  vassaux  du  roi  de  France,  voir  Hittor, 
de  Fr.,  XVII  (table  des  noms  propres).  Notons  ici 
que  le  nom  de  Juquêl  est  très  probablement  d'ori- 
gine bretonne  et  le  même  que  JudieaA, 


K 


Kalabbe.  Voir  Gâlabbb. 


I    Kynae,  Voir  Gtpbb. 


Lambbbt  (Samt)  de  Liège  loaSo,  saint  Lambert, 
patron  de  la  ville  de  liège. 

Latin,  latine  8388,  19173  (pi.  r.),  getU  latine  i55i. 
Latin,  par  opposition  k  Grec  et  à  Syrien. 

Lasabon  8098  (rime  avec  Daron),  Lazare,  que  Jésus 
ressuscita.  La  forme  Lazaran  est  le  latin  Lazarutn 
prononcé  à  la  française. 

Lbicestbb  &717,  ^996,  64^7,  7987,  7813,  7^83, 
7689,  9317,  10067,  10689,  10990,  11&17, 
11699,  Leicester,  ville  d'Angleterre,  chef-lieu  du 
comté  de  ce  nom.  Voir  Robbbt. 

Lbizeigraii,  Lencignan,  Lemeignan,  Voir  Lubbighab. 

Lborabo  (Saint)  81A0,  saint  Léonard.  Saint  Léonard 
passait  pour  délivrer  les  prisonniers  qui  lui  étaient 
dévots;  c'est  pour  cela  que,  d'après  notre  poète. 
Dieu  avait  mis  le  roi  Richard  en  Veeehange  eaint 
Léonard  en  lui  faisant  délivrer  des  captifs  chré- 
tiens. 

Lbo!is  4 1 3 ,  Leons  tor  le  Rogne  &  1 9 ,  Lyon.  L't  de  cette 
forme,  qui  ne  parait  pas  généralement  usitée  en 


ancien  firançais,  s'est  maintenue  dans  l'anglais 
Lyone. 

Lbohs  966,  9&9,  Lions-la-Forét  (Eure;  c'est  par  er- 
reur que  dans  les  manchettes  on  a  traduit  irlion- 
8ur-Mer7));  Richard  y  tient  sa  cour  le  9  5  décembre 
1189. 

LBozBifoiiAii.  Voir  LuiznoBAif. 

LiBGB,  Liège,  ville  des  Pays-Ras.  Voir  Lambbbt. 

LiiBçoif  1&85,  1708, 1787,  1797,  *<>93«  Limissoou 
Liroassol,  ville  et  port  de  Chypre,  peut-être  l'an- 
cienne Amathonte;  Richard  l'attaque  et  la  prend 
(i&85  ss.);  il  y  reçoit  Guide  Lu8ignan(i7o3  ss.); 
il  y  épouse  Rérengère  de  Navarre  (1785  ss.);  il  s'y 
embarque  (9o83  ss.). 

LiBZBGRAïc,  Linxeignan,  Lizegnan,  Voir  Luizbighaii. 

LoisGCHAip.  Voir  Lorgchamp. 

LoiBABDiB  &/^95,  Italie. 

LOMOBBABD.  Voir  LOBGBBABT. 

LoRDBBs  191,  Londres,  capitale  de  l'Angleterre. 
LoHGCBAHP  :  Loingehamp  10A88,  Longchamps  dans 

IMFIiniXniB   ?(ATIOXALE. 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES. 


553 


dre») ,  accomplit  de  grandes  pnmettes  dans  le  combat 
do  1 7  jaîn  1 191  et  a  la  jambe  tranchée. 

UinKL  :  MamȐi  7&&,  6&5t,  85o&,  9&8&  (pi.  a.), 
MmMeU  8338  (pi.  r.),  Manceao,  hahiUnt  du 
Maine.  Les  Manceaox,  toujours  nommés  arec  les 
Angevins,  les  Poitevins  et  les  Normands,  prennent 
part  aux  combats  de  Messine  (7&4),  à  la  bataille 
d*Arsar  (6659);  font  partie  de  TescoKe  qui  accom- 
pagne les  Français  quittant  Escalone  le  3 1  mars  1199 
(8338),  et  décident,  avec  les  autres  croisés  (mai 
1199),  de  marcher  sur  Jérusalem  (968a). 

Maicadoc  3739,  Gallois,  tue  an  siège  d^Acre  un  Turc 
qui  Tavait  provoqué. 

Mabgbi  :  mtfûil  ]nr$u  ehaëteUun  de  Marche  s  de  Cor- 
nêwnilk  9866  ;  le  rapprochement  de  ces  deux  noms 
prouve  qu'il  s'agit  ici  de  cette  «  marche  de  Galles» 
où  s'étaient  établis  des  chevaliers  normands. 

Marchis  {Le).  Voir  Mortpbrbat. 

Mascbisb  (La),  Isabel  de  Jérusalem.  Voir  Jbbdsalbh. 

Mabb  (La)  1608.  Voir  Hogor. 

Mabe  {La),  eil  de  la  Mare  6733,  chevalier  dont  le 
nom  n'est  pas  donné  et  qui  arrive  à  Acre  en  juin 
1191.  Beaucoup  de  lieux ,  en  Normandie  et  ailleurs, 
portent  le  nom  de  la  Mare.  Un  Robert  et  un  Guil- 
laume de  la  Mare  sont  mentionnés  dans  Guillaume 
le  Maréchal  (vers  6707,  7691);  ils  élaient  frères 
(voir  la  note  de  M.  P.  Meyer  au  vers  7691),  et 
c'est  peul-étre  pour  cela  que  le  traducteur  latin  a 
rendu  eil  de  la  Mare  par  iUi  de  Mara. 

Mabbschal  :  li  mareechali  0$pitaiier$  6696  (s.),  le 
maréchal  de  l'H6pitai  non  nommé  est  un  des  deux 
chevaliers  dont  l'indiscipline  fait  échouer  une 
grande  charge  à  la  bataille  d^Arsur.  Il  s'appelait 
Guillaume  Borrel.  Voir  Rôhricht,  Bericht,  und  Zue, 
zu  Du  Congé  (Berlin,  1886),  p.  7. 

Mabbschadcib  {La)  9565  (ms.  marehaueie)^  localité 
près  de  Tabarie,  où  eut  lieu,  le  6  juin  1187,  la 
défaite  du  roi  Gui  par  Salahadin.  Ce  nom  se  re- 
trouve, en  dehors  de  notre  auteur  et  de  Yltinera- 
rium  (p.  1 6 ,  Marstea//ûi),  chez  Raoul  de  Goggeshali 
(p.  aaS),  qui  place  la  Maretcalcia  à  trois  milles  à 
l'ouest  de  Tabarie;  on  s'accorde  à  mettre  à  Hiltin 
ou  Hotteîn  le  lieu  de  la  bataille. 

Maboat  91 33,  91 35,  auj.  Markab,  ville  et  port  de 
Syrie. 

Mabgdabit  :  Marguariz  (s.),  un  des  instigateurs  du 
soulèvement  de  Messine.  Il  ne  faut  sans  doute  pas 
le  confondre  avec  le  célèbre  Margarit,  amiral  de 
Guillaume  le  Bon  de  Sicile,  qui  secourut  efficace- 


ment la  Syrie  en  1188  (voir  Rema$iia,  i.  XIV, 
p.  618. 
Marib  (Sainte)  1616,   3966,  7180,  7678,  Marie, 

la  sainte  Vierge. 
Maboh  7197,  peut-être  Maron,  cant,  d'Ardennes- 
Saint- Vincent  (Indre);  le  latin  (p.  s8)  a  Marun. 
Voir  Gactibb,  Raibub. 
Mabsbillb  Uh']  (rime  avec  contstUs),  Manille  5oi 
(  rime  avec  merveiUe) ,  3 1 63 ,  Marseille.  Richard  s'y 
rend  (^67);  beaucoup  de  croisés  s'y  embarquent 
(5oi). 
MABSfLLB.  Voir  Mabsbillb. 

Mabsillb  8683  (r.,  rime  avec  aviUe)^  Marsile,  le  roi 

sarrasin  de  Saragosse  à  qui  Ganelon,  d'après  les 

traditions  épiques,  vendit  Roland  et  les  douze  pairs. 

MABTni  (5aml)  3961,  saint  Martin;  la  grande  fitte 

eaint  Martm,  le  1 1  novembre. 
MATBOBiroH  939,  971,  Mateegrtfon  1087,  nom  donné 
par  Richard  au  château  qu'il  construisit  au-dessus 
de  Messine  pour  «mater»  les  Grecs.  On  en  voit 
encore  l'emplacement  et  quelques  vestiges. 
Mauoitb  (La  Tour)  &751,  ^7^,  4911,  à  Acre;  elle 
est  entamée  par  la  pierrière  du  roi  de  France,  et 
plus  tard  minée  (6909  ss.).  Elle   se  trouvait  à 
l'angle  du  grand  mur  qui,  partant  du  port,  re- 
montait droit  vers  le  nord  (voir  le  plan  d'Acre 
dans  Kugler,  Geech,  der  Kreuxzùge,  p.  93 1). 
Maulior,  Mallion  10995,  ii/iai,  11 598,  Mauléon, 

auj.  Châtilion-sur-Sèvre.  Voir  Raouv. 
Meril.  Voir  Maisril. 

Mbblb  {Le)  59/^5,  château  appartenant  aux  Tem- 
pliers, auj.  Mallaha  (Stubbs)  ou  Tantoura  (Rey). 
Mbblo  A5/ii  (rime  avec  2o),  6i85  (rime  avecpo), 
MeiU)  1881,  Mello(Oise).  Voir  Dboor,  Gcillauhb. 
Mbschirbs  399,  509,  5ii,  517,  539,  576,  809, 
83i,  905,  936,  1076,  iii3,  ii53,  1187, 
1193,  A799,  9691;  Yê  ne  s'explique  pas,  non 
plus  que  le  groupe  ech;  il  faut  surtout  remarquer 
qu'au  vers  83 1  Meechinee  est  traité  comme  un  plu- 
riel féminin;  le  latin  a  rétabli  la  forme  classique 
Meeeana,  Messine  est  une  ville  célèbre,  très  bien 
située,  et  remplie  de  commodités,  mais  peuplée 
de  gens  mauvais  (5 11  ss.);  la  flotte  de  Richard  y 
arrive  avant  lui,  mais  les  Croisés  ne  sont  pas  admis 
dans  la  ville  (399,  539  ^Oî  '^  ^^  ^^  France  y 
arrive  le  16  septembre  1190  (573),  puis  Richard 
le  93,  en  grand  appareil  (58i  ss.);  les  habitants 
attaquent  les  croisés  et  sont  finalement  vaincus,  et 
Richard  s'empare  de  la  ville,  mais  est  obligé  de 

69. 


56& 


L  HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


laisser  Philippe  meltre  aussi  ses  bannières  sur  les 
mors  (6o5,  691  as.);  il  fait  coostniire  Mategrifon 
pour  tenir  Messine  en  sujétion  (937  sa.);  rarmée 
se  repose  à  Messine  jusqu^au  carême  (1111  as.); 
Richard  y  fait  venir  sa  mère  et  sa  fiancée  (1 153), 
ai  8*embarque  le  mercredi  saint  1191  (1186  as.); 
il  en  emporte  de  lourds  galets  pour  charger  ses 
pierrières  (A799)- 

MnroG  (La)  :  le  Me$uUt  5o8i  (r.),  U  MmUmu 
1 1988  (s.),  dans  le  latin  Mmtoe  ou  Mmtoeh,  on  des 
principaux  émirs  de  Salahadin ,  Meachloub  (  Stohbs  )  ; 
il  est  avec  Caracois  le  chef  dea  défoiaeiirs  d*Acre 
(5o8i);  ila  vont  tons  deux  en  measage  auprès  de 
Sdahadin  pour  loi  demander  d'aviser  au  saint  des 
assises  (5io5  ss.;  c'est  le  latin  aeul  qui  dit  ex- 
pressément que  ce  message  fut  iait  par  eux);  plus 
tard,  il  est  un  de  ceux  qui  dissuadent  Salahadin 
de  (aire  du  mal  aux  pèlerins  venua  sans  sanf-eob- 
dnit  à  Jérusalem  (1 1988). 

MuuBBL  6859,  77&3,  77A9,  8173  (r.),  château 
fort  en  Palestine ,  an  nord  de  Rames,  Masjdeijaha 
(Stubbs)  00  mieoi  Medjdel  YAbd  (aC);  Sala- 
hadin Texcepte,  en  septembre  1191,  de  f  ordre 
qu'il  donne  de  dénoolir  un  grand  nombre  de  forte- 
resses  (6859);  des  Turcs  poursuivis  par  Richard, 
le  8  janvier  1199,  pris  de  Rames,  s'y  réfugient 
(7743  ss.);  non  bin  de  lé, le  37  mars,  des  croisés 
venus  de  Jafie  font  un  riche  butin. 

MovrniT.  Voir  MonmaiAT. 

Mon.  Voir  Rbl  Mort. 

Mon  Galvasib  i9o55,  le  Calvaire. 

MoBTCBABLoa  9960  (rimo  avec  Coron)  ^  Montchalons, 
eant.  de  Laon  (Aisne),  appelé  au  xu*  siècle  Motu 
CabUmiê  ou  CabOonit,  et  plus  tard  Mcnekabhn  et 
Monekavêhn,  Voir  Glabimbiut. 

MoiTi  Sioa  i9o63,  le  mont  de  Sion,  à  Jérusalem, 
forme  restée  latine,  qu'on  retrouve  souvent 

MoarniAT  3oi8,  Monferat  9793,  le  Montferrat, 
marquisat  d'Italie,  entre  le  Piémont,  la  Lombardie 
et  la  Ligurie.  Conrad  de  Montferrat,  qui  joue  un 
grand  rôle  dans  noire  poème,  n'y  est  jamais  nomme 
autrement  que  U  nuarchii.  11  arrive  en  Syrie  après 
la  défaite  de  Gui,  en  1187,  et  commence  par  se 
bien  conduire  à  Sur  (96A5  ss.);  il  refuse  l'entrée 
de  Sur  au  roi  Gui  (9699  ss.);  devant  Acre  (où 
il  était  venu  en  septembre  1189;  voir  le  latin, 
p.  68),  il  court  de  grands  dangers  dans  un  combat 
et  ne  doit  son  salut  qu'au  roi  Gui  (3017  as.);  il 
fait  retenir  à  Sur  les  vivres  destinés  aux  assiégeants 


(&107  ss.);  il  veut  avoir  le  royaume,  et  épouse, 
malgré  une  vive  opposition ,  la  fille  da  roi  Amauri 
(laabel),  sœur  de  Sébile,  qni  vient  de  mourir, 
bien  qu'elle  fût  déjà  mariée  à  Hainfiroi  da  Toron  et 
qn'il  eût  lui-même  deux  autres  femmes  (  4 1 1 1  ss.)  ; 
après,  quoi  il  retourne  à  Sur  et  n'envoie  de  vivres 
qn'â  ses  partisans  (  A 1 68  as.);  aussi ,  dana  la  disette 
qui  se  produit  bientôt,  est-il  fobjet  des  malédic- 
tions générales  (6997,  ^^^i*  AaSi,  &963,&977, 
A3i3).  —  Il  rerient  à  Acre,  et,  après  la  prise  de 
la  ville,  un  accord  intervient  entre  Conrad,  sou- 
tena  par  PhiUppe,  et  Gui,  appuyé  par  Richard, en 
juillet  1 191  :  il  est  convenu  que  Conrad  aura  Sur, 
Sayette  et  Barut,  et  aéra  roi  s'il  survit  à  Gui 
(5o4i  ss.);  il  s'en  retourne  à  Sur  avec  Philippe 
(5399  88.)  et,  comme  on  le  sut  plus  tard,  prend 
avec  lui  des  engagements  secrets  (818&,  839 1); 
il  refuse,  à  un  premier  measage  de  Richard,  de 
rendre  lea  otages  sarrasins  que  Philippe  loi  avait 
confiée,  mais  qui  excédaient  sa  part  légitime,  et 
d'aller  rejoindre  Richard,  qu'il  craint  trop  (5ài3 
ss.)  ;  il  fait  la  même  réponse  à  une  seconde  ambas- 
aade,maisâ  la  fin  laisse  partir  lea  otages  (5&/i98s.). 
—  En  février  1199,  Richard  le  iait  de  nouveau 
sommer  de  le  rejoindre  à  Escakme,  mais  il  refuse 
de  venir  jusqu'à  ce  qu'il  ait  conféré  avec  le  roi 
d'Angleterre  (81  &3  ss.);  il  iait  combattre  à  Acre 
lea  Génois  contre  les  Pisana  (8178  ss.)  ;  apprenant 
l'arrivée  de  Richard,  il  s'enfuit  à  Sur  (8918  ss.)  ; 
il  a  une  entrevue  avec  Richard  au  Casai  Imbert, 
mais  ils  n'arrivent  pas  à  s'entendre,  et  Richard 
aaisit  ses  rentes,  ce  qui  amène  de  grandes  dis- 
cordes (8938  88.);  il  rappelle  à  Sur,  au  nom  de  la 
foi  qu'ils  doivent  au  roi  de  France,  toua  les  Fran- 
çais restés  à  Escalone  (83o5  ss.).  —  En  avril  1199, 
toute  l'ost  d'Escalone,  apprenant  les  projets  de 
départ  de  Richard,  le  supplie  de  iaire  Conrad  seul 
roi  (858o  ss.);  Richard,  après  un  moment  de 
surprise,  y  consent,  et  Henri  de  Champagne  va  à 
Sur,  avec  d'autres,  porter  cette  nouveUe  au  mar- 
qm's  (865o  ss.),  qui,  pendant  ce  temps,  négociait 
avec  Salahadin  une  paix  particulière (8676  ss.)  ;  ils 
lui  annoncent  son  élection,  et  il  en  montre  une 
grande  joie,  que  partage  toute  k  vflle,  mais  le 
lendemain  98  avril  il  est  assassiné  par  deux  fidèles 
du  Vieux  de  Mouse  (8716  ss.);  avant  de  mourir, 
il  recommande  à  sa  femme  de  n'ouvrir  la  ville  qu'à 
Richard  ou  au  roi  légitime  (  8856  ss.  )  ;  il  est  enterré 
à  l'Hôpital  au  milieu  du  deuil  général  (8865  as.). 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES. 


555 


liovrGniL  1906,  TEtna. 

Ifom  MuiAiT  tgod,  liea  Toisin  d*Acre. 

Ifoinoiu  àhhZ  (rime  avec  «ftotr»),  Montoire  (Loir- 
el-Cher).Voir  Jocrlih. 

Mon  OuTin  io6it  (rime  avec  êwetie).  Mont  d^Oli- 
ftÊÊê  i90t6  (rime  avec  deU)^  le  mont  dea  Oliviers, 
près  de  Jérusalem. 

MomniL  1 007,  Monreale ,  près  de  Païenne.  L*ar- 
cfaevéque  de  Monreale  fait  à  Tancré,  de  la  part  de 
Richard ,  un  message  à  la  suite  duquel  ib  conduent 
la  paix. 

Mon  Reial  :  I9  Crae  de  Montréal  7&9& ,  la  forteresse 
la  plus  méridionale  de  la  Palestine,  Schobek;  Ri- 
chard fait  de  sa  destruction  une  condition  de  paix; 
Salabadin  s*y  refuse. 

MosT  (Le  flum)  6o35  (r.),  la  rivière  Morte;  d*après 
Stobhs,  c*est  le  Nahr  Akhdar,  près  de  Gésaire. 
frC^est  on  nom  générique  :  il  y  avait  un  flum$n 
mùTtuum  près  de  Tripoli,  un  troisième  près  d^Acre, 
le  Na*amain.  Il  faut  entendre  par  là  une  eau  dor- 
mante, un  marais  formé  par  ces  fleuves.  La  contre- 
partie arabe  du  récit  d*Ambroise  montre  qu'il  s'agit 
en  effet  d'un  grand  birké,  avant  le  Nahr  al-Kasab. 
On  peut  croire  qu'il  s'agit  do  hirket  Aid  et  du  Nahr 
Iskanderoûné,  où  sont  les  sources  dites  'Oyoun  el- 
Kasab;  t'emhouchure  du  Nahr  Iskanderoûné  est  è 
19  kilomètres  au  sud  de  Césarée,  ce  qui  répond 
asseï  bien  à  la  «petite  journée»  d'Ambroise.  Si 
Ton  prend  à  la  lettre  les  indications  d'Ambroise, 
il  faut  trouver  successivement  trois  fleuves  entre 
Césarée  et  Arsoûf  :  1*  le  fleuve  Mort;  9*  le  fleuve 
Salé  ;  3**  le  fleuve  de  Rochelaiilée.  Or  ce  terrain  nous 
offre,  du  nord  au  sud  :  1*  le  Nahr  el-Mefdjir;  9*  le 
Nahr  bkanderoûné;  S"*  le  Nahr  el-Fâiek.  L'identi- 
fication de  ces  deux  séries  semble  donc  s'imposer, 
mais  elle  soulève  quelques  difficultés.  —  GI.-G.t) 

MoBTBMBs  11A19,  Morthemer,  cant.  de  Lussac-le- 
Château  (Vienne),  ou  Mortemer-en-Brai,  cant.  de 
Neufchâtel  (Eure).  Voir  Bartolomibo. 


MosciBs  {La  Tor  dêi)  S'j'j'j,  la  Tour  des  Mouches, 
située  sur  un  rocher,  au  milieu  du  port  d'Acre; 
<rles  historiens  arabes  parient  également  de  cette 
Tour  des  Mouches,  B(n^j  êd-dhubbdn.  —  Cl.-G.'' 
D'après  Richard  de  la  Sainte-Trinité  (p*  7^),  elle 
devait  ce  nom  à  ce  que  du  temps  des  païens  on  y 
faisait  des  sacrifices  qui  attiraient  beaucoup  de  mou- 
ches. D'après  les  suites  des  chansons  sur  la  première 
croisade,  elle  aurait  été  appelée  ainsi  parce  que 
Baudouin  I*',  de  Jérusalem,  s'en  empara  en  fai- 
sant lancer  des  ruches  pleines  de  mouches  à  miel 
au  milieu  des  défenseurs  (ms.  fr.  1  aôSg ,  fol.  933  )  ; 
mais  ce  récit  n'a  aucune  valeur,  confondant  la 
Tour  des  Mouches  avec  la  Tour  Maudite,  et  l'his- 
toire elle-même  est  plus  ancienne  et  a  été  sou- 
vent reproduite  (voir  Pigeonneau,  Le  CyeU  de  la 
croiêade,  p.  199);  le  poème  aurais  sur  Richard 
Cœur  de  Lion  lui  attribuée  lui-même  ce  strata- 
gème au  siège  d'Acre.  Elle  est  vainement  attaquée 
par  les  Pisans,  è  faide  d'une  tour  flottante,  le 
95  septembre  1190. 

MousB  881  A,  8819, 883 1,  Gadamoûs,  dans  le  Liban, 
séjour  du  Vieux  de  la  Montagne.  Voir  Vibil. 

MuLAiRB  (La)  51^9,  en  arabe  moula-na,  «notre  sei- 
gneur», nom  donné  avant  Salahadin  au  calife  fati- 
mite  de  l'Egypte  (voir  Retme  de  l'Orient  latin,  1. 1, 
p.  /i69  );  il  faut  lire  ainsi  et  non  amulaine  (le  latin, 
p.  93o,  a  Muleinm)^  mais  il  est  vrai  qu'en  français 
ce  nom ,  sous  l'influence  d^amuetant,  amurafte,  etc. , 
devint  plus  tard  amulaine  et  désigna  vaguement 
un  prince  sarrasin,  et  même  au  xiv*  siècle  un  cheval 
arabe  (voir  Godefroy,  s.  v.  Amulaine),  M.  Stubbs 
(p.  cix)  croit  à  tort  que  le  Muleina  du  latin  désigne 
le  calife  de  Bagdad;  BabifUmia  est  Babylone  d'Égyple 
et  non  Bagdad.  Mais  d'antre  part  le  titre  de  moti- 
lana  n'existait  plus  depuis  que  Salabadin  avait  dé- 
truit la  domination  fatimite  et  tué  le  dernier  calife 
d'Egypte,  en  sorte  qu'il  faut  admettre  une  erreur 
dans  l'information  d'Ambroise. 


N 


Napbs  6383,  ville  de  Syrie,  l'anc.  Sichem,  puis  Nea- 

polis,  auj.  Naplouse.  Voir  Gdarbibr. 
Nativité  1081,  As  19,  la  fête  de  Noél. 
NiVABB  11/1 5,  Navarre.  Le  roi  de  Navarre  mentionné 

là  est  Sanche  VI  (1  i5o-i  19&).  Voir  Bbbbrgibrb. 
Naxabbbt  19181  (  rime  avec  fet),  Nazareth. 


Nbbl.  Voir  Robert. 

Nieolae.  Voir  Horgbie. 

NiGOLB.  VoirHBRBi. 

NicosiB  1767,  1908,  1935,  19&3,  9009,  ville  prin- 
cipale de  Chypre;  Kyrsac  s'y  réfugie  après  sa  dé- 
faite (1767);  Richard  l'attaque  et  la  prend  (1907 


556 


L*HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


ss.);  les  boui^^is  se  soumettent  à  Richard,  <jiii 
leur  fait  raser  la  barbe  {ighh  as.);  Richard  y  est 
malade  (a 009}. 

Noi  8o35  (r.),  Noé,  père  de  Gham,  fabricateor  de 
Tarche. 

NoiL  (La)  AAoi,  7638  (r.),  li  NoiU  AaiS  (s.),  la 
fête  de  Noël. 

Nouit:  noirez  6916  (pi.  r.),  nègre. 

Noaiuinr  :  Normant  6763,  6i53,  6533,  9911, 
loSoo  (pi. s.),iVor«um7&3,85o9,  9683 (pi. s.), 
Normand;  les  Normands,  mentionnés  d^ordinaire 
avec  les  Angevins,  les  Manceaux  et  les  Poitevins, 
sont  appelés  la  gmU  savra  (6533),  la  gmt  â$  valur 
(996);  ils  se  croisent  en  grand  nombre  (a95);  ils 
prennent  vaillamment  part  aux  combats  de  Messine 
(7Â3);  ils  sont  chargés  de  la  garde  de  Tétendard 
royal  le  95  août  (5753)  et  le  7  septembre  1191 
(61 53,  6533);  ib ffit  une  pierrière  à  eux  au  siège 
du  Daron  ;  ils  escortent  avec  d^autres  les  Français 
qui  quittent  Escalone  le  3i  mars  1199  (8339); 
ils  prennent  part  au  combat  du  9 3  juillet  119a 
(io5oo). 


NoaHiifDii  18,  88,  995,  9A0,  83o,  8339,  8646, 
8566,  9659,  i93ii,  Normandie,  partie  des  do- 
maines de  Richard;  elle  est  depuis  longtemps  en 
guerre  avec  la  France  (88)  ;  elle  est  affligée  de 
la  nouvelle  de  la  prise  de  lénisalem  (18);  Richard 
y  vient  d'Angleterre  le  11  décembre  1189  (960); 
le  chancelier  Guillaume  de  Longchamp,  inquiété 
par  Jean  sans  Terre,  s*y  réfugie  en  1 199  (8566); 
elle  est  ravagée  et  an  partie  conquise  par  Philippe 
(83o,  9659,  laSii),  mais  Richard  répare  ses 
pertes  (i9336). 

Nuaraioc  :  No^broe  6711  (rime  avec  alrar,  voir  au 
Glossaire),  7593;  il  ne  a*agit  paa  ici  d'un  des  si 
nombreux  Neufboorg  de  France  (le  latin,  p.  917, 
3oi,  traduit  k  tort  par  de  Novo  Burgû)\  la  rime  du 
vers  6711  et  la  correction  du  ma.  au  vers  7593 
prouvent  qu*il  faut  bien  Nm^broe;  il  s*agit  sans 
doute  d*une  localité  d'Angleterre  aj^lée  Nêwbrokê. 
Voir  RoBiBT. 

NuirviLi  :  Noefvili  1 1 63 1  ;  on  ne  peut  dire  laquelle 
des  innombrables  localitéa  appeléea  Neuville  est 
dësignée  icL  Voir  Huoa. 


0 


OuvRi.  Voir  Mort  Olivitb. 

OuviKB  6665  (r.),  le  compagnon  de  Roland,  cité 

avec  loi  comme  modèle  de  prouesse. 
OiBs  (Im).  Voir  HoHBi. 
Obibht  6339  (r.),  Texlrémité  orientale  de  Tempire 

de  Salabadin. 
Obqubs  9967,9997,  auj.  Saint-Denis-d'Orques,cant 

de  Loué  (Sarthe).  Voir  Richabt,  Tiiaai. 

OSPITAL.  Voir  HOSPITAL. 

OsFiTALixB.  Voir  Hosfitaubb. 


OsTBiciB  19393,  Autriche,  duché  de  TEmpire;  Ri- 
chard y  aouffre  beaucoup  en  prison. 

Otoh  :  Ot$$  (s.);  Olon,  non  autrement  désigné,  prend 
part  au  combat  du  17  juin  1199;  c*est  peut-être 
le  même  que  le  suivant 

Otob  de  Trantigimi  :  Otm  7991,  8653  (s.),  Oton  de 
Traâgnies,  seigneur  de  haut  rang;  il  prend  part 
au  combat  du  6  novembre  1191  (7991);  il  est  en- 
voyé avec  Henri  de  Champagne  annoncer  à  Conrad 
son  élection  (8653).  Voir  Tartide  précédent 


Pacbb.  Voir  Pasoob. 

Paibn  de  Chai^hoë  1837  (r.),  chevalier  de  Syrie,  dé- 
loyal et  félon,  devenu  Thête  de  Kyrsac,  fait  croire 
à  Kyrsac  que  Richard  veut  le  prendre  par  tra- 
hison. 

Palbbmb  593  (rime  avec  farma),  890  (rime  avec 
Urmê)^  736  (rime  avec  poëtêrnê);  Païenne,  ville 
princq>ale  de  Sicile.  On  voit  par  les  rimes  qu*Am- 
broise  emploie  lea  deux  formes  PaUrmê  et  Polsma  ; 


il  avait  sans  doute  appris  la  première  dans  te  pays, 
et  il  devait  connaître  Tautre  par  les  chansons  de 
geste,  qui  mentionnent  souvent  cette  ville  et  rap- 
pellent Pakrm,  probablement  par  assimilation  à 
Saleme,  connue  plus  anciennement  (voir  Romamia , 
•  V,  108).  Païenne  est  le  séjour  de  la  veuve  du  roi 
Guillaume  de  Sicile  (593)  et  du  roi  Jancré  (890). 
Pabis  61 83  (r.),  le  fils  do  Priam,  Tamànt  d'Hélène, 
connu  par  le  roman  de  Trots. 


TABLE  DES  NOMS  PBOPRES. 


557 


Paris  387,  Paris,  capitale  de  la  France. 

PiUqci  :  Paicht  A 601,  bb»'],  la  Potche  3aGg,  53^0, 
7983,  la  grant  Patcht  ia57,  Pniflnei  9715, 
/WW  &&53,  85)9,  9707,  a  grant  Paithei 
838i,  a  grani  Patcha  8A99,  Piques,  la  félu  de- 
là Réflurreclion  de  Jésus-Christ;  Piueht  dou  45a7, 
le  dimanche  de  Quatinodo;  PoKlit  Jlorit  iis6, 
Pacht  fioarit  8371,  le  diaianclie  des  Rameaul. 
La  graphie  par  ch  est  une  simple  reproduction 
du  latin  Piuekai  le  pluriel  se  Irotive  déji  en  lalin 
{dit,  Pa>c)u>mm). 

PiTiuncHi  (La)  55^3,  qui  mourut  au  siège  d'Acre  : 
c'est  le  célèbre  Hératle. 

Piitkik:  P^imin-jkZ.  6i5i,  6&59.  85o3,  9113, 
9^83.  loigg  {pi.  s.),  PtiM«a  8337  (pl-  ■■■)- 
Poitevjn.habitaat  du  Poitou;  les  Poitevins  sont  ei- 
perts  en  guerre  (7&3)i  ils  se  croisent  en  nombre 
(ïa6);  ils  sont  avec  (îui  de  Luaignnn  le  7  sep- 
tembre iigi  et  prennent  vidtlammeal  part  au 
combat  (6i5i,  64ûi);  ils  escortent,  avec  d'autres, 
les  Français  qui  ijuitlent  Escalonc  le  3i  mars  1 193 
(8337,  8ûi6);  lis  ont  une  pierrièreà  eui  au  siège 
du  Daron,  en  nmi  1193  (99  1  3);  ih  prennent  part 
au  combat  du  33  juin  1199  (ia&g9). 

PuTtJtu&g,  178,  ii5i  (rirae  avec  eamlttri),  95S7 
(rime  avec  talmûtrt),  9600,  Poitiers.  Voir  Gdil- 

Peitod336,  8&A6,  Pnto  56&i,  Poitou,  province  de 
France  appartenant  k  Richard.  Voir  HDt>iJU.or. 

pERTECOSTi  Aâ53,  9361,  97^8,  la  PentecAte;  ce  mot 
rime  les  trois  fois  avec  coils,  comme  dans  beaucoup 
d'autres  poèmes,  ce  qui  indique  une  pronoDcialian 
différente  de  celle  qui  a  prévalu. 

PiPiti  A 187  (r.),  Pépin,  père  de  ChaHemagne,  héros 
de  chansons  de  geste. 

Perche  &&A3,  province  de  France  appartenant  à 
Philippe.  Le  comte  du  Perche  ici  mentionné  avec 
éloge  est  Roirou  III.  Il  mourut  devant  Acre  peu 
■pi'ès  y  être  arrivé.  Son  fils  GeofTroi,  qui  l'avait 
accompagné,  lui  succéda;  c'est  de  lui  qu'il  s'agit 
dans  un  passage  de  yiifiarariiim  Rieardi  (V,  li) 
qui  ne  se  retrouve  pas  dans  notre  leile,  et  d'après 
lequel  le  comte  du  Perche  n'aurait  pas  montré  une 
glande  fermeté  au  combat  du  1 1  juin  1  ■  ga. 

PlEBlST  :  ftr.anl  3376.  «8aO,  7617  (pl.  ».).  ftr- 
tara  7950.  ii53&  (pl.  s.),  Persan,  habitant  delà 
Perse;  ce  nom  parait  mis  d'ordinaire  un  peu  au 
hasard,  avec  les  Turcj  et  autres  Sarrasins. 

PiHii  6338,  Perse. 


PuiuppE.  Voir  Felipe. 

Philippe  d'Altaet.  Voir  Fi.ASDHES. 

[Hiilippe  it  Dreux,  Voir  Biiuvm. 

PiEiE  rfe /V«au.  .■  Pwrw  bhak,  ^5b^.  7SG3,  7566, 
1190G  (s,),  Pierre  iii3â  (s.).  Piem.  l'un  des 
trois  frères  de  Pi^aui,  loyal  (âfia'i)  et  preux  ehe- 
ï»lier  {7557I,  un  des  compagnons  de  Hichard;  il 
est  envoyé  en  message  à  Conrad  en  aoAt  1191 
(S&aâ);  il  combat  vaillamment  en  décembre  1 191 
et  renverse  un  Turc  gigantesque  (7657  ss.);  il 
saute  après  Richard  de  sou  vaisseau  pour  secourir 
JalTe  (1 1 13&);  Il  est  un  de  ceux  qui  vont  demander 
i  Jérusalem  tes  sauf-conduits  pour  les  pèlerins,  et 
dont  la  négligence  manque  d'amener  un  désastre 

(..906). 

PiiE»  It  Gvoàeomg  :  Pitrn  9308  (s.),  Pierre  le 
Gascon,  entre  le  Iroiûème  au  Dsron   le  sa   mai 

PiEii  Ttrtprtiê:  PitreiTirtproù'jii  (».),  cbeviUer de 
Itichard,  est  tué  au  siège  de  Memne  en  tigo. 

Piv.  Voir  JoEPiti. 

Pisin  /i5oi  (r.),  Pi,an  i8g5.  3771,  8180,  Sïio 
(pLs.),  PiioKthoSa.  8i33(pl.r.),ri'iau5o3/i. 
8ao6,  1 1AA7  (pl.  r,).  Pisan,  citoyen  de  Pise;  les 
Pisans  sont  appelés  vaillaaU  et  loués  pour  lour 
dévouement  au  service  de  Dieu  (a-]3-j  ».)  et  leur 
loyauté  envers  le  roi  (Jiii  (8179  *s.);  ili  accom- 
pagnent Gui  au  siège  d'Acre  en  1 189  (9737  ss.); 
ils  se  chargent  de  protéger  le  port  (9895  sa.)(  au 
combat  du  ù  octobre  1189,  ils  occupent  le  Torwi 
(1977);  en  mars  1 190,  leurs  vaisseaux  eomballent 
la  flotte  turque  (33oo);  ils  attaquent  vainement  In 
Tour  des  Mouches  au  moyen  d'une  tour  flottante 
(3771);  ils  donnent  sans  succès  un  assaut  ï  la 
ville,  le  1 1  juiUet  (  5oi5  ss.).  ~  Fidèles  au  roi  Gui, 
ils  combattent  i  Acre,  en  1 1 91  ,  les  Génois,  par- 
tisans de  Conrad,  et  font  la  paii  avec  eux  par  l'en- 
tremise de  Hichard  (8179  ss.).  —  ils  mettent  leur* 
bannières  sur  le  Daton  (9393);  ils  vont  avec  Ri- 
chard au  secours  de  JafTe  (1  looA ,  1)335,  iiAi7). 
Un  Pisan  qui.  pendant  la  disette  d'Acre,  vendait 
trop  cher  le  blé  qu'il  avait  accumulé  est  puni  par 
l'iacendie  de  son  magasin  (l&gS  ss.). 

Pisi  3737,  3977,  3i6t,  33oo,  5ob5,  8179,  S191, 
8935,  9393,  1100&,  m336.  PiK,  ville  d'Italie. 

Puus  (Canl  lUt).  Voir  Cian,. 

Poille:  Paille  169,  Pouille,  province  d'Italie.  Voir 
GuiLLiiiE.  —  La  reine  de  Pouille,  veuve  de  Guil- 
laume le  Don  et  Mxur  de  Richard,  Jeaana,  est  i 


m 


A - 


558 


L^HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


Païenne  sous  la  sujétion  deTanrré  (5i3  st.);  Ri» 
cbard  rédame  sa  liberté  et  son  douaire  (869 ,  898  )  ; 
Tancré  la  renvoie  avec  90,000  onces  dW  (999, 
1001, 1097);  elle  s^embarque  avec  Richard  à  Mes* 
aine  (1175),  le  retrouve  en  Chypre  (i335),  où 
elle  manque  d^élre  prise  par  Kyrsac  (i63i);  Ri- 
chard la  fait  venir  d^Acre  à  Jaffe  en  septembre 
1191  (7073). 
PoLAM  :  Poiam  7693  (pi.  s.).  Poulain,  chrétien  latin 


né  en  Syrie;  les  Poublnt  sont  d*aris,  comme  les 
Templiers  et  les  Hoq[ûtaliers,  en  1 191,  de  ne  pis 
marcher  sur  Jérusalem. 

PaïAus:  Preaii  h'jSo,  719s,  10999,11473, 11906, 
19966,  Pniûlt  5693,  iii33,  Prmmu  7667, 
Préaux,  canL  de  Damelal  (Seine-Infiérieure).  Voir 
GoiLLAimi,  JoBAir,  Pliai. 

PaiRci.  Voir  Riihoit. 

Pdilli.  Voir  Poiixi. 


QoABABUi  aSaS  (s.),  Kaheddin,  ammektd  de ptûanie , 
garde  le  rivage  contre  les  assiégeants  pendant  le 
siège  d'Acre.  M.  Stubbs  lit  ici  (p.  91 1)  TeeMtMu, 
avec  un  de  ses  trois  mss.  de  YIHnerarium  Rieardi, 
an  lieu  de  Kahadim  que  portent  les  deui  autres  : 
il  tort  assurément,  car  Takieddin  ou  Dequedin  (voir 


Q 


eo  nom)  n*est  pas  qualifié  de  aénëdial  comme 
Kaheddin. 
Quna  5653,  Qumei  5670,  Quind;  il  y  a  deux 
Qaind  dans  T Aisne,  un  en  Seine-ei-Mame  et  un 
en  Seine-et-Oise,  sans  compter  plusieurs  antres. 
Voir  RoiiBT. 


R 


RAJurui ,  Baim^roi,  (aote  do  ras.  pour  Hahnfrm,  Voir 
HAiaran. 

Bmmcmi  de  Samt  GUê.  Voir  Saiit  Gili. 

Baumhtt  lêJUz  le  PrvÊCê  9391,  Raimood,  comte  de 
Triple,  fils  de  Boëmond  III,  prince  d^Antioche;  il 
pliote  Si  bannsèn  sur  le  Daron.  Il  moiuut  en  1 1 96 
(foir  Chr.  d^ErtunU,  p.  39 1). 

RsnuMiT  :  Roêmimt  9667  (r.),  RoêmoiU  965i  (s.), 
Baimood  11,  comte  de  Triple;  il  a  de  longue  date 
(ait  alliance  avec  Salahadin  (  9667  ss.  );  il  convoite  le 
royaume  après  la  mort  de  Raudooin  V  ( 965i  ss.); 
il  refuse  de  se  rendre  à  la  cour  du  roi  Gui,  va  de- 
mander aide  â  Salahadin  et  conclut  avec  lui  sa  tra- 
hison (  9655  ss.  )  ;  sommé  une  deuxième  et  une  troi- 
sième Ibis,  il  se  rend  à  la  cour  (9677  ss.),  mais 
conserve  sa  rancune  (95o8).  Lors  de  Texpédition 
de  Gui  contre  Salahadin ,  il  mande  au  roi  qu'il  s'y 
joindra,  vient  le  trouver  et  semble  être  réconcilié 
avec  lui  (9607  ss.);  mais  le  bruit  public  dit  qu'il 
le  trahit  à  la  bataille  (95 19  ss.);  grAce  à  ses  pet- 
fides  conseils ,  les  chrétiens  sont  coupés  de  la  mer 
de  Galilée,  où  ils  auraient  pu  boire  (  v.  956 1  ss.,  en 
corrigeant  le  vers  955o  comme  il  est  indiqué  au 
Glossaire ,  s.  v.  Seivre)\  quand  la  bataille  commence , 
il  s'enfuit  (955i  ss.).  Au  vers  9687,  Ambroise  dit, 
d'après  l'histoire  qu'il  suit,  que  Raimond  mourut 


a  hoHtê,  mais  il  ne  raconte  pas  sa  mort  :  le  comte 
de  Triple  mourut  peu  après  la  bataille,  de  cha- 
grin d'après  la  Chronique  d'Emoul  (p.  178,  et 
voir  la  note);  cependant  on  le  voit,  au  vers  9699, 
accueillir  amicalement  â  Triple  le  roi  Gui  revenant 
de  Tortose  après  avoir  été  délivré  de  sa  prison.  Les 
accusations  de  trahison  portées  contre  Raimond  par 
Emonl  et  par  la  source  d' Ambroise  paraissent  tout 
au  moins  fort  exagérées,  et  on  voit  en  tout  cas  que 
le  roi  Gui  n'y  ajoutait  pas  foi. 

Raixadt  de  Saetê  :  Rmauz  87 1 1  (s.) ,  Renaud  de  Sayette, 
un  des  négociateurs  de  la  paix  déloyale  que  Conrad 
essayait  de  conclure  avec  Salahadin.  Voir  sur  ce  per- 
sonnage la  notice  des  Lignagn  d* outre-mer,  p.  639. 

RAiRiia  de  Maron  :  Reinier  7197(9.),  Renier  de  Maren , 
vaillant  chevalier  de  Richard,  est  pris  avec  son  ne- 
veu Gautier  le  99  septembre  1191. 

Rames  6855,  6878,  7906,  7999,  7655,  7658, 
7667,  7675,  7861,  7863,  ioi65,  10579, 
10705,  10755,  ]o8o5.  Rame  11899,  l'ancienne 
Ramah,  auj.  Ramieh  (le  latin  dit  Rttmula)^  entre 
Jaffe  et  Jérusalem  ;  l's  finale  est  attestée  par  {du- 
sieurs  rimes,  mais  au  vers  11899  la  mesure  exige 
Rame  avec  e  élidé  (bien  que  le  ms.  porte  de  rme$). 
Rames ,  appelée  la  grande  eUd,  est  au  nombre  des  for- 
teresses que  Salahadin  fait  démolir  en  1191  (6855). 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES. 


559 


Lm  Turcs  y  sont  csmpés  en  octobre -novembre 
(7So4);  Ricbard  découvre  Rames  du  huit  d*une 
colline  en  poursuivant  des  ennemis  (7119);  les 
croisés  marchent  sur  Rames,  queSalahadin  évacue 
(7455 ss.),  etoiiii8S*étal^issenl(7À75,78&i  as.); 
les  croisés  y  reviennent  en  juin  1191  (10579). 
LosplamM  de  Ramêi  sont  plusieurs  fois  mentioanés 
(6878,  ioi65,  10755,  io8o5,  11899). 

Raoct  de  Maulùm  :  RaoU  10995,  ii&si,  ii598, 
Raoul  de  Mauléon,  chevalier  poitevin,  jamus  ras- 
sasié d*armes  (1  lÀai),  accompagne  Richard  au  se- 
cours de  Jafie  le  i**  août  1 199  (10995);  il  est  pris 
par  les  Turcs  et  délivré  par  Richard  (1  iSaS  sb.). 
G^était  le  père  du  célèbre  chevalier  et  poète  Savari 
de  Mauléon. 

Raodp  de  Bovrei  :  RaoU  de  Rovroi  765  (s.),  Raoul  de 
Rouvroi,  chevalier  de  Richard,  est  tué  au  siège  de 
Messine  en  1190. 

Riour  de  Sainte  Marie  :  RaoU  'jbZi  (s.),  Raoul  de 
Sainte-Marie,  chevalier  normand  (?  ),  compagnon 
du  comte  de  Leicester  dans  le  combat  de  décembre 
1191. 

Raoup  Taieêon:  Raof  Teieione  4791  (s.),  RaoU  7et- 
êont  1 1879  (s.),  Raoul Taisson,  chevalier  normand, 
grand  amateur  de  musique  (1 1880),  arrive  à  Acre 
en  juin  1191  (4791);  est  un  des  trois  «r connétables n 
qui  mènent  le  premier  convoi  de  pèlei^ns  à  Jéru- 
salem (11879).  Voir  sur  ce  personnage  important 
Hi»lor,deFr.,\X\l\,  611,  637,683,  684,  703, 
706. 

Raoul  de  Chdteaudun,  Voir  Ghastbldun. 

Raoul  de  Clermont,  Voir  Glbbmoiit. 

Roichid  ed'Din.  Voir  Vikil. 

Rbcordare  (La)  4007,  ^^^"  voisin  d^Acre,  Tell-Kur- 
dany  (Stiibbs),  «ou  mieux  Tell  et  Khirbel^Kurdanè 
(Gl.-G.)}},  où  a  lieu  un  combat  en  novembre 
1190. 

Rbi  (Le  joefne)  95,  Henri,  fils  de  Henri  II  d* Angle- 
terre, couronné  roi  du  vivant  de  son  père,  excel- 
lent joôteur. 

Reine.  Voir  Ergletbbb,  Feahge,  Jbbdsalbh,  Poilli. 

Reiribr.  Voir  Raisibr. 

Reihs  10876  (rime  avec  dereraiiu),  Reims  en  Cham- 
pagne. VoirAoRERi. 

Rbtiadt.  Voir  Rairaut. 

Ribolb.  Voir  Hoon. 

RicHART  181,  etc.(r.),  Richard  97,  etc.  (r.),  Rieharz 
60,  etc.  (s.),  Richard  177,  etc.  (r.),  Richard,  roi 
d*Angleterre  (au  sujet  de  la  forme  du  nom,  voir  la 


note  du  vers  3o3 ,  d'après  laquelle  il  est  inutile  de  re- 
lever ici  tous  les  passages).  R  est  très  souvent  qualifié 
de  preux,  de  vaillant,  de  non  per  (934o),  appelé 
magne  (1 1&38)  par  assimilation  à  Gharlemagne,  U 
9iior<20  4iiDn(93io),et  qualifié  de  sage  etavi8é(97), 
et  d'expert  dans  les  choses  de  guerre  (6i38 ,  etc.). 
— -  P  avait  remporté i -comme  comte  de  Poitiers,  de 
grands  succès  sur  ses  voisins,  défait  des  bandes  de 
Brabançons,  et  fait  lever  au  comte  de  Saint-Gilles 
le  siège  de  Hautefort  (9599  ss.);  il  aimait  dès  lors 
Bérengère  de  Navarre  (ii5i).  —  Il  se  croise  en 
1 187,  le  premier  de  tous  les  hauts  hommes  d'Oc- 
cident (59  ss.).  —  Il  devient  roi  le  6  juillet  1 189, 
se  saisit  du  royaume  sans  opposition  (961 5)  et  se 
fait  couronner  à  Londres,  011  il  tient  une  cour  ma- 
gnifique (181  ss.).  —  Il  mande  ses  barons  pour  la 
guerre  sainte  (91 5  ss.)  et  revient  en  Normandie, 
où  il  tient,  à  Noël,  sa  cour  à  Lions -la -Forêt 
(933  ss.).  —  U  se  rencontre  à  Dreux  avec  Philippe 
(959  SB.),  se  rend  à  Tours  et  ordonne  à  sa  flotte 
de  le  rejoindre  à  Messine  en  contournant  TEspagne 
(3o3  ss.);  il  vient  retrouver  Philippe  à  Véselai 
(393  ss.);  les  deux  rois  jurent  de  partager  loyale- 
ment toutes  leurs  conquêtes  et  se  donnent  rendei- 
vous  è  Messine  (365  ss.);  ils  se  mettent  en  route 
(377),  arrivent  à  Lyon  et  campent  près  de  la  ville 
(877);  bientôt  ils  se  séparent,  et  Richard  va  à 
Marseille (4 47  ss.).  —  Il  arrive  â  Messine  le  93  sep- 
tembre 1190,  en  grande  pompe,  ce  qui  irrite  les 
Grecs  et  les  Longebards  (58i  );  il  calme  un  pre- 
mier désordre  (64 1);  apprenant  une  seconde  fois 
qu'on  tue  ses  hommes,  il  veut  encore  apaiser  k 
sédition,  mais  il  est  insulté,  s'arme  et  attaque  la 
ville  (665);  il  la  prend  après  un  combat  (7-21  as.); 
il  empêche  le  massacre  (819);  il  fait  mettre  ses 
bannières  sur  la  ville,  au  grand  dépit  de  Phi- 
lippe, et  consent  enfin  â  y  admettre  aussi  celles 
du  roi  de  France  (895);  il  envoie  réclamer  à 
Tancré  sa  sœur  Jeanne,  veuve  du  roi  Guillaume, 
son  douaire  et  sa  part  du  trésor  royal,  et  refuse 
de  se  soumettre  à  rari>itrage  des  barons  de  Sicile 
proposé  par  Tancré  (867);  il  fait  construire  le 
chAteau  de  Mategrifon  (937  );  il  est  toujours  en 
dissension  avec  Philippe  (965);  il  reçoit  de  Tan- 
cré de  nouvelles  offres  qu'il  accepte  :  on  lui  rend 
sa  sœur  avec  90,000  onces  d'or  (977);  il  fsit 
rendre  aux  Messinois  ce  que  ses  gens  ont  pris 
(1099),  et  se  réconcilie  aussi  avec  Philippe 
(1049);  il  fait  de  grandes  largesses  à  ses  ehe- 

5o 


mpmiMBBn  katioiiali. 


M9 


i;hi»toire  de  la  guerre  sainte. 


%m4t  mm  ipitnd*  (H^  à  UâlefrUom  (fli»%t  «.>; 
$fH>%mmr  «ecMipigné  Philippe  qoi  •<nl«n(oe. 
il  f«  d»tif<W  é  Aîf«  it  mère  et  m  haoeé»  Bére»- 
1^  4e  ^mm,  ei  W*  uahm  k  Meame  (i  i36); 
'à  nmmtt  m  inère  eo  inglal^ïfTe  avec  ^pielqoei 
M||pi9»  /iMMeillef»  CitSS  a.);  il  îââim^  préfaratiii 
H  4mkm9i^  le  lo  efril  tigt  (1168  a.^  —  H 
|mi4  fr»»l  Mia  lie  la  boone  diredioa  4e  b  flotte 
i%%%%  m.)%  a  Ufoàtt  là  (>ète  (i960)  el  terréle 
MiMe  i  HiMle*  juiqa'aa  i**  mai  (i3o3  ».);  il 
app<»i»i  4*00  faMieio  rencontré  que  Philippe  rai- 
ymé  k  kar^t  (t33$);  il  retronve  prèa  de  CJbypre  sa 
awretaafaif/€(i35o);il  épouse  Bëreagère  à  li- 
megaw  le  19  md  1191  (1735);  il  eooqniert  Chypre 
anr  feMperettr  Kynac  (iSSS-aioG);  il  cat  iBabde 
Il  %kmm  (9009);  apprenant  qa*Aane  va  être  prise 
iSiai  loi,  il  s^erobarqoe  le  5  juin  (1107);  entre 
lloyelte  d  Bamt,  il  rencontre  et  prend  an  nairire 
isrfaaiA  ifoi  aoraitsaayé  Acre  (ai 4 1-9998).  —  fl 
Mfrn*  à  Kart  le  H  juin  et  y  est  reça  à  grande  joie 
(««99  as*);  il  donne  aox  siens  comme  solde 
4  ketaola  i'tfr  (hb6^)\  il  tombe  malade  de  la  léo- 
nardio  et  ne  peut  donner  Passant  ayec  Philippe 
(44oo);  plus  tard,  toujours  malade,  il  &it  dresser 
SM  piorri/fres,  munies  de  gros  galets  rapportés  de 
M4SSfoe(4767  ss.);  le  6  juillet,  il  se  fait  porter 
sous  uno  anloiê  et  pendant  Tattaque  lire  des 
coups  d'arhaléie  meurtriers  (A997  ss.);  il  soutient 
Gui  4e  Lusîgnan  contre  Conrad  et  arrange  un  ac- 
cord entre  eui  (5o6i  as.);  après  la  prise  d*Aci'e, 
il  prêta  é  Philippe  qui  s*en  va  deux  galères  et  re- 
çoit son  serment  de  ne  pas  Taltaquer  en  aon  ab- 
sence (6097  ss.);  il  prête  de  l'argent  au  duc  de 
Bowyqjfno  et  fait  de  grandes  largesses  à  tous  ses 
dMVldieni  (&35i);  il  relève  les  murs  d'Acre  et  fait 
ffi  pf4ponitils  de  départ  (5369);  il  envoie  deux  fois 
m  ftén  A  Sur  sommer  Conrad  de  rejoindre  Tost 
(Mil  lf«);  flalahadin  ne  tenant  pas  les  engage- 
Mnto  pHt«  il  lait  massacrer  9,5oo  otages  sarrasins 
(Ifflt  f  48t  )•  —  Il  part  avec  Tost  pour  le  sud ,  le 
•flitél(f5Aa  m.)\  U  lait  Tarrière-garde  (6701  ); 
»  Wl  «Ml  H  Oimpi  A  Caiphas  (5863);  à  la  ba- 
li  MiÊÊÊf^  u  7  Mptorobre,  il  refuse  au  maître 
WfiU  II  pinMoa  do  charger  (6385  ss.);  il 
k  griûdiOipUlt  (6486,  6609);  U  assiste 
•ttt  ftinénllUi  do  Jacques  d'Avesnes 
M|ii4*Aitp  fait  à  SaUbadin  Tâoge  du 
m  (68li  as.).  Arrivé  à  Jtfle,  il  en- 


voie savoir  s'il  est  vrai  que  les  Sarrasins  détruisent 
Escsiooe  (697A),  et  conseille  de  lui  porter  secours , 
mais  lea  Français  décident  qu'on  restera  â  Jaffe 
(7007  aa.);  fl  envoie  sans  succès  â  Acre  et  doit  y 
aller  lui-même  pour  fiûre  revenir  ceux  qui  y  rcsiaien  t , 
et  en  ramène  sa  sœur  et  sa  femme  (7071  ss.);  il 
dananne  embuscade  et  aérait  pris  sans  le  dé- 
de  Gniflaume  de  Préaux;  on  le  supplie  de 
ne  pins  s'eiposer  unsi,  mais  il  ne  peut  s'en  empê- 
cber  (7079  SB.).  —  En  octobre,  il  va  reconstruire 
lo  Caad  dos  Plaine  et  le  Casai  Moyen ,  et  poursuit  les 
Tm  jusqu'en  vue  de  Rames(7 1 7  7)  ;  le  6  novembre, 
i  défini  leo  Tnrcs  (7983);  il  entre  avec  Salabadin 
daos  des  négodatioBS  qui  n'aboutissent  pas  et  lui 
font  du  tort(7977  ),  mais  il  se  justifie  bien  par  ses 
eiploits  (7499).  —  n  marche  sur  Rames  (7667); 
les  gens  eipérimenlés  le  dissuadent  de  pousser  sur 
Jérusalem  (7689);  le  3  janvier  1199,  il  met  en 
faite  une  troupe  do  Sarrasins  (7717);  il  bat  en 
reiraile  (7761),  vient  à  Ibelin,  puis  i  Escalono 
(7861);  en  février,  il  décide  les  Français  qui  l'a- 
vaient quitté  i  revenir,  en  leur  promettant  de  leur 
donner  quand  ils  voudront  congé  et  escorte,  et  il 
fait  travailler  activement  â  la  r^Mration  d'Escalone 
(7967  as.);  â  délivre  près  du  Daron  1,000  prî- 
aooniers   chréliotts  (8089);   il  somme  en  vain 
Conrad  4e  lo  rejoindre  (8187)  et  a  des  difficultés 
avec  le  duc  de  Bourgogne,  qui  le  quitte  (8157); 
lea  Pisans  le  prient  de  venir  remettre  l'ordre  â 
Acre  :  il  y  vient,  et  les  réconcilie  avec  les  Génois 
(8910  88.);  il  a  avec  Conrad,  au  Casai  Imbert,  une 
entrevue  qui  n'aboutit  pas,  saisit  les  rentes  de 
Conrad  et  est  oUigé  de  restera  Acre  la  plus  grand^ 
partie  du  carême  (8935  ss.  ).  —  Il  revient  à  E»c^^ 
lone  et  est  obligé,  le  3i  mars,  de  laisser  partir  \ 
Français,  rappelés  par  Conrad  (8897);  il  cél^v^ 


•\ix 


la  fêle  de  Pâques  et  fait  travailler  avec  ^e\w^ 
fortifications   (8499).  —  H  reçoit  de  lU^^ 
nouveUes  d'Angleterre  et  annonce  son  ini^J^^^l^iaes 
partir,  sur  quoi  l'ost  lui  demande  de  fai^^^^^Vion  de 
Conrad  :  il  accepte  et  envoie  Henri  de  ^^^  «eu\  roi 
et  d'autres  à  Sur  annoncer  à  Conrad  ^!^/\î^Bip»gne 
(  85 1 9  ss.  )  ;  on  l'accuse  d'avoir  fait  ««8^|^^We  aéôaion 
et  on  avertit  Philippe  de  se  garder  i^^^çu^eî  Con«* 
Richard  aurait  envoyés  en  France  ^r^^.Hau«««*<l*'* 
on  élit  Henri,  qui  veut  attendra  ^^s^SS'TQ)»  ^  ^^' 
de  Richard  el  le  lui  envoie  d^.  ^^  cooaeoiemetti 
Richard  lui  conseille  d'acceplet^^^^jy^^j^^  (SgAi); 
épouser  \a\cttvedeO>iMad(B^^^^  ^^  je  ne  pw 

^U  îl  donne  Chypre 


562 


L  HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


4717  (s.),  Robert,  comte  de  Leieetter,  arriye  à 
Acre  en  juin  1191  (  47 1 7  )'et  prend  part  à  TaMaut 
du  1 1  juillet  (4996);  il  est  un  des  mettagerf  en- 
Toyës  à  Conrad  le  5  aoât  pour  rédamer  les  6ta^ 
aarrasint  (5Af  1  ;  la  manchette  de  la  colonne  t65 
donne  à  tort  «r  Robert  de  Dreux»)  ;  prend  part  à  la 
bataille  d*Aniur  le  7iieplembre  (6667);  te  montre 
témérairement  braye,  en  novembre,  à  un  combat 
devant  le  Gâtai  Moyen  (7987  m.);  bat  les  Sarra- 
sins en  décembre  (7488  ss.);  il  fait  U  des  prodiges 
de  valeur  et  a  deux  chevaux  tués  sous  lui  (7689 
as.);  met  le  second  sa  bannière  sur  les  murs  du 
Daron  le  aa  mai  119a  (9817);  secourt  k  temps, 
le  17  juin,  dos  chevaliers  qui  allaient  être  écrasés 
par  les  ennemis  (10067  ss.);  prend  part,  les  ai- 
98  juin,  à  Tattaque  d*une  caravane  (10/489  ss.); 
va  par  mer  avec  Richard,  le  1"  août  1199,  au  se- 
cours de  Jafle  (10990);  il  prend  part  au  combat 
du  lendemain  (1 1^17),  est  renversé  de  chevd  et 
sauvé  par  Richard  (1 1699). 

RoaaaT  Nêel  761 4  (r.),  chevalier,  est  renversé  de 
cheval  dans  un  combat,  en  décembre  1191. 

RoaaaT  de  Nuffhroc  :  Rohet*z  7693  (s.),  Robert  6711 
(s.),  Robert  de  Newbroke,  chevdier anglais  de  très 
haute  taille,  doux  (7699  ss.)  et  «rfranc»  (4719); 
arrive  à  Acre  en  juin  1191  (&711);  prend  part 
à  un  combat  en  décembre  (7693). 

RoBBBT  de  Quinci  5653  (r.),  Roherz  5^69  (s.),  che- 
valier français,  preux  et  accompli,  est  envoyé  en 
message  à  Conrad  par  Richard  en  août  1191. 

RoBiar  de  Sablueil  :  Robert  de  Sabloil  883  (s.),  Ro- 
bert de  Sablé,  chevdier  de  Richard,  haut  homme, 
preux  et  noble,  est  envoyé,  en  octobre  1190,  par 
Richard  à  Tancré  pour  lui  exposer  ses  rédama- 
tions.  Robert  de  Sablé  avait  été  un  des  comman- 
dants de  la  flotte  de  Richard;  il  fut  un  des  ga- 
rants du  traité  entre  Richard  et  Tancré.  Plus  tard, 
il  devint  maître  du  Temple.  Voir  Rôhricht,  Zu$, 
and  Bericktig.  zu  Du  Congé,  p.  17. 

Roaarr  Trùteebot  6689  (s.),  chevalier  normand  (/ft- 
nmrriHm  Rie.,  p.  98),  montre  une  grande  li- 
béralité à  Acre,  en  1190,  pendant  la  famine. 
D*après  Roger  de  Hoveden  (Hittor,  de  Fr,,  XVII, 
599 >,  Robert  Troussebot  aurait  vainement  re- 
vendiqué comme  son  droit  héréditaire,  à  la  ba- 
laillo  d*.\r$ur,  Thonneur  de  porter  la  bannière 
r<tyale«  con6ée  par  Richard  â  Pierre  de  Préaux 
(>oir  <v  nomV  .\mbft)i*e  ne  dit  rien  de  celte  cir- 


Rocaia  11903  (I4*),  nom  porté  par  beaucoup  de 
ocalHés.  Voir  Ghillaqhi. 

RoaiKrâiLiiB(£i/Kmis)  6iti,  6191,  rivière  entre 
la  montagne  d'Arsor  et  Arsnr.  «On  ne  voit  pas 
bien  pourquoi  notre  antenr  donne  ce  nom  à  cette 
rivière.  La  Beira  Inei$a  des  croisés  était  plus  au 
nord,  à  Districtum  ou  Athlit,  entre  Haïpha  et  Cé- 
sarée.  Vwr  Goiilanme  de  Tyr  (Bongars,  I,  791). 
Cependant  Oliverus  Schoiasticus  (Eccard,  II, 
1898)  semble  qipeler  cette  rivière  JUmm  Dietrieti 
(Stubbi,  p.  959).»  «Ceat  le  Nahr  el-FAlek,  au 
nord  d^Arsoûf ,  petit  cours  d'eau  qui  n*est  dû  qu'a 
une  coupure  artifidelle  dans  le  roc,  servant  d'écou- 
lement à  un  vaste  marais,  d*oà  son  nom  caractéris- 
tique. —  CI.-G.9  Voir  Moar  (Leflum). 

RoDis  1969,  1974,  rtle  de  Rhodes;  i985,  1987, 
i3o5,  i3i3,  1817,  la  ville  de  Rhodes,  autrefois 
presque  aussi  grande  que  Rome,  et  dont  il  reste 
des  ruines  immenses,  mais  â  peine  habitée;  patrie 
d'Hérode  (1 986);  Richard  y  séjourne  en  avril  11 9 1 . 

RoMBB.  Voir  R06IBB. 

RODUBD.  Voir  ROLLÂBT. 

RoBM  io35  (rime  avec  60S11),  1161  (rime  avec  Aoem), 
Rouen,  capitale  de  la  Normandie;  sur  Tarchevéque 
de  .Rouen,  voir  GniuriBB. 

R06IBR  de  Hardêneorî  :  Rogiere  de  Hardineort  4797 
(s.),  Rodierê  de  Herdêcort  i4i5  (s.  :  ms.  rodst), 
Roger  de  Hardenoourt  (sur  Tidentité  de  ces  deux 
noms,  voir  Habdbbgobt),  chevalier  normand,  com- 
pagnon de  Richard,  fait  naufirage  sur  la  cûte  de 
Chypre,  est  attaqué  par  les  Grecs  et  se  défend 
vaiUamment  (i4oi  ss.);  il  rejoint  Ridiard  â  Acre 
en  août  1 191  (6797).  Il  n*a  sans  doute  rien  â  faire 
avec  le  chevalier  flamand  appdé  Reiger  de  Harm- 
demeort  dans  GuiUawnê  le  Mêrédutl  (v.  4599). 

RoGiBB  de  Saei:  Rogiere  10999,  11497  ('*)«  ^^^ 
de  Sad,  chevalier  normand,  prend  part  avec  Ri- 
chard à  la  délivrance  de  Jafle  en  août  1199. 

R06IBB  de  Totmi  10489  (r.),  Roger  10479  (r.), 
Rogiere  4707,6175,10478  (s.),  Roger  de  Toani, 
chevalier  normand,  arrive  à  Acre  en  août  1191 
(4707);  prend  part  à  la  bataille  d'Arsor  (6175) 
et  au  combat  du  98  juin  1 199 ,  oà  il  a  aon  cheval 
tué  et  est  presque  pris  (10479  as.). 

RooBB.  Voir  RojiB. 

RoLLABT  :  AodloiMJ  4665  (r.),  Roland,  le  héros  de 
Roncevaux. 

RoHB  48,  1989,  8490,  Rome;  Cbarlemiigne  y  mena 
son  ost  en  dlant  combattre  Agolnd  (8490). 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES. 


563 


RoNCiTÂLS  11106,  Roncevaux,  la  vallée  des  Pyrénées 
oà  Roland  périt. 

Rom:  fiogiMÛ  1 9  (  rimeavec  ramp<m«),h\à ,  693 ,  459 , 
487,  le  Rhône,  Veve  ere$tee{hih);  un  pont  sur  le 
Rhône  s*écroule  pendant  que  les  croisés  le  passent, 
en  juillet  1190,  et  deux  ou  plus  sont  noyés  dans 
feau  périlleuse,  haute  et  rapide  (45o  ss.). 

R088IB  1900,  9776,  Russie;  toi  Vor  qui  êêt  en  Roêtie, 


demi   Vœmr  de  Roetie,  locutions  provenant   des 

chansons  de  geste,  où  Roeetê  n*a  qu*un  sens  très 

vague. 
Rotrou,  Voir  Pikghb. 
RovKBi  765 , Rouvrai ,  cant  de  Vemon  ( Eure) ,  ou  Rou- 

vrai-en-Brai ,  cant  de  Forges  (Seine-Inférieure); 

il  y  a  d^autres  Rouvrai  dans  TEure-et-Loir,  le  Loi- 

rct,  etc. 


Sailoiu:  SabhU  883,  Sablé  (Sarthe).  Voir  Robbbt. 

Saci  :  Saei  1 1 697  (rime  avecronei,  ms.  eaeie,  roncts), 
Saei^  10999  (  rime  avec  C^t^nt^),  Sassi,  cant. 
de  Morteaux-Goulibœuf  (Gdvados);  sur  la  forme 
de  la  terminaison,  voir  Tlnlroduction. 

Sabtb  9i4i,  8067,  8687,  8711,  Sayette,  l'ancienne 
Sidon,  en  arabe  Saïda,  dont  les  Français  firent 
Saiele,  Saeie,  en  latin  SagiUa  (voir  A.  de  Long- 
périer,  Œuvree,  t.  III,  p.  989),  ville  et  port  de 
Syrie ,  entre  Barut  et  Sur.  Richard  y  rencontre  un 
vaisseau  ennemi  (91/11);  elle  est  attribuée  à  Conrad 
dans  le  partage  du  royaume  (6067)  et  doit  lui 
être  cédée  par  Salahadin  dans  leur  projet  de  traité 
(8687).  Voir  RiimuT. 

Safadiii  :  Saffadin  787/1,  7389,  7898,  10761 
10903,  11765,  11869,  11911,  11967,  11988, 
i90o6  (r.),  Saffaadin  91/i/i  (r.),  Saphadin  9899  , 
/i86o  (r),  Sttfadine  8692  (s.),  Saffadme  7/^11, 
10788  (s.),  Saffadin  7/106,  116/16,  117719 
11968,  Safadin,  en  arabe  Saif-Eddin  ou  Malck- 
el-Adil,  frère  de  Salahadin,  appelé  Safadin  d'Ar- 
cade (11 666),  sage,  vaillant  et  libérai  (7889, 
10909,  11667);  ^^^  Richard  à  cause  de  sa 
prouesse  (11767);  campe  devant  Acre  avec  Sala- 
hadin (9899);  arme  le  vaisseau  que  prit  Richard 
(9166);  attaque  le  camp  des  croisés  le  3  juillet 
1191  (6860;  le  latin,  p.  999,  a  ici  £^a^</tno,  que 
M.  Stubbs  rend  par  TaJâeddin;  cf.  s.  v.  Qcahadir); 
il  sert  d'intermédiaire,  à  trois  reprises,  dans  les 
négociations  entre  Richard  et  Salahadin  (7876  ss., 
10761  ss.,  11766  ss.),  et  enjôle  Richard,  auquel 
il  fait  accepter  des  présents  (7898  ss.);  il  dissuade 
son  frère  de  traiter  avec  Conrad  (8699  ss.);  il 
marche  sur  Jaffe  avec  Salahadin  en  juillet  1 1 99 
(10788)  et  sert  d'intermédiaire  dans  les  négocia- 
tions avec  les  assiégés  (10908);  dans  le  combat  du 
3  août,  il  envoie  à  Richard  deux  chevaux,  dont  il 


fut  plus  tard  bien  récompensé  (1 1568  ss.;  sur  le 
développement  légendaire  de  ce  récit,  voir  Journal 
dêê  Savante,  1898,  p.  689);  les  envoyés  de  Ri- 
chard, chargés  d'annoncer  la  venue  des  pèlerins  à 
Jérusalem,  viennent  le  trouver  (11911),  et  il  les 
blâme  de  leur  témérité  (11967);  mais  il  est  du 
conseil  qui  détourne  Salahadin  de  massacrer  les 
pèlerins  (11988)  et  il  est  chargé  de  les  surveiller 
(19006).  Ambroise  ne  dit  rien  des  projets  de  ma- 
riage entre  Safadin  et  la  sœur  de  Richard,  Jeanne, 
dont  parient  les  historiens  arabes.  On  sait  qu'après 
la  mort  de  Salahadin  son  frère,  plus  connu  sous 
le  nom  de  Malek-Adel,  s'empara  de  l'empire  au 
préjudice  de  ses  neveux;  il  mourut  en  1918. 

Sapobib  9635,  l'anc.  Diocésarée  ou  Seppboris,  auj. 
SafibAriyé,  ville  de  Galilée,  près  de  Tabarie;  l'un 
des  coqps  de  l'armée  chrétienne  s'y  loge  à  la  ba- 
taille du  6  juillet  1187. 

Saint  Abaccg  7066  (SstVit),  monastère  voisin  de  Jafle, 
auj.  d'après  Stubbs  (p.  986)  El-Keneieeh,  à  5  kilo- 
mètres environ  au  nord  de  Saint-Georges  {=  Lydda), 
(rCela  parait  beaucoup  trop  éloigné  de  Jaffa  :  l'ost 
n'est  même  pas  encore  an  Casai  des  Plains.  Ce 
devait  être  tout  près  de  Jafla ,  au  sortir  des  jardins, 
peut-être  à  Cheikh  Mourêd  ou  au  Sebil  Abou- 
Nabbalt.  —  CI.-G.7» 

Saut  Gilb  961 9 ,  Saint-Gilles,  arr.  de  Nimes  (Gard)  ; 
on  désignait  vulgairement  les  comtes  de  Toulouse 
par  le  titre  de  comtes  de  Saint-Gilles;  celui  qui 
est  mentionné  ici  est  Raimond  V  (mort  en  1 196), 
qui  fut  plus  d'une  fou  en  guerre  avec  Richard; 
mais  on  ne  retrouve  pas  dans  les  documents  histo- 
riques le  fait  même  auquel  il  est  fait  allusion  ici. 

Saint  Hbltb  10096  (iSn'iU),  Saint-Élie,  abbaye  près 
de  Jérusalem  (voir  Hietor.  occ,  dee  Croisadee,  U  II, 
p.  619).  L'abbé  de  Saint-Elie,  saint  homme  qui 
pratique  l'ascétisme  le  plus  sévère,  révèle  â  Richard 


56& 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


Tendroit  où  il  a  cache  une  parcelle  de  la  vraie 
croix  qu^il  a  refuaë  de  livrer  à  Salahadin;  on  la 
Irouve  et  on  la  rapporte  à  Tost  en  grande  joie. 

Sâirt  Jokgi  7^76,  10705,  Seint  Jorg9  6855,  7466, 
7484,  Saint-Georges,  Tanc  Lydda,  auj.  Ludd,  à 
5  kilomètres  au  nord  de  Ramlah.  Salahadin  donne 
ordre  d*en  détruire  les  remparts  en  septembre  1191 
(6855);  les  croisés  y  arrivent  en  novembre  1191 
et  s*y  installent  fort  incommodément  pendant  six 
semaines  (7/166  ss.);  ils  y  repassent  en  revenant 
de  Jérusalem  le  6  juillet  1 199  (10705). 

Saint  Nicholas  11 449,  Saint -Nicolas,  église  située 
près  de  Jafife. 

Saiiit  Pol  4533, 6o53,  731 1,  Snnt  Pol  7987,  Sainte 
Pol  (Pas-de-Calais).  Le  comte  de  Saint-Pol,  que 
notre  poète  ne  nomme  pas,  était  Hugues  IV  Cam- 
davenê.  Il  arrive  le  90  août  1191  devant  Acre  avec 
Philippe  (4533);  il  combat  très  vaillamment  le 
3  septembre  (6o53  ss.);  il  prend  part  au  combat 
du  3  novembre  (7987)  et  propose  au  comte  de 
Leicester  un  «jeu  parti»  téméraire  (7311  ss.).  Le 
comte  de  Saint-Pol,  comme  plusieurs  des  héros 
de  la  troisième  croisade ,  témoigna  nn  intérêt  tout 
particulier  à  la  chronique  du  prétendu  Turpin  : 
il  fut  avec  sa  femme  loland,  sœur  du  comte  de 
Flandres  Baudouin  V,  qu*il  avait  épousée  en  1 198, 
le  fauteur  de  la  plus  ancienne  traduction  qu*OD  en 
ait  (voir  6.  Paris,  D«  Pteudo-Turpino ,  p.  45). 

Sairtb  Maiii  7531  :  on  ne  peut  choisir  entre  tous  les 
lieux  qui  portent  ce  nom.  Voir  Raoup. 

Saisrbs  :  Senm  8488,  les  Saxons,  vaincus  par  Gharle- 
magne. 

Salahadhi  1 389,  etc.  (r.),Salêhadin  8680, 1 1 990,  etc. 
(r.),  Saleadm  ti3i6  (r.),  SàlaKadim  9987,  etc. 
(s.),  SaUkadini  ^Zk3^  etc.  (s.),  SaUadmê  11011 
(s.),  Sdahadin,  en  arabe  Naser-Yousouf-ben- 
Ayoub  Salaheddin  (la  forme  Saladm  n^apparalt  pas 
dans  notre  poème ,  sauf  par  erreur  du  copiste ,  9  985, 
9987,  9797),  Soudan  d^Egypte  et  chef  des  Sarra- 
sins (appelé  ëoUan  5493,  etc.).  Il  était  allié  dès 
longtemps  avec  Kyrsac  (1389)  et  avec  Raimondde 
Triple,  dont  il  reçoit  les  doléances  et  qu*il  promet 
d*aider  (9448  ss.);  il  envahit  le  royaume  de  Jéru- 
salem en  1187  (9496),  est  vainqueur  à  Tabarie, 
conquiert  le  royaume  et  Escalone  (9585  ss.);  il 
dégage  le  roi  Gui  de  sa  promesse  de  ne  plus  ren- 
trer en  Syrie  (96i5  ss.);  il  assiège  en  vain  Sur 
(9638);  il  laisse  passer  sans  le  savoir  Gui  allant 
assiéger  Acre  (9775  ss.);  il  tourmente  Tabbé  de 


Saini-Élie  pour  qu^il  lui  livre  un  morceau  de  la 
croix  qu*il  a  caché  (10110).  —  Averti,  pendant 
qu^il  assiège  Beaufort,  de  Tentreprise  de  Gui,  il 
marche  sur  Acre,  et  y  arrive  trois  jours  après 
(9797  ss.);  il  regarde  les  assiégeants  comme  une 
proie  assurée  (9883  as.);  il  (ait  jeter  dans  le  fleuve 
les  corps  des  chrétiens  tués  le  4  octobre  1189 
(8077  ss.);  il  fait  construire  des  machines  de 
guerre  (39 11);  il  fait  annoncer  aux  chrétiens  la 
mort  de  Tempereur  d*Allemagne  (395i  ss.);  en 
novembre  1190,  il  abandonne,  devant  la  marche 
des  chrétiens,  la  montagne  où  il  s^était  réfugié 
(3989  88.);  le  3  juillet  1 191,  il  se  vante  d^anéantir 
les  chrétiens,  mais  il  ne  prend  pas  lui-même  part 
â  l'attaque,  qui  échoue  (4848  ss.);  il  reçoit  les 
députés  des  assiégés  et  les  exhorte  à  tenir  encore, 
mais  finit  par  céder  k  leurs  instances  (5io5  sa.); 
il  promet  de  rendre  la  croix,  9,5oo  captifs  et 
900,000  besants  d*or(5i99  ss.),  mais  comme  il 
n'exécute  pas  ses  engagements,  9,5oo  otages  sont 
massacrés,  ce  qui  lui  attire  de  la  part  des  Sarrasins 
le  blAme  le  plus  violent  (5498  ss.,  7958  ss.).  — 
Le  95  aoât,  les  croisés  en  marche  vers  Jafle  battent 
les  siens,  il  ne  les  secourt  pas,  et  Richard  couche 
où  il  avait  couché  (5809  as.);  il  occupe  les  passages 
des  montagnes  (5836);  à  la  bataille  d'Arsur,  le 
7  septembre ,  les  gens  de  sa  maison ,  sous  Dequedin , 
munis  de  bannières  jaunes,  résbtent  longtemps 
(6571  ss.);  vaincu,  il  s'emporte  contre  ses  hoounes 
(677 1  ss.)  et  donne  ordre  de  démolir  les  forteresses 
de  Syrie  (6865  ss.);  il  fait  détruire  Escalone  (6957 
ss.);  il  repousse  les  conditions  de  paix  de  Richard 
(7871  ss.);  en  novembre  1191,  les  croisés  mar- 
chant sur  Jérusalem ,  il  évacue  Rames  «prés  l'avoir 
détruite  (7456  ss.);  il  se  retire  ensuite  à  Jéru- 
salem (7605  ss.);  en  février  1199,  il  congédie  ses 
hommes  jusqu'en  mai  (7988  ss.);  le  samedi  saint, 
il  est  témoin  du  miracle  du  feu  sacré  et  prédit  que 
prochainement  il  perdra  Jérusalem  ou  mourra,  et 
en  effet  il  ne  vécut  pas  jusqu'à  la  fin  du  carême 
suivant  ( 838 1  ss.);  il  n^ocie  avec  Conrad,  mais 
Safadin  le  détourne  de  traiter  avec  lui  (  8665  ss.); 
le  19  juin,  il  est  tellement  effrayé  de  l'approche 
des  croisés  qu'il  veut  s'enfuir  de  Jérusalem  (9877 
ss.);  1»  90  juin,  prévenu  par  un  espion,  il  envoie 
des  secours  à  la  caravane  menacée  par  Richard 
(1081 5  ss.);  apprenant  la  retraite  des  croisés, 
il  convoque  tous  ses  hommes  (10719  as.);  il  re- 
pousse de  nouvelles  propositions  de  paix  (10759 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES. 


565 


88.);  il  attaque,  prend  et  reperd  JafTe,  du  ao  juillet 
au  3  août  (10807-11659),  et  raille  ses  ^^ena  de 
leur  échec  (11 653  as.);  il  lait  dé6er  Richard, 
mdade  à  Jaffe  (11691  ss.);  il  accorde  à  Richard 
une  trêve  de  trois  ans  et  lui  fait  dire  à  ce  propos 
des  paroles  courtoises  (1 1773  as.).  —  11  reçoit  k 
Jérusalem  les  niessa^rs  qui  viennent,  sans  entente 
préalable,  lui  demander  un  sauf-conduit  pour  les 
pèlerins,  et,  sur  Tavis  de  son  conseil,  refuse  de 
faire  massacrer  ceux-ci,  les  fait  garder  (1 1971  ss.) 
et  leur  fait  montrer  la  vraie  croix  (iao37);  il  a 
avec  Tévéque  de  Salisbury  un  entretien  amical  où 
il  donne  son  opinion  sur  Richard  et  accorde  k 
Tévèque  une  importante  faveur  (11107  ^-)*  — 
Satabadin  mourut  le  3  mars  1 1 93.  Sur  les  récils 
légendaires  dont  il  a  été  Tobjet  parmi  les  chrétiens, 
voir  le  Journal  dn  SavaaU  de  1893,  cahiers  de 
mai,  juin,  juillet  et  août.  Au  vers  709a,  au  lieu 
de  Salahadini ,  il  faut  lire  le$  Sarazin$, 

SkLi  (On  flum)  6076,  rivière  entre  Gésaire  et  Arsur, 
Nahr  Abu-Zabûra  diaprés  Stubbs  (p.  967).  Voir 
plus  haut  Moar  {Le  flum), 

SiLisBiaBs  hàf]  (rime  avec /rerst),  titih'j  (rime 
avecatwrea),  4595  (rime  avec  pere»)^  549i  (rime 
avecyrtr«f),  5779  (rime  avec  hem),  Sakebireê 
5ooi  (rime  avec  matirei,  I.  materee),  Sideêbire 
(11881),  Salisbury.  L*évéque  de  Salisbury  dont  il 
s*agit  est  Hubert  Gautier,  plus  tard,  comme  le  dit 
Ambroise  (1 1 889 ,  1 9 1  oa  ) ,  archevêque  de  Ganter- 
bury.  Ambroise  ne  mentionne  pas  son  arrivée  à 
Acre,  qui  eat  lieu  dans  Tété  de  1190  (/ltR«r., 
p.  93).  Lors  de  la  famine,  il  organise  avec  les  au- 
tres évéques  une  collecte  pour  les  pauvres  (^417) 
et  se  montre  lui-même  très  libéral  (44/17);  ^pi^ 
le  carême  de  1 191,  il  impose  une  légère  pénitence 
â  ceux  qui  ont  enfreint  le  jeûne  (4595);  il  prend 
part  à  Tassant  du  11  juillet  (5ooi);  en  août,  il  est 
un  des  messagers  envoyés  par  Richard  à  Conrad 
(549 1).  —  En  septembre  1 1 9a ,  il  conduit  à  Jéru- 
sdem  le  troisième  convoi  de  pèlerins;  Salahadin 
lui  fait  grand  honneur  à  cause  de  son  mérite  et  de 
sa  réputation,  lui  propose  de  le  défrayer,  a  avec  lui 
un  long  entretien ,  et  lui  accorde  le  droit  d*installer 
des  prêtres  latins  à  Jérusalem,  à  Bethléem  et  â  Na- 
zareth (11881  ss.). 

Sa$werre.  Voir  Estibrb. 

Sanche,  Voir  Navabbe. 

Sahooi  de  Halahi  (voirHALABi)  68o3,  Zengfai  d*Alep, 
répond  aux  reproches  de  Salahadin,  q>rès  la  ba- 


taille d*Ar8ur,  en  septembre  1191.  Le  latin  porte 
ici  Sfinacufifitis  de  Hak^^  (p.  979),  et  Sanêamt 
Halabieneiê  (p.  i3)  dans  une  énumération  des 
émirs  de  Salahadin  qui  ne  se  retrouve  pas  dans 
notre  poème;  14  figurent  aussi  un  Sanêcanê  de 
Doada  et  un  Sanguimu,  frère  de  Hœïiealmue; 
M.  Stubbs  (p.  ex)  semble  croire  que  tous  ces  noms 
désignent  un  même  personnage. 

SiOL  dd  Brvêl  7537  (s.),  Saoul  du  Breuil,  chevalier, 
combat  auprès  du  comte  de  Leiceatre  en  décembre 
1191.  Le  latin  (p.  3oi)  a  SauL 

Sapbadih.  Voir  Safabih. 

Sabazirbib  7193  (1.  Parla  e  dUt  earazineiM),  êorazi- 
notf  10979,  langue  dea  Sarrasins,  arabe;  heeanz 
êorrazmeiê  8986,  besants  arabes. 

Sabbaiir  3795,  7390,  10909,  10998,  ii543, 
11806,  Saraixin  io346  (sg.  r.),  Saraxin»  9616, 
3639,  9346,  Saraemt  10079,  Saraxin  6879, 
7397  (sg.  s.),  Sœrazm  9a55,  9983,  9749,  9961, 
9988,  3075,  3i09,  3956,  4o39,  4i57,  4i6o, 
4686,  4895,  5o98,  5io5,  5998,  5399,  565o, 
5769,  5951,  6o36,  6549,  6548,  6590,  6634, 
7099,  7963,  8107,  8364,  84oo,  84o5,9ii8, 
9335,  9871,  10081,  10699,  iio48,  ii4io, 
11963,  11971,  11987,  Saraizm  48i4,  5oi8, 
10469,  io6i3,  19075,  Saraxme  9938,  9981, 
3oo9,  3o57,  4668,  5395,  7719  (pL  s.),  5ara- 
xins  55i,  i435,  9965,  9568,  9818,  3676, 
3896,  3957,  4659,  4684,  4838,  4938,  4988, 
5336,  5597,  6017,  6917,  6489,  ^^*^*  671s* 
6799,  6905,  7099  (ms.  éd.  Salahadin),  7948, 
7370,  7775,  7960,  8977,  8959,  8966,  9980, 
9839,  9859,  10979,  10978,  io35i,  11161, 
11970,  11990,  ii393,  11660,  11694,  i9ii3, 
19968,  Saramnê  54o7,  11 948  (pL  s.),  gent  ea- 
raxme  9898,  3933,  569i,  5760,  64o6,  6930, 
7353,  7499,  7759,  7936,  iii58,  11493,  gent 
êorazineê  48oo,  11 359,  oet  êorazine  61 63, 
1 0975 ,  Sarrasin ,  sectateur  de  Mahomet;  Ambroise 
emploie  indifféremment  pour  désigner  les  Musul- 
mans les  mots  Saraxine,  Tur»  (voir  Tuac),  paiem 
954,  9993,  7910,  la  patène  gent  4889,  la  gent 
paiene  6660,  io475,  11677,  ^i  gent  Makwnet 
3868,  cela  qui  Deu  meeeraient  9917,  lêi  meêcreanz 
6095,  83oi,  la  gent  tneeereûê  6398,  la  gent  re- 
taiUee  6119;  comme  équivalents  nous  signalerons 
la  gent  haie  3o46,  3i8i,  3496,  3817,  7139,  lee 
genz  hiûee  5697,  79o5,  ii45o,  11647,  /#•  genz 
htriteê  5o,  la  gent  eonfrmr»  5989 ,  Uê  faueee  genz 


566 


LHISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


dêêloem  370&,  la  genl  malditê  6704,  in  gmU  que 
Deui  maudiê  1 1 684 ,  In  gtnt  de  maU  êêlracê  6fl46 , 
la  gmtt  iê  bien  d$iauêê$  67^3,  la  geni  engrtue 
5663,  9670,  l'engrtiêê  geni  êoaz  mêiure  SSai,  la 
paiene  geni  engreêH  63ii,  733o,  76 18,  tenuioee 
gent  engreêêe  6698 ,  la  paenê  geni  detvee  1 08 1  o,  (a 
gent  a  diable  3o66,  lee  genz  de$  diiMee  11096,  le 
poeple  al  diable  636 1,  6369,  li  menbre  al  diable 
8616,  lee  laidee  genz  enenUee  6608 ,  lee  laidee  genz 
brrnieê  'j'^tg^  lee  genz  oeeuree  ti6ikSt  la  gent  troble 
6199,  li  enemi  de  nature  7098,  celé  gent  oltre 
nature  10699,  lee  colverz  36o9,  la  gent  coherte 
Ii568,  le  fane  popk  colvert  7930,  la  dtenaiUe 
3io6,  3633,  3454,  4o39,  56i3,  5836,  6094, 
694i,  638i,  6644,  la  pulailU  5835;  maigre  ces 
injures,  il  rend  plus  d*uoe  fois  hommage  au  cou- 
rage des  Sarrasins. — Le  nom  de  Saraeeni(gt,  £«- 
poMfivot)  est  à  l^ongine  ceiui  d*une  tribu  arabe;  il 
était  arrivé  à  désigner  tous  les  Arabes,  et  ils  se  le 
donnaient  eux-mêmes  au  temps  de  saint  Jér6me, 
qui,  croyant  que  les  Arabes  prétendaient  ainsi 
se  poser  en  descendants  de  Sara,  propose  de  les 
appeler  plutôt  Agareni,  nom  qui  a  été  souvent 
adopté  par  les  écrivains  latins  (et  grecs)  du  moyen 
âge  (voir  Du  Gange,  s.  v.  Saraeeni),  Le  nom  de 
Saraeeni,  en  tant  qu'employé  par  les  chrétiens  oc- 
cidentaux à  partir  des  invasions  musulmanes,  est 
sans  doute  d'origine  érudite,  car  les  Arabes,  qui  se 
le  donnaient  au  iv*  siècle,  semblent  ne  plus  Tavoir 
employé  au  vu*  siècle.  La  date  moderne  du  mot 
Sarazm  en  français  est  attestée  par  le  traitement 
du  c  :  si  le  mot  avait  toujours  vécu  dans  le  latin 
populaire,  on  aurait  earaiein  {eareiein,  saroifin); 
la  forme  earazin,  où  le  x  se  prononçait  dz  et  est 
devenu  e  douce  en  français  moderne,  a  dû  passer 
d*£spagne  d'abord  dans  le  midi,  puis  dans  le  nord 
de  la  France.  Il  serait  inutile  de  donner  ici  l'ana- 
lyse de  lous  les  passages  où  les  Sarrasins  6gurent 
dans  notre  poème;  ce  serait  presque  l'analyser  en 
entier. 

Sabtalik  i3i8,  Satalie,  i'anc.  Attalia,  ville  d'Asie 
Mineure.  Le  (r  gouffre  (golfe)  de  Satalie»,  célèbre  par 
l'agitation  de  la  mer  et  considéré  comme  très 
périlleux  pour  les  navires,  a  été  l'objet  au  moyen 
âge  de  nombreuses  légendes,  qui  remontent  peut- 
être  à  l'antiquilé. 

Sadcbi  :  Sauçai  763,  probablement  Saussey,  canton 
de  Coulances  (Manche).  Voir  Maibu. 

Sébile,  reine  de  Jérusalem.  Voir  Jbbosalim. 


SiB  4714  (L  Qu^iert  coneetabk  de  Seez)^  Sées,  en 
Normandie.  Voir  Jokbab. 

S16OIR  Barré  :  Seguine  Barrez  93o5  (s.),  Seguin 
9307  (r.),  chevalier  de  Richard ,  entre  le  premier 
au  Daron  le  99  mai  1 199. 

Suit.  Voir  Saibt. 

SéRicBAL  (Le)  de  FUmâree,  Voir  FuRBaM. 

SniBS.  Voir  Saisrbs. 

Snruz  4 161  (ms.  son  Ui),  Senlis.  Le  irboutefller  de 
Sentis»  qui  fut  pris  par  les  Sarrasins  le  jour  du 
mariage  de  Conrad  avec  Isabel  de  Jérusalem  était 
Gui  de  Senlis,  bouteiller  de  France  (voir  Hietor. 
de  France,  XVII,  538,  619).  Le  texte  original 
portait  sans  doute  de  Saint  Liz,  suivant  la  forme 
usitée  au  moyen  âge;  le  latin  (p.  i93)  a  cis  Saneto 
Licio. 

SiPOLcai  (La  sutiif)  99,  169,  3939,  7650,  7681 
(rime  avec  Mti«rt),  8385  (de  m.),  10690,  11177* 
11789,  le  Saint  Sépulcre  â  Jérusalem. 

Sirrasiisci  (La)  1111,  la  fête  de  la  Natirité  de  la 
Vierge,  8  septembre;  cf.  lafeete  a  la  glorioee,  La 
mère  Deu,  la  preeiote.  Celé  que  Vonfeit  en  eeiembre 
(6693-6695). 

Six.  Voir  Siis. 

SixiLu  5i4,  566,  65i,  863,  977,  3i63  (rime 
partout  avec  vtïs),  Sicile. 

SioR.  Voir  MosTB  Sior. 

SoB.  Voir  SoB. 

SooBAR.  Voir  Salabadir. 

SuLiB  i3,  56,973,1337,  i36i,  i38i,  1780,1899, 
94i4,  945o,  9494,  9736,  9810,  3999,  3899, 
53o6,  5475,  5565,  6780,  7089,  7377,  7399, 
7943,  7957,  8371,8494,  8594,  8591,  8731, 
8908,  8938,  10970,  19996,  19979,  19999, 
19995,  i93o6,  Syrie,  région  maritime  de  T Asie, 
comprenant  la  Palestine.  La  forme  avec  /  se  re- 
trouve dans  beaucoup  de  textes  français  {Sulian 
déjà  Roi,  3i3i,  3191).  La  Syrie  est  le  théâtre  de 
presque  tout  le  rédt  de  notre  poème. 

SuLiBR  :  SuUen  i3i  (pi.  s.),  Suliene  8096,  8388, 
109 16,  i9o5o,  19179,  19177  (pL  r.),  habitants 
chrétiens  de  la  Syrie,  distingués  des  Francs  (  8096 , 
i9o5o)  ou  des  Latins  (8388,  19179  ss.);  mais 
ailleurs  le  mot  semble  synonyme  de  Maine  (i3i, 
10916). 

Sua  i3o,  1379,  9193,  9587,  9637  (rime  avec  sur), 

9697,  «707»  î»7*9»  «7«9f  •771»  3970,  4io8, 
46i4,  5334,  54i5,  5469,  5471,  5488,  7855, 
7990  (rime  avec  osssiîr),  8991  (rime  avec  i4ffiir), 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES. 


567 


83o9,  83ii,  8876,8/151,  8579,  866i,  8719,  1 
8780,  8861,  8997,  9009,  9010,  90*6,  9071, 
9103  (rime  ayec  Amtr),  9118,  1179/1,  11968, 
Sor  9808,  9767,  9788,  3989,  5o56,  Sur, 
aujourd'hui  Soar,  Tandenne  Tyr,  rille  et  port  de 
Syrie.  Salabadin  Taaiiège  vainement  en  1187 
(  9687  8S.),  grâce  à  la  vaUkoce  de  Coorad,  qui  s'y 
est  jeté,  et  aux  secours  en  argent  envoyés  par 
Henri  II  (1879);  le  roi  Gui  y  arrive  et  se  la  Yoit 
fermer  par  Conrad  (9697  ss.);  il  réunit  devant 
la  ville  une  petite  armée  et  va  de  là  assiéger  Acre 
(9715  ss.),  où  la  flotte,  venue  de  Sur,  le  rejoint 
(8970  as.).  —  Plus  tard,  revenu  à  Sur,  Conrad 
y  arrête  les  vivres  destinés  aux  assiégeants  d*icre 
(liioS  sft.);  il  le  fait  encore  plus  tard  (5669).  — 
Richard  s'y  arrête  en  venant  à  Acre  (9809);  sa 
flotte  y  est  retenue  par  le  vent  (66i&).  —  Sur, 
dans  le  partage  de  11 99 ,  est  attribuée  à  Conrad 


(5o56);  Philippe  s'y  rend  avec  lui  après  la  prise 
d'Acre  (5836);  les  croisés  lui  envoient  deux  fois 
des  messages  poor  le  sommer  de  rejoindre  l'ost 
(56i5  ss.);  beaucoup  de  Français  viennent  re- 
trouver Conrad  à  Sur  (7855).  —  Conrad,  qui  était 
â  Acre,  rerient  à  Sur  en  apprenant  l'arrivée  de 
Richard  (8991;  sur  le  vers  8999,voirABSim);  les 
Français  y  reviennent  â  sa  sommation  (8809  sa.); 
ils  s'y  livrent  à  la  déhanche  (865o  ss.)  ;  Conrad  y 
est  assassiné  au  moment  où  il  vient  de  recevoir  ta 
nonvdle  de  son  élection  comme  roi  ;  la  population 
acclame  Henri  de  Champagne,  qui  épouse  à  Sur 
la  veuve  de  Conrad  (8715  ss.);  Henri  quitte  Sur, 
la  laissant  sous  honne  garde  (907 1).  Au  vers  66i5 . 
il  faut  lire  Anur  (voir  ce  mot). —  L'archevêque  qui 
rin  t  de  Sur  en  France ,  envoyé  par  les  Syriens  (180), 
est  le  célèbre  Guillaume  de  Tyr,  qui  mourut  peu 
après. 


Taisson.  Voir  Riol. 

Talibot.  Voir  Gislibiit. 

Tarcakvils  6716,  Tancarville,  cantde  Saint-Romain 
(Seine-Inférieure).  Le  (r chambellan  de  TancarriHe» 
mentionné  comme  étant  arrivé  au  siège  d'Acre 
après  les  deux  rois  est  Guillaume  II,  sur  lequel 
voyez  la  note  de  M.  Paul  Meyer  (GuUUnune  Is  Mth 
réchal,  L  III,  p.  18).  Le  latin,  comme  le  français, 
omet  son  nom  (p.  917).  Les  seigneurs  de  Tancar- 
ville étaient  chambellans  héréditaires  de  Normandie. 

TARcsé  10671  (r.),  l'un  des  héros  de  la  première 
croisade. 

TAifcaé  519,  991,  969  (r.),  Tanertz  588,  891  (s.), 
Tancré,  roi  de  Sicile,  a  des  dissentiments  avec 
Richard  et  finit  par  conclure  un  traité  avec  hii. 
Tancré,  fils  naturel  d'un  fils  du  roi  Roger,  se  fit 
rt>uronner  à  la  mort  de  Guillaume  H,  mdgré  les 
droits  de  Constance,  fille  de  Guillaume  I*'  et 
femme  de  l'empereur  Henri  VI;  il  mourut  en 
1196,  avant  l'expédilion  que  fit  Henri  pour  reven- 
diquer le  royaume. 

TlDBAD.  Voir  TiBBAOT. 

Tei  in^.  ArirRAOP. 

Tbmplb  (Le)  97,  8099,  8081,  6755,  5969,  6698, 

7988,  7769,  9190, 10965  (r.),  U  TempUê  9969, 

5866,  6069,  6167  (s.),  1$  Tempk  95o9,  6o65, 

9899  (s.),  le  Temple,  le  Temple  de  Jérusalem, 


perdu  en  1187  (97);  l'ordre  du  Temple.  Voir 
Tbmpuibs. 
Tbhplibbs  7997,  7806,  10199,  10918,  10769, 
iii65,  11788  (pL  r.),  TrnnpUn  7959,  7977 
(pL  s.),  7«iiip/t8r  7918,  7965,  7691,  10981 
(pi.  s.),  Têti^lm'  9988,  6911,  7957  (pi.  s.). 
Templiers,  firères  de  l'ordre  du  Temple.  Le  Temple 
perd  en  1187  Jaquelin  de  Mailli,  un  de  ses 
meilleurs  chevaliers  (95o9).  —  Les  Templiers,  au 
siège  d'Acre,  campent  sur  le  rivage  le  6  octobre 
1 189,  près  des  Hospitaliers,  et  chargent  avec  eux 
(9969,  9988);  le  maître  du  Temple  (voir  Gi- 
rard de  Bidêford)  meurt  héroïquement  dans  ce 
combat  (8099  as.);  les  Templiers  font  l'arrière- 
garde  au  combat  du  18  novembre  1190  (6o65); 
ib  ont  une  pierrière  à  eux  (6755).  —  Au  départ 
de  Caïphas,  le  97  août  1191,  les  Templiers  font 
l'arrière-garde  (5866),  et  de  même  le  3o  aoât 
(5969)  et  le  8 septembre  (6069);  le  7  septembre, 
lors  de  la  marche  sur  Arsur,  ils  font  l'avant-garde 
(  61 67  )  ;  le  .8  septembre ,  ils  vont  sur  le  champ  de 
bataille  rechercher  le  corps  de  Jacques  d'Aveswv 
(6698);  le  10,  ils  font  l'arrière-garde  (6911). — 
Ib  rebAtissentle  Casai  des  Plains  (7918);  le  6  no- 
vembre ,  ib  sont  surpris  par  les  Turcs  et  se  défendent 
vailbmment  (7988  ss.)  ;  dans  le  conseil  tenu  en  dé- 
cembre ,  ib  sont  d*avb  de  renoncer  au  riège  de  iéni- 


5i 


568 


^HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


Mien  (7690»  7769).  —  lit  ayaîeat  acheté  Cliypre 
à  Bicliard,  um  \e  marcbé  foi  résilié  (91S0).  — 
Le  1  s  juin  1 1 91 ,  ik  viemieDt  ao  teeoiiii  des  Fran- 
çais lurpris  (9899);  eo  juio  ii9fl,leiirt  dél^;iiés 
opîneot  de  noovean  pour  Fabandoo  de  la  marche 
MIT  Jémsalem  (loaiS  tk);  ea  jofllet,  ib  sont 
chargé»  avec  les  HofpilaHera  de  détruire  le  Daroo 
(10769);  beaucoup  d^eotre  eux  parlent  avec  Ri- 
chard, le  l'août,  pour  aeeourir  Jafle  (10981); 
Richard,  qui  avait  une  preniière  fois  pris  congé 
d'eux  (10945),  ief  adjure,  mais  auan  inutilement 
que  les  autres,  d*afler  défendre  Eicaione  (1 1 733). 
—  ib  avaient  â  Jaffe  une  maison  sur  le  rempart , 
par  oà  Richard  pénétra  dans  la  ville  (1 1 167  ). 

Tiuu.  Voir  TiiBBi. 

TisfOR.  Voir  Raoop. 

TiABABii  i536,  a538,  9566,  «735,  Tkëbmê 
1661,  Tabarifî,  ranrienne  Hbériade,  aujourd'hui 
Tabariéh,  ville  de  Syrie,  près  de  laqudle  le  roi 
Oui  foi  battu  par  Salahadin  le  4  juillet  1 1 87. 

TlIlBADT.  Voir  TlIBAOT. 

Tionii.  Voir  Tonri. 

TloaiL  dd  MêmiU  Zhgt  (s.),  tué  le  a5  juin  1190. 

TioaoM,  Tkoron,  Thonm.  Voir  Toaov. 

TiiBAUT  :  Têdltad  35ii  (s.),  Tibaud  V,  comte  de 
Blois;  il  arrive  è  Acra  en  aoôt  1190  et  meurt 
deux  mois  après. 

TniAOT  :  Thitbauz  de  TVsîcs  10999  (s.),  Tibaud  de 
Troies,  hardi  et  preux,  serviteur  de  père  en  fils  du 
comte  Henri,  est  un  des  otages  donnés  aux  Sarra- 
sins en  1 199  par  les  défenseurs  de  Jaffe. 

Tiiis.  Voir  Hmai. 

TUrri  de  Mantfauam,  Voir  Risiaçoir. 

Tnaai  ^Orqmê  :  Tmri  9967,  9997  (r.),  chevalier 
manceau,  combat  le  17  juin  1 19a  et  est  renversé. 
Voir  RiciABT. 

TiFfAiRi(La)776i,rÉpiphanieouThéophanie,  6jan- 
rier. 

TiBiraiiB.  Voir  Pibbb. 

ToiBi  6175,  Tkoêni  4708,  Toêniê  1047a  (rime  avec 
Mais),  Tosni,  cant  de  Gaillon  (Eure).  Voir  Rogibb. 

ToBRBBO.  Cest  ainsi  qu'il  faut  lire  pour  Cornêbu  4709. 
Il  s'agit  du  diâleau  de  Toumebu,  com.  d'Âubevoie, 
cant  de  (laillon  (Eure).  Les  frères  de  Tomebu 
dont  parie  Arobroise  Mot  peut-être  les  mêmes  que 
Jean,  Richard  et  Thomas  de  Tomebu,  mentionnés 
au  commencement  du  xiu*  siècle  parmi  les  vassaux 
normands  de  Philippe  II  (»tifor.  d$Fr.,i.  XXIII , 
p.  619,  685,  695).  II  est  singulier  que  la  fiiute 


de  notre  manuacrit  se  retrouve  dans  la  traduction 
latine  de  Richard  de  la  Sainte-Trinité,  qui  donne 
Cemtfm  ou  Cormèky  (p.  «17);  mais  la  correction 
est  d'autant  moins  douteuse  qu'il  n'existe  en  France , 
comme  Ta  consiaté  M.  Loognon,  aucune  désigna- 
tion toponymique  répondant  à  Cormbu* 

ToBBBiAii  8705,  Tumham  Grean,  près  de  Londres. 
Voir  EsTiBBB. 

Tobob:  ToriM  a8i6,  Tkarm  a83i,  9877,  9890, 
1979,  3 149,  Tkonm  9787,  T%oram  9786  (rime 
avec  avrom),  le  Toron,  éminence  devant  Acre, 
occupée  par  Gui  de  Lusignan  le  98  août  1 189,  et 
attaquée  par  les  Turcs;  les  chrétiens  en  descendent 
bientôt,  mais  le  roi  Gui  y  reste  campé  pendant  le 
siège.  Toron  est  originairement  un  nom  oonunun , 
encore  usité  aujounThui  dans  l'est  de  la  France; 
â  a  senri  â  désigner  en  Syrie  pluâeun  localités. 

Tobob  (La)  :  Tkonm  4119,  6858,  TWiim  9498, 
Tîbnln,prèsdeJérusalem, d'après Stnbbs (p.  468). 
Sidahadin  ordonne  de  le  détruire  en  1191.  «Il 
est  probable  que  ce  Toron  est  le  même  que  le  To- 
ron des  Ghevalien  :  Tibnin  est  trep  bin  de  Jéru- 
salem. —  G.-G.9  Voir  Haihpbbi. 

Tobob  (La)  10857,  U  Tkoron  10868,  io883, 10887, 
10915,  10964,  iio55,  iio58,  éminence  près  de 
Jaffe. 

Tobob  (La)  as  Qmaiiên,  le  Tkoron  746a,  755i, 
7613,  9809,  11909,  LatroAn  00  mieux  Natroûo 
(voir  Rêcuêil  ^arekéol.  or.,  p.  877),  château  près 
d'Emmaûs»  appartenant  autrefois  aux  Hospitaliers. 

ToBB  :  Turt  3o3,  394,  Toun;  Richard  y  séjourne 
avant  son  départ. 

ToBTOSB  :  Tortuêê  9i35,  Turtuêê  9618,  aoj.  Tar- 
toûs,  ville  et  port  de  Syrie,  entre  Margat  et  Triple, 
sur  mor  tmrmmtuoê  (9186),  et  formant  une  lie 
(Rouad,  l'antique  Aradus)  oiii  le  roi  Gui,  ayant 
promis  de  quitter  la  terre  de  Syrie,  se  réfugie  en 
1187  (96i3);  Richard  paase  devant  en  allant  à 
Acre  (ai 35). 

Toc  Saibs  (La)  :  la  toz  mnz  7909,  7985,  la  fuU 
tôt  «amir3i9i,  3i43,  lafmU  a  toi  bf  somt  3i8o, 
la  Tousaaint  (i**  novembre). 

ToiBLBis  (Lt)  4795  (pi.  s.),  «chevaliers  hardis  et 
courtois»,  arrivent  à  Acre  en  juin  1191.  Le  latin 
porte  (p.  917)  militêê  agnommoH  Torolonêêê,  Nous 
ne  savons  identifier  ni  Tun  ni  l'autre  de  ces  noms . 

Tbabsiobibbs  7991  (rime  avec  %iiast),  8653  (id.), 
Traxigoies,  en  Belgique.  Voir  Otob. 

Tbbibs  10980,  Troies  en  Champagne.  Voir  Tibuut. 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES. 


569 


Trib  1  i3,  Trie-Château  (Oise);  entre  Gisore  et  Trie 
a  lieu  en  1187  Tentrerue  de  Philippe  de  France 
et  de  Henri  d*Angleterre. 

Tain  a  137,  a653,  aASg,  a5o7  (rime  avec  1^), 
956 1,  a6i3,  a655,  9686,  9709,  Triple «aaj.  Tri- 
poli de  Syrie,  l^anc  Tripolis,  rille  et  port  de  Syrie; 
le  roi  Gui  y  retrouve  sa  femme  en  1187  (9093), 
y  revient  plus  tard  (9655),  et  y  est  rejoint  par  son 
frère  (9709);  Richard  passe  devant  en  allant  à 
Acre  (9137).  Voir  Riiaoïrr. 

Tristkaii  6189  (r.),  héros  de  célèbres  romans. 

Tbossibot.  Voir  Robbbt. 

TcBc  58o9,  6069,  6916,  7569,  9698,  99B1, 
10070  (sg.  r.),  Turê  6967,  6669,  9998,  io63i, 
1166A,  Turc  5657,  6870  (sg.  s.),  Turc  6985, 
5i59,  5199,  5911,  5966,  5566,  56A7,  5895, 
6099,  6073,  6919,  6399,  6/Î90,  65o9,  6755, 
7109,  7116,  7195,  7169,  79i4,  7991,  7169, 
7310,  7436,  7517,  7548,  7618,  7700,  7738, 
7809,  7809,  8117,  9016,  9170,  9183,  9916, 
9968,9611,9659,  9739,9983,  10009,  »o356, 
io368,  10386,  10619,  10608,  io863,  ioS5i, 
io853,  10888, 11063,  11079, ii65i,  ]i5o3, 
11599,11575,  11693,  11677,  11790  (pL  8.), 
^«f'999&  (pl-8.),  7ttr«  6600, 6696,701 3 (pi.  s.), 
Turê  6973,  5918,  5639,  5539,  5536,  5635, 
5796,  5807,  ^9^^ y  6o56,  6060,  6908,  6363, 
6368,  6616,  6696,  6656,  6693,  65i3,  6769, 
6898,  7i58,  7171,  7906,  7816,  7631,  7639, 
7685,  7697,  7561,  7619,  7739,  7968,  7969, 
7961,  8196,  8199,  8693,  8969,  9195,  9938, 


9966, 9357, 9613, 9786,  9889,  10019, 10063, 
ioo56,  ioo58,  10177,  ^o^sif  10395,  10&08, 
10666,  10660,  io5o3,  io56i,  10795^  10997, 
iii53,  11189,  ii366,  ii383,  11687,  i^^^* 
11596,  11536,  11537,  ii566,  ii583,  11687, 
ii663,  ii966,(pLr.),  7«res 6963, 5011,6996, 
6558, 6689 , 8698, 9865, 1 1 960, 11966,1 1969, 
(pi.  8.)^  Turc;  la  bonne  forme  est  >:  sg.  a.*  Tmn, 
r.  Ture;  pi.  s.  Turc,  r.  Tiirs.  Les  Turcs  dans 
notre  poème  ne  sont  pas  distingués  des  Sarrasins  : 
voir  par  conséquent  les  remarques  faites  sur  ce  mot. 

ToacoPLB  :  Turcoplêi  1999  (sg.  s.),  TureopUi  6699, 
10869,  io366,  10606,  Turcople.  On  q>pelait 
ainsi  originairement  les  fils  d*un  père  turc  et  d*une 
mère  chrétienne,  en  grec  TovpxihfovXa;  ces  métis 
formaient  déjà  une  classe  particulière  de  la  popu- 
lation de  Syrie  au  moment  de  la  première  croisade 
(  voir  les  textes  de  Raimond  d^Aguilhe  et  d* Albert 
d*Aix  cités  dans  Bu  Gange).  Plus  tard  ils  paraissent 
avoir  spédalement  fourni  des  troupes  de  cavalerie 
légère,  combattant  à  la  manière  des  Turcs.  Dans 
notre  poème,  ib  ont  déjà  ce  rôle  (voir  1991, 
6699,  10606);  deux  sergents  Turcoples  se  dé- 
guisent en  Bédouins  pour  épier  une  caravane 
(io36i  ss.). 

Tdbqubmabs  9853,  Turcomans,  Turcs  nomades  (voir 
Hiêlor.  oc€,  dêê  CroU,,  t.  II,  p.  635);  on  prend  de 
(r  beaux  Turcomans»  avec  une  caravane. 

Tuas.  Voir  Toas,  Tqbc. 

Tdbtusb.  Voir  Tobtosb. 

Ttois.  Voir  Tibis. 


Vbbib  (Bbl).  Voir  Bbl  Vbbib. 

Vbnbtibrs  5o3  (pi.  s.),  Fenstsisn  9089  (pi.  s.),  Véni- 
tiens. Des  Vénitiens  font  partie  de  Tarmée  du  roi 
Gui  k  la  bataille  dé  Tabarie  en  1187  (9539); 
beaucoup  de  croisés  vont  s*embarquer  a  au  port  des 
Vénitiens»  (5o3). 

Vbrisb  8169,  Venise. 

Vbbcblai  986,  363,  Fartefat  867,  365,  876,  Vételai 
(Yonne).  Les  rois  de  France  et  d'Angleterre  y 
tiennent  une  grande  assemblée  avant  leur  départ, 
en  juin  1190. 

Vbbdur  :  Verdon  6796  (rime  avec  CkoiUldon)^  Ver- 
dun. Voir  Bbbtbar. 

Vbbobb  3i3i  (rime  avec  |>rodoma) ,  6691  (rime  avec 


coroiM  ),  Vérone.  L'évéque  de  Vérone,  qui  n*est  pas 
plus  nommé  dans  le  latin  (p.  73«  1 35)  qu*iei,  était 
Adelardo  Gattaneo,  évoque  en  1188,  qui  résigna 
en  19 16,  devint  cardinal  et  mourut  en  1998.  U 
arrive  k  Acre  en  1189  (3^^^);  '^  prêche  avec  élo- 
quence lors  de  la  disette  de  1190  (6691). 

VuiBBs  1916;  ce  nom,  que  le  latin  (p.  177)  n*a 
pas  traduit,  semble,  diaprés  le  contexte,  désigner 
le  cap  Spartivento,  à  Textréme  pointe  orientale  de 
U  Galabre. 

ViANB  9953  (rime  avec  cortitHiiia) ,  Vienne-le-Ghl- 
teau,  cant.  de  Ville -sur -Tourbe  (Marne).  Voir 
Fbbbi. 

ViBiL(La)dsMof<M;/i  FOf  8816  (s.),2i  Ft(» 8819(8.), 

5i. 


570 


UHISTOIHE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


U  VMt  883 1,  le  Vieux  de  Gadamoûs  ou  de  la 
Montagne;  il  élève  des  fanatiques  qu'il  envoie  as- 
sassÎDer  ceux  à  qui  il  en  veut  (^819);  il  en  en- 
voie deux  tuer  Conrad  de  Montferrat  (8879  ss.); 
on  accuse  à  tort  Richard  de  Tavoir  soudoyé  pour 
cela  (8879  ss.).  Voir  Haosasis.  —  Le  Vieux  de  la 
Montagne  qui  fit  tuer  Conrad  est  le  célèbre  Ras- 
chid-ad-dln  Sinfln,  qui  t'était  soustrait,  en  Syrie, 
à  Tobédience  du  chef  des  Ismaéliens  établi  en  Perse , 


et  qui  mourut  lui-même  en  1 199.  (Voir  l'article 
ÀMêaums,  par  St.  Guyard,  dans  Y  Encyclopédie  de» 
icienca  religiêuiei  de  M.  Uchtenbei^ger.)  Le  nom 
de  Vieux  de  Mouse  pour  Vieox  de  la  Montagne  ne 
se  trouve,  à  notre  connaissance,  en  dehors  de  notre 
texte  et  de  Vhm$rmium  Ricardi  {Scmar  de  Muae, 
p.  339),  que  dans  les  lettres  du  roi  Henri  III  d'An- 
gleterre, de  ia38,  citées  par  Du  Cange  (s.  v.  59- 
nex)  :  Vêtui  de  Muua. 


w 


Wakilir.  Voir  Guadooeliii. 

Wasooil  1 1 66 ,  Vascœuil  (  Eure  )  ;  les  formes  anciennes 
de  ce  nom  ont  le  plus  souvent  WonGuk  l'initiale , 


mab  à  partir  du  xif*  siècle  on  ne  trouve  que  F. 
Voir  GisuiiBT. 
WnuMS.  Voir  Gdillaumi. 


Ybiuh.  Voir  Ibiur. 

Yhiibt  {Caid),  Voir  Casbl  Ymbbrt. 


Ypbb  6606,  Ypres,  dans  les  Pays-Bas,  mentionné 
uniquement  pour  rimer  avec  C^e. 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS- 


TEXTE. 

V.  98-9 &  :  maisnée,  raisnée,  Ure  maisnee,  raisaee. 

V.  1&9  :  peise,  corriger  peisse  {voir  au  Glouairt), 

Manchette  en  r^^ard  du  v.  191  :  3  sept.,  /•  5  sept. 

V.  996-997  :  corr.  E  de  Bretaigne  e  de  Peitou,  E  de  Berri  e  de  Guascoigne.  //  s  agit  en  effet  ici  des 

vassaux  de  Richard,  et  la  Bourgogne  ne  dépendait  pas  de  hU,  tandis  que  la  Gascogne  ne  doit  pas 

être  omise. 
Manchette  en  regard  du  v.  9&5  :  Lion-sur-Mer,  /.  lions-Ia-Porét  {voir  à  la  Table  des  noms  propres). 
V.  3o9-393  :  marquer  un  paragraphe. 
V.  435  :  Tôt,  corr.  Fet  {voir  Introd.,  p.  ir,  n.). 
V.  486 ,  var.  :  supprimer  ourer. 
V.  54i  :  Que  li  reis,  corr.  Ki  le  rei  {voir  p.Sâi,  n.  9  ). 
V.  599  :  corr.  Qu'itels  reis  si  deveit. 
V.  698  :  noise,  corr.  vile  {voir p.  3àS  et  Introd., p.  iv,  n.). 
V.  698  :  jor,  /.  lor  {voir  Introd.,  p.  iv,  ».). 
V.  779  :  les  paieis,  corr.  le  paieis  {voir  p.  3àà,  n.  1). 
V.  791  :  Lor,  /.  Lors. 

V.  864  :  suppr.  la  virg.  après  comune  {voir  p.  SAS,  n.  1). 
V.  878  :  corr.  E  de  mult  très  grant  seignorage  {voir  Introd.,  p.  w,  n.). 
V.  918  :  acordee,  corr.  recordee  {voir p.  SùS,  ».  a). 
V.  976-976  :  voir  p.  3â6,  n.,  et  Introd.,  p.  v,  n. 
V.  1117  :  Que,  corr.  Qui. 
V.  1994  :  /.  avec  le  ms.  qui  i  furent. 
V.  i3i  3  :  marquer  un  paragraphe. 
V.  i33o  :  le  dota,  corr.  se  dota. 

V.  1 4 1 5  :  Rodiers ,  corr.  Rogiers  {voir  à  la  Table  des  noms  propres  ). 
V.  1499  :  grant,  corr.  granz. 
V.  1693  :  la  var.  porte  à  tort  1893. 
V.  1899  :  amont,  /.  a  mont. 
V.  1903-1 90G  :  corr.  Ne  il  nedeignast  pas  s  emprise  Laissier  devant  qu*il  Teust  prise,  Por  ço  8*il 

haster  le  veneient.  Qui  en  grant  estai  le  teneient  {voir  p.  355,  n.,  et  au  Glossaire,  s.  v.  Estai). 
V.  1967  :  L'une  ost  ala  a  Ebetines,  corr.  L'une  osi  en  ala  a  Chenues,  et  à  la  manchette  l.  Chmnes 

pour  Rétines  {voir  p.  356,  n.). 
V.  1977  :  atant,  /.  a  tant. 
V.  9179  :  A  tons,  mêles,  corr.  A  torx,  a  ruele. 


572 


^HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


V.  aiga  :  eorr.  Cil  distrent  qu*erent  Geneveis  {voir  p.  358,  ».  a.) 
y.  9ig&  :  Atant,  /.  A  tant. 
V.  99 3 1  :  de  80Z,  /•  desoz. 

V.  9&98  :  Raimfiroiz,  eorr.  Haimfroû  {voir  à  la  Tabk  des  noms  propres). 
V.  9537-9538  :  intervertir  ces  deux  vers, 
V.  955o  :  lor  fist  beivre,  eorr.  Tost  fist  seivre  {voir  au  Ghssaire). 
V.  9566  :  de  joste,  /.  dejoate.  -■  - 

V.  9589  :  presque,  /.  près  que. 
V.  9687  :  aveir,  /.  a  veir. 
V.  9701  :  atant,  /.  a  tant 
V.  9716  :  nel  sufferreit,  eorr.  se  sufferreit 

V.  9773  :  le  pais  Canddion,  eorr,  le  pas  de  Candelion  {voir  à  la  Tahk  des  noms  propres,  ou  il  faut 
eorriger  93o9  ^^  ^YT^)* 


V.  98i5 
V.  9893 
V.  98&5 
V.  9930 
V.  9971 

V.  3099 

V.  3071 
V.  3087 
V.  39i3 
V.  3956 
V.  3989 
V.  33&9 
V.  3343 
V.  3498 
V.  3548 

V.  3574 

V.  3699 
V.  3636 


marquer  un  paragraphe  et  ajouter  après  la  tnanchette  :  Itmer,  Rie.,  I,  imi, 

tierc,  /.  tierç. 

marquer  un  paragraphe  et  mettre  en  manchette  :  Itiner.  Rie.,  I,  iivm, 

desfaiz,  /.  desfraiz  (voir  Introd,,p.  y,  n.). 

supprimer  la  mand^ette, 

dans  la  manchette,  supprimer  le  mot  quand. 

le,  /.  lé. 

dans  la  manchette,  jh^  L  xxui. 

tanz,  eorr,  tant  {voir  Introd, ,  p,  lui). 

d  la  var,,  l,  3^56  pour  3955. 

qni,  /.  qui. 

De  si,  /.  Desi. 

transporter  la  manchette  en  regard  du  v.  33ù5. 

por,  eorr.  par. 

aval,  /.  a  val. 

Si  que  oltre  Tauberc,  eorr.  Si  qu'oltre  le  hauberc  {voir  le  Ghssaire  au  mot  Hausbere). 

à  la  manchette,  17  b.,  /.  97  b. 

lire  ainsi  a  la  var,  pour  8636. 


V.  3683-3684  :  intervertir  {voir  p.  3'jà,  ».). 

V.  3704  :  desloees,  eorr.  desleiees  {voir  Introd.,  p.  un). 

V.  3893  :  atant,  /.  a  tant. 

V.  3897  :  Haust,  1.  haust. 

V.  3907  :  Octobre,  Setenibre,  /.  octobre,  setembre. 

V.  3959  :  non  poables,  /.  nonpoables  {voir  au  Glossaire). 

V.  4o48  :  Mai,  /.  mai. 

V.  4iii  :  marquer  un  paragraphe, 

V.  4i  19-4191  :  Raimfrei,  eorr.  tisiunîrei  {voir  ci-destus  au  v.  aiaS), 

V.  4174  :  Suppr,  la  virg.,  et  au  v.  suiv.  eorr.  Que  il  fud  a  Sur  de  vitaille. 

V.  4934  :  /.  Si  Tachatoient  encor  chier. 

V.  4969  :  naiol,  eorr,  noot 

V.  4975  :  ne  repassoient,  eorr.  ki  respasaoient  {voir  Introd. ,  p.  iiixir,  n,  9). 

V.  4976  :  Quant  il,  eorr,  E  quant 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 


573 


V.  4391 
V.  66a3 
V.  â/i38 
V.  4497 
V.  46i3 
V.  4677 
V.  4709 
V.  4719 
V.  4714 
V. 4863 
V.  4965 
V.  5o39 
V.  5i49 
V.  6171 
V.  Sad4 
V.  53o3 

V.  5317 

V.  53d9 
V.  536o 
V.  54i5, 
V.  553o 

V.  5570 
V.  5595 

V.  56a5 
V.  5690 
V.  5760 
V.  5776 
V.  58i5 
V.  5895 
V.  5909 
V.  5931 
V.  6o35 
V.  6o36 
V.  6195 
V.  6147 
V.  6179 
V.  6i83 
V.  6194 
V.  6901 
V.  6907 
V.  69i4 
V.  653o 
V-66i5 
V.  6677 
V.  6680 


aj\  puis  i^n^  Mais. 
virgule  au  Ueu  de  point  et  virguh. 

avères,  earr,  entières  {voir  m  Ghsêoire  et  à  flntrod. ,  p.  rrvi  ). 
embati,  emr.  abad  {voir  au  Glouaire) . 
d^arsor,  /.  d*Arsur. 
atant,  /.  a  tant. 

Coraebu,  eorr,  Toraebu  {voir  à  la  Table  des  noms  propres  ). 
nem^abroc,  /.  ne  Di*atroc  {voir  au  Glossaire). 
Ses,  eorr.  Sees  {voir  à  la  Table  des  noms  propres), 
\e;,tfnr.  les. 

4966  :  abandonrrent,  trenchierent,  eorr,  abandonouent,  trenchoueot  {voir  Introd.  p.  ixvi). 
fait,  eorr.  feite. 

Tamulaine,  /.  la  Malaine  {voir  à  la  Table  des  noms  propres). 
ferait,  /.  fereit. 

à  la  fnanchette,  l.  1 190  pour  1191. 
/.  ainsi  à  la  var,  pour  33o3. 
ainçoïs,  /.  ainçois. 

eorr.  E  li  rois  fist  le  serement  {voir  Introd.,  p.  zvii,  n.  1). 
virgule  après  cust. 

a  la  manekette  :  Robert  de  Dreux,  /.  Robei*t  de  Leicester;  Préals,  /.  Préaux, 
des  lor,  eorr.  des  nos  {cf.  la  traduetùm,  p.  3g3  ). 
Aust,  /.  anst. 

cera,  eorr.  fers  {voir  Introd.,  p.  un,  n,  1). 
qui,  eorr,  quin. 
une,  /.  vive. 
Sarazine,  /.  sarazine. 

s'encombatirent,  /.  s'escombatirent  {voir  au  Glossaire  ). 

suppr,  le  point  et  virg.  et  l,  au  vers  suiv,  E  cisternes  pour  Es  cisternes  {rf.la  traduction,  p,3g6). 
de  lor  gre  ruierent,  /.  del  lor  guaaignierent  et  suppr.  la  var,  {cf.  p.  Sg6,  n.  1  ), 
s'escrio,  /.  s'escribt. 
casel,  /.  Casel. 
mort,  /.  Mort, 
saraziu,  /.  Sarazin. 
marquer  un  paragraphe. 
Fanz  guarde,  /.  Taniguarde. 

terre,  eorr,  guerre  {voir  Borriz  à  la  Table  des  noms  propres). 
de,  eorr,  des. 

tozjorz,  enooste,  /.  toz  jorz,  en  coste. 
marquer  un  paragraphe. 
en  costé ,  /.  en  coste. 

embraçant,  eorr,  embraiant  {voir  au  Glossaire  ). 
abaisser  le  chiffre  d'une  ligne. 

eorr.  Jusqu'à  Arsur  ou  descendirent,  et  à  la  var,  a  sur  {voir  à  la  Table  des  noms  propres), 
eorr.  Qui  en  aveit  ja  esgnardë  {voir  Introd.,  p.  r,  n.). 
eorr,  Quil  teneit  a  son,  non  a  nostre  {cf.  Introd,,  p,  r,  n.). 


574 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


V.  6686 
V.  6688 
V.  6695 
V.  6780 
V.  68^9 
V.  6870 
V.  69*0 
V.  6968 
V.  6999 
V.  7061 
V.  7087 
V.  709^ 
V.  7193 
V.  7181 
V.  7306 
V.  7379 
V.  74«a 
V.  7464 
V.  7498 
V.  7679 
V.  77«o 
V.  7781 
V.  7988 


se  traveiilerent,  earr.  traveille  erent,  et  à  la  var.  traveiilerent  {voir  Inirod.,  p.  un), 

voidront,  /.  voldrent 

Setembre,  /.  setembre. 

/.  aifui  à  la  var.  pour  6789. 

E  bites,  eorr.  Faites  {voir  Fiibr  à  la  Table  des  noms  propres). 

aj\  en  manchette  :  Itiner.  Rie,,  IV,  11  iv, 

écrire  ainsi  le  chiffre  pour  8940. 

a  pienle,  corr.  a  plentez  {voir  Inirod,, p.  lui), 

rovoient,  corr,  vooient  (?)  {voir  au  Glossaire  et  p.  âo8),  . 

Setembre,  /.  setembre. 

d  la  manchette,  L  de  Préaux  pour  des  Préaux. 

Qu*iert  aiez  Salahadin ,  /.  Qui  ert  alez  Sarazins  {voir  p,  âog ,  n,  )• 

/.  e  dist  sarrazineis. 

case],  /.  CaseL 

point  au  Heu  de  virgule. 

suppr.  la  et  la  var.  {voir  Proosement  au  Glossaire). 

Sarazine,  /.  sarazine. 

parmi ,  /.  par  mi. 

suppr»  la  virgule, 

es^corr.  d  {voir  p.  iii^  n.  1). 

casel,  /.  Casd. 

casd,  /.  Case]  et  suppr.  la  virgule. 

l.  ainsi  à  la  var,  pour  7898. 
V.  7953-79S4  :  prendre,  esprendre,  corr,  perdre,  esperdre  {voir  au  Glossaire), 
V.  7965  :  Soidan,  /.  soldan. 
V.  8189  :  d  la  manchette,  L  Bugaespour  Hem*i. 

V.  8999  :  corr.  Que  iud  adonc  )i  vens  d^Arsur  {ef,  9.r  iSiS  et  p,  ù^t,  n,  1). 
V.  894o  :  casel,  /.  Casd. 
V.  8958-8954  :  intervertir, 
V.  8971  :  Ticrc,  /.  Tierç. 

V.  8899  :  corr.  Revint  li  reis  a  Tost  ariere  {voirp,  iaû,n.  1). 
V.  849S  :  corr.  Refu  par  Godefrei  conquise  (?). 

V.  855 o  :  /.  Que  les  seremenz  del  limage,  et  d  la  var.  sermenz  {voir  Introd,,  p,  un,  n.  1  )• 
V.  8559  :  d  la  var.  écrire  ainsi  pour  8859,  et  placer  ce  vers  avant  855o. 
V.  8799  :  Dirent,  corr.  Dire  {voirp.  iaS,  ».  1). 
V.  8866  :  menèrent,  corr.  merrerent  {voir  au  Glossaire). 
V.  8909  :  virgule  après  envoierent,  et  au  v,  suiv.  corr.  Tant  en  Dont 
V.  8969  :  Nen,  corr.  Ne. 

V.  8971-8979  :  placer  un  point  après  borne  et  suppr.  la  vhg.  après  foi. 
V.  9197-9198  :  intervertir  {voir  p,  i3t,  n.  s). 
V.  9901-9909  :  intervertir. 
V.  9918  :  virgule, 

V.  9974  :  (ensant,  corr.  tesant  {voir  au  Glossaire). 
V.  9991  :  qu'en,  corr.  que  {voirp.  iSs ,n.ù). 
V.  9808  :  lierc,  /.  tierç. 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS.  575 

V.  c)3i3  :  Estiene,  /.  L'Estieue  {cf,  v.  gSi^). 

V.  9609  :  à  la  manehette,  L  xciy  /joair  lxiv. 

V.  9536  :  QuH,  eorr,  Qu'els. 

V*  95â6,  9551,  9696  :  tozjorz,  /.  toz  jors. 

V.  961 1  :  /.  De  Haltefort ,  tt  àla  tar.  haltfort  (fx>ir  à  la  Tabh  des  noms  propres). 

V.  9699  :  barons,  corr.  p.-é.  bailles  {voir  p.  i36,  n.). 

V.  9789  :  à  la  manehette,  /.  à  la  Blanchegarde. 

V.  9788  :  S'estendi,  corr.  Se  tendi. 

V.  9835  :  marquer  v»  paragraphe. 

V.  9837  :  virgule  au  Keu  de  point  et  virgule. 

V.  9837  :  suppr.  le  point. 

V.  9885 ,  9886  :  virgule  après  chaque  vers. 

V.  looâi  :  estor,  corr,  estai  (voir  au  Glossaire). 

V.  10197  :  Taobe,  corr.  Tabë  {voir  p.  iii,  n.  i). 

V.  10199  :  Qui,  eorr.  Nos  {voir  p.  iiî,  n.  3). 

V.  i09o/ï  :  loreie,  corr.  loereîe  {voir  Introd.,  p.  ilyii). 

V.  10910-1091 1  :  /.  Si  ne  nos  descorderons  pas C*nnques  genz  tant  nés  descorderenU 

V.  10919  :  /.  Qni  en  lor  seremenz  {voir  Introd.,  p,  ivu,  n.  1). 

V.  10966  :  Tasegissent,  corr,  laseissent. 

V.  10996  :  tierc,  /.  tierç. 

V.  10399  :  marquer  un  paragraphe. 

V.  10&35  :  Teinssent,  corr.  Teisent  {voir  Teser  au  Glossaire). 

V.  ioâ&3  :  tozjorz,  /.  tozjorz. 

V.  10&8&  :  tierc,  /.  tierç. 

V.  10600-10601  :  tnettre  après  le  v.  10601  la  virg.  qui  est  après  le  v.  10600. 

V.  io653  :  Henri,  corr.  Hugues  {voir  p.  ii6,  n.,  et  à  la  Table  des  noms  prières). 

V.  10807  :  demeinche,  corr.  diemeinche  {voir  au  Glossaire). 

V.  10809  :  corr.  Fud  a  Jaffe  Tost  atravee  {voir  Atraver  au  Glossaire). 

V.  io853  :  tozjorz,  /.  toz  jorz. 

V.  10939  :  desfestivee,  corr.  desfestuee  {voir  au  Glossaire). 

V.  10993  :  des  Ornes,  corr.  de  Homez  (roîr  à  la  Tabh  des  noms  propres). 

V.  11011  :  suppr.  lor  {cf.  Salbbadin  à  la  Table  des  noms  propres). 

V.  1 1  o  1  &  :  suppr.  la  virgule. 

V.  11090  :  /.  ainsi  pour  10090. 

V.  1 1037-1  io38  :  L  Tote  la  nuit  del  vendresdi;  E  al  matin  dd  samedi  {voir  p.  àSo,  n.). 

V.  1  io5&  :  estroez,  corr.  estuez  {voir  au  Glossaire). 

V.  1 1 13&  :  reaus,  corr.  leaus. 

V.  1 1 9^9  :  haut  estace,  corr.  haute  estrace  {voir au  Glossaire). 

V.  11979  :  tozjorz,  /.  toz  jon. 

V.  1  i3o9  :  atentes,  corr.  ententes  {voir  au  Glossaire). 

V.  1 1335  :  suppr.  le  second  gent  {voir  Genve  a  la  Table  des  nomspropree,  et  Introd.,  p.  ivi,  n.  s). 

V.  1 1&19  :  snqtpr.  E  et  corr.  Bertelemeu,  étala  var.  l.  Bertelmeu. 

V.  1 1&&5  :  lor,  corr.  les  et  aj.  lor  en  variante. 

V.  11^88  :  tozjorz,  /.  tozjorz. 

V.  1  i5i6  :  adverse,  corr.  engresf«e  {voir  ci-après  au  mot  Engrès  du  Glossaire). 

5t 


576 


L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 


V. 
V. 
V. 
V. 
V. 
V. 
V. 


1789  :  Qui,  eorr.  Gui. 

i855  :  virguk. 

1915  :  point. 

1987  :  tnrguhy  et  pomt  et  virgule  après  ngSS. 

9091-19099  :  eorr,  leissier,  desirier. 

9901  :  /.  tost. 

9338  :  /.  adroite. 


TRADUCTION. 


P.  337,  L 


P.  34/î, 
P.  355, 


P.  363, 


P.  364 , 

P.  371 , 
P.  379, 


P.  38o, 

P.  384, 
P.  389, 
P.  4oo , 


P.  4o5, 


P.  409. 
P.  494, 
P.  449, 

P.  45o, 
P.  463,n 


3o  :  /.  d'Aïq'ou,  de  Bretagne,  de  Poitou,  de  Berri  et  de  Gascogne  {voir  ei^dessui  au 

V.  aaS). 

1 1  :  après  montagnes  indiquer  une  lacune. 

91  :  Dreux,  /.  Droon. 

99-30  :  /.  avant  de  l^avoir  prise,  quelque  presse  que  vinssent  lui  bire  ces  gens  {voir 

d-dessus  auv.  îgo3). 

9  :  qui  avait  la  lippe  pendante,  /.  qui  boudait  toujours  {voir  Lipe  au  Ghssaire). 

17-19  :  /.  jusqu'à  la  mer  de  Galilée,  si  bien  qu'dle  lui  en  interdit  Taccès.  L*eau  en  est 

douce  et  bonne  à  boire;  mais  le  traître  fit  que  Tost  en  fut  sevrée;  et  quand  on  en  vint 

{voir  ci-dessuf  au  v,  ù55o). 

4  :  qu'il  ne  supporterait  pas  cet  outrage,  /.  qu'il  prendrait  patience  {voir  ci-dessus  au 

©.  9716). 

17  :  virgule  après  les  vieux. 

6-7  :  /.  et,  depuis  qu'il  fut  à  Sur,  il  n'envoya  plus  une  denrée  de  provisions  dans  Tost 
{voir  ci-dessus  aiuv,  àfjà). 

33  :  le  morceau,  /.  la  rote  (voir  au  Glossaire), 

i9-i3  :  /.  Il  y  en  avait  qui  guérissaient,  et  quand  ils  ne  trouvaient  pas  à  se  procurer 
de  nourriture,  ils  maudissaient  {voir  ci-dessus  au  v.  à^'jS). 

34  :  Cornebu,  /.  Tomebu  {voir  ci-dessus  au  v,  à'jtS). 

18  :  l'amulaine,  /.  la  Mulaine  {voir  ci-dessus  au  v,  5tâg). 

5-6  :  qui  était  du  pays,  /.  qui  était  nourri  dans  les  exercices  guerriers  {voir  ci-dessus  au 
V.  6ija), 

91  :  enveloppèrent,  /.  harcelèrent  {voir  ci-dessus  au  v,  ôaiâ), 

1 9-1 4  :  /.  Il  servait  Dieu  sans  jamais  &illir,  et  Dieu  avait  d^à  pourvu  à  son  sort  :  sa  place 
était  marquée  au  paradis  à  c6té  de  saint  Jacques,  qui  le  regaitlait  comme  sien  et  non 
comme  n6tre  {voir  ci-dessus  au  v.  Sôyj), 

deni.  :  /.  se  mit  à  dire  en  sarrasinois  :  nJe  suis  melecln  {voir  ci-dessus  au  v.  jisS). 
4  :  fut  reconquise,  /.  fut  conquise  par  Godefroi  {voir  ci-dessus  au  v.  8àg5), 
6-7  :  /.  Ainsi  nous  nous  mettrons  tous  d'accord,  i  . . .  Car  jamais  gens  ne  furent  plus  en 
désaccord.  Enfin  on  décida,  et  suppr,  la  note  {voir  ci-dessus  auv.  lOùioy. 
dem.  :  jetés,  /.  cachés  {voir  ci-dessus  au  v.  iioSA). 

•  :  qu'on  ne  peut  combler  avec  sûreté,  /.  qu*on  peut  combler  avec  probabilité  d'après  le 
latin  :  tret  l'argent  qu'on  lui  demanda  en  abondance,  parce  qu*on  le  savait  très  riche ■• 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS.  577 


GLOSSAIRE. 

Admirad  ,  Amiralt  :  Voir  Amiral  ,  /.  Voir  Amirail. 

AsBEiR  :  i^n^  asistrent  3&08,  aj.  impf.  sbj.  6  aseîssent  1096/1  {nu,  U.  asegissent). 
AsEoiR  :  /.  Voir  Asbeir. 

Ayer  :  êuffr.  f.  pi.  aoeres  hki%  {voir  ei-detws  à  ce  vers). 
Avillier,  /.  Aviler  ,  et  Marsile  pour  Marsille, 
Barril  :  barris,  L  barriz, 

CoNTRAiLE  :  voir  Paile  ,  /.  voir  IrUrod. ,  p.  xxu ,  xxxv. 
Desfairb  :  isuppr.  p.  s.  desfaiz  3980,  accable  par  TAge. 

Aj,  après  Dbsfirb  :  [Desfrait],  s.  derfraiz  dgSo,  cassé  par  Yàge  {voir  d-dessus  à  ce  vers), 
EngrIs  :  aj,  Auv,  1  i5i6  adverse  doit  être  eotrige  en  engresse  :  la  désignation  de  gent  engresse  pour 
les  infidèles  revient  très  souvent  {voir  Sarrazih  à  la  Table  des  noms  propres). 

ESNEKB,  /.  EsilBQUE. 

Félon  :  inMireus,  l,  meseûreus, 

Leonardie  :  aj.  H  but  sans  doute  lire  la  renardie  {voir  Introd,,  p.  Lxxni). 

Mes  :  66a,  /.  661. 

Neier  :  siq)pr.  impf.  3  naiol  ^369  {voir  ci-dessus  à  ce  vers). 

NoER  :  aj.  impf.  3  noot  ^369  {voir  dessus  à  ce  vers). 

Après  Plusor  aj.  Poablb.  Voir  Nonpoablb. 

PoRYBEiR  :  (^.  impf.  6  porveouent  8070. 

RoELE  :  aj.  rueh  3173 ,  et  suppr.  pi.  rueles  3173  {voir  ci-dessus  à  ce  vers). 

Sairement  :  /.  serement  5339,  85io,  pi.  sairemenz  539a,  seremenz  855o,  10919  {voir  Introd., 

p.  ivn,  n.  1,  et  ci-dessus  aux  vers  5393,  855o,  10319). 
Si,  /.  5  :  ty.  si  qu'as  point  9776 ,  jnsqu*aux  poings. 
Tendre  :  aj.  après  sa  tente  :  se  tendi  9788,  campa. 
Test  :  aj.  Cf.  v.  11 1 4o. 
Travaillier  :  aj.  traveillié  ^6S6 ,  fatigué  {voir  ci-dessus  a  ce  vers). 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES. 

Après  Alevan  aj.  Alençor.  Voir  Johan. 
Rertran  :  (S.),  /.  (s.). 

Borooigne  :  Suppr.  Il  vient  de  Bourgogne  beaucoup  de  croiséi  (337)  {voir  ci-dessus  â  ce  vers). 
Gandalion,  1.  à  :  3309,  /.  3773. 
CrPRE,  1.  9  :  l(TaéH  L  ^Ifroàn. 

Flandres,  1.  9-10  :  /.  Le  sënëchal  de  Flandres  mentionné  au  v.  3935  est  Hellin  de  Wavrin. 
Geojffroi  :  1.  Voir  Giefrei  ,  Perchb. 
Girard  de  Rideford  :  aj.  Cf.  Introd.,  p.  lxxii,  ». 
Guarlande  :  aj.  Voir  Guillaume. 

GuioN,  p.  5^6,  col.  1, 1.  8  :  36o5,  /.  9617;  1.  9,  96o5,  /.  9ii5;  col.  9,  1.  1,  3606,  L  3618; 
1.  i,  roilatin,  /.  roi  latin. 

5i. 


578  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  SAINTE. 

Après  H\LAPE  :  aj\  Hâltpobt.  Voir  Hautbport. 

Habobncort  :  aj.  Un  Roger  de  Hardeincort  est  mentionné  dans  (ruillaume  le  Maréchal  (v.  ^iTh^q) 

parmi  les  chevaliers  flamands,  ce  qui  me  semble  devoir  empêcher  de  ridetilifier  au  nôtre. 
Après  Heleine  :  aj.  HelUn  de  Watmn.  Voir  Flandbbs. 
Henri  de  Graié  :  Graye,  /.  Graîe. 

HiNRi  de  Mailloc  :  aj,  Henri  de  Mailloc  est  mentionné  dans  Stapleton,  RotuU  seace.  Nonn.,  II,  ccLvm. 
Après  JoHAN  :  aj,  JoH\ff  (TAlençoH,  9^ âo,  envoyé  d* Angleterre  à  Richard.  Il  était  archidiacre  de  Lisieux 

et  vice-chancelier  (Stubba). 
ÏMom  :  les  manchettes,  /.  la  manchette. 
MoRTRMER  :  suppr.  Morthemer,  cant.  de Lussac-le-Chàteau  (Vienne),  ou;  (Eure),  /. (Seine-Inférieure) . 

ei  aj.  :  ou  peut-être  Mortemer  près  de  Gisorn  (Eure). 
RiGHABT,  1.  5-G  :  /.  11  est  très  souvent  ap|>elé  le  preux,  le  vaillant,  le  non  per  (sS&o),  surnommé 

le  magne. 
R06IBB  de  Toeni  :  aj.  La  famille  de  Toeni,  établie  en  Angleterre  depuis  la  conquête,  y  était  devenue 

très  puissante,  et  Roger  de  Toeni  est  plus  d'une  fois  mentionné  parmi  les  barons  anglab  de 

son  temps,  en  sorte  qu  on  ne  peut  If^timement  le  qualiBer  de  fr chevalier  normand». 
RoTRBi  :  aj.  Voir  Raoop. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Page». 
Avant-propos. 

Introduction i-xcii 

I.  Le  manuscrit i 

II.  Lauteur vi 

III.  La  hngae xiii 

IV.  -Le  poème l 

V.  La  traduction  latine lix 

VI.  L'histoire  du  siège  d'Acre  jusqu'à  l'arrivée  des  rois  de  France  et 

d'Angleterre lxxvi 

VII.  L'Estoire  de  la  guerre  sainte  dans  la  littérature lxxxv 

l'estoirb  de  la  guerre  sainte i-339 

Traduction 333-466 

Glossaire &65-59& 

Table  des  noms  propres S97-570 

Addhions  et  corrections 571*578