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L'EJ^TOIRE
DE LA GUEIRË SAINTE
HISTOIRE EN VERS DE ,X BOISlfelWE CROISADE
(1190-11(12)
PAR \MBIKIISK
>-i)m.iÉe T.i Tii*iiriTK
D'AI'BKS LK «\;(|lHr.mT USIOLIB IH' VATtCW
ET *ccoMi'«n*tir
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IMl'KIMKniK NATIONALK
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COLLECTION
DE
DOCUMENTS INÉDITS
SUR L'HISTOIRE DE FRANCE
PUBLIK8 PAR LM SOINS
DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Par anèlé en dalc du lO mai 1875, MM. Gaston Paris cl (jabriel Monod ont oto
chai'fjci) de publier, dans ia Collection des Documents inédits de l'Hisloire de Fran<*o,
LEêUiirc de la Gueire Sainte y poome d'Ainbroise sur ia troisième croisado.
Par le même arrêté, M. Paul Meyer a été nommé Commissaire responsable «le celle
pubiirntion.
SK TftOlVE A PARIS.
A LA LIBUAIHIE ERJNEST LEKOUX,
RLE BOi\ APARTE, 28.
L'ESTOIRE
DE LA GUERRE SAINTE
HISTOIRE E^ VERS DE LA TROISIÈME CROISADE
(H90-1192)
PAR AMBROISE
PUBLIÉK KT TRADDITE
U'Al'RÈS LE MANUSCBIT LSIQUE DU VATICAN
KT ItCGOMPAGNÉE
U'l'>E I>TR0DICTI0N. D'UK (iLUSSAlRE ET D'UKE TABLE DES NOMS PROPRES
PAU
GASTON PARIS
MEMBRE DE L'ACADEMIE flilKÇAISE
KT DE l.-Ar.ADÉHIE DES INHCHIPTIONS ET BKLLES- LETTRES '
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IMPRIMERIE NATIONALE
M DCCC XCVII
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123867
AVANT-PROPOS.
Cette publication , par suite de diverses circonstances qui sont en partie,
je le reconnais, imputables à l éditeur, a subi avant de voir le jour les
retards les plus regrettables et les plus inusités. La copie du poème d'Am-
broise était entre mes mains dès 1879, et j'avais demandé à M. Gabriel
Monod de s'associer à moi pour en donner une édition à laquelle il aurait
joint une introduction et un commentaire historiques. Le projet de faire
entrer cette édition dans le recueil des Documenta inédits sur Y histoire de
France fut soumis par une lettre de M. Monod au Comité des travaux
historiques siégeant au Ministère de l'Instruction publique. M. Paul Meyer,
membre du Comité, fut chargé d'examiner la proposition, et, à la suite
de son rapport tout à fait favorable'^*, elle fut adoptée par le Comité dans
sa séance du 9 juin 1878. L'arrêté ministériel qui permettait d'envoyer
la copie à l'Imprimerie Nationale fut rendu le 1 o mai 1 8 7 5 , et l'impres-
sion commença aussitôt. Vingt-deux ans se sont écoulés avant qu'elle fût
terminée, et, dans ce long intervalle, l'un des éditeurs, se reprochant de
ne pas avoir fourni sa part de collaboration et craignant de ne pouvoir
trouver le temps de le faire, s'est retiré, au grand dommage de l'œuvre
commune, qui y a perdu une part notable de la valeur qu'elle aurait pu
avoir. Elle n'en a pas marché plus vite pour cela, tant il est difficile, au
milieu des occupations de tous genres qui, à Paris, se disputent la vie
d'un travailleur chargé de fonctions actives et sollicité de mille côtés dif-
férents, de mener avec suite une tâche de longue haleine. Le texte d'Ara-
broise était imprimé il y a plus de dix ans, mais tout ce qui devait néces-
^'^ Voir la Revue des Sociétés Bavantes y 5* sër., L VI (1873), p. 98. Un extrait du rapport dé
M. Meyer a été insëré dans la Romania, t. II (iSyS), p. 38i.
AV\M-I'ROPOS.
sairement l'accompagner restait à faire. J'ai trouvé utile, pour la coni-
inoditc dos historiens qui voudraient se servir de ce précieux document,
d'y joindre une traduction. Puis le Glossaire et la Table des noms propres,
que j'ai dressés avec autant de soin que j'ai pu, ont réclamé bien des
heures, Enfin II a fallu écrire l'Introduction, d'où j'ai exclu toutes les
recherches proprement iiistoriques, mais où l'élude des questions linguis-
tiques et littéraires soulevées par le poème m'a demandé encore beaucoup
dp travail''*. Enfin j'ai terminé ma tâche, et ma conscience est dégagée
du poids qui la chargeait depuis longtemps. Le Gomilc des travaux his-
toriques, en ne me mettant pas en demeure de macquitter plus tôt de
mon engagement, a fait preuve à mon égard d'une indulgence peut-être
excessive, dont je ne puis mempècher de lui être reconnaissant, mais
qui n'atténue pas les reproches que je me fais à moi-môme : je serais
désolé qu'une telle longanimité pût être invoquée comme précédent, et
qu'on tolérât habituellement des retards aussi contraires à l'intérêt des
éludes et aux règles d'une bonne administration.
Cette publication trop longtemps attendue justifiera au moins le bon
accueil que le Comité des travaux historiques a fait il y a vingt^quatre an-
au projet qui lui avait été soumis. Le poème d'Arabroise méritait assm
ment de prendre place dans le recueil des DocwnenU im'dits nur I ■
de France : par sa date, par son mijet, par ea forme, il est un ■'
importants qui y aient été admis jusqu'à ce jour. Il sera consul!'
par l'historien et par le philologue. Je remercie, et le pnl !
merciera avec moj le Comité de l'avoir admis dans retli' '
J'ai d'autres remerciements encore à adresser à n'd
dans le cours de ce long travùlMMyi^jlo fois
d'abord à mon ami Ed. Stengal^^^BEie d<H
Home; à mes confrères de 11
A. Thomas, qui Tout collaliontî
la publication, qui, à la le
"' La lonffuenr dn celle prtf^
la ion^cnr de l'Emtn joioL k te %
remorquera d'eiltram que la ptnperl i
.|ii'iini:e
' 07%).
.->iiùtle acquis
'IS. Itt caict adjuugiîur
il qui' la dalc de 1 188,
>i<''i> où la croix fut con(|uise
l'iiip. landis que c'est celle où
iSiiiiinii des guerres de la Ten-e
qiif |)oi1c le manusci-it, ù une iiotf^
nii(>rc feuille de garde''), ce qui a fait
' liistoiri' des croisades depuis l'origine
■ |iii' Moutfaucon appelle /a Pai-iplee^''\ c'est
f'.liiii-dri, qui fonne d'ailleurs un iiiainiscrit
~;ir<l n.-li<- ik la suite de l'Hisloire do la guern^
iricxarlitudea, que la notice de Mcmlfaucon n'ait
. Li-juiig l't de SCS conliriuatoui'S : le manuscrit du
•;;■■ lili- [iliu loin. — ■•'La noir du wi' Mwi' 1
If IWipIte.
«l ici «nroK co|iii<e
INTRODUCTION.
I. — LE MANUSCRIT.
Le iiiaiiuscrit unique qui nous a conservé le poème que nous publions se
trouve à la bibliothèque du Vatican , où il porte le n** 1669 du fonds provenant
de la reine de Suède : on ne sait pas avec certitude où celle-ci l'avait acquis,
mais il est probable qu'il vient, comme tant d'autres des livres de Christine,
de la collection du P, Pelau. La plus ancienne notice qui en ait été imprimée
est celle qu'a donnée Montfaucon dans sa Bibliotheca bibliothecarum (1739),
1. 1, p. 3 1, où il le mentionne parmi les livres de la reine de Suède acquis
par la bibliothèque du Vatican :
8iâ. Roman des guerres de la TeiTe-Sainie, desinit anno 1188. In cake adjutigitur
Poema quod inscrîbitur la Pariplee.
Cette notice est fort inexacte. Montfaucon a cru que la date de 1188,
donnée à la fin du poème comme celle de l'année où la croix fut conquise
par les Sarrasins, était la date où finissait le poème, tandis que c'est celle où
il commence. Il a emprunté le titre de «Roman des guerres de la Terre
Sainte 17, au lieu $ Estoirede îagueire sainte que porte le manuscrit, à une note
de la fin du xvi* siècle écrite sur la première feuille de garde (*', ce qui a fait
croire que le manuscrit contenait une histoire des croisades depuis l'origine
jusqu'en 1188. Quant au poème que Montfaucon appelle la PanpIee^^K c'est
le peti plee (corr. le petit plet) de Chardri, qui forme d'ailleurs un manuscrit
distinct et n'a été que par hasard relié à la suite de l'Histoire de la guerre
sainte.
Il est singulier, malgré ces inexactitudes, que la notice de Montfaucon n'ait
pas attiré l'attention du P. Lelong et de ses continuateurs : le manuscrit du
^'^ Voir E. Laiig^ois, au passage cité plus loin. — ^*^ La noie du xvi' siècle est ici encore copiée
et, de plus, altérée : elle porte : le Periplee.
A
(«r«l1lt«lB >ATIOI«LR.
II INTRODUCTION.
Vatican ne figure à aucune place dans la Bibliothèque historique de la France y et,
en dépit du titre erroné qui devait y faire soupçonner une histoire générale
des guerres saintes, il n est pas cité davantage dans la Bibliothèque des Croisades
de Michaud. Une sorte de fatalité semblait peser sur ce volume et le con-
damner soit à être omis par ceux qui auraient dû le mentionner, soit à être
méconnu par ceux mêmes auxquels le hasard le mettait entre les mains.
Dans la septième de ses Dissertations sur quelques points curieux de l'histoire de
France et de l'histoire littéraire, publiées en 1889 sous le nom de P. L. Jacob,
bibliophile (p. 2/4), Paul Lacroix donna de notre manuscrit la notice sui-
vante, parmi celles qui concernent la bibliothèque de la reine Christine :
DCLix^i). Iu-4% 90 f. vel. à deux colonnes, écritur*? du xiii* siècle, timbre de la Biblio-
thèque nationale,
BSTOIBK DE LA GUERRE SAINTE.
(Suivent les dix premiers et les onze derniers vers.)
Ce roman de la Guerre sainte, qui s'arrête à Tannée 1198^^), est sans doute celui que
Ton trouve indiqué dans la BAUothèque historique de la France , sous le n"" i6635, avec le
titre de fr Histoire de la première croisade ?>, par Raoul Tortaise (il fallait dire Tortaire, en
latin Tortarius. Voir Hist, liu. de la France, t. X, p. 94 ).
Cette notice est tout à fait surprenante. Le manuscrit du Vatican n a rien à
faire avec celui que le P. Lelong mentionne sous le n** 1 6635 et qui contient,
parmi d'autres œuvres de Raoul Tortaire (ou mieux le Tourlier), un court
poème latui sur la première croisade. La date môme de 1 198, assignée par
Lacroix au poème du ms. 1669, ^^vait lui démontrer son erreur.
En 1844, dans le livre précieux, malgré des fautes graves, qu'il publia
sous le titre de Romvart, Ad. Keller ne se contenta pas de signaler notre ma-
nuscrit comme «r petit in-folio, 90 fol. à h colonnes?)'*', et d'en rapporter le
titre : il en publia (non d'ailleurs sans d'assez nombreuses erreurs de lecture)
les 468 premiers et les 1 1 derniers vei^s (ceux-ci déjà imprimés par Lacroix).
Il signala aussi le nom de l'auteur, donné au v. 171. Il est assez singulier que
Keller, malgré cette édition qui devait l'éclairer, semble n'avoir pas reconnu
le sujet du poème d'Ambroise et y avoir vu, comme Montfaucon, Lelong et
^') Faute |K>ur MDCLix. ^'^ Lacroix dit, comme on Ta vu plus haut,
^'^ Lacroix a compris par étourderie ^lùl anz deux colonnes; tous deux ont raison : le inanu-
e cent uitatUe et uit comme signifiant 1 198, et a scrit a en effet deux colonnes par page, ce qui
snppos^ que c'était la date où s'arrêtait le rccil. fait quatre pnr feuillet.
LE MANUSCRIT. ui
Lacroix, une histoire de la première croisade; il ne renvoie du moins , comme
termes de comparaison, qu'à des passages où il s'agit en effet de poèmes sur
l'expédition de 1096.
Le long morceau imprimé par Keller montrait suffisamment qu'il s'agissait
d'un poème sur la troisième croisade composé par un témoin oculaire, et pré-
sentant par conséquent un vif intérêt. Aussi, il y a plus de trente ans, me
proposais-je d'aller à Rome pour le copier en entier. Il ne me fut pas donné
de réaliser ce projet, mais en 1871 je priai mon ami Ed. Stengel, qui avait
été mon élève à l'École des hautes Etudes en 1869-1870, et qui est aujour-
d'hui professeur à l'université de Greifswald , d'en prendre pour moi une copie.
C'est cette copie, recopiée et préparée pour l'impression par mon ami G. Monod
et moi, qui a servi de base à ma publication. Elle a été revue à diverses
reprises par des membres de notre Ecole d'archéologie à Rome, auxquels j'ai
adressé mes remerciements dans YAvant-pt-opos. J'ai parlé aussi des longs
retards que subit l'impression, après que le Comité des travaux historiques,
en 1878, eut, sur le rapport de M, Paul Meyer, agréé l'édition du poème pour
la collection des Documents inédits sur Thistoire de France.
L'annonce de l'édition du manuscrit de la reine Christine appela naturelle-
ment l'attention sur ce manuscrit. En i885, dans le .tome XXVII des Monun
menla Germaniae historica^ après que M. Pauli eut remarqué (p. 1^7)9 en
s'appuyant sur le rapport de M. P. Meyer, que le poème d'Ambroise est la
source de Yllinerartutn Ricardi, M. Liebermann en imprima , d'après une copie
de M. Holder-Eîgger, les vers 1-86, 259-271, 287-296, 4i3, 2719-2762,
2889-28/10, 28/15-2866, 2921-2986, 2967-2980, 8225-8260, 8771-
8778, 8828-8826, /iiii-/n5o, /i527-/i5/i6, /1698./1702, 6681-668/1,
6691-6788, 1228/i-fin. Voici, sur le manuscrit, les remarques que M. Hol-
der-Egger avait communiquées à l'éditeur :
Codex Christinac reginae nr. 1669^^), membr. fol. min., 90 foliis, duabus columnis,
quarum singulae fere 3& versus continent, distinctis constat. Scrîba saec. xiii. ex., haud
semper quantum oportebat attenlus, litteras n et u, ut et m, ni et m minus perspicue axa-
ravit, modo vocales, modo consonantes figuris v et u designavit^^^ verba minus accurate
dislinxit, saepe singula verba, interdum versus omisit^^^.
('^ (T Minus recte supra , p. 1 98 , semel nr. 8 1 & ^'^ Ce Irait ne semblait pas mériter d'être spë-
indicatur. » Le n** 81 6 est aussi donné par Mont- cialement relevé,
faucon (voir plus haut). . ^^^ D'après la notice préliminaire, M. Holder-
IV
INTRODUCTION.
J'aui^ai achevé de passer en revue ce qui a été dit du manuscrit en rap-
portant la dernière et la meilleure des notices dont il a été l'objet , celle de
M. E. Langlois dans ses Notices des nianuscrits français et provençaux antérieurs
au xn' siècle conscfvés dans les bibliothèques de Rome (Paris, 1889 ) :
Reg. 1669. Parchemin, o"*,95a sur o'**,i67; composé de a manuscrits : le premier
(fol. 1-90), du XIII* siècle, de 33 à 87 lignes à la colonne, a colonnes à la page; le se-
Ëgger aurait copié dans le poème partes quae m-
perium ohtitigunt. Il nous est très difficile de trouver
pour beaucoup de ces vers en quoi ils concernent
TEmpire, ou de deviner pourquoi on en a découpé
deux, quatre, huit dans un contexte qui semble
homogène; il est surtout singulier que le dernier
extrait commence avec un vers (1 a a8^) qui est le
dernier d*un discours mis dans la bouche des
gens de Syrie et qui termine une phrase inter-
rogative. U semble que la direction des Monu-
menta ait surtout tenu à publier des extraits éten-
dus de ce poème (environ i55o vers en tout) ,
ce qui se justifie très bien par le long retard qiie
sulnssait fédition française annoncée. — Le texte
a été établi sur la copie de M. Holder-Egger
par M. Ad. Tobler : c'est dire qu il prête peu à
la critique. J.e vais signaler ici un certain nombre
de divergences soit entre la copie que j'ai suivie
et celle qu a eue M. Tobler, soit entre sa façon
de constituer le texte et la mienne. Je laisse de
côté des différences dénuées de toute importance.
Nous avons très souvent, surtout au début oii le
ms. est si altéré, apporté au texte les mêmes cor-
rections. Je ferai remarquer que mon texte était
entièrement imprimé quand a paru cette édition
partielle. V. 8 Keller et ma copie (S) ont imlt;
la copie de M. Holder-Egger (H) ayant ualt,
M. Tobler imprime valt, mais n*ah est assuré-
ment la bonne leçon. — 3 5 je ne vois pas la né-
cessité de changer Qu*el en Del. — a 8 (corrigé
par T. en troee) tirer est la bonne leçon, et il
faut traduii*e comme j'ai fait : tirer ses tempes
est une expi*ession qui nous parait singulière ,
mais qu'on retrouve ailleurs. — 44 T. garde le
saiHa du ms. , que je corrige en salve «. — 83
S carporelment , H cùrperalment, — 84 H a de-
vant vivent un // qui n'est pas dans S , et qui rend
le vers trop long. — 85 T. intercale tuity et P. la
pour rendre le vers correct. — A propos du fait
que les vers impairs, à partir du v. 958, ont des
numéros pairs, féditeur fait une remarque sin-
gulière et d'ailleurs erronée , le v. 1 7 1 n'étant nul-
lement isolé (sans doute le v. 179 avait été passé
dans H). — 268 (je compte d'après mon chif-
frage, celui de H étant erroné), ms. Eth vos,
P. Eth vos itant, T. Estenie vos, correction très
bonne en soi , mais qui a l'inconvénient que les
formes esteine et estete sont inconnues à notre au-
teur. — 970 la leçon de S est excellente, celle
de H donne un sens défectueux, et la correction
ne remédie qu'au rythme. — aga jVi de S est
meilleur que la de H. — 434 ma correction de
cler en chier s'impose. — 435 H Tet, corrigé
par T en Fet. — 455 T. remarque que le vers est
trop long; je corrige premerementeaprosprement.
— J'ai remis en ordre les vers 46 1 -46a, qui
paraissent intervertis. — 465 H lit chili, mais
S chai, — 479 j'ai cru devoir corriger le vers
en deux endroits. — 489 ma correction donne
un sens plus clair que celle de T., mais elle
s'éloigne plus du manuscrit. — 494 ma cor-
rection a l'avantage de conserver le orent du
ms. — 5o3 H veneitiens, T. venetiens (je si-
gnale ici cette divergence qui a un certain inté-
rêt, mais non beaucoup d'autres analogues). —
5o6 la correction de T. est inutile; il a imprimé
nombre pour nombre. — 5i5 la correction en-
contre pour encoste paraît niicessaire. — 59 9
H tes, S des, qui vaut mieux que la corr. très,
— 596je ne comprends pas pourquoi T. change
espose le en esposee ahfeme espose est une formule
bien connue en ancien français. — - 535-538 la
*
LE MANDSGIUT. v
fonii (toi. 1)1' ion) est d'une fine écriture .lOfrlnise du \tv' siérie. 70 lignes h lu coloniie,
9 ralonne» ù la puge; reliure en peau rouge, aux arui^ts de Pii^ l\'' .
Les deux pages du niiiiuiscrit (foi. ho v"-5o 1*) i[iie, grùce à i'obligeaiice
de M. i'abbé Ducliesiie, directeur de l'Érole française d'arcliéologîe à Rome,
j"ai ^u joindre à ce volume, penneltent de constater que M. Langlois avait
raisou de remarquer que le manuscrit a été écrit en Angleterre. La graphie
ponctua lion 1I0 T. est hiut k fiiît erroa<^ : l'itotre
8 ici It sens de -flotte» et non d'» histoire". —
5'l9-^6o le mn. porte Ker et non Ke, Hgaivo-
nnille. — (>o3 le nis. (nrlc sûretneiit etut comme
S el non mui ct)mme H. — 6o5 H et S ont lu
arme,- M. Toblt-r a coinpli^lë lp vtrs en ajou-
Isnl ne. mais il faol lîi'i'' nrivé (lat. appulia»),
'" 60Ç1 il vaut mieux changer Quen en Que que
for en lia. — titâje ne conifirendR pas pounguoi
T. corrige /«( en dist. — 687 je ne «dis s'il est
utile de coiTÎger «e en »'i. — 654 la correction
de T. est sans dautf prëfëi-able h la mienne, aie
VM étant ailleurs dans le poème. — 66A il est
plus simple de changer Tuent en Ocienl que il'a-
jouler or. — 67t> la ponctiialîon adopta par
T. i-eiid ce vers |>eu clair. — 688 T. a raison de
corriger iiorM, mais je [iriTérerais rile kehoKe. —
£98 lor, que porte U, vaut bien inieuii qui- le
jW de S que j"ai conserva. — 798 le ms, n/rann
el non_^'i4a«, ce qui suggère la correction framux.
— 800 je snppl^ pri» plutAl que wiort, — 8/|i
Qm de coque ileHfmeit.T.: E {ma.) de fo qu'il
en»i feieil. — 80a je corrige reguesle, repris
du vers prëcëderil, eu tcmpnle. — 8ââ j'aime
mieux imprimer iKnulu'et qu'ABuriuOT'*. — 878
au lieu d'ajouter n-o* jwur faire le vers, j'ai mis
tignoriage pour êtignorage, à tort, cnr notre
jioème ne connaît f\ae w^xorage , el êeignoriage .
itieii qu'admissible, n'est pas atteste ailleurs. —
901 ms. cet, T. as, I'. de». — goU .Si, il Tant
imprimer S'i. — (|i3 il vmtt mieiii corrigei'
partie» en deparlien ( I'. ) que .Unis en MaiiiU» (T.).
— ga 1 le ms. jiorle bien PriiteeiiieM. — r|3o
Que il penëosl tel filninie est In leçon qui me
|iarsll la meilleure. — t* v. 976, qui rë|téle le
V. 97 A . me parait fautif; je l'ai remplace par des
points. — Le v. 997 est dans le ms. et a été
omis par U. — io3t> j'ai suppk'i! wu/t plutôt qae
le. — io4a ms. laHuie cl non laume. — 1069
chlnclien el uon cliuiclte*. — 1 066 de se» jiour
icê, an lieu d'ajouter («it, — 1 1 1 1 Delà Setem-
iwl»ee](H.), be la[mi\»elembrt (T.). — a7a3-
373'! je corrige MonferanttA Coraiit en Monterai
el Coriil. — 9@53 je cuiTigfi enienert. — agaS
T. supprime i avant tini, ce qui fait tomber
la remarque sur la double furrtie Flaiidreu et
Flatidre k la Table des iiojiis propi-es. — iigSo
S a de» fiaii; T. lit degeeii et traduit par
"decrepitus'i , ce qui est bon et <Ioil faire clFacer
ma correction ile»fniz.. — 33 h-] je ne vois pas la
n^cessit^ de changer tomboiienl en Irompouenl. —
383^ J'aime mieux lire coineiieoii que roiiiene'on.
— 6677 lu cori-ectiim el la [Knictunlinn de T.
valeutmÏPUt que les luiounes, et ]>ermetlent de
restituer le v. ()6So d'une làçon |ilausil)le. —
J'admets une lacune npi-ès le v. i93a8, el il
manque certainement un vers uprèa laSIiâ.
''' M. Linglois ajoute qu'on trouve, aux
fol. 89 v" el go r*, -une chanson franeaise.
paroles et musique {i?critui*e du im" siÈrIe),
tnl^ralement reproduite |>nr Kellert. Il nnrsil
Jù remarquer que cette cliauson est non pas
frauçaiiie, mais provençale, bien que le srrilie
l'ait fort aliéna', cl qu'elle est dans un rapport
^troil avec te poème à la suite duquel elle est
copiée de la même mt\ui. C'est le célèbre plani
de (iauœlui Faidil sur la mort du l'oi llicliard.
qui se retrouve encore dans deu\ aiilres iubs.
d'origine française. ( Voir L. Gaucltat. Bomaui»,
l. XXlI.p. 33li.379.)
VI INTRODUCTION.
présente d'ailleurs en grand nombre les caractères bien connus de langlo-
normand, et la négligence constante que met le scribe à donner aux vers
leur nombre régulier de syllabes, ainsi que les fréquentes altérations qu'il
fait subir à la rime, suffisent à montrer qu'il n'était pas Français (*'. C'est vers
la 6n du xni^ siècle que la paléographie nous permet de placer la copie de
YEsloire de la guerre sainte qui nous est parvenue. On y remarque l'absence
de certains traits anglo-normands (comme aun pour an) qui apparaissent,
il est vrai, dès le commencement du xni^ siècle, mais qui ne deviennent tout
à fait usuels qu'à la fin. Les deux premières strophes du planh de Gaucelm
Faidit sur la mort de Richard Cœur de lion, copiées à la fin par le même
scribe, présentent un texte fortement francisé et, à ce qu'il semble, crpoite-
viniséTî, mais n'oflfrent que très peu de traits anglo-normands (^J. Cette cir-
constance indique que notre manuscrit a été copié sur un manuscrit exécuté
en France, sans doute en Poitou, postérieurement à la mort de Richard
Cœur de lion , et qui faisait déjà suivre le récit des exploits de Richard de la
complainte à laquelle son trépas donna lieu de la part du célèbre troubadour
poitevin.
IL — L'AUTEDR.
L'auteur de YEstoire de la guerre sainte nous a fait connaître son nom; il
s'appelait Ambroise : Amhroise dit y qui Jist cest livre (171), etc.W. Il ne nous
apprend guère autre chose sur lui. Il se présente à plusieurs reprises comme
ayant assisté aux événements qu'il raconte. Il était présent, le 3 1 janvier 1188,
à la célèbre entrevue d'Henri II et de Philippe II, «rentre Gisors et Trie,
dans la grande et belle prairie t) (v. i5o). Il était à Londres, le 3 septembre
1 189, aux fêtes du couronnement de Richard (v. 193, 197)9 et à partir de
ce moment nous le voyons suivre partout le roi d'Angleterre, à Lions-la-Forêt,
à Tours, à Vézelai (v. 182), à Lyon, à Marseille, à Messine (v. 617), où il
^^^ On peut relever aussi le bit que le manu- Keller, p. 4aô. Le planh de Gaucelm Faidit a
sent se trouve relie avec un autre manuscrit, ce- été imprime, d*après divers manuscrits, un
lui du poème de Chardri, exécuté incontestable- grand nombre de fob.
ment en Angleterre. ^^^ Voir à la Table des noms propres l'indica-
(*) Voir le texte de notre manuscrit dans tion des neuf passages où il se nomme.
prit part au grand festin que donna Ricliai-d dans ie château de nMategrifoiiit
le jour de Noël 1190 (v. jogi. togg). Embarqué avec !e roi le 10 avril
tigi (v. 1191), ii s'arrêta comme lui en Crète (v. laôo) et à Rhodeg
(v. 1^85). Il suivit l'expédition de Chypre (v. i5oi ss. i6go, 1767) et
aborda à Acre le 8 juin, il vit de ses yeux iilusicurs épisodes du siège (v. /1898).
Après la prise do la ville, il partit ie 90 août ave<^ Richard et fit toute la
longue et inutile Ciimpagne qui se termina par le retour des croisés à Acre
le ao juillet 119^ (voir notamment v. Bgao, 6988, 7078, 7656, 7679,
7632 SS-, 78Û1. 7899, 8716. gUSa, gSig, 9796 ss., 983/1, 10377,
loBia). Il ne paraît pas avoir suivi Richard dans t'héroïque te rescousse •» de
Jaffe (le V. 1 1 687 ne prouve rien). Après la trêve conclue le a septembre, il
fit partie du deuxième convoi des pèlerins qui furent admis à entrer à Jéru-
salem et h visiter les lieux saints, non sans courir de grands dangers et sans
essuyer de dures humiliations (v. laoï'i ss.). Arabroise termine sou i-écitau
rembarquement de Richard, qu'il n'accompagnait certainement pas, et ne nous
tait pas savoir comment il revint lui-même dans sa patrie.
Qu'était Ambroise? En quelle qualité prit-ii part à la croisade? Il résulte '
de son naïf témoignage ((u'il n'était pas chevalier. Aprè-s avoir dit que les che-
valiers qui faisaient, comme luî, partie du second convoi des pèlerins admis
k Jérusalem eurent, par !a permission de Salahadin. la joie de voir la vraie
croix, il ajoute (v. lîîoSg) : E nos autre qui a pxé Jumen Ço vetmes que uns
pctïmesi'). Mais il ne doit même pas avoir été éeuyer ou simple TsergenlTi. H
est bien remarquable que. dans cette longue histoire qui se eompose sin-tonl
de récits de combats, il ne se met jamais en scène parmi les combattants. Ni
à Messine, ni en Chypre, ni devant Acre, ni dans cette longue marche de
Syrie qui, sans parler de la gnmde bataille d'Arsur. fut une escarmouche per-
pétuelle, il ne semble avoir porté ou reçu un coup. C'est parmi les non-com-
battants qu'il faut le cliercher'*'. On pense d'abord aux clercs. Miûs rien n'in-
dique qu'Ambi'oise ait été clerc. Son instruction, comme nous allons le voir.
''' C'est ce (pie Rirbnrd du la Sainle-Trinil^
«le Londres, le trsiliieteur lalin qui se suttstitiie
impmlemiiient h Ambroise (voir le ■* V de ceUe
Introduction), rend parres mots, où on retrouve
une des rimes de l'original : ffoi autem pediica
eidimia quod polmuut (VI. uni).
'■' L« seul pawage d'où l'on |joun-Bit conclure
qu'il portail les armea est celui dra v. 1 5o3 as.,
où. il dit «noiiH» eii partant des combattants;
mais cette Tormule n'esl pas dédsivc. Ambroise
emploie souvent ^'« en )iarlant de lui, jamais à
propos d'im fait de ^erre.
VIII INTRODUCTION.
est piirenieiil prise à des œuvres rraiiçaises. Il et-l pieiiii , mais coinmc léhûeul
tous les pèlerins, ou au moiiis comme les ineilleurii d'entce eux. Quand il pm-le
des prêtres «gui fiiisiiieut partie de l'expédilîoii, il nt^ i^ met jamais parmi eux.
Toute sa Taçou do juf^er les hommes et les choses est celle d'un laïque de pe-
tite condiliou , d'un ineuibre de cette ffent menue dont il exprime avec prédilec-
tion les opinions, les seutimeiiU, les espérauces enthousiastes et les amères
dt^ceplions.
En ileliors des cmnbattanls et des clercs, ou ue voit guère dans logl des
croisés de place que pour un poète de profession, un jongleur. C'est hien
ce que je crois qu'était Auibruise. II connaît à i'oud les chansons île geste
qui étaient en faveui' ù ia fin du mi" siècle, et le souvenirlui en revient à tout
propos. (Jtiand il ai'Hve h Messine et qu'il voit eu face de lui Rise (Heggio).
il ne rappelle aussitôt que c'est la ville dont s'empara Agoland, d'après la
chanson lïAtrpremoHt (v. 5i6). Pour louer ses héros, il les compare à Roland,
à Olivier (v. 6665), il va même jusqu'à les mellre au-dessus des glorieux
morts de Ronreviuix (v. i fîo6). Désolé de la discorde qui règne entie les
cmisés, il la met en contraste avec l'union des guerrici's de Cliarlemague, qui
permit à celui-ci de conquérir l'Espagne (v. 8/179-8686), la Saxe (v. 8685-
8689) et l'Italie {v. 8690-8693), d'après les rliansons de liomevaux, des
Saimes et lY Atqirertiont , ou avec celle des premiers croisés au siège d'Antioche
(v. 8696-8699). C'est d'après la chanson consacrée à ce siège qu'il rappelle
encore ailleurs (v. i 0666-10682) les noms de Godel'rol de Bouillon, de Boé-
mond et de Tancré . Donl l'on reconte enror l'estorie. Pour donner l'idée de la per-
fidie derempereiirdeChypre.il dit(v.i388) qu'il éta it pire que Gaiielou. Au
reste, it connaît tout aussi bien d'autres poèmes en langue vulgaire. 11 compare
Jacques d'Avesnes à Alexandre (v. a856), à Hector et à Achille (v. -iSSô).
d'après les i-omans (\'Alej:aitdre et de Troie. Dans un curieux passage, il éiiii-
nière non seulement les vieille» chançon» de geste Dont jogleor font si grantfeste
(v. 6189-6190), mais d'autres romans en vogue, pour opposer l'absolue au-
thenticiléde l'histoire qu'il raconte à ia véracité douteuse de leurs récits : c'est
(T le message de Balan-n [Aspretiumt), les poèmes sur Pépin et sur Charlemagne,
Agoland (encore Aspremont), Guileclin (les Saimneg, cités encore ailleui's); mais
c'est iinssi la mort d'Alexandre (voir â la Table des noms propres), les amours
de Paris et d'Hélène { Troie), les prouesses d'Arthur de Bretagne et de ses com-
pagnons, les aventures de Tristan. Il semble que nous ayons là comme un cala-
L'AUTEUR.
IX
logue de son répertoire habituel, dans lequel la chanson d'Aspremont devait
tenir une place d'honneur, car il ne la cite pas moins de quatre fois'^'.
Si Tinstruction d'Ambroise est celle d'un chanteur de geste et diseur de
contes, les sentiments qu'il manifeste en certains endroits semblent bien aussi
appartenir à cette profession. U aime les f(Hes et les décrit avec complaisance,
en insistant sur le fait qu'il y a pris part : il n'a vu en sa vie r cour plus cour-
toisement servie -n que celle de Richard à son couronnement, où il a remarqué
une vaisselle magnifique, des tables chargées de victuailles, et des présents
distribués avec une largesse incomparable (v. 1921 ss.). De même à la fête de
Mategrifon, il admire tout, et les nappes, et la vaisselle, et le service, et les
dons (v. 1091 ss.)(^). Ce n'est sans doute pas sans regret, au contraire, qu'il
constate qu'à la fête de Noël tenue à Lions-la-Forêt Richard était si pressé
qu'on n'eut guère le temps de cr chanter de geste t) (v. 25o).
Mais si Ambroise aime naïvement, en vrai jongleur, les fêtes et les dons
princiers, il n'en a pas moins des sentiments honnêtes et même un idéal
assez élevé. 11 est sincèrement pieux, et il a entrepris son pèlerinage dans
l'espoir d'adorer les lieux saints, qu'il pensait voir délivrer par ses compa-
gnons; il gémit sans cesse sur la désunion des croisés; il blâme les désordres
et les péchés de l'ost (v. 6676 ss., 7088 ss., 845o ss.), de façon à nous
persuader qu'il ne fut pas de ceux qui y prirent part ^^K Nous verrons plus loin
que, dans son récit, s'il n'est pas toujours impartial, il est toujours sincère
et s'elVorcc d'être juste.
Ambroise écrivit son poème après être revenu en Occident, et il a eu en
l'écrivant plusieurs desseins. Il se proposait de mettre dans tout leur jour la
prouesse et les autres qualités de son souverain, le roi Richard; il voulait
répondre au dédain que montraient à l'égard de cette croisade stérile beaucoup
de ceux qui n'y avaient pas pris part (voir le curieux passage v. laa 9 4-12 256).
Mais surtout il voulait profiter de ce qu'il était capable de rimer et d'écrire
^') En i*egard de ces réminiscences constantes ,
le nombre des allusions bibliques est extrême-
ment restreint et leur caractère très gënëral; il
n'y avait pas besoin d*étre clerc pour parler
d'Adam et de sa pomme (v. 667 a) ou pour com-
parer Kyrsac à Judas (v. i388).
^*^ Il s'intéresse même aux fêtes auxquelles il
n'assiste pas, par exemple aux noces d'Henri
de Champagne avec Isabel de Jérusalem (voir
V. 90^7-9049). Voyez encore le souhait qu'il
exprime au v. 910a.
^^) Ce n'est !pas qu il fut insensible à l attrait
de la beauté féminine. Voir les naïves réflexions
qu'il fait en racontant qu'Heni'i de Champagne
épousa Isal)el de Jérusalem malgré l'avis de
Richard (v. 90 A a).
nirKiiumii satiobau.
X INTRODUCTION.
pour raconter fidèlement ce qu'il avait vu outre mer. Les croisades ont suscité
chez nous la littérature historique en langue vulgaire, et le récit d'une de
ces lointaines expéditions était sûr d'avoir du succès. Ambroise destinait son
poème à être récité en public, soit par lui-même, soit par d'autres auxquels
il en céderait une copie ^^\ et il s'en promettait un légitime profit. Il avait cer-
tainement formé ce projet dès le début de l'expédition, et il dut prendre des
notes pendant tout le temps qu'il fut absent de chez lui, comme on le voit
par l'exactitude des dates, qu'il rapporte presque toujours minutieusement^^';
c'est à Acre même qu'il recueillit les renseignements qu'il donne sur l'histoire
antérieure de la Terre-Sainte, qu'il connut un journal du siège jusqu'à l'ar-
rivée des rois de France et d'Angleterre '^\ et qu'il lut le catalogue, dressé par
(Tun bon clerc t), des croisés de marque morts devant la ville depuis le com-
mencement jusqu'à la fiq du siège (v. 5582).
Ambroise était donc certainement, sinon un jongleur précisément, du moins
un écrivain de profession. Ce que nous avons maintenant à nous demander,
c'est le pays dont il était originaire.
Il était, cela ne saurait faire un doute, sujet de Richard et non de Philippe.
Il parle toujours des Français comme d'étrangers, tandis qu'il regarde comme
lui appartenant de plus près les Gascons, Poitevins , Angevins , Manceaux, Nor-
mands et Anglais, c'est-à-dire tous les habitants des provinces soumises directe-
ment à Richard, roi d'Angleterre, duc de Normandie et de Guyenne, comte de
Poitou, d'Anjou et du Maine ^*'. C'est dans une de ces provinces qu'il faut cher-
cher la patrie d'Ambroise. Il n était pas Anglais; il dit expressément (v. 66)
que Richard, alors comte de Poitiers, se croisa le premier des hauts hommes
Des terres dont nos de ça somes : de ça est ici précisément par opposition à l'An-
gleterre. Il n'était pas non plus Gascon, comme son langage le montre sufii-
(*) Voir les nombreux appels aux auditeurs
{Setgnor), et iiotaminent les vers 780G et 1 1 ^70
(« veir com vos ci estes), le vers 2889 i^^^
orra Qui entor moi tant sojorra) et les vera
83a5, 84/iA, 8817. C'est h cause de ce mode
de publicitti que Tauteur se désigne tantôt; avec
son nom, à la 3* personne, tan loi [mrje. C'est
ainsi (|ue s'expliquent aussi les foiinules comme
ço dit li livres (v. 71 85), selonc Vestoire quejo di
(v. iia68).
^'^ L'exactitude de ces dates est presque tou-
jours conlirnn,% par le lëmoignage de Thistorien
arabe lk)haeddin; voir les références données par
M. Stubbs dans son édition de Vltinerariwn Ri-
cardi,
^'^ Sur l'utilisation de ce texte par Ambroise
et par Kichard de la Sainte-Trinité , voir S vu.
^*^ Il est remarquable qu'à côté des Normands ,
Manceaux, Angevins, Poitevins et Gascons il ne
mentioime jamais les Tourangeaux.
L'AUTEUR. II
samment, et la même raison s'oppose à ce qu'on le regarde comme Poitevin.
On peut hésiter entre la Normandie, l'Anjou et le Maine.
C'est pour la Normandie qu'il faut opter. Il est clair qu'Ambroise porte à
cette province un intérêt particulier. Dès le début, il la met en vedette : la prise
de Jérusalem cause une consternation profonde E en Normendie e eii France E par
tôle cresiienié (v. i8); la guerre des rois de France et d'Angleterre est pour
lui une guerre entre France e Normendie (v. 88); en parlant de la haine de
Philippe contre Richard, il dit que de là vint la guerre Dont Normendie fu
gastee (v. 83o); il constate de même que le séjour de Richard en Orient eut
les plus fâcheuses conséquences pour Normendie y Quinfu povrey guaste e mendie
(\. 9/159). Quand il parle des Normands, il leur donne souvent un éloge par-
ticulier : il les appelle lagent de valor (v. 92^), h gent seûre (v. 9533). Enfin,
en parlant des Normands qui conquirent la Pouille et la Sicile, il les appelle
(tnos ancêtres T) (v. 618). Il est impossible à ces traits de méconnaître un
Normand.
On peut sans doute préciser davantage. Ambroise mentionne, pour leurs
prouesses ou leurs aventures, des guerriei^ de plusieurs pays : il ne ménage
pas l'éloge aux barons français comme Guillaume des Barres et Auberi Clé-
ment, flamands comme Jacques d'Avesnes, champenois comme André de
Brienne; il rappelle les hauts faits des Poitevins comme Jofroi de Lusignan ou
André de Ghauvigni , des Manceaux comme Juquel de Mayenne ou Robert de
Sablé. Mais ce sont tous là de «r hauts hommes?), des personnages que connaît
l'histoire du temps. Pour les Normands, au contraire, il cite les noms de
simple3 chevaliers qui sans lui n'auraient pas laissé de traces dans l'histoire,
et dont plusieurs ne figurent dans ses vers que comme ayant pris part à la
croisade, sans s'y être d'ailleurs particulièrement distingués. Or, — sans
parler de plusieurs noms normands qu'on ne peut identifier avec certitude,
— des cinq départements de l'ancienne province de Normandie , l'Orné ne
fournit aucun nom à la liste d'Ambroise , la Manche n'en fournit que deux (Ma-
thieu de Saussei et Jourdain du Hommet; encore faut-il noter que celui-ci
est un grand seigneur, connétable de Séez et mentionné ailleurs), la Seine-
Inférieure que deux (Huon de Gournai et le chambellan de Tancarville, per-
sonnage illustre), le Calvados que deux (Henri de Graïe et Aucoen du Fai,
qui est douteux); l'Eure au contraire n'en apporte pas moins de dix. On
peut mettre de côté Etienne de Longchamp, suffisamment célèbre d'ailleurs,
XII INTRODUCTION.
Guauqueliu de Ferrières, qui était mentionné dans Touvrage antérieur à Am-
broise dont il s'est servi pour son récit de la première partie du siège d'Acre ,
et Gislebert de Vascœil, qui dut une fâcheuse réputation à son abandon de
Gisoi-s à Philippe. Mais il en reste sept qui certainement sans notre poète ne
seraient pas connus de la postérité '^^ : Roger de Hardencourt, cr le bon archer n, et
Guillaume du Bois-Normand, qui se défendirent si bien contre les ccGrifonsii
de Kyrsac; Guillaume et Henri de Mailloc, qui combattirent vaillamment à
Rames; Bartélemi de Mortemer (celui-là est douteux''^)), un des compagnons
de Richard dans l'héroïque délivrance de Jaffe; Raoul de Rouvrai, tué à
Messine (douteux); et enfin les frères de Tournebu, Pluseur hon fil e luit
dun père (v. /jyio), qui arrivèrent à Acre en juin 1191 avec l'évêque
d'Evreux W. Cela indique bien un proche compatriote de ces braves chevaliers.
D'autres circonstances confirment cette induction. Je n'attache pas d'impor-
tance au fait qu'Ambroise assistait à l'entrevue de Gisors et à la fête de Lions-
la-Forêt, puisqu'il était aussi à Londres et à Tours; mais il est assurément
significatif qu'ayant à nommer Dreux (v. 760) il ajoute, pour faire connaître
la situation de cette ville française : Qui est a set Hues (T Evreties ^^K 11 est donc
fort probable qu'Ambroise était de l'Evrecin. L'étude de la langue du poème
est, comme on le verra plus loin, parfaitement d'accord avec cette conclu-
sion.
On croirait pouvoir la confirmer et même la préciser encore davantage grâce
à un tout petit détail. Notre poète appuie une assertion de son récit (v. qSSG)
par cette invocation : Issi m'ait sainz Celenns. Le nom de saint Célerin n'est
pas fort célèbre, et je ne pense pas que dans toute la littérature frsgiçaise
du moyen âge, où les invocations de saints sont si fréquentes, on le trouve
mentionné en dehors de ce passage. Je sais bien que notre versificateur ne le
nomme, dans ce vers de remplissage, que pour rimer di\ec pèlerins , mais encore
fallait-il qu'il le connût, et c'est une connaissance qui ne devait pas être très
répandue en dehors d'une certaine région. Or, il existe dans l'Eure, allant de
^*^ Les noms de quelques-uns d'entre eux figu- cliard à Tancrë (v. 1009), peul encore être
rent dans des chartes qui nous ont été conservées ; signalée. Toutefois , il faut remarquer que d'au-
mais c'est là une notoriété bien restreinte. très historiens le nomment , comnie il est natiu^l ,
^'^ Voir à r^rrato, p. 578. à cette occasion.
^^' La mention de IVvéque d'Évreux Jean, ^*^ Sur cette évaluation, sensiblement ti'op
(rqui supporta beaucoup de dépenses et de fa- faible, voirTarlicle Dreues a la Table des noms
tiguesi», [)armi les messagers envoyés par Ri- propres.
LA LANGUE. mii
Neubourg à Hectomare, uu chemin appelé crie Chemin de saint GélerinT), et
d'après M. de Blosseville [Dictionnaire topographique de l'Eure^ p. 191), ce nom
est cr un nom très ancien , dû à saint Célerin , second patron de la Charité
d'Hectomare Tî ; on pourrait donc être tenté de croire que c'est précisément
à Hectomare que notre poète était chez lui. Mais mon savant confrère
M. A. Longnon, auquel je dois tant pour l'identification des noms de lieux du
poème, m'a fait remarquer que suivant toute apparence la Charité d'Hecto-
mare elle-même n'est pas antérieure au xvn* siècle; par conséquent nous
n'avons aucune raison de croire que la dévotion envers saint Célerin ait été
anciennement répandue dans cette localité. En fait, la mention de ce saint
prouve simplement que notre poète était originaire de la région occidentale
de la France. Il serait trop long et ici hors de propos de chercher à distinguer
entre les saints personnages désignés sous les noms, qui se confondent sans
cesse entre eux, de Celerint^y CelericuSy CenericuSy CerenicuSy Seretiicus ^ Sinericus y
Célerin, Céneri, Céneré. Il y a eu trois martyrs africains du nom de Celennus;
mais le saint Célerin vénéré surtout dans la Normandie et le Maine parait
bien avoir été un cénobite du vu® siècle du nom de Cenetnctis. C'est sous son
invocation qu'étaient placées les églises de Saint-Céneri près Séez (c***" d'An-
non-sur-Orne, c**" de Séez, arr* d'Alençon) et de Saint-Céneri-le-Gérei
(c^" d'Alençon), dans l'Orne; de Saint-Céneré (c^" de Montsurs, arr* de
Laval), dans la Mayenne; de Saint-Célerin (c*^" de Montfort-le-Rotrou , arr*
du Mans), dans la Sarthe; et, jusque dans la Hayjte-Vienne , de Saint-Sénery
(c''* et c^" de Pleuraartin, arr* de Châtellerault) (^). Saint Célerin était donc
un saint populaire dans .la Normandie et le Maine, et son nom venait natu-
rellement sous la plume d'un Normand occidental pour lui fournir une rime
riche à pelenn.
III. — LA LANGUE.
La copie unique qui nous a conservé le poème d'Ambroise est notable-
ment postérieure à l'original ; elle a été faite en Angleterre par un scribe qui
parlait une langue sensiblement différente de celle de l'auteur, qui ne com-
^^^ Ijes titi^ anciens où figure le patron de à M. A. Longnon). Il est probable d'ailleurs que
ces diflfërenles églises présentent son nom sous plusieurs autres ^^lises étaient dédiées à notre
les formes variées de Cenerieuê, Setiericus, Sere- saint dans la Normandie occidentale, ou il a jadis
meus , Celericus et Celerinvs (renseignements dus été fort populaire.
XIV
INTRODUCTION.
prenait pas toujours ce qu'il copiait, et qui n'avait surtout aucune notion des
lois qui régissaient pour Ambroise la mesure et la rime des vers. Aussi le
texte qu'il nous a transmis aurait-il besoin d'une revision critique radicale
pour nous représenter le poème tel qu'il est sorti de la main de l'auteur.
Cette revision radicale, j'avais d'abord eu l'intention de l'essayer, et j'avais
commencé à récrire le poème dans la forme que permettent de lui assigner
et l'étude de la mesure et de la rime et la connaissance des œuvres écrites
dans le môme temps et la même région. Mais je me suis bientôt aperçu
qu'une telle restitution serait téméraire et en beaucoup de parties arbitraire,
la mesure et les rimes, seuls points tout à fait solides sur lesquels elle pour-
rait s'appuyer, laissant incertains un grand nombre de traits importants, et
plusieurs passages étant tellement altérés qu'on ne pourrait les restituer que
par des conjectures trop personnelles. Je me suis donc résolu à imprimer le
manuscrit du Vatican tel qu'il est, sauf à introduire quelques modifications
exigées par la mesure, la rime ou le sens. Encore n'ai-je fait ces corrections
qu'avec beaucoup de réserve; j'ai laissé subsister le texte du manuscrit toutes
les fois que ces trois postulats pouvaient à la rigueur être satisfaits par la
leçon qu'il donnait. J'ai, par exemple, conservé les vers trop longs ou trop
courts quand, à la lecture, l'élision d'une voyelle ou la prononciation en deux
syllabes d'une diphtongue apparente pouvait leur rendre leurs huit (neuf)
syllabes réglementaires ^^J; j'ai laissé telles quelles les rimes qui n'étaient dé-
truites que par la graphie et se retrouvaient sans peine si on leur rendait celle
qu'elles auraient dû avoir^^^; j'ai renoncé à restituer les passages trop défigurés
pour que le contexte général et la comparaison de la .version latine permissent
de les reconnaître sous leur travestissement^^); j'ai respecté la graphie hicon-
^*^ Par exemple, j'ai laissé subsister ço,
qui, etc. , même quand leur voyelle doit s'dider.
Eii revanche j'ai partout rëintëgrd les voyelles
omises qui tétaient nécessaires à la mesure {feis-
sent \iowT fissent , etc.), ajoute des mots oublies
dans les méme« conditions, supprimé ou ajouté
Ve mis ou omis au hasard dans or{e) , lor(c)», etc.
^*^ Ainsi les rimes de ei avec ot, de e avec ie ,
inconnues au |)oètc, ne sont, dans le manuscrit,
que graphiques; on peut toujours restituer par-
tout ei et ie ou e.
^*^ Pour bien faire comprendre mon système.
je demande la permission d'examiner quelques
vers pris au hasai*d (je ne choisis pas ceux du
début, parce qu'ils présentent des fautes contre
le sens plus nombreuses que d'ordinaire ) dans
le manuscrit et dans mon texte. Au v. i355
seignurs est probablement fautif pour seignur,
mais il n'est pas changé; i358 l'f qui commence
ie vers dans ie manuscrit a du éti'e supprimé
pour la mesure, et au contraire pour la même
raison cajoulé au v. i36o; desirers iSôg rime
avec encatnbriers, il n'y a qu*à lire desiriers, et je
laisse ce soin au lecteur; mais au v. i36*i ele
LA LANGUE.
ÏV
séquente et souvent barbare du copiste anglo-normand '^^ partout où elle
ne détruisait pas le* vers ou le sens. Ce système ma paru s'imposer surtout
pour la première édition d'un texte conservé dans un manuscrit unique. Si
le poème d'Ambroise est imprimé une seconde fois , surtout si on en découvre
un second manuscrit, le nouvel éditeur pourra -être plus hardi que je ne l'ai
été, et le poème, rapproché de sa forme primitive, se lira certainement avec
beaucoup plus de facilité et d'agrément.
Mais, si je n'ai pas cru devoir essayer de lui rendre dans mon édition cette
forme primitive, je dois, au contraire, signaler avec soin tout ce que nous
permet d'en connaître l'étude attentive des rimes et de la mesure, complétée
par ce que nous savons de l'état général du français au temps et dans le pays
de l'auteur. Avant d'employer les deux moyens d'investigation que nous four-
nissent l'homophonie des syllabes accentuées (rimes) et le compte des syllabes
dont se compose le vers (mesure), il est nécessaire d'examiner ces moyens
en eux-mêmes et de voir dans quelles conditions ils s'offrent à nous.
Rime. — • Ambroise est un rimeur très exact. Non seulement il exige pour
les voyelles accentuées une parfaite homophonie (^^, mais il n'est pas, en gé-
donne une syllabe de trop , j'imprime el; je laisse
au V. i363 Grand doelfud pour Granz duels Ju
(de m. y. id'jù Ju grant doel)^ mais je ne puis
laisser tel pour de V, qui ddtniil le sens; je ne
garde pas la graphie oueraine pour ovraine, qui
semble ajouter une syllabe au vers, mais je garde
ovraine el Alemaine au lieu éCovraigne ei Ale^
tnaigne, formes du poète; j'ajoute au v. i365 f,
nécessaire pour la mesure et le sens; je garde
dans les vers suivants sustenue pour sostenue {sos-
tenir v. i383), citié pour cite, Guillame pour
Guilleahne, murut pour morut, mais je corrige au
V. 1375 surcurut en sucurut (pour socorut); au
V. 1 377 le copiste a écrit par mégarde mescheeites ,
qui termine le vers suivant, je restitue escheeites;
au V. 1 379 une abréviation mise pour une autre
a changé gregiee en gurgiee, je restitue gregiee,
mais au v. i38a je laisse Ço estait, bien que cee
trois syllabes ne comptent que pour deux; je
laisse aux v. i38^ , 1 387, osait, niait pour osaut,
alout , et ainsi de suite. On voudra bien excuser
les menues inconséquences qui se sont glissées
dans ce travail; quelques-unes ont été relevées à
XErrata, ^
^'^ Sa nationalité est attestée, comme on la vu
plus haut (p. VI ), par son écriture , et aussi par
tout le caractère général de sa graphie, notam-
ment par la réduction si fréquente à!ie à e el
par la suppression également très fréquente d une
voyelle atone en hiatus dans l'intérieur des mots.
Si certains traits habituels aux copistes anglais
de son temps ne se rencontrent pas chez lui,
cela n'a rien d'étonnant : on sait que la plus
grande variété régnait, avec quelques tendances
générales , dans le français parlé et écrit en An-
gleterre.
^'^ La rime contes : eoinles que donne le manu-
scrit au V. 7286 est fautive, et a été corrigée
dans l'édition; il faut dans les deux cas contes
(comités et computos).
XVI INTRODUCTION.
néral, moins scrupuleux pour les consonnes qui les suivent. H ne se permet
que quatre fois une licence qu'on rencontre, et plus fréquemment, chez des
versificateurs soigneux contemporains ou peu postérieurs, et qu'on qualifie
ordinairement d'assonance, bien que ce nom ne soit pas tout à fait propre.
L'assonance est indifférente à tout ce qui suit la voyelle tonique, sauf qu'elle
sépare rigoureusement les oxytons (masculins) des paroxytons (féminins).
Les rimes licencieuses dont il s'agit ici, et qui sont dans la grande majorité
des cas des rimes féminines, observent fidèlement la règle qui veut que le
dernier phonème des vers rimants soit identique : ainsi elles n'admettent pas
un singulier avec un pluriel, ou --ent atone avec -e ou -es, comme le font les
assonances. Mais entre la voyelle tonique et le dernier phonème, elles tolè-
rent une consonne différente , bien que voisine. C'est le cas chez Ambroise , dans
les quatre paires de rimes suivantes**) : Setetnbre semble 7062 , perdirent tindrent
6/iâ2, Vérone prodome 3 182, rescosse sarse 2573. C'est, on le voit, fort peu
de chose, sur près de 6,700 paires de rimes '^^ et nous sommes autorisés à
tirer de la rime des conclusions sur la prononciation du poète non seulement
pour les voyelles mais pour les consonnes.
Mesure. — Inutile de dire que la mesure du vers octosyllabique est scru-
puleusement observée par Ambroise : toutes les leçons qui donnent au vers
moins ou plus de huit (neuf) syllabes sont imputables au copiste et ont été
corrigées dans le texte imprimé. Mais il faut tenir compte des règles que suit
le poète pour l'élision des voyelles finales devant une voyelle initiale et en
certains cas pour félision des voyelles initiales après une voyelle finale.
Dans les polysyllabes, il n'y a naturellement que l'e féminin qui s'élide; la
question est de savoir si pour cet e Ambroise admet quelquefois la npn-élision
produisant hiatus. Je n'en ai relevé que quatre exemples qui paraissent assu-
rés ^^^ : Car el port d^Acre el rochier 89/10, En Vost d'Acre ot un Pisan 65oi,
E cil qui Acre assaillirent ^671, LHanguage ensemble etrouent 6187. Il s'agit
toujours, on le voit, d'un e précédé de deux consonnes dont là seconde est
une liquide, position où il a une consistance plus grande que d'ordinaire ^*^
^*^ Sur l« V. 1 1 5 1 6 voir V Errata, ^*^ L'hialus apparent formé par Genve devant
^*^ Souvent des rimes imparfaites sont prêtées une voyelle aux v. 3|6a et 11 335 doit sans
au poète par le copiste, soit qu'il fasse des con- doute se supprimer par l'admission de la forme
fusions de graphie (comme entre -aineei -oigne), Genves (voir à la Table des noms propres),
soit qu'il mette des mots fautifs comme dûmes ^^^ On pourrait être tenté, ie cas se présentant
pour dune^ (: brunes) 7720. trois fois pour le même mot. Acre, d'introduire
LA LANGUE.
xvii
En résumé, c'est un fait très exceptionnel, et dont on peut ne pas tenir
compte en général.
L'éli$ion interne, qui s'applique à une voyelle atone dans l'intérieur d'un
mot, est, comme on pouvait s'y attendre, complètement inconnue à Ambroise.
Le manuscrit en présente d'innombrables cas, mais ils proviennent tous du
copiste. Pour n'en donner qu'un ou deux exemples, il écrit crior baneisor aux
vers 9709-971.0, au lieu de cineor banisseoty qu'il a mis correctement aux
vers 98/19-9850. Beneite 9788 doit être lu beneeite, et j'aurais mieux fait d'in-
troduire cette forme que de supposer qu'on pouvait lire beneite; àe même il
aurait sans doute été préférable d'imprimer partout guaaignier^ etc. , au lieu
de supposer qu'on pouvait prononcer gua^ier^^K Le seul mot neis présente,
à côté de la forme pleine, la forme contracte nis (voir au Glossaire); mais
cette double forme se rencontre déjà dans des textes beaucoup plus an-
ciens et s'explique p^ des raisons particulières ^^^. D'autres contractions ne
sont qu'apparentes : dttor n'est pas dileor = dictatorem, mais répond à un
dictorem fait comme factorem; quilé répond directement à une forme
quittitatem, tandis que quitedét quiteé est refait sur quile avec le suffixe
formatif -^t^^K
Les monosyllabes qui élident leur voyelle finale se divisent en deux classes:
dans la première, qui comprend de^ le art. et pron., me, te y se, l'élision est
obligatoire (^) ; dans la seconde, qui comprend ne, se conj.'^^, que conj., que
pron., jo, po, li art. masc. sing. nom., K pron. dat., qui, si, elle est faculta-
tive. Je ne relève pas les exemples d'élision ou d'hiatus pour ne, se, que, K
art., où l'usage d' Ambroise n'offre rien de particulier '^'^. Les autres mots mé-
ritent un examen plus attentif. Jo élide naturellement très souvent son 0 quand
la forme Acres, comme Genves (cf. TangL Acres);
mais cette forme ne se rencontre pas, que je
sache, dans les textes français anciens.
^'^ Une élision d'un autre genre parait exister
dans serment au v. 855o, mais il faut la sup-
primer. Le manuscrit porte : Que les serment dei
barttage; j'aurais dii comger serment en sere-
ment, et non del en de son. De même, v. 1 09 1 9,
Jire Qu'en lor seremenz. Au v. 53 a 9 ii est fiicile
de supprimer lui ou le.
^*^ Voir La vie de saint Gilles, publiée par
G. Paris et A. Bos, Paris, 1881, p. xxn, n. 2.
^'^ Voir A. Darmesteter, Reliques scientifiques,
Paris, 1889, ^* '^'P* ^^^*
^*^ Le manuscrit écrit souvent Te dans ce cas,
mais il iisiut Télider à la lecture.
^^ I^e copiste de notre manuscrit écrit d^ordi-
naire si pour se.
^*^ Je noterai seulement, en preuve de h
liberté que se donnait le versificateur en ce qui
concerne li art. masc sing. nom. , li tmpirere
1671, 1767, i8â9, et Vemperere 1911, 1715.
Dans li masc. nom. pi.. Xi, comme on sait,
n'est jamais élidé.
c
nraiBsmis mtxttht».
XTui INTRODUCTION.
il précède immédiatement le verbe qu'il régit : jo er-^W 2291, jo ai 6889,
6892, S^li'j, faveie 8079, jo aveie ^912, 6745, 9152, jo eusse 10189,
i2i5o,deméme,quand il en est séparé par t ou «n : jo 1 10970,^^^ en ioi83;
mais il peut aussi l'élider quand il suit le verbe : Taz jorz eusse jo autretel 910a,
et même quand il est employé d'une façon absolue , où il semblerait devoir avoir
un accent plus marqué qui empêcherait Télision : Ejo a tei deusfaiz sanz retraire
8762. On rencontre d'ailleurs assez souvent la non-élision : jo ai 6226, jV
en i 1 028 W. — Ço se comporte de même; je ne relève pas les très nombreux
exemples de c'est, cert, cerent, cesteit, (festeient, où la voyelle est le plus sou-
vent écrite (presque toujours 0, deux ou trois fois e) et quelquefois omise (de
même ço en est 8972). Dans tous ces cas^ço est sujet; il Test aussi dans
c'avait 2867, où la langue moderne admet encore l'élision, et dans ç'ala 928,
çaveneit 5 48 1 , ç'avint 3li^li,oii elle ne la connaît plus parce que ce est tombé en
désuétude comme sujet sauf devant les verbes être et awir (et avec le pronom
relatif). Gomme régime, ço élide son 0 non seulement quand il est régime
direct du verbe qui suit et par là même faiblement accentué , comme dans ço
aveit 8584, ço oirenl 909, mais encore quand il est régime d'une préposition
qui le précède, cas où il semblerait devoir être fortement accentué : ainsi de ço
avreient 6217, deçoot 8991, por çoai'j, porço ait 8902, par ço avoient 8808,
por ço ala 8166, por ço alomot 5888; il l'élide même quand il est placé
devant un verbe dont il ne dépend pas : E por ço aler l'en conveneit 8588, ou
devant un autre mot : por ço al Casel 7781, por ço a une part 9187. Cet usage
se rattache évidemment à celui que connaissent plusieurs poèmes français,
d'ailleurs postérieurs au nôtre, de considérer 1'^ de ce, régime de prépositions,
comme atone à la rime, et de faire rimer par exemple sans ce et puissance, a ce
et grâce ^^\
Parmi les mots en 1, si n'offre pas d'intérêt; il élide ou n'élide pas son 1 à
volonté (sur sin, voir ci-dessous). Qui n'élide plus jamais Yi en français; chez
Ambroise il l'élide très souvent : juii 1294, 1989, 38o6, ^718, 5692,
12887, quiert i5i, 7091, qui iert 471^, qui ierent 2760, qui 0 lui erent
^'^ Dans tous les exemples cites ici , la voyelle ^*^ Sur la question de savoii- quelle dtait la
finale est ëlid^, mais on a reproduit telle quelle voyelle finale de^o et ço, voir ce qui est dit plus
la leçon du manuscrit, qui tantôt la supprime, loin.
en rfiunissant le monosyllabe au mot suivant '^^ Voir Tobler^X^t^er^yranpat»^ Paris, 18 85,
(jaueie, cest, etc.), et tantôt la conserve. p. 65, i63.
LA LANGUE. m
3700,7669, quiilloc S6tio,quia SbfàS^quoncoreb^S^^^KDamçoquenavint
2761, on a sans doute affaire à que neutre plutôt quà qui (voir ci-dessous);
de même dans Delfuerpor quil le requereit 633 , où, comme souvent en ancien
français, on a la forme faible du neutre dans un cas où Ton attendrait la forme
forte. — Li pron. dat. nous présente un cas particulier : on lit six fois dans
notre texte Fen pour lien (/i5o6, 6566, AgSâ, 55âi, 1007/i, 10973); étant
donnés les cas d'enclise A^en dont nous allons parler (m, juin), on pourrait
être tenté de lire lin ou luin, Télision de Yi dans ces conditions (p. ex. 4566
De ço qui Fen [» lui en] vient a mémoire) nous paraissant singulière; mais elle
ne Test pas plus que celle de ço et que que nous venons de constater, et elle
est confirmée par des groupes comme rdlasses ^^Im allasses 9606, Fagreoit
9 76 A » lui agréait; notons d'ailleurs que le manuscrit élide dans tous ces cas
sans exception la voyelle de li, et que le groupe luin ne se trouve que dans
des textes sensiblement antérieurs à Ambroise.
Enclise. — L'enclise de le, les art. après a, de (a/, del, as, des) est com-
mune à l'ancien français et au français moderne et ne demande qu à être si-
gnalée (^); celle de le, les après en [el, en les) a disparu par la suite, mais était
jadis aussi constante que la première; elle Test dans Ambroise. L'enclise de
le, les pron. a disparu de meilleure heure; elle est encore très abondante
dans Ambroise, mais elle ne s'exerce qu'après si, qui,jo, ne^^\ et elle est facul-
tative. Je ne donne pas les exemples où on trouve les formes libres; je crois
devoir, au contraire, relever tous ceux, beaucoup plus nombreux, qui nous
présentent l'enclise, ce phénomène n'étant pas sans intérêt pour l'histoire de
la langue. On trouve : sil 639, 36i&, 36â/i, 3768, AaSS, 6695, 5364,
5790, 6985, 75ia, 8792, 885i, 8976, io^3i;quil 1970, 3467, 3576,
36o6, 36qi, 3639, 6808, 5776, 6766, 7/101, 7761, 8o38, 88i4, 98/1/1,
10837, i2ii3, 12255, 1 i263;yo/ 9838, 1 1665, et gel 7091; nel 2o52,
2/189, 2619, 2777, 3/i63, 3895, /i656, /i838, 523/i, 6o23, 6562,
6658, 6890, 7/127, 7880, 8700, 9871, 9580, 11608, 11673, 11676,
^'^ Dans un texte plus ancien on pourrait lire ^'^ Dans les textes plus anciens, elle se pro-
qui'neore, mais Télision de Yi est trop frëqueni- duit même après les mots paroxytons, comme
ment attestée pour qu'on hësite à l'admettre icL altre, et en outre après tu, tei, quei, ja. Voir
Il faut ajouter qui en 10919, si on adopte la (mais il faut le compléter) le travail de M. K.
leçon proposée ci-dessus, p. xvii n. 1. Gengnagel : Die Kûrzung der Pronomina hinter
^*^ Sur la forme de ces mots dans Ambroise, vokaUêchem Auslaut im Al^anzôsisehen, Halle,
voir plus loin. , 1889.
c.
\
11 IMRODUCTION.
4
1 lyiS, auxquels il faut joindre nu 7387, 797^ et no 35 18, 0/137, 9^^^^
j 10977; — •** 2985, 3o88, 3363, 3709, 4355, /i36/i, 446i, /i66i,
j 4872, 65*J3, 7203, 7373, 7602, 76^5, 871/i, 9396, io333, iii36.
ii6o8, 11611, 13076; qui$ 3oi, 3183, 3196, 3818, 3ii3. 3/i33.
38oi, &009, /ioi4, (4858, 6019, 5977, 6719, 76/13, 7883, 8039,
io55i, 1 1 i5o, 1 133 1; /M 73&5; nés 3336, 3900, 3076, 3/i8o, 3856,
6003, 6396, 6653, 73'îr>, 7338, 7Û96, 8i65, 93oi, 9653, ioi33,
io35i, 10/16/1, io/i65, 10557, 10767. L'enciise des pronoms personnels
me^ le y »e est un fait beaucoup plus archaïque que le précédent; obligatoire à
Torigine, cette éiision est déjà facultative dans le Pèlerinage de Charkmagne ^^^
et le Roland, et on n'en a pas signalé d'exemples plus récents; il s'en trouve
ce{>endant un incontestable dans notre texte pour $e : Cunque$ genz tant ne$
deseorderent 10211 ^^K
Une enclise d'un genre particulier est celle qui affecte en (inde) : ce mot,
quand il suit les monosWlabes accentués n, qui^ peut perdre sa voyelle ini-
tiale, et Yn s'agglutine au mot précédent; on a ainsi dans notre texte n» /i8o,
586, 1759, 4579, 535o, 5638, 690/1, 6667, 7078, 7139, 8027, 9013,
9262, 9312, 9868, 101/17, 11167, ^^^ ^^^ ^^^^ ^ ^ 56i2, et quin
7070, 863o, 8810, 9/160. C'est la graphie à peu près constante du texte
qui détermine à admettre ici l'élision de 1'^ de en plutôt que celle de Yi de m',
qui^ qui serait admissible aussi (voir ci-dessus) : quin, gin sont des formes ar-
chaïques qui n'ont pas dû être introduites par le copiste ^^K
Nous pouvons maintenant passer à l'examen des renseignements que la
rime et la mesure nous fournissent sur la langue de notre poète.
Voyelles atone». — La mesure des vers nous prouve simplement que les
voyelles atones placées en hiatus dans l'intérieur des mots n'étaient pas encore
élidées (voir ci-dessus p. xvu), mais elle ne nous renseigne pas sur la qualité
de ces voyelles, et comme on ne peut se fier à la graphie du scribe, c'est un
point qu'il est impossible d'éclairer pleinement. Cependant, vu la grande pré-
' M. Geognagel la conteste pour ce texte, trouve dans un assez grand nombre de textes,
mais c*est une erreur : voir Romania, XIII, 139 surtout occidentaux, est inconnue au n^tre.
et la troisième édition (1896) donnée de ce ^'^ Au contraire nous avons admis plus haut,
poème par M. Koschwitz. pour des raisons en partie analogues, /'en et non
^'' liVnclise de vas sous la forme o«, qui se Un (et aussi yen 101 83 et nonyoïi).
LA LANGUE. xu
domiiiauce des formes qui appuient cette conclusion, on est en droit d affirmer
que le traitement des voyelles atones dans Àmbroise était sensiblement celui
du français ordinaire du xu^ siècle. Il serait peu à propos d'entreprendre ici
Tétude de ce sujet étendu et difficile, en s appuyant sur un texte qui présente
aussi peu de sûreté. — Les anciens proparoxytons s'étaient réduits à des
paroxytons : image rime avec bornage /i3â2, bien qu'on trouve ailleurs la
graphie imagene.
Voyelles toniques. — A. L'a accentué simple , provenant d'à latin entravé ^'^
n'offi'e rien à remarquer : palacre^ diacre^ sacre (: Acre 1200, 278/1, 29/18)
sont des mots savants; maçacre (: Acre 3 090) est un mot étranger.
L'a entravé précédant une nasale, et nasalisé par elle, ne rime pas avec $
nasalisé (voir à e). — L'at qui provient d'à libre précédant une nasale rime avec
ei provenant d'^ fermé libre dans les mêmes conditions (voir à ei). Il faut noter
quelques mots où l'on a a et non ai devant une voyelle simple : ane (an à te m)
s'explique par le fait que le mot a été longtemps proparoxyton (dn^)^^); cara-
vane est un mot étranger ; ^/om^ est un mot savant; les l'^pers. en -^mes
remontent à -avmus; dame, par une exception encore imparfaitement expli-
quée^^), provient de domina. Les rimes dame ame [aime) 8902, dames âmes
[aimes) 365 1 , blâme famé 9688, semblent prouver que la chute de l'n ou de
Ys (voir ci-dessous) n'avait pas allongé l'a des mots anme, blasme, et la rime
blâme borne [basme) 9906 autorise à en dire autant du groupe Is de balsme;
toutefois il peut y avoir dans tous ces cas, où l'a s'est trouvé plus ou moins
anciennement en contact avec l'm, une nasalisation (a). Avec ces mots rime
encore mesame (: blâme 10160), où il faut remarquer que la forme primitive
est mesesme : le verbe esmer, le subst. verb. esme, et le verbe mesesmer lui-
même, ont conservé leur^ étymologique dans la graphie du copiste comme
dans la langue du poète [esme : quareme 1112), et il est contraire à son
parler que 1'^ nasalisé rime avec a nasalisé. 11 faut admettre ici l'emprunt d'un
mot entendu dans la bouche d'un homme d'une autre province ^*^ — Sur an
précédé d't, voir ie.
^*^ Sur le sens des mois trlibre^ et «rentravë», ^*^ Cf. Meyer-Lubke, 1. 1, S 869.
voir G. Palis, Extraits de la Chanson de Bohmd, ^^' A côté de mesesmer on trouve, et même
5' ëd., p. xxxy. plus souvent, mesaesmer (doù mesaasmer, me-
^'^ Voir W. Meyer-Lubke, Gramm, des langues samer), et Ton pourrait admettre Tinfluence dé
romanes, t. I, SS 53o , 64&. la sur Te qui lui est contigu, mais cela implique-
XXII INTRODUCTION.
Les combinaisons d'à avec j(^) (notées a») peuvent être simples, ou se com-
biner de nouveau soit avec n, soit avec /. Nous examinerons successivement
les trois cas.
Le groupe ai provenant de a plus une palatale quelconque est, dans notre
texte, dont la graphie varie beaucoup sur ce point, réduit à è comme en fran-
çais moderne : lerme (lacrima) terme 2682, 881 3, peisse presse i5o (voir le
Glossaire), estre nestre q6, désire nestre iâo58, prestres meistres 8564, après pes
66â , Nazarehtfet 1 q 183 , torqueis (1. tarqtuds) près 3766. Il ne faudrait pas se
laisser tromper par la graphie ei pour ai, fréquente dans le manuscrit, et croire
que ai peut rimer avec ei : tous les ei qui sont dans ce cas (p. ex. fomeisse :
mesaise 35os, malveises : aises biS ^feile : retraite 3968) doivent être changés
étymologiquement en ai ou phonétiquement en è ^^K — Le produit de an plus
la palatale yod est aing lorsqu'il est final, aigne dans les finales féminines, ain
devant une consonne. Aing (pi. ainz) ne se trouve pas à la rime. Aigne{s) s'y
trouve souvent, presque toujours en rime avec lui-même, et écrit tantôt aine^
tantôt aigne (voir à Yn mouillée); deux fois il rime avec r^ne : règne chevei-
taigne 8608, Charkmaines règnes 8/180, et une fois avec la 3^ pers. sing. du
subj. pr. A'emprendre (empraine enpraine 6). Nous reparlerons de ces faits à propos
de ei. Ain devant une consonne rime soit avec lui-même (si Ton considère
Tétymologie et non la graphie) : a^eû^Er^ (a ttangere) remaindre 1 202 , enfraindre
(infrangere) ataindre 1 856 , empaindre (impangere) ateindre 2 1 Bs , remeindre
pleindre 6678, pkindre remaindre 6908, atainte aleinte âi5/i, plainte meinte
3 6 9/1, soit avec ein (voir à ei). — Ai plus / donne ail quand il est final, aille
quand c'est une finale féminine, au devant une consonne (voir à 1'/ mouillée).
AU ne figure pas à la rime, aille ne s'y trouve qu'une fois (vitalle bataille 7920);
auz rime avec auz d'autre origine (voir au z). Dans paile œntraille k^3S on ne
peut savoir si Ton a les anciennes formes pâlie contralie^^^ ou paile contraUe^
mais en tout cas 1'/ n'est pas mouillée.
E. L'ancien firançais connaît trois e toniques, distincts par leur origine. Le
premier, c\ est l'e ouvert du latin vulgaire (ë du latin classique) entravé; le
second, ^^, est l'e fermé (ê, ï du latin classique) entravé; le troisième, ^, est
rait une contraction dont, comme on Ta vu plus ^'^ Au v. 3^98 il faut lire par sa manaide
haut, il n*y a pas d'exemple dans Ambroise. (: laide), au lieu de l'inintelligible por sa mets--
^'^ Lej désigne leyorf (it jeri, alL Jahr, fp. nade (voir au Glossaire).
pied, yeux, soleil). ^^^ Par dissimilation pour contrarie.
LA LANGUE. xxui
la transformation normale de Ta tonique libre (sauf devant une nasale ou une
palatale). La prononciation du premier était certainement è; celle du second
et du troisième à Tépoque ancienne est plus douteuse. Nous les examinerons
successivement.
Sur ^=»ë entravé en lui-même, rien à remarquer ^*J. On a vu plus haut
que Tancien ai avait le son de ¥è et rimait avec lui. — Devant une n suivie
d'une autre consonne, IV se confond avec Yé^; nous parlerons plus loin des
deux en même temps.
Devant /, Yè s'est élargi anciennement en èa, et quand 17 s'est vocalisée,
èal est devenu èau, puis eàu. Ce groupe est noté par notre manuscrit de façon
très variée [ely iely ta/, iau); ainsi, pour citer trois paires de rimes évidemment
identiques, on lit i6Sâ aignek biaus^ Ssoa chastels numgonieU, 9/108 e8ro[r]-
neh biais; mais c'est eau qu'il faut attribuer au poète. L'assignation à l'a de la
prépondérance tonique semble attestée par les rimes de eau avec au que nous
montrent les deux groupes --eaus et -eaume : leam (légales) Preak (pratellos)
7i!ia, i2â66(^), Preals reaus (regales) 11000; helmes réanimes 5768,
GuUlames palmes 58o!i. Il faut toutefois remarquer que cette confusion
n'a lieu que pour le mot Preeaus, où il était facile qu'un des deux e contigus
tombât('), et pour les mots étrangers helme et Guillelmey qui ont pu avoir des
formes variées, correspondant à des variantes de la langue originaire (hjalm,
Vilhjalm)(^). On ne trouve jamais la confusion réelle des deux groupes eau
et au telle que l'attesteraient, par exemple, des rimes de beaus à maus^ de
apeaut à vaut. — Pour l't provenant de à + 7, voir plus loin.
Ve provenant de e (ê, ï) ne rime en général qu'avec lui-même : --ece (-ïcia
pour -ïtia) : prœce vistece ifkHi.richesces ligesces 18/1, destrece (districtia)
laschece 621/1, sesche (sicca) teche (origine allemande) iii3â, tresches (du
germ. thriskan) garlandesches (suff. germ. -isk) 8/160, Saete (Sagitta)
nette 5o58(^), ewette (suiï. -itta) Mont Olivete (mot savant) 1062Q, muschetes
petitettes 96 3o, bocettes machettes 96/10, saeites desheites (1. deseetes et voir au
^^^ La rime estue quareme 1 1 1 a ne prouve ^'^ Et encore Preeaus ne rime-t-il qa*avec !eau$
rien, les deux groupes diffëreniment écrits ëtant et reaus.
clans les mêmes conditions. Sur Ys devant m, ^^^ Sur heaume, voir au Glossaire,
voir ci-dessous p. xxxvi. ^'^ La rime Saete parjete 8688 indique com-
^*^ On peut y joindre Prêtais reaus iitSi, ment Ambroise prononçait les formes fortes de
011 reaus doit sans doute se corriger en leaus, jeter.
XXIV
INTRODUCTION.
Glossaire) 1986, gresle (orig. inconnue) mesle (subst. verb. de mesïet* mis-
culàre) fi ^f^o, gresle pelle (subst. verb. de pester pistulare?) 10892, /wy^-
messe espesse 8263 ^'^. — La rime senestre celestre 12066 ne fait pas excep-
tion, sinistrum étant devenu senestrum en lat. vulg. sous l'influence de
destrum = dextrum. Il en est de même des rimes arbaleste (arcuballista)
preste /ig/io, arbalestes prestes 1/180, 2172, 22 lû**-^'; il est vrai que ae est
en général traité comme ë (cf. ceste (caespitat) /este 2744); mais l'adv.
praesto et l'adj. fait sur lui praestus avaient, au moins en Gaule, en Rétie
et en Espagne^'^ un e fermé en place de Yae. Sur la rime eskec iluecy voir à
w. — On peut se demander si la distinction de e^ et e^ dans notre texte
n'est pas purement fortuite; en efl*et, d'une part il n'y a guère de mots qui,
ayant après un e^ ou e^ les mêmes consonnes, ne diffèrent que par cette
voyelle; d'autre part des poètes plus anciens qu'Ambroise confondent sans
scrupule ces deux voyelles à l'assonance ou à la rime , comme le fait la langue
moderne. Je crois cependant que la distinction est réelle : les cas de rime pos-
sible ne sont pas si rares qu'il le semble au premier abord; par exemple
-ete (-itta) pourrait rimer avec -mte, -este (-ista) avec -este (-esta, dans
teste y festCy geste, tous mots qui figurent à la rime), vert avec pert (perdit),
messe avec presse y etc.'*^; quant au fait que la confusion des deux e se produit
antérieurement à Ambroise^*^, elle ne prouve rien pour son parier à lui, et
nous voyons que des poètes qui lui sont postérieurs ne la connaissaient pas
encore^*^ — L'c^ + ^ vocalisée ne donne pas eau, mais eu, distinction conservée
jusqu'il nos jours dans eux, chevetiœ, et qui existait sûrement pour Ambroise;
le mot/eu« 2618 parait bien être le nominatif/e/ + « et rentrer par consé-
quent dans cette catégorie; pour sa rime avec meseûretis, voir à ou.
^^) On sait que les mots en -I lia avaient change
leur suflixe pour -ëlla; les rimes comme aissele
twvde A 990 sontdonc parfaitement correctes (Su-
chier, Gramm, des AUfranzâsUehen, S i5 6). La
rime cler$ cers SSgi doit étrecorrigëe en elersfirs.
^*' Le ms. ëcrit partout arhlaste ou arbeUute,
formes évidemment dues au copiste.
^^^ Voir Meyer-Lubke, Grainm, des L rom.,
S 393. M. Suchier {Gramm, y S i5 c) me parait
trop restreindre l'emploi de prtBi avec e' (Wac<;,
Beneeit, Guillaume le Clerc).
'^^ Noipr que engreue rime toujours avec presfte
(voir au Glossaire), jamais par exemple avec/e-
leneue.
'*) Au reste, cette antériorité est douteuse;
M. Suchier (*S 17 e) ne Tadrnet pas; mais il y
en a au moins des traces incontestables dans les
assonances de plusieurs chansons de geste, qui
laissent passer des mots en e* dans des laisses
en e^ : Jlesque {Offer) ^ piiwcee {Aie, FhaooHt),
frès wiièê {Am. et Am,).
^*) M. Suchier cite Guillaume le Clerc et Raoul
de Houdan; on peut y joindre Jean Bôdel, et
même, h ce qn*il semble, Adenet le Roi.
i
T
ê I
s
i xrn INTRODUCTION.
' permette de savoir si Ambroise employait la terminaison -a/, comme beaucou
^; de poètes normands , à côté ou au lieu de -el. Sur les rimes de e^ avec te, voir à té
^ La diphtongue ie provient de ë tonique , de ^ précédé médiatement ou im
médiatement d'une palatale, de a dans le suffixe -arium (auquel la terminaisoi
^ des mots integrum, ministerium, monasterium, maceria a été assi
1 milée). Notre ms. confond absolument e eiie^ les écrivant sans cesse l'un pou
3 l'autre, à la rime'^^ comme à l'intérieur du vers. Le poète faisait-il cette con-
fusion? Un assez grand nombre de rimes semblent l'attester. Plusieurs, il es
vrai , sont certainement fautives et ont en général été corrigées dans l'édition
d'autres doivent l'être : ainsi il faut sans doute corriger au v. titi3H avères ei
entières (comme je l'ai proposé au Glossaire), et lire aux v. 6965-6 aban
donouent trenchauent au lieu d'abandonerent trenchierent ; au v. 870/1 delœeSy qu
rime avec/[a]t^«, est pour desleiees (voir au Glossaire); au v. 6686, au liei
d'ajouter se devant traveillerent, il faut lire travaillié erent. Dans beaucou]
/ d'autres cas la rime de ie avec e n'est qu'apparente : il s'agit de mots qu
doivent avoir réellement e et non ie^ comme bacheler [voir au Glossaire) ; endite
! (voir au Glossaire) a prescpie toujours é; quiter, aquiter, déshériter se présentai]
) dans les textes soit avec ^, soit avec Î6, et ont toujours e dans Ambroise; le me
^ merrery dans la locution merrer son dueil^ qui est attesté par trois rimes ave
enterrer (voir au Glossaire), est d'origine inconnue et ne peut guère être 1
même que mairiery qui figure souvent dans la même locution et semble veni
de majorare; effreiee [: arestee 6788) est régulièrement esfreee. Les rime
trébuchèrent crièrent Û902, gracier mercier 9928, attestent toutefois que V
suivant un i syllabique commençait à se prononcer ie^'^^ (on trouve d'ailleurs
conformément à la prononciation plus ancienne, criée atomee "^^^^^afieren
rétamèrent S'jS ^ escrierent numterent 5 00 8). Il reste un mot qui a partout ail
leurs e et qui se présente deux fois avec ie (voir au Glossaire), c'est empressier
il faut sans doute supposer un pressiare à côté de pressare^'^ de mêm»
espressier 6298. Mais, en somme, on voit que la distinction entre e et ie est
sauf le cas de crier^ mercier^ devenus mter, merciiei\ rigoureusement observée
'\ — Une question toute spéciale se pose pour Xie devant nasale, qui a d'ailleur
I
<*^ Voiries variantesdes vers 376, 63à, A087, peissier remonte à espeisse, de spissia (qui ex
AdSi, &619, 66i3, 7^93, 7876, io6&â, etc. plique aussi espeis espots au liea A*e8pès);pre9i
<"^ Voir Suchier, S 1 7 rf. au contraire ne saurait remontera pressia (voi
^*^ On pourrait comparer espeissier, mais es- les formes des autres langues romanes).
«
. I
' I
i
f
f
i .
»wii INTRODUCTIOV.
En dehors des nasales, ei représente un é {ê, i) tonique soit liLre, soit en-
travé par une palatale. Cet ei, dans une grande partie de la France, déjà au
temps d'Ambroise, avait passé h oi. La graphie de notre ms. présente un mé*
lange absolument confus des deux notations''^; mais Teiamen des rimes per-
met d'aflirmer que le changement dW en oi est inconnu au poète. Un cas
particulier, le mélange des imparfaits en -^ et en -aue, sera examiné à la
Conjugaison. Sur des rimes comme vail conseil, chameilz oilz, voir à ue.
La diphtongue eu, sauf le cas dV+/ vocalisée (feus =fels 26 1 8) et de l'affai-
blissement à' ou (voir plus loin), ne se rencontre pas en français; la triphtongue
ieuj provenant d'é suivi d u, n'y est pas très rare; mais elle a été le plus souvent
modifiée. Les rimes [)^Bar/AoWu(D eu m Bartholomaeum) o^^^ ^^ , Andreus
estreus 1 i/ii/f, paraissent prouver que notre poète la conservait pure (1. Dieu
Bartkohnieu, Andriens estrieus), d'autant plus qu'il fait ailleurs rimer Andriu
avec liu (4998), Dieus avec Uns (laiss), c.-à-d. avec feu, lieus, de lueu,
lueus. Une question particulière se pose pour les mots equa, treuca, leuca;
la discussion nous en entraînerait trop loin ; bornons-nous à remarquer que
ces trois moLs riment ensemble : liuue yuue 91206, liuues iuues 81196, liuues
iriuues 7612, 11798, lues triuues 10618^^^. Au même groupe appartient le
verbe sequere, dont le représentant français, écrit siure et siuursy rime en
général avec son composé aconsiure (voir à la Conjugaison); toutefois la rime
livre aconsivre (7 1 36) indique pour ce verbe la forme siwre.
I. L'i continue l'î latin. Il provient en outre d'é (ë, ï) précédé d'une pala-
tale (cire y merci y dl cilium, plaisir), d'é suivi d'un î atone final (i, »7, cil, cist,
vint, vin, veïs, -is, marchis, pats) et d'ï dans des mots savants (livre, servise,
envie, etc.) Ces faits sont communs à toute la France du Nord et n'ont pas
besoin d'exemples^^^ non plus que certains cas spéciaux qui reparaissent par-
tout. — Il n'en est pas tout à fait de même de lï provenant d'ë + J. Les exemples
qu'on en trouve dans notre poème ne sont pas nombreux, mais ils paraissent
suffisamment probants'*' : sire dire 1610; 7334 , 101/19, i2i34, sire ire 1 466 ,
^'' On y troiivo même ie pour eie, p. ex. 6986 de Fagetum) rimant avec envaï 10998. Sur lï
oiiverie/erie (six vers plus loin olkeroie). de /le, plie, etc., voir à la Conjugaison.
^*'' Notez quau contraire, dans la langue mo- ^*' Je ne cite pas tous ceux où deux mots de
deme, ces trois mots donnent trois résultats diiïë- cette catégorie riment ensemble, ce qui naturel-
rents : ive (disparu), trêve, lieue. lement ne prouve rien (p. ex. sojfire desconfire
^*' Citons seulpment Fax (r^lièrement tiré suffecere di8Confecere)9i8C, shree remires
. LA LANGUE. xm
687/i, sires dilues 568, sire bapttstire /iSSaW, matire desfre^^^ 2662, eslire^^^
dire 5aao, /wn« (part. A% prendre) pris 1082, 56/io, 717/i? 9270, ii53o,
12268, Henris pris 3836, Haasasis sis (sex) 10800, église (ecclesia) remise
(de remaneiry voir ci-dessus p. xxv, n. k) 8126, 85/io, i3o66, églises remises
3708, b^36, petite eslite k']']2^'^K Les mots qui riment ici en i rimeraient dans
certains textes'^^ en ie^ ei ou e [dejiere, esliere^ pines^ sieSy egliese, esliete^ etc.),
— Une question particulière se pose pour a précédé de palatale et suivi de j :
ce groupe est généralement traité comme ë suivi de j , et notre poème même
nous en offre un exemple : gise desjise 1808^^'. Mais les noms de lieux en
-iacum présentent à la rime des phénomènes assez compliqués : cinq d'entre
eux y figurent (^\ un trois fois, un autre deux fois, les trois autres chacun une.
Le ms. leur donne toujours la terminaison ie, qu'on peut interpréter icj i^et
même 1; les rimes de ces noms entre eux [ChavigtUe Sade 10992, Chavignie
Cloignie 11878, Chavignie Graie 7556) ne décident rien; mais on trouve la
rime Sade ronde 1 1/128, où le second mot doit certainement être lu rond. Il
semblerait donc indiqué d'attribuer au copiste la terminaison -ie et de rétablir
partout i; jnais, d'autre part, on trouve la rime envie Toenie 10/172, qui ne peut
s'expliquer que par la prononciation -ie. Le problème semble insoluble. Peut-
être faut-il admettre que le poète a prononcé ces noms comme il les entendait
prononcer, et que Robert de Toenie se nommait lui-même ainsi (suivant la
prononciation de son pays'^') , tandis que les seigneurs de Chauvigni, de Saci et
de Graï prononçaient par» la finale du nom de leurs châteaux'^). Ce ne sont pas
9189, pris (pretium) dis (decem) io5o8, segvre. Les rimes d'ermm ermine en t (i559,
disme redisme 66 3 0 , /tl délit /180 9 , desconfite esUie 1 69 9 ) ne prouvent rien.
80 , etc. ('^ Le mot sw'e , à vrai dire , ne prouve rien , ce
^^^ Les mots savants en -ërium, -ërium, mot ayant passe h toute la France, même Ih où
-ëria ont -ire dans notre poème : dire avoltire phonëtiquement il aurait pris une autre forme
61^9 .filatires matires 1 93i 6. Sur la rime Sales- (il en est de même de dame),
hires tnatires 5oo9 , voir à Ye, ^^^ Ces deux subjonctifs sont d'ailleurs analo-
^*^ Desfire, ou mieux defire, n*est pas d e f I c e r e , giques et refaits sur l'indicatjf présent {gisent, des^
qui donnerait defeire défaire, mais defëcere ^^/); les formes primitives étaient /ece^ <iç^0ce.
re&it sur def ectus; même observation pour sof- ^''^ MaUli et Quinci ne se trouvent que dans le
fire, confire; mais on a parfaire malgré parfit corps du vers,
(perfec tum ). ^^^ Dans le voisinage de Gailloo , où est Tosni ,
('^ Eslire est naturellement ex légère et non les noms de ce genre sont aujourd'hui eu t; mais
ellgere. on a pu prononcer autrement au moyen âge.
(*) On peut y joindre livre aeonsivre (voir ci- ^'^ La forme actuelle Graie, dans le Calvados,
dessus), sivre de sequere ayant dà passer par n'est sans doute que graphique.
XXX INTRODUCTION.
là , à vrai dire , des mots de la langue , et on sait combien varient encore aujour-
d'hui, dans notre toponymie officielle, les représentants de -iacum disséminés
en si grand nombre sur tous les points du territoire (^l
0. L'o ouvert n'offre rien de particulier; il provient do entravé et d'au.
On ne peut savoir si dans rampone Rogne & i s Yo est encore ouvert ou déjà
allongé par la chute de la consonne suivante (formes primitives rampodne Rodne).
Vo de ordre ( : amordre 9 9 1 o ) est ouvert , bien que le latin soit ô r d i n e m , parce
que c'est un mot savant'^); il en est de même de l'o des mots savants glorie
vittorie 17/12. Ces mots se prononcent-ils encore comme ils sont écrits, ou déjà
ghire vitoire? On ne peut le dire. Le mot boire (Bôr eam ) est un emprunt récent
à l'italien boria; il rime trois fois (s3o6, SsSâ, 11026) avec estoire (pour
estoile d'un bas-latin stôlia?) : si ces mots étaient entrés plus anciennement
dans la langue, ils auraient été buirey estuire. — La diphtongue ou avec 0
ouvert, de au + u, se trouve dans Anjou Peitou 226; dans caillos (1. caillous)
cols (1. cous) 766, elle rime avec (m provenant d'ô+l vocalisée.
L'o fermé est écrit dans notre texte 0, u, ou; en français moderne la voyelle
ainsi notée est ou {^vl) quand elle répond à ù fermé (ô, ù) entravé, eu quand
elle répond à 0 fermé libre. Notre poème, comme l'immense majorité des
anciens poèmes français, dans les cas où le mot se termine par une consonne,
confond à la rime 0 fermé entravé et libre : nouz bouz 3852, crieor tur /igSo,
aillors^^^ turs 9068, preuz tuz ioo5/i, pruz tuz io5o2, huntus vus 1/172. La
graphie eu pour 0 fermé libre apparaît assez rarement dans notre manuscrit
[leusfevreus 1 1 22/i); mais une rime au moins prouve que le poète prononçait
eu à côté d'où : meseur[e]us feus 2618. Il parait même probable que c'était là sa
vraie prononciation (donc crieeury ailleurs y preu)^ et que l'autre, attestée par
les quelques rimes citées plus haut, est due à une tradition littéraire venue
d'une autre région que la sienne. Cet eu se prononçait avec un a^, qui avait
l'accent, comme le montrent les rimes de meseuretu^ di\ec feus et defevreus avec
lem (voir ci-après). Notons comme ayant un 0 fermé estoble (: troble 33 3 /i,
^*> On pourrait encore songer, pour écarter ^*^ Le mot ailhrs, fr. mod. ailleurê, ne peut
la difficoltë, à lire enui au lien d'envie au guère venir, comme on le dit, de aliorsum
V. 10&71, Ambroise faisant parfois rimer tft (M. Kôrting marque dans ce mot ïo conune
avec I (voir à 111). bref, mais il était sans doute long); il faut peut-
^') I^ mot plus ancien orne a correctement être supposer une basealiorum, avec addition
un 0 fermé ; il ne figure pas dans le poème. de ts adverbiale.
LA LANGUE. xxxi
6119a) de stupula pour stipula, mlusche (: mosche 566o) dérivé d'mtosehier
[intàxicdire), penteeoste (: coste 455ii, 9862, 9748)^^). — La diphtongue au
avec 0 fermé provient do fermé plus u : Joujou 782; on a vu plus haut que
Iw présente déjà concurremment la forme leu.
Devant les nasales, Yo ouvert entravé et Yo fermé se confondent, comme
partout en français; la terminaison -ornes (-û m us)» qui, pour des raisons d'ana-
logie (^^ prend un e final qui ne lui appartient pas régulièrement, rime avec
Aomes (64, 3^66, /i796, 53a/i, 6896, 11926); on ne peut savoir si dans
ce cas Ambroise prononçait lo fermé ordinaire ou lo nasal (de même pour
one dans dane^ none^ coroMy EscaUmey etc.); en tout cas il ne prononçait pas
0 ouvert comme* le français moderne. Lo devant nasale dans les terminaisons
masculines était bien probablement nasalisé. Sur ô libre devant nasale,
voir à ne.
La diphtongue ai avec 0 ouvert provient de au+j dans/oié, noise ^ Montoire.
Montoire rime avec estoire (histôria), qui rime avec mémoire 4365 : ces deux
mots sont des mots savants ; ils auraient donné estuire, memuire. Sur boire y gloire ,
estoire j voir ci-dessus. — La combinaison de 0 fermé +j avec une nasale donne
oin ou oin, et Yo ouvert dans les mêmes conditions aboutit au même résultat :
besogne rime a\ec Borgoigne (228, 27/1, 88a) ou charoigne (caronea) 3656,
1 1686; elessoigne^ dont Yo parait bien avoir la même origine que celui de
besoigne, rime avec testimoigne 5â6o(^). La rime parpaitUes coinies io5âs poui^-
rait faire croire que oin rime avec ein, mais il faut lire parpointeSy comme
dans la même paire de rimes au vers i586(^^
La diphtongue ue^ plus anciennement uo, est l'épanouissement d'ô libre
tonique. Elle est écrite dans notre texte ue, oe y souvent 0, et dans certains cas
e simple : Texamen des rimes prouve que toutes ces graphies représentent un
son identique, ue, dans lequel Taccent est sur Ye. C'est ce qui résulte d'abord
de la rime fuerre [écrit faire) guerre 3670, et ensuite des rimes très nom-
(^> On sait que cette forme, encore mal ex- de clartë, le gn, remplace le plus souvent dans
pliquëe (Sadiier, S la i), est habituelle en an- le ms. par n simple.
cien français; il est remarquable que le français ^^^ Au v. 7986, le mot eaintes, que donne le
moderne Penteeéte représente au contraire un mannseril, et qui rimerait avec contef comités,
ancien PerUeeitte. a été dans Tëdition corrige en contes computos,
(') Voir Rmnmùa, t. X\I, p. 35 s. comme le demande aussi le sens; voyez ci-dessus
(') Dans tous ces mots j*ai rétabli ici , pour plus p. un , n. 9.
XXXII
INTRODUCTION.
breuses où figurent les mots ilueques et ovueques (écrits iloqtieSy ilocques^
illoques y et ouequeSy ouecques). Souvent ils riment entre eux, malgré la diffé-
rence de graphie, et cela ne prouve naturellement que leur identité ^^^ il en
est de même quand illoques rime avec porogues (365o); mais ilueques rime
sept fois (538, 1Û76, 1878, 9862, 8170, 670Û, 6698) et otnce^ues deux fois
(iâ6&, 79^8) avec ^snejftt^, et de même i7/ii«c (»7&>c) rime avec eskec [io^k^):
W faut donc admettre ou que ces mots étaient déjà devenus ilec \ovec\y ileques
ovequesy ou plutôt qu'ils étaient encore à la phase antérieure où ils se pronon-
çaient iluec \€vuec\^ ilueques ovueques avec Taccent sur Ve^^K — Ce résultat est
confirmé par les deux observations suivantes. L'ô libre devant nasale devenait
ue dans le langage d'Ambroise tout comme devant une autre consonne, et les
mots de ce genre ne riment qu'entre eux (et non, comme ailleurs, avec on) :
cuens boens /i&&6, boen Roem io36, Roém hoem 1 i6â (/?om est primitivement
Rodœm de Rodômaum Rotômàgum); cuens et buens (écrit bons) riment en
outre avec suens ( â&B/i, 5o6/i), et buens avec Duens (3 1 2 8 ); toutefois le mot
uem, lorsqu'il fait l'ofiice de pronom indéfini, rime neuf fois avec yertiW6m(i 766,
5o5o, 6866, 7062, 7612, 777^, 9866, loià/i, 1 194^) et une fois avec
meien (écrit maan) Ub^kj ce qui prouve ou qu'il avait perdu son u, ou qu'au
moins l'accent avait passé à Ye^^K Devant une / mouillée, la diphtongue ue pro-
venant d'ô rime également avec l'c^ provenant d'e {eviné : vueil conseil 8702 W^
et il en est de même quand une consonne suivant le groupe eil en a fait dis-
paraître le mouillement (voir aux Consonnes) icliamelz ueh io58o^^). On peut
donc admettre pour ue la prononciation indiquée plus haut; mais il est pro-
bable qu'elle n'était pas encore tout à fait établie, puisqu'en dehors des trois
cas cités Ambroise ne fait pas rimer ue avec e. II est difficile de décider quel
était Ye de cette diphtongue (la valeur de l'a d'esneque^ eskec est douteuse),
e^ et é^ se confondant devant les nasales; ce n'était certainement pas ^ : les
^') J'ai noté vingt-huit de ces paires de rimes,
ou le premier mot a toujours 0, le second tou-
jours e. •
^*^ La graphie différente des deux mots dans
notre ms. indique, ce que confirment d'autres
témoignages, que Yu est tombé dans avuec,
avuee (sous Tinfluence duv précédent) plus tôt
q ne dans ibtec (et dans sentiec, pontée).
(*) Le ms. porte souvent l'am (trois fois en
rime), l'an (en rime avec waian); mais cette
graphie doit être imputée au scribe. Plus tard
on a dit en effet l'an (et, par assimilation, en
Normandie, n'oit) pour l'en, tandis que le fran-
çais propre a gardé l'on.
^*) Le ms. a voit, mais la rime exige vueil.
^') Le ms. a chameUz, oilt, mais à tort ; le mot
chameil (decamèlum, tandis que charnel repré-
sente camellum) fait au pluriel elunnelz.
rimes eii -eil, -eh, iudiqueraient plutôt e^; mais la rime fu&re guêtre ne
uermet guère de douter que le ii'ail la valeur d'«''''. — Sur «i provenant de
ue+j, voir mi.
U. La voyelle provenant d'ù latiii'^' est toujoui-s ('■crite dans le manuscrit
(sauf quelques exceptions sans importance) par u, ce qui l'ait confusion
avec 0 fermé, souvent aussi noté u; mais les rimes distinguent absolument les
deux voyelles'*'. Sur Tu dans les formes verbales en -ureni, etc., voir à la
Conjugaison.
La diphtongue Ht provient essentiellement de û+j, de ù + idanscui, lui,
de ù ou ô + palatale dans/ui(e, cuMfci*', Mais dans les mêmes régions où ic+) de-
vient t, ue+j devientui. Notre poète possédant l'ien question (voir ci-dessus),
il devait posséder aussi lui correspondant; les rimes, peu nombreuses, oîi fi-
gurent ui, ne l'attestent pas, car elles nous montrent le second ui rimant avec
lui-même [pluie *piôvia, vuie *vôcita 6068 , pltite mmie 1 1 at/i, nuire cuira
77 a, duire *docerenwire aSi/i); mais la grapliie constante se joint A i'induc-
lion pour l'attester. Il faut noter que, de même que ue peut rimer avec e, ui
(au moins le premier ut) peut rimer avec i ; on trouve dire aconduire'''^ t 0 1 6.
conduit dit 833i'''); l'accent était donc sur l'i.
CoBSOMïEs. — Les rimes nous offrent moins de renseignements sur les
consonnes que sur les voyelles ; aussi ne nous astreindrons-nous pas à examiner
chaque consonne l'une après l'autre, et nous bornerons-nous à relever les laits
sur lesquels les rimes peuvent nous éclairer.
La règle d'après laquelle toute sonore finale se change en sourde (sauf g
devant voyelle) n'est pas fidèlement observée par le copiste : on trouve par
''' Voir Snchier. S 1 6, où la niAme conclusion
est appnyée sur d'autres textes oUrant le mSoie
phénomine.
'■' L'u de iepacre{éctiltepulere)beiiii\cruBi
(:fnucrff mâcciduni 7683, 8386) est d'origioe
savante.
"' Notons les rimes de BtUenulik avec luibk
ùuhiUeletmuble(-j63o. g8i&),de B<iruta\ec
aporul (8680) . et de Sur avec «ur ( 9638) . as^eUr
(7990), iat^rewantes pour la proDondation de
ces noms ëtraDgers.
''' De cûgitat et Don cûgital (korliug).
''' Le ms. parle acondire , que j'ai laissa dans
le texte, et on pourrait dire lentt^deomprcndre
aeondirt,de adcondicere; mai» le sens ne eou-
vieDdrait pas h i>eaucoup près aussi bîeii, et le
latiu porte ;pecuHiae miama reeepla.
'*' Lia rime loU lui que donne le ms. (gooo)
aurait donc pu élre conserva: mais U est ici
préférable (voir au Pronom ). Le mol herruie
rime avec «vie 6ai8(n)s. beirue»ue) et avec^/uir
10A&6, ce qui n'exclurait pas la forme herrie.
Fuilt qitilt 1 858 ne prouve rien : im a prononci'
cuite, comme le montre celle graplite fn^qnenle.
xïxiT INTRODUCTION.
exempie souvent Richard au lieu de Riehart; mais des rimes comme Richard
part 868, etc., prouvent que le poète ne s'en écartait pas. Aucune sonore ne
termine un mot en rime.
Le copiste ne reproduit pas non plus toujours la prononciation en ce qui
concerne la chute des consonnes terminant les thèmes nominaux ou verbaux
devant Ys de flexion; il écrit par exemple cerfs ^ vif»; mais les rimes avec tror
vers 3 1 3 s , ocis 8 1 3 o , montrent que le poète prononçait cers , m , et de même
dans tous les cas analogues; cas (nom. de coc) : bos i683 est écrit correcte-
ment.
LiQun>£s. — R. LV double ne se confond ordinairement pas avec IV
simple, bien que le copiste mette souvent une r simple pour une r double; Tun
et l'autre fait sont attestés par les rimes très fréquentes qui réunissent les
mots terre(s) ^ gueire{s) , querre^ Engleteire : chacun est écrit indifféremment avec
une ou avec deux r(*), mais ils ne riment jamais qu'ensemble (ou aYecfuerre
3&7 0 ) , et non avec des mots commeymr^, guaire , paire , où cependant la pronon-
ciation de la voyelle devait être identique (voir ci-dessus). De même le verbe
corre (écrit aussi core^ curre^ cure) ne rime qu'avec ses composés encorrCy sa-
corre, acarre^ rescoircy et non avec des mots comme are^ aore, bien que la rime
d'o fermé libre avec o fermé entravé ne soit pas, comme on Ta vu, inconnue
au poète. On pourrait objecter la rime Barres ares /i538; mais si l'on observe
que la forme la plus usitée de ce mot en français et sa forme constante en
provençal est an'ey on pensera que par une raison quelconque ce représen-
tant d'arïdum avait pris deux r. La rime de guerre Siyecfuerre (b. 1. fôdrum)
prouve que les deux r doubles étaient identiques , qu'elles provinssent d'une
r double ou de l'assimilation d'une dentale à l'r suivante. — Le mot remires
(: sires) 91*26 nous montre le changement de dj en r dans un mot savant [re-
miediCy remidicy remilicy reniirie, remire)^^K
L. VI nous présente deux questions, celle de la vocalisation et celle du
mouillement. La vocalisation n'a lieu dans notre texte que dans l'intérieur des
mots devant une consonne, mais elle y est constante : les rimes Emaus maus
^SkU (ms. Esmals mais), caillous cous 766 (ms. caillos cols), Gerout out k'j^a
^^^ On trouve même uue fois gaire pour ^'^ Notons la forme apastre pour le plus an-
guerre 6601 ; mais c*est une &ate, qui a été cien apostk (: nostre 6679). L'insertion d'une r
corrigée dans Tëdition; notez encore la graphie dans celestre est attestée par quatre rimes (voir
queire pour querre. au Glossaire ).
(tiis. Gerod ni); l'attestent âulllsamaieiil (voir aussi ce qui a été dit plus haut
sur -aume, «eaume). Apr<i3 i, «, 17, au lieu de s« vocaliser, tombe : sepu{£)cre
mficre 7689, 8386''*. — VI mouiiiée se produit dans les couditions ordi-
naires (combinaison avec un; précédaut.ou i>uivant); le eopiiste en néglige
très souvent la marque dislinctive, mais les mots qui la préseiileut à la syllabe
tonique ne riment qu'ensemble (par exemple vilalle bataille 7920, Bruei oel
7538)'''". Le mot qui termine le vers OaSi, xesttelle (éd. s'ewetle), ne peut
être m'esveille, ear il rime avec gj-exle (écrit gmisle), et ce mol, qui rime avec
mesle aaao et pesie 10890, n'a jamais eu d7 mouillée. Les mots en -iVe pré-
sentent nue question spéciale : mVe (écrit souvent villej rime avec mile Uno,
77^, Soi, etc., Sezile (écrit Sezille) 5i/i, 566, etc.. concile (éeiit conci/fc)
6196, 6988, nobile i ilx5^, et il semble (}ue ces mots, représentant milia.
Sicilia, concilium, devraient avoir une l mouillée; mais ce sont des mots sa-
vants; il en est de même thMarsile (écrit Manille) (}ui rime avec acile 8^80^'''.
Il faut remarquer que le changement de 1'/ de ces mots en r, qui se rencontre
dans certains textes, est inconnu au nôtre (il connaît au contraire remire, voii'
ci-dessus), lin revanche i! change contrarie eu contr/Uie (: pâlie, voif ci-dessus
p. !i\u); mais il coimaît aussi conlraitv[: Candaire ig-Ji, Hilaire 781 9). — Dans
les noms et verbes dont le thème se termine par l mouillée , elle se comporte eu
français, suivant les régions, de deux manières différentes 'levant les consonnes
de IlexioTi ''' : ou 17 disparaît et t'i reste, ou l'i disparaît et VI reste en se vocali-
sant (dans les deux cas d'ailleurs l's finale devient z : on a par exemple travaiz,
travail ou fravam, Iravaut). Notre poète pratique le second de ces procédés,
comme le montrent les rimes Ernavz noauz 76 3 i (nis. s), chamciiz veux io58o
(ms. ckameih oUz). Après un i, i'I mouillée tombe :Jiz costiz 359.
Nasalbs. — M. L'm (inale après une vojelle ne se distinguait plus de 1'».-
si lem (^l'uem) rime le plus souvent a\ee Jérusalem, on le trouve aussi rimant
avec meien (voir ci-dessus), ce qui indique que la graphie par m n'est que tra-
t ditioniielle. Il en est de même pour la terminaison -ont des i™ pers. du plu-
riel: la graphie habituelle est encore -vin (Itaom Cafarnaom 588/i), mais cotnençon
rime avec Besaiiçon 3896, muroii avec Tlioron 1088/1, et la graphie Tliorom
''' Sur mur |>oiir mut, vnir le Glossaire.
'*' En l'evanche oa trouve par exemple veilln
etleitkt i aaifo pour retlei ttieilet.
''' C'e»l ^ tort que ilanti te Gbsuiire, 8llri-
buant fa Manittt uoc / motiilli'c, j'ai ritUcht'
avUe k luilUer, qui existe aussi : avîlc ii|>|iaj-lienl
<*> Voir Homatàa, IX, 697.
ï"vi INTRODUCTION.
poar rimer avec avrom i'jSti montre bien qu'il faut partout substituer n k m
(par conséquent aussi Jerusaltrn, Betleen, Cufamaon); les rimes ne nous per-
mettent pas de savoir si Vm et i'n s'étaient déjà perdues toutes deux dans la
iiflsalitt'' dont elles avaient infecté la voyelle pri^cédente.
N. L'n linale après r a cessé de se prononcer : escharilt) rime bien avec
char[n) iaSo. yver(n) avec ver{n) SaaM'', sujor{n) avec jot{n) ia8. 4aio.
972^, mais d'antre part tor(n), alor{n) rimeni avec tor 1986 , 1 io58'^'. —
A s'en rapporter à la graphie, ([ui après (' supprime très souvent ie g de gti,
l'n mouillée aurait perdu son mouiliement; mais les rimes nous montrent que
les seuls mots où l'n est mouillée riment ensemble, et réciproquement. Ainsi
les mots Brelaigne, Alemaigiie, Champaigne , mahaxgne, rematgne, Tijfaigne,
chevetaigne, compaigne, monlaigne, oiraigne, grifaigne, bien que d'ordinaire
écrits Bretaine, etc., ne riment pas avec les mots comme semaine, graine,
diemaine, lointaine, etc.'*'; le mot piaive, qui rirae avec ckampaine Tu 10, nton-
laine 7666, mravne 1 i36o, est planta, distinct de /j/ame plana, et devrait
être partout écrit plaigne, comme il l'est en rime avec monlaigne 11918. De
même empraine enpratne 6 doivent être lus einpreigne (imprendiat) empreigne.
(impraegnat), et retiene 9011 rimant avec viegne doit être également écrit
par gn. De même enfin les mots Bo)goigne, besoigne, cliaroigne, lestimoigne,
egaoigne, écrits le plus souvent sans g, ne riment qu'entre eux et ont une n
mouiUée.
S. Les rimes ne nous fournissent aucune preuve de l'amnïssemenl de l's
devant une sourde; au contraire, nous la voyons maintenue même devant ch
par la distinction de rimes comme seclie lèche 10619, iii3a (ms. sesche)
d'une part et tresckes garhndesches 8660 d'autre part'*'. Mais devant une so-
nore W était déjà tombée, comme le montrent les rimes hiaane faine (fama,
mol savant) 9588, jneiJimes p(i')»«s 7070, 10078, wi«'«mp»//ei'»j*s i83a,3o48,
meinmeit veinies i960, tnetines veïmes 109/1^, meismes queimes 11686'*'. Sur
''' Ver n'est pas ver, mais verniiiu {(e»«-
pu»), comm« ir-ej^w) esl tiibertium.
'"' L'ndeiin»i«,dupIusaiicienane»tr(aniinB,
mol savant). 11 disparu au lieu de ne changer en
/ ou r comme ilans d'aulrea textes; le copiste
^cHl ahu, mais le mot rime avec dame .')65 1 ,
390s.
<*' Comme on l'a vu plus haut, regw nnic
Rvec ehfveilaigiu!. Maiitet de magniis, mot sa-
vant, n'a pa<) A'n mouilla.
"' La terminaison -«e [protêt . etc. I est 1res
souveiil &rite -esee ; c'est là une habitude gra-
phique qu'on retrouve ailleurs el qui indique
sans doute un changement dans la prononciation.
''' C'est h lorl que l'on dit souvent que les
premièi'es [lers. pi. en -mneu, -iuti
à
LA LANGUE. luvii
Rosne ramposne, voir ci-dessus, p. \ix, — L'g finale, comme on le verra au z,
est nettement distincte de z,
Z. Le z se prononçait ts; il provient de dentale + s, et en outre de c* de-
venu final; il remplace l's de flexion dans les mot*! oi!i elle s'ajoute à un thème
terminé en l mouillée, n mouillée. Notre poêle ne fait pas rimer z avec s, ou
en d'autres termes l'éiémeot dental de z n'est pas encore effacé pour lui. C'est
ce que prouve la séparation constante ries mots en -aïs et -mi, ~aus et -auz,
-eis et -«12, -erê et -erz, -ts et -i;, -os et -oz : d'un côté, aprèx paix 669, tar-
quais près 3766, leaua Preals 7120, lasGi, Preals leaus 1 1 1.H6. maïs Esmals
98^6, Preals reaus t i 000, franceis ainceis (souvent oi pour ei) 292. i^a,
53i8, 58oo, 7973, Geneveis eneveis''^ 5o6, iii/t8, haubers pers U^'i^i,cern
travers 3i3a, marchis aquis /laia etc., vifs octs 8i3o, pais estais (stativus)
1 1784, enginas gintis 98, htinlus vus 1Û72, meseûr^eyis feus 3618; de l'autre,
Biaiwaiz desfaiz agBo, Biaiivaiz traiz 6t8a , Btauvaiz hatz 878/4 '^', amirauz kauz
3671, enchaia ckauz Sioli, Emauz noauz (écrit Erruius tioausj 7536, Ttebauz
bauz 10930, /ciî (vicem) dreiz 268a, /eiz (vicem)/m (fides) 84ao, conreiz
reiz 6556, descendreiz dreiz 11379, 'foiffrz cerz %hhh, diz cocatnz (calca-
trices) 5970, eiwiz viz 1 196/1, piz respiz ^970, nouz bouz 385a. proz poz
3o5a, proz /oz 100B&, io5oa. Ou remarquera que, par une singularité qui se
trouve dans beaucoup d'autres textes et qui n'est pas encore expliquée, pa-
cem donne ^xzts tandis que Bellovacis, calcatricem, vicem donnent Beau-
vaiz, cocatriz,feiz^^K Deux ou trois mots font ditliculté : Guis rime en is (: mar-
chis 3io6, «tçuts 6 1 5 a ) , taudis que Wido + g aurait dû faire Giiiz; de même
on a Jofreig {-.frets 6658) quand on attendrait Jofreiz. Ces formes sont dues
sans doute à l'influence des accusatifs Gut, Jofrei : on a reformé le nominatif
par la simple addition d'g. Brandiz (: diz 5o8) n'a pas droit it un z (lat. Brun-
disium, it. Brindisi); c'est sa qualité de mot étranger qui eu a rendu la pro-
nonciation Hottante. La rime de baucenz avec cenz 6']6-i montre que le siu-
pns une s par analofrie avm lea deuxièmes en
-aile$, -ùta, -tules : en rt'alili! l'i de -atmei,
-itmei, -utmet n'a jamais étë qu'une •^graphie
inverse» provenant 'le la cimie très ancienne de
l'i devant une sonore. Voir sur ce poiot Boina-
nia. XV, 618.
''' Ce mot a toujours une > el non un £ , ce <jui
devra dire pris en considération quand on lai
cbercheni une ^[ymologie; aucune, que je wctie,
n'a été propoak jusiju'ici.
<*' Ces mots sont ^rils le plus souvent par ti
ou e ; je ri(leblis ni pour plus de clarl^.
<'' Je n'ai pas Irouvi' de rimes en ~é», -irn;
mais tes nombi'euses rimes en ~ei , -in sont sans
m^aiige. Notons pie; tutpiet it3(j9. La rime
Home:. Seii ( ^7 1 Â ) n'est pas claire.
ixxvm INTRODUCTION.
gulier de ce mot était haueeni, bien que la forme primitive semble avoir été
halcenCy qui au pluriel aurait fait bQucenê^}\ La rime cerz (certus) elen 569/1
est doublement choquante, il faut sans doute lire ^^ (firmes). — Les rimes
ne nous fournissent pas le moyen de décider si après nn, m, le poète chan-
geait, comme beaucoup d'autres, Xs de flexion en z (imz, jcrz)\ il est extrê-
mement probable qu'il le faisait au moins dans le premier cas.
G. La distinction entre c^^^\ qui se prononçait te, et « dure est observée sans
exception : p. ex. les rimes comme numaees maces 678/1 (^), prœce vistece 1 !i3/i ,
richeces ligeces 18/i, ne se confondent jamais avec des rimes en -asse, -esse y
-esses. On ne rencontre non plus dans notre texte aucune trace de la rime
entre c^ et ch (p. e\. franche France) qui apparaît dans un assez grand nombre
d autres poèmes. Le ch est également distinct de cS le c^ ne devient pas c&, et
il n'est pas douteux qu Ambroise prononçait à la française chevauche, chace
(c est-à-dire tchevautchcy tchatce)^ et non pas quevauquCy catche^^K Des mots sa-
vants ou récemment empruntés (comme esneque, du néerl. snecca) conser-
vent seuls au c devant a la valeur de cK — La graphie x n'apparaît pas dans
le manuscrit.
Les rimes ne fournissent sur les autres consonnes que des indications qu'il
serait oiseux de relever, parce qu'elles concordent simplement avec la pho-
nétique française générale. Je noterai la forme robes (: abes 10096), où le h
au lieu de v indique une provenance méridionale, très explicable pour cette
racine, qui faisait au moyen âge la nourriture principale des habitants du Li-
mousin et de l'Auvergne. Le verbe aidier se présente généralement sous des
formes où le d est tombé (voir à la Conjugaison); mais on a manaide, qui
semble s'y rattacher, et non manaiey plus usité ailleurs, si la correction de
meisnade 3^98 (: laide) est adoptée. Le copiste écrit voide de vôcita (voir au
Glossaire), mais la rime de vuie (ms. nue) avec jp/iiîe atteste la chute du d.
Déclinaison. — Nom. La déclinaison à deux cas est en général bien observée
par le poète (mais non par le copiste); toutefois la mesure ou la rime nous
attestent, par un assez grand nombre d'exemples, que l'usage moderne qui
t*> Voir Bomania, XXIV, 588. i*^ Les rimes prouvent que le poète disait
^*^ C — eduT, c^i^c sifflant barge el non barche {barges larges 488), mais
^^^ Ajoutez les autres rimes du mot mace cAarcA« (voir au Glossaire) et non cAor^e, comme
(mattea) indiquées au Glossaire. écrit le copiste.
LA LANGUE. xxxix
réduit la déclinaison des noms à la distinction des nombres (et des genres en
certains cas) avait déjà commencé à ruiner Tusage ancien. Voici les cas que
j'ai remarqués. Les premiers sont attestés par la rime :
Tant sont orés tristes ior mères,
E Ior parenz, ior fiz, ior frères,
Lor amis, ior apartenanz (^) (Sgg).
Trais jors dura ie passement (&97).
. . . costume est e usage (559).
. . . fust folie ou fust saveir (Sas).
Ço ne sereit mie saveir (10168).
..... ço fud faus acordement (aSiS).
ço fut grant damage (Sq&i ).
dont damage
Fud (3899) (2).
Ainz devint îiloques martir (/!i899) i"^).
Si lui enuiot son estage (6890).
Qu'EscIialone ne refereit
Ne crislien ne Sarazin (7397).
E par tant remist lor conseil (8709).
si fud ontage (9896).
E Ricard d'Orques e Terri
I esteient (9967).
s'en fust mestier (ii3oo)(^^
Ces exemples concernent des substantifs; voici des adjectifs :
Meschieffu ço trop maieeit (9097).
Ki puis refud a force empli (3 900).
. En paradis iert porguardé
Son liu (6678).
E si l'enctialz fust mielez seû (77^7).
Si i fu Hue de Noefvile,
Un ardi serjant e nobile (ii&39).
Eu général, comme il est naturel, le substantif qui est uni à la rime sous
(^) On pourrait corriger parent, JU, ami, mais que marier, mot savant, n*a pas droit à une s au
non frères ni apartenanz, nominatif.
(*^ Ajoutez encore &i59. ^*^ Mestier devrait être au nominatif, comme
") Ajoutez 6681. On peut dire, il est vrai, fl Test au v. laSiS : EU en est sigranz mestiers.
IL INTRODUCTION.
forme d accusalif au lieu de nominatif entraine avec lui Fartide et Tadjectif
qui s'y rapportent, et il en est de même de Tadjectif pour rarticle'*^ on
trouve cependant une exception :
... la ramena Deus demaine {Uk^i)\
mais demeine semble avoir été pris comme une espèce d'adverbe (^).
Les cas suivants sont attestés par la mesure :
Dont le Temple ot grant desconfort (sBoa).
E li Franceis dreit acururent. . •
Le Temple e cil de rOspîfaI (9899).
Ço conte Ambroise en s'escripture (373&).
Ço soit Ambroise en fin sanz faite (6019).
Se volt Tarcevesque entremetre (3839).
Ces exemples, sans être extrêmement nombreux, le sont assez pour montrer
que la déclinaison ancienne était déjà assez gravement ébranlée ^''. On remar-
quera toutefois qu'ils ne portent que sur la première forme de la déclinaison :
les noms qui présentent entre le nominatif et l'accusatif une différence plus
marquée que la présence ou l'absence de 1'^ conservent les deux cas con-
stamment distincts. On trouve cependant, contrairement à ce qui a prévalu
en français moderne, serar employé au nominatif :
Cui {nu. Qui) sa seror avoit norri (11739),
et, conformément cette fois à l'usage moderne, la forme prestre à l'ace, au lieu
depraveire (9699)**^-
^'^ On pourrait au y. 9097 lire me$eUês,
6678 sei btens, mais ce serait certainement
fausser la leçon; au v. ii/l3i nobik na pas
amené Hvon comme Un ardi serjant, parce que
les deux propositions sont dëtacliëes Tune de
Tautre.
^*' On pourrait lire Deu, mais cesl inutile et
peu probable.
^'^ D y a plus d'un cas où , à première vue , on
serait tenté de voir un exemple à joindre aux
précédents, mais qui s'explique autrement Ainsi
aseûr 368, 9991, 9â8â, 7105 est un adverbe
composé (a seûr) et non un adjectif; lejor ihig
est un accusatif absolu et non le sujet Sesteit;
ttit tirant 1 385 , un acordement 5o&9 , grmU bar-
nage 5iââ dépendent de il i maneit, il vint, hd
vendrait et ne sont pas les sujets de ces verbes;
il en est sans doute de même de conte dans tï
n'en est conte 5â ; mençonge i 1 9a est féminin, etc.
^^^ Ici les deux cas étaient trop distincts : on
les prit pour deux mots différents , et on eut d'une
part prestre et de l'autre proveire munis de leurs
deux cas aux deux nombres; prestre seid s'est
maintenu.
H LANGUE. u..
L'observation qui vient d'être fnite npiMi'tioiit en réatité à la syntaxe
plutôt qu'à la n]oi'[)liolo«;ie: mais JI a paru plus commode de In placer ici.
Il en est de même des remarques qui suivent sur ie pj^Mire des subsUntil's.
Je ne relève natuj-eliement que ce qui est hésitant ou contraire à l'usage
moderne.
Le mot navie est t^ininin 3o(), 33(}. 'i-i(f, mais masculin sao (navire masc.
■io85); o$i, giïnéraleinent fém. (/i3i, 1907, etc.), est aussi masc. (1760.,
83 ^()); miVflrfo est masc. 86o4 et fém. 8091 ; sur glaive, eslate, voir au Glos-
saire. Sont féminins : serpent 2180, 9fi'ii, marhre 3»)5u, essample liàto,
vespreScfi'] \ ovraig7ie[^^ 10 ,Sh3^) est un autre mot qu'ourle (operanea) et
naturellement féminin ; onor est fétu. , comme toujours en anc. français (1 160,
95()&, loSgS). Vuz (volos) semble être fém. au v. 338. mais voir voe au
Glossaire. Le mol ille est souvent masc. en auc. fr.; le copiste le fait masc. au
V. i38i, ainsi que oire au v. TjoSg; si il semble se rapporter à vermitu»
(5998-5939), il faut voir là un accord d'idée {avec rw«) et non la preuve
que vermine fût masculin, Genilatres est masc. 25(Î2.
Je noterai encore ici ce qui concerne le motgent. En général il est employé
au fém. singulier, mais, en sa qualité de collectif, il prend le verbe au plu-
riel : tant se penerent haute gent gtlS, nmlre gent. . . firent '.1987, mur-
i'eten/5o93, «etrcstrenf Baai, se guardouent 56a6, selia^
Itergerenl 6076, 6923 e'aparillouent 7607, s'armoienl 1 lioS.
venaient 1 1 9^9 . la a-uei geni . . . Caveienl 698 1 , la gent . . . rechevalche-
re}U 6io'!; d'autres fois le mot est au plur. fém.; noz genz nont deslorbees
11017, lo>- gent (1. genz) s'ent erent parties Hiûo''l Mais 1 idée plurielle et
masculine presque toujours contenue dans le mot l'incline vers le pluriel
masculin : on trouve d'abord le prou. plur. tV se rapporUmt à la gent : Mais
Deiis voleit la gent apriendre, Qu'il le deivenl atner e crtendrc 4ù 1 6 , et enfin genz
masc. plur. : gent (I. genz) malemenl entheckiez aBÔa, nuls genz 8638 '*'.
L'usage d'employer les abstraits au pluriel, fréquent en ancien français ^^',
est assez rare dans noire texte : on peut citer (et encore tous les ras ne sont
'' CI'. eiiroLV li plan de* gem iietce» [furent]
3g46, 799IÎ.
''' Je rsUaclie ici une obsei'valion <lu mémo
genre sur li plu» (la plupart), qui esl saiig doute
oriipnai renient au «ng. masc. nom. et piend ie
verl>e su siogulinr ( Aao), mais souvent au plu-
riel ù cause de i'idt'e (399. ôo38, iiViA). Cf.
encore : l'Iain poûi. . . t'erent rmbatu ayij?.
'') Voir Leliiuaki , Dît Deiclinatioa der Subtian
livaiitJfrOilSpnKlu(^o»eH,iS-j8). \i, aa.
(LU INTRODUCTION.
pas sûrs) osfages 5ii'i, ekeitivisons 2653, péchiez 9671, huntfiz 192g, 9*7^1
orpkenlez a5o6(?), wlentez 6780 {?), piente\z\ 69/18.
C'est encore, à vrai dire, une queslion de syntaxe que l'emploi des adjectifs
ou participes au neutre quand ils se rapportenl à un pronom neutre (ço, lot,
il) ou a une idée indéfinie. Nous le trouvons souvent riiez Anibroise : se« SaS ,
iSgii, %']o^,genl 967, rendu 1039,^^^205,6860,897^, megeheail a/iii,
repraoé 3o3i, agraoenté 6866, esckeiet 7369, vpu 797^1. ioé 1063Û, laoSa,
tems logaS. Mais parfois aussi l'adjectif sujet est mis au norain. masc; ainsi
Qu'il lor sereit bien a/lresnez 908, E bien doiteslre racontez 1 1 358, Dans Cest voir
■provez 766 , 9331 , il faut sans doute lire vein, en considérant ce mot comme
un substantif masculin, signifiantrtvérité". Enfin je mentionnerai ici l'emploi
IréquenI comme adverbes, mais sans l'adjonction de de. des mot* tant (tout
altre genl, i>/i , lanl gent ^96, 661 5 "1, tant péchiez 9661, lanl pereres'^^^ 3i 1 3),
numt [muit perîereê 3537, ™"'' fi'""* 6368), poi [poi genz 6599), et l'emploi
bien connu de tin comme pluriel de l'art, indéfini : uns coh 6758, wie» ten-
çons i i363. uties pluies 767', vne» muschetes 9529.
Lf9 noms de la seconde et de la troisième déclinaison (latine) qui se ter-
minent en français par e et qui n'ont pas d'« au nominatif en latin n'en ont
pas non plus dans le plus ancien français. Nous trouvons ainsi dans notre
texte les nom. mestre 638g, livre 71 35, Alixandre 106 85, autre 1 1 goS, em-
perere 1670 {?). 1767, 39 56.//'ere 9936'^', sans parler de wVeau voc. 1610.
3199,8566,8653,8765, 10162, iiiig, la 1 33. Mais l'usage analogique
qui ajoute une s à ces nominatifs est pins souvent al testé : livres 9608,
7566 W, pères 96, povres a 658, frères 8536, sires 567, 91 a6, delres 1 1856.
eviperereg i65i, 1799 (?), 181 5 {?), 1869, 91 95, vengteres 3Gto, poignerex
7558, greindres 177W. Les noms propres d'origine germanique [irennent
cette g déj^ dans les plus anciens monuments de la langue; ici nous avons Ouïs
9657, 36o5'*^, 6i5i , Hiies 6169, Otex 9971.
I^es noms féminins de la troisième déclinaison terminés par une consonne
'■' Mb. el M. loin.
'"' On pourrail croire (fiie dons ces mois on 11
Rimplemenl l'emploi, signalé plus baiil, de l'nc-
ciisalir poiii' Ip tinitiinalir: m»i.< an moins pour
rmprnre ev n'est pas «dmiinible.
'' Livres rime les 'lenx fois avec dflivre»,
iju'oi) pourcail rsllacherkun HcHb^ret fcrîre
délivre; mois délivre est un adj. verbal tirà de
'*' Les paii'es de rimes mendre* tendrei 180,
pretire* menlres 85ii sont doiiLpuses, 1'^ pou-
vant être supprimée ai» deux mois.
''' Sur le fail cpi'on a * e( non i , voir ci-desBu*
à
ue preiineut pas cl'« au iiominalif singulier, ou plutùl u'uut pas de cas, ly iio-
ifayanl disparu dès l'époque du latin vulgaire : cité^n, 1-287, 6863(?),
'■ 6/ii, ve>-i(é 666, g-enf 968, lençon liSG, gi/io, plmié aâao, mison
i43, chalo)- 6359, proceuïon 12037, desUial y/iaS, Une seule exception est
tttestée par la rime : fins 5^o8. Aux v. 9r>o5-a5o6, DoiU la seinle cristtentez.
Fttd puis ianz jorz en oiphentez, il est très l'aciie de corriger crislienlé orphenlé
K^of. 2633) : dès lors on est teulé, aux v. 6779-6780, Or chevalche o-ùttcntez
'■ Stirie a ses l'olenlez, de corriger de même ci-ïstienté et a sa volenlé^'K
Les adjectifs latins uniformes de la troisième déclinaison ont passé, comme
10 sait, eo français à la déclinaison ù genres. Notre texte montre sur ce point,
.^oiume tous les textes ane. français, hésitation entre raiicienne et la nouvelle
[ferme'*'. A côté des exemples nombreux du premier groupe, qu'il est inutile
f.Ae relever, on trouve g-r«TM/e i5i, 3375, 3396. 3961, Uh-jS, 4536, 7921,
•andes 69^18, ']3']3, forte /i75,9i9Ù,/«/e/ii8, iioa,333i,G579,ii566,
6o5,/e/e» k-iiiS, 6889. '}hhh,ile.le 4a86, itioo, iieles hxhh^^K
PRONOM. — l'uo.iOB PBHSoNMiL. Le nom. sing. du |)ronom de la première
lers., suivant le verbe, nous présente une fois lu forme gié (: confié 533o).
- Notons Ifiit, ace. pi. de la troisième pers., emplojé après le verbe : Qui de
\irah\r h* se penot ^hti^. — La troisième pers. fém. est au sing. nom. ele ou el,
L«e dernier plus fréquent, mais, sauf une fois (^^9^7), écrit consUnnmeut ete
L(ou i7) malgré bi mesure (Ou le sens) : ele 1811, 3006, 3i58, 3G57, ^9i3,
15119, 656a, 903», 9680, 9886, iiGi6,i 1733; e/ {écrit e/e) 5iii, i359.
, 1810, a35/i, 3563, 36ûa, 365o, Û109, 635o, 6899, 5^3o,
^83o, 5870, 6016,60/18, 6!i8i, 6670,6661,7082,8/115, 8881,9/157,
10117, lui 36, 1080a, (écrit t7) 3/1 /i6, 583o, 9592, 10076; de même au
■plur. nom. on a eles 3536, h-jhl\, 679a, 8666, 10968. et vis ^966 (écrit
Ltffejî) 2a5o, 6779. 6780, 5a46, 8028, 11073, 11876, (écrit i7) 9536,
I K1639. A l'ace, sing. fém le copiste met souvent lui où il faut li (ii56,
l'i Cr. 7(1(1. I\ic. IV, un ; Eece chrittimitat
E pn Hbtm mbtHlaU Urram Sgrim peramiulat.
''' Inutile de wgntiler dolee, dolente, ccmiute,
I pssu'S il la lii^clinaison b genres ilëa l'ëpoque
L gallo-roniunr. Pio est toujours invariable; prode
1 (3593) ou pruiU (69o5) est en réalité prode,
L^m de {\o\r liomania, W\, lâS). Vtelt fem.
ia6, 1 ti56, doit Mrs ëcril fus (velus iuv.),
et eie[i\llM n^ est vetulas.
'*' Souvent le nis. donoe ces formes analo-
gii|ue8 sans qu'on ail le droit île les nttiibuer au
[Ktèlt'; ainsi forte e cruele 89 {\.farl « cruel);
griem brève SgtiS peuvent saus peine »e corriger
mgrie/brief.
xLiv INTRODUCTIO^.
<i6/i9, 19068), comme fe montre la rime du v. 9000. L'ace, lém. est eles
(679/1); a els pour*! eles (33a3) paraît une négligence du poète.
Pbi)\om déhonstr\tip. ~ Cela pour arc. lénu cmpliatûjuc pp/i Hgyt); il pos-
sède le neutre ce/(6i6li, 6853). — Le nom. sing. de cesl est cist (683t): il
laul également lire cist au nom. phir. ptmr ces 11018.
Pbonu» RBLATiF. — La forme emphatique de l'acc-dat. de qui esl cui, quel-
quefois bien écrit ilans notre nis. (aoi6. 63()6, 4 53 -a, 4536, à 156, 6o85,
7564, 838a, 9^56), mais beaucoup plus souvent écrit à tort ^«1 (loa,
1918» 2/168, -2508,3371, 3908, 4'ia8,/ia/i3,/ia5-4, iafi/i, 6978, 63i4,
43ai3, 636o, 438o, i/ii a, 6720, 10786, io838, 1 173a, laaSS,
ia3a6)''J. — -On trouve souvent pour le fém. sitig. , quand il est sujet, à côté
de cm" et de Ai', la Ibrme ^«#(161, 5/119, 7870, 9397, 9996, 11 1 15). mais
00 u est pas autorisé à l'attribuer à l'auletir. Il en est de même de que em-
ployé pour le nom. neutre dans les locutions de queiqueseil 45 16, (/(« ^mi 1
taille 5738, d'ailleurs bien attesté, et de que pour quei {que que l'en die 5a 58 ,
que qu'on en die 5376, que qui i faille 6758, que que H reisfeîsf 9487), égale-
ment bien connu dans l'ancienne langue.
Pbonom rossESSif. — l'our ie nom. sing. masc. de la forme atone, le ms.
doiuie régulièrement mis, lis, st»(6536, 7573, 8653 , — 9768 ((i), — 2a4,
838 (si). ii52, 3549, 7199, 7316. 7547 {si), 834o, 8536, 9o35.
9476(81), 10039 (jt), 'o3o3, iii38, 11930), une fois seulement »i^n
(ioo56) — La forme accentuée de l'ace, sing. masc. du poss. de la 1™ pers.
est mien 9783, écrit men 1 i4ao. Celle du posa, de la a^ et 3' pcrs. est : .'ting.
uiasr. ace. luen 9646, suen 3844, 444o,4546, 5355, 8072, 8076, 844 1,
iooa3, I i3aa, maiswwi logSa; nom. smns a 4 54, 7174, mais sons 1 0788;
pi. ace. suens 1953, aaSo, 719a; pliir. nom. suen 4943, 9999- La l'oi-me
en -on n'est nulle part confirmée par la rime; au contraire on a les nnics
euens suens 9454 et bons (I. buens) suens 5o64, qui attestent la forme en -iwn.
— Au fém. il n'y a pas d'exemple probant pour la 1" ni pour la supers.; la 3"
est écrite ordinaii'emcnt sue, parfois seue (6180, 6656, iai39, i9i4o);
les rimes avec Evreuea 6706, Dreues 61 80 , 6656 semblent bien établir pour
le poète la i)rnnonciation m (voir ci-<lessufi p. xxit). — Les pron. poss. de
la pluralité n'offrent rien de remarquable aux formes atones: aux formes
' Au vi?rB 35Û I il Oiul ^iil-éUf liiv «ualemeot eut au lieu de 7111 (ms. fui'/).
I
LA LANGUE. ifv
accenlii^es nous noterons h plur. rnasc. nom. noz 6633 (mais la niosure per-
I met de lire linostte comme 6986); au pi. ace, iiiasc. ou t'éni, (les iioz i ofia),
kon a toujours noz.
' Conjugaison. — Les premières pei'sonnes du pluriel {sauf les exceptions
éonnnes) sont écrites très diversement : ~wn, -unis, -on, -ons; les rimes at-
testent-on ( 6M«ifOrt cometiçon 38a4, Thoi-on mwon i o886,ai>iwn Tkorom [I. To-
ron] 9786, Cafarnaom[\. Ca/rtr?wott'^^] 5884) et aussi -ojis (Dordermis dirons
I igCo, Tmitons leisxomg fi-j^i) '^', A côté se trouve la forme en -ornes ; hontes
avomes ^3^!i, poignomes homesè3^6,savomes 10192 (et bien entendu toujours
sontes ou tûmes). — La distinction des terminaisons en -etis d'avec celles en
atis ne se trouve que dans un futur : descendroiz droit 1 1 3^0.
CoNJLCAisos EN -ER. — La I "* pers. du prés, de l'ind. ne prend jamais d>
final eu dehors des ronditious 01^ l'euphonie t'exige: on a régulièrement aciinl
■isi38. atroc h"] fi, cornant 12395, cont a 448, 533o, cuti (aiid, quid) 3373,
109,6803,8570.9069, ioiyo, 1 9399, rfemanf 8/i4, rfesir 8995, egy>rtV
670, /o /i542, 8701, mcireti 6^73, nom 6735, o« 3i35, 10976, laaao,
15937. 12343, stispiez 1 1399. — L'e analogique ne se trouve pas davantage
aux trois pers. sing. du prés, du subj. (il n'y a d'exemples que de la 3°) : ml!
1 '19, 9535, ameint goi3, ament 97 «8, comenst (ins. comiist) 3, depril 67^15,
espvM 8998, garl (gard) 9966, ost 2358, saut (im/f) 66ai, travaut iiraxaih)
1 2.^39 "'. Mais A côté de ces subjonctifs réguliers, le verbe lorner présente le
subj. analogique torge : retorge lurge 678":!, lorgent relorgent 6880, encurgiez
reioî-giez 7340'''. — Les formes en -tssiez de la 2'^ pers. pi. de l'impf. du subj.
ne sont attestées que ])ar le ras. [allissiez •ii'^k i*J, gelissiez 3985), niais elles
sont, comme on sait, constantes eu ancien français. — Les futurs des verbes
dont le thème se termine en n, m perdent habituellement \'e de rinfinitif :
merreient (nureienf) 10285, turreit 9716, returretent ']'J'J^, sujorreit 9715
''' Sur !'é<[ui valence île m finale à n, voir ci-
(tessus [I. xitTi.
'*' Ce t^raoignagt' est moins (Ifrisir, car on
pourmit lii'e Beitrediii Dortteron n^Sg, et Haof
Taigion àyaQ; toulefoia l'it de Taitum» paraît at-
testa par la rime au vers 1 1S79.
'"' On pourrait prendrp demande 1 5a pour un
subjonctif; mais c'est iiu indicatif.
'*' A la première rime retorge est 3* pers.,
lurge Impers.: ces deui mots ne pmirraietil donc
rimer en»enilile s'ils n'avaient la forme -ge (on
aurait relort for); de m£me h, la troisième on au-
rait meoriVï Tttonet.
''' Ici toutefois la recherche des rimes l^uines
|iar le poêle invite à lire aliuiet rimant avec mis-
k
iLTi INTRODUCTION.
«
(toutefois on trouve retamereù 7783) (^). Pour lareie jo encore loâo/i il vaut sans
doute mieux lire loereie f encore. — Le verbe aler fait au subj. prés. 3^ sg.
ait 8. — Danera à Find. pr. 1 itm»9oo6,au subj.pr. ^domstSoSSy 19397.
— Esier a deux parfaits, l'un en -ai, Tautre en -ni : d'une part aresta presia
1 â 1 â , aresterent huèrent 1 Bgâ , arestereni recuvrerent 65/iâ , s'estèrent gtuxrdererU
31/19; de Y autre esturent munirent 66^6jfarentesturentSli^^ffarentresiureni
8/173, aresturent furent 65/io ^^\ aresturent conurent 1 193/1. — A côté de lais-
sieTy régulièrement conjugué, se trouvent, comme dans tant d autres textes,
des formes qui semblent postuler un infinitif laire^^\ qu'on ne trouve pas :
impér. lai 3761, 1 1 979 {lais); au fut. on a /a- et non lai- : fut. larai 6307,
larrons 3387, c^^^* ^^ 8890.
L'imparfait ind. de la conjugaison en -^ n'est représenté qu'à la 3^ pers.
du sing. et du pluriel. La 3^ pers. du sing. est toujours écrite -^t, et ne rime
ordinairement qu'avec elle-même (ainsi empêtrât Jinot 1398, guaitot recelât
1913, ruot tuot 3370, destemprot temprot 76/10); mais la forme de cette per-
sonne, -out ou -o/, est ordinairement identique à celle de la 3^ pers. des parf.
en -01, et celle-ci étant sans doute --ont dans notre texte (voir ci-dessous), il
faut probablement en dire autant de celle-là. — La 3^ pers. plur. est le plus
souvent écrite -ouent (rarement 'Oent)^ ce qui concorde bien avec ce qui vient
d'être dit; mais souvent aussi on trouve -oient ^ par confusion avec la 3^ pers.
pi. des imparfaits en -oie (-^)'^). Cette confusion semble ne pas avoir été
tout à fait étrangère à l'auteur même, à en juger par les rimes suivantes :
defendouent aportouent 337/1, vergondoient f croient 3710, regardaueni ardouenl
58i5, traùment jetouent U^U^ , fuioient estancenoient /19/16, laschouent porveouent
8070. Il est toutefois à remarquer que ces rimes sont rares, qu'au contraire
la séparation des deux imparfaits est observée dans un très grand nombre de
rimes, et que la confusion ne se rencontre pas pour la 3^ pers. du singulier (^).
AuTBES CONJUGAISONS. — Nous uoterous l'inf. archaïque taisir 11 56, l'inf.
néologique grondre 1 /i 6 8, et l'inf. aerdeir (: ardeir 3688), que je n'ai pas ren-
^*^ La forme enterrez pour entrerez 856o n*e8t pour le futur et inadmissible pour Pimpëratifl
attestée que par le manuscrit '^^ A Tinversc on trouve très souvent -iment
^*^ Notez que la paire de rimes qui suit im- fonv -eient {plaignauentfaisovent to56 ^retraauent
mëdiatement celle-là est une de celles où figure haouent 196a, acwouenijenmna aSyi, etc.).
aresterent, ^^^ Sauf )K)ur estout, de eiter^ devenu esteit
^^^ Au Glossaire ces formes ont éié rapporta par une attraction facile à comprendre et rimant
à un infinitif laier, mais cela est peu probable avec esteit de estre (78a, i45s, 3566).
contré ailleurs. L'inf. de torquére était torlre et non tordre, comme le
montrent les formes entoile 676, detorloii 3638. — Au siibj. on remarque^îwa
{: fiere 9635) an lîeii du plus ancien et seul régulier fire, ckîece 1 1 9 i 5 {à
l'intérieur du vers), enairglez 7360 '''. Le subj. prés, de venir est écrit viegne
901a (: retiens = retieffTte) , forme qui a remplacé le plus ancien vigne et a
elle-même été remplacée par vienne; mais la rime viengiez vengiez 8556 rend
probable une formation parallèle et récente vienge. Le anbj. pr. de plaire est
encore place (: place 3o3o), mais les anciens ^ece el defece de gésir el dejire sont
devenus gise et de[s]^ee{ riment ensemble {1808). — Nous noterons les par-
faits en s .■ atains (^atainst 665^), conduis (^eonduist 1970, 9769), escris (^escritt
5590), estorit [estorsti-ent i 4o3), remis de remaneir {^remislrent 3554)''^', mors
{morst 6672), teins [laimt 6/1 58). irais i^treiat a t 3. etc., et traistrenl 785, etc.,
iresij-ent i5i5, etc.). Les 3" pers, pi. des parfaits en s sont en -sir- (estor^
strenl, remklrent, traistrenl); toutefois, sous l'inSuence de^renf, qui, très an-
ciennement, a remplacé le primitif ^d/en(, plusieui's parfaits en -is ont déjà
-irenl : on trouve ainsi Iramirent (écrit tramislrent) rimant avec mVenf iSa; 00
peut dès lors se demander si les rimes tnislrenl distrent 3^9, distrent conquis-
trent 618. mislrent printrenl 638, distrent mesdistrent 683, distrent requistveni
q'ia. asïstrent enpristrcnl a/|o8, remislrent mislrent 955/(, 8i9o. omirent pris-
trenl 317^1, 3i8i, 8978, 885o, ioo36, sistreiU distrent 9686, mislrent
sistrenl 9986, requistrent dixirent ioi5*i, oeistrent mistrenl 8196, ne doivent
pas être cliangées en dirent, etc. Toutefois il est plus probable que ces formes
si nombreuses (et très fréquentes aussi dans l'intérieur des vers) étaient les
formes ordinaires du poète, qui commençai! seulement k employer à côté les
formes analogiques en -irent^^K Les formes faibles sont constamment écrites
sans s {dets, deïmes, deïsl, etc.). — Les parfaits en -ot fonl-ils -ol ou -ont à la
S' pers. sing. ? Une seule rime, Gerod ol lij^n, nous éclaire sur ce point,
mais elle est assez eoncluante : Cernd doit en elFet être corrigé en Gerout (lat.
Geroiduml, et \'u représentant 17 n'était bien probablement pas tombé :
Gerout appelle donc oui, et par suite -out pour les autres parfaits en -oi; des
'■' Voir ci-itessus p. \lv, n. i.
'*' Voir ci-dessus p. wv, n. 6.
'"' O qui appuie encore cette opinion, c'est
la pi'ésenre parmi ces paiTaiU de remUtrent ri-
mant avec mixtrfitt (miserunt). Remhtrcni cal
pour remettrent (voir ci-dessus p. vxt, n. 4),
et tneitrent , remestreiil n'^lant jamais, que je
sache, devenus merent, ninerent, il n'e«t guère
vraisemblable que les Formes ailà-ées soient de-
ta
ïLviir INTRODUCT10^.
graphies comme soh = s(nU i636 appuient celle opinion. Les ',i" ptirs. pi.
étaient en -ourenl ou plutôt en -eurent {eurmt t[e]ureHt 7800, eurent sewrewt 8368).
Les formes faibles et i'tmpf. du subj. avaient sans donte -piï- [esteûst 3o4a,
coKetts[j(]en( ewascnt 6798, teû[s]senipe«sseKi 9386, p/eu[»]seni etïsscnr i)ai6).
— Les parfaits en -«t comprennent entre autres crut [entrent furent 5oi8),
mui [murent furent 1182, 1860, 2797. 6093), jwi (apnrMreitl ji/rew/ 691 8,
jurent furml io384, 1 1970), phi de phvàr [plurent furent 6*267), ""' (p'""
rent Hwent bh-]i), perçai (aperçurent furent iiooT), i loSo), conui [furent co-
nurent lo-aoa); conti [acui^ureiU parmrent 10700), valui [furent valurent
6798), morui [imirurent esmurent 56o'j), parut [apnrurent jurent (39)8) ''^
La 3^^ pers. du sing. conserve 90(i ( aussi bien dans les parfaits faibles que
dans les forts, comme le prouve la rime panil Banit 9 Wi-i , 8686. Les pai'^
faits monosyllabiques à la pi'cmière et à la troisième personne du singulier '*'
ont scids un di^placement d'accent aux persoimes faibles et à l'impf. du sub-
jonctif; les rimes ne peuvent nous apprendre s'ils faisaient -eus ou -oûs [mom
ou nteûs, etc.), mais la graphie constante est -eus. Les parfaits de plus d'une
syllabe ne déplacent pas l'accent [valui, valus, etc.); encormut ^o^n^ doit être
lu encorusl. — Il n'y a dans notre texte aucune trace de parfaits eu -le; tous
ceux qui pourraient avoir cette forme out-t comme en français moderne, et
l'i est attesté pai- plusieurs rimes : descendt di 8980, perdîmes primes 7639,
perdirent tindrent 66îi3, deperdirenl firent ia66, rendirent partirent 9606, eiir-
tendirent défaillirent ios-jG, atendirent virent SySii, esbaudirent descendirent
■1890, descendirent viretit yaSS. défendirent saillirent i i5f|3; de même dans Ad'i,
rmpondi, etc. A celte classe appartiennent aussi les parf. chai [ehairent pe-
n'cCTtï'^' ^72)1 coilli [recoilli[ê\renl périrent 365a, issirent reeoitlirettt 9906),
to/t {: U 9000). La rime descendt di 8930 montre que Ih 3'^ père. sing. était
dépourvue de /. — Parmi les participes passés nous relèverons surse de
sordre 9462, eoilleile 6699, et les deux formes concurrentes tolu [: absolu
t 908) et toleit [toloite adroite 1 a338). — Le verbe estre possède les deux im-
partiiils ère et esleie; pour ert, erent on trouve souvent écrit iert, iereiit, mais les
rimes n'autorisent que ert[:pert 969) et erent [: alerenl \h-ih,nafrerent i5i8);
la 1" pers, pi, est erioms 1 5o4. — Le verbe prendre a toujours dans le ms,,
et avait bien probablement dans la langue de l'auteur, pern- aux formes de la
loin. — '"' IjCs pnrC conih', jifirui i-enlrenl dans wllc
;epi.
'" Sur la conjugaison de tivre, voir plu!
claew, leur désinence répondant û novi, <
4
LA LANGUE. xlix
première série accentuées sur la terminaison {pamoms 3p65, permit iQÔg,
35912,8969, i i>^o6 ^ pemoient iâo/i5);il possède un double subjonctif pré-
sent, preigne (: enseigne 6) etprenge[: lasenge 7/10/i). — Les formes de Tin-
fihitif correspondant à sequere ont été étudiées. ci*dessus (p. xivni); le
parfait et le partidpe sont doubles : d'un côté on. a les iîmes/ui;M»*m;t i556,
fuirent siwirent 5666, et Jutz siviz 1 85s, qui, malgré la graphie, semblent
indiquer des formes mi pour le parfait, «111 pour le participe; de l'autre on a
les rimes acururent parsurenl 10700, acansuretU (ms. consiurent) 11197, qui
indiquent un parfait m (s e c u i ) , auquel correspond le part, seû (: retenu 7758).
— Le parf. de voleir est vol (volt i5, écrit à tort velt 33, 3 33, etc.), ou vols
[volmt 106); les rimes ne permettent pas de décider.
SYNTAXE. — J'ai présenté, à propos de la déclinaison , quelques remarques
qui regardent plutôt la syntaxe. Il ne saurait être question d'étudier ici dans
son ensemble la syntaxe de notre texte, qui ne diffère pas de l'usage ordi-
naire de l'ancien français. Je remarquerai seulement que suivant cet usage (*)
l'accusatif des noms de personnes peut, sans l'intermédiaire de de ou a, faire
fonction de génitif ou de datif (^). Il ne faudrait pas voir une extension de cet
usage à des noms de choses dans des expressions comme en mm le mur 7/18,
de sum les murs 3â5/i, par en sum le col 10073, en tor la cité 7/19 9 a val
ïeme 3091 : en sum^ en tor, a val sont ici devenus de véritables locutions
prépositionnelles qui régissent l'accusatif ('). — Notons encore qu'un nom relié
à un nominatif par eom est également au nominatif et non à l'accusatif comme
dans d'autres textes [com Turcoples t^aa^ com madrés 68/i/i, came Salehadins
7959), et qu'après esvos on trouve le nominatif (8/io3, 993o) et l'accusatif
(8895).
De cette étude de la langue du poète, dans les limites où peut nous la faire
connattre l'examen des rimes et de la mesure, que résulte-t-il de caracté-
ristique pour le dialecte qu'il a employé ou plutôt pour le pays dont il était?
^^^ Voir entre autres mes Extraits de la Chan- ceis est sëparë de jde, dont il dépend, par une
son de Roland, Obs. gramm,, S io4. incise.
^*^ y en citerai seulement un exemple remar- ^'^ Dans en sum des murs {'jb3), au contraire,
quable aux vers 3187-3189 (De la grant Joie sum a conserve sa valeur d'adjectif pris substan-
perdurable , Qui sont fin iert e est estabk , Cels ) , où ti vement.
i INTRODUCTION.
A vrai dire, assez peu de chose. Mais ce peu de chose concorde très bien
avec ce que nous a appris Tétude externe que nous avons faite du poème. La
séparation d'an et «i, dW et ot nous montre qu'Ambroise était de l'ouest et non
de l'est de la France, ce qui est d'ailleurs tellement assuré que cette consta-
tation n'a pas, à vrai dire, grande valeur. La réduction de iei k i prouve qu'il
n'appartenait pas à la partie occidentale et méridionale de la Normandie, et
l'ensemble des caractères linguistiques convient parfaitement à cette région
des environs d'Evreux où nous a permis de le faire vivre d'abord son évidente
qualité de Normand, ensuite l'intérêt particulier qu'il porte aux chevaliers de
ce pays. La langue qu'on y parlait était très voisine du français de France |)ro-
prement dit(^\ et le poème d'Ambroise peut être regardé comme un des do-
cuments les plus anciens de ce parler, qui est devenu notre langue littéraire.
IV. — LE POÈME.
VEstaire de la guerre sainte est , en somme , un journal de l'expédition de
Richard Cœur de lion depuis son commencement jusqu'à sa fin. Ambroise^
nous l'avons déjà dit, avait dû prendre des notes au fur et à mesure; il les
rédigea au retour. Les derniers événements occidentaux auxquels il fait allusion
' sont les succès de Richard en xNormandie (v. 19334 ss.), qui se placent dans
les années 1 1 9/1 et 1 1 96 ^^); il a certainement écrit avant la mort de Richard
(6 avril 1199). On peut, avec toute vraisemblance, placer la composition
définitive de son œuvre en 1 196 ou plutôt en 1 1 96.
Ambroise n'a pas suivi , pour écrire l'histoire des événements dont il avait
été témoin, les procédés des chansons de geste qu'il connaissait sibien^'). Il a
fait œuvre strictement et honnêtement historique. S'il a employé la forme
poétique, c'est, comme on l'a vu plus h^ut, qu'il destinait son œuvre à la
récitation, et que la récitation en public ne connaissait pas d'autre forme.
^*^ On peat comparer le travail de M. Bur- ^*^ La mortdeSalaha(lin(mar8'ii93),lapri8e
gass : Darêtellung des Dialeetsitn juf. éd. in den de Gisors par Philippe (avril 1 198), rëlection
Départements rfSelne-Inférieure und Eure {Haute- d'Hubert Gaatier à Tarchevèchi^ de Canterbury
Normandie) yi auf Griind nm Urkunden unter (3o mai ii93),8ont desëvënemellt8uapeuan-
//fefVA^«/lJ^ Vergleichung mit dem heuùgen Pa • teneurs.
tais (HaPe, 1889). ^^^ Voir ci-dessus p. viii.
LU
INTRODUCTION.
tard dans la Branche des royaux lignages de Guillaume Guiart. Regrettables
assupi^ment au point de vue littéraii^, ces expédients de versification ne font
aucun tort au fond du récit. Quand on les supprime, on trouve ce récit remar-
quablement net et clair dans l'expression du détail, avec çà et là un trait
quelque peu pittoresque ou pathétique, et toujours le sentiment de Timpres-
coin l'en trueve 35 oo, eome me$ cnerê soêpiece
6536 , de veir 4335 , e li/ol e H sage 499 ,/o/ e
sage 7671, 771 i,fu8l folie oujust gaveir 8aa ,
j'en àui tozcerz ^kkk^jovo» di Mûrement 1 o496 ,
jo vos puis bien afermer id4oo, juefne e ancien
8399, juefne ne ancien 11 85 4, me membre
9967, nel tenez mie a fables 7830, 1 1676, por
reir 3706 , 9^54 , 1 o536 ; por veir e sanz dotance
Sliûn, por veriié boc^S, ioùib, iaio4, quejo
ne tnente 9061, quejo n'i faille 11497, 9"^ "^
mente io683, que que l'cm die 5a58,. que qu'en
en die 5876, qui n'est pas fable 71 33, sanz
dotance i34], 1391, 6906, 8930, sanz dote
i3i5, 4905, 91 4i, 9693, 8091, 8387, soHz
faiUanee 11 93, a6ii, sanz faille io46, a558,
5737,6630,6693, 7190,8397,9151, 10849,
se jo n'i ai mespris 358, si comj'enquis 4546,
6 1 53 , #t corn jo sospiez 1 1 393 , sieom me semble
1797, si Deus m'ornent 9738, #t Deus me saut
4634 , #1 Deus me veie 386 , 4935 , 9o46 , selanc
la letre 3546. — La liste suivante, disposée de
même , coinpreDd des vers entiers : Al mien avis
e al mien esme 8367, 8437, Ço conte Ambroise
en s'escriture 3734, Ço conte Vestoire e la letre
3181 , Ço dit Vestoire en vérité 3538, Çofu bien
seû e enquis io5o6, Ço fu seû membreement
9886 , Ço poez bien creire sanz dote 3 43 , (x> puet
dire quil retendra 8o38 , Ço sai, si Foi dire a
mainz 3i 33 , Ço seoent phuor se je ment 6386 ,
Ço sont Vem de verte provee 10690, E bien poez
le fi saveir 81 3 , £* brun e bai e sor e blanc 85 1 o ,
E fu sanz dotance la veire 9789, E Vestoire issi
le remembre 6696, E li menu e H maien 45o3 ,
E hnc conte por quei fereie 6936,. i? que direie
d'autre qfaire 9746, E qu'en fereie autre parlance
4547, E que vos direie autre afaire 1 1 873 , £* que
vos direie autre conte 9701, E si poez saveir e
ereire \'j^o,Esur ço plus que vos direie 10750,
Haut ne bas , juefne n' ancien 3333, 95oo, Iço
saijo très bien sanz dote 1 1 884 , Issi com Vestoire
raconte 9488, Issi eome Vem entendi 8074, La
sage gent e la jolive h%k^Lesai de veir non pas
par esme 44o3, ffel puis laisser que jo nel die
53 34, Ou nos pesast ou nos fust bel i9o5y Que
Jipreie ici autre conte 4699, Que fereie vos autre
conte 81 1 4 , Que vos direie d'autre afaire 7018,
1 1744 , Que vos en fereie autre conte 9098 , Que
vos en fereie lonc conte 938o, Que vos fereie en
ço lonc conte 301, Que vos fereie jo lonc conte
11196, Qu'ireie jo plus demorant 3060, Sehne
Vestoire quejo di 1 1 368 , St com Ambroises dit e
esme 3336, Si com jo ai Vuevre entendue 53 96,
Si com testemonie la letre 965 , Si cotnej'ai Vuevre
entendu 8384 , 9434 , Si Deus m'ait e il mepaisee
149, Si dit cil qui Vestoire traite 9436, Si dit
Vestoire qui ne ceste fà^hà^Sifu dit por vérité
pure 7974, Si fit la fine verte pure 8779, Si/m
la vérité provee 1 1376, Si ne luirai que jo ne
die 6 3 07, Si poons bien par verte dire 1 1070, Si
sai de veir par mouz enseinz 7901, Si vos dirai ço
qu'il me semble 6454 , St oo* m bien dire en pie^
vine 10376, Si vos puis conter e retraire 6389 ,
Vérité fu e sanz dotance 8665. Parfois même la
cheville occupe deux vers : Si est bien droiz qu'on
sache e oie E par dreit le deiten otr 8768-8769.
Cette liste est biea loin, même en la supposant
complète, dVpuiser tout ce. qui dans le poème
d' Ambroise peut être considère comme pm* rem-
plissage amené par les besoins du vers. D'une
part je n'ai pas relève beaucoup de formules
toutes pareilles aux précédentes dans des cas où
on peut les regarder comme ajoutant quelque
chose au sens; d'autre |)art il faudrait tran-
scrire une bomie partie du poème si on voulait
LE POÈME. LUI
sidii directe cl présenle des i'atts. Ces qualités, que le Iraducleur lulîti a su
roiiserver en grande partie là oii il n'ajoute pas à la simple étoile de sou mo-
dèle les broderies de sa rliétorique, oui valu depuis longtemps A YlltTierarium
Hicardi, comme narration historique, une réputation méritée : elle appartient
plus légitimement encore ft ÏEstoire de la guêtre sainte.
And)roise raconte, liilèlemont et clairement, non pas tout ce qu'il a vu, mais
ce qui lui a parn intéressant, el par là son œuvre est une œuvre historique
itu vrai sens du mot. Il ne nous entretient pas de ses aventures personnelles
et ne se met jamais en scène que comme témoin. Il choisit dans ses notes et
dans ses souvenirs ce qui répond à son double dessein : faire connaître les
fiouflrances et les périls des croisés et signaler leurs hauts faits, et mettre la
prouesse de Richard dans tout son jour et le défendre contre les attaques dont
il avait été l'objet. Il ne l'aut lui demander ni vues générales, ni obst^rvations
profondes. Son point de vue est celui d'un pèlerin convaincu, qui n'a qu"un
but : délivrer Jérusalem ou tout au moins adorer les sainte lieux, et qui ne
comprend pas que des gens qui étaient résolus à mourir s'il le fallait pour
atteindre ce bul aient pu en éli-e empêchés. Il représenle eu cela l'opinion
de la grande majorité des croisés et surtout de la gent memie. et on ne peut
s'empêcher d'ètri^ touché des déceptions successives et du désespoir Unal de
ces pauvres pèlerins qui ont tout sacrifié pour délivrer la ville sainte, qui ne
doutent pas que Dieu n'iq)prouve et ne soutienne leur entreprise, et qui la
voienl toujoui-s éclioner au moment oti ils croient qu'elle va réussir. Ambroise
a peint leurs senliments avec la naïveté de leurs cœurs simples et passionnés. Il
va presque, dans certains endroits, jusciu'à blâmer Riciiard de ne pas maicher
droit sur Jérusalem, de trop écouter les conseils des ff Poulains i>. des Templier.'!
et des Hospitaliers, qui seuls connaissaient le pa^s; il est en ces occasions,
quoi qu'il en ail, iivec les Français contre son roî el son héros. De même, il
s'atllige des négociations courtoises entamées un moment eiilre Kicliard et
Salahadin; il tremble que le roi d'Angleterre ne se déshonore en quittant la
citer lrai'pil)ièl«K, les loiimures, les invocations,
I s iaiprécalioua . les cujnpar<iisonB ijui ue sont
là que pour allonger un vers ou [»)ur fournir ime
rime. A la même cntùfforie Hpparliennent des
«lifterm in niions de dislance ou de provenanre
aussi oineuKi que va^^ues (voir par exemple a
la Table des noms propr<>s le» mots : Ddrrs,
KoaaiB. Vprr. etc.). Je donnerai seulement en
exemple ces deux foriuules qui se siiivertt : JVe
gdit»irz pas une pruue For» «or gfiil fercftie e
brune; Es tes voserninl drei'i alDoe, Si n'rùMiei
pat cuit UN coe Que, etc. (v. 3gt)& as.)
INTRODCCTlOPi.
-Saillie trop tôt, pour
suivre les avii
; ceux d'Aiigielerre qui l'y ^a(^-"
pellent impérieusement; il montre que Richard ne s'est décidé à la trêve que
par la plus grande nécessité et atteste qu'il a bien l'intention de revenir
quelque jour en Syrie. Les sentiments d'un croisé pieux, fanatique, borné
et prêt au martyre se manifestent tout le temps dans ses vers.
Si la croisade a échoué, d'après lui, c'est surtout à cause de la discorde
qui règne parmi les chrétiens. Rivalité entre le roi Gui de Jérusalem et le
marquis Conrad de Monti'errat, guerre à Messine eutre les liommes de Ri-
chard et les jjens du pays, jalousie entre Richard et Philippe, dissentimente'
toujours renaissants entre les sujets du roi de France et ceux du roi d'An-j
gîeterre. Comment Dieu, s'écrie Ambroise, pouvail-il bénir une croisai
ainsi menée? Et il rappelle avec émotion l'union qu'il suppose avoir régnôl
entre les vainqueurs de la première croisade, comme entre les guerriers aveej
lesquels Charlemagne soumit le monde, ^,
Dans ces différends, Ambroise est toujours du parti de Richard et de soa^
client, le roi Gui. Il est avec eux contre Raimond de Triple et contre Conrad
de.Montferral; il en veut surtout au roi de France, qu'il nous montre moim
libéral que Richard, nouant à Messine, contre son frère d'armes, de secrète»
intelligences avec Tancré, dévoré de jalousie envers Richard, excitant Conrad
contre lui, et finalement quittant la Syrie malgré l'honneur et le devoir. 11 est
encore plus sévère pour le duc de Rourgogne, auquel il attribue sinon tous
les torts, au moins les premiers torts dans ses querelles avec Richard, et pour
les Français placés sous les ordres du duc, qui se conduisent à Acre comme
des débauchés et non comme des pèlerins, et qui refusent à Ricliard de l'ac-
compagner dans la glorieuse expédition de Jafl'e : il fait à la mort presque
subite du duc de Bourgogne et d'autres seigneurs français une allusion iro-
nique oîi il semble la regarder comme la juste punition de ce refus.
Mais cette partialité, très naturelle chez un snjct de Ricbard et justitïée
d'ailleurs en plus d'un cas, ne le rend aveugle ni pour les mérites de ses
adversaires ni pour les côtés faibles de ceux qu'il soutient. On voit clairement
en le lisant que si les querelles naissaient sans cesse entre les deux princi-
paux contingents de l'armée croisée, la violence et l'arrogance du roi d'Aij-
glelerre les provoquaient aussi souvent que la méfiance de Conrad, la jalousie
de Philippe ou ta répugnance des Français à prendre les ordres d'un autre
que de leur roi. Ambroise a supprimé volontaire Iiient plus d'un épisode de
I
â
ciîs querelles, rll y eut, ditril à ])ropos de l'incident des bannières à MessitiP.
bien des paroles injurieuses et folles; mais il ne l'iiut pas écrire et conserver
toutes les folies (v. 355). n De m^uie quand Richard reçoit, évidemment tort
mal, les envoyés de Philippe qui viennent le relancer en Chypre (v. iSgS),
et lorsque le duc de Bourgogne lui demande en vain de rarfjenl (v. Siyi) ,
sii se dit, remarque l'auteur, blendes paroles qui ne doivent pas être écrites i*.
Parfois nous regrettons sa rési^rve: nous aimerions qu'il nous ei\L communiqué
le texte de la chanson pleine ris grant vilenie (v. i t 658) que le duc de Bour-
gogne avait composée contre le roi d'Angleterre et celui de la riposte de Richard :
mais nous ne pouvons cependant que l'approuver ot appliquer avi'c lui aux
deux partis qui divisaient l'ost le nom de f^mt demnenuree. Ambroise est trop
sincèrement dévoué à la cause sainte de la croisade, supérieure à toutes ces
misérables querelles, pour ne pas comprendre et reconnaître que l'union
était rendue impossible par des torts réciproques, bien qu'il en attribue la
majeure partie aux Français. Ces Français avec lesquels, comme sujet et ad-
mirateur passionné de Richard, il se trouve sans cesse en opposition et dont
il se complaît à relever certaines fautes, il sait d'ailleurs aus^i leur rendre
justice. Il les appelle lagenî fiere (v. SySB): il mentionne avec une sincère
admiration les exploits d'André de Bricniie, d'Auberi Clément, de GuiHaiime
de la Chapelle, de plusieurs autres, et surtout de l'incomparable Guillaume
des Barres; il reconnaît (jue le roi Philippe, en attendant à Acre l'arrivée
de Birhard, s'était très bien comporté. Du moment ([ue les [jens même en
qui il a peu de conGance méritent bien de la cause qui l'intéresse, il ne leur
marchande pas les éloges.
Cette tendance à la fois équitable et partiale est surtout sensible dans la
façon dont il parle du célèbre Conrad de Montferrat, l'ennemi personnel de
Richard, qui fut soupçonné d'être l'auteur de son assassinat. Ambroise lui est
fort hostile : non seulement, suivant ici un récit antérieur dont nous parlerons
plus loin, il signale en la réprouvant sa conduite avec le roi Giû. l'accuse
de bigamie et même de trigamie, et lui impute les procédés les plus déloyaux
envers les assiégeants d'Acre, mais il montre tout le temps sous le jour le plus
défavorable son amitié avec le roi de France et ses procédés envers Bichard,
et lui reproche des intrigues secrètes avec Salaliadîn. Toutefois il reconnaît
qu'il avait eu bon coimncement en Syrie (v. a645 ss.), et, quand Richard,
sur la désignation de l'ost tout entière, a consenti à le proclamer seul roi de
Ml INTRODUCTION.
Jf^nisalfni. Aiiibi'ois4> approuve celte décision, met Juiis ia bourlic tlu inar(|iiis
lies paroles exprimant les sentiments les plus élevt'-s. et constate que sa mort
l'ut l'occasion d'un deuil général : c'est qu'il comprend que Conrad était le
seul homme qui, par son intelli^jence et ses talents militaires, pouvait sauver
la Terre Sainte, tandis que le brave Gui de Lusignan, avec toutes ses excel-
lentes qualités, était entaché de nimplece (y. 91 i5) et manquait d'énergie
(v. 2Ct8)t').
La partie du poème d'Ambroise consacrée aux Sarrasins est naturelleinuni
empreinte des mf^mes sentiments. Il les rejjarde comme les ennemis de Dieu
et les accable des pires injures''''; il applaudit au massaci-e, ordonné par
Richard, des s5oo prisonnier-s d'Acre, el en rejette toute la responsabilité
sur Salahadin; mais en maint endroit il rend justice an courage et à l'endu-
rance des intidèies et déclare que, s'ils étaient chrétiens, il n'y aurait pas de
meilleurs guerriers, li est eu général malveillant pour Salahadin, mais il i-e-
connaît cependant ses grandes qualités et répète le mot de Tévèque de Salis-
bury (\. I î 1 ^9 ss.) d'après lequel un pi-tnce serait parlait s'il pouvait réunir
les qualités de Richard et celles de Salahadin.
Au reste, les informations d'Ambroise sur les Sarrasins sont assez vagues
et, fontrairenient au reste de son récit, parfois peu dignes de confiauce,
n'ayant pas été recueillies directement par lui-même. S'il les appelle païens,
gent jiaiene, il ne faut sans doute voir là qu'une e\pression traditionnelle, ijui
ne prouve pas qu'il tes criH idolâtres, comme les auteurs des chansons de
geste composées en France; c'est à une source étrangère qu'il a pris le trait,
assurément erroné, d'une image de Mahomet peinte sur un étendard
(v. 3369 ss.). Mais il raconte avec complaisance, à deux reprises(v. 6771 ss.,
1 i653 ss.), de prétendues objurgations de Salahadin à ses hommes, aux-
quelles ceux-ci répondent en proclamant que les croisés et surtout le »(«-
lec Richard sont invincibles. On trouve de pareils entreliens des Sarrasins
vaincus dans la chanson sur la première croisade , et on pourrait croire qu'Hs
ont servi de lointains modèles à Ambroise, ici infidèle à son ex;ictitude ordi-
naire; mais il est plus probable qu'il n'a fait que rapporter des bruits qui
<'' Il but noler, daiiâ le même nnlrc d'ûlëex,
les ràenes qn'il pe inanigue pes d'expriuier fore-
iju'il rapporle des tiniits détavorables h teM\
auxquels Jl Mt d'ordinaire hostile : nin«i xitr
la Iraliieoii ilu comte de Triple (v. aSi i«.),
sur l'enlenU' secrèle de Philipjw iivec Taocn*
(ï. 917 88.).
<'' Voir & In Tatde des noms propred.
LE POÈME. Lvii
couraient dans Tost et dont la formation s'explique sans peine (cf. v. 1 1658).
C'est également à un bruit populaire qu'il a emprunté l'anecdote du feu
sacré du jeudi saint 119Q9 dont l'apparition et la reproduction miraculeuse
font prédire par Salahadin la perte prochaine de Jérusalem '^'. •
A part ces quelques circonstances sur lesquelles Ambroise ne pouvait être
renseigné que d'une façon indirecte, à part aussi le grand épisode rétrospectif
consacré aux événements de Syrie antérieurs au 8 juin 1 191, le récit d'Am-
broise est absolument véridique et digne de foi. Il forme, du côté occidental,
la source 1^ plus précieuse pour l'histoire extérieure et détaillée de la troi-
sième croisade. Je dis pour l'histoire extérieure, car l'auteur était trop bas
placé pour comprendre les ressorts internes qui déterminaient les mouvements
des hommes et le jeu des événements. 11 n'a su des traités conclus entre
Richard, Philippe, Conrad, Salahadin, que les clauses les plus générales,
celles qu'on communiquait à la foule. Il raconte les combats qui amenèrent
la prise de Chypre, mais ne nous dit rien de la façon dont Richard organisa
sa conquête. Des négociations si curieuses entre le roi d'Angleterre et Sala-
hadin, qui faillirent aboutir au mariage de Safadin avec la sœur de Richard,
il n'a connu que les fréquentes visites des envoyés sarrasins et les riches .
présents qu'ils apportaient et qui jetaient l'inquiétude dans le cœur des simples
pèlerins, indignés à toute idée de conciliation avec l'infidèle. Il n'a approché
dassez près aucun des personnages de premier rang pour savoir quelque
chose de précis de leur vrai caractère et de leurs mobiles intimes : il n'a vu
que leurs gestes et leurs actions. H a regardé la scène sans pénétrer dans les
coulisses. Mais dans les limites de son information il se montre observateur
non seulement sincère ^ mais intelligent. Il sait nous dire que les rancunes
des Grecs et des Longuebardst^' de Sicile remontent au. sou venir de la conquête
de leur pays par Robert Guiscard et ses Normands; il peint en traits fort justes
la façon de combattre des Turcs, pareille à celle des Parthes d'autrefois et
des Tartares d'aujourd'hui; il apprécie dans Richard non seulement ses grands
coups d'épée, mais ses très réels talents de tacticien et de stratégiste, dont il
nous donne des preuves frappantes. Ses longs- et nombreux récits d'épisodes
(') Il est probable que dans la version primi- modifiée en feisant prédire par Salahadin ou la
tive de Fanecdote il ne s'agissait que de cela ; la perte de Jérusalem ou sa propre uiort dans un
prédiction ne s'étant pas réalisée et Salahadin bref délai,
étant mort Tannée suivante, Ambroise Taura ^*^ Sur ce mot, voir la Table des noms propres.
H
nVUHtUI BATtOIAU.
LVIII
INTRODUCTION.
de siège ou de guerre sont clairs et animés, et le paraîtraient plus encore sans
la monotonie de la forme rimée et Tennuyeux emploi des formules toutes
faites. 11 sait choisir entre ce qu'il a vu lui-même et ce qu'il a entendu dire et ne
raconte que c#qui vaut la peine d'être raconté. C'est ainsi qu'on remarquera
qu'il ne dit pas un mot de la traversée de Marseille à Messine, qui n'oflFrit
sails doute aucun incident remarquable, ni de ce qui se passa dans les nom-
breuses haltes des croisés. On ne trouve pas dans le récit qui émane directe-
ment de lui de ces anecdotes puériles qu'offre à mainte reprise l'écrit dont il a
fait usage pour raconter la partie du siège d'Acre à laquelle il n'avait pas assisté.
On ne pourrait lui reprocher que d'avoir raconté trop d'exploits sans conséquence
de tel ou tel chevalier secondaire; mais il ne faut pas oublier que ces hauts
faits avaient alors un intérêt tout vivant et que la plupart des guerriers ainsi
mentionnés étaient de proches compatriotes du poète. Ce n'est pas d'ailleui*s,
semble-l>il, pour s'assurer la faveur d'aucun d'eux qu'il les loue : rien n'in -
dique même qu'il ait adressé son œuvre à Richard, à qui elle aurait assu-
rément dû plaire. C'est sur le public qu'il comptait pour le succès de son
poème, et pour assurer ce succès il a cherché et il a réussi à être à la fois
intéressant et véridique ^^K
VEstoire de lagueire sainte est donc une œuvre historique de grande valeur,
qui fait honneur au brave et honnête pèlerin qui l'a rimée, sans prétention
littéraire, mais non sans apporter au choix et à la disposition de ses matériaux
une attention diligente. La découverte de ce poème aurait fait sensation dans
le monde des historiens si le contenu n'en avait pas été connu depuis long-
temps par la traduction latine. Même à côté de ïlUnerarium Ricardi, VEstoire
de la guerre sainte conserve, outre son intérêt philologique, le grand mérite
de donner le récit dans sa forme originale et tel que l'a conçu l'auteur, et de
nous transmettre les discours, les entretiens, les impressions passagères, les
^'^ Tout ce qu'on pourrait peut-être lui re-
procher, c'est lomission de certains traits qui
n'auraient pas été favorables à son hëros. Ainsi
il ne dit pas que la venue de Bërengère de Na-
varre k Messine ëlail une offense pour Philippe .
dont Richard avait promis d'ëpouser la sceur, et
que la vraie raison de Richard pour retarder son
dëpart fut le désir de célébrer son mariage avec
cette princesse après Temlxarquemont du roi dp
France, ce qui n'empéclia pas celui-ci de fiEÛre,
à Acre, l'accueil le plus courtois au roi et k la
nouvelle reine d'Angleterre. D ne dit pas un mot
de la violence insultante dont Richard usa , après
la prise d'Acre, envers le duc Léopold d'Autriche,
et qui fut, indirectement et directement, la prin-
cipale cause de sa captivité. Il est cependant dif-
ficile de croire que ces faits n'aient pas été connus
d'Arabroise.
LA TRADUCTION LATINE. lu
sentiments profonds des croisés de 1 189, dans toute leur fraîcheur et leur
naïveté. Elle a en outre ce grand prix d'être, — à part la chronique anglo-
normande de Jordan Fantosme et la sèche relation en prose d'Ernoul, — le
plus ancien texte d'histoire contemporaine écrit en français qu^nous soit par-
venu, Gaimar, Wace et Benoit n'ayant écrit que sur des époques bien anté-
rieures à la leur et presque exclusivement d'après des sources latines. Malgré
le caractère très peu personnel qu'Ambroise a donné à son récit et le rôle
effacé qu'il a joué dans les événements, elle a, par le fait que l'auteur (à
l'exception de l'épisode intercalaire) ne raconte que ce qu'il a vu, un caractère
qui la rapproche des Mémoires; et, consacrée également à l'histoire d'une
croisade par un témoin oculaire, elle doit prendre place désormais en tète
des mémoires plus célèbres, mais postérieurs de quinze et de soixante-dix ans,
que composèrent sur leurs expéditions d'Orient Geoffroi de Villehardouin,
Robert de Glari et Jean de Joinville.
V. — LA TRADUCTION LATINE.
On est embarrassé de décider, au premier abord, si l'auteur de ïltine-
ranum Ricardi^ Richard, chanoine de la Sainte-Trinité à Londres, doit être
considéré comme un honnête traducteur ou comme le plus effronté des
plagiaires. Ge qui semblerait appuyer le premier jugement, c'est qu'un con-
temporain, qui devait être très bien informé, donne expressément Yltine-
rarium pour une traduction du français, et cela sans avoir nullement l'air de
vouloir faire une révélation désagréable au prétendu auteur. On lit à la fin
du Chronicon Terrae Sanciae^ récit de la guerre de 1187 et de la prise de Jéru-
salem, fait par un témoin oculaire^ et continué de 1187 à 1191 à l'aide
d'extraits du livre I de Vltinerarium : «Post Pascha anno ab Incarnatione
Domini 1191, rex Francise Philippus applicuit apud Achon , et non multo
post, scilicet circa Pentecosten, venit rex Anglorum Ricardus; quorum serimn
itineris et quœ in iiinere gesseimni seu ex qua occasime rex Philippus repatriavit
si quis plenius scire desideraty légal librum quem dominus prior Sanctœ Trinitalis de
Londaniis ex gallica lifigua in latinam tam el^anti quant veraci stilo transferri
fecit^^Kfi M. Stubbs a montré par d'excellents raisonnements : i*' que l'auteur
^'^ Marteno et Durand, AmpiUstma CoUeetio, t. V, p. 877.
u
Lx INTRODUCTION.
de la première partie du Chronicon n était sans doute pas Raoul de Goggeshail,
auquel on Ta attribué sans raison; 2^ que la seconde partie avait été ajoutée
après coup et n'était pas du même auteur ^^). a Mais, ajoute-t-il justement, il
importe peu que le renseignement qui concerne Yltinerarium provienne de
Tabbé Raoul, de Tauteur de la première partie, ou d'un autre. Il çst clair que
l'écrivain qui Ta noté le croyait exact, et il n'y a aucune raison de supposer
que c'est simplement une fiction due à la jalousie littéraire. Dire que l'auteur
prétendu d'un livre Ta simplement traduit ou fait traduire tam ekganti quam
veraci stilo serait un exemple de raffinement satirique au-dessus de la malice
d'un écrivain du xiii^ siècle.^ Il est très probable, en effet, que l'auteur de
cette note tenait son renseignement du prieur même de la Sainte-Trinité,
lequel n'avait nullement prétendu dissimuler que l'ouvrage qu'il avait fait
exécuter par un de ses chanoines était une simple traduction du français.
Mais le prieur, notons-le bien, n'était pas lui-même l'auteur de ïldneron
rium. Cet auteur est un chanoine appelé Richard, comme nous l'apprend une
notice du chroniqueur Nicolas Trivet, qui écrivait au commencement du
XIV* siècle, et qui n'a pas d'ailleurs eu l'idée de suspecter l'originalité de l'/itî-
nerarium. Nicolas Trivet a emprunté à ce livre le récit de la troisième croisade
qu'il a inséré dans ses AnnaleSy et au moment de tracer le portrait du roi
Richard il s'exprime ainsi : (r cujus mores corporisque formam Ricardus cano-
nicus Sanct» Triuitatis Lpndoniensis , qui itinerarium régis prosa et métro (')
scripsit secundum ea quae ut ipse asserit prsesens vidit in castris, per hune
modum describit^''. "» Les témoignages du Chronicon TerraeSanctae et de Nicolas
Trivet se confirment et se complètent l'un l'autre : le prieur de la Sainte-
Trinité avait chargé un de ses chanoines, appelé Richard, de traduire en latin
le poème d'Âmbroise, et celui-ci s'en était acquitté avec autant d'élégance que
de fidélité.
Des trois '^) manuscrits qui nous ont conservé en entier Yltinerariumy aucun
ne porte le nom de Richard; deux sont anonymes, le troisième attribue l'ou-
vrage à Gaufroi de Vinsauf, erreur qui s'est perpétuée jusqu'à ces derniers
^*) Itinerarium reg^ Ricardi, edited by parler d*uo manuscrit de ï Itinerarium conserve
W. Stubbs (Londi^es, 186^, in-S*"), p. ly-lyiii. ciiez sir Thomas PhilHpps et qu'il lui a été im-
^*' Voir ci-après p. \c. possible de voir. Il ny a aucune trace , k ce que
^^'' Trivet, élit. Hog, p. 116. veut bien m*assurer M. P. Meyer, de Texistence
'- M. Stubbs (p. Lxxiv) dit avoir entendu de ce manuscrit à Cbeltenham.
LA TRADUCTION LATINE. wi
temps, et que M. Stubbs a parfaitement réfutée et expliquée '^^ On voudrait
croire que dans une épître dédicatoire à son prieur, que les copistes auraient
laissée de côté, Richard présentait son ouvrage comme une traduction; mais,
malheureusement pour lui, il est évident que Nicolas Trivet a eu sous les
yeux un manuscrit où Richard se nommait et où, loin de se donner comme
un simple traducteur, il affirmait avoir été le témoin oculaire des faits qu'il
raconte, c'estr-à-dire que ce manuscrit contenait le prologue que donnent les
nôtres, et où nous lisons : «rQuod si Phrygio Dareti de Pergamorum eversione
ideo potius creditur quia quod alii retulere auditum ille praesens conspexit,
nobis etiam historiam Jerosolimitanam tractantibus non indigne fides debetur,
qui quod vidimus testamur, et res gestas adhuc calente memoria stilo duximus
designandas. t) A la rigueur on pourrait supposer que c'est l'auteur français ,
nommé dans une épître dédicatoire perdue, que Richard fait ainsi parler;
mais que dire de ce qui suit ? (r At si cultiorem dicendi formam deliciosus
exposcit auditor, noverit nos in castris fuisse cum scripsimus, et bellicos stre-
pitus tranquillœ meditationis otium non admisisse. t) Cette apologie faussement
modeste, — car l'auteur s'est efforcé de donner à son style tous les ornements
à la mode de son temps , — ne peut s'appliquer qu'à la forme latine de l'ou-
vrage. Richard prétend donc bien lui-même avoir écrit cet ouvragé en latin
crdahs les camps )>. Ce mensonge évident nous prouve qu'il a eu l'intention
de se donner pour un témoin oculaire et un écrivain original, et qu'il n'est
par conséquent, comme nous hésitions à le dire au début, que le plus impu-
dent des plagiaires.
Mais comment se concilie cette usurpation avec le renseignement, donné
visiblement sans malice, du Chronicon Terrm Sanctœl Voici ce que nous serions
enclin à supposer. Il existe ou il a existé (^) plusieurs manuscrits de YIHnera"
rium ne contenant que le livre I; Giraud de Rarri, Roger de Wendover, une
continuation inédite de Guillaume de Tyr, ne font d'extraits que du même
livre; le Chronicon Terras Sanctae s'en tient également là, et ce n'est qu'arrivé à
la première phrase du livre II qu'il renvoie à la traduction d'un ouvrage fran-
■
^*^ Un manuscrit du livre I , que possédait ce qui concerne les manuscrits de Vltinerarium
Barth, ()ortait comme nom d'auteur Guido Ad- et l'histoire iitté*aire de cet ouvra(|[e, je ne puis
dmnensiê. M. Stubbs a également montré Tina- que renvoyer à Flntroduction du savant éditeur
nité et Torigine possible de cette attribution, anglais,
sur laquelle on a inutilement disserté. Sur tout ^*^ Voir Stubbs, p. lxx.
Lxn
INTRODUCTION.
çais faite par ordre du prieur de la Sainte-Trinité. Or le livre 1, comme nous
allons le voir, n'est pas emprunté à Ambroise, et il n'est même pas certain
que Richard, en l'écrivant, ait eu le poème d'Ambroise sous les yeux (voir
ci-dessous p. lxviu). Il semble qu'il ait composé deux ouvrages distincts, l'un
(livre 11- VI) traduit d'Ambroise, que son prieur lui avait commandé et que
sans doute il lui offrit, l'autre (livre I) racontant la croisade de Frédéric et
les événements de Terre-Sainte antérieurs à l'arrivée du roi d'Angleterre (et
d'Ambroise) à Acre, qu'il avait pris à d'autres sources.
On peut supposer que, le prieur étant mort, Richard réunit ses deux
ouvrages en un, et qu'il eut alors l'idée de s'attribuer non seulement la tra-
duction, mais la composition du tout. Le prieur des chanoines augustins de
la Sainte-Trinité de Londres fut à partir de 1170 un certain Etienne, mort
en 1 198, mais déposé dès 1 197 et remplacé par Pierre de Gornouaille, qui
ne mourut qu'en mai ^^K C'est sans doute Etienne qui avait commandé à Ri-
chard Yllinerarium, dont la partie vraiment traduite d'Ambroise (livre U-VI)
aurait ainsi été composée en 1 1 96 ou 1 197 au plus tard, tandis que l'autre,
ainsi que le prologue, où il n'est pas fait mention du prieur, aurait été ajoutée
ensuite. Nous avons vu que le poème d'Ambroise a dû être terminé en 1 195
ou 1 196, en sorte qu'il aurait été traduit aussitôt après (^). fin se demande,
il est vrai, comment le chanoine Richard a osé, en face de ses confrères et
de ceux qui savaient de quelle besogne le défunt prieur l'avait chargé, se
donner comme un auteur original et un témoin oculaire de la croisade (^).
') Voir Dogdale, MonasUeon AngUcamtm,
t. VI , p. 1 5o b.
^*^ Il est vrai que nos trois manuscrits de
Vliinerariutn, en mentionnant Jean sans Terre
(V, ixii), le qualifient de tune comité, ce qui
prouverait que le livre a éiA ëcrit après Favène-
ment de Jean au tr^ne (Stubbs, p. lxx); mais il
ne fisiut pas oublier que. dans Thypothèse exposée
ci-dessus, ces manuscrits ne présentent que la
seconde rédaction de louvrage, où ces deux mots
ont pu facilement être insérés. L'ouvrage lui-
même , comme le poème d'Ambroise, semble bien
partout parler de Richard comme vivant encore.
^^^ On ne saurait en effet supposer que Richard
de la Sainte-Trinité, tout en traduisant le poème
français, aurait néanmoins, comme il Taffirme,
assisté aux événements que raconte ce poème.
Nous verrons par la comparaison des deux ou-
vrages qu il n ajoute au récit d'Ambroise rien
qui décèle une connaissance personnelle des faits,
qu'il suit son modèle avec une docilité minutieuse
à laquelle n aurait pu s'astreindre un témoin
oculaire, et qu'il commet des erreurs on des
contre sens i\m prouvent son absence du théAtre
de la guerre et son ignorance des hommes et
des choses. — Il parait inutile de recherdier
si le chanoine Richard est le «r frère Richard
du Temple" qui fut nommé prieur, è la place
de Pierre de Gornouaille, en lasa (Stubl»,
p. LXXVIl).
LA TRADUCTION LATINE. uni
Quoi qu ii en soit, la découverte du poème d'Ambroise est venue conGrmer
d'une façon indiscutable fassertion du Chranicon Terraè Sanctae, Jusque-là elle
avait paru peu vraisemblable. M. Stubbs a consacré à la réfuter plusieurs
pages de son Introduction, qui montrent dans quelles erreurs peut tomber
la critique même la plus perspicace quand elle ne s'appuie pas sur des faits.
Je ne me complairais pas à rapporter l'argumentation de l'émiuent historien
si elle ne fournissait l'occasion de quelques' remarques qui méritent peut-être
l'attention de ceux qui ont à s'occuper de discussions du même genre.
ail est impossible, dit l'auteur dès le premier mot, que l'ouvrage soit une
traduction. 1) En effet : i**le style en est trop différent de celui d'aucun ou-
vrage français, en prose ou en vers, du xui® ou même du xiv* siècle; 2** il est
rempli de citations de la Bible ou de poètes et de prosateurs latins que n'a
jamais pu admettre un écrivain français et que, s'il les avait admises, le tra-
ducteur n'aurait jamais pu remettre précisément dans leur forme originale;
souvent ces citations et ces réminiscences sont incorporées au texte de façon à
en être inséparables; 3^ il y a des invei*sions de sens, des jeux de mots, de
petites expressions proverbiales qui prouvent ou que le livre est un ouvrage
original, ou que le traducteur a eu plus de part que l'auteur supposé à la
forme donnée aux détails; /i^ il y a dans les récits des combats et dans la
peinture des souffrances de l'armée une exaltation et en même temps une pro-
lixité qui auraient lassé la patience de tout traducteur : (r Seul un homme à la
fois témoin et auteur a pu soutenir son enthousiasme à travers ces descrip-
tions, qui sont pour le fond ce qu'il y a de plus ennuyeux et pour la forme ce
qu'il y a de plus animé dans le livret; 5^ cries passages où les manuscrits dif-
fèrent par des additions ou des omissions ne sont pas compatibles avec l'hy-
pothèse d'après laquelle l'ouvrage serait une traduction, taudis qu'ils s'expli-
quent d'une manière satisfaisante dans l'hypothèse contraires. J'avoue ne pas
comprendre ce dernier argument, et je dirai seulement que la comparaison du
français permet aujourd'hui en plus d'un cas de reconnaître ce qui , dans les
manuscrits latins, a été ajouté ou omis par les scribes. Quant aux autres argu-
ments, ils pouvaient produire un certain effet a priori: on voit comment les faits
les ont réfutés. Le travail de Richard a justement consisté à ajouter à un simple
et naïf original tous les ornements, tous les oripeaux, tous les caparaçons du
beau style latin tel qu'on se le représentait alors. Mais c'est précisément ce
style pompeux et prétentieux qui aurait dû mettre en garde le jugement du
Lxiv INTRODUCTION.
critique. Ce n'est que quand Richard y renonce (et cela lui arrive souvent),
quand il se borne à traduire littéralement son modèle, qu ii peut nous donner
riilusion de reproduire l'impression directe d'un témoin oculaire. Sa rhéto-
rique nous fait, même sans la comparaison avec l'original, l'effet d'un placage
extérieur jeté sur un fond préexistant. Je m'étonne que M. Stubbs ait voulu
établir l'originalité de son auteur avec des remarques comme celle-ci: et Est-il
concevable que le discours du roi Richard à ses matelots, dans l'aventure du
dromon, puisse être une traduction, je ne dis pas d'une vraie relation des
paroles prononcées par le roi, mais de n'importe quelles paroles qu'un homme
dans son bon sens aurait pu lui prêter? Ce discours se compose d'une phrase
raisonnable, puis d'un vers latin, enfin d'une imitation de formules d'actes
légaux! De quelle éloquence imaginable cela peut-il être un échantillon? Ce-
pendant en latin l'absurdité n'est pas assez grande pour nous frapper dés-
agréablement. 19 Je ne vois pas comment cela prouve que l'auteur latin a
lui-même recueilli le discours de Richard et n'a pas arrangé à sa guise une
indication qu'il trouvait dans son modèle; un tel farrago révèle, semble-t-il ,
tout le contraire d'un auteur original. Âmbroise nous dit tout simplement que,
les (cgaliotST) n'osant pas monter à l'abordage du vaisseau sarrasin, crie roi
jura son serment qu'il les ferait pendre s'ils se relâchaient et laissaient les
Turcs leur échappera (v. 2225-3228). C'est là-dessus que notre chanoine a
construit sa mirifique harangue : (t Qui fortiter exclamans suis dixit : Numquid
navem intactam et illœsam sustinetis abire? Proh pudori posl tôt triumphos
exactos, irrepente desidia , ceditis ignavi? Nondum quiescendi tempus advenit,
dum restant hostes et quod sors obtulit ultro. Noverit universitas vestra vos omnes
in cruce suspendendos vel ultimis afficiendos suppliciis, si hos sustinueritis
abire tî (I. II , ch. xui). C'est là ce qui s'appelle <r orner sa matière n , et l'exemple
est typique, mais on pourrait en citer plusieurs à peu près pareils. C'est le
procédé que nous retrouvons, poussé plus ou moins loin, chez tous les lati-
nistes qui se sont donné pour tâche, du i\® au \\\f siècle, de remettre en beau
style soit les produits, barbares à leurs yeux, de l'époque mérovingienne, soit
des compositions écrites avec trop de simplicité; c'est ainsi que trois auteurs
différents, Baudri de Bourgueil, Guibert de Nogent et Robert de Reims, ont
pris pour thème de leurs nsTrrations, plus ou moins élégantes, la simple et sin-
cère relation de la première croisade, désignée sous le nom de Gesta peregri^
norum. Un bon rhétoricien comme Richard devait employer ce procédé, et
LA TRADUCTION LATINE. lxv
plus librement encore, du moment qu il lavait pour canevas de ses broderies
un récit en langue vulgaire.
M. Stubbs n'a pas été sans voir lobjection que les habitudes littéraires du
moyen âge opposaient à son système; il la même admise en partie, mais il
est loin de l'avoir saisie dans toute sa force. rOn peut répondre, dit-il, que
par «r traduction 7) un écrivain du xni* siècle n'entend pas nécessairement une
V ersion littérale du français en latin, et que le mot s'appliquerait également à
un livre dont Tarrangement et les détails seraient empruntés à un autre, écrit
dans une langue étrangère. . . Mais un paraphrasle qui revêt de vie, de cou-
leur et d'énergie le squelette desséché d'une de ces (r lettres de nouvelles ^^
dont nous connaissons le type médiéval, qui nous en raconte le sujet avec
tout l'intérêt et toute l'animation d'un témoin oculaire, celui-là n'est pas un
traducteur au sens moderne du mot : son œuvre est une œuvre originale. ?) 11
était cependant facile de faire deux parts dans le livre du chanoine de Londres,
celle des ornements extérieurs, tout à fait inutiles au récit, et celle du récit
lui-même : en le faisant, on arrivait tout naturellement à conclure que cet
auteur mérite bien le nom de traducteur pour tout ce qui a de l'intérêt et de
la valeur, et qu'il n'est réellement auteur (je ne dirai pas original, car sa
rhétorique est en bonne partie un centon) que pour ce qui est insipide et su-
perflu. Devant l'assertion formelle du Chronicon Terme Sanctaey cette conclusion
aurait pu sortir de l'examen de YIttnerariumy même en l'absence du poème
français; et, dans des conditions analogues, la critique devrait assurément
y regarder de plus pràs avant de rejeter un témoignage contemporain aussi
clair et aussi peu suspect.
Toute cette discussion n'a plus d'objet depuis que l'ouvrage mis en latin
par Richard de la Sainte-Trinité est sous nos yeux. Il n'y a même pas lieu de
combattre sérieusement l'hypothèse qui pourrait se présentera l'esprit, d'après
laquelle ce serait Âmbroise qui aurait utilisé l'ouvrage latin. 11 y a en effet
dans celui-ci de nombreuses traces des rimes de notre poème; nous en relè-
verons quelques-unes dans la comparaison qui suit. Il y a aussi plusieurs
contre-sens, dont quelques-uns ont été indiqués soit dans le Glossaire, soit
dans les notes de la traduction, et dont nous signalerons encore plus loin
un certain nombre. Mais il sufiit de mettre en regard du texte français un des
chapitres où Richard a suivi exactement Ambroise pour être convaincu du
rapport des deux textes : jamais un versificateur ne pourrait se modeler aussi
r
laraiHKriB iatioiilb.
LX¥I
INTRODUCTION.
fidèlement sur un récit écrit dans une langue étrangère, au lieu quun tra-
ducteur en prose a pu sans grand'peine reproduire parfaitement son original.
Nous prenons presque au hasard le chapitre qui nous servira d'exemple :
Ambroisb, V. 6o5-6!i6^').
Quant li dui rei arrivé furent,
Li Grifon puis en pais s'esturent;
Mais li Longuebart estri vouent,
E nez pèlerins maneçouent
Que lor trës lor detrenchereient
E lor aveirs en portereient;
Car de lor femmes se dotèrent,
A cui li pèlerin parlèrent ;
Mais teus le (ist por eus grever
Qui n^i deignast rien achever.
Li Longuebart e la commune
Eurent toz jorz vers nos rancune
, Por ço que lor père lor distrent
Que nostre anceisor les conquistrent ;
Si ne nos poeient amer,
Ainz nos cuidouent afamer^^).
Nel firent por nos sushaucier ^^\
Que il firent lor tors haucler
E les fossez plus parfont faire :
Iço empeira moul Tafaire,
E les tençons et les manaces
Qui levouent en plusors places.
Itinerarium, 1. II, ch. xiy(').
Grifibnum, dum reges tanta cum mrMe
vidèrent appulsos, in parte repressa est ar-
rogantia, quippe qui se perpenderent virtuie
vrferwres et gloria, Longobardi vero contuma^
citer murmurantes contendere non cessabant
conviciis et opprobriis lacessere nôstros,
tentoria se comminantes invasuros ut ttm
occidererU et res suas diriperent. Zelo qui-
dero ducebantur super uxoribus suis, cum
quibus nonnulli peregrinorum coUoqueban-
tur, pocius ad ipsos irritandos maritosquam
ad perpetrandum adulterium. Hac îtaque
occasione et invidia perturbati Longobardi
cum communa(^) civitatis semper tu quantum
Ucuit nostris erant infesti, maxime pro eo
quod ab antecessoribus suis se didicerant
olim a nostris fuisse subjugatos , unde quanta
poterant nobis procurabant incommoda, et
turrium exaltabant propugnacula, et altioris
profunditatis fossas ambierUes perfodere.
Praeterea ad incitandum animorum impul-
sum frequentissimis provocabant conviciis
et dchonestabant contumeliis.
Une comparaison suivie entre le poème d'Ainbroise, tel que nous Ta
conservé Tunique manuscrit, et la traduction latine offre de l'intérêt à plusieurs
points de vue. D'une part, la traduction, qui s'appuyait sur un manuscrit tout
à fait contemporain du poème, nous indique souvent une leçon meilleure que
(*) Pai introduit dans le texte quelques très
légères modifications orthographiques qui le rap -
prochent de sa physionomie originale; j'ai fait
de môme, soit dit eo passant, pour plusieurs
des citations données dans cette Introduction.
^*' J*ai imprimé en italique les mots ajoutés
par Richard; on voit qu'ils ne font qu'amplifier
le texte sans rien y ajouter.
('^ Mot visiblement pris à la rime française*
(*) Vers non traduit, je ne sais pourquoi.
^'^ Cette tournure ironique n*a pas été tra-
duite ni peut-être comprise.
LA TRADUCTION LATINE. lxvu
celle du nôtre, et permet même d'en combler des lacunes plus ou moins im-
portantes. D autre part, il est curieux de signaler les contresens et les méprises
dont s'est rendu coupable un traducteur si voisin, de toute façon, de Tori-
ginal. Enfin il y a dans la version latine un certain nombre de changements,
de suppressions et d'additions qui paraissent bien du &it du traducteur, et
dont il peut être intéressant de rechercher la cause ou les sources.
Mais pour procéder à cette comparaison il faut d'abord se rendre compte de
la composition de Yltinerarium. Richard de la Sainte-Trinité a modifié Tordre
wivi par Âmbroise. Celui-ci raconte les événements auxquels il a pris part
dans leur succession même, telle qu'il l'a vue se dérouler. Après un bref ex-
posé des causes et des préparatifs de la croisade, il suit constamment la marche
du roi Richard , d'Angleterre à Messine, de Messine à Chypre et à Acre, d'Acre
à Acre, où il se rembarque, à travers toutes les étapes de la guerre. Seule-
ment, au moment de la première arrivée du roi en Syrie, il intercale une
grande parenthèse, où il résume l'histoire de la Terre-Sainte depuis l'avène-
ment de Gui de Lusignan et celle du siège d'Acre jusqu'à ce moment; ici il nest
plus témoin oculaire, mais suit en partie des récits oraux, en partie une source
écrite. Richard de la Sainte -Trinité a disposé autrement sa matière.* Dans
son livre I, il raconte les causes de la croisade, l'expédition de Frédéric (dont
Ambroise ne disait à peu près rien), et l'histoire de la Terre-Sainte et du
siège d'Acre jusqu'à l'arrivée de Richard, d'après la même source qu'Ambroise,
mais non d'après lui. Puis, au début du livre II, il prend, après une phrase de
..raccord, le récit du poète français et le suit jusqu'au bout, en supprimant na-
turellement la grande parenthèse qui répond, dans ce récit, à une partie de
son livre I. Ainsi ce n'est que dans ses livres II-VI qu'il suit fidèlement le
poème; le livre I en est plus ou moins indépendant. Il est donc bon d'examiner
les deux parties séparément, et il est naturel de commencer par celle qui se
prête à une comparaison suivie avec l'original.
L. II, ch. I. Phrase de raccord, correspondant à peu près au v. /iSag.
Ch. u-"V. 35-58. Richard amplifie son original par des considérations
pieuses; il ajoute à la cessation des réjouissances dans la chrétienté occiden-
tale celle des querelles et des procès.
Ch. n = v. 59-166. Le traducteur abrège ce qui concerne Henri II et Ri-
chard. Il assure que l'archevêque de Tyr avait été envoyé spécialement à
I.
ixvin INTRODUCTION.
Henri II; mais ce doit être par orgueil nationd, car ii ne sait pas plus qu'Am-
broise le nom de cet archevêque, qui était le célèbre Guillaume. Le motif
donné à la croiserie simultanée des deux rois — la peur de chacun d'eux que
l'autre n'envahît ses terres en son absence — est très vraisemblable ; mais , à
cause de cela précisément, il peut avoir été imaginé par le traducteur.
Ch. IV = V. 1 67-1 80. Richard ajoute le lieu et la date de la mort de Henri II
et le lieu de sa sépulture.
Gh. v»v. i8i-Qâ8. Le traducteur ajoute beaucoup de renseignements
précis sur le couronnement de Richard, la mention des massacres de juife qui
le suivirent de près, et un long éloge du roi, où il le met au-dessus d'Achille,
d'Hector, de Roland, de Titus, de Nestor et d'Ulysse, mais qui contient un
portrait physique intéressant, et tracé, sans doute, d'après des souvenirs per-
sonnels.
Ch. VI = v. 329-802. Détails sur des visites de Richard à Saint-Edmond
et à Canterbury ; noms des évêques institués par lui; Guillaume de Longchamp
est fait chancelier et grand justicier. — Dreues est traduit bizarrement par
Eh'wllos.
Ch. vn«v. 3o3-3/i6. Richard compte cent huit navires au lieu de cent
sept.
Ch. vui = v. 347-864. Le traducteur ajoute, évidemment d'après une
source officielle, l'itinéraire de Richard de Tours à Vézelai (par Azai(^\ Mont-
richard, Selles, la Chapelle-Dan-Gillon'^), Donzi).
Ch. IX = v. 365-648. Ici encore nous trouvons dans le latin l'itinéraire
de Richard, de Vézelai à Lyon (par Corbigni'^), Moulins-Ëngilbert, Mont-
Escot, Toulon, le Bois-Sainte-Marie , BeaujeuW, Villefranche).
Ch. X — V. 449-510. Tandis qu'Ambroise dit qu'après la rupture du pont
les pèlerins passèrent le Rhône avec beaucoup de peine dans de petites
barques, le latin raconte que Richard fit construire un pont de bateaux.
^*ï C'est du moins aiosi que M. Stubbs inter- ^'' On écrit à tort d'Angillon.
prête le Laiù ou Luzi des manuscrits; cela pa- ^'^ Sanctum Leonardum de Corbenai.
ratt douteux, Azai n^étant pas entre Tours et ^^^ Il faut tire JBe^ftu pour JBe/tW et traduire par
Montrichard. Beaujeu et non par Bellevilie.
LA TRADUCTION LATINE. iin
Gumme le texte français ne prête à aucune équivoque, il faut croire que le
chanoine de Londres a recueilli ici le souvenir inexact de quelque pèlerin.
Ch. \i = v,5i i-53/i. Ici Richard a commis sur Rise (nom qu'il semble avoir
pris pour celui d'une contrée et non d'une ville, et oii il n'a pas en toutcas re-
connu l'antique Rhe{;iura). et sur Agolaud un plaisant contresens, qui est re-
levé à la Table des noms propres. Le cbanoine de Londres était plus familier
avec les poètes latins qu'avec les chansons de geste.
Ch.xii=v. 535-558. La dernière phrase, qui, malgré sa longueur, ne
contient qu'un développement naturellement suggéré, est ajoutée.
Ch. xin = v. 559-606. A noter la traduction du proverbe Tel te vei, tel
t'espeir par [viilgo îiatnque dtàtur) : Qiialem te video, Uilem te spero. Le traducteur
ajoute de son cru une réflexion sur l'impression produite par la trop grande
simplicité du roi de France , et quelques détails, faciles à imaginer, ii la des-
cription de l'arrivée de Ricliard. Eu revanche il supprime ce que dit Ambroise,
dans les derniersvers, du mécontentement causé parce fait aux «Griiïonsu et
aux rt LonguebardsD.
Ch, xiv = v. 6o5-6s6. C'est ce chapitre qu'on a imprimé ci-dessus en re-
gard du texte d'Ambroise.
Gh. XY = V. 627-666. Richard omet le nom A'Einme, donné à la mairhande
de pain (sans doute uniquement pour la rime).
Ch. \vi = v. 665-83o. Le traducteur a conservé à Jordidu rfc/ An la forme
Française de son surnom (Roger de Howden l'appelle de Pînu). On ne peut
méconnaître l'écho des rimes de l'original dans cette phrase : n Rex Rie ardus
uno impetu citius occupaverat Messanam quam quilibet presbyter cantasset
inatutinas; a Ambroise : Pliai tost eurent il pris Meschinex Cunx prestre ti'a dit ses
matines. Au reste, Richard exagère l'intimité des Français et des gens du pajs,
qui, dit-il, velul unnm ejjiciebant populum. — Au v. 779, le palalïum du latin
prouve qu'il faut lire le palets et non les palets (voir la tradurtion). Le latin ex-
plique beaucoup plus clairement que notre poème la prise de la ville, et donne
des détails qui ne sauraient âtre inventés; îl doit y avoir dans notre nninu-
Bopil une lacune de quelques vers après le v. 79a.
Gh, ïvii = v. 83i-8G6, L'auteur paraphrase le texte de façon h présenter
la conduite de Philippe sous un jour pins défavorable.
; i
• 1 .
!■
Lix INTRODUCTION.
Ch, XVIII = v. 867-890. La traduction s'arrête à la douzième ligne de ce
chapitre. Les vingt-quatre lignes qui suivent dans le latin n ont rien qui leur
corresponde dans notre manuscrit; c'est sans doute une lacune de celuî-cî,
}' car ce qui est raconté dans ces lignes, — la nouvelle querelle de Philippe et
de Richard, et la menace de ce dernier de partir seul pour la Syrie, — eàk
tout à fait dans le ton du récit d'Ambroise et se trouve confirmé par d'autres
historiens.
■ ■ • •
Ch. xix-xx = v. 89-1976. Ces deux chapitres doivent être réunis, parce
que le traducteur a légèrement interverti Tordre du récit français. Il donne sur
la situation de Mategrifon des détails qui ne sont pas dans le français. La der-
nière phrase du latin indique sans doute ce qui manque à notre manuscrit
I entre les v. 9 7/1 et 978 (la lacune, attestée par l'absence d'une rime, doit
être placée là plutôt qu'entre 976 et 976).
Ch. XXI «V. 977-1052. Ambroise donne sur les deux messagers envoyés
par Tancré à Richard et sur les prélat<« qui négocièrent la paix entre les deux
|; rois (v. 1007 ss.) des indications précises qui sont omises par Richard. En
y. revanche, Yltinerarium est seul à dire que le roi d'Angleterre partagea avec
Philippe l'argent donné par Tancré et même la dot de sa sœur, restituée par
le roi de Sicile. Aucun autre historien ne mentionne ce fait, et il semble
plutôt contredit par les v. ios/i-1036 d'Ambroise; il est possible que le tra-
ducteur l'ait ajouté de son chef pour faire honneur à Richard, de même quil
ajoute à la fin, — en citant un vers de Perse, — une réflexion désobligeante
pour Philippe.
Le chapitre xxn de Yltinerarium manque dans YEsloire de la guerre sainte. D
raconte l'entrevue qui eut lieu entre Richard et Tancré, et dont le récit,
confirmé d'ailleurs par d'autres historiens, ne doit manquer que par hasard
dans notre manuscrit. 11 est seulement singulier que le texte latin dise de
Gatane que medio epatio sita est inter Messanam et Palermum; il y a peut-être
là une méprise du traducteur.
Ch. xxiii — V. io53-io8o; ch. xxiv = v. 1080-1108. Traduction exacte,
sauf quelques ornements; la remarque d'Ambroise, Gejuial mangier en la sale,
est omise, comme beaucoup d'autres analogues.
Le chapitre xxv, racontant une rixe entre les gens de Richard et les Pisans
et les Génois, manque, par omission, dans notre manuscrit.
1 ;
LA TRADUCTION LATINE. vai
Gh. xxYi»v. iiog-iaoo. On remarque dans ce chapitre Taddition de
quelques détails, que Richard de la Sainte-Trinité a pu connaître à Londres:
le retour d'Âliénor par Saierne, le commandement de la flotte donné à Robert
de Turnham; Richard accuse explicitement, ce que ne fait pas Ambroise,
Gilbert de Vascœuil de trahison. Notons encore la définition des dromons.
Ch. xxva=v. iaoi-i3ia. Les détails (p. 179) sur la situation géogra-
phique de la Grète et sur le mont CamelusÇI) sont pris à une autre source; la
disposition des rimes des y. 1 267-1 q 68 prouve que ces détails n ont pu figurer
dans le poème français.
Gh. xxYui « V. i3i3-i35/i. Les renseignement donnés à Richard par les
gens du navire quMl rencontra (p. 181) sur ce qu avait fait le roi de France de-
puis son arrivée devant Acre ne se trouvent nulle part dans le poème d'Ambroise ;
ils proviennent sans doute de la même source à laquelle Ambroise et Richard
ont puisé pour l'histoire du siège d'Acre antérieure à l'arrivée de Richard.
Gh. XXIX «»v. 1 355-1 /ioo. Ambroise ne nomme pas l'empereur de Ghypre,
et son traducteur ne le nommait pas non plus, car les mots Cursac nomine
manquent dans le plus ancien manuscrit et ont été ajoutés par un scribe d'après
d'autres sources ^^J.
Gh. xxx-xxxi«»v. 1601-1/127. Get endroit est très altéré et mutilé dans
notre manuscrit du poème français; le récit beaucoup plus clair et détaillé de
Yhinerarium doit ici remplacer l'original.
Gh. xxxn = v. 1/128*1 564. Après le dernier vers il s'en est perdu dans
notre manuscrit quelques-uns, dont le contenu (débarquement des reines à
Limeçon) nous est rendu par la dernière phrase du latin.
Gh. xxxui-xxxiY » V. 1 565-1 73/1. Il n'y a que des divergences insignifiantes ;
notons seulement que le traducteur supprime ce que dit Ambroise de la
haute noblesse et des puissants parents de Gui de Lusignan.
Gh. xxxv-=Y. 1735-1760. Le chanoine de Londres a eu des renseigne-
(^^ Ces mots manquent aussi dans les éditions i*auteur de Yltinerarium appelle Tempereur de
de fltmerarium antérieures à celle de M. Stubbs. Chypre Guenehn, à cause du passage où il est
Par une plaisante méprise, le rédacteur de la dit qu'il surpassait Guenelonem fnvdiHone (pris
BihUotkèque de» Croisades (t. Vlil, p. 85) dit que du v. i388 d* Ambroise).
nxn INTRODUCTION.
ments particuliers sur le mariage de Richard : il sait qu'il eut lieu le jour de
saint Pancrace, et connaît le nom des trois évéques qui y assistèrent.
Ch. XXXVI = v. 1761-1832. Au début de ce chapitre, on remarque la aien-
tion du maître de THôpital comme intermédiaire de la paix, qui n'est pas et
n a pas dû être dans Ambroise : c'est encore une information que Richard aura
eue indépendamment.
Ch. xxxvnïW = v. 1833-1962. Il faut noter que le traducteur a complè-
tement omis les v. 1879-1906, qui racontent l'invitation pressante de le re-
joindre adressée par Philippe à Richard.
Les chapitres xxxix-xlh, qui terminent le livre 11, correspondent aux
V. 1963-2298 du français. On n'y trouve guère de différences notables. La
date du vendredi après la Saint-Augustin pour la reddition de Kyrsac (p. 2o3)
])arait prise, comme d'autres renseignements du même genre, à un itinéraire
de Richard. On pourrait croire que le passage sur Pierre des Barres et son
entretien avec les gens du vaisseau sarrasin (p. 2o5) se trouvait dans le
français et manque dans notre manuscrit; mais en examinant attentivement
le contexte de nos deux récits on voit qu'il n'en est rien, et que ce morceau,
qui contredit la narration d'Ambroise, a été ajouté par le traducteur, sans
doute d'après une information particulière.
L. III, ch. i-ni = v. 2299-2386. La forme Kahadini (a, b) au lieu de 7î^
chehedini (c) est attestée par le français Quahadin : (voir à la Table des noms
propres). La première partie du chapitre m, relative à l'entente des Pisans avec
Richard, manque dans le français.
C'est ici qu'Ambroise ouvre dans son récit la grande parenthèse (v. 2887-
4568) où il raconte les événements de Syrie antérieurs à l'arrivée de Ri-
chard. L'auteur de Y Itinei^arium n'a pas, comme Ambroise, à entrerompre et à
renouer le fil de sa narration; il la continue tout droit. — Dans le chapitre iv de
son livre 111, il reprend d'abord quelques renseignements donnés aux v. 453 1-
/i55o du poème français, puis le rejoint tout à fait au v. 4569 ^^ ^^^ laban-
donne plus jusqu'à la fin du livre. 11 serait fastidieux de poursuivre désormais
^'^ M. Stiibbs, — ou plutôt Gale, qu'il a suivi pour la numërotaiion des chapitres, — 0 oublie \e
n" xxxvii.
LA TRADUCTION LATINE. lxxiii
la comparaison chapitre par chapitre. Je me bornerai à signaler les quelques
divergences qui m'ont paru offrir un cei-tain intérêt.
Le nom de la maladie de Richard est, dans le latin, aimoldia (p. âi/i), et
plus loin arnaldia (p. 363). Le manuscrit français porte, au premier passage,
leonard%e{y. /i6o8),au second (v. 9660), /enrkiWte( que j'ai corrigé , d'après le
premier, en leonardte). La mesure des vers ne permet pas d'admettre une
forme correspondante au mot latin; je crois qu'il eût mieux valu, dans les
deux cas, lire la renardte : il semble que ce mot, signifiant (t alopécie 19, ait été
altéré en renaldie^ et que les Anglais aient entendu Famaldie au lieu de la re-
naldie^^K
On a relevé à la Table des noms propres (au mot Mare) l'erreur du traduc-
teur qui a traduit cil (de la Mare) par ilU au lieu d'Ule (v. U^jdS-ti'jSli); mais
après les noms mentionnés dans le poème il en ajoute une quinzaine (p. ^ 1 7)
qui devaient certainement s'y trouver aussi; car d'une part plusieurs des per-
sonnages qui les portent se retrouvent plus loin, et d'autre part on reconnaît
que la formation de plus d'un couple a été amenée par la rime. — Le traduc-
teur a transposé les v. Bo/i-i-boGô, qui lui auraient fourni son chapitre xiv et
dont il a fait le chapitre xx; il aide d'ailleurs à combler une lacune du ma-
nuscrit dans ce passage (voir ci*après, p. 388). — Le chapitre xvui du latin
manque dans le français, où il devrait se placer après le v. 5236. 11 est in-
dispensable au récit et faisait certainement partie de l'original.
Le livre IV suit fidèlement le poème du v. 5358 au v. 7760, sans qu'il y
ait à remarquer aucune différence de quelque importance. On trouvera dans
la traduction française l'indication de quelques passages où le latin a permis
de corriger la leçon du texte ou d'en combler des lacunes. — En revanche on
constate au chapitre xix un contresens du traducteur qui a mis la critique his-
torique dans un embarras que dissipe la connaissance de l'original français (^).
Il n'y a pas non plus grand'chose à remarquer sur le 1. V (v. 776 1-1 oi36).
Le chapitre xix manque dans le finançais : il raconte comment Richard alla
^*) Arnaldia se retrouve dans Roger de Howr savons que la maladie de Richard et de Philippe
den et dans Bromton. Le mot renardie au sens fit tomber leurs cheveux.
dV alopécie» est attesté en français au xiv* siècle ^*^ Voir à la Table des noms propres Tarticle
(voir le Dictionnaire de M. Godefroy), et nous Guirmer de Nape».
j
tHPBIlIKUK BaTIORALS.
LxxiT INTRODUCTION.
d'Ëscaione regarder les fortifications de Gaza et du Daron, et il devrait se
trouver après le v. 8662.
Les quatre chapitres ixi, xxii, iixii, xxxiu manquent dans notre manuscrit;
ils devraient se trouver après le v. 897a; ils racontent quelques menus évé-
nements des 16, *ia, q8, 39 avril et a mai 1192 (notamment le combat de
Richard contre un sanglier), et il n'y a aucune raison de les considérer
comme ajoutés par le traducteur'^'. Notons encore l'omission , dans notre texte
du poème (après le v. 10188), du court et insignifiant chapitre un (il s*agit
d'une première parcelle de la vraie croix offerte à Richard).
Le livre VI et dernier est non moins fidèlement traduit que les précédents.
Je ne vois guère à relever qu'un contresens à la fin du ch. xxxvi : Ambroise
dit que Richard, voulant racheter Guillaume de Préaux, Laissa dis Sarrazins de
pris, Qui moût rendissent grant avoir, Par le cors Guillaume ravoir (v. isa68-
19Q70), c'est-à-dire «r abandonna dix Sarrasins de valeur, qui auraient rap-
porté [par leur rançon] beaucoup d'argent, pour ravoir la personne de
Guillaume^; Richard de la Sainte-Trinité traduit bizarrement (n'ayant pas
compris qu'il fallait une virgule après le v. 1 2269) : ^^^^^^ ^^ nohilioribus Turds
dimisit liberos, qui quidem injinitœ summam pecuniœ pro eodem Willelmo gratanier
impendissent retinendo. — Les deux phrases sur l'embarquement des deux
reines et sur la date de celui de Richard (ch. xxxvn), qui ne sont pas dans le
poème, manquent également dans bs deux plus anciens manuscrits de Vldne^
rarium et ont été ajoutées dans le troisième d'après Raoul de Dicet.
La fin de Vltinerarium, dans l'édition de M. Stubbs, est donnée d'après le
manuscrit G, bien à tort, car la comparaison de notre poème montre que le
vrai texte est incontestablement celui des deux plus anciens manuscrits, A et B,
et tout ce qui est ajouté dans G est emprunté presque textuellement à Raoul
de Dicet. Je ne crois pas inutile de donner d'après A B la fin de l'œuvre de
Richard de la Sainte -Trinité., que l'on comparera aux vers iâ3oi-ia353
d'Ambroise.
Ignarus quidem quantœ ipsum manebant tribulationes et angustiae, quot esset experturus
adversitates per proditionein oiim demandatam in Pranciam, unde machinatum est ut ab
^^^ L*indicatioQ du 1 6 avril pour la fête de saint Elpbège doit provenir de celui-H». Roger de GlenviHe '"
(ch. xuii) n'est mentionne qu*ict.
LA TRADUCTION LATINE. iixv
iniquis nequiter insidiantibus comprehenderetur, nihii taie suspicans, in obsequio Dei et
Isiboriosa peregrinatione. 0 quam meritis inaequali recompensatione retribuebatur ei quod
pro generaiitatis negotio iaboraverat anima ejusl Et jam occupabatar hereditas ejus, cum
expugnarentur nefarie castra ejus in Normannia, crudeliter grassantibus œmulis éjus sine
causa, nec nisi redemptus relaxatus est ab iniqua captione ab imperatore Aiemanniœ. Cujus
occasione redemptionis ut ad summam multipiicaretur census, in omni gente sua fiebat
collecta plurima et distractio variarum rerum. Accipiebantur enim ab ecclesiis calices et vasa
aurea et argentea in usus ecclesiaslicos sacrata quibus poterant utcunque carere monasteria.
Nec hoc quidem secundum Patrum décréta erat illicitum(^), immo maxime necessarium,
cum nunquam sanctorum quisquam vel sanctarum, quorum numenis est innumerabilis
hominibus, tanta fuerit, vita superstite, pro Deo angariatus injuria ut rex Ricardus in
captivitate Ostericia necnon et Alemannica. Qui tôt Turcorum celebris fuerat triumphis
nefarie circumvenitur a suae fidei fratribus, et ab bis qui simul cum ipso christiana profes-
sione solo nomine censentur comprehenditur. 0 quam vere timendœ sunt occuitœ magis
insidiœ quam manifestas discordiœ, juxta illud : Facïlius est vàare discordem quam declinare
fallaceml Proh nefasi cui non poterant resistere omnes adversarii ejus, quem totius imperii
Soldani contraclœ copiœ non prœvaluerant debellare, nunc ab ignobili hoste concluditur,
et in Alemannia retinetur. 0 quam gravissimum est agi nutibus alienis in libertale edu-
catis I (^) Sed et ex illa captione solita Dei clementia, sua industria, et suorum cura
fidelium, mediante œre multo quia sciebatur multum posse, tandem libertati dimissus
est^^). Solo denique restitutus nalali et regno patrum, in brevi dissidentia régna pacificavit
ad votum^^). Postea transfretans in Normanniam, œmuli sui, scilicet régis Pranciœ, justo
liberiores excursus se para vit retundere, cujus etiam impetus crebris rejiciens repulsio-
nibus, alienatum jus suum cum augmento quoque in hasta recuperavit et gladio^^).
On voit par cette comparaison que le travail de Richard de la Sainte-Tri-
nité a bien été celui d'un traducteur : ce qu'il a ajouté à notre texte est de pure
forme, sauf un très petit nombre de renseignements, qu'il a dû puiser à une
source oflicieiie (itinéraire de Richard), et dont aucun n'atteste sa présence
sur les lieux des événements. 11 est même évident que, s'il avait été témoin
oculaire, il lui eût été impossible de ne pas ajouter à son original quelque
détail ou quelque nom, ce qu'il ne fait jamais : sur aucun personnage, sur
aucun fait, il ne sait absolument rien de plus que sa source. Il a donc voulu
(^) Ce membre de phrase est ajoute par le tuer avec grande vraisemblance (voir ci-dessous,
traducteur. p. ^63) , tandis qu'il ne traduit pas les deux vers
^*^ Cette phrase et les trois précédentes sont suivants,
du fait du traducteur. ^^^ Ce membre de phrase n'est pas représenté
^') Il est curieux que Richard donne ici la tra- dans le français,
duction des deux vers is3s9-is33o, omis dans ^^^ Le traducteur sarréle au v. laSSy, iais-
notre manuscrit et qu il nous permet de resti- sant de côté la réflexion qui suit et la date (inale.
i.
Lxm ISTRODICTIO.^.
;ibu.<^rses rontemporaia^, et il a jiiâqa*à ce jonr abusé la postérité^ eo se
donnant poar le cpmpagnon de pèlerinage do roi d^Angleterre et eo effiiçant
de son li%Te le nom du véritable pèlerin dont il tradaisait Fouvrage.
La question da rapport de Richard avec Ambroise est beaucoup plus com-
pliquée pour ce qui regarde le livre I de ïllinerarium. Comme elle ne peot se
résoudre sans Texamen de la source commune à laquelle tous deux ont paisé,
il est indiqué de Tétodier daas im paragraphe spécial.
VI. — L HISTOIRE DU SIÈGE D'ACRE
iLSQl'À rARRHÉE DES ROIS DE FRANCE ET D ANGLETERRE.
Ambroise, comme nous Tavons vu, suit dans son récit, depuis le commen-
cement de Texpédition, la marche du roi Richard. Mais après nous avoir
raconté le débarquement du roi d'Angleterre à Acre, où était déjà le roi de
France, il ouvre (v. 2887 ss.) une grande parenthèse qu'il signale lui-même
en ces termes : rr Nous laisserons pour le moment ce récit, . . . nous ne nous occu-
perons plus des deux rois et de leur arrivée, dont j'ai tant parlé que je les ai
amenés à Acre Je veux interrompre ce sujet et briser ici mon fil; mais
il sera renoué et rattaché plus tard. Les rois ne vinrent pas en effet au siège
les premiers, mais les derniers, et Ambroise veut faire entendre et savoir. . .
comment la ville d'Acre avait été assiégée. Il n'en avait rien vu , et n'en sait que
ce qu'il en a Iu.d Et après avoir dit quelques mots de ce qu'avait fait le roi
Philippe depuis son arrivée '') et raconté celle du roi Ricliard. il clôt la paren-
thèse par une remarque du même genre que celle qui lui avait servi à l'ou-
vrir (v. /iSSy ss.) : «rJe vais maintenant suivre l'histoire et rejoindre ma
matière en racontant le siège d'Acre. Ambroise veut achever son conte,
fournir complètement sa carrière, renouer et rejoindre son nœud et
rapporter tout ce qu'il se rappelle de l'histoire, et la prise d'Acre, telle qu'il
la vit de ses yeux. 'n
11 résulte du premier de ces passages qu'Ambroise s'est servi pour cette
partie de son récit, relative à des événements dont il n'avait pas été le témoin,
t*' O qa*il en dit est très peu Ae cbofie; et ci-dessas p. l\si et ci-dessous p. lii\iv.
L'HISTOIRE ANTÉRIEURE DU SIÈGE D'ACRE.
LXXVIl
d'une relation écrite. Constatons d'abord que ce document ne nous est pas
parvenu. Les sources que nous possédons pour l'histoire du siège d'Acre sont
assez nombreuses (^); aucune ne répond à celle que nous recherchons ici. Nous
avons à nous demander ce que comprenait le document en question, où et
quand il avait été rédigé, s'il était écrit en français ou en latin, et si d'autres
qu'Ambroise l'ont utilisé.
Le principal élément de cette recherche est dans la comparaison des
V. a/ii9-/i55o d'Ambroise et du morceau correspondant de V IHnerarium.
Gomme nous l'avons déjà remarqué, le livre I de YlAnerarium est avec YEi-
taire de la guerre sainte dans un rapport tout autre que le reste de l'ouvrage
latin. Ce qui dans le poème d'Ambroise forme une grande parenthèse rétro-
spective a été placé par Richard en tète de son récit; mais en outre il ne s'agit
pas ici, comme dans les livres II-VI, d'une simple traduction. Le chanoine de la
Sainte-Trinité raconte d abord l'histoire de Salahadin , qui n'est pas dans Am-
broise, puis la destruction du royaume de Jérusalem, avec beaucoup plus de
détails que le poème français (^); il n'emprunte pas non plus à celui-ci le récit
des premiers préparatifs de la croisade, et enfin il intercale (ch. iviu-xxiv)
toute une histoire de l'expédition de l'empereur Frédéric, dont je n'ai pas ici
à rechercher les sources, et qui est totalement inconnue à Ambroise. Ce n'est
qu'à partir de la fin du ch. xxvn que les deux récits peuvent se prêter à la
comparaison.
Avant d'aborder cette comparaison, il faut dire un mot du morceau qui
précède dans le poème français l'endroit où il rejoint le texte latin (v. q8i 5).
C'est une courte histoire des événements antérieurs à la délivrance de Gui de
Lusignan. Je ne pense pas qu'elle fût contenue dans le (t livrer qu'a suivi Am-
broise pour l'histoire du siège : elle parait reposer sur des récits oraux, dans
lesquels la conduite du comte Raimond de Triple était présentée sous un jour
odieux ^^K La conquête du royaume de Jérusalem et de la ville elle-même par
(*) L'histoire du siège d'Acre a é\A racontée
d'après f utilisation critique de toutes les sources
par M. R. Rôhricht daus les Fonchungen zur
ieuUehen Geschiehte, 1876, t. XVI, p. i83-
5s 4. Ne faisant pas ici d'histoire, je me borne à
renvoyer à cet excellent travail et aux ouvrages
qui y sont cités.
^*^ Sur l'histoire de Salahadin dans Vlttnera-
rium, \o\r mes remarques dans le Journal des
Savants, iBqS, p. 986.
('^ Le lien où fut livrée la bataille qu'on ap-
pelle communément de Tibériade ou de Hittin
est désigné par Ambroise comme ia Maresckau-
cie, par Richard comme Marescallia; cet accord
ne prouve pas nécessairement qu'ils aienl eu la
même source.
Lxivin INTRODUCTION.
Salahadin est ensuite très brièvement rappelée; la prise d'Escalone est seule
racontée avec quelque détail.
D'après Richard (chap. xxv), dont le récit est confirmé par des documents
authentiques, Gui se fit délier par TEglise du serment qu'il avait prêté à Sa-
lahadin de passer la mer, de renoncer à son royaume et de ne plus porter les
armes contre lui ; Ambroise dit au contraire que ce fut Salahadin lui-même
qui le releva de son engagement, jugeant qu'il ne pourrait avoir un adver-
saire moins dangereux et plus malchanceux (v. â6i5 ss.). Il y a dans cette
façon de sauver la loyauté du roi de Jérusalem une certaine compassion iro-
nique qui convient bien au jugement que les partisans occidentaux du pauvre
Gui, et sans doute le roi d'Angleterre lui-même, portaient sur cet homme qui
n'avait d'autre défaut, dit ailleurs notre poète, que d'être un peu cr simple i>.
11 montra cependant, aussitôt qu'il eut repris sa liberté, une audace et une
persévérance qui n'auraient pas justifié l'opinion prêtée ici à Salahadin. Le
récit des préparatifs de son aventureuse marche sur Acre présente dans le
poème français quelques traits qui ne se trouvent pas ailleurs, mais qui
peuvent bien encore avoir une source purement orale.
Il en est autrement du récit du siège lui-même. C'est là que commençait
sans doute le document utilisé par Ambroise, et il me paraît certain que ce
document a également été consulté par Richard de la Sainte-Trinité. Je ne
serais même pas éloigné de croire que celui-ci avait composé tout son livre I
sans connaître le poème d'Ambroise, à l'aide de diverses sources, dont l'une
était le document en question. Si nous comparons le récit du siège, dans nos
deux textes, du i** septembre 1189 au 20 avril 1191, nous trouvons par-
fois un accord presque littéral, mais le plus souvent des différences de détail
et surtout, soit dans l'un, soit dans l'autre, mais surtout dans le poème fran-
çais, des omissions dont plusieurs sont certainement volontaires, si quelques-
unes, pour ce dernier texte, ont probablement pour cause des lacunes de
notre manuscrit. Nous allons procéder à cette comparaison avec quelque
attention, — bien que sans minutie, — parce que c'est ici la seule partie
du poème d'Ambroise qui ne soit pas représentée fidèlement par YlUneranum
et qui, par conséquent, puisse apporter aux historiens du siège d'Acre quelques
renseignements nouveaux. Toutefois, comme Ambroise, en général, abrège
sa source plus que ne l'a fait Richard, ces renseignements se réduisent à peu
de chose.
LHISTOIRE ANTÉRIEURE DU SIÈGE DIACRE. um
ftin. , I , xxYii-xxYiii » Est. , y. sSiB-agâo. Ambroise omet le premier assaut
donné par les chrétiens et leur retraite à l'annonce de l'arrivée de Salahadin.
Il est seul à mentionner les prouesses de Geoffroi de Lusignan dans les jours
qui suivirent. Il estime à i&ooo (au lieu de isooo) le nombre des com-
battants qui vinrent avec Jacques d'Avesnes et la flotte danoise. Il diffère en
outre de 17aWartumen plusieurs points, et surtout en ce qui! donne beau-
coup moins de détails.
liin. , I , xxix-xxx « Est. , v. 2921 -3 o5a. Parmi les croisés qui débarquèrent
à Acre venant de France et d'Allemagne, dès le mois de septembre 1189,
Richard nomme, comme Ambroise, les comtes de Braine et de Bar, l'évéque
de Beauvais et son frère Robert, et le landgrave, mais il omet André de Braine
et le sénéchal de Flandre, que mentionne le poète français; il déclare d'ail-
leurs-qu'il s'abstient volontairement de citer beaucoup de noms. En revanche
il est seul à nous apprendre cpie Conrad de Montierrat vint de Sur rejoindre
le camp des assiégeants, amené par le landgrave: c'est un fait que pourtant
Ambroise n'aurait pas dû passer sous silence, puisqu'il nous montre plus loin
Conrad parmi les combattants. — La bataille du k octobre (qu'Ambroise met
à un vendredi de septembre) présente dans les deux récits des détails re-
marquablement identiques (comme l'épisode du cheval d'un Allemand dont
-la fuite amena une panique et fut cause de la défaite des chrétiens), mais
aussi d'assez grandes différences. Ambroise omet le trait peu héroïque d'Erard
de Braine ne s'arrètant pas aux cris de son frère, ainsi que le dévouement
du chevalier de Jacques d'Avesnes; il ne nomme pas le maître du Temple
(Girard de Rideford) dont il rapporte, comme Richard, les belles paroles (^).
— Richard raconte déjà ici que Salahadin fit jeter les corps des chrétiens
tués dans le fleuve qui passait par le camp, ce qu'Ambroise ne -rapporte
qu'un peu plus loin (v. 3077-8098).
liin. y I, ww^EsL, v. 3o5&-3i/iâ. Le récit de la construction et de la
(*) Les historiens arabes nous apprennent d*aii- ainsi que Gui iui-niénie , pris rengagement de ne
leurs que Girard de Rideford ne iut pas tuë sur piuis porter les armes contre lui (Rôhricht, /. /.,
le. champ de bataille, comme le crurent les chré- p. AgA, n.). J*aurais dû modifier dans ce sens
tiens, li iut pris et livre à Salahadin, qui le fit rarticlé Girard de Rideford de la Table des noms
mettre à mort comme parjure, parce qu'il avait , propres.
LUX-
INTRODUCTION.
défense du fossé se ressemble beaucoup dans les deul textes; parfois on re-
trouve les mêmes expressions; ainsi dans ce passage :
Itin,, p. 78.
Noslri omni conamine operabantur et
Turci ces dolebant proficere. Crebris igitur
congressionibus nune hos nune illos, ut
mos est belli, videres prosterni et in ima
rotari.
Est. y V. 3 107 -3 108, 3ii3-3ii6.
Li nostre le voleient faire,
E cil tendeient ai desfaire . . •
La veîssiez de deus parties
Genz corajoses e hardies;
La veîssiez gent roeler
Ë cheeir e esboeier.
Des nombreux croisés arrivés en octobre (tous destinés, disent nos deux
textes, à être martyrs ou confesseurs) que nomme Richard, Âmbroise ne dé-
signe que trois: Gui de Dampierre, le comte de Ferrières et l'évêque de Vé-
rone. Le fait qu'aucun des deux auteurs ne donne le nom de ces deux der-
niers personnages montre qu'ils ont dû avoir sous les yeux la même liste.
Le chap. xxxn du 1. I de Yltinerariutnj consacré à une description d'Acre,
manque dans le poème français.
■ • ■
Itin.y I, xxxni «£«/., v. 81/13-3267. Les deux récits se suivent de très
près, sauf qu Ambroise omet un petit épisode, d'ailleurs sans intérêt, et quil
attribue aux Allemands la construction d'un moulin à vent et non d'un mou-
lin mû par des chevaux. Il est seul à raconter ici l'impression produite dans
l'ost par la nouvelle de la mort de l'empereur Frédéric; Richard en avait
parlé antérieurement.
Itin. y I, xxxiv-xxxv = iPs^., v. 3268-339&. Le récit du combat naval est
plus détaillé dans Richard, qui, en outre, intercale des renseignements inté-
ressauts sur les divers bâtiments de guerre et une courte notice sur le feu
grégeois. — Ambroise néglige à tort de nous dire que le marquis Conrad
était retourné à Sur, d'où on le voit cependant, plus loin, revenir avec sa
flotte. — Richard dit, comme Ambroise, que les nègres de l'armée sarrasine
avaient pour enseigne une image de Mahomet; cette erreur remonte évi-
demment à leur source commune.
lUn.y I, xxxvi-xx\vn = £«^, v. 3395-3456. Ambroise met au jeudi après
l'Ascension l'attaque malheureuse avec les trois tours, que Richard place au
L'HISTOIRE ANTÉRIEURE DU SIÈGE D'ACRE. nxu
samedi (5 mai 1190). Il nomme seul le roi Gui et le marquis comme ayant
construit chacun une des tours (ce dernier avec les Génois). 11 ne parle pas
des propositions des assiégés en vue d une capitulation.
Les chap. xxxvui-xxxix du latin manquent dans le français. On peut croire
que c est une omission du copiste.
Itin.y I, xL-xui = Est.y V. 3/i57-35ao. Le récit de la néfaste expédition des
(T sergents 7) [plebs) est beaucoup plus détaillé dans Richard; il omet cepen-
dant la mort de Torel du Mesnil, rapportée par Ambroise. — Des très nom-
breux croisés mentionnés par Richard comme étant arrivés en juillet 1190,
Ambroise ne cite que les cinq premiers. Plus d'un cependant, parmi ceux
qu'il omet ici, figure dans la suite de son récit. Notons qu'il semble qu'on re-
trouve deux vers du français dans ce passage du latin :
Comes Theobaldus Biesensis, sed Si vint II cuens Tedbalz de Bieis,
trium mensium terminum non visurus. Mais il ne vesqui pas treis meis.
Les chap. xuh-xlvi du latin manquent dans le français, sauf qu'on y re-
trouve plus loin (v. 3897-8908) la mention de la mort de la reine Sébile
et de ses deux filles. Cette omission, volontaire ou non, est regrettable, car
ces chapitres contiennent des particularités fort intéressantes; on serait no-
tamment curieux de trouver dans le poème d'Ambroise un passage corres-
pondant à celui-ci : cr Veteri ac pertinaci dissidio ab Alemannis Franci dissi-
dent, cum regnum et imperium de primatu contendant. t)
Les chap. xlvii'^'-lvii du latin, correspondant aux vers 3531-8775 du
français, racontent onze petites anecdotes, eu général assez puériles et eu
partie miraculeuses. De ces anecdotes, quatre (chap. li, lu, lui et lv)
manquent dans notre texte d'Ambroise. Gomme elles ont absolument le même
caractère que les autres, on ne voit pas pourquoi il les aurait laissées de côté,
et il est probable que l'omission est du fait du copiste (^). Ce qui a pu la fa-
ciliter, c'est que chacun des sept paragraphes qui contiennent ces anecdotes,
^^^ Il y a dans Tédition Stubbs , par saite d*ane ^'^ Notez cependant cette remarque d'Am-
erreur, deux chapitres xi.vii; mais ils peuvent broise (v. 3663) : Une autre aventure ravinl En
facilement se fondre en un, le premier ne com- Post, e d'autres plus de vint, Voire assez plus,
prenant qu'un préambule de quelques lignes. mais remembrer Ne les sai totes ne notnbrer.
K
nirtlMCKIB VATIOStLt.
Lxxxa INTRODUCTION.
correspondant respectivement aux chap. xlvh, \Lvin, xux, l, liv, lvi et Lvn du
latin, commence, sauf le premier, par les deux mêmes vers t Isin eom li tem
avenetent, E pluseurs choses aveneieni. Richard n'a rien d'équivalent à cette
sorte de refrain, qui d'ailleurs a bien pu être ajouté par Ambroise, comme
une façon de rattacher ces incidents épars. — Les sept historiettes en question
ne présentent dans les deux textes que de légères différences (au chap. lxu,
Richard ne donne pas le nom du Gallois, MaraduCy et appelle Grammahir le
Turc qu'Ambroise nomme Grair). Il faut seulement relever un détail qui n'est
peut-être pas sans intérêt. Au chapitre xux [Est., v. 3583-369/i) est rappor-
tée, avec d'assez notables variantes dans les deux textes, l'aventure d'un che-
valier qui échappa par grande chance à l'attaque d'un Turc. Le latin termine
ainsi le récit : «rHoc quodam alio referente, qui casum rei perviderat, factum
est notorium in castris.^ On ne comprend pas bien pourquoi ce n'est pas le
héros de l'aventure lui-même qui la raconta dans l'ost. Il semble que le fran-
çais soit plus près de la source commune en disant (v. 36âi) : Si vit cil quil
nie raconta que y etc.; seulement Ambroise parait ici se substituer à l'auteur du
récit qu'il suit.
//m., I, Lvm-Lxu = iE«^ , v. 3771-/11 lo^^^. Dans ce long morceau, nos deux
textes se suivent avec une remarquable fidélité. Richard a cependant quelques
détails en plus; mais à deux reprises il omet le nom du Doc (cf. la Table des
noms propres); il ne contient pas non plus l'équivalent des vers UoliB-hoUb
sur la composition de l'arrière-garde à la journée du i3 novembre. Les vers
6091-/11 10 manquent également ici dans le latin, mais on en retrouve plus
loin l'équivalent.
Itin.y I, L\ni-Lxiv = £«/. , v. /ii 11-/1178. L'histoire du mariage de Conrad
est donnée par Richard avec plus de détails; il faut surtout noter ce qu'il dit
de Balian d'Ibelin et de sa femme, la veuve du roi Amauri, qui. Grecque de
naissance, avait tous les vices de sa race. Mais l'accord entre les deux textes
nen est par moins très étroit par endroits (''^ ; ainsi on retrouve certainement
^') Comme on l'a va plus haut, les vers 3897- nuscrit porte : Le buteillier de son lit pristrent;
3908 da français répondent au chapitre xlvi du la vraie leçon, de Senliz ou de Saint Liz (c^est^
latin. à-dire frde Senlis?»), est indiqutfe par le iatio :
^'^ Le texte latin a fourni une correction assu- (rPîncerna de Sancto Licio^). Voir Sbnliz à la
ree du texte français. Au vers 4 161 notre ma- Table des noms propres.
L'HISTOIRE ANTÉRIEURE DU SIÈGE D'ACRE. lxxiiu
des rimes françaises dans ce passage : (t Unam habuit [Marchisus] superstitem
uxorem in patria sua, alteram in urbe Gonstantinopolitana , utramque nobi-
lem , juvenem et formosam ; t) cf. Est. ,y. & 1 3 1 ss. : Car U marchis an^eit exposes
Deus bêles dames, jœfnes tose$ : Lune esleit en Costentinoble , Bêle femme, gentil ^e
noble, E Vautre esteit en sa contrée.
Le chap. lxv du latin manque dans le français, et a très probablement été
ajouté par Richard à son original; il contient le récit de la mort de Tarche-
vèque de Ganterbury Baudouin, personnage sur lequel le chanoine de Londres
avait des renseignements personnels (tandis qu Âmbroise ne donne même pas
son nom), dont il a déjà exalté les mérites (chap. lxi), et dont il raconte avec
plus de précision qu'Ambroise la vive opposition au mariage du. marquis de
Montferrat (voir la Table des noms propres).
Itin., I, Lxvi-Lxxvii»=E«/., V. /i2o3 ^^J-44ia. Ces douze chapitres, comme
les chap. xlvu-lvu, contiennent autant de petits épisodes détachés, tous rela-
tifs à la détresse que subirent les assiégeants pendant Thiver de 1 190-1 191.
Ils devraient avoir pour correspondants douze paragraphes du poème fran-
çais; mais ils en ont onze, parce que, d'une part, les chapitres lxxi-lxxh du
latin manquent, sans doute par omission du scribe, dans le français, et que,
d'autre part, les deux paragraphes /i38 1-^396 et Ix^^'j-lxlii^ sont réunis
dans le même chap. lxxvii. Ce qui caractérise ces onze paragraphes et les
douze chapitres du latin, c'est qu'ils se terminent tous(^) par un refrain, qui
dans le français est toujours le même : Lors (ou ^'t7) maudisseient le marchis.
Par cui il erent si aquis, et qui dans le latin est un peu plus varié, mais se
compose toujours de deux (ou si l'on veut quatre) vers rythmiques contenant
également des imprécations contre le marquis (^). Ce refrain , sous quelque forme
que ce soit, a donc dû se trouver dans l'original commun de nos deux au-
teurs. Ici encore, d'ailleurs, on remarque dans le latin des traces de rimes
françaises. Chap. lxvi : «r modii tritici mensura modica, quam quis facile portaret
sub ascellafi; v. /in 1 7-/12 1 9 : Zi muiz de blé. . . Que uns hom portast soz saieselle.
(*^ Les vers 4 179-4 a 0 a, où Ambroise oppose ^'^ Sauf ie paragraphe 43i5-/i33a, h la fin
la certitude de ce qu'il raconte à Fauthenticitë duquel il manque sans doute quelque chose,
douteuse des chansons de geste et des romans, (Cf. le chapitre lxxi? du latin.)
ne sont pas dans ie latin et sont naturellement ^'^ Aux ch. uui-lixiii, il faut lire Maledicentis
du (ait de notre auteur. et rejeter 0 tune dans la prose.
E.
LiiXIV
INTRODUCTION.
Au chap. Lwii, Richard a commis un contresens : son original portait sans
doute, comme notre poème, que l'on vendait dix sous la wie de viande de
cheval; il n'a pas compris ce mot rote y nom d'une mesure arabe passé dans
le français de Syrie ^'^ et il a traduit : rrlntestina equi venundabantur solidis
deceniT), bien que plus tard il soit réellement question des intestins (en fr. : la
eore€)<^K Ces chapitres ne diffèrent guère d'ailleui^, dans nos deux textes,
que par les réflexions et les enjolivements, souvent d*un remarquable
mauvais goût, que le rédacteur latin a ajoutés au simple récit qu'il avait sous
les yeux.
Itin.y I, L\xvni-L\xxi ^EsL, v. /i/ii3-û526. Ce morceau, s'il n'était pas le
dernier du document utilisé par Ambroise et par Richard, est le dernier qu'ils
aient utilisé tous les deux. Il nous présente les deux textes en accord à peu
près complet.
Ambroise n'emprunte au récit qui nous occupe aucun renseignement par-
ticulier sur l'arrivée de Philippe devant Acre, et le traducteur n'est [>as à cet
endroit plus complet que son original; mais, comme nous l'avons dit ci-dessus
(p. Lxxi), il fait raconter à Richard, par les gens d'un navire qu'il rencontre
en partant de Messine, ce qu avait fait Philippe dans les premiers temps de
son séjour devant Acre. Il est très possible que ces renseignements soient em-
pruntés au texte que nous essayons de restituer, et que, négligés par Ambroise,
ils aient été déplacés par le chanoine de Londres. Ce texte aurait donc mené
le récit un peu plus loin que l'arrivée du roi de France.
Les vers 4527-4556 d'Ambroise rapportent l'arrivée du roi de France,
nomment quelques-uns de ses principaux chevaliers, et rappellent brièvement
l'expédition de Chypre et l'arrivée du roi d'Angleterre. Ils n'ont d'équivalent
dahs Yltinerarium que les quelques mots par où. débute le chap. i du 1. Il ^^\
^^^ Voir au Glossaire , et ajouter les exemples
relevés par M. R. Rôhrichl dans le glossaire de
ses Regesta regm hierasolymitani (lonspruck .
1893).
(') La comparaison du latin aurait dû me
faire corriger et traduire autrement les vers
/1375-&376. 11 faut lire : Tels i aveît qui respas-
Mouenl, E quant viande ne trovouent, Lors mal-
Hiseient le tnarchis, et traduire (p. 38o) : (tll y
en avait qui guéiissaient, et quand ils ne trou-
vaient pas il se procurer de nouiTÎture, alors ils
maudissaient le marquis. 1)
^'^ [jCs noms des chevaliers français énumér^
ici par Ambroise (les comtes de Bar, de Flandre
et du Perche , (roillaume de Garlande, Guillaume
des Barres , Drooii d*Amiens , Guillaumede Mello).
sont omis, ici par Richard, mais il les donne k un
autre endroit.
VESTOIRE DE LA GUEBRE SAINTE DANS LA LITTÉRATURE. lixxw
et ne sont en effet qu^un raccord. Aussitôt après vient le passage cité plus haut,
où Âmbroise nous dit qu'il va renouer son fil, reprendre sa route et parler de
nouveau des choses qu'il a vues par lui-même. La parenthèse rétrospective
est terminée.
Le document en question parait donc avoir été une sorte de journal du siège ,
rédigé dans le camp des chrétiens au fur et à mesure des événements, com-
mencé avec l'arrivée de Gui de Lusignan devant Acre et terminé, pour une
i*aison ou pour une autre, soit à Pâques 1191, soit peu après. Il était sans
doute en français, car nous avons vu qu Ambroise n'était pas un clerc et ne
devait pas savoir le latin, et très probablement en vers, puisqu'il semble bien
qu'on retrouve des rimes pareilles à celles d' Ambroise dans le texte latin de
Richard. Ce dernier l'a suivi plus fidèlement qu'Ambroise, qui s'est permis
d'abréger sensiblement, mais qui a cependant conservé quelques noms et
quelques menus détails omis par l'adaptateur latin.
Signalons encore un autre document, beaucoup moins important, dont
Ambroise a fait usage : c'est la liste, dressée par (run bon clerc?), et que notre
poète avait vue écrite de la main de l'auteur (v. SBSs-BSgo), des per-
sonnages de marque qui moururent pendant ce terrible siège. Richard n'a
connu cette liste que par le résumé qu'en a fait Ambroise, et il a reproduit
(ch. IV, vi) brièvement l'indication que celui-ci nous donne sur l'auteur en
disant simplement : crut quidam scribitT).
VIL — VESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE
DANS LA LITTÉRATURE.
Il nous reste à nous demander si le poème d'Ambroise a été connu et utilisé
dans la littérature subséquente. Nous n'avons pas à le rechercher pour la lit^
térature historique latine, dans laquelle il a naturellement été remplacé par
la traduction qu'en avait faite le chanoine de la Sainte -Trinité. C'est aussi
cette traduction qui, jusqu'ici, a servi de base principale à toutes les histoires
de la troisième croisade qu'on a composées dans les diverses langues de l'Europe
moderne. Il faut revendiquer pour Ambroise, nous l'avons établi plus haut,
l'honneur d'avoir fourni aux historiens les renseignements originaux que
Richard de Londres s'est borné à reproduire.
Lxxxn
INTRODUCTION.
En français , nous n'avons réellement dé la croisade des rois de France et
d'Angleterre qu'un seul récit quelque peu ancien, et il est tout à fait indé-
pendant de notre poème. C'est celui qui figure dans le Livre de la Terre Smùuey
lequel, joint dans la plupart des manuscrits à la version française de VHistoria
rerum in partibus trammarinis gestarum de Guillaume de Tyr, a reçu au moyen
âge le titre bizarre de Livre ^Éracle. On possède de ce récit plusieurs rédac-
tions, que l'on peut comparer facilement dans le recueil des Historiem dm
Croisades (l'une d'entre elles en outre a été imprimée à part sous le nom d'Er-
noul). Ce récit parait avoir été arrangé, quelque temps après les événements,
d'après des souvenirs assez confus, et contient beaucoup d'erreurs de tout
genre <^^; il a en outre été remanié à diverses reprises. Ni l'auteur premier ni
les remanieurs n'ont certainement puisé dans notre poème, où ils auraient
trouvé des renseignements bien plus exacts et abondants que ceux qu'ils ont
mis en œuvre f^'.
A plus forte raison en est-il ainsi des autres textes français qui nous sont
parvenus : ils sont très postérieurs et ne nous présentent les événements de la
troisième croisade que sous le jour de la légende. La légende, en France, s'est
surtout attachée à expliquer le départ de Philippe après la prise d'Acre et à
^'^ Il en est une qu'il est d'autant plus utile
de signaler qu'elle a été souvent reproduite.
D'après le Livre de la Terre Sainte, les croises
auraient pris Jërusaiem si le duc de Bourgogne,
ne voulant pas que le roi d'Angleterre eût l'iion-
neur de cette conquête , n'avait fait rétrograder,
sans même en prévenir Richard, le corps d'armée
qu'il commandait. Cette histoire est directement
contraire à la vérité, telle qu'elle est attestée par
Ambroise, pourtant peu favorable aux Français:
ceux-ci en voulaient à Richard précisément de
ne pas marcher sur Jérusalem, qu'ils croyaient
qu'on pouvait prendre, tandis que Richard,
mieux informé, savait qu'il était impossible ou
de la prendre ou de la garder. Quoi qu'il en soit,
ce conte, grâce au Livre de la Terre Sainte, était
accepté au xin* siècle comme vérité; Joinville le
rapporte en renvoyant expressément au Livre de
la Terre Sainte, et nous apprend qu'on le Ot lire
en Syrie à saint Louis, qui dut en être peiné pour
rhonneur de la France, mais qui n'avait sans
doute pas le moyen de rétablir les faits tels qu'ils
avaient eu lieu. — Il y a toutefois, çë et là, dans
ce morceau, quelques traits qui ne manquent pas
de valeur, comme le récit, probablement authen-
tique et plus détaillé qu'aucun autre, de la fiiçon
dont Isabel de Jérusalem fut séparée de HunGroî
du Toron et mariée à Conrad de Montferrat (/fttf.
des Crois., t. II, p. iSt-iyi).
^*^ Tout au plus peut-on croire que, pour k
partie du siège d'Acre antérieure k l'arrivée du
roi, l'auteur premier du récit a en connaissance
du document utilisé aussi par Ambroise et par
Richard de Londres. Voir notamment le récit de la
désastreuse expédition des ersergentsn, le a5 juil-
let 1 1 90 , où l'on remarque à la fois dans Am-
broise et dans Tune des recensions du récit en
prose le mot asseï rare de (rsergenterie» {Hisl.
des Crois., t. II, p. i5o; Itin. Rie., L I, c. xl;
Ambroise, v. vîiSy et suiv.). Toutefois, là même,
il y a des différences qui empêchent d'admettre
avec assurance une source commune.
UESTOIRE DE LA GVEME SAINTE DANS LA LITTÉRATURE. lïvuh
présenter sous un jour odieux la conduite de Richard, Celte tendance, indi-
quée déjà dans le Livre de la Terre Sainte, se marque de plus en pius dans les
r(^cits de Plûiippe Mousket, du Ménestrel de Reims, de Guillaume Guiarl, et
aboutit enfin, dans le poème perdu du xiv' siècle dont le roman en prose de
Jean (TAvesnes nous a conservé, pour cette partie, un abrégé''', à une inter^
version complète des rAles entre les deux rois : Richard, dont les multiples
trahisons sont découvertes, retourne honteusement en Angleterre, et les Fran-
çais, restés seuls en Syrie, prennent Damas; Salahadin, vaincu dans une
grande bataille, est obligé de s'enfuir et reçoit une blessure mortelle'*'.
La délivrance de JalTc le 5 août i iq-j, le plus héroïque des exploits de
Richard, a servi de point de départ, mais très lointain, au petit poème du
Pa» Salhadin, composé à la fin du xni" ou au commencement du xiv" siècle,
et qui a pour source directe une des peintures murales où, peui-ôlre d'abord
sous l'inspiration de Richard lui-même, il était de mode au \uf siècle de
représenter ce glorieux événement : les quelques détails soi-disant historiques
donnés dans ce poèipe sont fort éloignés de la vérité et ne remontent sûrement
pas à Ambroise'*). Un épisode de ce combat raconté dans Anibroise (v. i i5/l3-
1 1 564), le don de deux chevaux fait par Safadin à Richard, a été Tobjet, dans
les diverses rédactions du Livre de la Terre Sainte, dans les Conli dî cavalieri
■'' Sur cette question , voir Jmiri'nl desSamni^i ,
i8g3.p. a88.
"' Voir Journal des Satranli, i8i)3, (i. iSj,
ln^6. — U esl curieux que le nom de Gnillsnme
de la Cba|>elle. le chevalier tjui Qt tnnl de
prouesses au siéger de Sur, ue sp trouve que daus
Anibroise et dans ce roman (voir à la Table des
noms pi-o|ires); mais il ne faul voir là qu'un
hasard.
'*' J'ai essayif ailleurs de moulrer i'oripne et
les développemenls de la hiidilion du Pat Snl-
liadin [Jnumal des Savants, 189^!, p. ^i-âg6).
(•e poème vient d'être réimprimé, avec une iotro-
daetion litli^raii'e et grammaticale, par M. P.-L
Logeman dans les Modem Language A'oWf, pu-
bilifes ti itnilimore (janvier el n"' suivants de
1897). — Un autre souvenir de cet exploit ce
trouve dans un rAHt espagnol qui est sûrement
d'origine françeise. 0. Juan Manuel, au conte III
de son Livre df Palnmio, raconte qu'un saint
criuile obtint un jour de Dieu de voir le compa-
gnon qu'il aurait dans le ciel ; ce fui le roi RichartI
d'Angleterre qu'un ange lui montra. L'ennîte en
Fut surpris et scantlaliw!; mais l'ange lui iléclui-a
que toute sa vie d'aust^rittfs ue pesait pas autant,
dans la balance divine, qu'un saut qu'avait fait
le rai Richard, lorsque, étant allé combattre le«
Sarrasius avec le roi de France (et le roi de Na-
varre, ajoute de son chef le conteur espagnol),
il se jeta tout anmï sur son cheval h la mer, où
il disparut an instant : trait de bardiesse qui en-
flamma le courage des cbréliens et mit tes Sar-
rasins eu fuite. Cf. Anibroise , v. 1 1 1 37-1 1 1 3o :
Ses jamiies totes dtÉOrmees SaiUi dex ci qu'a (a ceiii-
lare En mer a ta bone aventure. Il est vrai qu'il
n'était pas èi cheval, mais In l^gendi' avait natu-
rellement ampli lî^. Celte légende a foii bien pu
se iranametlre oralement.
Lxxxvin
INTRODUCTION.
antichi, dans les Cento novelle antichey dans le poème du iiv^ siècle représenté
par Jean d'Avemes et dans le roman anglais de Richard Cœur de lion y de trans-
formations successives qui ont abouti à faire d'un trait de généreuse courtoisie
une machination perfide miraculeusement déjouée ^^^ : il n'y a pas de raison
pour croire que le récit de notre poème soit la source première de toutes
ces variantes, car, nous Tavons vu plus haut, il na pas été connu du Livre de la
Terre Sainte y et on peut encore moins supposer qu'il ait inspiré les autres
versions, lesquelles s'accordent toutes, comme les rédactions du Livre de la
Terre Sainte (sauf une), à substituer dans celte historiette Salahadin à Safadin.
Le fait que cette substitution se trouve également dans le roman anglais em-
pêche de croire qu'il ait ici VEstoire de la guerre sainte pour source, même très
lointaine, d'autant plus que, comme toutes les autres versions, et avec des
détails plus fantastiques qu'aucune autre, il fait une trahison de la courtoisie
apparente du Sarrasin.
Si le roman de Richard Coeur de lion n'a pas emprunté cette histoire à
Âmbroise, ce n'est pas une raison pour qu'il ne lui ait pas emprunté autre
chose. On a récemment essayé de démontrer que ce roman avait pour base
X Idnerarium Ricardi^'^K Au cas où cette démonstration serait solide pour le fond ,
nous aurions à nous demander s'il ne faut pas plutôt comparer le roman avec
l'original de Y Itinerarium ^ le poème d' Ambroise ^'L En effet, le roman anglais
n'est que la traduction ou l'adaptation d'un poème français (anglo-normand)
(^) Tai résume toutes ces versioas dans mon
travail plusieurs fois cite sur la Légende de So-
ladin {Journ, des Sav., 1893, p. ASg-AQi).
^') Voir F. Jentsch, dans le t. XV des EngUseke
Studien (Leipzig, 1891), p. 161-9&7. II faut
joindre à cette longue ëtude Tarticle complémen-
taire donné au même recueil Tannée suivante
(t. \VI, p. i&s-i5o) par M. Jentsch.
^'^ M. Jentsch avait fait son travail sans con-
naître Texistence du poème d' Ambroise. Averti par
un critique (Li/er. Centralblatt , 1891, col. 079),
il a comparé avec ritinerarium les fragments de
ce poème qui avaient été publiés avant la pré-
sente édition, et il n*a pas été convaincu que 17a-
nerarium fôt la traduction de ïEstoire, Il admet
que Richard de la Sainte-Trinité avait, comme
Ambroise, été en Terre Sainte, et il ne regarde
même pas comme exclue Thypothèse que ce serait
Ambroise qui aurait utilisé ïltinerarium.Les pages
précédentes, 011 j'ai examiné cette question, étaient
imprimées quand j*ai eu connaissance de son ar-
ticle : il ne change pas ma manière de voir, qui
se justi6e suffisamment, je crois, par la compa-
raison des deux ouvrages dans leur ensemble. Les
quelques additions de Ridiard à sa source s'ex-
pliquent , — en dehors du livre I consacré à la
croisade de Frédéric et de ce qui provient du
document sur le siège d'Acre utilisé par Richard
et Ambroise (ci-dessus , S vi)', — les unes comme
de simples développements oratoires, les autres
comme provenant de passages omis dans noti-e
unique manuscrit d' Ambroise, un petit nombre
enfin comme dues à des renseignements |)erson-
nels de Richard.
VESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE DANS LA LITTÉRATURE. lxxxii
antérieur, et il serait naturel de penser que Tauteur de ce poème s'est servi
d'un livre français plutôt que d'une chronique latine. Mais la démonstration
en question ne m'a point paru convaincante, et j'ai essayé d'établir ailleurs (^)
que le roman de Richard Cœur de lion est indépendant de notre poème, et
que les rapprochements qu'on peut relever entre les deux récits doivent être
simplement attribués à ce que l'auteur premier du roman a eu, soit directe-
ment soit indirectement, connaissance des faits réels de la croisade, rapportés
plus fidèlement dans YEstoire. Il n'y a donc pas lieu de se demander si c'est Ylti-
nerarium ou l'Estoire que cet auteur a connu, puisqu'il n'a vraisemblablement
connu ni l'un ni l'autre.
Le roman de Richard Cœur de liauj qu'a traduit du français, vers la fin du
xin* siècle, un poète anglais anonyme, n'est pas le seul poème anglo-normand
qui ait été consacré à la gloire de Richard. Pierre de Langtoft, qui écrivait
au commencement du xiv® siècle sa chronique d'Angleterre en laisses mono-
rimes, renvoie expressément à une composition de ce genre'-', et il en a tiré
plusieurs des traits qu'il ajoute à sa source latine; mais aucun de ces traits ne
se retrouve dans YEstoire de la guerre sainte y et il n'y a pas de raison de croire
que Pierre de Langtoft ait connu notre poème, non plus qu'il n'a connu le
roman de Richard Cœur de lion que nous possédons.
En résumé, la recherche que nous avons faite des traces de YEstoire de la
guerre sainte dans la littérature subséquente ne nous a donné aucun résultat,
et nous a seulement permis de constater que le poème d'Ambroise parait être
resté inconnu à tous ceux qui, depuis lui, ont raconté la croisade de Richard.
C'est vraiment un heureux hasard qu'un copiste anglo-normand, à la fin du
XHi* siècle, ait eu l'idée de le transcrire et que sa copie soit parvenue jusqu'à
nous; nous n'en aurions autrement connaissance que par la brève mention
du Chronicon Terras Sanctae , qui n'aurait pas suffi , comme on le voit par l'exemple
de M. Stubbs, à démontrer que Yliinerarium Ricardi n'est guère qu'une tra^-
duction de YEstoire^ et nous ne saurions même pas le nom de cet honnête
Ambroise, qui nous a laissé dans son œuvre, sinon la preuve de son talent
^*^ Voir Ramanta, t. XXVI (1897), p. 353. vail sa chronique anglaise un peu avant Pierre
^*^ The Chronicîe 0/ Pierre de Langtoft, edited de Langtoft, mentionne aussi une romance du roi
by Thomas Wright ( Londres, in-8', 1866-1868), Richard; mais il ne lui a rien emprunte (voir
t. II, p. 120. — Robert de Glocester, qui écri- Jentsch, /. c, p. aii).
L
îc nTB0DLXTf05.
pf^t\f[nf:. An moîr» i^ témoio^^i^ de na «iru^érité. de » eandeur. de sod dé-
¥oaemerit à b r:in.^ qn'il croyait sainte, de sa 6déiité à sod roi. et on précion
do<ament 4ijr les sentiments de ia partie la plus homble et ia meiDeare des
croi.^és (\n\ arronjpagnèrent le roi d'Angleterre dans eette hér«>iqQe et inotSe
troi.*ièrne #^roisade.
NV/ne lODiTio^ftLLK. — J'ai oublié de fair*? ri-de^snâ 'p. u.l. ^i nne remarque
1^'* ^iprei^ioriA dont vi âert NiroUs Triv^l en pariant de Xlûnermmm BkmrJ^, à savoir qve
Ki#;hard de la Sainte-Trinité i'afait é^rrit prsM cl métro. On ne peat gnêre eotendre par
md^o les r^frainÀ en fers rythmiques qui se troavenl à la fin de quelques chapitres &m
lîfre I fci-dessos, p. lxiiiii;, ni les nombreases citations de Ters classiques que Richard
a m^iéen à sa profte. Il me parait plut/4 probable que le chanoine de Londres avait fait
suivre, viit toii^ ses chapitres, soit plusieurs d'entre eui. de morceaujL poétiques de sa
romp^isition . qui de%air;nt aïoir un caract#:re purement lyrique ou moraliiant, et que les
r/ipi<tte4 auront supprimés. Cest ainsi que procéda, peut-être à rimitation de Richard,
Gunther de Fairis dans son histoire de la quatrième croisade, et plusieurs des scrihcs qui
nous ont crmsené son écrit ont supprimé ces ornements inutiles, comme je suppose que
Tont fait les scribes des trriis manuscrits de Vltmerarimm et Nicolas Trivet lui-même.
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L'ESTOIRE
DE LA GUERRE SAINTE
I
I
i
I:
é
I »
L'ESTOIRE
DE LA GUERRE SAINTE.
-Ïî4><j.
Fol. 1 a.
Préambule.
Dieu punit la
chrétientiî de ws
péchés en laUsaot
retomber Jérusa-
lem aux mains
«les SarroMn^.
Qui longue esloire ad a iraitler,
Mult lui covient estreit guaiticr,
Qu'il ne comenst por sei grever
Uevre qu'il ne peusse achever,
5 Mais si la face e si Tempraine
Qu a dreit maint iço qu'il enpraine;
E por ço ai comencië briefment ,
Que la matire n'ait griefment.
Vers la materie me voil traire
10 Dont l'estoire estbone a retraire,
Ki retrait la mésaventure
Qui nos avint, e par dreiture,
L'autre an en terre de Sulie
Par nostre surfaite folie,
1 5 Que Deus ne volt plus consentir
K'il ne la nos feist sentir :
Sentir la nos fist senz dotance;
Et en Normendie et en France
E par tote crestientë,
ao U que poi en ot ou plenté,
La fist il sentir en poi d'ure
Por la croiz que li monz aure,
Qui a cel tens fud destornee
E des paens aillors tomee
a5 Qu'cl pais ou ele selt estre,
Ou Deus deigna morir e nestre. • • .
Del Hospital e del saint Temple
Dont fud tirée mainte temple,
Del sépulcre ou Deu fu posez
3o Dont péchiez nos ot déposez ,
Nel fud; ne feit pas a retraire :
Mais por Deu qui velt a sei traire
Son poeple qu'il aveit raient
Quil serveit lores de nient.
35 D'ainsi faite descovenue
Fud la grant gent e la menue
Par tôt le mont desconfortee
Que a paines fud confortée.
Laissées furent les charoles
6o E sons e chançons e paroles
E tote joie teriane
De tote la gent cristiane,
Tant que l'apostoille de Rome
Par cui Deus salve a maint home
65 (Ço fud li uitismes Gregoires,
Si com est trovë es estoires) ,
Cil fist un pardon sucurable
Por Deu, el despit al diable,
Que de toz péchiez sereit quites
5o Qui ireit sor les gens hérites
Qui aveient déshérite
Le digne rei de vérité;
Et por ço tant rei e tant conte.
Tant altre gent qu'il n'en est conte,
55 Se croisèrent por Deu requere
En Sulie, en luintaine terre.
Fol. I b.
Tvule la ;.li ré-
ticulé prcnU U
croii.
Cf. IHnermitiih
K€€rii, 11. II.
Fol. 1 C.
3 conuisl — 6 De uîc — 1 1 retint — 96 lacmiê aprk cê ver$ — 36 deuenl — Hh d. salua m. — • 65 le —
67 Cilest — 56 en omU — 56 En u. la 1.
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
i
Richard, comte
'le Poiticn, prend
la rroû ( nov.
1187).
/iMfrffr JNm Hi-
rarii, II, m.
Kol. 1 d.
esnii. Il , III.
Pliiiippo, roi
jI«» France, cl
llfmri , roi (l'An-
i^lderrc, ont une
folirvoc cn^rc
r.isors cl Trie, cl
il» prennent la
rroÏT (ai jiinv.
1188).
Croisèrent sei comunement
Tote la plus proisie gent.
Li cuens de Peitiers H vaillanz,
60 Richarz, n'i volt eslrc failtanz
Al besoing Deu e sa clamor;
Si se croissa por sue amor :
Premiers fu de toz les hauz homes
Des terres dont nos de ça sûmes ;
(>') Puis mut ii reis en son servise
Ou ii misl grant peine e grant mise.
Ne remanoit a la croiz prendi*e
^'us por son héritage vendre;
Ne li viel ne li bachelier
70 Ne voleient lor cuers celer,
Qu'il ne moslrassent lor pesaiice ,
K qu il ne preissenl venjance
De la honte qui esteit faite
A Deu qui ne Tavoil forfaile
75 De sa terre qui ert guaslee,
U sa gent lui fud si haslee
Qu'ele ne se sot conseillier;
Mais nuls ne se deit merveiller
S'ele fud lores desconfite,
So Ke ço esleit bone gent eslile ,
Mais Deus voleit que cil murussenU
E qu'autres genz le succurusent.
Cil furent mort cx)rporelnient.
Mais vivent celestielment.
80 Autresi fout cil qui la moerent
Qui el servise Deu demuerent. *
L-ne guerre de ancesseric
Ot entre France e Normendie,
Forte e cruele e orgoilluse
90 K feleuesse c periliose.
Del rci Felippe esleit la guerre
Vj dcl rei Henri de Englelerc,
Cil qui ot la bêle maisnde,
La pruz, la sage, la raisnee,
95 Li bons pères al joefne rei
Ki si jostoit a grant desroi.
Le perre Richard Tenginus
Qui tant fud sages e ginus,
Li pieres Giefrei de Bi*etaiiie
100 Ki tant refud de grant ovraine,
E li pères Johan sanz Terre
Por qui il ot tant noise e guère.
Li reis qui tel meisniee aveit
E qui si riche se saveit
io5 Poeit bien guerre meintenir
S en le volsist a lui tenir,
E s'il feist ço qu'il voleient
Com a tel gent com il csteieul
Li dou rei crent a descorde,
1 10 Que nus n'i poeit mètre acorde.
Devant que Deus les ajosla
Al parlement qui tant costa :
Ço fud entre Gisorz e Trie,
lui la grant bêle praerie.
11 5 La ot dite mainte parole,
E mcintc sage e meinte foie :
Li uns ert de la pais en cure
E li autres n'en aveit cure;
Mult i ot gent de mainte guise
itto Qui ne saveit cum ele ert quise,
Fors que Deus voleit, ço me semble
Qu'il se croissasent toz ensemble.
Mult ot el parlement qucrcics,
Mult de vielz e mult de noveles:
13J Mult enn i avoit de encumbroses
E de fi ères e de orgoilluses;
Mult les cercherent sanz sujor ;
E mult par fist bel tens le jor.
Un arcevesque i ot message
t3o Qui vint de Sur, prodome e sage.
Que li Sulien i tramistrent
Pur son sen qu'il surent e virent.
Ko
G3 m. il r. — 85 la manque — 87 Qiine — 99 rei manque — y3 qui iv/wV — 10a tante — io3 te —
1 oS lacune après ce vers ~^ 1 38 del L
5
L*ESTOIRE DE LÀ GUERRE SAINTE.
Mult le veimes entreinetre
Des reîs en dreite veie mètre;
i33 Tant i mist Deus de peine avant,
E li prodome e li savant,
Que ambcdui li roi se croissirent,
E que iloques s^cnlrebaisierent.
Il se baisierent en plorant,
1^0 E alouent Deu aurant
De là grant joie qu'il avoient
R del besoing que il saveient
Que Deus aveit de lui rescure.
La veissiez chevaliers curre
t'i5 E croisiersei par ahatie;
Ne sembloit pas gent amatie,
Si que entor les arcevesques
E entor abbez e evesques
(Si Deus me ait et il me peise)
1 5o Vi ge iloc si grant la presse
0 la chalur qu'iert la si grande,
(Nus por nient greinur demande)
Que tantes genz i ateignouent
Por poi que il ne s*es(eigneient.
Fol. fi 6. i55 Pur la joie del parlement
La mort de jj^ j^ -^jg ^ j^j eroisemcut
lienn trréte le ^
déprt poar it Aloueut trcstuz la croiz prendre,
i?89). ^"' Car nus ne se poeit défendre
Ne le grant pardon refuser.
i6o Mais molt par fist a acuser
La muele que trop demara ,
Ke diables s'esvigura
De remetre es reis la meslee,
Qui ne pot estre demeslee
i65 Devant ço que Tuns d'els murut
E que mort sore lui curut.
Ço fu li vielz reis d'Engletere
Henris, cil qui quida requere
Le seint sépulcre e Deu ensivre;
170 Mais mort le soit bien aconsivrc.
/iMirariMM il^
Ambboisb dit, qui fist cest livre.
Que sages est qui se délivre
De son vou quant il Tad voé
Vers Damnedeu son avoé.
175 Après la mort le rei lor père
N'estient meis que li deu frère :
Li greindres ert Richard noroez,
Cuens de Poitiers mult renomez;
Johan sanz terre ot nom li mendres ,
180 Ki joefnes hom esteit e tendres.
Richart Tainznez ot la corone,
Issi come raisuns le done,
E les trésors e les richesces
E les terres e les ligesces.
i85 Por ço qu*il s'iert croisiez de primés,
Issi com nus le vos deimes,
Se voleit por Deu traveiller.
Lors fist son eire apareiller.
En Engletere s'en passa ,
190 E mult poi de tens trespassa
Qu*a Londres se fist coroner.
La vi ge des granz dons doner,
E si vi tant doner vitaille
Que nus n'en sot conte ne taille;
195 Ne onques ne vi en ma vie
Cort plus cortoisement servie;
Si vi de la riche vessele
En la sale qui (ant est bêle;
Les tables vi si encombrer
900 Que Tem nés pot onques nombrer.
Que vos fereie en ço long conte ?
Chescon de vos siet bien que monte,
Com grant cort cis poet meintenir
Ki Engletere a a tenir.
Grant fud la feste, riche e fiere;
Trois jorz dura tote pleniere.
La dona li reis des granz dons,
E si rendi a ses barons
fio5
KiclMnl.roiUlo
de Poitiers, luc-
cMeàHraritton
|tèrp.
lÙHtrarwui Bi-
airéi. Il , r.
Fol. 1 C,
CoiroBoeoicol
de fUrhard h
IjODdrcK (3 wpt.
1189).
i35 de manqué — lAfi quil— 167 qaenlor — J5è qtril — i59 la — 161 mcrre — t6a «ei e. — 179 ier
n. — 18a com — 193 vi manque — 196 ne s. — 901 freie
1.
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Richard se pr^
pare à partir pour
la croisade.
Fol. 3 d.
/(UMfWIHM ni-
(iirdif II, Ti.
Richard passe
Normandie
(il dëc. 1189).
en
Il tient ooar
h Lion-sur-Mer
( b5 dér. 1189).
E lor Gez e lor hcrilages,
aïo E si lor crul lor seignorages.
E quant la curt fud départie
Râla chescons en sa partie;
Chescons se treist a son manoir.
Mais ne pot gueres remanoir;
ai 5 Kar li reis lor avoit mandé
A toz par nom e comandé
Qu'il aparillassent lor oirc
Ou par enprout ou par acroire,
Ke il voleit faire movoir
3 30 Son navie et son estovoir,
Si qu'il fust par tens al passage
Por feire son pèlerinage;
Car nuit e jor sis cuers tendeil
A sa proz gent qui Tatendeit
aa5 E de Normendie e de Angou,
E de Gascoine et de Peitou ,
E de Berri e de Burgoine,
Dont mult en ot en la besoigjic.
Par ses églises de Engletere
93o E par les autres de sa terre
Mist en son movoir arcevesques
La ou n'i erent e evesques.
Lors ne velt pas l'yvcrn atcndre ,
Ainz fist a son passage entendre
235 E ses riches trésors chargier.
Dont bien se saveit deschargier.
A la mer ot poi sujomé
Quant Deus ot un tens atome
D'un bel vent portant ki torna,
sâo K'en Normendie retorna.
Si tost cum il i fud veuz,
A grant joie i fud receuz,
Ço poez bien creire sanz dote;
Lors fist isnelement la rote
3/15 Hasler e avant enveier
Droit a Leons por festeier.
Un jor de la nativité,
Que Deus volt prendre humanité.
Tint li reis a Leons sa fesle,
200 Mais poi i ot chanté de geste ,
Einz fist molt tost un brief escriro,
E prist un messagier délivre :
Al rei de France le manda.
Et al messagier comanda
a 55 Qu'après le brief deist aneire
Qu'il ert del tut prest de son cire;
Et de ço fud parlement pris
Entr'els, si jo n'i ai mespris;
E asemblcrent devant Dreues,
s6o Qui est a set liuues d'Evreues.
Issi com li dui rei parlouent
De lor eire qu'il devisouent,
Eth vos itant c'uns messagiers
Veneit a mult grant desirers
365 Al rei de France teste encline,
E dist que morte ert la reine;
E par icel grant descomfort.
Et par un autre e fier e fort
Del rei de Puille qui mort ert,
370 Dontgranz dois e parut e piert,
Fud tote la gent desheitee,
E por un poi que repleitie
Ne fud la veic de Sulie;
Mais la merci Deu nel fud mie,
375 Fors seulement jusqu'à la feste
De seint Johan que chescons feste.
Quant la rose suef oleit,
Li termes vint que Deus voleil
Que li pèlerin s'esmeusent
380 E que d'autres genz s'esleusent,
E que tuit fusent apresté
0 ço que Deus lor ot preste,
Prest de soffrir por Deu ahan,
A moveir a la seint Johan;
Kol. 3 a.
Richard et Phi-
lippe se rencon-
trent h Dreui
(1190).
Philippe , le
'lue Je Boorfo-
gnti , le comte de
Flandre se reo-
<lcnt à Vetelai
(1" juin 1190).
312 Sala, en manqua — 335 E tnatique — a33 Lores — sAi i manque — 3^3 veers. — ahh Lores — 261 dui
manque — 3G3 ilant manque — 367 granl manque •— 370 le pretnier e manque — 373 f. loire d. — 37^1 ne»
— 379 sesmusent
L*ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
10
:i85 Si qu*as uilaves sanz délai
Fut rassemblée a Vercelai,
E lors mut le rci de Paris,
E prist congië a seint Denis.
Maint chevalier ot esleu
ago Qui n'ierent pas uncor meu,
Fol. 3 b, Ke li plus des barons françois
Estcient ja meu ainceis;
E lors mut li dux de Burgoino
Ovec le rei en sa besoigne;
390 Li cucns de Flandres eralment
Mut, ne demora pas grantment.
Lors veisiez tant genz movoir
E de tantes parz aploveir,
E tel convei c tel tristesce
3oo E al départir tel destresce,
Qu'a poi qu'a cels quis conveoicnt
Que lor quor de doel ne crevoient.
Li rois Richarz estoit a Turs
0 ses hemeis, od ses aturs.
3o5 La citiez ert de geni si plaine
Qu'il i poeient a grant peine.
A la mer envoia bâtant
S'estoire somondre en hastant;
En mer fist sa navie enpaindrc
3io E preia mult d'eirer sanz feindre.
Cent e set nés furent contées.
Quant Tem les ot sor mer montées,
Estre celés qui les sivirent,
Ki totes s'encontrasivirent.
3i5 Totes passèrent les destreiz
E les mais pas e les estreiz »
Les perillus destreiz de Aufrique
Ou la mer battez jorz e frique,
Que onques une n'en péri
3fio Ne ne hurta ne ne feri;
E la merci Deu tant siglereni
Que a Mescbincs arivereqt.
ItiHerërium Iti-
eartU, H , ni.
Richard envoie
M flotte Tatteo-
dre ft lletaine.
Le rci Richarz 0 son barnage
S'esmut de Turs 0 bon curage.
3a5 Mult ot la des bons chevalers,
E de alosez arbelastiers.
Ki veist Tost quant s'en isseit !
Tote la terre en fremisseit;
Tote la gcnt iert en tristesce
33o Pur lor seignor plein de proesce.
Plorcnt dames e damoiscles,
Joefnes, vielles, laides e bêles;
Doels e pitiez lor quors seroient
Por lor amis qui s'en aloient.
335 Plus pitus convei ne veistes
Ne genz al retorner plus tristes;
La ot meintes lermes plorecs
E meintes bones vuz orées.
Li conveieor retornerent,
3/10 E li pèlerin donc eirerent.
Si qu'ai terme que li rei mistrent,
Ne a plus ne a mains qu'il distrent,
Fud a Vercelai l'asemblee
Que Deus ot al diable emblée :
3/1 5 Emblée? ainz la prist a veue,
Ke por lui s'ertele esmeue.
A Verzelai en la montaigne
La herbei^aDeus sa compaigne,
E mult ot gent en la valee
35o Qui por lui i esteit alee,
E es vignes e es costiz
Ot de meintes mères les fiz.
Li jorz fud chaud, la noit série;
La plus bêle bachelerie
355 Aveit Deus iloques atraite
Que onques fust del mont estraite.
Cil avetent por Deu leissees
E lor terres e lor meisnees
E enguagiez lor héritages
36o U perdua a toz lor aages :
Ridiard et «ou
armée quittent
Touripoor venir
à Veielai.
Fol. 3 r.
Itùurmvtm Hi-
cmrdi, U , vui.
Astemblée de
V«Mlai(i"jirill.
1190).
Fol. 3 */.
386 Fust — 987 lorct — 990 unoore — 993 lorcs — 997 Lores — 3oo E ... partir del d. {quelqwt lettifê
tomt êjacéa) — 3o3 àpariir de cê vir$ ce nom ett pta^ ut lotyoMrt ^cric R. — - 339 eonueior — 3^9 na pi. iia m.
11
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
12
llinertirium Hi- 305
emréi, Il , i\.
LciroÛEepré-
leol serment l*an
Les deux rois
quiltent Veselai.
Fol. tt a.
Si s*en laissèrent deschater
Por Tamor de Deu achater,
Que mieidre marcheiz ne pot estre
Que de Tamor le rei celeslre.
A Vcrzelai ou li rei erent
Un sairement s'entrejurerent
Que qu^avenist de maint eur
Que Tuns fust de l'autre aseur;
Iço qu'ensemble conquereienl
;{7o Que liaument le partireient.
Si ot encore en lor plevines
Qui que ainz venist a Meschines,
En quel point ou en quel endroit,
Que li uns d'els Tautre alendreit :
370 Si faitement s*entrafierenl.
De Verzelai s'en retornerenl.
Li don rei devant chevalchoicnl,
E lor grant oire devisoient,
E granz henors s'enlrefasoient
38o Lores en quel liu qu il veneient;
Si eirot Tost od tel amor
Que ja n'en oissiez clamor.
Une cortoisie vi faire
As genz que Tem ne deit pas taire:
383 Quant Tost errol lote sa voie,
La veissiez , si Deu me voie ,
Valiez c dames e puceles
Od biaus pichiers e od orceles
E od seilles e od'bacins
390 L'eve porter as pèlerins;
Dreit al chemin a Tost venoient,
Les bacins en lor mains tenoient
E disoient : (tDeus, rois celestre,
(T Dont vienent tant genz? que puel estre?
395 (rU furent nées tels joventes?
ffVeez quels faces si rovenles!
ffTant sunt ore tristes lor mères,
trE lor pareni, lor filz, lor frères,
tr Lor amis*, lor apartenanz,
/loo rDont jo voi ci tanz de venanz I ^
L'ost commandoient a Deu iote
E ploroienl après la rote.
Lors prièrent escordement
A Deu por els e dolcement
/io5 Qu'il les menast a son servise
E ramenast a sa devise.
Errant vindrent a la Deu grâce.
Qui bien lor fist e bien lor face,
Od grant joie et od grant leesce,
/n 0 E sanz coruz e sanz tristesce
E sanz escbar e sanz rampone.
Tôt droit a Leons sor le Rogne.
A Leons fu l'ost arestee,
Sor le Rogne, l'eve crestee.
A 1 5 Li dou rei iloc se teneient
Por la gcnt qui oncor veneienl.
Tel merveille ne fud veue,
N'onques tele gent esroeue;
E furent bien esmë cent mile,
h*2o Dont li plus gisoit par la vile.
Li rei ne furent herbergië
Ne en vile ne en vergié :
OItre le Rogne firent tendre
Lor pa veillons pur l'ost atendre,
h'2^ E atendre les conveneit,
Kc meint home encore veneit;
E illoc tant les atendirent
Qu'asemblez e venuz les virent.
E quant orent tant atendu,
63o Seu de veir e entendu
Que tote l'ost esteit venue,
Mult furent lié de lor venue.
Lors firent lor très desfichier
Qui ierent si bel e si chier
/i35 Tôt devant par la sablonerre
Por l'ost qui veneit grant deriere.
I
368 Que lom -—375 scntralicrenl — 388 onceles — 395 teles — 396 queles — kod Lores — 6o5 le —
âo9 et tnatique — A 1 0 donu — A 1 6 encore — 633 nés d. — â3/i cler •— /i35 la inanquê
13
CESTOIRË DÉ LA GtJERRK SAINTE.
l'i
Li dou rei s'enti*econveierent
Tant coni lor veies s'aveierenl;
Puis ala chescon a son port
A/io A grant joie e a grant déport.
pp« T" Li rei» Fiiippes des Franceiî»
t Richard S'cslcil ja alocz aincois
'Il
' '• As Gencveis de son passage,
Por ço qu*il en sunt pi*eu e sage;
Vj.") R Richarz li reis de Engletere
Costeia la nier terre a tere
E s*en ala dreit a Marseille
De part Deu qui toz biens conseille.
^rimmiii- Qaul Tost sot que li rei errèrent,
"• '* . /i5o Tels i ot qui ainz ior levèrent,
poui (lu ^ ^ . .
s'écroule Li autre al plus matin qu'il porent
. ' Pur le Rogne qu a passer orent.
(^il qui ainz jor lurent levé
Ne se tindrent point a grevé :
'155 Le pont passèrent prosprement,
Conques n'i ot arestement;
Mais cil qui al matin passèrent
E qui sor le pont s'entassèrent,
Cil durent estre mal bailli,
660 Kc une arche del pont failli,
De Teve qui n'iert pas seure.
Fol. ^1 c. Qi esleit haute a desmesure;
Plus de cent homes ot sur Tarchc,
Qui de sapicrt, c'ert trop grand charge.
/i65 L'arche chai, cil trebuchierent.
Les genz crièrent et huchierent.
Chescons quidot qui nel saveit
Avcir perdu quant qu'il aveit,
Filz ou frère ou apartenant;
/170 Mais Deus i ovra meintenant,
Que de toz cels qui la cfaaircnt
iS'i ot mais que deus qui périrent,
Ge di que l'em peust trover;
Mais nus ne Tosast esprover,
'«75 Ke l'ewe est si rade e si forte,
Poi i chiet riens qui en estorle.
Se cil péril lerent el monde,
Il sunt devant Deu nel e munde:
Il s'esmurent en sa besoigne,
'180 Sin avront merci, ço besoigne.
L'arche del pont ert peçoiee
E la gent tote desvoiee :
Ne saveicnt quel part aler
N'en montant ne en avaler;
'18 5 N'el pont n'i ot nul recovrer,
Nil ne troverent nul ovrer,
N'el Rogne n'a voit nés ne barges
Qui fussent prou granz ne preu larges,
Si que cels n'i poeient sivre
fi()o Qui passé erenl n'acunsivre;
E quant autre conseil ne surent.
Si firent le mielz que il porent :
En bargetes assez estreiles,
Ou les genz orent granz destreites,
^95 Passèrent ollre a mult grant peine;
Mais issi veit qui por Deu peine.
Treiz jorz dura le passement,
E si ot grant entassement;
E donc e li fol e li sage
5oo Alerent quere Ior passage.
Al plus procein port, a Marsille,
Ala de genz une merveille;
E al port de Venetiens
Râla de mult preuz cristiens;
5o5 Tant en râla as Geneveis
Ne sereit nombre eneveis,
E a Barlete e a Brandiz,
Tant que l'em en diseit granz diz.
A Meschincs mult en râlèrent,
5io Tant que li dou rei ariverent
Mescbines est une cité
Dont li «uctor onf iMIt conté,
Fol. û il.
I..CS Croiwt
\onts*cuibirquer
à G^uM , à Mai^
seille, h Venise,
h Darielte et h
Brinili^i.
hhh 8. e pr. -~ àbb premeremenl — A59 malnilii — A61-669 intervertie — A63 desor — 670 i manque
— 679 ot mort que d. qui morireol — A77 pariUerenl — hSh nen a. — &85 î mm^t — A86 ne manque ^
ourer — 689 Nis — A99 qnil — A9& grant fMmque — ^ 699 k premier e man^e — 809 Ma no.
Les âvut rois
M remkul i )!««•
sioe.
/fuwnarwM Ri-
ewr^i, n , 11.
Siluslion de
15
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
16
L«roiTancrè<Je
fdl contraint par
Richard de ren-
dre son doaaire h
la veuve de Guil-
laume de Pouilie.
Fol. 5 a.
Itimermrnim Ri»
eardi, II , xii.
La flotte de
Richard arrire k
Messine.
Les balMtanta
de Mctaine mal-
traitent les Croi-
wft.
E bien e bel assise vile,
Car el siei el chief de Sezille,
5i5 Desus le Far, encontre Risc
Que Agoland prisl par s'emprise.
Mesobines iert mull pleine d'aises,
Mais les gcnz trovanies malveises.
Lor reis si ot a nom Tancré,
530 Qui niult aveit or csmcré
Que si ancesur aunerent
Qui des Guiscbart Robert regnerenl.
Lors ot une dame en Palerne
Ki sujorné i ot grant terme,
5a5 Reine ot este' del reaime,
Femme espose le rei Giilame;
Mais li proz, libien enlecbiez,
Murut sanz eir, ço fu pecbiez.
La reine esloit suer le rei
53o De Engletere , ki prist conrei
Qu il lui fist son doaire rendre,
Si que ouques ne Tosa défendre
Tancrez, qui esteit en saisine
Del doaire e de la reine.
533 Vos qui avez sens e mémoire
Oistes bien cornent Testoire
E la mer\eille des enekes
Vint par devant Espaine iloques.
A Meschines vint la navie,
5'io Cliques ne vi tele en ma vie,
Que li reis Ricbarz atendoit
A cui Engletere apendoit.
La ot gent de maintes maneres,
E très e tentes e baneres
5^i5 Fichées contre val la rive.
Car la cité lor ert eschive.
Près des nés s'estoient tenu
Tant que li rei fusent venu;
Ker li burgeis , la grifonaille
55o De la vile e la garçonaille,
Gent eslraite de Sarazins ,
Ramponoent noz |)elerins :
Lor deiz es oilz nos aportouent,
E chiens pudneis nus apelouent;
555 Chascon jor nos i laidissouent,
E noz pèlerins mordrissouent ,
E les jetouent es privées,
Dont lor bevres furent pruvees.
Soignurs, costume est e usage
56o Que quant princes de hait parage.
Si haut coin est li rois de France
Dont par le monde ad tel parlance.
Et coin est li reis de Engletere
Ki si grant henor ad en terre,
5G5 Entre ou en cilié ou en vile.
N'en tel lerre com est Sezille,
Qu il i deil venir com hait sires
For plusor genz e por lor dires;
Car c'est bons moz, a mon espeir,
570 Qui dit : trTel le vei, tel fespeir.^
Por ço di ge, quant li roi vindrent.
Que multes genz illoc sorvindrent.
Le rei de France premiers vint
A Meschines, ou il survint
570 Plusors genz qui veer Talerenl;
Mais onques son vis n'avisèrent,
Kar il n'aveit c'une nef sole
E el rivage ot presse e fuie,
E por celé presse eschiver
58o S'ala el paleis ariver.
Quant li rois Ricbarz ariva,
Lors fu assez qui estriva
De veer le desur la rive,
La sage gent e la jolive
585 Qui ainz ne Taveient veu;
Si en eurent désirer eu
De veer le por sa proesce ;
E il veneit 0 tel hautesce
Itimermrimm Hi-
emrdi. Il , xiii.
De U pompe
qui ronvMNit aa\
n>if.
Fol. 5 6.
LeroidcFraoce
entre è Mcniiie
moaécUt(t€wp-
lembre 1190).
RkUnl bit
une eolré« aol»-
Mlle à Mmiiie
(•S sept 1190).
555 i manque
5 1 ^j eie — 5i 5 cocotte — 5a3 Lores — 537 E manque — 55 A E manque -
559 usages — 56o paragos — 565 ou manque — 566 lele — 569 Car chescon home a son
— 57] ge manqué — 58o p. 0 anncr — 58â Lorcs — 583 le wanqne
558 coures —
570 tetespcir
■
IPIP
W^Ê
r
17 L'ESTOIRE DE LA
GUERRE SAINTE.
^1
1
Que lole la mev eit coverto
Si avint un jor c'une famé.
n-nn» K- ^H
1
Sgo Des galees o geiil aperfe,
Que l'en disl que aveit non Ame,
^H
Combatanz od liardies chicres.
Porloit par l'ost son pain a vendre
j'»piiX7'» ^1
1^
Ud penoncels e od baiiieres.
63o Uns pèlerins vit cbput e tendre
^m
Issi vinl li reia el rivage.
Le pain, e si en bargaigna.
In CnlUi H !'• ^^M
Si ot eocoiilrc lui son baroage :
E ta feme se desdeigna
Uuib.r.|>(Swl. ^^M
t^
Sgr. Ses biaus destriers lui amenèrent
Del fuer por qu'il le reqnereit.
^^^^^H
[
Qui en ses dromonz venu ereni.
Si que par poi que nel fereit.
^^^^1
^—
E ii monta c sa gent tôle;
635 Tant ert ele iruse e desvee.
^^^^1
^h
Si diseit tels qui vit la rote
Eth vos la barale levée.
^^^^1
^m
Que itels reis deveil venir
E tant que li burgeis se mislrent ,
^^^^H
^
6oo E bien deveit terre tenir.
Le pèlerin iloqnes prislrent.
^^^H
Mais fi Grifon s'en corucerenl
Sil bâtirent e cbeveierent.
^^1
1
E li Lomgebard en Rrocerent
6I10 E laidement le démenèrent.
^M
Por jo iju il vinl o le! estoire
Al rei Richard vint la clamor :
^1
Sor lor citit! e od tel gloire.
Cil lor requist pais e amor;
"..""'t 1
Fol. 5 c
Cu5 Quant li deu rei arivé furent.
Pais entrela qnisl e porchaça
carU. IL, UT.
Li Grifon puis en pais s'esturent;
E ses genz ariere chaça.
^H
LnLonUnl
ntllIniUrnt h
Mais li Longebard estrivouent
E noz pèlerins maneçoueut
615 Mais diables, qui par nature
Het pais sor tote créature,
«rJi. li,..i. ^^^^^M
Que lor Ires lor delrencliereïent
Resmiil el demain la meslee
^^^^^H
Oio E ior aveirs en porlereieiit;
Ki a mescbief fu desmellee.
^^^^1
l
Car de lor femmes se douteront
E li dou rei ereul ensemble
^^^^^1
1
A (]ui li pèlerin parlèrent;
li.rn A un parlemeni, ço me semble.
^^^H
1
Mais tels le fisl por els grever
E les juslises de Sezille
^^^^M
R
Qui n'i deignastrien achever.
E des liauz bornes de la vile;
^^^^^M
L
()i5 Li Longebard e la comune
liloc parloent de pais faire.
^^^H
^H.
Urenl toz jon vers nos rancune.
Elh vosendreiten ceiafaire.
^^^^^1
^ft
Por ço que lor pères lor disErenl
ùîi Issi com li dou rei parloent
^^^H
■P
Que nostrc ancesur les conquistrent;
De la |jais que fail'e quidoent.
^^^^H
^
Si ne nos poeient amer,
La uovele qui fud saillie
^^^^H
r
U30 Ainz nos quidoicnt afainer.
Que nostre gent erl assaillie.
^^^^^H
L
Net firent por nus sushaucîer.
E viiidrent par deus foiz message
^^^^H
^K
Que il firent tor turs baucier
660 Que loin on feseil grunl damage;
^^^^H
■
E les fossez plus parfont faire.
E li tien mes qui vint après
^^^H
^^
Iço cmpeira mult l'afaire.
Dist al rei : itCi ad maie pes.
^^^^^^
r
Cï5 E les tençons e les manaces
t Quand li home de cesle lerr#
^^^^^1
Qui levoient en pliisors places.
f* Orient les genz de Engletere
^^M
1
xiriMiîiiH — C19 no» ne posni— Bsj Qiiil — t-ft
llor ^^^^H
l
TUMII
1
19
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
SO
CG5 rDedcDZ e dehors la cilié.?)
Si fud donques la vérité
Que li LuDgebard s'en partirent,
Qui as reis distrent, si mentirent,
Que ço iert por la tençou desfaire,
O70 E ço n esteit fors por mal faite.
Jordans del Pin e Marguariz,
A cui toz mais seit eschariz,
Cil dou bracerent la braçaille
Del mal e furent començaille.
ol. 6 a. (î-.*) Le rei de France esteit illoeques
E li reis d'Engletere ovcques,
Si fud 0 lui quil reconta.
Li reis d'Engleterre monta ,
Qui la ala por depailir
C80 La mellee, mais al partir
De granz vilainies li distrent
Cil de la vile e lui mesdistreut;
E li reis se curut armer,
E les fîst par terre e par mer
685 Assaillir tut a la rounde,
Ke tel gerrier n'aveit el monde,
e France Graut fu la uoise e la baratc,
E la noise en malveis estate.
François vindrent lor seignur quere
<')9o A Tostel le rei d'Engleterre;
Kar la vile iert si estormie
Qu il n'en quiderent trover mie;
E il revint e retorna
El paleis ou il sujorua,
O95 E li Lungebard a lui vindrent,
A Testrier senestre le tindrent;
Si lui promistrent e douèrent
E le jor lui abandonerent,
E preierent qu'il maintenist
700 Els en la vile, e retenist
A son ues e en son domaine.
Si i misirent e cust e peine,
rètement
avec les
Tant que li rois s arma euneîre;
Si dist tels qui nos fist a croire
705 Qu il aida a cels de la terre
Plus qu as genz le roi d'Eogletere.
Eth vos la barate esmeue
E la noise par Tost creue :
Li François en la vile esteient
710 Qui a aise se deporteient,
U li Lungebard se fioient;
Mais cil de Tost ne s'en guardoient.
Estes vos les portes fermées,
E les genz de la vile armées
715 E montées as murs défendre;
Mais puis lor en covint descendre.
E cil qui ercnt hors sailli
E qui avoient assailli
L'ostol seignur Hugun le Brun
730 S'escombateient tôt comun.
Quant li reis d'Engletere i vint.
Si ne cuit pas qu il eust vint
Houies 0 lui al comencer.
Lors loisscrcnt le manascer
7^5 Li Lungebard tresque il le virent.
S'en tornercnt, si s'en fuirent,
E li pruz reis lor corut sure.
Si vit AuBRoisBs a ceie liore
Que quant cil le virent venir,
730 K'adonc vos peust sovenir
De berbiz qui fuient a lou ;
Ausi com boef traient al jou
Traient cil sus vers la posterne
Qui est de la devers Palerne,
735 U a force les embati
E ne sai quanz en abati.
L'ost s'esturmi e tut montèrent,
Come cil qui assailli erent
Des Lungebarz par lor olti'age
7/10 E des faus Grifons plains de rage.
Fol.
Ri.
faite
MeMi
O71 Aiordanz lupins — 686 gorreier — 71a guadoient — 720 seracombatoient — ^ik Lores — 747 corï
— 728 a icel — 73o peus — 733 cil manque — 7^0 plaiii
21
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
22
Mais teus genz orent Tovre enprisc
Qui mainte vile aveient prise :
Ço erent Norman e Peilevin,
Gascon, Mansei e Angevin,
•"ol. 6 c. 7/15 E de Eng^eterre en i aveit
Assez plus que Fem ne saveit.
Hardiement les assaillirent,
Quant en sum le mur les choisirent,
Tôt enlor la ciU^ cururent:
750 Ne finerent tant que enz furent.
E cil jetoient e traioient
E grant damage lor faisoient
En sum des murs, d'ars, d'arbalestes
Que il avoient totes prestes,
755 Gelouent pieres e caillos
E feroient noz genz granz cols;
Quarel, pilet, iloc voloient
Ki noz pèlerins afoloient.
Treis chevalers nos afolerent
760 A une porte ou il entrèrent :
Li uns fud Pieres Tireproie
Qu'il jetèrent mort en la veie;
E Maheu de Sauçoi aveques
Regeterent il mort illoques;
765 E Raols de Rovroi trovez
I refu mort, c'est veir provez;
Mult furent pleint e regrelë :
Deus lor otreit sa salvetél
Si Lungebard fusent leal,
770 Comparé l'eussent real;*
Mais lor folie lor dut nuire.
Que nus eschaufa pur els cuire.
Cil qui defeudoient la vile
Erent plus de cinquante mile
775 Sor les murs c sor les toreles,
E od targes e od roeles.
La veissiez gent assaillie
Durement e de grant baillie.
Devers les paleis les gualies
780 Esteient assaillir alees;
Mais li reis de France i estoil ,
Qui sor le rivage s'esteit,
E fist les gualees défendre
Le port, qu'il nel peussent prendre;
785 E il traistrent tant qu'il ocistrent
Deus galioz, dont il mespristrent.
Mais de deçà devers la terre
Assailloit li rois d'Ëngletere,
Qui les Lungebarz envai
790 Eissi que mult bien l'en chai.
Lor veissiez ses genz monter
E les montaines sormonter
E coper les fraiaus des portes;
La ot genz e prises e mortes.
795 Par mi les rues s'enbatirent
Tels i ot qui s'en repentirent,
Car cil getoient e traoient
De lor'soliers ou il estoient.
Mais par mi tote lor aie
800 Furent pris a celé envaie;
E qui que fust as dererains,
Li reis fud un des premerains
Qui osast entrer en la vile;
Puis i entrèrent bien dis mile.
8o5 Lors oisiez noz genz huer
E descoufire et tempester,
Blecier, laidir e entester.
Plus tost eurent il pris Meschines
810 C'uns prostrés n'ad dit ses matines;
E mult i oust gent occise
Si al rei n'en fust pitië prise.
E bien poez de fi savoir
Que il ot perdu grant avoir
81 5 Quant la grant presse fud entrée;
Car tost fud la vile pelfree,
Fol. C d.
Philippe rcsU>
sar le rivage cl
interdit Tentrëp
da porl anx g»-
lèresdeRichanl.
FoL 7 a.
7/18 le iDor manque — 761 cil manque — 753 darblestes — 75a Quil — 766 Gelèrent — 76s enmi la proie
— 763 maher — 777 genx — 791 Lorea — 793 fraua — 796 le premier e metnquê — =- 800 pria manque —
806 entra — 8o5 Lorea — 806 terepaeeé — 809 il manqm — 81 1 m. i oi — %\k Quil
9.
23
L'ESTOIRB DE LA GUERRE SAINTE.
2&
Jtûumium Ri-
tarii, II, iTti.
Philippe est j«i-
louxetobtieDldti
Si furent lor gaiecs arses
Qui n'ierent povres ne cscharses;
Si i ot femmes guaaignees,
83 0 Belcs e pruz e enseignées.
Ge ne poi mie tôt savoir;
Mais, fusl folie ou fusl savoir,
Ainz qu'il fusl bien par Tost seu
Eurent ja ii Franceis veu
8a5 Noz penoncels e noz banieres
Sor les murs de plusors manières,
Dont li reis de France ot envie
Qui lui dorra tote sa vie,
E la fud la guerre engendrée
83o Dont Normendie fut gastee.
Quant li rois ot Meschines prises
E ses banieres es turs mises,
Lors lui manda le rei de France,
Qui aveit envie et pesance
7.", rù" «35 De ço qu'il les i ot dresciecs
uièm ft tt^Â de
celles de Richard
<ar lei mors de
MessÎDe.
Fol. 7 h.
Ses genz en erent coreciees,'
Que ses banieres jus meisent
Si home c les sues fcissent
D rescier as murs de la citié.
8^10 Ço lui manda por vérité.
Que de ço que il en feseit
(Jue a sa liautesce en mesfeseit,
Si lui desplaisoit durement.
Seignurs, si demant jugement
S'iT) Li quels les i deust mielz mètre.
Cil qui ne se volt enlremetre
A Tassait de la citid prendre,
Uu cil qui osa ço emprendre.
Li rois Richarz oi Tafaire,
83o Si n'en deigna pas long pleit faire
Vers Tautre rei de tel requesle,
Qui mult en iert en grant tempeste;
Neporquant mult i ot paroles
Uites, henuiuses e foies;
855 Mais fen ne deit pas mètre en livre
Totes folies ne escrivre.
Mais li haut clerc e li haut home
Parlèrent tant, ço fu la some,
De la pais en plusors maneres,
8Go Qe chescuns des reis ses baneres
Ot c en turs e en tureles;
Puis pristrent conrei des noveles
Tost mander au rei de Sezille,
De la comune, de la vile,
8G5 La vilainic e le surfeit
Qui ert a els e as lur feit.
Li messagier le rei Ricfaart
Li distrent de la sue part
Qu il demandoit od sa clainor
870 Le doaire de sa sorur
E del grant trésor sa partie ,
Ke lui fust a droit départie.
Que dreture e raisons sereit ,
E quant que a la dame afereil.
875 Li messagier furent nome',
Haut gentil home e renomé
E gent de mult grant parentage
E de mult grant seignoriagc
E mult furent de grant affaire ,
880 Qui alerent en cel affaire.
Li uns fud li dux de Burgoine
De cels qui quistrent la besoine,
E Tautre Robert de Sabloil,
Hait hom, proz et de grant acoil,
885 E de autres en i pot avoir
Dont jo ne poi les nons savoir.
Cist errèrent e chevalcherent,
E tant en lor eire aprochiercnt
Que tut lor message a brief terme
890 Contèrent al rei de Palerne.
Li reis Tancrez qui mult ert sages
Ot oi parler les messages;
/fiJMrwrnuH /m>
etréi. II, tfiu.
Let deux nns
envoieotdesmeiu
Mgen à T»D-
crèdeRirhard ré^
riane 1^ dooaif»
•Ir ta Mrnr.
Fol. 7 e.
Cf. lùntfrinm
BUaréif II, III.
818 nesdiarscft ^-^ Sig Si ot — 890 k premier e mmique — 833 Lores — 8&1 E de co quil — 8&5 deil —
866 veit — 859 requesle — 861 kprimifr e fiMm^ — 877 parage — 878 seignon^ — 888 en moii^ife
n
27
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
28
hmtrrnnhin ttt-
Taiicrv«Jf in-
\OK des KffSit-
{jrrs à Rirh.'irJ.
Il offre vu,ooo
')urot (l*or [Kiiir
le (loaairi- i\ 1.1
«u?ur du roi , cl
une de tes fillen
|<our Arlliur de
Itretague ii^ec
so.ooo onrcs
d'or de dot. Ln
paix o>l ronriue
h ce* conditions.
Fol. 8 b.
De mètre entre els acorde e pais,
970 E chevalchoent al palais,
A Malegrifon , e ariere
Revenoient par la cliarero;
Mais onqucs n*i porcnt fin mctre,
Tant ne se sorent entremetre,
975 Si com testeinoine la Idre,
Devant que li rcis de Sezilie
Qui sot le surfeit de la vile
Prist le filz d'un sucn chancelier
îi^o E od lui ot un chevaler,
Mien escient, son concstabie,
Qu'il tint a preu e a ostable,
Sil tramist al rci d'Englctere,
Si lui manda ço que sa guerre
98,') Ne quereit il nient avoir.
Mais s'il en voleit prendre avoir
Por les quereles qu'il quereit,
Que volenters pais en t'ereit,
E doreit vint mile onces d'or
990 Que il prendreit de son trésor,
E s'il voleit d'un mariage
Parler al los de son barnage,
C'une de ses filles pucele.
Bel enfant e preu damoisele,
995 Dureit a Hertur de Bretaigne,
E por faire issi faite ovraigne
Li prometoit li-estot sanz gile
Des onces d'or autre vint mile,
Ne mais que cel or lui rendroit,
000 Si Herturs l'emfant ne perneit;
E sa sorur encore oveques
Lui renveiereit il ilioques.
Quant li reis ot ço entendu ,
Lors n'i ad gucres atendu,
oo5 Qu'autres genz renveia ariere
Por querre pais ferme e entière :
L'arcevesque de Montreial ,
Celui de Rise le leal,
L'evesque d'Evreues Johan ,
1010 Qui mult soffri cust c ahan,
Fist le reis le message faire ,
Qui saveient Tovre e Tafaire,
E al très genz od els aierent:
Pais quistrent e paisaporterent.
ioi5 E firent l'avoir acondire
Dont vos m'oistes orainz dii*e;
E quand ço fud que il revindrent
Trcstuit lie de la pais devindrent.
Lors furent les Chartres leues
loao E coulrescritesc veues,
E la pais cerchiee e jurée.
Dont la gent fud asseuree,
E l'avoir veu e pesé.
Dont il n'ad point al rei pesë,
lo-jT) Qui mult fu coveitus del prendre
Por el servise Deu despendre;
E lui fud donc sa suer rendue,
Qui dut estre mult chier vendue.
Lors volt li reis que fust rendu,
io3o Que plus n'i eust atendu,
Quant que ses genz aveient pris
Del lur : ço lui torna a pris;
Sur escomunication
Fud rendu par confession ,
io35 Dont l'arcevesque de Roem
Dona mult hait consel e boen.
Eth vos la vile en bone estate
E sanz tençon e sanz barate,
E ({uiconques les oseit faire
10/10 Sil feseit l'om pendre ou desfaire
E fud l'ost de mult grant justise:
Bien ait l'anme qui l'i ot misel
97C Tant ne seront entremetre —
— 998 Dons — 100a reucreit —
1019 Lores — 1029 Lorcs volt
1 o36 mult manque
979 cheualicr — 98a Qui — 990 Quil — 998 Come
1006 Lores — ioo5 (jenz ne — 1010 mult manqw
— io3a Des 1. — io33 E sur — io3A confcnsion
996 oueraigQc
1017'quil —
io35 reùi —
■
-■ >t .
m' \.t k » A» ^V^^^E^i^^^^^^^^^H
r
29 rESTOIRE DE LA
GtlEltRB SAINTE. 30 '
Lors furenl les voies eirees,
Le juf de la Nativitû Gr.od, »ic
^1
Si reumos boncs dunrees
Li ivis Richan por vérité ^^°,j*^ J"m"^
^ft
idAû Edcclievals eaevilaille;
Fisl crier que tuit i venissent «^^''^^- _'_' i""
E qui: od lui la fesie leuissent;
l^r
Issi ala l'ovre sant raille.
Pi.iiippttini.
E ii burgeis se repaiserent
io85 E le rei de France mena
cilMI.
E les pèlerins horbergiereni.
Mangier 0 lui, tant se pona.
Ml
E Ii dou roi lors s'ncorderent.
A Malesgriron fud la Teste
m
loâo Mais maintes feiz puiadescordereut,
En la sale que par poésie
W
E parlireol eulr'els l'avoir,
Ot feite li reis de Englelere Fol. 9 n,
loçio Sor le pois a cels de la lerre.
E ol ehescoii qu'il dut avoir.
tlmn-a^i^-m-
Li clievalier qui en l'esliS
Go Tui al manger en la sale, '
«rJi. 11.11,1,.
Aveient illoques cstij
Mais coques n'i vi nape sale
iciriS Se dementouent e plaignouenl
Ne banap de Tust ne escuiele^
Fol.Kd.
Por la dcspcnsG qu'il faisoueul.
Aini i vi si ricbe veisele
Tant ala sus e jus la pleintc
loyS De ovre InToire soldoisco
Quel fud al rei Iticbard atelate.
E a ymages geteisce,
A riches pieres preeioses,
lipp.ri«i.o.
E il dist quu tant lor durcit
K
lofio Ke cbescons loeraen poreit;
Qu'eles n'ierent point enuioses;
■
E lor doua si grani dons riches
E si i vi si bel scrvise
B
Richarz, qui n'est aver ue chinches.
1100 Que a chescon ierta sa devise.
V
Hanas dargenl, copes dorées,
Bêle Teste iotehooeste.
P
K'en aportoit a devautces
Com afereit a tele Teste;
loGil As clievaiiers loue ço qu'il erent,
Ne Cliques ne ïi,ço me semblL-, 1
Que de ses biaus dons le ioereul
Tani riches dons douer ensemble
E grant e maien e menur;
,u,:> Corne li reis Ricbara dcna
E lor fist del suen tant heuur
Illoquescabandona
Que nia cil qui a piiî estient
Ai rei de France e a sa gent
1070 Cent 8ol( del siten al rneins avoieni;
De vaissele de or e de argenL
E as dames desberitees
Li termes vint de noi passages; ywn.r,.-te.
()ue de Sulie erent gelées,
1110 Qui se porvit proi Tud 0 sages. " '' *""
E as dames e es mcscliincs
Jusqu'à l'issue de quareme >
1075 E U reis de France Gusemenl
Fu a Meschines a sujor
Itedoiia a ses genz granuienl.
Ëth vos U)tc fost en leesce
mi Que il Tuseiit a Acre prendre juV'i»*" ""
Por l'onor e por la largesce
0 cela qui l'osèrent enpi-endre, "'^"•
E por la pais qui ert venue;
Que grani mesaises i aveieul '
wA-.ll.ii,..
idNo Elb vos In grant Teste tenue :
Trop greignors que il nesaveient :
^
iO&àlMit» — iiilglorea — loàoRiiia — injt'xlu
peiu — 1 oG& mIooc — t oGS w no», m — i»83 i omu
ï
— logi «ic — 1099 i manque — iioâ Corn — 1 10<
1
Stter*. — iiiiwlettbN — in5giiil-Mi8qiiU
31
L'ESTOIRE DE LA GUERRE
33
if f'rc«ii*-r pour
Ik Urr- M &>
^3'» fiuri iiîii>.
hiclitr'J T« à
M iRcrc fMf*ntin
t\ M rwBcéc B«-
*4rT*.
Mait i eurent peine e ahan
1 1 20 E travatlz en cel demi an.
E qaant tant eurent sejorné
Oue Deus ot lor eire atorné.
Si fud vérité sana faillance
Ke donc entra li reis de France
1 l'jTj Kri mer, il e sa compaignie.
Un poi devant Pasclie florie.
Li reLs Kicharz ne pot movoir.
Kar il n ot presl son estoveir.
Ses ijfalees ne ses uissiers
I i3o A porter ses coranz deslriers
E s armeure e sa vitailie
Por aler sorc la chenaiile :
Por ço li eovint demorer
E son eire mielz atomer.
m'a:» Le rei de France conveia
En g^ualeesy puis s'avoia
Litre le Far lot droit a Bise,
Dont novele li ert tramise
Que sa niere i esteit venue
1 1 'lo Qui amenoit al rei sa drue.
Ço esloit une sage pucele
E gentilz femme e preuz e bele.
Non pas fausc ne loscngerc ;
Si aveil a non Berengiere,
w'u) ]ji rei de Navaro ot a pere^
Qui Taveil baillé a la mère
Le rei Richard , qui s'en pena
Tant que jusque la li mena.
Puis fud el reine clamée ,
ii5o E li reislaveit mult amee:
Ucs que il esteit coens de Peitiers,
La coveita sis coveitiers.
Mener en fist dreit a Meschines
Sa mère, lui e ses meschines;
I I :):> A sa mère dist son plaisir
E ele a lui sanz rien taisir :
ii6
] ITO
La pucele retînt qu*ot cbiere,
E sa mère envoîa ariere
Sa terre gnarder qii*ot laissée,
1 iCo Que s'onors ne fust abaissîee;
E Tarcevesqne de Roem,
Gauter, qui mult est saives hoem.
Cil guarda o lui Engletere,
E i ot mult travail de goeire;
E si s'en torna lors d'îlocqoes
Gilebert de Wascoil oveqaes.
Cil qui Gisorz prendre laissa.
Onques puis li rois ne cessa;
Lors furent ses nés atomees
E chargées e aprestees
E ses galees ensemenL
Lors ni ot plus d^arestemenl :
En mer &st entrer le bamage
E s*amie. la preuz, la sage,
1 1;:* E sa sorur ovec s'amie,
E od els grant chevalerie
Fist en un grant dromont porter
Por Tune l'autre conforter.
Ses dromonz &st mètre devant
1 i8o E sigler vers soleil levant;
Mais les onekes ne se murent.
Qui movanze isneles furent.
Devant que li reis ot mangië :
T>ores murent del tut rengië
11 85 Cil de Testoire merveillnse.
Ço fud la semaine penose
Que de Meschines mut Testoire
Al sueurs Deo e a sa gloire.
Le mescredi de la semaine
1 190 Que Dens soflri travail e paine
Nus reconvenoit travaillier
E par peor e par veillier.
Si se pot Meschines vanter,
U Tem veit tantes nés hanter,
Fd.
à
I
«
1193 verte — tifl5 e il — 1198 ii manque — ii39 wp — 1167 li reis — ii/i€) ele — 11 55 A is m.
1 1 fi.T Ion u:anqw — 1 1 69 Loret — 1 1 7a l^rea — 1 1 8a iands
33
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
3&
?i»\igalion de
Uicbartl de Mos-
»ine il Chypre.
itmermrimm Ri-
mrii, Il , ixrii.
1195 Conques nul jor qu'il ajorna
Si riche estoirc n'en lorna.
L'estoirc ala lote rengiee
Vers la terre Deu laidcngec
Par mi le Far dreit al palacrc
laou De l'autre mer, al chemin d'Acre.
Les dromonz alames ateindre :
Lors veimes le vent remaindre ,
Si que li rois volt retorner.
La nuit nos covint sujorner,
1 jo5 Ou nos pesast ou nos fust bel,
Entre Kalabre e Mont Gibel.
Le jur del juesdi absolu
Cil qui nos ot le vent tolu
E qui puet tolir e doner
1 d 1 0 Le nos fist bien rabandoner,
E tote jor le nus presta;
Mais fiebles fud, si s'aresta
La riche estoire, l'enoree.
Le jur de la croiz auree
iai5 Nos rencontra uns venz contraires
As seneslres près de Viaires.
La mer parfonde se trobla ,
Li venz fu forz, qui la dobla.
Grant iert la plaie al reploiapt;
ijso Si n'alioms fors desvoiant.
Pour eûmes e mesaise ,
Bûche e cuer e teste malveisse;
Mais tut iço que nos suflfrimes
Mult volontiers le sustcnimes :
Fol. 10 a. isaS Bien le deumes sustenir
Por celui qui deigna venir
A icel jor a passion
E por nostre rédemption.
Forz fud li veuz qui nos cuita
ia3o De si qu'ai scir qu'il anuita :
Lors eûmes vent apaisië
E bien portant e aaisié.
Li reis Richarz fist grant proesce :
Toz jorz ol il cuer en visteco.
ia35 Par nuit aveit acostumë
Qu'en sa nef aveit alumé
Un grant cirge en une lanterne,
Qui multgetoit clere luseme;
Tote nuit ardoit totes veies
ia6o Por mustrer as autres les veies :
0 lui aveit bons mariners,
Preuz e seurs de lor mesters;
AI feu le roi tuit se traiouent
E bien près tut tens le veoient,
13^5 E se l'estoire aillors tendeit
E il franchement l'atendeit :
Ausi menoit l'estoire fiere
Com la gcline pociniere
Maine ses pocins en pasture;
ia5o Ço estoit proesce e nature.
La nuit siglames a bandon
E sanz tristur e senz gaudon.
El demain la vigilie haute
Nus remena Deus sanz défaite,
1355 La nuit tule ausi sanz sujor
De la grant Pasche e tut le jor,
Treis jorz erra tote esleissiee
L'estoire senz veille abaissiee ;
Devant siglot li reis meismes,
laGo Le mecresdi Crète veimes;
La lorna li reis d'Engletero
Eucoste Tille près de (erre;
Illoc jut e l'estoire ovequcs;
Mais vint e cinc de noz eneques
ia65 Icele nuit nos deperdirent.
Si que le rei tut iri^ firent,
E mult en fud il coreciez.
Al matin mut sigles drcsciec
Vers Rodes le joesdi après,
1370 Une autre isle de celé près.
Fol. 10 h.
Rirbard **i\o\t
Pile deCr^l*.
Arrivéeè RboiU.
1 1 98 deu tote I. — 1 aoo Dautre m. — 1 aoa Lores — i ao3 velt — 1 ao5 fist b. — 1 9 1 0 bien m<mqu9 — -
s ai 5 recontra — ia3i Loiret — laSa aisie — 1 935 costuiue -r* 1939 tote — ia65 Eneftoire — i953 vilgilie.
— 1955 tut
3
35
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
36
Diftrriplion de
Fol. 10 c.
nicliArJ ma-
lailp k Rhodc».
Granz fu li vent c haute loiide;
Si tost conie vole une arondc
S en va la nef le inast ploiant.
L'isie de Rodes costeiani
1175 Nus mena Deus {[rant aleure
Od mencilluse si|[leure,
Qu'il iert s^miklant i\\\\\ lui plaiseit
La voie que sa gent t'aiseil;
E errâmes, ço fud la voire,
isSo Mulltost de ci qua la nuil noire:
E el malin nos enbatisnies
En uns destreiz, si abati»mes
Nos très, si fumes hors de paine,
Sujornant jusque diemaine,
1385 E le matin fumes a Rodes,
La citié u fud nez Herodes.
Rodes fud une grunl citié
Anciene de antiquiti<',
Autresi grant près come Rome;
1-^90 A peine savreil hom la sonie,
Kar tant i ad maisons guastccs
E murs e turs agraventees,
E tanz moslers qui encor durent,
De la plente de gent qui hirent
1^95 Par tanz anz e par tanz aages
E par tanz divers seignorages,
Que nus hom ne poreit nomhrer.
Qu'il n'eust graut a descombricr.
Ne la grandor ne la noblesce
i3oo Qui est chaeitc par viellesce;
E neporquant illoc maneient
Gent qui vitaille nos vendeient;
E por ço que li reis esteit
Malades, e lui mesesteit,
i3o5 Nos covint a Rodes atendre.
Cil fist e enquere e aprendre
Ou ses nés esteient alees,
E si atendeit ses gualees
^}\\\ lui siveioni terre a tiTre;
i3io E si (Miquist 0 list em|uerro
Del tirant qui Ciprc teneit.
Qui les pèlerins releneit.
Dis jorz a Rodes sujornames.
E apri*s quant nos en tornames,
i3ir> Le premier jor de mai sanz dote
Fud quant Testoiie eissi en rote
De Rodes a veille levée,
Dreit al gofre de Sartalee,
Qui est un trop dotos trespas,
i3io ^*ad plus dotos en toz les pas :
De quatre mers est la bataille.
Dont chescone l'autre travaille.
El gofre devions entrer,
Quant uns venz nos vint encontrer
1835 Qui nos reuK^na la vesproe
I^ dont Testoire esleit eniree.
Li venz revint qui sovent change.
Si nos reGst plus curteis change,
Derieres vint, si nos bota
i33o Si tost que chescons le doia
Por le gofre ou nos estions ,
Dont mutes peors avions.
La nief le rei esteit première,
Qui toz jors en iert custumere.
i335 Li rois esguarde en haute mer,
Si i vit une boce errer
Qui de Sulie reveneil;
E il a cui al cuer teneit
S'i fist adrescier por euquere
i3/îo Noveles de la seinte terre;
E cil distrent que sanz dotance
I esteit ja li reis de France,
Qui devant Acre Tatendeit,
E qui chescon jur cntendeit
i3/j5 a feire engins por quei fust prise.
Li reis Richarz une autre emprise
Itiaermimm A-
/•ardi, n. If «m.
BidMnl (|«itl*
Rbod^s ( t*' nn
1191).
Tempête Uans
le golfe de Stl>-
Fol. 10 d.
Uîcbaitl ap-
preud i^arrÎTée
<lt Philippe i
Acre.
1 376 merucillus — 1 383 an — 1 98/1 dimainc — 1 386 li credes — 1 389 com — 1 398 encore — 1 39/1 qui i
— i3oo cliicle — i3o6 lepr$mier e manque — 1819 Le gofre qui est un d. — i33 3 T manque — i396 lestoir
csloire e. — i335 eaguarda — i33C i manque — i3'i6 un.
37
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
38
Richard arrive
h Chypre, où il
trouve M MBur et
M fiancée.
ItiÂtrmrmmBi'
eërHf II, xxn.
Enumëration
des malheurs
des chrétiens en
•Syrie.
Fui. il a.
Chypre est gou-
vernée par un
empereur, allié
de Saladin.
Aveit ja dedenz sa pensée.
Eht vos la nef oltre passe^,
E ii reis al vent estriva
i35o Tant que Dampnedeus Tariva
Devant Cypre près de la terre
Que Dampnedeus li fistconquere,
E trova sa sorur illoques
E sa gent e s'amie oveques.
i355 Oiez, sei{fnurs : tantes enjures
E tanles granz mésaventures,
Tanz destorbicrs, tantes ententes,
Tanz délais e tantes atentes.
Tantes paines, tanz desirers,
]8Go Tanz assauz e tanz encombriers
Ot celé terre de Sulie
Ainz qu'el peust aver aie !
Grant doel fud a oes de Tovraine
De Tcmpereur d'Alemaine
i365 Qui si i aloit hautement,
Qui morut si sodeement.
Grant enjure ot la seinte terre
En la mort le rei d'Engletere,^
Henri le bon qui tant saveit,
1870 E qui si grant aveir aveit,
Dont la terre fust sustenue
E la citié de Sur tenue.
Trop mesavint al seint reaime
En la mort le bon rei Guillame,
1875 Qui meinte foiz la succurut,
Si fud grant doel quant il munit.
Mult ot li règnes escheeites
D'ensi mescheanz mescheeites;
Mais rien ne Taveit tant gregiee,
i38o Destorbee ne delaiee
CiUm un ille près de Sulie :
Ço estoit Cipre la bien garnie,
Qui mult la solcit soslenir
E lors n'en osoit riens venir;
i385 Ke il i maneit un tirant
Qui mult aloit a mal tirant.
Plus traiter e plus félon
De Judas ou de Guenelon.
De Salahadin icrt privez ,
1890 E cristiens ot eschivez,
E si diseit Tem sanz dotance
Qu'il aveient por aliance
Li uns de l'autre sanc beu,
E si fud puis de veir seu.
1895 Issi se fist empereur,
Nel fist pas, mais empeireur:
Car sei meismes empeirot;
Onques qu'il peust ne finot
De mal faire e de porchacer
1/100 E des cristiens Deu chacier.
Hloc ot treis nés pecheiees
Del rei Richard, de ses maisnees.
Cil qui estorstrent del péril,
Qui crent tornd a essil,
i/iof) A icels fist lor armes rendre,
Puis les fist il trair e prendre,
Por ço qu'il lur asseura
La seurté ki poi durra,
Kar assaillir les fist aneire
i/iio Cil qui point ne fesoit a creire;
Mais cil si bien se défendirent
Que lor maltalenz lor vendirent
Od seul treis arcs que ii aveient,
Dont li Grifon mot ne savaient.
1/11 5 La ert Ilodiers de Herdecort,
Compainz le rei e de sa cort,
Ki sur une ywe recreue
I ot tost lor gent descreue;
E Guillames del Bois Normant,
i/iao Li bons archiers, aleit traiant.
Fol. 1 1 6.
Itinertuium Ri
cturéi. 11, XXI.
Noufrage il
aventure de Ra-
dier d^Haroourt
et de Guillaumr
du Bois • Nor-
mand.
]3/i8 nef ja 0. — i35o Dampoeus — i358 E lanz — i36o e manque — i36a ele — i363 tel ouerainc
— i365 i manque — 1875 siircurut — 1877 mesdieeites — 1879 gurgiee — i384 iores — 1898 Luns —
1896 empereur — 1899 de manque — 1 Aos des ses m. — 1/108 cslordirent — 1 hob arncs — 1606 il iiiiiji^im
— 1 608 seinte *- t A i o acrooirc — i /i 1 1 cil qui si — i& 1 8 quil — 1 /i 1 5 rodes
3.
39
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
iO
lliticrarium lii-
etitdi, Il , util.
Qui fereit devant e deriere,
Si ert plus cremuz que n'est periere . . .
Si que veiant cels s'en alerent,
Jusqu'as dromonz ki al port erent
l'iaT) Ou la reine estoit venue.
La ot grant bataille tenue;
Mais bien le firent li prison.
Quant li reis sot la mesprison,
Qui s'esteit al port arestez
u ««riir ft ij j ,^^Q u g^,g homes sot tempestez,
l:anr«e lie Ri- >
.iiarJ tniji m Vit Ic dromont de sa sorur
i„il,b. Qui Talendeit en grant freor.
Vit la rive tote coverte
De la gi*ezesche genl colverle,
i'i35 Peors Sarazins ne voltqucrrc :
Si se fist treire vers la terre
Foi. 1 1 c. Que li tiranz quida défendre,
Qui le preu rei n'osa a tendre.
Par un lundi la matinée
RidiHni «eut iV'io Aveit Deus ToTre destinée
Qu'il voleit que li rois feist^
E que les perilliez queist,
E que sa suror delivrast,
E que s'amie aillors menasl.
] Vj5 Chascone baeit la jornec
Que ele esteit iloc tornee,
Car Temporelles les eusl
Ambesdous prises s'il peusl.
Le port que li reis voleit prendre,
1600 Assez fud qui lui volt défendre;
Kar i'empereres i esteit,
Qui desor la rive s'esleit
Od tant de gent comm pot mander
Par aveir e par comander.
1/1 55 E li reis prist un messagier,
àSi le fist a tere nagier,
A l'empereur l'envoia
t •
uegocier avrc
i'empcieur de
Chypre.
E corteisemeni lui proia
Qu'il rendist l'aveir as prisons,
]/iGo E adresçast les mesprisoDS
Qu'il ot faites as pèlerins ,
Dont fist plorer meins orphenins.
Cil ot eschar del messagier
Si grant jusqu'à sei enragier,
1/105 Si ne pot pas aleinprer s'ire,
Ainz dist al messagier: 9 Tproupt, sire I « ^
N'onques plus bel ne volt respondre, mr.
Ainz comença d'eschar a grandre.
Cil mut ariere isnelement,
1/170 Si redist al rei bêlement ;
IjO rei oi le mot huntus.
Si dist a ses genz : cr Armez vusl^
E il si firent erraiment , Foi.
E si n'i mistrent pas grantment.
]/j75 Esbargetes de lor enekes
Les covint mètre armez illoques.
La entra des bons chevalers
E de hardizarbalestiers;
E cil ravoient arbalestes
1/180 E lor genz as rivages prestes,
E si aveient cinc galees
Qui esteient tôles armées;
Mais quant virent noz armearcs,
Pol furent puis lor genz seares.
i'j85 En la vile de Limeçon, nid
Ou mut Tassait e la tençon,
N'aveit remis buis ne fenestre
Ne riens que nuisance puise estre,
Tunel ne tone, escu ne large,
1/190 Ne viclz galee ne vielz barge.
Ne fust ne planche ne degrë,
Qu'il i aportoient de grë,
Qu'il n'adresçassent el rivage
Por faire as pèlerins damage; *
IJnr
I&99 q. niert periee -^ IÂ93 plusiew'» ten omii — ihah Jusquas port -^ l&3o set t. — i/k3S vell —
1&38 Que, pr. le r. — i&&5 haiet — 1&&6 Quele — i^&g iieit — i45o velt — t&5-j ter — i46t meint
— 1 466 Irop — 1 467 YcU — 1 476 En b. — 1 '178 arblatUert — 1 '179 arblastos — 1489 Tone ne lunel
kZ
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
kk
Car il orent tut cngurdi
E deboistië e esturdi
D'un mois qu'orent en mer esté
E sanz jesir toz jorz esté.
1575 Sanz plus de sejor qu'il eussent,
Que par raison aveir deussent,
' I monta li reis el demain ,
Ki la chose aveit prise en main.
Illooc en une olivereie,
i58o Assez pres dejoste une voie,
Fol. 1-2 c. Aveit de Grius od lur bancres
E od penuncels de manières;
E li reis les en fist chacier :
El chief se mist Telme d'acier,
i585 E les sivi gi'ant aleure.
La veissiez preuz gent seurel
Cil devant bien les enchacerent :
Cil fuirent e cil chacerent,
Tant que noz genz les granz ostz viren l ;
1690 Cil chacerent e cil fuirent,
E il donques si s'aresterent ;
Cist chacerent e cil huèrent,
E tel noise e tel cri i firent
(Ço contèrent cil qui Toirenl)
1 595 Que Tempereres de sa tente
Les oi , a la meie entente ,
De plus de mi liuue de terre.
liloc s'ert retraiz por la guerre ,
La aveit digne e dormi ,
1600 Mais forment furent estormi.
Lors monta e ses genz montèrent
E les montaignes sormonterent,
Por veer que lur gent fereient,
Que riens fors traire ne savoient:
i6o5 Toz jorz tomoent e huoent,
E noz genz ne se remuoent.
La vint al rei uns clers armez,
Huge de la Mare erl nomez,
1671 desgurdi — 1579 oliuerie — i586 se manque —
— 1 598 sest — 1 6o3 freient — 1606 remoucnl — 1C07
— iGflj c. hobe sor la loue — i638 e manque
Qui par conseil lui ala dire
1610 E lui dist : trAlez vos en, sire :
crll ont grant gent a desmesure. «
rr Sire clers, de vostre escripture,^»
Dist H reis, rvos entremetes,
(tE de la presse vos jetei;
1 G 1 5 <r Laissiez nos la chevalerie ,
«rPor Deu e por seinte Marie !u
E cil e autre lui disofent
Por la grant gent que il veoîent,
N'il n'erent pas plus de quarante
iGao Chevaliers, ou al plus cinquante,
Ovec le roi a icele hore;
E li preuz reis lor conit sore,
Qu'aine plus n'i ala ateodant :
Plus tosl c'une foudre fondant,
1G25 Joint com hoberels sor Taloue
(Qui la pointe veit, mult la loue),
S'i feri très parmi la presse
De la greszesche gent engresse ,
Si que toz les descunreia
iG3o A force, e tels les conreia
C'uns a autre ne se teneit,
Dementers que sa gent veneit;
E des que il crurent e il vîndrent.
Tant en oscistrent et retindrent,
iG35 Sanz cels qui fuirent a honte.
Que nuls ne soit des morz le conte;
Car cil qui avoient chevals
S'en fuirent e monz e vais,
E la gent de pië, la menue,
16/10 Fud tote morte ou retenue.
Foil fu li estorz e pesanz :
Tant veissiez chevals gisanz,
Haubers e espees e lances
E penoncels e conisances:
iGA5 Trebuchoent cheval e some.
L'emperere vit que si home
i586 genz e seure — i588 fuient — 1893 î mon^ice
V. a itii — 1618 quil — 16a a cort — 16a 4 fendant
45
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
/i6
Noz gcnz ne sofierreient mie,
E toz jorz cresoit nostre aie,
Si s'en fui a la montaine
] 65o E sa genl hermine e grifaine :
A plein lor leissouent la terre.
Quant Richarz, li rcis d'Engleterre ,
3 a. Aparçut que il s'en fuieient
E que lor gent lor guerpisoient,
]G55 Celui qui portoit la baniere
L'empereur en tel manière
Feri li reis qu*il gaigua
La baniere, c si comanda
Que ele fust muit bien guardee.
i6<)o Lors vit lor gent si reusec
E fuir s'en corne tempeste^
Sanglent meint cors e meinle teste,
E qu'il n'en feist mes nul sivre ,
Car nés peust pas aconsivre
iGG5 E que dous Hues iert durez
L'enchauz de noz Francs adurez.
Si s'en revint son petit pas,
^•icp iMais serjant ne fmouent pas ,
Ainçois pristrent de la vessele
1670 Tant, d'or et d'argent, riche e bêle,
Que li emperere ot laissiee
La ou sa tente fud fichée.
Son herneis e son lit demeine,
E dras de seie e dras en graine,
1675 E chevals e muls si chargiez
Come si ço fust uns marchiez,
Haubers e helmes e espeeç
Que li Grifon eurent getees,
Bues e vaches e pors e cbievres,
1680 Trop isneles e trop enrievres,
Motons e berbiz e aignels,
Iwes e polains gras e biaus.
Chapons e gelines e cos
E cras muiez chargiez les dos
^nr.
]685 De bones coites bien paipointes
E de robes bêles e coin tes,
E bons chevals qui plus valeient
Que li nostre qui las cstcient;
E si pristi^ent son drugcman ,
1G90 Que jo oi apeler Johan,
E tanz (irifons c tanz Hennins
Qu'il encombroient les chemins,
Tanz bons vins c tante vitaille
Que nuls n'en set conte ne taille;
1695 E li reis fist un ban crier
Que sauf venir e sauf aler
Peusscnt les genz de la terre,
Tut cil qui ne voleient guerre,
E cil qui la pais ne voloient
1700 Pais ne triuues de lui n'avreient.
Le samedi de la semaine
Que li Grifon orent tel paioe
Vint a Limeçon treis galees
Ki de Cipre esteient lornees,
1705 U li reis de Jérusalem
Esteit, ke mult csgarda l'em.
C'iert li reis Guis de Lizegnan
Qui ot tante peine e ahan
For la terre Deu sustenir
1710 Kc il l'en conveneit venir;
Car li reis de France voleit,
Dont li cuers del cors lui doleil,
A sa persone tant mesfaire
Qu'il voleit del marchis rei faire;
1715 E por ço guerpi Qt la lerve
E veneit al rei d'Engletere,
Qu'il l'en aidast a meintenir.
Li reis ama mult son venir
E si aia encontre aneire;
1720 E si poez saveir e creire
Qu'il le reçut 0 bon curage,
Car il ert de mult grant lignage
l'oL 1 3 6 .
Itinerarium Ri-
• rirc/i, ll,ixiJT.
Arritëc II Chy-
pre da roi Gai de
16A7 soffreieDt — i653 quil — i656 Lemperur en lele — 1667 ai qiiil — 1660 Lores — 1O71 leinperrur
— 1675 £ manque — 1676 Com — 1680 isnels — i685 6 b. c bones p. — 1693 Et. — 1700 aaereienl —
1 703 Vindrent — 1 706 ki — 1 71 0 Kil — 1713 cors de lui — 1 7 1 5 ol manque
47
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
«8
ivngiTi'.
E IiautemcDt enparcntez.
Qu'iloc estait ses parcniez.
Fol. i3 r. 1735 Si n*ert il mie aparissant
Que de petit fusent eissant.
Li rois lui fist joie plenere
E honor en meinte manière
E lui dona de son avoir
1730 (Si fist corteisie e savoir),
Que Tem preisa deus mile mars
(Ço ne fu mie dons cschars),
E vint copes de son trésor,
Si furent les deus de fin or.
itûvranymiti' i-jHo E Teudemain la matinée
:ioa^ ije iti- l*ud la damoisele esposee
ri,«ni cl a. ne. E corunee a Limeçon ,
La belc, od la clere façon,
La plus sage feme a devise
17^10 Que Tem trovast en nule guise.
Eth vos que li rets fud en glorie
E en joie de sa vittorie,
E de ço qu'il s'iert mariez
A celé cui il s'iert fiez.
hrnxétdnsa- f]fto Eth VOS SOS gualeos venues,
^iTt a roi. Q^^ y ^^^jj ^^j atendues :
Si bien armées e guarnics.
Ne veimes tels en noz vies;
Les cinc ovec acompaigniees,
1750 Qui illoc furent guaignees :
Od les autres de par les porz.
Dont il ot puis toz les desporz.
En ot armées bien quarante ,
Qui d'autres valoicnt cinquante;
1753 Dont puis prist la nef meneillose
Ou tant ot gent bataillerose
Qui furent a uit cent esmë,
Turc e Persant, non pas cresmd;
Sin fud li reis plus esbaudiz
17G0 Sor Grius e sor Hennins maudiz.
Lors fist son ost apariller
E ses guaites par nuit veiller
Por aler l'empereur qiiere
E prendre le en mi sa terre.
1765 Après celé descomfiture
U li Greu eurent tel iaidure
lert Temperere a Nicosie ,
E il e sa grant conpainie.
Irriez, dolenz e esperduz
1770 De ses homes qu'il ot perduz,
E qu'il aveit este chaciez :
De ço n'estoit pas solaciez;
Mais trop hiert haiz en sa terre ,
Si cremoit le rei d'Engletere,
1770 E lors lui manda pariement
Por faire lui adrescement ,
E lui manda qu'a lui vendreit
E que Haute li tendreit
E menreit en sa compaignie
1780 Cinc cenz homes jusqu^en Sulic,
Tôt a cheval al Deu servise ,
E fereit tut a sa devise;
E si fud en la covenance.
Que li reis ne fusten dotance,
1785 Ses chastels a baillier en guages
E toz ses riches héritages,
E por les pertes de sa gent
Trei mile cinc cent mars d'ai^nt,
E s'il le servist adeceries
1790 Si reust sa terre en désertes.
Li reis graa le parlement
E l'empereres ensement.
Le parlement aterminerent
D*ambes parz e aine ne finerent;
1795 Si fud en une figueroie
Entre la marine e la voie
Fol
h
4c
Fol
173'! Qui c iioc csteit aparentez — 17^5 Co erenl li mieks — 1763 A celé quil sert — S74& E de co qui!
— 1746 Quil — 1768 vit lem — 1761 Lores — 1768 lempenir — 1766 icele — 1767 lanpereres —
1768 (jurant manque — 1769 I. éd. — 1776 lorea — 1779 menereit — 178a frdt — 1790 ses terres —
1790 n|;iiroic
&9
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
50
Bichaixl con-
sulte tes compa-
gnon».
L'empereur de
Chypre et le roi
Richard font la
paix.
¥oL ih h.
ItUmwmmJU'
i. 11, iiiTiii.
De Limeçon, si com me semble,
E les sucs iloc ensemble,
E furent les choses retraites
1800 Assez mielz que ne furent faites.
Li reis apela ses maisnees
E de ses genz plus enraisnees;
Lors dist a cels qui 0 li erent,
Qui tele pais mull désirèrent :
i8o5 rrScignors, vos estes ma main désire:
ïf Veez si ceste pais puet estre;
fr Gardez que vostre benors i gise
ff E que ja de rien n'i desfise;
T Car s'el vos plaist el sera faite,
1810 (tU remise s'el vos deshaite.?)
{rSire,'î distrenl, trele nos grée,
^ E tel pais nos est honorée, y*
Arieres sunt tost revenu
E furent a la pais tenu ,
i8i5 E Tempereres eralment
Jura al rei le sairement
E Ten asseura illoques
E Ten baisa a fei oveques;
E li reis s'en revint a Tost
i8ao Qui près esteit, si i fud tost.
Lors comanda sanz plus atentes
Que l'em charjast treis riches tentes,
Qu il prist od la desconfiture
Des Grifons de maie nature
1895 (L'empereur furent demaine
E si esteient de fustaine),
E riche vaissele a plentë;
Si Tenveia par grant chierlë
A Tempereur, qui fist prendre
i8do La veisseie, e les tentes rendre
En icele place meismes
Del parlement dont nos deimes.
En celé meimes vespree
Que celé pais fud atempreè
i835 Aveit ovec l'empereur
Un chevalier encuseur :
Païen de Chaiphas ot non;
Faus iert e fel plus d'un gaignon.
Cil fist l'empereur entendre
18/10 Que li reis le volt faire prendre;
Mais mençonge li fist acroire.
E li empereres aneire
Munta en un cheval isnel
Que il apelouent Fauvel.
i8/i5 Sor Fauvel s'en torna fuiant
Cum se il s'alast deduiant,
E leissa i bernes e tentes.
Si com hom qui pert ses ententes,
E deus destriers ignels e forz,
i85o E il érrot a grant efibrz.
Li rois sot qu'il en iert fuiz.
Si ne volt pas qu'il fust siviz.
Car ne voleit la triuue enfraindre.
Ni chevals n'i peust ataindre.
i855 Mais quant il vit de lui la fuite,
Nel volt pas del tôt clamer quite ,
Sil cercha par mer e par terre
E mult s'entremist de lui querre.
Ses gualees par nuit s'esmurent :
1860 Par tens a Fomagoce furent;
Il meismes s'i ala mètre,
Car mult 8*ea voleit entremetre.
AI rei de Jérusalem dist
Que par terre le conduisist,
]8G5 E qu'il sivist Tempereur,
Son parjure, son traitor,
Saveir si ja meis fnat veuB.
Li reis Guis s'est lors esmeuz;
A Fomagoce la citié
1870 Vint en treis jon por vérité,
L'empereur ,
conaetll^ par
Paien de Caï*
pbai , i*enfttit ii
Ftmagoufte.
Richard «a pai
luer à Famn-
gooale et y en-
voie par terre le
roi Gai.
Fol. 1& C.
1797 corne — 1809 sele, ele — 1810 sde — 181s iele — 1817 E le a. — 1890 i «mm^— 1891 Loret
— 1 8«à De grifon — i8s5 Lemperur — 1 807 v. e a — 18S9 lempcrur qui! feiât — 1 833 icele — 1839 !em-
peror — i84o ueit, pendre — i8/ia lempereres — iHhh Qail — 18A6 til — 18S9 oeil — i856 Si nel uell
— 1869 parla nuit — 18G0 E par— i8()t i nuiiifiM — 1869 te y. — tM8 lores
A
51
L*ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
53
Donl ks gna sVa ereot alecs.
La vint ii reîs o «es gualees;
A ses gualees fisi guaiter
Tox les pon e eschelgaiUer«
i$75 Que cil aler ne sVn peust
Par mer qu*enconlre ni eu:>t;
E furent par treis jon itloques
Puis qu'il |iarlireol des enekes.
LVèfw .àf llloc en eeie demorance
p^wi 4» ]ii^« tSSo Yindreot dou mcsssagier de France,
DnHie de Meslo« ço me semble «
LVvesque de Bîavex ensemble*
Qui TeneienI basier le rei
E le bastooenl a desn^i
iSS5 Dealer a Acn» isneiemeol;
Car U reîs de France allnnuent
Va^saudrat ja en nui endreit
Devant çi> que U i \eudreil.
Mult Tangutâserent e hasterent,
iS^o E en hastant le ramponerent.
Tant que H reê se coreça
E les sumb anoat dre$ça,
E î ol lek paroles dites
Qui ne deÀveot pas esire eseriles;.
t>^ Mais cil por nient le basiouent.
Les paroles en lain guastouent «
llar Ii IV» s'esleit mult haslei^
E si a^eit ks Grins tdkrtei
Q«e se betmgoasi a S«lie«
;4N Por deoù Taveirde iW$sie«
Q«e Cyp«e ne fiul sa sojette«
Isie qui tant «iaMie jeile.
Vil ne la de^fiMHt p» sanx prt>e
La&iiier de^«nt qpi^îl Teii»! prèe.
Por ço càl basier le veneteat «
Qui en jranl estai Tea teaeteaL
\nom nHil donc • s'fWl banie
\ aler dretl ^ers Nîctx»e.
I^t:t W MlWfg t^t^ «HBièMOmt — 19:17 LdCf» — t^«5 ft «fat ftt
M. \'i •/.
•>^
X^kiUH
;«l
La porta chescon sa vitaille
1910 E lot son conrei de bataille;
Kar lempereres le guaitol ,
Qui près d'iloc se recetot.
Li reis fesoit la guarde riere
Qu'il n'i perdissent par deriere,
191 j E rem|>ereres soudemeut
Sailli de son enbuchemeut»
E bien set cent de sa maisnee.
Qui coardise avoit feisnee :
A lavant garde alerent traira «
1910 E il les leisserent atraire.
Lemperere vint costeiaut,
Com Turcoples en berdeiant ,
Tant qu'il vint a la riere garde.
Dont li rois Ricbarz esteit guarde,
19^3 E cil traist a lui dous saietes
Entuchiees en desbeites.
Lors poinst li reîs, si desrenga.
E |[H>r un poi ne se venga
De Temperenr sanx buntez;
t«>3o Mais il ert en Fauvel montei,
ki le porlol de tel randon
Cume cerf qui cort a bandon
Dreit a son cbasiel a Candaire,
Toi pleins de doel e de contraire.
193^ Li rets toma vers Nicosie,
Quant il fit que nel preadietl nue:
Mais niH gcni eurent gaaignié
De bons cbevals, e mabaignic
Des Grifetts e pris a plenlé^
i^U Qui trop aveient Toul teolê.
Après le roi lindrent la role«
Si n'orenl puis gvarde ne dote.
A Nicoi^ie al matin ^riadre»!;
Onques U boi^pn» ne w tiadroit :
t a'ô De totes pan al ra veneicnt
E a drett se^nor le teoetenl.
1.A
55
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
56
Fol. 1 5 ^.
LVopcrrar
«wuliaplorerla
Fol. 1 6 a.
ttMermrmm ffs-
cmii. II, lu.
Qu*il ama plus que rien WvaDt,
Iço Fala malt aviVant
90^5 De fere pais a tel mescbief
Com il poreit Tenir a cbief.
Mescbief Tu ço trop maleeit
De itels chastels com il aveil
E de si faite manantise,
so3o Qu'il leissa par recreantise;
Mais ço Taveit mort e pleisië
Que tuit li soen Torent laissié.
Faire Testut : plus n*atendi.
De Cbandaire jus descendis
9o35 Si sala al rei Richart rendre.
Dont ne se quidot pas défendre,
E li manda aiuz qu'il venisi
Que pitië de lui li preist,
E quen sa merci tut rendroit,
90^0 Si que riens ne lui remandreit.
Terre ne chastel ne maison ,
Mais por s'onur e por raison
Seul tant d'espairgne lui feist
Qu'en fers n'en liens nel meist :
90^5 Ne il nel fist, por cri de gent,
Ainz le mist en boies d'argent.
Devant le rei humiliant
Vint a genoilz merci criant,
E li reis vit que ço ert a certes,
9o5o E vit ses mescbiefs e ses pertes
E que Deus voleit cel affaire,
E cil qui nel poeit plus faire;
Lors Yolt celé of raigne achever.
Si fist l'empereur lever
9o55 E dejoste lui aseeir,
Si li fist sa fille veeir.
Quant il la vit, si fud plus liez
Que s'il tenist Deu par les piez;
Cent foiz la baisa en plorant.
9o6o Que ireie jo plus demuraut?
En quinze jorz, que jo ne mente.
Puis que Deus i ot mis s'entente,
()t il Cipre sue quitee
Si qu'el fud de Frans habitée.
9of)5 Quant li rois ot Cypre en demaine
Pris a oes Deu, a bone estraine.
Les cbastels e les fermetez
Dont il ot les G ri us ors getez.
Les tors trova totes guamies
9070 De trésors e de mananties.
De poz d'argent e de chalderes
E de cuves granz e plenieres.
De copes d'or e d'escueles,
D'esperons, de frains e de seles,
9070 De riches pieres precioses
Contre enfermel^ verluuses.
De dras d'escharlele e de seio
(Ne vei tels en liu ou jo seie),
E de totes autres richesces
9080 Qui apartienenta hautesces:
Ço conquist le rei d'Engleterc
A ues Deu, de mètre en sa terre.
A Lime^n l'ost envoia
E a ses compaignons proia
9 08 3 De son navire e d'els haster,
Sanz nu le rien de tens guaster,
E fist guarder l'empereur
Al rei Guion le poigneur;
E sa fille, qui mult ert bêle
9090 E tosette jofne pucele,
Fist enveier a la reine
Por enseigner e por doctrine.
E donc s'en toma l'ost atant
Tôt dreit a l'estorie bâtant,
9095 Si s'atomerent e chargèrent
E quant qu'il porent s'avancèrent :
Es enekes se recoillirent,
E siglerent quant lor tens virent ,
Itîebanl,
ipni^ «le rn*.
HickarJ (ail
fairr à Likm»
«lêpaii.
rmrS, II, x\m.
Fol. I 6 b.
9095 fare — 9097 maleit — 9o3o creantise — 9oâ3 cspaugne — 9o4o Nil — 9069 vil moit^ —
9o5i E manque — 9o53 Lares aelt c. oaeraigne — 9069 d. mist — 9079 cunez — 9078 v. nah tels en nuliii
oti — 9087 iempenir — 9099 E por — 9097 se tnoii^
57
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
38
Ricbanl quitte
Chypre.
Fol. 16 C.
E les reines en menèrent
sioo E les dromonz que iiloc errent;
E li reis leissa en la terre
Tels genz qui saveient de guerre ,
Cels qui enveierent vi tailles.
Orges, formenz, mutons, almaillcs,
sio5 Dont la terre esteit bien garnie,
Ki granz lius tindrent en Sulie.
Eth vos noveles aportecs
Par mer al rei e recontees.
Que la citié d'Acre ert emprise
ai 10 A prendre, e qu'elesereit prise
Ançois qu'il i peust venir.
frJa ne doie ice avenir, 'j
Dist il, (rque nul la peusse prendre
Sanz moi! 7) Lors ne volt plus atendre
ai i5 Fors tant que compaignon venissent
Qui compaignie lui feissent.
Fors ne sai quanz s'en entremistrent.
A Fomagoce entra en mer
aiao E fist ses gualees armer;
Si s'en entra en une beie.
Merveilles grant, fort e isnele.
De guallees si meneilluses
E de genz si bateilleruses
aia5 N'ad suz ciel ne port ne entrée
Que mult n'en fust espocntee.
Eth vos les gualees meues,
Que totes erent esleues ,
Le rei devant, ço iert sa custumc,
ai3o Sain e legier com une plume;
Si tost come correit uns cerfs
Traversa la mer en travers.
Lores vit Margat, la costiere
De la terre Deu dreiturere ,
31 35 E après Margat vitTortuse
Qui resiet sor mer turmentuse,
E Tripe e Infré e Botron
Trespassa tut eu un randon ,
E après si vit Gibelet
at/îo E la tur sus el chastelet.
Devant Saete, enturBarut,
Une nef al rei aparut,
Plaine des genz Salahadin :
Chargie fud par Saffadin,
2i^i5 Qui l'ot des meillors Turs garnie
Qu'il pot trover en paenie.
En Acre ne porent torner.
Si n'orent fait fors relorner
Tant que il venissent en aise;
ai5o Mais lor entente fud malvaise.
Li rois Gst sachier e empaindre
[Sa galee pur eus ateindre];
La nef vit quant il Tôt atainte
Grant et large e de haute ateinte :
ai 55 De freis hauz mastz esteit mastee.
Ne scmbloit pas ovre hastee.
De vert feutre Forent coverle
De l'une part la gent culverte;
L'aulre coslé rorent covert
a 160 D'un feutre jaune li colvert.
La nef virent si acesmee
Com si ço fust ovre de fee,
E si plaine de guamesture
Que n'en iert nombre ne mesure;
ai 65 Si reconta cil quil saveit,
Ki a Barut este aveit
Quant celé nef i fud chargée
Qui a honte fud deschargee.
Qu'il vit porter cent chamelees
9170 De bones armes afilees.
Prise d*un ua-
\îre lorc qui al-
loit aa scroow
«fAcre.
Fol. I Or/.
a 1 o3 Cil — 9107 Ethe — 911/1 lores ne veit — a 1 1 5 qae si c. — 9117 matiq^ un vtn — 9 1 1 8 en manque
— 9196 gent si combaieilleruses — 91 95 nentrcc — 9197 espontee — aiaS e. bien c. — 9i3i com coreil
— '9i33 Lors — 91 35 a. vil m. — 9187 E manque — ^ihh saiïaadin — 9169 quil — 9i5i «taindro —
91 59 ver$ i^'ùuté par une main pluê récente — 91 58 laulre — 9159-60 iniervertii — 9160 Dun oncre —
9169 Come — 9 1 67 n. qui f. — 9 1 70 a. bien a.
59
L*ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
60
Arcs, pilez, quarels, arbalesles
A torz, rueles, a main prestes,
E uit cenz Turcs toz esleuz
Que diable eurent esmeuz,
Q175 E grani guamesture e vitaille
Qu*il n en estuet conte ne taille,
E de feu grezeis en violes,
Tant qu'il en erent granz paroles;
E si erent en la nef mises
3t8o Dous cenz serpenz laides e grises
(Ce conte Testoire e la letre
E cil quis i aida a mètre),
Qu'il deurent leissicr en Tost currc
A la nostre gent faire encurre.
91 85 La gualee les aproça,
Si que près ne les atocba;
Li galiot les saluèrent.
Qui ne saveientqui il erent,
E demandèrent dont venoient
3190 E de quel seignur il tenoient.
Cil eurent latimer franceis,
Si distrent qu'il erent Engleis
E voleient aler a Sur.
Atant lor vint un vent d'Arsur
2195 Quis esloigna delà gualee;
Uns galioz ot acertee
Fol. 17 a. La nef et cels qui enz estoient
Que volenlers d'eb partiroient.
Cil dist al roi : crSire, entendez,
9 300 trSi me desfaites ou pendez
fr Se cele nef n'est nef des Turs. d
Li reis dist : «r Es tu en seurs?^
(tOil, sire, seurement.
trEnvoez i delivrement
99o5 tr Apres els une autre gualee,
(tE si ne seit pas saluée
(rLor genz, si verez qu'il feront
«E de quel créance il seront. ^
9171 arbelasiet — 2179 A toi cnieles — 9173 toz
9188 qui! — 919a uient — 9195 Qui les — 9197 laeni
— 9908 qnelc — 991 3 arblastes — 9996 Nil— 9996
Li reis comanda : cil alerent
9910 A cels, mais pas nés saluèrent,
E cil comencerent a traire,
Qui n aveient a cels que faire ,
D'arcs de Damas e d'arbalestes.
Li reîa fud près e ses geni prestes,
991 5 Qui durement les assaillirent
Quant a noi genz traire les virent;
E cil trop bien se defendoient,
Descordoient e destendoient
Plus menu que ne vole gresle.
3 390 D'ambes parz eurent pelle mesle;
La nef errot de poi de vent
E il l'ateignouent sovent.
Mais n'i osouent pas munter
Ne il nés porent surmonter.
9395 Li rois jura illoc endreit
Son sairement que il pendreit
Les galioz s'il se laschoient
Ne se li Turc lor eschapoient :
Cil saillirent come tempeste,
933o Si se plungierent cors e teste.
Par de soz la nef trespasserent
E repairerent e râlèrent :
As governels liierent cordes
De la nef as genz vils e ordes,
9935 Por els destorber e plaisier
E por la nef plus abaissier.
Tant rampèrent e s'avancèrent
Que dedenz la nef se lancèrent.
Cil les corurent detrenchier,
99&0 Qui ne furent pas esclenchier:
En la nef a force montèrent
Cil qui de tel chose sage erent,
E il trenchouent pies e poini,
E les grevouent en toi poins.
9365 Li galiot les
De si qu'ai port les enchacierent;
mon^iif — 9i83 detuseot — 9t8à A la g. deu f. —
•— 9901 Se et n' iiupi^tMtil — 9909 est — 9^07 fipOBt
quil prendreil — 9999 coin — 99^5 les endiacorsat
FoLi
^H
RI L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. 62
^^^H
E cil duremeal recovrerent.
aaSÔ A Sulabadin le mandèrent,
^^^^1
Qui de le mort se redolerent :
Kar kié e dolent en erenl.
^^H
E monlouent par establies,
sïûo Si corn elserent establies,
Treis feii tira sa barbe d'ire;
^^^^^H
Noveles goDi mult bien armées
Lors dist que persone espei-duc :
^^^^H
D'armeures trop acesmees :
aîflo >rDeus! 01-e ai ge Acre perdue
^^^^^^1
D'aiiibes dous paiz se combatoîenl
tE mes geni, dont jo ère asseur.
^^^^^^1
Si qu'en la ner s' en Ira ba loi en U
■rTrop m'avez doiië mai eurl'n
^^^^^1
aiGT) Li Saraziu laot s'esforciereut
Eu l'ost des paens tel doel Krent,
^^^^^1
Que Jes galtoi eucliaciereiiL
Ço contèrent cil qui ço virent.
^^^^^M
Li galiotsei-ecoillii-ent
aay'. Que li Turc lor Iresces trcnchoueni
j^^^^^H
Es gaiees, si rasaillirciil ;
E lor vestemenz docirouenl
^^^^^H
Ë li rcis lor disl qu'il Imrtasseat
Por ço qu'en la nef iert perie
^^^^^H
siGo La nef lanl 4]ue il l'en fond ras eu t.
Lor amor e lor seignorie.
^^^^^H
, Cil s'ealeisaerent, si hurlèrent
Quant li reis ol la fort nef prise
Tant qu'on plusoi-s lins l'enfondrerent :
33oo E a force la geut conquise.
Par l'esfondre M afondee.
A Acre esteit sis desiriers,
Elli vos la bataille lînee,
Si s'i traioit mult volenlers.
^^^^M
saCâ E Sarazins o défaillir
Ses galies tote» rengees
^^^^^Ê
E dis e dis en mer saiilii'.
Qui de la nef serent vengées.
^^^^H
Kol. 17 e. Cliescons se penoit del tuer.
i3a5 Si com il erroït e s'cstoire
^^^^^^H
La ïeissiez fiers copa ruer
Li tramist Deus un veut de boire;
^^^^^H
Que li reis Richarï i mot.
Il haitiez e sa ^nt liaîtie
^^^^^1
9J70 E les ociet e tuol.
Jut devant Sor cela nuitie;
^^^^H
E en retint, ço m'est avis,
Al matin vit Caudalion
^^^^^1
Trente e cinc qu'il fisl guarder vis.
i3io Le preuz reis, le quor de lion.
^^^^^1
Admiralï e engineors
E trespassa Casel luiLert.
^^^^^M
Qui saveienl d'engins plusors.
Lors si vit Acre a dfseovcrl.
^^^^^M
3175 E li autre Turent nei^.
E la flur de la gent del monde
^^^^^^1
Turc e Persant e rcneië.
Seoir entur a la reonde.
^^^^^1
Se Tusl en Acre la nef mise,
i3i5 E vit les puiï e les moulainea
^^^^^1
Ja meis ne fusl la citié prise,
E les valees e les plaiues
l^^^^^M
Tant eust porté de défense;
Covertes de très e de tentes
^^^^^M
niHo Mais ço fist Deus qui des suens pense,
E de f>euz qui a lor ententes
^^^^^M
E li bons forx reis d'Eogletcre
r.revoient la cristienlé,
^^^^^1
Qui ert avealurus de guère.
a3ïo E si erent trop grant pienté;
^^^^^1
Li Sarazin de la montaigne
Vit les lentes Salabadin,
^^1
Eurent veue cete ovraigne :
E les son frère Snphadîn,
^H
aiâo elcs êtes e. — 3353 dont uonf m — itGo qu
9 Lor« — «3o8 iode — ii3it Lores — «3.3 (M,
^^^M
ouenigrie — si,85 «Udin — 1187 Hlailii» — tt
del — a3i7C Jwlurae
3
63
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
6i
Fol. 180.
UiHerarium Hi-
eurdi, III , 11.
Magnifique ré-
repUon faite à
nirhard.
Si près de nostre ost cristiane
Que trop Tempressoit la paainc;
33a5 E Quahadin d'autre partie,
Li seneschals de paianie,
Gardoit la marine e la terre
E près de Tost fesoit grant guerre,
Sovent lor feseit granz assalz,
93;{o E trop volenters granz enchalz.
Li rois esguarda e servit
E toz jorz porvit e porvit;
E quant il vint près dcl rivage,
La veissiez tôt le barnagc
:>335 De lost après le rei de France
Venir encontre od desirance,
E mult ert gent encontre alee.
A terre eissi de sa gualee;
La*oissiez trompes tromper
a3&o Encontre Richartle nonper.
Tôt li poeples comunement
Fud liez de son avènement;
Mais li Turc qui dedenz Acre erent
De son venir s'espoenterent,
23 A5 E de ço qu'ot tantes gualees,
Car lors sorent qu*erent alees
Lor entrées e lor eissues,
Por quoi mult genz erent perdues.
Li dou rei s'entrecomvoierent
a35o E toz jorz s'entrecosteierent.
Le rei Richart vint a ses tentes,
E mist grant paine e granz ententes
Coment Acre sereit comquise
E com el sereit plus tost prise.
9355 Granz fu la joie e la noiz clere,
N'onques ne cuit que Olz de mère
Veist si grant e dire Tost
Come Tom fist del rei en Tost.
Sonerent timbres e busines ,
ti36o Corns e estives e troines ;
La veissiez joie pleniere
De gent de diverse manière,
E biaus soneiz dire e chançons,
E vins porter a eschançons
a365 E bêles copes par les rues
E as granz genz e as menues;
Car ç'avoit Tost en joie mise
Que li reis aveit Cypre prise ,
Dont tant vitaille lor venoît
3370 Que tote Tost s'en suslenoit.
Tôt estoient en bon espeir.
Ço fud un samedi al seir;
Si ne cuid qu'onques veissiez
En nul liu ou vos allissiez
9375 Tanz cirges ne tel luminaire.
Si que as Turcs de Tost cuntraire
Estoit avis que la valee
lert tôle de feu enbrasee;
E quant il sorent la venue
938o Del rei dont la feste iert tenue.
Par semblant lores s'esbaudirent :
Al matin tôt le val emplirent
E traioient e herdeioient
Sor le fosse e hobeloient,
2385 E fesoient a Tost grant presse
La felenesse gent engresse.
Or larrons cest point ci a sivre,
(Car bien le m'ora aconsivre
Qui entor moi tant sojorra,
9390 Quant la matire s'i dorra).
Des deus reis e de lor venue
Dont tante parole ai tenue,
Que jo ai a Acre amenez.
Ore oiez, e si retenez,
9395 Que jo Yoil ici mon fil rompre
E celé matire entrerompre;
Mais il sera bien renoez
Ë rathachiez e raloez:
Fd.
deB
9893 Si qae pr. — 9899 grant —
9359 grant manqué -^ 935^ ele •—
9396 E i^nz In ID. co eniprompre
- 933o gr. e chalz — 93d& sesponterent — 9366 lores, que e.
9358 Com — 9385 ai los t— 9887 ci mtmque — 9896 0. si o.
■
B^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^W^^ï^^^^^^^^^^
^H
65 L'ESTOIRE DE T,A GUERRE SAINTE. 66
^^^^H
Fol
i8 c. Car ii reî vindreDt deicraîn
Que l'aventure issi curut.
^^^^1
a'ioo Al siège, nuu pas preineroiti.
Si vell AuHROisKs foire entendre
Guid de Luizeinan golosa
La runtesse, si i'esposa.
^^1
E saveir a cela qui aprendre
L'emfes fud reis, mais nel fu gaires.
i^^^^^l
Levoldront, par com faite enprise
ihH» Car isei fait Deus ses afaires.
^^^^^1
La citié de Acre fod assise;
Quant de l'enfant fut mescheait,
^^^^^1
a'n)5 Kar il n'en aveil rien veu
EhL vos le rialme escbaieît
^^^^^^1
Fors tant coine il en a leu.
A la dame, ço fud raison.
^^^^^1
Or ai orez quels genz l'asislrent
E par raisonnble acliaison
^^^^H
E (]uei hardemeni il eupristrenl.
l'jfij Se fud li reis Guiscoronez,
^^M
Vos m'oistes conter o dire.
Dont puis fu meinl grant cop douez.
^H
>!;o Encore Tait bien a redire,
Entre le fans conte Baenioot
L. 0.01» R..- ^^1
El coineDcement de l'esloire,
E Salahadin dont jo cont
miHid de Tnpolt ^^M
08 a alcon vient a memoiref
Ot longement une alîance
~^M
Le grant damage e la grant pertt3
Qui en Sulie avintaperle :
ifiir. Çu fud el tens le rei Guiun
ïùSo Dont en Sulie ot grant parlance.
Icil Baemont quida aveir
Le riaume par son avoir.
^M
Qui tantôt persecucion;
Por ço qu'il ert de Tripe cuens.
^^^^K
Mais tûtes genz ne Mirent mie
Mais, merci Deu, ne fud pa.s suens.
^^^^^^M
Com ii fud traii par euvie.
3655 Quant li reis Guis se corona.
^^^^^M
Comm
m Gai Ultre mer ot un rei nurrl.
AcuiUeuscelehonordona,
^^^^^M
ï^l'^Tjirt ''''^o Ki Ot non le rei Amaurj :
Toz ses barons comunemeni
^^^^^M
«w.
De lui eissi undamiscis.
Manda a son coronemenl.
^^^^^M
Li reis Baudoins Ii meseis.
Li cuens de Tripe i fud mandez;
^^^^^M
Baudoins vesqui sou termine
»'i6o Mais por nient le demandez
^^^^^M
Tantquii fud mandé a vermine.
S'il ol eschar de! mandement
^^^^^H
a'iaû Cil ot dous sorurs damoiseles.
E s'il respondi laidement.
^H
Sages Ternes e preui e bêles;
L'une fud femme a un baron
Li messager s'en retorna,
E li cuens son eire alorna,
^
Ki ot nun Raimfroiz de) Thonm;
5S65 S'ala a Salahadin plaindre
L'autre ot a moiller esposee
a^3o Li quens Guillames Longe Espee,
KVn sa terre ne pot remaindre
Por le rei Cuiol quil haiet
Fol. .y».
Sire de Jafphe ou la mer bat,
A qui li règnes escheiet.
Frère al marchis de Montferrat.
TanI li disi e tant lui menti
Fol
18 rf. La dame ot de lui un madie eir
î(i7r) Que creslientiez s'en senti...
Qui rot nun Baudoin pur voir.
Eissi com il Taveit a chier
a&35 L'emfes vesqui, li cuena murut,
Que il l'en aidast a vengier.
aaygdersin — aSo6c.joen«U.— sio7 Ora— i4n U prtmier a niangut ~ iSiSlegr. — a'iiù Quen
— 3&3ij fu manfiM _ «4A/i reisnable — lAlfi gnot tnanqtu — 1&S8 wri lmn* m frinc, TfUAIi par mn/fcfwr»
— ïi6a ail lui r. — sftIjS le règne — s'i7»» oprh et ren il doit «n «iDiifMr émix — •471 ■ nonfiu —
^h^t Quil
6
67
L*ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
68
Seignor, a icele assemblée
Fud la traisoDs poq>arlee
a&75 Dont la seinte croii fud perdue
E cristienté esperdue.
Li cueus refud mandez a curt
E mult Ten teneit Ten ja curt,
E il n'i Yoleit pas venir
a/j8o Ne del rei Guion riens tenir.
Le rei le manda tierce foiz
E dist qu'il lui rcndroit ses dreiz,
E il i vint a mal eur,
Car il esteit ja asseur
a685 De mètre la terre en grant paine,
E par lui vint la malc estraine;
Mais puis en morut il a honte
Issi com Testorie reconte.
Assez avez oi conter
9/190 Par maintes feiz e reconter
Gai, après la Que quant cil Guis fud novals reis ,
dédite dct Ton* r\ ^'i J . *
piierf par Sala- ^^" " ^® sejoma pas dous meis,
din, tepr^rck \[^^ ggj somoudre par la terre
De Sulie les genz e quere
9/195 Ke il le venissentsucorre;
Car Salaliadins feseit curre
Ses genz a plain par la contrée,
E qu en la terre ierl Tost entrée
E aveit sa gent descomGte,
9 5oo Cent chevaliers toz a eslite,
Foi. tgb. E Jaquelin de Mailli mort,
Dont le Temple ot grant desconfort;
E d'icele descomfiture
Comença la mésaventure
95o5 Dont la seinte cristientez
Fud puis tanz jorz en orphentez.
E lors manda li coens de Tripe ,
A qui toz jorz pendeit la lipe,
Al rei Guion qu a lui vendreit
95io E q'en sa aie se rendreit,
la goerrr.
E vint a lui c sacorda;
Mais li poeples puis recorda
Que ço fud faus acordcment.
Qu'il le trahi sodecment
95i5 En la granlbataille ou il furent,
Ou tantes bones genz munirent:
E bien [)ot estre qu'il le fist,
E bien pot estre que no Ost,
Mais li plus tesmonient sanz faille
3590 Qu'il le trahi en la bataille,
E si ço fist il deust fundre.
Salahadins ot feit somondre
Ses genz de toz ses nuef reaumes
A arcs, a haubers e a hialmes,
a535 E il vindrent od granz efl'orz,
Que n'i remist fîebles ne forz.
Mult i ot admiralz nomez
E nobles homes renomez,
Guarniz a lor terre leissier
s53o Por crestienté abaissier.
Li reis Guis e li crislien
E avec lui Veneizien,
La haute gent e la menue
Esteit en sa force venue,
9 535 L'une des ostx a Saforie
E l'autre al port de Thabarie.
I^ nostre, qui huer i ala,
A Thabarie s'avala,
Car cil qui les cors i perdirent
956o A Deu les aimes en rendirent.
Li coens de Tri|)e les menot .
Qui de trahir les se penot.
Noz genz de lui ne se guardoent :
II disout e il graentouent.
9 5/1 5 Tant dist e fist e porchaça
Que lor ost la nostre enchaça
Jusqu'à la mer de Galilée
Tant que l'ewe lor fud veee.
SaladtD rat-
•cnble aoo ar-
Le roi Gai «al
baUoAUNai^
rhasda ptr la
tnhiaond«c**<k
Tripoli (4 jttUI.
1187).
Fol. 19 c.
aA88 corne — 9690 feis manque — 9695 Kil — a5o7 lores — 9519 testimonient — 95a 1 feisl. dtist —
969/1 A arcs e a. — 9538 sei ayala — i5/i8 vee
■
. — Z. ■\ A^^^iCiÉ
^^^^^^^^^^^^^^^^T
^H
1
69 L-ESTOIRE DE LA
GUERRE SAIHTE. 70
^^^^H
1
La oier esl dolce e boue a beivre,
Tolc la terre u mn plaisir.
^^^H
1
:.:>Sn Dont n traîtres lor Csl leivre;
Tôle fors Sur 0 Eskalone
^^^^^1
1
E quant vint as lances beissier
(Issi lot Deus sa l«rrc e doue)
^^^^H
1
E il s'en duL raieU enpressier.
E Jérusalem seulemeot;
^^^^H
1
Si s'en fui e cil remistrent.
^H
1
Qui les vies des cors i mislrenl.
Escalone ala asiogier,
'^^H
1
«555 Ge ne sai qui l'autre feri,
Qu'il quida aveir de legier; '■"
^^^^H
Quieschapfl ne qui péri.
Mais cil se lindreot fièrement
^^^^^H
r
Gène fui [>as a la l.alaille;
Contre lui e eutierement.
^^^^^1
Mais tant vos eu dî ge-sauz faille
^595 Eimurulgentsarazine
j^^^^^l
Que Deus ai toi ço [)arveu;
Mult eiucets qu'eu fust on Raisiné,
^^^^^1
a:i6o Car il aveitaparceu
Tant qu'il lor fist lor rei mostrer
^^^^^1
Que tant aveit el mont péchiez
E devant lor mms amener.
^^^^^1
E geiit nialGmcuI enlhecliiez,
E voleit por lui rendre aveir
^^^^^1
Dont petit a lui en venist
a6oo La vilc.eli reis iisl savetr
^^^^^1
Si celé chose n'avecist.
A cels dedeuE qu'il se leaissenl
^^^^^H
a5fi5 Ce fu a la Mnreschaucie,
E que por lui rien ne fcissenl;
^^^^1
Qui est de juste Thabarie.
Mois il ne se porent tenir. Fol. io a. ^^^|
U li reis Cuisse combati
Si en eslout a plait venir :
^H
E lanz Saraiins ubali:
36o5 Eschaloue por lui rendircul
^^1
Fol. .9 A
Mais tuterentja afolii
E sais lorchatels s'en partirent :
' ■
ï57o Li nostre. e mort e decoM;
E li reis Guis fud lors délivres
L- roi ^H
W\ aveîLmais poiul de rescosse,
Par tel covent, çn dit li livres, Z
;.';^r: ■
Mais sur le roi vindreut a surâe
Que ollre la mer s'en ireit ''"
. à ^H
Tant qu'il fud a lere abaluz
a6io E le riaunie guerpireit.
^M
E mult laidiï c mult batuï.
En mer s'en entra sanz faillance
sâ7 3 La seinle cn)iz ot eubraciee.
Por aquitei- sa covenance,
^^^^1
Car se no fust ceie ombraciee
E vint en i'isie de Turluse :
^^^^^1
H l'eussent prise od laidure;
Elh vos sa gent mult anguissuae.
^^H
Mais bien parut Deus en ot cure.
•i6i5 La lui manda Snlahadins,
^H
SdaJÎDbitG»
Quant la haUiile fud finee
Qui mult iert saives Sarazins.
^^
Và0>i l*»l. U
a»8o Que Deus ot issi destinée.
Quil saveit a meseurus
Li rois fud pris e la croii prise
Ne qu'il n'iert pas après ne feus,
loD tl »ruulcin
E la gent presque tôle ocise.
Ë qui nel volt pas eschangïer
Por quel tantes geni se croiserenl
afiao Ne d'autre rei eslre en dangier.
E lanz de lor bons en leisserent.
Qu'd lui quitot son covenanl;
E U reis revint maintenant
955i duit— lââK en nmjw — aSSg ico — i5
1 monde — s56ii marcluude — 9^77 prise nuinqur
— 9678 p. que deui notaire — a&8* qus maafw — s
&lj3 Par eiii — s5gâ Lor». Muîer — aSç)? quen 1. —
■6a* que man^ — s6o4 eshiet — «607 loret — ■
oScdc. — aei/iinguiae— >6i6 Que— >6ii> quil
M Dell
^
6.
71
LESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
7S
Siif* ée Tir
Fol. to 6.
DiUvntdtGui
d«LvnfMB.
A Tripe desur la marine.
Si trova ilioc la reine
«695 E le conte qui Tôt bai.
Que Ten dist qu'il Taveit Irai.
Ki lores lui list bêle cbierc,
Que que il pensast en deriere.
\e puet cbaleir de tenir conte
a63o Del traitor, del nialveis conte
Qui niisi a doel cristient^
E ineint enfant en orfpbenté :
Cbier compera la traison
Que il Gst e la mesprison.
«635 Car il en munit laidement,
La merci Deu, e soudement;
Ne del siège qui fud a Sur,
Que Saiahadins trova sur,
U Guillames de la Chapele
«6^0 Fist meinte grand proesce c bêle,
U li frère de Thaberie
Par cui la citië fud guarie
Furent de si grant liante
A Deu e a sa realté;
t6hh Ke del marchis grant sermon traire
Qui bien comença la a faire.
Qui vint quant la terre fu prise.
Si fud un poi al Deu servise.
Si ot de bon comeni^ement
a65o Malveis e faus ensivement.
Al rei Guion est la matire.
Si n*i voil faillir ni desGre,
Qui eissi de cheitivisons :
A celé matirie toisons;
s655 Car a Tripe esloit revenus,
Ço plut as granz c as menuz.
Li reis de Jérusalem Guis
lort si povres e si csquis
(iOm hom qui veueit de prison :
s66o N\)t pas prise sa mesprison,
Qui n*aveit rien vivant que prendre,
E il lui coveneit despendre;
E si saveit que Acre esteit prise
E la gent hors chaciee e mise,
3(>65 E ço esteit la clef de sa terre,
E il ne saveit qui requerc.
A Dampnedeu dist son meschief,
E Deus en traist mult bien a chief.
La vint li princes de Antioche,
3670 Un matin quant soneit la cloche.
Al rei Guion por lui proier
Qu'il lui pleust a otrier
Qu a Antioche retomast
E s'i tenist e sojomast
9675 Tant qu'il eust genz assemblées,
Porchaciees e années,
E qu'il seust ou peust corre
E que que seit as Turs rescore.
Li reis s*en ala od le prince
a68o A Antioche en sa province.
Si fud illoc un poi de terme
E si i plura meinte lerme
Por la terre qu'il ot eue.
Qui esteit en son tens perdue.
•j68:> a Tripe ariere retoma
E se porvit e s'atoma;
E tant de gent com pot aveir
Od Tempront que il pot aveir
Fist donc somondre e aprester,
•J690 Car ne voleit plus arester;
E issi com il atendeit,
A genz auner entendeit ,
Eth vos son frère illoc venu,
Giefrë de Luizeignan, tenu
96115 AI plus preu vassal de sa terre.
Ke il esteit norriz en guerre.
Primes fud a Sur arivez.
Mais n'i trova passes privez:
G««itWè
revint à TiipilL
Fol. to r.
SM frire à Tii
pâli.
9698 quil — 9(>'i'i Qui f. 0 la iiiesprision — 96.16 soudeement — 96 ^ti la numqwê — 965o maluttse -
96&9 faire — i655 rypr« — 9609 home — 9660 pris, rrrt altère — 2687 CM t. — 968A qui! — S691
manque^ eiileudeit — 9699 ntendeit
E
73
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
74
CoQraddeMoflt-
femt refuse de
Rcetoir Gai à
Tyr.
Car ie port lores lui veerent
9700 Li marchis e cil qui 0 lui erenl.
E Jefrei atant s'en torna
E vint a Tripe e re torna :
Le rei Guion Irova son frère.
Qui fisl grant joie ai Gz sa mère.
Fol. 90 d. 9706 E quant li reis ot aune
Sa gent, lors se sunt conreé,
E vint a Sur tut le rivage
Od poi de gent e de barnage ,
E trova les portes fermées
2710 Qui tôles lui furent veees,
Que li marchis par coveitise
Li vea e par foie emprise :
Si lui vint de malveise vaine
Quant ai rei vea son demaine.
9715 Li reis vit que il n'enterreit,
Si dist que il nel sufferreit :
El sablon fist Ochier sa tente
E fud illoc en bone entente.
Dejoste Sur Fost s'ajosta :
9790 Si sachiez bien qu'il li costa
Que la cite lui fud veee;
Mais ço fud chose purparlee
Del faus marchis de Monferat,
Le filz le vaillant preu Corat,
9795 Qui fud pris en la grant bataille :
Cil ne li veast pas sanz faille,
Car il ert prodom e liaus;
Mais li filz esteit desliaus.
Goiréoniiooe Les geuz de Sur qui Deu amouent
petite année pour r« • tn
oMrfberiurAcre. 9780 Ë qui par Dou so reclamoueut
Guerpirent la citië mult tost,
E si vindrent al rei en Tost :
Ço furent li preu Aleman ,
Qui grant liu i tindrent cei an,
9735 E li frère de Thabarie,
La plus leial gent de Sulie;
Si i fut la vaillanz genz de Pise
Qui furent bien al Deu servise,
Qui si laissèrent lor maisons
97/io E mult de lor possessions,
E femmes e emfanz menèrent
Devant Acre ou Sarazin erent.
Li reis fist de son frère feste :
Si dist Testoire qui ne ceste
97/Ï5 Que quatre mois fud sujornez
Einceis qu'il se fust atornez
Joste Sor en la sabloniere ,
Sa citié qui fud dreituriere;
E quant ses genz ot amenées,
9760 Par tote la terre années,
0 cels qui grant liu donc i tindrent,
Qui ovecques son frère vindrent,
N'ot que quatre cent chevalers
Ne que set mile peoniers
9755 A mener a Acre aseoir.
Ço n'osast nus autre hoem pur veir ;
Ço fud merveille qu'il pensa ,
Fors en tant que Deus le tensa ,
D'aler s'en sor la gent embalre
9760 Qui ierent pur quatre cent e quatre;
Mais Deus voleit ço qu'en avint
Del grant ost qui a Acre vint
Que Salahadins enforçot
E durement s'en esforçot,
9765 Ki bien quidot que gent vendreeent
Qui a ravoir la entendreient.
Li rois se mist en l'aventure
Dampnedeu ou il ot sa cure;
Si conduist l'ost que il aveit
9770 Par un chemin que il saveit.
Entre Acre e Sur a un fort pas.
Que l'ost passa ignelepas :
9706 iore» — 9710 vees — 9716 qui! nenlereit — 9716 quille stiffreit — •7<7 fichier manqué —
9791 citée, vee — 9798 mon ferant — 979a pr. corant le vaillant del — 9789 E manque — 978Û icel —
9786 leiale — 9787 Si i furent — 97A8 dreiture — 9780 E par — 9766 nosasl nul home — 9766 lendreinl
— 9769 quil — 9770 quil
ItvurâiimmBi-
ernrH, I , xxfi.
Fol. 9 1 a.
75
L^ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
76
Fol. ti b.
L'armée de Gai
If rend à Acre.
Gui met le li^
devant Acre, et
Saladin vient au
seeoande la ville
(1189).
Foi. 9 1 e.
C'est le pais Candeiion ;
La passa 0 le rei Gaion;
3775 Mais Salahadins nel sot mie,
Car tôt le or qui est en Rossie
i\el garantist s'il le seust,
Car toz detrenchié les eust;
Mais Deu volt qu'il fust altrement,
3780 E ço esteit le coinencement
De rescorre cristienté
Que il crut mult a grant plent^.
Eth vos Tost le rei devant Acre
El non del seint cors que Ten sacre,
3785 Que nos cristiens aurom :
Eht le vos monté el Thorom.
El Thorun devant Acre furent
Li cristien qui de Sor murent,
E fud sanz dotance la veire
3790 Que il montèrent par nuit neire:
N'osèrent pas el bois remaindre,
Por ço alerent en haut maindre.
Al matin quant li Turc eissirent
De la citié et il les virent ,
3795 Eth vos Acre tote esmeue,
Chevalerie comeue ;
A Salahadin donc mandèrent
Que plain poin de crestiens s'erent
Sor els embatu folement,
9800 E qu'il venist isnelement
De chascon d'els la teste prendre.
Car ne s'osereient défendre.
Quant Salahadins Tôt oi
Sachiez que mult s'en esjoi
3805 Al siège ou il ert a Biaufort,
Que il feseit assaillir fort.
Son riere ban i &st mander,
E par ses terres comander
Que chescons de sa seignorie
3783 Quil — 9783 le rei manque — 9790 Quil —
— 9809 osèrent — 3806 en manque — 9803 Quil
9895 £ il qui quida bien auoir — 9*897 Ore ne f.
%Sk% quil, prendre manque
«a»
9810 Venist al guaing de Sulie.
Trop i vintgent, Deu les confonde
Ki fist e ciel e terre e monde!
Que si nostre gent fust mincee,
N'en eust chascons sa pincée.
381 5 Le tierz jor que nostre geni vindrent, Pm
Qui el Torun en haut se iîndrent
E tote nuit armé esteient ,
Por Sarazins quis assaiileient,
Eth vos la gent Salahadin ,
3820 Turc e Persante Bedoin,
Qui veneient les places prendre
E tote la terre porprendre;
E al tierc jor de la semaine
I vint Salahadins demaine,
3835 E il quida bien tost avoir
Les testes de noz genz por veir :
Or ne feit pas a merveillier
Si les estuveit trop veillier
E travillier e els esperdre ,
383o Qui quidouent les testes perdre;
Car al Thoron ou il estoient
Li Turc nuit e jor assailleient,
E si sovent les travailloueut
Que a grant paine nis menjouenU
9835 La ot Jefrei de Leuzengnan
A l'ost défendre grant haan ,
Qui'pieça iert preuz e osez,
Mais or fud il mult alosez.
Issi furent des le lundi
9860 En péril jesqu'al vendresdi.
Si orez come Deus reguarde
Cels que il velt prendre en sa guarde;
Qui a lui servir se velt duire
Nule rien ne lui poreit nuire.
9865 Si com il erent en tel dote,
Li rois e sa compainie tote Fol.
9796 cornue — 9797 saladin — 9798 creslien erent
-^ 9807 i fiioii^ii^ — 9819 les deux e manqunU —
9898 trop manque — 9888 ore — 984 1 oom —
77
L'ESTOiRE DE LA GUERRE SAIÏ<TE.
78
leJae-
mes.
En haute mer en loinz gardouent,
E a Deu mult se dementouent
Qu'il lor feist alcon secors :
a85o Eht vos venir tôt le dreit cors
Une bêle estorie d*enekes,
De gent qui veneient ilioques:
Ço ert Jaches d'Avesnes en Flandres,
Si ne cuit c*onques Alixandres,
2855 N'Ector, n'Achilies mielz valusent,
Ne que meillor chevalier fussent;
Ço estoit Jakes, qui tôt vendi
E enguaga e despendi
Ses terres e ses héritages,
9860 E dona, si fist muit que sages,
Cuer e cors e aime en aie
Al rei qui vint de mort a vie ;
Quatorze mile homes armez
Aveit bien 0 lui renomez.
d'oo« 9865 Ço ert Testorie de Danemarche,
E maint preu chastelain de Marche
E de Cornewaille i aveit:
Ço dist tels qui bien le saveit.
Cil aveient de bons destriers,
9870 Brons e baucens, forz e legiers;
E quant il durent ariver,
Lores veissiez Turcs desver;
A val la marine acorouent
Si que en la mer se ferouent,
9875 E cil dedenz Acre ensement,
Qui traioient espessement;^
Mais cil del Thoron a val vindrent, «
Qui de deus parz lor estai tindrent.
Tant que endreit els les chargèrent,
9880 Mais li Turc avant les chacerent.
Qui totes voies à els traistrent :
Neporquant cil avant se traistrent.
Salahadins a Tost veue,
Si dist : <r Ore est preie creue. n
«•e
9 9 a.
9885 Quant li halz reis que Tem aore
Ot s'ost creue en si poi d'ore,
Tant que auques fud aseuree.
Qui ainz eust poi de durée
Mais iot ensemble s'esbaudirent
9890 E jus del Thoron descendirent,
Si se tendirent e logierent,
E la citié d'Acre asiegierent.
Si qu'il esteient asiegië
De deus parties e gregié.
9895 Li Pisan firent vasselage.
Qui se logierent el rivage
E gardèrent la la marine
De la cruel gent sarazine,
Que quant les nés i arivassent,
9900 Qu'il nés preissent ne grevassent.
Un vendresdi, la matinée,
I ot une fiere assemblée
De deçà devei^s Mont Musart
E genz morz de chescone part.
9905 Cil delà vile s'en issirent.
Si que a force recoillirent
En Acre une carvano grande
E chameilz chargiez de viande,
E a Salahadin menèrent
9910 La preie qu'il i conquesterent;
En Acre entroient e issoient
Corne cil qui la force a voient.
La gent qui en Acre s'ert mise,
Ço sachiez bien , ne fud pas prise
9915 A charete ne a charue;
Ainceis fud puis chose seue
Qu'entre toz cels qui Deu mescroient
N'ot meillor gent que il estoient
Por vile guarder e défendre
9990 E por cbastel a force prendre.
Ne demora fors la quinzaine
Que illoec vint li coens de Braine
IjeflCroiiétre*-
terrent le si^.
Les PiMDf oc-
cupent le rivage.
Les Sarranos
in lèvent ooe ca-
ravane.
Fol. 99 6.
lUnenariumRi-
tardif I , nil.
9853 Co est, anemes »— 1881 tote — 9888 ofrèi e» vin il doit en manquer deux — 9906 qiia — 99 1 o quil
i menèrent — 291 9 Com — 991 5 na — 991 7 mescreoient — 9918 qiiil
79
L'ESTOIRË DE LA GUERRE SAINTE.
80
E ovec lui Andreu son frère
De bone dame e de bon père.
9995 Li seneschals de Flandre i vint
E 0 lui barons plus de vint,
E Fandegrave d'Alemaine
Qui aveit bons cbevals d'Espaine;
Si i vint Tevesque de Biauveiz
9980 Qui n'esteit ne vielz ne desfaiz;
E sis frères li cuens Roberz,
Vistes chevalers e aperz;
E si i vint li cuens de Bar,
N'ot plus corteis de si qu'ai Far;
9935 E maint allre prodome e sage
Vindrent en Tost a cel passage;
Mais merveille com plus veneient
E Sarazins meins les cremeient,
Qui lor livroient trop ententes
99/10 E venoient jusqu a lor tentes.
Cil de la vile hors issoient
E li autre toz jorz creissoient,
Dont la terre esteit si porprise
Que la nostre ost se tint por prise;
9965 Mais neporquant toz jorz se tindrent
Al rei hait por qui il i vindrent.
Quant la guerre fud devant Acre,
Prestres nuls ne clerc ne diacre
Ne poreient conter ne dire
»95o Les granz travailz ne la martire
Que li cristien i sostindrent,
De si la que li rei i vindrent,
Cil de France e cil d'Engletere,
Qui mistrent les murs d'Acre a terre,
«955 E les bones genz qui s'esmurent ,
Qui Deu amerent e Deu crurent.
Cel jor d'un vendresdi me menbre,
E si fud el mois de setembre,
C'une laide mésaventure
99()o Vint a noz genz e laide e dure.
Li Sarazin les assaillouent
Si que nul jor ne defaillouent.
Eth vos que cristien s'armèrent
E par conreiz se conreerent,
9965 Devise par conestablies
Si com els furent establies.
L'Ospilal fud sor la marine
Ou trop aveit gent sarazine,
E li Temples premièrement:
9970 Ço ert toz jorz le comencement.
Li coens de Draine 0 sa maisnee
Qui en mi l'ost esteit rengiee,
L'andegrave e cil d'Alemaine
Qui furent gent de grant compaine ,
9975 Mestrent a la mahomerie.
Car bien lor dut eslre merie . . •
Li reis Guis e la gent de Pise
E altres genz de grant emprise
Furent sor le Thoron a destre
9980 Por gueitier les Turs e lor estre.
Sarazins vindrent ad esfrei :
La veissiez meint gent conrei.
Li Templer e FOspital poiostrent.
As premerains conreiz se joînstrent,
9985 Sis desconGrent e perchierent : .
Cil fuirent e cil chacerent;
E nostre gent autretel firent,
E Sarazin se desconfirent;
Mais tel plenté en i aveit
9990 Que nul cristiens ne saveit
Quel part il deussent torner.
Li Turc ne sorent retorner :
Ja erent près de la montaine.
Quant diables Gst une ovraigne
9995 Par quoi mult de noz genz munirent
E périrent e encorurent.
Par un cheval qui eschapa
A un Aleman quil chaça
3995 flandres — 9980 desfraii — 9986 prodom — 9966 quil
9959 i manque — 9960 e manque
19/18 ne ifinfi^ — sqSi Qui —
81
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
82
fbile lies
if.
E Osl a ses compaignons sivre,
3ooo Qui nel poeient aconsivre.
Li chevais fui vers la vile,
E Sarazins plus de cent mile
Quiderent que noz gens fuissent
E que il sei desconfeissent :
3oo5 Sor els poinstrent e retornerent,
E cel jor tels les atomerent
Que cil qui a Tost suelt entendre
Ot assez a sei a défendre;
Car por un erent vint e quatre,
3oio Qui se penouent d'els abatre,
E qui ot gibet e ot mace
En laissèrent morz en la place.
MmriimiB^ La fud occis Audreu de Braine :
[rt* d'André ^"® i^ s'aime ne seit en paine!
"'«« Soi 5 Car tels chevaliers ne murut
Ne tantes genz ne socurut.
'ol. 9 3 a. La fud li marchis en tel presse
De Montferat de gent engresse,
Si li reis Guis nel sucurusl,
3oao Ke icel jor i encurust;
E meimes en cel contemple
rt du grand Fud ocis 11 maistros del Temple,
Cil qui dist la bone parole
Que lui vint de la preuz eschole,
3oq5 Quant. la gent coarde et hardie.
Lui distrent a celé envaie :
r Venez vos en, sire, venez In
E venist s'il s'en fust penez,
«rJa a Deu,T) ço dist il, (?ne place
3o3o frQue donc mais seie en altre place,
(tNe qu al Temple seit reprové
r Que l'em m'ait en fuiant trové ! y^
E il nel fist, ainz i murut,
Car trop des Turcs i acurrut,
3o35 e bien cinc mile gent menues
v du Tem-
Dont les chars en remestrent nues;
E quant cil de la vile sorent
Que cil noz genz desconfiz eurent,
Es chevais arabiz montèrent
3o4o E vindrent hors, si enconlrerenl
Les noz si merveillusement
Que lor esteust malement
S'il ne s'eussent défendu;
Mais lors i ot estai rendu ,
3045 E lors vit l'em chevalerie
E ferir sur la gent haie.
La le fist bien li reis meismes,
Icel Guis dont nos vos deimes,
E danz Giefrei de Linzegnan,
3o5o Qui soffri le jor grant ahan,
E Jakes d'Avesnes li preuz,
Qui en la terre fist taoz pruz,
E li autre quis reuserent
Si qu'en Acre les entassèrent.
3o55 Issi ala celé jornee
Que Fortune aveit atornee.
Or sunt Sarazins esbaudi
(Deus les maudie e jes maudi!),
Que lors vindrent il engressant
3o6o Noz cristiens e empressant
Assez plus que devant ne firent;
E quant li prodome ço virent,
Si distrent donc la baronie :
«rSeignurs, nos n'i guaignons mie.
3oG5 tf Pernoms un conseil sucurable
ff Contre ceste gent a diable
rrQui tote jur a nos asemblent
frE la nuit noz chevais nos emblent.»
Tels fud li conseilz e l'affaire
3070 Que il firent un fosse faire
Grant e parfont e le e large,
E il i misent meinte targe
Oéfenie déses-
pérée deR cheva-
iien chrétiens.
Fol. î>3 h.
Itmêrarhim Bû
UKrdit I , isu.
3oo6 qui sei desconfiseent — 3oo6 les manqm — 8007 uelt ^- 3oo8 entendre — 3oi8 montferant
3oflo Ki — 3oai icel — 3oa5 ot h. — 3o86 icel — 3o36 en manqué — 3o6o sis — 3o/i8 estost
ZokU iores — 3o45 lores — 3o5i dauernes — 3o53 quil — 8067 Ore — SoSg lores — 3o6s prodom
8070 Quil — 8079 il meisent
6
mptiwtsit ■ATteiàiB.
M
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
8&
Siiloflillfoitjr-
\rr (lins le fleuri
In cadivreu (1p<
rlir«'li^ns.
*1hHfrarhm /iV
rmnii, 1 . m.
Vj mainz escuz, de poni parties;
Si erent les terres parties.
3075 Li Saratin les assailloient,
Qui reposer pas nés laissoienL
Oiei trop (jrant conrusion
Qu'il avint de Toccision
Dont j'aveie devant traitié,
:<oKu Dont li Franc Turent deshaitié.
Lendemain de eele aventure
E de celé descomfiturc
Del mielz de Tost tôt a eslite,
Dont nosire gent fud dcsconfite ,
;<o8r> Moût ot de morz de genz menues
Qui la erent porDeu venues;
Fol. 93 c. Les cors des niorz fist trestnz prendre
Salahadins, sis nos fist rendre
E trebuchier cm el flum d'Acre.
3090 La veissiei muit lait maçacre,
Car li cors a val Fewe alerent ,
Si que jasqu*en Tost ne finerent.
Dont la pnurs si grant eisseit,
Si que li monz des mon croisseit,
3095 Que tote fost d'iloc fui
Devant que Ten les enibi ;
E puis que il les enfuirent
Grant tens la flaur en fuirent.
Cristien firent le fossé
3ino Ou il se furent adossé;
Dedenz le fossé se tenouent
Quant li Sarazin i venouent,
Ki toz jon lor firent enclialz
E par les freiz c par les chauz.
3io5 El fossé esteit la bataille
De la (|[cnt Deu e la chenaille :
Li nosire le voleient faire,
E cil tendouent al desfaire.
La veissîcz en dessaietes
3i]o Plus de cinc cent mile sactes
L«Uc«dnclirv-
ti««fl H drf Sar-
3]
3i
3i
3j
3j3o
3i
3i
Que li fosseur Irametoient
Es mains a ceis quis defendoieiit;
La veissiez de deus parties
Genz corajoses e hardies;
1 5 La veissiez gent roeler
E cheoir e esboeler;
De roistes cops se départirent :
Devant la nuit ne départirent.
Des le termine de Temprise
30 Que Tost a devant Acre assise,
Desque vers la feste toz rainz,
Ço sai, si Toi dire a mainz.
Ne finerent de gent venir
Qui bien durent k>r liu tenir.
95 Lores vint li mens de Ferieres,
Qui mist plus de cent Turcs en bières.
Car il esteit archers si bons,
Yaveit roeillor de si qu'a Duens;
E si i vint Guiz de Dampierre,
3o Qui ot maint bel chaslel de pierre:
S'i vint li evesque de Vérone,
Que Tem teneit muit a prodonie.
Tut cist a cest passage vindrent ,
Martyrs e confessors devindrent.
Car li {ilus aisiez, ço os dire,
I fud assez en grant martirc
E de peur e de veillier
E de jur e nuit travillier :
Car ne pociont reposer,
&o N'il ne s*osoueul pas poser
De\'ant ço qu'il o«*nt parfait
La fossé ou tant mal ot fait.
A feste toz seinz la sorveiile
Avint en l'ost une merveille ,
E merveille e mésaventure
Fu ço trop granz e laide et dure.
Que li cristien enduraient
Les Iravailz qui trop lor duraient,
AnitétéÊm
leau CnMi.
Fol. ji3 d.
Arriww
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dens p. — 3i/jo oser — 3iâi fait — 3i^3 scnieille - - 'AiH-j crislieni
87
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
88
FoJ. a^i C.
iUnernriiim Bi-
• ardi, i, ixxiil.
Lc-s Aileinbmls
r(<iiMrais<>nl un
iiion'iii 5 v<nl.
La nouvrlk
rie la Oiorl de
Frédérie Bar)i($-
louise arrive h ^aAo
lùrttaiiumhf
irJi, 1, ixiT,
Jci(.- lies b&r-
irf>iiiset tiitlfsie
• I'» Croisés.
Fol i/h (l.
S-jj:") E lors firent en cel quaresme,
Si com Ahbroisb dit e esme,
Li Aieman premièrement
Le premerain molin a vent
Que onques fust feiz en Sulie,
;^28() Veiant la gent qui Deus maudie,
Que estrangemeut esguarderent,
E grantment s'en espoenterent.
En Tost Deu vint une noveie
Ki de primes fud bone e bcie ,
.^j.Sf) E puis fud pesanz e dotose
E (Icshaitiee e enuiose :
Ço i'ud del bon empereur
De Alemaine, qui ot vigor
Ala al sépulcre par terre
Por la merci de Deu i*equerre,
Ki murut, ço fut grant damage,
Al fluminaire, en un passage,
A un gué qu il n'ot pas temple.
Si com Deu vint a voieuto;
3d/i5 Dedenz Acre tel joie en orent
Des noveles quant il les sorent
Qu'il tombouent e thaborauent,
Si qu'autre rien ne laborouent.
Si veneient sor les toreles
;^J^)o A noz genz dire les noveles
Qu(> Salahadins bien saveil
E qui mandé le lor avcit,
Si crioient a voiz hauciee
De sum les murs meinte fiée,
.^.>.>^) E firent dire asreneiez.:
ff Vosfre em[>ereres est noiez.^j
Lors ot en Tost tele frislesce
E tel deheii e tel destresce
Que de lur bien ne lor teneil
3?r)o Fors del passage qui veneit
E de Tespeir de la pramesse.
Que ja iert |)ar mi Tost espesse ,
De la venue des bauz bornes
Des reis de cui terre nos sûmes,
3365 Celui de France e d*Engletere,
Qui après vindrent en la terre,
E por ço fud Tost confortée.
Eth vos la noveie aportee.
Après la Pasche un poi toi dreit,
3370 Que Testorie de Survenoit,
E eth la vos el port venir :
A donc vos peust sovenir
De formiz ki de formilliere
S'en issent devant e deriere;
3375 Car tôt autresi s*en issoient
Li Turc qui en la vile estoient,
Plus de dis mile genz armées,
Toz coverz, il e lor gualees,
De dras de seie e de tapiz,
3380 De buquerains e de samiz.
Eth les vos toz contre rcstorie ,
Qui tost veneit del vent de boire.
Contre val la rive fendant,
E Tautre Taloit atendant
3:i85 Qui's'iert a els venu combatre
E a force sor els embatre,
E cil sor els lot ensement.
Qui veneient hardiement.
C'ert li marchis qni Sor teneit ^
3390 Qui sor Testôrie as Turcs veneit
Od cinquante vaissels armez
E bien coverz e ascemez.
La veissiez tantes banieres
E tantes genz pruz e manières, .
3395 Hardies e vistes e prestes I
Lors treslrent cil as arbalestes.
A tant eht vos la començaiiie
E des estories la bataille:
La n'aveit mie ceardise;
33oo E cil de Gienve 0 cil de Pise
/lum
M
Juim
floUcdc
Fol. 3
Kalaiil
333i> lores — .'JaaH pHiiiiitT — 3332 esjioiilei ent — 3330 deshaitiez — 3a55 empcrere — 3267 Lores
— 3a6i E manque — 3 3 6 a nii manque — 3371 E nmnque — 3a8i lo v. , loi manque — 3a8a loi veneient
— 3390 loslones — 3391 vassals — 339O Lores trestrcslrent, arblesles
91
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
92
Victoire navale
lin Croi«^.
Acre cft blo-
qué.
Itintrmnum 10-
eêrii, 1, XYXU.
Aflsaal doiibë
par test Croisés.
Aicensiofi.
Fol. a5 c/.
Sortie dx Sar-
a»iD«.
337:» Ce estoii en Tost ia grande guerre
Qu'il aveient devers la terre.
Devers la mer ert la bataille
Qui tote jor dura a taille;
Mais neporquant la nostre estoire,
3:^«f. Merci Deu, en ot la vicCoire;
Car de jur en jur establies
I estoient conestablies
Des barons de lost es galees,
Mult bones genz e bien armées,
.s.'^^T) Qui durement s'en combatirent
E lor gualecs embatirent
A vive force en la chaane »
Si que Testoire cristiane
Greva tant les Turs de la vile,
3390 Qui lors crent quarante mile,
Que devers mer securs nen orent
Ke devers terre eissir ne porenl;
S'orent puis si poi de viande
Qu'il aveient chiertë trop grande.
3395 Le juesdi de la Âscencion ,
De la seinte procession ,
Que Dens fist el ciel la montée
Dont Teuvangeille est recontee.
Voudront les genz monter en Acre
3/100 El non del veir cors que Fen sacre.
Chastels eûmes bien eoverz
Por le feu grezeis als colven :
Treis en i ot de grant affaire
Que trei haul home firent faire,
3/io5 L'andegraves e li reis Guis
E Geneveis od le marchis.
Cil trei en lor chastels esteient
A iccl jur qu'il assaiileient
La gent Dampnedeu assaillirent,
3/110 Cil de dedenz as murs saillirent :
Grant fud Tassant e la défense
De cels qui orent poi despense,
338 1 C. de j. en j. en e. — 338Û Malt mtmqm
3/io9 al c. — 3Û19 que — 3693 quil, lost tendre -
363a ardeier — 366o U $êcond e tnanquê — 3666
Qui ai forment se defendoientt
Qui lor mesaise nos vendoient:
36 1 5 Ne furent gent si defensable
Cum furent li menbre al diable.
Li un alouent thaborant
E li autre al besoing eorant,
E li Turc de vers les moataines
36ao Racoreient od granz eompaines
As fossez, si que enz sailleieni
Des que onques noz geni assadlleient,
Si que il covint Tost entendre
A assaillir e a deffeadre.
3695 Mult dura Tassait longement
Jusqual seirdel comencemeDt,
Mais al seir le covint remaindre
Car onques nés porent destretadrc.
Li Turc le feu grezeis jetèrent
363o Es treis chastels que alumerent.
Si qu a cels en covint descendre
Quis virent toz ardeir en cendre.
En Acre furent ia chenaiUe
Long tens soffreitus de vitaiHe,
3635 E si com li tens se cola,
E viande lor escola;
E furent puis si conreë
De mesaise e desareë
Que mangierent totes ior liestet,
36 6o Piez e buels e cols e testes;
E jetèrent les cristiens ,
Les vielz cheitifs, les anciens,
E les joefnes as vistes chieres
Retindrent a traire pirieres;
3665 E il orent si grant soffraite
Qu'el ne poreit eslre retraite,
E meschief e paine e ahan
Jusqu'après feste saint Jobau ,
Que diable lor enveierent
365o Treis nés que iiloc depeschierent,
— 3390 lorea — 3393 E orent — 3399 Voudreiot —
- 3698 desteindre — 3699 H f. — 36 3o qualtunereol
Quil — 365o peschierent
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
K nieint luiraHe i aveneil
Qui des vertuz de Deu veueit.
En l'ost aveit meialeperiere
n On mult gcn( devant e derierc
Aloienl sovent e vcnoienl ,
K mullf^s rliosois avonoienl
Qui a miracit! erent Iciiue»
Quaiil êtes erenl avenues.
s II aveit dedeni la cilië,
(lo dit l'cstorie en verilé,
Mull perieres sî bien jetaDte»
Que aine ne vil l'en de tels tantes.
Une en i ol si jeleresse
o Que trop csleitdamajeresse.
Qui nusdepeçoit loles veies
ISoz perieres e noi cercleies.
Car el petoit les pieres leles ,
Volani corne s'eussi-nt eles,
T) Que dous genz coveneit s mètre
En la funde, sulonc la leire,
E quant la picre descendeit
E la funde aval la i-endeit
Que bien plein pië parfont en lerre
p Al chaeir la coveneit (luerre.
Iceste nieiiimes periere
Feri un home el dos deriere.
E si li bom dcvenisl arbre
0 une columpne de marbre,
f) Si l'eust el par mi colpee.
Tant i l'ud el drcil açopee :
E ti prodom ne la senti.
Car Dampnedcus nel consenti;
Kn itel seif^nor doit lom creire.
r> Que tel miracle fait a creire.
Issi corn li tens aveneieni,
T plusorst cboscs aveneieni.
Entre Avril el Mai en conchange
Avint une aventure estrange
rish de iiiaH^uf — 3â3o Od — 3ri3s leli-s — 3âi
lô^i'l M home — 35Ô& Od — 3555 ele — 353fi e
iâ''' ('o viront eu — 3û8i qui. en maai/ut — 358
3â''ir> En l'ost d'un serjant ki csteil ,
Ki el l'oss^ del mur g'e«teit
Armci de coife e de baulierc
E de parpoint a meint bel merc.
Uds enemis al creatur
3b-;n Teneil une arbalesle a tur:
Al serjant traiït |*ar une archîere,
Sil feri el pis soi ia chiere :
Le parpoint, la coiphe l'ausa
Si que oitre l'auberc passa:
307ri Li serjant ol al col un bricf.
Merci Deu , quil garda de grief,
Kar li non Deu escrit i erent;
Ço virent cil qui illoc erent
Que quant li quarels i tucha
3r>Kn Qu'il resorti e resbucha.
Eissi feit Deus, quïl preot eu garde.
Que il n'a de nule rien guarde.
Issi com li lens aveneient,
E plusors choses aveneient.
3^R5 11 arint que bors des fosseï
S'ierf uns chevaiers adosseï
L'n jora faire sa besoigne.
Si com il a chcscun besoine.
Issi coni il iert abeissîei
35(|o E a sa besoigne aaisiei,
Des Turs qui erent en Tanguarde,
Dont cil ne se perneit pas guarde.
S'en parti uns grant aleure;
Si fu vilainie c laidure
3&95 Qu'il veit al chevalier mal faire
Tant com il ert en tel affaire.
Il aveit l'anguarde esloigoie
E veneil la lance esloigoie
Al chevalier por lui oscire.
36on Quant cil de l'ost prislreut s dire :
Tpuict, sire, fuicE, fuiez!*
Il se fud a paines dresciei.
tolc — 35S3olc — 33ii C. sele» c. — 3565 gent
; — 31359 E en — 3570 arbl»te — 337a Si, deMi
I Quil nal — 3r>87 aOàire — 35()0 E immfiM
97
L*ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
98
Fol. 1 7 6.
ItmerëriumRi- 3(')1i^
emrài, I , l.
HortoouFtgcase
d*une feniint qui
IniftiUe à eoip-
bler les foti/s
d'Acre.
Neporquant en piez se leva
E sa besoigne n'acheva.
36o5 Cil vint quant que chevals pot rendre,
Qui! quida bien a tere estendre,
Mais, merci Deu, il i failli,
Car a la traverse sailli;
E si prist en ses mains deus pierres
3610 (Oiez com Deus estdreii vengieres) :
Si com li Tores ot son tor feit
Por retomer a son forfeit ,
Ë li chevalers Tavisa,
Sil feri com il devba,
36i5 Enz el venir com il veneit,
D'une des pieres qu'il teneit
Desoz le chapel en la temple :
Cil chai morz en cel contemple.
Li chevalier prist le cheval,
36a 0 Si traist la reigne contre val;
Si vit cil qui! me reconta
Que li chevalers i monta
E s'en ala jusqu'à sa tente,
Sil fist guarder en bone a tente.
Issi com li tens aveneient,
E plusors choses aveneient.
Une foiz ravint une affaire
Dont l'em doit bien parole faire.
Meintes genz as murs assailloueni,
363o E meintes feiz s'en defiaillouent;
Tels i aveit qui ne finooent
De pieres coillir qu'il portouent^
E li baron a lor destriers
I portouent e as somers^
3635 E meiote femme i reporta,
Qui en portant s'i déporta.
Entre les autres i portot
Une qui mult s'i deportot :
Uns Sarazins quil defendeit
36^0 Vit que celé feme entendeit
Al fes de son col deschargier;
Si com el volt en sus marchier,
Cil treist a lui, si la feri,
E la femme a terre chai,
36/i5 Qui fud férue mortelment;
E tud li poeples eralment
Vint entor la femme acorant.
Qui se detortoit en morant.
Sis mariz la veneit poroques,
365o Mais el preia as genz illoques ,
As prodes homes e as dames.
Que il por Deu e por lor aimes
Feissent de son cors atrait
Al fosse ou ele avoit trait,
3655 Car ne voleit que sa charoine
Fust meis mise en altre besoine.
Ele se faiseit ja porter.
Quant Deus en fist fanme porter;
E tel femme, ço dit l'estoire,
366o Deit chescons avoir en mémoire.
Issi com li tens aveneient,
E plusors choses aveneient.
Une autre aventure ravint
En l'ost, e d'autres plus de vint,
3665 Voire assez plus; mais ramembrer
Ne les sai iotes ne nombres
Un jor hors d'Acre s'en issirent
Li Turc por noz genz que il virent.
Qui estoient aie en fuire,
3670 Si com ues est a geni de guerre;
E s'en issi uns amiralz,
Granz home e de parage halz ^
Bellegemîn esteit nomez,
Preuz e hardiz e renomez,
3675 E li baron qui l'ost gardèrent
Contre les Sarazins alerent.
Cel jor fud l'ost mult estormie,
Qu'il n*en voloient garder mie,
Fol. Q7 c.
/lm«r«ri«« Ri-
ewrdi, i , ur.
MéMfcature
d« raniral Bel-
legemîn-
36o4 D* manque — S606 Quil Iq — 8609 E numqw — 36i5 veneieiit
3665 mortelement — 365o ele — 3659 Quil — 3656 mis — 366 1 vendent
8636 Quen — 366i eie
3663 raioinl — 36Q8 qoil
mniMIKII HATIOIAll.
99
L'ESTOIRK DE LA GUERRE SAINTE.
100
Car tant ala gent en forage
3<)8o Ou'ii orent Tost en granl damage
Vj par devant e par deriere,
(Jue muil fud rassaiiiie fiere.
Mais nos^re gent les enchacerenf
:>( >>5 Toz, fors l'amirail seulement
Qui remist porpenseement
E voleit noz engins ardeir,
Se il s'i peusl aerdeir,
Kar issi l'aveit pris en main.
:u'n)o Une viole ot en sa main
Qui de feu grezeis esteit pleine :
Des engins nrdeir ert en paine.
Uns chevaliers le ala ferir
Qui lui- volt son luer merir:
Fol. 27 (i :Uh):} Le Turc a la terre estendi
E la violete espandi
Desur ses choses nécessaires.
Si qu'il ot ars les genitaires '
Del feu grezeis, que il estaindre
.{700 Voldrent, mais n'i porent ataindre.
itùurarwmBi- Issi com li tens aveneient,
*!*' .'. ^^t E plusors choses aveneient.
Morlu unTur.* *
qui iusuiiflii in 11 avint par plusors fiées
Que les fauses genz desloees
3705 Qui contre Deu Acre teneient
En som les murs en haut venoienl
E aportoient des églises
Les croix qu'i estoient remises,
Sis baloient e vergondoient
.'{710 E eschoppient e feroient
El despit ie fei cristiane :
Ne heenl tant rien terriane.
Un jor si com uns Turcs esteit
Desur les murs e il bateit
:i7i .') Une croiz de fust qu ot trovee,
Mult Voi batue e vergondee
•TOIX
E ne la volt atant leissier,
Einceis la voleît compissier,
Quant uns arbalestiers corteis
3730 Fist de s'arbaleste un enteis,
E joinst le quarei a la noîz :
Al Turc qui vergondeit la croîs
Volt que tel feit lui fust meri;
Lors Favisa e si feri
3735 Le Sarazin par mi Tentraille
E lui perça cors e coraille.
Si chai mort, jambes levées,
Dont lor gent furent trop desvees;
E issi velt Deus que vengiee
3730 Fust la croiz qu'il ot laidengee.
Issi com li tens aveneient, F
E plusors choses aveneient.
Un jor avint une aventure,
Ço conte Ambroisb en s'escripture, |!
3735 Cons Turs s*en issi as noz traire
Si qu il ne s'en voleit retraire,
E un Galeis par aatie
S'ala traire celé partie.
Li Gualais ot nom Marcaduc,
37/10 Si n'iert filz n*a rei ne a duc,
E li Turcs ot a non Grair,
Hardiz, forz e de grant air.
L'uns traist a Tantre demaneis,
Gualeis al Turc, Turc a Gualeis.
37^1 5 Li Turc comença a enquerre
Dont li Gualeis iert, de quel terre.
Li Gualeis dist : (rJo sui de Giiales,
rr Se feis que fols que tu avales, y)
Li Turs li dit : rrTu siez bien traire.
3700 ffVoIdries un giu parti faire,
tQue jo traie e que tu malendes
«Si que nule part ne te pendes,
(tE si jo fail, jo t'atendrai
rrSi que nule part ne pendrai?^
368ii vert omit — 8687 ardeier — 3688 Sil se p. aardeier
poront — 3706 miir — 3719 arbWliers — 3730 sablastc
rei na — 37/n e fora — 3 7 '16 queie — 3761 que manque
369a ardeier — 3699 quil — 3700 Voldroiil,
- 3726 Lores — 378! veneient — 37^0 na
3759 Si jo D., penles
101
UESTOIRE DE LA GUERRE S^IliTË.
102
3755 Tant lui dist e tant lui proia
Que H Gualeis lui oireia.
CjA treist al Gualeis e failli ,
Car al mestraire défailli»
Li Gualeis dist : tr Jo retrarai.
3760 rr Ateoi meuTi Cil dist : trNel ferai.
(rLai mei une feiz encor traire,
rr E jo a iei deus foiz sanz retrairc. ^
rrGe volenters,^ li Gualeis dist.
E endementers que cil quist
3765 Un dreit pilet en son torqueis,
E li Gualeis qui lui fud près,
98 b. Qui ne le velt prendre a cel fiier,
Dèscorda, sil feri el euer;
Lors dist : trCoveiiant ne tenis,
3770 Ne jo a tei, par sein Denis. ^
w«A»- Li Pisan qui en Tost esteient
lotunie ^ S^^^ fl"' ^® '* ^^^ saveient
' pr Firent un cbastel sor gualees
E deus eschieles grani e lieea ;
3775 Toz lor veissels de cuir corrirent,
E del diastel autretel fireal;
La tur des Mosches asiegerent
E mult i (restrent e lancèrent.
Cil de la tur se defendoient
3780 Si bien que mult chier se vendoient,
E des gualees de la vile
S'en issi hors plus de deus mile
Sarazin guami de iiataille
Por aidier a Tautre chenaille;
3785 Mais il traioient e lançouent
E de granz pierres lor jetouent,
Granz e pesanz, e dars aguz,
Brusoient lances e escuz.
Quant cii del chastel assailloient,
3790 Cil a défendre ne faillouent.
La Yeissiez bien nez genz traire
E meint bel trait sor les murs traire;
La veissiez pilez pkimri
E Turs mucier parestoveir;
3795 La veissies proz genz osées
E assaillir par reposées.
Les eschieles furent dreciees
Contre la tur e àdresciees
A grant force e a granz meschiefs,
38oo Car l'en jetoit desor les chiefs
As crisltens quis i dresçouent
Grandismes fusU que il lançouent,
Qu'il n'alouent pas coardant,
E s'en rélornerent a tant
38o5 Tant que le diastel alumerent,
E cil s'en vindrent jus qui i erent,
E jetent feu grezeis ardant
A grant bataille conibaiant;
Mais tnult ot aiuz en la marine
38 10 Grant glaive de gentisarazine.
Li chasiels ftid are erralment
E les eschieles ensement
E li vessiel qui les portèrent.
Dont li Turc se réconfortèrent;
38 1 5 Et quant il vinent la desfaule
Lors écrièrent a voiz haute
E huèrent la gent haie
L'ost qui a Deu iert en aie.
Mult fud de ço descomfortee
3890 L'ost Dampnedeu, mais confortée
Befud de la grant baronie
Qui iert arivee en Snlie.
L'arcevesque de Beèen^n,
De sue part le oomençon,
3895 Fist devant Acre un moton faire
As murs depechier e desfaire
De trop grant cost, s'ert bien ferrez
E innlt^strèitenient ^serrez,
Haut e bas, devant e deriere,
383o Qu'il ne denst cHciendre perierre,
Fol. 980.
Itvurtaitim Bi-
cardi, I, ux.
Engins de
guerre constniit
par l*archevéqu«*
(le Besançon et
par le eointe
Henri df Cham-
pagne.
3760 dit, frai — 3761 encore — 8766 E numque — 8767 nel v. — ^7^ Lores ne d. *- 3779 E cil
3781 E les — 3799 grani imm^iif — 38oi qail i dr. — 38o9 Graot dîmes, quil — 3807 jetereDt
3890 dampoedou — 3897 sert lerrei — 3898 ferm
103
L'EStOlRE DE LA GUERRE SAINTE.
lOiSi
Car (lel melz que l'em soit i mètre
Se veit Tarcevesque eniremetre.
Un altre en fist li coens Henris,
Bien covert e de mult grant pris,
8835 E li haut baron e ii conte
Maint autre eng^n dont ne sai conte;
Mais de celui dont vous deimes,
Que Tarcevesque Gst de primes.
Vos dirons corn ii en avint
Fol. 98 d. 38^10 Devant les murs quant il i vint.
Li baron de Tost devisèrent
Cel assalt, ou il porparlerent
Les engins que orent fait faire :
Fist chescon le suen as murs traire.
38/i5 L*arcevesque fist traire avant
Le muton dont jo dis avant,
Ki iert de si riche faiture
Que il ne deust créature
Criendre par dreit ne par raison;
385o Si esteit fait com soz maison,
Un grant mast de nef dreit sanz nouz
S'iert en mi ferrez a deus bouz;
Dedesoz le muton esteient
Cil qui ai mur hurter dévoient,
3855 Qu'il n'i aveient de rien doto.
Li Turc qui nés amouent gute,
Tant sèche bûche i aporterent
E tant feu grezeis i geterent,
E feroient 0 lur piereres
386o De colombes totes entières
De liois pesanz e de marbres,
E i getoient fîistz 0 arbres;
Si jetèrent «n buz, en seilles.
En peitailles e en oceilles,
3865 Soifre e catran « siu e peiz,
E puis granz fuz après tôt dreiz,
E feu grezeis par «n somet
I jeta la gent Mahumet,
imbel aatour
lëlier de 1*8 r-
Tant que del mulon s'en fuirent
3870 Li fueur e le guerpirent
Li Turc as murs s'abandonoient,
Qui al muton toz jorz jetoient :
La veissiez les archers traire,
E arbalestes biaus traiz faire;
3875 La veissiez granz aaties,
E gent navrer de deus parties;
La veissiez bons vassals core
Al muton défendre e rescore
E a Tatreit desus abatre,
388o E Turcs jeter e Turs abatre
As défenses od ior ireles.
Qu'il aveient peintes e bêles.
Tant i lancèrent e jetèrent
Que le moton nos enfondrerent
3885 E desclostrent la fereure
E tote l'autre enbordeure,
E le feu derechief lancèrent
Tant que tôt ars le noz leisserent;
Mais li motons fud comperez,
3890 Car quatre vint des mielz parez
E un admirait i perdirent,
Mais damage des noz refirent
Eht vos atant Tassait remaindre ,
Quant li mutons ne pot estaindre,
3895 Ke nul nel peust remuer:
Eht vos Sarazins a huer.
Apres Haust a cel termine
' Fu en Tost morte la reine
De Jérusalem, dont damage
3900 Fud de feme de son eage.
Car tenue iert a vaillant dame,
E por ço ait Deus merci de s'aime !
E si mururent deus puceies.
Filles le rei Guion, mult bêles;
3905 E par les emfanz qui mururent,
Qui dreiz hoirs de la terre furent,
Fol. 99 a.
DcftroctkMi da
béHer.
Mort de la
idoe de Jéro»-
lem et des deoi
filles de Gai de
LofigiMin.
383a que lem i s. i m. — 38S& malt tiMUi^ — 3835 e U baot c. ^ 38/i9 qnil p. —3868 Quil — 385o Mt
manqw — 385i sanz boni — 3859 Si iert emi f. a deus nom — 3853 Deaoi — 3863 Si en j. en bntheis-
seilles — 387A arblastes — 3888 toi, ars les n. «- 3890 dei — 8901 vaillante
107
L*ESTOIRE DE LA GUERRE SAffiTE.
108
En peusl rom le chief veoir,
Qui ne se aiast en hait seoir;
agST) \e gelissiez pas une prune
Fors sor gcnt fervestue e brune.
Ko', oi) //. Elit les vos errant dreit ai Doc,
Si n'eussiez pas cuit un coc
Que Salahadins sot de veir
:\i)()n Qu'il iert a la bataille aveir.
S'il voleit cristiens atendre;
Mais celé nuit fist s'ost destendre
R lor guerpi celé montaine
On il seeit e sa compaine.
'Ar)():) Eth vos a nostre ost une espie,
Qui lor dist que la gent haie
Ot celé niontaigne laissiee
E s'en fuioit tote esleissiee.
Qui d'iloques se esloignoient;
^looo Por poi que nez genz ne poignoieni ,
ihNertainmhi- Mai's graut folie fust del sivre,
Car nés poussent aconsivre.
Iienoontre des >
Turc» «fw un E quant bataille ne troverent,
rorp* df Croisa ., y^ . t i •
quiest«néfoiir< Vors Caiphas tôt dreit tornerent,
rager è r.„ph«.. ,^^^^. q^ j,^^ jj^^ q^v, ^^^j^ ^Jt^JHg ^
Dont al siège aveit meinte faille.
Eht les vos a la Recordane :
Plus tost que ostors ne siut l'ane
Vindrent li Turc quis anguisoient;
'loio Tant virent que il retornoient
E apoigneient a Tost iraire,
Taburer e crier e braire,
Celé vespree se tendirent
Li pèlerin, si atendirent
^101 5 Jusqu'al demain a l'enjorner,
E se devient atorner
D'aler en dreit a Cayphas;
Mais la vitaille n'i ert pas
Qui lor i esteit encusee;
/loao Anceis l'orent li Turc portée
Al matin quant il se levèrent;
E com il einz se reguarderent
Si virent toz les Turcs del monde, F«l.i
Ço lor fud vis, a la reonde ,
'ioa5 Qui a voient lor ost aanse,
Dont la terre en iert si pqjrprise.
Sus e jus, e destre e senoestre.
Que Tost volsist bien aiibrs estre.
Onques tel gent ne fod esmee.
'in'Au Eth VOS nostre ost aneire armée,
E se conreia de bataille;
Mais li Sarazin, la chenaiile.
Ne se osèrent a els combatre
Ne sor si bone gent embatre;
/io3r> E li pèlerin retomerent
Por repairier la dont tornerent.
Mais rouit eurent ainceis ententes
Qu'il venissent jirâqu'a lor tentes.
Al chief del flam qui curt yen Acre, t
'loV) La ou il surst, ot grant maçacre
De chevaliers de deus parties,
Ainz que les ostz fusent parties.
En celé jomee de terre
Fist la gent le rei d'Engletere
'lo'io Od le Temple la riere gnarde;
Mais il i eurent tote guarde.
Que Deus ne fist neiff ne grésille
Ne pluie en Mai quant il rosille
Que chee plus menuement
'ior)o Que li pilet espesement
En Tost ausi tost ne obéissent,
Einz que noz genz d'illoc pairtisaent;
Toz conreé s'en départirent
E vers Acre s'en revertirent;
/io55 Nostre ost se toma a senestre
Del flum , e le lor ost vers désire :
De deus parz le flum costeierent
E toz jorz s'entreherdeierent;
eotr
liew
4èle
tt9*
3987 les manque — 'loio quii — 6011 apoignent — 6096 en manque — 60S7 lê'prmmere iimm^m» -^
/i099 lelc — ^loAo od — 6o56 osl manque
109
L'ESTOIREDE LA GUERRE SAINTE.
MO
CoiulMlaufiuul
«le Dahoak ( 1 5
noTcrobre).
'1070
'107.')
Fol. 3o b. E de par les noz genz veneit
'i<)r)o Tels genz qui soeur» li teneit.
Que li serjant qui erenl guarde
A pié de nostre ariere garde,
Qui deriere Tosl se teneient,
Les vis tomez as Turs veneient.
'm)()5 Icele gent s'iert trop gregiee.
Ainçois que Tost fust herbergiee.
Par matinei a Tenjornant
S'alerent noz genz atornant
De repairer a Acre al siège;
Mais li Turc teneient lor triege
Al pont del Doc ou ja estoienf,
Par la ou il passer deveient.
Ja voleient le pont abatre,
Quant Tost s'en vint sor eis embalre;
Mais le pont si porpris aveient
Que li pèlerin ne saveient
Par ont il poussent passer,
Tant s'en i vindrent entasser.
Lors poinst de Lenzeignan Giefreis
/iu8o Sor un destrier qui esleit freis,
E cinc bon chevalier ovequcs
Poinstrenl le jor o lui illoques,
Qui si duremenl les ferirent
Que plus de trente en i cheirent,
/io85 Qui naierent el fluminaire,
E que voiant la gent contraire
Tant les ferirent e lassèrent
Qu a vive force oltro passèrent
E que al siège ariere vindrent,
^1090 Dont cil de Tost tut lie devindrent.
Contre la fin de cel passage
Que poi passoient fol ne sage.
Tôt le passage trespassouent
E neporquaut encor passouent.
Foi. 3o c. '1095 Que que li poepies vint e crut,
E la vitaille lor descrut ;
Lci Oroiê««
suaffreot de la
dÎMlte.
Mais trop lor aloit descreissaut
Que que li tens aloit creissant,
N'il nule denrée n avoient
fiMto Fors quant li passage venoient.
La riche gent en iert guarnie,
Mais la iK)vre en iert desguarnie.
Qui chascon jor se complainoit
Por la. chierté quis destreineit.
/iiur) Li alquant aler s'en voleient,
Qui des mesaises se doleient ;
E la vitaille iert détenue
A Sur quant ele i ert venue,
Que li marchis faiseit tenir.
'n 10 Qu'el ne poeit a Tost venir.
Or si orez del faus marchis,
Qu'il aveit porcbacië e quis
Par hautes genz e par aveir
K'il voleit le riaume aveir,
'Il iT) K tant Gst e tant porchaça
E tant par son engin braça
Cune serur de la reine
Ki ja iert morte a cel termine,
La femme Raimfrei del Thoron,
fi\'2i) Qui iert tenu por hait baron,
Fud de cel Raimfrei départie
E quil.la prist a sa partie.
Par tel covent que sa bataille
Pereit venir a Tost sanz faille;
fna^) Si Tesposa en sa maison
Contre Deu e contre raison.
Mult en grosça li areevesques
De Canturbire, e li evesques
De Biaveii la lui esposa;
^ji3o Si ot grant tort qu*il le pensa,
Car li marchis aveit eB[M>se8
Deus bêles dames, joefnes toses :
L'une esteit en Costentinoble,
Bêle £emme, gentil e noble,
IUi*ertu-tuM lU-
tMlli, I , Lilll.
Le marqait
iUtund \eiit
épooierlafemiue
de lUiofroi du
Thoron « liéri-
tièrtdu royounir
lU* Jf^rtisaieni.
Oppoiilioii de
rareberéqoc dr
Caolorbury.
l'ul. 3o </.
6071 del doi — 6073 voleiont — 6078 tant eo unrenl — A079 Lores — 6089 oae lui — &086 qui —
&087 laissèrent — 6089 ^ quant — 4 09^1 eooore — A 099 nule manque — ^1110 Quele ne pooiet — ^1 1 1 1 Oro
— /il 19 raimfrieE — fii^k Fr«it — ^1 laGe encontre r. — â 1 97 iarceoesques — lki33 iert
411
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
112
Le uiarqais /l 1 3 5
ë|>oa8e la femme
de Rainfroi, bien
qu'il eût déjà
deuK feoiines.
Al Ao
/jlA5
/ii5o
Ai55
Ai6o
I.o Luultfillcr
(le Si'nlis cfl cu-
levë le jour des
itoccs par \et
SarraMO".
Fol. 3i a. /il 65
/itKerarnrm At-
rardi, I, HIT.
Conrad »'cn
retourne è Tvr.
a 170
E Tautre eslcit en sa contrée,
E la tierce aveit encontree;
E por ço li boens arcevesques
E aitres genz, clers e evesques,
Cest mariage contredistrenl
E escomengicreot e distrent,
Corne cil qui Foserent dire,
Que il ot feit treble avoltire,
No Deus n'iert a lor esposaiiles
Ne a iteles assemblailles.
Quant li marchis ot esposee
Ceie qu*ot long tens golosee,
Ses noces fis! e ses convives :
Ore en ot il treis totes vives,
Une en sa terre e l'autre en Tost,
E encor la tierce en repost.
Mais dut venir del mariage,
Si fist il cel jor e damage:
Car quant cil orent bien beu
Qui as noces furent veu,
As cbams vindrent esbanier
Com s'il allassent torneier;
Sarazin qui en aguail erent
Les enchacereut e basterent,
E cil de Tost al cri saillirent;
Mais Sarazin pas n'i faillirent :
Le buteillier de Senliz pristrent ,
Mais nus ne soit ou il le mistrent,
S'il murut ou que il devint;
Mais que pris que mort furent vint
Cil furent des noces paie.
Cil de lost furent esmaië :
La sage gent plus en duterent.
E alquant encore quiderent
Que li marcbis veir lor deist,
E que vitaille lor feist
Venir en Tost par covenant;
de gwle
sont
pMUira
men-
•oogèrw.
maiii
ce q«*Aakn)wr
va eoBicr
de*
fooffraoeet
des
Croisa à
Aat
eat la
venté
ineine.
Mais il s'en ala maintenant,
Il e sa gent e sa esposee.
Que aine puis n'enveia denrée,
A 175 Qu'il fud asseur de vitaille.
En l'ost ou ele fesoit faille.
Fors a cels qui le mariage
Aveient feit par lor oltrage.
Seigneur, de la mort Alixandre, Ut eiuuiaoo»
6180 De la cui mort fud grand esclandre, pMUire
Ne del message de fialan.
Ne des aventures Tristran,
Ne de Paris ne de Heleine
Qui por amor orent tel peine,
Al 85 Ne des faiz Hartur de Bretaine
Ne de sa hardie compaine,
Ne de Charlon ne de Pépin,
De Agoland ne de Guitecliu,
Ne de vielles chançons de geste
Al 90 Dont jugleur font si grant fesle
Ne vos sai mentir ne veir dire
Ne afermer ne contredire ,
Ne jo ne trois qui le m'espouge
Si ço est veir o tôt mençonge;
A 195 Mais de ço que tantes genz virent
E qu'il meismes le sofirirent,
Cil de l'ost d*Acre, les meschiefs
Qu'il orent es cuers e es chiefs
Des granz chalors , des granz froidures,
A300 Des enfermetez, des eiijures,
Ço vo puis jo por veir conter,
E il feit bien a escoltier.
Ço fud en yvern, en Avenz,
Qui ramenoit pluies e venz,
Aso5 Que en l'ost d'Acre esteit la plainte
E le deheit e la complainte
De gent e maene e menue
Por la chiertë qui ert venue;
Fol. 3i h.
H, I, LITI.
Horrible di-
witt an euap
des chrétieiKi.
Al 38 le second e manque — AiAo £ escomeiani — Ai Ai Com — AiAa Qui) — AiAG quii ot —
Ai5o encore — A]5i MuU d. — Ai 53 il o. — Ai 55 ch. alassenl — Ai 56 touneier — Ai 58 haatereent
— A161 de son lit — AiC3 quil — A166 E cil •— A17A Quainc — A181 biilaan — A188 Ne de, gutteelin
— A3o5 Quen — Aao7 U premier e manque
113
L'ESTOiRE DE LA GUERRE SAINTE.
114
Car el cressoit de jur en jor,
&910 Si se piaignouent sanz sujur.
Bien lor estai, ce est vérité,
De si qua la Nativité;
Mais lors comença la destresce
E la famine e la laschesce :
49i5 Que que li Noels s'en issoit,
E la chiertë toz jon cressoit.
Mult iert li mais de blë pesanz.
Qui costoit en Tost cent besanz,
Que unsiiom portast soz s'aissele;
Asso Mult aveit ci freide novele»
Ghiers i esteit blez e farine;
Doze solz valeit la geline,
£ Toef vendeit Tom sis deners ,
Tant esteit H iens pautoners;
6s35 Mais al pain esteit la bataille
A cels qui en avaient faille,
Qu'il maldiseient le marchis
Par qui il erent si aquis.
Bi- Seignors, nel tenez a eschar:
âi3o Que en Tost Deu ne faillist char,
Les biaus destriers i escorchierent
E mult voleoters les mangèrent;
Grant presse aveit a Tescorcier,
Si Tachatoit encore chier;
• di e. &9d5 Tut yvem dura la riote,
Si vendeit Tem dis solz la rote.
Plus iert venduz li chevals morz
Que ne fust vifs par nul esforz.
La char lor sembloit savoree,
à%ho Si menjouent bien la coree.
Lors maldisoient le marchis
Par qui il erent si aquis.
nmA- Chiers iert li tens, grant la défaite
\J^^ A la gent basse e a la haute,
&i65 E neporquant qui ot avoir,
lOgfedlrfl
Cil qui pot la viande avoir,
Nis quant il la voleit doner.
Si ne Toseit abandoner
A tant de gent corn i veneit;
&95o E por ço chescons la teneit
Qu'il maldiseient le marchis
Par qui il erent si aquis.
Ne fusent herbes qu'il planteront
E semences que il semèrent,
&a55 Dont chescons feseit sa poree.
Ne fust la perte restoree.
La veissiez tanz biaus seijanz.
Bien gentilz homes e vaillanz.
Qui erent nurri en richesce,
Aa6o Qui par famine e par destresce,
Quant il veoient herbe nestre,
Il l'aloent manger e pestre.
Lors maudiseient le marchis
Par qui il erent si aquis.
/ia65 La curut une maladie.
Si atendez que jo la die :
Par unes pluies qui donc plurent.
Que tantes ne leles ne furent,
Ke tote l'ost d'iaue naiot,
6970 Chescons tusset e enroot,
E emfloent jambes e chieres.
Le jor aveit en l'ost mil bières,
E de l'emfle qu'es chiefs avoient
Les denz des huches lor chaieient.
6975 Tek i aveit ne repassoient.
Quant il viande ne trovoient.
Lors maudiseient le marchis
Par qui il erent si aquis.
Seignors, besoingfeit meinte chose
&980 Dont l'em blâme meint home e chose.
En l'ost aveit de mainte terre
Maint home hontus de pain querre :
6909 de — &9i3 iores — 6917 ii mois — &919 home — 6990 ici — A998 Parqiiil esleientri esquis —
&93oQoeD — Û93i8oiornerent — â9âiLoref — 69â9qiiilesteieot — 6967 Eq. — AaSimakliseint — 6969 quil
esteient — A 95 & qnil— 69571802 mon^ — 69 61 Que quant v. — 6969Qiiii — 6968 Lores-^ 6966 qiiilesteient
— 6969io6tdeadiaue — &973Elele. — 6976 il hmm^-» 6977 Lores — &978qoile9leieQt — Û989M.bdthoiitas
[imtrgrimmBt
eâréi, I , lux.
On est réduit
i maoger de
rherbe.
iniMfflrniM m-
lé» meladie se
met daos le
eaiBp.
Fol. 3l d.
Itùurmrmm Ai-
Mnfi, I, uxiu.
Aveotare d*no
Yolear de pein.
B
iVratHIAtl lATlO^ALK.
115
L*BSTOIRE DB LA GUBBRE SAINTE.
llfi
Fol. ds a.
/tMeron'iim Hi-
têréi, I , LXYiT.
Quel«]ueK-uiio
oanent aui infi-
dèlM «I devien-
As bulongiere le pain emblouent,
Si que tôt près les enpreignouent.
/i285 Un jor i ot pris un prison,
E por itele mesprison
L'en mena cil qui pris Taveit,
Si! lit al miels qu'il saveit
Les deus mains deriere le dos,
'1390 A Tostel ou not point de ados.
Cil de Tostel, qui forneouent,
A mont e a Yal torneiouent,
Si ne pristrent del prison guardc;
E Deus, qui la suc gent guarde,
'1995 Rompi les liens de ses mains.
Il seeit sor un mont de pains;
Li serjant musèrent es veies :
Cil manja des pains tote veies
E si en mist un sos Taissele
/i3oo Par desoz Tombre d'une sele.
Or ne fud pas trop a mesaise,
E quant il en vit tens e aise
Si s'en fui bone aleure
A lost e lor dist s'aventure,
'i3o5 As serjanz qui od lui esteient,
Qui a glaive de faim mureient.
Le pain que cil lor aporta ,
Dout un petit les conforta,
Celui mangèrent e partirent;
/i3io Mais onc guaires ne s'en sentirent.
Eth vos la faim si esmeue
E lor mesaise tant creue
Qu'il maldiseient le marchis
Par qui il erent si aquis.
/i3i5 Cil qui en l'ost se deleneient
Maint grant meschief i sosteneient,
Ne nus ne vos poreit conter
Que la mesaise pot monter
Qu'il endurèrent e sostindrent
D«
IroM
âSao Al si^e puis qae il i vindrenL
Oiez quel perte e quel damage
D orne qui Deus ûst a sa imagt,
E quel meschief e quel laidesoe.
Qu'il renit Deu por sa deatresoe !
6335 En l'ost lïid ia ckierté si grande
De tote espèce de viaide
Que mdt de noz gêna a'an aloient
Od les Turcs^ e se reaeâoueDt,
Conques n'avint ne ne pot esire
433o Que Deus de femme daignas! oestre,
E la eroiz e le baptistire
Reneiouent il tôt a tire. .
Deu eompaignoB en foat ealeient, ^
Povre serjant, qui- rien n'avaient
6335 Fors un angevin seulement;
Si lor en avint nullement.
Car il n'aveient point, de veir.
Plus viande ne plus aveir.
Fors seulement lor armeures
636o Senglement e lor vesteures. *
Sor l'angevin fud la devise
En quel manière e en quel guise
Viande en sereit achatee
A trespasser celé jomee ;
6365 A lor pelisces enquerouent
Saveir mon que il en ferouent.
Tant firent e tant esgarderent
Que tresze fèves acbatereot :
Si troverent une percbiee,
635o E por ço qu'ei fust rechangce
Si covint l'un d'els l'aler quere
Plus luinz de set arpenz de terre;
Mais cil qui la dut rechangier
La lui chaoja a grant dangîer.
6355 Cil vint arieres, sis mangèrent,
Por poi que de faim n'eragerent.
Foi
/ia86 pris — 6a8G par — 6391 fornoucot — 6^92 tornoucnt — 6397 seronl — 6399 en
63oi Ore — 63 1 3 maldiseinent — 63 16 quil esteieut — 63 1 5 lost deu se — 43i6 grtnt
63ao quil — 63a6 Quil ne nie d. — 6396 espère — 63a7 se aloient — 633o femme ne d. —
sire — 6337 dauier — 636o vestures — 6365 pelisees — 6346 quil — 635o e)e — 6354 Si kiî
433]
117
L*ESTOIR£ DE LA GUERRE SAINTE.
It8
XXTI.
Ctox
it do
ureut.
mmBi-
LIXTII.
og« de
en et-
3a c.
Quant les fèves furent alees
Eht vos lor mesaises dublees.
Lors maldiseienl le marchis
âd6o Par qui il erent si aquis.
Une chose en i*<>st Deu vendeîent,
Quarobles out non, ço diseient.
Qui ierent duces a mangier
£ sis aveit ¥em sani dangier,
A365 Por le denier une denrée;
La iert la voie Inen menée.
De celés e de Doii menues
I furent mult genz sostenues.
Mais cil qui malade gisoient»
A370 Qui le fort vin sovent bevoient,
Dont il aveient grant marehië,
Esteient de vin si chargië,
A iço que riens ne menjouent
Fors ço que il meins coveitouent,
l^^^b Qu'il morouent ça treis ça quatre;
E cil qui 8*a}oieiit esbatre
E repassouent e viveient,
Qui point de vitaille n*avoient.
Cil maldisotent le marchis
63Bo Par qui il erent si aquis.
Mainte mesaise ot en Tost traite
Ainz que vitaille i fnst atraiie,
N'il n est rage fors ée destresce
De faim, de pain quant il estresce,
6385 Car la faim celui toz jorz haste
Qui de manger ad greignur haste;
Car a vive force mangèrent
Char en quaresme, si péchèrent.
Ço fud en Ja cape jeune
ûSgo Que chescons hom par dreit geaiie;
Mais furent penitencië
Quant Deus ot le tens avancië;
E quant issi la char mangouent
E del pechië se recordouent,
/iSgS Lors maudiseient ie roarchié
Par cui il erent si acuis.
Tut cel yvero issi dura
La grant chiertë, que endura
La gont de Tost qui Deu quereit,
/1600 E esguardeit quel le fereit,
Del Noël jusqu*al grant quaresme,
I^ sai de veir, non pas par esmc,
Que la ou Deus fist 1 ost seoir,
Ke {>oi velt Tuns Tautre veoir.
/iAo5 Charité iert si refreidee
Que avarice iert trop eshaucie
E puis que avarice i sorvint
Li larges aveirs en devint;
E d*avarice, sanz largeaee^
/lâio I moreient gent de destresce.
Qui maudiseient le marchis
Par qui il ereni si aquis.
Tant dura èele meaestanee
Qu il en esteii trop granA pariance;
hhib Mais D^is voleil la gent apreradre,
Qu il le doivent amer e criendre.
Li evesque de Sakaberes
Apela ses fila e ses fireres
De Des e ai las semoiia,
kh2o E bone easample lor dona;
E li eveaques de Vérone,
Qui bien iert dignes de corone.
Ne fud al sermooer feigniMM;
Ainz disi paraJe8.ateignafiz;
6 A 3 5 Cil de Pannes en Lomibardie,
Un evesque de seinte vie,
Represcba aralt ateignantment.
E ne demura puis grantmeni
K*en Tost fud faite une coilleite
663o Par la geat<pii trop iert destreile,
Qui a grant cboae s^estencti.
Chescons mult bien i entendi.
t«a disetle dure
de Noël à Pàque*.
Itinerûrium Ri-
Mrii, I , uxviu.
Les évéques do
Salinbury, de Vé-
rone et de Fan»
fonl faire aoe
coliecle pour se-
courir le* pau-
vres de Farm^,
Fol. 3a d.
àêbg Lores maldiseint — 636o P6r quil eat^ent -^ 6d6i Deu manqMê, veodeffent — 637^ quil ^- 6377 e
ioootot — 6396 Loref — &1I96 Par coil — 4^8 qoil e. — hhoo E e. e quel il lor freit — hhoS Si \.
— &616 ie manqué •— Uàiô Une — àhi^ ateignament — &43o trop matique — 4639 bi^imNifaïf
8.
119
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
120
As besoiniu resuier.
La reissiei Deu grazier
hkZb As povres geoz quant il menjouent
Ço que li riche lor dénouent
La ci Wakelins de Ferieres
Mains perchiees, non mie avères,
E il e Robert Trossebot,
Ukko Qui tôt le suen i mist a bot;
£ li cuens Henris de Champaine,
Qui mult i fud de grant OTraine;
Sire Jocelins de Montoire,
Cri doit estre poinz en Testoire;
khkb E de Clermont li cortois cuens,
Qni i fud despenderes boens;
E Tevesque de Salesberes,
Qui ni ot pas les mains avères,
E li autre qui Deu conurent,
Uiibo Qui meintes genz i sucururent.
La coilleite i fud bien donee
Par esguard e abandonee
Fol. 33 a As petites genz e as granz,
As chevalers e as serjanz,
/i/i55 E as povres que il veeient
Qui greignor besoing en aveient,
A chescon solunc qu'il esleit
E solonc ço que mesesteit
Deu vit sa gent de bien esprise
6660 E que charitez se i iertmise.
Sis reguarda por cele acorde
Des oilz de sa miséricorde.
iiûmmium lu- Bien avez oi puet cei estre
Année d'à» '^ miraclo le rei celeslre,
chaTgaMBt de ^/^^s g trestut cil qui Tout oi
En deivent estre resjoi.
Al port d'Acre vint une barge
-Qui n'iert guaires lee ne large;
En cele barge aveit forment.
m
A&70 Or si porez oir cornent
Deus' succurut cristientë
E del chier tens fist grant plentë.
Por ço n'iert la chiertë si grande.
Car en Tost mist assez viande;
hh'jb Mais li marcheant la teneient
Por ço que chiere la vendeient;
Mais quant Deus qui est charitë
E fontaine d'humilitë
Vit en son poeple la laschesce,
/!i68o Si coroanda que la destresce
E la famine a tant cessast
E que li formenz abeissast.
Ço fud un samedi einz none
Que la barge vint od Tanone;
UiiSh N'iert pas grant parole tenue
De la barge qui iert venue
Fors de cels qui le blë vendeient.
Qui a lor guain entendeient
La barge vint un samedi,
Uàgo Mien escient, après midi.
Que la l'amena Deus domaine,
Prist le forment le diemaine
Qni esteit as gemiersgisanz,
Que cil vendeient cent besanz,
&&95 Sil mist de cent besanz a quatre :
Tel marcheanz s'i dut enbatre
Qui tant et si tost embati.
Oiez com Dampnedeus bâti
Un vassal e par son oltrage,
i^Soo Si ne fud mie grant damage.
En Tost d'Acre ot un Pisan
Qui si tint chier le blë cel an
Qu'il n'en voleit vendre denrée
Fors a chiertë trop desreee.
65o5 E Deus qui conuist chescon home
L'en fist porter issi grief some,
Pio de I» di
Fol. 33 6.
Aâ3d besoins — lihBS p. nol m.
&&56 en manqvê — &&61 iœie -
hà'jh mtrchant — 6699 dimaine
bie — 65o4 deiree
- hhU2 oueraioe — ItlihS i manque — âà^g que — &655 qail Yeienl —
à&6t sa moNfiM — 6663 pucelestre — 6^68 lie — 6&70 Ore —
- 6495 Si — &&96 marchans — 6/^97 tant si L a e. — &5ot cfa. de
ISl
L*ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
122
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33 C.
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I.
kPhi-
1191).
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ér«ti<»i
■fMHIfl
Por (0 qu'il s'i acostuma,
C'uns feus sa meison aluma
Si que quanque aveit en maison,
âSio Qu il aveit atrait sans raison,
Fud tôt péri e ars en cendre.
Si que nus ne la pot desfendre.
Quant celé ovre Deu fud veue,
Eht Tos la charité creue.
65 1 5 Ghescons prosdom s*eslar|^ceit
Kuns Ters l'autre de quoi que seit.
La veissies reassazier
Les povres e Deu gracier;
E tuit cil qui la char usèrent
Â5so En quaresme se comfesserent
E en pristrent lor penitance,
Car feit Torent par mesestance.
Treis cops d'on baston sor le dos
Ot chescons d'els, ne gaires gros,
6595 De Fevesque de Salesberes,
Qui les chastia oom bons pères.
E a icele Pasche close,
Que Deus ot fait icele chose.
Vint li reis Filippes de France
i^53o En Tost por veir e sanz dotance;
Si i vint 0 lui li cuens de Flandres,
De la cui mort fud grant esclandres ;
Si i vint li prenz coens de Saint Pol ,
Cui bien seeil escu al col;
&535 Si i vint Guillames de Gariande,
Qui ot compainie mult grande;
Si i vint Willames des Barres,
Bons chevaler e preuz e ares;
Si i vint mis sires Dreus d'Amiens,
Ubào Ou mult aveit proesce e biens;
Si i vint Willames de Merio,
Un chevaler dont jo me lo;
E si i vint li cœns de Perche,
Qui tut le suen i mist sanz merche;
UbUh E lores i vint li marchis
0 les Franceis , si com jo enquis.
E qu'en fereie autre pariance?
Il ne remist hait home en France
Qui ne venist a Acre en l'ost
/j55o a cel termine, ou tart ou tost.
Li reis de France fîid illoques,
E la cristienté oveques,
De Pasches .jusqu'à Pentecoste,
La haute feste qui tant coste;
/i555 E lors ot li reis de Engletere
Pris Cyprès, e vint en la lerre.
Mais l'estorie me covent sivre
E la materie reconsivre
Del siège d'Acre reconter;
â56o Si velt Ambeoisbs parconter
Ici e parfomir son poindre
E Sun neu renoier e joindre
Des deus reis qui a Acre vindrent
AI siège e com il se contindrent,
4565 E de la some de l'estoire
De ço qui l'en vient a mémoire,
E coment Acre fud eue ,
Si com il vit a sa veue.
Quant li reis Richarz d'Engletere
4570 Fud venuz en la seinte terre,
Issi com jo vos ai conté.
Si deil bien estre recontë
La corteisie e la proesce
Qu'il fist lores e la largesce.
A575 Li reis de France aveit donë
A ses genz e abandonë
Que chescon mois treis besanz d'or
Avreit chescon de son trésor;
Sin iert grant parole tenue.
458o Li reis Richarz en sa venue,
Quant il oi si fort affaire,
Si fist par mi Tost son ban faire
Afflbroite re-
prend In mite du
rédl des érèiM-
raenta dont il a
été témoin ocn-
lairp.
Fol. 33 d.
lùnerarium Bi-
eitr^,l\\ , iT.
Philippe donu<>
trois besans d*or
h chacun de se»
chevalière. Ri-
chard en donne
quatre aux sifo^.
&5o9 que wumquê, en n m. — &5i6 dcsque s. — hbtg mangèrent — 4533 preoei — 4566 Que —
6567 freie — àbhg Que — 655o Oa a cd — 6555 lores — &56i Id a parfongier — 6563 De
123
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
m
Larme* csl
inipalienl^ d<;
donner i'ossaut.
rj. 3h a.
Itinerartvm Bi-
rarii, III , v.
Philippe vcul
ulUqut-r . mais
Hichard «si ma-
Ude et ÏP prie
irnlli'ndre ••n-
cori.'.
Philippe alla-
qae ndanmoins.
Que chevaier, de quelque terre
Qu'il fust, qui ses solz voidreit quore ,
^i58r> Quatre besanz d or lui doroit,
£ que issi lor acoreit;
E ço erent les dreites soudées
Qui la soient estre donees.
Elb vos tote Tost resjoie
'lor^o Quant la parole fud oie.
Lors diseient les genz menues
Qui pieç'a i erent venues,
E li menu e li maian :
rSire Deus, quant assaudra Tan ?
/ir)9r) frOre est yenuz li plus vaillanz
r Des reis c li mielz assaillanz
r De tote la cristienté.
trOr face Deus sa volenté.T)
El rei Bichart iert lor Gance.
/1600 Lors li manda le rei de France,
Qui des après Pasche iert venut
E s'esteit mult bien contenus,
Que bien sereit qu il assaillisent
E que Tassait crier feissent.
^lOof) Mais li reis Ricbarz iert malades
E aveit boche e lèvres fades
D*unc emfertd que Deu maudie
Quen apele leonaitlie,
E manda al rei son malage,
^jGio E li manda que son barnage
.\c s'estoire n'iert pas venue,
Eiiiz Taveit uns tens détenue
Que Tem claime li venz d arsur,
E faveit arestee a Sur,
/i<)i5 E que ses perieres veneient
E que par tens illoc sereient,
E quant sa maisnoe vendreit
Que mult volentcrs entendreit
A tôt son poeir d'Acre prendre.
ùr);)o Mais onc li reis de France atendro
Por ço ne velt, si Deus me sali»
Qu'il ne feist crier i'assalt.
Al matinet par tôt ^armèrent.
Car assaillir mult désirèrent.
A6a5 La «eissiei tanz genz armées
Que a peine fussent esmeea;
La veissiei tanz biaus haubers
E tanz belmes luisanz divers,
Tanz chevals de bêles faitures,
/i63o E tantes blanches covertures,
E tanz chevalers esleuzl
Aine n'en eûmes tant veas,
Tanz bons chevalers, preuz, osez,
Fiers e hardis e aloseï ,
66.^5 Tanz penoncels, tantes banieret,
Ovriees en tantes manières !
Lors devisèrent e partirent
Cels qui la guarde al fossé firent ,
Que Salahadins par deriere
/lO/io JN'entrast en l'ost od sa gent fiere.
Le gent Deu vers les murs ae irestrent,
E assaillirent bien e Irestrent;
E quant li Turc d'Acre ço virent
Que cristien les assaillirent,
W\h Lors peussiez oier soner.
Corne se Deus feist toner,
Bacins e tymbres e laburs :
Ne faiseient autres labors
Cil qui de tel mestier serveient,
A65o Qui del paleis l'ost sorveeient.
Fors noisier e faire fumée :
C'ert a lor Sarazins mostree
Que il les venissent socure;
Si les veissiez lor acorre,
'1655 Od Ta treit le fossé emplir;
Mais nel porent pas acomplir,
Que cil de Linzeignan, Jefireis,
Qui de proesce iert toz jorz freis.
Fol
lai
/ir)83 De rh. — /1591 Lores — 45^8 Ore — A599 afliance — 6600 Lores — 46oi Que — 66o5 Richarz
manque — 6607 emfermetc — ûô'^G Qui — â6do lani — /iôdsi eareni — 6634 e oseï — 46^7 Loret —
h^l\h I^ores — 6666 Cono — 665o sorueneient — A6S3 Quil — 6654 Si iorres les v. a. — 6658 Qttt
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125
L'ËSTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
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Croi-
Vinl a la barre ou il esteient,
Que 8or noz geoz ja pris aveient,
Sis reusa a force ariere
E en mist plus de dis en bière
D'une hache que il ieneit :
A laQz eops tanz en reteneit
Que puis Rodland e Olivier
Ne fud tel los de chevalier;
Ë refud la barre conquise
Que Sarazins aveient prise;
Mais il i ot aini grant mdilee
E tel bataille ei tel criée.
E cil qui Acre assaillirent,
Qui les fossez a force emplireat,
CoviQt que arieres se traissitent
E que autre conseil preissent,
E fud que vers quarels se trestr^nt
E u'i lancèrent plus ni treslrent.
Elh vos lassait atantremeiudre»
Et le pople crier e pleindre
E regreter cele venue
Des reis qu'il orent atendue.
Chescons diseit devant sa tente :
ffBiaus sire Deus,€oiii povre atente!^
Noz genz s*alerent désarmer.
Etli vos Sarazins a huer;
E quant noz genz se desarmouent ,
E li Sarazin alumoaent
Al rei de France tôle reiea
E ses engins e ses cereleies.
Dont il li prist al quor tel ire
Que rem le sot, e Toi dire,
Qu'il en chai en maladie
Issi qu'il ne chevalchot mie.
Issi fud Tost en tele estate,
Triste € pensive e morne e nMte,
Des dens reis qui malade esteient ,
Qui la citié preadre dévoient;
E li coens de Flandres ier morz,
Dont Tost iert en grant desconiorz.
Que fereie ici autre conte?
A700 Li mais des reis, la mort del conte
Mistrent Tost si en grant destresce
Qu'il u'i ot joie ne leesce.
Fors de l'estorie des enekes
Qui vint en cel contemple illoques;
6705 E lors vint l'evesque d'Evreues
E bones gens qui crent sues;
Si i vint de Thoeni Rogiers
03 grant plenté de chevaliers;
E cil de Cornebu li frère,
^1710 Plusors bons filz e tuit d'un père;
Si i vint Robert de Noefbroc,
A plus franc home ne m'abroc;
Si i vint Jordans de Homez,
Qui iert oonestables de Set;
6715 E si i vint li chamberleos
De Tancarvile en icel tens;
U coens Robert de Leicestre
Iert ja venus, qui i voleit estre;
Si i vint Gilebers Taleboz,
i!i7i3o Un des plus preus vassals des noz;
E mes sires Raof Teissons
I vint, n'est dreitque>lui leissoms;
E li vescuens de Ghasteldon
I vint, e Bertransde Verdon;
/1795 E si i vindrent li Tozeleis,
Hardi chevalier e corteis;
Si i vint Rogiers de Hardincort,
Compainz le rei e de sa cort;
Si i vindrent cil de Preals,
/1730 Ço erent des compaignons reiab;
Si i vint Guarins le filz Gerod,
Qui bde compaignie i ot;
E cil de la Mare ensement
I vint e bel e richement;
Arrivée d« uou-
veaux CroÎKb.
Fol. 34 (i.
/i66d quil — !i66S sarainf — /1676 E que ni — 6696 De deus — 6699 fràe — &705 iores, de ucreues —
^709 comube — 471s A pi. fr. oe naturoc — 6720 pbsaMNfitf — à7ds heletnanque
127
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
lis
Fol. 35 c.
Itmtrûiim» Ai-
cm-éi, ni , f ti.
Malevouine ,
pierrière du roi
de France.
Pii-rrières du
'lue de Bour-
gogne , des Teni-
plienetilr* Hos-
pitaliers.
Pierrière de
Dieu.
Piernères du
roi d'Angleterre.
6735 E meint autre que ne nom tnie,
Qui vindrent en la Deu aie.
Li dou rei malade giseient
Al siège a Acre ou il esteient.
Deus ne velt pas que il munissent,
67/jo Mais que la citië sucurussent.
Li reis de France repassez
Fud ainz que ii autre d'assez.
Les pereres as murs jetouent
Nut e jor, qu'eles ne finouent :
A 7/1 5 Li reis aveit Maie Veisine,
Mais en Acre ert Maie Cosine,
Qui tote jor la depesçoit,
E ii tozjorz la redresçoit,
E tantes feiz la redresça
6750 Quelemaistremur depesça,
E la tur maudite ensement
Rot ele empeiriee grantment.
La periere al duc de Borgoine
I refaiseit bien sa besoine,
/1755 E celé as preuz seignors del Temple
Feri meint Turc joste la temple.
Celé as Hospitaliers faiseit
Uns cols qui a toz lor plaiseit.
Une periere i ot fermée ,
Û760 Periere Deu estoit clamée,
U uns bons prestres prcecha ,
Qui tote Tost esleesça ,
E porchaça tante moneie
Qu*il mist bien del mur a la veie
6766 Qui iert lez la maudite tur
Plus de deus perches tôt entur.
Li coens de Flandres en aveit
Une eue quant il viveit ,
Nu le meillor n'estuveit querre :
6770 Icele ot li reis d*Engletere,
Si ot od ccle une petite
Que Ten teneit por bone eslite.
Gelés a une tur jetouent
D'une porte ou ii Tare hantouent :
6775 Tant la hurterent e bâtirent
Que la meitië en abêtirent ;
Si en aveit Ii reis fait faire
Dous noves de si riehe affaire
Qu eb jetouent totes covertes
6780 La ou els erent poroffertes;
Si ot fait lever un berfroi ,
Dont li Turc erent ep effiroi.
Qui si iert coven e vestui
De cuir, de cordes e de fui
/^785 Que ne criemeit pierre gettee
Ne feu greceis n'autre rien née;
Si fist faire dous mangoneb.
Dont li uns esteit si ignels,
Quant sa piere voleit en Acre,
A 790 Qu'eie aloit jusqu'en la maçacre.
Les sues perieres jetèrent
Nuit e. jur, qu^eles ne finerrat.
Si fud si veirs com nos ci sûmes
Cune d'eles tua douze homee
6796 D'une pierre, qui fud portée
A Saiabadin e mostree ,
Que tels pierres ot en la terre
Aporté li reis d'Engletere,
Gaus de mer qu'il prist a Hescbines,
6800 A tuer les genz sarazines.
Mais li reis giseit contre lit.
Trop malades e sanz délit,
E aloit veoir les batailles
Des Sarazins e des chenaiiies
A8o5 Si près de l'ost e des fessez
Que ço li grevoit plus d'assez
Que il ne poeit assembler
Que li mais quil feseit trembler.
Multpar fud Acre maie a prendre,
6810 E mult i covint einz despendre
Fil
U'jBg quil — &7A1 fud repassiei — àfjUi Jautre — ^768 la
'1768 qua — 4761 prêcha — 6771 od manque — 6778 un l.
criemeieDt — 4 797 leles — A 807 Quil — A808 qui li f. — Û8
drescoit — à'jbk refdt — ^767 hospîlali — ^
— /1779 des — 4780 des — 6785 Qui ne p^
10 i manqué
139
LESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
130
A mult engins que il i 6rent,
Qui a grans paines i suffirent;
Car quant il ne se regardouent,
E li Saraizin iorardouent.
/i8i5 Li reis de France ot fait un chat
De grant cost e de grant achat,
E une cercloie coverte
Trop richement, dont fud grand perte.
Le rei meismes se seeit
68ao Soz ia cercloie, si traieit
Sovent od s'arbaleste as Turs
Qui veneient défendre as murs.
Un jor, si com ses genz gueitouent
Son chat e ceis qui i ovroient,
6895 Eth vos que Sarazin jetèrent
Tant sèche huche e aporterent
Sor le chat e sor la cercleie
(Que Ambboisbs vit celé foie)
Qu'après le feu greceis lancèrent
/i83o E une perriere adrescierent
Tôt dreit sor le chat a ferir.
Tant que le chat covint périr,
E la riche cercleie oveques
Fud arse e depecie illoques;
/!i835 Dont li rois ot al quor tel ire
Que il comeoça a madire
Trestoz cels qui son pain mangouent.
Quant des Sarazins net vengouent.
Celé nuit 6st crier Tassait;
68/10 L'endemain fist merveilles cbait.
Estes vos al malin monté
La fiere gent de grant bonté.
Cel jor fist as fossez la garde
n Sar- Tel geut qui n'esteit pas coarde ,
6865 Car tôt entor a la reonde
Aveit des meiliors genz del monde.
A cel jor iud mult grans mesters,
1, II.
irétieos
Il ua
Sapba-
Car Salahadins tut premiers
Aveit dit que il enterreit, Fol. 35 d.
685o E que lores si mostereit.
Ki vint pas, meis ses genz i vindrent,
Qui al fossé tel estai tindrent
' Qu'il erent a pie descendu.
La veissiei estai rendu
6855 E ferir de mace e d'espee.
La iert la bataille açopee ,
Car li Turc dehors se desvoent
Por cels de Acre quis acenoient
0 l'enseigne Salahadin.
686o Ço iert Tamiralz Saphadin
E tel gent qui tel presse firent
Al fossé qu'a force l'emplirent;
Mais nostre gent le reuserent,
E cil qui devers les murs erent
6865 Assailloient Acreadecertes,
Dont Deus lor rende lor désertes !
Li mineor le rei de France , u^ Frtnçai*
Qui lui aveient fait liance, "^T'v! "";
^ * mille il Acre el
Foirent tantxpar desoz terre y ^'^^^ *»^*«*»'-
6870 Por le fondement del mur quere
Que d'estançons l'estançonerent,
E pub après sis aiumerent,
Tant c'un grant pan del mur chai ;
Mais un poi lor en meschai ,
6875 Car al cbair jus s'acota,
Si que chescons bom se dota.
Eth vos grant gent la endreit traire
Ou il virent le mur atraire.
La veissiez tantes banieres;
6880 Enseignes de tantes oMinieres
La veissiez a celé presse
De la paene gent engresse;
La les veissies avancier
E feu grezeis as noz lancier;
6811 quil, i manqtiê — 6819 a grani paine -
68ti arbe — 6896 i manqué — 683o pertiere —
li m. -^ 6869 quil entreit -^ 6859 del e. —
6878 affaire — 6880 E tantes enseignea de m.
- 68id ne numque — 6817 bien oooerte — 6890 Sor —
6836 Qoii — 6861 Eht voa — 6866 mdlior — 6867 «^^^
6857 acenoient — 6861 tele — 6877 gr^nt manqui —
larRivtniK x4Ttev4iK.
131
LESTOIRE DH LA GUERRE SAINTE.
132
Fd. :iO a.
■**Éi, in. 1.
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■ uim tt-uat F •
• ^ 1
r-
La \eis!>iez de dcus pan traire
As eschieles ai mur alraire.
I^ fud feiz un granz hardemenz.
K ço list Aubens ClimeDZ,
(!il qui dist qu'a cel jor murreil
Ou que dedenz Acre enterreit,
Vil n'en deigna onques mentir,
Ainz devint iiloques martir.
Car sor les murs i^'ala combalre
\s Tur» qui Tatouent abatre,
E tant sor lui en acunit
Oue sei défendant i munit:
i's^ cil qui sivre le de^eient.
nui sor Teschiele ja esLeient,
La char^gerent tant qu'el pleia
E que al ploier peeheia
E cil el fos»^.* trébuchèrent.
Li Turc huèrent e crièrent ,
Si i ot de t«U qui i morureut
De» noz e tels qui traii i furent;
liais d'Auberi Qiment sani dote
Fod desbeitie Tosl trestote,
E por loi regreter e plctndre
Goiînt icel assalt mnaindre.
Ne denora mie grantment
Psk la mort Auberi Climent
0^ il foireot la tar maudite.
Que jo avoie nomee e dite.
Tant qu'ele fod astaoçonee
E empeîriee e estooee:
E li Turc par dedenz Codent
i>>otr eb al plos dreit qu'il poeient
E tant que il s*entreeontrereot.
K qae triuues s'entredooerent;
E il i aveit eristiens,
Tennz on fer» e en lioos :
Tant paiier^fit ensemble e firent
Mn^ fil dt^lvDz hors s'en is^^iient.
E li Turc de dedenz le soreot ^
Sachiez bien que grant doel en orent ;
6«n5 Le pertus par ont cil passèrent
Afeiterent e amendèrent.
Li reis Richarz giseit encore
Malades, si com jo dis ore;
Mais il veit que de sa baillie
1930 Fust la citié d*Acre assaillie.
Lors Gst une cercloie traire
As fossez de trop riche aflaire;
La erent si arbalesier.
Oui bien fesoient lor mesler.
^93:1 II meimes, si Deu me voie.
Se Gst porter soz la cercloie
En une grant coilte de paile
Por faire a Saratins contraille.
E i fist mein trait d*arbaleste
^9^0 De sa main qui mult en iert preste
A la tur ou li Turc traiooent
E ou ses pereres jetouent;
i E li suen mineor fuioient,
* E cil toz jon estancenoient.
h^\h E tant l'orent eslan^nee
E as perieres eslonee,
Qu'el tresbucba jus contre terre;
E donc tist li rois d'*Englelere
Cner |>ar l'ost son crieor.
\ ^900 D*un mur qui ert joste la tnr.
; Que qui un quarel en trareit
! Que deus besanz d or l'en doivit .
t Puis en pramist trois e puis quatre.
I Lors veissiez serjanz embativ;
j ^909 La veissiez tanz mahaignier
«-r*. 11
nirb
l«le au
ville (<
■ •91 I.
i iqtio
— ^$90 enlrat
— &93sl>oret-
&9&S E mnjmfte
- &933 ariilertfr
— ^9^)1 QQ
La veissiez tanz enven^r
Qu'il n'i osouent ooniver^r
Ne demorer desoz les tai^ges.
E li mur iert mult hait e laigos
-r i936 tor — 4937 (^nede — ^939 i
— i95i Lira — 4960 oMilt
FuL34
133
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Vilt
«in re-
Cl^
numBi-
1 , XIV.
iglftiH et
u mon-
brècbe.
. 30 ff.
E neporqaant tant i atrestrent
Que des quarels hors del mur trestrent.
Lors veissie2S tans Tares atraire
La ou les quarels virent traire,
AgôS Qu a descovert s'abandonerent
A jeter a ceis qni trencbierent.
Uns Turs s'iert armes richement
Des armes Auberi Gtiment,
Qui le jor trop s'abaodona;
/1970 Mais ii reis Riebarz loi dona
D'un fort quarel el gros del pis,
Que cil cbai mors sanz re8f>ii.
Lors veissiez Turs descovrir,
Por le doel de celui covrir,
6975 E as quarels abandoner
Ë traire e de granz cops doner.
Ne furent aine de tel défense :
Merveilles ot qni s'en apense.
La n'aveit mestier armeure,
/igSo Tant fust tenaus, fort ne seure :
Dobles parpoinz, dobies baubercs
Ne tenouent ne c'uns drap pers
Les quarels d'arbaleste a tur,
Car trop erent de fort atur.
6985 E li Turc par dedenz foirent
Tant que li nostre s'en fuirent
Ë qu'il les covint remuer;
Etb vps Sarazins a huer.
Quant celé tur fiid abatue
^990 Qui tant aveit este batue,
E la fumée fnd estainte ,
Si qu'il i ot montée mainte,
Lors s'armèrent li escuier,
Qui csteient preu e legier;
6995 E la fud la baniere al conte
De Leicestre en icel conte;
Si fud la mon seignor Andriu
De Chavingni en icel liu;
La seignor Hugon ensement
5ooo Le Brun i vint mult richement,
E l'cvesque de Saiesbires ,
E autres de plusors matires.
Ço fud a hore de mangier
Qu'a la tnr se vindrent rengier.
5oo5 Li preu escuier assaillirent
Les gardes des murs s'escrierent
Quant il virent que cil montèrent.
Ëlh vos la citié esmeue
5oio Quant cde chose fud seue;
Lors veissiez Turcs apluveir,
E escuiers si tost moveir.
Qu'il voleient en Acre entrer.
La les veissiez encontrer
5o]5 E les uns as autres combatre,
Hurter e terir e abatre.
Li escuier poi de gent furent
E li Saraizin toz jorz crurent ,
Quis ardeient a feu ardant;
5oao E cil s'en vindrent regiiardant,
Qui n osèrent le feu atendre,
Ainz les en covint jus descendre;
E ne sai quanz en i murut,
Si com l'aventure curut.
5oa5 Lors s'armèrent la gent de Pise,
' Qui esteient de grant emprise,
E sus en haut del mur montèrent;
Mais Sarazin les rehasterent
Si durement que la bataille
5o3o Des Pisans e de la chenaille
Fud si forz e si desreee
Qu'aine ne fud veue rien née
Si bien deifendre n'assaillir :
les Pisanz covint jus saiUir;
5od5 E se l'ovre fust mielz seue,
Acre fust icel jur eue: *
Lf-5 Tuics re-
l>ous£ent les «%<
Fol. 37 a.
6*961 arestrent
— 6973 Loreu —
5oit E numquê —
— ^1963 Lores — 6966 a numfuê — 6967 si iert -^ A969 Que — 6971 fort manque
6977 aine manque -^ A983 arbleste — 6993 Lores — ^999 Le -^ 5oii Lores •—
5os5 Lores — 6097 del mur masMfM — 5odo pianns — SoBi si tnon^, deaaree
133
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
136
Itmtrnrium Rm-
cardi, III , iz.
Accord entra
Gui et Conrad,
soutenus, celui-
c\ par Philippe
et celui-là par
Richard.
Gui reste roi.
Conrad a Tyr,
Bevrout et Si-
don.
Conrad aéra 5o6o
roi à la mort de
Gui.
Fol. 37 6.
GeiTroi reçoit
Jiifla et A»ralnn.
IHnerarùunni'
eardi, 111 , zf .
Les infidèles
ïool réduits à la
dernière exlr<*-
niilé.
Mais ii plus des gens qui esleient
En Tost a lor manger seeient,
Ë Tovre fud fait en sorsalz,
So'io E par tant remist H assalz.
En l*ost ût ÙLii un parlement
Dont il vint un acordement
Del rei Guion e del marchis ,
Qui mult fud porcliacid e quis.
ôo'io Le rei de France se tcneit
Al marcbis e le maintencil,
E Richarz li reis d'Elngletere
Se teueit al rei de la terre
Qui fud reis en Jérusalem;
5o5o E por ço si esgarda Tem,
Por ço que il ne s'entreamouent
E por le rialme estrivouent,
Que li reis Guis reis remtindrcit,
Mais quant qu'ai reaime apendreit
5o55 Partireient, corne des rentes;
Et li marcbis Sor en atentes
Avreit e Barut e Saete,
Por un de pais estable e nette ;
E si li Cens si encoreust
Que li reis Guis ainceis murust,
Li marcbis avreit la corone,
E Jciïrei Jaffe e Escbalone
De Leizegnan fereit ses bons
Del pais tant com sereit soens.
0065 Mais li marcbis lote sa vie
Porta as deus frères envie.
Pierre iert la gent e orgoillose
En la citië c merveillose :
Se ço ne fust gent mescreue,
5070 Onqucs micldre ne fud veue;
Ncporquant grant pour aveient
De la merveille qu*il veeient,
Que tôt li mondes s'atendeit
A els destruire e entendeit;
5075 E veeient lor murs percbier,
E estroer e depecier,
E veoient lor gent bleciee
E ocise e apeticiee;
Et neporquant dedenz la vile
5o8o En erent encor bien sis mile,
E le Mestolt e Caracois;
Mais il n*esteient pas a cbois
N*en espérance de soeurs,
E bien saveient tôt a curs
oo85 Que tote Tost iert en tormenl
Por la mort Auberi Climenl,
Et por lor filz e por lor frères,
Por lor oncles e por lor pères,
Lor neveuz, lor cosins germains,
5090 Qu'il aveient mort de lor mains,
Dont les baouentveirement;
E saveient certainement
Que nostre gent ilioc murreient
Ou que a force les prendreient :
0095 Ne poeient par el passer.
Un mur orent fait compasser
E fait en travers la citié;
Si vos di bien por vérité
Qu'il se quidasent mult défendre;
5 100 Mais Deus lor fist un conseil prendre
Qu a nostre gent vint honorable
Ë as lor mortel e nuisable,
Si que Acre fud par cel affaire
Nostre sanz lancier e sani traire.
01 o5 Li Sarazin qui en Acre erent
Pristrent conseil e esgarderent
Que a noz genz conduit reciueneient, *sai«dindeitor
A c 1 1 r * permeUf» de ••
A oalahadin envereient,
Qui esteit pleviz par fiance
5iio Que s'il veeit lor mesestance
Qu'il fei*eit pais a lor devise;
Car si fud la fiance prise.
Fol. 37 c.
Iam Samairti
enfeméa dans
Acre d«iiMiidcnt
reodre.
5oû4 E qui — 5o55 com — 5o6o aini — 5o63 •/ doit y avoir ici une lacune assez forte — 607/1 ^^^ "^
5076 estorer — 5o8o eocore — 6908 mureienl — bogU qua — 5io3 icel -— 5io6 le second nni manqfte —
5i 06 e gardèrent — 6107 condiucr requereient — 5io8 E que a — 6109 e. paela par — 5i 1 1 freit
137
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
138
là.
leur
• en*
once
Gonduit a noz genz demandèrent,
E a Salabadin mandèrent
5ii5 Qu'endreit els gardast sa hautescc»
E son renom e sa proesce,
E sa grand lei deancesorie,
Que Mahumet ot eslablie,
Que ele ne fust empeiriee
5iao Por cristiens ne abaissiee,
£ que hastif conseil preist
E que nul autre n'en creist
Fors des prodomes délivrer
Qu'aveit en Acre fait entrer,
5i95 Ki lorent tant por lui guardec
Qu'erent al prendre de fespee,
Ë de lor chaitives maisnees
Qui tanterent desconseillees,
Qu'il n'orent de treis anz veues
5i3o Puis que les ostz furent meues;
Que d'els e de cels preist guarde,
Que ne murussent par mesguarde,
E qu'il aquitast sa fiance ,
Ou ço seust il sanz dotauce
5i35 Que il vers cristiens fereient
La meillor fin que il poreient.
Salahadins oi la plainte
De sa gent qui si iert atainte,
El lor mescbief e lor destresce,
5iâo E lor desbeil e lor fieblesce;
Si lor dist del mielz qu'il saveit,
C respondi que il aveit
De Babiloine eu message,
E que lui vendroit grant barnage
5iA5 Par tens en nés e en guallees,
Que il aveit pieç'a mandées
A ses prieuz genz d'Acre socore,
Qu'il ne voleit leissier encore;
E aveit mandé l'amulaine
5t5o Que il vendroit en la semaine,
E si soeurs ne lor veneit
Que par la lei que il teneit
Qu'il fereit a lor salvetë
Pais envers la cristienté.
5i55 Cil alerent e si revindrent,
A oui plosors meschiefs avindrent.
Les perieres les murs quassouent
Que ne nuit ne jor ne cessouent,
E li Turc tel pour aveient
5 160 Que par nuit sor les murs veneient
E se laissoient jus chaioer
Por pour de lor meschaier.
Message alerent e revindrent,
Salabadin entendre firent
5i65 E li dislrent que mort esteient
S'il pais ou soeurs nen aveient.
Salabadins vit adecertes
Les granz mescbiefs e les granz pertes
De ses genz e le grant damage.
6170 Lors prist conseil a son barnage,
E lor manda qu'il en ferait
De ço que l'en lui requereit.
Li ricbe bome e li admirait
Li respondirent tôt en balt,
5175 Qui ami et parent esteient
A cek qui Acre defendeient,
Qui hors les en voleient traire,
Qu'il n'i aveit fors de pais faire
La meillor que feire peust,
5i8o Ainzeis que noalz i eust.
E quant li soldans entendi
Ou cbescon des barons tendi,
E il sot d'Acre le mescbief,
Dont il ne poreil traire a chief ,
5i85 Volsist ou non, dist as messages,
Qu'il saveit a preuz e a sages,
Itmerarium Di-
tardif III , xTi.
Les Tares aax
abois supplient
de noaveau Sa-
ladio de céder.
Fol. 38 «.
Itinerarmm Ri-
eardi, III, xTii.
Baladin con-
sulle ses barons ,
qai lui ron •
seillent de rendre
la Tillo.
5119 Qaele — 5i3o fusent — SiSa Que manque —^ 5i35 Qui], freient — 5i36 quîl — Siûs quil —
5ià6Qttil— 5i5o vendront— 5i5s quil teneit — 5i53freit— 5i5â vera — 5i55 simofi^ — 5167 pieres
— 5i58 h prmmtr ne wumqui — 5i63 Messegier <— 5i66 Qui a stl. — 5i65 ii manque — 5i66 t. naudenl
— 5i68 e manque — 6170 Lores — 6171 frait — 6178 del p.
139
UESTOIRË DE LA GUERRE SAINTE.
m
Jei
Fc
5935 Le jor que Acre fud reDdue, i\
Si corn jo ai Tovre entendue, '^
Ot quatre anz, ço fnd chose enquîse, ru
Que Sarasin forent conquise;
Si ai en momorie e a main
533o K'el fud rendue Tendemain
De la leste saint Beneeit,
Mal grë le pofde maleeit,
Que Deus de sa boche maidie,
Nel puis leissier que jo nei die.
5335 Qui lores veist les églises
Qui ierent en Acre remises,
Corn il aveient depechiees
Les ymagenes e enfacees,
E les autiers jus abatua,
53^0 E croiz e crucifix batuz
El despit de nostre créance
Por acomplir lor mescreance,
E faites lor mahomeries!
Mais els lor furent puis meries.
5365 En cel contemple, al mien entendre,
Que li Turc durent la croiz rendre.
Après ço qu'Acre fnd rendue, >
Eth vos la novele espandue
Par tote Tost al rei de Franee,
53 5o Ou li poples ol tel fiance,
Que en France voleit relomer^
E faiseit son eire atomer.
El merci Dcu, quel retomeel
Tant fud malement atomee,
5355 Quant cil qui deveit maintenir
Tantes genz s'en voleit venir!
Il s'en vint par sa maladie,
Li reis ço dist, que que l'en die;
Mais nus n'ad de ço testimoine
5360 Que maladie en seit essoigne
D'aler en Tost le rei domaine
Qui toz les reis conduit e maine.
5187 granlol — 5189 Lores — 5191 quil offreient «- 5196 De cela e de noz — 53O0 qui! — 5 toi quil
— * 5303 creeient — baoU E manque — 5t07 freit — 59i& an — 53 1 5 mile — Saao verer — 599A cran-
tèrent — 53^0 Kele — 533 1 beneit — 5333 maleit — b^àU eles — 5s5o li pople aueil — 5t5d dems
Qu'il graantot la vile a rendre,
Quant ne la poeient défendre.
Lors fud illoques porveu,
5190 Aiuz que li mes fusent meu,
Lor offre que il offereient
As cristiens quant il vendreient.
Li messagier vindrent ariere,
Fol. 3^ 6. Qui ne firent pas laide chiere.
5195 Eht vos eusembie le concilie
Des noz e de cels de la ville
Qui veneient lor offre faire;
A tant fist l'em le poeple taire.
Lci Sarrasins Li Turc a uu latimier firent
'lomaadcnl la tn* n i* «i n* •
paix. 5aoo Dire I ofre que il oiirirent.
coodiiiont do L'offre fud tels que il rendreient
jii paix. . . 1* • .* • .
La croiz ou li cristien creient,
E qu'il lor rendreient la vile,
E de lor halz cheitifsdous mile,
53o5 E cinc cent d'autre gent menue,
Qu'il aveient pieç'a tenue;
Que Saiabadins fereit querre
E cerchier par tote sa terre
Lor armes e lorguamesture;
53 10 E si que nule ci'eature.
Quant li Turc d'Acre s'en istreient.
Ensemble od els n en portereient
Chescon par sei fors sa chemise.
Encore i ot une autre mise,
531 5 Que deus cenz mil besanz dureient
« As deus reis qui illoc esteient
E de ço avreient en ostages
Les plus hauz Turs e les plus sages
Que l'em poreit en Acre eslire
5;î2o Par veeir e par oir dire.
Nostre gent a conseil se trestreni
Le^ cmiM-^ E les coveuauces rctrestreut,
\^x^{9 juiu.1 Tant qu'en nostre conseil troverent
'*^'^ La pais e qu'il la graanterent.
iAl
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
1&2
Ge ne di pas que il n'i fust
E qu'il n'i meist fer ne fust,
5^65 Plum e estaim, or e argent,
E ne socurust meinte gent,
Gom li plus haut reis teriens
Que i*en sache de eristiens;
E por ço dcust il remaindre
5970 A faire son poeir sanz faindre
En la povre terre esguaree
Qui tant ad este comparée.
La novele fud descoverte,
Tote seure e tote aperte,
5975 Par Tost que li rois retornoit,
Qui chascon jor s'en atomoit.
Eth vos de France le bamage
Tôt plein de forsan e de rage.
Que le chicf dont il menbre esteient
5s8o En itel volcntë yeeient
Qu il ne voleit por els remaindre
Ne por plorer ne por complaindrc;
E quant il ne porent fin mètre,
Tant ne se sorent entremelre,
5s85 Si vos di bien qu'il le blasmouent,
E por poi qu'il ne reneiouent
Et lor rei e lor scignorie.
Tant haeient s'avoerie.
Li reis do France iert sor son eire,
5a9o Si qu'il n'en voleit home creire
De faire illoc plus demorance
Au. Qu'il ne s'en retornast en France;
Si s'en retorna par s'esmuete
De barons e de genz grant muete.
5995 Lores leissa en cel chonchange
^ ^' Le duc de Bergoine en eschange
Por lui od les genz de sa terre,
E fist le rei Ricbart requerre
Que il lui prestast dous gualees.
53oo Elh vos ses gens al portalees,
au
our-
con-
Si Tem firent aveir dous bêles,
E bien guarnies e isneles,
Qui furent mal gueredonees
E franchement abandonees.
53o5 Li reis Richarz, qui en Taie
Dampnedeu remist en Suiie,
Fist requere le rei de France,
Vers cui il esteit en dotance,
Car lor père s'entredoterent,
53 10 Qui meinte feiz s'entregreverent :
Si volt qu'il lui asseurast
E que sor sainz le lui jurast
Que a sa terre mal ne fereit
Ne qi/e il ne lui empeirereit
53 1 5 Tant com il sereit el veage
Deu e el son pèlerinage,
E que (quarante jors ainçois
Lui mandereit par ses François,
Puis qu'il sereit dedenz sa (erre,
5330 Qu'il ne meust noise ne guerre
Ne ne i feist nul grevemcnt;
E li rois lui fist le serment
E mist en plcge de halz homes,
Dont remenbrance encore avomes
53 a 5 Del duc de Borgoine e del conte
Henri, e autres gent par c^nte
En furent plege ou cinc ou plus;
Mais ne sai nomer le surplus,
li reis de France prist congië;
533o Mais une chose vos cont gië,
Que il ot plus malaiçons
Al partir que beneiçons.
Il e le marchis s'en alerent
Par mer a Sur e si menèrent
5335 Garacois e la lor partie
Des Sarazins qui fud partie >
Dont li rois quidoit bien aveir
Gent mil besanz de lor avoir,
Itinerariitm Hi-
i-ardi, III , 1x11.
Philippe -Au-
guste jure h Ri-
chard de rcspec'
ler !tes Etnls ft.
son ahiM»ncp.
i' oi. 39 L
Itiiterarhun A>-
emrii, III , xxiu.
Philippe- Au-
guste el Conrad
•le Monlfvrral m-
lendeni pnr mer
iTvr.
S963 qiiil — &965 k fnmin' e imm^im — 5t66 E qoii ne t. — ^tgg Qtnl <— • 33o3 g;iieffdoii«ef — 53i6 el
mciifttf — 53t8 mandral— 53a& e le e. — 533o congië — 533i Qail — 5338 nûle
\ài
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
m
fjCIoUgfl MF-
rtrius «0 don-
nent pas de ran-
çon ; nirhanl
prête de l'argent
au dur do Bour-
gogne.
Itineraritim /îi-
'«it/i. IV, 1.
LnrgC!tses <1«
RichanI cnviTs
\fs Cmisëf fran-
çais.
Fol. 3() c.
Dont il qaidot ses genz tenir
53/10 Desqu'a la Pasche e retenir;
Mais tut li ostage encorûrent,
Dont li plusor a doel mururent,
Si que n'en fud prise maaille
Ne chose née qui la vaille
w.S'xA A celé foiz ne créature,
Fors demie la guarnesturc
Que Franceisen Acre Iroverent,
Qui meinte foiz le reproverent,
Qu'il n*i orent autres soudées,
TiSTio Sin furent des granz descordees.
Fors puis que li rois d'Engletere,
Que li dux en ala requere,
Prcsta al duc sor ior ostages,
Dont il Ior fist granz avantages,
r>.S55 Del suen cinc mile mars d'argent,
Dont il soldeerent Ior gent;
Mais ço fud puis après grant pose.
Le reis Richarz vit que la chose
E Fovro estoit sor lui tomee
r)36o E le cust por la retomee
Del rei, qui ne voleit remaindre.
Lors fist de son trésor ataindre
Or e argent a grant plenté,
Sil dona par grant volenté
5365 As Franceis por els ahaitier.
Ou il n aveit que deshaitier,
E as genz de plusors languages
Dont il aquiterent Ior guages.
Li reis de France en retorna ;
5870 E li reis Richarz se aloma,
Qu'il ne velt pas Deu oblier.
Lores fist somondre e crier
L'ost, qui puis demora quinzaine
Plus que le terme e puis uitaine;
5375 Car Salahadins ne velt mie,
Ou Deu ne plot, que qu'on en die,
Rendre as noz geoz sa covenance,
Por quei l'ost fist tel demorance.
E li reis fist endementeres
53 80 Ses mangonels e ses perieres
Chargier, si qu'il fust apresiei;
Car ja trespassot li estez,
E por ço atomot Ior affaire;
Si fist les murs d'Acre refaire
5385 Tant e plus qu'il n'en fist abalre.
Il meismes s'aloit esbatre
E les ovriers veoir ovrer;
Car mult tendeit a recovrer
A Dampnedeu son héritage ,
5390 Si lui ennuiot son estage;
E bien lui èust recovrë.
S'envie n'i eust ovrë.
Li termes vint des covenances.
Des sairemenz e des fiances
5395 Que Sarazins as Frans aveient;
Mais li cristien ne saveient
Que cil en vain les traveillouent.
Termes e respiz demandouent
Li Sarazin de la croiz quere.
5^100 Lors oisiez noz genz enquere
Noveles quant la croiz vendreit;
Mais Deus ne voleit mie endreit
Que cels por cui l'en la dut rendre
Deust guarantir ne défendre.
54o5 Li uns diseit : «rEle est venue, n
L'autre diseit : «r Cil lad veue , .
rQui fut en l'ost as Saraizins.i»
Si mentirent, ço fud la fins.
Salahadins sanz les soecurre
5â]o Leissa les otages encorre,
Car il quidot par la t^roiz faire
Une pais de greignor affaire.
Dementeres qu'il termoierent,
E li cristien enveierent
536 1 M. li o. t. e. — 5363 Si que onques nen f. pr. maille — h^hk Ne une ne qui — 5368 Que — 5356 foldeent
5358 vit maiiçiM^quela la ch. — 5369 Lores — 5369 sen — 5376 Puis — 5376 que quend.— 5887 OQeretv.-—
-^ 5^100 Lores — 56os ne se velt m. — 56o5 dist— 5ûo6r manque-^ 5609 les man^f — 56 1 3 Demeaters
145
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
14ff-
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ào a. bU3o
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Boar-
Drem
et Ro-
Qmoci
e Goo-
56 1 5 Messages a Sur al marchis,
Si lui fud mande e requis
Qu'il venist les ostages rendre
E la part receveir e prendre
Que afereit al rei de France :
56 a o Ço iert demie la covenance.
Li evesques deSalesberes,
Li coens Roberz e un des frères
Des bons chevalers de Preials,
Pieres, li preuz e li leals,
5695 Cil trei porlerent le message.
Li marchis, qui iert plein de rage,
Lur respondi que no fereit,
Car en Tost aler n'osereit
Por le rei Richart d*En^etere,
Quil cremeitplus que orne en terre;
Eusorquetot, si ç'aveneit
Qu'il rendist les Turs qu'il teneit ,
Voleit que la croiz fust partie,
Si qu'il en eust sa partie,
E lôres sereient rendu,
Ja plus n'i avreit atendu.
Cil oirent l'enrievretë
Del marchis plein d'oribletë»
Si sachiez que mains l'en preiserent;
566o Mais a lor poeir l'achoiserent
E distrent que uns d'els remandreit
En ostages, e il vendreit
Devant le rei seurement;
E il jura son sairement
5665 Que ja n'i portereit ses piez.
Cil s'en revindrent sanz congiez
A Acre al rei, si lui contèrent
Tôt, si que rien n'i mesconterent.
Li reis ot eschar e vergoine,
565o Si manda le duc de Burgoine,
Si manda danz Droon d'Amiens,
Ou tant aveit proesce e biens,
56i6 mande fud •— 5693 De b. — 563i E sor que
— 5669 not — 5657 ^ porqaei — 5663 ne prise
5676 Quil, a comquere — 5683 Mais taot alerent a -
5635
E Robert de Quinci oveques;
E quant li reis les vit illoques ,
5655 Si lor mostra la desraison
E le sorfeit, e la achaison
Por quel li marchis ne veneit,
Por quei les ostages teneit,
E voleit partir al rialme
566o Senz porter escu ne hialme,
E la vitaille ot destorbee.
Si qu'a Sur n'en veneit denrée
Que ne fust arestee e prise.
Dist li reis : trCi ad foie emprise.
5665 ((Sire dux, aler i covient :
((Si de folie nos sovient,
((Nus n'i feroms nule besoine.?»
Lors s'esmut li dux de Borgoine ,
E danz Dreus d'Amiens e Roberz
5670 De Quenci li preuz, li aperz;
A Sur al marchis en alerent.
De part Deu lui amonesterent
E de part le rei d'Engleterre
Que il venist a recomquere
5675 E a reguainer Sulie,
Si com il i clamot partie.
Cil lui diseient bonement;
E il respondi folement
Qu'en l'ost son pië n'en portereit,
568o E quesa citiéguardereit.
Dont ne cremoit home vivant.
Assez alerent estrivant,
Mais tant firent a la persome
Li trei messagier, li hait home,
5685 Que les ostages en menèrent
A l'ost en Acre ou li autre erent.
Li ostage furent venu ,
Cil qui a Sur erent tenu ,
Et li termes iert trespassez
5690 Quinze jorz, voire plus assez,
tôt — 566 1 diat — 5663 leurerent — 5666 vindrent
— 5666 des Ibiies — 6667 froma — 5668 Lores —
- 5686 Le — 5685 en amenèrent
10
Fol. 60 6.
Le marquis
cède Itf oUget,
miûrcfufe de re-
joindre Ridiard.
Itkurmiimm At-
emrdi, IV, it.
Richard fait
maaiarrer \9t
otaget sarranns
(ao aoAt 1191).
IHrRIMCaïC XATIOHALK.
Mil
L ËSTOIHË DE LA GUERRE SAINTE.
IM
Des covenanz que cil diseient
Qu a la cristienté tendreient.
Dont li soldans s'iert defailliz,
Qu il fisk que faus e que failliz,
5695 Quant cela que a la mort livra
Me rainai ne ne délivra.
Lors perdi il sa renomee
Qui tant aveit este nomee ,
Fol. ko r. Car n'aveit cort el monde eue
0000 Ou el ne fuit amanteue;
Mais Deus son enemi despose
Quant ii Tad soflert une pose,
Et son ami tient e surhauce
Et governe sa ovre e esbauce.
55o5 Mais Salahadin surhaucier
Ne deveit plus ne eshaucier,
€ar quant qu'il fist et il ovra
Sor cristieps e recovra
Ne fud fors que Deus velt ovrer
55io Et par s'ovraine recovrer
Son poeple qui iertdesveiez,
Si voleit que fust ravoiez.
Quant ii reis Richarz ot seu
De verte et aconseu
55 1 5 Sen dotance veraiement
Que ço n'iert fors delaiement
Que Salahadins lui fesoit ,
Mais lui grevoit e despleisoit
Qu'il n'aveit ja Tost esmeue;
5:)9o E quant il ot Tovre seue
Que ii nient plus ne l'en fereit
Ne qu il cels ne reguardereit
Qui Acre iui eurent guardee,
Si fud si la chose esguardee
r>5a5 A un concile ou assemblèrent
Li hait home 9 qui esguarderent
Que des Sarazins ocireient
Le plus e les autres tendreient ,
Cels qui erent de balz parages
553o A achater des lor ostages;
E Richarz li reis de En^etere,
Qui tanz Turs ocist en la terre.
Ne volt plus sa teste ddMitre,
xMais por Torgoil des Tnrcs abatre l'ol.
5535 Et por lor lei desaengier
Et por cristienté vengier
En fist mener hors de la vile
Toz liez set cenz e deus mile.
Qui trestuit furent detrenchië ;
55/10 I'] dont furent li cop vengié
De quarels d'arbaleste a tor.
Les granz merciz al creator.
Eth vos Fosl criée e semonse , tu
A rhore que soleil resconse
55/45 Et que par tens chevaichereient R»
E le flum d'Acre passereient, . tm
El non Deu qui toz les biens done,
A aier droit a Eschalone
Por conquere avant la marine.
555o Bescuit chargèrent e farine.
Vins e chars et estoremenz;
Si fud fait uns comandemens
Qu a dis jorz vitailie portassent,
E que li mariner guardassent
5555 Que lors venissent od lor barges,
Costeiant Tost od tôt lor charges .
E les enekes ensement ^
Venissent après prestement,
De vitailie e degenz chargées,
55<)o Armées e apareillees.
Issi distrent qu'il errereient
E que deus ostz partir fereient.
L'une par mer, l'autre par terre.
Que nuis ne poeit reconquere
clia
5/195 qua — 5/197 Lores — 6699 corf — 55oo elc — 55o3 eshauce — 55o5 sabadins suhauder —
5507 il mmiuiuê — 55io souoraine — 55i/{ vérité — 55i5 veraimenl — 55ii Quil — 55a9 ne répé^ —
5o9/j fud si la chose si — 553o A manque — 55/ii carblaste — 55/i/j Iocum aprèê ce vert — 5545 que fHmèque
— 5555 lores — 5556 lor manque — 556 1 erreient — 556^ freient — 5503 Liin — 556/i nuls Fiome
149
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
lâO
ht a.
Croisa
• n*ge
5565 En autre manière Sulie,
Puis que li Turc font en bailiie.
En Tost qui en A«re ol esté 56o5
Dous yvers e toi un esté
A grant meschief e a grant cost,
5570 De si que près le mi Ausl,
•abie* Que li reis ot Tocise faite
De ceis qui bien Torent forfaite
Vers Deu e vers ses pèlerins ,
Dont il remist tanz orphenins,
5575 Tantes puceles esguarees,
E tantes dames esvedvees,
E tanz héritages leissiës,
E tanz lignages abeiasiës,
Tanz eveschiës, tantes églises
558o Sanz lor pasturs seules remises ,
La mururent tant prince e conte,
£)ont uns bons ders escrist le conte ,
De toz cels qui eo TosÉ munirent
E qai anques renomë fiirent,
5585 Sanz les maei» e les menuz,
Dont ja se fast a ehief venuz
Se il les i Yolsist toz meire.
Car trop i enst cnsi e letre;
En la letre trora e dist,
5590 El fol que de sa main escrist,
Quen fost murut sis arcevesques,
Le patriarche e douce etesques,
Estre les prestres et les clers
Dont nus ne peust estre cers;
55q5 Si i ot mon quarante contes,
Dont li clers retint les acontes.
Et ci ne cenz haut homes de terre
Qui alerent la Deu reqnere.
Qui Deus assoiUe e il ço YOÎUe
56oo Qu'il en son règne les acoiUel
Pot trestoc cels qui la munirent,
E por trestoz qui s'i esmurent,
&S66 font manque — 5568 unnumfMe — 5570 I>et0i — 5577 ieifsees — 6678 «baimii — SS79 euM^ued,
Uf» -* SôSa bons monqm *— 558& E nurn^iie — - 5587 Sii , i mmtquê — SS^ miinirent -— 56o 1 cds
manque — 66o3 e por la menue — 56 16 Lores — 56ao 9. «tAogier — » 56t8 lure
Por la grant gent e la menue
Par qui Tost Deu fud maintenue,
Por toz a un aoordement
Devons prier escordement
Que Deus «n sa gloire oelestre»
Ou il fera merveillus estre.
Les acoille entre ses amis,
56 10 ksi com il lur ad pramis,
E por lor preu e por le noslAi;
Si en die cheseon pakr nesire.
Quant la chenaille fud ocise
Qui dedenz Acre s*esieit mise,
56i5 Ou tant nos livrèrent ententes,
L011B fist li reis Ricbarz ses tentes
Hors des fossez porter e tendre
Por Tost esmoveir e atendre.
Et fist seijanz a pië rengier
56a o Tôt «nviroB sei e logier,
Por la Cause gent sarBiine
Qui veneient -o grant ravine
E tote ure les eaorîouent
Quant nostrégeat mains se gardouonl.
56a 5 E li reis, qui iert custumers,
Salloit as armes tôt (premiers
E poigneit dreit as gens haies ,
E feseit les chevaleries.
Un JQT avint qu'il eiMhacarent
563o Et que le bavât comeuoerefll.
• Eth vos que nostre gant s'armerenl,
Li reis e cil qui o lui ereut.
Si s'arma uns ooens de Hungrie
Et de Huugrais graat cmptinit;
5635 Encontre les Turs s'en iasireat,
Si i ot de t«lf qui bieu le £fent;
Maïs trop cbaœranl losgemMt,
Sin funeui Mestf laidement :
Li coens de UuQgrie fiid pris,
564o Qui mult aveit en Tost grant pris;
Fol. ki b.
Itineruimn Bi-
earéi, IV, m.
Richard campe
hon de la riUe.
Itinei'mrmm /?i-
earéi, IV, nii.
Lot T«reB at-
taquant famiëe.
Fol. Ul c.
13d comte hoo-
grob «t Hugues,
mariai du roi,
sont faits pri-
sonniers.
10 .
151
L*ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
153
56/i5
Gompanùon
de la manière de
combatlra des
Taret et de eelle
dn chrMens.
565o
5655
566o
5665
Itmnmrimm Bi-
eardi, IV, n.
Fol. ft t i.
5670
Les Croisés
quittent atec re-
gret Saint4ean-
d'Aert. 55^5
Si en fiid Hugeioz menez,
Un chevalier de Peito nez,
Ki esteit mareschaus le rei.
Lia poinst le rei toi a desrei ,
Qui quida Hugelot rescorre;
Mais menez fud a trop loing core,
Ke li Turc ont un avantage
Par quei il nos font grant damage :
Li cristien sunt mult arme,
Et li Sarazin desarmé
Fors d^arc e de mace e d'espee
Ou de cane bien aceree
Et de cotel qui petit peise;
Et quant Tem les chace a la teise,
Il ont chevals n'a tels el monde,
Volant par semblant com aronde;
Et quant li Turc est tant seuz
Qu'il ne poet estre aconseuz ,
Si a la custume a la mosche
Enuiose e plaine d'entusche :
Toz jorz chasciez e il fuira,
Retomez e il ensivra.
AIsi feseit la gent engresse
Al rei illoques meinte presse :
E il poigueit e il fuirent,
E retorneit e il siwirent;
Tele bore iert qu'il le comperoient,
E tele bore qu'il gaignoient.
Li reis Ricbarz iert en sa tente
Por l'ost atendre en tele atente;
Pereçosement s'en issoient
Hors des fossez e poi cressoient,
E la cititf d'Acre iert si plaine
De gent que i poeit a paine.
Bien furent d'omes treis cent mile ,
Que dedenz que debors la vile.
La gent esteit trop peresçose;
Car la vile iert deliciose
De bons vins e de damiseles,
568o Dont il i aveit de mult bêles.
Les vins e les femmes bantouent,
Et folement se delitouent:
Qu'en la vile aveit tant laidure
E tant pecbië e tant luxure
5685 Que li prodome bonté aveient
De ço que li autre faiseient.
L'ost s'en issi, qui iert somonse.
Si come cbandeille en esconse
Destaint par vent quant il l'enforce,
0690 Tôt autresi a une force
Covint lores en l'ost estaindre
La folie qu'i sueut remaindre;
Car totes les femmes remistrent
Dedenz la citië d'Acre e mistrent,
5695 Fors les bones vielles ovrieres,
Les pèlerines lavenderes
Qui laveient chiels e dras linges
E d'espucer valeient singes.
Etb vos l'ost al matin armée
5700 E par bels conreiz conreee.
Li reis fud en la riere guarde.
Qu'il ne perdissent par mesguarde.
Celé jornee fud petite;
E si tost com la gent maldite
5705 Eurent veu l'ost esmoveir,
Lors les veissiez esploveir
Des montaines, ça vint, ça trente,
Car lor pensée iert mult dolente
De l'ocise que la veoient
5710 De lor parenz qui morz gisoient;
E por iço l'ost engresserent
E su virent e apresserent;
Mais, merci Deu, rien n'i forfirent.
A tant noz genz d'iioec partirent
Draordrae peu-
liant l««r a^oor.
Dépvt «Ica
Croiaéa(tta«él).
Fd. h% a.
Lea Tarcahaf
<^ent rarwée.
b^kû de petto — 56&6 trop manque — 5656 lem le — 5655 noDt t. — 5658 poeit — 5675 d^omes
manque — 5678 deliose — 5684 le premier tant manque — 5686 autre home f. — 5688 oom —
569s soleil — 569/î i mistreDt — 5695 errere» — 6699 arme — 5700 conroe — 5703 fud mult p. —
570/1 come — 5706 Lores — 5711 engresserent
153
L'ESTOIRB DE LA GUERRE SAINTE.
156
ȉt)
5715 E le flum d*Acre oltre passèrent;
Si se tendirent e traverent
E sujornerent por atraire
La gent qui d'Acre iert fort a traire,
Qui a tel paine fud hors traite
6790 Ja ne pout estre ensenUe atraite.
du L'ost cristiene dont jo di
Passa le flum un vendresdi;
Une feste fud rendemain^
Que nus ne fist ovre de main,
6796 D'un des desciples Dampnedeu ,
Uapostle saint Bartholomeu ;
E le lundi après sanz faille
Si ot deus anz, que que i faille,
Que Acre aveit este assise,
5780 Qui iert des cristîens porsise.
N Ri- E Tost s'esmut le diemaine,
El non Deu qui tôt garde e maihe;
Al matinet par Tost montèrent
E lor batailles conreerent.
5735 La veissiez chavalerie,
a 6. La plus bêle bachelerie,
La plus preuz, la plus esleue,
Qui devant ne puis fust veue;
La veissiez lanz genz seures
57A0 E tantes bêles armeures
E tanz preuz serjanz e oseï
E de grant proesce alosez ;
La veissiez tanz penuncels
^ E tanz glaives luisanz e bels;
5745 La veissiez tantes banieres
Ovrees en tantes manieras,
Tanz bialz haubercs e tanz biais helmes,
PTa tanz de tels en cinc réanimes;
La veissiez gent aroutee
6760 Qui bien deveit estre dotée.
Le rei Richarz fist Tavant guarde
»o (le
nar-
E tel gent qui n'iert point coarde.
Li Normant a Testa ndard erent.
Qui par plusors feiz le guarderent.
5755 Li dux e François, la gent fiere,
Cil furent en la guarde ariere;
Mais tant se targerent d'errer
Que trop i durent meserrer.
L'ost errot joste la marine,
5760 E la cruel gent Sarazioe
Erent es doues a senestre.
Si virent bien de noz genz Testre;
E une neule esteit levée,
Qui mult dut Tost avoir grevée.
5765 La rote esteit aclaroiee
E en un liu atenvoiee,
La ou les charetters enrouent
Qui la vitailie lor portouent ;
E li Sarazin descendirent,
5770 Tôt droit as chareters tendirent,
Chevais e homes i ocistrent,
E del hemeis assez i pristrent ,
E desconfirent e perchierent
Gels qui! menouent e chacerent
5775 De si que en la mer bâtant;
Illoc s'encombatirent tant
Que un serjant le poing colperent,
Evrardz ot non, ce nos contèrent,
Hom Tevesque de Salesberes;
5780 Aine cil ne fist semblant ne hères.
Quant ot trenchiee la main destre.
Si prist Tespee od la senestre,
E a estai ies atendi
Tant que d'els toz se defendi.
5785 Etht vos tote Tost estormie :
Le rei Richarz n'en saveit mie;
La riere guarde iert arestee,
Tote esbaie e effreiee.
Les Sarraùnt
attaquent les W-
gaget de l^arm^c
(aSaoât 1191).
Fol. /|« r.
5716 Si Motendirent — 5718 La g. de qui — 57S0 Ja ne deuat — 5791 Lo ost — 679/1 noa ne —
6796 dea numquê — 6796 bartholmeu — 67^0 Qne ciert — 6731 dimaine — 6747 T. b. h. tant b. —
— 6769 tele — b'jbh regoarderent — 6769 destendirent — 677/1 4^ — ^77^ q<>^ — ^77^ Eorada, œ
00 c. — 6779 Home — 6781 tranche
I
155
l/ESTUiltE bV. I.A OIEKRE SAINTFL
f36
07c,..
Rkli.-inl iiK-l
fil fiiile Ips Sai-
raMiis.
79'»
Fol. /la H.
• I ,
L*arniéecfmp« 5Kir>
au bord d*un
flenveoù Saladio
avait rampé.
Ix)rs poinsi Johan le iiz Lucas. I
Sil disl ai rei eo (>s le pas, ;
E li reis vint (jurant aleure.
Il e sa maisnee seure.
K retonia de Tavant louante.
Si poinsl as Turs jusififa ranguanit*.
Plus tost que foidre eutrVIs se iiii^t.
FI ne sai (|uanz en i ocist
Aincois que il le coneusent,
K mal veisin en lui eussent
S'un poi Teusl seu ançois.
jHoo La le fisi si bien un Franceis.
C'ert de Baires ii preu Guiilames,
Qui maint Turc tist flatir as palmes,
E cel jor tant s^abandona
Que li reis tut li perdona
b^ob Un mai talent qu'a lui aveit,
Si que mal grë ne Ten saveit.
IjCs Turs a la montaine mistrent,
Vj ne sai quanz en i ocistrenl.
Saiahadins iert a meisme
58 10 A son esforz de paeinisme;
Mais puis que ses geoE rcuserent ,
Lors saresturent e musèrent,
E Tost erra tote arotee.
Que fil aveient desroulee,
Jusqua un fluni que il troverenl;
Es cislernes qu il esproven»nt
La se traverent e tendirent.
En une grant place qu ii virent.
Ou Saiahadins ot geu ,
j89o Ou bien parut qu'il ot eu
Merveiilose ost a desniesure
De Tengresse gent sanz mesure,
(lele jornee premeraine
Ot Tost eue tel esiraine,
r)8a5 Que li Turc de lor gueruierent :
Issi va (le gent qui conquièrent. j
Ço lisl l)(*us por lor garisoUt
Que Tost errast sanz mesprison,
K plus seree e mielz rengiee
.'ih.'to QuVI n'iert quant el fud leideogee;
K il mult bien puis sVn penereol
E plus sagement la menèrent.
Mais mult engrejot lor ovraÎDe,
Oar par derien* la montaine
.'i^.'tj S'en alouent ja la putaille,
Saiahadins e la cheoaille.
As pas estreiz ou ii saveient
Que nosire gent passer deveîent,
Kt a\eient si l'ovre enprise
.'iH'i.i Que nostre ost sereit morte ou prise
Ou qu'il tant s'al)andonereient
Al mains qu'il la desconfireîent.
\osln' gent del fluro se partirent.
Mais |>etite jornee firent :
.')S'ij Soz Chayphas s'aierent tendre
Por la menue gent atendre.
Soz Cayphas en la eostiere
S^ert tendue ia prod gent fiere
De deus |>arties loi entor
.'iHôo Entre la marine e la tor;
Deus jorz ilioques sujomerent
Por lor herneis qu H alomerent,
Si jetèrent ço que n'usoit
E relindrent ço que plaisoit.
OH.').') Car la gent de oi^, ia menue,
l(Tt a si grant paine venue.
Qui rhargie esteit de vilaîile
E (les armes por ia bataille.
Qu'assez en i covint remaindre
.'>8t)o E de chad e de sei esteindre.
Quant l'ost Deu se fud aejomee
Soz Cay plias e atomee,
A un marsdi s'en départirent
E lor batailles establirent.
cm
(•
0789 Lores — 6790 Si d., isnet pM — .7791 vient a jyranl — r>79:< reooma — 5797 qiiil — 5798
lueiseat — bHog meisniefl — 5hii L«ro«, e si m. — 58 if) quil — .'>««:< torn<>e — 58i& eu — 58^5
alléi-t — 58.'<u Quil, elv — 583 1 se p. — .')8.'<7 Al pa.s — r>H'iS pnidc — 585 1 illor — S855 Ch
157
L'ESTOIRE DE LA GUERKE SAINTE.
f58
58G5 Li Temples i'eseit Tavant guarde
E rOspitais la riere guarde.
Qui veistles eschieles faire,
Bien sembloit geat de grant affaire;
Si estoit Tost mielz avoiee
5870 Qu el ne fud a Tautre foiee,
E lor estut por le sujor
3 h. Grant jomee faire le jor ;
Mais muit trovwent el rivage
Grant espinei e grant herbage,
5875 Qui grevoit la gent peoniere
E les fereit en mi la chiere.
Tote la terre ierl enermie;
La veissiez mainte estorroie
De la plenté de salvagine
588o Quil troveient par la marine,
Qui par entre lor piez sailleient,
Si que a grant plentë en pemeient.
Al chastel de Cafarnaon,
Que abatirent cil que haom,
5885 La vint li reis, si descendi.
Si digna e Tost atendi;
E cil qui voidrent si dignerent
E après digner si errèrent
•tnpe De si qu'ai casel des Destreiz,
5890 Qui n iert pas larges, mais estreiz.
lUoc vindrent e descendirent.
Si se traverent e tendirent.
Toz jorz quant fost iert herbergiee,
Al seir, ainz qu'ele fust cochiee,
5895 I esteit uns hom qui crioit,
E lote Tost s en recrioit,
Car sa voiz esteit mult oie;
Cil crioft : (T Saint sépulcre aiel yi
E tuit après lui s^escrioient
5900 E lor mains vers le ciel dresçoient,
E plurouent des oilz del chief ;
E cil s'escrio derechief ,
phar-
9 W
Tant que treis feiz aveit crie,
Sin esleient mult récrie.
5905 Par jor iert Tost tote seure;
Mais quant la nuit esteit oscnre,
Lors aveient assez ententes
De vers poignanz e de tarentes.
Qui grant presse lur i faseient
5910 E qui les pèlerins poigneient,
E il tôt eralment emflouent;
Mais li hait home lor donouenl
Del triade que il aveient,
Que eralment les garisseient.
5915 Les tarentes presse lor firent;
Mais les sages genz s'avertirent,
E quant les vermines veneient
E les genz les aperceveient,
Donc oisiez en Tost tel noise,
5990 En testimonieen trai Ambroisb,
Tel barate, tel bateiz,
Tel son e tel tambusteiz ,
Batoient hiaumes e chapels,
Barriz e seles e panels,
5925 Escuz e larges e roeies,
Bacins, chauderes e paeles,
E les vermines s'en fuioient
Por la grant noise qn*il oioient;
E com il plus s'i auserent,
59.30^ E les vermines reuserent
Al casel ou Tost saresia,
La se guami e apresta
Contre la cruel gent haie
Qui puis lor iist meinte envaie.
5935 Larges iert li leus e la place.
Deus jorz de sujor e d'espace
Covint al rei et a Tost prendre
Por viande illoques atendre.
Lors vindrent les vaissels illoques ,
59/10 Barges e gualees oveques,
Ithterûrimm Hi-
eardi, IV, %m.
Les Croisas
sont tourmeDUb
p r les taren-
tules.
Fol. 'j3 c.
Ambroiie t^ -
moigne 4^*00
réussit à les chas-
ser en Csisaot an
(rrand bmît.
La flotte ravi-
laiile Porro^.
5867 as e. ^ 5870 Quele — 6877 latente — 5886 lofft li a. — 6887 roldret ~ 5891 llloc tendirent
5894 que fust — 5907 Lorefl — 5918 quil — 5916 sageni — 6918 peroeoeient — 6939 tel manqué
5996 chauders — 6999 se a. — 5981 lost se reosa — 6983 cruele — 5989 Lores
159
LESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
160
Fol. /i3 d.
lUmtnaimm Bi-
•tarai, IV, iir.
Mnrrhe do
Tann^ de Me ri«
Totes veies Tost costeoient
E la viande lor portoient.
Ei case! s'estoient torné; 5980
E ii reis aveit atome
59/15 AI Mcrie ou il aveit geu
E tôt iiloques ponreu
Qu ii fereit cel jor ravanlguarde,
Qu'il n'eussent par devant garde, 6985
E que cil del Temple fereient
5950 La riere garde e guaitereient;
Car Sarazin Tost aprismerent
E tote jor la herdeierent.
Cel jor poinst Ii reis d'Engletere, 6990
Qui bien i dut grant los aquere;
5955 E ne fust le jor par peresce,
Mult i eust ovré proesce;
Car Ii reis e ses genz cbacerent,
E tels i aveit parescierent, 0995
Qui al vespre blasmc^ en furent
5960 E qui par dreit estre le durent;
Car qui eust le rei seu,
Riche feit i eust eu;
Mais toz les Turs chaça ariere, 6000
E Tost erra la sabloniere
5965 Bêlement petite aleure,
Car chad feseit a desmesure ,
Et la jornee iert grant e grieve
Qu'il faisoient, ne mie en brieve, 6oo5
E la chalors les destreineit
5970 Si qu'assez en i esteineit.
Icels feseit l'om enterrer,
Cels qui ne poeient errer,
Les travilliez e les lassez, 6010
Dont sovent i aveit assez,
5975 E malades e deshaitiez;
E Ii reis feseit qu'afaitiez
Fol. 46 a. Quis faiseit porter es gualees
5961 Tote, costoient — 5965 al merie — 5966 E manqué -
quil la freicnt — 5956 i manque — 5955 par manque — 6960 le
— 5977 aporler — 5981 Desqua a — 5988 quil — 5990 al c.
— 68o3 i manque — 6008 Qui manque — 601 A malt numque
E es barges jusqu'as jomees.
Cele jornee a paine errèrent,
E Ii herbergeor alerent
Desqu'a la citië de Cesaire.
La ot este la gent contraire
E orent la vile abatue
Et trop damagiee e fundue;
Mais quant il vint si s'en fuirent.
Et nostre gent la descendirent.
Si se tendirent e traverent
OItre a un flum que il troverent :
Ço est uns flums qu'oncore est diz
Ores Ii flums as cocatriz,
Ou deus pèlerins se baignèrent
E les quoquatriz les mangèrent.
A Cesaire ou ad grant açainle,
La ou Deus fist ovraine mainte,
Car mult hanta en la costiere,
H e sa companie chiere,
Comanda Ii reis ses enekes
Qu'après lui venissent illoques,
E fist un ban par Acre faire
Por la gent pereçose atraire,
Que es enekes se meissent
E que en l'ost por Deu venissent;
E ii en i vint grant partie,
Ançois que l'ost s'en fust partie.
Eth vos a Cesaire acostee
La riche estoire une vespree :
Od les barges s'acompaignerent
Qui chescon jor l'ost costeierent,
E aveient assez vitaiHe
Des nés mai gré a la chenaille.
Eth vos i'ost endroit tierce haute,
Ço soit Ambroisb en fin sanz faite.
Armée e d'iloc esmeue,
E si fud mult bien porveue
- 5967 freit icel — 5969 sereint — 5950 e
manque — 5966 sablonoiere — 5970 estreineit
— 5991 Od ceus — 5997 La c. — 6001 Qui
sur b rivière d»
Gfoeodil^t.
Fol. kk 6.
L*MaiéBqwUe
CtfMrét(t«'Mp-
lMibf«),àDMf
hnm în ■■tJB
161
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
162
601 5 El cslablic c atoFDee,
Qu'el fereit petite jornee
Por Sarazins, qui apiovouent
Cbescon jor quant il se movouent.
Icei jor Tost tut enchaucerent,
*éinir 6oao Maîs uD admirald i leisserent
Tant loé de grant bardement
E de très grant force ensement
Que neuls hom ne! peust abatre
\e ne sosast sur lui embatre;
Go9 5 Car il a voit si grosse tance
Que dous groissurs H'aveiten France :
Ço fud Ayas Estoi,
Par non issi nomer Foi.
Li Turc por lui tel doel menèrent
6o3o Que lor cbevals en escoerent,
E mult Yoienters Yen portassent
Se li cristien lor ieissasent.
A iant d'iioques se partirent,
E vindrent tant qu'il descendirent
6o35 Sor le flum mort, qu orent covert
Li felum sarazin cul vert;
Mais descovert fu , si en burent
E par deus nuiz illoques jurent.
mm- Del flum s'esmut la gent osée,
"*j 6o4o Quant deus jorz se fud reposée;
Soef errot, nom mie en haste,
Par mi la terre povre e gaste.
Cel jor par la montaine alerent,
Car la marine illoc troverent
6o/i5 Si encombrée et enhermie
6 c. Qu'il ne peussent passer mie.
Cel jor fud Tost plus près reugiee
Qu el ne fud puis nule foiee.
La riere garde fist li Temples,
6o5o Qui al seir se grala les temples,
Car tanz cbevals le jur perdirent
la ri-
îft U
le (3
Por poi qu'il ne s'en esperdireut;
E li coens de Saint Pol ovecques,
Ueperdi trop cbevals illoques
6055 Car tant soffri par bardement
Les Turs e lor bardoiement
E tant le jor s'abandona
Que tote l'osl los l'en doua.
Cel jor fud li reis d'Engletere,
60G0 Qui de près les Turs aloit quere,
Nafrez d'un pilet el costé
D'un Turc qu'il aveil acosté;
Mais ne fud pas blescië granlmenl ,
Ainz lor curut sure eralmeut.
Go65 LaNeissiez pilez voler,
Cbevals morir e afoler;
De pilez veissiez tel pluie
Que quatre piez de terre vuie
Ne trovissiez en l'entornee
6070 La ou l'ost Deu esteit tornee,
E tote jor issi dura
Cil ennuiz que l'ost endura
Jusqu'al seir que li* Turc se trestrent
As herberges e se retrestrent.
6075 E nostre gent se herbergerenl,
A un flum sale se logierent;
Si veissiez illoc grant presse
As chevals^morz de greinor gresse
Qui en cel jor occis i erent :
6080 Li serjant la cbar acbaterent
Encore a mult chieres denrées,
Si i aveit de granz mellees;
E quant li reis oi l'afaire.
Si fist crier un ban e faire
6o85 Que a cui ses cbevals morreit
E as pruz serjanz le donreit
Un vif en fereit eschangier;
E cil les eurent sanz dangier
Us sont har-
celés par les
Turc*.
Fol. 4/1 d.
Ils maugeo lies
rhcvaux morts.
6016 Quele — 6017 quil aplouent — Goa3 home — 6o9à lui lembatre — 6o3o escorcerent — 6o3â le
lor — 6o36 Le f. — 6o38 illoc — 6o/i5 hennie — 60&7 plus conreiee — 6o/î8 Quele — 6o5o al s. grata
ses — 6060 requere — 6066 Gheualier — 6068 ntie — 6069 troissiez en len jornee — H070 Deu manque
— 607a qui lor e. — 6079 i tnanque — 6o83 en oi — 6o85 moreil — 6086 len d.
] I
IMPklHIKIK lAtlOSALZ.
163
L'ESTOlhK l)K LA GUHUHK SAINTK.
IGâ
'ùueratium Vu-
iitr^i , IV. ivi.
Marrh»? «les
Croisas H Irnvrrs
1.» fon'l «rArJur.
M les prislrenl e escorcieri'iit
(;')i^o E les buns lardez en man{jcreiil.
Deiis jorz sujornanz illor f'urcnl
Va al (ierz endreit tierce iniironl.
Trestol conreé de bataille:
Car Teii lor disl que la cbeiiailli*.
('>o(jr> Li mescreani, li neir oscur.
Krent en la forest d'Arsur
K qu en cel jor Talumereient,
E que si granl feu en fereient
i^w^" Tosl en sereit arostee;
(ii<M» Mais elc erra tote aprestee
Par la foret d'Arsur sa voit-;
Si ne cuit pas que nus boni \oie
Ne qu en un liu nul ost veist
Plus bel errer que illoc fist;
(ito5 \ onques n'orent arestemeni,
Ainz errèrent toi quilemoni :
Mont d'Arsur le jor trcspasserenl
E loto la forest passèrent,
E vindrent hors a la champaine
lis cam|>eo( Oiio Horbcrgier soi en une plaine
tlère de*^Rwi"- Sor le flum de Rochetaiilee,
*''"^ Mal grë a la gent retaillée,
Qui de tanz iius ierl apleue
Que cil dit qui Tosl ol veue
(il i5 E sorveue e esguardee
Kol. f\') o. E dreit al suen viaire esmee
Qu'a treis cent mile les esma.
Ou que de poi les mesesma ;
E noslre cristien pas n Virent
Oiao Plus de cent mile, ço esmerent.
Sor le flum de Rochetaiilee
La jut Tost Deu e sa maisnee:
La se herbeija un joesdi,
E sujorna le vendresdi.
0i25 Le samedi a Fenjorner
Lors veissiez gent alorner
(lliesron por sa teste defendri*;
Car Ten lor fist le jor entend ro
Qu'il ne poreient sanz bataille
(ii.'io Pas errer vers la cuvcrlaille,
Qui de totes pan aprismouent
Et lor batailles conreoueut;
Et |)or iço Tost crisliene
Se guanii si vers la paiene
Tn.^") Qu'il n'i ol as eschieles faire
Que reprendre ne que refaire.
Kicharz, le preuz reis d'Engletere,
Qui tant saveit d'ost c de guerre.
Lors devisa a sa manière
(it'io Qui ireit devant e deriere :
Duze batailles conreerent
E par conreiz les devisèrent
De tels gens que, tant corn cels covre,
N'en eiïst tant de groinur ovre;
()i'i5 De lor cuers furent bien ficbié
En Deu servir e afichié.
Li Temples fist cel jor Tanz guarde
E rOspital la riere guarde;
Breton e Angevin ensemble
CiiSo Errouent après, ço me semble;
Li Poitevin e li reis Guis
Erent après, si con jo enquis;
\ormant e Engleis chevalchouent
Apixîs, qui le dragon porloueni:
6155 E rOspitals errot deriere,
Qui fist cel jor la guarde riere.
La riere guarde fud guami«*
Ijejorde haute baronie,
E fud par conreiz conreee
(n(x> Tôt coste a cosle e devisee
' Issi serré que d'une pomo
Ne ferissiez fors beste ou home;
Itiiiermrimm Ri-
emrJi. IV, itii.
I.cii V^rmaét <*
inHlf^nl en nur-
rbe sor ArMir
r{:ng^ trt ha-
faill*r ( 7 «'■p -
l'Mnhr»*).
Fol. 'j5 t.
6089 e les escorcierent — 6090 lioîies iardiz — 609a lierz jor - ()093 K Irostoz — 6098 freieni —
610^ home — 610^ feist — 6109 vint — Oi 16 >is — 6117 Qui a — 61 -^o mil — 61 î>6 Loros — - Gi35 ot
al — 6189 Lo'*^ — (iiAo c qui d. — 6167 fiid irol j. iniiant (juank* — Gio/j porloiiet — 61 56 Que, fist
manque — 6169 conrec
.*.
165
L'ESTOIRE DE LA GUEURE SAINTE.
i6()
E durot de i'ost sarazine
De si que a val la marine.
616» La veissiez tantes banieres
Et tantes genz od vistes cbieres :
La iert H coens de Leiceslre,
Qui ne volsist pas aillors estre;
E s'i esteit de Cornai Hues,
6170 Qui aveit genz bien coneues;
Si i ert Guillanies de Borriz,
Qui de la (erre esteit norris;
Si i ert Guaquelins de Perieres,
E genz de diverses manières;
6175 Si i ert de Toeni Rogiers
Od grant pienté de chevaliers;
Si i ert li preuz Jakes d'Avesne,
Qui Deu mist le jor en son règne;
Si i ert li coens Robert de Dreues
OiHo E plusurs genz qui ereut seues;
S'i iert levesques de Biavez,
Qui vers son frère s'esteit trez;
Cil de Barres, cil de Cerlande
I raveient compaine grande;
61 85 Cuillames et Di*eu de Merlo,
5 c. Cil n'en raveient mie po;
Li lingnage ensemble crrouent
Et ensemble se recovrouent,
Si que Tost en iert si liée
6190 Qua paine fust desaliee.
Li coens Henris, cil de Champaine,
Gardoit Tosi devers la montaine :
Icel jor fisi la guardecoste,
E tozjorz chevalchoit encoste,
6195 E li serjant de pië esteient
Derieres Tost, qui la clœient.
Le herneis e les guarnestures,
Charettes, somiers, trosseures,
C'ert encontre val el rivage,
6900 Qu*il n en eussent grant damage.
Issi errot la gent seure,
Socf e petite aleure;
Issi erroient li conrei ;
Li dux de Burgoine od le rei
(i^of) E prude gent hardie e fiere,
Alot devant Tost e ariere
E en costé destre e senestre,
Por veoir les Turs e lor esiro
E por lost conduire e mener;
C)ûio E mult les en covint pener,
Car endreit tierce avant une bore
Lor veneient luit li Turc sure ,
Plus de deus mile od arcs traiani,
Qui si vont Tost Deu embraçant.
(iaïf) Après venoil une gent noire :
Les Noirez ont non, ço est la voire;
E Sarazins de la berrue,
Isdos e neirs plus que n'est sue.
A pië od ars e od roeles,
Gaao Trop vistes genz e trop tsueles.
Cil feseient a Tosi tel presse
Qu'il. n*aveient ne fin ne cesse.
La veissiez par la campaino
Des Turcs tante riche compaine,
Osa 5 Tanz penuncels, tantes enseignes,
Tantes banieres od enseignes,
Tanz biais conreiz si acesmez.
Plus de trente mil Turs esniés
Venir tant acemeement
6a3o Droit a fost desreeement
Sor chevals isnels corne foldre!
Devant lor piez iert grant la poidrc;
Devant les admiralz venoient
Cil qui les buisines tenoient,
Ga35 Li autre timbres et taburs :
Ne faisoient altres laburs
Fors taburer e noise Taire
Et huer et crier et braire.
Itincrarium iii-
rardi, IV, XTiii. *
Les B^ouins
alUiquoiil 1rs
rhiéliens.
Kol. /JÔ d.
61 64 quaiial — 6178 icrl tozjorz n. — 6177 dauerae — 6>79 treues — 6180 f^oni manque
— ^199 eucontie c. — 6!Jo5, 6ao6 interverlii — 6a 11 avaiil manque — 6a 1 a luil manque -
manqtM — 6a 1 5 v^noienl — 6aa4 tant — 6aaH mil*», adesines — 6a.So Tc»t droit, desreoinent
-6190 fini
6'u4 Deu
6a3i fom
1 1 .
167
L'ESTOIRË DE LA GUERRE SAINTE.
168
La n oisl 1 oin pas Deu tooant,
GâAo Tant il i ot taburs sonant.
La chenaiilc Tost engrossa
Va assailli et empressa :
De deus liues tôt environ
Ne veissiez plein mon giron
()3/i5 De terre voide ne de place,
i\e de rien fors de maie estrace;
E devers mer e devers terre
S'en alouentsi près recjuere,
0(1 tel force e od tel ollrage,
ihï)o Qu il lor faiseient grant damage
Des chevals qu'il lor ocieient;
Car trop de morz en i cheoient.
Mult eurent cel jor grant mestier
Fol. /K) a. En Tost H bon arbalestier
Oafif) E H bon serjant qui traioient,
Qui deriere Tost se tenoient.
Cil quiderent eslre enpercié,
Car il esteient si chargié
Qu'il ne quidouent bore vivre,
GqBo N'escbaper s'en sain ne délivre;
E si sachiez bien tut de veir
Que li coard par estovoir
Ars e saetes jus jetouent
E dedenz l'ost se robotoui»nt,
i\'?.C)\> Eli hnrdi qui remaneient,
Qui Tost deriere sostenoient,
Aveient tel presse as talons
Que râlèrent a rebursons
Icel jor plus qu'autre aleure.
()a7o En losl n'aveit gent si seure
Qui ne volsist par bon curage
A veir fait son peregrinage;
Mais de ço ne me merveil mio,
Car Tosl estoil si estormie
()a7îî El coslé désire e el senestre
QuOnques ne fist home Deus nestre
Qui veist gent si achence
Ne ost a tel paine menée.
La veissiez les chevaliers ,
GjSo Quant il perdouent lor destriers,
Tôt a pié odies seijanz traire;
Si vos puis conter e relraire
Conques pluie ne neif ne graisic
Par grant yvern quant el s'esvelle
()a85 Ne vola plus espessement
(Ço sevent plusor si ge ment)
Que lor pilet illoc voloient.
Qui les chevals nos afoloienl;
* E la les peussiez coillir
(iaijo A bracees e racoillir,
Come l'em coït chaume en estoble,
Tant i traient de la gent troble ,
Sor noz conreiz tant s'cspresserent
Que par un poi que nés plaiserent.
6295 Lors manda l'Ospital al rei
Qu'il grevouent trop lor conrei,
E que plus soffrir ne poreient
En manere s'il ne poigneicnt.
Li reis manda qu'il se tenissent
O.'ioo E que lor meschief sustenissent;
Et il a force le sustindrent
Et a meschief lor voie tindrcnt.
Mult fist grant chaut celé jornee
Que Dampnedeus ot atornee.
()3or) Li chauz fud grant e la gent fiere
Qui la nostre enchasçoil ariere;
Si ne larai que jonc die
Qu'il n'a el monde si hardie.
Qui veist l'espoisse e la presse
(53 10 De la paene gent engresse.
Le desrei e la grant emprise
Dont diables l'aveit esprise.
Qui n'eust aucune dotance.
Qui veist nostre mesestance,
Fo
Ga'io il loi — r)«>5o le! damage — 6a5/j arblasiier — 6368 Que mult r. — 6369 que aulre allre a. —
6^75 E coslc Hcstre e s. — 6377 achene — 6a8/j de — fitîSG plus s. — 6391 Corn — 6296 Lor — 6998 En
nul'" m. — C3o6 Que — 63o8 Qui! oil e. — G3i3 Quil — 63 1 A mesiancc
169
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
170
A6c.
63 1 5 S'il ne cuneust ior custume;
Car toi ausi com sor Icncluine
Forgent ferrona longues chaudes,
Toi autres! Ior genz por baudes
Feroient sor la riere guarde ,
G390 Dont meint prosdom iert le jor guarde ;
El il point ne se regardoienl
Issi com il faire dévoient,
. E cil grant cuivre Ior faisoieni ,
G3â5 Quis conveoient a les maces :
La vcissiez des voides places
Endroit tels genz qui aillors lussent,
Qui a enui rcquencussent
Que por les Turs estai gerpissent
G33o .\e por els plein pasguencbeissent;
Mais la tôt autrement le firent,
Que fièrement se combatirent,
E se feroient en la rote
Par droite destresce e par dote;
0335 Mais ço n'iert mie de merveille,
Se aucons de ço s'esmerveille :
Car loz Tesforz de paenic.
De Damas de si qu en Persie',
Des la mer jusqu'en Orient,
03^10 N'avoit remis hardie gent,
Ne seure ne alosee,
Ne conqueranz ne preuz ne osée.
Que Salehadins n eust quise,
Louée e proiee e requise
G3/j5 e porchaciee e retenue,
Por la gent Deu qui ert venue.
Qu'il quidot lores desconfire;
Mais n'i peussent pas soffire,
Quar la flur de chevalerie,
635o Li grains de la bachelerie,
Gent tote duite de bataille ,
S'iert la levée de la paille
Fol. /ju fl.
Ilinerniium Bi-
eardi, IV, xtx.
Vicloirp ileK
De tôle la lei crisliaine
Por josteier sor la paiene,
G355 Genz (Ole preuz e tote eslite;
E qui ceste eust desconfite.
Donc peust il bien en fin dire
Que rien ne Tosast contredire.
Granl iert la poidre e la chalor,
G3Go E les genz Deu plains de valor;
Fiers iert li poeples al diable,
E le Deu preuz e dcfensable ;
La iert des Turs eiytasseiz
Plus espès que un plesseiz.
G3G5 Li cristien Ior voie errouenl,
E cil as dos les enchaçouent;
Mais poi Ior porent damagier.
La veissiez Turs enragier,
Le poeplc al diable d'enfer,
G370 Qui nos clamoieut gent de fer;
Quar tant avioms armeures
Que nos gens erent si seures
Qu'il en cremoient mains Ior cuivre.
Cil metoienl Ior arcs en cuivre
G375 E venoient as maces sore.
Plus de vint miliersen poi d'ore
Sor rOspilal erenl a forge,
Quant li unsd'elsclama :(r Saint Jeorge,
(L La irez vos nos issi confondre ?
638o ftOr devreil cristientë fondre,
"T Quant encontre ceste chenaille
ff Ne se poroflfre de bataille ! y>
C'ertde Napes frères Guarniers,
Li mestres des Hospitaliers.
G385 Cil vint al roi, poignant en haste,
Si li dist : rSire, len nos haste
rrOd trop grant honte e 0 laidure;
rCliescons pert sa chevalcheure. 75
E li rois dist : «rSoiTrez, bel mestre :
0390 ^L'en ne puet mie par lot estre.T) Fol. 67 a
6819 80 — 633o guenchisseiit — 6336 Sauçons — 635o La grain — 635?» le premier la manque —
6356 ce«t — G36o plaines — 6363 dcntasseiz — 6366 les chacouent — 6867 P^'' ^^^ — ^^7^ seuros —
6376 mile — 6378 li manque - 638o Ore — - 6388 cheualcimre
171
L'ESTOIRE DE LA GUEliRE SAINTE.
17Î
(^il vint orl son conrei ariere;
Li Turc cîiichiiçoiKHil Heriere,
Si i\{\i\ n'i ol prince ne conte
Oui en soi n'en eust |][ran( honte,
r,:ii,:) K riisoieni : f'Seifjnors, poi|fnoniesî
•L'en nos tendra por malvès bonios.
y-Tel lion le ne fn mes veue,
•* :N'onr|ues mes par gent mescreue
r.Nen ot nosire ost lel reprover;
. H.o '^E ^e por aucon recoillier
'•\e nos oH'rions a défendre,
"Ja.-^i porrions trop alendre.w
Deusî quel perle, quel mescheance,
E quel doel e quel meseslance
•i'H.') Avinl en lost a rel termine,
Ou lanl moreit gent sarazine
vSe pechié n'eu8t destorbiee
La pointe qui fud devisee!
Endementers qu'il devisoieni
(lele pointe ou tuit sacordoient .
Vi avoient ja esganlé,
S'il l'eussent a droit ganlé ,
Ainçoi» que ii conroi poinsissent,
Qu'en lost en trois lius establisenl
Sis busines qui soneroient
Quant vers les Turs retorneroienl .
Deus «levant l'ost e deus deriere
E deus en mi d'autre manière;
E s*ensi t'eussent tenu,
(>'i»o Li Turc fussent tuit retenu;
Mais par deus homes les perdirent
Qui pai^ de poindre ne se lindrent.
Fol. '17 //. Mais tut premerains s'eslaisserent
Si <pie deus Turs morz i laissèrent.
(\fi'i:} L'un des dens fud uns rhevalier^î,
\A niareschals ospitaliers;
L'autre iert Baudowins li Garons,
Qui iert hardiz com uns leons :
• i'i ! o
n'iiT»
Co0ipain2 iert le rci d'Englclere,
O'i.So Qui l'ot amené de sa terre.
Cist commencèrent le desrei
El Siiint non del tôt poissant rei;
Saint Jorge a haute voiz crièrent,
E les genz Dampnedeo tomerent
()'j35 Lor chevals ço davaut dariere
Encontre ia cruel gent fiere.
Lors poinst rOspital tôt rengiez.
Qui mult ot esté leidengez;
Si poinst li sires de Champaine:
()Vio E il e sa chiere compaine;
Si poinst Jakes d'Avesne illoques
E cist de son lignage ovecques;
Si poinst lores li coenz Roberz ,
Cil de Driues, jo en sui tôt cerz,
r>Vir) Le evesque de Biauveiz od lui,
leil poinstrent ensemble abdui;
Si i poinst li eoeus de Leicestre
Vers la marine sor senestre;
Et tuit cil de la riere guarde,
<'i'ir)o Ln point n'i ot de gent coarde;
E après poinstrent Angevin.
Breton, Mansel e Peilevin,
E li auire conrei ensemble.
Si vos dirai ço qu'il me semble :
(>'ir)r) Queji prodome qui la poinstrent
De tels esforz as Turs se joinstreiit
Que chescon al sucn qu'il atainst
Le fer del glaive el cors li lainst ,
Si qu'il lui covint voidier sele.
r,'iOo A celé genl semble novele,
Car il sorvindrent corne foldre :
La veissiez voler grant poldre;
Et tuit cil qui a pîé esteient
Descendu, qui as ars traoienl,
O'Hîf) Qui mult eurent noz genz grève*.»».
Cil orent les testes copees,
Ko
^)^^92 e. e arierc — H3«)<j Non ol manqua -- 6ûoîî {ioitoiis — 6A0G i inoreiiil |{. — 6/11/1 Qui en — 6&19 si*
il •'. — 'iV' I !«»<; inislr^'nt — (\h<\ lut li — G'i.'iîi saint manque — fi'iSI*) rnielf gent et f. — fi/i/io R mmufu^
17a
LESTOIHt: DE LA GUEKKE SAINTE.
17/4
K ai coin ii les>abaloi(.MU
E les sorjanz les ocioent.
E des que onques Ii reis Iroblee
0^170 Vit Tost e qu'el fud assemblée,
Des espérons al cheval tendre
Dona cbau pas sans plus aleudre :
De granl air le leissa corre,
As premerains conreiz socurre.
^'175 Plus tosl que quarols d'arbalesle,
(3(1 sa niaisnee preuz e tiîste,
Abi ferir en tas sor désire
Un conrei de la gent ])aestre
Si durement qu'il esbairent
(i'iSt» Des prodonies qu'il i scMilironl,
Qui lor (irenl voidier les soïes :
Gisanz esjHîs come gaveles
Les vcissiez gisir a 1ère;
de E Ii vaillanz rei d'Engleler<î
()'i85 Les porsiwi c conit sore,
Qui le fist si bien a celé on^
Ou'entor lui avoit de charriere
Sus e jus, encoste e deriere,
Des Sarazins qui mort chaeienl,
<)'ii>o Oue Ii autre en sus se traieienl,
7 (/. E duroil bien <les morz la Irace
Demie liuue près d espace».
La veissiez Turs trcsbucbier
E Sarazins deschevalchier;
G<iy5 La veissiez poldre voler.
Que noslre gentdut afoter :
Car quani de la grant presse issoient
Adonc ne s'entreconeissoient
Por la poldre qui iert levée,
65oo Si que lor paine en ert doblee.
Lors feroient destre e senestre :
La orentli Turc malveis eslre;
La veissiez cf)ps départir
E gent sanglent del champ partir;
6^70 elo — 6'i75 arblosle — 0'i89 coni — 6686 icp|e-
— 65oi Lorps — 65 1 9 Cliîirgiez — 65 1 A corn — 65 18
— 65îï8 Qui — 6533 Cer — 6536 com — 6586 Qui
().')i>r) La veissiez chaii banieres,
E lanz penoneels de manières.
Tantes bones trenchanz espees
E tantes canes acérées,
Tanz arcs torqueis e tantes mace-^
6.') 10 Peussiez prendre en plusoi>i places,
Quarels e pilez e sectes,
Cliai*giees plus de vint chareles;
La veissiez lanz Turs od barbes,
Morz gésir espes comejarbes;
05] 5 La veissiez caple tenu
De cels qui s'erent près tenu;
E cil qui abalu esteieni ,
Qui lor clievals peixluz aveient,
E cil es buisons se botouent
6:).>o Et es arbres a mont mon louent,
E d'iloc les aleit Ten traire.
Sis oissiez al tuer braire.
Tels i ot lor chevals guerpirent,
Que devers la mer s'en fuirent
or)rir) E sailliri^nt jus des faleises, Poi. i^^ „,
Lais a val plus de dis teises.
Bien furent lor gent rcus<îes,
Que de deus granz liuues ferees
()»3(> IN'i veissiez fors gent fuitive.
Qui devant esteit si braidive;
Car totes noz genz retornerent,
E cil qui Testandard gardèrent
((Gèrent Normant la gent seure)
Tote lor petite aleure
i\:y^:y Itetornerent une grant pièce
Issi, come mis cuers sospiece ,
Qu'ainz empeirast muit Tautre affaire
Que fem lor peust grant mal fain*.
Li poigneor qui od Deu furent l«m Sarra^u»
65/io Apres lor pomdre saresturent, ,i^^^.
E si toet com il s'areslerent,
E li Sarazin recuvrerent.
— 6488 j. p encosle — 6493 Demi — 6A98 ne mmtque
cil. ahftln — ()5i [) busoins — 65fla Si — 65î»7 reuisees
a. — 654 1 saresturent — 654 9 recrorent
Turcs.
n.-j
LESTOIKK l>E LA (ilERRE SAINTE
176
Plus (1(* vinl niiiiers en \enoient
Qui les riiacc's es |K>inz teDoienI
r>r*'ir> A n-scorrc les abatuz.
1^ veissiez les noz batuz,
Cels qui ; lost se relraioient.
Li àSarazin toz jorz traioieiit,
K si i'eroienl od let> maces,
t):t:}o K quassoieiil testes e braces
Si qu'as arçons les cncliuoient .
K li prrxlome recovroienl
Quant lor aleine aveient prise;
Lors (Kiigneient od grant emprif^*
i't^tit't E S4* fereient es ronreiz,
K les roni|>oient conie roiz.
1^ veissiez seles torner
E Turcs guenchir et retoroer;
Foi. 68 h, La r nostre gent si rhargiee
05«io Qu ele n'errast pas une archiee ,
Se li connâ ne s'arestasent,
Que chierement nei comperassent.
Cmmm u»- La iert lamiralz Dequedin,
4j, Un des parenz Saiahadin ,
0565 Qui ot portrait en sa baniere
Enseignes d'estrange manière :
Ço estoit une baniere as braies,
C erent ses enseignes veraies.
Ço iert li Turs qui ot voient^
6570 Haieit plus la cristienté;
Cil aveit en sa conipaignie
Plus de set cent Turs de baillie,
La gent Saiahadin deniaine
Qui conquisse fusl a grant paine.
0575 Chescons conrei a sa manière
Aveit une jalne baniere
Od penuncel d'autre teinture;
E vint de si grant aleure,
Od tele frainte, od lele cniprise
, h'.th,, l)f l'rrir la gent bii»iè apris^e.
Qui a Teslandanl retomei*eul
Od les armes que il portèrent.
<}u*il n'i ot si preu ne si coinh-
De toz qui a icele pointe
(>r»h:) Wussent assez a entendre.
La veissiez noz genz atendre.
Iji \eissiez meinle aalie,
1^ veissiez fort départie .
Car ariere a fost s'en revindrent :
*\:>ijo Car Sarazin si cort les tindrent
Que toz les cors i chancelèrent.
Si que [>oi^genz i retornerent:
Ainz les paioient sor les helmes.
Quant des Barres li preuz Guillanies
<'>r>9r) Fist un poindre que tuit proiserent : Pol. 68 c.
Car il e ses genz se lancèrent
Par entre les noz e la presse
De lenuiose gent engresse,
E si durement les ferirent
<>f)oo Que ne sai quant Turs i chairent.
Qui onques puis ne virent guerre.
Et Richarz li reis d'Englelere
Repoinst par devers la montaine,
11 c sa hardie compaine,
Ofiof) Et seeit el favel de Cypre
(N'ot tel cheval de ci qu'a Ypre),
E Gst tantes chevaleries
Sor les laides genz enemies.
Qu'a grant merveille Tesgardoueut
OOio Corn il e ses genz assembloent.
Tant les rcuserent e tindrent
Que noz genz a Testandard viudrent,
E derechief se conreerent.
Lors chevalcherent e errèrent
CCmo Jusqu'à Sur ou il descendirent;
Lors se traverent e tendirent,
05/i3 mile — Cï/jO alialuz — 6669 E tnaru/ue — G55o Et i q. — G55/i Lores — 656!> Qui — 6564 saladiii
- 6566 Uik; eiiëcij^m* — 6577 od autre t. — 6578 si manque — 658a quil - 658'i rcio — 6585 Ni e.,
hwusi répété 65y! i manque — 659a poi innntiue dbijS paiol 6(>oi gairo — 660a El li preui reis —
r)6i.*{ ronienceronl - — 661 4 Loi es — 661 5 il tmmf/M — 6616 Lorw
177
L'BSTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
178
t fioalo
Car bien iert bore d'ostel prendre.
Qui au seir volt a guain tendre
Si vint la ou fud la bataille,
66ao Si guaigna assez sanz faille;
Si distrent cil qui i alerent
Qui des Sarazins morz contèrent
Que trente dous barons de terre,
Admiralz, k'il vindrent puis quere,
6695 En cel cbamp a cel jor munirent,
Et set cent Turs qui illoç esturent,
hHd. Estre cels qui nafré esteient,
Qui par mi les cbams mort chaeient,
E des noz n'i ot pas la disme
663o Morz iluec, non pas la redisme.
«nA^ Haï Deus, si grant descomfiture
Et si laide mésaventure
Nos a vint la ou li noz erent,
6 jac- Quant li Sarazin recovrerent,
G635 D'un prodome ()ue il forsclostrent,
En lor rccovrer et enclostrenti
Ço fu li preuz Jaques d'Avesne,
Dont Deus face saint en son règne,
^ Car de lui trop nus meschai
66do Par son cheval qui lui chai;
Mais il fist tant de sei défendre
Que Ten nos dist e fist entendre
Que après la fin de la bataille.
Quant il jut entre la chenaille
OG65 E Fen enveia son cors quere,
Que en un poi espace de terre
Entor le cors de lui troverent
Li prodome qui i alerent
Bien quinze Turs tôt detrenchiez,
665o Dont li prodom s'esteit vengiez.
Sei quart de parenz i mururent.
Si que onques nés sucururent
esoes.
Tels genz dont il fud grant parlance :
Ço fud un de3 barons de France,
()655 Ço diseient, li coens de Dreues,
Il e les genz qui erent sues,
Sin oi Ten tant gent mesdire
Que Testorie nel puet desdire.
Devant Arsur fud Tost travée,
6G60 Qui ot la gent paiene avee.
Et tote Teust el feit mate , * Fol /^q a.
Qui eust eu dreite estate.
Etbt vos la novele espandue
De nostre gent qui iert perdue,
66()5 Non pas perdue, mais trovee,
Qu'ele s'iert por Deu esprovee,
Jake d'Avesne e sa maisnee
Qui esteit morte e delrenchiee.
Eth vos Tost Deu tote pensI/<»,
6670 E si troblee e si baive
Conques de la mort un sol home
Pois que Adam morst en la pome
Ne fud oie si grant plainte
Ne tel regret ne tel complainte;
6675 Et il feseit mult bien a pleindre.
Car mult bien servi Deu, sanz faindre,
Que il aveit ja esguardë
En paradis iôrt porguardé
Son liu 0 seint Jake Taposlre,
668u Qu'il tint a son non e a nostre,
Jake d'Avesne le martyr.
Qui des Turcs ne deigna partir.
Devant Arsur fud Fost tendue l .inuëe chré
Sur la grant rivere espandue
6685 E^la nuitiee reposèrent,
Car durement se traveillerent
De cops doner e recevoir,
Si ne s'en voldront pas moveir
Ueune campe de-
vant Arsur.
6617 del ostel — 6618 velt — 6699 mort — 66%U kis — 66a5 a manqut — 66a8 cbaeint — 663o iluec
numque — 6633 li manqw — 663A li numque — 6635 prodom quis — 6636 recourir — 6637 daueme
— 6638 saint manqué — 66A5 lenueia — 6661 ele — 6669 eust dreit en dreite — 6665 Nont — 6667 dauernc
— 6671 sol tnanquê — 6679 en manque — 6677 Quil — - 6680 Quil leneit — 6681 dauerne — 6686 grant
manqué — 6685 le n. — 6686 se manque -» 6688 s^en manque
la
lUrMVtaiE RATlOXALt.
179
LESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
180
Devant « la tierce jornee,
(;09o Que Tost refud bien atornee.
Un samedi fad la bataille,
E le diemeinge sanz Taillé
Fud la fesie a la gloriose ,
La mère Deu, la preciose,
Fol. 696. 1)695 Celé que l'em feit en Setembre,
Et Testorie issi le remembre.
Lbrs s'armèrent Hospitalier
E del Temple li chevalier
E des proz Turcoples menèrent,
(»7oo E mull d'autres genz i alerent :
Elh les vos el champ ou cil jurent
Qui mort en la bataille furent.
Par le champ quistrent e cerchierent,
Einz ne burent ne ne mangèrent
(1705 Devant ço qu'il orent trové
Le cors del vassal esprové,
Jake d'Avesne, qu'il troverent;
Mais le vis anceis li lavèrent
Ou ja meis ne fuet coneuz,
6710 Tant aveit mortels oops cuz
Issi com il se defendeit
Des Sarazins qu'il atendeit.
Le cora covrirenl e chargicrent,
E a Arsur s'en repairerent.
Kiiiit^raiii<»(ie 6715 1^ veissiez grant compaignie
Jacques iI'A*e»- tv a « 1 l 1 •
.... (8 .epiem- De gcnt et de chevalerie
^"'' Qui encontre le cors alerent,
£ qui tel doel en démenèrent
Que soz ciel n'a riens (juis veist
6790 Qui trop grant pitié n'en prcist:
Li un regretot sa proesce,
L'autre retraiot sa iargesce.
Le jor fad li reis d'Angletere
E li reis Guis al mètre en terre
6735 El moster de la seiute dame
Qui deprit son dooi fiiz por Taoïe
Dont le cors fad la berfaeigiez I
Après la mesae li dergiex
Refirent ior altre servise
Ententivemënt a ior goise;
()73o
E li hait home le cors pristrent
Entre Ior braz, si l'enlererent :
Ne demandes s'il i plorerenl.
0735 Ore lairons de cest affaire
De parler e d'acunte faire
Ci endreit a ceste feieo;
Mais ja de riens n'iert desvoîee.
Car tote est de nostre matière,
(J7/i() Si reprendroBs tôt en ariere,
E dirons de la gent haie
Qui nos orent fait l'envaie.
La gent de bien desansee
Ol este issi reusee
07'! 5 Coro jo aveie devant eontë.
Si com il s'esieient vaatë
Al soldan par ior grant fierté,
Qu'il lui diseient sanz vantance,
6700 Senz faille et sanz nule dotance
Sereit cristienté aquise
A cel terme c morte e conquise.
Mais altrement aloit i'ovraine;
Car qui lors veist la montaine
0755 Par ont icel Tare s'en fuirent,
Ço nos contèrent cil quil virent
Que quant Ior genz as nos hurlèrent
Qu'a tel vertu les reuserent
C'a lotie herneis s'en fuioîent,
O-jOo E tanz chameils morz i chaeient
Foi.
cmré
D
San
6690 bien mcaïque — 6699 dimeing« — 6696 remcndre — 0697 Lores -
6707 dauenie — 671 a Les — 671 A E a sur — 67^4 de m. — 6786 doui tmaiiqim —
le mistrent ajouté phu tard — 6736 i matu/uê — 6737 fee — 6738 de manqiut -
manque — 67Û9 norerit — 6765 Gome — 6767 Si manque — 67/18 por —
6753 louerainc — 6765 li L — 6700 Que nos — 67^9 Car lot li
- 6700 des autres —
- Âprè9 6739 E en tam
- 67^9 tôt — 67A0 en
6760 nule
181
i;estoire de la guerre sainte.
183
E tanz chevals brans e tiauçans,
Muls e muies, milliers e çanz,
E tant perdeient a celé bore
Quant noz genz lor cororent sore,
6765 Que si lor ost fust mielz cbaciee
E raielz siwie e enthaciee,
^19 d. La terre fust nocTIre aquitee
E de cristiens babitee.
imm Ri- Quant Tost des Tors se féd retraite
J^ 6770 El celé cbose ot eslë foite
*b« k E Salahadins sot fovraine,
Qui esteit devers la montaine ,
Quant il vit sa gent deseonfite,
La meillor et la plus eslite,
6775 A ses admiralz prist a dire,
Tôt coreciez e lot plein d'ire :
rE u est ore ma maisnee,
pLa vanteresse, Fenragiee?
r Or chevalcbe cristientez
6780 «-Par Snlie a «es volentefc,
ff Si ne trove qui la retoiçe.
ff Ore ne sai quel part jo turge.
rOu sunt ore les grsnK manaces,
r Les cops d'espees e de maoes
6785 r Que se vantouent qu'il fereienl
^ Quant a Tester venu sereient?
rr Ou sunt les riobes eomençailles
rrDes granz osz e des granz batailles?
r Ou sunt les granz descmifilures
6790 ffQue Tom trove enz es escriptures
trQue notre aocesur i ont feites,
ffQue tote jor nus sunt retraites,
ff Qu'il suelent sor ori^iens faire ?
(rMalement vait icest affaire,
6795.fr Car or sûmes nos la curaiHe
trDel mont en 09t et en bataille;
(tE quant envers cels qui ainz forent.
rëinir d'AI(*|>.
(r Riens ne valons, e il vahirent.?)
Li admirais des Sarazins
6800 Oirent que Salabadins \
Les ot blamë en tel manière Fol. 5o a.
Conques nus n'en leva la chiere
Fors uns, Sanguis de Halabi, RépoD» a.
Qui s'aficha sor l'arabi,
68o5 Si dist : trDreiz soldans, or m'oez.
ff Mult nos avez estotoiez
rr Vilainement e trop blasmez;
rr Mais por quei nus mesaamez
ff Si vos ne savez l'acbaison?
68 10 tr Vos n'i guardez pas a raison;
rCar ne remaint pas por combat re,
crNe por bardiement embatre,
rrNe por traire ne por lancier
^ As Frans al fer et a l'acier,
681 5 trNe por lor granz cops endurer :
r Mais riens ne pnet a els durer,
frCar il ont tantes armeures,
(tSi forz, si tenanz, si seures
rrDont il sunt arme en tel goise
68i)o trQue plus qu'en une piere bise
trNe poons en els rienforfaire;
tE qui a tel gent a a faire,
(t Cornent se puet il conseiller?
(rEncor fait plus a merv^iller
6895 rD'on Franc qui est en ior compaine,
fQui noz genz ocist e mabaine;
^ Onques mes nul tel ne veimes :
rToz jorz iert il devant meismes;
rr A toz besoinz est il Irovez
683o rrCom bon cbevalier esprovez.
tr C'est cist qui des noz feit esart;
ff Si l'apelent tneke Ricbart,
rr E tel mêlée deit tenir terre
n E aveir despendre e oonquerre. v
6771 ioueraine — 677a e. tant d. — 6776 toi manque — 67^8 vaterenc la e. — 6779 Ore — 678A de
eapees et des m. — 6786 Qni — 6788 h teemd gnra manqué — 6789 grant — 6790 eni mtqtquê —
6798 soleient — 679/i cesl — 6796 ore sunl noi — 6796 et fMmque — 68tA Encore — 68*9 l. les b. —
6836 E a. e d.
19.
183
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
m
Itmermrium Hi-
««nli,IV, XXIII.
Saladin fait
raser tontes les
Fol. 5o b. 6835 Salahadios en itei ire
Corn vos m'avez ci oi dire
S'apela Safadin son frère.
Si disl : (rOre voii quil i père
places fortes sauf ^ . . «
j^nisaiero. le r Lom jo ai en mes genz grant nance.
Cr.ceiieD.ron. ^y,^^ ^Monlez e aiez sanz dolance,
tt Feites mei Eschaione abalre :
(tNos n avoms mestier de combatre;
ftÂbatoz la citié de Guadres,
rrE seit debrisiee corn madrés;
OH'if) trMais le Daron faites tenir,
trPar ont mes genz peussent venir;
rr Abatez mei la Gualatie,
«Que Franc n'i facentaatio;
tE faites abatre le Fier,
0H5o ïr Qu'il ne s'i peussent alier;
rAbatez mei la Blanche Gunrdo,
rQue nos n'aioms par delà guardo;
rrAbatez Jaiïe ecel multbien,
ffCasel des Plains, Casel Maien;
6855 rrAbatez moi Seint Jorge, Rames,
rLa grant citié que nos trovames,
trBel Mont de la montaine en hait,
rrLe Thoron, le Chastel Ernald
ïT Et Bel Veeir e Mirabcl ;
TiKOo f^ A bâtez le, car mei est bel,
rrE \e9> chastels de la monlaine,
<r Que ja un entier ne remaine,
rt Chastel ne casel ne citié,
(rQue tut ne seit agraventé,
iWui ffFors le Crac e Jérusalem :
«tSi le Yoil, si le fera ïeni^-n
Salahadins lad comandé,
E cil ad congié demandé.
Fol. r»o f. Qui bien sel son comandomcnt.
6)^70 Ijors parla un Turc hautement
Qui Caisac esteil nome/,
Hait Sarazin e renomex.
Cil dist a Salahadin : crSire,
(tNus hom ne deit tant creire s^ire
0875 frNe son maltalent com vos faites.
(tMais enveiez ore vos guailes
(tE voz espies e vos guardes
(tEs pleins de Rames es anguardes,
(T Si que quel part que Franc se torgent
6880 (T Que les espies ça retorgent,
(tE qu'il sachent al retomer
trQuel part lor ost voldra torner :
(tE tel ior poreient il faire
(r Que bien poreit l'em lor forfaire.
0885 trPar Mahumet que l'em aore,
(r L'en deit guarder e tens et bore
(rEt achaison degentblasmer.
rrNe nos devez mesaamer,
tr Car teles sunt les aventures
O890 (rQue genz ont granz deseonfitures;
(rSi ne larai que jo nei die,
(tQue si jo ai bone compainie,
(r Ge cuit les Frans si curt tenir
(t Qu'il avront ça malveis venir. 19
6895 Lorseslurent trente admiralz,
Granz genz e de parage halz;
Chescon ot en sa compainie
Bien cinc cenz Turs de gent hardie,
Que Salahadins fist aler
6900 Al flum d'Arsur et avaler,
E tuit i furent e gueterent
Quant la gent Deu rechevalchercnt.
L'ost Deu qui s'esteit combaUie , Fo
E qui un poi ot abatue
6905 Des Sarazins la sorquidance,
Le tierz jor après sanz dotance
Torna d'Arsur tote rengiee
Par mi la terre laidengee
voc
Jéf
Im
083C ici — 68/10 c mattque — 685/i casel dol mien — 6857 Del monl — 6858 Le Ih. e le — 685ç) veir
— 686(> fra — 6870 Lores — 687 6 laiil sairc — 6877 vos répétp — 6879 le tecond que man^, rplorgent
— 6886 c manque — 6888 vo» — 6891 jo manque — 689.*) I.,on\<* — 6898 B. cuit cent, gent immtquf —
6900 flur — 6901 gueroreni — 690:» Qui — 690.S abaluo
180
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
J8G
Ou il aiouenl ch(*.valcbanl
691 ô E kl grant hoDtc Dcu vcngant.
Li Templer iccl jor guardereut
La riere guarde ou il errèrent;
Car li vilains dil qui guarniz
Est qu'il ne puet estre escbarniz.
6915 Mais lors por nient se guarnirent,
Car on(|ues Turc le jor ne virent ,
N'onques a Tost ne s'aparurent
Desque al flum on noz genz jurent,
Oui! les quiderent destraindre;
O990 Mais ne lor pot a riens ateindre :
Assez enchacerent e trestrent,
E neporquant tuit se relrestrent.
K nostre gent se herbergerent
Sor le flum d'Arsur e logierent;
6995 El al malin la gent menue,
Qui a grant paine esteit tenue,
E li herbergeors'esmurent,
Si que par tens a Jafl'e furent;
Et Jafle siet sor la marine;
6980 Mais la cruel gent Sarazine
L'aveient ja si abatue
E si laidee e si fondue
Que Tost dedenz n'i peust estre,
Ainz se logierent a senesire
6935 En une bêle olivereie.
Et long conte por quei fereie ?
I. 5i a. I^^^is ^}^^ ti'^î^ semaines entières
Trespasserent endemantieres
Que l'ost fud la d'Acre venue :
39/10 Issi iert la chose avenue.
triumfii- Devant Jaife en Toliveroie,
^' '"• En la bêle jardineroie ,
net $e *
eà Jaffa. La ficha Tosl Deu ses banieres;
69/115 La furent les guaigneries;
La aveit tanz reisins e (les,
Pomes grenetes, alemandes,
Tôt entor a plenté si grandes,
Dont li arbre esteient fichié,
(*>9r)() Tant en pernouent sanz marchië
Que Tost en fud niult sostenue.
Eht \os Teslorie al port venue :
Les nés aloient e veneicnt
De JalTe a Acre e reveneienf,
0955 Qui aportouent lor vitaille,
Dont mult pesot a la chenaille.
Et Salahadins,qui combatre
Ne s'osoit, fesoit ja abatre
Les murs e les turs d'Escalone.
0960 Un jor, endreit bore de none,
Etb vos la novele venue
• En lost, de povre gent menue
Qui par nuit s'en iert enfoie.
Que Escalone erl
0905 E cecfoie et estonee,
Epar desuz estançonee;
Li alquant a veir le teneient.
Si com les noveles veneient,
Li uns a veir, Tautre a meirçonge
(Î970 E l'autre a eschar et a songe.
Que Salahadins tel fieblesce
Pensast ja [>or nule destresce
Ne por nule mise d'avoir;
Tant que l'en envoia savoir
6975 Le rei Richarz od le barnage
En une fort galee a nage
Par danz Jeiïrei de Lenzeignan ,
Qui por Deu sofl'ri meint ahan,
Epar Willame de l'Estanc,
6980 Un chevalier prodome e franc,
E altres genz od cls alerent.
Devant la citié^ s'aresterent ,
llinerarmm Bi-
cardi, IV, xtti.
Rirhard pro-
pose (l^aller au
MTonre irAaca-
ion qnc fUiIailiu
faisail jlélruire.
l*ol. 5i b.
6909 Qui! — <)9io |rranl manque — 691 9 quil e. — 691 5 lores — 691 7 saporcurcnt — 6918 Desqunl —
6999 se rcslrenl — 6997 herbergor — 6933 n' manqué — 6935 oliueric — 693^) ferie — 69 '19 9. si f. —
6960 Que tant — 6963 roiieneient — 69.5/1 rcueient — 6968 Nosoit — 69G3 Que, foiee — 69G6 ce vers
manque en entier — 6966 desur — 6968 les manque — 6969 Luns ouers — O97 1 Que s. par f. — 6976 forle
187
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
188
Tant qu'il sorent certainement
Que l'en 1 abaleit veirement.
«985 Arieres vindrent, sil redislrent;
E H baron conseil en pristrent
Saveir mon que il en fereient
E savoir s'il la rescorreient.
Devant Jaffe hors de la vile
O990 Fud assemblée la concilie;
La ot paroles départies
E conseilz de plusors parties,
Car cbescon hom a son oorage ,
Ne tuit ne suntpas d'un eage;
6995 Si voldroit l'uns tel chose faire
Ou l'autre avreit trop a refaire.
La n'iert mestiers qu'il descordassent,
Mais que tuit a un s'acordassent.
Li uns rovoient e disoient
7000 Que vers Jérusalem iroient,
E li autre se il peussent
Escalone as Turcs escoussopt,
Car la feist bon receter.
La peussièz oir reter
7005 Les uns as autres lor devises
Corne genz de si granz emprises.
Fol..5t r. Lors parlai! reis d'Engletere,
Qui toz jorz fud nurri en guère ,
Al duc e as Franceis ensemble,
7010 Si lor dist : trSeignors, il me semble
rrQue nos avoms divers corages;
rr Ço puet tomer a granz damages.
rrLi Turc font Escbalone abatre :
rrll ne s'osent a nos combatre.
701 5 r Alon3 Eschakne rescorre ;
rTot li mondes i devreit corre,
wE vis m'est que c'est bien a faire. -n
Que vos direie d'aitre affaire?
Fors que li Franceis respondirent,
7020 Tels qui puis mult s'en repentirent,
Que illoc feseit boen sejorner
Por Jaffe faire ratorner,
E que ço iert li plus cort veiages
A faire lor pèlerinages.
7095 Mais mult malveis conseil doneren t.
Quant a Escbalone ne alerent ;
Car se lors l'eussent escosse
La terre fust tote rescusse;
Mais tant parlèrent e tant distrent
7o3o Que Jaffe a rafermer enpristrent.
Quant celé ovre fud craantee,
Eth vos l'ost a Jaffe arestee;
Une taille de granl affaire
Coillirent al chastel reffaire :
7035 Les fossez firent redrescier
E les murs entur adrescier.
Eth vos l'ost illoc a sujor ;
Eth vos venir de jor en jor
En l'ost le pechié e l'ordure
70^10 E la laidesce e la luxure;
Car les femmes en l'ost revindrenl.
Qui vilainement se contindrent.
Es nés venoient et es barges.
Ha I Deu merci ! com maies targes,
7045 Com mais escuz a reconquerre
L'eritage Deu e sa terre .
E com vilment cil s'atornerent
Qui as péchiez se retornerenf
E perdirent par lor oltrage
7060 A faire loi* peregrinage !
Ce fud envers fin de Setembre ,
E ço m'est vis e ço me semble
Que Jaffe iert ja aaques refaite;
Eth vos l'ost hors des jardins traite.
7055 Tôt environ Seint Abacuc
La se tendirent prince e duc ;
Mais mult ert l'ost apeticiee
De si que ele iert comenciee;
Par itf conseil
des Français
UfÏH.
Lf* Croisés s*-
livrent au A^-
Fol. 5l fl.
Itinertuimm Bi-
caréi, \\\ xTTii.
Richard \h
chercher k Acre
les Croisés qui
T Atai^nt resté*.
6987 S. quil en freienl — 6988 recoreienl — 6990 La fud — 6996 pas manque — 6999 reuoienl — 700 1 sil
■ 700a escusscnt — 7006 Com — 7007 Lore» — 7009 duc es franceis — 7018 d' manque — 7019 ii manque
■ 7090 puis manque — 70*7 Car iores — 70B1 enuers en fin — 7067 est — 7o58 quele
189
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
190
Car a Acre s'en retornouent,
70G0 Et es tavernes sujornonent.
El quant ii reis sot la peresce
Des pèlerins e la iaschesce.
Par le rei de Jerusalam
Manda a Acre, ço vit Tam,
7065 As pèlerins qu'a Tost venissent
E que a Deu covent tenissent;
Mais pereçusement i vindrent
Por le rei Guion, ainz se tindrent
Tant que li reis Iticharz meismes ,
7070 Quin ot grant paine puis e primes,
Revint a Acre e sermona
Tant que mult gent en amena,
E fist amener les reines
E mètre en Jaffe e lor meschines,
52 a. 7075 Epor les genz faire venir
Covint Tost illoques tenir
Près de deus meis ou sis semaines;
Sin eûmes puis des grans peines.
Quant li reis ot d'Acre jetée
7080 La gent et a Tost amenée,
Mult en fud durement creue
Assez plus qu'el n'erl descreue ;
ium m- Mais or orez en qoele esprove,
Que cil vit qui Testoire trove,
, IITIII.
d tombe
embut- ^oHû Pu lost tote a icd termine :
iiuame Tutc doust ostro OU U mine,
nx.
Car quant osl pert son cheveotaine
En estrange terre lointaine
Si com est celé de Sulie,
7090 Tut se desvoie edesalie.
Gel di por le rei d'Englelere ,
Qu iert alez Salabadin querre
E guaiiier les por els soprendre ;
Mais malement dut Taguait prendre,
7095 Car trop escharie maisnee
Ot li rois a celé foiee,
Si s'endormi par aventure;
E li enemi de nature,
Li Sarazin, qui se gnaiterent,
7100 Erent près, e tant Taprismerent
Qu'a paine a tens fud esveilliez.
Seignors, ne vos esmerveilliez
Se li reis se leva en haste;
Car uns faom sels que tant gent haste
7105 N'est mie del tôt asseur.
Mais Deus li dona tel eur
Qu'il monta e ses genz montèrent ,
Cil quï en ot, mais trop poi erent.
E quant li Turc montez les virent,
7110 Li reis chaça e il fuirent
De si qu'a lur enbusehement.
Cil desbuehiereot duremeni
E voldrent le rei enbnicier ;
Mais il mist main al brant d'acier,
7115 Et sist en Fauvel a celé hore.
Ja li veneient ii Turc sore,
Chescons i voloit la main tendre :
Mais nus n^oseit son cop atendre;
E puet estre que pris l'eussent,
7130 Si a celé foiz le coneusent,
Quant uns chevaliers prem ieaus
Dessuens, Guîilaumes de Preals,
Parla, e dist: (rSarazineis,
tr Ge Mi melee. y» Mekc e'eal rei9.
7125 Ë ii Turc ehau pas le saisirent,
Dreit a lor ost mener te firent.
Lit fud morz Reinier de Maron,
Qui aveit cuer de preu baron ,
E sis ni^s qui ot non Gautier,
7 1 3o Qui raveit preu cuer et entier,
Alain e Lucas de l'Batable
I furent mort, qui sest pas fable.
Quant la novele fud seuo
Fol. .")•! 6.
7068 r«i aumftM — 7071 acrce — 70&0 mtuee — 708a qude — 7088 a eel — 7086 Tul dut —
7087 oft manqué, sa eb. — 709<>T«Bt — 7099 atiakadiiia — 7109 si m — 710a gent mmqun^ chasde —
71 15 a icele — 7119 paoelesire — 71 si pr. ei L — 7199»
191
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
192
71*35 Lie et joant, ço dist H livre.
E nienl fud de TacoDsivre,
Car de grant air s'en alouent,
E Guillame pris en menouent;
Sin quidoent la gent haie
7 1 ho Mener le rei , mais ne plot mie
A Dampnedeu, qui en fud guarde.
Li Turc erent jaenTenguarde,
Qui le rei mener en quiderent,
Ë noz genz a Tosl repairierent;
Fol. r>9 r. 71^5 Mais de Guiiiame orent grant dote
Li reis e la gent de Tost tote.
Quant Dampnedeus par sa Franchise
Ol esparnië en ilel guise
Le rei qui Tost deveit conduire,
7i5o Lores pristrent plusors a dire,
Qui a coregeus le saveient
E qui de lui peur aveient :
f Sire, por Deu merci, ne faites!
rNe vos chaille a feire tels guaites;
7155 (T Gardez vos e cristienté.
rr Bone gent avez a plenté :
rr!V*alez mes sels en loi affaire,
tr Quant vos voldrez as Turs forfaire,
(T Menez od vos grant compainie,
7160 ffQue en voz mains est nostre vie
trOu nostre mort, s'il vos meschiet :
r Que quant li chief des membres chiet,
rrLi membre puis mes ne soffisent,
rr Ainz faillent sempres e defisent;
7165 (tE tost avient une aventure. ?>
Assez i mistrent paine e cure
A chastier Ten meint prodome;
E il toz jorz , ço est la some,
Quant il veeit les assemblées,
7170 Dont mult poi li erent emblees.
Assembloit as Turs a meschief,
Et en veneit si bien a chief
Qu'il en avcit ou mort ou pris
Equejsuens iert li graindre pris;
7170 E Deus toz jorz des greignors presses
Le jetoit hors des genz engrosses.
Quant Tost se fud aherneschiec
A grant force et a grant bachiee,
Eth la vos semonse e banie
7180 El non deu filz sainte Marie,
Que al casel des Plains ireient,
E que il le refermereient
Por le chief de Tost mielz guarder.
Lors plut al rei a comander
7185 Que a Jaffe tels genz remansissent
Qui la vile fermer feissent,
E que le port si bien gardassent
Que nules genz ne s'en alassent
Fors marchcant por la vitaille.
7190 Le evesque d'Evreucs sanz faille,
Li coeus de Chaalon oveques,
E dan Hue Ribole iiloques
Remistrenl por icele afaire :
Cil firent les ovraines faire.
7195 Eth vos Tost montée e meue;
One plus bêle ne fud veue
iNe plus richement atornee.
Mais petite fud lor jornee.
Entre les deus casels'^tendirent
7300 Lor pavillons e descendirent ;
Si sai de veir par mulz ensaimi
Que vigilie iert de la toz sainz
Quant illoques nos herberjames.
E l'ost des Turs esteit a Rames :
790.5 La nos firent les genz haies
Granz enchalz e granz envaies.
Foi. 5 s </.
Itmtrmrmm Ki-
emrdi, IV, iiii.
IlîrlMrd «ïotrp-
preml U reeoo-
firuclioo da r»-
sol àt% Plaifu el
ilu casai Moyen
( o'^obiv-ooTmi-
lirc 1191).
7135 liures. Ce ven $il écrit, puit exponctvé aprh le verê 71/i/i, le latin de ritinëraire : eeximic laclalir?,
enmariiye Ut place — 7188 et mcnoacnt — 7163 Que — 71 ûû retoroerent — 7i5i Que — 71 55 cris-
tionlei — 7i5<» Vos auoi bone gvnt a plentex — 7i58 vos mmufue — 7160 Queo, aie — 7169 Que manque
— 7163 mes riMtufue — 7168 ccsl — 7177 aherneschies — 7178 hachiees — 7189 qiiil — 7188 mielz
mnnqtiê — 718^1 Lore^ — 71^9 la manqw — 7190 Heiiereiis — 7901 rouit
193
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
194
Bons quinze jorz ou plus toi plains
Fud en Ire le casel des Plains
Nostre ost e le casel Maen,
7910 Que eurent abatu li paen.
Fol 53 a. Le Maen fist le rei refaire
Plus fort qu il n*esteit al desfaire,
E li Templier l'autre refirent;
Mais li Turc granz presses nos firent.
791 5 Un jor en vint vers Tost ensemble
Bien mil a cbeval , ço me semble.
Estes vos nostre ost estormie
Come formilliere formie;
Li reis e li autre montèrent,
7990 E quant qu'il porentse hasterent,
E li Turc tornerent en fuie :
Le vif diables les conduie I
Car lor cheval si tost aloient ,
En quelque sens qu'il s'en tornoient,
Richard pour. 7995 Que li reis nés pot aconsivre,
j^oîr t w d! 0»c tant ne soit chacer ne si wrc ;
Rmmiab. g quaut il los ot tant seuz
Et il nés ot aconseuz,
E vit Rames a descovert
7930 E Tost del faus pople colvert.
Si s'en revint en Tost ariere,
Il e la gent hardie e fierc.
itmtnarmmRi' Al sislejordo la graut feste,
Mi'L ' *j*^- I)e la toz seinz que chescons feste,
Victoire de Ri'- * '
chtrd sor les ^935 Eissireut de Tost en forage
Sarmiiii ( 6 no- . ,
vcmbre 1191). Li oscuier por quere herbage.
A els guarder en cel contemple
Purent li preu seignor del Temple.
Li forrier qui de Tost partirent
7960 Par la contrée s'espartirent.
Qui coveitouent herbe drue ,
Qui meinte feiz lor fud vendue,
Car meinte feiz la comparèrent
79/15 Li Templier les foriers gardèrent;
Si com il mains se regardèrent. Fol. 53 6.
Estes vos lor quatre conreiz
Des Sarazins od granz desreiz.
Bien furent quatre cent esme',
7950 Tôt a cheval, bien acesmé,
E par devers Bombrac saillirent
Dreit as Templers, sis assaillirent
E enclostrent a la reonde.
Car n'a plus viste gent el monde ;
7955 Estreitement e cort les tiudrent,
E de plusors parties vindrent.
Quant li Templer si près les virent,
Des chevals a pié descendirent;
Si firent trop graoz vasselages ,
7960 Les vis tornez as genz salvages,
E les dos chescon a son frère ,
Com se il tuit fusant d'un père.
Li Sarazin les empressèrent
Tant que treis morz nos i laissèrent.
7965 La veissiez graoz cops doner,
La obsiez helmes soner
E de l'acer le feu saillir,
Bien deiïendre e bien assaillir.
Li Turc les quiderent sorprendre :
7970 La les voleient as mains prendre.
Si estroitement les tenoieot.
Quant cil qui de nostre ost issoient
Vindrent ferantgrant aleure;
Si fud dit por vérité pure
7975 Que Andriu de Chavignië premiers,
Sei quinzime de chevaliers,
Rescust les Templers icele bore;
Grant aleine vint as Turs sore,
E le fist la mult prousement
7980 E si compaignon ensement. Fol. 53 c.
La ot il trop fiere assemblée;
Mais ne fud mie al rei emblée;
7917 Etli -
quatre desreix
— 7977 icel -
-7918 Com — 7999 Quit — 7933 sbt — 79^5 Li forier les templers — 79^7 Eth — 79^8 od
— 7951 E manque — 7969 il manqtte — 7966 nos il 1. — 797s qui matiqw — 7*75 chauigni
— 7978 De grant — 7979 la fnemque — 7981 il manque — 7389 nel, mie mantpw
i3
l«r*IMK*IK VArtOIALK.
195
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
196
AÎDz faiseit icel jor refaire
Casel Maen e cel affaire,
7985 E aveit maDdë por deus contes,
Qui deivent eslre en toz bons contes,
De Seint Pol e de Leicestre,
Si comanda li reis a estre
Od els Guillame de Caieu,
7990 Qui bien i tint le jor son leu;
Si i fud Otes de Transigniees,
G erent genz de haltes lignées.
Eth vos la noise e la criée
Que li forier orent criée,
7995 E li reis as contes manda
Ou il lor dist e comanda
Qualassent les Templiers socure,
E il ireit as armes corre;
Meintenant as armes correit
7300 Al plus tost qu'il onques poreit.
Et il erralment chevalcberent;
E si com il i aprismerent,
Elb lor saillir d'un fluminairc
Bien quatre mil de gent contraire,
73o5 Qui en deus parz se départirent:
Li un sor les Templiers guenchirent,
E li autre as barons tornerent;
Eli baron se conreerent,
E ensemble en conrei se tindrcnt.
7810 Li Turc aprismerent e vindrenl.
Illoc 6st li coens de Saint Pol
Un giu parti hardi e foi
Al preu conte de Leicestre:
Qu'il assemblast as Tnrs sor destre
Fol. 53 d, 731 5 Et il tozjorz le guardereit,
Ou sis cors i assemblereit
E il de lui guarde preist
Ou qu'il alast ne qu'il feist.
Exploit do
comte d« Lei-
Ë li coens prist le jeu parti :
7390 Od sa maisniee s'en parti
E se feri grant aleure
Es conreiz de la gent oscure,
E asembla od tel ruistesce
Que ioee fud sa proesce,
7395 E que deus chevaliers recust,
. Qui rescus furent od grant cusl;
Et iert li estors ja pleniers
Quant li reis Richarz li gueriers
Vint e vit noz genz en la presse
7^30 De la paene gent engresse;
E n'aveil od lui guerres genz.
Mais sis conreiz iert biaus e genz.
Lors lui comencerenl a dire
Tels i en aveit : « Par fei, sire,
7335 frVos errez a mult grant meschief,
tfNe ja n'en vendrez vos a chicf
fr De noz genz qui la sunt rescore ;
frE sels les en vient mielz encorre,
(rSanz vos, que vos i encurgiez.
73/10 (rPor ço est bien que vos retorgiez ;
(T Gar si a vos vos mescheiet
rrE que issi fust escheiet,
trGristienté sereil tuée.?»
Li reis ol la culor muée;
73/15 Lors dist : «Quant jos i enveiai
tr E que d'aler les i preiai ,
(r Se il i moerent donc sanz moi ,
(T Donc n'aie ja mes non de rei 1 r.
Es costez al cheval doua
7350 E le frein lui abandona,
E fud plus joinz que uns esperviers.
Lors se feri es chevalers,
Très parmi la gent saraziae,
E les perça de tel ravine
KoI. 5'i fl.
7983 faiseient — 7986 par — 7986 Qail deuicnt cstre en tuit bien cointes — 7989 guillaues — 7991 tian-
sigees — 7999 hait — 7999 E meinlenant, coreit — 7309 i manqué — 73 o& mile — 73 iC i manqtw —
7396 Li r. — 7398 guereiera — 7333 Lores — 7336 en wutnfue — 7336 vos tnanque -^ 7338 Enceb L
— 73&1 a manqut — 7365 Lores, jo les i — 7366 que répété — 7367 Sil, i manque — 7368 nai jo james
— 7359 Lores
197
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
198
ItÎMtnuimm Ri-
c«nb'. lY, txv.
Biobari) de-
UModeàSaUdin
de loi céder le
royanme de J^-
roMleiT].
7355 Que fte une foldre i fust passée
Ne fust pas plus lor gent quassee,
E les oltreit e destreigoeit,
E retorneit e rateigneit,
E irenchoit mains et braz e testes;
7360 E il fueient come bestes,
E mult en i ot des lassez
£ de mon e de pris assez;
E tant longement les chaciereot
E sivirent e encbaucerent
7365 Que tens fud de la retomee.
Ensi raia celé jomee.
Endementers qu'il refermoient
Les deus casels qu'il redresçoient ,
E li reis vit fost esbaudie
7870 Sor Sarazins que Deus maudie,
Lores apela ses messages
De halz homes e de genz sages,
Sis tramist a Salahadin
Et a son frerc Saffadin,
7875 E fîst merveilluses demandes
E mult riches, nobles e grandes :
Ço iert le riaume de Sulie,
De chief en chief si com il lie,
E quant qu'ai règne aparteneit
7380 Quant li reis mesiaus le teneit ;
E de Babiloine treu
Issi com il Taveit eu ;
Car tôt clamot en héritage
Par le conquest de son lignage.
Fol. 56 6. 7385 Li messagier le soldan quistrent
E lor message mult bien distrent;
Et il lor dist que nu fereit,
E que ii reis le sorquereit,
E li manda par Saffadin
7890 Son frère, un sage Sarazin,
Qu'il lui lareit tote la terre
Saladio eof oie
Saphadin ponr
traiter.
De Sulie en pais e sa.nz guerre
Des le flum de si qu'a la mer.
Que il ni poreit riens clamer;
7895 Mais par tel covent le fereit
Que Eschalone ne refereit
Ne cristien ne Sarazin.
Ço li manda par Saffadin;
Mais li rois ne se gardot mie
7600 De la fause gent enemie,
Quil detrioent e teneient
Por les chastels qu'il abateienl,
E le scrveient de losenge :
Lor acointement mal chief prenge!
7/io5 Car Saffadin tant le déçut
Que li reis ses presenz recul.
Messagier vindrent e alerent
Qui les presenz al rei portèrent.
Dont il fud blaamë durement
-jiiio Et en paria on malement.
Mais Saffadins lui fist entendre
Que il voleit a la pais tendre,
E li reis tost la pais preist, .
Qui honorée lui feist,
7615 Por eshaucier nostre créance,
Ë por ço que ii reis de France
S'en iert aie, dont ii ot dote.
Qu'il saveit qu'il ne l'ameit gute.
Messagier aierent e vindrent
7/130 E le rei en parole tindrent.
Tant qu'il aperçut la traine
De la fause gent Sarazine,
Qui trop iert fause e desleial ;
E por le Crac de Mont Real
7^95 Que il voleit qu'il al>atissent
E que issi la pais feissent,
E por ço qu'il nei voldrent faire
Remist la pais par celé affaire.
Fol, 5/1 1.
Rupture iW»
naSgoriatioiiJi.
7358 raiceineit — 7867 que cil — 7868 que cil — 7879 de manque — 7875 E ior fîst — 7877 la r. —
7880 measaiN -— 7886 b. li d. — 7887 lor manqué, freit — 7898 Dele ie — ^^h Qail — 7895 freil —
7896 refreil '^ 7^01 Qail delrichent — 7A08 resemeieiit — 'jUio en paroleoi m. — 761s Quil — 76 17 $i«Tt
— 7^95 voleient — 7A97 nel manque — 7^98 celé manque
18.
199
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
SOO
Les Tores re^
coaincnceDt à
harceler les Groi- 7^'^^
1^.
7635
74ÛO
7^65
m.
U, lY, ixin. i
Marebt des
Croisa sar Ram-
lab.
7^50
Fol. 5A d.
7/155
7/160
Sabdin te re-
tira au Tboroa
df« Cbatolien.
7/165
Quant ccle pais ne pot pas esire,
Elh vos venir destre e senestre
Les Turs en i*ost granz enchauz faire,
Car mult nos volsissent forfaire;
E li reis a els assembloit,
E par essample a ceis muslroit
Qui des presenz blasmé Taveient
De quci li Turc le deceveient
Qu'il ne voleii fors liautë
A Deu ne a la cristienlë.
Plusors feiz les Turs encontra
E meinle teste eu Tost muslra ,
Qu'il en aveit meinte copee,
N'onques Tost ne fud destorbee
Por présent que il receust;
E la' terre reçusse eust,
Mais ieles genz Ten destorbouenl
Qui sa burse sovent robouent.
Quant li casel furent arme
Et radrescié e rafermé
E li reis i ot mis ses guardes
Qui guaitouent par les anguardes,
Elh vos Fost criée e semonse
A Tore que soleilz resconse;
E lendemain quant il montèrent,
Lor gent sagement aroterent,
Si chevalcherent dreit a Rames;
E si lost corne nos errâmes.
Et Scilahadms sot de veir
Que de Rames Testuet movoir,
A ço qu'il ne sosoit combalre,
Si Gst tolc la vile abatre,
E s'en tonia fuiant premiers
Dreit al Thoron as Ghevalers :
Mult se fioit en la montaine.
E l'ost erra parmi la plaine.
Sor les biaus chevals peuz d'orge
Vint en dcus jorz entre Soinl Jorge
E Rames; la s'alerent tendre
Pur plus gent e vitaille atendre.
La reumes granz envaies
7670 Des enuioses genz haies;
Et unes granz plues qui plurent
Nos delaierent trop e nurent.
Iceles pluies nos chacerent
Tant que nos genz se berbergierent
7/Ï75 Dedenz Saint Joi^e e dedenz Rames;
La nos tendîmes e lojames,
E fumes la bien sis semaines
A grant meschief et a granz paines.
Issi come nus estioms
7/180 Illoc ou nos sujornioms,
I ot une fiere assemblée,
Qui ne deit pas estre obliee,
Del preu conte de Leicestre
Devers Seint Jorge sor senestre
7/185 E des Turs qui illoc esteient,
Qui sovent près de l'ost veneient
E faiseient mainte envaie;
E li coens a gent escfaarie
Eissi del ost por els chacier,
7/190 Et el chief ot l'elme d'acier;
Trei chevaler devant alerent.
Qui folement se desreerent,
Si poinstrent as Turcs esleissië;
Mais tut trei i fussent laissië,
7695 Quant li coens leissa cheval corre.
Qui nés velt pas leisser encorre.
A plus de cent Turs s'esleissa,
E tant i poinst qu'il ne cessa,
Ainz les ot oltre un flum passez,
7500 Mais trop i dcut poindre d'assez;
Car bien quatre cent Turs veneient,
Chanes et arcs turqueis teneient,
Si qu'entre lui et l'ost se mistrent
E de lui prendre s'entremistrcnt.
7Û3Û a els — 7/186 cui — 7^39 Plusorsors — 7Û/10 meinte foii — 7443 quil — 7^56 com — 7^65 cb.
preiis — 7671 Eûmes g. — 7676 ioames — 748a Que — 7^85 de t. — 7688 a sa g. — 7Û89 Et eissi —
7690 Et man^ii^ — 7^99 des rongierent — 7/19^ furent — 7600 deost
L*amée dii^
Ueooe reste six
«enudaes à Rani-
lab (oovanbn-
déeembreatgt).
fUJICJ WPH fit*
Mrdî, IV, mm.
L« eonrie de
Leieestre altaqoe
les SamniM et,
après avoir eooni
les plas grands
dangers, lessMC
eo d^roate (àé-
rembre).
Fol. 55 a.
SOI
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
30â
75o5 Ja nos aveient abalu
E trop laidi e trop balu
Guario le filz Gerod a tere.
La veissiez fiers cops de guerre,
liloc ou daoz Guarins chai;
7610 Al conte plus i mescbai,
Que après Guarin Tabatirent,
Sil laiderent muit e bâtirent.
Dreu de Fontenil deu poutrel
Ë après Dreu Robert Neei
751 5 Rabatirent il en poi d*ore;
Ë tant en vint au conte sore
Turc e Persant e renoië.
Qui Tavoient entr els noie,
Qu a poinc le porent abatre.
75so La veissiez genz bien combatre;
La fu Henris le filz Nicole
Fol. 55 6. Ovec le conte a dure eschole.
Si i fu de Noefbroc Robcrz :
Plu8 dolz franc hom ne jut en berz
7595 Que cil fist, si ot grant faiture,
E tel proesce e tel nature
Qu'il desccndi en la grant presse
De la paene gent cngresse,
E bailla son cheval au conte
7530 Si garda sei e lui de honte;
E Raols de Sainte Marie
Estoit au conte en compaignie;
E si ne fust del Bois Ernaùs
Il li eust este noaus;
7535 Henri de Malloc e Guillames
I eurent 0 lui sor les hiaumes;
E 0 lui fu iSaol del Bruel;
Ne onques meis ne fu veu d'oel
Si grant proece, ce me semble,
75/10 Come cist se tindrent ensemble
Contre tanz Turs com la avoit;
Car nul conseil nus n'i savoit
Cornent s'en partireit délivres ;
Si fud vertet, ço dit li livres,
7565 Que li cuens s'iert tant combatuz
E tant avoit esté batuz
E si compaignon ensemenl
Que li Turc sanz nul tensement
Les avoient près d'afolez.
7550 Les cols des destriers acolez.
Droit al Thoron les en menoient.
Quant de Tost que il aprismoient
Vindrent ferant grant aleuro
Un conroi de la gent seure.
7555 La.iert Andreus de Cbavignié,
E si iert Henris de Graië,
E si i iert de Preiaus Pieres,
Bons chevalers e bon poigneres,
E meint autre home renômë
7560 Qui ne me furent pas nomé.
Chescon d'icels en son venir
Fist son Turc a terre flatir.
Mais li Turc que Pieres feri ,
Cui cors e aime ilioe péri,
7065 Esteit si fort a desmesnre
Que Pieres i mist paine a cure;
Mais onc ne s'en sot tant pener
Que l'en peust vif amener,
Ne il ne tut cil qui o lui erent ,
7570 Qui a grant paine le tuèrent.
Oiez, seignors, estrange juste,
E tant est proz qui issi juste
Com mis sires Andreus jostal
A l'admirad qu'il encontra
7575 Mist sa glaive par mi le cors.
Si que le fer parut dehors;
E Tamiralt eu sa \enue '■
Ol sa cane'si droit tenue
Fol. 55 e.
kadré de Ch»-
vigny tue an
7511 QuapreS' — 751 â Quil — 75'j3 Si i fud de noef burc henris broc; un renvoi indique qu*H faut re^-
place%' barc, exponctué, par broc — 7034 dois répété — 75a5 ot manque — 7537 Eouec — 7539 Si gr. doel
— 75Û1 conic — 7543 il sen partirent — 7 548 E li — 755a quil — 7555 thauenaie ~ 7556 beris de
^raie — 7557 i manque — 7560 me manque — 7569 Et fist — 7564 Ki cors ^ 7566 i manque — 7568 Quel
203
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
906
Qu'-es brax Andreu entra li fers
7580 Si qu'il li brusa en travers.
Si feitement l«i eschai :
Li admiralz a tant chai.
La veissiez riche rescosse,
La aveit meinte cane escusse
7585 E maint glaive par hardemcnt.
As premerains fust malement
Se cil ne fussent avenu.
La veissiez estai tenu
Fol. 55 </. Del preu conte de Leicestre,
7590 Gom il fereit destre e senestre,
Tant que deus chevals lui ocistrent.
La furent tels qui nos redistrent
G onc en home de son eage
Ne virent greignur vasselage
7595 Ne meillor genz senz plus encore
Qu'il ot le jor a lui sucore;
Gar de Tost tant en acurut
Que nus des noz ni encurut :
7600 Rescus furent e repassèrent.
Sis desconfistrent et perchierent
E tant longement les chacerent
Que par dreit ennui les gaerpirent
E a lor tentes revertirent.
!tmenrhm Bi- 7605 Salahadîn sot tôt de veir
raréi . IV, utiv. i^ r • ■
SabdiD êtn- *^ *^^^^ *^ P^^ apaTCCveir
tireàJéraniem. Que nostrs gcttt S aparilloueut,
Ë cescoB jor s'en atomouent,
D'aler vers la seinte citië.
7610 Des qu'il li fud bien endilë
E il soit nostre ost a deus liues
Dont il n^aveit mes pais ne triuues,
Si nos fist del Thoron abatre
Turs e toreles cinc e quatre,
7615 E s'en ala, ço conta l'em,
Fuiant dreit en Jérusalem ,
BHhMoblr.
E nos leisserent la champaîiie
Li Turc, e pristrent la montaine.
Quant Tost des Turs se fud retraite
7690 E la nostre se fud atraite,
Elh vos la semonse criée
E la chose si atornee
Qu'ai pië de la montaine ireient Fol. 5(> 0.
E que illoc se herbergereient
7695 E «traireient lor vitaille.
Eissi le firent tut a taille.
Lors montèrent e chevalcherent
E lor batailles adrescierent
Eth les vos devant Bettenuble.
7630 Lores feseit freit tens e nuble n, wSm
E granz pluies e granz tempesten ^fb ^î^
Qui mult nos descnirent noz besles;
Gar tant plut la a desmesure
Qu'il n'en iert nombre ne mesure.
7G35 Pluie e grésille nos batoient,
Qui noz pavillons abatoient.
Si que tanz chevals i perdîmes
E al Noël e puis e primes ,
E tant bescuit i destemprot
7660 Si corne l'eve le temprot,
E tanz bacons i porrissouent
Des orages quis laidisseient,
E tanz haubercs i roillerent
Que a paine desroillerent,
7665 E tantes robes i porrirent,
E tantes genz i desnurirent
Que mult iert lor cors a mesaise;
Mais mult ierent lor cuers a aise
De l'espérance qu'il aveient
7660 Que al sépulcre aler deveient.
Jérusalem tant coveitouent
Que tuit lor vitaille aportouent
A plein por le si^ tenir.
Lors veissiez en l'ost venir
7585iiiaiat« — 75980011^068 — 7596 Une — 7608 E <l jor num^iiéiif — 7619 meBmanque — 7616 y. e. fi.
ctqiie — 7695 atrtieieot — 7696 Et mi, toit — 7697 Lores — 7699l«8mai»fiie — 76360068. — 76&ocom
1ère — 7661 perissoaent — 7668 lor cors — 7680 Qaal — 7659 tuît mamqut — 765^ Lores
â05
L^ESTOIRE DB LA GUERRE SAINTE.
206
Fol. 5G h.
Les Tares at-
[Ui^Dl les ma-
ies qui se fai-
ent porier à
'nsalem.
tiHtrmrimm Bi-
-a, IV, nxf.
Les Croisa 6e
éparent à en-
r à Jérusalem.
Foi. 56 c.
7655 Tote la gent od grant leesce,
Enlalentee de proesce ;
E cil qui malade giseient
A Jaffe e la oa il esteient
Se feseient mettre en litere,
7O6U Od ferme pensée e entière,
E porter en Tost a granz presses :
La veneient les genz engresses
Al ehemin ou fil les portoaent
Qui en portant les comfortonent,
7665 Sis guaitouent et assailleient
E tuouent e o^ierenl.
Cil esteient verai martyr
Qu'il conveneit issi partir
De cest siècle en bone créance
7670 Et en issi ferme espérance
Com tuit a voient, fol e sage,
De faire ilioc pèlerinage.
A Tost iert la joie pleniere
De grant fin e de grant manière.
7675 La veissiez haubercs roiier,
E as genz les testes crollw
E dire : trDeus, la vostre aie!
rrDame virgine sainte Marie!
ffDeus, vos peussoms nos aurer
7680 «tE gracier e mercierl
(rOr verrom nus vostre sépulcre I^)
La n*aveit home irë ne mucre
Ne en ire ne en tristece :
Par tôt aveit joie e leesce,
7685 E par tut tait s'esjoisseient;
Par tôt comunement diseient :
ffDeus, ore alom nos droite voie;
«rLa vostre grâce nos avoie.v *
Mais icil muit poi Tesguardoient
7690 Qui le veiage detrioient :
Ço estient li sage Templier
E li prodome Hospitalier
E li Polain, cil de la terre,
Qui distrent al rei d^Engletere
7695 A lor avis por vecitë
Que qui asejast la citîë
De Jérusalem a celé hore,
Sulahadins lor correit sure
Quant noz genz al siège sereient,
7700 E ii Tare al chemin vendreient
Entre la mer et la montaine,
Si alast maleroent Tôvraine,
Si en ilel point h cbenaille
Tokissent a Tost la vitaille;
7705 Mais or seit qu'il ne la tolsissent
E que lores mal n'i feissent
E aeit que la citië fost prise ,
Si fust periiluse l'emprise,
Si tost avant ne la publasent
7710 De tel gent que i demorasent;
Car tôt errant e fol e sage
Feissent lor pèlerinage
E rallassent en lor pais,
La ou chescons iert estais,
7715 Si refiist la ferre perdue,
Quant la gent se fust etpandue.
Tier jor d'an nœf, la matinée,
Esteit une ovre destinée :
Sarazins, les laides genz brunes,
7730 Sor le casel des Plains as dunes
Le seir devant ja se bûchèrent,
Ë tote nuit illoc guaiterent
Desqu'al matm que il saillirent
Al chemin de Tost, ou il virent
7735 Deus serjanz qui i trespasserent.
Tant que tut furent detrenchié;
Mais Deus volt qu'il fusent vengië.
Les cbrélieus
«le Svrie 'lis -
m
saadeot d'assië-
ItUuraritm Rt-
cmrdi, IV, ixui.
Richard met
en faite uLe
troupe de Sarra-
sins (3 janvier
iigt).
Fol. 56 d.
7666, E enlalente — 7660 pense — 7664 descomforioaent — 7666 odseîeDt — 7668 Qui — 7679 i. lo p,
— 7681 Oro — 768s bom — 7686 lesce — 7685 tait manqué, semoraeioiii — 7688 La manqttê, reoiioie —
7689 MBguardoient — 7698 coreil — 770a oaelraiiie — 7708 tel — 7706 ore — 771 1 U premier e manque —
7716 se manqm — 7717 de n, — 7719 les mmifue — 7710 damfs — 7718 qui! — 7738 quis f.
\
207
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
SOS
Car le rei d'Engletere aveit,
7780 Qui cel enbuchement saveit,
Por ço al casel des Plains geu ,
Qu il ot Taguait des Turs seu.
La Tu Jefrei de Lencignan.
Ço iert li lier jor de novel an
7735 Qu illoc leisserent cheval cure,
Les scrjanz quidouent rescore;
Mais mort e detrencbié esteient,
E li Turc, qui bien conisseient
Le rei Richart c sa baniere
77/10 E sa vistesce e sa manière.
Les destomez d'illoc partirent.
Bien quatre vins, qui s*en partirent
E vers Mirabel s'en alerent;
E li autre adonc s'en tornerent.
7765 La en ot set que morz que pris,
E li reis son cheval de pris
Ala des espérons ferant
A quatre vint Turs qui fuiant
S'en alouent vers Mirabel ,
7760 E sist icel jor sor Fauvel,
Quil portot de si grant ravine
Qu'il ateinst la gent sarazine
Si que einz que ses genz venissent
Ne c'onques a lui se tenissent
7755 En ot il ja dous destroissiez
E des chevals morz Irebuchiez;
E si l'enchalz fust mielz seu
Plus en i eust retenu;
E neporquant vint en retindrent
Foi. 57 a. 7760 Que morz que pris, puis en revindrent.
Après la feste la Tiffaine,
Li hait home e li chevetaine
A un concile s'asemblerent,
E as sages genz demandèrent
7765 Qui de la terre ne esteient
itmÊnrmmBi-
CUtÉt f V| I*
Cooadl de
fiMire où l*on
demMNH
cer ao riffe de
iÀVMlcin et de
relever \n man
d*AMloo ( i3
janvicT >>9t).
Saver mon que il loereient
De aler ariere ou avant.
Cil respondirent tut devant.
Et rOspital et cil del Temple,
7770 Que, a lor los, en cel contemple
Vers Jérusalem pas n'ireient.
Mais Escalone fermereient.
Se il les en voleient croire,
Por guarder le passage e l'eire
7775 As Sarazins qui trespassouent,
Qui de Babiloine aportouent
La vitaille en Jérusalem;
E por ço lors esgarda l'em
Qu'a Escalone returreient
7780 E que il la refermereient.
Quant la novele fud seue,
Descoverte e aconseue,
Que l'ost retornereit ariere
(Mais n'est mie dit en deriere),
7785 Estes vos l'ost tant desheitiee.
Qui de errer iert si enhaitiee.
Que onques puis que Deus fistle siècle
Ne fud veue si tenicle
Ne si mate ne si pensive
7790 Ne si troble ne si baive
Ne si plaine de grant tristesce;
Car nient fud de la leesce p^ 5- ^
Que devant ço eu aveient,
Quant al sépulcre aler deveient,
7795 Envers la tristesce qu'il eurent;
Si i ot tek qui pas ne s'en turent,
Einz maldiseient celé atente
E que onques virent tendu tente;
Mais s'il seussent la destresce
7800 E le torment e la fieblesce
Qui en Jérusalem esteit
Des Turs , a qui trop mesesteit
DéaoblioD
Vi
7781 des Uainx — 7783 des Turs ma»i^iic — 77^4 8*en uurnque — 7766 en tnanque, mort — 7768 turc
— 7754 ne I. — 7760 mort — 7761 de la l. — 7766 E manque, sageni — 7766 quil — 7768 Cil lui r.
— 7778 Sil, voleil — 7778 lors nutnque — 7779 récuraient — 7780 quil — 7785 Eht vos — 7788 Ne
fu gent V. s. -- 7790 Iroblee — 7794 la manque — 7798 en — 7796 Car — 7798 E manque
S09
L'BSTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
210
iréiitfODe.
De la neif qui crt es montaines,
Qui ocieit les granz compaines,
7S05 Lor chevais e ior autres bestes,
Qui fu si veîrs com vos ci estes,
Qui seust bien lor mesestances
De lor cors e de lor sustances . . .
Que H Turc a icele emprise
7810 Fussent mort e la citië prise.
7ftMr«rwm M- Ço fud a fcste sslut Hilaîre
Éui «MfiiTo. ^°® *®^^ ^^ ^'^^* ®" contraire
iMe ae i*arni<e E dohet por la retomee.
Chescons maldiseit la jornee
7815 Qu'il viveit e qu'il esteit nez,
Quant d'iloc s'en iert 1:«tomez.
Eth vos gent trop desconseillee
E trop penee e travaillée.
De lor vitailles reporter
7890 Ne se saveient comforler;
Car totes lor chevalcheures
Esteient de si granz froidures
E des pluies afebloiees
Fol. 57 c. E des fièvres trop empoirees;
7895 E quant la vitaille chargouent
E li somier le tai marchouent,
A genoilz a terre cheeient,
E li home se maudiseient
E comandouent a diables.
7880 Seignors, nel tenez mie a fables
Que onques bone gent eslite
Veist Tem mes si descomfite.
E des malades genz menues.
Qui d'enfertë furent tenues
7835 E trop erent mesaaisees,
I eust mult cel jor leissees.
Si ne fust le rei de Engletere,
Qui fist par tôt cerchier e quere
Tant que toz les en aporterent.
78Â0 Tuit d'iloc bataille tornerent.
A Rames fumes la jornee
Le jor de celé retomee.
A Rames fud Tost desheitiec,
Dont j'ai la parole traitiee,
7865 E par le deshet que il aveient,
Que greinur aver ne poeient,
Fud tote l'ost desaloiee
Lores a icele foiee;
Car mult des Franceis s'en partirent
7860 Par mal talent e s'espartirent :
Li un a Jaffe s'en alerent
E une pièce i sujomerent;
£ li alquant a Acre ariere,
Ou la vitaille n'iert pas chiere;
7855 E li autre a Sur al marchis.
Qui mult les en aveit requis;
Li autre od le duc de Rorgoine
Droit de coruze de vergoine
Tornerent au casel des Plains;
7860 Si i furent huit jorz lot plains.
E li reis e l'ost coresciee.
Qui mult esteit apeticiee,
E li quens Henri de Ghampaine
Sis nies, e cil de sa compaine,
7865 A Ibelin dreit s'en alerent;
Mais si laides voies troverent
Al seir quant vint al herbergier
Qu'il n'aveit en els que gregier.
A Ibelin jut l'ost pensive
7870 E plus mate que rien que vive;
Et al main ainz soleil levant
S'en issirent cil qui devant
Aloent por les places prendre.
Lor pavillons firent destendre
IHmrmvum Ri-
emrdi, V, ni.
Les Crdtés re-
loumeDl à R«m-
bh.
Lei Français
dëiertenl Tar-
mée.
Fol. 57 d.
Marche des
Cfoiaéa de Ram-
lah à Ibelin et
dMbeUn à Asca-
Ion (eo janvier
M90-
7808 c manque. Il manque probablement ici plutieurê ver$ — 781 1 a b f* — 7817 ^nt ma$ique — 7890 Ne
ne flaueeint — 7899 grant — 789Â fieres, trop manqué — 7816 le tai manque — 7897 Que a g. —
7839 Que o. de b. — 7835 mesaisees — 7836 icel — 7839 Tanz — 786 1 E fumes a rames — 7866 E par
le he quil eurent — 7866 Qni, poicnt — 78Â7 desauoiee — 785é Od la vitaille meiot pas — 78^6 e manque
— 7867 Quai s. — 7871 al matin — 7876 estendre
i/i
IILraillBKIC HAIIOKAM
m
L'ËSTOIRB DE LA GUëBRE SAi.HTE,
Mi
\
Fol. ô^ *.
-X,
7>î^>
7h7r> E chevakha rm»! iote armée;
Mais ja meis de pior jornee
Viert coQté par home TÎvaot,
Car nient fud del jor devant
A fers celoi que il errenent;
7^^f• Car tans mab pa» i li^espai^âerent
Oue lor vitailks i perdirent
Par les iomieis qui lor cbairraf .
Issi Teit Deus, quis cspmva
E qui a forre lor proia
7^^ô Que qui por lai n'eat a me»ai6«^
Ne deii pas o loi estre a aise.
Estes les vos a Escbalone
Venir entre midi e nom;
Si la tioveneni si fondue
E tn?sbucliiee e abatae.
Quant sor Tabateia moniefenf •
Qu*a si grant maitire i entrèrent.
Au fort lens qull oient le jor.
Que il ni ot oui de sejor
Veost takat e volentë;
Mais pois en eurent a plenlé.
Escalone siel sor b mer
De Giece« isbi foi Bomer.
Vonqnes ne vi a ma devise
Xe»iine citîé mieb assise.
S'il i ensi port on eoti««>.
Car trop i ad bone omtiee;
Mais la mer esl si tarmenlnâe
Dioc eadieile perilinie
T9^>^ Qœ nnk «cîs«eb ni poct durer:
E por ^ co«int enduier
La a MK ge&i tel ■h^-wKtawi»
Que oaques uil jorx sani dotanee
Par mer n*i poi veîà«el lenir
De vitaiiie a \oA soM^oir,
\e ooqucs de rien ni go^lrient
■■-îVi
7VK» .1
y
.y
IV
7(iio
:9*^'
i?
g^o
793o
1 T
7^10
7^*^
Fora de ço qu'il i aporlereni
Por forage e por le tempeate;
Ne par tere ne hom ne béate
Ne ft*i oionent esmovoir,
Ne ne se poeient movoir
Por la cruel gent saraiine*
Tant que de Jafie la marine
Par un bel tens lor vint vitalle.
Puis recomeaça la bataille
E la tempeste en mer ai grande
Que trop eneberri la viande;
Car les baiges e lea gualees
Qui por viande erent alees .
Furent en cet tens deperiees,
E li plus de lor geox aeiees:
E totes hoz beka enekes
Furent depeciees oveequfss.
Que li reis i fisl puis deffaire.
Dont il fiât se» longes nés faire
En quei il se quida venir;
Mais ço ne poi pas avenir.
Salabadins par seaespias
Sot bien que nos goiz départies
S'esleient a val la marine.
I»rf dist a sa geni saraaine
Que en lor contrées s'en alaswnt
E desque a raay fejomassent.
Qu'il reiust tens de josteier.
Cil ne se firent pas proier,
Aini sen alerent volenler^.
Qui aveient quatre ana entiers
A nieacbief en Salie est».
E meint chat so&rt en i'e>lir
E en Twera meinte fieidnre,
<}ui point nafiert a lor nature.
Que maint en i ot fait remaindre.
La otnez tani Turs compiaindre.
Fd. 5* • .
c- — 7*;* pi ^ T^ée taai. i mtmfÊ^ - - 7«i«»3 ifà le»
e — 7>"5 «MÎT — 7517 «rwie ^ 79ii> d» ^ — 79^9 î
213
L'ESTOIRE DE LA OUERRE SAINTE.
2U
Tanz admrfah, tanz Tare poissanz,
7950 E tanz Cordins e tenz Persanz,
E tanz genz de iamtaine& terres, *
Fol. 58 c. Qui tantes foiz en tantes goerres
Aveient este sanz rien prendre,
Qu'au partir veissieï esprendre
79.55 De la gratit perte e Ael damage
Dont éheslson plaigneit son linage,
Qu1l aveît perdu en Sulîeî
Ne onques ttiais rien si baie
Ne fud cîome Salaffaadins
7960 Ne tant blasmé des Sarazins
Por les Tnw qn^l leissa encure
Sanz deKvpet è sanz «ucure
Devant Acre, 00 tant €fn périrent.
A tant les ostz s'en départirent
7965 Fors la gcfnt al Soidah demaine,
Qtri e/étàeUi de son 'flèttifline.
Çb fnd entnr ta dbând^or
Que de tidstr^ dét è de la Inr
Se fumît les gent 'départies
7970 Plnsors si^ns e plusm^ parties.
Lors mvtida fi reis aï Prawceis ,
Qui erenlt départi oineeis.
Qu'a Estalone s- en véhaissent,
E que tôt a un se tenissent
7975 E «qne a ior tdnsefl fti^ ve«
E eonseiltë e porveu
Sayèr mon qnél panrt tomeref^tit
E comeirt ii'ae eonlandreiènt;
Car mielz'Ber(Atl[}tt^enaembië ntasent
7980 Que par fè<:(bîS B6 demordaaéent.
E il mandèrent qn^tl vendreient
Et qtfe 'oyeeqnes lui tdndreient
Desque la Paséhe Bi^tement,
Fol. 58 d. E par itèl Oetisement
7985 Que se tores aler Tolsisent
E que en conseil le preissent,
Itmerûrium fti-
rH, V, Ti.
Lr.s Français
osentent k n~
nir à l^arméo
Richard.
Que son conduit tor baillereit
E que conduire les fereit
A aler s'en tôt asseur
7990 Par terre a Acre ou a Sur;
E li reis le tor otreia
E fist quant que chescons proia.
Eht vos l'ost a un repainee
E la joie multesdlairee.
7995 <)uant TfMt Tud issi farHement
Ensemisfe a un acordemenft
A Escatone rasemblee,
Qui puis en fud desasemblee,
Tuit ensenAte ittoc dejomereni.
8000 Lors porvirenft e atornerent
'Qne la ^ië Tefeiinereient";
Mais li baron -si pe^re «éteienl
Qui illoc enrerit snjomë
Puis qu'A eataeni riAomë
8oo5 Que de ^hmors iert la poYcrIe
Si seue e ^i ^scc^rte
Que rien vmint ne ta «euirt
Que trop*grant pitié n'en eui^t.
Nepoftfnmt^tut'a Vorvt alerent,
8010 E le fendemedt dcfarerent
D'one poi*(e, on Ire^tnl «enrouent ,
E si qne il s'eamerveifoueirt
Del grant "espleit qfoe ii fesonent.
De main a mm ^entnslenoiient
80 1 5 Les pieres fli ^bon tdieMalier,
Li serjant e li .'esonier':-
Ttrit t orronent sans délai;
Tant i ¥enoi«nt eletw et iai
Q«e en bri^f ifcms molt espfleteyent ;
8030 E doncafnrës aieiyfeierent
Pories mepfonata'iWre faire
Qui grant tens oosta a^paffeire.
En Bsealone aveit^ues,
Qui totes esteient fundues,
AçUvilé dé-
piof ée h la reçoit-
fltnjction d*As-
caloD (février
1191).
Ko], 09.
7954 eBpndre *- 7968 Nonqaes — 7968 eniwm^ — 7971 Lores — 797a ten — 7987 le — 7988 que
fiumquê, freit — 7998 desemblee ^- 8000 Lorw — 8008 Gil qui — 8008 jp«nt moiifiie — ^01 a qnil -«
8oid qoii — 8èi8 ederc — 8019 Tant qneen — 80111 Qae, lens
16.
215
LESTOIRB DE LA GUERRE SAINTE.
916
Soaf) Cinquante Ireis turs forz e bêles,
Estre les petites roeies ;
Sin i ot cinc par nom nomees
Après ço qu'els furent fundees;
Si oiez primes quis fondèrent,
8o3o Issi corne cil nos contèrent
Qui saveient la veritë.
Que al viel tens d'antiquité
Régna uns bom, Cham iert nomez^
Haut e puissant e renomez :
8o35 Fiiz Noë fu qui Tarcbe ot faite,
Par qui toterien fud retraite;
Eicil Gham.si engendra,
Ço puet dire quil retendra,
Trente deus fils qui puis régnèrent
8o4o E qui Escalone fondèrent;
E icil filz si enveierent
Par les terres qu'il justiserent,
Par les citiez e par les burs,
Quere aie a feire les turs;
8o45 Si dientque les dameiseles
Fol. 59 b. Fondèrent la tur des puceles;
E la tur des escus fondèrent
Li chevalier qui al tens erent;
La tur del sanc des forfetures
8o5o Firent e des entrepresures;
E la tur desadmiralz firent
Li admirail e establirent;
E Bedoin firent la lur,
Forte, riche, de grant valor.
8o55 Celés cinc turs tds nous aveient
E li ditor tant en saveient;
E l'autre gent solonc qu'il erent
Les autres ovraines fondèrent.
Quant li maçon furent venu»
8060 A l'ovre furent retenu.
Li reis entra premerement
A efforz entérinement,
E li haut home meintenant;
Chescon en prist son avenant.
8o65 La ou les autres i faillouent.
Ou li baron rien ne feissouent,
E li reis ovrer i feseit
E comenceit e parfeseit;
E quant li baron se iaschouent
8070 D'ovrer e il n'i porveouent,
E li reis lor feseit porter^
Del suen a els racomforter;
E tant i mist e despendi,
Issi come l'en entendi^,
8075 Que des treis pars de la cilié
Fud le cust del suen aquité.
Par le rei fud la cilié faite,
E par lui refnd el defiEnite
Des François qui se deffaiilireot,
8080 Quant il e sa prod gent saillirent
A Jafie en mer de sa gualee :
La fud sa proesce esprovee.
Qu'en liu e en tens mosterons,
E si bien nos i proverons
8o85 Que ja solonc nostre mémoire
D'on mot n'en mentira l'estoire.
Si me doinst Dampnedeu sa gloire.
Oiez une estrange aventure
8090 Qui bien doit estre en escripture,
E dreite miracle sani dote.
Salahadins en une rote
A Babiloine en enveeil,
Que sa maisnee i comveiet,
8095 Mil de noz cheitiis cristien3;
Frans i aveit e Suliens.
Ja esteient jusqu'al Daron;
Mais Dampnedeu qui Lazaron
Fol. 59 f .
h
MTAt V« Vit.
Bicterd m
vre «après A
Daron an om-
TOI de anlle pri
•oonien dire
tint.
8098 qaolet — > 8o3o com — 8odi le v. — 8o33 uns b. cam iert — 8o5o Furent, entreprcsturès —
8o53 E li bedoin — 8o55 leels — 8o65 iman^ — 8066 ne numqw — 8069 que — 8070 Denrer, n'i numque
— 807 ii com — 8078 ele — 8080 E qoanl, prode — 8o8â pomerons — 8o85 Que la s. — 8086 men-
loira — 8091 dreit — 8098 en numquê — 80^6 aueieni
217
LESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
218
Resuscita de mort a vie
8100 Lor Gst la suca^ et aie;
Or si oiez en quel manière.
Le rei Richarz od sa gent fiere
Un jor, entre midi e none,
S'en esteit eissu d'Escaione
8io5 E aloitle Daron veoir
Que il prist pois par asseoir.
Ou li Saraxin recetouent
Qui de Babiloine aportouent
En Jérusalem la vitaille
8110 En peis, sans noise e sanz bataille,
Fol. 59 d, Ainçois que le Daron (îist pris.
La esteient cil entrepris
Que Ten menoit morir a honte.
Que fereie vos altre conte?
81 1 5 Si com li reis veneit illoques
E sa bardie gent oveques,
E li Turc sa baniere virent,
Pour eurent, si s'esbairent.
Tels i ot el chastel se mistrent,
8iao E li cheitib dehors remistrent,
Que cil n'osouent retenir
Quant il virent le rei venir,
Einz se mistrent en une église;
La ert la povre gent remise :
8195 La vint li reis, sis délivra,
E les Turs toz a mort livra.
Gels qu'il pot entrechevalchier;
Si i guaina meint cheval fier,
E i prist le jor vint Turs vifs
8i3o Estre ceb qui furent ocis;
E si Deus de la sue main
Ne Teust mène, Tendemain
Fussent li cheitif convoie
E en Babiloine envoie,
81 35 E en cheitivisons munissent.
Se li reis e sa gent ne fusent.
Quant Dampnedeus ot délivrée
Sa gent qui ert a mort livrée.
Dont il out mis le rei Richard
8iâo En Teschange saint Léonard ,
Qui les prisons ot déliez.
Dont Deus esteit tant graciez.
Lors manda li rois al marchis.
Qui plusors feiz Ten ot requis,
8 1/1 5 Que a Eschalone venist
E que son liu en Tost tenist,
E qu'il deservist sa partie
Del règne, qui lui fud partie
E par devant fe rei de France
8] 5o Par serement e par fiance.
Issi faitement lui manda;
E li marchis lui remanda
Qu'en Tost son pië n'en portereit
Devant ço qu'a lui parlereit.
8i55 E puis parièrent il ensenble
Al casel Ymbert, ço me semble.
nioc ou noz genz suijoroouent
A Eschalone qu'il fermouent, *
Ou il esteient par escholes,
8160 Illoc surstrent-unes paroles
Del rei e del duc de Burgoine,
Qui mult empeira la besoine.
Li Franceis al duc d^nandouent
Les sondées e Ton hastouent,
81 65 E il nés aveit dont paier;
E por ço ala a essaier
Al rei d'Engletere e savoir
S'encor lui presiast plus avoir
Qu'il n'aveit as Franceis preste
8170 Desur lor part d'acre en l'esté.
Mais li reis ne volt plus prest faire;
E por ceste e por autre aSiure
I ot assez paroles dites
Qui ne sunt mie ici escrites,
FoL boa.
iDMtfnirNiM lit*
etardi, V, vin.
RieiuirdioaiaM
l« mtrqait de
Moatfemt de
venir à Aietloo.
Ceini-d refme.
m-
••,V.ix.
Le doc de
BoaiyogneabeD-
donne Rieherd et
M retire à Acre.
8toi Ore — 8io5 veoier — 8to6 Quil, asseioier — 81 lA E quefireie-^ 8196 ereot — 81 a5 lot manqué
— 8199 i manque — 81 3a amené — 81 35 E quen cheitifsoi» — 8id8 liure — 8161 E dont — 8i&3 Lores
— 8i5o sennant — 8i58 refermouent — 8168 Senoore — 8171 ne li yoU — 8179 ieeste
2i9
L'ESTOIRE DE LA GUÈIRRE SAtNTE.
i^
Itinermiitm Ri-
eardi. V. X.
Querriieè Acre
entre Içs Pisaus
partiMM de Gai
t^ le» Oéboh
partiMMdeGoih-
nd. Henri, de
Bourgogne t'en-
fnit à Tyr.
Fol. 606. 8175 Tant'qné lettre •parti d'iloqaes
Par mal e des Franteh ovetjues ,
E vindrerA ^ Acre bâtant.
Illoc tiyi^eirefnt comllMaYrt
Les Gewïif^te'od cefs *e Kse;
8180 Carti Pisôn pàfr fert* frîrtiéhi^
Od *te tfei Gtf ion •^e t(^dtettt
E H Oenfevois s'apetidoicfht
Vers le raa¥dïis|]l<rt' dà fiance,
Qu*il iert jùi^ le rèi de Fwtocé.
«i85 Elh vos a Acre graftrt barate,
E la vMe en mêrtveië estate .
E getit oscire è gent tuêfr,
E grant Yioîde foire 'e huer;
E tant qtfèi =H' France» tftffmêrefnt
8190 E le duc e -cH qui \k erfertt.
E quanft cil dé Pise'ço "virent,
Hardiemenft èe defetiAiCént,
E firetat ai duc 'dé B(l^gdi^e
Tote'h<mte e Idte Vëfgbine;
8195 Cat son thcvai ë<)z'ltii ocràtfént,
E mal grt iBtfeil a piële tmstrenf.
Puis ctrt»tft^t les porté%1*l(/i*e ,
Car n'i vdleietft getit eh<*lore
Dotit la cttiié ëd^bamage*;
8aoo Car li Genevois ^'efr me^Mge
Eurerit dl iMahrdhis ënéKtë
Qu'il li fetidVeîeril la cîtJë.
Icil i vint'od ^S gtfaliEles
E od ses gëût *f6ïe^ ai'toèiers ,'
8ao5 E quida ia t^itié sdrpréridfe.
Lort veiséiez les f^rsaAi pfreniire
Fol. 60 c. As mangôbeaus e as perîeres,
Corne hardies genzë fieres.
Treis jorz issi s'éritras^alelnent ,
8a 10 Tant que li Pisan ehvteiereût
Bâtant por Ife rei d^Englétete.
Icil iert ja venu par tefre
8 18a sen pdûdoient — 8 1 98 a duc — 8ao9 Cil •
— Saia Cil — 8916 Lores — 89i7'la manqm
ëd gu. — 8fid8 Lorei — 8960 qnil •— 89&1 ni •
A Cesaire , tfnn j& fenqtfrs ,
Por aler parier au marehis;
891 5 Car li ntessagier Vencontferënl.
Lçrs iihevaScfcercnt e ^^^e^ertt,
E vint a Acre en b nuit noire';
E quaïïlli itiarchis *ot la ve'ife.
Que li reis <et*l d^ofc yëtivtt ,
8390 Onqtfès nM pot efi/tre tanuz,
Einz s*en ala bon =eire la Sur,
Qui fud a cinc linties'd'Arsûr ;
E le duc de Burgoine anceis
ï ert aie 0 ses Francers.
8995 E quant li reis di ço seu
A Acre, où il «veit geu,
Par n^tin mvynta el demain
E prist tôle la 'chose eu main ,
E fud la noise defpartie
8930 En pais de chescone pai^frç,
E les GeHeveis acorda
As Pisans, e se recorda
Que a grant mal peusl tomer.
S'il n'alast la pais atornér.
8235 Quant cil de Gienve e dl de ï^iso
Fureirt acordé en lelguîse
Corne genz oti tanz jorz ont gnerre,
Lors mamda li reis tl'Engletere
Al marchis que H efssemblassetit
89/40 Al casél Ymlcrt e parlassent,
Sareir mon'se il ja peusseat
Faire 'tant qu'a tin acoi^ fussent;
E vrndretïtla e asi^emVIërent,
E longement illoc parlèrent
89/15 Li reis è le marchis ènsenïble;
Mais ne monlta rieù, ço me semble;
Car li marchis tôt maintenant
Failli al rei de coveinant,
Que par le duc des Burgoignons,
8950 Que'par ses ant^e8'compaignons^
89o61iOres — 8907 mangneaas — 8909 sentreassaierent
- 8id3 Qua — 8935 gieue — 8936 M — 8987 Gom,
Sihû cm cart — 8969 de b. — ^5o 'Et p., ses manqué
Richard ap«i(tr
la qoerellr.
Itimertrmm Bi-
cmrii, V. u.
ConfértiiM 4r
Richard d d«
Conrad aa caiii
Imbert.
Fol. 60 rf.
Ils D'arriveol
pas è f^eotrodre.
Qui de la paîa^ le deeveierent,
Tant que tote la d^pesderent.
E quàttt li reis àoU Ceï »fhm
m
d. 61 a.
Ai-
i, V. xn.
Hearenx eoap
t min de Croi-
it (t7 mari).
llooidlteip^
MwMddàda
IfefMKtSBan).
B>i55 Si li rudjugié(|^ar4t^i^re
Que por v^qjm U;ii'weili oare, <
De sa piMT^e d^ssii^r ,
Del riaMmet, i^a Deii servir.
Que a ses rei^a iuq preadreiânt
8960 Pi que il L'eJii deffaiUereieiii.
E dQ, w* ml la desicordaiice
Del rei edea ba^ua d^^J^i'^PQ^
E delIQarcbis^q^i.l€ls.Fraaceis
Atre&t e lorea e anceia,
8!i()5 E ItQbla si tôle la terre
Que onques le rei d*£ngleterey
Al mien ay^s et al mien esme,.
De près de Ireis pars de qu#!:^nie
8970 Fud qu'il n'osa Acre leissi^.
Tierc jor devant Pacbe flurie
S'esmut de la bachelerie
De Jaffe dreil a Mirabel ;
Si fud a plusora genft mult bel
8375 D'unegrant proie qu'il trovçr^ii
Car il trestote l'en menèrent
E trente Saraxins pciatren^i
E cinquante tok vis ea pristrept^;
E a Jafie a tôt s'ei^ i^vindrent;
8980 Demie la proie en ^tindrent.
Dont a peine sorept le çonie,
E la melié en fud al conte.
La part as seijanz fud vendua.
Si come j'ai Tovre entendue,
8985 Plus de qualorse cen^ besaox
Sarasineiz, for? e pesam.
Ui aan^di après fi^n^ d^
Rcissirent d'^scaione an imte •
Tuit icil qui cbevals aveient
8990 Porune proie qu'il sai^e^i,.
Q^i lor ot esAét^^f^ee. <;
Bien le 6t^^k cale, fi^e ,
Car cil f^di^trent q^^ î furent i
Que d^WiepJIgiftteçMruFeql,!
8395 OUrQM,I>arQn>qiHiireiiuues;
Si pri^trmk)ajçbieH^ls e iuuea;.
E si i pri^tr^hi?Q.a4lis faille
Setcenz ^ma beip)bii;,({ue almaille,
E asnes vi'f^lecbAQ^aib&trfaite; .
83oo Si pristçQ||^aiia:iBeie^nleAte
Plus d^no^f vins gens meacresns,
Que b^g^, %^a iwuoea» qœ eml'anz ;
E s'en y^f^fit 0^ }ie cbîere
Tôt dr^^ a.fi9C||lp«a atiere.
83o5 Vos oi^ ia 49%iard^
Qu^ ia.a«eia, cm f^f«wdea
Des bfi)tMM f ui sei descQfderent :
Le 4w et le jpmcbia manderant
De Sur a Qscalqpa: a l'ost,
83 10 A trestoz las Fiapcaisi.que tost
A Sur aljiMrehip ifn» lenisA^tt
E que tuitalpM sat^jasmi»
Si qu'il 6i4 d'eW iOA a (ianofi
Sor i'qmig^ le.reidis KiMce.
83 1 5 Ë ki^ fud fpvre deseovar^
E bien seu(^ e Iwn apefte
E le barat Q.ifi traine ; »
E la cmi^ mortaf baiM *•
Dont U fans oMffcbîs atoma,
8330 Quant U nBÎs fraoAais retOTM,.
Le serement qn il s'entrefisent, ,
Par quai U Fraoceis a'w partiieDt
A^eeik point d^l ^iid^fingletoret
Qui t^d^ id fMu jk la terve )
Fol. 61 6.
Itmtrmrium Hi-
etardi, Y« un.
Heuri et Con-
rad rappellent k
Tyr tout les
Françaû restés a
AscaloD.
^%Ut le nm^ — 3s5i> fod manqw -rr- 9s^6 quil — Bs6a fi db cuit b
mtmq^ -^ ^80 Demi •*- 8984 ooul -^ 9sd9 cil -»- Bsf a iceia — Bagô U
imiÊ9»qtt09U — 83oi meacraant — 8do9 emUnt — 83o4 Tôt dreit hmh^ -
8390 Qae quant •*— 83ii s* manque -^ 83tÀ Qui eqlendmt
-- SiSô CtaqaM — 8976 ii
fmimiir e manqué — 8^97 E «(
-- 89ii se V. <-- 83'i& ioret —
333
L'BSTOIRE DE LA GUflRRB SAINTE.
au
8395
lUmrmrnmK-
cmrdi, V, ut.
Ridiard eon-
mt aa déptrt
d«iFraiiçii0(8i
mars tigs). 833o
Fol. 6f c.
8335
83&0
8365
835o
Ri-
cjrii, y, xf .
Saladin coo-
Twio* MO armée 8355
(avril i>9a)>
836o
Issi coin vos in*orez retraire,
S'il voud plenst un poi atraire.
A un marsdi de ia aemainé
PeDuse, que gentont tant peine,
Revint li ost al rei ariere,
Coreciex od pensive chlere;
E le mecresdi le refqoistrent
Li baron de France e li distrent
Qu'il lor apariilast conduit,
Issi corn il le lor ot dit
E corn il ot en covenant;
E il otreia meintenant
E bailla de ses Poitevins
E de Mansels e de Angevins
E des barons de Normendie;
E il sis cors par compainie
Les conveia tôt en plurant,
E preia les en demorant
Qu'a son oust o lui remansissent
E que ensemble se tenissent;
Mais onques ne voldrent remaindre.
E quant a rien ne pot ataindre
E il n'oirent sa proiere,
Si vint a E^ealone ariere ,
E manda a Acre bâtant
Isnelement pië en estant
A ses joetises qu'il gardassent
Que François ne se herberjassent.
Ço fud le joesdi absolu
Que pechië ot issi tolu '
A Tost le bamage de France.
Eth vos Tost en fiere dotance ,
Pensive e morne e desbeitiee ,
E durement apeticiee
De plus de set cent chevaliers,
Preissiex d'armes, preux o legiers,
Qui n'osoient plos demorer.
La veissiex tant gent plorer
Por la descordee qu'il eurent!
E quant li Saraxin la seurent,
8365 Saciez que mnlt s'en esjoirent;
Si contèrent cil qui Toirent
Que Salabadins eomanda
Ses briefs a faire e si manda
A toz les admiralz des terres
8370 Dont il iert sires pâi* ses gueres
Qu'il revenissent en Sulie,
Car Franc ne conqueroient mie,
Ainz i avoit tétdiscordee.
Qui bien li estoit recordee,
8375 Que par son sen e son avoir
Qu'il quidoit Sur e Acre avoii*.
E cil son comandement tindrent,
Mais pereçosement i vindrent;
Neporquant tant en rasembla
838o Que trop furent, ço me sembla.
A grant Pasches le samedi,
Si dit cil après cui jel di,
Ert li soltàns Salabadins
8385 En Jérusalem al sepnicre :
La aveit meint cristien mocre,
Chetiren fers e en liens.
De latins e de Suliens,
Qui tendrement illoc plorouent
8390 Et en plorant a Deu priouent
Merci por la cristientë.
Qui iert chaete en orfenté.
Si com il alouent plorant
A dolces lermes en orant,
8395 Eth vos le feu espirilel,
Tôt autresi e tôt itel
Com il sH>lt venir en la lampe :
Si com oil d'ome monte ^t rampe.
Foi. 61 d.
iAmmimmRi^
tvéi, V, ZTi.
Miracle aa
Saint -SépricR
(A avril 119a).
8395 VOS manqvê — 83^6 piiut — 8Si8 tant de p. -* SBig lost — 8339 hmmtfue — - 883& le mtmfue
— 836 r tôt manqtu — 8359 Quant ii franceis — 8369 tante -^ 8363 deaeorde — 8366 c$ver$e§t répéta imx
fait — 835iy les c. — 8376 Que — 8875 sen e par son — 8876 quidoit soc a acre — 8879 E oeporqMnt
^ 8389 a. que — 8387 Gentils — 8388 E i. ^ 8896 Ed. — 8896 feus eiplritefe ^ 8896 iteb
â25
L*EST01RE DE LA GUERRE SAINTE.
2â()
Virent tuit, joefne e ancien,
sV)o E Sarazin e cristien,
Que la lampe s'iert alumee
Si com ele iert acustumee.
Elh vos li poepies esmeuz,
Quant tel miracle fud veuz.
l'i»!. «•)•' a. >s'M.r> Li Sarazin s'esmerveilierent,
E si disoienl e guidèrent
<Jae ço fud par enchantement
(^iie el alumast si faitement.
Salahadins volt Tovre ataindre,
Si comanda la lampe estaindre,
E ses genz eralment Testainstrent;
Mais lor pense a rien n'aleinstrent.
>« 'I 1 M
ItherariuM /?t-
etiréi, V, xfii.
Rickard et* -
lèbre la félo de
1 19« ).
Fol. 09 6.
Que ia lampe ne ralumasl;
86 1 5 E il dist qu'el refust estainte :
E Dampnedeus volt que atainle
Fust illoques la veritë
En spn non et en sa citié.
Si la raluma tierce foiz.
86qo Quant Salahadins vit les foiz
Des crisliens e la créance.
Lors dist por voir e sanz dolance
A ses Turs que par tens morroit
Ou que la citië ne seroit
8/195 Pas seue quite longemenl;
E il ne vesqui solement
Al mien avis e al mien esme
Après fors desqu'a un quaresme.
A granz Pasches, la feste chiere,
863o Tint li rois cort grant e pleniere
Por ses genz de Tosl conforter,
E fist ses pavillons porter
Dehors Escalone e estendre . . .
La viande que il volt prendre.
8635 La curt ne dura fors un jor.
E Tendemain sanz plus sejor
ReGst li rois as murs ovrer,
E les ovraines recovrer
Que li François eurent gerpies
86/10 Quant lor genl s'ent erent parties.
Il refist tôt del suen refaire
Quant qu il i a voit a parfaire.
Vos m'oistes ore conter,
A qui il plot a escoter,
8665 Del convoi de sa baronie
De Poitou e de Normeudie,
D'Anjo, del Maine, qui ainçois
Orent convoie Jes François
'Desqua Acre e puis s*en revindrcnt ;
865o Si orez coment se contindrent
Li Franceis a Sur ou il furent,
Une pièce qu'il i esturent,
E quels bien vint de lor affaire,
E que il i alerent faire,
8655 Quels besoines, quels chevalchees
Et quels paines e quels haschees
Por amor Deu il i soffrirent.
Ço contèrent cil qui le virent
Qu'il fesoient par nuit les Iresches,
8660 E portoient les garlandesches
De (lors en lor chiés e corones;
E seoient devant les tones,
E bevoient desqu^a matines;
E puis par les foies mesehines
8665 Revenoient les huis brisant,
E foies paroles disant,
E jurant les granz sairemenz;
Tels estoit lor repairemenz.
Ge ne di pas que tuit feissent
8670 Tel vilainie ne deissent,
Car li prodome qui la furent
E qui sor lor pois i resturent,
ItiHirarium l\i-
curdi . V, XVIII.
Achi.*\eiiit'nt
«VAcrf* aux fr.'ii<
il II roi.
hitttrarium iU-
rardi , V» \v
DctNiudu.'s It^
Français rftor.r-
néi h Tvr.
Fol. Gi c.
8601 8* manqué — 8606 E manqué — 8616 nalumasi — 86i5 queie — 8691 e de la — 8899 Lores —
8693 ces, moroit — 8&95 quite manqué — 8133 il doit manquer ici quatre vér$ — 8636 qui! — 8661 Et il
r. — 8666 quil — 865o r. il se c. — 8663 bien i vint — 8655 Itcsoins — 86*67 i manqué — 8658 qui!
— 8666 E muit foies — 8670 Teie, nerépM — 8679 i manque
1.)
uraiVLaïc ^\Tiof«Lr.
227
L'ESTOiRË DB LA GUERRE SAINTE.
isa
«.'n5
Itinerarium Bi-
■ttrHi, V, 1X1.
Oinipa raison
<io la coaduiU'
«les (iroiscf avec
«'ri le <l>^ aiirienK
hhoi de» chan-
8'iK
Foi. 6s d.
A qui pesol de la descorde
Ou Deus ne voleit mètre acorde,
Cil en erent trop corescié;
Mais li maivais esleicié
Estoieni de la descordance
Des barons et del i^i de France.
Quant li vaillant reis Charlemaines ,
Qui tant conquist terres et n^nes,
A la osleier en Espaine
Ou il mena la preuz conipaine
Qui fu vendue al roi Marsilie
Par Gueuelon, dont France avile;
H/i85 E quant il refu en Sesoigne,
Ou il Gst meinte grant besoigne
E il desconfist Guiteclin
E mist les Senes a déclin
Par la force de maint prodome;
8/190 E quant il mena Fost par Rome,
Quant Agolant par grant emprise
Fu par mer arivé a Rise
En Calabre la riche terre;
E quand Sulie a l'autre guerre
8/195 Refu perdue e reconquisse
E Antioche fud assise;
E es granz ost/ e es batailles
Sor les Turcs et sor les chenailles
Dont tant i ot mortes et mates,
85oo La n'a voit estril's ne barates,
Lores a cel iens ne anœis.
Qui erent Norman ou Frauceis,
Qui Poitevin ne Li Breton,
Qui Mansel ne ki Burgoinou ,
85o5 Ne ki Flamenc ne qui Eogleis;
lUoc n*aveit point de jangleis,
Ne point ne sentreramponouent;
Mais tote honor eu reportouent ,
Si erent tuit apelë Franc
85 10 E brun e bai e sor e blanc;
E par pechié quant descordouenl,
E li prince les racordouent,
E erent tuit a une acorde,
Si que poi i doroit descorde,
85 1 5 E ausi deussent cist faire
E si guvemer lor affaire
Que hom i peust essample prendre,
Non pas li uns l'autre entreprendre.
Après Pasches au droit passage
85jo Vint al rei Richart un message
Dont Tost fud en grant desconfort.
Ço iert li priors de Hereford ,
Une prioré d'Engletere,
Qui en Sulie lala quere;
852 0 Si lui aporta tels noveles
Qui n'esteient bones ne bêles,
E briefs seelez e escriz
Qui a grant besoing erent escriz,
Qui diseient que ses justises
853o Qu'il ot en Angletere mises
Orent des chastels remuées,
E en contrée genz tuées
I aveit a Toster eu ,
E ço aveit li priors veu;
85.35 E si diseit encor la letre
Que sis frères ot feit hors mètre
D'Engletere son chancelier,
E qu'en chambre ne en celier
Ne eu trésor, fors en église,
85/10 Ne li iert nule rien remise
Qu'il n'eust fait saisir e prendre,
E tant osa faire e mesprendi*e
Que au chancelier, qui esteit prostrés
E evesques e sire e meistres,
85/i5 Fist tant d'enui e vilainie
Qu'il s'en fui en Normendie.
Itùutaruum fU-
rni-éi. V. II 11.
Ias prieor «1^
H^rfonl TfiVt
«rAoglelerre
|)onr rappeler
Hkbanl flans soii
mvauineafin d*«
» «
coinballre les
uiiirpatiou» <!<-
jfin frvr»-.
Fol. G*{ a.
848i jwleier — 8à8a amena — 8683 vendu — 8698 Et calabre — 8696 conquisse — 8696 si fud —
85o6 ni aueit — 85o8 honore — 8609 Gérant tuit a tuit —^ 85io E bruc — 8&i5 icist — « 8619 passages
-> 85âo uns messages — *85a3 priorie — 869/1 Quen — 85i5 itels — 8596 ne bones ne — .853ji contre
— 8533 El a. — 8535 encore — 8538 nen — 8539 ^'«n — ^^^1 Qail n^t — 85/ià euesqiie e sires
ââ9
L'ESTOIRÈ DE LA GUERRE SAINTE.
230
Encore i aveit autre affaire,
Qu'il tant voleil al rei mesfaire,
Qui ierl en son pèlerinage,
8550 Que les sermenz de son barnage
D'Engleterre voleit aveir.
Fol. 63 6.
lÙMenrimn Hi-
emrHf V, xxiii.
L^armée, à la
ooavalto da àé-
partdei&hard,
ehoidtt G)Drad
pour roi de Jé-
niMd#ni.
Qui veneient a 1 escfaekier.
f'Biaus sire, e por ço vos requier,
H555 Dist li priors, «que vos viengiez
f? En vostre terre e vos vengiez
"^De ceis qui tant vos ont forfeit,
rO\x il crestront plus lor for feil:
^En la terre quen prent a taille
SoCio rr N'enterrez jameis sanz bataille. "*
Seignors. or ne vos merveilliez
Del rei qui s'esteit travilliez
Por Deu en la terre lointaine.
Ou il ot tant travail e paine,
8565 Si fust troblé en son corage.
Car tel novcle descorage
Chescon prodomc efeitesperdre,
Qui sa dignetd quide perdre.
Eth vos la novefe seue;
8570 Si ne cuit c'onques fust veue
En nul liu gent plus coresciee
Par home ne si desheitiee
Qui d'un ost s'en deust partir,
Car tuit fussent al départir
8575 Se.lireis s'en fust departiz,
Si fust trop mal li giu parti/,
A ço qu'il erent a descorde;
Si n'i eust ja meis acorde
En cels de Sur e Escalone.
858o L'endemain entre tierce e none
Asembia li reis le bamage,
E dist oianl toz le message
Qui li ert venu d'Engleterre,
Ke en li velt tolir sa terre
8585 E qu'en lui aveit desposé
Son chancelier par lui pose,
Qui lui guardeit e mainteneit,
E por ço aler l'en coveneit;
E dist que s'issi avenist
8090 Que aler s'en l'en convenist,
Qu'a son cust lareit en Sulie
Treis cenz chevaliers de baillie,
Si i lareit dous mile serjanz
E preuz e leaus e vaillauz;
8595 E dist qu'il en voleit saveir
E respons en voleit aveir
Qui od lui s'en voldroit venir,
E les en mist en convenir
Ou de l'aler ou del remaindre,
8600 Car il n'en voleit nul constreindre.
Li haut home qui iloc erent
De si faite chose parlèrent
Come li reis les requereit.
Chescons d'els mult i enquereit
86o5 Qu'il en deveient dire e faire,
Si troverent en lor affaire,
Por ço qu'en la teixe n'el règne
N'aveit nul mestre cheveitaigne,
Einz esteit en deus départie,
8610 Dont lî reis Guis de sa partie
Ne pœit en nui chef venir,
E que li marchis revenir
Ne voleit en l'ost por fiance,
Ainz se teneit od cels de France,
861 5 Si que tut aveit descordé,
E quant eurent ço recordé.
Si revindrent al rei ariere
E distrent, non pas en deriere,
Ko!. 63 t:
885s i7 manque sans doute plus d'un vers — 855o del b. — 8556 E, nos — 8557 ^^ ^^ manque — 8558 plus
tnanque — 856o entrez — 856 1 ore — 8565 en manque — 8566 celé — 8567 prodono, e manque — 8568 Qui
de M d. — 8573 départir — 8578 eust ou — 8679 sur e de e. — 8583 Que — 8584 Ken — 8588 çxi
tnanque — 8590 s*en manque — Sb^h le premier e numqve — 8^96 velt — 86o3 Gom — 860/i i manque
— 8616 quant il e.
i5.
ijl
LESTOIRB DE LA GlRKKE SAINTE.
23i
♦.
Que s il ne feseil eu la terre
HOso Un seignor qui seust de guerre
Et a cui^ trestuit se tenissent
De quelque part que il venissent,
Que tuit après lui s'en ireient,
E que la 1ère guerpireient.
KOaf) E H reis demanda aneire.
Qu'il quidol estre sor son eire,
Del quel des reis il le voloient
E del quel il le desvoloient,
" Del rei Guion e del marchis;
H()3o E distrent tuit quin sunt requis
Et devant lui s'agenoillerent
E tuit requistrent e proiercnt.
Foi. G3 tl. Petit e main e greinor.
Que del marchis feist seignor;
8635 Car ço esteit le plus sucurables
Al règne et le plus aidables.
Quant li reis vit que tut le voidreiit
E que nuls genz ne le desvoidrent ,
Lues blâma tels qui illoc esteîent
H(yiio Qui mal de lui dit li aveient;
E quant chescons por lui proia y
Lors le volt e si otreia
Que hautes genz por lui alassent
E que a grant joie ramenassent,
H6/i5 E que il e li Franceis venissent
E que tôt a un se tenissent.
Geste élection que jo ai dite
Ne iiid pas tenue a petite,
Ainz la voidrent e fol e sage.
K()5o Lors s'atornerent li message:
Li coens Henris, cil de Cbampaine,
Si fud 0 lui eu sa compaine
Mis sire Otes de Transignees :
Ço erent genz de hautes lignées;
8655 Si i fud de Caieu W illames.
Lores mistrent es chiefs les hiaumes,
Itiueraiiuul Hi-
etirtU. V, xxif.
Richard con-
«tf'ul k rël«cU(iii
de Conrad.
I^e message alerent porter
E le marchis recomforter,
E dire lui bones noveles
8()6o Que mult semblèrent a lui bêles
E as Franceis qui a Sur erent
Ijors chevalcherent e errèrent.
Si orroiz bien quant ii i vindrent
Les choses com êtes avindrent.
8665 Veritez fud e sanz dotanoe
Que quant li-barnages de France
Se fu alez o le marchis,
E li reis Richarz Tôt requis
Par tantez ferz com nos veimes
8670 E come nos le vos deimes,
Qu'il venist aider a conquerre
En Tost od les autres la terre.
Que il n'i volt onques venir,
Dont li dut bien mesavenir.
8675 Ore si orrez qu'il volt faire,
E com il volt a Deu mesfaire :
Contre l'enor de la corone
Et encontre l'ost d'Eschalone
Aveit tel pais asseuree
8680 A Salehadin e jurée
Que il devoit a lui venir,
E qu'il devoit de lui tenir
De Jérusalem la moitié :
Issi avoit ja esploitié
8685 Vilainement, si i parut,
E si devoit aveir Barut
E si devoit aveir Saete,
Si com li pais se porjete,
E demie la terre ovecques
8690 Redevoit il aveir illoques.
Ceste pais volt Salehadins;
Mais li admiralz Safadins
Ne la veit onques crean ter,
Ainz oimes après conter
(loored cbcfclf
k faire •lliaocr
avec Sahéia.
Fol. 64 A.
Sapliadui
will« à MO fiktt
de ne tnilcr
qn'avee RMiaH.
86 a S E de, qui! — 8697 De quels Ireis il -
8669 le premier e manque — 865o Lores — 8653
8673 Qiiil
— 863o (. cunt r. — 86ào ii manque
traiiùgees — 8655 carer — 8669 Lores
86/ia Lores
8669 comm
233
L ESTOIRE DE LA [GUERRE SAINTE.
i3^
Fol. d'i b.
rardi, V, xxt.
Joie de Con-
rad h la iioQTeHo
Je son «^loclinn.
H(U)^} Que il dist al soldan son frère :
rSire, ne place a Deu le père
rQue pais a la crislientë
r Por nului qui vos ait temptë
r Façoii sanz le roi d'Engletere
«700 r (Meillor cristien n'a en terre);
rNe jo nei lo ne jo nei voil.v
I'] par tant remist lor conseil ,
E ço i fu par tôt seu
E ccrcliië e aconseu :
8705 CarEstienes de Tornehan
En Jérusalem al soldan
Estoit envoies quant cil viudrent,
Dont plusors genz les noms retindrent :
Ço fud Balians d'Ibelin,
8710 Qui iert plus fans de gobelin,
Ë si i fu Renauz de Saete,
Qui Torde pais, non mie nele,
Venoient quere e porchacier,
Sis deusl Ten a chiens chncier.
8715 Li messagier dont nos deime»,
Que el message aler veimes,
Errèrent tant par tels jornees
Com il avoient atornees
Que il vindrent a Sur bâtant.
8720 Illoc descendirent a tant
E alerent droit al marchis ,
Dirent li ço qu'il orent quis,
Cortoisement le saluèrent;
E il e cil qui 0 lui erent
8795 J^s saluèrent 0 grahz ris;
E lors parla li coens Henris,
Si dist o bone volenté :
^Li rois e la cristien të,
ffSire marchis, Tost d'Eschaione'
8780 ff Vos ont olrië la corone
(tE le riaume de Sulie.
tr Venez en od vostre ost banie,
8735
rrSi la conquérez fièrement, t»
Si dit Testoire finement
Qu'il ot tel joie en son corage
Qu'il dist, oiant tôt le bamage,
Ses deus mains vers le ciel dresciees,
Dont puis fist mult genz coreciees :
rrBiaus sire Deus qui me feis,
Fol. r,/i , .
87/10
^Tu, qui es voirs rois e bénignes,
rrCom sez, sire, que jo suis dignes
ffDe ton règne bien govemer,
ff Que jo m'en voie coroner ,
87/1.") rrSire, e si tel ne me sentez
rrQue vos ja ne le consentez. ^^
La novele fud entendue
Par la citië e espandue
Que li marchis rois en seroit,
87.50 E tote l'ostz le requeroit.
Eth vos la joie merveillose
E la gent liée e anguisosse
De harnescher e aprester.
De tost acroire e d'empromter
87.55 Or e argent a sa despense.
Si come chescons de soi pense.
La veissiez. armes ataindre,
Hiaumes, chapeals de novel taindre;
La veissiez maint escuier
8760 Meinte bêle espee essuer;
La veissiez haubercs roller,
Chevaler e serjant moller
A fcrir sor la gent haie;
La avoit gent de grant aie,
8765 Si Deus volsist ovecques estre.
Qui mielz que nos savoit lor estre ;
La veissiez mult gent en joie.
Si est bien droiz qu'en sache e oie,
E par droit le puet l'en oir,
8770 Que nus ne joie sorjoir
Fol. (i/i d.
8698 nuliu — 8701 ne jo manqu$ -.— 8706 tboroan — 8709 beKans — 8786 Le, ^Êunumque — 8739 m.
toi deflchalone — 8780 ont manqtiê — 8761 Ta manqué — 8743 bien numque — 875a de proroter —
8760 espie — 8766 Que — 8769 droit le droit pnet — 8770 db j.
I •
i35
L'ESTÛIRE DE LA GUERKE SAINTE.
236
•^m'4i . V, xxf I
CiOiirad est ai>-
fHfsin^ par deut
'>DYoyésduVioa\
'i*? la Montagpn»'
( a^ avril 119»)-
.\e devroit ne doel sordoloir.
Tuit estoient en bon voloir
E en talent de cest affaire,
E erent aie enproni faire
lu^frarimm Ri- K775 Li cuens Henris od le barnage
Qui ot aporlé le message
A Acre, ou il ja s^atornoient
D'alercn Tost e s'apresloieni;
Si fud la fine vertez pure
X7X0 Qu'a Sur avint par aventure
Que li marchis aveit mangié,
E s'en venoit a son congié
De chids Tevesque de Biauveiz
Od grant solaz e od granz heiz,
87H5 Et estoitja devant le change :
Or si orrez com joie change
El est tost tornee en tristesce.
Si com il vQneit od leesce,
Et dui vallet od deus cotiaus.
8790 Defublié erent sanz mantiaus ,
S'en vindrent droit vers lui coranl,
Si! ferirent en acorant
Par mi le cors tant qu'il cbai ;
E cil qui Tavoient trahi,
8795 Qui erent orne al Harsasis,
Li uns fu maintenant ocis,
Li autres se mist en un mostier;
Mais onques ne li ot mestier,
Qu'il ne fust prise traînez
Fol. TyS a. 8800 Tant que li cors en fu finez,
Kors tant qu'ançois li demandèrent
Que il morust cil qui la erent
Por quoi il aveient ço fait,
E que il lor a\oit forfait,
8805 E qui les avoit envoiez,
E tant qu'il dist, li desliez.
Puis le sot l'en de vérité.
Que por ço avoient abité
Longement entor le marchis,
8810 Quin orent este contrequis
D'oscire le, desqua tel terme
Ou il ot ploré mainte lerme,
E qu'envoieiz les en avoit
Li vils de Mousequit haioil,
881 5 Qui toz cels qu'il hct de haine
Fait ocire par tel traine
Corne vos orrez ja tenter.
S'il vos plaist ja a escoter.
Li vilz de Mouse a tel custume,
88i)o E d'oir en oir s'i acustume.
Qu'il fait norir en sa maison
Mult enfanz, tant qu'il ont raison
E doctrine e enseignement,
E aprenent contenement,
88a 5 E hantent od hautes genz sages,
Tant qu'il sevent toz lès langages
Des terres de par tôt le siècle,
E lor créance est si teniecle
E si cruel e si oscure
883o Que en lor aprent od grant cure.
Quant li vielz de Mouse les mande
De devant lui e lor comande
En gueredon de penitance
De lor péchiez e d'aliance,
8835 Qu'il aillent ocire un hait home;
Si est de lor ovre la some
Que illoques lor baille cuteis
Granz e furbis e clers e bels;
E cil s'en toment e aguaitent
88/10 Le haut home, e s'i
E devienent de sa maisniee,
E ont lange trop enreisniee,
Tant qu'il li ont tolu la vie :
Lors quident aver deservie
Fol. 65 b.
878/i gr^ h. — 8785 ieschange — 8786 Ore, corne — 8787 loi tome — 8795 ome manque — 88o5 quis
aaoit — 881s oimmifU— 88i3 len les a. — 881 4 quis— 881 5 haoitde^88)7 Com — 8890 E douz
en oir — 8896 a|)erneient — 8895 lianten -^ 8896 les langes — 883o Quen lor raptent — 883 1 mause
te- II). — 8839 Deuant — 8860 Li haut b.e si aguaitent — 8863 toluc •— 88&6 Lores
i239
L^ESTOIRË DE LA GUERRE SAINTE.
ÛM
Kuguarde a loes le rei de France;
^()9.(} Va el respondi sanz dotance
Que quant li reis la revendreil
Que mult volenters li rendreil,
Si ainz n'i ad autre scignor;
Et il eu eurent desdeignor.
«92 5 Endementers qu'il estri voient
Si faitement e s'abri voient
D'aveir Sur, si corne jo dis,
Elh vos que li bons c^uens Henris
Vint en la vile e desceudi,
H()3o Si dit cil après cui jel di:
E si lost com la gent le virent
Onqiics plus terme n'ateudirent ,
Einz Torent a rei esleu,
îoi. lifi ti. Si coine Deus Tôt [>orveu;
f<()'A:t Et vindrent a lui e le pristrent,
E li proierent e lui distrent
Qu il receust la seignorie
E le riaume de Sulie,
E qu'il esposasl la marcbise,
8960 Qui iert eir e vedve remise.
E il re^pondi eraument,
E si qu'il n*i mis! pas granment.
Que quant Deus l'aveit apelé
E ii Taveient ancelé
8945 A Toir de goveruer la terre,
Que Tasens le rei d'Engleterre,
De son oncle, en voleit aveir;
E a tant enveia saveir
Sa volonté e son corage
8960 De l'eslection del barnage.
Ce fud en mai, quant renovele
Flur e foille, que la novele
Fud desqu'al rei Richart venue
Que si iert la chose avenue
8955 Del marchis corne nos contâmes.
ratdi , \, ixix.
Kx|.lotl' d»
Ririiaiil rf.\ lie
ii*< Turcs.
Et li reis iert as plains de Rames,
Ou il poigneit par la beruie
En une cbace d'une fuie
De Sarazins qui lui fuieient,
89G0 Com a celui qu'il tant cremeient
Que puis que Deus forma la terre
Nen Gst uns hom as Turs tel guerre
!\e par un seul tant n'en murut;
Meintes feiees i curut
8965 E aportoit a l'ost les testes
Des Sarazins come de bestes,
Ou dis ou duze ou vint ou trente.
Dont paenie esteit dolente ;
E de toz vifs en reperneit
8970 Li preuz Ricbarz quant renpenieil :
One n'en murut tant por nul home
A celé foiz, ço en est la some.
Eth vos les messages ferant.
Qui alouent le rei querant;
8975 A lui vindrent, sil saluèrent
De part le conte, e lui contèrent
Celé aventure del maiThis,
Dont li poeples Taveit requis
Que il fust sires de la terre
8980
Car li petit e li greignor
L'orent esieu a seignor,
E li voleient faire prendre
La marcbise; mes entreprendre
8985 Ne voleit a sa volenté,
Mais c'ert por la cristtentë.
Li reis fud longement pensis
De la novele del marchis.
Qui par si grant mésaventure
8990 Esteit ocis od tel laidure ,
E de ço ot joie merveilluse
Qu'il 80U la gent si anguisose
Fol. 66 6.
ctrtU, V. xiiiT.
RicbartI ap -
prcml l^élfclion
de Htmi . Tap-
proavc. mait dis
snade œ prinrr
d'épouf^ la mar-
quise.
8990 eie — 8926 obruioient — 8927 com — 8938 que )i répété, bons manque — 8980 a|>re8 que je —
8983 Conques — 8986 com — Sg^'j en vet — 8968 E quant il e. — 8961 quant tens r. — 8969 foi! qui la
— 895^^ Ridiart manque — 8955 com — 89^7 bruiee — 8968 fuiee — 8966 M. feies, acural — 8966 com
des — ^9'/0 quant il lenperneit — 8979 Quii — 8986 par — 8988 al m. — 8989 Que
2&1
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
2&2
De son neveu tel honor faire;
Si respondi a tel affaire :
8995 tr Seignor serjant, mult le désir
trQue il seitreis, al Deu plaisir,
rr Quant la terre sera comquisse;
'rMais n'espust il pas la marchise,
fr Celi que li marchis toli
9000 (tSon dreit seignor, e jut 0 ii
rr Contre Deu e contre raison,
T E la tint par tel desraison
Fol. 66 c. tf Que, s'il me creit, a son eage
rfîie la prendra en mariage;
9005 f?Mais receive la seignorie
ff
itÎMermriMm K-
emrii^ V, zzxr.
Nocet de Henri
et de la marquise
de MoDtferrat.
rr E jo li doins Acre en demàinc
rrE les rentes de la chaaine,
rrE Sur e Jaffe c la justise
9010 rrDe tote la terre comquise;
rrCar jo voil bien qu'il ço retiene;
frE dites lui que en l'ost viegne,
fr Sin ameint 0 lui les Franceis
rrSi tost corn il pora ainçois:
9015 frCar jo Yoldrai le Daron prendre,
rSi li Turc m'i osent atendre. ?)
Cil retindrent ço qu'il oirent
Del rei^ e puis si s'en partirent
A son congé sanz plus d aconte,
9090 Ë revindrent a Sur al conte.
Si li distrent e li contèrent
Ço que del rei li aporterent.
Que vos en fereie autre conte ?
Grant joie fud a Sur del conte,
9095 Quant cil furent venu ariere.
La veissiez grant presse e fiere
De halz homes qui illoc erent.
Qui trestuit lui anioncsterent
De la marchisc a moillcr prendre;
9o3o Mais ne l'osoit pur els emprendre
Sor le peis le rei de Engletere;
Mais ele esteit heir de la terre,
E li quens Taveit coveitee.
Eth la chose tant esploitee
90.35 Que ele sis cors la marchise,
Qui tote en esteit contrequise.
Porta les clefs de la citië
Al conte, ço fud vérité;
E li Franceis traient aneire,
yo6o Si enveient por le proveire,
Si li font esposer la dame;
E si feisse jo, par m'ame.
Car ele esteit trop bêle e gente,
E si que a la meie entente
90^15 Que li cuens fud mult tost en voie
D'esposer la , si Deus me voie.
Eth vos les noces e la joie,
Si ne cuit que ja meis tel oie
Ne ne veie en tote ma \ie;
9o5o Eth vos besoine sanz envie
E sanz contenz e sanz barat;
Eth vos la terre en bon estât
Del conte e en bone espérance.
Qui esteit niés le rei de France
9055 E niés le preu rei de Engletere.
Li coens envoia par la terre,
A Acre e a Jaffe e aillors,
Saisir les chastels e les turs
' E faire les a lui respondre,
9060 E fist crier Tost e somondre,
E furent somons li baron
A aler prendre le Daron.
Quant li coens ot ses noces faite.s
E totes ses genz a lui traites,
9065 Lors veit al los de son barnage
E des Franceis de son lignage
FoK 66 d.
A»-
taéi, V, XHTi.
Mtgnifiqae r^
ception d*Henri
(le Cbimpagne
& Sainl-Jein-
d*Aer«.
8996 Quil — 8999 Ceiui qui ie — 9000 Haeit s. s. 0 j. od iui — 9006 ce ver» en blanc dam le m». —
9008 chainc — 9011 ço manque — 9013 quen — 9016 i manque — 9018 si manque — 9099 li manque
— 9093 en manque ■ — 9086 Eth vos ). — 9o35 Qiiele — 9086 en manque — 9o53 e de b. — 90^7 le
premier e manque — 906a totes manque — 9065 Lores
16
IMPailIKtlC RâTiOatLC.
S&3
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
iàh
Sa geni tofte a Acre amener,
Ahernescher e atorner,
E achater orge e aoone
9070 Por che?alcher vers Eschaloine.
Lors lessa a Sur bones guardes,
Qui guaiierent par les anguardes
Fol. 67 a. Et ia cititf e la contrée,
Que maie gent n'i fusl entrée.
9075 Li quens mena 0 lui sa femme,
Qui iert blanche com une gemme.
Eth vos Tost de Sur esmeue,
Eth vos la novele seue
A Acre que li cuens veneit;
9080 Eth vos que chesoons se teneit
Del conte a si très bien paie
Que a grant paine erent apaië
Ne nuit ne jor de joie faire.
La veissiet si riche affaire,
9085 Les processions assemblées
Et les rues encortinees.
Les eneensiers par les fenestres
Tôt pleins d*encens e par les estres !
£ tote la gent de la vile,
9090 Plus ou près de seisante mile,
Tôt arme d'Acre s'en issirent
Encontre lui tant qu'il le virent:
Ço fud signe qu'a lui veneient
E que a dreit seignor le teneient.
9095 Li clerc al moster le menèrent.
Les reliques lui aporterent,
La seinte oroiz baissier li firent,
E il e molt genz i ofinrent.
Desqu'ai paleia le convoierent ,
9100 Si faitement le herbergei^nt;
La tint li coens si riche ostel :
Tôt jorx eusse jo autretel I
îtmÊnarimm Ri- Quaut 11 cueus fu saissi de Sur,
E d'Acre e de Jaffe et d'Arsur,
8, V, xixtii.
9105 Lors fud li reis Guis sanz realmc,
Qui tanz cops eut sot le biaume,
E qui tant l'a voit compara,
Et ore se veit esguarë.
Cil qui soffri tantes enjures
9110 E tantes granz mésaventures,
E non pas por ses solz péchiez,
Car nus reis n'iert mielz enleefaiez.
Fora d'une teche qu'il aveit,
Celé que nul mal ne sa veit,
9115 Celé que l'em claime simplesce;
C'ert li reis qui par sa proesce
Aveit la cilié d'Acre assise
Quant li Sarazin forent prise.
Si avint einz icel contemple
9100 Aveient li seignor del Temple
La terre de Cypre achatee
Al rei qui l'aveit comqueatee;
Mais li marchez fud puis deafeit,
Si que li reis Guis en fud feit
9135 Après empereres e sires,
Si li fud alques grant remires.
El contemple que li marchis
Fud a Sur des cotels ocia.
En icel point e puis e primes
9180 E par plusors feiz le veimcs
Quai rei d'Engletere veneient
Messager qui mal lui feseient.
Car li un le desconfortouent
E li autre le asseurouent;
9135 Li uns diseit qu'il s'en venist,
Li autre dist qu'il se tenist
E demorast al Deu servise :
Issi parlouent par devise;
Li uns li diseit que sa terre
91/10 Esteit en bone pais sanz guerre;
Li autre li diseit sanz dote
Qu'en li aveit troblee tote,
Fol. 67 b.
Ricb«rd dont»
la royaoté de
rile de Chypre à
GuideLoaignan.
Itimarmrimm Ah
e«rA'»V, xxxvni.
Richard reçoit
(PAngleterre àt»
tneangn contra -
9069 aueine — 9071 Loree -* 909s le moii^ — 910& £ mtmquê — 910S Lores, sai r. — 9106 au —
9109 Eoffrï manque — 9117 prise — 9196 li numqwt — 91^7 Uc. — - 9i35 un disMienl — 91&1 li
8â5
KESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
246
Fol. 67 f .
lUMtrgrwm Ri-
etrdi, V, xxiii.
Prise do Daroo
ptr le roi Ri-
chard (i7-tt mat
1199).
Si que ii un ço ii diseient
Que ii autre lui desdiseient;
9165 Si ne fait pas a merveillier
S'il ne se saveit conseiUier,
Ne 8*il esteit en grant doutance
Por le retorn le rei de France;
Car Ten dit qu'il ad mal matin
9i5o Senz faille qui ad mal Yeîsin.
Endementers que Ii Franceis,
Dont jo aveie parie ançois,
Erent a Acre e s aprestouent
D osteier e se herneschouènt,
9155 Li coens Henris e Ii baron,
Por estre al siège del Daron,
E li reis ^si deEscbalone,
El non Deu qui toz les biens done,
Qu il ne voleit pas tant targîer,
9160 Einz fist ses perieres chargier
E mener al Daron par mer,
E fist ses bones genz armer,
E prist serjaaz a ses soudées.
Qui richement erent donees,
9165 E Gst par toz les chastels mètre
D'iloc entor e entremetre
De guarder les e de guaitier,
E de par nuit eschelgaitier,
Que les carvanes n'i passasent,
9170 Ne que li Turc i recetassent
Al Daren, si com il soleient,
Par quei meint mal feit nus aveient.
Eth vos que li rois fu montez,
Richarz, ou tant avoit buntez.
9175 Od sul les genz de son demaine
Vint «1 Daron un diemaine.
Eth le vos devant le Daron :
Là se tindrent tuit li baron.
Mais si petit de gent aveîènt
9180 Que li reis ne il ne saveient
De la quel part ii Taseissent;
Car se tut entor s'espandissent
E li Turc feissent saillie
Ou que k)r ost fust assaillie,
9t85 II ne peussent pas soffire,
Ainz les convenist desconfire;
E por ço a une part se trestrent
Fol. 67 d.
Ë herdeierent e hoberent
9190 Tant qu'el chastel trestuit entrèrent
E atornerent lor défenses
•
E mistrent i cures e penses
E seelerent bien lor porte,
Que il teneient a midt ibrte.
9195 Quant la porle as Turs fu fermée
E lor genz dedenz enseree
E hors des veissels descemloes,
Eth vos les perieres venues
E par menbres mises a tere,
9300 E li vaillanz reis d'Engletere
Portèrent as cols, ço veimes,
Si compainon e il meismes.
Les fusz e les irefs des perieres.
Tut a pië a snillentes chieres
9ao5 Par le sablon près d'une liuue,
Chargië come cheval ou yune.
Eth vos les perieres dresciees
E as conestables livrées:
Li rois en ot une en bail lie
9310 Don la grant tur fud assaillie;
Li Normant, la gent de valur,
I orent tut par ek la lor;
E li Poitevin, ço me semble
I orent une tuit ensemble.
9163 ço manqué — 91&& Go que — 91^7 grant man^iM — 9168 retoraer — 9i58 leenumqui — 9166 par
tôt les chasteb par tôt — 9168 de manque -> 9170 i manqué — 9173 mal manque — 9176 dimaine —
9178 tuit manque — 9^79 ^^ manque — 9180 nil — 9186 feist — 9187 plueieurê vert iont pa$êS§
«—9189 E manque — 9190 trestuit manque — 9199 i manque — 9196 Quil — 9900 li t. nchan — 9903
de p. — 9906 com — 991 6 tote
16. . r
â&7
L*ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
2W
Foi. 68 tf. 99 <*^ Totes treis al chastel jetèrent,
E li Turc s'en espœnterent,
U molt deust avoir défense
De fort chastel e de despense;
Mais li reis le fist asaillir
9320 E nuil e jor sanz défaillir,
E les feseit tant travillier
Qu'il s'en poeient merveillier.
Dis e set que turs que tureles
Aveil el Daron forz e bêles;
9335 Une grant tur i ot plus mestre
Des autres e de plus fort estre;
Entur iert parfont li fossiez,
Si iert de Tune part pavez
E de l'autre iert roche naive;
933o Mais pour fist lor gent baive.
Qui ne s'en poeient fuir;
E li reis Richarz fist fuir
Par desor terre sotilment
Tant qu'il furent al pavinient
9335 E que a force le rompirent,
E donc après le mur foirent
E la terre ariere els jetèrent.
Les perieres as Turs jeterenl,
Un mangonel lor depescierenl
93^10 Que en la maistre tur drescierenl,
Dont molt furent il esmaié.
Eth vos chastel bien essaie
En plusors manières a prendre.
La veissiez les Turs défendre
93^45 E as kemeals e as archieres,
E feraient noz genz as chieres ,
Car lor pilez espès pluvoenl;
xMais si tost com il se movoent,
E nostre arbalestier guaitouent
9a5o A descovert, e il jetouent
Sor les targes quant il traiouent.
Fol. 68 6 Sîn nafroient tant e feroient
Que a dote s'osoient movoir,
Et erent a meschief por voir.
93.55 Eth vos lor la porte fendue
Et arse od feu e abatue
A la grant periere le rei ;
La veissiez gent od desrei
Vigurusement assaillie
9360 E esmaiee e mai baillie;
Car nuit e jor les travailiouent
Tant que trestut s'en esmaiouent.
Li reis Richarz e si baron
Seoient entur le Daron;
93()5 Treis jorz près a près asaillirent
Nuit e jor, qu'il n'en deffarllirent,
E al quart jor, un vendresdi,
Virent li Turc dont jo vos di
Qu'il ne la poroient durer
9370 Ne les granz assalz endurer
Dont il esleient esmaie,
E que maint noîvé e plaie
En ot par le chastel gisant,
E que l'en les aloit tensant
9275 Par desuz terre e par desus,
E que li reis iert el desus
De prendre les a poi de tente.
Lors ne firent plus longe alente,
Fors que de tensier els parlèrent
9380 E par treis Sarazins mandèrent
Al rei Richart qu'il se rendreient
Par tel covent qu'il s'en ireient.
Sans lor cors e sauves lor vies
E lor femmes e lor maisnies;
938;") E li reis dist qu'il se teusent,
Defendisent sei s'il peussent.
Eth les vos al chastel ariere;
Eth vos que la maistre periere
Fiert e hurte a une torele,
9390 Qui mull empoira lor querele.
Foi. G8 c.
9946 espoQlcrent — 9386 a. si f. — 93/10 Quen — 99iSi] il manque — 93^9 arblastier — 9960 traioueDi
— 9961 jetouent — 9368 Vindr«iit — 9978 I^res — 9988 e saus lor viea
2Â9
L'ESTOIRE DE LA GUERRE Î5AINTE.
:250
Si que ia maistre tor chai :
Deu le velt, e si escbai,
Et ele iert desoz cerfoie,
E lor gent ieri lote foie.
9990 D'iloes en(or noz genz saillirent
Si s'armèrent, sis assaillirent;
El il se mislrent, ço me semble,
En la maistre tur tuit ensemble;
Mais de grant mal se porpenserent,
9800 Qui lor chevals esjarelerent
Que li cristiens nés eussent
Ne que cbevalchier les peussenl.
La gent Deu elchastel montèrent,
E cil qui primes i entrèrent,
93o5 Seguins Barrez fud li premiers,
E Espiarz, uns escuiers,
Ne se tint pas de Seguin loinz;
Li tierc fud Pieres li Gascoinz,
E d'autres en i pot aveir,
ij'Sio Dont jo ne poi les nons savoir.
Puis i entrèrent les banieres ,
Sin i ot de plusors manières :
Estiene de Longchamp première
I entra, si n'iert pas entière,
9315 Anceis esteit mult depeciee;
Après icele i fud dresciee
La le conte de Leiceslre;
E deseure le mur a destre
Fud TAndriu de Chavigni mise,
93ao E ovec celé i fud assise
Après la mon seignor Reimont
Le filz le Prince el mur a mont;
Fol. 68 d. E cil de Gienve e cil de Pise
En i orent de mainte guise;
9895 Nos banieres es murs dresçouent
E les lor contre val jetouent.
Lors veissiez Turs detrenchier
E des aleoirs trebuchier
E entreprendre e atraper,
9880 Ocire et ferir e fraper
Tant qu'el chastel, ço est veir provez,
En ot seisante mort trovez,
Gels qui a la grant tur faillirent ,
Qui a lens ne s'i recoillirent.
9885 Li Sarazin en la grant tur
Erent, si guaitoient entur,
E virent lor chastel tut pris
E lor Turs morz e entrepris.
Et virent les targes drescier
98/10 Contre la tur e adrescier
Por trenchier le mur par desuz.
Si erent el desus
E que Tamirail qui sucorre
Les deveit les laisseit encure ,
98/15 Qui Caisac esteit nomez,
Uns Sarazins mult renomez;
Et quant il virent tôt a cors.
Que il n'avreient nul sucui*s,
Si se rendirent tut 'a tant
9850 Al rei Richart le combatanl,
Sanz contredit chaitifs esclaves,
Pris e conquis e maz e aves;
E bien quarante cristiens
Qui ierent tenu en liens
9855 I orent les vies sauvées
E guaranties e tensees.
E li reis fist les Turs guaitier
En la tur e eschelgailier Fol. 69 a.
Tote la nuit del vendresdi,
9860 E al matin, le samedi,
La vigille de Pentecoste,
La haute feste qui tant coste,
Les fist tosz del chastel descendre,
E tut errant sanz plus atendre
9865 Les adossa a tel ados
Que les mains derierc le dos
9991 torele — 980 1 E qu li crisliens eussent — 9807 seguins — 9816 Et anceis — 98 1 6 E après — 98 1 8 E
de aseur m. — 9890 auec tele i fud celé a — 9897 Lores — 9898 Ce ven est dam le nu. après le père 98/4C —
9880 c frainer — 9886 Aloienl e g. — 98/11 mur manque — 98/19 lacune et altération — 98^8 Qiiil
ItiaerMriÊum f?H
•wirfi, V» xt.
Richard donne
le Daron à Henri
«!t sVn Ta à
Piirhie.
Fol. 69 h.
JtiHtrtrium Ri- 9896
•itrdi, Y. xu.
Riehanl mar-
<'be contre Gaiaac,
•|ui M troate au
Kiguirr.
251 L'ESTOIRE DE
Lor fist lier estreitement,
Si qu'il braeient durement.
Et issi fad li Darons pris
9370 Que a cels torna a grant pris
Gui mult pesast s'il uel preissent
Ainceis qae li Pranceis venissent,
E mult en fussent il mari.
Eths vos od le conte Henri
9875 Les Franceis qui esperonoent,
Qui a tens venir i quidouent,
Mais trop a lart venu i erent;
E li reis e sa gent alerent
Encontre son neveu le conte.
9880 Que vos en fereie long conte,
Fors que grant joie s'entrefirent?
Et li reis, si que mult le virent,
Le Daron al conte dona
E de son conquest Testrena.
9385 E fumes illoc a sujor
De la Penteceete le jor,
E le lunsdi dos en alames
Vers Eschalone e trespassames
Par mi Gazres dreit a Furbie,
9390 Ou li reis e sa compaignie
Icele nuit se herbergerent;
E Fautre gent tant chevalcherent
Qu'a Eschalone s'en revindrent,
Ou H Franceis grant feste tindrent.
Un poi après vint a Furbie
Al rei d'Engletere une espie,
Que veneit de vers le Fier
Por les Sararins espier,
E dist qu'ai Fier en aveit
9A00 Mil ou plus, si qu'il le savoit,
Qui od Caisac sujornerent,
Et que le chastel atomerent
Contre cristiens a défendre;
LA GUERRE SAINTE.
95S
Et li preuz reis sanz pluB atendre
9606 Monta e tote Tost ensemble,
E jurent la nuit, ço me semble,
A la canoie as Estomels.
L'endemain (ud li matin biais,
Si mureat al soleil levant,
9610 E errèrent jusque devant
Le Fier, que li Turc deveient
Tenir contr'els, mais no feseieot,
Fors deus Turs que il i troverent
Que il ovec ets en menèrent;
9/415 Ainz orent les portes fendues
Od feu grez^s e abatues,
E orent le chastel laissië,
E s'en fuioient esleissië,
Quant il sorent que l'ost venoit,
9Aao Cardel Daron lorsuveneit,
Dont noveles eurent eues
Qu'il iert prise lorgenz perdues;
E por ço le chastel leissereot.
E nostre gent tant chevalcherent
9Aa5 Qu'il virent le chastel seiiz guardes :
Lors montèrent par les anguardes
Pur surveir se il trovassent
Nul Turc a qui il se mellassent;
E quant il plus n'en i troverent
9A30 A giste ariere retomerent,
E revindrent a la canoie
Des Estomels tote lor voie.
A la canoie iert l'ost tendue.
Si come j'ai l'ovre entendue,
9635 Quant del Fier se fud retraite;
Si dit cil qui l'estorie traite
Qu'ai rei vint la uns messagiers
Qui de sa terre iert estagîers.
Uns ders, c'ert Johansd'Alençon :
9Aâo Cil dist al rei que la tençon
Caiaac abaa-
donne le Figiiirr.
lUmwrmimm K-
etaréi, V, un.
Ridiard ap-
prend Ici OMoéet
perfidct dt ioo
frère Jet».
Fol. 69 c.
9871 Que — 9375 espernoent — 937^1 i manqué — 9880 freiejel. —
teres — 939^ grant manqué — 9^09 sil qui! — 9607 estonds — 9&id quil
manqué — 963/1 tant manqmé — 9696 Lores — 9697 sil — 9^33 lor ost
vint — 9à38 ostagien
9389 si manqué — 9389 ga-
— 9^16 Qat ouc eb — 96 19 H
— ghSk 00m — 9^37 rei ea
S53
LESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
256
E la g^ant brubuilie e la guerre
Ert surse par tote Engletere
De ses barons e de son frère
Ki por la reine sa mère
9/1 A 5 Ne voleit fors son voleir faire,
£ que tant iert aie Taflaire
E tant aveit maie semblance
Des messagiers. le rei de France
Que en Engletere enveeit
9660 A sou frère qu'il desvoieit
E Yoloit a lui aller,
Qu*ii osoit tealimonier
Ke se il tost ne s*en veneit
Que la terre que il teneit
9655 En sereitbîen tost retaillée
A cels cui il Taveit baillée;
Et e\ si fud en son repaire :
Encor n*estmal ki n'i repaire.
Corn il parut en Normeudie,
9/160 Quin fud povre, guaste e mendie.
Quant li reis oi les noveles
Qui n'esteient bones ne bêles,
Fol. 69 d, Lores fud pensis, mat e mûmes,
E dist a sei : nS'or ne retomes,
9/165 ^Veirement as terre perdue. 19
Es vos sa pansée esperdue.
Tant qu il dist estroseement
Que il s*en ireit veirement;
E quant les bones genz Toirent,
9&70 Sachiez que point ne s'esjoirent.
Li uns les noveles savoient
Par Tost, li autre non feaoient;
Li uns diseit: irll s'en ira,*
E Tautre diseit : t Nu fera, yt
9675 Si ennemi multlevoloient.
Mais si ami ledesvoloienl.
Car s*onor fust mult abaîssiee
S*il eust la terre laissée
En autre point qu'il ne deust
9680 E que plus bien feit ni eust.
Eth vos que illoc ou il erent
Que tuit li baron s'asemblerent,
Franceis, Norman e Poitevin,
Engleis, Mansel e Angevin :
9685 Conseil pristrent que il fereient,
Tant qu'il distrent que il iraient.
Que que li reis Richarz feist,
N'ott qu'il alast, ne qu'il deist.
En Jérusalem tut enserobler
9/190 Etk vos que ne sai qui s'en emble,
E vent as genz de l'ost e conte
Que li haut home e que li conte
Al parlement tuit dit aveient
Que Jersalen asejemient.
9/195 Eth vos en l'ost joie venue
El en grant gent et en menue
Tel espérance e tel leesce,
Tel luminaire e tel noblesce
Qu'en l'ost n'aveit nul cristien ,
9500 Haut ne bas, joefna n^ncien.
Que n'esjoiat od grani desrei,
Fors sulement le cors le rei ,
Qui point ne s'iert esleeciez,
Ainz se chocha tut eoreciez
95o5 Des noveles qu'il ot oies;
Mais de l'ost les genz esjoies
Esteient si que tant dancierent
Que après mie nuit se cochierent.
Ço fud en join quand soleil lieve,
9510 Qui la rosée guaste e grieve,
itiiurmium lU-
eardi, V, luii.
L'arma décide
de marcher sur
JénHol^m.
Fol. 70 tf.
Itinmnrmm fit-
carêi, V. tii».
9^/11 brubaîl -^ 9&4a Eftot tune — 94^7 taoi vel s. — 9/169 Qui en — 9^53 nen v. — 9/15/1 quil —
9&55 bien man(iU9 — 9/^56 cela quii a. — 9^67 ele — 9/158 Eocor nest si mai -^ 9/1^9 Car — 9662 nesteint ne
bones — 966/^ sore r. — 9/168 Quii — 9/^71 les manqué — 9/170 que manque — 9/179 non sauoient —
9673 disent — ^h'jk E il autre — 9^77 moit manqua — 9/^81 illoques — 9485 Lores pristrent quil frètent
— 9486 dist qdl — 9490 sai que — 949a qua «on^— ^ 9498 tuit «HififiM — 9494 îemsaiem -<- 9695 tel
joie — 9500 ne j. — 95o3 esoissies — 9510 Que la rose
255
L'ESTOIRB DE LA GUERRE SAINTE.
256
Marche des
Oruisé» de la
r^inoie à Ibeltn
(les Hospitaliers
< join 119»).
Que tote chose s'esbanoie,
Lors sesmut Tost de la canoie
Par mi les plains tut contre val
Vers Ybelin de TOspilal,
<».*)! 5 Josle Ebron, emprës la valee,
Ilioc ou seinte Anne fud née,
La inere a la seinte pucelc
Qui est mère Deu e ancele.
La vi Tost tote esleicee
95J0 De l'ovre qui icrl fiancée,
Que vers Jérusalem ireient
H la citié asiegereient;
Mais anceis mult la désirèrent
Tels genz qui unques n'i entrèrent,
05a5 E ii povre e li riche oveques,
Oiez que lor avint iiloques,
Une esLrange comfession
E fiere persecucion :
En Tost vindrent unes muschetes
9530 Que si esteient petitettes
E si sutils corn estenceles,
Que nus apelons scinceneles.
De celés par mi la contrée
Par fud Tost la si encontree.
Foi. 70 h. 9^'^^ Issi m'ait seint Celerins,
Qu il mordeient les pèlerins,
Mains, col e gorge e front e face,
Qu il n'i aveit plein poing d'espace
Ou il n'eust par tut bocettes
9560 De la morsure des muchettes,
Que chescoas, vielz ou damoisets,
Sembloit a estre tut mesels;
E lor covint fere visières
E covrir lor cols e lor chieres.
9565 Geste paine i Hoc endurèrent.
Mais tozjorz se recomforterent
Par Temprise e par Tesperance
Dont il esteient en fiance.
Mais ii reis iert pensis c tristes
9550 Des noveles que vos oistes.
Que tozjorz pensot en sa tente
E en penser metteit s'entente.
Un jor que Ii reis iert assis
En sa tente cois e pensis,
9555 Vil trespasser devant l'entrée
Un chapelein de sa contrée:
Ço esteit Guillames de Peitiers,
Qui al rei parlast volenters,
Se il losast araisoner;
9560 Mais ne li osot mot soner.
Car il n'en iert ne liu ne termes.
Li chapeleins a chaudes termes
Plorot et esteit en grant ire;
Mais ii n'osoit pas al rei dire
9565 Ço dont la gent de Tost parlèrent
De lui, e dont il le blâmèrent :
Por les noveles d'Engletere
Voleit leisser la seinte terre,
Povre e guaste e desconseillee,
9670 Ainçois qu'il l'eust conseillée.
Li rois apela le proveire.
Si li dist : « Dites moi la veire,
rr Par la fei que vos me devez.
^Dont vos est cist curuz levez
9575 rrDont jo vos ai veu plurer?
r Dites le moi sanz demorer.w
E li prestres lui respondi,
Si que gueres n'i atendi,
Tôt en plorant od voiz série :
9580 trSire, jo nel vos dirai mie
(T Devant que asseuré m'avrez
fQue malveis gré ne me savrez.^
E li rois lui asseura
De sa parole e l'en jura
9585 Que ja nul mal ne l'en voldreit
En nul point ne en nul endroit.
Richard médi
de retoamcr *
Earope.
emrdi, V, Uf.
Le rhapAi
Gnillanme à
Pbitiert refiraeh
à Ridiard an
prqi«l deqmtte
la Terre Saiate
Fol. 70 c.
951 a Lores — 95 1 5 près la — 95 18 E qui — 9696 genz cunques
mien e manquent — 9559 Sil osast — 9661 le premier ne manque —
9573 Di moi — 958a mai gre — 9586 nen
— 95a5 riches — 9587 lee deux pre^
9566 e manque — 9570 la eust —
257
UESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
258
Cil li dist : trSire, Tem vos blâme,
(tE par cest ost s'en vait la famé
(T Par tut de vostre retomee.
9690 <r Ja n avieoge celé jornee
(vQae tele ovre aiez aprochieel
f( Ja ne vos seit el reprochiee
(t Ne loing ne près , ne ci n'aillurs I
rr Remembre tei des granz honurs,
9595 tt Reis, que Deus t at en lanz lius faites,
rrQui serunt mes tozjorz retraites,
rrQue onques a rei de ton eage
«rNe fist aveir mains de damage.
rrReis, recorde tei que Ten conte,
9600 tr Quant jo te vi de Peitiers conte,
rr Conques notnul si enveisië
ft Veisin, si hait ne si preisié,
vr Si de guerre te venist sus.
Fol. 70 d. (tQue ne Tallasses en desus.
9605 rr Remenbre tei des granz tençons
(tE des routes des Brabençons
ffQue desconfeis tantes feiz
fr A poi de gent e de conreiz.
(t Remenbre tei de Taveniure
9610 (rDe la riche descomfiture,
frEt de Haltfort que rescussis,
(rQue li cuens de Seint Gile assis
crAveit, que tu desbaretas
r E vileinement Ten jetas.
9615 (T Remenbre tei de ton reaime
crQue senz porter escu ne hiaume
(tEus en pais e en quitë,
ff Que nuls n'i aveit abité.
fr Remenbre tei des granz emprises
9620 (tDe tantes genz que tu as prises,
(rDe Meschines que tu preis,
(T Des pru^sces que tu feis
f( Quant tu matas la grifonaille
rrQui te quidot prendre en bataille,
96a 5 (rDont Dampnedeus te délivra,
fr E els a grant honte livra.
(T Remenbre tei de la pruesce,
(rDont Deus festendi sa largesce,
(rQue tu feis de Cypre prendre,
9630 rrÇo que nuls hom voleit enprendre,
(r Ke en quinze jorz eus prise :
(rFors que de Deu ne vint Temprise;
ffE que l'empereur prison
r Preis e meis en prison.
9635 rrReis, guarde qu engin ne te fiere;
(rMenbre tei de la grant nef fiere
(r Que en Acre ne pot entrer
rr Quant Deus la te fist encontrer,
rrKe tu preis 0 tes gualees
96i!io rrOd tut uit Cent de genz armées,
(T Quant les serpenz furent noiees.
(r Remenbre tei quantes feiees
rrDeus t'a soliegitf e soliege.
rr Remenbre tei d'Acre e del siège
9645 (rOu tu venis a tens a prendre,
rr Ou Deus f e fist del tuen despendre
(rTant que la citië fud rendue.
(rBon reis, don n'as tu entendue
rrL'espargne de la maladie
9650 (rQui au siège ert, leonardie,
rrDont li autre prince mureient,
rrDont nuls mires nés sucureient?
rrReis, remenbre tei, e si guarde
rrLa terre dont Deus t'at feit garde,
9655 rrKe tote sor tei l'atoma,
rr Quant li autre rei s'en toma.
rr Remenbre tei des cristiens
(r Que tu getas hors des liens
Fol. 7] a.
9599 seit il — 9693 Na loing naillurs ne d naillun — 9694 Reis r. — 9695 Reia mtmçuê — 9698 fiai
a maina — 9601 n'ot manqué — 9609 Veisin ne ai — 9606 Reia r. — 9607 daaconfiatea — 9609 Reia r.
— 9610 E de — 961 1 E manque — 9616 Reia r. ^ 9619 Reia r. •— 9690 tu inan^tM — 9691 ta aa preia
— 9697 Reb r. — 9681 Ken — 9639 ne manqué, lentrepriae — 9635 guarde tei — 9669 Reia r. tei
tantea — 966 6 Reia r. — 9660 len naudie — 9666 lautre — 9667 Reia r.
>7
SS9
L*ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
S60
ft Al Daron, que Turc en menouent,
9660 frQui ea cheitivisons alouent,
fr Quant Deus t'i £st si lost venir.
(rReis, bien deusses retenir
ft Que Deus t'at fait tantes bontez
rDont tu i& en tel pris montez
9665 (T Que tu ne criems rei ne baron.
(rReis, car te menbre del Daron
«tQue tu preis en quatre jorz;
tt One n'i fud plus longs ti sujorz.
ft Remenbre tei de la grant presse
9670 (t Ou tu fus de la gent engresse,
(r Quant tu t'endormis par péchiez,
rr Menbre tei, reis bien entechiez,
fr Cum Deus t'en ot tost délivre.
crOr sûmes tuit a mort livre;
9675 trOr dient tuit, grand e mener,
Fol. 71 &. f^ Cil qui voleient vostre enor,
ftQae vos soliez estre pères
frDe la cristienté e frères,
fr E s'or la laissiec sanz aie
9680 crDonc est ele morte e traie. ")
/fîMrwtiHii m- Li clers ot dite sa parole
«rrf., V, XLT,. g^ j^ j.gj ^^^ ^ ^^j^
Rkhard an- , . .
aoBc« qa*ii n^ Et 11 ot issi sermouë.
Ura tn Terre r * * 1* â a 1
Sainte jniqa^à ^1 reis ne 11 ot mot sone ,
P*qn«»- g685 Ne cil qui el pavillon sistrent
Un mot de lor bûche ne distrent ;
Mais li reis son penser dona
A ço que il lui sermona ;
Si fud sa pensée esclarie.
9690 Eth vos Tendemain repairie
L'ost qui vint a bore de none
Devant les barons d'Escalone;
Si que chascons quidot sanz dote,
E li baron e Tost trestote,
9695 Que li reis son ost atornast
E que loress'en retornast;
Mais il relorna son coroge
Qu il aveit eu del message
Par Deu avant e par le prestre
9700 Qui mostra raison de son estre.
Tant, que vos direie autre conte?
Qu il dist a son neveu le conte.
As barons, al duc de Burgoine,
Que por besoing d'autre besoigne,
9705 Por messager ne por novele.
Ne por teriene querele
Devant Pasches ne s'en ireit
Ne la terre ne guerpireit.
Lors demanda son crieor,
9710 Felippe, son banisseor.
Si fist crier par Eschalone,
En non celui qui les biens done.
Que li reis estroseement
Diseit, son cors nomeement,
9716 Que desquea Pasques sujorreit
En la lerre, qu'il n'en turreit,
E que tuit fussent aprestë
Od ço que Deus lor ot preste,
E qu'en Jérusalem ireient
9730 Ë que en cel point Tasejereient
Quant la criée fud oie,
Eth vos la gent tote esjoie
Cume li oisels est de jur.
Lores s'atument sanz sujor,
97^5
Chescons endreit sei s'adresçoit
Vers Deu a mont el 6rmament
E disoient, si Deus m'amait:
(rDeus, vos peussoms gracier
9780 rr Et aurer e mercier.
rrOr verroms nous vostre citié;
ftTrop i ont li Turc abitë.
Kol. 71 f.
/fÎMrwriwH ili-
earèiy Y, si,fu.
L*anB^ K
prépare è ■mp*
(ber i«r Jémn*
lem ( h jaifl
ii9t).
9659 eo man^ — 9661 Deas «uvifiM — 9669 Reis r. — 9670 (u feis de — 9671 ten denraes,
pacfaie — 967 a techie — 967 4 Ore — 9675 Ore — 9677 toUei — 9680 ore — 9688 quil — 9708 et ai
— 9709 LoTM, crior — 9710 baneisor — 971 1 Kâ — 971$ stiioraereit — 9716 luraereit — 97*0 aseierent
— 97S7 at f. — :973i Ore
261
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
363
n Beneite seit or l'entente
rr E la demoree e Tatente
9735 ^Que chescon de nos ad ci faite
«rE la peine qu'il i at traite It»
La veissiez gent anguisuse
De herneschier e cuveituse;
E la petite gent menue,
9760 En celé iert tel joie venue
Que chescons portot sa vitaille
A son col e diseit sanz faille
Que vitaille portoit assez
Tant que li mois seroit passez,
97 &5 Tant coveilouent Tovre a faire.
E que direie d'altre affaire,
Fors qui Deu sert, rien ne li coste?
Fol. 71 </. Ço fud a close Pentecoste,
Mien escient le samedi,
9760 Que Tost refud, si com jo di,
Hors d*Escalone ensemble atraite,
loo à BlsDcbe-
gtrde (7 jain Qui mult eu fud de legier traite;
*'^'^' Car a chescon quant qu'il feseit
L'agreoit e mult lui pleiseit.
9755 Eth vus Tost al matin meue;
Si ne cuit c'unques fust veue
Ost plus preuz ne mielz atomee;
Si errèrent celé jomee
Petite ovre por la chalur.
9760 La veissiez geot de valor
Faire honur e humilité
Et curteisie e charité;
Car cil qui les chevals aveient
Ou lels bestes com il poeient
9765 Les povres pèlerins portouent.
Et a pié après els alouent
Li haut home e li bachelier.
Illoc veissiez venteler
Tantes bêles riches banieres
caréi, V, xvrm.
Blarehe des
Croi»^ d*Asea-
9770 E penuncels de granz manières.
Tanz veissiez la filz de mères,
Tanz lignages, nevuz e frères,
Tant bons haubercs, tant bons parpoinz,
Tanz armées genz si qu'as poinz,
9775 Tantes lances e tantes glaives,
Tant ne vit Tem el tens noz aives.
Tantes cleres espees chères,
Tanz biaus serjanz od bones chères !
La veissiez tanz genz errant,
9780 Tanz chevals balcenz e ferranz.
Tantes mules e tanz biaus muls,
Tanz chevaliers preuz et seurs,
Qu'il deussent al mien entendre Foi. 79 a.
Bien quarante tek Turs atendre.
9785 Tant chevalcherent e errèrent
Que un flum d'eve duze passèrent,
E que devant la Blanehe Guarde
S'estendi i'ost a la Deu guarde.
Celé nuitée premeraine.
9790 Si ot esté un diemaine
En i'ost mort um bon chevalier
Et un serjant preuz e legier
De deuz morsures de serpenz
En mains terre que deus arpenz;
9795 Dont Deus les aimes oie e voie,
Car il mururent en sa veie.
Deus jorz illoques sujomames,
E puis al tierz nos en turnames,
E erra I'ost tote serrée
9800 Plems les cbemms de gent feree, (9 join it9a){
Sanz encontre, senz enconbriers,
Dreit al Thoron as Chevaliers.
Une nuit illoques geumes,
E l'endemain ne nos meumes
9805 Onques de si qu'après mangier;
Mais lors fist li reis deslogier
lUiurmtiÊm Bi-
i, V, lux.
L*tmée chré-
tien o« an Tboroo
deus
9733 ore — 9735 ici — 97/10 icele — 97^4 soit passes — 9766 affaire — 97^6 d' man^ — 97^7 '
— 9766 mult manque ~ 9766 Vùsinumqu» — 9766 cuit mie — 97^7 Nuie preux miels — 9769 riches
numqu9 — 9770 granx manqué — 9776 desi qu a — 9781 biaus fÊUtnquê — 978^ Biea manqué — 9790 di-
maine — 9791 bons — 9797 illoe — 9809 al ebeoalîers -— 9808 iUoe — 9806 iores
263
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
36A
an cMtri Ar-
naud (to jain);
è BHbenoble .
Sei e sa gent de son demaine,
E vint avant son cors demaine;
Si se fist tendre en destre en hait
9810 Un poi loinz de! chastel Ernalt;
E i*endemain vindrent ilioques
Li Franceis e li autre oveques,
E vindrent devers Bettenuble.
Bel tens feseit, non pas ennabie;
Iinimaii^mdl 9Bi5 Illoc fut Tost et sujoma,
(11 join-S jail-
let 119a).
Fol. 79 6.
La dont i'ivern s'en retorna ,
Por atendre Henri le conte,
E si vos dirai de quel conte :
Car ii reis le aveit enveië
9830 A Acre al poeple desveië
Qui ne voleit en Tost venir,
E por ço nos covint tenir
Un mois ou plus por celé ovraine
Joste le pië de la montaine
9835 Par la ou li paumier soleient
Revenir s*en, quant il voleient,
De la haute sainte citië
Dont estions déshérité.
Cel terme que nus sujumames
9830 En la valee ou nus turnames
Advindrent plusurs aventures
Et baraz e desconCtures
Que nus veimes avenir,
Si nos conveneit retenir.
9835 Un jor avint que une espie.
Si cum Tum enquiert e espie,
Vint al rei jus de la monjoie.
Dont jol vi revenir a joie,
Si dist que Sarazins aveit,
9860 E de veritë le saveit,
A la montaigne, qui gueitouent
Le chemin por Tost e gardouent.
E li preuz reis einz jor monta.
Si fud od lui quil reconta,
9865 Que il quist les Turcs por lor mais
Jusqu*a la fontaine d'Esmals :
A Tenjornee les suzprisi ,
Sin tua vint qu'il entreprist,
E si prist le banisseor
9860 Salahadin, son crieor,
Celui seulement esparnia,
E treis chameilz i gaigna,
E de beis Turquemans aveques;
Si guaigna encore iiloques
9855 Deus bêles mules bien chargiees
De riches robes essaiees.
Et espèces e aloë.
Aveit es buges aloë.
E les Sarazins chaça tant
9860 Par mi les montaines bâtant
Que un en aconsiut en un vai
Qu'il jeta mort jus dei cheval.
Et vit, quant ot mort le eulverl,
Jérusalem a descuvert;
98(35 E eurent, ço nos conla Tam,
Tel pour en Jérusalem,
Que si li reis eust eu
Ensemble lost, que fust veu,
Jérusalem fust aquitee
9870 E de cristiens abitee.
Que tuit li Sarazin eissirent
De la citië e s'en fuirent.
Qui quidouentque i'ost venist,
Qu'il n'iert qui la citië tenist
9875 Ne qui dedenz osast remaindre
Por manacier ne por destreindre;
E si aveit ja demande
Salahadin e comondë
Son meillor destrier nprester,
9880 Qu'il n'i osoit plus arester.
Quant de voir sot par une espie
Que la grant ost ne veneit mie.
pnad %m Ti
ja»).
(«■
Fol. 7« e.
MpréptriBtèla
foite.
9808 sis s. — 9810 loinz tnanque — 9818 virent — 9893 ouerain — 9886 nne. — - 9887 jai numpÊ$
— 9865 Qui! — 9867 etpees — 9868 E quant vit mort le — 9876 deskeindre — 9881 an e.
S67
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Mais ii iert a Acre enveiei;
E mes sires Ferris preiei ■
Aveit Baudoin le Caron
9960 E Clarembaut de MootcbaUoii
Que cel jor por lui la guardasseot,
Que les geuz folement n emsseut;
Mais foiemeutie jur errèrent.
Si i ot de tels quil oompererent
9965 La esteit Manessiers de Tille,
Qui ot un cbeYal bauçant gride.
Et Ricard d'Orques e Terri
I esteient el liu Ferri,
Felippes e li eompainon
9970 Seignor Baudoin le Caron,
Otes, e escuier plusor
Furent od els en cel estor;
Lor parent e lor ami erent
Et a besoing le jur mustrerent
9975 Si cumecil de la grant rote.
Qui n aveient de nnlui dote,
Errouent com gent descbafgiee,
La riere garde esteit cbai^ee,
La rote alout grant aleure;
9980 Et cil corne preuz gent seure
Les siveient tôt bêlement
Eth Tos que d'un embnchement
Saillirent li Turc a cberal,
E vindrent ferant contre val
9985 Tut qui ainz anz jusqu^a Tanguarde
Dreit a cels de la riere guarde;
Très par mi lor oonrei se mistrent
Fol. 73 r. Cil qui es ignels cbevals sistrent
Si durement qu il les perchier«it,
9990 E que iluec descberaucherent
Le preu Baudoin le Caron;
Mais il aveit queur de baron.
Si mist main a sa bone espee
Que le jor fud mult redotee,
9995 Car li Tur sovent la ê&ÊâinmL
A celé reseoste abafmat
Ricard d'Orques e pois Tari,
E Baudoîns s'ea *^ft«"W^
E tant que li sœn le reauuiraat
10000 Sor uncbevalqtte ii oonqnistrenL
La TeisBÎet moltfier estor
E meint l>el oop e meial tnslor
E meinle espee flambeîer
E meint esfon aenz fcUeier
loooS E meinie encontre dore e beie,
E meint cbevai od voide sele;
La Teissiet les Turs embatre.
Et geot bien défendre e eonibotre.
Quand ii Turc on en akatdeni,
10010 Et ii autre se remlialeîent
Par mi la presse e ie monkmmi
E corne preo s'aitraidooeiiL
Mais ia meslee iert meqMrtîe;
Car dl de la nostre partie
1001 5 Esteient si entreis noie
Qu'il ne pot pas estre noitf
Que maint des eontes ni chaist
E que trop ne ior mesdiaist .*
Car li pilet as Tors Tcrioieat,
looso Qui ior dievais lor afirioieot
Eth TOS que teb cops est ciieoi
Que Baudoins refud dieoi;
Si fist un suen serjant descendre»
Que trop ot feit de sei defeadie.
loosS Baudoins el cheval monta.
Si qu'il meimes reconta^
Qu'a mult petite demuree
Vit celui la teste copee
Ki son cheval li ot {»esté.
ioo3o nioc esteient arestë.
Et illoc fud Felippes pris,
Compain Baudoin, qui grant pris
Fd. ^Z i.
9969 • BÏ c. — 997S cmn — 9977 corne gent dioryee — 9980 eoo
iNçiitf — 10000 quîl — sooii com, sentrt douent— 10017 Que plnton
269
UESTOIRE DE Ik GUERRE SAINTE.
270
1 conqnist de tuz qui i erent;
E ovec Feiippe en menèrent
ioo35 Unpreu seijant qu'a force pristrent,
E le frère Richard ocistrent.
La veissiez dure bataille :
A champ malë erent a taille
Baudoin e si compaignon,
loo/io E Clarembaut de Montchablon
Les aveit guerpiz e laissiez
E s'en fui tut esleissiez
Des que il vit les Turs venir.
La veissiez estor tenir
10065 A Baudoin, qu'il rebâtirent,
E tant de maces le bâtirent
Que por poi ne fud afolez,
E li sanc en esteil volez
Par le nés e par mi sa bûche,
ioo5o E s'espee ert tote rebuche
Et esgroinee e depechiee.
Lors escria a voix hauciee
Manessier de Tlslele preuz,
Qui les Turs descomfisoit tuz :
1 oo55 (r Manassier, larrez me vus donques? n
Fol. 7A a. Et mes sire Manassier onques
Ne cessa, ainz Tala rescorre.
La veissiez tanz Turs acare
Que Manessier jus abatirent
10060 Del cheval, e tant le bâtirent
Et le laidirent et blescierent.
Que de la jambe lui trenchierent
Le meistre os jusqu'à la moole,
E erent perdu en la foie
10065 E Baadoins et il ovecques,
Quant Deus lor enveia illoques
Le preu conte de Leicestre,
Qui point n'aveit seu lor estre.
Li coens si com il vint poignant
10070 Feri un Turc en ataignant,
Si durement le descrucha
Que li Saracins tresbucha
Par en sum le col de sa beste ,
E Ançons l'en trencha la teste,
10075 Compainz Estiene de Longchamp,
Si qu'el vola en mi le champ;
Et mis sire Estienes meismes
Le fist mult bien e puis e primes;
E fud nostre gent tant creue,
10080 Quant la novele fud seue.
Que quant li Turc crestre les virent
Vers la montaine s'en fuirant.
Fors cil qui aconseu furent;
E noz nafrez qui illoc jurent
ioo85 Soef sor les chevals montèrent
E puis en Tost les aporterent
Issi râla ceste aventure
Qui bien deit estre en escripture.
Devant Saint Johan al tierc jor itmtrêrnm m-
10090 llloc OU lost lert aeujor Wcoaveru
Eth VOS tel novele aporlee **'«" moweau df
Dontl'ost fud forment comfortee; (ti juin 1191 ).
Car uns seinz abes Taporta ,
Qui tôt le poeple en comforta.
10095 De Seint Helye iert le seinz abes,
Si viveit de pain et de rabes :
Barbe ot grant creue od nature,
Bien sembloit seinte créature.
Cil dist al rei c'un liu saveit,
10100 Que longement guardé aveit.
Ou une croiz esteit reposte ,
Dont Dampnedeu rot feit son oste :
Une part ot de la croiz sainte
Dont il i ot partie mainte,
ioio5 Que tut sois li bons eristiens.
Qui n'esteit pas trop anciens,
Fol. 74 i.
10065 Desquil — 100&8 en manqué — ioo5o espie — ioo59 Lores sescria — 10061 et le bl. —
10070 agaitaDt«— 10071 les — 1007& E a aueom — 10075 esiieaes — 10076 quil — «0077 missires
— - 10078 bien • wunquê — ioo83 aeoesio -* 10086 E wtampu — 10091 tele ^- 10099 forment manqué
— 10097 grtu[i<le — 10101 Ou numquê — lOioS Une partie i ot— 101 o5 t. «itos — 10106 pas mamquê
271
L^ESTOIKE DE LA GU^ERRE SAINTE.
S7a
Fol. 7^ c.
/fiMr«rNMitf-
1, VI, I.
Richard hMu
èraititleeoMcU
dm FniBçaif qai
tcokot attaqatr
Jéraftla».
Aveit iiloc miiciee e mise
Jusque ia terre fust comquise,
Si Taveit mult chiers comparée,
10110 Car Salahadins demandée
L*aveit plusors foiz a Yabé;
Mais li abes Yen ot gabé,
Et si Yen mist il en destreit,
E Ten fist lier mult estreit;
1011 5 Meis onc por mal quen li feist
Ne pot tant faire qu il deist
U ele iert ne qu'el fust rendue,
Ainz li dist qu'il Taveit perdue
Quant Jérusalem fud comquise ;
loiao E quant li reis ot Tovre enquise,
Si fist le seint abë monter
Dont vos m oez ici conter.
Lors monta e la baronie ,
Et i otgrant bacbelerie;
10195 Tôt sereement s'aro teren t ,
Si cbevalçberent e errèrent
Après laube tote la veie
Jusqu'al liu dont parle aveie,
Ou celé croiz esteit muciee,
ioi3o Qui cei jor lud si eshauciee
Que tanz genz Talouent baissier
Que Tem nés poeit apaisier.
Tôt droit a Tost Ten aporterent,
Dont tote la recomforterent,
ioi35 E meinte lerme i ot pluree
lUoc ou el fud a urée.
Quant celé croiz fud eshauciee,
Dont Tost fud mult esleiscee ,
E longement Torent tenue,
10160 La povre gent de Tost menue
Commencierent illoc a dire
E diseient: «vDeus, biaus dolz sire,
(T Que fesons nos ? Que ferad Tem ?
r Iroms nos en Jérusalem ??)
10165 Donc se plainstrent, ço fu ia some,
Tant que li reis e li haut home
L'oirent dire, sin parlèrent
E en plusors sens devisèrent,
Saveir quel conseil il avreient
ioi5o E s'en Jérusalem ireient;
E li François le rei requistrent
Plusors foiees e li distrent.
Tels i aveit, que il loassent
Que Jérusalem asejassent.
101 55 E li reis dist : trÇo ne puet estre,
(rNe vos ne me verrez ja mestre
(rDe gent mener dont j aie blâme,
ffSi ne me chalt qui m'en mesame;
(tE si sachiez de voir sanz faille
10160 (r Que en quel liu que noslre ost aille, fol. 76 d.
(r Salahadins set nostre affaire
ftE\e efforz que nos poums faire;
n Si sûmes loinz de la marine :
(tE s'il e sa gent sarazine
1016^ (tEs plains de Rames s^avalouent,
frE la vitaille nous veouent
(r Que ne la poissums aveir,
tf Ço ne sereit mie saveir
fr A cels qui al siège sereient,
10170 ff Ainz quidbien qu'il le comperreient;
ffE l'açainte de la citië,
trÇo me dit l'em de vérité,
((Est si granten cbescon endroit
ff Que tant de gent i covendreit
10175 •....•
V Que Tost ne porioms rescore
«S'ele esteit des Turs assaillie,
ff Einz sereit morte e malbaillie ;
(tE si jo Tost issi menoue
s 01 80 (tE Jérusalem asejoue
(T E aventure i avenist
trPer quoi il lor mesavenist,
10111 I aveit — 10117 iert iert, ele — loiaa ci — lOiaS Lores — - ioi3a pot — ioi33 laporterent
— ioi36 ele — ioi63 frid — 10166 Tint manque — 10169 tuereint — 10160 Quen — 1016a qo6
ma»fu§ -«> 10170 compereint
273
L'ESTOIfiE DE LA GUERRE SAINTE.
27A
<t 6e en sereie tuz jorz blasmcz
(tE honiz e meins aamez;
iot85 (tE si sai de veirs sanz dotance
tt Qu'il ad lel gent ci e en France
(T Qui ont Yolu e qui voidreient
(tE qui mult le desirereient
f Que jo eusse tele ovre faite
10190 (rQue fust par tut en mal retraite;
ttE nos, genz de estranges contrées,
trQui ne savomes lor estrees,
trNe les chemins ne les lanroiz,
(r Ne les mais pas ne les destroiz . . .
10195 ft Par quoi nos peussoms conquere.
Fol. 75 a. ffMais par cels qui sunt de la terre,
ff Que lur fiez volent recovrer,
tf Par icels devons nos ovrer
(f Et par le conseil des Templiers
10900 tfO Tassens des Ospitaliers,
tf E par cels qui autre feiz furent
frEn la terre, e qui la conurent
(rEt qui la conussent uncore.
ff Sor cels loreie jo encore
10305 (rQue Ten meist Tesguard a faire,
(tIço si fereit bien affaire,
(f U del siège faire e emprendre
(T Ou d'aler Babiloine prendre
(tU a Barut ou a Damas;
1 oa 1 o fr Si ne nos descorderons pas, [rent t)...
trCunques genz tant nés descorde-
Tant que illoques esguarderent :
itmtrêrmm K- Des TempUors pristrent cinc ou quatre
•^' ^' "• , Por les estrifs entr'els abatre,
Confdl de
nngt cberaUen io9i5 Et autant d OS Hospitaliers
d^iuq^î^nî E des Suliens chevaliers,
^^' Et autant des barons de France ,
Tant que vint furent sanz dotance
Qui enz lor sermenz se metreient
Les Français
s*y opposent.
loaao Et en ço qu'il esguardereient
E sur lur liautez se mistrent;
E cil esguarderent e distrent
Que li greindre preuz de la terre
lert de Babiloine comquerre;
10a a 5 Et quant li Franceis Tentendirent,
Si fud veirs qu il s'en deffaillirent,
E distrent que al siège ireient
E que aillurs n'en tomereient.
Quant li rois oi la descorde ,
ioa3o Ou Deus ne voleit mètre acorde,
E que c'ert par les genz de France ,
Lors dist illoques sanz dotance Fol. 75 6.
Que se li Franceis le creussent
Qu'en Babiloine s'esmeussent :
10935 trVeez m'estorie a Acre arestee,
(f Que ja lur aveie aprestee
tr A porter enz lor guarnestures,
trLor hemeis e lor trusseures
(t E lor bescuit e ior farine;
10960 «rE l'ost alast par la marine,
r E je menasse a mes deniers
ffEl non Deu set cent chevaliers,
tr E deus mile serjanz oveques
ri menasse des ci ilioques;
109 65 rE si sachent encor de veir
(T Que nuls proz hom a mon aveir
trNe faillist ja por nul affaire;
(tE quant il ço ne volent faire,
(rGe sui tut prest d'aler al siège,
io95o «rForsqucparseint Lambert de Lege,
r Sachent que jo nés merrai mie,
ffMais bien iere en lor compainie.))
Lors comanda sanz plus d'atente
Que les sues genz en la tente
10955 De rOspital tuit s'asemblassent ,
E que illoques esguardassent
ioi85 de manque — 10186 ici — 10188 desireint — 10191 doz — 10199 Muoms — Après 1019&
laewiê de deux verê — 10195 rien conquerent — 10197 recourir — 10198 ourir — 10901 icels, i furent
— i09o5 affaire — 10906 freit — 10911 cum g. t. ne d.; t7 doit manquer quatre ven aprèi celm-â —
1091 3 Des t. ou c. — io995 entendiret — 10997 quai — 10989 Lortt — i0935 apraslee — i0953 Loret
18
UIMIVEKiC BâTIOntlS.
275
L'ESTOIRB DE LA GUERRE SAINTE.
376
ItimertriMm /ti-
<«nii, VI » ▼.
Richard fait
une npéditko
âvec les Fraaçaia
poar sarpreodre
aae earatane
(to juin >i9a).
Fol. 75 c.
Quel aide al siège i tendreient
Quant vers Jérusalem vendreient.
E il i vindrent e s'asistrent,
10360 E mult richement i premistrent,
E tels i oSri mult granz offres
Qui mult aveit poi en ses cofres;
Mais trop grant folnr enpreissent
Si en icel point Tasegissent
10965 Après ço que cil qui jurèrent
Par bone fei lor desloerent.
Endementers qu'il prometeient
Ço qu'ai siège mètre deveient,
Estes vos que Bernard Tespie,
10270 Uns hom qui iert nez de Sulie,
Sei tiens d'autretels barbarins,
Od vestemenz de Sarazins,
De Babiloine reveneîent ,
Ne d'autre mestier ne serveîent
10375 Fors d'espier Tost sarazine;
Si vos os bien dire en plevine
Conques ne vi gent mielz senblasent
Sarazins, ne qui mielz parlassent
Sarazinois, oiant la gent.
1 0380 Chescons d'els trois cent mars d'argent
Aveit del rei Richart eu
De ço qu'il esteient meu.
Cil distrent al rei bêlement
Que il montast ignelement
10385 E ses genz, e il le mereient
Jusqu'as carvanes ki veneienl
Devers Babiloine chargiees,
Que il aveient espiees;
E si tost com li reis le oi ,
10390 Enz en son cuer s'en esjoi,
E manda al duc de Burgoine
Qu'il venist a celé besoinc
E meuast od lui les Franceis;
E il si fist, fors que anceis
10995 Distrent qu'il voleient aveir
Le tierc del guaing de i'aveir,
E li rois le lor graanta.
Lors montèrent e il monta,
E furent dune illoc esmë
io3oo Cinc cent chevalers bien armé,
E mil serjanz preuz e legiers
iMena li reis od ses dmiers,
E il devant sis cors demaine.
Ço fud un seir de diemaine;
io3o5 Tute nuit a la lune errèrent,
One si poi non ne s'aresterent,
Ainz furent a la Galatie;
La descendi la gent hardie,
Tote garnie de bataille,
io3io Et enveiereot por vitaille
A Escalone, e la se tindrent
Tant que li escuier revindrent.
Si tost com nostre gent a^esmurent,
Li reis e cil qui od lui fiirent,
io3i5 Eth vos c'une espie s^en torne
A Jérusalem e retome
Dreil a Salahadin conter
Qu'il ot veu le rei monter
Por aler ses carvanes prendre.
io33o Salahadin» sanz plus atendre
Prist cinc cent Turd toz esleuz ,
Des meillors qu'il aveit enz;
Sis enveia dreit as carvanes.
Et aveient e arcs et canes;
to395 E quant il od cels s'asemblerent
Qui les carvanes amenèrent,
Deus mile a cheval les esmouent
Estre cels a pië qui aloueot.
Estes vos au rei une espie
io33o Poignant dreit a la Galatie,
Sil hasta mult que tost venist
E que l'ost coie se tenist
Fol. 75 d.
10966 done fci — 10977 sasenbiasent — i098& QttH — 10988 Qail — 10993 ad lui — 10197 fpnoÈU
— 10998 Lores — io3o6 dimaine — io3i5 can e. — io3i6 De ierasalem — io399 esleus — loSsS Si
c. — 10399 Eth YO8 — io339 coi
/fiMr«rnni/li-
carAj Vif tT<
Richard eidèf c
la caraTane après
OB brillant oxb-
bat (•t'ftS JQia
119a).
277
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
278
Fol. 7 1 a.
E qu'a la reonde cisterne,
Entor e environ le cerne,
io335 lert une carvane venue,
E qui celé avreit retenue
m
Mult i poreit grant chose aquere.
L espie iert née de la terre,
Si ne se pot pas en lui croire
io3/io Li reis, einz envoia anoire
Un Bedoin e deux serjanz
Turcoples, preuz e encerchanz,
Por enquerre e por espier,
E fist les Turcoples lier
io3/i5 A la guise del Bedoin,
AIsi corne autre Saraizin;
E fud par nuit que il errèrent :
Par mi les anguardes montèrent,
E montèrent e descendirent,
io35o Tant que en une anguarde virent
Guaitier ne sai quanz Sarasins;
E lespie e li Bedoins
S'aia pas por pas vers els traire,
E fist ses deus compaignons taire,
io355 Qu'il ne fussent apereeu.
Dont li Turc furent deceu.
Cil de la as noz demandèrent
Dont e de quel part venu erent;
E li Bedoins s'abandone,
io36o Si dist que devers Escalone,
D'une proie qu'il orent prise.
Li uns respondi a sa guise :
rEnçois venez por nos mais quere :
(tTu i^ od le rei d'Engletere. t)
io365 Li Bedoins dist: fr Vos mentez. t^
Lors fud d'errer entalentez,
Si s'en ala vers les carvanes,
E li Turc as arcs e as canes
Les sivirent o les chacierent,
10370 Tant que par ennui les laissèrent.
E quiderent qu'il fust des lur;
Eli Bedoins prist son tur.
Quant la vérité ot seue Fol. 76 6.
Que la carvane esteit venue,
10375 Si li fu a grant sen tome.
Eth le vos al rei retomë.
Si lui dist qu'il saveit de veir
Qu'il poeit la carvane avoir;
E li reis el non a seint Jorge
io38o Fist douer as chevals lor oi^ge.
Lors mangèrent e puis montèrent,
E trestute la nuit errèrent.
Tant que a meimes le liu furent
Ou la carvane e li Turc jurent.
io385 Ethile vos illoc aresté.
Bel tens feseit cum en este;
Li reis s'arma e tuit s'armèrent,
E lor batailles conreerent.
François firent la riere guande ,
10390 E li reis fud en l'avanguardc,
Qui fist par tote l'ost crier
Que qui ne voldreit oblier
Sonor qu'a gaing ne tendist,
Mais tote voies entendist
10396 As Turs descomfire e perchier
E a ferir des branz d'acier.
Endementers qu'il conreouent
Lor batailles e ordenouent,
Eth vos une autre espie al rei
10/100 Venir poignant a grant desrei,
Ki lui dist que des l'enjornee
Esteit la carvane atomee,
E qu'il s'erent aparoeu ;
E quant li reis ot ço seu ,
io6o5 Si enveia avant archiers,
Tarcoples e arbalastiers,
Por herdeier e détenir.
Tant qu'il peust as Turs venir. Fol. 76 c.
iod33 ronde —
10369 les m«fi^f«« —
to33& E. a e. — ]o365 de — 103^7 <P^ —
- 10373 verte — 10379 'i '^ ^^ "*" lo^^i Lofei
io35o queo — io36G Lores —
— iod86 «1 wumquê — • 10899 ^"^ ^'
18.
279
L*ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
380
Endementers qu'il herdeioient,
10^1 10 E lor batailles aprismouent,
E tant viodrent que près d'eU furent;
E quant li Turc les aparçurent,
Il se trestrent a un condos
D'une montaine pur ados,
lohih De bataille tut conreë;
Mais n'erent pas trop desreë;
E li reis par de deus parties
Ot ses batailles départies;
Ë cil trestrent e herdeierent,
10^90 Quant les batailles aprismerent,
Ausi espès corne rosée;
E la carvane ierl arestee;
E li bons reis a bone estraine
En lor bataille preroeraine
10695 Ala ferir si durement
Que jo vos di seurement
Que il e si autre conrei
Les ferirent od tel desrei
Queonques tant n'en enconlrerent
io63o Corn a la terre en reversèrent.
N'onques puis Turs ne retorna,
Si en fuiant ne trestorua,
N'onques puis n'i ot recovrier,
Mais tôt autresi corn lévrier
10^35 Teinssent le lèvre a la campaine,
Tut autresi par la montaine
Fesoient nostre gent la kir,
E les meteit a tel dolur
Qu'el s'en fuoit tote espartie
loàâo E descomfite e départie,
E la carvane esteit leissiee;
E nostre gent tote esleissiee
Chaçoit tozjorz destre e senestre;
Pol. 76 d. Si dit cil qui puis sot lor estre
10^65 Que tant en loinz dura la fuie
Des Turs en la lai^e berruie
Qu'il chaeient de sei estaiot;
E cil qui esteient ataint,
Li chevaler les abateient
io/i5o E li serjant les ocieient.
La veissiez seles tumer
E gent laidement atomer;
La veissiez fiers cops de guerre
Ferir al preu rei d'Engletere.
10&55 Si ne quidez pas que j'enprenge
Dire de li ici losenge;
Car tantes genz ses biaus cops virent
Que sor ço arester me firent.
La veissiez le rei chacier
10&60 Les Turs, el poing le brant d'acier.
Que cels que il aconsiveit
Issi com il les parsiweit
Que ja arme nés defendist
Jusqu'enz es denz nés porfendist,
io665 Que tut autresi le fuioient
Cume berbiz qui le lou voient.
Cum issi li premier chaçouent
Par la montaine e les tesoient,
E Saraizin jusques a trente
10&70 Trestomerent jusque une aente,
Par dreit curuz e par envie,
Desur Roger de Toenie :
Son cheval desoz lui ocistrent,
Si que por poi que il nel pristrent.
10675 Eth vos dreit a la gent paiane
Un compainon, Juquel del Maine,
Qui erraument fud abatuz,
E Rogiers qui s'iert combatui
Ala tut a pië al rescure;
10680 Lors veissiez noz genz acure. Fol. 77
Ferant illoc destre e senestre;
Si viul li coens de Leiceslre,
Si vint Gileberz Malesmains,
Sei tierc od sei e altre al mains,
loâiS Ci tr. — io6d3 recourir — 10639 Qude — io656 Por dire — 10661 quil — 10666 Gum —
loàôgjuiqui — 10671 e par dreit enuie — 10673 ch sor lui — 10676 quil — io676juqaet — 10680 Lores
381
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
283
H)/i85 Ë Alixandre Arsis i vint,
E chevaliers ou quinze ou vint;
Si i vint de Loingchamp Estienes,
Qui par mi liu des genz paienes
Fist a Rogier si grant bunté
10/190 Quil le rota cheval monte.
La veissiez descomfiture
De cele gent oitre nature;
La veisFiez granz cops d'espees,
Piez e poinz e testes copees,
10690 Porfendues par oilz, par bûches,
Tanz cors morz gisanz cume chocfaes
Que nostre gent enpeecoient
Si que en som en trebuchoienf.
Bien i ferirent Poitevin,
io5oo Normant, Engleis e Angevin,
E li bon reis hardiz et pruz
Le faisoit bien par en sum tuz.
La veissiez des Turs tel glaive.
Tel. ne vit Fem el tens nostre aive,
io5o5 E furent mort e si aquis,
Ço fud bien seu e enquis,
C'uns petiz garz de povre pris
En peust tuer set ou dis.
La veissiez les sumettiers
loSio As serganz et as chevaliers
Venir prisons, e se rendeient,
E les granz chameilz lor teadeient
Par les cheveslres tuz chargiez,
Les muls, les mules, ço sachiez,
to5i5 Qui tanz aveirs de granz noblesces
Fol. 77 6. Portouent e tantes richesces,
Or e argent, pailles, samiz.
De la terre al seignor Damiz,
E mutabez e baudequins
loSao E ciglatons e osterins,
Casingans e coiites parpaintes,
E bêles vesteures cointes.
Bels pavillons e bêles tentes,
Manovrees 0 granz ententes,
10695 Bescuit, forment, orges, farines,
Letuaries e médecines,
Bacins, bucels e eskekiers,
E poz d'argent e chandeillers,
PeivTc e comin e çucre e cire,
io53o Tant que nel savreie redire.
Tantes espèces de maneres
E tantes autres choses chieres
E tantes bêles armeures,
Forze legieres e seures,
io535 E tel richece e tel aveir
Qu'il diseient illoc por veir
Conques el tens de nule guerre
N'ot tel guaing feit en la terre.
Quant la chenaille fud ocise
loo'jo E la riche carvane prise,
Mult aveient feit riche eskec;
Mais mult furent grevé illoc
Des chameilz cursiers assembler,
Que lote Tost firent trobler;
io5/i5 Car si durement s'en fuioient,
Quant cil a cheval les sivoient,
Ke Deus ne fist rien si ignele.
Cerf ne bise, daim ne gacele.
Que aconsivre les peust,
io55o S'un poi esluinë les eust;
Si distrent cil quis aunerent,
Qui sanz les serjanz les esmerent.
Que quatre mile e set cent ierent
Les chameilz quil i guainerent;
1 o555 E tanz i ot mules e mus
E tanz asnes portant seurs
Qu'il nés porent onques nombrer
Ne feseient fors encombrier;
E dient bien qu'en cele chace
io56o Que haut que bas que en la place
îtmerêrimm Hi-
CMrdi, VI , V.
Enom^tioD
d^aaiiiMQxeap
tarés et det en-
nemii tné».
Fol. 77 e.
10696 gisant fMn^, cxun — 10697 en pecoient — 10698 /«• êecond en manqn$ — 10607 Gom p. —
io5i7 p. e — io5i9 boUbciedaubequis — loSai E calingans e comtes p. — loSss veslures — loôaà egrani
— io53o8aueie — io53i Tances — io536 legien — io553Qualrei mile eviiic mars esmerent — so56oquen
383
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
88i
Itmerêiium Bi- i o 565
fitrii, VI , VI.
ParUgedu bu-
Ud.
La comte Henri
rrjoiDt Richard.
Fol. 77 d.
10570
10575
io58o
10585
1 0590
It'mtrarium Bi-
e*rdi , VI , VII.
Dëtespoir de
rhnnëc qu'on 10595
«npécbe de mar-
cher eon Ire Jrni-
Mlem.
Ot bien mort mil Turs a cheval
E set cenz qu'el mont que el val,
Estre cels a pië qu'il tuèrent,
Qui onques ne se remuèrent.
Lors errèrent par tels jornees
Com il aveient atornees,
Tant qu'il vindrent devant Betafe :
C'est a quatre liuues de Jaffe;
Lor guaing illoc départirent,
E quant d'iloques s'en partirent,
Si firent en lor retornee
A Rames lor autre jornce;
E l'ost repaira d'Acre illoques,
Li coens Henris, sesgenz oveques,
E vindrent tuit en l'ost ariere.
La veissiez joie pleniere
De la grant merveille qu'il virent
Des bestes qui l'ost raemplirent.
Li reis départi les chameilz.
Tant bels ne furent ven d'oilz,
As chevaliers qui l'ost gardèrent,
Alsi com a cels qui errèrent;
E muls e mules ensement
Lur départi il richement;
E toz les ânes as serjanz
Fist il doner, petiz e granz.
Eth vos l'ost de bestes si pleine
Que Ten les teneit a grant paine.
Mais les joefnes chameilz tuouent
E les chars volen tiers manjouent,
Car ele iert blanche et savoree
Quant ele iert rostie e lardée.
Quant les bestes furent donees
Par mi lost e abandonees.
Tant que li plnsor s'en plaignouent
Por l'orge qu'il encherissouenl.
Lors recomencerent a dire
Les genz qui aveient grant ire
Que Jérusalem n'aseoient,
10600 Car grant desirier en aveient;
E n'erent pas asseuré
Icil qui aveient juré
E esguardé que pasn'ireient,
Por lor conseil qu'il rediseient
io6o5 Que se la citië asejassent
Q'entur si poi d'ewe trovassent
Que cheval ne bestes béassent
Ne les genz, que li Turc peussent,
Senz meschief e sanz grant ahan;
10610 Car c'ert entur la seint Jehan,
Que la chalur tote rien sèche
En la terre, tele est sa teche;
E li Saraizin abatues
Aveient totes e fendues
1061 5 Les cisternes, por vérité,
De tut environ la citié;
Si que devant bones deus lues,
U nos n'avioms pais ne triuues,
Ne fust sanz grieve eve trovee,
10690 Ço soit l'em de verte provee.
Fors une mult petite ewette,
Qui curt desuz mont Olivete
En Josaphas, ço est Siloé;
Si ne fud pas par cels loé
10695 Q'entur la citié se meissent,
Ne k'en esté siège i feissent.
Quant la parole fud seue,
Descoverte e aconseuè.
Qu'en Jérusalem pas n'ireient
io63o E que il se retomereient ,
La veissiez gent tant dolente
Qu'il maudiseient celé atente
Ke il aveient atendue
E que tente i eurent tendue,
io635 Quant Jernsàlem n'iert assise
Ne ne poeit estre conquise ;
Fol. 78 fl.
io56a quel val — 10676 c ses ÇGfix — io58i cbeoals — 10689 ^^' fn&mqw — 10697 Loret —
10601 E cil — to6io vente — io63o qoil — io6d3 Kil ^— io636 poeiet
285
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAIKTE.
286
trmium Bi-
, VI , TIII.
Kffiealt^s
In Fran-
« dac de
JTOgne fait
aneehaaioa
« Richard,
»lai-€i r^
le par une
• chaniOD.
Fol. 78 6.
Car puia jor ne rovassent vivre
Que Jérusalem fust délivre.
Seigdor, or ne vos merveiiliez
106/io Si Deus ot en vain travilliez
Noz pèlerins si com deimes;
Car verlez fud que nos veimes
Parmeintes feiz quant herbergerent,
Al seir quant il d'errer las ierent,
io6/i5 Que li Franceis se departouent
Des autres genz e se tendouent
Tôt par els a une partie^
Si que Tost iert si départie
Que li uns por veir sanz mentir
io65o Ne Yoleit Tautre consentir;
Eiuz dist li uns : «rTu es itels,?)
Ë laulre a lui : irTu es iqueb;^
Et Henri li dux de Burgoine,
Ki mult enpoira la besoinè,
io655 Par surfeit e par gnant desrei
Fist fere une chançon del rei,
Si que la chançon fud vilaine
Ë de grant vilainie plaine,
Ë la chançon par Tost hanta.
10660 Que pot li reis s'il rechanta
De cels qui le coniraliouent
Par fine envie e ramponouent?
Ë de gent si desmesuree
N'iert ja bone chançon chantée
io665 N'ovraine feite que Deu voie,
Si com il fist a Tautre veie,
Quant Ântioche fud assise
E nostre gent par force enz mise,
Dont Ten reconte encor Testorie,
10670 De cels qui Deus dona victorie,
De Buiamont et de Tancrë,
C'erent pèlerin esmeré,
E de Godefreide Buillun,
I
Ë de hauz princes de grant non,
10675 E des autres qui lors i furent,
Qui el Deu servise s'esmui'ent,
Tant qu il lor rendi lor servise
A lur grë et a lur devise
E lor ovraines suzhauça
1 0680 Par tantes feiz et eshauça ,
Ë eus e totes lor lignées;
Si en sunt encore eshaucees.
Dis jorz ou duze, que ne mente,
Au veir dire, a la meie entente,
io685 Puis que la carvane fud prise,
Sujorna lost eu itel guise
Cum vos m*avez oi cunter;
Ë quant a rien ne pot monter
Por nul travail qu'il i meissent
10690 Que le sépulcre requeissent
Dont a quatre liuues esteient,
Ë dont grant doel es cuers aveient.
Si s'en retomerent ariere
Od tel desbeit e od tel chiere
10695 Que suz ciel de gent si eslite
N'ot plus mate ne desconfite.
Lur ariere guarde establirent;
Ë si tost com il se partirent,
Ë li Sarazin acururent
10700 De la montaine e les parsurent,
Tant que un serjant nos ocistrent;
Mais cil qui es bons chevais sistreut
Les reuserent e chacierent.
Puis errèrent e ohevalchierent
10705 Tresque entre Saint Jorge e Rames;
Ë icel jor que nos errâmes
Ot cine anz senz plus que la terre
Rot esté perdue par guerre.
Li Franceis furent a senestre,
10710 E lireis e sa gent a deaire;
IHneratiwm i?S-
earii, VI, ix.
Retraite des
rhrétif ns (& jaii-
l4>t a 19a).
Fol. 78 c.
10689 ore — io64i no» deimes — 106 43 quant il — io6/i4 quant ils errèrent — 10659 Car la —
10661 le manqué — io665 Noueraine — 16669 encore — 1067a Vêrê répété dam le m$. — 10675 lores
— 10676 Qui deu seruirent et munirent — 10681 E il e t. — io68d que jo ne — 10689 ^ ><MM^ — *
1069Â e mtuiquê — 10698 actirerent — 10709 tiatret — 10707 cent ani — 10709 lurent
287
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
388
Ittmerwrimm Ai-
CÊréi, VI, X.
Saladio réunit
ODlès ies forcer.
Fol. 78 d.
E reodemain, quanl ii errereot,
Tôt autresi se devisèrent.
Devant Chasel Meien revindrent,
E se tendirent e se tindrent,
10715 Et tels i ot s'en départirent
Et a Jaffe s'en revertirent
Por Tenui e por la poverle
Qu il aveienl en Tost sofferte.
Quant Salahadin sot de veir
107^0 Que noz genz nul conseil aveir
Ne porent fors d'aler ariere,
Lors ol joie e fist bêle chiere,
E fist chau pas ses briefs escrire,
E prist meint messagier délivre;
107^25 Si manda as Turs qui Tamouent
Que ii crislien s'en alouent,
E que tut erent a descorde
E départi sanz point d'acorde;
E qui voldreit de son aveir
10730 Venist, se il en voleit aveir,
En Jérusalem a soudées.
Elh vos la tant genz assemblées.
Que dedenz que dehors la vile ,
Ke esmë furent bien a vint mile,
10735 Turs a cheval e bien arme,
Estre cels de pië ki esmé
Ne peussent de legier esire,
Qui tuit saveient bien noslre estre,
E ki mult bien le nos mustrerent
10760
Itimmmrimm Bi-
emrii, VI, xi.
Richard de-
mande one tréte
wn* Tobtenir.
Si tost com noz genz relomerent
Illoc ou noz genz surjornerenl.
De jur en jur s'en revenouent
Por le desheit e s'en partouent,
10765 E a Jafle s'en retomouent.
Que trop povre vie menouent;
E quant Ii reis les vit retraire
E qu'il ne poeit a chief traire
De mener l'ost a droite voie,
10750 E sur ço plus que vos diroie?
Fors qu'il manda a Saffadin
Qu'il parlast a Salahadin,
E Ii feist par tens saveir
Se ii poreit la triuue aveir
10755 Qu'il lui offri as plains de Rames,
Issi com nos le vos contâmes.
Tant qu'il revenist de sa terre;
Il l'ala al soldan requere :
Mais il sot nostre retornee
10760 De la premeraine jornee;
Si ne Ii Volt solement onques
Les triuues otrier idonques ,
S' Escalone n'iert abatue.
Eth vos la novele esbatue
10765 De si qu'au rei a l'ost ariere.
Qui onc n'en fist semblant ne chiere,
N'onques nés en veit escoltier;
Einz comanda chau pas monter
Que Templiers, que Hospitaliers. Fol. 79 a.
10770 Ke autres trois cent chevaliers;
Si comanda qu'il abatissent
Le Daron, e que il feissent
Prendre d'Escalone grant garde
Que il n'en perdist par mesgarde.
10775 Cil alerent e l'abatirent,
E puis a l'ost s'en revertirent,
E revint l'ost a Jafle ariere,
Pesante e od pensive chiere,
£ de Jafle a Acre erraument;
10780 Mais mult remist a Jafle gent
Seine e malade, après la rote.
Qui puis i furent a grant dote.
Eth vos a Acre revenue
L'ost par la ou ele ert venue ,
10785 Mate e comfuse, un diemaine;
Mais issi veit qui pechié maine.
Riebaid («it
détruire le Di-
roB« forliicr
Aacaloo H n-
CoomeèAcrtpar
Jaft (tajoHM
ii9t).
10717 Par, par — 10711 del aler — 1073a gent — 107&3 se retornouent — 107/15 reveDouent — 10766
Qui, trop man^ — 10768 pot — 10754 Sil — 10756 corne — 10758 E ilala — 10766 Que — 10770 Kautres
— 10779 quil — 10776 Quil — 10776 E numqui — 10779 * Acremaii^ — 1078s Que — 10785 dimaine
289
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
290
trdi, VI, xn.
Saladia marcbe
»ntre Jaflà.
Fol. 79 6.
ituttrarÛÊm Ri-
trdi, VI, un.
Attaque de
iffa par Sala-
in (to juillet).
Si tost corne Salahadins
E li sons frères Saffadins
Seurent que nos nos départîmes
10790 De Jaffe, si com vos deimes,
E que nos nos en esloignames
Od tel deshet com nos contâmes,
Elh vos Tost semonse e banie
Des fieres genz de paenie;
10795 E ot bien donques li soldans
A cel termine e a cel tans
Turs a cheval plus de vint mile,
E si ot Tamirail de Bile,
Si i ot le filz le Hausasis,
10800 E admiralz bien cent e sis,
E gent de pië de la montaine,
Tant qu'el covroit tote la plaine.
Eth vos Tost tote descendue
De Jérusalem et tendue
io8o5 Es pleins de Rames ça aval;
La veissiez meint bel cheval.
Le demeinche, el jur meimes
Que a Acre nus revenimes,
Fud de Jaffe Tost atrovee
10810 De la pacne gent desvee,
E le lunsdi si assaillirent
Dehors es jardins s'encontrerent,
E tute jor les contresterent,
1081 5 Si qu onques cel jor n'aprismerent
Del chastel, tant les herdeierent.
Ne Tendemain qui fud marsdi,
Ne le tierc jor; mais le joesdi
Fud la vile entur asiegiee,
10890 E la gent dedenz trop gregiee;
E fist drescier quatre perieres
Salahadins forz e legieres
E dous mangonels a jetler;
E donc oissiez regreter
10835 As cristiens dedenz la vile.
Qui esteient plus de cinc mile.
Que sain que malade gisant,
Qui tut alouent regretant
E diseient: trHal reis d*Engletere,
io83o frQue es tu alez a Acre quere?
ffCrislienté, com iés faillie I?)
La veissiez gent assaillie
A tel force e od tel emprise,
E tant gent nafree e ocise,
io835 E si hardiement deffendre
E si tost monter e descendre
Que suz ciel n*ad riens quil veist
Qui trop grant pitië n'en preist.
Les perieres tozjorz jetèrent^
108&0 E li mangonel ne finerent;
Cil dedenz perieres aveient,
Mais aidier ne s'en saveient.
Fol. 79 c.
Li Turc jetèrent a la porte
Devers Jérusalem trop forte,
108^5 Tant que li arc de sus chairent,
Dont nostre gent mult s*esperdirent,
E le mur a destre trencherent :
Deus perches jus en trébuchèrent
Le jur de vendresdi sanz faille. u niie eat
io85o La veissiez dure bataille, [«o! * '
Quant li Turc en la vile entrèrent r
Achamaillé illoques erent;
Mais li Turc, qui tozjorz creissouent
Des conroizqui de Tost issouent,
io855 Crurent tant que il les perchierent,
E que contre mont les chacierent
Desqu'el Toron devant la tur.
La veissiez hisdos atur
Des malades qui se giseient
10860 Par les maisons, qu'il ocieient,
10787 com — 10788 £ sisfr. — 10790 si c dos to» — 10791 en numquê — 10799 come — 10796 donc
— 10809 quele — 10807 dim^che — 10809 troaee — io8id sis encontrerent — io83& tant i ot
gent nafre — io838 Que, grtnt manque — 10868 en manqué — io853 qui manque — io855 quil —
108 56 qui
>9
awftmctia satioiau.
291
L*ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
S9S
Dont il i ot maint bon martyr.
La veissiez genz departyr
E fuir s^en Yen la marine;
E la cruel gent sarazine
io8C5 Les maisons pristrent e pelfrerent,
E tresloz les blez en portèrent
E trestoz les vins espandirent.
Li un le Thoron assaillirent
Ou la gent Dampnedeu esteient,
10870 Qui durement se defendeient;
E li autre a la mer cunirent.
As nefs, as barges ki la furent,
Ou noz genz voleient vertir
Por ds salver e guarantir.
10875 La ot meint mort des dererains.
La vit Tem Auberi de Rains,
Fol. 79 d. Qui le chastel deveit guarder,
Si vilainement coarder
Qu'il îert entre en une barge
10880 Por fuir s'en par la mer large,
QuSnt li prodome Tescrierent
Tant que ariere ie retomerent,
£ mistrent a force el Thoron,
E tant qu'il dist : «Ici muron
I o885 ir Por Deu , quant autre ne puet estre. y*
LechAtcMf^ Tut eutur els, destre e senestrc.
Au pië dd Thoron assailleient
Tant Turc que il ne se saveient
De la quel partie défendre.
10890 La veisaîez pilez descendre
E chaoîr plus menu que gresle;
Pié a pië erent melle pelle.
Tote jor dura Teschcrmie,
Mais noz genz ne durassent mie
10896 As granz assalz ne a la grant charge,
Si Deus n'eust le patriarche
Novel feit feit illoc remaindre.
Qui por mûrir ne se veit faindre
De cela sauver qui illoc esteient
10900 Qui a la mort se eomhateient;
Einz manda a Salahadin,
Au iai^e,au vaillant Saraân,
E Saffadin qu'il l'en preiast.
Que une triuue lor otreiast
10905 Seulement desqu'a l'endemain;
E il pemeit la chose en main,
S'il n'aveient veu einz none
Ou genz d'Acre ou genz d'Escalone
Ou del rei Richart d'Engletere
10910 Qu'il aveient en veië quere,
K'il metreit son cors en ostage
E autres genz de grant parage
A mètre en fers ou en liens
Que chescon d'icek cristiens
10915 Qui el Thoron se combateient
A Salahadin paereient
Dis besauz d'or deu tensemeat^
E les femes tut ensement
Chescone doreit cinc besanz,
10930 E trois por les petiz «nfimz.
Issi com il le demanda
Et Salahadins comanda
Qu'il fust afié e tenu.
Eth vos le messagier venn ,
10990 Eth vos la triuue graantee
Ë la chose issi arestee:
As Turs deus ostages livrèrent,
Ki od le patriarche alerent:
Ço fud Auberiz e Tiebauz
10980 De Treies, qui iert preoz e bauz,
Un serjant le conte Henri,
Qui le son peire aveit nurri ,
E d'autres en i pot avoir
Dont jo ne poi les nous savoir.
Fol. 80 a.
10861 ot manqvê'^ 1086/i croele — 10876 de deraim — 10876 «abri— 10881 11 Mènerait io898 quil
— ' 10889 Itqucle— 10894 ne demorMBenl— 1 0896 ne «1 (pr. — 10897 ^ '^cond feii tiumfm ^ lùg9^ veu
wumqnê — 10908 le aecond gent iinpi^ — 10917 denteotement — 10996 gnntee — 10999
10930 treis — 10989 le manque
295
UESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
296
Si qu'il furent illoc assis :
Ço estoii le filz al Hausasis,
iioi5 Qui ert entre Arsur e Cesaire.
Devers la mer d'un vent contraire
Noz autres genz sunt destorbees,
E li rois e ces des gualees,
Si que de Ireis jorz ne se murent
tooao De soz Chaiphas ou il jurent,
E que li reis diseit : «r Merci,
r Deu I por quoi me tenez ici ?
ff Ja vois je en vostre serviseliî
Mais Dampnedeus par sa franchise
11035 Lor envoia un vent de boire,
Qui le mena o tôt s*estoire
Al port de Jafle al vendresdi
Tart e par nuit; le samedi
Fust la triuue a none faillie,
iio3o E la gent morte e malbaillie
E a mort e a doel livrée,
Si Deu ne Teust délivrée
Par le rei issi failement
Com nos vos conterons briefmenl.
iio35 Le preuz rois e ses genz menbrees
Orent geu en lor gualees
Tote la nuit del samedi
S'arma e ses genz ensement.
Il 060 Or si orez deu tensement,
Come la vile estoit tensee
De traison e porparlee.
Que li Turc orent porpensé
Vers cels qui s'estoient tensë
110&5 Por les besanz que il pramistreni.
A paier le matin les mistrent,
Fol. 81a. E si paioient ja al main.
Et li Sarazin tôt de plain,
Ensi come cil les paioient,
iio5o Et il les testes lor trenchoienl.
Si quidoient ovrer molt bien ;
Mais honie soit foi de chien !
Ja en avoient set tuez
E en une fosse estroez,
iio55 Quant cil del Thoron s'aperçurent;
Si contèrent cil qui la furent
Que illoc veissiez dolz ator.
Sus el Thoron devant la tur.
De la peor que cil avoient
11060 Qui a la mort jugië estoient;
La veissiez tanz genz plorer,
E meire a genoilz e orer
Faire conf&s e copes batre,
E cil dehors dedenz abatre
iio65 En la presse grant de la gent
Por morir dererainement :
Quar toie rien, quant mort la chace,
Quiert un poi de tens e d'espace.
Ja atendoient lor martire :
11070 Si pouns bien por verte dire
Que illoc ot tels lermes plorees
Que a Deu erent savorees;
Car els venoient de destresce
De mort e de la parfondesce
11075 De lur cuer, que a lui tendoient.
Ensi com il mort atendoient.
Et il n'i avoit nule atente
Fors de morir a lor entente,
Eht vos li Turc qui aperçurent
11080 Les gualees qui el port furent:
Le rivage tôt contre val
Vinrent a pië e a cheval,
m-
[, VI , XT.
Richard déliTre
le châtera et U
▼iUe de JaSk
(t*'aodt it9t).
iioi5 e. asur e « cesaire — 11016 mer uns venx — 11017 Ou noi — 11018 E manfU9 — 11097 le v.
— iioag Fu — iioAo Ore — iio4i Com — iio43 poipensee — 11066 tensee — iio45 qui! pre-
mistrent — 11066 A lor paine I. — 11067 ja a fin — 11069 com, les man^ê — iio59 boni — iio55 cil
manque — 11066 derainement — 11068 de tens e manqué — 11070 vente — 11071 or^nt tdes —
11079 orent — 11073 eles — 11075 qua — 11076 mort moii^tf* — 11077 forsdatente — 11078 de lor e.
•—11089 Vint
297
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
298
Fol. 81 b. Que la marine en fu si plaine
Que il i porent a grant paine.
iio85 Roeles avoient e larges,
E traoient desi qu'as barges
E tresqu as galees le roi.
La veissiez tant fier desroi
De cels qui a cheval estoient,
11090 Qui dedenz la mer s'enbatoient
E traoient a estriver
Que il ne peusseut ariver,
E li preus Richarz, ço me semble,
Toz ses veissels atrait ensemble
11095 Por parler a sa compaignie.
Lors dist a sa chevalerie :
(T Gentilz ehevaler, que feroms ?
frirom nos ou ariveroms,
(rOu coment le porom nos faire ?7>
11100 Si fu donc itele l'affaire
Qu il ot d'itels qui respondireut
Que a lor avis entendirent
Que nient n'estoit de Tenprendre
De Tariver ne del port prendre;
1 1 io5 Car tuit quidouent sanz devise
La gent del chastel fust ocise.
Endementers qu'il enqueroient
Saveir mon s'il ariveroient,
Eth vos que li rois d'Engletere
11110 Vit saillir en mer de la terre
Un provoire messe chantant
Qui vint al roi toi droit noant,
Quil recoilli en sa gualee.
Cil li dist : tr Gentilz rois, alee
1 1 1 1 5 «r Est la gent que vos atent ci ,
trSe Deus e vos n'en ait merci. ?>
Fol. Sic. ^ ÇomentfT) dist li rois, tt biaus amis?
(tVit en mes nul? ou sunt il mis??)
(tSire, oil : devant celé tor
1 1 1 ao « Atendent lor mort tôt entor. ■»
Si tost com li rois entendi
Que si estoit, plus n'atendi;
Lors dist : (r Deus nos fist ça venir
ffPor soffrir mort e sostenir;
11135 (tE quant morir nos i covient,
frHoniz soit qui ore n'en vient lu
Lors fist traire avant ses galees;
Ses jambes totes désarmées,
Sailli des ci qu'a la çainture
iiiSo En mer 0 sa bone aventure,
E vint a force a tere sesche
Secont ou prims, ço fu sa teche.
Giefroi del Bois e de Prefafs
Pierre, li preu e li reaus,
iii35 E tuit li autre après saillirent.
As Turs vindrent, sis assaillirent.
Dont la marine en esteit plaine;
E li fM*euz reis sis cors demaine
Les ocioit 0 s'arbaleste,
iii&o E sa preuz gent hardie e preste
Par les rivages les sivoient.
Li Turc devant lui s'en fuioient,
Qu'il n'i osoient aprisroier;
Et il mist main al brant d'acier,
iii/i5 Si lor curut en corant sore,
E les hasta si a celé bore
Qu'il n'orent leissir d'els défendre,
Ne ne l'osèrent plus atendre
Ne sa compagnie esprovee,
iii5o Quis fereit come gent desvee.
Tant les ferirent e hasterent
Que la marine délivrèrent
Des Turs e que toz hors les mistrent. Fol. 81 d.
E donques après ço si pristrent
iii55 Toneals e fuz e planches larges
E vielz galees e vielz barges.
1108& ifnanqw — iiogS E li preai rois — 11099 nos manque — 11100 itel — iiios atendirent —
itii5 Est nuauptê — iii95 E manque — iii3o et sa boue — iii39 ou premiers — iiiSS e manque
— 11137 en ert p. — 11139 ouec sarbleste — iiià8 Ne len 0. — 11169 compaigne — ]ii5o com --•
iii5i hastirent — iii53 que manque — iii5Â çommm^
299
L*ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
300
Sin estoperent la marine
Entr*el8 e la gent saraiine;
E i mist li rois chevalers
1 M 60 E serjanz e arbalesters
Qai as Sarazins paletoient;
E il braoient e huoient
E s'en partoient a enrii.
Puis monta li rois une viz
1 1 165 Qui Teit en Tostel as Templiers :
Illoc entra il tôt premier»
E se mist a force en la vile,
E trora bien plus de treis mile
Saracins qui tôt eissilloient
11170 Le efaastel etot en portoient;
E li plus hardiz rois del mont,
Ricbarz, des qu'il fu sus a mont,
Fist ses banieres desploier,
E les fist a mont entoier
11175 As cristiens tant qu'il les virent;
E si tost com il les choisirent,
cr Saint sépulcre In tait escrierent,
Lor armes pristrent, si s'armèrent,
E si ne demorerent mie.
1 1 180 Eht vos l'ost paiene estormie
Quant il Tirent not gent descendre :
La Teissez tanz Turs estendre.
Que li rois a tere estendoiti
Nus a son eop ne l'atendoit
iii85 Que sa vie n'en fost alee.
Eth vos nostre gent avalée
Fol. 89 a. Tôt contre val par mi les nies.
Le veisBÎei gent confutidiiea
El oeises e deirenchiees;
iit^o La fvrent les plaies vengées
Des malades que il tro^rent
Dedena la vile, qu'il tuèrent,
Qui ne se pooient movoir.
La veissiez genz aplovoir
1 1 195 E Sarazins litrer a honte.
Que vos feroie jo long conte?
Fors que tant com en aconsuirent
De cels qui en la vile furent,
Qui a lens eissir ne se porent,
1 1900 Que cela erralment tuë orent.
Eth vos la vile délivrée
Et gent a grant honte livrée.
Li rois après els s'en eissi ,
Que le jor en ot feit ensi,
ii9o5 E n'a voit lorsque treis che vais;
Qu'onques neis en Roneevals
Nus hom ne joefnes n'anciens
Ne Sarazins ne cristiens
Ne se contint a sa manière;
1 1910 Car quant lors virent sa baniere,
Si frémirent destre e senestre.
La ne volsist nul coart estre,
Que Deu ne fist ne neif ne pluie,
Quant ele cbet tant qu'ele henuie,
ii9i5 Qui chiece plus espesement
Que pilet plus menuement
E quarel illuc ne pleusent,
E que plus entr'els n'en eussent.
Eth vos ta Dovele aportee
11990 A Salebadin e contée
Que sa gent si ert assaillie;
E i), la persone failKe ,
Qui estoil plus irez que lens.
Dut estre de peur fevreos ;
11995 Si n'osa iHoc plus atendre,
Aînz fist ses paveillons destendre
E ses tries sus es plains ariere;
E li rois e sa preuz gent fiere
Tant les sivirenl e chacerent
1 1 93o E ferirent e enchaucerent
Fol. Sa 6.
11160 «rbletters — 11169 ^' — ^^'77 ^^ mmufm — inSt tHiz mimqm — iiiSft Qae tons —
tiiëf oeises e-— 11191 quil — i>«97 com coowirMit^-^iiiOo taé«MMf«e — titoâ en M— 11*07 Nos,
ne fMNfw — ii9f6 Qae It pilet -« 11990 B st^bidint-^ iiiif ta mmifÊe — ^ 1199a Dewt, feUtefoui —
11997 ^ "lon^ — 11998 preude — ii9do ei
r 301 L'KSTOIRE DE LA
GUERRE SAINTE. a02
^H
As arbalestiers qui» Teroient,
Ce fu un jor d'nn samedi.
Qui lor cbevals ior ocioienl.
Selonc l'esloire que jo di,
"il Md.'n^ 1
E tant encliaucerent e tresireut
Que la vile fu recovree
lu» Knl nUléf ^M
Que deus grani liuues Be retrestrenl ;
1 U70 E des Saraïins délivrée.
><>i«il éfoit*-- ^M
1 1 135 E II rois se list sempres tendre
Que merveille» i orenl l'aites
■
1 La ou Salcihadins a(endr«
E qui loijnrE seront retraites.
^M
Car il oreot Jaiïe reprise.
^^^^Ê
1' La se tendi Bîclian li maines.
E la gent cresLiene ocise
^^^^M
\. Quant cele jornee Tu iail«
11273 Malade qu'il orent irovee;
^^^^M
i n'j'.û E l'oBt des Tores se fu relraite,
Si fu la vérité provee
^^^^M
l L'ost iert honîe e vergondee
Que gent de ]iié l'ont reusee,
Qu'en la vile tanz pors Iroverent,
^^^^M
Que il ocisireol a tuèrent.
^^^^M
Que si petit d'eforz avoient
Que ço fu une enfmili;
^^^^1
Contre Uni Tmcs com il esloient.
1 laSo E ço est sen de vérité
^^^^^1
in^ô Fors lanl que Deus i ot main mise,
Que char de pore il ne manjuent,
^^^H
Que sa gent ne fust pas malmiBe.
b) por ço volentiers les luent :
^^^^H
Este» vos <,ue Saleliadins
Ne heeut plus rien lerrieue.
^^^^^1
PisI apder se^^ Saraizins
Ei despit de fei cristiene ;
^^^^1
E les Turcs de plus haut ostace.
iiï85 Si avoient mise mellei
^^^^1
iiaSo Si lor demande :trQui vos ctace?
La gent e les pors lez a lei;
^^^^1
I> (tEsl donc i'ûsl d'Acre reloraee
Mais li crislion les cors pristrent.
^^^^H
r-Que si a ma gentatornee?
Cii qui por Deu s'en entreaùstrent ,
^^^^H
tSudI if a pié ou a cheval
Les cristiens tôt enlererent
^^^^^1
1 " Cil qui venoient contre lal î «
^^^H
r 11355 Tant c'un traîtres quii snvoil.
Qu'au samedi ocis avoient
^^^^^1
Ë qui le roi veu avoit :
Ovec les pors, qui tant puoient
^^^H
Fol. Sa c. "Sire, chevalcheure nule
Qu'il ne pooient endurer.
^^^^^1
"Font ilod els, cheval ne mule,
Elh vos que li rois QsL ovrer
Sa ^^H^l
tFors que li rois, Il bon vassals.
11195 Le diemainee le lundi
IUttrmm-Ri- ^M
ii»6o itTrova en Jaffe treis chefals :
AlmurdeJaiTeeiemarsdi,
~1L !!ùr!'"'= ^
\ s Itanl i a e puet avoir
La ou le virent depecîé.
HB, «ni rip.- ■
) "E neient plus por nui avoir;
Tant que auqties l'orent redrescié.
■*■
itE s'il icrt quil volsist enprendre.
Come sanz chaiz e sauz mortier.
• L'on poroit lui e son cors prendre.
ii3oD A défendre s'en fustmesUer;
mq65 rrË sans guairesi mètre entente.
Mais l'ost iert par dehors es tentes
«Que il gist Ut sels en sa tente-n
Ou plus orent de graiu atentes.
ii33i arblcalier» — i laSS Ptaimcs — iiiSQiceif?
— iiaioBert— iia&i iert mançu» — iiiÙ.lpetii
— i.9Û7Elh— Ma5.Eth — i.!iS* qui »««(•.—
ti9â7 S. iwlal OKilDemule— iisb% cboiiilier m^m
ue — 11*66 Qiij g. — 11168 di d — 11973 priw
«tuoMnl— na85Simartîiu — llî88enl«m^nH~
. iiagSdimaine — iiagG As murs, mecreHii — iia^i
J Coui — 1 i3oi M, iwt - 1 t3o)i graut
^
303
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
30&
m-
K,VI,m.
LesTurctpro»
jettent de inr- ii3o5
prendre Richard
dans M tente.
1 l3lO
ll3l5
/n'jMrertWN K-
ernrH, VI, u.
Henri de
Champagne ar- uSao
rire de Césarëe
h Jafb.
1 1335
ii33o
Fol. 83 a.
11335
Li Mamelon Salehadin,
Cil de Halape e li Cordin,
La le{jiere bachelerie
De la paiene geut haie,
A un parlement s'asemblerent,
E distrent tuit que honiz erent
Que por tant gent guerpi avoienl
Jaffe corne )i nostrc estoient,
E qu'il n*avoient nul cheval.
Co distrent a mont e a val
Enir'els tant qu'il s'entrcfierent
E tant que illoc se vantèrent
Qu'en sa tente le roi prendroient
E que a Saleadin le menroient,
E fu Tovre ensi affiee.
Eth vos que en une gualee
Vint li cuens Henris de Champaine
De Cesaire, il e sa compaigne.
L'ost ert a Cesaire venue,
E s'iert mal gré suen détenue
Por les Sarazins qui guardouent
Les flums e qui les pas guaitoient,
Si que li rois secors ne aie
N'ot de tote lor compaignie
Fors seul de son neveu le conte.
Onques n'i pot avoir par conte,
A trespasscr la fort jornee
Que hom li avoit alornoe,
Fors que tant seulement cinquante
Chevalers ou al plus seisantc,
E serjanz e arbalestiers
Preuz e seurs de lor mestiers,
E gent de Genve e gent de Pise
Qui por Deu s'ert illoc promise»
E autre genz entre deus mile;
Ne illoc puis que rescust la vile,
Ne pot aveir quinze chevals
ii3/io 'Assemblez entre bons e mais.
Dont il ot puis si grant sofraite
Que sa gent fust perie et fraite
Se Deu ne Teust guaranlie
Des Turs e de lor aatie.
1 i3/i5 Ore orez une grant merveille,
Dont tôt li mondes s'esmerveille,
Que nostre gent fust tote prise,
Le mecresdi, par celé emprise
Que cil durent prendre le roi,
]i35o Si Deu n'en eust pris conroi.
La nuit, a bore de matines
Montèrent les genz sarazines,
Si conreerent lor batailles,
E puis lacierent lor ventailles
1 1355 E chevalcberent a la lune.
Iloques fist Dampnedeus une
De ses glorioses bontés,
E bien doit estre recontez
Quant il fait une bêle ovraine.
ii3Go Estes les vos a val la plaine,
Chevalchant tut sereement;
E Dampnedeus nomeement
Leva entr'els unes tençons
Des Cordins e des Mamelons,
ii365 Saveir mon li quels descendroient
A pië e noz genz atendroient
Qu'il ne peussent reverUr
Al chastel por els guarantir.
Cbescons disoit : (rVos descendroiz,
11370 ff Mes vos. li «f Mes vos. y» «r Mes vos , c'est
[droiz;
frNos devon mielz estre a cheval.^
E vindrent tençant contre val,
E tant dura l'estrif illoques
Des uns et des autres ovecques
11375 Qu'il orent le cler jor veu,
FoL 83 h.
ii3o9 tant de gent — ii3io com — ii3i3-ii3i& interverti» — ii3i& E maMjne, nutntereot —
ii3i8quen — iiSaa seucn — ii3a9 forte — iid3i tant man^ — 1 1333 arblasliers — iid35genato
de pise — 1 1337 genz bien entre — j i338 par quoi r. — 1 1339 P^^^ — ^ ^^^o Assembler — wZhZ dea
nen e. — ii3/i5 la gr. — 113/17 g. ne fui t. — iid66 tendroient
305
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
306
Si corne Deus lot porveu ;
E ii rois dormolt en sa tente.
Oiez belc aventure e gente
D'un Genevois qui s'iert levez
ii38o E ert a la berue alez
Tôt droit al point de Tenjorner.
Si com il voloit retomer,
Si oi les Turs qui venoieni
E vit les hiaumes qui lusoient,
11385 Si corne son chief abeissa ;
Onquëb puis sa voiz ne cessa
De crier que noz genz s'armassent
E que tuit a armes alassent;
E li rois del cri s'esveilla ,
iiBgo Qui le jor puis mult traveilla.
De son lit sailli sus en piez
E vesti, si com jo suspiez,
Un blanc bauberc fort e tenant;
Si comanda de mantenant
1 1395 Ses compaignons a esveillier;
Si ne fait pas a merveillier
Se de si faite suzpresture
Ot illoques contrepresture
A els vestir e a armer;
1 1/100 Car jo vos puis bien afermer
Quil furent si hasté illoques,
Le roi e assez autre oveques,
Que jambes désarmées nues
Fol. 83 c. E descovertes fors des nues,
iiâo5 E tels i ot tôt nuz sanz braies,
Qui i orent assauz e plaies,
Se combatirent a jornee ;
Sis greva plus qu'autre rien née.
Si corne nostre gent s'armoient,
11610 E li Sarazin apresmoient.
Eth vos que li rois fu montez,
E n ot 0 li d'omes contez
idMTWNNM ro>
rH, VI, xui.
Combtts. Bi-
oiu d« Richard
d« set comp«-
lOOt.
Fors dis a cbeval seulement;
Si dit Testoire finement
11 Al 5 Que li quens Henris de Champaigne
Fu a cbeval e sa compaigne;
Si i fu li quens de Leicestrê,
Roberz, qui bien i deveit estre;
E Bertelmeu de Mortemer
iiAao Fu a cheval, al men esmer;
Si i fu de Mallion Raols,
Qui onc ne fu d'armes saols;
Si i fu de Cbavigni Andreus,
Qui fort e preu fu a estreus ;
ii/iâ5 Si i fu Girard de Fornival
Oveques le roi a cheval;
Si i fu Rogiers de Saci ,
Qui sist en un povre ronci;
Si i fu Guillames de l'Estanc,
ii/i3o Qui ot un cheval trop estanc;
Si i fu Hue de Noefvile,
Un ardi serjant e nobile.
Henri le Tyois el conroi
Portoit la baniere le roi.
11 635 Eth vos nostre gent conreee
Contre l'ost cruel desreee ,
E par batailles establie ,
Chescone a sa conestablie.
Li cbevalers sor la marine
1 16/10 Furent por la gent sarazine
Vers Saint Nicbolas sor senestre :
lUoques lor convenoit estre
Quar li plus des Turs se traioient
E taburoienl e braioient;
tihtib E par devant lor cortillages
Ot mis genz de plusors lignages :
Laot Pisanz e Geneveis;
Si ne seroit dit eneveis
Ne recontë les envaies
Fol. 83 d.
ii38o beni — ii385 com — iiSgg a manpu — 11/^09 autres — nàoS d. e nues — 11606 ven répété
ioMÎemt, — 11608 Si — 11 609 com — 11619 Eimm^ — 11699 onques — 11696 Ooec — 11697 sacie
— 11698 roncie — 11 63o trop numque — 1 1 635 com'ee — 1 1 636 cniele e desree — 11 660 Furen
90
nriniEBIt lATIOHAil.
307
L*ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
308
1 1 65o Que il oreni des geni haies.
Li Turc comencerent a traire,
A huer, a crier, a braire;
La Teissiez merveilles dreites
E noz bones genz mull destreites :
11^55 A geneiilons s*agenoillerent,
E targes e escuz drescierent
Devant els, en lor mains lor glaives;
E li rois qui d*armes ert saives
Fist desoz les targes mucier
ii/ir)o Entre deus un arbaleslier
E un home qui li lendoit
S'arbalesie, e il li rendoit
Quant il lali avoit tendue :
Par ço fu Tost mult défendue.
11 665 Ensi s'estoient arestë.
Or ne doit pas estre doté
Que cil qui en tel plait estoient
Contre tanz Turs corne veoient
N'eussent peor de lor testes;
1 1/170 Si fu si voir corn vos ci estes
Que li rois ala reerchant
Les chevalers e preeschant ,
E Johans de Preals ovecques
Lor aloit sermonantiloques,
11/175 E disoieut: trOre i parra,
rr Tant corne Deus son cors guarra,
(T Qui se penera de bien faire,
ft Qu'ore n'i a mes autre affaire
tr Fors de noz cors richement vendre
Fol. 8/i a. 11680 (tË de nostre martire étendre,
«t Quant Deus le nos a envoie.
'tOr sûmes nos droit avoié,
«r Quant il par sa bonté meismes
T Nos doue ço que nos queimes.
ii/i85 rCi gisent noz droites soudées.^
Eth vos les batailles fermées
E les conreiz des Turs venir,
E nostre gent tozjorz tenir
Lor jambes el sablon fichées,
11/190 Totesles laoces esloignees,
E apresté de recevoir.
Eth vos les batailles movoir
De la fause gent sarazine
0 tel freinte e od tel ravine
1 1695 Que si nostre gent se meussenl.
Que tôt trespereiez les eussent,
Ë avoit bien, que jo n'i faille,
Mil Turs en chescone bataille;
E quant a meismes d*els furent
1 1000 Et il virent qu'il ne se murent,
Res a res d'els en sus guenchirent;
E arbalestiers destendirent,
Que li Turc n*oserent étendre;
Et il les faisoient estendre:
1 1 5o5 Es cors e es chevals feroient;
E les esehieles revenoient
' E autre foiz les reproçoient
E flatisoient e tornoient,
E plusors foiz ensi le firent.
1 1 5io E quant li rois e sa gent virent
Cels qui tant a cheval estoient
E que autrement ne feroient.
Les fers des glaives abeissiez,
S'i feri chescons esleissiez
1 i5i5 Enz en mi liu de la grant presse
De le mescreant gent adverse,
E si durement assemblèrent
Que trestat li conroi tremblèrent
Desi que a la tierce guarde.
ii5ao Estes vos que li rois reguarde,
Si vit cheoir illoc sor destre
Fol. 86 b.
1 i65o Quil — 1 1 659 cr. c a — 1 1656 mull manque — 1 1655 Ë a — 1 1660 deus e deus un arblastier
— 11661 que li — 11663 Sableste, li manque — 11 663 la manque — 11666 Ore — 11668 com —
11^79 prescbant — 11676 com — 11689 Ore — ii488 détenir — 11690 £ totes — 11A91 reuoir
— 11699 seft b. — 11695 g. ne m. — 11697 anoient — ii5o9 arblastiera — 1 i5i5 lin mon^iM — is5t6
ineacrcanle — 1 1 5i 9 qiia — 1 1 Si 0 Eth voe
« .
309
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
310
Fol. 86 e.
Le preu conte de Leicestre,
Qui del cheval ert abatuz
Es'estoit très bien combatuz,
1 iGaf) Quant H preuz reis Tala rescore.
La veissiez lanz Turs acorre
Droit a la baniere al lion I
Eth vos Baolâ de Mallion
Que H Turc en inenoient pris;
1 i53o E li rois son cheval de pris
Fiert des espérons es costez
Tant quil fn de lor mains estez.
En la presse iert li rois puissanz
Contre les Turs e les Persanz;
1 1535 Onques mes'om fieble ne forz
Ne fist en un jor tel eflbrz :
Car es Turs s*enbatoit dedenz,
E les fendoit desi qu'as deuz,
E tantes foiz s'i embati
ii5ào E a tanz cops s'en abati
E tant de ferir se greva
Que le cuir de ses mains creva.
Eth vos un Sarazin poignant,
E des autres Turs esloignant
1 i5/i5 Sor un destrier corant e rade :
C'ert li preuz Saffadin d'Arcade,
Cil qui fesoit les granz proesces
E les bontez e les largesces;
Cil vint poignant, si com jo dis,
ii55o 0 tôt deus chevals arabis
Qu il tramist al rei d'Engletere;
Si lui fist proier e requerre
Por ses proesces qu'il savoit
E por hardement qu'il avoit
] 1 555 Que par tel covent i montast,
Si Deu d'illoques l'en jetast
E sain e sauf, qu'il le veist,
Que aucon gueredon l'en feist :
Puis en ot il riches loîers;
1 i56o E li rois les prist volenters,
E dist encor meint autretel
De son enemi plus mortel
En prendroit il s'il en venoit
A tel besoing com il avoit
1 1565 Eth vos la bataille creue :
Onques tele ne fud veue;
Tote la terre esteit coverte
Des pilez a la gent coiverte.
Que il coillouent a braciees.
1 1 570 La veissiez tant genz blesciees
Que li galiot s'en fuirent
Es gualees dont il cissirent :
Qui en tel point fuit molt s avile.
Eth vos le cri devers la vile
11575 Que li Turc ia plain se metoient,
Qui noi genz sozprendre voloient
E par devant e par deriere;
E li preuz rois od sa baniere
I vint sei tierz de chevaliers
ii58o
E si tost com il i entra ,
En mi une voie encontra
Trois Turs de mult riche hemois,
E il les feri corne rois
11 585 E encontra si durement
Que il guaigna eraument
Deus chevals e les Turs ocist,
E les autres a force mist
Hors de la vile, e passa lor,
11590 E fist estoper des qu'en l'or
La porte par ont il entroient,
E mist gardes qui la gardoient.
Eth le vos tôt droit as galees
Ou ses genz s'en erent alees
1 1 595 Par grant peor e par destresce ;
E Richarz, le filz de proesce,
Les raloit toz encoragier,
/iMflwillMi?!-
em^, VI , izni.
Victoire 001»'
plète de Richard.
Fol. 8/1 d.
11 535 orne — ii5à6carcade — 115^7 le — ii555 par telmmu^ — 1 1 556 dilloc ne len — 1 1558 gue-
redon ne len — ii56i encore — 11 563 venoient — ii56& aaoient — 11569 Q^ — 11570 tantes —
11573 malt fauile — 11576 Que, noi manque — ii586 Quil — 11589 pwMst — 11693 les — 1-1596 Ricbas
90.
311
CESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
312
E refis! a terre nagier,
E les remis! !o! en comune,
11600 Si qu'il ne remis! en chescune
Des galees que cinc sans plus,
E s'en revint od le surplus
A Tosl, qui n^er! poin! reposée,
E lors fis! il la poinle osée :
ii6o5 Onques mes !ele ne fu fai!e.
Que il poins! en la gen! forfaite
Tan! en parfon! qu il le covrirent,
Si que nul de ses genz nel virent,
Si que por poi qu'il n'i aleren!,
11610 E qu'il ne se desconreeren!;
Sis eussoms tres!oz perduz :
Mais li reis nier! poin! esperduz,
Ainz feri avan! e! ariere.
Qu'il fesoi! ilioc !el chariere
11 61 5 D'une espee que il tenoi!
Que en quel liu qu'ele venoi!.
Fus! en cors ou fus! en cheval,
Qu'il delrenchoit tôt contre val.
La fist il le cop, ço me semble,
1 1690 Del braz e de la !es!e ensemble
D'un admirad armé de fer
Qu'il envoia droi! a enfer;
E par cel cop que li Turc virent
Si large place puis li firent
11699 Qu'il revint, merci Deu, sanz perte;
Mais sa persone ier! si cover!e,
Son cheval e ses covedures,
Des sae!es as genz oscures
Qu'il orent trait a entençon
ii63o Qu'il resembloit un heriçon.
Foi. H5 a. Ensi se vint de la bataille.
Qui dura tote jor a taille
Del matin jusqu'à l'avespree.
Si cruel e si destempree
11 635 Que si Deus n'eus! sustenue
Noslre gent, mar i fus! venue;
Voiremen! i fu, ço veimes,
Qaan! onques orne n'i perdîmes
Cel jor qu'un ou deus seulemen!,
116&0 E il perdiren! eralmen!
Plus de dis e cinc cen! chevals,
Qui gisoien! par mons, par vais,
E plus de set cent Turs oveques.
Qui toz gisoien! mor! illoques;
11665 Ne por toi cel lor gran! desroi
N'en meneren! il pas le roi,
Qui par devan! lôr genz haies
0! fei! ses granz chevaleries.
Si que !res!ui! s'en esbahirenl
i i65o De ses granz proesces qu'il virent.
E de tels qui 0 lui estoient
Qui desqu'a la mort se me!oient
QuantDampnedeusparsa franchise
Ot espemié en itel guise
11 655 Le roi e la gent cristiene
Del pueple e de la gen! paiene,
E l'os! se fu ariere !rai!e.
Une parole fu retraite
Que li soldans Salehadins
1 1660 Demanda a ses Sarazins
Par rampone de lor desroi :
frOu suntcil qui on! pris le roi?
«rOu es! cil qui le m'en ameine?i»
Un Turs d'une !erre loin!aine
11 665 Li dis! : trSire, jol vos dirai,
tr Si que de rien n'en men!irai.
trOnc mes !el om ne fu veux,
frSi preuz ne si aperceuz,
(tNe qui mielz sei! d'armes provez :
Foi. 85 h.
ii6o'j lores — 11606 Quil — 11609 Si manque, qui ni — 11610 ne manque — 11619 li nàs wianqme
— 11 61 5 quil — 11616 Quen — 11617 ^ ^^o"^ (usi manque — ii6ii3 icel — 11 634 le eeeond à manque —
11635 nel euftl — 11 636 i manque — J1637 deimes — 11639 fon unoa d. — 116A9 mont — ii6&5 cel
manque — 11666 Ne m. — 11668 gruu manque — 11660 Manda — ii663 en manque — 11667
Onques, ome — 11669 qui manque
313
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
3U
'i««r«nitM Ai-
K, VI, HT.
Maladie
hart).
de
1 1670 (t A toz les besoins iert trovez;
(tE mult nus nus eniremeîmes
(tE assez granz cops i meismes;
irMais onques nel poeismes prendre,
(rCar nus ne Tose a cop atendre,
1 1675 trTaut est hardiz e maniables.?)
Segnor, nel tenez mie a fables
Que li Turc bien nel coneusent
E que illoc pris ne l'eussent,
Ne fust Deus e ses granz visteces,
11680 Que il fist la tantes proesces
E tant soffri le jor illoques,
E li autre prodome ovecques,
Qu'il chairenlt en maladie
Près de la gent que Deus maudie,
11 685 Que del fes de celé besoigne,
Que des puors de la charoine
Dont la vile ert si t^orompue
E lor nature si rompue
Por un poi que tuit n'i munirent,
11690 E li rois e cil qui i furent.
lUoques ou li rois estoit
Malades, e lui mesestoit,
La li manda Salehadins
Qu'entre lui e ses Sarazius
i 1695 L'iroient la ou il ert prendre,
S*il les osoit illoc atendre;
E li rois li manda anoire.
Se ço peust savoir e croire,
Que il illoques Tatendroit,
11700 E que ilja en nul endroit,
Tant com peust sor piez ester
Ne sor ses genoilz arester,
Ne lui fuireit plein pië de terre :
Ë ensi ert prise la guerre,
Fol. 85 e. 11705 E Deus savoit bien Taisement
ii, VI, xsTi.
Saladjn mc-
• Richard de
ir la preodre.
Dont il paiioit si richement.
Lors remanda il par le conte
Henri (ce dist Testoire e conte)
A Cesaire por les Franceis,
11710 Gels qui erent venu ançois,
E por Tautre gent qu il venissent
E que la terre sustenissent;
Si lor manda de Tafiance,
Si lor manda la mesestance;
11715 Mais onques nel voldrent secure,
Ainz le leisserent tôt encure,
Se il n*eust la triuue pri^e.
Mais nul ne Ten deust emprendre,
11790 Car li Turc le venissent prendre
E de son cors li mescfaaist
E Eschalone il i perdist,
Que ele fust prise a drotnre -
E Sur e Acre en aventure.
11795 Li rois iert a Jaffe en dotance,
A uieschief e a mesestance.
Si se porpensa quil feroit,
E que d'iloc il s*en iroit
Por la vile qui iert enferme
11780 E qui n'estoit ne fort ne ferme*
Lors manda le conte Henri ^
Qui sa seror avoit nurri,
£ si manda por les Templiers^
Si manda les Ospitaliers,
11735 E lor ramentut son meschief
Qu'il aveit al cuer e al cbief,
E lor dist que li un alassent
A Escalone e la gardassent,
E li autre illoc remansissent
117&0 A Jaffe e bien guarde en preisent,
E il a Acre s'en vendroit
Richard ap-
pelle à ton le-
cours 1m Fran-
rais,qairefDaent
de tenir à son
aide.
11677 Equeyconoiseni — 11678 illoques — 1 1 679 grans mon^ — 11680 Qui) — i]685Qui del fel —
11687 iinumque — 11689 un manqué — 11696 les manque — 11697 ^ second li manque — 11698 Que se
— 11699 Quil — 11709 SOI ces genoilz ester — 11706 biennum^iie — 1 1707 il manqué — 11716 leis^ent —
11717 Sil — 11791 ^manque — 11799 il manque — 11798 Quele — 11798 Hmanque — 1 1 780 quil nestoit
ne forte — 11781 Lores — 11783 E manque — 11784 Si m. por les — 11787 lors — 11760 bien manque
Itànmwmm :Ri>
ciardi, VI, uni.
Richard est
contraint de si-
gner une trêve
de trois ans
( a septembre
119a).
»ii
L*ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
316
E medeciDe iUoc prendroît;
Fit ^^ 4. E dit que il ne pot ei faire.
Que To» diroie d'autre affaire?
117!:::' Fors que trestut s'en escondirent,
E t/it en trarers respondirent
Que ja chastel ne guarderoient
.Sanz lui. neo guarde oe seroient,
E ^'eu aierpDt sanz plus dire.
s 1700 Elit vos le roi eo trop grant ire.
Oatnt ii rois rit que tôt li mondes.
Qui n'est guaires iiaus ne mondes.
Lui fu tôt en trarers faiiliz,
Lors fu troblez e maubaiiliz
f 1 7^5 E durement desconseilliez.
Seignors, ne vos esmeneilliez
S'il fist del mielz que il savoit
Selonc le tens que il avoit :
Car qui crient honte e siut henur
117O0 Clioisist de deus mais le menor;
Si relt mielz une (riuue quere
Que leisser en péril la terre :
Car tuit li antre la letssoient,
E a lor nefs a plain aloient.
11765 Lors manda il a Saffadin,
Qui iert frères Salehadin,
Qui molt Tamoit por sa proesce,
Qu'il li porchaçast sanz peresce
\jSi meillor triuue qu'il poroit,
11770 E il devers lui la donroit.
E SaiTadin mult se pena,
E la parole tant mena
Que la iriuue fu devisee
De Salehadin e nomee,
11775 Par tel covent que Eschalone,
Qui mult ert contre sa corone ,
Seroit abatue e charoit,
E que nus ne la fermeroit
Devant treis anz, mais lor Teust
11780 E refeisl qui plus peust;
E Jaffe seroit refermée
E de cristiens repupiee;
E trestut Tautre plain pais.
Ou nus n'ert lores estais,
11785 Contre le mont e la marine,
Seroit en triuue eslable e fine ;
E qui la voidroii droit tenir
Que sauf aler e sauf venir
Poroit le sépulcre requere;
1 1 790 E que sans (reu par la terre
Iroient les marcheandises.
Ensi alerenl les devises
E ensi fu la triuue escrite
E reportée al rei e dite;
1 1795 E il qui estoit sanz aie
E si près de la gent haie,
E Tost ert al mains a deus liuues,
Prisl ensi faitement les triuues;
E qui autrement en diroit
11800 L'estoire, si en mentiroit.
Quant la triuue fu aportee
Al rei, e il Tôt creantee.
Quant vit que il ne pot el faire,
Lors ne pot son corage taire,
ii8o5 Ainz manda a Salehadin,
Oiant maint noble Sarazin,
E lui devisa par devise
Qu'il n'avoit celé triuue prise.
Ce seustil veraiement,
11810 Tresque a treis anz seulement.
L'un por aler s'en en sa terre,
L'autre por aveir gent e querre,
Le tierz por revenir e prendre
Fol. 86 «
iMUmrwnÊÊÊH nn
tmriij n , xino.
ÉchiBfe de
polilCMM dMva-
lereiqiMs entre
Riehard el S«-
ladin.
17/ia mescine — 11768 qui! — 11744 d* manqu» — 1175a ne Iiaus — 11757 quil — 11758 quil —
11759 aint hoiitc — 11764 E manqué — 11765 E lores — 11769 meillore — ^^111 Abatue seroit
— 11779 I' manque — 11780 E le r. — 1178s De cristiens e r. — 11788 plain pas — 11784 nos —
11787 qui si la — 11789 quere — 11790 que man^, triuae — 11798 E si f. — 11794 reporte — r
11796 Que si — 11797 Que lost — 11808 quii — 11808 naurat fors cde — 11811 s'ennum^tM
r,'fîSTO[llE DE LA GUERRE SAINTE.
318
La lerre s'il i'osoit ateiidre.
!i8i^ E li soudans lui remanda
Par ccis que il i coniarida
Que par la loi que il leuoit
E par le Deu qu'il snstenoit
Qu'il preiset Uni sa graul proesce
I iSio E sou graul cuer c eu vislcsce.
Que se la lerre esLeiL conquise
A son vivant en nule guise.
Que c'erl li princes qu'il savoit
De toi cels qu'il veu avoit
I i8i5 Qu'il mielz volsist qui la preist
Sor lui a Torce e couqueiât.
Eusi quida li rois ovrer,
E le sepulcie recovrer;
Mais ae viL pas ne u'entendoil
I i8;io Iço que a l'oil lui pendoit.
Quant ccle triuue fujuree
De deus parz c asseuree,
E les coveuances reirailes,
E les cbarties un furent faites,
I tHST) E li bons rcia s'en Gsl porter
Poi- lui guarlr e conforter
A Cbaypbas sor la marine.
Ou il prisl illuc médecine.
E ii Franceis qui sujomuient
iiS^io D'aler eu France desiroient
Que en lor peleriuage iroient ,
E la triuuc avoient blasmee,
E despite e meaaamee,
i E ne voldrenl JalTe rescore
Al besuing ne le roi sucore;
E quant ai roi fu fait savoir
Qu'il voloient conduit atoir
A faire ior pèlerinage,
1 1850 E li rois prisl iues son message.
Si manda a Salebadin
E H Tadmirald Saffudiu
Qu'il ne leissassent crislien
Aicr, joefne ne ancien,
ii855 En Jérusalem sanz SOS letres.
S'il voleient qu'il fusl lor detres
Ou sani les le conte Henri;
E i furent si très mari
Del mandement quant il le sorent
L 1 8(io Que li plusor a l'ainz qu'il porent
Se chargèrent e s'alornereat
E en France se retornereot.
Quant la presse fud départie
Des Franceis, la greignor partie.
itSG!i De cels qui le roi niautlisoienl
E qui plus deslorbi^ l'avoient,
Onques ne s'i pooit lier,
Ë lares Gat li rois crier
Que ses gens al sépulcre alasseat,
11870 E que lor offrendes portassent
A JafTe a l'aide des murs t'ere.
E que vos diretc altre afaire?
Fors que par très conestablîcs ,
Si com els furent cslabltes.
1 1H7:) Alorent el sépulcre ensemble.
L'un coneslable, ço me semble.
Si i fu Andreus de Cbavignié,
Si a peor moine a Cloignié;
E l'autre fu Raols Tessons,
iiHSo Qui mult amoil notes e .sons;
De Salesbtre li evesques,
Qui depuis fu faiz arcevesqucs.
Mena ladereraine rote;
Iço sai jo très bien sanz dote.
II US!) Quant cil des cliartres saisi furent,
Elh vos que li pèlerin murent,
E errèrent serré un turbc.
' IlSib quil, i NUHfiu — 1 1S17 quîl — iiSio E monçw — iiSad miuli nunfuf, quîl -> ii8>y 11'
MONftK — ii83o qua — iiH3^ en manqai — 11 835 bon» manqut — 118&0 [kder kd en — 118A&
mtninirr — 1 i85o luea nuauju* — i i85& oacien — 1 ib55 se» aian^iM — 1 18Ë7 ne m p. — 1 1870 t
porUMCtil — 1187A eles— 11&80 noces— 1 188« puis — ii8S3 derMoe ~ 1188A 00 — 11887 e"^'
319
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
320
Oiez come pcschié desturbe
Maintes gonz qui bien volent faire
11890 En maint liu e par maint affaire.
Fol. 86 tf. Es chemins par ou il erroient,
Es plains de Rame ou il passoient,
Eth vos que li baron parièrent
llloc ensemble e devisèrent
11895 Que Salehadin manderoient
En Jerusalcn qu'il venoient
Veoir le sépulcre e requere,
0 les briés le roi d'Englelerre.
Cil qui portèrent le message
1 1900 Erent niult prodome e mult sage,
Mais lor pechië ou lor peresce
Lor dut empeirer lor proesce.
Li uns fu de Roches Guillames,
En qui chief seoit bien li hiaumes;
1190,5 L'autre ierl Girard de Fornival,
E Pieres de Préals. A val
Les plains de Rames chevalcherent;
Tant errèrent e esploiterent
Qu'ai Thoron as Chevalers vindrent;
11910 La s'aresturent e se tindrent
For Saffadin que il queroient,
E son conduit aveir voleient;
Sifu verte qu'il se dormirent,
E si lonc demorer i firent
11915 Que après relevée abassee.
Si com la rôle errout seree ,
E avoicnt passe la plaigne,
E erent près de la montaigne ,
Ensi com il se regardèrent,
11990 Mis sire Andreus c cil qu'i erent,
Si virent cels qui lors venoient.
Qui message fere dévoient.
Quant il les virent e conurent.
Trestut esbai s'aresturent;
11935 Si oissiez dire as hauz homes :
rHa ! sire Deus, mar venu sûmes,
(T Si Sarazin nos aperceivent I
irVeez la cels venir qui nos doivent
(t Avant porter nostre message!
11980 rrNos n'erroms mie come sage;
rCar il apresme la vespree,
rrE celé gent desatempree
ffDe l'ost n'est mie départie.
frSi nos aloms celé partie,
11935 (tE nos n*i envoioms avant,
(rll nos vendront ja al devant,
irSi avroms les testes perdues;
(T E nos genz qui sunt esmeues
(tE nos sûmes tôt désarmé.^
11960 Li messagier furent blasmë,
E neporquant tant les proierent
Qu'el message les renvoierent,
E durement les hasta Tem.
Cil vindrent vers Jérusalem,
1 1966 E troverent dehors la vile
Des Turs logiez plus de deus mile.
L'amirail Saffadin tant quistrent
Qu'il le troverent, si lui distrent
•
Que nostre gent illoc venoient
11950 E que conduit lui requeroient,
E portoient Chartres del roi,
E qu'il en preist bon conroi.
Mais Saffiadin mult les reprist,
E dist que grant folie emprist
11955 E que fol conseil lor dona
Qui cele gent issi mena,
E que lor vies poi amoient.
Que sanz conduit issi erroient;
E parlèrent illoques tant
Fol. 87
11891 par manque — 1189a rmes — 11897 e quere — 11899 qui manque — 11900 prodom, le êêcond
iDult manque — 1 1901 le iecond ior manque — 1 190a li manque — 1 1905 Lautres — 1 1909 al cheotler —
11910 se manque — 11911 quil — 11918 vérité — 11916 E manque — 11916 come, ert — 11917 paisee
— 11990 Miflsires — 1199a Qui lor m. — 11996 venu manque — 11997 aprochoieut — 11998 dévoient
— 11933 qui nest — 119^7 tant manque — 119&8 et si — 11966 icele
321
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
822
'H, ?l , XXXII.
Les Turcs vru-
it tirer veo-
1 1960 Que il aloit ja annitant.
Eth vos la rôle illoc vernie,
De bon conseil e d'armes nue;
E quant li Sarazin les virent,
Tel chiere e tel semblant lor firent
Kol. 87 A. 1 J 965 Que por vérité Je vos di
Qu'en la rote n'ot si hardi
Qu'il ne volsisl od bêle cbiere
Estre a Sur ou a Acre ariere.
Dejosie un mur celé nuit jurent,
1 1970 Si sachiez que a grant dote furent;
^tmawriwm Ri- E Tendcmain li Sarazin
Vindrent devant Satehadin
E a ses piez s'agenoillerent.
M. saïadin Si lui rcquistreut e proierent,
""***• 1 1975 Si lui distrent : tt Ha I droit soudans,
crOre seroitbien droit e tens
crDe vengier nos de la maçacre
(tQue cist nos firent devant Acre.
crSire, lais nos vengier noz pères,
1 1980 (tNoz parenz, noz filz e noz frères,
(t Que cist ont mort e detrenchiez ;
<r Or puet chescons estre vengiez, -n
Il respondi, si en ot droit,
Que a ses amis en parleroit
1 1985 Devant le sondan s'asemblerent^
E estroitement en parlèrent.
La furent li haut Sarazin
E li Mestoms a Saffadin;
Si i fu Bedredin Dorderons,
11990 Si distrent : crSire, nos dirons
(tÇo qn'afiert a vostre hautesce.
tr Trop par sereit ço grant laidesce
(tE grant blasme a la loi paiene,
(rSe iceste gent cristiene
11995 (fQui ci est soz nostre poisanee
tt E qui croit en bone créance
ffEstoit si fftitement ocise
(rDedenz ço que la triuue est prise
<rDe nos e dei roi d'Engletere.
1 a 000 cr Cornent tendriez vos mes terre
rtSi vos faisiez tele fraiture
ïfEn nul sens por nule aventure? Foi. 87 •.
trE qui nos poroit ja meis croire î?) •
E Salehadins totanoire
i9oo5 Pristses seijânz e si manda
Por Saffadin , cui comanda
Que li cristien guardé fussent
E que son sauf conduit eussent
E al sépulcre e as veages
1 s 0 1 0 A faire lor pèlerinages ;
E assez plus les henorerent.
Tant que a Acre 8*en tornerent.
Ensi com il s'en retomerent, itUuntrimBi^
E cil de nostre route errèrent. '^' ^; ^"^
1901 5 Tôt droit el point de l'enjomer, depèitrios, doot
Lj Ai»'.. AmbroiM fait
L soudans ot fait atomer partie.
Sesgenz, qui les chemins guardoient
Quant li pèlerin trespassoient.
Si que aseur i trespassames
19090 E les montainessormontames,
E venimes a la monjoie.
Lors eûmes as cuers grant joie
De Jérusalem que veism^;
A terre a genouz nos meimes,
1909^ Si come tuît le font par dete;
Si veimes mont d'Olivete,*
La dont mut la procession
Quant Dens vint a sa passion.
Puis venimes vers la cite
i9o3o Ou Deus conquist son heritë.
Cil qui avant chevalchë eurent
Le sépulcre seint baissier porent;
Si nos dist la chevalerie
ii96oQiiil — 11969 emanque — ngôh hrnumqut — 11980 emanqne — 11983 Eilr. -^ 11985 aasem-
Ueroil — 1 1986 parierok — 1 1990 Si li — 1 1999 ço numqut — 1 1998 la manqué — 1 199& Si eeste — 1 1'996
cr. aucone cr. — 1 9006 qtt*il — 1 9008 E manqw — 1 toi 9 aifMM^, retoroerenl — 1 901 3 Si com — 1 9096
genoiJIons — 1 9016 com — 19096 le mont — 19098 Que — 1 9o3i avuit mon^ — i9o39 Lç s. aini ^
91
ntrftUIBMI lATtOllU.
338
L'BSTOIRE DE LA GUERRE &AINT&
SS4
Qui fu en noBitei compaignie
i9o35 Que cde sainte croiz sanz faille
Qui fu perdue en la bataille
Lot fist Saiehadins mostrer
E baissier la e aorer;
E nott autres qui a pië fumes
Fol. 87 d. ifloào Veimes ço que nos peumes :
Nos veismes le monument
Ou le cors Deu nomeement .
Fu mis quant la mort ol soflRérte.
La ot aucune oifrende offerte;
i9oâ5 Mais li saraiiini les pernoient
Quant nostre genz lès i melolenU
E por ço petit i offrîmes;
Car as cheitifs le départîmes
Que illoc estient en liens, •
iso5o E de Frans e de Sulieds.:
A cels portâmes nostre offirende,
Qui disoient : «Deu le lor rende ! 7)
Illoc esteoient en servage.
Puis feimes autre veage
iso55 Droit sur le mont CaWarie a destrc,
Ou cil murut qui deigna nestre,
lUoe oa la croix fu fichée
E la sein te char clofichee,
Car la roche se depesça
1S060 E fendi desqu en Golgatha.
Cel leu veimes e baisâmes;
E d'iloc si nos en alames
En Monte Sion en Feglise,
Que tôte guaste estoit remise,
iso65 Un Uu veimes sor senestre
La ou la mère al roi celestre
Transi el ciel a Deu son père,
Qui de lui fist sa dolcé mère;
Gel Uu baisâmes en plorant ,
19070 Puis nos en alames coraal
A la seiate taUe veoil*
Ou Deus velt mangier e seoir.
Celé baisâmes eJralment;
Si n'i demoràmes grfeinmenl,
19075. Car li Saraizin nos emUoienl
Noz pèlerins é sis muçoient,
Ça trois, ça qilatre, par les erotes;
C'erent noz peors é nos dotes. PoK 88 a
Puis en alames conlj^ val,
19080 Geùt a pië e gent a cheval,
En Jojsaphas sor Siloë :
Eiisi nos fu dit e loë.
La veismes ta sépulture
Del cors Ou Deus prist nureture :
i9o85 Celé baisâmes volénters
Od piteos euers e entiers^.
Puis alames 0 mult grant dote
En icelo meimes crote
Ou Deus estoit quant cil le pristrent
19090 Qui son precios cors ocistrent :
Cel liu baisâmes sanz leissiers
Od pitë e od desîriers,
E plorames 0 chaudes lermes;
E bien en iert e lia e termes,
19090 Car illoques ot les estables
As chevals as genz des diables
Qui les sainz lius Deu ordeoient;
E noz pèlerins nos hasioient :
De Jérusalem nos partîmes
19100 E a Acre nos en venimes.
La tierce rote, li evesques,
Cil qui depuis fu aroevesques
De Canterbire la cite.
Cil ramena porveritë;
i9io5 Si fu veirs que par sa proesce,
Par son los e par sa hautesce,
Li fist tant Sdlehadins faire
t^ffét, VI, xiUT.
voi,was]adirce-
iMS de rtreU-
véqm de SeUt-
borjf.
190^3 la wuinqm — i9o/t8 parlimet — 19069 le mtmqm — iio55 sur le monfiM — 19066 mère le roi
-<- 19a8o k 99cmtd gent manqué — 1908^ Des — 19089 quant il le — 19090 Que — 19099 Od pîtese
cuers e — 1 909& Uprmm€r e mtmffêê — 1 9097 l«"i ordwent— 19099 dm enptrtÎDMS — 1 9iooreaeniiiie8 —
4 9109 qui puis — i»io5 ta iiMmf«f
325
KESTOIRË DE LA GUIttRei SAINTE.
a2C
D'eoor com jo vos puis retraire;
Car enooulre lui envoia
19110 Ses genz, par qui il Ten proia
Qu'il fîist o lui a sa despense;
Mais li vesques ot tel défense
Qu'il respondi as-Sarazios^
Por ço qu'il estoit pèlerins ^
1 a 1 1 5 Que son cust nient n'en prendroit
Fol. 88 6. En nule fin jo'en nul endroit;
E quant il son cust n'en velt prendre ,
Si fist mult sa maisnee entendre
A honorer lui e sa gent,
1 a 1 30 E lor firent maint biau présent;
E le fist mener par les lius
Ou hanta nostre sire Deus,
Puis le manda a parlement
Por Yeoir son contenement;
13195 La seinte crois lui fist reoir.
Puis le fist doYani li seoir,
E furent ensemble e parlèrent
Longuement e si demorerent;
E il comença a enquere
i9i3o Des tesches le roi d'Engletere,
E que nos cristiens disoient.
Des sues que o lui estoient;
E li Yesques respondi : erSire,
«De mon seignor bien vos puis dire
iii35 crQue c'est li mieldres chevalers
(tDel monde e li middre guerriers, •
ff E larges e bien enteschies.
rrGe n'acunt mie nos péchiez;
(rMais qui atroit vos teches mises
i9i6o trOvee les sues e assises,
(T Nos disons bien qu'en tôt le monde ,
(rTant comm il clôt a la reonde,
tr N'avroit tels deus princes troves>,
frSt vaillahz ne si esprovefei.T)
i2ii^5 Li soudans l'evesque escouta,
Si li diàt : tr Bien sai que molt a
f(£l rei proesce e hardement;
((Mais il s'embatsi foiemenl!
((Quel haut prince que jo ja fusse,
1 a 1 5o rr Je voidroie mielz que jo eusse
fcLargesce e sens o tôt mesure
(t Que hardement o desmesure, n
Quant Salehadins longement
Ot perlé ensi faitement Fd. 88 Ci
191 55 A l'evesque par latimiers,
E l'ol escolë volentiers,
Lors dist c'un don li demandast,
Quel qu'il volsist e comandast,
Tel com il doner li devrait,
laiGo E ço seust que il l'avroit;
E l'evesque l'en mercia ,
E dist : ffPar ma foi, ici a
crGrant chose, qui le set entendre;
rrMais, s'il vos plest, jo voil étendre,
i9i65 (îE a Deu conseil en prendrai
tr Anuit, e demain revendrai.?)
E li soudans lui otreia.
E cil el demain li preia.
Si fu grant chose qu'il conquis l :
19 170 Que al sépulcre, qu'il requist.
Ou n'avoit point de Deu servise
Fors de Suliens a lor guise,
Que deus de nos prostrés latins ,
Chescon jor, e seirs e matins,
13176 E deus diacres ensement
A estre lor sostenement,
Oyec les Suliens servisenl
E des offrendes i vesquissent ;
E autresi en Belleem
itJo8 corne— isiio par quil — isiia li «itesque — i9ii3 al s. — iiii5 c. neo nan pr. — lataG
il fium^tw — i9i33 eneaquea— • i si34 biennumftM — iti36 iêmieldre gaeroiera — i9t6i que Irestoi li —
\%\kt\ esparuei — 11169 jamoii^o— iii56B lot e. -— 19167 ^ "von^ift — i9i58Que quil — 19160 quil
— 19169 ma mofi^iM — 19168 Enuin^ — 19170 Qiud — 19171 I>euiNaii^ — 19174 jor seire malin —
19176 ioaleiiieiit — isi78iiNaii^
91 .
327
L^ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
SS8
13180 Fuâi fait comm en Jérusalem ,
Ë autresi en Naxareht
Là soldans volt que il fust fei
Tant corne meintendroit la tere;
E ii bons vesqoes fist enquere
i3t85 Les proYoires e fist chanter;
Si se pot Tevesques vanter
Que il rendi la chanterie
A Deu qui Ion ne Tavoit mie.
laïQO
FcLSSd.
llùmmnmK-
cmrêt, VI , nxT.
lUlhflin q«i
«nilkol les
Croiaéi pcsduit
l««r vojage et
ntoar.
E fait orent ço qu'il quislrent,
A Salehadin congié pristrent;
De Jérusalem se tomerent
E. a Acre s*en retornerent.
1 a 1 90 Quant les genz furent revenues ,
Totes les granz e les menues ,
Del saint sépulcre e repeirees.
Les nés furent apariilees ,
Li pèlerin dedenx entrèrent
1 jsoo £ quant vent orent si siglerent.
Les nea furent tôt départies
E depeciees par parties :
Li un vindrent a salvetë
Al port ou il furent jeté,
19300 Li autre furent perillë,
E en plusors lius eissillié;
Si en munirent autre sor mer,
Si orent covertor amer :
Amer? mes dob, que la dolçor
13310 En sentirent al règne alçor;
E li auquani s'i engroterent.
Si que onques nen respasserent;
Li autre orent leissië lor pères,
Lor cosins germains e lor frères
Morz ou d'armes ou d'enfertë,
13313
Dont il erent en grant nertë :
Tôt autresi com li martir
Con vit de œst siècle partir
Por Deu pristrent divers martire,
13330 Tôt autresi, os jo bien dire,
Orent cil diverses enjures
E mult diverses aventures
Qui cest pèlerinage enpristrenL
Mais meintes genz non sachanz
[distrent
i3395r Puis plusors feiz par lor folie
Qu'il n'orent rien fait en Sulie,
Quant Jérusalem nert conquise; Fd. 89 a.
Maisn*orent pas bien Tovre enquise.
Ainz blâmèrent ço qn il ne sorent
i333o E ço ou onques lor piei n'orent.
Mais nos meimes qui i fuimes,
Qui ce veimes e soumes
E qui covint les mais sentir.
Nus n en devom mie mentir
13335 De ço que li autre soffirirent
Por amor Deu, que noz eilz virent;
Si os dire, oiant cels qu'i furent ,
Que tels cent mile home i munirent
Por ce qu'a femme ne gisoient,
133&0 Qui a l'amor Deu se tenoient.
Qui en cel point pas ne moreussent
Si lor abstinences ne fussent ;
E si os bien dire en plevine.
Que d'emfertë que de famine
133&5 En ot bien mort plus de trois mile.
Qu'ai siège d'Acre qu'en la vile;
E li prodome qui avoient
Lor chapeleins e qui ooieot
Lor servise, com un evesques
13183 quil — iai83 comm — 13186 euesques — 13190 // doit matiquer deux ten — 13196 Tux —
1 31 97 e moHquê, reperirees — 1 9301 totes — 1 9906 E manqué — 1 3307 m. kutrc — 1 9909 doloor qua
— 1991 1 seogrocerent — I99t3 conques nen tresptsserent — 1991 5 Ujntmwr ou numque — 19316 Yerie —
iS9i8 Gouiotde — i99i9peraoient — 19391 divers — 19999 mult «uM^ut — 19998 Que cest — 19995 feù
muMqu9 — i933i n. ueinies — . i993t Qui ice, smiies -» 19936 Nos ukënquê, mie de co — i99S5 De ço
1^ — 19336 qui — 19938 home «MnifiM — 1 9 9&9 abstinence — i99&âdeinlennele — i99âSbienflNniftie
329
L'ESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
330
TU-
li,Vl, nxTi.
Riehard n-
chèle GnUlaome
àf Préaox.
Fol. 89 b.
U, Yl t uxf u
et dtrnicr.
OépirideRi-
cbard pour POc-
eident (9 octobre
ti9«).
iaa5o U com uns ires sainz arcevesqiies,
E qui en tel vie moroient,
Issi corne li mal corroient,
Cil seront o Deu a sa destre
El haut Jérusalem celestre;
13355 E tels genz o le bien qu'i pristrent
L'autre Jérusalem conquistrent.
Quant Richarz li rois d'Engletere
Ot este en la seinte terre
Tant que tens fu del relorner,
13360 Lors fisl son passage atomer,
E II fu sa nef atornee
Si que il n'i faillot rien née,
Gent ne armes ne guarnesturc.
Lores fist proesce e nature
13365 E que prosdom e que leaus;
Car por Guillame de Preals,
Qui por lui avoit esté pris,
Leissa dis Sarazins de pris.
Qui mult rendissent grant avoir,
13370 Por le cors Guillame ravoir;
E par tôt fisl crier sa sotte,
Qu il n'i oust plainte ne tolte,
E fisl lot aquiter e rendre :
Qui lors veisl al congé prendre
13375 Les genz qui après lui ploroienl
Tendrement e por lui preoient,
E regreloient ses proesces
E ses valorse ses largesces,
E disoienl : «rHail Sulie,
13380 (rCom hui remanezsanz aie!
rrDeusI se ore en fust la triuue cn-
[fraile,
rrSi come ele est mainte foiz faite,
rr Qui est qui nos garanliroit,
«Puis que li rois s'en partiroit?^
13385 Lors veissiez mult gent plorer,
E li rois sanz plus demorer.
Se* «dieut h
la Syrie.
Qui encore crt mult desbeitiez,
Entra en mer a lor congiez,
E fist al vent lever les veilles,
13390 E curut la nuit as esteilles.
Al malin a l'aube csclarcie ,
Torna son vis devers Sulie
E dist, si que ses genz l'oirent
E que li autre l'entendirent :
13395 (rHel Sulie, a Deu te comant !
trE Dampnedeus par son comant
(tMo doinst encore tant d'espace,
(tSe lui plesl, que secors le face!
(rCar encore te cuit secore.^
13800 Lorscomença sa nef a corre.
Mais ne savoitpas les nuisances, Uaihean qui
T i • i* 1 rattenUent en
Les granz mescbiefs ne les pesances sorope.
Qui devant les oilz li pendoicnt,
E les tormenz qui l'atendoient
i93o5 Parla Iraison porpensee.
Que de Sulie fud mandée
En France al roi des Hausasis, Fol. 89 e,
Por quoi il fud jeté et pris
El conduit Deu et el vcage,
13810 Par quoi Ten prist son héritage
E ses chastels de Normendie
Par coveilise e par envie;
Puis fu rainz a fin argenl.
Dont il tailla tote sa gent
i33i5 E prist e croiz e filalires.
Calices, veissels e matircs
D'or e d'argent par les mostiers;
E il en ierl si grant mestiers
Qu onques n'ot Deu ne saint ne sainte,
13890 Dont il i a ja maint e mainte.
Qui sanz morir onques soiTrisl
Plus mal por lui que li rois fist
Dedenz la prison en Ostricbe
E en Alemaine la riche.
i335o 1res manque — 13959 com — 19969 quil — 13966 Lors — 19970 auoir — 19978 tant ~ 13978
E les — 1981 5 Ï9 premier c manque — 13816 G. e veissels de maiire — 19819 Quonques 0 deu s. —
13893 lui manque
331
LESTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
3SS
I a3a5 De tot ice mot ûe savoit;
Mais Deus qai servi il a voit,
E ^D sen e 9a grant largesce.
Sa porveance, sa proesce,
1 â33o
E li baron qui Tostagierent,
Qui ioreufani i envoierent.
Tant qu'il chalenja puis sa terre
Al rei de France e li mut guère;
1^335 E tant fist puis e tant ovra
Que tant ou plus en recovra
Que Tom li en avoit toloite.
Ensi fait Efeus si s'ovre a droite,
Qui que travailt en son senrise,
I aSho Que il li rent a sa devise.
Si sachent tuil cil qui sunl ore
E tuit cil qui seront encore
Que Testoire en icel point fine.
Qui afiche por verte fine
1^365 Que Tan que la croiz Tu conquist^
Ot mil anz e cent e uitante
E uit, e Tescrit le créante,
Desci quen Tencamacion,
iâ35o Que le filz Deu prist nacion.
Qui od son pere vit e règne,
Et qui nos toz mete en son r^ne.
Épiltfi».
Fol. 89 4.
Explicit.
1 93a9-3o U doit manquer tUus ten — 1 9337 en tnanquc — 1 1338 si manque — 1 936o Quil — 1 236 1 di
manque — 1 93^9 t qui en s — 193&S eo tel — 193&9 la camacion
TRADUCTION.
L'HISTOIRE
DE LA GUERRE SAINTE.
Celui qui veut traiter une longue histoire, il faut qu'il se donne bien garde de ne *V. i.
pas commencer de façon à se surcharger une œuvre qu'il ne puisse achever; il faut
qu'il l'entreprenne et qu'il ia fasse de manière à mener à bonne fin ce qu'il met en
train. Et, à cause de cela , j'ai commencé brièvement , pour que la matière ne soit pas trop
lourde. Je veux aller droit vers mon sujet, vers une histoire bonne à raconter, qui ra-
conte le malheur qui nous advint, et à bon droit, l'autre année, en la terre de Syrie,
par notre folie excessive , que Dieu ne voulut plus supporter sans nous en faire sentir
les conséquences. Il nous les fit sentir assurément, jen Normandie et en France, et dans
toute la chrétienté; qu'il y eût eu peu ou beaucoup de cette folie, il la fit sentir promp-
tement par la croix que l'univers adore, qui, à cette époque, fut enlevée par les païens
et portée loin du pays où elle était et où Dieu daigna nattre et mourir ^^^ de l'Hô-
pital et du saint Temple, à cause de quoi plusieurs se lamentèrent, du sépulcre où
Dieu avait été mis, et dont le péché nous avait privés; non, ce n'est pas ainsi qu'il
faut dire : ce fut par Dieu, qui voulut ramener à lui son peuple, qu'il avait racheté,
et qui , alors , négligeait son service.
A la suite d'un si grand malheur, grands et petits par tout le monde furent affligés V. 35.
et eurent peine à reprendre courage. Tout le peuple chrétien en abandonna les danses,
les chansons, la musique et les paroles et toute joie mondaine, tant que le pape de
Rome, par qui Dieu a mené maint homme au salut (ce fut le huitième Grégoire, comme
on le trouve dans les livres), proclama, pour l'honneur de Dieu et la confusion du
diable, un pardon de grand profit : ceux qui iraient combattre les infidèles qui avaient
déshérité le Roi de vérité devaient être quittes de tout péché. C'est pour cela que tant
de rois et tant de comtes, et tant d'autres gens qu'on n'en sait pas le nombre, se
croisèrent pour aller chercher Dieu en Syrie , dans la terre lointaine. Tous les gens les
plus renommés du monde se croisèrent en masse. Richard, le vaillant comte de Poi-
tiers, ne voulut pas faillir au besoin de Dieu et à son appel, et se croisa pour son
(0 II manque ici un morceau dont on ne peut apprécier Tétendue.
ta
UirftlXtail HATIOSAtk.
336 CHISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
amour ; il fut le premier de tous les hauts hommes des terres de deçà la mer, dont
nous sommes. Puis le roi d'Angleterre lui-même s'ébranla pour le service de Dieu;
il y mit grande peine et grande dépense. Nul ne regardait, pour prendre la croii, à
vendre son patrimoine. Ni les vieux ni les jeunes ne voulaient celer leur cœur et re-
noncer à montrer leur courroux, et à prendre vengeance de la honte qui était faite
à Dieu sans qu'il l'eût méritée : sa terre avait été ravagée, ses gens avaient été pris
de si court qu'ils n'avaient pas su aviser. Il ne faut pas s'émerveiller de la dé-
faite qu'ils subirent alors : c'étaient des preux entre tous; mais Dieu voulait qu'ils
mourussent et que d'autres le secourussent. Ils moururent corporel lement, mais ils
vivent au ciel, et autant en font ceux qui meurent là-bas et qui restent au service
de Dieu.
V. 87. Il Y avait depuis longtemps entre la France et la Normandie une guerre forte et
/fin. Aie, II, m. cruelle et orgueilleuse et acharnée et périlleuse. La guerre était entre le roi Philippe
et le roi Henri d'An^eterre, celui qui avait la belle famille, la vaillante, la sage,
l'aviséf , le bon père du jeune roi qui joutait avec tant d'ardeur, le père de Richard
l'avisé, qui était si sage et si subtil, le père de Joifroi de Bretagne, qui était aussi
d'un si grand mérite, et le père de Jean sans terre, qui lui causa tant deg;aerres et de
troubles. Un roi qui avait une telle famille, et qui se savait si puissant, pouvait bien
mener la guerre si on voulait la lui faire; et s'il avait fait ce qu'ils voulaient^ tels qu'ils
étaient ^^\ Les deux rois étaient en discorde, et nul n'avait pu les accorder jusqu'au
jour où Dieu les rapprocha dans l'entrevue qui fut si heureuse. Ce fut entre Gisors et
Trie , dans une prairie grande et belle. On dit Ut maintes paroles , tant de folles que
de sages; l'un n'avait souci que de la paii^ et l'autre n'en avait cure; il y avait des
gens de toute sorte, et on ne savait comment la paix pourrait se faire; mais Dieu voulait,
je le pense, qu'ils se croisassent tous ensemble. On toucha, dans cette entrevue, à bien
des querelles, vieilles et nouvelles; il y en avait beaucoup de fort embarrassées, qui
excitaient la fierté et l'orgueil^ et on les repassait longuement. C'était un jour où le
temps était fort beau. Là vint de Sur un archevêque, sage et pmdhomme, envoyé en
message par les Syriens qui oonnaissaient son grand sens; nous le vtmes se donner
beaucoup de peine pour mettre les rois dans la bonne voie. Dieu s'en peina tant, et
avec lui les pmdhcraimes et les^sages, que les rois se croisèrent tous deux, et que là
ils«fentre4)tisèreRt. Us se baisèrent en pleurant, et ils adorèrent Dieu pour la grande
joie qu'ils avaient et pour le besoin qu'ils savaient que Dieu avait d'être secouru. Vous
anriea vu là les chevaliers courir à l'envi pour prendre la croix, et vous n'auriez pas
jugé que c'étaient des genS;au courage défaillant; si bien qu'autour des archevêques,
des évêques et des abbés (ainsi Dieu puisse-t-il m'eider et me protéger!) je vis là une
(') Lacune de deux vers au moins.
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
presse si grande et tant de f
1 fallait.
c la chaleur
337
i était
, avec I;
là aussi grande qu'on la pourrait demander, qu'ils ne s'étoufTassenl.
Sous rem{)ire de lu joie que causaient cette entrevue et la pai\ et lu croisade, tous
allaient prendre la croix, car nul ne pouvait se détendre et refuser le grand pardon
qu'on offrait. Mais le retard apporté au départ fut bien blâmable, car le diable fit si
bien qu'il remit entre les deux rois la discorde, qui ne put être apaisée jusqu'au jour
où l'un d'euï mourut. Ce fut le vieux roi d'Angleterre, Henri, qui avait cru visiter
le saint Sépulcre et répondre à l'appel de Dieu; mais la mort sut bien le prévenir.
Ahbhoise, qui fit ce livre, dit que celui-là est sage qui accomplit son vœu envers Dieu
son seigneur dès qu'il l'a voué. Après la mort du roi leur père, il ne restait plus que
deux frères : l'atné s'appelait Richard, très renommé comte de Poitiers; le cadet avait
nom Jean sans terre, il était encore tout jeune. Richard, l'ainé, comme le veut la
raison, eut la couronne et les trésors et les richesses et les terres et les hommages.
Puisqii'U s'était croisé le premier, comme nous vous l'avons dit, il voulait se donner
du mal pour Dieu. 11 fit donc préparer son voyage. Il passa en Angleterre, et, très peu
de temps après, il se fit couronner t) Londres. Je vis là distribuer de grands dons, et
je vis servir tant de mets que nul n'en put savoir le compte; jamais en ma vie je ne
vis une cour tenue plus courtoisement. Je vis de la riche vaisselle dans la salle magni-
fique ; j'y vis des tables si pressées qu'on ne pouvait les nombrer. A quoi bon vous en
faire un long récit? Chacun de vous sait bien ce qu'il en est, et quelle grande cour
peut tenir celui qui est matlrc de l'AnglcIerre.
La fête fut grande , riche et magnifique ; elle dura pendant trois jours sans diminuer.
Le roi fit là de grands dons et rendit à ses barons leurs fiefs et leurs héritages'" et
accrut leurs domaines. Et quand la cour se sépara, chacun retourna dans son pays,
chacun [lartit pour sa maison; mais cela ne put durer longtemps, car le roi leur avait
envoyé à tous un mandement nominatif et leur avait ordonné de préparer par des em-
prunts, tels qu'ils voudraient les faire, leur voyage, parce qu'il était décidé à mettre
en mouvement sa flotte et ses équipages pour être à temps au passage et faire son
pèlerinage. Nuit et jour son cœur était tourné vers ses preux qui l'attendaient, de Nor-
mandie et d'Anjou, de Gascogne, de Poitou, de Berri et de Bourgogne, dont beau-
coup prenaient part à t'expédrtion. Lors de son départ, U mit des archevêques et des
évêques dans ses églises d'Angleterre et de ses autres pays où il n'y en avait pas. Cela
fait, il ne voulut pas attendre l'hiver; il fit faire ses préparatifs de voyage et charger
ses riches trésors, qu'U savait si bien employer. Il n'avait guère attendu sur le rivage
quand Dieu lui prépara le temp dont il avait besoin : un beau vent le reporta droit
'■' D»m la théorie tëodale. à h mort du suierain loua In conirata de fîeCb sont dinous. Le successeur du
iiuerain rentre eu pleine poweuion de Iuub les fieb, el il les rend ensuite, ]
qui !« possëdaifnL
^ nouvelle investiUire, èce
338 L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
II, Ti. en Normandie. Dès qu'il y fut arrivé, on le reçut à grande joie, vous pouvez bien le
croire. Il fit aussitôt hâter le départ, et il envoya ses gens en avant à Lion (sur mer)
pour célébrer la fête du jour où Dieu voulut naître. Le roi tint sa fête à Lion, mais on
ny entendit guère de chansons de geste; il fit aussitôt écrire une lettre qu'il envoya au
roi de France par un messager rapide, et, outre la lettre, le messager avait ordre de
dire qu'il était tout prêt à partir, et, si je ne me trompe, ils prirent pour cela rendez-
vous entre eux, et se réunirent à Dreux, à sept lieues d'Evreux. Comme les deux rois par-
laient et faisaient le plan de leur voyage, voici venir en grande hâte un messager qui
s'approcha du roi de France, la tête basse, et lui dit que la reine était morte. A cause
de ce grand chagrin, et à cause d'un autre bien cruel aussi, la mort du roi de Fouille,
qui causa et cause encore gi*and deuil, tout le monde fut déconforté, et il s'en fallut
peu qu'on ne renonçât au voyage de Syrie. Mais, grâce à Dieu, il n'en fut pas ainsi;
on le remit seulement jusqu'à la fête de saint Jean, que le monde entier célèbre.
V. 377. Quand la rose répandait son doux parfum, vint le terme où Dieu voulait que les
pèlerins se missent en marche et que d'autres se joignissent â eux, et que tous, avec
ce que Dieu leur avait confié de biens, fussent disposés à souffrir pour Dieu et prêts à
partir à la Saint-Jean. Si bien que, sans plus de retard, à l'octave de la fête, eut lieu
à Vézelai l'assemblée générale. C'est alors que le roi de France quitta Paris et prit
congé de saint Denis. Il y avait bien des chevaliers d'élite qui n'étaient pas encore partis,
tandis que la plupart des barons français étaient déjà en marche. Le duc de Bourgogne
partit alors avec le roi pour l'expédition, et le comte de Flandres ne tarda guère à en
faire autant. Il faisait beau voir, alors, les gens qui accouraient de toutes parts, et la
conduite qu'on leur faisait, et, au moment de la séparation, une telle douleur et une
telle détresse, que ceux qui leur faisaient la conduite sentaient presque leur cœur
se briser.
V. 3o3. Le roi Richard était à Tours avec tout son attirail de guerre; la cité était si pleine
II , im. de monde qu'on pouvait à grand'peine y tenir. Il envoya promplement à la mer con-
voquer sa flotte; il fit mettre ses vaisseaux en mer et recommanda qu'on partit sans
retard. On compta cent sept navires quand ils furent entrés en mer, sans parler de ceux
qui s'y mirent ensuite, qui tous se suivirent de près. Tous passèrent les détroits, les
passages étroits et difficiles, les périlleux détroits d'Afrique où la mer bat et heurte tou-
jours, si heureusement que pas un ne périt ni ne toucha. Et, par la grâce de Dieu,
ils cinglèrent tant qu'ils arrivèrent à Messine. Le roi Richard et ses barons partirent
allègrement de Tours; il y avait là de bons chevaliers et des arbalétriers renommés.
Si vous aviez vu l'ost'*^ quand elle sortit de la ville! Toute la terre en frémissait; tous
les gens étaient dans le deuil pour leur seigneur plein de prouesse. Là pleuraient dames
^^) J*ai partout conservé ce vieux root, que notre mot armée ne rend pas tout è fait exactement.
L^HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. 339
et demoiselles, jeunes et vieilles, laides et belles; le deuil et la pitié leur serraient le
cœur pour leurs amis qui s'en allaient : jamais on ne vit conduite plus attendrissante
et gens plus tristes au retour. Là il y eut bien des larmes répandues et bien des vœux
faits dans les prières. Ceux qui faisaient la conduite retournèrent h la ville, et les pèle-
rins suivirent leur route, si bien qu'au terme qu'avaient fixé les rois, sans un jour de
retard ou d'avance sur ce qui avait été dit, eut lieu à Vézelai l'assemblée que Dieu
avait dérobée au diable. Dérobée ? Non : il la prit ouvertement, car c'est pour lui qu'elle
avait été convoquée.
A Vézelai, dans la montagne, Dieu hébergea sa compagnie, et il y avait aussi dans V. 367.
la vallée bien des gens qui y étaient venus pour lui, et dans les vignes et dans les \\,nn.
coteaux il y avait les (ils de bien des mères. Le jour était chaud, la nuit calme. Dieu
avait réuni là la plus belle jeunesse qu'on ait jamais vue. Ceux qui y étaient avaient
abandonné pour Dieu leurs terres et leurs familles; ils avaient engagé ou perdu pour
toujours leurs héritages; ils s'en étaient laissé déposséder pour acheter l'amour de Dieu ,
car on ne peut faire un meilleur marché que d'acquérir l'amour du roi céleste.
A Vézelai, où ils étaient, les deux rois se jurèrent un serment : quelque fortune V. 365.
qu'ils pussent rencontrer, l'un ne devait rien avoir à craindre de l'autre, et ce qu'ils n,ix.
conquerraient ensemble, ils devaient le partager loyalement. Ils prirent encore un
autre engagement : celui qui arriverait le premier à Messine, à quelque moment ou
dans quelque circonstance que ce fût, devait attendre l'autre. Voilà les conventions qu'ils
firent. Us partirent de Vézelai : les deux rois chevauchaient en tête, parlant de leur
expédition, et, partout où ils s'arrêtaient, ils se portaient grand honneur. L'ost mar-
chait dans une telle union qu'on n'entendait aucune réclamation. Je vis faire là aux
gens une courtoisie qu'on ne doit pas taire : le long de la route que suivait l'ost, vous
auriez vu, ainsi Dieu m'aide, des jouvenceaux, des dames, des jeunes filles, avec de
belles coupes et des cruches et des seaux et des bassins, apporter de l'eau aux pèlerins.
Ils venaient droit sur la route, tenant les bassins dans leurs mains, et disaient : «Dieu ,
te roi du ciel, d'où viennent tant de gens? Qu'est-ce que cela peut être? Où est née une
c(si belle jeunesse? Voyez leur visage coloré ! Comme doivent être tristes maintenant les
c( mères, les parents, les fils, les frères, les amis, les alliés de tous ceux que nous voyons
«avenir par ici! 99 Us recommandaient l'ost à Dieu et pleuraient après le passage. Ils
priaient Dieu pour eux doucement, et lui demandaient du fond du cœur de les conduire
à son service et de les ramener s'il lui plaisait. Conduits par la grâce de Dieu, qui leur
fit et leur fera du bien , en grande joie et liesse, sans tristesse ni courroux , sans reproche
ni raillerie, ils marchèrent si bien qu'ils arrivèrent à Lyon sur le Rhône.
A Lyon , sur le Rhône à l'eau rapide , s'arrêta l'ost. Les deux rois se tenaient là pour at- Y. àiS,
tendre les gens qui venaient encore. Jamais on ne vit telle merveille ni un si grand ébran-
lement de peuple. On comptait bien cent mille hommes, dont la plupart couchaient
340 L*HISTOIRB DE LA GUERRE SAINTE.
par la ville. Quant aux rois, ils ne prirent leur herberge^^^ ni dans la ville ni dans les
jardins; ils firent tendre leurs pavillons au delà du Rhône pour attendre fost, et il
fallait bien attendre , car il venait encore beaucoup d^hommes ; et ils les attendirent
tant qu'ils le& virent toiis arrivés et assemblés. Quand ils eurent tant attendu qu*ik
virent bien certainement que Tost était réunie tout entière, ils en furent très joyeux. Ils
firent déplanter leurs tentes, si belles et si précieuses, tout le long de la sablonnière,
pour Tost qui arrivait en grand nombre derrière eux. Les deux rob se firent la con-
duite tant que leurs chemins s'accordèrent, puis chacun, à grande joie, s'en alla à son
port. Le roi de France, Philippe, avait déjà traité de son passage avec les Génois, qui
sont habiles et sages en ces matières, et le roi d'Angleterre, Richard, cAtoya la mer
tout du long et s'en alla droit à Marseille , de par Dieu qui inspire toutes les bonnes
pensées.
V. htig. Quand on sut dans l'ost que les rois se mettaient en marche, il y en eut qui se
u, X. levèrent avant le jour, et les autres le plus matin qu'ils purent, pour passer le Rhône;
ceux qui s'étaient levés avant le jour n'eurent point à souffrir: ils passèrent le pont
heureusement et sans encombre ; mais ceux qui passèrent au matin , et qui s'entassèrent
sur le pont, ceux-là furent en grand danger, car une arche du pont manqua, à cause
de l'eau qui était démesurément haute et peu sûre. Il y avait plus de cent hommes sur
l'arche, qui était de sapin; c'était une trop lourde chai^ : l'arche tomba et ils cul*-
butèrent. Les gens se mirent à crier et à appeler; dans l'ignorance, diacun croyait avoir
perdu tout ce qu'il avait de plus cher, son fils, son frère ou son parent; mais Dieu
y mit la main, car de tous ceux qui tombèrent là il n'y en eut que deux qui périrent, au
moins que l'on put trouver, mais personne n'aurait osé s'en assurer, car cette eau est
si forte et si rapide qu'il n'y tombe guère rien qui en échappe. Si ceux-là furent perdus
pour le monde, ils sont devant Dieu purs et nets : ils étaient partis pour son service;
il aura pitié d'eux , c'est bien juste.
V. /j8i. L'arche du pont était brisée, et les gens étaient tout égarés : ils ne savaient: de quel
côté aller, soit en amont, soit en aval. 11 n'y avait plus aucun espoir dans ce^ pont-; on ne
trouva nul ouvrier, et dans le Rhône il n*y avait ni vaisseau ni barque assez grands
et assez larges, si bien qu'ils ne pouvaient suivre et atteindre ceux qui étaient déjà
passés; et, ne voyant aucun autre parti à prendre, ils firent le mieux qu'ils purent :
ils passèrent outre dans des barquettes bien étroites , oh ils eurent beaucoup de gène
et de mal; mais ainsi va qui peine pour Dieu.
V. Â97. Le passage dura trois jours, et il y eut grand entassement. Tous alors se dirigèrent
vers le lieu de leur embarquement : au plus prochain port, à Marseille, il alla une
masse de gens; au port des Vénitiens il alla aussi de très preux chrétiens; il en alla
(I)
Campement, logemetit militeirQ.
L^HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE; 3A1
aussi tant chez les Génois qu'on ne saurait les nojxibrer, et k Barlette et i Brinde tant
que Ton en faisait de grands discours. Et beaucoup, aussi, allèrent à Messine et y res-
tèrent jusqu'au moment oà les deux rois y abordèrent.
Messine est une cité dont les auteurs anciens ont beaucoup parlé : c'est une ville V. Su.
qui est située dansiunc bonne et belle position, à l'endroit principal de la Sicile, sur n. »•
le Phare, en face de Rise dont jadis Agoland s'empara dans son expédition. Toutes les
commodités abondaient à Messine, mais nous y trouvâmes les gens mauvais. Le roi
s'appelait Tancré; il possédait beaucoup d'or, amassé par ses ancêtres qui avaient régné
depuis Robert Guiscard. Il y avait alors h Païenne une dame qui y avait longtemps
séjourné : elle avait été reine de ce royaume, comme femme du roi Guillaume; mais ce
roi si preux, si plein de vertus, était malheureusement mort sans héritier. Cette reine
était sœur du roi d'Angleterre, qui entreprit de lui faire rendre son douaire; si bien
que Tancré, qui s'était emparé et de la reine el du douaire, n'osa pa&.s'y opposer.
Vous, qui avez de Tintelligence et de la mémoire, vous voua raj^lez bien comment V. 535.
b flotte merveilleuse de nos énèques ^^ avait passé par devant l'Espagne. Elle était arrivée n , m.
à Messine, où elle. attendait le roi Richard d'Angleterre ^^^. De ma vie je n'en ai vu une
pareille. Il y avait là des gensi de toute sorte, des tentes, des pavillons, des bannières,
plantés tout le long du rivage^ caria cité leur était interdite. Ils s'étaient tenus près des
vaisseaux jusqu'à l'arrivée des: rois ^ car les bourgeois de 'la viUe, ramas de Grecs et de
ribauds, gens issus de Sarrasins, conspuaient nos pèlerins. Us se mettaient, pour nous
insulter, les doigts dans les yeux,^ et nous appelaient chiens puants. Chaque jour, ils
nous faisaient des vilenies et ils nous tuaient des pèlerins, qu'ils jetaient dans les privés,
comme cela fut bien établi.
Seigneurs, c'est l'usage et la coutume, quand un prince de haut par^ge, tel que le v.-BSg.
roi de France, qui a une telle renommée dans le monde, ou le roi d'Angleterre, qui a ii, xm.
un si grand honneur terrestre, fait son entrée dans une cité, dans un pays comme la
Sicile, qu'il doit la faire connue un haut seigneur, à cause des dires de bien des gens;
car c'est un bon dicton, suivant moi, que celui qui dit : «Tel je te vois, tel je t'estime, v
Aussi, quand les rois vinrent, bien des gens y accoururent. Le roi de France arriva le
premier à Messine, et bien des gens y coururent pour l'allé voir, mais ils n'aperçurent
même pas son visage, car il n'avait-^u'un seul vaisseau, et, peur éviter la presse et la
foule qui étaient sur le rivage , il se fit débarquer au palais même.
Quand le roi Richard aborda, il y eut aussi bien des gens, tant les sages que les V. 58i.
jeunes, qui ne l'avaient jamais vu, qui se pressèrent sur le rivage^ désirant le voira
cause de sa prouesse^ Et il venait en telle pompe que toute la mer était couverte des
<') J*ai cru devoir garder ce terme lechnique, qu^on ne saurait rendre cxadêmeDt par un mot moderne.
W Diaprés la version latine et oe ipii sui|^ îl fani corriger an vers 54i dki teite ; Ki le m JKaWl ûêtnâeit.
3&S L*H1ST0IRE DE LA GUERRE SAINTE.
galères [qu'il amenait], pleines de braves gens» de combattants à mine hardie portant
pennons et bannières. Ainsi vint au rivage le roi Richard, et ses barons allèrent à sa
rencontre, lui amenant ses beaux destriers, qui étaient venus avant lui dans ses dro-
mons^^^ Il monta à cheval avec tons ses gens, et ceux qui virent le cortège disaient
que c était bien là l'entrée d'un roi fait pour gouverner une grande terre. Mais les
Grecs se courroucèrent et les Lombards murmurèrent de ce qu'il venait dans leur ville
en tel apparat et en telle pompe.
V. 6o5. Quand les deux rois furent débarqués, les Grecs se tinrent en paix, mais les Lom-
il, m. bards querellaient toujours nos pèlerins; ils les menaçaient de détruire leurs tentes et
d'enlever tout ce qu'ils possédaient. C'est qu'ils se méfiaient à cause de leurs femmes,
avec qui les pèlerins parlaient; mais tel le faisait pour les vexer qui n'aurait jamais
songé à pousser les choses jusqu'au bout. Les Lombards et les bourgeois avaient tou-
jours de la rancune envers nous, parce que leurs pères leur avaient dit que nos an-
cêtres les avaient conquis ^^\ Aussi ils ne pouvaient nous aimer, et ils cherchaient à
nous affamer. . J^^ Ils ne le firent pas pour nous être agréables, car ils firent hausser
leurs tours et creuser leurs fossés. Gela embrouilla beaucoup les affaires, avec les me-
11, XT. naces et les querelles qui surgissaient de tous côtés. Il arriva un jour qu'une fenune qui,
dit-on, avait nom Emme, portait son pain à vendre par l'ost; un pèlerin vit le pain
tendre et chaud et le marchanda ': la femme se fâcha du prix pour lequel il voulait
l'avoir, si bien qu'elle le frappa presque, tant elle était forcenée de colère. Voilà le
tumulte commencé, si bien que les bourgeois s'en mêlèrent, prirent le pèlerin, le bat*
tirent, lui arrachèrent les cheveux et le traitèrent vilainement. La clameur en vint
jusqu'au roi Richard. Il leur demanda de garder paix et amitié; il mit paix entre eux
i,xTi. et chassa ses gens loin de là. Mais le diable, qui naturellement hait la paix par-dessus
tout, réveilla le lendemain la dispute, qui ne se termina pas sans malheur. Les deux
rois étaient ensemble à une enlrevue, si je ne me trompe, avec les juges de Sicile et
les principaux de Messine ; ils s'entretenaient des moyens d'établir la paix. Précisé-
ment pendant que les deux rois parlaient de la paix qu'ils croyaient faire, voilà qu'on
leur apporte la nouvelle que nos gens étaient attaqués. Par deux fois , des messagers
vinrent dire qu'on les maltraitait fort, et après il en vint un troisième qui dit au roi :
«Voilà une mauvaise paix, quand les hommes de ce pays mettent à mort les gens d'An^
«gleterre dans la cité et en dehors.» Les Lombards [qui étaient avec les rois], c'est la
vérité, s'en allèrent alors, disant aux rois que c'était pour apaiser la dispute; mais ils
mentaient : ce n'était que pour faire du mal. Jourdain du Pin et Marguarit (à qui tous
les maux puissent-ils arriver !), ces deux-là brassèrent le mal et en furent le commen-
'^) Dnymon, root encore admis dans les dictionnaires, «bateau de transport?*.
'^) Du temps de Robert Guiscard.
^''' li semble bien qu^il y ait ici une lacune; la version latine abrè^ ce passage.
^HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. 3&3
cernent. Le roi de France était là, et le roi d'Angleterre avec lui, et celui qui l'a raconté
y était aussi. Le roi d'Angleterre monta à cheval et alla pour séparer les combattants;
mais, à son départ, ceux de la ville l'injurièrent et lui dirent de grandes vilenies. Il
courut s'armer et les fit assaillir à la ronde par terre et par mer, car il n'y avait au
monde tel guerrier.
Le bruit et le tumulte étaient grands, et la ville ^^^ était fort troublée. Les Français V. 687.
vinrent chercher leur seigneur chez le roi d'Angleterre, car la ville était dans une telle
agitation qu'ils n'espéraient plus le trouver. Il ref int avec eux , et retourna au palais
où il habitait. Les Lombards vinrent à lui et lui tinrent l'étrier gauche ; ils lui firent
promesses et dons; ils lui abandonnèrent l'honneur de la journée, lui demandèrent de ,
les protéger dans la ville et de les considérer comme siens et ses sujets. Ils y mirent
peine et dépense, si bien que le roi s'arma promptement, et tel qui mérite bien d'être
cru nous rapporta qu'il aida ceux du pays plutôt que les gens du roi d'Angleterre.
Voilà le tumulte soulevé et le bruit grandissant par l'ost. Les Français étaient dans
la ville, jouissant de toutes leurs aises, et les Lombards se fiaient à eux, mais ceux
de l'ost ne s'en donnaient pas garde. Voilà les portes fermées; les gens de la ville
s'armèrent et montèrent sur les murs pour les défendre; mais il leur en fallut des-
cendre bientôt. Ceux qui étaient sortis de la ville et qui avaient attaqué la maison
de monseigneur Hugues le Brun combattaient péle-méle, quand le roi d'Angleterre y
vint : je ne crois pas qu'il eût vingt hommes avec lui en ce premier moment. Dès que
les Lombards le virent, ils laissèrent leurs menaces, tournèrent le dos et s'enfuirent.
Et le preux roi les poursuivit. Ambroisb le vit alors, et il dit que, quand ils le virent
arriver, on eût pu se rappeler des brebis qui fuient devant un loup; comme des bœufs
tirent au joug, ils tiraient vers la poterne de la ville qui est du côté de Palerme. Il les
y poussa de force, et en abattit je ne sais combien. L'alarme fut donnée dans l'ost,
et tous montèrent à cheval pour repousser l'attaque des arrogants Lombards et des Grecs
perfides et pleins de rage. Mais ceux qui se défendaient étaient des gens qui avaient pris
maintes villes: c'étaient des Normands, des Poitevins, des Gascons, des Manceaux, des
Angevins, et il y en avait d'Angleterre plus qu'on ne le pourrait dire. Quand ils virent
leurs ennemis au haut des murs, ils les assaillirent hardiment. Ils coururent tout autour
de la cité et ne s'arrêtèrent pas avant d'être dedans. Les autres jetaient, tiraient du
haut des murs, et leur faisaient grand dommage avec des arcs et des arbalètes qu'ils
avaient là sous la main. Ils jetaient cailloux et pierres, et frappaient grands coups sur
nos gens. Les carreaux, les traits volaient sur nos pèlerins, non sans leur nuire beau-
coup ; ils nous abîmèrent trois chevaliers qui étaient entrés par une porte. L'un fut
Pierre Tireproie, qu'ils jetèrent mort sur le chemin; et avec lui, au même endroit, ils
>^) 11 faut lire an texte (v. 688) vile au Heu de notée.
93
IWrftIXBMB lATIOXALt.
L'HISTOIÀE DE LÀ GUEBHB SAINTE,
jetèrent mort Mahieu de Sauçol ; et Raoul de Bouvroi , c'est la vérité , fut aussi trouvé
mort. On tes plaignit et regretta beaucoup : Dieu leur octroie son salut!
Si les Lombards avaienl i^té plus loyaux, les gens du roi auraient passé un mauvais
moment; mais leur folle conduite leur nuisit, à bon droit, en nous endammanl contre
eux. Ceux qui défendaient la ville étaient plus de cinquante mille, sur les murs et sur
les tourelles, avec des écus longs ou ronds : vous auriet vu là un dur et violent assaut.
Les galères étaient allées attaquer du c6té du palais'"; mais le roi de France était là
qui se tenait sur le rivage, qui fit intei-dire le port aux galères et les enipécba de le
prendre. Et eux tirèrenttant qu'ils tuèrent deux rameurs, ce qui fut grand lort. Mais du
c6té de la terre le roi d'Angleterre menait l'assaut, et il attaqua si bien les Lombards
qu'il réussit. Vous auriez vu là ses gens monter, gravir les montagnes et couper les
fléaux des portes; il j eut là bien des gens pris et morts. Au milieu des rues s'élancèrent
plusieurs qui s'en repentirent, cor les ennemis, des étages des maisons où Ils se te-
naient, jetaient et lançaient des traits. Mais ils eurent beau se défendre, ils furent
pris à cet assaut, et, quels que fussent les derniers, le roi fut un des premiers qui
osèrent entrer dans la ville. 11 en entra bien dix mille autres après lui. Vous auriez
entendu là nos gens pousser de beaux cris ..... ''^' et déconfire el tempêter, blesser,
abimer et frapper à la télé. Ils eurent plus tôt fait Je prendre Messine qu'un prêtre
de dire ses matinea. 11 y aurait eu là bien des gens tués si le roi n'en avait eu pitié.
Et vous pouvez bien savoir qu'il y eut de grands avoirs perdus là, quand la grande
presse fut entrée; caria ville fut bien vite mise bu pillage. On brAla leurs galères, qui
n'étaient ]>a3 pauvres ni mesquines: on y gagna des femmes belles, sages et Instruites.
Je n'ai pas pu toutsavoir; mais, 'a tort ou à raison, avant qu'on le sût bien dansl'ost.
les Français avaient déjà pu voir sur les murs, en plusieurs endroits, nos pennons et
nos bannières, ce dont le rtii de France conçut une envie qui lui durera sa vie entière:
et c'est là que prit naissance la guerre qui , plus tard , fit ravager la Normandie,
Quand le roi Richard eut pris Messine et mis ses bannières sur les tours, le roi de
. France qui, ainsi que ses gens, était jaloux et chagrin de ce qu'il les y avait dressées,
lui (it dire qu'il fallait que ses hommes abattissent ces bannières et fissent dresser celles
de France sur les murs de la cité, et il lui manda qu'en agissant comme il avait fait
il avait manqué à son devoir envers sa suzeraineté et lui avait fait grand déplaisir.
Seigneurs, j'en appelle à votre jugement : lequel avait plus droit de les mettro, celui
qui n'avait pas voulu se mdler de l'assaut de la ville ou celui qui avait osé l'entre-
prendre ?
Le roi Richard entendit ce message, et il ne daigna pas entrer en longue dis-
cussion, sur cette requête, avec l'autre roi qui s'en faisait un tel tracas; cependant on
'• T19)i mais c'est une Taule ^ te lalin a veriiu ^xiiaCiuni.
C' lie texte porte Dntn lu paltû (v.
1*1 L muique dd ver».
I
L'HISTOIHE DE LA GUERRE SAINTE.
3A5
dit là bien des paroles folles et blessantes; mais l'on ne doit pas écrire ni mettre en livre
toutes les folies. A la Gn, les grands clercs et les hauts hommes parlèrent tant de la
paix que chacun des rois eut ses bannières sur les tours et sur les tourelles. On s'oc-
cupa aussi de mander prompteruent au rul de Sicile les nouvelles de la comnmne do
la ville'", l'injure et l'outrage cju'on avait faits à eux el aux leurs. Les messagers du roi
Richard lui dirent, en son nom particulier, qu'il réclamait le douaire de sa sœur,
en sorte que sa part du grand trésor [du roi Guillaume] lui fàt assignée justement,
et tout ce qui revenait h la dame, et que ce serait droit et raison. On nomma les
messagers, hauts hommes, renommés, de grande parenté, de grande seigneurie et
de grande importance, pour aller traiter cette affaire. L'un de ceux qui en furent
chargés fut le duc de Bourgogne, et l'autre Robert de Sableuil, haut homme, preux et
affable. 11 peut y en avoir eu d'autres, dont je n'ai pu savoir les noms. Ih partirent à
cheval et avancèrent tant leur voyage qu'en peu de temps ils purent conter leur message
au roi dePalerme.
Le roi Tancré, qui était très aviné, écouta les discours des messagers, il avait connu
bien des aventures, i! était bon clerc en écritures, et U savait déjà bien l'affaire. U
ne réfléchit pas longtemps à sa réponse. Il répondit, sans autre délai, aux gens du roî
d'Angleterre que, pour ce qu'il lui réclamait, il s'en rapporterait aux lois de sa terre,
aux coutumes du roi Guillaume et aux barons de son royaume, et qu'il ferait ce que
tout ie monde approuverait. Quant aux bourgeois de Messine, s'ils avaient commis de
folles incartades et courroucé les deux rois, on en ferait une bonne réparation. Quand
les messagers entendirent cela, il y en eut plus d'un, parmi ceux qu'avait envoyés le
roi Richard, qui dit que jamais le roi n'accepterait de plaider sur sa réclamation : il
V eut là-dessus bien des paroles échangées. Quant aux messagers de France, oji leur
distribua de belles coupes; les autres prirent patience. Entendez le grand tort, qu'on
rappela alors et depuis '^', que fit, dit-on , le roi de France. 11 aurait, sur cette question
(je ne sais ce qu'd en espérait), mandé en particuUer au roi Tancré de ne faire que ce
qui lui plairait et de bien défendre son droit, et que jamais, pour le roi d'An^elerre,
il ne lui ferait la guerre, mais qu'il était lié k lui [Tancré] par serment. S'il en fut
ainsi, ce fut une triste chose; l'histoire ne garantit pas qu'il ait pensé une telle dé-
loyauté: mais, quoi qu'il en soit, le peuple disait tout haut qu'il l'avait mandé.
Ceux qui n'avaient pas eu de coupes retournèrent le plus tôt qu'ils purent: ils re-
tinrent bien leur message et s'en revinrent à Messine. Le roi Richard faisait alors faire
un ouvrage qui lui plaisait beaucoup : c'était un château, Mategrîifon, qui courrouça
fort les Grecs. Les messagers vinrent au roi. ils lui dirent te qu'ds avaient demandé au
roi Tancré et ce que Tancré lui faisait dire sur cette demande, c'est-à-dire qu'il suivrait
''' Il v«ul nieiii uiu doute siq)pri»pr U *irg<ilc '{ai. itus \f leite (v. ^6li), ml apràs cviniin*.
'*' Coiiigei an leile (v. gi8) atardre en rtcenitt.
^
3ie L*HISTOIRB DE LA GUERRE SAINTE.
les lois (le sa terre , diaprés la décision de ses barons. Le roi Richard répondit sans gnftre
attendre qu'il ne plaiderait pas contre Tancré et qu'il chercberait autrement la satisfac-
tion à laquelle il avait droit.
Y. 961. Quand on sut la nouvelle qu'on n'avait pas établi de paix ni de trêve, on commença
à s'attendre à la guerre, à cause de l'appui que nos ennemis trouvaient chez le roi de
France, caries astucieux Lombards s'étaient alliés avec lui. Voilà que les provisions
nous furent coupées, si bien qu'il n'en venait plus rien en l'ost, et, sans l'aide de Dieu
et la flotte, on y aurait mené une bien pauvre vie; mais il y avait dans les vaisseaux
des provisions en blé, en vin et en viande. La ville était gardée chaque nuit, et Test
aussi. Les deux rois étaient en discorde, par l'effet de l'envie qui trouble tout. Ce n'était
ni beau ni honnête : de hauts hommes se donnèrent beaucoup de md pour mettre la
paix entre eux. Us chevauchaient du palais à Mategriffon, puis revenaient en arrière
par le même chemin; mais jamais ils ne purent en venir à bout, quelque peine qu'ils
11. ixi. se donnassent, comme le livre le témoigne ^^^ Enfin le roi de Sicile, qui savait
les torU des gens de Messine, prit le fils de son chancelier et, avec lui, un dievalier
qu'il tenait pour preux et sâr et qui était, si je ne me trompe, son connétable. Il
l'envoya au roi d'Angleterre et lui manda qu'il ne tenait pas du tout à être en guerre
avec lui, et que, s'il voulait accepter de l'argent pour les réclamations qu'il présentait,
il en ferait volontiers la paix et lui donnerait, de son trésor, vingt mille onces d*or,
et que s'il voulait, sur l'avis de ses barons, parler d'un mariage, il donnerait i Arthur
de Bretagne une de ses filles non mariées, demoiselle jeune, belle et sage. Pour ce
mariage, il lui promettait sans fraude vingt mille autres onces d'or; seulement Richard
lui restituerait cet or si Arthur n'épobsait pas l'enfant; en outre, il promettait è Richard
de lui rendre sa sœur. Quand le roi Richard entendit cela, il lui renvoya, sans plus
attendre, d'autres messagers pour obtenir une paix ferme et stable. Le roi fit faire le
message à l'archevêque de Montréal, à celui de Rise, homme loyal, à l'évêqued'Ëvreux,
Jean , qui souffrit tant de peine et de dépense : ils connaissaient bien la question ;
d'autres encore allèrent avec eux. Ils allaient chercher la paix, ils la rapportèrent, et
ils firent amener l'argent dont j'ai parlé tout à l'heure. A leur retour, tout le monde
se réjouit de la paix; les chartes furent alors lues et copiées, la paix fut jurée et la
sécurité rétablie. On regarda et pesa l'argent, au grand plaisir du roi, qui désirait
beaucoup avoir de quoi dépenser au service de Dieu. On lui rendit aussi sa sœur, qui
valait bien d'être vendue cher. Le roi voulut alors que, sans plus tarder, on rendit [aux
bourgeois] tout ce que ses gens avaient pris du leur : cela lin valut de grands éloges ;
on le rendit par confession, et sous peine d'excommunication, d'après le bon et sage
conseil de l'archevêque de Rouen. Voilà la ville en bon état, sans querelle et sans
(*) La lacooe esl aans doute de plus d*un vers, comme Tindique le latin; il est probable ea oatre qa*dle doit
être placée après le vers 976 et que c'est le vers 976 qui devrait être remplacé par des points.
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
347
trouble, et si quelqu'un osait en soulever, on le faisait pendre ou tuer. Dans l'ost ré-
gnait grande justice; bénie soit IVime de celui qui l'y avait mise! Alors on recom-
mença h aller par les routes; il nous revint de bonnes provisions pour les chevaux
el les hommes : ainsi se Icmiina l'affaire. Les bourgeois se riîconcilîèrcnt avec nous et
hébergèrent les pèlerins. Les deux rois refirent amitié; mais ils devaient se diviser
encore plus d'une fois. Ils partagèrent entre eux l'argent, el chacun eut ce qui lui
revenait.
Les chevaliers qui avaient été là pendant tout l'été se désolaient et se plaignaient
des dépenses qu'ils avaient été obligés de faire. Les plaintes allèrent tant, haut et bas,
qu'elles arrivèrent au roi Richard, et il dit qu'il leur donnerait tant que tous pouiv
raient s'en louer. Hichard, qui n'était pas chiche ni avare, leur donna de si riches
dons, hanaps d'argent, coupes dorées qu'on apportait è pleins girons aux chevaliers,
suivant ce que chacun était, que grands, moyens et petits le louèrent de ses beaux
dons; et il fui envers eux si libéral de ses biens que môme ceux qui étaient à pied
eurent de lui au moins cent sous. Et aux dames déshéritées, qui avaient été chassées
de Syrie, aux demoiselles aussi, il donna de grands dons b. Messine; et le roi de France
aussi donna largement à ses gens. Voilà toute l'osl en liesse pour tant d'honneur et
de libéraUté et pour la paix qui s'était faite. On tint grande fêle le jour de la Nativité;
le roi Richard Cl crier que tous pouvaient venir et faire la fête avec eux, et il réussit
à emmener le roi de France manger chez lui. La fôte fut à Mategrlffon, dans la salle
que le roi d'Angleterre avait construite par sa puissance, en dépit de ceux du pays.
J'étais dans la salle, à ce repas : je n'y vis pas une nappe sale ni un banap ou une
écuelte de bois; mais j'y vis une si riche vaisselle, avec des ciselures appliquées et des
images coulées, enrichie de pierres précieuses, qu'elle n'avait rien de mesquin, et j'y
vis si noblement servir que chacun était satisfait. La fêle fut belle cl honnête, comme
il convenait i un tel jour, el je ne crois pas avoir jamais vu donner en une fois tant de
riches dons que le roi Richard en donna là au roi de France et aux siens, en vaisselle
d'or et d'argent.
Le terme de notre passage arriva, et ceux-là furent avisés qui prirent leurs précau-
tions. Depuis la Notre-Dame de septembre, si je compte bien, jusqu'à la fin du carême
fut à Messine, en repos, l'osl qui désirait ardemment le jour où elle serait devant
Acre avec ceux qui avaient osé en entreprendre le siège, et qui souffraient des maux
plus grands encore qu'on ne le savait, beaucoup de peines, de fatigues el d'épreuves
pendant cette demi-année. Quand on se fut assez reposé et que , grâce à Dieu , le voyage
fut préparé, le roi de France el sa compagnie entrèrent en mer un peu avant PAques
fleuries. Le roi Richard ne pouvail encore s'embarquer, car il n'avait pas tout ce qu'il
lui fallait, ses galères et ses transports pour porter ses chevaux, ses armes el ses pro-
visions, avant d'aller attaquer les infidèles. Il lui fallut donc attendre et parfaire ses
3tô
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
préparatifs. Il accompagna le roi de France avec des galères, puis, traversant le Phare,
il vint droit à Rise, où il avait reçu nouvelle que sa mère était arrivée, lui amenant
son amie. C'était une sage demoiselle, gentille femme, honnête et belle, sans fausseté
ni perfidie; elle s'appelait Bérengère , elle était fille du roi de Navarre, et celui-ci l'avait
remise à la mère du roi Richard, rpii prit la peine de la lui amener jusque-là. Elle eut
ensuite le nom de reine; le roi l'avait beaucoup aimée : depuis le temps où il était
comte de Poitiers, son désir l'avait désirée, il fil mener à Messine sa mère, elle et ses
demoiselles; là il dit à sa mère, et elle à lui, sans restrictions, tout ce qu'ils voulurent.
Il garda avec lui la jeune fille qu'il aimait , et il renvoya sa mère pour garder son paye
qu'il avait quitté, afin que son honneur n'eût rien à craindre. Avac elle l'archeviîque de
Rouen, Gautier, qui est un homme très sage, eut la garde de l'Angleterre, et il eut
beaucoup à y guerroyer. Et alors s'en retourna aussi avec euï Gilbert de Wascueil, celui
qui [plus tard] laissa prendre Gisors. Le roi ne perdit plus de temps : il fil préparer
et charger ses vaisseaux et ses galères, il n'y eut plus de relard. 11 fît entrer en mer
les barons, son amie, et avec elle sa sœur, et il les fit mettre ensemble, avec beaucoup
de chevaliers, dans un grand dromon, pour se conforter l'une l'autre. II fit prendre
les devants è leur dromon, et les fit cingler vers l'orient; mais les énèques agiles et
rapides ne partirent qu'après que le roi eut mangé. Alors s'ébranla , toute en rang, la
flotte merveilleuse. Ce fut le mercredi de la semaine sainte que la flotte quitta Messine
pour le service et la gloire de Dieu : dans cette semaine où Dieu a tant soufl'ert pour
nous, il nous fallait aussi souffrir et les dangers et les veilles. Mais Messine, où l'on voit
se presser tant de navires, peut se vanter que jamais, à aucun jour que Dieu fit, une
si riche flotte n'a quitté son port.
La flotte se dirigea en bon ordre vers la terre de Dieu , si malheureuse. ïi\e traversa
le Phare, et vint, à la haute mer, de l'autre c6té, sur le chemin d'Acre. Bientôt nous
atteignîmes les dromons, mais nous vîmes alors le vent tomber, si bien que le roi voulait
retourner. De gré ou de force il nous fallut rester là la nuit, entre la Calabre et Mont-
gibel. Le jour du jeudi saint. Celui qui nous avait enlevé le vent, et qui peut tout enle-
ver et donner, nous le rendit et nous le préla pour toute la journée. Mais il était faible ,
et la belle flotte dut s'arrdter. Le jour de l'adoration de la croix, un venlconlraire nous
accosta à gauche près de Viaires '". La mer se troubla jusqu'au fond; le vent la couvrait
de flots énormes et reployés,et nous ne faisionsque perdre la route. Nouseâmes grand
peuret grand malaise en tête, en cœur et en bouche; mais toutes ces souffrances, nous
les supportâmes très volontiers, et nous devions les supporter pour Celui qui, à pareil
jour, daigna subir la passion pour nous racheter. Le vent était fort, et il nous tourmenta
jusqu'à la tombée de la nuit. Alors nous eûmes un vent apaisé, favorable et douï.
' Nom de lien , sans doutp <ur li ciHv de Calabre . que }e i
L'HÏSTOIBE DE LA GUERRE SAINTE. 3S9
Le roi Richard, dont le cœur était toujours prompt aux bonnes actions, on fit une
signalée. Il voulut que chaque nuit on allumât sur son vaisseau, dans une lanterne, un
^raud cierge qui jetait une lueur très claire. Il brûlait toute la nuit, pour montrer le
chemin aux antres; et comme le roi avait avec lui de bons mariniers liabiles et con-
naissant leur métier à fond, tous les autres se ralliaicntau feu du roi et ne le perdaient
guère de vue. Et si la flotte s'écartait, il l'attendait généreusement. Il menait ainsi
celle fière expédition comme une mère poule mène ses poussins à la [tâture : c'était
de sa part prouesse et bon naturel. Nous voguâmes ainsi toute la nuit, sans tristesse
et sans souci (?). Le lendemain , veille de Pâques, Dieu nous conduisit encore très bien,
et aussi toute la nuit et tout le jour de la grande fête. Pendant trois jours, la flolle
avança à toutes voiles, le roi tenant la léle. Le mercredi . nous vîmes l'île de Crète. Le
roi c6toya l'tle de près; il y dormit, ainsi que la flotte; mais cette nuit, vingt-cinq de
nos énèques nous perdii-enl, au grand chagrin et déplaisir du roi. Le lendemain matin
jeudi , on dressa les voiles, et on marcha vers Rhodes , une autre ile près de là. Le vent
était grand, les vagues étaient hautes. Aussi vite que vole l'hirondelle allait le navire,
pliant son mât. Dieu noan mena le long des c&tes de Rhodes, à grande allure et avec
une vitesse merveiUeuse. montrant bien qu'il prenait plaisir à l'entreprise de ses servi-
teurs. Nous allâmes très vite jusqu'à la nuit noire. Au matin, nous arrivâmes dans un
détroit; nous abattîmes les voiles et nous fûmes bors de peine. Nous nous reposâmes
jusqu'au dimanche, et au matin nous étions à Rhodes, la cité où Hérode naquit.
Rhodes a été autrefois une grande cité ancienne, presque aussi grande que Home.
On aurait peine à en savoir au juste la vérité, car il y a tant de maisons détruites, de
murs et de tours en ruines, tant d'église-s qui subsistent encore, à cause de la masse
de gens qui y ont vécu pendant tant d'années et de siècles et sous tant de seigneuries
iliverses. que nul homme ne pourrait les compter sans grande peine, ni en estimer la
grandeur et la noblesse. La ville est aujourd'hui ruinée par la vieillesse; cependant
il habitait là des gens qui nous vendirent des aliments, et comme le roi était malade
et mal à son aise, il nous fallut attendre è Rhodes. Il fit chercher et demander où
étaient allés ses navires [perdus], et il attendit là ses galères, qui le suivaient le long
du rivage. 11 s'enquit aussi du tyran qui possédait Cypre et qui arrêtait ics pèlerins.
Nous séjournâmes à Rhodes dii jours, et quand la flotte, voiles levées, sortit en
rang de Rhodes, c'était le premier jour de mai. Noua vînmes droit au goulFre de
Satalie : c'est un passage bien dangereux, il n'y en a de plus dangereux nulle part.
Quatre mers s'y livrent bataille et chacune excite l'autre. Nous allions entrer dans ce
gouffre quand nous fûmes assaillis par un vent qui nous ramena le soir à l'endroit
par oiï nous étions entrés. Lèvent, qui change souvent, se fit ensuite plus courtois pour
nous : il nous prit par derrière, el nous poussa si vite que chacun avait peur, à cause
du gouffre où nous nous trouvions et qui nous remplissait de crainte. Le vaisseau du
à
350 L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
roi était en avant, suivant sa coutume. Le roi regarda la haute mer, et vit s'avancer
une bouce^^^ qui revenait de Syrie. Et le roi, que cela intéressait, se fit diriger près
d'elle pour demander des nouvelles de la Terre Sainte. On lui dit que le roi de France
y était déjà et l'attendait devant Acre, et qu'il s'occupait chaque jour à faire des ma-
chines pour prendre la ville. Mais le roi Richard avait déjà en tête une autre entreprise.
La bouce passa outre, et le roi lutta contre le vent tant que Dieu l'amena devant Gypre,
près de la terre qu'il lui fit conquérir. Il trouva là ses gens, sa sœur, et aussi son amie.
V. i355. Écoutez, seigneurs : cette terre de Syrie, avant qu'on pût lui porter secours, elle a
II, xzn. souffert tant d'injures, tant de grandes mésaventures , tant de contre-temps, tant d'at-
taques, tant de délais et tant d'attentes, tant de peines, tant de désirs, tant d'assauts
et tant d'embarras ! Ce fut un bien grand malheur que la mort de l'empereur d'Alle-
magne, qui y allait en si grand appareil, et qui mourut si soudainement. Ce fut grand
dommage aussi pour la Terre Sainte que la mort du roi d'Angleterre , le bon Henri ,
qui était si sage et qui avait tant de richesses qui auraient servi à soutenir le pays
et à conserver la ville de Sur. Ce fut encore une grande mésaventure pour elle que
la mort du bon roi Guillaume, qui l'avait secourue maintes fois : il y eut grand deuil
quand il mourut. Le royaume eut ainsi à souffrir bien des malchances, mais rien ne
lui avait apporté plus de mal, d'ennui et de retard qu une tle voisine de la Syrie :
c'était la riche tle de Cypre, qui, autrefois, l'aidait beaucoup, et dont alors rien ne
pouvait plus lui venir, car il y régnait un tyran porté vers tout mal, plus félon et plus
trattre que Judas ou Ganelon. Il avait délaissé les chrétiens, et était le bon ami de
Baladin, et on disait même que, pour s'allier, ils avaient bu le sang l'un de l'autre,
et on le sut plus tard certainement. Il se fit ainsi empereur, non vraiment, mais empi-
reur^^^ car il s'empirait lui-même. Jamais, quand il le pouvait, il ne cessait de faire
et de susciter le mal, et de poursuivre les chrétiens de Dieu. Il y eut là trois vais-
seaux du roi Richard, pleins de ses gens, brisés à la côte, de ceux qui avaient échappé
au naufrage et qui étaient en triste état : l'empereur de Cypre les engagea d'abord à
rendre leurs armes et ensuite il les fit prendre par trahison. Il leur avait garanti une
sûreté qui dura peu, car le déloyal les fit aussitôt attaquer. Mais ils se défendirent si
bien qu'ils leur vendirent cher leur colère, avec trois arcs en tout, qu'ils avaient, et
dont les Grecs ne savaient rien. Là était Rodier de Hardecourt , compagnon et fidèle
du roi, qui, monté sur une jument recrue, leur diminua promptement leurs gens; et
Guillaume du Boisnormand, le bon archer, allait tirant des flèches, les frappant
devant et derrière et plus redouté qu'une pierrière ^'^
(') Le mot subsiste encore dans l'anglais huu; il est à pea près synonyme de dromon,
(') Le jeu de mots oblige à conserver mnpireur,
(9) La lacune de notre manuscrit est comblée dans la version latine, où Ton voit que les trou croisés furent
secourus par leurs compagnons, qui, les ayant vus du rivage, vinrent les dégager et les ramenèrent anx vaisseaux.
. ^JiT*.--- ,.„._._.
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. 351
si bien que, à la vue des Grecs, ils s'en allèrent jusqu'au dromon qui était dans le
port et qui avait amené la reine. 11 y eut là grande bataille, oii les prisonniers firent de
belles prouesses. Le roi , qui s'était arrêté au port , ijuand il sut cette perfidie et le danger
de ses botnmes, qu'il vit le dromon de sa sœur qui l'attendait en grande crainte, qu'il
vit le rivage tout couvert de ces misérables Grecs , ne voulut pas chercher de pires Sarra-
sins que ceuï-là. II se fit conduire vers la terre : le tyran crut pouvoir la défendre
rentre lui, mais il n'osa attendre le vaillant roi.
C'est un lundi malîn que Dieu avait préparé l'affaire qu'il voulait que le roi fit : il
voulait qu'il recueillit les naufragés, qu'il délivrât sa sœur et qu'il menât son amie
ailleurs. Toutes deux maudissaient le jour oîi elles étaient arrivées 14, carl'empereur les
eût prises s'il avait pu. Quand le roi voulut s'emparer du port, il ne manqua pas de
gens pour l'en empêcher, car l'empereur était lui-même sur le rivage avec tout ce qu'il
avait pu faire venir de gens par argent et par commandement. Le roi prit un messa-
ger et l'envoya dans un bateau à terre, priant courtoisement l'empereur de rendre leur
avoir aux naufragés et de réparer les torts qu'il avait faits aux pèlerins et qui avaient
coûté des pleurs à maints orphelins. Celui-ci se moqua du messager jusqu'à en perdre
la raison; il ne put pas modérer sa colère, et dit au messager: «Tproupt, sire!»
Et il ne voulut jamais donner une réponse plus honnête, tuais se mît à grogner en
ricanant. Le messager revint promptement en arrière et le répéta au roi. Quand le roi
entendit le mot honteux, il dit à ses gens : ? Armez-vous! n Ils le firent aussitôt, et ne
demeurèrent pas grand temps. 11 leur fallut entrer armés dans les chaloupes de leurs
énèques. 11 entra là de bons chevaliers et de hardis arbalétriers. Les Grecs aussi avaient
des arbalètes, et leurs gens étaient tout prêts sur le rivage, et ils avaient cinq galères
tout armées; maïs, quand ils virent nos armures, ils se sentirent peu en sûreté.
Dans la ville de Limeçon, où commenta la bataille, ils n'avaient pas laissé une porte
ni une fenêtre, ni rien qui pât servir au combat, tonneau ni tonne, écus ni larges, ni
vieilles galères ou vieilles barques, ni poutres, ni planches, ni degrés. Ils apportaient tout
sur le rivage pour nuire aux pèlerins. Tout armés sur la rive, plus arrogants que gens
(]ui soient au monde, avec des pennons et des bannières d'étoffes précieuses et de riches
couleurs, montés sur de grands chevaux forts et rapides et sur de grands mulets puissants
et beaux, ils se mirent à nous huer comme des chiens; mais on rabattit bienlAt leur
orgueil. Nous avions grand désavantage; car nous venions de la mer, nous étions en-
tassés dans de petites barques étroites, tout étourdis des grandes fatigues, tout harassés
par l'agitation des flols et tout chargés de nos armes, et nous étions tous à pied. Eux
étaient dans leur pays; mais nous savions mieux la guerre. Nos arbalétriers commen-
cèrent l'attaque, et il y en eut qui ne manquèrent pas leur coup. Us tirèrent d'abord sur
les gens des galères, qui ne savaient rien de guerre; ils les blessèrent et navrèrent si
bien que, de leurs galères, ils sautaient en mer quatre par quatre, et l'un culbutait
SSS L*HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Tautre. Leurs galères furent prises et mises avec nos énèques. Archers et arbalétriers
se mirent à tirer dru^ et ils firent reculer les Grecs. Alors vous auriez entendu nos gens
les huer comme ils nous avaient hués avant que nous eussions bougé. Des deux côtés
on tirait, on lançait, et nos rameurs avançaient toujours, et partout où ils allaient,
carreaux et traits pleuvaient sur eux. Toute la rive était pleine de ces gens sauvages.
Vous auriez vu là une attaque hardie et des gens qui s'entendaient à la guerre. Et quand
le roi vit ses compagnons lutter pour aborder, il sauta de sa barque en mer, vint aux
Grecs et les attaqua, et tous les autres sautèrent après lui. Les Grecs se défendirent,
mais les nôtres allaient par le rivage, les frappant et les vainquant. Vous auriez vu là
voler les carreaux, et les Grecs mourir en masse. Les nôtres les choquèrent si bien
qu'ils les repoussèrent dans la ville. Us les attaquaient comme des lions, frappant sur
eux et sur leurs chevaux. Devant la vaillante nation latine s enfuyaient les Grecs et les
Arméniens. Nos gens les poursuivirent jusque dans la campagne si vivement qu'ils en
dhassèrent l'empereur, qui prit la fuite. Le roi le poursuivit tant qu'il s'empara d'un che-
val ou d'une jument y je ne sais, qui avait un sac attaché derrière la selle et des étriers
de torde. D'un bond il fut en selle, et dit au lâche et perfide empereur : «L'empereur,
II, iixm. viens ! Joute avec moi ! » Mais celui-<;i n'en avait cure. A la nuit, sans plus attendre, le
roi fit mettre à terre tous les chevaux qui étaient dans les énèques; l'empereur ne savait
pas qu'il en e&t avec lui. On promena les chevaux car ils étaient tout engourdis, étour-
* dis et harassés d'être restés un mois en mer sans pouvoir se coucher. Sana leur donner
plus de repos, quoiqu'ils y eussent bien droit, le roi, qui poursuivait son entreprise,
y monta le lendemain. Assez près, dans un bois d'oliviers le long de la route, il y avait
des Grecs avec bannières et pennons. Le roi les en débusqua ; il se mit en tête le heaume
d'acier, et les suivit en grande allure. Vous auriez vu là de braves gens. Geux de devant
les mirent en fuite; les Grecs s'enfuirent, les nôtres les poursuivirent tant qu'ils virent
\m ffros de leur ost. Là ils s'arrétèi^ent. Mais dans la poursuite les Grecs pousMient de
telles huées et de tels cris (c'est ce qu'ont raconté ceux qui les ont entendus) que l'em-
pereur les entendit de sa tente, à plus d'une demi-lieue. Il s'était retiré là; il y avait
dtné et dormait; mais ce bruit le éveilla. Avec ses gène, il monta à cheval et vint sur
le haut des montagnes pour voir ce que feraient ses homnes , qui ne savaient que
lancer des flèches. Us tournaient toujours en criant autour des nôtres, qui ne bougeaient
pas. Là vint au roi un clerc armé, qui s'appelait Hugues de la Mare, qui lui dit tout
bes : «Sire^ allez-vous-en : ils ont des forces énonnes. — Sire ckdte^ dit ie roi, mêlez-
Kveus ée votre écriture, et tirez vous de la mélée^ au aMd de Dieu et de sa mère :
«iaîtser-nous la dievalerie! » Gekû4à et d'autres le lui disuent à cause du nombre des
fmtiniaw qu'ils voyaient, et 'à n'y avait pas ^ès 4u roi, à ce moment-là, pkis de qua-
rante chevaliers ou use tisquautaine au plus; maîi le grand roi courut eue aux enne-
mîir Ipltts prompt ^e k foudre qui tembe» plue vanaasë cpie l'^ervîer ^ fond sur
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. S58
l'alouette (ceui qui ont vu cette rharge l'adoiirent beaucovip). Il se jeta au milieu de
ces méchants Grecs, si bien qii'it les mit tous en désordre et les arrangea de telle sorte
qu'ils ne tenaient plus ensemble. Cependant ses gens arrivaient, et dès qu'iU furent en
nombre, ils en tuèrent et en prirent tant, sans parler de ceux qui s'enfuirent honteu-
sement, que jamais on ne sut le compte des morts; ceux qui étaient à cheval s'enfuirent
par monts et par vaux, et les piétons, les petites gens furent tous tués ou pris. Ce fut
une rude batBille. Vous auriez vu là tant de chevaux «-tendus ou trébuchant avec leur
charge, tant de hauberts, d'épées. de lances, de pennons et d'enseignes! L'empereur
Yit que ses gens ne pouvaient tenir, et que les nôtres croissaient toujours. Il s'enfuit
dans la montngne avec ses Grecs et ses Arméniens, nous laissant tout le pays. Quand
Richard vit qu'il s'enfuyait ainsi, abandonnant ses gens, il frappa celui qui portait la
bannière de l'empereur, s'en empara et ordonna qu'on la gardât bien. Voyant leurs
gens en telle di^route s'enfuir comme un tourbillon , avec plus d'une plaie en corps ou
en tête, il ne les fit pas poursuivre, car it n'aurait pas |fu les atteindre, et la poursuite
de nos braves Francs avait [déjà] duré deux lieues. Il s'en revint au pas; mais les ser-
gents ne lâchaient pas prise : ils prirent de la belle et bonne vaisselle d'ur et d'argent,
que l'empereur avait laissée dans sa tente, son harnois, son propre lit, des étoffes de
soie et de pourpre, des chevaux et des mulels chargés comme pour un marché, des
hauberts, des heaumes, des épées que les Grecs avaient jetées, des bœufs, des vaches,
des porcs, des chèvres agiles et mutines, des moutons, des brebis, des agneaux, des
juments, de gras et beaux poulains, des coqs, des poules, des chapons, de gras mulets
chargés sur le dos de bons coussins bien brodi^s et de beaux et précieux vêtements, et
de bons chevaux qui valaient mieux que les nôtres, qui étaient fatigués. Ils prirent
aussi le drogman de l'empereur, que j'entendis appeler Jean, et tant de Grecs et tant
d'Arméniens qu'ils encombraient les chemins, tant de bons vins et tant de virtuailles
que personne n'en sait le compte. Le roi fit crier un ban, donnant sûreté, pour aller
et venir, à tous les gens du pays qui ne voulaient pas la guerre; quant à ceux qui ne
voulaient pas la paix, ils n'auraient de lui ni paix ni trêve.
Le samedi de la semaine où les Grecs avaient tant GOufTort,il arriva à Limeçon trois
galères qui revenaient de Cypre : le roi do Jérusalem y était, et on le regarda beau-
coup. C'était le roi Gui de Lusignan, qui avait eu tant de peine et de fatigue pour sou-
tenir la Terre Sainte. Il était obligé de venir, parce que le roi de France, ce qui lui
causait grand chagrin , voulait lui faire tort en donnant la royauté au marquis de Mont-
ferrat. C'est pour cela qu'il avait abandonné le pays, ei qu'il venait demander au roi
d'Angleterre de l'aider h maintenir son droit. Le roi fut très content de sa venue et alla
Aussitôt à sa rencontre; et vous pouvez être sûrs qu'il le reçut de bon cœur, car il était
de grand lignage, et ses parents, qui étaient là, n'avaient point l'air d'être des gens
de peu. Le roi lui fît grande joie et l'honora de maintes manières, et lui donna par
ti.
iU L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
grande oourtoisie, de sod trésor, eoriron deux mille marcs et nngt coupes, dont deux
n. cxsr. ^or fio: ce n'était pas là un don mes<[ain. Le lendemain an matin, la demoisdle de
Hatarre, la belle an clair fisage, la femme la plos sage qae Ton pôt troayer on soo-
Ibaker, fat épousée et couronnée à Limeçon. Voilà le roi en gloire et en joie de sa rie-
foire et de son mariage arec celle à qui il avait donné sa foL Voici venir ses galères,
^11 avait tant attendues, si bien armées et garnies que nous n en avons jamais vu de
telles, et avec elles les cinq qu'on avait gagnées à Limeçon. Avec les autres, qui
étaient dans les ports, dont il tirait maintenant tout ce qu'il voulait, il en avait bien
quarante d'armées, qui en valaient cinquante. Cest ainsi que plus tard il prit le vaisseau
menreilleui où il y avait de vaillants guerriers estimés à huit cents. Turcs et Persans
infidèles. Le roi en eut plus d'entrain encore à l'encontre des Grecs et des Arméniens
n. tan. maudits. U Gt préparer son ost et veiller les gardes par nuit, pour aller chercher Tem-
pereur et le prendre au cœur de sa terre.
V. 176S. Après cette déconGture, où les Grecs avaient eu tant de honte, Tempereur avec sa
grande compagnie était à Nicosie, courroucé, dolent et éperdu (f avoir perdu ses
hommes et d'avoir été repoussé. Il ne pouvait s'en consoler; mais il était trop haï dans
son pays, et 3 craignait le roi d'Angleterre. U lui demanda une entrevue pour lui faire
réparation et lui fit dire qu'il riendrait à lui, qu'il lui tiendrait loyauté, qu'il mènerait
avec lui cinq cents hommes à cheval jusqu'en Syrie pour le senrice de Dieu, et qu'il
ferait tout ce que le roi voudrait U ajoutait, pour que le roi n'eût pas de doute, qu'il
donnerait en gage ses diateaux et toutes ses riches possessions, et pour les |)ertes que
nous avions faites, il payerait trois mille cinq cents marcs d'aiigent, a condition qne,
n'a le servait loyalement, on lui rendrait sa terre en récompense. Le roi et Fempereur
convinrent de l'entrevue ; on prit un terme des deux parts et on n'attendit pas. Ce fut
dans un bois de figuiers, entre le port et la route de Limeçon, si je ne me trompe;
c'est là qu'ils se rencontrèrent ^^^ et on y dit des choses meilleures que cdles qui furent
V. tSoi. Le roi appela son conseil et les plus sages de ses gens, et il dit à ceux qui l'entou-
raient et qui désiraient beaucoup cette paix : «Seigneurs, vous êtes ma main droite:
«voyez si cette paix peut se faire; gardes que votre honneur y soit sauvé et n'y soit en
«rien compromis. Elle sera faite si elle vous platt; si elle vous déplaît, elle ne se fera
«pas. — Sire, dirent-ils, elle nous agrée et nous la trouvons honorable.» Ils retour-
nèrent en arrière , et s'accordèrent à la paix. Aussitôt l'empereur prêta serment au roi ,
lui donna toute garantie et le baisa en signe de foi. Le roi revint à Tost, qui était
tout près ; il y fut bientôt II commanda , sans plus attendre , que Ton diargeât trob
ridies tentes qu'il avait prises lors de la déconfiture de ces méchants Grecs (elles appar-
<0 Celle Iradoetioo eit eon^ètbÊnàe^ le fcn 1798 tA àHré «I incnmjwihwriMc.
»Sfi
L'HISTOIRE DE \.K GUERRE SAINTE.
!;arde que menait le roi Richard , et lui iaiifa deuï flèches empoisonnées. Le roi sorlit
des rangs, e'élança, el peu s'en fallut qu'il ne lirai vengeance de ce mauvais empereur;
mais relui-ci était monté surFfiuvel, qui, aussi rapide qu'un cerf, le porta droit à son
rliâteau de Candaire, plein de deuil et do dt'pit. Quand ie roi vit qu'il ne le prendrait
pas, il se dirigea vers Nicosie. Nos gens avaient gagné là de bons chevaux, et malmené et
pris beaucoup de Grecs qui s'étaient trop approchés de nous. Ils suivirent te roi , n'ayant
plus rien ù craindre. On arriva au matin à Nirosie. Les bourgeois de la ville n'atten-
dirent pas : ils venaient de toutes paris au roi. le tenant pour leur vrai seigneur et leur
père. Le roi leur fit raser lu barbe. Quand l'empereur l'entendit dire, il en eut tel
courroux qu'il en pensa perdre le sens, et il maltraita ses gens et les nôtres; aux sieDs,
qui venaient se rendre à nous, quand ii pouvait les attraper, et sus nôtres qu'il pou-
vait prendre, ne pouvant se venger autrement, il faisait couper les pieds ou les poings,
crever les jeux ou trancher hi nez. Le roi recevait les hommages des plus sages et des
meilleurs, qui abandonnaient volontiers l'empereur, qu'ils haïssaient. 11 divisa l'osl en
trois parties et fil assiéger trois châteaux, dont deux furent pris facilement. L'une des
divisions alla à Cberines'", dont on fut bientôt maître. Oe fut le roi de Jérusalem qui
donna cotte place à Richard, il conduisit et ramena bien nos gens; il les fit armer prës
du château , l'assiégea par terre el par mer et donna vivement l'assaut, (^eux du château
n'avaient pas du secours; ils ne purent tenir et il leur fallut parlementer. Ils rendirent
au vaillant roi Gui le chàlenu, et aussi la fille de l'empereur; ce qui mit celui-ci en si
grand émoi que rien ne put le consoler et qu'il n'eut plus ni sens ni conseil. Le roi
Gui fit dresser sur la tour les bannières du roi, mit des gardes dans le château et mena
l'osl à Didemus.
Didemus est un fort château, el on n'aurait pu le prendre par force; mais ceux que
l'empereur y avait envoyés étaient si troublés des nouvelles qu'ils apprenaient qu'ils ré-
sistaient à peine. Cependant ils nous envoyèrent à plusieurs reprises de grandes pierres,
[rf! château n'aurait rien eu à craindre sans la peur qu'avaient ces couards. Le roi Gui
l'assiégea et y resta plusieurs jours, tant que l'empereur ordonna de le rendre et fit
descendre de haut en bas ceux qui l'occupaient. Quand ils se furent rendus, à ce qu'on
m'a rapporté, ie roi Gui en prit possession. Il ordonna que la jeune fille fût bien gardée
dans la tour, afin qu'on ne pût l'enlever. Puis îl ramena son ost en arrière; mais par
le pays il trouva une grande cherté.
Le roi Richard était resté malade i\ Nicosie; dès qu'il se sentît mieux, il assiégea Btt-
fevent, un château exlr^moracnt fort. Écoutez l'étrange aventure de ce méprisable em-
pereur, que ses méfaits perdaient. Il s'était enfermé dans Gandaire , plein de honte et de
'' Ce nom eil donné pir le lalin, el M. Slulibs ridenlifii! il Ghyma. Il faut donc cdrrîgcr linai le vera 1967 :
/.'hm mI <n ala a Chtrinei.
à
L'HlSTOrRE DE LA GUERRE SAINTE.
357
deuil; il s
'Oyait p
e dans u
. Quand il sut le siège de Bufevenl,
s comme d
1 61Ie, qu'il aimait plus que rien au inonde, élait prisonnière dans une tour, cela
l'engagea beaucoup à faire la paix telle qu'il pourrait l'obtenir, à quelque dommage
que ce fût. Et le dommage fut bien grand, quand on songe à tous les châteaux qu'il
avait et à cette grande ricbes&e à laquelle il renonçait par sa lâcheté. Mais ce qui l'avait
perdu, c'est que tous les siens l'avaient abandonné. U le fallait : il n'attendit plus.
Il descendit de Candaire, et alla se rendre au roi Richard, n'espérant plus se défendre.
Avant de venir, d lui Gt demander d'avoir pitié de lui, lui promettant de tout mettre
en sa merci, sans rien garder, ni terre, ni château, ni maison, le suppliant seulement,
par honneur et par raison , de lui faire la grâce de ne pas le mettre en fers ni en liens :
et le roi, pour ne pas faire crier les gens, ne le mit que dans des chaînes d'argent. U vint
devant le roi, à genoux, s'humiliant, criant merci; le roi vit qu'il était sincère. Il con-
sidéra ses malheurs et ses pertes, comprit qu'il ne pouvait plus leur nuire, et que Dieu
avait conduit celte alFaire. H voulut la terminer : il releva l'empereur, le Ot asseoir près
de lui et lui fit voir sa fdle. Quand il la vit, il fut plus content que s'il avait tenu Dieu
par les pieds. 11 la baisa cent fois en pleurant. Que vous dîrais-je de plus? En quinze
jours, que je ne mente, Dieu ayant tout mené, le roî eut Cypre à sa disposition et au
pouvoir des Francs.
Quand le roi se fut emparé de Cypre, en bonne élrenne, pour le service de Dieu,
qu'il eut les châteaux et les forteresses dont il avait mis dehors les sales Grecs, U trouva
les tours toutes remplies de trésors et de richesses : de pots, de chaudières et de
grandes cuves d'argent, de coupes et d'écuelles d'or, d'éperons, de mors, de selles, de
pierres précieuses. si salutaires contre les maladies, d'étoffes d'écarlate et de soie (je n'en
vois jamais de pareilles), et de tous autres objets semblables qui conviennent auv grands
seigneurs. Le roi d'Angleterre conquit tout cela pour l'employer au service de Dieu
et à la délivrance de sa terre. U envoya l'ost à Lïmeçon, priant ses compagnons de
hâter leur départ et celui de la flotte sans perdre un moment. Il chargea le vadlant
roi Gui de garder l'empereur. Sa Glle, qui était fort belle et toute jeune fillette, il la
fit envoyer à la reine pour qu'elle reçut une bonne instruction. L'ost vint alors droit
à la flotte, se prépara et se hâta autant que possible. On remonta dans les énèques,
et on fil voile quand le moment fut venu, emmenant les reines et les dromons qui
étaient restés au port. Le roî laissa à Cypre des gens qui s'entendaient à la guerre,
et ceux-là envoyèrent des provisions, de l'orge, du froment, des moutons, des
bœufs, toutes choses dont l'fle était bien garnie et qui rendirent de grands services en
Syrie.
Voilà qu'on apporta au roi, par mer, et qu'on lui raconta la nouvelle que la prise
d'Acre était en train et que la ville serait emportée avant qu'd y pût arriver, r Puisse
«une telle chose ne pas advenir, dit-il, que nul la prenne sans moi!» Il ne voulut
358 L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
nlus rien attendre, sinon que ses compagnons l'eussent rejoint "' Mais beaucoup
s'en raêièrcnt, A Fomagouce il entra en mer et fit armer ses galères , et monta lui-raéme
dans une d'elles, merveilleusement belle, grande, ferle et rapide. 11 n'y a pas sous le
ciel un port qui ne fût épouvanté en voyant approcber des galères si merveilleuses,
armées de |>;ens si belliqueux. Voilà en roule les galères, qui étaient toutes de premier
rboix : le roi devant, suivant son usage, sain et léger comme une plume. Aussi vite
que courrait un cerf, il traversa la mer; il vit Margat, sur la côte de la vraie terre
de Dieu, puis Tortose, située sur une mer agitée. 11 jiassa rapidement devant Tripe.
Infré et Botron. et ensuite il vit Oibelct et la tour qui domine le cbâleau.
Devant Saetle, pr^s de Barut . le roi aperçut un vaisseau rempli des gens de Sala-
hadin. SalTadin l'avait chargé et rempli des meilleurs Turcs qu'il avait pu trouver, lis
n'avaient pu entrer dans le port d'Acre, et ils ne faisaient que tourner autour, attendant
une occasion. Mais leur dessein fut déjoué. Le roi fit pousser rapidement sa galère pour
les atteindre : quand il fut près du vaisseau, il le vit grand, large et haut. 11 était mâle
de trois grands m!Hs, et on voyait bien qu'il n'avait pas été construit hâtivement. Les
infidèles l'avaient couvert d'un feutre vert d'un côté et d'un feutre jaune de l'autre: il
était ainsi paré comme un ouvrage de fée. et si rempli de provisions de toute sorte
qu'il n'y en avait nombre ni mesure; et quelqu'un qui le savait, qui avait été h
Barut quand on avait chargé le vaisseau qui fut déchargé si honteusement, raconta
qu'il y avait vu porter cent charges de chameaux de bonnes armes aiguisées, des arcs,
des javelots, des carreaux, des arbalètes à tour, à roue et à main, et huit cents Turcs
d'élite, poussés par les diables, et des munitions et provisions qu'on ne pourrait
rompter; et du feu grégeois dans des fioles, dont on parlait beaucoup-, et on avait mis
dans le vaisseau deux cents serpents noirs et hideux (c'est ce que raconte l'histoire
écrite et celui qui avait aidé à les y mettre), qu'ils voulaient laisser courir parmi notre
armée, pour faire dommage à nos gens. La galère les approcha de si près qu'elle les
louchait presque. Nos rameurs les saluèrent, ne sachant pas qui ils étaient, et leur de-
mandèrent d'où ils venaient et qui était leur seigneur. Ils avaient un interprète parlant
français, et ils répondirent qu'ils étaient Génois'^' et qu'ils voulaient aller à Sur. A ce
moment se leva un vent d'Arsur, qui les éloigna de la galère. Un matelot avait regardé
avec attention le vaisseau et ceux qui étaient dedans . et qui auraient bien voulu s'écar-
ter. Mdit au roi : <t Sire, écoulez-moi! Faites-moi tuer ou pendre si ce vaisseau n'est pas
K un vaisseau turc, n Le roi dit : r Kn es-tu sûr? — Oui , sire , certainement. Envoyez tout
«de suite après eux une autre galère, et qu'on ne les salue pas : vous verrez ce qu'ils
1 feront et de quelle foi ils sont, n Le roi donna l'ordre: la galère s'approcha d'eux, ma'is
ne les salua pas, et eux, qui ne se souciaient pas de notre approche, commencèrent à
' Lacune d'ui
' Corrigei aîi
, d'après le li
) 1 91 : Si dittrei
UO L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE,
ordre, qui »' étaient vengiies du vaisseau ennemi. Comme U avançait avec Ba Sotte. Dieu
lui envoya un vent du nord. En bonne disposition ainsi que ses gens, il passa la nuit
devant Sur. Au malin, le preui rai, le cœur de lion, passa devant Candalion et CsBtl-
Itnb«rL De là il vil Acre à découvert, et. tout autour, la fleur des gens du inonde entier,
qui campaient devant. 11 vit les montagnes, les collines, les vallées et les plaines cou-
vertes de lentes et de pavillons et de gens qui voulaient nuire à la cbrélienté, et qui
étaient en trop grand nombre. Il vit les tentes de Salahadin et celles de Saphadin son
frire, et l'ost des païens, serrant de bien près la nôtre. D'autre part, Quahadin, le sé-
néchal des Sarrasins, gardait le rivage et faisait grande (guerre aux cbréliens, leur
donnant souvent et volontiers de grands assauts et de grandes poursuites. Le roi
aperçut et regarda tout, et considéra tout attentivement. Quand il vînt près du rivage,
vous auriez vu le roi de France, avec tous ses barons, et des gens en grand nombre.
ik sa rencontre en grand désir. 11 descendit à terre : là vous auriez entendu les trompes
retentir en l'honneur de Richard le nonparell. Tout le peuple était en grande joie de
son arrivée: mais les Turcs qui étaient dans Acre furent épouvantés de sa venue et de
le voir avec toutes ses galères, ils comprirent qu'ils ne pourraient plu.<^ entrer et sortir,
ce qui avait fait tant de tort aux nôtres. Les deux rois firent roule ensemble toujours
cMe à cale. Le roi Richard vint à ses tentes, et pensa avec grande attention au moven
de prendre Acre le plus tàt possible.
La nuit était claire et la joie grande. Je ne crois pas qu'on ait jamais vu et qu'on
puisse raconter une joie pareille à celle qu'on Ol en l'ost de la venue du roi. On son-
nait les timbres, les Iromfiettes, les cors et d'autres instruments. Tout le monde se
divertissait à sa manière. On chantait de belles chansons et de beaux airs; par les rues. ■
les échansons portaient du vin dans de belles coupes aux grands et aux petits. Ce <\m
réjouissait tant l'ost, c'est que le roi avait pris Cypre, d'oîi ils attendaient un ravitaille-
ment abondant. Tous étaient pleins d'espérance. C'était un samedi soir. Je ne crois pas
que vous ayez vu nulle part tant de cierges et tant de lumières; si bien qu'il semblait
aux Turcs de l'année ennemie que toute la vallée était embrasée de feux. Quand ils
surent fa venue du roi, à qui on faisait telle fête, ils firent semblant d'en être excités :
au matin ils emplirent la vallée, nous harcelant, nous lançant des traits, s'élançant sur
le fossé, et tourmentant l'ost autant qu'ils le pouvaient.
Nous laisserons pour le moment ce récit (ceux qui resteront auprès de moi me l'en-
tendront bien continuer quand la matière le voudra); nous ne nous occuperons plus
des deux rois et de leur arrivée, dont j'ai tant parlé que je les ai amenés â Acre. Ecoutez
bien et faites attention. Je veux interrompre ce sujet et briser ici mon fd; mais il sera
renoué et rattaché plus tard. Les rois ne vinrent pas, en efl'et, les premiers au siège,
mais les derniers, et .Ahbhoise veut faire entendre et savoir à ceux qui voudront l'ap-
prendre comment la ville d'Acre avait été assiégée. Il n'en avait rien vu, et n'en sait
que ce qu'O en a lu. Vfwrs
entem
LA GUEURË SAINTE. 361
dre quelles gens l'assiégèrent et combien leur
entreprise fut hardie.
Vous m'avez entendu rticonler. et il est bon de le rappeler, au commencement de
cette ^liftoire , vous vous en souvenez peut-élre , le grand dommage et la grande perte
qui ëtflienl arrivas en Syi-ie au temps du roi Gui , qui eut tant à souffrir. Mais tout le
monde n'a pas su comment ii avait i^ti^ trahi par jalousie.
H y avait dans la terre d'outre-mcr un roi qui y avait été élevé. Il s'appelait Araauri.
De lui naquit le roi Baudouin le lépreux. Baudouin vécut son temps, et fut enfin livré
atixvers. 11 avait pour sœurs deux demoiselles belles et sages. L'une était femme d'an
baron qui s'apporait Hainfroi du Toron; l'autre avait épousé le comte Guillaume
Longue-Epée, seigneur de Jaffe sur la mer, frère du marquis de Montferrat. Elle eut de
lut un héritier rafile, ^uî s'appela Baudouin comme son oncle. Le comte mourut, comme
le voulut le sort, et l'enfant vécut. Gui de Lusignan désira la comtesse et l'épousa.
Baudouin l'enfant fut roi; mais il ne le fut guère : c'est ainsi que Dieu gouverne le
monde. Quand l'enfant fut mort, le royaume revint de droit à la dame, et Gui se fit
téfptimement couronner roi, ce qui fut cause de bien des guerres.
Entre Salahadin, dont j'ai tant à conter, et le déloyal comte Haimond [de Tripe j, il
y avait depnis longtem[is une alliance dont tout le monde parlait en Syrie. Raimond
croyait pouvoir s'emparer du royaume . à cause de sa richesse . et parce qu'il était comte
de Tripe; maïs, Dieu merci, il ne l'eut pas, A son couronnement, le roi Gui, auquel
Dieu avait accordé cet iionneur, convoqua tous ses barons sans exception. Le comte de
Tri[ie y fut aussi mandé; mais inulîle de demander s'il se moqua de la convocation,
et s'il fit une réponse injurieuse. Le messager s'en retourna, et le comte se mit en route
et alla se plaindre à Salahadin. disant qu'il ne pouvait rester dans sa terre à cause
de la haine du roi Gui à qui le royaume était échu. 11 lui dit e4 il lui mentit tant, que
la chrétienté s'en ressentît. .... [Il lui demanda), par l'amitié qu'il avait pour lui,
de l'aider h se venger. Seigneurs, c'est à cutte entrevue que l'on convint de la trahison
par laquelle la sainte croix fut perdue et la chrétienté mise en grand émoi. Le comte
fut encore mandé à la cour, et on le pressa beancoup d'y venir; maïs il ne voulut pas
y aller, ni rien tenir du roi Gui. Le roi le manda une troisième fois, promettant de ne
lui faire que droit; enfin il y vint à la malheure, car il était déjà assuré de ftire grand
mal au pays. C'est par lui que commencèrent les désastres : mais il en mourut honteuse-
ment, comme l'histoiro le raconte.
Vous aveK souvent entendu raconter que quand ce roi Gui fut couronné, il ne se
reposa pas deux mois; mais il fit par toute la terre de Syrie cherelier et convoquer »e»
gens pour qu'ils le vinssent secourir, rar Salahadin avait déjà fait entrer ses coureurs
dans le pays; son armée y avait pénétré et avait déconfit les chrétiens, cent chevaliers
d'élite, et avait tué Jaqueltn de MaiiU. ao grand chagrin du Temple. Celle défaite fui le
k
V. 3/119.
(Cf i,u.,.|
36â L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
commencement des malheurs qui , depuis , ont si longuement désole la cbrëlientë. Le
comte de Tripe, qui avait la lippe pendante, manda alors au roi Gui qu'il viendrait
à lui et qu'il lui prêterait secours; il vint et se mit d'accord avec lui; mais le peuple
raconta ensuite que c'était un faux accord, et qu'il le trahit, sans l'avoir défié, dans la
grande bataille où ils furent tous deux, et où moururent tant de braves gens. Il se
peut qu'il l'ait fait, il se peut qu'il ne l'ait pas fait; mais la plupart assurent qu'il le tra-
hit dans la bataille, et, s'il le fit, il aurait mérité d'être englouti en terre. Salahadin
avait convoqué ses gens dans tous ses neuf royaumes, armés d'arcs, de heaumes et
de hauberts; faibles et forts, tous y vinrent en grand nombre. Il y avait là beaucoup
d'émirs de nom, beaucoup de nobles hommes renommés, bien préparés, en quittant
leur pays, à nuire à la chrétienté.
. a53i. Le roi Gui et ses hommes, et avec lui des Vénitiens, ayant réuni toutes ses forces,
(CM, ▼.) avait envoyé l'une des osts à Saforie et l'autre au port de Tabarie. Celle qui descen-
dit à Tabarie y alla à la bonne heure, car ceux qui y perdirent leurs corps y ren-
dirent leurs âmes à Dieu. Le comte de Tripe les conduisait, qui ne s'occupait que de
les trahir. Nos gens ne se gardaient pas de lui, et faisaient tout ce qu'il leur disait.
Il dit et fit tant que leur ost poussa la nôtre jusqu'à la mer de Galilée. Gomme ils
n'avaient pas d'autre eau , le traître leur fit boire de celle de la mer, qui est d'ailleurs
douce et bonne à boire; mais quand on en vint au combat, et qu'il aurait dû se com-
porter le mieux, il s'enfuit, et les autres restèrent et y laissèrent la vie du corps. Je ne
sais pas qui frappa et qui fut frappé, qui échappa et qui périt : je n'étais pas à la ba-
taille; mais ce que je puis vous dire sûrement, c'est que c'est Dieu qui arrangea tout
cela, car il avait reconnu qu'il y avait au monde tant de péchés et de vices que bien
peu de gens, sans ce moyen, auraient pu venir à lui. C'est à la Maréchaucie, près de
Tabarie, que le roi Gui livra bataille et renversa bien des Sarrasins. Mais déjà les
nôtres étaient tous blessés ou morts et décapités, et il n'y avait plus de ressource. Les
ennemis vinrent en foule sur le roi, tant quil fut renversé par terre et rudement mal-
traité et battu. Il avait embrassé la sainte croix, qui, sans cette étreinte, eût souffert des
outrages quand on la prit; mais Dieu montra bien qu'il en avait soin.
V. 9679. Quand la bataille fut terminée, suivant la décision de Dieu, que le roi fut pris, la croix
prise, et que presque tous les nôtres furent tués (ce qui décida tant de gens à se croi-
ser et à quitter tous les biens de la vie), Salahadin saisit tout le pays (ainsi Dieu donne
et enlève sa terre) excepté seulement Sur, Escalone et Jérusalem, qu'il ne tarda pas à
(Cf. i,Titi.) prendre aussi. Il alla assiéger Escalone, pensant l'avoir sans peine; mais ceux de la
ville tinrent contre lui avec courage et obstination, et il y mourut bien des Sarrasins
avant qu'il pût s'en emparer. Enfin il fit amener le roi devant la muraille et le leur
montra, proposant de le rendre si on lui ouvrait la ville; le roi leur fit dire de
résister et de ne rien faire pour lui; mais ils ne pouvaient résister davantage, et il
L'HISTOIRE DE I.A GUERRE SAINTE.
363
leur faillit entrer en négociations. Ils rendirent Escalonc, en échange du roi, et s'en
allèrent avec tout ce qu'ils possédaient. Le roi Gui fui donc mis en liberté, à condi-
tion, dit ie livre, qu'il quitterait le rojauine et s'en irait outre mer. En eiïet, il entra
en mer pour tenir sa promesse, et alla dans l'Ile de Tortose, ce dont ses gens étaient i
fort en peine. Mais Salahadin, qui était un Sarrasin très sage, savait qu'il était mal-
chanceux et qu'il n'était pas, en guerre, âpre ni terrible. Il ne tenait pas à le
changer, et à avoir à craindre un autre roi. Il lui fit dire qu'il ie quittai! de sa pro-
messe. Le roi revint aussitôt à Tripe sur mer; il y trouva sa femme, el le comte
qui avait été son ennemi, et qui, dit-on, l'avait trahi. Il fil alors grand accueil
au roi. quelle que fût sa pensée de derrière; mais à quoi bon parler longtemps de
ce mauvais comte, de ce traître, qui mil la chrétienté en deuil et rendit tant d'en-
fants orphelins ? Il paya cher son tort et sa trahison; car. Dieu merci, il en mourut
subitement et vilainement. Je ne parlerai pas non plus du siège de Sur, qui fui pé-
nible pour Salahadin, où Guillaume de la Chapelle fit tant de belles prouesse.*), où
les Frères de Tabarie, qui défentUrent la ville, se montrèrent si loyaux envers le
Roi du ciel; ni du marquis de Monlferrat, qui commença li par bien se conduire :
il venait d'arriver quand le pays fut conquis et il ùl d'abord bon service à Dieu;
mais de ce bon commencement vint une suite mauvaise el déloyale. C'est au roi Gui
que j'en suis, qui sortait de captivité; je ne veux pas le laisser, el je m'attache à
ce sujet. Le roi Gui de Jérusalem était revenu à Tripe, au plaisir des petits et des
grands; mais il était pauvre et gêné comme un homme qui sort de prison. Il ne prenait
pas plus que son dû, car il n'avait rien au monde k prendre, et il était obligé de
dépenser. 11 savait qu'Acre était prise, la clef de sa terre, et que ses gens étaient
chassés, el il ne savait à qui recourir, il se plaignit à Dieu de sa triste situation,
et Dieu y pourvut très bien. Un matin, la cloche sonnante, le prince d'Anlioche fut
à Tripe trouver le roi Gui et lui demander de consentir à aller à Antloche avec lui
et à y séjourner jusqu'à ce qu'il efll trouvé el rassemblé des gens et qu'il sût oïl il
pourrait attaquer les Turcs et leur reprendre quelque chose. Le roi s'en alla avec le
prince dans son pays, à Antloche; Il y resta quelque temps, versant bien des larmes
sur la Sainte Terre qu'il avail possédée et qu'il voyait perdue sous son règne. Puis il
revint à Tripe, s'équipa et s'arrangea, et, avec l'emprunt qu'il avail pu faire, il fit con-
voquer el apprêter tout ce qu'il put avoir de monde, car il ne voulait plus arrêter.
Comme 11 attendait là et s'occupait de réunir des gens, voici venir son frère, Jofroi
de Lusignan, réputé pour le chevalier le plus preux do son pays el toujours nourri
dans la guerre. U avail d'abord débarqué à Sur, mais il n'y avait pas trouvé d'amis,
car le marquis et ceux qui étaient avec lui lui inlertlirent l'entrée du port. Jofroi partit
donc et s'en vint à Tripe, où 11 trouva ie roi Gui , qui lit grande joïe à son frère. Quand
ie roi eut rassemblé ses gens, ils s'équipèrent, et, suivnnl le rivage. Us vinrent à Sur.
3&6 L*HISTOIRE DE LA GOERRE SAINTE.
11 avait peu de moiMle avec lui; il troma les portes fermées, et le maiiqaîi, |laf
Yoitise et par «rogance, lui £t interdire Tentrée : c'était une mauvaise inspiratioi» qui
lui faisait interdire au roi son propre domaine. Le roi, voyaat qu'on ne le laissait pas
entrer, dit qu'il ne supporterait pas cet outrage : il fit planter sa tente sur le sable, et
y campa en ferme résolution.
V. 9719. L'ost se réunit près de Sur, et saches qu'il fut très pénible au roi de se voir interdire
la ville; mais c'est ce qu'avait arrêté d'avance le perfide marquis de Montferrat, le fils
du vaillant Conrad, qui avait été pris dans la grande bataille. Celui-Ui n'aurait pas ugi
ainsi , car c'était un loyal prudhomme ; mais le fils était déloyd. Les gens de Sor qui
aimaient Dieu et qui s'en faisaient honneur quittèrent la ville et vinrent trouver le roî
(Cf. i,xTn.) dans l'ost. C'étaient les preux Allemands qui y tenaient alors grande place et les Frères
de Tabarie, les gens les plus loyaux de la Syrie, puis les vaillants Pisans qui» pour le
service de Dieu, avaient abandonné leurs maisons et leurs terres, et qui coftduiaîfesit
leurs femmes et leurs enfants assiéger les Sarrasins dans Acre.
V. 9763. Le roi était joyeux d'avoir son frère. L'histoire véridique dit qu'il s'était repoeë quatre
t, xtn, mois avant de camper sur le sable du rivage devant Sur, qui lui appartenait légitima
ment. Et quand il eut amené les gens qu'il avait réunis dans tout son pays,, en comptant
ceux qui étaient venus avec son frère et qui tenaient une grande place , il n'avait que
quatre cents chevaliers et sept mille piétons à mener au siège d'Acre. Jamais on autre
n'aurait eu pareille audace, et c'est prodigieux qu'il ait entrepris (si ce n'est qu'il comp-
tait sur la protection de Dieu ) d'aller combattre des gens qui étaient plus de cent contre
quatre; mais Dieu voulait amener ce qui en advint et la grande armée qui se rassem-
bla devant Acre. Salahadin fortifiait la ville et s'en travaillait beaucoup, pensant bien
qu'on essayerait delà lui reprendre. Le roi se lança dans cette aventure pour Dieu, en
qui il se confiait 11 conduisit ce qu'il avait d'armée par un chemin qu'il connaissait
Entre Acre et Sur, il y a un passage difiicile, qu'on appelle Candalion : le roi le passa
rapidement avec son armée ; Salahadin ne le sut pas , car, s'il l'avait su , tout l'or de
Russie n'aurait pas empêché les chrétiens d'être mis en pièces; mais Dieu voulait qu'il
en fût autrement, et c'était le commencement, qui depuis fut bien accru, de la revandie
des chrétiens. Voilà l'armée du roi venue devant Acre, au nom du saint sacrement que
nous adorons : le roi monta sur le Toron.
V. 9787. Sur le Toron, devant Acre, vinrent les chrétiens qui venaient de Sur, et sadiei
(CM, »Tn.) pour certain qu'ils y montèrent par la nuit noire. Ils n'osèrent pas rester dans le bois
qui est au-dessous, et allèrent s'établir en haut Au matin, quand les Turcs sortirent
d'Acre et les virent, voilà la ville en émoi et la chevalerie sur pied. Ils mandèrent
à Salahadin qu'une poignée de chrétiens s'était follement jetée devant eux, et qu'il se
hâtât devenir leur couper la tête, car ils n'oseraient pas se défendre. Quand Salahadin,
qui était occupé à mener vivement le siège de Beaufort, entendit cette nouvelle, il
L'HISTOIRE DE I-A GUERRE SAINTE.
305
n réjoi
maada s
rière-ban el fit dire p
s terres que tous ceuï
(|ui lui obéissaient vinssent en Svrie au butin. Il y vint trop de gens : que le Créa-
teur les confonde! Si on avait haché menu notre armée, il n'y en aurait pas en une
pincée pour chacun d'eux. Il y avait trois jours que les nôtres étaient arrivés et se te-
naient en haut sur le Toron, où ils restaient en armes toute la nuit contre les attaques
des Sarrasins, quand voilà les troupes de Salahadin, Turcs. Persans et BMonlns, qui
occupèrent tout le pays. Le troisième jour de la semaine, Salahadin y vint luî-méoie.
pensant qu'il aurait bientôt les têtes des chrétiens. Ne vous étonnez pas si ceux qui
défendaient leurs têtes étaient inquiets et astreints aux veilles et aux fatigues sur le
Toron oîi ils se tenaient : les Turcs les attaquaient nuit et jour, les fatiguaient tant
qu'ils avaient peine même ^ manger. Là Jofroi de Liisignan se donna bien du mal
pour défendre l'ost; il était depuis longtemps hardi el preux, mais il conquit alors un
grand renom. Ils furent ainsi en péril depuis le lundi jusqu'au vendredi. Mais vous-
allez voir comment Dieu protège ceux qu'il veut prendre sous sa garde : celui qui se
voue à son service, rien ne peut lui nuire. Comme le roi et tous les siens étaient en
telle crainte, qu'ils regardaient au loin en mer el suppliaient Dieu de leur faire quelque
secours, voici arrivée tout droit une belle flotte d'ënèques, de gens qui venaient là.
C'était Jacques d'Avesnes, le Flamand : je ne crois pas qu'Alexandre, Heclor ni Achille c
aient élë meilleurs chevaliers et plus vaillants que lui; c'était Jarques, qui avait vendu,
engagé et dépensé ses terres et ses héritages pour mettre, en homme sage, son cœur,
son corps el son l'ime au service de Celui qui mourut et ressuscita. 11 avait bien avec
lui quatone raille hommes d'armes renommés. Puis c'était la (lotte de Danemark, et il
y avait au^i maints preux châtelains de la Marche et de Cornouaillo, qui avaient de
bons chevaux bruns et bais, forts et rapides, à ce qu'ont dit ceux qui le savaient. Quand
ils furent près d'aborder, vous auriez vu la rage des Turcs. Ils couraient sur le rivage
et même entraient dans la mer, ceux du dehors et ceux d'Acre, et ils lançaient des
traits en grand nombre. Mais les nôtres descendirent du Toron et les combattirent
des deux côtés, ils les pressèrent vivement ; les Turcs, à force de tirer, les repoussèrent,
mais néanmoins les autres réussirent h débarquer. Salahadin, quand il vit les nouveaux
arrivants, dit : «Voilà notre butin qui augmente.»
Quand le haut Roi que nous adorons eut en si peu de temps grossi son armée , qui
était près de périr et qui retrouva ainsi un peu de sécurité
ils reprirent courage tous ensemble et osèrent descendre du Toron. Ils dressèrent
des tentes et des feudlées. et assiégèrent la cité d'Acre; ils se trouvaient ainsi eux-
mêmes assiégés et attaqués de deux côtés. Les Pisans firent là prouesse. Ils se logèrent
sur le rivage el le gardèrent contre les Sarrasins, afin qu'ils ne pussent prendre ni
endommager les vaisseaux qui aborderaient. Un vendredi au matin, il y eut du côté
de Montmusart une fière rencontre, où on tua des gens des deux parts. Ceux de la
366 L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
ville firent une sortie; ils ramenèrent par force dans Acre une grande caravane de
chameaux chargés de provisions, et menèrent à Salahadin le butin quils y firent. Ils
sortaient d'Acre et y rentraient comme ils voulaient, car ils avaient la force.
V. 9913. Les gens qui s'étaient enfermés dans Acre, sachez-le bien , n'avaient pas été pris à la
charrue ni à la charrette; on sut depuis qu'il n'y en avait pas de meilleurs panni tous
les infidèles pour garder et défendre une ville ou prendre de force un château. Il ne
1, xzu. se passa pas plus d'une quinzaine que nous arriva le comte de Braine, et avec lui son
frère André, fils de bon père et de bonne mère; vinrent aussi le sénéchal de Flandres,
et avec lui plus de vingt barons, et le landgrave allemand, amenant de bons chevaux
d'Espagne; l'évéque de Beauvais, qui n était ni vieux ni infirme, et son frère le comte
Robert, chevalier adroit et agile; le comte de Bar, le plus courtois quon pût trouver,
et beaucoup d'autres, preux et sages, rejoignirent l'ost en même temps. Mais plus il
en venait, et moins les Sarrasins les craignaient. Ils leur livraient sans cesse des com-
bats et venaient jusqu'à leurs tentes. Ceux de la ville faisaient des sorties, et les autres
croissaient toujours, et remplissaient tellement le pays que nos gens se regardaient
comme prisonniers; mais, néanmoins, ils n'abandonnèrent pas le Roi du ciel pour qui
ils étaient venus là.
V. S9&7. Pas un prêtre, ni un diacre ou un clerc ne pourrait raconter les grandes peines
et le martyre qu'endurèrent les chrétiens à la guerre devant Acre, jusqu'à la venue
des deux rois de France et d'Angleterre, qui en renversèrent les murs, avec les braves
gens qui les accompagnaient, aimant Dieu et croyant en lui.
V. 9967. Un vendredi du mois de septembre, je me le rappelle, arriva à nos gens une dure
et triste mésaventure. Les Sarrasins les attaquaient sans y manquer un seid jour; les
chrétiens s'armèrent et se disposèrent en bon ordre, divisés en divers commandements
qu'on avait établis. D'abord l'Hôpital et le Temple prirent place sur le rivage, où il
y avait de nombreux ennemis : c'étaient toujours eux qui commençaient. Au milieu de
l'est, le comte de Braine et les siens, le landgrave et les Allemands, qui formaient une
grande compagnie, restèrent près de La mahomerie, car il était bien juste
Le roi Gui et les Pisans, et d'autres vaillants hommes, étaient à droite sur le Toron
pour surveiller les Turcs. Les Sarrasins s'approchèrent avec entrain. Vous auriez vu là
de beaux bataillons : les Templiers et les Hospitaliers chargèrent, attaquèrent les pre*
miers rangs, les mirent en désordre, les percèrent, les mirent en fuite et les poursui-
virent. Puis les autres chrétiens en firent autant, et les Sarrasins lâchèrent pied. Mais
il y en avait une telle masse que les chrétiens ne savaient de quel côté aller. Les Turcs
ne pouvaient se rallier. Ils étaient déjà près de la montagne, quand le diable s'en mêla
et causa la mort de beaucoup des nôtres. Le cheval d'un Allemand s'échappa : celui-ci
le poursuivit, et ses compagnons aussi coururent après le cheval sans pouvoir l'atteindre.
Le cheval s'enfuit vers la ville , et les Sarrasins crurent que nos geos fuyaient en désordre ;
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. 367
ils tournèrent ) chargèrent à leur tour, et les arrangèrent si bien que ceux qui avaient
pour fonction de diriger l'armée étaient assez occupés de se défendre eux-mêmes, car
pour un des nôtres ils étaient bien vingt-quatre, cherchant à les renverser, et avec des
masses d'armes et des massues ils en tuèrent beaucoup. Là fut tué André de Braine : i, »x.
que son âme soit sauvée, car il ne mourut jamais un chevalier si vaillant et si secou-
rable ! Le marquis de Montferrat fut serré de si près par les ennemis qu'il y serait
resté si le roi Gui ne Teût secouru. Et dans cette même affaire fut tué le Mattre du
Temple, celui qui dit cette bonne parole qu'il avait apprise à bonne école; tous,
couards et hardis, lui disaient, lors de cette attaque : ç^ Venez-vous-en , sire, venez-
«vous-en!» Il l'aurait pu, s'ill'avait voulu : «Ne plaise à Dieu, leur répondit-il, qu'on
Rme revoie jamais ailleurs, et qu'on puisse reprocher au Temple qu'on m'ait trouvé
t( fuyant! 7) Et il ne le fit pas; il y mourut, car trop de Turcs se jetèrent sur lui. Et des
gens de peu, il en mourut bien cinq mille, dont les corps restèrent nus sur la place. •
Quand ceux de la ville connurent la défaite des nôtres, ils montèrent sur leurs chevaux
arabes, sortirent des portes, et attaquèrent les nôtres av^c une telle rage qu'ils leur
auraient causé grand dommage sans leur belle défense; mais les nôtres leur firent face,
et on vit là de beaux coups de chevaliers. Là fit merveille le roi Gui lui-même,
et Jofroi de Lusignan, qui eut beaucoup de peine ce jour-là, et le preux Jacques
d'Avesnes, qui fit tant d'exploits dans la Terre Sainte, et les autres, si bien qu'on les
repoussa et qu'on les fit rentrer dans la ville.
Aipsi se passa cette journée, oh la fortune nous fut si contraire. Les Sarrasins v. 3o55.
en reçurent tant d'encouragement (que Dieu les maudisse, et je les maudis!) qu'ils
commencèrent à vexer et harceler les chrétiens beaucoup plus qu'ils ne faisaient au-
paravant. Quand les prudhommes et les barons le virent, ils dirent ; ce Seigneurs, i, un.
tenons ne profitons en rien; il faut prendre une résolution qui nous protège contre ces
«gens du diable qui nous tourmentent toute la journée, et, la nuit, nousWolent nos
R chevaux. » Voici la résolution qu'ils prirent. Us firent faire un fossé grand , large et
profond, et le garnirent d'écus, de targes et de morceaux de ponts (?). Ainsi les terres
des deux côtés furent séparées. Cependant les Sarrasins les attaquaient toujours et ne
leur laissaient pas de repos.
Ecoutez un trop grand ennui : à la suite de la tuerie dont j'ai parlé, qui fut si dou- v. 3077.
loureuse pour les Francs, le lendemain de cette aventure, où l'élite de l'ost avait été
déconfite et oà tant de pauvres gens, venus là pour Dieu, ^valent trouvé la mort^
Salahadin fit prendre tous les corps morts et nous les fit renvoyer en les jetant dans le
fleuve d'Acre. C'était une laide boucherie, car les corps deseendaient à vau-l'eau , lant
qu'ils arrivèrent au milieu de l'ost, et à mesure que les monceaux de morts crois-
saient, il en sortait une telle puanteur que toute l'ost dut s -éloi|^er jusqu'à ce qu'on les
eût enfouis. Et longtemps après qu'ils avaient été enterrés, on en fuyait encore l'odeur.
a6
M^ftlHtltl «àTIOIAU.
Vit LBISTOUE DE LA GUEBBE SAI5TBL
• . 3'.y^, Le» Aritiem tnraillaiettt ao bmé qai leur ««nrait île renpart. Ib te
defii qiiajMl iei Sarrasiiis nsiaîeBl ias alla^per, conne îb le iaMieni taai la
<|a il fit froid ou <}a'ii fit cbaiML C'était le fbfté qui étak le dunp de tirtiilh dei
dt biea et d^» cet cbiens. Les nàtrei Toelaieat le creaser et les aalrei iiiiimuI de le
déCnre. Vous auriei vu la plus de cinq eent auUe flèches : eans
qui creusaient le fofsé les [laisaient à ceoi qui le défeodaieiiL Vov aonei ru des den
€ôîAm des gens hardM et eoorageni. Vous aorîex vu les combattaDts toaber, mAr.
s'ouvrir le ventre, et de rudes coups s^écbaDger. La nuit seale lei séparaiL
V, 3f ifj. Depuis le conHoeacemeat du siè(B;e d'Acre jusque vers la fête de la Tousnil« je le
fat*» fd je Tai entendu dire souvent, il ne eessa d arriver de nouveaux venos qui
tenaient bien leur place* Alors vint le comte de Ferrières, qui tua plus de cent Turcs.
car il était hi bon archer qu'il n'y en avait pas de meilleur; et Gui de Daoïpiem. qui
possédait maint beau cbâteau; et l'évéque de Vérone, que Ton estimait grandement :
tow» ceni-lâ vinrent devant Acre, et ils devinrent confesseurs et martyrs, car j'ose bien
dire que celui qui fut le plus à son aise y souffrit un martyre assez dur, les penn et
les veilles et les fatigues de nuit et de jour; ils n avaient jamais de repos, et ils n'osaient
pas en prendre avant d'avoir terminé le fossé qui causait tant de combats.
\ . 3f 63. L'avanirveille #le la Toussaint, il arriva dans l'ost une mésaventure prodigieuse, trop
I iisi». forte et trop pénible. Pendant que les chrétiens souffraient tant de peines, ceux qui se
tenaient sur le Toron regardèrent du côté de Caipbas et virent arriver une grande
flotte de galères qui venaient de Babylone, qui soutint longtemps Acre. La flotte ap-
prochait en bon ordre, et la nouvelle s'en répandit promptement dansl'osL Plusieurs
croyaient, mais personne n'en savait rien, que c'étaient des vaisseaux de Pise, de
G^nes, de Venise, de Marseille ou de Sicile qui venaient aider au siège. Pendant
qu on se livrait a ces suppositions, les galères approchaient, et elles aj^rochèrent si
bien qu'elles entrèrent dans Acre, et en arrivant elles s'enqMirèrent d'une de nos
éni^ues oli il y avait des hommes et des provisions : elle fut enunenée dans la ville;
les hommes furent tués et les provisions prises.
V, :^72î. Ecoutez ce que firent les Turcs, et leur grande injure à Dieu. Le jour de la fêle de
tous les saints qu'il rassembla dans le ciel, de la grande fête oik on pleura tant de
larmes, iU pendirent sur les murs d'Acre, par défi, les corps des chrétiens qu'ils
avaient pris dans l'énèque et tués. Ceux-là partici|>èrenl à bon droit, les prédicateurs
peuvent bien le dire, è la grande joie qui dure et durera sans fin et qu'ont ceux dont
on célébrait re jour-là la fête.
V. :ii9i. C^ette flotte dont je vous ai parlé garda si bien le port et le chemin par où abor*
daient les n6tres qu'ils n'osèrent plus s'en approcher, en sorte qu'il n'arrivait plus de
secours aux défenseurs de Dieu. L'hiver s'avança sans qu'ils eussent fait de provisions.
Ils avaient terminé le fossé, mais il fut plus tard comblé malgré eux. Pendant cet
370 L'HISTOrRE DE LA GUERRE SAINTE,
des Turcs et emmenèrent de vive force une galère jusque dans le port. La joie liif
belle. Vous auriez vu les femmes s'approcher, tenant des couteaux dans leur» maiiM,
saisir tes Turcs par les tresses et les tirer de toutes leurs forces, puis leur traoeher !■
tétc. qu'elles emportaient à terre. Sur les deux flottes, la huée ne cessait pas. Chacune
cédait à son tour; souvent elles se rapprochaient, elles se lançaient du feu grëgeoù;
les vaisseaui( étaient allumés, puis éteints, et, quand ils fie joignaient, se frappaient
H l'envi et se poussaient jusqu'au port. Jamais homme ne vit une telle bataille; mais ce
furent nos gens, ceux de l'ost de Dieu qui menait le siège, qui en eurent le plus i
:90ufTrir. Car les Turcs, plus nombreux chaque jour, transportés de colère à eaïue de
la ijalère que les nôtres avaient emmenée, donnèrent au fossé un terrible assaut peo^
danl la bataille qui se livrait sur la mer. Il n'y eut pas un chrétien dans l'ost, grand
nu p<!tit, jeune ou vieux, si hardi ou si renomma qu'il fAl, qui n'eût fort affaire h se
défendre des Turcs; car ils se pressaient comme des mouches et »'eiïorf<iiei]t à qui
mieux mieux de défaire et de combler ie fossé. Tmiie la plaine, jusqu'au pied de la
montagne, était couverte, comme un champ d'épis, des Turcs, qui les attaquaient sans
un moment de relâche, et qui se jetaient dans les fossés en si grand nombre qu'ils s'y
renversaient. It y avait là une grande masse de gens hideux et noirs, ennemis de Dieu
et de la nature, portant sur leur léte des coiffures rouges : Dieu n'a pas fait de [dus
laides bétes ni de plus cruelles. En voyant les flots pressés de ces gens avec leurs têtes
coiffées de rouge, on aurait dit des cerisiers couverts de fruits mars, et il y avait tant
d'autr(>s Turcs qu'on les estimait à cinq cent mille. Ceux de la ville, bannières en télé,
faisaient des sorties et attaquaient les chrétiens de l'autre câté. L'ost fut tellement
harassée, ce jour-là et bien d'autres, que les chrétiens se demandaient s'ils pourraient
résister à ces attaques incessantes. Les gens coiffés de rouge avaieni un étendard oii ils
se ralliaient tous : c'était l'enseigne de Mahomet, dont l'image était en haut, el au nom
de qui ils étaient venus combattre la chrétienté. Ces coquins se défendaient avec de
grandes pierres qu'ils apportaient. Voilà le combat que l'ost avait à livrer du côté de le
terre. Du côté de la mer, la bataille dura tonte la journée; à la fin, par la grAce \
de Dieu, notre flotte eut la victoire; car on y avait établi, de jour en jour, dcsdivi-
sions de barons de l'ost qui se relayaient dans hs galères, hommes vaillants et bÎM
armés, qui combattirent rudement. La flotte chrétienne repoussa de vive force les g
ennemies en deçà de la chaîne [qui ferme le port], et causa grand doiumsn
Turcs enfermés dans la ville et qui étaient alors quarante mille. Depuis «
purent plus recevoir de secours par mer ni sortir du c6té de la (erre, €
sions diminuant, ils souffrirent beaucoup de la disette.
Le jeudi de l'Ascension, le jour oir l'on fait la procession sainte J
Dieu monta au ciel, comme l'Évangile le raconte, nos gens vould
murs d'Acre au nom du coq» sacré do Seigneur. Nous avitxi&LiJ
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
371
couvertes coQtre le feu grégeois des infidètes. Il y en avait trois grandes, que trois hauts
hommes avaient fait faire : le landgrave, le roi Gui et le marquis avec les Génois :
tous trois étaient dans leurs tours quand on donna l'assaut. Les chrétiens attaquèrent;
ceux d'Acre garnirent les murs. L'attaquefutviffoureuse et la défense aussi. Les assiégés,
qui souffraient de la disette, se défendaient avec acharnement et nous faisaient pay<ir
cher leur souffrance, il n'y eut jamais une défense comme celle du ces inemhres du
diahle. Les uns sonnaient du tabour, les autres se pri^ssaient ù l'endroit où ils étaient
nécessaires, et les Turcs campés sur les montagnes accouraient de leur côté en grand
nombre dès qu'ils voyaient nos gens Dccu|)és à l'assaul, venaient aux fossés et sautaient
dedans, si bien que les chrétiens devaient è la fois attaquer et se défendre. L'assaut
dura longtemps, du matin au soir; mais au soir il fallut le cesser sans que l'on ei^t pu
les forcer. Les Turcs jetèrent le feu grégeois sur les trois tours et les embraseront, si
bien qu'il fallut les abandonner et qu'elles furent réduites en cendres.
Les chiens d'infidèles furi^nt pendant longtemps clans la ville en grande diséUe itf '
vivres; comme le temps<i' écoulait, leurs provisions s'épuisèrent. Ils furent n'thiits* »" '
lel point qu'Us mangèrent toutes leurs bêles, cous, tétea, pieds et boyaux. Il» «ww»*
hors de la ville des chrétiens qu'ils retenaient, les vieui gardant ceux i|in **■•'**
jeunes et dispos pour travailler aux pierrières. Ils curent lanl de pn»4fK«*
peines et de soulTrances qu'
Jean. Alors le diable leur envoya
Turcs péril: mais let;' assiégés rccueilllrenl les vivres qui y éufcni. *"*** *■*
du courage, et ils faisaient souvent des sorties, en sorte qui" m» o""- '^ '""
enfermés [de deux pMésj.
U tilede saint Jaccpies fut une journ^ trop pénibl? ;■"'■' '- '■■""■
i iliable, qui ne se repose jamais, fil (ao(
I pas te diable qui h? fît; c'est Pieu qui h
l martyrs dnas son royaume céleste. La ptu
Lde l'oet de Dieu sans $o gsrder siilTuan
■grands besoins et pousséii par leurs soûl
>jliiien( environ dîi millft: ils iwrtircn' >
"h miirrhèrnnt Inril dniif sur '
ne pourrait le raconter, jusqu'après la fttf * '^^
roya trois navires; iU se brisèrent, rt «•* 1'*'**';^
I l'ost i\il 1
innil, (j
land
Jor le
S7a UHISTOIBE BE LA GUERRE SAINTE.
mourut Torel <lu Mdsnil , ndJi sans avoir fait de grands exploits ; oti le Mgretta l>eaii«*
coup. L'ost eut cette aventure et bien d'autres.
V. 3/195. L'ost de Dieu eut à souffrir de ses ennemis bien des assauts, bien des tntjures; Dieu
souffrit par sa pitié bien de dures aventures* Il mettait son peuple à Tépreuve, conmie
il a fait pour les saints, qu'il éprouva par tant de souffrances^ c«mme on âe raconte,
ainsi qu'on fait l'or dans la fournaise. Ceux qui s'étaient donnés k Dieu avaient déji
beaucoup souffert là.
V. 35o5. Gomme ils étaient dans cette situation difficile , voici venir les barons de Fraftce,
Il uii. vers le mois d'août, au meilleur moment du passage qui est avant le temps d'hiver.
Alors arrivèrent le comte Henri de Champagne avec beaucoup de monde , et le comte
Tibaud de Biois, qui ne vécut pas trois mois depuis, et le comte Etienne, qm, lai aussi,
mourut peu après son arrivée; le preux comte de Glermont, qui plaisait k Dieu et au
monde; le comte de Ghâlons, qui était un homme fort, grand jU haut U arriva tant
d'autres prudhommesque nul n'en sut le compte.
V. 35a 1. Devant Acre, pendant que les preux y restaient pour leur salut et l'amour de Dieu,
I, zLTu. il arriva beaucoup de grandes aventures que l'on a conservées par écrite et beaucoup
de miracles, par l'effet de la puissance de Dieu. Devant et derrière les pierrières» qui
étaient nombreuses dans l'ost, beaucoup de gens allaient et venaient, et il arrivait
souvent des choses que l'on tenait pour des miracles quand elles advenaient. Il y avait
dans la ville, l'histoire le raconte, beaucoup de pierrières, qui lançaient si bien qu'on
ne vit jamais de tels coups. Il y en avait une si puissante qu'elle nous causait grand
donunage : elle nous brisait sans cesse nos pierrières et nos cercloies, caries pierres
qu'elle lançait volaient comme si elles eussent eu des ailes : il fallait que deux hommes
se missent, l'écrit le dit, pour tendre la fronde^ et quand la pierre lancée par la fronde
était tombée, il fallait bien la chercher à un pied en terre. Gette pierrière frappa un
hooDune par derrière dans le dos : si c'eût été un arbre ou un pilier de marbre, elle
l'aurait coupé par le milieu, tant elle était tombée droit dessus; mais le prudhomme
ne la sentit mâme pas, parce que Dieu ne le voulait pas. Voilà un seigneur qui mérite
qu'on croie eniui, et un miracle qui impose la foi!
V. 356 1. Gouune les jours passaient, il arrivait bien des choses. Dans le passage d'avril i
I, xLTiu. mai il advint une étrange aventure enl'oat. Un sergent était dans le fossé, anné d'une
coiffe de mailles et d'un haubert et d'une cotte piquée et richement brodée. Un ennemi
de J)ieu tenait une arbalète i tour; il visa le sergent par une meurtrière, et le frappa
à la poitrine : le trait faussa la coiffe, .[^erça la cotte, et passa outre le haubert; mais
le sergent portait au cou, Dieu merci, une lettre qui le préserva, car les saints noms
de Dieu y étaient écrits, et ceux qui étaient là»virent que, quand le trait y toucha, il
rebondit en arrière. Voilà ce que fait Dieu à ceux qui le prennent pour gardien : ils
n'ont rien à craindre.
( ,.
378 L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
V. âo66. Au matin, au petit jour, nos gens s'étaient mis en marche pour retoarner k Acre,
au siège; mais les Turcs s'étaient assemblés au pont du Doc, par où ils devaient passer.
Ils s'apprêtaient à abattre le pont, quand Tost arriva sur eui; mais ils avaient si bien
occupé le pont que les pèlerins ne savaient comment ils pourraient le passer, tant ils
y voyaient d'ennemis entassés. Alors Jofroi de Lusignan, sur son destrier qui était frais,
et avec lui cinq bons chevaliers, les chargèrent, et les frappèrent si rudement qa*fls
en firent tomber plus de trente dans le fleuve, où ils se noyèrent sous les yeux de
l'armée ennemie; ils les frappèrent tant qu'ils passèrent tous de vive force, et les nôtres
revinrent au siège tout joyeux d'être rentrés.
V. 6091. On était à la fin de la saison du passage; il arrivait peu de renforts aux chrétiens ,
car ce n'était plus le moment favorab1e^ et cependant il en arrivait encore. A mesure que
la foule croissait, les vivres diminuaient, et plus le temps avançait, plus ils décroissaient.
On n'avait de provisions que quand il arrivait des vaisseaux; les riches n'en manquaient
pas; mais les pauvres, qui en étaient dépourvus, se plaignaient chaque jour de la di-
sette qui les tourmentait; beaucoup, ne pouvant pas supporter ces souffrances, vou-
laient s'en aller. Les vivres arrivaient bien à Sur, mais le marquis [de Montferrat] les
y retenait et les empêchait de venir jusqu'à l'ost. Vous allez savoir ce qu'avait fait ce
i,txiit. perfide marquis. Il essayait, par de hauts hommes et par son argent, de se rendre
mattre du royaume; il fit tant, il travailla si bien par ses machinations qu'une sœur
de la reine qui venait de mourir, femme de Hainfroi du Toron, un des hauts ba-
rons du pays, fut séparée de son mari, et qu'il la prit pour femme, en promettant que
ses forces rejoindraient l'ost h Acre. Il l'épousa dans sa maison, contre Dieu et contre
droit. L'archevêque de Cantorbéry en fut très irrité, mais l'évêque de Beauvais les
maria; il eut grand tort, carie marquis avait déjà deux épouses, deux belles et jeunes
dames : l'une, belle et noble dame, était à Constantinople , l'autre était dans son pays,
et il en prenait une troisième ! C'est pourquoi le bon archevêque et d'autres clercs et
évêques s'opposèrent à ce mariage, l'excommunièrent, et ne craignirent pas de dire
qu'il avait fait un triple adultère, et que Dieu n'était pas présent à une telle union et à
de telles noces.
V. 4 1^5. Quand Te marquis eut épousé celle qu'il désirait depuis si longtemps, il fit ses noces
et ses festins. Il avait maintenant trois femmes vivantes, une dans son pays, l'autre
avec lui, et encore la troisième en réserve. D'un tel mariage devait venir du mat, et
il en vint le jour même, et du dommage; car quand ceux qui avaient été aux noces
eurent bien bu, ils allèrent se divertir aux champs, comme s'ils voulaient s'ébattre.
Des Sarrasins,- qui étaient en embuscade, se jetèrent sur eux et les poursuivirent.
A leurs cris, ceux de l'ost accoururent; mais les Sarrasins ne manquèrent pas leur
^*) Mot à mot ?rcar ils laissaient passer le passage ».-
coup;
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
ils prirent Le Bouleiller de Senlis : nul De sut où ils l'emmenèrent.
379
s'il mourut
i ce qu'il devint. Il y en eut vingt tant pris que morts; ceux-là eurent une belle Wte
de noces! Les gens de l'est furent troublés, et les hommes sages en devinrent plus
inquiets. Beaucoup croyaient encore que le marquis leur disait la vérité, et que, sui-
vant sa promesse, il ferait venir des vivres dans l'ost; mais il s'en alla aussitôt, lui,
ses gens et son épousée, et, bien qu'il eût des vivres en abondance, il n'envoya plus
rien dans l'ost, où l'on en manquait tant, excepté à ceux qui, à grand tort, avaient fait
son mariage.
Seigneurs, sur la mort d'Alexandre, qui causa une telle rurneur, sur le message de
Balan, sur les aventures de Tristran.sur Paris et Hélène, que l'amour fit lant souffrir,
sur les prouesses d'Arlhur de Bretagne et de ses hardis compagnons, sur (ihurlemagne.
sur Pépin, sur Agoland et sur GuitecHn, sur les vieilles chansons de geste dont les
jongleurs font si grande fête, je ne sais vous dire ni vérité ni mensonge, ni affirmer
ni contredire ce qu'on en raconte , et je ne trouve personne qui puisse me dire si r'esl
vrai ou faux. Maïs ce qu'ont vu lant de gens qui l'ont euï-mémes souffert devant Acre,
les peines qu'ils eurent, les grandes chaleurs, les grands froids, les maladies, les
tourments de tout genre, je peux vous en faire le conte véridique ,.et cela vaut la peine
d'être écouté.
En hiver, au temps d'avent, qui ramenait les vents et la pluie, c'est alors que dans
l'est d'Acre étaient grandes les plaintes et les misères des petites gens et des moyens
pour la disette qui était arrivée, car elle croissait de jour en jour et ils se plaignaient
sans cesse. Tout alla bien, il est vrai, jusqu'à Noél, mais alors commencèrent la dé-
tresse, la famine et la misère. A mesure que le temps de Noël passait, la cherté allait
croissant. Un muid de blé qu'un homme aurait porté sous son aisselle pesait cepen-
dant bien lourd, car il coûtait cent besants : c'étaient là de dures nouvelles; le blé et U
farine étaient chers; le temps était si dur qu'une poule valait douze sous et qu'on ven-
dait un œuf six deniers; mais c'est pour le pain que se livrait la hataUle entre ceux qui
en étaient privés. Alors ils maudissaient le marquis, par la faute duquel ils étaient si
mal en point.
Seigneurs, je le dis sérieusement, pour ne pas manquer de viande on écorcha les
beaux destriers, et on les mangea avidement; quandonenécorchait un, il y avait grande
presse à l'enlour, et l'on payait encore la viande cher. Cette gène dura tout l'hiver : on
vendait le morceau dix sous; on vendait un cheval mort plus cher qu'on n'eiU jamais
fait un vivant. La chair leur en semblait savoureuse, et ils mangeaient m<!me les en-
trailles. Alors ils maudissaient le marquis, par la faute duquel ils étaient si mal en point.
Le temps était cher, le besoin grand pour les petites gens et pour les riches, et
pourtant ceux qui avaient de l'argent pouvaient avoir des provisions; mais m^me quand
ils auraient voulu les partager, ils n'osaient pas te faire, parce que trop de gens
LHISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. 375
vrirent tous leurs vaisseaux de cuir, et en firent autant de la tour; ils assiégèrent la
tour des Mouches, et ils y lancèrent beaucoup de traits. Ceux de la tour se défendaient
si bien qu'ils se vendaient très cher, et il sortit de la ville, sur des galères, plus de
deux mille Sarrasins pour aider les leurs. Les ennemis lançaient des flèches et jetaient,
avec des dards aigus, de grandes pierres pesantes qui brisaient les écus et les lances.
Les gens du château assaillaient, et les autres ne se défendaient pas moins bien. Nos
gens firent maints beaux coups d'arbalète sur les murs : les traits pleuvaient, et les
Turcs étaient obligés de se cacher. L'assaut était donné par des hommes vaillants qui
se relayaient. On dressa les échelles et on les appliqua contre la tour à grand effort et
h grande peine; car pendant que les chrétiens les dressaient, les autres, qui ne lâ-
chaient pas pied, leur jetaient sur la tête de grandes poutres. Us revinrent en nombre,
et embrasèrent le château en y jetant du feu grégeois dans un dernier effort.
Sur la mer, on avait tué beaucoup de Sarrasins; mais ils réussirent à brûler le château
avec les échelles et les vaisseaux qui le portaient. Quand les Turcs virent leur succès,
ils en furent pleins de joie, et ils se mirent à pousser de grands cris et à huer les défen-
seurs de Dieu.
Ce fut un grand déconfort pour Tost de Dieu; mais elle trouvait de la consolation V. 3819.
dans l'arrivée en Syrie de vaillants barons. Parlons d'abord de l'archevêque de Besan- i, us.
çon. Il fit faire devant Acre un bélier, pour entamer et rompre les murs, qui coûta
très cher. Il était bien ferré, et protégé si solidement en haut et en bas, par derrière
et par devant, qu'il ne devait pas craindre une pierrière, car l'archevêque avait voulu
y employer tout ce que l'on met de meilleur à ces sortes de machines. Le comte Henri
en fit un autre, bien couvert et de grand prix, et les autres comtes et barons firent
plusieurs autres engins qu'on ne pourrait compter. Mais nous voulons vous dire ce
qui advint du premier, de celui de l'archevêque, quand il se présenta devant les murs.
Les barons de l'ost avaient préparé cet assaut après s'être entretenus des engins qu'ils
avaient fait faire. Chacun fit approcher le sien des murs. L'archevêque fit avancer le
bélier dont j'ai parlé, qui était construit à si grands frais qu'il aurait eu le droit de ne
rien craindre au monde. Il était comme sous une maison : au milieu, un grand mât de
vaisseau bien droit; sans nœuds, et ferré aux deux bouts. Par-dessous se tenaient ceux
qui devaient heurter contre les murs et qui étaient en sûreté. Les Turcs, nos ennemis,
y entassèrent du bois sec et y jetèrent le feu grégeois; avec leurs pierrières ils y lan-
çaient des colonnes entières de marbre et de liais, et y jetaient des arbres et des
poutres. Us y lancèrent, à seaux et à bouteilles, à brocs et k cruches, du soufre, du
goudron, du suif, de la poix, puis de grands morceaux de bois par-dessus, et sur tout
cela le feu grégeois, si bien que ceux qui attaquaient le mur sous le bélier s'enfuirent
et l'abandonnèrent. Les Turcs, pour attaquer le bélier, se découvraient sur les murs.
Vous auriez vu là de beaux coups d'arc et d'arbalète , de grands combats et des gens
•7
laPttMIIII BATIOli'.R.
376 r&lSTÔIRE DE LA GCERRE SAINTE.
bieltô^s des àeut cAtés; voas atiHez va 3e boAs va6i;atix conVit potif dëféhdf^ le bâier
et pour enlever tout ce doiit les ennciriis r^Vaient chargé; voua auriez vii 'flBuvc^er des
murs bien des Turcs avec leurs beaux bbticliers peints. ËnGn, ils jetèrent et laneèîreht
tant qu^ils enfoncèrent le bélier et brisèrent le toit ferré et toute l'autre garniture. Ile
recomtnehcèréht alors à jeter le feu grégèoiis, ^i bien quHis nous le brûlèreilt tout ji
fait. Le bélier leur fut vendu cher, car ils perdirent quatre-vingts des ineHleiliis et an
émir; mais ils ûôus firent aussi du md. Quand on vit tfi*6n ne pouvait Yàmënier le
bi^liér ni Tiéteindrë , l'assaut fiit suspëndh , et leis Sairràsins se mirent h ûom hiier.
V. 3897. A l'a fin du mois d'août tnourtat en Tost la reine de Jélrosaiêm; ce fut dommage,
1. xLTi. car elle h'était pas énbor'e âgfée, et elle passait jpour une Vaillante dame : que Dieu ait
pitié de s'en âme! Et aussi moururent deux demoiselles très belles, filles du roi Oui.
Ces enfaiits qui moururent étaient les héritières légitimes du royèuare, et par leur
mort lé foi , qui avait tant souffert pbur ce royaume , le perdit.
v. 3909. En oétobré, après septembre, près des calendes de novembre, arriva d'Alexandrie^
I <^< éh grande pobpe et en grand orgueil, une autre flotte. Ceux de l'ost qui ptos tard
comptèrent les vaisseaux dirent qu'il y en avait quinze, lis venaient secourir les Turcs
qui étaïeilt dans At;re, qui avaient supporté tant de privatioïis et de veilles. Derrière
la flotte venaient trois grands dromons ; nos galères et ceux qni les montaient sur-
veillèrent leur arrivée. Quand ceiix des vaisseaux turcs les aperçurent , ils eoren^ pear
et ils se troublèrent; il n'y eut si preux ni si habile qui n'eût bien voulu être ââleors.
Il était déjà tard, ii faisait sombre, et il ventait terriblement, si bien que la flotte
chrétietine n^osa pas aborder la païenne, car la tourmente leur donnait tant de mal
que chacun aVait assez à faire à s'occuper de soi-même. Comme les Sarrasins appro-
chaient toutes voiles dehors, et passaient avec difficulté la chatne pour secourir leurs
amis., il leur arriva grande honte, sans qu'ils pussent l'éviter, et grande perte; car
dans le port d'Acre, sur les rochers, Dieu fit briser leurs navires. Toute l'ost chré-
tienne les accablait de pierres; les navires furent mis en pièces et la plupairt des gens
Qoyés. Alors les chrétiens accoururent en poussant des cris sur le rivage, et se mirent
à tuer ces chiens. Us prirent une grande galère, qui était par force arrivée à terre; ils
y conquirent beàtrcoûp de provisions, et tuèrent toute la chiennaille. Mais les autres
vaisseaux franchirent la chatne, et les Turcs qui les attendaient bravement leur tendirent
des lances et allumèrent tant de lanternes qu'ils réiissirent à aborder. Grâce aux Sar-
rasins qui venaient d'arriver, ils purent se renouveler; ils mirent dehors ceux qui
étaient sans forces et retinrent les vaillants.
V. 3961. Le jour de la grande fête de saint Martin, quand déjà la nourriture renchérit,
I. ui. Tost fut convoquée pour le lendemain, au nom du fils de Marie, pour marcher vers
lés montagnes et combattre les Turcs. On fit là une grande bénédiction et une abso-
lution générale : l'archevêque de Gantofbéry la 'donna avec d'autres 'évêques. Là on
UJQ^TOIBE I)E L4 GU^RJ»]^ ^AIN^E. 377
choisit et op ^jstribqa |(es chefs, et ceux qui devaient avoir soin de Tost. Nos cens inon-
tèrent le matin; on cQipptait là bien des liataillpns. La plus belle armée chrétienne que
jamais pn ^t vue sur terre s'avançait si étroitement serrée et rangée qu'on aurait
dit êies gens enchaînés Iqs uns aux autres. ]Le front de l'armée ét^it grand et large et
capable de bien support(sr de rudes attaques, et l'arrière-garde, faite de bons che-
valiers, était 9Ji nombreuse qi^e pour en voir le bout il aurait fallu aller s'asseoir sur
une hauteur; on n'aupait pas pu jeter une prune qui ne tombât sur des gens vêtus de
fer éclatant. Les voilà marchant droit au Doc; avant qu'on e&t eu le temps de cuire
un poulet, Salahadin avait appris qu'il aurait bataille s'il voulait attendre les chrétiens.
Mais cette nuit il fit lever son camp et leur abandonna la montagne où i| était avec les
siens. Voici venir à nptre ost un espion qui raconta que les ennemis avaient aban-
dojiné cette montagne et s'éloignfiient, fuyant en grande hâte. Il s'en fallut de peu que
nos gens ne s'élançassent; mais c'aurait été une grande folie de les poursuivre, car on
n'aurait pa^ pu les atteindre. Ne trouvant pas bataille, ils se dirigèrent tout droit vers i,lxii.
Gaîphas, où l'on disait qu'il y avait des provisions, dont les assiégeants avaient grand
besoin. Les voilà arrivés h la Becordane : plus prompts qu'un autour qui poursuit un.
canard accoururent les Turcs pour les jïSLTceler. On les vit revenir, attaquer l'ost,
lancer des flèches en criant et en faisant sonner leurs tabours. Ce soir-là, les pèle-
rins campèrent et attendirent jusqu'au lendemain matin. 11^ voulaient toujours aller
droit à Caïphas; mais les provisions qu'on leur avait signalées n'y étaient pas : les Titres
les avaient toutes emportées le matin quand ils étaient partis, et au jour, qua;id ils
regardèrent, ils virent à la ronde tous les Turcs du monde, à ce qu'il leur sembla, qui
avaient assiégé leur ost. La terre en était si couverte, en haut, en bas, à droite, à
gauche, que l'ost aurait bien voulu être ailleurs; jamais on n'a vu tant de gen^ réunis.
Voilà les nôtres pro.mptement armés et rangés en bataille; ijnais les Sarrasins, cette
chiennaille, n'osèrent pas les combattre, ni. attaquer de si braves gens. Les pèlerins se
mirent en roy te pour retourner là d'où ils étaient partis ; mais ils eurent encore bien
de la peine avant d'être revenus à leurs tentes. A la source du fleuve qui descend vers
Acre il y eut un grand carnage de chevaliers des deux côtés avant que les deux a^ées
se séparassent. Dans cette journée de marche, les gens du roi d'Angleterre firent
l'arrière-garde avec le Temple, et ils eurent bien à se garder, car Dieu n'a pas fait
de neige ni de grésil ni d'averse en mai, quand il pleut, qui tombe plus dru que les
traits ne tombaient sur l'ost avant qu'elle fût partie de là. Enfin qos gens s'en allèrent
en bon ordre et s'en retournèrent vers Acre. Les nôtres marchaient à g&|}cbe du
fleuve et les leurs à droite; ils côtoyaient le fleuve des deux côtés et se harcelaient
toujours, n nous arriva des gens qui nous prê^rent secours. Les sergents à pied qui
accompagnaient notre arrière-garde, et qui se tenaient derrière l'ost, marchaient la
tête tournée vers les Turcs; ils eurent bien à souffrir avant que l'ost fût en sûreté.
«7-
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. 383
trois coups d'un bâton assez léger, que leur donna Tévéque de Salisbury, qui les corrigea
en bon père. Et à la Pàque close, après que Dieu eut ainsi agi, arriva véritablement ii, i.
dans l'ost le roi Philippe de France; et avec lui vint le comte de Flandres, dont la mort
fit tant de bruit; et aussi le preux comte de Saint-Pol, à qui Técu seyait bien au cou; et
Guillaume de Gaiiande, en grande compagnie, GuiUaume des Barres, bon chevalier,
preux et dispos; monseigneur Droon d'Amiens, qui avait prouesse et vertus; Guillaume
de Mello, un chevalier dont je me loue; le comte du Perche, qui mit là tout ce qu'il
possédait, et avec les Français, comme je l'ai appris, arriva le marquis. Que vous di-
rais-je de plus? Il ne resta pas un haut homme en France qui ne vînt alors au siège
d'Acre plus tôt ou plus tard.
Le roi de France, avec l'armée chrétienne, fut là de Pâques jusqu'à la Pentecôte, 'V. /i55i.
la noble fête, et alors le roi d'Angleterre, qui avait pris Cypre, arriva aussi. Je vais iii,n.
maintenant suivre l'histoire et rejoindre ma matière en racontant le siège d'Acre. Am-
BRoiSE veut achever sou conte, fournir complètement sa carrière, renouer et rejoindre
son nœud, dire comment les deux rois qui étaient venus à Acre se comportèrent pen-
dant le siège, et rapporter tout ce qu'il se rappelle de l'histoire, et la prise d'Acre, telle
qu'il la vit de ses yeux.
Quand le roi Richard d'Angleterre fut venu dans la Terre Sainte, comme je vous l'ai V. 4569.
dit, il fit une courtoisie, une prouesse et une largesse qui méritent bien d'être racon-
tées. Le roi de France avait promis et accordé à ses gens que chacun d'eux, chaque
mois, aurait de son trésor trois besants d'or. On en pariait beaucoup. Quand le roi
Richard fut arrivé et qu'il entendit cette grande nouvelle, il fit crier par l'ost que tout
chevalier, de quelque terre qu'il fût, qui voudrait prendre ses soudées, aurait de lui
quatre besants d'or, et qu'il le leur promettait ainsi. Et c'étaient les soudées ordinaires
que l'on donne dans ce pays. Quand on entendit cette promesse , voilà toute l'ost en
joie. Les petites gens, et aussi les moyens, qui étaient là depuis longtemps, disaient:
«Seigneur Dieu, quand donnera-t-on l'assaut? Voilà venu le plus vaillant des rois de
«toute la chrétienté et le plus capable d'assaillir. Que Dieu fasse sa volonté!» Leur con-
fiance était au roi Richard. Le roi de France, qui était venu depuis Pâques et s'était m, t.
très bien comporté, lui fit dire qu'il serait bon d'attaquer et de faire crier l'assaut.
Mais le roi Richard était malade : il avait la bouche et les lèvres en mauvais état d'une
maladie maudite de Dieu qu'on appelle léonardie. 11 fit savoir au roi de France son mal,
ajoutant que sa flotte avec ses barons n'était pas arrivée, retenue par un vent, qu'on ap-
pelle le vent d'Arsur, qui l'arrêtait à Sur; que ses pierrières arrivaient; qu'elles seraient
bientôt là, et que, quand ses gens seraient venus, il mettrait volontiers toute sa peine
à prendre la ville. Mais le roi de France, si Dieu me protège, ne voulut point attendre
pour cela et fit crier l'assaut. Au matin on s'arma de tous côtés, en grand désir de
donner l'assaut. Vous n'auriez pu compter tous les gens armés qui étaient Jà, tous les
98
larMHcmii iatioxiu.
38i LHISTOiaS DE LA GUERRE SAINTE.
beaux haokerls, tout les heanises reluisants, tous les cheranx aux belies foniies, toalea
les courertures blanches, tous les cberalien (Tëlite. Jamais nous n'avions tant v« de
bons chevaliers preux, osés, fiers, hardis et renouunës, tant de pennons, tant de ban-
nières ouvrées de mille façons. On distribua les postes; on désigna ceux qui devaient
faire la garde aux fossés pour que Salahadîn et ses gens n'entrassent pas dans i'ost par
derrière. Les geos de Dieu s'avancèrent vers les murs et eommencèreot à lancer des
traits et à attaquer. Quand les Turcs d'Acre virent que les chrétiens les assaillaient,
vous les auriez entendus faire sonner leurs bassins, leurs timbres et leurs tabours
comme si Dieu y avait tonné. 11 y en avait parmi eux qui n'avaient pas d'autre occupa-
tion. Du haut du palais, ils surveillaient I'ost, et étaient chargés de faire grand bruit
et grande fumée : c'était pour montrer aux gens de Salahadîn de venir les secourir:
et vous les auriez vus accourir, essayant de combler le fossé avec des fascines; mais ils
ne purent y arriver, car Jofroi de Lusignan, dont la prouesse était toujours fraîche,
vint à la barrière, qu'ils avaient déjà conquise sur nos gens, et les repoussa de vive force.
11 en mit plus de dix en bière avec une hache qu'il tenait; il frappait tant de coups,
et de si bons, que depuis Roland et Olivier un chevalier n'a pas mérité de pareilles
louanges. La barrière que les Sarrasins avaient enlevée fut reconquise, mais non sans
grande mêlée, grande bataille et grands cris. Quant à ceux qui assaillaient la ville, et
qui avaient déjà rempli les fossés, il leur fallut reculer en arrière et prendre
un autre parti : ce fut de se retirer vers leur camp (?) et de ne plus lancer de traits.
Voilà l'assaut arrêté; voilà tout le peuple à se plaindre, à crier, à regretter cette arri-
vée des rois qu'on avait tant attendue. Chacun disait devant sa tente : <( Beau sire Dieu,
quelle pauvre attente nous avons faite ! 9 Nos gens allèrent se désarmer, au milieu
des huées des Sarrasins, et pendant qu'ils se désarmaient les Sarrasins mirent en-
core le feu aux engins et aux cercloies du roi de France. 11 en eut telle douleur au
cœur, on le sut et je l'ai entendu dire, qu'il en tomba malade et ne put plus monter
à cheval.
V. 6693. Voilà où en était I'ost, triste et pensive et morne et abattue, voyant les deux rois ma-
in, Ti. lades, qui devaient prendre la ville, et le comte de Flandres mort, ce qui causait grand
découragement. Que vous dir^is-je? La maladie des rois, la mort du comte, mirent
I'ost en û grande détresse qu'il n'y avait plus place pour aucune joie. Heureusenwnt
une flotte d'énèques arriva en ce moment, nous amenant l'évéque d'Evreux avec de vail-
lants hommes ses vassaux, et Roger de Toéni avec beaucoup de chevaliers; les frères
de Cornebu , tous braves , fik d'un même père; Robert de Neufbroc , le plus franc homme
qu'on puisse chercher; Jourdain de Homez, connétable de Séez; le chambellan de Tan-
carville. Déjà avant était venu le eomte Robert de Leicestre. Alors vint aussi Gilbert
Talebot, un des plus preux de nos guerriers, et monseigneur Raoul Taisson, qu'il ne
fiaut pas aubHer; le vicomte de GhAteaudun; Bertran de Verdun; ceux de Touzel,
37/4 L'HISTOIRE DE LA GURRRE SAINTE.
l'ost fut en grand péril par devant et par derrière. L'assaut fut terrible ^^^
mais nos gens les repoussèrent tous, excepté Témir seul, qui resta exprès, voulant brûler
nos machines, s'il avait pu s'en approcher, car il l'avait mis dans sa t^te. Il tenait dans
sa main une fiole pleine de feu grégeois, et ne pensait qu'à brûler nos machines. Mais
un chevalier voulut lui payer sa peine; il le frappa, et l'étendit par terre : sa fiole se
répandit sur ses choses nécessaires, si bien qu'il eut ses génitoires brûlées par le feu gré-
geois. Les siens voulurent l'éteindre, mais ils ne purent y réussir.
V. ;^7oi. Comme les jours passaient, il arrivait bien des choses. Il arrivait souvent que les
I, ivi. mécréants qui occu[)aient Acre contre Dieu venaient sur le haut des murs : ils appor-
taient des églises les croix qui y étaient restées, ils les insultaient, les battaient, cra-
chaient dessus en mépris de la foi chrétienne : ils ne haïssent rien tant au monde. Un
jour, un Turc était sur le mur; après avoir beaucoup battu et insulté une croix de bois
([u'il avait trouvée, il n'en avait pas encore assez, mais il voulait la souiller, quand un
courtois arbalétrier banda son arbalète et rapprocha le trait de la noix, voulant payer
suivant son mérite le Turc qui honnissait la croix. Il visa bien, et frappa le Sarrasin au
milieu du ventre, lui perçant corps et boyaux. Le Turc tomba mort, les jambes en
l'air, ce qui remplit de rage les infidèles : Dieu /voulut venger ainsi la croix qu'il avait
outragée.
V. 37:^1. (lomme les jours passaient, il arrivait bien des choses. Voici une aventure qu'AM-
I. iTii. BRoisE raconte dans son écrit. Un jour, un Turc sortit pour tirer de Tarbalète sur les
nôtres, et ne voulait pas s'en aller. Un Gallois, excité par son obstination, alla de son
côté. Le Gallois s'appelait Marcaduc, il n'était fils ni de duc ni de roi, et le Turc hardi,
fort et puissant, s appelait Graïr. L*un se mit à tirer sur lautre, le Gallois sur le Turc,
le Turc sur le Gallois. Le Turc demanda au Gallois de quel pays il était. Il répondit :
^ie suis de Galles. Tu es fou d'être descendu ici.» Le Turc lui dit : «Tu ne tires pas
ccmal. Voudrais-tu faire une convention? Je tirerai, et tu attendras le coup sans te dé-
(( tourner, et, si je manque, j'attendrai le tien de même. » Il lui parla et le pria tant que
[e Gallois v consentit. Il tira sur le Gallois, mais il fit un faux mouvement, et le trait
ne partit pas. Le Gallois lui dit : c^ A moi de tirer; attends*moi.» Il répondit : «Non:
« laisse-moi tirer encore une fois, et tu tireras sur moi deux fois de suite. — Volontiers, i?
dit le Gallois. Mais pendant que le Turc cherchait dans son carquois un bon trait, le
Gallois, qui était tout près et qui ne voulait pas de cet arrangement, lâcha sa corde et
le frappa au cœur. «Tu ne m'as pas tenu l'engagement, lui dit-il, et je ne te le tiens
«pas non plus, par saint Denis! »
V. 8771. Les Pisans et les autres gens de Tost qui connaissaient les choses de la mer con-
struisirent un château sur des galères avec deux échelles grandes et larges. Ils cou-
(^> Le Ten man^ut ett le vera 3683 et non le 3684.
386 ^HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
et après lancèrent avec une pierrière le feu grégeois si droit, qu'ils détruisirent le chat,
et la belle cercioie aussi fut là brûlée et mise en pièces. Le roi en fut si courroucé
qu*il se mit h maudire tous ceux qui mangeaient son pain quand ils ne le vengeaient
pas des Sarrasins. U fit, cette nuit-iè, crier l'assaut pour le lendemain. Ce jour du len-
demain, il fit merveilleusement chaud.
V. àShi. Dès le matin se mirent en marche nos braves et vaillants combattants. La garde des
III, n. fossés fut confiée à des gens qui n avaient pas peur : tout alentour A la ronde c'étaient
les meilleurs chevaliers du monde; il en fut besoin ce jour-là. Salahadin avait dit
qu'on le verrait, et qu'il entrerait le premier chez nous; il n'y vint pas, mais les siens
y vinrent et descendirent è pied pour attaquer le fossé. On les y attendit de pied ferme,
et l'on y donna de bons coups d'épée et de masse d'armes. La bataille fut acharnée; car
les Turcs du dehors étaient enragés à la vue de ceux d'Acre, qui les appelaient en leur
montrant l'enseigne de Salahadin. C'était l'émir Safadin avec les siens qui nous atta-
quaient. Ils réussirent à combler le fossé, mais nos gens les repoussèrent. Pendant ce
temps, ceux qui étaient allés à l'assaut attaquaient les murs de la ville : que Dieu leur
en rende bon salaire !
■
V. 6866. Les mineurs du roi de France, qui lui avaient fait promesse, creusèrent tant sous
terre qu'ils trouvèrent le fondement du mur; ils le soutinrent avec des étançons aux-
quels ils mirent ensuite le feu, si bien qu'un grand pan de mur tomba; mais ce ne fut
pas sans danger pour eux, car, avant de tomber, il s'inclina, si bien que tout le monde
eut grand'peur. Quant on vit le mur céder, les ennemis arrivèrent en grand nombre.
Vous auriez vu là grande presse de ces maudits païens avec leurs bannières et leurs
enseignes; vous les auriez vus avancer et nous jeter le feu grégeois; vous auriez vu la
ni, s. lutte autour des échelles qu'on appliquait aux murs. Là fut faite une grande prouesse,
et c'est Auberi Clément qui la fit. U avait dit que ce jour-là il nK)urrait ou il entrerait
dans Acre , et il n'en mentit pas : il devint martyr. U alla sur le mur combattre les Turcs,
qui se pressaient pour le renverser, et il en vint tant sur lui qu'il mourut en se défen-
dant; car ceux des nôtres qui le suivaient et qui étaient déjà sur l'échelle la char-
gèrent tant qu'elle plia et qu'elle se brisa en morceaux : ils furent précipités dans le
fossé, aux grandes huées des Turcs; beaucoup y moururent, et d'autres purent être
retirés. Mais toute l'ost fut attristée à cause d'Auberi Clément, et pour le plaindre et
le regretter on laissa ce jour-là l'assaut.
V. 6909. 11 ne s'était pas écoulé beaucoup de temps depuis la mort d'Auberi Clément quand
ni, XI. les mineurs pénétrèrent sous la tour Maudite dont je vous ai parlé, et l'étançonnèrent;
elle était déjà fort ébranlée. Les assiégés, de leur côté, faisaient une contre-mine,
cherchant à atteindre nos mineurs. Enfin ils se rencontrèrent. Ils se donnèrent mu-
tuellement trêve. Or il y avait parmi ceux qui contre-minaient des chrétiens, qui étaient
là aux fers : ils parlèrent avec les nôtres, et* firent tant qu'ils s'évadèrent. Quand les
388 LWSTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
nombre, et les Sarrasina croissaient toujours; ils leur lançaient le feu ardent , et ks
nôtres, voyant ce feu approcher, n'osèrent l'attendre et redescendirent, el, dans cette
aventure, il en mourut je ne sais combien. Alors les Pisans, gens de grande prouesse,
s'arjmèrent à leur tour et montèrent en haut du mur; maia les Sarrasins leur tûumit
tête. La bataille entre les Pisans et cette chiennaille fut si forte et si acharnée qu'on
n'a jamais vu si bien attaquer ni si bien défendre. EnGn les Pisans furent obligés de
descendre aussi. Si l'on avait mieux connu l'affaire. Acre aurait été prise ce jour-là;
mais la plupart des gens de l'ost étaient assis et prenaient leur repas : tout avait été
fait soudainement; ainsi l'assaut en resta là.
V. 5oât. Il y avait eu dans l'ost une assemblée à la suite de laquelle on établit entre le roi
ni, XI. Gui et le marquis un accord qu'on avait beaucoup souhaité. Le roi de France tenait
pour le marquis et le soutenait, et le roi Richard soutenait le roi du pays, qui avait été
couronné à Jérusalem. Gomme ils ne s'aimaient pas et qu'ils se disputaient le royaomet
on décida que le roi Gui resterait roi, mais qu'ils partageraient entre eux toutes les
terres et les rentes. Le marquis aurait immédiatement Sur, Barut et Saette, a6n d'éta-
blir une paix solide; et s'il arrivait que le roi Gui mourût le premier, le marquis aurait
la couronne, et Jofroi de Lusignan aurait Jaffe et Eschalone. [Et s'il arrrivait que le
roi Gui, le marquis et sa femme mourussent, alors le roi Richard ^^^J disposerait- du
pays. Mais le marquis, tant qu'il vécut, porta envie aux deux frères.
V. 5067. Les Sarrasins qui étaient enfermés dans la cité étaient des gens de grande et mer-
III. iT. veilleuse fierté. Si ce n'eût pas été des mécréants, on peut dire qu'on n'en aurait ja-
mais vu de meilleurs. Cependant ils prenaient grande peur en voyant cette merveille,
que le monde entier se réunissait pour les détruire, en voyant leurs murs percés, crevéa
et mis en pièces, en voyant leur nombre diminuer par les tués et les blessés. Ils étaient
bien encore six mille dans la ville, parmi lesquels le Mestoc et Caracois; mais ils
n'avaient plus d'espérance de secours; en outre, ils savaient que toute l'ost était exas-
pérée pour la mort d'Auberi Clément, et que les chrétiens les haïssaient profondément
pour leurs fils, leurs frères, leurs oncles, leurs pères, leurs neveux, leurs cousins ger-
mains qu'ils nous avaient tués. Ils savaient, à n'en pas douter, que nos gens mourraient
là pu qu,'ils les prendraient de force; il n'y avait pas d'auti*e alternative. Ils avaient fait
construire un mur au travers de la ville, et ils songeaient, j'ose bien l'aflBrmer, à se
défendre jusqu'à l'extrémité; mais Dieu les poussa à prendre un parti dont le résultat
fut très honorable pour nous et pour eux nuisible et mortel, si bien que, grâce à cette
résolution, Acre fut à nous sans coup férir.
V. 5io5. Les Sarrasins qui étaient dans Acre tinrent conseil, et décidèrent qu'ils nous de-
manderaient un sauf-conduit pour envoyer des messages à Salahadin, qui leur avait
^*) Ce qui est entre crochets est restitué d'après le latin, mais sans une certitude absolue.
390 ^HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
rendre la croix en laquelle les chrétiens ont foi, et la vilie, et deux mille captifs de haut
rang, avec cinq cents de moindre condition, qu'ils gardaient depuis longtemps; Sala-
hadin ferait chercher par toute sa terre leurs armes et leurs effets. Quand les Turcs sor*
tiraient d'Acre, aucun d'eux ne pourrait emporter avec lui rien autre que sa chemise,
n y avait encore une autre condition : ils donneraient deux cent mille besants aux deux
rois qui étaient là , et ils livreraient en otage les Turcs les plus nobles et les plus esti-
més, que l'on choisirait dans Acre d'après leur apparence et le conuBun bruit. Nos
gens tinrent conseil, examinèrent ces propositions, et le conseil trouva la paix accep-
table et l'accorda.
V. 5îii5. Le jour où Acre fut rendue, si je suis bien informé, il y avait quatre ans, on le
m, XIX. sut avec certitude, que les Sarrasins l'avaient conquise, et je me rappelle nettement
qu'elle fut rendue le lendemain de la fête de saint Benoît, malgré la race maudite,
que Dieu puisse maudire de sa bouche, je ne saurais m'empécher de le souhaiter. Il
fallait voir alors les églises qui étaient restées dans la ville, comme ils avaient mutilé
et effacé les peintures, renversé les autels, battu les croix et les crucifix par mépris
de notre foi, pour satisfaire leur mécréance, et fait à la place leurs mahomeries! Mais
tout cela ils le payèrent ensuite.
V. 5a&5. A cette époque, si je ne me trompe, comme Acre venait d'être livrée et que les
III, XXI. Turcs devaient nous rendre la croix, la nouvelle se répandit par toute l'ost que le roi
de France, dont le peuple espérait tant, voulait retourner en France et faisait ses pré-
paratifs. Eh! Dieu clément, quel retour! Ce fut une bien mauvaise pensée, à celui qui
devait diriger tant de gens, de vouloir s'en revenir. Il s'en retournait à cause de sa
maladie : quoi qu'on en dit d'ailleurs, c'est ce qu'il disait; mais il n'y a aucune autorité
d'après laquelle la maladie soit une dispense suffisante de faire le service du Roi souve-
rain qui dirige tous les rois. Je ne dis pas qu'il n'y ait été, et qu'il n'ait dépensé or et
argent, fer et bois, étainet plomb, et secouru bien des hommes, comme le plus haut roi
chrétien qu'on sache en terre. Mais c'est pour cela qu'il aurait dû rester et faire, sans dé-
faillance, tout son possible dans cette pauvi^e terre sans secours, qui a été si éprouvée.
Y. 597a La nouvelle se répandit par l'ost, toute sûre et toute claire, que le roi s'en retour-
nait, et il s'y préparait chaque jour. Voilà les barons de France pleins de trouble et
de colère, en voyant le chef dont ils étaient membres si décidé que leurs pleurs et
leurs plaintes ne pouvaient le faire consentir à rester. Et quand, malgré tous leurs
efforts, ils virent qu'ils n y pouvaient rien, je vous assure qu'ils le blâmaient; et peu
s'en fallait, tant ils étaient mécontents de sa direction, qu'ils ne reniassent leur roi
et leur seigneur.
V. SiSg. Le roi de France était sur son départ , et ne voulait se laisser persuader par personne
d'attendre davantage pour s'en retourner en France. Et, h son exemple, s'en retour-
nèrent beaucoup de barons et d'autres gens. Il laissa comme échange à sa place le
^HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. 391
duc de Bourgogne, avec les gens de son pays. Il fit demander au roi Richard de lui
prêter deux galères : les gens de Richard allèrent au port et lui en firent avoir deux
helles, vîtes et bien garnies; le roi d'Angleterre les abandonna libéralement, et il en
eut mauvaise récompense.
Le roi Richard, qui restait en Syrie pour secourir Dieu, se méfiait du roi de France, V. 53o.5.
car la méfiance avait régné entre leurs pères, qui s'étaient souvent fait du mal. 11 lui m, mi.
demanda de lui donner sûreté et de lui jurer sur des reliques qu'il n'attaquerait pas
sa terre et ne lui nuirait pas tant qu'il serait dans son pèlerinage, et que , une fois qu'il
serait revenu, le roi de France ne lui ferait ni tort ni guerre sans l'avoir fait prévenir
par message quarante jours d'avance. Le roi en fit le serment, et donna comme cau-
tions de hauts hommes dont on se souvient encore, le duc de Bourgogne, le comte
Henri et d'autres gens, cinq ou davantage; mais je ne sais pas nommer les autres.
Le roi de France prit congé, et je peux bien vous dire une chose, c'est qu'è son dé- v. 5399.
part il reçut plus de malédictions que de bénédictions. Lui et le marquis s'en allèrent iii^uiu.
par mer à Sur, emmenant avec eux leur part des prisonniers sarrasins qui avaient été
partagés, entre autres Garacois : le roi espérait bien en tirer cent mille besants, dont il
pensait pouvoir entretenir ses gens jusqu'à Pâques. Mais les otages furent victimes de
l'abandon des leurs, et la plupart livrés à une mort douloureuse, si bien qu'on n'en
eut pas une maille ni rien qui la vaille. Les Français n'eurent que la moitié du butin
qu'on avait trouvé à Acre ; ils se plaignirent souvent de n'avoir pas eu d'autre payement, et
il y eut là de grandes querelles. Plus tard , le roi d'Angleterre, que le duc de Bourgogne
en avait requis, prêta au duc, sur leurs otages, cinq mille marcs de son argent pour la
solde de leurs hommes, leur faisant ainsi grand avantage; mais cela fut longtemps après.
Le roi Richard vit bien que toute la peine et toute la dépense le regardaient, puisque V. 5358.
le roi de France était parti sans vouloir rester. Il fit alors tirer de son trésor grande iv, 1.
foison d'or et d'argent, qu'il donna généreusement aux Français pour les réconforter,
parce qu'ils étaient pleins de découragement, et à d'autres gens de plusieurs nations,
qui purent ainsi retirer ce qu'ils avaient dû mettre en gage.
Le roi de France partit, et le roi Richard, qui n'oubliait pas Dieu, prit ses dispo- V. 5369.
sitions. Il fit convoquer, par ban, toute l'ost; mais il resta encore là une quinzaine,
puis une huitaine après le terme fixé, car Salahadin ne voulut pas nous tenir l'engage-
ment qu'il avait pris, ou cela ne plut pas à Dieu, quoi qu'on en dise. C'est ce qui fit
attendre l'ost si longtemps. Pendant ce temps, le roi fit charger ses mangonneaux et ses
pierrières, de façon à être prêt à partir, car déjà l'été se passait, et c'e&t pour cela qu'il
préparait tout. Il fit refaire les murs d'Acre, autant et plus qu'il en avait fait abattre;
lui-même, pour se divertir, il allait voiries ouvriers qui y travaillaient, car il pensait
toujours à recouvrer le patrimoine de Dieu, et il lui déplaisait de tant se reposer, et
il l'aurait bien recouvré san$ les machinations de l'envie.
«9
392 L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
V. 5393. * Le terflie amva des engagements et des iseimenis qne les Sarrasîm avnmt fatta «m
IV, n. Francs. Les chrétiens ne savaient pas xpte les antres les faisaient itteodre pour imi,
demandant toujours des termes étoiles répits nouveaux pour «hercker la MMtO'CmB.
Nos gens en demandaient sans cesse des nouvelles, et quand elle rendrait; mais Diea
ne voulait pas garantir ni protéger ceux en échange desquels on devait la* rendre. L*im
disait t «Elle est venue !m L-autre disait : «Un teU qui a été dans l'ost des SarratÛM,
« Ta vue. n Mais on reconnut enfin que ce n'étaient que mensonges. Saldiadin imaaa
périr les otages sans les secourir; car il pensait faire, au moyen de la croix, une paii
plus importante.
v. 56 1 3. Pendant tous ces répits, les chrétiens envoyèrent des messages A Sur au marqois,
IV, III. lui demandant de venir rendre les otages et recevoir la part qui revenait au roi ée
France , c'est-à-dire la moitié de ce qui était promis. L'évéque de Saligfcury, le comte
Robert, et l'un des frères de Préaux, bons chevaliers, le preux et lopl Pierre, furent
les trois qui portèrent le message. L'enragé marquis leur répondit qu'il n'en ferait
rien, car il n'osait pas aller dans l'ost à cause du roi Richard d'Angleterre, qu^ crai-
gnait plus qu'homme du monde; et, par-dessus tout, s'il consentait à rendre les Tares
qu'il gardait, il voulait que la croix fût partagée et qu'il en eût sa part; et alors il
les rendrait sans plus attendre. Les messagers entendirent les paroles entêtées de Tabo-
minable marquis; sachez qu'ils l'en estimèrent moins. Ils firent tout ce qu'ils purent
pour l'adoucir, et lui dirent qu'un d'eux resterait en otage, et qu'ainsi il pourrait
venir en toute sûreté devant le roi; mais il jura par son serment qu'il n'y porterait pas
les pieds, ils s'en revinrent à Acre sans prendre congé, et racontèrent tout au roi,
sans rien omettre. Le roi en eut honte et dépit. 11 manda le duc de Bourgogne, Droon
d'Amiens, qui était si preux et estimé, et Robert de Quinci; et quand ils furent venus,
le roi leur exposa la déraison et l'arrogance du marquis et le prétexte qu'il donnail
pour ne pas venir et pour garder les otages : il voulait avoir sa part du royaume sans
porter écu ni heaume, et il avait si bien coupé les vivres qu'il n'en passait pas une
denrée par Sur qui ne fût arrêtée et prise. «C'est une folie, dit le roi; sire duc, il y
te faut aller. Si nous entrons dans la voie de la folie, nous ne ferons rien de bon. » Alors
le duc de Bourgogne partit avec Droon d'Amiens et le preux, le sage Robert de Quinci.
Ils allèrent trouver le marquis à Sur, et le sommèrent de par Dieu et de 'par le roi
d'Angleterre de venir reconquérir et regagner la Syrie, puisqu'il en réclamait sa part
Ils lui parlèrent en hommes sages , et il répondit follement qu'il ne mettrait pas les
pieds dans l'ost, et qu'il garderait sa cité, qui ne craignait homme vivant. Ils dispu-
tèrent longtemps, mais à la fin les trois messagers, ces hauts hommes, firent tant qu'ils
emmenèrent les otages dans l'ost d'Acre, où étaient les autres.
V. bhB^, Ainsi arrivèrent les otages qui avalent été retenus à Sur. Cependant depuis quinte
IV. II. jours, et même plus, était passé le terme des engagements que les Sarrasins avaient
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. 393
promis de tenir k la chrétienté. Le Soudan y avait failii; il se conduisit comme un
homme déloyal et méprisable en ne rachetant ni ne délivrant les siens , qu'il livra à la
mort; il perdit dors sa renommée, qui avait été si haute, car il n'y avait pas eu une
cour au monde où on ne la célébrât; mais Dieu dépose son ennemi, après l'avoir toléré
un temps, tandis qu'il maintient et élève son ami et dirige ses affaires. Pour Salaha-
din. Dieu ne devait plus l'élever ni le soutenir, car tout ce qu'il avait fait, toutes ses
conquêtes sur les chrétiens ne lui avaient réussi que parce que Dieu se servait de lui
et voulait, par son moyen, recouvrer et ramener dans la bonne voie son peuple, qui
était dévoyé.
Quand le roi Richard sut véritablement et comprit sans doute possible que Salahadin V. 55 1 3.
ne faisait que l'amuser, il sentit un grand déplaisir de n'avoir pas déjà mis l'ost en
mouvement. Quand il connut bien la chose, et vit que Salahadin ne lui tiendrait rien,
et n'aurait pas égard au salut de ceux qui lui avaient défendu Acre, il assembla en
conseil les hauts hommes, qui délibérèrent, et l'on décida qu'on tuerait la plupart des
Sarrasins, et qu'on garderait ceux qui étaient de haute naissance pour racheter de nos
otages. Le roi Richard, qui avait tué tant de Turcs dans le pays, ne voulut pas s'en
rompre davantage la tête: pour abattre l'orgueil des Turcs, pour abaisser leur loi et
pour venger la chrétienté, il en fit mener hors de la ville, chargés de liens, deux mille
sept cents, qui furent tous mis à mort. Ainsi furent vengés leurs coups et leurs traits •
d'arbalète; grâces en soient rendues au Créateur!
Voilà l'ost convoquée par les crieurs à l'heure oii le soleil se couche. [Il fut crié V. 5563.
partout qu'ils se mettraient en marche^^^], qu'ils chevaucheraient au moment voulu iv, t.
et qu'en invoquant le nom de Dieu ils passeraient le fleuve d'Acre pour aller droit à
Escalone et conquérir le rivage de la mer. Ils chargèrent des approvisionnements, du
biscuit, de la farine, des vins et des viandes; on avait ordonné que chacun portât des
vivres pour dix jours; les mariniers devaient venir avec leurs bateaux chargés et suivre
l'ost le long de la côte, et les énèques aussi devaient suivre promptement, armées,
appareillées, chargées d'hommes et de vivres. Le plan était d'avancer ainsi en deux
corps séparés, l'un marchant par mer, Tautre par terre; car on ne pourra jamais re-
conquérir autrement la Syrie maintenant que les Turcs s'en sont emparés.
L'ost était restée devant Acre deux hivers et tout un été, presque jusqu'à la mi- V. 5567.
aoAt, à grande peine et à grande dépense, quand le roi fit l'exécution de ces Turcs, qui iv, n.
avaient bien mérité la mort par tout le mal qu'ils avaient fait à Dieu et à ses pèlerins,
dont il était résulté tant d'orphelins, tant de filles sans appui, tant de veuves, tant
d'héritages perdus, tant de hauts lignages abaissés, tant d'évéchés et tant d'églises
privés de leurs pasteurs. Ce qu'il mourut là de princes et de comtes, un bon clerc en a
(>' Reslitaë d'après le latin.
39& LHISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
écrit le compte, de tous ceux qui moururent dans Tost et qui avaient quelque renom,
sans parler des moyens et des petits ; car s'il avait voulu les y mettre tous , il n'en serait
jamais venu à bout, il lui aurait fallu trop de peine et trop d'écriture. Dans le compte
qu'il écrivit de sa main, il trouva et dit qu'il mourut dans l'ost six archevêques,
douze évéques et le patriarche, sans compter les prêtres et les dercs, dont personne ne
pourrait dire le nombre. Il y mourut quarante comtes, que le derc nota exactement,
et cinq cents hauts seigneurs terriens qui étaient allés là requérir Dieu. Que Dieu les
absolve, et veuille bien les accueillir dans son royaume! Pour tous ceux qui moururent
\k et pour tous ceux qui y allèrent, pour les gens de haut rang et pour les petites gens
qui soutinrent l'ost de Dieu, pour tous ensemble, nous devons prier du fond du cœur
que Dieu les accueille entre ses amis dans la gloire céleste, oii il sera merveilleux d^étre
reçu, comme il le leur a promis pour leur bien et pour le nôtre : que chacun en dise
un Pater noster.
V. 56 1 3. Quand fut mise à mort la chiennaille qui s'était enfermée dans Acre et nous y avait
IV. vn. donné tant de mal, le roi Richard Gt porter et dresser ses tentes hors des fossés, pour
attendre l'ost prête à se mettre en mouvement. Tout autour de lui, dans des loges,
il établit des sergents à pied, à cause des perfides Sarrasins, qui venaient en grande im-
pétuosité et à chaque instant nous assaillaient avec des cris quand les nêtres s'y atten-
daient le moins. Le roi, accoutumé à ces alertes, sautait le premier sur ses armes,
piquait droit sur les ennemis et faisait de grandes prouesses.
V. 5699. Il arriva un jour que les Turcs repoussèrent les nôtres et commencèrent la mêlée.
iv,Tiii. Nos gens s'armèrenl, le roi et ceux qui étaient auprès de lui, et avec eux un comte de
Hongrie et une grande bande de Hongrois. Ils sortirent contre les Turcs, et il y en eut
qui firent merveille; mais ils poursuivirent trop longtemps et ils en eurent mauvaise
aventure. Le comte de Hongrie, qui était un des grands seigneurs de l'ost, fut pris,
et un chevalier de Poitou, nommé Huguelot, qui était maréchal du roi, fut emmené
par les Turcs. Le. roi, voulant délivrer Huguelot, s'élança à corps perdu; mais il fut
emporté trop loin; car les Turcs ont un avantage par lequel ils nous nuisent beaucoup :
les chrétiens ont de lourdes armures, et les Sarrasins n'ont d'autres armes qu'un arc,
une masse, une épée ou un javelot acéré et un léger couteau; et quand on les pour-
suit, ils ont des chevaux qui n'ont pas de pareils au monde, qui semblent voler comme
des hirondelles. On a beau poursuivre le Turc, on ne peut l'atteindre, et il ressemble
à la mouche venimeuse el insupportable : poursuivez-le, il prendra la fuite; revenez,
il vous poursuivra. Ainsi cette race odieuse mettait le roi en grande gêne. Il les char-
geait, et ils s'enfuyaient; il revenait, et ils le poursuivaient. Souvent ils y avaient de
la |)erte; mais d'autres fois ils avaient le dessus.
V. 5669. Le roi Richard était donc dans sa tente, attendant l'ost; niais les gens étaient pa-
IV. IX. ressoux à sortir de la ville, et le nombre de ceux qui avaient passé les fossés ne s'ac-
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. 395
croissait guère ; pourtant la ville d'Acre élait si pleine de gens qu'ils pouvaient à peine
y tenir : tant dans la ville que dehors, il y avait bien trois cent mille hommes. On
s'en allait à regret, car la ville était pleine de délices, de bons vins et de demoiselles,
dont plusieurs étaient fort belles. On s'adonnait au vin et aux femmes, et on se livrait
à toutes les folies. Il y avait dans la ville tant de désordre, tant de péché et tant de
luxure , que les prudhommes avaient honte de ce que faisaient les autres.
L'ost était convoquée, il fallut partir. Comme une chandelle abritée s'éteint si on V. 5687.
l'expose à un fort vent, ainsi force fut bien que la folie répandue dans l'ost s'éteignit
d'abord, car toutes les femmes restèrent dans la ville d'Acre, excepté les bonnes vieilles
pèlerines, les ouvrières, les lavandières qui leur lavaient le linge et la tête, et qui pour
ôter les puces valaient des singes. Voilà, un beau matin, l'ost armée et bien rangée.
Pour qu'il n'y eût pas de surprise, le roi resta à l'arrière-garde. Ce premier jour, on
fit une petite marche. Dès que les gens maudits eurent vu l'ost se mettre en route,
vous les auriez vus descendre des montagnes par vingt ou trente; car ils étaient enragés
du massacre qu'ils avaient vu faire de leurs parents, étendus morts sous leurs yeux;
aussi suivaient-ils l'ost en la harcelant tant qu'ils pouvaient; mais, grâce à Dieu, ils
ne nous firent pas de mal. Nos gens partirent et passèrent le fleuve d'Acre; là ils dres-
sèrent leurs tentes et leurs pavillons, et attendirent que tous ceux qui devaient sortir
d'Acre fussent arrivés : il était si diiBcile de les en tirer qu'on n'avait pas pu les faire-
sortir tous ensemble.
L'ost des chrétiens passa le fleuve un vendredi; le lendemain c'était une fête V. 5791.
où personne ne fit œuvre de ses mains, la fête de l'apôtre saint Barthélemi. Le lundi iv, z.
d'après, il y avait juste deux ans qu'avait commencé le siège d'Acre, enfin possédée par
les chrétiens. Le dimanche, au nom de Dieu, l'ost se mit en marche de grand matin;
les chefs montèrent et ordonnèrent les corps d'armée. Vous auriez vu là grande cheva-
lerie, la plus belle jeunesse, la plus vaillante, la plus choisie qu'on ait vue avant ni
après, tant de gens au courage assuré, tant de belles armures, tant de sergents preux
et hardis et renommés pour leur prouesse, tant de lances reluisantes et belles, tant de
pennons, tant de bannières richement ouvrées, tant de beaux heaumes, tant de beaux
hauberts! En cinq royaumes on n'en trouverait pas de tels. C'était, à la voir en marche,
une armée à inspirer la terreur. Le roi Richard , accompagné de gens qui ne connais-
saient pas la peur, faisait l'avant-garde; au centre, à l'étendard , étaient les Normands,
qui en eurent mainte fois la garde. Le duc et les Français, la fière nation, étaient à
l'arrière-garde; mais ils avancèrent si lentement qu'il faillit en arriver malheur.
L'ost marchait le long du rivage; les cruels Sarrasins étaient à gauche sur les v. 5759.
dunes et voyaient très bien notre marche. Il s'était levé un brouillard très gênant pour
l'est; la file s'était éclaircie et presque interrompue à l'endroit oii marchaient les
charretiers qui portaient les vivres. Les Sarrasins descendirent, se jetèrent droit sur
396 L*HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
les charretiers, tuèrent hommes et chevaux » prirent beaucoup de provisions, mirent
en désordre ceui qui menaient le convoi et les poussèrent jusqu à la mer. Us les j pour-
suivirent, et ]à ils coupèrent le poing à un sergent qui s'appelait Evrard, à ce qu'on
m'a raconté, et était homme de l'évéque de Salisbury. Evrard ne se déconcerta pas :
quand sa main droite fut coupée, il prit son épée de la main gauche, les attendit de
pied ferme et se défendit contre eux tous. Voilà toute l'ost en émoi, tandis que le roi
Richard n'en savait rien encore. L'arrière^garde était arrêtée, pleine de trouble et de
désordre. Alors Jean, fils de Lucas, courut vers le roi lui dire les nouvelles; le roi vint
en toute hâte avec les compagnons auxquels il se fiait; il revint de l'avant-garde où il
était, et se jeta au milieu des Turcs près de la colline. Il tomba sur eux comme la
foudre : je ne sais combien il en tua avant même qu'ils l'eussent reconnu; s'il avait su
la chose un peu plus tôt, il leur aurait fait grand dommage. Il y eut là un Français,
le preux Guillaume des Barres, qui renversa bien des Turcs par terre; il se conduisit
si bien ce jour-là que le roi lui pardonna une rancune qu'il avait contre lui, et ne lui
sut plus aucun mauvais gré. Ils repoussèrent les Turcs vers la montagne et en tuèrent
je ne sais combien. Salahadin, avec de grandes forces, était tout près; mais quand il
vit ses gens reculer, il s'arrêta et ne fit rien. L'ost, qui avait été mise en désordre,
reprit ses rangs et sa marche, tant qu'ils trouvèrent un fleuve et des citernes dont
on fit l'essai. Ils dressèrent là tentes et pavillons, dans un grand espace où Salahadin
avait passé la nuit, et où l'on voyait bien qu'une merveilleuse armée s'était arrêtée.
V. 58sd. En cette première journée de marche , telle fut l'étrenne de l'ost que les Turcs firent
nr, tt. sur eux du butin ^^K Ce sont là les aventures de la guerre; Dieu le voulut pour leur salut,
pour que l'ost avançât sans négligence, plus serrée et mieux en ordre qu'elle n'était
quand elle fut attaquée. Depuis lors, on y fit grande attention, et on la dirigea avec
plus de prudence. Mais les difficultés grandissaient; car Salahadin et la chiennaille
infidèle s'en allaient déjà de l'autre côté de la montagne, aux défilés où ils savaient
que nos gens devaient passer^. Ils avaient pris leurs mesures de telle sorte que l'ost
devait être tuée ou prise, ou tout au moins mise en grande déroute. Nos gens partirent
du fleuve; mais ils firent ce jour-là une petite marche. Ils allèrent camper sous Caîpfaas
pour attendre les petites gens, qui n'étaient pas encore venus.
V. 58^7. Sous Gaïphas, le long du rivage, campait l'ost vaillante et fière, divisée en deux
parties, entre la tour et la mer. Ils restèrent là deux jours à s'occuper des équipe-
ments et des approvisionnements. On jeta ce qui ne servait à rien, on garda ce qui
semblait bon; car les gens de pied , les petites gens, s'étaient tellement chargés de pro-
visions et d'armes, et étaient venus avec tant de peine, qu'il fallut en laisser beaucoup
là , qui moururent de chaud et de soif.
0) On peut lire, au vers SBsS, éM lor guaaignwrent.
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. 397
Quand i'ost de Dieu se fat reposée et eut pris ses arraiigements sous Galphas, ils V. 586 1
en partirent un mardi et établirent leurs divisions. Le Temple faisait l'avant-garde , iv, m.
l'Hôpital Tarrière-garde. A voir les divers corps d'armée » on prenait de l'ost une
haute idée , et l'est était mieux conduite qu'elle n'avait été la première fois. A cause
du repos qu'ils avaient eu, ils firent ce jour-lÀ une grande journée; mais sur le rivage
ils trouvèrent de hautes herbes et de grandes épines qui gônaient les piétons et les
frappaient en plein visage. Toute la terre -étak déserte. Vous auriez vu là de belles
chasses données au gibier qu'on trouvait en masse sur le rivage, qui se levait entre
leurs pieds et qu'on prenait en abondance.
Le roi vint au château de Gapharnaum, qu^avaient abattu nos ^inemis. Il descendit, V. 5883.
et dtna en attendant l'ost. Ceux qui voulurent dînèrent, et, après diner, continuèrent
jusqu'au Casai des Défilés, qui m'est pas large mais petit; arrivés là, ils descendirent
et dressèrent leurs tentes. Tous les soirs, quand l'ost campait, avant qu'elle fût cou-
chée, il y 9vait un homme qui criait, et toute l'ost y prenait plaisir, car sa voix s'en-
tendait partout; il criait : c( Saint sépulcre, aide^-nous!» et tous criaient après lui, et
tous tendaient leurs mains ^u ciel et pleuraient , et lui il recommençait et criait trois
fois; etttous en étaient fort récréés.
Pendant le jour, l'ost était tranquille; mais quand la nuit était obscure, ils avaient Y. SgoS.
fort affaire avec les vers piquants et les tarentules , qui les tourmentaient fort ; les pèlerins iv, un.
qui en étaient piqués enflaient aussitôt. Les hauts hommes leur donnaient de la thé-
riaque qu'ils avaient et qui les guérissait promptement ; cependant les tarentules les
incommodaient fort. Enfin des gens sages donnèrent un 'bon avis : quand ces vemiines
venaient et qu'on les voyait, on faisait dans l'ost un grand bruit, j'en prends Am-
BRoisB à témoin ; on frappait les heaumes et les chapeaux de fer, les barils , les selles ,
les panneaux, les écus, les targes, les bassins, les chaudières et les poêles. On faisait
un tel tapage et un tel fracas que les vermines s'enfuyaient en entendant ce bruit, et
quand on en eut pris l'habitude, les vermines se retirèrent.
Au Casai, oii l'ost s'était arrêtée, elle se mit en mesure et en défense contre les cruels V. 6931.
ennemis qui depuis l'attaquèrent souvent. On avait là un large espace; il fallut y rester
deux jours pour attendre les vivres ; enfin arrivèrent les vaisseaux , barques et galères , qui
suivaient l'ost le long du rivage et apportaient les provisions. On était revenu au Casai; iv,ut.
le roi, qui avait couché au Merie, avait tout arrangé pour la marche. Il avait décidé
qu'il ferait ce jour-là l'avant-^arde, de sorte qu'on n'eût rien à craindre par devant , et
que les Templiers feraient l'arrière-garde et seraient attentifs, car les Sarrasins étaient
près de l'ost, et ils la harcelèrent tout le jour. Le roi d'Angleterre chargea ce jour-là,
et y conquit grande renommée; sans la mollesse de quelques-uns, il eût fait de grandes
choses. Le roi et les siens poursuivirent l'ennemi ; mais d'autres se montrèrent paresseux ,
et le soir en furent blâmés à bon droit, car, s'ils avaient suivi le roi, on eût vu un beau
398 LHISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
fait d'armes. Toutefois il repoussa les Turcs, et l'ost marcha sur le sable, doucement et à
petite allure, car il faisait une chaleur excessive, et l'étape, ce jour-là, n'était pas courte,
mais grande et pénible. La chaleur les accablait tellement qu'il en mourait beaucoup ,
qu'on enterrait aussitôt; et ceux qui ne pouvaient avancer, dont il y avait souvent
beaucoup, ceux qui étaient lassés, épuisés, découragés et malades, le roi, en chef
compatissant, les faisait porter dans les galères et dans les barques jusqu'à l'étape.
Cette journée fut pénible. Les fourriers allèrent jusqu'à la cité de Gésaire : les ennemis
y avaient été; ils avaient fait grand mal dans la ville et l'avaient détruite; mais à l'ar-
rivée des nôtres ils s'enfuirent; nos gens y descendirent et dressèrent leurs tentes au
delà d'un fleuve qu'ils y trouvèrent. C'est un fleuve qu'on appelle encore aujourd'hui
le fleuve des Crocodiles : deux pèlerins s'y baignèrent et les crocodiles les mangèrent.
V. 5993. Césaire est une ville avec un'e grande enceinte, où Dieu a fait de nombreux miracles,
car il séjourna beaucoup sur ce rivage avec ses chers compagnons. C'est là que le roi
ordonna à ses énèques de le rejoindre. Il fit faire une proclamation à Acre pour faire
venir les retardataires, leur enjoignant au nom de Dieu de se mettre dans les énèques
et de venir dans l'ost, et il en vint beaucoup avant que l'ost fût partie. La belle flotte
arriva un soir à Césaire; elle se joi<;nit aux barques qui, chaque jour, accompagnaient
l'ost le long du rivage, et qui lui fournissaient des vivres en suflisance, malgré la chien-
naille sarrasine.
V. 6011. Un matin, à l'heure de tierce, comme Ambboisb l'a su exactement, l'ost fut armée
et se mit en marche, très bien garnie et rangée. Il était décidé qu'elle ferait une petite
journée, à cause des Sarrasins, qui se jetaient sur les nôtres dès qu'ils bougeaient.
Ce jour-là, ils nous poursuivirent tout le temps; mais ils y perdirent un émir si re-
nommé pour son grand courage et aussi pour sa grande force que personne, disait-on,
n'aurait pu le renverser, et que personne n'osait ratta(|uer; car il avait une si grosse
lance qu'il n'y en avait pas en France deux plus grosses. C'était Aîas Estoî. je l'entendis
nommer de ce nom. Les Turcs en menèrent tel deuil qu^ils coupèrent la queue de leurs
chevaux. Ils auraient bien voulu emporter son corps, si les chrétiens le leur avaient
laissé. Les nôtres avancèrent tant qu'ils arrivèrent sur la rivière Morte, que les perfides
Sarrasins avaient recouverte; mais les nôtres la découvrirent, en burent, et campèrent
là deux nuits.
V. 0o38. Après deux jours de repos « l'ost quitta la rivière: elle marchait doucement « sans se
11. xt. presser, dans un pays pauvre et ravagé. Ce jour-là on alla par la montagne, car le
rivage était si sauvage et si obstrué qu'on n'aurait pu y passer. L'ost était plus serrée
qu'elle ne le fut en aucune autre occasion. L'arrière-garde était confiée aux Templiers,
qui, au soir, se frappèrent la poitrine, car ils perdirent tant de chevaux qu'ils en étaient
tQut découragés. Le comte de Sainl-Pol, aussi, perdit là beaucoup de chevaux, car il
eut beaucoup à souffrir des Turcs qui le harcelaient. 11 montra tant de courage et se
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. 399
mit tellement en avant que toute Tost lui donna de grandes louanges. Ce jour-là le •
roi d'Angleterre, qui allait voir les Turcs de près, fut navré au côté d'un javelot par un
Turc qu'il avait attaqué; mais la blessure n'était pas grave et ne l'empêcha pas de leur
courir sus. On pouvait voir là voler les dards, tuant ou blessant les chevaux : il y en
avait une telle pluie qu'on n'aurait pas trouvé tout autour de la place occupée par
l'ost quatrp pieds de terre vide, et ce tourment qu'endurait l'ost dura toute la journée
jusqu'au soir, oii les Turcs se retirèrent dans leurs cam|)ements. Nos gens campèrent
près de la Rivière Salée et s'y logèrent. Vous auriez vu là un grand concours autour des
chevaux les plus gras qui avaient été tués le jour : les sergents en achetaient la viande;
ils la payaient très cher, et encore on se battait pour en avoir. Quand le roi l'apprit,
il fit crier un ban, annonçant que celui qui donnerait son cheval mort aux sergents,
il lui en rendrait un vivant en échange. Alors ils les eurent en abondance : ils les
prirent, les écorchèrent et en mangèrent de bons morceaux au lard.
lis se reposèrent là deux jours, et au troisième, à {'heure de tierce, ils se mirent en ^* ^^9^-
marche, rangés en bataille. On leur avait dit que les mécréants, la noire chiennaille, iv, xn.
étaient dans la forêt d'Arsur, et qu'ils voulaient ce jour-là l'allumer et faire un si grand
feu que l'ost en serait rôtie; mais elle suivit son chemin à travers la forêt, et je ne
crois pas qu'on voie ou qu'on ait jamais vu une plus belle marche que celle-là. Ils ne
rencontrèrent rien qui les arrêtât, et avancèrent sans encombre. Ils passèrent la mon-
tagne d'Arsur et toute la forêt, et vinrent dans la plaine ouverte. Ils campèrent sur la
rivière de Rochetaillée en dépit des circoncis, qui étaient venus là en si grand nombre,
au dire de tel qui les avait bien vus, examinés et comptés à son estimation, qu'ils pou-
vaient être trois cent mille, ou il s'en fallait de peu. Et nos chrétiens, à ce qu'on esti-
mait, n'étaient pas plus de cent mille. L'ost de Dieu coucha sur la rivière de Roche-
taillée; elle y campa un jeudi et se reposa le vendredi.
Le samedi bu matin, chacun s'apprêta de son mieux pour défendre sa vie, car on V. 6196.
leur avait donné à entendre qu'ils ne pourraient pas avancer sans livrer bataille aux iv, xth.
ennemis, qui s'approchaient de tous côtés et rangeaient leurs corps d'armée. C'est pour-
quoi l'ost chrétienne prit ses dispositions contre les païens, si bien que dans l'arrange-
ment des corps d'armée il n'y eut rien à reprendre. Richard, le preux roi d'Angleterre,
qui connaissait mieux que personne toutes les choses de la guerre, ordonna à sa guise
qui devait aller devant et derrière. On fit douze corps d'armée bien distribués, composés
des meilleures gens qu'on eût pu trouver sous le ciel, tous résolus dans leur cœur à bien
servir Dieu. Le Temple faisait l'avant-garde; et l'Hôpital l'arrière-garde ; après le Temple
venaient les Bretons et les Angevins réunis; ensuite, comme je m'en suis assuré, venaient
les Poitevins et le roi Gui; puis chevauchaient les Normands et les Anglais, portant
le dragon, et THôpital, chargé de l'arrière-garde, marchait en dernier. L'arrière-
garde était, ce jour-là, garnie de hauts barons; ils étaient rangés en bon ordre, bien
3o
lariiaciiiB lATiORâie.
\
&00 L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
* distribués, et s'avançaient si serrés qu'une pomme qu'on aurait jetée n'aurait |>u tom-
ber que sur un homme ou un chevaL Cette arrière-garde allait de l'ost des Sarrasins
jusque tout près de la mer. Vous auriez vu là bien des bannières et bien des gens de
bonne mine. Là étaient le c^mte de Leicestre, qui n'aurait {)ds voulu être ailleurs, et
Huon de Gournai avec ses gens bien renommés; Guillaume de Borriz, qui était du
pays; Gauquelin de Ferrières, avec des gens de toutes sortes: Roger de Toéni, avec
beaucoup de chevaliers; le preux Jacques d'Avesnes, que Dieu reçut ce jour-là dans
son royaume; le comte Robert de Dreux, avec ses gens en grand nombre; l'évéque de
Beauvais, qui s'était joint à son frère; le seigneur des Barres, le seigneur do Gariande
y étaient en grande compagnie; Guillaume et Droon de Mello n'en avaient pas moins.
Les lignages marchaient ensemble et se retrouvaient, et ainsi l'ost était si bien unie
qu'on aurait eu peine à la disjoindre. Le comte Henri de Champagne gardait l'ost
du côté de la montagne; il faisait fonctions de garde-côte, et chevauchait tout le tem|i8
le long des rangs. Les sergents à |)ied étaient derrière l'ost et fermaient la marche;
les munitions, les provisions, les charrettes, les sommiers, les harnais, tout cela était
en bas sur le rivage, de façon à être moins exposé.
V. Gaoï. .Ainsi l'on marchait avec confiance, l'armée et les approvisionnements, doucement et
IV, xuu. à petite allure. Le duc de Bourgogne, avec le roi et des gens hardis et preux, che-
vauchait par devant, par derrière, à droite et à gauche, pour diriger l'ost et voir les
Turcs et leurs positions. Ils eurent beaucoup de peine; car, une heure avant tierce, arri-
vèrent plus de deux mille Turcs tirant de l'arc, qui enveloppèrent l'ost. Après eux vint
un peuple noir, ceux qu'on appelle les Noirets , et les Sarrasins de la berruie ^^\ hideux
et plus noirs que de la suie, gens extrêmement agiles cl prompts, allant à pied, portant
des arcs et de légers boucliers. Ils tourmentafent l'ost sans lui laisser un moment de
repos. Vous auriez vu dans la campagne des Turcs en si grand nombre, tant de pen^
nous, tant d'enseignes, tant do bannières, tant de bataillons si bien rangés! Plus de
trente mille Turcs vinrent ainsi en bel équipement se jeter à toute bride sur l'ost,
montés sur des chevaux prompts comme la foudre et soulevant des touii)illons de pous-
sière; devant les émirs s'avançaient ceux qui tenaient les trompettes; d'autres |K)rtaient
des timbres et des tabours, et n'avaient d'autre fonction que de frapper sur leurs ta-
bours et de pousser des cris et des huées : on n'aurait pas entendu Dieu tonner, tant
il y avait de tabours qui retentissaient. Cette chiennaille attaqua l'ost et- la pressa
vivement. A deux lieues tout alentour, vous n'auriez pas trouvé plein mon giron de
terre vide ni de place où il y eût autre chose que cette race maudite. Du côté de la
mer et du côté de la terre ils les attaquaient de si près, avec tant de force et d'em-
portement, qu'ils leur faisaient grand dommage, d'abord en tuant leurs chevaux, dont
('} Ce mot lopiqae a dâ éire conservé; voir tu Glostaife.
402 L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
la fleur de la chevalerie, le bon grain de la jeunesse militaire, tout ce qui savait le
mieux la guerre s'était levé dans toute la chrétienté pour combattre les païens : c'était
l'élite des preux, et celui qui l'aurait vaincue aurait bien pu dire que, dans le monde,
rien ne pouvait lui résister.
V. 6359. La chaleur et la poussière étaient grandes; le peuple du diable était lier, mais
IV. m. l'ost de Dieu était pleine de valeur et se défendait bien. Les Turcs étaient là amon-
celés, plus serrés qu'une haie; les chrétiens avançaient dans leur route, et les autres les
poussaient dans le dos; mais ils ne purent leur faire grand mal. Les Turcs, les gens
du diable, enrageaient. Ils nous nommaient «les gens de fer?), parce que nous avions des
armures qui garantissaient nos gens, en sorte qu'ils craignaient moins leurs attaques.
Les Turcs mettaient leurs arcs sur lourdes et nous attaquaient avec leurs masses. Il y en
avait plus de vingt mille qui forgeaient ainsi sur les Hospitaliers, quand l'un de ceux-ci
s'écria : «Saint Georges, nous laisserez-vous détruire ainsi? La chrétienté devrait périr
« de honte quand il n'y a personne qui ose attaquer cette chiennaille ! " C'était le maître
de l'Hôpital, frère Garnier de iVapes; il vint au roi au galop de son cheval et lui dit :
«Sire, on nous fait trop de tort et de honte; nous perdons tous nos chevaux, w Le roi
lui dit : «Patience, maître. On ne peut pas être partout.» II revint aux siens, et les
Turcs nous poussaient toujours par derrière, si bien que les princes et les comtes en
étaient tout honteux et disaient : «Allons, chargeons! On nous prendra pour des
«lâches. Jamais on n'a vu une telle honte; jamais, par les mécréants, notre armée n'a
« encouru un tel blâme, et si nous tardons h nous défendre, nous pourrons bien attendre
« trop. 7) Dieu! quelle perte, quel malheur et quel deuil ce fut alors ! Tant de Sarrasins
y auraient péri, si nos péchés n'avaient fait manquer la charge qu'on avait projetée!
On arrangeait cette charge, à laquelle tout le monde s'accordait; ils avaient déjà pris
toutes leurs mesures, qui auraient été bonnes si on les avait bien gardées. Il était con-
venu qu'avant la charge on placerait en trois endroits six trompettes qui sonneraient
au moment où Ton devrait se retourner vers les Turcs, deux devant l'ost, deux der-
rière et deux au milieu. Si on l'avait fait ainsi, les Turcs n'auraient pas échappé. Mais
tout fut perdu par la faute de deux hommes qui ne purent se retenir de charger. Ils se
lancèrent en avant et tuèrent chacun un Turc : l'un des deux était un chevalier, le
maréchal de l'Hôpital ; Vautre était Baudouin le Garon, qui était hardi comme un lion,
compagnon du roi d'Angleterre qui l'avait amené. Ces deux-là commencèrent l'attaque
au nom du Tout-Puissant en criant à haute voix : «Saint Georges ! r> Les gens de Dieu
retournèrent leurs chevaux contre l'ennemi. L'Hôpital, qui avait beaucoup souffert,
chargea en bon ordre; le comte de Champagne, avec ses braves compagnons, Jacques
d'Avesnes, avec son lignage, chargèrent aussi. Le comte Robert de Dreux et l'évêque
de Beauvais chargèrent ensemble. Du côté delà mer, à gauche, chargea le comte de
Leicestre avec toute Tarrière-garde, où il n'y avait pas de couards. Ensuite chargèrent
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. 403
les Angevins, les Poitevins, les Bretons, les Manceaux et tous les autres corps d'armée.
Et pour vous dire la vérité, les braves gens qui firent cette charge attaquèrent les Turcs
avec une telle vigueur que chacun atteignit le sien, lui mit sa lance dans le corps et
lui fit vider la selle. Les Turcs furent étonnés; car les nôtres tombèrent sur eux comme
la foudre, en faisant voler une grande poussière, et tous ceux qui étaient descendus à
pied et qui, avec leurs arcs, nous avaient fait tant de mal, ceux-là eurent les têtes
coupées. Dès que les chevaliers les avaient renversés, les sergents les tuaient. Quand
le roi vit que l'ost avait rompu ses rangs et attaqué les ennemis, sans plus attendre il
donna de l'éperon à son cheval et le lança à toute vitesse pour secourir les premiers
combattants. Plus rapide qu'un carreau d'arbalète, entouré de ses vaillants compagnons,
il alla attaquer sur la droite un corps ennemi si rudement qu'ils furent tout déconcertés
et que nos chevaliers leur firent vider les selles : vous les auriez vus étendus à terre,
pressés comme des épis en javelle; le vaillant roi d'Angleterre les poursuivit. Il fit, en ce
jour, de telles prouesses qu'autour de lui, des deux côtés, devant et derrière, il y avait
un grand chemin rempli de Sarrasins morts, et que les autres s'écartaient, et la file
des morts durait près d'une demi-lieue. Les Sarrasins tombaient de cheval l'un après
l'autre, et la poussière volait si épaisse qu'elle nous nuisait beaucoup, car quand nos
gens sortaient de la grande presse, k cause de cette poussière, ils ne se reconnaissaient
pas, ce qui doublait leur peine. Cependant ils frappaient à droite et à gauche. Les
Turcs n'étaient pas à leur aise. On voyait là donner de beaux coups, des gens sanglants
quitter le champ de bataille, des bannières et des pennons tomber. Vous auriez pu
•ramasser là tant de bonnes épées tranchantes, de javelots acérés, d'arcs, de carquois,
de masses d'armes, de carreaux, de dards, de flèches! On en aurait chargé plus de
vingt charrettes. On voyait les corps des Turcs, avec leur tête barbue, couchés serrés
comme des gerbes. Ceux qui étaient restés se défendaient bien; d'autres, qui avaient
été renversés et avaient perdu leurs chevaux, se cachaient dans les buissons ou mon-
taient sur les arbres. On allait les en tirer, et on les entendait crier quand on les tuait.
Il y on eut qui laissèrent là leurs chevaux, s'enfuirent vers la mer et sautèrent en bas
des falaises de plus de dix toises de haut. Ils furent là bien repoussés : à plus de
deux lieues vous n'auriez vu que des fugitifs, de ceux qui, auparavant, étaient si fiers;
car toute l'armée s'était retournée contre eux. Ceux qui gardaient l'étendard — c'étaient
des Normands, gens sûrs entre tous — ne se retournèrent vers l'ennemi que très len-
tement, en sorte qu'il aurait, fallu que tout allât bien mal avant qu'on eût pu leur
causer un sérieux dommage.
Les guerriers de Dieu, après avoir chargé, s'arrêtèrent, et dès qu'ils se furent V. G.n.'^.
arrêtés, les Sarrasins reprirent courage. Il en arriva plus de vingt mille, la masse
au poing, pour secourir ceux qui avaient été renversés. Les nôtres, qui revenaient
vers l'ost, furent là maltraités : les Sarrasins leur lançaient des flèches et les frappaient
^lO'i L'HISTOIRE DK LA GDEURË SAINTE.
(io leurs masses d'armes, cassant les téies et les bras, et les inclinant sur les arçons.
\os chevaliers revenaient à eux quand ils avaient repris haleine, et, recommençant
h charger, se jetaient dans les rangs ennemis et les rompaient eonmie des réseaux.
Vous auriez vu là tournor les selles des Turcs, et eux-mêmes s'enfuir et s'éloigner.
Mais les noires étaient tellement pressés qu'ils ne pouvaient plus avancer, et si l'on
ne s'était pas arrélé, il y aurait eu un désastre. Là était l'émir Déquedin, un des pa-
rents de Salahadin, qui avait peintes sur sa bannière d'étranges insignes : sa ban-
nière portait des braies; telles étaient ses insignes. C'était le Turc qui haïssait le plus
la chrétienté; il avait en sa compagnie plus de sept cents Turcs d'élite, de la garde
particulière de Salahadin, gens diQiciles à vaincre. Chaque escadron avait une ban-
nière jaune avec un pennon de couleur différente. Ils avançaient d'un tel élan et avec
une telle ardeur, et en faisant un tel bruit pour charger les chrétiens (|ui revenaient
vers l'étendard, qu'il n'y avait si preux ni si habile qui n'eût fort à faire. Nos gens sou-
tinrent l'effort, et il y eut là de beaux combats; mais on se sépara, et les nôtres revin-
rent droit à l'ost : les Sarrasins les serraient de si près qu'il y en eut peu qui osèrent
retourner sur eux ^^^ et que tous sentaient leur corps trembler des coups qu'ils recevaient
sur les heaumes. Le preux Guillaume des Barres fit là une charge que* tous louèrent.
Il s'élança avec les siens entre les nôtres et les ennemis qui les pressaient, et il les
frappa si rudement qu'il renversa je ne sais combien de Turcs, qui ne nous tirent
plus jamais la guerre. Du côté de la montagne, Richard, le roi d'Angleterre, avec ses
hardis compagnons, monté sur son Fauvel de Cypre, le meilleur cheval qu'on pût
voir, chargea de son côté l'ennemi, et fit tant de prouesses que c'était merveille de voir
comment lui et les siens attaquaient les Turcs. Ils les repoussèrent et les retinrent si
bien que nos gens rejoignirent l'étendard et se remirent en ordre. Ils reprirent leur
chemin et chevauchèrent jusqu'à Arsur, oii ils descendiœnt et dressèrent leurs tentes, car
il était bien l'heure de se reposer. Ceux qui, le soir, voulurent faire du butin vinrent
sur le champ de bataille et en 6rent tant qu'ils voulurent; ceux qui y allèrent racon-
tèrent que dans cette bataille il mourut trente-deux puissants barons ou émirs, dont
ils vinrent plus tard reprendre les corps, et sept cents Turcs, sans compter ceux qui
étaient blessés et qui tombaient morts dans la campagne. Et nous ne perdîmes pas
la dixième partie de ce nombre, ni même le dixième du dixième.
\. r)63i. Dieu! quel grand malheur et quelle perte nous eûmes ce jour-là, quand les Sarra-
IV, IX. sins revinrent sur nous! Dans ce mouvement, ils séparèi:ent des nôtres et enfermèrent
un vaillant homme : ce fut le preux Jacques d'Avesnes; Dieu puisse-t-il en faire un
saint dans son royaume ! Ce malheur nous arriva par son cheval, qui tomba: mais il
se défendit si bien que, après la bataille, ceux qu'on envoya chercher son corps étendu
t>) Lb traduction de ce passage obscur est donnée d^apràs le ia tin.
L^HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. i05
au milieu de cette chiennaiiie, nous dirent qu'ils avaient bien trouvé autour de ce corps
quinze Turcs mis en pièces, dont il s'était vengé. Il y mourut avec trois de ses parents,
et ils ne furent pas secourus par d'autres, dont on paria beaucoup, un des barons
français, disait-on, le comte de Dreux et les siens : tant de gens en dirent alors du
mal que l'histoire ne peut le démentir.
L'ost était campée devant Arsur, ayant fait grand mal aux païens, et elle les aurait V. ooni).
tout h fait déconfits si Ton avait eu une meilleure ordonnance. La nouvelle se répandit de
ceux des nôtres qui étaient perdus, non pas perdus, mais trouvés, car ils avaient com-
battu pour Dieu, et étaient morts dans le combat : c'est Jacques d'Avesnes et les siens.
L'ost de Dieu en fut toute pensive, et si troublée et si déconcertée que, depuis Adam,
on n'a jamais vu tant de plaintes et tant de regrets pour la mort d'un seul homme; et
il méritait bien d'être plaint ! Il servait Dieu sans jamais faillir. Il avait déjà choisi en
paradis sa place à c6lé de l'apôtre saint Jacques, qu'il regardait comme son patron
et le nôtre , Jacques d'Avesnes le martyr, qui n'avait pas daigné fuir devant les Turcs.
L'ost était campée devant Arsur, sur la grande rivière. Us se reposèrent toute la nuit, v. G(i83.
car ils s'étaient grandement fatigués à donner et h recevoir des coups, et ils n'en bou-
gèrent pas jusqu'au troisième jour, qu'ils se retrouvèrent en bon état. La bataille avait
été un samedi, et le dimanche était la fête de la glorieuse Mère de Dieu, l'histoire nous
l'apprend, celle qu'on célèbre en septembre. Alors s'armèrent les chevaliers de l'Hô-
pital et du Temple. Ils emmenèrent de braves Turcoples, et beaucoup d'autres gens y
allèrent avec eux. Us vinrent au champ où gisaient ceux qui avaient été tués dans la
bataille; ils cherchèrent par tout le champ et ne burent ni ne mangèrent tant qu'ils
eurent trouvé le corps du vaillant chevalier Jacques d'Avesnes. Enfin ils le trouvèrent,
mais il fallut d'abord lui laver le visage, ou on ne l'aurait jamais reconnu, tant il avait
reçu de coups mortels en se défendant de pied ferme contre les Sarrasins. Ils recou-
vrirent le corps, le chargèrent et s'en revinrent à Arsur. Vous auriez vu là une grande
ibule de gens et de chevaliers qui allèrent à la rencontre du corps, menant tel deuil
qu'il aurait été impossible de les voir sans en éprouver grand'pitié. L'un regrettait sa
prouesse, l'autre racontait sa libéralité. Quand on le mit en terre, le roi Richard et le
roi Gui y furent, dans l'église de Notre Dame : puisse-t-elle prier son doux fils pour
l'âme dont le corps fut logé là ! Après la messe, les clercs en grand recueillement firent
à leur guise ce qui restait à faire ^'^ et les hauts hommes prirent le corps entre
leurs bras et l'enterrèrent. Ne me d^aandez pas s'ils y pleurèrent.
Laissons cetta affaire et n'en parions plus pour le moment : nous ne l'abandon^ V. G735.
nous pas, car elle ne nous écarte pas de notre sujet; mais présentement nous revien-
drons en arrière et nous parlerons des ennemis q«i nous avaient attaqués.
(') Lacune dVa vers.
&06 L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
V. 67A3. Celte race mécréante avait été repoussée, comme je vous Tai raconté auparavant,
IV, XII. [et ils n'avaient pas accompii^^^j ce dont ils s'étaient vantés au soudan dans leur arro-
gance : car ils lui avaient dit que, sans aucun doute et sans vanterie, la chrétienté
serait cette fois-là vaincue et morte; mais les choses allaient bien autrement. Si vous
aviez vu la fuite de ces Turcs par la montagpe ! Ceux qui la virent nous racontèrent
que, quand nos gens heurtèrent les leurs, ils les repoussèrent si rudement, eux et leur
bagage, que dans la fuite tant de chameaux y tombaient morts, tant de chevaux, tant
de mules et de mulets, par centaines et par milliers, et ils perdaient tant de monde,
que, s'ils avaient été mieux poursuivis et serrés de plus près, tout le pays aurait été
gagné et peuplé de chrétiens.
V. 6769. Quand Tost des Turcs se fut retirée après cette journée et que Salahadin, qui était
IV. xin. dans la montagne, sut la chose, quand il vit la déconfiture de ce qu'il avait de meilleur
et de plus choisi, il se prit, tout plein de dépit et de courroux, à dire à ses émirs :
«Eh bien! où donc sont mes gens, ces vantards, ces enragés? Les chrétiens chevauchent
(c maintenant par la Syrie à leur plaisir sans que personne les arrête, et moi, je ne
7 sais où aller. Où sont maintenant ces grandes menaces? Où sont ces coups dVpéc et
a de masse d'armes qu'ils se vantaient de faire quand ils seraient aux prises? Où sont
ce les beaux commencements des grandes expéditions et des grandes batailles? Où sont
(cces grandes déconfitures qu'on trouve dans les livres et qu'on nous raconte tous les
c( jours que nos ancêtres avaient accoutumé de faire des chrétiens ? Voilà qui va mal.
c(Nous sommes le rebut du monde en guerre et en bataille; nous ne valons rien au
«regard de ceux qui ont été et qui ont beaucoup valu. 79
V. 6799. Les émirs des Sarrasins entendirent Salahadin les blâmer ainsi; aucun ne leva les
yeux, excepté un, Sangui d'Alep, qui se redressa sur son cheval et dit : «Soudan, en-
(( tendez-moi. Vous nous avez vilainement insultés et trop blâmés; mais pourquoi nous
« méprisez-vous si vous ne savez pas la cause de ce qui est arrivé ? Vous ne suivez pas la
«raison. Ce n'est pas pour n'avoir pas bien combattu, pour n'avoir pas attaqué hardi-
« ment, tiré et lancé contre les Francs, avec l'acier et le fer, ni pour n'avoir pu endurer
«leurs grands coups; mais rien ne peut durer contre eux, car ils ont de telles armures
«dont ils sont couverts, si fortes, si solides, si sûres, que nous ne pouvons leur faire de
«mal plus qu'à une pierre; et quand on a affaire à de tels ennemis, comment peut-on
«s'en tirer? Mais ce qui est plus merveilleux encore, c'est un Franc qui est avec eux,
«qui tue et massacre nos gens. Nous n'avons jamais vu son pareil. Il est toujours de-
« vant les autres; on le trouve toujours prêt en tous les besoins. C'est lui qui fait parmi
«les nôtres un si grand carnage. On l'appelle Melec Richard, et c'est un Melec comme
«celui-là qui doit posséder des royaumes, conquérir l'argent et le distribuer. »
0;
Suppléé d après le latin.
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. Ml
Dans cette colère où était Salahadin, il appela Safadin, son frère, et lui' dit : c^Je veux V. 68:^'».
^ qu'on voie quelle confiance j'ai en mes gens. Montez à cheval et allez sans hésiter me
(( faire détruire les murs d'Escalonc ; ce n'est plus la peine de combattre. Abattez et brisez
«comme du bois la cité de Gadres, mais conservez le Daron, que mes gens puissent
<( venir par là. Abattez-moi la Galatie, pour que les Francs n'y prennent pas un point
«(d'appui; faites abattre le Figuier, pour qu'ils ne puissent pas s'y rallier; abattez-moi la
« Blanche- Garde, pour que nous n'ayons rien à craindre de ce côté-là. Abattez complète-
ciment Jaffe, le Casai des Plains, le Casai Moyen; abattez-moi Saint-Georges, Rames,
«la grande ville que nous avons conquise, Beaumont, sur le haut de la montagne, le
«Toron, Châtel-Ernaud, et Beauvoir, et Mirabel. Abattez aussi, je le veux, les châteaux
«de la montagne; qu'il ne reste rien, ni château, ni casai, ni cité, qui ne soit détruit,
«excepté le Crac et Jérusalem. Je le veux : qu'on le fasse ainsi !)9 Snlahadin donna cet
ordre; son frère demanda congé, ayant entendu son désir; mais un Turc qui s'appe-
lait Caîsac, Sarrasin puissant et renommé, parla hautement, et dit h Salahadin : «Sire, iv, mr.
«personne ne doit en croire sa colère et son dépit comme vous le faites. Envpycz vos
«espions et vos gardes dans les plaincs.de Rames, sur les collines, et que les espions
«reviennent ici quand ils sauront de quel côté-l'ost des chrétiens se dirigera. Ils pour-
« raient bien prendre tel chemin où Ton pourrait leur faire du mal. Par Mahomet que
«nous adorons, avant de blâmer les gens, il faut regarder au temps et à la raison. Vous
«ne devez pas nous mésestimer : ce sont les aventures delà guerre, où l'on a souvent de
«grandes déconvenues, et je ne crains pas de dire que, si j'ai de bons compagnons,
«je pense tenir les Francs de si court qu'ils regretteront d'être venus dans ce pays. »
Alors on choisit trente émirs, grands seigneurs de haut parage, dont chacun avait bien
avec lui cinq cents Turcs d'élite; Salahadin les fit partir et descendre sur la rivière
d'Arsur; ils y vinrent, guettant le moment où les chrétiens se remettraient en marche.
L'ost de Dieu , qui avait livré bataille et qui avait un peu abattu l'arrogance des v. 6903.
Sarrasins, partit d'Arsur lé troisième jour en bon ordre, traversant la terre si éprouvée
où ils chevauchaient pour venger la honte de Dieu. Ce jour-là, les Templiers étaient
à l'arrière-garde et la veillaient^ car le vilain dit que qui est sur ses gardes n'est pas
pris au dépourvu; mais, cette fois-là, leur précaution fut inutile, car de tout le jour
les Turcs ne se firent pas voir, et ils ne se montrèrent qu'à la rivière où nos gens
couchèrent. Là, ils pensèrent leur faire grand mal, mais sans réussir à rien : ils tirè-
rent et attaquèrent, et cependant, ils finirent par s'en aller. Nos gens campèrent sur
la rivière d'Arsur. Au matin, les petites gens, qu'on avait peine à retenir, partirent avec
les fourriers et furent bientôt à Jaffe. JaiFe est sur la mer; mais les cruels Sarrasins
l'avaient déjà tellement abattue et détruite que l'ost n'aurait pu y habiter : elle campa
à gauche, dans une belle oliveraie. A quoi bon retarder mon. récit? Il se passa trois
semaines entières avant que l'ost fût venue d'Acre là : ainsi étaient allées les choses.
3i
nii
408 LHISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
V. 69A1. Devant Jafle, dans l'oliveraie, dans les beaux jardins, Tost de Dieu planta ses
IV. HT. bannières ^^\ Là étaient les grands pAturages; là il y avait tant de raisins, de
figues, de grenades, d'amandes en grande abondance, dont les arbres étaient couverts
et dont on prenait à volonté, que l'ost en fut grandejnent rafratcbie. Voici venir au
IV. MU. port la (lotte; le? navires allaient et venaient de Jaffe à Acre et revenaient leur appor-
tant des vivres, ce qui déplaisait fort à l'ennemi. Salahadin, qui n'osait plus combattre,
faisait renverser les murs et les tours d'Escalone. Un jour, vers midi, la nouvelle
arrivn dans l'ost par de pauvres gons qui s'étaient enfuis la nuit, qu'Escalone tout
entière était creusée et minée ^^^ par-dessous, puis étançonnée. Les uns croyaient ces
nouvelles véritables; les autres n'y voyaient qu'un mensonge, un jeu et une rêverie,
ne croyant pas que Salahadin, pour aucun embarras, eàt jamais pensé à une telle
défaillance et à une telle perte; si bien que le roi Richard envoya s'en informer, dans
une forte galère, Jofroi de Lusignan, qui souffrit beaucoup pour Dieu, Guillaume de
l'Étang, preux et loyal chevalier, et d'autres gens avec eux. Us s'arrêtèrent devant la
ville, tant qu'ils surent certainement que vraiment on l'abattait. Us revinrent et le
dirent, et les barons tinrent conseil pour savoir ce qu'ils feraient et s'ils iraient au
secours de la ville.
V. 6989. Le conseil s'assembla devant Jaffe, hors de la ville. On dit là des paroles en sens
divers, car chaque homme a sa manière de voir et tous ne sont pas du même Age : l'un
voudrait faire telle chose où l'autre trouverait trop* à blAmer. Il n'aurait pas fallu
qu'ils fussent en désaccord; il aurait fallu que tout le monde fût du même avis. Les
uns déclaraient^^) qu'ils iraient tout droit à Jérusalem, et les autres auraient voulu, si
c'était possible, sauver Escalone des Turcs, car c'aurait été une bonne place forte.
Les uns reprochaient aux autres leur opinion, et tous étaient de puissants seigneurs.
Alors le roi d'Angleterre, qui avait pratiqué la guerre depuis son enfance, dit au duc
[de Bourgogne] et aux Français : «Seigneurs, je vois que nous différons de sentiment :
« cela peut nous faire grand tort. Les Turcs font détruire Escalone; ils n'osent pas nous
«livrer bataille. Allons secourir la ville; il me semble que cela est bon à faire, et que
«tout le monde devrait y courir.?) Que vous dirai-je? Les Français, dont beaucoup, s'en
repentirent depuis, répondirent qu'il valait mieux séjourner à Jaffe et la réparer, et
que de là était le plus court chemin pour faire leur pèlerinage. Us donnèrent un bien
mauvais conseil en refusant d'aller à Escalone, car, s'ils avaient alors délivré cette ville,
la terre tout entière aurait été reconquise. Mais ils parlèrent tant, qu'on se décida à
réparer Jaffe.
V. 7o3i. La chose ainsi convenue, voilà l'ost arrêtée à Jaffe. On leva une grosse taille pour
• *
<'^ Lacune d*un vers. •
<^ Il manque 14 un mot, qui devait être â peu pr^s synonyme des deux aiitreé.
.'') La le^on rovoiint, tnbelitué» dans.lc lexteâ rtutmntda manascrit, est douteuse; p. è. rotMit.
4i0 L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
remmenèrent dans leur ost. Là fut tué Renier de Maron, qui avait un cœur vaillant, et
son neveu, appelé Gautier, qui, lui aussi, avait un cœur preux et loyal; Alain et Lucas
de rÉtable y furent tués, cest la vérité. Quand la nouvelle fut connue ^^K
contents et joyeux, dit le livre. On ne put poursuivre les Turcs, car ils s'en allaient
{^rand train, emmenant Guillaume prisonnier. Ils croyaient emmener le roi; mais Dieu
ne le voulut jias et le préserva. Les Turcs, qui croyaient emmener le roi, étaient déjà
sur la hauteur : nos gens revinrent à Fost, mais le roi et toute Tost étaient en grand
souci de Guillaume.
V. 71^17. Quand Dieu, dans sa bonté, eut ainsi épargné le roi, le chef de l'ost, plusieurs,
qui connaissaient son courage, et qui avaient peur pour lui, se prirent à lui dire:
«Sire, pour Dieu, ne faites pas ainsi; ce nest pas votre affaire d'entreprendre de telles
(c expéditions : pensez à vous et aux chrétiens. Vous ne manquez pas de braves gens :
c^n'allez pas seul en ces occasions. Quand vous voudrez faire du mal aux Turcs, menez
(cavec vous une compagnie sufTisanlc; car de vous dépend notre vie, ou notre mort
«s'il vous arrivait malheur. Si le chef tombe, les membres ne peuvent exister seuls.
t( mais bientôt ils périssent eux-mêmes, et une mauvaise aventure est vite arrivée. r> Plus
d'un prudhomme mit grand*peine à lui donner de bons avis; mais lui, quand il con-
naissait un combat, et on pouvait lui en cacher bien peu, il se jetait toujours sur les
Turcs, et il s'en tirait si bien qu'il y en avait toujours de morts ou de pris, et que
l'honneur était à lui. Et Dieu le tirait toujours des plus grands dangei*s où le mettaient
les ennemis.
^- 1*11' Quand l'ost se fut bien équipée, non sans grande peine, on la convoqua, et l'on
IV, niz. proclama au nom de Dieu qu'elle irait au Casai des Plains et qu'on eu relèverait les
murs pour mieux protéger la léte de l'ost. Le roi ordonna qu'il restât à Jaiïe des gens
pour s'occuper de fortifier la ville et pour garder le port, si bien que personne ne pût
s'en aller excepté les marchands qui fournissaient les provisions. L'évéque d'Evreux, le
comte de Chalon et Huon Ribole furent ceux qui restèrent pour cela et qui firent faire
les travaux. L'ost monta et se mil en route. Jamais on n'en a vu une plus belle ni
mieux équipée; mais ils firent une petite journée. Ils descendirent et dressèrent leurs
tentes entre les deux casais. Je sais, par plusieurs indices, que ce fut la veille de la
Toussaint que nous .campâmes là. Lost des Turcs était à Rames, et de là ils nous
firent de grandes attaques et de grandes poursuites.
V. 7^07. Nôtre ost resta bien quinze bons jours ou plus entre le Casai des Plains et le Ca-
sai Moyen que les ennemis avaient abattus. Le roi fit refaire le Moyen plus fort qu'il
n'était avant, et les Templiers se chargèrent de l'autre. Les Turcs nous tourmentaient
(') Il y a ici, comme le montre le latin, une lacune de quelques vers : on racontait TanxiéU; des Croisés ù
la première nouvelle de Tévènement, puis leur marche. à la rencontre de Richard, qu'ils ramènent «contents
et joyeux?).
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. Atl
beaucoup. Un jour ii en vint bien mille à cheval nous attaquer. Voilà f ost en agita-
tion comme une fourmilière qu'on dérange. Le roi et les autres montèrent à cheval et
se hAtèrent tant qu'ils purent. Les Turcs prirent la fuite : que le diable Tes conduise !
car leurs chevaux allaient si vite, dans toutes les directions, que le roi eut beau les
poursuivre, il ne put les atteindre. El en les poursuivant ainsi, sans les avoir atteints,
il vit à découvert Rames et l'ost des ennemis, et il revint au camp avec ses hardis
compagnons.
Le sixième jour après la grande fête de la Toussaint que chacun célèbre, les écuyers v. 7133.
sortirent du camp pour aller chercher du fourrage. Les vaillants Templiers étaient iv, m.
chargés, ce jour-là, de les garder. Les fourriers se répandirent par la contrée, ayant
besoin de bonne herbe qui souvent leur fut vendue cher, car souvent ils la payèrent
[de leur sang^^^]. Les Templiers gardaient les fourriers. Au moment oii ils s'y atten-
daient le moins, voilà quatre escadrons de Sarrasins qui tombent sur eux bride abat-
tue. Us étaient bien quatre cents, tous à cheval, bien armés; ils vinrent du côté de
Bombrac droit sur les Templiers, ils Ips attaquèrent et ils les enfermèrent, car il n'y a
pas au monde de gens qui aient des mouvements plus prompts. Ils étaient arrivés de
plusieurs côtés, et les serraient de près. Quand les Templiers les virent si ])rès d'eux,
ils descendirent de cheval et firent une belle vaillantise : ils tournèrent leurs visages
contre les ennemis; chacun avait le dos appuyé contre son frère, comme s'ils eussent
tous été les (ils d'un même père. Les Sarrasins les attaquèrent si vivement qu'ils en
étendirent trois morts. Là vous auriez vu donner de grands coups, et l'acier des armes
jeter du feu, et vous auriez entendu les heaumes résonner sous les coups. Bien atta-
qué, bien défendu. Les Turcs avaient cru les surprendre, et ils pensaient les prendre
à la main, tant ils les tenaient étroitement enfermés, quand arrivèrent en toute hiite
de nos gens sortis du camp. On dit, et c'est la vérité, qu'André de Ghavigni, avec
quatorze chevaliers, fut le premier qui secourut alors les Templiers; il se jeta sur les
Turcs avec grande force, et lui et ses compagnons se conduisirent là vaillamment. Ce
fut un beau combat, mais le roi ne le perdit pas. Il était ce jour-là occupé à faire re-
faire le Casai Moyen ; il y avait mandé deux comtes qui méritent d'être nommés dans
tous les bons récits, celui de Saint-Pol et celui de Leicestre, et, avec eux, le roi y avait
mandé Guillaume de Caîeu, qui ce jour-là tint bien sa place, et Oton de Trasignies :
c'étaient des gens de haut parage. Voici venir le bruit et les cris que poussaient les
fourriers. Le roi dit ou fit dire aux comtes d'aller secourir les Templiers, pendant
que lui-même irait prendre ses armes et y courrait aussitôt qu'il pourrait. Ils partirent
sans perdre un moment, et, comme ils approchaient de l'endroit du combat, voici bien
quatre mille Turcs, sortant d'une embuscade près d'une rivière, qui se séparent en deux
(0
Suppléé d*apr^ ie latin.
M:î L^HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
corps : les uns alièimt sur les Templiers, les autres se tournèrent vers ceux qui arri-
vaient. Oeux-ei se mirent en bon ordre et se rapprochèrent les uns des autres, pendant
»|ue les Turcs s'avançaient contre eux. Le comte de Saint-Pol proposa le au vaillant
comte de Leicestre un jeu parti ti^mëraire et fou : «Ou bien, lui dit-il, vous atta-
* *? querei les Turcs par la droite et je me chargerai de vous protéger, ou bien je les
? attaquerai et vous me garantirez où que j'aille et quoi que je fasse. ^ Le comte de Leî-
t cestrt^ accepta le jeu parti : accompagné des siens, il se lança au plus é|)ais des enne-
mis, et il les attaqua avec une telle vigueur que sa prouesse fut louée et qu'il dégagea.
non sans grande peine, deux chevaliers. Le combat était dans son plein quand arriva
le roi Ric4iard. Il vit nos gens tout entourés par les païens : il n*avait avec lui que peu
de monde, mib des hommes vaillants et choisis; plusieurs se mirent à lui dire :
t Vraiment, sire, vous risipiej une grande mésaventure: vous ne réussirez pas à tirer de
• «là nos gens, et il v^ut mieux qu'ils succombent seuls que si vous périssiez avec eux.
«Retournez donc; car, s*il vous arrivait malheur, la chrétienté serait perdue.? Le roi
ch,inge) de couleur et dit : «Je les y al envoyés, je les ai priés d\ aller : s*ils y meu-
«r^nt sans moi. que jamais on ne m'appelle roi! « Il donna à son cheval les éperons et
lui lÀcha le frein; plus prompt qu un épervier, il se jeta tout au milieu des Sarrasins,
et il penra leurs rangs avec une telle impétuosité que si la foudre était tombée an mi-
lieu d eut elle n'y aurait pas fait plus de ravages. Il les poussait , les renversait . reve-
nait sur ses pas pour les rattraper, tranchant les têtes et les bras. Ils fuyaient comoM
du bétail. Beaucoup ne purent s'enfuir et furent pris ou tués. Les nôtres les pourchas-
sèrent si longtem|>s qu'il fut l'heure de revenir au camp. Ainsi se passa cette joumée.
V. 756-. Cependant qu'ils étaient occupés à relever les murs des deux casais . le roi vit que
rv nx: Tost était pleine d'entrain et pr^te à combattre les miudits Sarrasins^ Alors il appela
ses messagers, hauts hommes et sages: il les envoya à Salabadin et à son frère Safadin.
leur faisant des demandes nobles et grandes à merveille. Il leur demandait le royaoïne
de Syrie tout entier, de bout en bout, et tout ce qui en dépendait du temps du roi
lépn^Y« et le tribut de Rabylone comme celui-ci Pavait eu, car il rédamait tout cela
par ^n^nqu^e et par naissance. Les messagers trouvèrent le soudan et firent bien le«r
me^^^i^^. Il n^^ndit qu'il n'en ferait rien et que le roi lui demandait trop; il lui fit
dire )^r s<ni frère Safadin, Sarrasin très sage, qu'il lui laisserait sans contestation
toute la terrt^ de Syrie, tiepuis le Jourdain jusqu'à Ki mer. sans y rien réclamer, mais à
\N^ndition qu Kscalone ne serait relevée ni par les chr^iens ni par les Sarrasins. Voilà
ce qu'il lui manda par Safadin; mais le r\)i ne faisait pas attention que nos pertides
ennemis ne voulaient qMe gagner du temps et l'occuper {Mnadant qu'ils abattaient les
châteaux ; ainsi ils le tr\nu|Mient : que leur rwe soit maudite! Sa(adin sut si bien le
déce\oir que le r\>i reçut ses pr^nts. On vit aller et venir les mciss^i^jeffs qui les por^
taient, ce qui fit nattric de gmmls hUmes c\^nlre lui et de mauvMMs panies: umîs c'est
avait offert un
pau
^
h
L'HISTOIRE DR LA GUERRE SAINTE. S13
t fait croire qu'il voulait sérieus^enieiit la paix, el le roi, si on lui
jotiorable, l'aurait acceptée sans tarder, pour lebien de notre foi,
et parce que le rut de France était parti, dont il se méfiait, sachant t|u'il ne l'aimait
pas. Les messagers allèrent et vinrent et amusèrent .linsî le ruî, tant qu'il comprit la
manœuvre des faux et déloyaux Sarrasins. Oc fut à propos du Crac de Montréal : le
rot voulait qu'ils l'abattissent et que ce fitt une des conditions de la paix; et parce
qu'ils ne voulurent pas le faire, les pourparlers prirent Gn,
Quand on ne |)arla plus de paix, voici qu'à droite et à gauche les Turcs revinrent
faire dans l'osl de grandes attaques, car ils ne cherchaient qu'à nous faire du mal:
et le roi les combattait et montrait par sa conduite, à ceux qui l'avaient blâmé à pro-
pos des présents qu'il avait reçus des Turcs, combien il était loyal envers Dieu et en-
vers la chrétienté. Il les combattit souvent et il leur coupa bien des télés, qu'il montra
dans l'ost, et les présents qu'il avait reçus ne nous firent jamais aucun tort. Il eàt dé-
livré la Terre Sainte s'il n'en eût été empêché par ceux qui trop souvent pillaient sa
bourse.
Quand les casais eurent été relevés, fortifiés et armés, et que le roi y eut mis bonne
garde, l'ost fut convoquée et prévenue au coucher du soleil. Le lendemain, on monta
ù cheval, et l'ost, sagement disposée, chevaucha droit sur Rames. Dès que nous fûmes
en marche et que Salahadin sutqu'il lui fallaitquitter Rames, parce i|u'il n'osait livrer
bataille, il fit abattre toute la ville, et. [irenant le premier la fuite, s'en alla droit au
Toron des Chevaliers, ne se fiant qu'à la montagne. L'ost avança duiis la plaine. fa)n
Jeux Jours, sur les beaux chevaun bien repus, elle arriva entre Saint-Georges et Rames.
Là on campa pour attendre les vivres et ceux qui manquaient. Là nous suhhiies de
nouveau de grandes attaques des ennemis, et de grandes pluies qui tombèrent nuuK
nuisirent et nous retardèrent beaucoup. Ces pluies nous obligèrent à nous loger dans
Saint-Georges et dans Rames. Nous nous y inslallùmes, et nous re.st>imes bien là si\
semaines en grande gène et incommodilé.
Pendant que nous séjournions là, il y eut un beau combat qu'on ne doit pas ou-
blier, près de Saint-Georges, sur la gauche, entre le preu\ comte de Leiceslre et les
Turcs qui étuient là et qui souvent s'approchaient de l'ost et fatlaquaient. Le comte,
avec petite compagnie, sortit pour les chasser, le heaume d acier sur sa léte. Far
devant allaient trois chevaliers qui s'avancèrent follement et se jetèrent au milieu de»
Turcs. Tous tes trois y seraient restés sans le comte, qui, ne voulant pas les laisser
périr, poussa son cheval après eux, au milieu de plus de cent Turcs, et il Ht si bien
qu'il les força de passer une rivière. Mais il avait poussé avec trop d'ardeur, car il
arriva bien quatre cents Turcs, portant des dards et des arcs, qui se mirent entre lui
et l'ost et voulurent le prendre. Déjà ils nous avaient renversé et vilainement battu
G&rin le Fils Geroul. Vous auriez vu de beaux faits d'armCs, là oii tomba Garin. Lt
i\\ ^HISTOIRE DE LA GlERRE SAINTE. .
ooiuto \ tut ie plus malhoureux« car ib le renversèrent auprès de Garin et raccaUèmit
lit^ oou|Vk ils renversèrent aussi de cheval Droon de Fontenil et Robert Neel. 11 y eo avait
tant« de Tuu^. de Perva:)S ot de renégats, autour du comte, noyé au milieu d'eu,
%fu*iU avaient à |>eine pu TaKâttre. Vous auriet vu là de beaui combats. Henri le Fik
Nuvif fut awo le comte à uïie dure épreuve, et aussi Robert de .Neufbroc : jamais oo
n4 %u un homme |<lus doux qu'il n*êtait: il avait une haute taille, et tant de prouesse
•'; de ciTur i|u*il se jetA dans la ^nde |iresse des païens et donna son cheval as
ccnUe. se i^arxlant et le i^ardant de dé>honneur. bans ia compagnie du comte étaîeni
:'n\\>re Raoul \le Sainte-Marie, Kmaud du Bois, qui ne lui fut pas inutile. Henri et
Ituài.iunie do M^ilKv. qui n^^urvnt des coups avec lui. et Saoul du Breuil. On n*a ja-
mais ^ a. jc^ ie irx'is. ui:-e plus belle viillantise que celle de tous ces che^-aliers. comoe
iis««ir t^n^it^n: ^n>eiv.bW i>'>n;re tant de Turrs qu*il % aiait là: car aucun d^eui ne io«ail
«Nvoraoer.î r. .xMirraiî s'rn i.rer. e: li e>t %rai, le li%Te le dit. que le comte et s** com
;vj(<r>^n> >-. A:er.< ur.: La:iKs e: avaient reçu tant de ct>ups. qu'ils i.e poavaîent plâs
>.'. i::V:îir:* t*. ^,.: it-s Tjr:> :e> avaient presque îues. l.s les tmmenaiect. coochés sur
•f v*>» lif îvjrs C:"ïs:r^-r>. cr.-^i; *«^ le Toron. q;;and dr Tas:, prè* de iaqucfie ils pas-
s*^?«4. s f .>.a:a i li^u:^ uTeNSc »ir>e .r.'ûîw «Je d^:> cens. Là étaient ADdr>ê de Lkangai.
Hfoir. ii ù-Ax. ISerr? ic ISfiaui. ie h: a chevalier, e: Mori*ii;^ d'autre» koiDBC» et
"v-j>/flDf. :4:\>a t^ at'a wss rn>aM»i!<^ «/jk^cazî dTeai. qua^i ii arr!»*, jeU son Torr par
r-^er;. irf Tisr: zm I^-frr* fra;^ ec qpu perAit .a oc^«s il ^mt «in s* deq^wariieat
vc; L^L : ih:.7^k rrjoji^j^w h P^-ecrf. e< qBef^cK téen ^'û i mil. lui H u«s cen
1*0: fCKfz'X* âvf>: ^.. :^ 2^ ;«rr&: fase»»' uraa;. ec Us eurf-s; cra»£;^:»e a ie tver.
tu**M:'i. r^^r^f-ars. ii^f fcra^c*; ^MBie: i: iai; i^in «ai^aa: :<^r K«a:er ^c-^^ie ie fil
ni/a2?^4n>^L; ii*ir;. 1. ^^HK^roùn ^lt fxiâBr t^ i%i sii sa :a2>:v â^as >f r:cw. sa ^NS Me
a '
•• '-c fj rf^fciiv: ., ixitii> "i^n^ y'i^u^: •*<.* s^ar il-. ;f^z^aiL; se iri*: <sa ^4ji>f c»t if lir
**:ài -• .^ wi.j> j; :rii^ i \d^"^ i\ h :a. a«*L.: ïtf-i?4e^ ^ :iii* fai^ataT^ cx'i: <«: : Ttmir
:» i CliW.Tbf , ?C J, i*£:l iKU,X rXtt^'ht,\ ZiM^ «OIS JIT. Dî* ItflllS QSL ^ i^AH*Jf, X^fifiS
(u. i> T r^jufO); •iina:s> «rt nies ^ruuùi ^«rfiaai«'Y ^x îmiiaDf ùt ma. koi^ m ul yi
inii«£\ J:»r: s^*p* J•^^«i 7*m: ùf wr»» ami « »wi>-i*. ut s-rsror^ et la -ià: ic. ne i
^s arr* VI ;;<ii»; zh^ pa^ts 7%far ioMT ii?. « SM» sifais en mokl x^ itfrn :i> fartai: àr^
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. M5
Saiahadin sut et il vit bien que nos gens se préparaient et s'appareillaient chaque V. 7605.
jour pour aller vers la ville sainte. Quand on le lui eut bien rapporté et qu'il sut à iv, hut.
deux lieues notre ost, qui ne cessait de combattre la sienne, il fit abattre quatre ou
cinq tours et tourelles du Toron, et s'en alla, à ce qu'on nous raconta, fuyant droit
à Jérusalem. Les Turcs nous laissèrent la plaine et occupèrent la montagne.
Quand l'ost des Turcs se fut retirée et que la nôtre se fut' rapprochée, on fil crier
par l'ost et on ordonna qu'on irait au pied de la montagne, et que le on camperait Y. 7619.
et on ferait venir les vivres. C'est ce que l'on fit. On monta à cheval et on s'avança
en bon ordre. Voilà l'ost devant Bettenuble. 11 faisait alors un temps froid et couvert;
il y eut de grandes pluies et de grandes tempêtes, qui nous firent perdre beaucoup
<le nos bétes; car il plut là avec tant d'excès qu'on ne saurait le calculer. La pluie
et le grésil nous battaient et renversaient nos tentes. Nous perdîmes là, à la Noël,
avant et depuis, bien des chevaux; bien des biscuits y furent gâtés par l'eau qui les
trempait; les viandes de porc salé y pourrissaient par les orages; les hauberts se
couvraient d'une rouille qu'on put à peine enlever; les vêtements s'y perdaient, et
bien des gens étaient malades par manque de nourriture; mais leurs cœurs étaient
joyeux à cause de l'espérance qu'ils avaient d'aller au Saint Sépulcre. Us désiraient
tant Jérusalem qu'ils avaient tous apporté leurs vivres pour le siège. Le camp se rem-
plissait de gens qui arrivaient en grande joie, désirant bien faire. Ceux qui étaient
malades à Jaffe et ailleurs se faisaient mettre dans des litières et porter en grand
nombre au camp, l'âme résolue et confiante. Mais les ennemis venaient sur les che-
mins, où on les portait en les encourageant; ils les épiaient, se jetaient sur eux et
les tuaient : ceux-là étaient de vrais martyrs, qui quittaient ce monde en si bonne
foi et dans la ferme espérance qu'ils avaient tous, sages et fous, d'accomplir leur
[)èlerinage. •
Dans le camp régnait la joie la plus complète; on roulait les hauberts, et les gens
agitaient la tète en disant : «Dieu, aidez-nous! Dame sainte Vierge Marie, aidez-nous! V. 7G73.
« Dieu, laissez-nous vous adorer et vous remercier, et voir votre sépulcre! » Il n'y avait iv, mv.
personne de fâché , de sombre et de triste ; on ne voyait partout que liesse et réjouis-
sance. Tous disaient : c(Dieu, nous voilà enfin au bon chemin! C'est votre grâce qui
« nous dirige. " Mais il y en avait qui ne faisaient guère attention à ces discours, et qui
voulaient retarder le voyage; c'étaient les sages Templiers, les preux Hospitaliers et les
Poulains, les gens du pa^s. Ceux-là disaient au roi d'Angleterre que véritablement, sui-
vant leur avis, si on assiégeait présentement Jérusalem, pendant que nous serions au
siège, Saiahadin nous attaquerait, et les Turcs occuperaient la route entre la mer et
la montagne, et nous serions dans une situation fâcheuse s'ils nous empêchaient de
nous ravitailler, et si même ils n'y réussissaient pas, et qu'ils ne pussent nous faire
de mal, et que la cité f&t prise, ce serait encore une entreprise fort périlleuse, si elle
39
tartintmc «ATioNâir.
M6 i;histoire de la guerre sainte.
n'était pas aussitôt peuplée de geos qui y restassent; car les Croisés, tous tant qu'ils
étaient, dès qu'ils auraient fait leur pèlerinage, retourneraient dans leur pays, chacun
chez soi, et, une fois l'ost dispersée, la terre serait perdue.
Le troisième jour de la nouvelle année, au matin, la destinée amena une aventure.
Y. 7717. Les Sarrasins s'étaient embusqués dès la veille dans les dunes près du Casai des
IV. iisw. Plains. Us restèrent là toute la nuit à épier. Au matin ils en sortirent et vinrent sur
la route du camp, où ils virent deux sergents qui passaient ^') tant qu'ib
furent mis en pièces; mais Dieu voulut qu'ils fussent vengés, car le roi d'Angleterre,
qui savait lembuscade des Turcs, avait, è cause de cela, couché au Casai des Plains,
ainsi que Jofroi de Lusignan, ce troisième jour de la nouvelle année. Ils lancèrent
leurs chevaux, croyant délivrer les sergents; mais ils étaient déjà tués, et les Turcs, qui
connaissaient bien le roi Richard et sa bannière, sa promptitude et sa façon de com-
battre, partirent de là par des chemins détournés; quatre-vingts environ s'enfuirent vers
Mirabel, et les autres ailleurs^ 11 y en eut sept de pris ou de tués, et le roi donna
des éperons à son cheval pour atteindre les quatre-vingts Turcs qui fuyaient vers Mi-
rabel. Il montait ce jour là son Fauveau, qui le portait si rapidement qu'il atteignit les
Sarrasins, et, avant que ses gens fussent venus et l'eussent rejoint, il en avait déjà
renversé de leurs chevaux et tué deux. Si la poursuite avait été mieux faite, on en
aurait plus atteint; néanmoins les nôtres en tuèrent ou prirent une vingtaine, puis s en
revinrent.
V. 7761. Après la fête de l'Epiphanie, les hauts hommes et les capitaines se rassemblèrent en
conseil et demandèrent aux gens sages qui étaient natifs du pays quel avis ils don-
naient : s'il fallait avancer ou retourner. Ils répondirent, et, tous les premiers, ceux
de l'Hôpital et du Temple, que, d'après eux, en ce moment, on ne devait pas aller à
Jérusalem; mais que, si jon voulait les en croire, on fortifierait Escalone pour garder
le passage et intercepter les convois de vivres que les Sarrasins amenaient de Babylone
à Jérusalem. On décida donc qu'on retournerait à Escalone et qu'on en relèverait les mu-
railles. Quand la nouvelle fut sue et découverte dans toute l'ost, qu'on sut qu'on allait
retourner (je ne dis pas reculer), l'ost qui avançait avec tant d'entrain fut si décou-
ragée, que depuis le commencement du monde on n'a jamais vu une ost si morqe,
si affligée, si troublée, si déconcertée et si triste. La joie qu'ils avaient eue aupara-
vant, quand ils pensaient aller au Sépulcre, n'était rien auprès de la tristesse qu'ils
avaient alors. Il y en eut qui ne s'en taisaient pas et qui maudissaient cette longue
halte et les tentes qu'on avait dressées. S'ils avaient su la détresse et la peine qu'il
y avait alors à Jérusalem, la faiblesse des Turcs, qui souffraient cruellement dans les
montagnes de la neige qui leur tuait en masse leurs chevaux et leurs autres bâtes,
<■) Ltcune d*un vers : rils les alUquèrent el les frappèrantr.
V. I.
L^HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. ^17
aussi vrai que vous êtes ici , si on avait su le mauvais état de leurs personnes et de
leurs subsistances, ^'^ qu'on aurait tué les Turcs et pris la ville.
C'est k la fête de saint Hilaire que l'ost eut cette affliction et ce chagrin de retour- v. 7811.
ner. Chacun aurait voulu élre mort, et maudissait le jour de sa naissance, puisqu'il v. n.
lui fallait revenir sur ses pas. L'ost était toute déconcertée; elle avait aussi trop de
fatigue et de peine. Ils ne savaient comment faire pour remporter les vivres qu'ils
avaient apportés; toutes leurs bétes de somme étaient affaiblies par le grand froid et
la ploie, et atteintes de fièvre. Quand on les chargeait de provisions et qu'elles mar-
chaient dans la fange, elles tombaient par terre sur leurs genoux, et les hommes se
maudissaient et se donnaient au diable. Seigneurs, croyee-le bien, on n'a jamais vu
une aussi belle armée dans un aussi triste état; et dans les petites gens, il y avait bien
des malades que leur mal retenait et qu'on aurait laissés là sans le roi d'Angleterre, qui
les fit partout chercher, tant qu'on les amena tous. Enfin tout le monde partit en
ordre, et, le jour de ce retour, nous arrivâmes à Rames.
A Rames était l'ost, découragée comme je viens de le dire, et à cause de ce dé- V. 78^18.
couragement elle se dispersa. Beaucoup de Français, pleins de dépit, s'en allèrent d'un v, m.
côté ou de l'autre : les uns allèrent è Jaffe et y restèrent quelque temps ; les autres
revinrent à Acre, où la vie n'était pas chère; d'autres allèrent à Sur, près du marquis,
qui les en avait beaucoup priés; d'autres, de dépit et de honte, allèrent droit au Casai
des Plains avec le duc de Bourgogne, et y restèrent huit jours entiers. Le roi, avec
ce qui restait de l'ost tout affligée, son neveu le comte Henri de Champagne et les
leurs, s'en allèrent droit à Ibelin; mais ils trouvèrent de si mauvais chemins et au soir
un si mauvais gtte, qu'ils étaient de fort méchante humeur.
L'ost coucha è Ibelin, morne et pensive, et, au matin, avant le lever du soleil, V. 7869.
partirent ceux qui allaient en avant pour occuper les places. On enleva les tentes, et
l'ost chevaucha tout armée; mais jamais un homme vivant ne vous racontera une
journée pire que celle-là : la précédente n'était rien à e6té. Ils y perdirent leurs vivres,
à cause des bétes de somme qui tombaient; ainsi le voulait Dieu, qui les éprouva, et
qui leur montra clairement qu'il faut souffrir pour lui si on veut être en joie avec lui.
Ln peu après midi ils arrivèrent à Escalone. Ils h trouvèrent renversée et détruite,
et durent monter sur les décombres pour y entrer, et ils ne le firent qu'à grand' peine,
en sorte que, avec la dure journée qu'ils avaient eue, il n'y en avait pas un qui n'eût
besoin et désir de repos. Mais, par la suite, ils en eurent tant qu'ils voulurent.
Escalone est située sur la mer de Grèce, c'est ainsi que je l'ai entendu appeler, V. 7897.
et jamais, à mon avis, je n'ai vu une cité mieux placée, car le pays tout autour est ex- v, u.
relient, si elle avait un bon port ou une entrée; mais la mer est là si violente et si
^*) Lacune d'au moias deux vers, dont le sens est à peu près : «il ett ceriain. avec peu de peine et de dé-
penae *-
M8 LHISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
périlleuse que nui vaisseau n*y |)eut durer, et à cause de cela il fallut que nos gens
souffrissent beaucoup, carde huit jours aucun vaisseau ne put y aborder, à cause de ia
ti^mpéte, pour leur apporter des vivres, et ils n'eurent à manger que ce qu'ils avaient
avec eux. Par terre, hommes ni hétes n'osaient bouger et s'approcher d'eux à cause des
Sarrasins. Enfin, par un beau tf'mps, il leur vint des provisions de Jaffe; mais bientôt
recommença en mer une tempt»te si furieuse que les vivres enchérirent^ l'excès: car les
barques et les galères qui étaient allées en chercher avaient été brisées, et la plupart
des gens qui les montaient noyés, et là furent brisées aussi toutes nos belles énèques.
Le roi les lit plus tard dépecer pour en faire faire de longs vaisseaux, dans lesquels il
|)ensait s'embarquer: mais il ne put mettre ce projet à exécution.
\. 79:i:{. Salahadin sut par ses espions que nos gens étaient revenus sur le bord de la mer;
V. ^. alors il dit à ses Sarrasins de s'en aller dans leur contrée et de s'y reposer jusqu'à mai,
oii il serait temps de reprendre les combats. Ils ne se firent pas prier, et s'en allèrent
volontiers, après être restés quatre ans tout pleins en Syrie, à grand'peine, avoir souffert
du chaud en été et en hiver du froid, ce qui ne convient pas à leur nature, et ce
qui en avait fait périr beaucoup. Vous auriez entendu là les plaintes de tant de Turcs.
d'émirs, de hauts hommes, de (lurdins et de Persans, de gens de pays lointains, qui
avaient été si souvent en tant de guerres sans éprouver de revers. En se séparant, ils
se rappelaient leur grand dommage et leurs grandes pertes: chacun pleurait ceux des
siens qu'il avait perdus en Syrie. Jamais on n'en voulut et on ne fit de reproches à per^
sonne autant que les Sarrasins à Salahadin pour les Turcs qu'il avait abandonnés sans
essayer de les délivrer devant Acre, où il en périt tant. Enfin toutes leurs osts se sépa-
rèrent, excepté les sujets directs du soudan, ceux qui étaient de son domaine propre.
V. 7907. On était près de la Chandeleur, au moment où de notre ost et de la leur se sépa-
V. Ti. rèrent ainsi beaucoup de gens, allant de divers côtés. Le roi manda aux Français, qui
étaient partis les premiers, qu'ils vinssent à Escalone, qu'ils se réunissent aux autres et
(|u'oii délibérât et qu'on pourvût en commun pour savoir de quel côté on se dirigerait
et ce qu'on ferait: car il valait mieux marcher ensemble que vivre en discorde et en
péché. Ils firent dire qu'ils viendraient et qu'ils resteraient avec lui seulement jusqu'à
Pâques, étant bien entendu que, si alors ils voulaient s en aller et qu'ils l'eussent dé-
cidé, il leur donnerait congé et les ferait conduire en toute sûreté par terre à Acre ou
à Sur. Le roi le l»»ur accorda et consentit aux demandes de chacun. Voilà Tost revenue
ensemble et la joie bien augmentée.
V. 7995. Quand l'ost fut ainsi de nouveau réunie à E<calone et bien d'accord { ce qui ne dura
pas longtemps), elle fit là son séjour. Ils décidèrent qu'ils s'occuperaient à fortifier la
cité: mais les barons qui séjournaient là depuis qu'ils étaient revenus étaient si pauvres,
et la pauvreté de beaucoup d'entre eux était si apparente, qu'on ne pouvait la voir sans
grand'pitié. Cependant tous se mirent à l'œuvre. Ils déblayèrent les fondations d'une
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. M9
porte; fous y travaillaient si bien qu'ils s'émerveillaient eux-mêmes de la besogne qu'ils
faisaient. Les bons chevaliers, les écuyers, les sergents se passaient les pierres de main
en naain; tous travaillaient sans relâche, et il y venait tant de clercs et de laïques qu'en
peu de temps ils avancèrent beaucoup l'ouvrage. Plus tard, pour le continuer, on en-
voya chercher des maçons; il fallut beaucoup de temps pour terminer.
Il y avait eu à Escalone, mais elles étaient toutes détruites, cinquante-trois tours V. SoaB.
belles et fortes, sans compter les petites tourelles. Cinq étaient nommées d'après ceux
qui les avaient bâties : écoutez ceux qui les bâtirent, h ce que nous contèrent des
gens qui en savaient la vérité. Dans la plus vieille antiquité régnait un homme appelé
Cham, puissant et renommé; il était fils de Noé, celui qui fit l'arche par laquelle tout
fut sauvé. Ce Chapi engendra (qui le retiendra pourra le redire) trente-deux fils, qui
régnèrent après lui, et qui fondèrent Escalone. Ces fils envoyèrent par les terres qu'ils
gouvernaient, par les cités et les bourgs, chercher de l'aide pour construire les tours.
On dit que les demoiselles bâtirent la tour des Pucelles; les chevaliers d'alors bâtirent
la tour des Ecus; on éleva la tour du Sang avec les amendes des délits et des crimes;
les émirs établirent la tour des Emirs; les Bédouins firent la leur, forte, riche et im-
portante. Voilà les noms que portaient ces cinq tours et ce qu'en savaient ceux qui
nous les dirent. Les autres gens, chacun selon leur état, bâtirent les autres ouvrages.
Quand les maçons furent venus, on les engagea pour l'ouvrage. Le roi s'y mit le v. 8059.
premier avec grande générosité, et les hauts hommes l'imitèrent. Chacun en prit la
charge quilui convenait. Là où les autres n'arrivaient pas et où les barons ne faisaient
rien, le roi faisait travailler, commençait et terminait; et quand les barons se relâ*
chnient et ne pouvaient suffire, le roi leur faisait porter des secours pour les encou-
rager. Il y mit et il y dépensa tant, h ce que l'on sut bien, que la dépense des trois
quarts de la ville fut payée par lui. C'est par le roi qu'elle fut refaite, et c'est par lui
(|ue plus tard elle fut détruite ^'^ par les Français, qui manquèrent â leur
devoir, quand, avec ses braves compagnons, il s'élança en mer h Jaffe de sa galère; là
sa prouesse se montra , comme nous le ferons voir en temps et lieu , et nous ferons si
bien qu'au moins suivant nos souvenirs l'histoire n'en mentira pas d'un mot ;
ainsi Dieu me donne sa gloire !
Écoutez une étrange aventure, qui mérite bien d'être écrite; c'est sans doute un vrai V. 8089.
miracle. Saladin envoyait h Babylone, escorté par ses gens, un convoi de mille chré- v, «u.
tiens captifs. Francs et Syriens. Ils étaient déjà au Daron; mais Dieu, qui ressuscita
Lazare, les secourut; écoutez de quelle manière. Une fois, après midi, le roi Richard
avec ses hardis compagnons étaient sortis d'Escalone et étaient allés voir le Daron,
qu'il prit depuis par siège, car tant qu'il n'était pas pris les Sarrasins qui apportaient
(»)
U y a r^ainement ici une lacune assez considérabie. Le latin omet ce passage.
420 L^HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
les vivres de Babylone à Jérusalem y trouvaient un asile sûr où ils ne craignaient au-
cune attaque. Par là passaient ces malheureux que l'on menait è la honte et à la mort.
Que vous dirais-jc? Quand le roi approcha avec sa vaillante troupe et que les Turcs
virent sa bannière, ils s'étonnèrent et eurent peur. Beaucoup se réfugièrent dans le
château , et ils n'osèrent pas retenir les prisonniers en voyant le roi arriver. Ces pauvres
gens, restés dehors, se mirent dans une église. Le roi vint, il les délivra, et il mit à
mort tous les Turcs auxquels il put couper la retraite. Il gagna là maint bon cheval, et
outre les Turcs qui furent tués il en prit vingt vivants. 8i Dieu de sa main ne l'avait
pas amené là, lui et les siens, le lendemain les prisonniers auraient été conduits à
Babylone et seraient moris en captivité.
V. 81:^7. Après cette journée où Dieu délivra les siens qui étaient condamnés à mort, et où
V. Tiu. il donna au roi Richard le pouvoir de saint Léonard en lui faisant briser les liens des
prisonniers, ce dont on rendit bien {;râce à Dieu, le roi manda au marquis de venir à
Escalonc pour tenir sa place dans l'ost, comme il Ten avait déjà prié plusieurs fois, et de
mériter la part du royaume qui lui avait été attribuée, suivant l'engagement et le ser-
ment qu'il avait prêtés devant le roi de France. Voilà ce qu'il lui manda; le marquis
lui fit répondre qu'il ne mettrait pas le pied dans l'ost jusqu'à ce qu*ils eussent parlé
ensemble. C'est ce qu'ils firent plus tard, au Casai Imbert, si je ne me trompe.
V. 8157. Pendant que nos gens séjournaient à Escaione, rangés chacun dans son ordre, et en
V. II. relevaient les fortifications, il se dit des paroles mauvaises entre le roi et le duc de
Bourgogne, ce qui empira beaucoup les affaires. Les Français réclamaient au duc leur
solde et l'en pressaient, et il n'avait pas de quoi la leur payer. Il alla donc trouver le
roi d'Angleterre et lui demanda s'il pourrait lui prêter encore plus d'argent qu'il n'en
avait prêté aux Français en été sur leur part du butin d'Acre. Mais le roi ne voulut
plus faire de prêt, et pour cette raison et pour d'autres se dirent beaucoup de paroles
qui ne sont pas écrites ici, si bien que le duc s'en alla par dépit avec une partie des
V. I. Français. Ils arrivèrent droit à Acre; là ils trouvèrent les Génois et ceux de Pise en
train de se battre; car les Pisans se tenaient loyalement au roi Gui, et les Génois se
ralliaient au marquis , ayant plus de confiance en lui parce qu'il était dans le serment
du roi de France. Voilà à Acre grand désordre, et la ville en mauvais point. Partout des
gens tués, partout du bruit et des cris. Les Français, le duc et ceux qui étaient là,
prirent aussi les armes. Quand ceux de Pise virent cela, ils se défendirent hardiment
et firent grande honte au duc de Bourgogne, car ils tuèrent son cheval sous lui et le
mirent, malgré lui, à pied. Puis ils coururent fermer les portes, ne voulant pas en-
fermer avec eux des gens qui auraient fait courir grand danger à la ville; car les Gé-
nois avaient envoyé un message au marquis pour lui dire qu'ils lui rendraient la cité.
Il y arriva avec ses galères et ses hommes d'armes, pensant surprendre la ville; mais
les Pisans se mirent, comme des gens braves et hardis, aux mangonneaux et aux pier-
L^HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. Ui\
rières. On combattit ainsi pendant trois jours, tant que les Pisans envoyèrent en hâte
chercher le roi d'Angleterre. Celui-ci était déjà venu par terre à Césaire, voulant,
comme je m'en suis informé, aller parier au marquis; les messagers le rencontrèrent :
il poursuivit sa route et vint è Acre dans la nuit noire, et quand le marquis sut que le
roi était arrivé, rien ne put le retenir là : il s'en alla promptemcnt à Sur, car alors
soufflait le vent d'Arsur^'^. Le duc de Bourgogne y était déjà avec ses Français. Quand
roi sut cela, à Acre, où il avait passé la nuit, il monta à cheval dès le lendemain
matin et prit l'affaire en main, de telle façon qu'il apaisa les deux partis et réconcilia
les Génois avec les Piçans, songeant que s'il ne rétablissait pas la paix il pourrait en
venir de grands maux.
Quand ceux de Gènes et ceux de Pise. qui avaient été si longtemps en guerre. \.8j35.
furent ainsi mis d'accord, le roi d'Angleterre fit dire au marquis qu'il serait bon qu'ils v, u.
se rencontrassent a 14 Casai Imbert et parlassent ensemble, pour voir s'ils pourraient ar-
river à se mettre aussi d'accord. Ils y vinrent et se réunirent et parlèrent longtemps
ensemble; mais cela ne mena à rien, car le marquis manqua aussitôt de parole au roi
sur ce qu'il lui avait dit, tant à cause du duc de Bourgogne que de ses autres compa-
gnons, qui le détournèrent de la paix , si bien qu'ils l'empêchèrent complètement ^'^^
Et quand le roi sut cela, on lui conseilla, par jugement équitable, que, puisque le
marquis ne se souqiait pas de mériter sa part du royaume ni de servir Dieu , il fallait
s'en prendre à ses rentes et ne pas les lui payer. Et de là vint la grande discorde entre le
roi, les barons de France et le marquis, lequel attira à lui les Français comme il le fai-
sait déjà auparavant, et troubla si bien tout le pays que le roi d'Angleterre, pendant
près des trois quarts du carême, s'il m'en souvient bien , n'osa pas quitter Acre.
Deux jours avant Pâques fleuries, des bacheliers de l'ost partirent de Jaffe et allé- V. 8^71.
rent droit à Mirabel, Us eurent )a chance de trouver une belle proie, qu'Us emmenèrent v. m.
tout entière, tuant trente Sarrasins, et en prenant cinquante tout vifs, avec lesquels
ils s'en revinrent à Jaffe. Us gardèrent la moitié de la proie, dont ils savaient à peine
la valeur, et l'autre moitié fut pour le comte de Leicestre. La part des sergents fut
vendue, à ce que j'appris, ponr plus de quatonse cents besants sarrasins forts et de bon
poids. Le samedi suivant, tous ceux qui avaient des chevaux sortirent aussi d'Esca-
lone en bon ordre, pour une proie qu'on leur avait signalée. Ils réussirent bien cette
fois : ceux qui y furent racontèrent qu'ils poussèrent jusqu'en %ypte, quatre lieues
outre le Daroo; ils prirent des chevaux et des juments, sept cents têtes de bétail gros
ei petit, vingt Ânes et trente chameaux; et ils prirent, à ce que je sais, plus de cent
(') Le vers 8s«i est évidemment corrompu (le l«lin ne le traduit pas). Nous le restituons ici diaprés d'autres
passages (voir Anur à la Table) : Qu9 adoncfu li venz d'Anur.
(') La lacune doit sans doute être placée après le vers 8 9 53, et comprendre piutieurs vers : on y racontait que
le marquis se relira à Sur auprès de sa femme, renonçant à la guerre (voir le latin).
/i2â LHISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
quatre-vingts mécréants, hommes, femmes et enfants. Ils revinrent pleins de joie tout
droit a Escalone.
\ . S.'iof). Vous avez entendu ce que je vous ai raconté de la discorde qui régnait entre les
V, iiii. barons. Le duc et le marquis mandèrent de Sur à tous les Français qui étaient dans
l'ost à Escalone de venir aussitôt à Sur auprès du marquis et de se tenir tous à lui,
si bien qu'ils s'engagèrent tous envers lui, à cause de l'hommage qu'il avait prêté au
roi de France. Et ainsi on connut bien et on vit clairement toute l'affaire, toute la ma-
nœuvre, toute la perfidie et la haine mortelle de ce félon marquis, et le serment qu'il
avait échangé avec le roi de France quand celui-ci était parti. C'est à cause de cela
que les Français se séparèrent alors du roi d'Angleterre, qui ne cherchait que le bien
du pays, comme vous me l'entendrez raconter si vous voulez me prêter un peu d'at*
tention.
V. 83 J7. Le mardi de la semaine sainte, oii les gens font pénitence, le roi revint à l'ost '^^ triste
V, xiT. et pensif, et le mercredi les barons de France se présentèrent à lui , lui demandant
(le leur donner une escorte, comme il l'avait promis. 11 y consentit aussitôt; il leur
donna pour les escorter de ses hommes, Poitevins, Angevins et Manceaux, et de ses
barons de Normandie. Lui-même il les accompagna en pleurant, et, quand il s'arrêta,
il les pria de rester avec lui à ses frais, et de ne pas se séparer des autres; mais ils
ne consentirent jamais à rester. Et, quand il vit qu'il n'obtenait rien et quils nécou-
taient pas sa prière, il revint à Escalone, et manda aussitôt h Acre, sans perdre un
moment, à ses lieutenants qu'ils empêchassent les Français de s'y arrêter.
V. 835.3. Ce fut le jeudi saint que le péché nous enleva ainsi les barons de France. Voilà Tosl
V. x^. fort troublée, découragée et morne, et bien réduite, ayant perdu plus de sept cents
chevaliers prisés d'armes, preux et forts, qui n avaient plus osé y rester. Que de gens
vous auriez vus pleurer sur ces discordes! Quand les Sarrasins l'apprirent, sachez qu'ils
s en réjouirent fort; et des témoins ont raconté que Salahadin fit aussitôt faire ses lettres
et envoya dire à tous les émirs des pays qu'il avait conquis de revenir en Syrie, et que
les Francs ne s'en empareraient pas, car il régnait entre eux de telles discordes, comme
il l'avait appris, que par son sens et sa richesse, il pensait ravoir Sur et Acre. Ceux-ci
obéirent à ses ordres, mais ils vinrent assez mollement. Cependant il en rassembla assez
pour que, à mon aviS;, il y en eôt trop.
V. 838 1. Le samedi de Pâques, m'a dit celui d'après lequel je le raconte, le sultan Salahadin
V, lîi. était '-^^ à Jérusalem au Saint Sépulcre. Il y avait là bien des pauvres chrétiens
liés et enchaînés, des Latins et des Syriens, qui pleuraient tendrement et demandaient
à Dieu d'avoir pitié de la chrétienté tombée en détresse. Comme ils versaient ainsi leurs
prières et leurs douces larmes, voici venir le feu du ciel, tout ainsi qu'il a accoutumé
(» Il faut corriger le vers 83 a 9 ainsi : Revint li rn$ a Voit ariet^
î') Lacune d'un vers.
AS& L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
vainquit Guiteclin et extermina les Saxons à Taide de maints vaillants hommes; quaad
il mena son armée à Rome, après qu'Agoland, avec tous ses païens, fut arrivé par mer
à Rise, dans la riche terre de Calabre; et à l'autre expédition d*outre-roer, quand la
Syrie fut reconquise et Antioche assiégée^ dans les grandes guerres et les batailles li-
vrées aux Turcs et aux mécréants dont on tua et vainquit tant, alors il n'y avait pas
d'inlrigue ni do querelle: on ne se demandait pas qui était Normand ou Français., Poi-
tevin ou Breton, Bourguignon ou Manceau, Anglais ou Flamand; il n'y avait point de
méilisanres: on ne s*insultait pas l'un Tautre; aussi tous remportaient de Thonneur, et
lous, de quelque couleur qu'ils fussent, étaient ap|>elés Francs. Si« par leurs péchés »
la désunion se mettait entre eux, les princes les réconciliaient, et, comme les prinees
étaient tous d'accord, les discordes duraient peu. Ceux de notre temps auraient dA faire
de même, et se conduin* de façon à donner le bon exemple, au lieu de se déchirer
sans cesse l'un fautre.
\. 8Si«> Après Pâques, au moment du grand |>assage, arriva au roi Richard un message qui
V. xxm, déconforia beaucoup YosL (/était le prieur de Hereford, un prieuré en Angleterre, qui
était venu trouver le n>i en S\rie. H lui apporta des nouvelles qui n'étaient ni belles
ni bonnes, et des lettres écrites et scellées en grande nécessité qui disaient qu*on avait
fait {Wiriir des châteaux les gouverneurs qu*il avait établis en Angleterre, et qu'il y avait
eu à cette occasion des gens tués dans le pays, et ct^la le prieur l'avait vu lui-même.
La lettre disait eocort^ que son frère avait fait chasser d'Angleterre son chancelier et
qu'il ne restait au roi, ni en |)alais ni en trésor, sauf dans les églises, rien que son
frère nVAt fait saisir; et que, ne redoutant rien dans sa malice, il avait fait tant dVn-
nuis et de vilenies an chancelier, bien qu^il fAt maître et seigneur, prêtre et évéqoe.
qii*il s'était enfui en Normandie. ÏÀ il y avait encore pis, car il voulait trahir le
n>i pendant qu*il était en son pèlerinage, et recevoir les serments de ses barons d'An-
gletorr^, [et il avait tenté de $Vm|>arer des rentes du roi ^ ] qui venaient à réckiqiiier.
t( Kt à cause de cela, sire, dit le prieur, je vous sup|4ie de revenir dans votre terre et de
Kvoos venger de ceux qui vous ont fait tant de tort, ou ils fefft>nt eneorv pis, et vous
«nVntnMrei pas sans livrer bataille dans votre royaume, qu'ils pillenL v Seigneurs, ne
vous émeneillei pas si le roi, qui s'était donné tant de peine pour Dieu dans une
terre lointaine et \ avait tant souffert, fut tn>ublé da is son cœur; car la crainte de
per\lr\^ son rang trouble et déconcerte tout homme d'honneur. La nouvelle se« répandit :
je ne croîs i^as qu^on ait jamais vu nulle part des gens plus tristes et plus abnltus
pour le dé|^rt dTun homme; car si le roi était parti, ils auraient été en trop maurûse
Situation, tous dispenaés et en di^iacrord: jamais on n aurait pu acconier ceux de Sur
^« xiM et c^uv d'Escalone* Le lendemain, ver» midi, le r\n a^ssembla ses barons et dit devant eux
L'flISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
AS5
lous qu'il avait reçu des nouvelles d'Angleterre; qu'on voulait lui enlever son royaume;
qu'on avait dépose! le chancelier établi par lui qui le lui gardait et gouvernait, et qu'il
était obligé d'y aller. Il ajouta que, s'il arrivait qu'il fût obligé de jiartir, il laisserait
en Syrie trous cents chevaliers d'élite et deux oiille sergents preux et vaillants, le tout
è ses frais. Enfin il dit qu'il désirait savoir, et qu'il les priait de répondre là dessus , qui
voudrait s'en venir avec lui. Il leur laissa le choix on de partir on de rester, car il ne
voulait contraindre personne.
Les hauts hommes qui étaient là réunis délibérèrent sur la question que le roi
Ifur soumettait. Ils étaient lous en peine de savoir ce qu'ils devaient dire et faire. Enfin ,
considérant qu'il n'y avait pas dans le royaume de chef suprême, mais qu'il était par-
tagé entre deux; que le roi Gui ne pouvait venir à bout d'occuper sa part et que le
marquis, quelque assurance qu'on lui donnât, ne voulait pas revenir dans l'ost et
restait avec les Français, .si bien que tout était en discorde: ayant pensé à tout cela,
ils revinrent trouver le roi et lui dirent, sans rien celer, que, s'il n'établissait pas dans
le royaume un chef qui s'entendtt à la guerre et auquel tous, de quelque côté qu'ils
vinssent, se ralliassent, ils s'en iraient tous avec lui l't abandoiineraiint le [lays. Et le
roi, pensant partir aussitât, leur demanda sur-le-champ duquel des rois, du roi Gui ou '
du marquis, ils voulaient, et duquel ils ne voulaient pas. Tous ceux auxquels il avait
adressé cette demande s'agenouillèrent devant lui, grands, moyens et petits, et le sup- ■
plièrent d'établir pour roi le marquis, cor c'était le plus capable el le plus utile eu
royaume. Quand le roi vit qu'ils le voulaient tous el que personne ne s'y opposait, il
bl'imn plus d'un qui était là et qui lui avait dit du mal du marquis. Tout le monde fai-
sant la même demande, il s'y accorda, et il voulut bien que de hauts hommes allassent
le chercher pour le ramener joyeusement, qu'd revînt avec les Français et que tout le
monde filt d'accord,
(iette élection ne fut pas une petite atfaire. Tous, les fous et les sages, la voulurent.
Les messagers se disposèrent à partir; le premier était le comte Henri de Champagne,
avec lui monseigneur Oton de Trasignies (c'étaient des gens de haut lignage) , et aussi
Guillaume de Caieu. Ils s'armèrent et allèrent porter leur message au (uarquis. et le
réconforter par de bonnes nouvelles, faites pour plaire à lui et aux Fran^rais qui étaient
i\ Sur. Ils montèrent à cheval et partirent, et vous allez entendre conunent les choses
se passèrent quand ils arrivèn'nt.
C'est une vérité certaine que, quand les barons de* Fjance furunl allés rejoindre le
marquis, le roi Richard le ht requérir plusieurs fois , comme nous l'avons vu et comme
nous l'avons dit. de venir à l'ost avec les autres, pour aider à reconquérir la sainte
terre: et il n'y voulut jamais venir, méritant ainsi qu'il lui arrivât malheur. Ecoutez ce
qu'il avait dans l'idée et le tort ([u'ii voulait faire à Dieu : contrairement tt l'honneur
de la couronne royale et à l'ost d'Ëscatone, il avait fait et juré la paîk avec SalahaJin .
^i6 L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
lai promettant cTaller le trouver et de tenir de lui la uioihé de Jérusalem. U avait
déjà avance celte vilaine affaire, comme on le sut : il devait avoir Barut, Saette et le
pays environnant, et avec cela la moitié du royaume. Salahadin était d*accord pour faire
c«^tte paii: mai< Témir Safadin ne voulut jamais y consentir. On nous raconta plus tard
qu'il dit au Soudan son frère : ce Sire, ne plaise à Dieu que vous fassiez jamais une paix
-a^i»'? les chrétiens, quelque proposition que vous receviez, en dehors du roi d'Angle-
- terre, qui est le meilleur de tous les chrétiens. Je ne vous le conseille pas, et je n*y
-? consens pas.^ Ainsi Taffaire en resta là: mais on s'informa et on le sut partout, car
Etienne de Toumehan se trouvait à Jérusalem en message auprès du soudan quand
vinrent les messagers du marquis, dont on a bien ret*'nu les noms : c^étaient Baliân
d*lbelin. plus félon qu*un diabi»'. et Reniud de^ Saette; ils venaient chercher el solli-»
citer cette paii sale et honteuse: ils auraient mérité qu'on lâchât sur eux d«^s chiens.
^. ?7t^. Les messagers du roi Richard, dont nous avons parlé et que nous vîmes partir pour
^ »x» leur message, suivirent la roule qu'ils s'étaient tracée et arrivèrent promptement a
Sur. Ds descendirent de cb*'val, allèrent droit au manpis pour lui dire ^ ce qu'ils lui
voulaient. Ils le saluèrent courtoisement, et lui et ceui qui étaient avec lui les sa-
luèrent avec des éclats de rire. Alors le comte Henri prit la pantle et dit de bonn«* vo-
lonté : T Seigneur marquis, le roi et l'ost chrétienne d'Escalone vous ont décerné la
'Couronne et le royaume de Syrie. Venez avec votre armée et conquérez hra\ement
"votre ro%aume. "* L'histoire dit qu*il eut telle joie dans son cœur que devant tous lés
barons, levant ses deux mains vers le ciel, il dit ces |)aroles. dont le souvenir attrista
plus tard beaucoup de gens : r. Beau sire Dieu qui m*as fait [et m'as mis Tâme dans le
7 corps *]. toi qui es roi véritable et bon. comme tu sais, Seigneur, que je suis digne
^de bien gouverner ton ro\aume. fais que je m'en voie couronné: et si tu ne me sais
•:pas tel. Seigneur, n'y consens jamais. -
v. ^7 17. La nouvelle fut connue et se répandit par la ville que le marquis serait rui et que
toute l'ost le demandait. N'oilâ une joie merveilleuse, tous les gens en liesse et en grande
presse de se prépart»r, eux et leurs bagages, d'emprunter de l'or et de l'argent |H>ur
leurs dépenses, chacun se pounoyant de son mieux. De tous cotés, on voyait saisir les
armures, revernir les heaumes et les chapeaui de fer; les écuyers fourbissaient les belles
épées et roulaient les hauberts; les chevaliers et les sergents prenaient déjà des |koses
de combat pour frapper sur les ennemis. Il y avait là des gens de haute vab'ur. si Dit^u.
qui les connaissait mieux que nous, leur avait donné siui s^Nrours. Entin tout 1*^ iiRinde
était en joie. Il est bon et juste qu'on apprenne et qu'on sache qu'on ne dt'vnùt jamais
trop se réjouir d'une joie ni trop s<* douloir d'un deuil. Tous étaient en bon \ouloir et
T. nn. en bonne dis^HK^ition; le comte Henri et les barons qui avaient fait le message était^nt
t*- Au TVTS $7«i il faiil mu» doul« «Itnr «u Imhi à^Àvft
^^ Suppléa iTapr^ W ItlÎQ.
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. «7
ailes emprunter de l'argent à Acre, où ils se préparaient et se disposaient déjà à aller
rejoindre Tost, et voici en toute vérité l'aventure qui arriva à Sur. Le marquis avait
dîné chez l'évêque de Beauvais, en grande aise et en grande joie; il avait pris congé
de lui et s'en revenait. Il était arrivé devant le change : écoutez comme en un moment
la joie se tourne en tristesse. Comme il s'avançait gaiement, deux garçons court vêtus
et sans manteau, qui portaient chacun un couteau, s'en vinrent en courant droit sur
lui et le frappèrent en plein corps, si bien qu'il tomba. De ces deux meurtriers, qui
étaient des hommes du Hausasis, l'un fut aussitôt tué; l'autre s'enfuit dans une église,
mais cela ne lui servit de rien : on l'en arracha et on le tratna par la ville jusqu'à ce
qu'il fût mort. Mais avant qu'il mourût ceux qui étaient là lui demandèrent pourquoi
ils avaient fait cela, ce que le marquis leur avait fait et qui les avait envoyés. Il dit, le
traître, et on le sut depuis sûrement, que pour faire le coup ils avaient longtemps ha-
bité près du marquis (mais ils avaient été empêchés de le tuer jusqu'à ce jour qui fit
couler tant de larmes) et qu'ils avaient été envoyés par le Vieux de Mouse,qui haïssait
le marquis. Or il fait tuer tous ceux qui encourent sa haine, de la manière que vous
allez entendre, si vous voulez bien écouter.
Le Vieux de Mouse a celte coutume, et elle se transmet d'hoir en hoir, qu'il fait V,88i(j.
élever dans son palais beaucoup d'enfants jusqu'à ce qu'ils aient de la raison, de l'in-
struction et de l'éducation. Ils apprennent à se conduire et vivent avec de nobles et
sages gens, tant qu'ils savent les langages de tous les pays du monde. Et ils ont une
foi si sombre et si cruelle que, d'après les leçons qu'ils ont reçues, quand le Vieux
de Mouse les fait venir devant lui et leur ordonne, pour prix de la rémission de leurs
péchés et de son amitié, d'aller tuer quelque grand seigneur, ils regardent cela comme
unebonneœuvre. On leur donne de grands couteaux beaux et bien fourbis; ils s'en vont,
guettent celui qu'on leur a désigné, se familiarisent ^^^ avec lui et entrent à son service,
ayant la langue bien affilée, jusqu'à ce qu'ils lui aient donné la mort. Ils croient ainsi avoir
mérité le paradis, ce qui certainement ne peut être. Tels étaient, seigneurs, les deux
hommes dont nous vous avons parlé, qui tuèrent ainsi le marquis. Ses gens le prirent
tout doucement entre leurs bras, le relevèrent de la place où il avait été blessé et l'em-
portèrent chez lui. Tout le peuple y accourut, menant grand deuil. II vécut encore un
peu, puis mourut. Mais auparavant il avait pu se confesser, et dire en secret à la mar-
quise sa femme, dont il voyait les yeux mouillés de larmes, qu'elle pensât à bien
garder Sur, et qu'elle ne rendit la ville qu'au roi d'Angleterre en personne ou au roi
légitime du pays. Le voilà mort; on l'enterra, et le deuil fut grand des clercs et des
laïques. On l'enterra à l'Hôpital; là recommença un deuil si grand qu'on n'en avait
jamais vu de plus grand: mais Dieu l'avait voulu ainsi. Voilà la nouvelle répandue;
^'l Mol suppléé.
'j!28 L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE,
voilà la grande joie détruite, après atoir si peu duré, dans ce pays qui lui avait donné
sa foi et qu'il abandonnait sit6t. Voilà une terre toute troublée, et si pleine de deoil el
de chagrin que personne ne saurait le raconter.
V. 887^. Ecoutez comment le diable travaille, et comment son travail réussit et multiplie
V, iiTP. pour le mal, et comment alors il le multiplia et Tétendit tout au long, au moyen d*ane
parole qui fut dite par de maudits envieux, qui auraient mérité d*étre chassés, qui
haïssaient le preux roi Richard et dénigraient toutes ses actions. Ceux-là dirent que le
roi Richard avait recherché et machiné à prix d'argent la mort du marquis, el ils firent
dire au roi de France qu'il pouvait avoir grand'peur, et qu'il se gardât bien des Han*
sasis, car ils avaient tué le marquis, et le roi d^Angleterre en avait envoyé quatre en
France, le doux pays, pour le tuer, lui. Dieu ! que c'est une chose horrible à dire, et
quelle vilaine action firent ceux qui envoyèrent ce message, à cause duquel tant de
gens furent plus tard malheureux et tourmentés! Car c'est à cause de cette méchanceté
que, par la suite, le roi Richard fut fait prisonnier par trahison, et à cause de Tenvie
excitée par les prouesses qu'il avait faites en Syrie.
v. 8909. Quand le marquis fut enterré, qu'on eut mené le deuil et qu'on lui eut rendu les
V, xum. derniers devoirs, les barons français se trouvaient dans leurs tentes, hors de la ville; ils
étaient plus de dix mille, tant grands que petits. Les principaux délibérèrent ensemble
et firent dire à la marquise qu'elle leur rendit la ville sans contestation, et qu'ils la
prendraient en garde pour le roi de France. Elle répondit sans hésiter que quand le
roi de France reviendrait, elle la lui rendrait très volontiers, si auparavant il n'y avait
pas un autre seigneur élu dans le pays. Ils s'en courroucèrent, et, pendant qu'ils se dis-
putaient ainsi avec elle et cherchaient à s'emparer de Sur, le bon comte Henri vint
dans la ville et descendit de cheval. Et celui de qui je tiens la chose dit que, dès
qu'on le vit, on n'attendit pas d'autre terme et on l'élut roi, comme Dieu l'avait décidé.
Les gens vinrent à lui et le prirent et lui demandèrent instamment de recevoir la
seigneurie et le royaume de Syrie, et d'épouser la marquise, qui était restée veuve et
héritière du royaume. Il répondit aussitôt, sans demander plus de temps, que, puisque
Dieu l'avait appelé et quSis l'avaient choisi pour gouverner le pays, il voulait avoir Tap-
probation de son oncle le roi d'Angleterre, et il lui envoya demander sa volonté et son
sentiment sur l'élection faite par les barons.
V. 8951. Ce fut en mai, quand les fleurs et les feuilles se renouvellent, que le roi Richard
V. xiix. reçut la nouvelle de ce qui était arrivé au marquis, comme nous l'avons raconté.
Le roi était alors dans les plaines de Rames, occupé dans la berruie à poursuivre des
Sarrasins qui fuyaient devant lui, comme devant celui qu'ils craignaient par-dessus
tout, car, depuis la création, jamais un homme n'a fait telle guerre aux Turcs et n*en
a tué tant à lui seul; bien souvent, après des courses faites contre eux, il rapportait à
l'ost des têtes de Sarrasins, dix, douxQ, vingt ou trente, comme si c'eût été du gibier,
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. &29
et causait ainsi beaucoup de chagrin aux infidèles. D'autres fois, quand il le voulait,
il en ramenait de vivants. Bref jamais, par un seul homme, il n'est mort tanl de mé-
créants.
Voici venir les messagers, cherchant le roi. Ils le trouvèrent, le saluèrent de la part v. 8973.
du comte, et lui racontèrent l'aventure du marquis et comment le peuple lui avait v, ix^r.
demandé d'être seigneur du pays ^^\ car petits et grands l'avaient élu et voulaient
lui faire prendre pour femme la marquise; mais le comte ne voulait rien faire contre
la volonté du roi et l'intérêt de la chrétienté.
Le roi fut longtemps pensif en apprenant ces nouvelles, la grande mésaventure et la v. K987.
triste mort du mirquis; mais il eut une grande joie de voir que le peuple désirait si
ardemment faire à son neveu un tel honneur. Il répondit aux messagers : « Seigneurs ser-
«gents, je désire beaucoup qu'il soit roi, s'il platt à Dieu, quand la terre sera conquise;
«mais qu'il n'épouse pas la marquise, celte femme que le marquis enleva à son époux
«légitime et mit dans son lit contre Dieu et contre la raison. Après une telle conduite,
tcs'il m'en croit, il ne l'épousera jamais; mais qu'il prenne la seigneurie [et le royaume
ce de Syrie ^^)], et je lui donne Acre en toute propriété, avec les rentes du port, et Sur
«et JaiTe et l'autorité sur tout le pays conquis; je consens ce qu'il garde tout. Dites-lui
(t qu'il vienne à l'ost et qu'il amène avec lui les Français le plus tôt qu'il pourra; car je
«veux enlever le Daron aux Turcs, s'ils osent m'y attendre, )» Les messagers retinrent v, xuv.
ce que le roi leur avait dit et, ayant pris congé, partirent sans plus de délai. Ils re-
vinrent à Sur auprès du comte, et lui redirent ce dont le roi les avait chargés. Que vous
dirai-je ? La joie fut grande à Sur pour le comte quand les messagers furent revenus.
Vous auriez vu là le grand empressement autour de lui des hauts hommes qui y étaient,
lui demandant tous de prendre la marquise pour femme. Malgré ce qu'ils lui disaient,
il n'osait le faire contre l'avis du roi d'Angleterre; mais c^était elle qui était l'héritière
du royaume et le comte la convoitait fort. On mena si bien la chose que la marquise
en personne, quoiqu'on l'en eût beaucoup dissuadée, alla remettre au comte les clefs de
la ville. Les Français ne perdent pas un moment : ils envoient chercher le prêtre, et ils
lui font épouser la dame, et, par mon âme, j'en aurais fait autant, car elle était tro|)
beHa et gente; aussi je crois, si Dieu me protège, que le comte fut bien vite disposé à
l'épouser. Voilà les noces et une joie telle que je ne crois pas que dans toute ma vie j'en
voie ou en entende de pareille; voilà une affaire réglée sans envie, sans dispute et sans
fraude; voilà le pays en bon état et en bonne espérance avec le comte de Champagne,
qui était neveu du roi de France et du preux roi d'Angleterre. Le comte envoya dans
tout le pays, à Acre, à Jaffe et ailleurs, prendre possession des châteaux et des tours,
^*) Lacune d*im vers peu important.
i^ Vers n^iiléé.
VîO L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
ot se faire prtMer hommago. Puis il fit convoquer son ost, et tous les barons furent
invil^^ à aller prendre le Daron. *
\. 9x»ii:v Quand le comte eut fait ses noces et réuni tous ses gens, il voulut, sur l'avis de ses
>• ixx barons et des Français de son lignage, mener tous ses gens à Acre poursV harnacher,
>'* ts|uiper et acheter des provisions pour les honmies et les chevaux avant d aller vers
Kscalone. Il laissai à Sur de bonnes gardes, charjjées de veiller sur la cité et sur le pays
pour que les ennemis i\\ entrassent pas. Le comte emmena avec lui sa femme, plus
blanche qu^une perle. L*ost partie de Sur, la nouvelle se répandit à Acre que le comte
arrivait, (.hacun était si heureux de l'avoir pour roi qu'on calmait à grand'peine la
joie qu'ils menaient nuit et jour. Aussi vous auriez vu là une belle réception, les pro-
cessions réunies, les rues tendues de courlines. aux fenêtres et devant les maisons les
«*ncens4^irs pleins d'encens. Tous les gens de la ville, près de soixante mille ou plus,
sonireni d'Acre tout armés et allèrent h sa rencontre jusqu'à ce qu'ils l'eussent vu,
montrant ainsi qu'ils se donnaient à lui et qu'ils le tenaient pour leur seigneur légi-
time. Les clen*s le menèriMil à l'église, lui apportèrent les reliques et lui firent baiser
la sainte croix, et il remit son offrande avec beaucoup de gens. Ils l'escortèrent jus-
qu'au |uilais. ou ils le logèrent. Le comte eut là un gite magnifique : je voudrais en
a\oir toujours un pareil.
\, cjuvi. Quand le comte fut en possession de Sur, d'Acre, de Jaffe et d'Arsur, le roi Gui se
\. tw.t. trouva sans royaume, après avoir re^u tant de coups et avoir tant souffert pour l'ac-
quérir. Il se voit maintenant tout dépounu, après avoir essuyé tant d'injures et de si
grandes infortunes, et cela non pas seulement pour ses péchés, car aucun roi n'eut de
meilleures qualités. Il n'avait qu'un défaut, c'était de ne pas connaître le mal, ce que
l'on ap^H^lle simplicité. Cétail lui qui avait vaillamment assit^jé la cité d'Acre après que
h>s Sarrasins l'eurent prise. Avant le moment dont je vous parle, les Templiers avaient
acheté l'Ile de ^'}pre au roi Kichanl, qui l'avait conquise: mais, depuis, ce marché fut
défait « et plus tanl le roi Gui en fut fait empereur et seigneur, ce qui lui fut un grand
adoucissement.
^ 9<^:* A l'époque où le man]uis fut assassiné à Sur, et depuis et avant, comme nous le
\ v\x^v., \{nu*s plusieurs fois, venaient au n>i d'Angleterre des messagers qui le tourmentaient
fort, car les uns l'inquiétaient et les autres le rassuraient. L'un lui disait de revenir^
i',uitre de n^tcr au senice de Dieu; chacun parlait à sa façon. L'un lui disait que son
nnauiue était tranquille et sans guerre: Tautrv lui affirmait qu'il était complètement
tri>ublé, si bien que« ce que lui disaient les uns, les autres le contredisaient. Il ne
faut donc |Kis s'étonner s'il ne savait quel parti prendra' et s*il était en grande inquiétude
à caust^ du retour du rxn de France, car on dit communément que rvqui a mauvais
voisin a mauvais matin *'.
\.<it.%i. Pendant que les Français^ dont je vous ai |^rlé tout à l'heure^ étaient à Acre*
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. 'Vi\
s'éijuipaient et se barnachaient pour la guerre et pour aller au siège du Daruti, ainsi ^
i|ue le comle Henri, le roi, qui ne voulait pas tant attendre, sortit d'Escalone, au nom
de Dieu. Il Ht charger ses pierrières et les fil mener au Daron par mer; il fît armer ses
hommes et prit des sergents à sa solde , qu'il donnait richement. Il lit mettre dans tous
les châteaux des environs des gens auxquels il recommanda de les surveiller et de
veiller la nuit pour empêcher les caravanes de passer et les Turcs de se retirer au
Daron, comme ils en avaient l'habitude, ce qui leur avait permis de nous Faire beau-
coup dâ mal. Li' vaillant roi Hichard monta à cheval et, accompagm^ seulement des
jrens de sa propre terre, il arriva au Daron un dimanche. tJne fois là, lui et les siens,
ils se trouvèrent en si petit nombre qu'ils ne savaient comment s'y prendre pour l'at-
taque, car, s'ils sYtaient répandus tout autour et que les Turcs eussent fait une sortie,
ou que leur camp eât éié attaqué , ils n'auraient pas pu résister et auraient été ceriaine-
ment défaits. Aussi se porlèrent-ils tous d'un côté "'
et ils (les Turcs) firent tant en harcelant les nôtres qu'ils entrèrent tous dans le châ-
teau, mirent leurs défenses en état avec beaucoup de peine et de soin et barrèrent soli-
dement la porte, dans laquelle ils avaient grande confiance.
Quand les Turcs eurent fermé leur porte et furent établis dans le château , voici venir V. yi g6.
nos pierrières, descendues des navires'"^'. On les débarqua par morceaui, et le preun
roi d'Angleterre en personne, lui et ses compagnons, portèrent sur leurs épaules,
nous le vîmes, les bois des pierrières, tous à pied, le visage couvert de sueur, près
d'une lieue par le sable, chargés comme chevaux ou juments. Enfin voilà les pier-
rières dressées et remises aux connétables. Le roi en commandait une. qui donna
l'assaut à la grande tour; les Normands, gens courageux, avaient la leur pour eux. et
les Poitevins, tous ensemble, en avaient une. Toutes les trois lançaient des pierres
contre le château; les Turcs en prirent grand'peur, bien qu'ils dussent .se fier h la
force du cbâteau et à l'abondance de leurs provisions. Mais le roi faisait attaquer nuit
et jour sans arrêter, et il leur donnait tant de peiav qu'ils ne savaient plus oi!i ils en
étaient. Il y avait dans le Daron dix-sept que tours que tourelles, belles et fortes; i) y
avait une grande tour qui dominait les autres et qui était plus solide. Tout autour, il y
avait un fossé profond, qui d'un c6té était pavé, tandis que de l'autre c'était le roc
vif: mais la peur troublait les Turcs, qui voyaient qu'ils ne pouvaient fuir. Le roi
Richard fit creuser sous terre très subtilement, si bien i{u'on arriva jusqu'au pavé et
que. par force, on le brisa. Ensuite ils creusèrent le mur'*', jetant derrière eux la
terre. Les pierrières lançaient toujours contre les Turcs; elles lear brisèrent un man-
i'' Ia lacua<>, d'iprèe le Utin. doit être d'tu i
oprèi un« ewarmoucbe, renlrenl dsni le cMl«aa.
'*' Il faut InLervertir lea vers 9197 et gig8.
I*' Lt mur EtI ijotilé dans le lette d'aprèt le ti
; le poÉle y rKonUÏI l« «ortie de« Tiin
m
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
goaneau fju'ils avaient dresst! sur la maîtresse lour, ce qui les décourageu beaucuup.
Voilà un cbàteau attaqué de bien des manières. Le.s Turcs se (l(ffend<ii(>nt aux cri^nf^aui
et aux meurtrièrRB et frajipaivnt nos gens au visage, car leurs dards plouvaient dru:
mais dèa (qu'ils bougeaiiint, nos arbalétriers, qui les guettaient à diicauvert. tiraient
sur euv"', et ils en frap|)Bioiit et bleKti:nciil tant qu'ils osaient à peine se r«muer ol qu'ils
n'étaient pas à leur aîse. Bientôt la porto fut fendue ol brûlée par le feu et abattue par
la grande pierrière du roi. Afora iU furoat vigoureusement attaqués, mis en désordre
et mal m point, car on leur donnait tant de peine nuit et jour qu'ils en perdaient tous
le courage.
Le roi Ricbard et les siens assiégeaient ainsi le Daron; pendant trois jours, nuit et
jour sans arrêter, ils continuèrent l'attaque. Le qualrième jour, qui était un vendredi .
los Turcs virent qu'ils ne pouvaient plus résister ni endurer les grands assauts qui les
décourageaient, quo beaucoup de blessés gisaient par le château, qu'on les atlnquail
sur terre et par dessous terre, el que le roi était sur le point de les prendre. Alors,
sans attendre davantage, ils songèrent à leur salut, et firent dire au roi Richard , par
trois .Sarrasins, qu'ils se rendraient à telles conditions qu'ils s'en iraient la vie sauve
avec leurs femmes el leurs gens. Le roi leur dit de se taire, et de ee défendre s'ils pou-
vaient. Le« voiià rentrés dans le château. A ce moment, la grande pierrière atteignit Pt
heurta une tourelle, ce qui empira beaucoup ieurafr.iirc, si bien qu'elle tomba sur'^' la
maitresse tour : Dieu le voufut et rela arriva ainsi : elle était toute minée par dessous,
et leurs gens s'étaient enfuis. Nos gens s'élancèrent de tous c&tés, s'armèrent, et los
attaquèrent: el les Turcs se retirèrent tous ensemble, ou peu s'en faut, dans la maî-
tresse tour. Mais ils firent là une grande malice: ils coupèrent les jarrets de leurs
chevaux pour que les chrétiens no pussent les prendre ut s'en servir. Les eôtres mon-
tèrent dans le château, et voici ceux qui y entrèrent d'abord : le premier fut Seguin
Barré, et un écuyer appelé Ëspiard n'était pas loin de .Seguin; le troisième fut Piern;
le Gascon, et il dut y en avuir d'autres dont je n'ai pas pu savoir les noms. Puis y
entrèrent les bannières de toutes sortes : la première fut celle d'Etienne de Longcharap .
qui n'était pas entière, mais était dépecée fortement; après celle-là y fui dressée u^e
du comte de Leicestre; sur le mur à droite fut mise celle d'André de Chavigni, el. à
côlé d'elle, fut plantée celle de monseigneur Hainiond, fils du Prince; ceux de Gén«£
et df Pise eu avaient aussi de plusieurs sortes. On dressait nos bannières sur les
murs el oo jetait bas les leurs; vous eurteît vu là égorger les Turcs et les renver.-^er du
haut des remparts, les attraper et les retenir, les frapper et les tuer, si bien que. dans
"' C«p4uage(¥. g9&o-g«&i)«st altéré; an ua voit pai à i)Hi urapporlebl letDwU: U grloii"l lur ki (fn'gvi;
ccln duil l'appliquer aui Turta (car il s'a^t sang doul? des (arg«a à l'abri desquellea l«a awagaanb alts[|uaia»l
la murailie). mais ne va pas avec le conleile.
"* Il faiil lire an \er» 9991 çb'w on lieu df qiu.
1
L'HISTOIRE DB LA OUBltRE SAINTE. 43»
le château, c'est la v^rit^, on en trouva soixante de morte : cV'taienl ceux qui avaient
manqué la grand» tour, qui n'avaient pas pu s'y réfugier à temps.
Les Sarrasins t'taient dans la maltrosse tour; ils regardaieat autour d'eux. Us virent
leur chàleau pris, ieuTN compagnons saisis et tués, et ils virent qu'un disposait déjà
et qu'on apprêtait tes tflrgcs contre la tour, pur entamer la muraille par dessous
pendant qu'eux étaient au-dessus et que IVmir qui devait les secourir, Sar-
rasin très renommé qui s'appelait Caïsac, ioi laissait h l'abandon. Qu^nd ils virent
rlairement qu'ils ne seraient pas secourus, ils se rendirent au vni Bicbard le vaillant,
sans condition, comme captifs et esclaves, pris, vaincus et abattus. Il y avait bien là
quarante cbrëtiens, retenus et liés, qui eurent [ainsi] la vie ttsuviïe et garantie. Le roi
fît garder et surveiller ces Turcs dans la four toute la nuit du vendredi , et le samedi
matin, veille de Pentecôte, b liaule fête, il les lit tous descendre du château et, sans
plus attendre, il les arrangea de telle sorte qu'il leur Ht lier les inaias derrière le dos
si l'iroitenieni qu'ils on poussaient de grands cris. Ainsi fut pris le Duron, au grand
honneur de ceux qui le prirent, qui auraient été bien fâchés et courroucés s'iU ne
i'nvaiont pas pris avant l'arrivée des Français.
Voici venir éperonnant, avec le comte Henri, les Français, qui croyaient bien y arriver
à temps; mais ils venaient trop tard. Le roi alla avec les siens à la rencontre du
comte son neveu. Que vous dirai-jeî Ils se tirent grande fête, et le roi, en présence
de tous, donna le Daron au comte et l'étrenmi de sa conquête. Mous nous roposàmus
là le jour delà Pentecôte; le lundi, nous nous dirigeâmes versËscalone, et, en passant
par Gadres, nous arrivâmes droit à Furbie. Le roi et les siens y passèrent la nuit, el
les autres poussèrent jusqu'^ Kscalone, où les Français menèrent grande fêle.
Un peu après, à Furbie, vint QU roi d'Angleterre un espion qui était allé épier les
Sarrasins du c6té du Figuier. Il dit qu'il savait certainement qu'il y en avait, au
Figuier, mille ou plus, avec Caïsar, qui mettaient le château en état de défense contre
les chrétiens. Sans plus attendre, le preux roi monta ^ cheval avec tous les siens. lis
couchèrent cette nuil-U h la (^annsie des Elourneaux. Le lendemain, par une belle
matinée, ils partirent au soleil levant et arrivèrent jusque devant le Figuier, que les
Turcs devaient défendre contre eux; mais ils ne le défendirent pas : on n'y trouva que
deux Turcs, qu'on emmena; les autres, avant de partir, avaient abattu et fendu les
jtorles avec le feu grégeois et étaient partis au plus vile, abandonnant le cbàleau. en
apprenant l'arrivée des chrétiens; car ils s'étaient rappelé le Duron, dont ils avaient
eu des nouvelles : ils savaient qu'il était pris et que leurs gens étaient perdus. C'est
pourquoi ils abandonnèrent le château, el nos gi-ns, arrivée devant, le trouvèrent
sans garde. Ils montèrent sur les collines avoisinantes pour voir s'ils trouveraient
quelques Turcs à attaqo<T; mais comme îls n'en trouvèrent pas, ils rentrèrent mt
gîte et revinrent toat droit à la Cannaie des Ëtourneaux.
484 L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Y. 9^33. L'osi campait à la Cannaie, si je suis })ien informé, après être revenue du Figuier.
V, xLii. LÀ, dit celui qui raconte l'histoire, vint au roi un messager, habitant de son pays:
c'était un clerc, Jean d'Alençon. Il dit au roi que toute l'Angleterre était en discorde,
en trouble et en guerre, à cause de ses barons et de son frère, qui ne voulait, quoique
lui dtt la reine sa mère, faire que sa volonté, et que les affaires prenaient une si
mauvaise tournure, grâce au roi de France qui envoyait en Angleterre des messagers
au frère de Richard pour le détourner de la bonne voie et l'allier avec lui , qu'il osait bien
affirmer que, s'il ne s'en revenait pas promptement, sa terre serait bientôt enlevée à
ceux à qui il l'avait confiée; et c'est bien ce qu'il trouva quand il revint : encore au-
jourd'hui, on voit les maux qui en sont provenus, particulièrement dans la Normandie,
qui en a été appauvrie et ravagée. Quand lé roi entendit ces nouvelles, qui n'étaient
ni belles ni bonnes, il fut pensif, morne et abattu, et il se dit à lui-même : ccSi tu ne
((retournes pas maintenant, vraiment, tu as perdu ta terre, y) Le voilà tout éperdu dans
ses pensées. Enfin, il dit résolument qu'il allait partir pour tout de Son. Quand nos
gens l'entendirent, sachez qu'ils ne s'en réjouirent pas. Les uns, dans l'ost, savaient
ces nouvelles; les autres ne les connaissaient pas. L'un disait : cdl s'en ira. )) L'autre
disait : «Il ne le fera pas. t? Ses ennemis le souhaitaient beaucoup, mais ses amis ne le
voulaient pas, car son honneur aurait été fort abaissé s'il avait quitté la terre autre-
ment qu'il ne le devait, et s'il ne lui avait plus fait de bien.
V. 9681. Pendant qu'ils étaient là, tpus les barons s'assemblèrent. Français, Normands,
V, luii. Poitevins, Anglais, Angevins et Manceaux. Ils délibérèrent sur ce qu'ils devaient fairç.
Enfin ils dirent tous que, quoi que fit le roi Richard, où qu'il allât et quoi qu'il dit,
ils iraient tous ensemble à Jérusalem. Je ne sais qui s'échappa du conseil, vint aux
gens de l'ost et leur raconta que, dans cette délibération, les hauts hommes et les
comtes avaient tous dit qu'on assiégerait Jérusalem. Voilà dans l'ost une grande joie
chez les grands et chez les petits, une telle espérance, une telle allégresse, un tel
allégement et une telle gloire qu'il n'y avait personne, grand ou petit, jeune ou vieux,
qui ne menât une joie désordonnée, excepté seulement le roi. Il ne se réjouit point;
au contraire, il se coucha tout affligé des nouvelles qu'il avait apprises. Quant aux
gens de l'ost, ils étaient tellement en liesse qu'ils se mirent à danser et ne se cou-
chèrent qu'après minuit.
V. 9509. En juin, quand le soleil à son lever détruit la rosée, quand tout se réjouit dans le
Y, iLiT. monde, l'ost, quittant la Cannaie, se mit en marche et descendit par les plaines vers
Ibelin de l'Hôpital, à côté d'Hébron, qui est près de la vallée oii naquit sainte Anne, la
mère de la vierge sainte qui fut mère et servante de Dieu. Là je vis l'ost tout en
liesse pour l'engagement qu'on avait pris d'aller vers Jérusalem et de l'assiéger; mais
bien des gens, pauvres et riches, la désiraient ardemment qui n'y entrèrent jamais.
Ecoutez ce qui leur arriva là, un étrange martyre et une dure persécution. Il vint dans
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. /i35
l'osl des moucherons, ce que nous appelons des ctncenelles, qui étaient petits et menus
comme des étincelles. Ils étaient dans le pays, et quand ils rencontrèrent l'ost (ainsi
m'aide saint Gélerin), ils mordaient les pèlerins aux mains, au cou, à la face, au front
et à la gorge, si bien qu'il n'y avait pas un espace de la largeur de la main où il n'y
eAt partout de petites bosses causées par la morsure de ces moucherons. Chacun,
vieillard ou jeune homme, ressemblait à un lépreux, et il leur fallut se faire des
masques pour couvrir leur cou et leur visage. Ils souffrirent là cette peine; mais ils se
réconfortaient toujours par la pensée de ce qu'ils avaient entrepris et par l'espérance
qu'ils avaient sûrement. Le roi était toujours triste et pensif des nouvelles dont je vous
ai parié. Il pensait toujours dans sa tente, et ne faisait autre chose.
Un jour que le roi était assis dans sa tente, pensif et silencieux, il vit passer devant v. 9553.
l'entrée un chapelain de son pays. C'était Guillaume de Poitiers, qui aurait bien voulu v\ ht.
parler au roi s'il avait osé lui adresser la parole. Mais il n'osait rien lui dire, car il
n'en trouvait ni le lieu ni l'occasion. Le chapelain pleurait à chaudes larmes et était
en grande douleur; mais il n'osait pas dire au roi ce que les gens de l'ost disaient de
lui et ce dont on le blâmait : c'était qu'à cause des nouvelles d'Angleterre il voulait
laisser la Terre Sainte pauvre, sans secours et sans appui, avant de l'avoir remise en
bon état. Le roi appela le prêtre et lui dit : c^Par la foi que vous me devez, dites-moi
t^la vérité. D'où vous vient ce chagrin dont je vous ai vu pleurer? Dites-le-moi sans
((retard. 77 Et le prêtre, sans attendre, lui répondit doucement, tout en pleurant: t^Sire,
«je ne vous le dirai pas avant que vous m'ayez assuré que vous ne m'en saurez pas
(( mauvais gré. 7> Et le j^i l'en assura par sa parole, et lui jura que jamais il ne lui en
voudrait d'aucune façon et à aucun égard. Alors il lui dit : «Sire, on vous blâme,
«et par toute l'ost court le bruit de votre retour. Puisse ne jamais venir le jour où vous
«exécuteriez un tel dessein ! Puisse-t-on n'avoir jamais à vous le reprocher ni près ni
«loin, ni ici ni ailleurs ! Roi, souviens-toi des grands honneurs que Dieu t'a faits si sou-
« vent et qu'on racontera toujours; car jamais un roi de ce temps ne souffrit moins de
«dommage que toi. Roi, rappelle-toi ce que l'on raconte, quand tu étais comte de Poi-
« tiers, que tu n'as pas eu un voisin si puissant, si renommé ou si habile, quand il t'a fait
«la guerre, que tu n'aies vaincu. Souviens-toi des grandes discordes et des bandes de
«Brabançons que tu déconfis si souvent avec peu de gens et de ressources. Souviens-toi
«de cette belle aventure de Hautefort, que tu délivras quand le comte de Saint-Gilles
« l'avait assiégé, et tu le défis et le repoussas honteusement. Souviens-toi de ton royaume
'«que tu acquis en paix et sans obstacle, ce qui n'était arrivé à personne [avant toi], et
«sans avoir besoin de revêtir tes armes. Souviens-toi de tes grands combats, de tous les
«gens que tu as vaincus, de Messine que tu as prise, des grandes prouesses que lu fis
«quand tu domptas les Grecs, qui avaient pensé te prendre en bataille, au lieu que Dieu
«te délivra et les couvrit de honte. Rappelle-toi l'exploit de la prise de Cypre. où Dieu
^36 LHISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
'fie montra sa iibëralitë, qaand tu fis en quinze jours celte conquête, que personne
<^ n'osait entreprendre, parce que Dieu t'en donna la force, et de l'empereur que tu
(cmis en prison. Roi, prends garde au piège où tu vas tomber. Souviens^toi de ce grand
t navire qui serait entré dans Acre si Dieu ne te l'avait pas fait rencontrer, que tes galères
«t prirent avec huit cents hommes armés, quand tu noyas les serpents qu'il portait.
«Rappelle-toi combien de fois Dieu t'a aidé et taide; souviens^toi d'Acre et du siège
«où tu vins h temps pour prendre la ville, où Dieu te fit dépenser tant que la ville fut
«rendue. Bon roi, n'as*tu donc pas compris pourquoi la maladie qui régnait pendant
frie siège, la léonardie, t'a épargné, tandis que les autres princes en mouraient sans
«que les médecins pussent les secourir? Roi, aie bonne mémoire, et protège cette terre
«dont Dieu t'a fait le gardien, car il l'a remise tout entière. à toi quand l'autre roi s'en
«est allé. Souviens-toi des chrétiens que tu as délivrés au Daron, que les Turcs
«emmenaient et qui s'en allaient en captivité, quand Dieu t\ fit venir à point. Roi, tu
«devrais bien songer sans cesse h toutes les bontés que Dieu t'a montrées, et qui t'ont
«fait monter si haut que tu ne crains roi ni prince. Roi, souviens-toi du Daron que tu
«pris en quatre jours : il ne t'en fallut pas plus. Souviens-toi du grand danger où te
«mirent les ennemis quand tu t'endormis pour tes péchés, et comment Dieu t'en tira.
««Nous voilà tous livrés à la mort. Tous, grands et petits, tous ceux qui aiment votre
«honneur disent que vous étiez le père et le frère de la chrétienté, et que si vous la
«laissez maintenant sans secours, elle est morte et trahie. ?»
V. 9681. Le clerc avait tern^iné son discours et fait ainsi au roi une leçon et un sermon; le
V. XLT1. roi ne lui avait dit mot . et ceux qui étaient assis dans la tente n'ouvrirent pas non plus
la bouche; mais le roi réfléchit à ce qu'il avait entendu et le jour se fit dans son es-
prit. Le lendemain, voici revenir l'ost, à l'heure de none, devant les portes^ d'Escalone.
Chacun croyait, les barons et toute l'ost, que le roi' allait faire ses préparatifs et s'en
retourner; mais il avait changé d'idée, car il avait été averti par Dieu d'abord, et
ensuite par le prêtre, qui lui fit voir la vérité sur sa situation. Si bien (à quoi bon
vous en dire plus long?) qu'il dit à' son neveu le comte, au duc de Bourgogne et aux
barons que, pour aucune autre affaire, poqr aucun message ou pour aucune nou-
velle, pour aucune querelle terrienne, il ne s'en irait, et qu'il n'abandonnerait pas le
pays avant Pâques. Il demanda Philippe, son crieur, celui qui faisait ses bans, et il fit
crier par Escalone, au nom du Tout-Puissant, que le roi disait décidément et affir-
mait en personne qu'il resterait jusqu'à Pâques dans le pays sans en partir, et que tous
se tinssent prêts, avec les biens qu'ils tenaient de Dieu, pour aller à Jérusalem et
l'assiéger.
(^) Le mol banmifëu vers 9699 , est évidemmeot dénué de sens. Le latin dit : txfra pcmwria/ons; peul-étre
ia bonne leçon est-elle bailUê; ce mot, qui signifie frenreinte extérieure», ne se trouve pas ailleurs dans notre
poème.
L'HISTOIHE DE LA GUERRE SAINTE.
'i37
Quand les gtms entcndirenl ce cri . ils eu furent n^jouis comme l'oiseau l'est du jour.
Tous se préparèrent aussitôt; chacun de son cùié s'adressait à
Dieu on haut dans U' ciel et disait: nDieti, nous pouvons bien voua adorer, vous re-
n mercier et vous rendre grâce! Enfin, nous verrons votre ville, que les Turcs ont trop
ntongtomps possi^dée; nous bi^nissons maintenant notre attente, notre séjour, les soucis
«que chacun de noua a supportés et la peine qu'il a souiterte. n Vous auriez vu là des
gens pressés et heureux de s'iiquiper; et les pt^tites gens étaient si en train qu(> chacun
portait ses vivres à son cou et disait avec vérité qu'il en portait assez pour un mois,
tant ils désiraient mettre à (in leur entreprise. Que vous dirnia-je ? Celui qui sert Dieu .
rien ne lui coûte.
Ce fut après les féteii de la Pentecôte, le samedi, si je ne me trompe, que l'udt fut
réunie, comme je l'ai dit, et tirée d'Escalone, d'oii l'on n'eut pas de peine à la fairesortir,
car tout ce qu'on faisait agréait et plaisait à chacun. L'ust se mit en roule l'' malin,
etjpne crois pas qu'on en ait jamais vu une plus vaillante ni mieux équipée. Ce joui--là
ils avancèrent peu, à cause de la chaleur. On vit là dos gens de haut rang faire œuvre
d'humilité, d'honneur, de charité et de courtoisie; car ceux qui avaient des chevauj
ou d'autres bêles de somme y fuisaient monter les pauvres pèlerins et allaient ù pied
après eux, hauts hommes et bacheliers. Que de belles et riches bannières vous auriei!
vues là Holter au vent, et que de beaui pennonceaux ! Que de fils de bonnes mères , que
de parents, frères et nevoui! Que de gens armés jusqu'auv poings, que lie bons hau-
berts et de bonnes rottes, que de Isnres et d'épieux. que d'épées élincelantes, que de
beaui sergents de bonne mine 1 On n'en vit jamais autant du tem[>s de nos HÏeux. Ou
voyait là cheminer tant de gens, tanl de chevau\ do louLe robe, tant de mules et de
mulets, tant de chevalier.'^ preut; ut sArs qu'a mon avis ils auraient pu attendn: quarante
fois autant de Tuns. Ils chevauchèrent et aviiucèrent si bien qu'ils passèrent uuv
rivière d'eau douce et que devant la Blanche Garde, ïous la protection de Dieu, l'wt
Gompa cette [iremière nuit. Le dimanche moururent dans l'ost un bon chevaJier et
un preux sergent, dans l'espace de moins de deux arpenb, de deux morsures de ser-
|)ents : Dieu reçoive leurs âmes, car ils moururent un voyageant pour lui!
Nous restâmes là deux jours; le troisième nous en partîmes, et l'ost s'avança à rangs
serrés, remplissant les cbemtna de gens armés de fer, et urriva sameacomhre et sans ren-
contrer personne droit au Toron dos CbovalIerN, Nous y couchâmes pne ouït, el le len-
demain nous ne pai'limos qu'après avoir mangé : alors le roi délogea aver ses geos. prit le^
devants en personne, et bientôt planta sa tente à quelque distanve du Cbàlol-Ërnauil .
â droite sur ta hauteur. Le lendemain y arrivèrent les Français et les autres, et on
avança jusqu'à Boltenuble. Le temps était beau et clair. L'ost se reposa, lil d'où elle
était venue et) hiver, pour attenilre le comte Henri, el je vous dirai pourquoi : le roi
l'avait envoyé i^ Acre aux gens insoumis qui ne voulaient pas venir dans l'ost, et. à
/i3H LHISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
cause de cette affaire, il nous fallut rester là an mois ou plus, près du pied de la mon-
tagne par où passaient les pèlerins quand ils voulaient s'en revenir de la sainte cité
que nous avions perdue. Pendant le temps que nous restâmes dans cette vallée, il
arriva plusieurs aventures fâcheuses que nous voyions se passer, mais nous étions
obligés de nous contenir. Un jour il arriva qu'un espion, de ceux qu'on envoie pour
s'informer, descendit de la monjoie^^ au roi, et je l'en vis revenir la figure joyeuse. Il
dit qu'il était sAr qu'il y avait des Sarrasins dans la montagne, qui surveillaient et
gardaient les chemins à cause de l'ost. Le preui roi monta avant le jour, et celui qui
nous le raconta était avec lui. Il alla chercher les Turcs, â leur dam, jusqu'à la fon-
taine dlUmmaùs. Il les surprit au lever du jour, et il en tua vingt; il prit le cricur de
Salahadin, celui qui faisait ses bans : ce fut le seul qu'il épargna. Il y gagna trois cha-
meaux, de beaux Turcomans et de belles mules bien chargées de riches vêtements et
portant, dans des sacs, des épices et de l'aloès. Il poursuivit les Sarrasins à travers les
montagnes et, dans une vallée, il en atteignit un qu'il renversa mort de son cheval:
quand il eut tué ce mécréant, il vit en plein Jérusalem. On nous raconta qu'ils eurent
une telle peur à Jérusalem que, si le roi avait eu l'ost avec lui et qu'on l'eât vue,
Jérusalem aurait été délivrée et serait revenue au pouvoir des chrétiens; car tous les
Sarrasins, croyant que l'ost arrivait, sortirent de la ville et s'enfuirent, et on avait
beau les menacer et les contraindre, il n'y en avait pas qui osassent rester dans la ville
et la défendre. Salahadin avait déjà commandé qu'on lui apprêtât son meilleur cheval ,
car il n'osait plus rester là, quand il sut par un espion que la grande ost n'arrivait
pas, car ce n'était pas le plaisir de Dieu qu'elle fât, pour cette fois, si bien adressée.
V, 9885. Ce jour même (on le sut certainement) que le roi avait fait son expédition, et
Vu. qu'il avait mis leurs gens en désordre, deux cents Turcs descendirent de la montagne
dans la plaine vers les tentes des Français; ils attaquèrent le camp avant que personne
eât bougé, et déjà avant ils nous avaient tué près du camp, c'était grand'honte, deux
sergents qui étaient allés fourrager. Les Français accoururent, les Templiers et les
Hospitaliers, aux cris des sergents, mais trop tard. Les Turcs tinrent bon contre eux,
appuyés à la montagne, car ils ne se risquent pas dans la plaine; mais ils se rallièrent
si bien qu'ils jetèrent mort un chevalier, ce dont les Français furent grandement
blâmés. Prouesse vaut mieux qu'or ni baume, et une grande prouesse fut faite là par
un chevalier de l'Hôpital, et un beau fait d'armes, s'il n'avait manqué aux règles de son
ordre; mais son courage l'emporta. Il s'appelait Robert de Bruges; il était venu en
toute hâte aux cris, et il avait déjà dépassé l'étendard et s'était éloigné de ses frères
^^^ et qu'ils ne se séparassent pas de l'ost.
<^) Voyey 9u Glossaire Texplication de ce mot.
^') La lacune cootenail visiblement Tindication de la défense qai avait été faite aux Hospitaliers par le Maître
de combattre isolément.
UHISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. ài9
Mais il fut si emporté par son ardeur qu'il se sépara des autres. Sur un cheval d'une
merveilleuse vigueur, qu'il avait, il se lança droit sur un Turc qu'il avait choisi, le
voyant fier et richement armé. Il arriva d'un si grand élan, tenant en main une forte
lance, qu'il lui perça son casingan jaune, et lui en mit une aune dans le corps; il eut
cette belle aventure. Le Turc tomba mort; mais son corps ne fut pas abandonné. Là-
dessus arriva en toute hâte le Mattre de l'Hôpital , Garnier, le chevalier courtois. Il
dit au frère : «Descendez de cheval, frère, et apprenez comment vous devez observer
«votre ordre. 7» Il lui fallut venir à pied jusqu'à la tente de l'Hôpital, et il resta là à
attendre son sort. Enfin, de hauts hommes supplièrent le Mattre; et, s'agenouillant
devant lui, lui demandèrent un don, qui était de pardonner au frère son infraction à
la règle, à cause de la prouesse qu'il avait faite, tant qu'il en eut pitié : ce Mais, dit-il,
«qu'il ne s'en avise plus!»
^'^Un mardi, si je ne me trompe, devait venir en l'ost notre caravane bien har- V. 9967
nachée et toute chargée de vivres, et ce jour-là, à ce qu'on nous raconta, devait la v, ui.
conduire monseigneur Ferri de Vienne : il remplissait cette charge en place du comte
Henri, qui devait conduire l'arrière-garde , et qui avait été envoyé à Acre. Monseigneur
Ferri avait prié Baudouin le Garon et Glarembaud de Montchablon de protéger la cara-
vane ce jour-là à sa place, pour que les gens ne fissent pas de folies; mais ils en firent,
et il y en eut qui le payèrent. Là étaient Manessier de Lille, qui avait un cheval gris
pommelé, Richard et Tierri d'Orques, qui remplaçaient Ferri, Philippe et les compa-
gnons de Baudouin le Garon, Oton et plusieurs écuyers, qui furent avec eux au moment
du combat : ils étaient leurs parents et leurs amis, et le leur montrèrent au moment du
danger. Geux de la grande bande, qui ne craignaient rien, marchaient à l'aise, comme
des gens qui n'ont pas de fardeau. Geux qui venaient derrière étaient chargés, et tandis
que ceux de devant allaient grand train, les autres, en gens preux et sages, les suivaient
tout bellement. Voilà que d'une embuscade sortirent les Turcs à cheval , qui se lancè-
rent à toute bride, à qui mieux mieux, sur ceux de l'arrière-garde; montés sur des che-
vaux rapides, ils se jetèrent si vivement au milieu du convoi qu'ils le rompirent. Là,
Baudouin le Garon fut renversé de cheval, mais il avait un cœur vaillant : il mit la
main à sa bonne épée, que les Turcs sentirent souvent et redoutèrent ce jour-là. Dans
cet engagement, ils abattirent Richard d'Orques, puis Tierri; Baudouin se défendit
si bien que les siens le remirent sur un cheval pris à l'ennemi. Vous auriez vu là de
rudes assauts, des coups bien portés et bien évités, des épées flamboyantes, des faits
d'armes intrépides, plus d'une belle et dangereuse rencontre, et bien des chevaux à la
selle vide. Les Turcs se lançaient sur les nôtres, qui se défendaient du mieux qu'ils
(*) Il manque ici quelques vers (voyez le kkin) racoDkant la fin du combat où le comte du Perche joua un
rôle peu brillant et où rarrivëe de févéquede Saliabory empêcha teole une défaite.
35
IMPCia»!! RiTIO«Alt.
440 LHISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
pouvaient. Quand les Turcs en «ibatiaient un, les autres se faisaient jour au milieu de
la presse et le remettaient à cheval : ils s'entr'aidaient comme de braves gens. Mais la
partie n'était pas i^gale, car les nôtres étaient comme noyés au milieu d'eux; aussi on
ne peut nier que plusieurs comtes n aiont été renversés et qu'ils n'aient beaucoup souf-
fert, car les dards des Turcs volaient ot faisaient grand mal aux chevaux. Un de ces
coups fit de nouveau perdre son cheval à Baudouin : il fit descendre un sien sergent
qui s'était vaillamment défendu: Baudouin monta sur le cheval, et il raconta lui-
même que, bien peu de temps aprrs. il vit couper la t^te à celui qui le lui avait prêté.
Ils étaient \k ainsi retenus. Là fut pris Philippe, le compagnon de Baudouin, qui
gagna grande estime de la part de tous ceux qui y étaient. Ils emmenèrent aussi . avec
Philippe, un brave sergent qu'ils prirent de force, et ils tuèrent le frère de Richard.
La bataille était terrible. Ils étaient là en champ clos. Baudouin et ses compagnons;
(ilarembaud de Montchabbm les avait abandonnés et s'était enfui bride abattue dès
qu'il avait vu venir les Turcs. Baudouin luttait toujours; il fut de nouveau renversé,
et il reçut tant de coups de masse qu'il eu fut pres(]ue tué: le sang lui sortait par le
. nei et par la bouche: son épée était tout émoussée. ébréchée et brisée: alors, élevant
la voix, il cria au preux Manessier de Lille, qui était habitué à vaincre les Turcs :
rcManessier. ui'abandonnerez-vousft» Monseigneur Manessier n'hésila j)as : il alla à sa
rescousse. Il atrourut là tant de Turcs qu'ils n^nversèrent Manessier du cheval; ils lo
battirent et le blessèrent tant qu'ils lui coupèrent le gros os de la jambe jusqu'à la
moelle. Baudouin et lui avec étaient perdus au milieu de cette presse, quand Dieu
leur envoya le preux comte de Leicestre, qui n'avait |)as su à temps leur aff.tire. Le
comte, arrivant la lance en arrêt, frappa un Turc si duremont que le Sarrasin culbuta
par-dessus le cou de son cheval, et Ançon, compagnon d'Etienne de Longchamp. lui
trancha la tête, qui vola à terre. Monseigneur Etienne st* conduisit vaillamment alors et
plus tard. Quand la nouvelle de ce combit fut connue, nos gens grossirent tant que
les Turcs, voyant leur nombre s*accroitre. senfuirent vers la montagne, excepté ceux
qu'on put atteindre. On plaça doucement sur les chevaux nos blessés qui gisaient là.
et on les ramena dans Tost. Ainsi alla cette aventure, qui mérite bien d'être écrite.
V. tooSt». Trois jours avant la Saint-Jean, pendant que Tost était en repos, on lui apporta
une nouvelle qui lui fut une grande consolation. Un saint abin' l'apporia et consola tout
le peuple. Cétait l'abbé de Saint-Elie. qui ne vivait que de pain et de raves: il avait
une grande barbe qu'il avait laissée croître: il ressemblait bien à un saint homme, il dit
au roi quil savait un lieu, qu*il gardait depuis longtemps, où était cachée une croix
dont Dieu lui avait confié la protection, il y avait dedans un morceau de la sainte
croix, qu'on avait dépecée en plusieurs parties: et ce bon chrétien, qui n'était pas trop
vieux, Tavait tout seul mise et cachée là jusqu'à ce que la terre fût reconquise. Il avait
payé cher son coumge, car Sabbadîn la lui avak plusieurs hk deuandée; mais ¥M»t
V. in.
Uâ L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
«vaincre; mais il faut nous conduire par Tavis de ceux qui sont du pays et qui veulent
«recouvrer leurs fiefs, et par le conseil des Templiers, d'accord avec les Hospitaliers,
«ou de ceux qui ont été d'autres fois dans le pays, qui l'ont connu et qui le connaissent
«encore. Je voudrais qu'on s'en rapportât à eux pour décider ce qu'il faut faire, si on
«entreprendra le siège, ou si on essayera de prendre Babylone, ou si on ira h Barut ou
«à Damas. Ainsi nous nous mettrons tous d'accord, tandis que jamais gens ne forent
VI, II. «plus en désaccord. 7) ^^\ Enfin on décida que quatre ou cinq Tem-
pliers et alitant d'Hospitaliers seraient chargés, avec des chevaliers de Syrie et autant
de barons de France, de rétablir la concorde, si bien qu'ils étaient en tout vingt. On
décida qu'on s'en rapporterait h leur serment et à leur loyauté, et qu'on accepterait ce
qu'ils auraient décidé. Après avoir délibéré, ils dirent que ce qu'on pouvait faire de
plus utile pour le pays était de conquérir Babylone. Quand les Français l'apprirent ,
ils manquèrent à l'engagement et dirent qu'ils iraient au siège et qu'ils n'iraient pas
ailleurs. Quand le roi apprit ce dissentiment, que Dieu ne voulait pas apaiser, et qu'il
sut que c'était à cause des Français, il dit que, si les Français l'avaient cru, ils seraient
partis pour Babylone. «Voyez, dit-il, ma flotte est toute prête à Acre, où je l'ai mise
«en état de porter leur équipement et tout ce dont ils ont besoin, le biscuit et la
«farine. L'ost serait allée le long du rivage, et j'aurais mené à mes frais, d'ici jusque
"^là, sept cents chevaliers et deux mille sergents. Et, en outre, ils peuvent être sûrs que
«jamais mon argent n'aurait fait défaut à aucun prudhomme. Puisqu'ils ne veulent
«pas le faire, je suis tout prêt à aller au siège; seulement, par saint Lambert de
«Liège, qu'ils sachent que je ne les conduirai pas : je ne ferai que les accompagner, v
Il ordonna aussitôt que tous ses gens s'assemblassent dans la tente de l'Hôpital, et
que là ils décidassent quel secours ils donneraient pour le siège, si on allait à Jérusa-
lem. Ils vinrent là et s'assirent, et firent de riches promesses : tel offrit largement qui
avait bien peu dans ses coffres; mais, s'ils avaient attaqué la ville à ce moment, ils
auraient fait une entreprise trop folle, après que ceux qui avaient juré de leur dire
la vérité le leur avaient en bonne foi déconseillé.
V. 10367. Pendant qu'ils étaient ainsi occupés à promettre ce qu'ils devaient donner pour le
VI, III. siège, voici que Bernard l'espion revint de Babylone avec deux autres Barbarins
comme lui, habillés en Sarrasins. Ils ne servaient pas à autre chose qu'à épier l'ost
ennemie, et je peux bien vous dire que jamais je n'ai vu de gens qui ressemblassent
plus à des Sarrasins et qui parlassent mieux sarrasinois. Chacun d'eux, lors de leur
départ, avait eu du roi Richard trois cents marcs d'argent. Ils dirent au roi qu'il ^e
hâtât de monter à cheval avec ses gens, et qu'ils le mèneraient jusqu'aux caravanes
qui venaient, bien chargées, du côté de Babylone et qu'ils avaient épiées. Dès que le roi
II)
Lacune sans doute àe quatre Vers, où l^on disait que le diseoulrs Ae Richaitl fit de l^eflei sur les barons.
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. /î/i3
l'entendit, il s'en réjouit dans son cœur, et fit dire au duc de Bourgogne de se joindre
à lui pour cette affaire et d'amener avec lui les Français. 11 le fit; mais auparavant ils
dirent qu'ils voulaient avoir le tiers du butin, et le roi le leur accorda. Alors ils mon-
tèrent k cheval et lui aussi. On comptait là cinq cents chevaliers bien armés et mille
sergents preux et agiles, que le roi menait à ses dépens; et lui , de sa personne, mar-
chait le premier. Ce fut un dimanche au soir; ils marchèrent toute la nuit à la lune et
ne s'arrêtèrent que bien peu jusqu'à ce qu'ils arrivassent à la Galatie. Là cette troupe
hardie, toute prête au combat, se reposa. Ils envoyèrent chercher des vivres à Esca-
lone, et restèrent là jusqu'au retour de leurs écuyers. Dès que le roi et ceux qui
étaient avec lui s'étaient mis en marche, un espion était allé à Jérusalem raconter à
Salahadin qu'il avait vu le roi monter à cheval pour aller s'emparer de ses caravanes.
Salahadin aussitôt prit cinq cents Turcs d'élite, les meilleurs qu'il eât, et les envoya,
armés d'arcs et de dards, aux caravanes. Et quand ils furent réunis à ceux qui escor-
taient les caravanes, on les estima à deux mille à cheval, sans compter ceux qui
allaient à pied.
Voici venir un espion droit à la Galatie, qui pressa le roi de venir vite sans déranger V. loSug.
l'ost, lui disant qu'à la citerne ronde, tout autour, était arrivée une caravane, et que, ^i* '"'■
si on pouvait l'arrêter, on y ferait un beau gain. L'espion était un homme du pays,
le roi ne se fia pas en lui, mais envoya aussitôt un Bédouin et deux sergents, Tur-
coples preux et avisés, pour épier et s'enquérir; il fit entourer de linge la tête des Tur-
coples, à la façon du Bédouin et des autres Sarrasins. Us partirent dans la nuit, mon-
tèrent et descendirent les collines, si bien que, sur une colline, ils virent je ne sais
combien de Sarrasins qui faisaient le guet. Le Bédouin, accompagné de l'espion, s'ap-
procha d'eux pas à pas et dit à ses deux compagnons de se taire, pour qu'on ne les re-
connût pas, ce qui trompa les Turcs. Ceux-ci demandèrent aux nôtres d'où ils venaient;
le Bédouin entra en conversation et dit qu'ils venaient du côté d'Escalone, où ils avaient
fait du butin. L'un des Turcs se prit à dire : t^Vous venez plutôt pour nous faire du
t?mal. Tu es avec le roi d'Angleterre.» Le Bédouin dit : «Vous mentez.» Il poursuivit
son chemin et s'approcha des caravanes. Les Turcs, avec leurs arcs et leurs dards, les
suivirent quelque temps; enfin ils en furent ennuyés et les laissèrent, croyant qu'ils
étaient des leurs. Le Bédouin s'en revint quand il eut su la vérité et se fut assuré que la
caravane était venue, ce qu'on trouva fort avisé. Il revint au roi et lui dit qu'il savait
certainement qu'il pouvait prendre la caravane. Le roi, au nom de saint Georges, fit
donner l'orge aux chevaux, et nos gens mangèrent eux-mêmes, puis montèrent à cheval
et marchèrent toute la nuit, tant qu'ils arrivèrent à l'endroit où la caravane et les Turcs
couchaient. Là, ils s'arrêtèrent. On était en été, il faisait beau temps. Le roi ot tous
s'armèrent et prirent leur ordre de bataille. Les Français faisaient l'arrière-garde,
le roi était à Kavant-garde. Il fit crier par toute l'ost que ceux qui se souciaient de
Wi L'HISTOIRB DE LA' GUERRE SAINTE.
Thoniieur ne devaient pas penser au butni, mais songer toojoure à dëconfire et i percer
les Turcs, et à frapper de leurs épées d'acier. Pendant qu'ils étaient occu|)és à prendre
CCS dispositions, voici venir au roi, bride abattue, un autre espion qui lui dit que dès
nvant le jour la caravane s'était [iréparée, et qu'ils étaient sur leurs gardes. Quand le roi
le sut, il envoya en avant des archers, des arbalétriers et des Turcoples, pour harceler
les Turcs et les occuper jusqu'à ce qu'il pût venir. En effet , pendant qu'ils les harcelaient,
le gros des nôtres s'approcha , et arriva enfin tout près d'eux. Quand les Turcs les virent,
ils se retirèrent vers le pied d'une montagne pour s*y adosser. Ils étaient tout prêts au
combat, quoiqu'ils n'eussent pas beaucoup d'ardeur. Le roi avait divisé sa troupe en
deux corps. Au moment où il arriva, nos archers les harcelaient et leur lançaient des
flèches, Qussi dru que la pluie. La caravane était arrêtée. Le roi, en bonne étrenne,
se jota si rudement sur leurs premiers rangs, et lui et les autres les attaquèrent si
vivement qu'ils n'en rencontrèrent j)as qu'ils ne jetassent par terre. Aucun Turc n'en
échappa, si ce n'est en fuyant, et ils ne se remirent pas de ce premier choc. Tout
comme les lévriers chassent le lièvre dans la plaine, ainsi, par la montagne, nos gens
ehassaient les leurs et les mettaient en telle déroute qu'ils s'enfuyaient tout déconfits et
dispersés, laissant là la caravane; et nos gens les poursuivaient toujours, à droite et à
{{nuche , et ceux qui virent l'affaire dirent que la fuite des Turcs dans la vaste berruie fut
poussée si loin qu'ils tombaient morts de soif; et ceux que les chevaliers atteignaient,
ils les renversaient, et les sergents les tuaient. Vous auriez vu là des gens mal arrangés,
des selles (|ui tournaient, et de beaux coups donnés par le preux roi d'Angleterre. Ne
croyez pas que je vous dise sur son compte des flatteries : tant de gens virent ses ex-
ploits qu'ils m'ont obligé de m'y arrêter. Vous auriez vu le roi, l'épée d'acier au poing,
poursuivre si rudement les Turcs que ceux qu'il atteignait, il ny avait pas d'armure
qui les garantit d'être pourfendus jusqu'aux dents: aussi le fuyaient-ils comme des
brebis qui voient le loup. Pendant que les premiers chassaient ainsi les Turcs par
la montagne et les mettaient en grande peine, une trentaine de Sarrasins, pleins de
rage et de dépit, arrivèrent par un sentier détourné sur Roger de Toéni, tuèrent son
cheval sous lui, et peu s'en fallut qu'ils ne le prissent. Un compagnon appelé Juquel
du Maine attaqua les païens, mais il fut aussitôt renversé, et Roger, bien qu'il eût eu
déjà beaucoup à faire, alla à pied à sa rescousse. Nos gens accoururent de droite et
de gauche. Il y vint le comte de Leicestre, et, avec lui, Gilbert Malesmains avec deux
compagnons ou au moins un, Alexantlre Arsis, et quinze ou vingt chevaliers. Il y
vint aussi Etienne de Longchamp, qui, tout au milieu des païens, fut si secourable à
Roger qu'il le remit à cheval. Là vous auriez, vu la déconfiture de ces gens dénaturés;
vous auriez vu donner de grands coups d'épée, abattre des pieds et des poings, pour-
fendre par l'œil, par la bouche, ou couper des têtes, et tant de corps morts, gisant
comme des souches, qu'ils gênaient nos gens et les faisaient trébucher,. Poitevins, Nor-
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. ^5
niaiids, ÀDglaii et Angevins y frappèrent de bons coups, et le bon roi, preux et hardi,
faisait plus que tous les autres. Il y eut un tel massacre de Turcs que nos aïeux
n'ont rien vu de pareil. Ils étaient tellement abattus, comme on le vit clairement, que
le moindre petit garçon aurait pu en tuer huit ou dix. Les gens qui menaient la cara-
vane venaient se rendre prisonniers aux sergents et aux chevaliers, et leur amenaient
par la bride les grands chameaux tout chargés, et les mulets et les mules qui portaient
des biens si précieux et tant de richesses : or, argent, étoffes de soie et de velours
du pays de Damis, des mustabets, des étoffes de Bagdad, des ciglatons, des étoffes de
pourpre, des casingans^^^ des courtes-pointe», de beaux vêtements élégants, de beaux
pavillons et de belles tentes parfaitement travaillées, dju biscuit, du froment, des fa-
rines, des orges, des électuaires et des médecines, des bassins, des outres, des échi-
quiers, des pots et des chandeliers d*argent, du poivre, du cumin, du sucre, de la cire
en quantité incalculable, des épices de tout genre, et tant d autres choses précieuses,
et tant de belles armures, fortes, légères et sûres, enfin, une (elle richesse, quils di-
saient que véritablement, dans aucune guerre, on n'avait fait dans le pays un si grand
butin.
Quand la chiennaille fut mise à mort et la riche caravane prise, on avait fait beau V. io5:h>,
butin; mais on eut beaucoup d'embarras pour rassembler les chameaux de course, qui vi "■
donnèrent grande peine à lost, car ils s'enfuyaient si fort, quand les gens è cheval
les poursuivaient, qu'il n'y a rien d'assez rapide, cerf ou biche, daim ou gazelle, qui
eût pu les atteindre, s'ils avaient pris un peu d'avance. Ceux qui enfin les rassem-
blèrent estimèrent que les chameaux qu'on avait gagnés là montaient à quatre mille
sept cents; et il y avait tant de mules et de mulets, et d'ânes sûrs et robustes, qu'on
ne put jamais les compter. Ils ne faisaient que gêner. On dit aussi que, dans cette
affaire, il y eut bien de tués, tant grands que petits, dans la vallée et dans la mon-
tagne, mille et sept cents Turcs, sans parler des gens à pied qui furent fués sans avoir
bougé de place.
Ils marchèrent ensuite , d'après les étapes qu'ils s'étaient tracées, tant qu'ils arrivèrent n • * o565.
devant Bétafe, qui est à quatre lieues de Jaffe. Là, ils partagèrent leur butin, et, quand
ils en partirent pour revenir, ils firent l'étape suivante jusqu'à Rames. Là les rejoignit
l'ost qui venait d'Acre» le comte Henri avec ses gens : tous se trouvèrent réunis. 11 y
eut une joie et une admiration générales quand ils virent ces bétes qui remplissaient
l'ost. Le roi partagea les chameaux, les plus beaux qu'on pût voir, aussi bien entn*
les chevaliers qui avaient gardé l'ost qu'entre ceux qui avaient pris part à l'expédition.
Il distribua aussi libâ^lemeot les mules et les mulets, et il fit donner aux sergents tous
les ânes, gramis et petits. Voilà l'ost si remplie de biHes qu'on avait grand'peine à
VI. >i
(0
Sur (0118 ces mots d^origiue orientale, voyez le GiosMÎre.
U6 LHISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
les garder. Mais on tuait les jeunes chameaux et on en mangeait volontiers la chair:
elle était blanche et de bon goût quand elle était rôtie et lardée.
V. 1059."^. Ainsi les bétes furent distribuées et répandues dans Tost, si bien que beaucoup
VI. TH. s'en plaignaient à cause de l'orge qu'elles faisaient renchérir. Alors on recommença à
murmurer, ceux qui étaient très mécontents de ne pas assiéger Jérusalem, car ils
n'avaient pas d'autre désir, et ils ne se tenaient pas tranquilles. Mais ceux qui avaient
juré et qui avaient décidé qu'on n'irait pas leur répétaient leurs raisons, leur disant
que. si on assiégeait la ville, on trouverait à l'entour si peu d'eau que ni les bétes ni
les gens ne pourraient boire sans danger et sans grande peine, pour peu que les
Turcs pussent les en empêcher. Car c'était autour de la Saint-Jean, quand la chaleur,
suivant sa coutume, dessèche tout dans le pays, et les Sarrasins avaient détruit et crevé
les citernes tout autour de la ville, si bien qu'à moins d'aller à deux bonnes lieues,
dans un pays où nous n'avions que des ennemis, on n'aurait pu facilement trouver de
l'eau, cela fut su d'une manière certaine, excepté un petit ruisseau qui, du mont des
Olives, coule dans la vallée de Josaphat : c'est Siloé; aussi ces gens ne conseillaient-
ils pas d'entourer la ville et de l'assiéger en été. Quand cette résolution fut révélée et
connue, qu'on sut qu'on n'irait pas à Jérusalem et qu'on reviendrait en arrière, vous
auriez vu les gens bien affligés maudire la longue attente qu'ils avaient faite et les
tentes qu'ils avaient dressées, puisque Jérusalem ne serait pas assiégée et ne pouvait
être conquise; car ils n'auraient pas demandé à vivre un jour après avoir délivré
Jérusalem.
V. 10639. Seigneurs, ne vous étonnez pas si Dieu voulait, comme nous l'avons dit, que les
vi.Tiii. peines de nos pèlerins fussent vaines, car maintes fois nous le vtmes véritablement,
après une longue marche, le soir, quand on campait, les Français se séparaient des
autres et dressaient leurs tentes seuls d'une part. Ainsi l'ost se séparait; car, sans
mentir, l'un ne pouvait s'accorder avec l'autre. L'un disait: ((Tu es ceci;?) l'autre disait:
(tTu es cela; 9 et, ce qui empira beaucoup les affaires, Hugues^') le duc de Bourgogne,
par grand tort et par grande arrogance, fît faire une chanson sur le roi, et la chanson
était vilaine et pleine» de grandes injures, et elle se répandit par l'ost. Peut-on
blâmer le roi s'il chansonna à son tour ceux qui, par envie, l'attaquaient et le bafouaient?
Eh bien, de gens si outrecuidants, on ne chantera jamais une bonne chanson, et Dieu
ne bénira pas ce qu'ils font , comme il le fit dans l'autre expédition dont on raconte
encore l'histoire, quand Antioche fut assiégée et prise de force par nos gens, à qui
Dieu donna la victoire, par Boémond et par Tancré, — c'étaient là des pèlerins irré-
prochables , — par Godefroi de Bouillon et par de hauts princes renommés et les autres
qui y furent. Ils servirent si bien Dieu, qu'il les récompensa de leur service à leur gré
(0
Corrigez, dans le texte (v. io653), Henri en Huguêt.
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. kM
et suivant leurs désirs : ii rendit leur œuvre glorieuse et féconde; il les mit haut eux et
leur lignage, qui^en est encore aujourd'hui illustré.
Dix ou douze jours, autant que je m'en rappelle la vérité, après la prise de la ca- V. io683.
ravane, l'ost se reposa de la façon que je vous ai dite; et quand ils virent qu'ils vi,».
auraient beau faire, qu'ils n'arriveraient pas à aller adorer le Saint Sépulcre, dont ils
n'étaient plus qu'à quatre lieues, ils en eurent grand deuil au cœur. Ils revinrent en
arrière si découragés et si tristes que jamais on ne vit des gens d'élite plus abattus et '
plus troublés. Ils établirent leur arrière-garde; à peine étaient-ils partis, que les Sarra-
sins descendirent de la montagne et les attaquèrent, si bien qu'ils nous tuèrent un ser-
gent ; mais ceux qui étaient sur les bons chevaux les repoussèrent et les poursuivirent
à leur tour. Puis ils se remirent en route et arrivèrent entre Saint-Georges et Rames.
Le jour où nous fîmes ce chemin, il y avait cinq ans juste que le pays avait été perdu
par la guerre. Les Français étaient à gauche, le roi et ses gens à droite; ils conser-
vèrent cet ordre le lendemain. Ils revinrent devant le Casai Moyen; ils y dressèrent
leurs tentes et y restèrent. Il y en eut qui quittèrent l'ost et retournèrent à Jafie à
cause des peines et des privations qu'ils avaient souffertes dans l'ost.
Quand Salahadin sut que nos gens n'avaient pu prendre une autre résolution que celle V. 1 07 1 9.
de s'en retourner, il eut grande joie et Gt belle chère. Il fit aussitôt écrire ses lettres, vi. s.
et, par de rapides messagers, il manda aux Turcs qui lui étaient dévoués que les
chrétiens s'en allaient, qu'ils n'avaient pu s'accorder, et qu'ils se séparaient les uns des
autres, et que ceux qui voudraient avoir de son argent n'avaient qu'à venir à Jéru*
salem, oii il les prendrait à sa solde. Il s'assembla donc tant de gens, hors de ia
ville et dedans, qu'on les estimait à vingt mille Turcs à cheval et bien armés, sans
compter les gens de pied qu'on aurait eu peine à nombrer, qui tous savaient bien ce
qui nous concernait et qui nous le montrèrent bien ^'^ aussitôt que
nos gens revinrent là oii ils s'étaient arrêtés.
De jour en jour, dans leur découragement, ils abandonnaient l'ost et s'en- allaient V. 107A3.
à Jaffe, car dans l'ost ils menaient une trop dure vie. Quand le roi les vit s'en aller vi, u.
ainsi et comprit qu'il n'était plus maître de mener l'ost le droit chemin, que vous
dirai-je? Il manda à Safadin de parler à Salahadin et de lui faire ensuite savoir s'il
pourrait maintenant obtenir la trêve qu'on lui avait offerte dans les plaines de Rames,
comme nous vous l'avons conté, jusqu'à ce qu'il fût revenu de son pays [où il voulait
se rendre]. Safadin alla le demander au Soudan; mais celui-ci, dès le premier jour,
avait su notre retraite, et il ne voulut plus accorder de trêve si Escalone n'était abattue.
La nouvelle en revint dans l'ost au roi, qui n'en fit nul semblant et n'écouta même pas
ce qu'on lui en disait. Il fit monter à cheval aussitôt des Templiers, des Hospitaliers
^') Lacune probablement de trou vers, qui ne sont pts représeotëi dtns le latin.
36
iMpaiMirie ■atiouaii.
ààS L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
trois cents autres cbevaiiers; il leur ordonna d'abattre le Daron et de faire prendre
grand soin d'Escalone, pour qu ii n y arrivât pas de dommage par mauvaise garde. Ils
allèrent au Daron, Tabattirent, puis revinrent à l'ost^et l'ost revint à Jaffe, pensive et
accablée, puis de Jaiïe h Acre; mais il resta .en arrière, à Jaffe, beaucoup d*bommes,
tant de bien portants que de malades, qui depuis y eurent grand'peur. Voilà lost re*
venue è Acre, par le même chemin qu'elle avait pris pour s'en éloigner, un dimanche,
abattue et confuse; mais c'est ce qui arrive ù ceux qui se laissent gouverner par le péché.
V. 10787. Dès que Salahadin ctSafadin, son frère, surent que nous avions quitté Jaiïe et que
VI. m. nous nous étions éloignés tristement, comme je vous l'ai raconté, ils tirent convoquer
et réunir l'ost de leurs (Sers païens , et le soudan avait bien alors plus de vingt mille
Turcs à cheval. Il avait l'émir de Bile et le fils du Hausasis, et bien cent six émirs, et
tant de gens de pied de la montagne que cette ost couvrait toute la plaine. Elle des-
cendit de Jérusalem et dressa ses tentes en bas dans les plaines de Rames. On pouvait
voir là bien de beaux chevaux.
V. 10807. Le dimanche, le jour même où nous rentrâmes à Acre, l'ost des païens maudits
VI. iiii. campa devant'Jaffc, et, le lundi, ils attaquèrent; [les n6tres sortirent de la ville^] : ils
se rencontrèrent dehors, dans les jardins. Nos gens leur résistèrent toute la journée, si
bien que ce jour là ils n'approchèrent pas du château, tant ils furent harcelés, ni le
lendemain, qui était mardi, ni le troisième jour. Mais, le jeudi, la ville fut assiégée
tout à l'entour, et les gens qui étaient dedans se trouvèrent en grande peine. Salahadin
fit dresser quatre pierrières légères et fortes, et deux mangonneaux pour l'attaque. Alors
vous auriez entendu les lamentations des chrétiens restés dans la ville, qui étaient plus
de cinq mille, ou bien portants ou malades au lit; tous se lamentaient et disaient : ce Ah!
^ roi d'Angleterre , qu'es-tu allé faire à Acre? Chrétienté , comme tu es ruinée! » Ils furent
attaqués avec une telle force et une telle vigueur, il y eut tant de gens tués et blessés,
ils se défendirent si hardiment, montant et descendant sans cesse, qu'on n'aurait pu
les voir sans on avoir grand' pilié : les pierrières et les mangonneaux ne cessaient de
tirer. Ceux du dedans avaient bien des pierrières; mais ils ne savaient [)as s'en servir.
Les Turcs tirèrent sur la porte du côté de Jérusalem , tant que, malgré sa solidité, les
arches d'en haut tombèrent, ce dont les nôtres furent éperdus, et le mur de droite fut
brisé : il en tomba deux perches. C'était le jour du vendredi. Ce fut une rude bataille
quand les Turcs entrèrent dans la ville; il y eut une mêlée; mais les Turcs, qui s'ac-
croissaient toujours par les renforts qu'ils recevaient de l'ost, devinrent si nombreux
qu'ils mirent les nôtres en désordre et les chassèrent jusqu'au Toron, devant la tour. Ce fut
grande horreur à voir que les malades qui étaient couchés dans les maisons et que les
Turcs tuèrent : il y eut là de bons martyrs. Beaucoup de gens, se séparant des autres.
(»^
Suppléé diaprés le latin.
I.'HtSTOinF. DE LA GUERRE SAINTE.
hfi9
s'eniuirenl vers la mer. Le» truels Sarrasins jirirent les maisons et les pillèrent: Ils em-
portèrenl lutis les blés et n^pandirent tous les vias. Les uns attai|u6rDnl le Toron, oik
étnienl les gens de Dieu , qui se défendaient vigoureusement; tes autre» coururent à la
mer, aux vaiiisoaux el yux bnrques qui y L'taient , où nos gens voulaient monter |iour se
sauver; heaucouj) de ceu» qui étaient les derniers y furent tués. On vît là Auberi de
it«>ims, qui ét^tit le ca|>itairie du nbàleau,- se conduire comme un vilain ot un couard :
il i^lfiit déjà entr^ dans une barque pour s'enfuir par la mer. quand les |>rudhomnies
poussèrent de lels cris qu'ils le firent re\enir en arrière et le contraignirent à rentrer
dans le Toron, si bien qu'il dit : «Puisqu'il ne peut en Hre autrement, mourons ici
"pour Dieu!» Tout autour d'eux, à droite et à gaucbe, au pied du Toron, il y avait
tant de Turcs qui assaillaient que les nôtres ne savaient de quel côté se défendre. Les
traits tonibaif>nt là pluR dru que grêle; car ils étaient péle-niéle et pied à pied. Le
combat dura toute la journée; mais nos gens n'auraient pu résister aux grands assauts
et à la grande presse: beureusement Dieu avait fait rester le patriarche nouvellement
fait, qui, pour rien an monde, n'aurait voulu renoncer à sauver ceux f|ui étaient là el
qui combattaient jusqu'à la morf. Il manda h SaUhadIn, In Sarrasin libéral et vail-
lant, el il pria Safadin de lui demander, qu'il leur accordât une trêve seulement jus-
quau lendemain, el it s'engageait, si avant le soir il ne voyait pas arriver de secours
d'Acre ou d'Ëscidone on du ruï Richard qu'ils avaient envoyé chercher, "à donner en
otage sa propre personne et d'autres gens de haut pacage à mettre en fers ou en liens,
pour garantir que chacun des chriHiens qui combattaient dans le Toron payerait à Sa-
lahadin . pour être épargné, dix besants d'or, ot qu'on donnerait de même cinq besanis
ponr chacune dos femmes et trois pour les petits enfants. Comme il l'avait demandé.
Salabatlin commanda que l'engagement fàt accepté et tenu. Voilà le messager revenu,
voilà la Irêvc accordée et la chose arrêtée ainsi. Ils livrèrent aux Turcs deux otages
qui allèrent avec le patriarche; l'un était Auberi, l'autre Tïbaud de Troies, qui était
preux el hardis: c'était un sergent du comte Henri [de Champagne], qui avait élevé
son piVre, et il peut y en avoir eu d'autres, dont je n'ai pu savoir les noms.
Vous m'avez entendu vous' parler et il est bon de le raconter, à cau»o du grand bien
qui en advint, de l'ost qui revint à Acre tout abattue et découragée et accablée de cha-
grin. Tous pensaient s'en retourner el aller droit à leurs vaisseaux. Le roi Richard lui-
même, nous le vimes tle m)s yeux, avait déjà pris congé du Temple cl de l'Hôpilal: il
avait vu à ce que ses galères fussent bien préparées. Il devait y monter le lendemain,
dit le livre, pour s'embarquer et aller par Bariit avec ses gens, et il aviit déjà en-
voyé ses galères, qui avaient donné l'assaut à ceux du clulteau, si bien qi/ils s'étaient
Is ne l'auraient pas attendu s'ils avaient vu arriver d'autres galères. Un
le roi était dans sa tente, dans les dispositions que je viens de vous dire.
oici venir en toute hâte une barque qui aborda dans le port. Ceux qui en sortirent
36.
enfuis et qu i
soir, comme
«SO L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
vinrent an roi sans attendre , et lai dirent qae Jaffe était prise el que les
. étaient assiégés dans ie Toron, et qa'ils étaient perdus, comme je tous Tai racoolé,
s'ils n'étaient pas secoaros par lui. Le preoi roi, dans sa générosité, renonça à tout mm
projet, et dit : «J'irai vraiment. 99 11 fit denooTeaa conToqner Fost; mais les Fraofaîs
ne voularent pas lai obéir: ils répondirent, ces envieui, qui en earent grand blane,
qu'ils n'y mettraient pas les pieds et qu'ils n'iraient plus jamais dans Fost avec lui: et
en vérité, ils ne le firent plus, ni avec lui ni avec personne, mais ils moarurent [bien
peu de temps après]. Cependant, ceax qui craignaient Dieu, de quelque pajsqalls
fussent, Templiers, Hospitaliers et beaucoup d'autres bons chevaliers, se préparèrent,
montèrent à cheval, et allèrent par terre droit à Césaire,etle vaillant roi d'Angleterre
alla par mer sur ses galères. Il s'arma richement, aiosi que les siens, si bien qulb ne
pouvaient ^*tre mieux. lÀ étaient le comte de Leicestre et André de Chavigni et Roger
de Saci ; on y vit aussi Jourdain du Homez, qui mourut cette année, et Raoul de Hao-
léon, qui porte un lion dans sa bannière, Auçon du Fai, qui attaqua maint Sarrasin,
les seigneurs de Préaux, qui étaient des compagnons du roi, et beaucoup d'autres
hommes renommés dont je n'ai pas su les noms. Ils partirent pour le service de Dieu,
et avec eux ceux de Gènes €t ceux de Pise, qui rendirent de grands services au besoin.
Kcoutez comment les choses se passèrent : ceux qui allaient par terre à Jaffe, et qui
croyaient y arriver tout droit, s'étaient arrêtés h Gésaire et n'y étaient pas depuis long-
temps quand on leur dit que Salahadin faisait garder les chemins, si bien qu'ils se
trouvaient là enfermés : c'était le fils du Hausasis, qui s'était porté entre Gésaire et
Arsur. Les autres gens, qui allaient par mer, furent entravés par un vent contraire,
le roi et ceux des galères, si bien que de trois jours ils ne purent bouger de Galphas
où ils s'étaient arrêtés. Le roi disait : c(Dieu, pitié! Pourquoi m'arrétez-vous ici? Ceai
ff en votre service que je vais. r> Enfin Dieu eut pitié d'eux et leur envoya un vent du nord
qui amena le roi avec sa flotte au port de Jaffe dans la nuit du vendredi. Le samedi à
minuit la trêve expirait. Les chrétiens auraient été perdus et livrés à la mort si Dieu
no les ovait délivrés par le roi, comme nous vous le conterons brièvement.
V. t io35. Le preux roi et ses nobles compagnons avaient couché dans leurs galères la nuit du
[vendredi, et au matin du] samedi ^'^ il s'arma et ses gens aussi. Écoutez ce qui en était de
In convention qui avoit été faite , comment nos gens étaient bien garantis et quelle trahison
les Turcs avaient ourdie contre ceux qui avaient cru se mettre en sûreté avec lesbesants
qu'ils avaient promis. Ils les mirent, ce matin-là, en demeure de payer : ils payaient, et à
mesure qu'ils payaient les Sarrasins leur tranchaient la tête. Ils croyaient ainsi bien faire;
mais honnie soit une telle foi de chien! Us en avaient déjà tué sept et'les avaient jetés
^'' L08 vers 1 1037, I io38 cHniont sans doute ainsi conçus : Toute la nuit del vendretdi, E al matin del êa-
m€(ii; le copifito a passé le premier dêl et les mois compris entre les deux del. Le latin ne donne pas cette
phrane.
I
I
L'HrSTÙIRE DE I,A GUKRRË SAINTE. 451
dans uD Fossé, quand ceux du Toron s'en aperçurent. Ceux qui étaient là ont raconté
qu'on vit alors une grande pitié, en haut dans le Toron, devant la tour : se voyant con-
damnés à mort, ils avaient grand'peur; Ils pleuraient, se mettaient à genoux, priaient,
se confessaient el battaient leur coulpe, et ceux qui étaient dehors se rejetaient de-
dans, au milieu de la grande presse, pour mourir le plus tard possible; car tout élre,
, quand il voit la mort qui le poursuit, cherche à avoir un peu de temps et d'espace.
Ils n'attendaient que le martyre, el nous pouvons bien dire en vérili! qu'on pleurait des
larmes qui, pour Dieu, avaient grande saveur, car, dans la détresse de la mort, elles
venaient du plus profond de leur cœur, qu'ils tendaient vers lui en attendant le mo-
ment de mourir, et, dans leur cœur, ils n'avaient plus ncn à attendre que la mort.
Cependant les Turcs aperçurent les galères qui étaient arrivées dans le port : à pied et
à cheval, ils descendirent au rivage, qui en fut bienlAt si rempli qu'ils y tenaient à
grand'peine. Ils portaient des boucliers et des targes, et liraient jusqu'aux barques et
aux galères du roi. Ceux qui étaient i\ cheval se lançaient impétueusement jusque dans
la mer el tiraient sur nos gens pour les empêcher d'aborder. Le preux Richard lit
mettre tous ses vaisseaux ensemble pour parler aux siens. 11 dit h ses hommes : nGen-
«lils chevaliers, que ferons-nous? Faut-il nous en aller ou aborder? Et comment
ff pourrons-nous le faire N 11 y en eut qui répondirent qu'à leur avis c'était chose vaine
d'essayer d'aborder ni de prendre port, car ils croyaient sûrement que tous les gens
du château étaient tués. Pendant qu'ils se demandaient ce qu'ils feraient, voici que le
roi d'Angleterre vil sauter en mer, du rivage, un prêtre qui vint droit en nageant au
roi el fut recueilli dans sa galère. Il lui dit : « Gentil roi, les gens qui vous attendent
«ici sont perdus si Dieu et vous n'en avei pitié. — Comment? dit le roi, bel ami. y
«en a-t-il encore de vivants? Ofi sonl-ils? — Oui, sire; et, rangés devant celle tour, ils
nattendent leur mort.» Dès que le roi sut ce qui en était, il n'attendit plus. «Dieu,
ndit-il , nous a fait venir ici pour endurer et souffrir la mort, et puisqu'il nous y faut
v mourir, honni soit qui n'y viendra In 11 fit approcher ses galères, et, les jambes toutes
désarmées, il sauta dans la mer, à la grâce de Dieu , jusqu'à la ceinture. Il arriva à la
terre sèche le second ou le premier : c'était sa coutume. Jofroi du Bois el le preus
Pierre de Préaux, compagnon du roi, el tous les autres ensuite, firent de même: Ils
vinrent aux Turcs dont le rivage était rempli el les attaquèrent. Le preux roi lui-même
les tuait avec son arbalète, et ses gens, hardis el dispos, le suivaient par le rivage; les
Turcs n'osaient pas l'approcher el s'enfuyaient devant lui. Il mit la main à son épée
d'acier, les poursuivît en courant, el les pressa tellement qu'ils n'eurent pas le loisir de
se défendre. Us n'osèrent pas l'attendre davantage, lui ni ses vaillants compagnons, qui les
frappaient comme des fous. listes frappèrent et les poussèrent tant qu'ils débarrassèrent
le rivage dos Turcs et les mirent tous dehors; après quoi, ils prirent des tonneaux, des
pièces de bois, de grandes planches, de vieilles galères el de vieilles barques, en firent
452 LHISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
un rempart sur le rivage, entre eux et les Sarrasins, Le roi y mit des chevaliers, des
arbalétriers et des sergents, qui combattaient les Sarrasins; ceui-ci criaient et huaient,
et s'éloignaient bien malgré eux. Le roi monta alors par un escalier tournant qui va
dans la maison des Templiers; il entra là le premier dans la ville, oii il trouva plus de
trois mille Sarrasins occupés à piller ù et tout emporter. Richard , le plus hardi roi du
monde, dès quil fut en haut du mur, fit déployer ses bannières et les fit tourner du^
côté des chrétiens assiégés, tant qu'ils les virent. Aussitôt qu'ils les aperçurent, tous
s'écrièrent : «Saint Sépulcre Ir» Ils prirent leurs armes et s'armèrent sans attendre.
Quand l'ost païenne vit nos gens descendre du mur, elle fut toute troublée. Vous
auriez vu là tant de Turcs à terre, que le roi y abattait! Aucun n'attendait son coup
qui n'y perdit la vie. Voilà nos gens descendus au milieu des rues. Vous auriez vu là
bien des gens mis à mal, tués et taillés en pièces. Là furent vengés les malades qu'ils
avaient trouvés dans la ville, qui ne pouvaient remuer, et qu'ils avaient tués. Nos gens
arrivaient de toutes parts et faisaient aux Sarrasins grand'honte. Que vous dirai-je? Tous
ceux qui furent atteints dans la ville, tous ceux qui ne purent en sortira temps, furent
aussitôt tués. Voilà la ville délivrée et les Sarrasins livrés à grand'honte.
V. 11 303. Le roi sortit de la ville à leur poursuite, après avoir déjà fait tant d'exploits. Il
VI. iTi. n'avait alors que trois chevaux, et jamais, même à Roncevaux, aucun homme jeune
ou vieux, chrétien ou Sarrasin, ne se comporta comme lui. Quand les Tores virent sa
bannière flotter, ils frémirent de tous côtés; aucun couard n'aurait voulu être là, car
Dieu n'a fait neige ni pluie, qvand elles tombent jusqu'à, lasser, que les dards et les
carreaux ne plussent là plus dru entre les rangs des chrétiens. La nouvelle fut portée
à Salahadin que ses gens étaient ainsi assaillis, et lui, ce maudit païen, qui était plus
enragé qu'un loup, en eut la fièvre de peur. Il n'osa plus rester là, mais fit détendre
ses tentes et ses pavillons et les fit reporter dans les plaines en arrière. Le roi, avec ses
braves compagnons, les suivit et les serra de si près, avec les arbalétriers qui les frap*
paient et leur tuaient leurs chevaux , qu'ils reculèrent de deux grandes lieues. Le roi
lit dresser sa tente à l'endroit même où Salahadin n'avait pas osé l'attendre. Là campa
Richard le Magne.
V. 11339. 'Après cette journée et la retraite des Turcs, leur ost se sentit honnie «^t confuse
d'avoir été chassée par des gens de pied qui étaient en si petit nombre contre tant de
Sarrasins qui étaient là : mais Dieu y avait mis la main pour empêcher la défaite des
siens. Salahadin fit appeler ses Sarrasins et ses Turcs du plus haut rang et leur de- '
manda : nQui vous a mis en fuite? C'est donc l'ost d'Acre qui est revenue et qui a ainsi
^ traité mes gens? Etaient-ils à pied ou à cheval , ceux qui se sont lancés sur vous? "Si bien
qu'un trattre, qui le savait, et qui avait vu le roi, lui dit: c(Sire, ils n'ont pour monter
(( ni cheval ni mule, si ce n'est trois chevaux que le vaillant roi a trouvés à Jaffe. Voilà
(c ce qu'ils en ont et peuvent en avoir, et rien de plus. Et si on voulait f entreprendre , on
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
il Touche tout s
fi53
jldai
tpouiTuil le saisir nu cor|is. et cela sans trop He peine, car
'tettle.n
D'après l'histoire «lueji^ vous récite, ce fut un sampdî ijue la ville fui recouvrée et
délivrée des Sarrasins, Ils y avaient fait des merveiiles qui seront toujours racontées,
à la reprise de Jaiîc : ils avaient lu^ les chrétiens malades qu'ils y avaient trouvés, et il
eil certain qu'ils tuèrent dans la ville tous les porcs qu'ils y trouvèrent et tant que ce
fut une infinité, car on sait certainement qu'ils ne mangent pas la chair des porcs, et
à cause de cela ils les tuent volontiers : il n'y a rien qu'ils haïssent plus , en haine de
la foi chrétienne. Ils avaient mis côte à côte, et méli^s. les chrétiens tués et les porcs-,
mais ceux des nôtres qui en prirent la peine pour Dieu enterrèrent tous les chrétiens
et jetèrent dehors les Sarrasins qu'ils avaient tués avec les porcs, qui puaient tant
qu'on no pouvait l'endurer.
Le dimanche, le lundi et le mardi, le roî lit travailler au mur de Jaiïe. ik où on
vil des brèches, si bien (pi' on le redressa un peu . autant qu'on le pouvait sans mortier
et sans chaux, pour se défendre s'il en était besoin. Mais l'ost était dehors, sous les
tentes, où il semblait plus nécessaire de veiller.
Les Mamelons de Salahadîn, ceuv d'Alep, les (Jurdiris, les troupes légères des mau-
dits païens so r<''unircnL en assemblée, et dirent qu'ils étaient déshonorés d'avoir aban-
donné Jaffe devant des ennemis aussi peu nombreux et qui n'avaient pas de chevaux.
Après avoir beaucoup discouru. Ils se lièrent par serment et se promirent de prendre
le roi dans sa tente et de le mener à Salahadin. Voïlè à quoi ils s'engagèrent.
Voilà que le comte Henri de Champagne vint de fii^saîrc avec les siens dans une
galère. L'ost i^taîl venue jusqu'à Césaire et y était arr<!lée malgré elle à cause des
Sarrasins qui gardaient les fleuves et guettaient les passages, si bien tpie le roi n'eut
aucun secours d'euv tous, si ce n'est du comte son neveu. El pour résister au grand
danger qu'on lui préparait, il n'avait en tout que cinquante chevaliers, ou au plus
soixante, et des sergents, des arbalétriers preux et habiles, des Génois et des Pisans
qui se donnaient là an service de Dieu, et d'autres gens ju,s(]u'ii deux mille. Et depuis
la reprise île la ville, il ne pitl avoir plus de quinze chevaux ramassés [comme on
avait puj, de bons et de mauvais. Ce manque de chevaux aurait fait périr ses gens si
Dieu ne les avait garantis des Turcs et de leur entreprise.
Ecoutez un grand miracle qui mérite qu'on s'en émerveille, que nos gens n'aient
pas été tous pris le mercredi, lors de cette conjuration faile pour s'emparer du roi,
si Dieu ne l'avait protégé. La nuit, à l'heure de matines, les Sarrasins montèrent à
cheval. Ils lacèrent leurs heaumes, se mirent en ordre et chevauchèrent h la lune.
Là Dieu fit une de ces bontés qui augmentent sa gloire, et. quand il fait une belle
oeuvre, il est bon de la raconter. Les voilà dans la plaine, chevauchant serrés; Dieu lui-
même iil surgir une querelle entre lei> Cordins et les Mamelons pour savoir lesquels
&5â
l.'IllSTOiaE DE LA GUERRE SAISIE.
descendraient à pied et arri^teraient nos gens pour les empêcher de rentrer dans la ville
et d'y trouver un abri. Chacun disait : «C'est à vous de descendre. — Non. c'est à
rfvous. — Non. c'est à vous. — Non , c'est à vous par ju.itice; nous avons plus le droit
"d'être à cheval.» Ils chevauchèrent Rinsi en se querellant, et leur discussion dura si
longtemps qu'ils virent arriver le jour clair, comme Uieu l'avait arrangé. Le roi dormait
dans sa tente. Ecoutez une belle aventure d'un Génois qui. juste au point du jour,
s'était levé et était allé dans la Lerruie. (iomrae it voulait revenir, il entendit les Turcs
qui arrivaient, et, baissant la têle, il vit les heaumes qui reluisaient. Aussitôt il cria, sans
s'arrêter un instant, à nos gens d'aller tous aux armes et de s'armer. Aux cris, le roi
s'éveilla, qui eut ce jour beaucoup de fatigue. Il sauta de son lit sur ses pieds et endossa,
je le suppose, un haubert fort et brillant. Il ordonna qu'on éveillât aussitôt ses com-
pagnons. Il ne faut pas s'étonner si , dans une telle surprise , ils mirent quelque trouble
à se vêtir et à s'armer. Je peuï bien vous assurer qu'ils furent si hâtés, le roi et beau-
coup d'autres avec lui. qu'ils durent combattre, ce jour-là, les jambes désarmées,
nues et couvertes par le ciel seul. Il y en eut m^me qui étaient tout nus, sans braies,
et qui reçurent des plaies et des coups, et c'est ce qui leur nuisit [dus que tout.
Comme les nôtres s'armaient, les Sarrasins approchaient. Le roi monta à cheval; il
n'avait pas avec lui plus de dix hommes k cheval. L'histoire dit que le comte Henri de
(Champagne était à cheval en sa compagnie; le comte Robert de Leicestre y était aussi,
et c'était justice. Bartélemi de Mortemer était à cheval, si je suis bien informé, et Raoul
de Mauléon, qui n'était jamais las de combattre, et André de Chavigni, qui était so-
lide sur ses étriers; et Girard de Fournival. accompagnant le roi à cheval; et Robert de
Saci, monté sur un pauvre bidet; el Guillaume de l'Klang, qui avait un cheval bien
recru; et Huon de Neuville, preiu et hardi sergent. Henri le Tiois, au milieu d'eux,
portnil la bannière du roi. Voilà nos gens mis en ordre contre l'ost de nos cruels
ennemis, et divisés en corps, chacun avec son commandement. Les chevaliers étaient
à gauche, vers Saint-Nicolas, sur le rivage, pour arrêter les Sarrasins. C'est là qu'il
leur fallait être, car c'est là que la plupart des Turcs se portaient avec grands cris et
grand tapage. Par devant les jardins , on avait mis des gens de plusieurs nations; W y
avait là des Pîsans et des Génois , et il serait dilTicile de vous raconter tous les assauts
qu'ils eurent à subir. Les Turcs commencèrent à tirer avec grands cris et grandes huées :
vous auriez vu là une chaude affaire , et nos bonnes gens serrés de près. Ils se mirent
à genoux, dressant devant eux leurs écus et leurs targes . tenant leurs lances dans leurs
mains. Le roi, qui s'entendait à la guerre, ftt cacher sous les larges, entre deux hommes,
un arbalétrier et un homme qui lui bandait son arbalète, et qui la lui pa.ssai( quand
il l'avait bandée. Par ce mo\en. l'ost put se défendre. Il ne faut pas douter que ceux
qui étaient dans un tel danger, el qui voyaient devant eux tant de Turcs, n'eussent peur
pour leur l£le: mais,au.sBi vrai que vous êtes ici, le roi allait au milieu d'eux, les passant
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. 455
en revue, les exhortant, avec lui Jean de Préauï qui les prêchait aussi. Ils disaient :
«C'est aujourd'hui qu'on verra ceux qui s'efforceront de bien faire tant que Dieu leur
« préservera leur corps. Il n'y a plus à penser à aulre chose qu'à vendre chèrement notre
«vie, et à attendre le martyre, puisque Dieu nous l'a envoyé. Nous sommes bien dans
«le bon chemin, puisque, par sa bonté, il nous envoie ce que nous sommes venus
«chercher. C'est ici que nous attend notre vrai salaire.» Une fois l'ordre bien établi
voici venir la masse des Turcs, nos gens tenant toujours leurs jambes Gchées dans le
sable, toutes les lances en arrêt, et prêts à les recevoir. Les escadrons des Sarrasins se
lancèrent avec un tel élan et un tel fracas, que, si dos gens avaient bougé, ils eussent
été compus. H y avait bien, si je ne me trompe, mille Turcs dans chaque escadron, et
quand ils furent près des nôtres et qu'ils virent qu'ils ne bougeaient pas, ils tournè-
rent bride en longeant les nôtres. Alors les arbalétriers tirèrent, et les Turcs n'osèrent
pas les attendre, car ils frappaient leurs corps et leurs chevaux et les renversaient.
Puis les escadrons revenaient, se rapprochaient d'eux, s'arrêtaient court et tournaient.
Ils le firent ainsi plusieurs fois. Et quand le roi et ses gens virent que ces Turcs, qui
étaient si nombreux à cheval, ne feraient pas autrement, chacun s'élança, et, le fer des
lances abaissé, se précipita au milieu de la grande presse des mécréants, et ils les
attaquèrent si rudement que tous les bataillons en tremblèrent jusqu'au troisième
rang. Le roi regarde à droite et voit tomber là le preux comte de Leiceslre, qui, aj>rès
s'être très bien battu , venait d'être renversé de son cheval quand le roi vint à sa rescousse.
Vous auriez vu là tant de Turcs se lancer sur la bannière royale, qui portait un lion!
Ils emmenaient prisonnier Raoul de Mauléon; mais le roi donna des éperons à son
cheval , tant qu'il l'ôta de leurs mains. Le vaillant roi était au milieu de la presse des
Turcs et des Persans; jamais aucun homme, fort ou faible « ne fit tant de prouesses en
un jour. Il se lançait au milieu des Turcs et les fendait jusqu'aux dents. Il s'y lança tant
de fois, leur porta tant de coups et se donna tant de mal, que la peau de ses mains en
creva. Voici venir un Sarrasin qui, sur un destrier rapide, s'écartait des autres Turcs:
c'était le preux Safadin d'Arcade, celui qui faisait les grandes prouesses et les grandes
libéralités. Il arriva grand train, comme je vous l'ai dit, avec deux chevaux arabes
qu'il envoya au roi d'Angleterre, et il lui fit demander, pour ses prouesses qu'il
vovait, et pour son grand courage, d'y monter à telles conditions que, si Dieu le
tirait de là sain et sauf, il lui en rendrait quelque récompense. Il en eut plus tard un
riche salaire. Le roi les prit volontiers, et dit que, dans le grand besoin où il était, il en
prendrait encore bien d'autres de son plus mortel ennemi, s'il lui en venait. La bataille
grandissait toujours; on n'en a jamais vu de telle. Toute la terre était couverte des
dards des Sarrasins; on les ramassait à brassées. Il y eut là tant de gens blessés que
les rameurs des galères s'enfuirent dans les galères où ils étaient venus. Fuir dans un
tel moment, c'est grandement se déshonorer! Voici le cri du côté de la ville, que les
37
larMIMKRIK RATIOIIALr.
456 L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Turcs y arrivaient en masse, voulant surprendre nos gens par devant et par derrière.
Le preux roi, lui troisième de chevaliers, y vint avec sa bannière ^^\
et, dès qu'il y entra, il rencontra dans un chemin trois Turcs richement montés. Il les
frappa royalement, et leur donna une si rude atteinte qu'il les tua, et il gagna là deux
chevaux. Il chassa hors de la ville les autres Turcs, fit boucher, de haut en bas, la
VI, mil. porte par où ils étaient entrés, et mit des gardes pour la garder. Ensuite, il alla droit
aux galères oîi ses gens s'étaient sauvés dans leur angoisse et grande peur; et Richard,
le fils de prouesse, leur rendit à tous le courage. Il les décida à revenir à terre et les
remit avec les autres, si bien qu'il ne res(a dans chacune des galères que cinq
hommes. Avec le surplus, il s'en revint à l'ost, qui n'avait toujours pas de repos. C'est
alors qu'il fit cette charge audacieuse dont on n'a jamais vu la pareille. Il se lança au
milieu des mécréants si profondément qu'ils le recouvrirent et que ses gens ne le virent
plus. Il s'en fallut de peu qu'ils ne se jetassent après lui et qu'ils ne rompissent leurs
rangs; ils auraient tous été perdus. Mais le roi ne se troublait pas. Il frappait avant et
arrière, et avec l'épée qu'il tenait il se frayait passage partout où il la menait. Qu'il
frappât un homme ou un cheval, il abattait tout. C'est là qu'il fit, si je ne me trompe,
le coup du bras et de la tôte ensemble d'un émir armé de fer, qu'il envoya droit en
enfer. Et, quand les Turcs virent ce coup, ils lui firent une si large place qu'il revint,
Dieu merci, sans dommage. Mais sa personne, son cheval et son caparaçon étaient si
couverts des flèches que les ennemis lui avaient lancées à l'envi, qu'il ressemblait à un
hérisson. C'est ainsi qu'il revint de la bataille, qui dura toute la journée, depuis le
matin jusqu'au soir, si cruelle et si furieuse que, si Dieu n'avait pas soutenu les nôtres,
ils auraient été perdus; mais il était avec nous, nous le vîmes bien, puisque ce jour-là
nous ne perdîmes qu'un ou deux hommes, et ils perdirent plus de quinze cents chevaux,
qu'on voyait étendus de tous côtés, et, avec eux, plus de sept cents Turcs qui gisaient
là, morts. Et, malgré tous leurs efforts, ils n'emmenèrent pas le roi, qui avait fait là,
devant leurs yeux, ses grandes prouesses. Ils s'ébahissaient tous des faits d'armes qu'ils
lui voyaient accomplir, à lui et à d'autres qui, avec lui, s'exposaient à la mort.
V. 1 iG53. Quand Dieu , dans sa bonté, eut ainsi délivré le roi et les chrétiens du peuple païen,
VI. xxir. et que l'ost se fut retirée, on raconta une parole du Soudan Salahadin. Il demanda à
ses Sarrasins, pour les railler de leur déconfiture : «Où sont ceux qui ont pris le roi?
ftOùesl celui qui me l'amène?» Un Turc d'un pays lointain lui répondit: t^ Sire, je vous
tle dirai sans mentir de rien. On n'a jamais vu un tel homme, si preux, si avisé et si
^ éprouvé aux armes. Les siens le trouvaient prêt à tous leurs besoins. Nous nous sommes
«donné beaucoup de peine et nous avons frappé de grands coups; mais nous n*avons
«jamais pu le prendre, car personne n'ose attendre son coup, tant il est adroit et hardi. »
t*^ Tiacunc d'un ver» sans importance.
VI. xxf.
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. 457
Seigneui^, ne douiez pas que les Turcs ne le connussent fort bien et qu'ils ne l'eussent
pris là sans Dieu et sans sa grande maîtrise d'armes; car il fit lant de prouesses, et il
y peina tant, lui et les autres prudhommes, qu'ils en tombèrent malades, tout près
de nos ennemis maudils, tant delà fatigue de cette journée que de la charogne dont la
ville était si infectée et leur santé si atteinte qu'il s'en fallut peu qu'ils n y mourussent
tous, le roi et les autres.
Pendant que le roi était à Jaffe, malade et en fâcheux état, Salahadin lui fil dire V. 11691.
qu'avec ses Sarrasins il viendrait l'y prendre s'il osait l'y attendre. Le roi lui fit répondre vi, x«i.
aussitôt que, s'il pouvait croire cela , il l'y attendrait, et que nulle part, tant qu'il pourrait
se tenir sur ses pieds ou s'arrâter sur ses genoux, il ne fuirait devant lui un pied de
terre. 11 acceptait ainsi la guerre, et Dieu savait bien pourtant dans quel état il était
quand il parlait si noblement! Alors il envoya, dit l'histoire, le comte Henri à Césaire
chercher les Français, ceux qui étaient arrivés auparavant, et les autres gens qui y
étaient, leur faisant dire de venir et de défendre le pays. Il leur rappela leurs enga-
gements et leur fit savoir le triste étal où il était. Mais ils ne voulurent pas le secourir,
et ils l'abandonnèrent à un danger dont il ne serait pas sorti s'il n'avait accepté la
trêve : [cette trêve fut blâmée de plusieurs ^^\] mais personne n'aurait dà l'en blâmer,
car les Turcs seraient venus le prendre, il y aurait souffert dommage de son corps, et
Escalone aurait été perdue. Escalone aurait certainement été prise. Sur et Acre auraient
été en grand danger.
Le roi était à Jaffe, inquiet et malade; il pensa qu'il s'en irait de là, à cause de la V. ]i7a5.
faiblesse de la ville, qui n'offrait pas de résistance. 11 fit venir alors le comte Henri, le vi, uni.
fils de sa sceur, les Templiers et les Hospitaliers. Il leur exposa le mal qu'il avait au
cœur et à la télé, et leur dit qu'il fallait que les uns allassent à Escalone pour la garder,
et (]ue les autres restassent là et gardassent Jaffe, et que lui s'en irait à Acre pour se
faire soigner. Il déclara qu'il ne pouvait agir autrement. Que vous dirai-je? Tous s'y
refusèrent, et répondirent tout net que jamais ils ne garderaient de places fortes sans
lui et n'y tiendraient garnison, et ils s'en allèrent sans en dire plus. Voilà le roi bien
courroucé. Quand il vit que le monde entier, qui n'est guère loyal ni pur, lui faisait
complètement défaut, il fut troublé, déconcerté et dans un grand embarras. Sei-
gneurs, ne vous émerveillez pas s'il fit du mieux qu'il put selon le temps où il était;
car celui qui craint la honte et cherche l'honneur de deux maux choisit le moindre. Il
aima mieux demander une trêve que laisser la terre en grand péril, car les autres
l'abandonnaient tous, et gagnaient ouvertement leurs vaisseaux. Alors il manda au
frère de Salahadin, Safadin, qui l'aimait beaucoup à cause de sa prouesse, qu'il s'oc-
cupât sans retard de lui obtenir la meilleure trêve qu'il pourrait, et que de son
(*) Vers snpplëë diaprés le lalin.
37.
/i58 L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
côté il racooptcrail. Safadin s*en occupa beaucoup, ci il conduisit si bien les choses
que la trêve fut déterminée par Salahadin aux conditions suivantes : Escalone, qui
lui était très importune, serait rasée, et personne ne pourrait la fortifier jusqu'à trois
ans; mais alors celui qui serait le plus fort l'aurait et la relèverait; Jaffe serait fortifiée
de nouveau et repeuplée par les chrétiens; tout le reste de la plaine, le long de la mon-
tagne et de la mer, où personne n'habitait alors, serait en tr(?ve loyale et sûre, et ceux
qui voudraient observer la trêve pourraient, en toute sûreté, aller visiter le Sépulcre
et revenir; les marchandises parcourraient le pays sans payer de tribut. Telles furent
les conditions. Ainsi fut écrite la trêve et reportée au roi, et lui, qui était sans se-
cours, et si près des ennemis que leur ost n'était pas à plus de deux lieues, accepta la
trêve dans ces conditions, et celui qui raconterait l'histoire autrement en mentirait.
Quand la trêve eut été apportée au roi, et qu'il l'eut ratifiée, voyant qu'il ne pouvait
V. 11801. faireautrement,ilneput taire ce qu'il avait sur le cœur. Il manda à Salahadin (et maints
vi,xiTin. Sarrasins l'entendirent) et lui fit dire expressément qu'il'n'avait pris cette trêve, en
toute vérité, que pour trois ans, l'un pour s'en aller dans son pays, l'autre pour ras-
sembler des hommes, le troisième pour revenir et conquérir le pays, s'il osait l'attendre.
Le Soudan lui fit répondre par ceux qu'il envoya pour cela que, par sa loi et le Dieu
(|u'il croyait, il prisait tant sa prouesse, son grand cœur et sa vaillance, que si la
terre devait être conquise de son vivant, Richard était de tous les princes qu'il con-
naissait celui qu'il aimerait le mieux qui la conquit et qui la lui enlevât de force. Le roi
pensait bien faire ce qu'il disait, et recouvrer le Saint Sépulcre; mais il ne voyait ni ne
savait ce qui lui pendait à l'œil.
Quand cette trêve fut jurée et ratifiée des deux parts, que les conditions furent bien
V. ii83i. établies et que les chartes en furent faites, le bon roi se fit porter à Caïphas, sur le
VI , «II. bord de la mer, pour se guérir et se remettre, et il y prit des remèdes. Les Fiançais qui
VI, xxï. séjournaient à Acre désiraient retourner en France; [toutefois ils déclaraient d'abord ^^^]
qu'ils iraient faire leur pèlerinage; et cependant il avaient blâmé et raillé la trêve, ils
avaient refusé de défendre Jaffe et de secourir le roi. Quand le roi sut qu'ils voulaient
avoir un sauf-conduit pour faire leur pèlerinage, il envoya aussitôt ses messagers à
Salahadin et à Safadin, leur demandant de ne laisser aller aucun chrétien, jeune ou
vieux, à Jérusalem, s'il voulait qu'il tînt les conditions de la trêve, sans ses lettres ou
celles du comte Henri. Quand les Français connurent ce message, ils en furent si fâ-
chés que la plupart, dès qu'ils le purent, préparèrent leur bagage et s'en retournèrent
en France.
Quand la plupart des Français furent partis, ceux qui avaient dit le plus de mal du
V. 118O3. roi et qui l'avaient le plus empêché, auxquels il ne pouvait avoir aucune confiance,
^') Supptéé d'après le lalin; il manque peut-élre trois vers.
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. /i59
il fil faire une proclamation portant que ses gens pouvaient aller au Sépulcre, et qu'ils
devaient porter leurs offrandes à Jaffe pour aidera refaire les murs. Que vous dirai-je?
Ils allèrent au Sépulcre ensemble en trois corps, sous le commandement de trois conné- vi, xt.i.
tables. Le premier fut André de Chavigni : il y a à Cluni des moines qui ne le valent
pas; le second fut Raoul Tesson, grand ami des chansons et de la musique; l'évèque
de Salisbury, qui depuis fut fait archevêque, conduisit la dernière troupe. Je sais tout
cela pertinemment. Quand les chefs furent en possession des chartes, les pèlerins se
mirent en marche et partirent en rangs serrés. Ecoutez les malheurs qui arrivent souvent,
et de bien des manières, aux gens qui ont les meilleures intentions. Comme, dans leur
voyage, ils passaient par les plaines de Rames, les barons parlèrent ensemble et déci-
dèrent qu'ils enverraient dire à Salahadin qu'ils venaient à Jérusalem, avec les lettres du
roi d'Angleterre, pour visiter le Sépulcre.
Ceux qui portaient ce message étaient sages et prudhommes; mais toute leur V. ij8î,9.
prouesse faillit mai tourner par leur négligence ou leur péché. L'un était Guillaume
de Roches, sur la tête duquel le heaume seyait bien; les autres, Girard de Fournival
et Pierre de Préaux. Ils descendirent à cheval par les plaines de Rames, et s'avancèrent
jusqu'au Toron des Chevaliers. Ils s'arrêtèrent là, cherchant Safadin, dont ils voulaient
avoir le sauf-conduit. La vérité est qu'ils s'y endormirent, et ils y restèrent si long-
temps que, beaucoup après relevée, les pèlerins marchaient en bon ordre, ils avaient
passé la plaine et étaient près de la montagne quand ils se retournèrent, et virent
venir, seulement alors, monseigneur André et ceux qui étaient avec lui, ceux qui
devaient faire le message. Quand ils les virent et reconnurent, ils s'arrêtèrent tout
ébahis : c(Ah! seigneur Dieu! dirent les hauts hommes, nous sommes perdus si les
t? Sarrasins nous aperçoivent! Voici venir ceux qui devaient porter notre message. Nous
(tne nous conduisons pas sagement, car voilà le soir qui approche, et l'ost des Sar-
ccrasins n'est pas licenciée. Si nous allons de leui; côté sans les avoir fait prévenir, ils
tenons attaqueront, et nous y perdrons la vie; car, nous et nos gens, nous sommes
((partis tout désarmés.» Ils blâmèrent les messagers, et cependant les prièrent et les
pressèrent fort de reprendre leur voyage. Ceux-ci allèrent vers Jérusalem; ils trou-
vèrent plus de deux mille Turcs campés hors de la ville. Ils cherchèrent tant l'émir
Safadin qu'ils le trouvèrent, et lui dirent que nos gens venaient, portant des chartes du
roi, et qu'ils lui demandaient sauf-conduit et protection. Safadin leur fit do grands re-
proches, et dit que c'était une folie entreprise, et que celui-là avait donné un conseil
insensé qui avait amené là ces gens, et qu'ils tenaient peu à la vie, pour marcher
ainsi sans sauf-conduit. Ils parlèrent tant ensemble que la nuit commençait déjà. La
troupe des chrétiens arrivait, sans armes et sans direction. Quand les Sarrasins les
virent, ils leur firent une telle mine que je vous dis en vérité qu'il n'y avait pas dans
la troupe un seul homme si hardi qui n'eût été heureux de se retrouver à Acre ou à
A60 KHISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Sur. Ils passèrent cette nuil-Ià près d'un mur, et sachez qu'ils étaient en grande crainte.
Le lendemain, les Sarrasins vinrent devant Salahadin, et s'agenouillant à ses pieds, ils
vi.iiui. lui firent leur requête et prière, lui disant : c(Ah! soudan, il serait bien juste et
«opportun de nous venger maintenant du massacre qu'ils ont fait des nôtres devant
((Acre. Sire, laisse-nous venger nos pères, nos fils, nos frères et nos parents que
ft ceux-là ont tués. Chacun de nous peut maintenant se venger.)) Il répondit » comme
de raison , qu'il en parlerait à ses conseillers. Ceux-ci s'assemblèrent devant le soudan
et examinèrent de {)rès la chose. Là étaient les plus hauts des Sarrasins, le Mestoc
avec^'^ Safadin et Bédreddin Dorderon. Us dirent : «Sire, nous vous dirons ce qui con-
envient à votre grandeur. Ce serait une trop grande vilenie et un grand blâme pour
cela loi païenne si ces chrétiens, qui sont ici en notre pouvoir, et qui ont pleine
çç confiance, étaient lues de cette manière, pendant qu'il y a trêve entre nous et le roi
c( d'Angleterre ; si vous faisiez une telle infraction, pour quelque raison que ce soit,
«comment pourriez-vous jamais tenir terre, et qui pourrait jamais se fler à nous?*
Aussitôt Salahadin prit ses sergents, et fit dire, par Safadin, qu'il ordonnait que les
chrétiens fussent protégés et qu'ils eussent un sauf-conduit pour aller et venir au
Sépulcre et faire leur pèlerinage. Et on les traita encore plus honorablement jusqu'à
ce qu'ils reprissent le chemin d'Acre.
V. iaoi3. Comme ceux-là s'en revenaient, ceux de notre bande arrivèrent. C'était juste au point
VI. ixim. du jour. Le soudan avait fait placer des gens qui gardaient les chemins quand les pèle»
rins passaient, si bien que nous passâmes sûrement. Nous franchîmes le^ montagnes
et vînmes à la inonjoie^'^K Nous eûmes alors grande joie au cœur, de Jérusalem que nous
voyions : nous nous agenouillâmes à terre, comme le font et doivent le faire tous ceux
qui viennent là. Nous vîmes le mont des Olives , d'où partit le cortège qui menait Dieu vers
sa passion; puis nous allâmes vers la cité oii Dieu conquit son héritage. Les chevaliers
qui étaient dans la première troupe avaient pu baiser le Saint sépulcre, et, quand ils
furent avec nous, ils nous racontèrent que Salahadin leur avait montré et fait baiser et
adorer la sainte croix qui avait été perdue dans la bataille; mais nous autres qui étions
à pied nous vîmes ce que nous pûmes. Nous vîmes surtout le monument oi!^ fut mis
le corps de Dieu après sa mort : on y fit quelques offrandes; mais ce que noâ gens y
mettaient, les Sarrasins le prenaient; aussi nous y offrîmes peu, et nous distribuâmes
l'argent aux captifs francs et syriens qui étaient là attachés et en servage. Nous leur
portâmes notre offrande, et ils disaient: «Dieu le leur rende!» Nous fîmes ensuite
une autre visite : nous allâmes à droite sur le mont du Calvaire, là où mourut celui
qui daigna naître pour nous, là où la croix fut plantée et la chair divine percée de
^') Il faut lire o dans le loxle au lieu de a,
'') Voyei au GIosBaire Texplicalion de ce mot (cf., ci-dessus, p. à 38).
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. 661
clous, là où la roche se brisa et se fendit jusqu'au Golgotha; nous vtmcs ce lieu et
nous le baisâmes. De là, nous allâmes à l'église du mont de Sion, qui était restée
toute ruinée. Nousvimes, à gauche, le lieu où la mère du roi des cieux fut portée dans
le ciel à Dieu son père, qui avait fait d'elle sa mère : nous le baisâmes en pleurant. Puis
nous courûmes voir la sainte table où Dieu s'assit et mangea : nous la baisâmes aussi;
mais nous n'y restâmes guère, car les Sarrasins nous volaient nos pèlerins, et les ca-
chaient dans les cavernes par trois ou par quatre; c'était là notre grande pour. Nous
descendîmes ensuite, les gens à pied et ceux à cheval, suivant le conseil qu'on nous
avait donné, dans la vallée de Josaphat jusqu'à Siloé. Là nous vtmes la sépulture du
corps où Dieu prit naissance : nous la baisâmes volontiers, le cœur plein de tendresse
et de dévotion. Puis nous allâmes, toujours très inquiets, dans la grotte même où était
Dieu quand il fut pris par ceux qui mirent à mort son saint corps. Pleins de pitié et de
désir, nous baisâmes ce lieu et nous pleurâmes à chaudes larmes, et il y avait bien
de quoi, car là étaient les écuries des chevaux des serviteurs du diable, qui souillaient
les lieux sanctifiés et menaçaient nos pèlerins. Nous partîmes enfin de Jérusalem et
nous revînmes à Acre.
La troisième troupe fut amenée par l'évéque, celui qui plus tard fut archevêque de v. ijtoi
Gantorbéry, et il est vrai qu'à cause de sa renommée, de son mérite et de sa dignité, vi. xxxit.
Salahadin lui fit faire tout l'honneur que je vais vous dire. Il envoya des gens à sa ren-
contre pour le prier de vivre avec lui à ses frais; mais Tévêque s'en excusa et répondit
aux Sarrasins que, comme il était pèlerin, il ne pouvait pas accepter d'être défrayé.
Alors Salahadin ordonna à ses gens de prendre le plus grand soin de l'honorer lui et les
siens; il lui fit maint beau présent et le fit conduire par tous les lieux où notre seigneur
Dieu a passé. Ensuite il l'invita à une entrevue pour le connattrc. Il lui montra la
sainte croix, puis il le fit asseoir devant lui. Ils restèrent longtemps ensemble et par-
lèrent. Salahadin se mit à lui faire des questions sur les qualités du roi d'Angleterre, et
il lui demanda ce que les chrétiens disaient de celles qu'il avait lui-même. L'évéque
répondit : ctSire, quant à mon maître, je peux bien dire que c'est le meilleur chevalier
«et le meilleur guerrier du monde. Il est libéral et rempli de bonnes qualités. Je no
ce tiens pas compte de nos péchés, mais si on pouvait réunir ses qualités avec les vôtres,
«nous disons bien que dans le monde entier on ne trouverait pas deux princes pareils.
« aussi vaillants et aussi éprouvés. » Le Soudan écouta l'évéque et lui dit : «Je le sais, le
«roi a beaucoup de vaillance et de hardiesse; mais il se lance si follement! Quelque
«haut prince que je fusse, j'aimerais mieux avoir de la libéralité et du jugement avec
«de la mesure, que de la hardiesse avec de la démesure. » Quand Salahadin eut ainsi
parlé longtemps à l'évéque par interprètes, et l'eut écouté avec plaisir, il lui dit de lui
demander un don, celui qu'il voudrait, tel qu'il pût le lui donner, et qu'il sût qu'il
l'aurait. L'évéque le remercia et lui dit : «Par ma foi, c'est une grande chose, si on la
/i62 LllISTOiaE DE LA GUERRE SAINTE.
r. comprend ; mais , s'il vous plaît , j'allendrai : j'en demanderai conseil à Dieu ce soir, el je
«reviendrai demain.» Le Soudan le lui permit. Le lendemain il fit sa demande, et ce fut
une grande chose qu'il obtint; il demanda qu'au Saint Sépulcre, qu'il avait visité, et où
Dieu n'avait pas de service, si ce n'est de Syriens qui l'honoraient à leur façon, il y eût
deux de nos praires latins qui, tous les jours, matin et soir, y fissent le service comme
les Syriens, avec deux diacres pour les aider, et vécussent des offrandes; et qu'il en fût
h Bethléem et à Nazareth comme ù Jérusalem. Le soudan voulut qu'il en fût 'ainsi
tant qu'il posséderait le pays. Le bon évoque fit chercher aussitôt les prêtres et les fit
chanter [leurs messes]. Il put se vanter d'avoir remis Dieu en possession des chants
qu'il n'avait plus. [Quand ils eurent visité Jérusalem ^*^] et qu'ils eurent fait ce qu'ils
avaient voulu, ils prirent congé de Salahadin, partirent de Jérusalem et s'en retour-
nèrent à Acre.
V. 19 19?. Quand les gens, petits et grands, furent tous revenus du Saint Sépulcre, et que les
\i, Tixv. vaisseaux furent prêts, les pèlerins y entrèrent et mirent à la voile dès qu'ils eurent du
vent. Bientôt les vaisseaux furent séparés et jetés de côté et d'autre. Des pèlerins, les
uns arrivèrent à bon port où ils allaient, les autres firent naufrage et se trouvèrent en
grand péril en des lieux divers. D'autres moururent sur mer et eurent une sépulture
amère. Amère? non, douce, car dans le royaume d'en haut ils en sentirent la douceur.
Quelques-uns y prirent des maladies dont ils ne guérirent jamais. D'autres avaient laissé
on Syrie leurs pères, leurs frères, leurs cousins germains, morts dans les batailles ou
de maladie, dont ils avaient grand deuil. De même que les martyrs ont souffert pour
Dieu des martyres divers et ont ainsi quitté ce monde, de même, j'ose bien le dire,
ceux qui entreprirent ce pèlerinage eurent des souffrances diverses et passèrent par
diverses aventures. Mais beaucoup de gens ignorants ont dit depuis, follement, qu'ils
n'avaient rien fait en Syrie puisqu'ils n'avaientpas conquis Jérusalem. Ceux-là n'étaient
pas bien informés : ils blâmaient ce qu'ils ne connaissaient pas et où ils n'avaient pas
mis les pieds. Mais nous-mêmes, qui y avons été et qui avons vu ce qui se passa, et qui
avons connu les maux qu'on eut, nous ne devons pas mentir sur les maux que nous
vîmes de nos yeux souffrir aux autres pour l'amour de Dieu; et j'ose dire, en prenant
à témoin ceux qui y furent, qu'il mourut bien là cent mille hommes parce qu'ils
s'abstenaient de femmes : c'étaient des gens qui s'en tenaient à l'amour de Dieu, et
ils ne seraient pas morts sans cette abstinence. Et j'ose bien encore vous garantir que,
tant de maladie que de famine, il en mourut bien plus de trois mille au siège d'Acre
et dans Acre même. Et les prudhommes qui avaient leur chapelain, qui entendaient
leur service [chaque jour], comme un évêque ou comme un saint archevêque, et qui,
atteints par les maladies qui couraient, mouraient au milieu d'une telle vie, ceux-là
(I)
Il rofinqae deux vers, auxquels ne répond rien dans le latin.
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE. 463
seront à la droite de Dieu dans la Jérusalem céleste : de (elles gens par leurs bonnes
actions ont conquis l'autre Jérusalem.
Quand Richard le roi d'Angleterre fut resté dans la Terre Sainte tant que le mo- V. laaSy,
ment de partir fut venu, il fit préparer son passage : son vaisseau fut équipé de telle vi, xxi»i.
sorte que rien n'y manquait en hommes, en armes, en approvisionnements. II se con-
duisit alors en homme preux, généreux çl loyal, car, pour Guillaume de Préaux qui
avait été fait prisonnier pour lui, il rendit dix nobles Sarrasins qui auraient rapporté
beaucoup d'argent; mais il y renonça pour ravoir Guillaume. 11 fit crier partout qu'il
payerait ce qu'il devait, afin qu'il n'y eût ni plaintes ni exactions, cl il fit tout rendre
et acquitter.* Quand il prît congé, vous auriez vu les gens le suivre en pleurant ten-
drement, en priant pour lui, en rappelant sa prouesse, sa valeur et sa libéralité. Ils
disaient : «Ah! Syrie, comme tu restes maintenant dépourvue d'aide! Dieu! si la trôve
(c était maintenant rompue comme elle l'a été mainte fois , qui serait là pour nous défendre ,
«tune fois le roi parti?» Là pleuraient beaucoup de gens. Le roi, qui était encore très
souffrant, ayant pris congé d'eux, entra en mer sans plus attendre et fit ouvrir les
voiles au vent. Il vogua pendant la nuit aux étoiles. Au matin, quand l'aube parut, il
tourna son visage vers la Syrie et dit, ses gens l'entendirent et les autres le comprirent :
«Ah! Syrie, je te recommande à Dieu, et puisse Dieu me donner encore, s'il lui plaît,
«assez de temps pour que je te fasse secours! Car je pense encore te secourir. » Alors
son vaisseau l'emporta au loin; mais il ne savait pas les grands maux, les ennuis et
les peines qui lui pendaient devant les yeux, et les tourments qui l'attendaient par la
trahison préméditée qui fut mandée de 3yrie en France au roi, au sujet des Hausassis.
Il fut ainsi pris et jeté en prison, étant en pèlerinage et sous le sauf-conduit de Dieu,
ce qui permit de prendre son patrimoine et ses châteaux de Normandie par convoitise
et par envie. Ensuite il fut racheté moyennant une rançon d'argent pour laquelle il
lui fallut tailler son peuple et prendre dans les églises les croix, les reliquaires, les
calices, les vases, et Tor et l'argent. Il en était en si grand besoin que, de tous les saints
et saintes de Dieu, il n'y en a pas un qui, sans mourir, ait plus souffert pour Dieu
que ne fit le roi dans sa prison en Autriche et dans la riche Allemagne. Mais Dieu
qu'il avait servi ^^^ , et son sens, et sa libé-
ralité, sa prouesse et sa prévoyance, et les barons qui envoyèrent pour lui leui*s fils
en otage, tant qu'il revendiqua sa terre sur le roi de France et lui fit la guerre, et
il fit si bien qu'il recouvra autant ou plus qu'on ne lui avait enlevé. Dieu conduit
toujours si bien ce qu'il fait qu'il rémunère équitablement celui qui a souffert à son
service.
Sachent tous ceux qui sont maintenant et tous ceux qui viendront que l'histoire finit V. laSAi.
(') Il paraît y avoir une lacune d^au moins deux vers, qu*on ne peut combler avec sûreté.
38
i6à LHISTOIRË DE LA GUERRE SAINTE.
ici, el ussure comme vérité certaine que l'année où la croix fut conquise [ci prise par
les Sarrasins^')] il y avait mille cent quatre-vingt-huit ans, le Uvre l'ailirme, depuis
le temps de Tincarnation , où prit naissance le fils de Dieu, qui vit et règne avec
son père. Puisse-t-il nous mettre tous dans son royaume! Ameti.
t') Vers manquant restitué |>ar conjecture.
GLOSSAIRE.
3><
L^ Glossaii-c qui suit nn contient pas tous les mots du texte : on y a compris tous ceux qui n^exis-
tent plus en français moderne ou qui se présentent dans le texte avec une forme ou un sens assez
différents de ceux du français moderne pour créer une difficulté au lecteur, et en outre quelques mots
dont il a paru intéressant de noter Tapparition dans un texte littéraire dès le xu* siècle.
Les têtes d articles of&ent les mots sous la forme qu^ils ont dû avoir dans la langue de Touteur
et qui est constatée dans Tintroduction grammaticale; quand cette forme n'est pas repr^entée dans
le manuscrit, elle est placée entre crochets. Les formes du manuscrit sont placées à leur ordre al-
phabétique, avec renvoi h la forme normale (on Ta souvent né^igé quand la forme fautive occuperait
le même rang alphabétique que la forme restituée). Toutefois, sauf un petit nombre d'exceptions, on
s est contenté d'enregistrer, comme articles à part, l'infinitif des verbes et l'accusatif singulier des
noms ou pronoms.
Tout substantif est enregistré à l'accusatif sidgulier, tout adjectif & l'accusatif masculin singulier,
sans que ce soit expressément mentionné. La note pL seule indique que le mot est h Taccusatif plu-
riel, la note/, qu'il est au féminin. La note s. indique que le mot est sujet (ce qui n'implique pas
toujours qu'il ait la forme du nominatif). Le singulier est toujours donné avant le pluriel, le mascu-
lin avant le féminin , la forme du régime avant celle du sujet.
Dans les verbes, l'infinitif est toujours mis en tète de l'article. Tous les temps, sauf indication oon«
traire, sont h l'indicatif; ils sont ainsi marqués : pr. = présent, tmj/. = imparfait, jy« = par&it,
/u/. = futur, coiid, = conditionnel. Les modes autres que l'indicatif sont ainsi marqués : tmpér, == impé-
ratif, sbj, ^ subjonctif Un p. seul désigne le participe passé. Le participe présent et le géréndif sont
également marqués par ffér. => gérondif* Les personnes sont marquées par les chiffres i , 9 , 3 , il , 5, 6 ,
les trois derniers chiffres désignant les trois ])ersonncs du pluriel.
Dans les \erhes comme dans les noms , une indication donnée pour une forme s'applique aussi à la
fonne suivante, si celle-ci ne porte aucune indication nouvelle; quand elle porte seulement une sous-
indication, il faut suppléer l'indication plus générale qui précède. Ainsi fffut. i larai, à larroHiJi,
signifie que larai est la première personne du singulier, larrons la première personne du pluriel dtt
futur de laier; (fp. remis, f. remise, pi. remises m indique que remis est l'accusatif masculin singu-
lier, remise le féminin singulier, rémises le féminin pluriel du participe passé de remaneir»
Quand la traduction d'un passage cité contient les noms et verbes aux mêmes nombres, genres,
fonctions, temps, modes et personnes que le texte, ou que ces données résultent clairement de la
traduction, les indications cinlessus expliquées sont omises. Ainsi rtdesvoierent, détournèrent n , mais
ffimpf. G desvoleient, desvoloient, pf. 6 desvoldrent, ne pas vouloir, se refuser h*).
Pour plus de clarté , on a introduit dans le Glossaire l'usage du tréma pour distinguer ai, ei, oi, ié,
né y eu, où en deux syllabes des diphtongues ai, ei, oi, ie, u?, ou: pais, feîs, roUlier, crier, huer,
fteûr, pour.
GLOSSAIRE.
A, A. Avec le, art masc. sg.^ a se combine en al,
avec let, art. pi. m. et f., en «u; on trouve cepen-
dant au V. 6395 a la maceê; cf. Tobler, Le Yen
fronçai», p. 36« — A contenu dans al n*est pas
répéta, comme on s^y attendrait, v. 6t \ Al heeoing
Deu e ia clamor, — A peut exprimer entre un sub-
stantif et un autre le rapport de possession : li peree
aljoefne rei 96, lafeete a ton Ui eainz 3179. — Il
signifie avec : a iço 6373, a ço 7^69, 8677» avec
cela. — Il désigne la manière : a gtwitjoie Aâo;
aforee'j^b^ i63o, ss6i, 93oo, 9766, etc., avive
force 33o6 , 6690 (ms. éd. a unef). — Auemblent
a not 3067, en viennent aux mains avec nous. —
Berbiz fuient a /ou 731, fuient devant un loup. —
Deu vint a volenté 39âA, fut dans la volonté de
Dieu. — Avoir a père ii/iS, a non 11/i/i, avoir
pour père, pour nom; avoir a ekier 9Â71, avoir en
amitié; ee tenir a /i56, se regarder [à bon droit]
comme ; quil eaveit a meieûrua 961 7, qui le connais-
sait pour malchanceux. — A devant un infinitif au
sens de «pour» : De vitaille a l'oet euttenir 7910.
— Au V. 1998 a est incompréhensible et sans
doute fautif.
Aaoi. Voir Eaoi.
Aaisiib : i'ert aaieiez 3690, s^était mis k son aise;
p. aaiiié, commode : vent aaùié 1 939 , vent propice.
Aahix. Voir Mbsabsmbb.
Aatib, ahatie, attaque, 6687, ii3â&; granz aatiet
3875, violentes attaques; par aatie 3737, par pro-
vocation, par défi; ]A5, à Tenvi.
Aatirb 906, comme Aatib.
[Abaissibb], sbj. impf* 3 aheiêtoêt à&Sa* baisser (de
prix).
AiARDORBB i3oâ, cédeT; e'alHmdonêr 3871, 6969, se
mettre en avant, s^exposer (dans un combat);
1035^, s*oavrir, parler avec abandon.
Abassbb, devenir bas (au sens de tardif) : relevée
abasese 11915 (: ieree)^ heure avancée de Taprès-
midi.
Abatbîx 7891, amas de choses abattues.
Abatbb i59'o, i568, renverser; pf. 3 abaU â/197
(ms. éd. emhati)^ faire baisser de prix.
Abbs 10093, s. à'abé, abbé.
Abbissibb. Voir Abaissibb.
Abitbb, habiter, p. abité 8808, fréquenter, converser;
abitee 6768 , 9869 , habitce 9 06/1 , habitée; que nuU
n'i aveit abité 9618, ce que personne n^avait réa-
lisé (î).
Abbivbb : i'abrivoient 8996, s'efforçaient; p,Labrivec
10959, lancée avec force.
Abbochibb. Voir Atbocbieb.
Absolu. Voir Asoldbb.
AçAiRTB. Voir Agbiutb.
[ AcEiirrB ] , açainte 5993 , 10171, enceinte.
ACBMBBHBNT. Voir AcB8MBBMB!fT.
AcBNBB Â858, appeler par signes.
AcBBTBB 9196, reconnaître avec certitude.
AcBSMé 9999, pi. aceemez 6997, f. acesmee 3161,
orné, paré.
[Acbshebhbtit], acemeement 6999, élégamment, en
grande parure.
AcBAisoR 9 6 /i à, 5456, cause.
AcHAMAiLLié io859 {d. S., ougBgés dans une mêlée,
aux mains.
Achat : de grant achat /i8i6, de grand prix.
AcBATBB 369, impf. 6 achatoietU A 93 6 (L Si Vacha-
totanf eneor chier), acheter.
AcHEiiBB 6977, réduite à la condition de chiens, misé-
rable.
AcHoisiBB. Voir Aquiisiib.
[AcuBBiu] : aclœroim 5765, édairde, lâcbe.
AooiL. Voir AcoBiL.
hGi
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Aoo»TEifE!iT 7606, liaison, connaissance que Ton fait
avec quelqu^un.
AcoLEX 7550, entoures dos bras, embrasses.
AcoMPAio.iiEB : 8*acompaigmereni 6007, se mirent de
compagnie, se réunirent; aeompaigmeei 17^9*
mises dans la même compagnie, jointes.
AcoMPLiB 3199, terminer.
AC05D1RI. Voir ACORDDIRE.
[AcoRDUiRi], acondire 101 5, convoyer.
AcoKsivRE 170, 690 {acun$wre)f 1G6&, 9 388,
3ooo , pf. 6 aconêuirent 1 1 1 97, p. pi. aconseû
55iâ, 870/i, acomeùe f. 778a, atteindre.
Aco5TE, aatnte G73G, pi. acontes 6696, compte.
[AcoiTTER], pr. 1 aevLhi 131 38, faire entrer en
compte.
AçoPBR : tant if^d el dreit acopee 3556, tant elle s*y
arrêta (y tomba) droit; la iert la bataille açùpn
6856, là la bataille était arrêtée.
AcoBDB 110, 969, A661, accord, pacification.
AcoBDEMERT 35i3, Bccord, arrangement; a un acor^
dément 56o5, ensemble, d*accord.
AcoBDBR : i'acorderent 10&9, tombèrent d^accord;
acordee 918,1. recordee. Voir Rbcobder.
AcoBEiT 6586, 1. a(orrw(. Voir Atobrib.
Agorbe : en acorant 8799, en courant dessus.
Agosteb 6069, approcher de cêté; acottee 6oo5,
arrivée à côte.
AcoTEB : al cKaeir jus i'acota 6876, au milieu de sa
chute il resta suspendu en s^appuyant.
AcREiBE 918, aeroire 87 56, emprunter; fi»t acroire
1861, fit accroire.
ACBOIRE. Voir AcRElBE.
[Acueil] : de grant aeoil 886 , très accueillant.
AcDis. Voir Aquis.
ACUNSITRI. Voir ACONSIVBB.
AcuNTE. Voir Ago!<te.
ACUKTIB. Voir AcOilTBB.
Adbgbbtes 1789, 6865, pour de bon, sérieusement;
5167, avec certitude.
Admirad, admirail, admirald, admirali, admirait, ad-
tniralz. Voir Amibal.
Adouc 760, alors.
Ados 10616, endroit où Ton s^adosse; lei adoêsa
a tel ados 9365, (fig.) les mit dans une telle
situation.
Adosseb 9365 , acculer; s'adosser 3 100, 3586, s'a-
dosser, tourner le dos.
[Adbbcbmirt], aèrmcemtnt 1776, réparation, redres-
sement
[Adbicibb], adrescier i339, sbj. impf. 3 adrestast
1660, 6 adresçassent 1693, p. pi. adresciez 908,
1693, dresser; 1 339, diriger; 9^^* 1660, réparer,.
redresser.
[Aobbit] : adroite 19338 (éd. a droite), droite, bien
dirigée.
Adbiscemi?it. Voir Adbecbmbht.
Adbbscieb. Voir Adbbcieb.
Adubes 1666, endurcis (fig.)*
Adtibse ii5i6. Voir EiiGBàs.
AiRDEiB (S') 3688, s'atUcher.
Afaibe 656 (masc.), affaire 880, Vaffaire 3069 (au
sujet, fém.), affaire, entreprise; de grant affaire
879, 36o3, de grande conséquence.
Afaitieb, pf. 6 afeittrent 6996, arranger; p. s. afaitiez
5976, bien appris, sage.
[Afeilbibb] : irfebloiees 7893, affaiblies.
Afibloiib. Voir Afeblbibb.
Apiitir. Voir Afaitiib.
Apbbib , pr. 3 afiert 7966, impL 3 afereil 876 , 1 109 ,
aferoit 5619, convenir, appartenir.
Afbbmbb 6199, affirmer.
Apfaibi. Voir Apaibb.
Apiahcb 11713, promesse , engagement.
Aficbiib, pr. 3 ajiche 19366, pf . 3 aficha 6806,
p. ajichié 6166 : 19366 affirmer; s'ajicha 6806,
s*affermil; pi. s. t^chié 6166, bien décidés, con-
firmés dans leur résolution.
Afilees 9170, affilées.
Afoler i566, impf. 6 efoloieni 758, pf. 6 afolerent
769, p. pi. s. afolé 9569, détruire, perdre; i566
être détruit , perdu.
AroRDiE 9963, coulée à fond.
AoBATETfré 6866, f. pi. agraventees 1999, jeté bas,
écroulé.
Agréer, impf. 6 agreoit 9756, agréer.
Agd, pi. aguz 3787, aigu.
AouAiT 6157, 7096, embuscade.
AocAitiEB, pr. 6 aguaitent 8839, ^pi^''-
Ahaitier 5365, mettre de bonne humeur, en bonne
disposition.
AiA5 983, 1010, 1119, 1708, 9836 (haan), peine,
fatigue.
Ahatis. Voir Aatie.
Ahbbhiscbbr. Voir ABnmsGBiBB.
Ahbbrbsgbibb 9068 (ahemescher), p. f. ahernesehiee
7177, 9950, armer, équiper; s'ahernêêchéer
7*77-
AiDi 11871, aide, coatribation.
GLOSSAIRE.
&69
AîDAiU 8636 , pL aidabUê SgCo, capable d'aider, de
rendre service.
AiDUB, imp. me 5898, sbj. 3 ait 169, aider; êaint
iepulere ai> 5898, saint sëpulcre, aide-nous I
Aîi 799, i369, i648, aSio, 9861, aide, secours;
de graiU où 8764 , de grande valeur militaire.
AiRc 179&, 3538, jamais.
A1HGU8 999, ainzeiê 5i8o, dnceù 9696, 9766, omi^
cm 6&9, 901&, aneeiê 1907, ançois 9 m, avanl;
1907 mais; ii toit eom il pora ainç9i$ 9016, le
plus tôt qu'il pourra.f
AiRÇois. Voir Airgbis.
Aiifz 345, 379, 585, emz aSi, 9119* avant; ainz
jùT 653, avant le jour; einz icel contm^k, avant
ce temps; il ns ceaa (suppr. la virg.) Ainz kê ot
poitez 7699» il ne s'arrêta pas avant de les avoir
ùâi passer; ainz que 893, 1869, 9087, A769; a
Vainz qu'il porent 986, 11860, le plus vite qu'ils
purent; ^ut ainz ainz 8889 , 9985 {q, a, anz)^ à qui
arriverait le plus tôt.
AmzBis. Voir Aircbis.
AÏB : de grant atr 8769, d'une grande force; 6678,
avec une grande violence.
Aisi 63o9, facilité, aise; 517, commodité, bien-être;
en aite 91A9, dans un lieu favorable (au dâ>ar-
quemenl); a aise 710, ayant leurs aises.
AiSKMKiiT 11705, commodité, bien-être.
Aisié, s. aiêiez 81 85, qui est à l'aise.
AivB, aïeul; el tens noz akkt 9776, el tens no$tre aive
io5o/i , au temps de nos aïeux.
Ajobrcb, pf. 8 ajm*na 1195, faire jour.
Ajostbb, pf. 3 ajoeta 111, réunir, rassembler; 6 t'o-
jotiouent 83 17, se rassemblaient; i'ajoita 9719, se
rassembla.
Alcoh. Voir A0C05.
Alçob. Voir Adçob.
[Aleibr] : i'alièr 685o, se rallier, s'appuyer sur.
Alemakdb, pi. aletnandeê 6967, amande.
Albb, pi. aleeê 8939, marche (en parlant de plu-
sieurs vaisseaux).
Albgibr : p. alegié 9011, allégé, rétabli.
Albine : grant aleine 7978, d'un grand élan.
Alboib, pi. aleoiri 9898, chemin sur le haut des
remparts.
Albr, impf. & alioms 1990, cond. 8 trett 5o, sbj. pr. 3
a/( 8, aller; lor entrées ereni aleeê 9866, ils avaient
perdu tout moyen d'entrer; les fêtes furent edâes
. hSo'jy furent finies; la gent est alee 11116, est
. ' pferdue; que ta vie n'enfust alee iii85, qu'il ne
perdit la vie. Aler construit avec un gérondif 1190,
9036, 6068.
Albûrb 6969, allure; grant aleûre 1975, i585,
5898, 5791, vite, grand train; petite 0/0111*05965,
à petite allure.
.\likr. Voir Aleibr.
Almaille. Voir Aumaillk.
Alme. Voir Ame.
[Alob], a/oue 1695, alouette.
ALoé 9857, aloès.
Alobb, p. aloé 9858, loger, colloquer; l'ert alœz
669, avait fait un contrat de location.
Aloigmibb. Voir Esloignibr.
Alosé, s. alosez 9888, 8885, pi. r. ahsez 896, loué,
célèbre.
Aloub. Voir A lob.
Alqua5t. Voir AuQUAhT.
Alsi. Voir A DSI.
Amartbîb. Voir Ambktbvbib.
Amatib : amatie 166, accablée, abattue.
Ambbdui. Voir Arsdous.
Ambbs. Voir Ans.
Ambbsdocs. Voir Arsdous.
[Amb], anme loâa, 8658, aime 9861, 8909, pi.
aimes 956o, 8659, âme. La rime d*alme, aimes
avec dame^ dames (8909, 8659) indique la môme
prononciation pour les deux mots.
Ambrder, sbj. 8 ament 9798, pf. 6 amendèrent 6996,
réparèrent, remirent en état; si Deus m'ornent, BÎnû
puisse Dieu m'améliorer !
[Ambntbveir], p. f. amanteOe 55oo, rappeler.
Amirail 8685, 98/18, 10798, 11967, amN*a/t 7577,
admirait 8891, admirald 11 859, admàrad 7576,
11691; pi. amiralz 8671, 6860, 6563, admiralz
9978, 9597, 6988, 6G96, 7589,8699, admirais
6799, s. admirail 8o59 , chef sarrasin , émir. La rime
d^amirah avec halz (8671 ) indique pour le sing.
amirail ou amiralt; le premier est préférable. Le d
de plusieurs formes est dû a l'influence à^admirari,
Amiralt. Voir Amiral.
AMo^BSTBR, pf. 6 amonesterent 5679, 9098, conseiller
(gouverne le datif).
Amor 69, 9998, etc., amour (fém.).
AMoaoRB 9910, se prendre à (comme le poisson à
l'hameçon); gart ne s*iamerde 9^5, qu'il fasse
attention à ne pas s'y laisser tenter.
Amulaikb. Voir Mulairb à la Table des noms propres*
Ar. Voir Or.
Argbis. Voir Aircbis.
470
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
[Arciisoi], pi. 8. anctêur Sai, Gi8, 6791, ancêlros.
[Axcusobie], (mceiserie 87, ancetorie 5117, temps des
ancêtres, aotiquilé.
AsciLEB, anetfê 89 H ?
AscisoRiE. Voir A^cusoiic.
AscEsn. Voir A?iceisoi.
Abciê?i 333>'i. vieux (^ d'âge).
Ançois. Voir Ak^ceis.
Atidbgbate : Pandegrave 9937, s. fandegrave 3978,
Vandegraret S'ioô, ie landjjravo. Cette forme, tirée
de rail, lantgrévê où 17 a été prise pour Tarticte, se
retrouve dans la Sainte ElUabith de Rustebcuf et
dans le Roman de Ham , et oe doit pas être corrigée.
Axe 4oo8, canard.
AxDci. Voir .A.1SD0CS.
ASEIBE. Voir E.^EIBC.
A!iGETi?( ^335, 'i3'ii, denier d'Anjou.
[A31GOISSIEBJ, impf. 6 anguitoient 6009. pf. 6 «a-
gmêêerent 1889, serrer de près, tourmenter.
[A.iGoissos], r. mmgHiêmte ù6i\, anguim^e 8999,
tourmenté, plein d*augoisse.
AUGCABDE. Voir A^ZGUABDE.
Atigcisos. Voir Aigoi:»sos.
Amcisseb. Voir A^goissier.
A5iaB. Voir Ame.
[Ans], f. mmbet 179't, tous deui.
ASEIBE. Voir E^EIBC.
[AsorriEB], pf. 3 anwUL i93o, gér. miail/utl 1 1960,
(Sûre naît.
AsosE iiyi, 90O9 ' mi. «««W), provisions de bouche.
[A^SDOcs], sj. ûmbedui 187. andui 6^ ^6, f. ambet-
douM lâ^s, 9^53, tous deux.
A!icrr 19166, cette nuit.
AsnrnB. Voir ATiorriEE.
An. Voir Aua , Asigcibde.
AsMf IBM 6 1 ^7 ( ms. éd. ojiz gumrde), anguarde 369 1 ,
3597, avant-ganle; imguarde 9980, pi. OMguardei
6878, 9^96, hauteur, éminence.
[Aobeb], pr. 3 aûre 99, p. f. aûree 19 1&, adorer.
Apaieb, p. pi. s. apaiê 908^. réconcilier.
APiBCBTElB. Voir APEBCEfElB.
Afjlbeilleb. Voir Apibeilueb.
[Apibeiluib], préparer, mettre eu état : apareilkr
«m ein 187, sbj. impf. 6 apariUas»ent iar uire 917,
faire ses préparatifs de voyage; aparilUr «on oêt
1761, mettre son année sur le pieil de guen-e.
Apulbistbb, parait re; nVttnl nul o^rrwMml 1795, il
ne semblait pa:&.
Apabilleb. Voir Apibeilueb.
Apabtb?(Ib, pr. 6 apartiettent 9080 , convenir ; ge'r. mpar-
tenant 669, aparlenanz 899, qui appartient a.
parent
Apb5i>bi, impf. 3 opendoU Sàti, cond. 3 apemdreit
5o5 6, appartenir féodalement, être sujet; l'op:»-
doieni rert U marakit 8189, faisaient alliance
avec le marquis, se mettaient dans son parti.
Apebsbb (S*) : pr. 3 i'aptnae 6978, songer à (avec de).
Apbbcbvbib, p. aperfeiî 9060, apercevoir, reconnaître;
s. «parera; 1 1668, avisé, intelligent.
Apibt, f. aperte a^i'i, 5976, clair, visible ; s. ofi^rr
9939, 5670, adroit, habile au métier des anne«:
geut aperte 390, de même.
AmiciEB : p. f. apeiidee 0078, 7007. réduite, dimi-
nuée.
Akoveib 998, apiureir 5oi 1, aplovoir 1119^, impf.
6 aplw^ueni 60 1 7, p. f. i^leie 6 1 1 3 , arriver comme
b plaie. Cf. Esplovbib.
Aplovoib. Voir Aploveib.
Apli'teib. Voir Aploveib.
Apoail. Voir Apoiail.
[Apoiail], apoail 90^ , appui.
[Apoieve3t], apuiement 197^, appui.
Apoumb, impf. 6 apoigneient âoi 1, piquer sur, a-^-
courir.
Afo!(dbe 898, ajouter.
Apobteb : lor deiz fê oilz noe ap^jrtouent 553 , ils nous
mettaient leurs doigts sou^ les yeux.
Apostle. Voir Apostbe.
[.4postuile], apo9tiÀHe 43, pape.
Apostoille. Voir Apostoile.
Apostbe 6O79, apceth S796, apôtre. La rime aver
noêtre (6679) établit la forme.
.4pbe. Voir AspBE.
.Apbehobe. Voir .\pbieibbe.
Apbexdbe : apris de gaerrj i536, expert dans Tart
de la gii?rre.
Apbès 8389 , d'après.
Apbesseb, pf. 6 apretê.Ttnt 9719 , serrer de pK'<.
[Apbievbbe], apnmdre ^'ii5, déprimer. La rime a\»s'
eriemhre (ms. criendre) établit la forme et le s*?n*.
Apbismieb. Voir Apboismieb.
[ APBOisaiEB ] , apriemier iii63, impf. 6 apriêmMent
3 1 67, pf. 3 aproema 3 1 97, 6 apruw rent 3 1 68 , ap-
procher.
Apwmsibb. Voir Apboissieb.
APCIEIB9T. Voir Apoievest.
[Aqlbisieb], pf. 6 ackoiterent 5 6 '10, apaiser, calmer.
Aqcis 4998, 4949, 4959, 496i, 4978, 43iî.
GLOSSAIRE.
471
636o,&38o, i^3g6 (aeuù), 6619, io5o5, aquise
6751, réduit à une condition fâcheuse, malmené.
AQQirn : t7 aquitênnt lor gagsi 5368 , ils retirèrent
ce qa*ib avaient mis en goge; p. f. aquitea 6768,
9869, délivrée. La rime avec habitée, aux deux
derniers passages, indique la fo^e.
AiAii 68o4; pi. arabii 11550, arabiz 3o39, arabe
(en pariant d'un cheval); 680/1 chevai arabe. La
rime du sg. avec Halahi ci du pL (1 1 55o) avec dit
indique la forme.
AiAisonn 9559, interpeller, adresser la parole à.
AasALim 3171, etc. ( ms. arblaate , arbelatte) , arbalète.
Abiiusti, arhlaste. Voir Abbalistb.
Abc, pL s. arc 108/1 5, arche, voilte.
Abchibb 656o , portée d'un arc.
AaaiiBBB 3571, pi. arehù:rei 93/^5, meurtrière.
Abdiib 3639, 3687, 3693 (ras. ardeier les trois fois),
p. an 3698, 38i 1 , pi. f. anet 817, brûler.
Abb, sec; (fig.) s. arsi 4538, svclte, dispos.
Abbstbmbnt 656, 1173, 6io5, arrêt, retard.
Abbstbb (S^),pf. 6 s'urrsturen/ 58i 3, 11910, 11936
(: coftuftfn/), s'arrêter.
Abibbb 1 158 (: ehiere), ariera 181 3, en arrière.
Abiibbs. Voir Abiebb.
ABifBB 58o (ms. a armer) ^ i538, 9871, pf. 3 ariva
583, i35o, 6 ariverent 893, 5 10, p. pL s. aiicé
6o5 (ms. arme)^ aborder; 58o i^ariver, de même;
i35o faire aborder.
Abmbûbb ii3i, pi. armeûrei i683, 5760, armure;
i]3i ensemble d'armures, armemenL
Abochueb, pf. 3 arocha 3963, attaquer à coups de
pierres, lapider.
Abobdb 1979, 5656, hirondelle.
Abostbb, p. f. aroitee 6099, rôtir.
Abotbb, pf. 6 aroterent 7656, 101 95, p. f. aroutee
3i58, 5769, mettre en troupe.
Aboutbb. Voir Abotbb.
Ab8. Voir Abdbib.
As 5o5 , etc. Voir Lb.
[Asaillib], a$$aillie 3689, attaque.
AsBBiB 8i o6(aMe(m-),pf. 3ani( 1 979, 6aniffvnX 9608,
p. f. as«tM5i3, 9606; 5i3 asseoir, situer; 1979,
3606, 3608, assiéger; 8166 par oêseoir, par siège.
AsBfiiBB 1965, 3591 {atiegier)\ pf; 6 asiegierent 2%^^ ^
asiegerent ^'J'J'J, p. pi. s. asiegié 3013, 3893, as-
siéger.
AsBGiB, sbj. impf. 6 a$egitHnt 10366, assiéger.
[Asbmblaillb], pi. a$$emblaHlei 6166, union.
AsBMBLBB, pr. 6 oiemblènt 3067, impf. 6 aaemblosnt
66 1 0 , sbj. impf. 3 atêemblait 7316, cond. 3 aiiem-
blerfit 73 16, attaquer, en venir aux prises.
[AsBBs], auetu 8966, 10300, approbation.
AsbCb 368, aaeûr 3391, etc., en sûreté; 3686 en
certitude. Au v. 6175 pour aneùr I. a Sur m,
[Asbôbeb], impf. 6 aueûrouent 9i36, pf. 3 oêieura
iSi'j^^,f,aueiiree 1033,3887; 1033,9887,9136,
rassurer, tranquilliser; 1817 assurer, rendre sûr.
[Asbs] : asiez plui 766, sensiblement plus; oêsez
tnielz 1800, bien mieux; d*anei 6769^ 6806,
7500, de beaucoup.
ASIBGIBB. Voir ASBGIBB.
[Asoudbb], pf. 3 anoh 3970, sbj. pr. 3 asBoille 5599,
absoudre; jueidi abêolu 1307, 8353, jeudi saint
(où l'on donne l'absoute générale).
[Aspbb], s. apret 9618, âpre, ardent.
Assaillie. Voir Asailue.
AsSEMBLilLLE. Voir AsBMBLAILLB.
ASSBMBLBB. Voîr AsBMBLBB,
AssEss. Voir Asbks.
AssBoiB. Voir Asbbib.
AssBJJB. Voir AsBÛB.
AsSBtBBB. Voir ASBÛBBB.
Assez. Voir Asbz.
AssouDBB. Voir Asoodbb.
[ATAIGIlA^TllE!fT], ateigtiantment 6697 (ms. ateigna"
fftfiif), d'une manière forte, pénétrante.
Ataindbb, ateindre 1901, 6990, impf. 6 aleignouetU
i53,gér. atetj^Tumz kkaU , en ataignant 10070, p. f.
atainU 9i53, 10616, ateinte io58, i90i, 3i53,
gagner, rejoindre; i ateignouent , y arrivaient; aîei-
gnant, pénétrant; en ateignani, en piquant droit
dessus ; 6990 , profiter, servir ; atainte 10616, atêinte
10 58, manifestée, connue.
[ Ataiktb] : de haute ateinte 9 1 53 , de grande poiasancc.
Atakt. Voir Tabt.
ATEIGRARTlIEIfT. Voir ATAlGlfAlfrMENT.
Ateisdbb. Voir Ataihdbb.
Ateinte. Voir Xtaiktb.
Atempbeb 1 665 , modérer; p. f, atempreeiSSh , réglée,
arrangée.
Atendbb : i*atendeit 5o73, se préparait.
Ateutb, attente : eanz plu» atentet 1891, sans plus
attendre ; en atentêê 5o56 , en attendant. Cf. Entente.
[Atenveibb], p. f. atenvùiee 5766, amincie, éclaircie.
Atbkvoibb. Voir Atesvbibb.
Atebminbb, pf. 6 aterminerent 1793, fixer à un terme
précis.
AfoGBiBB, pf. 3 atoeha 9186, toucher.
39
MKIHtlU NATIOlâLI.
Mi
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Atoi : pi. tUun 3oâ, ëquipementj de guerre; dolz
ator 1 1067, spectacle (propr* orrangement ) doux 4
voir; hiido$ atur io858, speciacie hideux ; de fort
atur hgShj de forte fabrication. Les nmes avec
lor = turritn (loSbS y 11067) iudiquent la forain.
Atoskir 11 3^1, impf. 3 atortunt 5376, pf. 3 at«ma
966^^, 9686, 6 atomeretU 3oo5, cond. 3 atorreit
&586 (ms. éd. aoorftC), gér. atoritattt i!io68, p.
•toiW 938, 1191, pi. atornez 9766, f. pi. alor-
Rém 1169, arranger, disposer; s'atamêr Â068,
5976, se disposer.
Atiairb 1990, 6963,8396, s'approcher; 6878 céder,
s'incliner; atrettrmt 696 1, tirèrent; atrailê 355,
6389, amenéi*.
Atrait 3656, atreit 3339, 3879, 6655, fascines, ce
qu'on jette dam un fosse pour le eomhler, sur une
machine pour la bniier.
Atr4Peb 9399, attraper.
Atraver : atraree 10809 (^** trompe, éd. alrtNW»),
campée (I. a Jaffe pour de Jaffe).
Atrocuier (S*) : ne m*atroc 6719, ne m'attache (le
ms. iK>rtc ne nnturoc, Téd. ne m*abroc, mais afro-
chier convient mieux pour le sens qu'c&rocài«r et
s'éloigne moins du ms.).
Atrotbr. Voir Atrater.
Atur. Voir Ator.
Acrerc. Voir Hausrerc
[Accon], ëleon 9869, quelque; 9619, quelqu'un.
[ Adçoi] : ^ regrfi^ a^ori 9 9 1 0, le hant royauaie( leciel ).
AccTOR 5i 9 pi. s. , tes auteurs, spécialement les poètes
anciens.
AuMAiLLR, plur. collectif a/tN/ii7/? 8998, pi. aumaillet
9106, gros bétail.
Andbr 9699, pf. 6 aàneretU 591, p. aùné 9705, pi. f.
oêmêeê 9676, 9760, rassembler.
AuQUAST : s. H auquant 19911, alquant 6 1 68 , quelques-
uns.
Auques 9887, 5586, 7o53, un peu, quelque peu.
ACrer. Voir Aorer.
Aôsrr : t'aûeerent 5999, s'accoutumèrent.
Acsi corn 739, ahi corne io366, ainsi que.
[ Auter], autierê 5939, sutel.
.4oTRB8i 85, 3975, 19181, aussi; autrm grant eom
1 989, aussi grand que; autre$i comm 19179, ainsi
que.
AoTRRBL 9109, 8867 (pi, s,), semblable; 3776
(neutre) tout autant.
Aval. Voir Val.
Avaler 6900, pr. 9 a9ale$ 3768, descendre ; #m arffltr
I
686, en descendant; 9'ûtalû 9538, descendit; s'a*
udownt 10165, descendaient.
Ave, qui est en échec : jrriê e conyntt e mai § mvm
9359. Ce mol se rencontre toujours rapproché de
mat (voir Godefroy), ce qui ne permet pas de le
confondre avec juofê. Cf. Avia.
AfiiBB, aroiee 6869, mettre en ronte; f'oraia 11 36,
•0 dirigea; i'ateiertnt 638, marchèrent de concert.
AvRia (pour les (ormes, voir riotrodiictioo), avoir;
n'imtnit atendu 5636, on n'attendrait pts; n'aenr
cvri fée 5699, il n'y avait pts eu de coar.
Avtia, atoir 816, 986, acein 610, avoir, hient; par
aveir 1 656 , poor de l'argent.
AvEiR. Voir AvER.
AvERRMERT 9369, arrivée.
Avenir , pf. 3 avtmt 1 9 , abj. impf. 3 ommiI 367, advenir,
arriver; soa avenant 8o63, ce qui lui oon venait.
AvE?iT : pi. (fi artns 69o3, dans le temps de l'avent.
AvBirroRE : qM Vaventun ttst eurut 9636, car telle
fut la fortune; tt eom Vaventure curât 5os6 , comme
le Toulut le sort; êe 9Uêt «n Pavemimrê Diu 9767.
se livra au bon plaisir de Dieu.
[AvETfosos], arenturui d 3 guerre 9989, hasardeux A
la guerre.
AviQUBs. Voir Ovcic.
AviB, s. aver 1069, omn 6608, f. pi. avérée 6638,
avar e.
A VER, mettre en échec à : Vosl, . . et la gent paiene
avee , et tote i'eûit elfait mate 6660, l'ost avait infligé
nn édiec a la race païenne, et elle l'aurait com-
plètement matée (expr. 6g.). Jean de Meon, cité
par M. Godefroy, écrit kever et lait Vk aspirée;
mais ici la mesure du ven est d'accord avec la gra-
phie du ms. pour établir la forme orar. Cf. Ave.
Avers 7879, au regard de. Cf. Ervbrs.
Avertir : •* avertirent 5916, Grent attention.
AvBSPREE 1 ]633, commencement de la soirée.
[Avillibr], pr. 3 avile 8686, déchoir, devenir mépri-
sable. La rime (Marttï^) indique la forme.
Avis : eetoit avie 9377, semblait
AvisiR, pf. 3 atiùa 36] 3, 3796, 6ameerent 576, re-
garder, apercevoir.
Aviver, gér. avivant 9096, preater, rendre impatient.
Avoé 176, patron, prolecteur.
AvoBRii 5988, patronage, suprématie.
AVOIBR. Voir AVEIER^
Avoir. Voir Aviia.
AvoLTiRi. Voir Atodtirb.
[AvooTiRi], aivohire 6169, adultère.
GLOSSAIRE.
hli
B
[Bachklei], pi. 8. baeMier 69, 97C7, jeune homme.
La rime avec aler, vmteler, indique la forme.
Bacbilibii 356, 635o, 8373, 10196, ii3o5, jeu-
nesse guerrière.
Bachiuib. Voir Bacbelbr.
Bacis 389, 399, pi. baeinë 6667, ba«in.
Bacos, pi. 8. bacoiiê 7661, morceau de porc salé.
Biir, f. Imifs 6670, 7790, 9a3o, déconcertée, éba-
hie.
Baille, pi. bailles 969a (ms. éd. haronê)^ retranche-
ment avancé, cnceinlc fortifiée.
Baillsb. Voir Biillieb.
Baillib : de ea baUlie 6939, dépendant de lui ; ds grant
baUUe 778, avec un (rraod déploiement de forces;
debûiUiê 6679, 8599, de choix.
[Baillibb], p. baillé 1166, livrer, donner.
Bailub : mal bailU 669, mal en point.
Balcebt. Voir Baucbkc.
Bah 1695, 6589, ban , proclamation.
B.iNDO?! : a bandon i95i, 1939, de toute sa force,
sans se retenir.
Bamebb. Voir Bariebe.
Bakiebb 6565 etc., pi. banieree 599 etc., banereê 566 ,
bannière.
Bamr : banie 3963, 7179* convoquée; i'ott banie
9907, son armée régulièrement convoquée.
BA.11S8BOR 97 1 o(banei9or) , 9869, proclamateur,crieur.
Baptistibb. Voir Batestibe.
Babat 83 17, 9o5i, tromperie, intrigue; 563o, pi.
s, barai 9839, petit combat, échauflourée.
B\B4TE 5991, bruit, tumulte; 636, 687, 707, ]o38,
81 85, tumulte, échauITourée.
BABBiRn, pi. r. barbarine 10971, homme de nation
barbare. Oriental.
Barbbkaxb, pi. barbekanet 39o8, barbacane.
BAncAiG.MEB, pf. 3 barguigna 63 1, marchander.
Babge, 1690, 10999, 10961, pi. 6ar^g^ 687, 33oi,
barque, vaisseau distinct de la n^et de la galee.
RAnoETE 1539, P'* bargetee 1670, bargettee 693,
1005, chaloupe.
Bargette. Voir B a boite.
Babkage 393, 99'j, 1173, 9336, 9708, etc., ré-
union de barons.
Babon 9697, pi. barons 66^3, s. baron 9696 , baron,
ligueur; barom de teire 6693, seigneurs terriens.
Au v. 9699 baroui est une faute et doit sans doute
être corrigé en baillée.
Babosie 966, 3o63, 3891, assemblage de barons.
Barbe 6659, 6C67, b&irière.
Babril, pi. barrii 5996, baril.
Bas 3336, de basse condition.
Basme 9906, baume (: blaeme).
Bataille, pi. batailleê 5866, division, corps d armée;
torner balaille 7860, diriger sa marche (militaire).
Batiillebos, f. bataillerote 1756, pi. bateUUrutet
9196 (ms. combateilleruêee), belliqueux.
Bateillerus. Voir Batailleros.
Bateïz 5991, action de ballre, tapage.
[Ratestire], Imptittire 633i, liapléme.
Batre, pf. 6 bâtirent 75 19, battre; gér. bâtant 307,
9096, vile, droit.
Bauçiiit. Voir Baucexg.
Baucebc, bauçant 9966, pi. r. bauceni 9870,.^iifaiM
6761, baleenz 9780, blanc et noir (en pariant d*un
cheval).
Baldequin, pi. baudequine io5i9, étoffe de soie pro-
venant de Bagdad.
Baut, s. bauz 10980, f. pi. baudet 63i8, plein dVn-
train; par baude», comme des (geas) bien en train.
Beivbe 9569, boire. Au v. 955o beivre est une faute.
Voir SsiTRE.
Bel : n. estre bel 1 9o5 , 6860 , plaire; b^ 1 667, 6736 ,
pris adverbialement, de belle manière; ft^'m sam-
bloêl a cheicun bêle 906 parait signifier : de façon
((uo tout le monde l'approuvât, bek étant pris au
sons absolu qu'il a parfois (cf. Bbibt); toutefois cet
emploi semble ici forcé.
Bblbmekt 1670, 10983, d'une belle manière, cour-
toisement; 3i55, en liel ordre.
Bejieïços 3967, pi. beneironi 5339, bénédiction.
Be?iig!<e, s. bénignes 8761, bon, bienveillant.
[Bebpbbi], berfroi 6781, tour de bois servant dans un
siège.
Bebproi. Voir Berprbi.
Berrie. Voir Bbrrdie.
Berrdie 106661 beruie 8957, berrue 6917, berue
1 1 38o , lande, plaine non cultivée (terme propre n
la Syrie). La rime avcc/ui> (8957, 10V16) et suie
(6917) indique la forme.
Berce. Voir Bbbbuie.
39.
474
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
BrauiB. Voir Bibruib.
BiBz 7696 , berceau.
Bbsahz, pi. be$ani A918, 8986, 10915, besant,
monnaie d*or grecque.
Bbsccit 555o, 7689, biscmL
BuoioRE 998, sgh, ^79, 3587, 3590, néceanté;
buoinê 889, h'jbli, besogne, affaires, service;
betoineê 8655, peines, fatigues.
BisoiONiBR, sbj. impf. 3 b^icigtuut 1899, travailler,
s*occuperde; pr. 3 hetoine 3588, faire besoin, être
nécessaire; ço beioignê 680, il le faut.
[Bbsoioiios], hôêoinu» Â633, besogneux.
BssoiRi. Voir Bbsoiorb.
Bbsoiho : a grant beioing 8598, en grande nécessité.
BssouiiEB. Voir Bisoigiiibr.
BBSoiffos. Voir Bbsoionos.
Bibu : bien$ 6568, 5659, bonnes qualités.
BiBEB, pi. biereê 8196, cercueil.
Bis, f. hitê 6890, de couleur sombre.
BiSB îo568, biche.
Blahc 11398, reluisant, brillant.
BLiaiB 808, pf. 6 bkem^nt i5i7, blesser (propr'
meurtrir).
BocB i336, espèce de vaisseau.
TBocbl], pi. ImceU 10597, outre.
[Bocbtb], pi. bocetteê 9539, petite bosse.
BOCBTTB. Voir BoCBTB.
[Bobl], pi. hueU 366o, boyaui.
Boits 9066, entraves, chaînes.
BoiRB (Vent de) 9806 (: eitoire)^ 3a89 (: e$lorie),
1 1096 (: êitoire)^ vent du nord (Borée).
[Boloxoibb], pi. buhngieri 6988, boulanger.
BoR. Voir BoBR.
BoRBiBirr. Voir Bubrbibrt.
[Boqubrah], pi. huqueraine 8980, étoffe de Bokhara.
[BoBc], pi. bun 8068, boui^.
Bot, pi. bouz 8859, bout; a bot 6660, jusqu^au
bout, complètemcnL
[Botbillibr], buteillier 6161, bouteiller (charge ho-
norifique de cour).
Botbb, pf. 3 bola 1899, pousser.
[Bouge], pi. bugee 9858, petit sac.
Bour. Voir Bot.
Braçaillb 678 , action de brasser. Cf. Bracibb.
Bbace, pi. bracee 655o, les deux bras.
Bracibb, pi. braeieee 11569, ^("o^^^ 6999, brassée.
[Bbacieb], brasser : braça 6116, travailla; braeerêmt
la braçaiîle 678, ourdirent Ui machination.
Braidif, f. braidive 653 1, arrogant (propr^ rétif, en
parlant d^un cheval).
Braies 6567, 1 ]6o5, braies, caleçons de toile.
Brairb 6019, 6988, impf. 6 brament 11666, crier
(ne se dit que des Turcs).
Brart 7116, épée.
Bribf 889, court; en brieve 5968, en peo de tanps
(cf. Bel).
Brief 95i, .955, 3575, pi. briéë 11898, (nirfe
8868, lettre.
Bbiepmert 7, brièvement.
Brisibr. Voir Bbuisier.
Bro.*!. Voir Bror.
[Brcboille], brubutlh 9661, dissension.
[ Bruisier] , impf. 6 bruêoient 8788 , pf. 8 bnua 7580 ,
gér. brieant 8665, briser.
Bru?i, pi. brùM 9870, brun; (riuis 8986, couverte
d'armes brunies.
Brusier. Voir Bruisier.
BucEL. Voir BOCEL.
BucRB. Voir BuscHB.
[BuE5] : boni quinze joure 7907, bien quinte jours ;
de lor bone 9586, de leurs u]seB;fsreit eee hem
5 068, ferait son bon plaisir. La rime avec fimif
(5o68) indique la forme.
[Bubrembrt], bonement ^fx'j'j^ avec bonne intention.
BuiL. Voir Boej..
BuER : buer t ala 9587, y alla sous de bons auspices,
pour son bonheur.
BuGE. Voir Bouge.
BuisiRB, pi. buinnei 6986, buiinêt 9859, 66 15,
trompette.
[Boissor], pi. buiiunt 65 19, petit bois.
BnisuR. Voir Buissor.
BULORGIEB. Voir BOLOROIBR.
BOQUEBIH. Voir BoQOERiM.
[Bgschb], buchs 8857, 6896, bois de chauffage.
[BusGHiER (Se)], pf. 6 $e bûchèrent 779 1, s^embusquer.
BusiRE. Voir BuisiRB.
Buteillier. Voir Botbilubb.
GLOSSAIRE.
/i75
Ça : ça trtit ça qtutre kZ'jSt 6707, par groupes de
trois ou de quatre; de m. fa vint, ça trente 6707.
Gahi. Voir Chahi.
Gâhoib. Voir Chanbib.
Gaitahi S907, 9968, 9956, io335, 1087 à, pL
earvanee 9169, 10986, io3i9, loSaS^ io3*i6,
10367, caravane.
Gapb JiûiiB 6389, commencement du carême.
Gapli. Voir Ghaplb.
[Gaboilb], pi. quaroblee Â369, caroube.
[Gabolb], pi. charolee 39, danse en rond.
Gasil 5889, 5931, 5963, 685/i, 6863t 7181,
7908, 7909» 7790, 7731, 8i56, etc., pi. 8.
caeel 76/17, r. caeele 7199, 7368, casai, petit
château. r
Gasiboar 9995 (ms. catsan), pi. easingan$ io^%i (ms.
ealmgan»)^ casingan, cotte de mailles rembourrée
de colon, portée par les Turcs. Voir la note de
M. Stubbs, Itin,Rie., VI, t.
Gatiah 3865, goudron.
GBLBSTiiLHBHT SU , dVno manière céleste.
GiLBSTRB 36/i, 393, 6/166, 5607. La rime constante
avec ettre indique la forme.
[Gebchibb], pf. 3 cereha 1867, 6 cercherent 197,
chercher.
Gbbclbib 6897, eercUne 6817, 6896, 6931, 6936,
pi. eereleiet 39o3, 6688, abri fait avec des claies
pour protéger les machines de jet.
Gbbpoîb, p. f. cetfotè 6966, 9993, entourer en creu-
sant, fouir tout autour.
Gbrre ] o336 , cercle.
Gbbt, s. eere 6696, cerz 6666, certain. L*« et le t
sont également attestés par les rimes cïeri et Ro-
hen (peut-^tre au premier passage pourrail-on lire
/m).
Gertbs : a ceriee 9069, sérieusement, pour de bon.
GsssBR, pf. 3 ee%$a 1168, dilayer, perdre du temps.
Gbster, pr. 3 cette 976^, broncher, trébucher ifi^*)'
Graahe. Voir Gbabisb.
Ghace 8958, poursuite.
[Goacier], pf. 3 chaça 9998, 6 chactrént 9880, pour-
suivre (trans.)i t^ça 7110, chaeerent i588,
1599, 9986, 5637, poursuivre (intrans.), donner
la chasse.
Ghad. Voir Ghadt.
[Ghabirb], chaaine 9008 (chaîne), chaane 3387,
3935, chaine fermant le port d^Acre; lee rentei de
la chaatne 9008, les revenus des droits qu^acquit-
taient les navires pour être admis dans le port. La
rime avec demaine (9008) iudique la forme chaeine;
la rime avec criuiane (3387) et paiane (3935)
semble indiquer une autre prononciation.
Goaeib 355o, pr. 3 chiet 676, pf. 3 chaî 790, p. f.
chaeite i3oo,cWte 8399, tomber; al chaeir ^bbo ,
dans sa chute; moût bien l'en chai 790, cela lui
réussit très bien.
[Ghaitip], pi. cheitifo 3669, prisonnier ( Richard tra-
duit ici par coptivoê).
[Ghaitiîbison], pi. chettivieoM 9653, 81 35 (ms. chei-
ti/ions), captivité (le pluriel au sens du singulier).
Ghalbir t ne puet chaleir 9699, on ne peut se pré-
occuper; ne voue chaiUe 71 56, ne vous niéloE pas,
n*ayez pas Tidce.
Ghalbrgibr, pf. 3 chalenja 19333, revendiquer, re-
prendre.
Gbambbrlbrg, s. c^ffifiier/eiM 671 5, chambellan (terme
de service féodal).
Gbame. Voir Gdaumb.
Ghaveil, pi. chatneih 9908, 6760, chameau.
Ghamblee, pi. chameleee 9169, charge de chameau.
[Grampaigne], ehampaine 6109, campagne. Sur la
rime, voir Plaigne.
Ghahpaikb. Voir Ghampaiore.
Gharcbler, pf. 6 chancelèrent 6591, chanceler, plier.
Grarçor 10666, pi. chanrone 60, 9363, chanson.
[Gbaxdbile], chandeille 5688, chandelle.
Gbardeillb. Voir Gbardeilb.
Guare, cane 5659, 7578, 7586, pi. canee io396,
chanei 7009, canne, lance légère des Turcs.
[Gbareie], canoie 9607, 9631, 9633, 9^1 a, lieu
planté de cannes, de roseaux.
Gbarge 1398, changement, échange; 8785 change,
lieu où se tiennent les changeurs.
Ghartbrie 1 9 1 87, chant habituel.
Gbapbl, pi. ehapeli 5993, chapeah 8758, chapeau
de fer, sorte de heaume.
[Gbaplr] : tenir caple 65 1 5, soutenir le combat, la
mêlée.
[Gbarcbb] , charge 666, 1 0895, faix , poids(de la lutte).
La rime avec arche et patriarche indique la forme.
A76
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
[Charchiir], pi. 6 chargèrent 2879, charger (au sens
militaire). La forme est indiquée par charche.
Charebe. Voir Chabiere.
Chabge. Voir Ghabcbk.
Ghaboirr. Voir GHABcniER.
Gbibiere 11616, charriere 6687, char$re 979, voie,
chemin.
[Charoigki] , eharoine 1 1 686 , assemblage do cadavres;
3655 cadavre.
Gharole. Voir Garole.
Gbartre, pi. chartreg 1019, 11 834, charte.
Ghastel, pi. chastelê 390 1, 3io], 3 Aoi, château de
bois servant aux sièges.
Ghastelu!! 9866, châtelain, seigneur d*un château.
GflASTELET a 160, petit château-fort.
[Grastiier], chattièr 7167, reprendre, corriger.
Ghat 68i5, /i83/i, 6827, 683i, pi. ckalz 39o3,
chat, machine de siège. Gf. Itinerarium Ricardi
(m, 8) : itutrumentum quoddam tnnrii OMcendmdit
appHcandum, unde et illtid caltutn norkinant, $0
quod, more catti mbrependo, muro inhaereat occi^
pando,
Gbat. Voir GuAUT.
Gbatcl, pi. chateh 960C, avoir, bien; $aU torcha-
telif les biens saufs.
Gbaudb. Voir Gbaut.
[Gbaume], chamei 3346, chaume, Xige de blé.
Gbaut, chat 796/1, chad 5S6o, 5996, chaud; 7966
chaleur; chau pat 6679, 7196, ioiâ3, d*un pas
pressé , vite , aussitôt ; pris subst. pi. f. chauds» 63 1 7,
temps pendant lequel le fer est chaud et on frappe
dessus. Voir Tobler, Vermitcht» Beitrâge zurfran-
zôtiichen Grammatik, p. i58.
Gbbitif. Voir Ghaitif.
Cbiitiviso!!. Voir Gbaitiveison.
Ghebaillb ii39, 3io6, 3633, 3786, 6o39, 5o3o,
56] 3, 5836, 6010, pi. chenaillei 6806, chien-
naiile, amas de chiens ^terme de mépris appliqué
aux Sarrasins).
Gbbre. Voir Gbiere.
Gbb8C05 , s. chescons 9 1 9, 9 1 3 , f. chetcone 1 39 9 , chacun.
Gbevalcbeûrb, chefMlchui*e. Voir Gbbvaucbeïre.
Gbetalcuee. Voir Gbevaucbibe.
GflEVALERiE i9o33, société de chevaliers; 9796, en-
semble de chevaliers, de gens de guerre; 161 5,
activité guerrière, guerre; pi. chevaleries 5698,
CO07, 11668, prouesses.
Gbbvalier, pi. s. chevalier 9856, guerrier.
f CnEVACcBECnE], chevalcheûre 6388 (ms. chwalehure) ^
11957 (le ms. a une leçon altérée), pi. cheval-
cheûree 7891, monture.
[Gbbvaucbiee], pi. chevalchee 9887, ehwalcheet 8655,
chevauchée, expédition à cheval.
Gbbvbitaioiib. Voir Gbivbtaibi.
Gbbvilbi, pf. 6 ehevelerent 639, arracher les che-
veux à.
CflEfERTAiRE. Voir Cbbtbtaiiie.
[Gbetitaiiib], chèventaÎM 7087 (fém. d'après le ras.),
cheveitaigne 8608, {d. s. chevetaim 7769, capi-
taine, chef. La rime avec Tifaine, IwUaine, règne
laisse ia forme iocerCaine.
[Gbicbe], s. ehinehei 1099 (: riches)^ chiche.
Gbief : al chirfde Sicile 5i 6 , à one des extrémités de
la Sicile; al ekief de Ceà^hae 3i5o, du côté de
Gaïphas; al chirf iel finm 6039, à la source du
fleuve ; de chiefen chief'jS'jSy d'un bout à raulre:
venir a chirfao26, 9668, venir à bout; prendre
mal chief 7^6, mal finir; en nul chirf 8611,
d'aucune façon.
Gbiir : mult trova la terrj ehitrj 9008 , il trouva dans
le pays une grande cherté; adv. dùer 9633.
Gbiere 3579, 5876, pi. c^>r«t 6971, 9906, 9966*
face, visage ; ijver la chiere 6809 , lever la tête ;fmr^
bdechiere 9697, faire bonne mine; 0 lis cAûrt Sdo3 ,
joyeusement; yôfrj laide chiere 5196, avoir un?
mine renfrognée; od penêive chiere 833o, Tair sou-
cieux; od Lonn cheree 9778, de bonne mine; ftd
hardies chier.e 590, a la mine hardie.
Gbibrté 1898, amitié, tendresse; 3996 cherté.
Gbiscbe. Voir Ghicbe.
Gbogbe. Voir ÇocuE.
Gbois, choix : a clwit 5o89, â même.
Cboisib, pf. 6 choisirent 768, apercevoir.
Gbo?icbarok. Voir Goncbaïige.
Gbosb :fud chose s?Û9 9916, on sut; chose nés 5366 ,
chose quelconque.
Gbosbr, pr. 3 chose 6980, réprimander, blâmer.
Gi : et ad maie pès 669, voilà une mauvaise paix. Gf.
Dbsci.
CisLAToif, pi. ciglatons io590, étoffe de prix de fa-
brique grecque.
[Gikce5Ble] : muschetes que nus apslons scineensL^s
9533, cousin, moustique.
GiBfiE 1937, pi. cirges 9 37 5, cierge.
Glameb i856, impf. 3 elamot 5676, pf. 3 elama
6378, p. f. clamée 1169, crier; 1169 appeler;
i856 clamer quite, déclarer quitte; 5676 ré-
clamer.
GLOSSAIRE.
Ml
Gun : od la clert façon 1738, au visage brillant, ra-
dieux.
Glebc : 8. hinu chn dei eêcripium 89Â « ncbant bien
lire et écrire.
Guuoié, s. elergiez 6798 (aiec k lerbe au plur.),
réunion de clercs.
[Cumciin], p. f. clofkhêê i9o58, alUchcr avec des
dons, crucifier.
Gloib, pr. 3 dot lai/ia, enfermer; closimU 6196,
fermaient (la marcbo de) Tannée; a doie PentecBtts
97A8, 4 la fin de la semaine de la Pentecôte.
Ço 53, etc., cela; ço davant dariere 6637, ce devant
donère.
GoiiDiB 10878, gér. coardant 38o3, se conduire en
couard, avoir peur.
GoABOisi 1918, Uchelé, couardise.
GoABT, f. coardê 1996, lâche, couard.
Goo,,pl. eo» i683 (rimant avec do$), coq.
CocATBii, pi. qHoqiiatriz 6999, s. cocatnz 6990,
crocodile.
[ÇocBi], pi. chocKei 10/196, souche.
GoBRs. Voir GoRTi.
Goi. Voir QoBj.
GoDPB 3567, coiphe 3673, vêtement rembourré qui
couvrait, sous le heaume et le haubert, la létc et les
épaules.
GoiLLBiTB iiâa9, hkbiy collecte.
GoiLUB 3639, 6989, ramasser; coiUirent une tailU
7o36, perçurent une contribution.
GoiLTB 6937, pi. coiltei loSai, coite» i685, couver-
ture; coiltei parf ointes y couvertures piquées.
[Goilvbrt], coivirt 7930, culvert 9863, pi. s. eolwrt
9160, r. eolverz 36oâ, f. colverts i/i3/î, culverte
9158, terme de mépris; proprement homme de
condition intermédiaire entre Tesclave et Thomme
libre.
[Coilvbbtaillb], cuvertaille 6i3o, ramas de gens mé-
prisables.
GoiKTB 6583, avisé, adroit; f. pi. coinlee 1686,
io599, élégantes.
GorrB. Voir Coilti.
[Goitier], pf. 3 cuita 1399, pousser, presser.
GoLEn : 88 cola 3435, s^écoula, s*eufuit.
GoLOMBB, columpns 355Â, colomhee 386o, colonne»
GoLP. Voir Goup.
GoLTEL. Voir GoOTUt.
GOLUMPRE. Voir GOLOHBB.
COLTEBT. Voir GOILVBBT.
GoM /i6, etc., comm thbSy J9i8o, cum lao, etc., |
corne i 8 a , etc. , cutne 1939 etc. , comme ; eicom h 6 ,
etc., comme; corne cil qui 738, comme il est na-
turel à des gens qui ; cum en eeté i o386 , comme
il est naturel en été; corne eanz choix 1 1999, ^^^^
bien qu^on peut le faire sans chaux.
GoifARDEB /loi : a Dim te cornant 19995, je le re-
commande à Dieu; a diablet te comandouent 7899 ,
demandaionl aux diables do les emporter.
GoMAxT 19996, commandement.
GoMBATRB : le combatant 1978, le belliqueux.
GoMB5ÇAiLLB 67^, 3997, pi. f. començoUle» 6787, ini-
tiative,C3n mencemsnt.
[Gomencibr] : sbj. pr. 3 commet 3, commencer; alco-
msnccr 793, au commencement.
Gobent: cornent que 933, quoique.
GoMPAKOx. Voir GoprrAROR.
G0MPES810K. Voir GoNPEssiOR.
GOMPORT. Voir Go?(PORT.
GoMiR 10599, cumin.
GoMM. Voir GoM.
GoMOVBiB, p. f. comeûî 9796, ébranler.
[Compaigrb], compaine 997/i, eompamie 98/^6, com-
pagnie. La rime avec Alanaignj (9976) indique
la forme.
Gompaighib ^739, compainie 5634, compagnio.
Gompaigror : s. compainz Is rvi 1&16, 6699, pi. r.
cotmpaignonê reiale li'jSo^ compagnon du roi, titre
que Richard d'Angleterre avait accordé à quelques
chevaliers d'élite attachés â sa personne.
Gompaire, compainie. Voir Gobpaioni.
GOHPAIKIB. Voir GOMPAIGNIB»
GoMPABBR, pf. 3 compsra 9633, 6 comparèrent 7963,
p. s. comparez 3889, payer, expier; tant ad tetd
compares 5979, elle a coAté si cher; impf. 6 il U
cotnpTToient 5667, p. comparé reûetmtt 770, pay.?r
les frais de Taflaire, y avoir le dessous.
GoMPAssBB 5096, établir, arranger.
GOMPERBR. Voir GOBPARER.
GoMPissiBB 3718, salir d\irine.
GoMPLAi>DRE 79^8, impf. 3 ee complainoit /iio3, s«^
plaindre.
GoMPLAiRTR 4906, lamentation.
GOMQUERRB. Voir G0!«QnERBB.
GOBQl'BSTBB. Voip Go.lQUBSTEB.
CoMUR, p). S. tôt comun 790, tous ensemble.
GoMURE 6i5, 866, commune, réunion de bourgeois;
en comune 11599, ensemble, en bloc.
Go]ioRBMB.>T 93/11, d'accord, unanimement.
GOBVBBSBR. Voir G0RVBB8BB.
478
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
GORBATBB. Voir COMBATBB.
CoRCH45GE : entre am'il et mai en conchange 3563 , au
moment du passage d^avril à mai ; en ce2 chonehange
5395, en celln occurrence.
Concile 55s5, 6990, 7763, concilU 6195, réunion
politique, assemblée. Le mol est fém. 6990, masc.
ailleurs. La rime avec vile (5 196, 6990) indique
la forme.
CoBDos ]oâi3, pente, condos.
GoHODiBE 7988, sbj. impf. 3 conduùiet 1866 , escorter.
GoKDoiT 7987, escorte; 6107, 5i i3, 1 18A8, 1191a,
sauf-conduit; el conduit Deu iâ3o9, sous le sauf-
cooduit (qui aurait âù le rendre inviolable) de
Dieu.
CosESTABLB 98 1, 8. coneetables 11876, pi. eoneitablei
9:108, ordonnateur, directeur; 981, maître d^h6-
tel; à'jiii conettahle de Sez : voir Sbez à la Table
des noms propres.
Go!ibstiblib 11 638, pi. conêetabliee 9966, 3389,
11873, section , division.
[Go!irÂ50P(], c&irfanon 9919, étendard servant de
signe de ralliement.
CoHris : {$$) faire confh iio63, se confesser.
[CoRTESSioii], comjeuion 9697, épreuve (terme em-
prunté au langage de Thagiographie).
CoRFOiiDBB : Deu let confonde 9811, que Dieu les
perde I
[Gohfobt], comfort 198s, reconfort, encouragement,
CoifFOBTBB, ootforter 38, consoler.
CoHGiB, congé; pi. eanz congiez 5466; a son congid
8789 , a /or congiez 1 9 388 , ayant pris congé de lui ,
d^eux.
CoBisAiicBs. Voir C0!I01SSARCE.
[Coroissarcb], pi. coniiancei 16A6 , marque distinctive
que les chevaliers portaient sur le heaume ou Tar-
mure.
CosQOEBBB, gér, comquerant i5&6, vaincre, battre.
jGo!iQCE8T 7386, 9386, conquête.
CoRQVESTEB, pf. 6 conqueêterent 9910, p. f. comqueetee
9199, conquérir.
CoBBBEB, pf. 3 conreia i63o, 6o3i, 6 eonreerent
9966, p. eonreé 9706, 3637, 6o53, f. conreee
5700 {conree), arranger, ordonner; te c. 9706,
9966 , s^ordonner; te c. de bataille 6o3 1 , se mettre
en ordre de bataille; ti eonreé 3637, en tel état;
teU le» conreia ]63o, les arrangea de telle façon.
GoïiBBi 53o etc., pi. conreiz 9066 etc., arrange-
ment; conreit 9966, 9986, 3676, 7967, divisions
de combat; gent conrei 9989, belle ordonnance;
conrei'dê balaille 1910, équipement de combat;
prendre conrei 53o, 869, ii35o, s^arranger de
façon, prendre soin.
GoRSBiL : par coneeH 1609, pour le conseiller; attire
conseil 691, autre expédienL
GoHSBiLUBB (Sb) 77, se tirer d*afraire.
GoBSBBTiB : pf. 3 eonsenti 3666, permettre; U tMf jm
voleit Vautre coneentir i o65o , Tun ne voulait pas
faire de concessions k Tautre.
GoHTB 9667 etc., s. euene 59, 178, 995, 9635 etc.,
quent 963o etc., coens 9971 etc., pL s. conte 53,
comte.
GoRTB 56, compte; de quel conte 9818, dans qodles
conditions.
GoRTEMPLB : en cel contemple 3o9i, 36i8, 5^65,
7937, en ce temps; einz cel eoniempU 9^199 avant
ce temps; el contemple quê 9 1 97, dans le temps oà.
GoHTBHBMBirr 8896, 19196, contenance, manière
d*étre.
GoRTBRiB, pf. 6 se contindrent 6566, 865o, p. s.
i'ettoit contenuz 6609, se comporter.
GoHTBifz 905 1, discussion, querelle,
GoHTEB, p. pi. contez 11619, compter.
[Goutbaub], contraUle 6938, dépit, conlrariélë. Sur
la rime, voir Paii,b. G*esi une autre forme de Cou*
TBAIBE.
GoirrBAiLLB. Voir Gontbaili.
GoBTBAiBE 1936, 7819, dépit, contrariété; cf. Gor-
TRAILB.
G0HTB4L111R : impf. 6 cantraliouênt 10661, vexer,
contrarier.
• GoRTBB : contre val 565 (éd, confreoa/), etc., en hA;
contre lit 6801, au lil,
GoRTBBDiBB : pf. 6 oontredittrent 6139, s*opposer i.
GORTBBPRBSTUBE. Voir GûRTBiPBBSDRB.
[Gortrbpbbsurb], contrepreiture 11398, presse.
GoHTBBQDBBBB , p. cofiffS^UM 88i o , f. confrsfvtsf 9o36 ,
requérir.
GoiiTBBscRivBB , p. f. pi. coftlusicnlsf 1090, copîer.
GoRTBBSTBR, pf. 6 contre»terent 10816, résister é.
GoRTBBVAL. Voir Cortbb.
GoRVBBB. Voir Gorvbibb.
Co9VBi 999, 335, accompagnemenL
GoRVBUB 3oi, 11 35, eonoeoiefil 6395, accompagner,
faire la conduite à.
GoRVBiBOR, pi. s. 339, celui qui accompagne. .
[Gorvbrsbb] , comvereer 6958, séjourner.
GOHVBKIB. Voir GOVBHIR.
GoRvivB, pi. convive» 6167, festin.
GLOSSAIRE.
A79
Copi. Voir CovPE.
[Coâ], pL cwm 936o, cor.
GoBAOi8735,cœur, âme;39/^ (curag$)^i']ûitSgti^^
dispositions; 6998 (curage) ^ caractère.
CotAiLLB 3736, entrailles.
G)tAJ08, pi. f. corajosei 3iiA, c<tregeui 7161, coura-
geux.
GoBDiLB i56o, corde.
CoBKiBR : pf. 3 ie corera 1891, p. s. eoreciez 1267,
pi. eorteiêz 907, f. pi. corecieei 836, courroucer,
ttcher.
CoïKB Aaâo, entrailles.
C0BBOBC8. Voir GoBAJos.
CoBR. Voir GoB.
GoBOHPBB, p. f. corompue 1 1687, infecter.
GoBOKB khaûj tonsure cléricale.
GoBPOBBLMBHT 83, corporolleDaenL
GoBBB , curre a 1 83 , courir ; einêi Vaventure curtU 9^36,
ainsi le voulut le sort ; coranz 1 1 3o , rapides.
GoBS, personne : 1$ con le rei 9609, le roi; $i$ cor$
7316, lui-même ; en apposition t7 eie con 836o , lui-
même, ele êis cort 9o35 , elle-même, /t rei» m con
demaine 1 1 1 38 , le roi en propre personne; en con-
struction dépendante : /t reii dieeii , son con nomee-
ment 97 1 à , le roi s'engageait nominativement ; lui
et eon con 1 1 966 , lui-même.
GoBs: a con 93/17, tôt a cnn 5o86, clairement, sûre-
ment; tôt le dreit corn 9860, tout droit.
[Gobsibb] : chamelz cunien 10 56 3, chameaux de
course , rapides.
GoBT 8A3o, curt 911, 8/i35, cour, assemblée tenue
par un roi, fête; curt 9676, cour royale en fonc-
tion judiciaire.
GoBT, court : tenir curt 9/178, presser: cort 7966,
adverbialement.
[GoBTBis], aimable, gracieux; plue curtei» change
i398, changement plus agréable.
GoBTEiSBMBKT i/i58, poHment, courtoisement.
[Gobteisib], cortoiêie 383, chose aimable, courtoise.
GoBTiLLAGB : cortiUogei 11 665, jardins, potagers.
GoBToisiE. Voir Gobteisie.
GosT 19 1 15, 19117, cuj( 709, 1010, dépense; a
ton cuêt 8591, à ses frais; de grant co$t 3897, de
trop grant cost 6816, ayant coûté très cher; od
grant cust 7396, chèrement (%.)•
(jOSTe 6196 (ms. éd. encoete pour en cotte)^ côte, ri-
vage.
GosTEiEB, pf. 3 costeia 666, gér. coeteiant 1976, cô-
toyer; leflum coeteierent 6067, suivirent le cours
du fleuve; coeteiant 1991, suivant (farmée) sur les
flancs.
GosTBB, coûter; la haute feete qui tant coste 6556,
9369, si précieuse, si sainte; il U coeta 9790, il
lui fut pénible.
GosTiEBE 91 33, 5867, côte, rivage.
GosTiL, pi. costiz 35 1, coteau.
[Gostdmibb] : quin (ms. éd. qui) iert cuitumen 5695,
qui en avait Thabitude.
Coup, pi. cols 756, coup.
[Covpe] : copet batn 1 io63, se frapper la poitrine en
s'avouant coupable.
CoDTEL, pi. colteli 33io, couteau.
GovEiTiEB, impf. 6 coveitouent 6376, convoiter; la
coveita iiê coveitien 1 159 , son désir la convoita.
GoTEiTisB 9711, convoitise.
GovEiTos 1025, désireux.
GOTERAKCB I783, 96l9, 5999, 5377, 5690, pi. CO-
venancee 5393, convention, pacte.
GofERAiiT 9619, 3769, pi. covenanz 5691, engage-
ment, promesse; par covenant 6171, suivant son
engagement.
GovEif IB , pr. 3 covient 9 , impf. 3 cowœneit 695,1710,
pf. 3 covint 716,1133,1906, sbj. impf. 3 convenût
8590, falloir; lee en miit en convenir 8598, leur
laissa la décision , le choix.
GoTEKT : tenir cotent 7066, tenir parole; par tel covent
6123, à condition.
CovERTOB 19908, couverture (fig.).
CovEBTURE, pi. covertttret 663o,i 1696, couverture de
cheval , housse.
Cbaanteb. Voir Gbeahteb.
Gbas. Voir Gbas.
Gbearce 9908, croyance, foi.
GBEAifTER, pr. 3 creanfe 19368, certifier; creantee
11809, craantee 7o3i, ratifiée.
Greature 5365, nule créature bu 10^ rien au monde.
Gbeistbe pf. 3 crut 910, 9789, p. f. creûe 708,
9886, 9886, accroître (trans.).
Gresmé, pi. s. 1758, baptisé, oint du saint chrême.
Gresté, crête : Veve crestee 616, Teau rapide, dan-
gereuse.
[Gbestiier], cristien pass., f. crietiane 69, 9393, chrétien.
Gri : por cri de gent 9o65, de crainte des cris, des
protestations des gens.
Criée 6670, cris; 7993, 9791, cri public, procla-
mation.
[Gribmbbb], criendre 383o, 3869, 6616; impf. 3
cremeit 563o , cremoit l 'j'jh , 6 cremeient S938 , p. s.
60
IMraiHCKIB IIATIO!IALt.
A»0
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
creniuz i Aaa , craindre. Les formes aufres que Tin-
Qnitif indiquent pour celui-ci crtembre; la rime avec
apriembre A/i 1 6 est eu faveur de la même forme.
CfiiB^DRE. Voir Griembbb.
Crier 5879, convoquer par cri public; p. f. aiéè
739^, crier une proclamation.
Cbistun , crUuén. Voir Crestiien.
Croiixbiibrt. Voir Grollemeiit.
Gboi8Bme?it 56, croisade.
[ Grollement ] , pi. croillemefu 1 5o8 , agitation , secousse.
Gboller la testes 7676, secouer la tète.
Grote, pi. crotes 12077, Ç^otle, caverne.
Grdêl, f. 9898, cruel.
ÇocRB 106^9, sucre.
GuEifs. Voir GoNTK.
[Guidier], pr. 1 cuil'jifij a356, aSb h /impt. Zquidot
/Î67, so3G ,9765,6 quidouent 383o , quideient 630 ,
pf. 3 quida 1A37, 9^51, s835, 3313, 6 quiderent
3oo3, 3i59, croire, s^'maginer.
(iUiRB : (fî^.) nuê etchaufa pur eh cuire 779 1 nous
anima pour leur perle.
GUITIEB. Voir GoiTIER.
GuivRE 633 A , 6373, ennuis que Ton cause, veiation.
Gdivre 637&, carquois.
[Gditreier], p. f. cumroiee 3363, vexer, harceler.
GUIYROIER. Voir GuiVREIER.
CULVERT. Voir GoiLVBRT.
GuM. Voir GoM.
GtMB. Voir GoM.
GuRAGE. Voir G0RA6B.
GuRAiLLE 6795, balayures, rebut.
GuRE 117,118, 9768, pensée constante, préoccupation.
GoRBE. Voir CORRE.
GuRs. Voir Cors.
GURSIER. Voir CORSIER.
CuRT. Voir GoRT.
GoRT. Voir GoRT.
GURTEIS. Voir GORTRIS.
GusT. Voir GosT.
GusTaMBR. Voir GosTUiiiEn.
GUVERT. Voir GoiLVERT.
GUVERTAILLE. Voir CoiLVERTAILLR.
D
Damage 660, 759, etc., s. 39^1 damage, dom-
mage; aveir en damage 368o, malmener, endom-
mager.
[Dahageresse], damajeres^e 35/io, qui fait du mal,
dommageable.
Damajeresse. Voir Dahageresse.
[Dambisel], sj. damiieli 3^91, damoiseU 9561, jeune
bomme, garçon.
[Dambis^^e], pi. damieelei 5679, damoiselee 3^95,
jeune fille, demoiselle.
Dahisel. Voir Dambiseu
Damisblr. Voir Dameiselb.
DAU.fBDEu, 9. Dampnedeus 4/198, le seigneur Dieu,
Dieu.
Damoisbl. Voir Dameisbl.
Damoisele. Voir Dameiselb.
Dampnedbd. Voir Damnedbu.
Dargier : a grant dangier 635/i , en faisant de grandes
difficultés; Manz dangier 4364 , 6088, sans rencon-
trer d'obstacle, de difficulté; estre en dangier de
9630, avoir à redouter.
Dart, pi. dar$ 8787, dard.
DR,de;9 4,&3,etc.,par;i6i,46i,i394,aoio,etc.,
à cause de; 44, 19806, etc., au sujet de; 9083,
pour; pi^t r/« 3 56 , 383 , tout prêt pour; pffuet* de
9980, se préoccuper de ; eaceir de guerre 9103,
avoir Texpérience de la guerre; te tnoveir de guerre
936, partir en gueri*c; il JUt tant de set défendre
664 1 , il se défendit si bien; privé de 1889, fami-
lier avec; errot de poi de vent 3391, avait peu de
vent pour le faire marcher ; de ço que il enfeseit 84 1 ,
par sa manière d'agir. — Sur TomiRsion de de,
exprimant la possession, devant un nom de per-
sonne, voir rintroduction. — Locutions : de grant
acoil, d'anceisorie, de grant baillie , de fi ^ de Ugier,
de nient, de grant ovraine, de primés, de pris, del
tôt, de veir, voir ces mois. — De employé après
plus i388, etc. — De ça 64, corr. deçà,
DERATREta teste 5583, s? donner du souci, se casser
la tête.
Deboistibr. Voir Dbsboistibr.
Dbbrisibr, p. f. debrisiee 6844, détruire, briser.
Deçà 64 (éd. de ça), de deçà 787, 9908, de ce côté-
ci; 787 d'occident, par opposition à la Syrie.
Dbciribr. Voir Descirirr.
DiCLiR : mist a déclin 8488, ruina dans leur puis-
sance.
DicoLiR, p. dtcolé 9670, décapiter.
GLOSSAIRE.
&81
Dbducz : cêli dêdenz 9601, cil dedenz 3876, ceux de
l'intérieur.
DioiJiBi : M dsduiant 1866, se promcnaut pour son
plaisir.
DiFAiLLiR sa65, impf. 6 defaiUouent 996a, 363o
(^ff')% pf* 3 défailli 3768, cond. 6 defaillereient
8a6o, p. s. defttilliz B/igS , manquer; 9960, perdre
courage, lâcher pied; te défaillir 3030, manquer
(à une habitude); ^hg^, manquer (à ses engage-
ments); t7 l'en deffaillereient 8960, ils lui en fe-
raient défaut, ils ne les lui serviraient plus (ses
revenus).
Defalte. Voir Dipaute.
[Défauts], detjaute 38i5, échec; tanz défaite i95/i,
sans faute.
Dbfjuidbb 539, refuser.
Dbfeusablb, s. 6363, pi. s. 3 Ai 5, capable de dé-
fense, résistant.
Dbfe.^sb 9979, dejffenae 3991, matériaux de défense;
defeme 19119, manière de défendre , excuse.
Deffaillib. Voir Défaillir.
Dbffbtise. Voir Depexsb.
Dbfirb, detfire 9633, pr. 6 defisenl 716a, sbj. pr. 3
detfiie t8o8, manquer, défaillir.
Dbfublbb. Voir Despubler.
Dbgabocuieb 3939, se briser; degarocha 39Ai,biisa
(trans.).
Dbheit. Voir Desuait.
Deubt. Voir Dbsoait.
Dbio!(Ieb, pf. 3 deigna 85o , sbj. impf. 3 deignast 61 /i ,
1903, consentir à.
Dejoste i58o, 9o55, 9566 (éd. de jotte)^ près de.
DELAiEMB!fT 55 16, délai, relard.
Deuier, p. f. delaiee i38o, retarder (trans.).
Dblicios, delicioie 5678, délicieusement abondant.
Dblit a 809, plaisir.
DxLiTiEB, impf. 6 se delitouent 5689, se donner du
plaisir.
Delitre 959, 1079 A, s. délivrée 9607, 75A3, pi. s.
délivre 6960, délivré, quill?; 909, 1079/i, agile,
prompt.
Delivrevent 99oA, prompteuicnt.
Delitbeb (Se), pr. 3 »e délivre 179, s'acquitter.
[Delureb]: le fondement delurerent d'une porte 8010
( Richard traduit : portae mnjori» altius fundamenta
rnnfodiendo perqairentes , uitque ad ipsiat maceriei
xoliditatem dejecerunt directam lapidum congeriem;
il doit manquer quelque chose dans le français).
DsvATiEis 37/13, iuconlinent.
Demain : el demain 6A7, i953, 1577, 8997, le len-
demain.
Dbmbincub 10807, faute d'impression pour Dib-
meixcbe.
Demsike 1673, etc., </0matf)« 701, etc., 1673, 1895,
6573, 7965, propre; ae placée demaines 1 1937, à
la propre place ; sit con demaine 11 1 38 , eu propre
personne, 9 89 A, A/19], lui-même; en demaine
9o65, 9007, en propre; en ion demaine 'joi^ 9716,
en sa possession; de son demaine 7966, 9807, de
son domaine propre.
Dbme5Br, pf. 6 démenèrent 6/io, traiter; p. pi. s. dé-
mené 1 570, promener, dégourdir.
Demewter, impf. 6 êe dementouent io55, 98A8, sW-
fliger, se plaindre.
[Demertieres], dementetti 56 1 3, tandis.
[Dembntibbs], detnenleri i639, tandis.
Dbvesleb. Voir Desmbslbb.
Dexetre (Se) 39 19, renoncer.
Deborance 1879, 5991, séjour, attente.
[Devoreb], demuree 359 1, séjour.
Demoreb 9576, pr. 6 demuerent 86, pf. 3 demora
996, gér. demurant 9060, attendre, tarder; 86,
rester (au service de Dieu, y mourir).
Dbmubek. Voir Demobbb.
Dexurer. Voir Demorer.
De51er, pi. denei'n A 9 93, denier, monnaie d'argent,
douzième partie du sou.
Denrée 958, A365, ce qu'on a pour un denier;
6099, A17A, pi. denrées loAA, provisions de
bouche; a chieres denrées 6081, à très haut prix.
Départie 6588, séparation.
Départir 3oo, 679, pf. 6 départirent 3117, p. f. de-
partie 311, 879, A 191, pi. départies 91 A (ms.
parties), 196A, séparer; départir la mellee 679,
séparer les combattants; al départir 3oo, nu mo-
ment de la séparation ; 3i 18 se séparer (intrans.);
879, 91 A, attribuer comme part, donner; se dé-
partir granz couh 3ii7, se distribuer de grand**
coups.
Dbpechirr. Voir Depecier.
Dâpecier, depechier 3896, impf. 3 dépeçait 35Ai,
depesçoit A7A7, pf. 3 depesça A750, 19069, 6 de-
pescierent 89 5:i, depeschierent 3A5o, p. f. depecie
A83A, mettre en morceaux, déchirer; se despeça
13059, ^^ brisa.
Deperobb, pf. 6 deperdirent 19 05, perdre, perdr.»
de vue.
Dbpescbieb. Voir Dbpecibb.
Ao.
&82
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SALNTE.
Dbpbscieb. Voir Depbciib.
DiPOBT 33o8, divertissement; a grant déport &&o, en
grand plaisir; toi Ut detporz 1763, toute la jouis-
sance.
Dbpobtbb (SB),impr. 3 têdeportot 3638,6 iedepoi'-
tuient 710, pf. 3 te déporta 3636, se divertir,
prendre plaisir.
Deposbb, pr. 3 detpote 53oi, p. detpoté 8585, dépo-
ser (de son rang); p. p). dépotez 3o, dépouiller,
chasser.
Dbpheibb, sbj. pr. 3 deprit 6796, prier.
Dbbbbair 3399 (ms. derain)^ pi. dereraint 801, 10876
(ms. deraint), dernier.
Dbbbbiixbmbnt 1 1066 (ms. derainement) ^ en dernier.
Dbbibbb : en deriere 8618, par derrière, en secret;
que que il pentatt en deriere 9698, quelle que fût
son airière-pensée : en deriere 7786 parait opposé
à aniere, comme marquant plus nettement la re-
traite, la reculade.
Des 539, depuis. Cf. Dbsci.
Dbsabxgibb 5535, déraciner (fig.).
Dbsaleieb, pr. 3 detaîie 7090, p. f. detaliéè 6190,
débander, désunir.
Dbsabebb, p. pi. 8. detareé 3638, en désarroi.
Dbsasbvblbb , p. r. (;{efaj0m6/«« 7998, désunir, séparer.
Dbsatempbbb : celé gent detatetnpree 11939, ces gens
mal dressés, indociles, sauvages.
Dbsaûseb : la gent de bien detaûtee 6763, la race qui
n*a pas Tusage , la pratique du bien.
Desbabetbb, pf. 3 detbaretat 9613, défaire (â la
guî?iTe).
Desbauchieb, p. f. detbauchiee 9888, mettre en dés-
ordre.
[ Desboistieb] : p. pi. s. detbottié l 'ho^ ^ deboitiié 1 579 ,
éclopés, détraqués (en parlant de chevaux).
[Desboschieb], pf. 6 detbucherent 7119, sortir d^une
embuscade.
Deschabgieb i566 (ms. charger), débarquer.
Deschatbb 36 1, déposséder (prov. detcaptar),
DESGHEVAUcniEB, detchevalchier 669^1, pf. detchevau-
cherent 9990 , renverser do cheval.
[Dbsci] i93o (de «), 1980 {de ci), 99^6 {de «"),
393^ {de ci), 3399 {de tt), 33^9 {de ti), 6919
{de ti), 6606 {de ci), 7068 {de si), 9805 (de ti),
109^4 (des ci), depuis ici jusque; dans Tespace :
detci qu'ai port, qu'as porz, qu*al Far, qu'ai pie
de la montaine , qu'a Ypre; ou dans le temps : detci
qu'ai teir, qu'a la nuit, qu'a la Nativité, qu'aprèt
mangier; par exception , la limite est placée en ar-
rière : de ti que lie iert cimefteim 7087. — Cet ad-
verl>e, composé de det et et, pourrait s^écrire en
deux mots, et c^est ce qui a été iait dans le texte,
mais les variations graphitjues entre de ti, de et et
det ci montrent que les deux éléments étaient étroi-
tement liés.
[Dbscibibb], impf. 6 deeirouent 9996, déchirer.
Desclobe, pf. 6 detclottrent 3885, ouvrir de force.
[Dbscombbeb] : qu'il n'eûtt grant a detcombrier 1998
( : nombrer) ; le sens de ce vers est obscur, j^ai com-
pris : trsans qu^il dût prendre beaucoup de peines ;
ma» il faudrait sans doute remplacer detcomhrier
par encombrer et changer tout le vers.
Descombbibb. Voir Descombbeb.
Dbscompibb. Voir Descojipibb.
Descompitube. Voir Desco>pitcbb.
Dbscohpobt. Voir Desco^pobt.
DBSC05P1BB 807, pf. 6 detconfirent 985, p. f. detcomJUe
9699, déconfire , défaire ( à la guerre ) ; pf. 6 te dêê~
confirent 3988 , sbj. impf. 6 te detconfeittent Sooh ,
(ms. desconfittent) , lâcher pied, plier.
Dbsco.npiti'Bs \Hfi'6,descomfiture 1765, 95o3, décon-
fiture, défaite.
Dbsgo?ipobt 967 (detcotnfort) , 9 5o9, pi. dêêcon/orz
k6ijS, déconfort, aflliction.
Dbscokpobtbb , impf. 6 detconfortouenl 91 33, p. f. dte-
confortée 37, décourager, ailigcr.
[ Dbsco5bebb] : pf. 3 detcunreia 1699, mit en désordre ;
6 te detconrcierent 11610, quittèrent leurs rangs, se
mirent en désordre.
Descotibeieb. Voir Descojireeb.
DsscoxsEiLLié, f. detconteilliee 7817, pi. detconteilUeet
5 198, sans direction, désoriente.
Dbscordakce 8961, discorde, désaccord.
Descobde 109, discorde; a detcorde 965, en désac-
cord.
Descobdee 917, 535o, 83 o5, 8363, ditcordee S^'j^ ,
discorde, désaccord.
Dbscobder, pr. 3 detcorde 966, p. detcorde S6ib ,
brouiller, mettre en discorde; detcorderent ]o5o,
furent en désacconl.
Desgorder, impf. 6 detcordoient 3918, pf. 3 detcorda
3768, lâcher la corde (de Tare), décocher, tirer.
Dbscovenue 35, malheur.
Descotbir : p. f. descoverte ^-l'jS, révélée; a detcoverl
93i3, à découvert.
Descbeistbe, pf. 3 detcreiU /Ï096, gér. detcreittant
6097, décroître; detcreiie ikiS, 3669, diminuée,
décrue.
GLOSSAIRE.
i83
DiscBUCBiBB, pf. 3 detcrueka 10071, renverser, jeter
à bas; voir D^êcrunquier dans Godefroy.
DisouGRiia, pf. 3 te detdngna 639, se fâcher, sUn-
digner.
DasDiiGRoa 8996 , coiirroax, dépit.
D18DIBI 6658, impf. 6 deêdùeient 91A&, contre-
dire.
Dmibti. Voir Dissbbtb.
DisBBTia. Voir Dbssibtib.
Dmfiirb la tençon 669, apaiser la querelle; detfaire
io&o,imp. 5 deêfaitet 9900, mettre à mort; p. s.
dêrfah 9930, accablé par i^âge.
Dbsfautb. Voir Depautb.
DisPBSTivi. Voir Dbsfbstu^.
DasrBSTui, f. derfettivte 10939 (corr. det/etltêeê), cha-
griné, désappointé; voir Godefroy.
Pbsfichibb A3 3, dépiquer, lever (en parlant de
tentes).
Dbspibb. Voir Dbfibb.
[Disfublbb]: p. defubUé 8790, débarrassé de son
manteau. *
Dbsouabhib : de$guamie 6109, dépourvue.
[Dbshait], deshêit 5i/io, degheit 78/^5, dehet 3a 58,
6906, dehet 7813, découragement, tristesse.
DiSHAiTiBR 5366 , s'attrister ; deêhaite 1810, déplaît ;
19987, P* àethaitié 3o8o, pi. dethaiiiez 5975, f.
dethaitiee 3936, desheitiee 971, 7786, 78^3, det^
heide 6906, découragé, attristé.
Dbsheit. Voir Dbshet.
Dbshbites. Voir Dbssàibtes.
Dbshbitier. Voir Dbsbaitibb.
Dbshbt. Voir Deshait.
Dbsibancb 9336, désir.
Dbsibibb 1 9099 (ms. éd. deâirien), denrer 586, s. de-
tirien 93oi, 19099, pi. detirert 96A, i359, dé-
sir.
Dbsjoirdbb 9918, séparer; te detjointitteni 9916, se
séparassent.
[Dbslbial], s. detUaut 9798, déloyal.
[DESLEié], p. s. detliez 8806, pi. f. defloeet 3706,
sans loi , scélérat.
Dbslial. Voir Desleial.
Dbslié. Voir DESLEii.
DESLoé. Voir Deslei^.
Dbsloer, pf. 6 detloerent 10966, déconseiller.
Dbslooibb 9806, lever le camp, ddoger.
Dbsmbslbb, p. f. demetlee i6li , detmellee 668 , arranger,
pacifier (une querelle).
Db8iibsubb(A) /i69, 1611, 90i3, 19153, avec excès.
DisHESUBé, f. detmeturee ]o663, présomptueux, qui
manque de modération.
[Deskorir], pf. 6 detnurirent 76A6, dépérir par
manque de nourriture.
Desnobir. Voir Desrorir.
Despehdrb 1096, 9669, A810, etc., pf. 3 detpendi
9858, dépenser.
Drspense : a ta detpente 19111, à ses frais; 3999,
3A]9, 9918, provisions de bouche; povre et de
grant detpente 3^69, pauvre et coûtant très cher à
nourrir.
Despirr, p. f. detpite 118/ii), traiter avec mépris.
Dbspit : el detpit al diable kS^el detpit defei critUane
3711, en haine du diable, de la religion chré-
tienne.
Dbsport. Voir Déport.
Desposer. Voir Déposer.
Dbsque 3i9i, 899A, 11 659, jusque.
Dbsbaisoii 5/i55, 9009, tort.
DBSREEKiiBirr 6930 (ms. deireement)^ avec impétuosité ,
furieusement.
Dbsbeeb : te detreerent 7^99 (ms. te den^engierent)^
sortirent des rangs; detreee 5o3i (ms. dwree)^
acharnée, furieuse; chierté tant detrees hboà
(ms. desree)^ cherté si excessive, si déraison-
nable.
Dbsrei 643 1, action de rompre les rangs, désordre;
a dstrei b^ùli, avec impétuosité; 1886 avec trop
d^ardeur; a tel detroi 96, avec tant de fougue.
DESRK50IER, pf. 3 detrenga 1997, sortir des rangs.
Desroi. Voir Desrei.
[Desboîllier], pf. 6 detrotllerent 76^^, se dérouiller.
[ DbsRoteb ] 1 p. f. d^troutee 58 1 6 , faire sortir de Tordre
régulier.
Dessaibtbs : cil traitt a lui doue taietet entuchieet en
det heitet 1996, la vetttiez en dettaietJt plut de cinc
cc-nt mile taietet 3109. On a évidemment dans les
deux passages le même mot, qui doit être : en d^s-
taietit; mais le sens n^en est pas clair: sans doute,
«ren un moment, aussitôt?). Le mot se retrouve
seulement, à ma connaissance, dans le Roman det
Franceis d^André de Coutances, où il a le même
sens : £11 detsetet (éd. Endeteetet) t'ettormi ( Jubi-
nal, iVouv. Aec., II, 6).
[Desserte], pi. detgrtet 4866, ce qu*on mérite; en
detertet 1 790 , en récompense.
Dbssebvib 8957, sbj. impf. 3 detervitt 81A7, mériter,
gagner.
[Dbssob], <iefur9693, 8170, sur.
uu
L'HISTOIUE DE LA GUERRE SAINTE.
[Dessus], ditut 5i5, sur; qtts ne Valassen en thfua
9606, que tu 110 ic surmonlas^s; tl de$ui 9976 , à
• même.
Dbstaiptdre. Voir Desteindre.
[Destei^idre], pr. 3 destaint 0689, sYleindre.
Destempree : destempree iiC3'i, déréglée, acharnée;
destemprot 7039, î>e |][àtait par Thumidilé.
Destendre, impf. 0 dM.ndoient aaiS, pf. 0 desten-
dirent ii5o9, lâcher la détente, tirer; dettendre
8999, lover h»s tontes.
Destiner, p. f. di'ttin.'e 1A60, q38o, fixer d'a\ancc
(en parlant de Dieu).
Dbstobbeb 9 935, pr. 3 detinrh» 1 1888, p. f. dentorbec
i38o, (jôner, nuire à; impf. fi denlorhouvnt 'jktihj
\}, (. di'9torhei' 540 1, ^hh-i^ entraver, arrêter.
Destorbier, pi. d .'Klorhiei'i i357, trouhie, entrave.
Destor5ET, petit détour : let dcuiorntz 77'iiï par des
chemins détournés. On pourrait aussi regarder <i<<-
iwnez comme le pi. de detUmté, en sou*i-ent. che-
min; mais je ne connais que le fém. deâtotikse (sous*
enl. voie) qu'on enjploie de cetle manière.
Destobher, p. f. d'stotTice 93, enlever, déroher.
Desibaindre. Voir Destreindre.
Dbstre : deitve et tenettre 65oi, à droite et à gauche;
a deëlre 9979, à droite.
[Dbstrege], destresce 3 00, 3^)58, 4383, pi. detlreice»
33i9, génc, souffrance.
Destreindre 8/198, dettraindrs 697*? , forcer, réduire;
pr. 6 dettreinerU 610/1 , 5969, presser, tourmenter.
Dbstieit, f. dextreit! /i/i3o, tourmenté, malheureux.
Destbeit, de^trciz 3i5, 817, détroit; en unt degtreiz
1989, dans un lieu resserré, un défilé; position
ditlicile, génc : /Vn tniu en detirvii 101 13, le
tourmenta à cause de cela.
Destreite : en destieitcs fujti , à la gène.
Destbesce. Voir Destrege.
Destrier, pi. destnern 3633, cheval de guerre.
DisTEoissiEn, p. pi. d'jxtroistiez 7755, abattre?
Dbstorber. Voir Destorber.
Dbsub. Voir Dessor.
Desus. Voir Dessus.
Dbsteier, p. s. detveiez 55i 1, f. desvoise A 89 , égarer;
detvoiee 6788, perdue; desvoiant 1990, perdant le
chemin; desvoierent 895 1, détournèrent.
Dester 9879, perdre la raison, enrager; p. f. degvse
635, pi. detve?8 8798, furieux, enragé; la paijne
gent deêvee 10810, les païens insensés ; ie desvouent
4857, enrageaient.
Destoier. Voir Deeteier.
Dbstoleir, impf. 6 deevoleient 8698 , desvoUietU 9^76 ,
pf. 6 desvoldrent 8638, ne pas vouloir, se refuser i.
Dbte : par dele 1 9095, suivant le devoir.
Detb.mr, p. f. détenue /jio8, arr^'ter, retenir; impf. 6
se deteneient /i3i5, restaient.
Detor, s. detres 1 1856, débiteur.
Detortre : impf. 3 se detortoit 36'i8, se tordait.
DETRE:<iCHiER 9989, <'0"^« ^> detrenchcrtient 609, p.
pi. s. detrcnchié 5589, tuer (propr* couper on
morceaux).
Detres. Voir Detor.
Detriêr, impf. 6 detriomt 7A01, detrioient 7G90, re-
tarder.
Detriés 1559, derrière.
Dévastée, pi. devantees 106/1, de quoi remplir le gi-
ron, le devant d\mc robe.
Deveir, devoir. Ce verbe s'emploie dans des sens aasex
variés, se ramenant à peu près à ceux de rrétre juste,
naturel, probable *) : cil durent ettre malbailli 459,
ceux-là furent bien prî^ d'être perdus; mais lor
folk lor dut nuire 771, mais il était juste que leur
folie tournât contre eux; ja ne doie ice avenir
9119, qu'il no soit jamais dit que cela arrivera ;
qu'il durent laissier en l'ost ctrre 9188, qu'ils
avaient l'intention de laisser courir dans l'ast; e
quant il durent ariver 9871, et quand ils furent
sur ie point d'aborder; que cels deOst gnarantir n?
défendre 5/io4, qu'il fût dit qu'elle protégeait
c^nx; qui miilt dut Vost aveir grecee 5766, qui
faillit faire grand tort à l'ost. Dans mais trop 1
dcut poindre d^asMez 7500, le sens est assez diffi-
cile à rendre; c'est à peu près : «ril s'avança trop,
plus qu'il n'aurait dû?».
Devers 786, 9908, etc., du côté de.
Deviner, impf. 6 devinaient 3i65, faire dc>s conjec-
tures.
Devise 4 06, opinion, plan : ottifi alerenl les devises
1 1799 , telle fut la base des négociations; la peûs-
siez otr reter les uns as antres lor devises 7005, les
uns reprochaient aux autres leur opinion; ainsi
parlouent par devise» 9188, ils parlaiiMit ainsi sui-
vant leurs idées; car tout quidouent senz devise
iiio5, car tous croyaient sûrement (propr* sans
penser qu'il y eût là ime question douteus?, d'opi-
nion); sor V angevin fid la devise en quel manière
viande en serait achatee /i8'ii, la question était de
savoir comment, avec ce denier, on achèterait de
la nourriture; a sa devise 1100, 1789, à son idée,
à son goût; la plus sage feme a devise 1789, la
GLOSSAIRE.
i^S5
femme la plus sage qu^on pill imaginer; lui devita
par devi$e 11807, ^"^ expliqua clairement.
DBfiSBMBXT 798^), arrangement.
Dsfisu, p. pi. S. devisé 3966 , f. devUeen 196/i , pf. 6
ff ievmrent 10710, diviser; 3 devisa 36iA, 6 de-
visèrent 384 1, avoir en intention, projeter; devi-
Mouent k>r être 96a, 378, formaient le plan do
leur voyage; lui deviw par devise 1 1807, lui expli-
qua clairement.
Di&iLi 3o66, etc., le diable (empl. sans article); pi.
s. diable 36^9, les diables.
DiBHAiJiB 11295 (ms. dimaine)^ diémeinge 6693
(ms. dfmeinffe)^ dièmeinche 10807 (^^* demeinche,
ms. dimeinche)j dimanche. La forme du commen-
cement du mot est attestée par la mesure, mais il
n^y a pas de 1 ime qui en détermine la fm.
Digubb. Voir Disreb.
DiGRBTé 8568, rang, dignité.
DiHBiRCBB, dimeinge. Voir DiésiAiiiB.
DiBB pris subst. : puv lor dires 567, pour leurs dis-
cours.
DiscoBDBB. Voir Dbscobdek.
DisMB 6639, dixième partie.
[Disrbb], digner 5888, pf. 3 digna 5886, 6 di-
gnerent 6887, p. digne 1599, prendre le premier
repas.
Dn : Vem en diseit granz dit 5o8, on en faisait beau-
coup de discours.
DiTOB : pi. s. li ditor tant en saveient 8o56, c'est ce
qu'en savaient ceux qui en parlaient.
DivEBS, f. diverse 2369, divers.
DoBLCB : qui la dobla 1918, qui la fit se gonfler (In
nier)»
DocTBiifB 3099, instruction.
DoBL. Voir DcBL.
DoL, Voir Dlel.
DoLBin, doleil 1712, souffrir; impf. 6 s? doleient
/il 06, de même.
DoLz. Voir DoDz.
Dow. Voir DoKC.
Do^c 3/io, 9751, alors; don n*as tu 96^8, n'as-lu
donc pas?
DorsE. Voir Dune.
Do.NER, pr. 3 done 189, domier; sU dotra 9890,
conviendra.
Dont 39/i, i396, 9189, 5oA9, 9570, d'où.
Dorer. Voir Durbr.
Dorvir (Se), pf. 6 te dormirent 11913, dormir.
Dota5CB, doute : en dotance 178/i, en doute; sanz
dotance 17, i3/ii, 9789, .«ans aucun doute, si\re-
nif^nt.
Dote 1969, 98A5, crainte.
Doter (Se), impf. 6 xe dotouent 3365, pf. 6 se dou-
tèrent 6t 1,. avoir peur.
Douter. Voir Doter.
Doue : Francs la dulce terre 8897, ^^ ^^^ P^Y* ^^
France; doit ator 11057, voir Atob.
DoTos i3i9, i390, dotose 3935, qui cause de la
peur, redoutable.
Dr\gok 6i5A, enseigne des Normands, en forme de
dragon {regium vexillnm dans Richard).
Drap, étoffe : pi. chiers dras 1A98, e dras de seie e
dras en graine 167/1, *''*'" d'escharlete e de soi?
9077.
Dreit, direct, droit : s. dreiz heirs 3906, héritier lé-
gitime; un dreit pilet 3765, un Irait bon, conve-
nable ; merveilles droites 1 1 /i 53 , des choses vraiment
merveilleuses; snbst. pi. ses dreiz 9^189, ce à quoi
il avait droit; a dreit 879, suivant le droit; adv.
dreit 391, droit; dreit de coruz 7868, par la suite
immédiate de leur dépit; tôt droit 619. Sur droite
19338 voir Adbeit.
Dbbiturb, 19, 873, 8355, justice; a droture 11793,
sans manquer, certainement.
Dreiturier , f. dreituriere 97/18, drettnrere 9 1 33 , légi-
time, qui appartient légitimement.
Dreture. Voir Dreiturb.
Droit. Voir Dreit.
Drouont 1177, pi. dromonz 596, 1179, I90i, ba-
teau de transport.
Droti RE. Voir Dreiture.
Drue 11/10, amie, bien-aimés.
Drugemaki 1G89, drogman, truchement.
DiiBL, doel 3o9, s. dois 970, deuil, douleur.
DuiRE, enseigner : dnite de bataille 635 1, experte à la
guerre; se dnire 2 8/1 3, s'habituer, se faire une loi
de.
Dune, dones 5761, dunes 7790, dune, monticule de
sable. La forme est attestée par la rime avec brunes
(7720).
Durée : eûst pni de durée 9888, aurait pu résister
peu de temps.
Durement 778, 1973, 99/18, 976/i, fortement, ri-
goureusement.
Duber : fut. 3 dorra 898, cond. 3 doroit 85 1/1, 6 do-
rouent 3366, p. s. i>rf durez 1666, durer; durer
a els 6816, leur résister; la durer 9970, résister
(cf. i< la durare, la pris absol*).
&S6
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
E
E 5, 7, 13, 19, ùli, 37, 36, âo, elc.; et 18, 19,
36, 60, etc., cl (la forme e est la plus fréquente
de beaucoup, sans qu^il y ait d^ailleurs de raison
viable pour le choix de e ou f() : dit e dû 9966,
dix par dix; e 5^1 A, 10/110, commence la propo-
sition principale après une phrase incidente; voir
Dicz, trad. fr., III, 317. — Et ne se fond en
enne, enn 135.
Eagb 699/ï , pL aagee 36o , âge; par tanz aages 1 395 ,
pendant de si longues périodes de temps.
EcBiËn. Voir EscniËB.
Eppouz. Voir Esforz.
Effbbibb. Voir Esfbbbr.
Eht. Voir Es.
EiifCBis. Voir AixcBis.
E1BB188, 356, 359, 1199, 1 i3/i, 3645, etc., cire
917, 378, chemin, Toyage; atomer son eire 1 136,
9/165, faire ses préparatifs de voyage; Deu$ ot lor
eire atome 11 93, Dieu avait tout préparé pour
leur expédition; estre $or $on eire 5989, 8696,
être sur son départ ; en lor eire aprochierent 888 ,
ils furent rapprochés du terme de leur voyage; bon
eire 8991, bon train. Voir Erbibb.
EiR 598, 3^33, héritier, pi. s. dreiz hein 3906, hé-
ritiers légitimes (il s^agit de femmes); au fém. eir
89^0; peut-être de même oir 89/15, mais ce pas-
sage semble altéré.
Eibbb. Voir Ebbbb.
Eissi. Voir Issi.
[Eissil]: tome a euil i/ioA, naufragés.
EissiLLiBB, impf. 6 eiteilloient 1 1 169, dévaster, piller;
p. pL s. eiêiiUié 19906, maltraités.
Eissii, pr. 6 istent 397A, impf. 3 itseit 397, 6 û-
toient 9911, pf. 3 eiui i3i6, 9691, 6 itiireni
9905, gér. eisiont 1796, sortir; s'en eiêsir 397,
9905, de même.
[Eissub], pi. iauet 1119, sortie.
El. Voir Le.
El 1958, 5095, autre chose.
Elmb. Voir HucMB.
Em. Voir Or.
Ehbatbb, pf. 3 embati 735, ùembatirent 15A7, 3386,
pousser de force; embatre 6819, au sens de s'em-
batre; $*embatre 3986, hii^Q^ pr. 3 t'embat
i9i/i8, pf. 6 i*enbatirent 795, p. pi. s. s'ierent
embatu 9799, se lancer, arriver à Timprovisle. An
V. 6 A 97 embati est une faute pour aboli,
Ehblbb 34 a, 368, pr. 6 emblent 3o68, p. f. embUe
9006, dérober, prendre en secret; t'embUr 9/190,
se dérober, partir furtivement.
[Emboidbûbb], enbordeûre 3886, bordure, encadre-
ment.
Embiacibb, enbraeiir 71 13, saisir dans ses bras; p. f.
enbraciee 9575, entourer de ses bras; pour embra-
çant 691/i, il faut etnbraiant,
Ehbbaibb, gér. embraiant 6916, attaquer, harceler.
[Embuschbmert], enbuschement 7111, enbuchement
1916, embuscade, cachette.
Emfart. Voir Erfart.
EnFBBTi. Voir ERFBBré.
Emfbs. Voir Ehfàrt.
Emflb. Voir Erflb.
Ehpairdbe. Voir Empbirdbb.
EuPABBRTé, s. enparentez 1793, apparenté.
[Empbechibb], enpetcoient 10/197 (ms. en pecoient\,
entraver, embarrasser.
Empbirdbb 3 09 , empaindre 9 1 5 1 , pousser.
EmpbIbbob, empeireûr 1396, empireur, mot forgé par
Tautcur pour faire un jeu de mots.
Empbiribb, pf. 3 empeira 69a, gAter, empirer; p. f.
empeiriee /1759, endommager; cond. 3 en^^eirenit
53iâ, faire tort à; $ei tneieme» empÀroi 1397, '^
se nuisait à lui-même.
Empbbcibr, p. enpercié 6957, percer, enfoncer.
Ehpbbignibb, pr. 3 fmpraÛM 6, concevoir (propr* être
gros de); impf. 6 empreignouent àùSh (le sens de
ce verbe ici est obscur).
Ehpbbrdbb 868, enprendre 1 116, sbj. pr. 3 empreim
5, pf. 6 et^ristrent 9/108, p. f. enprits 761, 9109,
entreprendre, commencer.
Ehpiessibb, impf. 3 empreesoit^^^k , presser, serrer de
près; pf. 6 êmpretterent 7963 (: ItUsterent = latme-
rent); e^enpreuier 9553 (: beiuier)^ s^occuper avec
aitleur.
Empbisb i3/i6, 1903 (lire ineû ne deignatt pa$ e'em-
prise), entreprise; par com faite enprite 9/io3, dans
quelles conditions; a icele emprise 7809, à ce fait
d^armes; hardie empriee i535, fait d'armes hardi ;
foie empriee 9719, 5/^6/i, témérité; par s^emprite
5 16, en exécutant son dessein; de grant emprie»
GLOSSAIRE.
487
997^ « 5oa6, tr^ fntrq)rcnant; genz de it granz
impri$es 7006 , bominos si entreprenants.
Empbohteb. Voir Emprokter.
Ehpioxt a688, enpront ai 8, 8776, einpininl.
Ehpboiitbr, empromter 875'!, emprunter.
Eh. Voir On.
Eji avec pwrter, méfier, etc., est loujours séparable.
Cf. Si.
En, en : munta en un cheval 18/1 3, monta sur un
cheval.
EiiBATBK. Voir Embatre.
ENBOBDEtiBE. Voir ËVBORDEL'RE.
EsiBBiciBR. Voir Emdricieb.
Ehbcgdbvbnt. Voir Embuscbeme.nt.
Erbuschemert. Voir Embuscukme.nt.
Ehcabracion 133^9, incarnation.
Ebcbhsibb, pi. encmiiers 9087, pol où brûle de Tencens.
E5CBBCHIEB : ^r. encei'chani 103^9, habiles à s'in-
former, pénétrants.
ExcHAciBB. Voir EpiCHArCIER.
Enchalz. Voir Erciiauz.
Erchascier. Voir Exchaccier.
Ekcbaccibb, impf. 3 enchascoit G3o6i G enchaeouent
6366, 6399 ipf. 3 cnchaça aSAG, 6 etichaucerent
6019, 736/i, iia3o (ms. inchacerent) , 11 333,
enchacierttU 32^6 (au v. an'iô ettchacertnt par er-
reur dans le ms.), enchaesi'ent'ibbS ^ 1^)87, 3683,
Al 58, 5699, 6991, poursuivre. Le ms. donne
plus souvent enchacier, mais le sens appelle plutôt
partout enchaucicr, comme le montre notamment
le V. 11 33o.
Krchade 1666, 2 33o, enchah 3io3, 79,06, pour-
suite.
Erchebir, impf. 6 encherissonent 10.596, fnire en-
chérir.
EifCLiR : teste encline 265, ti^te baisser».
E11CLIKER, impï, 6 enclinoient 655 1, faire baisser, cou-
rber.
EfICOMBATBE. Voir EsCOMBiTRC.
Ercombbier, pi. encombrieri i36o, enconhri'rn 9801,
embarras, difliculté.
[Ejscombbos], cncumbroies iîî5, embarrassé, diflicul-
tueux.
Ercotibrier. Voir Encombrier.
E^icoTiTBB 5i5 (ms. encoite)^ en face do; a 336,
3337, 33/10, à la rencontre.
Rkcortbe iooo5, renconira (en bntaille), fém.;
qu*encontre n'i cûst 1876, sans trouver quelqu'un
en face de lui.
Ekcortrbb 139/i, rencontrer.
Ekcorb. Voir Oncore.
Ercobe. Voir Ercorre.
Etîcorre 5/iio, 7338, 7696, encore 5i/i8, 7595,
encuire 21 84, encurj 7961, pr. 6 encurent 7599,
pf. 6 encorurent 3996, 53/ii, sbj. pr. 5 eneurgiez
7339, sbj. impf. 3 encoreuit 5 059, p. f. encorne
10966, souffrir un dommage, proprement à la
suite d'une faute, comme les otages que Salahadin
laisse encoire 53/ïi, 56 10^ 7961; puis en général
être victime, périr 3996, 3o30, 5 168, 7338,
7339, 7^96, 7599; la gant iert mûrie e encorne
1 0966 , ienz plus encore ']hgb , sans souffrir de plus
grandes pertes; a la nostre geni faire eneurre
31 86, pour faire du mal à nos gens. Au v. 5o59
le même verbe a un tout autre sens : e si le tens
si encoreust, s'il arrivait dans la suite du temps.
Encortiner, p. f. pi. encortinees 9086, tapisser.
Encoste 1363, près de (6196 1. en eoste).
EifcuHBROs. Voir Ebcombbos.
EKGi'BB.«Voir Ercobrb.
Ekcdrre. Voir Ercobbi.
ërccsbor, encuseûr i836, dénonciateur.
ërcusbr, p. f. encuBse 6019, signaler, annoncer.
E?(DEMAn : Vendemain 593o, le lendemain.
E^DEMANTiEREs. Voir Erdehertiebbs.
Erdbhb^itbrs. Voir Erdemertibbs.
E:«DBME5nEBB8 5379, endemantieres 6938, cependant,
dans l'intervalle.
Erdemertibbs, endêmenters 3i65, 3766, 6609,
8935, etc., pendant, tandis.
Erditer, p. cndité 7610, 8301, indiquer, faire savoir.
La fonne est attestée les deux fois par la rime avec
cité,
Erdbeit ^335, 56o3 , justement; ci endreit 6737, ici
(précisément ici); endreit oel afaire 376, sur ces
entrefaites; endreit els 5ii5, à leur égard; endreit
els 9879, de leur côté.
Endreit : en nul endreit 1887, en aucune façou.
[Ereibb], enneire 703 (ms. en neire)^ aneire 355,
1609, 1719, 1863, 6o3o, 8635, 9039, anoire
io36o, 11697, 19006, promptement, aussitôt.
Eneire est composé de en et <iVv; l'intimité de la
soudure est montrée par les formes enneire aneire.
Erbke. Voir Esrbbb.
Erermi, f. enermie 5877, mihertniê 6o65 (ms. kermte),
désert, dévasté.
Ekeskb. Voir Esrbkb.
Erbteis 5o6, 11668, maintenant, cette fois.
61
MrajaiuK viTioaiLt.
^88
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Enfant, s. emje» s/iSS, 9639, enfant; fém. enfant
99/ï, emfant looo.
Enfeb, f. enferme 11799, faible, non forlifié.
[EnrEnGiEn], p. f. enfiergiee 8978, allacher ensemble
parades fers, river.
EifFERMBTé 9076, pi. enfeiinetei Aaoo, maladie.
ËRPERTé i99i5, emferté UGoT^ i9s/i6, maladie.
Enpiergibb. Voir Enpergibr.
ENFiifiTé 11977, infinité.
[Enfle], em/Ie ^973, enflure.
Erfoîr, pf. 3 enfoi 3096, 6 enfaïreni 3097, enfouir,
enterrer.
Enfondbbb, pf. 6 enfondrerent 9969, 3886, sbj. iriipf.
6 eii/bn^r<uen( 9 960, enfoncer, défoncer, briser.
[Enforgibb], impf. 6 enforçouent 39 o5, pf. 6 enfor-
cerent 3909, fortifier; impf. 3 enforçol 9763, ren-
forcer,
Enfraindbb, p. f. enfraite 99/16, enfreindre.
Enfuir. Voir Enfoîb.
[Enoeigneor], pi. engineor» 9973, engineûrt 39 15,
construcicur de machines de guerre, ingénieur.
[Engeignos], enginui 97, avise, habile.
Engin 6116, sage conseil; s. 9635 ruse (du diable);
engins i365, 9976, machines de siège.
Engineor. Voir ëngiigreob.
Engineûr. Voir Enobionbor.
Enginus. Voir Engeignos.
[Enoordi], pi. s. engurdi 1571 (ms. deigwrdi)^ en-
gourdi.
Engbaine, pi. engramet 1698, étoffe teinte en rouge?
Engregier, impf. 3 engrejot 5833, devenir plus diffi-
cile.
Engbès, f. engretae 1698, 9386, 3oi8, 6889,
5663, 5899, acharné, hostile.
Engbesseb, pf. 3 engre$sa 6961, 6 engrenèrent 5711,
gér, engrenant 3o59, presser, serrer de près.
Engboter (S*j , pf. 6 ê'engroterent 19911, tolhber ma-
lade.
Engurdi. Voir Engordi.
Enhaitier : p. f. enhaitiee 7786, en train, bien dis-
posée.
Erbbbmi. Voir Enebmi.
Erjobnrb : a Vat^omer /i0J5, 6i95, a Vanjomani
6067, au point du jour.
Enjcre 1367, pi. enjnrei i355, 6900, 19991, souf-
france, tribulation.
Enn. Voir Et.
Enreire. Voir Eneire.
Enncrlk 9816, nuageux, sombre.
[Enoios], f. enuioie 3936, pk enuioie$ 1098, dés-
agréable; henuiuêe* 85 ù, blessantes.
Enober. Voir Onorer.
Enpaindrb. Voir Ehpaindrb.
Enparentk. Voir E!iPABE.^Té.
Enpercier. Voir Empercier.
Enprainibr. Voir Empbbignibb.
Enpbendbb. Voir Emprendre.
Enprbssier. Voir Empressibr.
Enprise. Voir Emprise.
Enpront. Voir Empront.
Enquere. Voir Enqderre.
ExQUERRE ]3io, enquere i3o6, ]339, pf. 3 enquût
1 3 1 0 , rechercher, s^enquérir de ; ço fud diote
enquûe 5997, c^est une chose dont on sWorma.
Erragier : enraga del sens 1951, perdit la raison; $ei
enragter 1 666 , devenir enragé.
ENBAisNii, p. f. enreisniee 8869, disert, habile à
parler; pi. enraisnees 1809, de bon conseil.
ENREisNié. Voir Enraisni^.
Enrievbe, enrievres 1680, mutin, indocile.
Enrievreté 5637, indocilité, rébellion.
Enroer, impf. 3 mroo( 6970, s^enrouer.
Ersaim. Voir {Insbing.
[Enseignibb] : enseignées 890, bien élevées, instruites.
[Ensbino], pi. ensaimz 7901, indice, enseigne.
Ersbmrnt 1B75, 1171, 1596, 1799, 9878, 3987,
35i3, 38i9, 6733, 6751, etc., de même, éga-
lement.
Ensbrer. Voir Enserrer.
Enserrer, p. f. enseree 9196, enfermer; s'enserra
9017, s'enferma.
Ersi ii9o6, ainsi.
Ensi?ement 965o, suite.
Ensivrb 169, fut. 3 ensivra 5669 , suivre, poursuivre.
Ensorqdetot 563i, surtout.
Entalent^, s. entalentez io366, f. entaUntee 7606,
en disposition, désireux.
Entasseîz 6363, entassement, amas.
Entasser, pf. 6 entassèrent 3o56, refouler en tas.
ENTEcuié : s. bien entechiez 597 , 9679 , doué de bonnes
qualités; tnieh entechiez 9119, doué de meilleures
qualités; pi. r. malement enthechiez 9569, de mau-
vais naturel.
Entres 3790, action de tendre (une arbalète).
Entençon : a entençon 1 1699, exprès.
Entbndbb 936,36i3, 6585, im^L 3 enlendmtiUh^
9699, pf. 6 entendirent iti09, 19996, cond. 3
entendreit 6618, 6 entendraient 9766, ^.entendu
GLOSSAIRE.
489
hZo^ f. entendue 59a6, entendre a 93 A, i3Aâ,
9699, 9766, 3âi3, entendre de /j6i8, être occupé
à, 8*occuper de; n'eùeeent a$$et a entendre 6585,
n'eussent fort à faire (de quoi s'occuper); iiioa,
OToir une opinion sur, enlcndrc (une affaire); al
mien entendre 59/i5 , 9783 , autant que je Tentends , à
mon avis ; &3o , 59 36 , comprendre ; eet gent Voirent
et H autre Ventendirent ia<]96, l?s siens Tenten-
dirent et les autres compi irent bien ce qu'il disait.
Ertbiits : t ot mis t'entente ao63, s'y fut applique;
miet granz ententes s3i3, s'appliqua beaucoup;
en bone entente 9718, en bonne intention; la erent
lor ententea 3^78, c'était là le but qu'ils se propo-
saient; a lor ententes 9319, tant qu'ils pouvaient;
ententes i357, ii3o3 (ms. éd. atentes)^ soucis,
diflicultés : livrer ententes 3939, 56i5, donner du
souci; mult eurent entente A037, ils eurent bien
de la préoccupation ; a la meie entente 1 596 , dans
mon opinion; perdre ses ententes 18^8, perdre
l'entendement.
EiiTiBnBMBifT 8063, pleinement, sans conteste.
Ehtestbb 808, frapper sur la této.
Ehtbbchik. Voir EirrEcuié.
EirriBB : euer entier 7 1 3o , s. ciiersentieis 1 3086 , cour
lovai, ferme.
EfiTienEMENT 959A, fermement.
Ertob. Voir Ton.
Entobreb : en l'entornee G069, À la ronde.
[Ertoscbb], entutche 566o, venin.
[Ektosgbier], p. f. pi. entuchiees 1936, empoi-
sonner.
EirrBiBATBE (S'), impf. 6 s'entrabatoient 995^, 33A8,
se renverser mutuellement.
ExTBAConsiTBR (S'), pf. 6 s'etUraconsivirent 3iû, s'al^
teindre mutuellement.
EicTBAriBR : pf. 6 s*entrafiirent 875, a'entrefierent
ii3i3, s'engagèrent mutuellement.
Entbaïoier (S'), impf. 6 t'entraïdonent 10019, s'entr'-
aider.
[Ertraiieb(S')], impf. 6t*entreamouentbobi^ s'aimer.
Ertrassaier. Voir E^ttsessaibb.
[Eiïtbataiîidrb (S')]: imi^f, G i'entrateignoient 3390,
s'atteignaient l'un l'autre.
EïVTBE : entre bons e iftals 1 i3âo, tant bons que itiau-
vais.
Khtrbahbb. Voir Ektrameb.
Ertrebaisier (S'), pf. 6 t*entrebaisierent i38, se
baiser réciproquement.
Ektbbcbbtalchibb. Voir Ertbbcbbt aucbieb.
[ExTBEcnEVAocniER] , entreclïevalchierSiù']^ intercepter
en se mettant à cbeval sur le passage de.
Entrecomvoier. Voir Entrecohtbibr.
E^ITRECOREISTRE. Voir EnTRBCONOlSTBE.
[ Emreconoistrb ( S' )] , impf. 6 s'entréconeisseieut 6698 ,
se reconnaître.
Entrbcoktrer (S'), pf. 6 s'entrecontrerent Û917, se
rencontrer.
[Ehtreconveier (S')], pf. 6 i'entreconvoierent A 87,
8*entrecomvoierent 93/19, ^^ ^^^' mutuellement la
conduite.
[ Ektrecosteibr (S')]: 8*etUre€0$toierent 335o,Ke tin-
rent compagnie de près.
Entredoner : s'entredonerent ^91 8, se donnèrent
mutuellement.
E>TRBD0TER (S'), pf. G s'cntredoterent 53o9, se méfler
l'un de l'autre.
ENTREE, pi. entrées 93/17, entrée, faculté d'entrer;
entrée 9195, entrée de port.
Entbepaire, impf. G s*etUrefnsoient 378, pf. 6 s'en-
trefirent 8391, se faire mutuellement.
E?(TBBpERiR (S'), impf. 6 s'entreferoient 339 1, se fra|>-
per réciproquement.
EiiTR EPIER. Voir ErtrafiIb.
Entrbgrevbr (S'), pf. 6 t'entregreverent 53io, se
faire réHproquement du mal.
EirrREDERDEiER (S'), pf. 6 g'entreherdeierent hobS, so
barceler réciproquement.
Ertrbji'Rer : s'entrejurerent 366, jurèrent l'un à
l'autre.
E?(TBBLANCiBn : t'entrelonroueiU 33 19, se lançaient
mutuellement.
Ektrembtbe (S') i33, 8/16, 976, 1869, pf. 3 f'^-
tremiit i858, 6 8*entremistrent 9118, impér. 5 von
enireineiet 161 3, s'occuper, se mêler.
Entbbpbendre 85i8, empiéter, attaquer; entreprendre
a 898a, usurper sur; p. entrepris 8113, gSSH,
en mauvais état.
Etitrepresurb, pi. entrepretures 8o5o, usur|>ation,
abus.
E:«TRERAMP0XBR. Voir E5TRERA1IP0S5ER.
[Entrbbamposner (S')], impf. 6 $*entr^amponouent
8607, se renvoyer des railleries.
E?iTRBROHPRB 9396, interrompre.
[EsTRESsAiER (S')] : i*entras$aierent 8909, s'éprou-
vèrent mutuellement (en se battant).
EirrRETRiiB : t*entretenonent 80 1 A , se faisaient passer.
Entucbieb. Voir Ektobcbibr.
E?iTD8CBB. Voir Ertoscbb.
/il.
/i90
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Ehtci. Voir Ton.
E?ivAÏB 800, 3o96, 5934, etc., attaque, charge; par
envoie 8189, par défi.
Ektajr, pf. 3 envai 789, attaquer.
EiiYEBs 7795, auprès de, en comparaison de.
Enterseb ^967, tomber à la renverse.
Entiz : a enviz 1 1 ij53, à contre-cœur,
Ekz 760, 3197, dedans; enz s*ajoute à en pour le
renforcer 8089, 36i5, 6790.
Ebaoier. Voir Esbagiei.
Ebalment. Voir Ebbadhekt.
Ebaument. Voir Ebbaumbnt.
Ebmir : gent hermine i65o, gens d^Amiénie; Vermine
i55a (sous-ent. geni)^ de même.
Errauve^it 9690, erraîment 1678, 1657, 38 11, erau-
ment 8961, eralment 181 5, 8^90, 36/i6, 6911,
*)gik, promplement, aussitôt.
Ebbeb 1886, 5767, eirer 3 10, impf. 3 eiroit 93o5,
errot 385, i85o, 9991, 6759, eirot 38 1, pf. 3
erra 1957, A errame$ 1979, 6 errèrent A/ig, 888,
eirerent 34o, gor. errant Û07, cheminer, voyager;
eireee 1068, parcourues; tôt errant 771 1, 986/1,
aussi loi.
[Es], eth vot 968, 636, 656, 707, etc., etht vot
5785, eht vot 18/18, 9/169, 8997, 9980, voici,
voilà; eitea vos 718, 6861, 7785, 10969, ^^
même; eth lavoe 3971, la voilà; eth /et vot 8981,
6007, 6701, ette let vot 8677, les voilà; eth vot
Vattah remaindre 6677, ^^^'^ ^^ Tattaquc s'arrête ;
eth vot faillir 7808, voilà que sortent; eth vot Sa-
raiine a huer 6686 , voilà les Sarrasins qui se
mettent à crier.
Es : en et le pat 6790 (ms. itmlpat), ignelepat 9779 ,
aussitôt (m. à m. dans le moment, le pas même).
EsABT. Voir ESSART.
ESBAHIB. Voir ESBAÏB.
EsBAÏB, pf. 6 etbairent 6679, être élooné, intimidé;
t'ethaïrent 11669, de même; ethaîe 6788, éton-
née, déconcertée.
[ EsBAREiEB ] , etbaniër 61 55, se divertir; pr. 8 t^etha-
noie 951 1, de même.
ESBA?(IKB. Voir ESBAREIBB.
ESBIKOIBR. Voir EsBARElBB.
EsBATRE, p. f. etbatue 10766, répandre; t'etbatre
6876, prendre ses ébats, se divertir.
EsBAiJDiB : p. s. etbaudiz 1759, pi. s. etbaudi 8057,
enhardi, en train; t'etb^udirent 9889, se mirent
en train, s'enhardirent.
EsBOBLEB 8116, perdre ses boyaux.
EscHABiB, impf. 3 etcheiet 9668, p. etekaiêit 9669,
échoir, revenir par héritage; p. n. etcheiet 7869,
advenu; tifaitement lui etchai 7681, voilà ce qui
lui arriva.
[Escbabite], pi. etcheeitet 1877, revenant bon (ironi-
quement; propr* ce qui revient par héritage).
EscHARGE : en Vetchange taint Léonard 8160, à la
place, comme substitut de saint Léonard.
EscHA!<GiBB 6087, donner en remplacement.
EscHAPER : etchapa a un Aleman 9997, s'échappa des
mains d'un Allemand.
EscHAB 6999, etcham 619, raillerie; etchar 1668,
5669, indignation, dépit; d*etchar i U6% , de dépit.
EscHABiB, p. s. etehariz 679, attribÉié, donné en par-
tage; etcharie nmisnee 7095, suite restreinte; gent
etcharie 7688, petite troupe.
EscHABLETE 2077, fiAe étoffe de laine.
EscHABx. Voir Esguab.
EscHARKiR, railler, bafouer : qui ett guarniz ne puei
étire etchamiz 6916, proverbe : quand on a pris
toutes SCS précautions, on ne risque rien.
EscnARs, s. etchart 1 789 , f. pi. etchartet 818, chiclie,
mesquin.
[Eschaugaitirr], etchelgaitier 1876, 9168, etchel-
gaitiee 966 , garder par des postes, des sentinelles.
[Escueg], etkec io56i, butin.
Escbeeitr. Voir Escuaeite.
Eschekier : etkekiert 1 0597, échiquier; etchekier 8558 ,
l'échiquier royal , le fisc du roi d'Angleterre.
EscBBLGuriER. Voir EIschacgaitier.
Escderhik 10898, combat.
EscuiELK 8976, pi. etchielet 3676, 8776, corps d'ar-
mée , division de combat.
EsGHiD : f. etchive 566, interdite, inabordable; m. 9.
etifuit 9658, chétif, misérable.
EscBivER 579, esquiver; eschivez 1890, abandonnés;
etchivoient 8196, évitaient, n'osaient s^approcher
de; etchivier 8988, se dérober.
EscuoLB. Voir Escole.
EsGHOPiR. Voir EscopiR.
EsciBRT : mien escient 981, 6690, 97^9 f autant que
je sache.
EscLAiRiRR : tijadta pemee etclarie 9689, la lumière
se fit dans son esprit ; la joie fud mult etclairee
7996 , la joie fut augmentée (rendue plus brillante).
EscLAiiDRE , s. etclandre 6 1 80 , etclandret 6539 , bruit ,
sujet de paroles.
EscuRciR : a Vaube etclarcie 19991, en pleine ma-
tinée.
GLOSSAIRE.
/i9I
Ë8CUIIBB. Voir ESGLAIBIBR.
Esclave, pi. eiclave$ 935 1, esclave.
Esclbuchiib , pi. s. eêclenchier aa/io, gaucher.
EscoEB, pf. 6 eêcoerent 6o3o, mutiler en coupant la
queue.
EscoLB : tenir a eseole 968a, sermonner; qui lui vint
de la preuz e$choU 3oaâ , quHI avait apprise à bonne
école; a dure eichole 763 a, à une rude épreuve; 1
d'outrée eicholeg 3a 1 8 , d^autres sortes; par eëcholet 1
8159, chacun à son rang, à son ordre. 1
EscoLBB, pf. 3 etcola 3A36, se consumer, manquer.
EscoMBATBE, impf. 6 9*e8combatoient 730 (ms. scm^
combatoient) , pf. 6 t'eicombatirent 577 G (ms. éd.
s'eneombatirent) ^ se battre. Le vorbe i'escombatre est
attesté (voir (lodefroy); au contraire, s'encombatre
est plus que douteux : dans les trois exemples
donnés par M. Godcfroy, il faut lire s^en combatre,
EscoMRSGiBR, pr. G escomengierent Jithoy excommu-
nier.
EscoRDiBB : s'en eicondirent 117/15, s^cn excusî>rent,
s'y refusèrent.
EscoKSE 5688, cachette, abri.
EscoPiB, impf. G eschopoient 8710, cracher sur, con-
spuer.
EscoBDEMBKT /io3, 56o6, du fond du cœur.
EscoBBB, sbj. impf. G escune 758^^, agiter, secouer;
sbj. impf. 6 escoiigsent 700a, p. f. escosse 7037,
enlever des mains d'un autre, délivrer.
EscBiÊB, impf. 6 escriouenl 5Ga3 , pf.G écrièrent 38i 6 ,
huer, crier contre.
EscBirriRB. Voir Escritubb
ESCBIBE. Voir EsCRIVRfc.
[Escbitubb], eicripture 35a 6, 8090, 10088, écri-
ture, écrit ; enz es escriptures 6790 , dans les livres;
en s'escripture 3 73 A, dans son écrit (Ambroise dé-
signe ainsi son propre poème).
EscRivEE 85G , escrire 35 1 , écrire ; la forme est attestée
par la rime.
EscuRBB. Voir Escorre.
EsPO.>DRE aaG3, choc.
EsPORciER (S'), impf. 3 n'es/orrot 37G/1, pf.G s'es/or-
cierent a*î55, se donner de la peine, s'efforcer.
EspoRE : par effort 1988, j>ar force; par nul esforz
An 38, quelque effort qu'on fil; par esforz 33a 1,
de toutes leurs forces; a ejforz 8oGrî , a gi-ant ejforz
1 85o , de toute sa force ; od grant efforz n5a 5 , avec
de grandes forces; a son esforz de Sarrazins 58io,
avec ses forces (ses troupes nombreuses) de Sar-
rasins.
[Espbbbr], p. f. effreiee 5788, troubler, déconcerter.
EsFREi : en ejfivi '1783, troublés; ad esfrei 3981, en
tumulte.
EsGROiG.MER : esffi'oinse ioo5i, ébrécliée.
EsGRon'ER. Voir Esgroigmer.
ESGIARD. Voir ESGUART.
Esgcarder, pr. 3 esguardc i335, pf. 3 esguarda
2 33i, G esgiiarJerent 3a3j, regarder; p. f. esguar-
dee 553^1 , pf. G esguardercnt Saag, résoudre après
délibération.
Esguarer : esguaree 5371, dénuée de secoui's, mal-
heureuse.
[Esguart], par efguard A'iSa, avec un juste égard
aux conditions de chacun; a Vosguard de 9^6,
d'après le jugement de; faire Vesguard ioao5,
prendre la décision.
E)sH\rr.iER 55uG, pr. 3 eshauce 55o/i, élever, faire
prospérer; eshaucie AAoG, accrue, montée.
EsJARETER, pf. G esjareterent 93oo, mutiler (un
cheval) eu coupant les jarrets.
Esjoîa (S'), impf. 6 s'enjoisseient 7685 (ms. sesiur-
seiont), pf. 3 s'esjoî a 80 A, se réjouir.
EsEEc. Voir EscDEc.
EsEEKiER. Voir EscnBEiER.
[KsliissierJ, p. pi. s. esleissié 7A93, f. esleissietf
1^57, 3998, lancé, de plein élan; pf. G s^eslaisse-
rent aaGi, se lancer; pf. 3 s'eshissa a 7A97, G s*es-
leisterent a 3 A 85, se jeter sur, s? lanc^îr contn».
EsLARGiR : s^eslargiceit A5i5, se montrait libéral, fai-
sait des générosités.
EsLF.EciEB : p. s. esleeciez 95o3, pi. s. esleïcié 8A7O,
réjoui.
ESLBÎCIER. Voir ESLBECIER.
EsLEissiER. Voir Eslaissier.
EsLiRE, p. ezleii 289, aia8, 3173, f. esUte 80,
A772, choisir; sbj. impf. 3 s'eslcûsetil a8o, s<'
choisir.
EsLiTE : a eslite a5oo, d'élite; del mielz de Vost lot
a eslite 3o83, de ce qu'il y avait de moilhuir (du
meilleur choix) de l'armée.
EsLoiGMER, p. f. esloignie 3697, laisser loin, s'éloi-
gner de.
EsLOlGMER. Voir EsLOKGIER.
[Eslo.xgier] : esloignie 3598, allongée, baissée (sa
lance).
EsMAiER : p. pi. s. esmaié A1G6, 9tiAi, f. esmaiee
9360, abattu, décx)uragé; impf. 6 s'eêmaiouent
9263, se décourageaient.
EsvB : al mien estne 1 1 1 1, 8367, à mon avis, d'après
492
L*HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
nioa cai€ii];jP«ire*M« 4 601, par calcul, par appré- j
dation. j
EsacB, pr. 3 ame 3s s6, impf. 3 etimot 3359, P- P^* '* i
etmé âig, 1707, apprécier, calcoler; p. efW 9991,
viser.
EsMiiÉ : or etmeré Sao, or raffiné, par; pi. s. ettneré
10679, purifié, parfait
Etaof ui 56 1 S , p. 5. etfliaU 9 1 7 & , pi. 8. etmeii 33 9 9 ,
t eMw^fûe &18, 9795, 5519, ébranler, mettre en
mouvement; bamU etmeie 707, tiunnlte sonle^é,
pf. 3 c'etiiiMl 39/1, 6«'enniirefil 679, 1859,9955,
5Co9 , sbj. impf. 6 s'nmeûient 979, p. L ê'iert et-
meut 366, se mettre en marche, s'ébranler.
EsMcrri : par t'etmuete 5993, par Fimpokion qiril
donna.
IEssbkc], eneske 3i86, pi. enekmbZù^ 1181, 1675,
1878, 9097, *^5'» 3170, 6703, 5557, 7997,
ettequet 1966, i599, navire de transport, plus
lai|re et plus lent de marche que le dromon.
EsrACB 5936, intervalle, arrêt
EapAiacsB 9o63, etpargnê 9669, action d*épargner,
grâce.
[EspiiBGSiEa], p. etpemii 1 1606, épargner.
EsPAnDBB, p. r. etpandue 6663, répandre; la grmiU
rmere e$pandue 6686 , la grande rivière large; $$
fuMt etpmtdue 7716, se serait dispersée.
EspABGXB. Voir EsrilBGKC.
EsPiiTiB, pf. 6 ê'egpartirent 7850, p. f. etpariie
10639, disperser.
EsPBGBs 9857, io53i, épices.
EspBii 569, attente, opinion.
[Espbisse], etpoÎMte 63o9, épaisseur.
EspcBDBC, p. f. eMperdue 8879 , perdre ; eip^n/tv 8567,
perdre la possession de soi-même , être éperdu ; p. s.
nperdut , f. etperdue, éperdn ; s'etperdirent 6o59 ,
lurent q>erdas; eU etperdre 9899, se QDndnire
comme des gens éperdus, sWoler; etperdre 7956
(mi. €»pndrt, éd. eBprtnirt)^ de même.
EanoiBi : Ul t*e$peir 570, je m^attends à te voir tel.
EfPtBniBi. Voir £spajbg?iibb.
EMs 6366, épais; pi. s. etpè» 3368, dru; /a pro-
meitê quija iert etpase 3969 , la promesse qui avait
déjà pris de la consistance.
EfpBsnnT. Voir Espbssbhbut.
EsPBSSBnsvT 9876, 6385, apetement i593, dru.
Efp» 3995, pi. «tptM 6877, 6880, espion. Le mot
tfi iëminin; U, au t. 6881, s'accorde avec Tidée.
CaPiiBB : etpiSe 8991, dénoncée par des espions.
EafiBBi 5876, fourré d^^mies.
Espiainx 3395, spirituel, câesfte.
EsPLBiT 8016, ouvrage aeromplL
[EspLDTin], pf. 6 eipUUrmi 8019, tapititarmt
11908, p. mpkitié 8686, f. apUrnÙK 9036, ac-
complir par son travail.
EcPLBTBa. Voir EsPLorua.
EspLoiTiBa. Voir EspLunia.
EsPLoraa 5706, tomber comme la pluie. CL Aplovbib.
EsPOCSTia, pL 6 9*etpotmUrtni 9366 (m^etpomUrent) .
3939 (ms. efpoAfrrml), p. L apoenim 9196 (ms.
etpoiifae), ^Mmvanter.
EspoiMB. Voir Espbissc.
£sPO!iaaB, sbj. pr. 3 ev/wa^ 6193, expliquer.
EsposAiLLBs 61 63, noces, épousailles.
EsPOSB ijemnm etpou 596, épouse.
EspasxDBE : nprite à» 6659, bien en train de. Em-
prendre 7956 doit se corriger en mptràn (7908
corr. prendre en perdre y,
EsPBBssiBB (S"), pL 6 i'eepreueremt 6993 (en rime
avec p^oûstmif), ae presser avec force. CL £■-
PBBSSIBB.
EsPBOvB. Voir Espblbvc.
EspBovo 676, vérifier.
[E^bcevb], etproi^3699, 7086, épreuve.
[EspcaBB], eepucer 5698, 6ter les puces.
Esocis. Voir Eschic
EsBAQiB , pL 6 eragereiU 6356, devenir fou.
Essai BB : etêûier al rei 8166, essayer auprès du roi;
chattd eisaié a prendre 9969, château qu*on a es-
sayé de prendre.
Essamplb 6690, fém., exemple.
[Essabt], place défrichée dans un bois; (fig.) dm naz
fait etart 683 1, il renverse beaucoup des oêtres.
EssiL. Voir E1SSIL.
EssoiSKB 5960, empêchement valable, excuse légale.
EsTABLB : pi. eitabUs- 19095, écuries.
EsTABLB 5o58, 11786, solide, durable; 989, con-
stant, ferme.
EsTABUB 900, 965, constitution, coutume; ettabliet
9969, séries réglées d'avance.
ESTACB. Voir ESTBACB.
EsTAGB, 8. attogtf 5390, repos, arrêt.
EsTAGiBB, 8. ettagien 9638, habitant
EsTAÎP, s. ettttû 7716, 11786, fixé à demeure.
EsTAiH 5965, étain.
EsTAL : a ettal b'jSZ , de pied ferme; tenir estai 9878 ,
6859, 7588, 10066 (ras. éd. Mtor), rendre eetal
3o66, 6856, résister, tenir bon; gvrpircila/ 6399,
muer eêtal i595, lâcher pied; qui en grant filai
GLOSSAIRE.
A93
Ten Uneient 1906, qui Ten pressaient beaucoup (la
Iraduclion est inexacte, voir aux Add. et Gorr.).
EsTAHC 1 iâ3o, fatigué, recru.
ESTIRCBIIIB. Voir ESTAIIÇOIIBB.
EsTARÇGB, pi. êstançofu /1871, étançon.
EsTiBÇONBB, impr. 6 eitancenoient A 9^/1, pf. 6 eitan»
çonentU Û871, p. f. eitançoneû A9/15, 6966, élan-
çonner.
EsTAKDABD 5753, etc. , étendard royal, servant de
signe de ralliement. Cf. Dbaoor.
EsTATB, état; bcne eitate 1087, teleettate h(ygSydreite
M(a<« 6669, semblent attester le féminin, malveis
ettatê 688, 8186 le masculin; mais, le mot com-
mençant par une voyelle, ni Tune ni Tautre gra-
phie n^est probante; toutefois 1«j mot est sans
doute masculin.
EsTB. Voir Es.
EsTBiiiDBE 586o , mourir; tusez en i etteineit 5970 , il en
mourait beaucoup; i'eiteignoueiU i5/i, s^écrasaicnt.
EsTBiiGBLB, pi. eitenceks 953 1, étincelle.
EsTBJDBi, pf. 3 ë'eitendi ââ3i, monta.
EsTBB 1 1 70 1 , p. eêté 1 57 â , se tenir debout ; ( (ig,)pié
en eitant 835o, sans perdre un instant; eêtvrent
6696, 8â59, îareni; bien hr estut k^ii^ cela leur
réussit; lor êêteûet m(dement 3o/i3, cela eût mal
tourné pour eux; impf. 3 i'esioit 78a, pf. 6 s*e$-
turent 606, i'eiîerent 31/19, se tenir.
EsTivB, pi. ettives 936o, chalumeau.
EsTOBLE 33â^i, 6991, champ de blé moissonné.
EsfoiBB 3o8, 536, 6o3, ii85, 1187, ^^O^» >*97»
]9i3, 19^5, 19A7, 1958, 196a, i3i6, i396,
93o5, 3i59» 3i6], 3911, 39^19, ettorie 909A,
i85i, 9865, 3970, 3981 (rimant avec boire),
3919, A703, 10935, pi. eetories 8998, flotte.
EsTOiBB. Voir EsToniB.
EsTORBn, p. f. estonee ^916, ^9/16, 6965, ébranler.
EsTOPBB 11590, pf. 6 ettoperent 11157, boucher.
EsTOBDin, pi. s. eslordi i5o7, 1579, étourdir.
EsTOBBHENT, pi. cstoremenz bbo i y approvisionnement.
EsTOBEB 8198, s^approvisionner.
ESTORIB. Voir ESTOIRR.
EsTOBiB 1, 999, 3536, 6658, 9^36, 10669, eêtoire
10, 9181, 3659, ^^^^^ (rimant avec Monioire),
&565 (rimant avec mémoire), 11968, 193A3, pi.
estoires /j6, hisioire-
EsTon 6786, s. eetorz 16/ji, combat. — Pour «tlor
10/16, il faut corriger estai,
E6TOBiiii5878, attaque.
EsTOiwiB, pf. 6 eftormtrtffit 9899, 10953, p. pi. s.
ettormi 1 600 , ff eslormie 697/i , attaquer en sursaut ;
eetormie 691, 8677, 5785, 7917, agitée , soulevée ;
ë*csturmi 787, sVbrauIa pour le combat.
EsTOBTRE, pf. Qettoritrent i/io3, p. f. eetorte b'jS,
échapper.
ESTOTEIEB. Voir ESTOUTEIBB.
Es^TIE. Voir ESTOUTIB.
[Estoctbier], p. pi. eetotoiez 6806, traiter de sot, ra-
valer; p. pi. s. cBtoteié 1990, abrutis, abattus.
[Estoutie], estotie 8/195, insolence.
EsTOVEiB, pr. 3 ettuet 9176, 7658, impf. 3 eetuveii
9898, 6769, pf. 3 ettout 1976, 96o/i,efttt( 9o33,
5871, fu\\o\r\ par ettoveir 879/1 , P^^ f'tovoir 6969 ,
par nécessilé; (subst.) ettoveir 1 198, cstovoir 990,
ce qu^il faut, le nécessaire.
EsTRiCE, de maie ettrace 6 9 66, de race mauvaise; de
plut haute estrace (il faut sans doute corriger ainsi :
haut eitace) 1 1969, de plus haute naissance.
ESTRAIXB. Voir ESTREINE.
EsTRAiRB, p. f. ettraite 356, tirer; ettraite 55 1, issue.
EsTBABGEMBfiT 8981, étonnamment, beaucoup.
EsTBB, pr. 3 ett lo, 66, 56, elc, 6 sûmes 66,
3966, etc., impf. 3 ert 75, 117, i90, etc., iert
i5i, i85, 399, etc., ef/et( 78, 80, 91, etc., 6
erent 109, etc., terent 990, etc., esteient 108, etc.,
pf. 3/u «9 , elc. ,/«rf 38 , etc. , 6 furent 89 , 83 , etc. ,
cond. 3 .sereit 69, elc, sbj. pr. 3 seit 7700,
7707, etc., être; (subst.) Vestre 5769 , la situation;
lor estre 9980, leur situation; de plus fort estre
9936, d'une situation plus forte.
EsTRB 3i3, 5598, 8i3o, hors, outre.
[Estrecibr], pr. 3 ecfreece 6386 , se réduit, se raréfie.
EsTBBB, pi. estrees 10199, route.
[Estreixb], ce qui commence, inaugure : tel estraine
5896 , a bone estraine 90 66, 10698,^ maie estraine
9/i8G.
EsTBEiT, pi. estreiz 816, étroit; (adv.) 9, étroitement.
Estrcner, pf. 8 ettrena 9886, étrenner, régaler (an
début d\me nouvelle situation).
EsTBEs 9088, (our de maison.
ESTRBSCIBB. Voir EsTBBCIEB.
[EsTHiEu], pi. «f^rtuf i56o, estreus 11696 (: An-
dreiit), étricrs.
EsTRip, pi. estrifs 85qo, 10916, querelle.
ESTRID. Voir EsTRlEU.
EsTRiTER 1587, impf. 6 estrivouent 607, 5o59, eslri-
voient 8990, pf. 3 etfma 589, 1869, se disputer ;
estricer 1 1 09 1 , s^oppoBer.
EsTBOBB 5076, trouer; estroez iio56, I. esîuêz.
/i9'i
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
ËSTIOSBÊMBIIT. Yoir ESTBOSSEÈMIRT.
[E6tro88Eêmb.^t], estroteèment 9^67, 97 1 3 , avec assu-
rance, décidément.
[ Ectubb] , p. pi. eêtuez \ 1 o5A (ms. éd. e$troet)^ cacher.
EsTrjRDi. Voir Estordi.
EsvEDTBE 5576, réduite à Tétai de veuve.
EsvBiLLiER (S') : i'eivelle 6a86 (rimant avec granle)
parait être une faute.
[EsvtGOREB (S')]: i'eêvigura de 162, s'efforça avec
succès de.
EsviGUREB. Voir Esvioorbr.
Eth, ethL Voir Es.
Eûr 367, 7106, fortune; mal eûr 9299, mauvaise
chance; a mal eûr 9683, à la maie heure; de
maint eûr 367, par une chance on par une autre.
Edtargeille. Voir Edvargillb.
[Euvargillb], euvangeUU 3398, fém., évangile.
Eté 390, etc., ewe A75, 3568, 3091, eau.
EwE. Voir Eve.
[Ewbte], eweltê io6ai, petit cours d*eau.
F
Faço!i : od la cler^/açon 1738, à la figure brillante.
Fade,. affadi : f. pi. boche et levreê/adee 6606.
Faillaïice : »ani JaiUance 1 laS, 2611, sans faute.
Faille, manque : tanz faille 931, 10/16, 9519, sans
(auie-^ faire faiUe 6176, faire défaut, manquer;
avoir faille 6226, être privé, manquer; dont ont
meinte faille 6006, dont on manquait souvent.
Faillir 660, 9662, manquer; étire faillanz 60, être
en défaut; njofail 3703, si je manque mon coup;
faiUir de covenant 8268, manquer à son engage-
ment; ^, failli i562, {.faillie 11299, indigne,
méprisable.
Fai!idrb. Voir Feindre.
FAiBB,pr. 3y«(3i,G/onl 85,pf. 3y7«f 17, 67, 128,6
Jirent 1697, sbj. impf. 3 fetst 1 6 , 1 07, p. i, faite 35 ,
faire; bien le Jirent 1627, se comportèrent bien;
ainsi faite 35, si faite 8602, telle ;/aw'e a retraire
3i, a creire 706, 1610, 356o, a escolter 6209, a
pleindre 7667, mériter d'être i-apporlé, cru, écoulé,
plaint; faire a meroeillier 9827, mériter qu'on s'en
émei*veiile.
[FAis],yê< 366 1, faix; (Hg.) 11 685, fatigue.
[Faisnibb] enchanter, ensorceler : qui coard>$e aveit
feisnee 1918, que la couardise avait [comme] en-
chantée.
VknzuEjtj^feitement, n'est jamais employé seul : sifai-
tement 375, 7582, issi faitement 7995, ensifaite^
mmt 1 1 798 , 1 9 1 56 , ainsi , de cette façon.
Faitdre 3867, fabrication; 7025, stature; faitures
6699, formes, figures.
Falbise, p\,faleites 6535, falaise.
Famé 9588, renommée.
Facs 760, (.faute 11 63, perfide, faux.
Faivel, favel 66o5, cheval de couleur fauve. Voir
aux Noms propres.
Fatel. Voir Fauybl.
[Feblecb],^6^sc« 5 160, faiblesse.
Fbblbieb 10006, faiblir.
Fbb : ovr9 de /m 9169 , travail de fée.
[ Fbiblb] , s. febkt 1919, pi. fieblet 9596 , faible.
[FBiB],/ote 6898, fois.
Fbibb 3366,/ofee 5870, 6068,^/^00 3956, ip\.feiee*
1993, 8966, ^îé^s 3703, fois.
Fbirdrb ^10^ faindre 5970, 10898 (rimant avec re-
maindre); se feindre 10898, se soustraire à Tobli*
gation, manquer (à un devoir); tanz feindre dio,
5270, sans défaillance; pl.feignanz 6693, pares-
seux, manquant d'empressement.
Feisnbb. Voir Faisrieb.
Feitembnt. Voir Faitement.
Fbl. Voir Fkloh.
Felekesse. Voir Fblor.
Félon i387,s.yè/ 1 838, /eus 9618 (rime avec maleû-
reus)\ (ém. felettêtte ^0 , 9386, 3356, méchant,
cruel; 1387, perfide, traître; 9618, acharné (plu-
tôt dans un sens favorable).
Feudbb, gér. ^^n^ant 3983, fendre.
Ferestbe 1687, fenêtre.
Fmi. Voir FERBé.
Fbbbûbb. Voir Fbbbbôbe.
Fbbir, impf. 6 feraient ']h6 ^fervuent 9876, pf. 3y«n
320, frapper; 390, heurter (intr.); te ferdent
2876, se jetaient; ferant 8973, 9986, en héte
(proprement frappant [le cheval]).
Fbrmbb 7186, impf. 6 fermouent 81 58, fortifier;
fermeet 11686, établies, rangées.
Febmet^, pi.fermetez 9067, forteresse.
Febbaht, pl./ffToiiz 9780, de couleur de fer.
[Fbbbé] : gentferee 9800, gens couverts de fer; liras
granz liuumfereet 6698, s. d. deux grandes lieues
GLOSSAIRE.
&95
(le ehemin fcri-é : on appelait proprement chmnins
fgrrés les routes empierrées avec les scorîas des
mines de fer, comme relaient trùs souvent les
voies romaines; T^msfeiré devint une épithète ba-
nale de chemin,
[Fbbuîbb], f.fereûre 3885, {'arnitni'e de fer.
Fbbbon, pi. t,ferron 6817, forgeron.
Fbbtbstc, f.fBTveilue 8986, vêtu de i'cr.
Fe8. Voir Fais.
Fbsteibb 9^6, célébrer une t'éle,
Fbi'b. Voir Fblo?!.
Fbutbb 9157, 9160, tapis de feutre.
[FBTBOs]./etT«« iiaa/i, ticvreux.
Fi : défi 8i3, nûremenlf en loule confiance.
Fiance ^699, confiance; 0109, 5ii9, pi. fiancet
539/i, assurance, cng;n|reinent.
[Fiancikb], p. î, fiancée çi^ô^o , promettre, garantir.
FiCHiBB, pf. 8 ficha 69^'!, p. f. pi. fichieei 5/i5, fi-
cber, enfoncer; p. pi. s. ^c/ue 69/19, plantés; bien
fichié en Deu servw Gi65, bien afTermis dans la
résolution de servir Diou; pf. 6 $e fichèrent 8167,
s'introduire vivement , pénétrer.
F», pi. ^M 69^6, figuo.
FiBBLBscB. Voir Feblece.
FiBE. Voir Fbibb.
Fii, p\,fiez 909, 10197, (lef.
FiBi, Jfer 968, pénible, cruel; Lfiere ao5, noble;
9909, sérieuse, meurtriùro.
FiiB : i7 s'ertfiez 176^1, il s'était fiancé.
FiBBBMBiiT 9698, 8733, avec courage, bravement.
[Figuebeie], yîgi/frote 1790, plantation de figuiers.
Fil, fils; s, fih (le mei-e 23.56, bomme; r. al filz ta
mère 970 A, à son frère; s. le filz de proece 1 1 696,
le preux par excellence ( Ricbard ).
F1LATIBE, y\,filatirei 1 38 1 5 , reliquaire.
Fin, s, fine blioS (rime), conclusion; mètre fin 5 s 83,
conclure la paix; fin de pais 5o58, la meilleur fin
5i36, conclusion de paix.
FiB, fin;^n0 vertez 8779, vérité pure, sans alliage
d'erreur.
Finement 878/1, en toute vérité.
Fheb, p. L finee 3579, terminer (trans.); impf. 3
fitioi 1898, pf. 6 finerent 8198, cesser (iutr.);
impf. 6 fmouent 1668, pf. 6 finerent 750, 179'!,
s'arrêter (intr.).
[Flaiel], pi. /raûiM» 798, fléau d'une porte, barre
qui la lient fermée.
Flambeieb iooo3, llamboyer (au fig.).
[FuoB],^ûr 8098, odeur.
Flatib 58o9 , 7569 , tomber à plat; impf. 6 flatitoient
1 i5o8, faire reculer, rejeter a plat.
FlaCb. Voir Flaob.
[ Flor] , fleur : (fig.) lafltar de chevalerie 68/19 ; laflur
de la gent del monde 9818.
Florie. Voir Pasque aux Noms propres.
Flim 8089, /io56, A057, fleuve.
Fldminaire 89^2, /io85, 7808, fleuve.
Flur. Voir Flor,
[Foêob], pi. 8,fuëàr 8870, fouisseur, mineur.
Foie. Voir Frie,
FoïE. Voir Feieb.
FoiEB. Voir Feiee.
[ FoiLDRE ],/oWrtf 6alU, foudre 169A, féin., foudre.
[Foïr],/mi>9985 ,impf. 0/uioietU /i 9 A 8, fouir, creuser.
Fol. Voir Fueil.
Fol, fou; les folet meechinet 8/i6/i, les filles do joie.
Foldre. Voir Foudre.
[ Folb] ,/m& 578 , foule.
[FoLOB],/o/ar 10968, folie.
[ Fokdb] ^fnnde 35/i6 , 3548 , fronde , cuiller dans la-
quelle on mettait la pierre que lançait la pierrière.
Fo^DBE, p. f. fundue 598 4, détniire; fundre 9691,
se perdre, s'abimer; gër. fondant 169/i, fondre
comme la foudre.
FoRAOB : en forage 8679, 7986, en fourrage, pour
fourrager.
FoRFAiRE 6891, pf. ijforfirent 5718, p. forfait 8557,
faire du mal, du dégât; p. f. forfaite 7/1, 5579,
mériter par sa conduite mauvaise ( un inel , un ché-
liment).
[FoBPAiT],/oi/eiV 8619 , 8558, mauvaise action, tort.
[Fobfaitcrb], ipL forfeturei Holiç^, crime, action illé-
gale.
FoRPEiT. Voir Forfait.
FoBpBTLRB. Voir FoaPAlTURE.
Forge ; (fig.) eetre a forge 6877, frapper à grands
coups.
FORIER. Voir FoBRlER.
Forment, s, forment 9io5, froment.
Forment. Voir Fortmbnt.
FoRMi, pl./ormiî 8978, fourmi.
FoBMiiER, pr, Zformie 7918, fourmiller.
FoRMiLUERE 8978, 7918, fourmilière.
[FoRN AISE ],/on)eit« 35o9, fournaise.
[Forneieb], impf. 6 fomeouent ha^Q, enfourner
(intr.),
F0B?iEI8B. Voir FOBNAISB.
Fobnbstubb 969, fourniture, approvisionnemcnls.
/l9
UiruilKMS lATlOilALC.
496
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
FoiBiEB, pi. S. 7389, pi. /ofvrt 79/15, fouiragcur.
F0B8 C}-]o, sauf; laso, 91^8, ^i383, sinon; 3960,
si ce n'est; i7 n'i aveit for» de pais faire 0178, il
n*y avait autre chose à faire que de faire ia paix.
FORSAN. \'oir FORSEN.
FoRscLORc , pf. S/orsclosirent G()35, séparer des siens.
FoRscLosE, \)\. fifrscUtset 3'i55, sortie.
[FoB8E!«i],/ar«in 6978, fureur, déraison.
Fort 5718, dillicilc.
[FoRT«EiïT],/orwi«il 34 13, fortement.
[Fossror], pi. s.foiieùr 3i 1 1 , fouisseur, homme qui
creuse un fossé.
F088EÛR. Voir FossEOB.
Foudre. Voir Foildre.
Fbaindre, p. (,/raite 11 3^9, détruire.
Fbajkte. Voir Friexte.
Fbaitl're 19001, infraction ( à la foi jurée).
Frangeis 3191, français. Voir aux Noms propres.
Fbajigiibmbmt iâ/j5, 53o/l, avec bonté, libéralement.
Fbarcuise 71^7, 11 653, bonté, libéralité; 8180,
noblesse de cœur, sentiments élevés.
Fbeidcre, fil. freidurei A 199, froid, froidure.
Fbbis /1080, A658, frais, dispos, non lassé.
Fbkit, froid ifreide novele /iâso, nouvelle triste, qui
glace.
Fbbmib, pr. Gfremiêtent 898, tressaillir, élro ébraolë.
Fbeor iU39,Jrêûr 1980, trouble, frayeur.
FbsCb. Voir Fbeor.
Fbsbe, pi. s,Jrtre 96A1, 9785, frère.
[Fni ente], /rature G579, 1169/1, bruit de chevaux
eu marche.
Fbiqcier, pr. 3 Jrique 3i8, battre, heurter (intr.).
[Foeil],/o/ 5590, feuillet.
FuER G33, prix, marché : a celfuer 8767, à ces con-
ditions.
Fi]ERRE,/uire 8669, fourraf^.
FoEÛR. Voir FoEOB.
Foie 7991, fuite; 8908, troupe de fuyards.
Fuir. Voir Foïb.
Fuire. Voir Fcbbrb.
Fcitif, (.fuitive 6099, fuyard.
FuLE. Voir FoLE.
FuifDE. Voir Fonde.
FUNDBE. Voir FOKDBE.
FosT 1098, 8715, bois; 1691, pièce de bois; pl./iu
8866, A78& (rime),/iu(z 8809, 8869, pièces de
bois.
FcsTAixB 1896, étoffe de coton.
FcsTE. Voir FusT.
Fez. Voir FcsT.
Gabbr, p. gabé 1019, se jouer de (trans.).
Gacelb io5/i8, gazelle.
Gaignon. Voir Guaioîiok.
Gaires. Voir Guaires.
Gal. Voir Jal.
Galee 1 /i90, aie, ^gualee 9 1 85 , etc. , pl.ga^ 590, etc. ,
gualeet 788, etc., gualUeê 9i98« 8166, galiê$
9808 , gnalies 779 , galère. La forme en ee est seule
attestée par les rimes.
Galie. Voir Galee.
Galiot, s. ga/to: 9196, pi. gaiioz 786, i5i5, 9937,
s. galiot 9187, rameur de galères.
Garço?(, s. uns petiz garz 10507, un petit garçon.
Garço!! aille 55 1, ramas de gens de rien.
Garison. Voir Guariso!<.
Garunoescue : garlandesches 8/160, guirlandes*
Gabdb. Voir Guarde.
Garder. Voir Guarder.
Gabnistcre. Voir Guarnbsturb.
Garz. Voir Garço5.
Gast. Voir GoAST.
Gastbb. Voir Guaster.
Gaudo?i : e sanz tristur e sêiiz gaudon 19 59, semble
signifier ^ contrariété, obstacle?».
Gavelb. Voir Javelb.
[Gbignos], ginus 98, spirituel, avisé.
Gburb i9â8, À999, [A. gelines 1688, poule.
Gemme 9076 , pierre précieuse*
Gbueilloxs. Voir Genoilloivs.
Gbkitaibbs 8698, parties génitales.
[Geroillons] : a geneilloM 1 iA55, à genoux.
Gett : s. gent 36, 58 (rime), 76, 899, elc.^genz
9907, pi. gens 5o, getiz 89^1, etc.; assemblage
d^hommes, gens; gent au S(r. gouverne un verb:'
au plur. 58 , 6 1 6 , 1 809 , 9765 , 9987, 6 1 67 ; il est
toujours féminin au singulier ; féminin au plur. 716,
79/1,1/186, 1809,1871, 9866, 9617, 3o35 (lire
genz pour gent)^ etc., tantes genz 8016 (dans tant
gem 896 , (i0 est sous^ntendu) ; gent a souvent dans
ce cas le sens dV hommes?» : plu» de deus mile gem
GLOSSAIRE,
/i97
armeei 3377, Un U plui de» genz neirei S()hh ; de
ce sens est venu Tempiol de genz avec des adjeclifs
masculins, qo'on trouve déjà : geru morz 9906;
au V. 65o6 il faut s. d. lire genz ianglenz pour
genl ionglent,
GuT sgSa, s. genz 7339, noble, élégant.
GnTiL, f. s. Âi34i gentil, de boone naissance.
GlBFlB. Voir GUBBPIB.
GiBBiBB. Voir Gdbbbibb.
Gbsib, jmr 157^, impf. 3 giêoit /i90, 6 gisaient,
1 9939, pf. ^jut 9000, sbj. pr. 3 gi»e 1807, P* ^^'
9010, être couché , se couclier ; genv afnne 19939,
avoir commerce charnellement avec des femmes.
Gbstb : chançons de geste ^189, chansons d^un carac-
tère historique; chanter de geste 960, chanter des
chansons de ce genre.
Gbteïs. Voir Jbteîs.
Gbteb. Voir Jetbb.
Gbûrbb. Voir Jblneb.
GiBBT 3oii, bâton.
Gié. Voir Jor.
GuD. Voir Jbd.
GiLB. Voir GuiLE.
GiHCs. Voir Gbionos.
GiBo?i 69/1 A, giron.
GitTB : agistegUSoy à Tendroit 011 Ton couche.
Gic. Voir Jeu.
Glaive 3954, b'jhh, 7676, 7086, 9776, 11657,
i]5i3, grande lance; fém. 7575, 9775, masc.
57^6,7585; 38 10, io5o3, massacre, destruction;
a glaive de faim mureient /i3o6, mouraient de fa-
mine (au sens figuré , glaive est toujours masculin).
GoBELiif 8710, gnome, mauvais esprit.
GoFBB i3i8, i393, \33ii le tTgouffren de Satalie
(voir SiBTALEE à la Table des noms propres).
GoLosEB : pf. 3 golosa s 637, p. f. golosee /1166, dé-
sirer avidemenl.
[Gotb], gute 3855, 76 18, goutte (renforcement de
la négation).
GovBBNBL, ^\. governels 9933, gouvernail.
[GovEBifEB],g(ivem«r 85 16, diriger, gouverner.
Gbaartbb : impf. 3 graantot 5187, pf. 3 graanta
10997, fic<^i^6r, assurer; impf. 6 graatUotLerU
9 5/1/1, pf. 6 graanterent 599/1, ratifier.
[Gbauier], gracier /i5i8, grazièr ààSli, remercier,
rendre grâces à,
Gbabtitbb. Voir Graasteb.
Gbabb, pf. 3 graa 179I1 accorder, trouver bon; pr. 3
grée 1811, agréer, sembler bon.
[Gbaignob], s.graindre'ji'jlijgreindreioaaSj grein"
dres 177, f. greignor 5ài9, greinur i59, 6iâ/î,
greinor 6078 , 8633 , plus grand; trop greignors que
il ne saveient 1118, bien plus grandes qu^ils ne
savaient.
Gbaindbe. Voir Graighob.
Gbaix : H gi'ains de la bachelerie 635o, Télite de la
jeunesse guerrière.
Gbaine 1G7/Î, teinture rouge.
Gbaisle G983, grêle.
[G baisse] : de greinot- gresse 6078, qui étaient les plus
gras.
Gbandishe 38o9, très grand.
Gbabdob 1999, grandeur.
GbANMENT. Voir GfiARTIlBflT.
Gbakt, grand; f. s. grant 36; grant 1998, beau-
coup; grant iens 3098, beaucoup de temps.
Gbaïitmbiit 996, 1676, 3939, grramn^fU 1076, gran-
dement.
Gbas 1689, eras 168/1, gras.
Gaé : mal gré suen 8196, quelque mauvais gré qn^il
en eût, malgré lui.
Gbbcbis. Voir Gbbzeis.
Gbbgibb : p. gregié 9896, f. gregiee 1879, 6o65, en-
dommager, faire souffrir : U n'aveit en els que gre-
gier 7868, ils étaient affligés de toutes façons.
Gbbig?(or. Voir Gbaioob.
Gbbirdbb. Voir Gbaighob.
Gbeirob, greinur. Voir Graigrob.
Gbbnetb : pomes grenetes 69/17, gi^nadea.
Gbisillb i^oâ7, 7635, grésil.
Gbessb. Voir Gbaissb.
Gbbszeis. Voir Gbezbis.
Gbbveiiert 5391, dommage.
Gbbveb 3, 61 3, pr. 3 grieve 95io, impf. 6 grevoient
9319, grevouent 3966, sbj. impf. 6 grevassent
9900, p. grevé hbh , endommager, faire tort â; sei
grever 3 , se faire du tort , se surmener.
Gbbzeis, f. grezesche i/i3/i, greszescKe 1698, grec;
feu grezeis 9177, 3917, 3âo9, 8699, 8691,
3699, 3807, 3858, 3867> /i884, 9Û16, feu
greceis 33i8, /i786, 6899 , feu grégeois. Voir aux
Noms propres.
Gbiep, f. grief hbo^^ lourd.
Grief 3576, dommage, mal.
GBIEPIIE5T 8, péniblement.
Gbibvb 10619, difficulté, peine.
Gbipâih : gent grifaigne ]65o, grecque (avec une
nuance de mépris).
/19.
/i9S
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
GiiP05AiLLi 5â(), 9633, ramas de Grecs (terme mé-
prisant). Voir aux Noms propres.
Gbislb 9966, de couleur grise (en parlant d^un che-
val).
[Grociek] : pf. 6 grocerent 60 a, grogner, murmurer.
[Gboissob], f. pi. pviêturê 6oa6, plus gros.
Groissur. Voir Ghoissob.
Grotidre iil68, gronder, grogner.
[Gdaaig?ibrib], pi. guaîgnerieê 6965, pâturage.
[Goaaiïig], guatng 9810, butin.
GOAÎONBBIB. Voir GuAAIGRRHlB.
[ GuAiGxolf ] , gaignon 1 838 , dogue.
GUAÎRO. Voir GUAAI5G.
[GcAfREs], gairet ihSg (rime avec afaire»)^ guères.
GuAiTB, pi. guaitet 1763, 6876 (rime avecyititef),
715A (de même), sentinelle, éclaireur; fém.
GuAiTiBR, pf. 6 gueterent 6901, faire le guet; p. f.
guaiteegôS, garder; ^i<«t(i0r998o, impf. 3 giMii-
tot 1911, épier ; guaitier 3 , faire attention.
(lUALBE , guallee. Voir Galib.
Gdabdb : l'avant garde 1919, Tavant-gardev la riere
garde 1993, la guarde riere 1913, la guarde artère
5756, Tarrière-garde ; la tierce guarde 11519, la
troisième Kgne; i7t eurent toute gtiarde 60/16, ib
curent toutes raisons de se tem'r siu* leurs gardes;
li chatteU n'eiut point de guarde 1995, le château
n^aurait rien eu â craindre.
Gdabdbcoste 6 j 93 , fëm. , corps de treupe qui protège
les flancs d'une armée en marche. Cf. Gcardc.
Gdardbr, sbj. pr. 3 gard 9966, prendre garde , impf.
6 gardouent 98/17, pf. 6 g^^f'^^'^'*^ 3 1 5o , regarder.
GcARiB, p. f. guarie 96/13, protéger, sauver.'
[Gi'ABisox], gariêon 6897, protection, salut.
GoARRBSTURB 9i63, 5309, 53Â6, 6197, 10937,
13363, gamiêture 961, approvisionnement, muni-
lion complète.
GnAR5iB, p. f. pi. guamiee 1767* garnir, approfinon-
ner ; guarni de bataille 3783 , prêts pour le combat ;
guamiz a lor terre laisiier 9539, tout préparés à
renoncera leur terre; pf. 3 êe guamirent 6913,
p. s. guamiz 69 1 3 , se préparer, se précautiooner.
GcAST, f. guoite 9/160, i3o6/i,g(U/e6oA9, dévasté,
désert.
GuASTBR, p. f. gwutee 76, gattee 83o, ravager, dé-
vaster; pi. guaeteet 1391, ruiner; guatter 9086,
impf. 6 guattouent 1896, perdre, gaspiller.
Gué 33/^3, gué.
GUBITIBB. Voir GOAITIBB.
GuBKCBiB 6558, pf. 6 guenchirent 'j^oô , ii5oi, abj.
impf. 6 gueneheùêent 633o, se détourner.
GuBRBDOR 8833, 11 558, récompense.'
GuBBBDo^Bii, p. f. p\, gueredoneee 53o3, récompenser.
GoBBciBR ; pf. 6 guerttierent 5835, mot altéré non
restitué.
Gdrbpir, pr^ 6 gerpistent 6339, impf. 6 gtèerpiâieHt
i65â,pf. 3 gu^r^n 1 7 1 5 , 6 gti^r^miml 3731,7609,
cond. 3 guerpireit 96 1 0 , abandonner.
GuBBRiBii, gerrier 6S6 {gerreier)^ guerrière I3i36
(gueroier»)^ guerrier, combattant.
GOBTRR. Voir GuAlTlBR.
[GoiLBJigtfe 997, tromperie.
Guisi : en nule guiêe 1760, en aucune façon*
Gdtb. Voir GoTB.
GvvBBNBB. Voir Govbrnbb.
H
Haak. Voir AtfA!(/
HiBiTBB. Voir Abitbb.
Hachibb. Voir Haschieb.
Haîb : la gent lune 38174 etc., les Sarrasins; haeit la
jomee lUUhi maudissait le jour.
[Hait], joie, entrain; pi. od granz heiz 878a, en
grande allégresso.
Haitieb, réjouir : il haitiez et ea genz haitie 9307, lui
et ses gens remplis d'allégresse*
Halt. Voir Haut.
Ha5Ap 1 093 , pi. hanoê 1 o63 « coupe.
Haktbb 119/1, pr. 3 hantent 88fl5, impf. 6 hantouent
h']'] II, hanter (intr.), venir fréquemment; pf. 3
hanta 10609, ^ répandre (en parlant d^une chan-
son); impf. 6 hantouent 568i, hanter (trans.), avoir
un fréquent commerce avec.
Hardbmbht 6091^ 7585, 131/17, i9i59, courage,
hardiesse; 9/1 a8, pi. hardemenz 68874 action baf
die 1 prouesse.
Hârrbschbb. Voir Hbbrêschieb.
Haschbb. Voir Haschieb.
[Hascbieb], hachiee 7178, effort, peine; haecheee
8à56, tribulations, misères.
Hastbb 9^5, pr. 3 haete 63854 pf. 6 hoêterent /ii58,
p. f. Koitee 76, presser; hattee 91 56, faite à la
hâte; en haetant 3o8, â la hâte.
500
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE,
Ille. Voir IsLE.
Illec. Voir Iluec.
Illecques. Voir Ilueques.
Illooc. Voir Iluec.
Illoques. Voir Ilueques.
Iloc. VW Ilubc.
Ilocques. Voir Ilueques.
Iloques. Voir Ilueques.
Iluec 663o, Hoc /ii5, i5o, 1798, illoc 697, illooe
1579, là.
[Ilueques], illoequa 675 (rime avec ovequea)^ iloques
1 38 , 355 , 638 , ilocque$ 1 1 65 , illoque» 76/i (rime
avec avequei), 100 a (rime avec ovequet)^ ^877
(rime avec enekes), s85a (de même), 3169 (de
même), là.
Image /i33a (: damage)^ pi. ymagenes 5a38, ymages
1096, image, figure sculptée.
Iqubl, s. iquelt io659, opposé à itel,
Ibi, colère: creire t*ire 687/», en croire sa colère.
Irele, pi. irelei 388 1, pièce non identifiée de Tar-
mure des Turcs.
Inii ia66, etc., s. irriez 1769, courroucé.
[Iros], r. iruie 635, en colère.
InaiÉ. Voir Imi.
Irus. Voir Ibos.
IsLE 1370, ille ia69, i38i, lie (un Ule i38i, mais
le mol est fém. 1370).
IsNEL i8/i3, pi. isnelê 1/199, igneU 18/19, /1788,
9988, f. pi. iineles 1189, 1680, agile, rapide.
Voir Es.
IsRELEllE^T 9/1/i, 1/169, i885, 9800, 3i56, rapide-
ment, promptement.
Issi 186, 593, 655, eitsi 790, ainsi.
IssiB. Voir EissiB.
Issue. Voir Eissue.
Itakt 963, 11961, tant.
Itbl 9098, 8. itels 599, io65i, tel.
luuB, yuue 1/117 (ywe)^ 9206 (: Uuuê), pi. lutiet
8996 (: /tttu«t), 1689 (i^tre*), jument.
IvBB,yo^ 3993 (rime avec ver)^yvem 3900,8. ivema
3197, hiver.
IvERx. Voir IVBB.
[Iverrage] : le Un$ yvemage 35o8 , la saison d'hiver.
IwE. Voir luuE.
Ja 9993, etc., déjà.
[ Jil], pi. gaus de mer 6 799, galet.
Jalet, ^Ljalez 337/i, galet.
Jakglbis 85o6, bavardage nuisible, criaillerie.
Jabbb, pi. jarbei 65 1 /i , gerbe.
Jabdiuebeie 69^49, ensemble de jardins.
[Javele], pi. gaveles 6^8a, javelle.
Jbsib. Voir Gbsib.
Jesqcb. Voir Jusque.
[Jmîz], f. geteùce 1096, fondu au moule.
Jbtib, jeter; impf. 6 jetaient 751, getoimU 797)gér.
jetantes 3537, ^*^'*' lancer (intr.); geteee 1079,
chassées, bannies.
Jbtbbbssb 3539, qui lance, qui tire.
[ Jbu ] , jeu ; giu parti 375o , gieu parti 7319, propo-
sition comprenant deux alternatives, dont celui à
qui on la fait peut choisir Tune ou Pautre; eijust
trop mal li gius partiz 8576, la situation aurait été
très fâcheuse; mal giu parti 1 5o3, mauvaise situa-
tion, danger.
Jbûre. Voir Cape jeûre.
Jbûreb, pr. 3 geûne A 390, jeûner.
JoART. Voir JoîB.
JoEFNE. Voir Juefxe.
J0F5E. Voir .luEFNE.
[Jogleor], pi. s, jugleûr A 990, jongleur, exécutant
de chansons de geste.
Joindre : p. s. joint i6a5, ^01112 735 1, ramassé et
prêt à fondre sur son ennemi (comme un faucon
sur sa proie).
[Joïr] , jouir ; ^'oonf 7 1 35 , heureux, joyeux.
JoLiF, f. jolive 5 8 A, de bonne humeur, léger.
Job, jom, jour: totejor 1911, 3378, \ i^Za ^ tote jmr
3067, tout le jour.
JoBN. Voir Job.
JoRREE 3/i58, tâche, combat d'une journée; f. pi. ^'or^
nées 8717, journée de marche; jomee de terre
Ao/i3, chemin qu'on parcourt en un jour.
JosTE. Voir Dejoste.
[Joste], jtMte 7^7 1« jouto, combat de près.
JosTEiEB 635/i, 7939, guerroyer.
[Josm] ajuster 7579 , pf. 3 justa 7573, jouter, com-
battre de près à la lance.
Jou 739 (rimé avec /ou), joug.
JoD, ge , je , gié b^3o ^ je.
JoTENTE, pi. joventee 395, jeunease, personne jeune.
GLOSSAIRE.
501
[Jmm], jœfM gS, 333/i, jofnê 9090, pi. joefnM
180, 3Ââ3, &i3a, jeune.
ioisDi 3396, jeudi.
JOOLIÛI. Voir JOOLBOB.
Jdku : jwne 8876, liée par serment.
Jus 837, 1996, fto3&,en bas; ftt«0ljti«io57, ^^097,
6 A 88, en haut et en bas.
Jusque , yefçtie 98^0, jusque.
Juste. Voir Joste.
Justes. Voir Joster.
JusTisB loAi, justice; 65i, 835i, 8699, juge.
Justiser. Voir Justisibr.
[Jcstisibr], pf. 0 juMiiierent 80 Û9, gouverner (propr*
juger).
K
K\ Voir Que.
Kalbndbs 3910, calendes.
Kab. Voir Kbb.
Kbr 5/19, etc., kar 1198, etc., car.
Ker?iel, pi. kemeaU 93^5, créneau.
Kl. Voir Que.
hkidêUlSà, de ce c6té-là.
Labor, pi. labon 4668, travail.
Labobbb, impf. 6 laboroumt 390&, travailler.
Lai, pi. s. 2at 8018, laïque.
[Laidbcb], laidêice /i393, 70/10, 11999, action vi-
laine, honteuse.
Laidbvbrt 6/10, 9669, d^une vilaine façon.
Laidergbr. Voir Laidbhgieb.
[Laidbugibr], p. f. laidêngêê 1198, 3730, traiter
d^unc façon vilaine, outrager.
Laideb, pf. 6 laiderent 761 9 , p. f. laidee 6939 , mettre
en piteux état , abîmer.
Laidesce. Voir Laidege.
Laidib 808, impf. 6 laidisieient 7G63, p. laidi 7606,
pi. laidiz 967/1, (endommager, maltraiter; impf. 6
laidisiouent 555, insulter.
Laidurb 17G6, 9677, 359A, 8990, honte, outrage;
5683, infamie, action honteuses.
Laier, impér. 9 lai 3761, fut. 1 larai 6307, h lar-
roM 9387, laisser.
Laîs 6696, là en bas.
Laissier : sanz leissier 19091 (ms. éd. leisiien) y sana
perdre un momonl.
Lait, f. laide 9969, 9960, triste, fâcheux.
[Lancier], pf. 6 lancèrent 1699, lancer des traits,
tirer; ie lancèrent 9 938, pénétrèrent violemment.
La^iboi , pi. lanroiz 1 o 1 93 f mol sans doute altéré.
Lardé, pi. lardez 6090, filet, morceau de viande
coupé sur le dos d^un animal de boucherie et propre
à être piqué de lard.
Labqb, s. largei â/io8, libéral.
[Largegr], largesce hko^^ 667 A, etc., libéralité.
Largesce. Voir Labgbce.
[Lasghege], lascheice 691A, 6679) découragement;
7069, mollesse, inertie.
Lascbesce. Voir Lasghege.
Lasghibr, impf. 6 te laschoient 9997, se laichment
8069, se relâcher, faiblir.
Lasser, pf. 6 huèrent 6087, fatiguer, harasser.
Latixier 5199, latimer franceit *ii^if pL lattnners
i3i55, interprète.
Lati5, pi. latin$ 8388, 19173, latin, de religion c^
tholique latine; la gent latine i55i, les T^atins par
opposition aux Grecs, Arméniens et Syriens.
[Lavandbre], pi. lavenderei 6696, lavandière, blan-
chisseuse.
Lavekdibbe. Voir Lavaxdibbb.
Le, pron. : nW 3], no 5^97, fitt 7387, 9A76, ne le; $il
G39, loâo, si le; nei 900, ne les, ne le; qnil 3A.
qui lo; de veer le 583, 687, prendre le 1766,
trahir let oS'ia , ravoir /a 9766 ; ^s ton frère 9399 ,
ceux de son frère; la le conte 9317, celle du
comto; del Inr io39, du leur; a$ lur 866, aux
leurs; poMêa lor 1 1689, leur passa devant; la prift
absolument : la durer 970, résister.
Le, arL : al 68, etc., au; del 97, etc., du; at
985, etc., aux; det 96, etc., des; el 95, etc..
dans le; es 66, etc., dans les.
Lé 3071, pi. f. lieei 3776 , large; (, Ue ne large lià6H,
Leal. Voir Lbial.
[Lbege], leeice 609, 6709, 8788, liesse, joie.
Lbbsgb. Voir Lbbcb.
i
502
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Legieb, léger; de legier 1966, 9693, 9759, facile-
ment.
Leul, pi. s. leal 769, lovai.
[Leia^ce], lianee /i868, allégoanco, engagement.
[Leiache^t], liaument 370. loyalement.
[Leiact^], Haute 1778, loyautô,
[Leieh], Uêr to3'|/i, lier : #1 cwn il lie 7378, autant
qu'il embrasse.
Leissieb. Voir Laissier.
Leotiardie /i6o8. 9050 (ms. len naudie)^ ninladic des
rroiscs à Acre, qu<^ le traducteur lalin appoUe ar^
naidia,
Lebve 9G8a, 839'j, larme.
Letre 970, 2]8j, 35ii6, 5ô88, 5589, lOQ^o, écrit,
document dcril.
Leti'arie toSaô, élecluaire.
Leu, s. Uns ii9a3, loup.
Lever, p. s. levez 957'!, f. ^evee 636, émouvoir, sou-
lever; impf. 6 levaient 6fi6, pf. 3 leva it363,
s'élever.
Lez, côté: lez a lez i 19S6, côte à côte.
LiASCE. Voir Leiakce.
LiAi'VE!«T. Voir Lbiadment.
LiAuxé. Voir Leiacté.
Lié, s. /iezao57,pl. s. /tV/i39, 1018, /1090, joyeux.
[LiEis], ^tf 386 1, picrrn de liais.
Lier. Voir Leier.
[Lieu], liu 9761, pi. lius 9106, place, rang.
[Ligecb], pi. ligeêcet 186, possession lige.
Jjois. Voir L1BIS.
L105 : baniere al lùm 1 1097, bannière portant Tirnagc
d'un lion.
LiPE, lippe, grosse lèvre : « qui toz jorz pendeit la lipe
95o8, qui faisait toujours la moue, qui était tou-
jours de mauvaise humeur.
Liu. Voir Libc.
Lici'B 1697, 6>^99, 9906 (rime avecyii«e), pi. liuueê
6548, 89^9. 8990 (rime avec tu.'ift), liue$ ]665,
761 1 (rime avec triuues), lues 10617 (de mémo),
lieue; mi liuue 1097, mais demie (ms. demi) liuue
6ii9'!.
LiYBE, s. livre 71 35 (rime), mais Uvrea 9608 (rimo),
754/1 (rime), livre, source écrite consultée par
Ainbroise.
Livrer : livraient ententes 9989, donnaient de Toccu-
pation.
LoEB, louer; $e loer 1060, se louer, s*» féliciter; pr. i
lo 8701, cond. 6 loereient 7766, approuver, con-
seiller.
LoGiEB 6690, pf. 6 se lofrierent 9891, ^1896, camper,
s'installer, propr* s'établir sous des loges ou ca-
}»anes de branches.
LoiER, luèr 3694, pi. loierB 1 1599, ^^*^* 8899, ré-
compense, salaire.
Lonz, loin; en loinz io/i45, au loin.
LoTic io65, selon.
Lo.'VG, s. lon$ 35i8, de haute taille.
LoNGEXE5T 96/19, 3 '49 5, 5637, longtemps.
LoR. Voir Le.
LoREs 3-'i, 79, 38o, etc., lor» 188, etc., alors.
Los 6666, louange, gloir»^; al loi 999, d'après ic
conseil; a lor los 7770, d'après leur conseil.
Lo8E!<GE ]o/i56, flatterie; 7'io3, tromperie.
[Lose?!gier]. f. losengere iihS^ menteur, trompeur.
Lue. Voir Liuie.
Lier. Voir Loier.
Lies 1 i85o, aussitôt.
Li'iEB. Voir Loier.
[Luiser^e], luieme 1938, lueur.
LcMiR\iBE 9 3 70, éclairage ;(fig.) 9/1 98, enthousiasme.
Lur. Voir Le.
LcsEn^B. Voir Luisbbre.
M
y
Maaille 5343, la plus petite pièce do monnaie, demi-
denier.
Maçagre 4790, boucherie; 3090, /io4o, 11977,
massacre; la m, 6790, 1 1977, mais lait m. 3090.
Macb 4855, 565 1, 3oi] (rime avec place), pi.
maces 6395 (rime Bvec places), 65o9 (de même),
65^9 (rime avec bracen), mass^' d'armes.
Madle. Voir IVIaslb.
Madbe, s. madrés $844. sorte de \ms.
Maen. Voir Meie^.
Mahaigmer 4955, pr. 3 mahaine 68^6 (rime avec
compaine), estropier.
MiHOiiEBiE 9975, 5:!43, mosquée.
Maib!t. Voir Meje?!.
Mali : jtrendre en main 3689, entreprendre; avoir a
main 5999, avoir à sa disposition, être sûr de.
Maix 7871, matin.
Maï5. Voir Meie^.
1
é
\
I
504
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
■
t
i
Malbailub: p. s. manbailliz IJ75A, f. malbaillie
10178, ]io3o, en mauvais état, mal arran(][C«
[Mauhetrb], |). r. malmiiû 1 1966, mallrailor.
[Maitale.>t], tnaUttltnt 1/119, colère, mauvaûe hu-
meur.
[Maltais], f. mahai»e ai5o (rime avec nw), wal-
veiuê 1393 (rime avec meaatse)^ maireiset 5i8
(rime avec aUt'»), mauvais.
[Mbies], maten loC-j, maian /i5ç)3 (riiiH» avec l'an
= r«i), matn 8033, moyen.
Mbîmes. Voir Meïsmb.
Mei>8 , maitu 3iSi 9 , moins ; au v. 1 o 1 8/i , lire tne$aaiHez
pour meina aamez.
Mbixte."sa?ît. Voir Mii.'^te.na^t.
Mbintemr. Voir Mii5te>ir.
Mbis. Voir Mais.
Meis>ade. Voir Mamide.
Mbi8>eb. Voir Mais.mee.
Mbi851ee. Voir Mais.iibe.
Mbîshe, meîiviet 88^17 (rime avec deim"*), meîm?M
3o!3], précisément, justement; a meùme .1809
(rime avec paienigmi), ù portée; a inetxm?9 d*eh
11/199, ^ porléo dVux; a 9immei le iiu io383, à
portée, a proiimité du lieu.
Melec 6833, 71 9^, mot arabe, roi.
Mblle. Voir Mbsle.
Mellee. Voir Meslee.
[Membre], pi. menbvcs 9199, pièces; pi. s. /i mefibre
al diable 36 16, les membres du diable (c'est^-
dire les Sarrasins).
Membbeeme.xt 988G, par mémoire.
[Mkuooer] : pr. 3 me tiienbrc 9907, je me souviens;
mçnbi-ee i]o35, renommée.
Me.ndi, r. mendie 9660, pauvre, mendiant.
Mendres. Voir ME!«ofl.
Mexer, sbj. pr. 3 maint 6, mener. Cf. Merrer.
|Me>or], s. mendrea 179, pi. s. menur 1067, plus
petit.
Me^t, p!. ?n«rii(Z9C5G, petit; genl menue ç^'J^^igenz
mentes 3360, gens de petile condition.
Me.nur. Voir Mb^ok.
[MeoleJ, moole joo03, moelle.
Merc 3508, marque, signe.
Mercub hbhhy borne.
Merci /i8o, miséricorde, grâce; la merci Deu 97/»,
39 1, 338o, 11695, la merci de Deu 39&o, les
Ipnnz merciz al creator 55^9, (par) la grâce de
Dieu ; en ta merci 9039 , à sa discrétion.
Mercier 7680, remercier.
1
Merir 3696 , p. s. meri 3793 , p. f. merie «976 , payier,
rérompcntier.
Mbrrrr, pf. 3 mTra 9018, p. 8. merrez 8868, pi.
8910, seulement dans la locution merrer U doM^
meiTei' son dneil, qui veut dire : se livrer à
deuil. Au v. 8860 lire mei-rerent pour mjnmrmi
Merveille 3iâ/i, Hi/iô, chose surprenante; une
rei7/:' r)o*j , une foule énorme; la mertmlh de»
enekes 537, '* nierveiileiisi* flotte des éoèques;
merteillês ot qui A 97 8, cciui-lâ entend des cboiM
merveilleuses qui ; merveilles grant 9199, merveslles
chalt 68/10, merveilleusement (prand, chaud.
Mbrveillibr : me merveil 6973, je in'ëmenreilie; ^in'I
a merveillier 9897, est de nature à émerveiller.
xMbrveill(»8, f. merveillose 5o68, étrange, extraordi-
naire; r. pi. meivjilliisen 91 93, admirahlet.
[Mbrvbillosbhbtit], merveillusetnent do6i, d^ane ma-
nière étonnante.
MBRVkiLLUS. Voir Merveillos.
Merveilli'sbiiert. Voir Merveillosembnt.
Mes 669, 5190, messager.
Mes. Voir Mais.
[MBSAAisib], f. pi. nusaaiMees 7835, mal à Taise.
MBSàAXER. Voir Mesiesxer.
[Mesaesher], mesaamer 6888, p. pi. mesaatnez 6808,
fneins aamez 1. mesaamez 10186, f. mesaamee (ms.
mesamee) 11866, blâmer, apprécier d^une façon
méprisante.
Mb8aise 1117, 1991, 36i6, 3638, 63i9, génfi.
souffrance.
Mesauer. Voir Mesesmer.
Mesavemr 8676 , pf. 3 tnesavini 1 373 , arriver malheur.
Mes\ve?(tl-rb t356, 9606, 9909, malheur.
Meschaeir, meschaier 5 163, pr. 3 meschiet 7161,
pf. 3 meschaï 6876, 6038, sbj. iinpf. 3 mesckaùt
1 1731, tomber mal, niiissir mal; gér. f. pi. mes-
elieanz 1378, malheureux.
[Meschaeite], pi. mescheeites 1378, mauvaise aven-
ture, malheur.
Me8chea?(cs 66o3, malheur.
Mescuekite. Voir Mesciiaeite.
MEsciiiEr 3035, 3097, 9667, 11735, pi. metchiefs
9000 , malheur, méchef; pi. a meschiés 3935, pour
son malheur; a meschiif (îhS ^ à grand'peiue.
Mbschinb 9006, pi. meschines 1073, ii56, 7076,
jeune fille.
Mbsco!<itbr, pf. 6 mesconterent 5668, compter mal.
Mbscrbakcb 5969, infidélité, impiété.
Mbscrbirb, pr. 6 mescrotent 9917, ne pas croire, re
306
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Mmn ^79^. ii^S^, p^ t mmcm 10107,
Mfitcas. proffr* WÊÊmm. qn fest rhaandilé; (fig-)
76^. iZ^. triste, (iécoufjyé.
Mcia. ^ 6 iifnwf iSos, cban^er: auifirerttfi iSsa,
Aayr <i« pbee. f^rârt m potilion de balaillt».
Mrcîi i^/s, Ss9^, départ, ^p^fition.
Ifcf, f. «Mnt ^517. moid.
Mil. Toir McE.
MfiA 1195%. pi. mudt» ^i^î. mole.
Mctcr. pi. Mflifs 16%^. muirt
I
;
Mnj. Toir Voct.
)lc9»B. Voir Mo9»t.
Me». pL mnd» 1675, 9781 (riaie afoc
loSdS (de méfoe), amleL
Met. Voir Mra.
Mcfta : pf. 6 wuutrmt ^997, 58ii, penifv
tmpt, OMiocr.
IfcsTiBCT, pi. mmt^btz 10019, ^^<^ <I^ ^^
McT. Voir IfocT.
McT09. Voir MocTOs.
5irB0, mf I ri 3876, pf. 6 mmfrtttmi 1S17, pi. s. imh
Jinez 64^1, bi<M«r.
51 MA : m mmg€ ^7^f en lugeaot.
l'^A^foo]. pi. <. t^fér i93o, runeor.
5lt*fKS« VlMf 5i«IOt«
5(ft4iuii^S6. s 1 .798 , transporter en boleaa.
^Affft. Voir 5ktiu.
^AÎr, fMcr# 9999, tMtiff mUn^L
\iWfBi i/mremi met» 399, Doqoireol.
3(tfrM 11688, qoaiité satnreBe; is5o, iss66,im>-
Meiie oatoreHe; d awwt de nmtwre 7098, i« ^ml
4^nr nmimrt 1 o ^92 , 1^ gens dénaturés, les infidèlet.
5ifif , maâc ISO, féiD« $09, 539, 9^9, flotte, en-
•emblede navires.
3ÎAVIBS so85, comme \atic«
^ATBEa. Voir Niranu
5i. Voir Nos.
Nt : n' so^^i, mais lu t/ non élidé 9o&5 (ma. rî/},
ni: n« ^u^ 275^, et <{oe; ii« ^aHW grm 65i6, et
qoi n*était pas fort gros.
Necissaibe : aer ehmet neetuMÛt» 3697, sea p«ties
bonteuses.
Nef 577, s. rdef i333, pi. ne$ 3ii, 487, 5^7, na-
vire.
Non, impf. 3 nmot 6969, pf. 6 iMtereal âo85, p. s.
noMz 3956, se noyer, noyer; (fig.) p. pi. 8. noie
7518, looio, perdu (dans une foule).
[Ncna], p. neutre naié 10016, nier.
NiiF 7803, liai 3, n^ 6067, neige.
Niia, f. neire 9790, noir.
Xais 11906, ntt 1069, 9836, 6967, même.
NiH. Voir No5.
NaroBoniiiT 853, i3oi, 19979 9889, 9960, 3379,
36o3, 609&, 11961, néanmoins, nonobstant.
Naaré, Doireeor; (ûg.) isjiiô. Irisiesse.
.\is. Voir La.
Nascs , f. memute 7900 , aucun , nul. Cf. Ni
N ar , f. mette 5o58 , net , complet.
NacL, a. nciUf 6o93, nul. Cf. Ncl.
Netlc 5763, broailbrd.
NsfEC. Voir Nbto.
[Naro], aarr« 9379, s. nié» 900^, 9o55. pi.
9779, neveu.
TfïïMt, Voir Nivo.
NiiF. Voir Nef.
NiBST, disjilab., rien : qmil terveit de nient 36, qui ne
le servait pas; nu» por ment greimmr dentmmde lâa,
il serait otseui d^o demander ime plus gramie:
^r nient le éemanéez 9660, ne demandei pas;
nient fu de. . . enter» 7799, nient fmd de. . . mrtr»
7878, on ne peut comparer. . . à.
Niés. Voir Nevo.
Nis. Voir Nbîs.^
NoiLX. Voir NoAcz.
NoAcs. Voir Noaci.
[NoACz], fMNi/z5i8o, noam» 7536, pi&
NoMLB 1 1&39 (rime avec nie), de noble famille.
Nosa, gér. «ooiil 1 1 1 1 9 , nager.
Noiaa. Voir Nbieb.
NoiBB. Voir Neibb.
Noise 109, 687 (noue au f. 688 est fautif). 70S .
1593, noise, querelle tumultueuse.
NoisiEB 665i, faire du bruit.
Noiz 3791, noix de Tarbalète, Tendroitoù est arrêtée
la corde tendue et où pose le carreaa.
Nom. Voir Nojt.
Nom. VoirNo5.
NoMaaEB 3666, compter.
Nombbme:<t 9716, 11 369, 19069, nominati>-anent.
f
f
I
9
f
4
I
50$
LHISTOIIU-: DE L\ GCERRE SAINTE.
Oet. f. c»n/(f 87 n. f. pi. nrée» 3^3^, sale, impur.
0$ciR : rr*^»v 041'Mr -^p^y» «MP ol><*:ur : crfunet oteure
Siig. cnuam*^ erroné^, contrair*' à la lumière, à
la %**nl«f; la i(tut oncmrc 734 j. Ut gi^nt ntcmrt*
Oit 3!^-*Î7, 33.?»>, au*bci^ii; les f>;ens brares , liar\li<«,
lél ''t^t tMkrt Ôi'^io.
• KiT, f«?m. '1 o ! . ï o '1': . *. r'Mt ."ÎH I . ;i>» .'1 . '1 1 3 . \3 1 ,
ê é mr ^ mf ê *
#i'/ 'rraaf '>4f -»-»*n I **33*» I. li iri$ «1 /'njf . p\.o*tz
!.'**.). -«rtJtô. L'rn)H.?. iMiupo».' o»i «Ml mairh*.*.
HsTiCE : •'* f*ta^i 5j 4*. K'U olajji».
OsTi'-isn. ff. h •ista-ji rrrnt i-j.'i3l. f»iirnir ilv* otaf^
pour iji- {ijifiin.
OsTE 1 0 1 •:> ! . hi'le, cbir;j»* J-? l.i gji«i .
OsTCL •■* j'.«. "i*j. IwliiLlîion L:i.»»iM.ir»': miA 'jr^iuift
OfTEsn. pi. 'Mlvnns luôi <. Hi-îk* étotJi.' Ofio.'itaio.
*.'>p)a. pi. 'jtt'ri io'j**. aut'iiir.
eitès. vio-
fhiciEB, pf. 3 ntrifr 9769. «Irns 3755, sbi* pr. 3
oimt 768, acmrd«*r. donner.
Utiiu. Voir OTBiin.
Ol, oÎi : 3:î09. r/iSâ. M 76. M 71 1, €0 qiâ.
Oi , t: 3Go, ou : ■ qwi p9i en «t on phmté 90. ifoU
y «^Q eût ou peu ou heauroup.
[Orrii»!, oltmge 7^9. 6i7><. •>'»^9.
[OiTBEBJ. iinpf. 3 o/fml 73Ô7. lerra«r»r. vaii
niE... Voir MiiEC.
OfBCQCis. Voir Ôfrtc.
Ote.jiej». Voir OfCEi;.
t.^VRlIG^E 0Q(^. l3('t3. 4Qâ3. 19^%. a4|Q&.
ti.'O, fem.. cnivr*, alTain\
0-<iim. Voir Otbiio^e.
l)*Bï. Voir L'bvrb.
OvRiB. pf. ;t 09rrt ^70. tra«aiil«T. agir; orr«
59ÔÔ . a'*romplir d»*- ppou»*5»>,
[OfCBi:!. *>r»fc 1 175. *>rt»*ptn 676. 1001. 1 166. i«63
attqHet 763. or.'tvy»!'* 370* . a>ec.
Piii^. Voir Pi B^.
Pabi^isb*. Voir PiiLti^is.
PiELE. rL purh^ 3«^46. l»i^«*.
PiE''. Voir Pu!'.
PiEMZ. Voir PiîEii!.
Pic-Tsr. ô'i7^ : i-: •■"■iîTi* • l'iipikb»? tie n'<;ocmaitrî
\*-\ ■ n îopm»' i»* u^ntrt . À p***!: u*i^'*i n est ««an-
•iin;t ' j:: ^v i? r- :i»? lif poftn. f- "-aît» p.r une sin-
;nj|'.iT *ub**i' '.!■ n «i ■»i:lli\'*.
P\U>IS. V.tr PtlE^lE.
Paie-» .ri. wf«w» » j . -inyA . f. paais-i i^^s 'i . paK'Q.
•lit nnr 'vtt^nicion iJ»m» mo^uimans.
' pKEMB . ptuni" 31^6. >)6>. pautftte b396. «Iu-
nraine «i»*9 païens, tl^s diusuîoijqs.
Piie>isie". rfttftiti*m-* .'j^iii. enâi*nib!e Je* paieii-^.
«^5 inrtd**l'?.
PuBR . pa^er : «f U-iunt j ptfàp q«>%!^ 1 . r^it <-<wit»'Dt : iroo.
If s •MwtfMt »»3o3 . !e< tnppaior.l : cii /'«nf»/ de* ««H-»
^tVf 1 1 v'». iU i>*fup'nl un U'aii s«m\=Miir -li» rwces.
al'u-iio:! rr»>iiinie .1 '*ii^i;p» d»» se «louper ;iut noc*s
il.> >ouffl<;l3> de^lin««« .1 jnïvifr J.ins Te^i^iit d«.'s le-
ii]oiii< du mariage le !H.hi\ «lir de rewt'ueii»»!!! aur-
quei iK< a!»i5iai**Dt.
Pailb 1937. p«//" io5i7, riclie H**^v de wi»».
Pii^E. Voir 1**1^8.
PftisTBB, Doum'r : petae 1 ^9 iloit un* d*Mile êire cnr-
rig»? en peuw . n«^nm5se.
PiLii.RE ii«i'i. 'a baiiti- UT.
Pïiii- 07'' . ;■•»/"« r>><rt, 60 \ . 77Q 1 1. u p, poor 1rs
p. . j^'.j:^.
P\i^rE». ' 1. î. •• •j'i/f'f'.i-nl II loi, livrer d?» fi^Hife»
c.-aîlirfS. •.■■i<'.:rM"U'*!i<»r.
PlLUE- ^ r P\i ^i.
Pi^Ti. [»!. ;. '?'"/■« .'i#ai. coiis-in pl4ee s«?i» la
du rfa.na!.
Pi-iB. p»»'r 119:!. pefir 3i37. pomr ja-st. ^.►ii,
îi.j»». i\. peiirt 13-î'. j-i^îir.
P i r. i-io , 'i 3ô . -Ir. . p;»r : eheK*m p*»r $^ Tii 1 .3 .
rwil de SiMl oHr?: (o( ^-'r <^.i Q31J. a »r«t
^«* «'r« fW p»»»; .')^>*i. entr»» leurs piv'ds: pmr é^
ihttt yaning in^i7. en -ieMi jwr*i»*-: pir len folem
tht'9»-hin'*$ '<jrt'i. 'Ml pajKïant par ch^z les tille» de
j'»:-?; r'-rr ■2'^, t'*u. i*^' <î . pris ail%''!'bi.tK*Tnent et
•«•^nrarît à r-nfonv'-r r«»!»edif.
PiRi-^E 3»>7"i . eti*.. finiiM»» n«»M.«.
PiRi-i«iiER 3iS.'î. ^•irt.i'ip.int . •'opi.M.'i«>><eur.
PtRiiMTEi '5^»^i>. aWie* T lie nmter.
PkRD.«^ 17. i.'.j, i•^^l^JlMl ■«■ 3i- -lpI».- iw- |p i>apn.
Pi»j<R\iLi •»t^7. eli*pn»»l.
PiBEt: » slj. pr. 3 p^tf liVW, parairn» . ^^ Êhtp vq-
PmrmcB 877, pareille, ffliiiille.
PiRiKiiit. Voir Pu ICI En.
[Piwoiinxci], parfondetca 1 107 A, proromloiir.
PABfOSmsCB. Voir PiMOSDBCI.
Pj«ïost 3871, {. parfoniLi m 7, profond; mparfonl
11607, proroadément; aAi. par/ni Cit3, SSbij,
prorondément.
PiBrnnMn hbGi, achever, rooroir juïC|n'*ii lioiil.
PiELA>ci â6s, iUâo. 6653, discours (]ii'aii IJciil
PinwjfEST III. iï3, i55. «57, 6âu, 1775. i79i>
1793, 5o'ii. conférence, rendei-voiu pris pour
ilisciiler une aOàiro.
PiHOlB ; parBle/mn 36a8, parier.
PAlPti^DiK. Voir PiiPoiMinl.
Pafipoibdm, piquer i l'aiguille :«oi(eipnrpoJfirH i685,
milla par/itiinM loBsi, couvcriures piquées.
PiDPoinT 3568, 3573, fi.parpainzgTjS.dabltipen'-
panz 4981, vélemcal piqué qu'on portail p«r-
desaos le baubcK.
Pinsltaï, pf. 6 parturtM 10700, pOursuî»re.
[Pahwme] : a la ptnomt hk%Z, * la lin du compila.
P»»T,poil! quel part 483, aggi.dcqnol tM;iU dit*'
cane part 19D& , de touscâlét; dfpurt lecanU 81)76,
de la part du comte; de part Ihu, A83. au nom de
Dieu; dt part Dm tt di part h rei J'Emglêltrt
547», de la part de Dieu ul du roi d'AngleUrn'.
PinriE : d'autre piirlît si^h , d'aiilre part; dt dtui
parlât 9894, dn dpui cités; ctlt partit 3738, de
ce eàté; a ta partis hiao, pour lui.
PisTiR 5ô6s, pf. 6 partirnU lulii, &3og, cond. 6
partireieiil 370, partager; mn/l i ol panlti partitt'
9)3, il y eut beaucoup de paroliw -A;l^1^gées;
p. pi. s. parti looh, séparés; pt. 6 ir parlirmt
GÛ8, partirtnt 910. cond. 6 ^xtrliraiVul a 198,
|>artir (înlr.)^ «I poi-ntr CBo, au inonietil dfiln té-
i3so,
Pis. pas : ann petit pm 11)67, Ipnlemcal;
passage en mer; «771, 5887, pana)^- dani les
moulaj{ues.
Ptscm. Voir PisquE ani Noms propres.
Pasuauc :Wis, pa.Hgsge; *93G, &U91, spédalnncnl
travenee de la tuer d'Oecideul en Oricul par le»
croiai'si 3^07. &093, moment faiorabte A celte
traversée; 336o, arrivage de* ci«isi!S par mer.
PissiHtiiT A97, panage.
PisslK : l'en piUÈa 1 89 , passa.
(Padmi], paume de la main -./alirai palmei 5Hai,
tomber à plat *ur les maioi.
IRE. Ô09
PigMiin 9815, pËI-?rin qui a fait Buii ro)«gi! et rap-
poi'le des palmes de Jéricho.
PiuTu.iiia 3373, coquin; Uni nieil II Uni pau-
lonen &99&, tant ce tempt'U éUit micliani,
PittiLLon, pt. pavtitloii» As A, tente roude.
PtriMiiiT 9334 . pavenienl.
Pacatkp, pf. 3 p.Yin'a ^00, p. f. prchât» i6ai,
pefuie» fi8i, hri»i>r, mettre en pièws.
l'toiiEiEn. Voir Pxcei».
Ptcuii : ço/upprUn âaS. ce fat un mailieur- ,
Peçoitn. Voir Pécher,
[Peihe] : irt an painr ill 3699, l'eSorçail de; B
pai'iM 38, 36ou, i grand'peiDC.
[Psion], pior 7876, pire.
Peis, ce qui pèse, ce qui contrarie : wr lêpmi 1 090,
malgré; «or lar peii 9o3i, tor lerpaù 8^71, mal-
gré eut.
Peebe. Voir P.iidtre.
PuTiiLLE, pt. paifoiflM 33t>^i, sorte de vase.
Peu 3B«&, p.ni.
PsLiHia 3go, etc., pèlerin; ^éeisleiDcnl craini.
PELinnini 7oi'i, ptregrmag* 6371, 7o5<i, pHeri-
nage, <
isade.
P■l.EEl^E [)Cg6, pi^lerinc.
PïLTEEB, pf. G pelfrerent loSÛ.Î. p. f, pnj/jw Hili.
piller.
PiLicE. fourrure : « lor prlùca rnijiuirBuent &3A5.
peut-être : ils eonsullaienl le loK on amduuit des
poili da leur» «ïteinnnls de fourrurr.
PfUscB. Voir Pelice.
Pellk. Voir Pkle.
Pekïh, pendre; pnir/rt 37n3 et pmJriti 3-jilt aoiii
pïut-ctm allMs; ipt que a feil Ini paidoU 1 i83u.
ce qui allait lui arriver; gui devant In tilt li pm-
doiettt i93o3, i\m allaient lui arriver, qai vUi«ni
immiucnls.
PitiïB : le peirni' g68, iu8G, Iii7, -1967, l&A*.
3oio, s'efforcer, le donner de la (loine.
Pekitocieb -./iirtut p.nîteaeir hUgt, ils rofurcnl une
pcnilence. Il faut ajouter puît ovaut /iirrnl, pau-
ItiKié ne devant sans doule compter que pour
quatre «) Il abcs.
PEUonctt,., pmaïKilibga, 8a5, &63â, et«., petit ilni-
peau atlicbé au haut de 1« Itnca.
Pnos, (ImriouiiMit : la «muuiw praon itBG, la it-
matne penuta 8348, la (emaine Minle.
pENM, pi. jwntja 9193, peiiaév:.
l'Mtii'^ 8Aia, pentve.
.:!•'
LHISTOHSE DE LA GLERRE SAINTE.
9^n*«^ àf ii^o. «* i^nocnj^ de,
a; •■_• -.*-•. >.
r-»^ >^.«t*^* ^•7->. !■:• !:ofr.nj->» 4 pi*»!.
Pii.«. '• '_• P»'>i-
Pu- -r»: . «■ •» _>- i.' i . corj p*r»'l.
Pii«:ii. p*. ? rîA« i-'>i. i'j"'i*. fD^orc de loa-
Pia..J:is. V.-,ir Pe4i.iu.
Pli. ;ci. :>*rrAf: wi'iau pe'iiu^ê J43*. main» Ury?-
Pu»«i 7<>^'' ir<^'*- -r^. f^^iUr» : airiol^iro-nt : fH*a2 a'i
^iixt^n: :r^i\. qii'iU n'j rpr*>4i*v«*Nit du doin-
Pl»« . t. 9^rT» ^,-. ^i» (4^. îoi. pi^ea fjij , p*rr*.
PII1..E . >T*9r* Z*'ê'/'à. parc 'y . mol !***<:.
Piii«'.ru . pf. r ^r-j^-k^-ni 3<^ j ^ . «r monlr»*r mou.
Puir..i^. i.p^trfttte ^rMr*cj. f^r^w/iê^i Ô677. ID4U. «ao»
Pes£i;/>}EHL'«7 ^«171. p^^ruêtn^mt 7 .O7. mo!l- ntftaL
Pu£i;r>iBnT. Voir Piik^o^eie^t.
PllE<.im<'.E. V'^ir PiLEIMi'jE.
PEIE.-.!. Voir PEIEf.B.
Puft.«<o«. Voir pEIEÇr^.
PnjiiE Z'j^i, 1703. ^735. 'j76«>, y^'i^frt i83o.
p0ftwetrm 3^3o. p'^nert i5ao2. pi. ymtrts 5337.
35îa. i^i-î. 154Ô. ôi'»'. p^rrrfg 'J2i3. ^713.
i<) i j . p>ifrtfr» Zi'}fj . yirvfT^t 3 1 4 i , pierrirrrc, nia-
rbin-^ .« i^tver d ri pi-rr».-?.
Peiibiie. Voir Peciebc.
Peiiluei. pf. 0 ff^-ilUrent J77. -tr».- victinio d'un acci-
dent: p. pi. i. ff^tnlUz l'x'Ài, 5. perilliê laaoô.
naufrage.
PmE. Voir Peae.
Peuieke. Voir Pekieke.
PsR» -^9^9. bleu foncH. violrL
pEB«ccrciO!i 9^16, inrnrtun<».
PsB90«E. Voir pLlSOIE.
PiB«o!iB : que pînone etptrdme 3989. comiiK^ un
homme bon de lui.
PiiTi:» ^990. trou.
Pisiici 71. 834, cha^n. ennui.
pESU. p. pe9e 1093; sbj. impC 3 peuut i9o3. p- pt*ê
109^. être désagréable, déplaire : ger. s, petanz 1 6 4 1 ,
rud^. p>^nible; {, petanz 39 35. pénible, fâcheuse.
[ Pesle mbsle ] , ptlle mette 9 -j 90, (>ék^mèK* . embarras.
Cf. Mbsli peslc.
Petit ^503. peu.
Petitet. f. pi. petiUtteê iSoO, 933o. |»eiiL
Peîi. Voir Paoi.
Piciici. pi. ptckieru 388, pot. cnicbr.
Pli. pied: pletn ptê p^rfemt 33^9, à h
J*iin bon pied: fM mm pw m'a pêt tn mi 5^79,
qu'il D^ m«*(lnit pa^ les pieds: (6g.) pkê €m
h35o, sur-le-champ.
Piiçi. Voir Piici.
PiiCE : mmf ptece 7809. 84Ô9. un espace de
piee'a 9^37 ( éd. pteeû > . ^Cki? , j 1 46 . d9o6 «
il y a un certaiu temps, d'^is un certaio
PiiiE. Voir Psai.
PlEBEBI. Voir PEIICII.
PiEiiEBE. Voir Pebiebe.
PiLiT. 3765, 60Ô1. pi. pliez 9171. 3793.
6067. s pUi 707, i53i. trait d*arc.
Pisasi s8i^. pincée.
Pioa. Voir Peiob.
PiBiEBE. Voir Pebiebe.
PiTEos 19066. plein d*alteniirusew?nt.
[PiTos]. puut 333. digne de pitié, atlendrissaoL
PiTt*. Voir PiTo*.
Pu. poitrine : U ^ro« tUl ptz 4971. la poitrine b ou
elle e*t le plu* larg*».
PLiiBiiB. coni. 3 piatJereit 919. piaiderfMt 9^9. aller
devant de^ ju;{e<. plaider.
Pllie. Voir Plue.
pLAKi.^E 11917 -rime avec nuMUa^mn, ploime 6110
■ rime avei: ckampaine. ckaimpaigne . plain<^.
Plii5. ^/fiiii« 0*^3 4, ^936, pleént 6S7>. pUine.
Plai*. Voir Plei^.
Plame. Voir pLiiosE.
Plai^eb. \oir pLilSSlEB.
pLiiïiEB. Voir Pliissieb.
Plaisib : t&m pUuir 1 153. ce qui lui plut.
[ pLii>?Eii \ . pUtsetz 6364 . clûlure de branches eolrv-
lacées.
[Plussieb], plûuwr :i933. plattereni 6994. pleine
9o3!. domtiler. accabler, ruiner.
Pliit. pleit ^o*j . discussion: n pUit ternir 1 976. 960 1.
parlementer.
pLEbE 53 i3. caution: pi. s. plep 03 9 7. perwone
qui cautioime.
[ Pleib j . plau 1919. pli.
Pleii : a plf\n i63i. a platn 9497. it375. tout a
fait, sans restrictioii.
pLEn. Voir pLAn.
Plei^ub. Voir PLii^àiEB.
502
L'HISTOIRE DE LA GUEIIRE SAINTE,
LcGiER, léger; de lef^ier 1966, QogS, 9703, facile-
menl.
LuAL, pi. s. leal 7G9, loyal.
[LsiA^iCi], Uanee /1868, ollégoanco, engagement.
[Leuume^it], Uaument 870, loyalement.
[Leiacté], Haute 177B, loyauté,
[Leibr], lier 108^1, lier : ti com il lie 7878, autant
qu'il embrasse.
Lbissier. Voir Laissier.
Leorardie /1608, 9660 (ms. len naudie)^ maladie des
croisés à Acre, que le Iradiiclcnr latin appelle ar-
naldia,
Lebme 3G8a, 839/^, larme.
Letre 975, 2181, 35^6, 5588, 5589, 10950, écrit,
document écrit.
Letcarie io5a6, électuaire.
Lec, s. /91/s iiaaS, loup.
Lever, p. s. levez 957/1, f. levée 630, émouvoir, sou-
lever; impf, 6 levaient OaG, pf, 3 leva it363,
s'élever.
Lez , côté i lez a lez 1 1 aS6 , côte à côte.
LiANCE. Voir Leiakce.
LiAUMEiKT. Voir Leiaument.
LiAUTÉ. Voir Leiauté.
Lié, s. fe 3057, pi. s. /te /i 3 a, 1018, A090, joyeux.
[LiEis], /toit 386 1, pierre de liais.
LiiR. Voir Leier.
[Lieu], liu 3751, pi. lius 3106, place, rang.
[LiGECs], pi. ligeicet 18A, possession lige.
Liois. Voir LiBis.
Lio:« : baniere al lion 1 1537, bannière portant Timage
d'un lion.
LiPE, lippe, grosse lèvre : a qui toz jorz pendeit la lipe
95o8, qui faisait toujours la moue, qui étail tou-
jours de mauvaise humeur.
Lie. Voir LiBo.
LiDUE 1597, 6/199, 9306 (rime avec y UMf), \À,liuuet
65^8, 8933, 8395 (rime avec tu.'fft), liuei i665.
7611 (rime avec iriuuet)^ luet 10617 (de même),
lieue; mi liuue 1597, mais demie (ms. detni) liuue
6/19*!.
Livre, s. livre 71 35 (rime), mais Uvre* 9608 (rime),
75/14 (rime), livre, source écrite consultée par
Ambroise.
Livrer : livraient ententet 9939, donnaient de Toccu-
|>ation.
Loer, louer; te loer 1060, se louer, s-» féliciter; pr. 1
lo 8701, cond. 6 loereicnt 7766, approuver, con-
seiller.
LoGiER 5630, pf. 6 te logierent 3891, 9896, camper,
s'installer, propr* s'établir sous des loges ou ca-
banes de branches.
LoiER, luèr 3694, pi. loiert 1 1599, '*<(^'' ^^9^1 ^~
compense, salaire.
L01.1Z, loin; en loinz 10645, au loin.
LoKG ]o65, selon.
Long, s. Iom 35i8, de haute taille.
LoNGE3iE.1T 3449, 3'is5, 5637, longtemps.
LoR. Voir Le.
LoREs 34, 79, 38o, etc., lort 188, etc., alors.
Los 4666, louange, gloire; al loi 993, d'après lo
conseil; a lor lot 7770, d'après leur conseil.
Lo8e:«ge io456, flatterie; 74o3, tromperie.
[Losengier], f. lotengere ti US, menteur, trompeur.
Lue. Voir Lici e.
LtËR. Voir LoiER.
Lues 1 i85o, aussitôt.
LuiEn. Voir Loier.
[Lciserke], Interne i938, lueur.
Ldmisaire 3375 , éclairage ; ( fig. ) 9498 , enthousiasme.
LuR. Voir Le.
LCSERNE. Voir LUISSBKE.
M
Maaille 5343, la plus petite pièce de monnaie, demi-
denier.
Maçagre 4790, boucherie; 3090, 4o4o, 11977,
massacre; la m, 4790, 1 1977, mais lait m. 3090.
Mage 4855, 565i, 3oii (rime avec place), pi.
macet 6395 (rime ùvec place»), 65o9 (de môme),
6549 (rime avec bracen), mass<^ d'armes.
Madle. Voir Masle.
Madré, s. madret ^844, sorte de bois.
Maex. Voir Meien.
Mauaigmer 4955, pr. 3 mahaine 6896 (rime avec
compaine), estropier.
MiHOMSRiB 9975, 5'j43, mosquée.
Maie5. Voir Meiek.
Maw : prendre en main 3689, entreprendre; avoir a
main 5999, avoir à sa disposition, être sûr de.
Main 7871, malin.
Main. Voir Meien.
GLOSSAIRE.
503
Maihdbi. Voir M as un.
Mairb, grand; épithètc de renipereur Charles Iranii-
portée par asainiilation à d'autres héros : Richarz
U momM 11938.
Maiks. Voir Mbitis.
MaIKT. Voir MB!<iBR.
Maimtbraht aôaa, meinteMmt ^70, à ce moment-là,
aiissitôl.
[MaiktbhibJ, meintenir 17 17, défendre, maintenir.
Mais : »«. . . nm$ 176, ne plus (au sens temporel);
M... maù h'jû, pas plus; meit 3656, ^a mei$
1867, onc meit 1 1667, jamais.
Maisrîbb, inaisnee gS, meiiniee j o3 , pi. meisneeê 358,
lamillc; maisnee 1917, 2971* ^617, pi. tnaiênees
1801, meitneeê 1603, familiers, maison, entou-
rage intime.
[Maistrb], mettre 8608, principal, en chef; ti mettre
3995, si habile, si fort; f. titr mettre 9995, tour
principale.
Mal, f. maie 669 , mauvais; maie A809, difficile.
Mal : par mal 8176, dans de mauvaises dispositions,
en mauvais termes. Cf. Mar.
Malaob a 609, maladie,
Malaîçor. Voir MiLEî(:o.\.
Malbailur. Voir Maubaillir.
Maleeit 9097, 6989, maudit.
[Malbïçoh], malatn<m 533 1, malédiction.
Malbmbnt 998, 951)9, /i336, mauvaiscmont.
Mal|B : a champ malé ioo38, propr^ dans un champ
clos et avec des conditions de bataille réglées
comme pour un combat judiciaire.
Malmbtrb. Voir Maumbtrb.
Maltalent. Voir Mautalbnt.
Malvais. Voir Mauvais.
Malvbis, Voir Mauvais.
Maragb 695, menace.
[Mar acier], manatcer 'jtih, iuipf. G inaneçouent 608,
menacer.
[M AI» aide] : por sa nieitnade 3/198 (rime avec laide);
peut-être faut-il lire par ta manaide, par sa misé-
ricorde.
Manartib : pi. manantiet 9070, richesse.
Mam attise 9099, richesse.
Makascbr. Voir MA?(\ciEn.
Mandement 9/161, convocation.
Mander: p. mandé 3/19/1, livrer, renioltiv.
Manecier. Voir Manacier.
Maneir, maindre 9799, iiupf. 3 maneit i3H5, 6 tna-
neient i3oi, pf. 3 mi'«e /1/17/1, 89/12, 6 mettrent
S975 , imttrent ik^h^ demeurer, habiter; prissubst.
manoir 9i3, habitation, demeure.
Manebe. Voir Maniebb.
Mangier, pr. 6 manjuent 11981, manger.
Mangonel, pi. mangonelt ^1787, mangonielt 3909,
39i3, mangonneau.
Maniable, s. maniablet 11675, agile, adroit dans ses
mouvements.
Manier : f. pi. gem manière* 399/t, gens adroits,
exercés.
Manière : en manere 6998, dans cet état; de mult
grant manere 8990, très riche, très beau; de ma-
nières i589, de pinson manieret 896, de diverses
sortes.
Manovrer, p. f. pi. manovreet }o59A, travailler à la
main.
Mar, mal, à la malheure; mar i Jutt venue 11 636,
cette expédition aurait causé sa perte; mar venu
tumet 11997, nous sommes perdus pour être venus
ici; mal le virent 1097/i, cela leur nuisit.
Marc, pi. mait 1731, 1788, marc, poids d^argent.
Marcheandisb* pi. marcheanditet 1 1791, marchandise.
Marcheant A/175, marchand.
Marchié : gi'anl marehié /1371,' pi. hont marchiez
3/186, achat à bas pin, bon marché.
Marcuier 36/19, s'avancer, faire un pas; impf. 6 mar^
chouent 7896, fouler aux pieds, marcher sur.
Mabcbis 9^39, etc., marquis.
Mabescbal, s. maretcfiaut 5643, maretchalt 6/196,
maréchal, propr^ chargé de la cavalerie.
Marbschaucie. Voir aux Noms propres.
Mabi, Voir Mabbi.
Marine 1796, 9397, 9693, 9873. B897, 9967,
bord de la mer.
[Marri], pi. s. mari 9373, fâché,
Martibe 789a, fcm. 9900, tribulation, souffrance
[Masle] : madle 9/133, mâle.
Master, p. f. mattee 91 55, mater.
Mat, pi. mai 935a, propr^ mat (aux écliecs); de là
f. tnate 669/1, 77^9 * ^^l^ltu* découragé.
Mater, pf. 9 matât 9693, vaincre, dompter.
Materie. Voir Matire.
Matikbt /1067, point du jour.
Matire 8, ^396, 965i (rime avee detfire)^ tnatirie
965/j, matene 9, /t558, sujet d^un récit, matière;
pi. matiret i93i6 (rime avec JUatiret)y matières
précieuses; de plutort matiret 5oo9 (rime avec
Saletbiret)j de diverses conditions (en parlant do
personnes).
/i3
IHrtIVKlIK XATIOVALL.
304
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Malbaillir : p. s. manbailUz 11754, f. malhaiUie
10178, iio3o, en mauvais état, mal arranf^c.
[MALMETnB], p. r. malmiic 113A6, maitrailor.
[Maitalem], fnaUalent i/iis, colon*, mauvaiiie hu-
meur.
f Maltais], f. uiahaise ai5o (rime avec aise), nuil-
t€iê90 13 93 (rime avec mctaise)^ malvei»et 5 18
(rime avc<: «««»*), mnuvni».
[Mu»], tfuiiVfi 10G7, maian fioç^^ (niuo. avec l*tm
= l'en), main 80'i3, moyen.
MiivEs. Voir Mrîsiir.
Mei\8, tnaitu 3ii9, moins; au v. 1018/^, lire mctaatHez
pour tneint aatnez,
MeI.STEJ*AM. Voir MlI.1iTE.>A>T.
Mii^rexiR. Voir Mihte^ir.
Msi!). Voir Mais.
Meih5(A»e. Voir MA.-^dDE.
Mbiii>eb. Voir Maismee.
M1M51BB. Voir Maih^iee.
Mbisme, meîsmei 88^7 (rime avec </««*?«), inewi!»
30*) 1, précis<$ment, justement; a meùme 5809
(rime avec pai'cwiim.*), ù portée; a tnewtms d*el$
1 1^199, à portéo d*eax; a fneïmei le Uu io383, à
portée, à proximité du lieu.
Melbg G833, 713^, mot arabe, roi.
Melle. Voir Mesle.
Mellee. Voir Mkslee.
[Membre], pi. menbrcs 9199* pièces; pi. s. li tnenbt-e
al diable SU 16, les membres du diable (c'est-à*
dire les Sarrasins).
Membreemeist 9886, par mémoire.
[Membrer] : pr. 3 nie menbre 3907, je me souviens;
mçnbree 1 1 o35 , renommée.
Mb.>di, r. mendie 9660, pauvre, mendiant.
Me.>drls. Voir Me^oh.
Mener, sbj. pr. 3 maint 6, mener. Cf. Merrer.
[Mesor], s. mmdres 179, pi. s. menur 10G7, plus
petit.
Me^i', pi. rm*iiMZ365(), iwiii ; gent menue 9739, gens
menues 336G, gens de petite condition.
MsM'R. \oir ME.ton.
[Meolk], moole iooG3, moelle.
Merc 35G8, marque, signe.
Merciir /i5'4/i, borne.
Merci 4 80, miséricorde, grâce; la tnerci Deu 37/1,
33 1, 338o, iiGso, la merci de Deu Sa&o, les
grani merciz al Creator 5543, (par) la grâce de
Dieu; en $a merci 9o39 , â sa discrétion.
Mbrciër 7G80, remercier.
Merir 3694 , p. s. mari 3733 , p. f. merie 9976, payer,
récompenser.
Mbrrbr, pf. 3 mTra 3018, p. 8. mteritz 8868, pi.
8910, seulement dans la locution merrtr U duêil^
merrer son dueil, (pii veut dire : se livrer à
deuil. Au v. 88GG lire merrertnl pour iMnarfnl
Merveille 3i44, 3i4.'), chose surprenante; une
veilli' 5o*j , une foule énonne; la tnerteillê dex
enekeê 537, '* merveilleus4> flotte des énéques;
merveilles ot qui 4978, celui-là enterai des cboae«
merveilleuses qui ; merteillei grani 3199, merveUlen
chalt 48/io, merveilleusement grand, chaud.
Mkrveillibr : tne tnerveil 6973, je m*éinenreille;y4Ml
a merveillier 9897, est de nature à émenreiUer.
Mbbvbilliis, f. nu^rveillose 5o68, étrange, extraordi-
naire; r. pi. meiv.'illuses 3133, admirables.
[Mbrvbillosbvbrt], merreillusement 3oài, d*une ma-
nière étonnante.
Mrrveillds. Voir Merveillos.
Merveillisbiert. Voir Mervbillosembtit.
Mes 6G9, 5190, messager.
Mes. Voir Mais.
[Mbsaaisié], f. pi. misaaisees 7835, mal i Taise.
Mesaamer. Voir Mesaesmer.
[Mesaesmer], mesaamer 6888, p. pi. mesaamez 6808,
9neins aamez 1. mesaatnei 1 o 1 84 , f. mesaamee (nos.
mesamee) ii8^4, blâmer, apprécier d^une façon
méprisante.
Mbsaise 1117, 1391, 34i4, 3438, 43i9, gène,
souffrance.
Mesaver. Voir Mbsesmer.
Mesavexir 8G74 , pf. 3 mesavint 1 373 , arriver malheur.
Mesaverturb i33G, 3 5o4, 9959, malheur.
Mescuaeir, meschaier 5 163, pr. 3 tneêckiet 7161,
pf. 3 meschai 487/1, ^^^8, sbj. impf. 3 meschmt
1 1731, tomber mal, nîiissir mal; gér. f. |>l. mee-
cfieanz 1378, malheureux.
[Meschaeite], pi. mescheeites 1378, mauvaise aven-
turc, malheur.
Mb8Cbea5cb G4o3, malheur.
Mescueeite. Voir Meschaeite.
Mescuiep 3095, 9037, 3GG7, 11735, pi. meechie/s
9000 , malheur, méchef; pi. a meschiés 3935, pour
son malheur; a meschi.f OUS , â grand^peiue.
Meschi?(e 30o4, pi. meschines 1073, ii54, 707^1,
jeune fille.
Mesco.'vtbr, pf. G fnesccmterent 5448, compter mal.
Mbscrbakgb 59 4i, infidélité, impiété.
Mi8€«iiaB, pr. 6 meeennent 9917, ne pas croire, rc
506
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
MociER 379/î, 1 lÂSg, p. f. muciêe 10107, cacher.
MccRB, propr* moisi, qui sent rhumidité; (fig.)
768a, 8386, triste, découragé.
MuBii, pf. 6 muèrent i5o3, changer; muérettal iSaB,
changer de place, perdre sa position de bataille.
MuiTB 161, 629^, départ, expédition.
Moi, s. mut9 A3 17, muid.
MuL. Voir Mur.
Mole iis58, pi. mulet 9781, mule.
MoLiT, pi. muiez 168A, mulet.
MoLT. Voir MooT.
M05DB. Voir MOHDK.
Moi, pi. tifttif 1675, 9781 (rime avec ««îirt),
io555 (de même), mulet.
Mes. Voir MoR.
McsKR : pf. 6 mutei'ent A997, 58i9, perdre mm
temps, muser.
McsTABBT, pi. muiabez 10619, étoffe de soie brochée.
Mot. Voir Moct*
MoTOK. Voir MouTos.
N
Naciok i335o, naissance.
Nafrbr, navrer 3876, pf. 6 nafrerent i5i7, pi. s. na-
frez 6061, blesser.
Nagb : a nage 6976, en nageant.
[NagborJ, pi. s. nageur i53o, rameur.
Nagbôr. Voir Nagbob.
Nagier 1AA6, 11598, transporter en bateau.
Naibr. Voir Nbieh.
Naîp, natve 9399, natif, naturel.
Naistrb % furent née» dgS, naquirent.
Nature 11688, qualité naturelle; isSo, 19366, no-
blesse naturelle; li enemi de nature 7098, la gent
fiUre nature 1 0 A93 , les gens dénaturés , les infidèles.
Navib, roasc. 990, fém^ 309, SSg, 969, flotte, en-
semble de narircs.
Natirr 3o85, comme Natib.
Navrer. Voir Naprbr.
Ne. Voir N05.
Ne : n* 20AA, mais ne il non élidé 3oA5 (ms. ni7),
ni; ne que 3766, et que; ne gairet grot &59A, et
qui n^était pas fort gros.
Nécessaire : f^f chose» necestaires 3697, ses parties
honteuses.
Nef 577, s. nief i333, pi. ne» 3ii, A87, 5A7< na-
vire.
Neier, impf. 3 naiot 6369, pf. 6 naierent Ao85, p. s.
notez 3356, se noyer, noyer; (tig.) p. pi. s» noie
7618, 1001 5, perdu (dans une foule).
[Nbibb], p. neutre noie 10016, nier.
Neif 7803, ii3i3, n^AoA7, neige.
Nbir, f. neire 3790, noir.
Nbïs 11306, ni» 1069, 383 A, A9A7, même.
Neh. Voir Non.
Nbporquart 853, i3oi, 1997» 9883, 39 A5, 3379,
36o3, A09A, 119A1, néanmoins, nonobstant.
NERTé, noirceur; (fig>) 13316, trbtesse.
Nbs. Voir Le.
Nbsdr, f. tieeune 7900, aucun, nul. Cf. Nbïs.
Nvr, f. nette 5o58, net, complet.
Nbôl, s. neûl» 6o33, nul. Cf. Nul.
Nbcle 5763, brouillard.
Nb? BU. Voir Nbvo.
[Nbto], nei^eu 9379, s. nié» 9o5A, 9o55, pi. nevuz
9779, neveu.
Nevu. Voir Nbvo.
NiBF. Voir Nef.
NiBST, disjllab. , rien : quil terveit de nient 36 , qui ne
le servait pas; nu» por nient greinur demande 169,
il serait oiseux d^en demander une plus grande;
pur nient le demandez 9 A 60, ne demandez pas;
nient fu de» . . enver» 7793, nient fud de» . . arer*
7878, on ne peut comparer. . . à.
Niés. Voir Nbvo.
Nis. Voir Nbïs*
Noalz. Voir Noauz*
NoAos. Voir Noauz.
[NoAOz], noa/i 5 180, noau» 7 53 A, pis.
NoMLB 11 A3 3 (rime avec rt'/e), de noble famille.
NoBR , gér. noant 11113, nager.
NoiBR. Voir Neier.
Noter. Voir NbiBa.
Noise io3, 687 {noite au v. 688 est fautif), 708,
1693, noise, querelle tumultueuse.
NoisiER A65i, faire du bruit.
Noiz 3791, noix de Tarbalète, Tendroitoii est arrêtée
la corde tendue et où poso le carreau.
Nom. Voir Non.
Nom. Voir Non.
NoMBHBii 3666, compter.
NoMBBMBNT 971A, 11 369, i9oA3, nominativement.
M
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Ort, r. orde 8719, f. pi. oft/es 9a36, sale, impur.
Osci'R : vetprc oicur 8937, soir obscur; créance oicure
8229, croyance erronée, contraire à la lumière, à
la vérité; la (feni oseuro 7893, les genz oscvres
11698, et m âme li neir oscur 6096, les inG-
dèlos.
Osé 9887, 3330, audacieux; les (yens braves, hardis,
lagent onee 6089.
OsT, fém. /ioi, 99^!!^, s. Vott 38i, 365, /ii3, â3i,
787, 9G6, 9698, s*ott 1907; mais son osii'^^i^
delgraniQtt 9769 (8899 I. /tf*ets a Vo$i), pi. os^2
15.89, 9 535, armée, campée ou en marche.
OsTAGE : en ottages 5^69, en ola^.
OsTAGiER, pf. 6 ostagierent ]933i, fournir des otages
pour queiqu^un.
OsTE 1 01 09 , hôte, charge dé la garde.
OsTCL 690, 7 1 9 , habitation provisoire; ostel prendre
6617, se loger.
OsTERin, pi. oiterint io590, riche étoffe orientale.
OsTOR, pi. ostorM Â008, autoiu*.
Otreieb, pf. 3 otHer 9769, olreia 8755, sbj. pr. 3
otreit 768, accorder, donner.
Otrisb. Voir Otbbiir.
On, oA : 5909, 5/Ï59, ti 76, u 711, en qui.
Oo, u 860, ou : ti quêpoi en ot ou plenté 90, qu*il
y en eût ou peu ou beaucoup.
[Outrage], olirage 789, 6178, 6969 ^ excès, vio-
lence.
[Outrer], impf. 3 oltreit 7857, terrasser, vaincre.
Ovec. Voir OvuEC.
OviCQUis. Voir Ovuic.
OvEQUBs. Voir Ovuec.
OvRAiGSE 996,' i3G3, 9a53, 9s86, 9996, wraine
100, fém., œuvre, affaire.
OVRAINB. Voir OVRAIONR.
OvRE. Voir Uevrb.
OvRER, pf. 3 wra ^70, travailler, agir; otrwprowe
5956 , accomplir des prouesses.
[OvuBc], 01^001175, ovequêi 676,1001. 1166, 1968,
avequeê 768, ovecquet 9759, avec.
Paaiti. Voir Paib5.
Paei5Isme. Voir Paibxismb.
Pable, pi. poêles 5996, poéle.
Pabk. Voir Paie5.
Paenie. Voir Pairrie.
Paestre 6678 : le contexte empêche de reconnaître
ici une forme de peeslre, k pied; paestre est sans
doute un synonyme de paien, formé par une sin-
gulière subsfitulion de suffixe.
Paia?(ie. Voir Paierie.
[Païen], pi. petene 96, 9998, (, paaine 9896, païen,
dit par extension des musulmans.
[Paierie], paênie 91&6, 8968, painnie 9896, do-
meine des païens, des musulmans.
[ Païen isme], paeinisme 58io, ensemble des païens,
des infidèles.
Paibr , payer ; se teneit a paie 908 1 , était content ; iron.
les paioient 6598 , les frappaient; cil furent des noces
paie /i 1 65 , ils reçurent un beau souvenir de noces,
allusion ironique à Tusage de se donner aux noces
des soufflets destinés à graver dans Tesprit des té-
moins du mariage le souvenir de Tévènement au-
quel ils assistaient.
Pailb A987, pétille 10617, riche étoffe de soie.
Paine. Voir Peine.
Paistrb, nourrir: peise 169 doit sans doute être cor-
rigé en peisse, nourrisse.
Palacre 1 1 99 , la haute mer.
Palus 976, palets 58o, 69^ , 779 (I. le p. poar k$
p.), palais.
Palbter, impf. G paletoient 11161, livrer de petits
combats, esc^rmoucher.
Palve. Voir Paume. •
Panel, pi. panels 599/î, coussin placé sous la selle
du cheval.
Paor, p^or ii99,/>mrr 3187, poâr 1991, 8996,piiot*
1996, pi. ^eorf 1889, peur.
Par 690, A 85, etc., par; chescon par sei 59 18, cha-
cun de son côté; tôt par els 9919, à eux sealt;
par entré lor piez 588 1, entre leurs pieds; p«r de
deus parties 10^17, ®" ^^®"^ parties; par les foies
meschines 8/i6â, en passant par chez les filles de
joie; par 198, 160, 6809, pris adverbialement ot
servant à renforcer l'adjectif.
Paragb 8679, etc., famille noble.
Parçonier 81 85, participant, coposM!«seur.
Parconter 6 5 60, achever de conter.
Pardon 67, 109, indulgence accordée par le ptpe.
Parocrablc 8187, étemel.
Pabbih, sbj. pr. 3 père 6858, paraître, se faire voir.
GLOSSAIRE.
509
Pamxtagi 877, parente, famille.
Pabesciib. Voir Pkbbcier.
[Pabpohdbcb], parfondeice 1 107/j, profondeur.
Pàifordisck. Voir Pabfordbci.
Pabfont 387 1 , f. parfonde 1217, profond ; en parfont
11607, profondément; adv. parfont 698, 35/19,
profondément.
Pabporhir 456 1, achever, fournir jusqu^au bout.
Pabli5CB 56a, a45o, 6653, discours qu^on tient
sur une chose.
Pablbmbkt 119, 193, i55, s57, 65o, 1775, 1791*
1793, 5o6i, conférence, rendex-vous pris pour
discuter une affaire.
Pabolb : parole faire 3698, parler.
Pabpaindrb. Voir Parpoimdrb.
Parpoihbrb, piquer à Taiguille : coileê parpointee 1 685,
eofitet parpaintes io59i, couvertures piquées.
Parpoirt 3568, 3573, pl.;>a^potnz9773,(io6fcf;?ar-
|;otflz 4981, vêtement pique qu^on portait par-
dessus le haubert.
Parsivrb, pf. 6 partureni 10700, poursuivre.
[Parsomb] : a la penome 5683, à la fm du compts.
Paît, part ; quel pari /i83, 9991, de quel côté ; de chet-
cène part 990/t , de tous côtés ; de piirt le conte 8976 ,
de la part du comte; de part Deu 683, au nom de
Dieu; de part Deu et de part le rci d'Englelere
5479, de la part de Dieu et du roi d'Angleterre.
Partir : d'autre partie 2395, d'autre part; de deuê
parties 9896, de deux côtés; celé partie 3738, de
ce côté; a ta partie 61 39, pour lui.
Partir 5562, pf. 6 partirent io5i, 6309, cond. 6
partireient 370, partager; mult i ot paroles parties J
913, il y eut beaucoup de paroles ^ échangée»;
p. pi. s. parti i5o/i, séparés; pf. 6 se partirent
668, partirent 910, cond. 6 partiroient 9198,
partir (intr.); al partir 6H0, au moment de la sé-
paration, du départ.
Pas, pas : son petit pas 1C67, lentement; i39o,
passage en mer; 9771, 583^, passage dans les
monlagues.
Pasche. Voir Pasque aux Noms propres.
Passage 32^i9, passage; 9936, 6091, spécialement
traversée de la mer d'Occident en Orient par les
croisés; 35o7, 6093, moment favorable à celte
travei*sée; 336o, arri vag.? des croisés par mer.
Passemert a 97, passage. |
9 kssEK t s'en passa 189, passa.
[Pauub], paume de la main iflatiras palmes 58o9, |
tomber à plat sur les mains. [
Paduibr 9815, pèlerin qui a fait son voyage et rap*
porte des palmes de Jéricho.
Pautomer 3373, coquin; tant estait li tens paU"
toners 62 96, tant ce temps-lA était méchant,
mauvais.
Paveilloîi, pi. paveillons /iqA, tente ronde.
Paviuert 9236, pavement.
Pbgbier, pf. 3 pjcheia 6900, p. f. pecheiee 1601,
peçciiee 681, briser, mettre en pièces.
Pbchbier. Voir Peceier.
PECHié : çofti péchiez 598, ce fut im malheiu*. ^
Peçoieh. Voir Peceier.
[Peitse] : ert en peine de 3699, s'efforçait de; a
paines 38, 36o2, à grand'peine.
[ Peior ] , j>ior 7876, pire.
Peis, ce qui pèse, ce qui contrarie : sor le pois 1 090,
malgré; for lor peis 9o3], for lorpois 8679, mal-
gré eux.
Peise. Voir Paistre.
Pbitaille, pi. peitaillee 3866, sorte de vase.
Peu 3846, poix.
Pblbrih 390, etc., pèlerin; spécialement croisé.
Pèlerinage 709'ji, peregrinage 6979, 7o5o, pMeri-
nage, croisade.
Peleri>b 5696, pèlerine.
Pelfrer, pf. 6 pelfrcrent io865, p. f. pdfree 816,
piller.
Pelice, fourrure : a lor pelisces enquerouent 6365,
peut-être : ils consultaient le sort en arrachant des
poils de leurs vétemt^nts de fourrure.
Pelisce. Voir Pelice.
Pelle. Voir Pesle.
Pekdrb, pendre; pendes 3759 et pendrai 3756 sont
psut-étrc altérés; iço que a Voil lui pendoit 1 i83o,
ce qui allait lui arriver; qui devant les oilz li pen-
doient i9 3o3, qui allaient lui arriver, qui étaient
imminents.
Pener : se pener 968, 1086, 1167, 9267, 956s,
3oio, s'efforcer, se donner de la jM?ine.
Pe.'vitencier '.furent p.nitencié 6391, ils reçurent une
pénitence. Il faut iljouter puis avant furent ^ p«Rf-
iencié ne devant sans doute compter que pour
quatre syllabes.
Perongel., penoncels 599, 895, 6635, etc., petit dra-
peau attaché au haut de la lance.
Pbros , douloureux : la semaine penose 1186, la se-
maine petmse 832 8, la semaine sainte.
PnisB , pi. pensss 9199, pensée.
PhMsî 8619, pensée.
510
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
PsisBB, penser; penser de a a 80, se préoccuper de,
avoir souci de.
Pbnds. Voir Pbros.
PioMiB, p\. peoniers 376/1, combattants à pied; la
gent peaniere 6876, les hommes à pied.
Pboi. Voir Paor.
PiR, égal; non per 33^0, non pareil.
Percbb, pi. perches ^766, io848, mesure de lon-
gueur.
Pbbgbier. Voir Pescier.
Pebcier, percer; mains perehiees UhSS, mains large-
gement ouvertes, prodigues.
Perdbb 7953 (ms. éd. prendre); absolument : qu*U n'i
perdissent 191 A, qu^ils n'y éprouvassent du dom-
mage.
Perk , s. perre 97, pères 96 , 101, pieres 99 , père.
[Pmci], peresce 6955, paresse, mollesse.
[Pebecibb], ^f, 6 parescierent 5968, se montrer mou,
peu énergique.
Pereços, f.pereçose 6000, peresçose 6677, mou, sans
énergie.
Pereçosement ^6'j 1 ^ pereçusement 7067, mollement.
Pebeçusehiht. Voir Pebeçosemekt.
Pebegrinage. Voir Pelebinage.
Pebbsce. Voir Pbbbce.
Pbbbsços. Voir Pebeços.
Pbbikre 355 1, 6753, 6769, /i76o, perriere â83o,
perierre 383o, pieriere 3ao2, pi. perieres 3537,
35Aa, /i6i5, 49/16, bib'j, pereres 33i3, 67/13,
hgh2 , piereres 3869, pirieres 3/t/i6, pierrière, ma-
chine à lancer dos pierres.
Pebibbbe. Voir Periebe.
Pbbiluer, pf* 6 pei-illerent 677, être victime d'un acci-
dent; p. pi. s. perillei i/i/ia, s. perill^ iato5,
naufragés.
Pure. Voir Perb.
Pbbribbb. Voir Pbbibbe.
Pbbs /i98a, bleu foncé, violet.
Pebsbgucioh aâi6, infortune.
Pbbbomb. Voir Pabsomb.
Pbisorb : que persane esperdtte 3989, comme un
homme hors de lui.
pBBTiis 693 5, trou.
Pesarce 71, 834, chagrin, ennui.
Peser , p. pesé' 1 033 ; sbj. impf. 3 pestut 1 3o5 , p. pesé
1034, être désagréable, déplaire ; gér. s. pesant 16/^1,
rud*?, pénible; (, pesant 33 35, pénible, fâcheuse.
[ Peslb HBSLE],pe/^ mesle 3330, péle-méle, embarras.
Cf. Mesle peslb.
Petit s 563, peu.
Petitbt, f. pLpetitetUs i5o6, 953o, petit.
Peîb. Voir Paor.
Pichier, pi. pichiers 388, pot, cruche.
Pi£, pied; plein pié parfont 35 /19, à la profondeur
d'un bon pied; (pu son pié n'en porUrait 6679,
qu'il ne mettrait pas les pieds; (6g.) pié en eêtant
835o, sur-le-champ.
PiEÇi. Voir Pièce.
Pibcb : uns pièce 7863, 8453, un espace de temps;
pieç'a 9837 (éd. pteça), 6693, 5 1/16, 59o6, etc.,
il y a un certain temps, depuis un certain temps.
PiEBB. Voir Perb.
Pibberb. Voir Pebierb.
PiBBiEBE. Voir Pebierb.
Pilbt, 3765, 606 j, pi. pilez 317], 3793, 6o65,
6067, s. pilât 757, i53i, trait d'arc.
PiRciEE 981 4, pincée,
PioR. Voir Pbior«
PiRiERB. Voir Periebe.
P1TEO8 19086, plein d'attendrissement.
[Pitos], pitus 335, digne de pitié, attendrissant.
PiTCs. Voir PiTos.
Pu , poitrine : le gros del pit 697 1 , la poitrine là où
elle est le plus large.
Plaidibr, cond. 3 plaidertit 913, plaiderait 9/19, aller
devant des juges, plaider.
Plaie. Voir Plbib.
Plaigrb 11917 (rime avec montaigne)^ plaine 6110
(rime avec champaine, ehanq>aigne) , plaine.
Plair, plains 6854, 8966, pleins 6878, plaine.
Plain. Voir Pleir.
Plaire. Voir Plaigrb.
Plaiseb. Voir Plaissibb.
Plaisibb. Voir Plaissieb.
Plaisir : son plaisir 1 1 55, ce qui lui plut
[pLKisstii] ^ plesseit 6364, clôture de branches entre-
lacées.
[Plaissibb], plaisier 3935 « plaiserent 6994, pleisié
3o3], dompter, accabler, ruiner.
Plaît, pleit 85o , discussion; a plait venir 1 976 , 960 4,
parlementer,
Pleub 53a3, caution; pi. s. plege 5337, personne
qui cautionne.
[ Plbib] , plaie 1319, pli.
Plbib : a plein i65i, a plain 9497, 11575, tout à
fait, sans restriction.
Pleir. Voir Plair.
Pleisieb. Voir Plaissieb.
GLOSSAIRE.
511
Plsit. Voir PLàiT.
Pliniib, pîeniere 9o6, 1797» 936i, plmierei 9079,
7897, complet.
PLBirré 90, 1996, 9390, 9989, ^479, 6879, ^°'
dancc, foison; aplenté 1897, 1989, agrantplenté
9789, en abondance, en grande abondance.
PlbssbIz. Voir PLAissBiz.
Ple?ikb, plevinei 871, engagement, convention*, en
plevine 10976, 19968, en le garantissant.
P1.BTIR , garantir ; pleviz 6109, engagé.
Plus : Uplm 991, /i 90 (avec verbe au sg.), la plupart.
Plusors 696, plusieurs.
Pocm. Voir Podcin.
PocuiiiRB. Voir P0CCIK11BE.
PoBiB, pouvoir; puet cel etlre /i/i63, peut-être; i poeit
0676, i poeient 3o6, i parent 11086, y tenait, y
tenaient, y tinrent
PoiSTB 1088, puissance.
Poi 90, 91, 190, etc., peu; 676, rarement; a pot
3oi, par poi i5/i, par \m poi 979, peu s^en faut;
poi detpente 3/ti9, poi genz 6699, peu de provi-
sions, peu de gens.
Poi , petit : tin pot e»pace 6666, un petit espace.
Poi05BOR 6689, poigneûr 9088, sg. s. poignem
7558, combattant.
PoiGNEÛB. Voir PoiGNBon.
PoiH. Voir PoiRQ.
PoiRDRB, impf. 6 poigneient 6910, gér. pL poignam
5908, piquer; broder, tracer au point : (iig.) doit
eetrê poinz en Vettoire Uiihh, doit figurer dans le
récit; chai^r, proprement piquer son cbeval : pr. 6
poignomeê 6895, impf. 6 poignoient 6000, pf. 8
poinst 1997, a pointtrent 1988 , 8oo5, sbj. impf. 6
poinsittent 6618; iuf. pris subsl. api'h lor poindre
656 0, après leur charge; parjumir ton poindre
656 1, achever sa charge, aller jusqu*au bout de
Télan imprimé au cbeval, au fig. teitnincrce qu^on
a commencé.
[P0150] : plainpoin 9798, une poignée.
Poi?fT : en quel point 878, à quel moment; un point
n*i ot de 6fibOyi\ n^y avait pas un seul point, c'est-
à-dire il n'y avait pas du tout de; de même n'i
aveit point de retcone 9571, il n'y avait pas de se-
cours possible.
Pointe 1696, 6608, 6610, charge à cheval; /a pomte
oaee 11606, la charge audacieuse.
Pois. Voir Peis.
PoLAiR, pi. polaine 1689, poulain.
[ Poplbb] , sbj . impf. 6 publasent 7709, peupler, remplir.
I PoB, pour; 568, 587, k cause de; por ço que 666,
1808, 9653, etc., parce que; por «^^1870, en
vérité ; por gens baudet 68 1 8 , comme des gens pleins
d'entrain; pat por pat io853, pas à pas; enveier
por 9060, envoyer chercher.
PoRCHAciER, porchacer 1899, pf. 8 porchaça 663,
9565, tâcher de faire, travailler à; p. f. pi. por-
chacieet 9676, se procurer; cond. 8 te porchaee-
voit 950, se pourvoir, s'arranger.
PoREE 6955, hachis de légumes.
[Porforgibr], purfoiyerent 39 10, rendre extrême-
ment fort.
PoRGDARDBR, p, poTgfiardé 6678, garder d'avance.
PoRJBTBR, pr. 8 te porjete 8688, s'étendre.
PoROPPRiR, p. f. pi. porojfertet 6780, présenter; te.
porojre de bataille 6389, se prâtente pour le
combat.
POROQCBS. Voir PORCEQUBS.
PoBPARLBR : porparlee 9676, purparles 9799, conve-
nue , arrangée d'avance ; corn la vile etteit de
trmton porparlee 11069, comme il y avait une con-
vention faite pour trahir la ville.
Porpbnsbbmeut 3686,^ exprès, à dessein.
PoBPERSBR, p. porpenté iio63, f. porpentee i93o5,
méditer, combiner d'avance.
PoRPOSEMBRT 1 0969 , desseiu, propos.
PoRPRBRDRB 9899, p. poTprit 6075, f. porprite 9963,
6096, occuper.
PoRSREiR, p. pi. f, portite 5780, posséder.
Porter : vent portant 989, vent bien portant 1989,
vent favorable, qui pousse.
PoRTRAiRB, p. portrait 6565, Lportraite 8870, tracer
(à l'aiguille), dessiner.
[PoRUEQDBs], poroquet 8669 (rime avec illoquet ^il-
luequet) : la v?neit poroquet, venait la chercher.
Cf. PoR.
PoRVBARGB 19398, prévoyance, habileté.
PoRVEEiR, pf. 8 porvit 9889, p. porveû 9559, ar-
ranger d'avance ; pormi« 6016, pourvue, mise en
bon état; pf. 3 te porvit 1110, 9686, se pourvoir,
prendre ses précautions.
Pose : une pote 55o9, un certain temps; grant pots
896, 5357, longtemps.
Poser : te poter 3 160, s'arrêter.
Pour. Voir Pior.
[PoDCUi], pi. poctiif 1969, poussins.
[Pouciiiibrb] : geline pocimere 1969, poule qui a des
poussins.
PocTRBL 7618, jeune cheval.
66
uraimut iatioialc.
512
^HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Pof BTi 8oo5 , paoTrelé.
Prahissb 3961, promesse.
PtAviTBB, iropf. 6 jntmelmênt 10367, pf. 6 pnrni-
iremt s 0960, p. pramù 56 10, promeilre.
Piiaos, r. precioMe 669a, qui a du prii, saint
PiucBin, pf. 3 freecha 676 1, prêcher»
Pani 1886, 9910, butin.
Pnisin, eslimcr; protn9 98, eslimée, louée.
PiMiiAi5 , s. premtrain» 809 , pi. s. pnmermMi 9600 ,
premier.
Panirai. Voir Piamstbi.
PiMiKB, S. premiers 63, le premier.
PiEirDBi (ao Y. 7953, 1. perdre) : prietreni a dire
36oo , se mirent à dire ; ne te pemeit paa ffuarde
3599, ne se donnait pas garde; »e al rei n'enjusl
pâté priée 819, s^ n'en fût pris pitié au roi.
Pais 1 989 , presque ; bien près 1 9 â /î , à peu près, pres-
que ; prêt ne le$ atocha 9 1 86 , peu s'en fallut qu'elle
ne les touchât (m. â m. die ne les loucha pas,
mais ce fut de bien peu quMl s'en ûillut); prêt que
(éd. preeque)^ presque.
Pbbssb 565A, 5915, pi. preetet 791a, presse, foule
serrée.
Pbbst, t preets hgUo^ iiiâo, pi. prettef 3996,
di^KNi, adroit, prompL
PaisTBVDir 5558, prompCemenl.
Pbbstbe. Voir Pboteibb.
Paie. Voir Pbo.
Pbibu. Voir Pbo.
Pbiu , s. primi 1 1 1 39 , premier.
Pbiues 9697, <i0prfm5s393&, d'abord; <i«prMM» i85,
le premier.
Paioaé 8593, féro., prieuré.
Pais, valeur, louange méritée : ço lui toma a prie
]o39, il en fut plus estimé; monter en prit 966a,
augmenter en valeur.
Pbisk : 1 903 lire ne il ne deignaitpat e'empriee au lieu
de n*il ne la deigmut pat tanz priée,
Pbisoii 1&59, 9633, pi. prieont âs85, 4993, s«
priêom 1&97, nuic, prisonnier.
Paivé : s. privei de 1 389, ami de; pi. tet privez 9698 ,
ses bons amis.
Pbitbe, pi. priveet 557, latrines.
Pbo, prtu 983, 9695, preuz ioo53 (rime avec
Ms), 8.proi 597, 88/î,/>reiiz 3o5i, iii38, preu
iii36, p\. prêta 5o6, s. preu A6A, 9733, f. s.
prod 58A8, preuz ii49, 1174, t586, 3o94,
6676, 9757, 111/io, 11998, V, preu ^h^prez
994, pruz 94, pi. proz 3796, pruz 890, prêta
9696, prieuz 5i47, preui, vaillant Cf. Pbo,
Pbodb, Pbodoub.
[ Pbo] : prou granz ne preu larget 488, suffisamment
grandes et larges.
Pbod. Voir Pbo.
Pbodb : la prode gent 3599 ; la prude geni 69o5, les
gens vaiiianls (en réalité c'est la pro de gent, voir
Romaniaf XXI, p. i93); prodet omee, voir Pbo-
DOMK.
Pboimub i3o, 8.pr(Mfem 9797, 3557, pronisM 45i5,
f\,prodee komee 365 1 , 8.prodame 1 36, prodlMMiifiie,
homme de valeur, notamment à la guerre. Prodoute
est en réalité pro d^ome (voir Pbom); las formes
prodom et prodet komet ou prodetmnee smi nées
d'une interprétation erronée.
[PBOBCB],prwso0 i95o, 11596, vaiilanee, prooease.
Pbobscb. Voir Pboecb.
Pboisieb. Voir Pbkisieb.
Pboubtbb. Voir Pbaubtbb.
[PaoosBHBirr], preÙMement 7979 (suppr. la ajouté k
tort dans l'éd.), vaillamment.
Pbosdov. Voir Pbodovb.
Pbospbbhbkt 455, heursusement
Paou. Voir Pbo.
PaoCsBUBirr. Voir Pboosbmbkt.
Pbovbibb 9o4o, pi. provoiret i9i85, prêtre; le ag.
s,prettre fait fonction de régime 9699 (rime avec
eeire),
Pbovoibb. Vmr PaovEiaB.
Pbovbb, p. f. pi. prttoset 558, prouver; p. a. procez
d'armée 1 1668 , qui a fait ses preuves comme guer-
rier.
Pbd. Voir Pao.
Pao»B. Voir Pbodk.
PmsvBB. Voir Pbovbb.
POBLBB. Voir POFLBB.
PvcBLB 993, ii4i, 1157, 9090, pi. pueelet 387,
jeune fille.
[PoDNAis], chientpudneit 554, chiens puants.
PoaBBis. Voir Pubiiais.
Poi, pL puiz 93 15, éminence, hauteur.
Pms 9446, depuis; (adv.) puie que 1998, depuis
que.
PooB. Voir Paob.
Pooa, a. puurt 3o93, pi. puore 1 1686, puanteur.
PuBPOBCBB. Voir PoBFoaaBB.
POBPIBLEB. Voir POBPABLBB.
PcTiiLLB 5835, amas de sales gens, racaille.
Pdob. Voir PooB.
GLOSSAIRE.
513
QuÂiiouB. Voir QuAXT.
QoiST : m «ot quant 786, je ne sais en quel nombre,
je ne sais combien de ; quant que Û68 , 1 o3i , 9096 ,
écrit quanqw /iSog, tout ce que.
QniiEL 3791, 6971, 8. quarelê 3579, pi. quarels
i5&5, 9171 (quareU h^i^ est s. d. une faute du
ms.), 6983, qtioreU d^arbaUtte 55^1, 6^76, s.
quanl 767, i53i, carreau, trait de Tarbalètc;
quarel ^^961, pi. quareh . UgQa , ^1975, pierre
d*un mur (le sens de quareU /Î975 est douteux).
QoAnssMB 39 95, A&oi, niasc., carême.
Qdassei, impf. 6 qua$souerU 5 167, ébranler, démolir;
au fig. quauee 7356.
Qui, s. qui, f. s. qw 161, 779, que : hi vêtit 397,
^ttt veut 1997, si vous aviez vu ! qui oiejait 7696,
si on assiégeait; eut 11739 (^tu), que; neutre
quêi, quê, quoi : por qiiei i365; que pour quei
peut éKder son e : por qiCil le reqnereit 633 ; ce que :
qu'il dut aveir 1 003 , ce quMl devait avoir ; Jaire que
Mogee ûSQoy/aire que fols Z'] US y faire qu'trfaitiez
6976, agir en sage, en fou, en homme bien appris
(m. à m. : faire ce que ferait un sage, etc.); qu'il
aveit 1771, de ce qu'il avait; que monte 909, ce a
quoi cela s^éiève.
Qui, W 16, que : q\té que teit 9678 (le premier que
est le pron. quei, le second la conj. que)^ qui qu»
futt 80 1 ; t7 n'avait en eUque gregier 7868 , ils étaient
affligés de toutes façons (mot à mot: il n*y avait
pour eux autre chose que deTaffliction); que ..,qiw
âi6A, 5676, que. . .que.
Quel Voir Que.
[Quei], a. coit 965/1, f. eoie io339, paisible.
Quel, masc. cl fém., quel : quel le/ereii 4i!ioo, ce
qu*ii ferait (m. à m. : une action de quelle nature
il accomplirait), de quel part 911e 1 539 , deqndqoe
côté que.
QuEBBLE, pi. querele» 987, rédamation ; querele 9990 ,
affaire, situation.
QuEBBB, quere 689, impf. 3 quereit 987, poursuivre
(une réclamation); pf. 3 quitt 683, chercher à
procurer; quereit avoir 986, cherchait â avoir, avait
envie d^avoir.
QuiDBB. Voir CoiDin.
Quis. Voir Lb.
QoiTB, eeue quite 8495, à lui en toute propriété;
clamer quite i856, tenir quitte.
[Quit£] : eji quitié 8918 (rime avec et^ » ct^) , sans
réserve.
Quiteb, impf. 3 quitot 9691, abandonner, remettre';
quitee 9o63 (rime avec habiUe), abandonnée en
toute propriété.
QuoQUATiix. Voir Gocatbiz.
R
Rabiroonii : le nos fiet bien rabandotier 1 9 1 0 , voulut
quUl (le vent) nous fdt de nouveau largement ac-
cordé.
Rabatbb, pf. 6 rabatirent 761 5, abattre d^autre part
Rabb, pi. robes 10096 (rime avec abes), rave.
Ragompobtbr. Voir Racohporter.
[Raconfobtbb], racomforter 8079, remettre en train,
réconforter. Cf. Ricorforteb.
Racobbb, impf. 6 racoreient 3/i90, accourir d^autre
part.
Rade A 75, 11 545, rapide.
[Radbecibr], p. radrescié 7/1^8, relever.
Radrbsgibr. Voir Radbbcibb.
Rapbbhbb 7o3o, p. rafermd 7668, fortiûer de nou-
veau. GL RlFBBMBR.
Ragb 4383, désespoir; 5496, mauvaises passions,
méchanceté.
Raibmbbb. Voir Rbibvbbb.
Baïubbe. Voir Rbibmbbb.
[Raisih], pi. reisins 6946, raisin.
Raisrk. Voir Rai8hi£.
[Raisbié], f. raisnea 94 (rime avec maisnee =3 mais-
m>e), disert, pariant bien.
Raisorable 9444, juste, raisonnable.
Ralbr, impf. 3 rahit 11597, pf. 3 râla 5o4, 5o5,
7866, 6 râlèrent 609, aller de son côté; pf. 6 râ-
lèrent 6968, aller en arrière; 9939, aller de non-
veau.
Ralobr 9398, remettre en place.
RiLUMBB, sbj. impf. 3 ralumast 84 1 4, se rallumer.
44.
r>i4
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
RiHEHBRBR 3665, rcmémorer.
Ravbntevrib , pf. 3 ratninUit 1 1735, rappeler.
Rahpbb, pr. 3 rampe 8398, pf. 6 rampèrent 9937,
Çiiiiipcr.
Rampons. Voir Ravposiie.
Ramporkr. Voir Raiipo8.<«rr.
[ Ramporre ] , rampone /i 1 1 ( rime avo cRogne = Bù$ne) ,
1 1 66 1 , raillcrio insultante.
[Rahposrer], impf. 6 rampononent 559, 10669, pf.
6 ramponerent 1890, railler avec insulte.
Rahdor : 011 tin randon 9 1 38 , d'un seul clan , sans dis-
continuer.
Raoscbb 3337 (rime avec mtuche — mo$ehe)^ presse?
attaque? im{)ortunité?
Rasaillir, pf. 6 rasaillirent 9958, attaquer de nou-
veau.
[Rasuiirr], reoMêaziér 9 958, rassasier.
[Rataindre], impf. 3 rateigneit 7358, rattraper.
RaTIIRDRB. Voir R.iT4I>DRE.
Rator.%br 7099, rarran[;er, remettre en état.
[RaybibrJ, ravoitr 55i9, remettre dans la bonne
voie.
Raybir, pf. ^1 reûmet loVi. sbj. impf. 3 reiUt 1790,
avoir de nouveau, ravoir; impf. 6 raveieni 6i8â,
6186, pf. 3 rot 9/j3â, avoir de son c6t<$.
Raverir, pf. 3 ravint 3697, 3663, arriver d'autre
part.
Ratirb : de grant ravine Sg^h , 0 grant ravine 5699 ,
avec un grand élan, imo grande impétuosité; de
tel ravine 735/i, avec une telle impétuosité.
Ravoier. Voir Raveier.
Real. Voir Rbial.
Rbalté. Voir Reiauté.
Rbassazibr. Voir Rasaxiier.
I Rbioc], f. rehuche ]oo5o (rime avec bûche— boche) ^
émousfté, qui a pordu son tranchant.
|Rrbouiibr], pf. 3 reibucha 358o, revenir en arrière
sans pïhiétrer (en parlant d'un trait).
I Rbbohnons]: a rebunonê 6968, à rebours, à reculons.
Mrnotrh : M rebotonent 6966, se rejetaient, revenaient
lir/^ripitainment.
lUNtii.iiN. Voir Rbboc.
lliiNiiNNiii«N. Voir Rbborsors.
HiifiBfiiN 700.1, impf. 6 rtcetouent 8107, ee recetouent
qH^f "''J- '^"¥' ^' reeetoismt 9170, trouver un
ruhiips R^jouni(*r A Tabri.
lUiiNANuHN. Voir RRi;N4naiRR.
I MiMiN4>«<iiiiN |, I». f. ruchangee /i85o, changer en re-
littir.
RiCHANTBB, pf. 3 rtekêMta 10660, chanter de «on
côté.
Rechbvalcbbr. Voir Rbcbevaccbier.
[Rbcbbvacchibr], pf. 6 rech^valcherent 6909, recom-
mencer la marche à cheval.
Rbclambr : qui par Deu êe reclamoueiU 9780, qui
étaient du parti de Dieu.
Rbcoillier 6600 (rime avec reprover = rtprovtrr),
mot altéré non restitué.
Rbcoillir, pf. 6 recaillirent 9906, Dure entrer; te
reanlUrent 9097, 9336, se réfugier, eotrer.
Rbcortobter : m recottforiermt 38 lA, reprirent cou-
rage.
Rbcortbr 9&90, 6559. pf. 3 reconta 677, p. f. pi.
reconteee 9108, raconter.
RicoRsivRB A558 , rattraper, rejoindre.
Rbcorvekir. Voir Rbcovbrib.
Rbcorder, pf. 3 recorda 95i9, p. f. reeordee 918
(ms. éd. acordee)^ rappeler, raconter; ta recor-
douent 6396, se ressouvenaient.
[Rbgovbrir] : nui reconoenoit 1 J91, il nous fallait de
notre côté.
Rbcovrbr. Voir Rbcovribr.
Rbcovrbr 6636, impf. 6 recuvreient 6569, pf. 6 re-
covrerent 9967, 6636, reprendre courage dans un
combat, recommencer la résistance; te recovnment
6188, se ralliaient.
Rbcotrier io633, ralliement, tentative de reprendre
la résistance; recovrer 685* (rime avec otrer =
ovrier)^ moyen de salut.
Recrbartisb 9o3o, lâcheté, pusillanimité.
[Recréer], impf. 3 récriait 5896, p. f. récriée 6906,
récréer, conforter.
Rbcrbire, renoncer par lâcheté ou par lassitude :
reereû 901 5, lâche; rtcreue 1617, lasaée, recrue.
Récrier. Voir Rbcrbbr.
Recdrre. Voir Rrscorre.
Recovrer. Voir Rbcovrbr.
Rbdbvbir, impf. 6 redevoit 8690, devoir aussi.
Rbdisme 663o, dJme de la dtme, centième partie.
Redorer, pf. 3 redona 1076, donner de son côté.
Redotbr : 98 redoterent 9968, eurent peur.
Rbdrbcier, impf. 6 redretçoient 7868, relever.
Redrbscier. Voir Redrrcibr.
Rebbcbieb. Voir Rebbrcibr.
Refairr 6996, amender, réformer; impf. 3 refaiêeit
6756, pf. 6 refirent 3899, faire de son côté.
Reterher, impf. 6 refermoient 7867, cond. 6 refer-
mereient 7189, fortifier de nouveau. Cf. Rafbrmer.
GLOSSAIRE.
RErnEiDCR. Voir Refbeiiiiiii.
[RarniiDiH], p. S. rejrâdm A&c5 (rime nv<y ahaa^
OÊ = eifcfliicHM). rafroidir.
Rioibuu. Voir IttGViaDKn.
Ronti ia359, rDjaumc.
Reoeteb. Voir Rejeteh-
RioRET 66711, laiDCDlalion funèbre.
RionEii 6907, impr. 3 rfgrelol 67SI1 6 regnioient
li«77, p. rtgrtli 767, louec avec larme» (un
mort ou sca qualités); rrgnUr ^679, déplorer;
rtgntfT loSi'i, gér, regrtlont loSaS, ae la-
[RmctiiGKiu], reguaintr &A75, reconquérir.
REGDMKln. Voir Reguuigiiier.
RiGi:iiiDEn,pr. Z regaarde aHAi, proléger, avoir soin
de; coDcl. 3 mgiiardavit 559s, «onsiilérer, avoir
égard i; impf. 6 11 irgardotimt ASi3, faire lUcn-
REBABTBB.pr. 6 rthailertnt SoaS, presser de ion dlé.
(Rehercibe], gér. i-eerchant 11^71, recorder, rappeler
(aon devoir) à,
[Reij.pl. reix 6556, Glot.
RtiiL : pi eompaignont rnola 6730, mi»p«gnoas du
roi, cf. CoupiiarioN ; b. rtal 770, lea roynui, iei
hommes du roi.
[REuuiii]. i-rallé 16U, rovaulé,
[RiiEHiiiti], p. raùnl 33, a. reini i93i3, racbelcr.
nEisiii. Voir BiisiH.
Rkiseu, pf. 6 rriuinail SaSS, wriir â son tour.
[Ruitid], pf. 6 rtgetsmtt 76^, jeter nuiai.
Relitbi, Dpràs-inidl; rclmte abœaee 11915. Voir
Rtiiij:iDnK. Voir Remineiii.
Rii(isDER,impr. ireiaandoil gA3,mand<.'r en réponse.
[RlMtnEin], remaitoir aili, remaindre laoa, aàGG,
9791, 3A97, A90S, 5699, âB59, pr. 3 rmaint
6Slt, împr. 3 muDioi'C G7, eond. 3 remanditit
30^0, pr. 3 remiit lia/tH, 5oAa, hi'jli, 7638,
pf. 6 retnetlnnl 3o3f>, nmûtreiil 9553 (rims
Bxec mùlrtnl), 5693 (rime avec nuiCmiI = nui-
rrsnl), 7193, Siao (rime nvec mitirml), sbj.
impf. 6 reiRannural 7183, p. •tmii I&S7, I. rff-
(MM 8i9& (rime avec rgfw), RbUo (de même).
S9&0 (rime aiec marchue), iiofiJi (rime avec
tglUt). pi. rmàa 3708 (rime avec fgHtfê), 5«3G
(de m.), 5580 (de m,), rcsler; BGga, séjourner;
U03, 3S97. 5oio, s'arrêter, cesser', ai'i , larder;
. ne remanail a prctidrt Û7. no s'aUleDaît de prendre;
mntil la paii 7^118, la paix ne se fit pai; at re-
i( pat par ciiinbatri 6811, l'insuecis de l'entrc-
? ne linnt pas é ce que l'on ne comliat point
as : M rrmbalaent looio, m lanfoient ie
Rmei
. pf. 3 r
laSa,
9196 (rime avec tint), remède,
consolnlion.
niHuÊn, p. f. pi. rviRNA* 853i, ehinger da plat»,
écarler, Alcr;mntur A9S7. p. nmui iBaS.gSgS.
r. rtiKtiia 33i6, bouger,
Rekdre : muli a in baroiu lorJitfsaS, accomplit la
formalité du reDou»eliemenl de l'invealiture de
lcuL-8 fiefs k ses baroni; quant ;u« cliteaU pat rtndre
3Gu5, de toute la vitesse que pouvait fournir son
Rkiiié. Voir Rekeies.
RiTiiiEl. inipf. 6 T-aiproiiml &333, renier; h reneiauenl
/i3i8, aposlDsiaienl ; p. pi. rmein 3a55, s. 9976,
renégat.
Rtiiiiiaa, p, rrngié ii8ù, ranger.
[Rekoer], rmmVr S5Ca, renouer.
RiMOiia. Voir RwoïB.
Rekotu-ib, pr. 3 rmovelt Hi)5i, parailre à nou-
Reite, pi. ranin 5d55, revenu.
Reoit, Voir Boosi.
RapAïai 9^57, retour dans son pjs.
RKriiEEHEiiT U468, errcmenl, manière de »e coui-
tni^Sk, 9a39, revenii
n reicnii'; ahj. pr. 3 r
<n cdté.
Repiieib. Voir Itipumai,
RsPUBiEa i^o36,pr. Grepain
l'an rtpairertitl 671 A, s'
paire gASS, séjourner, faire sa demeure.
Rapi[SEa. Voir RtpiiBiEn.
[Rbpiiskb], pf. 6 itpaittrtnl lali-], apaiser.
RiPiBsER. Voir RtsriBSEa.
RiPEanaa, pf. 3 rrpûrdi Go3&, perilre d«
[Heplbieb] ; ai Tipleiant 1119, an nior
vague Bc replie.
REPi.iiTiEa. Voir RESPLEiTita.
RiPLOiM. Voir RtriauR.
RiroinDaB, pf. 3 npenul GCu3. faire du si
cbargc i cbevnl.
Rapo^iuai, p, f. ifpoilt 10101, CBcber.
REroBTEB, pf. 3 rtpafta 3635, porter do
Reposbb : ^r repoita 379G, par inlervallcg.
Repost: an rtp<at 6i5o. en caebellc. Cf. Hipouhb.
Rifainnat, impf. 3 rtptmeit 8969, prendre aussi.
RBPBE.1CDIER, pf. 3 ivprssc^ 'iA*7, pr^dicr auMi.
ncâlé.
I. HISTOIRE DE LA GlERRE SAINTE.
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't*»/*ii'^ Mtrti rtniN ar. ft»nih«i i .— 'iii on \t *iir-
fils:-.- •.. ■ -y-K, -- .\«4k, .. '•T* '•IM». il*ï
***«* A;- .< ^v -ta.
I RirciB^u 5«S3. 536o. 7813, 7S44. rvloar.
Rnot^u : «/ rrt^rwr S36, «1 rKour;
tooroer île çà et «!« là; d). pr. S
fâinp MMiriMr ^ Irm^ ): pf. 6 «
ivttHirow.
RcTiAiLi ?*6t. fuL 1 frCiwai 3*50.
6 M rtfrawwT J064. ne relirfr. te
mAi# <o36. oiùifr « Tabn. nqtée:
7oâ8.
1».
3i, pf. 6 iKiMliit »«9 9. p. fvCfmx 11. 1799.
rwxmlrr.
Rsi^fi. fif. 6 •téarnf»: T'^ii. recalfr. sr
oom^ol: vvûfPY»: $»Z^3. 33<»S. 1S63.
î.7c»5. jf», f, npîjtfv iMK». |i I fi—i 6S»7. »»-
)ii «f riifb^ . ft'c -^rw imn: '^m #v naiA Crri^.
i. r't I {«rwuiD' on. '»» pin ^-a>: -"m « ioir 7Mè.
-mn. ro^m: « î'tr :. >i>:*. cliiMs oit IMH. «■* ^■«■1 ée
tn» roSt . it nifunàrt T^rr^Iif ù iaxii&.
rmr».
iif*i II., 'yify*' '. ttSr . '•uli ragtnnf* hBiàU
liiiKCi- miji. i -wioM^é --^i *ii»-»-. iiilitr.
Ti'i&kJ II. -w»*" • — T ;«*.f.i". hnocii" ytnu:, lu.
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516
L^HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
[RtPBocBin], impT. 6 nprofoient iiSoy, Be rappro-
cher de.
Repiociib. Voir Rkpiocbibb.
Repboybi pf. 6 reprocerent 5368, p, reprové do3i,
reprodier.
BEPtoTBi. Voir Rbpbotieb.
Rbpbotibb 6399, reproche.
Rbqdbbb. Voir Rbqobbbb.
Rbodbbbb Sfkhoj inipf. 3 requertit 633, demander;
requere 55, i68,visiler; impf. 6 requéraient i5â9,
attaquer.
Rbbb 1948, raser.
Rbs : res a rei 1 i5oi, au ras.
Resaziêb. Voir Rbsaziibb.
[Resaziibb], resaziër /1633, rassasier. Cf. Rasaziibb.
Resbacoib: se retbaudi 3/i54, se ragaillardit, reprit
de Tentrain.
RBSBCcaiBB. Voir Rebocbibb.
Re8G0!i8Bb, pr. 3 rescorue 55&&, 7^53, se cacher, se
coucher (en parlant du soleil).
Rbscobb. Voir Rescobbb.
Rbscobbb, rescçre 3781, 56/i5, 9678, 3878, meure
i/i3, pf. 9 reecuêtU 9611, 3 rescust 7977, reeuet
7335, p. regcu» 7396, 7600, f. reçusse 7&Â&,
tirer d^un mauvais pas, dégager, déliYrer.
Rescosse 9571 (rime avec serse)^ 7583 (rime atec
eseusse = eseesse)^ action de dégager, délivrance,
secours porté dans mi combat k celui qui va suc-
comber.
Rbsccbb. Voir Rescobbe.
Rbsbbib, pr. 3 resiet 3 136, être situé de son c6té.
Rbshovbib, pf. 3 restnut 6/I7, susciter de nouveau.
Resobtib, pf. 3 resorti 358o, rebondir, rcssauter.
Rbspassbb, impf. 6 repassoient 6975, repaseowmt
6377, pf. 6 repassèrent 7600, reepasserent 1991a
(ms. trespasserent), p. s. repûseei àyàt^ guérir.
[Rbsplbitibb], p. f. r^ïeitie 979, ajourner.
Rbspohobb 9059, prêter hommage, s^engager; «i ree-
pmdre 8^7, à la réponse.
Rbspors 8596, réponse.
Rbstbb, pf. 6 resturent 8/179, rester.
Rbstobbb, p. f. reffoTM &956, réparer.
Rbstbb, pf. 3 refud 100, 9/177, 3900,rç/u 766, être
aussi , être de son côté.
Ritjiillbb. Voir Rbtaiu.ibb.
[Ritailubb], couper, retrancher; p. f. retaillée 9^55,
enlever; la gent retaillée 61 1 9 , les circoncis.
Rbtbb, accnser; reter lor deeises 700/i, attaquer,
combattre leurs propositions.
Rbtobbbb 5953, 536o, 781$, 78^9, retour.
Rbtobhbb : al reUmer 336, au retour; rétamer 91 48,
tourner de çà et de là; sfaj. pr. 3 reterge 6781,
faire retourner (trans.); pf. 6 se retemerent 70^8,
retourner.
Rbtbâibb 3769, fuL 1 retrarai 3759, tirer de doo-
veau; s*ert retraiz 1598, s^était retiré, enfui; impf.
6 ee retraouent 1969, se retirer, se détacher; re-
trmte 8o36, mise à Tabri, sauvée; retraire 10,
3i, pf. 6 retrettrent 5999, p. retrait 11, 1799,
raconter.
Rbl'sbb, pf. 6 reOserent 58 11, reculer, se dérober au
* combat; reûeerent 3o53, 33o5, A863, 593o,
10703, p. f. reûsee 1660, pt rsûiest 6597, re-
pousser, faire reculer (trans.).
Bbvebsbb, pf. 6 nverserent io43o, renverser.
Rbvbbtib : reeertirent 760&, retournèrent; s'en reeer-
tirent &o5&, s^en retournèrent.
RicHBHiBT 11706, magnifiquement, noblement;
11/^79, â haut prix.
RiBif, s. riens 676, chose; s. tote rien 8o36, 11067,
toute chose; n*a riens (pour riéfi) fut m£i( 6719,
il n*y a personne qui les eût tus; rien ei haie 7958 ,
personne d^aussi détesté; rien née ^786, 5o33,
rien vivant 3661, 8007, chose qui soit; iwle rien de
tens 9086, la moindre parcelle de temps.
RiBBB : arrière; la guarde rim^ 191 3, la riare garde
1933, cf. Guabdb; le riere ban 9807, l^enîère-
ban.
RioTB /i935, embarras, gène.
Robe, j^, robes 1686, 76^5, costume, habillement.
RoBBB, impf. 6 robouent 7&â6, voler, piller.
RoBu, pi. roe/es 776, 5995, boudier rond; pi. mefas
9179, rouet d'arbalète; pi. roeles 8096, petite
tour roode.
RoBLBB 3ii5, rouler.
[Rogbibb], impf. 6 rojeioient 3356, laire briller sa
couleur rouge, rougeoyer.
Roi. Voir Rbi.
[Roîlubb], pf. 6 roulèrent 76^3, se rouiller.
RoiSTB. Voir RuisTB.
ROJBIBB. Voir ROOBIBB.
RoLLEB 7675 ,8761, rouler ( le haubert pour le serrer).
RoHpBB : rompue 1 1688, violemment ébranlée.
RoBCi 11^98 (rime avec Soct), roussin, cheval de
petit prix; roncin i558, cheval mâle.
RoBCi!!. Voir Rona.
RoosT, rond : a la roûnde 685, a la reonde aSiÂf â
la ronde.
GLOSSAIRE.
517
RosiLun, pr. 3 rMle &0&8, faire de la roeéo.
Bon 598, 6333, 8099, 9976, pi. rtmteê 9606,
troope; tindrent la rote 19A1, formèrent la bande;
m rotê 598, 8988, en bande.
Bon &936 (rime avec riote), petite mesarc (cf. Du
Gange , Reia 7) , mot arabe.
RodiT. Yoir Roorr.
Rom. Voir Rotb.
RoTBiT, f. pi. roventet 396, rouge, coloré.
Ro?iB : impf. 6 rovoient 6999; le ma, a retoient, il
faut pcut-éti'c corriger vooient,
RUKLE. Voir ROBLE.
RnËB 9368, ippf. 3 ruât 9969, lancer.
[Ruistb], pi. roiitei 3117, rude, violent
[RuiSTBGi], niistesee 7393, rudesse, violence.
RcisTBSGi. Voir Ruistbgb.
Samor, «7171 9905, sable.
Sablohbibi. Voir Sabloiubib.
Sablohibbi 9767, 5966, $ttbhmnr$ ii35, endroit sa-
blonneux.
Sacbhi 9i5i, tirer en avant.
Sagbbb, pr. 3 iocre 3&oo, consacrer.
Sair. Voir Saiitb.
Smb : $ag€ dff ââ& , 99/19 , expérimenté en ;fol ne eage
6099 , formule habitudJe pour dire personne.
Saiitb, pi. eaietee 1995, tMCet 3iio, 6963, eeetee
65i], flèche.
Saillis 9183, sortie.
Saux», impf. 6 edloumt 1619, sauter; pf. 6 eaU»
Urent 3Aio, s^élancer; p. $ailli 1916, pL s. eailU
717, sortir; taillie 667, répandue.
Saiiit : $or tainz 53 19, sur des reliques.
Saibbmbnt 366, etc., eerement 85io, terment 5399,
pi. êoiremenz 5396, elc, eermenz 855o, 10919,
serment.
Saisine 533, 9Co3, 9596, possession; le$ »ai$me$
1968,1a possession.
Saivb, s. iaivee 1169, 9616, iiâ58 (rime avec
glakee), sage. Cf. Sagi.
Salp. Voir Sauf.
Saluh. Voir Saillir.
Salvagub. Voir Sauvagins.
Saltbmbrt. Voir Sacvbmbxt.
Salvbb. Voir Sauvbr.
Saltet^. Voir SAUTBié.
Sahiz 3980 (rime avec tapii)^ 10917 (rime avec
Damiz), pi., velours.
Sargliht 1669, 65o& (cf. Gbrt), sanglant.
Sap 66A, sapin.
Sabazir, Sarazineii, Voir aux Noms pr(^)res.
Saugbssion 8858, root altéré non restituée
[Saop] : pi. eaU lor chateU 9606, en gardant ce
qa*ib possédaient
Sauf 1696, en sdreté.
[Sauvagisb], eahagine 5879, gibier.
[Sauvimbkt], talvement 3593, salut
[Sauvib] : sbj. pr. 3 eiDeus me ealt /i69 1 , ainsi puisse
Dieu me sauver I
[SAOVBTé], ealveté 768, salut; a $alf>eté i99o3, sains
et saufs; a lor ealveté 5i53, pour les sauver.
Satbir, pf. 3 iot 77, savoir; ne eorent 9999, ne pu-
rent, ne trouvèrent pas moyen de; eaveir 1867,
pour savoir; eaveient de la mer 3779, se connais-
saient dans les choses maritimes; qu'il $a!wit aproz
5 1 86 , qu^il connaissait pour vaillants.
SAvofié, f. iovoree /la 39, 10591, savoureux, de bon
goât; (6g.) pi. eavoreee 11079.
Sgircbiiblb. Voir Ciiicknblb.
Se, sei, seiseitierç io/i8â (éd.(Mre),t0ttîerzii579,
lui troisième, avec deux compagnons; tst quart
665i, lui quatrième; eeiquinzime 7976, lui quin-
zième.
Sb i8â6, etc., si.
Sbbib, être assis; eeoir 93i&, pf. 3 fût 1997, être
campé; pr. 3 eiet 5i/i, être situé; ueit tib3à,
seyait, allait bien.
SiELBR, p. pi. teelei 8597, sceller; pf. 6 teelerent
9193, fermer complètement
Sbetb. Voir Saibtb.
Su 586o, soit
Sbignor, s,.iire$ 567 (rime avec dire»)^ 9195 (rime
avec remiree), seigneur, sire ; l'estel êeigneur Hugun
719, la maison de sire Hugues.
Sbignobagb, pi. eeignorages 910, 1996, possession
seigneuriale.
SeigiIORiagb 878, seigneurie, qualité seigneuriale.
SuGKOBiB 9809, seigneurie, domination; 9998, ce
qu^il y a de plus noble, de meilleur.
Sbigrur. Voir Sbigrob.
Sbillb, pi. ieillei 389, 3863, seille, seau.
518
LHISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
I Sdtu]. séparé : iomi U îrmStrt» tottjut anrrf 955o
(tire ainsi ao lieo de larjuî beirre), doot le traître
tint rarmée écartée.
Suouci. VoirSojoEiu.
ScLC Â3oo, sége; pi. $eles 0996, selle.
Sels. Voir Sol.
SniLA5T : pmr toMaml s3Si, 5656, en apparenee.
ScsBUB : il iert tewJAami, 1177, 00 voyait bieo.
SEaosDBB. Voir Soiosvu.
ScMPBES 7166, aussilôl.
Ses iSa, 8375, espril, sagesee.
Sn. Voir Suz.
SciiscBAL, u teneêckaU 9995, léoéchal, ofiîcier (eo-
dal; li êenetckak de pmiamie 9396, le chef des ar-
mées païennes.
Soimi 696, gaoche; e ée$tre e Bometirt &097, à
droite et à gauche ; om Mimlm 1916, à gaocbe.
Sdcumdt 43^0, amplement, sans antre chose.
Sdsdtbl Voir Sesbtu.
StsM : pkuon MM 7970 , en piosieors sens, de diren
CÔléf.
Scrri 10&70, sentier.
Sm 17, etc., MU 55i5, sans; i635, outre.
SioiB. Voir Skbib.
SllEMllT. Voir SlIBIlIST.
Sm : Mrie 353, douce, calme (en pariant de la noit);
od tciz êerit 9579, d*nne Toix douce, basse.
SBIJA9T, 3565, 3571, s. 3575, pi. serjoMz 3685,
8983, 8593, s,êerjaMt 1668, combattant non che-
valier, soldat; pi. s. U mrjani de fié 6195, les
combattants à pied (qui étaient tous des sergents,
mais fl y arait des sei^genls à cheval) ; seignor ter-
jant 8995 , formule polie employée par le roi Ri-
chard; êerjamz i90o5, serviteurs.
SuiASTBUB 3Â67, aasembbge de combattants noo
chevaliers.
Seivest. Voir Sâibbhbst.
Sebho5 9665, discours.
Sebio»bb, pf. 3 êermona 9688, p. urmmi 9683,
adresser un discours, une exhortation.
Sbbbosibb 3 186, pL s., prédicateur.
Ssarsirr, fém., pL urf€n 9180, s. $erpem g6hi^
serpent
SEiBEBflE5T ii36i, eo raugs serré:*.
Sbbvigb 1 9o53 , servitude.
Sebvib : qmU êerreit de niéu 3&, qui ne faisait rien
pour son service; U $êrveient de loienge 7âo3 , l'amu-
saient par de feintes promesses.
SnvisB 65, 86, Ao5, etc., service.
[Sbtembikb.] Voir aux Xoms propres.
SKmniBscB. Voir ScrnsucB.
I SBn.¥oirSoL.
Seîb, pi. Mân 3336, t pi. 9eûm 5739. qui a cofi-
nance en SOI.
SEÎBTé 1 jio8, garantie de sérurilé.
Si &i59, etc., ainsi; n Detu m'mU 1^9, n Dmu as
t<tie 386, fl DeuB me smU h6%i\ ainsi pnisBe Dica
m'aîder, me voir, me sauver! si jme 906 !i , 9876,
en sorte que; n gnmt juaqti^m tei emrûgier i&6&,si
grand qn*il en perdit le sens; copule légèrement ad-
versative sii97t 668, etc., de même e «193, etc.:
SI en ce sens élide son • 59a, etc.; n avec em se
contracte en m à8o, etc.
SiBCE 96^6, etc. (rime), tien 3396, siège.
SiEBB. Voir S1B6B.
SiSLB, masc , voik : tiglm drmeiez 1968, toutes voiles
levées.
SiSLCB 1180, impf. 3 tigiot 1959, pH h sylaiss
i95i, 6 ngUremi 39i, 9098, iâire voâe, di^gler.
SiSLBcu 1976, action de cingler.
SiL. Voir Lb.
[Sihplbce], timpUtce 91 15, âmplkilé.
SiirLBscB. Voir Siiplzcb.
Sis. Voir Si.
SisTB 7933, sixième.
Sic 3865, suif.
SiviB ^89, etc., suivre.
SoATR 885 1, doucement
[SocoEiSLB], tueurMê &7, 3o65, 8635, secooraUe.
SocoBBE, tticorre 9^95, secourir.
SoDBBHE5T, i366. Subitement
[Sodbbbtt], soiul!nMiil 1915, soudainemeot
Soir 60Â1, saçf'977, <loucement
SoppBirrB. Voir Sofbiitb.
SorFBÂXCB. Voir Sofbisce.
SoFPB Erres. Voir Sopsaros.
SoPBiiTE ii3âi,s^^nRte 3&&5, 3917, privatioa.
[SoPBAiTOs], êoJrtilMM 3636 y privé, dénué.
[Sofbascb] : mistrent en toffranee 916, prirent pa-
tience.
[SoPBuJ : êùjfm 6389, patientes; êofferreiemt 1667,
seraient capables de résister à.
Sojbt: m s(y«fls 1901, soumise à loi, dans sa sujétion.
[Sojob], êujor 1955 (rime avec jor), eg'vr i575,
repos, arrêt
S0JOB21XB, êujcmer 1906, fut 3 soforra a 389, gér.
sii^onMDil i9o6, s^arrèler; impf. 6 titiyuniswsiil
8 1 57, pL 3 s^'oriM 9499 , p. s.yM $tjwmn 9765 ,
GLOSSAIRE.
519
f. iejudiejomee 5 861, se reposer; pf. 3 iujoma
694, p. iujomé Saâ, sëjouraer.
[Sol], pi. r. m2s 7338, 1 js66, 8eul;adv. ieul iSid,
90&3, seulement.
SoL4CiEi, p. 8. iolaciez 1779, réjouir.
SoLAz 878a , réjouissance.
SoLDAii. Voir Soudan.
SOLDIBB. Voir SotJDKlIB.
S0LD0Ï8CI. Voir SoDDiîi.
[ SoLKoiBB ] , pr. ZioUege gùUS (rime avec *î«g«) « p. *o-
liegié ^6ii^^ aider.
SoLBiB, impf. 3 ioleU i383, avoir coutume de; iuelt
3007, iclt 95, êuelent 6793, présent avec sens de
passé.
S0LIB6IBB. Voir SOLBGIBB.
SoLiEB, pi. ioUen 798, étage supérieur.
SoLOHC hUbS, iuUme 3566, selon; idunc quê 6^57,
8057, selon ce que.
SoLT. Voir SouT.
SoLTB. Voir SOUTB.
SoLTiL. Voir SOTIL.
Son : en êum le 7/18, 10073, en haut du; en $om lee
3706, de $om le$ 395â, en haut des; en tum de$
753, en haut des; par en tum tuz io5oi, par-
dessus tous.
SoMB 1990, 45o6, fardeau.
SoMB 16&5, 4565, somme, total.
SOMBB. Voir SOMIBB.
SoMET : en eomet 3370, en haut; par en eomet 3867,
tout eo haut.
[Somibb], pi. iomere 363&, cheval de somme.
SoMOBDBB 3o8, 9A93, 9689, p. f. êomonee 5687,
MtnofiM 7&5ii convoquer, mander.
[Somoiisb], eenumêe 7691, convocation.
Son, pi. s. ioni 1 1880, chanson légère. Cf. Sonbt.
Son, fém. fiw 69, son; me quitte 9o63, entièrement
sienne; ton parjure, ton traitor 1866, qui était
parjure et traitre envers lui; chetcon fat ton Turc
flatir 766^, chacun abattit son Turc.
SoHBi, Voir SORBT.
[Sonbt], pi. toneiz 9363, chanson légère. Cf, Sor.
SoB 85io, blond ardent.
SoB 4 1 0 , etc. , twr h 63 elc. , sur ; tor tote oreatwre 646 ,
plus que personne; tor hr citié 60 A , dans leur cité.
[Sobcdidarcb], torquidance 6905, arrogance.
[ SoBccipii] , pi. s. torquidé 1 /196 , arrogant , présomp-
tueux.
Sobdolbib], tordohnr 8771, ressentir avec escès (un
chagrin ).
[Sobdbb], pf. 3 turtt /io4o, 6 turttrent 8160, p. f.
turte 9449, s^élcver.
SoBB, sur : aler tore 1 1 39^, attaquer; eorir tore a 1 66 ,
ture a 797, 3345, courir sus à, attaquer.
[Sobfait], f. turfaite i4, excessif.
[Sobpait], torfeit 5456, turfeil 865, 978, excès.
SoBPBiT. Voir Sobpait.
[ SoBH aocibb ], sur^ucter 55o5, pr. 3 turhauce 55 o3 ,
élever, exalter. Cf. Sdzoadcibb. «
SoBJoÎB 8770, se réjouir avec excès de.
SoBMOi^TBB 799 , pf. 6 tormonterent 1609 , monter au-
dessus de, gravir; tumumter 9 994, vaincre.
SoBOB, sortir -870, 100.1, 1175, turor i443, s. tuei'
1097, pi. torurt 9495, sœur.
SoBQUBBiB : le torquereit 7388, lui faisait des de-
mandes excessives.
SOBQDIDANCB. Voir SoBCUlDAKCE.
SOBQUIDIBB. Voir SOBCDIDIEB.
SoBSALT. Voir SonsADT.
[Sobsaut] : pi. en tortalz 5o39, précipitamment.
SoBSB : a torte 9579, avec impétuosité, avec élan.
SoBUB. Voir SoBOB.
SoBVBBiB : turvetr 9497, pf. 6 torvirent 3993, aperce-
voir; pf. 3 torvU 933 1, considérer.
SoBVBiLLB 3 1 4 3 , avant^veille.
SoBVERiB, pf. 3 turvmt 575, 6 torvindrent 579, ar-
river.
SosPBCiBB, pr. 1 tutpiez 11399, 3 totpiece 6536,
soupçonner.
SOSTENEMEM 1 9 1 7 6 , Bldo.
[ S08TBNIB ] , tuttenir i a 9 5 , pf. 4 tuttenmet 1994, sou-
tenir.
Sera : f. pi. tutilt 953 1, ténues; pl.«o/ti7z 39 1 5, ha-
biles, subtils.
SoTiLHEKT 9933, habilement,- avec dissimulation.
Soudan 11985, toldan 5 181, 5493, 6768, 68o5,
7385, 7965, 8695, 8706, 10758, 11659, s.
tondant ii8i5, 11975, 19016, i9i45, 19167,
toutant 8383, Soudan, sultan.
SouDBB, toujours au pi., toudoet 5349, 8t64, solde;
. <froi(«i toudeet 4587, ti485, juste solde; a tet
toudeet 9163, è sa solde.
[Socdbieb], pf. 6 toldeerent 5356, soudoyer.
[SouDBii] : toldoùce 1095, appliquée par une sou-
dure.
SOUDBMBNT. Voir SODBMBNT.
[Sodt], tolz 4999, sou; tet toU 458'4, sa solde.
[Sootb], toile 19971^ payement.
SoTBNiB : vot peûtt tovenir 730, 3979, vous anrici
45
n»tiiiiiui ■ATieiAic.
520
L4IIST0IRE DE LA GUERRE SAINTE.
pu (en voyant cela) avoir Tidéc; de folie noê io-
rient 5â66, nous avons de folles pensées.
SoiPRB!iDBB 11576, surprendre.
[SozpRBsuBi], iuzpreiture 11897, surprise*.
SucoBRB. Voir SOCORRB.
SUCURABLB. Voir SOCOBABLB.
S08. Voir Sox.
SuB. Voir Suie.
Sdbb. Voir SoBOB.
[Scib], êue 6s 18 (rime avec berrue =■ beiTuie)^ suie.
SUILLBNT. Voir SOLLBIIT.
SuJOR. Voir SoJOB.
[Sullb;it], f. pi. tuillenteê 990Â, couvert de sueur.
SULOXG. Voir SOLOHC.
Sci. Voir Son.
SvB a638, aigre (fig.)
Sur. Voir Sob.
Sl'rdbe. Voir Sobdre.
SuBE. Voir SoBE.
SuBFBrr. Voir Sobpait.
ScBBAuciBB. Voir Sobiadcibb.
Sdbjub!(br. Voir Soiobheb.
SUBHO.ITBB. Voir S0BH0!(TBB.
SuBon. Voir Sobob.
SuBTBÎB. Voir SORTUIB.
SuBTBRin. Voir Sobvbmb.
Su8 1985, 91A0, en haut; eut e jut 1067, &o«7,
6688, en liaul et en bas; pemir eue 9608, atta-
quer; au contraire, ee irmre mm 733, tu fut 6&90,
s^éloigner; en eue 36^3 , en avant.
SusnAUciBB 691, pf. 3 euzhaura 10679, rendre proa^
père, avantager.
SCSPECIBB. Voir SoSPBCIBR.
ScsTARCB : pi. euetancee 7808 , provisions, sobfialaiioea.
SOSTBMR. Voir S08TB51R.
Sl'til. Voir Sotil.
SuzuAuciBB. Voir Sosbaucibr.
SuiPBESTUBB. Voir SoiPBBSUBE.
Tabob, pi. tabure 6667, 6935, tambourin.
Taborbr 6019, 6937, impf. 6 thaborouent 3967,
iaburoient ii&^à, gér. thaborant 3617, faire re-
tentir le tambourin.
Tabub. Voir Tabor.
Taborbr. Voir Taborer.
Tai 7896, boue.
Taillb : conte ne taille 196, 1696, compte ni esti-
mation; a taille 3378, 7696, 8559, ioo38,
1 1639 , de compte fait, exactement, complètement ;
taille 7033, imposition.
Tailubb, pf. 3 tailla i93i6, imposer.
Taiiidbb. Voir Tbirdbb.
Taisib 11 56, taire.
Talent 7895, désir; mal talent 58o5, rancune,
mauvais vouloir.
Tahbustbïz 5939, tapage. ■
Tart, si nombreux; tant 39 13, s. tant 53, etc.,
de tels tantet 3538, de telles en si grand nombre.
Tart : tant maisont 1991, tant genz 997, 396, tant
(ms. éd. tanz) pereree 39i3, tant de maisons, de
gens, de pierrières; tant degent compot aveir 9687,
autant de gens qu^il en put avoir; a tant 9093
(éd. atant)^ 919a (de même), 9701 (de même),
3717 (de même), 38o/i, 3898 (éd. atant), 5198,
8790, 9869, à ce moment, alor
Tapu pi. 8979 (rime avec eamà), tapn.
Tabbxtb, pi. tarentet 5908, 591 5, tarentule.
Tabgb 1689, 8079, pi. targes 776, 8309,4959*
targe, bouclier long; (%.) com malee targm 70^6,
quels mauvais boucliers, quelles mauvaises armes.
[Tabgibb], targer i565 (rime avec dêechm^gêr^* Jst-
chargier)y tarder; $e targeifnt 5757, tardèrent.
[Tabqcais], torqneie 8765 (rimeavecpnst), carquois.
Tastbb , p. pi. r. tastn 1 898 , tâter, éprouver. .
Tbcib 9118, io6t9, 11189, techee 19189, ^'■^^
i9i3o, manière d^étre, babitude, qualité bonne
ou mauvaise.
[Tbiudrb], /diWr» 8758 (rime avec ataindre)^ teindre.
Tbirssibb. Voir Tbsbr.
Tbisb, pi. teitee 6596, toise; a la teiee 565â , avec in-
tensité, vigoureusement.
Tbl, f. tel pass., tele it6o5, pi. f. tele ptis., tele»
3563, tel; tel» le» conreia i63o, tel» le» atomennt
3oo6, il les arrangea, ils les arrangèrent de telle
façon; n'a tel» 5655, il n'y en a pus de pareils; i7
t ot tel qui diteit 9 1 1 , il y en avait qui disaient ;
tel» i ot qui &5o, 796, il y en eut qui; »i quiderent
tel» t aveit 8159, il y en avait qui crurent; comen-
cerent a dire tel» i en aveit 7836, il y en avait qui
commencèrent à dire; tel» i ot »e mietrent 8119,
il y en eut qui se mirent.
GLOSSAIRE.
521
TiMPim, fëm. le tempeite 7913, tempête; cotiM tom-
pe$te 1661, 9999, comme un ouragan, précipitam-
ment; au fig. en grant tempeite 859, dans une
grande excitation.
TiMPuni 807, faire tapage; p. pi. tempettez i/i3o,
victimes de ia tempête, naufragés.
TiMPLi 3617, tempe; fud tirée mainte temple 98,
beaucoup s'en frappèrent les tempes (on signe de
douleur); se grata les temple» 6o5o, B^égratigna
les tempes (en signe de douleur).
TsMPiiB, impf. 3 temprot 76A0, tremper, mouiller.
TnmB. Voir Tertbi.
Tmcibb, gér. tençant 11373, se quereller.
Tbnçom 695, 669, io38, s. tencon 1/186 (rime), pi.
tençons 11 363, querelle, dispute.
TBRDBB,impf. 3 tendeit 1 9^5, se diriger; se fat tendre
9809, fit dresser sa tente; $e tendirent &oi3, dres-
sèrent leurs tentes, campèrent.
Tehdbb, s. tendre» 180, d'âge tendre.
Tbribclb 8898 (rime avec siècle)^ tenicle 7788 (de
même), sombre, morne.
Tbfiiclb. Voir TE?iiECLK.
Temb : nel tenez mie a fable» 7830 « ne prenez pas cela
pour des fables; tenue» d'enferté 783/i, arrêtées par
ia maladie; tenouent A 983, tenaient, résistaient;
tenant 6980, 6818, résistantes, solides; tenaient
9190, tenaient féodalement (intrans.); un» a autre
ne »e teneit i63i, ils ne se tenaient plus ensemble;
a Deu »e tenaient 3196, étaient du parti de Dieu;
(impers.) de lur bien ne lor teneit 3969, ils ne se
souciaient d'aucun bien ; d*e»torer ne lor teneit 3198,
il ne leur était pas possible (?) de faire de provisions.
Tbxs, temps : par ten» 991, 1860, /i6i6, à temps;
tut ten» 1 9/1/1, toujours; s. un» ten» /i6i9, un
temps (un état de Patmosphère); lor ten» 9098,
le temps qu'il leur fallait.
TEftSEMEirr 35 1/1, iio'jo, défense, protection; deu
teneement 10917, pour la protection, la garantie.
Tesseb, p. f. tensee iio/ii, protéger; »*e»toient ten»é
iioA/i, s'étaient assuré protection, s'étaient ga-
rantis; de teneier el» 9979, de s'assurer p: élection,
de se garantir. Cf. Tesbh,
Tbnsieb. Voir Tersbb.
Tbktb, tente; tension : a poi de tente 9977, à peu do
peine, avec peu d'effort. Cf. Teise.
Tenteb, p. tempté 33 63, sonder, attaquer, barceler.
Tebi\n. Voir Tebiie.i.
TiBIEN. Voir TERIIENf
[Tbbiibti], terrestre : rci» terien» 5967, roi terrien;
joie teriane âi, joie d'ici-bas; rien terriane 3719,
diose terrestre, chose quelconque.
Tbbhb : un poi de terme 9681, un peu de temps.
Termbibr, pf. 6 tenneierent 5/ii3, délayer, atermoyer.
Tebml^b 9/193, 3119, temps fixé, terme.
Tbbbibn. Voir Tbbiien.
Tbsche. Voir Teghe.
Tbsbb, pp. /i toieon» 9656, tendre, s'attacher; 6 tei-
»ent io/i35 (ms. éd. tein»»ent), impf. 6 teeoient
10668, gér. te»ant 9976 (nos. éd. tentant), serrer
de près, poursuivre. Cf. Tbisb.
[Teshoighibb], pr. 6 teemonient 9^19, témoigner.
Tbsmotiibb. Voir Tbsmoigkibb.
Tbst : 8a mai»nee preuz e te»te 6/176, mot inconnu,
peut-être altéré pour preete,
[Testemoigre], teetiinoine 5 a 59 (rime avec etsoignê),
témoignage.
[Testemoigrier], pr. ^ teetemoine 975, témoigner.
Testemoiubr. Voir Tbstbmoignieb.
Testimoirb. Voir Tbstbhoignb.
Tbstiiionibb. Voir Testimobiibb.
[Testimoniibb], tosftmontër 9659 , témoigner.
Thaborbr. Voir Tabobbb.
Toabdrer. Voir Taburbb.
TiEBZ 661, tierç 3989, etc. (éd. tierc), tier 7717,
7736; f. tierce 9/181, troisième; tierce, la troisième
heure (neuf heures du matin): endreit tierce 858o,
entre tierce et none 6099; tierce haute 6011, la
partie du jour comprise entre tierce et none étant
déjà avancée.
Timbre, pi. timbre» 9359, 6^35, tymbree 6667, tam-
l)our de basque.
Tirant i3i 1, i385, s. tiranz 1637, tyran.
TiBE, lile; tôt a tire /i339, d'affilée.
TiBiBB, tirer; a mat tirant i386, s'adonnantau mal.
Toiser. Voir Tbsbb.
Tour 1909, pr. 3 tôt 9588, sbj. impf. 6 tol8i»»ent
7706, 7705, p. tolu i9o8, toleit, f. toloite 19337,
enlever, ôter.
ToLoiT. Voir Tour.
ToLTB. Voir Toute.
Tohbbb, impf. 6 tombouent 39/17, faire des culbutes.
Ton 6883, tour; en tor 5869, /i8/i5, en tur 1986,
9166, 9189, 9997, alentour; en tor lii'j^ 168, en
tur 9161 (l'édition porte généralement entor, entur,
mais il vaut mieux séparer les deux mots), autour
de; arbaUete a tor 55/ii (rime avec creaior), arba-
le»te a tur 3570 ( rime avec creatur), li^S3 (rime avec
atur)y pi. arbaleete» a ton 9179, arbalète à tour.
65.
52â
L'HISTOIRE DK LA GUERRE SAINTE.
[Tobbb] f fiirfrtf 1 1887 (rime avec dê9iurbe= dulorbe)^
foule, masse.
ToRELB, pi. toreiei 3307, tourelle.
ToRMBST, pi. tormeiiz i5o7, fatiguent; tonneia 39 18,
choses nuisibles.
[TonMiKTOs], f. tunnentiise 31 30, 7908, en pariant
de la mer, agitée , lumallueuse.
ToBREEB. Voir ToRRItKn.
ToBifBiBR, impf. 6 iorneouent 6393, tourner, aller çà
et là; Uimeier i!ii56,se promener, faire un tour.
ToRRBR, tourner; toma iâ6i, se dirigea; aUlort tomee
3/1, emportée ailleurs; en toma 1196; »*en torna
11 65, en partit; ro lui torna a pri$ ]o33, cela
augmenta Testime qu'on faisait de lui ; a Deu i'iert
tornee Shïy'j, s'était dirigée du côté de Dieu.
ToBQUEis. Voir Tarqlais et Tcrqubis.
TosB : joefnei totet A 1 3 3 , jeunes fillettes.
[Tosbtb], toKtte 9090, petite fillette.
TosBTTE. Voir TOSETE.
[Tossir], impf. 3 tuuet ^370, tousser.
Tôt, tout; del tut 356, 118/i, entièrement; tut le
rivage 2707, tout le long du rivage; tozjorz 619/4 ,
90/15, 9551, 9606 (éd. tozjorz), toujount.
[Toute], tolte 13372, rapine, exaction.
ToEJonz. Voir Toi.
TozsAïKz (La) 7309 , 793/i, la féto de iouftles saints,
la Toussaint; cf. 3iâ3, 3 180.
Tpboupt 1/166, exclamation d'injure et de mépris.
TraL^b 7/131, 83 17, 8816, machination, manœuvres.
Traï.ser, p. s. traînez 8799, traîner (sur la claie) de
façon à faire périr.
Traire, tirer; trans. (raiz h^o'4 , tirés en haut; (rairs
39, attirer; traire 3799, tirer (avec uu arc); a
nient traoient 8888 , réduisaient à rien, dénigraient;
traire grant termon 9665, faire un long discours;
ne fat treire i/i36, se fil porter; impf. 3 se traioit
33o3, 6 te traiouent lùhZ, pf. 3 m tretit 31 3, 6
ie traiitrent 3883, s'avancer; intrans. traire 3791,
aller; pr. 6 traient aljou 739, tirer sous le joug;
traient 9039, vont; traient iut 733, tirent, s'en-
fuient; en treiit a 0^1^3668, en vint à bout; impf.
6 traioient 751, pf. 6 traiitrent 785, 3881, tre^
irent t5i5, gér. traiant 1630, etc., tirer de l'arc,
de l'arbalète.
Trait 3793, pi. (raiz 387/1, coup, manière de tirer
(de l'arc ou de l'arbalète).
TRArriBB 1, traiter; p. (raiW 3078, traiter (intrans.).
Traïtor 1387, traître (adj.); ion trmtor 1866, qui
était traiire envers lui*
Traibtrb, pf. 3 tramiet 983 , 7373 , 6 tramiêtrwi 1 3i ,
p. f. tramiie 11 38, envoyer.
Travail 1 1 90 , pi. trownlz 1190, 9900 , travail 1 1 66 ,
fatigue, peine.
Tratailubr 1 19], travillier 9899, 3i38, pf. 3 tra-
veilla 1 1390, peiner, avoir de la peine; se traveiUer
1 87, de même; intr. pf. 3 travaille i399 (rime avec
bataille), impf. 6 travaillouent 9833, travmUouint
5397, fatiguer.
Tratbillbb. Voir Trataillibb.
Tbaîeb, abriter sous des tentes; travée 6669, caoïpée;
$e traverent 5716, 5817, dressèrent leurs tentes,
campèrent.
Travers : tôt en traven 1 1 766, 1 1763 , en face, sans
ménagement.
Tbavbbsb : a la traverte iailli 36o8, s'élança à sa
rencontre.
Tbitillibr. Voir Travailukr.
Trbble /u/i9, triple.
Tbbbccoier 3089, lancer, faire tomber; tr^buchier
9338 , impf. trebuckoent 1665 , pf. 3 tretbucka 6967,
6 trebuchierent 665, tomber.
[Trbcb], pi. treacet 9395, 33i 1, tresse, natte. *
Tbef, pi. tre$ 633, 566, 609, i983, 9317, triée
1 1 397, espèce de lente munie d'une poutre (poutre
est le sens propre de tref); les trefe dee perieree
9303, les poutres des picrrières.
Tbbibb. Voir Traire.
Tbesbicuibr. Voir Trebuchibr.
Tbbsce. Voir Trbcb.
Trbsche, pi. treecheê 8659, sorte de danse, farandoh*.
Trbspas i3i9, passage.
Trbspassbr : pf. 3 tretpaua 91 38, 33 11, dépasser
(trans.); tretpauouent 6093, dépassaient , laissaient
passer; iert treipoitez 5689, était passé; impf.
3 treepateot 5383, pf. 3 tretpatta 190, 6 treepae-
eerent 933 1, passer (intrans.).
Trbspbrcibb , p. pi. treteperciez 1 1 696 , traverser, percer.
Tbbsqub 795, di« que.
TRBsroB 10009 (rime avec eetur), tour fait (dans une
bataille) après avoir lancé le cheval.
Tbestor.ser, pf. 6 treitornerent 13670, aller en dé-
tour; pf. 3 trestorna io639 , se détourner, échapper.
Tbestot, pi. treêtnz 3087, s. treituz th'j, absolu-
ment tout.
Trbstut. Voir Trestot.
Trbû 7381, 11790, tribut.
Triacle 5913, thériaque.
Triep. Voir Trbt .
GLOSSAIRE.
523
Tims 4 070 : ce mot, qui signifie proprement sen-
tier, voie de commwiication, est souvent employé
comme terme de chasse au sens spécial d'affât,
embuscade sur le passage du gibier, et e^esl le sens
(fig.) qu*il parait avoir ici : les Turcs étaient à
raffdt.
TiiPOiBB : otTtf trifoire 1 096 , travail à festons.
[TaiSTOn], trittur laSa, tristesse.
TaisTOt. Voir Tustoi.
TiiuuK gSa, pi. fn'utiet 1700, 6918, 7611 (rime
avec Uuêt)f trêve.
Tbobli, sombre : la gent troble 6^93, les Sarrasins;
pi. s. troblê 3 3/1 3, assombris; (au moral) f. troble
7790, troublée.
Tboblbb: troblee 6^69, troublée, en désarroi.
TboIrb, pi. irotnea q36o, instrument de musique in-
connu.
TBOiiPB,pl. trompée 9389, trompe.
Tbohpbb 3339 > sonner (en pariant dVne trompe).
Tbop, trop ; 1 3 1 9 , /i8 1 8 , extrêmement ; trop greignora
1118, bien plus grandes.
Tbossbb, p. troué iSSg, chargé; te troeserent 3/î8i,
se chargèrent.
Tbossbûbe, pi. troueûree G 198, trut$eure$ i0938, ba-
gage».
Trotbr, pr. t troiê 4 198, Irouver; 3 trove 7084
(rime avec eeprove = eaprueve)^ composer poétique-
ment. 9
Truie, pi. truiee 39o3, truie, machine de si^e.
Tbdsseûbb. Voir Trossbure.
ToR. Voir Tor.
Tubbb. Voir Tobbb.
TuBcopLE. Voir aux Noms propres.
TURMBNTDS. Voir TORMBKTOS.
TuBQUEis 7609, torqueie 6609, turc.
TussiB. Voir Tossir.
Tôt. Voir Tôt.
Ttmbrb. Voir Timbre.
u
Ubs, besoin : nef eet 8670 , il faut; a Voee le rei 8919 ,
a ue$ Deu 9089, a oes Deu 9066, pour le roi,
pour Dieu; a eon tiet 701, pour lui; a oee de
Vovraine i363, dans Tinténît de Tœuvre.
[Ubvbb], ovre 7^1, 10/16, affaire, entreprise; de
greinur ovre 6i/i&, de plus grande valeur; ovre tri-
foire 1095, travail festonné.
[Uis], huiê 1A87, porte.
UissiBB : uiêiierê 1199, vaisseaux munis de poKes
(pour transporter les chevaux).
UiTANTB 1 936 7, quatre-vingts.
UrrivB : as uitaves 985, à Toctave.
UiTisMB 65, huitième.
[Umilieb] : humiliant 90/17, s*humiIiaot.
Un : a un 797/i, 8666, ensemble.
Ubcobe. Voir Ongobb.
Ubb. Voir Obe.
User, pf. 6 uterent 6519, faire usage de; impf. ueoit
5853, être utile, servir.
Vaibe. Voir Veine.
Val, vallée: a val 9000, 9873, 9877, 3548 (éd.
aval)^ en bas; a val Verne 8091, à vau-feau; a val
la marine 6166, en descendant le long du rivage;
contre val la rive 3983, en descendant le long de
la rive.
Vallbt. Voir Vaslet.
Vartakce 6769, vantcric.
Varteresse G778, qui se vante (sert de féminin à
vanteor),
[Vaslet], ^L valiez 387, jeune garçon.
Vassal 9695, guerrier.
Vasselagb 9895 , pi. vauelages 7959, prouesse , action
de vaillant guerrier.
Veagb : el veage Deu 53i5, dans le voyage de Dieu
(fait pour Dieu).
Vbbib, voir : si Dctisme voie 386 , ainsi puisse Dieu me
voir, c'est-à-dire me protéger; mal le virent i097'i>
ils virent cela pour leur malheur, c^est-à-dire cela
leur nuisit.
Veer, pf. 3 vea 9719, 971 &, 6 veerent 9699, sbj.
impf. 3 veaêt 9796, p. f. veee 957, 9791, pi. veeea
9710, interdire.
Veib , chemin : tote ea voie 385 , en suivant son chemin ;
52â
L'HISTOIRE DE LA GUERKb) SAINTE.
t
furent let roMt mrmi i ofi3 , les chemins furent par-
courus; lor veies i*aveiermt /i38, leurs rhemins
marrht^rcnt de concert; veie 37.3, voyage, eipédi-
tion; tote$ ret'et 1339, nSSi, 3*jo6, 35^11, ^JagS,
/Î687, 69/11, toutefois.
[Vbile], veille iq58, i3i7, fém., voile.
ViiLLB. Voir VErLE.
ViiLUBi 3918, veille.
[Veirb] : «I lui vint de malvaiie vaine 3713, cela pro-
venait d^une mauvaise inspiration.
Veib , vrai ; de veir /i3o , </« r«ri 1 o 1 85 , por veir aSaô ,
en vérité; la veire 98a<), 8a 18, 957a, la voire
1979, la (chose) vraie, ia vérité; (prisBul»st.) c'ett
veir provez 766, c'est une véiilë éprouvée.
[Veibe], voire 5^190, vraiment, cl par eit. même.
Vbirehekt 6091, véritablement.
Veisi.^, voisin; mal veixin 6798, ennemi redoutable.
VERGEon,s. vengieres 36 10 (rime a\cc pieres), ven-
geur.
Vb!iir, venir; (pris subsl.) 1718, 33'V'i, venue; tant
de venant /ioo, tant qui vionnenl.
Vetitaille, pi. ventaillfi 11 356, paKie du haul>ert
qui se relevait devant la face.
Ve^teler 97G8, flotter au vent.
Ver 3n3â, printemps.
Vbrai, f. pi. veraiet 6568, vrai.
Vebaieme:<it 55i5, vraiment.
VsRGié 433, verger.
[Vbrgoig5b], vergoine 5 6/19 (rime avec Burgoine
= Borgoigne), honte.
Vbrgoi?(b. Voir Vergoighe.
Vergo?(DER, impf. 3 vergondeit 3739, 6 vergondoient
3709 , p. f. vergondee 37 1 6 , 11361, outrager,
honnir.
Vermine 363/1, vers; pi. vermines 6917, 6937, 593o,
petits animaux nuisibles.
ViRs 5573, envers.
Verte : de verte 55i 6 , en toute vérité.
Vertir 10873, se tourner, se diriger.
Vertu : pi. veriuz de Deu 3538, pouvoirs miraculeux
de Dieu.
[Vbrtcos], f. pi. vertuuies 3076, puissant, doué de
vertus.
Vbrtocs. Voir Vbrtuos.
Vescoîite, s. vegcuenê 6733, vicomte.
Vbspre, fém. : t7 esteit tant vetpre o$cure 3997, il fai>
sait si sombre dans cet après-midi.
Vespree i335, i833, 1 1 93 1 , soirée.
VbstbC'ib, pi. veiteûreê 636o, vêtement
VBbE 33a6, vue; a vtûe 345, 3&6i, ouveiiemeot.
VBiié. Voir VEiiié.
[Vbiiik], vfiiê 9&5, rusé.
ViAiRB : al tuên narrt 6116, d'opn*s son opiniou,
d'après ce qui lui semblait.
ViA.^DE 967, 1909, 3393, nourriture, provisioiit de
Itouche.
ViEu. Voir Vies.
[ViKs], f. sg. vielz 1690, f. pi. vieh laà, 111 56,
vieux.
Vigilie 1 353, 7303 , rigile, veille de fêle (ne compte
que pour trois syllabes, Taccent étant sur le fé-
cond 1).
ViGOR 3338, viguour.
ViLAis, paysan; s. litikuni ditû^tS, formule agitée
pour annoncer un proveH>e.
ViLii7iEME5T 8685, d'uuo façou déloyale, honteuse.
ViLAiNiE 3596, conduite grossière; 93o, infamie,
action basse; 681, 685, insulte.
ViLVEfiT 7067, honteusement.
Viole 3690, pi. violes 3177, 3917, fiole.
Viulete 3696, petite fiole.
ViRGi:«E 7678 (compte pour deux syll. avec Taccent sur
le premier 1), vierge.
Vis 6066 , visage.
Vis : ço lor fud vis 6036, il leur sembla; vis m'est
7017, il me semble.
VisiERE, pi. visières 9563, masque.
VisTE, pi. vistcs 9933, 3395, 6330, dispos, alerte;
as vistrs chÛTes 36'i3, od visies chieres 6166, à la
mine gaillanle.
VisTECE, vistesce 1 1 830 , adresse; pi. vistesces 1 1679 ,
agilité, qualité de celui qui est dispos; ^raiit vt»-
tesce 9908, acte d*un homme dispos et adroit; ton
cu'.r ot en vistece 1236, il avait le cœur dispos,
entreprenant.
V1STE.SCE. Voir Vistece.
VlTAILLE 193, 1065, l]3l, l303, 1 693 , IQOQ,
9175, 9369 , etc. , pi. vitailles 9 1 o3 , provisions de
bouche, victuailles.
Vil 1 1 166, escalier tournant.
[Vos], restitution possible de vuz 338 (la ot meinîe
1er me ploree e meinte bone voe orée) , vœu. Le sens est
en tout cas celui-là; mais on ne connaît voe au fém.
que dans la locution archaïque mole vœ, désastre.
VoiDiER. Voir VoiER.
Voie. Voir Veie.
[Voier], voidier 6659, vider, quitter. Cf. Voi.
Voir. Voir Veir.
I»
li
'I
GLOSSAIRE.
525
Vouu. Voir ViiBB.
Voit. Voir Vui.
VoLiii, pr. 1 vot7 9, 3 velt 3a, impf. 6 voleient 70,
j 07, pf. 3 volt 1 5 , 60 , clc , sbj. impf. 3 , voltiêt
1 06 , vouloir.
VoLBNTÉ Sii^j, volonté.
Vou 173, vœu. Cf. Vos.
Vui, fém. vuie 60G8 (rime avec pluie), voide Ga^T),
voidei G3s6f virle.
Viiz. Voir VoE.
YiiGB, ytHogene. Voir Image.
YviB, ffftem. Voir Itbb.
YvBB>AGB. Voir [vEnR4(iE.
YwB. Voir IitE.
TABLE DES NOMS PROPRES.
\
46
mnaoMa utkniui.
* r
\
TABLE DES NOMS PROPRES.
AoiiLLis 9855, Achille, câèbre par sa prouesse,
grâce au roman de Troie, de Benoit de Sainte-More.
AcBi ii]5, isoo, i3/i3, etc., Tanciemie Accon,
plus tardPtolëmaïs, aujourdMiui Saint-Jean-d*Acrc.
Ce mot rime avec palacn (isoo), diacre (9967),
maçaere (3089, A039), eacre (3399), ce qui
prouve qu^il ne prenait pas d*i finale. Devant une
voyelle, Ve s*élide d^ailleurs habituellement (1 885 ,
9109, 93oi, 93i9, 3363, etc.); cependant il y
a quelques exemples de non-ëlision (39&0, &5oi,
&671). t(LeJlumd'Aere{ho^gy /io56, 55/i6), auj.
ie Nahr Na^mefn, le Bélus de Tantiquîté; Rae-^l-
Am, donné par Stubhs comme nom de cette rivière,
signifie simplement la tète ou la source. — Cl.-G. r>
— Acre est prise par Baladin en 1 187, est assiégée
par Gui de Lusignan (3749), que rejoignent suc-
cessivement beaucoup de chrétiens et les rois de
France et d'Angleterre. La ville est prise, après
un siège de près de deux ans, ie 13 juillet 1191
(5995). Beaucoup de Français y reviennent en
janvier 1199 (7883) et surtout plus tard (8177);
les Pisans et les Génois s*y battent (8178), Richard
les pacifie (8995). Richard donne Acre à Henri de
Champagne après son élection comme roi (9007);
Henri y est reçu magnifiquement (9063).
Adam 6679 (s.), Adam.
AeoLAiiT 8691 (s.), Agoland 8/191 (s.), Agoland
Al 88 (r.), Agoland, roi sarrasin qui joue le prin-
cipal rôle dans la chanson de geste d^Atpremont,
Agoland, dans cette chanson, s^empare de Bise
(Reggio en Galabre), comme le rappellent les
vers 5 16 et 869 1-8693. Le traducteur latin ne
connaissait pas la chanson; aussi a-t-il traduit
tout de travers ie vers 5i6, faisant d* Agoland un
baron chrétien qui aurait été investi de Bise :
Ritœ quœ UU fxmoêo Agolando dicitur Jui$ê$ olim
pro eervitio êuo collata (p. tbh). Les vers 8691-
8/193, étant plus explicites, ont été mieux com-
pris par lui , et il les a paraphrasés dans son style
oratoire, sans remarquer la contradiction avec le
passage précédent (p. 339). Les allusions d'Am-
broise prouvent que la chanson d^Aêpremont était
très répandue à la fin du xii* siècle. Voir, sur ce
poème, Nyrop, Storia deW epopeafrancèie, à la bi-
bliographie, et P. Meyer, Romania, XIX, 901 ss.
Alair de l'Eitabk 7i3i (s.), chevalier, tué avec son
frère Lucas, le 99 septembre 1191, dans un com-
bat près de Jafle.
Alimaigiib : Alemaine i36&, 9997, 9973, 3938,
19396 (les rimes prouvent qu*ii faut Alemaigne),
Allemagne. Le bon empereur d'Allemagne (Fré-
déric I"), qui venait en Syrie par terre, se noie
en passant un fleuve, à la grande joie des Sarrasins
et au grand deuil des chrétiens ( i366 et 3937 ss.).
Voir AlfDBGRATB.
Alemah 9998 (sg. r.), AUman 9783, 3997 (pL s.).
Allemand. La rime avec an (9783) prouve que
le dont ne s'était pas encore, par fausse analogie,
introduit à la fin de ce mot. Sur les Allemands dont
il s'agit au vers 9733, voir Du Gange, Famillee
d'ouire-mer, p. 896. Ils construisent devant Acre le
premier moulin è vent qu'on eût vu en Syrie (3997).
Aliéner, Voir Englitiii.
Alixanorb 6179 (r.), AUxandree 985& (s., rime
avec Flandree), Alexandre de Macédoine, pris,
d'après les poèmes français , comme type de héros
incomparable. Les vers 385/1-9855, qui parlent
du grand eeclandre que causa la mort d'Alexandre,
se rapportent à la quatrième branche de la com-
pilation qui nous est parvenue. Voir P. Meyer,
Alexandre h Grand, t. il, p. 993 ss.
AuiARDBi 3911, Alexandrie.
46.
530
L^HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
AuiASBtt Jfsîii aâ85 (t. , avec r« âdé , donc sans f) ,
ckefalMr mfntwmnë dans le combat âa 93 juin
119s. Le latin a Jmr on AtïïL Ce peraonoage ae
retromre dans Gmittammê U Mmréehml (y. 6719), où
i cat appelé i'Ank, Cétait on Xomand.
Anicn siso (r.), Amaori d*Anjou, roi de Jérusalem
dn 18 ferner 1169 an 11 jniflet ifjS.
Anaaoïsc 6990 (r.), AatbroiêeÊ 798, 9&01, 656o,
^898 (f., ff empécbe Vé^Um au vers 798), Am-
hrmm 171, 8996, 378^, 6019 (s., Pâision de Ve
am vers 373& et 6019 prouve Tomisâon de Tf),
Ambroiie, auteur du poème. Voir Tlntroduction.
Aat. Voir Eaat.
Aaisfs ^539, 545 1, 5669, Amiens, en Picardie.
Voir Dioov.
AacLAïf t. Voir M ulaivi.
Asçoss 1007Â (s.), Ançon, compagnon d*arme8
duîenne de Longcfaamp {Ameimuê ou Ameon»
dans le latin, p. 376).
AsMatATS ( U) iPAUmamt, le landgrave (de Tliuringe ,
Louis). Il arrive en 1189 derant Acre (9997),
prend part au combat du h octobre (a973) et à
Tassant de TAsceosion 1190 (3Âo5). Louis quitta
bientôt le siège pour retourner cbex lui, i la suite
de différends avec les Français, et mourut en route
le t6 octobre 1 190. Sur la forme andegrave, voir
au Gloisaire; cf. encore HUior, oce, dn Croûadei,
H, 56o.
AftiiEO de Brame, Andreu 9993, 3oi3 (r.), André,
frère du comte Erard de Brienne, tué devant Acre
le h octobre 1 1 89. Ambroise lait de sa prouesse
un éloge que le traducteur latin amplifie encore
(p. 71). André était seigneur de Ramenipt (D*Ar-
bois de Jubain ville , HUt. des eomU$ de Champagne,
IV, 99, 53, 568).
Aumsi; dt Chawmgm : Andriu 6997 (rime avec Uu)^
9319, Andrtu 7579 (r.), Andriu 7975, Andrmu
7555, 7573, 10991, 11&93 (rime avec M(mc#),
1 1877, 1 1990 (s.), André de Ghauvigni, Tun des
plus fidèles et des plus vaillants compagnons de
Richard (appelé num uignor ^997, mU tire 7573),
monte k Tassaut d*Acre le 1 1 juillet 1191 (&997)f
vient à la rescousse des Templiers le 6 novembre
1191 (7975), joute brillamment en décembre
1191 contre un émir cpi^il tue (7573), prend
port â la prise du Daron le 99 mars 1 199 (937^j),
va le 99 juillet 1199 secourir Jaffe avec Ilichard
( 1 090 1 ) , prend part avec neuf autres au combat
livré par Richard le 5 août 1199 (11693), est
Tnn des trois cfae6 qui, en sfpliiht» 1199,
duisent à Jémsdem le pranûer caa? « de pèlerins
(11877). — André de Ch»gfigni,demMipi«sl»d
seigneur de Cliiteanroux, joua no grand rflle dans
rbistoire de son temps; il est souvent mentÎMaié
dans les chartes et les chroniques et notamment
dans GwUawme le ÈiarédutL Sous le simple nom
de Ckauvigntf, il est devenu Tun des principaux
héros du grand poème du xiv* siècle wur les Crû-
sades (voir llntroduction ; sur les aventures qui
lui sont prêtées, voir Journal dee Saaamt», 1893,
p. 636, 693, 696, 698). Ce poème en U on
vassal dn roi de France, au liée qn^ était dès
Torigine vassal de Richard , comte de Foitîeff, pois
roi d* Angleterre.
AvGBVia : Angenm 766, 6169, 665 1, 9686, loSoo
(pi. s.), Angevim 8338 (r.). Les Angevins aoot
mentionnés comme sujets de Ridiard; ils mardient
avec les Bretons, les Manceaux et les Poitevins. Sur
angevin, denier, voir le Glossaire.
AiiGLiTnt. Voir Eiiglitbbi.
Ahgov. VoirAajoo.
Arjo. Voir Arjou.
Aiuoo : Angou 995 (rime avec PitiUm)^ Ajhjo 8667,
Anjou.
AiTNi (Seinte) 95i6, sainte Anne, mère de la Vierge.
Voir IsiLiR de l'OtpitaL
AanocHi 9669 (rime avec cloeKe)^ 1673, 1680,
8696, 10667. Le prince d^Antioche mentionné aux
vers 9669 et suiv. est Boémond III (ii63-iaoi).
Au vers 8696 il est fait allusion au siège d^Antioche
lors de la première croisade; aux vers 10667 "^
Ambroise renvoie dairement au poème français sur
ce siège fameux, trdont Ton raconte encore Tins-
toire».
Ababi. Voir au Glossaire.
AicADi 11 566 (rime avec rade). On ne sait ce que
le poète entend ici par Arcade (le latin, p. 659,
traduit par Arehadia). CVst probablement un nom
vague désignant un pays lointain, comme dans ce vers
à^Aleichanê (8o36) : Néêfu d'Arcage d'mn eetnmge
régné, G^est certainemen .e même mot que pré-
sente un vers de Gerart ae Blaie : Et pute Ufiet
donner un bon dettrier d*Arquage (M. Godefroy,
qui cite ce vers diaprés le ms., imprime dettrier
d^arquage et ajoute : trpcul-êlre cheval qui se courbe
bien»). On peut encore rappeler TEmenidus d' Ar-
cade des Fuerret de Gadret. Arcage grejoit, fnàwm^
grec», dans Gui de Bourgogne, doit se rattacher
53S
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
B«nnt 507, BirietU, port d'Italie.
BiMi. VoirSiMn.
BiMt>(£«)iS37, 5601 (Apoar J«), 6i83 (i) pour
ijw), 6691. Il y a des bimeiiii de ce DOdi dan*
Lutr-et-Cher, le Loiret, !■ Vienne, etc.i dmm aucun
Ds aenible pouvoir être regardé romne le berceu
de la célèbre ramîlle de« Btiree; H. Longnoo, ijui
■ulreroii avait nttacbé cette famille au fief des
BarrM, commune de Cbarnî, prèa Ueani (Lan
da auiaux Jet comttt dt Ckampagtir, p. 353),
e«t aujourd'hui porté à croire qu'elle lirait aon
nom d'un nlieu-ditu de l'ancien Paru. Voir Gihl-
BllroLOaliD : BatihclaM» 5^»6 (■'., mx. Berlkol-
wmi), i'apdlre saint Etwlélenii.
BuTOLoniill dt M«rUHitr; BarItlmtH ii&ig (r.,
I. fiarMfMKM en n'ajoutant pas £), Bartélemi de
Mortemer, un des dii compagnon» de Ricbaid daiis
le ctHnbal du 5 août i igi.
BiBDT 9166. &057, 8686, loiog, logSi, Bey-
roath, l'andenne Bérjtos, ville et port île Sjrie.
BuDOls : Baudoim i&is.s&iS (s.), limntU ■&!!,
Baudouin IV le Lépreni, roi de Jénuilan (1 173-
1186], fila d'Amauri.
Binooia thU (r). Baudouin V l'Enfant, fila de Sebiie
e(de Guillaume de Honllërrat H petit-fils d'Amauri ,
eouronnc nù de Jêrusilem le 30 novembre ii83,
du vivanl de son «ode Bandonin IV, et mort 1 huit
BïDDoiir b Carm ggSg, gggi, looS*. ioo&5 (r.),
Banioainu li Cn-oiu 6ka-],BaiÈdoùu gggfl.iooai,
loofiâ (a.), fiaHdna looSg, nn des ploa vaillanl*
compagDons de Bichard; il compromet la victoire
à Arsur, le 7 septembre itgi, pars* fbu^e indis-
cipliuée; il fait de grandes prouesses et court de
grandi dangers daiu le combat du 1 7 juin i igi.
Il est laentionné dau GaSUvKu U MaréekiU,
,m 45,..
BatiJoHin, Voir CAirroatiat.
BtDOiN io3A5 (sg. r.), Bmioàu io35s, ia35g,
10365, 10373 (sg. s.), Baiam sSso, SoS3
([d.s.), Bédouin, Arabe nomade.
BuaiMii iWdtroR .- Btdndi» DanUraiu 1198g (s.),
OD des émirs de SiUhadia, Bedreddin Duldur
(Slubbs).
BiLLian 11179 (''')i Bethléem.
BiL Hoirr 6857 (r-). un des chlteaui que fait
abattre Salabadin en iigt. On ne connaît pas de
cblteau de ce nom ea Sjrie, cl M. Stubb* np-
p. *8o) est une merise pour Belfacl m
mai* c'est peu profalhle. iHaDle, dtaa son AIIm.
identifie Belmoot avec le Modin dea Croïiéi, et le
place entra B«it-Noub« et Beit-OiLr. D'apcte G. B«y
\Calomm /rmaf»itn , p. 383), Ce senit SoiUm, *
10 kilomètres à l'ouest de Jérusalem. — Cl^.^.*
Bu. VtEta 6H&g (r.) , un des cblleaui que fait aballre
Salabadin en 1 igi. irllMt impaaaîUcde l'ideotifin-,
comme le bit H. Slobba, avec Kank^ al-Hawa,
ntué dans nneré^on beaucoup trop Soignée dacalitt
que meosfait Hicberd. Bthitir, comme 1m ^*«a
places fortes qui furent démantelées en iigi. était
dans l'ouest et non loin de Jérusalem; cf. d'ailleon
Paoli, p. &5, et DeUville U RouU, p. iiS : Bd-
ttet;afid(L»^iAmT)jiua*Jrrm«lmi. — CL-G.>
BnillT &i3i (r.): ta JimU tml Btmmil, la fête d«
la Tran^tion de saint Benoit (1 1 juillet).
BaïuDiiai ii&A, Bérengère de Navarre, fianoâa d«
Bicliard, auni belle et sage que possible (iiAi,
1738), simée de Bichard avant qu'il EU raî
(ii&o), lui est amenée par h mère è Bieggio;
Richard la fait venir 1 He«ioe (ii3g n.); elle
s'embarque » méoM temps que Bîcbard, qai la
r^oint en Chypre (i1"i^). rlli niani|iin iTrirn [aiwi
parKjrMC (liSi, li&i); Ricbard l'époose i [i-
loefoa (173a) le 1 s mai i igi; on loi eonfia la
fille de Kyraac pour qu'elle l'inMruiae (aoSg a*.),
die quitte Chypre avec Ricbard (*og9)i il la bit
venir 1 JaSè en septembre iigi (7073). Iprta la
mort de Richard , elle eut le Uan* comme dooura
et y mourut en ■9*9.
BiiGoisa. Voir Boaooicai.
Bnaïav : 0«ivi«rd loafig (s.), fmpm, Spion qui
sert d'espion aiil croisés.
Biiii 117 (r.). province de France, Ibunit de ooid.
BisTiLuiu. Voir BiatoLoasv,
Biarata ; Hertnuu dt Ytrdo» &71& (S.), Berinn de
Verdun , cheialier, arrive devant Acre en 1 1 90. Voir
sur ce personnage, qui fut iHostre en iod lenpa,
GuiUaumt k liarJchal, v. 8*i6-8a3i.
Bisasfoa 38a3 (r.), Besançon. L'anlietéque de B*-
san{on fait faire un bélier 1 grands frais pour ■!!«-
quer Acre en 1 igo. C'était Tierri de MoDHancon;
il mourut au aiége.
BiuTi 10567, ^ ^ \ieufa de Jafle. Le latin (Sg*)
a BtduKm. ■ C'est Beil-'ABî, s 10 Iteuei de Imibi
{ho kihmèlrea) et non à i (1 i d'Aacahm); cL lU-
TABLE DES NOMS PROPRES.
533
cumli'arekM. onmi., p. 385. Malgré cette erreur,
ndenlification fie parait pas douteuae. — Ci.-G.»
Brtiiiiiu.1 7699 (: nublê)^ 981 3 (: eimubU), Beit-
Nouba, entre Jaffe et Jérusalem; le latin Tappelle
BUêMblê (p. 3o3) et Bêtênopolii (p. 369), è tort,
car les rimes prouvent que le mot se prononçait
avec un u.
BiAuroBT a8o5, château appartenant au seigneur de
Sayette et situé dans la montagne au nord de Pa-
nées. Le latin donne (p. 63) Bêllum forte ou la
mauvaise variante Beaufordum. trC^est Karat-ech-
Qiaklf, au nord-ouest de Panéas. — CI.-G.t)
BuuvAiz : Biauveiz 3939 (rime avec deêfaiz), 6^65,
8783 ( rime avec heiz), Biaveiz A 1 39 , Biavez 1 889 ,
6181 (rime avec (m), Beauvais; les rimes attestent
la prononciation du z final. Lévéque de Beauvais ,
encore jeune, arrive à Acre en 1190 (9939) avec
son frère; il est envoyé en Chypre par Philippe
pour hâter Richard (1883); il marie Conrad de
Monlferrat à Isabel de Jérusalem malgré Topposilion
de Tarchevéque de Canterbury (i^ia9); il est placé
à c6té de son frère Robert de Dreux dans la marche
des croisés sur Arsuf, le 7 septembre 1191 (6181),
et prend part au combat de ce jour (6/iâ5); cVst
en sortant de ches lui , à Sur, que Conrad est as-
sassiné (8783). 11 s'agit ici de Philippe de Dreux,
évéque de Beauvais en 1 1 7 5 , mort en 1 3 1 7 et bien
connu dans l'histoire de son temps. Richard de la
Sainte-Trinité dit de lui (p. 67) •: Vir armi» potiui
didiluê quam armariis, qui gloriatur in milttia, et
Turpino par eue contenderet et Carolum invetûret.
Notons ici qu'il fit traduire le Bestiaire par Pierre,
qu'employèrent aussi d'autres personnages men-
tionnés dans notre poème (voir Romaniaf t. XXI,
p. 363).
BiLK 10798 : l'amiral de Bile est parmi les vassaux
de Salahadin qui l'accompagnent au siège de Jaiïc ,
en 1193. Le latin (p. &00) donne Bila, Un pays
de Bile est mentionné dans quelques chansons de
geste (est-ce le même que la terre de Birie dans la
Chanton de Roland?)^ mais on ne sait à quoi l'iden-
tifier. Vu l'exactitude habituelle d'Ambroise, il est
probable que Bile désigne chez lui un lieu réel.
Blanchb Gdakob {La) 6853, 9787, un des châteaux
que fait détruire Salahadin en 1191 (6863); les
croisés, marchant sur Jémsalem, y arrivent le
7 juin 1199. La Blanche Garde est aujourd'hui
Tell el-Safieh (cf. GuiU. de Tyr, XV, 36). Le laUn
donne Blanchewarda (p. 380) et Candida Outodia
(p. 366). Il est à remarquer que le latin rapporte
deux aventures de Richard k la Blanche Garde
(p. 999 et 36à) qui ne sont pas dans Ambroise;
la première manque aussi dans le plus ancien ma-
nuscrit de la version latine. Voir l'Introduction.
Bliis 35ii, Blois; voir Tibbaut.
Boémond d'Antiœhe, Voir Artiochb.
BoiLLOR : BuiUun 10673, Bouillon en Belgique; voir
GODBFRBI.
Bois (Le) 7533, iii33, nom de lieu impossible à
identifier. Voir Ebnact, Gibfbbi.
Bois Normant {Le) 1 A19. 11 y a de ce nom deux com-
munes dans l'Eure, Bois-Normand-la-Campagne
(canton d'Évreux) et Bois-Normand-près-Lire (can-
ton de Rugles), et dans l'Orne un village (c** et
c^mton de Laigle). Voir GuiLLAuirB.
BoMBRAG 7961, lieu où quatre cents Sarrasins, le
6 novembre 1191, attaquent les Croisés et sont dé-
faits par Richard. M. Stubbs suppose (p. 991 ) que
ce nom, qu'on ne rencontre pas ailleurs, pourrait
être identique à el-Nimereck , à 3 kilomètres au Nord-
Est de Yazour. «Lire Ibn Ibrdk, à l'est et non
loin de Jaffa. — Cl.-G.»
BoBGoiGNB : Borgoine &753, 5395, 5668, 7857;
Bergoine 5996, Burgoine 997, 993, 881, 565o,
690Â, 8161, 8193, 8993, 9703, 10991,10653,
Bourgogne; le mouillement de l'n est attesté par
la rime fréquente avec betoigne. Il vient de Bour-
gogne beaucoup de croisés (997). Voir Hdgoh.
BoRRiz 617!), sembleriedt être le nom d'un lieu en
Syrie, à en juger par le v. 6173 (le latin, qui a
conservé Borriz tel quel, ne traduit pas ce vers);
mais il faut sans doute lire de la guerre pour de la
terre (cf. v. 9696); car il doit s'agir ici du même
personnage que l'auteur de Guillaume le Maréchal
mentionne en ces termes (v. &53i): Sinfu Guil-
l[aumei] de Borri[z] , En chevalerie norri[z]. 11 s'agit
de Bouri (Oise), anciennement Borriz ou Buriz,
dont Richard prit le château en 1198 {Histor. de
France, XVII, Ind. géogr,),
BoTRON 9137, Batroûn, l'antique Botrys, ville et
port de Syrie, entre Triple et Giblet.
BouTBiLUBR (Le) de Senliz, Voir Sbrliz.
Brabbrçons 9606 (pi. s.), proprement Brabançons,
mais ici routiers, gens de guerre se louant à qui
voulait. Voir Du Cange, s. v. Brabantitmee.
Braihb 9999, 9971, 3oi3, Brienne (Aubo). Le
comte de Brienne mentionné aux deux premiers
passages est Érard U. Voir Andribu.
S3/k
[/HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
BiARDix 607, Brindisi. La rime avec Hz atteste un z
final , qui d'ailleurs n'est pas justifié.
BaiTAiGiiK 996, Bretaime 99, Âi85, Bretagne fran-
çaise (99, 995); Grande-Bretagne (ài85).
Bbroh 61 &9, 6459, 85o3 (pi. s.), Bretons (de
France).
Bbukil {Lé) : Saol du Bruel 7687 (rime avec od). Il
y a en France tant de localités de ce nom qu'il est
impossible d'identifier celle-ci. Voir Saol.
Bbogis 991 i« ville des Pays-Bas. Voir Robut.
Bbuh (L«) 719, 5ooo. Voir Hogov.
BoriviiiT SOIS, S019, l'un des trois châteaux forU
de l'Ile de Chypre. Voir Gmtêê des Ck^ftvU, I bik.
BniAHosT 10671 (r.), Boémond, Tun des héroe de
la première croisade.
BoiLLCii. Voir BoiLioii.
Bobgoirb. Voir Bobooigri.
Butbillbb. Voir Bovtulubb.
Gafabbaom : Qrfamaon 5883 (rime avec Aaoni). «C'est,
non le Caphamaûm de l'Évangile, mais le Capema-
Kum que B. de Tudèle signale entre CaîflTa et Cé-
sarée; cf. Rôbricht, Régula, p. la, 76. — CI.-G.t)
Caibu 7989, 8655, parait être Caïeux-en-Santerre
(Somme); le latin porte à tort Cagm, Cageu
ou Cagni (p. 999). Voir Gdilladmb.
Caîphas Aoo/i, Cayphai 3i5o, ^017, 5867, 5869,
Chaiphoi 1837, J1090, Chayphoi ^SUb , 11837,
Haîfa, ville et port de Syrie, au sud et presque en
face d'Acre. Voir Paibr.
Caîsac 9&01 (r.), 6871, 93/15 (s.), nom d'un des
principaux émirs de Salahadin. «Le nom correct est
Caisar (Alam ed-din Kaisar), que donne Raoul de
Dicet(L II, p. 89); cf. Asc. d'arck.orùnt,, p. 379,
note — Cl.-G.'»
Calabbb 8693, Kalahre i9o6, Calabrc, province d'I-
talie; la riche terre 8/193.
Calvarib. Voir Mokt Calvabib.
Cazidaibb 1933, 9017, Chandaire 9o3/i, l'un des trois
châteaux forts de Chypre , appelé la Candaire dans
les Gestee dee Chiproi» , auj. KasUara.
Cabdaliob 9309, Candalion 9773, ville de Syrie, sur
la mer, entre Sur et Acre, auj. Iskanderouna.
Le défilé ou pae de Candalion est franchi par le roi
Gui 9309 (lire pae de C, au lieu de paie 6\);
ff c'est la Seala Tyriorum ou Râs el-Abiadh. — Cl.-G. n
Le latin (p. 69, 910) a aussi Candelion ou dwdor
lion^ corrigé à tort par l'éditeur en Scandalion,
Cahbib as Estobrbls {La) 9&3i, 9/i33, 95i3, «rla
roseraie des étourneauxn , nom d'une localité située
entre Furbie et le château du Figuier. Le latin
donne Cannettim Stumelhrum (p. 358, 359), et
une fois, par erreur, Caeellum Stumellorum, «C'est
le Wâd el-Kassâba (Vallée des roseaux), branche
du Wâd el-Hesy, à l'est de Gaza. — Cl.-G. t)
Gabtbbbibb iiio3, CaeUurlnrê 6198* CMUmétnê
3969 , Canterbury, ville et archevêché d'Angleterre
(Kent). L'archevêque de Canterbury mentionné
deux fois, mais non nommé par Ambroise, s'ap-
pelait Baudouin; il était archevêque de G. depuis
le 16 décembre ii8â. Il donne l'absolution mox
croisés qui vont combattre le 1 9 novembre 1 1 90
(3969); il proteste contre le mariage de Coiur»d
de Montferrat avec Isabel de Jérusalem, en 1190
(Â198); mais Ambroise ne dit pas, comme le tra-
ducteur latin (p. 199), qu'il ait excommunié les
contractants et ceux qui avaient consenti au mariige.
Ambroise ne raconte pas non plus la mort de Tar-
chevéque, arrivée le 19 novembre 1190 {Itmer.,
p.i 9&). — L'autre archevêque de Canterbury men-
tionné dans notre poème ne fut réellement arche-
vêque, comme le remarque d'ailleurs Ambroise
(j9io3), que depuis la croisade : c'est Hubert
Gautier, évêque de Salisbury le 99 octobre 1189,
archevêque de C. le 3o mai 1 193. Voir Salbsbbbbs.
Capb JBiÎHB , commencement du carême ; en latin eaput
jejunii (p. i33). Voir au Glossaire.
Cabacois 5o8i, Garacoiê 5335 , Karakousch (Slubbs ),
l'un des principaux défenseurs d'Acre ; il est fait
prisonnier et tombe dans le lot du roi de France
(le latin, p. 33A, le dit expressément, tandis que
notre texte, où il y a sans doute une lacune, se
borne à y faire allusion); il est emmené à Sur
(5335), où il mourut probablement : cf. 5369. •
Cabor (Le). Voir Baudoin.
Casbl DBS Dbstbeiz (Le) 5889 (r.), et cf. 5931. Le
nom de ce caeal indique qu'il se trouvait dans un
défilé, ce que confirme le vers 5890 : Qui n'iert
pae largee, maie eeireiz; il est donc surprenant que
le poète dise plus loin (v. 5935), en parlant de ce
même caeal : Largee iert H leue e la place. Toute-
TABLE DES NOMS PROPRES.
535
foit, ce n*e8t pas une faute de notre manuBcrit, car
le latin dit de même : im^ ad Casam Anguttarum
: Un fuippê coanguitatur meatui (p. iSS),
et pfais loin : ad CateUum premominatum biduo mo-
rabaturexereitui; ampliu enim êrat loeui et iatU ae-
commoduM (p. aSA). 11 faut sans doute comprendre
qœ Te^ce entre les montagnes, très resserré au
easal même , s^ëlargissait aussitôt après. L*endroit
est situé entre Gaphamaûm et Merle (Mallaha);
diaprés M. Stubbs, c^est probablement Athlit, qui
est appelé Diêtrietum dans des textes latins. «Le
nom actuel est en réalité Khirbèt Dustrey, qui a con-
servé Tancienne dénomination. — G1.-6. y*
Gasil dis Plams (Le) 685/i, 7181, 7308, 7730,
7859, un des châteaux que fait abattre Salahadin
en 1191 (685A); Richard le reconstruit (7181);
c'est Yazour, entre Jaffeet Jérusalem (Stubbs).
Gasil Imbbbt 93ii, ComI Ymhert 8i65, 8s/io, châ-
teau situé sur la mer, entre Gandalion et Acre , en
latin Castnim ou Catêllum Imberti. trEl Hamsi, se-
lon Rey; Ez-Zib, suivant Rôbricht, qui s^appuie sur
une charte de ii3o. — Gl.-G.».
Gasbl Mbiih, Casel Maien 6856,7309, 798a , Chasel
AftfCm 10713, fe Mam 736, château situé près de
Yazour (voir vers 7199), abattu par Salahadin en
1191 et reconstruit par Richard la même année.
Gasil Ymbbrt. Voir Gasil Imbut.
Gatphas. Voir Gaîpoas.
GiLiRiN : ieint Celerinê 9535 (s.). Sur les saints de
ce nom, voir rintroduction.
Gesaibb 5981, 5993,6005, 83i3, 10985, 11009,
iioi5, ii330, ii33i, 11709, Gésarée, ville et
port de Syrie, entre Acre et Jafie.
Ghaalon 7191, ChaaUms 35 17 (rime avec /oiu), Gha-
lon-sur-Saône {Vm du vers 35 17 est due â une
confusion de Tauteur). Le comte de Ghalon, dont
Ambroise mentionne la force et la haute taille,
était Guillaume II. Il arrive à Acre en juin 1 1 90
(3517); il est chargé par Richard de garder JafTe
en novembre 1191 (7191); il reçoit la moitié du
butin fait le 37 mars 1199 (8389).
Ghaîphas. Voir Gaîphas.
Gham 8o33, 8037 (s.), Gham, fils de Noé, fondateur
prétendu d'Escalone et père de trente-deux fils.
Ghambiileng {Le) de Tancarvillê, Voir Tahgabtillb.
Ghampai61iiii&i5, ChampainêfQàZg^ 865i, 11 319,
Ghampagne, comté en France. Voir Himi.
Ghamcblibb (Le), 8537, ^54 3, évéque, laissé par Ri-
chard en Angleterre pour gouverner le royaume.
est contraint par Jean sans Terre de s'enfuir en
Normandie. H s'agit de Guillaume de Longchamp,
évéque d'Ely, chancelier d'Angleterre, qui mourut
â Poitiers en 1 1 97.
Gbandaibb. Voir Gaidaibi.
Ghardilor {La) 7967, la Ghandeleur, fêle de la Pu-
rification de la Vierge ( 3 février).
Ghapbli {La) 3639. Voir Guillavmi.
Ghablimaighi : Charkmainei 8A79 (s., rime avec
regneê), Gharlemagne, cité d'après les chansons
de geste.
Ghablor a 187 (r.), Gharles, c-â-d. Gharlemagne.
Ghastildun : Chattddon h*] 23 (rime avec Verdon) :
le vicomte de Ghâteaudun, qui n'est pas nommé
(c'était Raoul y, arrive â Acre en juin 1 190.
Ghastil Ebnaut : le Chastel Emald 6858, le Choêlêl
Email 9810, un des châteaux que Salahadin fait
abattre en 1191 (6858), situé non loin de Jéru-
salem , entre le Toron des Ghevaliers et Bettenuble
(cf. Emâd cd-din, éd. Landberg, p. 391).
Ghadvigni : Chavigni 9319, ii&93, Chavingnih^^'j^
Ckavignié 'jù'jb^ 7555 (rime avec Graié)^ 10991
(rime avec Sacié), 11877 (""*© ^^^ Cloigniê)^
Ghauvigni, an*, de Montmorillon (Vienne). Notre
manuscrit supprime toujours Vu de ce nom. Voir
A. Tranchant, Notice êommaire iur Chauvigny de
Poitou et $eê monumeatt. Voir Anoniiu.
Ghbbinis 1 967 (c'est ainsi qu'il faut lire pour Ebetinet;
voir la note p. 356), château fort, sur la mer en
Ghypre (Ghyma).
Ghivaliirs {Le Toron œ). Voir Tobo5.
Chypre, Gipbe. Voir Gypbi.
GiSTEBRB RooMDi {La) io333, la Giterae ronde, en-
drpit de halte des caravanes, â quelques heures
de marche de la Galatie. tr D'après les récits arabes,
le Bir (puits) KhoueUJé, à environ 38 kil. est-sud-est
de Gaxa; cf. Rec, d'areh, or,, p. 387. — Gl.-G.»
Glarbmbadt de Montchablon 9960 (r.), 100/10 (s.),
chevalier français, chargé avec Baudouin le Garon
de protéger une caravane, s'enfuit quand les Sarra-
sins l'attaquent.
Glbbg {Un bon) 5589, écrit de sa main la liste, vue
par Ambroise , de tous les personnages de marque
qui moururent au siège d'Acre.
Glbbmont 35i5, àhhb, Giermont en Beauvaisis. Le
comte de Giermont (Raoul) arrive â Acre en juillet
1191 (35i5); ilse montre courtois et libéral lors
de la grande pénurie des assiégeants (A A A 5). —
Il mourut devant Acre , avant la prise de la ville.
IHr&IMSRU NATIO»ALI.
r
»
>
i
4
336
CuMKST à^oD, 4910, 6968, 5o86 (r.),
Â888 (f.). Voir Aobui.
CiMQMi : Qoigmé 1 1 878 (rime avec Ckmwmgmd)^ Gloni
(Sa6ae-et-Loire), fiège d*uiie célèbre abbave.
CocATBH (lÀfiumê tu) 5990, fleove des ('.rocodilet,
nom donné à uoe rivière entre Merle et Gésaire,
le Nabr Zerka (Stubbs), parce que deux bommes y
furent mangés par des crocodiles. Il semblerait ré-
sulter du texte d\4mbroise que cet événement serait
arrivé pendant Texpédition même qu*il raconte;
mais le latin dit (p. 956) : eo (ptod eoeoàriUi dmoê
miiitm tUvannertuU olim Ai bttlmeamU» , et c*est ce
qui semble aussi résulter de ces expressions d*Am-
broise : umêjimwu qu'imeore e$t diz Om kjbtmê . . .
Ce ne peut être que par un accident fort rare qu^il
s*est trouvé, à Fépoque bistorique, des crocodiles
dans une rivière de Syrie. *Sepp {JeruioUm umd
doê htUigê Lamd, t. II , p. 676 s^) rapporte à ce sujet
des tradiliom diverMs de Tantiquité, du moyen âge
et des temps modernes. — Cl.-G.ii
OiaiT 9736 (r.), Conrad de Montferrat, père du
marquis Conrad qui défendit Sur contre Salaba-
din. O nom «4 une erreur : le père de Conrad , qui
fut pris i Tabarie (9736) et dont Ambroise fait
réloge par contraste avec son (115(9797-8), était
Guillaume III. Il est curieux que dans la rbronique
d^Emool (p. hS et isS) ce même Guillaume soit,
par une autre erreur, appelé Bonifare. Voir Mon-
riaaiT.
Coao» 1 i3o6 (pi. s.), Ccrdim 7950, 11 364 (pi. r.),
KurdcH.
CoaTiEBi . Voir Tor^iebl'.
CoR^KWiiLLE 9867, ComouaîUe, partie extrême de
TAnglelcrre au sud-ouest.
CosTiTiTisoBLE iïi33, Constautinople.
CiAc DE MojiT RiAi.(£4)7&9/i. Voir Mostiiâl.
LHISTOIRE DE LA GUERRE SAI.ME.
CaiTB is6o» file de Crète.
CTraii35i, 1901, 9o65, 9368, 6605,9191, 96^9,
Cfj^reê 6556, Ci]prt i389, 1706, 9o63, File de
Gbypre, conquise par Richard sur rempereur grec
Isaac Coinnène (Kyrsac), vendue d*aboni par lai
aux Templiers ( 91 90), puis donnée i G«i de Lb-
signan. — L'empereur de Cbypre, Isue Coauiène
(non nommé par Ambroise, mai^ que d*aalres
sources occidentales appellent Kfnme ■= K4fi0t
iamdM), est allié i Salabadm et ne lait que da mal
(1389). Il fait asnillir traitreusement des uuijéa
que la nier a jetés i la c6le (i6o3), et répond
grossièrement aux réclamations courtoises de Ri-
cbard (1 ^67 ); il essaye de s*opposer au débarque-
ment de celui-ci k Limcçon, mab est obligé de
s*enfuir une première fois (i555), puis une ne-
conde Ibis, en laissant son camp plein de rici
lÎTré au pillage (1695); il se réfugie à Nil
(i646), d*oii il demande une entrevue i Ricbard
(1766); la paix est presque conclue, mais Tempe-
reur par défiance s'enfuit sur son excellent dwvnl
Fauvel ( 1 833). Il rerienl attaquer Ricbard (1911),
mais s'enfuit de nouveau à Candaire (i933), 011 il
se venge par de grandes cruautés sur ses proprea
sujets (1969). Désespéré par l'abandon des siens
et par la prise de sa fille à Cberines (1980), il
se rend à Ricbard, en demandant i ne pas être
mis aux fers (9o33); Ricbard lui fait revoir si
fille, ce qui le remplit de joie (9o56); il le cbarge
d'entraves d'argent (so&S) et le remet k la garde
de Gui de Lusignan (9087). Plus tard, Isaac fiit
livré aux Templiers, qui l'enfermèrent â Margat,
où il ne tarda pas à mourir (Mas Latrie, HitL de
Chypre, 1. 1, p. 1 &). — La fille de Kyrsac est con-
fiée à la reine Rérengère pour recevoir Téducation
française.
D
♦
Dauas 39 13, 6338, 10909, Damas, ville de Syrie.
Diaiz io5i8 (r., rime avec %amiz), nom inconnu.
Le latin ne le traduit pas. Je trouve U tre$or Da~
mi* dans le roman de In BtUe Hélène (voir Mém, de
la Soc, néo-philologiqus de HeUingfon , t I, 1893,
p. A 3).
Dampisbbi 3199, Daropierre (Aube). Voir GniOR.
Danbmabchb 9865, Danemark.
Dabon (L0) 68/i5, 8097, 8105,8995, 9019, 9069,
9i56, 9161, 9171, 9176, 9177, 999^1, 9966,
9383, 9&90, 9669, 9666, 10779 (r.), li Dannu
9369 (s.), le Doron 81 il (s.), le Daron, le plus
méridional des châteaux forls de Palestine, auj.
Deir el-Relah. Salahadio l'excepte de la destruction
qu'il ordonne en 1191 (68&5); il seK de point
d'appui aux relations des Sarrasins d'Egypte et des
Sarrasins de Syrie (8097 ^Oî Richard songe à s'en
emparer (9015) et part pour l'attaquer (9069); il
i
S38
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
badÎD doooe ordre de démanteler en 1 191 (68Â1);
les croisés teaienl empêcher cette desiractioo
(7009 98.), mais les Français ne sont pas de cet avis
(7019 8S.); Salahadin ne consent à la paix qu*â la
condition qu*efle ne sera pas reconstruite (7 396 ss.);
en janner 119a, les Templiers conseillent encore
d^aller avant tout la rebâtir, et on s*y décide
(7768 ss.); les croisés y souffrent de la (aminé à
cause de la mauvaise condition du port (7897 ss.) ;
légende sur les anciens foodateun de la ville et de
ses dnquante-trois tours (80 a 3 ss.); on travaille
activement i sa reconstruction (8069 ss.); Richard
y tient cour plénière i Pâques de 1 199 (8699 ss.);
il la quitte avec son armée l<! 7 juin (97^8 ss. ) ; Sala-
hadin exige pour condure une trêve la destruction de
la ville, ce que Richard refuse (10761 ss.), mais
finit par accepter (1 1 773 ss.). — La forme EsekoUme
pour Eêcahne est sans doute purement graphique ; le
nom de Téchalotte , anc. e$chahignê, ne prouve rien
à rencontre, ce mot, qui existait déjà en latin avec
le même sens sous la forme atcaloma, étant entré
dans la langue beaucoup plus anciennement
Essais. Voir Emaos.
EspAiGHi : Eêpaitiê 538, 9938 (rime avec il2«maûi#) ,
8681 (rime avec eompame), Espagne.
EsriABT : Eipian 9306 (s.), écuyer, qui entre le
second dans le Daron. Le latin a Oipiardo dans
le texte (p. 355), mais il laut adopter la variante
Etpiardo, que donne le ms. G; le traducteur latin
a d^ailleurs fait i tort d*Espiart Técuyer de Seguin
Bairé.
EsTAiLi (L') 7199, nom de lien imni itiinMt.
Ala», Lccas.
EsTABc (L*) 6979, nom de lieu non wàeÊÊîêL Vair
GoiUADMI.
EsTiiTHi. Voir Esnx».
EsniRi : U euên» Ettitfna 35i3 (s.), lecartk
de Sancerre; vient i Acre en aaàt 11^, cC
presque aussitôt
EsniHi de Longehamp 93 1 3, 10075 (r.)«
10077, 10Â88 (s., rime avec ^aÎMSt),
de Longehamp, chevalier normand, met le premier
sa bannière dans le Danm (93i3); accomplit des
prouesses aux combats des 17 et 93 juin 1199
(10077 et 10&88). Etienne de Longehamp joua
encore un rôle imporlast après son retour; voir
Hutor. de Fr., t XXUI, p. 684, 693, et A. Le
Prévost, Mém.pour unir à VkiêL du dép. de VEwre,
t. II, p. 39&.
EsTiKNS de Tomelian : EeUenee 8705 (s.), Etienne de
Tumbam , chevalier de Richard, envoyé en message
auprès de Salahadin à Jérusalem. H fut plus tard
chargé d*e8corter i Rome les reines Bérengère et
Jeanne, avec la fille de Kyrsac, quand elles quittè-
rent la Terre-Sainte {HûUtr. de Fnms», t XVll,
p. 569).
EsTOBNBLs (La Caneie a$). Voir Gaiiiii.
EvaABT : Etrardz 5778 (s.), sei*gent de Tévéque de
Salisbury; a le poing coupé dans le combat du
95 août 1191.
EvRiDES 960 (rime avec Drmee)^ 1009, &7o5 (rime
avecfii«f), 7190, Evreux. Voir Johah.
F
Fa! (Le) 10997 (rime a\ec eitvot). Le Fai; beaucoup
de lieui habités en France portent ce nom (Fage-
tum); on peut surtout songera Sointe-Honorin^
du-Fai, cant. d*£vreci (Calvados). Voir Avcoins.
Farris, en Lambardie Aà95, Fano, ville et port
d'Italie, sur TAdrialique, A Terobouchure du Me-
tauro. L'évéqoe de Fano (Faneneie epieeopue dans
le latin, p. i35), homme <^ teinte vie, prêche avec
succès devant Acre en 1 1 90.
Fas (Le) 5i5, 1137, 1199, 993A, le Phare de Mes-
sine.
Favvil i8&â, i8A5, 1930, 7115, 7750, i la fois
nom propre et désignation par la couleur (elfavel
66o5) d'un cheval excdlent, conquis par Richard
sur Tempcreur de Chypre et dont il se servit pen-
dant toute 1a croisade. On retrouve le nom da
cheval Fauvel de Chypre dans le poème angjUds
(traduit du français pour celle partie) de Riekard
CcBur de Lion.
FiLiPPi 91 (r.), FiUppeê &âi, 6099 (s.), Philippe II,
roi de France, plus souvent désigné par son titre.
Il fait la guerre à Henri II d'Angleterre (91 as.);
il se réconcilie avec lui et se trouve à Tentrevue de
Gisors (il 1 ss.) ; après la mort de Henri, il s^entend
avec Richard pour la croisade, en 1190, i Dreux,
où il apprend la mort de sa première femme (959
ss.); il part de Saint-Denis et se rend à Véielai le
i** juin 1190 (985 SB.); il jure i Véielai d'a|-
TABLE DES NOMS PROPRES.
539
tendre Richard à Meflûoe, et de partager avec lui
tout ce quHI pourra conquérir (365 sa.); il se rend
i Lyon (&i3). — li s*eml>arque à Génea (AÂi),
arrire le premier i Messine , le 1 1 septembre 1190,
y débarque sans éclat et va se loger au palais (673
sa.); il est cbet Richard, eo conférence avec lui,
quand éclate le soulèvement de Messine (669 ss.);
il rentre chei lui et ne prend pas part à la lutte,
8*entendant avec les gens du pays (689 ss.); il in-
ierdît même Tentrée du port aux galères anglaises
(781 as.); il est très mécontent de voir les ban-
nières de Richard sur les tours de Messine, ot loi
en garde une rancune durable; il veut les faire
abattre, mais on convient qu*il8 y mettront tous deux
les leurs (897 ss.); il est soupçonné d'un accord
secret avec Tancré contre Richard (917 ss.); il est
en désaccord avec Richard (gSA ss.), mais ils se
réconcilient et partagent le butin (1069 ss.); il fait
des largesses i ses hommes (1076 ss.); il mange
ehei Richard au château de Mategrifon et en reçoit
de riches présents ( 1 087 ss. ). — Il s'embarque pour
Acre le 3omar8 1191 (iisA) et y arrive le ao avril
(^597); il s'y comporte bien en attendant Richard
(Â609), mais il veut faire roi de Jérusalem Conrad
de Monlferrat à la place de Gui de Lusignan (171 1,
5oâ5); il envoie dire à Richard en Chypre qu'il
l'attend pour attaquer Acre (1879 ss.). — il vient
à la rencontre de Richard quand celui-ci débarque,
le 8 juin (9335); il donne trois besants d'or par
mois à ses chevaliers (6575 ss.); il fait dire à
Richard de donner l'assaut; celui-ci, malade, le
prie d'attendre, mais il attaque seul (A690 ss.),
et, dépité de son insuccès, tombe malade (6689
86.); il guérit avant Richard (^7^9); avec sa pier-
rière Maie Voisine il abat un pan de mur de la Tour
Maudite (k'jbb ss.), et tire lui-même des coups
d'arbalète contre les assiégés (68 19); on lui brûle
ses engins (48i5 ss.). — Acre prise, on apprend
avec indignation qu'il se prépare à retourner en
France, donnant pour raison sa maladie, ce qui
n'est pas une excuse valable (5968 ss.); il charge
le duc de Boui^gogne de la conduite des Français
(6995 ss.); il emprunte deux galères à Richard
(5998) et lui jure qu'il n'envahira pas ses terres
sans l'avoir prévenu quarante jours à l'avance (53o5
ss.); il prend congé, au milieu des malédictions,
le 1*' août, et va à Sur avec Conrad, emmenant
ses prisonniers (53^9 sa.); il se lie avec Conrad
par des serments (83 10). — Richard est inquiet,
i bon droit, de ce qu'il peut faire contre lui en sou
absence (7616, 9167); on fait croire i Philippe
que Richard a envoyé des Hausasis en France
pour le tuer, ce qui causa plus tard la captivité du
roi d'Angleterre (8893, 19307); il intrigue avec
Jean sans Terre (9667 ss.); Richard, délivré, lui
fait la guerre avec succès (i9333 ss.).
FiuppK looZh (r.), Pelippes 9969, ioo3i (s.),
compagnon de Baudouin le Caron.
FsLippi 9710 (r.), crieur du roi Richard.
FiBiiBss 3 195, 6/137 (i^me avec aver$i, lire p.-é.
sftfteres), 6173 (rime avec manitm), auj. Saint-
Hilaire, c*" de Broglie (Eure) : Guauquelin de Fen-
rières était Normand, d'après Vltinerarium (p. 93).
— Le comte de Ferrières mentionné au vers 3i 95
est Guillaume, qui mourut au siège d'Acre en 1 1 90
( Hiitor. de France , XVII , 5 1 9 ).
Fiaai de Fimns 9968 (r.). Ferrie 9958 (s.), Ferie
9953 (s.), Ferri de Vienne, qualifié de fM$ nree
9953, seigneur champenois, remet à d'autres le
soin, qui lui avait été confié, de proléger une cara-
vane. Voir d'Arbois de Jubainviile, Hi$t. des cemteê
de Champagne, t. IV, p. 68, 568; Longnon, Livre
de$ vauaux de Champagne, p. 963.
FiiiB(JU):isFi#r6869, 9397, 9399, 9611, 9635,
le Figuier, nom d'un château fort; Salahadin le fait
démolir en 1191 (6869); les croisés le prennent
le 97 mai 1199 (9397 ss.). Le latin l'appelle Caê-
trum Ficuwn (p. 357, 358; au premier passage,
p. 180, il l'omet). C'est, d'après Stubl», un en-
droit entre Tell el-Hessy et Masjdeljaba; trmais c'est
impossible en ce qui concerne Medjdel YâbA, qui
est situé très loin au nord; voir Bec. d'areh. or.,
p. 3oi. — CI.-G.9 Le mot a nécessairement deux
syllabes; il faut corriger le vers 6869, où il n'en
a qu'une, en supprimant E au commencement.
FiupPB. Voir FiLiPPB.
Flâmbhc 85o5 (pi. s.). Flamands.
Flarobbs 995, 9853 (rime avec AUxandreê), 653 1
(rime avec eeclandree), 6697, 6767, Flandre 9995
(le ms. zflandres, mais Ye est élidé), Flandres;
on voit que les formes avec et sans $ étaient usi-
tées, mais la première était plus ordinaire. Le
comte de Flandres mentionné plusieurs fois est
Philippe d'Alsace : il se met en route (995); il
meurt à Acre le 1*' juin 1191 (653i), au grand
regret de tous les croisés (6697, 6767). Le séné-
chal de Flandres est mentionné au vers 9995.
FoMAeocB 1860, 1869, 9119, Famagouste, ville de
5i2
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
(?. 3o99 ss.) ane {>arole héroïque. Sur l^histoire
romanesque de ce persoonage, Yoir Ernoul, p. 1 1 &
(où il (aut lire dtecalwr, 1. 5, au lieu de clerc :
Yoir Journal deê Savant», 1898, p. 967, note 3).
11 avait été fait prisonnier à Hittin, puis délivré.
M. Stubbs a imprimé à tort de Bidefordia {Itm,,
p. 70) pour de Riddefordia, que donnent deux ma-
nuscrits. Voir Rôhricht, Bericktigungen und Ztudize
zu Du Cange'ë Lignage» d'outremer, p. 17*
GisLEBKRT de WaecoU : Gilebert 1166 (s.), Gilbert de
Yascœuil, chevalier normand, quitte Messine en
avril 1191 pour retourner en Angleterre. Ambroise
rappelle à ce propos que c*est lui qui plus tard
laissa prendre Gisors par Philippe; ce fait eut lieu
en avril 1193. Le traducteur latin, plus sévère,
accuse Gilbert de trahison (p. 176), et ce fut Topi-
nion générale des Anglais (voir Roger de Hoveden ,
éd. Slubbs, 111 , 306, et Hûtar. de Fr. , XXUI , 696).
GiSLBBiaT Maletmain» : GUeben io483, prend part
au combat du 99 juin 1 199. Voir sur ce person-
nage Hietor, de Fr., L XXIU, p. 71&, 715.
GiSLBBiBT Talebot : Gileben TaUboz Û719 (s.), un des
plus preux parmi les croisés, arrive en juin 1191.
Le latin Tappelle par erreur Girardu» de Taleboz
(p. 917).
GisoRz ii3, 1167, Gisors (Eure). L*entrevue do
Philippe H et de Henri II en 1188 a lieu entre
Gisors et Trie (11 3); Gisors fîit plus tard livre
i Philippe par Gilbert de Vascœuil (1167; voir
Gislebeit). Gisors, revendiqué par Philippe, avait
été abandonné par lui k Richard dans le traité
condu À Messine, et Gilbert de Vasc<Buil en avait
été fait gouverneur.
GoDiTBBi de Boillon to6']3 (r.), Godefroi de Bouillon,
le principal héros de la premièro croisade.
GoLAATHA 19060, le Golgotha.
GoBNAi 6169, probablement Goumai-en-Brai (Seme-
Inférieure). Voir Hnoii.
GnjLià 7556 (rime avec Chavignié), Graye, cant.- de
Ryes (Calvados). Voir Hbubi.
Graîb 376 1, Turc qui se fait tuer par le Gallois Mar-
cadiic au siège d^Acre.
Gbbge 7898 : la mer de Grèce, la partie de la Médi-
terranée comprise entre la Grèce et la Syrie.
Grbcbis. Voir Gbezeis.
Gbbgoibb : U uitime» Gregorie» hb(B.), Grégoire VIII,
pape du 91 octobre au 17 décembre 1187.
Gbbszbscbb. Voir Grbzbis.
Grbxbis 3917, 3âo9, 3i^99, 3691, 3699, 3858,
3867, greeeU 33i8, 6786, toi^ours avec fin,
grégeois; la gre»ze»che gent engreeee 1618, la mé-
chante race grecque.
Gbibus : Griu i559, i58i, 1898 (pL s.), Greu 1766
(pi. s.), Griu» i595, i56o, i5&6, 1760, 9068
(pLr.), (rrj^on 601, 606, 9/10, \h\h, i5&9, 1678,
1709 (pL s.), Grifon» 760, 1691, 189& (pi. r.).
Grecs; les deux mots Grieu» et Grtfon» sont employés
indifféremment Tun pour Tautre (voir notamment
1760 et 1769), et 1er second ne parait être qu*an
diminutif méprisant du premier; c^est par erreor
que M. Godefroy explique Griffon, Gr^bn par «rnom
donné aux Grecs byzantins, et par extension aux
peuples d'Orient en générale; il ne désigne jamais
que les Grecs par opposition aux Latins. Les Grecs,
habitants de Messine avec les Longebards, sont de
mauvaises gens (5i8); ils insultent les craiaés
(5&9); ib murmurent contre Richard parce qn*i]
arrive en trop grande pompe (601); cependant îb
se tiennent en paix (606), mais ils se joignent
aux Longebards dans le soulèvement de Messine
(7/10 ) ; pour les tenir en sujétion, Richard construit
un château qu'il appelle, i leur grand dépit. Mate-
grtfon (9&0). — Les Grecs de Chypre attaquent des
croisés qui ont fait naufrage (iài&); ib sont chassés
de Limeçon ( i &85 ss.), battus le lendemain (1679
ss.), et finalement expulsés de Chypre (9068). —
Ib sont appelés gent engre»»e 1698, de maie nature
1896.
Gbifouaillb 669, 9693, terme de mépris pour dési-
gner un ramas de Grecs. C'est à tort que M. Go-
defroy, en citant le premier de nos deux passages
et un autre de Florence de Rome, traduit ce mot
simplement par « canaille ».
Gdadbbs. Voir Gasdbis.
GUALAIS. Voir GUALBIS.
GuALATiE. Voir Galatib.
Gdalbis S^hU (r.), Gualei» S^hti, 37/16, 3769,
3763, 3766 (s.), Gualai» 3739 (s.), GaleieZ-j^q
(s.), Gallois, habitant du pays de Galles.
GuALBs 3767 , Galles, région occidentale de la Grande-
Bretagne.
GUAQDBLIN. Voir GnAUQDBLIll.
GnABDB. Voir Blahchb Guardb.
GuABiN u fiti Gerod 7507 (r.), Guarin 7611 (r.),
Guarin» le filz Gerod /i73i, 7609 (s.), Garin Fia
Gerout, chevalier anglais, rejoint les croisés à Acre
en juin 1191 (6731), est renversé et frappé dans
un combat en décembre 1 191 ; le latin a Garmue
TABLE DES NOMS PROPRES.
5&1
Brelon, MtDceau, Bourguignon, Flamand ou An-
glais (85oa sa.).
Frédéric, Voir Alimaiqhi.
FsaBii 9889, 9395, Herbia, entra Escalone et Gaza.
GALiTii (La) to3o7, io33o, la Chtalatiê 68/17, un
des diAteaux que Salahadin fait détruira en 1191
(6847), Karatieh, près d'Esealone.
Galiis. Voir Goâliis.
Gaulu {La mtr de) s5Â7, le lac de Tibériade, dont
Teau est douce et bonne i boira (cf. Emoul,
p. ik).
Gabacois. Voir Giaioois.
GàlLAllOI. Voir GUABLAROI.
GiscoiRi, Gascoisx, Gascos. Voir Guascoiri, etc.
Gasdus : Guadru 6843 (rime avec madru)^ Gazrei
9889, Tandenne Gaza, ville et port an sud de la
Palestine, dont le nom était devenu Gaxara, sans
doute par confusion avec Gazara ou Gadara de
Célésyrie (rou plutôt avec la Gazara de Palestine
(Gezer biblique, MontgUart des croisés), à une
soixantaine de kilomètres au nord-est de Gaza. —
G1.-G.;» une des villes fortes que Salabadin fait
démanteler en 1191 (6863).
Gautir. Voir Guactiib.
Gaibis. Voir Gasdrks.
GmivBis 34o6 (pi. s.), GenevoU 818s, 8aoo (pi. s.),
GmmfêU 643, 5o5*, 8179, 8a3i, 11&67 (lira en
outra GeMveU au lieu d^EngUië'va v. 3193), Gé-
nois, citoyens de Gènes. Les Génois sont experts en
navigation ( 64 6 ), et le roi de France traite avec eux
pour son passage ( 443 ), comme beaucoup d^autres
(5o5). — Les Génois construisent un chAteau de-
vant Acre avec Conrad de Montferrat (34o6); ils
sont attaqués dans leurs vaisseaux (33oo); ils sont
du parti de Conrad, à qui ib ont promis de livrer
Acre, et ils y bataillent contre les Pisans en 1 19a
(8178 ss.); Ricbard les réconcilie (8aoo); avec
les Pisans, ils aident à prendre le Daron (9398 ) ,
et vont avec eux et Richard au secours de Jaffe
(iioo4, 11 335); ils soutiennent de rudes atta-
ques des Turcs (1147 ss.).
GmvE iioo4, 11 835, Giênvê 33oo, 8985, 9898,
Gènes. Dans tous ces passages, Ve final est élidé;
il ne Test pas au v. 8169 , et on pourrait admettre
un hiatus; mais il a semblé préférable d'introduire
la forme Getweê, qui est très anciennnement attestée
et persiste daus le nom français moderne. On peut
en faire autant au vera 11 335, au lieu d'ajouter
gitU au texte du manuscrit.
Geojfroû Voir Guraii.
Georoi : sotni Jêorge 6878 (voc.), êainl Jorge 6433 ,
10879 (s.), saint Georges, patron spécial des che-
valiers.
Girlardi. Voir Guarlahdi.
GiRODT : Gerod 4781 (rime avec ot, c-è-d. out),
7507. Voir GuARUf.
GiBiLiT 9189, Jebeil, Tancienne Byblos, ville et port
de Syrie, entre Tripoli et Beyrouth.
Giiran de Bretaigne 99, Geoffroi, fils de Henri II
d'Angleterre et frère de Richard, duc de Bretagne,
mort en 1 1 86.
GiiFRRi del Boû : GUfroi iii33 (s.), chevalier, l'un
des premiers qui se jettent à la mer pour secourir
Jaffe en 1 199. Voir Erraut.
GiKPRii de Lvtignan : Gigfré 9694 (r.), hfrei 9885
{T.)tJeffrei 6g']'] (r.), (ytig^mi 4079 (s., rime avec
frmê), Jefreù 4657 (••» "™® avec^û), Gê/rei
9701, 7788 (s.), Giefrêi 8049 (s.), Jeffrn 5o69
(s.), Geoffroi de Lusignan, frère aine du roi Gui :
c'est le plus preux chevalier du royaume et le plus
expert en guerre (9694); il n'y a pas eu son pareil
depuis Roland et Olivier ( 4665). Il vient retrouver
son frère à Triple en 1188 (9701); il accomplit de
nombreux exploits au siège d'Acre (9835, 8049,
4079, 4667); on lui attribue, dans le partage du
royaume, Jaffe et Escalone (5o69); il est envoyé
par Richard pour s'assurer si on détruit Escalone
(6977); il accompagne Richard dans le combat
du 8 janvier 1199 (7788).
GiLIBIRT. Voir GiSLSRBRT.
GiLLAMi. Voir Guillaume.
GiRART de Fomivaî, 1 1 495 , 1 1905 (s.), chevalier fran-
çais, se distingue dans le combat du 5 août 1 199
(ii495); est l'un des messagers envoyés à Sala-
hadin en septembre 1199, et dont la négligence
manque d'amener de grands malheurs (1 1899 ss.).
Le latin l'appelle une fois (p. 4i5) de Fumivalf
et l'autre (p. 43i) its FomivaUiê,
Girard de Ridêford, nom du maître du Temple tu^
devant Acre le 4 octobre 1 189 et dont on rapporte
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TABLE DES NOMS PROPRES.
5A5
an aisaut donné par Richard et les aiena à i*hôlel
du roi de Franco. L'auteur de Guillaume k Ma-
réckiU (vers àhgg as. et ailleura) prodame que
Guilkume des Barres iormonia toz Uê hoêM de
France, Il fut plus tard comte de Rocheforl et
mourut en isd3.
GuiLunm dee Rocket : Guilkanee 1 1908 (s., rime avec
hiaMmee)^ est un des messagers envoyés à Salahadin
en septembre 1199 et dont ia négligence faillit
amener de grands malheurs. Guillaume des Roches,
plus lard sénéchal d'Anjou , après avoir servi Richard
et Jean contre Philippe, passsa en 1 307 au service
du roi de France et combattit le roi Jean. Voir
Beautemps-Beaupré, Recherchée tur ke anâenneê
jundictione de l'Anjou, t I, p. a86 et suiv. (Pau-
teur de cette savante Notice iur Guillaume dee
Rochee ne mentionne d'aiUeurs pas sa présence
k la croisade); Dubois, SUA, de VEc. dee chartee,
XXX, 1377; XXXII, 88; XXXllI, 5o9.
Guillaume de Tancarville. Voir Tarcarvillb.
Guillaume de Tyr. Voir Soa.
GoiLiADHK Longe Eepee : Guillamee a/i3o (s.), Guil-
laume de Monlferrat, frère de Conrad, fait seigneur
de JafTe et d'Escalone^ en 1176 par Baudouin IV
( Chron. d*Emoul, p. /18 ), épouse Sébile de Jéru-
salem et meurt peu après (96A9 ^O*
GuiOR de Dampierre: Guiz 3199 (s.). Gui de Dam-
pierre, chevalier français, seigneur de maints châ-
teaux, arrive à Acre en 1 189. Raoul de Dicet Tac-
cuse d'avoir reçu, ainsi que Tévéque de Beau vais
et d'autres, de riches présents de Salahadin pour
traîner le siège en longueur (Uittor, de France,
XVII, 637). Il joua plus tard un rôle important
au service de Philippe II.
GciON de Luiignan 1978, 9088, 9/ii5, 9/180, 9609,
9601, 9671, 9703, 9776, 390/i, 5oâ3, 7068,
8i8i, 8699 (r.), Guioi 9667 (r.), Guie 1707,
1868, 1983, 1998, 90o3, %àkb, 9/155, 9/Î91,
353i, 9567, 9607, 9657, 9977, 3019, 3069,
3/io5 (rime avec marchie), 5o53, 5o6o, 6i5i
(rime avec pnguis), 6796, 8610, 9io5, 9196 (s.),
Guid 9/1 3 8 (s.). Gui deLusignan, frère de Geoffroi;
il épouse Sébile, fille du roi Amauri, veuve de Guil-
laume de Montferrat et mère de Baudouin V ( 94i 5
ss.); Baudouin V mort, il devient roi et se fait cou-
ronner avec sa femme; il mande ses barons â son
couronnement, et parmi eux le comte Raimond de
Triple, qui, furieux de ne pas être roi, ne parait
qu'après la troisième sommation et après avoir
conclu un pacte secret avec Salahadin (9 63 8 sa.); il
se résout à attaquer les Sarrasins, et Raimond se
joint à lui, mais la trahit, au moins d'après l'opi-
nion la plus répandue, et Gui est vaincu et pris à
la bataille de Hittin ou Tabarie, le U juillet 1 187
(9A89 ss.). — Salahadin lui donne la liberté en
échange de la ville d'Escalone, quoique Gui exhorte
les défenseurs de la ville à ne pas céder (9597 ss.);
il s'est engagé à aller outre mer, et se rend dans
l'ile de Tortose, mais Salahadin le dégage de sa
promesse , aimant mieux lui qu'un autre comme roi
(9607 ss.); il va à Triple, où Raimond l'accueille
fort bien, et il y retrouve sa femme (9699); il est
dans une grande pénurie (9657 sa.); le prince d'An-
tioche l'invite è aller chez lui et il s'y rend (9669
ss.), mais il retourne à Triple, où son frère GeoflTroi
le rejoint ( 9685 ss.); il va à Sur, dont le marquis
Conrad lui refuse l'entrée; il reste devant la ville,
où le rejoignent les chrétiens les plus loyaux , Alle-
mands, Pisans, et les frères de Tabarie (9707 ss.).
— Il se décide, n'ayant que hoo chevaliers et
7,000 honunes de pied, à assiéger Acre (97/19 ^*)«
il vient camper sur le Toron, où il s'établit pour
tout le siège avec les Pisans (9977); il combat très
vaillamment dans l'affaire du mois d'octobre 1189
et sauve Conrad près d'être tué (3019 sa )t il
prend part à l'assaut donné le jour de l'Ascension
1190 (3Ao5); il perd de maladie, en septembre
1190, sa fenune et ses deux filles (3897 ss.). —
Il se rend en Chypre auprès de Richard (qui était
son suzerain en Poitou) pour lui demander son
appui (1707 ss.); il est chargé par Richard de
marcher par terre sur Famagouste (i863 ss.);
il s'empare de Cherines et de la fille de l'empe-
reur grec (1969 ss.); il est cliargé de la garde de
l'empereur (9088). — Après la prise d'Acre, il
se fait un accord entre le marquis de Montferrat,
soutenu par Philippe, et Gui, appuyé par Ri-
chard : on décide (97 juillet 1 191) que Gui aura
le titre de roi et la moitié du royaume (5o6i
ss.). — Il prend part, à ia tête des Poitevins,
à la bataille d'Arsur le 7 septembre (6i5i); il
assiste le lendemain aux funérailles de Jacques
d^Avesnes (679 A); Richard l'envoie quelques jours
après, mais inutilement, à Acre, pour rappeler
les croisés qui y sont restés (7068 sa.). — Les
Pisans qui le soutiennent se battent â Acre contre
les Génois, partisans de Conrad (8181 ss.); les
barons de l'ost, considérant le dommage d*aToir
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L'BISTOIRE DE LA GUERRE SAl?iTL
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TABLE DES NOMS PROPRES.
547
roi d^Angieterre; on rappelle sa brillante famille
(93 S8.); il fait la guerre à Philippe II (87 as.); les
deox rois se réconcilient entre Gisors et Trie et se
croisent le ai janvier 1188 (111 as.}; mais la
guerre reprend et dure jusqu'à la mort de Henri ,
le 6 juiUet 1189 (^^^ ^0* ^^ ^^^ ^'^« ^8® ®^
riche (1869 s.).
Hiau io653, faute pour Hugvêt. Voir Huooii.
Heurt é^ Angleterre, Voir Rei (Le joefne).
Henri de Bar, Voir Bar.
HiRBi de Champaigne 6896, 9817, 9966, 10981,
11708, 11781, 11867 (^*)t H^f**^ 85io, 3888,
&&&1, 6191, 865i, 8776, 8998, 9155, 1057&,
11819, ii&i5 (s.), Henri 7868 (s.), Henri II,
comte de Champagne, fib de Henri l" et de Marie
de France, sœur è la fois de Philippe et de Ri-
chard ; il arrive à Acre en juillet 1 1 90 ( 85 1 0) ; il fait
construire un bélier (8838); il se montre très li-
béral lors de la famine (&6&1); il est un des pièges
des engagements pris par Philippe lorsqu'il retourne
en France (58a6). — Lors de la bataille d'Arsur,
le 7 septembre 1191, il garde le flanc de Tannée
en marche (6191 ss.); en janvier 1199, il s'en
retourne avec Richard et le suit très péniblement à
Ibelin (7868 ss.). — Il est un des envoyés qui vont
annoncer à Conrad son élection (865 1); au moment
de partir pour Sur, il apprend l'assassinat de Conrad
(8775 ss.); il arrive à Sur, et aussitôt on l'élit roi
en l'engageant à épouser la veuve de Conrad, et il
accepte sous réserve de l'approbation de Richard
(8998 ss.); celui-d est heureux de l'élection, mais
le dissuade d'épouser la marquise (8978); les
Français l'en pressent tant et elle est si belle qu'il
l'épouse néanmoins (900& ss.). — En juin 1 199 ,
il est envoyé à Acre pour faire revenir ceux qui y
restent (9817 ss., 9955 ss.), et les ramène bientôt
à Rames (10576 ss.); il arrive par mer à Jaffe
pour y retrouver Richard lors de la délivrance de
cette ville (11818 ss.); il combat à côté de Richard
(1 i6i5); il est envoyé à Césaire, mais sans succès,
pour en faire venir les Français (11708); il est
consulté par Richard au sojet de la trêve (1 1781);
son sauf-conduit ou celui de Richard est exigé
pour visiter Jérusalem (11867). — Henri de Cham-
pagne, devenu roi de Jérusalem , mais ne possédant
qu'une petite partie du royaume, mourut à Acre en
1197, étant par accident tombé d'une fenêtre de
son château.
Herbi de Graié : Henrie 7556 (s.), Henri de Graye,
chevalier normand, prend part à un combat à
Rames en décembre 1191.
Hnrai de MaiUoe 7585 (s.), chevalier normand , prend
part avec son frère Guillaume à un combat à Ra-
mes en décembre 1191.
Huiii le filz Nicole : Henrie 7591 (s.), Henri Fiz
Nicole, chevalier anglais, compagnon du comte de
Leicester, prend part à un combat à Rames en dé-
cembre 1191.
Hbiiri le Tieie : Henri le Tyoie 11688, chevalier de
Richard, porte sa bannière à Jaffe le 5 août 1 199.
Herade. Voir Patburchb.
HBRnBCORT. Voir HiRDniCORT.
Hbripord 8599, Hereford, rille d'Angleterre, chef-
lieu du comté de ce nom. Le prieur de Hereford
mentionné ici est sans doute Robert, plus lard
abbé de Munchelney (Stubbs, p. 838, note 6).
HéaoDB : Herodee 1986 (s.), Hérode, était ne a
Rhodes. Ambroise a-t-il inventé cette rirconstance
uniquement pour la rime? On ne la retrouve nulle
part, et le traducteur latin l'a omise.
Hbktdr. Voir Arthur.
HiLiiRB (Saint) 7811, saint Hilaire de Poitiers, fêté
le 1 6 janrier.
HoHBz 6718, leHommet-d'Artenai, comm. de Saint-
Jean-de-Daie, cant. de la Périne, arr. de Saint-Lô
(Manche); il faut rétablir de ou du Homez au lieu
de dee Omee au vers 10998 ; le latin a Humez dans
les deux cas (p. 917, 6o5).
HoifORBis : Hungreie 5636 (pi. r.). Hongrois.
Hororib: Hungrie 5633, 5689, Honfjrie. Le comte
de Hongrie mentionné là est sans doute le comte
Nicolas, dont l'arrivée à Acre en 1 189 est indiquée
dans i*/lMi«rarttfm Ricardi (p. 76); il est fait pri-
sonnier par les Turcs (5689).
HospiTiL 97, 6877, 8^67» 95» 4, 9899, 9908,
10955, 10966 (r.; partout VOepital, sauî del //.
et al H 10966); l'QisUale 5866, 6i55 (s.),
l'Hôpital de Saint Jeau a Jérusalem, perdu en
1187(97); la maison de l'Hôpital à Sur (8867);
l'ordre des frères de l'Hôpital. Voir Hospitaubr.
Ybelin de VOepitai; voir Irbuk.
Hospitaubr : Oepitaliere 6696 (sg. s.), Hœpitalier
6697, 7^9'* 10981 (pL s.), HoejntaUers 6757,
6386, 9981, i09i5, 10769 (pi. r.), OepitaUen
10900, 1 178^ (pi. r.), Hoq>itaiier, frère de THô-
pital. Les Hospitaliers, le 6 octobre 1 1 89, prennent
position devant Acre, avec les Templiers, sur le
rivage de la mer, et cliargent avec eux (9967,
?
516
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
roîs «t riiBf wware de Gai. dcnumlent à
Rkàiffd d'HikbIir sa «ml hm, et. coonltéi, il» dé-
sK^wai Ciar»!. w <pftf Rîckwd «ccple ( S^t ».):
«fnè» b awt éf Cfarvd . H«tin de CKanpa^B? «ft
eb Tvi. <i *t«i M troaie tml i £ul d«ikfhle: ■!>»
fc'hani ivii dmw RSe é^ ^^F'^ \9io<^ i». . —
C-ftait. J^Aprv» \adbrafe. oa baouw» «wnliette-
«^1* ; il avait ft» omHearei
û KÛt nnniir «fea^ni • 9 1 1 ^ m. •
1 €tiiiiaqiuitd*éiier;g;ie(t6i8);fl«
I de méaiteatuie* (9109) et toqflnt de la
et de Feane (t&iS a.\. — Gni de
«ena le preaùcr roi btia de Chypre,
GriKmAn. Voir Rotin.
Gcmcio ^188. ^^87 (r.K non de Witikînd
de
H
»
Hàll»lll d»f TWtmi r Mtmmfi n 1 1 1 4 . i 1 J t (>. • .
jii!^ IL . EâinJra 'in Torea. pffjer
d^bibei . ÛBue -ia rai Inaorî «w Mabcu»i - :
M hnés 'in 'Jiyrte.
RujuK Sfliiyw tAr ^j3 : la 1 «a» duate an l« awc
â» Taw sort bi râiw raraéi
prNTi? 'fi"! s'y 4 30» 'f • . «!C 'riolR port Vs btât
3. i**'! gwrte SoMnfHHH waun* dr Bttimmiz
ia Pid. wr- •fî^'-Œi Em : ii
4iK 3H>n TrièaÉNe 'Hw £iwiw».'in n fbrtaKiirt wor
m nnïiiiK -aim -iC im» k hhibir in :« ût. looeitt
flmiir : 1*3 -te BtHf*^ l'^'i" . ]'-9C 'in'in wui
ai«nunmap «oir Bimua : ai .""sb* ai «4n i i : 3
!b «na. 9urte -Wia -iv^iiKniminc &aQr. ^ i airaïc
«o> tnniK ^lu ail ■ 'i}^ Rutipmr -^t mn ftwnwr &#-
./«mu 'j!^ tHiu :ui» taoji k atin . L^ 'juxn ptirte :a
DnsnufTf iite- Hurît^nr* a. 1 ^ -la 7«aiaii«> fiar^
iuMjjim 9. i ' I : IL fixiobft. mi !■ Lirsimers rin»
4 «imitf i -Jirc la «anaoïe flur«»rt. 1 •roaaiiifR 1
ia aôi*' •»» iaia luma- 'nanoe linncxinii»* wu»
«Uh •'urrw -sTr-Hni». '.'a j^ia*»;. ai un' ««rie. pnur
Har*iKni?Jur* :e» àirvM» £far*iigii;tift fC ^jancnrsrt.
*.^ puumii foonçifc. 3iHir '« prsmiijr pauinji! . 4 dar-
àe*niurt lainf a 5«iauDi!. nai» 1h -nMvaJier iiioi :i
*9^ 'XX -ftaiL Mjoc ôtf Biisiarû -iC mia je Phiiippi.
ELufehuHik *<>iir cliusAMik
'^.kOniB» ^'Mr iiraaa.
i.iiisksrf» f'''*!^^ ^' ^-* ^»^ ''**K «• . ttiti 4(f.
r.. -!iD« HHjc JMM . iAirwflM !*^*jô if. r. . rioM
iMfc n-w . tfaaiaiii • i J^r;* pi. r. . tfarwn
^f^i^;» pi. r. : CT* OMt {ux pnîod. .-uaauii w
tes haKS. ane j
cvo^c^Beai lev sMcaanti aa
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MMK «« riief lai »JBW • «oir Mocm':
« ^ne bâte da eopîiie: I/4
KnuMaiM «al b fimne ocdbatL*^ de* lot»
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ri*eur. tiwafi b
-: vi.*nt 'T^%n raeiiana wai rot de Jeranicfli < 8^4^
Ww ; Ifiiht'aae 'JOib^ à ce peopw
*a bna 'iiiat Uf Ti«in et Minmc
«c -?ipita|ae oiamigni ib
•.>v «cave Ibrba'if «Tevoir oa^e b Vî
tiKT ÛKirai. ec •» BHEife en Fnare a PbSpfe
•tA m ■iÇÊT^KT, car Rkâard a âzt ea^'i^ «faitea
H«iaaHif ••n F!-uKe pour ^ okt : eaiimaie tfu tmt
iK» piiB âdiaœi*» CTHMetn^nc^ rS-S !».. t j-^u';* v
H^riTirqaT 'lôit la !xiri i'ii'mcer £ -fC «> ;^arder
War r^irt 'ài na.. il âoC hr* flaai^fflrt . Bante^
ibrt. dMt'-tiim >if* •anam. arr. -b P«flLyaim IVir»
•ii»^e ; 'If afin ima»* Bitmùif'frwtm p. M4 •
D'aprs •» aaa.iagi" . Bicbori nirait ieimv AaiftiK
riir*. . -H -ttiiHoii •!« B«?rtnn ip 3»r3 . in àespe ^*y
ivaxt 311» 'js nimiif -b iiiuic-«Tiile9 ja b T'HiiiMiae
Raunuaii V ; ^; liuit ai laca^ nicune aairv traça
«bn» .^biatiiins; i -bit « nopurvr ■ runaw it8^.
ju âicaant. aiiirs nimca ie PoiDiir». ÛL <m jueffg
aciUHTitftf an cvam* b r-jaiimw.
EiBcnia £csDr -i >jô . BtKtur. ib ii* P*«am . '>!bbre
par SI vaiilaiKtf . çmx lu 7<iDun b r-tw.
BbLic»! 1 1 y.i -imif i««!<tr amtv . Seiene . r'ifmim! «b
Mraebft; in puvns nvpvilH i»«« inniurs i*(*e Pvb.
pmutufr^ .*^iîbr<^ par :i! rvnao b r*"»». La :tirai«
awfc «. •»( cbie lu^mpiuio Benuil ée
SllllCl^^unï.
Eia<«ai <):t . • JiKi :*
•- i.*
-s. .
S^nn U.
&&8
L*HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
3983); ib ont une pierrière à eux (4767); ils
font l*arrière-garde à la bataille d'Araur (6i48 as.),
et demandent à Richard la permission de chai^ger,
qu'il leur refuse (ôagS ss.), mais ils sont serrés de
si près que leur maître, Gamier de Naplouse, va
solliciter Richard (6877 ***)« ®^ ^ charge a lieu,
mais échoue par Tindiscipline de deux chevaliers,
dont Tun est le maréchal de THôpital (64a6). —
Avec les Templiers et les Poulains, ils s'opposent en
janvier 1199 à la marche des croisés sur Jérusalem
(769s, 7769); ils secourent les Français surpris
le la juin 119Q (9899); Robert de Bruges, frère
de Tordre, ayant manqué à la discipline» est ré-
primandé par le maître (9907 ss.); Richard loue
rejq>érience des Hospilaliers pour leur façon de mener
la guerre en Palestine (loaoo); quatre d'entre eux
sont délégués pour décider avec d'autres, en juin
1199, ce qu'on doit faire (ioai5); Richard ré-
unit le conseil dans leur tente (i0955); avec les
Templiers et d'autres, ils sont chargés de détruire
le Daron (10769); Richard prend congé d'eux
(109/^6) et leur expose les motif)» de son départ
{ti'jZU). Voir Gamibb, Maiisghâl, Robibt.
Hubert Gautier, Voir Garterbirb , Salxsbkbbs.
Hdbs. Voir HuoB.
HoGB de la Mare, Voir Hugob.
HuGBLOT. Voir Hdgublot.
HcGOJi : Huguee li dux de Burgoine io653 (s.), le duc
Hugues de Bourgogne. Il faut certainement lire
Huguee au lieu de Hernie dans ce passage (le seul où
le duc de Bourgogne soit désigné par son nom);
mais il est singulier que le latin (p. 396) ait aussi
Henricue; dans les deux cas, la faute doit provenir
de ce que le manuscrit qui a été copié portait sim-
plement l'abréviation H, Le duc de Bourgogne part
avec le roi de France (993); il est un des messa-
gers envoyés par Philippe à Tancré (881); il a une
pierrière à lui devant Acre (6753); Philippe en
s*en allant le laisse comme son remplaçant dans le
commandement des Français (6396) et en fait un
des pièges de ses engagements avec Richard (5395).
— Envoyé par Richard à Sur pour décider Conrad
à rejoindre l'osl, il réussit seulement à ramener les
otages sarrasins (5A5o ss.); il dirige l'ost avec
Richard à la bataille d'Arsur le 7 septembre 1191
(6906 ss.); Richard essaye vainement de le déci-
der à marcher sur Escalone (7019 ss.); en janvier
1199, dépité de ne pas marcher sur Jérusalem , il
se retire avec beaucoup de Françab au Casai des
Plains (7857); il rejoint l'ost à Escalone, mais, en
février 1 199 , Richard ayant refusé de lui prêter de
l'argent pour solder ses hommes, il se retire à Acre
(8157 ss.); il y prend les armes contre les Pisans
et a son cheval tué sous lui (8190 ss.); apprenant
l'arrivée de Richard , il s'en va k Sur avec les
Français (8993); revenu auprès de Richard après
l'élection de Henri, il reçoit avec d'autres, le 3 juin
1 199 , la promesse de Richard de no pas quitter la
Terre-Sainte avant Pâques 1193 (9708); il accom-
pagne Richard le 90 juin dans l'attaque d'ime
caravane (10991); il se montre arrogant et fait
faire contre Richard une chanson très injurieuse, à
laquelle Richard répond sur le même ton (io653
SB.). — Hugues ni de Bourgogne, fils d'Eudes II,
duc en 1 1 69 , mourut à Sur fort peu de temps après
s'éli*e séparé de Richard ; Ambroise fait une allusion
peu charitable à celte mort au vers j 0978 (cf. /tt-
nerarium, p. ho h).
Hdgor le Brun 4999» Hugun 719 (r.), Hugues le
Brun, comte de la Marche, frère de Gui et Geoffroi
de Lusignan; son hôtel à Messine est attaqué par
les gens de la ville (719); il prend part à l'assaut
d'Acre le 11 juillet 1193 (^999)..
Huooii de la Mare: Huge 1608 (s.), Hugues de la
Mare, «clerc armé», conseille à Richard, à la ba-
taille de Limeçon, de ne pas trop s'exposer; le roi
le renvoie à Boa «écriture t).
HoGDBLOT : Hugelot 56/i5 (r.), Hugdoz 56&i (s.),
chevalier poitevin, maréchal de Richard, est em-
mené par les Turcs peu après la prise d'Acre, et
Richard essaye en vain de le délivrer. Le latin
(p. 9/1 6) l'appelle simplement //itigo.
Huguee Camdavene. Voir Samt-Pol.
HUBGRBIS. Voir HOBGRBIS.
HlIHGBlB. Voir HUBGBIX.
HooN de Cornai: Huée 6169 (s., rime aveceonsiisf),
Huon de Goumai, chevalier normand, figure à la
bataille d'Arsur le 7 septembre 1 191.
Hoon de Noefvile : Hue ii/i3i(s.), sergent normand,
«hardi et noble t?, combat avec Richard lors de la
délivrance de Jaffe.
HuoR Ribole : dan Hue 7^99 (s.), chevalier d'ailleurs
inconnu, est un de ceux que Richard, en octobre
1 191, laisse à la garde de Jaffe.
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il
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l/llIKTOinK I)K LA GlJERKB SAINTE.
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hiM'PiH iIp hImlU «rifii (r. ), ffiiir^rli»! rlii T^rii|il#,
hiri (nii iMMiliul i|n Naiiirnlli, !•« i" tuai 1 1H7; par
MmIiiIhiiIiii. |//iiniiifffiNm /fir. (p. 7) imhii aiiiirrnd
qu'il iMiiil ilit lu 'rtiiirniin* vi turiifiln ■■ riM>rl W-
iiMi|iii«. Viiii MiiliMilil, lUni'kî, und XuâHltt su l)u
('iiNf/i> ( lliM-lili, iMHll, III Z^"), p. 1^),
7ntNNi> ir in/z/w^f-f-*, ri>ino ijn puiiitlii. Voir l*iiii.t.R.
lMv«n*« l'/iiti, iMll.l, «5K^), 41^17, ilMiic), TindQ,
ItNnti, /iMMi, 7*1 1 II, 7rilii, 7771, 7777% 7^0 i»
Nhi||. H.lMri. NflN.1. 87011. ))/^Hf|. iiliti. 97 Hj.
)|Nfl\,f)Nfl(l, ini If), MU M, luitui, init'iA, lolMo,
lii«îiN, tulhfl, ii>h\ltlt l(*(^*\li lofittt»! loAAN,
io;i'i«, iiiNiO, loHA^, itKrib, itnt.l, lin()i),
t « I fi.'l . I « n « ; , 1 4«5A , I ««Ml , J^runtUn 1 1 K()A«
Ji^na^Um ;o(i,1, J^*^l^m 9A\)A (nm. /^iiim/mi),
JiM«i«<«li«tn ( inuoli^Va mm^iMt! mvoc Z'^ni (ili» m. Jmru
«lo I M«iDhiii) > «M ««Mii^Miii*^ ^ 4^ 'lii, St»\i)^; ollof*«l
|m%« |wii SAliiUntlu) oit I « S ; ^ « 4 ««.,•'« a \«) V Ka {
«i«|tl«MktUv I MM . )«« ti^M««^« «itn^ut k ni«i>*lhT «iir
Imv , »U «\Mt .-«|\|M^vhlM)l A iloux li««iio« «*l SAUhmiiii
\HM «io«. «^^ iïiShi\ 4IU i;iMihl nrvçfvl »lo Ti^M
\n iViix^vk^ 1^1 U riviinio ^111 i^^iMi^nt «l«n^ U >\\\^.
^W^'^A ik%\i\Mi )M1^^ A^v^ «I ,y) Ta^AiI «tl*i)lNV
^ *-»'0 *« \ ■.* * «*»^i. vmw^nIi «*inl, «» }«\xiinl «
^- .«< « ■ ^« . ,\^ ,«,\-N*«' iti* »i\-vï».î:v »* n*»A*K.-
*v^ V»'*«^«»**, ^»»*i M-v <,\»x ' \*>(vft4.^«r «5*A yp
l^l.4^^«•^ i«\i-.v *»• iH X ^ "H .*.^■*> • "S -xîi^ ."\^*'
mail avf*r. deii Irtlret de Richard ou du comte Hcori
(iiH55); récit de la viaile det pèlerins (11868-
11196). — On reproche à tort aux aoîe^a de n*af«r
ri«'n fait de bon parce qu*ib n^ont |Mt repris Jëni-
nalrm (1 1 9i3 la.); en tout cas, beaueoup ont ceo-
quii la JéruMlem célotte (1 9953 aa.). — Le rwi dt
Jtruâniêm, voir Gdioh. ~^ La rmm» de Jkruêmitm
3899, Sébile, fiW** d*Anianri, Mge, bonne et belle
(9496), époiMe en premièrea nocea GniHemne de
Montforrat ( a 4 9 9 ), eat mèra de Baudouin V (• 433 );
deveniii* vruve, elle épouse Gui de Luaignan {màZ'j)
vi devient riMne par la mort de son fila (eAfte);
non mari la r«*trouve à Triple, quand il eit aorti de
pri!ion,cn 1189 (969^^; elle meurt, ainai qoe aea
deiii lîllos, au siège d*Acrp en septembre 1190
^3897 ss.\. — Sa sœur Isabel , devenue reine
ollis n^i'Kl pa» appelée reine dans notre
\mhnMso étant op|M>!te à Conrad, qui Tépouse; elle
elaii dejÀ mari«v à Hainfroi du Toron (eAe7),
i*t nVii e}iou»e |tas rooin;* le marquis (&117 ae.);
ollore^Ml le!tdemière« recmiimandatioas de Conrad
nuMirjiiit . SS3S «ft.^; elle refusie. saiTani cee
ïXMunuiKLition*. d*ou%rir Sur aui barons fr
\ S91 ;^ «k ^; ci^ii\-ci i«n(*agcnt Henri de
à M\v(>ter }-• rp%aume et à épouser la
vS«)3i «.\ Richard dissuade son neveu
un.' l'emmi* qiie le man^uis avait . cMitre tonl
en^^^ee à ïot) mar . $9*.^ : maif. àan§ rînWtvaBe,
\â marqu^w fvric » H^^ri ler c^ de la TBe« «t
suxmU^: (e» Kn:vA> :ji !u: f«>nt tpanser» iTanlaRiA
i^a« ;jN^.«eiwo: i^^Viie ha:1 pwôe de beanié d de
jçHkv yt'^tf !«< ■ ImStI df Jcruvalf» apvls la
m.vi .Vf tierr*. «» : lO". *f mtr'éà^ w^ la
; j.Tv'A'x <«- .ir*::: fa* r-MT M li:^^"^!» îar« ^e la
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.i,N».\ S«» ♦"-r.t>...* .> ■ ■■.'•*»ç, :i^*io r. ',
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. ••uï»M:a\ * o 'V»*"^ ^
I ■•!
550
LHISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Jaqubliii de MailU tSoi (r.), marécbtl da Temple,
tué (au combat de Naiareth, le i** mai 1 187) par
Salahadin. Vltmerarium Rie. (p* 7) nous apprend
^*il était de la Touraine et raconte sa mort hé-
roïque. Voir Rôhricht, BniekL uttd Zuiâtxê zm Du
Congé (Berlin, 1886, in-&*), p. 19.
Jetmne ^Angleterre, reine de Fouille. Voir Poilli.
JiBosiLni i7o5« i863, 9S89, 9667, 3899, 5o&9,
6865, 7000, 7616, 7661, 7771» 7777i 7801,
8109, 8385, 8683, 8706, 9^89, 9591, 9719,
986&,9866,ioii9,ioi&A,ioi5o,ioi5&, 10180,
10908, io3i6, 10599, ^^^39* io635,io638,
10731, 1080&, 108&&, ii855, 19093, 19099,
19193, 19997, 1995&, 1 9956, /anuolfii 11896,
Jeruealam 7063, JereaUm gh^h (ms. leruealem)^
Jérusalem ; rime très souvent avec f§m (de m. Jer»-
eaUtm rime avec ^am)\ la eamie eité (7609). Gui
de Lusi^pian y est couronné (9& 65, 5o&9); elle est
prise par Salahadin en 11 87 (99as.,5o&9). — En
septembre 1 191, les croisés songent à marcher sur
Jérusalem, mais restent à Jafle (7000); en décem-
bre, ils s*en approchent à deux lieues et Salahadin
s*y retire (7605 ss.); les croisés se réjouissent de
marcher sur la ville sainte (7651), mais, le 1 3 jan-
vier 1199, on décide, au grand regret de Tost
(7761 ss.), de rebrousKT chemin, ne sachant pas
la détresse et la crainte qui régnaient dans la ville,
qu*on aurait prise alors si on Tavait attaquée
(7799 M-); le h avril, samedi saint, se produit à
Jérusalem le mirade du feu sacré (838i ss.);
Élieniie de Tomehan, envoyé en message à Sala-
hadin , trouve à Jérusalem ( 8706) des messagers de
Conrad, qui proposait à Salahadin de tenir en fief
de lui la moitié de Jérusalem (8681). — A la fin
de mai 1199, on décide de reprendre la marche
sur Jérusalem, à la joie générale (9&81 ss., 9719
ss.); on s*en rapproche, et Richard, en poursoivant
des Sarrasins, voit une fob Jérusalem da haut
d*une montagne (986Â); à Jérusalem, on a grand^
peur et Ton s*q>préte à évacuer la vifle, et cette foi«i
encore les croisés auraient pu la prendre ( 9865 ss.);
les Français insisteni auprès de Richard pour qu*on
Tattaque; mais, sur favis des gens les [dus expéri-
mentés, on prend encore une fois le parti de la re-
traite ( 1 o 1 &o ss. , 1 060 1 ss. ), au grand désespoir des
pèlerins (10696 as.). Salahadin rassemblée Jérusa-
lem le plus de soudoyers qu^il peut (1 073 1 ). — Par
la trêve conclue entre Richard et Salahadin, les
pèlerins ont ledroit de visiter Jérusalem (11788),
mais avec des lettres de Richard ou du comte Henri
(ii855); rédt de la visite des pèierins (11868-
1 919&). — On reproche à tort aux croisés de n*avoîr
rien fait de bon parce qu'ik n^ont pas repris Jéru-
salem (1 1 993 sa.); en tout cas, beaucoup ont con-
quis la Jérusalem céleste (1 aa53 ss.). — Le roi de
Jeruealem, voir Guioa. — La reim de JenuaUm
3899, Sebtfe, fille d'Amanri, sage, boone et bdle
(a&afi), épouse en premières noces Goillauine de
Montferrat ( 9 &9 9 ), est mère de Baudouin V (9 &33 );
devenue veuve , elle ^Muse Gui de Ljisignan (9^37 )
et devient reine par la mort de son fils (9&&9);
son mari la retrouve à Triple, quand il est sorti de
prison, en 1189 (969^); eHe meurt, ainsi que ses
deux filles, au siège 4* Acre en septembre 1190
(3897 ss.). — Sa sœur Isabel , devenue reine après
elle, n^est pas q>pelée reine dans notre poème,
Amhroise étant opposé à Conrad, qui Tépousa; die
était déjà mariée à Hainfit>i du Toron (9697),
et n^en épouse pas moins le marquis (&117 sa.);
die reçoit les dernières recommandations de Conrad
mourant (8858 ss.); elle refuse, suivant ces re-
commandations, d^ouvrir Sur aux barons français
(8915 ss.); ceux-d engagent Houi de Champs^gne
à accepter le royaume et à épouser la marquise
(8931 ss.); Ridiard dissuade son neveu d'épouser
une femme que le marquis avait, contre tout droit,
enlevée à son mari (8973); mab, dans Tintervdle,
la marquise porte à Henri les clefii de la viUe, et
ausnt^t les Français la lui font ^MNiser, d'autant
[dus faôlement qu*elle étdt pidne de beauté et de
grice (9096 ss.). Isabd de Jérusdem, après la
mort de Henri en 1 197, se maria, pour la qua-
trième fois (eHe n*avdt que vingt-dnq ans), à Aî-
meri 00 Amauri de Losignan.
JociLiii de Moniaire : JoeeHn» hkkZ (s.), chevalier
français, se distingue par sa libéralité lors de la
disette pendant le siège d^Acre.
JoiAR (Ssnil) 976, 98&, 3&&8, 10089, 10610 (r.),
saint Jean Baptiste; il 8*agit dans tous ces passages
de la fête de sa nativité, le 9& juin.
JoBAS 1690 (r.), Jean,drogmandeKyr9ac, pris dans
le combat de limeçon.
JoaAi 1 009 ( r.) , évéque d^vreux , qui supporta beau-
coup de dépenses et de fatigues, est envoyé par Ri-
chard en message k Tancré en 1 1 90. Jean, évéque
en 1180, mourut à JafiiB le 1*' juin 1199.
lomkHi de Preau» : MkOM 11Â73 (s.), Jeande Préaux,
lirère de Guillaume et de Pierre, se tient aux o6tés
TABLE DES NOMSPROWRBS:* '
551
de Richard et eiborte avec lui les croiiéa è mourir
vafllamiiient dans le combat àa 5 août 1 199*
JoBAK lefz Luetiê S789 (s.), Jean Pii Locas, che-
valier de Richard, Tient Tavertir, le 9 5 août 1191,
<pie les Turcs attaquent Toet en marche.
JoHAi êomz terrf soi, 179, Jean, dit «sinâ terrei» ,
quatrième fils de Henri il d^Aogleterre.- Il commet
toutes sortes d'usurpations et d'offenses envers Ri-
chard en son absence (8536 ss.), malgrlf^les efforts
de sa mère (9&H) et à Tinstigatîon du roi 'de
Franco (gàhS).
JovhàM iê Homez 67 13, dsi Ome$ 1099$ (lire ds
Homez; Jordan rime avec an), Jordan du Hemmet,
- chevalier normand, connétable de 5ées, arrive i
Acre en juin 1 191 (&7i3); accompagne Richard
dans son expédition à Jaffe en juillet 1 199 et meurt
cette même année ( 1 0993 ). il avait été à Messine en
1190 un des garants du traité entre Philippe et
Richard [Hiêtor, de Fr,, XVII, 607 B) ; il est qua-
lifié dans Tacte de eonitabularius noiter.
JoBDAR M Pin: Jordam 671 (s.), Jordan do Pin,
un des principaux de Messine, joue un rôle
odieux dans les querelles entre les Siciliens et les
cnnsës.
JosAPBAS' 10693, 19081, la vallée de Josaphat, près
d» Jérusalem.
Jouis '1 388 (ri), Judas Ischariote, pris comme type
datrailre.
JoQon. dsMlAms 10&76 (r.), Juquel de Mayenne, un
dea cOmpagnoaa de Richard, est renversé dans le
combat du 93 juin 1199 et dégagé par Roger de
Tèsni; le traducteur* latin Tappelle futdom ioenu
^JohêUnuê Cmtomannenêig (p. 389), mais les va-
riantes donnent Jukel et Joh$l, Sur ce personnage,
•' qin était vicomte de Samte-Susanne, et qui, après
avoir été un ami dévoué de Richard, devint un des
plus fidèles vassaux du roi de France, voir Hittor,
de Fr., XVII (table des noms propres). Notons ici
que le nom de Juquêl est très probablement d'ori-
gine bretonne et le même que JudieaA,
K
Kalabbe. Voir Gâlabbb.
I Kynae, Voir Gtpbb.
Lambbbt (Samt) de Liège loaSo, saint Lambert,
patron de la ville de liège.
Latin, latine 8388, 19173 (pi. r.), getU latine i55i.
Latin, par opposition k Grec et à Syrien.
Lasabon 8098 (rime avec Daron), Lazare, que Jésus
ressuscita. La forme Lazaran est le latin Lazarutn
prononcé à la française.
Lbicestbb &717, ^996, 64^7, 7987, 7813, 7^83,
7689, 9317, 10067, 10689, 10990, 11&17,
11699, Leicester, ville d'Angleterre, chef-lieu du
comté de ce nom. Voir Robbbt.
Lbizeigraii, Lencignan, Lemeignan, Voir Lubbighab.
Lborabo (Saint) 81A0, saint Léonard. Saint Léonard
passait pour délivrer les prisonniers qui lui étaient
dévots; c'est pour cela que, d'après notre poète.
Dieu avait mis le roi Richard en Veeehange eaint
Léonard en lui faisant délivrer des captifs chré-
tiens.
Lbo!is 4 1 3 , Leons tor le Rogne & 1 9 , Lyon. L't de cette
forme, qui ne parait pas généralement usitée en
ancien firançais, s'est maintenue dans l'anglais
Lyone.
Lbohs 966, 9&9, Lions-la-Forét (Eure; c'est par er-
reur que dans les manchettes on a traduit irlion-
8ur-Mer7)); Richard y tient sa cour le 9 5 décembre
1189.
LBozBifoiiAii. Voir LuiznoBAif.
LiBGB, Liège, ville des Pays-Ras. Voir Lambbbt.
LiiBçoif 1&85, 1708, 1787, 1797, *<>93« Limissoou
Liroassol, ville et port de Chypre, peut-être l'an-
cienne Amathonte; Richard l'attaque et la prend
(i&85 ss.); il y reçoit Guide Lu8ignan(i7o3 ss.);
il y épouse Rérengère de Navarre (1785 ss.); il s'y
embarque (9o83 ss.).
LiBZBGRAïc, Linxeignan, Lizegnan, Voir Luizbighaii.
LoisGCHAip. Voir Lorgchamp.
LoiBABDiB &/^95, Italie.
LOMOBBABD. Voir LOBGBBABT.
LoRDBBs 191, Londres, capitale de l'Angleterre.
LoHGCBAHP : Loingehamp 10A88, Longchamps dans
IMFIiniXniB ?(ATIOXALE.
TABLE DES NOMS PROPRES.
553
dre») , accomplit de grandes pnmettes dans le combat
do 1 7 jaîn 1 191 et a la jambe tranchée.
UinKL : MamȐi 7&&, 6&5t, 85o&, 9&8& (pi. a.),
MmMeU 8338 (pi. r.), Manceao, hahiUnt du
Maine. Les Manceaox, toujours nommés arec les
Angevins, les Poitevins et les Normands, prennent
part aux combats de Messine (7&4), à la bataille
d*Arsar (6659); font partie de TescoKe qui accom-
pagne les Français quittant Escalone le 3 1 mars 1199
(8338), et décident, avec les autres croisés (mai
1199), de marcher sur Jérusalem (968a).
Maicadoc 3739, Gallois, tue an siège d^Acre un Turc
qui Tavait provoqué.
Mabgbi : mtfûil ]nr$u ehaëteUun de Marche s de Cor-
nêwnilk 9866 ; le rapprochement de ces deux noms
prouve qu'il s'agit ici de cette « marche de Galles»
où s'étaient établis des chevaliers normands.
Marchis {Le). Voir Mortpbrbat.
Mascbisb (La), Isabel de Jérusalem. Voir Jbbdsalbh.
Mabb (La) 1608. Voir Hogor.
Mabe {La), eil de la Mare 6733, chevalier dont le
nom n'est pas donné et qui arrive à Acre en juin
1191. Beaucoup de lieux , en Normandie et ailleurs,
portent le nom de la Mare. Un Robert et un Guil-
laume de la Mare sont mentionnés dans Guillaume
le Maréchal (vers 6707, 7691); ils élaient frères
(voir la note de M. P. Meyer au vers 7691), et
c'est peul-étre pour cela que le traducteur latin a
rendu eil de la Mare par iUi de Mara.
Mabbschal : li mareechali 0$pitaiier$ 6696 (s.), le
maréchal de l'H6pitai non nommé est un des deux
chevaliers dont l'indiscipline fait échouer une
grande charge à la bataille d^Arsur. Il s'appelait
Guillaume Borrel. Voir Rôhricht, Bericht, und Zue,
zu Du Congé (Berlin, 1886), p. 7.
Mabbschadcib {La) 9565 (ms. marehaueie)^ localité
près de Tabarie, où eut lieu, le 6 juin 1187, la
défaite du roi Gui par Salahadin. Ce nom se re-
trouve, en dehors de notre auteur et de Yltinera-
rium (p. 1 6 , Marstea//ûi), chez Raoul de Goggeshali
(p. aaS), qui place la Maretcalcia à trois milles à
l'ouest de Tabarie; on s'accorde à mettre à Hiltin
ou Hotteîn le lieu de la bataille.
Maboat 91 33, 91 35, auj. Markab, ville et port de
Syrie.
Mabgdabit : Marguariz (s.), un des instigateurs du
soulèvement de Messine. Il ne faut sans doute pas
le confondre avec le célèbre Margarit, amiral de
Guillaume le Bon de Sicile, qui secourut efficace-
ment la Syrie en 1188 (voir Rema$iia, i. XIV,
p. 618.
Marib (Sainte) 1616, 3966, 7180, 7678, Marie,
la sainte Vierge.
Maboh 7197, peut-être Maron, cant, d'Ardennes-
Saint- Vincent (Indre); le latin (p. s8) a Marun.
Voir Gactibb, Raibub.
Mabsbillb Uh'] (rime avec contstUs), Manille 5oi
( rime avec merveiUe) , 3 1 63 , Marseille. Richard s'y
rend (^67); beaucoup de croisés s'y embarquent
(5oi).
MABSfLLB. Voir Mabsbillb.
Mabsillb 8683 (r., rime avec aviUe)^ Marsile, le roi
sarrasin de Saragosse à qui Ganelon, d'après les
traditions épiques, vendit Roland et les douze pairs.
MABTni (5aml) 3961, saint Martin; la grande fitte
eaint Martm, le 1 1 novembre.
MATBOBiroH 939, 971, Mateegrtfon 1087, nom donné
par Richard au château qu'il construisit au-dessus
de Messine pour «mater» les Grecs. On en voit
encore l'emplacement et quelques vestiges.
Mauoitb (La Tour) &751, ^7^, 4911, à Acre; elle
est entamée par la pierrière du roi de France, et
plus tard minée (6909 ss.). Elle se trouvait à
l'angle du grand mur qui, partant du port, re-
montait droit vers le nord (voir le plan d'Acre
dans Kugler, Geech, der Kreuxzùge, p. 93 1).
Maulior, Mallion 10995, ii/iai, 11 598, Mauléon,
auj. Châtilion-sur-Sèvre. Voir Raouv.
Meril. Voir Maisril.
Mbblb {Le) 59/^5, château appartenant aux Tem-
pliers, auj. Mallaha (Stubbs) ou Tantoura (Rey).
Mbblo A5/ii (rime avec 2o), 6i85 (rime avecpo),
MeiU) 1881, Mello(Oise). Voir Dboor, Gcillauhb.
Mbschirbs 399, 509, 5ii, 517, 539, 576, 809,
83i, 905, 936, 1076, iii3, ii53, 1187,
1193, A799, 9691; Yê ne s'explique pas, non
plus que le groupe ech; il faut surtout remarquer
qu'au vers 83 1 Meechinee est traité comme un plu-
riel féminin; le latin a rétabli la forme classique
Meeeana, Messine est une ville célèbre, très bien
située, et remplie de commodités, mais peuplée
de gens mauvais (5 11 ss.); la flotte de Richard y
arrive avant lui, mais les Croisés ne sont pas admis
dans la ville (399, 539 ^Oî '^ ^^ ^^ France y
arrive le 16 septembre 1190 (573), puis Richard
le 93, en grand appareil (58i ss.); les habitants
attaquent les croisés et sont finalement vaincus, et
Richard s'empare de la ville, mais est obligé de
69.
56&
L HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
laisser Philippe meltre aussi ses bannières sur les
mors (6o5, 691 as.); il fait coostniire Mategrifon
pour tenir Messine en sujétion (937 sa.); rarmée
se repose à Messine jusqu^au carême (1111 as.);
Richard y fait venir sa mère et sa fiancée (1 153),
ai 8*embarque le mercredi saint 1191 (1186 as.);
il en emporte de lourds galets pour charger ses
pierrières (A799)-
MnroG (La) : le Me$uUt 5o8i (r.), U MmUmu
1 1988 (s.), dans le latin Mmtoe ou Mmtoeh, on des
principaux émirs de Salahadin , Meachloub ( Stohbs ) ;
il est avec Caracois le chef dea défoiaeiirs d*Acre
(5o8i); ila vont tons deux en measage auprès de
Sdahadin pour loi demander d'aviser au saint des
assises (5io5 ss.; c'est le latin aeul qui dit ex-
pressément que ce message fut iait par eux); plus
tard, il est un de ceux qui dissuadent Salahadin
de (aire du mal aux pèlerins venua sans sanf-eob-
dnit à Jérusalem (1 1988).
MuuBBL 6859, 77&3, 77A9, 8173 (r.), château
fort en Palestine , an nord de Rames, Masjdeijaha
(Stubbs) 00 mieoi Medjdel YAbd (aC); Sala-
hadin Texcepte, en septembre 1191, de f ordre
qu'il donne de dénoolir un grand nombre de forte-
resses (6859); des Turcs poursuivis par Richard,
le 8 janvier 1199, pris de Rames, s'y réfugient
(7743 ss.); non bin de lé, le 37 mars, des croisés
venus de Jafie font un riche butin.
MovrniT. Voir MonmaiAT.
Mon. Voir Rbl Mort.
Mon Galvasib i9o55, le Calvaire.
MoBTCBABLoa 9960 (rimo avec Coron) ^ Montchalons,
eant. de Laon (Aisne), appelé au xu* siècle Motu
CabUmiê ou CabOonit, et plus tard Mcnekabhn et
Monekavêhn, Voir Glabimbiut.
MoiTi Sioa i9o63, le mont de Sion, à Jérusalem,
forme restée latine, qu'on retrouve souvent
MoarniAT 3oi8, Monferat 9793, le Montferrat,
marquisat d'Italie, entre le Piémont, la Lombardie
et la Ligurie. Conrad de Montferrat, qui joue un
grand rôle dans noire poème, n'y est jamais nomme
autrement que U nuarchii. 11 arrive en Syrie après
la défaite de Gui, en 1187, et commence par se
bien conduire à Sur (96A5 ss.); il refuse l'entrée
de Sur au roi Gui (9699 ss.); devant Acre (où
il était venu en septembre 1189; voir le latin,
p. 68), il court de grands dangers dans un combat
et ne doit son salut qu'au roi Gui (3017 as.); il
fait retenir à Sur les vivres destinés aux assiégeants
(&107 ss.); il veut avoir le royaume, et épouse,
malgré une vive opposition , la fille da roi Amauri
(laabel), sœur de Sébile, qni vient de mourir,
bien qu'elle fût déjà mariée à Hainfiroi da Toron et
qn'il eût lui-même deux autres femmes ( 4 1 1 1 ss.) ;
après, quoi il retourne à Sur et n'envoie de vivres
qn'â ses partisans ( A 1 68 as.); aussi , dana la disette
qui se produit bientôt, est-il fobjet des malédic-
tions générales (6997, ^^^i* AaSi, &963,&977,
A3i3). — Il rerient à Acre, et, après la prise de
la ville, un accord intervient entre Conrad, sou-
tena par PhiUppe, et Gui, appuyé par Richard, en
juillet 1 191 : il est convenu que Conrad aura Sur,
Sayette et Barut, et aéra roi s'il survit à Gui
(5o4i ss.); il s'en retourne à Sur avec Philippe
(5399 88.) et, comme on le sut plus tard, prend
avec lui des engagements secrets (818&, 839 1);
il refuse, à un premier measage de Richard, de
rendre lea otages sarrasins que Philippe loi avait
confiée, mais qui excédaient sa part légitime, et
d'aller rejoindre Richard, qu'il craint trop (5ài3
ss.) ; il fait la même réponse à une seconde ambas-
aade,maisâ la fin laisse partir lea otages (5&/i98s.).
— En février 1199, Richard le iait de nouveau
sommer de le rejoindre à Escakme, mais il refuse
de venir jusqu'à ce qu'il ait conféré avec le roi
d'Angleterre (81 &3 ss.); il iait combattre à Acre
lea Génois contre les Pisana (8178 ss.) ; apprenant
l'arrivée de Richard, il s'enfuit à Sur (8918 ss.) ;
il a une entrevue avec Richard au Casai Imbert,
mais ils n'arrivent pas à s'entendre, et Richard
aaisit ses rentes, ce qui amène de grandes dis-
cordes (8938 88.); il rappelle à Sur, au nom de la
foi qu'ils doivent au roi de France, toua les Fran-
çais restés à Escalone (83o5 ss.). — En avril 1199,
toute l'ost d'Escalone, apprenant les projets de
départ de Richard, le supplie de iaire Conrad seul
roi (858o ss.); Richard, après un moment de
surprise, y consent, et Henri de Champagne va à
Sur, avec d'autres, porter cette nouveUe au mar-
qm's (865o ss.), qui, pendant ce temps, négociait
avec Salahadin une paix particulière (8676 ss.) ; ils
lui annoncent son élection, et il en montre une
grande joie, que partage toute k vflle, mais le
lendemain 98 avril il est assassiné par deux fidèles
du Vieux de Mouse (8716 ss.); avant de mourir,
il recommande à sa femme de n'ouvrir la ville qu'à
Richard ou au roi légitime ( 8856 ss. ) ; il est enterré
à l'Hôpital au milieu du deuil général (8865 as.).
TABLE DES NOMS PROPRES.
555
liovrGniL 1906, TEtna.
Ifom MuiAiT tgod, liea Toisin d*Acre.
Ifoinoiu àhhZ (rime avec «ftotr»), Montoire (Loir-
el-Cher).Voir Jocrlih.
Mon OuTin io6it (rime avec êwetie). Mont d^Oli-
ftÊÊê i90t6 (rime avec deU)^ le mont dea Oliviers,
près de Jérusalem.
MomniL 1 007, Monreale , près de Païenne. L*ar-
cfaevéque de Monreale fait à Tancré, de la part de
Richard , un message à la suite duquel ib conduent
la paix.
Mon Reial : I9 Crae de Montréal 7&9& , la forteresse
la plus méridionale de la Palestine, Schobek; Ri-
chard fait de sa destruction une condition de paix;
Salabadin s*y refuse.
MosT (Le flum) 6o35 (r.), la rivière Morte; d*après
Stobhs, c*est le Nahr Akhdar, près de Gésaire.
frC^est on nom générique : il y avait un flum$n
mùTtuum près de Tripoli, un troisième près d^Acre,
le Na*amain. Il faut entendre par là une eau dor-
mante, un marais formé par ces fleuves. La contre-
partie arabe du récit d*Ambroise montre qu'il s'agit
en effet d'un grand birké, avant le Nahr al-Kasab.
On peut croire qu'il s'agit do hirket Aid et du Nahr
Iskanderoûné, où sont les sources dites 'Oyoun el-
Kasab; t'emhouchure du Nahr Iskanderoûné est è
19 kilomètres au sud de Césarée, ce qui répond
asseï bien à la «petite journée» d'Ambroise. Si
Ton prend à la lettre les indications d'Ambroise,
il faut trouver successivement trois fleuves entre
Césarée et Arsoûf : 1* le fleuve Mort; 9* le fleuve
Salé ; 3** le fleuve de Rochelaiilée. Or ce terrain nous
offre, du nord au sud : 1* le Nahr el-Mefdjir; 9* le
Nahr bkanderoûné; S"* le Nahr el-Fâiek. L'identi-
fication de ces deux séries semble donc s'imposer,
mais elle soulève quelques difficultés. — GI.-G.t)
MoBTBMBs 11A19, Morthemer, cant. de Lussac-le-
Château (Vienne), ou Mortemer-en-Brai, cant. de
Neufchâtel (Eure). Voir Bartolomibo.
MosciBs {La Tor dêi) S'j'j'j, la Tour des Mouches,
située sur un rocher, au milieu du port d'Acre;
<rles historiens arabes parient également de cette
Tour des Mouches, B(n^j êd-dhubbdn. — Cl.-G.''
D'après Richard de la Sainte-Trinité (p* 7^), elle
devait ce nom à ce que du temps des païens on y
faisait des sacrifices qui attiraient beaucoup de mou-
ches. D'après les suites des chansons sur la première
croisade, elle aurait été appelée ainsi parce que
Baudouin I*', de Jérusalem, s'en empara en fai-
sant lancer des ruches pleines de mouches à miel
au milieu des défenseurs (ms. fr. 1 aôSg , fol. 933 ) ;
mais ce récit n'a aucune valeur, confondant la
Tour des Mouches avec la Tour Maudite, et l'his-
toire elle-même est plus ancienne et a été sou-
vent reproduite (voir Pigeonneau, Le CyeU de la
croiêade, p. 199); le poème aurais sur Richard
Cœur de Lion lui attribuée lui-même ce strata-
gème au siège d'Acre. Elle est vainement attaquée
par les Pisans, è faide d'une tour flottante, le
95 septembre 1190.
MousB 881 A, 8819, 883 1, Gadamoûs, dans le Liban,
séjour du Vieux de la Montagne. Voir Vibil.
MuLAiRB (La) 51^9, en arabe moula-na, «notre sei-
gneur», nom donné avant Salahadin au calife fati-
mite de l'Egypte (voir Retme de l'Orient latin, 1. 1,
p. /i69 ); il faut lire ainsi et non amulaine (le latin,
p. 93o, a Muleinm)^ mais il est vrai qu'en français
ce nom , sous l'influence d^amuetant, amurafte, etc. ,
devint plus tard amulaine et désigna vaguement
un prince sarrasin, et même au xiv* siècle un cheval
arabe (voir Godefroy, s. v. Amulaine), M. Stubbs
(p. cix) croit à tort que le Muleina du latin désigne
le calife de Bagdad; BabifUmia est Babylone d'Égyple
et non Bagdad. Mais d'antre part le titre de moti-
lana n'existait plus depuis que Salabadin avait dé-
truit la domination fatimite et tué le dernier calife
d'Egypte, en sorte qu'il faut admettre une erreur
dans l'information d'Ambroise.
N
Napbs 6383, ville de Syrie, l'anc. Sichem, puis Nea-
polis, auj. Naplouse. Voir Gdarbibr.
Nativité 1081, As 19, la fête de Noél.
NiVABB 11/1 5, Navarre. Le roi de Navarre mentionné
là est Sanche VI (1 i5o-i 19&). Voir Bbbbrgibrb.
Naxabbbt 19181 ( rime avec fet), Nazareth.
Nbbl. Voir Robert.
Nieolae. Voir Horgbie.
NiGOLB. VoirHBRBi.
NicosiB 1767, 1908, 1935, 19&3, 9009, ville prin-
cipale de Chypre; Kyrsac s'y réfugie après sa dé-
faite (1767); Richard l'attaque et la prend (1907
556
L*HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
ss.); les boui^^is se soumettent à Richard, <jiii
leur fait raser la barbe {ighh as.); Richard y est
malade (a 009}.
Noi 8o35 (r.), Noé, père de Gham, fabricateor de
Tarche.
NoiL (La) AAoi, 7638 (r.), li NoiU AaiS (s.), la
fête de Noël.
Nouit: noirez 6916 (pi. r.), nègre.
Noaiuinr : Normant 6763, 6i53, 6533, 9911,
loSoo (pi. s.),iVor«um7&3,85o9, 9683 (pi. s.),
Normand; les Normands, mentionnés d^ordinaire
avec les Angevins, les Manceaux et les Poitevins,
sont appelés la gmU savra (6533), la gmt â$ valur
(996); ils se croisent en grand nombre (a95); ils
prennent vaillamment part aux combats de Messine
(7Â3); ils sont chargés de la garde de Tétendard
royal le 95 août (5753) et le 7 septembre 1191
(61 53, 6533); ib ffit une pierrière à eux au siège
du Daron ; ils escortent avec d^autres les Français
qui quittent Escalone le 3i mars 1199 (8339);
ils prennent part au combat du 9 3 juillet 119a
(io5oo).
NoaHiifDii 18, 88, 995, 9A0, 83o, 8339, 8646,
8566, 9659, i93ii, Normandie, partie des do-
maines de Richard; elle est depuis longtemps en
guerre avec la France (88) ; elle est affligée de
la nouvelle de la prise de lénisalem (18); Richard
y vient d'Angleterre le 11 décembre 1189 (960);
le chancelier Guillaume de Longchamp, inquiété
par Jean sans Terre, s*y réfugie en 1 199 (8566);
elle est ravagée et an partie conquise par Philippe
(83o, 9659, laSii), mais Richard répare ses
pertes (i9336).
Nuaraioc : No^broe 6711 (rime avec alrar, voir au
Glossaire), 7593; il ne a*agit paa ici d'un des si
nombreux Neufboorg de France (le latin, p. 917,
3oi, traduit k tort par de Novo Burgû)\ la rime du
vers 6711 et la correction du ma. au vers 7593
prouvent qu*il faut bien Nm^broe; il s*agit sans
doute d*une localité d'Angleterre aj^lée Nêwbrokê.
Voir RoBiBT.
NuirviLi : Noefvili 1 1 63 1 ; on ne peut dire laquelle
des innombrables localitéa appeléea Neuville est
dësignée icL Voir Huoa.
0
OuvRi. Voir Mort Olivitb.
OuviKB 6665 (r.), le compagnon de Roland, cité
avec loi comme modèle de prouesse.
OiBs (Im). Voir HoHBi.
Obibht 6339 (r.), Texlrémité orientale de Tempire
de Salabadin.
Obqubs 9967,9997, auj. Saint-Denis-d'Orques,cant
de Loué (Sarthe). Voir Richabt, Tiiaai.
OSPITAL. Voir HOSPITAL.
OsFiTALixB. Voir Hosfitaubb.
OsTBiciB 19393, Autriche, duché de TEmpire; Ri-
chard y aouffre beaucoup en prison.
Otoh : Ot$$ (s.); Olon, non autrement désigné, prend
part au combat du 17 juin 1199; c*est peut-être
le même que le suivant
Otob de Trantigimi : Otm 7991, 8653 (s.), Oton de
Traâgnies, seigneur de haut rang; il prend part
au combat du 6 novembre 1191 (7991); il est en-
voyé avec Henri de Champagne annoncer à Conrad
son élection (8653). Voir Tartide précédent
Pacbb. Voir Pasoob.
Paibn de Chai^hoë 1837 (r.), chevalier de Syrie, dé-
loyal et félon, devenu Thête de Kyrsac, fait croire
à Kyrsac que Richard veut le prendre par tra-
hison.
Palbbmb 593 (rime avec farma), 890 (rime avec
Urmê)^ 736 (rime avec poëtêrnê); Païenne, ville
princq>ale de Sicile. On voit par les rimes qu*Am-
broise emploie lea deux formes PaUrmê et Polsma ;
il avait sans doute appris la première dans te pays,
et il devait connaître Tautre par les chansons de
geste, qui mentionnent souvent cette ville et rap-
pellent Pakrm, probablement par assimilation à
Saleme, connue plus anciennement (voir Romamia ,
• V, 108). Païenne est le séjour de la veuve du roi
Guillaume de Sicile (593) et du roi Jancré (890).
Pabis 61 83 (r.), le fils do Priam, Tamànt d'Hélène,
connu par le roman de Trots.
TABLE DES NOMS PBOPRES.
557
Paris 387, Paris, capitale de la France.
PiUqci : Paicht A 601, bb»'], la Potche 3aGg, 53^0,
7983, la grant Patcht ia57, Pniflnei 9715,
/WW &&53, 85)9, 9707, a grant Paithei
838i, a grani Patcha 8A99, Piques, la félu de-
là Réflurreclion de Jésus-Christ; Piueht dou 45a7,
le dimanche de Quatinodo; PoKlit Jlorit iis6,
Pacht fioarit 8371, le diaianclie des Rameaul.
La graphie par ch est une simple reproduction
du latin Piuekai le pluriel se Irotive déji en lalin
{dit, Pa>c)u>mm).
PiTiuncHi (La) 55^3, qui mourut au siège d'Acre :
c'est le célèbre Hératle.
Piitkik: P^imin-jkZ. 6i5i, 6&59. 85o3, 9113,
9^83. loigg {pi. s.), PtiM«a 8337 (pl- ■■■)-
Poitevjn.habitaat du Poitou; les Poitevins sont ei-
perts en guerre (7&3)i ils se croisent en nombre
(ïa6); ils sont avec (îui de Luaignnn le 7 sep-
tembre iigi et prennent vidtlammeal part au
combat (6i5i, 64ûi); ils escortent, avec d'autres,
les Français qui ijuitlent Escalonc le 3i mars 1 193
(8337, 8ûi6); lis ont une pierrièreà eui au siège
du Daron, en nmi 1193 (99 1 3); ih prennent part
au combat du 33 juin 1199 (ia&g9).
PuTtJtu&g, 178, ii5i (rirae avec eamlttri), 95S7
(rime avec talmûtrt), 9600, Poitiers. Voir Gdil-
Peitod336, 8&A6, Pnto 56&i, Poitou, province de
France appartenant k Richard. Voir HDt>iJU.or.
pERTECOSTi Aâ53, 9361, 97^8, la PentecAte; ce mot
rime les trois fois avec coils, comme dans beaucoup
d'autres poèmes, ce qui indique une pronoDcialian
différente de celle qui a prévalu.
PiPiti A 187 (r.), Pépin, père de ChaHemagne, héros
de chansons de geste.
Perche &&A3, province de France appartenant à
Philippe. Le comte du Perche ici mentionné avec
éloge est Roirou III. Il mourut devant Acre peu
■pi'ès y être arrivé. Son fils GeofTroi, qui l'avait
accompagné, lui succéda; c'est de lui qu'il s'agit
dans un passage de yiifiarariiim Rieardi (V, li)
qui ne se retrouve pas dans notre leile, et d'après
lequel le comte du Perche n'aurait pas montré une
glande fermeté au combat du 1 1 juin 1 ■ ga.
PlEBlST : ftr.anl 3376. «8aO, 7617 (pl. ».). ftr-
tara 7950. ii53& (pl. s.), Persan, habitant delà
Perse; ce nom parait mis d'ordinaire un peu au
hasard, avec les Turcj et autres Sarrasins.
PiHii 6338, Perse.
PuiuppE. Voir Felipe.
Philippe d'Altaet. Voir Fi.ASDHES.
[Hiilippe it Dreux, Voir Biiuvm.
PiEiE rfe /V«au. .■ Pwrw bhak, ^5b^. 7SG3, 7566,
1190G (s,), Pierre iii3â (s.). Piem. l'un des
trois frères de Pi^aui, loyal (âfia'i) et preux ehe-
ï»lier {7557I, un des compagnons de Hichard; il
est envoyé en message à Conrad en aoAt 1191
(S&aâ); il combat vaillamment en décembre 1 191
et renverse un Turc gigantesque (7657 ss.); il
saute après Richard de sou vaisseau pour secourir
JalTe (1 1 13&); Il est un de ceux qui vont demander
i Jérusalem tes sauf-conduits pour les pèlerins, et
dont la négligence manque d'amener un désastre
(..906).
PiiE» It Gvoàeomg : Pitrn 9308 (s.), Pierre le
Gascon, entre le Iroiûème au Dsron le sa mai
PiEii Ttrtprtiê: PitreiTirtproù'jii (».), cbeviUer de
Itichard, est tué au siège de Memne en tigo.
Piv. Voir JoEPiti.
Pisin /i5oi (r.), Pi,an i8g5. 3771, 8180, Sïio
(pLs.), PiioKthoSa. 8i33(pl.r.),ri'iau5o3/i.
8ao6, 1 1AA7 (pl. r,). Pisan, citoyen de Pise; les
Pisans sont appelés vaillaaU et loués pour lour
dévouement au service de Dieu (a-]3-j ».) et leur
loyauté envers le roi (Jiii (8179 *s.); ili accom-
pagnent Gui au siège d'Acre en 1 189 (9737 ss.);
ils se chargent de protéger le port (9895 sa.)( au
combat du ù octobre 1189, ils occupent le Torwi
(1977); en mars 1 190, leurs vaisseaux eomballent
la flotte turque (33oo); ils attaquent vainement In
Tour des Mouches au moyen d'une tour flottante
(3771); ils donnent sans succès un assaut ï la
ville, le 1 1 juiUet ( 5oi5 ss.). ~ Fidèles au roi Gui,
ils combattent i Acre, en 1 1 91 , les Génois, par-
tisans de Conrad, et font la paii avec eux par l'en-
tremise de Hichard (8179 ss.). — ils mettent leur*
bannières sur le Daton (9393); ils vont avec Ri-
chard au secours de JafTe (1 looA , 1)335, iiAi7).
Un Pisan qui. pendant la disette d'Acre, vendait
trop cher le blé qu'il avait accumulé est puni par
l'iacendie de son magasin (l&gS ss.).
Pisi 3737, 3977, 3i6t, 33oo, 5ob5, 8179, S191,
8935, 9393, 1100&, m336. PiK, ville d'Italie.
Puus (Canl lUt). Voir Cian,.
Poille: Paille 169, Pouille, province d'Italie. Voir
GuiLLiiiE. — La reine de Pouille, veuve de Guil-
laume le Don et Mxur de Richard, Jeaana, est i
m
A -
558
L^HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Païenne sous la sujétion deTanrré (5i3 st.); Ri»
cbard rédame sa liberté et son douaire (869 , 898 ) ;
Tancré la renvoie avec 90,000 onces dW (999,
1001, 1097); elle s^embarque avec Richard à Mes*
aine (1175), le retrouve en Chypre (i335), où
elle manque d^élre prise par Kyrsac (i63i); Ri-
chard la fait venir d^Acre à Jaffe en septembre
1191 (7073).
PoLAM : Poiam 7693 (pi. s.). Poulain, chrétien latin
né en Syrie; les Poublnt sont d*aris, comme les
Templiers et les Hoq[ûtaliers, en 1 191, de ne pis
marcher sur Jérusalem.
PaïAus: Preaii h'jSo, 719s, 10999,11473, 11906,
19966, Pniûlt 5693, iii33, Prmmu 7667,
Préaux, canL de Damelal (Seine-Infiérieure). Voir
GoiLLAimi, JoBAir, Pliai.
PaiRci. Voir Riihoit.
Pdilli. Voir Poiixi.
QoABABUi aSaS (s.), Kaheddin, ammektd de ptûanie ,
garde le rivage contre les assiégeants pendant le
siège d'Acre. M. Stubbs lit ici (p. 91 1) TeeMtMu,
avec un de ses trois mss. de YIHnerarium Rieardi,
an lieu de Kahadim que portent les deui autres :
il tort assurément, car Takieddin ou Dequedin (voir
Q
eo nom) n*est pas qualifié de aénëdial comme
Kaheddin.
Quna 5653, Qumei 5670, Quind; il y a deux
Qaind dans T Aisne, un en Seine-ei-Mame et un
en Seine-et-Oise, sans compter plusieurs antres.
Voir RoiiBT.
R
RAJurui , Baim^roi, (aote do ras. pour Hahnfrm, Voir
HAiaran.
Bmmcmi de Samt GUê. Voir Saiit Gili.
Baumhtt lêJUz le PrvÊCê 9391, Raimood, comte de
Triple, fils de Boëmond III, prince d^Antioche; il
pliote Si bannsèn sur le Daron. Il moiuut en 1 1 96
(foir Chr. d^ErtunU, p. 39 1).
RsnuMiT : Roêmimt 9667 (r.), RoêmoiU 965i (s.),
Baimood 11, comte de Triple; il a de longue date
(ait alliance avec Salahadin ( 9667 ss. ); il convoite le
royaume après la mort de Raudooin V ( 965i ss.);
il refuse de se rendre à la cour du roi Gui, va de-
mander aide â Salahadin et conclut avec lui sa tra-
hison ( 9655 ss. ) ; sommé une deuxième et une troi-
sième Ibis, il se rend à la cour (9677 ss.), mais
conserve sa rancune (95o8). Lors de Texpédition
de Gui contre Salahadin , il mande au roi qu'il s'y
joindra, vient le trouver et semble être réconcilié
avec lui (9607 ss.); mais le bruit public dit qu'il
le trahit à la bataille (95 19 ss.); grAce à ses pet-
fides conseils , les chrétiens sont coupés de la mer
de Galilée, où ils auraient pu boire ( v. 956 1 ss., en
corrigeant le vers 955o comme il est indiqué au
Glossaire , s. v. Seivre)\ quand la bataille commence ,
il s'enfuit (955i ss.). Au vers 9687, Ambroise dit,
d'après l'histoire qu'il suit, que Raimond mourut
a hoHtê, mais il ne raconte pas sa mort : le comte
de Triple mourut peu après la bataille, de cha-
grin d'après la Chronique d'Emoul (p. 178, et
voir la note); cependant on le voit, au vers 9699,
accueillir amicalement â Triple le roi Gui revenant
de Tortose après avoir été délivré de sa prison. Les
accusations de trahison portées contre Raimond par
Emonl et par la source d' Ambroise paraissent tout
au moins fort exagérées, et on voit en tout cas que
le roi Gui n'y ajoutait pas foi.
Raixadt de Saetê : Rmauz 87 1 1 (s.) , Renaud de Sayette,
un des négociateurs de la paix déloyale que Conrad
essayait de conclure avec Salahadin. Voir sur ce per-
sonnage la notice des Lignagn d* outre-mer, p. 639.
RAiRiia de Maron : Reinier 7197(9.), Renier de Maren ,
vaillant chevalier de Richard, est pris avec son ne-
veu Gautier le 99 septembre 1191.
Rames 6855, 6878, 7906, 7999, 7655, 7658,
7667, 7675, 7861, 7863, ioi65, 10579,
10705, 10755, ]o8o5. Rame 11899, l'ancienne
Ramah, auj. Ramieh (le latin dit Rttmula)^ entre
Jaffe et Jérusalem ; l's finale est attestée par {du-
sieurs rimes, mais au vers 11899 la mesure exige
Rame avec e élidé (bien que le ms. porte de rme$).
Rames , appelée la grande eUd, est au nombre des for-
teresses que Salahadin fait démolir en 1191 (6855).
TABLE DES NOMS PROPRES.
559
Lm Turcs y sont csmpés en octobre -novembre
(7So4); Ricbard découvre Rames du huit d*une
colline en poursuivant des ennemis (7119); les
croisés marchent sur Rames, queSalahadin évacue
(7455 ss.), etoiiii8S*étal^issenl(7À75,78&i as.);
les croisés y reviennent en juin 1191 (10579).
LosplamM de Ramêi sont plusieurs fois mentioanés
(6878, ioi65, 10755, io8o5, 11899).
Raoct de Maulùm : RaoU 10995, ii&si, ii598,
Raoul de Mauléon, chevalier poitevin, jamus ras-
sasié d*armes (1 lÀai), accompagne Richard au se-
cours de Jafie le i** août 1 199 (10995); il est pris
par les Turcs et délivré par Richard (1 iSaS sb.).
G^était le père du célèbre chevalier et poète Savari
de Mauléon.
Raodp de Bovrei : RaoU de Rovroi 765 (s.), Raoul de
Rouvroi, chevalier de Richard, est tué au siège de
Messine en 1190.
Riour de Sainte Marie : RaoU 'jbZi (s.), Raoul de
Sainte-Marie, chevalier normand (? ), compagnon
du comte de Leicester dans le combat de décembre
1191.
Raoup Taieêon: Raof Teieione 4791 (s.), RaoU 7et-
êont 1 1879 (s.), Raoul Taisson, chevalier normand,
grand amateur de musique (1 1880), arrive à Acre
en juin 1191 (4791); est un des trois «r connétables n
qui mènent le premier convoi de pèlei^ns à Jéru-
salem (11879). Voir sur ce personnage important
Hi»lor,deFr.,\X\l\, 611, 637,683, 684, 703,
706.
Raoul de Chdteaudun, Voir Ghastbldun.
Raoul de Clermont, Voir Glbbmoiit.
Roichid ed'Din. Voir Vikil.
Rbcordare (La) 4007, ^^^" voisin d^Acre, Tell-Kur-
dany (Stiibbs), «ou mieux Tell et Khirbel^Kurdanè
(Gl.-G.)}}, où a lieu un combat en novembre
1190.
Rbi (Le joefne) 95, Henri, fils de Henri II d* Angle-
terre, couronné roi du vivant de son père, excel-
lent joôteur.
Reine. Voir Ergletbbb, Feahge, Jbbdsalbh, Poilli.
Reiribr. Voir Raisibr.
Reihs 10876 (rime avec dereraiiu), Reims en Cham-
pagne. VoirAoRERi.
Rbtiadt. Voir Rairaut.
Ribolb. Voir Hoon.
RicHART 181, etc.(r.), Richard 97, etc. (r.), Rieharz
60, etc. (s.), Richard 177, etc. (r.), Richard, roi
d*Angleterre (au sujet de la forme du nom, voir la
note du vers 3o3 , d'après laquelle il est inutile de re-
lever ici tous les passages). R est très souvent qualifié
de preux, de vaillant, de non per (934o), appelé
magne (1 1&38) par assimilation à Gharlemagne, U
9iior<20 4iiDn(93io),et qualifié de sage etavi8é(97),
et d'expert dans les choses de guerre (6i38 , etc.).
— - P avait remporté i -comme comte de Poitiers, de
grands succès sur ses voisins, défait des bandes de
Brabançons, et fait lever au comte de Saint-Gilles
le siège de Hautefort (9599 ss.); il aimait dès lors
Bérengère de Navarre (ii5i). — Il se croise en
1 187, le premier de tous les hauts hommes d'Oc-
cident (59 ss.). — Il devient roi le 6 juillet 1 189,
se saisit du royaume sans opposition (961 5) et se
fait couronner à Londres, 011 il tient une cour ma-
gnifique (181 ss.). — Il mande ses barons pour la
guerre sainte (91 5 ss.) et revient en Normandie,
où il tient, à Noël, sa cour à Lions -la -Forêt
(933 ss.). — U se rencontre à Dreux avec Philippe
(959 SB.), se rend à Tours et ordonne à sa flotte
de le rejoindre à Messine en contournant TEspagne
(3o3 ss.); il vient retrouver Philippe à Véselai
(393 ss.); les deux rois jurent de partager loyale-
ment toutes leurs conquêtes et se donnent rendei-
vous è Messine (365 ss.); ils se mettent en route
(377), arrivent à Lyon et campent près de la ville
(877); bientôt ils se séparent, et Richard va à
Marseille (4 47 ss.). — Il arrive â Messine le 93 sep-
tembre 1190, en grande pompe, ce qui irrite les
Grecs et les Longebards (58i ); il calme un pre-
mier désordre (64 1); apprenant une seconde fois
qu'on tue ses hommes, il veut encore apaiser k
sédition, mais il est insulté, s'arme et attaque la
ville (665); il la prend après un combat (7-21 as.);
il empêche le massacre (819); il fait mettre ses
bannières sur la ville, au grand dépit de Phi-
lippe, et consent enfin â y admettre aussi celles
du roi de France (895); il envoie réclamer à
Tancré sa sœur Jeanne, veuve du roi Guillaume,
son douaire et sa part du trésor royal, et refuse
de se soumettre à rari>itrage des barons de Sicile
proposé par Tancré (867); il fait construire le
chAteau de Mategrifon (937 ); il est toujours en
dissension avec Philippe (965); il reçoit de Tan-
cré de nouvelles offres qu'il accepte : on lui rend
sa sœur avec 90,000 onces d'or (977); il fsit
rendre aux Messinois ce que ses gens ont pris
(1099), et se réconcilie aussi avec Philippe
(1049); il fait de grandes largesses à ses ehe-
5o
mpmiMBBn katioiiali.
M9
i;hi»toire de la guerre sainte.
%m4t mm ipitnd* (H^ à UâlefrUom (fli»%t «.>;
$fH>%mmr «ecMipigné Philippe qoi •<nl«n(oe.
il f« d»tif<W é Aîf« it mère et m haoeé» Bére»-
1^ 4e ^mm, ei W* uahm k Meame (i i36);
'à nmmtt m inère eo inglal^ïfTe avec ^pielqoei
M||pi9» /iMMeillef» CitSS a.); il îââim^ préfaratiii
H 4mkm9i^ le lo efril tigt (1168 a.^ — H
|mi4 fr»»l Mia lie la boone diredioa 4e b flotte
i%%%% m.)% a Ufoàtt là (>ète (i960) el terréle
MiMe i HiMle* juiqa'aa i** mai (i3o3 ».); il
app<»i»i 4*00 faMieio rencontré que Philippe rai-
ymé k kar^t (t33$); il retronve prèa de CJbypre sa
awretaafaif/€(i35o);il épouse Bëreagère à li-
megaw le 19 md 1191 (1735); il eooqniert Chypre
anr feMperettr Kynac (iSSS-aioG); il cat iBabde
Il %kmm (9009); apprenant qa*Aane va être prise
iSiai loi, il s^erobarqoe le 5 juin (1107); entre
lloyelte d Bamt, il rencontre et prend an nairire
isrfaaiA ifoi aoraitsaayé Acre (ai 4 1-9998). — fl
Mfrn* à Kart le H juin et y est reça à grande joie
(««99 as*); il donne aox siens comme solde
4 ketaola i'tfr (hb6^)\ il tombe malade de la léo-
nardio et ne peut donner Passant ayec Philippe
(44oo); plus tard, toujours malade, il &it dresser
SM piorri/fres, munies de gros galets rapportés de
M4SSfoe(4767 ss.); le 6 juillet, il se fait porter
sous uno anloiê et pendant Tattaque lire des
coups d'arhaléie meurtriers (A997 ss.); il soutient
Gui 4e Lusîgnan contre Conrad et arrange un ac-
cord entre eui (5o6i as.); après la prise d*Aci'e,
il prêta é Philippe qui s*en va deux galères et re-
çoit son serment de ne pas Taltaquer en aon ab-
sence (6097 ss.); il prête de l'argent au duc de
Bowyqjfno et fait de grandes largesses à tous ses
dMVldieni (&35i); il relève les murs d'Acre et fait
ffi pf4ponitils de départ (5369); il envoie deux fois
m ftén A Sur sommer Conrad de rejoindre Tost
(Mil lf«); flalahadin ne tenant pas les engage-
Mnto pHt« il lait massacrer 9,5oo otages sarrasins
(Ifflt f 48t )• — Il part avec Tost pour le sud , le
•flitél(f5Aa m.)\ U lait Tarrière-garde (6701 );
» Wl «Ml H Oimpi A Caiphas (5863); à la ba-
li MiÊÊÊf^ u 7 Mptorobre, il refuse au maître
WfiU II pinMoa do charger (6385 ss.); il
k griûdiOipUlt (6486, 6609); U assiste
•ttt ftinénllUi do Jacques d'Avesnes
M|ii4*Aitp fait à SaUbadin Tâoge du
m (68li as.). Arrivé à Jtfle, il en-
voie savoir s'il est vrai que les Sarrasins détruisent
Escsiooe (697A), et conseille de lui porter secours ,
mais lea Français décident qu'on restera â Jaffe
(7007 aa.); fl envoie sans succès â Acre et doit y
aller lui-même pour fiûre revenir ceux qui y rcsiaien t ,
et en ramène sa sœur et sa femme (7071 ss.); il
dananne embuscade et aérait pris sans le dé-
de Gniflaume de Préaux; on le supplie de
ne pins s'eiposer unsi, mais il ne peut s'en empê-
cber (7079 SB.). — En octobre, il va reconstruire
lo Caad dos Plaine et le Casai Moyen , et poursuit les
Tm jusqu'en vue de Rames(7 1 7 7) ; le 6 novembre,
i défini leo Tnrcs (7983); il entre avec Salabadin
daos des négodatioBS qui n'aboutissent pas et lui
font du tort(7977 ), mais il se justifie bien par ses
eiploits (7499). — n marche sur Rames (7667);
les gens eipérimenlés le dissuadent de pousser sur
Jérusalem (7689); le 3 janvier 1199, il met en
faite une troupe do Sarrasins (7717); il bat en
reiraile (7761), vient à Ibelin, puis i Escalono
(7861); en février, il décide les Français qui l'a-
vaient quitté i revenir, en leur promettant de leur
donner quand ils voudront congé et escorte, et il
fait travailler activement â la r^Mration d'Escalone
(7967 as.); â délivre près du Daron 1,000 prî-
aooniers chréliotts (8089); il somme en vain
Conrad 4e lo rejoindre (8187) et a des difficultés
avec le duc de Bourgogne, qui le quitte (8157);
lea Pisans le prient de venir remettre l'ordre â
Acre : il y vient, et les réconcilie avec les Génois
(8910 88.); il a avec Conrad, au Casai Imbert, une
entrevue qui n'aboutit pas, saisit les rentes de
Conrad et est oUigé de restera Acre la plus grand^
partie du carême (8935 ss. ). — Il revient à E»c^^
lone et est obligé, le 3i mars, de laisser partir \
Français, rappelés par Conrad (8897); il cél^v^
•\ix
la fêle de Pâques et fait travailler avec ^e\w^
fortifications (8499). — H reçoit de lU^^
nouveUes d'Angleterre et annonce son ini^J^^^l^iaes
partir, sur quoi l'ost lui demande de fai^^^^^Vion de
Conrad : il accepte et envoie Henri de ^^^ «eu\ roi
et d'autres à Sur annoncer à Conrad ^!^/\î^Bip»gne
( 85 1 9 ss. ) ; on l'accuse d'avoir fait ««8^|^^We aéôaion
et on avertit Philippe de se garder i^^^çu^eî Con«*
Richard aurait envoyés en France ^r^^.Hau«««*<l*'*
on élit Henri, qui veut attendra ^^s^SS'TQ)» ^ ^^'
de Richard el le lui envoie d^. ^^ cooaeoiemetti
Richard lui conseille d'acceplet^^^^jy^^j^^ (SgAi);
épouser \a\cttvedeO>iMad(B^^^^ ^^ je ne pw
^U îl donne Chypre
562
L HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
4717 (s.), Robert, comte de Leieetter, arriye à
Acre en juin 1191 ( 47 1 7 )'et prend part à TaMaut
du 1 1 juillet (4996); il est un des mettagerf en-
Toyës à Conrad le 5 aoât pour rédamer les 6ta^
aarrasint (5Af 1 ; la manchette de la colonne t65
donne à tort «r Robert de Dreux») ; prend part à la
bataille d*Aniur le 7iieplembre (6667); te montre
témérairement braye, en novembre, à un combat
devant le Gâtai Moyen (7987 m.); bat les Sarra-
sins en décembre (7488 ss.); il fait U des prodiges
de valeur et a deux chevaux tués sous lui (7689
as.); met le second sa bannière sur les murs du
Daron le aa mai 119a (9817); secourt k temps,
le 17 juin, dos chevaliers qui allaient être écrasés
par les ennemis (10067 ss.); prend part, les ai-
98 juin, à Tattaque d*une caravane (10/489 ss.);
va par mer avec Richard, le 1" août 1199, au se-
cours de Jafle (10990); il prend part au combat
du lendemain (1 1^17), est renversé de chevd et
sauvé par Richard (1 1699).
RoaaaT Nêel 761 4 (r.), chevalier, est renversé de
cheval dans un combat, en décembre 1191.
RoaaaT de Nuffhroc : Rohet*z 7693 (s.), Robert 6711
(s.), Robert de Newbroke, chevdier anglais de très
haute taille, doux (7699 ss.) et «rfranc» (4719);
arrive à Acre en juin 1191 (&711); prend part
à un combat en décembre (7693).
RoBBBT de Quinci 5653 (r.), Roherz 5^69 (s.), che-
valier français, preux et accompli, est envoyé en
message à Conrad par Richard en août 1191.
RoBiar de Sablueil : Robert de Sabloil 883 (s.), Ro-
bert de Sablé, chevdier de Richard, haut homme,
preux et noble, est envoyé, en octobre 1190, par
Richard à Tancré pour lui exposer ses rédama-
tions. Robert de Sablé avait été un des comman-
dants de la flotte de Richard; il fut un des ga-
rants du traité entre Richard et Tancré. Plus tard,
il devint maître du Temple. Voir Rôhricht, Zu$,
and Bericktig. zu Du Congé, p. 17.
Roaarr Trùteebot 6689 (s.), chevalier normand (/ft-
nmrriHm Rie., p. 98), montre une grande li-
béralité à Acre, en 1190, pendant la famine.
D*après Roger de Hoveden (Hittor, de Fr,, XVII,
599 >, Robert Troussebot aurait vainement re-
vendiqué comme son droit héréditaire, à la ba-
laillo d*.\r$ur, Thonneur de porter la bannière
r<tyale« con6ée par Richard â Pierre de Préaux
(>oir <v nomV .\mbft)i*e ne dit rien de celte cir-
Rocaia 11903 (I4*), nom porté par beaucoup de
ocalHés. Voir Ghillaqhi.
RoaiKrâiLiiB(£i/Kmis) 6iti, 6191, rivière entre
la montagne d'Arsor et Arsnr. «On ne voit pas
bien pourquoi notre antenr donne ce nom à cette
rivière. La Beira Inei$a des croisés était plus au
nord, à Districtum ou Athlit, entre Haïpha et Cé-
sarée. Vwr Goiilanme de Tyr (Bongars, I, 791).
Cependant Oliverus Schoiasticus (Eccard, II,
1898) semble qipeler cette rivière JUmm Dietrieti
(Stubbi, p. 959).» «Ceat le Nahr el-FAlek, au
nord d^Arsoûf , petit cours d'eau qui n*est dû qu'a
une coupure artifidelle dans le roc, servant d'écou-
lement à un vaste marais, d*oà son nom caractéris-
tique. — CI.-G.9 Voir Moar (Leflum).
RoDis 1969, 1974, rtle de Rhodes; i985, 1987,
i3o5, i3i3, 1817, la ville de Rhodes, autrefois
presque aussi grande que Rome, et dont il reste
des ruines immenses, mais â peine habitée; patrie
d'Hérode (1 986); Richard y séjourne en avril 11 9 1 .
RoMBB. Voir R06IBB.
RODUBD. Voir ROLLÂBT.
RoBM io35 (rime avec 60S11), 1161 (rime avec Aoem),
Rouen, capitale de la Normandie; sur Tarchevéque
de .Rouen, voir GniuriBB.
R06IBR de Hardêneorî : Rogiere de Hardineort 4797
(s.), Rodierê de Herdêcort i4i5 (s. : ms. rodst),
Roger de Hardenoourt (sur Tidentité de ces deux
noms, voir Habdbbgobt), chevalier normand, com-
pagnon de Richard, fait naufirage sur la cûte de
Chypre, est attaqué par les Grecs et se défend
vaiUamment (i4oi ss.); il rejoint Ridiard â Acre
en août 1 191 (6797). Il n*a sans doute rien â faire
avec le chevalier flamand appdé Reiger de Harm-
demeort dans GuiUawnê le Mêrédutl (v. 4599).
RoGiBB de Saei: Rogiere 10999, 11497 ('*)« ^^^
de Sad, chevalier normand, prend part avec Ri-
chard à la délivrance de Jafle en août 1199.
R06IBB de Totmi 10489 (r.), Roger 10479 (r.),
Rogiere 4707,6175,10478 (s.), Roger de Toani,
chevalier normand, arrive à Acre en août 1191
(4707); prend part à la bataille d'Arsor (6175)
et au combat du 98 juin 1 199 , oà il a aon cheval
tué et est presque pris (10479 as.).
RooBB. Voir RojiB.
RoLLABT : AodloiMJ 4665 (r.), Roland, le héros de
Roncevaux.
RoHB 48, 1989, 8490, Rome; Cbarlemiigne y mena
son ost en dlant combattre Agolnd (8490).
TABLE DES NOMS PROPRES.
563
RoNCiTÂLS 11106, Roncevaux, la vallée des Pyrénées
oà Roland périt.
Rom: fiogiMÛ 1 9 ( rimeavec ramp<m«),h\à , 693 , 459 ,
487, le Rhône, Veve ere$tee{hih); un pont sur le
Rhône s*écroule pendant que les croisés le passent,
en juillet 1190, et deux ou plus sont noyés dans
feau périlleuse, haute et rapide (45o ss.).
R088IB 1900, 9776, Russie; toi Vor qui êêt en Roêtie,
demi Vœmr de Roetie, locutions provenant des
chansons de geste, où Roeetê n*a qu*un sens très
vague.
Rotrou, Voir Pikghb.
RovKBi 765 , Rouvrai , cant de Vemon ( Eure) , ou Rou-
vrai-en-Brai , cant de Forges (Seine-Inférieure);
il y a d^autres Rouvrai dans TEure-et-Loir, le Loi-
rct, etc.
Sailoiu: SabhU 883, Sablé (Sarthe). Voir Robbbt.
Saci : Saei 1 1 697 (rime avecronei, ms. eaeie, roncts),
Saei^ 10999 ( rime avec C^t^nt^), Sassi, cant.
de Morteaux-Goulibœuf (Gdvados); sur la forme
de la terminaison, voir Tlnlroduction.
Sabtb 9i4i, 8067, 8687, 8711, Sayette, l'ancienne
Sidon, en arabe Saïda, dont les Français firent
Saiele, Saeie, en latin SagiUa (voir A. de Long-
périer, Œuvree, t. III, p. 989), ville et port de
Syrie , entre Barut et Sur. Richard y rencontre un
vaisseau ennemi (91/11); elle est attribuée à Conrad
dans le partage du royaume (6067) et doit lui
être cédée par Salahadin dans leur projet de traité
(8687). Voir RiimuT.
Safadiii : Saffadin 787/1, 7389, 7898, 10761
10903, 11765, 11869, 11911, 11967, 11988,
i90o6 (r.), Saffaadin 91/i/i (r.), Saphadin 9899 ,
/i86o (r), Sttfadine 8692 (s.), Saffadme 7/^11,
10788 (s.), Saffadin 7/106, 116/16, 117719
11968, Safadin, en arabe Saif-Eddin ou Malck-
el-Adil, frère de Salahadin, appelé Safadin d'Ar-
cade (11 666), sage, vaillant et libérai (7889,
10909, 11667); ^^^ Richard à cause de sa
prouesse (11767); campe devant Acre avec Sala-
hadin (9899); arme le vaisseau que prit Richard
(9166); attaque le camp des croisés le 3 juillet
1191 (6860; le latin, p. 999, a ici £^a^</tno, que
M. Stubbs rend par TaJâeddin; cf. s. v. Qcahadir);
il sert d'intermédiaire, à trois reprises, dans les
négociations entre Richard et Salahadin (7876 ss.,
10761 ss., 11766 ss.), et enjôle Richard, auquel
il fait accepter des présents (7898 ss.); il dissuade
son frère de traiter avec Conrad (8699 ss.); il
marche sur Jaffe avec Salahadin en juillet 1 1 99
(10788) et sert d'intermédiaire dans les négocia-
tions avec les assiégés (10908); dans le combat du
3 août, il envoie à Richard deux chevaux, dont il
fut plus tard bien récompensé (1 1568 ss.; sur le
développement légendaire de ce récit, voir Journal
dêê Savante, 1898, p. 689); les envoyés de Ri-
chard, chargés d'annoncer la venue des pèlerins à
Jérusalem, viennent le trouver (11911), et il les
blâme de leur témérité (11967); mais il est du
conseil qui détourne Salahadin de massacrer les
pèlerins (11988) et il est chargé de les surveiller
(19006). Ambroise ne dit rien des projets de ma-
riage entre Safadin et la sœur de Richard, Jeanne,
dont parient les historiens arabes. On sait qu'après
la mort de Salahadin son frère, plus connu sous
le nom de Malek-Adel, s'empara de l'empire au
préjudice de ses neveux; il mourut en 1918.
Sapobib 9635, l'anc. Diocésarée ou Seppboris, auj.
SafibAriyé, ville de Galilée, près de Tabarie; l'un
des coqps de l'armée chrétienne s'y loge à la ba-
taille du 6 juillet 1187.
Saint Abaccg 7066 (SstVit), monastère voisin de Jafle,
auj. d'après Stubbs (p. 986) El-Keneieeh, à 5 kilo-
mètres environ au nord de Saint-Georges {= Lydda),
(rCela parait beaucoup trop éloigné de Jaffa : l'ost
n'est même pas encore an Casai des Plains. Ce
devait être tout près de Jafla , au sortir des jardins,
peut-être à Cheikh Mourêd ou au Sebil Abou-
Nabbalt. — CI.-G.7»
Saut Gilb 961 9 , Saint-Gilles, arr. de Nimes (Gard) ;
on désignait vulgairement les comtes de Toulouse
par le titre de comtes de Saint-Gilles; celui qui
est mentionné ici est Raimond V (mort en 1 196),
qui fut plus d'une fou en guerre avec Richard;
mais on ne retrouve pas dans les documents histo-
riques le fait même auquel il est fait allusion ici.
Saint Hbltb 10096 (iSn'iU), Saint-Élie, abbaye près
de Jérusalem (voir Hietor. occ, dee Croisadee, U II,
p. 619). L'abbé de Saint-Elie, saint homme qui
pratique l'ascétisme le plus sévère, révèle â Richard
56&
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Tendroit où il a cache une parcelle de la vraie
croix qu^il a refuaë de livrer à Salahadin; on la
Irouve et on la rapporte à Tost en grande joie.
Sâirt Jokgi 7^76, 10705, Seint Jorg9 6855, 7466,
7484, Saint-Georges, Tanc Lydda, auj. Ludd, à
5 kilomètres au nord de Ramlah. Salahadin donne
ordre d*en détruire les remparts en septembre 1191
(6855); les croisés y arrivent en novembre 1191
et s*y installent fort incommodément pendant six
semaines (7/166 ss.); ils y repassent en revenant
de Jérusalem le 6 juillet 1 199 (10705).
Saint Nicholas 11 449, Saint -Nicolas, église située
près de Jafife.
Saiiit Pol 4533, 6o53, 731 1, Snnt Pol 7987, Sainte
Pol (Pas-de-Calais). Le comte de Saint-Pol, que
notre poète ne nomme pas, était Hugues IV Cam-
davenê. Il arrive le 90 août 1191 devant Acre avec
Philippe (4533); il combat très vaillamment le
3 septembre (6o53 ss.); il prend part au combat
du 3 novembre (7987) et propose au comte de
Leicester un «jeu parti» téméraire (7311 ss.). Le
comte de Saint-Pol, comme plusieurs des héros
de la troisième croisade , témoigna nn intérêt tout
particulier à la chronique du prétendu Turpin :
il fut avec sa femme loland, sœur du comte de
Flandres Baudouin V, qu*il avait épousée en 1 198,
le fauteur de la plus ancienne traduction qu*OD en
ait (voir 6. Paris, D« Pteudo-Turpino , p. 45).
Sairtb Maiii 7531 : on ne peut choisir entre tous les
lieux qui portent ce nom. Voir Raoup.
Saisrbs : Senm 8488, les Saxons, vaincus par Gharle-
magne.
Salahadhi 1 389, etc. (r.),Salêhadin 8680, 1 1 990, etc.
(r.), Saleadm ti3i6 (r.), SàlaKadim 9987, etc.
(s.), SaUkadini ^Zk3^ etc. (s.), SaUadmê 11011
(s.), Sdahadin, en arabe Naser-Yousouf-ben-
Ayoub Salaheddin (la forme Saladm n^apparalt pas
dans notre poème , sauf par erreur du copiste , 9 985,
9987, 9797), Soudan d^Egypte et chef des Sarra-
sins (appelé ëoUan 5493, etc.). Il était allié dès
longtemps avec Kyrsac (1389) et avec Raimondde
Triple, dont il reçoit les doléances et qu*il promet
d*aider (9448 ss.); il envahit le royaume de Jéru-
salem en 1187 (9496), est vainqueur à Tabarie,
conquiert le royaume et Escalone (9585 ss.); il
dégage le roi Gui de sa promesse de ne plus ren-
trer en Syrie (96i5 ss.); il assiège en vain Sur
(9638); il laisse passer sans le savoir Gui allant
assiéger Acre (9775 ss.); il tourmente Tabbé de
Saini-Élie pour qu^il lui livre un morceau de la
croix qu*il a caché (10110). — Averti, pendant
qu^il assiège Beaufort, de Tentreprise de Gui, il
marche sur Acre, et y arrive trois jours après
(9797 ss.); il regarde les assiégeants comme une
proie assurée (9883 as.); il (ait jeter dans le fleuve
les corps des chrétiens tués le 4 octobre 1189
(8077 ss.); il fait construire des machines de
guerre (39 11); il fait annoncer aux chrétiens la
mort de Tempereur d*Allemagne (395i ss.); en
novembre 1190, il abandonne, devant la marche
des chrétiens, la montagne où il s^était réfugié
(3989 88.); le 3 juillet 1 191, il se vante d^anéantir
les chrétiens, mais il ne prend pas lui-même part
â l'attaque, qui échoue (4848 ss.); il reçoit les
députés des assiégés et les exhorte à tenir encore,
mais finit par céder k leurs instances (5io5 sa.);
il promet de rendre la croix, 9,5oo captifs et
900,000 besants d*or(5i99 ss.), mais comme il
n'exécute pas ses engagements, 9,5oo otages sont
massacrés, ce qui lui attire de la part des Sarrasins
le blAme le plus violent (5498 ss., 7958 ss.). —
Le 95 aoât, les croisés en marche vers Jafle battent
les siens, il ne les secourt pas, et Richard couche
où il avait couché (5809 as.); il occupe les passages
des montagnes (5836); à la bataille d'Arsur, le
7 septembre , les gens de sa maison , sous Dequedin ,
munis de bannières jaunes, résbtent longtemps
(6571 ss.); vaincu, il s'emporte contre ses hoounes
(677 1 ss.) et donne ordre de démolir les forteresses
de Syrie (6865 ss.); il fait détruire Escalone (6957
ss.); il repousse les conditions de paix de Richard
(7871 ss.); en novembre 1191, les croisés mar-
chant sur Jérusalem , il évacue Rames «prés l'avoir
détruite (7456 ss.); il se retire ensuite à Jéru-
salem (7605 ss.); en février 1199, il congédie ses
hommes jusqu'en mai (7988 ss.); le samedi saint,
il est témoin du miracle du feu sacré et prédit que
prochainement il perdra Jérusalem ou mourra, et
en effet il ne vécut pas jusqu'à la fin du carême
suivant ( 838 1 ss.); il n^ocie avec Conrad, mais
Safadin le détourne de traiter avec lui ( 8665 ss.);
le 19 juin, il est tellement effrayé de l'approche
des croisés qu'il veut s'enfuir de Jérusalem (9877
ss.); 1» 90 juin, prévenu par un espion, il envoie
des secours à la caravane menacée par Richard
(1081 5 ss.); apprenant la retraite des croisés,
il convoque tous ses hommes (10719 as.); il re-
pousse de nouvelles propositions de paix (10759
TABLE DES NOMS PROPRES.
565
88.); il attaque, prend et reperd JafTe, du ao juillet
au 3 août (10807-11659), et raille ses ^^ena de
leur échec (11 653 as.); il lait dé6er Richard,
mdade à Jaffe (11691 ss.); il accorde à Richard
une trêve de trois ans et lui fait dire à ce propos
des paroles courtoises (1 1773 as.). — 11 reçoit k
Jérusalem les niessa^rs qui viennent, sans entente
préalable, lui demander un sauf-conduit pour les
pèlerins, et, sur Tavis de son conseil, refuse de
faire massacrer ceux-ci, les fait garder (1 1971 ss.)
et leur fait montrer la vraie croix (iao37); il a
avec Tévéque de Salisbury un entretien amical où
il donne son opinion sur Richard et accorde k
Tévèque une importante faveur (11107 ^-)* —
Satabadin mourut le 3 mars 1 1 93. Sur les récils
légendaires dont il a été Tobjet parmi les chrétiens,
voir le Journal dn SavaaU de 1893, cahiers de
mai, juin, juillet et août. Au vers 709a, au lieu
de Salahadini , il faut lire le$ Sarazin$,
SkLi (On flum) 6076, rivière entre Gésaire et Arsur,
Nahr Abu-Zabûra diaprés Stubbs (p. 967). Voir
plus haut Moar {Le flum),
SiLisBiaBs hàf] (rime avec /rerst), titih'j (rime
avecatwrea), 4595 (rime avec pere»)^ 549i (rime
avecyrtr«f), 5779 (rime avec hem), Sakebireê
5ooi (rime avec matirei, I. materee), Sideêbire
(11881), Salisbury. L*évéque de Salisbury dont il
s*agit est Hubert Gautier, plus tard, comme le dit
Ambroise (1 1 889 , 1 9 1 oa ) , archevêque de Ganter-
bury. Ambroise ne mentionne pas son arrivée à
Acre, qui eat lieu dans Tété de 1190 (/ltR«r.,
p. 93). Lors de la famine, il organise avec les au-
tres évéques une collecte pour les pauvres (^417)
et se montre lui-même très libéral (44/17); ^pi^
le carême de 1 191, il impose une légère pénitence
â ceux qui ont enfreint le jeûne (4595); il prend
part à Tassant du 11 juillet (5ooi); en août, il est
un des messagers envoyés par Richard à Conrad
(549 1). — En septembre 1 1 9a , il conduit à Jéru-
sdem le troisième convoi de pèlerins; Salahadin
lui fait grand honneur à cause de son mérite et de
sa réputation, lui propose de le défrayer, a avec lui
un long entretien , et lui accorde le droit d*installer
des prêtres latins à Jérusalem, à Bethléem et â Na-
zareth (11881 ss.).
Sa$werre. Voir Estibrb.
Sanche, Voir Navabbe.
Sahooi de Halahi (voirHALABi) 68o3, Zengfai d*Alep,
répond aux reproches de Salahadin, q>rès la ba-
taille d*Ar8ur, en septembre 1191. Le latin porte
ici Sfinacufifitis de Hak^^ (p. 979), et Sanêamt
Halabieneiê (p. i3) dans une énumération des
émirs de Salahadin qui ne se retrouve pas dans
notre poème; 14 figurent aussi un Sanêcanê de
Doada et un Sanguimu, frère de Hœïiealmue;
M. Stubbs (p. ex) semble croire que tous ces noms
désignent un même personnage.
SiOL dd Brvêl 7537 (s.), Saoul du Breuil, chevalier,
combat auprès du comte de Leiceatre en décembre
1191. Le latin (p. 3oi) a SauL
Sapbadih. Voir Safabih.
Sabazirbib 7193 (1. Parla e dUt earazineiM), êorazi-
notf 10979, langue dea Sarrasins, arabe; heeanz
êorrazmeiê 8986, besants arabes.
Sabbaiir 3795, 7390, 10909, 10998, ii543,
11806, Saraixin io346 (sg. r.), Saraxin» 9616,
3639, 9346, Saraemt 10079, Saraxin 6879,
7397 (sg. s.), Sœrazm 9a55, 9983, 9749, 9961,
9988, 3075, 3i09, 3956, 4o39, 4i57, 4i6o,
4686, 4895, 5o98, 5io5, 5998, 5399, 565o,
5769, 5951, 6o36, 6549, 6548, 6590, 6634,
7099, 7963, 8107, 8364, 84oo, 84o5,9ii8,
9335, 9871, 10081, 10699, iio48, ii4io,
11963, 11971, 11987, Saraizm 48i4, 5oi8,
10469, io6i3, 19075, Saraxme 9938, 9981,
3oo9, 3o57, 4668, 5395, 7719 (pL s.), 5ara-
xins 55i, i435, 9965, 9568, 9818, 3676,
3896, 3957, 4659, 4684, 4838, 4938, 4988,
5336, 5597, 6017, 6917, 6489, ^^*^* 671s*
6799, 6905, 7099 (ms. éd. Salahadin), 7948,
7370, 7775, 7960, 8977, 8959, 8966, 9980,
9839, 9859, 10979, 10978, io35i, 11161,
11970, 11990, ii393, 11660, 11694, i9ii3,
19968, Saramnê 54o7, 11 948 (pL s.), gent ea-
raxme 9898, 3933, 569i, 5760, 64o6, 6930,
7353, 7499, 7759, 7936, iii58, 11493, gent
êorazineê 48oo, 11 359, oet êorazine 61 63,
1 0975 , Sarrasin , sectateur de Mahomet; Ambroise
emploie indifféremment pour désigner les Musul-
mans les mots Saraxine, Tur» (voir Tuac), paiem
954, 9993, 7910, la patène gent 4889, la gent
paiene 6660, io475, 11677, ^i gent Makwnet
3868, cela qui Deu meeeraient 9917, lêi meêcreanz
6095, 83oi, la gent tneeereûê 6398, la gent re-
taiUee 6119; comme équivalents nous signalerons
la gent haie 3o46, 3i8i, 3496, 3817, 7139, lee
genz hiûee 5697, 79o5, ii45o, 11647, /#• genz
htriteê 5o, la gent eonfrmr» 5989 , Uê faueee genz
566
LHISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
dêêloem 370&, la genl malditê 6704, in gmU que
Deui maudiê 1 1 684 , In gtnt de maU êêlracê 6fl46 ,
la gmtt iê bien d$iauêê$ 67^3, la geni engrtue
5663, 9670, l'engrtiêê geni êoaz mêiure SSai, la
paiene geni engreêH 63ii, 733o, 76 18, tenuioee
gent engreêêe 6698 , la paenê geni detvee 1 08 1 o, (a
gent a diable 3o66, lee genz de$ diiMee 11096, le
poeple al diable 636 1, 6369, li menbre al diable
8616, lee laidee genz enenUee 6608 , lee laidee genz
brrnieê 'j'^tg^ lee genz oeeuree ti6ikSt la gent troble
6199, li enemi de nature 7098, celé gent oltre
nature 10699, lee colverz 36o9, la gent coherte
Ii568, le fane popk colvert 7930, la dtenaiUe
3io6, 3633, 3454, 4o39, 56i3, 5836, 6094,
694i, 638i, 6644, la pulailU 5835; maigre ces
injures, il rend plus d*uoe fois hommage au cou-
rage des Sarrasins. — Le nom de Saraeeni(gt, £«-
poMfivot) est à l^ongine ceiui d*une tribu arabe; il
était arrivé à désigner tous les Arabes, et ils se le
donnaient eux-mêmes au temps de saint Jér6me,
qui, croyant que les Arabes prétendaient ainsi
se poser en descendants de Sara, propose de les
appeler plutôt Agareni, nom qui a été souvent
adopté par les écrivains latins (et grecs) du moyen
âge (voir Du Gange, s. v. Saraeeni), Le nom de
Saraeeni, en tant qu'employé par les chrétiens oc-
cidentaux à partir des invasions musulmanes, est
sans doute d'origine érudite, car les Arabes, qui se
le donnaient au iv* siècle, semblent ne plus Tavoir
employé au vu* siècle. La date moderne du mot
Sarazm en français est attestée par le traitement
du c : si le mot avait toujours vécu dans le latin
populaire, on aurait earaiein {eareiein, saroifin);
la forme earazin, où le x se prononçait dz et est
devenu e douce en français moderne, a dû passer
d*£spagne d'abord dans le midi, puis dans le nord
de la France. Il serait inutile de donner ici l'ana-
lyse de lous les passages où les Sarrasins 6gurent
dans notre poème; ce serait presque l'analyser en
entier.
Sabtalik i3i8, Satalie, i'anc. Attalia, ville d'Asie
Mineure. Le (r gouffre (golfe) de Satalie», célèbre par
l'agitation de la mer et considéré comme très
périlleux pour les navires, a été l'objet au moyen
âge de nombreuses légendes, qui remontent peut-
être à l'antiquilé.
Sadcbi : Sauçai 763, probablement Saussey, canton
de Coulances (Manche). Voir Maibu.
Sébile, reine de Jérusalem. Voir Jbbosalim.
SiB 4714 (L Qu^iert coneetabk de Seez)^ Sées, en
Normandie. Voir Jokbab.
S16OIR Barré : Seguine Barrez 93o5 (s.), Seguin
9307 (r.), chevalier de Richard , entre le premier
au Daron le 99 mai 1 199.
Suit. Voir Saibt.
SéRicBAL (Le) de FUmâree, Voir FuRBaM.
SniBS. Voir Saisrbs.
Snruz 4 161 (ms. son Ui), Senlis. Le irboutefller de
Sentis» qui fut pris par les Sarrasins le jour du
mariage de Conrad avec Isabel de Jérusalem était
Gui de Senlis, bouteiller de France (voir Hietor.
de France, XVII, 538, 619). Le texte original
portait sans doute de Saint Liz, suivant la forme
usitée au moyen âge; le latin (p. i93) a cis Saneto
Licio.
SiPOLcai (La sutiif) 99, 169, 3939, 7650, 7681
(rime avec Mti«rt), 8385 (de m.), 10690, 11177*
11789, le Saint Sépulcre â Jérusalem.
Sirrasiisci (La) 1111, la fête de la Natirité de la
Vierge, 8 septembre; cf. lafeete a la glorioee, La
mère Deu, la preeiote. Celé que Vonfeit en eeiembre
(6693-6695).
Six. Voir Siis.
SixiLu 5i4, 566, 65i, 863, 977, 3i63 (rime
partout avec vtïs), Sicile.
SioR. Voir MosTB Sior.
SoB. Voir SoB.
SooBAR. Voir Salabadir.
SuLiB i3, 56,973,1337, i36i, i38i, 1780,1899,
94i4, 945o, 9494, 9736, 9810, 3999, 3899,
53o6, 5475, 5565, 6780, 7089, 7377, 7399,
7943, 7957, 8371,8494, 8594, 8591, 8731,
8908, 8938, 10970, 19996, 19979, 19999,
19995, i93o6, Syrie, région maritime de T Asie,
comprenant la Palestine. La forme avec / se re-
trouve dans beaucoup de textes français {Sulian
déjà Roi, 3i3i, 3191). La Syrie est le théâtre de
presque tout le rédt de notre poème.
SuLiBR : SuUen i3i (pi. s.), Suliene 8096, 8388,
109 16, i9o5o, 19179, 19177 (pL r.), habitants
chrétiens de la Syrie, distingués des Francs ( 8096 ,
i9o5o) ou des Latins (8388, 19179 ss.); mais
ailleurs le mot semble synonyme de Maine (i3i,
10916).
Sua i3o, 1379, 9193, 9587, 9637 (rime avec sur),
9697, «707» î»7*9» «7«9f •771» 3970, 4io8,
46i4, 5334, 54i5, 5469, 5471, 5488, 7855,
7990 (rime avec osssiîr), 8991 (rime avec i4ffiir),
TABLE DES NOMS PROPRES.
567
83o9, 83ii, 8876,8/151, 8579, 866i, 8719, 1
8780, 8861, 8997, 9009, 9010, 90*6, 9071,
9103 (rime ayec Amtr), 9118, 1179/1, 11968,
Sor 9808, 9767, 9788, 3989, 5o56, Sur,
aujourd'hui Soar, Tandenne Tyr, rille et port de
Syrie. Salabadin Taaiiège vainement en 1187
( 9687 8S.), grâce à la vaUkoce de Coorad, qui s'y
est jeté, et aux secours en argent envoyés par
Henri II (1879); le roi Gui y arrive et se la Yoit
fermer par Conrad (9697 ss.); il réunit devant
la ville une petite armée et va de là assiéger Acre
(9715 ss.), où la flotte, venue de Sur, le rejoint
(8970 as.). — Plus tard, revenu à Sur, Conrad
y arrête les vivres destinés aux assiégeants d*icre
(liioS sft.); il le fait encore plus tard (5669). —
Richard s'y arrête en venant à Acre (9809); sa
flotte y est retenue par le vent (66i&). — Sur,
dans le partage de 11 99 , est attribuée à Conrad
(5o56); Philippe s'y rend avec lui après la prise
d'Acre (5836); les croisés lui envoient deux fois
des messages poor le sommer de rejoindre l'ost
(56i5 ss.); beaucoup de Français viennent re-
trouver Conrad à Sur (7855). — Conrad, qui était
â Acre, rerient à Sur en apprenant l'arrivée de
Richard (8991; sur le vers 8999,voirABSim); les
Français y reviennent â sa sommation (8809 sa.);
ils s'y livrent à la déhanche (865o ss.) ; Conrad y
est assassiné au moment où il vient de recevoir ta
nonvdle de son élection comme roi ; la population
acclame Henri de Champagne, qui épouse à Sur
la veuve de Conrad (8715 ss.); Henri quitte Sur,
la laissant sous honne garde (907 1). Au vers 66i5 .
il faut lire Anur (voir ce mot). — L'archevêque qui
rin t de Sur en France , envoyé par les Syriens (180),
est le célèbre Guillaume de Tyr, qui mourut peu
après.
Taisson. Voir Riol.
Talibot. Voir Gislibiit.
Tarcakvils 6716, Tancarville, cantde Saint-Romain
(Seine-Inférieure). Le (r chambellan de TancarriHe»
mentionné comme étant arrivé au siège d'Acre
après les deux rois est Guillaume II, sur lequel
voyez la note de M. Paul Meyer (GuUUnune Is Mth
réchal, L III, p. 18). Le latin, comme le français,
omet son nom (p. 917). Les seigneurs de Tancar-
ville étaient chambellans héréditaires de Normandie.
TARcsé 10671 (r.), l'un des héros de la première
croisade.
TAifcaé 519, 991, 969 (r.), Tanertz 588, 891 (s.),
Tancré, roi de Sicile, a des dissentiments avec
Richard et finit par conclure un traité avec hii.
Tancré, fils naturel d'un fils du roi Roger, se fit
rt>uronner à la mort de Guillaume H, mdgré les
droits de Constance, fille de Guillaume I*' et
femme de l'empereur Henri VI; il mourut en
1196, avant l'expédilion que fit Henri pour reven-
diquer le royaume.
TlDBAD. Voir TiBBAOT.
Tei in^. ArirRAOP.
Tbmplb (Le) 97, 8099, 8081, 6755, 5969, 6698,
7988, 7769, 9190, 10965 (r.), U TempUê 9969,
5866, 6069, 6167 (s.), 1$ Tempk 95o9, 6o65,
9899 (s.), le Temple, le Temple de Jérusalem,
perdu en 1187 (97); l'ordre du Temple. Voir
Tbmpuibs.
Tbhplibbs 7997, 7806, 10199, 10918, 10769,
iii65, 11788 (pL r.), TrnnpUn 7959, 7977
(pL s.), 7«iiip/t8r 7918, 7965, 7691, 10981
(pi. s.), Têti^lm' 9988, 6911, 7957 (pi. s.).
Templiers, firères de l'ordre du Temple. Le Temple
perd en 1187 Jaquelin de Mailli, un de ses
meilleurs chevaliers (95o9). — Les Templiers, au
siège d'Acre, campent sur le rivage le 6 octobre
1 189, près des Hospitaliers, et chargent avec eux
(9969, 9988); le maître du Temple (voir Gi-
rard de Bidêford) meurt héroïquement dans ce
combat (8099 as.); les Templiers font l'arrière-
garde au combat du 18 novembre 1190 (6o65);
ib ont une pierrière à eux (6755). — Au départ
de Caïphas, le 97 août 1191, les Templiers font
l'arrière-garde (5866), et de même le 3o aoât
(5969) et le 8 septembre (6069); le 7 septembre,
lors de la marche sur Arsur, ils font l'avant-garde
( 61 67 ) ; le .8 septembre , ils vont sur le champ de
bataille rechercher le corps de Jacques d'Aveswv
(6698); le 10, ils font l'arrière-garde (6911). —
Ib rebAtissentle Casai des Plains (7918); le 6 no-
vembre , ib sont surpris par les Turcs et se défendent
vailbmment (7988 ss.) ; dans le conseil tenu en dé-
cembre , ib sont d*avb de renoncer au riège de iéni-
5i
568
^HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Mien (7690» 7769). — lit ayaîeat acheté Cliypre
à Bicliard, um \e marcbé foi résilié (91S0). —
Le 1 s juin 1 1 91 , ik viemieDt ao teeoiiii des Fran-
çais lurpris (9899); eo juio ii9fl,leiirt dél^;iiés
opîneot de noovean pour Fabandoo de la marche
MIT Jémsalem (loaiS tk); ea jofllet, ib sont
chargé» avec les HofpilaHera de détruire le Daroo
(10769); beaucoup d^eotre eux parlent avec Ri-
chard, le l'août, pour aeeourir Jafle (10981);
Richard, qui avait une preniière fois pris congé
d'eux (10945), ief adjure, mais auan inutilement
que les autres, d*afler défendre Eicaione (1 1 733).
— ib avaient â Jaffe une maison sur le rempart ,
par oà Richard pénétra dans la ville (1 1 167 ).
Tiuu. Voir TiiBBi.
TisfOR. Voir Raoop.
TiABABii i536, a538, 9566, «735, Tkëbmê
1661, Tabarifî, ranrienne Hbériade, aujourd'hui
Tabariéh, ville de Syrie, près de laqudle le roi
Oui foi battu par Salahadin le 4 juillet 1 1 87.
TlIlBADT. Voir TlIBAOT.
Tionii. Voir Tonri.
TloaiL dd MêmiU Zhgt (s.), tué le a5 juin 1190.
TioaoM, Tkoron, Thonm. Voir Toaov.
TiiBAUT : Têdltad 35ii (s.), Tibaud V, comte de
Blois; il arrive è Acra en aoôt 1190 et meurt
deux mois après.
TniAOT : Thitbauz de TVsîcs 10999 (s.), Tibaud de
Troies, hardi et preux, serviteur de père en fils du
comte Henri, est un des otages donnés aux Sarra-
sins en 1 199 par les défenseurs de Jaffe.
Tiiis. Voir Hmai.
TUrri de Mantfauam, Voir Risiaçoir.
Tnaai ^Orqmê : Tmri 9967, 9997 (r.), chevalier
manceau, combat le 17 juin 1 19a et est renversé.
Voir RiciABT.
TiFfAiRi(La)776i,rÉpiphanieouThéophanie, 6jan-
rier.
TiBiraiiB. Voir Pibbb.
ToiBi 6175, Tkoêni 4708, Toêniê 1047a (rime avec
Mais), Tosni, cant de Gaillon (Eure). Voir Rogibb.
ToBRBBO. Cest ainsi qu'il faut lire pour Cornêbu 4709.
Il s'agit du diâleau de Toumebu, com. d'Âubevoie,
cant de (laillon (Eure). Les frères de Tomebu
dont parie Arobroise Mot peut-être les mêmes que
Jean, Richard et Thomas de Tomebu, mentionnés
au commencement du xiu* siècle parmi les vassaux
normands de Philippe II (»tifor. d$Fr.,i. XXIII ,
p. 619, 685, 695). II est singulier que la fiiute
de notre manuacrit se retrouve dans la traduction
latine de Richard de la Sainte-Trinité, qui donne
Cemtfm ou Cormèky (p. «17); mais la correction
est d'autant moins douteuse qu'il n'existe en France ,
comme Ta consiaté M. Loognon, aucune désigna-
tion toponymique répondant à Cormbu*
ToBBBiAii 8705, Tumham Grean, près de Londres.
Voir EsTiBBB.
Tobob: ToriM a8i6, Tkarm a83i, 9877, 9890,
1979, 3 149, Tkonm 9787, T%oram 9786 (rime
avec avrom), le Toron, éminence devant Acre,
occupée par Gui de Lusignan le 98 août 1 189, et
attaquée par les Turcs; les chrétiens en descendent
bientôt, mais le roi Gui y reste campé pendant le
siège. Toron est originairement un nom oonunun ,
encore usité aujounThui dans l'est de la France;
â a senri â désigner en Syrie pluâeun localités.
Tobob (La) : Tkonm 4119, 6858, TWiim 9498,
Tîbnln,prèsdeJérusalem, d'après Stnbbs (p. 468).
Sidahadin ordonne de le détruire en 1191. «Il
est probable que ce Toron est le même que le To-
ron des Ghevalien : Tibnin est trep bin de Jéru-
salem. — G.-G.9 Voir Haihpbbi.
Tobob (La) 10857, U Tkoron 10868, io883, 10887,
10915, 10964, iio55, iio58, éminence près de
Jaffe.
Tobob (La) as Qmaiiên, le Tkoron 746a, 755i,
7613, 9809, 11909, LatroAn 00 mieux Natroûo
(voir Rêcuêil ^arekéol. or., p. 877), château près
d'Emmaûs» appartenant autrefois aux Hospitaliers.
ToBB : Turt 3o3, 394, Toun; Richard y séjourne
avant son départ.
ToBTOSB : Tortuêê 9i35, Turtuêê 9618, aoj. Tar-
toûs, ville et port de Syrie, entre Margat et Triple,
sur mor tmrmmtuoê (9186), et formant une lie
(Rouad, l'antique Aradus) oiii le roi Gui, ayant
promis de quitter la terre de Syrie, se réfugie en
1187 (96i3); Richard paase devant en allant à
Acre (ai 35).
Toc Saibs (La) : la toz mnz 7909, 7985, la fuU
tôt «amir3i9i, 3i43, lafmU a toi bf somt 3i8o,
la Tousaaint (i** novembre).
ToiBLBis (Lt) 4795 (pi. s.), «chevaliers hardis et
courtois», arrivent à Acre en juin 1191. Le latin
porte (p. 917) militêê agnommoH Torolonêêê, Nous
ne savons identifier ni Tun ni l'autre de ces noms .
Tbabsiobibbs 7991 (rime avec %iiast), 8653 (id.),
Traxigoies, en Belgique. Voir Otob.
Tbbibs 10980, Troies en Champagne. Voir Tibuut.
TABLE DES NOMS PROPRES.
569
Trib 1 i3, Trie-Château (Oise); entre Gisore et Trie
a lieu en 1187 Tentrerue de Philippe de France
et de Henri d*Angleterre.
Tain a 137, a653, aASg, a5o7 (rime avec 1^),
956 1, a6i3, a655, 9686, 9709, Triple «aaj. Tri-
poli de Syrie, l^anc Tripolis, rille et port de Syrie;
le roi Gui y retrouve sa femme en 1187 (9093),
y revient plus tard (9655), et y est rejoint par son
frère (9709); Richard passe devant en allant à
Acre (9137). Voir Riiaoïrr.
Tristkaii 6189 (r.), héros de célèbres romans.
Tbossibot. Voir Robbbt.
TcBc 58o9, 6069, 6916, 7569, 9698, 99B1,
10070 (sg. r.), Turê 6967, 6669, 9998, io63i,
1166A, Turc 5657, 6870 (sg. s.), Turc 6985,
5i59, 5199, 5911, 5966, 5566, 56A7, 5895,
6099, 6073, 6919, 6399, 6/Î90, 65o9, 6755,
7109, 7116, 7195, 7169, 79i4, 7991, 7169,
7310, 7436, 7517, 7548, 7618, 7700, 7738,
7809, 7809, 8117, 9016, 9170, 9183, 9916,
9968,9611,9659, 9739,9983, 10009, »o356,
io368, 10386, 10619, 10608, io863, ioS5i,
io853, 10888, 11063, 11079, ii65i, ]i5o3,
11599,11575, 11693, 11677, 11790 (pL 8.),
^«f'999& (pl-8.), 7ttr« 6600, 6696,701 3 (pi. s.),
Turê 6973, 5918, 5639, 5539, 5536, 5635,
5796, 5807, ^9^^ y 6o56, 6060, 6908, 6363,
6368, 6616, 6696, 6656, 6693, 65i3, 6769,
6898, 7i58, 7171, 7906, 7816, 7631, 7639,
7685, 7697, 7561, 7619, 7739, 7968, 7969,
7961, 8196, 8199, 8693, 8969, 9195, 9938,
9966, 9357, 9613, 9786, 9889, 10019, 10063,
ioo56, ioo58, 10177, ^o^sif 10395, 10&08,
10666, 10660, io5o3, io56i, 10795^ 10997,
iii53, 11189, ii366, ii383, 11687, i^^^*
11596, 11536, 11537, ii566, ii583, 11687,
ii663, ii966,(pLr.), 7«res 6963, 5011,6996,
6558, 6689 , 8698, 9865, 1 1 960, 11966,1 1969,
(pi. 8.)^ Turc; la bonne forme est >: sg. a.* Tmn,
r. Ture; pi. s. Turc, r. Tiirs. Les Turcs dans
notre poème ne sont pas distingués des Sarrasins :
voir par conséquent les remarques faites sur ce mot.
ToacoPLB : Turcoplêi 1999 (sg. s.), TureopUi 6699,
10869, io366, 10606, Turcople. On q>pelait
ainsi originairement les fils d*un père turc et d*une
mère chrétienne, en grec TovpxihfovXa; ces métis
formaient déjà une classe particulière de la popu-
lation de Syrie au moment de la première croisade
( voir les textes de Raimond d^Aguilhe et d* Albert
d*Aix cités dans Bu Gange). Plus tard ils paraissent
avoir spédalement fourni des troupes de cavalerie
légère, combattant à la manière des Turcs. Dans
notre poème, ib ont déjà ce rôle (voir 1991,
6699, 10606); deux sergents Turcoples se dé-
guisent en Bédouins pour épier une caravane
(io36i ss.).
Tdbqubmabs 9853, Turcomans, Turcs nomades (voir
Hiêlor. oc€, dêê CroU,, t. II, p. 635); on prend de
(r beaux Turcomans» avec une caravane.
Tuas. Voir Toas, Tqbc.
Tdbtusb. Voir Tobtosb.
Ttois. Voir Tibis.
Vbbib (Bbl). Voir Bbl Vbbib.
Vbnbtibrs 5o3 (pi. s.), Fenstsisn 9089 (pi. s.), Véni-
tiens. Des Vénitiens font partie de Tarmée du roi
Gui k la bataille dé Tabarie en 1187 (9539);
beaucoup de croisés vont s*embarquer a au port des
Vénitiens» (5o3).
Vbrisb 8169, Venise.
Vbbcblai 986, 363, Fartefat 867, 365, 876, Vételai
(Yonne). Les rois de France et d'Angleterre y
tiennent une grande assemblée avant leur départ,
en juin 1190.
Vbbdur : Verdon 6796 (rime avec CkoiUldon)^ Ver-
dun. Voir Bbbtbar.
Vbbobb 3i3i (rime avec |>rodoma) , 6691 (rime avec
coroiM ), Vérone. L'évéque de Vérone, qui n*est pas
plus nommé dans le latin (p. 73« 1 35) qu*iei, était
Adelardo Gattaneo, évoque en 1188, qui résigna
en 19 16, devint cardinal et mourut en 1998. U
arrive k Acre en 1189 (3^^^); '^ prêche avec élo-
quence lors de la disette de 1190 (6691).
VuiBBs 1916; ce nom, que le latin (p. 177) n*a
pas traduit, semble, diaprés le contexte, désigner
le cap Spartivento, à Textréme pointe orientale de
U Galabre.
ViANB 9953 (rime avec cortitHiiia) , Vienne-le-Ghl-
teau, cant. de Ville -sur -Tourbe (Marne). Voir
Fbbbi.
ViBiL(La)dsMof<M;/i FOf 8816 (s.),2i Ft(» 8819(8.),
5i.
570
UHISTOIHE DE LA GUERRE SAINTE.
U VMt 883 1, le Vieux de Gadamoûs ou de la
Montagne; il élève des fanatiques qu'il envoie as-
sassÎDer ceux à qui il en veut (^819); il en en-
voie deux tuer Conrad de Montferrat (8879 ss.);
on accuse à tort Richard de Tavoir soudoyé pour
cela (8879 ss.). Voir Haosasis. — Le Vieux de la
Montagne qui fit tuer Conrad est le célèbre Ras-
chid-ad-dln Sinfln, qui t'était soustrait, en Syrie,
à Tobédience du chef des Ismaéliens établi en Perse ,
et qui mourut lui-même en 1 199. (Voir l'article
ÀMêaums, par St. Guyard, dans Y Encyclopédie de»
icienca religiêuiei de M. Uchtenbei^ger.) Le nom
de Vieux de Mouse pour Vieox de la Montagne ne
se trouve, à notre connaissance, en dehors de notre
texte et de Vhm$rmium Ricardi {Scmar de Muae,
p. 339), que dans les lettres du roi Henri III d'An-
gleterre, de ia38, citées par Du Cange (s. v. 59-
nex) : Vêtui de Muua.
w
Wakilir. Voir Guadooeliii.
Wasooil 1 1 66 , Vascœuil ( Eure ) ; les formes anciennes
de ce nom ont le plus souvent WonGuk l'initiale ,
mab à partir du xif* siècle on ne trouve que F.
Voir GisuiiBT.
WnuMS. Voir Gdillaumi.
Ybiuh. Voir Ibiur.
Yhiibt {Caid), Voir Casbl Ymbbrt.
Ypbb 6606, Ypres, dans les Pays-Bas, mentionné
uniquement pour rimer avec C^e.
ADDITIONS ET CORRECTIONS-
TEXTE.
V. 98-9 & : maisnée, raisnée, Ure maisnee, raisaee.
V. 1&9 : peise, corriger peisse {voir au Glouairt),
Manchette en r^^ard du v. 191 : 3 sept., /• 5 sept.
V. 996-997 : corr. E de Bretaigne e de Peitou, E de Berri e de Guascoigne. // s agit en effet ici des
vassaux de Richard, et la Bourgogne ne dépendait pas de hU, tandis que la Gascogne ne doit pas
être omise.
Manchette en regard du v. 9&5 : Lion-sur-Mer, /. lions-Ia-Porét {voir à la Table des noms propres).
V. 3o9-393 : marquer un paragraphe.
V. 435 : Tôt, corr. Fet {voir Introd., p. ir, n.).
V. 486 , var. : supprimer ourer.
V. 54i : Que li reis, corr. Ki le rei {voir p.Sâi, n. 9 ).
V. 599 : corr. Qu'itels reis si deveit.
V. 698 : noise, corr. vile {voir p. 3àS et Introd., p. iv, n.).
V. 698 : jor, /. lor {voir Introd., p. iv, ».).
V. 779 : les paieis, corr. le paieis {voir p. 3àà, n. 1).
V. 791 : Lor, /. Lors.
V. 864 : suppr. la virg. après comune {voir p. SAS, n. 1).
V. 878 : corr. E de mult très grant seignorage {voir Introd., p. w, n.).
V. 918 : acordee, corr. recordee {voir p. SùS, ». a).
V. 976-976 : voir p. 3â6, n., et Introd., p. v, n.
V. 1117 : Que, corr. Qui.
V. 1994 : /. avec le ms. qui i furent.
V. i3i 3 : marquer un paragraphe.
V. i33o : le dota, corr. se dota.
V. 1 4 1 5 : Rodiers , corr. Rogiers {voir à la Table des noms propres ).
V. 1499 : grant, corr. granz.
V. 1693 : la var. porte à tort 1893.
V. 1899 : amont, /. a mont.
V. 1903-1 90G : corr. Ne il nedeignast pas s emprise Laissier devant qu*il Teust prise, Por ço 8*il
haster le veneient. Qui en grant estai le teneient {voir p. 355, n., et au Glossaire, s. v. Estai).
V. 1967 : L'une ost ala a Ebetines, corr. L'une osi en ala a Chenues, et à la manchette l. Chmnes
pour Rétines {voir p. 356, n.).
V. 1977 : atant, /. a tant.
V. 9179 : A tons, mêles, corr. A torx, a ruele.
572
^HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
V. aiga : eorr. Cil distrent qu*erent Geneveis {voir p. 358, ». a.)
y. 9ig& : Atant, /. A tant.
V. 99 3 1 : de 80Z, /• desoz.
V. 9&98 : Raimfiroiz, eorr. Haimfroû {voir à la Tabk des noms propres).
V. 9537-9538 : intervertir ces deux vers,
V. 955o : lor fist beivre, eorr. Tost fist seivre {voir au Ghssaire).
V. 9566 : de joste, /. dejoate. -■ -
V. 9589 : presque, /. près que.
V. 9687 : aveir, /. a veir.
V. 9701 : atant, /. a tant
V. 9716 : nel sufferreit, eorr. se sufferreit
V. 9773 : le pais Canddion, eorr, le pas de Candelion {voir à la Tahk des noms propres, ou il faut
eorriger 93o9 ^^ ^YT^)*
V. 98i5
V. 9893
V. 98&5
V. 9930
V. 9971
V. 3099
V. 3071
V. 3087
V. 39i3
V. 3956
V. 3989
V. 33&9
V. 3343
V. 3498
V. 3548
V. 3574
V. 3699
V. 3636
marquer un paragraphe et ajouter après la tnanchette : Itmer, Rie., I, imi,
tierc, /. tierç.
marquer un paragraphe et mettre en manchette : Itiner. Rie., I, iivm,
desfaiz, /. desfraiz (voir Introd,,p. y, n.).
supprimer la mand^ette,
dans la manchette, supprimer le mot quand.
le, /. lé.
dans la manchette, jh^ L xxui.
tanz, eorr, tant {voir Introd, , p, lui).
d la var,, l, 3^56 pour 3955.
qni, /. qui.
De si, /. Desi.
transporter la manchette en regard du v. 33ù5.
por, eorr. par.
aval, /. a val.
Si que oltre Tauberc, eorr. Si qu'oltre le hauberc {voir le Ghssaire au mot Hausbere).
à la manchette, 17 b., /. 97 b.
lire ainsi a la var, pour 8636.
V. 3683-3684 : intervertir {voir p. 3'jà, ».).
V. 3704 : desloees, eorr. desleiees {voir Introd., p. un).
V. 3893 : atant, /. a tant.
V. 3897 : Haust, 1. haust.
V. 3907 : Octobre, Setenibre, /. octobre, setembre.
V. 3959 : non poables, /. nonpoables {voir au Glossaire).
V. 4o48 : Mai, /. mai.
V. 4iii : marquer un paragraphe,
V. 4i 19-4191 : Raimfrei, eorr. tisiunîrei {voir ci-destus au v. aiaS),
V. 4174 : Suppr, la virg., et au v. suiv. eorr. Que il fud a Sur de vitaille.
V. 4934 : /. Si Tachatoient encor chier.
V. 4969 : naiol, eorr, noot
V. 4975 : ne repassoient, eorr. ki respasaoient {voir Introd. , p. iiixir, n, 9).
V. 4976 : Quant il, eorr, E quant
ADDITIONS ET CORRECTIONS.
573
V. 4391
V. 66a3
V. â/i38
V. 4497
V. 46i3
V. 4677
V. 4709
V. 4719
V. 4714
V. 4863
V. 4965
V. 5o39
V. 5i49
V. 6171
V. Sad4
V. 53o3
V. 5317
V. 53d9
V. 536o
V. 54i5,
V. 553o
V. 5570
V. 5595
V. 56a5
V. 5690
V. 5760
V. 5776
V. 58i5
V. 5895
V. 5909
V. 5931
V. 6o35
V. 6o36
V. 6195
V. 6147
V. 6179
V. 6i83
V. 6194
V. 6901
V. 6907
V. 69i4
V. 653o
V-66i5
V. 6677
V. 6680
aj\ puis i^n^ Mais.
virgule au Ueu de point et virguh.
avères, earr, entières {voir m Ghsêoire et à flntrod. , p. rrvi ).
embati, emr. abad {voir au Glouaire) .
d^arsor, /. d*Arsur.
atant, /. a tant.
Coraebu, eorr, Toraebu {voir à la Table des noms propres ).
nem^abroc, /. ne Di*atroc {voir au Glossaire).
Ses, eorr. Sees {voir à la Table des noms propres),
\e;,tfnr. les.
4966 : abandonrrent, trenchierent, eorr, abandonouent, trenchoueot {voir Introd. p. ixvi).
fait, eorr. feite.
Tamulaine, /. la Malaine {voir à la Table des noms propres).
ferait, /. fereit.
à la fnanchette, l. 1 190 pour 1191.
/. ainsi à la var, pour 33o3.
ainçoïs, /. ainçois.
eorr. E li rois fist le serement {voir Introd., p. zvii, n. 1).
virgule après cust.
a la manekette : Robert de Dreux, /. Robei*t de Leicester; Préals, /. Préaux,
des lor, eorr. des nos {cf. la traduetùm, p. 3g3 ).
Aust, /. anst.
cera, eorr. fers {voir Introd., p. un, n, 1).
qui, eorr, quin.
une, /. vive.
Sarazine, /. sarazine.
s'encombatirent, /. s'escombatirent {voir au Glossaire ).
suppr, le point et virg. et l, au vers suiv, E cisternes pour Es cisternes {rf.la traduction, p,3g6).
de lor gre ruierent, /. del lor guaaignierent et suppr. la var, {cf. p. Sg6, n. 1 ),
s'escrio, /. s'escribt.
casel, /. Casel.
mort, /. Mort,
saraziu, /. Sarazin.
marquer un paragraphe.
Fanz guarde, /. Taniguarde.
terre, eorr, guerre {voir Borriz à la Table des noms propres).
de, eorr, des.
tozjorz, enooste, /. toz jorz, en coste.
marquer un paragraphe.
en costé , /. en coste.
embraçant, eorr, embraiant {voir au Glossaire ).
abaisser le chiffre d'une ligne.
eorr. Jusqu'à Arsur ou descendirent, et à la var, a sur {voir à la Table des noms propres),
eorr. Qui en aveit ja esgnardë {voir Introd., p. r, n.).
eorr, Quil teneit a son, non a nostre {cf. Introd,, p, r, n.).
574
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
V. 6686
V. 6688
V. 6695
V. 6780
V. 68^9
V. 6870
V. 69*0
V. 6968
V. 6999
V. 7061
V. 7087
V. 709^
V. 7193
V. 7181
V. 7306
V. 7379
V. 74«a
V. 7464
V. 7498
V. 7679
V. 77«o
V. 7781
V. 7988
se traveiilerent, earr. traveille erent, et à la var. traveiilerent {voir Inirod., p. un),
voidront, /. voldrent
Setembre, /. setembre.
/. aifui à la var. pour 6789.
E bites, eorr. Faites {voir Fiibr à la Table des noms propres).
aj\ en manchette : Itiner. Rie,, IV, 11 iv,
écrire ainsi le chiffre pour 8940.
a pienle, corr. a plentez {voir Inirod,, p. lui),
rovoient, corr, vooient (?) {voir au Glossaire et p. âo8), .
Setembre, /. setembre.
d la manchette, L de Préaux pour des Préaux.
Qu*iert aiez Salahadin , /. Qui ert alez Sarazins {voir p, âog , n, )•
/. e dist sarrazineis.
case], /. CaseL
point au Heu de virgule.
suppr. la et la var. {voir Proosement au Glossaire).
Sarazine, /. sarazine.
parmi , /. par mi.
suppr» la virgule,
es^corr. d {voir p. iii^ n. 1).
casel, /. Casd.
casd, /. Case] et suppr. la virgule.
l. ainsi à la var, pour 7898.
V. 7953-79S4 : prendre, esprendre, corr, perdre, esperdre {voir au Glossaire),
V. 7965 : Soidan, /. soldan.
V. 8189 : d la manchette, L Bugaespour Hem*i.
V. 8999 : corr. Que iud adonc )i vens d^Arsur {ef, 9.r iSiS et p, ù^t, n, 1).
V. 894o : casel, /. Casd.
V. 8958-8954 : intervertir,
V. 8971 : Ticrc, /. Tierç.
V. 8899 : corr. Revint li reis a Tost ariere {voirp, iaû,n. 1).
V. 849S : corr. Refu par Godefrei conquise (?).
V. 855 o : /. Que les seremenz del limage, et d la var. sermenz {voir Introd,, p, un, n. 1 )•
V. 8559 : d la var. écrire ainsi pour 8859, et placer ce vers avant 855o.
V. 8799 : Dirent, corr. Dire {voirp. iaS, ». 1).
V. 8866 : menèrent, corr. merrerent {voir au Glossaire).
V. 8909 : virgule après envoierent, et au v, suiv. corr. Tant en Dont
V. 8969 : Nen, corr. Ne.
V. 8971-8979 : placer un point après borne et suppr. la vhg. après foi.
V. 9197-9198 : intervertir {voir p, i3t, n. s).
V. 9901-9909 : intervertir.
V. 9918 : virgule,
V. 9974 : (ensant, corr. tesant {voir au Glossaire).
V. 9991 : qu'en, corr. que {voirp. iSs ,n.ù).
V. 9808 : lierc, /. tierç.
ADDITIONS ET CORRECTIONS. 575
V. c)3i3 : Estiene, /. L'Estieue {cf, v. gSi^).
V. 9609 : à la manehette, L xciy /joair lxiv.
V. 9536 : QuH, eorr, Qu'els.
V* 95â6, 9551, 9696 : tozjorz, /. toz jors.
V. 961 1 : /. De Haltefort , tt àla tar. haltfort (fx>ir à la Tabh des noms propres).
V. 9699 : barons, corr. p.-é. bailles {voir p. i36, n.).
V. 9789 : à la manehette, /. à la Blanchegarde.
V. 9788 : S'estendi, corr. Se tendi.
V. 9835 : marquer v» paragraphe.
V. 9837 : virgule au Keu de point et virgule.
V. 9837 : suppr. le point.
V. 9885 , 9886 : virgule après chaque vers.
V. looâi : estor, corr, estai (voir au Glossaire).
V. 10197 : Taobe, corr. Tabë {voir p. iii, n. i).
V. 10199 : Qui, eorr. Nos {voir p. iiî, n. 3).
V. i09o/ï : loreie, corr. loereîe {voir Introd., p. ilyii).
V. 10910-1091 1 : /. Si ne nos descorderons pas C*nnques genz tant nés descorderenU
V. 10919 : /. Qni en lor seremenz {voir Introd., p, ivu, n. 1).
V. 10966 : Tasegissent, corr, laseissent.
V. 10996 : tierc, /. tierç.
V. 10399 : marquer un paragraphe.
V. 10&35 : Teinssent, corr. Teisent {voir Teser au Glossaire).
V. ioâ&3 : tozjorz, /. tozjorz.
V. 10&8& : tierc, /. tierç.
V. 10600-10601 : tnettre après le v. 10601 la virg. qui est après le v. 10600.
V. io653 : Henri, corr. Hugues {voir p. ii6, n., et à la Table des noms prières).
V. 10807 : demeinche, corr. diemeinche {voir au Glossaire).
V. 10809 : corr. Fud a Jaffe Tost atravee {voir Atraver au Glossaire).
V. io853 : tozjorz, /. toz jorz.
V. 10939 : desfestivee, corr. desfestuee {voir au Glossaire).
V. 10993 : des Ornes, corr. de Homez (roîr à la Tabh des noms propres).
V. 11011 : suppr. lor {cf. Salbbadin à la Table des noms propres).
V. 1 1 o 1 & : suppr. la virgule.
V. 11090 : /. ainsi pour 10090.
V. 1 1037-1 io38 : L Tote la nuit del vendresdi; E al matin dd samedi {voir p. àSo, n.).
V. 1 io5& : estroez, corr. estuez {voir au Glossaire).
V. 1 1 13& : reaus, corr. leaus.
V. 1 1 9^9 : haut estace, corr. haute estrace {voir au Glossaire).
V. 11979 : tozjorz, /. toz jon.
V. 1 i3o9 : atentes, corr. ententes {voir au Glossaire).
V. 1 1335 : suppr. le second gent {voir Genve a la Table des nomspropree, et Introd., p. ivi, n. s).
V. 1 1&19 : snqtpr. E et corr. Bertelemeu, étala var. l. Bertelmeu.
V. 1 1&&5 : lor, corr. les et aj. lor en variante.
V. 11^88 : tozjorz, /. tozjorz.
V. 1 i5i6 : adverse, corr. engresf«e {voir ci-après au mot Engrès du Glossaire).
5t
576
L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
V.
V.
V.
V.
V.
V.
V.
1789 : Qui, eorr. Gui.
i855 : virguk.
1915 : point.
1987 : tnrguhy et pomt et virgule après ngSS.
9091-19099 : eorr, leissier, desirier.
9901 : /. tost.
9338 : /. adroite.
TRADUCTION.
P. 337, L
P. 34/î,
P. 355,
P. 363,
P. 364 ,
P. 371 ,
P. 379,
P. 38o,
P. 384,
P. 389,
P. 4oo ,
P. 4o5,
P. 409.
P. 494,
P. 449,
P. 45o,
P. 463,n
3o : /. d'Aïq'ou, de Bretagne, de Poitou, de Berri et de Gascogne {voir ei^dessui au
V. aaS).
1 1 : après montagnes indiquer une lacune.
91 : Dreux, /. Droon.
99-30 : /. avant de l^avoir prise, quelque presse que vinssent lui bire ces gens {voir
d-dessus auv. îgo3).
9 : qui avait la lippe pendante, /. qui boudait toujours {voir Lipe au Ghssaire).
17-19 : /. jusqu'à la mer de Galilée, si bien qu'dle lui en interdit Taccès. L*eau en est
douce et bonne à boire; mais le traître fit que Tost en fut sevrée; et quand on en vint
{voir ci-dessuf au v, ù55o).
4 : qu'il ne supporterait pas cet outrage, /. qu'il prendrait patience {voir ci-dessus au
©. 9716).
17 : virgule après les vieux.
6-7 : /. et, depuis qu'il fut à Sur, il n'envoya plus une denrée de provisions dans Tost
{voir ci-dessus aiuv, àfjà).
33 : le morceau, /. la rote (voir au Glossaire),
i9-i3 : /. Il y en avait qui guérissaient, et quand ils ne trouvaient pas à se procurer
de nourriture, ils maudissaient {voir ci-dessus au v. à^'jS).
34 : Cornebu, /. Tomebu {voir ci-dessus au v, à'jtS).
18 : l'amulaine, /. la Mulaine {voir ci-dessus au v, 5tâg).
5-6 : qui était du pays, /. qui était nourri dans les exercices guerriers {voir ci-dessus au
V. 6ija),
91 : enveloppèrent, /. harcelèrent {voir ci-dessus au v, ôaiâ),
1 9-1 4 : /. Il servait Dieu sans jamais &illir, et Dieu avait d^à pourvu à son sort : sa place
était marquée au paradis à c6té de saint Jacques, qui le regaitlait comme sien et non
comme n6tre {voir ci-dessus au v. Sôyj),
deni. : /. se mit à dire en sarrasinois : nJe suis melecln {voir ci-dessus au v. jisS).
4 : fut reconquise, /. fut conquise par Godefroi {voir ci-dessus au v. 8àg5),
6-7 : /. Ainsi nous nous mettrons tous d'accord, i . . . Car jamais gens ne furent plus en
désaccord. Enfin on décida, et suppr, la note {voir ci-dessus auv. lOùioy.
dem. : jetés, /. cachés {voir ci-dessus au v. iioSA).
• : qu'on ne peut combler avec sûreté, /. qu*on peut combler avec probabilité d'après le
latin : tret l'argent qu'on lui demanda en abondance, parce qu*on le savait très riche ■•
ADDITIONS ET CORRECTIONS. 577
GLOSSAIRE.
Admirad , Amiralt : Voir Amiral , /. Voir Amirail.
AsBEiR : i^n^ asistrent 3&08, aj. impf. sbj. 6 aseîssent 1096/1 {nu, U. asegissent).
AsEoiR : /. Voir Asbeir.
Ayer : êuffr. f. pi. aoeres hki% {voir ei-detws à ce vers).
Avillier, /. Aviler , et Marsile pour Marsille,
Barril : barris, L barriz,
CoNTRAiLE : voir Paile , /. voir IrUrod. , p. xxu , xxxv.
Desfairb : isuppr. p. s. desfaiz 3980, accable par TAge.
Aj, après Dbsfirb : [Desfrait], s. derfraiz dgSo, cassé par Yàge {voir d-dessus à ce vers),
EngrIs : aj, Auv, 1 i5i6 adverse doit être eotrige en engresse : la désignation de gent engresse pour
les infidèles revient très souvent {voir Sarrazih à la Table des noms propres).
ESNEKB, /. EsilBQUE.
Félon : inMireus, l, meseûreus,
Leonardie : aj. H but sans doute lire la renardie {voir Introd,, p. Lxxni).
Mes : 66a, /. 661.
Neier : siq)pr. impf. 3 naiol ^369 {voir ci-dessus à ce vers).
NoER : aj. impf. 3 noot ^369 {voir dessus à ce vers).
Après Plusor aj. Poablb. Voir Nonpoablb.
PoRYBEiR : (^. impf. 6 porveouent 8070.
RoELE : aj. rueh 3173 , et suppr. pi. rueles 3173 {voir ci-dessus à ce vers).
Sairement : /. serement 5339, 85io, pi. sairemenz 539a, seremenz 855o, 10919 {voir Introd.,
p. ivn, n. 1, et ci-dessus aux vers 5393, 855o, 10319).
Si, /. 5 : ty. si qu'as point 9776 , jnsqu*aux poings.
Tendre : aj. après sa tente : se tendi 9788, campa.
Test : aj. Cf. v. 11 1 4o.
Travaillier : aj. traveillié ^6S6 , fatigué {voir ci-dessus a ce vers).
TABLE DES NOMS PROPRES.
Après Alevan aj. Alençor. Voir Johan.
Rertran : (S.), /. (s.).
Borooigne : Suppr. Il vient de Bourgogne beaucoup de croiséi (337) {voir ci-dessus â ce vers).
Gandalion, 1. à : 3309, /. 3773.
CrPRE, 1. 9 : l(TaéH L ^Ifroàn.
Flandres, 1. 9-10 : /. Le sënëchal de Flandres mentionné au v. 3935 est Hellin de Wavrin.
Geojffroi : 1. Voir Giefrei , Perchb.
Girard de Rideford : aj. Cf. Introd., p. lxxii, ».
Guarlande : aj. Voir Guillaume.
GuioN, p. 5^6, col. 1, 1. 8 : 36o5, /. 9617; 1. 9, 96o5, /. 9ii5; col. 9, 1. 1, 3606, L 3618;
1. i, roilatin, /. roi latin.
5i.
578 L'HISTOIRE DE LA GUERRE SAINTE.
Après H\LAPE : aj\ Hâltpobt. Voir Hautbport.
Habobncort : aj. Un Roger de Hardeincort est mentionné dans (ruillaume le Maréchal (v. ^iTh^q)
parmi les chevaliers flamands, ce qui me semble devoir empêcher de ridetilifier au nôtre.
Après Heleine : aj. HelUn de Watmn. Voir Flandbbs.
Henri de Graié : Graye, /. Graîe.
HiNRi de Mailloc : aj, Henri de Mailloc est mentionné dans Stapleton, RotuU seace. Nonn., II, ccLvm.
Après JoHAN : aj, JoH\ff (TAlençoH, 9^ âo, envoyé d* Angleterre à Richard. Il était archidiacre de Lisieux
et vice-chancelier (Stubba).
ÏMom : les manchettes, /. la manchette.
MoRTRMER : suppr. Morthemer, cant. de Lussac-le-Chàteau (Vienne), ou; (Eure), /. (Seine-Inférieure) .
ei aj. : ou peut-être Mortemer près de Gisorn (Eure).
RiGHABT, 1. 5-G : /. 11 est très souvent ap|>elé le preux, le vaillant, le non per (sS&o), surnommé
le magne.
R06IBB de Toeni : aj. La famille de Toeni, établie en Angleterre depuis la conquête, y était devenue
très puissante, et Roger de Toeni est plus d'une fois mentionné parmi les barons anglab de
son temps, en sorte qu on ne peut If^timement le qualiBer de fr chevalier normand».
RoTRBi : aj. Voir Raoop.
TABLE DES MATIÈRES.
Page».
Avant-propos.
Introduction i-xcii
I. Le manuscrit i
II. Lauteur vi
III. La hngae xiii
IV. -Le poème l
V. La traduction latine lix
VI. L'histoire du siège d'Acre jusqu'à l'arrivée des rois de France et
d'Angleterre lxxvi
VII. L'Estoire de la guerre sainte dans la littérature lxxxv
l'estoirb de la guerre sainte i-339
Traduction 333-466
Glossaire &65-59&
Table des noms propres S97-570
Addhions et corrections 571*578