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CHEZ LES
MOLLUSQUES
PAR
PAUL PELSENEER
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BRUXELLES
M. HAYBZ, IMPRIMEUR DE l'aCADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE
112, Rue de Louvain, Wl
1920
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CHEZ LES
MOLLUSQUES
PAR
PAUL PELSENEER
BRUXELLES
HAYEZ, IMPUIMEUR DE l'aCADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE
H2, Rue de l.ouvain, 112
1920
Extrait des Mémoires
publiés par l'Académie royale de Belgique (Classe ées sciences).
Collection in-S». Deuxième série, t. V.
A LA MÉMOIRE
DE
MES COMPATRIOTES VICTIMES DE L'AGRESSION ALLEMANDE
(1914-1918)
Ce travail a été poursuivi et achevé pendant les événements
de 1914-1018. N'ayant pu, à cause de mon âge, combattre par
les armes, les agresseurs de mon pays, et, révoqué de mes
fonctions dans l'enseignement par le gouverneur général alle-
mand, j'ai dû chercher dans la continuation de mes études
scientifiques, un soulagement aux souffrances morales et à
l'amertume d'assister impuissant, à la dévastation d'un petit
pays inoffensif !
Mais bloqué à Gand par l' « occupation », j'ai été empêché
de reprendre mes recherches habituelles à la mer; et dans le
pays occupé, les difficultés du travail scientifique se sont trou-
vées nombreuses par le fait de l'ennemi : locaux, laboratoires,
bibliothèques occupés, détruits ou dépouillés, et obstacles de
toute nature portés à la libre circulation.
Il a fallu me limiter ainsi à des investigations entreprises sur
des notes et ébauches inédites, et sur des matériaux appartenant
4 —
à mes propres collections ou recueillis dans le voisinage immé-
diat de ma demeure.
Ce travail s'est continué pendant plus de quatre ans, troublé
presque chaque jour parle bruit du canon, presque chaque jour
aussi, attristé par la nouvelle de la mort d'amis ou de parents :
non seulement militaires tués sur le champ de bataille, mais
civils massacrés ou fusillés chez eux, ou décédés dans les camps
ou les bagnes chez l'ennemi. Aussi, ces souvenirs funèbres que
rien n'effacera jamais, sont-ils pour moi inséparables des pré-
sentes études : il n'est guère de page de ce mémoire qui n'évoque
le iiom de quelque disparu !
De sorte que, si la dédicace qui y est inscrite peut paraître
inusitée en tête d'un ouvrage qui ne devrait être empreint que
de sérénité scientifique, tous les Belges et tous les amis de la
Belgique comprendront cependant le sentiment qui me l'a
dictée et ma volonté de rendre hommage — par le seul moyen
en mon pouvoir — à ceux qui sont tombés pour défendre
contre mes ennemis, tout ce que j'ai de plus cher : mon pays,
mes idées et mes espérances.
O < N
INTRODUCTION
I. — Quand on considère une diagnose spécifique précise, on
constate qu'elle ne s'applique exactement qu'à un petit nombre
des individus que l'on examine, alors même que ceux-ci sont
contemporains et de la même localité ; et la chose peut être plus
nette encore, s'il s'agit de spécimens provenant de générations
différentes ou de régions distinctes.
On s'aperçoit alors que tous les caractères sont susceptibles
de varier plus ou moins, et qu'il se rencontre de nombreux
écarts de tous les degrés, à partir de la forme tenue pour nor-
male. C'est au point qu'il est impossible de représenter par une
seule figure, une espèce de Pulmoné ou de certains genres de
Streptoneures, par exemple (^).
(1) « To illustrale any species of Physa by a single figure is, in the présent stale
of our knowledge of the susceptibility of the molluscs of this family to the environ-
mental influences, quite an absurd thing to do » : Stearns, The fossil Fresh-water
Shells of the Colorado Désert, their Distribution, Environment and Variation.
(Proc. National Muséum. Washington, t. XXIV, 1902, p. 295.) — « Either each
separate individual is to be regarded as a species, or the variability is very great.
Persistant study of the spécimens lias convinced me, that the latter is the true
solution, and that the most évident cliaracters such as the umbilicus (in some
adult spécimens) may be présent or absent, that the number of spiral threads,
their strength and sharpness on tlie basai disk are entirely inconstant » : Dall,
Report on the Mollusca. (Bull. 3Ius. Compar. Zool. Cambridge, t. XVIII, 1889,
p. 269, à propos du genre Seguenzia.)
— 6 —
Lorsqu'une forme animale possède ainsi des aspects mul-
tiples, il arrive que l'isolement de certains de ces états plus ou
moins extrêmes accentue leurs divergences, par suite de
l'absence des états intermédiaires, et cette absence dans les
collections détermine une discontinuité apparente entre deux
formes extrêmes isolées.
Par suite de cela, est née, chez divers spécialistes, surtout
chez ceux dont la doctrine évolutionniste est demeurée peu ou
mal comprise, la tendance à multiplier outre mesure le nombre
des formes dites « spécifiques ». On a vu ainsi des états d'une
même espèce, rangés jusque dans des sous-genres, ou même des
genres différents : respectivement diverses variétés de Hélix
gualtierianus, les unes dans le sous-genre Otala,.\es autres
dans le sous-genre Ibenis; diverses variétés de Taïu/anyicia
rufoplosa (décrites comme 34 espèces), les unes dans le genre
Haiittecoeuria et les autres dans le genre Cambieria; diverses
formes (décrites comme 24- espèces différentes) de Tanalia (ou
Paludoïnus) aciileata, les unes dans le genre Paludomus, les
autres dans le genre Phllopotamis (^), etc.
L'étude des variations actuelles et passées peut donc tout
d'abord favoriser une réaction salutaire contre un encombre-
ment nuisible de la nomenclature; mais, en plus de cela, elle
est surtout une discipline philosophique tendant à éclairer la
question de la descendance et de la transformation des espèces.
IL — Le principal recueil classique récent en cette matière
est le traité de Bateson [Materials for tlie Study of Evolution ,
1894). Il a été, comme l'indique d'ailleurs son titre complet,
envisagé « witli especial regard to discontinuity in origin of
(*) BoETTGER, Die Veranderlichkeit der Schale von Iberus gualtierianus. (44 Be-
RiCHT Senkenb. Nat. Geseli.sch., 1913, p. d83.) — Ancey, Réflexions sur la Faune
malacologique du lue Tanganika et catalogue des Mollusques de ce lac. (Bull. soi.
Franck et Belgique, t. XL, 1906, p. 2o3.) — Blanford, On the spécifie Identity of
the descrihed Forms of Tanalia. (Trans. Linn. Soc. London, vol. XXIII, 1862.
p. 610.)
species », c'est-à-dire (|u'il constitue surtout un recueil de varia-
lions brusques ou fortes, notaniuient de variations du nombre
des parties (ou variations méristiques), le plus souvent indivi-
duelles et non fréquentes, et particulièrement chez les Vertébrés
et les Arthropodes.
Or, quand on se trouve en présence d'un problème d'une telle
complexité et d'une portée philosophique aussi étendue, il est
sage de l'aborder par le plus grand nombre possible de côtés à
la fois, sans point de vue particulier ni parti pris quelconque,
et, d'autre part d'éviter des conclusions établies sur un trop petit
nombre d'espèces ou de groupes; car il peut être dangereux de
construire toute une nouvelle doctrine de l'évolution sur l'obser-
vation et l'expérimentation d'une seule forme végétale ou ani-
male, et il est assurément préférable de se baser sur un nombre
considérable d'observations de variations de toute espèce : fortes
ou faibles, isolées ou fréquentes, etc.
Aussi, convaincu de l'iuiportance, au point de vue de l'ori-
gine des espèces, de la question des variations brusques et des
variations lentes d'une part, et de celle de la transmissibilité des
variations acquises d'autre part, ai-je, au IX" Congrès interna-
tional de Zoologie, à Monaco, en 1913, signalé ces deux objets
parmi les questions générales que pourrait utilement aborder
l'activité collective des zoologistes « spécialistes » (^).
Je dis « collective », parce ([ue ce serait, en effet, un travail
formidable que de rechercher et étudier toutes les variations dans
le règne animal entier, et Darwin l'entrevoyait déjà quand il
écrivait l'Origine des espèces (^). Mais il pourrait cependant
(') Pelseneer, Sur l'opportunité d'inscrire des questions générales à l'ordre du
jour des prochains Congrès. (IX" Gongkès intern. de Zool., tenu à Monaco, 1914,
p 84.)
(2) « Les naturalistes les plus expérimentés seraient étonnés du nombre de
variations, affectant les parties les plus importantes de l'organisme, dont ils pour-
raient recueillir le témoignage dans le cours d'un certain nombre d'années et
d'après les sources faisant autorité. » (Dauwin, L'origine des espèces, trad. Royer,
p. o7.)
— 8 —
s'exécuter si des spécialistes avaient la patience de l'entreprendre
simultanément pour leurs groupes respectifs.
Je dis aussi « spécialistes », parce qu'il y a nécessité incon-
testable d'être familiarisé non seulement avec la systématique,
la paléontologie et la distribution géographique du groupe
étudié, mais surtout avec toute sa morphologie, son embryolo-
gie et même sa physiologie. C'est pourquoi, atin de prêcher
d'exemple, j'essaie aujourd'hui de réaliser ce projet pour les
Mollusques. Je le fais à la fois d'après les observations recueil-
lies dans mes lectures, et d'après les nombreux exemples de
variation — en grande partie inédits — qu'il m'est arrivé
d'observer occasionnellement pendant mes travaux de morpho-
logie, d'embryologie et d'éthologie sur ces organismes, dont j'ai
étudié de multiples espèces, appartenant à plus de 400 genres
de toutes les classes.
Je me base donc ici sur une expérience déjà longue de ce
groupe d'animaux, puisqu'elle a été acquise au cours de plus
de trente-cinq années d'études ininterrompues de cet embran-
chement, et surtout sur l'examen de l'organisation de ses
cinq classes et de l'embryologie des Gastropodes, Lamelli-
branches et Céphalopodes, plutôt que sur celui des coquilles
actuelles et fossiles. Car les variations signalées jadis chez les
Mollusques, ont été presque toujours d'ordre conchyliologique,
tandis que les variations de l'organisme ou des « parties molles »
étaient très généralement laissées de côté (^) ; et la coquille ne
reflète cependant qu'une très minime partie de la constitution
générale : c'est pourquoi il importe d'examiner la variabilité
ailleurs encore que sur elle.
Le présent travail étant la première tentative de ce genre,
appliquée à un embranchement entier, il faut s'attendre à y
(1) Un premier aperçu sommaire de la variation des Mollusques, sous forme de
discours présidentiel, par Sykes, porte plus i)articulièrement aussi sur les varia-
lions de la coq-ûille. {Variation in récent Mollusca. [Proc. Malacol. Soc. London,
vol. VI, -1905, p. 253J.)
9 —
trouver des imperfedions notables dans le plan ou le mode
d'exposition; et, d'autre part, il ne peut manquer de s'y trouver
aussi mainte lacune, outre la lacune volontaire, relative aux
fossiles; et malgré le temps consacré aux recherches bibliogra-
phiques, et le soin avec lequel elles ont été faites, des cas de
variation ont certainement échappé; cela est rendu inévitable
par la multiplicité croissante des recueils scientifiques locaux,
non seulement dans l'ancien monde, mais sur la terre entière,
recueils qui sont fréquemment inaccessibles, et où sont parfois
consignées des observations d'anomalie, -à l'occasion d'études
fauniques (^).
En réunissant ce qui a été constaté précédemment, et en
joignant à de nombreuses figures originales, diverses figures
empruntées à d'autres travaux (relatives à des variations que je
n'ai pu observer par moi-même), j'ai voulu éviter au lecteur la
recherche de renseignements éparpillés dans tant de recueils
qu'il est souvent difficile d'avoir réunis sous la main. Puis, en
essayant de faire de la synthèse de toutes ces observations pré-
cédentes, j'ai eu pour but :
1" De chercher à dégager ce qu'il y a de concordant au point
de vue général, dans les résultats de tant de travaux partiels et
de tant de constatations particulières;
2" De mettre en lumière les points méritant des observations
plus étendues.
La réunion méthodique des multiples cas connus de variation
rencontrés chez les Mollusques, permettra, en effet, d'apercevoir
les divers exemples (organes, individus ou espèces), dont l'étude
pourra le plus utilement être poursuivie; quelques-uns seule-
* ment ont été abordés aujourd'hui. Pour ceux qui voudront enta-
mer des recherches sur une partie de ce sujet, il se trouvera
(*) Il y a là une raison sérieuse pour que le travail correspondant soit entiepris
sans relard dans d'autres groupes que les Mollusques.: car à tarder des années
encore, les difticultés d'ordre bibliographique iront en croissant de plus en plus, et
rendront l'entreprise de moins en moins commode à réaliser.
10
donc ici une première orientation et une sorte de mise au
point.
Pour modestes que soient les résultats atteints par ce travail,
ils contribueront cependant à faciliter au moins les tentatives
ultérieures de faire progresser, par l'étude de Mollusques, la
question de la variation et de la transformation des espèces.
III. — La variation a été envisagée dans les Mollusques, au
point de vue biométrique, par application des méthodes intro-
duites dans la science par le mathématicien belç/e Quetelet
(1796-1874); l'expérience a montré (et je puis confirmer) que
la méthode biométrique peut être utilement appliquée à éclairer
des questions particulières bien nettement définies, relatives à la
variation.
11 ne faut pas se dissimuler toutefois, que la méthode statis-
tique ne peut rien révéler sur la nature ou le principe du phé-
nomène, mais seulement sur son allure et certaines de ses
conséquences. Et des études statistiques de cette espèce seraient
sans grande utilité, si l'on ne s'efforçait pas en uième temps de
reconnaître les conditions d'existence qui accompagnent les
variations et d'y découvrir éventuellement la cause de celles-ci.
Il est à peine nécessaire, en effet, de faire remarquer l'imper-
fection d'un système qui consisterait à étudiei' les variations, en
recueillant de nombreux individus sans s'inquiéter en même
temps de leur domaine topographique et des nombreux facteurs
qui y exercent leur action. Car il n'y a pas moyen de déterminer
les causes possibles de la variation, sans bien connaître aussi les
conditions d'existence des diverses « formes » de celle-ci.
Une des faces du problème, et non la moindre, consiste donc
essentiellement à rechercher quelles sont les conditions biolo-
giques d'environnement qui sont éventuellement en rapport
avec les diverses modifications constatées, ou les variations que
peuvent engendrer divers facteurs extérieurs du milieu.
Mais ce côté « dynamique •>•> du sujet (par opposition au côté
Il
statique ou morpliologique pur) commence seulement à être
envisagé ; et il n'y a encore qu'un petit nombre de recherches
ou d'expériences qui aient été entreprises à ce point de vue
éthologique, c'est-à-dire en vue de l'explication naturelle des
variations, notamment par l'influence modificatrice éventuelle
du milieu.
Il y a donc lieu de réunir aussi les observations qui ont pu
être faites sur le « comportement » des Mollusques ou leur façon
de réagir aux divers facteurs de 1' « environnement ».
Telles sont les raisons qui ont déterminé l'orientation et le
plan du présent travail, suivant une subdivision établie dans le
sommaire qui précède cette introduction.
f r
LES
VARIATIONS ET LEUR HEREDITE
CHEZ LES MOLLUSQUES
PREMIÈRE PARTIE
La variabilité chez les Mollusques.
Parmi les nombreux exemples de variation observés chez les
Mollusques, les plus démonstratii's théoriquement, au point de
vue du problème de l'origine des espèces, seraient ceux rencon-
trés au même endroit, dans des dépôts géologiques superposés :
car ils donneraient la démonstration de variations produisant
des transformations zoologiques au cours du temps.
Toutefois, pour qu'ils soient valables, il faut que ces exemples
de variation dans le temps aient été extraits de dépôts immédia-
tement consécutifs, d'âge exactement déterminé : condition
malheureusement rencontrée rarement.
D'autre part, pour tous les Mollusques fossiles, les variations
éventuelles ne peuvent être étudiées que sur la coquille seule
(bien des fois incomplète d'ailleurs) ; conséquemment, on n'est
nullement renseigné sur la nature des variations correspondantes
dans le reste de l'organisation. Et cela est d'autant plus marqué
— U —
qu'il s'agit d'organismes plus anciens — paléozoïques ou méso-
zoïques — très différents des formes actuelles.
En outre, en présence de l'impossibilité d'une confirmation
expérimentale, les phénomènes de descendance ou de dérivation
effective ne peuvent être que simplement présumés chez les
formes éteintes; tandis qu'une variation actuelle peut éventuel
lement être soumise à l'expérimentation et devenir alors aussi
une variation dans le temps.
De sorte que, pour l'étude des phénouiènes divers de la varia-
bilité, les formes contemporaines ou actuelles sont encore
supérieures aux fossiles, parce qu'elles permettent notamment :
1" L'examen de la variation dans toute l'organisation;
^^ Des expériences éventuelles sur l'hérédité des variations,
ainsi que sur l'époque et la cause de leur apparition.
Sans donc négliger absolument la variation dans les espèces
fossiles, il n'y faut pas attacher une importance aussi grande
qu'à celle des espèces actuelles ou vivantes; on doit laisser
surtout de côté, par exemple, les formes les plus anciennes et
particulièrement les Céphalopodes primaires et secondaires, si
différents des actuels, que nous n'avons guère de notions bien
précises sur leur conformation.
I. — Variations observées chez l'adulte
dans les divers organes.
Les variations dans la conformation extérieure apparaissent
aussitôt qu'on examine au point de vue de la zoologie systé-
matique pure, un nombre suffisant d'individus. Au contraire,
les variations dans les organes intérieurs ne sont pas toujours
reconnues, même chez les espèces les plus communes, aussitôt
que l'organisation a été étudiée par dissection. Car elles néces-
sitent l'examen intérieur de très nombreux spécimens, ce qui
— 15 —
n'est guère réalisé que dans le cas des monograpiiies analo-
miques. L'utilité de ces dernières, dont l'importance a parfois
été mise en doute, apparaît donc ici.
Mais tous les auteurs de monographies n'ont pas eu l'attention
attirée sur cette particularité des variations dans l'organisation,
ou du moins sur la variation de tous les appareils. Et comme
on le verra plus loin, les variations dans les organes intérieurs
ont été relativement le pins souvent signalés d'abord à propos
de nerfs et de vaisseaux, c'est à-dire pour des appareils allongés
qui doivent se ramiiier sur leur parcours.
Quoi qu'il en soit, les variations sont nombreuses. Rien que
pour l'organisation proprement dite (non compris la coquille),
au lieu d'une vingtaine d'observations signalées par Bateson, il
en est rassemblé ici près de deux mille, portant sur quantité de
genres différents de tous les groupes, et dont bien des centaines
sont originales et inédites.
Et cependant, cliez les cinquante mille espèces de Mollusques
vivants, il n'y a guère que quelques centaines d'organes ou
d'appareils différents, susceptibles de variation.
Il faut naturellement mettre à part des « variations » dues à
l'âge, et qui, étant communes à tous les individus, sont donc
un caractère normal de l'espèce et ne constituent pas des varia-
tions dans le sens usuel, consacré, du mot.
Ainsi, tout comme dans d'autres groupes, la croissance
détermine des changeuients (notamment dans des appareils en
régression, dont la rudimentation va en croissant chez l'adulte).
Par exemple :
1" Pied : réduit chez l'adulte (animaux fixés : Ostrea, ou
sédentaires : Teredo, etc.);
2° Byssus : atrophié chez l'adulte [Unio, Cijclas, Teredo,
certains Pecten, etc.);
3" Otocystes : atrophiés dans l'adulte (Vermetiis et autres
Mollusques fixés) ;
4° Manteau : envahissant la coquille entière, qui n'est que
— 16 —
partiellement recouverte cliez le jeune [Cryptochiton] (^) ; l'in-
verse clans Spiriila (^) : adulte à coquille partiellement décou-
verte, tandis qu'elle est totalement couverte dans le jeune;
5° Opercule : caduc chez l'adulte [Limacina arctica et Lima-
cina antarctica) ;
6" Yeux branchiaux de Lamellibranches : disparaissant du
côté fixé à l'état adulte, chez certains genres (Meleagr'ma,
Anomia) ;
7" Charnière de la coquille des Lamellibranches : dents
devenues plus épaisses chez l'adulte, et s'ohlitérant parfois,
exemple : chez des CAirdiidae, Cardium ou Serripes (ou encore
Acardo) (jrocnlandicum ;
8" Forme de la coquille, — dans bien des genres, — et non
seulement son indice (voir ci-après : J, 1" Gastropodes, a, —
Lamellibranches, a, et même Céphalopodes), mais sa forme
générale; exemples :
Fissurclla, Patella, etc., enroulée chez le jeune, conique chez
l'adulte; forme de l'ouverture : Cypraca, de plus en plus
étroite avec l'âge; forme de la lèvre ou du bord extérieur de
l'ouverture : échancrure vélaire de la coquille larvaire de
nombreux Streptoneures, cause fréquente du phénomène d'hété-
rostylie; bourrelet épais, seulement chez l'adulte : divers
Pulmonés terrestres; bord dentelé chez l'adulte : Rostellarla,
Pterocei'a, etc. ; co(juille à enroulement serré chez le jeune,
déroulée chez l'adulte : Vermetus, Magiliis, etc. ; carène dans
le jeune âge, disparaissant chez l'adulte [Uyalinia candidissima.
Hélix pisuua, etc. ; ombilic large chez l'adulte, médiocre chez
le jeune [Uyalinia nilens) ; rangée d'épines chez l'adulte seule-
ment : Murex, etc. ; plis columellaires diminuant en nombre
(1) Heath, External Features of the yoiing Cryptochiton. (Proc. Acad. i\at. Sci.
PlIlLADELPHIA, 1897.)
(-) Joi'BiN, Observations sur une jeune Spiriila. (Dull. Inst Océanogr. Monaco,
1910, n- 1910.)
- 17 —
chez l'adulte : divers Martjinella [^), ou même disparaissant
chez l'adulte : divers Pupa {^) ;
Valve droite à bord seulement excavé dans le jeune, troué
dans l'adulte : Anomui; valves de l'adulte soudées ensemble :
Aspergillum; épines postérieures chez le jeune seulement :
Saxicava (^), Corbida ('^).
9° Longueur des nageoires relativement à la longueur totale
du corps, dans les Céphalopodes (Décapodes) : cette longueur
augmente avec l'âge, par exemple chez LoUgo indi'ca, où les
jeunes stades possèdent des nageoires beaucoup plus courtes
que la moitié de la longueur du corps, tandis que les individus
plus âgés les ont plus longues que cette moitié (^).
10" Extension de certaines ramifications rénales dans les
Cliiton .
11° Nombre de certaines parties :
a) Valves des Chitonidae (la 8' apparaissant tardivement) ;
b) Dents de la radula ;
c) Côtes dans la mandibule [Hélix, Arw}i, etc.) ;
d) Ventouses des appendices acélabulifères des Gymnosomes
Pneumonodermatidae ;
e) Otoconies dans l'otocysle;
/) Glandes génitales accessoires;
C) Par exemple : M. anxia, Hedley, Mollvsca froin the Uope Lslands. North
Queensland. (Proc. Linn. Soc. New South Wales, vol. X-XXIV, 1909, p. 453,
pi. XLIII, fig. 86 [adulte : 3 plis], 87 [jeune : 5 plis].)
(-) Par exemple : Pupa cijlindracea et P. anglica, oii les plis de l'état post-
embryonnaire disparaissent en grande partie chez l'adulte. (Taylor, A Monograph
of ihe Land and Frcsimater Mollusca of llie British Isles, vol. 1, p. (37.)
(-') GouLD, Report on the Mollusca of Massachusetts (edited by Binney). Boston,
1870. — Fischer, Manuel de Conchyliologie, p. 1127. — Jackson, PInjlogeny of the
Pelecypoda; the Aviculidae and tlieir Allies. (Mem. Boston Soc. Nat. Sci., vol. IV,
1890, p. 372, Hg. 50.) — Petersen, Det vidcnskabelige Udbytte af Kanonbaaden
« HaucJis » Togter. Copenhague, 1889-1893, p. 93.
(<) Massy, Note on an early spinous stage in Corbula gibba. (,)ourn. of Conch.,
vol. Xm, 1911, p. 191.)
(5) HoYLE, Report on the Cephalopoda. (ZooL. Challenger Expedit., part XLIV,
1881, pp. 156-157.)
2
— 18 —
g) Lames ou pinnules de la branchie : Sepia, Atlanta, Crepi-
clula, Pleurobranclius, Sokiwmija, et nombre des plumes bran-
chiales dans certains Doridiens (Cliromodoris) (voir plus
loin, 7°);
II) Invaginations osphradiales : Paludina;
i) Renflements de l'appendice caudal des Pterotracimea , etc.
Mais pour tous ces derniers points, et d'une façon générale,
pour le nombre des parties d'organes formées d'appareils
multiples, il n'en est pas toujours ainsi dans tous les cas, ainsi
notamment pour :
a) Les branchies des Chitonidae ;
b) Les yeux palléaux des Pecten ;
c) Les yeux dorsaux des Oncidium ;
d) Les pinnules des branchies des Opisthobranches ;
e) Les dents des mandibules de Janus;
/') Les glandes palléales de Oncidwm, etc. , ainsi qu'on le verra
plus loin, dans les parties traitant respectivement de ces divers
points.
12° A côté de variations définitives dues à l'âge, il y a aussi
des variations saisonnières, provenant d'une certaine périodicité
dans les phénomènes d'alimentation et surtout de reproduction,
exemples :
a) Variation saisonnière de la quantité de glycogène (dans le
tissu conjonctif du foie) ; elle a été constatée tant dans des
Gastropodes que dans les Lamellibranches. Comme exemple des
premiers, on peut citer Hélix pomatia, où il disparaît tout à fait
après un mois de sommeil hibernal, tandis qu'il est au maximum
au mois de juin (^) ; Ostrea edulis peut servir d'exemple pour
les seconds : on y voit la quantité de glycogène augmentant du
commencement d'août à la fin d'octobre, puis décroissant avec
(1) YuNG, Contributions à l'histoire physiologique de CEscargot. (Mém. cour.
ACAD. Bei,g., t. XLIX, 1887, p. 113.) — Voir aussi Schôndorff, Der GUjkogenstoff-
wcrhsel der Weinbergschnecke (Hélix pomatia) im Winterschlaf und beim Aus-
kriechen. (Arch. ges. Physiol , Bd CXLVI, 1912, p. 151.)
— 19 —
un minimum vers le milieu de décembre, après quoi l'accrois-
sement reprend jusqu'à un moment entre le commencement
d'avril et celui de mai : alors la décroissance reprend jusqu'au
début d'août (^) ;
b) Variations saisonnières de couleur : chez certains Pulmonés
(Siiccinea putris), la chaleur et l'humidité de l'été contribuent à
diversifier les couleurs des individus, tandis que le froid de
l'hiver les rend plus foncées (^) ;
c) Variation saisonnière du volume de certaines glandes
génitales accessoires, par exemple de la glande prostatique
de Arion empiricorum, qui, à une époque déterminée, devient
beaucoup plus grande, jusqu'à occuper près de la moitié de la
cavité du corps, ou encore de la glande albuminipare ou de la
« glaire », qui, au moment de l'accouplement, devient cinq à
six fois plus grande dans les Limax et les Hélix (^) et le « corps
piriforme » du conduit femelle de Limnaea stagnalis (^).
Enfin, il faut exclure des faits de variation, les phénomènes
normaux de dimorphisme sexuel. Celui-ci se manifeste déjà
extérieurement dans d'assez nombreux Céphalopodes, Gastro-
podes et Lamellibranches, même autrement que par la présence
de l'appareil copulateur chez les deux premiers groupes (becto-
cotyle ou pénis). D'une façon très générale, la femelle est
relativement plus large et souvent plus grande; ainsi :
À. Céphalopodes. — n) Dibranches; a) Octopodes :
outre que l'hectocotyle est caduc dans les Tremoctopiis, Ocytlwc
(*) MiLROy, Seasonal variations in the Quantity of Glycogen présent in Samples of
Oyslers. (Fisheiues Irei.and, Sci. Lwest., vol. IV, d9U9, p. 5.)
(2) RiEPER, Studien an Succinea. «Ann. Soc. Zool. et Mal. Belg., t. XLII, J9I3,
pp. 156-157.)
(5) Moquin-Tandon, Histoire naturelle des Mollusques terrestres et fluviatiles de
France, t. I, p. 493,
(*) RoszKowsKi, Contribution à l'étude des Limnées du lac Léman. (Rev. Zool.
Suisse, t. XXII, 4914, p. 474.
— 20 —
et Argonauta, la femelle de ce dernier est environ quinze fois
plus grande, et seule pourvue d'une coquille (sécrétée par le
pied) ; (3) Décapodes : la coquille est plus large, surtout dans les
Sepia (^) ; la forme du mâle est aussi plus allongée dans des
Loligo, surtout L. média.
b) Tétrabranches : ici, par suite de la présence du spadix et
de la largeur conséquemment plus grande du capuchon cépha-
liquC; c'est chez le mâle que l'ouverture de la coquille est
plus large (^).
B. Gastropodes (seulement chez les Streptoneures, les
Euthyneures — Opisthobranclies et Pulmonés — étant herma-
phrodites) : la femelle est manifestement plus grande, surtout
dans de nombreux Taenioglosses.
Voici les principaux cas qui en ont été signalés : a) parmi les
Rhipidoglosses, Troclius lielicinus, dont la femelle a la coquille
plus bombée (^); des NaviceUa de l'Archipel malais (^), les
Helicina (■'); b) parmi les Taenioglosses : AmpuUaria gigas (^),
les Paludina (^) et Campeloma (-), divers Littorina : L. rudis (^),
(1) De Blainville, Différences de la coquille des individus de sexe différent dans
les Mollusques Céphalopodes. (Jolirn. de Phys., t. I, 1823, p. 92.) — Lagatu, Actes
Soc. Linn. Bordeaux, t. XLIi, 1888. — Fischer, Journ. de Conch., t. XLIV, 1897.
(2) Wii,LEY, In the Home of tke Nautilus. (Natur. Sci., vol. VI, 1895, p. 411,
fig. 1 [N. pompilius].) — Vayssière, Étude sur l'organisation du Nautile. (Ann. Sci.
jMAT. [Zool], sér. 8, t. II, 18'J6, p. 158 [iV. pompilius et iV. macro inphalus].)
(3) SiMROTH, Mollusca. (Bronn's Tier-Reich, Bd 111, II abt., p. 629.)
(*) iBiD.. p. 629.
(5) Wagner, Veher Formunterscliiede der Gehàuse bei mànnlichen und weiblichen
Individuen der Ueliciniden. (Abh. Senkenb. Gesellsch., Bd XXXII, 1910, p. 181.)
(6) Koehler, Ueber Laichgeschàft und Geschlechtsunturschied bei AmpuUaria
gigas. (Blaetter f. Aquau.- unu Terkahienkunde, 1905.) ,
(') Moquin-Tandon, loc. cit., t. I, p. 166.
(8) Cai.l, On the Gross Anato)ny of Campeloma. (Amer. Natur., vol. XXII, 1888,
pi. V.I, fig. 1 et 2.)
(9) Pelseneer, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Mém. Acad. Belg.
(Classe des sciences], t. III, 1911, pi. I, fig. 1 et 2.)
21
L., obtusala [^), Lacuna paUidula (^), les Rissoa et Barleeia (^),
Hifdrobïa utvae ('), (hjclostoma elegans (''), les Vermetus, où
la femelle a le manteau et la coquille fendus dorsalement ; les
Crepidida, où la femelle est de beaucoup la plus grosse, au
maximum dans C. plana (elle y est seize fois plus grande que
le mâle) (^), T/iyca stellasteris, où il en est de même (^), Mega-
deiiiis liotothuricola et Stromhiis pugilis (^) ; c) parmi les Hété-
ropodes, le mâle des Pterotrachaeidae possède une ventouse au
pied, et la femelle a les tentacules réduits ou nuls; d) parmi les
Rachiglosses, un dimorphisme notable a été signalé chez : Mitra
zonata (^), Fidgur carica (^"), Buccinum undatum (^^), Con-
cliolepas peruviana (^^), et parmi les Toxiglosses, certains
Pleurotoma.
C. Lamellibranches. — Le dimorphisme sexuel n'a été
constaté jusqu'ici que chez certains Unionidae [Lampsilis, Uriio
(1) Jeffreys, Brilish Conchology, vol. III, p. 360.
(2) Pelseneer, Sur l'exagération du dimorphisme sexuel chez un Gastropode
marin. (Journ. de Conch., t. L, dQOS [femelle seize fois plus lourde].)
{^) .Ieffreys, lac. cit.
(*) Ibid. (coquille carénée dans la femelle).
(5) Taylor, a Monograph, etc., vol. I, p. 26. — Boycott, Sexual différence in the
shell 0/ Cyclosioraa elegans. (Journ. of Conch., vol. XII, 1909, p. 324.)
(6) GoNKLiN, Environmenial and sexual dimorphism in Crepidula. (Proc. Acad.
NAT. Sci. Philadelphia, 1898, p. 435. j
(') Vaney, L'adaptation des Gastropodes au parasitisme. (Bull. Scl France et
Belg., t. XLVII, 1913, p. 7 [mâle trois fois plus petit].)
(8) Rosen, Zur Kenntniss der parasitischen Schtiecken. (Lund Univ. Arsskr., 1910,
p. 57 [mâle plus petit].) — Golton, Sexual dimorphism ixi Strombus pugilis. (Nau-
tilus, t. XVIII, 1905, p. 138.)
(9) Vayssière, Élude zoologique et anatomique de la Mitra zonata, Marryat.
(Journ. de Conch., t. XLIX, d901, p. 82.)
(1*) Le mâle a le siphon plus étroit et cylindrique, la femelle l'a plus large et
ouvert (Leidy).
(") Des mâles presque nains ont été décrits par Morse, On a diminutive form of
Buccinum undatum maie, a case of natural sélection. (Proc. Boston Soc. nat. Hist.,
vol. XVIII, 1877, p. 137.)
(*2) Haller, Die Morphologie der Prosobranchier. (Morph. Jahkb., Bd XIV, 1888,
p. 429.)
— 22 —
tumidiis et V. bataviis, dont la femelle est plus courte et plus
ventrue), chez des Astarte, dont la femelle a le bord de la
coquille crénelé et chez Meleaçirinamarcjariûlera, où le mâle a
la valve gauche (supérieure) plus plate et le contour de la
coquille plus arrondi.
1. — COQUILLE.
C'est à la coquille que se rapportent la plupart des variations
observées sur les Mollusques, étudiés le plus souvent à ce point
de vue seulement. Les conchyliologistes ont ainsi signalé
d'innombrables variations dans presque toutes les espèces des
divers groupes.
Il ne peut être question de les énumérer toutes. Mais il a été
réuni ici, autant que possible, les divers types de variation.
Dans le cas où une variation est très répandue, il n'en est cité
que quelques exemples ; si, au contraire, la variation est peu
commune, les diverses espèces qui la présentent sont indiquées.
A. Amphineures. — a) Nombre des plaques dans les
Polyplacophores (normalement, il y en a huit) :
Un CInton laevis à sept valves a été décrit par Montagu, sous
le nom de CInton « septemvalvis «. Les autres cas de Polypla-
cophores avec un nombre anormal (hypomère) de valves, sont :
Un Mopalia cilicUa à sept valves (^) ; un Cf^yptoplax
striatus à trois valves (^) ; un Ischnocliiton contractus à trois
valves (peut être phénomène de fusion) (^) ; un Ischnocliiton
conspicnus à six valves (*) ; un fsclmocliiton sp. à six valves (•^);
(1) PiLSBRY, fide Simrotli. (Buonn's Tierheich, Bd III, I Abtli., p. 304, fig. 36.)
{-) Henn, Lisl of Mollusca found at Green Point, Wutson's Bay, Sydney. (Proc.
LiNN. Soc. New South Wales, vol. !X, 1894, p. •168.)
(5) Sykes, Malacological notes. (Journ. of Malacol., vol. VIT, 4900, p. -164.)
(^) Stearns, An abnormal CInton. (Nautilus, vol. XV, 1901, p. 53.)
(-) Dall, Science, vol. XII, 1903, p. 823.
un Tracliijdermon ruber à six valves (^); un Niitallocliiton sp. à
sept valves (^) .
Enfin, parmi le grand nombre de spécimens vivants ou
conservés qui me sont passé sous les yeux, j'ai eu l'occasion
d'en rencontrer plusieurs présentant le phénomène d'hypomérie
des valves, c'est-à-dire de diminution de leur nombre.
C'est d'abord un Onitocliiton undulalus, de Lyttelton (Nou-
velle-Zélande), à sept valves (fig. 1),
avec trente et une paires de bran-
chies (nombre un peu inférieur à la
moyenne constatée dans cette espèce)
et avec une seule paire de communi-
cations auriculo-ventriculaires au lieu
de deux; l'indice (rapport de la lon-
gueur à la largeur de la coquille)
était de -20/10 au lieu de 22/10 (nor-
male) .
Puis, chez Cliiton (BoreochUon)
marginatus : un exemplaire, dont les
valves 6 et 7 étaient partiellement
fusionnées au côté au droit; trois
individus à sept valves ,sur plusieurs fig. i. - OnitGchitonundulatus,
centaines qui avaient été pris vivants, à sept valves, vu dorsaiemem,
à Wimereux); leurs indices étaient
respectivement : 14/10, 15/10 et
15/10; leurs rangées branchiales : dix- sept des deux côtés
dans les deux premiers, quinze d'un côté et dix-sept de l'autre,
dans le troisième, c'est-à-dire dans les trois cas, un nombre
inférieur à la moyenne de l'espèce (^) ; un spécimen à six
X 4; VII, septième valve.
Oriijinal.
{}) Blaney, List of Shell-bearing Mollusca of Frenchman's Bay, Maine. (Proc.
Boston Soc. Nat. Hist., vol. XXXII, 1904, p. 39.)
(2) Baily, Shells of La Jolla. (Nautilus, vol. XXI, 1907.)
(^) Un Chilon sp. à sept valves a encore été figuré dans le Voilage de Krusenstern
(fide QuoY et Gaimard, Zoologie du voyage de l'Astrolabe, vol. Ill, p. 372).
_ 24 —
valves, dont l'indice était 13/10 et qui n'avait que quinze
branchies d'un côté et treize de l'autre (fig. 2).
En tout, il a donc été observé huit exemplaires à sept valves,
trois à six et deux à trois. On remarquera que tous ces cas
présentent une réduction du nombre des valves (hypomérie);
mais il n'a jamais été rencontré d'individu offrant l'hypermérie
des valves, c'est-à-dire plus de huit plaques.
b) Variation de couleur : celle-ci est très fréquente et se
manifeste à un très haut degré, par exemple chez Tonicia ele-
(jans (^), au point que le caractère tiré de la couleur y est
FiG. 5. — Cliiton (Boreochiton) mnrginatus, individu ;i six valves,
vu du côté droit, X 6. — Original.
secondaire et doit laisser le premier rang à la sculpture des
valves.
Au point de vue de la coloration, il a été signalé, chez Toni-
nicia marmorea et T. liueata, que la variation de couleur porte
souvent sur les valves 2, 4 et 7 de la même façon (~). L'examen
de diverses espèces disponibles m'a montré qu'il arrive parfois
que trois valves varient ensemble, mais que ces trois valves ne
sont pas toujours les mêmes : 2, 3, 5; 2, 6, 7; 3, 5, 6; 3, 6, 7:
4, 5, 6; 4, 5, 7; et dans une même espèce dont on observe de
nombreux spécimens, on trouve des « formules » différentes,
(1) Plate, Die Anatomie und Phijlogenie der Chitonen. (Zool. .Iahrb. [Suppl. IV],
1897, pp. 203-204.)
(*) Bateson, loc. cit., p. 308.
— 25 —
par exemple, chez Tonicia fasûgiata, 2, 4, 7; 2, 5, 6 et 2, 3,
5, 6. Cependant, chez cette dernière espèce, il arrive assez fré-
quemment que varient ensemble les valves 2 et 4, d'une part,
et les valves 4 et 7, d'autre part.
c) Variations dans l'ornementation : elle peut porter :
Sur le nombre d'entailles marginales des valves ; par
exemple : chez Nutallocliiton hijadesi, où l'on observe de fré-
quentes oscillations dans leur nombre et parfois une asymétrie
de l'un à l'autre côté (^) ; ou encore chez Crijptocliiton porosus,
où il y a une simple entaille de chaque côté, qui peut être
parfois rudimentaire (~).
Sur le nombre de côtes rayonnantes des champs latéraux, par
exemple : de 3 à 6, sur les valves 2 à 7, chez Cliiton nigrovi-
rens (^).
Sur le nombre de rangées de tubercules aux valves, par
exemple : cinq ou six, à la valve 2; quatre ou cinq, à la valve 3;
trois ou quatre, à la valve 4, chez Crijptoplax burrowi (^).
B. Gastropodes. — C'est parmi les Gastropodes qu'il
s^est rencontré le plus de matériaux pour l'étude de la variation
de la coquille; c'est sur eux, et principalement sur les Pulmonés,
qu'ont porté les observations des précurseurs en cette matière,
tant pour les vivants que pour les fossiles.
Pour ce qui concerne les Gastropodes fossiles (tertiaires
notamment), il en sera parlé à propos de la continuité de l'évo-
lution (2'' partie, I) et de l'orthogénèse (2^ partie, III) ; ici,
comme il a été dit plus haut, il ne sera essentiellement question
que de formes actuelles.
(*) Plate, loc. cit., partie B. p. 139, et partie C, p. 537.
(2) H. et A. Adams, The gênera of récent Mollusca, vol. I, 1858, p. 482.
{') NiERSTRASz, Beitràge zur Kenntniss der Fauna von Siïd-Afhka {Sn^ppl. VI).
(ZooL. Jahub. [Syst., Geogr. und Biol.], t. XXIII, 1906, p. 503.)
(*) NiERSTRASz, Die Chitonen de)' Siboga-Expedition. (Résultats, etc., du Sibooa,
t. XLVIII, 1905, p. 72.)
— 26 —
L'ensemble des caractères d'un individu est découpé d'une
façon purement abstraite et conventionnelle, en « facteurs »
d'une description; au point de vue des variations si nombreuses
dans la coquille, on peut classer les caractères sous quatre chefs
principaux : forme, taille, couleur et ornementation.
a) Forme. — Un des principaux facteurs de la forme est le
rapport entre la hauteur de la coquille et sa largeur (que la
coquille soit enroulée ou conique) : ce rapport est V indice.
a) Variation de l'indice. — Cette variation peut être continue
ou d'apparence brusque; et, dans l'un et l'autre cas, elle peut
être dans le sens de l'augmentation ou de la diminution.
1. Variation continue dans le sens de l'augmentation, c'est-
à-dire de l'élongation de la spire. 11 faut remarquer ici que la
courbe de variation peut être faussée par le mélange des deux
sexes, dans les cas fréquents où il y a dimorphisme (^), ou par
le mélange d'âges différents (^).
(1) Buccinmn. Malard, Les méthodes statistiques appliquées à l'étude des varia-
tions des coquilles turbinées (Buccins). (Bui-l. Mus. Hist. nat., 1906, p. 325.) —
Campeloma. Call, On the gross Anatomij of Campeloma. (Amer. Natur., vol. XXII,
1888, pi. VII, fig. \ et 2.) — Littorina. Pelseneer, Recherches sur rembryologie des
Gastropodes. (Mém. Acad. Belg., 1. 111, pi. 1, fig. 1 et 2 : Littorina rudis, 1914.1
(2) L'indice varie en augmentant avec l'âge (la longueur devenant proportion-
nellement plus grande) chez beaucoup de formes de Gastropodes coniques ou
enroulés; exemples : Palella vulyata. Ru?sell, Environmental Studies on the
Linipet. (Proc. Zool. Soc. London, 1907, pp. 836 et 860 à 863.) — Limnaea reflexa.
Baker, Variation in Lymnaea retlexa Say, from Huron Countij. (12tli Rep. Michigan
Acad. Sci., 1910, p. 60.) — L. columella. Colton, Lymnaea columella, and selffer-
tilization. iProc. Acad. nat. Sci. Philadelphia, voL LXIV, 1917.) — Nassa obsoleta.
DiMON, Quantitative Stndy of the Ejfect of Environment upon the form of Nassa
obsoleta and Nassa trivitiata, from Cold Spring Harbor, Long Island. (Biometrika,
vol. II, liiO^, p. 33, et tableau D, p. 40.) — Urosalpinx cinereus. Walter, Variation
in Urosalpinx. (Amer. Natur., vol. XLIV, 1910.) — « Planorbis » multiformis.
HicKLiNG, The Variation of Planorbis multiformis, Bronn. (Mem. and Froc. Man-
chester Lit. and Philos. Soc, vol. LVII, 1913, p. 6), et la chose est encore plus
nettement visiljle dans les coquilles dites « pupiformes », telles que Pupa, Hybo-
cystis, Streptaxis, etc.
_ 27 ~
Cette réserve faite, c'est une des variations les plus fréquentes ;
mais elle offre toujours des intermédiaires ou transitions au
même endroit ou dans des lieux voisins ; les espèces dites « com-
munes » le démontrent à l'évidence : parmi les formes marines,
les Littorina, Buccinum, Purpura, Neptunea, etc.; parmi les
Pulmonés, les Hélix, Limnaea, etc.; et, dans les autres espèces,
chaque fois que la chose a été examinée, on l'y a trouvée con-
firmée (^). Mais, outre ces coquilles externes, ce genre de varia-
tion peut affecter aussi les coquilles internes, par exemple celle
de Pleurobranclius monterosatoi (^).
2. Variation continue dans le sens de la diminution de la
saillie de la spire ou de la hauteur dans les coquilles non enrou-
lées (comme Patella) : c'est la manifestation opposée de la
même variation que la précédente; comme elle, elle est fré-
quente, avec intermédiaires.
3. Variation brusque, dans le sens de l'augmentation : dérou-
lement partiel ou total de la spire. Variation rare, dans laquelle
on peut distinguer plus ou moins trois degrés : subscalaire,
scalaire, cératoïde (ou cornucopia). On l'observa surtout dans
des formes à spire courte ou nulle normalement, parmi les
genres marins, chez : Trochus, Natica, Strombus, Conus;
parmi les Prosobranches d'eau douce : Valvala, Bythinia, etc.,
et parmi les Pulmonés : Planorbis (où elle est plus fréquente
qu'ailleurs), Limnaea {peregra : Jeffreys, stagnalis : Mosley,
auricularia : Wright, palustris : Salette, truncalula : Michel),
Heiix (où l'on cite comme ayant présenté la variation cératoïde
(1) Par exemple, dans Fruticicota edentula et Cochlicopa lubrica. (Bollinger,
Zur Gastropodenfauna von Basel uni Umgebung. Bâle, i909, respectivement p. 67
et p. 101.)
(2) Vayssière, Recherches zoologiques et .anatomiques sur les Mollusques Opùto-
branches du golfe de Marseille. (Ann. Musée Marseille, t. II, 1885, p. 119.) << Varia-
tions dans ses dimensions long^itudinale et transversale, ainsi que dans son plus ou
moins de concavité. »
ou corniicopia : //. aspersa et H. bidimoidea), Zouites, Clau-
silia, Rumina décollât a. Il est fort rare que cette variation
affecte la portion tout à fait initiale de la coquille. Dans les
Hélix aspersa cératoïdes, chaque fois que la chose a été exa-
minée, on a reconnu que l'animal pouvait quitter sa coquille et
n'y était pas attaché par le muscle columellaire (^).
4. Variation dans l'ampleur de l'ombilic : dans les espèces
où il existe, il peut être plus ou moins ouvert suivant les indi-
vidus; par exemple, chez Hélix pijramidata, il est large ou
étroit {^); chez H. caperata, il est plus ou moins ouvert Ç^); de
même chez H. incarnata et Valvata pulchella (^) ; il existe même
une race locale de Achatina fulica à ombilic ouvert {^) ; dans
Hélix cespitum, il est large ou étroit (« variété » terverï), avec,
partout, des intermédiaires entre les deux formes (^).
5. Variation brusque dans le sens de la diminution : aplatis-
sement ou variation planorbiforme ou bulloide, etc. Anomalie
très peu fréquente, connue par exemple dans quelques Hélix
[H. nemoralis, H. aspersa, et surtout H. pomatia (')], Limnaea
pakistris {^), Bythinia tentaculata (■'), Turbinella napus (^'').
(1) Masefield, Hélix aspersa, m. scalariforme Taylor. (Journ. of Gonch., vol. XIV,
1913, p. 117.
(2) CouTAGNE, Reclievches sur le polxjmorphisme. des Mollusques de France. (Ann.
Soc. Aguic. Lyon, ?« sér., t. III, 1895, p. 64.)
Ç") Pearce, Journ. of Conch., vol. VI, p. 123.
(*) BoLLiNGER, Zur Gastropodenfauna von Basel und Urnbegjing. Bàle, 1909,
respectivement p. 75 et p. 166.
(Sj PiLSBKY, Manual of Concholoyy, série Il(Pulraonés), vol. XVII, p. 56.
(*) GouTAGNE, Recherches sur le polymorphistne des Mollusques de France. (Loc.
CIT., p. 99.)
C) Bellevoye, Monstruosités et variétés de /'Hélix pomatia. (Comptes rendus
Assoc. FRANC. AVANO. Sci., t. XXXVI [session de 1907J.)
(8) Moquin-Tandon, Histoire naturelle des Mollusques de France, pi. XXXIV, fig. 31 .
(3) Smith, JSotice of a monstruosity of Bythinia tentaculata. (Journ. of Conch.,
vol. V, 1888, p. 315.)
(10) De la Fontaine, Deux anomalies de coquilles marines. (Ann. Soc. Malacol.
Belg., t. X, 1875, pi. II, fig. 3 à 5.)
— 29 —
Cet enfoncement de la spire aurait pour conséquence extrême :
l'hypertrophie.
P) Sens de C enroulement (inversion). — Dans une espèce
normalement dextre apparaît, exceptionnellement ou anormale-
ment, un individu sénestre, ou réciproquement un individu
dextre, dans une forme normalement sénestre.
On connaît actuellement un grand nombre d'espèces où cette
variation du sens de l'enroulement a été observée (^).
(*) La première lisie générale un peu importante de ces formes inverses a été
•donnée par Fischer in I'ischer et Bouvier, Recherches et considérations sur Vasxj-
métrie des Mollusques univalves (Journ. de Conch., année 1892, p. 117). Un peu
plus complets furent les catalogues publiés treize ans plus tard par Sykes, Varia-
tion in Mollusca (Proc. Malacol. Soc. London, vol. VI, 1905, p. 269), et par Ancev.
Observations sur les Mollusques Gastéropodes sénés très de l'époque actuelle (Bull.
Sci. FraiNce et Belgique, t. XL, 1906, p. 187). Enfin, au printemps de 1914,
j'avais à l'impression, à Lille, un article sur l'inversion chez les Mollusques, avec
une liste complétée des formes inversées. Ce mémoire n'a pas paru avant la
guerre, et j'ignore encore actuellement ce qu'il est devenu. Pendant la correction
de ses épreuves, il a été publié un travail de Dautzenberg, Sinistrorsités et
dextrorsités tératologiques chez les Mollusques Gastéropodes (Bull. Soc. Zool.
.France, t. XXXIX, 1914, p. 50), où ce savant malacologue a dressé une liste plus
-complète que toutes les précédentes, renfermant même dix-huit espèces qui
m'avaient échappé, mais où cependant, par contre, manquaient encore vingt et une
autres espèces que j'avais inscrites dans mon article sous presse. C'est de la com-
binaison de ces deux derniers recensements qu'est née l'énumération ci-après.
Les divers catalogues auxquels il vient d'être fait allusion présentent certaines
discordances provenant de ce qu'ils n'ont pas tous la même conception de l'espèce
ou de la variété, ni surtout de la sinistrorsité : les uns considérant les Planorbis
adultes comme dextres (alors que ce sont des sénestres légèrement hyperstrophes),
les autres tenant les Limacina et les Lanistes pour sénestres, tandis qu'ils sont
dextres hyperstrophes, d'autres encore comprenant des espèces normalement
« ampliidromes » : Orihaliciis regina, Campeloma decisa, etc., ou des races
sénestres locales : Pupa contrarius, Eulota mercatoria, ou négligeant les Mol-
lusques nus. I! y a donc lieu de les rectifier à ces divers points de vue et de les
compléter par l'adjonction de certaines anomalies oubliées ou constatées dans ces
toutes dernières années surtout. On arrive ainsi, en les combinant, à une énumé-
ration d'environ deux cents espèces. Dans cette liste, j'ai indiqué, autant qu'il m'a
été possible, le plus ancien auteur ayant constaté l'inversion.
— 30 —
Espèces dextres dont il a été rencontré un ou plusieurs
exemplaires sénestres.
Gibbus lyonetiamis Pallas (Nevill).
— pagoda Férussac (Schmalz).
Bhytida villandrei Gassiès (Gude).
Nanina zens Jonas (Dautzenberg).
Xesla diplocincta Boetlger (Sykes).
— javanica Férussac (Sykes).
— umbilkaria Le Guillou (Ancey).
Limax scinvabi Frauenfeld (Seibert).
Zouiles alglrus Linné (Daube).
Hyalinia ceUaria Mùller (Johnson) et sa variété septentrionalis .
— lucida Draparnaud (Ancey).
— nitens Michaud (Gassiès).
— nitida Mùller (Fischer).
— nitidula Draparnaud (Sykes).
Vitrina pellucida Mùller (Brot).
Arion rufus Linné (Baudon).
Laoma moellendorfi Suter (Sykes).
Hélix [Mesomphyx] ligera Say (Dautzenberg).
— (Punctiim) pygmaeum Draparnaud (Dautzenberg).
— [Pyramidula) aUernata Say (Bland).
— — humilis Hutton (Sykes).
— — rotundata Mùller (Lett).
— — rupestrù Draparnaud (Moitessier).
— — solilaria Say (Anthony).
— — strigosa Gould (Cockerell) et var. cooperi.
— Si —
Hélix {Polygyra) nlbolabris Say (Binney)
— — appressa Say (Binney).
— — elevata Say (Daulte).
— — exoleta Binney (Sykes).
— — fallax Say (Binney).
— — hirsuta Say (Lea).
— inflecta Say (Anthony).
— — milchellïana Lea (Bland).
— — obvoliUa Férussac (Heathcote).
— — profunda Say (Sykes).
— — septemvolva Say (Binney).
— — thyroïdes Say (Sykes).
— (Pleurodonta) auricoma Férussac (Dautzenberg).
— — lychiiuchus MùUer (Fischer).
— (Stylodonta) unidentata Chemnitz (Porro).
— {Hadra) bipartila Férussac (Dautzenberg).
— (Acavus) haemastoma Linné (Sykes).
— — phoenix Pfeiffer (Sykes).
—- (Dorcasia) globulus Mùller (Sykes).
— — lucana Mùller (Porro).
- [Leucochroa] candidissima Draparnaud (Sykes) el var.
umbilicala et var. maxima.
— {Geomitra) micromphala Lovve (Dautzenberg).
— {HeUcelia) acuta Mùller (Fischer).
— — agna Bourguignat (Dautzenberg).
— — apicina Lamarck (Moquin-Tandon).
— — arenarum Bourguignat (Dautzenberg).
— — candidula Stader (Dautzenberg).
— — cantiana Montagu (Nyst).
.1 t 0 R A P
— 3-2 —
Hélix lllelicella) caperata Monlagu (Shaw).
— — carthusiana Mùller (Dautzenberg).
— — cespitiim Draparnaud (Moquin-Tandon).
— - couspurcata Draparnaud (Moquin-Tandon).
— — ericetorum Mûller, ou //. itala (Michel).
— — explanata Mùller (Moquin-Tandon).
— — fasciolata Poiret (Joba).
— — moneriana Bourguignat (Dautzenberg).
— — neglecta Draparnaud (Moquin-Tandon).
— — orela Bourguignat (Sykes).
— — trepiduln Servain (Sykes).
— — trochoides Poiret (3Ioquin-Tandon.)
— unifasciata Poiret (Puton).
— — variabilis Draparnaud (Moquin-Tandon).
— virgata Da Costa (Ashford).
— (Hygromia) cindella Draparnaud (Moquin-Tandon).
— — hispida Linné (Moquin-Tandon).
— limbata Draparnaud (Moquin-Tandon).
— — rufescens Pennant (Shaw).
— — trislis Pfeiffer (Lecocq).
— [Valionia) pukhella Mùller (Saint-Simon).
— {llelicogona) arbusioriim Linné (Férussac).
— — cornea Draparnaud (Moquin-Tandon).
— — lapicida Linné (Moquin-Tandon).
— — quimperiana Férussac (Daniel).
— {Helicogena) aperta Born (Terver).
— — aspersa Linné (Férussac) et var. alhiua.
— pomalia Linné (Mùller).
33
Hélix (Otala) npalolena Bourguignat (Sykes).
— — axia Bourguignat (Dautzenbergj.
— — ladea Mùller (Fischer).
— — myrisligmea Bourguignat (Daulzenberg),
— — punctala Mùller (Sykes).
— — vermiciilala Mùller (Robelin).
— [Tachea] horlensis Mùller iFérussac).
— — uemoralis Linné (Chemnilz).
— — splendida Draparnaud (Moquin-Tandon).
— — sylvatica Draparnaud (Charpentier).
— (Iberus) platychela Menke (Sykes).
— (Euparypha) pisana Mùller (Moitessier).
— [Eulota) fasciola Draparnaud (Jones et Preston).
— — fruticum Mùller (Locard).
Placostylus aesopus Gassiès (Sykes).
— fibralus Marlyn (Fischer).
— ouveanus Mousson (Crosse) et var. Ufuanus.
— senilis Cassiès (Fischer).
Orthalicus {Liyuus) fasciatus Mùller (Fischer).
— undatus Bruguière (Sykes).
— vexillum Wood (Recluz).
Liguus poeyi Pfeifler (Ancey).
— virgineus Bruguière (Porro).
Rumina decollata l/inné (Sykes) et var. maximn.
Ena {Buliminiis) detrita Mùller (Dickin).
— — oliscura Leach (Boycott).
Cerion {Sirophia) fordii Pilsbry et Vanalta (Plate).
Pupa armigerella Reinb. (Ancey).
— avenacea Bruguière (Sykes).
34
Pupa bigorrensis Charpentier (Sykes).
— hrauni Rossmaessler (Parliot).
— cfjliiidracea Da Costa (Moquin-Tandon).
— farinesi Desmoulins (Ancey).
— muscorum Linné (Fischer).
— innbilicata Draparnau^l (Fischer).
Vertigo su'islriata JefFreys (Booth).
Clausilia livida Menke (Dautzenberg).
Achatina fulica Férussac (Ancey).
— panthera Férussac (Sykes).
— reliculnta Pfeiffer (Ancey).
Cochlicopn tridens Pulteney (Emmet).
Cionella lubrica Mûller (Fischer).
Ferrusacia barclayi Benson (Nevill).
— subcylindrica Linné (Locard).
CaecUianella sp. (Hagenmûlier).
Glessula orthoceras Godwin Auslen (Ancey).
Succinea elegans Risso (Haudoii).
— oblonga Draparnaiiii (Mac Lellan).
— ovalis Gould (Clapp).
— pfeifferi Rossmaessler (Sykes).
Limnaea auriculaiia Draparnaud (Charpentier).
— glabra Mûller (Beestonj.
— limosa Linné (Mortimer).
— palustris Draparnaud (Sykes).
— peregra Mûller (L. ovata) (Hartmann).
— stagnalis Linné (Geoffroy Saint Hilaire).
— volutala Gould (Dautzenberg).
ViUvata obtusa Schultz (Dautzenberg).
— piscinalis Mûller (Charpentier).
35
Amnicola limosa Say (Dautzenberg).
— tgylori (F. Taylor).
Bythinia orcula Benson (Lucas).
Vivipara vivipara Linné (Taylor).
— contecta Millet (Alcock).
— sp. (Sykes).
Gillia sp. (Beecher).
Neritina fluviatilis Linné (Laffont).
Littorina lUtorea Linné (Jeffreys).
— rudis Maton (Sykes).
Torinia variegata Lamarck (Fischer).
Pomatias apricum Mousson (Locard).
— crassilabrmn Du pu y (Fischer).
— hidalgoi Crosse (Dautzenberg).
— letourneuxi Bourguignat (Dautzenberg).
— obscurum Draparnaud (Partiot).
— patulum Draparnaud (Philbert).
— septemfipiralc Razoum (Philbert).
Ditropis planorbis Blanford (Sykes).
Acme lineata Draparnaud (Jefîreys).
Diplomrnatina boettgeri Von Moll. (Ancey).
— catatliymia Sykes (Sykes).
— kiiensis Pilsbry (Ancey).
Cydosfoma elegaiis Mûlîer (Montcalm).
Purpura lapillus Linné (Jeffreys).
Murex secundus Lamarck (Sykes).
— trunculiis Linné (Chemnitz).
Fusus sp. (Dautzenberg).
Tritonofusus gradlis Da Costa (Tàmlin)„
Neptunea antiqua Linné (Jeffreys).
Buccinum iindatum Linné (Chemnitz).
— 36 —
Turbinella pirum Linné (Fischer),
— râpa Linné (Fischer).
Columbella (Mitrella) scripta Linné (Dautzenberg).
Mitra lutescens Lamarck (Dautzenberg).
Voluta auraiilia Lamarcic (Dautzenberg).
— scapha Gmelin (Sykes).
— pellis serpenlis Lamarck (Chemnitz) et var. vespertilio.
Marginella apicina Menke (Fischer) et var. conoidalis.
— dandestina Brocchi (Dautzenberg).
— curla Sowerby (Fischer).
— diaphana Kiener (Tomiin).
— glabella Linné (Fischer).
— guttata Dillwyn (Dautzenberg).
— limbata Lamarck (Fischer).
— miliaria Linné (Fischer).
— mitrella Risso (Dautzenberg.).
— nubecula Lamarck (Fischer).
— philippii Monterosato (Dautzenberg).
— sarda Kiener (Dautzenberg).
— zonala Bruguière (Lucas).
— sp. (Sykes).
Olivella oryza Lamarck (Sykes).
Les cas d'inversion « dextre » sont natureilement beaucoup
moins nombreux, puisque les espèces sénestres ne sont qu'une
minorité parmi les Gastropodes. On peut citer seulement :
Ena quadridens Millier (Moquin-Tandon).
Pupa {Bifidaria) perversa Sterki (Ancey).
Clausilia almissana Kiister (Boettger).
— bidens Draparnaud (Sykes).
— bidentata Strôm (Boettger).
— biplicata Montagu (Gysser).
— duboisi Charpentier (Boettger).
— 37 -
Clausilia laminata Monlagu (Dautzenberg).
— macarana Rossmaessler (Boettger).
— nigricans Pulteney fMoquin-Tandon).
— plicata Draparnaud (Moquin-Tandon).
— plicatula Draparnaud (Sykes).
— rugosa Draparnaud [C.perversa Mûller) (Moquin-Tandon).
— stentzi Rossmaessler (Boettger).
Balea perversa Linné (Moquin-Tandon).
Physa acula Draparnaud (Horsley).
— fontinalis Linné (Williams).
Palaina hyalina Von Moll. (Ancey).
L'examen des deux listes ci-dessus montre que presque toutes
les formes (des divers groupes) examinées en nombre suffisant,
ont révélé des individus à enroulement inverse. Certains genres,
cependant, paraissent manifester le phénomène dans plus
d'espèces, proportionnellement, que d'autres : Marginella, par
exemple, parmi les genres marins.
De même, certaines formes spécifiques présentent des cas
d'inversion plus fréquents que d'autres : ainsi Hélix pomatia,
H. aspersa, H. pisana. Mais, même dans ces espèces à individus
inverses moins rares, l'inversion est encore un accident très peu
commun; chez Hélix pomatia, aux environs de Genève, la pro-
portion serait de six sur 18,000 (*). Chez Clausilia biplicata, il
y aurait seulement un individu inverse (dextre) sur 150,000,
d'après Schmidt (cité par Clessin) ; tandis que pour Clausilia
bidentata, la proportion serait de un pour 8,000 (^). Et enfin,
Littorina Uttorea et Tnrbiuella pirum n'ont offert un spécimen
sénestre que sur des millions d'exemplaires.
(^) MoRTiLLET, Formation des variétés. Albinisme et gauchissement. (Bull. Soc.
Anturopol. Paris, 1890, p. 578.) — Ailleurs, cette proportion serait moindre
encore : un sur 26,000 (sans localité indiquée), d'après Naegele (cité par Ancey).
(*) Boycott, Journ. of Concli., vol. XIV, 1915, p. 276.
— 38 —
Au reste, certaines localités seraient plus favorables à l'appa-
rition du phénomène : on a cité La Rochelle pour Hélix aspersa
(Cailliaud) et Vienne pour H. pomatia (Rossmaessler) ; et pour
les espèces élevées commercialement (//. pomatia), on peut
arriver à réunir en même temps un certain nombre d'individus
inverses (Chemnitz : une fois 10, une autre fois SO , Daniel : "20;
Fischer : 40; Lang : une fois 9, une autre fois 16; Kùnkel :
une fois 10, une fois 13).
y Formation et disparition de cloisons dans la coquille. —
1. Dans un Hélix aspersa scalariforme, il a été observé la
formation de plusieurs cloisons successives, avec rupture de la
coquille et perte de la partie au delà de la dernière cloison
formée (^).
2. Chez les Paludina contecta, il se produit parfois l'ablation
des premiers tours de spire, avec formation d'une cloison
obturant les tours restant (^).
3. Dans certains Àuriculidae et Neritidae, c'est au contraire
la résorption de la columelle et des cloisons séparant les divers
tours de spire de la coquille, qui est un phénomène normal ;
mais cette résorption est inconstante et variable dans d'autres
espèces de ces deux familles : ainsi elle se rencontre parfois
chez JSeritina fluviatilis et chez Carycliium minimum (^) ; et
divers exemplaires de Auricula (Alexia) myosotis la présentent
également : dans ce cas, le sac viscéral ne constitue naturelle-
ment plus des tours de spire distincts, mais une masse unique
plus ou moins globuleuse (fig. 10).
(*) Lataste, Journ. de Conch , i. XXIV, p. 542.
(') Raeymaeckers, Sur l'ahlntion des premiers tours de spire cfiez la Paludina
contecta Millet. (Ann. Soc. Malacol. Delg., 1883, p. cxxxvii.)
(5) Taylok, Monograph of tlie Land and Freshwater Mollusca of tlie British Isles,
vol. I, p. 29.
— 39 —
b) Ouverture. — 1 . Une ouverture double est rencontrée assez
souvent dans les Claus'diu, où elle est nécessitée alors par
l'immobilisation de la pièce mobile (claiisUium), obturant ainsi
la première, en arrière de laquelle une seconde « bouche »
coquillière est creusée (/). Chez d'autres Pulmonés, le fait est
plus exceptionnel : on l'a reconnu sur des Cijlindrella (exem-
ple : C. ravenï) (^), des Pupa, P. polijodon, P. cijlindracea (^),
Uolospira cockerelU, dont un exemplaire a offert cette ano-
malie (^), et même un Limnaea auricularia {'"). Une apparence
de deux ouvertures peut résulter ainsi de deux coquilles soudées
depuis une date plus ou moins précoce, mais sans qu'il y ait com-
munication intérieure : Hélix aspersa [*"), Littoriua littorea (").
2. Bourrelet ou péristome (épaississement périphérique de
l'ouverture, marquant la fin de la croissance normale) ; il est
parfois suivi d'un second bourrelet semblable; cette réduplica-
tion du bourrelet péristomial de la coquille des Gastropodes
peut provenir : soit d'une continuation anormale de la crois-
sance, soit d'une réparation intervenue après que le premier
péristome eût été brisé.
Des exemples du premier cas se rencontrent dans les genres
Hélix et Clausilia, parmi les Pulmonés (^) ; un exemple du
second, dans le genre Rissoa ('') .
(!) Celle anomalie est connue depuis bien longtemps chez les Clausilia : voir
I. Geoffroy Saint-Hilaire, Histoire générale et particulière des anomalies, t. III,
p. 206; elle a été retrouvée dans presque toutes les espèces.
(2) Journ. ofConch., vol. I, p. 140.
(3) Moquin-Tandon, Histoire naturelle des Mollusques terrestres et fluviatiles de
France, t. I, p. 324.
(*) Spence, Journ. ol Conch., vol. XV, 1916, p. S4.
(5) Kew, fide Taylor, loc. cit., vol. I, p. 119.
(C) S. P. WooDWARD, Ann. Mag. Nat. Hist., vol. XVI, 2* série, p. 298.
C) CooKE, Molluscs. (Cambridge Natural History, vol. III, p. 251, et fig. 100,
p. 252.)
(8) Porro, Note sur les coquilles univalves à double bourrelet anormal. (Rev. et
Mag. Zool., 1839, p. 226.)
(«) Dautzenberg, Feuille des jeunes natur., t. XXIII, p. 30.
— 40 -
Ce péristome, au lieu d'être continu, peut parfois être inter-
rompu chez l'adulte, par exemple dans Pupa ringens (^);
l'inverse : péristome normalement interrompu, avec ses deux
bords réunis, chez P. polyodon (^).
3. Canal ou siphon coquillier : ce canal dans lequel s'engage
le bord antérieur — plus ou moins allongé — du manteau,
peut être parfois double. Chez les Stromhts, où il est peu
profond, on a observé exceptionnellement — dans S. lentiyiuo-
sus — un second sinus siphonal distinct du canal antérieur
normal (^). Un individu de Pleurotoma regidaris (espèce ter-
tiaire) possédait un siphon bifurqué (^) ; cette bifurcation peut
être la suite d'une régénération suivant elle-même un trauma-
tisme (par exemple chez ^Sassa mntabilis : voir plus loin.
Manteau, d (siphon) et fig. 278.
Buccinum undatum a montré sur un exemplaire, un nouveau
canal siphonal faisant un angle avec l'ancien (^). Et un Fulgur
canaliculatum avait un canal basai tordu vers un côté C^) ; un
Murex brandaris a aussi été rencontré, dont le siphon était
tordu de façon à avoir son ouverture au côté dorsal (') ; enfin
la même déformation a encore été constatée sur un Fusus
marmoratus [^).
La « bouche » ou ouverture de la coquille de beaucoup de
Gastropodes, et surtout de Pulmonés, peut encore offrir des
(1) 3Ioql'in-Tandon, loc. cit., t. II, p. 363.
(2) Moquin-Tandon, loc. cit., p. 374.
(5) Quov et Gaimakd, Zoologie du voyage de l'Astrolabe. Mollusques, pi. L., tig. 3,
(•*) Leriche, Sur une coquille de Pleurotoma regularis (ex van Beneden) De Ko-
ninck, 'pourvue de deux siphons. (Ann. Soc. Géol. Nord, t. XXXIX, 1910, p. 343.)
(5) Levett. Zr)o/o</w/, vol. VIII, 3^ série, p. 490; on remarquera que normale
ment certains Triforis forment deux fois le tube calcaire pour le siphon palléal
(7". bitulmlatus).
(6) Johnson et Pilsbry, Nautilus, vol. IX, p. 25.
C) Dautzenberg, Variations et cas téralologiques chez le Murex brandaris.
(JouRN. DE CoNCH., t. LU, 1904, p. 287, pi. VIII, tig. 4)
(8) Ibid., p. 287.
— 41 —
déformations variées, telles que : réflexion ou étalement du bord,
sinuosités, plissements, distorsion et même rétrécissement ou
clôture partielle.
c) Taille. — Dans de nombreuses espèces, on observe que
la taille peut varier pour un même âge et être différente, notam-
ment entre individus de localités différentes. Chez une même
espèce, elle varie pour l'adulte, sans distinction de sexe, du
simple à plus du triple ; voici, par exemple, pour des espèces
communes, les constatations faites d'après l'examen d'un grand
nombre de spécimens : Cassis testiculus, de 32 à 84 millimètres;
Buccinum undaium, de 50 à 130 millimètres; Tfiais (Purpura)
lapiUus, de 18 à 54 millimètres; Littorina littorea, de 17 à
53 millimètres; Cypraca arabica, de 33 à 90 millimètres;
C. moncta, de 13 à 38 millimètres; Limnaea stagnaiis, de 20
à 68 millimètres ; Planorbis corneiis, de 17 à 43 millimètres (^).
La différence peut être due parfois à des conditions différentes
de température, d'étendue du milieu (voir W partie, II, 2 et 7) ;
et il peut arriver ainsi qu'il y ait de véritables races locales de
taille déterminée, par exemple : Hélix aspersa de l'île de Ré,
n'atteignant que la taille de H. nemoralis. Mais il se trouve
aussi que, parmi les individus d'une même localité, provenant
d'une même ponte, tous n'aient pas au même âge, la même
taille moyenne : quelques-uns demeurent plus petits, l'un ou
l'autre, exceptionnellement, dépassant cette taille moyenne (^).
d) Epaisseur et poids. — Ces caractères varient au sein d'une
même espèce, pour une même taille (ou âge), tant dans des
(1) Smith, Note on Biirsa (Tutufa) rubeta = Triton lampas (l.amarck et aucl.)-
(JouuN. OF CoNCH., vol. XIV, 1914, p. 230.)
(2) Exemple : 300 Limnaea stagnaiis ayant vécu quaire mois dans le même vase,
avaient presque tous 3 millimètres de longueur, quelques-uns 2 millimètres, et un
seul 22 millimètres. Nourry, Observations embryogéniques de /a Limnaea stagnaiis.
(Comptes rendus Assoc. franc. Avanc. Sci., 27« session [Nantes], 1899, p. S07.)
42
formes terrestres qu'aquatiques (fluviatiles ou marines) : chez
Voliita ancilta, pour la même taille, on a observé des poids
divers dont les extrêmes étaient : 172 et 90 grammes (^).
Chez certains Hélix, la diiférence peut aller du simple à l'octuple
[H. aspersa) ou même du simple au vingtuple [H. nemorctlis)
(voir IV^ partie : facteurs chimiques, 2° composition chimique
du sol ou du fond) (-). Et ce ne sont pas seulement les coquilles
externes qui otl'rent de ces exemples de variations en épaisseur,
mais également les coquilles internes, comme le cas en a été
rencontré pour Litnax arborum, dont certains individus avaient
une coquille anormalement épaisse {^).
é) Couleur. — Comme la forme de la coquille, la couleur en
peut aussi varier suivant les localités ; la température, la séche-
resse et la lumière en sont parfois la cause (voir IV*" partie) ;
mais il arrive que, dans la même localité, on observe la variation
de la couleur d'un individu à l'autre; on trouve alors des
intermédiaires depuis la couleur moyenne usuelle jusqu'aux
variations extrêmes.
Il en est ainsi, par exemple, pour une variation de couleur
devenue assez fréquente en ces dernières années à Wimereux,
chez Litlorina littorea : la coquille y est plus ou moins rouge (■*).
A côté d'individus à coquille rouge unie, il y en a un plus grand
nombre montrant des bandes noires plus ou moins marquées,
sur un fond roui;eàtre inversement moins ou plus étendu.
(!) Lahille, Contribucion al Estudio de las Volutas argentinas. (Rev. Mis. Plata,
t. VI, 4895. p. n.)
(2) Welch, Abnormalities in tfie Shell o/' Hélix raemoralis(lHRis Naturalist,
vol. IX, 1900) : coquilles légères et lourdes.
(5) Taylor, Jouni. ofConch., vol. XII, 1909, p. 328.
(*) Celle varialion a déjà été connue de Jeffreys {British Conrholoyij), qui parle
de L. littorea, « occasionally reddish-orange ». — Dautzenberg et Dcrolchoux
(pour qui elle est rare partout) l'ont dénommée « sangiiinea » {Faimule malacob-
gique de Saint-Malo. [Feuille des jeunes n.\tur., 1900J.)
43
Des variations de ce genre ont paru sans rappoit avec le sexe
ou avec la couleur de l'animal (observations personnelles).
Les Gastropodes Pulmonés offrent non moins d'exemples de
variations de couleur de la coquille, le plus souvent avec passages
intermédiaires, t^upa jwlyodon , dont la teinte normale est
(c corné-fauve », varie de la nuance très pâle jusqu'à être presque
noir (^). Lorsqu'un Pulmoné terrestre porte des bandes sombres
sur un fond uni, celui-ci peut être de teintes différentes : par
exemple, dans Hélix iiemoralis, jaune, rougeàtre ou brun.
D'autres fois, c'est la couleur du péristome qui peut varier,
indépendamuient du reste : parmi les Gastropodes marins,
Bicniulii digitata, à péristome normalement jaune orangé, a
présenté un spécimen à péristome blanc ("') ; dans Helix nemo-
ralis, la lèvre péristouiiale est brune, rose ou blanche; dans
H. pisana, elle varie du rose vif au rose clair (^).
La variation de couleur que les conchyliologistes appellent
((albinisme», se rencontre chez de très nombreuses espèces;
elle est très distincte de l'albinisme de l'animal (voir plus loin :
5°, téguments en général), et les deux « albinismes » sont
rarement concordants et simultanés. L'albinisme de la coquille
se présente habituellement avec des transitions entre lui et la
couleur normale : ainsi, dans un même endroit (Vallanvron,
Suisse), on rencontre tous les passages entre //. lapicida brun
sombre et la mêuie espèce à coquille blanc pur (^) ; la même
chose s'observe encore dans bien d'autres espèces (^), ce qui
montre que l'albinisme de la coquille n'est pas une variation
(*) Moquin-Tandon, loc. cit., t. Il, p. 374.
(2) JoussEAUME, Quelques cas lératologiques prése^ités par des Mollusques. (Bull.
Soc. ZooL. France, pour 1882, p. 307, 4882.)
(3) Le péristome rose clair caractérise, d'après Draparnaud, les individus qui ont
jeûné ou qui vivent dans des places chaudes et ensoleillées.
(•'^) BoLLiNGEU, Znr Gastropodenfauna von Basel und Umgebung. Bâle, 1909,
p. 78.
(^) LocARD, Sur quelques cas d'albinisme et de mélanisme chez les Mollusques
terrestres et d'eau douce de la faune française. (Mém. Soc. Agric. Lyon, 1883, p. 8,
10, 11 et 12.)
44 —
brusque. Cette variation se rencontre d'ailleurs bien des fois en
nombre; elle semble dans bien des cas en rapport avec la nature
du substratum ou avec les conditions météorologiques, plusieurs
espèces pouvant en être affectées ensemble au même endroit
(voir plus loin : IV^ partie) .
/) Ornementation. — a. Épines. — Le nombre de rangées
d'épines est constant dans une même espèce; il est rare de
rencontrer des individus avec un nombre de
langées diflerent : ainsi chezMuî-ex branda-
ris, on a trouvé quelques exemplaires avec
trois rangées d'épines au lieu de deux (carac-
tère normal), et même une fois avec quatre
rangs (fig. 3), sans intermédiaires entre
deux et trois, ou trois et quatre (^).
Au contraire, le nombre d'épines par
rangée (ou leur distance mutuelle) peut
FiG. 3. — Murex bran- varier fréquemment, avec tous les intermé-
doWs, individu unique diaires, tant dans des formes d'eau douce,
présentant quatre ran- r • /-)\ j i
. ,,, . .„ comme lo spuiosa {-), que dans les espèces
ijeesd épines. coquille ' v /' t t
vue dorsalement. IV, marines, comme MiiîTX brandaris; il en est
de même dans les coquilles larvaires, comme
celle de Echinospira diaphana [Lamellaria)
(épines latérales : de neuf à seize) (^) .
La liauteur des épines varie de la même manière dans les espèces
qui en sont pourvues, et dans un même individu, certaines
épines sont seulement partiellement développées ou ne le sont
pas du tout, par exemple chez Fiihjur caricum (^).
épine de la quatrième
rangée . — D'après
Dautzenberg.
(1) Dautzenberg, Variations et cas tératologiques chez /e Murex brandaris. (Joukn.
DE CoNCH., t. LU, d904, pp. 286 et 287.)
(2) Adams, Variation in lo. (Proc. Americ. Assoc. Advanc. Soi., vol. XLIX, 1900,
pp. 13 et 14.)
(^) SiMROTH, Gastropodenlaicke und Gastropodentarven. (Wiss. Ergebn. Deutsch.
TiEFSEE-ExPKD. Vai.divia, 1898-1899, p. 387. 1911.)
{*) Grabau, Studies of Gastropoda. II. (Amer. iXatural., vol. XXXVII. 1903,
p. 534.)
— 45 —
|3. Carènes. — Dans différentes espèces, la présence de
carènes est plus ou moins marquée, suivant les individus, avec
intermédiaires entre ceux qui sont carénés et ceux qui ne le
sont pas; exemples :
Paludina [Neotliaunia) tamjanijicense, normalement sans
carène, présente des exemplaires carénés (^) ; ceux-ci se ren-
contrent surtout dans le sud du lac, tandis que la forme à tours
arrondis est celle du nord, et que la forme intermédiaire se
trouve vers le milieu (^) ; diverses autres espèces de Paludina
montrent des individus lisses et des individus carénés : par
exemple P. [Margarya) margeriana, du lac Tali-Fou (Chine
du S.-W., relié au Mé-Kong) ; Paiudestrina jenkinsi présente
tous les intermédiaires depuis la forme carénée, en passant par
la semi-carénée, jusqu'à la non carénée (^) ;
Iberus (jualtierianus, où des individus carénés passent insen-
siblement à la forme à tours arrondis (var. atonensis) (^) ;
Hélix pisana est parfois caréné chez l'adulte, alors qu'il
l'est toujours chez le jeune (^) ; diverses autres espèces du genre
Hel'x présentent occasionnellement des exemplaires carénés ;
un Clausdia biplicata était caréné depuis le sixième tour [^);
parmi les Gastropodes appartenant à des genres où des carènes
ne s'observent pas normalement, offrent parfois des individus
isolés à carène très marquée : Littorina littorea, Buceinum
nndatum, Nassa reticiUata (J), Limnaea staijnalis, Pliijsa
fonlinatis, etc.
(1) Pelseneer, Notice sur les Mollusques recueillis dans la région du Tanyamjka.
Bull. Mus. Hist. nat. Belgique, t. IV, 1886, p. lOS, tig. 1.)
(2) MoouE, The Tangani/ika Problem. Londres, 1903, p. 149, et fig. 44fl, p. 261.
(3) J. W. Jackson, Journ. ofConch., vol. XIV, 1915, p. 364.
(*) BoETTGEU, Die Veriuiderlichkeit der Scfiale von Iberus gualtierianus. (44 Beu.
Senkenb. Naturfoiîsch. Gesellsch., 1913, pp. 188 et 189.)
(^) Moquin-Tandon, loc. cit., t. II, pp. 261 et 262.
C^) Clessln, LIeber Missbildungen der Mollusken uvd ihrer Gekause. (22 Jahresber.
Nat. Hist. Ver. Augsburg, 1873, p. 89.)
(') Vayssièue, Note sur une monstruosité de Nassa reticulata. (Journ. de Conch.,
t. LVIII, 1911, p. 129.)
— 46 —
Par contre, là où la carène est normale, elle peut manquer
sur certains spécimens : parmi les Hélix laptcida (normalement
carénés), on rencontre des individus sans carène, et des états
plus ou moins intermédiaires (^).
y. Plis ou dents columeUaires. — Ils peuvent varier pour
leur nombre ou encore être absents ou présents dans une même
espèce, tant chez des Streptoneures marins que dans des Pul-
monés terrestres ; exemples :
Formes marines : Odostomia excavata, tantôt pourvu, tantôt
privé de plis columeUaires (^) ; Nassa picta, dont la columelle
peut être lisse ou bien fortement plissée, avec intermédiaires
entre les deux dispositions (■^) ; Cassidaria echinoplwra, où le
nombre des dents columeUaires est très variable, comme aussi
celui des dents du labre (^) ; Votuta, dont les diverses espèces
ont les plis columeUaires en nombre très inconstant : V. colo-
cifntliis, de un à cinq (avec deux le plus souvent); Y. ancilla,
de deux à six (quatre le plus souvent) ; V. magellanica, de trois
à six (trois étant le nombre le plus fréquent) (^) ; le nombre des
sillons columeUaires varie encore dans diverses espèces des
genres Natica (^), Buccimim et Gibbula (');
Pulmonés terrestres : Bullm nus (Cliondnda) tridens, de
deux à cinq dents (^) ; Clausiiia bidcntata, dont la plicature de la
« bouche » présente une grande variabilité ('^); Cerion (Stropkia)
(1) Clessin, loc. cit., p. 89.
(2) Clakk, a Histonj of the British Testaceom Mollusca. Londres, 1835, p. 396.
(*) Marrât, On the varieties of the shells belonqing lo the genus Nassa, Lam.
(Proc. Litï. and Phii.os. Soc. Livkrpool, 1880, p. 13.)
(*) ViNASSA DE Regny, OsservazioTii snlla variabilità délia conchiglia nei Molluschi.
(Mem. Accad. Sci. Istituto Bologna, 5« série, t. X, 1902, p. 198, pi. Il, fig. 43-49.)
(5) Lahille, Contribucion al Estadio de las Volutas argentinas (Rev. 5Ius. Plata,
t. VI, 1893, p. 9.)
(6) Beyiîich, Sitzimgsber. Naturf Fr. Gesellsch. Berlin, 1883, pp. 3 et 43.
(7) VON Martens, ibid., 18S9, p. 8.
(S) BoLLiNGER, Zur Ga.slropodenfaiina von Basel und Umgcbung. Bâle, 1909,
p. 96.
(9) Chaster, Species and Variation. (Journ. of Conch., vol. XII, 1907, p. 26.)
— 47 —
glans et d'autres espèces du même genre, possèdent à l'état
jeune, des plis en nombre inconstant, au côté basai et pariétal
de l'ouverture (*); le genre Piipa, dont les diverses espèces
présentent à quelque degré cette variation : Pupa fJaminia)
muscorum, avec deux ou trois dents columellaires (^) ; P. (Ja-
minia) cylindracea avec deux dents au lieu d'une (^) ; P. polyo-
(lon avec quinze à vingt plis (^) ; P. secale, où le nombre de
dents varie jusqu'à tomber à zéro (^') ; P. (Orcula) dolium,
où il y a de un à quatre plis (*^). — Le genre Vertigo montre
la même variabilité à ce point de vue que les Pupa : V. mou-
linsiana, avec quatre à huit plis à l'ouverture {'') ; V. miniitis-
sima, sans dents en Grande-Bretagne, à nombre variable
ailleurs ('') ; F. antivertigo, où les plis varient de situation et en
nombre : de sept à onze ( ') ; V. pusilla, avec six ou sept
dents (^-')," Pteurodonte acuto goniasmos, chez lequel il y a
des individus avec deux dents à l'ouverture, d'autres avec une
seule dent (^^) ; Carychuim mmimiim, dont la denticulation de
la «bouche m est extraordinairement variable (^^). D'autre pari.
(*) Plate, Die Variabilitàt und die Artbildung nach dem Prinzip geographischer
Furmenketten bei den Cerion-Landschnecken der Bahama-Inseln. (Arch. f. Rassen
L'ND Gesellsch.-Biol., Jahrg. IV, 1907, p. 439.)
(2) Mayfield, Two- and three dentickd forms o/' Jaminia muscorum. (Journ. of
CoNCH., vol. XII, 1909, p. 317.)
{') JoLLiFFE, Jaminia cylindracea Da G., with two denticles. (Journ. of Gonch.
vol. XIV, 1914, p. 236.)
(*/ Moquln-Tandon, loc. cit., t. II, p. 374; d'autres espèces dans le même cas sont
encore citées aux pages 363, 365, 376, 378 et 383.
(5) Taylor, a Monograph of tlie Land and Freshwater Mollusca of the British
Isles, vol. 1, p. 66, fig. 144.
(6) BoLLiNGER, loc. cîL, p. 102 (de 1 à 3); MoQUIN•TA^DON, loc. cit., t. II, p. 385
(jusqu'à 4).
C) ToMLiN et BowELL, JouTH. of Cotich., vol. XII, 1908, p. 212.
(**) Taylor, loc. cit., 1. 1, p. 66.
(9) Moquin-Tandon, loc. cit., t. Il, p. 408.
(") Moquin-Takdon, loc. cil., t. II, p. 410; Bollinger, loc. cit., p. 115.
(") Brown, Variation in some janmican species of Pteurodonte. (Proc. Acad.
NATUR. Sci. Philadelphia, 1911, pp. 146 et 152, pi. XI, fig. 4 et 6.)
(12) Bollinger, loc. cit., p. 132.
48
une forme normalement sans dents, peut offrir occasionnel-
lement des exemplaires dentés : par exemple Hyaiinia (Conulusj
jutva (^).
0. Varices, côtes et filets. — 1. Varices et plis variqueux :
certains genres, Ranella (parmi les Streptoneures) et Pijtliia
(parmi les Pulmonés) possèdent sur la coquille deux varices
longitudinales continues, opposées à 180^; il arrive exception-
nellement, sur certains spécimens, qu'il se forme sur un tour
une varice nouvelle avant la croissance d'un demi-tour complet,
varice ne concordant pas, dès lors, avec celles des tours précé-
dents: exemple : un individu de Pijthia sp. de la Nouvelle-
Calédonie (-). Quant au nombre des varices ou des plis vari-
queux, il peut varier d'un spécimen à un autre : chez Bijthmia
(PaludineUa) gibba, les plis variqueux existant sur le dernier
tour, sont au nombre de 2 à 5, ou bien sont même tout à fait
absents (« var. aplexa ») (-*). Dans Nassa incrassata, le nombre
des varices varie de l à 6, etc.
2, Côtes longitudinales : chez iSassa reticulata, les côtes
longitudinales sont en nombre variable, suivant les individus (^) ;
de même dans i\. incrassata, ce nombre oscille entre 16 et 18 (°).
Dans bien d'autres genres, presque toutes les espèces montrent
cette variabilité dans le nombre ou dans la saillie des côtes lon-
gitudinales : Scalaria, Troplion, Murex, Stropliia (Cerion), etc.;
exemples : Scalaria groenlandica, de 8 à 10 (*') ; Trophcm
(•) DoHERTY, Remarks on a dentate varietxj o/"Conulus fulvus. (Jouiun. of Conch.,
vol. IV, 1885.)
(2) JoussEAUME, Quelques cas tératologiqves présentés par des Mollusques. (Bull.
Soc. ZooL. France, année 188^2, p. 307, 1882.)
(*) Moquin-Tandon, loc. cit., t. II, p. 521.
(*) Philippi. Enumeralio Molluscorum Siciliac, t. I, 1836, p. 220.
(^) KoliELT, Prodromus Faunae Molluscorum Testaceoruni maria europaea inha-
bitantium. Nûrnberç, 1886, p. 43.
('') Sars, MoUusca Regionis arcticae ISorvegiae. Bergen, 1878, p. 194.
— 49 —
declinans, de 15 à 20 (^) ; T. clavatus, de 8 à 10 (^) ; Murex
erinaceus, de 7 à 9 ("'); Strophia (Cerion) glans, et même ses
(c sous-espèces » locales : iS. glaus sbsp. varium, de 17 à 34, et
S. glans sbsp. agrestinum, de 32 à 75, les côtes étant d'autant
moins saillantes qu'elles sont plus nombreuses et des intermé-
diaires menant à l'état lisse : S. laeve ('*).
Certaines formes de Pulmonés présentent une « variété » à
côtes, dans la présence de laquelle on a même cru voir un cas
de dimorphisme, par exemple pour Hélix ( VaUonia) pulcliella et
sa var. costata, et pour Planorbis nautUeus et sa var. crista; le
nombre de côtes est alors inconstant, notamment dans Planorbis
crista : 12 à 14 ('') ; mais, en réalité, entre la forme lisse et la
forme costulée — que l'on rencontre d'ailleurs souvent ensemble
— il y a tous les intermédiaires C").
Inversement, une espèce normalement pourvue de côtes longi-
tudinales saillantes peut offrir des individus ou même une race
entièrement lisses : c'est le cas pour Çlausilia bidcntala (~),
3. Quant aux filets spiraux de diverses espèces de Seguenzia,
leur nombre et leur forme varient d'un individu à l'autre {^).
e. Perforations (dans la coquille des lialiotis, etc.).
(1) VVatson, Report on the Scaphopoda and Gastropoda. (Zool. Challenger
ExPED., part. XLII, 1886, p. 168.)
(2) Saiîs, loc. cit., p. 249.
(3) KoBELT, loc. cit., p. 2.
(•*) Pi-ATE, Die Variabilitat und die Àrtbildung nach dem Prinzip (jeographischer
Formenketten bei den Cervm-Landschncclien der Bahama-Insein. (Loc. cit., 1907,
p. 603) : avec tous les inlerraédiaires depuis les côtes les moins nombreuses
jusqu'aux états présentant le plus grand nombre de côtes.
(S) Moquln-Tandon, loc. cit., t. 11, p. 440.
(«) BoLLLNGEU, loc. cit., respectivement p. 63 (Hélix pulcliella) et p. 151 {Pla-
norbis nautileus).
(') Taylor, loc. cit., vol. I, p. 73.
(8) Dall, Report on the Mollusca. (Bull. Mus. COiMi". Zool., vol. XVllI, 1889,
p. 269.
4
LIS!
— 50 —
1. Variation du nombre : elle s'observe parfois avec l'âge
dans le même individu, exemple : H. californica, de 5 à 9 cbez
le jeune, 2 ou 3 dans l'adulte (^) ; mais ce nombre varie aussi
suivant l'individu du même âge, dans la même espèce : chez
//. tuberculata, sur des individus « de taille vendable », de 4
à8(^').
2. Variation du nombre de rangées de perforations : une
double rsingée a été observée dans un spécimen de//, giganiea (^).
3. Absence de perfoi'ation : cette variation a été observée
dans //. albicans (''), tl. tuberculata (^), //. crackerodii [^) et
//. cali/ornica C).
4. Fissure continue : observée cbez deux individus de deux
espèces différentes (^).
Dans le genre Siliquaria (ou Tenagodes) , toutes les espèces
n'ont pas une fissure simple, à bords strictement parallèles ;
certaines d'entre elles (par exemple : S. bernardi, S. cumingî,
etc.) ont une fissure « articulée », présentant des élargisse-
ments en nombre variable, suivant les individus; enfin, chez
d'autres espèces, comme S. (Agathirses) striatus, la fissure est
remplacée par une série de perforations discontinues, et celles-ci
(») WiLLiAMSox, Amer. Nalitr., vol. XXVlIi, 1893, p. 849.
(-) Sykes, Variation iîi MoUusca. (Pnoc. xMalâcol. Soc. London, voJ. VI, 1905,
|). 267.)
(5) Smith, Notice of an Abnormal Growlh in a spccies o/'Haliotis. (A.\i\. RIag. Nat
HiST., 6e série, vol. I, 1888, p. 419.)
(■') Gray, On a MonstrosUy of îialiolis (albicans?). (A.\N. Mag. Nat. Uist.,
2e sérip, vol. XIX, 1857, p. 349.)
(5) Jeffreys, lirUish Conchology, vol. III, p. 281. — S.mith, Conchologist, vol. 1!,
p. 75. — Mârquand, Imperforale Halioiis tuberculata. (Journ. of Co.nch., vol XI.
1903, p. 48.)
(6) Kelsey, a pcculiar Haliotis. (Nautilus, vol. XVIK, 1904, p. 67.)
(•) William SON, Abalone or Haliotis SiicUs of the Californian Coast. (Amer.-
Natur., vol. XXVIII, 1893, p. 849.)
(8) Gray, On a MonstrosUy o/'Haliotis (albicans?). (I.oc. cit., p. 349.)
51
sont alors également en nombre variable suivant les individus.
Le genre fossile Trochotoma offre une disposition analogue,
en ce sens que, dans certaines espèces, la lissure présente deux
ou trois perforations, suivant les individus {^]
(j. Lamelîibranches. — r/) Forme. — î. Variation de
l'indice. Celui-ci peut varier avec l'âge (ainsi ([ue dans des
(iastropodes), par exemple chez les Pectcn, où le diamètre
dorso-ventral devient relativement plus grand ('). Mais chez
les achiltes de mènie taille, cet indice (rapport des hauteur et
longueur) varie également ; exemples :
Ai'ca subcrenala, où le rapport de la hauteur à la longueur
oscille autour de 81.:2'1()0, en pouvant atteinch-e 78.8/100 (^).
Pecten opercularia, où le rapport de la longueur à la hauteur
varie de 1.067 à 1.039 (*) ; Pecten irradhnis, où l'excès de la
longueur sur la iiauteur varie de 0'" l à l'"5 pour des exemplaires
dont la hauteur moyenne est 58 à (30 millimètres ('').
Cardixim edule, où celte variation a déjà été signalée, sans
mesures, par Tournouer (^"), et oii les individus étudiés par
Bateson lui ont révélé une variation du rapport de la hauteur à
la longueur, allant de 0.58 à 0.84 Ç']
(M MsLO^GCHxuvs, Mémoin; sur les TroclioLoma (Mkm. Soc. Llnn. Noumaindîe,
i. Vil, 1839, p. 104.)
("^) Davenpokt, QuantitdlivL' Stndies in tlip Evolulion o/' Pecten. III. (Proc. Amer.
AcAD. Arts and Sci., vol. .WXIX, 1903, p. Hl.)
(3) Morse, A Cotiipariso)i helwecn ancient and iiiotlern Motluscan Favna of Omori,
Japaii. (Mem. Soi. Dept. U.nmv. Tokio, 1879. \>. 4.)
[■^) DAVENroRT, Evolution n'it.ltoi/l inulation. (.Iourn. of exper. Morphol , vol. II,
•1905, p. 139.)
(^) Davenport, ibid., p. 140.
(fi) Tournouer, Sur quelques coquilles marines rrcueillics par divers explorateurs
dans la région des Cholls sak.iriens. (Comptes rendus Ass. fhaiNç Avang. Sci.,
session de Paris, 1878, p. 4 [du tirû à pai tj.)
(') Bateson, Onsome Variations of Cardiura edule apparently correlated to ihe
Conditions of Life. (Phii. Trans. Uoy. Soc. London, vol. CLXXX, B, 1889, pp. 319
à :528.) — Sur des formes voisines, les Didacnides, il a paru des éludes avec mesures
nombreuses, mais malheureusement inutilisables, parce qu'elles sont publiées en
langue russe sans explications dans une autre langue. (Ostroumoff, Statistique des
variations des Didacnides caspiens. Kazan, 1912.)
— 52 —
Tapes piiUaster eL T. dccussatus, où le rapport de la liauteur
à la longueur varie respectivement de 0.55 à 0.78 et de 0.69 à
0.87 cy
Chez les Unionidae, cette variabilité dans le rapport des deux
diamètres : antéro-postérieur et dorso-ventral, a été signalée
par de nombreux auteurs, mais sans mesures particulières
jusqu'ici.
2. Une variation en rapport avec celle de l'indice, chez les
Lamellibranches à extrémité antérieure anguleuse, est la varia-
tion d'angle de cette extrémité (angle de mytilisation, xA.nthony) ;
exemple : dans Dreisscnsia polijniorpha, où l'angle de l'extré-
mité antérieure varie de 44° à 58° (^).
8. Renflement ou aplatissement (bilatéral) : là où l'angle
ci-dessus varie, cet aplatissement augmente généralement avec
l'angle; on connaît les variations que présente à ce point de
vue Mijtilus cdulis (^), ainsi que Dreissensia polijmorpha, par
exemple.
De même chez Pecleii gibbiis [P. dislocatus Say), le diamètre
transversal (donc l'aplatissement de la coquille) varie, pour la
valve droite : jusqu'à O.GI "/o, et pour la gauche : jusqu'à
7.498 %(^).
Dans ces dernières formes, les deux valves sont normalement
de diamètre transversal inégal (formes normalement inéqui-
valves); dans les Lamellibranches à deux valves égales, il peut
se rencontrer :
(*) Anthony, Influence de la fixation pleurothélique sur la morphologie des Mol-
lusques acéphales dimyaires. {^^ss. Sci. nat. [Zool.], 9*^ série, t. I, 1905, pp. 21.^
et 216.)
(2) Anthony, loc. cit., pp. 242 et 243.
(5) Pelseneeu, La formation de variétés chez, la moule comestible. (Ann. Soc.
Malacol. Belg., t. XXVlll, 18'J3.) — Anthony, loc. cit., p. 240.
(*) Davem'Out, a Comparison ofsome Peclens of Ihe East and West Coasts of ihe
United Slaics. (Mauk Anniveusarv Volume, d903, p. 129.)
— 53
i. Une variation qui constitue des individus inéquivalves dans
des formes normalement équivalves ; exemples :
Cardiiim ediile : un spécimen dans les collections du » British
Muséum of natural History », et un autre, pris à Southend et
décrit en lOU (/);
Mactra sliiltoriim, présentant toutà fait une forme de Corbula,
la valve gauche étant plus aplatie et moins
haute (') (fig. 4) ;
Liicina tigerina, trois exemplaires avec
une valve plane, au Musée de Bordeaux (^) ;
Ampliidcsma sp., deux échantillons présen-
tant l'aplatissement complet d'un côté (^) ;
Tapes decussatus, de Marseille, à valve
gauche presque plane, la valve droite ayant
un développement exagéré, et Tanomalie
ayantdébuté dès la période embryonnaire de
la coquille [^) ; un autre individu pareillement modifié de la même
espèce avait déjà été observé, avec la valve gauche aplatie (^) ;
ainsi qu'un Venus verrucosa, dont la valve plate était aussi la
gauche ('). On remarquera que c'est également cette valve
gauche qui est aplatie chez Mactra sluUoi'iim ci-dessus, donc
dans les divers Lamellibranches marins asymétriques où le sens
de l'asymétrie est indiqué; et l'on se rappellera en outre que
dans les Monomyaires asymétriques [Peclen etc.), il en est
Fk;. i. — Ma-tra siulto-
rum, exemphiire forte-
ment inéquivalvc, vu
du côté gauche . —
D'après Cooper.
(1) Maushal, Additions to liritisli Qmcliologij. (Joukn. of CoiNCH., vol. XIV, 1914,
p. 189.)
(2) CooPER, Monstrosilies of Tapes pullastra and Mactra stultorum. (Jouun. of
COxXCH., vol. XIV, 1914, p. 181.)
(^) SouvERBiE, fide JoussEAUME, Quelques cas lératologiijues présentés par des
Mollusques. (Bull. Soc. Zool. France, pour 1882, p. 306.)
{*■) .loussEAUME, lac. cit-, p. 306.
(^) Artuffel, fide Jousseal'me, loc. cit., p. oOd.
('!) Cailliâld, Des monslruosités chez divers Mollusques. (Ann. Soc. Acad. Nantes,
l XXXI, [1860], p. "2, 1862.)
(") Ibid., p. 2.
— 54
presque toujours de même, ainsi que dans les Isomyaires tels
que : Corbula, Mija, Spliacnio, Cliamostrca et TAjonsiclla.
Unio tiimidus montre souvent une certaine asymétrie, géné-
ralement due à ce que la surface médiane antéro-postérieure
dorso-ventrale n'est pas plane; cette asymétrie, en forme de
distorsion latérale, est parfois forl marquée f/).
Unio (jibbusus, un spécimen tout à fait asymétrique, dont
l'extrémité antérieure du côté droit était déprimée sous la valve
gauche et s'élevait beaucoup moins haut dorsalement (').
5. Variation de l'angle formé par les trois points suivants :
sommet du crochet, point le plus saillant de l'extrémité posté-
rieure, point le plus saillant de l'extrémité antérieure (angle de
« modiolisation », Anthony). Cet angle, qui varie dans les
individus d'âge différent, chez de jeunes moules, est égale-
ment variable entre individus de même taille, chez Modiola
barhata (•').
(3. Inversion : il v a chez les Lamellibranches, comme
parmi les Gastropodes, de nombreux exemples d'inversion,
caractérisés notamment par la présence, au côté gauche, des
dents de la charnière du côté droit et réciproquement; il a été
trouvé rarement des Peclen irradians adultes couchés sur le
côté gauche (^) : ces individus étaient certainement inversés,
car on sait que la musculature du pied et d'autres caractères
encore sont influencés par la station sur l'un ou sur l'autre
\Î-Sll
(*) Tâylok, a iknograpli of the Land and Freshwater Mollusca of tlie Briti
Mes, vol. I, p. 64, fig. 437, et p. 106, fig. 227.
(2) Baker, Some interesting MoUuscan Monslrosiiies. (Tkans. Acad. ^ci. St. Louis.
vol. XI, 4901, p. 145, pi. XI, fig. 2.)
(5) Anthony, loc cit., p. 237.
(') Jackson, Pliylogemj of the. Pelecijpoda ; ihe Avicnlidae and their Allies. (Mem.
Boston Soc. Nat. IIist., vol. IV, 1890, pp. 333 et 334.)
— 5^) —
côté D'autre part, des cas individuels bien marqués d'inversion
ont été signalés chez :
ihiio siniiatus (^) ; divers Unionidae de l'Amérique du Nord
ont aussi été rencontrés occasionnellement à l'état inversé (^),
notamment LampsUis ligamentina (^), Unio compkmatus,
U. riibiginosus, li. canawlensis (^) ; il en est encore de même
pour les formes suivantes : Astarte compressa C") ; A. miita-
b'dis (*') ; Lucina cliildrcni (') ; TcUina plicata (^). A côté de
ces espèces présentant des individus inverses exceptionnels, il y
a quelques autres Lamellii^ranches « amphidromes », où une
partie des individus est dextre, tandis que l'autre partie est
sénestre : c'est le cas pour Cliama pidclieUa (^), Aetlieria
plumbea et autres espèces du même genre (^*
b) Taille. — Dans une même espèce, chez les Lamelli-
branches comme chez les Gastropodes (p. 41), on observe très
souvent une différence très sensible de la taille à l'état adulte,
surtout entre spécimens de localités différentes plus ou moins
éloignées; c'est là un fait bien connu des conchyliologistes,
pour les formes à aire de dispersion étendue {TeUina soli-
diila, etc.) ; par exemple la taille de l'adulte peut varier du
simple à plus du triple ou même plus du quadruple : chez
(1) Moquin-Tandon, Histoire nnlurdle des Mollusques terrestres et fluvialiles de
France, t. I, p. 3*22.
(2) Lea, Reversed Unio. (Proc. Acad. Nat. Sci. Philadei.phia, 1865, p. 51.)
p) L. Agassiz, On abnormal shells. (Proc. Boston Soc. Pvat. Hist., vol. VII,
1859, p. 466.)
(*) Beecher, Abnormal and pathological forms of Freshwater Shells form Albany.
(New York State Mus. 36ih Ann. Uep., 1884, p. 52.)
(*) Jeffueys.
(6) Reynell, On Astarte mulabilis xvitli Reversed Hinge Dentition. (Proc. Malacol.
Soc. LoNDON, vol. VIII, 1906, pp. 4 et 5.)
(') 3IAS0N, Journ. of Conclu, vol. VU, 1894, p. 340.
(8) Fischer, Journ. de Conch., t. XXVIil, p. 234.
(«) Pei.seneer, Les Lainellihranclies de l'expédition du Siboga, 1911, pp. 58 et 96.
(") Deshayes, Traité élémentaire de Conchyliologie, t II, 1850, p. 324. —Fischer,
Manuel de Conchyliologie, 1906, p. 10. — Anthony, loc. cit., p. 366.
— 56 —
Mijtiliis edulis, de 19 à 02 millimètres; chez Cardiiim edulc,
de 20 à 65 millimètres (^). Il arrive que ces formes de taille
différente paraissent nettement séparées, sans intermédiaires ;
mais quand on étudie toute la série des stations intermédiaires,
on arrive à rencontrer, en certains points, des stades de passage.
Ainsi en est-il, par exemple, pour Mactra (Spisula) solida et
sa forme M. « elliptica n, plus petite, appartenant à une seule
et même espèce, mais provenant de stations différentes : en
certaines localités, et notamment au « Dogger Bank », toutes les
formes intermédiaires se rencontrent {'').
Il en est de même dans Peclen opcrcularis, P. irradians :
pour chacune de ces espèces, les individus d'une localité inter-
médiaire, aussi par la taille, entre des individus extrêmes de
de taille différente (^).
c) Couleur. — Dans les variations de couleur, il ne faut pas
tenir compte, bien entendu, des modifications post mortem.
Abstraction faite de celles-ci, la variation de couleur est consta-
table dans un très grand nombre d'espèces, et a été signalée
chez beaucoup d'entre elles, dont on ne peut songer à donner
l'énumération.
Mais dans les cas de variations les plus considérables, on a
trouvé des intermédiaires entre les colorations extrêmes; ainsi :
Mesodesma cornea (ou donacilla) présente une variabilité
excessive de coloration : une soixantaine de types, entre les
deux extrêmes desquels se trouve une foule de variétés pour
arriver du commencement à la fin d'une même série (^).
Dans Tellina tennis, la coloration se modifie de la façon la
(1) Smith, Noie on Uurfa (Tulufa) rubela (iJollen) = Triton lampas (Lamarck
et aust.). (JouRN. of Conch., vol. XIV, p. 230.)
{-) Jeffreys, liritish Conchology, t. III, p. 419.
(3) DaveiNport, Evolution rvilhùui Mutation. (JoruN. oF Exper. Morphologv,
vol. II, 1905, re.speclivemenl pp. 139 el 140.)
(*) Deshayes, Traité élémentaire de Conchyliologie, t. 1, 2^ |)arlie, 1850, p. 317.
— 57 —
plus insensible, et entre deux variétés si nettement séparées
(ju'on pourrait croire qu'elles constituent deux espèces diffé-
rentes, il y a une transition progressive (^).
Les variations de couleur observées sur les Pecteii irradians
de diverses provenances, montrent aussi des intermédiaires dans
les individus de localités intermédiaires (^).
d) Ornementation. — Beaucoup d'espèces de Hinnites à une
certaine taille, deviennent ostréiformes et déformés, après un
stade jeune pectinit'orme et régulier (^) ; cette transformation de
l'ornementation accompagne le stade de fixation, suivant un
stade jeune pectiniforme et régulier. Mais la taille (ou l'âge) de
cette fixation varie d'un individu à l'autre, par exemple chez
H. giyantcus (*) ; en outre, une même espèce peut, dans une
partie de son habitat, ne pas se déformer en se fixant, tandis que
sa fixation est toujours accompagnée de déformation dans une
autre partie de son aire de dispersion ; //. pusio, déformé dans
l'Océan (•') et non dans la Méditerranée.
Certains individus de Pecten corneus de l'éocène ont aussi
montré, après une phase régulière, lisse et pectiniforme, une
partie périphérique plus ou moins écailleuse, à strialions rayon-
nantes irrégulières, apparaissant aussi à une taille variable [*").
Un grand nombre de Lamellibranches présentent des côtes
rayonnantes à la surface extérieure de leur coquille. Dans toutes
(') Desuxyes, Histoire naturelle des Mollusques (Exploration de l'Algérie), 1848,
p. 350.
(2) Davenpoht, Evolution without Mutation. (Loc. cit., p. 140.) — Colton,
Results of a statistical study of variation in tke blue sliells of Pecten nucicus irra-
dians found at Atlantic Ciiij X J. (Nautills, vol. XXVIl, 1914, p. 5-2.)
(■■*) FiscHEii, Ma7iuel de Conchyliologie, p. 1)45.
(^) .Jackson, PInjlogeny of ttte Pelccypoda; tkc Avicididae and thcir Allies. (Mem.
Boston Soc. Nat. Hist.. vol. IV, 189]', p. 350.)
(^) Daniel, Faune malacologique terrestre, /luvialile et marine des environs de
Brest (Finistère). (Jouim. de Co.nch., t. XXXI, 1884.)
(") Lefèvre, Une anomalie observée chez le Peclen corneus. (Ann. Soc. Malacoi..
Bei.c, t. VllI, pi. IV.)
— o8 —
les espèces qui ont été examinées à ce sujet, il a été constaté que
le nombre de ces côtes est inconstant, par exemple dans les
genres A rm, Peclen, Cardium, etc., ainsi :
Arca subcrenata en montre de 31 à 33; .4. inflata de iO à
43; .4. (jronosa, de 23 à 26 {'].
Dans Peclen irradians (var. gibbus), il y a de 14 à 21 sillons
intérieurs (correspondant aux rayons extérieurs), à la valve
droite (^) ; dans P. ventricosus, de 17 à 23 (^).
Cliez Cardium edulc (de la côte belge), le nombre des côtes
varie de 21 à 29 ('). Des variations analogues existent dans
d'aulres espèces : C. magnificum, et surtout {\ muricatnm (^),
En outre, comme on peut le voir au moins par les tableaux et
courbe dressés pour Pccten irradians, P. ventricosus et pour
(lardinni edulc, la variation du nombre de côtes ou ravons se
jn'ésente avec tous les intermédiaires entre les extrèuies.
Des cas de bifurcations des côtes ou de sillons ont été rencon-
irés dans certaines espèces de ikirdium ou de Pecten, quant
au nombre de stries transversales, dites stries de croissance,
que forme cbaque année Cardium edulc, il est en moyenne de
7 ou 8, mais de 5 à 10, et atteint très rarement 12 ou 13 ('),
notamment pour Pectot opercularis (') et pour P. irradians; et
(*) Morse. .4 Co)npa7'i,<:on belwecn tlie ancienl and modem Molhiscan Fauna of
Omori, Japan. (Mem. Sci. Deî'art. L'.mversity Tokio, 1879, pp. 3, 4 et o.)
(2) Davenport, Ou Ihe Variation of the Shell of Pecten irradians Lamarck froni
Long Island. (Ameu. Natu.^., vol. XXXIV, 4900, p. 867.)
(5) Davenport, a Coiuparison of saine Pectens of llie East and Ihe West CoasLs of
(lie United States. (Mark An.mv. Vol., 1903, p. 128.) Voii' encore : Dave.nport ei
HuBitARD, Studies in the évolution of Peclen. 4. Uay variabillty in Pecten varius.
(JouRN. Exper. Zooi... vol. I, i90o.). — LuTZ, A stndy oflke variations in thenumber
of groves upon the Skells of Pecten irradians (Lam.). (Science, série II, vol. XII,
p. 373, 1900.)
(■') Massart in Wérv, Sur le littoral belge. Bruxelles, Lamerlin, 1908, p. 105.
(2) Baker, liib Variation in Cardium. (Amer. Natur., vol. XXXVII, 1903, p. 41.)
(6) LiNDSAV, On periodicity of Growtk in the Skells of Molluses. (Compte rendu
DU IXc Congrès intern. de Zooi.., 1913, p. 206.)
(') Davenport, Quantitative Studies in the Evolution of l'eclen. III. (Proc. Amer.
ACAD. Arts and Soi., vol. XXXIX, 1903, p. 138.)
59
alors aussi toutes les gradations ont été reconnues entre un
large rayon et deux rayons séparés par un sillon, par exemple
chez P. irradians (^).
Les épines que portent les cocjuilles de nombreux Lamelli-
branches varient dans chaque espèce, suivant les individus, par
leur taille et par leur nombre : par exemple chez Cardium
echinatum (-).
Les saillies du bord de la cocpiiîle que présentent de nom-
breuses espèces, comme celles des genres Spondijlus, VJiama,
Mdeagrina, etc., ne montrent aucune régularité dans leur
l'orme, leur taille ou leur noml)re; de même, les oreillettes des
Pectinidae sont assez variables quant à leurs dimensions rela-
tives, par exemple dans Pccten opercidaris , ou la postérieure
est la plus variable (^).
Enfni, beaucoup de Lamellibranches tixés voient leur orne-
mentation modifiée d'après la nature de leur substratum; c'est
le cas pour des Anomia^ Ostrea, Plicatula, Placunanomia
Mijochama, etc. (voir IV'' partie : facteurs biologiques).
c) Charnière et ses dents, — 11 y ^ là un caractère d'une
importance considérable en classification, non seulement pour
les espèces et les espèces et les genres, mais pour les divisions
supérieures, tout comme la radula chez les Gastropodes.
Mais, ainsi que cette dernière, elle est sujette à variations;
elle peut varier considérablement dans un même genre : il existe
des Lucina sans dents (L. edentula, L. /ragilis, L. trans-
versa, etc.); elle peut varier au sein d'une même espèce :
Taxodonta : Niicula nucleus, 10 à 15 dents en avant, :23 à 25
(*) DAVtNPORT, On tlie Variation of tite Shell of Peclen irradians Lamarck from
Long Island. (Loc. cit., p. 870.)
(2) B. l?. WooDVVARD, Darwinism and Malacology. (Proc. Malâc. Soc, vol. VIII,
1909, i>. 280.)
(5) Davenpokt, Quantitative Stwiies in the Evolution of Pecten. III. (Loc. cit.,
p. 136.)
— 60 —
en arrière (^) ; N. tennis, 6 à 9 en avant, li à ^20 en arrière
Leda intermcdia, 1^ à 16 de chaque côté (") ; Yoldia limatula,
de 28 à 20 en avant, de 18 à 20 en arrière (') ; Ai^ca glacialis,
7 à 10 en avant, 10 à 14 en arrière (•') ; Limopsis cristata, 5 à 8
de chaque côté ('') ; Mijtilus ediilis et ses diverses variétés : 2 à
10 dents sur chaque valve ('). La forme typique de la Manche
montre 8 dents en moyenne; il est très rare qu'il y en ait
FiG. 5. — Mxjlilits cdulis, de la Manche; charnière de la valve gauche, vue intO-
rieuic. I, charnière à trois dénis; II, charnière à six dénis; III, charnière à sept
dents; IV, charnière à huit dents; V, charnière à douze dents; e, crochets;
li, ligament. — Original.
moins; mais on en observe assez souvent i, 5, 0, 7, 8, de
plus en plus petites et plus postérieures et ventrales : un indi-
vidu (jeune) m'en a même montré 12, parmi lesquelles de mul-
tiples petites dents postérieures (tig. 5).
Parmi les Lucinidae, Luchia dentata a deux dents cardinales
(1) Sars, Mollusca Rccjionis arcticae Norvegiae, p. 32.
(-) Cattie, Les LameUibranches recueillis dans les courses du « Willem Barents ».
(Bydr. TOT DE DiERK. [Naturac Artis Magistra]. Amsterdam, 1884, p. 5.)
(■') KoBELT, Prodroim/s Faunae Molluscorum Testaceorum maria curopaea inha-
bilantiiim. Niirnberg, 1886, p. i06.
(*) Cattie, loc. cit., p. 10.
(^) Saus, loc. cil., p. 44.
(6) Kobelt, loc. cit., p. 418.
(') M. edidis : de trois à dix dents (Korelt, lue. cit., p. 4"2i); M. pclliicidiii :
deux ou trois; M. cdulis : jusque imit (Cattie, loc. cit., p. 5, fig.); ;'/. « yallopru-
vinciaiis » : deux à huit, de grandeur variable (l.iST, Die Mtjtiliden, Fauna und
Flora Golf. Neapel. 1902, 27« inonogr., p. 21, pi. IV, tig. 5 à 8).
— 01 —
inégales et souvent irrégiilières (^) ; ihigulina riibra possède
quelquefois le rudiment étroit d'une seconde dent sur la valve
gauche (^).
Chez Turlonia minuta, il y a, à chaque valve, une ou deux
dents cardinales, souvent bifides (•^).
La variabilité de la charnière est particulièrement bien mar-
quée dans les Cycladidae : les dents cardinales de Pisidium
fwnslowanum sont quelquefois accolées et comme agglomé-
rées (^); celles de P. cazertanum sont quelquefois irrégulière-
ment opposées (^) ; celles de Cijclas cornea sont quelquefois
l'approchées et même soudées (") ; tandis que chez C. lacustris,
la dent cardinale postérieure est nulle on rudimentaire, et que
chez C ryc/iholti, cette dent est ordinairement nulle ('). Les
dents cardinales et latérales sont variables chez Cijclas rivicola
également : dans un individu anormal, il y avait une dent
latérale postérieure supplémentaire à droite, et une dent laté-
rale antérieure et une dent latérale postérieure supplémentaire
à gauche (^). 11 a été rencontré chez Cyctas (Sp/iaerium) striata,
iO "/o d'anomalies au sujet de la charnière, et jusqu'à 16 °/o
chez C similis, anomalies pouvant consister dans les dispositions
suivantes : dents latérales antérieures, une droite pour deux
gauches, au lieu de l'inverse ; dents cardinales, deux droites pour
une gauche, au lieu de l'inverse ; dents latérales postérieures,
une droite pour deux gauches, au lieu de l'inverse {'^}.
(1) Deshayes, Traité élémentaire de Concliyliologie, l. II, ]). 797.
(2) Ibid., p. 809.
(5) Clauk, a Histonj of the british marine teslaceous Mollusca, p. 97.
(■') Moquin-Tandon, Histoire naturelle des Mollusques terrestres et fluviatiles de
France, t. 11, p. 582.
(•^) iBiD., p. 585.
{'') Ibid., p. 592.
C) Ibid., respectivement pp. 595 et 596.
(**) Tâylor, a Monograph of the Land and Freshwater MoUusca of tJie british
Isles, t. I, p. 47.
(9) VValker, On certain Abnormal Spkaeria. (NAUriLfS, vol. IX, 4896, p. 135.)
— 62 —
Chez les Najades, on a reconnu que les charnières sont aussi
très sujettes à varier : la dent postérieure gauche de Unio
pictorum peut être très peu développée ou rudiuientaire (^) ; la
chose paraît spéciale aux spécimens des lacs, tandis que celte
dent est au contraire très hien développée (plus que l'antérieure)
dans les individus des Heuves ("'). Un exemplaire de Uniu
pressus avait à la valve droite les dents tout à fait rudimen-
taires, et à gauche une seule dent élevée, continue, sinueuse
antérieurement, représentant les dents cardinales (^). A la valve
droite d'un U. (/ibbosus, il y avait deux dents ou lames latérales
s'étendant un peu en arrière des dents cardinales et lames
normales, tandis que la valve gauche était normale au point de
vue de la charnière (^). Un Spatha à valve droite déhordant la
gauche avait une charnière anormale (^).
Les cas de variation dans la charnière sont d'ailleurs fréquents
chez divers Unionidae. Ainsi Lampsilis lifjanieutiua présente
assez souvent une troisième dent pseudocardinale, à droite, en
arrière ('^). Lampsilis ventricosa et L. liitcolus sont dans le
même cas ; et le premier peut même présenter une dent pseudo-
latérale à gauche; ces anomalies sont rares, par contre, dans
les Sijutpliinotci et les Alasmodonta ("). Unio lielerodon peut
(1) Moqiin-Tandon, lor. fil , t. II, p. 577.
(2) Sell, Biolocjische Beobar.litungen an Najaden. (Auch. fuu Hvdrobiol. Ii\d
Pi^ANKTONKiiNDE, Bd IIJ, 1907, p. 187 [confirmant d'anciennes observations de
Jordan, Jahrb. dtulsch. Malak. Gescllsch., 186'.tJ )
(3) Beecher, Some abnormal and patholnçjical Fonns of Fresh-Wnter Sliells.
{36th Rep. New- York State Mus. Nat. Hist., 1884, p. 5i.)
(■*) Baker. Some interestimj Molluscan Monsirosities. (Trans. Acad. Soi. St. Louis,
vol. XI, 1901, p. 145.)
(») JiCKEi.i, JSachrirhisbl. dciilsch. Malakoz. Ge.-ellseh., Bd V, 1873, p. 69.
(6) Geiser, Fréquent Occurrence of a Third Psendocardinal in the Hight Valve
of Certain species of Lampsilis. (Amer. Midland Naturaust, vol. II, 1911, p. 2,
fig. 2.)
(') Geiser, Fnionidac with abnormal Teelh. (A.mer. Midland Natjral., vol. IV,
1915, p. 281.)
— 63 —
être très variable au point de vue de la charnière, la dent
latérale de chaque valve étant simple, double ou triple (^).
Dans la famille des Veneridae, les cas de variation de la char-
nière sont encore assez nombreux : notamment chez divers
Tapes, où une dent est souvent avortée ou manquante (^) ; les
trois dents de chaque valve de Tapes deciissatiis sont le plus
souvent bifides (^) ; la dent antérieure gauche et la dent posté-
rieure droite de Tapes puUaster sont le plus souvent les plus
petites (^). Un exemplaire de Venus macrodon avait seule-
ment une dent au lieu de trois, sur chaque valve ('). La dent
postérieure de la charnière de Dosinia exoleta est presque tou-
jours bifide dans toute sa longueur [^).
La valve droite de (itama calcarata, de (.'. grijphoides et de
(L (jriiphina présente quelquefois une dent dorsale divisée en
deux, et parfois, dans Chaîna laùirns, un rudiment de dents
latérales (") ; à la valve gauche, des dents latérales postérieures
sont parfois présentes dans (.'. grijplioides, ('.(jnjphina, C. papy-
racea, etc. [^).
Pour les charnières inversées (auxquelles il faut peut-être
(') i.EA, Description of a New Genus of Naïades. (ïuaks. Amkr. Pmt.. Soc,
vol. m, 1829, p. 428.) — D'aunes exemple-s sont encore indiqués dans Simpson,
Synopsis of the Naïades or Pearlij Frcsk-Water Mussels. (Proc. U. S. Js'at. Muséum.
vol. XXli, 1903.)
(2) Sykes, Variation in récent Molliisca. (Proc. Malacol. Soc, vol. VI, 1905.
p. 268.) — Je dois faire remarquer loutetbis, que dans T. pullaster au moins, il
semble qu'il y a parfois moins de trois dents à l'une ou à l'autre valve; mais même
dans des exemplaires bivalves très frais, cela provient d'ordinaire de la cassure
très neite à la base, d'une ou plusieurs dents cardinales.
("') KoBELT, Prodromiis Fauiiae Motluscorum Teslaceoruin maria europaea inha-
bitanliiim, p. .354.
(i) iBiD , p. 353.
(5) Sykes, loc. cit., p. 268.
(*') Deshayes, Traité élémentaire de Conchyliologie, t. 1, p. 014.
C) Bernard, Première note sur le développement et la morpholoyie de la coquille
chez les Lamellibranches. Bui.l. Soc Géol. France, 3« série, 1905, t. XXIII,
p. 140.)
(8) iBID., p. 140.
— 64 —
rapporter les Cijcias striala et C. similis ci-dessus), voir plus
haut : inversion (forme, 0, p. oi).
/■) Bords de la coquille. — Des modifications assez sensibles
dans la conformation du bord de la coquille peuvent se pré-
senter dans bien des espèces; par exemple, le bord, normale-
ment continu et entier, peut offrir une sinuosité due à un sillon
sur une valve et une saillie sur l'autre, comme dans un Mactra
sluUormn (^), un Mijtilus edtilis, etc.; des variations plus ou
moins analogues (sillon au l)ord de la coquille s'étendant sur
une partie plus ou moins grande de la surface de la coquille)
ont été rencontrées encore dans d'autres genres :• Pecten (^),
Auodonta (^), Pisidium (^), etc. Beaucoup de ces anomalies
sont dues probablement à des régénérations après traumatismes,
comme pour des échancrures de même aspect constatées parfois
au bord de l'ouverture dans divers Gastropodes {Limnaea, etc.);
il en est vraisemblablement de même pour une saillie anormale
(excroissance fungif'orme) observée au bord de la coquille
d'un Mactra (J'), ainsi que pour certaines autres monstruosités
signalées dans les coquilles de Lamellibranches C^). Lorsqu'un
obstacle quelconque, ou l'impuissance des adducteurs, ne per-
met pas l'occlusion complète des valves, il se produit alors,
dans la croissance, un brusque coude au bord de chacune d'elles,
(1) Observation personnelle.
(2) Comme P. irradiaiis : DkVE^fom, On the variation of ihe Slie.li o/Peclen
irradians Lamarck. (Loc cit., p. 871, et fig-. 1, rf, p. 516.)
(3) Comme A. cxjgnaea: Taylor, A Monograph of the Land and Freshwater Mol-
lusca of the British-Ules, vol. I, p 103, fig. 216. — Wallis, Curiously distorted
Anodonta cygnaea. (.louuN. of Conch., vol. XIII, 1910, |). 97.)
(*) Comme Pisidium ca.zertanum, dont des individus présentant une échancrurc
ou sinuosité du bord ventral, ont été décrits comme une forme spécifique diftc-
rente, fous le nom de P. simcatum (voir Moquin-Tandon, loc. cit., t. II, p. S86).
(5) Leidy, Proc. Acad. Nat. Sci. Philadelphia, 1879, p. 198.
C) Comme, par exemple, pour ceitaines de celles mentionnées par Borissiak,
Tératologie dam les coquilles de. Lamellibranches. (Bull. Acad. Soi. Saint-Péters-
bourg, vol. XX, 1904, p. 135, figures.)
- 65 —
et la croissance a lieu sans guère augmenter le diamètre, mais
en augmentant la ventricosité ou l'épaisseur de la coquille;
pareille anomalie a été signalée dans plusieurs Pecten (P. variiis,
P. flexuosiis ou polipnorplius), dans VUngidina du Sénégal,
Cardin m edide et Miftiltis ediilis (^).
Le bâillement des bords, à la partie postérieure, a été ren-
contré dans Mytiliis edulis (^).
La réduplication du bord des valves est une autre variation
rencontrée dans divers groupes : postérieurement sur les deux
valves, chez Mytiliis edulis (tig. 6) (^) ; postérieurement sur les
deux valves dans Unio tumidus, où il y avait triplication (^) ;
dans Cardium (probablement cdule) (''), Cardium echinatiim ,
Dreissensia jwlyitiorp/ia et Anodonta potiderosa (*^).
g) Direction des crochets. — Dans une même espèce de
(hlrea, le crochet (sommet des valves) est contourné en avant
ou en arrière Ç').
Il) Pièces accessoires. — La pièce dorsale postérieure (méta-
plaxe) de Pliolas dactyliis est « irrégulière «, de forme même
un peu variable, suivant les individus (-) ; en effet, elle est tou-
jours asymétrique, tantôt plus longue à gauche, tantôt à droite;
les pièces antérieures paires iprotoplaxes) sont susceptibles de
(1) Cau.liaud, Des monstruosilcs chez divers Mollusques. (Ann. Soc. Acad. Nantes,
t. XXXI [1860J, p. 3, 1862.)
C-) Vayssièke, Journ. de Concli., i. XXXIX, p. 213.
(5) MoYNiER DE ViLLEPOix, Rcchevches sur la formation et V accroissement de la
coquille des Mollusques. (Jol'rn. de l'Anat. et Physiol., t. XXVIII, -1892, pi. Il,
fig. 52.)
(*) Taylor, a Monograph of the Land and Freshwater Mollusca of the Brilish
Isles, t. I, p. 62, fig. 135.
(^) Sykes, Variation in récent Mollusca. (Loc. cit., p. 267.)
(") MOYNIER DE ViLLEPOIX, l.fC Cit., p. 125.
C) Fischer, Manuel de Conchyliologie, p. 925.
(*) Blanchard, L'organisation du Règne animal. I. Lamellibranches. Paris, 1851,
p. 13.
5
— 66 -
varier également, comme on peut s'en assurer en comparant les
figures des divers auteurs (Deshayes, Blanchard, Wood-
ward, etc.). Les deux pièces rudimentaires de PItolas crispata
sont aussi de forme inconstante. Quant à la pièce dorsale sup-
plémentaire unique de Pliolas (Baniea) candida, elle est souvent
FiG. 6. — Mytilus edulis, coquille
vue : A , par la face dorsale ;
B, par la face ventrale, et pré-
sentant une reduplication du
bord postérieur (I et II). —
D'après Moynier de Villepoix.
FiG. 6 bis. — Pliolas candida, pièce coquillière
dorsale supplémenlaire de divers individus,
vue dorsale, X 3. I, spécimen normal symé-
trique ; II, spécimen asymétrique, plus étroit;
III, spécimen asymétrique, encore plus étroit;
IV, spécimen exceptionnellement étroit. —
Original.
irrégulière et asymétrique (dans plus de la moitié des exem-
plaires) ; la largeur comparée à la longueur est fort variable :
deux fois, j'ai même trouvé cette pièce particulièrement étroite
(fig. 6*^'^), l'indice devenant ^/^ au lieu de "/,; cependant, en
examinant un grand nombre de spécimens, on rencontre tous
les intermédiaires (observations personnelles).
L'osselet calcaire de la charnière (litiiodesme) de Lyonsia
norvegica est de forme tantôt triangulaire, tantôt quadrangu-
laire (^).
(*) Deshayes, Traité élémentaire de Conchyliologie, t. I, p. 210.
- 67 —
D. CéphaSopodes. — Des variations notables s'observent
dans la coquille de Ncintiliis pompiliits, particulièrement au
point de vue de l'ombilic : il a même été rencontré des spéci
mens avec l'ombilic perforé (^) ; d'autre part, il a été signalé
plusieurs fois des individus présentant d'un côté la région ombi-
licale du type i\. pompilius, et, de l'autre, la région ombilicale
de la variété stcnomphahis (^j. Il a été rencontré aussi un Naii-
til us pompilin s dont la coquille présentait, extérieurement, sur
tout son pourtour, un sillon profond, un peu à gauche du plan
médian (■'').
La coquille interne des Dibranches est aussi soumise à des
vp.riations individuelles plus ou moins marquées (en outre des
différences sexuelles) : ainsi des variations de forme et de pro-
portions (indice) ont été observées dans la coquille « gladius »
de Loligo média (^). Chez Sepia ofjicinalis, la longueur relative
des aires lisse et striée, au côté ventral de l'osselet calcaire ou
« sepion », a servi à établir de « nouvelles espèces » [S. fillioujii
Lafont et S. fisclieri Lafont, respectivement à aire striée beau-
coup plus longue et un peu plus longue que l'aire lisse) aux
dépens de l'ancienne forme linnéenne, dont l'aire striée serait
plus courte. Or ce caractère est tellement variable, avec tous les
intermédiaires, qu'on ne peut à son sujet établir des distinc-
tions spécifiques (•').
La coquille de Cirroteulhis mùllcri peut être plus ou moins
(1) WiLLEY, Zooloqical observations in the Soutk Pacific. (Quart. Journ. 3Iici\.
Sci., vol. XXXIX, 1896, p. 228, pi. XIII, tig. 9.)
(2) WiLLEY, loc. cit., p. 228. — Sykes, Variation in récent MoUusca. (Loc. cit.,
p. 253.)
(5) WiLLEY, Contribution to the Natvral History of the Pearly Nautilus. (Wii.ley's
ZooL. Kes., Part VI, 1902, p. 812, fig. 15.) — D'autres malformations ont encore été
relevées, notamment par Smith, Note on ayi aberrant spécimen o/"Nautilus pompilius.
(pRoc. Malacol. Soc. London, vol. IX, 4910, p. 4.)
(*) Cooper, Journ. of'Conch., vol. XIII, 1910, p. 25.
(S) Jatta, / Cefalopodi viventinel golfo di Napoli. (Fauna und Fi.oraGoi.f. Neapel^
inonogr. XXIII, 1896, p. 154.)
— 68
large relativement à sa longueur (variation d'indice) et, en outre,
ses saillies postérieures peuvent être plus ou moins allon-
gées (1).
Quant à la coquille externe (non homologue à celle des
autres Céphalopodes) de Argonaiita femelle, elle a présenté
sur un spécimen, une double sinuation au côté gauche (^) ; et
un exemplaire de A. gondola de
Luçon, au lieu d'être enroulé comme
normalement, offrait la forme d'un
cône droit (fig. 7) : ces dispositions
sont évidemment dues à une confor-
mation anormale des bras palmés
qui sécrètent cette coquille.
Des variations et anomalies ont
*'■?■ ^n " ^'X"''""^'' S'^"^f"' été à diverses reprises constatées sur
lemelle, coquille non enn.ulee; . '
A, vue du côte droit; B. vue ven- des coquilles de Céphalopodcs fos-
iralement. - Original (d'après siles. Pour des raisons indiquées plus
un croquis fait au British Mu- \ , / t r.\ v
tQQ^, haut p. 14 , ces tormes a or2;a-
semn en 1885). ... ^
nisation inconnue ou très peu
connue sont laissées de côté; mais pour le lecteur que ce sujet
intéresse, quelques indications bibliographiques sont données
en note (^).
(') Ainsi qu'il ressort de la comparaison de.s figures de Reinhardt et Prosch,
Scia dephor lis mïiUen. (Vidensk. Selsk. Afhandl. Copenhague, vol. XII, 1846,
pi. m, fig. \.) — Appem.ôf, Veber das Vorkovunen innerer Schalen bei den achtar-
rnigen Cepkalopoden. (Bergens Mis. Aarbog, 1898, no XII, pi. I, fig. 6.)
(2) Proc. Malacol. Soc. Loudon, vol. V, 1904, p. 310.
(3) Halek, ilcber ciitige mmimelrischi'7i Aviuioniten ans der Hierlatzschichlen.
(SiTZUKGSBER. K. Akad. DER VViss. WiEN, Bd XIII, 18o4, p. 401.) — Fhaas, Abnorini-
tiiten bei Ammoniten. (VVurtïemb. naturw. Jahresh., Bd XIX, 1863, p. 111.) —
Dewitz, Doppelktimmerung bei silurischen Cephalopodeii . (Zeitschr. gesam. Natur-
wiss., 1878, p. 295.) — PoMPECKJ, LIcber Ammonoiden mit « anormaler Wohn-
kamer », (Jahresh. Ver. Vat. Naturk. Wurttemberg, oO Jahrg., p. 220, 1894.) —
Staff, Cas d' asymétrie de siphon chez une Amvionite, 1909. — Loesch, Eine fossile
piitltologische NautUus Schale. (Nei;es Jahrb. Min. i:nd Pal., 1912.) — Danford,
A deformed Belenmite. iNaturalist, 1907.)
— 69 -
2. — MANTEAU.
.4. Amphineures. — a) Faisceaux de spicules. — Le bord
(lu manteau présente dans certains genres des pores renfermant
des faisceaux de spicules : de chaque côté, un à chaque inter-
segmentum et une ou plusieurs paires autour des plaques
terminales. Le nombre en est cependant parfois variable dans
une même espèce ; ainsi chez :
Crijptoplax longicymba, où le nombre 18 n'est pas constant,
non plus que la disposition symétrique : il peut y en avoir 19
ou davantage (iig. 8) (^) ; dans une autre espèce, dont le nom
n'est pas rapporté, il y avait 14 ou 16 pores, au lieu de 18 (^).
Le nombre est encore variable dans Hemiartlirum setulosum,
où, outre un faisceau de chaque côté entre deux valves succes-
sives (soit 7 paires), il y en a 3 ou 4 paires devant la valve
antérieure, parfois avec absence de symétrie : 5, 6, 7 ou
8 faisceaux, sans que le nombre soit en rapport avec la taille
(le nombre 8 a été observé sur un petit spécimen, le nombre
5 ou 6 chez de grands) (observations personnelles) (fig. 9).
Le nombre de spicules dans chaque faisceau varie aussi dans
les diverses espèces : par exemple chez Acanthocliiton fascicu-
laris, de 12 à 15 {^).
b) Extension du manteau sur la coquille. — Dans Crijptocon-
c/ius ( Acantliocliiton) porosiis, on trouve des individus où les
valves ne paraissent pas du tout; mais le plus souvent on voit
sept écussons linéaires ou quadrilatères séparés ("*).
(1) Nieustrasz, Die Chitonen der Siboga-Expedition. (Résultats, etc., du Siboi^-a,
t. XLVIII, 1905, p. 73, fig. -154, 155, 156.
(2) Voyage de Krusenstern, fide Quoy et Gaimard, Zoologie du voyage de l'Astro-
labe, t. III, |j. 373.
(5) Clark, A History of the british marine teslaceous Mollusca, p. 248.
(*) Quoy et Gaimard, Zoologie du voyage de l'Astrolabe, t. III, p. 406.
— 70
FiG. 8. — Crijptoplax longicymba,
individu présentant l'asymétrie des
faisceaux palléaux de spicules, vu
dorsalement : /', faisceau; pa, man-
teau. — D'après Nicrstrasz.
FiG. 9. — Hemiarthrum setiilosum, vue dorsale
de la partie antérieure : A, avec quatre paires
de faisceaux ; B, avec trois paires et demie ; et
C, avec trois paires de ftùsceaux de spicules.
I, valve antérieure. — Original.
FiG. i\. — Arion simrothi, individu ave(
manteau en forme de bosse saillante, vi
côlé droit : pa, manteau; pn, pneumosto
/', /", tentacules antérieur et postérieur
D'après Simrolh.
FiG AO.~Auricula(Alexia)myosotis,aiyec\es tours
du tortillon viscéral soudés entre eux; vue ven-
trale : c, cœur ; gl. pa, glande palléale ; p, pied;
pneumostome; t, tentacule postérieur; t.vi, tor-
tillon viscéral. — D'après Pelseneer.
A
B
FiG. 12. — Vitrina elongata. A, avec et. B,
« demi-cuirasse « ou lobe paliéal antérieur
dorsale : 6Y/, coquille; p, pied; pa, manl
t", tentacule postérieur. — D'après Eckan
— 71 —
c) Protubérances palléales. — Chez Cryptoplax iarvaeformis,
ii y a de chaque côté, à l'intérieur du manteau, deux ou trois,
protubérances d'épithélium élevé (*).
/?. Gastropodes. — a) Variation de forme. — Beau-
coup d'individus de Auricida myosotis ont le « tortillon viscé-
ral » à tours soudés et non séparés (concurremment avec la
disparition des cloisons de la coquille) : le manteau y a ainsi
repris une forme et une surface coniques simples (tig. 10);
dans la plupart des Auricididae , on rencontre aussi presque
toujours cette résorption des cloisons intérieures.
Un Arion simrotlii a présenté le manteau (avec son contenn
viscéral) en forme de bosse anormale (fig. 11) (^).
b) Extension. — Chez Vitrina, le bord du manteau s'étend
loin en avant sur la région nuchale (comme dans des Pulmonés
nus, tels que Daudebardia, etc.) presque jusqu'aux tentacules;
deux exemplaires de Vitrina elongata ont été trouvés sans cette
partie antérieure ou « demi-cuirasse » sur la nuque (fig. 12) (^).
c) Bord du manteau. — Dans divers genres, ce bord présente
des saillies festonnées ou des digitations en certains points ou
sur tout son pourtour; ces digitations, chez plusieurs espèces,
sont variables quant à la forme, au nombre, etc., par exemple
dans les Pliysa proprement dits.
Digitations du bord. du manteau chez les Physa. — Les Gas-
tropodes du genre Physa proprement dit (à l'exclusion des
Aplexa, comme Physa hypnorum) ont le bord du manteau
l*) VVettstein, Zur Anatomie von Giyptoplax larvaefonnis Burrow. ( Jen.
l iTSCHR. Naturw., Bd XXXVIII, 1893.)
(2) SiMROTH, Ueber ziuei seltene Missbildungen an Nacktsehnecken. (Zeitschr.
F. wiss. ZooL., Bd LXXXII, 190o, pi. XXIX, fig. 8, 9 et 10.)
(5) EcKAiiDT, Beitrdge zur Kenntnùs der einlieimischen Vitrinen. ^Jen. Zeitschr.,
Bd LI, 1914. p. 227.)
7-2
largement rabattu sur la coquille et divisé en digitations ou
languettes. Celles-ci, recouvrant les bords et la spire — extrè-
nieuient fragiles — de la coquille, contribuent à la protéger.
Elles ont aussi été considérées récemment comme des bran-
chies (^) ; mais le fait qu'elles sont charnues, assez peu vascula-
risées et étroitement appliquées sur la coquille, — au lieu de
flotter librement dans le milieu liquide, — montre bien qu'elles
n'exercent pas de fonction respiratoire particulière.
Les anciennes indications relatives à ces digitations, à leur
l'oruie et surtout à leur nombre, sont assez discordantes. Ainsi,
pour ne parler que de l'espèce la plus connnune en Europe,
Physa fontinalis, Stukm la représente avec 6 digitations à
droite et 4 à gauche (') ; Moulin-Tandu.x en indique 9 à droite et
() à gauche (^) ; Forbes et Hanley paraissent être les premiers à
soupçonner une variabilité éventuelle de ces petits organes, en
disant que leur nombre du côté droit (columellaire) est plus
grand qu'à gauche, et « usuellement » cinq (^) ; Reeve en
indique 5 à gauche et 6 à droite (^) ; Lacaze-Duthiers représente
8 digitations au côté droit et 5 à gauche f^); enfin, Taylor
figure 8 de ces saillies au côté droit (^).
En réalité, le nombre de ces appendices palléaux est très
variable, comme chacun peut s'en assurer, en examinant
(juelques douzaines d'individus.
(1) SiMROTH, Mollusca (Bronn's Tier-reich, Band III), 3 Ableilung, Pulmona(a,
1912, p. 453, fig. K, h.
(2) Stirm. Deutschland Fnuna, vol. VI, 18-23, fig. C et tig. D, lespectivement.
(3) Moqlin-Tandon, Histoire natitrelle des Mollusques terrestres et fluviatiles de
France, t. Il, 18o5, p. 4j1.
(*) Forbes and Hanley, Itvtiorii of ihe Briiisfi Mollusca and tlieir Shells, vol. I\',
185o, [j. 143.
(«) Reeve. liritish Land and Frcshwater Moliusrs, 1863, figure p. 149.
C^) De Lacaze-Di'thiers, Du système nerveux des Mollusqiies Gastéropodes pul-
monés aquatiques et d'un nouvel organe d'in fier cation. (Arch. Zool. Expéu.,
{■•e série, t. ], 1871, pi. XIX, fig. 1.)
C) Tavi.or, a Monograph of ihe Land and Fresiiwater Mollusca of the Britisli
Isles, vol. 1, 1894, p. 202, fig. 399.
— 78 —
a) Physa gyrina. — Barek a étudié le premier, dans un
travail spécial fait à ce point de vue (^), la variabilité du nombre
des digitations palléales de Physa. Il a même exprimé l'avis
qu'il y a un rapport entre cette variabilité et la variabilité des
coquilles chez les différentes espèces; mais l'espèce où il y
aurait le moins de variabilité à ce double point de vue n'a été
observée qu'en petit nombre : 60 exemplaires. Au reste, une
seule espèce, P. (jijrina, a été examinée par lui en quantité
(et encore, seulement :250 individus et en spécimens de toute
taille). Bakek a donné de nombreuses figures, dont quelques-
unes sont reproduites ici (fig. 18).
FiG. i3. - Phym gyrina, conformation variable du bord du manteau,
vue ventrale. — D'après Baker.
D'après la table qu'il a dressée, il y a le plus souvent
4 digitations à gauche — où le nombre varie de 2 à o — et le
plus souvent 0 à droite, où le nombre varie de 4 à 10. Mais,
dans les nombres de droite, 9 n'est pas représenté, et 7 se
trouve moins fréquent que 8 et 6. Il est vraisemblable que si au
lieu de 250 individus, une quantité plus grande d'exemplaires
avaient été étudiés, la variation se serait révélée parfaitement
continue avec le nombre 9 présent aussi bien que 10, et avec,
pour 7, une fréquence intermédiaire entre 6 et 8. •
Il y avait donc avantage à reprendre ces reclierches sur une
espèce commune ; c'est ce que j'ai fait sur P. fontinalis : elle a
(1) Baker, The digitations of the rnantle in Physa. {Bull. Chicago Acad. of Sci.,
vol. 11,1901, p. 2^25, pi. letll.)
74
manifesté une variabilité au moins aussi grande, non seulement
dans le nombre des digitations, mais dans leur forme, etc.
b) Physa fontinalis. — Mille et quelques centaines
d'individus ont été étudiés; les statistiques portent sur mille
individus adultes bien portants ; tous
proviennent des mêmes fossés vers
le sud-ouest de Gand.
Les figures publiées jusqujci
donnent une idée imparfaite et peu
satisfaisante de ces organes ou de
leur forme sur l'animal vivant en
état d'extension : il en est ainsi
surtout de la fiaure de Reeve, de celle
d'AoAMS (^), où, à gaucbe, il y a des
digitations tout le long, et même de
Moquin-Ïandon (^), où l'on en voit
aussi presque tout du long à gauche
alors que de ce côté il n'y en a qu'en
arrière. J'en donne donc une figure,
en vue dorsale (fig, li).
On voit que les languettes pal-
léales de droite recouvrent le bord
extérieur (lèvre) de l'ouverture de la
léales rabattues sur la coquille, coquille, et que celles de gauche
vue dorsale : b, bouche; cq, , ^, . .. , ,
coquille; .6-, œil droit ;j., pied; (posterieures) sont rabattues sur la
pa, manteau avec neuf digita- Spire qu'elles embrassent.
lions à droite et cinq à gauche; En arrière, les deux séries de di£>i-
/, tentacule e;auche.— Original. . , , • ^i
tations sont séparées par un mtervalle
plus ou moins court, où le bord du manteau — passant sur
le milieu du bord columellaire de la coquille — est entier
et uni. Cet intervalle est très court lorsqu'il y a beaucoup
Fig. 14. — Pliysu fontinalis
adulte, montrant la disposition
habituelle des digitations pal-
(<) H. and A. Adams, Tke Gênera of Récent MoUusca, 1858, pi. lAXXIII, tig. 9.
(2j Moquin-Tandon, loc. cit., pi. XXXII, tig. il.
— 75 —
de digitations (par exemple : 1 1 à droite et 8 à gauche (fig. 48) ;
mais il reste toujours, cependant, entre les deux groupes de
saillies (gauches et droites), une discontinuité marquée par un
intervalle plus important que celui qui sépare deux digitations
successives d'une même série.
On peut avantageusement grouper les variations que pré-
sente ce bord digilé du manteau, en variation fréquente et
variations isolées.
Fig. 15. — Physa foniinalis, jeune
nouvellement éclos, vu ventra-
lenient : />, bouche ; C7, coquille ;
p, pied; ipa manteau avec trois
digitations à droite; p??, pneu-
mostome; l, lentucule droit. —
Original.
Fk;. 16. — Physa fontinalis, em-
bryon dans l'œuf, quelques jours
avant l'éelosion, vue ventrale :
b, bouche; cq, coquille; en, en-
veloppe de la coque de l'œuf;
p, pied ; pa, manteau avec deux
digitations adroite; t, teniacule
gauche. — Original.
a) Variation FRÉQUENTE. (Variation du nombre des digitations.)
Pour se rendre compte de la façon dont se constituent ces
rangées de digitations, il faut aller jusqu'aux plus jeunes stades.
Car les PInjsa fontinalis de 1 et de I ^j^ millimètre de lon-
gueur ont déjà presque autant de digitations que les adultes :
4 ou 5 à gauche, 5 ou 6 à droite (sur trente-huit petits indi-
vidus de cette taille).
Les jeunes, au moment de l'éelosion (ayant environ 1 milli-
mètre de long), ont le bord du manteau portant déjà plusieurs
denticulations à droite : au moins les deux ou trois du milieu
(au niveau du cœur), et une seule à gauche (fig. 15). Ce sont en
— 76 —
effet celles du côté droit qui apparaissent les premières : elles
existent déjà sur les embryons à l'intérieur de l'œuf, où elles se
montrent quelques jours avant l'éclosion et sont très visibles le
deuxième jour avant celle-ci (fig. 16).
Dans la suite, le nombre en peut augmenter parles deux extré-
mités de cbaque série, où l'on voit très souvent des denticula-
tions très petites ou en formation (tig. 18, 32, 38, 41, 42 et 43).
Voici, en résumé, les principales constatations que l'on peut
faire, au sujet des variations du nombre de ces petits appareils,
chez les individus adultes :
1" Ce n'est pas nécessairement sur les plus grands individus
que s'observent les digitations les plus nombreuses. Ainsi le
nombre de 9, 10 ou 11 à droite (ce dernier étant le maximum
rencontré : quatre fois seulement, dont deux accompagnées de
soudure de deux digitations) n'a pas été observé chez les plus
grands spécimens récoltés, mais chez des exemplaires moyens
ou de taille ordinaire; une fois le nombre 10 a été constaté
dans un petit individu et, par contre, un nombre réduit,
comme 4, dans un très grand. Il en est de même à gauche pour
les nombres 6, 7 et 8 (maximum) ;
2° D'autre part, le maximum d'un côté n'est pas nécessai-
rement accompagné du maxijnum de l'autre côté; et sur mille
et quelques cents PInjsa passés en revue, des nombres élevés de
chaque côté ne se sont trouvés réunis qu'un petit nombre de
fois (11 et 8, 10 et 8, 9 et 7) (fig. 18);
3° Les digitations de gauche ou postérieures (s'étendant de
part et d'autre de la spire : fig. 14, pa, en arrière) sont le plus
souvent au nombre de 5 ou 6 (extrêmes : 1-8) ; celles de droite
ou antérieures (recouvrant le bord droit de l'ouverture de la
coquille) sont le plus souvent au nombre de 8 (extrêmes : 1-11).
On a vu jusqu'ici (et l'on verra davantage encore dans la suite,
IP partie, 1, 1") de très nombreux cas de variation avec inter-
médiaires observés. Pour beaucoup de ces variations à interuié-
diaires, on pourrait donc établir la courbe de Quetelet correspon-
dante; toutefois, il en résulterait d'inutiles répétitions. On se
— / / —
limitera forcément ici à quelques cas spéciaux; mais ceux-ci n'ont
pas été pris au hasard; ce sont des formes montrant des variations
fréquentes et dans de limites assez grandes. Il en est ainsi pour
le nombre des digitations palléales de Phijsa fontinalis.
La fréquence relative des divers nombres de ces digitations
est exprimée par les diagrammes ci-après. Le tracé en est obtenu,
non pas d'après la tota- d g
lité des individus ob-
servés mais pour mille
exemplaires adultes et
l)ien constitués. L'ex-
périence a fait voir que
la présence d'une larve
d'insecte commensale
aj>porte un trouble
dans la conformation
du bord droit du man-
teau (voir plus loin :
variations isolées, I).
Ce tracé pour mille
concorde très sensi-
blement d'ailleurs,
avec celui que donne
chaque centaine prise
à part.
On peut voir dans
ce tableau que le
« mode ); ne coïncide
pas avec la moyenne,
et que cette dernière
est en deçà du mode : il y a en effet beaucoup plus souvent des
nombres supérieurs à 6 et à 8 respectivement que des nombres
inférieurs à ces derniers. Conséquemment, la variation est
orientée dans un sens déterminé vers l'augmentation du nombre
des digitations palléales.
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280
260
240
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160
140
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60
40
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\
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T
=ci
k
23456789 1011
234i5 6789
FiG. 17. — Phijsa fontinalis. Diagramme montrant la
variabilité du nombre des digitations palléales;
D, à droite ; G, à gauche, sur mille spécimens adultes.
Les nombres de la colonne verticale centrale, sont
ceux des individus; les nombres inférieurs sont
ceux des digitations. — Original.
>$05 Ht
78
1^^ do-
,/-vrb
— 79 —
29 oU.
nxx-
— 80
40 t
n/rv
6
— 8-2
44
du~^
p^n.
7T/nj
- 84 —
FiG. 48 à 53. — Physa fontinalis, présentant différentes variations dans les digi-
tations du bord palléal. Lettres communes : b, bouche; c/i, larve de Chironomtis ;
cq, coquille; di. digilation; di\ digitations soudées; di'\ digitation trifurquée :
i, intervalle; oc, œil; p, pied; p', appendice postérieur du pied; pa, manteau;
pe, pénis; pn, pneuraostome; l, tentacule. Vues ventrales, sauf en cas d'indica-
tions contraires. — Original.
FiG. 18, exemplaire avec de très nombreuses digitations des deux côtés, et avec un
intervalle très court; partie postérieure du pied coupée. — FiG. 19, exemplaire
avec des digitations plus nombreuses à gauche qu'à droite ; partie postérieure du
pied coupée. — Fig. 20. exemplaire avec peu de digitations à droite et avec la
partie postérieure du pied rongée par une larve de Chironomus. — Fig. 21,
exemplaire avec deux digitations {di) à droite. — Fig. 22, exemplaire avec une
seule digitation {di) à droite. — Fig. 23, exemfilaire sans aucune digitation
à droite. — Fig. 24, exemplaire avec le pied rongé en arrière et le nombre de
digitations de droite réduit par le fait d'une Inrve de Chironomus, portée sur la
coquille, en dessous du bord droit du manteau. — Fig. 25, exemplaire avec le
pied rongé par une larve de Chironomus, et avec le tube de cette dernière encore
attaché sur la coquille. — Fig. 26, exemplaire avec digitations centrales très
courtes, à droite et à gauche. — FiG. 27, exemplaire avec deux digitations
centrales, contiguës, très courtes, à gauche. — Fig. 28, exemplaire avec deux
digitations centrales très courtes, non contiguës, à gauche. — FiG. 29, exemplaire
vu du côté droit, avec digitation centrale courte, à gauche, irriguée par le même
vaisseau que la digitation immédiatement antérieure. — Fig. 30, exemplaire
avec trois digitations centrales très petites à droite, et la digitation postérieure
de ce côté, la plus longue de toutes. — Fig. 31, exemplaire avec un intervalle
en avant à droite (la coquille n'est pas représentée). — Fig. 32, exemplaire
sans aucune digitation à gauche. — Fig. 33, exemplaire avec la digitation exté-
rieure {di) plus grande que toutes les autres à g-iuche ; vue du côté gauche. —
FiG. 34, exemplaire avec un intervalle à gauche, vu du côté gauche. — Fig. 35,
exemplaire avec un intervalle central à di'oite. — Fig. 36, exemplaire avec
l'avant-dernière digitation de gauche bifurquée. — Fig. 37, exemplaire avec la
digitation extérieure bifurquée à gauche. — Fig. 38, exemplaire avec deux
digitations bifurquées à droite (coquille non représentée). — Fig. 39, exemplaire
avec la digitation antérieure bifurquée à droite. — Fig. 40, exemplaire avec une
digitation moyenne bifurquée à droite et une digitation bifurquée à gauche. —
Fig. 41, exemplaire avec une digitation moyenne bifurquée à droite et la digi-
tation intérieure bifurquée à gauche (coquille non représentée). — Fig. 42,
exemplaire avec deux digitations bifurquées à droite (coquille non repré-
sentée). — Fig. 43, exemplaire à deux digitations bifurquées à gauche, dont
l'avant-dernière dans un plan parallèle à la surface du manteau. - Fig. 44, exem-
plaire avec deux digitations bifurquées à gauche. — Fig. 45, exemplaire avec la
digitation antérieure de droite, très grande et bifurquée (coquille non repré-
sentée). — Fig. 46, exemplaire avec une digitation trifurquée à gauche, vu du
côté gauche. — Fig. 47, exemplaire avec la deuxième digitation antérieure
à droite, trifurquée. — Fig 48, exemplaire avec trois digitations soudées
à droite. — Fig. 49, exemplaire avec deux paires de digitations soudées deux
à deux, à gauche, vu du côté gauche. — Fig. 50, exemplaire avec deux digita-
tions soudées à droite. — Fig. 51, exemplaire présentant à droite une digitation
sim|)le soudée à une digitation bifurquée (et la digitation intérieure bifurquée
à gauche). — Fig. 62, exemplaire avec trois digitations soudées à gauche
(coquille non représentée). — Fig. 53, exemplaire avec le bord du manteau
dédoublé à droite.
85
b) Variations isolées. — 1. Variation du nombre relatif des
digitations de gauche et de droite. — Comme la pliij>art des
observateurs l'ont reconnu, il y a, dans la règle, plus de digi-
tations à droite (où elles occupent tout le long du bord palléal)
qu'à gauche (où elles n'existent qu'en arrière, vers la spire : voir
fig. 14, pa, en arrière).
Mais parfois on peut constater l'égalité du nombre des
saillies des deux côtés : 4 et 4, 5 et 5 (quatre fois), 6 et 6
(3 fois), 7 et 7 et même 8 et 8 (chacune de ces dispositions res-
pectivement une fois) (fig. 25 et 37).
Enfin, exceptionnellement la règle est renversée : il y a alors
un plus grand nombre de digitations à gauche qu'à droite. Ce
cas n'est d'ailleurs guère commun (surtout si l'on écarte les
individus porteurs de larve commensale d'insecte : voir ci-après).
J'ai observé, en effet, deux fois 6 à droite pour 7 à gauche, une
fois 5 pour 9 (fig. i9), cinq fois 5 pour 7, vingt-cinq fois
5 pour 6, deux fois 4 pour 7, quatorze fois 4 pour 6 (fig. 24),
seize fois 4 pour 5, trois fois 3 pour 7 (fig. 20), trois fois
3 pour 6, dix fois 3 pour 5, deux fois 3 pour 4, une fois
2 pour 7 (fig. 21), une fois 2 pour 6, deux fois 2 pour 5, une
fois 2 pour 4, une fois 1 pour 4 (fig. 22), une fois 1 pour 3 et
une fois 0 pour 4.*
Ce déficit de digitations à droite est bien des fois accompagné
d'intervalles entre les saillies antérieures ou d'irrégularités dans
leur taille : digitations antérieures très grandes, ce qui suggère
l'absence des premières, plus petites.
Ce dernier genre de déficit (quelques digitations seulement à
droite, dont les premières en avant sont grandes) coïncide
presque toujours avec la présence d'un commensal : une larve
de Chironomus (larve rouge, probablement C. plumosa), qui se
loge au côté droit, entre la coquille et le bord découpé du man-
teau rabattu sur elle, (^ette larve sécrète dans cet espace une
sorte de tube muqueux, ouvert aux deux bouts; elle y est
entièrement abritée, mais peut en sortir et y rentrer, et y est
86
orientée tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre (tig. 24); sans
quitter son tube, elle peut ronger la partie antérieure du bord
palléal droit de Pliysa, ou aussi la partie postérieure de son
pied. Il arrive même que de ces larves finissent par dévorer
l'animal tout entier et se logent alors dans la coquille vide (j'ai
trouvé parfois cette même larve commensale dans la cavité
palléale ou poumon de Limîiaea auricularia).
J'ai constaté très fréquemnient l'existence de cet insecte sur
les Pfiysa à digitations peu nombreuses à droite, provenant de
divers fossés des environs de Gand. pendant la fin du printemps
(avril et mai) et le commencement de l'été. Plus tard, quelques-
uns d'entre ces Mollusques n'avaient plus, sur leur coquille, que
le tube vide (fig. 25) : la larve s'était transformée, tandis que
les Physes vivent plus longtemps (d'une année à l'autre) ; enfin,
certains Pliysa avaient même perdu le tube, dont la trace n'était
pas encore tout à fait effacée.
On peut en conclure que la plupart des Pliysa jontinalis
dont le côté droit du manteau montre des digitations à la fois
irrégulières et peu nombreuses, ont une larve Cliironomus à
cette place, si même celle-ci n'y est plus. 11 en résulte la néces-
sité de ne pas comprendre ces exemplaires dans la statistique
de la variation régulière du nombre des digitations palléales (au
moins à droite) chez Pfiysa fontinalis.
Une autre modification très fréquemment coexistante avec
celle-là s'observe dans la partie postérieure du pied : celle-ci
est rongée ou même tronquée (fig. 20, 2i et 25j, suivant
toute apparence par les mandibules de la larve du diptère dont
la tête peut faire saillie hors du tube, vers cet endroit.
2. Interruption ou discontinuité dans les rangées de digi-
tations. — (Ordinairement avec réduction de leur nombre et
généralement dans la région antérieure et surtout à droite où
elle est le plus fréquente par suite de l'action des Cliironomus
ci-dessus). Rencontrée une seule fois à gauche (fig. 34), cette
— 87 —
particularité n'a été observée à droite, chez des individus sans
Chironomus commensal, que quatre fois entre les digitations
^ et 3, moins souvent encore entre les digitations 1 et 2 (une
fois avec un très long intervalle entre les deux), une fois entre
les digitations 3 et 4. Enfin, une fois il a été rencontré une
discontinuité beaucoup plus longue entre les deux premières
et les trois dernières respectivement continues (fig. 33).
3. Absence totale de digitations. — La discontinuité et la
réduction du nombre y mènent comme disposition extrême :
elle a été observée deux fois au côté droit (fig. 23) et une fois
au côté gauche (fig. 32).
4. Taille relative des digitatioiis . — Normalement, la taille
de ces saillies croît à partir de la plus antérieure, puis, après
avoir atteint un maximum, décroît régulièrement jusqu'à la
dernière ou interne (fig. 18). Exceptionnellement (un indi-
vidu sur plusieurs centaines), on rencontre, à droite ou à gauche,
une digitation plus ou moins centrale plus petite que ses deux
voisines (fig. 26) ; une fois à droite, il a été observé deux digi-
tations plus petites que leurs voisines, séparées par une plus
grande, et de même à gauche, deux fois (fig. 28); il a été
rencontré encore : deux fois à sauche, deux dii^itations
successives très petites, entre deux plus grandes (fig. 27);
simultanément, des deux côtés, une petite digitation entre deux
plus grandes (fig. 26) ; enfin, à droite, plusieurs petites voi-
sines (fig. 30) ; trois fois à gauche, la plus extérieure de toutes
était la plus grande (fig. 33), l'une des trois fois, légèrement
bifurquée; et une fois à droite, la plus grande était encore
l'antérieure, bifurquée également (fig. 45), une fois la posté-
rieure (fig. 30).
Il est au moins certains cas de digitation de petite taille entre
deux plus grandes, où la première était vraisemblablement la
bifurcation de l'une de ses voisines : cela est rendu vraisem-
— 88 —
blable par le vaisseau sanguin commun dont une branche latérale
va irriguer cette petite digitation (tîg. "29).
Ces digitations intermédiaires, plus petites que leurs voisines,
peuvent naturellement l'être plus ou moins ; dans un cas, la
taille en était même tellement réduite, qu'il y avait comme un
intervalle entre deux digitations normales.
5. Furcation des digitations. — Cette modification n'a jamais
été signalée chez les Pliijsa ; elle est cependant assez régulière-
ment présente, au moins chez Pliifsa fontinalis : dans la
proportion d'à peu près 5 7o- Cette furcation — double ou
triple — peut être plus ou moins profonde; mais la bifurcation
peu profonde est rare et parait même produite parfois par le
fait d'une soudure de deux ou trois digitations (voir plus
loin : 6).
La bifurcation, avec les branches le plus souvent égales, peut
être le résultat d'une régénération après traumatisme. Cette
variation s'observe un peu plus fréquemment à gauche qu'à
droite, bien que le nombre des digitations y soit moins
grand.
De ce côté gauche, la digitation divisée est presque toujours
la plus extérieure (antérieure) (fig. 34, 37 et 44) ou l'avant-
dernière (9 fois) ; moins souvent l'antépénultième (7 fois)
(fig. 44) ou une intermédiaire, deux fois seulement la posté-
rieure ou interne (fig. 41 et 51).
A droite, trois fois, la digitation divisée était la plus anté-
rieure (fig. 39 et 45) et trois fois seulement la plus postérieure.
Tous les autres cas, assez nombreux, ont été constatés dans la
région moyenne, plus ou moins loin d'une extrémité (fig. 41).
Dans deux cas seulement une digitation bifide à gauche était
accompagnée d'une bifurcation à droite, sur le même individu
(fig. 40). Dans deux autres cas il y avait du même côté (droit)
deux digitations bifurquées (une fois voisines, une fois séparées
par une saillie normale) (fig. 38 et 42).
— 89 —
La bifurcation est ordinairement effectuée perpendiculaire-
ment au plan même de la digitation, de sorte que les deux
branches sont côte à côte; dans un individu seulement, cette
bifurcation était faite dans un plan parallèle à la surface du
manteau, de sorte que les deux branches étaient plus ou moins
superposées : l'individu qui présentait cette disposition avait du
même côté (gauche) une autre digitation bifurquée dans le plan
habituel (fig. 48).
La trifurcation a été observée trois fois à gauche, dont deux
fois sur l'avant-dernière digitation extérieure (fig. 25), et une
fois du même côté sur l'intérieure (fig. 46). A droite, il a été
rencontré un exemple de bifurcation véritable, avec division du
vaisseau (fig. 47) ; deux autres cas paraissent plutôt des exemples
de soudure de trois digitations, car les entailles sont très peu
profondes (fig. 48) : voir ci-après 6. Un quatrième exemple de
ce côté était une soudure d'une digitation normale avec une
digitation bifurquée (fig. 51).
6. Soudure. — C'est là une variation des plus rare. Il a été
rencontré :
Deux exemples de soudure de trois digitations à droite (tous
deux sur des individus à 11 digitations) (fig. 48) ;
Un cas de soudure des trois avant-dernières digitations à
gauche (sur 6) (fig. 52);
Trois cas de soudure de deux digitations à droite (toujours
plus ou moins vers le milieu) ; la preuve de la soudure s'y
remarque dans la présence de plus d'un vaisseau et de plus d'un
filet nerveux (fig. 50);
Trois exemples de soudure de deux digitations à gauche : une
fois sur 6, deux 'fois sur 7 digitations; dans le premier cas,
c'étaient les deux avant-dernières intérieures, dans l'un des deux
autres, les deux dernières intérieures.
Une fois il a été observé deux soudures simultanées de 4 digi-
tations deux à deux (voisines), à gauche (fig. 49).
— 90 —
7. Dédoublement du bord du manteau à droite. — Une fois
le bord du manteau, à droite, était double, le repli le plus voi-
sin de la face extérieure de la coquille s'étendant du deuxième
lobe antérieur jusqu'au dernier, et portait quatre petites digita-
tions supplémentaires (tig. 53).
c) Physa acuta. — D'après Moquin -Tandon (^), il y
aurait, dans cette espèce, 7 digitations à droite, dont les
4 supérieures presque rudimentaires, et 5 ou 6 à gauche. Je
n'ai pu l'étudier personnellement qu'en trop petit nombre
pour donner des résultats comparables à ceux obtenus chez
Physa fontinalis : j'y ai trouvé, à droite, 6, 7 ou 8 lobes, et,
à gauche, 4 ou 6. Quoi qu'il en soit, il résulte des observations
de Moquin-Tandon et des miennes, qu'ici également la variabilité
est probablement du même ordre que dans Pliijsa fontinalis.
d) Siphon. — Il peut arriver que cette saillie du bord palléal
soit bifurquée et sécrète un siphon coquillier bifurqué; le cas
est même connu dans un Gastropode fossile : Pleurotoma regu-
laris (^). L'expérimentation sur JSassa mutabilis montre que
cette anomalie du siphon palléal peut être due à une régénération
après ablation (^) (fig. '278), sans modifier le siphon coquilliei'.
e) Cavité coquillière. — On sait que dans la majorité des
Bulléens [P/nline, Doridium, etc.) (^) et des Limaciens (^), la
cavité coquillière communique avec l'extérieur par un fin canal,
(*) Moquin-Tandon, Histoire naturelle des Mollusques terrestres et (luviatiles de
France, t. II, p. 453, et pi. XXXII, fig. 10 et 11.
(2) Leriche, Sur une coquille de Pleurotoma regularis (ex Van Beneden) De Ko-
niiick, -pourvue de deux siphons. (Ann. Soc. Géol. uu Nord, t. XXXIX, 1910, p. 343.)
(5) Hanko. Veber das Reqenerationsvermogen und die Régénération verschiedener
Organe von Nassa mutabilis (L.). (Arch. Entwicklungsmech., Bd XXXVIII, 1914,
p. 500.)
(*) Pelseneer, Recherches sur divers Opisthobranches. (I,oc. cit.", 1894, pp. 13 et 16.)
(5) Tauber, Beitrâge zur Morphologie der Stylornmatophoren. (Ann. Mus. Zool.
Acad. Sci. Saint-Pétersbourg, t. V, 1900, p. 33.)
91 —
situé en arrière, vers la spire (et il est vraisemblable qu'il en
est de même dans les Pleurobranches et les Lamellaria) ; mais
outre cette très petite ouverture, normale, il arrive qu'une
ouverture plus grande, dorsale, subcentrale, se rencontre chez
certains individus de Gastropodes à coquille interne : par
FiG. 54. — Philine aperta, individu
avec un grand orifice dorsal de la
cavité coquiUière, vue dorsale : o',
orifice normal ; o, oiifice anormal
de la cavité coquillière; p, pied;
jofl, manteau; te, bouclier cépha-
lique. — D'après Pelseneer (1894i.
FiG. S5. — Lamellaria antarctica,
individu présentant un orifice dor-
sal de la cavité coquillière ; vue
dorsale : o, orifice de la cavité de la
coquille; pa, manteau; si, siphon.
— Original.
exemple dans un Pliilinc aperta, où je l'ai signalée jadis (^)
(lig. 54) ; je l'ai observée également dans un Lamellaria antarc-
tica (tîg. 55) ; enfin elle a été rencontrée aussi deux fois dans
Ayriolimax agrestis (^) et une fois chez Agriolimax laevis (^).
(*) Pelseneer, Recherches sur divers Opisthobranches. (Loc. cit., p. 14.)
(2) Heynemann, Stiidien liber einige wenig bekannte Gattungen. (Jahrb. deutsch.
Malakozool. Gesellsch., Bd XI, 1884.)
(3) Babor, Ueber Aspidoporus liniax Fitz. (Ann. K. K. Naturhist. Hofmus.,
Bd XIII, 1898, p. 34.)
— 9-2 —
Granulations coquillières des Àrion : la cavité coquillière du
genre A?io)i renferme de nombreuses granulations calcaires
présentant une très notable variété, à laquelle il n'a été fait
allusion nulle part jusqu'ici (il y a d'ailleurs peu de renseigne-
ments précis à leur sujet dans la littérature). Voici en quoi
consiste cette variation :
Le plus souvent ces granulations constituent une véritable
poussière calcaire à grains d'un ou plusieurs centièmes de milli-
mètre environ. Exceptionnellement, parmi ces derniers, il peut
y en avoir quelques-uns plus gros, facilement isolables à un
û.
CD,
^ V / \ O
O
FiG. 56. — Arion empiricorum, partie des granulations coquillières de
deux individus différents : I, d'un exemplaire où presque tout le
calcaire est à l'état de grains pulvérulents; II, d'un spécimen oîi
tout le calcaire est à l'état de grosses concrétions (grossi dix fois,
tandis que I l'est cinquante fois). — Original.
simple grossissement de loupe, et qui méritent seuls le nom de
concrétions : ils présentent une surface plus ou moins mame-
lonnée, par suite de l'accolement de leurs diverses parties
constituantes qui proviennent de plusieurs centres de formation ;
les plus gros que j'ai vus mesuraient 1"""5.
Or, si l'on examine de multiples Arion empiricorum adultes,
on constate que :
a) dans certains spécimens, la cavité coquillière renferme
uniformément la fine poussière calcaire, avec im très petit
nombre (1, 2 ou 3) de granulations plus grosses;
— 98 —
(^) une disposition opposée (dans de rares individus) montre
tout le calcaire de la cavité coquillière sous la forme exclusive
de grosses concrétions, dont le nombre dépasse alors la cen-
taine (104, par exemple) ;
y) entre ces deux états extrêmes existent tous les intermé-
diaires, le plus souvent de 4 ou 5 à 25 ou 30 concrétions,
parmi les multiples petits grains pulvérulents.
En outre, ces granulations, de forme très variable (ovales ou
elliptiques, allongées ou même fusiformes), peuvent, dans d'au-
tres espèces, être assemblées lâchement ou solidement : chez
A. snbfiiscus, on les trouve généralement libres et « rarement
agglutinées (^) ».
Chez les Janellidae, la cavité coquillière est subdivisée en
poches multiples, de nombre variable : Janella schauinslandï
en montre de 60 à 80 ; dans chacune d'elles il y a quelques
grandes pièces calcaires ou fins grains pulvérulents (^). Aneitella
virgata possède une moyenne d'une vingtaine de pièces calcaires
dans autant de subdivisions séparées de la cavité originelle (^);
Aneitea (jraeffei n'a qu'une cavité unique, mais avec un nombre
variable de pièces calcaires (i, 5 et jusqu'à une douzaine) (^).
/) Tentacules palléaux, — Un petit cirre s'observe souvent
au fond de l'échancrure palléale de Scissm^ella costata, sans y
être constant (^).
(1) Moquin-Tandon, Histoire naturelle des Mollusques terrestres et fluviatiles de
France, t. II, p. 14.
(2) Plate, Beitràge zur Anatomie und Systematik der Janelliden (Janella schauins-
landï n. sp. und Aneitella berghi n. sp.). iZooL. Jahrb. [Anat. und Ontog.], Bd XI,
d898, pp. 28") et 236.)
(^) Glamann, Anatomisch-systematische Beitrdge zur Kennlniss der Tracfieopul-
monaten. (Zool. Jahrb. [Anat. und Ontog.], Bd XVII, 1903, p. 696.)
(1) Ibid., p. 753.
(^) Vayssière, Étude zoologique de la Scissurella costata var. laevigata. (Journ.
DE GoNCH., t. LXII, 1894, p. 8 du tiré à part.)
— 94 —
Chez Haliotis tubercidata, la même échancrure présente
normalement trois tentacules (un de chaque côté et un
au fond) (^), passant par les trois orifices antérieurs de la
coquille ; et telle figure (^) qui en représente autant que
de trous coquilliers — 6, est manifestement imaginaire et
inexacte ; mais il a pu arriver exceptionnellement qu'il y en
eût quatre (^).
Les tentacules péripalléaux, sensiblement équidistants des
Patelliens, sont en nombre variable d'un individu à un autre,
de même taille; par exemple chez Helcion pellucidum, où l'on
en observe de 50 à 65 ('^).
Lorsque le manteau se rabat partiellement sur la coquille et
qu'il porte alors des appendices extérieurs, le nombre et même la
forme de ceux-ci ne présentent aucune constance : on peut s'en
assurer notamment sur diverses espèces de Cijpraea, Erato, etc.
Il en est de même dans des cas où le manteau recouvre la
coquille presque entièrement ou totalement : ainsi Aclesia
freeri montre une remarquable inconstance dans la consti-
tution des papilles dorsales, et même des villosités tenta-
culaires {■') ; les tubercules palléaux de Pleurobrancims
(Oscanius) tuberculatus sont placées suivant 5 à 7 rangées
longitudinales (^).
(1) Cela résulte des observations concordantes de la généralité des auteurs :
Lacaze-Duthiers, Wegmann, Smith, Fleure, etc., et de mes constatations person-
nelles.
(*) Figure inédite de Deshaves, reproduite dans Fischer, Manuel de Conchylio-
logie, p. 844.
(3) GuviER, Mémoire sur l'Haliotide, le Sigaret, la Patelle, la Fissurelle, etc.,
p. 8.
(*) Clark, loc. cit., p. 257.
(5) Griffin, The Anatoimj of Aclesia freeri nexv Species. (Philippine Journ. of Sci.
[Section 0], vol. VII, 1912, pp. 68, 69 et pi. IV, fig. 26.)
(*) Vayssière, Recherches zoologiqiies et anatomiqnes sur les Mollusqves Opisto-
branches du golfe de Marseille, part. I. (Loc. cit., 1885, p. 126.)
95
g) Appendices dorsaux des Nudibranches. — a. Eolidiens.
— 1. Étranglement de papilles. — Otte variation a été obser-
vée dans Coryphetla salmonacea (^) et dans Acanthopsole
ijuatrejagesi (^).
FiG. 57. — Tergipes despectus avec une papille dorsale bifide, vu
du côté droit : ap bi, appendice dorsal bifide ; oc, œil ; p, pied ;
/' et t", tenlacules antérieur et postérieur. — Original.
2. Furcation de papilles. — a. Bifurcation avec multipli-
cation éventuelle des sacs « cnidophores » : variation rencontrée
chez : Pliyllodesmium hyalinum (^), Spiirilla neapolitana (^),
Eolis papillosa et E. glanca (^), Tei^gipes despectns (fig. 57),
(') Bergh, Anatomiske Bidray til Kvndskab om Aeolidierne. (ViD. Selsk. Skiuv.
Ser. 5, Naturvid. og Math. Afdel., d864, pi. IV, fig. 39.)
(2) Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opisto-
branches du golfe de Marseille, part. JI. (Loc, cit., 1888, p. 43, pi. VII, fig. 137.)
p) Bergh, Anatomiske Undersôgelse af Phyllodesmium hyalinum, Ehbbg. (Natur-
HiST. Foren. Vidensk. Meddel., 1860, pi. 1, fig. 2.>
('') Bergh, Anatomiske Bidraq til Kundskab om Aeoliderne. (Loc. cit., 1864,
pi. V, fig. 3.) — Le même auteur constate ultérieurement que des anomalies de
division ne sont pas rares dans cette espèce, pas plus que de soudure ou de bour-
geonnement. (Beitràge zur Kenntniss der Aeolidiaden, part VII. [Verhandl. Zool.-
BoT. Gesei.i.sch. Wien, Bd XXXll, 1882, p. 16].)
(^) Hecht, Contribution à l'étude des Nudibranches. (Mém. Soc. Zool. France,
t. VIIl, 1896. p. 18, pi. Il, fig. 9 [tous les degrés de bifurcation, avec multipli-
cation des sacs cnidophores].)
— 96 —
Eolis alba (M, Crateria viridis (^), Cerberilla annulata (^) et
Corypliella landsburgi (^).
B. Trifurcation : il a été observé sur un Spurilla neapolitana ,
un appendice trifurqué au sommet et pourvu de trois sacs
cnidophores (^) ; la trifurcation a été observée encore dans
Eolis glauca (^).
G. Une papille 5-fide a été rencontrée chez un Eolis papillosa,
où elle était soudée à une papille bifide (').
-]. Soudures de papilles. — Otte anomalie n'est pas raie
dans Spurilla neapolitana (^) ; un Eolis papillosa a montré
la coalescence de deux papilles par leur extrémité terminale (^).
4. Papille surnuméraire. — Entre les deux papilles de la
troisième paire, un Doto fragilis présentait une grande papille
médiane (^^).
Les appendices latéraux renfermant les diverticules hépatiques
sont en nombre variable dans diverses espèces de Pleuro-
pliijllidia : de 40 à 60 chez P. undulata, de 30 à 40 chez
(<) Alder et Hancock, Monograph of the British Nudibranchiate MoUusca, Rai/
Society, 1855, p. 26.
(2) Hehdman and Clubb, 3d Report tipon ihe Nudibranehiata of the L. M. U. C.
district. (Pkoc. Biol. Soc. Liverpooi-, vol. IV, 1890, p. 145 [deux fois un grand
appendice bifurqué au sommet, avec deux sacs cnidophores].)
(5) Bergh, Reilragezur Kenntniss der Aeolidiaden, part. L\. (Loc. cit., t. XXXVIII,
1889, pi. XVII, fig. 6 [une petite saillie accessoire].)
(•*) Bergh, ibid., pi. XVII, tig. 10 (saillie accessoire).
(5) Trinchese, Anatnmia e fisiologia delta Spurilla neapolitana. (Mem. Accad.
Sci. BoLOGNA, sér. 3, t. IX, 1878, p. 405, pi. X, fig. 22.)
(6) IIecht, loc. cit., p. 18.
(') Hecht, loc. cit., p. 19, pi. II, fig. 11.
(8) Bergh, Beitrâge zur Kenntniss der Aeolidiaden, part. VII. (Loc cit., 1882,
p. 16.)
(9) Hecht. loc. cit., pp. 18 et 19.
(10) Dalvell, fide Aider et Hancock. [Loc. cit., p. 26.)
-^ 97
FiG. S8. — Ancula cristatû avec l'appendice dorsal antérieur de i,'-auclie bifurqué,
vu du côté gauche, «p bi, appendice bifurqué; /;, bouche; br, branchie; p, pied;
t", tentacule" postérieur. — Original.
FiG. 59. — Aîicnla crislata avec le troisième appendice de droite divisé et à deux
branches soudées à leur extrémité, vu du côté droit, flp, appendice bifide et
soudé; b, bouche; br, branchie; p, pied; t" , tentacule postérieur^— Original.
FiG. 60. — Thecacera pennigera avec l'appendice « branchial » gauche bifide, va
du côté gauche, ap. bi, appendice bifide; br, branchie; p, pied; t", tentacule
postérieur. — Original.
— 98 —
P. loveni, plus ou moins de 15 chez P. vasconica, et ils diffèrent
même de forme suivant les individus, au moins dans cette
dernière espèce (^).
Les papilles dorsales de divers Doto varient de forme ou de
couleur suivant les individus : chez D. coronata (^), chez
D. cinerea et D. paulinœ (^).
^. Doridiens. — Dans beaucoup d'espèces, le nombre et la
forme des tentacules dits « branchiaux » sont inconstants. Il y
en a de 2 à 8 de chaque côté chez Polijcera quadriiineata, où il
peut en manquer, s'en trouver d'asymétriques, de palmés ou de
branchus (^). Quant aux tubercules palléaux disposés en rangées
longitudinales, ils manquaient totalement dans un individu
adulte de cette même espèce ('').
Le nombre de ces appendices peut être 8, 4 ou 5 de chaque
côté chez Ancida cristata, d'après mes observations person-
nelles (*") ; en outre, ils peuvent être bifides, ou encore présenter
le phénomène de soudure (fig. 59).
Le tentacule « branchial » bifurqué a été observé deux fois
dans Tliecacera pennigera (fig. 60).
Le nombre des appendices dorsaux de Triopa claviger oscille
(•) CuÉNOT, Contribution à la faune du bassin d'Arcachon. VII. Pleuropliyllidiens.
(Bull. Stat. Biol. Arcachon, 16^ année, d914, p. 77.)
(2) Abric, Sur quelques variations expérimentales de coloration chez les Nvdi-
branches. (Comptes rendus Soc. Biol. Paris, t. I.XVII, 1904, p. 5.)
(5) Trln'Chese, Aeolididae e famiglie affini. (Atti R. Accad. Llxcei, sér. 3; Mem.
Sci. FIS. MAT. E NAT., vol. XI, 1881, respectivement : pi. LV, fig'. 2 [D. cinerea], et
pi. LVIII, iig. 2 et 3 [D. paulinae].)
(*) Elmhiust, Notes on Nudibranchiate Mollusca. (Annals Scott. Nat. Hist.,
1908, p. 230.)
{^) Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opisto-
branckes du golfe de Marseille, part. III. (Ann. Mus. Marseille, t. VI, 1901, p. 64-,
pi. II, fig. 8.)'
(6) Alder et Hancock, ainsi que Bergh indiquent cinq pour le nombre de ces
appareils; Meyer et Môbius, trois ou quatre.
— 99 —
autour (le 20 (^). Dans Idalia leaclii, les deux ran^s sublatéraux
de tentacules palléaux en possèdent 3 ou 4, et occasionnellement
il y a deux rangs additionnels avec 1 ou 2 appendices (^).
y. Élysiens. — Parmi les Ély siens, on a signalé un individu
de Elysia viridis présentant une expansion conique des tégu-
ments sur la bosse péricardique (^).
h) Glandes palléales. — Umbrdia mediterranea possède
une grande glande palléale antérieure, normalement avec un seul
orifice ; une fois il a été observé une glande avec deux orifices (^) .
Les glandes palléales marginales des Oncidiella sont norma-
lement disposées régulièrement et symétriquement; le nombre
n'en est toutefois pas toujours constant : ainsi, chez 0. macii-
lata, il y en a de 20 à 24 (^) ; dans 0. nigricans, de 14 à 21,
sans être toujours parfaitement symétriques, sans que le
nombre soit proportionné à la taille des individus et avec
quelquefois une glande médiane antérieure (observations per-
sonnelles) ; dans 0. patelloides, le nombre de glandes varie
également, de 17 à 20. la moyenne étant 18 (observations
personnelles).
i) Spicules palléaux. — De forme constante dans certains
Nudibranches, comme Triopa claviger, par exemple, ils pré-
sentent au contraire une forme plus ou moins variable dans
divers autres Nudibranches et quelques Pleurobranches : les
spicules de Vleurobranclms aurantiacus, ordinairement à
(1) Aldeiî et Hancock, loc. cit., fam. 1, pi. XX (14 sur la figure).
(2) Alder et Hancock, loc. cit., fam. 1, pi. XXVII.
(3) Hecht, loc. cit., p. 20.
(1) Vayssièp.e, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opisto-
branches du golfe de Marseille, part. I. (Loc. cit., 4885, p. 137.)
(S) Plate, Studien iiber die opistliopneumone Lungenschnecken. II. Die Oncidiiden.
(LooL. Jahrb. [Anat. und Ontog.J, BJ VII, 1893, p. 201.)
— 400 —
3 branches, peuvent aussi en montrer 4 ou 5 (^) (fig. 61); la
variabilité de forme est encore très nette dans d'autres espèces
de Pleurobranches, comme Bei'tliella brocki et liouvieria
scutata (^).
Polijcera quadrilineata montre aussi une variation notable de
la forme des spicules (^), ainsi que Aeghxs kuckarti (^). Enfin
Fig. 6d. — Spicules té^umentaires de Pleurobranchits (Bou-
vieria) aurantiacus. II, type le plus fréquent; I, III, IV,
formes plus rares. — D'après Lacaze-Duthiers et Vayssière.
la forme en est inconstante dans Hcdijle granulifera (de 2 à
5 branches) (^).
;') Dans Cij m bu Ho psi s calceola, un anneau pigmenté saillant,
à la partie postérieure de la masse viscérale, est de taille diffé-
rente suivant les différents individus (*').
(') Lacaze-Duthiers, Anatomie et physiologie du IHeurobranche orange. (Ann.
Sci. NAT. [ZooL.], 4« série, t. XI, 1859, p. 296.) — Vayssière, Recherches zoologiques
et anatomiqnes sur les Mollusques Opistobranches du golfe de Marseille, part. I.
(Loc. CIT., d885, p. 116 ) — Vayssière, Monographie de la famille des Pleura-
branchidés. (Ann. Sci. nat. [Zool], 8^ série, t. Vlil, 1898, pi. XX, fig. 75.)
(*) Vayssière, Monographie de la famille des Pleurobranchidés. (Loc. cit., respec-
tivement pi. XVI, fig. 4, et pi. XVIII, fig. 47.)
(^) Hecht, loc. cit., p. 66. — Bergh, Beilriige zur eine Monographie der Polyce-
raden. I. (Verhandl. Zool. -Bot. Gesellsch. Wien, Bd XXIX, 1880, pi. IX, fig. 10,
et pi. X, fig. 9.)
(*) Bergh, ibid. II. (Loc. cit., Bd XXX, 1881, pi. XIII, fig. 8.)
(^) Kowalevsky, Les Ilédylidés, étude a?mtonnque. (Mém. Acad. Sci. Saint-Péters-
bourg, 8e série, classe phys.-math., vol. XII, 1901, pi. IV, fig. 54.)
C) Peck, On the Anatomy and Histology of Gymbulia calceola. (Stud. Biol.
Labor. Johns Hopkiks Univ., vol. IV, n» 6, 1890, p. 4.)
101
C. Lamellibranches. — a) Bords du manteau et tenta-
cules PALLÉAUx. — Le tentacule palléal postérieur impair de
Leda est parfois à droite au lieu d'être à gauche, et dans Yoldia
hyperborea, il est tantôt à droite, tantôt à gauche (^).
Un individu de Pecten irradians avait le lobe gauche du
manteau manquant et le lobe droit dépourvu de tentacules.
FiG. 62. — Thracia papyracea, individu avec le siphon branchial
pourvu de deux ouvertures, vu du côté gauche, br, br', bran-
chies gauche et droite; o. p, orifice pédieux du manteau;
p, pied; pa, manteau; ré, rétracteur siphonal gauche relevé;
si. b, siphon branchial invaginé, avec deux orifices terminaux.
— D'après Deshayes.
d'yeux et de pigment, le tout probablement par suite de trau-
matisme (~). De tels accidents déterminent, pendant la crois-
sance ultérieure, des déformations du bord de la coquille.
Les tentacules du bord palléal sont en nombre variable suivant
les individus, dans uiT grand nombre de Lamellibranches : par
exemple chez Gateomma turtoni, de 0 à 10 de chaque côté (^) ;
{}) PelsEiNEer, Les Lamellibranches de i Expédition du Siboga. (Siboga-Expédit.,
part. LlIIa, 19H, respectivement pp. 5 et 6.)
(2) Jackson, PInjlogemj of the Peleeypoda, the Aviculidae and Iheir allies. (Mem.
Boston Soc. Nat. Hist., vol. IV, 1890, p. 340.)
■ (•■^) FoHBES and Hanley, flistnry of British Mollusca and their Sliells, vol. II,
1855, p. 107 (9 ou 10). — Glark, A History of the British marine testaceous Moiltisca,
1835, p. 72 (8 ou 9). — Pelseneer, Les Lamellibranches de l'Expédition dit Siboga,
p. 44 (6 ou 7).
— 102 —
chez Tridacna elongatci (^) ; chez Solenomya togata, où ceux du
bord antérieur du manteau (orifice pédieux) oscillent en nombre
autour de 32 {^) ; une semblable variation existe dans l'espèce
américaine S. vélum, comme on peut en juger d'après les
figures qui s'y rapportent (^).
OyCL'
■U. a.
0-1 &-
FiG. 63. — Lutraria elUptica, individu avec un siphon anal
supplémentaire, vu du côté gauche. ad\ ad", les deux adduc-
teurs; p, pied; pa, manteau; ré, rélracteur siphonnl; si. a,
siphon anal; si. a', siphon anal supplémentaire; si. b, siphon
branchial. — D'après Anthony.
b) Siphons. — \. MiUtiplicité. — Un Tfiracia papijracca a
montré le siphon branchial bifurqué (à deux orifices) (fig.62) (^);
dans un Lutraria eltiptica, le siphon anal était divisé en deux
tubes d'inégal diamètre mais d'égale longueur (fig. 63) (^).
2. Ornementation et tentacules des siphons. — L'ornemen-
tation des siphons peut varier au sein d'une même espèce,
comme par exemple chez Donax trunculus, où ces organes
(1) Vaillant, Recherches sur la famille des Triiacnidés. (Ann. Scl nat. [Zool.],
5e série, t. IV, 1865, pp. 83 et 135.)
(2) PelseiNeer, Contribution à l'étude des Lamellibranches. (Arch. Biol., t. XI,
1891, pi. IX, fig. 14 et 15.) — Ste.mpell, Zool. Jahrh. (Annt. and Ontog.), Bd XIII,
1899, p. 95.
{-) Morse, Observations on living Solenomya (vélum and borealis). (Biol. Bull.,
vol. XXV, 1913, hg. 1.2 et 7.)
(*) Deshayes, Histoire naturelle des Mollusques (Exploration de l'Algérie),
pi. XXV c, 11g. 1 et 2.
(^) Anthony, Un cas de siphon supplémentaire chez une Lutraria elliptica Lmek.
(AncH. ZooL. EXPÉR., 4e série, t. VII, 1907, p. 88.)
— 103 —
portent un nombre variable (6 à 8) de lignes longitudinales
parfaitement symétriques (pour les variations de couleur, voir
plus loin : Téguments en général, Variation de couleur, 4^'^).
Les tentacules siphonaux varient en nombre et parfois en
forme dans de très nombreuses espèces : autour de l'orifice
branchial, il y en a de chaque côté 10 ou H chez Solenomya
togata, tandis que les tentacules « anaux » y sont au nombre
de 5 à 7 (^) ; il y a de 6 à 8 de ces derniers chez S. vélum (^).
Dans les Siphonés proprement dits, l'inconstance de leur
nombre est générale : Cardium ec/iinatum en montre de 15 à
"20 sur les deux siphons, C. edule, 12 ou 18 sur le siphon
branchial, C. nodosum, 10 à 12 (^) ; Macira stidtorum^ 12 à 16
au branchial, 14 à 20 à l'anal (^) ; Tapes pidlaster, de 16 à 30
au siphon branchial, 20 à 30 à l'anal, T. decussatus, de 16 à
20 à l'anal ('') ; Donax anatinus, de 8 à 10 à l'anal (^) ; Luci-
nopsis iindata, de 16 à 20 au siphon branchial, de 12 à 15 à
l'anal (') ; Syndosmya prismatica, de 5 à 7 à chaque siphon (^) ;
Corbida nucleus, de 8 à 10 à chaque siphon (^) ; Sphaenia
bingliami, 5 ou 6 à chaque siphon (^-*) ; Saxicava arctica, 16 à
20 à chaque siphon (^^); Lutraria oblonga, de 30 à 40 à
l'anal (^^) ; Pliolas dactylus, 12 à 16 au branchial (^^) ; Solen
ensis, 5 ou 6 grands, au branchial, alternant avec des groupes
(1) Deshayes, loc. cit., p. H6.
(2) Morse, loc. cit., p. 272.
(^) Clark, A llislonj of the British marine testaceous Mollusca, respectivement
pp. 98, 100 et 101.
(*) Ibid., p. 104.
(^) Ibid., respectivement pp. 119 et 120.
(6) Ibid., p. 122.
C) Ibid., respectivement pp. 133 et 134.
(«) Ibid., p. 137.
n Ibid., p. 149.
(10) Ibid., p. 150.
(") Ibid., p. 161.
(12) Ibid., p. 167.
(13) Ibid., p. 175.
— 104 —
de 2 ou 3 plus petits (*) ; le nombre de tentacules siphonaux
est également inconstant dans Solen (Ensis) directus (^).
Dans Pisidium, où il n'y a qu'un siphon (l'anal), les bords
en sont, chez P. nitidum, plus ou moins plissés et crénelés p).
c) Impressions musculaires palléales. — Pandora rostrata les
montre composées de chaque côté, de 10 à 12 points d'impres-
sion musculaire (^). Dans Tapes decussahis, la sinuosité de
l'impression palléale varie, en profondeur et en largeur, suivant
les individus (^).
d) Saillie palléale intérieure. — Il arrive que le manteau
présente sur sa face intérieure des protubérances plus ou moins
saillantes: par exemple, chez Anodonta cycjnea, il a été observé
une « tumeur » pédonculée, à la face interne du lobe palléal
gauche (^^
é) Muscles adducteurs. — Ils peuvent varier de taille, de
forme et de position ; exemples :
1. Dans MijtUus edidis (galtoprovincialis), la grosseur de
l'adducteur antérieur varie du simple au double dans des
individus de même taille (') ;
(1) Deshayes, Histoire naturelle des Mollusques (Exploration de l'Algérie), p. 141,
pi. XI, tig. 2 (sans qu'il y ait toujours symétrie entre les deux côtés).
(2) Drew, The Habits and Movements of ttie Rmor-Shell Clam, Ensis directus,
Gon. (BiOL. Bui.L., vol. XII, 1907, p. 131.)
(3) Moquin-Tandon, Histoire naturelle des Mollusques terrestres et fluviatiles de
France, t. II, p. .j86.
{^) Deshayes, Histoire naturelle des Mollusques (Exploration de l'Algérie), p. 259.
(5) Deshayes, Traité élémentaire de Conchyliologie, t. I, p. 521.
(6) Williams, A Tumour in the freshwater mussel (Anodonta cygnea Linn.).
(JouRN. OF Anat. and Physiol., vol. XXIV, 1890, p. 307.) — Colllnge, Note on a
Tumour i7i Anodonta cygnaea Linn. (Loc. cit., vol. XXV, 1890, p. 154.)
O List, Die Mytiliden, Fauna und Flora des Golfes von Neapel, 6d XXVII,
1902, p. 162.
— 105 —
^2. L'adducteur postérieur de Mytiliis edulis est quelquefois,
en coupe, légèrement bilobé (^).
3. Divers Unionidés montrent la variabilité de situation des
adducteurs, par les variations dans la position de leurs
empreintes ou impressions sur la coquille (^).
D. Céphalopodes. — a) Chromatophores. — Ils pré-
sentent, dans la généralité des espèces, un nombre variable de
noyaux et de prolongements contractiles : de 16 à 22 chez
Bolitaena sp. ('^) ; de 18 à 24 chez Sepiola rondeleti (^) ; de 16 à
20 ou même davantage chez Lotigo vulgaris (^).
h) Nageoires. — 1 , Variation du nombre des dents de la
nageoire de Ctenopterijx cyprinoïdes (ou fimbriatus) : de
23 à 26 ou plus, sans qu'il ait toujours symétrie C^).
2. Variation dans l'insertion des nageoires : dans de nom-
breuses espèces de Décapodes, la situation des nageoires est
soumise à des variations individuelles (').
(') Sabâtier, Anatomie de la mouk commune. (Ann. Sci. nat. [Zool.], 6e série,
t. V, 1877, p. \±)
(2) DowNiNG, Yariaiion in tke position of the adduclor Muscles of Anodonta
grubei Saij. (Ameu. Natur., vol. XXXVl, 1902.)
(3) Chun, Ueber die Natur und die Entwicklung der Chromatophoren bel den
Cephalopoden. (Verhandl. deutsch. Zool. Gesellsch., 1902, p. 180.)
(*) GiROD, Recherches sur la peau des Céphalopodes. (Arch. Zool. expér , 2e série,
t. I, 1883, p. 241.)
(^) BoLL, Beitrdge zur vergleichenden Histiologie der Molluskenlypus. (Arch.
MiKR. Anaï,, Suppl. Bd, 1869, pi. Il, tig. 36 et 38.) — Klemensiewicz, Beitriige zur
Kennlniss des Farbenwechsels der Cephalopoden. (Sitzungsber. Akad. Wiss. Wien,
Bd LXXVII, 1878, pi. I, fig. 17.)
(•5) Joi'BiN, Note sur les Céphalopodes recueillis dans l'estomac d'un dauphin de la
Méditerrafiée. (Bull. Soc. Zool France, t. XIX, 1894, p. 66.) — Ashworth and
Hoyle, The species of Ctenopiei'yx, a genus of Dibranchiate Cephalopoda. (Mem. and
Proc. Manchester Liter. and Philos. Soc , vol. L, 1906, p. 4 [23 à gauche, 24 à
droite].)
O Appellôf, Bemerkungen ûber die auf der Nonegischen Nordmeer-Expedition
(1876-1878) gesammelten Cephalopoden. (Bergen Mus. Aarb., 1892.)
- 106
3. — TETE.
a) Fixation des gastropodes parasites. — Entoconcha mirabilis
est normalement attaché (à un vaisseau du tube digestif de son
hôte) par l'extrémité antérieure ou céphalique ; tout à fait
exceptionnellement, on a trouvé quelques individus attachés
aussi par leur extrémité postérieure, dans la tête de leur hôte,
à la paroi de la cavité du corps (^). Chez Enteroxenos ôstergreni,
la fixation a lieu très généralement à la partie antérieure
du tube digestif de la Holothurie; exceptionnellement, des
individus sont fixés au cloaque, au « poumon » aquatique ou
à l'oviducte (^).
b) DicÉPHALiE. — Cette anomalie très rare n'a été signalée
que deux fois seulement : chez Limnaea auricularia (^) et
Hélix sp. (■*).
C) TURERCULES FRONTAUX OU PREOCULAIRES. Lcur UOlubrC CSt
variable suivant les individus, dans diverses espèces de Ptero-
tracliaea (^).
d) YOILE FRONTAL DES NUDIRRANCHES. LcS digitatioUS OU
tentacules de ce voile varient de nombre suivant les exemplaires.
(1) 3IÛLLER, Ucber Synapta digitata und die Erzeugung von Schnecken in Holo-
thurien. Berlin, 1852, p. 7. — Baur, Beitràge zur Naturgeschickle der Synapta
digitata. Die Eingeweideschnecke (Helicosyrinx parasita) in der Lelbeshôhle der
Synapta digitata. (Nova Actâ Acad. Léop. Carol., Bd XXXI, 1864.)
(2) BoNNEViE, Enteroxenos ôstergreni, ein neuer, in Holothurien schmarotzender
Gastropod. (Zool. Jahrb. [Anat. und Ontog.], Bd XV, 1902, p. 733.)
(3) Moqvin-Tandon, Histoire naturelle des Mollusques terrestres et fliiviatiles de
France, t. I, pp. 324 et 325.
(*) GERiMALV, Mollusques de Fra?ice et des régions voisines; t. II : Pulmonés et
Prosobranches terrestres et fluviatiles. Paris, 1913, p. 19. - J'ignore ce qu'est le
« double » Campeloma signalé il y a quelques années : 3Iac Curuy, Note on a double
Snail : Campeloma (decessa Say). (llth Rep. Michigan Acad. Sti., 1909, p. 119.)
(3) Tesch, Die Ueteropoden der Siboga-Expedition. (Siboga Expeditie, part LI,
1906, pp. 31, 34 et 36.)
— i07 —
dans bien des espèces; ainsi, chez Polycera quadrilineata, leur
nombre habituel est 4, mais il peut n'être que 1, 2 ou 3 (^),
ou, d'autre part, il peut monter jusqu'à 13, en présentant tous
les intermédiaires entre ces deux extrêmes (^) ; chez Triopa
clavigera, le nombre en est également inconstant (^) ; enfin,
Bornelta digitata possède de chaque côté de la bouche 10 à
1*2 digitations (^).
l
-t-
FiG. 64. — Physa fontinalis, partie antérieure, vue ventralement, de
trois individus ditTérents : I, normal quant à la tête; II, anormal,
avec, à gauche, une saillie aplalie du bord antérieur du voile buccal ;
III, anormal, avec une solution de continuité au bord antérieur du
voile buccal, devant la bouche, b, bouche; i, incision du bord
antérieur du pied ; p, pied ; s, saillie céphalique ; /, tentacule ; v, voile
buccal; v', les deux moitiés du voile buccal. — Original.
e) Voile buccal des pulmonés basommatophores. — Il peut
présenter des variations de forme telles qu'un lobe saillant ou
une solution de continuité; par exemple, dans P/ujsa fontinalis :
un individu avait à gauche un lobe antériein* aplati (fîg. 64, II) ;
un autre présentait sur la ligne médiane une interruption du
bord antérieur, pai- laquelle le voile buccal était divisé en deux
lobes distincts, entre lesquels la bouche s'étendait plus en avant
que de coutume (fig. 64, III).
(') Alder and Haxcock, loc. cit., fam. i, pi. XXII.
(2) Elmiiiiîst, Notes on îSudibranchiate Molluscs. (Ann. Scott. Nat. Hist., 1908,
p. 230.)
('^) Hecht, Contribution à l'étude des Nudibranches . (Mém. Soc. Zool. France,
t. VIII, 1896, p. 19.)
(•*) Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Opistobr anches de la
mer Rouge et du golfe d'Aden. II. (Ann. Faculté Sci. Marseille, t. XX, 1912, p. 97.)
108
Dans un Planorbis corneiis, il y avait, comme chez ce dernier
Pliysa, une incision au bord antérieur du voile; mais elle était
latérale au lieu d'être médiane (observation personnelle).
Ce voile buccal peut d'ailkurs être plus ou moins large,
notamment dans Plujsa fontinalis, avec tous les intermé-
diaires entre la variation la plus large et la variation la plus
étroite.
/) Lobes cervicaux des rhipidoglosses. — Plusieurs espèces
présentent sous ces lobes cervicaux un nombre inconstant
d'appendices; ainsi il a été observé une fois deux appendices au
lieu d'un seul chez Trochus magiis et chez T. cinerarius, et
une fois trois au lieu de deux dans Mavgarita cinerea (dans les
trois cas à gauche) (^) ; ce nombre est également variable chez
Pkotiuula violacea, et sous le lobe droit, oscille autour de
trois (~).
Le bord de ces lobes cervicaux peut être découpé d'une
façon variable aussi : chez PhasiancUa piilla, en 1:2 à 15 dents
à droite, en 8 à 10 dents à gauche (^) ; chez Trochus lïneatus,
en 8 à 10 dents (^).
g) Tentacules. — i. Asymétrie. — Quelques individus ont
été observés avec un tentacule intact plus long que l'autre : chez
Terehellum subulatiim (^), Pleurobrancims cornutns (*^), Hélix
(1) Pelseneer, Recherches morphologiques et phylogcné tiques sur les Mollusques
archwiques. (Mém. cour. Acad. Belg., t. LVII, 1899, p. 46.)
(2) Pelseneer, Mollusques (Amphineures, Gastropodes et Lamellibranches).
(Résult. Voy Belgica, p. 39.)
(3) Clark, loc. cit., pp. 516 et 517.
{*) Ibid., p. 309.
(S) Bergh, Beitràge zur Kennlniss der Strombiden, besondere der £attung Tere-
bellum. (ZooL. Jahrb. [Anat. und Ontog.], Bd VIII, 1895, p 370 [le gauche le plus
long].)
(«) QuoY et Gaimard, Zoologie du voyage de V Astrolabe, t. II, p. -298 (le gauche le
plus long).
— 109 —
rufescens (^), Hélix pomatia (^); il est possible toutefois que
divers de ces cas soient le résultat d'une régénération, d'autant
plus que j'ai constaté qu'il en est bien ainsi dans Nassa
reûcidala et dans Purpura lapiUus, au cours de recherches sur
la régénération naturelle; chez chacun des deux, c'était le droit,
plus exposé, qui était souvent mutilé et régénéré {^).
2. Division ou multiplication. — Un tentacule céphalique de
Gastropode peut être fourchu plus ou moins loin de son
sommet et même jusqu'à sa base; il arrive que le phénomène se
présente des deux côtés à la fois, et le Gastropode paraît alors
avoir une paire supplémentaire de tentacules : cette « double »
duplication a été signalée jadis chez Subemarginula clausa (^) et
Limnaea stagnalis (^) (fig. 65); je l'ai observée moi-même sur
Patella vulgata (fig. 60) (*^).
Mais le plus souvent, c'est d'un seul côté que le tentacule est
branchu ; et exceptionnellement, le tentacule supplémentaire est
distant du normal : comme par exemple dans un Patella
vulgata (') (fig. 67) ou un Littorina obtusata {^).
(1) Clessin, Ueber Missbildungen der Mollusken uni ilirer Gehause. (XXII Ber.
Naturhist. Ver. Augsburg, 1873, p. 37 [le droit le plus long].)
(2) YuNG, Analomie et m alf or mal ions du grand tentacule de l'Escargot. (Rev.
SUSSE ZoOL., vol. XIX, 1911, pi. IX, fig. 18 et 22 [droit ou gauche].)
(3) Le cauche est en effet en partie couvert par le bord gauche (arrondi) du
siphon coquillier, tandis que le droit fait saillie sous le bord tranchant de l'ouver-
ture coquillière; de sorte que, au cas d'une très brusque contraction du muscle
columellaire, appliquant la coquille sur le substratum rocheux, ce tentacule droit
peut être coupé par ce bord tranchant.
(*) Fischer, Observations aaaiomiques sur des Mollusques peu connus. (Journ. de
CoNCH., t. V, 1856, p. i::30 [figure reproduite dans : Manuel de Conchyliologie du
même auteur, p. 108J.)
(^) CoLLiN, Sur la Limnaea stagnalis et sur ses variétés observées en Belgique.
(Ann. Soc. Malac. Belg , t. VIII, 1873, p. 82, pi. IV, fig. 1 [bifurcation du nerf].)
(<*) Pei.seneer, Mollusques (Amphineures , Gastropodes et Lamellibranches).
(RÉsuLT. ExpÉD. Belgica, 1903, p. 40.)
C) Pelseneer, loc. cit., p. 40.
(8) DuPUEY, fide Jeffreys, Proc. Zool. Soc. London, 1883, p. 112 (un tentacule
supplémentaire médian et bifide).
— 110
FiG. 65. — Limnaea stagnalis, tête d'un
individu à tentacules bifurques, vue
dorsale. — D'après Collin.
FiG. 66. — Patella viilgatn, partie anté-
rieure d'un individu à tentacule bi-
furqué à droite et à gauche, et avec
deux yeux à gauche; vue dorsale.
oc' , œil supplémentaire gauche ;
p, pied; t', t", tentacules supplémen-
taires. — D'après Pelseneer (1903).
FiG. 67. — Patella vidgata, partie anté-
rieure d'un spécimen avec un tenta-
cule supplémentaire à gauche ; vue
dorsale, /v, pied ; t\ tentacule supplé-
mentaire.— D'après Pelseneer (1903).
FiG. 68. — Nacella aenea, partie anté-
rieure, vue ventralement, d'un exem-
plaire présentant le tentacule droit
bifurqué à l'extrémité, b, bouche ;
p, pied; pa, manteau; t. bi, tentacule
bifurqué. — D'après Pelseneer (1903).
FiG. 69. — Littorina littorea, tentacule
droit bifurqué, vu du dessus. —
Original.
FiG. 70. — Littorina rudis, tentacule
droit bifurqué, vu du dessus. —
Origmal
t hv
FiG. 71. — Littorina obttisata, spécimens présentant des variations affectant les
tentacules : I, tentacule gauche branchu, vu dorsalement. Original. — II, partie
antérieure d'un individu à tentacule gauche bifide, vue ventrale : b, bouche ;
p, pied; t. bi, tentacule bilide. Original. — III, tête et pied d'un spécimen dont
le tentacule gauche est Irifurqué, vue antérieure : op, opercule ; p, pied ;
/. tr, tentacule trifide. — D'après Pelseneer (1891).
111
Un tentacule simplement bifurqué a été observé clans Nacella
aenea (tig. 68) (^) ; chez Patella vulgata, il a été rencontré de
nombreux cas de tentacules plus ou moins profondément
bifurques (^).
Parmi les Taenioglosses, cette variation a surtout été
remarquée sur des Littoinna : L. littorea a montré une fois
le tentacule droit offrant une branche au côté intérieur (fig. 69) ;
L. rudis m'a présenté cinq cas de bifurcation, tous assez
analogues (fig. 70); enfin, dans L. obtusata, j'ai trouvé trois
individus à tentacule bifide (deux fois à gauche, l'un d'eux ayant
la branche supplémentaire dirigée en arrière, fig. 71 , 1 et II), et
en outre, il y a été observé une fois un spécimen à tentacule
trifurqué (^), (fig. 71, III), ainsi qu'un autre pourvu d'un tenta-
cule médian bifide (^).
Un Cijcloplwriis sp. a été rencontré avec un tentacule
bifurqué (^), ainsi qu'un AmptiUaria gigas {^), et un Oncidiopsis
corys (^) où la branche supplémentaire était dirigée en arrière
(fig. 156, plus loin).
Parmi les Kachiglosses, il a été rencontré des tentacules
branchus : chez Purpura lapiUus (fig. 277, plus loin), à la suite
de régénération ; chez Nassa obsoleta : une fois bifurqué, une
(1) Pelseneer, loc. cit., p. 39, pi. IV, fig. 34.
(2) Fischer, lyote sur une monstruosité de l'animal du Patella vulgata. (Journ. de
CoNCH., t. Xll, 1864, p. 69; et Manuel de Conchyliologie, p. 108, iig. 103 [d'après
Bert].) — PelsivNeer, loc. cit., p. 40, pi. IV, fig. 34 à 37.
(5) Pelseneer, Sur l'œil de quelques Mollusques Gastropodes. (Ann. Soc. belge
MiCROScop., t. XVI, 1891, p. 74.)
(■*) DuPREY, in Jeffreys, loc. cit., p. 112.
(^) Peile, in Sykes, Variation in récent Mollusca. (Proc. Malac. Soc. London,
vol. VI, 1905, p. 2oo, fig.l
(*i) KoEHLEii, Regenerieren Siïsswassersclinecken verloren gegangene Fiihler?
(Blâtt. F. Aquar. uxd TerrarienkuiNDE, Bd XIII, 1906.)
(") Balch, Prolifération of Eijes on an anormal Tentacle of a new Species of
marine Gastropod. (Science, 2» série, vol. XXXI, 1910.)
— M-2 —
fois trifurqué, (^) ; chez N. mutahilis (^) ; et chez Nassa reticii-
lata (^) : dans cette dernière espèce, j'ai observé moi-même
deux fois le tentacule gauche bifurqué au delà de l'œil (fig. 72) ;
une seule fois, dans la même espèce, il m'est arrivé de trouver
un individu pourvu, à droite, d'un second tentacule, distant du
premier, postérieur à lui et pourvu comme l'autre d'un œil
normal (fig. 73).
Fig. 72. — Nassa reliculala,
télé d'un exemplaire à tenta-
cule gaui'he bifurqué, vue
dorsale. — Original.
FiG 73. — Nassa reliculata,
tête d'un individu à tentacule
supplémentaire du côté droit,
vue dorsale. — Original.
On connaît aussi plusieurs exemples d'Opisthobranches
à tentacules branchus, soit tentacule antérieur ou labial, soit
tentacule postérieur ou rhinophore : ainsi EoUs papillosa et
E. coronata ont montré des cas de tentacules labiaux bifides ou
trifides (fig. 74) (^) ; on a rencontré également un Cliromodoris
elegans à rhinophore bifurqué (fig. 75) [^) et un Triopa claviger
à rhinophore trifurqué (*^).
(1) DiMON, respectivement Quanlilalive Study of the Eff'ect of enviromnent upoii
the Forms of Nassa ohso\ela and N. Irivittata fnnn Cold Spj-ing Harbor, Long Island
(Bio.METRiKA, vol. II, d9Û2, p. 33, fig. 4); et Tke MudSnail (Cold Sprlng Harbor
MoNOGRAPHS, vol. V, 1905, pi. I, fig. 6).
(2) Hanko, Ueber Missbildungen bei Nassa mutabilis (/>.). (Zool. Anz., Bd XXXIX,
1912, p. 721, fig. 3, 4 et 5.)
(5) Jeffreys, British Conchology, vol. IV, p. 350.
(*) Hecht, lac. cit., p. 19, pi. II, fig. 13.
(S) Vayssière, Une anomalie tentaculaire chez tin Cliromodoris elegans Cantr.
(A>N. Sci. NAT. [ZooL.], 9e série, t. X, 1909, p. 109, pi. VIII, fig. 17 et 18.)
('■') Fischer, Note sur îine monstruosité du Triopa claviger. (JonRX. de Conch.,
1888, p. 131 [rhinophore droit].)
— 118 —
FiG. 74. — Eolis papillosa, partie anté-
rieure d'un individu dont le lenlacule
antérieur gauche est trilurqué, vue
orale, ap, appendices dorsaux; b,
bouche ; p, pied ; r, rhinophore ;
^ tentacule. — D'après HeclK.
t hv
FiG. 75. — Chromodoris elegans, vu du côté gauche,
a, anus; br, brancliie; p, pied; pa, manteau; t. bi,
tentacule postérieuri^rhinophore) gauche bifide. —
D'après Vayssière.
t u
oo
FiG. 76. — Elijsia viridi^, léle d'un
individu anormal, vue dorsale, b,
bouche; oc, œil; /. bi, tentacule
gauche bifurqué. — Original.
FiG. 77. — Limnaea (AtnphipeplcaJ
giutinosa, tête d'un individu à tenta-
cule gauche bifide, vue dorsale. —
Oriffinal.
FiG. 78. — Lalia neriloides, partie antérieure, vue
ventrale, b, bouche; p, pied; pa, manteau;
t, tentacule gauche bifide. — Original.
8
— 114 -
On a encore trouvé un Eolis rufibranchialis à rliinopliore
l)ranchu (^), deux E. coronata et un Polycera quadrdineata
dont le rhinophore présentait un petit prolongement latéral (^) ;
enfin, j'ai observé un Elysia riîiilis dont le rliinopliore gauche
était bifurqué (fig. 76).
Chez les Pulmonés, les exemples sont nombreux : Pcdipes
afer, à tentacule droit bifide (^) ; Limnara (Ampliipeplea)
glutinosa à tentacule bifurqué (^) : j'en ai rencontré un
(fig. 77) ; Limnaea stagnalis a présenté jilusieiirs fois cette
bifurcation, même exceptionnellement des deux côtés (voir
ci-dessus, p. MO, fig. 65); ce phénomène est parfois le résultat
d'une régénération après traumatisme (^), de même (}ue chez
Planorbis corneus, où il s'est produit une fois, de cette manière,
un tentacule trifide ('').
Un Planorbis contortus C) et un Ancijlus ont été indi-
qués avec un tentacule bifurqué (^), et la même particularité
a encore été observée par moi sur un Eatia neritoides
(fig. 78).
Un Physa acuta a montré son tentacule gauche bifide (^) ;
et chez P. fontinaiis, j'ai rencontré plusieurs cas différents
(1) Ai.DER and Hancock, loc. cit., p. 26.
(2) Hecht, loc. cit., p. 19.
{^) SiMKOTH, Bronns Tierreick, M III, 3. Ablh., 1909, p. 93, fig. ia.
{*) Desmoulins, in Fischer, Note sur une monstruosué de l'nminal du Patella
vulgata. (Loc. cit., p. 90.)
(^) MeGtUsar, Régénération der Tenlakel und des Auges bel der Spilxschlammsch-
necke (Liiiinaca slagnalis L.). (Akch. ENTWiCKL.-MECH., Ud XXV, iV.Ol, ul. IV,
ûg. 4a el 5.)
(«) Cerny, Versuclie iiber Piegeneralion hei Siissivasser- und Nacktschnecken.
(Arch, Entwickl.-mech., Bd XXlIi. 1907, pi. XXI, fii^. 2.) — Techow, Mùsbildungen
bel der F ilkler régénération von Siissivasserschnecken. (Zool. Anz., Bd XXXV, 1910,
p. 322, fig. 2rt.)
(') Des.moulins, in Moquin-Tandon, loc. cil., t. I, p. 322.
(**) Sykes, Variation in récent Mo'.liisca. (Loc. cit., p 231)
(9) Moquin-Tandon, loc. cit., t. I, p. 322, pi. XXXII, fig. 15.
— 115 —
de bifurcation, (rois du côté droit, un du côté gauche; ce
dernier avait le tentacule branclm vers son extrémité libre, la
branche extérieure étant la plus petite (fig. 85) ; parmi les trois
autres, le premier avait aussi le tentacule bitide vers l'extrémité,
mais avec deux branches subégales (fig. 79), le second avait
le tentacule droit bifurqué vers sa base, la branche antérieure
Fig. 79. — Pitysa fontinalis, vue
ventrale, b, bouche; cq, coquille; p,
pied rongé posiérieuieinent par une
larve commensale de Chironomus ;
pa, manteau ; pn^ pneumostonie ;
t'\ tentacule droit bitide ; tu, tube
de la larve de Chironome fixé sur
la coquille. — Original.
CCA.
-MW^
Fig. 80. — Phijsa fonimalis, vue vtntrale.
Mêmes lettres que pour la figure 79 ci-
contre avec la même signification; cr,
concrétion. — Original.
étant la plus petite, et la base commune, très forte, sans
lœil, présentant dans l'intérieur une grosse concrétion irré-
gulière (fig. 80 et 1(32); le troisième était pareil au précédent
quant à la conformation extérieure, mais à petite branche
moins développée.
Parmi les Pulmonés Stylommatophores, c'est le tentacule
— 116 —
postérieur qui s'est montré parfois bifurqué : notamment chez
Hélix liortensis (tig. iOO, plus loin) (^), Hciix lapicida (^),
Hélix pomatia ('■'), Ctausilia bidens (^).
Il n'y a qu'un seul exemple connu jusqu'ici de tentacule
antérieur fourchu dans les Stylommatophores : un Hélix
nemoralis avait le tentacule antérieur de droite bifurqué, à
branche droite plus grande (le tentacule gauche étant une simple
protubérance rétractile) (^).
3. Tentacules soudés. — Cette variation se manifeste sur les
tentacules postérieurs des Euthyneures (omuiatophores des
Pulmonés Slylommatophores et rhinophoresdes Nudibranches);
elle a été rencontrée dans : Limax uifrestis {^), Limax
maximus C), Vitriua major (^), Ilelix hispida ("), Hélix
(1) Guif.NON, Hélix hortensis avec omniatophore dirholotvée. (Feuille jeun, natuh.,
"Ide année. 1896, p. 240, tig. [avec deux yeux].) — Wiegmaxn, Die Verdoppeluiuj
eines Auges bel einer Hélix. (Nachrichtsbl. Malkozool. Gesei,lsch., XXXVII .lalirg ,
1905, pp. 35 et 37, tig. [avec bifurcation du nerf j.)
P) Van den Broeck, Excursions, découvertes et observations malacologiques faites
en Belgique fendant l'année 1870. (Ann. Soc. Mai.acol Hei.g., vol. V, 187'J, p. 29,
pi. II, tig. 4 |un seul œil, bifurcation du nerf olfactif et second rentlemenl ganglion-
naire flans un second bouton saillant ].)
(3) Yunc, Anatomie et malformations du gra)id tentacule de l'Escargot. (Loc. cit.,
p. 375, fig. 25 et 29 [bifurcation à l'extrémité; un œil seulement].)
(•i) Moquin-Tandon, loc. cit., t. I, p. 322.
(■■) AuKELi., Tenlacular abnormality in Hélix nemoralis. (Journ. of Conch.,
vol. XIV, 1915, p. 363, fig.)
(6) FoRBES and Hanley, History of the Brilish Mollusca and their Sliells, vol. IV;
1853, p. 258, pi. www, et vol. I, pi. jjj, tig. 4 (deux yeux sur le tentacule unique,
formé par la soudure de deux).
Ç) Fischer, Quelques mots sur la tératologie concliyliologique. (Journ. ue Co.nch.,
t. VII, 1858, p. 237.)
{^) Me l'Hôpital, in Fischer, Manuel de Conchyliologie, p. 108, iig. 104 (deux
yeux).
(3) G. Koberts, Sci. Gossip. vol. XXil. 1886. p. 259 (deux tentacules adhérents
l'un à l'autre jusqu'à lonr extrémité).
il7
nemoralis (^) (tig. 81), Heiix liUescens (variété de cape-
rata) f).
Il faut sans aucun doute rapporter à cette variation les deux
cas connus de rhinophore médian
unique chez un Niidibranche :
Eolis papillosa à rhinophore
unique médian (^) et Eolis coro-
nata (?) à rhinophore unique au
uiilieu de la nuque, mais iourchu
à l'extrémité ('').
Il se peut que dans certains
cas cette soudure soit due à une
régénération : on a constaté, en
effet, que l'ablation simultanée
des deux tentacules postérieurs
chez un Hélix a parfois pour résultat la régénération d'un
tentacule unique médian , éventuellement pourvu de deux
yeux (^) (fig. 27G, plus loin
FiG 81. — Hélix nemoralis, partie
antérieure d'un exemplaire à ten-
tacules postérieurs p.irliellement
soudés : vue du côté droit, cq,
coquille ; t et t', les deux tentacules
poslciieurs naissant d'un fût com-
mun; t. a, tentacule antérieur droit,
bifurqué. — D'après Arkell.
(1) Hoffmann, Beitmge zvr Tératologie der Sclinecken. (Zool. Anz., Bd XXXIX,
1912, p. 234, fig. 2 et 3 [un seul tentacule postérieur, bifui'qué à l'extrémité
librej.j — Un autre exemplaire avait cette paire postérieure de tentacules unie sur
la moitié de la longueur, depuis la base : Arkell, l'entacular abnormality in Hélix
nemoralis. iLoc. cit., p. 3(i3. fig.)
(2) RoEMiîR (Natuii UNO Haus, III. Zeifschu. Naturfk., 1903 : tentacules soudés
par leur partie inférieure).
(3) Peâch, in Alder and Hancock, 16c. cit., p. 26.
{*■) Dalyell, tide .Aldeiî and Hancock, loc. cit.
(^) Bonnet, OEuvres d'histoire naturelle et de philosophie, t. V, l'e partie, 1781,
p. 278, tig. 15 (un seul tentacule, gros, avec deux yeux et deux nerfs optiques
[//. pomatia].) — Cakrière, Sliidien ïtber die Regenerationserscheinungen bel Wir-
bellosen. I. Die Régénération bei den Pulmonaten. Wûrzburg, 1880, fig. 11 (//. fni-
ticunv, fig. 12 {H. nemoralis : deux yeuxj. — Techovv, Zur Régénération des Weich-
kurpers bei den Gastr,>poden(\\\c^. ENrwiCKL.-MECH , Bd XXXI, 1911, p. 377); et
Missbildungen bei der F ùhlerregeneration von Silsswasserschnecken (Zoof-. Anz.,
Bd XXXV, 1910 [//. arbustorum\).
— H8 —
4. Tentacules nuls. — Des exemplaires de JSassa 7nutabilis{^),
de Nassa reticulata et de Purpura lapillus (^) ont été rencontrés
pourvu d'un seul tentacule; chez Cymbuliopsis calceola, un
tentacule est parfois absent, sans qu'il reste trace de nerf et de
muscle (^) ; un Aplijsiella petalijera manquait d'un des tenta-
cules postérieurs ('') et un Tritonia pleheia était j>rivé de son
tentacule postérieur droit et du ganglion rhinopliorique (•^).
Dans un Eolis papillosa manquaient simultanément le tenta-
cule labial ou antérieur droit et le rbinopliore gauche, dans un
autre, un tentacule labial seul (^) ; et un petit Eolis sp. (à appen-
dices dorsaux roux) manquait complètement de rhinophores
(fig. 8:2). Enfin, il a été trouvé une fois un Limax laevis dont les
tentacules étaient nuls [^).
5. Varialion de forme. — Des tentacules noueux (présentant
des renflements en grains de chapelet, plus ou moins nombreux)
ont été observés dans divers Pulmonés, au moins : Hélix
pomatia {^), Plujsa jontinalis, Planorbis corneus, P. compla-
natus C^).
Des tentacules en uiassue (ou à renflement ovoïde terminal)
ont été rencontrés dans diverses espèces, notaunnent chez
Planorbis corneus et Phi/sa fontinaiis (^").
(1) Hanko. Uebcr MissbiUiungen bei Nassa mutabilis (L.)- (l-oc. cit., p. li''!,
fig. 7.)
("^) Observations personnelles.
(3) Peck, On llie Analomij and Histoloyi/ o/ (Cymbuliopsis calceola. il. oc. cit..
p. 2.)
(•*) Pelse.neiîk, Recherches sur divers Opsthobranches. fl.oc. cit.. p. 3i), noie ."i.)
{^) Ibid., p. 36, noie o.
(6) Hecht, loc. cit., p. 19.
(') Baudon, Troisième catalogue de Mollusques vivants du Département de l'Oise.
(JOURN. DE CONCH., t. XXXIl, 1884, p. 210.)
(«) YuNG, loc. cit., lig. 23 el 24».
(^) Observations personnelles.
('") Observations personnelles.
110
Des tentacules coudés ou curvilignes d'une façon permanente
(au lieu d'être rectilignes et souples comme normalement) ont
été constatés dans un assez grand nombre d'espèces : par
exemple, chez Psassa mutabilis (^), Limnaea stagnalis {''),
FiG. 8'2. — Eolù sp., individu sans
rhinophores, ni Irace de régéné-
ration de ces organes; vue dor-
sale, a. rf, appendices dorsaux;
0, œil; p, pied; t, léte; /. /, ten-
tacule labial. — Oritjinal,
FiG. S'Jbis. — Bythinia lentacnlala,
individu à tentacule droit coudé,
vu ventralement. h, bouche; ec,
écbancrure postérieure du pied ;
oc, œil; p, pied; t. c, teniacule
coudé. — Oiiginal.
Hélix pomalia (•^), Trocliiis umbilicaris , jSassa reticulata,
Physa fontinalis, Bythinia tentaciilata, chez ce dernier, avec un
renflement entre la portion terminale coudée et la partie basale
observations personnelles) (fig. 8*2^'^).
(') Haxko, Ueber Missbildunqen bei Nassa mutabilis. (Loc. cit., p. 722, fig. 6.)
(2) Bauer, Missbildungen an den Filhlern von Wasser.schnecken. (Zool. A.nz.,
Bd XXXII, 1908, p. 773.)
(^) YuNG, loc. cil., fig. 26.
1-20
FiG. 83.— Physa fontinalis, exemplaire
avec étranglement postérieur du pied;
vue ventrale (coquille non représen-
tée), b, bouche ; p, pied ; />«, manteau ;
pn, pneuraostome; t, tentacule droit.
— Original.
FiG. 83. — Physa fontinalis à pied
plus fortement divisé en arrière; vue
ventrale, b, bouche; autres lettres
comme dans la figuie précédente. —
Original.
OOL
/Vn,
Fici. 84. — Phijsa fontinalis, individu
avec le pied bifurqué postérieure-
ment; vue ventrale, c, coquille; p,
pied; pa, manteau; pn, pneumo-
stome; t, tentacule. — Original.
FiG. 86. — Pliysa fontinalù à pied l)ifur-
qué postérieurement et dont l'une
des branches est elle-même divisée;
vue ventrale. Lettres comme dans les
figures précédentes. — Original.
— 1-21
4. — PIED.
.4. Gastropodes. — a) Bord antérieur. — H peul pré-
senter parfois une incision plus ou moins profonde, perpendicu-
laire ou légèrement oblique, par exemple dans Plujsa fontinalis
(fig. 64, I, plus haut); ses saillies antérieures latérales peuvent
être parfois divisées : par exemple dans iSassa miitabilis (^) el
dans des iNudibranclies (parmi les Eolidiens surtout).
b) Pointe postérieure. — Elle peut être étranglée, par
exemple chez Pliijsa fontinalis (fig. 83); échancrée d'un côté de
la ligne médiane dans Bijtliinia tentaculata (fig. S'a'"'*); elle
peut parfois présenter une direction insolite, comme par
exemple dans un jeune Limax jlaviis, où elle était étroite et
récurrente en avant, vers la droite (~).
La pointe postérieure du pied a été rencontrée hifurquée, à
deux branches plus ou moins égales, en forme de « nageoire de
cétacé )), chez Phijsa fontinalis, trois fois sur un bon millier
d'individus (fig. 84 et 85) ; une autre fois, la branche gauche
était elle même hifurquée (fig. 8(il. Sur un cinquième spécimen,
la bifurcation était très asymétrique, et la branche droite était
beaucoup plus petite et antérieure, l'autre paraissant être
la pointe normale, dans l'axe du pied i^fig. 40, p- 81) (observa-
tions personnelles).
c) Tentacules postérieurs des JSassa (normalement au nombre
de deux, indivis). — Ils présentent des variations de nombre,
de forme, etc., par exemple : dans Nassa mutahtlis (^), où de
(1) Hanko, loc. cit., p. 7!21, fiiç. l et "2.
(2) SiMKOTH, Neue Beitràge zur Kenntniss der Kuukasischen ISacklschneckcnfauna.
(MiTT. Kâukas. Mus. [Sainl-Petersbourg-J, Bd VI, I91i2, pi. V], tig. 14. j
(5) Hanko, loc. cit., pp. 7-2-i cL 723, tig. il à 21.
12i
telles variations se produisent parfois après régénération ;
également dans N. reliculata (tig. 87) :
1. Variation dans le nombre. — Sur 736 individus, plus de
80 n'avaient qu'un seul tentacule pédieux postérieur; celui-ci
était parfois asymétrique, auquel cas il y avait eu vraisemblable-
ment amputation (ie l'autre (car il s'observe des exemples de
régénération démontrée par l'inégalité de taille et de pigmen-
VIII
Fk;. 87. — JSas.sa reticnlata, partie postérieure du pied avec différentes
variations des tentacules pédieux postérieurs; vue dorsale. I, disposition
normale; H, tenlacuL; médian indivis; III el IV, tentaciile médian bifide
asymétrique; V, tentacules médians contii;us; V[, tentacule droit bifide
asymétrique; VII, tentacule gauche bifide asymétrique; VIII, tentacule
droit bihde symétrique; IX, Icniacule gauche trifurquc; X, iroisième tenta-
cule médian supjdéinentaire. — Orii^inal.
tation des deux appendices) ; mais, le plus souvent, le tentacule
unique était médian (fig. 87, 11); deux fois, ce tentacule médian
était bifin'qué au bout, symétriquement (III) ou asymétriquement
(IV). — Une seule fois, j'ai rencontré un spéciuien avec
trois tentacules pédieux, dont un uiédian (X) , et sept fois,
j'ai constaté l'absence totale de ces appareils (le plus souvent
comme conséquence d'une ablation).
2. Variation dans la distance mutuelle. — Dans un seul cas,
les deux tentacules étaient strictement contigus (lig. 87, V) ;
123
3. Va?^iatio7i dans la forme. — Trois exemplaires présen-
taient un lentaciiie pédieux postérieur brancliu ; l'un à droite,
vers le bout libre, les deux branches étant asymétricpies (VI);
un deuxième, à gauche, vers la base, à branches également
asymétriques (VII); enfin, le troisième, à droite, avec deux
ramifications symétriques, dès la base (VIII). Un seul individu
de cette espèce montrait un tentacule Irilurqué, à gauche, avec
les deux rameaux supplémentaires au côté extérieur (IX).
d) Appendice FiLiFOHME caudal des pterotrachaea. — Il présente,
suivant les individus dans la plupart des espèces, de nombreuses
différences quant à la longueur ou quant au nombre des
lentlements (^) ; de même, son aspect est variable dans F/ro-
loides kowalevskii [-).
e) Ventouse pédieuse des hétéropodes. — Bien que la ventouse
pédieuse soit un caractère sexuel des mâles, dans la famille des
Pterotraciiaeidae, il a été rencontré des femelles pourvues de cet
appareil : chez Pterotrachaea coronata (') et chez Firoloides
lesueiiri (').
/) Arête dorsale médiane {«. keel-line » du dos du pied). —
mie a été observée discontinue, en deux moitiés, dont l'anté-
rieure oblique plus vers la droite, chez un Limax cinereo-
niger (•").
fj) Appendice anormal postérieur de la face dorsale du pied. —
Un cylindre charnu, obliquant vers la gauche, a été rencontré
(1) Levckxrt, Zoologische Unlersuckuncjcn, Hoft III, iHo4, j). 6. — Gegenbauu,
Unteryuchunyen ïïber Pteropoden und lleteropoden, 1855, p. 15(5,
(2) Tesch, Die Heteropoden der Siboga-Expeditie. (RÉs. Exp. Siboga. part. Ll,
1906, p. 55.)
(5) Fewkes, The sucker on tlie fin of the Heteropods i.s nol a sexual rharacterislic.
(Amek. Natuk., vol. XMI, 1883, p. 206.) — Paneth, Beilrage ziir Histologie der
l'teropoden und Heteropoden. (Arch. Miku. Anat., Bd XXIV, 1884, p "2^3.)
(*) Fewkes, loc. cit., p 206.
(^) Roebuck, Pathological inallormation of keel-line in Umax cinereo-nitjer.
(JOURN. OF CONCH., vol. XIV, 1913, p. 112, tig.)
Fui. 88. — Physa f'onlinalis dont le pied porle un appendice dorsal nié(ii;m
postérieur; vu du côté gauche. p\ appendice pédieux ; ^autres letlres
comrao dans les figures préc^identi-S. — Oiiginal.
'^iG. 89. — Pliijsa fonlinalis à pieii possédant un long appendice dorsal
postérieur; vue ventrale, di", digitalion palléale bifide; antres letlres
comme précédemment. — Original.
FiG. 90. — Physa j'nnlinalis avec un appendice pédieux dorsal postérieur
à droite; vue ventrale. Lettres comme précédemment. — Original.
1-25
sur un Helîjc nemoralis (^); dans Physa fontinalis, j'ai observé
plusieurs cas de tbrniations analoii;ues : sorte de « corne »
postéro-dorsale, plus ou moins longue (fig. 88 à 90) ; généra-
lement elles n'étaient pas situées sur la ligne médiane et s'incli-
naient latéralement et en arrière (2 fois vers la droite, 5 fois
vers la gauche) ; une fois elle dépassait le pied en arrière; elles
ne contenaient que du tissu conjonctif et musculaire. Sur un
autre individu, cet appendice, qui dépassait le pied en arrière,
se trouvait sur la ligne strictement médiane : il était arqué et un
peu recourbé postérieurement, iigurant ainsi, avec l'extrémité
du pied, une sorte de queue hétérocerque de squale (fig. 89, p').
Il) Glanue de la sole pédieuse. — Elle n'est pas toujours éga-
lement développée dans tous les individus ; par exemple chez
Miicroualio vaviahUis (^).
i) Musculature du pied. — Bien que l'attention n'ait guère été
attirée sur ce point, on y a déjà reconnu plusieurs cas de variation:
Chez Carinaria gaudichaudi, il y a de chaque côté de la
nageoire pédieuse, de 12 à 15 faisceaux musculaires (^) ; la
« queue » pédieuse de Pterotracliaea présente des variations
dans les anastomoses des bandes musculaires longitudinales (').
Chez Stenogyra decollata, un muscle provenant du columel-
laire se rend à la « queue » du pied par un ou deux rameaux ('').
j) Tubercules sur les parapodies de Notarchus punctatus. —
Ils se présentent en rangées de nombre variable suivant les
individus (*^).
(1) Fischer, Si/y nne anomalie de l'ammal de /'Hélix nemoralis. (JouuN. de
CoNCH., t. XXV, 1877, p. 2d2, pi. IV, tig. 4.)
{-) NiERSTiiASZ, Parasitische MoUusken ans Holothiirien. (Voeltzkows IIeise in
OsTAFRiKA i.\ DEN Jahren 1903-1905, M IV, 1913, p. 393.)
(5) SoiJLEYET, Zoologie du voyage de la Bonite, Mollusques, p. 319.
(*) Tesch, Inc: cit., p. 83.
{^1 WiLLE, Untersucluingen ïiber den Anatomische Bau der Lungevschnecken
Stenogyra decollata. (Jen. Zeitschr., Bd LUI, 1915, p. 371.)
C^) Vayssière. Becherclies zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opisto-
branches du golfe de Marseille, part. I. (Loc. cit., p. 79. i
— 126 —
h) Nageoires des Thécosomes. — Leur longueur a été reconnue
variable dans fJmacina (Spirialis) trocliiformis (^).
/) Balancier de Cuvierina coJumnclla. — Il est caractérisé par
l'inconstance de sa forme, et peut manquer ou être représenté
seulemenl par son pédicule (^).
m) Lobe operculigère. — Il peut varier de forme et d'orien-
tation dans plusieurs Streptoneures, par exemple chez Nassa
mutabilis, où il a été observé étranglé et prolongé en
arrière {;-) .
n) Sillons transverses du bord du pied (dans certains Pul-
monés limaciformes adultes). — Us. varient par le nombi'c,
notamment chez Testacclla halioîidea, où il y en a de 13
à '15 (').
o) Tentacules épipodiau'c. — Le nombre de paires en est
normalement constant pour chaque espèce de Rhipidoglosse;
mais ce nombre ne constitue nullement un caractère de groupe,
ni même de genre.
C'est-à-dire qu'il n'y a aucun titre sérieux à homologuer les
quatre paires de bras des Céphalopodes aux tentacules épipo-
diaux des Gastropodes — sous le prétexte que ce ne serait
« pas un hasard » qu'il y ait quatre paires de ces tentacules dans
les Trochidae (•').
En eifet, le nombre des tentacules épipodiaux n'a rien de
(*) SoiiLEYET, loc. cit., \). 223, pi. Xllt, fig. 80.
(-) SouLEYËT, loc. cit., |)p. 200 el 207. Cei appareil jouerait peut-être un fôle dans
l'aeccouplemeiU et son état de dévcloppeinent plus ou moins grand serait alors en
rapport avec les diverses périodes sexuelles : Bonnevie, Milteilimgen iiber IHero-
poden. (Jen. Zeitschr., Bd MV, 1817, p. iSo.)
(S) Han'ko, loe. cit., p. 722, tic;, lu.
• (i) Ue Lacazr Duthieus, Histoire de la Testa-elle. (Arch. Zool. expér., 2« série,
l V, 1888, p. 474.)
(•■î) SiMKOTH, Veber den Ursprung der Cephalopoden (('.ompte Kendu des séances.
Slxième Congrès intern. Zool., I90o, p. 349); l'Iiomologie est entre l'épipodium el
l'entonnoir, d'une part, entre les bras et le bord du pied, d'autre part : I^elseneer,
Sur la valeur morphologique des bras et la composition du système nerveux central
des Céphalopodes (Arch. Biol., t. VIII, 1888, p. 74S).
— 127 —
constant chez les Trocliidae : il varie non seulement d'un genre
à un autre, mais, comme on le sait surtout depuis Deshayes (^i, il
varie également d'une espèce à l'autre dans l'intérieur d'un même
genre, et n'est constant normalement que pour l'espèce; et si
quelques espèces possèdent quatre j)airesdeces organes, beaucoup
d'autres en ont moins, et quelques autres plus que quatre.
Dans le grand genre Ti-oclws, ce nombre oscille entre une paire
[Troclius\(]ardinalia\ virgatus) et 5 ou même 6 paires : respecti-
vement T. elatus (Quoy et Gaimard) et T. (Polijdonta) sandwichen-
sis (Souleyet), et T. (Lampr^ostoma) maculatiis (tide Fischer).
Il est de trois dans les Elenclius (exemple : E. insodontcs :
Quoy et Gaimard), dans les Gibbula (exemple : G. cinerarius,
G. umbilicaris, G. magus, G. dwaricalns, G. tumidus, etc.),
dans les Umboniiun (Gray, fide Adams) (-), dans la plupart
des Monodonta :
M. (Dlloma) nigerrimum (D'Orbigny) ;
M. (Diloma) cingulatum (Quoy et Gaimard) ;
M. {NeodilomaJ aethiops (Fischer, confirmé par observation
personnelle) ;
M. (Trochocochlaea) turbinata (Deshayes) ;
M. (Trocliococklaea) lineata (Clark) ;
M. (Trocliocochlaea) articulata (Deshayes) ;
M. (OxijsteleJ merula (Délie Chiaje, fide Adams).
Il est de 3 aussi dans certains Catliostoma : (]. conulus
(Deshayes) ; C. striatus (ou minutus) (Deshayes) ; et de 3 encore
dans Troclius canalwulatus, T. zelandicus, etc.
Ce nombre est, par contre, de 5 chez Margarita helicina et
M inlundibulum, de (> dans diverses autres es{)èces àe Margarita,
et de 7 dans M. groenlandica (^).
Le nombre de 4 paires ne se rencontre que chez CaUiostoma
C) Deshayes, Description de quelques animaux de la famille des Trochidés des
côtes de l'Algérie. (Annales de Malacologie, 1870, p. 2.)
(2) H. and A. Adams, The gênera of récent Mollusca, t. I, 1858, p. 408.
(■') PelseiNeer, Sur l'épipodium des Mollusques. (Bull. sci. France et Belg.,
t. XXllI, 1891, pi. XVI, fig. 16.)
— 1-28 —
zizijphiuiis (^), (kiUiostoma (liaphauus (Quoy et Gaimaid),
Monodonta canalifcra, M. tacniata et M. constricta (Quoy et
Gaimard), Clanculus limhatus et C. patagoniciis (Quoy et Gai-
lîiard), Eiiclielus denigratus (Quoy
et Gaimard), les Neompludus, les
Hotella (Quoy et Gaimard, ou au
moins certains d'entre eux d'après
Fischer), les Photinula (^).
Mais à côlé de cette diversité sui-
vant les espèces, il arrive aussi que
dans une même espèce le nombre de
paires de tentacules épipodiaux varie
exceptionnellement suivant les indi-
vidus.
. Lorsque ce nombre est anormale-
ment inférieur de l'un ou de l'autre
côté, cela peut être dû à une niutila-
FiG. 91. - TrochMs (CalUostoma) tion ; c'est probablement le cas pour
zizijphinii.s, avec asymétrie des l'exemplaire de TrocIlllS {(kllllO-
stoma) zizypliinus, figuré par VVood-
ward et si souvent reproduit (''),qui
ne montre que 3 « cirrhes » ou ten-
tacules au côté gauche, au lieu de 4.
Par contre, si le nombie normal
est plus élevé d'un côté, cela tient
selon toute apparence à un tentacule
supplémentaire apparu dès le jeune âge. C'est ce que j'ai observé :
l" Dans un CalUostoma zizijphinum qui, au côté gauche,
portait 5 tentacules épipodiaux distants (lig. 01), tandis qu'un
autre en avait 4 à gauche et 8 à droite;
tenlacules épipodiaux; vue ven-
trale, b, bouche; ep, é|)ipodium;
/. e, lobe épipodial ; oc. œil
gauche; op. opercule; p, pied;
t, tentacule céphalique droit;
IV, quatrième et dertuer leiila-
cule épipodial droit; V, cin-
quième et dernier tentacule épi-
podial gauche. — Original.
(') Ci.ARK. A History of tlie brilish marine leslacious Mollusca, p. 307. — Hallek,
Morphol. Jahrb., t. IX, pi. IV, fig. dl. — Houvieiî, Ann. Soi. nal. (Zool.J, 7e série,
t. m, p. 45, etc.
(2) Pelseneeiî, Mollusques (Amphinctircs , Gastropodes et Lamellibranches).
(RÉSULTATS Voyage I^eloica, 1903, p. 39.)
(^) Fischer, Manuel de Conchyliologie, p. S'âli, Mg. 585.
— 129
2" Chez un Gihbida cinerana, qui en présentait i distants au
lieu de 3, au côté gauclie (fig-. 92) ;
3° Chez Gihlnila uminlicaris (ou olAiijuata) , où de multiples
individus possédaient i tentacules épipodiaux plus ou moins
distants, à droite ou à gauche (fig. 92'^'^) ; quelquefois il a été
■pX-i-y:,
FiG. 92.— Trochus(Gibbula) cinerarius,
avec asymétrie des tentacules épipo-
diaux; vue ventrale, b, bouche; ep,
épipodiiim; /. e, lobe épipodial; oc,
œil gauche; p, pied; p//», palmette
gauche; III, troisième et dernier ten-
tacule épipodial droit; IV, quatrième
et dernier tentacule épipodial gauche.
— Original.
Fig. 92 hi». — Trochus (dibbula) uinbi-
licaris avec asymétrie des tentacules
épipodiaux; vue dorsale de la partie
posté rieme du pied,après enlèvem'^nt
de l'opercule; e, épipodium; /, lobe
operculigère; IV, 4« tentacule épipo-
dial droit. — Original.
observé aussi 2 tentacules seulement d'un côté, mais alors le
troisième avait certainement été amputé, sa place étant marquée
par l'échancrure usuelle de la saillie épipodiale, ou même par un
commencement de régénération non encore pigmenté ; dans la
même espèce, ces tentacules peuvent également offrir des varia-
tions de forme : chez un exemplaire, le tentacule moyen de droite
était en forme de massue, avec le renflement à l'extrémité libre ;
9
— 180 —
4" Dans un Margarita (Valvatella) groenlandica, qui, au lieu
de 7 paires, montrait, sur deux individus différents, 8 tentacules à
droite et chaque fois 2 de ces tentacules étaient juxtaposés (ce qui
laisse place à l'hypothèse d'un tentacule dédoublé dès sa base) ;
5" PhasiancUa pnlla ayant, au lieu de 3 paires de tentacules,
2 ou 4 de ces organes d'un côté (^).
Enfin, chez Turbo marmoreus, la frange épipodiale est quel-
quefois filamenteuse (^).
p) Opercule. — a. Variation de forme. — 1. Contour : Dans
une même espèce de Navicella (Septaria), les écarts individuels
de la forme normale peuvent être très importants (^).
Dans Nassa incrassata, l'opercule peut être simple, crénelé
ou denté (^) ; de même chez JS. thersites, certains opercules sont
dentelés, d'autres crénelés et même quelques-uns simples (^) ;
enfin, pour iV. reticulata, les dents du bord de l'opercule sont
quelquefois usées et celui-ci paraît alors simple ; mais le nombre
des dents est extrêmement variable, oscillant autour de 12 ou 13.
pouvant descendre jusqu'à 3 ou atteindre une vingtaine, avec
tous les intermédiaires (observations personnelles).
2. Nucleus et spire : Les anomalies de l'opercule ne sont pas
rares dans Tanalia(Paludomus)violacea; le nucleus, notamment,
au lieu d'être marginal comme normalement peut être central
ou subcentral, donnant ainsi à l'organe une structure concen-
trique ('').
(1) Clark, loc. cit., p. 321.
(*) QuoY et Gaimard, Zoologie du voyage de l'Astrolabe, t. III, p. 213.
p) Semper, Die natiirliche Existenzbedingungen der Thiere. Leipzig, II Theil,
1880, p. 257, note 6.
(*) Marrât, On the varieties of Ihe shells belonging to the genus Nassa. (Proc.
LiTT. AND Phii.. Soc. Liverpool, 1880, p. 22.)
(fî) QuOY et Gaimard, Zoologie du voyage de l'Astrolabe, t. II, p. 417, pi. XXXII,
fig. 34 (fide Marrât, loc. cit.).
(«) Blanford, 0?? the spécifie Idenlity of the described Fonns of Tanalia (Trans.
LiNN. Soc. LoNDON, vol. XXIII, 1862, p". 605.)
— 131 —
Chez Trocluis iineatus, il a été observé une déformation de
l'opercule présentant deux « grossly spiral lines » (^).
De même dans Troclius (Pohjdonta) elegans, il a été rencontré
un individu avec l'opercule paucispiré, présentant seulement un
tour et demi, au lieu du grand nombre de tours des autres
Pohjdonta et des Trochidae en général (^) (fig. 98, B). Enfin,
j'ai observé un Trocluis (GibbulaJ iimbilicaris qui portail un
opercule paucispiré d'un peu plus d'un tour; les spires de cel
A
Fig. 93. — Opercule de Trochidae : A, d'un Trochns (GiblnUaj
cinerarius normal, vue extérieure (original); B, d'un Trochus
(Pohjdonta) elegans, exceptionnel, en place, dans l'ouverture
de la coquille, vue extérieure (d'après Gray); C, d'un Trocluis
(Gibbula) umbilicaris, anormal, vue extérieure (original).
opercule n'étaient même pas entièrement soudées, donnant
l'impression d'un appareil régénéré (fig. 93, G). Un autre
exemplaire de la même espèce portait un opercule extrêmement
mince, à tours de spire également très peu nombreux.
3. Dents : le nombre de ces dents varie d'un individu à
l'autre, non seulement dans Nassa reliculata (où il oscille autour
de 12 ou 13 : voir plus haut), mais probablement dans toutes
les espèces de Nassa : ainsi il est de 9 à 13 dans Nassa mutabilis.
(1) Clark, A History of the British marine Testaceous Mollusca, 1855, p. 309
(déformation attribuée par l'auteur à une régénération).
(2) Gray, On the abnormal operculum of Polydonta elegans of New lealand. (Ann.
Mag. Nat. Hist., 2e série, vol. XVIII, 4856, p. 468 [l'auteur suppose aussi que cet
opercule est entièrement reproduit].)
— 13-2 —
(3. Multiplication. — L'opercule peut êlre multiple (surtout
double) dans divers Gastropodes marins ; par exemple chez
Buccnium undatum : individus de Sandgate (Kent) (^), de Unst
(Norlh Shetland) (^), de Thanet Island (Kent) (^), etc.; iSassa
mutabilis, où il a été signalé 2 fois sur \ ,500 : le second opercule
étant plifs petit et soudé au principal, sur une étendue plus ou
moins grande (^) ; Volutharpa ( Buccinum) ampullacea, où,
lorsque l'opercule existe, il est aussi constitué de deux pièces
reliées l'une à l'autre, comme s'il était dû à deux périodes de
croissance ("') ; enfm fJionella semicostata a présenté aussi,
une fois, un opercule double ('').
y. Absence. — L'opercule peut être présent ou absent chez
Volutharpa ampullacea ci-dessus, où seulement 15 7o des
individus en sont normalement pourvus; il peut manquer encore
dans certains exemplaires de Limacina arctica (^) ; deux spéci-
mens de Terebelium subulatum ont été trouvés sans opercule {^),
ainsi que quelques Purpura lapdlus dans la zone élevée
(ce highwater ))) (^).
(•) Jeffreys, On the Origin of Species. (Ann. Mag. Nat. Hist., 3« série, vol. VI,
1860, p. 432 [une fois l'un des deux recouvrait partiellement l'autre; mais dans
tous les autres cas, les deux opercules étaient séparés; l'anomalie paraissait congé-
nitale, les deux opercules étant toujours également développés (grands ou petits)
et ne paraissant pas provenir d'un accident].) — Jeffreys a aussi « observé » un
operculé triple; mais il est reconnu aujourd'hui que c'était une anomalie « manu-
facturée ». (Makshall, Journ. ofConch., vol. XIII, 19U, p. 200.)
(2) Standen, Journ. ofConch., vol. XI, 1904, p. 62.
(5) Edwards, Jonrn. ofConch., vol. XIV, 4913, p. 26.
(*) HoNiGMANN, Ueber Doppeldeckelbildung bei Nassa mutabilis (Linné). (ZooL.
Anz., Bd XXXIX, 1912, p. 689.)
(^) Dall, Description ofsixly new [omis of Molluscs from the W. Coast of North
America. (Amer. Journ. of Conch., vol. VII, 1872, p. lOo.)
(6) Bergh, Beitràge zur Kenntniss der Coniden. (Nova Acta, Bd LXV, 1895.)
C) Pelseneer, Report on the Pteropoda, part II. Thecosomcita. (Zool. Challenger
ExPEDiT,, part LXV, 4888, p. 22.)
(«) Behgh, Beitràge zur lienntniss des Strombiden. (Zool. Jahrb. [Anat. und
Ontog.], Bd VIII, 189.'5, p. 369.)
(") Colgan, Notes on the Adaptability of certain Littoral Mollusca. (Irish
Natural., 1910, p. 132 [2 sur 470 exemplaires].)
133 —
B. Scaphopodes. — La variabilité du pied y apparaît
dans l'inconstance du nombre des papilles au bord du disque
pédieux, dans les Siplionodcntalùim : chez S. lofotense, envi-
ron 30 (*) ; chez S. affine, environ 16 (^) ; chez S. siibfusi forme,
de 16 à 20 (^) ; chez S. pentagomim, de 14 à 18 et jusqu'à 20 (^).
FiG. 94. — Donax vittattis, pied à
pointe antérieure Irifurquée, vue
ventrale, p a, pointe antérieure;
by, cavité byssogène. — Origi-
nal.
FiG. 94''i^ — Cyclas cornea, pied présentant
une protubérance saillante au côté droit
de son extrémité antérieure. 1, vu du côté
droit; II, vu ventralement. a, extrémité
antérieure du pied ; p, pied; pa, manteau;
po, extrémité postérieure du pied; pr,
protubérance pédieuse. — Original.
C Lamellibranches. — a) Variaiion dans la forme
GÉNÉRALE. — Ccst surtout la portion antérieure (pouvant faire
saillie hors de la coquille) qui présente des cas de variation de
sa forme, de sa symétrie, etc. :
1. Furcation de la pointe antérieure du pied. — Dans un
individu de Donax viltatus, cette pointe était trifurquée (peut-
être était-ce la conséquence d'un traumatisme?) (fig. 94).
(*) M. Saks, Malacozoologiske Jagttagelser. (Vidensk. Selsk Forhandl., d86S,
pp. 297 et 299.)
(2) Ibid., p. 300.
(3) Ibid., pp. 301 et 306.
(*) /^îd., pp. 308 et 311.
^ - - ?N
— 184- —
2. Protubérance latérale. — Dans Cyclas cornea, il a été
constaté exceptionnellement, sur le côté droit de la partie anté-
rieure du pied, une protubérance saillante sphéroïdale, constituée
d'épithélium et de tissu conjonctif (observation personnelle).
b) Nombre des papilles du bord du disque pédieu.v chez les
Protobranches. — Ce nombre est inconstant dans les diverses
espèces; par exemple, chez Solenomija togata, les divers
exemplaires adultes que j'ai observés ont présenté de 28 à
34 papilles (^) ; dans Solenomija vélum, ce nombre peut être 30,
32, 34, etc. [').
Dans Psucula nacleus, ce nombre oscille de part et d'autre
de 23 de chaque côté (^) ; dans ?s. delphinodonta (individus à
maturité sexuelle), il y a en tout de 8 à 13 paires de papilles (^) ;
chez Lcda sulculata, il y en a de 30 à 40 de chaque côté ('*) ;
chez Leda emarginata, de 10 à 22 (^).
c) La languette antérieure du pied, chez Mijtilus edulis,
présente une fossette terminale, avec des orifices en nombre
variable : 7 ou davantage (").
(1) Une ancienne figure de Deshayes {Histoire naturelle des Mollusques, Explo-
ration scientifique de l'Algérie, pi. XIX, fig. 4) montre également 34 papilles,
tandis qu'une autre figure de la même planche (fig. 1) en représente un plus petit
nombre. — D'après Stempell, ce nombre variable serait d'environ 34 (Zur Anatomie
von Solemya togata Poli [ZooL. Jahrb. (Anat. und OiNtog.), Bd XIII, 1899, p. 123]).
(2) Morse, Observations on iiviny Solenomya (vélum awd borealis). [BiOL Bull.,
vol. XXV, 1913, pp. 266 et 271 (30j, fig. 1 et 11 (32), fig. 15, p. 273 (34)].
(5) Pelseneeu, Contribution à l'étude des Lamellibranches. (Arch. de Biol., t. XI,
1891, p. 156 [un exemplaire n'avait que 18 papilles de chacjue côté].) — D'après
Clark {loc. cit., p. 70j, ces petits appareils seraient au nombre d' « about fifty »
(des deux côtés ensemble).
{*) Drew, The Life-History of Nucula delphinodonta (Mighels). (Quart. Journ.
MiCR. Soi., vol. XLIV, 1901, p. 344.)
(^) Stempei.l, Beitràge zur Kenntniss der Nuculiden. (Zool. Jahrb. [Anat. und
Ontog.J, Suppl. IV, II. Ileft, 1898, p. 375.)
(6) Deshayes, loc. cit., pi. CXV, fig. 3, 4, 7 et 9.
(') Seydel, Untersuchungen iiber den Bi/ss us apparat der Lamellibranchiaten .
(ZooL. Jahrb. [Anat. und Ontog.J, Bd XXVII, 1909, p. 531.)
— 135 —
d) Appareil byssogène. — La cavité du byssus persiste parfois
dans le pied de Anodonta anatina adulte, et sa présence
est très inconstante chez Uiiio pictorum adulte : une fois
sur trois ou quatre (^) ; de même dans Cijclas rivicoia, cet
organe rudimentaire peut être plus ou moins réduit (^) ; et
chez Cijclas sulcata, cette cavité byssogène rudimentaire peut
être diversement située : plus ou moins près des ganglions
pédieux (^).
La cavité de l'appareil byssogène de ISucula proxima (qui
n'est plus fonctionnel) est beaucoup plus étendue et pourvue de
cellules plus grandement distendues, dans certains individus
que dans d'autres (^).
Dans Cardium edide, les cliverticules de la cavité byssogène
olfrent des dispositions très variables de leur glandules, suivant
les individus (^). Dans Lima squamosa, il existe un nombre
variable de lamelles dans l'appareil byssogène {^). Le canal
byssogène est sans l'orme régulière chez Scrobicularia piperata,
et l'aspect de la glande byssogène y est lui-même variable (^).
Près de la pointe du pied de Corbula inaeqidvcdvis, il y a d'une
façon inconstante, mais fréquente, deux minces cordons de
glandes muqueuses (-).
Constitution morphologique du bi/ssus. — On y observe des
différences suivant les individus dans la même espèce; par
(*) Carhière, Die Driise im Fusse der Lamellibranchiaten. (.Arb. Zool.-Zoot.
iNSTiT. WiiRZBURG, Bd V, 1882, p. 22.)
(2) Ibid., p. 20.
P) Drew, The Anatomij of Sphaerium sulcatum Lam. (Proc. Iowa Acad, Sci.,
vol. III, 189S, p. 17S.)
(*) Drew, The Life-Hisiorij o/'Nucula delphinodonta (Mighels). (Loc. cit., p. 340.)
(^) Barrois, Les glandes du pied et les pores aquifères chez les Lamellibranches.
Lille, 4885, pp. U et 15.
(0) Ibid., p. 32,
(7) Ibid., pp. 71 et 72.
(8) Ibid., p. 76.
— 13G —
exemple chez Mijîilus edulis (^) ; et il y présente quelquefois
une cavité en son centre (^).
MiismiUiUire du pied, — Là où l'on s'est livré à un examen
détaillé, on a reconnu que les muscles rétracteurs du pied
présentent des variations individuelles dans leur composition,
leur importance et leur disposition. Ainsi, dans JSucnla delplii-
nodonta, chaque muscle de la paire antérieure de rétracteurs
pédieux est dans certains cas légèrement séparé en deux, près de
son origine (•^).
Les rétracteurs postérieurs du pied de Mytilus edidis peuvent
être composés d'un ou de deux faisceaux (^), tandis que les
muscles rétracteurs du byssus y présentent aussi de grandes
variations, et peuvent notamment comprendre de 2 à 5 faisceaux,
le nombre 3 étant le plus habituel (^) ; le rétracteur antérieur
et le rétracteur du byssus convergent indifféremment à la base
du pied ou du byssus (*') (d'où les difterentes dénominations
qu'on leur a appliquées). Quant à leur position, les impressions
des muscles antérieurs et postérieurs sont rarement symétriques
et, presque toujours, elles sont plus en avant d'un côté que cTe
l'autre (').
L'inconstance dans la composition des rétracteurs postérieurs
du byssus s'observe également dans Mytilus minimus et Modiola
(1) BouTAN, Recherches sur le Byssus des Laineliihr anches. (Arch. Zool. expéji.,
3e série, t. m, 1895, p. 331.)
(2) WiLLiAMSON, The spawnivg, growth and movement of the Musset (Mylilus
edulis), the Horse-Mussel (Modiola modiolus) and the Spoutftsh (Solen siliqua).
(25th Ann. Rep. Kish. Board for Scotlaxd, Year 1906, part II, 1908, p. 551.)
(3) Drew, The Lile-llistory o/Nucula delphinodonla (Mii^hels}. (i.oc. cit., p. 345 )
(*) Sabatier, Anatomie de la moule commune. (Ann. Sci. nat. [Zool.], 6" série,
t. V, 1877, p. i±)
(^) Sabatier, loc. cit., p. 13. — List, Die Mytiliden, Fauna und Flora des Golfes
von Neapel, part. XXVll, 1902, p. 162 (3/. edulis, forme galloproviuciaiis : au
moins 2, plus souvent 3, rarement 4 ou plus).
(«) Sabatier, loc. cit., p. 13.
C) List, loc. cit., pp. 22 et 162,
-- 137 —
barbata (^) ; enfin Modiota harbata montre le rétracteur posté-
rieur du pied, simple ou divisé en faisceaux p).
Le nombre d'insertions des élévateurs du pied est variable,
par exemple chez Anodonta cellensis, où il est de 5 à 7 (^). Il
y a variabilité également dans le nombre des muscles trans-
versaux, entre les circonvolutions intestinales, au voisinage de
l'estomac : par exemple dans les Solen siliqua et S. ensis, où
il y en a 3 ou 4, de même que chez ce dernier, varie encore
le nombre des faisceaux (4 ou 5) formant les deux pilliers
musculaires du centre du pied ('').
D. Céphalopodes. — «) Ramification des bras. — Elle a
été observée exclusivement chez les Octopodes, jusqu'ici :
Dans les deux espèces de Eledone des environs de Gênes :
E. moschata et E. aldrovandei (ou cirrosa) (fig. 95), où cette
disposition doit être assez fréquente, puisqu'elle est connue
des pêcheurs de Cornigliano (sous le nom de « muscardin a
neuve bave ») (■') ; un Eledone moschata des environs de
Marseille possédait un « bras supplémentaire » entre le premier
(dorsal) et le deuxième de droite : ce bras était presque aussi
long que les autres, mais sa rangée de ventouses n'atteignait
pas la bouche, et il semblait n'être qu'une dépendance du
deuxième bras (*^). Un Moscliites verrucosa avait le bras dorsal
droit bifide à l'extrémité ('
(1) List, loc. cit., respectivement pp. 164 et 165.
(2) Seydel, Vntersuchuncjen iiber clen Byssiimpparat der Lamellibrancliiaten.
(ZooL. Jahrb. [Anat. und Ontog.], Bd XXVII, 1909, p. 547.)
(5) BrOck, Die Muskulatur von Anodonta cellensis Sclirôt. (ZeitschR; f. wiss.
ZooL., Bd ex, 1914, p. 493.)
(•*) Deshayes, Histoire naturelle des Mollusques (Exploration de l'Algérie), 1848,
p. 145.
(S) Paroxa, Sulla dichotomia délie braccia nei, Cefalopodi. (Boll. Mus. Zool.
E Anat. comp. Univ. Genova, 1900, n^ 96, p. 4.)
C) Vayssière, Note sur la présence d'un bras supplémentaire chez un Eledone
moschata l.each. (Journ. de Gonch., vol. LXIII, 1917, p. 123.)
(') JouBiN, Études préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des
croisières de S. A. R. le prince de Monaco. 5« note : Moschiies verrucosa (Verrill).
(Bull. Inst. Océanograph. Monaco, 1918, no 339, p. 6, fig. 2.)
— 138
FiG. 95. — Eledone aldrovandei, tête vue veniralement et montrant le troisième bras
de droite bifurqué, b, bouche; inf, entonnoir; oc, œil; pa, manteau; III', branche
sup|)Iémentaire du troisième bras de droite. — D'après Parona.
FiG. 96. — Octopus cephea, avec sept bras ramifiés, vu dorsalemenl.
oc, œil; 5. v, sac viscéral. — D'après Smith.
— 139 —
Chez les Octopus vidgaris de la région de Gênes, mais plus
rarement que dans les Eledone, on a constaté également des cas
de bras ramifiés (^) : l'exemplaire décrit montre le bras dorsal
de gauche remplacé par deux petits bras, peut-être à la suite
d'une régénération (^). La bifurcation partielle du quatrième
bras de droite a été signalée dans un exemplaire de Octopus
vidgaris de l'Adriatique ('"^).
Enfin, dans Octopus cepliea, la furcation portait sur sept
bras, bi- ou multibranchés, de façon à produire ainsi en tout
33 branches plus ou moins longues (fig. 96) (^).
b) Variation dans les ventouses. — Chez Arcliiteutlùs harveyi,
il a été observé : une ventouse à double ouverture; une petite
ventouse pédicellée, naissant du pédicelle d'une plus grande,
près de la base; et enfin, deux petites ventouses avec pédicelles
au contact, occupant la place d'une seule (^); dans Octopus
vidgaris, au lieu de voir les ventouses décroître régulièrement
de taille depuis la base jusqu'au sommet des bras, on a constaté
parfois des exceptions à cette règle : par exemple, cinq individus
avaient les quatorzième à seizième ventouses des bras latéraux
(1) Parona, loc. cit., p. 4, pi. II, fig. 4 et 5.
(2) On sait, en effet, que les bras des Céphalopodes, surtout chez les Octopus, se
régénèrent après mutilation : Octopus vulgaris (Lafont, Sur la fécondation des
Mollusques Céphalopodes du golfe de Gascogne [Ann. Soi. nat. Zool., 5» série, t. XI,
p. 112]) : un individu avec le premier bras de droite régénéré, un autre avec les
deuxième et troisième de droite régénéré, un troisième avec le deuxième bras
gauche régénéré ; Octopus granulatus, des Indes néerlandaises, avec un bras de la
troisième paire en partie régénéré (observations personnelles); Richiardi, Sulla
riproduzione délie braccia delV Octopus vulgaris Lamk e sulla monstruosità di una
conckiglia délia Sepia otïicinalis Linn. (Zool. Anz., Bd IV, 1881, p. 407). — Pour
les Décapodes, des cas semblables sont aussi connus : A'errill, Régénération of
lost parts in the Squid, Loligo Pealei (Amer. Jouun. of Sci., vol. XXI, 1882, p. 333),
bras entiers, dans Loligo et Ommatostrephes.
(5) Smith, Notes on an Octopus ivilh Branchiug Arms. (Ann. Mag. Nat. Hist.,
7» série, vol. XX, 1907, p. 407, pi. XVIIl.)
(■*) Hanko, Ueber den gespaltenen Ann eines Octopus vulgaris. (Arch. Entwickl-
Mech., Bd XXXVII, 1913, pp. 218 et 219, fig.)
(S) Verrill, The Cephalopods of the Northeastern Coast of America. (Trans. Conn.
AcAD., vol. V, 1882, p. 260.)
— 140 —
disproportionnées, et l'un d'eux avait en outre deux grandes
ventouses d'un développement inusité sur la troisième paire
(paire où se fait l'hectocotylisation) (^). La position des grandes
ventouses des individus mâles y est d'ailleurs sujelte à varia-
tion (^) ; et l'on observe notamment des variations individuelles
dans les relations de la grosse ventouse du bras hectocotylisé (^).
Dans Eledone cirrosa, où normalement il y a une seule
rangée de ventouses, parfaitement régulière, il a été trouvé
un individu avec une rangée irrégulière, et un autre avec une
double rangée de ventouses (^). •
Chez Scpiola atlantica, deux individus ont été rencontrés
avec les deuxième et troisième bras de dioite et de gauche,
portant des ventouses beaucoup plus grandes que les autres (^).
c) Variation dans l'hectocotylisation. — Le bras hectocotylisé
peut être tantôt le quatrième de droite, tantôt le quatrième de
gauche, chez les llex C^').
Dans Sepia ofjîcinalis, où l'hectocotylisation se fait sur le
quatrième bras gauche, un individu a été vu avec le quatrième
bras de droite hectocotylisé C^).
Un individu d' Eledone cirrosa avait le troisième bras de
(1) Steenstrup. Anti. Mag. Nat. Hist., 2^ série, vol. XX, 1857, pp. 98 et 99. —
Racovitza confirme celle inconstance du noml)re et de position des grandes ven-
touses sur les bras latéraux de 0. vulgaris. (Notes de Biologie, Arch. Zoul. Expér.,
3« série, t. Il, 1894, p. 45.)
(^) HoYLE, Reports on the Marine Biology of the Sudanese Red Sea. VI. On the
Ceplialopoda. (Joukn. I.iniX. Soc. London [Zoology], vol. XXXI, 1907, p. 35.)
(5) H. Fischer, Note sur le bras hectocotylisé de /'Oclopus vulgaris. (Journ. de
CoNCH., vol. XLII, 1894.)
(*) Gravely, Notes on the spanming of Eledone and on the occurence of Eledone
with suckers in double rows. (Mem. Litt. Soc. Manchester, vol. LUI, pi, I, fig. 1
et 2.)
(^) JouBiN, Voyages de la goélette « Metila » sur les cotes orientales de l'océan
Atlantique et dans la Méditerranée. Céphalopodes. (Mém. Soc. Zool. France, t. VI,
1903, p. 216.)
(6) Pfei='fer, Synopsis der Oegopsiden, 1900.
(') Bert, Mémoire sur la physiologie de la Seiche. (Mé.m. Soc. des Scl phys. et
NAT. Bordeaux, t. V, 1867, p. 133.)
— 141 —
droite et le troisième bras de gauche hectocotylisés à la fois,
alors que normalement c'est le bras de droite seul qui l'est (^).
Il arrive parfois, chez NaïUilus pompilius et chez N. macrom-
plicdits, que le spadix est développé à droite au lieu de l'être
à gauche (') ; une fois, chez iV. pompilius, il y avait deux
spadix, un de chaque côté (^), le supplémentaire étant moins
développé.
d) Le nombre de tentacules « labiaux » de Nautilus pompilius
varie dans le même sexe suivant les individus : de 10 à 16 dans
le groupe supérieur, de 10 à 14 dans le groupe inférieur
(femelle) (il y a même parfois une difterence de droite à
gauche). 0 à 8 en haut chez le mâle (').
5. — TÉGUMENTS EN GÉNÉRAL (COLORATION).
A . Gastropodes. — La coloration générale des téguments
ne varie pas seulement chez les formes nues ou à coquille
interne (Limaciens, Nudibranches, etc.), mais aussi ailleurs, et
notamment dans d'assez nombreux Streptoneures, par exemple :
Troclius cinerarius, où, chez chaque individu, les palmettes,
au lieu d'être pigmentées, sont entièrement blanches (obser-
vations personnelles) ;
Littorina obtusata, où, à côté de la coloration normale.
(*) Appellôf, Ein Fall von dubbel Hectocotyl. (Bergen Mus. Aaubog, 4S92.)
(2) fjRiFFiN, Notes on the tenlacles of Nauiilus pompilius (Johns Hopkins Univ.
CiRCUL., vol. XVIII, 1892, pp. Il et 12) [75 "/o des individus ont le spadix à gauche,
et 2o o/o à droite]. — Willey, The Oviposition of Nautilus macroraphalus. (Proc.
Roy. Soc. Londox, vol. LX, 1897, p. 471.) — Willey, Contribution to the natural
historij of thepearly Nautilus. (Willey's Zool. Results, part, VI, 1902, p. 814.)
(5) GuiFFiN, loc. cit. et The Anatomy o/' Nautilus pompilius. (Mem. Nat. Acad.
Sci. [Washington], vol. VIII, 1900, p. 122.)
(*) Griffin, loc. cit., pp. 116, 117 (femelle) et 121 (mâle). — Vayssière, £'<?/rfg
sur l'organisation du Nautile. (Ann. Soi. nat. [Zool.], 8« série, t. II, 1896, pp. 164
et 16o.)
y<€TO
— 142 —
jaunâtre, on rencontre de 4 à 5 7o d'adultes (mâles et femelles)
noirs (observations personnelles) (^) ; on y observe d'ailleurs
toutes les transitions, depuis le jaune pur uni jusqu'au noir
uniforme : d'abord jaune légèrement enfumé, sur la face supé-
rieure du mufle et des tentacules dans leur portion antérieure;
puis un peu de noir sur la face antérieure du pied ; finalement,
plus de jaune du tout, et sur un fond blanc, toute la. surface de
la tête (mufle, tentacules), pieds (sauf la face inférieure) noirs,
ainsi que le bord du lobe operculigifère (une bande noire péri-
phérique sous l'opercule). Ce noir cache même la teinte rouge
du bulbe buccal. Mais il n'y a d'ailleurs pas de rapport entre
cette coloration tégumentaire et la couleur de la coquille, et l'on
trouve une coquille d'un jaune éclatant sur un animal noir ou
bien une coquille noir verdâtre sur un animal jaune;
Vej'mctus arenarius, où la tête est blanche, jaune ou noire (^);
Lamellaria perspicua, dont les variations de couleur du
manteau, en relation d'ailleurs avec celle du substratum (synas-
cidie du genre Lcptoclimim d'habitude), sont bien connues et
d'une grande aniplitude ;
FS'assa reticidata, dont j'ai rencontré trois individus, tous
femelles, à siphon d'un noir velouté intense au lieu de la teinte
gris verdâtre usuelle;
Purpura lapiUus, un individu que j'ai observé avait un tenta-
cule pigmenté au lieu d'être incolore comme dans les autres spé-
cimens; la couleur de la bandelette glandulaire purpurigène (dans
lemanteau) varie d'un animal à l'autre dans cette même espèce (^).
Harpa ventricosa, dont la partie moyenne du pied est assez
souvent pourvue d'une bande brune (^) ;
(*) Jeffreys {Kritish Conchology, vol. III, p. 356) a déjà constaté que cette varia-
tion n'est pas très commune : « rarely soot colour ».
(2) QuoY et Gaimari), Zoologie du voyage de l'Astrolabe, t. III, p. 290.
(3) Letellier, lide Dubois, Recherches sur la pourpre et sur quelques autres
pigments animaux. (Arch. Zool. Expér., 5^ série, t. II, 1909, p. 479.)
(*) QuoY et Gaimard, loc. cit., t. II, p. 613.
— 143 —
Parmi les Opisthobranches, BuUa Inrundina, dont la teinte
normale est bleu verdàtre, avec lignes bleues plus claires, a
présenté un exemplaire qui avait un croissant blanchâtre dorsal
et toutes les lignes bleues bordées d'une ligne d'or (^).
Mais c'est surtout chez les Mollusques marins nus ou à
coquille interne que ces' variations dans la coloration tégumen-
taire ont été remarquées, parce que pour leur description,
l'indication de cette couleur est nécessaire, tandis qu'elle est
négligée dans la description de presque toutes les espèces
testacées. Cette variation de couleur est souvent liée au substra-
tum alimentaire (voir IIP partie, \, Régime).
Pelta coronata a le pied jaunâtre, quelquefois marqué de
taches ou de flammes noires (^).
Aplysia punctata, dont les individus sont — suivant les
endroits — jaune brunâtre, jaune pourpré ou vert olivâtre (^).
Pleurobranclius pinictatus. Parmi les autres individus plus
sombres, il a été observé un spécimen d'une teinte plus claire
orangé ('').
Pleurobranclius plumula, dont le manteau jaune hyalin est
quelquefois presque orangé (^) ; P. aurantiacus, jaune orangé,
tournant parfois presque au rouge (^).
Parmi les Nudibranches, on peut citer comme exemple
Fiona marina, qui est gris-bleu ou brun pâle, suivant qu'il s'est
nourri respectivement de Vélelles ou de jeunes Anatifes C^) ;
(1) QuoY et Gaimard, loc. cit., t. II, p. 368.
(*) Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opislo-
branches du golfe de Marseille, part. I. (Loc. cit., 1885, p. 105.)
(î) Vayssière, loc. cit., p. 69.
(*) QuoY et Gaimard, loc. cit., t. II, p. 130.
(5) Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques &nr les Mollusques Opisto-
branclies du golfe de Marseille, part. I. (Loc. cit., p. 113.)
(6) Ibid., p. 116.
C') Eliot, in Alder and Hancock, A Monograph of the British Nudibranchiate
Mollusca, Supplément, 1910, p. 5.)
— iU —
Scijllaea pelagica, qui présente des variations de couleur suivant
f algue sur laquelle elle vit (^).
Elysia viridis est dans le même cas que l'espèce précédente;
il a été reconnu que la variation orangée se produit sur les
algues rouges (voir IV partie, II, 1. Régime alimen-
taire) (^).
Polijcera (iiiadrilineata, outre sa forme « normale » à orne-
ments jaunes sur fond blanc, présente des variations à marbrures
rouge-brun sombres ou même à lignes grises ou noires (^).
Doriopsis iimbata, dont la coloration générale des téguments
va du blanc jaunâtre au vert olive foncé (^).
Il existe des individus tout à fait blancs de Tritonin liom-
bergi ("').
IVlais parmi les Nudibranches, c'est surtout dans le groupe
des Éolidiens que les variations de couleurs sont fréquentes et
profondes, au point que de multiples espèces devraient être
rapportées à une seule forme ("). Quelques individus de EoUs
(Facelina) drummondi étaient dépourvus de chromatophores
bleus, et de même Eolis alha peut manquer de cbromalopbores
blancs sur les papilles dorsales et laisser transparaître alors les
caecums « bépatiques », éventuellement brans, parfois orangés
(1) Basedow and IIedley, Suiilk Australian NucUbrandis, and Enumeralion of the
known Australian sipedes. (Trans. Hoy. Soc. S. Australia, vo!. XXIX, 1906, p. 149,
pi. IX, fig. 1 et 2.)
(2) Pelseneer, Recherches sur l'embrijologie des Gastropodes. (Mém. Acad. Roy.
Belg. [Sciences], t. III, 1911, p. 68.)
Ç") Ai.DEK and Hancock, toc. cit., fani. I, pi. XXII. — Vayssière, Recherches
zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opistobranches du golfe de Marseille,
part. III. (Ann. Mus. Marseille, t. VI, 1901, p. 63.)
(*j Vayssière, loc. cit , 1901, p. 4.').
(5) Storrow, iSotes on Nudibranchs. (Northumberl. Sea Fish-Comm. Rep. Sci.
Investk;., 1912, p. 28.)
(">) Par exemple : Coryphella pellucida, G. smaragdi7ia, G. landshurgi seraient
des variaLions de couleur de G. gracilis, d'après Trinciiese, Aeolïdidae e famiglic
affini. (Atti R. Accad. Lincei, 3* série, Mem. Soi. Fis., Mat. e Nat., vol. XI, 1882,
p. 98.)
— 145 —
ou même verts (*). E. papiUosa peut paraître violet, non seule-
ment dans ses caecums hépatiques, mais dans toute la masse des
tissus lorsqu'il vit de Actinia equina, et E. coronata devient
vert quand il mange des Elijsia (^). De Doto coronata, il a été
rencontré des individus entièrement blancs (^).
Parmi les Pulmonés stylommatophores, Succinea piitris
montre d'amples variations de couleur, suivant l'absence ou la
présence de pigment noir (observations personnelles) ; on y a
constaté les teintes suivantes : gris-brun, de jaune sombre à gris
clair, de jaune d'or à brun foncé profond, de gris blanchàlre à
gris noii' (^) ; Vitrina major varie du brun jaunâtre au brun
noirâtre (^) ; ildix rufesccns se rencontre sous forme d'individus
jaunâtres, gris, bruns ou noirs, et Clausilia laminât a varie du
gris au noir le plus foncé [^) ; chez Hijalinia fVitrcaJ rogersi,
dont l'animal est d'une teinte ardoisée sombre, il a été trouvé
un individu de couleur crème claire, presque blanc C).
La variation de couleur est au maximum, chez les Pulmonés,
dans les formes nues (Limaciens), oii elle a donné lieu à un
encombrement considérable de la nomenclature systématique :
il n'est guère de type de Arion, Limax, etc., dont on n'ait
décrit comme espèce distincte de multiples formes de couleur
différente. Mais un examen attentif a permis de rapporter ces
(*) Trinchese, loc. cit., respectivement pi. X, fig. 3, et p. 70, pi. XXXI, fig. 3 et 4,
et pi. XXXII, fig. 2.
(2) Hecht, loc. cit., p. 23.
(3) GiARO, Le laboratoire de Wimereux en 1888. (Bull. Sci, France et Belg.,
t. XIX. 1888, p. 20.)
(*) RiEPER, S/Mdie.'z an Succinea. (Ann. Soc. Zool. and Malac. Belg., t. XLII,
1913, p. IK.*).)
(^) Moquln-Tandon, loc. cit., t. II, p. ^\.
(6) Bouchard-Chantebeaux, Catalogue des Mollusques terrestres et fluviatiles
observés jusqu'à ce jour à l'état vivant dans le département du Pas-de-Calais. (Mém.
Soc. Agric. Sci. et Arts Boulogne-sl'R-mer, 1836, respectivement pp. 182 et 193
[1837]).
(") CooPER, Journ. of Conch., vol. XII, 1908, p. 138.
10
— U6 —
formes à de simples « variétés » dues à la localité, au
climat (^), etc. Ces changements de couleur ont même été
étudiés dans quelques espèces (^) et divers spécialistes ont
constaté que la plupart de ces espèces nues varient dans
certaines directions déterminées (^). Les formes marines de
Pulmonés stylommatophores sont dans le même cas pour ce
qui concerne les modifications de couleur, par exemple Onci-
d'mm pmictatum, qui « varie beaucoup par la teinte » {^).
Du côté des Basommatophores, on peut citer Limnaea
stagnalis, dont la coloration peut aller jusqu'au jaune d'or (^) ;
Planorbis corneus, dont certains individus sont d'un noir velouté
intense (observations personnelles), auprès d'autres qui sont
d'un brun plus ou moins somi)re, le pigment pouvant même
être assez peu abondant à certaines places (partie postérieure du
pied) que pour y laisser voir la couleur rouge du sang. Chez
Pliysa fontinatis, j'ai rencontré un individu pourvu d'un tenta-
cule à extrémité fortement pigmentée en noir, comme chez
Pliysa acîita; d'autre part, outre les individus normaux,
grisâtres, à pigment noir plus ou moins modéré, j'ai rencontré
côte à côte avec les autres — toutes les transitions possibles
entre les deux extrêmes ci- après (à coquille d'ailleurs identique) :
1 . Des individus à coloration noire intense : tout le pied
notamment, la tête, les tentacules (moins sombres naturelle-
ment), le manteau sous la coquille, ainsi que sur ses bords avec
les digitations;
(1) SiMROTH, Uehcr die Abhdngigkeit der Schneckenbildnng nom Ivlima. (Bioi,.
CENTRALBL.,BdXXI, d90i.)
(2) Gain, Sonie remarks on the colour changes in Arion intermedius Normand.
(The CoNCHOLOGiST, Septembre 1892.)
(3) Coi.MNGE, Colour Variation in some Britisk Sliigs. (Journ. of Gonch., vol. XII,
1909, p. 235.)
(*) QuoY et Gaimai!d, lac. cit., t. II, p. 215.
(■'') CoLLiN, Sur la Limnaea stagnalis et ses variétés observées en Belgique .{k^^.
Soc. Malacol. Belg., t. Vlli, 1873, p. 83 [variation en nombre].)
— 147 —
2. Des individus clairs, jaunâtres, sans pigment noir, sauf
vers l'extrémité postérieure du pied, qui olïVe parfois une
teinte légère; le reste, pied, tète, tentacule, manteau (sous la
coquille ainsi que la partie rabattue avec ses digitations) étant
uniformément jaune d'ocre clair. Des expériences de reproduc-
tion entre individus semblables et entre individus différents de
ces deux formes extrêmes, ont été faites (voir V" partie :
Hérédité).
L'absence totale ou presque totale de pigment constitue
Valbinisme. L'albinisme proprement dit n'est pas, en effet, la
couleur blanche de la coquille, dont on connaît d'assez
nombreux exemples (voir plus haut : I, B, c, p. 43); c'est
l'absence de pigment, au moins de pigments sombies : des
traces de pigment rougeàtre dans les téguments constituant une
forme d'albinisme dite « albinisme rouge ». Le défaut de
piguients chez les albinos ne caractérise pas seulement les
téguments extérieurs, mais aussi tous les dérivés tégumentaires,
et particulièrement la rétine, au moins l'absence de pigment
noir; ainsi il y a une variété alha de Avion empiricorum, qui
possède du pigment oculaire noir {^) : ce n'est pas une forme
d'albinisme. D'ailleurs, entre celte forme blanche et la forme
habituelle [A. empiricorum ou rufus), il y a tous les intermé-
diaires : jaunâtre plus ou moins foncé, orangé, roussàtre (^).
De cette variation extraordinaire qu'est l'albinisme parfait, on
n'a rencontré encore qu'un petit nombre de cas chez les
Mollusques :
Paludina vivipara, à yeux rouges et à téguments montrant
de l'albinisme rouge (^) ; Limax maximus à pigment rétinien
(1) Moquin-Tan'dox, Histoire naturelle des Mollmques terrestres et fliivialiles de
France, t. II, p. 13. — Roebuck, Perfect albinisin in Lim;ix arhorum Bouck. -Chant.
(JoiiuN. OF CONCH., vol. XIV, d913, p. 92.)
(2) Moquin-Tandoi*, loc. cit., t. II, pp. 1*2 el 13.
{'') SiMRorH, Ueber localen rothalbinismus von Paludina vivipara. (ZoOL. Anz.,
M IX, 1886, p. 403.)
— 148 —
rouge brique : deux exemplaires, à douze ans d'intervalle, au
même endroit: Savigny-sur-Orge (^) ; Umax arhorum (ou
marginata) (^); Agriolimax sp. [agrestis ou laevisf) (^);
Hijalhiia helvetica, rencontré deux fois à Tremadoc (Carnar-
von) (^) et à Berkliamsted (Hertlbrdshire) (^), les deux cas
constituant de l'albinisme rouge; Acme lineata, une colonie de
plusieurs exemplaires albinos parfaits, sans pigment oculaire, à
Penmaenpool (Merionetlishire) (").
Panni les Basommatopbores, on peut citer : Limnaea peregra
(ovata), forme « projunda », dont la variété kochleri Honig-
mann a été rencontrée dépourvue de pigment, même dans
les yeux, qui étaient roses et ne présentaient aucune trace
de pigment noir ('). Enfin, un des plus remarquables exemples
d'albinisme est sûrement celui de Planorb'is conieiis, parce que
les albinos y sont entièrement rouges!
« L'albinisme » véritable n'avait pas encore été signalé dans
ce genre ; mais on rencontre dans la littérature l'indication de
quelques spécimens dont l'animal était « jaunâtre » ou « couleur
chair » i^). Or, étant donné que chez les Planorbes le sang est
rougeâtre, par suite de la présence d'hémoglobine dans
(1) FiscHEit, Cas d'albinisme chez Limax maxiraus. (Journ. de Conch., t. XXVllI,
1880, 1». 299.)
(2) KoEBUCK, Perfect albini.sm in Liaiax arborum Louch. -Chant. (Joubn. of
Conçu., vol. XIV, 1913, p. 92.)
(') Sykes, Variation in récent MoUnsra. (Loc. cit., p. 238.)
(*) Boycott, Journ. of Conch., vol. XJV, -1914, p. 178.
(^) Oldiiâm, Mole on a colour )nutation in llyalinia helvetica. (JouuN. of Conch.,
vol. Xlli, 1912, p. 312 [coquille normale par la couleur, animal d'un blanc de laii,
avec seulement de petites taches rouges; yeux faiblement rouges).]
(6) Chaster, Species and Varia tion. (Joiiim. of Conch., vol. XII, 1912, p. 29.)
C) RoszKOWSKi, Conlribution à l'étude des Limnces du lac Léman. (Rev. Suisse
ZooL., vol. XXII, 191 i, p. o06.)
(**) Exem|)les : Nelson, A variation in the color of ihe aimnal of Planorbis
coriieus. (Joikn. of Conch., vol. II, 1879, p. loO.) — « Planorbis corneus with red
tleshed animais, Bainet, Herls » : Oldham, Journ. of Conch., vol. XVI, 1919,
p. 27.
149
le plasma (^), j'inférai que ces individus de «couleur chair»
devaient être des albinos, où l'absence de pigment tégumen-
laire — normalement noir — ne cachait plus la teinte rouge du
sang et des tissus profonds.
Afin d'avoir confirmation de cette supposition, en trouvant
éventuellement un albinos de P. corneus, j'explorai conscien-
cieusement, pendant trois étés successifs (1914 à 1916), les
eaux douces de mon voisinage immédiat, examinant des milliers
d'individus. Enfin, un même jour, j'eus la bonne fortune de
rencontrer au même endroit et dans le même fossé, deux
spécimens de cette variation rouge : leur investigation montra
qu'ils étaient bien albinos parfaits, sans aucun pigment, même
rétinien. Le pied, la tête, le bord du manteau, la branchie
palléale et toutes les parties visibles étaient d'un rouge vif d'un
très bel effet, plus légèrement orangé que carminé.
Deux ans plus tard, au même endroit, dans le fossé opposé
(de l'autre côté du même chemin), j'ai capturé, en deux jours,
cinq nouveaux albinos de cette espèce, dont un grand et quatre
plus petits, de même taille (ces derniers provenant peut-être
d'une même ponte). Tous ces individus ont naturellement été
conservés ensemble, afin d'en obtenir une descendance. éventuelle
et de constater si l'albinisme y est héréditaire (voir plus loin,
V* partie : Hérédité).
Il arrive parfois qu'un spécimen de P. corneus soit moins
sombre que normalement : la couleur rouge du sang y trans-
paraît alors dans les parties les moins pigmentées (par exemple
(*) Moquin-Tandon, Observations sur le sang des Planorhes. (Ann. Sci. nat.
[ZooL.], 3e série, t. XV, i8.')l.) — Ray Lankester, A Contribution to the Knowledge
of llnemoglobin. (Proc. Koy. Soc. London, 1873.) — Kkukenberg, Hydropkihis-
hjmyhe und Haemolymphe von Planorbis, Lymnaeus und Paludina. (Verh. Natur-
lliST. Med. Ver. Heidelberg, Bd III, 1886, p. 79.) — Williams, The red Fluid
emitted bij Planorbis corneus. (Journ. of Conch , vol. V, 1889.) — Dhéré, Sur la
teneur en hémoglobine du Planorbis corneus. (Comptes rendus Soc. Biol. Paris,
t. LV, 1903.)
— J50 —
la région postérieure du pied) ; et l'on pourrait croire qu'on a
affaire à un intermédiaire menant à l'albinisme parfait : en
réalité, cela n'est pas vraisemblable, au moins dans ce cas
du IHanorbis corneiis, car les yeux de ces individus à téguments
moins sombres, possèdent le pigment noir aussi intense que
les exemplaires normaux; l'albinisme serait bien mie variation
discontinue, contrairement à ce qu'on appelle « l'albinisne » de
la coquille, qui est essentiellement de nature continue, avec
intermédiaires (voir p. 43). Toutefois, pour ce qui concerne
Limax cnerio-mcjer, s'il était confirmé que le pigment rétinien
s'atrophie en même temps que le pigment tégimientaire, il y
aurait là un exemple d'albinisme non discontinu (V*' partie,
l,%k).
Mais l'albinisme de l'animal et « l'albinisme » de la coquille
sont en tout cas deux choses indépendantes; et leur indépendance
est démontrée notamment par les exemples suivants :
1. Planorbis cornais ci-dessus : chez les sept albinos que
j'ai pu étudier, les coquilles étaient brunes, comme dans
les individus pigmentés, surtout dans les parties les plus
anciennes des tours de spire ; chez eux, également, les mandi-
bules étaient de couleur brun foncé, de sorte que l'absence de
pigment tégumentaire et rétinien est sans influence sur la
couleur des productions cuticulaires en général; par contre, il a
été rencontré un P. corneus vivant, à coquille « albine », d'un
blanc très pur et translucide, dont les téguments étaient norma-
lement pigmentés (^) ; et l'on a même observé toute une
« colonie » de P. corneus à coquille albine, dont les aninaux
étaient brun violacé (^).
(*) Van den Buoeck, Excursions, découvertes et observations malacologiques faites
en Belgique pendant l'année 1870. (Ai\N. Soc. Mal\col. Belg., t. V, 1871, p. 39.)
(2) Baudon, Nouveau catalogue des Mollusques du département de l'Oise. Beauvais,
1862, p. 30.
— 151 —
2. Hijalinia lielvetica : l'exemplaire albinos ci-dessus de
Berkhamsted (p. 148) avait la coquille normalement colorée;
un autre, recueilli à Trémadoc (Carnarvon), portait une coquille
de couleur normale, tandis que l'animal n'offrait aucune trace
de pigment noir (bord du manteau, rouge); un troisième
exemplaire, de Banstead (Surrey), avait une coquille blanche
« albine » et l'animal pigmenté comme d'habitude (^) ;
3. Limnaea peregra : j'en ai trouvé un individu très pigmenté
dans toutes ses parties (lête, pied, manteau), dont la coquille
était albine; la même chose a été signalée pour L. « limosa »,
qui n'en est pas distinct spécifiquement (^).
On a bien cité, exceptionnellement, une coquille blanche
portée par un animal entièrement blanc, par exemple pour
Hetix sijlvatica (^) ; mais alors le renseignement relatif au
pigment rétinien manquait, de sorte qu'on ne peut affirmer
qu'il s'agissait d'albinos parfaits.
/y. Lamellibranches. — Les parties colorées (pouvant
faire saillie hors de la coquille) présentent parfois des différences
de coloration suivant les individus. L'un des meilleurs exemples
s'en trouve dans Cijclas cornta, où les siphons peuvent offrir
toutes les teintes comprises entre le rouge orangé et le blanc
jaunâtre (observations personnelles). Parmi les formes marines,
Donax truncidus porte sur les siphons, de 6 à 8 lignes longitu-
dinales, parfaitement symétriques, ordinairement blanc opaque,
quelquefois colorées en jaune orange (^) ; enfin, dans les
Mytilidœ, l'intensité de la pigmentation peut être très différente
(1) Boycott, Journ. ofConck., vol. XIV, 1914, p. 178.
(2) Van den Broeck, Observations tnalaco logiques. (Ann. Soc. Malacol. Belg.,
t. IV, 1870, p. 13 du tiré à part.)
(3) De Charpentier, Catalogue des Mollusques terrestres et fluviatiles de la Suisse.
(Denkschr. Schw Naturw. Geselksch., t. i, 1837, p. 6.)
(*) Deshayes, Histoire naturelle des Mollusques (Exploration de l'Algérie), p. 591.
— 152 —
d'un individu à l'autre, soit chez MijtUus cdulis, soit chez
Litfiodomus Hthophagiis (voir IV" partie, 3. Lumière).
C. Céphalopodes. — Abstraction faite des changements
de couleur dus au jeu temporaire des chromatophores, on
a observé que certaines espèces sont plus foncées la nuit que
le jour : Loligo pealei (^).
D. A côté de la couleur des téguments, il y a lieu dénoter aussi
leur odeur, certains Gastropodes émettant une odeur manifeste-
ment marquée; c'est le cas notDuiment pour Hyalhiia (Zonites)
aUiarius : or l'odeur caractéristique y varie suivant les indi-
vidus (^).
6. — TUBE DIGESTIF.
A. Amphineupes. — a) Radula. — La radule des
Mollusques est formée, comme on le sait, de dents disposées
en rangées transversales successives; chacune de celles-ci
présente de part et d'autre d'une dent médiane (parfois réduite
ou absente), un nombre plus ou moins considérable de dents
latérales. Enfin, chaque dent est le plus souvent pourvue
elle-même de (lenticules sur son bord libre.
Les caractères de cette radule et de ses dents passent générale-
ment pour tellement réguliers et constants, qu'ils sont presque
les seuls employés, avec ceux de la coquille, dans la Zoologie
systématique.
Toutefois, parmi les Aplacophores, on a constaté que la forme
des dents radulaires varie, par exemple cliez Dondersia festiva
et chez Dinomenia verrucosa (^).
(1) Veruill, Socturnnl and diurnal changes on the colours of certain fishes and
(if the squvl (Loligo», ivilh notes on their splerning habits. (Ameii. Jouun. of Sci.,
vol. m, 1897, p. 135.)
(2) Johnson, fide Moquin-Tandon, loc. cit., i. H, \). 83.
(») NiERSTHASZ, Kruppomenia und die Radula der Solenogaslren. (ZooL. Jahuu.
[Anat. und Ontog.), Bel XXI, 1905, respcclivemenl p|). 678 et 684.)
— 153 —
FiG. 97. — Acanlhochiton fascicularis , circonvolutions intestinales,
vue dorsale, montrant leurs variations dans des individus différents :
A, de Rovigo; U, de Naples; C, de Rovigo. r, rectum; st, estomac;
/ à /5, les divers tronçons successifs de l'intestin. — D'après Plate.
FiG. 98. — Mucronalia variabilis, schéma de deux individus avec
extension différente du tube digestif : A, jusqu'au delà du système
nerveux central; /?, n'atteignant pas les centres nerveux; vus du côté
gauche, a. n, anneau formé par les centres nerveux; ca. p, cavité
palléale; c. d, cœcum terminal du tube digestif; oc, œil; œ, œsophage;
p, pied; pa, manteau; t, tentacule; Ir, trompe. —D'après Schepman
et Nierstrasz.
— 154 —
De même, chez certains Chitonidae, il y a parfois variation
de la grandeur relative des denticules de la première grande
dent latérale, par exemple dans Isc/inochiton conspiciius (^).
b) Foie. — Dans Cliiton siculus, les lobes antérieurs et
moyen du foie droit sont constitués ou bien de quelques acini,
ou bien de quelques lobules réduits (^).
c) Estomac. — La paroi de l'estomac, à l'ouverture supérieure
du foie droit, présente 4 ou o plis annulaires, pouvant s'unir en
!2 plis, chez Cliiton siculus (•-).
d) Intestin. Les circonvolutions intestinales de diverses
espèces peuvent présenter des variations de nombre et de dispo-
sition ; par exemple : dans Chaetodermci uormani, l'intestin
peut être deux, trois ou plusieurs fois replié (^) ; de même une
grande variabilité des circonvolutions intestinales a été ren-
contrée dans Acanthopleura fascicularis, chez des individus de
diverses provenances ('') (fig. 97).
B. Gastropodes. — a) Forme générale. — Mucroualia
variabil s est un parasite dont l'intestin se termine en cœcum ;
cet intestin caîcal s'étend parfois jusqu'en travers du collier ner-
veux œsophagien, et d'autrefois non (fig. 98) (*^).
(1) Plate, Die Anatomie und Phylogenie der Chilonen. Teil C. (Zool. Jahrb ,
Suppl. V, 1901, p. 285.)
(2) Haller, Die Organisation der Chitonen der Adria. I. (Akb. Zool. Inst. Wien,
Bd IV, 1882, p. 27.)
(3) Hallek, loc. cit., 188t2, p. 29.
(^) Nierstrasz, Nette Solenogastren. (Zool. Jahkb. [ Anat. und O.ntog.], Bd XVIII,
1903, p. 373.)
(^) Plate, Die Anatomie und Phylogenie der Chitonen. Teil C. (Zool. Jahrb.,
Suppl. V, 1901, p. 310, pi. XIII, fig. 330, 331 et 332.)
(6) Schepman und Nieustuasz, Parasitische und Konimensalislische Mollusken
ans Holothurien. (Yoeltzkows Reise ln Ostafrica in den Jauren 1903-1906, Bd IV,
1913, p. 39o.)
— 155 —
b) Cavité buccale. — Chez Clione Umacina, les « céphalo-
cônes )) ou cônes buccaux sont normalement au nombre de trois
paires ; un certain nombre d'individus n'en montrent que deux
d'un côté, souvent parce qu'un des trois cônes était profon-
dément invaginé, et seulement un très petit nombre de fois ce
troisième cône était réellement absent. Une fois, l'un d'eux était
beaucoup plus petit que les autres (le plus ventral de gauche) ;
enfin, dans un seul individu, sur des centaines, il y avait un
quatrième cône, au côté droit, ventralement (fig. 99).
FiG. 99. — Clione Umacina, tète avec un céphalocône supplémen-
taire, vue antérieure, ce', céphalocône dorsal gauche; <'e",céplia-
locône supplémentaire droit; œ, orifice œsophagien; rd, radule
dévaginée; s. c, sac à crochets; t, tentacule droit. — Original.
Chez PlujUidia pustidosa, l'intérieur du bulbe buccal présente
sur une section transversale des replis asymétriques normale-
ment : quelques exemplaires se sont montrés symétriques à ce
point de vue (^).
c) Muscles rétracteurs du bulbe et de la trompe. — Dans
Nassa reticulata, les rubans musculaires radiaires du sommet
de la trompe s'unissent le plus fréquemment en faisceaux, par
(1) Bergh, Bidrag lit Kundskab om Phyllidierne. (Naturhist. Tidsskr., 3e série,
t. V, 1869, pi. XXI, fig. 42 à 14.)
— 156 —
nombre variable : de 4 à 0 (^). Dans la même espèce, la
musculature longitudinale de la paroi de la trompe présente
par places seulement quelques faisceaux et peut manquer tout
à fait {').
Chez Bucchuim tindatum, le rétracteur de la papille du bulbe
comprend un gros faisceau unique et plusieurs autres de nombre
variable (•').
Les muscles rétracteurs de la trompe de Doriopis gemmacen
comprennent de chaque côté 2 ou 3 faisceaux musculaires atta-
chés à la paroi du corps (^).
Les muscles rétracteurs du bulbe chez Testacella haliotideo
sont, de chaque côté, au nombre de 12 à 15, sans que ces
nombres soient absolument constants (^).
Dans [felix pomatia, les muscles protracteurs du bulbe sont
variables d'un individu à l'autre, en nombre, en grosseur et en
forme (*") et les muscles radulaires antérieurs y sont formés de
deux ou trois plans musculaires (").
d) Ventouses sur les appendices géphaliques des Pneumonoder-
MATiDAE. — Le nombre en est variable suivant les individus,
dans presque toutes les espèces : chez Dexiobranchaea ciliata,
(*) OswAi,D, Der Rûsselapparat der Prosohranchier. (Jen. Zeitschr., Bd XXVII,
t894, p. 138.)
(2) Ibid., p. 132.
(3) Amaudrut, La partie antérieure du tube digestif et la torsion chez les
Mollusques Gastéropodes. (Ann. des Sci. nat. [Zool.1, Se série, t. VII, 1898,
p. 117.)
(•*) Hancock, On the Anatoiiiy of Doridopsis. (Tuans. Linn. Soc. London, vol. XXV,
1865, p. 190.)
(^) De Lacaze-Duthiers, Histoire de la Testacelle. (Arch. Zool. Expér., 2* série,
t. X, 1888, p. 497.)
(*) Pauavicini, Ricerche anatomiche cd istologiche sut liulbo Faringo dell Hélix
pomatia. (Boli.. Mus. zool. Univ. Touino, vol. XI, 1896, pp. 18 à 41.)
(') LoiSEL, Sur l'appareil musculaire de la radule chez les Hélix. (Journ. Anat. et
Physiol., t. XXVIII, 1883, p. 570 [muscle allant de l'artère pharyngienne aux tégu-
ments, entre le grand et le petit tentacule].)
— 157 —
(Je 0 à 9 (^) ; chez D. paucidens, de 11 à 13 (^) ; chez D. polij-
cotyla, de 10 à 1-2 (').
Spongiohranchaca australis en a montré de 8 à 10 (^) ; Pneu-
monoderma mediterraneum, 6 ou 7 [^) ; P. peroni, de 80 à
100 C^) ; P. violaceiim, de 15 à i20 ( ') ; P. eurijcotylum, de 16
à 30 (S).
e) Dents des sacs a crochets. — Leur nombre varie dans
chacune des diverses espèces de Gymnosomes, et probablement
aussi chez les Aplysiens en général; ainsi, par exemple : chez
Pneumonoderma (probablement P. mediterraneum), de 100 à
130 ('■ ) ; P. pijmaeum, environ iO (^") ; Dexiobrcnic/iaea pauci-
dens, 4 à 6 (^^) ; D. polijcotijla, environ 10 {^^) ; D. ciliata, 30 à
iO (^^); D. macrocliira, de IC) à 20 (^^); Spongiobrancliaea
australis, environ 20 (^^) ; CUonopsis krohni, environ CO (^*') ;
(1) Pelseneer, Report on the l^leropoda, part I. Gymnosomala. (ZooL. Chal-
i.ENGEH ExPEuiT., pari LVlil, 1887, p. -15.)
(2) Boas, Spolia atlantica. liidraq lil Pteropndernes Morfologi og Sijstcmatik saml
til Kitndskaben om deres geografiske Udhredelse. (Vioensk. Selsk. Skr., 6 Raekke,
iialurvid. og math. Afd., IV, 1886, p. 160.)
(5) Pelseneeii, loc. cit., p. 47.
(^) Pelseneer, loc. cit., p. 19.
(S) Ibid., p. 26.
(^) Tesch, Ptcropoda. iDas Thierreich, 36 lief., 1913, p. 113.)
(') Ibid., p. 113 (d'après Kwietniewski, Conlribuzioni alla conoscenza anaUmiico-
zuologica deijli Pleropodi Gimnosomi [Ricerche Labor. Anat. Roma, vol. IX, 1903,
\i. 62J (il pourrait y en avoir jusqu'à 35, chez des individus très âgés).
(S) MiiisENUEiMEU, Pteropoda. (Wiss. Ehgebn. deutsch. Tiefsee-Expedit.,|1905,
p. ol.)
('■*) Kefersteun, Klassen und Ordnungen der Wdchthiere. (Bronin's Thierreich,
111 Bd, 2teAbth., 1862, p. 698)
(10) Tesch, loc. cit., p. 117.
(H) Kwietniewski, loc. cit., p. S6.
(12) Ibid., p. 57.
(") Boas, loc. cit., p. 160.
(*■*) Meisenheimeh, loc. cit., p. 47.
\is) Pelseneer, loc. cit., p. 20.
('6) Kwietniewski, loc. cit., p. 63.
— 158 —
fy. grandis, de 60 à 70 (^) ; Paedoclione dolfi/ormis, de 5 à
8 (^) ; Clionc limacina, de 16 à 3:2 (^) ; C. fîavescens, environ
10 (^); (J. longicaudata, environ 1:2 (^) ; Foivlerina hjorti, 13
ou 1-i (^) ; Microdonta longicoUis, environ 17 C^).
^rn<l'
/) Mandibules. — La forme, réi)aisseur et le nombre de leurs
côtes peut varier assez bien chez des individus de même taille,
dans de nombreuses espèces de Pul-
monés stylo mmatopbores. C'est le cas
notamment chez : llclix Iwrtensis et
//. nemorcdis (^) ; dans Hadra argil-
lacea, il a été observé un individu dont
la mandi!)ule était de forme très fort
arquée, retrécie au milieu et porlant des
crêtes plus nombreuses que normale-
ment ('■') (fig. 100).
Les côtes ou crêtes transversales, sépa-
rées par des sillons, sont en nombre
variable dans les diverses espèces de Helicidae, etc. : 6 à
15 dans Hélix aspe?'sa; 3 à 5 chez H. serpentina; 2 à 4
chez H. foetens; 7 à 9 chez H. fructicum et H. lineata ;
FiG. 100. — Hadra argilla-
cea, mandibule de forme
inusitée, vue antérieure.
md', contour en pointillé
d'une mandibulenormale.
— D'après Wiegmann.
(1) Boas, loc. cit., p. 169.
(*) Danfouth, a new Pteropod from New England. (Proc, Boston Soc. x^at.
HiST., vol. XXXIV, 1907, p. 2.)
(') EscHUiCHT, Anatomische Untersuchungen ïiber die Ciione borealis. Copen-
hague, 1838, p. iO.
(i) KwiETNiEWSKi, loc. cil., p. 75.
(^■) Ibid., p. 76.
('■■) BoNNEViE, Pteropoda. (Rep. Sci. Results « Michael Saus » Exped., 1910,
vol. III, pan 1, 1913. p. 78.)
C) Ibid., p. 80.
(S) Crowtheu, Molhiscan Jaws : Iheir Yarialion in Hélix nemoralis, H. hortensis
ani var. hybrida. i Science Gossip, Januaiy 1883.)
(9) Wiegmann. Beitruge ziir Anatomie der Landschnecken des Indischen Archi-
pels. (ZooL. Ergebn. einer Reise in Nieuerl. Ost-Indien Max Weber, III B(),
1 Heft, p. 173, pi. XIII, fig. 8.)
— 159 —
15 à 20 chez //. variabilis (^) ; 6 ou 7 chez Etiliadra eris (^) ;
/ï ou 5 chez Fruticocampijlaea przewaiskii (^); 4 ou 5 chez
Rliagada solorensis (*) ; des variations analoijçues ont encore été
ohservées dans Hélix arbustorum, Hyalinia lielvetica (^), Hadra
argiUacea et Ampfiidromus contrarius (^), etc. Enfin la mâchoire
de Siiccinea ovaUs est également sujette à des variations plus ou
moins marquées (~).
Il a été rencontré un Hetix aspersa tout à fait dépourvu de
mandibule et n'ayant à la place de cet organe qu'une simple
bande tégumentaire dure (^)
Dans les Pulmonés Basommatophores, il a été signalé que :
chez des Limnées, les mâchoires sont sujettes à des variations
sensibles dans la même espèce (^).
Dans les Pleurobranchidés en général, les mandibules sont
formées de multiples pièces semblables, denticulées sur leur
bord libre. Le nombre de ces dents marginales est inconstant
chez presque toutes les espèces, et peut varier d'une ou plusieurs
unités suivant les individus, ou même suivant les pièces mandi-
bulaires dans un même individu; exemples :
Pleurobranchus tubercidatus, 4 ou 5 denticules de part et
(1) Moquin-Tandon, Histoire naturelle des Mollusques terrestres et fluviatiles de
France, t. I, p. 35.
(^) VViEGMANN, Binyien-Molluskcn ans Westchina vnd Ccntralasitn. (Ann. Mus.
ZooL. Salnt-Péïersuolrg, vol. V, 1900, p. 91, pi. II, tig. 76.)
(3) lbid.,'^\.\\\, fig. 114 et 115.
(*) WiEGMANN, Beitràge zur Analomie der Landschnecken des Indischen Archipels.
(I.oc. CIT., p. 169, pi. XII, fig. 15 et 16.)
(°) Taylor, a Monograph of the Land and Freshwater Mollusca of the British
Isles, part XX, respectivement p. 420, fig. 479 et 480, et p. 464, iig. 540 à 542.)
(*<) WiEGMANN, Beitràge zur Anatomie der Landschnecken des Indischen Archipels.
(Loc. CIT., respeciivemeni p. 173 [Il à 18 crêtes] et p. 209, pi. XV, fig. 12 et 13.)
C) Walker, On the variation in the jaw of Succinea ovalis (Lansing). (Rep.
MlCHlGAN ACAD. Sci., vol. VI, 1904, p. 187.)
(8) CoLLiNGE, Abnormnl Hélix aspersa. (Journ. of Conch., vol. IV, 1885, p. 374
[ce spécimen avait d'ailleurs aussi une radule incomplètement développée].)
('•*) RoszKOWSKi, Contribution à fétude des Limnées du lac Léman. (Loc. cit.,
1914, p. 467 [confirmation de la constatation faite par Baker à ce sujet].)
— KiO —
d'autre, sur chaque pièce, le denticule médian étant quelquefois
bifurqué (*) ; Susania testudinaria, \ ou 2 denticules laté-
raux, le médian, exceptionnellement bifurqué (^) (fig. 101);
Oscanius membranaceus, 1 ou 2 denticules latéraux (^) ; Osca-
niella luguhris et 0. purpurea, 2 ou 3 (^) (fig. 102); 0. pur-
A
B
d In,
Fig. dOl. — Pleurobranckus (Susania)
tesludinarius, deux pièces mandibu-
laires : A, avec denticule médian
simple ; B, avec denticule médian
exceptionnellement bitide {d. bi). —
D'après Vayssière.
Fig. 102. — Pleurobranckus (Osca-
niella) purpureus, pièce mandibu-
laire avec un denticule supplémen-
taire (d) d'un côté. — D'après
Berijh.
piirascens, 1 ou 2 (^) ; Bertliella inoperta, 2 ou 3 (^) ; B. citrina,
0, 1 ou 2 denticules latéraux (').
Des variations des mandibules ont encore été reconnues
dans Microdonta lonijicoUis, où cet appareil peut porter
(') Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opisto-
branches du golfe de Marseille. (Ann. Mus. Mars. [Zool.], t. II, 1885, p. 128,
fig. 118d.)
(2) Vayssière, Monographie de la famille des Pleurobranchidés. (Ann. des Sci.
NAT. [Zool.], 8'' série, "i. VIII, p. 360, pi. XXIII, fig. 137.)
(5) Vayssière, loc. cit., p. 386.
(*) Bergh, Die Opisïhobranchiata derSiboga-Expedilion. (Résult. Expédit. Siboga,
part XXV, 1905, respectivement pi. XI, fig. 19 et pi. XI, fig. 25.)
(5) Ihid., pi. XI, fig. 32.
(«) Ibid., pi. XII, fig. 8.
C) Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Opistobranches de la
mer Rouge et du golfe d'Adcn (Ann. Faculté Sci. Marseille, t. XVI, fasc. II, 1906,
pi. I, fig. 13.)
— 161 —
8 ou 9 épines (^) ; chez Janiis crkiatus, où chacune des deux
mandibules présente à son bord libre de 6 à 13 denticules,
d'après les observations et les figures de divers auteurs (^).
g) Radula. — Dans une même espèce, le nombre de dents
par rangée transversale, et le nombre de ces rangées elles-mêmes
peut varier déjà suivant l'âge, notamment chez les Pulmonés,
les Opisthobranches et les Rhipidoglosses (^).
Mais pour le même âge, dans la même espèce, il y a aussi
variation du nombre et de la forme des dents, d'un individu à
un autre. On a déjà vu la chose chez les Amphineures (plus
haut, p. 152) et on la reverra pins loin chez les Céphalopodes;
mais c'est dans les Gastropodes qu'elle est le plus manifeste.
Chez ces derniers, elle porte le plus souvent sur la forme et
le nombre des denticules des dents radulaires. Et cette variation
(1) BoNNEViE, Pt'.ropoda. (Loc cit., p. 80.)
(2) Alder and Hancock, A Monograph of Ihe British Nudibranchiate Mollusca.
(Ray Society, 4851, pi. XLIII, tig. 3 [une douzaine].) — Blanchard, Recherches sur
l'organisation des Opisthobranches. (Ann. des Sci. nat , 3« série, t. XI, -1849, pi. IV,
fig. 3 [6 ou 7 dent>J.) — Sars, Mollusca regionis arcticae Norvegiae. (Univ. Progr.
Christiania, 1878, pi. XV, fig. 7 [8 denticules].) — Vayssière, Recherches zoolo-
giqres et anatomiques sur les Mollusques Opistobraiiches du golfe de Marseille,
part. II. (Ann. Mus. Marseille, t. III, 1888, p. 30, pi. VII, fig. 144 [7 ou 8].) —
Trinchese, Aeolididae e finnigiie affini. (Atti H. Accad. Lincei, 3* série, Mem. sci.
FIS. MAT. nat., vol. IX, 1882, pi. XL [6 à 9].) — Enfin, d'après mes observations
personnelles, ces dents peuvent être au nombre de 7 à 10, sans que les individus
les plus grands en possèdent le plus.
(') Par exemple, dans divers Limax et Hélix (Wiegmann, Beitrag zur Entwicke-
lungsgeschichte der Reibeplalte imd des Kiefers bel den Landschnecken [Jahrb.
Malak. Ces., Bd III, 1876, pp. 200, 203, 20,t et 211]); chez Limax campestris, Zoni-
toides arboreus, Polygyra tridentata, Patula striatella (Sterki, Growlk Changes of
the Radula in Land-Mollusks [Proc. Acad. nat. Scl Philadelphia, 1895, pp. 390
et suiv., pi. X et XI]). — Parmi les Opisthobranches : chez Haminea cornea, Aplysia
fasciata, A. depilans, Pteurobranchus (Oscanius) membranaceus, et surtout chez
Tylodina citrina (Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Mol-
lusques Opislobranches du golfe de Marseille, part. 1 [Loc. cit., respectivement
pp. 20, 63, 67, 124 et 156]); chez Ctione limacina (Pelseneer, Report on the Ptero-
poda, part I. Gymnosomata [l.,oc. cit., pp. 46 et 49]), etc.
11
— 162 —.
peut être si grande, que dans certains cas, elle rend presque
illusoire le caractère spécifique tiré de la radula.
C'est ainsi qu'un des plus expérimentés parmi les naturalistes
qui ont étudié les radules de Mollusques, le Prof' Gwatkin, a
pu écrire que : « in the Buccinidae, tlie individual variations
seems greater than the spécifie, and in huge gênera, like
Clausilia and Achatinella, the species cannot generally be
distinguished by the radula » (^). A propos des espèces océa-
niques de Littorina, il a été reconnu qu'il en est de même; et
un auteur a déclaré que : « 1 hâve examined hundreds, and can
make nothing of them, that can at ail be depended on from
their extremely variable structur )) (^) ; tandis qu'un autre
ajoute : « the variation in the radula of the Littorinae, which
I bave examined, is so great that I bave not found any constant
character separating even the three well defined species,
Littorina littorea, L. rudis and L. obtusata » (^). De même
encore dans les Hétéropodes, « la radula n'est pas utilisable
dans la systématique » (^) et « ne peut notamment pas servir
à distinguer les espèces de Pterotracliaea » (^). Enfin, même
parmi les Scaphopodes, « manche Gattungen von Denlalien
haben dieselbe radula » (^'). On verra plus loin que les dents
(*) Gwatkin, Somc Molluscan Radulae. (Joukn. of Conch., vol. XIV, 1914,
p. 143.) — Le même auteur s'exprime encore à ce sujet de la façon suivante :
« The radula varies so much in Buccinum, thaï I consider it, for that family,
worthless as a character, Ihe individual variations being greater than the spécifie »
(in Maushall, Additions to « British Conchologij » [Journ. of Conch., vol. Xill,
1911, p. 198]).
(*) Clark, A History of Ihe British marine Testaceous Mollusca. London, 1855,
p. 3S2.
(5) JoHANSEN, On the Variations observed in some Northern species of Littorina.
(Vii)ENSK. Meddel. naturhist. Foren. Kjôbenhâvn, 1901, p. 30o.)
(*) Tesch, Die Heteropoden dcr Sihog a- Expédition. (Résult. Explob. Siboga,
part LI, 1906, p. 84 )
(5) llnd., p. 86.
C^) Plate, Prinziepen der Systematik , in Abstammungslehre, Systematik,
Palâeontologie, Biogeographie (Hertwig und Wettstein) : Teil lil, abt IV, 1914,
p. 148.
— 163 —
radulaires varient 'aussi dans les Céphalopodes. Enfin, chez les
Annélides Polychètes, les appareils correspondants (dents
pharyngiennes) présentent la même remarquable variabilité (^).
Aussi a-t-on pu conclure que : « Year by year we are gaining
a greater knowledge of tlie variation in the number and arrange-
ment of the radular teeth » (^). C'est au point que des conchylio-
logistes, ravis de voir les caractères radulaires aussi inconstants,
les proclament inférieurs aux caractères de la coquille (^).
Ce manque de fixité de la radule, comme des autres caractères,
a été reconnu chez la généralité des Gastropodes :
Paludina vivipara, variation du nombre des denticules des
dents latérales (7 à 9) et marginales (10 à 12) (^).
Littorina. — Dans un même L. parva, 3 à 5 denticules à la
dent centrale; 3 à 8, suivant des spécimens différents (^). Dans
L. littorea, à la troisième dent latérale, de 4 à 7 denticules {^).
Dans L. rudis (var. tenehrosa), la variabilité va, pour la
troisième dent latérale, de 3 à 7 denticules; pour la première
latérale, de 3 à 6; pour la centrale, de 3 à 5 C). Et d'une façon
générale, dans ce genre « the number of denticles is unsuitable
tor determining the species » (^).
Naticidae. — Natica dansa, radule beaucoup plus étroite
dans les individus d'eau profonde; Lunatia pallida , 1 à3 denti-
cules aux dents latérales; Velutina velutina, 5 à 9 denticules
(*) Par exemple, chez lSe7'eis (Heffbran, Variation in the Teeth of Nereis [Biol.
BuLL.,vol. II, 1900, p. 129].)
(2) Chaster, Species and Variation. (Journ. of Gonch., vol. XII, 1907, p. 29.)
(5) M Similarity of lingual denticles should be subordinate to shell eharacters. »
(Grabau, Sludies of Gasiropoda, II. [Amer. Natur., vol. XXXVII, 1903, p. 537].)
(*) Tayi.or, a Monograph of the Land and Freshwater ilollusca of the British
Isles, vol. I, 1899, [). 26S.
(^) JoHANSEN, On the Variations observable on some Northern species of Littorina.
(ViD. Meddel. naturh. Foren. Copenhague, 1901, p. 296.)
(6) Ibid., p. 298.
(') Ibid., p. 300.
(8) Ibid., p. 305.
— 164 —
aux dents latérales; Marsenina glabra, 1 à 3 denticules, de
chaque côté, sur la dent médiane, parfois un tienticule bifide;
Oncidiopsis glacialis, dent marginale denticulée ou lisse (^).
Marsenia (Lamellaria) perspicua, dent médiane avec 5 à 8 den-
ticules de chaque côté (~).
Pedicularia sicula, dent médiane avec un nombre de denti-
cules variable de 11 à 15 (^).
Hétéropodes. — Dent centrale de Firoloides kowalevskii avec
4 à 6 petits denticules, et F. desmaresti avec 5 à 7 (^) ; variation
dans le nombre des dents palatines : 4 à gauche, 5 à droite, ou
réciproquement, chez Pterotrachaea mutabilis (^).
Volîita (yolutolyi'ia) jnusica, où la dent centrale peut pré-
senter de petits denticules supplémentaires accidentels, en plus
des 12 normaux (^).
Turriciila corrugata (de la famille des Mitridae), avec la
dent centrale à denticules variables (~).
Buccinidae et Nassidae. — La variabilité de forme des dents
radulaires paraît y atteindre son point culminant; elle s'est
révélée très fréquente dans les divers genres qui ont été
examinés ; notamment pour la dent médiane (les latérales variant
aussi et pouvant même être asymétriques). Biiccinum undatum,
avec dent médiane portant de 3 à 9 denticules et tous les inter-
(1) Odhner, Norlliern and arctic Invcrtebrata iii the Collection of the stuedish
State Muséum. VI. Prosobranchia Semiproboscidea. (K. SvEi\SKA Vetensk. Akad.
Handl., Bd L, n" 5, 1913, respectivement pp. 22, 39 et 64; pp. 53 et 74.)
(*) Bergh, in ScHi^PMAN, The Prosobranchia of the Siboga-Expedition, part I.
(Résultats des Explorations du Siboga. Monographie XLIX, la, 1908, p. 105.)
(^) Respectivement Troschel, Das Gebiss der Schnecken. Berlin, 1856; el Loven,
Malacozoologi. (Ofv. Kongl. Vet. Akad. Forhandl., 1847, pi. IV.)
(*) Vayssière, Mollusques Hétéropodes provenant des campagnes des yachts « Hi-
rondelle » et « Princesse Alice ». (Résultats Campagnes sci. Albert de Monaco,
fascicule XXVI, respectivement pp. 46 et 47.)
(S) Tesch, Die Heteropoden der Siboga-Expedition. (Résult. Explor. Siboga,
part LI, 1906, p. 88.)
(8) Fischer, Note sur l'anatomie de Voluta musica. (Journ. de Conch., t. XXVII,
1879, p. 102.)
(") Troschel, loc. cit.
— 165
A
médiaires (^j, une variation d'une à deux unités pouvant même
se rencontrer dans le même individu, avec augmentation du
nombre, d'avant en arrière. B. groeii-
landicum montre de 3 à 6 denticules
à la dent médiane (^).
Des variations de la radule ont aussi
été signalées, mais non décrites, dans
les espèces du genre Siplio (^) . D'autre
part, chez Neptunea antiqua, la dent
médiane présente de 1 à5denticulations
(fig. 108) ; chez Volutopsis norvcgicus,
4 ou 5, tandis que chez Buccinopsis
berniciensis , le nombre des denticules
de la dent latérale varie de G à \^ (^).
Dans Nassa siiiuijoi'ensis, il a été
trouvé 1 1 denticules à la dent radulaire
médiane, chez une femelle, et 14 chez
un mâle : d'où l'hypothèse émise
d'abord, que la différence était d'ordre
sexuel (^). Les autres espèces du genre Diussa montrent égale-
FiG. 103. — Neptunea antiqua,
une rangée transversale de Ja
radule de cinq individus diffé-
rents (asymétrie dans C et E.)
— D'après Lebour,
(*) Friele, Ueber die Variationen der Zahnstruclur bei dem Genus Buccinum.
(Jahrb. deutsch. Malac. Gesellsch., 1kl VI, 1879, pp. 257 et 258); et Buccinidae
of the Norwegtan N or th- Atlantic Expédition. (Nouske Nordhavns-Expedition,
vol. Vill, 1882, pi. V.) — CoLLiN, Orn Limfjordens tidligere og nuvaerende marine
Fauna. Copenhague, 1884. — Bailey, Variations in Radula. (.Iourn. of Mala-
COLOGY, vol. IV, 1895, p. 52.) — Lebour, On Variation in the Radidae of certain
Buccinidae. (Journ. of Conch., vol. XI, 1906, p. 283.) — Irving, Variation on teeth
of Whelk. (Naturalist, 1911, p. 357.)
(2) Friele, loc. cit., p. 260. — Cet auteur trouve dans les radules des Buccins,
des formes de transition enlre différentes espèces, notamment entre B. undatum
et B. groenlandicum, et même entre d'autres espèces ou prétendues espèces de
certains auteurs; il émet l'hypothèse que ces intermédiaires seraient des hybrides!
(5) Friele, loc. cit., p. 263.
{^) I.EBOUR, loc. cit., respectivement pp. 285 et 286 (la variabilité atteint 43 "/o
dans Neptunea antiqua, 50 «/o dans Buccinum undatum).
(*) Troschel, Das Gebiss der Schnecken. Berlin, t. II, 1863, p. 963. — Un nombre
pair de denticules a aussi été observé dans .V. arcularia, par Loven, Malacozoologi.
(Loc. CIT., pi. V.)
— 166
ment cette variabilité des dents radulaires et surtout de la
médiane. J'ai examiné spécialement i\. relicidata à ce point de
vue, et voici ce que j'y ai reconnu : à la dent centrale de la
radule, plus encore que dans les autres formes voisines, il y a
de grandes et fréquentes variations quant à la forme et au
nombre des denticules. La dent normale (ainsi que l'ont indiqué
Loven, Troschel et Sars) possède 1 denticule médian et 5 denti-
cules latéraux symétriques, dont les extrêmes sont plus petits que
les autres : il y a ainsi 1 1 denticules, et cela dans les deux sexes,
sur toute la longueur de la radule (une centaine de rangées).
FiG. 104. — î^assa reiiculata, dent radu-
laire centrale dépourvue de denticule
médian et présentant cinq paires de
denticules latéraux. — Original.
FiG. 105. — Nassa reticulata, dent
centrale d'une radule sans denticule
médian et à six paires de denticules
latéraux. — Original.
FiG. 106. — Natsa reticulata, dent centrale
d'une radule avec denticule médian et à six
paires de denticules latéraux. — Original.
Mais il y a des cas où s'observent seulement 40 denticules
(pas de denticule médian, et de chaque côté 5 denticules laté-
raux : fig. 104); dans d'autres individus, il existe 9 denticules :
1 denticule médian avec 4 latéraux symétriquement disposés de
chaque côté. Enfin, le nombre dépasse souvent aussi la moyenne
normale de il et atteint 12 (nombre observé bien des fois :
fig. 105) et même 13 (plus rarement : fig. 106), chaque fois
sur toute la longueur de la vadula.
— 167 —
m
IL
Le grand nombre d'individus examinés permet d'établir
qu'au point de vue du nombre des denticules, le « mode »
est supérieur à la moyenne, et que dans cette espèce il y
a une orientation vers l'augmentation du nombre des den-
ticules (pareille constatation peut se faire chez Buccinum
undatum , Neptiinea antiqua et Volutopsis norvégiens) (^).
D'autre part, dans une radule avec
9 denticules aux dents médianes de
la partie antérieure, la portion posté-
rieure de la radula offrait 10 denti-
cules sur ces mêmes dents médianes.
Et l'examen de la région moyenne a
révélé la particularité suivante : avant J
le milieu de la radula, le denticule
n)édian de la dent centrale commence
à se diviser très légèrement ; dix-huit
rangs plus loin, ce denticule est Fig. 107. — Nassa reticulata,
1 , cï j. 1 1 Li - trois dents centrales de diffé-
remplace par 2 autres, semblables a
leurs voisins, ce qui fait en tout
10 denticules. Mais sur les dix-huit
rangées intermédiaires, il y avait
toutes les transitions successives
entre i denticule indivis et 2 denti-
cules entiers égaux, c'est-à-dire que
le dixième denticule de la partie
postérieure n'apparaît pas brusquement et que la variation n'est
donc pas ici brusque et discontinue (fig. 107). Un exemple
analogue de nombre de denticules diffèrent en deux régions
différentes de la radule, avec denticule bifide dans la zone
intermédiaire, a déjà été observé dans Buccinum undatum (~) ;
rentes régions de la radula d'un
même individu, montrant la
division progressive d'un denti-
cule et la formation de deux
denticules à ses dépens : I, dans
la partieantérieure ; II, quelques
rangées plus loin; III, dix-huit
rangs plus loin en arrière. —
Original.
(1) D'après Lebour, loc. cit.
(') Frikle, Ueber die Variationen der Zahmtruclur bei dein Genus Buccinum.
(Jahrb. deutsch. Malacoz. Gesellsch., 1879, p. 258, pi. V, tig. 4.)
— 168 —
et la bifidité de denticules a encore été rencontrée chez B. pid~
cliellum (^). Ces observa-tions précises ne permettent pas
d'admettre l'explication purement théorique de l'apparition de
denticules supplémentaires par variation discontinue (^).
Cliez Fasciolaria trapeziua, les longues dents latérales sont
parfois asymétriques par le nombre de leurs denticules (^).
Chez Strombiis (jigas, les dents latérales ont de 3 à 5 denti-
cules, les marginales externes de 4 à G ('*). Terebellum siibii-
latum montre de 7 à 9 denticules à la dent médiane et des
variations analogues aux dents latérales et marginales (•^).
Les dents en forme de flèche des Pleurotoma ont aussi
été renseignées comme dépourvues de caractère spécifique
constant (*^).
Opisthobranches. — Bulla strlata, dont la dent médiane
présente de 7 à 9 denticules, ordinairement simples, mais aussi
parfois bi- ou trifurqués, et dont la première dent latérale
montre 7 ou 8 denticules (^). Chez B. cnupulla, il y a 12 ou
13 denticules sur la dent médiane [^).
Sur un individu de Scaplwuder iignarius, il a été observé à
chaque dent un prolongement latéral denticulé sur sa face
interne; sur d'autres, il a été trouvé des dents latérales rudi-
mentaires ('').
(1) Sars, Mflllusca regionis arcticae Norvegiae, pi. X, tig. 10.
(2) Bateson, Materials (or the Study of Variatmi, p. 263 (« presumably arisen
discontinuously »).
{') CooKE, Molluscs. (Cambiudge Natl'ral Histouy, vol. in, p. 2:21, fig. 121.)
(^) Derc.h, Beilràge zur Kouitniss der Strombiden, bcsonders der Gattung Tere-
bellum. (ZooL. Jahrb. [Anat. u.nd OiNTOG ], Bd Vlll, 1893, p. 334.)
(S) Bergh, loc. cit., p. 373.
/6) Friele, loc. cit., p. 263.
(') Vayssière, Recherches zoologiqiies et anatomiques sur les Mollusques Opisto-
branches du golfe de Marseille. (Ann. Mus. Marseille, t. 11, 188S, p. 16.)
(8) 'Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Opistobranchesde la
mer Rouge et du golfe d'Aden. (Anx. Faculté Sci. Marseille, t. XVI, 1906, p. l'J.)
(■^) Vayssière, Recherches anatomiques sur les Mollusques de la famille des But-
lidés. (Ann. des Sci. nat. [Zool.], 6^ série, t. IX, 1880, pp. 82 et 83.)
— 169 —
Gastropteron meckeli a les dents latérales de hauteur variable
et à nombre variable de denticules : 10 à 18 (^) ; chez G. paci-
ficum, ce nombre varie de 12 à 20, et il a été rencontré une
dent latérale à pointe bifurquée (^).
Dans Ptisanula Limnaeoides , la dent médiane peut avoir de
7 à 9 denticules (^) .
Parmi les Aplysiens, il a été signalé chez Aplysia — mais
sans nom d'espèce — une variation considérable de la radule ('*) .
Notarcluis punctatns montre à la dent médiane de 5 à 7 denti-
cules (^) ; N. indicus en a de 9 à 11 (*^).
Chez Pleurobrancliaea meckeli, la dent centrale est ordinai-
rement absente, mais parfois présente (~).
Cliromodoris runcinata, chez un individu, a montré un petit
denticule supplémentaire à la base du crochet extérieur de la
plupart des dents [^). Chez C. festiva, parmi les dents latérales,
il y a souvent des dénis irrégulières, sans denticules (•').
Ciiaque dent médiane de Nembrotlia lineolata est pourvue de
4 ou 5 denticules (^°).
(1) Bergh, Die Gatlung Gastropteron. (ZooL. Jahrb. [Anat. und Ontog.], Bd VII,
d894, p. 297.)
(2) Bergh, loc. cit , p. 305, pi. XVII, fig. 21.
(3) Odhner, Ptisanula limnaeoides, a new Arclic Opislhobranch, its Analomy mxd
Afjinilies. (Arkiv for Zool. [K. Svensk. Vetensk. Akad. Stockholm], Bd VIII, no25,
1914, p. 4.)
(*) Fide Sykes, Variation in récent MoUusca. (Proc. Malac. Soc. London, vol. VI,
1905, p. 256.)
(S) Vayssière, Recherckes zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opisto-
branches du golfe de Marseille. (Loc. cit., 1885, p. 84.)
(«) Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques Sîir les Opistobranches de la
mer Rouge et du golfe d'Aden. (Ann. Faculté Sci. Marseille, t. XVI. 4906, p. 76.)
C) Vayssière, Re'kerches zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opisto-
branches du golfe de Marseille. (Loc. cit., 1885, pp. 130 et 131.)
(8) Vayssièi'.e, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Opistobranches de la
mer Rouge et du golfe d'Aden. (Axn. Faculté Sci. Marseille, t. XX, 1912, p. 50,
pi. IV, fig. 49 bis )
{'^) Bergh, Ueber einige verkannte und neue Dorididen. (Verh. K. K. zool. bot.
Gesellsch. Wien, Bd XLIU, 1893, p. 418, pi. IV, fig. 22.)
(*") Bergh, Die Opisthobranchiata derSibog a- Expédition. (Résult. Explor. Siboga,
monogr. L, 1905, p. 200.)
— 170 -
Les dents latérales de Corambc testudinaria peuvent avoir
6 ou 7 denticules (^).
La dent médiane de Eolis papillosa peut porter de 30 à 51 den-
FiG, 108. — Eolis (Facelina) drumondi, I, une dent d'une radule normale';
II, une dent anormale d'une autre radule. — D'après Trinchese.
ticules (^). Beaucoup d'autres Éolidiens sont dans le même cas :
E. (Acolidiella) ylauca, environ 33 de chaque côté en moyenne,
ce nombre pouvant tomber à 27 (^) ; E. (Cuthona) aiirantiaca
en présente 6 à 8 (^) ; E. (Cuthona) nana, de 11 à 15 (^);
(1) Fischer, Recherches anatomigues sur tm Mollusque Nudibranche appartenant
au genre Corambe. (Bull. sci. France et Belgique, t. XXIII, 1891, p. 370.)
(2) Alder and Hancock, A Monograph of the British Nudibranchiale Mollusca.
(Ray Society, 1855, pi. XLVII [about 46J, 51 sur la figure 4.^ — Sars, Mollusca
regionis arcticae Nor-vegiae. Christiania, 1878, p. 318 (30 à 40). - Loven, loc. cit.,
pi. III, en figure 37. — Cooke, loc. cit., p. 229, fig. 134 (45).
(5) Alder and Hancock, loc. cit., pi. XLVII : environ 33 en moyenne, 28 sur la
figure 5. — Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Mollusques
Opistobranches du golfe de Marseille. (Ann. Mus. Marseille, t. III, 1888, p. 111 ;
de 27 à 30.)
{*) Alder and Hancock, loc. cit., pi. XLVII, fig. 21 : 6. — Sars, loc. cit., p. 321 :
environ 8.
(S) Hancock and Embleton, On the Anatomy of Eolis. (Ann. Mag. Nat. Hist.,
l'f série, vol. XV, pi. III, fig. 3 : 14 ou 15. — Aldeii and Hancock, loc. cit., pi. XLVIl^
fig. 17 : 11. — Sars, loc. cit., pi. XVI, fig. 9 : 13.
— 171 —
E. (Amphorina) coenilea, de 5 à 13 (*) ; E. (Amp/iorina)
olivacea, 11 à 15 (^) ; E. (Corypfiella) pellucida, de 15 à 19 (^) ;
E, (Facelina) drumondi, de 11 à 19 (^) (fig. 108).
Pleiiroplufllidia californica a des dents latérales qui peuvent
être simples, bifides ou trifides (^), P. vasconica a normalement
sur les dents latérales de 3 à 8 denticules,
et même anormalement jusqu'à 1:2 C^).
Dirona picta peut avoir de 4 à 7 den-
ticules sur la première dent latérale C).
Pulmonés. — Chez Ampliibola nux- FiG.m.-Amphibolanux-
avellana, la dent médiane n'est pas tou- avellana, dent médiane
jours 5-CUSpidée, comme il est répété de la radule, avec denti-
•" * * cules asymétriques. —
partout depuis 1878 C^); elle a souvent Original.
plus de 5 denticules : 6, 7, 9 et
jusqu'à 13! Il arrive même que certains denticules soient bifides
(fig. 109).
Les dents latérales de C/iUina dombeiji présentent normale-
ment 4 denticules dans la région intérieure de la radule, et 5 dans
(1) Vayssière, loc. cit., 1888, p. 64, pi. V, fig. 67 : 11 à 13. — Eliot, Notes on
some British Niidibranclis. (Journ. Mar. Biol. Assoc. vol. VII, 1906, p. 367, pi. XI,
fig. 17 : 5à 11.)
(2) Hancock and Embleton, loc. cit., p. 9 (about 12), pi. II, fig. 14 : 11. — Sars,
loc. cit., pi. XVI, fig. 8 : 13 ou 14.
(5) Alder and Hancock, loc. cit., pi. XLVII : 15 dans le texte, 17 sur la figure 12. —
Sars, loc. cit., pi. XVI, fig. 4 : 19.
(*) Alder and Hancock, loc. cit., dans le texte : 15. — Sars, loc. cit , pi. XVI,
fig. 4 : 19. — Trinchese, Aeolididae e famiglie a/fini. (Atti R. Accad. d. Lincei,
Se série, Mem. Sci. fis., math, e nat., vol. XI, 1882, p. 46, pi. XVIlI, fig. 6 et 7 :
11 à 14.)
(^) Bergh, Weitere Beitrâge zur Kenntniss der Pleurophyllidien. (Verh. K. K.
zooL.-BOT. Gesellsch. Wien, 1890, p. 8, pi. I, fig. 3 et 12.)
(6) CuÉNOT, Contributions à la faune du bassin d'Arcachon. VII. Pleurophylli-
diens. (Bull. Stat. Biol. Arcachon, 16e année, 1914, p. 7.)
(') 3Iac Farland, The midibranch familij Dironidae. tZoOL. Jahrb., Suppl. XV,
1 Bd, 1912, p. 524.)
(^) ScHACKO, Die Zunqenbewaffnung der Gattung Ampliibola. (Jahrb. deutsch.
Malac. Gesellsch , Bd V, 1878.)
— 17-2 ~
la région extérieure ; mais la séparation des deux régions ne se
fait pas suivant la même rangée longitudinale sur tous les indi-
vidus : sur certains il y a 5 denticules à partir de la dixième
rangée, sur d'autres seulement à partir de la vingt et unième (^).
En outre, ces nombres 4 et 5 ne sont pas constants et la variabi-
lité, dans toutes les dents latérales, va de 4 à 7, de même que
pour la dent centrale, le nombre des denticules peut être 4 ou 5 ;
les dents latérales de C. tennis portent de 4 à 8 denticules (^).
Dans les divers Limnaea [L. ovata, L. auricidaria , etc.), la
radula est un organe « variant trop chez la même espèce » pour
fournir « des caractères différentiels plus nets que ceux offerts
par la coquille » ; chez L. « ovata » (peregra), la dent centrale
peut porter 2 ou 3 cuspides (^) ; L. stagnais possède une radule
<( extrêmement variable », avec dent centrale à 1 ou 2 cuspides
et première latérale bi-, tri- ou j)luricuspidée et des anomalies
diverses (^), anomalies qui affectent de 20 à 30 7o des indi-
vidus (^) ; chez L. palustris, les dents marginales montrent un
nombre variable de cuspides [^) ; et en général les variations
individuelles sont trop considérables pour qu'une détermination
d'après la radule ait chance d'être exacte ("). Dans L. megasoma,
les dents latérales ont occasionnellement un quatrième denticule
supplémentaire; et les premières marginales ont 3, 4 ou
même 5 denticules {^).
(1) Plate, Miltlieiltmgen ilber zoologische Stitdien an der Chilenischen Kiiste.
(SiTZUNGSBER. Akad. Wiss. Berux, Bd LU, 1894, p. 1270.)
(2) Haeckel, Beùrdge zur Anatomie der Gattiing Chilina. (Zooi,. Jahrb.,
Suppl. XIII, Bd IV, 1911, pp. 107 et 108.)
{"•) RoszKowsKi, Contrihiiiion à l'étude des Limnécs du lac Léman. (Rev. suisse
ZooL., t. XXII, 1914, p. 468.)
(i) Ibid., p. 470, pi. XVI, fig. 1821.
(S) Ibid., p. 471.
(«) Ibid., p. 47-i.
C) Ibid., p. 473.
(8) Whitfield, Description o/'Lymnaea (Bulimnaea) megasoma Say, with account
of changes produced in the off'spring by un favorable conditions of life. (Buix. Amer.
Mus. Nat. HiST. New- York, vol. I, 1882, p. 31.)
- 473 —
Chez liyaimia glahra, le nombre des rangées successives et
celui des dents marginales varie suivant les diverses localités (il
est plus grand à Finchley et Beltws qu'à Anglesey et Northamp-
ton (^) . Chez H. Iielvetica, l'amplitude des variations du
nombre des rangées radulaires et du nombre de dents par
rangée est du même ordre que pour les variations des dimensions
linéaires de la coquille; il y a surtout variation de la configu-
ration de la troisième dent latérale (-) ; et suivant les localités
aussi il y a des particularités caractéristiques dans chaque cas ;
la troisième dent latérale peut offrir des cônes bifides (^). Dans
H. lîicida, il a été observé, parmi les dents latérales, une
déformation se reproduisant dans toute une rangée transver-
sale (^). De même dans Leptaxis undata, une variation consis-
tant dans le nombre différent de denticules d'une dent s'est
reproduite dans les rangées transversales successives sur toute la
longueur de la radula (^). Chez Pupa ringens, les dents radu-
laires peuvent portera ou 3 denticules C^). Dans Hélix desertortim
également, on a constaté plusieurs soudures de dents deux à
deux sur toute la longueur de la radule (^). De telles particula-
rités montrent que la variation porte d'une façon permanente
sur l'organe formateur de la radule.
Eulota spliinctostoma présente un nombre de dents par rangée
(') Moss and Boycott, Observations on the Radulae of Hyalinia draparnaldi,
cellaria, alliaria and glabra. (Journ. of Conch., vol. XII, 1908, p. ISQ.)
(2) Boycott, The radula of Hyalinia. II. Variation in the radula of Hyalinia
helveiica. (Journ. of Conch., vol. XIV, 1914, p. 236.)
(2) Boycott, The radidar characieristics o/" Hyalinia Iielvetica from différent loca-
lities. (Journ. of Conch., vol. XIV, 1915, pp. 301 et 303.)
(*) CoopER, Anormal radula of Wireu lucida. (Joukn. of Conch., vol. XIII, 1912,
p. 76.)
(3) BiNNEY, On the jaiv and lingual dentition of certain terrestrial MoUusks.
(Bur.L. Mus. CoMPAR. ZooL., vol. V, 1879, p. 537.)
(6) Moquin-Tandon, Histoire naturelle des Mollusques terrestres et fluviatiles de
France, t. II, p. 363.
C) JicKELi, Abnorme cjebildete Zungemâhne. (Nachrichtsbl. deutsch. Malkozool.
Gesellsch., 1873, p. 68.)
— 474 —
transversale différant entre individus adultes de localités diffé-
rentes (^).
Dans le genre Acavus, la variation individuelle du nombre
des dents d'une rangée transversale est commune à toutes les
espèces (^).
Le genre Lhnax a été signalé depuis longtemps comme
présentant des variations ou anomalies des dents radulaires (-*) :
ainsi, chez L. cinereus varie le nombre des denticules des dents
latérales, et chez L. marginatus varient le nombre des dents
latérales et longitudinales, ainsi que les denticules des dents
centrale et latérales (^).
Dans un individu de Urocijcius kirki, la dix-huitième dent
latérale gauche sur toute la rangée longitudinale avait le
denticule extérieur beaucoup plus développé que les dents
voisines (^).
AneiteUa berglii peut avoir 4 à 6 denticules à la dent
médiane, et Janelta scliauinslandi, 5 ou 6 à la première
latérale et de 6 à 8 aux autres dents latérales (*^). Chez
Aneitea sp., dents médiane et latérales peuvent avoir 3 ou
4 denticules (~).
(1) Jacobi, Japanische beschalte Fiilmonaten. (Joukn. Coll. of Sci. Univ. Tokyo,
vol. XII, part. I, 1898, p. 34.)
(') Randles, The Anatomy of tlie genus Acavus. (Proc. Malac. Soc. London,
vol. IV, 1900, p. 106.)
(3) Heynemann, Einige Ueinerkungen ilber Schneckenzungen, mit besonderer
Beachtung der Galtung Limax. (Malakoz. Bl^etter, Bd X, 1862, p. 208, pi. III
fig. 9, 10 et 11.)
(*) EsMARK, Bidrag lit Kvndskaben ovi Udbredelsen af Norges Land og Ferskvand
MoUuskar. (Nyt Magas. f. Naturvid., vol. XXVII, 1882, respectivement pp. 93, 9o
et 96.)
(5) Poirier, Observations anatomiques sur le genreV^voc^oXxxs. (Bull. Soc. Malacol.
France, t. IV, 1887, p. 205.)
(6) Plate, Beilrdge ZMr Analomie tmd Systematik der Janelliden. (Zool. Jahrb.
[Anat. und Onto(;.], Bd XI, 1898, respectivement pp. 241 et 242.)
(") Glamann, Anatomisch-systemalische Beilràge zur Kenntniss der Tracheopul-
monaten. (Zool. Jahrb. [Anat. UxND Ontog.], Bd XVII, 1903, pp. 737 et 738.)
— 175 —
h) Glandes salivaires. — Leur forme peut varier d'un individu
à l'autre ou même d'un côté à l'autre chez le même individu :
par exemple d^ns Ancijliis lacusti^isoii elles sont parfois doublées
sur une partie de leur longueur, confondues ou non dans leur
partie postérieure, quelquefois différentes de volume (^). La
même chose s'observe pour les glandes salivaires annexes de
Murex truncuius, où elles peuvent être ovoïdes ou allongées et
également différer extérieurement de l'un à l'autre côté sur le
même spécimen (^).
Le canal central des glandes salivaires de Atlanta peroni
présente dans l'intérieur de la partie sécrétante de nombreuses
petites cavités variant de 8 à lo (^).
Les glandes salivaires de Bulla (Haminea) lujdatis se ter-
minent postérieurement par un élargissement de forme variable,
parfois bifurqué, et se soudant souvent sur une certaine longueur
à l'organe symétrique (^).
Chez SpuriUa neapolitana, certains individus ont le conduit
salivaire court et la glande immédiatement élargie au delà du
système nerveux; d'autres ont la glande en forme de tube
extraordinairement fin jusqu'à l'estomac, où commence seule-
ment l'élargissement (^).
i) (BsoPHAGE. — Il est pourvu chez Nassa reticidata de
multiples plis longitudinaux, variables, dont les deux latéraux
(1) André, Contribution à l'anatomie et à la physiologie des Ancylus lacustris et
fluviatilis (R.EV. suisse Zool., t. I, 1893, p. 442.)
(2) Bouvier, Observations unatoniiques et systématiques sur quelques familles
de Mollusques Prosobranches Sténoglosses. (Bull. Soc. JIalacol. France, 1888,
p. 2S4.)
(3) Gegenbaur, Untersuchungen iiher Pteropoden und Heteropoden. Leipzig, 1855,
p. 114.
{*) CuviER, Mémoire sur les Acérés ou Gastéropodes sans tentacules apparents.
(Ann. Mus. Paris, t. XVI, 1811, pi. II, fig. 14.) — Vayssière, Recherches unato-
niiques sur les Mollusques de la famille des Bullidés. (Loc. cit., p. 87.)
(S) Brygider, Ueber die mikroskopische Bau der Speickeldrilsen bel der NudÂj;^
branchier. (Zeitschrift f. wiss. Zool., Bd CX, 1914, p. 385.)
t\a
— 176 —
sont les plus constants (^). La face inférieure de l'œsophage
présente 4 ou 5 boursouflures chez Cassidaria tyrrliena et
de 10 à 12 chez C. echinopliora (^').
j) Estomac et plaques stomacales. — Dans un individu de
Nanina iiemorcnsis, l'estomac était de forme anormale : élargi
en arrière (au lieu de l'être en avant) (-').
L'estomac de Doris tiiberculata a sa paroi intérieure plus ou
moins lamelleuse; cette lamellation varie beaucoup dans les
divers individus; parfois la paroi est même entièrement lisse ('*).
Melongena melongena possède un nombre variable de plaques
stomacales (^). Mais ce sont surtout les Opisthobranches qui
montrent une grande variabilité à ce point de vue : chez
Scapliander lignarius, la plus petite des trois plaques stomacales
est parfois divisée transversalement en deux parties distinctes (^).
Le nombre des plaques stomacales de Aceim bullata varie
de 12 à 16 et même davantage C^).
Aplysia pimctata montre une variété de forme et de
nombre des dents stomacales (^). Chez A. scripta, il y a
de 12 à 14 grandes dents (^). Chez DolabeUa rumplii, les pièces
(*) OswALD, Der Riisselapparat der Prosobranchier. (Jen. Zeitschr., Bd XXVII,
1894, p. 436.)
(') Amaudrut, La partie antérieure du tube digestif et la torsion chez les Mol-
lusques Gastéropodes. (Ann. Sci. nat. [Zool ], %<" série, t. VII, Î898, p. 223.)
(') WiEGMANN, Beitrâge zur Anatomie der Landschnecken des Indischen-Archipels
(in WEBER'sZooL.EaGEBN. REiSENiEDERL.0sT-lND.,BdIII,1893,p.l26, pi. X, fie; 5).
(*) Eliot, Part VIII (Supplem.) de Alder and Hancock, A Monograph of the
British Nudibrarxhiate MoUusca, 1910, p. 39.
(^) Van Stone, Some Points in the Anatomy of Melongena melongena. (Journ.
LiNN. Soc. LONDON [ZooL.], vol. XXIV, 1893, p. 370, pi. XXVIII, fig. 3 et 4.)
(6) Vayssière, Recherches zoologiqnes et anatomiques sur les Mollusques Opisto-
branches du golfe de Marseille. (Loc. cit., 1885, p. 28.)
(") Sars, MoUusca regionis arcticae Norvegiae, p. 281 : 12 à 14; 16 ou plus, sur
des spécimens de Naples, que j'ai examinés.
(8) Mazzarei.li, Monografta délie .Aplysiidae del Golfo di Napnli. (Mem. Soc. ital.
D. Sa., 3« série, 1893, t. IX, p. 76.)
(8) Bergh, Die Opislhobranchiata der Siboga-Expeiition. (Loc. cit., p. 5.)
— 177 —
^Ili gésier sont ronnc'es de ;> el le plus souvenl de i ou 5 dents
soudées ensemble (^). De même, Aclesia freeri possède de
jurandes plaques stomacales en nombre variable (environ 10) et de
petites plaques antérieures dont le nombre oscille de 9 à 11 (^).
Cynibiiliopsis calccola présente, outre 5 plaques stomacales
régulières, d'autres plaques inconstantes dans leur forme et leur
position (2).
Le nombre des dents stomacales de Mariotiia hlainvUleaua
varie de Ai) à 77 ('); cbez ScijUdea peUujka. au moins de
12 à 17 (■') ; cbez Mdibc pajyillosa, de 19 à 27 (") ; cbez iUn-nclia
ffir/itata, il y a 14 ou l^i rangées d'épines stomacales (').
Une glande indéleiminée se trouve cbez Neridnn jluviaiilis,
sous l'estomac, près du tube digestif qu'elle entoure partielle-
ment; chez certains inifivicbis, elle n'existe que près (bi cardia;
dans d'autres, elle est uième invisible {^).
(') AiMAUDRiJT, Sur le système nerveux de la Dolabella Kiiniphii. (Bi'U,. Soc. Phi-
i.oMATH. Paris, séance du d3 iovrier 1886, p. 7 du lire à part.)
[-) (tRiffin, Anatoiny ol Aclesin irecri !Seiv Species. (Phh.ipimnk .Ioirn. of Sri.
(Section />), vol. VII, 19d2, p. 76.)
(5) Peck, On the Anatomy and Hisloloyy o/" Cymbuliopsis calceoia. (Stud. Iîiol.
r.ABOR. JOIINS HOPKINS Un'iv., vol. IV, 1890, p. 7,)
{*) Vayssière, Description du Mai'ionia Bergliii. (Journ. de (Ionch., 3'' séiie,
t. XIX, 4879, p. 114: 40 dents. ) — rii dénis sur un individu que j'ai examiné. — 44, 74
et 77 sur divers spécimens disséqués par Bergii {Beitrag ziir einer Monographie der
Gnttung Marionia Vayss. [Mitth. Zool. Stat. Neapel, Bd IV, 1883, p. 325]); il y en a
de 44 à 77 cliez M. quadrilaiera. (Ber(;h, loc. cit., p. 314.)
(S) Cuvier, Mémoire sur la Scyllée, VEolide cl le Glaucus. (.Ann. Mus. Paris, i. VI,
1803, p. 426 : 12 dents.) — 14 dénis : Bergii, Report on the Nudibranclis. (Zooi,.
Chall. Exped., vol. X, p. 33.) — 16 dents : spécimen que j'ai examiné. — 17 dents :
Alder and Hancock, A Mortogrnpit of the British Nudibranchiate Mollnscs. (|,oc..
CIT., fasc. 2, pi. V, tig. oh.)
(«) Bergh, Beitrag zur Kenntniss der Cntlung Melibe. (Zeitscur. wiss. Zooi,.,
Bd XLI, 1885.)
(■) Vayssière, Becherches zoologiqucs et anatomiques sur les Opislohranches de la
mer Rouge et du golfe d'Aden. (Ann. Faculté Sci. Marseille, t. XX [supplément].
1912, p. 96.)
(8) Claparède. Anatomie und Ejatwicklungsgesckichte der Neritina iUivialilis.
(Arch. F. Anat. Ui\d Physiol., 1857, p. 172.) — Les auteurs subséquents n'ont plus
-^tudié ni signalé cet appareil!
12
— 178 —
k) CoNDiiTS ET oHiFicES iiÉPAïiyLES . — l.e loJ)e droit du
l'oie de Haiwth hilx'tculatu possède G on 7 orifices dans
F este mac (^).
Cifprctea (esluiliuuria a iiioiiln'', sui' un sjtécimen, un
second canal Iiêpaticjue Irrs i^rêle (|ui n'existe pas clie/. les
autres (-).
Le nomlue des orifices hépaticpu'S de Gastropteron incrlu'it
varie de 4 à 7 (^).
Les multiples orifices iu-paticpies {\e<. diverses espèces
d'Aplysiens sont, dans ciiacune d'elles, en nond)re inconstant.
De même, chez J^obif/cr plnUpjn (ou /.. scrradif'aUï), leur
nombre varie de S à 10 ('i, el chez ÏMpliocercus sicholdi, il (■■>i
de -2 ou 8 (•"').
(Àjmbulia peroni montre de lî à 0 conduits hépatiques {^).
Parmi les Nudibranches, on trouve encore des exemples de
variations dans le t'oie ou ses rainitications : chez Eolis papil-
losa, les branches du foie ramifié sont rarement identiques dans
deux individus et ne sont pas toujours symétriques (') : chez
Devth'otinliis arhorescens, les individus observés aux environs
(1) Wegmanx, Conlribi/ lions à l'hislcire imlurcUc des Halwtides. (Aucii. Zooi..
EXPÉR., 2e série, t. tl. 1884. p. 3H.)
(2) Haller, Die Morphologie der Prosobranchier, tjesammcU auf einer Erdumseije-
lung durch die kënigl. ilalienische Korvetta « VeUor Pisani ». (Morpiiol. Jaiirb..
Bd XVI, 1889, p. 284.)
(5) Vayssièue, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Mollvsqnes de la
famille des BiiUidés. (Loc. cit., p. 28 : 10 orifices ao moins.) — Bergh. Die Gattiuig
Gastropteron. (Zool. .Iaiird. [Anat. r.ND Ontoc..], Bd VII. 1893, p. 2<J8 : 4 ;i
7 orifices.)
(■') AIazzarei.li, Ricerche sulla Morloloiiia délie Oxijnoeidae. (Mem. Soc. itai..
D. Sci., 3e série, t. iX, 1892, p. 9.)
(^) SoULEYET, Observations sur les gettres Lopliocercus (■/ Lobiger. (.Ioir.n. de
CONCH., t. 1, 1850, p. 230.)
C») GE(iENBAUR, Unlersiichungen iiber Pteropoden und Heleropoden. Leipzig, ISoo.
p. 48.
(') HAxNcock and Emiîi.etox, On ike Anatonnj ôf Eolis, a genus of Mollusks of tlw
Order Nudibranchiala. (Aa.n. Mag. Xat. Hist., l'e séi'ie, vol. XV, 1845 p. 78. j
— 179 —
(lie Liverpool — conlraireuient à ceux qui ont été examinés
ailleurs — n'ont pas montré de caecums hépatiques dans les
appendices dorsaux (\).
/) C.*:cuM INTESTINAL. — Lc ca^cuui spirale de Haliotis tuber-
eulaia présente de petites difïei'ences d'un individu à un autre,
comme on peut s'en rendre compte d'après les ligures de
différents auteurs (^
m) Intestin et annexes. — Le parcours du canal intestinal est
parfois inconstant dans une même espèce, comme dans certains
Amphineures et Céphalopodes; ainsi chez Crepidula adolphei.
dans bien des individus, l'anse qui join'. la deuxième et la
troisième portion de l'intestin, passe tout à fait en dehors et à
droite du rein, tandis que dans d'autres elle passe au-dessus du
coin droit de cet organe ('^j.
L'exemplaire de Avion simrotlii à manteau en hosse saillante
(fig. il) était pourvu d'un intestin tout à fait irrégulier, faisant
suite à un long estomac en forme d'S; cet intestin faisait toute
une série de circonvolutions différentes de la disposition
normale (^).
Dans un Eolis coronata, le tube digestif était divisé en trois
tronçons séparés : l'intestin, le foie et l'œsophage, et ce dernier
s'ouvrait librement au dehors par une sorte d'anus secondaire
(*) Herdman, On the structure and Functions of the Cerata or Dorsal Papillae in
some Nudibranckiate Mollusca. (Quart. .Iourn. Micr. Sci., vol. XXXI, 1881, p. 47,
pi. VIII, fig. 17.) — S'agirait-il d'une race particulière ?
(2) Wegmann, Contributions à l'histoire naturelle des Haliotides. (Loc. cit.,
pi. XV, fig. 2.) — Fleure, Zur Anatomie und Phylogenie von Haliotis. (Jen.
Zeitschr., Bd XXXIX, 1904, pi. XI, fig. 11.)
(*) Plate, Mittheilungen ilber zoologische Studien an der chilenischen Kiiste.
(SiTzu.vGSBER. Akad. wiss. Berlin, Bd XL, 1894, p. 1073.)
(*) SiMROTH, Ueber zwei seltene Missbildungen an Nacktschnecken. (Zeitschr.
vvTSS. ZooL., Bd LXXXII, 1905, pi. XXIX, fig. 15.)
— 18(1 —
•accessoire contractile. Cette disposition était due à la présence
d'un Copépode païasite, du genre Sjdmulmotroptis, qui avait
envaîii notamment toute la place occupée normalement pai
l'estomac (^).
Le caecum intestinal de certains {Limcn Lelimannia , etc.) est
sujet à variation dans une uiême espèce : par exemple, chez
Limaj flaviis, il est de longueur variable suivant les divers
individus (-) ; chez Aiion empiriconnn , il y en a de position
variable : il sort de l'intestin environ entre la première et la
deuxième circonvolution, uiais aussi plusieurs l'ois entre la
deuxième et la troisième (').
n) Mésentèkes viscéraux. — Le parcours de ces mésentères
présente des variations individuelles dans divers Gastropodes,
par exemple chez certains Helli et Limaœ (^).
/>. Scaphopodes. — Les lobes tentaculit'ormes buccaux
sont en nombre variable chez Dentaiuun tarcntinnm : de
8 à 10 (^).
La pocbe k stomacale » est d'aspect inconstant, parfois
cordit'oruie, chez D. tarentinum (*^) ; cliacun des organes
(^) Fei,seiNEEr, lieclterches sur divers Opislholir anches. (Loc. cit., pi. XV, (ig. 128.)
(2) Babor. Dopinky k znamostem 0 Ceskych Siimacich. (Vestn. Kral. Ceské
Spolecnosti. Mauk, -1894. p. 21 [PragueJ.)
('') ScHAPiRO, Ueber Ursache imd Ziverk des Herniaphroditlsmus, seine Bezie-
hunijen zum Lebensdauer intd Variation, mit hesonderer Beriïcksichtigung einiger
yacklschnecken. (Biol. Centr.\lbi... Bel XXII, 1902, p. 143.)
(*) Creighion, Hlicroscopic Researckes on Glycogen. Part II. Glycoqen of Snails
n morpkological. correspondance witli thc Ly)nph System of Vertebrala. London,
1899.
(^) Clark, A Hisiory of the British marine Tcstaceous Mollusca. London, 1855,
p. 227. — Huit « en général », d'après Lacaze-Duthiers, Histoire de l'organisation
et du développemrni du Denlalc. (Ann. Sci. nai'. IZooi..], If ?érie, t. VI, 185(5,
p. 239.)
(") Lacaze-Duthier.s, toc. cil., p. 266.
— 181 —
hépatiques y comprend G, 7 ou 8 lobes ou i;roupes de culs-de-
sac (^).
Dans Siplwnodcnialiiim tofolense, le nombre des lobules du
l'oie est d'environ 10; dans S. affine, de 10 à 12; dans S. suh-
l'us'iforme, de 6 à 10 (~).
D. Lamellibranches. — La glande prébuccale « de
Poli ». située au dos de l'ouverture buccale chez les Piruia, est
|>artbis bilobée dans P. itohilis (').
Les palpes labiales ont été trouvées absentes dans un spécimen
de Tellina iucarnata ('}.
La cavité œsophagienne des iNuculidae est (hvisée par deux
jtaires de bourrelets ciliés longitudinaux; dans un individu de
Leda commutata , les deux bourrelets d'un côté étaient tellement
éloignés l'un de l'autre (jue leurs cils respectifs n'ajrivaient pas
en contact (').
Dans plusieurs espèces de divers genres, on trouve des cas
individuels où l'estomac est plus étendu d'un côté que de l'autre
dans la masse viscérale (*'). (]hez iSuciUa delp/iinodonta , il arrive
souvent qu'un sillon extérieur, plus ou uioins uiarqué, divise
l'estomac en deux portions : ventrale et dorsale (').
Le nombre des orifices hépatiques est souvent inconstant,
(*) LACAZE-DliTHIERS, loc. Cit., p. 'ili.
(2) Sars, Malacozoolof/iske lagttaqeLser. (Viu. Selsk. Foriiandl.. 1865, respec-
tivement pp. 297, 300 et, 304.)
(5) Stenta, Ueber ein drusUjes Organ der Pinna. (Arb. Zool. I.nst. Wien, Bel XVI,
dOOe, p. 414.)
(*j Sykes, Variation in récent Mollusca. (Proc. Malacol. vSoc. London, vol. VI,
1905, p. 257.)
(2) Stempeij., Beitrdye '^ur litmntniss der JSi/cididen. (Zooi,. Jahrb. [Anat. iind
ONTOG.j, Suppl. Bd IV, 1898, p. 384.)
{*') Keli.og. a Contribution to our Knowledge of tlie Morpholoçiy of Lamellibran-
cliiale Molliisks. (Bull. U. States Fish. Comm., 4890, p. 402.^
(') Drew, The Life-Hislonj of Nucula delphinodonta. fOiiAivr. .Iourn. Micr. Sci.,
vol. XLIV, 1901, p. 352.)
182
par exemple chez Mytilus edulis ((laUoprovincialis), oii il varie
de11àl3(').
Le ciecuni stomacal varie de l'orme, suivant les individus, par
exemple chez Modiolarca (Pliaseolicama) magellanica (-).
Dans une même espèce, d'un individu à l'autre (Unionidae),
on a ohservé des variations du stylet cristallin; mais ces
variations paraissent dues à des états successifs du fonction-
nement physiologique.
Quant aux rapports de l'intestin avec le cœur, un individu de
Modiola wntsoni avait — contrairement à la disposition normale
— le ventricule tout à tait dorsal au rectum ('').
Pour ce (pii concerne la terminaison postérieure du tube
(hgestif, dans un Anodonta ciif/naea, l'intestin était terminé
iuniiédiatemenl en arrière du péricarde, sans atteindre jusqu'à
l'adducteur postérieur (^); et chez un .4. cellensis, l'anus se
trouvait en avant de l'adducteur postérieur au lieu d'être en
arrière de celui-ci ('').
E. Céphalopodes. — a) Hadula. — On remarque chez
eux une tendance générale des dents correspondantes de chaque
rangée (et spécialement de la médiane) à varier légèrement d'une
façon cyclique après cinq ou six rangs (*'). La dent centrale des
Octopodes varie surtout par le nombre de ses denticules et elle
uiontre même assez rré(|uemment une asymétrie marquée dans
{*) List, Die Uytiliden. (Faina l'ND Flora dks Golfes von Neapel, Monogr. XXVIl ,
1902, p. 263.)
'-) IdEi.. IJebef die Analomie von Pliaseolicama magellanica Roi/sseau. (Zom..
.Iahrb. [Anat. liND Ontog.J, Bel XXVI, 1908, p. 11.)
(5) Pelseneer, Les Lamellibyanches de l'Expédition du Silwçja, partie anatomique.
(Luc. CIT., 1911. p. 17.)
(*) ScHAEUBLE. Eine Abnnrmitiit am bartnkanal von Anodonta eygnea. (.Iahresh.
Vkr. Vaterl. Mat. Wï'rttemi!Erg, Jahrg. LXIX. 1913, p. 204.)
(•) Spliti'stoesser, Abnonnitdlen dcr Organisation von Anodonta cellensis.
(ZoOL. An/., Bd XXXIX. 1912, pp. 413 cl 419.)
('') HoYi.K, Hepori on tl>e Cephaiopodo . (Zooi.. Ch.xllenc.er Kvi'KDIT., part XLIV,
1886. p. 54.)
\H'4
la ludiile (lu inèine individu, par exemple dans Octopiis icliuel-
rltKs, (). Iiorsti, (ï. imsilliis, (K scitiiitzi (^), ainsi que dans
EU'done cirrosa [^) el hJ. ))i(jra (").
Fi(,. 110. — Opisthnfeuthis deptyssa, iiilesliii de deux individus difterents.
a. anus; /, intestin; p. pylore. — D'après Meyei-.
h) Intestin, — Le nombre el Falluie des anses en varient
suivant les individus, par exemple chez Opislholeuîlùs depres-
sa (') (fig. HO).
7.
SYSTEME CIRCULATOIRE.
A. Amphineures. — a) Cœuk. — Chez Rliopulomenia
iiulica, parmi les Aplacophores, le cœur n'est pas toujours
attaché à la paroi dorsale du ()éricarde
(1) llespectivemenl : Huvi.i':, The (lepluilopoda of tke ScoilLsh naiional antarclic
Expédition. (TiuNs. Kov. Soc. Edinburi.h, vol. XLVIII, part II, 4942, p. 279,
Ijo-, ^5.) _ llovf^K, The Marine t'auna of Zan:iiliar and Easl Africa. Tke Cephalopoda.
fPRO<;. Zooi.. Soc. LoNDo.x. 1907, p. 452. fig. 129.) — Hoyle, Report on the Cephalo-
poda (Alhatross). (But.!,. Mus. CoMi>. Zooi.., vol. XLllI, 1904, pi. VI, tig. i.) —
Hoyle, MoUusca : Cepludopoda (in Schui.tzi;. Zooi,. uno .-^NïHii. Ergebn. Forschungs-
RKlSi: IN W. UND Z. SuDAFRIKAj, 1910, p. 261, fig. 1.
(2) Gravely, yoles on tlie Spawiiinn of Eledonc and on the Occurrence of Eledone
ivilh the Ruchers in Douille Rows. (Mem. Litt. Soc. Manchester, vol. LUI. 1909,
pi. I, tig. :').)
(3) HOYI.E, loC. cit. (ScHLil.TZE's SUDAI' KIKA). p. 263, fig. 2.
{'} Meyer. DieAnalomie von Opisihoteuthis depressa (Ijima und Ikedaj. (Zeitschr.
wiss. Zooi... Bd LXXXV. 1906, p. 208.)
(•") Nierstrasz, Das Herz der Solenoi/astren. (Verh, K. Akad. Wetensch. Amster-
dam (2e sect.), Deel X, n" 2, 1903, pp. 17 el 18.;
— 18i —
Asyiuéli'io de position <Iaiis les coiiiimiuicaLions auiiculo-
venli'iculaires des Polyplacopliores : cette variation a été
rencontrée assez soiivenl, par exemple dans Acnnllioplvuru
(jranulatn, où une fois la deuxième communication de droite
était beaucoup plus en avant (|ue la i;auche (^), et la même
variation a été observée une t'ois dans (Jiitou magnificus (-).
tandis que d'autres anomalies analogues ont été constatées dans
Tonicin liueointn, CIthon cnmivgsi, C (jranosus, C. harnesi.
Cdllochilou jnniiccu.s et Crijplochiton ocidalus (').
Variation du nombie des counnunicalions auriculo-ventri-
culaires des Polyplacoplior;i : normalement paires et symé-
Iriques. elles perdent parfois leur symétrie, non seulement dans
leur position (voir ci-dessus), mais aussi dans leui" nombre ; elles
sont alors impaires, avec une communication eji plus ou rw
moins (jue normalement à l'une ou I autre des paires posté-
rieures, ou bien demeurer paiies, avec une connnunication en
plus ou en moins de cbaque côté; exemj)le : Cliilon goodali
peut présenter, suivant les individus, 4, 5, 6, 7 ou 8 oritices (^) ;
Acantlioplrunt «/raiudata, cbe/ un spécimen, >> d'un coteau lieu
de "2 (•'); Mopalia fcossnesscuskii, :2 d'un c(>té et >> de l'autre, au
lieu «l'une seule de cbaque côté ('') (tii>. III); Horcochilon
IwcntNs, sur deux individus, :2 paires au lieu d'une seule ("i;
C) l^ELSENEKK. Hecltcrclics inorplwloghjiies et. iikj/logt'.iu'tiqi/es sur les MollusqKe'--
archaïques. (Mém. r.oiu. Acao. Bei.g., t. I.VII. 1899, pi. VI, tij;. ."iS.i
(2) Plate, Die Anatomic und Phijlogeiiie der CMlonen, Tiieil I!. (/.(loi.. .Iahkb..
Suppl. Bd IV, 1899, it. 178.)
(ï) Plate, ibid., Theil C (Loc. «;it., Suppl. Bd V, VM. p. 482.;
(•') Haller. Hcitriige xnr Ketinhnss der Plurophorcn. iMorph. .Iaiirii., Hd XXI.
1894, p. 30.) — Pr.ATE, loc. cit., Theil lî, |>. (j<S, lU Tlieil C, p. i8l. — iNiersiisas'/.
Hemarks nn ihe Chitonidac. (TvDsr.HR. n. .Ned. Dierk. Vereen.. 'i'^ série. Ilcel X.
1906, p. 161. pi. m. fil,^ 29.)
(^) Pelseneer. Herherrhes nwrphohniqiies sur les Mnlliisijttes archaïques. (Loi'.
CIT., p. 46.)
(«) IhU.. [t. 16, pi. M, lii,^o4.
(') ïhid., p. 16. noie 6.
— 185 —
ToniceUa marnwrea, deux exemplaires avec une eomnuinicalion
supplémentaire postérieure d'un coté (^) ; Cniptoptax iUdio-
neltus) larvaejormis. avec 3 communications au lieu de :2 (^) ;
une seule à gauche, où la postérieure manquait, dans un Plaxi-
phora simp/ex (') (tig. 112); un individu de ischnocfiiton
pecfiiiatKS n'avait que la paire antérieure de counnunications,
v-t.
VIII
FiG. li 1 . — Mopalia wossnessenskii,
cœur vu dorsalemenl. aur. oreilleUe;
o", orifice auriciilo-ventiiculaire pos-
térieur gauclie supplrmeniaire; pa,
manteau ; ve, ventricule ; VI, VIII,
place des sixième et huitième valves.
D'après Pelseneer (1899).
VIII
Fie. 112. — yiaxlplwm. simplex. cœur
vu dorsalement. aar, oreillette; o',
orifice aurirulo-ventriculaire posté-
rieur droit supplémentaire; Vî, Vlll,
place des sixième et huitième valves.
— D'après Pelseneer (1899).
au lieu de 2 paires normales (^) ; chez un Cliiton suhf'uscus, la
communication postérieure de droite faisait délaul (•').
Sont aussi variahles le nombre et la position des ouvertures
du sinus branchial afterant dans les oreillettes; non seulement
les orilices dits « inconstants » (par exemple Àcanthop/enra
eclùnata, Tonicia chilerisis, Chhon magnifieiis (''), mais les
(1) Plate, Inc. cit., Theil C, p. i82.
{-) Gar]S'ER, Malacologtcal .\otes. (Ann. Mag. Nat. Hist.. 4'' sci-ie. vol. XI\. 1877,
p. 3T1.)
(5) Pei.senekr. loc. cit., p. 16. i»l. VI, iig. 55.
(t) Ibid., p. 17, note 1.
(3) Plate, loc. cit., Theil C. p. 482.
(«) Piespeclivement : Plate, loc. cit., Theil A, p. 109. pi. VI. Iig. 46, et pi. VIII,
fig. 75. — Idem, iind.. Theil A. p. 173. — Idem, ibid.. Theil B, ni. il. tig. 178.
186
oiilices atriaux « constants » : ïjepidoplcurus arciicus (^)
(iig. 113), Chiton cliierchiae (-).
Entre la pointe postérieure du ventricule et le canal postérieur
de jonction des oreillettes, il existe chez certains individus une
traînée conjonctive d'union, par exemple dans certains spécimens
(le Chiton umgmficus, C. cumingsi, C. granosus (^).
Les appendices saillants à la naissance de l'aorte sont souvent
asymétriques et ne sont d'ailleurs constants dans aucune espèce :
exeniiple chez C. magnificiis et suitout Tonicella maimorcu ('').
OUA.
"k;. 113. — LepidopleuriLs arciicus,
cœur vu dorsalement, montrant ;i
(irt>ite un orifice du sinus branchial
dans l'oreillette, manquant à gauche.
au. oreillette; vc. ventricule. —
O'apn's Pelseneer (1899).
oaaa.
FiG. 114. — Stenogyra octona, cœur
avec oreillette brusquement rétrécie
sur la moitié postérieure de sa lon-
gueur, ai/, oreillette: ve, ventricule.
— D'après Wiegmann.
h) Artères. — Dans les t'emelles de Cliilon )nagmjicus, les
artères génitales sont tantôt en un rang, tantôt en deux (■');
dans la même espèce, les artères dorsales naissant directement
du ventricule varient de nombre et de grosseur suivant les
exemplaires et sont même parfois asymétriques ('').Dans Crifpîo-
chiton stelloi, les artères intersegmentaires naissent parfois
unies et le plus souvent par paires (*).
C) Pelsenekr. lac. cil., p. 17, |)1. V. tig. 49.
(-) NiERSTRASZ, Remarks on the Chitonidae. (Loc. cit., |i. 161. pi. III, Iig. 30.)
("•) Plate, loc. cit., Theil C, p. 478.
(M Pu\TE, loc. cit., respectivement Theil B, pi. III. fi^. 178. el Theil B. pi. VIII,
iig. 245.
(^) Plate, loc. cit., Theil C, p. 48S.
(••) Plate, loc cit.. Theil B, p. 46, pi. Ill, Iig. 178.
'.') Heath, The excrelory and circulalory Systems of Cryptochilon stelleri Midd.
(BiOL. Bull., vol. IX. 1905, p. 218.)
— 187 —
B. Gastropodes. — a) (^œur. — Un Firoloides kowu-
levsliyi a été trouvé dont le cœur était dépourvu d'oreillette (V;.
Dans unStenoç/fira of/o7?rt, l'oreillette était hrusquement rétré-
cie sur la moitié de sa longueur, vers le ventricule (^) (tig. 114).
Chez plusieurs Gastropodes, on a observé un anévrisme du
ventricule; par exemple, chez Cifpraea teslndinaria (^'), chez
une espèce de Voiuta ('), puis dans VlcuropliifUid'ia piistulosa (■')
et Glauciis atlanticus (
h) Artères. — Le rein gauche de Ualioth luhcrculata peut
recevoir un ou deux vaisseaux atïerants, ou bien pas du tout (M.
Dans ÏÀUorina liuorea. le vaisseau principal du rein peut offrir
comme variation individuelle un développement exagéié de la
couche musculaire {■"). Les vaisseaux irrigiiani le rein et partant
du sinus abdominal antérieur chez Bucciuuni niidalnm sont en
nombre variable : une dizaine environ (').
Aplijsid depilans montre des variations individuelles dans les
ramifications de l'artère gastrique sur les parois de l'œso-
phage (*^^).
Dans Aciesid frecn, un spécimen avait de cliaipie côté, à la
(••) Tesch, fHe HL'teropofknlderlSihoyu-E.ipi'dil ion , p. 9i,
(^) WiEGMANN. BeitrcUie x-iir AnaLomie der Landsclinecken des htdisckeii Archipels
(in Weijer's Zooi,. Ergebn. Heise Niedeiîi.. Ost-I.ndie, Bd ill. 1893, p. 214, pi. XV,
tig. 26).
{■') H ALLER, Die Morphologie der Prosohranchier, yesaininelt auf einer Erdumsege-
limg durcit, die Lônigl. italienische Korvetle « \cltor Pisani ». (i\Iori'H. .Iahrb.,
Bd XVI, 1889, p. 291. pi. X, tig. 24 [cet anévrisme est décrit comme une « oreillette
droite »'.].)
('') Bergh, Malacûlogische Vnlersuchungen !in Seaii'Eu's Keisex ivi Archipel der
Philipi'Lnen. 6^ Theil, A liefer., 1908)/
(■' et *"') Bergh, Hidrag lil en Monographi uf Pleurophi/Uidiertie. (Naturhlst.
TmssKR. Copenhague, 3<^ série, t. 1, 1866, p. 329, pi. Vlll, fig. 9.)
(") Perrier, Hecherdu's sur ranatomie et l'histologie du rein des Gastéropodes
Prosobranches. (An.n. Sci. nat. |Zool.|, 7^ série, t. VIII. 1889, ft. 108.)
(«) Ilnd., p. 188.
(•') Ibid., p. 252.
('") Mazzareixi, Monographia délie Aplujsiidae del Golf'o di Napoli. (Mem. Soc.
n-AL. D. Si.i.. 3' série, t. IX. 1893, p. 93.)
188
base «le l'aiière pharyngienne, un iiios Uonc ii'iii;iianL ie système
nerveux central, an lien d'un petit trône à droile (disposition
normale) (^).
(ihez Pleiiroltrcmclius aûranùacua, les brandies colialérales
de l'artère pédieuse droite ont des ramuscules variables par leui*
grandeur et leur parcours, suivant les individus (-); l'artériole
de la glande f< sanguine » y sort soit de l'angle de bifurcation
des deux aortes, soit du tronc de l'aorte postérieure ('^).
Les artères intestinales et salivaires de IJmhrella medhcrrimea
sont vai'iables dans leur distribution et dans leur iiondire;
laorte i;aslri([ue y naît sotivent de l'aorte postérieure, près de
l'origine de celle-ci, ce ([ui donne à l'aorte principale un aspect
triturcjué; les artères de la partie postérieure droite du manteau
y sont aussi en nondire variable (/).
Dans lùdh jxi pi II osa, l'aorte antérieure donne H ou ï petites
artères à l'estomac; une autre branche louinil :2 ou H lameaux
au pénis; l'aorte postérieure donne i ou 5 branches au lectum,
et l'artère pédieuse, 7 ou 8 rameaux aux téguments du pied (•').
(^hez Helii })omatia et Zouites alfjirus, il n'est pas rare qu'il
y ait une deuxième artère utérine (') ; les artères sortant de
l'aorte après l'artère utérine ont une origine très inconstante :
dans Heli.i p<nn(itia, parfois les trois premièi'es soitent par un
tronc commmi {'); l'aoïte postérieure de H. jxnuul'ui donne
"1 ou 3 forts rameaux à la surface des lobes du foie {^).
(1) (tRIFFin, ihii Anatoiinj o/ Aciesia freeii. iPiiii.iim'INH .loi un. of Sc.i. jsection D\,
vol. VIT, 1912, p. 80.)
(-) I^ACAZE-JtuiHiEP.s. Histoire aimtomiqne et j/hfi.sioloyiqiie du Pleumbranche
oranqe. (Ann. desSci. nat. |Zooi..|. 4'' série. I. XI, 18o9. p. tl3T.)
(-') Ibid.. p. 2.«.
(*) MoQi in-Tandiin, liechercfie.'< analomiques xi/r l ihnbrelle de la Méditerranée.
(Ann. des Sci. nat. IZool.J, 5<- série, t. XIV, 1870. l'especlivement pp. ."iG. 62 et 64.)
(S) Hancock and Emiîi.eton. On ihe Anaiomu nf Kolis. (Ann. .Mao. \Ar. IIisi..
]<■'■ série, vol. XV, p. 100.)
('■) Nai.epa. Beitrage zur Analomie der Shjldiiiiiiahijdioren. (SrrzFM.SBKii. k. Akad.
Wiss.. Bd LXXXVII, I Ablh., 188;^ p. 2S9.)
(') Ihid., p. 259.
(«) Ihid.. p. ^262.
— 189 —
I.cs vaisseaux sanguins passant entre les lamelles du rein chez
Linun maximiis s'anastomosent assez souvent (^).
Les deux artères accessoires de la glande génitale de Testa-
cella huliotidca ont un développement et une taille très variable ;
lantôt l'une, tantôt l'autre l'emporte par le volume ("^) ; dans la
même espèce, il y a encore variabilité dans le mode de distri-
bution de l'artère linguale, notamment des différences indivi-
duelles sur le point d'origine des branches collatérales ( ).
c) VussEALX ET sixus VEINEUX. — Lc siuus abdomlual posté-
rieur de Valvala jnschialis reçoit des branches nombreuses dont
la grandeur et la disposition n'ont rien de constant {^).
Les lacunes précornéennes de divers Taenioglosses sont
variables de forme et d'étendue suivant les individus, par
exemple dans Littoriua lutorea et Lamellaria perspicuu (^).
Dans Aceru bullata, le canal afférent de la branchie donne des
branches en nombre variable suivant les individus ('').
Le nombre d'orifices de la cavité du corps dans le grand sinus
veineux de la branchie est inconstant dans Âplijsia depilans.
Chez Pleurobranclms aurantiaciis , divers sinus présentent une
disposition inconstante (").
(*) Lawso.n. On llie General Anatomy, Histologij, and Htysiologi/ of Limax
maximus (Moquin-Tandon). (Quart. Journ. Micr. Sci., N. Ser.. vol. III, 1863,
p. 24.)
(2) De Lacaze-Duthiers, Histoire de la Testacelle. (Aucii. Zool. Exi-ék.. 2* série,
t. V, 1888. p. 533.)
("') Ibid., p. o2o.
(*) Bernard, Recherches sur Valvala piscinalis. (Bull. Sci. France et Bei^gique,
t. XXI. 1889, p. 279.)
(S) Pelse.xeer, Sur Vail de quelques Mollusques Gastropodes. (A.\N. Soc. relge
MiCROScop., t. XVI, 1891, p. 72, fig. 5.) — Willem, Observations sur la vision et les
organes visuels de quelques Mollusques Prosobranches et Opisthobr anches. (Arch.
BiOL., t. Xil, 1892, p. 137.)
(•î) Pekrier el FiscHEiî, Recherches anatomiques et histologiques sur la cavité
palléale et ses dépendances chez les Bîdléens. (Ann. Scl nat. [Zool.], 9« série, î. XIV,
1911, p. 145.
(') Lacaze-Dlthiers, Histoire anntomique et physiologique du Pleurobranche
orange. (Loc. cit., p. 246.)
— 490 —
Les veines hépatiques de inibrclla niedilerrunea s'ouvrenl
dans le sinus par I i\ 8 orifices (^).
Les lacunes du corps sont fréquemment en rapport, chez
(lorambc testudinea, avec des vaisseaux se l'amifiant dans le
notaeum (-).
La lacune péripalléale de Ancifius jlnviatUis communique
avec la cavité veineuse du corps par de nombreuses ouvertures
vai'ianl de position et de dimension (').
Dans Siplionaria pcctinata, le vaisseau branchial atïerenl
traverse tantôt le rein superticiellement, tantôt profondément (^).
Le sinus médian de (hicidiella celticn communique avec la
cavité générale par un uoinhre variable d'ouvertures, et avec le
sinus pédieux par un orifice de forme variafde et irrégulièrement
disposé (•') ; les vaisseaux partant des sinus latéraux, dans la
uième espèce, sont en nouibre variable suivant les individus (*').
d) Vaisseaux akfékexts au cœur. — Dans PaleUa riil(/(Ha,
les orifices du sinus palléal dans l'oreillette sont en nombre
variable, de 10 à 18 (^). Chez llaliotis tubeiruiata, les orifices
(kl sinus du rein dans l'oreillette sont au nombre de 8 à 5 (^).
Dans la plupart des Nudibranclies, varie d'individu à individu.
(1) Mo^uin-Tândon. ïii'cherches anaUniaques sur l'Ombrelle de la Méditerranée.
(Loc. CIT., p. 68.)
(2) FuscHEiî, Recherches unalomiques sur un Mollusque nudibranche apparlenanl
an genre Gorambe. (Fîl'i.l. Sci. France ei Belgioue, t. XXIII. 1891, p. 388.)
(•') André, (lonlribvtions à l'anatomie et à la physiologie des Ancylus lacuslris et
tluviatilis. (Revue suisse de Zool., t. I, 1893, p. 4o4.)
(*) Koeuler, Beitràge zur Anatoniie der Gattung Siphonaiia. (Zool. Jahrb. | Anat.
L'ND Ontog.], Bel Vil, 4893, p. 7.»
(S) Joveux-Laffuye, Organisation et développement de l'Oncidie. (Arcii. Zool.
K\PÉR., i'e série, t. X, 1882, p. M.)
{'') Ibid., p. 4o.
(') Wegmann. Sûtes sur Uorganisation de la Palella viil^ata. (Rec. Zool. Suisse
I. IV. 1886. pi. XIII. lig. 'i [13 oi-iticesj.) — Fleure, On the Evolution of Topogra-
phical Relations among the Docoglossa. (Trans. Linn. Soc. London [Zool.], vol. IX,
1904, pi. XVI, tig. 17 è [10 orifices |.)
(**) Wegmann, Contributions à l'histoire naturelle des Ualiotîdes. (Arch. Zool.
ExPÉR., 2e série, l. 11. 1884, p. 351.)
— 191 —
le nombre de vaisseaux branchiaux aiïerents à l'oreillette ; ainsi,
l'hez Eolis papiUosa, il y a de 4 à 6 branches veineuses aflerentes
s'unissant pour aller à l'oreillette (^); et chez Eiijsia viridis,
2 ou 3 troncs principaux s'ouvrant dans l'oreillette (').
Pulmonés : cliez ÀJ-ion hortensis, 6 ou 7 « veines pulmonaires »
convergent à l'oreillette (^) ; de même, chez .4. empiricoruni,
loreillette reçoit, outre la « veine pulmonaire :» en avant et les
vaisseaux elîerents rénaux, 5 ou 6 troncs par son côté gauche (^).
Le réseau pulmonaire efférent des Gastropodes stylomato-
phores est lui-même très variable dans sa configuration chez une
même espèce; outre les Avion ci-dessus, Helir pomatia est un
exemple de son aspect inconstant : on y voit généralement 5 ou
6 grands troncs principaux antérieurs, afférents au cœur, mais
ces troncs sont diversement ramifiés, unis ou séparés, ainsi qu'en
font foi d'ailleurs les figures données par des auteurs différents (-^
e) Sang et glande sanguine. — Dans quelques cas, chez Hélix
pomdlia, il a été reconnu que le sang change de couleur par
exposition à l'air (*^).
La glande phagocytaire des Doridiens est variable de forme;
ainsi dans Doris tuberciUata, elle s'est montrée une fois divisée en
deux masses, antérieure et postérieure, chacune bilobée (') ; chez
(1) Hancock and Embleto.n, On the Anatomy o/' Eolis. (Loc. cit., p. 101.)
(') SouLEYET, Mémoire sur le genre Actéon d'Oketi. (Journ. de Gonch., 1. 1, 18.S0,
}.. 16.)
(5) Leidy, Spécial Anatomy of the Terrestrial Gasteropoda of tlie United States (in
BiNNEv : The Teruestrial Air-Breathing Mollusks of the United States, vol. I),
p. 236 (41 du tiré à part). Boston, 1851.
(0 Deschamps, Recherches d'anatomie comparée sur les Gastéropodes pulmoncs.
(Ann. Soc. Sci. Bruxelles, t. XXII, 1898, p. 49.)
{^') Par exemple : Mil.xe-Edwards, Observations et expériences sur la circulation
chez les Mollusques. (Mém. Acad. Sci. Paris, t. XX, 1849, pi. IV et V.) — Nalepa,
Beitrdge zur Anatomie der Stijlommatophoren. (Loc. cit., pi. II, fig-. 2; etc.)
('■) Krukenberg, Beitrdge zur Kenntniss der Respirationsvorgdnge bei wirbellosen
Thiere (in Vergl. phys. Studien, Ablh. III), 1880, p. 66. — Cuénot, Études physio-
logiques sur les Gastéropodes pulmonés. (Arch. Biol., t. XII, 1892, p. 40. note 1.)
(') Hecht. Contribution « l'étude des Nudibranches. (Mém, Soc. Zool. France,
t. VIII, 1896, |). 121.)
192
l*(>lffccrell(t zoobol 1110)1, elle est de forme et d'extension variables,
englobant souvent la portion moyenne élargie de l'oviducte [^).
(]. Scaphopodes. — On observe des variétés indivi-
«hielles nombreuses pour la limite des deux sinus périanal et
abdominal, dans Dentaliuni lavcnlinum (^).
oui.
T>e
^ — teî^:-:
Fi(,. H.'i. — Teredo megatura, A. cn'iir normal; B, cieur avec deux
ventricules dislincls, vus dorsalement. «rf', adducteur; au, oreil-
lette: br, branchie: co. v. commissure viscérale; g. c, ganglion
cérébral; g. p. ganglion pédieux; g. v. ganglion viscéral; pe,
péricarde; sn, sinus basi branchial. — D'après Pelseneer (dOIl).
/>. Lamellibranches. — a) Cœur. — Un ventricule
bil'urqué sur toute sa longueur a été rencontré dans un Teredo
Diccjutard {■') (fig. 11 ri).
(') S.MAi.LWOOi), Polycei'ella zooboti yon. (Pi'.oc. Ameh. Acad. Arts and Sci.,
vol. XLVII, J912, p. 618.)
{-) Lacaze-Duthiers. Histoire de l'organisation et du déoeloppeiiient du Dentale.
(Ann. Sci. nat. IZool.J, 4c série, t. VIT, 1857, p. 448.)
(=>) Pei.skneer. Les Lamellibranches de l'Expédition du Siboga, 1911. p. 68.
pi. XXIII, lig. 7.
— 198 —
Un ventricule ayant avec les oreillettes trois communications
au lieu de deux, a été observé chez un PliHobrya sublaevis (*)
(fig. H6) : les deux oreillettes, communiquant entre elles,
présentaient un troisième orifice ventriculaire entre les deux
normaux.
Dans un individu de Plaama placenta, le ventricule était
sans communication avec l'oreillette droite; celle-ci était direc-
OUXA.
FiG. 116. — Philobrya sublaevis, oonpe transversale passant par le cœur, mon-
tranl trois orifices auriculo-ventriculaires. au, oreillette; au. v, les trois
orifices auriculo-ventriculaires; tir, i)ranchie; pa. manteau; peV, péricarde;
re, rectum; m. rein; r. p., rétraeteur du pied. — D'après Pelseneer (1903).
tement reliée en avant avec le vaisseau efférent de la I)ranchie,
en arrière avec le sinus rectal (^).
Le ventricule, accolé dorsalement au rectum chez Modiola
watsoni, était dans un individu, traversé par lui (^). Un exem-
plaire de Pinna nobilis a été rencontré qui avait le prolongement
de droite du ventricule non perforé par le rectum (^).
(1) Pelseneer, Mollusques (Amphinenres, Gastropodes el Lamellibranches) du
voyage du S. V. Belgica, 1903, p. 43, pi. VIII. fig. 99.
H HouNELL, Report on tlie Anatomy of Placuna placenta, tuith noies npon ils
distribution and economical use. (Report Mar. Zool. Okhamondal. London. part I.
1909, p. 47.)
(^) Pelseneer, Les Lamellibranches de l'Expédition du Siboga, p. 17.
(*) MÉNÉGAUx, Recherches sur la circulation chez les Lamellibranches marins.
Besançon, 1890, p. 148.
48
— 194 —
Le nombre des piliers musculaires longitudinaux du ventricule
varie de 3 à 4 chez Scrohiciilaria pipcrata (^).
Des cas d'anévrisme ou d' « eclasie » du ventricule du cœur
cX'TXar
i>e
FiG. 117. — Tellhui soHdula, section transversale d'un cœur anormal.
anv, anévrismo; rc, rectum; ve, ventricule. — D'après Pelseneer (1911).
ont été observés chez des Lamellibranches comme dans les
Gastropodes : TeUina solidula (fig. LIT), Venus (CaUisla)
phasianella (^) (hg. 118).
I>C
0 CLAMAT
ounny"
FiG. 118. — Venus phasiimella, cœur anormal, vu du côté gauche, ariv, ané-
vrisme; uo. p, aorte postérieure; bu, bulbe aortique; o. au. v, orifice
auriculo-ventriculaire; rc, rectum; ve, ventricule. — D'après Pelseneer.
A l'entrée de l'aorte, chez quelques individus de Teredo
navalis, existe une valvule globuleuse attachée à l'entrée du
ventricule par un filament cylindrique ('^^
(1) Deshayes, Histoire naturelle des Mollusques ( Exploration de l'Algérie), 1848,
p. 474.
(2) l'ELSENEEn, Les Lamcllibranrhes de l'Expédition du Siboga, respectivement
p. 61, pi. XVIII, i\g. 3; et pi XIX, fig. 10.
(5) Deshayes, Histoire naturelle des Mollusques. Loc. cit., p. 64.)
— 195 —
b) Vaisseaux. — L'aorte antérieure est à gauche, rarement à
droite, chez Pectunadus violacescens (^).
Le cœur fournit, dans Anomia cpkippium, trois ordres
d'artères dont la direction et la présence ne sont nullement
constantes : l'artère principale antérieure, l'artère principale
postérieure et l'artère de la masse viscérale postérieure; la
troisième branche est loin d'être constante et une disposition
assez fréquente est que la masse viscérale est irriguée par deux
artères principales au lieu d'une seule (-).
Au lieu de sortir directement de l'aorte, la troisième artère
hépatique de Mijtilus edulis peut naître aussi d'une des artères
terminales de l'aorte (•^). L'artère palléale antérieure, chez
Miltilits magellaîiicns, a son origine hors de l'aorte antérieure,
soit tout en avant, soit vers le milieu (^) ; les petites artères
palléales antérieures y naissent parfois de l'artère circumpalléale
au lieu de sortir de l'aorte antérieure (^) et l'aorte postérieure
y envoie à la paroi du péricarde des branches très variables par
leur taille et leur position (^). Dans Mijtilus lattis, l'artère
tentaculaire dorsale (pour la palpe intérieure) dérivait, comme la
ventrale, de l'artère ventrale antérieure, chez un individu;
ailleurs elle sortait de l'artère transverse du plancher de la
cavité supra-œsophagienne (^).
Chaque branche de l'artère postérieure (musculo-palléale)
donne au manteau des rameaux dont le trajet est variable, suivant
(*) Ménégaux, Recherches sur la circulation chez les Lamellibranches marins,
p. 81.
(-) LAr.AZE-DuTHiERS, Mémoire sur l'orçjanisation de l'Anomie. (A.nn. Sci. nat,
[ZooL.], 4e série, t. II, i8o4, pp. 16 et \1.)
(S) Sabatier, Éludes sur la Moule commune (Mytilus edulis). (Mém. Acad. Mont-
pellier, vol. VIII, 1H77, p. 41.)
(*) PuRDiE, The Analomy of the common Mussels (Mytilus latus, edulis and magel-
lanicus). (Stud. in Biol. Colon. 3Ius and Geol. Surv. Dept. New Zealand, n*" 3,
p. n.)
(S) Ibid., p. 17.
(«) Ibid., p. 19.
(') Ibid., p. 23.
196
les individus, chez Avicula taj-entinu; chacune donne aussi au
muscle adducteur une artère naissant à un niveau différant avec
les individus (*).
Une grande variabilité des ramifications des artères, en
général, s'observe chez Pecteii maximus (?). Chez Pecten
jacobaeus, les vaisseaux veineux du foie se réunissent en troncs
plus ou moins constants (^).
L'aorte antérieure de Ostrea angulata est quelquefois divisée
non pas en deux mais en trois : une branche antérieure, une
au muscle adducteur et une au rectum (ces deux dernières ayant
normalement une origine commune) (^). Dans 0. edniis, il y a
i ou 5 grands orifices dans le vaisseau branchial afférent médian
par lequel arrive à la branchie le sang des lacunes viscérales ('').
Les variations individuelles par inconstance dans le nombre
et la position des petites artères, chez Piuna (Atrina) rigida,
sont telles qu'elles produisent des confusions (^).
L'aorte antérieure de Aetheria plumbca passe tantôt à gauche,
tantôt à droite du tube digestif (").
Le cinquième tronc impair de l'aorte chez Anodonta
(cygnaea?) naît parfois à gauche, mais généralement à droite (^),
D'autre part, il a été reconnu dans Anodonta cellensis, de
multiples régions où des variations individuelles s'observent
couramment; c'est le cas surtout pour l'aorte postérieure où,
dès la première division, se rencontre une telle variabilité qu'il
(*) Ménégaux, loc. cit., p. 34.
(2) Dakin, Pecten. (Liverpool Mar. Biol. Comm. Mem., vol. XVII, 4909, p. 80.)
(5) Lacaze-Duthiers, Mémoire sur l'organe de Bojanus ^des Acéphales Lamelli-
branclies. iAnn. Sci. nat. [Zooi,.], 4° série, t. IV, 1855, p. 288.)
(*) Ménégaux, loc. cit., pp. 408 et 1 14.
{^) Ibid., p. H6. ■
(6) Gkave, Anatnmy and Pfnjsinlngy of the Wing-Sliell Atrina rig-ida. (Bull.
Bureau Fish. U. S., vol. XXIX. 4909, p. 427.)
(') Anthony, Influence de la fixation pleuroiliétique sur la morphologie des Mol-
lusques Acéphales Dimyaires. (Ann. Sci. nat. (Zool ]. 9* série, t. I, 4'JO.i, p. 360.)
(**) Langer, Urber das Gefasssystem der Teichmuschel. (Denksghr. k. Akad. Wiss.
WlEN [MATH.-NATURW. Cl.], Bd Vlll, 4855, p. 2.)
197
est impossible d'établir une règle, tant sont différentes les
dispositions constatées (*) (fig. 119); l'artère pédieuse y envoie
dans les organes génitaux deux ramifications ou davantage (~) ;
le bulbe aortique présente un nombre variable d'ouvertures par
Fig. 119. — Anodonta cellemis, A à F, dispositions des ramifi-
cations de l'aorte postérieure de six individus différents, vue
dorsale, ad, adducteur postérieur. — D'après Schwanecke.
lesquelles sont irrigués le tissu conjonctif voisin et la glande de
Grobben ; puis un gros vaisseau irriguant le rectum naît en
avant du bulbe, soit à droite, soit à gauche {^).
(1) SrHW/vNECKE, Das Blutf/efdsssîjstem von Anodonta cellensis. (Zeitschr. wiss.
ZooL., Bd CVII, 1913, p. 36.)
(2) Ibid., pp. 23 et 24.
(3) Ibid., p. 14.
198
L'artère azygos antérieure de Tridacna clongata, contournant
l'adducteur, a une origine variable et part le plus ordinairement
de l'artère palléale antérieure (^).
L'artère viscérale de Mya arenaria passe rarement à droite de
l'œsophage (^) (cas d'inversion comme il s'en observe parfois
aussi dans des Pectmiculus, Act/ieria, Cliama, etc.).
Les vaisseaux rénaux alï'érents allant à la brancbie dans
Lutraria solenoides sont nombreux, mais présentent de fré-
quentes et grandes variations dans leui' forme et leur nombre,
la position seule en étant constante (•^).
Un certain nombre de variations individuelles ont été obser-
vées chez Scrobiciduriù piperata dans les branches artérielles ;
le nombre des branches superficielles de l'aorte est variable : à
droite elle fournit ordinairement 2 branches hépatiques superfi-
cielles, à gauche le nombre en est également variable, mais
ordinairement 3 (^) ; les petites branches artérielles provenant
de l'artère stomacale sont variables suivant les individus (^) ;
entre deux cloisons branchiales successives, il y a 3 ou
i vaisseaux [^).
L'aorte postérieure de Teredo navalis donne 2 artères
palléales latérales qui, après flexion antérieure, fournissent
3 ou 4 rameaux de grandeur variable Ç) ; dans un individu, le
tronc postérieur de l'aorte, au lieu de suivre la face supérieure
de l'intestin, se loge (au delà du ganglion viscéral) entre
l'intestin et le nerf palléal (h'oit (donc asymétriquement) {^).
(1) Vaiixant, Recherches sur la lamille des Tridacnidés. (Ann. Sci. nat. |Zool. |,
5* série, t. IV, p. 452.)
(2) Vlès, Monograpliie sommaire de la Mije (Mya arenaria Linné, 17t>7). (Mém. Soc.
ZooL. France, XXII^ année, 1909, p. IH.)
(3) Lacaze-Duthiers, Mémoire sur l'orgam de Rojanus des Acéphales Lamelli-
branches. (Loc. CIT., p. 285.)
(*) Deshaves, Histoire naturelle des Mollusques. (Loc. cit., pp. 479 et 480.)
(3) Ibid., p. 484.
(6) Ibid., p. 491.
(") Menégaux, loc. cit., p. 189.
(8) Ibid., p. 489.
— 199 —
E. Céphalopodes. — Les orifices de la veine cave dans
le sinus viscéral de Nautilus pompilius sont en nombre
variable, oscillant par exemple entre 15 et 2:2 (^). L'artère
siphonale y est généralement à droite, parfois à gauche,
exceptionnellement médiane (^), et la même chose s'observe
dans N. macromphalns (^). Il y a une très grande variabilité,
suivant les individus, dans la position, le nombre et l'origine
des artères antérieures proventriculaires (^). Enlin l'origine
de l'artère buccale de iV. pompilius peut être latérale ou
médiane (^).
Chez Loligo pealei, les petites veines qui vont du cœur au
sinus néphridial sont au nombre de 2 ou 3 (^').
Les ramifications des artères des bras, dans les divers
individus de Opisthoteuthis depressa, ne présentent aucune
régularité C').
Suivant les individus de Octopiis vidgaris, on trouve deux
dispositions différentes des veines supracéphaliques : norma-
lement, celles-ci naissent entre les deux veines des bras dorsaux
droit et gauche de la première paire, mais aussi souvent la droite
(') OwEN, Memoir on the Pearly Nautilus (Nautilus pompilius). London, 1832,
p. 28 (lo orifices). — Valenciennes, Nouvelles recherches sur le Nautile flambé.
(Arcii. Muséum Paris, t. II, i841, p. 287 [22 orifices].)
(*) Wii.LEY, Contribution to the Naiural History of the Pearly Nautilus. (Willey's
ZooL. Res., part VI, 1902, p. 811.)
(5) Willey, The oviposition o/" Nautilus macromphalus. (Proc. Roy. Soc. London,
vol. LX, 1897, p. 471.)
(*) Wii.LEY, Letters front New Guinea on Nautilus and some other Orga-
nisins. (Quart. Journ. Micr. Sci.. vol. XXXIX, 1896. — Griffin, The Anatomy
of Nautilus pompilius. (Mem. Nat. Acad. Sci. [Washington], vol. VIH, 1900,
p. 181.)
(S) Griffin, loc. cit., p. 181.
{>') Williams, The vascular System of the Common Squid, Loligo Pealei. (Amer.
Natur., vol. XXXVI, 1902.)
(') Meyer, Die Anatomie von Opisthoteuthis depressa. (Zeitschr. wiss. Zool.,
Bd LXXXV, 1906, p. 212.)
— -200 —
naît en dehors de la veine du bras (') (lig. 1:20) ; les veines pha-
ryngo-ophthalmiques y donnent parfois naissance à une partie
des veines du ganglion pédieux (-) ; dans quelques individus de
la même espèce, la veine génitale s'ouvre dans le tube péritonéal
droit et non comme normalement dans la partie postérieure du
sinus ('*) ; les tubes péritonéaux communiquent avec deux parties
différentes du sinus mésentérique : les lumières de communication
sont partagées par des muscles valvulaires régulateurs, dont la
disposition est assez irrégulière et montre de grandes différences
A
FiG. l'âO. — Octopus vulgaris, deux dispositions dift'érentes des
veines supracéphaliques : A, disposition normale, les deux veines
supracéplialiques (inférieures) naissant entre les deux veines des
bras dorsaux; B, disposition anormale : la veine supracéphalique
droite naissant en deliors de la veine du bras. — D'après Grimpe.
individuelles (^); de nombreuses anomalies ont été rencontrées
dans le parcours du tube péritonéal droit (^) ; de même l'aorte
céphalique a présenté de nombreuses anomalies dans certains
individus (^); la moitié de ceux-ci seulement présentaient la dispo-
sition normale des artères infundibulaires : elles peuvent naître
d'un tronc commun bors de l'aorte antérieure, au lieu de pro-
venir — comme normalement — par deux troncs indépendants
hors des artères pédieuses (') ; entin, outre les vaisseaux, les
valvules elles-mêmes révèlent des différences individuelles {^).
(*) Grimpe, Das Blutgefàsssy^tem der Dibranchiaten Cephalopoden (Octopoda).
(Zeitschr. wiss. Zool., Hd CIV, 1913, p. 541.)
(2) Ibid., p. S72.
(5) Ibid., p. 575.
(*) Ibid., p. 574.
(8) Ibid., p. 575.
(«) Ibid., p. 610, figure.
(') Ibid., p. 609.
(«) Ibid., p. 573.
— -201 -
8. — SYSTEME RESPIRATOIRE.
A. Amphineures. — a) Polyplacophokes. — Le nombie
de branchies peut varier dans la même espèce suivant les indi-
vidus; l'oscillation peut atteindre 8 branchies de différence; en
outre, le nombre est fréquemment différent de Tun à l'autre côté
sur le même individu, c'est-à-dire qu'il n'y a pas toujours
symétrie : ici l'oscillation peut aller jusqu'à 4 unités (par
exemple : Acanthocinton hisulcatus, différence de 3; hchnochi-
ton friiticosus, de 4; CJùton quoiii, de 4; ailleurs de I ou 2 (^).
Le nombre de branchies, dans une même espèce, augmente
souvent avec la taille; mais ce n'est nullement là une règle
constante, et il arrive dans ])ien des cas que des individus plus
grands aient moins de branchies que des individus plus petits;
ainsi un Plaxipliora setif'era de 35 millimètres de long avait de
chaque côté 41 branchies, tandis qu'un autre de 49 millimètres
n'en possédait que 37; et, d'autre part, un exemplaire de
03 millimètres en présentait 48 de chaque côté, alors qu'un
second de 83 millimètres en portait 40 et 41 (~) ; les Crifptoplax
hurrowi, qui ont le moins de branchies, sont les plus grands et
les plus petits C) ; dans Tonicia soiverbi/i de 8 millimètres, il y
avait 19 branchies, et dans un spécimen de lo millimètres, 18 (^) ;
dans Acant/iopleura spiniger de 60 millimètres, 07 branchies,
de 80 millimètres, 65, de 83 millimètres, 09, de 84 millimètres,
75, de 90 millimètres, 07 ("') ; dans Sc/iizochiton incisus de
(1) vo.\ VVissEi., Paciflsche Chilonen. (Zool. Jahrb. [Anat. L'iND Ontog.], Bd XX,
1904, respectivement pp. o97, 616 el 620.)
(^) Plate, Die Anatomie iind Phylogenie der Chilonen. Tlieil C. (Loc. cit.,
p. 294.)
(5) Nieustrasz, Die Chilonen der Siboga-Expedition. (Résult. Expéd. SiiîOGa,
monogr. XLVIll, 1903, p. 73.)
(*) )bid., p. 92.
(«) Ibid , p. 100.
202
14 millimètres, H\ ou 32 branchies, de 21 millimètres, 80, de
35 millimètres, 32 (^) ; dans Isclinocliiton alaliis de 20 milli-
mètres, 35 branchies, de 34 millimètres, 35 ou 33, de 33 milli
mètres, 33 (~) ; dans /. daulzenbergi de 17 millimètres, de 22 à
24 brancliies, de 30 millimètres, 22 (^); dans /. rinsoi de J 4 milli-
mètres, 23 brancbies, de 18 millimètres, 20 ou 21 (^); dans
l. textilis de 8 n)illimètres, 24 branchies, de 15 millimètres,
environ 21 ("') ; dans /. onisciis de 10 millimètres, 20 à
22 branchies, de 17 millimètres, 18 ou 19 ('') ; dans (Ihitou
nii/ixyvircns de 8 millimètres, 25 ou 20 branchies, de 13 uiilli-
mètres, 22 à 24 (') ; dans (.. nia(/ni(ictis de 90 millimètres,
moins de branchies que les individus de 46 à 82 millimètres (^).
Cette réserve faite, on peut constater que la variation indivi-
duelle du nombre des branchies chez les adultes a été reconnue
dans la généralité des espèces, avec oscillation de plusieurs
unités; celles-ci peuvent atteindre 4 dans quelques formes :
Isclinoclùton amiptus, Lcplopla.r variiis, Crijptocliiton burrowi,
Chiton ocidatus ('),
La variabilité atteint 5 brancbies d'écart dans Uorcocliiton
niarginatus (^'^) ; en etîet, sur un nombre sullisant de spécimens
(1) NiERSTHASz, Die Chilonen des Siboga-Expedilion. (IIksilt. Expéd. Sigoba,
monogr. XLVIll, p. lOo.
(2) hid., p. 20.
•(*) NiERSTRASZ, Remarks on Ihe Chitonidae. (Tydschk. Nëi». Dierk. Vereen.,
2e série, deel X, i906, p. 165.)
(*) Ibid., p. 165.
(5) NiERSTRASZ, Beitriige zur Kenntniss der Fauna von Sud-Afrika. M. Chitonen
ans der Kapcolonie und Natal. (Zool. Jahrk. [Syst. Geogr. lnd Biol.], Bd XXIII,
1906, p. 492.)
(«) Ibid., p. 494.
(■) Ibid., p. 503.
(**) Plate, Die Analomie und Phyloyenie der Chilonen. Theil B. (Loc. cit., p. 43.)
('•) NiERSTRASZ, Dic CJiitonen der Siboga-Expedition. (Loc. cit., respectivement
pp. 26, 53, 73 et 75.)
('") Pelsëneer, Recherches morphologiques et phylogénétiques sur les Mollusques
archaïques. (Loc. cit., p. 18.)
^203
adultes, le nombre de branchies oscille de 15 à 20 par rangée
et les deux rangées, droite et gauche, ne sont pas toujours
symétriques (environ 50 7o)- La courbe construite d'après
l'examen de nombreuses rangées montre que : 1° la variation
est continue, avec tous les intermédiaires, en nombre d'autant
plus grand que la disposition est plus voisine de la moyenne (17);
2" que le « mode » (ordonnée maximum) est très voisin de cette
moyenne; 3° mais que les plus grands individus ne sont pas
ceux qui présentent le plus grand nombre de branchies : ainsi
de petits spécimens en possèdent 19 ou 20 paires, tandis que de
grands peuvent en montrer 15, 16 ou 17.
L'écart arrive aussi à 5 branchies dans Àcanthochiton discre-
fjans (^). La variabilité peut être de 6 au maximum chez (Icdlo-
cliiton pumiceiis (15 à 21) (~), Lepidopleiirus lineatus (12 à
18) (^), Acanlhoch'iUm zelandicus (23 à 29) ('^), Tonicia confossa
(20 à 26) ('). Elle atteint jusqu'à 7 dans Acanthocliiton garnoti
(20 à 27) {^) et Boreocliiton marmoreus (15 à 22) (^). Elle
arrive enfin à 8 chez CJiiton oiivaceus (28 à 36) (^) et Cryptoplax
larvacformis (30 à 38) (^).
Par suite de cette oscillation dans le nombre des branchies
des Chitons, les orilices rénal et génital y sont parfois séparés
par une quantité anormale de ces organes, généralement en plus :
(Jliiton oiivaceus, quelquefois 2 ou 3 au lieu de 1 ; C nigro-
virens, 2 ou 4 au lieu de 1 ; Acantliopleura spin'iger, une fois
(*) Pelseneer, loc. cit., p. 18.
(2) Plate, Die Anatomie und Phylogenie der Chitonen. Theil B. (Loc. cit.,
p. 177.)
(5) NiERSTRASZ, Die Chitonen der Siboga-Expedition, p. 8.
("*) Pelseneer, loc. cit., p. 18.
(5) NiERSTRASZ, Die Chitonen der Siboga-Expedilion, p. 91.
(6) NiERSTRASZ, Beitrâge zur Kenntniss der Fauna von SUd-Afrika. (Loc. cit.,
p. 49!2.)
(') Pelseneer, toc. cit., p. 18.
(8) Ibid., p. 18.
(■') NiERSTRASZ, Die Chitonen der Siboga-Expedilion, p. 73.
— 204 —
8 au lieu de 2; A. granulata, 3 ou 4 au lieu de 2; [sclinochiton
sanguineus, parfois 3 au lieu de 2 (*) ; f. mngdalenensh , 4 au
lieu de 8 (^) ; et exceptionnellement moins que le nombre
normal : (]liit(m peUis serpentis, trois t'ois \ au lieu de 2 (^) ;
hchnochitou loiigiciimba, 2 au lieu de 3 (').
Il a été observé assez fréquemment (|ue des branchies de
Polyplacophora étaient divisées plus ou moins près de leur
insertion : ainsi un .[cauthocliiton zvlandicus a montré une
FiG. 121.
Boreochiton marginains,
une branchif irifurquée.
D'après Pelseneer.
FiG. I'i2.
Pla.xipliora codala,
une branchie irifurquée.
D'après Pelseneei-.
FiG. 123.
Iscknochiton s p.,
une branchie trilurquée.
D'après Pelseneer.
l'S
branchie trifurquée (^), Jîoreorhiton inarginatus, lHa.iipfu>ra
coelata, Ischnochiton sp. ont présenté chacun un ou plusieui
cas de trifurcation, le dernier toul à fait complet (fig. 121-123),
et Acantliopleura rcltinata, quelques cas de trifurcation plus ou
moins profonde (*').
b) Aplacophora. — Les organes branchiaux y montrent aussi
une certaine variabilité dans la forme et surtout le nombre.
Hemimenia intermedia et Cyclomenia lioloserica possèdent un
(i) Pelseneer, Ioc. cit., p. 25.
(2) Jbid., p. 26.
(5) Ibid., p. 25.
(*) Ibid., p. 26.
{^) Pelseneer, Ioc. cit., p. 28, respectivement |)l. 11. ^ii,^ 17. 18, 21, 19 et 20.
(6) Plate, Ioc. cit., Theil A, pi. X, i\^. 95 à 97.
— 205 —
nombre inconstant de branchies : environ 20 (^) ; Chaetoderma
loveni montre de 8 à 42 lamelles branchiales (^) ; Holomenia
gravida porte de 20 à 30 branchies; Pacluimenia abyssorum,
5 ou 6 paires de branchies; Alexandromenia agassizi, envi-
ron 40 (^) ; Paramenia inipexa, de 12 à 20 (^).
B. Gastropodes. — a) Streptoneures. — Le nombre des
filaments branchiaux peut vaiier avec l'âge : ainsi chez (^repidula
plana où un individu de To''''^ présentait 20i filaments, tandis
qu'un individu de 5""3 n'en montrait que 53 seulement (^).
De même dans les Atlanta, le nombre de ces filaments peut
monter avec l'âge jusqu'à 10 ou 12 ('').
Mais il peut aussi y avoir une variation du nombre des
filaments branchiaux entre individus de taille pareille, surtout
parmi les Hétéropodes. Par exemple, dans IHerotrachaea
keraudreni, il y de 12 à 15 filaments ['') ; dans P. (Firola)
coronata, il n'est pas rare que le nombre de filaments varie
suivant les individus (^) ; P. frederici en a de 10 à 12 (-') ;
P. Iiippocamptis et P. souleifeti, de 12 à 14 (^*'); P. scutata,
(*) NiERSTRASZ, The Solenngnstres of the Siboga-Expedition. (Kés. Expi-or. Siboga,
monogr. XLVII, 1902, respectivement pp. 27 et 32.)
(2) )bid., p. 36.
(S) Heath, The Solenogasires. (Mem. 3Ius. Gomp. Zool., vol. XLV, 1911, respecti-
vement pp. 128, 75 et 133.)
(*) Pruvot, Sur l" organisation de quelques Néoméniens des cotes de France. (Arch.
Zool. Expér., 2^ série, t. IX, 1891, p. 724.)
(■') CoNKLiN, Environmental and sexual dimorphism in Grepidula. (Proc. Acad.
NAT. Sci. Philadelphia, 1898, p. 438.)
(•■•) Gegenbaur, Untersuchungen ïtber Pteropoden und Heteropoden. Leipzig, 1855,
p. 119.
{') SouLEYKT, Zoologie du voyage de la Bonite. Paris, t. Il, 1852, p. 345.
(8) Leuckart, Zoologische Untersuchungen. Giessen, Heft o, 1854, p. 48.
('■') Gegenbaur, loc. cit., p. 17'2.
(10) Vayssière, Mollusques Hétéropodes provenant des campagnes des yachts
« tiirondeUe » et « Princesse Alice ». (Rés. Gamp. set. Albert de Monaco, fasc. XXVI.
1904, p. 36.)
— 206 —
de 8 à 12 (^) ; et en général, au sein d'une même espèce, on
observe la variation individuelle du nombre de ces filaments
branchiaux (^).
Il y a même des Hétéropodes où la branchie, d'ailleurs peu
développée, peut être peu distincte ou même tout à fait nulle :
certains individus femelles de Firoloides koivaievskiji [^) ; et il
arrive que la majorité des exemplaires chez Atlanta lesueuri
ne présentent aucune trace de filaments branchiaux (^).
Chez divers autres Prosobranches, la même variation du
nombre des filaments de la branchie a été observée; exemples :
Littorina littorea, de 45 à 60; L. obtusata, de 35 à 40;
Lacuna pallidida , de 85 à 45 filaments cténidiaux ; de
même que pour le nombre des lames branchiales péripalléales
des Patelliens : 80 à 100 dans lielc'ion pellucidum (^) ;
12 à 15 filaments cténidiaux chez Truncateila truncatula,
20 à 25 chez (Irepidula moulinsi et 8 à 10 chez Scissurella
costata (^).
b) EuTHYNEUREs opiSTHOBRANCHES. — Lc nombrc des pinnules
de la branchie varie dans ce groupe (et surtout chez les
Pleurobranchiens) de l'un à l'autre individu ; exemples : BuUa
{*) Gegenbaur, loc. cit., p. 185. — Tesch, Pleropoda and Heteropoda (Percy
Sladen Trust Expédition). (Trans. Linn. Soc. Lo.ndon [Zool.], vol. XIV, 1910,
p. d83.)
(*) Krasl'cki, Unienuchungen iiber Anatomie und Histologie der Heteropoden.
(Bull. Acad. Cracovie [Scî. math, und nat.J, 49H, p. 415.)
(3) Tksck, loc. cit., p. 184.
(*) Huxley, On tlie Morplwlogy of the Cephalous Mollusca. (Phil. Trans. Roy.
Soc. London, vol. r.XLIlI, 1853, p. 37.)
(^) Clark, A llistorij of the Britisli Marine Testaceous Mollusca. London, 1855,
respecliveinent pp. 341, 348, 349 et 258.
(6) VwssiÈiiE, respectivement Étiide sur l'organisation de la Truncateila trunca-
tula. (JouRN. DE CoNCH., 1885, p. 20 du tiré à part.) — Observations zoologiques sur
le Crepidiila Moulinsii Michaud. (Loc cit., 1893, p. 15 du tiré à part.) — Étude
zoologique de la Scissurella coslata var. laevigata. (Loc. cit., 1894, p. 8 du tiré
à part.)
— -207 —
striata, 20 à 25 paires de « houppes >> (^) ; Gaslroptenm meckeli,
25 à 30; G. paciflciim, 16 à 20 (^) ; Vmhrdla mcditerranca,
de 20 à 25 pinnules ('). Dans les Pleurobranchidae, le nombre
des pinnules de la branchie peut varier suivant, la taille, mais
toutefois aussi suivant les individus de même taille ; ainsi, il y en
a chez Pleiirobranchus aiirantiaciis, 16 ou 17; l\ monterosatoi,
24 ou 25 (^); Ikrtliella brocki, 20 à 23; H. cHrina, 20 à 25;
Boiivieria ocellaia, de 22 à
24; Siisania testudinaria, de
25 à 29 ; Oscanius mcmbra-
naccits, de 24 à 28 (").
Variation du nombre des
« branchies » ou houppes
branchiales dans les Dori-
diens : Ce nombre peut y
augmenter avec l'âge (^), mais
il varie aussi chez des indi-
vidus de même taille, là no-
tamment où ce nombre est normalement fixe et peu élevé (3 par
exemple) : Thecacera pennigera, 4 ou 5 au lieu de 3 (fig. 124)
et une fois seulement 2 ; Ancula cristata, une fois 2 au lieu de 3
Fi(.. 124. — Thecacera pennigera, individu
avec cinq houppes branciiiales, au lieu de
trois ; vu du côté droit, ap. bi, appendice
dorsal bifurqué; b, bouche; hr, bran-
chies; p, pied; /", tentacule. — Original.
(1) Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opisto-
branckes du golfe de Marseille, part. 1. (Loc. cit., 1885, p. 14.)
(2) Bergh, Die Gattung Gaslropteron. (ZooL. .Jahhb. |Anat. Uîsb Ontgg.|, Bd VI!,
1893, respectivement pp. 288 et 304.)
(') Moquin-Tandon, Recherches anatomiques sur l'Ombrelle de la Méditerranée.
(Ann. Soi. nât. [Zool], 5e série, t. XIV, 1870, p. 23.)
(*) Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opisto-
branches du golfe de Marseille, part. I. (Loc. cit., 1885, respectivement pp. 116
et 129.)
(^) Vayssière, Monographie de la famille des Pleurobranchidés. (Ann. Sci. nat.
[ZooL.], 8e série, t. VIII, 1898, respectivement pp. 259, 263, 288, 364 et 385.)
(^) Cuénot, Contributions à la faune du bassin d'Arcnchon. III. Doridiens. (Bull.
Soc. Sci. Arcachon, 1903, p. 12.) — Bergh, Die Opisthobranchiata der Siboga-Expc-
dition. (Rés. Explor. Siboga, monogr. L, 1905, p. 145; etc.)
— 208 —
(observations personnelles) ; Aegires puntilucens, une fois 2 au
lieu de 3 (^) ; Trevdyana striata, 12 à 14 (^) ; Gouiodoris nodosa,
de H à 16 (deux fois 15, une fois 16) (fig. 126) (observations
personnelles sur des adultes) ; lAimeliidorh hildmcllata, de
Iniru
Fig. 125. — Goniodoris nodosa, partie
postérieure du corps, montrant une
branchie bifiin^uée; vue dorsale.
a, anus; br. bi, branchie bifurquée;
pa, manteau; p, pied. — Original.
Fig. 126. — Gonindoris nodosa, partie postérieure
du corps, montrant une branchie trifurquée ;
vue dorsale, br. /, branchie trifurquée ;p, pied;
/>a, manteau. — Original.
20 à 29 (observations persoilnelles sur des adultes, avec tous les
intermédiaires entre les nombres extrêmes); Pohjcera quadri-
lineata, de 5 à 9 (^) ; les divers Cliromodoris : (J. Liiteo-
rosea, de 6 à 8 (^) ; (J. clegans, de 9 à 11 [^); C. papulosa.
(1) Bergh, Beitrcige zv einer Monoç/raphie der Polyceraden. II. (Verhandl. K. K.
zooL. BOT. Gesellsch. Wien, Bd XXX, 1880, p. 652.)
(2j Vayssière, Recherches zoologiqiies cl analomiques sur les Opistobr anches de la
vier Ronge et du golfe d'Aden, part. II. (Ann. Faculté Sci. Marseille, t. XX, 1912,
p. 62.)
(5) Rergh, Vayssière et Kemhirst. lac. cit.
(*) Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiqiies sur les Mollusques Opisto-
branches du golfe de Marseille, part. III. (Ann. Mus, Marseille, t. VI, 1901, p. 36.)
(5) Ihid., p. 39.
— 209 —
de 6 à 8 (^), etc.; Fdalia elcgans, de i4 à 18 (^); Doris
verrucosa, de 10 à 18 (^) ; D. pilosa, de 7 à 9; />. planata,
de 6 à 9; 7>. depressa, 10 ou 1 1 (^).
Ces branchies des Pleurobranchiens et des Doridiens peuvent
être occasionnellement divisées plus ou moins profondément en
plusieurs houppes montrant des axes primaires multiples :
L Exemples de bifurcation. — Cliromodoris viUafranca
(observation personnelle) ; Goniodoris nodosa
(deux fois, idem) (fig. 125) ; Dons verrucosai^).
2. Exemples de trifurcùtioii. — Goniodo-
ris nodosa, une fois (fig.- 120); Doris verru-
cosa (''); Berthella mimrr C) (fig. 127).
Un Doris verrucosa avait une branchie hexa-
furquée [^) et dans un Cliromodoris inopinata, il
y avait o branchies inégalement multitides (•*).
Subdivision des pinnules : Dans certains
Doridiens, chaque feuillet branchial est simple-
ment pinné ; dans plusieurs de ces formes à branchies simples,
on observe parfois des branchies bipinnées, c'est-à-dire à
pinnules elles-mêmes divisées : Doris verrucosa et diverses
espèces de Cliromodoris (^^).
Fig. 427.
Berthella minor,
brancliie trifurquée.
D'après Bergh.
(^) Bergh, Die Opisthobranchiata der Siboga-Expediiion, p. 136.
{^) Vayssiéuë, loc. cit., 1901, p. 79. — Alder and Hancock, loc. cit., fara. 1,
pi. XXVII.
(3) GuÉNOT, loc. cit., p. 12.
{*) Alder and Hancock, A Monograph of the British Nudibranchiate MoUusca.
(Ray Society, 1845 à 18o5, passim.)
(5) GuÉNOT, loc. cit., p. 12.
(6) Ibid., p. 12.
C) Bergh, Die Opisthobranchiata der Siboga-Expedition, Bd XI, fig. 48.
(») GuÉNOT, lue. cit., p. 12.
n Bergh, loc. cit., p. lo8, pi. XVI, fig. S2.
(i") Eliot, in Alder and Hancock, A Monograph of the British Nudibranchiate
MoUusca, part VlII isupplementary). (Ray Society, 1910, p. 83.)
14
— 210
Absence de rétractilité : Beaucoup de Doridiens (les Crypto-
branches) peuvent rétracter leurs branchies dans une cavité
branchiale du manteau; Doi'iopsis rubra, normalement crypto-
branche, présente des individus à poche branchiale atrophiée (^).
(■) PuLMOiNÉs. — Les saillies branchiales intrapulmonaires de
Siplionaria australis, dans des adultes de taille moyenne, varient
en nombre de 20 à 33 (observations
personnelles) ; la branchie palléale de
Planorbis coîmeus,h bord normalement
entier, s'est montrée une fois fortement
échancrée à son extrémité libre (fig . 1 28)
(observation personnelle). La même
branchie ou lobe respiratoire de A ;?cj//ms
jluviatilis est très inégalement dévelop-
pée dans les différents cours d'eau
2\
La taille ou l'âge auquel les jeunes
Pulmonés basommatophores viennent
respirer l'air atmosphérique et vider
leur poumon de l'eau qui s'y trouvait
varie assez bien au sein d'une même
espèce, notamment chez les Limnéens :
chez Limnaca stagnalis, cet âge oscille
entre un jour et demi et dix jours ou même un peu davantage (^) ;
de même, dans L. auricidaria, certains nouveau-nés avaient de
l'air dans le poumon au deuxième jour de leur sortie de l'œuf;
d'autres, élevés avec les précédents, à partir de l'éclosion, sans être
FiG. 428. — Planorbis corneus
albinos (sans pigment ré-
tinien), dont la branchie
palléale est échancrée à
l'extrémité libre, vue anté-
rieure, br, branchie ; cq,
coquille; p, pied; t, tenta-
cule. — Original.
(1) Eliot, Journ. Linn. Soc. London (ZooL), vol. XXXI, 1908, p. 418.
(2) Bouchaud-Chântereaux, Catalogue des Mollusques terrestres et fluviatiles
observés jusqu'à ce jour ii L'étal vivant dans le département du Pas-de-Calais. (Mém,
Soc. Agric. Sci. et Arts. Boulogne-sur-Mer, 1836, p. 215, 1837.)
(5) Trente-six à quarante-huit heures : De Ouatrefages, Mémoire sur l'embryo-
génie des Planorbes et des Limnées. (Ann. Sci. nat. [Zool.], 2e série, t. I, 1834,
p. 413.) — De mon côté, j'ai vu de jeunes L. stagnalis de six jours, ayant déjà une
taille double de celle de l'éclosion, sans air dans le poumon, et dans une eau sans
calcaire; cet âge s'est prolongé jusqu'à plus de dix jours.
— 211 —
empêchés d'arriver à la surface, ont conservé )a cavité palléale
pleine d'eau pendant fort longtemps : parmi eux il s'en est trouvé
assez bien qui, sous une couche d'eau de quelques centimètres
seulement, sont restés pendant deux et trois mois sans prendre la
respiration aérienne et ont gardé un poumon « aquatique » aussi
longtemps que l'expérience a été continuée (observations person-
nelles) ; j'ai eu également de jeunes Pliysa fontinalis qui, six
semaines après l'éclosi on, étaient encore sans air dans le poumon.
On sait d'ailleurs que des individus de diverses espèces de
Limnées peuvent conserver longtemps et même indéfiniment la
respiration aquatique, tant à l'état naturel qu'expérimenta-
lement : L. glubra a pu être conservé sous l'eau — sans
contact avec l'air extérieur pendant dix-neuf jours (^), L. stagna-
lis pendant cinquante-deux (^) et même nonante et un jours ('^).
Les Limnaea stagnai is et L. palustris var. ahyssicola, des
zones profondes du lac de Genève, ont leur poumon plein
d'eau (*) ; diverses autres espèces vivent aussi dans certaines
localités à des profondeurs telles ne peuvent respirer l'air en
nature : L. auricularia dans le lac de Constance (^), dans le lac
de Genève (*^), L. mighelsi dans Crystal Lake (^). Il est connu
d'ailleurs que l'eau peut entrer dans la cavité palléale des C/iilina
dombeyi, chez lesquels la respiration est alternativement aqua-
tique et aérienne (-) ; et l'on s'explique ainsi que quelques
(1) Moquin-Tandon, loc. cit., t. I, p. 81.
(2) Brockmeyer, Forschungsber. Biol. Stat. Pion, Bd IV, 1896, p.
(3) Pauly, Ueber die Wasserathmung der Limnaeiden. Mûnchen, 1877, p. 32.
(*) FoKEL, Matériaux pour servir à l'étude de la faune profonde du lac Léman.
(Bull. Soc. Vaud. Sci. nat. [Lausanne], t. XIII, 1874, pp. 53 et 112) (de jeunes
L. palustris vav.abijssicola, de trois à quatre jours, développés dans la profondeur, ont
lepris facilement la respiration pulmonaire, quand ils ont été amenés à la surface).
(S) VON SiEUOLD, Ueber das Anpassungsvermogen der mil Lungen athmendan Mol-
luscen. (SiTzuNGSBER. Akad. MiiNCHEN [Maïh.-Phys. Cl.], 1875, pp. 40 et 41 [70 m.].)
(•!) André, Note sur une Limnée de la faune profonde du lac Léman. (Journ. of
Malacol., vol. VIII, 1901, p. 35 [40 m.].)
(') Walker, Note on the habits of Limnaea mighelsi. (Nautilus, vol. XIV, 1910,
p. 8 [4 m.].)
(**) Plate, Mittheilungen ûber zoologische Studien an chilenischen Kitste. (Six-
ZUNGSBER. Akad. Wiss. Berlin, 1894, p. 1269.)
21-2 —
Piilinonés basommatophores se soient adaptés à garder norma-
lement toute leur vie la respiration aquatique : t^lauoiins
cristatiis (ou naiitileus) par exemple (^).
Mais dans les Pulinonés a(|uatiques à respiration aérienne, il
y a aussi de grandes variations dans le nombre des aspirations
faites à la surface, dans leur durée et leurs
intervalles. Limnaca elodes offre à ce point
de vue de très importantes variations indivi-
duelles : la durée de ces aspirations va d'une
FiG.\^9. — Lucinafra- fraction de "seconde jusqu'à nonante-six
gi7w, branchie du côté secondes, et leur intervalle de quinze
droit, présentant une i - i • i /• '^ i j
. i f . secondes a plusieurs heures (lusqu a plus de
echancnue proionde ' u i t
de son bord ventral, sept heures) (-). Pour Limuaea palustrls,
vue intérieure. — On- qj^ r^ constaté qu'entre deux aspirations il
peut s écouler de neui a quarante-deux
minutes (^). Chez Planorbis corneus la durée des inspirations
varie de dix à vingt secondes, et leurs intervalles de seize à
trente-six minutes [^).
Le poumon de Oncidiella pateUoides (et vraisemblablement
de tous les Oncidiidae) est une cavité ramifiée de conformation
variant d'un individu à un autre (observations personnelles).
C. Lamellibranches. — o) Variation dans la forme
GÉNÉRALE. — Un exemplaire de Lncina fragUis avait le bord
ventral de la lame branchiale droite profondément échancré vers
son milieu (fig. 129) ; un Anodonta ci/<jnca vivant a été vu aussi
avec les branchies avortées C") : il ne semble pas que ces organes
(1) \Vij,i,EM, Prosohrancfies aériens et Pulmoné aquatique. (Bui.l. .4cad. Belg.,
3e série, t. XXIX, 1895, p. 82.)
(*) Walter, Tke Behavior of tlie Pond Snaii. (Cold Spuing Hap.bor Monographs,
vol. VI. 1906, p. 15.)
(3) Baker, The Limnaeidae of North and Middl^ America récent and fossil.
(Chicago Agad. of Sgi.. Spécial Publications. 1941, p. 3.)
f^) (ayi.or, a Monoqraph, etc . vol. 1, p. 305.
(5) Bloomer, On some malformed spécimens of Anodonta cygnea L. (Journ.
Malacol. London, vol. Vil, 1900, p. 138.)
— ^13 —
puissent être le siège de régénération (si ce n'est pour les
branchies incubatrices de Ciiclas) (^).
h) Variation du nombre des filaments branchiaux. — Ce nombre
peut augmenter avec l'âge; mais il varie aussi suivant les indi-
vidus du même â^e. 11 oscille autour de 65 chez Nucula nucleus
et de 170 chez Solenomija togata (^). Dans une même l)i'anchie,
il y a parfois plus de filaments d'un côté que de l'autre : Nucula
dciphinodonta, Yoldia Umatula (^).
Le nombre des filaments branchiaux peut varier encore par
fusion de deux ou plusieurs filaments sur une partie de leur
longueur : la chose a été constatée fréquemment dans Cardium
edtile et Batissu tenehrosa (^), d'une façon moins marquée dans
quelques autres espèces et accidentellement chez Donax polt-
tiis ("') ; elle est probablement assez répandue, si l'on en juge
d'après certaines figures de coupes de branchies (^).
Dans les branchies plissées, ce qui varie très souvent c'est
le nombre des jonctions interlamellaires et conséquemment le
nombre de filaments par plissement de la branchie : Pecten
irradians et Venus mercenavia ['')., Phma (Àtrina) r'ujida (^),
(1) PoJARKOFF, Incubation des embryons et régénération des branchies chez les
Cylcas (Sphaerium corneiim L.). (Arch. Zool. expér., S" série, t. V, 1910.)
(2) Pelseneer, Contributions à l'étude des Lamellibranches. iArch. de Biol.,
t. XI, 1891, respectivement pp. 162 et 180.)
('^) Drew, The Life-Hi.si.orf/ of Nucula delphinodonta. (Quart. Journ. Micr. Sci.,
vol. XIJV, 1901, p. 361.; — Drew, Yoldia limatula. (Mem. Biol. Labor. Johns
HoPKiNs Univ., vol. IV, 1899, p. l'i.)
(*) RiCE, Fusion of Filaments in the Lamellihranch Gill. (Biol. Bull. [Boston],
vol. Il, 1900, p. 74.)
(S) Ilnd., p. 77.
(6| Van Haren, Die LameUibranchiaten gesammelt wàhrend der Fahrten des
« Willem Barents ». (Niederl. Arch. f. Zool., Suppl. Bd, 1, 1882, pi. III, fig. 42
[Cardium ciliatum].) — Pelseneer, Contribution à l'étude des Lamellibranches.
(Loc. CIT., 1891, pi. XIV, fig. 49.)
(') Keixog, a Contribution to onr Knowledge of the Morphology of Lamelli-
branckia. (Bull. U. S. Kish. Comm., vol. X, 1890, pp. 4"20 et 422.)
(**) Grave, Anatomy and Physiology of the Wing-Shell Atrina rigida. (Bull. Bur.
FisH. U. S., vol. XXIX, 1909, p. 419 [10 à 12J.)
-214
Ostrea edulis et Vemis cliione {^), Lima liians (^), Aetlieria
pkimbea (^), diverses espèces de Najades (^), Donax truncidus et
Mya arenaria ("'), Cardhim, edule ('') et un grand nombre
d'autres formes (').
Quant au nombre des plissements eux-mêmes, il est variable
également dans la généralité des espèces, ainsi que les unions
interfoliaires qui les déterminent. La nature même de certaines
de ces unions peut changer au sein d'une même espèce : ainsi,
dans un spécimen de Melcagrina viilgaris, les 12 filaments d'un
plissement étaient joints par une union organique complète {^).
Des septa, complets ou non, divisent l'intérieur des lames
branchiales des Najades femelles en « water-lubes » de grandeur
variable (par suite de la variabilité de leur propre nombre) (^) ;
et ceci explique la varial)ilité des rangées d'œufs dans les
branchies de ces femelles (^").
Chez Perna epliipphim, c'est à des intervalles variant de
11 à 15 filaments que se trouvent les septa joignant les deux
branches d'un même filament (^^).
Les branchies peuvent présenter le phénomène de con-
crescence avec la masse abdominale, avec le manteau et entre
(1) Bonnet, Der Bau uni die Circulationsverhâltnisse der Acephalenkierne.
(MoRPH. Jahkb., Bd III, 1877, pp. 297 et 299.)
{-) Pei.seneer, loc. cit., p. 201 (plus ou moins de 16).
(5) Anthony, Influence de la fixation pleurotliétique sur la morphologie des Mol-
lusques Acéphales Diimjaires. (Ann. Sci. nat. [Zool.], 9^ série, t. I, 1905, p. 357.)
('') Ortmann. a Monograph of the Najades of Pcnnsxjlvania. (Mem. Carne(;ie
Muséum, vol. IV, 1911, p, 291 [5 à 20, toujours moins dans les femelles].)
(î») Sluiter, Beitrlige zur Kenntniss des Baues der Kiemen bei der Lamellibran-
chiaten. (Niederl. Arch. f. Zool., Bd IV, 1879, pp. 9 et 12.)
(9) JoHNSTONE, Cardium. (Liverpool Mar. Biol. Com. Mem., vol. II, 18U9, p. 45.)
C) RiDEWOOD, On the Structure of the Gills of the Lamellibranchia. (Phil.
Trans. Rov. Soc. London, série B, vol. CXCV, 1903, pp. 211 à 247.)
(S) Heudman, Note on some Points in the Structure of the Gill of the Ceylon Pearl-
Oyster. (.louiiN. Linn. Soc. London |Zook.], vol. XXIX, pi. XXVII, fia;. 7.)
(9) Ortmann, Monograph of the Najades of Pennsylvnnia. (Loc. cit., p. 285.)
(10) Rabl, Ueber die Entwicklungsgeschickte der Malermuschel. (Jen. Zeitschr.,
M X, 1876, p. 310 [de 20 à 50].)
(") Jackson, Phylogeny of the Pelecypoda. (Mem. Boston Soc. Nat. Hist., vol. IV,
1890, p. 341.)
— 215 —
elles ; mais l'étendue de cette union peut varier dans une même
espèce. Par exemple, dans certaines espèces de Najades, les
connections entre le feuillet interne de la lame branchiale
interne et la masse abdominale sont variables, parfois même
d'un côté à l'autre chez un même spécimen (^). La longueur
de cette union varie dans Plagiola securis ; également dans
P. elegans, où elle montre tous les intermédiaires entre soudure
sur un quart de la longueur et soudure presque complète, à
part un petit orifice libre en arrière; dans plusieurs espèces de
Lamps'iiis, il peut y avoir union complète, ou incomplète avec
un orifice libre en arrière (^).
Il en est de même pour les connexions des branchies entre
elles. Ainsi dans Perna epliippiuin, le degré de concrescence des
branchies entre elles varie suivant les individus : l'union existant
seulement en arrière ou sur toute l'étendue — ici encore avec
tous les intermédiaires (^) ; ces connexions varient encore, pour
les branchies entre elles ou avec le manteau, suivant les spéci-
mens, dans diverses espèces de Chamidae (^) et de Septifer
(S. bilocularis, S. excisus) (^).
On a observé la variation du nombre des ouvertures de la
cloison branchiale de diverses espèces de Cetoconc/ia (Silenia),
surtout dans les groupes postérieurs d'ouvertures; dans C. bulla,
il y a de 3 à 5 ouvertures postérieures intérieures et 2 ou
3 postérieures extérieures [^) ; chez C. pelsenccri, il peut y avoir
1 ou 2 orifices au groupe le plus postérieur C^).
Un feuillet branchial supplémentaire a été rencontré dans un
(1) Ohtmann, Monograph of the Najades of Pennsijlvania. (Loc. cit., p. 286.)
(2) Ibid., p. 287.
(3) Jackson, Pkylogeny of the Pelecypoda. (Mem. Boston Soc. Nat. Hist., vol. IV,
1890, p. 326.)
{*) Odhner, Stndies ort the morphology , the taxonomy and the relations of récent
Chamidae. (Kgl. Svensk. Akad. Handl., vol. LIX, n» 3, 1919, pp. 45, 48, 60 et S3.)
(5) Ibid., p. 65.
(6) Dall, Report on the Mollusca. Part I. Brachiopoda and Pelecypoda. (Bull. Mus.
CoMP. ZooL., vol. XII, 1889, p. 283.)
(J) Pelseneer, Les Lamellibranches de l'Expédition du Siboga, p. 79.
— -216 —
individu de Cardium (Hemicardium) cardissa (^) (fig. 130).
Les organes godronnés situés le long des branchies des
Mytilidae varient en nombre suivant les spécimens, dans une
v£ar-
■X ■■■' >r^^\
A'
f
-p. tw.
Fig. ioO. — Cardinin (Hemicardium) cardissa, vue ventrale d'un
individu présentant à droite un IVuiliel liranchial supfilémentaire
sur la cloison inlerbrancliialo pottpédieuse. ad\ adducteur anté-
rieur; b, bouche; br\ lame branchiale interne; br", lame bran-
chiale externe de la branchie dioite; br'", feuillet branchial
supplémentaire; o. a, orifice anal du manteau vu par transpa-
rence; 0. br, orifice branchial; p, pied; p. l, palpe labiale;
sp, cloison interbranchiale; vlv, valvule. — D'après Pelseneer.
même espèce (Mytilus ediilis), et dans chacun d'eux, le nombre
des plis oscille entre iO et oO (^).
(') Pelseneer. Le'î Lamellibra?iches de l'Expédition di/ SïT'o/ya, p.."?, pi, XX, fig. 8.
(') Sabatier, Éludes sur In Moule commune (Mvtilus edulis). (Mém. Acad. Mont-
pellier, vol. VIII, 1877, p. o5.)
— 217 —
/>. Céphalopodes. — Le nombre des i'euillets de la
brancliie est inconsLnnl au sein de chaque espèce, de même que
le nombre de plissements dans chaque feuillet.
Chez Naittilus pomp'iims, ce nombre de feuillets peut osciller,
à la branchie antérieure, de 33 à 4-5 ; et à la branchie postérieure,
de 40 à G5; dans des cas exceptionnels, on a même trouvé, à
l'une ou à l'autre, 30 feuillets seulement (^),
Sur chaque feuillet branchial de N. pompilius, il y a une
soixantaine de plis, dont parfois l'un est bifide (~).
Sepia ollicinalis montre, sur chaque feuillet de la branchie,
30 à 35 ondulations, avec 35 à iO replis par ondulation (^) ;
chez Ommatostrcphes sagittatus, il y a de 10 à 12 replis par
ondulation (^). La branchie de Octopus vulgaris porte, de
chaque côté, H à 13 feuillets {^)\ celle de Elcdone moscliata,
de 10 à 12 (''). De petites irrégularités se rencontrent dans la
constitution des feuillets branchiaux des Octopus [^).
La branchie de Spirula australis porte de 22 à 24 paires de
feuillets ou même moins {^).
(1) OwEN, Memoir on the Pearly Nautilus (Nauiilus pompilius) (36 et 48). —
Valenciennes, Nouvelles recherches sur le Nautile flambé. (I.oc. cit. [33 et 41 J.) —
JouBiN, Recherches sur V appareil respiratoire des Nautiles. (Rev. Biol. Nord, t. Il,
IS'.lO, p. t) [45 et 40].) — Gp.iffin, The Anatomy of Nautilus pompilius. (Loc. cit..
p. 141 [SO à 45 et 30 à 6.^i].)
(2) ScHÂEFER, Ueber die Atmungsorgane der tetra- und dibranchiaten Cephalopoden:
Leipzig, 1904, p. 10, pi. I, fig. 1.
(5) JouBiN, Structure et développement de la branchie de quelques Céphalopodes des
côtes de France. (Arch. Zool. expér., 2e série, t. III, 1885, p. 1!1.)
(') Ibid., p. 121.
(S) JouBiN, loc. cit., p. 125. — Suivant Keferstein (Bronn's Thierreich, Bd 111,
18(i6 p. 1387), cette oscillation serait de 10 à 12.
(^) Cméron, Recherches pour servir à l'histoire du système nerveux des Céphalo-
podes Dibranches. (Ann. Sci. nat. [Zool.], 5^ série, t. V, 1866, p. 22 [le nombre de
ganglions du nerf branchial y varie d'une façon correspondante].)
(^ Schaefer, loc. cit., p. 13.
(8) OwEX, Supplementary Observations on the Anatomy of Spirula australis
Lamarck. (Ann. Mag. Nat. IIist., 5e série, vol. III, 1879, p. 12 [24 paires].) —
Huxley and Pelseneer, Report on the Spécimen of the gemis Spirula. (Zool. Chal-
lenger ExPED., part LXXXIII, 1895, p. 14.) — Chun, Spirula australis. (Ber. math.
PHVS. Kl. k. Sachs. Gesellsch. Wiss. Leipzig, Bd LXII, 1910, pi. I, fig. 2.)
— -218
SYSTEME EXCRETEUR.
.4. Amphineures. — 11 n'est pas rare de trouver dans
diverses espèces de Chitons des individus dont un rein est
asymétrique par rapport à l'autre; cette asymétrie porte sur
l'extension en avant (^), ou bien un rameau d'un rein d'un
côté s'étend souvent un peu de l'autre côté (au delà du plan
médian) : Cliiton siculiis Ç^), Acantlioplcura ccinnaîa (^), etc.;
ou bien c'est la situation (ouverture) du canal réno-péricardique
qui varie (divers Chitons) (^). Tne fois, à gauche, la chambre
urinaire (ou sac rénal) communiquait aussi avec l'entonnoir
réno-péricardique (comme la branche antéro-postérieure du
rein) : .4. ccliinata (''). Dans un individu de Cryptoplax (Chito-
nellus) larvnef'ormis, les deux reins présentaient une communi-
cation entre eux (^) . •
Ensuite, dans diverses espèces, les diverticules latéraux du
rein sont plus ou moins étendus suivant les individus et varient
de grandeur relative ("). Enfin la position de l'orifice rénal
extérieur peut varier, comme dans Crijplocliiton stelleri, où
exceptionnellement il n'est pas contre la dernière branchie {^).
B. Gastropodes. — Dans les Gastropodes à deux reins,
du groupe des Fissurellidés, le rein gauche est surtout variable
de conformation : celui de Fissurella costaria est tantôt entiè-
(*) Plate, I)k Analomie und Phylogenie der Chitonen. Tlieil G. (ZooL. Jahub.,
Suppl. B(l V, -1901, p. 537.) — Contirmé pour Boreochiton rnarginalus, par mes
observations personnelles.
(2) Ham.eiî, Die organisation der Chitonen der Adria. (Arb. Zool. Inst. Wiein,
Bd IV, 18S-2, p. 4i>.)
(3) Plate l"c. cit., Tlieil A, p. 148.
(■*) Plate, Ioc. cit., Theil G, p. 337.
{5) Und., Theil A, p. 144.
(6) Wetïstein, Zur Atmtonie oon Cryptopiax larvaeformis liiirrow. (Jex.
Zeitschr., B.I XXXVIII, 1904, p. 497, pi. Xli, fig. 27.)
(7) Plate, Iok. cit., Theil A, p. 149.
(8) Heatii, The excretonj and circulatory Systems of Cryplochiton stelleri Midd.
Biol. Bull., vol. IX, 1905, )). 216.)
— 219 —
rement simple, tantôt légèrement ramifié (^); celui de Punctu-
relta (Cemoria) noacliina est différemment développé suivant les
individus; il a des plis ou n'en présente pas, son entonnoir
réno-péricardique est plus ou moins grand ou même absent (^).
Parfois le rein droit de Haliotis tuherculata n'est pas divisé à
sa partie supérieure, en lobes et lobules, mais forme intérieu-
rement de petites papilles (^).
Le rein ramifié des Nudibranches Tritoniens offre comme celui
'\jr.lyt-
FiG. 131. — Elysia viridis, coupe transversale passant par le cœur, mon-
trant deux des orifices réno-péricardiques multiples de position incon-
stante, l. va, lobe palléal ; o. r. p., orifice réno-péricardique ; p, péricarde;
r, rein; v. br, veine branchiale; ve, ventricule. — D'après Pelseneer.
desChitons une variabilité du nombre des brancbes:il en est ainsi
dans Tritonia hombergi (^);de même dsins ScijUaea marmorata (^),
ces branches sont au nombre de 1 ou 2 sur les organes génitaux.
Elysia viridis présente un nombre considérable, mais un peu
inconstant, d'orifices réno-péricardiques (de 10 à 12) (^) (fig. 131).
(1) VON Jhering, Zur Morphologie der Niere der sog. « Mollusken n. (Zeitschr.
wiss. ZooL., Bd XXIX, 1877, p. 604.) — Confirmé par von Erlanger, On the paired
Nephridia of Prosobranchs, etc. (Quart. Journ. Micr. Sci., vol. XX.V1II, 1892, p. 597
[généralement sacciforme, parfois légèrement ramifié : fia;-. 5 et 19J.)
(2) A. Meyer, Bas RenogeniiaLsyslem von Puncturella noachina. (Biol. Gen-
TRALBL., Bd XXXllI, 1913, p. 519.)
(5) Wegmann, Contributions à l'histoire naturelle des Ealiotides. (Arch. Zool.
EXPÉR., 2e série, t. II, 1884, p. 323.)
(■*) Observations personnelles.
(5) Hancock, On the Structure and Homologies of the Rénal Organ in the Nudi-
branchiate MoUusca. (Trans. Linn. Soc. London, vol. XXIV, 1864, p. 518.)
(6) Pelskneer, Recherches sur divers Opisthobranches. (Loc. cit., 1894, p. 59.)
220
éssp
Le rein des Piilmonés basonimatophores a la forme d'un
tube allongé replié un petit nombre de fois dans les Ancylits,
Gundlachin, etc. Parfois il possède une anastomose entre les
deux branches parallèles de ce tube : Aiiqilus fluviatilis a
montré cette disposition chez un exemplaire (^).
Dans les Physa, comme dans les Limnaea, etc , le lein CvSt un
tube replié alternativement en avant et en arrière, avec de petites
branches transversales régulières
et successivement postéro -anté-
rieures et antéro-postérieures. Il
est très facile devoir sur des indivi-
dus très jeunes de Physa foutinalis
(au travers même de la coquille)
la variabilité de forme de l'appa-
reil : assez souvent, des branches
transversales masiquent, vers le
guliers du tube rénal; vue dorsale, milieu du rein, et il y a ainsi (les
0, orifice extérieur ; pl\ plisse- • > a* • \ i i j
' . , ,. A -, anses qui n atteignent pas le bord
ments irreguliers. — Original. ' .
antérieur ou le bord postérieur
(fig. 132). J-,e même fait peut s'observer dans d'autres Pulmonés
aquatiques, nouveau-nés, par exemple dans diverses espèces de
Limnaea : L. auricularia, L. pereyra, etc. (observations
personnelles).
Fig. 13-2. — Physa fontinalis nou-
veau-nés, reins de deux intliviilus
différents, avec plissements irré-
C. Lamellibranches. — Les orifices réno-péricardiques
sont en nombre variable dans les divers individus de Anomia
ephippium [^), comme dans Elysia vhidis.
Lorsque chaque rein est formé d'un tube plusieurs fois replié,
il arrive que la situation et les rapports des diverses anses
successives en soient variables dans une même espèce : ainsi chez
(^) Akdré, Contributions à l'anatomie et à la physiologie des Ancylus lacustris et
iluviatilis. (Rev. suisse de Zool., t. I, 1893, p. UA.)
(*) Sassi, Zur Anatomievon Anomia ephippium. (Arb. Zool. Inst. Wien, Bd XV,
1903, p. 93.)
— 221 —
Cydas cornea, le parcours du tube rénal n'est pas toujours
constant et des difïerences individuelles se constatent même au
travers du manteau (observations personnelles).
Quant aux glandes péricardiques excrétrices, elles présentent
fréquemment des variations individuelles de leur longueur, par
exemple dans Meleayrina marcjaritifera et dans Pliolas dac-
tijlus {^).
Le péricarde de Oslrea a montré, dans un individu, une
tumeur très grande, développée aux dépens des tissus recouvrant
le rectum et le cœur ('^).
/>. Céphalopodes. — Le nombre des appendices glandu-
laires de la veine cave varie chez Octopus macropus, en oscillant
autour de 10 (^).
10. — SYSTÈME REPRODUCTEUR.
^4. Amphmeur»es. — a) Extension de la glande génitale.
— Dans certains individus de Cliiton siculus, l'extrémité posté-
rieure du testicule est recourbée en S vers le dessous et vient,
par sa pointe, s'étendre sous la paroi inférieure du péricarde (^).
b) Variabilité de forme des spermatozoïdes. — Un certain
nombre de spermatozoïdes de Chitoii sqiiamosus, par exemple,
ont le fouet inséré à l'extrémité pointue de la tête (^) (fig. 138).
(*) Grobben, Die pericardialdrûse der Lamellibranchiaten. (Arb. Zool. I^sT.
WiEN. Bd VII, 1888, respectivement pp. 389 et 413.)
(2) Ryder, On a tumor in tfie Oyster. (Proc. Acad. Nat. Sci. Philadelphia, 1887,
p. 23.)
(') ViGELius, Veber das Excretionssystem der CephaLopoden. (Niederl. Arch.
F. Zool., t. XX, 1880, p. 147.)
(*) Haller, Die Organisation der Chitonen der Adria. (Arb. Zool. Inst. Wien.
Bd IV, 1882, p. 5-2.)
(S) Metcalf, Contributions to the Embryology of Chiton. (Stud. Biol. Labor.
JoHNs HoPKiNs Univ., vol. V, 1893, p. 251, pi. XVI, tig. 34.)
û)-:)-)
c) Variabilité du nombre des spicules copulateurs dans les
Néoméniens. — Par exemple sur Vroncomenia langi, dont un
exemplaire a été rencontré avec 1 paire, un autre avec 8 et 5 (^).
FiG. 133. — Chiton squamosus, deux formes de
spermatozoïdes : à gauclie, forme usuelle; à
droite, forme moins commune (23 %). —
D'après Melcalf.
/
B. Gastropodes. — Leur appareil reproducteur varie au
plus haut point dans les formes hermaphrodites, où la com-
plexité des conduits et des appareils accessoires est cause de
plus nombreuses occasions de variation en dehors des variations
dues à l'âge ou à la période physiologique (^). Les variations
ont été observées surtout dans les Pulmonés, et plus particuliè-
rement chez les Escargots servant, dans les laboratoires, aux
exercices de dissection pour étudiants.
a) Glande génitale proprement dite. — 1 . Absence ou riidi-
rnenlal'wn. — L'absence de glande génitale a été indiquée chez
certains Vitrina (") (il n'est pas démontré qu'il ne s'agit pas
là d'un cas de castration parasitaire dont on connaît divers
exemples dans les Mollusques : llelix, Paludina, Trochus,
(1) NiERSTRASz, The Solenogastres of the Siboga Expédition, 1902, p. 9.
(2) Par exemple, la g-lande albuminipare qui grandit avec l'âge et qui, à l'époque
du rut, est cinq à six fuis plus grande : Moquin-Tandon, Histoire naturelle des
Mollusques terrestres et fluviatiles de France, t. I, iS'iS, pp. 192 et 193.)
(5) Furïado, On a case of complète Abortion of tke Reproductive Organs in
Vitrina. (Ann. Mag. Nat. Hist., 5« série, vol. IX, 1882, p. 397.)
223
Natica, LiUorina, Donax, Mactra, Cardium, Tapes, etc.) {^).
Dans des Limaea mcgasoma élevés depuis plusieurs générations
dans le continement, il a été reconnu que la glande génitale
hermaphrodite était complètement atrophiée, et la confirmation
en était donnée par le t'ait que les pontes de ces exemplaires
étaient dépourvues de germes (-). Enfin il faut rattacher ici le
cas d'un Hclix memoralis adulte présentant encore les organes
génitaux à l'état de développement où ils se trouvent chez les
très jeunes spécimens (■^).
2. Forme et nombre. — Dans Entoconcha mirahilis, l'appa-
reil mâle est composé de 4 à 18 capsules séminales (^).
Dans certains groupes de Gastropodes, la glande génitale est
subdivisée en lobes réguliers, distincts, dont le nombre est
habituellement constant dans chaque espèce, tout en présentant
cependant quelque variabilité. Parmi les Nudibranches, Plujlliroe
biicephaium en est un exemple bien net avec 2 ou 3 lobes,
exceptionnellement 5 (^) ; Dirona picla en possède de 6 à 8 (^).
Parmi les Pulmonés stylommatophores, cette disposition
est assez fréquente et des variations individuelles y ont été
rencontrées également : Laeocatliaica polijtyta, nombre oscillant
(*) Voir quatrième partie : facteurs biologiques, et Pelseneer, Trématodes -para-
sites de Mollusques marins. (Bull. Sci. France et Belgique, t. XL, 1906, p. 182.)
(') Whitfield, Description of Limnaea (Bulminaea) megasoma Say, with an
account of changea produced in the off'spring by unfavorable conditions of life. (Bull.
Ameu. Mt s. NAT. HisT. iNevv York, vol. I, lï'Sâ, p. 35.)
(2) Paravicini, Hélix nemoralis a guscio adulto ed organi genitali giovani : nota
teratologica. (Boll. Soc. Scl Pavia, vol. XX, 1899, p. 79.)
(•*) J. Mueller, Utber Synapta digitata und die Erzeugung von Scknecken in Holo-
thurien. Berlin, 1852, p. 12.
(^) Mueller und Gegenbaur, Ueber Phyllirhoe bucephalum. (Zeitschk. wiss.
ZooL., Bd V, 1854, p. 366 [2, rarement 3j.) — Mac Donald, Observations on the
Anatomy of the Pliyllirhoe bucephala (Péron). (Proc. Roy. Soc. Lo.ndon, vol. VII,
18So, p. 366 [de 2 à 5].)
(") 5Iac Farland, The Nudibranch family Dironidae. (Zool. Jahrb. [SuppK],
vol. XV, 1912, p. 530.)
224 —
autour de 12; Buliminus buliminus, autour de lî; Acusta
rarda, 6 ou 7 (^) ; chez Hélix aspersa, la i^lande a parfois celte
conformation en houppe (^) ; le nombre de ces houppes ou
faisceaux d'acini varie aussi en nombre suivant les individus
dans diverses espèces de Clausiliens : (ÂausUia veniricosa, de
(3 à 9; C. plicatula, de 4 à 6; C. pumila, de 5 à 7 ; C. bidcntala,
de 6 à 9; Balea perversa, de 5 à 7 (•^). Chez OncidieUa marf/i-
nala, leur nombre va de 5 à 7 (^).
3. Nature (liermaphroditisme accidentel). — Des individus
hermaphrodites se rencontrent occasionnellement chez des
espèces à sexes séparés ; par exemple dans les Palelliens : Patella
vulijata (•'), Acmaca fragilis (2 sur 18) (*"), Lottia (Scurna)
giyantea; de même dans Ampullaria polita, dont un individu
femelle avait une glande mâle avec son conduit annexé à l'appa-
reil femelle (^) ; Conus mediterraneus , chez lequel 25 "/o des
mâles ont sporadiqueuient quelques ovules dans le testicule (^).
b) jXombue des chromosomes. — a. Dans les ovules. — Il est
vai'iable, au moins chez les Aplysia {'•').
(1) WiEGMANN, Binnen-HloUusken ans Weslchina und Centralasien. (Ann. Mus.
ZooL. Saint-Pétersbouhg, t. V, 1900, respeciivement pp. 120, 147 et 64.)
(2) Tayi.ou, a Monograph vf the Land and Freshwater MoUusca of the ïiritish
Mes, vol. I, 1900, p. 358, tig. 634. j
{^) SfERNiiKHG, Anutomie des Clausilies danoises, in Mindeskrift for Japetus
Steenstkup. 1914, respectivement ^ip. 28, 29, 33, 35 et 39.
(•*) VON WissEL, Beitràge %ur Anatomic der Galtumj OncidieUa. (ZooL. .Iahhb,
[Suppl. IV], 1898, p. 6"i5.)
(•') Gemmiu, On .some Cases of Itennaphroditistn in Ihe Litnpel. (Anat. Anz.,
Bd XII, 1896, p. 392.)
(•') WiLLCOx, Zur Anatoinie von Acmaea fragilis Chemnilx,, (Jen. Zeitschk.,
Bd XXXIl, l89o. p. 444.)
(') Bouvier, K'ude sur l'organisation des Ampullaires. (Mém. Soc. Philomath.
Paris | centenaire], 1888, p. 77.)
**) KuscHAKEWi rsc)], Studien iiber den Dimorpkismus der mannlicken Geschlechts-
ekmente bei den Prosobranriaa. (Arch. f. Zellforsch., Bd X, 1913, p. 237.)
(3) Mazzarelli, Monographia délie Apliisiidue del golfo di Napoli. (3Iem. Soc.
1TAL. Sci., 3e série, t. IX, n» 4, 1893, [>. 132.)
2^:;
p. Dans les spertmtlociitrs. — Ce point a été encore assez
peu examiné; on sait toutefois que, dans Heliv liortensis. le
nonibie des chromosomes peut être 22 ou 28 (*).
h') Partie HERMAPHROorri; des conduits. — Le canal herma-
phrodite de imhrella mediterranea, au point où il pénètre
dans lîj glande albuminipare, présente un renflement (« talon »,
Moquin) ; dans un individu, ce talon manquait à la place
normale et se trouvait situé à l'extrémité de la région renflée
du conduit hermaphrodite, i)eaucoup plus voisin de la glande
génitale (^).
Des individus de Hélix pomatia ont été rencontrés qui pré-
sentaient une jonction du conduit hermaphrodite au conduit de
la poclie copulatrice ('') ; d'autres exemples de cette même
disposition ont été observés dans Ariophanta rarogiUtata (^),
Troc/ionanina percarinata et T. ihuensis, où le col du recepta-
culum seminis était relié à la prostate par un conduit (■').
c) Conduit mâle. — I. Ahsenee ou discontmuité. — Elle a été
observée dans, un certain nombre de Pulmonés stylommato-
phores; c'est ainsi (jue les espèces suivantes ont montré chacune
un individu entièrement dépourvu de la partie mâle des conduits
et ne possédant que l'oviducte : Àrion horteusis, A. inlermedius.
(1) Bai.tzeiî, Ueber die Chromosomen der Tacliea (Hélix) horlensis. Tacliea
austriaca iind der sogenannlen einseitige Basfarde T. hortensis X T. aiisti'iaca.
(Arch. F. Zei.lfoksch., Bd XI, 1913, p. 154.)
(*) Vayssière, Recherches x-oologiques et analomiqiies sur les Mollusques Opisto-
hranches du gnife de Marseille, part. I. (f.on. cit., d885, p. -140.)
(5) Semper, [Jeher Brocl.'s Ansichten liber Enlwickelung des Molhisken-Genital-
systems. (Are. Zool.-Zout. Inst. WïRZBUiu;, Bd VIII, 1887, p. 2'20, tig.)
(*) Semper, lieisen im Archipel der Philippinen. Bd ill. Landmollusken, 1870,
p. 33, pi. III, fig. M (« wohl nur almorm »).
(•") Pfeffer, Beilrdge tt/r Kennlniss des liermaphrodilismns und der Spermato-
phoren hei Sephropnensten. (Akch. NATURGEsr.H.. 1878. p. 451 [en outre, il n'y avait
pas d'orifice mâle extérieur].)
15
226
Hélix (ispersa (*) et H. pomatia (^). La plupart des H. pomatia à
.pénis supplémentaire avaient de ces organes dépourvus de canal
déférent ("^). Enfin, un Vitrina lamarcki à pénis rudimentaire
montrait un canal déférent (jui n'était pas continu avec ce
dernier (M.
:2. Le vas deferens entourait le vagin dans un individu de
Vitrina diaphana {^).
3. Un canal déférent bifurqué, dont les deux branches se
rejoignent ensuite, a été observé sur un spécimen de Gadinia
peruviana ('').
4. Appareils annexes. — Les caecums latéraux constituant
de gros culs-de-sac à l'origine du canal déférent de Ancijlus
(hiviatilis, sont en nombre variable : de 2 à i (').
d) Péms. — 1. Absence ou rudimentation. — Le manque
de pénis s'observe le plus souvent parmi les Limaciens, par
{*) Coi.LiNGE, Absence of the maie reproductive organs in two herynaphrodile
MoUiisca. (.iouRX. 01.' Anat. aa'd Physiol., vol. XXVI, 1893, pp. 237 et 238.)
(2) Blanc, Deux anomalies de l'appareil hermaphrodite de l'Escargot. (Verh.
ScHW. Nat. Ges., 94e versamml., 4912, p. 290 )
(5) Pégot, Observations sur la présence d'un triple appareil copulateur chez tin
Hélix pomalia. (Comptes rendus Soc. Biol. Paris, t. LU, 1900, p 294 |un des trois
pénis].) — AsHWORTH, A spécimen of Hélix pomaiia with Paired Mule Organs.
(Pioc. RoY. Soc. Edinburc.h, vol. XXVII, 1907 [un des deux pénis].)
(*) SiMROTH, Die Nacktschnecken der portiigiesisch-azorischen Fauna in ihren
Verhdltnisse zu denen der palaearctischen Région. (Nova Acta, Bd LVI, 1891.)
i^) EcKHARDT, lieitrage zur Kenntniss einheimischer Vitrinen. (Jen. Zeitschr.,
Bd Ll, 1914, p. 3S2.)
(8) ScHUMANN, Ueber die Anatomie und die systematische Stellung von Gadinia
peruviana Sowerhy und Gadinia garnoli Payraudeau. (Zool. Jahrb., Suppl. XIII,
1911, p. 47)
(■) De Lacaze-Dithiers, Des organes de la reproduction de TAncykis ttuviatilis.
(Arch. Zool. expér., 3« série, t. VI, 4899, pp. 48 et 49.)
— -2^7 —
exemple chez Limax hrasiliensis (') ; mais le cas a encore été
rencontré dans d'autres groupes : Clio slriata, certains des
plus grands spécimens {-] ; CjimImUopsis (Corolla) cnlceota, de
nombreux s|)écimens {'■'); Plujsn (hntinalis dont les organes
l'eproduc'teurs étaient complets pour le
reste{il ne manquait que l'appareilcopu-
lateur exsertile : c'était la partie lentlée
du canal déférent qui venait déboucher
directement à l'oritice mule) (tig. 184) ;
Pupa inuscot'um, individu adulte, avec
plusieurs jeunes dans l'oviducte, mais
dont l'appareil mâle se niontrait « telle-
ment réduit que l'animal ne pouvait
probablement fonctionner ([ue comuie
femelle » (^); Plulonia atlantiea (^).
Le pénis manquait naturellement
aussi dans les formes dépourvues de
toute la partie mâle des organes her-
maphrodites : individus ci-dessus de
Hélix aspersa, II. pomatia, Arion Iwrtensis, A. intermediiis .
Enfin divers Gastropodes adultes ont été rencontrés avec un
pénis très rudimenté, comme l'individu de Vitrina lamarcki cité
plus haut et certains spécimens de Paludina (''), de Littorina
FiG. lo4. — l*ht/safo7ilinalis,
extrémité terminale de la
partie mâle du conduit gé-
nital : A, chez un individu
anormal, sans pénis ; B, chez
un individu normal; o. m,
orifice mâle; p, pénis; pr,
prostate; v. d, vas deferens.
— Original.
(*) VON Jh£rin(;, Zur Kenntniss der amerikanischen Limax-Arlen. (Jahrb.
DEUTsCH. Malakoz. (îesellsch., Bd XII, 1885, p. 207.) — Il se peut que dans
d'autres Limait trouvés sans pénis, c'était parce que cet organe n'était pas encore
développé, certaines formes — comme Agrioltniax laevis — étant protérogynes.
(2) Pelseneer, Trématodes parasites de Mollusques marins. (Bull. Sci. France et
Belgique, t. XL, 1906, respectivement p. i6t) [castration par Cercaria emasculans].,
et p. 167 [castration par Cercaria obiusicaudata].)
(5) Peck, On ihe Anatouiy a.nd Histology of Gymbuliopis calceola. (Stud. Biol.
Labor. Johns Hopkins Univ., vol. IV, 1890, p. 15.)
(*) WiEGMANN, Bemerkmigen x-ur Analomie der Glausilien. (Jahrb. deutsch.
Malakoz. Gesellsch., Bd V. 1878, p. 159.)
(•') SiMROTH, Die Nacktschnecken der portngiesisch-azorischen Fauna. (Loc. cit.,
p. 228.)
(«) Barrois, Fragments biologiques. (Zool. Anz., Bd XI. 1888 [castration parasi-
taire par Distomum mililare].)
— 228
FiG. 135. — Hélix pomatia, organes génitaux d'un individu pourvu de trois pénis ;
vue dorsale, c. d, c'. d\ canal déférent ; c. h, conduit hermaphrodite : fl, //', fl", flagel-
lum; g. (I, glande albuminipare; g. g, glande hermaphrodite; od, oviducte:
p, p', p", les trois pénis; p. d, poche du dard; r, r', rétracteur du pénis;
r. s, receptaculum seminis; v. m. vésicules raultitides. -- D'après Paravicini.
FiG. 136. — HeU.v pomatia, partie antérieure du corps d'un individu avec deux
pénis symétriques, vu dorsalement. a, a', atrium ; fl, fl', tlagellum ; ov, oviducte ;
p,p', pénis; p.d, poche du dard ; r, r', réfracteur du pénis ; 7\s, receptaculum
seminis; v. d, v. d', vas deferens. — D'après Ashworth.
— ±2\) —
radis et de iSatica aldtri (^), ces derniers élanl des mâles châtrés
par des Trématodes parasites (fîg. 278).
2. Pénis supplémentaires. — Plusieurs cas ont été rencontrés,
soit chez un individu femelle d'espèce à sexes séparés, soit chez
des spécimens de formes hermaplirodites.
Le seul cas connu de femelle pourvue d'un pénis — c'est-
à-dire cas d'hermaphroditisme extérieur — est celui de Ptero-
trac/iaeu s/>. (peut-être variété de P. coronata entièrement
femelle) qui était pourvue d'un organe copulateur mâle, mais
non d'une gouttière séminale (^).
Les Gastropodes liermaphrodites à pénis supplémentaires
sont quatre individus de Hélix et un de Halopsyclie, deux des
quatre premiers étant des exemples de pénis triple.
Les Hélix pomatia à trois pénis avaient des organes situés tous
du même côté et aboutissant à un seul oritîce extérieur; dans l'un,
les trois pénis étaient reliés au canal déférent (fig. 135) ; dans
l'autre, le pénis normal seul n'avait pas de canal déférent (^).
Les deux Hélix à deux pénis avaient chacun deux oritices
péniaux; mais dans l'un (H. aspersa) ils étaient voisins et du
même côté, tandis que dans VsiUtre( H. pomatia), les deux organes
étaient symétriques, pourvus de rétracteurs et de tlagellum,
mais le droit seul était relié à la glande génitale (^) (fig. 186).
(*) Pelseneer, Recherches sur divers Opisthobranehes. (Mém. cour. Acad. Sci.
Beu;., i. Mil, 1893. p 24, note 2.)
(') Ge(;enbaur, Vntersuchiingen uber fHeropoden und Heteropoden, p. 475, note i
(un individu). — Paneth, Bcilriige zi/r Histoloqie der Pteropoden und Heteropoden.
(Arch. F. MiKR. Anat., Bd XXIV, 1888, p. 233 |P. coronata, trois individus].)
(5) Paravicini, Organi qenitali anomali neW HeVix pomatia. (Boll. sci. IPavia],
anno XX, 1898, p. ^.) — Pégot, Ohservalions sur la présence d'un triple appareil
copulateur chez un Holix pomatia. (Comptes rendus Soc. Biol. Paris, t. LU, 1900,
p. 294.)
(*) Respectivement Ouintaket, Une anomalie de l'appareil génital hermaphrodite
de i'Helix aspersa. (Comptes rendus Soc. Biol. Paris, t. LXX, 1911, p. S55.) —
AsHwoRTH, A Speci}ncn of Hélix |>oinalia with Paired Maie Orgtins. (Proc. Rov.
Soc. Edinburgh. vol. XXVIl. 1907, p. 314.)
— ±m
Le spécimen de Halopsyclw yaudicliaudi à deux pénis les
avait placés comme ceux de ce dernier Helii, c'est-à-dire
symétriques (lîg. 187), et le gauche également sans relation avec
le reste de l'appareil génital (^).
Quant aux prétendus « pénis
supplémentaires » des Hidimhiiis [B.
détritus, H. reinianus et H. obscu-
rus) ("), ce sont des conformations
constantes , toujours dépourvues
d'ouverture propre et qui paraissent
n'être qu'un sac du dard sans dard.
H. Variation de forme du pénis.
— La forme extérieure du pénis
peut varier dans les Streptoneures ;
ainsi, chez Stromhus leutif/inosus,
ou l'extrémité est bifurquée, une
forme différente de la normale a été
observée et représentée (^) ; elle
varie encore dans diverses espèces
de Atlanta, comme par exemple
Fui. 137. — Halopsychc gnudi-
ckaudi, individu à deux pénis
symétriques, vu veniralement.
h, bouche: o, oriHce femelle;
p, pénis droit ; /)', pénis gauci^ie.
— D'après Meisenheimer.
cliez .4. lesueuri, où son appen-
dice peut être trilobé ou non (^). De même, parmi les
Opisthobranches, Cavolinia (Hifalaea) tridentata a montré
dans un exemplaire une disposition du pénis, inverse de la
(1) Meisenheimeu. Pteropoda. (VViss. Kkgebn. deuisch. Tiefsee-Expedit., Bd IX.
1905, |). 291. tig. 31)
(') KouzAiiu, liecherches sur le déiwtop'pement des ori/anes génitaux de quelques
Gastéropodes Piilmonés. Montpellier, d885, p. 59, pi. VIII, tig. 7 {/>'. delrttiis, où la
disposition est considérée par l'auteur comme une « anomalie fixée »). — Jacobi,
.lapanisctie heschaUe Pulmonaten. (Journ. Coi.i.. Sci. I'niv. Tokyo, vol. XII. 1898,
p. 80, pi. VI, tig-. H5 |K. reini<inus\.)
(•'j QUOY et (iAiMA.RD, Zoologie du vuyacjc de IWstroiabe. Mollusques, pi. I.. tig. 5.
(*) Souleyet. Zoologie du voyage de la Bonite, t. II, pi. XX, Hg. i et 9.
— 231 —
normale : c'est-à-dire que cet organe était re[»lié à droite au
lieu de l'être à gauche (^).
Mais c'est surtout dans les Pulmonés stvlonmiatopliores
que l'on a observé de fréquentes variations de la forme
du pénis : par exemple chez Agriolimax sm^dus, il n'en a
pas été représenté moins de quatre formes différentes (~) ;
A. lacris a montré de multiples et frétpienles variations de
forme de cet organe, notamment un pénis pi'ésentant un
rétrécissement en son milieu (^) ; dans un Amalia marginata,
le pénis était enroulé en vis et terminé en sphère (^); un
individu de Plectotropis suhmissa avait la partie profonde du
pénis non pas simplement renflée, mais divisée en deux saillies
distinctes (•').
Dans un irocycius elilersi^ le pénis était clos à sa partie
inférieure et sans communication avec le vestibule [^).
3'"^ Variations dans les dituensions du pihiis. — Elles se
rencontrent parfois et ont été signalées notamment dans
Hyalinia helvetica, oii s'observent des différences dans la
longueur : les exemplaires de Bicknor ont cet organe mani-
festement plus long {'), La longueur du flagellum est très
variable dans Hélix memoralis et //. Iiorlensis (^).
(1) Van Beneden, Mémoire siu' l'a/ialonue des genres Uyaie, Ciéodore et Cuinérie.
(MÉM. ACAD. Bej.g., t. XII, 1839, p. 46.)
(2) SiMROTH, Ueber die Genitalentwicklumi der Piilrnonaten iind die ForLpflan-
:%ung des Agriolimax. (Zritschr. wiss. Zool., Bd XLV, 1887, p. 652. pi. XXXIV,
fig.'sàS.) '
(5) Babor, Doidnky K. Znaitwstem 0 Ceskych Sltinacicli. (Westnik Kr. Ceck.
:Spolecnosti Nauk, 1894, pp. 18 ei 19.)
(*) Babor, loc. cit., p. 16, pi. XVII, tig. 1.
(^) WiEGMANN, Binnen-Mollusken ans Westchina und Centralusien. (Ann. Mus.
:ZoOL. Saint-Pétersbourg, vol. V, 1900, pi. 1, fig. 36. et pi. II, tig. 38.)
(*) SiMROTH, Ueber zwei seitene Misshildungen an Nacktschnecken. (Zeitschr.
WISS. ZoOL., Bd LXXXII. 1905, p. 499.)
(") Boycott. Jonrn. ofConek., vol. XIV, 1915, pp. 302 ot 303, fig.
{^) Kleineu. Zeitschr. indukt. Abstammunqslehre, Bd IX, 1913, p. ^299.
— 28-2 —
4. Variations dans les (flandcs annexes du i)énis. — f^es
glandes prostatiques de Pliiline aperta sont généralement
insérées sur toute la longueur du tube formé par la gaine péniale;
une fois elles étaient toutes insérées au même point {^) (fig. 138).
Des cas de variation analogues ont été rencontrés parmi les
Pulmonés : un exemplaire d'A(i)iolimax rt^n'si/s avait la glande
annexe du pénis lobée, au lieu (jue les autres l'ont simple (^) ;
Fi(i. i38. — Philineaperla, gaine du pénis : A, d'un individu
normal, avec les glandes prostatiques réparties sur toute la
longueur de la gaine; B, d'un individu anormal, avec toutes
les glandes réunies en faisceau et débouchant en un même
point. — D'après Vayssière.
les glandes du pénis des Vaifinnla sont en nombre inconstant*
dans presque toutes les espèces : V . (fi'uyi, 3.") au maximum [^) ;
F. ffrisea, 10 à i^ (^); V. occidentalis, 15 à 19 de différentes
longueurs et une fois îl bituiquées vers l'extrémité libre (').
Dans le sac accessoire du dard de /ùilola spliincfosloma, il y
a des réservoirs pour la sécrétion des vésicules multilides, formés
par 8 à 10 plis intérieurs (^).
(') Vavssierk, Recherches zoologiqves ci analoiniqutis sur les Moll'fusfjt/es (tjnsto-
hranches du golfe de Marseille, part. II. (l-oc. <:ir., 1887. p. 37.)
(*) BAitOR, loc. cit., p. 18.
(î) KEi.i.Eii, Die Anntomie von Vaginula gayi Fischer. iZooi.. .Iahiuî.. Suppl. V,
i90"i, p. 630.)
(♦) SiMROTH, Ostajrikanische Nacktschnccken. (Rev. svisse tu; Zooi,., vol. \X,
191'i. p. S2.)
(•^) Observations personnelles.
(«) .Iacobi. .lapauische bcschalle Piibnonalen. (Loc. cit., p. 36.)
— 2:^a
Ptitnorbis vorlex, /^ rotundatus, P. contorlus luoiUrent tous
une variabilité du nombre de lollicules «les glandes prostatiques :
-20 à 30 chez le dernier (^).
o. détracteurs du pénis. — Sur le fond du pénis de Aplifsia
depilnns (ou Icporina) s'insèrent tantôt une, tantôt deux fortes
bandes musculaires rétractrices ('-). La variabilité des rétracteurs
et protracteurs péniaux est particulièrement grande < dans les
Vu.. 139. — tJmnaea auricularia, péni-^ de quatre individus, montrant la
variabilité des muscles rétracteurs et protracteurs. «, nerf; /^ pénis ;
/?/■, prolracteur du pénis; r, rélracteur du pénis. — D'après Koszkowski.
Limnaea : L. stafpudîs, où le nombre des protracteurs oscille
autour de 7 (-^j ; 7^. auricularia, oii la variabilité des rétracteurs
et protracteurs est plus grande encore ('') (fig. 139), ainsi que
L. ovata (^) : faisceaux simples, bifiHMjués, multiples, etc. ;
des variations analogues sont connues cbez des espèces asia-
tiques {L. okinawensis) (^) et américaines {'').
(1) BiCHNER, Beilraiie zur Kenntnùs des Baues der einkeimi.schen Planorbiden.
Stuttgart, 1890, p. 31.
{-) Vayssière, Recherches zoologiques et anaiomiqties sur les Mollusques Opislo-
hranches du golfe de Marseille, part. 1. (Loc. cit., 188o, p. 159.)
Ç") MoQUiN-ÎAXDON, Histoire naturelle des Mollusques terrestres et fluvialiles de
France, t. I, p 179.
(*) Moquln-Tandon, loc. cit., p. 179 (4 ou o protracteurs). — Koszkowski. i\ote
sur l'appareil génital de Limnaea auriculaiia L. et Limnaea ovata Drap. (Zool. .An/.,
Bd XLIV. 1914. [). 177, fig. Sa-d [écarts encore plus grands].)
(^) RoszKOwsKi. toc. cit., p. 178. fig. 9a à e.
(6) .Iacobi, loc. cit., pp. 86 et 87.
(■) Baker. The Lymnaeidae of Morth and Middle America récent and f'ossil.
Chicago, 1911.
— rsi —
Le muscle retractem- du pénis duii lleli.i pomatia était
bifurqué du côté de son origine : à côté de son origine normale
sui" la l'ace intérieure du diaphragme, il y avait une branche
prenant origine sur le côté droit de l'œsophage (*).
Le rétracteur peut aussi taire parfois «iéfaut, comme dans
A(jn()lim(UT lacvia (^).
6. Croclicls et épines sur le pénis. — Là où ils sont présents,
leur nombre est le plus souvent inconstant. Exemples : parmi
les Opisthobranches, Ihriopsis jousseaumei, où le pénis en
])orle de 25 à 80 rangées longitudinales {^') ; et parmi les
Pulmonés, l^enmina alta, dont le pénis présente de \?> à
io dents chondroïdes (^).
7. Appendiees du pénis. • — Le pénis de LiUonnidu (jaudi-
elunidi porte 5 ou (i appendices digités (•') ; quelques individus
de (Afinhuliu peroni ont à la partie postéi'ieure (dans l'invagi-
nation) de cet organe, des appendices dont la forme diffère (^)
et (jui peuvent être au nombre de 5 ou 6 Ç).
e) Variation daiNS les conduits femelles. — 1. Ahsenee ou
réduelion (plus rare que pour la partie mâle des organes herma-
phrodites). — L'oviducte était presque entièrement atrophié
(1) BiÉiiux, Observation sur nn cas de monslruosilé de l'appareil génital chez
/'Hélix pomatia. (Anin. Sci. nat. |Zool.|, ?« série, t. l, -1886, p. 106, fig. 2. pi. V.)
C-^) SiMROTH, Versuch einer Natiirçieschichte der deutschen Nucktscknecken uvd
ihrer europaeischen Verwandten. (ZEnscHR. wiss. ZooL., Bd XIJI, 1885, pi. IX,
fig. !21.)
(5) Vayssikke. Recherches zoologiqires et anatomiques stir les Opislobranckes de la
mer Rouge et du golfe d'Aden. (Ann. Facui.té Sri. Marseille, l. XX |Siippl.|, 1912,
p. 80.1
(^) Platk, Sludien iiber Opisthopneumone Lungenschnecken. II. t)ie Oncidiiden.
(ZooL. Jahrb. IA.nat. und Ontog I, Bd VII, 1893, p. 212.)
{^) SonLEYET, Zoologie du voyage de la Bonite, t. Il, 18.^2. p|i. 563 el .%i.
('') SouLEYET, lac. cit., p. 237, pi. XV*''% fig. 37.
(■) Ge(;enbaiiis, (Jntersuchungen iiber Pteropoden und Ueteropoden, 1856, p. 51.
— 235 —
dans un Hélix pomatia (^) ; le conduit femelle est partiellement
réduit dans les plus grands Agriolimax larvis fonctionnant
comme mâles (~) (réduction de la glande albuminipare et
disparition du receptaculum seminis); de même l'absence de
la glande albuminipare a été constatée deux fois chez Limax
maximus (^).
2. Dhcontmuité. — Un Ueiix pomatia a été rencontré dans
lequel tnanquait la partie moyenne des conduits femelles (^) ;
un autre avait ces mêmes organes formés de trois parties
discontinues (glande hermaphrodite et glande albuminipare.
glande muqueuse et sac du dard, canal déférent et pénis), et
manquait en outre de receptaculum (^) ; un troisième, ayant
l'orifice génital fermé, présentait le canal déférent terminé en
cîccum. et le sac du dard triple ('') ; un dernier montrait ses
organes reproducteurs divisés en deux parties : pénis avec ses
annexes, et, d'autre part, glande et conduit hermaphrodites avec
la glande albuminipare (receptaculum absent) {').
Un dédoublement local du conduit femelle a été constaté
dans un l{. pomatia (^).
(*) ScHi BERTH, Beitrâge zi/r vergleichenden Atiatomie des Genitalapparates von
Hélix mit bexonderer Beriichsicktigung der Systewatik. (Arch. Naturgesch.,
Bd LVIII, 1892. p. 50.)
(2) Babor, Ucber den Cgc/tis der Geschlechtscnhuicklung der Stijlommatophoren.
(Verh. deutsch. Zool. Gesellsch., 1894, p. 36.)
(5) Lawso.n, On Ihe General Anatomy, Histologij, and Physiology of Limax
maximus (Moqidn-Tandon). (Qi art. Journ. Micr. Sci.. vol. III. 186-2, p. 32.)
(*) Blanc, Deux anomalies de l'appareil hermaphrodite de l'Escargot. (Loc. cit.,
1912, pp. 290 et 291.)
(S) BiÉTRix. Observation sur un cas de monstruosité de f appareil génital chez
/'Hélix pomatia. (Loc. cit., 1886.)
{^) Mangenot, Un cas d'atrésie de l'orifice génital externe chez un Hélix pomatia.
(Bull. Soc. Zool. France, i. VIII, 1883, pp. 130 et 131 |tigure].)
C) Hokmann, Beitrâge zw Tératologie der Schnecken. (Zooi.. Anz., Bd XXXIX,
1912, p. 2o0 [tignrej.)
{*<) PoLLSZVNSKi, Ueber einige \bnormitUten im Bau der GeschlechtsausfUhrungs-
gang bei Hélix pomatia. (Bull. Acad. Cracovie, 1910, p. 19.)
— -236 —
3. Variation de la région du rcceplaculnni. — lleli.v pomatia
possède parfois un appendice (diverlicule on « branche copu-
latrice ») au receptaculuin seminis, — comme beaucoup d'autres
Stylommatophores l'ont normalement, — et cet appendice
peut alors y être plus ou moins long (^). 11 a été reconnu
notamment que 2î) " „ des //. pomatia de grande taille possèdent
ce diverticulum aux environs de Paris. oO '7„ en Roumanie
et presque tous dans le Banat, et (jue les jeunes l'ont,
à peu près tous, de longueur différente (maximum : i centi-
mètre) (-).
De même, un //. mcmoralis a montré un diverticule du
receptaculum seminis de longueur extraordinaire, accolé à
l'utérus (■^).
Un receptaculum seminis supplémentaire a été observé deux
fois chez //. pomatia, inséré notamment sur le conduit de la
poche normale (/).
Une forme anormale de receptaculuin seminis a été rencontrée
dans un Ario)i circum.soiplns (').
Quant à la longueur du pédoncule du receptaculum seminis,
elle est souvent variable au sein d'une même espèce : dans Hclix
pomatia, elle a été trouvée une fois inférieure à celle du sper-
miducte(''); elle varie souvent dans //. ncmoraHs, tandis
{*) BiÉTiux. Observation sur un cas de monslritosité de l'appayeU. (jénital chez
THelix pomatia. (l-oc. cit., -1886, p. 95.) — Semper. Reisen un Archipel, der Philip-
pinen. M 111. tMndrnoliiisken, p. 247 [3 individu.'^ |.) — Schubkrth, Beitrage zur
vergieichenden Analomie des (,enitalappa rates von Hélix. (Loc. cit., p. ^0 [sur
5 individus de KremsiTuinster, 3 étaient dans ce casj.)
(*) Popovici, Sur L'appareil séminal des ttelix. (Comptes rendus Ac.\r». Sci. Paris,
l. CXLMl. J906. p. 71.)
(5) ]\coii\,JapaniichebeschaUePuhno)ialen. (Loc. cit., 1898. ]). 73.:
{*) Biétuix. loc. cit., 1886, p. 9^. — Poi.uszynski, Veber einige Ahn«,niitdten im
Ban der Geachlechtsausfïihrungsgang hei Hélix pomatia. (liOc. cit., 1910, p. 19.)
(•") Coi.i.iNCE, On the Absence of ihe maie reprodiielive nrgans in two hcnnaphro-
dile Mollusca. (Loc. cit., p. 238.)
(fi) POLUSZYNSKI, loc. Cit., p. 19.
— 2^]7 ~
qu'elle varie peu cliez //. horlensis (^). Dans Ânciflns jluviatilis,
elle esl également inconstante (^). Sa largeur a été trouvée égale
à celle du receptaculum lui-même, dans un individu sur quatre,
de Bulimus shiistrorstis (^).
Entin, chez Neritn pliciUa, le receptaculum seuiinis est
tantôt un simple tube à diamètre constant, tantôt une poche
bulbeuse à pédicule étroit C^),
4. Glandes annc.rcs. — La couleur de la glande albuminipare
peut varier dans diverses espèces : le plus souvent blanche, elle
est quelquefois jaune-brun àân?, Hélix pomatia et H. liortensis[^);
au lieu d'être vert pomme (couleur normale) dans Zonites camii-
dissimus, elle y a été observée une fois d'une couleur gris
fauve («).
Dans la poche du (hird de HeL'ix pomatia, le dard peut être
de grandeur très variable C'), ainsi que dans //. nemoralis (tandis
qu'il l'est peu chez //. iiortensis (^). Quant à la poche elle-même,
elle était triple dans //. pomatia à conduits multiples cités plus
haut.
Mais c'est surtout dans les glandes muqueuses digitiformes
(') Kleiner, Untersuchuin/eyi (un Genitalapparat von Hélix nemoralis, iiortensis
und cmer weiteren Reilie von Lang gezuchleter Bastarde der beiden Arien. (Zeitschr.
iNDUKT. Abstamml'iN(;si,ehre, Bii IX, t913, p. 231.)
(2) De Lacaze DuTHiEiîs, Des organes de la reproduction de /'Aticylus tliiviatilis.
(Loc. ciT , i». 79.)
(3) Moss and Webb, On the Anatomy cf Bulimus sinistrorsus Deshayes. (Journ.
OK Malacoi,., vol. VI, 1897, |». ^1, pi. I, \\g. la.)
(i) BouKNE, Contnbtitions tu the Morphology of the Group JSeritacea of Aspido-
branch Gastropods. l'art I. The MerUidae. iProc. Zool. Soc. Londo.\, 1908, p. 871.
1909.)
(S) Cavalié, Sur la sécrétion de la glande albuminipare chez l'Escargot (Hélix
pomatia et Heliv Iiortensis). (Comptes rendus Soc. Biol. Paris, t. LIV. 1902.
p. 880.)
('•) Mouuin-Tanpon, Histoire naturelle des MoUmques terrestres et fluviatiles de
France, t. I, p. 192.
(7) SCHUBERTH, loc. Cit., p. 49.
(**) Kleiiner, loc. cit., p. "IIO.
— 238 —
ou vésicules multifides que la variabilité atteint son point
culminant : il n'est pas une seule espèce, indigène ou exotique,
où leur forme et leur nombre aient été trouvés constants ; en
outre, leurs deux groupes sont très souvent asymétriques.
Dans H. pomatia, leur nombre varie de 80 à 50 de chaque
côté (M ; il arrive parfois que plusieurs de ces petits appareils y
FiG. 140. — Hélix aspersa, glandes muqueuses ou vésicules multifides :
A, disposition avec nombre maximum; B, disposition avec nombre
minimum. — L>';iprès Taylor.
soient coalescents (^). Chez H. aspersa, le nombre en oscille
autour de 2o, allant de U à 46 (^) (fig. 140).
H. nemoralis possède, de chaque côté, 2 à (> branches variant
de longueur (^) ; H. hortensis, de 5 à 8 de chaque côté (^) ;
H. ericetorum, de chaque côté 4 à 10, simples ou bifides (°) ;
H. caperata, de 7 à 11 en tout (') ; H. fniticum, un nombre
(*) Baudklot, Recherches sur l'appareil générateur des Mollusques Gastéropodes.
(Ann. Sci. nat. [ZooL.j, 4^ série, l. XIX, 1863, p. 179.)
(2) BiÉTRix, loc. cit., p. 95, fig. 1.
(5) Taylok, a Monograph oflhe Land and Freshwater Mollusca ofthe British Isles,
t. I, p. 152, Mg. 326 et 327.
(*) Newton, On the Anatomical Différences observed in some species of Hélices and
Limaces. (Trans. Micr. Soc, vol. XVI, 1868, p. 28 [2 ou 3 de chaque côté], pi. V,
lig. 8 [3 d'im côté, 5 de l'autrej.) — Moqiin-Tandon, loc. cit., t. 11, p. 164 (3 ou
4 branches de chaque côté). — Kleiner, loc. cit., p. 232 (de 2 à 6 d'un côté).
i^) Moquin-Tandon, loc. cit., p. 169. — D'après Kleiner, loc. cit., p. 232 (il y en
aurait de 2 à 6!).
(6) Moquin-Tandon, loc. cit., p. 206.
(") Boycott and Jackson, Observations on the Analomy of Helicella « heripensis
Mabille ». (Journ. of Conch., vol. XIV, 1914, p. 166.)
— 289 —
variable suivant la région : 1 paire en llalie, 2 paires à
Inspruck, 3 paires dans le Nord de l'Europe (^); el 2 paires
de lobes irréguliers en France C^) ; enfin, dans une quinzaine
d'autres espèces françaises, la longueur, le nombre et la
furcation en varient constannnent (-) ; cette grande variation
de leur longueur est bien martjuée chez //, nrmoralis et
H. fwrtensis (').
/') Fermeture de l'orifice génital. — Cette anomalie a été
constatée chez Hclix pomatia pour roriiice hermaphrodite {''),
et pour l'orifice mâle dans un Urocijdus chlersi C^) et dans
Trochonanina pcrcarinata et T. ilnipusis ('),
g) Déplacement de l'orifice femelle. — Dans un Vagiuula
natalensis, l'orifice génital femelle était situé bien plus en
arrière que normalement (-).
(.. Lamellibranches. — a) Glande génitale. — Dans
diverses subdivisions du groupe, il a été rencontré des cas
individuels d'hermaphroditisme chez des formes normalement
dioïques; ainsi, un exemplaire de Modiola modiolus a été
reconnu hermaphrodite (•^) ; dans les Unionides, (jui possèdent
(') Sempeu, Reisen im Archipel der Philippinen, t. III Landmolli/ske». p. 230.
(2) Moquin-Tandon, loc. cit , t. 11, p. 199.
(5) Ibid., t. Il, pp 149 à 271.
(*) Kleineiî, loc. cit., p. 234.
(^) Mangenot, Un cas d'atrésie de l'orifice génital externe chez un Hélix pomalia.
(Bull. Soc. Zool. France, t. Vlll, 1883. p. 130.)
(•i) SiMROTH, Ueher muei seltene Missbildungen an Schnecken. (Zeitschr. wiss.
Zool., Bd LXXXII, 190.'i, p. 499 [pénis n'ouvrant pas dans le vestibule].)
(') Pfeffer, Beitrtige zur Kenntniss des Hermaphrodilisinns und der Spermatn-
phoren bei Nephropncusetn. (Akch. f. Naturgesch., 1878, p 421.)
(8) SiMROTH, Ueber dan Vaginulidengeniis Atopos n. g. (Zeitschr. wiss. Zool.,
Bd i.ll, 1891, p. 012.)
('■') Mac Intosh, Notes from the St. Andrews marine Laboratory, n" f4. (Ann.
Mag. Nat. Hist , 6e série, vol. XIV, 1894, p. 196.)
-240
aussi les sexes séparés, on trouve cependant assez fréquemment
des fiflandes génitales |)roduisanl deux sortes d'éléments, le
nombre d'individus ainsi hermaphrodites pouvant atteindre I 7o;
il y a parfois dans la glande
mâle ou femelle de Unio mar-
(jaritijer des îlots du sexe
opposé (^).f^ecfe// glahcr, her-
fiiaplirodile à glandes mâles
et femelles séparées, a offert
des individus avec des îlots
femelles dans la glande mule
(lig. \\\) (^), et même un
individu complètement uni-
sexué, entièrement mâle, un
autre, femelle, avec de petits
lobes mâles (•^).
Ostrea virginiana, norma-
lement unisexué, s'est niontré
une fois hermaphrodite, dans
tous les acini de sa glande
sjénitale (\). Enlin, cliez Modiolarca trapez'ma, normalement
unisexué, un individu avait «me glande génitale hermaphrodite
dans tous ses acini (•').
(TO-
FiG. 141. — l'eclen ylaber, montrant des
îlots femelles dans la |)artie mâle de la
fflande oénilale. vudu côté droit. a, anus:
ad, adducteur; l»\ hranchie: /, lèvres:
ov, ovaire; ov'. ilôts femelles; p, pied:
pa, manteau : /'. rein ; t. testicule. —
D'après hacaze-lhUhiers.
(1) SciiiERHOL/, Uelh'r Entwickelimg der Unionidcn. (Denkschr. K. Akad. VViss.
WiEN [Math.-Naturw. Classe I, Bd LV. 1889. p. 7.)
(2) Hu:mbert. Note sur la structure des organes générateurs chez quelques
espèces du genre Pecten. (Ann. Sci. nat. |Zool.], 3« série, t. XX, 18S3, p. 333.)
— J^ACAZE-DurHiERS, Recherches sur les organes génitaux des Acéphales Lamel-
libranches. (Ann. Sci. >'at. [Zool.], ¥ série, t. Il, J8S4, p. 210. pi. Vlll.
lig. 4.)
(5) Lagaze-Outhiers, loc. cit., p. 527.
(*) Kellog, a (lontrihution to our Knowledge of the MorpJiology of Lamelli-
hranchia. (Bull. Li. S. Fisu Comm.. vol. X, 1890. p. 40,^, pi. LXXXIX, tig. 72.>
(S) BisPiNGHOFF. Ueher die Anatomie von Modiolarca trapezina, nebsi Bemer-
kungen zuihre Entwicklungsgeschichte (Jein. Zeitschr.. Bd LUI, 1944. p. 380.)
— 241
b) Variation de forme des spermatozoïdes. — Pliisieui:^ espèces
de Lamellibranches ont présenté une double forme de sper-
matozoïdes, tous eupyrènes ; par d
exemple, Venus mercenaria et Pecten
irradians (^) (fig. 142). a
c) Variation dans les poches incuba-
TRICES branchiales ET LEURS EMBRYONS,
— Dans Cyclas cornea, le nombre de
poches dans la lame branchiale interne
oscille autour de 3 ordinairement et
va parfois jusqu'à 10, mais plusieurs
d'entre elles peuvent se fusionner [^) ;
le nombre d'embryons par poche varie
de 1 à8 (3).
Des variations analogues ont été
observées chez les Unionides : lJ)iio
pictoriim montre dans sa lame bran-
chiale incubatrice (externe), un nom-
bre d 'œufs variable dans chaque rangée
ou lame ovigère et, en outre, un
nombre de ces rangées pouvant aller
de 20 à 70 et pouvant même, dans certains cas, être bifides à
leur extrémité ('*).
Fig. -142. — Formes difl'érentes
de spermatozoïdes dans un
même Lamellibranche : A,
\enus mercenaria ; B, Pecten
irradians. — D'après Kellog.
(1) Kellog, loc. cit., pi. LXXXIX, Hg, 67, a, b et e, /.
(2) Leydig, Veber Cyclas cornea. {Arch. f. Anat. und Phys., -1855, p. 00 [ordinai-
rement 3].) — Stepanoff, Ueber die Geschlechtsorgane und die Entxvickelung von
Cyclas. (Arch. f. Naturgesch., i865, p. 12 [jusqu'à iO, plusieurs pouvant se
fusionner].) — Schereschewsky, Struktur und Bildung der Bruttaschen bel Cyclas
cornea L. (Zeitschr. wiss. Zool., Bd XCVIH, 1911, p. 679 [pas plus de 3].)
(5) Ibid., mêmes pages.
(*) Bouchard-Chantereaux, Catalogue des MoUusques terrestres et fltiviatiles
observés jusqu'à ce jour à l'état vivant dans le département du Pas-de-Calais. (MÉm.
Soc. Agric Sci. et Arts Boulogne-sur-Mer, 1836, p. 226, 1837 [60 à 70 lames].) —
Rabl, Ueber die Entwicklungsgeschichte der Malermuschel. (Jen. Zeitschr., Bd X,
1876, p. 310 [20 à 50].)
16
— 242 —
D. Céphalopodes. — Le vas defeiens t'onclionnel a élé
observé exceptionnellement à gauche chez yautilus pompilius,
le vas deferens rudimentaire (« pyritorni appendage ») y étant
par contre à droite, ce qui constituait un cas de situs inversus
viscerum (^). (Pour les variations dans l'hectocotylisation,
voir page 140.)
E. Variation dans l'accoupiement. — Outre les
accouplements observés entre individus d'espèces différentes
(accouplements dits « adultérins »), par exemple dans des
Littorina^ des Strepomatidae et des Pulmonés variés (voir
V*" partie : Hérédité d'hybridation), on a observé encore des
accouplements entre individus de même sexe (mâle), appar-
tenant à la même espèce : Littorina rudis {~), L. obtusnta ('),
L. iiUorea (^), Nassa obsolela (^).
Dans les Pulmonés basommatophores comme les Limnéens,
l'accouplement est unilatéral et non réciproque (connue dans les
Stylommatophores) ; chacun des deux individus accouplés peut
cependant s'unir à un troisième, et il se forme parfois ainsi des
« chaînes » dont tous les individus — sauf les deux extrêmes —
fonctionnent à la fois comme mâle et femelle, avec deux congé-
nères différents; la même constatation a été faite depuis long-
temps chez les Apljisia, puis chez les Aceint {^), et j'ai récem-
ment rencontré quelquefois des « chaînes » semblables de plus
de deux individus accouplés, dans P/iysa fontlnalis.
Exceptionnellement, on a observé parfois chez Limnaca
(1) WiLLEY, Contribution to the Naiural Hi.stonj of the Pearly Naulilus, in
Willey's ZooLOGiCAL Results, part VI, 190'i, p. 810.
(2) Pelseneeu, Recherches siir l'embryologie des Gastropodes. (Mém. ^cad. Belg..
t. m, 19H, p. dO.)
(3) Deux fois sur cinq paires accouplées (observations personnelles).
(*) Observations personnelles.
(5) DiMON, The Mud Snail : Nassa obsoleta. (Cold Spring Harbor Monographs
[Brooklyn Inst. Arts and Soi.], vol. V, 1905, p. 11.)
(«) 1>EGENDRE, i/'cft. Zool. Expér., 4^ série, t. IV, 1905, p. 6.
— 243 —
palustris, deux individus accouplés réciproquement, orientés en
sens inverse et les deux pénis croisés (^).
Quant à la durée même de l'accouplement, elle a été reconnue
extrêmement variable d'un couple à l'autre, dans la même
espèce, non seulement chez les Limnaea (^), mais dans d'autres
Pulmonés aquatiques et diverses espèces de Nudibranches (^).
D'autres variations dans les phénomènes de reproduction
ont encore été constatées, par exemple :
a) Ponte sans fécondation préalable (parthénogenèse natu-
relle?), signalée exclusivement jusqu'ici chez des Pulmonés,
c'est-à-dire des Gastropodes hermaphrodites, ce qui l'a fait
interpréter souvent comme « autofécondation » : chez Limnaea
stagnalis (Robin, 1869; Nourry, 1891), L. auricularia (von
Baer, 1835; Braun, 1889), L. colitmella (^), Planorbis vortex
(Chadwick, 1903), P. corneus (Heathcote, 1907), Arion ater
(Wotton, 1893), Arion et Limax divers (Kûnckel), Hyalinia
(cellaria) (Fischer), Hclix hortensis (Lang, 1912), Zonites
algirus (^) ; dans certains autres Pulmonés terrestres, on a
conclu à la nécessité régulière de l'autofécondation, d'après
(1) Karsch, Die Entwicklungsgeschichte des Limnaeus stai^nalis, ovalis und
palustris, nach eigenen Beobaclitungen dargesteUt. (Arch. f. INaturgesch., 1846,
p. 238.) — l.a chose ne doit même pas être fort rare dans cette espèce, non pas
seulement entre individus isolés, en captivité, mais dans les conditions naturelles ;
car deux L. palustris adultes ont été pris accouplés mutuellement et se fécondant
réciproquement, au début de la période d'accouplement, et dans un fossé où cet
accouplement était facile, les individus adultes y abondant (observation person-
nelle); ces deux Limnées, conservés en captivité, ont pondu tous deux, peu après.
Au contraire, cet accouplement mutuel n'a pas encore été signalé dans d'autres
espèces de Limnaea.
(«) Karsch, loc. cit., p. 242.
(5) Observations personnelles.
(*) « Il apparently does self-fertilize its eggs when isolated. » Colton, Lymnaea
columella, and Self-fer tilization. (Proc. Acad. Nat. Sci. Philadelphia, vol. LXIV,
1912, p. 183.)
(S) J. PÉHEZ, Parthénogenèse chez le Zonites algirus. (Proc.-verb. Soc. Linn. Bor-
deaux, t. XXXI, 1877, |). 49.)
— 244 —
l'existence de certaines particularités d'organisation; mais il
semble bien que le seul cas réellement observé de tentatives
d'autofécondation est celui du Limuea auricularia de von Baer.
b) Parthénogenèse « chimique » déterminant le développe-
ment jusqu'à la constitution de la larve chez Lottici gigantea et
Acmaea, par l'eau de mer hypertonique (^), chez Mactra,
déterminant la segmentation de l'œuf par le chlorure de
potassium (^), puis chez Cumingia (^).
c) Parthénogenèse pseudogamique par suite d'hybridation
(voir V*" partie : Hérédité).
d) Fécondation de portions non nucléées d'œufs de Denta-
lium (^).
11. — SYSTÈME NERVEUX.
A. Amphineupes. — Malgré le petit nombre d'études
faites à leur sujet, on y a constaté des variations au moins dans :
a) Les commissures de leurs cordons pédieux, et notamment
dans leur nombre qui varie de 20 à 30 chez C/iiton sqiiamosus (^)
et de 18 à 20 chez C. margïnatus (*^) ; dans un individu de
Crijptoplax ((JntoneUus) larvae('o?'mis, contrairement à la règle,
la commissure pédieuse postérieure était plus grosse que les
autres C).
(*) LoEB, Univ. ol California Public, vol. I, 1903, p. 7.
(2) KosTANECKi, BitU. Acad. Cracovie, 1902, p. 363.
(2) Morris, A cylological study of artificial partlienoyenesis in Cumingia. (Journ.
ExPER. ZooL., vol. XXII, 1917.)
(!) Delage, Arch. ZooL expér., 3^ série, t. VII, 1899, p. 383.
(2) VON Jhering, Beilrâgezur Kenntniss des JServensy stems der Amphinetiren und
ArthrococfUiden. (Morphol. Jahrb., Bd III, 1877, p. 157.)
(6) Pelseneer, Recherches morphologiques et phylogénétiques sur les Mollusques
archaïques. (Mém. Acad. Sci. Belg. [série in-4o], t. LVII, 1899, p. d3.)
(7) Wettstein, Zur Anatomie von Crvptoplax htrvaeformis. (Je.\. Zeitschr.,
Bd XXXVIII, 1904, p. 485.)
— 245 —
b) Les nerfs des cordons latéraux qui se rendent à l'estomac :
ils sont au nombre de 3 de chaque côté, normalement, chez
C/iiton magnificus; dans un cas, il y en avait seulement 2 à
gauche, où le troisième était absent (^); de même, dans Crypto-
chiton steUeri, il y a un ou deux nerfs allant des cordons
latéraux (palléo-viscéraux) aux oreillettes (^).
c) Les nerfs du disque buccal de Cliiton sindairi naissent,
soit directement du bord ventral de l'anneau « cérébral » sus-
œsophagien, soit à une certaine distance au-dessus de ce bord,
de la surface dirigée en arrière (^).
d) D'autre part, il a été observé aussi une fois un cordon
pédieux de C. margiuatus, traversé par im faisceau muscu-
laire (^).
B. Gastropodes. — A côté de l'asymétrie fondamentale
de leur système nerveux, ils peuvent présenter encore occasion-
nellement une asymétrie individuelle des parties demeurées symé-
triques de ce système; ainsi, dans Doris tuberculata, une moitié
du système nerveux central (ordinairement la droite) est souvent
plus grande que l'autre, surtout dans la portion cérébrale (').
a) Ganglions cérébkaux. — La distance entre les deux centres
cérébraux varie suivant les individus dansiVo^a?'c/iMs punctatus(^).
(1) Hali.er, Beitràgc zur Kenntniss der Placophoren. (Morphol. .Iahrb., Bd XXI,
1894, p. 37.)
(*) Carlson, Comparative physioLogy of ihe Invertehrate heart. (Biol. Bull.,
vol. ¥111,1905.)
(») VON WissEL. Pacifische Chitonen. (Zool. .Iahrb. [Syst. Geogr. und Biol.|,
Bd XX, 1904, pp. 648 et 649.)
(*) Pelseneer, loc cit., p. 13.
(S) Eliot in Alder and Hancock, The british nudibrnnchiate MoUi/sca, part VIII
(supplementary), 1910, p. 41.
(*) Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opisto-
branches du golfe de Marseille, l'*" partie. (Ann. Mus. Marseille [Zool.], L II, 1885,
p. 92.)
— 246 —
Le « lobe dorsal « cérébral est très variable, suivant les
individus, chez Limnaea stagna lis (^).
Là où les centres cérébral et pédieux d'un même côté sont
étroitement accolés, il peut arriver qu'ils soient parfois écartés
et unis par un connectif plus ou moins long : c'est ce qui arrive,
par exemple, chez Crucibulum fcrrugineum , forme assez
variable à ce point de vue, et où, dans un spécimen, un tel
connectif existait au côté droit (~).
h) Nerfs cérébraux. — Le nerf œsophai^ien aortique de
Biiccinum undatum varie beaucouj) dans son origine : il naît
par une racine double (une dans chaque ganglion cérébral),
et l'union des deux racines se produit soit tout près des
centres, soit beaucoup plus loin, et alors par deux ou trois
anastomoses (^).
Des nerfs cérébraux proboscidiens sont parfois fusionnés sur
une partie de leur longueur avec des nerfs proboscidiens origi-
naires des centres buccaux ou stomato-gastriques, dans le même
Rucchuim undatum (^).
Le nerf du petit tentacule manquait à droite sur un individu
de Umbrella mediterranea , le nerf correspondant de gauche
était plus fort et innervait les deux tentacules ('').
Chacun des ganglions cérébraux, chez .\otarclius punctatus,
(*) BôHMiG, Beitràge zur Kenntniss des Centralnervensystems einiger Pulmonaten
Gastero'poden : Hélix pomatia iind Limnaea stagnalis. Leipzig, 1883, p. 35 (disser-
tation).
(') Plate. Mittkeilungen iiber zoologisclie Studi^n an der chilenische Kiiste.
(SiTZUNGSBER. Akad. Wiss. Berllx, 1894, p. 1082.)
(■■') Bouvier, Système nerveux, viorphologie générale et classification des Gastéro-
podes Prosobranches. (Ann. Sci. nat. [Zool.], 7« série, t. IH, 1887, p. 275.)
{*) BoiiviER, loc. cit., p. 274.
(•■') Moquin-Tandon, Recherches anatomiques sur l'Ombrelle de la Méditerranée.
(Ann. Sci. nat. [Zool.], 5* série, t. XIV, p. 102.) — Cet auteur signale d'une façon
générale (p. 89) que le système nerveux de cette espèce présente de nombreuses
différences individuelles dans les ganglions et dans les nerfs.
247
donne (jnelquelbis, outre ses 6 nerfs constants, 1 ou 2 petits
nerfs à existence accidentelle; en outre, il a été vu une fois,
entre les deux connectifs pleural et pédieux, un filet nerveux
exceptionnel sortant du ganglion cérébral (^).
Le nerf tentaculaire de Pleiirobranchus (Bouvieria) miran-
tiacHs est très variable, en ce sens qu'il se présente avec un ou
deux renflements ganglionnaires ('^) ; d'une façon générale, dans
le système nerveux de cette espèce, le nombre et la grandeur
des filets secondaires varient avec les individus différents (•^).
Le nerf du ganglion génital se détache quelquefois, dans une
espèce indéterminée de Glauciis, non du centre cérébral dont il
provient normalement, mais de la commissure viscérale (côté
droit) (').
Chez Limnaed jtereyra, le nerf de la nuque « naît avec
^pielques légères différences, soit tout près du connectif postéro-
jnférieur (cérébro-pleural), soit même de ce connectif dans sa
partie la plus voisine du cerveau >> (^). Dans ce même Limnaea,
Je nerf fronto-labial postérieur envoie un rameau à toute la
partie des téguments de la bouche, au voisinage des yeux et des
tentacules : c'est le nerf frontal; or, dans certains cas, celui-ci
est distinct et isolé dès le cerveau lui-même {^).
Chez Hélix pomatia, chaque ganglion cérébral donne, en
(1) Vavssièi'.e, Recherches zoologiques et anatomiqnes sur les Mollusques Opisto-
branches du golfe de Marseille, 1« iiartie. (I.oc. cit., respectivement pp. 93 et 94.)
(2) LACAZE-ltuTHiERS, Hlstoive analomique et physiologique du Pleurobranche
orange. (Ann. Sci. nat. [Zooi-.]. 4« série, t. XI, 4859, p. 279.)
(^) Lacaze-Outhiers, loc. cit., p. 276.
(*) Vayssière, Observations sur l'anatomie du Glaucus. (Ann. Sci. nat. [Zool.],
6e série, t. I, 1875, p. 11.)
(5) De Lacaze-Dutiiiers, Du système nerveux des Mollusques Gastéropodes Pul-
iiionés aquatiques et d'un nouvel organe d'innervation. (Arch. Zool. expér.,
l^e série, t. I, 1872, p. 452.)
(6) De Lacaze-Duthiers, loc. cit., p. 452. — La chose est confirmée par De Na-
BiAS, Recherches sur le système nerveux des Gastéropodes Pulmonés aquatiques :
■ Cerveau des Lininées (Limnaea stagnalis). (Trav. Laror. Soc. Sci. et Station zool.
.Arcachon, 1899, p. 22.)
— -218 —
avant du connectif cérébro-pédieux, deux, quelquefois trois tins
nerfs se rendant aux vaisseaux (^) ; dans la même espèce, le
ganglion tentaculaire donne un nombre variable de branches :
-2ou:-{ 0.
Le nerf copulateur, né du centre cérébral chez Testacella
haliotidea, présente souvent une bifurcation, les deux branches
formant quelquefois un petit plexus (^).
Chez Daudebardia saulcyi, il y a une disposition probable-
ment individuelle dans le fait que les nerfs cérébraux 2 et 4 ont
été trouvés unis sur toute leur longueur, au côté droit (^).
Les nerfs labial, buccal et pénial, chez OucidicUa celtica,
ont une origine cérébrale commune (y étant accolés), ou bien
distincte {°).
Enfin, le nerf copulateur de Litnnaea staqnalis nait souvent
accolé au nerf tentaculaire ou au nerf labial inférieur ('').
c) CoNNECTus CÉRÉBRO-BUCCAUX . — Dcs ncrfs labiaux sont
parfois présents sur le connectif cérébro-buccal de Cerithium
vuUfotum (']. Ces mêmes connectifs buccaux, chez Haliotis
(1) Amaidrut, La partie antérieure du tube digestif et la torsion chez les Mol-
lusques Gastéropodes. (Ann. Sci. nat. |Zool.J. 8« série, t, VII, 1898, |). 127 du tiré
à part.)
(*) Leydig, Zur Anatomie und Physiologie der Lungenscknecken. (Arch. k. mikk.
Anat.. Bd I, 1865, p. 53 [d'après Yung. il pourrait même y en avoir 5].)
(•■') De Lacaze-Duthiers, Histoire de la Testacelle. (Arch. Zool. expér., "2^ série,
i. V, 1888, p. 560.)
(*) Plate, Studien iïber Opisthopneuinone Lungenschnecken. I. Die Anatomie der
Crdttungen Daudebardia und Testacella. (Zool. .Iahrb. |Anat. und Ontog.]. Bd IV,
1891, p. 593.)
('^) Respectivement Joyeux-Lafflye, Organisation et développement de'l'Oticidie.
(Arch. Zool. expér., l^^ série, t. X, 1883, pp. 77 et 78.) — Flate, Studien iiber
Opisthopnenmone Lungenschnecken. II. Die Oncidiiden. (Zool. .Iahrb. [Anat. uni>-
Ontog.1, Bd VII, 1893, p. 154.)
(•') l)E Lacaze-Duthiers, Du système nerveux des Gastéropodes Pubnonés aqua-
tiques. (Loc. CIT., p. 453.)
(") Bouvier, Système nerveux, morphologie générMe et classification des Gastéro-
podes. fLoc. CIT.. p. 138.)
— :249 —
luberculata, émettent de chaque côté, outre une branche près
de leur origine, d'autres, variables en nombre (8 à 5), de leur
partie antérieure (^).
d) CoNNECTiFs cÉRÉBRo-pÉDiEux. — Cijclostoma elcgans pré-
sente parfois un nerf exceptionnel sur le connectif cérébro-
pédieux (^). Une espèce de Pterotracliaea (Eurijops) di montré
une fois la bifurcation du connectif cérébro-pédieux à son origine
cérébrale (^).
e) Ganglions et nerfs pleuraux. — Le ganglion pleural gauche
est « extrêmement variable dans son aspect » chez (lijclostoma
eleyans (■^).
Du ganglion pleural (pleuro-viscéral) droit de Umbrella
mediterranea , on voit cliez quelques individus, outre les
3 branches nerveuses principales, se détacher 8 petits nerfs
supplémentaires (•'). Dans la même espèce, sur les ganglions
pleuraux, 2 ou 8 petites branches, au lieu de quitter les 8 gros
nerfs, naissent parfois directement du centre lui-même (^); et
d'autres rameaux en naissent quelquefois, à droite, dans une
position qui n'a rien de constant (~).
Le ganglion pleural de Hctix aspersa émet un nerf qui
se rend au centre cérébral correspondant en passant entre
les deux connectifs : cérébro-pédieux et cérébro-pleural ; une
(1) Lacaze-Duthiers, Mémoire sur le système nerveux de VHaliotide. (Ann. Scl
NAï. fZooi..], 4e série, t. XII, 1859, \>. 296.)
(2) Garnaui.t. Recherches auntomiques et histoLogiques sur le Cyclostoma elegans.
(Actes Soc. Llnn. Bordeaux, 1887, p. 74 du lire à part.)
(■') Tesch, Das Nervensystem der Heteropndm. (Zeitschr. f. wiss. Zooi-., Bd GV,
1913, p. 260.)
(*) Garnault, loc. cit., p. 77.
(*) Moqiun-Tandon, Recherches anatomiques sur l'Ombrelle de la Méditerranée.
(Loc CIT., p. 98 du tiré à pari.)
(S) MoQUIiN-ÏAiNDON, loC. Cit., p. 109.
(') llnd., pp. 110 et m.
— 250 —
branche de ce nerf s'insère sur le ganglion cérébral en avant du
connectif cérébro-pédieux, quelquefois sur le connectif cérébro-
buccal (^).
Chez Cijclostoma elegans, on a constaté la variabilité d'origine
du nertdu ganglion pleural droit (^).
Le nerf pleural gauche qui, chez Cijpraea arabica, innerve le
muscle columellaire, sort parfois de la commissure viscérale (^).
/') Ganglions et nerfs pédielx. — Le nombre des commissures
des cordons pédieux est très inconstant dans les Gastropodes
docoglosses et rhipidoglosses, comme dans les Amphineures;
on en a observé : 8 à 10 chez Loitia viridula (^) ; 10 ou
Ll chez FissureUa costaria (^) ; 10 ou \\ dans Lucapina
creiuUata ("') : 15. 18 ou bien 31-32 chez fJaliotis ttibercu-
lata (') ; 9, 12 ou 16 dans Troclius (Gihbiilaj cinerarius (^);
(*) Amaudkut, Sur le système nerveux de quelques Mollusques Pulmonés. (Bull.
Soc. Philomath. Paris. 188(5. p. 24 du tiré à part.)
(2) Garnault, loc. cit., p. 77.
(^) Bouvier, Observations complémentaires sur le système nerveux et les nffuntés
zoologiques des Gastéropodes du genre Porcelaine (Cypraea). (Ann. Sci. nat. |Zool.|,
7e série, l. XII, p. 25.)
(') Haller, Studien iiber Docoglosse und Rhipidoglosse Prosohrancfiier. Leipzig,
tô94, p. 4.
(^) Respectivement Haller. (Jntersucimngen ilber marine Rhipidoglossen. iMor-
PHOL. Jahrb., Bd IX, 1883, pi. II, fig. 2.) — von Jherlnc;, Beitruge zur Kenntniss
des Nervensystems der Amphineuren und Arthrocochliden. (Morphol. Jahrb., Bd 111,
4877, pi. X, tig. 2.)
(6) Illingworth, Tlie Anatomy of Lucapina crenulata Gray. (Zool. Jahrb. [Anat.
L'ND Ontog.J, Bd XVI, 1902. p. 469.)
(■) Respectivement Lacaze-Duthiers, Mémoire sur le système nerveux de l'Halio-
tide. (Loc. cit., pi. X, fig. .5.) — Fleure, Zur Anatomie und Phylogenie von Haliotis.
(Jenaische Zeitschr., Bd XXXIX, 1904, pi. IX, tig. 49.) — Hallek, Vnlersuchungen
ilber marine Rhipidoglossen. (Loc. cit., p. 2.5.)
(8) Respectivement Pelseneer, Recherches morphologiques et phyloyénétiques sur
les Mollusques archaïques. (Loc. cit., pi. XIX, fig. 162.) — Fraisck, Beitr/ige zur
Analoviie der Trochiden. (Jenaische Zeitschr., Bd Ll, 1914, p. 403.) — Randless,
Sume observations on the Anatomy and Affinities of the Trochidae. (Quart. Journ.
3IicR. Sci., vol. XLVIII, 1903, fig. 30.)
— -251 —
14 ou 32 chez Turbo ruçjosus {^) ; 14 à 18 chez Nerita ornata (^).
H en est de même, en dehors des Docoglosses et des Rhipido-
glosses, chez quelques Taenioglosses à cordons pédieux : dans
les Paludina, où P. vivipara peut présenter — outre la commis-
sure antérieure — 3 ou 4 autres commissures ('^j ; et dans les
(hjpraen, parmi lesquels 28 est le nombre maximum de ces
commissures des cordons pédieux chez (j. testudinaria (^),
et 10 le nombre minimum, très voisin du maximum, chez
C arabica (•').
Quant aux nerfs pédieux proprement dits, leur distribution est
très variable aussi d'un individu à l'autre dans Lottia gigantea
(nombre des nerfs latéraux de chaque cordon pédieux) (*') et
dans Paludina vivipara (") ; chez Cyclostoma elegans (^), la
mince commissure pédieuse postérieure naît quelquefois non du
ganglion lui-même, uiais des nerfs pédieux postérieurs; elle
donne exceptionnellement 2 petits filets nerveux; enfin, la face
ventrale des ganglions pédieux y présente 5 on 6 filets nerveux.
11 a été observé chez llarpa vcntricosa un cas de nerf pédieux
(') Piespectivement Bouvier, Système nerveux, morphologie générale et classi-
ficntion des Gastéropodes Prosobranches. (Loc. cit., p. 35.) — Haller, Vntersu-
chungen iïber marine Rhipidoglossen. (Loc. cit., p. 30.)
{') Haller, Studien liber Docoglosse and Rkipidoglosse Prosobrancltier, p. 127
(ces « comniissiu'es » sont considérées comme de simples nerfs par Bouvier et par
BOURNE).
(5) Bouvier, loc. cit.. p. 65 (3 commissures). — Simroth, Das Fussnervensystem
der Paludina vivipara. (Zeitschr. wiss. Zool., Bd XXXV, 1891, p. 143 |4 commis-
sures].)
(*) H ALLER, l}ie Morphologie der l'rosobranchier gesammelt auf einer Erdumsege-
liuig di/rch die k. iialienische Korvette « Vettor l'isani ». (Morph. .Iahrb., Bd XVI,
1889, p. 276.)
(5) Bouvier, Système nerveux, morphologie générale et classification des Gastéro-
podes Prosobranches . (Loc. cit., p. 217.)
(<5) FiSHER, The Anatomy of Lottia gigantea. (Zool. Jahrb. [Anat. und Ontog.],
BdXX, 1904, p. 43.1
C) Bouvier, loc. cit., p. 68.
(*) Garnault, Recherches anatomiques et histologiques sur le Cyclostoma elegans.
(Loc. cit., p. 75.)
— 25-2 —
antérieur bifurqué, et dont les deux branches se sont réunies
plus loin (*) .
Le nerf pénial (sortant du centre pédieux droit) de Riiccinum
undatum présente de nombreux rameaux qui s'en détachent
parfois en faisceaux de 2, 3 ou 4- filets (~).
Les nerfs pédieux latéraux de Concliolepas periivinua sont au
nombre de 2 ou de 3 (^).
On a remarqué de fréquentes variations dans le nombre des
ramifications du grand nerf pédieux de Gastropteron meckeli et
dans leur point d'origine ("').
Il y a, chez bolahella riimplû, 12 o« 13 paires de nerfs
pédieux (^).
La commissure pédieuse antérieure de Tijloclina citrina
présente souvent, vers son milieu, un petit nerf dont l'exis-
tence est inconstante ('') ; en même temps, les ramifications
des nerfs pédieux y sont variables par le nombre et la
position.
Les nerfs pédieux de Vmbrelia medUerranea montrent de
nombreuses variations dans leur nombre et leurs dispositions :
Moquin-Tandon et Vayssière l'ont signalé d'une façon générale
et ont indiqué divers cas particuliers de cette variabilité : les
nerfs principaux peuvent naître confondus ou séparés après leur
origine; le quatrième nerf antérieur se divise généralement en
3 ou ï grosses branches; le rameau se rendant à la base du
grand tentacule naît quelquefois par 2 racines et croise en dessus
(*) Bbock. Zur Neurologie der Prosobranchier. (Zeitschr. i". wiss. Zool.,
Bd XLVllI, 4889, p. 70.j
(2) Bouvier, Système nerveux, morphologie générale et classification des Gastéro-
podes Prosobr anches. (Loc. cit., p. 264.)
(3) Bouvier, lac. cit., p. "290.
(*) Vayssiérk, Recherches anatomiques sur les Mollusques de la frnnille des Bul-
lidés. (Ann. Sri. nat. [Zool.], Gf série, t. IX, 1880, p. 67.)
(5) Amaudrut, Sur le système nerveux de la Dolabella Rumphii. (Bull. Soc.
Phii.om. Paris, 1886, p. 3.)
(6) Vayssière, Rechej'ches zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opisto-
hranches dn golfe de Marseille, i^<^ partie. (Loc. cit., p. J60 )
— 253 —
ou en dessous, suivant les individus, le nerf tentaculaire; le
nerf innervant les téguments pédieux antérieurs (nerf « 12 » de
Va^issière) se soude quelquefois avec le nerf qui suit ; plusieurs
petits nerfs des téguments latéraux peuvent former parfois un
seul tronc (nerf « 20 »); le nerf pédieux postérieur le plus
gros (nerf « 23 ») peut se ramifier presque dès son origine,
mais le plus souvent il ne se subdivise qu'en arrivant dans les
muscles (^).
Les nerfs pédieux ne sont pas toujours symétriques chez
Hadra argillacea : il y en a de chaque côté de 7 à 10,
naissant tantôt indépendamment, tantôt à deux par un tronc
commun (-).
Les nerfs pédieux inférieurs, innervant la face ventrale du
pied, sont au nombre de 7 à 9 chez Stenogyra decoUata (^).
Enfin, chez Oncidiella celtica, il y a souvent, outre les deux
nerfs moyens principaux, un ou plusieurs filets se rendant à la
partie antérieure du pied (^).
g) Commissure viscérale, ganglions et nerfs viscéraux. —
Anastomose pleuro-inj'ra-intestinale (ou zifgoiieurie gauche). —
Elle peut être longue ou courte chez Cypraea testud'maria (^) ;
elle est inconstante (présente dans la plupart des individus)
dans Crepidida fornicata (*^).
(') Moquln-Tandon, Recherches analomiqu.es sur V Ombrelle de la Méditerranée.
(Loc. CIT., pp. 99, li7, 118 et 120.) — Vayssière, Recherches zoologiques et anato-
miques sur les Mollusques Opistohr anches du golfe de Marseille, l'^ partie. (Loc cit.,
pp. 148, 149 et 150.)
(2) Wiegmann, Beitrâge zur Anatomie der Landschnecken des Indischen Archipels,
in ZooL. Ekgebmsse einer Reise in Niederlàndische Ost-Indien (Max Weber),
Bd m, 1893, pp. 182 et 183.
(5) WiLLE, Unlersuclutngen ilber den analomischen Bau der Ltigenschnecken
Stenogyra decoUata. (Jenaische Zeitschr., Bd LU, 191S, p. 739 )
(*) Joyeux-Laffuye, Organisation et développement de l'Oncidie. (Loc. cit.,
p. 305.)
(S) Haller, Die Morphologie der Prosobranchier (« Vettor Pisaiu »). (Morph.
Jahrb., Bd XVI, p. 265.)
(«) ïiov\iEi\, Système nerveux, morphologie générale et classification des Gastéro-
podes Prosobranches. (Loc. cit., p. 235.)
— 254
Commissure et ganglions. — La commissure est variable et
rarement croisée chez Acmaea f'ragilis (*) ; dans Patetla vulgata,
les ganglions supra-intestinal et infra-intestinal sont variables
par le volume et l'aspecl (^) ; le
ganglion abdominal est parfois
bilobé.
Sur la commissure viscérale de
Vermetiis triqueter, il peut y avoir
un ou deux ganglions abdomi-
naux (■^) (fig. li^); chez Cypraea
aralnca, les ganglions abdominaux
accessoires (viscéral droit et viscéral
gauche) sont variables et peuvent
faire complètement défaut (^). Le
ganglion supra-intestinal de Àmpul-
laria glohosa présente souvent un
ou plusieurs centres accessoires (^) .
Dans A. carinata, le ganglion supra-intestinal accessoire est
très variable suivant les individus (''). Le ganglion infra-intestinal
de Cainnaria sp. a été rencontré une fois bilobé C^).
Parmi les Euthyneures, on a constaté aussi des variations
dans les centres de la commissure viscérale : sur quelques indi-
FiG. i43. — Vermeius triqueter,
partie postérieure de la commis-
sure viscérale dans deux indi-
vidus différents, vue dorsale,
fl, ganglion abdominal; a', gan-
glion abdominal supplémentaire;
</,^', nerfs génitaux; r, nerf rénal.
— D'après Lacaze-Duihiers.
(1) Wiixcox, Zur Anatomie von Acmaea fragilis Chemnitz. (Jenaische Zeiïschu.,
Bd XXXII, 1898, pp. 42C et 448.)
(*) Bouvier, Système nerveux, morphologie générale et classification des Gastéi'o-
podes Prosobr anches. (Loc cit., p. d9.) — Davis and Fleuke, Patella (Proc, and
Trans. LiVERPOOL BiOL. Soc, vol. XVII, 1903, p. 232.)
(3) Lacaze-Duthiers, Mémoire sîir l'anatomie et l'embryogénie des Vermets. (Ann.
Sci. NAT. [ZooL.], 4" série, t. XIII, p. 260, pi. VI, iig. 1 et 2, Z'".)
(*) Bouvier, Observations complémentaires sur le système nerveux et les affinités
zoologiques des Gastéropodes du genre Porcelaine. (Loc. cit., p. 28.)
(S) Ghosh, On tke nervous system of Ampullaria globosa. (Rec. Ind. Mus. Cal-
cutta, vol. VII, 1912, p. 80.)
C) Bouvier, Système nerveux, morphologie générale et classification des Gastéro-
podes Prosobr anches. (Loc cit., p. 86.)
(■7) Tesch, Dns Nervensystem der Heteropoden. (Loc. cit., p. 2f)6.)
— 255 —
vidus deAcera hullata, le ganglion supra-intestinal est bilobé (^).
Chez Aplysia depilans, la moitié gauche (ganglion abdominal)
de la masse ganglionnaire viscérale est le plus souvent plus
grosse que l'autre moitié (~) ; et dans A. punctata, ce même
TL 0
7^ 0
FiG. 144. — Aplysia punctata, ganglions viscéraux de deux individus
différents, vus dorsalement. A, ganglion gauche dissocié en trois
masses ganglionnaires ; B, disposition normale : c. v, commissure
viscérale; ti. o, nerf osphradial, naissant du ganglion droit (ou
supra-intestinal). — D'après Guiart,
ganglion abdominal est parfois dissocié en trois ganglions (^)
(fig. 144) ; chez Aclesia freeri, au lieu que cette masse gan-
glionnaire viscérale (viscéro-pariétale) fût accolée au ganglion
pleural droit (disposition normale), un individu la montrait
distante de ce centre, à peu près comme dans les Aplysia [*).
(1) De Lacaze-Duthiers, Les ganglions dits palléaux et le stomato-gastrique de
quelques Gastéropodes. (Arch. Zool. expér., 3e série, t. VI, 1898, p. 396.)
(2) BoTAZzi et Enriques, Recherches plu/siologiques sur le système nerveux viscéral
des Aplysia et de quelques Céphalopodes. (Arch. Ital. Biol., t. XXXIV, 1900,
p. 115.)
('") Guiart, Contribution à l'étude des Gastéropodes Opisthobr anches. (Mém. Soc.
Zool. France, t. XIV, 1910, p. 120, fig. 70-p. 119.) [Cette variabilité explique les
désaccords que l'on rencontre parfois à ce sujet dans la littérature. Voir par
exemple : Carazzi, Sludi sui Molluschi. (Internat. Monatschr, Anat. Physiol.,
Bd XVIII, 1901).]
(*) Griffin, The anatomy o/' Aclesia freeri. (Loc. cit., pi. VI, fig. 35.)
— 256 —
Chez Umhrella mediterranea , il y a souvent un centre viscéral
accessoire au côté gauche (^). La conformation du ganglion de
la commissure viscérale chez Pleurobranchus mpckeli est incon-
stante et varie d'un individu à l'autre ('). Le ganglion abdominal
de Physa fontinalis est variable de forme (^). Dans Limax
ayrestis, chez beaucoup d'individus, la grosse masse viscérale
de chaque côté est divisée en deux; chez quelques-uns elle est
divisée en trois, à gauche (^).
Pour ce qui concerne les nerfs.de la commissure viscérale,
des variations ont été reconnues dans ceux qui naissent des
centres, et également dans ceux qui sortent des deux branches
(supra-intestinale et infra-intestinale) de cette commissure.
ISerf's du (/anglion supra-intestinal . — De petits filets du
nerf branchial interne sont quelquefois anastomosés chez
Haliotis tuberculata [•').
Chez Cyclostoma eieyans, on a signalé sur le nerf palléal issu
du ganglion supra-intestinal, la présence occasionnelle d'un
ganglion (*^).
Le nerf de la dilatation glandulaire œsophagienne, dans
Cypraea arabica, est de dimensions variables et sort tantôt du
ganglion supra-intestinal lui-même, tantôt de la commissure
viscérale ("). Chez Voluta neptuui. le nombre des nerfs issus du
(1) Moquin-Tandon. Recherches anatomiques sur rOmbrelle de la Méditerranée.
(Loc. CIT., p. 98.)
(*) Pelseneer, Recherches si/r divers Opisthobranches. (Mém. cour. Acad. Belg.,
t. LUI, 1894, p. 30.)
(3) De Lacaze-Duthiers, Du système nerveux des Gastéropodes Pulmonés aqua-
tiques. (Loc. cit., p. 474 )
(*) ScHMiDT, Sludien zur Entwicklungsgeschichte des Nervensy stems der Pulmo-
naten. Dorpat, 1894. respectivement pp. 45 et 16.)
(^) Lacaze-Duthiers. Mémoire sur le système nerveux de l'Haliotide. (Loc. cit.,
p. 283 [la même chose s'observe de l'autre côté, c'est-à-dire au nerf branchial
interne, né du ganglion infra-intestinal |.)
(6) Garnault, loc. cit., p. 78.
(") Bouvier, Ann. Sci. nat. (ZooL), 1« série, t. Xll, p. 25.
— 257 —
ganglion supra-intestinal varie de 8 à 10 (^). Le nerf pariétat
supérieur de Buccinum undatum s'accole souvent à la commis-
sure viscérale sur une grande partie de sa longueur; quant au
nerf branchio-palléal, une de ses branches contracte une ou deux
anastomoses avec le nerf siphonal (^).
Le nerf ospin-adial, chez Philine aperta, au lieu de sortir de
la commissure viscérale, s'est trouvé, une fois, naître du
ganglion supra-intestinal (^). Plusieurs fois, chez Dolahella
riimpfii, le nerf du ganglion supra-intestinal, allant aux tégu-
ments autour de l'orifice femelle, est anastomosé avec un nerf
pédieux (''). Chez quelques individus de [Jmb7'ella mediterranen ,
on voit partir du ganglion les deux petits nerfs qui, dans la
majorité des cas, se détachent du nerf branchio-palléal (^).
Dans la même espèce, le plexus branchial inférieur forme des
anastomoses dont partent des filets, souvent au nombre de 2,
pour le vaisseau efférent de chaque pinnule; en outre, on y voit
près du nerf d'origine de ce plexus un ou quelquefois deux
épaississements ganglionnaires (*^). P leur obranc luis (Bouvieria)
aurantiacus montre souvent, de petits ganglions sur les anasto-
moses de ses filets nerveux palléaux (^).
Nerfs du ganglion abdominal. — Le nerf rectal, chez
Ualiotis tuberculata, donne à gauche 2 ou 3 ramuscules à peu
près constants (^). La variabilité des nerfs nés du ganglion
(*j Bouvier, Système nerveux, morphologie générale et classification des Gastéro-
podes Prosobranches. (Loc. cit., p. 303.)
(2) Bouvier, loc. cit., respectivement pp. 266 et 267.
(8) GuiART, Mém. Soc Zool. France, t. XIV, 4940, p. 409.
(*) Amaudrut, Sur le système nerveu.v de la Dolabella Rumphii. (Bull. Soc. Phi-
lomath. Paris, 4886, p. 4 )
(5) iMoquin-Tandon, Recherches anatomiques sur l'Ombrelle de la Méditerranée.
Loc cit., pp. 98 et 442, pi. VI, fig. 7.)
(6) Moquin-Tandon, loc. cit., respectivement pp. 444 et 14S.
C) Lacaze-Duthiers, Ann. Sel nal. (Zool.), 4« série, t. XI, p. 277.
(8) Lacaze-Duthiers, loc. cit., 4« série, t. XII, p. 289.
17
— 258 —
abdominal a été constatée, quant au nombre et à l'origine, chez
Cyclostoma elegans (^). De même dans Buccinum imdatum : à
l'anastomose du nerf recto-génital avec les nerfs pleuraux droits,
un autre petit nerf va se joindre ordinairement; une forte
branche du nerf réno-cardiaque envoie 1 ou 2 rameaux sur
l'aorte; le nerf postérieur du ganglion abdominal accessoire,
dans la plupart des individus, a son origine entre les deux
ganglions abdominaux (^).
Un rameau du nerf génito-branchial se détache quelquefois
directement du ganglion chez Umbrella mediterranea ; et, dans
la même, espèce, le nerf palléal postérieur est accolé en général,
sur une partie de son trajet, au nerf génito-branchial (^). Le
nerf du ganglion génital, chez Glancus sp., est parfois détaché
de la commissure viscérale et non du centre cérébro- viscéral
droit (^). Le troisième nerf du ganglion abdominal de Doris
tuberculata donne 2 ou 3 branches à la grosse glande muqueuse
des conduits génitaux ('').
Les nerfs viscéraux médian et droit naissent souvent par un
tronc commun dans Testacella lialiotidea (^^
Nerfs du ganglion infra-intestinal. — La variabilité des
nerfs issus du centre infra-intestinal a été observée chez la
femelle de (lijclostoma elegans {"'). Le nerf pariétal droit, issu
(1) Garnault, loc. cit. p. 79.
(') Bouvier, Système nerveux, morphologie générale et classification des Gastéro-
podes Prosobranches. (Loc. cit., respectivement pp. 271, 272 et 273.)
(5) Moquin-Tandon, loc. cit., respectivement pp. 98, liS et 142; aussi Vayssière,
Ann. Musée Marseille, t. II, 1885, p. 147.
(*) Vayssière, Observations sur Uanatomie du Glaucus. (Ann. Sci. .nat. [Zool.],
6e série, t. I, 1874, p. 11.)
(S) Hancock and EmbletOiN, On the Anatomy of Doris. (Phil. Trans. Roy. Soc.
LONDON, 1852, p. 232.)
(«) De Lacaze-Duthiers, Histoire de la Testacelle. (Arch. Zool. expér., 2? série,
t. V, p. 568, note 1.)
(7) Garnault, loc. cit., p. 79.
— -259 —
du gant»lion infra-intestinal, chez Cijpraea arabica, est tantôt
simple, tantôt double, dès son origine (\).
Les deuxième et troisième nerfs palléaux gauches de l m-
brella meditervanea sont quelquefois confondus ensemble (^).
Le nerf palléal supérieur gauche de Oncidiella celtica pré-
sente souvent des ramifications anastomosées et, aux points
de réunion, il y a souvent un petit ganglion (^). Au nerf
palléal droit de Phijsa [ontinalis, on observe la variation
du nombre des ramifications pénétrant dans les dentelures
du manteau (^).
iSerfs de la branche supra-intestinale de la commissure
viscérale. — On signale la présence occasionnelle d'un nerf sur
la cojDmissure viscérale de Cyclosloma elegans, entre le centre
supra-intestinal et le ganglion abdominal (■'). A droite du
ganglion abdominal, il y a, chez Cypraea arabica, 2 ou 3 filets
nerveux qui paraissent destinés au cœur ('). De la branche
supra-intestinale de la commissure viscérale, dans Murex trun-
culus, font issue 4, 5 ou 6 nerfs branchiaux ('). Dans Buccinum
undatum, la branche supra-intestinale donne 1 ou 2 nerfs à la
paroi du corps et à la branchie (^).
ISerfs de la branche infra-intestinale de la commissure
viscérale. — Chez Ilaliotis tuberculala, un peu en avant le
(') Bouvier, Ann. Sci. nat. (ZooL), 7* série, t. XH, p. 27.
(2) Moquin-Tandon, loc. cit., p. 116.
(î) Joyeux-Lakfuye, Organisaiion et développement de L'Oncidie. (Loc. cit.,
p. 308.)
(*) De Lacaze-Duthiers, Du sijslème nerveux des Gastéropodes Pulmonés aqua-
tiques. (Loc. cit., p. 47o.)
(5) Garnault, loc. cit., p. 78.
(6) Bouvier, Ann. Sci. nat. (ZooL), 7^ série, t. XII, p. 31.
(") Bouvier, Système nerveux, morphologie générale et classificalioyi des Gastéro-
podes Prosobr anches. (Loc. cit., p. 281.)
(8) Bouvier, loc. cit., p. 270.
— 260 —
ganglion abdominal, on trouve 1 ou ^ petits lilets se rendant à
la partie dorsale de la paroi du corps (^).
On observe chez Paludina vivipara la variabilité du nombre
(2 ou 3) et de l'origine des nerts columellaires naissant de cette
branche infra-intestinale ('-). Le nerf recto génital se dédouble
fréquemment dans (Ajpraea arabica (^) . Chez (lenlh'unn vid-
gatum varie le nombre des nerfs issus de la branche infra-
intestinale (4 ou 5) (^). Enfin, on a constaté des variations
individuelles dans le nombre des nerfs issus de la branche
infra-intestinale de Uiiccininu undatiini (le nerf le plus voisin
du ganglion abdominal peut faire défaut) et de (hnus virgo (5).
Il) Ganglions buccaux (sto.mato-gastriuues) et leurs nerfs. —
Dans Haiiotis tuberculata, la commissure entre les deux gan-
glions fournit 0 ramuscules habituellement constants (^). Dans
Umbrella mediterranea, les deux nerfs radulaires naissent
accolés ou distincts ("). Les nerfs stomato-gastriques innervant
la masse radulaire de Tcstacella liaiiotidea sont (/uelque/'ois
bifurques (^).
Chez Haiiotis tuberculata, le réseau nerveux stomacal ne
présente rien de constant (''). Et cette inconstance de réseau
stomato-gastrique est poussée à un très haut point dans les
Opisthobranches en général, où le parcours des iilets et le
(1) Lacaze-Duthiers, Ann. Sci. nat. (Zoolj, 4'' série, t. XII, p. "288.
(-) HoiiviEiî, Système nerveux, morphologie générale el dassificalion des Gastéro-
podes Prosobranchcs. (Loc. cit., p. 69.)
(5) liouviEii, Ann. Sci. mit. (Zool.), !<" série, t. XJI, p. 29.
(*) BouviEK, Système nerveux, morphologie générale et classification des Gastéro-
podes Prosohranches. (Loc. cit., |). 137.)
C) I50UV1ER, loc. cit., res|)ectivement pp. 270 et 339.
(6) Laoaze-Duthieks, Ann. Sci. nat. (Zool.), 4*" série, l. XII, p. 298.
(^) Moquin-Tandon, Recherches anatomiques sur l'Ombrelle de la Méditerranée.
(Loc. CIT.) — Vavssière, Ann. Musée Marseille, t. Il, p. 143.
(8) De Lacaze-Di;thiers, Histoire de la Testacclle. (Loc. cit., p. 573.)
(") Lacaze-Duthiers, Ann. Sci. nat. (Zool), 4» série, t. XII, p. 300.
— -2(H —
nombre des ganglions offrent une très grande variabilité (on
retrouve le même phénomène dans les Lamellibranches et les
Céphalopodes : voir plus loin). Le fait a été signalé chez les
Tectibranches, surtout par de Lacaze-Duthiers : dans Aplysia
punctata, les réseaux nerveux sur l'estomac présentent des
variétés sans nombre; chez Dolahclla riunphi, le nombre des
colliers nerveux stomacaux diffère suivant les individus; dans
Acera hullata, il y a des dispositions particulières sur quelques
individus; sur les deux colliers nerveux de l*hUinc aperta, il y a
inconstance d'existence et de position de petits ganglions de
renforcement; enfin, dans Scapliamler lujnar'ms, les colliers
sont peu semblables dans les difféients individus (').
Le réseau stomacal de Pleurobranc/ius aurantiacus est très
variable suivant les individus, et vers l'étranglement séparant
l'estomac de l'intestin se trouvent ^2 à i petits ganglions peu
constants dans leur nombre, leur position et leur volume (^).
Le plexus superficiel sur le bulbe de l'inhreUa mediterranea est
d'aspect variable suivant les individus (•^).
La chaîne entourant l'extrémité cardiaque de l'estomac
présente de 10 à 12 ganglions chez Doris tuhcrculota (^). Chez
Marionin hUdnvillecma , il y a 1 ou 2 anneaux nerveux stomato-
gastriques autour de l'estomac armé ('').
C. Lamellibranches. — a) Ganglions cérébraux. —
Ils sont plus ou moins séparés des centres pleuraux par un
sillon, dans un petit nombre d'exemplaires de Pliaseolicama
(<) De Laca/e-Duthiers, Les yançflions dits paUéaux et le stoinato-gastrique de
quelques Gastéropodes. (Arch. Zooi.. iîxpér., 3" série, t. VI, respectivement pp. 383,
389, 396, 405 et 418.)
(2) Lacaze-Duthiers, Histoire analomique et physiologique du Pleurobrancke
.orange. (Ann. Sci. nat. [Zool.J, 4" série, t. XI, pp. 290 et 291 )
p) Moql'in-Tandon, Recherches anatomiques sur rOmbielle de la Méditerranée^
(lot.. CIT., p. 126.)
{*) Hancock and Embleton, On the Anatomy of Doris. (Phil. Trans. Roy. Soc.
Lo.NDON, 1852, p. 235.)
(3) Vayssiére, Ann. Musée iUrmlle, l. VI, 1901, p. 108.
— -262 —
maqeUanicH ('). Les ganglions cérébraux de Anodonta cellensis
montrent des variations fréquentes (dont certaines sont rares)
dans leurs rapports avec l'adducteur antérieur [^).
b) Ganglions a médians ». - Ces centres sont des tbruiations
très inconstantes; pour Mya arenaria, ils ne sont présents que
dans deux individus sur une cinquantaine ( ') ; chez les Anodonta,
ils sont rarement visibles : sur un spécimen de .4. cycjnaea, ce
centre existait à gauche seuleuient (').
c) Ganglions péuieux. — Dans beaucoup de cas, ils sont tout
à fait incolores chez Litliodomus lithopiKuju.s (■').
d) Ganglions viscéraux. — Ils sont souvent colorés en orange
chez Modiola barbata; la commissure qui les unit peut être
parfois si courte qu'ils ne foruient (|u'une seule masse ganglion-
naire, dans Modiolaria marmorata; la même fusion a été
observée occasionnellement chez Mytilus edulis et chez i)rei&-
sensia poljimorpha ('').
Dans Ostrea edulis, le ganglion viscéral droit est souvent plus
gros ([ue le gauche ('). La paire de ganglions viscéraux a été
rencontrée exceptionnellement en arrière de l'anus chez Ano-
donta cellensis (^).
(') Igel, Ueber die Analomie von Pliaseolicama inagellanica Rousseau. (Zooi,,
•Iahkb. IAnat. unu Onto(. |, M XXVI, 1908, p. 3.3.)
(2) Splittstoessek, Zi/r Morphologie des •Servensxjstcmes von Anodoiila cellensis
SchnU. (Zeitschu. f. wiss. Zool., Bel CIV, 1913, p. 427.)
(3) Vlès, Moaaçjrapkie sommaire de Mya arenaria. (Mém. Soc. Zool. Fuance,
t. XXII, 1909, p. 12,1)
(') Latteu, Tlie nervous System of Anodonta cygnea (Nature, vol. LXVIIl. 1903.
p. 623 )
(^) List, Die Mytiliden. (Fauxa und Fi.oua des Golfes von Neapel, 27*^ monogr.,
1902, respectivement pp. 191 et 201.)
C^) Babok, Ueber das Centralnervensysiem von Dreissensia polymorpha. (Sit-
ziNGSBEU. K. BôHM. Geseli.scii. Wiss. [Math.-.natl'rw. Ci.asse|, 1895, p. (i.)
C) Duveunov, Mémoires sur le système nerveux des Mollusques Acéphales Lamelli-
branches. (Mém. Acad. Scl Paius, t. XXIV, 1854, p. 56.)
(«) Splittstoessek, Abnormilalen der Organisation von Anodonta cellensis.
(Zool. Anz., Bd XXXIX, 1912, p. 413.)
— 263 — .
e) Ganglions « phéviscéhaux » des P/wlas. — Us y pré-
sentent une très notable variété; ainsi, dans /\ candida,
ces appareils sont plus ou moins gros et peuvent même
exceptionnellement paraître absents, la commissure persistant
seule (fig. 145) ; les filets nerveux sont, dans la règle, présents
Fie;. 143. — Pkolas candida, ganglions viscéraux et commissure piéviscérale de
quatre individus différents, vue ventrale, X 8. I, avec ganglion préviscéral
particulièrement gros; II, avec ganglion préviscéral réduit; III, avec ganglion
préviscéral à peine saillant; IV, avec commissure sans ganglion, c. v, commis-
sure viscérale ; c. p, commissure préviscérale; g. p, ganglion préviscéral. —
Original.
et symétriques, très exceptionnellement asymétriques (obser-
vations personnelles). Dans deux exemplaires de P. dactylus,
ces centres faisaient également défaut; dans les autres, Ils
sont plus ou moins développés; les filets nerveux manquent
parfois aussi (^).
/') Nerfs cérébraux. — Les nerfs des palpes varient en
nombre chez Pinna (Atrina) rujida : 7 paires usuellement (^).
Les ramifications du nerf palléal antérieur varient d'un côté à
l'autre dans MiftHus (jalloprovincialis (^).
(») FoERSTER, Ueher die Leuchlorgane und das Nervensystem von Pliolas dactylus.
(Zeitschr. wiss. Zool., Bd CIX, 1914, p. 381.)
(2) Grave, Anatomy and Physiology of the iving-sliell Atrina rigida. (Bui.i.. Bureau
FiSHERiES. Washington, vol. XXIX, 1911, p 433 )
(•') List., loc cit., p. 175.
— 2(M —
g) Nerfs viscéraux. — Le nerf branchial naît par une ou
deux racines chez Pecten tenuicosatus ('). Les nerfs viscéraux
antérieurs peuvent différer d'un côté à l'autre dans IHnna
nobilis, quoique Pinna soit symétrique; et dans la même espèce,
divers autres nerfs diffèrent aussi d'un côté à l'autre, s'anasto-
mosant, avec de petits ganglions présents ou absents, suivant
les individus, à la bifurcation (^).
Les nerfs viscéraux antérieurs de Modiola barbata sont
variables quant à leur origine, pouvant naître soit des ganglions,
soit de leur commissure viscérale; dans la même espèce, le
nombre des rameaux des nerfs palléaux postérieurs se rendant
aux bords du manteau est variable, les nerfs des plis moyen et
interne pouvant naître séparément ou d'un même point (^).
Chez Mijtilus gallopruvincialis, il sort un nombre variable de
nerfs de la partie antérieure de la commissure viscérale; il y a
également variabilité dans l'origine et le parcours des nerfs de
l'adducteur postérieur; enfin, varie aussi le nombre des iilets du
nerf palléal postérieur (''). Dans Litliodomus lilliopliagus, un
nerf viscéral se rendant au rétracteur du byssus et aux viscères
sort de chaque côté du ganglion ou bien d'un côté, du ganglion,
de l'autre, hors de la commissure viscérale; et dans cette même
espèce, le grand nerf palléal postérieur donne un rameau
inconstant au muscle adducteur postérieur (^).
Chez Modiolaria marmoriita , il sort parfois des ganglions
viscéraux, un tin nerf parallèle au grand nerf palléal postérieur;
et de la commissure entre les deux centres viscéraux, il naît
parfois, de l'un ou de l'autre côté, un mince nerf (*^). Le nerf
(1) DUEW, The Habits, Ànatomy, and Einbryology of Ihe Giant Scallop (Pecten
tenuicostatus Mighels). (Univ. of Malne Stud., n" 6, 1906, p. 24 )
(2) DiivKiiNoY, loc. cit., respecli\emeiit pp. 77, 78, 79, 80 et 84.)
(=*) List, loc. cit., respectivement pp. 191 et 193.
(*) Ibid., pp. J77 eH78.
(«) Ibid.,^. 176.
(«) Ibid., p. 202.
— 205 —
branchial, chez cette espèce, envoie un nombre variable de nerfs
dans l'axe brancliial, jiis(jirà 12 et même davanta£»e, de cha(|ue
côté de cet axe (^).
Chez Anodonta ciignaca, le nerf palléal postérieur donne
6 ou 7 tilets, et entre le nerf branchial et le nerf palléal latéral,
4 ou 5 tilets naissent du ganglion viscéral ("-). Dans .4. cellensis
s'observent des différences individuelles pour les ramifications
du nerf palléal postérieur moyen (^). L'étude détaillée du
système nerveux de Anodonta a montré que, outre de nombreux
nerfs inconstants, on y trouve, suivant les individus, une grande
variabilité des nerfs constants dans leur aspect et leur par-
cours (^), au point que l'expérience seule permet de les recon-
naître exactement dans chaque indivi(ki. Il y a des anastomoses
fréquentes entre les trois nerfs siphonaux les plus dorsaux de
Cardium cdule, et souvent on y trouve un ganglion à l'origine
des nerfs palléaux ou plus ou moins dans leur parcours (^).
Dans la même espèce s'observe la variabilité de la position des
ganglions accessoires du siphon anal (*^).
La branche interne du nerf palléal postérieur (nerf du muscle
adducteur) de Mactra slultorum donne 4 ou 5 filets allant en
dedans du siphon branchial ("). Chez lAitraria elliptica, il y a
A ou 5 nerfs siphonaux de chaque côté (^) ; il y a d'ailleurs
beaucoup de variations quant aux points de détail, dans le
système nerveux de L. tenuis (°).
(') I.isT, loc. cil., p. 203.
{^) Di'VEUNOv, loc. cil., respectivement pp. 88 et 89.
(5) Spi.iTTsroESSER, loc. Cit., p. 431.
(*) Ibid., p. 464.
(•') JoHNSToNE, Cardium. (Livehpool Mau. Bioi,. Comm. Mem., vol. II, 18iJ9, p. oG.)
(«) Dnosr, Ueber das IServensyslem und die Sumesepitlieiien der Herwiuscheln
(Cardium edule\ (Morph. Jahrb , M XII, 1886, p. 171.)
(') Deshayes, Histoire naturelle des MoUusqxies. Acéphales. (Exploration de
l'Algérie, 1. 1, 1848, p. 374.)
(8) Deshayes, loc. cit., p. 338.
(■') Stempell, Veber das sog. sympattiische Nervensysleni der Muscheln. (Festschr.
MEDIC.-NATURW. GeSELLSCH MÏ'NSTER. 1912, p. 8.)
— 266 —
Le nerf péripalléal deSolen vagina otlre, de chaque cùlé, 12 ou
13 ganglions (^). Le nerf palléal postérieur, avant sa bifurcation,
donne une branche forte et longue, allant jusqu'à la commissure
du manteau chez .S. ensis; sur un individu, cette branche man-
([uait et était suppléée par une branche d'un nerf voisin (^).
Le nerf palléal postérieur de Teredo norvegica émet \ ou
2 tîlets très fins aussitôt après s'être détaché du ganglion
viscéral; le nerf siphonal y montre 8 ou 9 ganglions; le nerf
cardiaque aboutit à 2 petits ganglions accolés, donnant 8 ou
4 filets nerveux (^).
Il) Système aerveux stomato-gastriuue. — Les nerfs sympa-
thiques, naissant de la commissure buccale chez Lutraria tenuis,
sont souvent inégaux en grosseur de l'un à l'autre côté; une
lois, il a été vu un nerf œsophagien naissant du connectif
cérébro- buccal (*). Au côté droit, la commissure buccale sortait
directement du court connectif cérébro-buccal, dans un individu
de Cijamiuin antarcticum, et envoyait de ce côte un nerf à
l'œsophage (^).
Chez Anodonta (sp.), le système nerveux stomato-gastrique
est très variable C^). Dans .4. cellensis, le premier nerf gastrique
notamment a un parcours inconstant ; le troisième nerf gastrique
est parfois uni sur une certaine longueur au deuxième nerf
gastrique ; le plexus solaris présente des nerfs différents suivant
les individus (').
(*) Bi.AiscHARD, Observations sur le sijslhne nerveu.i des Mollusques Acéphales
testacés ou Lamellibranches. (Ann. Sci. nat. [Zooi..], 8» série, t. III, p. 335.)
(*) Deshayks, loc. cit., p. 172.
(5) Dk QiATKEFAGES, Mémoire sur le (/enre Taret. (Ann. Sci. nat. [Zool |. 3'' série,
t. XI, 1849, respectivement pp. 66, 67 et 68.)
(*) Stempel, lac. cit., p. 8.
(S) Ibid., p. 7.
(«) Kebek, Beitrâye zur Anatomie uni Physiologie der Weichthiere. Kônigsberg,
1851, p. 106.
(') Sputtstoesser, loc. cil., res[)eclivemenl pp. 450, 451 el 452.
— 2()7 —
Dans Iheisscnsia polijinurpha, les ganglions « latéraux »,
situés sur la commissure viscérale, sont reliés l'un à l'autre et
donnent naissance à un réseau destiné aux organes de la vie
végétative ; au point de confluence de leurs deux troncs d'union
sortent :2 ou plusieurs filets (^).
h. Céphalopodes. — a) Nerfs cérébraux. — Les
ganglions su]»ra-a?sopliagiens antérieurs (buccaux antérieurs)
donnent de chaque côté, chez Sepia o/Jicinalis, 4 ou 5 nerfs aux
téguments circumoraux (-).
De chaque côté, chez Ommatostrephes todarus, il part du
petit renflement dit « ganglion olfactif», situé sur le pédoncule
oculaire, '2 ou 3 nerfs se rendant à la peau de la tète (^).
b) Neufs pédieux. — Le gros nerf pédieux latéral, innervant
les tentacules pré- et postoculaires, innerve aussi parfois des
cirres de tentacules digités, chez Nautilus pompilius (^). Les
gros nerfs des bras donnent à leur base des nerfs interbrachiaux
et des nerfs antérieurs de la tête; mais tous ces nerfs sont
inconstants : tantôt présents, tantôt absents sur le nerf du
deuxième bras, tantôt au nombre de 1, 2 ou 3 sur le nerf du
premier bras, dans Opistlwteuthis depressa (^). De chaque
ganglion des nerfs brachiaux de Argonauta argo naissent des
nerfs en nombre variable {'').
(') TouRENG, Sur le système nerveux du Dreissensia polymorpha, (Comptes rendis
AcAD. Sci. Paris, t. CXVIIl, d894, p. 544.)
{-) VON Jhering, Vergleichende Anatomie des Nervensystemes nnd Plnjlogenie der
Mollusken. Leipzig, 1877, p. 234.
(■"•) Hancock, On the Nervous System of Ommatostrephes todarus. (Ann. Mac,
Nat. Hist., 2e série, t. X, 1832, p. 8.)
(*) Griffin, The Anatomy of Naiitilus pompilius. (Mem. Nat. Acao. of Sci. Was-
hington, vol. VIII, 1900, p. 190.)
(S) Mever, Die Anato)nie von Opisthoteuthis depres^a. (Zeitschr. vviss. Zooi..,
Bd LXXXV, 1906, p. 248.)
(^) Van Beneden, Mémoire sur l'Argonaute. (Mé.m. Acad. Belg., t. .\I, 1838,
p. 15.)
— 2G8 —
c) Nerfs de la commissure viscérale. — Le nerf palléal
intérieur (postérieur) de Sepia ofjic'malis émet de 25 à
80 rameaux (^). Le nombre de nerfs sortant de la périphérie du
gros ganglion du nerf palléal (ganglion « étoile ») varie suivant
les individus dans les diverses
espèces de Dibranches : 7 ou
8 cliez Illcx illecebrosus, iâ ou
encore quelques-uns en plus chez
Ommatostrephes et Stenotlieu-
tis (-); chez Rossia macrosoma,
environ 21 (■^) ; chez Sepiola ron-
FiG. 146. - Sepia bisenalù, ganglion ^^^^^^ '^ ^^ ^'^ C); ^hez Sepia ofli-
étoilé droit de d»ux individus diffé- ciualis, « ordinairement » 14 ("^) et
rents, montrant des nerfs ,-alléaux • , .,^ .^O OU 25 («) ; chez S. hi-
en nombre inégal. — Oiiginal. . . ,
seriaiis, de lia 19, d'après mes
propres observations (fig. 146) ; chez Kleclone moschata, une
douzaine ou davantage (") ; chez Argouauta argo, environ 15 (^).
Le nerf de la nageoire est divisé en a environ » 7 rameaux
dans Rossia macrosoma (°).
(*) HiLLiG, Das Nerveriàysiem von Sepia oftîcinalis L. (Zeitschr. wiss. Zool.,
Bd CI, 1912, p. 774.)
(2) RicHTEU. Das Nervensiistem der Oegopsiden. (Zeitschr. wiss, Zooi.., Bd CVI,
p. 356.)
(5) WiNKLER, Uniersuchungen iihcr des Nervensysiem und das Blutgcfusssyslcni
von Rossia macrosoma d'Orb. (Zeitschr. wiss. Zooi,., Bd. CXIV, p. 675.)
(*) ScHKAFF, Zur Kennlniss des Nervensystems der Myopsiden. (Zeitschr. wiss.
Zool., Bd CIX, 1914, p. 609.)
(^) Chéron, Recherches pour servir ti l'histoire du système nerveux des Céphalo-
podes Dibranches. (Ann. Sci. nat. [Zooi..]. 5^ série, t. V, p. 57 [la tig. 16. pi. II, en
montre 13J.) — D'autre part, le nombre 14 est aussi représenté par Garner, On the
Nervous System of Molluscous Animais. (Trans. Linn. Soc. London, vol. XVII,
pi. XXVII, fig. 1, H.)
(«) HiLLiG, lac. cit., p. 773.
(") Chéron, loc. cit.. p. 27 (la fig. 2, pi. I, en indique 14); environ 14 chez E. cir-
rusa, d'ai)rès Isgrove (EleJone|PROC. am) Trans. Liverpool Biol. Soc., vol. XXIII,
1909, p. 5441).
(**) Pfefferkorn, Das yervensyslem der Octopoden. (Zeitschr, wiss. Zool.,
Bd CXIV, p. 470.)
('') WiNKLER, loc. cil., p. 675.
— 269 —
Le nerf de la veine cave, chez Nautiliis pompilius, naît parfois
isolément de la commissure viscérale, parfois en commun avec
le grand nerf viscéral; un même individu peut présenter, à
droite et à gauche, les deux dispositions simultanément (^).
FiG. 147, 1, 2, 3. — lUex illecebrosuSr mâle, trois exemples de variation
dans l'origine du nerf du vas deferens, vue ventrale, a. p, nerf de
l'artère postérieure; c. n. b, commissure des nerfs branchiaux;
n. br, nerf branchial ; v. d, nerf du vas deferens. — D'après Richter.
Le nerf génital (mâle ou femelle) varie beaucoup dans Tllex
iUccebrosus, soit qu'il constitue 2 nerfs ou 1 nerf impair;
l'origine du nerf du vas deferens hors du nerf branchial y varie
aussi : il naît ou bien séparé ou bien fusionné avec la commis-
sure des nerfs branchiaux (^) (tîg. 147).
(1) Griffin, loc. cit., p. 190, pi. XI, fig. \o et 21.
(') Richter, loc. cit., respectivement pp. 342, 343 et 344, et fig. 13, p. 343.
— -270 —
Le grand nerf palléal, chez Ommatostrephes todanis, sort
(les centres viscéraux avec 2 ou H nerfs qui se distribuent au
manteau ; dans la même espèce, le gros nerf viscéral, avant de se
renfler en ganglion branchial, donne 1 ou 2 nerfs aux organes
génitaux (^).
Chez Iniotetithis morsei, à la jonction du nerf palléal et du
bord extérieur du ganglion étoile, le premier se subdivise en
rameaux dont le nombre est de 5 ou 6 (^).
Le |)remier renflement ganglionnaire sur le grand nerf
viscéral (ganglion <( fusiforme ») émet 4 ou 5 rameaux chez
Eledone moscliala ; le renflement correspondant de Sepid ofjfici-
nalis donne 2 ou 8 filets (^).
Le nerf viscéral, peu avant de passer de la veine cave au sac
rénal, donne un nerf au côté externe de la veine cave et souvent
aussi un faisceau de 3 ou 4 fins nerfs se distribuant à la paroi
antérieure du S9c rénal dorsal chez Rossia macrosoma (^).
Le nerf de la branchie présente de 10 à 12 ganglions chez
Eledone moschata ('). Le nerf viscéral de la glande nidamentaire
se bifurque, ou bien tout aussitôt après son origine, ou bien
seulement à la limite entre la glande nidamentaire proprement
dite et la glande nidamentaire accessoire, chez Sepia officinalisC^).
Les ganglions buccaux (stomato-gastriques) de Sepiola ron-
deleti varient de position : ils sont tantôt en avant des ganglions
supra-œsophagiens antérieurs, tantôt au-dessous d'eux ('). Le»
grand nerf sympathique de lllex Ulecehrosus naît généralement
(1) Hancock, On tlie nervous System o/' Ommatostrephes todarus. (Ann. Mac. Aat.
HiST., 2e série, vol. X, 1852, respectivement pp. 8, 9 et 10.)
(2) Appellôf, Japanska Cephalopoder. (Svensk. Akad. Handl., t. XXI, 1886.)
(3) Chéhon, bc. cit., respectivement pp. 26 et 54.
(^) VViNKLER, loc. cit., p. 670.
(») Ghéron, loc. cit., p. 22.
(6) HiLLiG, loc. cit., p. 766.
(') ScHKAFF, Zur Kenntniss des IServensystems der Mi/opsidcn. (Zeitschr. wiss.
ZooL., Bd CIX, 1914, p. 624.)
— -271
wrxj
par une racine double, parfois par une racine simple (^). Dans
Sepia o/ficinalis, ces nerfs sympathiques donnaient à leur
origine, sur un individu, un rameau intérieur anastomosé au
nerf de l'autre côlé (^). Il y a, chez (Jpisthoteut/iis depressu,
quelque variation dans les cordons unissant les ganglions
buccaux au ganglion stomacal : ils sont
au nombre de 7 ou 8 rameaux sur la
paroi de l'œsophage et ils s'unissent en
branches de nombre variable suivant
les individus (^).
Le ganglion stomacal de Omrnato-
streplies todarus envoie 2 oii 3 rameaux
à la partie cardiaque du gésier et 2 on
3 grands nerfs à la partie postérieure de
ce gésier ('^). Le ganglion stomacal de
Sepia ofpcinalis, normalement échancré,
a été rencontré exceptionnellement
double (^) ; cette anomalie ne doit pas
être très rare, car j'ai observé également
ce ganglion divisé en deux, dans la
même espèce, en 1884 (fig. 148).
Dans Argonauta arcjo, le ganglion sto-
macal donne 3 ou 4 filets longeant le conduit du foie [^) ; il y a
4 ou 5 nerfs stomacaux dorsaux et de 3 à 5 nerfs stomacaux
ventraux dans Hossia tuacrosoma {'').
Fig. 148. — Sepia officinalis,
estomac et ganglion stoma-
cal anormal, vue ventrale.
cœ, c;ecum spirale ; in, in-
testin; G?, œsophage ; st. es-
tomac (gésier) ; 1 et 2 gan-
glions remplaçant l'unique
ganglion stomacal normal :
i, innervant le « gésier»;
2, innervant le caecum spi-
ral et le rectum. — D'après
Chéron.
(*) RiCHTEU, loe. cit., p. o8o.
(2; HiLUG, loc. cit., p. 790, ot tig. 3, p. 732.
(5) Meyek, Die Anatomie von Opisthot3uthis depressa [Ijima und Ikeda). (Zeitschr.
wiss. ZooL., Bd LXXXV, 1906, p. 253.)
(*) Hancock, loc. cit., p. 11.
(^) Chéron, loc. cit., p. 66.
C^) Van Beneden, Mémoire sur l'Argonaute. (Mém. Acad. Belgique, t. XI, 1839,
p. i7.)
C) WiNKLEU, loc. cit., pp. 690 et 691.
27:2
On peiil remarquer que chez les Gastropodes, Lamellibranches
el Céphalopodes, la plus grande variabilité s'observe dans la
partie viscérale (commissure viscérale avec ses ganglions et ses
nerfs) du système nerveux ; et que là même où il y a symétrie
normale (Lamellibranches et Céphalopodes), on y rencontre des
cas fréquents d'asymétrie. Tandis que les parties cérébrale et
pédieuse du système nerveux, tout autant étudiées, n'ont révélé
(|ue des variations bien moins nombreuses (^).
12. — ORGANES DES SENS
Yeux.
A. Amphineures. — Dans diverses espèces où les yeux
palléaux sont rangés en ligne, on a rencontré des variations de
leur disposition et de leur nombre; par exemple :
Chez Sclihochilon incisus, où chaque valve non extrême
présente une rangée d'yeux, il arrive que dans une rangée
il y ait deux yeux situés l'un à côté de l'autre (au lieu
d'un seul) ou bien qu'il y ait un œil manquant, enfin qu'une
valve porte, d'un côté, deux rangées au lieu d'une (^)
(*) Cette particularité a déjà été signalée au sujet de Pulmonés [Limax], par
ScHMiDT {SUidien zur Entwicklungsgeschichte der PiUmonaten. — Die Entivicklung
des IServensysteins. Dorpat, ISQl, p. 46 : où il note un contraste au point de vue de
la variabilité, entre les parties cérébrale et pédieuse d'une part, et viscérale d'autre
part, dans le système nerveux de Limax agrestis : les premières montrant seule-
ment des différences individuelles peu importantes, telles que minimes variations
dans l'origine des nerfs, ou l'union en une racine, de deux nerfs habituellement
indépendants, tandis que la dernière offre de nombreuses et considérables varia-
tions, non seulement d'amples déplacements de l'origine des nerfs, mais souvent
des différences importantes dans la forme des ganglions eux-mêmes).
(2) MosEi>EY, On the présence of eijes in the Shells of certain Chitonidae, and on
the structure of thèse organs. (Quart. .Iourn. Micr. Sci., vol. XXV, 1885, pp. SI
el 57.) — Cette variation a été confirmée par Plate (Die Anatomie und Phylogenie
der Chilonen [ZooL. Jahrb., Suppl. IV. 1897, p. 216J), qui a vu de ces rangées
partiellement dédoublées ou trifurquées.
— 273 —
(fig. 149 et 150) ; chez Tonicia fastigiata (où tant qu'il n'y a
pas plus d'une dizaine ou d'une douzaine d'yeux par rangée, il
n'y a aussi qu'une rangée simple sur chaque valve), il arrrivede
Fig. 149. — Schizochiton incisas, partie
d'une rangée d'yeux palléaux, forte-
ment grossie; o', place d'un œil
manquant. — D'après Moseley.
-vin
Fig. 150. — Schizochiton incisus, partie
po^ïtérieure d'un individu présentant
deux rangées d'yeux à gauche, sur la
septième valve ; vue dorsale, pa, man-
teau; r', rangée supplémentaire; VI,
VII, VIII, sixième, septième et hui-
tième valves. — D'après Moseley.
même que sur l'une ou l'autre valve centrale, avant que ce
nombre 10 ou 12 soit atteint, on trouve à la place d'un œil
unique, deux yeux étroitement juxtaposés (fig. 151).
Fig. 151. — Tonicia fastigiata, individu présentant deux
yeux au lieu d'un à gauche, sur la cinquième valve ;
vu du côté gauche. V, cinquième valve. — Original.
Chez Calloc/iiton puniceus, le nombre d'yeux dans chaque
■ champ latéral des valves intermédiaires varie de 80 à 90 (^).
(1) Plate, loc. cit., partie B, 1899, p. 181.
18
— 274 —
B. Gastropodes. — a) Situation. — Sa dislance à l'épi-
derme varie parfois, l'œil étant plus ou moins profond chez le
parasite Mucronalia variabdis (^). Sa distance à la ligne médiane
peut varier également : un embryon de Purpura lapillus a
montré deux yeux médians contigus (~). Enfin, sa situation sur
le tentacule peut varier aussi, soit au point de vue de la hauteur
ou de l'orientation : chez Hélix rufescens, on a observé un œil
presque à la base du tentacule (^) ; et chez Planorbis corneus,
l'œil gauche s'est trouvé une fois sur la face dorsale du tentacule
au lieu d'être au côté intérieur de sa base (^).
b) Absence de pigment rétinien. — Dans les individus albinos
véritables de diverses espèces (voir plus haut, I, 1, 2%
p. 147).
c) Nombre des yeux. — Dans diverses espèces de Gastropodes.
il a été observé occasionnellement jdus de deux yeux. Bien que
Bateson n'en mentionne (jue 5 exemples, on peut dire que
toute espèce examinée en nomi)re suffisant présente des exemples
de cette variation; j'en ai rencontré, pour ma part, des cas.
dans il espèces différentes et elle a été constatée en tout dans
18 Streptoneures, 3 Nudibranches et 6 Pulmonés (plus d'une
fois chez plusieurs d'entre elles) :
Siibcmarginuta dansa, avec deux yeux de chaque côté (^).
Patella vulgata, plusieurs cas connus d'yeux supplémentaires
(*) NiERSTRASZ, Parasilische und koimnensalistische Mollusken ans Holothurien,
in VoELTZKOW, Reise in Ostafrica, Bd IV, 1913, p. 396.
(2) Pelse.neer, Recherches sur V embryologie des Gastropodes. (Loc. cit., p. 38.)
{^) Clessin, Ueber Missbildungen der Mollusken und ihrer Gehuuse. (Ber. Natur-
HiST. Vi K. Au>;sBiiRG, Bd XXII, 1873, p. 37.)
(•') SIM150IH, Veber die Sinneswerkzeuge unserer einheimischen Weichthiere.
(Zeitschk. wiss. ZooL., Bd XXVI, 1876, pi. XV, fig. 11 B.)
(S) FiscHEi;, Observations unatoiniqiies sur des Mollusques peu connus. (Jour.n. de
CoNCH , i. V, I^So6, pi. XI, lig. 4 [ligure reproduite dans Manuel de Conchyliologie^
p. 108, }ig. 103].)
— 275 —
(1 ou 2), souvent accompagnant un tentacule supplémentaire
(fig. 152) (').
Turbo tuberculatiia , un exemplaire avec deux yeux à droite (^).
Pliotbiula violacea, un individu avec deux yeux du côté
gauche (^).
Troclms zizyphinus, une t'ois avec un œil supplémentaire
Fig. 152. — Patella vidyata, partie
antérieure d'un individu à tentacules
bifurques et avec deux yeux à gauche,
vu du côté gauche, b, bouche ; oc', oc",
yeux gauches ; p, pied ; t', t", tenta-
cules gauches. — D'après Pelseneer.
Fig. 153. — Gibbula cinerea, individu
possédant deux yeux au côté droit,
vu du côté droit, b, bouche; br, bran-
chie ; ep, épipodium ; oc, yeux gauches;
op, opercule ; p, pied ; plm palmette ;
t, tentacule. — Original.
d'un côté (^), une autre fois avec deux yeux supplémentaires à
côté de l'œil droit (^).
T. (Gibbula) cinereus, un individu portant deux yeux au
côté droit (fig. 153).
(*) Fischer, Note sur une monstruosité de l'animal de Patella vulgata. (Journ. de
CoNCH., t. XII, 1864, p. 89.) — Pelseneer, Mollusques (Amphineures, Gastropodes
et Lamellibranches). (Résult. voy. Belgica, 1903, p. 39, pi. IV, fig. 34 à 37.)
(2) QuoY et Gaimard, Zoologie du voyage de l'Astrolabe, t. III, p. 218, pi. IX,
%. 3.)
(3) Pelseneer, Mollusques (Amphineures, Gastropodes et Lamellibranches ).
(Loc. CIT., p. 39, pi. IV, fig. 40.)
(*) Pelseneer, loc. cit., p. 39.)
(*) Kandless, Meristic variation in Trochus zizvphinus. (Nature, vol. LXV, 1902,
f. 535.)
— 276 —
T. (Gibbula) umbilicaris, sur bien des centaines d'adultes,
trois spécimens ont montré un œil supplémentaire d'un côté
(droit ou gauche) ; dans l'un des trois cas, les deux yeux du
même côté étaient très distants.
ISeritina fluviatilis, un individu avait deux yeux à la base
d'un tentacule (^).
Littorina obtusata, un individu avec deux yeux juxtaposés au
oc
FiG. 154. — Littorina obtusata,
tête d'un individu pourvu de
deux yeux à droite, vu du
côté droit, b, bouche; oc',
œil supplémentaire droit;
p, pied. — Original.
FiG. 155. — Lainellaria patagonica, partie anté-
rieure d'un individu avec un œil supplémen-
taire à droite, vue dorsale (la partie antérieure
du manteau est enlevée), b, bouche; oc', œil
supplémentaire droit; p, pied; pa, manteau;
t, tentacule. — Original.
bord d'un tentacule médian supplémentaire bifide (^) ; un autre
spécimen avec le tentacule gauche trifurqué (fig. 71, Ili) et
portant deux yeux, le nerf tentaculaire étant double sur toute sa
longueur (^) ; un troisième, avec deux yeux voisins à la base de
tentacule droit indivis (fig. 154).
Lamcllaria patagonica, un individu avec deux yeux à droite
(Hg. 155).
(*) Lenssen, Système nerveux, etc., de la Neritina fluviatilis. (La CELLUt.E, t. XX,
1902. p. 299.)
(2) Oui'REY, tide Jeffreys, Proc. Zool. Soc. London, 1883, p. 112.
(^) Pei.seneer, Sur l'œil de quelques Mollusques Gastropodes. (Mém. Soc. belge
MicROSC, t. XVI, 1891, p. 74.)
• _» 277 —
Oncidiopsis chorys, un spécimen avec un œil supplémentaire
à gauche (fig. 156) sur un tentacule bifide (^).
Murex erinaceus, un exemplaire avec deux yeux bien déve-
loppés sur un tentacule (~),
Buccinum undatum, un jeune à l'éclosion portant deux yeux
très voisins, sur le tentacule droit; un embryon a aussi été
trouvé conformé de la même façon (voir plus loin, 2, 9°,
tig. 258).
Purpura lapUlus, un individu portait deux yeux rapprochés
sur le tentacule droit (fig. 157) ; la multiplicité des yeux est
assez fréquente chez les embryons (voir plus loin, 1"" par-
tie, 7).
Nassa reticulata (forme typique) de Boulogne-sur-Mer (port
en eau profonde), 9 exemplaires (sur 73G) portaient deux yeux
sur un tentacule, soit environ 1 sur 82; chez tous, l'œil supplé-
mentaire se trouvait sur le tentacule droit (on sait, voir p. 109,
que ce tentacule est celui qui est le plus souvent amputé; il est
donc possible qu'il y aurait là une duplication consécutive à une
régénération). L'un de ces 9 Nassa avait ces deux yeux de
droite très distants l'un de l'autre (fig. 157*^'*), tandis que
chez les autres ces organes étaient presque contigus. Un
autre individu présentait aussi deux yeux à droite, mais sur
deux tentacules distincts, situés l'un derrière l'autre (fig. 73,
plus haut).
Nassa reticulata (var. nitida), un spécimen pouvu de deux
yeux sur le tentacule droit (■^). iV. obsoleta, un individu avec
(1) Balch, Prolifération of Eijes on an anormal Tentacle of a new species of
marine Gaslropod. (Science, 2e série, vol. XXXI, 1910.) — Balch, On a new labra-
dorean specie,<i of Onchidiopsis, a gemis of MoUusks new ta eastern Nortk America;'
ivith remarks on ils relationships. (Pkoc. U. S. nat. Muséum, vol. XXXVIII, 1910,
p. 473, pi. XXII, fig. 5.)
f*) Gârrièke, Die Sehorgane der Tkiere vergleichend-anatomisch dargesteltt.
Munich et Leipzig. 1885, p. 19, fig. 16.
(*) Jeffreys, British Conchology, t. IV, p. 349.
— 278 —
^-v
FiG. 156. — Onciiiopsis chorys, tête
d'un individu présentant à gauche un
tentacule supplémentaire avec un troi-
sième oeil de structure complexe, vue
dorsale, b, bouche; oc', œil supplé-
mentaire gauche; pé, pénis; t', ten-
tacule supplémentaire gauche. —
D'après Balch.
Fie. dS7. — Purpura lapilltis, tentacule
droit d'un individu trioculé, vue
extérieure. — Original.
FiG. 457'''s. — ISassa reticulata, tête d'un
individu portant à droite un second
œil, postérieur, et fort distant de l'œil
normal, vue dorsale. — Original.
t tn.
FiG. 458. — Nassa obsoleta, individu à
cinq yeux et à quatre tentacules,
dont un branchu, vu dorsalement.
cq, coquille; oc, les trois yeux
gauches; p, pied; si, siphon palléal;
t. bi, tentacule droit bifurqué ; t. tr,
tentacule gauche trifurqué. — D'après
Dimon.
FiG. 159. — Limnaea auricularia, jeune
nouvellement édos, pourvu de trois
yeux, vu dorsalement, X ^0. c, cœur;
oc', œil supplémentaire gaui'he; p,
pied ; po, poumon, rendu visible par
l'air qu'il a absorbé; ï, tentacule droit.
— Original.
— 279 —
deux yeux sur le tentacule gauche bifide (^) ; un autre avec deux
yeux sur le tentacule droit bifide et trois yeux sur le tentacule
gauche trifurqué (^) (fig. 158). N. mutabUis, deux yeux voisins
sur le tentacule droit d'un exemplaire (^).
Parmi les Nudibranches, les trois formes suivantes ont pré-
senté un œil supplémentaire : Pliidiana lynceus, à dioite (et
peut-être aussi à gauche) (^) ; Doriopsis areolata {^) ; llcrmaea
bifida (*^), à l'éclosion.
Chez les Pulmonés aquatiques, la variation du nombre des
yeux céphaliques parait fort rare : sur trois espèces de Limnaea
(L. stacjnalis, L. palustris et L. peregra), dont poui- chacune
oOO exemplaires adultes ont été examinés à ce point de vue,
ainsi que sur plus de 2,000 Planorbis corneus, pas un seul
individu ne s'est trouvé avec plus ou moins de deux yeux ; et sur
de nombreux milliers d'embryons de Gastropodes d'eau douce,
un seul Limnaea auricidaria nouveau-né a été rencontré
pouvu de deux yeux au côté gauche (fig. 159).
Chez les Pulmonés terrestres, on a observé un œil supplé-
mentaire dans les espèces suivantes : Hélix kermorvani, un
exemplaire avec deux yeux sur le tentacule gauche (^) ; //. erice-
toriim, un spécimen avec deux yeux d'un côté et un nerf bifur-
(1) DiMON, Quantitative Study of the Effect nf Environment upon the farms of
Nassa obsolela and Nassa triviUata from Cold Spring Harbor, Long Islund. (Biome-
TRiKA, vol. II, 1902, p. 33, fig. 4.)
(2) DiMON, The Mud Snail : Nassa obsoleta, Cold Spring Harbor Monographs.
(Brooklyn Inst. Auts and Sci., 1905, pi. I, tig. 6.)
(5) Hanko, Ueher Missbildungen bei Nassa mutabilis (L.). (Zool. Anz., Bd XXXIX,
p. 721, et fig. 5, p. 721)
(*) Bergh, Bcitragezur Kenntniss der Aeolidiaden. I. (Verh. Zool.-Bot. Gesellsgh.
WiEN, Bd XXIV, 1873, p. 617, pi. IX, fig. 7.)
(^) Bergh. Die cladohepatischen Nudibranchien. (Zool. Jahrbûch. [>yst.], Bd V,
1890, p. 15, noiel.)
(6) Pelseneer, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Mém. Acad. Bei,g.,
t. III, 1911, p. 109.)
(') D'après Saint-Simon (Moquin-Tandon, Histoire naturelle des Mollusques ter-
restres et fluviatiles de France, t. I, p. 322, pi. XI, fig. 10).
— 280 —
que pour ces deux yeux (^) ; //. lioHensis, un individu portant
deux yeux sur le tentacule gauche bifurqué (^) (fig. 160).
Clausilia bidens, un spécimen ayant le tentacule postérieur
droit bifide avec deux yeux (•^) .
Siiccinea piitris, deux yeux au lieu d'un, souvent après
régénération ('') ; après régénération, le cas a été signalé aussi
chez d'autres Pulmonés, comme Hélix arbustorum (^) et
H. pomatia (*^), tandis que dans d'autres formes, il a été
reconnu que la duplicité de l'œil est parfois congénitale (voir
plus loin, I"" partie, II, 7).
En dehors des Stylommatophores, où l'œil est au sommet du
tentacule et où il est dédoublé quand le tentacule lui-même est
bifurqué, les yeux multiples sont généralement très voisins, l'un
contre l'autre, parfois très étroitement liés, montrant qu'ils pro-
viennent vraisemblablement de la division d'une ébauche unique.
d) Réduction du nombre. — J'ai observé, chez Purpura
lapiUus et- chez Odostomia rissoides (fig. 101), un exemplaire
pourvu d'un seul œil, mais à tentacules normaux. Un spécimen
de Nassa niutabUis a été signalé avec un tentacule sans œil, ce
tentacule, il est vrai, étant très court et résultant peut-être d'un
traumatisme ('). Enfin, dans :V. rcticulata, j'ai rencontré
quelques individus à un seul œil, normaux pour le reste, l'œil
présent étant chacjue fois à gauche, sauf dans un seul cas.
(1) WiEGMANN, Die Verdoppelung eines Auges bel einer Helix. (Nachrichtsbl.
DEUTSCH. Malak. Ges., Bd XXXVII, 190o, p. 35, fig. p. 37.)
(2) GuiGNON, Helix iiortensis avec ommatopkore dicholomée. (Feuille jeunes
Natur., XXVI» année, 4896, p. 240, figure.)
(5) Sarrat (d'après Moqulx-Tandon, loc. cit., t. I, p. 322, pi. XXIII, fig. 24).
(*) RiEPER, Anïi. Soc. Zool. et Malacol. Bclg., l.XLVII, 1913, p. 173, pi. IV, fig. 13.
(5) Techow, Zur Régénération des Weichkôrpers bei den Gastropoden. (Arch.
Entwicklungsmech., Bd XXXI, 1911, p. 383.)
(6) Bonnet, OEuvres complètes d'histoire naturelle et de philosophie. Genève, t. V,
Ire partie, 1781, p. 279 : 2 yeux (pi. IV, fig. 16); et j). 283 : 3 yeux (pi. IV, fig. 21).
(') Hanko, Ueber Missbildungen bei Nassa mulabilis. (Zool. Anz., Bd XXXIX,
1912, p. 722, fig. 7.)
281 —
De même, on a signalé plusieurs exemples de Hélix pomatia
à un seul œil, l'un notamment avec un seul nerf optique (^) ;
un autre avec le tentacule gauche sans œil, ni nerf optique, ni
ganglion tentaculaire, tandis qu'un troisième présentait un
tentacule gauche non invaginable et sans œil (^).
Un œil manquait encore au Limnaea auricidaiia bicéphale
f,L>L.
FiG. 460. — Hélix hortensis à tentacule
postérieur gauche bifurqué, vu du
côté droit, cq, coquille ; t\ tentacule
antérieur droit; f, tentacule posté-
rieur gauche bifurqué et bioculé. —
D'après Guignon.
oc
ocre
FiG. 162, — Physa fontinalis, tête d'un
spécimen à tentacule dioit bifide et
anophtalme, vue dorsale, ccr, concré-
tion; oc, œil gauche; pa, manteau;
<', tentacule droit bifide. — Original.
FiG. 161. — Odostomia rissoides, indi-
vidu avec un seul œil, vu dorsale-
ment. cq, coquille; oc, œil droit;
p, pied; t, tentacule gauche. —
Original.
signalé par Moquin-ïandon, sans œil au tentacule gauche de la
petite tète (voir plus haut, 3, p. 106), et aussi à un Pliijsa
fontinalis double, observé avant l'éclosion (voir plus loin,
P partie, II). Enfin, j'ai rencontré un P. fontinalis adulte avec
le tentacule droit bifide, sans œil (fig. 162).
(1) Hoffmann, Beitràge zur Tératologie der Schnecken. (Zool. Anz., Bd XXXIX,
1912, p. 2û0.)
(2) YuNG, Anatomie et malformations du grand tentacule de l'Escargot. (Rev.
SUISSE DE Zool., t. XIX, 1911, p. 375, respectivement pi. IX, fig. 30, et pi. IX,
fig. 21.)
— 28-2 —
e) Disparition complète des yeux, — J'ai observé un Odostomia
7'issoicles avec les deux tentacules anophtalmes (il était, comme
ses congénères, également photophobe ou négativement photo-
tropique) ; chez liingicula miricnlata, les yeux seraient « absents
ou présents » (^).
/') Variation de la couleur de l' « iris ». — Dans Stromhus
lambis, il a été constaté que cet iris peut être jaune avec un cercle
noir, ou vert avec deux cercles noirs (^).
g) Variation des yeux palléaux des Oncidmdae. — Leur nombre
varie dans la même espèce, suivant les localités; ainsi chez Onci-
d'mm amhiguuin, il y en a de 3 à 6. ou bien de i^ à 33; le nombre
n'augmente pas avec la taille : quand les yeux sont en groupe sur
une papille, il y en a de 2 à 4, rarement jusqu'à 7 ou 8 ; enfin,
dans une même espèce, au même endroit, le nombre minimum
est de W, le maximum de 73 (0. verruculaium) (^).
0. vaigiensc, 0. marmoratum, 0. nigriim possèdent seule-
ment un groupe de 3 ou 4 yeux ; 0. martcnsi présente de 70 à
80 yeux isolés et, en plus, environ 12 yeux couplés (^).
Il y a d'ailleurs des espèces de Oncidiiim à yeux dorsaux, où
l'on rencontre des individus sans yeux (^).
C. Lamellibranches. — Le nombre des yeux palléaux
est variable chez toutes les espèces de Pccten, notamment chez
P. grocnlandicus, où il n'y en a que du côté gauche seule-
ment : généralement 5, une fois 4 seulement, le postérieur
(1) Watson, Sur V animal de Wmgxtiûdi auriculata. (Joura. de Conchyl., t. XXVII,
1878, p|). 312-313.)
(2) Ul'OY et Gai.maud, Zoologie du voyage de V Astrolabe, t. III, pp. 61 et 62.
p) Sempeu, Ueber Schneckenaiige v07i Wirbelthierti/pus. (Arch, f. mikr. Anat.,
Bd XIV, 1877, p. 121.)
(*) Plate, Studien iiber Opistliopnenmone Lungenschnecken. II. Die Oncidiiden.
(ZooL. Jahiib. IAnat. und Ontog.], Bd VII, 1893, pp. lo6 et 157.)
{^) Temson-Woods, On the anatomy and life-hislory of Mollusca peculiar to
Australia. (Proc. llov. Soc. New South Wales, vol. XXII, 1889, p. 139.)
— -288 —
manquant (^). Toutefois, l'âge n'est pas la cause de l'augmen-
tation de leur nombre; ainsi, un P. islandicus de 8'''"5 pré-
sentait 38 et 25 yeux sur les côtés respectivement gauche et
droit; un autre de l''"7, 89 et 27; un P. striatm de 2'^"'3,
40 et 29 yeux; un autre de 1^'"3, 38 et 26 (^).
Cette variabilité du nombre des yeux palléaux chez des indi-
vidus de même âge a été reconnue dans diverses espèces, par
exemple dans P. opercidaris, 35 à 40; P. variiis, 30 à 35;
P. similis, 16 à 20 P).
Un œil imparfaitement divisé en deux a été observé dans un
Pectcn sp. (^).
La variabilité du nombre des yeux palléaux se rencontre
encore dans les Arca; ainsi, par exemple, A. tetragonu porte de
chaque côté de 25 à 30 yeux à facettes (^). De même, il y en a
de 17 à 25 à gauche et de 20 à 30 à droite chez Pectunculus
(probablement f*. glycimeris) (^).
Les yeux palléaux antérieurs des Aî^ca (yeux invaginés) ne
sont pas non plus en nombre constant : 1 ou 2 de chaque côté
dans A. decussnta ; 1 à 3 chez A . nivea; 1 à 3 chez il. navicu-
laris; \ à 5 chez A. antiquata (~).
(*) Pelseneeb, Les Lamellibratiches de l'Expédition du Siboga, partie anato-
mique, 1911, p. 31.
(2) ScnREiNER, Die Augen bei Pecten und Lima. (Bergens Mus. Aarbog, 1896,
p. 9.) — Patten (Eijes of MoUuscs and Artliropods [Mitth. Zool. Stat. Neapel,
Bd VI, 1886, p. 57oj) a déjà signalé qu'après l'acquisition d'une taille très modérée,
il n'y a plus de fonnation d'yeux nouveaux dans les Pecten.
(2) Clark, A Hisionj of the britisli marine Testaceous Mollitsca, 1855, respective-
ment pp. 46, 48 et 51.
(*) Brindley, On the nature and relation between thesize of certain animais and
the size and nuniber of their sense-organs. (Proc. Cambridge Phil. Soc, vol. VII,
1891, pp. 96 et 97.)
(^) Patten, loc. cit., p. 548; d'après Clark, loc. cit., p. 66 (il y en aurait
environ 40).
(6) Pattin, loc. cit., p. 566.
(') Pelseneer, Les Lamellibranches de l'Expédition du Siboga, partie anato-
mique, 1911, p. 14.
— 284 —
Les taches oculaires palléales de Aenigma aenigmatica varient
en nombre dans les différents individus (^).
Les yeux des tentacules palléaux postérieurs de Cardium
présentent des variations fréquentes : dans C muticum, il y en
a environ 100 (-) ; dans fJ. edule, il y a une grande variabilité
de nombre, pour les tentacules et pour les yeux, suivant les
individus (^) ; on y trouve parfois des tentacules bifurques, avec
deux yeux (^). C. muUispinaium porte de 30 à 40 yeux (^) ;
enfin, le nombre de ces organes est encore variable dans
C. australe et C. biradiatiim, comme j'ai pu m'en assurer, le
maximum y allant jusqu'à 50.
Chez Anatina subrostrata, le nombre des tentacules et des
yeux siphonaux varie de 4 à G paires {^).
Quant aux yeux branchiaux, normalement uniques de chaque
côté, j'en ai rencontré une fois 2 d'un côté, chez un individu de
MijtUus macjellanicus (~).
Otocystes.
.4 . Gastropodes. — a) Variation de position. — Cette posi-
tion est inconstante dans Infnndihu lum tomentosum où la plupart
des individus ont les otocystes en contact avec la commissure
infra-œsophagienne unissant le ganglion pleuial gauche à l'infra-
(1) BouRNE, 0/2 the Structure of Aenigma aenigmalica Chemnitz. (Qjart. Journ.
MiCK. Se, vol. LI, 1907, p. 258.)
(2) KisHiNouvE, Note on the Eijes of Cardium mulicum Reeve. (Journ. Coll. Sci.
Tokyo, t. VJ, 18i)4, p. -179.)
(3) Webek, Ueber Smnesorcjane des Genus Cardium. (Arb. Zool. Inst. Wien.
t. XVII, 1908, p. 194.)
(*) Patten, loc. cit., p. 610.
(3) Pelseneer, Les Lamellibranches de l'Expédition du Siboga, p. 56.
C^) PelseiNeer, loc. cit., p. 71.
C) Pelseneer, Mollusques ( Amphineiires, Gastropodes et Lamellibranches).
(RÉSULTATS ExpÉD. Belgica, 1903, p. 44.)
— 285 —
intestinal (^). Il en est de même dans Mucronalia variabilis où,
chez la plupart des spécimens, il y a asymétrie de position des
otocystes, l'un d'eux étant en dehors de l'anneau œsophagien (^).
h) Variation de nombre, de taille ou de forme des otoconies. —
Le nombre des otoconies peut varier avec l'âge, comme, par
exemple, dans Limnaea stagnalis (^) ; mais il y a aussi variation
dans les adultes de même taille, parfois de l'un à l'autre côté sur
le même individu : chez Acmaea fragUis, nombre variable (^) ;
Neritina fliiviatUis, de 180 à 200, le nombre étant d'ailleurs
souvent variable d'un côté à l'autre (^) ; Paludina vivipara,
nombre variable, environ 200 ('') ; Telescopium fiiscum, varia-
bilité extraordinaire dans les dimensions des otoconies (") ;
Acme lincata, de 20 à 25 otoconies [^) ; Boris aspera, nombre
variable, plus de 40 otoconies (^) ; Umbrella mediterranea,
de 150 à 200 {'^).
Chez les Pulmonés également, les otoconies varient de forme
et de nombre. Par exemple, chez Limnaea stagnalis, le nombre
(*) Bouvier, Système nerveux, morphologie générale et classification des Gastéro-
podes Prosobr anches. (Ann. Sci. nat. [Zool.], 7^ série, t. III, 1887, p. 234.)
(2) Nierstrasz, Parasitische und kommensalistische MoUusken aus Holothurien
(in VoELTZKOW Reise in Ostafrika, Bd IV), 1913, p. 396.
(5) Lereboulleï, Embryologie du Lyranaeus stagnalis. (Ann. Sci. nat. [Zool.|,
4e série, t. XVIII,, 1802, p. 201.)
(*) WiLLCOx, Zur Anatomie von Acmaea fragilis Chemnitz. (Jen. Zeitschr.,
Bd XXXIII, p. 424.)
(5) Claparède. Anatomie und Entwicklung der Neritina fluviatilis. (Arch. f. Anat.
UND Physiol., 1857, p. 136.)
(6) ScHMiDT, Untersuchungen ûber die Statocyslenunserer einheimischen Schnecken.
(Jen. Zeitschr., Bd XLVIII, 1912, p. 525.)
C) Bouvier, Système nerveux, morphologie générale et classification des Gastéro-
podes Prosobranches. (Loc. cit., p. 421.)
(8) SoRDELLi, Notizie anatomiche sul génère Acme e su talune parti dure délia
Caecilianella acirula. (Atti Soc. ital. Sci. nat., vol. XIII, 1870, p. 46.)
('•*) Hancock and Embleton, On the Anatomy of Boris. (Phil. Trans. Roy. Soc.
LoNDON, 1852, p. 241.)
(10) Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opistd-
branches du golfe de Marseille. (Ann. Mus. Mars. [Zool.], t. II, 1885, p. 151.)
— 28(5 —
varie non seulement avec l'âge (^), mais encore à l'état adulte chez
des individus de même taille, 6o0 à 700 (-) ; de même chez Pla-
norbis corneus, 440 à 460 (") ; dans Pliijm fontinalis, 40 à 50 (^).
Hélix pomatia en montre de 250 à 300 et //. arbustoriim de
200 à 230 ('') ; ces deux Hélix présentent le plus souvent
l'asymétrie du nombre des otoconies; chez H. pisana, ce
nombre est de 10 à 12 (*^) ; chez Limax agrestis, 70 à 80 {'');
dans Arion empiricorum, 150 à 200 {^) ; chez Caecilianella
aciculala, de 28 à 30 (^), etc.
B. LameSiibranches. — Dans les Pinnidae, la /j/w/jari
des individus sont dépourvus d'otocystes; ceux qui en possèdent
y montrent une grande variabilité de forme et de taille ; chez
Pinna (Atrina) rigida, non seulement la forme varie, mais il y
a parfois absence d'otolithes (^").
Dans P/iuseolicama (ou Modiolarca) magellanica, il a été
observé sur un individu 2 otolithes de chaque côté, au lieu d'une
seule (^^). Chez Poromya granulata, il été rencontré 2 ou
3 otolithes {'^).
(1) Chez des embryons de plus en plus âgés : 7 (Stiebel) ; 9 ou 10 (Pouchet) ;
15 (Wagner, fide Taylor, .4 Monograph, etc., p. 239).
(2) ScHMiDT, loc. cit., p. 537.
(3) IbuL, p. 537.
(■i) Moquln-Tandon, Histoire naturelle des Mollusques terrestres et fluviatiles, t. I,
p. 134.
(5) ScHMiDT, loc. cit., p. 546.
(6) Matthes, Anatomie von Hélix pisana. (.Jen. Zeitschr., Bd LUI, 1914, p. 31.)
(7) Moquin-Tandon, loc. cit., t. I, p. 134.
(8) ScHMiDT, loc. cit., p. 653.
(■') SORDELLI, loc. cit., p. 50.
('") Grave, Anatomy and Physioloçjij of Atrina rigida. (Bull. Bureau Fisheries,
vol. XXIX, 1911, p. 435.) — Grave, The otocyst of the Pinnidae. (Biol. Bull.,
vol. XXIV, 1912, p. 16.)
(") Igel, Ueber die Anatomie von Phaseolicama magellanica Rousseau. (Zool.
Jahrb. [Anat. und Ontog.], Bd XXVI, 1908, p. 385.)
(12) Pelseneer, Contribution à l'étude des Lamellibranches. (Auch. de Biol., t. XI,
1891, p. 222.)
— 287 —
G. Céphalopodes. — La forme de l'otolithe y varie parfois;
elle est notamment très variable chez Opisthoteittliis depressa (^).
Rhinopliore (des Opisthobranches).
Cet organe est souvent loliacé (Bulléens, Nudibranches
divers) ; le nombre des feuillets rhinopboriques varie alors
suivant les individus, chez de nombreuses espèces :
Bulléens : chez Biitla (Haminea) liydatis (ou navicuia), il y
en a de 14 à 18 de chaque côté (^) ; chez H. striata, de 8 à 10 (^);
chez Cryptoplithabmis olivaceus, de 23 à 25 (^).
Nudibranches (^) : Boris jolmstoni, de 10 à 15; D.b'tlamellata,
de 14 à 16; D. subqiiadrata, de 12 à li; D. pilosa, 19 ou 20;
Triopa clavigera, de 14 à 25 [^) ; Polycera ({uadrilineata, de 9 à
18; Ancula cristata, de 8 à 14 (^) ; Ceratosoma hrevicaudatum,
de 16 à 30 et même davantage (^) ; Eolis coronata, 7 ou 8;
E. dnimmondi, de 17 à 33 (^) ; Dendronotus arborescens, 5 ou 6.
(1) Meyer, Die Anatomie von Opisthoteulhis depressa. (Zeitschr. f, wiss. Zool.,
Bd LXXXV, 1906, p. 256.)
(2) Pelseneer, Recherches sur divers Opisthobranches. (Loc. cit., pi. III, fig-. 22.) —
GuiART, Contribution à l'étude des Gastéropodes Opisthobranches et en particulier des
Céphalaspides. (Mém. Soc. Zool. France, t. VIII, 1901, p. 104, fig. 56, et observa-
tions personnelles.)
(3) Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opisto-
branches du golfe de Marseille, part. I. (Loc. cit., 1885, p. 15.)
(*) Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Opisiobranches de la
mer Rouge et du golfe d'Aden. (Ann. Faculté Sci. Marseille, t. XX [Supplément],
1912, p. 10.)
(5) Principalement d'après Alder et Hancock {loc. cit.), et mes observations
personnelles.
(6) Le maximum : 23, est indiqué d'après Bergh, Beitrâge zu eine Monographie
der Poltjceraden. IL (Loc. cit., 1881, p. 641.)
(') 8 à 10 : Alder et Hancock; 9 à 14 : Pelseneer.
(8) Basedow and IIedley, South Australian Nudibranchs, and an Enumeration of
the known Australian species. (Trans. Roy. Soc. S. Australia, vol. XXIX, 1905,
p. 155.)
('■•) Trinchese, Aeolididae e famiglie afflni. (Atti R. Accad. Lincei, ser. 3,
Memorie, Sci. fis. math, e nat., vol. XI, 1882, p, 64 [33J et pi. X, fig. 3 [17].)
— 288
Osphradium.
Le nombre des feuillets en est variable; par exemple : dans
Buccinum imdatiim, où il s'en trouve de 90 à 100 (^) ; chez
Cassidaria tijrrliena, où il en existe de 125 à 150 (^) ; dans
Crepidula sp., le nombre de ses papilles varie de 18 à 20 (^).
r^-
OT,
FiG. 163. — Naulilus po7npilius mâle, cavité palléale ouverte,
montrant la papille postanale exceptionnellement formée de
deux moitiés séparées, a, anus; br', br", brancliies ; inf, enton-
noir ; 0. r, 0. r', orifices des reins ; p, pénis ; pa, manteau ; p. a,
papille postana)e;p./, papille interbrancliiale. — D'après Willey.
La couleur de l'osphradium est souvent variable au sein d'une
même espèce, par exemple dans Oncidiopsis glacialis, l'organe
est blanc ou bien plus sombre jusqu'à avoir la périphérie toute
noire ('*).
(1) Dakin, Buccinum. (Proc. and Tra.xs. Liverpool Bior.. Soc, vol. XXVI, 1912,
p. 330.)
(-) Bernard, Recherches sur les or-janes palléanx des Gastropodes Prosobr anches.
(Ann. Sci. nat. [Zooi..], 7<' série, t. IX, 1890, p. 141.)
(3) OsBORN, Osphradium in Crepidula. (ZooL. Anz., Bd X, 1887. p. 118.)
(*) OdHiN'er, JSorlhern and Arctic Invertebrata in the Collection of the swedish
State Muséum. VI. Prosobranchia Semiproboscidea. (K. Svenska Vetensk. Akad.
Handl., Bd L, no 5, 1913, p. 74.)
— 289 —
Organe abdominal des Lamellibranches.
Chez Pectuuculus anyulaius, le gauche est non seulement
plus petit, mais souvent" même réduit à peu de chose (^). Dans
Pinna nobilis, cet organe n'a pas la même forme ni la même
situation chez tous les individus (^).
Papille postanal3 de Naulilus.
Elle est formée parfois de deux moitiés séparées (fig. 163),
chez Naiitiliis poinpilius (^) ; je puis confirmer cette variation
pour N. umbilicatus.
II. — Variations dans le développement.
De tout ce qui précède, il résulte que chez la généralité des
Mollusques adultes, les caractères tirés de tous les appareils ou
systèmes d'organes sont sujets à varier.
Pour quelques-unes de ces variations, on peut être assuré,
sans l'avoir cependant observé réellement, qu'elles ont existé
dès le plus jeune âge; par exemple : deux rangs d'orifices dans
Haliotis (jigantea depuis le sommet; scalariformité de certains
Planorbis ou Hélix dès le sommet.
Mais de la plupart des autres variations constatées chez
l'adulte, on ne peut évidemment dire a priori lesquelles sont
acquises après la naissance, lesquelles existaient auparavant.
(*) Pelseneer, Les Lameilibranches de l'Expéiiilion du Siboga, p. 8.
(2) Thiele, Die ahdominalen Sinnesorgaue der Lamellibranchier. (Ziîitschr. wiss.
ZooL., Bd XLVIII, 1889, p. 49.)
(*) WiLLEY, In the Home of ihe Naiitilus. (Natural Science, vol. VI, 189.1, p. 412,
et fig. 2. p. 413.) — Aussi Griffin, The Analomy o/'Nautilus pompilins. (Mem. Nat.
AcAD. Sci. WashinCxTon, vol. VIII, 1900, p. 143 : « Usually the two are fnsed, rarely
separated ».) — Keiu?, On some Points in the Anatomy of Nautilus pompilius. (Proc.
ZooL. Soc. LoNDON, 1895, pp. 676 et 677.)
19
,-^':^..
■ Q
290
Et comme c'est surtout sur la distinction entre ces deux sortes
(acquises ou congénitales) de variations que tout un groupe
d'évolutionnistes entendent établir le système entier de l'origine
des espèces, il est intéressant de rechercher également les
variations dans le développement embryonnaire; c'est le seul
moyen de constater éventuellement quelles sont les variations
de l'adulte qui apparaissent déjà avant la naissance ou dès la
constitution des organes.
11 y a, en effet, à côté des variations constatées à l'état
adulte, des variations embryonnaires et larvaires, et, contrai-
rement à une opinion ancienne (^), ces variations sont même
assez nombreuses, malgré que l'attention n'ait pas encore été
beaucoup attirée de ce côté.
Toutefois, il n'y a qu'un nombre restreint d'espèces que l'on
puisse examiner dans leur développement; et bien des formes
sauvages, exotiques, marines abyssales, etc., ne peuvent être
étudiées à ce point de vue et c'est donc par analogie que l'on
peut dire qu'il y a d'assez nombreuses variations embryonnaires.
D'autre part, le nombre des variations qui se montrent pendant
le développement est accru par des anomalies dues à des condi-
tions défectueuses dans l'élevage en captivité.
Néanmoins, ces réserves faites, et lorsqu'on se borne à exa-
miner des œufs, embryons et larves qui viennent d'être pris dans
des conditions naturelles, les variations observées sont encore
suffisamment fréquentes.
Il n'y a naturellement pas opposition entre ces variations
embryonnaires et les précédentes; car on ne sait pas, en effet,
a priori, si certaines des variations que l'on a constatées chez
un adulte n'ont pas paru dès l'embryon et ne sont pas aussi
« congénitales ».
(1) Voir, par exemple, Darwin, De la variation des animaux et des plantes, t. II,
p. 13 (édition de 1868).
— 291 —
D'autre part, toutes les variations embryonnaires n'ont pas
nécessairement un effet sur l'adulte; toutes ne persistent pas
jusqu'à cet âge (voir IP partie, I, 4, et IV partie, 1, 2, i) :
1" Parce qu'elles peuvent s'atténuer et disparaître elles-
mêmes (régulation par le milieu) ;
2° Parce que les embryons fortement variés sont très souvent
éliminés eux-mêmes sans atteindre l'état adulte (variations non
viables) ;
3" Parce que dans les formes à métamorpboses, les modifi-
cations apportées à la larve restent fréquemment spéciales à
cette phase et n'aboutissent pas à une variation dans l'adulte, et
que, dans différents cas de de poecilogonie notamment, on voit
des différences dans le développement (qui représentaient autant
de variations d'un type primitif unique) mener à des adultes
identiques.
1. — VARiATlONS DANS L'ASPECT EXTÉRIEUR
(FORME ET COULEUR) DE LA PONTE.
Chez Succinea putris, la ponte est d'aspect tout différent,
suivant qu'elle a été déposée dans la terre ou dans l'eau; dans le
premier cas, elle ressemble à celle d'un Limacien, dans le
second, à celle d'un Pulmoné aquatique, parce que la matière
albuminease qui réunit les œufs est alors dilatée, devenue
incolore et tout à fait transparente (^) ; je puis confirmer, pour
ma part, que les pontes rencontrées dans l'eau, sous des feuilles
flottantes, ont l'aspect d'une ponte de Planorbe, moins coriace
et moins unie et surtout moins colorée.
(1) Moquin-Takdon, Histoire naturelle des Mollusques terrestres et fluviatiles de
France, t. I, p. 58. — Fol, Sur le développement des Gastéropodes Pulmonés. (Arch.
ZooL. EXPÉR., l^e série, l. VIII, 1880, p. i05.)
— 292 —
Les œufs de Limax maximus peuvent être réunis à feurs
pôles par un prolongement de leur enveloppe extérieuire, de
façon à former un chapelet, comme c'est le cas pour un eerlain
nombre deGastropodes hermaphrodites, même Streptoneiwes(*) ;
mais ils ne le sont pas toujours et, suivant la région, ils peuvent
même être plus souvent réunis ou plus souvent distincts et
isolés (^).
La ponte de Eolis papillosa est parfois rose au lieu d'être
blanche (^). Celle de Galvina exigua est variable par la forme (*)u
Dans une ponte de Bijthmla tentaculata, les coques de la ponte,,
au lieu d'être étroitement accolées et polyédriques comme nor-
malement, étaient restées sphériques et lâchement accolées (^)»,
Sepia officinalis a été vu une fois pondant des œuh qui, au
lieu d'être noirs, étaient presque blancs (*^), comme cexkx d'autres
espèces (au moins une espèce dont j'ai recueilli les pontes sur
des récifs de coraux de la mer Rouge),
Chaque coque de la ponte de NautUiis macromplialus est
plus ou moins plate et c'est à peine si Von trouve deux oeufs
présentant la même apparence C^).
(1) Parmi les Opisthobranches, ce cordon de liaison d'un œuf à l'autre, est bien
visible chez Phiiine, Aplysia, Fiona, Janus, Glauciis; parmi les Pulmonés, chez
Gadinia, Siplionaria, Oncidinm, Vaginula; pai-mi les Streploneures, chez Odostomia
et Valvata (hermaphrodites comme les O(iistliobranches).
(2) 3Ioquin-Tandon, loc.cit., t. II, p. 30. — ME]SEjin^iMEh,Entwickltingsgesc}dclite
von Limax maximus L. (Zeitschr. wiss. Zool., Bd LXII, ]8%, p. 416.) — Simpson,
Anatomy and physiologi/ of Polygyra albolabris and embryology of Limax maximus.
(Bull. A'ew Youk State Muséum, vol. VIII, n» 40, 1901, pi. XXVII, fig. 8et9.)
(5) Hecht, Contribution à l'étude des Nudibranckes. (Mém. Soc. Zool. France,
t. VIII, 189o, p. 147.)
(■*) Beugh, Die Cladohepati»chen Nudibrancliien. (Zool. Jahrb. [Abth. f. Syst.],
Bd V, 4890, p. 2.1)
(») Sarasix, Entnn.clîelii7ig.<>gesclnchte der Bithynia tentaculata. (Arb. Zool.-Zoot.
Inst. Wlîiîzbirc, Bd VI, 4882, p. 4.)
(«) Bert, Mémoire sur la physiologie de la Seiche. (Mém. Soc. Scl phys. et nat.
Bordeaux, t. V, -1867, p. 133.) '
(') WiLi.Ev, The Ovipnsition o/'Nautilus macromphalus. (Froc. Roy. Soc. London,
vol. LX, 1897, pp. 467 et 469.)
— 293 —
2. — VARIATION DU NOMBRE DES ŒUFS.
A. Dans une même capsule ou coque de ponte, — Beaucoup^
■d'espèces ont normalement un œuf par coque de la ponte;
d'autres présentent dans la règle de multiples œufs à l'intérieur
de chaque coque; par exemple, chez les Gastropodes :
a) Parmi les Streptoneures, chez Paludina vivipara, quel-
quefois 2 œufs dans une capsule (^) ; chez Littorina tmdis^
exceptionnellement 2, très rarement 8, 4 ou 5 œufs ; une fois,
une coque était divisée en deux entre deux œufs par une cloison
(observations personnelles) ; chez Biftliinia tentaculata une fois
2 œufs (observations personnelles) ; chez Odostoniia rissoides,
rarement 2 (^).
b) Parmi les Opisthobranches, chez Pliiline aperta, excep-
tionnellement 2 ou 8 (^) ; Doris bilanicllata et Eolis coronata,
parfois 2; Doto coronata, exceptionnellement 2 (^) ; Elijsia
viridis, assez souvent 2, parfois 3 à 6, exceptionnellement 7 (^) ;
Hermaea bifida, 2, 3, une fois 4 et même 5 C^) ; rarement 2
chez Dendronotus arborescens, Eolis concinna, Ancula cristata;
parfois 2 dans Goniodoris nodosa; et jusqu'à 8 dans Do7ns
tiibcrcidata et dans Fiona marina Ç') .
(1) Leydig, Ueber Paludina vivipara. (Zeitschr. wiss. Zool., Bd II, 1850.)
(2) Pelseneer, Éthologie de quelques Oiiostomia, etc. (Loc. cit., 1914, p. 6.)
{^) De Lacaze-Duthiers, Sur la formation de monstres doubles chez les Gastéro-
podes. (Arch. Zool. exper., l'* série, t. IV, 1875, p. 486, et même jusqu'à 8.) —
TuR, Sur les pontes anormales chez Pliiline aperta L. (Arch. Entwickl.-mech.,
Bd XXX, 1910, p. 367.)
(^) Pelseneer, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Mém. Acad. Belg.,
t. III, d9H, respectivement pp. 53, 58 et 65.)
(^) Pelseneer, loc. cit., p. 69.
(6) Ibid., p. 74.
C) Ibid., p. 73.
— 294 —
c) Parmi les Pulmonés surtout, par exemple dans Limnaea
stagnalis, où divers anciens auteurs (Karscb, Moquin-Tandon,
Ray-Lankester) avaient parfois trouvé 2 œufs par coque et où
depuis il en a été observé occasionnellement jusqu'à 12 (^) ;
L. palustris, plusieurs fois 2, deux fois 3 (observations person-
nelles) ; L. ovata, plusieurs fois 2 (^) ; L. (Amplnpcplca) gluti-
nosa, également 2 (^) ; L. auricidaria , souvent plusieurs (^);
Plujsa fontinalis, de 2 à 82 ('') ; P. acnta, jusqu'à 3 C^);
Planorbis margmatus, plusieurs fois 2 ['') ; P. corneus,
jusqu'à 4 (^) ; P. trivolvïs, quelquefois 2, rarement 3 ou plus (■^) ;
dans Ancylus fhiviatUis, il n'est pas rare de trouver 2 œufs ou
embryons à l'intérieur d'une même coque (^") ; enfin dans les
(1) 2, 3 et quelquefois 4 : Nourry, Ohservalions embnjogéniqtiei de la Limnaea
slagnalis. (Comptes rendus Assoc. franc. Avanc Sci., 27«^ session. [Nantes], 1889,
p. 501.) — 2, 3 ou 5 : dans une même ponte de 45 coques (De Quatrefages). —
7 : Garus, Ueber den tiusseren Lebensbedingungen der warin- und kaltbUttigen
Thiere, 4824, p. 53. — De 2 à 8 et même iO ou 12, d'ajjrcs mes observations
personnelles : généralement — mais pas toujours — parmi les dernièi'es coques de
la ponte, ainsi que pour les œufs multiples de divers autres Pulmonés et Opistho-
branches, comme par exemple : Philine aperla (voir plus loin : 5, embryons mul-
tiples), Hennnea biflda, Limax, Phijsa, etc.
(2) Rabl, Die Onlogenie der Siïsswdsser-Pulmonaten. (Jen. Zeitschr., Bd IX,
1875, p. 221.)
(3) Reinhardt, Zwillingseier von Schnecken (Amphipeplea glutinosa MiilL). (Sit-
ZUNGSBER. Ges. nat. Fr. Berlin, 1887; et mes propres observations [trois foi?].)
{*) Moqiin-Tandon. loc. cit., t. I, p. 325; mes propres observalions.
(^) WiERZEJSKi, Embryologie von Physa fontinalis L. (Zeitschk. wiss. Zool.,
Bd LXXXIII, 1906. p. 513 [de 2 à 20J.) — De 2 à 32 : mes pro|ires observations,
souvent aussi à l'extrémité terminale de la ponte dans les dernières coques pondues.
(«) Moquin-Tandon, loc. cit., t. I, p. 325.
(■) Rari,, loc. cit., p. 22!.
(8) Jacquemin, Recherches anatomiques et physiologiques sur le développement du
Planorbis corneus. (Nova Acta Leop. Carol. Acad., t. XVIIl, 1838, p. G-46 : 2.) —
Moquin-Tandon, loc. cit., t. I, p. 325 : 4. — Dans une ponte de Itj coques, j'en ai
trouvé 8 renfermant chacune deux embryons.
('^) HouMES, The early developnient o/' Planorbis. (Journ. of Morphol., vol. XVI,
1900, p. 374.)
(10) Stepanokf, Geschlecktfiorgane und E7Uwickelung von Ancylus tluviatilis. (Mém.
Auad. Sci. Saint-Pétersbourg, 7° série, t. X, n» 3, 1866, p. 6.)
— ^295 —
Limax, la multiplicité des œufs dans une coque a été observée
par divers auteurs (^).
Coques sans œufs : chez Odostomia i^issoidcs, une ponte avait
les coques alternativement vides et fer-
tiles (fig. 164) (-) ; le même fait a été
constaté pour PhUine aperta (^). Dans
certains Nudibranches, on trouve des
coques vides, sans germe (^) ; et la
même chose s'observe dans les pontes
de plusieurs Pulmonés : Limnaea sta-
gnatis et Plujsa fontmalis, toute der-
nière coque (observations personnelles) ;
j'ai aussi rencontré assez souvent une
coque occasionnellement vide, le plus
ordinairement à côté d'une coque à deux
œufs, chez Limnaea stagnalis; de même
chez Pliysa fontiuads, il m'est arrivé de
trouver deux fois une coque sans œuf
et trois fois ime ponte entière avec ^^^- ^6i. — Portion d'une
. ponte anormale de Odosto-
toutes ses coques vides, et chez Limnaea
lyt.
peregra, une ponte avec deux coques
stériles. Une coque semble parfois divi-
sée en deux cavités inégales par une
cloison séparatrice ; il est probable que
cela résulte alors de la coalescence de deux coques, la plus
mm risfoides, fort grossie,
fli, liquide albnraineux rem-
plissant la coque ; cr, cordon
unissant les diverses coques
dans l'intérieur de la ponte ;
ou, œuf fertile; ov', C(jque
stérile.— D'après Pelseneer.
(1) Laurent; d'après Kûnkel, les dernières coques de la ponte des Limax ren-
ferment parfois plusieurs œufs (fide Simroth, Gatropodenlaich und Gastrop'^den-
larven von der deutschen Tufsee-Expedition 1898-1899, 1911, p. 380); chez Limax
maximns, il a été ol)servé deux fois 2 œufs, une fois 3, une fois 8 et une fois 19. dans
une même coque (Meisknhfimeu, Entivicklimgsgeschichte von Limax maximus L.
[Zeitschr wiss. Zool , Dd LXIl, 1896, p. 421 1), -i ou 4 œufs (Simpson, Anatomy and
phy iology of Polygyra al bulabris a/id t;/>i/)r(/o/o^_(/ o/' Limax maximus [Bi'LL. iXew
York State Mus., 'vol. VIII,no 40, 1901, pi. XXVII, tig. 4 etS]) ; et dans Umax agreslis,
il a été signalé une capsule avec 2o œufs (Byrnes, Tlie maluration and fertilisation
of the egg of Limax agreslis (Linné) [Journ. of Morphol., vol. XVI, 1899, p. 218j).
(2) Pelseseer, Étkoïogie de quelques Odostomia et d'un Monstnilide parasite de
l'un d'eux. (Bull. Scl Fr.\nce et Belgique, t. XLVIII, 1914, p. 6, pi. I, lig. 6.)
(5) De Lacaze-Duthiers, loc. cit., 187o, pi. XV, fig. 7.
(*) Sars, fide NoRDMANN, Ann. Sci. nat. (Zool.), 3» série, t. V, 1846, p. 142.
— 296 —
petite étant stérile {F^hysa foutinalis et Limnaca stragnalis), ce
qui tendrait à le prouver, c'est une coque de ce genre qui,
chez Limnaea peregra (ovata), renfermait deux œufs dans sa
grande cavité (^).
Enfin, chez Vurpura lapilliis, il a été trouvé une coque ne
renfermant que des œufs stériles ("^).
Au lieu de ^ œufs par coque dans Littorina Uttorea, on en
rencontre exceptionnellement 1 ou 3 (^).
Coques renfermant un nomhre d'œufs supérieur à 2 et
variable : chez Neritina fliiviatilis , de 30 à 90 (^) ; Vermetus
triqueter, de 10 à 30 (^) ; Cr^epidiila de diverses espèces,
nombre variable suivant les individus {^) ; Calijptraea sinensis,
10 à 20 (') ; Jantliina umbilicata, 70 à 100 (*) ; Entoconilia
mirabilis, de 15 à 30 ou davantage (^) ; Fulgiir carica et Sycotji-
pus canoliculatus, de 10 à 20 (^^) ; Fusus sp., de 7 à 20 (^^);
(') Rabl. Die Ontogenie. der Sûssivasser-Pulmonaten. (Jen. Zeitschr., Bd L\,
1875, pi. IX, fig. 40.)
(2) Pelsiinekr, Recherches sur l'embryologie des Gastéropodes. 'Loc. cit., p. 3d.)
(5) Cavi.lkuy el Pelseneer, Sur la poule et le développnm'nt du Vignot (Littorina
liltorea). (hui l. Sci. Fraxce et Belgique, t. XLIY, 1911, p. H69.)
(^) 50 à 6» : Mouuln-Tandon, toc. cit., t. II, p. S'il. — 30 à 40 : Llndstrôm,
Bidrag till Kâimedomen om Oesterjôns invertebrat-fanna. (Ofveus. K. Vid. Akad.
FoRHAiNDL., t. XIV, -1855, p. 68.) — 70 à 90 : Blochmann. Ueber die Entwicklung der
Neritina tluviatilis Mïdl. (Zeitschr. wiss. Zool., Bd XXXVIII, 1882, p. 129.)
(^) Lacaze-Ul'thieus, Mémoire sur l'anatomie el l'euibrijogénie des Vermels. {A^yt.
Sci. nat. [Z001..I, 4<= série, t. XIII, 1859, p. 266.)
(6) CoNKi.iN, The Embryology of Crepidula. (Journ. of Morphol., vol. XIII, 1897,
p. 19.)
(') Fischer, liecherches sur la morphologie du foie di's Gastéropodes. (Bull. Sci.
France ep Bel(;ique, t. XXIV, 1892, p. 286 [de 10 à 15J ) — Cooke, Molluscs and
Brachiopiids. (The T-ambiudge Natural History, 1895, p. 1-6 [de 15 à 20J.)
(8) SiMiioTH, Mollusca (Weichthiere). (Bronn's Tier-Reich, vol. 111, II abtli.,
p. 638.) — Idkm, Ja.)ithina communis (de 6,000 à 7,000).
(") J. Miller, Ueber Synapta digitaia und iiber der Erzengung von Schnecken in
Holothurie)!. Berlin, 1852, p. 15.
(") CoNKLiN, The Embryology of Fulgur. (Proc. Acad. Nat. Sci. Philadelphia,
1907, p. 322.)
('!) BoBitETZKY, Studien ïiber die embryonale.Enlwickelung der Gastropoden. {Arcu.
F. MiKR. Anat., Bd XIII, 1877, p. 123.)
— 297 —
Nassa mutabilis, de 5 à ^o (^) ; N. ohsoleta, de 33 à 86 (^j;
N. reticnlata, de 400 à 500 ou plus; Murex erinaccus, de 15 à
150 (^) ; UroBalpinx cinereus, de 6 à 20 (^) ; Purpura lapillus,
de 400 à 1,000 {') ; Buccinum undatum, de 600 à 800 («).
Umhrella mediterranea, de30 à40 {~);Aphjsia punct(tta,de 2 à
15 ; il. depilans, de 20 à 34 ; A. limacina, de 40 à 50 (^) ; Notar-
c/ius punctatus, de 3 à 10 (■^) ; Tritonia liombergi, de 4 ai I (^") ;
Doris verrucosa adulte, de 2 à 5 (toujours un seul dans les indi-
vidus pédogénétiques) (^^); Eoiis papïUosa, 3 ou 4, rarement
moins el jusqu'à 8 et même 12 (^"~); Janus c7'istatus,S()ii 100 (^"^j.
(1) BoBWETZKY, Studien iïber dieembryonaleEntivickelung der Gastropodcn (Arch.
F. MiKR. Anat., Btl XI[[. 1877, p. 97(5 à IS). — Hoffmann, Ueber die Etnuhrung
der Embryonen von Nassa muiabilis Lam, (Zeitschr. wiss. Zool., Bd LXXIl, 1902,
p. 658 [jusqu'à 23 J.)
(-) DiMON, The Mud Snail : Nassa obsoleta. (Cold Spring Harbor Monographs
[Brooklyn Inst. Arts and Scl], 1905, p. 12.)
(5) CooKE, loc. cit., p. 124.
{*) Brooks, Preliminanj observations on Ihe development of marifie Prnsnbran-
chiale Gasteropods. (Stid. Biol. Lab. Johns Hopkins Univ., vol. I, 1879, p. 123.)
(5) KoREN og Danielssen, Uidraq til Peclinibrancliier Udvickling. Beri;:en, 1851,
p. 21 (500 à 60(J). — Sei.enka, Die Anlage der Keimblatter bel Purpura hipillus.
(NiED. Arch. f. Zool.. Bd I, 1872, p. 212 [400 à 600].) — Pelseneer, llcherches
sur Vembryologie des Gastropodes. (Loc. cit., p. 28 [jusqu'à un millier].)
(6) KoREN og- Danielssen, loc. cit., p. 6. — D'après Dakin (Buccinum [Proc. and
Trans. Liverpool Biol. Soc, vol. XXVI, 1912, p. 347]), ce nombre oscillerait
entre 49 et 2,419.
C) Heymons, Zur EnLwickliingsgeschichte von Umbrella mediterranea Lam.
(ZteiTSCHR. F. wiss. Zool., Bd LVI, 1893, p. 246.)
(8) Carazzi, L' embriologi'i (Z^/i'Aplysia e iprobleini fondainentali deW enibrinlogia
comparata. (Arch. d. Anatomia ed Emcr., vol. IV, 1906, p. 240.) — D'après Bloch-
MANN, il y aurait de 10 à 20 œufs par coque, dans la ponte de A. d pilans
(Beitrdge zur Kenntniss der Entivicklung der Gastropoden [Zeitschr. wiss. Zool.,
Bd XXXVIII, 1883, p. 395J).
(9) Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opislo-
branclies du golfe de Marseille. (Ann. Mus. Marseh.le, t. II, 1885, p. 91.)
(") Alder and Hancock, A Monngrapk of the british Nudibninchiale Mollusca.
(Ray Society, 1855, fam. 2, pi. II [4 ou 5|.) — D'après Sars, ce nombre serait de
5 à 11.
(") GuÉNOT, Contributions à la faune du bassin d'Arcachon. III. Doridiens.(BvL\..
Soc. Sci. Arcachon, 1903, p. 13.)
(*2) Pelseneer, loc. cit., p. 74.
(«) Ibid., p. 49.
— -298 —
B. Variation du nombre d œufs ou de cocjues dans une même
PONTE. — Ce nombre varie naturellement suivant la taille de
l'individu qui pond ; mais, en outre, il varie chez des individus
de même âge, parfois alors d'après l'importance des pontes
précédentes ou pour d'autres causes (substralum, etc. ; voir
IV^ partie, 7, G, d) ; exemples :
a) Amphineiires à œufs ofigloméix's. — Chez Ischnocliiton
magda'cncMsis, les deux pontes (droite et gauche) fournissent
ensemble, en chiffres ronds, de 101,000 à 11)3,000 œufs (^).
b) Gastropodes ovipares. — Ampullaria potlta. de 70 à
80 œufs ou moins (^) ; A. gigas, de 100 à 300 (^) ; Vermetiis
triqueter, de i à 6 coques ou davantage (^) ; Laciina pallidnla,
de 110 à 125 (=5); Rissoaparva, de G à 40 (^) ; Bytlnnia tenta-
eulata, de 6 à 70 ( ') ; B. leaelii, de 1 à 21 (-) ; Vatvata pisci-
natis, de 4 à 24 (") ; Odostomia rissoides, de 30 à 70 (^
(') Heaïh, The Development nf Ischnochiton. (Zool. Jahrb. [Anat. and O.ntog.]
Bd Xil, 1899, |). 574.)
(-) Sempeu, Entiricklung der Ampullaria poliia. (Natukk. Verhândl. Utrechts
Genootsch., t. I. 1862, p. 1.)
(5j KoEHLEK, Ucber Laichgeschafl und Geschlechisunlerschiede bei Ampullaria
gigas. (Blattfr f. Aquar.- u. Terharienkunde, 1905.)
(*) Lacaze-Duthiehs, Mémoire sur l'analomie el l'embryogénie des Ver mets.
(Loc. CIT., p. 2(56, pi. V, fig. 1 [7 coques].)
(^) Pelseneer, loc. cit., p. 17.
(6) Ibid , p. 19.
(') Bouchaud-Chantereaux, Catalogue des Mollusques terrestres et fluviatiles
observés jusquà ce jour à l'étal vivant dans le département du Pas-de-Calais (Mém.
Soc. Aguic. Sci. et Auts Boulogne-sur-Meiî, 1836, p. 218, 1837 [de 30 à 70J); j'en
ai observé p;irfois moins de 30 : minimum, 19; et il a même été renconlré des
pontes qui ne renfermvuenl que 6 œufs (Karsch, Die Enlwicklungsgeschichte des
Limnaeus stagiuilis, ovalis nnd palustris [Arch. f. Natuhgesch.-, 1846, p. 253 :
ponte de Palndine ovipare, reconnaissable à la figure 9, pi. ÎX]).
(*<) Observ.itions personnelles.
(9) Moquin-Tandon, loc. cit., t. II. p. 542.
(if*) Pei.seneer. Élhologie de quelques Odostomia et d'un Monstriilide parasite de
l'un d'eux. (Bi;ll. Sci. France et Belgique, t. XLVIII, 1914, p. 16.)
_ 299 —
Ovula (idriatica, de 50 à (iO (') ; Murex crinaceus, de 15 à
150 (^); Purpura lapillus, de 15 à 20 coques (^) ; Calyptraea
shiensis, de 6 à 20 coques (^) ; Aplysia punclata, de 80,000 à
1(30,000 œufs (^) ; Cavolinia tridentata, de 250 à 1 ,250 œufs {^) ;
P/iijliiroe bacepfialtis, de 10 à 15 œufs dans chacun des rul)ans
de la ponte (~) ; Tergipes edwardsi, de 1 à 80 œufs (^) ; T. cla-
viger, de 1 à 40 (^) : T. doriae, de 200 à 300 ['^) ; Ercolania
funerea, de 2,800 à 6,000 (") ; Hermaea bifîda, de 30,000 à
70,000 (^') ; Cenia coksi, de 4 à 19 (^^j ; p^/^a coronata, de
20 à 30 {''); Physa ancilla, de 25 à 75 ['^)\ P. fontinalis,
de 2 à 42 {^^) ; P. rtcî<ia, de 40 à 200 {'-^) ; Aplexa Injpnorum,
(') Lo BiANCO, fide Simuoth, MoUitsca. (I.oc. cit., p. 63S.)
(2) CooKE, loc. cit., p. 12o.
(5) Pelseneer, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Loc. cit., p. 28.)
(*) De 6 à 10 capsules : 3Iilne-Edwauds, tide Fischeu, Manuel de Conchyliologie,
p. 739. — De iS à ^0 : H. Fischer, Recherches sur la morphologie du foie des Gasté-
ropodes. (Bull. Sci. France et Belgique, t. XXIV, 1893, p. 286.)
(^) Garazzi, loc. cit., p. 24U.
(6) Fol, Sur le développement des Ptéropodes. (Arch. Zool. expér., l^e série, t. IV,
1875, p. 4 )
(') Schneider, Ueber die Entwicklung der Phyllirhoe bucephalura. (Arch. f. Anat.
UND Physiol., i858, p. 35.)
(8) Selenka, Entwicidung von Tergipes claviger. (Arch. f. Niederl. Zool., Bd I,
1871, p. !.)
(3) NoRDMANN, Versuch einer Monographie des Tergipes Edwardsi. (Mém. Acad.
Saln r-PÉTERSBOuaG, t. IV, 1854, ou Ann. Sci. nat. [Zool.], 3« série, l. V, p. 142.)
(*") Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opisto-
branches du g dfe de Marseille, part. II. (Ann. Mus. Marseille, t. III, 1888, p. 97.)
(") Vayssiére, loc. cit., p. 125.
(12) Ibid., p. 13B.
(13) Pelseneer, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Loc. cit. p. 71.)
(14) Vayssiére, Note sur un nouveau cas de condensation embryogénique observée
chez le Pelta coroiiat'ri, type de Tectibr anche. (Zool. Anz., Bd XXIII, 19U0, p. 287.)
(1^) CoNKLiN, The effects of centrifugal force upon the organization and development
of tlie eggs of fresh avaler Pulmonates. (Journ. Exper. Zool., vol. IX, 1910, p. 424.)
(•*i) Observations personnelles.
(*') Slugocka, Recherches sur Vappareil génital des Gastropodes Pulmonés du
genre Physa. (Rev. suisse de Zool., t. XXI, 1913, p. 81.)
— 300 —
de 6 à 50 (^) ; Limnaea stagnalis, de 6 à 152 (^) ; L. palustns,
de 5 à 90 (^); L. peregra, de i2 à 180 (^) ; L. auricularia, de
23 à 310 (5); L. (Ampliipeplea) gluthwsa, de 21 à 68 («)
L. columella, de 1 à 90 C'^) ; Planorbis corneus, de 12 à 57 [^)
P. marginatus, de 4 à 30 (^) ; Succinea putris, de 29 à 70 (^°)
^e/ia; aspersa, de 40 à 110 (^^); fl'. pomatia, de 30 à 90 (^2)
Limax maximus, de 30 à 300 (^^) ; ^770?? empiricomim ,
de 16 à 100 (^^).
c) Gastropodes ovovivipares (œtifs évoluant dans roviducte). —
Paliidina contecta, de 7 à 62 œufs et embryons (^^) ; P. vivipara,
(1) Slugocka, loc. cit., p. 81 (6 à i8) ; Moquln-Tando.n, loc. cil., t. II, p. 457
(8 à "iO) ; Bouchard-Chantereaux, loc. cit., p. 209 (40 à 50).
(2) Observations personnelles; Moquin-Tandon en indiquait de 40 à 130; Nourry,
jusqu'à 150.
(2) Moql'in-Tandon, loc. cit., t. II, p. 477 (de 50 à 90) ; observations personnelles
(de 5 à 80).
(^) Moquin-Tandon, loc. cit., p. 470 (jusqu'à 180); observations personnelles
(de -i à 80).
(5) Observations personnelles.
(6) Observations personnelles.
Ç) CoLTON, So/»ti Effects of Environment on the Growth of Lymnaea columella Suy.
(Proc. Acad. Nat. Sci. Philadelpiiia, 1908, p. 413.)
(**) Moquln-Tandon, loc. cit., p. 447 (12 à 40); jusqu'à 59 (observations person-
nelles).
(S) Rabl, Uebe)' die Enlwicklung der Tellerschnecke. (Morph. Jahrb., Bd V, 1879,
p. 6('4.)
(1») Moquin-Tandon, loc. cit., t. 11, p. 58 (29) ; jusqu'à 60 (observations person-
nelles) et même 70 (Bouchard-Chantereaux, loc. cit., p. 189).
(") CooKE, loc. cit., p. 124 (de 40 à 100); Bouchard-Chantereaux, loc. cit., p. 174
(50 à 110).
(12) Adams, The Gênera of récent Mollusca, t. I, p. 6 (30 à 36) ; Moquin-Tandon,
loc. cit., t. II, |). 181 (60 à 90).
(13) Moquin-Tandon, loc. cit., t. II, p. 30 (30 à 80) ; Meisenheimer, Entwicklungs-
geschichte von Limax maximus. (Zeitschr. wiss. Zool., Bd LXII, 189(3, p. 416
(jusqu'à 200 et 300).
(") Moquin-Tandon, loc. cit., t. II, p. 12 (16 à 61); Bouchard-Chantereaux,
loc. cit., p. 188 (70 à 100).
(is) Moquin-Tandon, loc. cit., t. II, p. 534.
— ;îoi —
de 6 à 40 (') ; (kimpelonia suhsoliilum, de 25 à ()4 (2); L/^to-
rina l'udis, après le premier accouplement, de 28 à 87, puis
l'oviducte ne se vide plus jamais complètement et renferme, au
maximum, près de 600 œufs et embryons, une fois 6 seulement
et une fois rien du tout (^) ; Voliita (Cijmba) ncptuni, 4 ou 5 {'^) ;
Balea perversa, 3 ou 4 (^) ; Piipa musconim, de 3 à 7 et
Hulimulus folliculiis, de 5 à 7 (^) ; Hélix rupestris, de 2 à 7 (^);
Pifram'idula strigosa (ou eoopcr'i), de 4 à (3 embryons (^).
cf) Lamellibranches. — La « ponte » de Sueula delp/iino-
donta renferme de 20 à 70 œufs (^).
Cbez Cijclas cornea, il y a un nombre variable d'œufs dans
les poches branchiales incubatrices (elles-mêmes en nombre
variable) ; le maximum est 6, 7 ou 8 embryons. Dans les Unio
pictorum, il y a un nombre variable de rangées d'embryons à
l'intérieur des branchies : 20 à 50 (^'^).
e) Céphalopodes. — Il n'y a pas dans la littérature beaucoup
d'indications précises sur le nombre des œufs de ces Mollusques;
néanmoins, on sait que chez Sepiola atlantica, la ponte com-
(1) TôNNiGES, Die Bildung des Mesoderms bei Paludina vivipara. (Zeitschr. wiss,
ZooL., Bd LXI, 1896, p. 543.)
(2) Call, On the gross Anatomy of Campeloma. (Amer. Natur., vol. XXII, 1886,
p. 494.)
(•') Pei,seneer, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Loc. cit., p. 12.)
(-i) Adams, The Gênera of récent Mollusca, t. I, p. 158.
(S) Steenberg, Ayiatomie des Clausilies danoises. 1. Les organes génitaux. (Mm-
DESKRIFT FOR JaPETLS StEENSTRUP, 1914, p. 39.)
(«) Moql'ix-Tândon, Inc. cit., t. I, p. 238.
C) Moquin-Tandon, Observations sur trois Gastéropodes ovivipares. (JouRiN. de
CoNCH., t. IV, 1853, p. 226 [confirmé par Weinland, 1876, et Collier, 1889].) —
BowEix, Joura. of Conch., vol. XIV, 1915, p. 290.
(S) SiMROTH, Bronn's Tierreich, Bd III, 2 abth., p. 573.
(9) Drew, The Life-IHsiory of Nucula delphinodonta {Mighels). (Quart. Journ.
MicR. Sci., vol. XI.IV, 1901, p. 316.)
(*<>) Rabl, Ueher die Entwickiungsgeschichte der Malermuschel, (Jen. Zeitschr.,
Bd X, 1876, p. 310.)
30-2
prend de 15 à 36 grappes, chacune avec 40 à 130 œufs (^);
que chez LoUyo sp. (vidgaris?), il y a de ia à 100 œufs par sac
ou grappe (^) ; envion 250 œufs par sac dans L. punctata (^) ;
chez Sepia ofjicinalis, en captivité, environ 200 œufs, mais
davantage en liberté (^) ; 65 à 70 œufs chez Eledone moschata i ^);
5 à 19 chez E. aldrovandl (*") ; plusieurs milliers au maximum
chez Octopus vulgaris, mais parfois seulement 8 à 20 (") ; et de
10,000 à 20,000 chez Argonauta argo (^).
3.— VARIATION DE LA TAILLE DES ŒUFS
ET DES EMBRYONS OU LARVES.
Elle est notable, par exemple, chez Dentalium entalc (^).
Dans les coques des pontes de Cassidaria ccliinophora, à côté
de 4 à 12 embryons normaux, il se développe ordinairement de
2 à 4 embryons nains anormaux {^*^).
Il peut y avoir également variation de la taille des coques
elles-mêmes (pleines ou vides, accolées ou non), pouvant dans
certains cas comprimer leur contenu; ces variations sont assez
fréquentes dans les pontes de Limnaen stngnalis.
(1) Bouchard-Chantereaux, Catalogue des Mollusques marins observés jusqu'à ce
jour à Vétat vivant sur les côtes du Boulonnais. (Mém. Soc. Agricult. Sci. et Arts
Boulogne-sur-Mer, pour 1834.)
(2) Kôi^LiKEK, Entwicklungsgescliichte der Cephnlopoden. Zurich, 1844, p. 15.
(3) CooKE, loc. cit., p. 127.
{*) JouBiN, La ponte de UÉlédone et de la Sèche. (Arch. Zool. expér., 2« série,
t. VI, 1888. p. 161.)
(5) KoRSCHEi/r, Ueber den Laich und die Embryonen von Eledone. (Sitz.-Ber. Ges.
Naturforsch. Fr. Berlin, 1893, p. 68.)
(6) Jo'jBiN, loc. cit., p. 1S8.
(') Respectivement Cooke, loc. cit., p. 127, et Fischer, Manuel de Conchylio-
logie, p. 333.
(^) Ussow, Untcrsuchungen iiher die Entivicklung der Cephalopoden. (Arch. de
BiOL., t. II, 1881, p. 577.)
(■') WiLsoN, Expérimental Stndies on germinal localization. I. The gerin-regions
in the eog o/" Dentalium. (,Iourn. Exper. Zool., vol. I, 1904, p. 20.)
(^*') VON Eiu.ANGER, Uebcr cinige obnorme Erscheinungen in der Entwickelung der
Cassidaria echinophora. (Zool. Anz., Bd XVI, 1893.)
4 - VARIATION DANS LA SEGMENTATION.
.4. VariatioiN quant au commencement de la segmentation. —
Chez une même espèce, la segmentation peut commencer plus
ou moins tôt après la ponte ou même avant [Arion, Argonauta,
Firoloides, etc.); par exemple, dans Aiion empiricorum , elle
débute parfois dans l'ovaire (^).
B. Variation dans le sens de la segmentation (œufs « inverses»).
— Il a été observé chez Unio que tous les œufs d'un individu
avaient la grosse cellule en- i II
dodermique A plus grande
que la cellule D, contrai-
rement à la règle, ce qui
indique une segmentation
inverse par rapport à la
normale (~). Chez Ptero-
tracliaea mutixi, j'ai con-
staté de même que toute
une ponte se segmentait en sens inverse des autres (^) (fig. 165).
Enfin, la preuve que des œufs isolés ou en petit nombre peuvent
se segmenter inversement, se trouve dans le fait d'individus
inverses (sénestres chez les espèces dextres, ou inversement)
apparaissant occasionnellement : Paludina vivlpara (^), Pliysa
acuta {;'), etc.
Fig. '16o. — Pterotrachaea mntica, œufs segmen-
tés, au stade 8. I, d'une ponte à segmentation
inverse. II, d'une ponte à segmentation nor-
male. — D'après Pelseneer (1911).
(*) 1>AMS, Note sur la biologie sexuelle d'un Gastéropode pulmoné (Ai'ion erapiri-
corum). (Comptes rendus Soc. Biol. Paris, t. LXII, 1907.)
(2) LiLLiE, The embnjology of îlnio. (Journ. of Moiiphol., vol. X, 1893, p. 13.)
(5) Pelseneer, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Loc. cit., 1911,
p. 27.)
(*) Drummond, Notes on tke Development of Paludina vivipara. (Quart. Journ.
MiCR. Sci,, vol. XLVI, 1902, p. 120.)
(^) HoRSLEV, Journ. of Conch., vol. XII, 1906, p. \'6 : Physa acuta dextre, né de
parents sénestres.
— 304 —
C. Variation du nombre et de la taille des globules polaires. -
On observe parfois des globules polaires géants, atteignant la
moitié du diamètre de l'œuf lui-même ; par exemple cbez Limax
maximus (^) et />. agrçstis (-),
Quant au nombre des globules polaires, il n'est pas constant;
ainsi, le premier ne se divise pas toujours; il n'est que parfois
divisé chez Purpura lapilius et chez Tergipes despectus (^),
fréquemment divisé chez Doto coronata (^), quelquefois divisé
chez Hcrmaca hifida (''), parfois divisé chez Cenia cocksi [^),
tandis que chez Elysia viridis il a été observé une fois i globules
polaires ('').
Dans Limnaea peregra, on a constaté 2 ou 8 globules
polaires (^).
Chez Loligo vulgaris et chez Argonauta argo, il peut y avoir
1 ou 8 globules polaires, au lieu de 2, nombre normal (^).
Dentalium entale montre parfois un seul globule au lieu de 2 (^*^).
D. Variation de là position du blastoderme sur l'œuf dans les
Céphalopodes. — Chez Loligo pealci, il a été trouvé un œuf avec
le blastoderme sur le côté, au lieu d'être placé sur le sommet (^^)
(fig. 10(3). Dans Sepia o/ficiualis, la variation de position a
montré les cas suivants : embryon tout entier en dehors du pôle
{*) Meisenheimer, Entwickli/ngsgeschichte von Limax maximus. (Zeitschr. wiss.
ZooL., Hii LXII, 1896, p. 422.)
(*) KoFoiD, On tke early developmenl of Limax. (Bull. Mus. Comp. Zoou.,
voL XXVII, 1895, p. 45.)
(3) Pei.seneer, loc. cit., pp. 32 et 62.
(*) Ibid., p. 6S.
(S) Ibid., p. 66.
(«) Ihid.. p. 72.
(') Ihid., p. 69.
(8) Wahni CK, [J('be7- die Bildung und EntwickeUinq des Embryos der Gasteropoden.
(Bull. Soc. iNaiuk. Moscou, vol.XXIlI, 4850. p. 121, pi. IL fiif. 22.)
(9) Ussow, Untermchungen iiber die Entwicklung der Cephalopoden. (Arch. de
BiOL.. t. IL 1881, p. 581.) '
('") Lacaze-Duthieus, Histoire de l'organisation et du développement du Dentale.
(Ann. Scl nat. [Zool.], 4« série, t. VU, 1H57, p. 207.)
(") Watase, Stiidies on Cepkalopoda. L Cleavage ofthe ovum. (Journ. of Mouphol.,
vol. IV, 1891, pi. IX, tig. 15.)
— 305 —
aigu; ligne médiane de l'embryon passant Ijors du sommet de
l'œuf; embryon non sur le méridien, mais perpendiculaire sur un
«cercle de latitude» (lobe cépbalique droit, par exemple, touchant
le pôle aigu; enfin (cas rare), embryon sur le pôle mousse (^).
riG.166 — Loligopealei, œufavecblasto-
derme situé sur le côté de l'œuf (au pôle
d'un petit axe), a, position normale du
blastoderme. — D'après Watase.
Fir.. 167. — Hermaea bifida, œuf pré-
sentant un triaster à la première
segmentation. — D'après Pelseneer
fl911).
E. Segmentations a fuseaux multiples (Polyasters) . — a) A la
première segmentation — Chez Tcrgipes despectus eiAncuki ci^is-
ZrtYrt,tétraster assez fréquent (^); triaster QhezÂphjsia limaeina{^),
Hermea bifnla('^) (fig. 107) ; polyasters chez Physa fontinalis{^).
b) Dans des segtnentations nltérieures. — Chez Loiigo
pealei (^), Physa fontinalis (stades 4 et 24) C'), Troelms magiis
(polyasters) {^).
(') ViALLETON, Recherches sur les premières phases du développement de la Seiche
(Sepia otîicinalis). (AiSN. Sci. nat. [Zool.], 7e série, t. VI, pp. 93 et 94 [tiré à part,
p. 188].)
(2) Giard, Sur la fécondation des Ecliinodermes et des Mollusques. (Comptes
RENDUS Assoc. FRANC. AvANC. Sci., Vl^ session. [Le Havre], 4878, p. 6'^4.)
(3) Gârazzi, L'embriologia fMf Aplysia. (Loc. cit., pi. XXIX, fig. 6 et 7.)
('') Pelseneeiî, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Loc. crr., p. 66.)
(») WiEUZEjsKY, Embryologie von Pliysa fontinalis L. (Loc. cit., p. 513.)
(6) Watase, loc. cit., p. 292.
(") WlERZEJSKY, loc. Cit., p. 513.
(8) Robert, Recherches sur le développement des Troques. (Arch. Zool. expér.,
3« série, t. X, 1903, p. 32.)
20
306
la. B
FiG. 168. — Limnaea slagnalis , (euf
segmenté, montrant exceptionnelle-
ment deux premiers blastomères
inégaux. — Original.
FiG. 169. — Hermaea bifida, œuf dont
deux des quatre premiers blastomères
sont segmentés avant les deux autres;
vu par le pôle germinatif. — D'après
Pelseneer(19H).
ib B
FiG. 470. — Elysia viridis, œuf dont
un des quatre premiers blastomères
a donné naissance à un second micro-
mère, avant les trois autres. — D'après
Pelseneer (19H).
FiG. 171. — Ehjsia viridis, œuf dont
deux macromères ont donné nais-
sance à un second micromère, avant
les deux autres. — D'après Pelseneer
(19H).
Fie. 47!2. — Doris bilamellata, a^uf dont
deux des premiers micromères se sont
ilivisés avant les deux autres. —
D'après Pelseneer (1911).
FiG. 173. — Telhxjs (i)nbriata, œuf dont
l'un des deux premiers blastomères
est reste indivis. — D'après Viguier.
— 307 —
F. Variation de la taille relative des premiers dlastomères
DANS DES FORMES A SEGMENTATION EGALE. Inégalité deS blaStO-
inères observée parfois chez Umhj'ella mediterranea (^), Patelin
vulgata ('), Lamellaria perspicua [^), IWgipes despcctiis (^),
Hcrmea hifida (^) et une fois chez Limnaea stagnalis (fig. 168).
G. ASYNCHRONISME, A DIVERS STADES, DE QUATRE CELLULES NORMALE-
MENT SYMÉTRIQUES ET SYNCHRONES (uNE PAIRE PARAISSANT AVANT l'aUTRE
OU UNE CELLULE PARAISSANT AVANT SA SYMÉTRIQUe) . Cl) AmpIlineUreS .
— Cfiiton polii (^) .
b) Gastropodes. — Cymbulia peroni ("), Aplysia punctata (^),
divers Niidibranches (fig. 169 à 172), Tetliijs fimbriata (^)
(fig. 178), Limax maximus (^'^).
c) Scaphopodes. — Dentalium entale (^^).
d) Lamellibranclies . — (Jnio (^^).
e) Céphalopodes. — Lollgo pealei (^^).
(1) Heymons, Zur Entwicklnngsgeschichte von Urabrella mediterranea. (Loc. cit.,
p. 247.)
(2) Patten, The Embryology of Patella. (Arb. Zool. Inst. Wien, Bd VI, 1886,
[). 153.)
(') Pelseneer, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Loc. cit., p. "il,
pl.IV, tig. 2et3.)
(*) Pelseneer, loc. cit., p. 62.
(») Ibid., p. 66.
(6) K0WALEV6KY, Embryogénie du Chiton Polii {Philippi). (Ann. Musée Marseille
[Zool.], 1. 1, 1883, pi. I, fig. 12.)
(') Pelseneer, loc. cit., pi. XIII, tig. 17.
(8) Ibid., pi. XIII, fig. 24.
(») ViGUiER, Contributions à l'étude du développement de la Tethys fimbriata.
(Arch. Zool. expér., 3^ série, t. VI, 1898, p. 42, pi. VII, fig. 9.)
(*") Meisenheimer, Entwicklungsgeschichte von Limax maximus. (Loc. cit., p. 42.1,
fig. 3.)
(") Lacaze-Duthiers, loc. cit., p. 210.
(«) L1LLIE, loc. cit., p. 22.
(«) Watase, loc. cit., p. 292, pi. XI, fig. 24 et 25.
— 308 —
H. Outre les variations précédentes, il a encore été observé,
au cours de la segmentation, que les sillons polaires par
lesquels se touchent les cellules B et D, au stade 4, peuvent
FiG. 174. — Trochus magus, trois œufs segmentés, au
stade 4, vus par !e pôle apical. I, sillons polaires parallèles
et égaux; II, sillons parallèles et inégaux; III, sillons
polaires croisés. — D'après Robert.
présenter des différences individuelles ; par exemple chez
iroclius magus, où ces sillons peuvent être parallèles et égaux,
parallèles et inégaux, ou enfin croisés (^) (fig. i74).
5. — EMBRYONS INCOMPLETS OU LARVES
INCOMPLÈTES.
Dans Trochus magus, il en a été observé ne présentant que
la partie antérieure (^) ; chez des espèces à œufs nombreux dans
chaque capsule, le fait n'est pas fort rare : Crepidula [^),
Purpura lapillus (d'après mes propres observations).
6. - EMBRYONS MULTIPLES
ET PLUS PARTICULIÈREMENT DOUBLES
La question des monstres doubles n'a guère été étudiée en
dehors' des Vertébrés. Et pour ce qui concerne les Mollusques
surtout, les observations en sont fort rares. La littérature
(') Robert, loc. cit., p. 40.
(2) Idem , ibid., p. 31.
(3) GoNKLiN, The Einbrijology o/' Crepidula. (Loc. cit., p. 3!2.)
309
ancienne ne fournit que le cas de Limax (^) et celui de
P/iUine (2).
Mais encore ces deux cas montrent-ils une discordance, en ce
sens que le premier est renseigné comme provenant de la
division d'un œuf unique (bien que son origine n'ait pas été
observée effectivement toutefois) (^), tandis que pour le second,
il avait été constaté réellement et plusieurs fois, toujours
dans des coques à œufs multiples, qu'il était produit par
soudure de deux œufs (^).
Et d'autre part, il y avait encore discordance dans ce fait-ci,
que, à propos de Philine, il est dit : « que d'Éolidiens, de
Nudibranches, de gros ou petits Pectinibrancbes réunissent aussi
dans une même loge un grand nombre d'œufs, et cependant,
dans ces cas, les monstres doubles ne se produisent pas. 11 y a
donc comme une sorte de qualité particulière qui, d'un côté,
favorise les adhérences, tandis que de l'autre, elle semble
s'opposer à ce qu'elles aient lieu. L'explication est difficile à
donner; mais qu'on la trouve ou non, le fait est positif » ('),
tandis qu'à propos de Limax, il est indiqué que la même
anomalie a été rencontrée dans des Doris et Polycera (Nudi-
branches) {^').
Depuis, cette contradiction a pu être dissipée par la ren-
contre de deux œufs soudés, mais sans que les embryons
soient décrits ni le développement suivi, chez UmbixUa medi-
(*) Gegenbal'r, Beitrâge zur Entwicklungsgeschichte der Land-Pulmonaten.
(Zeitschr. wiss. Zool., Bd III, 1852, pi. XII.)
(2) Lacaze-Duthiers, Sur les monstres doubles des Mollusques {de la Bullaea
aperta). (Comptes rendus Acad. Sci. Paris, t. XLI, 1855, p. 1247.) — Vingt ans
plus tard, l'auteur a développé sa communication préliminaire, en l'accompagnant
de figures, dans le mémoire : Sur la formation de monstres doubles chez les Gastro-
podes. (AncH. Zool. expér., 1'" série, t. IV, 1875, p. 483, pi. XV.)
(') Gegenbaur, loc. cit., respectivement pp. 393 et 394.
(•*) Lacaze-Duthiers, loc. cit., 1855, p. 1248.
(^) De Lacaze-Duthiers, Arch. Zool. expér., i" série, t. IV, p. 486.
(«) Gegenbaur, loc. cit., p. 391.
310
terranea (*), Limnaea stagnaUs (^), Crepidtda fornicata (^) et
l*ln)sa fontinalis (^). Plus réceiDment, j'ai décrit et figuré des
embryons doubles de ISassa reticiilata et de Dendronotus
arborescens (•^).
Mais ces embryons multiples jusqu'ici signalés chez des
Mollusques ont été le plus souvent décrits tels qu'on les avait
rencontrés par hasard : on ne les a guère <( vus venir » ; il n'en
est pas un seul qui ait été suivi depuis le moment de sa formation
jusqu'à son éclosion. De mon côté, dans les Pulmonés basom-
matophores [Limuaea et Plufsa), j'ai réussi à observer la
constitution d'un certain nombre d'embryons multiples, par
soudure de plusieurs œufs, et à en suivre les phases successives
depuis cette origine parfois jusqu'à l'éclosion; je puis en même
temps confiruier la variété de conformation de ces embryons
multiples, au sein d'une même espèce. 11 m'est ainsi possible
d'apporter quelques éclaircissements au sujet de la formation
(les embryons doubles, etc., et de leur sort ultérieur.
1" Nassa leticulata. — C'est le seul Streptoneure dont des
embryons multiples aient été décrits et suivis quelque peu (les
embryons doubles et multiples de Crepidida et d'autres Proso-
branches, signalés par Conklin, étaient des stades très jeunes et
n'ont pas été décrits). Cbaque coque de la ponte de JSassa
renferme de très nombreux œufs ; la soudure de deux ou trois
d'entre eux se produit parfois; cette soudure a toujours lieu
(M Heymons, Zur Entwicklungsgeschichle von Umbrella mediterranea Lam.
(Zeitschr. wiss. Zool., Bd LVI. 4893, p. 246.)
(2) NouiiRY, Observations embnjogéniqves de la Limnaea stagnalis. (Comptes
RENDUS Assoc. FRANC. AvANc. Sci., 27'' session. [Nantes] . 1899, p. 504.)
(2) Conklin, Tke Einbn/olociy of Grepidula. (Journ. of Morphol., vol. XII, 4897,
p. 32.)
(*) WiERZEJSKi, Embryologie von Physa fontinalis L. (Zeitschr. vviss. Zool.,
Bd LXXXIII, 1905, p. .vU.)
(») Pelseneer, Recherches sur l'embryologie des Gasiropodes. (Mém. Acad. Beia;.,
t. III, 1911, respectivemenl pp. 45 et 64.)
— 311
après la gastrulation et avant la saillie du vélum; elle peut se
faire en des points variés, mais toujours homologues entre eux.
Ainsi l'union peut se produire par le bord du manteau : les
deux coquilles sont alors juxtaposées (fig. 175); ou bien elle
C CL
FiG. 175. — ^assa reliculata, embryon double, dont les composants
sont soudés par le bord du manteau, vu de côté. c. a, cils anaux ;
î. c, invagination préconchylienne; p, pied; vi, vitellus; v/, vélum.
— D'après Pelseneer (I91i).
peut se faire par les côtés de la tète, auquel cas il y a alors un
vélum en apparence unique, mais deux sacs viscéraux et deux
coquilles distinctes (fig. 170 A). Dans tous les cas, les axes des
B
A
i>e
FiG. 176. — Nassa reliculata, deux embryons doubles, assez avancés :
A, soudés par la masse céphalo-pédieuse, avec vélum unique et
deux masses viscérales dirigées du même côté, vu par-dessus.
I, II, les deux masses viscérales avec leurs endodermes réunis en
avant ; ve, vélum. — OriginHl. — B, soudés par la nuque, avec
les deux masses viscérales dirigées en sens inverse, vu de côté.
6'ç, coquille; ojo, opercule; /;, pied. — Original.
deux embryons sont parallèles ou à très peu près, mais orientés
soit dans le même sens, soit en sens inverse. Le développement
d'embryons soudés par la région céphalique a parfois pu être
suivi assez loin, jusqu'au moment où l'opercule était déjà très
grand (fig. 176 B). /^"^^
— 312 —
Une fois, il a été rencontré un embryon triple où la soudure
s'était opérée par la masse céphalo-pédieuse; l'embryon montrait
ses yeux distincts, ainsi que les trois masses viscérales et leurs
coquilles (fig. 177).
FiG. m. — Nassa reticiUata, embryon triple,
dont les composants sont unis par leurs
masses céplialo-pédieuses, vu par-dessus.
cq, coquille; oc, œil; t, tentacule (la larve
de Nassa n'en a d'abord qu'un seul, le
droit); ve, vélum; I, II, III, les trois endo-
dermes. — Original.
Fi(.. 178. — Philine wperta, embryon
double, dont les deux composants
sont soudés par la partie posté-
rieure de leurs coquilles (et de
leurs manteaux conséquemment),
vu de côlé. a, anus ; op, opercule;
0/, otocyste ; p, pied; ve, vélum.
— D'après De Lacaze-Duthiers.
2" Philine aperta. — C'est un des premiers Mollusques où
la formation de monstres doubles ait été constatée; les gastrulas
s'y soudent par des points homologues qui peuvent être assez
variés : dos à dos, par les côtés latéraux, par les invaginations
préconchyliennes ou par les coquilles (fig. 178), et exception-
nellement par le pied (^).
(1) Les observations de Lacaze-Duthiers {toc. cit.) ont été confirmées par Guiart
{Contribution à Vétude des Gastéropodes Opislkobrnnclies et en particulier des Cépha-
laspides [Mém. Soc. Zool. France, t. XIV, -1901, p. 177, tig. 116J), ainsi que par Tur
{Sur les pontes anormales chez Philine aperta L. [Arch. f. Entwicklungsmech.,
Bd XXX, 1910, p. 367 1); ce dernier auteur trouve cependant que dans ces pontes
anormales (à coques contenant de 2 à 8 œufs), la production de monstres doubles-
n'est pas plus fréquente que dans d'autres animaux, et que la soudure n'a pas. lieu
nécessairement toujours par des régions analogues : dans une coque trop étroite et
tubiforme, des œufs peuvent se souder irrégulièrement en une larve géante où l'on
reconnaît le nombre de composants par les ébauches des « reins ».
— 813 —
8" Dendronotus arborescem. — Les embryons doubles cités
plus haut de Doris, Polycera et de Umhrella mediterranea
n'ayant été ni figurés ni décrits, ceux de Dendronotus sont, avec
ceux dePfiiline, les seuls bien connus parmi lesOpistliobranches.
o-rv
fUX.
p^ou
FiG. 179. — Dendronotus ar-
borescens, embryon double
dont les deux composants
sont soudés par les invagi-
nations préconchyliennes,
vue latérale. o/>, opercule;
p, pied; pa, manteau; vl,
vélum. — Original.
FiG. 180. — Limax agreslis, embryon double, dont les
deux composants sont soudés par la saillie cervicale,
vu de côté, p, pied; pa, manteau; si. c, sinus caudal;
V, /", tentacules antérieur et postérieur; vi, vitellus. —
D'après Gegenbaur. ^
Chez cette espèce, chaque capsule de la ponte ne renferme
normalement qu'un seul œuf. Dans des capsules exceptionnelles
qui en contenaient deux, j'ai vu deux fois ces œufs se souder à
l'état de gastrula. Il s'est formé ainsi des embryons doubles dans
lesquels la soudure s'était opérée par des points homologues,
notamment par les invaginations préconchyliennes (fig. 179).
" Limax agrestis. — L'unique cas connu n'a pas été observé
dès l origine du développement, mais il a été suivi jusqu'à
l'éclosion. Les deux embryons constituant étaient orientés en
sens inverse et unis par leur région nuchale ; ils étaient distincts
pour la plus grande partie de leur corps; leurs masses endo-
dermiques n'étaient que juxtaposées (fig. 180).
— 814 —
f)° Pulmoués basommatophores . — Parmi les Pulmonés, en
dehors du Limax ci-dessus, on a constaté la formation d'embryons
doubles dans Limnaea stagnalis, mais à développement arrêté
au bout de trois ou quatre jours (^) ; et on a signalé chez Pluisn
l'ontinalis des embryons multiples par soudure, qui n'ont été ni
suivis très loin ni décrits (^). Pour ma part, il m'a été possible
d'étudier la formation d'embryons multiples dans les divers
groupes de Gastropodes, non seulement Streptoneures (Nassa)
et Opisthobranches (Demironotus) , mais surtout Pulmonés
basommatophores. Chez ces derniers, j'ai pu porter plus parti-
culièrement mon attention sur les « monstres » doubles et en
étudier plus souvent et plus à loisir.
S'il ne m'a pas été possible de mener tous les cas jusqu'à
l'éclosion, c'est ou bien que la monstruosité n'était pas vial)le,
ou bien surtout par suite de conditions défectueuses dans l'éle-
vage, notamment parce que plusieurs de ces embryons doubles
de Limnaea et de Pliijsa avaient pris naissance dans des coques
à plus de deux œufs. 11 en résulta qu'ils furent gênés dans leur
évolution ultérieure par un ou plusieurs autres embryons
normaux développés en même temps. Leur rotation d'abord
ralentie et même finalement empêchée entraîna le ralentissement
et l'arrêt des courants actifs à l'intérieur de la coque et par
suite une aération insuffisante et défavorable au développement
prospère des embryons.
Les deux espèces de Basommatophores qui m'ont procuré des
embryons multiples sont lÂmnaea stagnalis et Plu/sa J'ontinalis.
a) Dans ÏÂmnaea stagnalis, les embryons doubles ne sont pas
rarissimes. En effet, j'en ai observé sept sur un peu plus de
205,590 œufs, soit O.^^O pontes avec 83 coques en moyenne.
Aucune de ces pontes n'a été obtenue en captivité, toutes ont été
récollées dans les conditions naturelles. Sur les 205,590 coljues,
(1) NouRKY, loc. cil., p. 504.
(2) WlERZEJSKI, loc. Cit., p. 514.
— M'o —
il s'en est trouvé 826 avec plus d'un œuf ou embryon, soit une
sur environ ()32.
Une ponte à elle seule se présentait avec 24 coques dans ce cas;
une avec 1 7, une avec 14, une avec 12, trois avec 0, quatre avec5,
quatre avec 4, six avec 3, quatorze avec 2; enfin, 147 pontes
renfermaient chacune une coque avec des œufs ou des embryons
multiples, soit en tout 19^) pontes ou une sur près de 33.
Une fois, les embryons multiples d'une même coque étaient au
nombre de 12, deux autres fois de 10, trois fois 8, deux fois 7,
deux fois (), une fois 5, treize fois 4, trente-quatre fois au nombre
de 3 (dans une même ponte, de 13 coques seulement, 3 coques à
embryons multiples contenaient respectivement 4, 3 et 2 em-
bryons) ; ailleurs (268 coques), il y avait 2 œufs ou euibryons.
Très ordinairement, quand une ponte présente une coque
avec des embryons multiples, c'est parmi les dernières; le plus
souvent même, c'est la dernière de toutes, sans qu'il en soit
toujours ainsi cependant. Il en est de même dans diverses autres
formes, notamment Pliiline, Plnfsa, etc. ; c'est quand la ponte
est près de s'achever, un peu précipitamment, qu'il y a le plus
de chances de voir plusieurs œufs englobés dans une même
coque ; et l'on peut même provoquer le fait artificiellement, en
inquiétant l'animal pendant la ponte.
Le plus généralement, lorsqu'il y a plusieurs embryons dans
une coque, ils continuent leur développement indépendamment
l'un de l'autre. Rarement il y a arrêt de développement de ces
embryons ou de l'un d'eux. Enfin, dans des cas exceptionnels (^),
deux embryons se soudent l'un à l'autre. J'ai observé la chose
sept fois sur plus de 205,590 œufs et 326 coques à plus d'un
œuf, soit sur près de 2 "/u (1 sur 46) de ces coques multiovulées
ou sur 0,0035 7o <le la totalité des œufs. De ces embryons
doubles, une partie seulement ont éclos; les autres ont vu leur
(1) Mon expérience personnelle n'esl pas ici d'accord avec les indications de
NouuRY {loc. cit.), d'après lequel les exemples d'accolement sont fréquents, mais
n'aboutissent pas !
— 316 -
évolution arrêtée, mais vers le tard, peut-être par suite de condi-
tions défectueuses du milieu, en captivité, et aussi parce que dans
une coque à six œufs, où deux paires soudées se sont rencontrées,
l'une d'elles n'a pas évolué très loin, tuée, écrasée, par le plus
gros des embryons, une seule paire double arrivant à éclore.
h) Dans Phijsa fontinalis, les cas d'embryons multiples pa-
raissent proportionnellement plus fréquents que dans Limnaea
stagnai is, au moins en captivité, car il en a été rencontré à peu
près autant d'exemples sur un nombre de pontes beaucoup
moins considérable, renfermant, en outre, cbacune une plus
petite quantité de coques (une dizaine en moyenne).
Cbaque fois qu'une soudure se réalisait dans l'une de ces
deux espèces, j'ai constaté que c'était avant le stade véliger; et,
d'autre part, je ne l'ai jamais vue se constituer avant la gastru-
lation. C'est donc pendant la période comprise entre ces deux
stades que j'ai examiné soigneusement quantité de coques
renfermant deux œufs ou davantage; et constatant que le
phénomène de conjonction se produisait rarement d'une façon
spontanée, j'y ai aidé, vers la fin de mes reclierches, par un
procédé artificiel assez simple : quand la ponte est située
horizontalement dans l'eau (tîxée sous une feuille flottante :
Hydrocliaris , yeuiipliar, etc.), les deux œufs présents dans une
même coque ne se trouvent pas en constact immédiat, séparés
par le fluide albumineux assez consistant qui emplit la coque,
le grand axe de celle-ci étant lui-même horizontal dans cette
position. Mais en plaçant la ponte verticalement et en exécutant
un mouvement de balancement prolongé, la force centrifuge
pousse les deux œufs (gastrulas) d'une même coque plus près
l'un de l'autre et même en contact.
J'ai vu s'établir ainsi le premier accolement en deux points
symétriques par un court filament extrêmement mince, s'êpais-
sissant ensuite progressivement (fig. 210).
Il ne m'est naturellement pas permis d'assurer que sans cette
cause mécanique (pression des deux embryons l'un contre l'autre,
— 817 —
amenée par le balaneement de la ponte], la soudure ne se fut
pas produite. Mais il est absolument certain que ce même essai
qui avait abouti avec des gastrulas, n'a jamais réussi avec des
embryons qui avaient atteint le stade veliger ou une phase plus
avancée; les mouvements rapides de ces embryons sont évi-
demment un obstacle à leur contact prolongé. Entre les deux
stades gastiula et veliger, il y a au contraire deux conditions
réunies qui favorisent et facilitent la soudure :
1. La membrane cellulaire plus mince que dans des œufs non
segmentés ou aux premières phases de la segmentation.
2. La dilférenciation des protoplasmes, rendant plus aisée
l'union de ceux qui (en des points homologues) sont précisément
différenciés de la même façon.
Il est vraisemblable qu'à l'état naturel, des œufs réunis dans
une même coque peuvent ainsi presser l'un sur l'autre et se
toucher par un point, et que le frottement, amincissant et usant
la membrane cellulaire déjà fort mince, cause la confluence des
protoplasmes.
Le nombre relativement considérable de monstres doubles
rencontrés et suivis dans cesPulmonés basommatophores permet
d'établir pour eux une classification suivant la progression
croissante de la fusion, classification que l'expérience permettra
peut-être d'étendre aux autres Gastropodes :
I. — Les deux invaginations préconchyliennes séparées : deux coquilles dis-
tinctes :
d. Les deux endodermes demeurant entièrement séparés. [Limnaea, tig. 181 .)
2. Les deux endodermes largement juxtaposés. [Limnaea, iig. 182 ; Physa,
fig. 487.)
II. — Les invaginations préconcliyliennes juxtaposées : deux coquilles accolées :
Les deux endodermes juxtaposés. {Physa, fig. 193.)
III. — Les invaginations préconchyliennes unies : une coquille unique :
1. Endodermes juxtaposés. {Limnaea, fig. 199; Physa, fig. SSoi^'s.)
2. Endodermes fusionnés. {Physa, fig. '^09; Limnaea, fig. 213, 221 et 222.)
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— 3-23 —
222
224
225 f\
— 3-24 —
FiG. 181 à 225, embryons multiples de Pulmonés basommatophores. Lettres com-
munes : a, anus; b, bouche; b. pa, bord du manteau séparant deux coquilles;
bu, bulbe buccal ; c, cœur ; col, muscle columellaire ; cq, coquille; eii, endoderme;
kep, lobe du foie ; in, intestin rectal ; m. vi, masse viscérale ; mu, mufle ; oc, œil ;
œ, œsophage; os, osphradium; p, pied; pa, manteau; pn, pneumostome; 5. c,
saillie céphalique (gastrula de Physa) ; t, tentacule ; le, tête ; ve, vélum.
FiG. 181. — Limnaea stagnalis, embryon double, à deux masses viscérales
distinctes et deux pieds soudés dans leur partie médiane par les côtés de nom
différent; vue ventrale. — Original.
FiG. 182. — Limnaea stagnalis, embryon double à deux composants soudés par
leurs côtés gauches (région nuchale), phase où les coquilles sont déjà bien
formées; vu par la face antéro-dorsale de l'un des embryons soudés. — Original.
FiG. 183. — Le même embryon un peu plus âgé (les yeux ont apparu), vu par la
face dorsale commune. — Original.
l' iG. 184, 185 et 186, trois stades ultérieurs du même embryon double, montrant le
déplacement progressif des deux masses céphalo-pédieuses l'une par rapport
à l'autre ; le troisième stade est celui de l'éclosion. — Original.
FiG. 187. — Physa fonlinalis. embryon double dont les deux composants sont unis
par leur côté droit, sans que leurs invaginations préconchyliennes soient en
contact; vue ventrale. — Original.
FiG. 188. — Le même embryon un peu plus âgé, vu dorsalemenl. — Original.
FiG. 189. — Physa fonlinalis, embryon double dont les deux composants sont
soudés par la partie postérieure des côtés différents, le quatrième jour après la
soudure; vue dorsale. — Original.
FiG. 190. — Le même embryon au sixième jour après la soudure, vue ventrale. —
Original.
FiG. 191. — Le même embryon au neuvième jour après la soudure, vu par le côté
antéro-ventral de l'individu à deux yeux. — Original.
FiG. 192. — Le même embryon au neuvième jour, vue ventrale. — Original.
FiG. 193. — Le même embryon au dixième jour, vu par le côté antérieur de l'indi-
vidu à un seul œJl. — Original.
FiG. 194. — Le même embryon au dixième jour, vu par le côté antérieur de l'indi-
vidu à deux yeux. — Original.
FiG. 195. — Le même embryon au onzième jour, vu dorsalement, les deux coquilles
presque en contact et les bords du manteau partiellement soudés. — Original.
FiG. 196. — Le même embryon au douzième jour après la soudure, vu par l'extré-
mité antérieure de l'individu à deux yeux. — Original.
FiG. 197. — Le même embryon au treizième jour, vu ventralement. — Original.
FiG. 198. — Le même embryon au dix-septième jour (peu avant l'éclosion), vu par
l'extrémité antérieure de l'individu à un seul œil. — Original.
FiG. 199. — Limnaea stagnalis, embryon double dont les deux composants sont
unis par la partie postérieure, suivant leurs côtés gauches; vue dorsale, quelques
jours après la soudure. — Original.
FiG. 200. — Le même embryon plus âgé de trois jours, vu par un des côtés laté-
raux. — Original.
FiG. 201. — Le même embryon un jour plus tard, vu obliquement par-dessous. —
Original.
— 3-25 —
Fio. 202. — Le même embryon au même âge, vu par un des côtés antérieurs. —
Original.
FiG. 203. — Le même embryon deux jours plus tard, vu obliquement par un des
côtés latéraux. — Original.
FiG. 204. — Le même embryon trois. jours plus tard, vu obliquement par-dessous. —
Original.
Fu".. 205. — Le même embryon au même âge, vu dorsalement. — Original.
FiG. 206. — Le même embryon un jour plus tard, vu par un des côtés latéraux. —
Original.
FiG. 207. — Le même embryon quatre jours après, vu par un des côtés antérieurs. —
Original.
FiG. 208. — Le même embryon au moment de l'éclosion, vu obliquement un peu
en dessous, par un des côtés latéraux. — Original.
FiG. 209. — Pliijsa fontinalis, embryon double avec partie postérieure du corps et
coquille communes; vu ventralement. — Original.
FiG. 210 à 213. — Limnaea stagnalis, quatre stades successifs de la fusion de deux
embryons, montrant tour à tour : a) les deux gastrulas continentes en un point ;
b) la soudure sur une plus grande suiface, les enlodermes encore distincts ;
c) la fusion des deux endodermes et des deux invaginations préconchyliennes
qui forment une seule coquille; d) les deux vélums et les deux pieds distincts;
' vues ventrales. — Original.
FiG. 214. — Le même embryon double plus âgé, après l'apparition des yeux, vue
ventrale. — Original.
FiG. 215. — Le même embryon encore plus avancé mais avant toute torsion, vue
antérieure. — Original.
FiG. 216. — Le même embryon à l'âge de la précédente figure, mais vu postérieu-
rement. — Original.
FiG. 217. — Le même embryon plus avancé, au commencement de la torsion, vu
ventralement. — Original.
Fi(i. 218. — Le même embryon à l'éclosion, vu ventralement. — Original.
FiG. 219. — Le même embryon au même stade que la ligure précédente, mais vu
antérieurement. — Original.
FiG. 220. — Limnaea stagnalis, embryon double formé par deux composants soudés
suivant leurs côtés différents de la partie postérieure; vue ventrale. — Original.
Fui. 221. — Le même embryon un peu plus avancé (les deux endodermes complè-
tement fusionnés), vue ventrale pour un des individus, latérale pour l'autre. —
Original.
FiG. 222. — Limnaea stagnalis, quatre stades successifs de la formation d'un
embryon double, aux dépens de deux individus soudés par les côtés différents
de leurs parties postérieures. 1, 'confluence des deux gastrulas; II, fusion des
deux endodermes ; III, production d'une coquille unique par les deux invagina-
tions préconchyliennes soudées ; IV, apparition des yeux de l'un des individus. —
Original.
FiG. 223. — Le même embryon au stade plus avancé qu'il atteignit, vu ventrale-
ment, — Original.
FiG. 224. — Physa fontinalis, trois œufs soudés à la première phase de leur union.
— Original.
FiG. 225. — Physa fontinalis, embryon triple au commencement du stade véliger. —
Original.
— 'S±6 —
a) Invaginations phéconchyliennes entièrement séparées. —
1, Endodermes demeurant séparés. — Limnaea stagnalis. —
Un exemple de ce premier cas n'a pas évolué jusqu'au bout : la
soudure était effectuée par deux points homologues, mais appar-
tenant à deux côtés différents; les masses viscérales et les
coquilles demeurant distinctes, les deux pieds soudés par leurs
côtés latéraux se confondaient progressivement (fig. 181 .
2. Endodermes largement juxtaposés. — a. Limnaea sta-
gnalis. — La soudure par deux points semblables et symétriques
était déjà effectuée depuis deux jours environ lorsque la ponte a
été recueillie. Le contact s'était établi par le côté gauche, entre
la tête et le manteau, sur une certaine longueur; la soudure
n'intéressait toutefois que les téguments, aussi bien à l'éclosion
qu'aux débuts, et chaque embryon gardait son organisation
propre et complète; les deux embryons étaient orientés en sens
inverse (fig. 182 et 188). D'abord placés côte à côte, ils rappro-
chèrent progressivement leurs axes parallèles, jusqu'à les avoir
à peu près dans le prolongement l'un de l'autre (fig. 184) ; leurs
deux têtes se rapprochèrent également ainsi, au cours de la
croissance dans l'œuf, par suite de l'extension des masses viscé-
rales. Les deux coquilles entièrement distinctes s'enroulèrent
progressivement comme chez des embryons normaux ; mais les
deux surfaces pédieuses reptatrices, primitivement parallèles
quoique opposées, ne restèrent pas dans le même plan et firent
entre elles un angle presque droit (fig. 185). Ainsi conformés,
les deux individus soudés ne purent non plus après l'éclosion
(fig. 186) ramper simultanément, et renversés, les pieds en l'air,
par le poids de leurs coquilles, il ne purent se nourrir et périrent
rapidement (le Limax double ci-dessus était au même degré de
soudure).
|3. Pliysa fontinalis. — Une ponte recueillie dans les condi-
tions naturelles a montré une coque renfermant deux embryons
— 3^27 —
unis, comme le Limnaea précédent, par les côtés gauches,
d'une façon peu profonde, et dont les invaginations préconchy-
liennes restaient complètement distinctes (fig. 187). Ces deux
embryons étaient orientés en sens inverse et les deux tètes se
trouvaient à peu près aux deux extrémités d'un même axe
(lig 188). Cet embryon double n'est pas arrivé à l'éclosion ;
son développement s'est arrêté deux jours après le stade
représenté figure 188, le changement ultérieur ayant été très
minime.
b) Invaginations préconchyliennes juxtaposées. — ]*fiijsa fonti-
nalis. — Dans une coque à six œufs, deux de ces derniers se sont
unis par deux points semblables de leurs masses viscérales,
appartenant à deux côtés différents; les axes des deux embryons
faisaient à l'origine un angle d'environ HO degrés (fig. 190).
Les parties antérieures demeuraient distinctes, ainsi que les
deux masses endodermiques, seulement contiguës (fig. 189);
mais les bords des invaginations préconchyliennes étaient en
contact. L'un des individus n'a pas constitué l'œil droit
(fig. m).
Les deux, embryons ont subi, chacun de son côté, la torsion
gastropodienne; l'un d'eux semble avoir tourné, par rapport à
l'autre resté relativement fixe, avec les masses viscérales; les
axes des deux embryons ont fait un angle qui s'est ainsi progres-
sivement ouvert de façon à atteindre environ deux droits.
De sorte que les deux composants paraissent finalement orientés
en sens inverse (fig. 195) et soudés parallèlement l'un à l'autre
par leurs côtés juches et que leurs pneumostomes deviennent
ainsi confluents (fig. 197). Comme dans tous les (Gastropodes
sénestres adultes, le cœur y est passé à droite (fig. 196). Mais
les coquilles n'ont pu acquérir leur forme habituelle spiralée,
par suite de leur compression mutuelle; elles sont, en effet,
étroitement contiguës et le bord du manteau qui les entoure est
même partiellement unique entre elles deux (fig. 194 et 195).
— 3-28 —
Ce double embryon a atteint à peu près le stade de l'éclosion
(fig. 198) ; mais les quatre autres embryons simples de la même
coque, à croissance plus rapide, ont finalement écrasé l'embryon
double moins agile et arrêté son développement au dix-septième
jour après la soudure.
c) Invaginations préconchyliennes unies. — \ . Endodermes
juxtaposés. — a. Limnaea stagnalis. — Les deux composants
étaient soudés depuis quelques jours quand ce double embryon
tut trouvé dans une coque à trois œufs originels. La soudure
avait eu lieu par des points symétriques (côtés gauches de la
masse viscérale, jusques et y compris les invaginations précon-
chyliennes) ; les deux composants étaient donc orientés en sens
inverse (fig. 199 et 206). L'embryon ainsi formé avait une
masse viscérale d'abord hémisphérique, puis conique, et une
coquille nécessairement de même forme, unique par suite de la
coalescence des deux invaginations préconchyliennes (fig. !200) ;
un léger sillon montrait encore, au sommet et même vers le bord,
la ligne de jonction (tig. "200, 201 et 206). Les deux masses
céphalo-pédieuses étaient demeurées entièrement distinctes.
Aucune des deux moitiés de la masse viscérale composite
n'avait subi de torsion; chaque cœur apparu périphériquement
à droite y est resté (fig. 202) ; de même, la cavité palléale et le
rectum sont demeurés, avec leurs pneumostome, osphradium
et anus respectifs, en arrière à gauche (fig. 203, 204 et 208) ;
chaque embryon avait conservé son individualité, malgré une
coquille commune. Contrairement à ce qui s'observe dans la
généralité des embryons de Gastropodes, ce monstre double
présentait dans la coque de l'œuf un mouvement de rotation
dextre (lorsqu'on le regardait par la face orale).
[3. Physa fontinalis. — Deux gastrulas se sont soudées par
leurs côtés latéraux et sont orientées dans le même sens, avec
leurs axes parallèles (fig. 225'''^ A); ultérieurement, les invagi-
— 329 —
nations préconchyliennes s'unissent et les niasses endodermiques
viennent en contact (fig. 2'25*"% B), sans toutefois se fusionner;
les deux têtes et les pieds restent distincts (fig. 225'^'^ C) ; et le
développement s'arrête avant l'apparition des yeux (flg.225''•^D).
A
0 c
tTi
trv
FiG. 225 bis. — Physa fontinalis, embryon double dont les composants sont
unis en leur partie postérieure, par leurs côtés de nom contraire.
A, soudure superficielle des gastrulas ; B, apparition des pieds, vue
ventrale; C, slade plus avancé, vue postérieure; D, phase encore plus
avancée, vue ventrale, cq, coquille; en, endoderme; p, pied; s. c, saillie
céphalique; t, tête; ve, vélum; 1 et II, les deux embryons. — Original.
2. Endodermes fusionnés. — a. Physa fontinalis. — A l'inté-
rieur d'une ponte récoltée dans les conditions naturelles nor-
males, alors que le développement en était déjà assez avancé,
une coque renfermait un embryon double ; la masse viscérale en
était unique et la coquille de forme symétrique, mais enroulée
cependant, de sorte qu'elle avait un bord extérieur (fig. 209).
L'union s'étendait jusqu'au milieu des deux masses pédieuses,
soudées par leur côté droit (fig. 209, /;); les deux têtes étaient
— :^3o —
demeurées distinctes et orientées, ainsi que les pieds d'ailleurs,
en sens inverse; la communauté d'organisation allait jusqu'à un
seul tube digestif (sauf dans la partie tout à fait antérieure) et
un seul cœur à droite (relativement au bord de la coquille).
p. Limnaca stagnalis. — Dans une coque à deux œufs, j'ai
provoqué artificiellement (voir plus haut, p. 816) la confluence
des deux gastrulas (fig. "^lO); la soudure s'est étendue progres-
sivement et a gagné les deux endodermes avant le stade veliger
(tig. 2 H et 212). Il s'est constitué deux masses céphalo-
pédieuses (fig. 213), mais une seule masse viscérale et une seule
coquille (lig. 21 i et 215) presque symétrique, à enroulement
ventral; l'unité d'organisation est d'ailleurs poussée très loin :
le tube digestif n'est double que dans sa portion tout à fait
antérieure (fig. 219); les deux œsophages s'unissent assez bien
avant d'arriver à l'estomac unique.
La soudure s'est effectuée par deux points homologues, mais
de côtés différents; les deux embrvons sont orientés dans le
même sens, leurs axes ne faisant entre eux qu'un angle peu
important (fig. 215, 217 et 218).
La masse viscérale unique subit la même torsion que celle
d'un embryon simple normal : la cavité palléale unique avec
son pneumostome est progressivement déplacée vers la droite
(fig. 215 et 218), tandis que le cœur unique est transporté vers
la gauche (fig. 219), et la coquille unique est enroulée en
spirale dextre et endogastrique.
C'est là le type d'embryon double qu'il m'a été donné
d'observer le plus souvent dans Limnaea stagnalis (coquille
unique, endodermes soudés, union par des côtés (hfïérents).
J'en ai encontre, en effet, encore quelques autres exemples, dont
deux ont pu être suivis pendant un certain temps, notamment
depuis les débuts, mais sans pouvoir les menerjusqu'à l'éclosion :
le premier, arrêté relativement de bonne heure dans son évo-
lution (tig. 220), montra les deux endodermes simplement
— 881 —
juxtaposés chez la gastrula, fusionnés après la constitution du
veliger (fig. 2:21) ; les axes des deux embryons étaient à peu près
parallèles et orientés dans le même sens; l'autre, qui atteint une
phase plus avancée (fig. 222 et 228), avait les axes des masses
céphalo-pédieuses non parallèles, faisant entre eux un angle
d'environ 100 degrés; il y avait deux muscles columellaires bien
distincts et les deux masses hépatiques avaient leurs grandeurs
relatives normales, la gauche plus grande *que la droite
(fig. 228).
Embrifons triples. — Dans Physa fontinaiis, il arrive parfois
— comme dans Nassa rcticulata ci-dessus — que plus de deux
œufs se soudent entre eux : trois (hg. 224) ou même quatre et
davantage encore; mais alors, presque toujours, le dévelop-
pement ne se poursuit pas longuement
et est même arrêté de très bonne heure.
Sur cinq cas de ce genre que j'ai
rencontrés, une seule fois trois œufs
soudés ont continué à évoluer un peu,
sans dépasser toutefois le stade veliger
(lig. -2-25).
Kuibryon quintuple. — Dans une
ponte de Physa fontinaiis, une coque
renfermait 17 œufs; de ceux-ci 4 seu-
lement demeurèrent isolés; 8 s'unirent Fig. 225»". — Physa fontinaiis,
deux à deux, formant 4 embryons ^«^"^ '^^ P'^"^^' l'enferma nt
doubles ; et les 5 derniers se sou-
dèrent dans un même plan, d'abord
à trois, puis à quatre, enfin à cinq,
un seul n'étant attaché (ju'à un autre, les 4 restant étant unis
à 8 autres (fig. 225'''); mais tous ces embryons multiples
s'arrêtèrent dans leur développement peu après le stade de
soudure.
quatre embryons doubles et un
embryon quintuple. 1 à IV, em-
bryons doubles; V, embryon
quintuple. — Original.
— 382 —
De l'étude comparative des ces divers embryons multiples de
Gastropodes, plusieurs conclusions générales peuvent être tirées :
I. Quant aux subdivisions où il s'en rencontre : Ils ne sont
pas spéciaux à certaines formes particulières, telles que Philine
(comme on l'a cru jadis), et s'observent également dans les divers
groupes, aussi bien chez les Nudibrancbes et les Pectinibranches
qu'ailleurs.
II. Quant à leur mode de formation : La question de leur
origine a été controversée, notamment |)arce que les débuts de
leur évolution n'avaient pas toujours été reconnus (l'embryon
double de lÀmax agrestis avait été attribué à la division d'un
œuf unique, sans que cette origine ait été réellement observée).
Au surplus, l'opinion générale au sujet des monstres doubles
dans le règne animal est qu'ils proviennent de la division d'un
germe (^). Et, en effet, chez les Vertébrés (Poissons, Tortues,
Oiseaux, etc.), c'est un cas fréquent que la division d'un œuf
unique par séparation précoce de deux parties distinctes, et la chose
y a été réalisée expérimentalement dans difterents groupes (^).
(•) Parlant des monstres doubles en bloc, la plupart des travaux généraux ou
spéciaux récents leur attribuent comme origine constante, un œuf unique : Bateson,
loc. cil , 1883, p. 35. (« Homologous Twins and « double monsters » which are now
shewn almost beyond doubt, to ariso from one ovuni ».) — Duval, Pathogénie
générale de l'embryon. Tératogénie, in Bouchard, Traité de Pathologie générale,
t. I, -1895, |)p. 226 et 227. — Delac-e, L'hérédité et les grande problèmes de la
Biologie générale, 4903, p. 494. — Tl'r, Sur le développement des polygenèses et la
théorie de la concrescence. (Comptes rendus Acad. Sci. Paris, t. CXLIll, 4906,
p. 704 [« La conception de la soudure — ou concrescence — doit être définiti-
vement rayée des processus tératologiques »].)
(^) Parmi les Poissons, le secouage des u'ul's chez le Saumon amène avec un
vitellus unique, des alevins monstrueux, doubles ou triples (Ryder, Proc. Acad.
nat. Sci. Philadelphia, 4893, p. 73); une séparation partielle après le stade 2, chez
Amphioxus lanceolatus, donne le même résultat (Wilson, Amphioxus and the
mosaïc theory of development |.Iourn. of Morphol., vol. VIII, 4893|). Parmi les
Batraciens : Têtards de Grenouille (Schulze, Die kiinstliche Erregung von Doppel-
bildungen bei Froschtarven mit Hilfe abnormes Gravilalionswirkung [Awch. Entwick-
LUNOSMECH., Bd 1, 4894]); Triton : Herijtzka, Sullo Sviluppo di embryoni completi da
blastomeri isolati di uova di Tritoni (Arch.Emwicklungsmech., BdlV,4897, p.435).
— 33:^ —
Mais tous les faits observés jusqu'ici chez les Mollusques
montrent que les embryons doubles ou multiples y sont exclu-
sivement dus à la soudure de deux ou plusieurs œufs distincts.
On n'a constaté, en effet, dans ce groupe, aucun exemple
d'embryon multiple provenant d'un œuf unique. Et si l'on a
attribué cette dernière origine à l'embryon double de Limax,
c'est en se basant entièrement sur la petitesse du spécimen et non
sur l'observation réelle. Cela n'est donc pas une preuve suffisante
de la formation par division, car dans un cas d'embryon double
de Limnara stagnalis que j'ai vu se former par soudure de deux
vitellus, cet embryon était aussi très petit (c'est l'un de ceux qui
n'ont pas évolué jusqu'au bout).
Au contraire, chaque fois que des embryons doubles ou
multiples de Mollusques ont été observés depuis leurs débuts, il
a été reconnu, sans aucune exception, qu'ils prenaient naissance
par soudure de deux ou plusieurs œufs; la chose a été constatée
à plusieurs reprises dans Philine aperta (^), Umbrella mediter-
ranea (^), Limnaea stagnalis (^), Phijsa fontinalis ('') ; de mon
côté, j'ai vu la formation de monstres doubles et triples par sou-
dure, non seulement dans Nassa reticulata et Dendronotiis arbo-
rescens, mais surtout chez Limnaea stagnalis et Piiysa fontinalis.
De ce qui précède, une conclusion finale ressort donc : c'est
que dans la nature organique, des résultats analogues peuvent
être atteints par des voies différentes; et si, d'une part, il y a des
embryons doubles ou multiples par division (cas ordinaire chez
les Vertébrés et chez les Arthropodes, — au moins Limulns (^), —
d'autre part, le mode inverse se réalise aussi et un embryon peut
(1) Observations de Lacaze-Duthieks, confirmées depuis par Guiart, 1901, et par
TuR, 1910.
(2) Observation de Heymons, loc. cit., 1898.
(3) Observation de Nourhv, loc. cit., 1899.
(*) Observation de Wierzejski, liiOS.
(■') Patten, Variations in the development of Limulus polyphemus. (Journ. ov
MoRPHOi,., vol. XII, i896, p. 82, pi. X, fiij. 102 à 104.)
— 334 —
résulter de la soudure de deux ou plusieurs œufs segmentés : tous
les exemples connus de « monstres » multiples de Mollusques (^) .
III. Quant à l'époque de leur formation ou soudure : C'est à
un moment assez précoce de l'évolution, mais toujours peu après
la formation de la gastrula; chaque fois que j'ai pu assister aux
débuts de l'embryon multiple, j'ai constaté que c'était avant le
stade veliger, et ce dans les divers genres Limnaea, Pliijsa,
Dendronotus et Nassa; d'autre part, je n'y ai jamais vu le
phénomène se produire avant la gastrulation, malgré le grand
nombre d'œufs à vitellus multiples ([ue j'ai soumis à l'examen.
Ceci concorde entièrement d'ailleurs avec ce qui a été observé
jadis chez Philinc aperta {^). On a vu plus haut, à propos des
Pulmonés basommatophores, la cause probable de la soudure
après la segmentation ; cpiant à sa raison avant la phase veliger,
on comprendra (jue les mouvements rapides et énergiques
d'embryons de ce stade sont un obstacle à l'accolement définitif
de deux individus.
IV. Quant aux points d'union et de soudure : Ceux-ci peuvent
être assez variés, ce qui fait que tous les « monstres » doubles
ne sont pas du même type. Mais la principale constatation faite
à ce sujet est que la soudure s'effectue toujours par deux points
homologues, c'est-à-dire conformément à la vieille « loi »
empirique de l'attraction du soi pour soi ! Tous les auteurs qui
(1) D'autres exemples en sont connus chez divers Invertébrés : notamment dans
des Écliinodermes, des Méduses, etc. Sphaerechiniis : Morgan, The formation of
one einbryo froin two blastulas. (Arch. EntwickluiNGsmech.. Bd II, J893, p. 65.) —
Mitrocoma : Metschnikow, Embryologische Studien an Medusen, ein Beitrag zur
Généalogie der Primitiven Organe. Wien, 1883.
(«) Lâcaze-Duthiers, Sur les monstres doubles des Mollusques (de la Bullaea
aperta) (Comptes rendus Acad. Sci. Paris, t. XLI, 1855, p. 1248) : la soudure ne se
fait jamais avant le stade morula, elle a lieu entre ce stade et l'apparition des
cils. _ D'autre part, on sait que dans les Oursins et Méduses, quand une soudure
d'embrvons se réalise, c'est aussi après le stade blastula.
— 835 —
ont observé des embryons doubles de Gastropodes sont d'accord
sur ce point, (juel (jue soit le type de monstre formé et quel que
soit le genre examiné, \assa, PliUine, Dendronotus, Limax,
Limuaea et Plujsa (^). Le succès des tentatives de greffe,
transplantation, etc., d'autant plus grand que les sujets d'expé-
rience sont plus pareils et les régions opérées plus identiques,
explique que la soudure de deux embryons, qui réussit si
rarement, ne puisse guère aboutir que par des points dont la
substance est pareillement différenciée.
Mais si l'union des embryons se fait toujours par des points
bomologues, ceux-ci peuvent être soit symétriques, soit de côtés
différents (exception faite pour les points appartenant au plan
médian) ; on l'a vu dans les différents genres. Les exemples
observés jusqu'ici, de soudure par points symétriques, montrent
que dans ce cas c'est par le côté gauche que les Gastropodes
dextres s'unissent (et par le côté droit chez les sénestres : Pfiysa);
mais peut-être les observations ne sont-elles pas encore assez
nombreuses pour généraliser à ce point de vue.
V. Quant à l'orientation relative des embryons soudés et à
l'angle ([ue forment leurs axes : Les embryons soudés ensemble
peuvent être orientés dans le même sens ou en sens inverse. Ceux
(jui sont unis par des points symétriques paraissent toujours
orientés en sens inverse, tandis qu'il n'y a pas d'exemple d'em-
bryons soudés par leurs côtés différents qui soient ainsi orientés.
Orientés dans le même sens ou en sens inverse, ces embryons
ont donc leurs axes presque parallèles, c'est-à-dire ne faisant
que des angles très ouverts (voisins de 180 degrés) ou très
aigus (voisins de 0 degré) ; c'est seulement dans les embryons
orientés dans le même sens (accolés par leurs côtés différents)
que l'on rencontre des angles de 100 ou 110 degrés entre les
axes des masses céphalo-pédieuses (fig. 190 et 2'23).
(1) Les cas de Doris et de Polijeera, incidemment rapportés par Gegenbaur,
confirment cette constatation faite dans les autres genres. {Loc. cit., p. 394, note 1.)
— 336 —
YI. Quant au degré ou à la profondeur de la soudure : Les
(( monstres » doubles que forment les embryons soudés de
Mollusques ne sont pas engendrés simplement par soudure
« superficielle », comme on l'a cru autrefois (^) ; et leur cas est
absolument comparable, à ce point de vue, à celui des embryons
multiples de Vertébrés, quant au résultat. On a vu, en effet,
que la soudure peut aller jusqu'à l'unité complète d'organi-
sation, à part le pied, la tête et le commencement du tube
digestif (fig. 2 19). La partie commune peut donc être plus ou
moins grande ; elle va même jusqu'à ne laisser en propre à cbaque
individu que la tête; le cas unique d'adulte bicéphale, cité dans le
genre Limnaea, a sûrement son origine dans un embryon de
cette constitution. Les chances de survie sont donc d'autant plus
grandes que la soudure est plus complète; c'est aussi ce que
montre l'absence d'adulte dont les deux composants seraient
presque complets l'un et l'autre; il n'en a jamais été observé (^).
Par contre, le stade extrême de monstruosité double à soudure
absolument complète n'a non plus jamais été rencontré dans les
Mollusques : c'est celui de deux embryons ne formant plus par
leur soudure qu'un individu unique très grand, comme il en a été
constaté et décrit dans d'autres embranchements.
VIL Quant à la forme la plus fréquente : Bien que les
embryons puissent s'unir par des points très divers, les cas
connus montrent cependant qu'il est de ces points qui se
soudent plus souvent que d'autres; ainsi il n'y a pas d'exemple
d'union par le pôle oral, tandis qu'il y en a plusieurs de
soudure par le pôle aboral; les soudures qui se réalisent le plus
(') Dareste, Reckerclies sur la production artificielle des monstruosités. Paris,
Reinwald, 1891, p. ■iSS, note 2, à propos de la diplogenèse par soudure chez
Bullaea (Philine) aperta : « La soudure des deux embryons n'était que super-
ficielle et ne produisait, par conséquent, rien de comparable à l'organisation des
monstres doubles observes cliez les Poissons et les Oiseaux. »
(2) Le jeune Campeloma « double », signalé par Mac Curdy (p. 106, ci-dessus), à
deux têtes, deux pieds et deux coquilles, est mort avant d'atteindre la taille de
1 centimètre.
387
fréquemment ont lieu par les côtés (latéral, dorsal ou nuchal)
de la gastrula ou par sa partie postérieure.
Si l'on tait alors abstraction du point d'union, les cas les plus
fréquents de soudure sont les plus profonds ou les plus étendus;
et pour ce qui concerne l'orientation, c'est presque toujours avec
leurs axes parallèles que les embryons sont réunis (fig. 176 A,
181, -200, 209, 2i5. 220, 222, 228 eXîl^l)^'').
mu
orv
VIII. Quant à l'influence de la soudure sur la torsion et
l'enroulement : Bien des fois la tératologie a apporté des
éclaircissements dans des problèmes morphologiques.
Certains monstres doubles fournissent ainsi la preuve des
relations entre les phénomènes morphologiques de torsion et
d'enroulement (ou du rapport du
sens de la torsion ou asymétrie
avec celui de l'enroulement).
L'étude comparative des euibryons
doubles de Limnaea démontre
l'interdépendance de la torsion et
de l'enroulement spiral, en faisant
voir que si la torsion est empêchée,
i enroulement spiral n'a pas lien Fig. 226. — Limnaea slagnalis, em-
, . j- ' , ^ -x brvon double, quelques jours après
non plus, tandis qu autrement, il la soudure ; vu ventralement. Lettres
est de même sens que la torsion. comme dans les figures précf dentés.
En effet, la soudure peut se faire ^
par deux points symétri(jues ou par deux points homologues
appartenant à deux côtés difl'érents dans les deux individus :
I" Dans le premier cas, si les deux masses viscérales sont
juxtaposées et les deux co([uilles réunies en une (fig. 226), le
phénomène de torsion est interdit pour l'un el l'autre des
composants ; car les côtés semblables en contact sont immobilisés
et ne peuvent se déplacer ; par exemple, le côté gauche ne peut
passer en arrière, puis à droite du même individu ; la masse
viscérale composite reste alors conique et la coquille non
22
— 838
FiG. 2-27. — A. Larve de Chilon polii, après la perte du vélum, monlrant
l'apparition des sept premières valves par le mode usuel. /7, tlagellum;
oc, œil; pL plaquettes transversales alloni^ées, origine des valves ; sp,
spicules. — D'après Kowalevsky. — B. Larve de Chilon polii, au même
stade que la précédente, montrant l'apparition des valves par la coales-
cence de petites granulations calcaires, gr, granulations ; oc, œil. —
D'après Kowalevsky.
he/n. ?
FiG. 228. — Aplysia punclata, véliger avec l'invagination préconchylienne
non dévaginée et sécrétant un bouchon ciiilineux; vu du côté gauclie.
a, anus; b, bouche; cq, coquille avec .bouchon rhitineiix; /«éj9 ?, foie ? ;
/. c, invagination préconchylienne; p, pied; st., estomac; ve, vélum. —
D'après Ray Lankester.
— 839 —
enroulée ; chaque cœur demeure à droite et chaque anus en
arrière (fig. 202 et 208);
2" Quand la soudure a lieu par deux points homologues de
côtés opposés et que les deux masses viscérales soient fusionnées
et les deux coquilles réunies en une seule, les torsions des deux
individus orientés dans le même sens se confondent et s'ajoutent
et le phénomène de torsion se poursuit normalement; l'ouver-
ture palléale unique se porte vers le côté droit, le cœur unique
vers la gauclie et la coquille s'enroule en spirale dextre(%.218).
7. — VARIATION DANS L'ORGANOGEN ÈSE.
Coquille.
.4. Amphineures. — Chez Cliitonpolii, l'apparition de la
huitième plaque de la coquille a lieu à des époques variables
suivant les individus, plus vite notamment sur ceux de la région
de Sébastopol que sur ceux de Marseille (*); en outre, la
formation des valves de cette coquille varie d'un exemplaire à
l'autre; alors que dans la généralité des cas, chaque valve
apparaît sous forme de plaquettes allongées tran versâtes, sur
une larve de Cliiton polii, leur formation a été observée par la
coalescence de granulations calcaires au bord antérieur de chaque
segment (^) (fig. 227).
/i. Gastropodes^ — a) Arrêt de développement. — Dans
Limnaea stagnalis, on a observé plusieurs individus, irréguliè-
rement développés, à cavité de l'invagination préconchylienne
non dévaginée et ne sécrétant qu'un gros bouchon dans son
intérieur (^) ; la même chose a été rencontrée dans des embryons
d'Aplijsia punctata (fig. 228), donc aussi bien chez des Opistho-
(1) KowALEVSKY, Embrijocjénie du Chiton polii {Philippi). (Ann. Musée Marseille,
i. I. 1883, p. 36.)
y-) Kowalevsky, loc. cit., p. 33.
(^) Ray Lankester, Observations on the development of the Pond-Snail (Limnaeus
.'^lai^nalis). (Quart. Journ. Micr. Sci., vol. XVI, 1876, p. 381, pi. XVII, tig. 11.)
— 340
FiG.S^O. — Limnaea slagnalis, embryon
âgé, ayant subi la torsion, mais dont
l'invagination préconchylienne a avor-
té et n'a pas formé de coquille, vu
(lorsalement. a, anus; c, cd'ur; cq,
invagination préconchylienne arrêtée
dans son développement; gs, gésier;
hep, foie; m, intestin; p, pied; pa,
manteau; t, tentacule. — Original.
FiG. 231. — Limnaea stagnalis, embryon
à invagination préconchylienne et
coquille peu développées, vu dorsa-
lement. cq, coquille ; liep, foie ; in,
intestin; p, pied; pa, manteau; te,
tentacule. — Original.
FiG. 230. — Limnaea stagnalis, embryon
à invagination préconchylienne et
coquille rudimentaires, vu du côté
gauche, b, bouche ; cq, coquille ; end,
endoderme; p, pied; pa, manteau;
le, tentacule. — Original.
Fi(r.232. — Lz'mwaea stagnalis, embryon
avancé à manteau peu étendu et à
coquille patellotde, vu ventralement.
b, bouche; cq, coquille; hep, foie;
p. pied; pa, manteau; te, tentacule.
— Original.
— 341 —
branches que chez des Pulmonés (^) ; enfin, il en a été rencontré
des cas chez des Streptoneiires : Firoloicles desmaresti avec des
larves anormales dont l'invagination préconchylienne ne s'étale
pas, se gonfle d'une sécrétion brune et augmente de volume (^),
et Natica sp., à développement anormal, avec invagination
préconchylienne augmentant de diamètre sans augmentation de
son ouverture et ne formant pas de coquille (^).
Chez Limnaea stagnalis, j'ai pu observer les stades les plus
divers de l'extension de l'invagination préconchylienne et de la
coquille; l'état le plus extrême était celui d'un embryon très
avancé, dont l'invagination avait avorté et n'avait pas formé de
coquille (tig. 229); d'autres montraient l'invagination restée
l'udimentaire et n'enveloppant pas la masse viscérale (fig. 280 et
231); enfin, plusieurs autres embryons ont encore offert cette
invagination plus étendue, formant une coquille restée conique
et ne recouvrant qu'une partie du sac viscéral (fig. 232).
Aplïjsia punctata et Limnaea stagnalis offrent donc tous deux
des cas où il n'y a pas d'invagination, pas plus que d'extension
de l'invagination préconchylienne; et cette particularité y est
accompagnée, chez le premier, par l'absence (ou la rudimen-
tation) de la masse hépatique, chez le second, par la saillie
extérieure de cette masse hors du sac palléal (fig. 231, hep).
Il se pourrait donc que la pression de cette masse soit une cause
mécanique contribuant à faire dévaginer et s'étendre l'invagi-
nation préconchylienne.
(1) Ray Lankester, Contributions to the developmental history of Ihe Mollusca.
(Phil. Trans. R. Soc. London, vol. CLXV, 1876, pi. XXIV, fig. B et C.) — L'auteur
désignait cette forme sous le nom de Pleurobranchidium, et avait reconnu cette
particularité sur des œufs [irovenant de la surface de section d'un cordon ovigère,
et présentant l'atrophie des sacs hépatiques.
(*) Fol, Études sur le développement des Mollusques. Hétéropodes. (Arch. Zool.
EXPÉR., i« série, t. V, 1876, p. 126.)
(5) BoBRETZKY, Studieu ûber die embryonale Entwicklung der Gastropoden. (Arch.
MiKR. AîJAT., Bd XIII, 1877, p. 147.)
342 —
FiG. 233. — Limnnea stagnalis, série de coquilles au moment de l'éclosion, vues
du côté de l'ouverture (spire en haut). I, forme normale; II, III, IV, formes
à indices décroissants (ou à loni^ueur de moins en moins i,n'ande). — Original.
FiG. 234. — Limnaea stagnalis, coquilles embryonnaires, avant l'éclosion, vues du
côté de l'ouverture (spire en haut). 1, II, 111, exemplaires à largeur de plus en
plus grande. — Original.
FiG. 235. — Physa ]onlinalis, coquilles à l'éclosion, de deux individus
présentant les deux valeurs extrêmes de l'indice. — Original.
843
h) Variation de l'indice (rapport de la hauteur de la coouille
A SA largeur). — Chez Limnaea staijnalis, la coquille des
embryons prêts à éclore est assez fréquemment plus ou moins
globuleuse, ce qui est extrêmement rare chez l'adulte. Le rapport
de la longueur à la laigeur, un peu avant l'éclosion, est norma-
lement de 1.7/1; mais il descend parfois à l.i/l, 1.^5/1,
l.!20/l, 1.10/1, 1.09/1, et même jusqu'en dessous de l'unité,
0.96/1, 0.905/i, 0.89/1 et 0.70/1 (fig. ^S'S et 234).
La largeur peut donc être beaucoup plus grande proportion-
nellement dans les embryons et les nouveau-nés que chez
l'adulte, 011 le rapport est normalement 2/1 et jamais en dessous
(le 1.25/1 (voir IIP partie, II, 2).
La variabilité plus grande de l'indice, chez les embryons, est
probablement générale chez les Gastropodes; dans Pliijsa fonti-
nalis, je trouve qu'elle oscille de 1.19/1 à 1.64/1, tandis que
chez l'adulte elle varie peu autour de i.45/1 (ùg. 235).
c) Déroulement de la coquille. — Chez LiUor'ma rudis, avant
l'éclosion, les embryons montrent souvent des coquilles à enrou-
lement irrégulier, ou déroulées, dans des femelles dont l'oviducte
est parasité par l'infusoire l^rotopluija ovicola (tig. 270).
C. Lamellibranches. — Cas de cocpiille univalve dans
Anodonta piscindlis , par exemple : coquille impaire patelloïde(^);
dans la même espèce, coquille manquant parfois de crochets
(d'un ou des deux côtés) (^); parfois aussi, changement de
nombre ou de position dans les faisceaux de soies du bord du
manteau (•*). Quant au nombre de ces soies par faisceau, il peut
varier, chez LJnio, de 3 à 5 (^).
(1) ScHiERHoLZ, Ueber die Enttuicklung der Unioniden. (Denkschr. Akad. Wiss.
WiEN [Math.-Naturw. Kl.J, lîd XLV, 1889, p. -15, pi. I, %. 16 et \6b.)
(2) Ibid., 1). 15.
(3) Ibid., p. 17.
(*) LiLLiE, The Embriiology of ihe Unionidae. (Jouim. of Morphoi.., vol. X, l89o,
p. 54.)
344
D. Céphalopodes. — Les embryons de Octopiis vulgaris
présentent des variations individuelles dans la forme de l'inva-
iïinalion préconchylienne, certains embryons montrant une
invagination beaucoup plus profonde et plus distinctement
limitée ([ue d'autres (*) .
Variations dans le dévelopioement du tube
digestif.
a) ya.ssa rcticulata : un embryon à deux masses vitellines
séparées, au lieu d'une masse unique (^) (lig. "280).
on.
X>C
FiG. 236. — Nassa rcticulata, embryon
;ivec deux masses vilellines distinctes,
vu du côté droit, a, anus; cq, coquille;
hd. kg, foies droit et gauche ; in, in-
testin; (j', (l'sophage; t, estomac; vi,
vitellus. — D'après Pelseneer (19 11).
f\ dt 7TV c
FiG. 237. — Chromodoris elegan.s,']eune
embryon, vu du côté droit, b, bouche;
(jl. a, iTlande anale ; /;. f/, foie gauche ;
h. d1 et /(. d2, foie droit divisé en
deux masses ; m. c, muscle columel-
laire; or, œil; ot, otocyste ; /», pied;
ve, vélum. — D'après Rho.
h) Bjitliinia tentaculala : l'embryon y montre souvent deux
lobes du foie non entièrement séparés, mais reliés et attachés à
la paroi du tube digestif, formant un seul sac et s'y ouvrant en
un seul point (•^).
(1) Ap1'ELL(")F, Uehcr dan Vorkommen innercr Schalen bei den achtarmigen Cepfia-
lopoden. (Bergens Muséums Aâubog, 1898, p. 9.)
('-) Pelseneeh, Recherches sur l'embryologie des (laslropodes. (Loc. cit., p. 44.)
{') Sarasin, Enlwicklungsgeschichtc der Billiynia tentaculata. (Arb. Zool..-Zoot.
liNST. Wïrsuuug, IM \i-, 1883, p. 25.)
— 345 —
c) Par contre, dans Cliromodoris elegans, un embryon a été
observé dont l'ébauche du foie droit, au lieu d'être simple, était
divisée en deux (^) (fîg. 237).
d) Dans les embryons de Limnaea stagnalis, on peut con-
stater que la forme du lobe antérieur du foie morphologiquement
gauche varie d'un individu à un autre (du même âge) : plus ou
moins allongé, anguleux ou arrondi, etc.; c'est une variation fré-
quente avec tous les intermédiaires (observations personnelles).
eyncL
t/rid.
FiG. 238. — Limnaea slagnaiis, embryon à
endoderme faisant saillie herniaire, vu du
côté droit, b, bouche; cq, coquille; end,
endoderme; oc, œil; p, pied; pn, pneumo-
stome; te, tentacule. — Original.
'iG.239. — Limnaecb stagnalis, embryon
à endoderme faisant partiellement
hernie, vu antéiieurement. b, bouche;
end, endoderme intérieur ; end' , en-
doderme saillant extérieurement; oc,
(pil;p, pied ; pa, manteau. — Oi'iginal.
c) Chez Limnaea stagnalis, j'ai rencontré des embryons à
endoderme saillant — partiellement ou totalement — hors de
la masse viscérale; dans une ponte d'une trentaine d'œufs, le
tiers des embryons était affecté de la même variation ci-après
plus ou moins marquée (embryons épars dans la ponte) : au
mouient où la coquille commençait à couvrir la masse viscérale,
une partie de l'endoderme (le foie gauche probablement) avec les
téguments correspondants lit progressivement saillie en hernie,
au dehors, en arrière et au-dessus du sommet de laspire (hg.!238),
ou moins loin en arrière ou vers la gauche (fig. 231)), deux fois
C) Rho, Stwiii sullo sviluppo délia Ghroraodoris elegans. (Atti K. Accad. Scr.
Fis. e Mat. Napoli, 2e série, vol. I, appendice, 1884, pi. II, fig. 17.)
~ :ii6 —
même sous le bord du maiite.'iu (Coie droit?) (eL la même chose
a été rencontrée dans d'autres pontes, mais alors par cas isolés).
Il y a là une variation congénitale brusijue; celle-ci, quoique
plurale (»Î8 "/,, des exemplaires), est restée non tixable, car les
individus éclos nont pas survécu, alors (pie tous les autres
jeunes sortis de cette ponte et pris comuie témoins ont continué
à se développer régulièrement.
/') Dans une autre ponte de Limnaea stagnalis, un embryon
avait l'endoderme localisé dans la partie antérieure du corps
(région nuchale et tête); le sac viscéral était rudiuientaire et la
coquille arrêtée dans son développement (fig. ^»^0 ci-dessus),
y) Dans les larves de Pectcn tcmiicostalus, il y a presque tou-
jours une ou deux fibres, probablement musculaires, qui unissent
la face dorsale de l'estomac à la paroi postérieure du corps (^).
Systèmes circalatoire et respiratoire.
a) Sinus coiNTRACTn.Es. — Sur certains eiubryons de Lima.i
tnaximns, le sinus nuclial est parfois moins développé que dans
d'autres; cela tient généralement à ce que ce sinus a eu la paroi
crevée et puis cicatrisée (^) ; dans L. agrcstis, le sinus pédieux
disparait lorsque le nuchal persiste encore (^^), ou bien les deux
disparaissent ensemble (^).
b) Branchie. — Chez des embryons de Purpura UijnUus, l'accu-
mulation plus ou moins grande de vitellus fait parfois obstacle au
creusement de la cavité palléale ; la branchie se développe alors
(^) Dkevv. Tlœ Habits, Anatomy and Einbri/ology of lltc Giant Scallop (Peclen
Uniiicostalus Mvjhcls). (Umv. of Maine Stlu., ii» 6, 1906, p. 57.)
{-) Fol, Sur le dcueloppenient des Gastéropodes pnlmonés. (Arch. Zool. exi'éh.,
1''^ série, l. VIll, 1880, p. 182.)
("•) Brock, Die Enlwickliing des Geschlechtsapparates der Stylommatophnren Pul-
iiionalen. (Zeitschr. wiss. Zool., Bd Xi. IV, 1886, p. 342.)
(1) Fol, loc. cit., p. 183.
— Ul —
extérieurement sur les tégunienls de la cavité repoussés au
dehors par ce vitellus surabondant (ûg. :240) ; la même chose
a été constatée dans des embryons de Fasciolaria lidipa (^).
FiG. 240. — Purpura lapillus, embryon ,
à branchie développée en debors de *~^
la cavité palléale, vue antérieure.
b, bouche ; br, branchie ; cq, coquille ,
p, pied; r. l, rein larvaire; s. c. sinus
contractile ; t, tentacule et uni ; v,
velum. — Original.
Pigment tégumentoire.
Il apparaît dans divers cas à des moments variables ; dans le
développement de Cenia coclisi, il se montre tantôt avant les
yeux, tantôt après eux (-).
Velum et région apicale.
a) Les taches pigmentées du bord vélaire peuvent varier assez
considérablement en nombre, par exemple chez Lamellaria
perspicua, où il en a été observé de 5 à 10 paires (^).
h) Le premier cercle cilié larvaire des Gymnosomes est formé
de bouquets de cils dont le nombre varie fréquemment, notam-
ment chez Thliptodon (jegenbauri, de 12 à 15 (^).
(") Le nombre de cercles ciliés de la larve de Dentalium entalc
est normalement de 8, mais quelquefois de 4 (••).
(*) OsBOR.N, Development of the GUI in Fasciolaria. (Stud. Biol. Labor. .Iohns
HopKiKS Univ., vol. lll. 1886, p. 222, pi. XIII, tig. I, 3 et 6.)
(-) Pelseneer, liechercltes sur L'embnjologie des Gastropodes. (Loc. cit., 1911, p. 72.)
(5) Ibid., p. 24.
(*) Gegenbauk, (Jnlersuckungen iiber Pteropoden uni Heteropoden. LeipzijT, I85r),
p. 96.
(») KowALEVSKV, Étude sur l'embryogénie du Dentale. (Ann. Musée Marseille,
t. 1, 1883, p. IS.)
UH —
(/) De même, le <c lest » (vélum) des Lamellibranches proto-
branches offre quelquefois une quatrième bande ciliée partielle-
ment présente, notamment dans JSucida proxima (^) ; et ce test,
formé normalement He cinq rangées de cellules, n'a quelquefois
qu'une cinquième rangée incomplète dorsalement chez Yold'ia
limatula, mais sans que cette disposition se conserve- longtemps;
et occasionnellement une sixième rangée, plus ou moins com-
plète, y est présente (').
97
TiG. 241 . — Limiiaea starinalis,
embryon à pied hypertrophié,
vue antérieure, b, bouche; bu,
l)ulbe buccal; cq, coquille; oc.
uîil ;p, pied; p;(, pneuraos tome .
Il', tentacule. — Origmal.
FiG. 242. — Limnaea stagnalis, embryon avec
deux pieds séparés, vu ventralement. /', bouche;
cq, coquille; /)', p" , pieds; le, tentacule. —
Original.
e) Dans Entocomlia mirabilis, il y a, entre le vélum et le
pied, une saillie ciliée qui peut être présente ou absente, plus
ou moins grande, etc., suivant les individus (^).
/') Deux plaques apicales ciliées, au lieu d'une seule, cbez un
Dentidium entale (/) (ûg. 275) ; dans quelques cas, une seconde
saillie dans le champ vélaire, chez Pterotrac/iaea corouata (').
(') Drew, The Life-History of Nucula delpliinodonta (Mighels). {Qvxwr. Joi'rn.
MiCR. Sci., vol. XLIV, 1901, pp. 323 et 336.)
{-) DuEW, Yoldia liuKitula. (Mem. Bioi.. Labor. Johns Hopki.ns Univ., vol. IV,
1889, p. 22 )
(^) J. MuELi.ER, Ueber Synapla digitata, etc., pi. VIII, b* ou p.
(■^) WiLsoN, The ger m -région.'; in the egg of Denlalium. (Journ. oI'" exi'ER. Zool.,
vol. I, 1904, p. 49, tig. 88.)
(^) Gegenbaur, loc. cit., p. 184, note.
349 —
Pied,
a) Pigment vert dans le pied de tous les embryons (Viotr
ponte de Elijsia viridis (').
b) Mégalopodisme. — Chez Limnaea staynalis, plusieurs
embryons ont été rencontrés avec le pied en forme de grosse
masse globuleuse plus ou moins allongée (fig. 241), à diamètre
transversal supérieur à tout diamètre quelconque dans une autre
légion du corps.
Fig. 243. — LinDuicaslagnalù, jeune
embryon avec pied bifurqué tout du
long, vu du côté gauche. /;, bouche;
p\ p", les deux moitiés du pied;
ve, vélum. — Original.
Fig. 244. — Limnaea staynalis, embryon
avec pied latéral gauche et saillie dis-
tincte à droite, vue antérieure./;, pied;
pa, manteau; pn, pneumostome; ,v,
saillie; /, tentacule. — Original.
c) DipoDisME. — 1. Pied bifide dès sa première ébauche; la
bifurcation se conserve sans s'accentuer chez deux embryons de
Limnaea stacjnalis (tig. "242).
2. Un euibryon de la même espèce présentait deux rudiments
de pied, développés séparément de chaque côté de la ligne
médiane (fig. 243).
8. Un autre embryon de Limnaea stagnalis avait la surface
reptatrice du pied sur le côté gauche de la tête et non au côté
ventral (fig. 244).
(1) VoGT, Recherches mr l'embryogénie des Mollusques Gastéropodes. (An'N. Sci.
NAT. [ZooL.], 3« série, t. VI, 1840. p. 74.)
— ;î50
d) Continuité des bras chez un Céphalopode. — Un embryon
de Loliçfo indgans (élevé dans l'eau de mer concentrée) a montré
les ébauches des bras fusionnées en un anneau continu séparant
le vitellus du blastoderme (fig. !245) ; en outre, le vitellus allait
distalement en diminuant de diamètre et présentait un étran-
i;lement terminal (^).
•lOOi'
Fig. 245. — Loliyo vulgaris, embryon
développé dans l'eau de mer concen-
trée, vu ventralcment. b, bourrelet,
continu, formé |iar les ébauches unies
des bras; ^r, brancliie; inf, ébauches
de la moitié droite de l'entonnoir ;
ol, otocyste ; /«/, manteau; i»/', vitellus.
— D'après Schimkewitsch.
e) Variation du byssus larvaire. — Dans IJnio marcjaritifcr,
pendant le développement, le filament de byssus qui fait norma-
lement trois tours autour du muscle adducteur, en fait assez
souvent davantage et même une fois huit tours {-).
« Rein » anal.
a) Chez Umhrella mediterranca, oh il est formé, dans la
plupart des cas, par deux cellules ectodermiques s'enfonçant
simultanément, il arrive parfois que la deuxième grande cellule
s'enfonce avant l'autre, ou bien encore que les deux cellules
s'enfonçant simultanément, elles restent situées très superfi-
ciellement (^).
b) Chez Plûlinc aperta, l'organe a apparu plusieurs fois en
deux parties distinctes, unies ultérieurement (').
(1) ScHiMKEWiTSCH, E.rperimentelle Cnlersnclninyen an lueroblaslische.n Eicrn.
I. Ccphalopoden. (Zeitschr. wiss. Zooi,., Bd I.XVII, i900, pi. XWIII, fig. 1.)
(-) ScHiERHOLTZ, Ueber die Entwicklnng der Unioniden. (Denkschr. Akad. Wiss.
WiEN [Math.-Natukw. Kl.!, Bd XI.V, 1889, p. il, tig. 65.)
(*) Hevmons, Zur Euhvicklungsgeschirhte von Tnibrolla medilerranea. (Loc. crr ,
p. 28f).)
(>) Pelseneeiî, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Loc. cit., p. 48.)
351
irru
Kui. 246. — Paludina mt^zpara, embryon
non tordu, àcoquille droite, vu du
côté gauche, b, bouche ; c pa, cavité
palléale; in, intestin; /;, pied; 5/,
estomac ; t, tentacule. — D'après
brummond.
FiG. 248. — Littorina rudis, autre em-
bryon non tordu, vu du côté droit.
c. p, cavité palléale ; ?». c, muscle
columellaire; autres lettres, comme
dans la ligure précédente. — D'après
Pelseneer(19H).
Fk;. 247. — Littorina rudis, embryon
non tordu, à coquille droite, vu du
côté gauche, h. d, h. g, foies droit et
gauche ; in, intestin ; oc, œil ; œ, œso-
phage ; op, opercule; p, pied; st, esto-
mac; t, tentacule; i'I., vélum. —
D'après Pelseneer (1911).
FiG. 249. — Purpura lapillus, jeune em-
bryon non tordu et à coquille droitp,
vu du côté droit. /;, bouche ; g. c, gan-
glion cérébral; ^.p,glanglion pédieux;
gl. a, glande anale; in, intestin; oc,
œil; op, opercule; ot, otocyste ; p,
pied; pa, manteau; r. /, rein larvaire;
s. c, sinus contractile; t, tentacule;
vl, vélum. — D'après Pelseneer (1911.)
— 352
^^•-7!^
Fiu. 250. — Purpura lapillus, embryon
|)rèl à éclore, non tordu et à coquille à
légère courbure exogastrique.vu anté-
rieurement, h, bouche; cq, coquille:
autres lettres comme dans la figure
précédente.- D'après Pelseneer(19il).
FiG.252. —Limnaea s tagnalis, embryon
non tordu, vu antérieurement, b,
bouche ; cq, coquille ; oc, œil ; p, pied ;
t, tentacule. — Original.
FiG.251. — Limnaea slagnalis, embryon
non tordu, à coquille droite, vu du
côté gauche, a, anus; b, bouche;
c, cœur; c. p, cavité palléale; cg, co-
quille ; (js, gésier ; in, intestin ; p, pied;
te, tentacule. — Original.
FiG. 233. — Limnaea stagnalis , le même
embryon non tordu, vu du côté droit.
b, bouche; c. cœur; cq, coquille;
c. p. cavité palléale; oc, œil ; p. pied ;
t, tentacule. — Original.
— 353
FiG. 254. — JAmnaea stagnaUs, le même
embryon non tordu, vue postéiieurc.
a, anus; co, cœur; dr, droite; g,
gauche; rec, rectum. — Original.
FiG. 25,"). — Phxjsa ancilla, embryon
non lordu, vu dorsalemenl. a, anus;
/>, bouche; c, cœur; cg, coquille;
p, pied. — D'après Conklin.
FiG. 2S6. — PJiysa fonlinalis, œuf renfermant
un embryon n'ayant pas subi la torsion,
vu du côté gauche, b. bouche; co, cœur;
cq, coquille; p, pied; pi, pigment. —
Original.
FiG. 257, — Physa fonlinalis, le
même embryon non tordu, vu
dorsalement, co, cœur; cq, co.
quille; p, pied ; /, tentacule. —
Original.
23
t I B R A I
— 354 —
Absence de torsion-
Dans un assez grand nombre de Gastropodes où l'on a
examiné suffisamment d'embryons, on en a observé chez
lesquels la torsion ne s'est pas produite :
Paludina vivipara à coquille droite et à cavilé palléale,
rectum, etc., postérieurs (fig. 246) (') ; Littorina riidis, à
coquille droite, etc. (fig. 247 et 248) {-) ; Purpura lapillus, à
coquille droite ou à courbure légèrement exogastrique et à
cavité palléale postérieure (fig. 249 et 250) (^).
Limnaea stagnalis : plusieurs embryons ont été rencontrés
qui avaient une coquille droite et une cavité palléale postérieure
(fig. 251); l'un d'eux notamment, avec une coquille à légère
courbure exogastrique, montrait le cœur à droite et la cavité
palléale et l'intestin, postérieurs, avec le rectum et l'anus à
gauche (fig. 252 à 254); Plujsa ancilla : un embryon à coquille
droite, supposé « dextre », en réalité non tordu (cœur à
gauche) (^) ; Plifisa fontinalis : j'en ai observé aussi un embryon
non tordu, à coquille droite, avec le cœur à gauche (fig. 256 et
257) (toutes ces diverses formes sont sans larve libre!).
Ouverture extérieure du « lube » cérébral
(invagination formant le lobe cérébral postérieur).
Chez Limax maximus, ce tube persista, au moins dans un
cas, plusieurs jours après l'éclosion; il est fermé sinon (^).
(1) Drummond, Notes on the Development of Paludina vivipara. (Quart. Journ.
MiCR. Sci., vol. XLVI, 1902, p. 122, fig. M et M'":)
(-) Pelseneer, lac. cit., p. 14.
(3) Ibid., p. 40.
(*) CoNKLiN, The efj'ects of centrifugal force upon the organization and development
of the eggs of fresh xvater Pulmonates. (Journ. expek. Zool., vol. IX, 1910,
p. 455, fig. 46.)
(S) HeiNCHMan, Tlie origin and development of the central nervous System in Limax
maximus. (Bull. Mis. Compar. Zool., vol. XX, 1890, pp. 195 et 200.)
t<I^
Dans L. agrestis, il a été trouvé deux fois sur une centaine
d'embryons, que l'ouverture du tube cérébral était en forme de
fer à cheval, au lieu d'être circulaire (*).
Yeux.
a) OEiL suppLÉMEisTAiRE. — 1. Buccuiiim undatiim, un em-
bryon avec deux yeux au côté droit (^) (fig. :258).
2. Purpura lapillus, embryon avec
deux taches pigmentaires d'un
côté » (^) ; embryons avec deux
ou trois yeux d'un côté et même
un avec deux yeux de chaque côté
(multiplicité des yeux beaucoup
plus fréquente que leur réduc-
tion en nombre) (^).
« deux lentilles et
3. Littorina rudis, un embryon
avec trois yeux à gauche (^).
4. Limnaea aiiricidaria , em-
bryon avec deux yeux à gauche
depuis avant l'éclosion (fig. 159,
p. 278).
vn. iH
FiG. 258. — Buccinum undatum, em-
bryon avec trois yeux ; vue antérieure.
b, bouche; ca, cavité palléale; m. vi,
masse viscérale; oc, oc', oc", les trois
yeux; op, opercule; p, pied; vel,
vélum. — D'après Pelseneer.
5. L. palustris, embryon sur lequel j'ai vu un œil se diviser
progressivement en deux organes séparés (fig. 269, plus loin).
(1) ScHMiDT, Studien zur Entwicklungsgeschichte der Pulmonaten. I, Die Ent-
wicktung des Nervensxjstems. Dorpat, 1891, p. 25.
(2) Pelseneer, Mollusques ( Amphineures , Gastropodes et Lamellibranches).
(RÉSULT. Voy. Belgica, -I9U3, p. 39.)
(3) KoREN et Damelsshn, Bidrag til Pectinibranchiernes Udviklingshistorie.
Bergen, 1851, p. 30.
(■*) Pelseneer, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Loc. cit., p. 38.)
(S) Ibid., p. 14.
— 356 —
6. Pliysa fonlinalis, embryon avec S tentacules et 4 yeux
(fig. 259).
7. Hermaea hifida, embryon à l'éclosion, avec un œil supplé-
mentaire d'un côté (^).
b) Deux yeux vers la ligne médl\ne. — Puî'jmra lapilliis : un
embryon présentait cette particularité (~) ; deux embryons de
FiG. 259. — Physa fonlinalis, embryon
avec trois tentacules et quatre yeux ;
vue antérieure et un peu ventrale.
a. c et a. c', appendices céphaliques
latéraux ; b, bouche ; oc, oc', yeux ;
p, pied; pé, péricarde; t, tentacule
gauche. — Original.
Fig. 259his. — Limnaea ■paluslris, em-
bryon avec deux yeux très rapprochés
de la ligne médiane et dont la région
céphalique possède une conformation
analogue à celle de certains BuUéens ;
vue antérieure, cq, coquille; oc, œil;
p, pied; pa, manteau; /, tentacule. —
Original.
Limnaea palustris ont été rencontrés avec les deux yeux très
rapprochés l'un de l'autre et les tentacules reportés en arrière,
de façon à donner à la tète l'apparence d'un Bulléen (obser-
vations personnelles) (fig. 259*^'^).
(1) Pelseneeb^ loc. cit., p. 38.
(2) Ibid., p. 38.
— 357 —
c) Absence d'un des deux yeux. — 1. Constatée sur un des
deux composants d'un embryon double de Physa fontinalis
2. Vraisemblablement congénitale aussi dans le Limnaea
auricularia bicéphale de Moquin-ïandon (ci-dessus, p. 106).
Otolithes.
Chez Nnssa reticulata, il a été observé sur un embryon
plusieurs centaines d'otoconies, au lieu d'un seul otolithe (*).
Dans Hermaca bifida, plusieurs embryons présentaient deux
FiG. 260. — Elysiaviriiis, embryon avec
deux otolithes à droite, vu ventrale-
ment. h, bouche; en, endoderme; ot,
otocysle droit avec deux otolithes ;
p, pied; s, sommet de la spire de
la coquille; vl. vélum. — D'après
Pelseneer.
otolithes au lieu d'un (^). Il a été vu des embryons de Elijsia
viridis avec deux ou trois otolithes (^) (fig. 260). Des anomalies
dans la formation des otolithes ont encore été constatées chez
des embryons de Paiudina vivipara (^).
Muscle columellaire.
Un embryon de Tergipes despecUis montrait un muscle colu-
mellaire envovant un mince filet à l'estomac (^).
(1) Pef.seneer, loc. cit., p. 43.
(2) Ibid., p. 68.
(3) Ibid., p. 70.
(■*) ScHMiDT, Vntersnchungen iiber die Statocysten unserer einheimischen
Schnecken. (Jen. Zeitschr., Bd XLVIII, 1912, p. 528.)
(S) Pelseneer, loc. cit., p. 64.
— 358 —
Asymétrie d'appareils normalement symétriques
dans l'embryon et chez l'adulte.
On pourrait ranger ici l'existence de trois yeux dans divers
Gastropodes ou l'absence d'un des deux yeux chez d'autres
(voir ci-dessus, p. 274) ; mais il est bien d'autres cas qui ont
été signalés :
A. Gastropodes. — Asymétrie occasionnelle des reins
larvaires nucliaux ou postvélaires, extérieurs, par exemple dans
Fasciolaria tiilipa, où ils ne sont pas toujours d'égale gran-
deur (^), et dans Purpura lapitlns, où ils sont plus ou moins
symétriques, le gauche étant habituellement le plus long (^).
Un embryon de Planorbis corneus avait le côté gauche de la
tête peu développé : tentacule réduit, œil non constitué, etc. ;
cet embryon ayant éclos et ayant été conservé en vie, a
reconquis sa symétrie en développant davantage son tentacule
gauche et en se contituant un œil de ce côté, égal à l'autre
(fig. 261).
Chez les embryons de Elijsia viridis, l'asymétrie des otocystes
est fréquente, le gauche apparaissant alors le premier ou étant
le plus gros (^).
B. Céphalopodes. — Un embryon de Loligo vuhjaris,
développé sous l'inflence du chlorate potassique, présentait
l'asymétrie des bras, de l'entonnoir et des organes sensoriels.
Il n'avait formé qu'un œil (gauche), qu'un otocyste (gauche),
tous les bras gauches et les deux ébauches normales gauches de
l'entonnoir; à droite, au contraire, il n'a paru que les deux
(*) Glaser, Ueber Kannibalismus bei Fasciolaria tulipa {var. distans) nnd deren
larvale Excreiionsorgane. (Zeitschr. wiss. Zool., Bd LXXX, 1904, p. 120, pi. VIII,
fis- 25.)
{-) Pei.seneer, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Loc. cit., p. 34.)
(3) Ibid., p. 70.
— 359 —
bras les plus ventraux, mais ni œil ni otocyste, et seulement
l'ébauche dorsale de l'entonnoir (^) (tîg. 262).
Cet embryon asymétrique de Loligo n'a pu être suivi dans
son développement ultérieur; de sorte qu'il n'a pas été possible
de voir si une régulation de la symétrie se serait produite chez
lui, dans la suite, comme dans le Planorbis ci-dessus. 11 n'est
-oaro
p-<t
CT-
FiG. 261. — Planorbis corneus, embryon
à tentacule et partie correspondante
de la tête, encore peu développée et
sans œil, à gauche, vue antérieure,
a, anus; b, bouche; br, branchie
pailéale; ca. p, cavité palléale; osp,
osphradium; p, pied; pa, manteau;
t, tentacule droit ; t', tentacule gauche,
sans œil. — Original.
in.
FiG. 262. — Loligo vulgaris, embryon
asymétrique, vu venlralement . br,
branchie; inf, ébauches gauches de
l'entonnoir ; inf, ébauche dorsale
droite de l'entonnoir; oc, œil; ot,
otocysle; pa, manteau; vi, vitellus;
I, II, III, trois bras ventraux gauches;
r, ir, les deux seuls bras du côté
droit. — D'après Schimkewitsch.
nullement prouvé que cette asymétrie est due au chlorate,
puisque tous les autres embryons développés dans cette même
condition étaient autrement modifiés (surtout dans leur structure
histologique).
\ariation de la durée du développemeut.
Suivant la saison et la température, suivant la région (varia-
tion du nombre d'œufs, etc.), suivant la lumière, le volume
d'eau, etc. (voir IV* partie, II, 2, 3, 8, etc.).
(1) Schimkewitsch, Experimentel'e Untersuchungen an meroblastischen Eiern.
I. Cephalopoden. (Zeitschu. wiss. Zool., Bd LXVII, 1900, p. 505, pi. XXVllI, fig. 13.)
— 360 —
III. — Résumé.
I. — La plupart des Mollusques n'ont été étudiés que sur un
petit nombre d'exemplaires, et le plus souvent, au point de vue
conchyliologique seulement. Et dans beaucoup d'entre eux, des
variations n'ont été observées que par hasard, au cours d'inves-
tigations morphologiques exécutées sur quelques individus.
Malgré cela, il a été démontré, à l'aide de multiples exemples,
que des variations se rencontrent :
1° Dans de très nombreuses espèces, appartenant à tous les
groupes ;
2" Dans tous les organes, chez les divers groupes, même dans
les appareils qui passent pour présenter une fixité remarquable,
comme par exemple : les pièces radulalres des Gastropodes, les
dents de la charnière des Lamellibranches, etc. ;
3° A tous les âges, dans le développement, à l'éclosion, chez
l'adulte.
IL — Il est donc tout à fait vraisemblable que, si de toutes
les espèces, une grande quantité de spécimens pouvaient être
examinés, on y retrouverait des exemples de presque toutes les
variations déjà connues ailleurs.
— 361
DEUXIÈME PARTIE
Subdivision des variations.
On vient de voir que, dans les divers Mollusques, les carac-
tères tirés de tous les appareils ou systèmes d'organes, sont
sujets à varier.
Mais si la variabilité est un phénomène d'une remarquable
généralité, l'expérience montre aussi qu'elle n'est pas un phé-
nomène d'une constante régularité : car une variation peut être
plus ou moins marquée, par exemple dans son intensité ou dans
sa fréquence; elle peut encore n'être pas égale dans tous les
organes ou dans tous les individus, etc. C'est-à-dire que, d'une
part, toutes les variations ne sont pas équivalentes ni strictement
comparables entre elles à tous les points de vue. Et, d'autre part,
tous les caractères ne sont pas également variables, non plus
que tous les individus d'une même espèce, ni toutes les espèces
d'un même groupement.
De sorte qu'il y a lieu d'examiner :
1'' La répartition des variations d'un même caractère, suivant
les différents points de vue ; et ensuite (IIP partie) :
2° La variabilité relative des organes, des individus et des
espèces.
I. — Classement des variations.
Pendant longtemps, tout ce qui s'écartait des formes normales
était considéré à peu près comme de même valeur, ou confondu
sous des noms généraux, tels que variétés ou anomalies.
Ce n'est que petit à petit, et à une époque relativement
récente, que l'on est arrivé à distinguer — entre individus d'une
même espèce, de la même génération ou de générations succes-
sives — diverses « sortes » de variations.
— 362 -
Dans celte multitude de cas de variations, outre leur division
méthodique élémentaire d'après les organes, ou d'après les
groupes zoologiques, on peut naturellement imaginer bien
d'autres modes de classement; et dans l'hypothèse de différences
de nature apparentes ou réelles, entre elles, on peut, en se pla-
çant à divers points de vue, les distinguer :
1° D'après leur amplitude ou leur intensité, en variations
fortes, brusques ou amples, d'une part, et en faibles ou lentes,
d'autre part;
2° D'après leur fréquence, en fréquentes, ou « générales »,
ou a plurales » (portant sur une majorité d'individus) et en
isolées, rares ou « singulières » ;
3" D'après leur orientation, en variations de direction définie
ou « orthogénétiques », et en variations de sens indéterminé;
4" D'après l'époque de leur apparition, en variations existant
au moment de la naissance ou congénitales, et variations appa-
raissant après la naissance ou « acquises »; poussant les choses
plus loin, à cet égard, on a mêuie divisé les variations en :
a) gonagéniques, apparaissant dans les cellules génitales;
b) gamogéniques, datant de la maturation ou de la fécondation;
c) embryogéniques, apparaissant pendant les premiers temps de
la segmentation; d) somatogéniques, après la formation des
cellules génitales (^) ;
5' D'après leurs causes, en variations de causes extrinsèques
et variations de cause intrinsèque ou variations a spontanées » ;
6° D'après leur hérédité, en héréditaires en non héréditaires.
Il n'y a pas lieu d'engager ici une discussion de principe sur
les classements les meilleurs et les plus logiques ; mais on doit
faire remarquer cependant que ceux-ci, alors même que parfaits
en théorie, peuvent être inutilisables dans la pratique, pour un
très grand nombre de cas ; et l'on sera obligé, conséquemuient,
(1) OsBORN, The hereditary mechanism. (Amer. Natur., vol. XXIX, 1895, pp. 418
à 4-^9.)
363
de choisir de préférence les modes de subdivision applicables à
la généralité des espèces.
C'est ainsi que, malgré l'intérêt et la valeur théorique des
classements au point de vue : 1° de l'hérédité; 2° des causes, et
3° de l'époque d'apparition, on sera amené à négliger ces subdi-
visions, au bénéfice principalement du classement d'après l'inten-
sité, et du classement d'après la fréquence ou même d'après
l'orientation. En effet :
1° Le classement au point de vue de l'hérédité ne peut s'uti-
liser que pour les espèces sur lesquelles l'élevage expérimental
est possible, donc seulement sur un petit nombre de formes
élevées dans les laboratoires (espèces « pour physiologistes »),
à l'exclusion de la majorité des formes « sauvages » en général :
exotiques, abyssales, pélagiques, etc., ainsi que des fossiles,
pour les variations desquelles ce mode de classement est abso-
lument inapplicable ;
2° Au point de vue des causes : pour une multitude de varia-
tions ces causes demeurent encore inconnues, ou bien imparfai-
tement connues;
3" Au point de vue de l'époque d'apparition, le terme congé-
nital, s'il est d'un usage commode, n'est nullement, à l'égard
de la morphologie, d'une constante équivalence. Car d'une espèce
à l'autre, un même appareil et sa variation peuvent apparaître
avant ou après la naissance (voir VP partie : Unité des varia-
tions, ÏII, quant à l'époque d'apparition).
En outre, dans une même espèce, tout ce qu'on appelle con-
génital, peut appartenir u des âges très différents, plus ou moins
précoces, de l'évolution embryonnaire : à l'œuf avant sa segmen-
tation; à l'œuf après sa segmentation, à l'embryon dans ses
toutes premières phases ou à des stades ultérieurs (^) ; et c'est
(1) Et dans ceux-ci, les mêmes organes n'apparaissent pas à des moments corres-
pondants ni flans le même ordre, chez les diverses es[)èces. Ainsi, le pied et les
otocystes se montrent beaucoup plus tôt dans les Gastropodes {Crepidula, etc.) que
dans les Lamellibranches [Teredo, Nucula, Dreissensia); on pourrait multiplier les
exemples.
— 364 —
même pour cela qu'il a été proposé une classiticalion théorique
plus détaillée, indiquée plus haut.
L'imprécision des ternies congénital et non-congénital résulte
encore de ce fait que la naissance n'a pas lieu à une phase cor-
respondante, identique dans toutes les espèces; et qu'un même
âge, avec ses caractères et ses variations, pourra être antérieur à
la naissance dans une espèce, et postérieur à celle-ci dans une
autre, parfois voisine. Ce qu'on a voulu désigner en fait, par le
mot congénital, sans songer à ces ditïicullés, c'est bien plutôt le
caractère « prédéterminé » dans l'œuf, soit avant la fécondation,
soit au moment de la fécondation, ce qui est impossible à con-
stater avec nos connaissances et nos moyens d'investigation
actuels.
Au surplus, il faudrait, pour s'assurer si une variation con-
statée dans un adulte appartient à l'une ou à l'autre subdivision,
pouvoir observer l'individu pendant toute sa vie, au moins
depuis la naissance; sinon on ne peut décider si la variation
est réellement congénitale. Or il est bien rare qu'un organisme
sur lequel une variation est reconnue, ait pu être examiné aussi
au moment de son éclosion ; puis il est toute une série de formes
pour lesquelles, malgré la meilleure volonté du monde, il sera
presque toujours impossible d'y arriver : ce sont les mêmes
innombrables cas où la classification basée sur l'hérédité est
aussi inutilisable, et pour les mêmes motifs (espèces sauvages,
exotiques, abyssales, fossiles, etc.).
Mais s'il est déjà difficile de distinguer pratiquement entre
variation congénitale et variation non congénitale, à plus forte
raison sera-t-il impossible de déterminer sur les diverses espèces,
si une variation rencontrée occasionnellement chez un adulte,
est d'ordre gonagénique, gamogénique, embryogénique ou
somatogénique.
Par conséquent, le mode de classification d'après l'époque
d'apparition n'est pas non plus susceptible d'application géné-
rale; et à plus forte raison, les noms gonagénique, gamogé-
— 3(35 —
nique, enibryogénique, somatogénique, sont-ils actuellement
négligeables dans la pratique courante, oii ils n'apporteraient
qu'une fausse précision.
Ce qui doit guider dans le choix d'une subdivision des varia-
tions, ce n'est pas seulement la valeur logique ou théorique de
son fondement, mais encore sa valeur pratique "ctuelle ou immé-
diate en tant que mode de classement réellement utilisable d'une
façon très générale.
Or, on vient de voir que, parmi tant de modes de classification
suggérés, il en est beaucoup qui ne sont pas susceptibles d'une
application générale immédiate, c'est-à-dire qui ne sont pas
pratiquement utilisables.
Par contre, toutes les fois que la variation peut être constatée,
c'est-à-dire chaque fois que l'on peut examiner un grand nombre
d'individus, on peut en même temps reconnaître si la variation
est :
1° Continue ou d'apparence discontinue;
2" Fréquente ou isolée;
3" Orientée ou non.
De sorte que si l'on subdivise les variations d'après leur
intensité, d'après leur fréquence et d'après leur orientation, on
fait usage d'un critérium commode, applicable à tous les orga-
nismes possibles (même fossiles), dès que l'on dispose d'un
nombre suffisant d'objets : seule condition nécessaire pour
constater l'existence d'une variation, et condition suffisante pour
reconnaître à la fois son intensité, sa fréquence et son orienla-
tion éventuelle.
Ce sont donc ces trois modes de classification qu'il convient
surtout de retenir, — au moins provisoirement, — et ce sont
eux que nous allons examiner tour à tour.
Mais on sera cependant amené à reconnaître que pour chacun
de ces points de vue, il est impossible de dire exactement où
finit une espèce de variation et où commence l'autre, en d'autres
termes où en est la liuiite séparatrice; et que même aucun de
— 366 —
ces classements n'exclut l'existence d'intermédiaires entre les
deux subdivisions qu'il établit; c'est ce qui nous conduira à
examiner l'unité des variations (voir ci-après, VP partie).
I. — Les variations au point de vue de l'intensité.
Les variations des caractères peuvent être classées d'après leur
manière de varier. Or, parmi ces façons de les classer à ce point
de vue, il en est une qui s'impose immédiatement, avant toute
autre, et qui y reconnaît deux manières opposées :
1° Celle où le caractère olïre une variabilité discontinue,
c'est-à-dire un brusque écart par rapport à la conformation nor-
male de l'espèce ;
2° Celle où la variation se manifeste par rapport à la nor-
male (le plus souvent de part et d'autre de celle-ci) avec une
amplitude progressivement croissante.
Dans ce second cas, parmi le grand nombre d'individus d'un
même endroit, — et grâce à l'examen de ce grand nombre, —
les écarts observés constituent une série continue dont les termes
passent de l'un à l'autre : il y a transition par intermédiaires
entre la forme normale et les variations qui s'y rapportent.
Dans le premier cas, au contraire, malgré la quantité d'indi-
vidus examinés, il n'y a pas d'intermédiaires menant à la varia-
tion observée.
Depuis 1901, on a d'une façon assez malbeureuse, appliqué
aux variations d'apparence brusque ou discontinue, le nom de
(c mutation » ; or celui-ci avait auparavant, en biologie, une
signification différente et jusqu'à un certain point opposée, con-
sacrée d'ailleurs par un long usage (depuis 1869) et par l'auto-
rité de Congrès scientifiques internationaux (^) : celle de modi-
fication successive graduelle dans le temps, par opposition à
(*) Congrès international de Géologie. Bologne, i88i, p. 268.
367
modification contemporaine dans l'espace. Pour éviter toute
confusion, nous n'userons que de ces termes très significatifs :
variations d'apparence discontinue ou brusque et variations
continues.
Parmi les variations énumérées dans la première partie, un
très grand nombre se présentent donc avec des formes multiples,
de part et d'autre de la normale, reliées à celle-ci par des inter-
médiaires; d'autres, au contraire, ne montrent pas de ces intermé-
diaires et se manifestent sous une forme nettement déterminée.
Si alors on cberche à comparer ces dernières à des variations
plus ou moins correspondantes (affectant le même organe) du
premier groupe, on obtiendra un tableau du genre de celui-ci :
Variations discontinues :
Absence, fusion des perforations de
la coquille de lialiolis, ou duplication
de la rangée de ces perforations;
Coquille cératoïde ou planorboïde de
Gastropode;
Rang supplémentaire d'épines sur la
coquille [Murex, etc.);
Sixième bande sur la coquille do
Hélix nemoralis ou hortensis;
Diminution du nombre des valves
dans les Chitonidae;
Asymétrie de la coquille de Lamel-
libranches équivalves (Cardiuin edule,
Maclra slultorum, etc.) ;
Une seule dent au lieu de trois à
chaque valve : \enus macrodon;
Échancrure du bord de la coquille
d'un Lamellibranche;
Duplication du bord de la coquille
{Mxjtilus edulis, etc.);
Suppression, soudure ou furcation des
digitations palléalesdeP/ii/.ya fontinalis;
Variations continues :
Variation du nombre des perforations
de la coquille de Haliotis;
Variation de 1' « indice » de la coquille
d'un Gastropode;
Variation de la grandeur des épines
(/o);
Soudure de deux ou de plusieurs
bandes ou effacement d'une ou de plu-
sieurs bandes;
Variation du nombre des entailles
latérales de ces valves ;
Variation de l'indice de la coquille
d'un Lamellibranche ;
Variation du nombre des dents cardi-
nales dans les Protobranches [Mxjtilus
edulis, etc.);
Nombre des côtes rayonnantes de la
coquille [Cardium, Pecten, etc.);
Bifurcation de côtes rayonnantes
[Pecten);
Variation du nombre de ces digita-
tions;
— 368 —
Variations discontinues :
Papille dorsale bifurqiiée dans Eolis;
Albinisme;
Bifurcation d'un siphon de Lamelli-
branclie (Thracia, Lutraria);
Dicéphalie;
Multiplication — ou absence — de
tentacules céphaliques de Gastropode;
Absence ou multiplicité (Buccmum,
Ncism), ou paucispiralité {Trochus) de
l'opercule;
Furcation des bras chez les Céphalo-
podes octopodes;
Variation du nombre des tentacules
épipodiaux (Trochus);
Soudure de deux dents radulaires
sur toute la longueur de la radule
(Helix);
Rectum ouvert en avant des gan-
glions viscéraux (A^iodonta) ;
Du|)lication du ventricule du cœur
(Teredo);
Furcation de la branchie {Chiton,
Pleur obranchus, Goniodoris, etc.);
Pénis supplémentaire;
Bilobalioii du ganglion abdominal
(Patella), du ganglion stomacal {Sepia
officinalis);
Œil céphalique supplémentaire (Gas-
tropode; ;
Otolilhe supplémentaire {Phaseoli-
cama, Hermaea, etc.).
Variations continues :
Variation du nombre, de la taille et
(le la couleur de ces papilles;
Nuance noire plus ou moins étendue
{Littorina obliisata, Physa fontinalis);
Vaiialion du nombre des papilles
siphonales;
Variation du nombre des papilles
buccales (Dentalium) ;
Variation du nombre des feuillets
rliinophoiii^ues (Opisthobranclies);
Variation du nombre des dents opcr-
culaircs ou de l'indice operculaire
{Nassa reticulala);
Variation du nombre des ventouses
sur un bras (Céphalopode);
Variation de la longueur, grosseur ou-
striation de ces tentacules ;
Variation du nombre des denticules
sur une dent radulaire i;dent médiane
de Nassa relmdata);
Variation du nombre et de la forme
des anses intestinales [Ckiton, Opistho-
teuthis) ;
Variation du nombre des orifices de
la veine cave {Nautilus pompilius);
Variation du nombre des feuillets
branchiaux (Pleitrobranclivs, Niirii-
la, etc.);
Variation du nombre des appendices
péniaux de Littorinida gaudichaudi et
de Cymbnlia peroni;
Variaiion du nombre des commis-
sures des cordons pédieux (Ckiton, Rhi-
pidoglosses);
Variaiion du nombre des yeux pal-
léaux (Vecten);
Variaiion du nombre des otoconies
(Pulmonés).
— 3G9 —
2. — Les variations au point de vue de la fréquence.
Une variation déterminée peut n'affecter qu'un ou quelques
individus seulement, sur une grande quantité de ces derniers
soumis à l'examen : la variation est alors isolée, rare ou singu-
lière. Une autre peut en affecter beaucoup (à un degré plus ou
moins marqué dans la courbe de variation) : c'est alors une varia-
tion fréquente, générale, ou plurale.
Une question se pose aussitôt : à savoir s'il y a une relation
quelconque entre l'amplitude des variations et leur fréquence.
Par définition déjà, les variations continues, qui se pré-
sentent avec beaucoup d'individus constituant des séries d'inter-
médiaires nombreux, doivent être des variations fréquentes ou
plurales, tandis que les variations discontinues, dépourvues de
ces nombreux intermédiaires, ne le seront pas. L'expérience
montre qu'en fait, ces dernières sont isolées le plus souvent.
Pour donner une démonstration simultanée de la fréquence
des variations continues et de la rareté des variations d'appa-
rence discontinue, on peut prendre le premier exemple du
tableau ci-dessus, c'est-à-dire comparer entre elles quelques-unes
des variations qu'offrent les coquilles des Haiiotis. On sait que
celles-ci présentent une série de perforations dont les plus
anciennes sont fermées, tandis que les plus récentes (les plus
éloignées du sommet de la spire) restent ouvertes; mais le
nombre, la disposition, etc., de ces orifices sont très variables,
dans chaque espèce; et les variations ainsi constituées sont con-
tinues ou discontinues.
Variation continue.
Le nombre des perforations ouvertes varie constamment; sur
97 individus de taille « vendable » de H. tuberculata, ce nombre
oscillait entre 4 et 8, autour d'une moyenne de 6 (p. 50); et
il en est de même chez les autres espèces, puisque dans H. cali-
foruica, l'oscillation, chez les jeunes, était de 5 à 9 (p. 50);
24
370
Variations discontinues.
A. Absence complète d'orifices. — Deux fois seulement chez
H. albicans; chez H. tubercidata, vue par trois auteurs diffé-
rents, chaque fois sur un seul spécimen; chez H. craclierodi,
une fois; chez H. californica, une fois (p. 50) ;
B. Fusion des perforations (en une fissure continue). — Chez
deux espèces différentes, un individu chaque fois (p. 50);
C. Duplication de la rangée de perforation. — Une seule fois
dans //. gigantea (p. 50).
Pour ce cas spécial des Haliotis^ une variation continue se
présente très fréquemment; tandis qu'une variation d'apparence
discontinue n'est observée que sur un seul exemplaire ou sur
un très petit nombre d'individus.
Pour toute autre forme il en est d'ailleurs de même; et cette
constatation a déjà été faite plusieurs fois, par exemple au sujet
de divers Gastropodes :
a) A propos des Tanalia, un des premiers, parmi les con-
chyliologistes, à accepter la doctrine évolutionniste, rapporta à
une seule espèce [T. aculeata) les 24 types décrits comme spé-
cifiques, et déclara que : « Forms with average characters are
the most numerous; those with extrême modifications of cha-
racters, siich as greatly extruded spire, spiny ornaments, or of
extrême small or large dimensions, being comparatively
rare (^) » ;
b) A propos des pulmonés terrestres français, qu'il a étudiés
d'une façon approfondie, un autre auteur distingue parmi eux
(*) Blanford, On the spécifie identity of the described forms of Tanalia. (Mem.
Llnn. Soc. London, vol. XXIII, 4862, p. 609.)
— 871 —
deux sortes de variations : a) celle où « un individu apparaît
tout d'un coup nettement difïérent de tous les autres », et p) celle
où r « on voit les caractères d'une espèce se modifier peu à
peu » et où « la variation des caractères aft'ecte non plus un seul
individu, mais tout un groupe ou une série de groupes d'indi-
vidus (^) » ; cette dernière est la variation progressive, l'autre, la
variation brusque ou discontinue.
c) A propos des Cerion des Bahamas, il a été déclaré aussi :
« Ueberall sehen wir allmàhliche Uebergânge im Sinne Darwins
und nirgends plotzliche mutative Aenderungen im Sinne von
De Vries (^). »
Cela ressort enfin de l'examen des courbes de variation : si,
pour les différents caractères, les variations brusques étaient
fréquentes, au sein d'une espèce, on le verrait à la courbe de
fréquence des variations de ces caractères ; celle-ci présenterait
un autre aspect que l'aspect régulier et presque symétrique
de la û'énéralité de ces courbes : car les variations discontinues
sont des écarts brusques, non reliés au type moyen par une
série d'intermédiaires.
Les (c mutationnistes » ou partisans de l'évolution par varia-
tions discontinues, ont cherché à éluder cette objection de la
rareté des variations brusques, en affirmant tout simplement que
« les mutations ne suivent pas les règles de Quetelet (la loi
binomiale) ».
Quoi qu'il en soit, il y a là un fait dont ils paraissent ne pas
s'apercevoir ou s'inquiéter : c'est que la généralité des variations
à apparence discontinue sont des plus rares, et qu'elles n'appa-
raissent que sur un nombre très limité d'individus : un sur des
(1) CouTAGNE, Recherches sur le polymorphisme des Mollusques de France. (Ann.
Soc. Agric. Lyon, 7« série, t. III, 1895, pp. 172 et 173.)
(2) Plate, Die Artbildung hei den Cerion-Landschnecken der Bahamas. (Verh.
DEUTSCH. ZOOL. GeSELI-SCH., 1906, p. 133.)
— Tr2 —
milliers, des millions ou davantage. Mais ils ne peuvent cepen-
dant pas nier, et ils le reconnaissent notamment quand ils
disent, en parlant de variations mutatives : « Les espèces ne
varient pas; seuls quelques individus se transforment (^). »
Encore faut-il faire observer que, par leur faible amplitude,
les variations continues frappent nécessairement moins que
d'autres, qu'elles ont été souvent moins remarquées et que,
conséquemment, beaucoup d'entre elles ont fréquemment
échappé. Au contraire, les variations brusques, précisément
parce qu'elles sont les plus visibles, ne passent jamais inaper-
çues : elles ont sollicité les premières l'attention des observa-
teurs et depuis plus d'un siècle on les catalogue soigneu-
sement.
Et, malgré cela, chaque fois que la question est envisagée, non
plus par des naturalistes peu versés en zoologie systématique
(cytologistes, physiologistes, embryologistes et morpliologisles
purs), mais bien par des spécialistes en systématique, familiers
avec la détermination et la description des espèces, l'abondance
des individus présentant des variations continues est reconnue,
à côté de la pénurie d'individus affectés de variation discontinue.
Dans le jeune âge et surtout avant l'éclosion, les individus à
variation discontinue sont moins rares (I"' partie, p. ^291);
mais ils disparaissent de bonne heure; et toutes les fois
qu'on examine les individus adultes d'une même espèce, on
constate que :
a) Les variations discontinues, au lieu de se manifester en
nombre appréciable en un point spécial, n'apparaissent d'ordi-
naire que sporadiquement par-ci par-là dans toute l'étendue de
l'air géographique, ou au cours de plusieurs générations suc-
cessives ;
(1) De Vries, Espèces ei Variétés, traduction Blaringhem (Biblioth. sci. intern),
p. 296.
— 373 —
b) Au contraire, quand un caractère varie flans une espèce,
sur de nombreux individus, sur la majorité ou même la géné-
ralité d'entre eux, les variations en sont essentiellement con-
tinues; et ce genre de variation peut atteindre la généralité des
individus d'une région déterminée, et y constituer une « race »
ou « variété ».
Une importante constatation s'affirme donc ici : la fréquence
d'une variation est usuellement en raison inverse de son ampli-
tude ou de sa discontinuité.
Si maintenant, après avoir examiné les variations au point de
vue du nombre des individus qu'elles frappent, on considère les
espèces au point de vue des diverses sortes de variation qu'elles
offrent, on constate que le nombre des variations d'apparence
brusque y est beaucoup moins considérable que celui des varia-
tions continues. Le tableau comparatif ci-dessus (p. 367) n'a
guère pu être allongé dans sa première colonne (variations dis-
continues), alors qu'il avait déjà fallu assez de peine pour y
opposer cbaque fois un cas de variation brusque à une variation
continue prise comme exemple.
La plupart des variations énumérées dans la première partie
se présentent avec ces mêmes transitions progressives que les
variations mentionnées dans la seconde colonne du tableau
ci-dessus; on pourrait le faire voir en établissant pour beaucoup
d'entre elles la courbe correspondante ; on a dû nécessairement
se borner à quelques exemples, étudiés plus particulièrement
(voir pp. 77, 203, etc.).
Mais on ne pourrait étendre sensiblement la première colonne:
ce qui résulte de ce que les variations d'apparence discontinue
sont rares comparativement aux autres; tandis qu'au contraire,
on pourrait allonger presque indéfiniment la seconde colonne
(variations continues), et à titre d'exemples, citer les cas ci-après
où les intermédiaires ont été formellement indiqués :
Origine de l'artère sipbonale de Naulilus pompilius : gauche,
médiane ou droite (p. 191));
— 374 —
Origine de l'aorte palléale antérieure de Mijtilus magella-
nicus, plus ou moins en avant sur l'aorte antérieure (p. 195);
Aorte antérieure de Ostrea angidata, à deux ou trois branches,
suivant que l'artère de l'adducteur et celle du rectum sont plus
ou moins tôt séparées (p. 196) (on pourrait multiplier beaucoup
ces cas de variations continues dans l'origine des vaisseaux) ;
Nombre d'orifices auriculo-ventriculaires de Cfiiton goodalli,
de4à8 (p. 184);
Nombre des denticules de la dent radulaire médiane de
Buccinum undatum et autres formes voisines (p. 165);
Nombre des dents mandibulaires de Jamis cristatus (p. 161) ;
Nombre des côtes mandibulaires dans de nombreuses espèces
de Pulmonés : Hélix horteusis, H. nemoralis, etc. (p. 158);
Nombre des branchies chez diverses espèces de Chitons
(p. 203);
Nombre de houppes branchiales chez Boris bilamellata et la
généralité des Doridiens (p. 208);
Largeur plus ou moins grande du voile buccal dans Plujsa
fontinalis (p. 107) ;
Forme plus ou moins allongée et plus ou moins arrondie du
lobe antérieur du foie gauche des embryons de Limnaea
stagnalis (p. 345) ;
Soudure plus ou moins grande des branchies à l'abdomen
(diverses espèces de Najades) ou entre elles [Perna epliippium)
(p. 215);
Nombre des paquets d'acini hermaphrodites de la glande
génitale dans divers Pulmonés et Nudibranches (pp. 223 et 224) ;
Nombre des digitations des glandes muqueuses (vésicules
multifides du conduit femelle) dans de nombreuses espèces du
genre Hélix (p. 238) ;
Nombre des dents de l'opercule chez iVassa reticulata {\> . 130) ;
Couleur des téguments entre la forme typique (rufus) de
A7ion empiricorum et sa forme albus (p. 147), entre la forme
jaune et la forme noire de Littorina obtusata (p. 142), de P/ujsa
fontinalis (p. 146), etc.
375
Couleur des téguments siphonaux de Cyclas cornea (p. i51) ;
Nombre de digitalions frontales chez Pohjcera quadriimmta
(p. 107);
Présence ou absence d'épines sur la coquille de lo spinosa
(p. M);
Présence ou absence de nodosités sur la coquille de Cassidaria
ecliinophora et nombre des rangs de ces nodosités (p. 46);
Ornementation de la coquille de Tanalia acideata (p. 6) ;
Carène de Neotlumma tanganijicense (p. 45) ; de Ibenis
giialtieriarus, de Heiix lapiclda (p. 46); de Paludestrina
jenkinsi (^) ;
Présence ou absence de côtes chez Cerion glans (p. 49) ;
Nombre de côtes dans C. glans, les divers Scalaria, etc.
(p. 48);
Présence ou absence de côtes dans Planorbis nautileus. Hélix
pulcliella, etc. (p. 49);
Hauteur de la coquille de Patella vulgata (intermédiaires par
la hauteur et en même temps par la station ; la forme intermedia
Jeffreys, faisant le passage entre la forme haute la plus éloignée
du niveau de la basse mer (var. conica Brown) et la forme
aplatie, la plus voisine du niveau de la mer basse (var. depressa
Pennant) ;
Taille de la coquille dans presque toutes les espèces; exemple :
entre Bursa rubeta forme typique et sa « variété » gigantea qui
est trois fois plus grande (^) ; et ici encore on observe souvent
des intermédiaires à la fois par la taille et par la station;
exemple : Nassa reticulata, dont la forme baltique est petite et
mince, tandis que la forme méditerranéenne est grande et
épaisse; de nombreuses formes reliant ces deux extrêmes se
(*) Jackson, Journ. of Conch., vol. XIV, 1916, p. 364 : forme carénée, semi-
carénée et non carénée.
(2) Smith, Note on Bursa (Tutufa) rubeta = Triton lampas (Lamarck et auct.).
(Journ. of Conch., vol. XIV, pp. 230 et 231 : « At firsl sight it seems ridiculous to
consiiier them forms of the same species. However. in the large série l hâve
examined, the Connecting links appear to be présent. »)
376
rencontrent dans la mer du Nord et sur les côtes de l'Europe (^) ;
Forme de Àrionta californiensis : il y a tous les intermé-
diaires entre la forme haute et imperlorée (de la région fraîche
et huuiide) et la forme déprimée et ombiliquée (de la région
chaude et sèche) (^) ;
Hauteur de la spire entre Linmaea pcregra et sa variété
involutd; la forme intermédiaire a été désignée sous le nom de
pratenuis ; chaque étang de la région a sa forme distincte dont
beaucoup approchent de involiita et de praetenuis (^) ;
Columelie lisse ou plissée de Nassa picta (p. 46) ;
Nombre des plis columellaires dans chacun des divers Vohita :
V. colocijntlùs, V. anciila, V. magellanica, etc. (p. 46), et
dans bien des espèces de Pulmonés (p. 47) ;
Ombilic étroit ou large de Hélix ccspitum {^) (p. 28);
Bandes colorées de nombreux lidix et Paludina (p. 43) ;
Couleur, entre la teinte normale de la coquille et l'albinisme
de celle-ci : Hélix lapicida (^), Hfialinianitida, Hélix pomatia,
H. vermicula, H. nemoralis, etc. (•") ;
Couleur de la coquille d'un grand nombre de Mollusques :
Litlorina litlorea (p. 42), Tellina tenuis (p. 57), Mesodesma
donaciUa (p. 56), Pecten opercularis, P. irradians{\). 57), etc.;
Taille de la coquille de Mactra solida et de sa « variété »
elliptica (p. 56) ;
(1) MôBius, Die Bildung, Geltung und Beziehung der Artbegriffe und ihre Ver-
hàltnisse zur Ahslammungslehre. (ZooL. Jahrb., Bd I, 1886, p. '257.)
(2) CooPER, On Ihe Laiu of Variation in the Banded Califorruan Land Shells.
(Puoc. Calif. Acad. Sci., vol. V, d875, p. 1*22.)
(3) Stelfox, a iist of the Land and Freshwater Mollusks of Ireland. (Proc.
R. iRisH. Acad., vol. XXIX, 49H, p. HO.)
(1) Oa ne rencontre jamais les deux formes sans intermédiaires; ou quand il y a
une solution de continuité, elle « ne résuite que de l'insuffisance des matériaux
d'études ». (Goutagne, Recherches sur le polymorphisme des Mollusques de France.
[Loc. CIT., p. iOO].)
(5) BoLLiNGER, Zur Gasleropodeufaima von Basel und Umgebung. Bâle, 1909, p. 78.
(6) LocARD, Sur quelques cas d'albinisme et de mélanisme chez les Mollusques
terrestres et d'eau douce de la faune française. (Mém. Soc. Agric. Hist. nat., etc., de
Lyon, 1883, pp. 8, 10, 11, 12, etc.)
— 377 —
Ornementation de la coquille de Venus yalthia (^), de Pliolas
dactylus (^) ;
Forme et dimensions relatives des pièces dorsales supplé-
mentaires de P. candida (p. 66).
Il y a donc une multitude de variations présentant des inter-
médiaires, c'est-à-dire « continues ». Et la chose est vraie tant
pour les variations méristiques que pour les variations substan-
tives (forme, couleur, taille) ; tandis que de l'un et de l'autre
côté les variations d'apparence discontinue sont l^eaucoup moins
nombreuses.
Du côté mutationniste, on affirme cependant « que les muta-
tions sont innombrables et emplissent des volumes entiers (^) ».
Mais des volumes entiers ne suffiraient pas pour énumérer
toutes les variations continues relevables dans le règne animal.
Et alors que Baleson (1894) n'indique qu'une vingtaine de
variations discontinues relatives aux Mollusques, il est rapporté
ici plusieurs milliers de variations, presque toutes dans l'organi-
sation et sans guère comprendre la coquille; parmi elles, comme
on le voit, le plus grand nombre est d'ordre continu. Et dans
tous les groupes d'ailleurs il est bien connu que les faibles écarts
sont beaucoup plus nombreux que les forts. (Loi de Quetelet.)
Les diverses variations continues d'un même organe sont donc
d'une façon absolue en bien plus grand nombre (s'observant
dans plus d'espèces) que les variations d'apparence discontinue,
qui sont rares relativement et absolument; c'est-à-dire que dans
la plupart des cas où il y a variation, il y a des transitions entre
la forme normale et la variation observée, tandis que les varia-
tions discontinues sont également rares dans les individus et
dans les espèces.
(1) Deshayks, Traité élémentaire de Conchyliologie, 1. 1, 2^ partie, 1850, p. 568.)
(2) Deshayes, Histoire naturelle des Mollusques (Exploration de l'Algérie), d84i,
p. 108.
(3) CuÉNOT, La genèse des espèces animales. Paris, 1911, p. 191.
— 378
3. — Les variations au point de vue de l'orientation.
I. — Le sens dans lequel un caractère varie n'est pas ordi-
nairement indifférent ou indéterminé; et ses variations ne se
manifestent pas également dans diverses directions; en d'autres
termes, un organisme ne varie pas d'une façon absolument
quelconque : il est lié à un certain nombre de possibilités.
L'évolution n'est pas libre, en effet; elle est soumise à un
double déterminisme, qui ne permet pas que les variations aient
lieu dans tous les sens et « au hasard » ; ce double déterminisme
comprend :
1° Le mode d'organisation particulier de l'être vivant consi-
déré;
2° Les conditions particulières du milieu habité.
La première cause a surtout pour effet de limiter la varia-
tion; même le nombre des types tératologiques est limité dans
une espèce donnée. La seconde raison a surtout pour effet
d'orienter les variations.
Cette idée d'orientation dans la variation, généralement attri-
buée à Eimer (^), est bien plus ancienne :
Non seulement le botaniste Asa Gray parlait déjà en 1860 de
« variation among definite line », mais Darwin lui-même avait
manifestement reconnu et indiqué en divers endroits le phéno-
mène en question (^). Gulick, à propos des Achatinella des îles
(*) Eimer, Die Entstehung der Arten auf Grund von Vererben erworbener Eigen-
schaften, nach den Gesetzten organischen Wachsens, I. Teil, léna, 1888; II. Teil :
Orthogenesis de)' SchmeUerlinge. Leipzig, 1897.
(2) Darwi.n, L'origine des espèces, traduction Barbier, p. 99 : « On ne peut guère
douter non plus que la tendance à varier dans une même direction n'ait été
quelquefois si puissante que tous les individus de la même espèce se seraient
modifiés de la même façon sans l'aide d'aucune espèce de sélection. » — Variation
des Animaux et des Plantes, t. II, p. 556 : « Il est probable que lorsqu'un organisme
a varié d'une certaine manière, il variera encore dans le même sens, si les condi-
tions qui ont déterminé la première variation sont demeurées les mêmes. »
— 379 —
Sandwich, y signale le changement moyen dans une direction,
comme un l'acteur de la lapidité de l'évolution (^). Et Cope, indé-
pendamment de Eimer, reconnaît aussi l'existence de «variations
dans une direction définie, déterminée par l'action du milieu (^))).
De son côté, Schiaparelli a énoncé un a principe de l'évolu-
tion réglée ou à type fixe », qui se rattache en somme à cette
même conception de l'évolution orientée; il considère en effet
que le mouvement qui représente l'évolution cesse d'être lihre
« comme dans la théorie darwinienne ordinaire (^) ». Enfin,
plus récemment, Osborn a encore donné un nouveau nom à la
même chose, en créant le terme de « rectigradation », pour un
changement graduel dans une direction définie, rappelant les
« mutations » de Waagen (^).
L'évolution orientée, encore nommée « orthogenèse » (par
Haacke, 1893), ne veut pas dire évidemment que des variations
ne se manifestent pas simultanément en de multiples sens. Tou-
tefois, entre ces variations diversement dirigées, parfois nom-
breuses, mais n'aboutissant pas toutes, il y en a, pour un
caractère donné, chez une espèce donnée et dans une localité
donnée, une plus particulièrement fréquente, prédominante, qui
l'emporte : c'est suivant elle que l'espèce se modifie de plus en
plus (au point de vue du caractère considéré), tant que per-
sistent les conditions du milieu.
Cette orientation de la variation est due au fait simultané de
l'hérédité et de la continuité de l'action extérieure modificatrice.
En effet, pour ce qui concerne cette dernière cause, plus un
organe s'écarte de son équilibre originel, par suite de modifica-
(*) GuLiCK, On Diversity of Evolution imder one set of External Conditions.
(JouRN. LiNiN. Soc. LONDON [ZooL.], vol. XI, 1872, p. 504.)
(2) Cope, Theprimary Factors of Evolution, 1896, p. 13.
(5) Schiaparelli, Studio comparativa tra le forme organiche naturali e le forme
geometriche pure. Milan, Hoepli, 1898.
(*) Osborn, Darwin and Paleonlology', in Fifty Years of Darwinism. New- York,
1909, p. 209.
— 380 —
tion d'un facteur extérieur, plus il a de raisons de s'en écarter
de plus en plus par la suite, toujours dans le même sens : c'est
la réaction individuelle de l'organe sur le fonctionnement (réci-
proque de l'action du fonctionnement sur l'organe), ce qui rend
la réversion impossible, et contribue ainsi à causer l'irréversi-
bilité de l'évolution.
Et pour ce qui concerne l'hérédité, cette « action cumula-
tive » du même facteur modifiant lentement le type, toujours
dans le même sens, sur un nombre toujours plus grand d'indi-
vidus, il en résulte que cette variation n'est pas arrêtée par
l'amphimixie et qu'il n'y a pas, à son sujet, elfet de la loi de
Galton ou de retour à la moyenne; d'où son importance au
point de vue de l'hérédité. Il est donc permis de dire que sont
héréditaires, seulement les variations provenant de variations de
l'environnement, qui se continuent dans la même direction (^).
II. — D'autre part, cette orientation d'une variation n'est pas
toujours nettement visible au cours d'une même génération,
pour des caractères non méristiques, c'est-à-dire pour des carac-
tères (c substantifs » variant d'une façon lente et continue; elle
apparaît plus facilement dans les caractères méristiques, au sujet
desquels des mesures précises sont plus aisées.
La preuve du sens déterminé de leur variation peut se trouver
alors dans les courbes construites d'après l'examen d'un nombre
suffisant de cas individuels. Malgré de fréquents exemples de
symétrie, on rencontre de nombreuses courbes où le mode ou
ordonnée maximutn ne coïncide pas avec la moyenne; celle-ci
passe en effet souvent de l'un ou de l'autre côté (positif ou
négatif) du mode, c'est-à-dire que les cas ne sont pas répartis
également de part et d'autre de la moyenne; et cela indique dans
quel sens la variation prédomine ou est orientée (voir les
exemples plus loin).
(') Ortmanx, Science, vol. XXVII, 1908, p. 546.
— ^m —
Dans ces moJitications du nombre des parties, la variation
peut être vers l'augmentation (hypermérie) ou vers la diminu-
tion (hypomérie) ; ces deux sortes de modifications s'observent,
et non pas seulement l'bypomérie, comme on a voulu l'éta-
blii' (^) ; il semblerait plutôt que les hyperméries soient plus
iï'équentes, mais les observations ne sont pas encore assez nom-
breuses pour l'aiïirmer définitivement.
Cet écart du mode et de la moyenne dans une seule et même
génération, est généralement minime; mais ce qui se produit
pendant une génération, se renouvelle aux suivantes, et progres-
sivement, l'orientation est de plus en plus marquée.
III. — En effet, pour des caractères non méristiques comme
pour des caractères méristiques proprement dits, on constate
après plusieurs générations, que de nombreuses variations sont
bien nettement orientées dans une direction unique : de généra-
tion en génération, le mode se déplace, s'éloignant de plus en
plus de la moyenne de la première génération considérée. C'est
ce qu'on aperçoit nettement quand on compare les générations
successives :
1° Dans des élevages expérimentaux appropriés ; par exemple :
a) Orientation vers l'albinisme : dans une lignée de Limax
cinereo-niger pâles et blancbàtres (^) .
b) Orientation vers le nanisme et l'élongation de la spire :
dans une lignée de Limnaea mcgasoma (^).
(*) RosA, La Riduzione progresslva délia variabilita e suoi 7'apporti coW estinzione
e coll' origine délie specie. Turin, Clausen, 1899.
C^) KuNKEL, Ein bislier tmbekannter, grundlegenden Faktor fur die Aufjindiing
eines Vererbungsgeselzes bei Nacktschnecken. (Verh. Gesellsch. d. Naturforsch.,
Bd LKXXIII [1911J, p. 437, 1912.)
(^) Whitfield, Description of Limnaea (Bulimnaea) megasoma Say, witk an
Account of changes produced in the offspring by mifavorable conditions of Life.
(Bull. Amer. Mus. Nat. Hist., New- York, vol. 1, 1882, p. 3o.)
— 382 —
2° Dans une même espèce représentée par des individus
actuels et par d'autres subfossiles ou fossiles (voir également
ci-après d'assez nombreux exemples) : « Un caractère qui a
commencé à changer, continue pendant longtemps après et le
plus ordinairement par de multiples « mutations » successives
dans le même sens, de sorte qu'il peut être question de l'orien-
tation de la variation d'une série (^) ».
3" Chaque fois que l'évolution phylétique d'un groupe de
Mollusques a été examinée à ce point de vue, il a été reconnu
qu'elle est le résultat de variation dans une direction déterminée,
par exemple pour les Céphalopodes Dibranches (-), les Chito-
nides (^), les Lamellibranches (''), etc.
Les divers exemples de variation orientée montrent en effet
toujours leurs stades successifs séparés par des différences pro-
gressives ; et chaque fois que le mode y est différent de la
moyenne (signe d'une orientation actuelle de la variation), ce
n'est pas par une différence brusque, mais toujours par une dif-
férence modérée, le mode et la moyenne demeurant plus ou
moins voisins (^).
(^) Neumayr, Die Mittelmeer-Conchylien und ilire jiingtertiàren Verwandten.
(Jahrb. Malakoz. Gesellsch., Bd VII, 1878, p. 211.)
(2) Brock, Versiich einer Phylogenie der dibranchiaten Cephalopodefi. (Morphol.
Jahub., Bd VI, 1880, pp. 290 et 291.)
(^) Plate, Die Anatomie und Phylogenie der Chitonen, teil G. (Loc. cit., pp. 531-
534.)
(*) Il y a orieniation manifeste dans l'accroissement de surface de la hranchie au
cours de l'évolution phylétique : d'abord par le reploieraent des filaments vers la
face dorsale, puis par plissement transversal des lames branchiales ainsi formées.
(S) Le développement ontogénétique concorde d'ailleurs avec le développement
phylogénétique orienté, tant dans les variations orientées actuelles, que dans celles
qui sont révélées dans la phylogenie basée sur l'anatomie comparée; exemple : du
premier cas : les digitations palléales de Physa [ontinalis, dont la variation est
orientée vers l'augmentation lente du nombre de ces digilalions; à l'origine, il n'y
en avait chez l'embryon qu'une seule ou très peu, puis le nombre en augmente
progressivement (fig. 16); du deuxième cas : le développement embryonnaire des
branchies des Lamellibranches montre d'abord les filaments simples, se repliant
progressivement {Mytihis, etc.) et les lames branchiales d'abord lisses, se plissant
ultérieurement.
~ 383 —
IV. — S'il arrive que les variations soient, manifestement
orientées, elles ne le sont pas, toutefois, en vertu d'une (^ ten-
dance interne » ({ue rien n'a pu déceler. L'orientation se décom-
pose en eftet en une série de variations successives héritables, de
plus en plus marquées à ciiaque phase ontogénétique nouvelle et
conséquemment à chaque génération ultérieure. Et tout se passe
comme si, en chaque unité de temps, s'ajoutait à la variation
précédente, une variation de même sens; la conception de la
variation orientée se rattache ainsi au principe des effets cumu-
latifs ou du renforcement des caractères. C'est donc un résultat,
une conséquence, et nullement une « tendance >s la sélection
ayant écarté les variations accidentelles dans certaines directions
moins bien appropriées au milieu (^).
L'orientation dérive de ce que les variations ne sont jamais en
nombre indéfini et dans des directions absolument quelconques,
mais bien déterminées par les circonstances extérieures; or
celles-ci sont aussi de nature bien définie et non quelconque,
ainsi que leurs modifications éventuelles.
En conservant à ces variations de sens déterminé le nom de
« orthogénétiques », il faut donc comprendre le terme « Ortho-
genèse » autrement qu'avec la signification de « tendance
interne » ou de direction « prédéterminée » ; il faut y voir une
(1) L'interprétation donnée avant ^Iimer et Cope, par Fontannes {Sur les causes
de la variation dans le temps des faunes malacologiques , à propos de la filiation des
Pecten reslitutensis et P. platissimus [Bui.L. Soc. Géol. France, 3^ série, t. XII,
d884, p. 361]), n'est donc différente qu'en apparence : « La transformation finale
n'est pas due à l'ensemble de l'espèce se mouvant lentement et continuellement
dans une direction unique, mais bien à l'extinction de certaines variétés anciennes
qui ont disparu sous des influences diverses et à la survivance de certaines autres
qui, par le fait d'une distribution particulière ou d'une plus grande force de
résistance aux changements de milieu, ont continué la lignée, en lui imprimant un
faciès spécial, conséquence forcée de la loi d'hérédité. » En eftét, les variétés
« douées d'une plus grande force de résistance aux changements de milieu )>, sont
celles qui se sont le mieux adaptées par la réaction le mieux appropriée à l'action
continue de ce milieu.
— 384 —
orthogenèse déterminée par l'action des facteurs extérieurs, ou
orthogenèse eclogène (^), sans tendance interne; et pour tout
dire, nous n'en pouvons envisager d'autres, contrairement à de
rares auteurs (^).
La généralité des variations étant due à des facteurs extérieurs,
on s'explique que pour chacun de ceux-ci il y ait dans chaque
espèce d'organisme, une seule variation obligatoire par laquelle
elle doit réagir mécaniquement (action spécifique des facteurs du
milieu) ; et cette réaction, déterminée par le facteur extérieur
considéré, est toujours plus ou moins pareille (orthogénétique)
pour les divers individus plus ou moins semblables, tant que ce
facteur continue à agir.
Y, — On ne s'est pas appliqué spécialement et méthodique-
ment, jusqu'ici, à rechercher les exemples de variation orientée ;
mais rien qu'en réunissant les constatations occasionnelles,
faites indépendamment de toute considération théorique, il est
déjà possible de dresser une liste très démonstrative. Voici de
ces exemples de variation orientée rencontrés chez des Mol-
lusques, d'abord dans les espèces actuelles, puis dans des formes
(1) P. und F. Sarasin, Die Landmoilusken von Celebes. VViesbaden, 1899, p. 238.
— Tel est d'ailleurs le sentiment de Eimeu lui-même {Ueber bestimmt gerichtet
Entwickelung (Orthogenèse) und ûher die Olmniachl der Uarwinsche Zuchtwahl bei
der Aribildung [Congrès intern. Zool., S*' session, 1890, p. 150 : « Les causes de
l'orthogenèse se trouvent « in der Wirkung iiusserer Eintlûsse, Klima, Nahrung,
» auf die gegebene Constilulion des Organismus »|). » — C'est encore l'avis de
CoPE, Tfieprimary Factors of Evolution, 1896, p. 13; de Plate, Die Anatomie und
Phylogenie der Chitonen, teil C (Loc. cit., 1901, p. 535 : « L'orlhog-enèse dans les
Chitons est la conséquence de l'action des facteurs extérieurs et non d'une impul-
sion formatrice intérieure autogène ») ; de Ortmann, Science, Bd XXVII, 1908,
p. 346 : « Variations provenant de variations de l'environnement qui se continuent
dans le même sens »; etc.
(2j iMetcalf, Adaptation through natural Sélection and Orihogpnesis. (Amer.
Natur., vol. XLVII, 1913, p. (i9 : « One is irresistably drawn to believe Ihat tliere
was in thèse Paludinas an internai tendency to mutate from génération to gène-
ration towards increasing rugosity of the shell and rugosity of its aperture ».)
— 385 —
subfossiles ou fossiles, comparées à leurs descendants d'aujour-
d'iuii, ou à leurs ancêtres immédiats :
1° Les exemples que j'ai spécialement étudiées (F" partie,
pp. 74-, 166, etc.) n'ont pas été choisis au hasard mais bien
parce qu'ils sont tous des exemples de variation très fréquente;
dans chacun d'eux, ainsi que dans bien d'autres indiqués ci-après,
il y a variation orientée :
a) Orientation vers l'augmentation du nombre (hyper-
mérie) des digitations du bord palléal chez Phijsa fonlinalis;
moyenne : 5 à gauche, 7 à droite ; mode : respectivement
6 et 8 (p. 74).
b) Orientation vers l'augmentation du nombre des denticules
de la dent radulaire médiane chez Nassa reticidala (p. 166) et
dans divers autres Buccinidae : Volutopsis iwrvegica, Buccinum
iindatum, Neptiinea antiqua (^).
c) Orientation vers l'augmentation de la longueur de l'aire
striée de la coquille de Sepia officinaiis (p. 67
d) Orientation vers la diminution du nombre des valves des
Chitons : sur 8 cas connus de nombre anormal de valves, tous
sont en dessous du nombre moyen ou normal de 8 : huit fois 7,
trois fois 6, deux fois 3 (p. 22).
e) Orientation vers la sinistrorsité prépondérante : Parlida
otalieilana, dans les vallées de Taiiili, où il est amphidrome,
montre que les individus sénestres « breed truer to their
(*) Lecoir, On Variation in Ihe Raduln of certain Buccinidae. (JovRV. OF Conch.,
vol. X[, 1906, p. 28u.)
25 ■
— 386 -
type (^) », c'est-à-dire donnent un pourcentage de jeunes
sénestres plus grand que le pourcentage de jeunes dextres
donnés par les individus dextres.
f) Orientation vers la diminution du nombre des orifices
ouverts dans la coquille de Haliotis tuberculata : le mode est
un peu en deçà (en dessous) de la moyenne (p. 50).
(j) Orientation vers la diminution de l'indice (diminution de
la longeur par rapport à la largeur) dans la coquille de Limnaea
stagnalis nouveau-nés (p. 343).
Il) Orientation vers une plus grande largeur chez Limacina
retroversa : le mode est au delà de la moyenne, vers l'augmen-
tation, dans la variation de la largeur maximum du dernier
tour (^).
i) Orientation vers la diminution relative de la hauteur dans
la variation de l'indice (quotient de la liauteur divisé par la
longueur) chez Tapes pullaster (^).
j) Orientation vers l'augmentation du grand axe dans l'indice
d'ellipticité de la coquille d'une forme de Patella de la
Manche (^).
k) Orientation vers l'augmentation du nombre des orifices
auriculo-ventriculaires des Chitonidae lorqu'il y en a normale-
(<) Mayer, Some species of Partula of Tahiti. A Sludy in Variation. (Mem. Mus.
COMPAK. ZooL., vol. XXVI, 1902, p. 125.)
(') BoNNEViE, Pteropoda. (Rep. Sci. Uesults « Michael Saks » Exped. 1910,
vol. III, part I, 1913, p. 17.)
(5) Anthony, Influence de la fi.valion plenrothétiqûe sm- la morphologie des Mol-
lusques acéphales dimyaires. (Ann. Set. nat. [Zool.], 9^ série, t. 1, 1903, pp. 215 et
216.)
(*) JIalaud, Les méthodes statistiques appliquées à l'étude des variations des
Patelles. (Bull. Mus. IIist. nat. Paris, 1903, pp. 272 et 273.)
— 387 —
ment une ou deux paires ; augmentation observée plusieurs fois
(8 cas) dans chacun des genres Acantlwpletira, Cryptoplax,
Tonicella, Boreocliiton (p. I8i) (*).
/) Orientation vers l'augmentation du nombre des digitations
du voile frontal de Polycera (jiiadrilineata : variation en plus
jusqu'à 13, au lieu de la moyenne normale 4 (p. 107).
m) Orientation vers l'augmentation du nombre des branchies
palléales dans Gouiodoris nodosa : moyenne 13, augmentation
jusqu'à 16, plus souvent que diminution jusqu'à 11 (p. 208).
7i) Orientation vers la diminution du nombre de ces mêmes
branchies de Doridiens; une seule fois, dans Ancida cristata,
2 au lieu de 3, et une fois 2 au lieu de 3 dans Aegires piincti-
lucens (p. 208).
A côté de ces cas où des courbes ont été ou auraient pu être
dressées, en voici un certain nombre d'autres pour lesquels,
sans que des mesures ou numérations aient été faites, une
orientation nette a cependant été reconnue :
o) Orientation vers l'allongement de la spire de Pyramidula
akeiiiata [^).
p) Orientation dans la variation des bandes des Hélix nemo-
ralis importés aux États-Unis (« colonie » de Lexington;
direction différente suivant les différents endroits) (^).
(*) Une hypomérie n'a été constatée que bien rarement, quand le nombre normal
était deux paires : dans Plaxipfiora siinplex, Chiton subfuscus et Ischnochiton
pectinatiis.
(^) Bakek, Spire variation in Pyramidula allernata. (Amer. Natur., vol. XXXVIII,
1904, p. 661.)
(5) HowE, Variation of the Shell of Hélix m the Lexington Colony. (Amer. Natur.,
vol. XXXIl, 1898 [une destruction très considérable d'individus ne modifie pas
l'orientation].)
— 388 —
q) Orientation dans la disposition des bandes sur la coquille
de divers Helicidae (peut-être de la généralité), par exemple :
H. nemoralis et H. hortensis, où certaines combinaisons ne se
rencontrent jamais et où est bien moins fréquente la disparition
des bandes 3 et 5, c'est-à-dire de la moyenne et de l'infé-
rieure (^) ; Coclilostyla conoidea (à trois bandes seulement), où
est rare la disparition des bandes 2 et 3, c'est-à-dire aussi de la
moyenne et de l'inférieure {-).
r) Orientation dans la forme et l'ornementation des Pulmonés
terrestres de Célèbes, où il a été reconnu une variation orlho-
génétique par l'existence de certaines chaînes d'espèces d'une
même direction (^).
(1) Moqulx-Tandox, loc. cit., l. II, p. 165 {II. nemoralis) et p. 170 (//. hortensis).
— CouTAGNE, Recherches sur le polymorphisme des Mollusques de Fra^ice. (Loc. cit.,
p. 107.) — Lang, Ueber die Mendelschen Gesetze, Art- und Varietâtenbildimg, Muta-
tion und Variation, insbesondere bei unsern Hain- und Gartenschnecken. (Schw.
Naturforsch. Gesellsch., 1906, p. 244, pi. III.) — C'est surtout la troisième bande
qui persiste le plus souvent seule ; cela ressort du tableau donné par Col'Tagne
(p. 106) et de celui de Gyngel (Hélix nemoralis et H. hortensis : their colour and
band varietion and distribution — some comparisons [Journ. of Conch., vol. XIII,
1911, p. 243]). — Cette fréquence de la troisième bande conservée seule est encore
confirmée par Hadden, The non-marine Mollusca of Worcestershire. (Journ. of
Conch., vol. XIV, 1913, p. 108 : « The rnost fréquent forms are 00000 and OU300 ».)
— Collier, Notes on the section Tachea of Hélix. (Ibid., vol. XIV, 1913, p. 121 :
« 00300 very common in H. nemoralis ».) — Collier, Hélix nemoralis L. in North-
West Donegal. (Ibid., vol. XII, 1909, p. 290 : « 00300, wliich is so common in
most places »; etc.) — Et les observations suivantes montrent combien il est ra^e
que la bande 3 soit la bande manquante : Hoksley, Journ. of Conch-, vol. XII,
1909, p. 268 : « Variation 12045 always rare in the vphole family of Helicidae ». —
Dean, tbid., vol. XII, 1907, p. 41. — Jennings, ibid., vol. Xlil, 1907, p. 138 :
« Generally regarded by conchologists as scarce » : un seul exemple dans une
nombreuse colonie; d'autres cherchés depuis, sans succès. — C'est d'ailleurs cette
troisième bande qui apparaît la première dans les jeunes individus : on peut donc
en conclure que c'est la [ilus arcliaïque (et non les deuxième el quaîrième, comme
cela a été supposé autre part) ; le retour à la forme « unifasciée » avec la seule
troisième bande, serait ainsi un phénomène d'atavisme.
(2) Sumner, The varietal trce of a philippine Pulmonate. (Trans. Nevv^ York
ACAD. Sci., vol. XV, 1896, p. 140.)
(5) Nanina cincta, Planispira zodiacus, etc. : F, und P. Sarasin, loc. cit., 1899,
p. 235.
— 389 —
s) Orientation vers la diminution de saillie et l'augmentation
du nombre des côtes chez Ccrion glans (^).
t) Dans la variation des dessins sur la coquille des Gastro-
podes marins en général, il a été observé la même orthogenèse
que chez d'autres groupes (^) .
Il) Orientation dans la variation de couleur des Pulmonés
nus : (c there is a tendency for certain, if not ail, species to vary
in ivell marked directions so far as colour is concerned (^) » .
v) Enfin les deux exemples, rapportés auparavant, de l'orien-
tation vers l'albinisme chez Limax cinerco-niger, et vers l'allon-
gement de la spire dans Limnaea megasoma (p. 381), trouvent
également leur place ici.
2" A côté de ces exemples pris dans les formes actuelles, on
peut en trouver qui sont encore plus démonstratifs, peut-être,
dans des cas où une espèce vivant non seulement aujourd'hui,
mais encore précédemment, a laissé des restes plus anciens qu'on
peut comparer aux exemplaires de maintenant (lorsqu'il y a
descendance sur place). — Diverses espèces marines japonaises
d'Omori, où sur un immense amas de matériaux préhistoriques
(shell-heaps), on a choisi seulement les spécimens adultes et
parfaits, pour cette comparaison :
a) Eburna japonica, dont la spire déjà longue, s'est allongée
encore, depuis l'époque préhistorique, l'angle au sommet ayant
passé de 61 "45 à ^TVS (') (fig. 203).
(1) Plate, Die Variabilitàl und die Arlbildung nach dem Prinzip geographischer
Formenketten bel den Cerion-Landschnecken der Bahama-lnseln. (Loc. cit., 1907,
p. 456.)
(2) LiNDEN, Die Enlwicklung der Sculptiir und der Zeichnnng bel den Gehâuse-
schnecken des Meeres. (Zeitschr. wiss. Zool., Bd LXI, 1896, p. 313.)
(2) Coi.LiNGE, Colour Variation in some British Slugs. (Journ. of Conch., vol. XII,
1909, p. 235.)
(*) Morse, Compar'ison belween the ancient and the modem Molluscan Fauna
of Omori, Japan. (Mem. Sci. Départ. Univ. Tokio [ExtractJ, 1879, p. 9.)
— 390 —
b) Natica lamarcki, où la spire déjà courte et aplatie, s'est
aplatie encore davantage (^) (fig. 264) .
A
Fig. 263. — Eburna japonicn , coquille d'Oraori : ,4, spécimen normal récent;
B, spécimen normal ancien (des Shell-Mounts). — D'après Morse.
c) Orientation vers l'augmentation du nombre des côtes
rayonnantes dans divers Arca; A. granosa, anciens, 18 à 20;
Fig. 264. — Natica lamarcki, coquille d'Omori : A, spécimen normal récent;
B, spécimen normal ancien (des Shell-Mounts). — D'après Morse.
récents, 23 à 26; A. inflata, anciens, 30,62, récents, 41,2;
A. subcrenata, anciens, 30 ^/^>, récents, 33 V^ (^)-
(1) Morse, loc. cit., p. 11.
(2) Idem, loc. cit., respectivement pp. 3, 4 et 5.
— 391 —
d) Orientation vers Taugmentation (lu rapport de la hauteur à
la longueur: Arca crenata anciens, 79,1 7o. récents, 81,2 '/o(^).
e) Variation orientée dans Nassa (Ilyanassa) obsoleta depuis
les spécimens préhistoriques des « aborigen shell-heaps » jus-
qu'aux actuels (~).
/') Orientation vers l'aplatissement de la spire dans Lunatia
héros et vers le raccourcissement dans Mija arenaria, depuis le
dépôt des « shell-heaps » (Amérique du Nord) (^).
g) Orientation vers la diminution de la taille et surtout de la
largeur, dans les AmpuUaria de Floride : les spécimens récents
étant plus allongés en même temps que plus petits; l'indice des
individus anciens est 1,53, celui des actuels 1,(3 (^).
h) Orientation vers le raccourcissement de la spire dans
Ptisamda limnaeoides : les spécimens de la transgression
-de la fin de l'époque glacaire sont hauts et étroits (indice :
■3,1/1,7) ; les actuels sont plus déprimés et plus larges (indice :
•2,7/1,6) (').
i) Orientation vers la diminution de la taille, chez Pleiiro-
donta aciito-goniasmos, les anciens étant plus grands {^).
j) Orientation vers une réduction de la taille, dans les kjôk-
kenmôddings danois ; divers Mollusques comestibles montrent
une taille supérieure à celle des exemplaires actuels de la même
(') Morse, loc. cit,, pp. 3 et 4.
(2) Idem, Proc. Boston Soc. Nat. Hist., vol. XVIII, p. 190.
(5) Idiîm, Changes in iMya and Lunatia smce the déposition of the New England
shell-heaps. (Amer. Journ. Sci., 3« série, vol. XXII, 1882, p. 323.)
(*) VVyman, On the freshwater shell-heaps of the Sint John's River, East Florida.
(Ameh. Natdr., vol. II, 18b9, pp. 393 et 449.)
(S) Odhnek, Piisanula limnaeoides, a new orctic Opislhobra7ichiale Mollvsc, its
anatomy and affinities. (Ark. for Zool. [K. Svensk. Vetenskapakad. Stockholm],
Bd VIII, no 25, 1914, p. 3.j
(") Bkown, Variation in some Jamaican shells of Pleurodont;i. (Proc. Acad. Nat.
.Sci. Philadelphia, vol. LXIII, 1911, pp. 141 et 144.)
/c:-- J> O,
392
région, notaiiiment Cardiiim eclule el Liitorina littorca, « deoi-
dedly larger (han anv now fbund in tlie neigborhood (') ».
/•') Orientation vers une augmentation du nombre des côtes
rayonnantes dans Card'unn cdule de la cùle belge : le nombre
en est un peu moindre chez les individus trouvés dans les kjok-
kenmôddings ijue dans les individus acUiels du voisinage (-).
/) Orientation vers une rédiiclion de la taille dans assez bien
d'espèces terrestres (Gastropodes) de Madère, dont les individus
sont plus grands à l'état fossile qu'à l'époque actuelle (^).
Des comparaisons établies sur de j)lus longues périodes
donnent à fortiori de semblables résultats, mais avec une plus-
grande amplitude encore; ainsi, depuis le Pliocène :
m) Orientation vers l'élévation de la spire, dans Hélix sem-
periana passant progressivement à ilcHx (Leiicochroa) candidis-
sima, de la même région (Constantine) (^).
n) Orientation vers la a spinosité » dans les Fulgiir flori-
diens : F. conlrarius du Pliocène faisant le passage insensible
au F. perversus actuel (^).
o) Orientation vers la diminution du nombre des côtes dans
Pecten irradians : les côtes étaient plus nombreuses à l'époque
pliocène (-21,7 à ±^) qu'à l'époque actuelle (20,8 à 20,5) C^) ;
en outre, orientation vers une globosité plus prononcée, rela-
tivement au diamètre ventro-dorsal (").
(!) LuBBoCK, Prehuloric Times, p. 231.
(2) Massârt, in WÉ15Y, Sur le littoral belge. Bruxelles, 2^ édil., 1902, p. 102".,
(5*) FiscHKU, Manuel de CoTJchyliolocjie, p. 231.
(*) Thomas, Sur une forme ancesirale de THelix (I.eiicochroa) candidissima;
(Bull. Soc. Scl Nancy, 2« série, t. IX, 1887, i)l. et p. 7.)
(5) Leidy, Remarks on the nature oj organic species. (Trans. Wag.neu Free Instit.
OF Sci., 1889, pp. î)l et 52, pi. IX el X, tii,^ 1 à 7.)
(6) Davenport, On llic variation of the Shell of Peclen irradians. (Amer. Natur.,
vol. XXXIV, 1900, pp. 874 et 875.)
(') Davenport, Science, 30 août 1901 (les formes du N. sont plus éloignées à cer
point de vue que celles du S. : Tampa).
— 393 —
p) Depuis le Miocène moyen (Helvétien), orientation vers
rauginenlaLion graduelle du nombre des digitations de la
coquille des Chcnopiis : C meridionalis, 2; C. uttingeriamis, 3;
C. scîTesianus, i ou 5 (^).
3° Enfin, dans les fossiles proprement dits (espèces éteintes),
l'orthogenèse a été souvent constatée : « mutation » dans le
sens primitif du mot (Waagen, Neiimayr et les paléontologistes
en général), par exemple :
à) Orientation vers la carination et la spinosilé dans les
Paludines de Slavonie, au Pliocène inférieur, lisses ; au Pliocène
moyen, carénées (comme aujourd'hui les Tijloioma et Eyriesia,
et la forme carénée du Paliidhia (Neolliauma) tangaïujicensis,
page 45, du sud du lac Tanganyika, et du P. maigcriana, du
lac Tali-Fou, Yunnan); au Pliocène supérieur, subépineux;
variation dans une direction, due à des facteurs constants du
milieu (^) .
h) Orientation vers la carination des Paludina, Mcîanopsis et
Nerilina de Cos, dans la succession des formes de plus en plus
récentes, rencontrées sur place (•').
c) Orientation vers l'élongation de la spire dans Planorbis
midtiformis (^).
(*) Sacco, Le Variazioni dei Moiluschi. (Boll. Malac. Ital , vol. XVIII, 1895,
p. 158, pi. V, fig. 1 à 15.)
(2) Neumayr, Die Staninie des Tierreiclis, 1889, pp. 60 et 61 (d'après Neumayr
und Paul, Die Congerien- und Daludinasckichten Siavoniens [Abhandl. k. k. Geol.
Reichsakstalt, VViEN, Bd VII, 1875J).
(5) Toi'p.iNOUEii, Fossiles tertiaires de Vile de Cos. (Ann. Sci. École normale Paris,
3e série, t. V, 1875.) — iXeuiMayr, Ueber de» geologischen Bau der Iiifeln Cos.
(Denkschr. Akad. Wiss. VVien [Math.-Natiirw. Kl.], Bd XL, 1880.)
{*) Hyatt, The geneyis of Ihe tertiary species of Planorbis at Steinheim. (Anniv.
Mem. Boston Soc. Nat. Hist., Ih80, p. 14 [croissance régulière de la spiralitéj ) —
HicKLiNG, Variation of Planorbis multiformis. (Mem. and Proc. Manches riiR Lrr
and Philos. Soc, vol. LVIl, part. 111, 1913, p. 17.)
— 394 —
d) Variation orientée dans une direction déterminée, chez
divers Pleurotomariidae : a. pour la bande fissurale; |3. pour la
sculpture (^).
e) Orientation vers le développement d'épines sur la coquille
de Melania fossiles (^).
f) Orientation dans le développement des sculptures des
Ammonites (^).
Mais si beaucoup de variations continues présentent une
orientation déterminée, il en est autrement pour les variations
discontinues ou brusques, qui, pour un même organe, peuvent
se produire dans des directions différentes et même opposées.
4. — Les variations au point de vue de leur époque
d'apparition.
On a vu plus haut (p. 364) que la division fondée sur l'oppo-
sition entre les variations congénitales et non congénitales (ou
acquises) est peu applicable en général. Malgré cela, il est
néanmoins intéressant de savoir, pour telle variation détermi-
née, constatée chez un adulte, si elle y existe dès avant la nais-
sance.
Son apparition précoce est en effet importante, car elle peut
dans ce cas réagir et influer longuement sur tout l'organisme,
et étant plus profondément empreinte dans l'organisation, aug-
menter ses chances de fixation.
L'étude de l'embryologie a permis de reconnaître déjà à la
(1) BÛRCKHARDT, Systematik und Phijlogenie der Pkurolomariiden. (Neu. Jâhrb.
F. Miner., 4897, pp. 209 et 210.)
(2) GuABAU, On orLhogenetic Variation in Gastropoia. (Amer. Natur., vol. XLI,
4907.)
(3j WiJRTEMBERGER, Studien iiber die Stammesgeschichte der Ammoniten (Dar-
wiNiSTiscHE ScHRiFTEN, u" o). Leipzii,', 4880; fide Lunden, loc. cit., p. 313.
— 395 —
naissance (variation soiiuitogéniqiie) ou même avant (variation
embryogénique), l'existence de variations observées chez
Tadulte; elle rend ainsi vraisemblable que d'autres encore,
parmi ces dernières, peuvent être dans le même cas.
Cependant, si l'on compare entre elles : IMes variations
constatées chez l'adulte [l'' partie, pp. 22 à 289), et 2^ celles
que l'on a rencontrées dans le développement (F" partie, pp. 289
à 359), on doit reconnaître, d'une part, que parmi les pre-
mières, il n'en est qu'un très petit nombre dont la congénitalité
soit certaine, c'est-à-dire un très petit nombre dont l'existence
ait été observée parfois dès la naissance, et d'autre part, que
parmi les secondes, il n'en est qu'un petit nombre aussi qui
aient été conservées chez l'adulte.
Comme exemples de variations rencontrées chez l'adulte, et
observées aussi à l'état congénital, — dans certaines espèces du
moins, — on ne peut guère citer que les cas suivants, rapportés
dans la première partie (II, Variations dans le développement) :
a) Yeux céphaliques multiples : 3 chez Bucciniim iindatum,
Purpura lapiUus, Limnaea auricularia, L. palustris, PInjsa
fontinalis, Hermaea deiidritica ; 4 chez Purpura lapiUus et Lit-
torina rudis (^).
b) Troisième tentacule : Pliijsa fontinalis et d'autres Gastro-
podes (-).
c) Absence d'œil d'un .côté : Pfiijsa fontinalis (p. 28).
(^) Et encore, la présence d'un œil supplémentaire chez un Gasiropode adulte
n'est-elle pas toujours une variation conirénitale ; car elle peut être due à une
variation acquise discontinue, consécutive à une régénération : cela a été reconnu
au moins dans Succinea putris (Rieper, Ann. Soc. Zool. et Malac. Belg., t. XLVII,
1913, p. 173, pi. I, fig. 13), et dans Hélix arbustorum (Techow, Zur Reqeneration
des Weichkurpers bei den Gaslropodcn [Arch. Entwickl.-Mech., Bd XXXI, 1911,
p. 383, pi. XVIII, fig. 45]).
{-) Pelseneer, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Loc. cit., p. Ii3.)
— 39G —
d) Inversion : individu sénestre de Pcdudina vivipura; ponte
sénestre de Pterolracliaea mutica ; individu dextre de PInjsa
acuta (p. 303).
e) Individus doubles ou bicéphales (pp. JOG, 308 et 336).
/} Enroulement irrégulier : individus de Litlorina rudis
(p. 343).
Et si l'on voulait augmenter cette liste, on serait obligé d'énu-
niérer des variations qui paraissent logiquement f/ei'OîV être con-
génitales, sans qu'on ait pu cependant les observer effectivement
dès leur origine ; par exemple :
Tous les cas de sinistrorsité, qui est probablement la varia-
tion dont l'apparition est la plus précoce, puisqu'elle peut se
reconnaître dès les premières seguientations;
Coquilles scalariformes dès le sommet;
Coquille de Haliotis giijantea avec deux rangs de perforations
dès le sommet;
Coquille anormale dès le sommet, par les côtes (doubles) ou
par les sillons (supplémentaires) dans Pecten irradians (^) ;
Coquille de Tapes dcciissatus à valves asymétriques depuis la
portion embryonnaire (p. 53).
Absence d'un œil : Odostomia rissoidcs, Linmaea aiwiciilaria.
Physa Jbntinalis, Hélix pomaùa (p. 281) ; absence de tentacules
postérieurs (Eolidien, tig. 82), parce que dans ces divers cas il
y avait absence de tout processus régénérateur, qui suit toujours
une mutilation ou traumatisme.
De sorte que jusqu'ici on doit conclure au nombre peu con-
sidérable de variations réellement congénitales, renconlrées dans
les Mollusques adultes.
Au contraire, on pourrait indiquer d'assez nombreuses varia-
(1) Davenpout, On the Variation of Ihe Shell of Pecten irradians Lamarck from
Long Islund. (Amiïr. Nati:r., vol. XXXIV, 1900, p. 187 f« ail lliese abnormalities
may be regardée! as conirenital «].)
— 397 —
lions observées chez l'adulte, dont on peut affirmer qu'elles ne
sont pas congénitales, ou ne peuvent l'être, si même elles sont
héri tables :
a) Coquilles scalariformes de Gastropodes, à premier tour ou
sommet noi-mal.
h) Coquilles carénées, à premiers tours normaux : Neotliauma
tangamjicense, Paludina margeriana, Nassa reticidata (p. 45).
c) Coquille à bord redoublé (p. 65), sinueux, etc. (Lamelli-
branches et Gastropodes).
(/) Coquilles « décollées », ou ayant perdu les premières por-
tions de leur spire (Gastropodes, p. 38) .
e) Nombre plus ou moins différent de la normale dans les
digitations palléales de Pliysa fontinalis (p. 75).
f) Anomalie de nombre des sillons ou côtes de Pccten oper-
cidaris (^).
g) Diverses sortes de variations dues manifestement à des
régénérations survenues chez l'adulte ou du moins bien après
la naissance :
1. Au pied [Pliijsa, Nassa, etc., pp. 121 et 122).
2. Aux tentacules, soudés (Hélix, etc., p. 117), bifides (Pur-
pura, Nassa, etc., p. 111) ou supplémentaires (PateUa, p. 11 J).
h) Variations dans la généralité des caractères qui donnent à
une forme animale son aspect « spécifique » en la distinguant
des autres organismes plus ou moins voisins. Ces caractères
« spécifiques » n'apparaissent en effet qu'après la naissance et
ne se manifestent à nous que vers la fin du développement indi-
(1) Davknport, Comyarison of Peclcu operculaiis from tkree localiLies of tlie
British Isles. (Piioc. Amer. Acad. Arts and Sci., vol. XXXIX, 1903, p. 138 )
— 398 —
viduel, souvent même à l'état adulte seulement (^) ; et ces carac-
tères, quoique héréditaires, ne sont donc pas congénitaux; et
n'étant pas congénitaux, leurs variations non plus ne peuvent
pas être congénitales. Il en est ainsi, par exemple, des diverses
variations suivantes, citées dans la première partie :
Variation dans la forme de la coquille conique de Patclla
(p. 27), où la coquille larvaire est spiralée;
Variation dans les saillies de l'ouverture de la coquille de
Pteroccra (p. iC) ;
Variation de la forme de la coquille de Argonauta femelle
(p. 68) ;
Variation dans les spicules des Pleurobranches et des Nudi-
branches (p. 100);
Variations des appendices dorsaux et céphaliques des Nudi-
branches (pp. 95 et il'â);
Variation dans le nombre des renflements de l'appendice
caudal des Firoloidcs et Pterotrachaca (p. 123);
Variation dans le nombre des tentacules épipodiaux des Tro-
chus{Y>. 128) (2);
Variation dans les « brancliies » palléales des Patellidae
(p. 200), de Planorhis corneus (p. 210) (où elle ne prend son
entier développement qu'après l'éclosion), dans la branchie des
Lamellibranches non incubateurs (p. 212) ;
Variation dans les yeux palléaux des Pecten (p. 282), des
Chitonidae (p. 272) ; dans les yeux céphaliques des Nudibranches
(p. 279), sauf des Tergipedinae ; et il en serait encore de même
(*) De là vient la grande ressemblance entre espèces voisines, à la naissance et
même dans le jeune Age, sur laquelle il est insisté d;ms la septième partie, à propos
des variations les plus importantes dans l'évolution, avec exemples tirés des divers
groupes.
(2) Même chez les espèces qui déposent des pontes agglomérées, il n'y a, à
l'éclosion, que la première paire d'appendices qui soit apparue, par exemple dans
T. slriatiis (KoiiERT, Recherches sur le développement des Troques [Arch. Zool.
EXPÉu., 3e série, t. X, 1903, p. 23]).
— 399 —
pour bien d'autres variations qui pourraient se rencontrer dans
divers appareils tels que :
Les coquilles coniques de FisstireUa, Carhiaria, etc.;
La coquille tubulaire de Dentalium;
Le trou dans la coquille de Anomia;
La « coquille » sous-épithéliale de Cijmbulia;
Les nageoires pédieuses des Opisthobranclies [Aplijsia, etc.);
La nageoire métapodiale de Carinaria ;
Les sipbons des Tcredo, etc.;
Le bourrelet de l'ouverture de la coquille (nombreux Gastro-
podes) ;
Les saillies de l'ouverture de la coquille : Rostcilaria;
Les rangées d'épines : nombreux Lamellibranches et Gastro-
podes.
i) Variations des caractères sexuels et des organes génitaux
en général :
Variations dans l'hectocotyle des Céphalopodes (p. 140), dans
le pénis des Gastropodes (p. 226), les cavités incubatrices bran-
chiales des Lamellibranches (p. 241), etc.
Quant aux diverses variations présentes avant la naissance,
on doit noter à leur sujet les particularités suivantes :
1" Au point de vue de l'intensité, beaucoup de variations de
caractère discontinu sont en même temps congénitales :
a) OEil céphalique supplémentaire dans les Gastropodes :
Purpura, Buccinum, etc. (fig. 258).
b) Pied double : Limnaea (fig. 242).
c) Endoderme herniaire : Limnaea (fig. 238 et 239).
d) Coquille droite : Purpura, Paiudina, Littorina, Lim-
naea, Plujsa, etc. (fig. 246 à 257).
e) Albinisme organique (absence de pigment sur l'animal).
— 400 —
/') Coquille déroulée ou irrégulièrement enroulée [Littorina
rudis (fig. 265 et 266).
g) Inversion (sinistrorsité individuelle).
Il) Coquille globuleuse : Limnaca stagnalis (fig. 234),
Physa foiitiualis (fig. 235), etc.
/) Anomalies des côtes rayonnantes de Pecten irradians
(p. 396).
Fig. 26o. — Litlorina rudis, deux coquilles d'embryons pris
dans un oviducte parasité par Prolophnja ovicola. o, ouver-
ture; 5, sommet. — D'après Cépède.
/') Branchie en dehors de la cavité palléale : Purpura lapil-
lus, Fasciotaria tuiipa (p. 347, fig. 240).
2« Au point de vue de la fréquence, la plupart de ces varia-
tions — surtout les discontinues congénitales — sont isolées;
les seuls exemples de variations non isolées, observées avant la
naissance, sont :
A. Générales, dans toute une ponte :
a) Inversion, chez Pterotracliaea miitica (p. 303).
h) Présence de pigment vert dans le pied de Ehjsia viridis
(p. 349).
c) Segmentation plus avancée dans la moitié gauche de l'œuf,
chez Loligo pealei (^).
C) Watase, SIii lies on Crphnlopods. 1. Cleavage of the Oviiin. (Journ. of Morphol.,
vol.IV, 1891,p. 291.)
— 401 —
d) ce Inversion » clans le commencement de la segmentation
(côté où apparaît la grosse sphère endodermique), dans Unio
(p. 303).
B. Fréquente, dans une partie des œufs d'une ponte :
a) Inversion dans Limnaea stognalis, L. peregra (V^ par-
tie, I, 2).
b) Endoderme herniaire chez Limnaea stagnalis (p. 345).
FiG. %6.—Litt07ina rudis, coquilles trè? jeunes (de 3 millimètres de hauteur),
à enroulement irrégulier, trouvées mortes. — D'après Sykes.
3° Au point de vue de leur sort ultérieur, beaucoup de varia-
tions qui apparaissent avant la naissance, ne sont pas conser-
vées ; ou bien :
a) Elles éclosent, mais ne sont pas viables : Limnaea stagna-
lis à endoderme herniaire (p. 345) ; formes à coquille non
enroulée ni tordue {Purpura, Littorina, Limnaea, Plujsa, etc.)
(p. 354) ; Purpura et Fasciolaria à branchie extérieiu'e (p. 346,
fig. 240), monstres doubles (p. 310).
b) Elles sont peu viables ou beaucoup moins viables que la
forme normale : Littorina rudis, à coquille irrégulièrement
enroulée ou déroulée (p. 400, fig. 205, et p. 401, fig. 266) {^);
Melantho sénestres (^).
(1) Sykes, On some Monslrosities of Littorina rudis Maton. (Proc. Dorset Nat.
HiST. AND Antiq. Field Club, vol. XIII, 1891, p. 193 : « No large or full grown
examples hâve been found ; the resuit of a déviation from the normal form seems
to hâve been fatal to the moUuscs at a very earlij period of their existence ».)
(2) Call, Reversed Melanthones. (Amer. Natur., vol. XIV, 1880, p. 207.)
26
402
c) Elles présentent même un arrêt de développement avant
Téclosion : Limnaea stagnai is à pied double (p. 349), L. sta-
gnalis à pied géant (p. 349), etc.
d) Elles peuvent être, si elles n'altèrent pas sensiblement la
forme extérieure du corps, atténuées ou régularisées ultérieure-
ment, soit :
Avant l'éclosion : l)^ rangée incomplète de « test-cells » chez
Yoldia limatula (p. 368), asymétrie de segmentation dans
Loligo, Unio et divers autres (p. 307).
Après l'éclosion : pied hypertrophié de Limnaea stagnalis
(p. 349, fig. 241), tête asymétrique de Planorbis corneus
(p. 358, fig. 261), coquilles de ClausiUa laminata plus ou
moins renflées (^), Hélix pomatia éclos avec la forme planor-
boïde, par suite de compression de l'œuf pendant le dévelop-
pement, et reprenant leur forme normale par la croissance
après l'éclosion (^), coquilles courtes de Limnaea stagnalis
(fig. 267, p. 421), etc.
e) Enfin ce n'est que pour un très petit nombre d'entre elles
qu'elles peuvent être conservées sans changement : inversion et
œil supplémentaire, par exemple; tandis que, en général, un
individu afl'ecté de variation brusque congénitale ne peut guère
se conserver que si l'expérimentateur arrive à le placer dans des
conditions artificielles qui permettraient l'évolution jusqu'à un
âge plus avancé. De sorte qu'il n'en est pas beaucoup dont la
variation brusque ou discontinue puisse éventuellement devenir
héréditaire.
(1) Weldon, Sludy of natural Sélection in Clausilia laminata. (Biometrika, vol. I,
^901.)
(2) KusKEL, Zuchlversuche mil linksçjeioundenen Wcinbercjscknecken. (Zool. Anz.,
Bd XXVI, 1903, p. 662.)
— 403 —
5. — Concordance générale des variations continues, fré-
quentes, orientées et postérieures à la naissance, d'une
part, et des variations d'apparence discontinue, isolées,
non orientées et antérieures à la naissance, d'autre part.
1° a) On a vu plus haut (p. 87:2) que les variations discon-
tinues sont presque toujours isolées.
b) De même, on a pu reconnaître que ces variations discon-
tinues-isolées sont le plus souvent des variations « congéni-
tales » (p. 399).
c) Enfin ces variations apparaissent dans des directions très
diverses, sans aucune espèce de prédominance; elles sont donc
manifestement dépourvues d'orientation (p. 394) ; elles ne sont
pas adaptatives.
2° a) Par contre, il a été constaté en même temps, que les
variations continues sont fréquentes (p. 373).
b) Ces variations continues-fréquentes sont, dans la règle, des
variations orientées (p. 385).
c) Enfin, le plus souvent, ces variations continues-fréquentes
n'apparaissent qu'après la naissance (p. 399); elles sont géné-
ralement adaptatives.
3" De sorte que, à proprement parler, il n'y a que deux
grandes classes de variations : les variations continues-fré-
quentes, orientées, postnatales et adaptatives, d'une part, et les
variations discontinues, isolées, non orientées, prénatales et non
adaptatives, d'autre part.
404
II. — Résumé.
ï. — La plupart des modes de divisions proposés pour classer
les variations, même les plus excellents en principe, sont
impossibles à utiliser pratiquement pour la généralité des formes
animales : notamment parce que beaucoup de celles-ci ne sont
pas observables durant leur vie entière (p. 364). On doit donc
retenir seulement les classifications applicables à toutes les
espèces, dès qu'on dispose d'un nombre suflisant d'individus :
telles sont les classifications basées sur leur intensité, sur leur
fréquence, sur leur orientation.
II. — Au point de vue de l'intensité, les variations peuvent
être d'apparence brusque ou discontinue, c'est-à-dire de forte
amplitude, ou bien continues, c'est-à-dire d'intensité progres-
sive (p. 366).
III. — Au point de vue de la fréquence, une variation, au
sein d'une même espèce, peut se produire par cas isolé (sur un
petit nombre d'individus), ou bien se rencontrer fréquemment
(sur de très nombreux individus) : ce qui constitue respective-
ment une variation isolée (rare ou singulière) et une variation
fréquente (appelée encore générale ou plurale) (p. 369).
IV. — Le plus souvent, une variation d'apparence discontinue
est isolée; tandis que les variations qui se montrent sur de
nombreux spécimens (fréquentes) sont des variations continues
(p. 37-2).
V. — Pour cbaque caractère chez l'adulte, et conséquemment
pour chaque espèce, le nombre absolu des variations d'appa-
rence discontinue est beaucoup moindre que celui des variations
continues; c'est-à-dire que les faibles écarts sont beaucoup plus
nombreux que les forts (p. 373).
405
VI. — Les variations ne se manifestent pas indifféremment
dans toutes les directions : elles sont ordinairement orientées
ou de sens déterminé prédominant (p. 381) ; c'est le cas notam-
ment pour un très grand nombre de variations continues.
VII. — Pendant le développement embryonnaire, il apparaît
des variations comme à l'état adulte; celles de ces variations
surgies avant la naissance sont très souvent plus amples que les
variations acquises chez l'adulte; la plupart sont même d'appa-
rence brusque ou discontinue (p. 399).
VIII. — Mais il n'y a qu'un petit nombre de variations con-
stituées avant la naissance (congénitales) qui soient conservées
à l'état adulte et qui puissent se perpétuer (p. 395) ; elles
sont ou bien éliminées auparavant, étant non viables, ou bien,
par l'action de la sélection (empêchant ou retardant leur fixa-
tion), elles sont atténuées (p. 40^). Par contre, beaucoup de
caractères, et leurs variations héréditaires, apparaissant tardive-
ment, ne sont donc pas congénitaux.
IX. — Il y a ainsi une concordance très générale entre les
variations fréquentes, variations acquises, variations continues
et variations orientées, d'une part, et variations isolées, varia-
tions congénitales, variations discontinues et variations non
orientées, d'autre part, de sorte qu'on peut se borner à consi-
dérer deux grandes sortes de variations seulement (p. 403).
— 406 —
TROISIÈME PARTIE
Variabilité relative des organes, individus et espèces.
11 est incontestable qu'il y a plus de variabilité là où l'on
reconnaît de multiples formes de variation, plutôt que là où on
trouve le plus grand nombre d'individus variés, mais variés
d'une seule façon ou d'un petit nombre de façons. La variabilité
ne dépend pas non plus de l'amplitude de la variation ou des
variations observées dans un organe, un individu ou une
espèce.
11 faut donc entendre par variabilité, non pas le nombre plus
ou moins grand de cas individuels différant de la normale, mais
la multiplicité (ou densité numérique) plus ou moins grande
de « formes variantes » ou de diverses sortes de variations
constatées.
Ce n'est pas par pur dilettantisme q::3 ce chapitre de la
variabilité relative est entrepris. Dans l'étude des phénomènes
de variation, il ne faut pas choisir son sujet au hasard ; il est
utile de connaître si éventuellement il y a des espèces, des
groupes locaux d'individus et certains organes plus variables
que d'autres. Car ceux-là seront évidemment plus favorables à
une étude fructueuse de la variation, ou du moins se prêteront
mieux à certaines observations et expériences préparées à ce
sujet. Tel est le but pour lequel il a été essayé ici de rechercher
s'il y a des caractères, des individus et des espèces plus variables
que d'autres.
407 —
I. — Organes offrant le plus de variabilité.
Divers caractères présentent plus de sortes de variations que
d'autres, tels sont les tentacules des Gastropodes, les vésicules
multifides des Pulmonés et d'autres portions de leurs organes
génitaux. A cette diversité de variation que montrent plusieurs
appareils organiques, il peut y avoir des causes multiples;
parmi celles-ci, les deux principales sont les suivantes : 1" la
position de l'organe; 2" son âge pliijtogénétiqiie, — c'est-à-dire
respectivement le fait que l'organe est intérieur ou extérieur
et le fait qu'il est archaïque ou de constitution récente (céno-
génétique).
1. — Organes extérieurs et organes intérieurs.
Il faut naturellement tenir compte du fait que les Mollusques
ont été plus souvent examinés quant à leurs conformation et
aspect extérieurs qu'anatomisés dans leur organisation inté-
rieure. Cependant, chez les formes transparentes, comme certains
Opisthobranches pélagiques, connue les Hétéropodes, etc., il
n'a pas été observé que les organes intérieurs fussent aussi
variables que les extérieurs; et, d'autre part, dans toutes les
formes qui ont été également étudiées à ces deux points de vue,
il a été reconnu que bien des caractères extérieurs offrent
manifestement plus de variabilité (en même temps que des cas
plus nombreux de variations) que les caractères intérieurs.
En voici d'ailleurs des exemples :
a) Organes des sens superficiels plus variables que les organes
sensoriels profonds :
a. Nombre des yeux céphaliques des Gastropodes (p. 274) et :
p. Nombre des feuillets rhinophoriques (p. 287), — plus
variables que le nombre des otolithes des otocystes (organes
profonds) des mêmes Gastropodes (p. 284).
— 408 —
y. Nombre des yeux du bord palléal extérieur des Lamelli-
branches, très variable; yeux branchiaux, à l'intérieur de la
cavité palléale des mêmes Mollusques, toujours au nombre d'une
paire unique, un des deux yeux ayant une seule fois été observé
double dans un individu de Mytilns mageUcmiciis (p. 284).
b) Les branchies extérieures des Chitonides, des Nudi-
branches, de Pterotracliaea (pp. 201, 205 et 207), plus
variables que les branchies internes des Streptoneures, des
Lamellibranches et des Céphalopodes.
c) La coquille externe, le manteau, le pied et ses appendices
(Pliijsa, Trochus, Nassa, etc., pp. 25, 71 et 121), l'opercule,
plus variables que la coquille interne, le tube digestif, le cœur,
les reins.
f/) Les pièces chitineuses évaginables du tube digestif (radula,
mandibules, sacs à crochets, pp. 157, 158 et 161), plus variables
dans leur forme que les pièces solides stomacales.
e) Pour un même appareil ou système d'organes (nerveux ou
circulatoire), la variation est beaucoup plus fréquente dans les
portions périphériques (ou plus extérieures) que dans les
portions centrales (centres nerveux, cœur).
/') Rein larvaire nuchal extérieur [Purpura, Fasciolaria, etc.)
plus variable que le rein intérieur des mêmes formes embryon-
naires ou adultes (p. 358), etc.
On a déjà interprété ce phénomène comme consistant dans
la variabilité plus grande des organes les plus « en vue » ou
distinctifs (^) ; mais ces organes « en vue » sont évidemment des
(1) Brewster, Variation and Sexual Sélection in Man. (Proc. Boston Soc. Nat.
HiST., vol. XXIX, 1899 [« conspicuous »].) — Dimon, Quantitative Study of the
Effect of environment upon the Forms of Nassa obsoleta and Nassa triviltata from
Cold Spring Harbor, Long Island. (Biometrika, vol. II, 1902, p. 32 [« most disline-
tive » : suture de la coquille de Nassa obsoleta].)
— 409 —
organes extérieurs et le fait s'explique par l'action plus directe,
vsur ces derniers, des facteurs du monde extérieur, comme cela
a déjà été reconnu pour les variations chez les Chitons (*) par
exemple.
Le mot « extérieur » n'est même pas absolument significatif;
mieux vaudrait dire : « les organes les plus directement exposés
à l'influence de l'action du milieu » ; ainsi, en effet :
g) Dans les Pecten, la variabilité est plus grande pour la
valve supérieure (gauche) que pour la valve droite (fixée), aussi
externe (^).
Il) Le manteau est plus variable que la face inférieure du
pied, cependant aussi externe; dans le développement, c'est
bien plus souvent par le manteau que par le pied que deux
embryons se soudent et sont ainsi modifiés : Philine, Dendro-
notus, Nassa, Limnaea, P/iysa (p. 330).
On remarquera que si des organes très variables ne sont pas
à proprement parler des appareils extérieurs (partie antérieure
du tube digestif, avec mandibule, sacs à crochets, radule, etc.),
partie terminale des conduits génitaux (notamment dans les
Pulmonés)-, ils sont alors soit encore actuellement plus ou
moins dévaginables, soit toujours d'origine ectodermique; et la
grande variabilité de ces appareils ectodermiques se comprendra
par la longue hérédité de l'ecloderme, feuillet extérieur des
ancêtres phylogénétiques.
Le milieu n'est peut-être pas seul en cause cependant ; des
individus à variations un peu importantes dans les portions cen-
trales des systèmes nerveux ou circulatoire seraient peu viables
(<) Plate, loc. cit., teil G, 1901, pp. 536 et 537 : « Die Faktoren der Aeussen-
welt raiissen in ersteren Linie auf die âusseren Organe werken », etc.
(2) Davenport, On Ihe variation of the Shell of Pecten irradians Lamarck from
Long Island. (Amer. Natur., vol. XXXIV, 1900, p. 869.)
— 410 —
et ne parviendraient pas à l'état adulte, contrairement à certains
autres présentant des variations plus ou moins amples dans les
portions périphériques des mêmes systèmes.
Tout ce qui précède trouve d'ailleurs une confirmation expé-
rimentale d'ordre phylogénétique dans le fait que la conver-
gence, lorsqu'elle se manifeste, porte sur l'organisation externe,
sans altérer l'organisation intérieure; exemple : Patella (Strep-
toneure) et Siplio)iaria (Pulmoné), etc.
2. — Organes archaïques et organes d'origine récente
1° On a déjà fait remarquer que les organes rudimentaires
sont plus variables que d'autres (^) ; mais les organes rudimen-
taires constituent des caractères plus récents que les organes
correspondants normaux d'une espèce voisine. Cette variabilité
plus grande des organes rudimentaires est confirmée par maints
exemples pris chez les Mollusques :
a) J.a coquille rudimentaire (nombre et taille des granulations
calcaires) des Avion et des Janellidae (p. 9:2).
b) La coquille rudimentaire de Cirroteutliis mïdleri, qui peut
être plus ou moins large et avoir les deux saillies postérieures
plus ou moins allongées (^), ainsi que les bâtonnets chitineux
correspondants de divers Octopodidae (^).
(*) Darwin, Origine des espèces, traduction Royer, p. 548. (« Les organes rudi-
mentaires, chez les individus de la même espèce, sont très sujets à varier dans leur
degré de développement ou sous d'autres rapports ».) — Semper, Die natïirlichen
Existenzbedingungen der Thiere, Bd II, p. 257.
(2) Comparer les figures de Ueinhardt og Prosch, Om Sciadephorus Mulleri
(ViDENSK. Selsk. Afhandl. Copenhague, vol. XII, 1846, pi. III, fig. 1); et de
Appellôf, Ueber das Vorkommen innerer Sclialen bei den aciitarmigen Cephalopoden.
(Bergens Mus. Aarbog, 1898, n» XII, pi. I, fig. 6.)
(5) Appellôf, loc. cit., p. 7, pi. I, tig. 1 et 5; et Jatta, fide Appellôf.
— 411 —
c) Plis coliimellaires ruclimenLaires de la coquille des jeunes
Cerion (Stropliia) glans, en nombre variable (^).
(/) Opercule rudimenlaire — en partie engagé dans les
téguments — des NaviceUa (p. 130).
e) Branchie rudimentaire de Firoloides kowalevskii, pouvant
être, chez la femelle, peu distincte ou nulle (p. 207).
f) Tube digestif rudimentaire de Mucromdia variabilis (plus
ou moins long) (p. 154).
g) Cavité byssogène rudimentaire des Cyclas, différemment
développée ou réduite chez les jeunes de C. rivicola (^), diffé-
remment située dans les C. sulcata adultes : plus ou moins
éloignés des ganglions pédieux (p. 135) ; cavité byssogène
présente ou absente dans les Najades : Unio pictorum et Ano-
donta anaiina (p. 135), plus ou moins étendue et à cellules
plus ou moins distendues dans Nucida proxima (p. 135).
Il) Rein gauche rudimentaire des Aspidobranches, de confor-
mation variable, simple, plissé ou ramifié, la variabilité s'éten-
dant même à son entonnoir péricardique [FissureUa costaria,
PunctureUa (Cemoria) noacinna) (p. 218).
i) Poumon rudimentaire de OncidieUa patelloidcs : sac ramifié
de configuration variable suivant les individus (p. 212).
j) OEil rudimentaire de Ihjlhiospeiim peltucidum(Bythinella —
ou Vitrella — qiienstedti), où il n'y a plus, à la place de l'œil, que
parfois un corps vésiciileux (corps réfringent rudimentaire) (^).
(*) Plate, Die Variabilitât und die Artbildung nach dein Prinzip geographischer
Formenkelten bei den Cerion- Landschnecken der Bahama-Inseln. (Arch. f. Rassex-
UND Gesellsch.-Biol., Bd IV, 1907, p. 439.)
(2) Carrière, Die Drilse im Fusse der Lamellibranchiaten. (Arb. Zool.-Zoot.
Institut Wûrzburg, Bd V, 1879, p. 20.)
(5) WiEDERSHEiM, Beitrâge zur Kenntniss der Wiirttembergische Hôhlenfauna.
(Verhandl. Physik.-Medic. Gesellsch. Wûrzburg, N. F., Bd IV, 1873, p. 220.)
— 412 —
A;) Yeliim rudimentaire des Gastropodes sans larve libre :
Piilmonés, Littoîina rudis, etc.
/) Cavité œsophagienne rudimentaire de Leda commutata
(p. i81).
m) « Lobe dorsal » cérébral de Limnaea stagnalis (p. 246).
n) Tube cérébral des Limax et lïelix, etc., disparaissant
seulement après la naissance (p. 354), etc.
2° Mais le cas des organes rudimentaires rentre dans le cas
plus général des organes récents, comme on vient de le voir;
et ces derniers ne sont d'ailleurs que la réciproque (organes
apparaissant) des organes en voie de rudimentation (ou dispa-
raissant). Et l'expérience montre que ces organes d'apparition
récente (moins longtemps fixés par l'hérédité et apparaissant
d'habitude plus tardivement dans le développement embryon-
naire) sont très variables; en effet :
a) La commissure viscérale, manquant encore aux Amphi-
neures, est très variable dans les Gastropodes, Lamellibranches
et Céphalopodes, contrairement aux parties cérébrale et pédieuse
de leur système nerveux, plus archaïques et plus évoluées
(p. 272).^
b) Les paires postérieures de communication auriculo-ventri-
culaires dans les Chitonidae, sont variables en nombre, en
position et parfois asymétriques, tandis que la paire antérieure
(seule présente chez les espèces archaïques) ne varie pas
(p. 184).
c) Les organes génitaux (surtout accessoires) des Gastropodes
euthyneures (hermaphrodites) varient infiniment plus que les
appareils unisexués des autres Mollusques; Thermaphrodilisme
est une disposition secondaire (complication) : le conduit mâle,
notamment, qui manque à tous les Mollusques archaïques (et
— Mn —
spécialement sa portion distale indépendante), est une néo-
formation (^).
d) Tubercules palléaux extérieurs des Mollusques à manteau
rabattu sur la coquille : Cypraea, Scintilla, etc.
e) Spicules palléaux de Gastropodes nus : Pleurobranclius,
Hedijle, etc. (p. 99).
f) Yeux dorsaux (palléaux) de Oncidium (Pulmoné nu)
(p. 282).
g) Orifices réno-péricardiques multiples de Elijsia (p. 219).
h) Balancier de Cuvicrina (p. 126).
ï) Sacs à crochets des Gymnosomes (p. 157),
j) « Branchies » palléales des Patelliens (p. 206).
k) Branchies multiples (secondaires) des Chitonidae et
branchies palléales (non cténidiales) des Nudibranches doridiens
(p. -207).
/) RaïUiles à petit nombre de dents (réduction secondaire),
par exemple dans les Streptoneures : Buccinidae; dans les
Euthyneures : Eolidiens (pp. 164 et 170).
m) Armatures chitineuses de l'intestin moyen, spéciales aux
Opisthobranches, manquant aux Gastropodes archaïques et à
toutes les autres classes de Mollusques; variation de leur nombre
de pièces dans les Tectibranches (Aplysiens) et Nudibranches
(Tritoniens) (p. 176).
n) Plexus nerveux (stomato -gastrique) engendrés par la
constitution de l'important appareil masticatoire ci-dessus
(p. 261).
(1) Brock, Die Entwicklung des Geschlechtsapparat der Stylommatophoren Pul-
monaten. (Zeitschr. wiss. Zool., Bd XLIV, 1886, p. 368.) — Pelse.neei!, L'herma-
phroditisme chez les Mollusques. (Arch. de Biol., t. XIV, 1895, p. 52.)
414
o) Conduits et orifices afférents, là où le ctenidium (branchie)
archaïque est perdu et où s'est établi secondairement une respi-
ration palléale : Patelia, Ancylus, Eolis, Elijsia,etc. (p. 190) (^).
3. — Organes nombreux ou métamériques.
On a cru aussi que les organes nombreux sont les plus
variables (^). Les variations méristiques des appareils métamé-
riques paraissent très nombreuses. Toutefois ces organes mul-
tiples ne sont pas relativement plus variables que les autres ; il
ne s'agit pas à leur propos d'une diversité plus grande dans la
variation, mais simplement d'un plus grand nombre de cas de
variation. L'organe composé de x appareils a naturellement
X fois plus de chances de présenter une variation qu'un organe
d'un seul appareil; il n'en est pas proportionnellement plus
variable pour cela.
Des exemples tirés des Mollusques peuvent même montrer
(1) Cette manière de voir a déjà été exprimée pour des Mollusques et pour
d'autres groupes, et l'on a même vu dans cette grande variabilité un moyen de
reconnaître qu'un organe ou un organisme est de constitution récente : Mont-
GOMERY, llie Dérivation of Freshwater and Land Nemerteans. (Journ. of Morphol.,
vol. XI, 1895, p. 483 : « The amount of variability above or below a given mean
will stand in inverse ralio to the lengtli of time in which the development (progres-
sive or régressive) bas acten upon the given organ ».) — Coutagne, Recherches sur
le polymo7'phisme des Mollusques de France. (Loc. cit., pp. 170 et 185 : « La fixité
d'un caractère semble être simplement proportionnelle à l'ancienneté de ce carac-
tère, ancienneté mesurée non par le temps, mais par le nombre de générations
pendant lesquelles il s'est transmis sans modifications ».) — Plate, Die Anatomie
und Phylogenie der Chilonen, teil C. (Loc. cit., 1901, p. 540 : « Die Variabilitât in
der Zabi der Herzoslien bei Chilo7i goodaili ist z. B. ein Zeichen, dass die
3. Herzstufe erst vor Ku7~zeni erworben wurde ».) — Râcovitza, Biospeleologica.
(AncH. ZooL. EXPÉR., 4« série t. VI, 1907, p. 451 : « Plus un organe est important
dans l'économie de l'organisme, plus longue est la lignée d'ancêtres qui l'ont
transmis, et plus la résistance qu'il oppose aux influences du milieu est grande,
•plus, par conséquent, son adaptation sera lente ».)
(2) I. Geoffroy Saint-Hilaire, Histoire générale et particulière des anomalies,
t. III, 1837, pp. 4 à 6.
— 415 —
que des appareils moins nombreux peuvent être absolument plus
variables que des appareils plus nombreux :
a) Les tentacules épipodiaux des Trochidae, au nombre de
6 ou 8, offrent moins de cas de variation que les yeux cépha-
liques, au nombre de 2 (p. 126).
b) Les digitations palléales de P/iysa fontinalis sont plus
nombreuses à droite qu'à gauche; néanmoins la furcation de
ces digitations est plus fréquente à gauche (p. 75).
II. — Individus offrant le plus de variabilité.
L'expérience montre que la variabilité peut être inégale entre
des individus ou des groupes d'individus dans une même espèce.
Ainsi, à propos des Pulmonés, il a été reconnu que « la varia-
bilité d'un caractère est non seulement variable d'un genre à
l'autre ou d'une espèce à une autre, mais encore elle est variable,
dans la même espèce, d'une colonie à une autre colonie (^) ».
La question se confond donc ici avec la question des régions
de plus grande variabilité. C'est là, en effet, une des principales
causes qui font que, dans une espèce, certains individus sont
plus variables (l'autre étant l'âge; voir plus loin, 2). Cette cause
n'est autre que la non-adaptation, c'est-à-dire le changement ou
la variation dans les conditions d'existence.
1. — Suivant la non-adaptation.
Une même espèce n'est pas toujours également variable en tous
les points de son habitat; elle varie le plus dans les régions où les
conditions d'existence sont le plus variées. Là où les conditions
sont uniformes, l'adaptation de tous les' individus est plus par-
faite; là au contraire où les conditions sont très variées, l'espèce
ne peut être uniformément adaptée et beaucoup d'individus se
(*) GouTAGNE, Recherches sur le Polymorphisme des Mollusques de France. (Loc.
CIT., p. 159.)
— 416 —
trouvent même non adaptés à certaines conditions du milieu
considéré; et moins bien adaptés, ils deviennent plus variables.
Il en est ainsi, parmi les formes marines, pour les individus
de la région littorale, plus variés que ceux de la profondeur; et
parmi les formes terrestres, pour les individus des massifs
montagneux, des archipels, etc. (^).
Outre ces remarques générales, on peut citer encore maints
exemples particuliers :
Ifelix pijî'amidata, très peu variable en France, est en Sicile et en
Tunisie un véritable protée : stries de la coquille tantôt énormes,
tantôt effacées; ombilic tantôt large, tantôt étroit, etc. (") ;
Pijramiduta alteniaîa, plus variable à l'ouest de la Jamaïque
qu'à l'est, oîiles conditions climatériques sont plus uniformes (^);
Polijgijra albolabris, plus variable dans la région du Michigan
qu'à Cincinnati, conséquence d'une plus grande diversité dans
les conditions d'environnement (^) ;
Nassa obsoteta, très variable dans Cold Spring Harbor, où les
conditions de milieu sont très variées (^) ;
Peclen irradians, bien plus variable à San-Diego que sur la
côte est des Etats-Unis, par suite de conditions actuelles
d'existence très variées C^).
L'exactitude du principe ci-dessus se trouve démontrée
notamment par l'exemple des espèces immigrées; l'attention a
(1) CouTAGNE, loc. Cit., p. 181 (« la grande variabilité des conditions de milieu »),
et p. 183 (« une région à milieux très variés, et, dès lors, une région favorisant le
polymorphisme des espèces » : Pulraonés terrestres).
(2) Ibid., p|). 64 et 66.
(^) Bakeu, Spire variation in Pyramidula alternata. (Amer. Natur., vol. XXXVIII,
1904, p. 661.)
(■*) Walker, Variation of Polygyra albolabris m Michigan. (pRoc. Acad. ^"AT.
Sci. Philadelphia, vol. LXII, 1909, p. 40.)
(S) DiiMON, Quantitative study of tfie Efject of Environment upon tlie fornts of
Nassa obsoleta, etc. (Loc. cit., p, 6.)
(«) Davenpokt, a Comparison of some Pectens of the East and tlie West Coasts
of tlie United States. (Mark Anniversary Volume, 1903, p. 132 : « The greater varia,
bility of the individuals from San Diego is due to the more varied présent environ-
ment. . . race of which the différent individuals are easily modified by the diverse
environraenls offered «.)
- 417 —
d'ailleurs déjà été attirée sur le rôle que la migration a pu
jouer tlans la variation des espèces (^). Le cas des espèces
immigrées est, en effet, l'un de ceux où l'on constate le îiiieux
cette variabilité plus grande; ces formes varient davantage dans
leur milieu nouveau (plus que dans l'ancien où elles étaient
adaptées). En voici quelques exemples :
a) Les Pulmonés terrestres (et surtout nelix lactea) importés
en Argentine, ont beaucoup varié, montrant notamment des
variations monocbromes (~).
b) Ili'lix sytvatica du Jura, en s'étendant vers le Nord jusqu'à
Carlsruhe, a varié en perdant la couleur jaune du type (•^).
c) Limnaea peregra (ou « limosa ») et Pliysci aciita, non
adaptés à l'eau saïunàtre, y montraient une très grande variabilité
dans l'étang d'Ossegor (^).
d) Espèces continentales introduites dans les îles plus ou
moins voisines, volcaniques et montagneuses; exemple : varia-
bilité étonnante des Pulmonés de Madère, Galapagos, Sainte^
Hélène (•').
(') Van den Broeck, Uenseignements fournis parla [mené du Tertiaire supérieur
en Belgique au sujet des rapports entre Véinigration et la filiation des espèces (Bull.
Soc. BELGE GÉOL. Pal. ET Hydrol., t. V[, 1892, p. 94); et L'émigration considérée
comme facteur de l'évolution et de la filiatian des espèces (Ann. Soc. Malacol. Belg.,
t. XXXIII, 1898, p. XVII : v I^'émigralion . . . tend aussi, grâce aux condilions nou-
velles et diverses qu'elle ne peut manquer de provoquer, à favoriser l'évolution et
l'apparition de types nouveaux », et p. xix : « La variation du milieu provoquée
par l'émigration doit être un facteur bien plus puissant sur l'évolution [par voie
d'adaptation] que l'eût été le maintien de l'organisme dans ses conditions primitives
et dans sa région d'orig'ine »).
(2) Strobel, Alcune notix-e di malacologia argentina. (Atti Soc. iïal. Sci. nat.,
4868, p. 4G.)
("') Heynemann, Ueber Verdnderlichkeit der Molluskenschale. (Ber. Senkenb. nat.
Gesellsch. Francfort, 1870, p. 133.)
(*) De FoLiN, Faune lacustre de l'ancien lac d'Ossegor. (Bijll. Soc. Borda [DaxJ,
1879, pp. 42 et 44, pi. I et II.)
(■■) Oall, Insular Landshell Faunas,especially as illustrated hy theData obtained hy
Dr. Baur in theGalapagos Islands. (Puoc. Acad. Nat. Sci. Philadelphiâ, 1896. p. 423.)
27
— 418 —
e) Littorina littorea, introduit d'Europe en Amérique, y a vu
sa variabilité considérablement accrue (^]
f) Hélix nemoralis, introduit en certains points des États-
Unis, y a présenté, notamment à Lexington, depuis son intro-
duction relativement récente, une extrême rapidité et une
diversité très gi'ande de variation : 1*25 « variétés », dont
67 nouvelles et inconnues en Europe (~).
g) Urosalplnx cinereus, de la côte est de l'Amérique du
Nord, introduit accidentellement sur la côte californienne ou
ouest, où les individus immigrés sont plus variables que les
endémiques du rivage oriental (^
(1) BuMPUS, Tite variations and mutations of Ihe introduced Littorina. (Zool.
Bull. Boston, vol. 1, 1898, p. 259.)
(2) GocKEKELL, Nature, vol. U, p. 393. — Howe, Variation of the Shell of Hélix
nemoralis in the Lexington Colomj. (Amer. Natuu., vol. XXXII, 1898.) — Brooke,
The Colonij of Hélix nemoralis at Lexington. (Nautilus, 1897.)
(5) Walter, Variation in Urosalpinx. (Amer. Natur., vol. XLIV, 1910 [sont égale-
ment plus variables : 1» les individus pris aux endroits où ils sont peu nombreux,
conséquemment oi^i leur race n'est pas encore bien adaptée; 1" les individus
pris dans les points très exposés, donc où l'adnptation est aussi incertaine.]) —
Bien d'autres espèces introduites ou immigrées n'ont pas été spécialement étudiées
à ce point de vue; je citerai comme exemples pouvant être examinés à ce propos :
a) parmi les formes marines : Meleagrina radiafa Deshayes {M. savignyi Monte-
rosato), introduit de la mer Rouge dans la Méditerranée (Vassel, Comptes rendus
Assoc. franc. Avanc. Sci., Session de Tunis, 189tî, p. 10; et Giard, Comptes rendus
Soc. Biol. Paris, 1904, p. 255). — Petricola pholadiformis, introduit des États-Unis
dans l'Europe occidentale : mer du Nord (Pelseneer, Ann. Soc. Zool. et Malacol.
Belg., t. XLVIII, 1914); h) parmi les formes continentales : Vivipara .stelmalophora,
introduit du Japon en Californie {Nautilus, vol. XV, 1901). — Lithoghjphns nati-
coides, introduit, dès avant 1913, en Belgique et dans le Word-Est de la France, par
l'Allemagne; venant du Danube. — Hélix acuta (ou barbara) et d'autres encore,
introduits dans le Nord de la France et en Belgique, le long de la mer (Giard,
Feuille des jeunes natur., t. XXXVI, pp. 45 et 61); et Bouly de Lesdain, ihid., t. XL,
191 1, p. 51). — Physa acuta, introduit de régions plus méridionales d'Europe, en
Belgique vers 1870, en Allemagne, en Suisse, en Russie, en Suède (Upsal); et, enfin,
de nombreux Pulmonés européens introduits en Australie (3Iusson, Proc. Linn.
Soc. N. S. Wales, 2^ série, vol. V, p. 883); en Amérique du Nord, aux Antilles,
à Sainte-Hélène (Smith, Pruc. Zool. Soc. London, 1892, p. 259).
419
On peut donc conclure de ce qui précède que les individus
d'une espèce varient moins lorsqu'ils sont bien adaptés à leur
milieu, et que, quand ils sont moins bien adaptés, ils deviennent
plus variables (^).
2. — Suivant l'âge.
La variabilité est plus grande (au double point de vue de la
diversité des variations et de leur intensité) dans les premières
phases du développement individuel (^).
Un f( principe » énoncé par Darwin dit que les variations
n'interviennent généralement pas dans les toutes premièics
phases du développement embryonnaire, « principe, dit-il, dont
l'observation directe montre la probabilité (") ». Longtemps
admise, cette manière de voir n'est cependant plus acceptable,
car les notions embryologiques si nombreuses acquises depuis
lors font voir qu'elle n'est pas exacte.
Les variations peuvent apparaître, en effet, plus ou moins
tôt dans le développement. On a vu (I'^ partie, pp. 281) à 3(30)
une multitude d'exemples de variation embryonnaire chez les
Mollusques. Et à l'appui de la variabilité plus grande dans les
premières phases, on peut citer de nombreux exemples typiques :
1° Dans Littorlna littorea, la variation du rapport de la
hauteur k la largeur est moindre dans les individus âgés que
dans le jeune âge (^).
(*) Vernon, Variation in animais and plants. London, 1903, pp. 216 et 217. —
On a déjà constaté la môme chose en reconnaissant qu'une espèce est plus variable
à l'état (le «lomestication qu'à l'état sauvage; ou encore que les races humaines
civilisées sont plus variables que les sauvages (Pearson, The Chances of Death and
otlier Studies in Evolution. London. t. I, 1897). — On sait d'ailleurs que Oenothera
lamarckiana dont la variabilité aux Pays-Bas a donné lieu à tant de discussions
théoriques, a été introduite d'Amérique en Europe.
(2) Il y a ici parallélisme entre l'ontogénie et la phylogénie, puisque ce sont aussi
les organes les plus « jeunes » phylogénétiquement,oucénogénétiques,qui sont les
plus variables (voir ci-dessus, p. 37S).
{') Darwin, Varialion des animaux et des 'plantes, t. II, p. 13.
(*) Blmpus, The variations and mutations of tke introduced Littorina. (Zool.
Bull. Boston, vol. I, 1898, p. 247.)
— 420 —
2° Chez Littorina jeudis, il y a mulliplicité de formes jeunes
anormales — presque inconnues à l'état adulte — et rencontrées
soit mortes un peu après l'éclosion (fig. W6) (^), soit vivantes
dans l'oviducte de la mère (fig. 265) (^).
3" Dans les Mclantlio de diverses espèces, la sinistrorsité est
infiniment plus fréquente chez les embryons qu'à l'état adulte,
de 10 à 100 fois plus grande (^).
4° Dans Claiisilia laminuta, les tours les plus voisins du
sommet sont constitués par la co(juille du jeune âge; or la
variabilité de la « radial spiral » est, d'après les mesures faites,
considérablement plus grande chez ces coquilles jeunes que
dans les adultes, dans la proportion de 100 à 120 fois pour le
premier tour et demi (^).
5° Chez Hdix arbustorum, le même phénomène a été observé :
la forme adulte est en parfait équilibre avec son environnement ;
et les variations des stades jeunes sont éliminées par sélection
périodique (^).
6° Dans les Unionidae d'Australie, les formes jeunes d'une
seule et même espèce sont souvent beaucoup plus différentes
entre elles que les différentes « espèces » à l'état adulte (^).
(^) Sykes, On some Monstrosilies of Liltorina rudis Maton. (Proc. Dorset Nat.
HiST, AND Antiqu. Field Cllb, vol. XllI, 1891, p. 193 : « No large or fullgrown
examples hâve been found n.\
(2) Cépède, Recherches sur les Infusoires astomes. (Arch. Zool. expér., 5e série,
t. III, 1910. fig. 111 à 116.) — Je puis confirmer par observation personnelle, la fré-
quence extrême des varialions dans l'enroulemenlde la coquille des jeunes L/Z/orina
radis dans l'oviducte des femelles portant des Protophrya ovicola parasites.
(3) Cai.l, Heversed Melanthnnes. (Amer. Natur., vol. XIV, 1880, p. 207.)
(■*) Wei.don, Situdy of nalural Sélection in Giausilia larainata {Montngu). (Biome-
TRiKA, vol. 1, li'Ol, p. 109.) — En réalité, la proportion devait être plus grande
encore, car on n'a pu tenir compte que des jeunes qui ont pu arriver jusqu'à l'état
adulte; or, il y en a assez bien d'autres qui ont été éliminés avant cela, et surtout
ceux qui s'écartaient le plus de la normale, c'est-à-dire les individus variés.
(^) Di Cesnola, a firxt siudij of nalural sélection in Uelix arbustorum {llelicogena).
(Biometiuka, vol. V, 1907, |)i). 387-309.)
(S) R.-.M. JoHNSTON, Variability of Tasmanian Unio. (Proc. Roy. Soc. Tasmania
FOr 1888, pp. 95 et 96, 1)S89.)
— 421 —
7" Dans Planorhis multiforrnis, où les jeunes stades pré-
sentent une remarquable diversité de forme, tandis qu'ils se
développent en adultes à peu près semblables (^).
8" Chez Limnaca stagualis, où j'ai constaté à l'éclosion des
écarts considérables dans la l'orme de la coquille, que l'on ne
retrouve pas à l'état adulte, par exemple dans le rapport entre
la longueur et la largeur de la coquille.
FiG. 267. — Limnaca stagnalis, une
coquille, quatre jours après l'éclo-
sion, montrant la limite de la coquille
embryonnaire (variation courte) avec
indice 1.2/i, tandis que l'indice de
la coquille complète, après quatre
jours, est 1.5/t. — Original.
Ce rapport, chez les adultes provenant du même fossé que les
pontes, est de 2/i (^). Dans les embryons près d'éclore, il peut
descendre non seulement à toutes les valeurs comprises entre
2/1 et l'unité, mais passer même au-dessous de cette dernière,
arriver à 0.9/1 et jusqu'à 0.76/1 (fig. 233 et 234).
Déjà trois ou quatre jours après l'éclosion, sur ces coquilles
embryonnaires courtes, on constate une modification dans le
rapport en question ; la longueur reprend progressivement sa
valeur normale (fig. 267), passant par exemple de 1.2/1 à 1.5/1
ou de un sixième à un tiers en plus que la largeur; il y a donc
atténuation de la variation embryonnaire aussitôt qu'elle est
(1) HiCKLiNG, The Variation of Planorbis multiforrnis Bronn. (Mem. and Proc.
Manchester Lit. and Philos. Soc, vol. LVII, 1913, n» 10, p. 13.)
(-) C'est là le rapport normal, d'après Moqlin-Tandon (loc. cit., t. II, p. 473); et
la limite inférieure de ce rapport chez l'adulte n'arrive qu'à 1,2S : 1 (d'après
VON Martens, Sarasin's Land-Mollusken vm Celebes und die darin enthaltene
Théorie der Forinenketten [Sitz. Ber. Gesei.lsch. Naturforsch. Fr. Berlin, 1899,
p. 2;jOJ); tandis que sa limite supérieure atteint, suivant le même auteur, 2,4 : 1, et
d'après Brockmeier (Beitrage zur Biologie imserer Siisswasser-Mollusken [FoK-
SCHUNGSBER. BiOL, SiAT. Plôn, Bd IV, 1896, p. 260J), jusqu'à 2,6 : 1.
422
régularisée par le milieu nouveau où se meut le Mollusque,
ainsi que dans le cas ci-dessus de Planorbis multiformis et de
Clausilia laminât a.
9° Chez Limnaea refîexo, le rapport de la longueur à la lar-
geur est de 2.3/1 à 2.8/1, pour des individus de 23 millimètres,
tandis que pour de plus jeunes il oscille entre 2.25/1 et 3/1 (^).
10" Dans Pliijsa fontinalis, la variation du rapport de la
longueur à la largeur est bien plus ample au moment de la
naissance qu'à l'âge adulte; j'y ai constaté l'écart allant de
1.64/1 à 1.19/1 (fig. 235, p. 342).
11° Coquilles droites (non tordues) dans divers genres
(p. 354), assez fréquentes chez les jeunes près d'éclore, tota-
lement absentes chez les adultes.
12° Hernie endodermique et autres variations congénitales
brusques de Limnaea staynalis, rencontrées dans les embryons,
inconnues à l'état adulte (p. 345).
11 y a ainsi dans le jeune âge, et surtout vers l'éclosion, une
plus grande diversité de variation que par la suite, des variations
plus amples que celles qui apparaissent après la naissance, et
même il y a un grand nombre d'individus variés. Mais :
a) L'exemple de Littorina rudis, de Limnaea stagnalis,
notamment, montre que beaucoup de ces variations du jeune
âge sont éliminées progressivement sans parvenir à l'état adulte,
surtout les variations les plus brusques, les plus écartées de la
forme normale appro[)riée aux conditions d'existence de l'espèce.
Il V a là un mécanisuie d'autoréi'ulation sélective. Et il est tout
à fait probable ([u'il en est le plus souvent ainsi : les individus
à variations congénitales brusques sont — au moins pour la
(1) Baker, Variation in Lymnaea retlexa Saij, from Huron County. (42lh Rep.
MiCHIGAN AcAD. Sci., 1910, p. 62.)
— 423 —
plupart — éliminés avant d'atteindre l'âge adulte. Ces variations
brusques non adaptives sont ainsi une cause de non-viabilité et,
conséquemment, ne sont pas héritables puisque ceux qui en
étaient atteints n'arrivent pas à l'âge de se reproduire.
h) En outre, pendant la croissance des individus variés non
éluninés, il y a, après l'éclosion ou même avant, atténuation
<c régulatrice » ou diminution de la variation à mesure que l'âge
avance ; tel est le cas de Clausilia laminata et Hélix arbuslorum
(ci-dessus p. 420), de Limnaca stagnalis à coquille courte
(fig. 267), de Planorbis corneus à tête asymétrique (fig. 261),
de Limnaea stagnalis à pied bypertrophié (p. 349), de Hélix
pouiatia nés planorboïdes (p. 402), etc.; et il en est ainsi vrai-
semblablement d'un très grand nombre de cas que l'on étudiera
à ce point de vue.
De toute façon, et dans ces deux cas a et b, c'est le milieu qui
cause cette régulation ou maintien du « type », par suite de l'état
d'infériorité des individus non constitués avec les caractères
spécifiques adaptatifs correspondants à ce milieu et donc non en
baruionie avec lui : il y a réadaptation an mi/zcî^ c'est-à-dire varia-
bilité inverse qui n'est nulle ou insensible que dans les individus
normaux ou à peu près normaux, et l'on rentre ainsi dans la
première cause de variabilité des individus : la non-adaptation.
Avec l'âge, chez les Mollusques, la variabilité va donc en
diminuant d'une façon constante (^).
(') l.a même chose a élé constatée dans d'autres groupes, par exemple, chez les
Oursins : Veknon, The Ejfect of Environment on the Development of Echinoderm
Larvae (Phil. Trans. Roy. Soc, vol. CLXXXVI B, d895, p. 617); et Peteh, Neue
(Jntersurhungen uber die Grosse der Variabilitât iiud ikre biologische Bedeutung
(Akch. Entwickl.-mech., Bd XLI, 191 f [variations s'etfaçant avec l'âge croissant des
larves]). — Cténophores : Fischel, Experimentelle Vntersuchnngen am Ctenopho-
renei (Arch. Entwickl.-mech., Bd VI, 1897 [variations s'effaçant avec l'âge croissant
des larves]). — Poissons : Ryder, The inheritance of Modifications due to distur-
bances of the earlij stages of development especially in the japamse domesticated
races of goldcarp (Proc. Acad. Nat. Sci. Philadelphie, 1893, p. 82). — Mammi-
fères : Cochon d'Inde : Minot, Journ. of PhysioL, vol. XI, p. 97. — Homme ;
Pearson, Proc. Roy. Soc. London, vol. LXVI, 1900, p. 23.
— 4-24 —
La variabilité relativement plus i^ramle dans le jeune âge peut
s'expliquer par une triple cause :
1° Par une plus grande plasticité des phases primitives de
l'ontogénie (correspondant à la plasticité plus grande des
éléments cellulaires les moins différenciés) confirmée par :
a) Le fait qu'avant la seguientation, les œufs supportent la
centrif'ugation et continuent à se développer (^).
h] Les phénomènes A' adaptation plus rapide et plus parfaite
des jeunes stades : on voit des jeunes s'adapter directement, à
leur naissance ou avant, là où les adultes de la même espèce ne
peuvent s'adapter que très progressivement; par exemple i\ une
salure plus grande ou plus faible : les adultes de Cenia cocksi ne
s'adaptant <pie progressivement à une dessalure de l'eau de mer,
tandis (|ue les pontes continuent à évoluer et que les nouveau-nés
s'y adaptent directement (~) ; les embryons de Bifthinia leachi
poursuivent leur développement dans l'eau renferuiant ^2.5 7o
de sel mnrin, tandis que les adultes n'en supportent pas une
addition de 1.5 "j^ (observation personnelle); les embryons de
Limnaca pcrcgra éclosent et se développent directement, d'une
façon normale, dans une eau avec 5 grauimes de sel uiarin par
litre où des adultes ne peuvent s'adapter que progressivement (^);
les jeunes huîtres supportent mieux (jue les adultes la présence
(1) CoiNKLiN, Tke effects of centrifugal force npon the organixalion and deoelopm,'nt'
of the eggs of fresh ivater Pulmonutes. (JouuN. of exper. Zool., vol. IX, 1910^
p. 444 : « The injurious effecl of centrifuging increase l'apidly tVom the lime of the
first maturation to Ihatof the first cleavage. Before the formation of the tirst polar
body, the eggs stand cenlrifuging witliout much injury. Afier botli polar bodies
hâve been formed and up lo the period of first cleavjge, the effects of cenlrifuging
are more and more injurious >■>.)
(2) Pelseneeh, L'urigine des animaux d'eaiudouce. iBui.L. Acad. hoy. Belg. [Sci.],
1905, p. 716, 1906.)
(^) Rajat, L'action du chlorure de sodium sur les Mollusques aquatiques. (Comptes
KENDUS Soc. BioL., 69^ année, 1917, p. 172 ) — On connaît aussi l'exemple des
Daphnia de Paul Bert {Ann. des Sci. nul. [ZooL], 1866), dont les adultes ne survé-
curent pas dans une eau salée à 1,5 %? tandis que leurs œufs s'y développèrent et
y donnèrent naissance à une génération nouvelle qui a prospéré dans ce milieu
néfaste h la première.
— 425 —
de sulfate de calcium qui débilite ces dernières (^) ; les jeunes
Plujsu supportent mieux que les adultes les uiodifications de
milieu et les excitations mécaniques localisées (^).
c) Les phénomènes de régénération plus rapide et plus
parfaite dans le jeune âge (connue pour les grenouilles, dont les
têtards régénèrent, mais non les adultes) :
a. Purpura lapillus, où la régénération de l'œil est plus
rapide chez le jeune que chez l'adulte (^).
p. Limnaea stagnaiis, où, chez l'adulte, la lenteur de la
régénération est très grande (^),
d) L'élasticité des changements de coloration dans le jeune
âge : les jeunes Etysia viridis prennent plus rapidement que les
adultes la coloration des algues rouges sur lesquelles on les
élève (observations personnelles).
2" Par le fait que l'embryon ne peut fuir des conditions
nouvelles, plus ou moins gênantes, quand il s'y trouve soumis,
tandis que l'adulte le peut; le premier subit donc passivement
une plus grande variété de conditions extérieures (c'est-à-dire un.
plus grand nombre de causes de variations) que le second.
3° Par la sélection, qui :
a) Atténue les variations un peu fortes, comme on l'a vu
ci-dessus (p. 423).
b) Empêche la conservation (et conséquemmentla perpétuation
héréditaiie) de nombreuses variations non viables, tout couime
elle aide d'autre part à fixer de plus en plus celles qui sont nées en
harmonie avec les conditions d'existence et provoquées par elles.
(1) Oku, Ito and Fujita, The action of calcium sulpliale on living Oijslers. (Journ.
FisHEK. BuR. Tokyo, vol. X, 1901.)
(-) Dawson, The Biology o/'Pliysa. (Rehavior Monogr., vol. 1, n" 4, 1911.)
(5) Pelseneeu, Quelques observations sur la régénération chez les Gastropodes et
les Turbellanés. (IXe Congués lnteunational de Zoologie, 1914, p. -ITi.)
(*) Techow, Zur Régénération des Weichkorpers bei den Gastrupoden. (Arch.
Entwigkl.-mech., Bii XXXI, p. 368.)
— 426 —
A côté de la non-adaptation et de l'âge, une troisième cause
de variabilité serait la « prospérité » (^) ; il y aurait une varia-
bilité plus grande des individus prospères que des individus
appauvris, mal nourris, etc., c'est-à-dire placés dans des condi-
tions défavorables.
Mais il ne se trouve guère d'exemples confirniatifs de cette
(c règle »; il a été vu, au contraire, que les individus tout à (ait
bien adaptés, dont les organes se trouvent par conséquent dans
les conditions les meilleures d'eupborie et de prospérité, varient
beaucoup moins que ceux qui sont « non adaptés », c'est-à-dire
ne se trouvant pas dans les conditions favorables babituelles
(p. 480). Toutefois, il peut se faire que certaines variations
soient, cbez des individus faibles, une cause d'infériorité et de
disparition; de sorte qu'à nombre égal d'exemplaires forts et
faibles, variés, un plus grand nombre des premiers persistent,
et il semble alors qu'il y a plus d'individus variés cbez eux.
III. — Espèces offrant le plus de variabilité.
Les espèces d'une même époque ou d'une même région ne
sont pas toutes également variables. Si l'on compare entre elles
diverses formes de Mollusques, même éventuelleuient des espèces
voisines, on y constate souvent une variabilité inégale, soit pour
un caractère déterminé, soit pour la généralité des caractères.
Ainsi, parmi les Lamellibranches du genre Cardium, il a été
signalé que C. murîcatiim est le plus variable (polymorphe)
quant au nombre de côtes, et (J. magnificum le moins, C. iso-
cardia leur étant intermédiaire à ce point de vue (■). De même,
(*j Chez les Nudibranches, d'après Hecht {Coninbnlions à l'ctucU des Nudi-
hranches [Mém. Soc. Zool. France, t. VIII, 1896, p. "ïi]], les variations s'observenl
de beaucoup Je plus fréquemment chez les animaux les plus irtands et les plus
vigoureux.
n Baker, Rib Varialion in Cardium. (Amer. Aatuii , vol. XWVII, 1903, p. 407.)
— 427 —
parmi les Pnlmoiiés du genre Hélix, II. lapicida a été reconnu
une forme peu variable, tandis que //. nspitmn est très variable
ou polymorphe (^) ; Ccrion glans est beaucoup plus variable
qu'aucun autre Puluioné terrestre des Babamas (~), etc.; Palu-
destrina proteus et P. longinqua, placés dans les mêmes
conditions, montrent, le premier une très i^rande variabilité, le
second une variabilité minime (^), le tout au point de vue de la
coquille. D'autre part, en ce qui concerne la longueur du
flagellum, celle du dard et du pédoncule du receptaculum
seminis (p. 236), flelix nemoraiis est bien plus variable que
H. hortensis (^). Et parmi les Mollusques fossiles, on a remarqué
bien des fois des phénomènes semblables dans les espèces d'un
même étage; un exemple bien connu en est, dans le Calcaire
grossier de Grignon, Voluîa spinosa sans variabilité et Fusiis
(Sijcon) ImUiformis présentant, au contraire, tant de variations
qu'elles donnent l'idée d'un « affolement » de l'espèce ; dans le
Pliocène de l'Amérique du Nord, Fuigur contrarius varie énor-
mément, tandis que Strombus fragilis et Melongena corona ne
varient pas (^), etc.
D'après l'étude des phénomènes actuels, les deux causes
principales qui déterminent ces différences de variabilité sont
l'étendue de la distribution géographique et le degré de spécia-
lisation.
(1) GouTAGNE, Recherches sur le polxjmorphisme des Mollusques de France [Loc.
CIT., pp. 90 et 130 [et de H. lapicida, la faible variabilité est caractéristique non
seulement pour l'époque actuelle, mais aussi pour les périodes géologiques précé-
dentes : Ihid , p. 129J).
(2) l'LATE, Die A rtbildung bei den Cerion-Landschnecken der Bahamas. (Verhandl.
DEUTSCH. ZooL. Gesellsch., 1900, p. 131.)
(^) Steauns, The fossii fresh-water shells of ihe Colorado désert, their distribu-
tion, environment, and variation. (Puoc. U. S. nat. Mus. [Washington], vol. XXIV,
1901, p. 284.)
(*) Kleineu, lac. cit., respectivement pp. 299, 231 et 240.
(S) Leidy, Remarks on the nature of organic species. (Trans. Wagner Free Inst.
OF Sci. [Philauelphia], 1899, p. 53.)
— 4-28 —
1. — Suivant l'étendue de la distribution géographique.
Les espèces à très grande aire de dispersion sont généra-
lement les plus polymorphes et leur variabilité est d'autant plus
considérable que leur aire de répartition est plus vaste. Cela est
naturellement la conséquence de la plus grande variabilité des
conditions de milieu ({ui en résulte.
Mytilus ediiUs en est un excellent exemple; on sait la multi-
tude de noms qui ont été infligés à celle espèce, à cause des
diverses formes qu'elle présente; or elle est répandue dans tout
l'hémisphère Nord, partout où la température de l'eau n'atteint
jamais le maximum de ^o** C. Saxicava arclica, également doté
pour le même motif d'un grand nombre de noms différents, est
une forme presque cosmopolite dont la distribution n'est
interrompue que dans les eaux chaudes intertropicales, etc.
Les espèces cosmopolites sont connues pour présenter toujours
une grande diversité de variation (^). El si l'on compare
n'importe quelle espèce locale à une espèce de distribution
étendue, on verra toujours que la seconde est plus variable (^).
Il en est ici des espèces comme il en est des individus (p. 415),
le milieu varié, conséquence d'une distribution plus étenckie, est
cause que l'espèce n'est pas adaptée en même temps à cette
diversité de condition par une organisation uniforme (^), comme
l'est une espèce localisée dans un milieu peu varié ou de
(1) Bellini, L'infhienz-a dei mezzi corne, cause di variazione e di dispersioni na
molluschi. (Roix. Soc. natuual. Napoli, t. XVIII, 1904, p. 20.)
(2) L'influence de la distiibulion étendue a éié recoiinue dans les oiseaux migra-
teurs, qui, relativement aux espèces sédentaires ou non migratrices comparables,
offrent un plus grand nombre de variations individuelles (Montgomery, Organic
variation as a criterion of dcvelopment [Jouiun. of Mouphol., vol. XII, -1896, pp. 291
et 292J) : ces espères migratrices sont, en eiîet, des formes à distribution ou aire
géographique fort étendue.
(3) CoUTAGNE, Recherches sur le polipnorphisnie des Mollusques de France. (Loc.
CIT., p. 183 : « ... région à milieux très variés, et, dès lors, i-égion favorisant le
polymorphisme des espèces ».)
— 429 —
conditions constantes, si même celles-ci régent sur une grande
étendue (^) ; ainsi il est bien connu que :
a) Les espèces littorales sont plus variables que les espèces
abyssales; exemple : Pcctcn opercularis et P. irradians, etc.,
offrent à peu de distance des variations très appréciables (travaux
de Davenport, voir p. 51, etc.), tout comme leurs conditions de
milieu varient à de petites distances; P. pudicus, par contre,
est réparti dans l'Atlantique Nord, le Pacifique et l'Antarctique
(au moins), mais dans des conditions physiques et chimiques
partout identiques, et il présente partout les mêmes caractères (^);
et l'on pourrait encore citer bien des exemples (d'après les
récoltes de Challenger) de Lamellibranches abyssaux à grande
aire de dispersion et à très faible variabilité : Semele profiindo-
rum (Atlantique et Pacifique), Silenia sai^si (Atlantique et océan
Lulien), Verticordia deshayesiensis (Atlantique et Pacifique),
Arca pteroessa et Lima goUatli (Atlantique et Pacifique), etc.
b) Les espèces intercotidales sont plus variables que les
espèces de profondeur : Mijtilus edulis plus que Modiota
modioliis, Purpura lapiilus plus que Nassa reticulata, etc. ;
mais nulle part les conditions d'existence ne sont plus variables
ou changeantes qu'entre les limites des marées.
c) Les espèces terrestres, montagnardes et insulaires sont
plus variables que les espèces de plaines et continentales (^).
(') Car il y a des exce|)tions dans les deux sens à celte règle générale : des
formes à extension géographique assez considérable, mais à habitat très spécialisé,
et alors, de faible variabilité, et des formes à aire de distribution relativement
restreinte mais présentant des conditions de milieu très variées, et très variables
elles-mêmes dans ce cas, par exemple : los Strepomalidae qui ont une variabilité
considérable dans une aire de distribution minime. (Wetheuby, Remarks on the
variation in form of the Family Strepomalidae. [Proc. Cincinnati Soc. Nat. Hist.,
1876, p. 8].)
{-) Pelseneer, Mollusques (Amphineures , Gastropodes et Lamellibranches).
(RÉSULTATS, ETC., S. Y. Bel(;ica, p. 26.)
(2) Coutagne, loc. cit., pp. 181 et 182.
— 430 —
2. — Suivant la spécialisation.
i" C'est un fait d'expérience familière que toutes les espèces
ne supportent pas également bien un même changement dans
les conditions de milieu; ainsi :
a) A des eaux souterraines obcures s'adapteront Ancjilus
fluviatilis (^), Paludestrina jenkinsi ('), Neriliua (luviatiiis,
certains Limnaea, Dreissensia pohjmorplia (^), Aetlieria pctrc-
tini (^), tandis que Pleurocera suhularc y meurt [^]
h) A des eaux chaudes ou a thermales » s'accoutument Plnjsa
aaita, Limnaea peregra (espèce particulièrement eui'vtherme et
euryhaline parmi les Limnées), tandis que des espèces même voi-
sines n'y survivent pas (comme Limnaea aiiricidaria , plus sténo-
iherme et plus sténohalin que les autres Limnées (IV*" partie).
c) A des eaux dessalées certaines espèces marines résistent
fort bien, contrairement à d'autres qui ne supportent pas une
légère variation de salinité (à l'état de larve comme à l'état
adulte) : Tellina baltica et Littorina littorea sont un bon
exemple des premières, Tellina incarnata et Lamellaria per-
spiciia, des secondes (IV*' partie, II, 9).
2" C'est un fait d'expérience aussi que les espèces les plus
tolérantes à ces divers points de vue (d'ordinaire une espèce
tolérante à une sorte de modification du milieu l'est aussi à
(1) Hardy, Journ. of Conch., vol. XI, 1906, p. 273 (vieilles conduites d'eau à
Manchester).
(2) Standen, Journ. of Conch., vol. XII, 1907, p. 19 (conduites d'eau, Peckhara,
S. Londoii).
(^) Zoologist, vol. X, p. 3430.
(^) BouRGiii(;.\AT, Maiénau.v pour servir à l'histoire des Mollusques acéphales du
sifstème européen. (Description de plusieurs Aetheria nouvelles.) Paris, 4880 (conduites
d'eau en fonle, Ramleh, près du canal Mahmoudieh, Egypte).
{^) Simpson, Pleurocera angularc in water-mains. (Nautilus, vol. IX, 1895, p. 37.)
— 431 —
d'autres: voirlV^partie) sont les plus variables, notamment celles
qui se renconlrent déjà dans la plus grande diversité de milieux,
c'est-à-dire qui rentrent dans la première condition ci-dessus :
ce sont les moins spécialisées, celles qui ne sont pas adaptées
à un habitat très particulier (espèces littorales ou intercotidales
ci dessus, etc.).
Au contraire, les espèces qui sont nettement différenciées par
un habitat très spécial ne sont que très peu variables (^).
La preuve de leur faible variabilité se trouve dans leur dispa-
rition rapide, au moindre changement de milieu, tant à l'époque
actuelle qu'aux temps géologiques; ainsi, comme exemple du
premier cas, on peut citer :
a) Les espèces parasites étroitement adaptées à un hôte
déterminé, ne survivant pas sur un hôte un peu différent
{Odostomia rissoides, parasite externe de Mijtilus ednlis, ne peut
vivre sur d'autres LaiViellibranches tels que Tapes, Teliina,
Mactra, etc.) (^).
b) Les espèces pélagiques ne peuvent pas atteindre leur état
adulte en aquarium comme les espèces littorales, par exemple
Pterotracliaea, etc. ; « Ptéropodes » : Cavolinia, etc.
c) Les Pulmonés dont les œufs pondus dans l'eau de mer et
donnant une larve veliger, ne peuvent cependant atteindre leur
état adulte sous l'eau : Auricula, Siplionaria, Gadinia, Oncidium.
{}) Comme il a déjà été formulé par Giard, il y a plus de trente ans (observations
sur la note : Les Mammifères ovipares, par Vinciguerra [Bull. Sci. I»éparï. Nord,
t. XVII, 1886, p. 416 : « Les groupes terminus... très fortement différenciés par
une existence s|iéciale. . . présentent une très faible variabilité >j]). — Cet « épui-
sement des facultés d'adaptation » a encore été signalé pour les Mollusques, par
CouTAGNK, toc. cit., p. 18'2 : « Lorsqu'une espèce trouve des conditions très favo-
rables dans un milieu spécial très uniforme, sur un très grand espace, elle étonne
alors par le prodigieux dévelopf)ement de ses générations successives ide7iliques ».
(2j Hei.seneer, Étholoyie de quelques Odoitumia et d'un Monstrillide parasite de
Vun d'eux. (Bull. Scl France et Belgique, t. XLVIII, 1914, p. 3.)
43-2
d) Dans les temps géologiques, on a vu des groupes très
spécialisés de Mollusques disparaître brusquement à la limite
d'un étage, c'est-à-dire à un moment où les modifications plus
ou moins profondes ont été réalisées dans le milieu : les Ammo-
nites, les Bélemnites et surtout les Rudistes en sont des
exemples bien connus; et ce que l'on sait de leur conformation
permet d'y voir des formes très différenciées ou très spécialisées
par le fait d'une adaptation à des conditions d'existence très
particulières.
Par suite de leur étroite spécialisation même, ces diverses
formes ont un patrimoine variable très entamé et réduit, de
sorte qu'il leur reste moins à pouvoir modifier encore. Et quand
la spécialisation (avec la complication qui en résulte) est trop
avancée, cette complication en fait des organismes d'autant plus
délicats que leur adaptation est plus parfaite. Vienne alors un
léger cbangement dans les conditions de milieu, l'espèce (l'en-
semble des individus), faute de pouvoir se modifier encore
suffisamment, disparaît quand disparaît ou se modifie notable-
ment l'babitat très particulier auquel elle était appropriée.
On voit par là que les deux conditions de varial)ilité des
espèces (distribution étendue et variée, faible spécialisation)
concordent assez étroitement ou se confondent presque en une
seule; une espèce est d'autant plus variable qu'elle est moins
spécialisée à des conditions particulières d'existence, c'est-à-dire
qu'elle est moins localisée ou à distribution plus étendue, car
les formes à aire de dispersion étendue sont par là même peu
spécialisées puisqu'elles supportent une grande diversité de
conditions de milieu.
Cette notion de la limitation de la variabilité a déjà été
suggérée <lès 1880 par l'étude de l'anatouiie et de la pbylogénie
des Cépbalopodes dibranches (^). Bien des auteurs sont arrivés
(1) Brock, Versiich ciner Phijlogenie des dibranchialcii Ceplialopoden. (Moiîphol.
Jahrb., Bd VI, 1880, p. 293.)
433
plus ou moins indépendamment à des idées très analogues,
énoncées sous des noms différents (^), et notamment maints
paléontologistes, qui y ont été conduits par cette extinction des
formes très spécialisées. Et le fait que ces idées concordantes,
analogues à la limitation de la variabilité, ont surgi sous des
noms différents chez des auteurs travaillant dans des champs très
divers est une preuve de l'existence réelle de cette particularité.
Si les deux conditions de variabilité des espèces (et des
groupes plus élevés) se ramènent à une seule, celle-ci concorde
en outre avec une des conditions essentielles de variabilité des
individus et des organes; on a vu, en effet, d'une part, que sont
les plus variables les organes (p. 4-07), les individus (p. 4^3) et
les espèces (p. 420) subissant ou tolérant le mieux l'action du
milieu; et, à' autre part, que les organes d'apparition récente et les
individus jeunes sont les plus variables; mais une forme spéci-
fique très spécialisée est une forme ayantz'îci//i, n'ayant pas gardé
la plasticité des organismes archaïques ou primitifs ! Car elle est
ancienne par la multitude des variations qu'elle a subies; et,
par le fait de ces dernières, elle a son long patrimoine hérédi-
taire très réduit, limitant ainsi — tout comme pour les organes
anciens et les individus âgés — les variations nouvelles possibles.
Formes hybrides. — On a maintes fois supposé que les formes
hybrides présentent une variabilité exagérée. Les (juelques
observations positives faites à ce sujet chez les MoHusques
(*) GiARD, 1886 (faible variabilité des groupes très fortement différenciés). —
RiLEY, -1888 (différenciation limitant l'étendue de la variation {Proc, Amer. Assoc.
Advanc. Sci., 1888, p. 216J). — Émery, 1893 (décroissance de l'adaptabiliié [Biol.
Centralbl., Bd XIII, p. 397]). — Dollo, 1893 (limitation de l'évolution \BulL Soc.
belge GéoL, t. VIIj). — Cope, 1896 (formes très différenciées disparaissant sans
s'adapter). — Rosa, 1899 (réduction progressive de la variabilité). — Depéuet,
1907 (degré de spécialisation trop avancé, cause de dépérissement et de mort). —
Le Dantec, 1909 (loi de stabilité croissante : quand une espèce varie, elle passe à
un état plus stable que le précédent). — Hoernes (décroissance de la variabilité
[Biol. Centralbl, Bd XXXI, p. 373]).
28
434
tendent à montrer plutôt que la variabilité y est moindre que
celle des espèces parentes. Ainsi dans les hybrides de Hélix
nemornlis et H. Iiortcnsis, examinés au point de vue des organes
génitaux :
1" La longueur du pédoncule du receptaculum seminis varie
moins dans les hybrides que dans les individus des deux formes
normales.
:2' La longueur des glandes muqueuses (vésicules multifides)
est peu varial)le chez les hybrides, alors qu'elle l'est très fort
dans //. nemoralis et //. Iwrtensis.
3° La longueur du dard est peu variable chez les hybrides,
davantage dans H. Iwrtensis et beaucoup plus dans H. nemo-
ralis (^).
IV. — Résumé.
L — Les organes qui présentent la plus grande diversité dans
la variation sont : 1° au point de vue de leur situation, les
organes les plus exposés à l'action du milieu (p. 409); ^° au
point de vue de leur âge phylogénétique, les organes de consti-
tution récente ou cénogénétique (p. 41:2), en comprenant parmi
ceux-ci les organes rudimentaires (p. 410).
IL — Pour une même espèce, la variabilité peut différer
suivant la « station » considérée (milieu) et suivant l'âge de
l'individu; elle est d'autant plus grande : 1" que l'individu est
moins adapté, c'est-à-dire que la localité présente moins d'uni-
formité (p. 416), et 2" que l'individu est moins avancé en âge
(p. 423). _
(1) Kleiner, Unlersuchurigen am Genitalapparat von Hélix nemoralis, hortensis
und einer weileren Reihe von Lang geziichteter Baslarder beiden Arten. (Zeitschr.
INDUKT. Abstammungslehre, Bd IX, 1913, pp. 231, 234 et 2i0.)
— 435 —
III. — Entre espèces (ou subdivisions) différentes, la varia-
bilité est en raison directe de l'étendue de la distribution
géographique (entraînant la diversité des milieux) et en raison
inverse du degré de spécialisation atteint (pp. 4:28 et 431).
IV. — Il n'y a donc qu'une condition essentielle à la varia-
bilité tant des organes que des individus ou des groupes zoolo-
giques, c'est la diversité du milieu habité et la propriété des
organes, individus et groupes de pouvoir s'adapter à cette
diversité, c'est-à-dire d'être aussi peu spécialisés que possible.
Conséquemment, pour les organes, les individus et les espèces,
la variabilité est d'autant plus grande que organe, individu ou
espèce est moins spécialement adapté et d'un âge ontogénéti-
quement et phylogénétiquement moins avancé.
436
QUATRIÈME PARTIE
Causes des variations.
« Toutes les variations sont causées
directement ou indirectement par
quelque changement dans les con-
ditions ambiantes. »
Darwin (*).
I. — Causes externes et causes internes.
Après avoir examiné les façons de classer les variations, puis
recherché quels sont les organes, les individus et les espères
les plus variables, nous arrivons ;t une question d'une impor-
tance théorique capitale : celle des causes des variations.
Comme causes éventuelles, on a invoqué, en les opposant les
unes aux autres, des causes externes et des causes internes.
11 s'agit donc d'abord de voir jusqu'à quel point existe cette
distinction en deux sortes de facteurs des variations.
1. — Causes internes.
Des causes internes sont surtout invoquées par les adversaires
de l'influence du milieu dans l'évolution. Le plus souvent, ces
« causes internes » sont mentionnées sans être le moins du
monde précisées : ou bien sans être définies d'une façon claire,
(1) Darwin, De la variation des animaux et des plantes, traduction Moulinié, t. II,
1863, p. 449.
487
ou bien sans avoir été l'objet d'aucune démonstration expéri-
mentale ; par exemple :
1° On a rangé parmi les prétendues causes internes, la
structure de la coque de l'œuf ou la quantité de vitelliis ou
albumen, c'est-à-dire des facteurs incontestablement extérieurs
à l'œuf ou au germe lui-même.
2° Une cause dite « interne » peut avoir été conditionnée par
des causes extérieures; ainsi, par exemple, le milieu interne des
Métazoaires dont la composition (d'ailleurs variable avec le
régime) influe sur celle de toutes les cellules, y compris les
ovules et les spermatozoïdes; ce milieu est externe par
rapport à ces diverses cellules. Ignorant le phénomène exté-
rieur qui a déterminé une cause « interne », on a considéré
cette dernière comme le point de départ; elle apparaît comme
créateur, alors qu'elle est elle-même créée et fait déjà partie de
la variation.
8 ' On a encore attribué des causes internes à des variations
auxquelles une cause extérieure n'a pas été reconnue ou pour
lesquelles on a jugé l'influence du milieu comme une cause
insuflîsante; il en est ainsi pour :
a) Des variations dans le développement (segmentation de
l'œuf) chez Loligo pealei (^).
b) Des variations dans la coquille des Partula de Haïti (-).
Dans ces deux cas, les variations ont été constatées sans que
rien paraisse changé dans les conditions ambiantes ; mais on
(1) Watase, Sludies on Cepltalopods. I. Cleavage of the Ovmn. (Journ. of Mor-
PHOL., vol. IV, 1891, pp. 293 et 294.)
(2) Crampton, The Principle of Geogmphical Distribution as iUustraled by Snails
of the gemis Partula inhabiling Southeastern Polynesia. (Verhandl. VI 11 internat.
ZooL. Gongr., 1912, p. 647.)
• _ 438 —
sait combien il est difficile de démontrer qu'un milieu est
demeuré entièrement inaltéré et que tous les individus se sont
trouvés exactement dans les mêmes conditions, surtout pendant
le développement embryonnaire; si rien ne parait changé dans
les conditions générales de milieu, c'est souvent que nous ne
percevons pas certains changements peu apparents pour nous;
et comme le dit R. Wallace : « ce qui nous semble identique et
monotone peut ne pas l'être pour des Gastropodes (^) ^^ ; et
quand toute une série d'œufs se développent dans des conditions
en apparence identiques, beaucoup diffèrent cependant l'un de
l'autre quant à la position, la pression (compression mutuelle,
espace disponible, etc.), l'éclairage, l'aération, et ainsi de suite.
Il a été reconnu, au contraire, depuis longtemps, que dans
un milieu inaltéré il ne se produit pas de variation (^). Et c'est
parce qu'on n'a pas découvert un facteur extérieur déterminant,
qu'on l'a supposé absent et qu'on a imaginé alors une cause
interne ou spontanée (^) ; mais celle-ci reste toujours, dans ce
cas, mal définie, énigmatique et mystérieuse. De sorte que l'on
a donné un simple décor verbal à une ignorance réelle et qu'on
s'est ainsi dispensé de la peine qu'il y aurait à démêler expéri-
mentalement la complexité des causes.
(*) Wallace, Darwinism, p. 148.
(2) « Il est probable qu'il n'y aurait |)as de variabilité s'il était possible de main-
tenir pendant un grand nombre de générations tons les individus d'une espèce
dans des conditions d'existence absolument uniformes. » (Darwin. De la variation
des animaux et des plantes, traduction Moulinié, t. II, 1868, p. 271.) — « VVe can
imagine a purely geographical séparation wilh the conditions of existence remai-
ning inaltered in the separated parts : there a différenciation of species does net
resuit, and the original species continues to exist wilhout change. » (Ortmann,
On Séparation and its bearing on Geologi/ and Zoôgeography. [Amer. Journ. of Sci.,
4e série, vol. IV, 1896, p. 68].) — « The embryo under uniform conditions of envi-
ronment, varies but very little. » (Grabau, Stndies on Gastropoda. IV. Value of the
Protoconch and early Conch Stages in the Classification of Gastropoda. [Proc.
VII INTERNAT. ZooL. CoNGR., 1912, p. 754 {Sijcotypus, etc.)J.)
(5) Darwin, The Origin of Species by meam of Raturai Sélection, 6lh edit., 1884,
p. 421 : « Variations which seems to us, in our ignorance, to arise spontaneously ».
— 439 —
4" Une seule cause pourrait être véritablement interne (ou
cause germinale) : la structure de l'œuf. Mais pas un seul
exemple n'en a été donné, démontrant expérimentalement une
différence à ce point de vue, dans une même espèce de Mollusque,
entre deux individus, l'un varié et l'autre non.
Et dans l'état actuel de nos connaissances, on ne peut démon-
trer d'aucune variation, qu'elle soit prédéterminée dans l'œuf,
c'est-à-dire due simplement à l'état oiiginel de celui-ci, préala-
blement à toute influence d'un agent extérieur. C'est à ceux qui
maintiennent la doctrine des causes internes qu'il appartient de
faire cette preuve, faute de quoi cette doctrine demeurera une
sorte de vitalisme à peine déguisé.
Chaque fois qu'on a voulu expliquer les phénomènes de la
vie et de l'évolution, sans garder un contact immédiat et continu
avec le domaine de l'observation et de la réalité, on est inévita-
blement arrivé à des explications basées sur des représentations
inaccessibles, qu'il a fallu progressivement compliquer davan-
tage, à mesure que de nouveaux faits expérimentaux positifs
venaient les menacer : il en a été ainsi de toutes les théories
« particulaires » ou des éléments représentatifs de l'hérédité.
Des constructions de ce genre, malgré tout ce qu'elles peuvent
avoir de brillant ou de séduisant, détournent de l'observation en
masquant les diflîcultés réelles sous des artifices de langage :
c'est à ce titre qu'elles sont néfastes!
2. — Causes externes.
C'est seulement par la recherche des relations entre les varia-
tions et les conditions de milieu dans lesquelles elles appa-
raissent, et par les expériences de contrôle, qu'on a pu arriver
jusqu'ici à déterminer scientifiquement les causes de certaines
variations.
Les faits d'observation déjà connus montrent que le détermi-
nisme des variations est purement mécanique et dû, en dernière
analyse, à des causes extrinsèques.
— 440 —
Ce sont les mêmes principes qui régissent la substance orga-
nisée et l'inorganisée : la première est comme l'autre soumise
à l'inertie qui s'y manifeste par les propriétés héréditaires ;
mais c'est du dehors que lui viennent tous les stimulants, sous
forme d'énergie provenant de facteurs extérieurs. Rien n'échappe
à l'influence du milieu.
C'est ce qu'exprime le premier principe de Lamarck, dans
une forme appropriée aux connaissances de son temps ; et
c'est ce que Darwin a confirmé un demi-siècle plus lard, en
disant : « Toutes les variations sont causées, directement ou
indirectement, par quelque changement dans les conditions
ambiantes (^) », de sorte que les deux « doctrines », lamarc-
kienne et darwinienne, sont en cela absolument concordantes.
L'être vivant trouve dans son milieu, non seulement la source
de toutes ses énergies, mais encore la direction qui détermine,
à chaque instant, la nature actuelle de son fonctionnement ou
« comportement (^) », et la variation n'est qu'une partie de ce
comportement.
Mais l'être vivant n'échappe pas au principe de la conservation
de l'énergie; et tout ce qu'il accomplit laisse une trace dans sa
structure. Tout comportement ou fonctionnement est ainsi
« constructeur », c'est-à-dire constructeur de forme ou morpho-
gène; et, par suite de modifications dans les conditions où les
organismes se trouvent — et conséquemment par suite de modi-
fications dans leur propre fonctionnement — se produisent des
transformations des organes et des individus.
Toute modification d'un caractère est une réaction; et une
modification de direction déterminée ne peut provenir que d'une
action déterminée, toujours de même direction, c'est-à-dire
durable et continue.
(*) Darwin, De la variation des animaux et des plantes, vol. II, p. 449.
(«) Davenport, The Collembola of Cold Spring Beach. (Cold Spring Harbor
MoNOGK., no 2, 1903, p. 20 : « At the basis of ail behaviour lies réaction to external
stimuli ».)
— 441 —
Or il n'y a, comme répondant nettement à cette condition :
« agir d'une façon continue sur un organisme », que le milieu
extérieur ou un facteur durable, permanent, faisant partie de
celui-ci.
Pour chaque espèce introduite dans une condition de milieu
déterminée, il y a une seule variation par laquelle elle doit réa-
gir mécaniquement. Et il n'y a là qu'un cas particulier de déter-
mininie biologique; et les conditions d'environnement qui sont
dans la nature, communes à un grand nombre d'individus, y
provoquent des variations générales qui ne disparaissent plus.
L'expérience courante montre que l'organisme est sensible à
son état de bien-être ou d'euphorie (normalité fonctionnelle), et
que :
a) Placé dans des conditions d'existence très différentes du
milieu habituel, il fuit ces conditions défavorables, et s'il ne peut
les fuir, il dépérit ;
b) Placé dans des conditions différentes, mais modérément
différentes, il peut continuer à prospérer ; mais une différence
modérée de ce genre produit cependant des changements dans
le mode de fonctionnement de certains organes ; et l'être vivant,
par ce fonctionnement différent, réagit au changement de milieu,
et ces modifications dans le fonctionnement retentissent sur
l'organe dont la constitution se modifie à son tour : ainsi appa-
raît une variation morphologique.
L'organisme acquiert, de cette manière, des caractères par son
propre fonctionnement (caractères cinétogénétiques ou de causes
mécaniques [Cope] ou antomorphoses [Perrier]), dont la source
est donc dans la sensibilité à l'euphorie. Mais un tel caractère
cinétogénétique ou automorphique est déterminé par une réac-
tion ou autoadaptation à un stimulant extrinsèque d'ordre phy-
sique ou cbimique; et le fonctionnement des organes ainsi que
leur transformation et leur localisation n'obéissent donc qu'à
des lois mécaniques.
_ 442 -
De sorte que tous les caraclères, aussi bien les cinétogenèses
que les pliysiogenèses (Cope, dus à des causes physico-chi-
miques) ou allomorphoses (Perrier) (^), sont le résultat de
causes extrinsèques.
1- Des doutes ont cependant été élevés au sujet de l'influence
du milieu dans la production de variations et l'évolution orga-
nique qui en est la conséquence. La négation absolue de son
efficacité dans tous les cas d'évolution est même un dogme fon
damental pour l'école mulationniste orthodoxe {^).
Toutefois, pour ce qui concerne les Mollusques, aucun zoolo-
giste n'a nié d'une façon générale l'action des facteurs extérieurs
dans la proïkiction de variations; ainsi :
a) Pour un cas spécial seulement [Acliatinella des îles Sand-
wich et Partida de Tahiti), deux auteurs ont affirmé que les
agents extérieurs sont inactifs dans la variation : <c external
conditions not the cause (^) » ; « the cause of organic differen-
tiation cannot be found in environmental circumstances ("*) »,
h) Outre ce cas particulier, un seul autre s'est trouvé (égale-
ment relatif à des Pulmonés insulaires) où les facteurs exté-
rieurs ont été présentés comme ayant peu d'action : ils ne vien-
draient qu'en seconde ligne et pour une importance réduite (^).
(1) Perrier, f^es colonies nnimales. Paris, 2e édit., 1898. pp. xvi et xvii.
(*) Pour ses adeptes, les conditions extérieures sont impuissantes dans le pro-
cessus de la transformation des espèces. Ainsi, d'après De Vries, « la lente adapta-
tion des espèces au cliaud et au sol est une fiction poétique et naïve dont rien
n'appuie la réalité », — ce qui est en contradiction avec d'autres passages du même
auteur : « Les plantes de nos dunes ont beau s'èlre adaptées à leurs conditions de
vie particulières », «... l'identité du climat et des conditions d'existence peut créer
une ressemblance extérieure ». 'Transformisme et mutation. [Rev. du mois, t. VIII,
1909, respectivement pp. 27Î2 et 274].)
(^) Gi'LiCK, On Diversity of Evolution nnder one set of External Conditions.
(JouRN. Llnn. Soc. London [Zool.], vol. XI, d872, p. 498.)
(*) Crampton, The Principles of Geographical Distribution as illustrated by Snails
of the gemis Pariula inhabiting Southeastern Polynesia. (Verh. VIII internat. Zool.
CoNGR.. 1912, p. 647.)
(2) P. et F. Sarasin, Die Pulmonaten von Celebes, t. II, 1881, p. 235.
— 443 —
^° Au contraire, dans des cas très variés, de nombreux
auteurs, comme conclusions à leurs observations ou expériences,
ont constaté une cause effective extérieure aux variations des
Mollusques; il en est ainsi pour tous ceux qui ont abordé la
question par examen personnel, dans des formes les plus
diverses du groupe; c'est ce que montrent notamment les cita-
tions suivantes :
a) Najades : sur l'épaisseur et la forme des coquilles desquelles
le milieu exerce une influence par sa composition cbimique, sa
densité, ses mouvements, etc. (^), ce qui a été confirmé, pour
les mouvements particulièrement, par Jordan, Bridgman, Sell
et March (voir plus loin).
b) Gastropodes pulmonés terrestres importés en Argentine :
ils y présentent, par exemple Hetix lactea du Sud de l'Europe,
un aspect différent (^), et notamment une modification « piu
sottile et piu fragile » de la coquille, variation causée par le
milieu nouveau (^).
c) Divers Pulmonés terrestres, notamment Hélix sijlvatica,
des Alpes et du Jura, étendu au Nord jusqu'à Carlsruhe, y per-
dant la couleur jaune du type original ('*).
d) Limnaea stagnalis, dont la taille dépend notamment du
volume du milieu liquide habité (^). .
(1) Picard, Mémoire sur les déviations dans le genre Unio. (Bull. Soc. Llnn. Nord.
Abbeville, t. I, 1840.)
(2) I. Geoffroy Saint-Hilaire, Histoire naturelle générale, t. III, 1860,
p. 402.
(2) Strobel, Alcune note di malacologia argentina. III, Molluschi europei accli-
mati in Buenos- Aires. (Atti Soc. ital. Sci. nat., 1868, p. 5S2.)
(*) Heynemann, Ueber Verdnderliclikeit der Molluskenschale. (Ber. Senk. nat.
Ges , 1869-1870, p. 133, 1870.)
(^) Semper, Ueber die Wachsthums-Bedingungen des Lymnaeus Ptagnalis. (Ver-
handl. Phys. Med. Gesellsch. WiJRZBURG, N. F., Bd IV, 1874, pp. 16 et 17.)
_ 444 —
d') Arionta californiensis, dont la spire est d'autant plus
déprimée et la coquille d'autant plus ombilicjuée, que l'on passe
dans des régions plus sèches et plus chaudes (^).
e) Les Strepomatidae et autres Gastropodes fluviatiles sont
plus variables, parce qu'ils sont exposés, pendant leur dévelop-
pement, à des conditions de milieu plus variables que les Gas-
tropodes terrestres (^).
f) Limnaca peregra et Plujsa acuta, etc., présentant des
variations de forme dont on peut rapporter « la cause à l'alté-
ration des eaux dans lesquelles les animaux habitent (^) ».
g) Planorbis multiformis de Steinheim, dans les variations
duquel a été reconnu : « the power possessed by physical causes
to alter the primitive organisation », et constaté que des con-
ditions exceptionnelles causent d'extraordinaires modifications :
« Thèse conditions appear to he the isolation of the modified
descendants of P. laevis, due to the absence of completing types,
and the character of environment ('') ».
h) Chez les Céphalopodes, dans l'organisation desquels il a
été reconnu que «durch gleicheLebensi)edingungen auch gleiche
morphologische Bildungen erwachsen mùssen (^) ».
i) Pulmonés terrestres, et surtout Hélix nemorcdis, dont des
variations sont dues à l'influence du milieu, et dont la couleur
sombre est causée par l'huuiidité (^).
(») CooPER, Proc. Calif. Acad. Sci., vol. V, 1875, p. 124.
(2) Wetherby, Hemarks on the Variation in Fonn of the Family Streipomatiiae,
witli Description of New Species. (Proc. CinciiNNAti Soc. Nât. Hist., 1876, p. 3.)
(^) De Folin, Faune lacustre de L'ancien lac d'Ossegor. (Bull. Soc. Borda [Dax],
1879, p. 45.)
(^) Hyatt, The genesis of the tertiary species of Planorbis at Steinheim. (Anniv.
Mem. Boston Soc. Nat. Hist., 1880, respectivement pp. 23 et 26.)
{^') Brock, Phylogenie der Dibranchiaten Cephalopoden. (Morph. Jahrb., Bd VI,
1880, p. 29^1)
(") Leydig, Ueber die Verbreitung der Thiere un Rhôiigebirge und Mainthal.
(Verh. naturhist. Ver. preuss. Rheinl. und Westf., 1881, p. 1.%.)
445
y) Multiples espèces de Cijpraea de Nouvelle-Calédonie, dont
les variations font voir « combien chez les Mollusques l'espèce
peut varier suivant son habitat (^) ».
«
k) Pulmonés terrestres divers, chez lesquels « l'adaptation
au milieu par sélection naturelle nous permet d'expliquer en
général la genèse de ces formes variées qui ont été si souvent
considérées comme des espèces distinctes (^) ».
/) Cardium edule, au sujet duquel « in the four indépendant
cases, the shells vvhich bave lived under similar conditions, i. e.,
in very sait water, bave become like each otber (^) ».
m) Anomin, dont les particularités de la coquille sont une
adaptation à son « environnement (^) ».
n) Mollusques marins de Patagonie, dont la multiplicité des
formes décrites montre « la puissance de l'influence modifica-
trice du milieu (•'') ».
(*) JoussEAUME, Quelques cas tératolocjiques présentés par des Mollusques. (Bull.
Soc. ZooL. France pour 1882, p. 307, 1882.)
(2) CouTAGNE, De la varmhililé de l'espèce chez les Mollusques terrestres et d'eau
douce. (Comptes rendus Assoc. franc. Avanc. Sci., session de La Rochelle [1882J,
p. 6ol, 1883.) — Du même auteur, on lit encore plus tard : « La içrande variabilité
des conditions de milieu (altitude, orientation, nature minéralogique du terrain,
humidité, etc.) entretiendra en quelque sorte la faculté d'adaplatiqn au milieu », et
«... lorsqu'une espèce trouve des conditions très favorables dans un milieu très
uniforme sur un très grand espace, elle étonne par le prodigieux développement
de ses générations successives identiques », et encore : « Les régions à milieu très
variés favorisent le polymorphisme des espèces ». (Coutagne, Recherches sur le
polijmorphisme des Mollusques de France. [Loc. cit., 1895, respectivement pp. 181,
182 et 183J.)
(3) Bateson, On variation of Cardium edule apparently correlated to the condi-
tions of Life. (Phil. Trans. Roy. Soc. London, 1889, p. 316.)
(•') Jackson, Pkijlogeny of the Pelecypoda; the Avlculidae and their allies. (Mem.
Boston Soc. nat. Hist., vol. IV, 1890, p. 335.)
(•^) De Roghebrune et Mabille, Mollusques. (Mission scientifique du cap Horn,
t. VI, 1891.)
— 446 —
o) Mollusques de France spécialement: « Toutes ces variations
ont pour cause une influence exercée par les milieux ou d'ori-
gine physiologique (^). »
p) Mijtiliis edulis, qui est plus plat et à coquille plus mince
dans les eaux tranquilles, et plus étroit et à coquille plus épaisse,
dans les eaux agitées (^).
])') Ostrea edulis, sur la forme et la couleur duquel influent
la profondeur, la salinité, la température, etc., de l'eau envi-
ronnante (^).
<j) Pulmonés des îles Galapagos [Bulimulus], dans les varia-
tions desquels « the manner in w^hich this is brought about
is one of the prettiest illustrations of the direct action of the
environment which I know (^) ».
/') Volutes argentines, à propos desquelles il est constaté
des « variations provenant du genre de vie et devenant hérédi
taire {^) ».
s) Limnaea stagnalis, où de nombreuses variétés ont pour
cause des variations dans le régime alimentaire, la nature du
fond, la profondeur, etc. ('') ».
(*) LoCARD, L'influence des milieux sur le développement des Mollusques. (Mém.
Soc. Ar.iiicuLT. Lyon, 1892, p. d35.)
(2) Pelseneer. La formation de variétés chez la Moule comestible. (Ann. Soc.
Malacol. Belg., t. XXVIII, 1892, p. 250.)
(5) MôBius, Veber die Tliiere der sckleswig-holsteinischen Austernbiinker, ihre
pkysikalischen und biologiscken Lebensverhdltnisse. (Sitzungsber. Akad. Wiss.
Berlin, 1893.)
(*) Dall, Insidar Landshell Faunas especially as illustrated bij the data obtained
In/ G. Baiir in tlie Galapagos Islands. (Proc. Acad. nat. Sci. Philadelphia, 1896,
p. 408.)
(^) Lahille, Contribucîon al Estiidio de las Volutas argentinas. (Rev. Mus. Plata,
t. VI, 189.'), p. 34.)
(6) Brockmeier, Ueber Siisswassermollusken der Umgebung von Plôn. (For-
SCHUNGSBER. BioL. Stat. Pi.ôn, Theil 3, 1895.)
— 447 —
s') Lamellibranches (Najades), où il est reconnu que « varia-
tions are produced by the surroundig conditions (^) ».
t) Mollusques indigènes en général, au sujet desquels il est
reconnu « dass aile variationen derselben durch die eigenartige
Beschaftenheiten der Uingebung bedingt sind (^) «.
u) Crepkiida, chez qui s'observe « dwarfing by direct action
of environment (^) ».
v) Hélix nemoralis, importé à Lexington (États-Unis), mon-
trant une variation de direction définie, mais difïérente suivant
la localité, donc suivant les circonstances extérieures (^).
w) Limnaea stagnaiis, dont la coquille varie en forme et en
épaisseur, etc., suivant le mouvement des eaux (^).
x) Gastropodes divers, à propos desquels a été observée
l'influence du milieu sur la conformation des coquilles, l'albi-
nisme, etc. (^).
y) Paliidestrina et Pliijsa, à propos desquels « the sug-
gestion that arises from the study of the forms above reviewed
and the régions and conditions to which they are related, point
to the cause that induce variation and to the permanency of
(1) Ortmann, On Séparation and its bearing on Geology and Zoôgeography . (Amer.
JouRN. OF Sci., 4e série, vol. IV, 1896, p. 69.)
(2) Ci.EssiN, Ueber den Einfluss' der Umgebung auf die Gehàuse der Mollusken.
(Jahresheften Ver. vaterl. Naturk. Wûrttemberg, 1897, p. 86.)
(3) COiNKLiN, Embryology of Crepidula. (Journ. of Morphol., vol. XIII, 1897,
p. 13.)
(*) HowE, Variation of the Shell o/" Hélix in the Lexington Colony. (Amer. Natur.,
vol. XXXII, 1898.)
(5) Von Martens, Sarasin's Land-Mollusken von Celebes und die darin enthaltene
Théorie der Formenketten. (Sitzungsber. Gesellsch. Naturforsch. Freunde Berlin,
1899, p. 204.)
(6) GoLDFUSs, Die Binnenmollusken Mittel-Deutschlands mil besonderer Beriick-
sichligung der Thiiringer Lande, etc. Leipzi£;, 1900 (ces observations sont rapportées
dans la première partie).
— 448 —
ihe species and gênera, or to the mulability of same, as dépen-
dant of environmental characters (^) ».
y') Nassa obsoleta, dont il a été reconnu que les dimensions
et proportions varient dans différents points où il est soumis à
des conditions différentes (-).
z) Pariula de Tahiti, dont il est dit {P. otaheitand) : « This
(pink-tipped shell) as well as ail the other évidence which vve
hâve collected concerning the biology of the Tahitian snails,
leads one to believe that the constitutions and inherited tenden-
cies of the snails of any given valley are quite différent from
those of the snails of any other valley. » Et encore : « There
appears to be no différence in the character of the snails in
différent parts of the same valley. The différence between any
two adjacent valleys is, however, very marked (^) » ; pour cette
même espèce, il a été reconnu que dans les vallées intermédiaires
(où elle est ampliidrome, dextre ou sénestre), chacun des indi-
vidus donne l'une ou l'autre sorte de jeunes; tandis que dans
une vallée extrême de sa distribution, elle est représentée
seulement par des exemplaires dextres donnant exclusivement
des jeunes dextres, et dans l'autre seulement par des sénestres
ne donnant rien que des jeunes sénestres (^).
aa) Hciix iicmoralis, dans les variations duquel on a trouvé
la preuve de l'influence de la ségrégation et de l'influence
du milieu (^).
(•) Stearns, The fossil Fresh-water Shelh of the Colorado Désert, their Distri-
bution, Environment and Varmtion. (Proc. U. S. Nat. JIuseum. Wasliington,
vol. XXIV, 1901, p. 282.)
(2) DiMOiN, A Quantilalive Study of the Efject of Environment upon the Forma of
Nassa obsoleta and Nassa triviltata from Cold Spring Harbor, Long Island. (Biome-
TRiKA, vol. II, -190^2, p. 33.)
(5) Mayek, Some Species of Pariula of Tahiti. A St7tdy in Variation. (Mem. Mus.
CoMPAR. Zooi.., vol. XXVI, 1902, respectivement pp. 123 et 131.)
(*) Ibid., p. 131.
(5) Hensgen, Biomelrische Untersnchungen iiber die Spielarten von Ilelix nemo-
ralis. (BiOMETRiKA, vol. I, 1902.)
— 449 —
ah) Pecten opercidaris et P. irradians, à propos desquels il
est dit respectivement : « ïo deny that environment may act
directly to produce profound, eventiiallij spécifie, changes, is to
deny the évidence of some of the best expérimental work in
évolution »; et que les variations y sont dues à la diversité des
conditions (M.
ab') Gastropodes d'eau douce, chez lesquels l'abondance des
plantes aquatiques conduit à l'allongement très marqué de la
spire (-).
ac) Neritina virginea, sur lequel les variations de salure, en
plus ou en moins, déterminent la réduction de la taille (^).
ad) Limnaea stagnalis à coquille « martelée », dont le mar-
telage commence à disparaître après qu'il a été placé dans une
mare vaseuse pauvre en nourriture (^).
ae) Buceinum undatum, au sujet des variations duquel il est
dit : « On retrouve ici encore la même influence mécanique du
milieu sur la forme de la coquille (^). »
af) Gastropodes marins du golfe de Gabès : leur spire est
plus allongée sur les fonds herbeux [^).
(1) Davenport, Quantitative Stiidies in the Evolution of Pecten, Comparison of
Pecten opercularis from three localities of Britisk Isles. (Proc. Ameu. Acad. Arts
AND Sci., vol. XXXIX, 1903, p. 145) ; et Comparison of some Pectens from the East
and West Coasts ofthe United States. (Mark Anniv. Vol., 1903, p. 131.)
(2) Germain, Étude sur les Mollusques terrestres et fliiviatiles vivants des environs
d'Angers et du département de Maine-et-Loire. (Bull. Soc. Scl nat. Ouest France
[Nantes], 2« série, t. III, 1903.)
(5) Metcalf, Neritina virginea variety minor. (Amer. Natur., vol. XXXVIII,
1904.)
(*) Leuthardt, Malakozoologische Notizen. (Tàtigkeitsber. nat. Gesellsch.
Baselland, 1904-1906.)
(^) Malard, Les méthodes statistiques appliquées à l'étude des variations des
coquilles turbinées (buccins). (Bull. Mus. Hist. nat. Paris, t. XII, 1906, p. 326.)
(6) Pallary, Additions à la faune malacologique du golfe de Gabès. (Journ. de
CoNCH., t. LIV, 1906, p. 116.J
29
— 450 — '
ag) Potclla vutgata, dont la coquille est plus aplatie vers la
marée basse et dans les endroits très exposés, et plus étroite vers
la limite de la marée haute (^).
ah) Cerion glans, dont il est dit : « Dagegen zeigt sich klar.
dass die àusseren, speziel die klimatischen Faktoren jedenfalls
von grôssten Bedeutung bei Ausgestaltung der einzelnen Varia-
tionen sind (^). »
ai) Limnaca columella, chez lequel 1' « environnement »
affecte non seulement la croissance, mais le nombre des œufs
pondus en un temps donné, ce qui montre qu'il affecte probable-
ment tous les phénomènes physiologiques et non pas un seul(^).
aj) Limax maximus, variation blanche (non albinos), etc. :
par opposition à l'hérédité des variations dans des expériences
en captivité, les recherches clans la nature ont donné tant
d'intermédiaires suivant le sol, l'altitude et l'exposition, que l'on
ne peut croire à une séparation locale de formes fixées presque
innombrables, mais à une variabilité parallèle aux variations
climatiques (^).
ak) Cérithes éocènes du bassin de Paris : la variabilité y est
telle « qu'il semble donc que ce soit à des causes extérieures très
générales qu'on doive le déclanchement, si l'on peut dire, de cette
mutabilité et l'apparition de caractères nouveaux (^) )>.
{*) RussEL, E?ivironmentnl Studies on tlie Lirnpet. (Proc. Zool, Soc. London,
1907.)
(-) Plate, Die Variabilitàt und die Artbildung nach dem Prinzip geographischer
Formenketten bei den Cerion La>idf;chnecken der Bahamas-lnsebi. (Arch. f. Rassen-
UND Gesellsch.-Biol., Bd IV, i907, p. AiS.)
(') CoLTON, Some Effects of Environynent on tlie Groivth of Limnaea columella.
(Proc. Acad. Nat. Sci. Philadelphia, 19U8.)
(■*) SiMROTH, Veber den Einfluss den letzen Sonnenfîeckenperiode auf die Tierwelt.
(Vekh. d. deutsch. Zool. Gesellsch., 1908, p. 148.)
{^) BoussAC, Du caracAère périodique de la mutabilité chez les Cérithes mésonum-
mulitiques du bassin de Paris. (Comptes rendus Acad. Scl Paris, t. CXLVIII, 1909,
p. 1131.)
— 451 —
al) Ostrea edulis, au sujet duquel les faits suivants, connus
des éleveurs, ont été contrôlés : « Une Huître de 2 ans, prise
dans l'Escaut, une autre de 2 ans, prise à Arcachon, sont toutes
deux déposées à Whitstable pendant deux ans ; après ce temps,
elles sont encore reconnaissables par les caractères des deux pre-
mières années de leur croissance; par les caractères des deux der-
nières années de leur croissance, elles se ressemblent exactement
et diffèrent des Huîtres tant de l'Escaut que d'Arcachon (^).
am) Limnaea palustris, dont la variété turricula est déter-
minée par la nourriture insuffisante et d'autres conditions
défavorables ('-).
an) Mollusques en général : « L'animal est dans une étroite
dépendance de sa manière de vivre, à tel point que l'on peut
souvent prévoir la modification qui résulte d'un changement
d'habitat, ou d'une modification observée remonter à la cause
qui l'a produite (^). «
ao) IJnio, où la longueur de la coquille dépend de l'intensité
du courant (^).
ap) Gastropodes à l'état embryonnaire : leurs caractères sont
influencés par la nature du milieu oii leur développement
s'effectue ; il y a des caractères analogues dans le développement
de formes très différentes, mais de même régime éthologique;
et des différences très grandes entre les embryons ou larves de
formes voisines, mais à régime éthologique différent (^).
(*) BouRNE, Contributions io the Morphologij of the Group Neritacea of Aspido-
branch Gastropoda. Part I. The Neritidae. (Proc. Zool. Soc. London, [1908], p, 878,
1909.)
(2) BoLLiNGER, Zur Gastropodenfaiina von Baselund Umgebung.Bàle, 1909, p. 139.
(3) DouviLLÉ, Comment les espèces ont varié. (Comptes rendus Acad, sci. Paris,
t. CLI, 1910, p. 705.)
(*) March, Studies in the Morphogenesis. I. A preliminary Note on the variations
in Unie. (Mem. Manchester Litt. Phil. Soc, vol. LV, 1911.)
(^) Pelseneer, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Loc. cit., p. 129.)
— 45-2 —
aq) Limnaea, dont la forme de la coquille révèle l'action
modificatrice du milieu (^).
ar) Streptoneures rachiglosses (Sijcotypiis, Fiilgiir, Fu-
sus, etc.), où : « The size of the initial shell is hère clearly
determined by the size of the embryo, which, under uniform
conditions of environment, varies but very little (-). »
as) Pectcn, où des espèces prennent naissance par l'action
des facteurs extérieurs : /*. frigidus (de l'océan Arctique) et
P. fragilis (de l'océan Atlantique) sont une même forme
différenciée en deux races distinctes, par l'influence de la
température (plus basse dans l'océan Arctique, plus haute dans
l'océan Atlantique) et par l'isolation (^).
at) Limnaea peregjm qui, dans la profondeur du lac Léman
(var. profnnda), pond moins d'œufs que dans la zone littorale
du lac (^).
au) Hijalhiia helvetica, où la longueur du pénis ainsi que
les dents varient suivant la localité (^).
Cette liste d'extraits pourrait être encore bien étendue.
Il suffit toutefois d'y ajouter ci-dessous, en note, l'indi-
cation de travaux qui, par leur seul titre déjà, font voir que
(*) Stelfox, a List of the Land and Freshwater' Mollusca of Ireland. (Proc.
R. iRisH ACAD., vol. XXIX, i9H, p. 111.)
(2) Grabau, Studies of Gastropoda. IV. Value of the Protoconch and early Conch
Stages in the Classification of Gastropoda. (Proc. 7lh intern. Zool. Congr., 1912,
p. 754.)
(*) Appellôf, Uebc)' die Beziehungen zwischen Fortpflanzung und Verbreitung
mariner Tierformen. (Verh. VIII. lntern. Zool. Kongr., 1912, p. 310.)
(^) RoszKowsKY, Contribution à l'étude des Limnées du lac Léman. (Revue suisse
Zool., t. XXII, 1914, p. 607.)
(2) Boycott, Jowrw. o/CoHc/t., vol. XIV, 1915, p. 303.)
— 458 —
l'influence du milieu a été reconnue expérimentalement (ils
seront repris à propos de l'examen des divers facteurs du
monde extérieur) (^).
(1) Clessin, Ueber den Einfluss kalkarmen Bodens auf die Gehausenschnecken .
(KORRESPONDENZBL. ZOOL. MiNER. VeR. UeGENSBURG, Bd XXV, 1871.)
Heckef., Noie sur l'action du régime colorant par la matière tinctoriale de la
Garance (Rubia tinctoria) sur les Mollusques Gastéropodes. (Ann. Soc. Acad. Nantes,
5e série, i. III, 187:1)
Gérardin, Notes sur Vinfluence de l'altération des eaux sur les Mollusques.
(JouRN. DE GoNCH., t. XXII, 1874, et aussi Gomptes rendus Acad. Sci. Paris, juin,
1873.)
Bridgman, a Variety caused by Locality (Unio pictorum var. compressa). (Journ.
OF CoNCH., vol. I, 1875, p. 70.)
Jordan, Einfluss des bewegten Wassers auf der Gestaltung der Muscheln. (BiOL.
Centralbl., Bd I, 1881, p. 386.)
True, Influence of localisation on the growth of shells. (Proc. Portland Soc.
Nat. Hist., vol. I, 1882, p. 126.)
Haacke, Ueber Standortsvariationen der sudaustralischen Littorina unifasciaia,
(ZooL. Anz., Bd VIII, 1885.) '
CocKERELL, Limax arborum and the influence of altitude on coloration. (Zoolo-
GisT, 3« série, vol. X, 1886.)
FoNTANNES, Sur Certaines corrélations entre les modifications qu'éprouvent des
espèces de genres différents soumis aux mêmes influences. (Gomptes rendus Acad,
Sci. Paris, t. GUI, 1886, p. 1022.)
Keyes, On the Attachment of Platyceras to Palaeocrinoîds and its effects in
modifijing the forms of the sliell. (Puoc. Amer. Phil. Soc, vol. XXV, 1888.)
Balaschew, Influence du milieu extérieur et principalement des dimensions du
bassin d'eau sur quelques Mollusques (en russe). (Mém. Soc natural. Nouv. Russie
[Odessa], t. XII, 1887.)
RjABiNiN, La forme des Najades influencéepar l'eau courante (en russe). Rharkow,
1889.
De Varigny, Recherches sur le nanisme expérimental. Contribution à l'étude de
l'influence du milieu sur les organismes. (Journ. Anat. et Physiol., t. XXV, 1894.)
Ghaillou, Influence du milieu sur la couleur artificielle d'une coquille fluviatile.
(Bull. Soc Sci. nat. Ouest France, t. V, 1895, p. 98.)
Ormsbee, Influence of Environment npon the form and colour of Hélix alternaïa.
(xNautilus, vol. X, 1896, p. 63.)
GoNKLiN, Environmental and Sexual Dimorphism in Crepidula. (Proc Acad. nat.
Sci. Philadelphia, 1898, p. 435.)
IIawkins, Food as infUœncing varieties in Hélices. (The Naturalist [York],
1899.)
Headley, Foreign Oysters acquiring the Characters of natives. (Nature, vol LXIV
1901, pp. 126 et 158.) (Voir suite de la note à li p. 4S4.)
— 454 —
3" En dehors de toute hérédité ontogéniqiie, des êtres
vivants ont pu se transformer soit :
A . En perdant un appareil organique ; soit
B. En en constituant un nouveau qu'il n'ont jamais possédé
auparavant.
Lorsqu'une variation de cette nature se produit à propos de
n'importe quel organe, la généralité des cas étudiés montrent
que la cause déterminante de la transformation ou variation
est extérieure à cet organe lui-même. Par exemple :
a) Crête ou saillie sur un cartilage de Céphalopode, due à
un muscle inséré sur ce cartilage; de même sur une coquille de
Lamellibranche : « apophyse myophore », CucuUaea pour
l'adducteur postérieur, et Septifer pour l'adducteur antérieur.
BiLLUPS, Adaptation of MoUusks lo changea conditions. (Nautilus, vol. XVI, 1902,
p. W-î )
NoRDENSKJoi.D, Uebâv die Trockenzeitanpassiing eines Ancylus von Siidamerica.
(ZooL. Anz., B(I XXVI, 1903.)
Bellini, Uinfluema dei mezzi corne causa di variazioni e di dispersioni nei Mol-
luschi. (BoLL. Soc. natur. Mapoli, vol. XVIII, 1905.)
Sell, Einfluss des bewegten Wassers auf die Gestaltung der Musckeln aus der
Familie Unionidae Flem. (Nachr. bl. d. Malakoz. Gesellsch., Bd XXXVIII, 1906.)
Rajat et Péju, Relations entre les variations de forme et de taille des Mollusques
aquatiques et la température du milieu ambiant. (Comptes rendus Assoc franc.
Avanc. Sci., t. XXXV, 1907, p. 562.)
Marcucci. Su alcune variazione biologiche delta Limnaea biformis (Kiis). Contri-
buto allô studio delV i7ifluenza deW amhiente nelle sviluppo degli animali. (Boll.
Soc. Zooi.. ital., 2^ série, t. VIII, 1907, p. 29.)
Legendre, Recherches sur le nanisme expérimental (Limnées). (Arch. de Zool.
expér , ¥ série, t. VIII, 1908, p. Lxxvii.)
CooKE, A modification of the form of the shell (Si|)lionaria algesirae) apparently
due to locality. (Proc. Malacol. Soc. [London], vol. IX, 1911, [). 353.)
Ewald, Ueber Anpassung der Landschnecken an den Standort. (Schr. Fhysikal.
Gesellsch. Kônigsberg, Bd LUI, 1912, p. 20.)
DouviLLÉ, Influence du mode de vie sur la ligne suturale des Cosmocer alites.
(Comptes rendus Acad. Sci. Paris, t. CLVl, 1913, \k 361.)
Boycott, Observations on the local variation of Clausilia bidentata. (.Iourn. of
CoNCH., vol. XVI, 1919, p. 10.)
455
b) Valvule dans un vaisseau, due à l'importance ou au sens
du courant sanguin (aorte postérieure des Lamellibranches
siphonés).
c) Ganglion de « renforcenient » sur le trajet d'un nerf, dû
à l'extension ou à l'importance plus grande du territoire innervé
(notamment à son pins grand développement ou à son fonc-
tionnement plus actif) ; au point où le nerf donne plusieurs
rameaux dont l'importance s'accroît, il y a apparition de cellules
ganglionnaires :
a. Ganglions palléaux :
1. Ganglion étoile des Céphalopodes à manteau nu.
"2. Ganglion siphonal des Lamellibranches à siphons bien
développés.
3. Ganglion à la base des papilles dorsales de Janus.
p. Ganglion pénial des Gastropodes à gros pénis.
V. Ganglion rhinophorique des Opisthobranches à rhino-
phore très important.
d) Changement de position et renforcement du muscle adduc-
teur postérieur quand il devient unique chez les Lamellibranches:
cette migration est rendue obligatoire mécaniquement vers le
centre de la figure de la cocjuille, par exemple chez Mytilns
latiis, où l'adducteur antérieur est nul et où le postérieur,
comparativement aux espèces dimyaires de Mifùlus, est plus
central et ainsi mécaniquement plus efficace. Cette suppression
de l'adducteur antérieur agit en même temps sur la forme
de la coquille, plus courte proportionnellement que dans les
Dimyaires.
e) Accroissement du muscle adducteur antérieur de MytUus
edulis (forme gallopi'ovincialis) , variant du simple au double
— 456 —
(p. 104); or les individus qui le montrent le plus gros sont
ceux qui vivent dans les brisants (^).
f) Rudimentation et même disparition des muscles adduc-
teurs dans les Lamellibranches à coquille interne (Cliiamijdo-
conclia, Sciobcretia, Ephippodonta) .
(j) Furcation du muscle rétracteur postérieur du pied, dû au
développement puissant du byssus (divers Mytilides, p. 13t>).
Il) Rudimentation du pied, par suite de fixation, parasi-
tisme, etc. ; exemples : respectivement Magilus, (Irenatiila,
Gastrosiphon.
i) Réduction du pénis dans les Gastropodes fixés [Mcuji-
lus, etc.).
j) Diminution du nombre des yeux palléaux au côté fixé
(inférieur ou droit) chez les Pectinidae; exemples : 80 à gauche
et 12 seulement à droite dans Amussiiim pleuronectes, et même
0 à droite chez deux autres Amiissium et chez Pecten (Pseiida-
îiiussium) groenlandicum (^).
k) Disparition de la radula dans les Gastropodes suceurs
et parasites de divers groupes (Eulimidae, Pyramidellidae,
Tliiica, etc.), réduction du tube digestif chez certains d'entre
eux [Mucroncdia variabdis, p. 154, etc.), ou même tube digestif
n'apparaissant pas tant que dure le régime parasitaire (larves
d'Unionidae) (^).
(1) List, Die Mytiliden. (Fauna und Floua Golf. Neapel, part. XXVII, 1902,
p. 162.)
(2) Pelseneer, Les Lamellibranches de l'Expédition du Siboga (partie anatomique),
1911, p. 31.
(3) Fausser, Parasitismvs der Anodonta-Larven.{iiltM. Ackh. Saint-Péteksbourg
[Cl. Phys.-Math.J, 8» série, t. XIII, 1905.)
— 457 —
/) Asymétrie entraînée par la fixation sur un côté et parti-
culièrement chez Anomla.
m) Amincissement de la valve intérieure dans les Lamelli-
branches fixés : Ostrea (valve inférieure ou fixée plus mince et
sans couche prismatique ni couche de substance cimentable) .
n) Amincissement de la coquille, lorsqu'elle devient interne :
Limax, P/iUlne, Pleurobranclms, Ephippodonta, Loligo, etc.
o) Rudimentation de la charnière de certains Lamellibranches,
conséquence du régime sédentaire et de l'absence de mouvements
des valves : formes perforantes, etc. (exemples : Litliodomus,
Gastrocliaena , Plwlas, etc.).
/>) Accroissement considérable du vélum et lobation profonde
de cet appareil dans les espèces à vie larvaire pélagique pro-
longée : « Mac Giliivraijia » (larve de Dolium) ; « Siniisigera »
perversa (larve de Triforis, qui reste pélagique jusqu'à ce que la
coquille possède 8 à 9 tours de spire).
q) Perte de la phase larvaire nageuse chez les formes devenues
supralittorales : Purpura lapiUus, Littorina ohtusata, Cenia
cocksi, etc.
r) Réduction du nombre et augmentation du volume des
œufs (et modification corrélative de la conformation de la glande
génitale) dans certaines espèces où le jeune éclôt avec la forme
de l'adulte (Cenia), etc.
(1) Lacaze-Duthiers, Mémoire sur L'organisation de l'Anomie (Anomia ephippium).
(Ann. Sci. nat. [Zool.], 4e série, i, II, 1854, pp. i, 23, etc.) (« Parmi les causes qui
entraînent le plus fréquemment ces transformations, on peut placer les conditions
biologiques. Que nous en saisissions ou non le but, elles jouent un grand rôle dans
la modification des types » : il est intéressant de relever celte conviction exprimée,
il y a plus d'un demi-siècle, avant l'apparition de l'Origine des espèces, par un
auteur qui a soigneusement étudié l'organisation d'un grand nombre de formes
diverses de Mollusques.)
458
Mais toute variation d'un organisme n'est qu'une variation d'un
ou de plusieurs organes ;conséquemment, la cause prépondérante
de la variation des organismes doit être une cause extrinsèque.
Pour beaucoup de cas où l'on a bien examiné comparativement
la variation et les facteurs du milieu ambiant, on a reconnu, en
effet, dans ces derniers, la cause déterminante de maints exemples
de variation.
4° Ce sont surtout des variations continues que l'on a trouvées
très souvent en rapport avec une des conditions continues (ki
milieu. Tandis que les variations d'apparence brusque ou
discontinue n'ont pas montré aussi clairement une cause exté-
rieure normale durable. Toutefois, certaines d'entre elles ont pu
être rapportées comme déterminées aussi par des facteurs
extérieurs du milieu et la preuve que ces variations discontinues
ne sont probablement jamais dues à une modification originelle
du « germe », c'est que cbaque fois qu'on peut leur reconnaître
une cause démonlrale, c'est une cause externe. Ainsi :
A. Pour les Cérithes éocènes, on voit qu'ils présentent des
périodes relativement courtes de <c mobilité », coïncidant avec
des changements dans les conditions d'existence (avec la limite
entre deux étages successifs), périodes pendant lesquelles ils
offrent des variations de l'ordre des « mutations » (c'est-à-dire
discontinues), déterminées ainsi par le milieu (^).
H. Et si, quand on observe une variation d'apparence discon-
tinue, rien ne parait changé dans les conditions générales du
milieu, c'est une preuve que cette variation a eu une cause toute
temporaire, de courte durée, agissant le plus souvent locale-
(1) BoussAC, Du caractère périodique de la mutabilité chez les Cérithes mésomun-
mulitiques du bassin de Varis. (Comptes rendus Acad. Sci. Paris, t. CXLVIII, -1909,
p. H30.) — BoussAC, Essai sur l'évolution des Cérithidés dans le mésonummulitique
du bassin de Paris. (Aî<n. paléontol,, t VIII, 1912.)
— 459 —
ment et à courte distance; la démonstration s'en trouve notam-
ment dans les exemples suivants :
a) Hétéromorphose : Une variation brusque peut prendre
naissance à la suite d'un traumatisme (cause de courte durée
agissant au contact) lorsqu'il se produit une régénération irré-
gulière ou hétéromorphose; si l'on ampute un œil avec ses
FiG. 268. — Patella vulgata, têle d'un individu auquel l'œil droit a été
amputé avec ses éléments nerveux sous-jacents, et en remplacement
duquel il s'est conslitué un tentacule accessoire; vue ventrale, six
semaines après l'ablation, a, œil gauche (la ligne pointillée repré-
sente l'étendue de la région extirpée à droite); b, bouche; p, pied;
t', petit tentacule régénéré en place de l'œil. — Original.
éléments nerveux sous-jacents, chez Patella vulgata (opération
d'ailleurs malaisée), il est régénéré non pas un œil, mais un
tentacule supplémentaire (^) (fîg. 268).
b) Réduplication d'un organe unique : à la suite d'une muti-
lation (cause violente et de courte durée), il repousse quelquefois
un deuxième œil, ou même un deuxième et un troisième, avec le
premier chez A rion empiricortun (~) , chez Succinea putris, etc. (^ ) .
(*) Cette hétéromorphose est tout à fait comparable à celle que l'on connaît chez
certains Crustacés [PaLinurus, Penaeiis), où l'ablation d'un œil avec son ganglion
entraine la régénération d'une antenne : phénomène dont on a rencontré des
exemples naturels [Paiinurus penicillatus : Milne Edwards, Sur un cas de trans-
formation du -pédoncule oculaire en une antenne observé chez une Langouste [Comptes
RENDUS AcAD. Sci. PARIS, t. LIX, 4864, p. 751] ; et Howes, Proc. Zool. Soc. London,
1887, p. 469).
C-) KôNiG, Arch. Mikr. Anat., Bd LXXXVI. 1913, p. 293.
(5) RiEPER, Ann. Soc. Zool. et Malacol. Belg., t. XLVII, 1913, p. 173.
— 460 —
c) Si à un Nassa reticulata qui est né et a grandi avec un
tentacule pareil à l'autre quant à la taille, mais dépourvu d'œil,
on vient à amputer cet appendice, celui-ci repousse portant un
œil de la constitution normale (observation personnelle).
FiG. 269. — Leptoplana tremellaris, un fragment circulaire extirpé
avec le système nerveux central, après régénération : I, au bout de
huit jours (fort grossi); II, au bout de trois semaines; III, au bout
de cinq semaines ; vue dorsale. — Original.
d) l\ y Si aussi plus ou moins reconstitution de l'équilibre
entre la forme extérieure et les conditions de milieu; quand la
forme est altérée par un traumatisme, elle se rétablit automati-
quement par une croissance spéciale, pendant laquelle l'autre
croissance paraît suspendue. Ainsi en est-il, par exemple, pour
une partie du corps enlevée chez Leptoplana tî'emellaris, où la
forme déterminée par la résistance du milieu au mouvement est
reconstituée par cette même influence; un disque circulaire
amputé (renfermant le système nerveux central) reprend en
grandissant, au bout de peu de temps, la forme normale de la
Planaire (%. ^269).
— 461 —
C. Cas de tératogenèse : chaque fois que l'on a pu expéri-
menter, on a reconnu que les variations tératologiques ne pré-
existent pas à la fécondation; elles résultent d'une perturbation
survenue après elle, au cours du développement d'un embryon
d'abord parfaitement régulier. Exemples :
a) Les monstres doubles de Gastropodes soudés ensemble
dans une coque à deux (ou plusieurs) œufs, ne s'observent jamais
dans d'autres coques normales de la même ponte, où deux
embryons ne peuvent pas presser l'un contre l'autre (p. 333).
b) Les jeunes Littorina rudis, monstrueux par leur enroule-
ment irrégulier ou leur spire déroulée (fig. ^65), sont ainsi
conformés par suite des secousses continuelles que leur font
subir les mouvements désordonnés et rapides des Infusoires
Protoplinja ovicola, parasites de l'oviducte maternel où les œufs
évoluent et éclosent (p. 343). Et l'action des facteurs extérieurs
(c anormaux » du milieu, déterminant des développements
tératologiques, est une preuve de l'action régulière des facteurs
normaux dans le développement normal; en dernier ressort,
c'est le monde extérieur qui décide celle des différentes formes
de développement — normal ou anormal — qui sera réalisée.
5" A côté de ces quelques variations d'apparence discontinue,
dont la cause extérieure de courte durée est indiscutable, il y a
une multitude de variations continues pour lesquelles apparaît
l'action d'une cause extérieure durable ou prolongée; les
quelques particularités suivantes peuvent servir d'exemple pour
montrer l'influence des facteurs extérieurs :
A . La variation des caractères externes — ou des parties plus
exposées — plus grande que celle des caractères internes,
moins directement en rapport avec le milieu ambiant (p. 407) :
multiples exemples et notamment Pecten, plus variable dans sa
valve supérieure (gauche) que dans sa valve fixée (p. 409).
— 462 —
B. La variabilité plus grande des espèces à habitat étendu ou
varié et leur variabilité différente en différents points : si chaque
espèce n'avait, en effet, qu'une variabilité prédéterminée, indé-
pendante du milieu et purement et exclusivement intrinsèque,
cette variabilité serait nécessairement la même dans toutes les
localités. L'expérience montre, au contraire, qu'une espèce n'est
pas également variable en tous les points de son habitat, et
notamment que ses individus varient le plus dans les régions
où les conditions d'existence sont elles-mêmes le plus variées
(pp. 415 et 416, où sont citées diverses espèces examinées à ce
point de vue, telles que Hélix pyramidata. Pijramidida altcr-
nata, Nassa ohsoleta, Pecten irradians) (^).
C. L'existence de races géographiques ou locales : c'est un
fait bien connu depuis longtemps que « certaines variétés sont
localisées dans certaines stations (^) ». L'importance de la
diversité des conditions locales se montre dans cette rencontre
d'une variation particulière en un endroit spécial seulement,
sans que l'on puisse toujours, dès maintenant, bien en préciser
le facteur déterminant. On a surtout constaté la chose jusqu'ici
pour les caractères conchyliologiques (et il n'en sera rappelé ici
qu'un petit nombre d'exemples) ; mais il en est de même pour
les caractères morphologiques de la constitution interne, dans
toute espèce d'organes :
' a) Les jeunes Huîtres anglaises, introduites dans la Méditer-
ranée, y montrent un changement dans leur mode de croissance;
(*) «... ihe more varied environment wliich tends to make some shells deviate
in one way and otliers in another ». (Davenport, A Comparison of some Peclens of
the East and the West Coasts of the United States. [Mark Anniversary Volume,
1903, p. 132].)
(^) GouTAGNE, Recherches sur le pohjmorphisme des Mollusques de France. (Loc.
CIT., p. 183.)
— 468 —
elles forment des rayons divergents proéminents comme dans
les natives méditerranéennes (^).
b) Pecten (Hinnites) piisio, fixé par sa valve droite, est
aussitôt déformé dans l'Océan, tandis qu'il reste non déformé
dans une mer sans marée : la Méditerranée (^).
c) Une même espèce marine à distribution bathymétrique
étendue présente une coquille pâle dans la profondeur (vers
4,000 mètres), tandis que celle-ci sera d'une coloration plus
foncée vers la surface; exemple : Pecten opercidaris (").
d) Une uième espèce possède à l'état adulte une coquille
d'épaisseur et de poids différents, suivant les localités ou le
milieu; exemples, de formes marines : Voluta ancilla (p. 42),
de formes terrestres : Hélix ti même Limax arbonun (p. 42).
e) Une même espèce, au même âge, présente une taille très
différente suivant la localité : Limnaea truncatida atteint
12 millimètres au bord des mares et 6 millimètres seulement au
bord des rivières (^) ; Hélix nemoralis du Boulonnais est une fois
plus grand dans la falaise qu'ailleurs (^) ; parmi les Lamelli-
(*) CosTE, Bull. Soc. Acclimat. Paru, t. VIII, p. 251. — Un phénomène analogue
— presque réciproque — a élé constaté lorsque des Huîtres étrangères sont intro-
duites en Angleterre : Tabor and Headi.ey, Foreign Oysters acqmring the caracters
of natives. (Nature, vol. LXIV, 1901, pp. 126 et 158, et le cas cité plus haut [p. 451],
d'après Bourne. 1909.)
(2) Daniel, Faune malacologique terrestre fluviatile et marine des environs de
Brest (Finistère). (Journ. de Conch,, t. XXXI, 1884, p. 945.)
(5) LocARD, Mollusques testacés et Brachiopodes , in Résultats scientifiques de
LA campagne du « Caudan », fasc. I, p. 208. {An7î. Univ. Lyon, 1896.) — Locard,
L'influence du milieu sur le développement des Mollusques. (Mém. Soc. Agric. Hist.
nat. Lvon, 1892, p. 83.)
(•i) Bouchard-Ghantereaux, Catalogue des Mollusques terrestres et fluuiatiles
observés jusqu'à ce jour à l'état vivant dans le département du Pas-de-Calais. (Mém.
Soc. Agric. Sci. et Arts Boulogne-sur-Mer, 1836, p. 214 [1837J.)
(S) Ibid., p. 176.
— 404 —
branches marins, Ciina (CarditeUa) delta est plus grand en
Nouvelle-Zélande qu'en Australie (^).
/') Une même espèce offre, dans des régions différentes de
son habitat, des caractères coquilliers différents ; exemples
parmi les Gastropodes : Littorina litlorea, plus ventru sur la
côte Est de l'Amérique du Nord qu'en Grande-Bretagne (^) ;
lo sphiosa, lisse dans la partie initiale (en amont) de toutes les
rivières, épineuse dans la partie en aval (^) ; JSeotliauma tanga-
nyicense, caréné (à carène très marquée) dans le Sud du lac
ïanganyika, à tours arrondis dans le Nord (^) ; Acliatina fidica,
introduit de Madagascar à Maurice, Bourbon, aux Seychelles,
ainsi qu'à Ceylan, présentant un ombilic largement ouvert dans
l'île Maurice et aux Seychelles, tandis qu'il est fermé ailleurs {^).
g) Localisation de races inverses : une race dextre de Claii-
silia leucostigma (*"), une autre de C. straminicoUis, également en
Transylvanie (exclusivement dextre d'un côté du ruisseau, Bielz) ;
une race à enrouleuient d'un sens dans une vallée, alors que dans
une autre vallée l'enroulement est inverse chez Partula otaliei-
tana (') ; ou encore apparition périodique d'individus inverses
d'une espèce au même endroit : Limnaea peregra, près de Hes-
leden (Durham), dans une même petite mare, de 1875 à 1908 (^).
(*) Hedley, Additions to the marine Molluscan Fauna of New Zealand. (Records
Austral. Mus. [Sydney], vol. V, 1904, p. 87.)
(2) BiGELOW, Littorina littorea as material for the Shidy of Variation. (Amer.
Natur., vol. XXXVII, p. 181.)
(5) Adams, Variation in lo. (Proc. Amer. Assoc. Advanc. Sci., vol. XLIX, 1900,
u. 13.)
(^) MooRE, Ttie Tanganyika Problem. London, 1903, p. 149.
(5) PiLSBRY, Manual of Conchology, série II (Pulraonés), vol. XVII, p. 56.
(6) Flach, Ueber eine recktsgetuundene Rasse der Clausilia (Papillifera) leuco-
stigma Rossm. (MiTT. NATURWiss. Ver. Aschaffenburg, Bd VI, 1907, p. 73.)
C) Mayer, Soine species o/' Partula from Tahiti. A Study in Variation. (Mem. Mus.
CoMPAR. ZooL., vol. XXVI, 1902, pp. 123 et 133.)
(**) Trechman, Limnaea peregra, monstr. sinistrorsum, i7i Durham. (The Natu-
RALIST, 1906, p. 113.)
— 465 —
h) Individus (ou même races) difï'éremment colorés, suivant
les stations : Aplijsio punctata, de couleur différente suivant
l'endroit, jaune brunâtre, jaune pourpré ou vert brunâtre (^) ;
les deux seuls exemplaires albinos connus de Limax maximus
ont été recueillis à douze années d'intervalle, dans la même
localité, Savigny-sur-Orge (p. 148) ; sept individus albinos de
Planorbis corneus ont été pris en deux ans, tous à une seule
place des environs de Gand, dans les deux fossés bordant le
même chemin, et la première fois deux individus au même
endroit très peu distant du point oîi les cinq autres- ont été
rencontrés l'an d'après dans le fossé opposé, exposé à la dessic-
cation. La localité (influence du milieu) apparaît déjà comme
cause déterminante; et, d'autre part, l'expérience (voir V partie:
Hérédité) a montré que le caractère n'est pas héréditaire; et, en
outre, tous les individus n'étaient pas du même âge et ne
pouvaient pas tous provenir d'une même ponte. C'est donc
plusieurs fois que la même intluence s'est fait sentir par la
production d'exemplaires albinos dans le même endroit (obser-
vations personnelles).
i) Les Octopiis et Eledone à bras branchus ont été rencontrés
dans la Méditerranée, fréquemment et presque exclusiveuient
aux environs immédiats de Gênes (pp. 437 et 139).
j) Des individus d'une même espèce, mais de régions diffé-
rentes, peuvent montrer des nombres différents de rangées trans-
versales et longitudinales de dents radulaires ; par exemple :P/eM-
rop/ufllidia piistnlosa, avec 48 à 51 rangs de 141 dents dans la
Méditerranée et avec 38 rangs de 63 dents à Arcachon (Océan) (^) ;
(*) Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiqties sur tes Mollusques Opistho-
branches du golfe de Marseille, part. I. (Ann. Mus. Marseille [Zool.], t. II, d885,
p. 105.)
(2) CuÉNOT, Contributions à la faune du bassina' Arcachon. VII. Pleurophyllidiens.
(Bull. Stat. Biol. Arcachon, 16^ année, 1914, p. 31.)
30
— 466 —
Hyalinin glabra avec un nombre de dents marginales plus
grand à Fincbley et Bettws qu'à Anglesea et à Northampton (^) ;
//. Iiclvetica montrant des variations topographiques pour la
radule dans les quatre régions suivantes : Surrey, Glouces-
tershire, Garnavonshire et Cheshire, avec des dispositions
caractéristiques dans chacun des quatre cas (^) ; Eiilota sp/iinc-
tostoma avec les rangées transversales plus nombreuses chez
l'adulte près de Kochi que à Tokyo (^).
k) La disposition des circonvolutions intestinales varie
chez Acanthocliiton fasciciilaris suivant la localité (p. 153,
%• 97).
/) Pecten ijiaber possède normalement une glande génitale
divisée en deux régions — mâle et femelle — bien distinctes;
des exemplaires ont cependant été rencontrés avec des îlots de
glande femelle au milieu de la glande mâle, exclusivement aux
environs de Cette, par plusieurs auteurs (''), et pas ailleurs
(Mahon, par exemple) (^).
m) Hélix nemorcdis des falaises du Boulonnais, contraire-
ment à ceux des autres stations, présente des organes de la
génération colorés en noir (*^).
(*) Moss and Boycott, Observations on the Radulas of Hyalinia draparnaldi,
cellaria, alliaria a7id glabra. (Journ. of Conch., vol. XII, 1908, p. 159.)
(2) Boycott, The Radular Ckaracteristics of Hyalinia helvetica from différent
localises. (JouriN. of Conch., vol. XIV, 1914, p. 303.)
(') Jacobi, Japanische beschaite Pidmonaten. (Journ, Coll. Sci. Univ. Tokyo,
vol. XII, part. I, 1898, p. 34.)
(*) IIuMBERT, Note sur la structure des organes générateurs chez quelques espèces
du genre Pecten, (Ann. Sci. nat. [Zool.], 3« série, t. XX, 1853, p. 333.) — Lacaze-
DuTHiERS, Recherches sur les organes génitaux des Acéphales Lamellibranches.
(Ann. Sci. nat. |Zool.], 4« série, t. II, 1854, p. 210.)
(5) Lacaze-Duthiers, loc. cit., p. 210.
(6) Bouchard-Chantereaux, loc. cit., p. 176.
— 467 —
n) Le nombre des vésicules multifides (glandes muqueuses)
de l'appareil génital varie chez Hélix (ruticum suivant la
région ; il est d'autant plus petit que la station est plus méri-
dionale (3 paires dans le Nord de l'Europe, 2 aux environs
d'Innspruck, 1 seule en Italie) (p. 239).
o) Le diverticulum du receptaculum seminis est plus ou moins
fréquentchezZ/e/Za: pomatia, suhani la provenance des individus;
sur 25 7o des spécimens des environs de Paris, 50 7o de ceux de
Roumanie et la presque totalité de ceux du Banat (p. 23(>).
D. Les observations faites sur les espèces nouvellement
immigrées ou importées constituent un autre argument à l'appui
de l'action modificatrice du milieu. Quand une espèce de
Mollusque [Littorina, llrosalpinx, Hélix divers, etc., voir
IIP partie, p. 418) immigre dans un pays éloigné ou différent,
elle s'y montre beaucoup plus variable (non adaptée) que dans
sa patrie originelle; ici elle était depuis longtemps en équilibre
avec les conditions d'existence de son milieu.
E. Les divers phénomènes de convergence ou ressemblance
adaptative sont autant de preuves de la cause extérieure des
variations adaptatives. On sait, en effet, que des formes d'orga-
nisation très différente peuvent affecter une conformation exté-
rieure analogue trompeuse, due à des conditions de milieu
identiques. Il peut y avoir ainsi convergence par le parasitisme,
par la vie pélagique, par la vie dans les brisants, etc.
Le plus joli exemple de ce dernier cas est celui de deux formes
non parentes : Patella (Streptoneure) et Siphonaria (Pulmoné),
montrant la convergence par la forme de leur coquille conique
et aplatie, et soumis aux mêmes conditions d'existence, dans les
brisants.
Cette convergence peut aller jusqu'à une ressemblance telle
qu'elle produit la confusion de deux espèces différentes : Xesta
468
cumingi paraît « mimer » Helicarion t'ujr'mus de la même
région, et Xesta mindanensis en l'ait autant pour un Rfiij-
sota sp. (^) ; un Hélicide indéterminé (Pulmoné) est si semblable
par la taille, la forme, la couleur et l'ornementation à Apfiano-
conia mcrguiensis (Streptoneure terrestre) de la même localité
(îles Andaman), qu'il est pris pour lui tant qu'on se borne à
examiner la coquille (^).
A côté de la convergence ciiez les adultes, on peut encore
noter une convergence dans les stades larvaires du même régime
étliologique ; par exemple, les larves de Néoméniens, de Den-
tale, de Protobranches [Yoldia, etc.), de Gymnosome, toutes
pourvues de cercles ciliés parallèles.
Sans présenter une convergence dans l'ensemble de leurs
caractères extérieurs, diverses espèces d'iin même milieu ou
d'une même région peuvent offrir une ressemblance par un de
ces caractères, notamment la couleur de la coquille. Ainsi, les
coquilles de nombreux Mollusques marins de la côte pacifique
de l'Amérique méridionale sont d'une teinte noire uniforme (^).
Il y a de fréquents exemples de coïncidence de diverses espèces
rencontrées au même endroit avec une coquille albine : llelix
hortensis, H. r^otundata, H. obvoluta, H. iapicida, Claiisilia
laminata, dans une même station près d'Hastière (^) ; Arion
hortensis, Hélix rotundata, Hyalinia cellaria, près de Hele Bay
(Ilfracombe) (^) ; 14 espèces terrestres et 5 espèces fluviatiles aux
environs de Lewes (Surrey) (^). Ou bien, en un même endroit.
(1) Semper, Die natiirliche Existenzbedingungen der Thiere, Thei! II, p. 241, 1880.)
(2) BouRNE, Contributions to the Morphology of the Group Neritacea of Aspido-
banch Gastropods. Part II. Tke Helicinidae. (Proc. Zool. Soc. London, 1911,
p. 801.
(3) Fischer, Remarques sur la coloration générale des coquilles de la côte occi-
dentale d'Amérique. (Journ. de Gonch., t. XXIII, 1875, p. 105.)
(*) Van den Broeck, Ann. Soc. Malacol. Belg., t. VII, 1873, p. lxv.
(^) ToMLiN, fide Taylor, a Monograpli of the Land and Freshwater MoUusca of
the British Isles, vol. 1, p. 91.
(6) ftloRRis, Journ. of Conch., vol. VII, p. 191.
— 469 —
certaines espèces ont montré un grand nombre d'individus
albins : Ancijkis lluviatUis, Limnaea pereyra (60 exemplaires
en peu de temps à une même place et pas un seul l'année
suivante), Clausilia laminata (15 7o d'albins, et pas autant l'an
d'après) (^).
Des convergences de ce genre ou variations concordantes ont
aussi été observées dans des Mollusques fossiles d'un même
gisement, par exemple les Unio bielzi et les Limnocardium
cucestiense (^) présentent le même développement des crochets
proéminents, fort recourbés et très inclinés en avant, et des
dents antérieures de la chai'nière, grosses et saillantes (Levantin
d'eau saumàtre : Néogène).
F. Outre les variations qui sont, chez les adultes, en relation
avec des changements dans le milieu, on observe aussi des
variations de ce genre chez des larves, des embryons et jusque
dans les premières cellules résultant de la segmentation de
l'œuf [^).
C'est ainsi qu'on observe :
a) Dans la nature, des phénomènes correspondants aux
exemples de pœcilogonie rencontrés assez fréquemment dans
d'autres Invertébrés (Crustacés notamment, suivant la station ou
la saison) (^), phénomènes qui montrent une divergence locale
(1) Clessin, Ueber Missbildungen der Mollusken und ihrer Gehduse. (22 Jahresber.
NAT. HisT. Ver. Augsburg, 1873, p. TiO.)
(2) FoNTANNES, SuT Certaines corrélations entre les modifLcalions qu'éprouvent des
espèces de genres différents soumis aux mêmes influences. ((Comptes rendus Acad,
Sci. Paris, t. GUI, 1886, p. 1022.)
(5) On sait d'ailleurs que les cellules cultivées hors de l'organisme présentent
des variations de ce genre, et que, notamment, en se multipliant dans les cultures,
elles prennent des caractères différents suivant le milieu. (Ghampy, Le sort des
tissus cultivés en dehors de l'organisme. [Rev. gén. des Sci., t. XXIV, 1913, pp. 790
et suiv.].)
(*) Palaemonetes (Giard, Boas, Sollaud); Daphnies (Grobben, Ishikawa, Gross,
Wesenberg-Lund\
— 470 —
ou temporaire de la même espèce, dans des conditions différentes
pour les pontes ou stades larvaires ; ainsi :
1. Pour les pontes, il peut v avoir différence suivant l'âge ou
la taille chez Doris (Stmirodoris) verrucosa d'Arcachon : les
petits individus pédogénétiques, de 10 à 1*2 millimètres de long,
pondent des rulîans à coques uniovulées, tandis que les grands
individus de 30 à 70 millimètres pondent des rubans pluriovulés
(de 2 à 5 œufs) (^) ; d'autre part, il peut y avoir variation suivant
la station chez Succinea putris et chez Pyramidula strigosa,
exemples qui seront repris plus loin à propos du facteur déter-
minant, respectivement Humidité et Température.
2. Pour les larves, chez divers Streptoneures et notamment
plusieurs Rachiglosses, surtout chez Fiisus bifrons, la « proto-
conque » (coquille larvaire) est très développée dans la forme
« paucicostata », tandis qu'elle est rudimentaire dans la forme
typique (^) ; des espèces voisines appartenant à un même genre
font voir cette « hétérostylie » de la coquille plus nettement
encore, quand leur développement se poursuit dans des condi-
tion différentes; ainsi Purpura lapiUus, à développement intra-
capsulaire, n'a pas de protoconque distincte des tours suivants,
tandis que P. haemastoma et P. seî'tata, à larves pélagiques,
ont une protoconque toute différente du reste de la coquille
(voir plus loin le facteur : « Etendue du milieu »).
Chez Cliiton polii, des différences s'observent suivant que les
larves sont examinées à Marseille ou à Sébastopol :
a. Celles de Marseille perdent le vélum et rampent sur le
fond dès quelques heures après leur sortie de l'œuf; celles des
(^) CuÉNOT, Contribution à la faune du bassin d'Arcachon. III. Doridiens. (Bull.
Soc. ScL ET Stat. Biol. Arcachox, 1904, p. 13.) J'ai constaté un phénomène ana-
logue dans Eolis papillosa.
(2) Sturany, Zoologische Ergebnisse, Exped. Pola in das Roten Meer. (Denkschr.
K. Akad . WiEN [Math.-Nat. Cl.], Bd LXXIV, 1903, p. 220, pi. i, fig. 3a et 4a.)
471
environs de Séhastopol ont le vélum qui persiste beaucoup plus
longtemps (^).
[3. Les larves ayant perdu leur vélum ont, à Marseille, 4 ou
5 cellules en longueur par segment, formant plaque ou valve;
tandis qu'à Sébastopol, elles en montrent de l!2 à 16 (^).
y. La huitième ou dernière plaque (postérieure) de la coquille
apparaît beaucoup plus vite à Sébastopol (^).
b) En captivité, les variations sont plus nombreuses ; or, dans
la nature, les circonstances étliologiques sont plus régulières et
constantes, tandis que l'élevage en captivité (où il y a plus
d'anomalies) présente aussi des conditions extérieures plus
variables et souvent défectueuses et défavorables. ïl a été reconnu
ainsi que les formes anormales dans le développement de Crepi-
dula et de Urosalpinx sont dues à des causes extérieures (^).
Ce fait qu'il y a plus de variations embryonnaires en captivité
que dans la nature, est preuve que les modifications dans
les conditions extérieures en sont la cause déterminante; et
d'ailleurs, certaines de ces anomalies ontogéniques peuvent être
provoquées ou reproduites expérimentalement (voir plus loin :
IL Facteurs du milieu extérieur).
Et si des causes extérieures anormales, souvent temporaires.
(1) KowALEVSKY, Embryogénie du Chiton Polii. (Ann. Mus. Marseille [Zool.J,
-1883, 1. 1, p. 31.)
(2) Ibid., p. 35.
(3) Ibid., p. 36.
(*) « Thèse abnormal forms were the resuit of unfavorable conditions, such as
imperfect aération, varying density of sea water, or rough mechanical treatment » :
Conklin, The Embryology o/'Grepidula (Journ. of Morphol., vol. XIII, 1897, p. 32);
et « The abnormal forms are the resuit of unfavorable environment, e. g., lack of
oxygen, présence of bacteria, mechanical pressure, etc. » : Ibid., p. 33. — Des
remarques concordantes ont été faites chez bien d'autres Invertébrés, par exemple :
Limulus (Patten, ZooL Anz., Bd XVII, p. 72) ; Oursins et Phallusies (Peter, Archiv
Entivickl.-Mech., Bd XLI, 1911); Cucumaria (Appellôf, Yerh. VU intern. ZooL
Congr., 1912, p. 30S).
— 472 —
peuvent apporter un changement à l'évolution embryonnaire,
c'est une preuve que, à fortiori, des facteurs normaux et
constants doivent exercer une action directrice sur cette évo-
lution ; en d'autres termes — réciproquement à la récapitulation
de la phylogénie par l'ontogénie — l'influence du milieu sur
le développement ontogénique est une preuve qu'il a exercé
son intluence sur l'évolution phylogénique, c'est-à-dire sur la
transformation des espèces au cours du temps.
G. Seules les conditions constantes du milieu peuvent pro-
duire des variations de sens déterminé ou « orientées », dont il
a été énuméré un très grand nombre (IP partie, p. 385), tant
parmi celles de l'époque actuelle que parmi les variations
paléontologiques. Ainsi :
a) Variation augmentant le nombre des denticules de la dent
radulaire médiane de Nassa reticidata (fig. 104 à 107) ; la
multiplicité des denticules est une réaction à une proie qui
résiste au déchirement.
h) Variation augmentant le nombre des digitations palléales
de PInjsa foutiualis (fig, 17, p. 77); ces digitations sont des
languettes recouvrant ensemble, lorsqu'elles sont en extension,
plus ou moins complètement le sommet et le bord d'une
coquille fragile ; ce sommet peu aigu et ce bord peu bombé sont
d'autant plus parfaitement couverts que le nombre de ces digi-
tations est plus considérable : réaction du bord du manteau aux
contacts dangereux.
c) Variation simultanée, dans une même direction, des Palu-
dina, Melanopsis, Nerit'ma de Cos, explicable seulement par le
fait qu'elle est due à des facteurs constants du milieu (^).
(') Neumayr, Ueber den geologischer Bau der Insebi Cos. (Denkschr. Akad. vVien
[Math.-Naturw. Kl. ), Bd XL, d880.)
__ 473 —
H. Il y a une relation fréquente entre la disparition d'espèces
ou de groupes déterminés, et les limites des époques géolo-
giques, c'est-à-dire avec les moments où des changements
importants se sont produits dans les conditions d'existence.
Celles-ci ont donc joué un rôle considérable dans cette extinc-
tion (on connaît les exemples des Ammonites, Bélemnites,
Rudistes, etc.).
/. Mais l'influence du milieu se manifeste de plusieurs façons ;
et à côté de la façon positive (productrice de variations), il y a
aussi la façon négative, par laquelle elle prohibe la conservation
de nombreuses variations (brusques congénitales). De jeunes
individus « trop variés », mal appropriés au milieu, disparaissent
à l'état larvaire ou même embryonnaire, ou bien retournent au
type par atténuation progressive de leur variation trop ample
(voir respectivement pp. iOI et 402).
Dans ce cas, le phénomène est dû au milieu non varié, exer-
çant une action régulatrice ; et il y a là une nouvelle adaptation
éliminant les écarts trop brusques (^) ; et l'atténuation progres-
sive des variations congénitales non adaptatives, depuis la nais-
sance jusqu'à l'état adulte, se poursuit dès que s'exerce l'influence
régulatrice du milieu.
C'est encore par une action analogue du milieu que dispa-
raissent des variations même plus faibles, lorsque les conditions
viennent à changer avant que ces variations soient assez profon-
dément empreintes; ce retour au type a été constaté dans
diverses « variétés » de Limnaea, lorsque leurs pontes ou
embryons sont remis dans le milieu primitif avant que la race
(*) Comme l'a démontré l'analyse biométrique des Clausilia laminata : Weldon,
Study of natural Sélection in Clausilia laminata. (Biometrika, vol. I, lOOl, p. 109.)
— Ce qui le confirme aussi, c'est la constatation générale que les variations sont
bien plus nombreuses dans le jeune âge que chez l'adulte (voir p. 419).
474
ait pu se moditier profondément dans un assez grand nombre
de générations successives (V® partie, Hérédité) (\).
/. Enfin l'intluence du milieu apparaît encore en n'agissant
pas, ou mieux en ne produisant pas de modifications, lorsqu'il
n'y a pas de modification dans le milieu lui-même restant
toujours constant. Plusieurs espèces de Pulmonés terrestres
de Madère en sont un exemple caractéristique bien connu :
il n'y a pas de modification sur place, entre les individus
fossiles et les actuels, alors que pour une même espèce, dans
tout l'archipel, il y a des modifications actuelles d'une île à
l'autre (^) ; il en est de uième pour les Mollusques éteints et
vivants des eaux saumâtres du bassin Aralo-Caspien. On connaît
aussi l'identité des générations successives des formes dont le
développement excessif a été favorisé par les conditions de milieu
spéciales, très uniformes sur une grande étendue (bancs deRangia
cijrenoides de la Louisiane, etc.) (^). Et il a été remarqué que la
(•) Ces variations-là sont des phénomènes évolutifs pour lesquels il n'y a donc
pas encore irréversibilité. Par contre, quand la modification a été profonde, l'irré-
versibilité est manifeste ; et lorsqu'un orjjfane ou caractère perdu semble réappa-
raître, on constate toujours qu'il y a simplement analogie et non homologie.
On peut en trouver des exemples dans tous les groupes de Mollusques :
a) Lamellibranches : quand un pied « plantaire » se montre dans une subdi-
vision qui n'en possède pas normalement (certains Tellina, Modiolarca, Pecten
non fixés, etc.), il n'est pas homologue au pied plantaire primitif des Nucula ;
en effet, la plante est alors secondairement acquise et se trouve tout entière
en avant du byssus, contrairement à Nucula où l'appareil byssogène et son pore
sont dans la plante même ;
b) Gastropodes : quand une « branchie » se montre dans un groupe qui en est
normalement dépourvu (Pulmonés, Nudibranches), elle n'est point homologue au
cténidium primitif des antres Gastropodes : tel est le cas pour la branchie intra-
pulmonairc de Siphenuria, i)our la branchie extrapulmonaire de Planorbis, Bulinus,
et "pour les branchies des Doridiens ;
(•) Céphalopodes : quand une coquille externe se montre dans un groupe qui en est
normalement dépourvu, elle n'est pas homologue à la coquille palléale originelle
de ces Mollusques : telle est la coquille d'origine pédieuse des Argonaula femelles.
(2) WoLLASTON, fide Darwin, Origine des espèces, traduction Royer, p. 64.
("') CouTAGNE, Recherches sur le polymorphisme de Mollusques de France. (Loc.
CIT., p. 182.)
475
coquille embryonnaire de maints Streptoneures, dans des condi-
tions uniformes de milieu, ne présente guère de variations (^).
Il n'a pas lieu de multiplier ces exemples; on peut renvoyer
simplement à la liste bibliographique insérée page 453 et surtout
aux multiples indications données ci-après, à propos de l'action
des divers facteurs du milieu. Toutes ces observations réunies
confirment l'influence modificatrice des conditions du milieu;
on peut donc voir dans les fadeurs extérieurs les agents
essentiels de variation et de différenciation.
S'il n'est pas encore démontré que toutes les variations sont
lamarckiennes, il est néanmoins manifeste qu'un très grand
nombre d'entre elles le sont; et au moins toutes celles aux-
quelles on a pu reconnaître une cause démontrable. Et si
l'on ne trouve pas un seul exemple de variation déterminée
exclusivement par une cause interne véritable et démon-
trable, et si, d'autre part, on rencontre de multiples exemples
de variations engendrées par des facteurs ou causes externes,
il sera permis de considérer comme vraisemblable que la gêné
ralité des variations doivent leur origine à des causes de cette
dernière nature, car un principe expliquant clairement le plus
de cas a beaucoup de chances d'être le plus général.
L'influence du milieu découle d'ailleurs fatalement du phéno-
mène d'assimilation pendant le développement et la croissance
individuels; l'adulte pesant n grammes ou kilogrammes, pro-
vient de l'œuf pesant m milligrammes, grâce à l'apport de
substances tirées entièrement du milieu extérieur. Et la struc-
ture de l'œuf fécondé ou du très jeune embryon possédant,
comme on dit, « à l'état latent » tous les caractères de l'orga-
nisme adulte, ne contient cependant rien qui puisse déterminer
irrésistiblement le processus de son développement.
(1) Gkabau, Sli/die,s of Gaslropoda. IV. Value of tkc Protoronch and early Conch
Stages in Uie rlassification of Gaslropoda. (Proc. 7th intern. Zool. Congis., i9i''2i
p. 7Si.)
— 476 —
En effet, de même que les autres tissus (par exemple en cas
de régénération), l'œuf en segmentation n'est pas figé dans une
formule immuable. Et l'influence du milieu est même dans bien
des cas, plus puissante que l'hérédité; les exemples de térato-
genèse prouvent notamment que le développement « normal »
ne constitue qu'un cas parmi tous les développements possibles,
et que, en dernier ressort, c'est le monde extérieur qui décide
laquelle des diverses formes possibles de développement sera
réalisée (^).
II. — Les principaux facteurs du milieu extérieur
et leur action.
La question des variations était traitée jadis à un point de
vue exclusivement descriptif. Et ce n'est qu'à une époque rela-
tivement récente que, sous l'influence des idées évolutionnistes,
on est arrivé à considérer ces divers cas au point de vue de
(1) En tout cas, on ne peut établir ici une opposition entre le lamarckisme et le
darwinisme, car Darwin s'est lui-même, en diverses circonstances, appesanti sur
l'importance capitale de l'action du milieu : « La sélection ne peut rien sans la
variabilité et celle-ci dépend du mode d'action des circonstances extérieures sur
l'organisme ». (La variation des animaux et des plantes, t. I, p. 7.) — « Toutes les
variations sont causées directement ou indirectement par quelque changement
dans les conditions ambiantes ». {Ibid., t. II, p. 449.) — « Il est probable qu'il n'y
aurait pas de variabilité s'il était possible de maintenir pendant un grand nombre
de générations tous les individus d'une espèce dans des conditions d'existence
absolument uniformes ». {Ibid., t. II, p. 271.) — Enfin, dans la sixième édition de
The Origin of Species, p. 4"2I, il dit que les espèces ont été modifiées « by the
direct action of externat conditions, and by variations which seems to us in our
ignorance to arrise spontaneously. It appears tliat I formerly underrated the
frequency and value of thèse latter forras of variation, as leading to permanent
modifications of structure independently of natural sélection ». — Et dans sa corres-
pondance avec 31. Wagner (F. Dauwln, Life and Letters of Charles Darwin, vol. III,
1887, p. 159), on lit : « In my opinion the greatest error which I hâve commited
bas been not allowing sutficient weight to the direct action of the environment,
i. e. food, climate, etc., independently of natural sélection... When I wrote the
« Origin », and for some years afterwards, I could tind little good évidence of the
direct action of the environment ; now there is a large body of évidence ».
— 477 —
leur explication naturelle et qu'on s'est inquiété notamment de
rechercher s'il y a une relation définie entre les variations et le
milieu.
Si des doutes se sont manifestés au sujet de l'intluence du
milieu, si même la négation absolue de son efficacité dans l'évo-
lution est un axiome et un dogme fondamental pour l'école
mutationniste orthodoxe (voir ci-dessus, p. 442), il n'a pu
cependant lui être opposé aucun fait positif contraire. Il n'y a
contre elle que notre ignorance présente quant à certains de ses
facteurs et à leur mode d'action.
Car, en dehors de diverses conditions générales du milieu,
aisément perceptibles à nos sens ou se révélant commodément à
nos moyens d'investigation actuels, il y a aussi des facteurs
moins frappants, moins facilement accessibles à notre analyse,
ou dont l'ordre de grandeur est presque infiniment petit, quoique
suffisant cependant (comme des traces de substances chimiques)
pour agir efficacement sur certains organismes, ou sur certains
de leurs états de développement.
Et du fait que ceux-là sont difiiciles à étudier, ou de ce que
leur analyse reste encore à faire, on n'est pas en droit de con-
clure à leur inexistence ou à leur non-intervention.
La tâche du morphologiste est de préciser l'effet des diverses
conditions de milieu, de chercher même à le faire pour les moins
perceptibles (^).
L'hypothèse de l'action morphogène du milieu a suscité, en
ces dernières années, de nombreux essais expérimentaux; et
c'est par le retour aux idées de Lamarck que le transformisme
a fait progresser le plus rapidement la morphologie dans la voie
(*) « Ce que le morphologiste peut tenter et ce qu'il tente, en effet, c'est de
découvrir les petites variations déterminées par les facteurs primaires et de démêler
aussi comment, par une lente sommation, ces variations, d'abord insignifiantes, se
sont intégrées pour donner naissance — soit par voie continue, soit par une appa-
rente discontinuité — aux caractères beaucoup plus évidents qui séparent les
espèces ». (Giard, Les tendances actuelles de la morphologie et ses rapports avec les
autres sciences. [Bull. Sci. France et Belgique, t. XXXIX, 1905, p. 483J.)
— 478 —
expérimentale. Mais ces expériences n'ont pas porté seulement
sur les adultes ; elles sont encore plus aisées sur les embryons :
les adultes sont en effet plus près de l'état d'équilibre individuel,
atteint après une longue lutte contre les facteurs extérieurs du
milieu; tandis que les phases embryonnaires sont des états en
mouvement vers cet équilibre plus stable, et elles sont ainsi
plus aptes à varier et à tolérer les variations plus amples (^) ;
en outre, l'expérimentation ne nécessite pas un temps aussi long
avec (les stades ontogénétiques (œuf en segmentation, embryon
en cours d'évolution, etc.) qu'avec des adultes, et notamment
elle permet d'opérer sur des organismes occupant peu d'espace,
ne se déplaçant guère et ne devant même pas être nourris.
Mais la simple observation raisonnée nous a appris jusqu'à ce
jour plus de choses encore que la multitude d'expériences insti-
tuées depuis quelques années d'une façon plus ou moins désor-
donnée.
Pour s'orienter en s'engageant dans la voie qui est ici abordée,
il y a donc lieu de réunir tout d'abord les diverses constatations
(observations et expériences) faites à ce sujet, en les groupant
suivant le facteur actif (^).
(1) On trouvera des exemples de ces expériences à propos des facteurs chimiques,
pour les œufs, embryons ou larves de Loligo, Phiiine, Mactra, Nassa, Hermaea ;
à propos de la température, pour Purpura, Cenia, Boris et autres xNudibranches ;
à propos de la lumière, [lour Limnaea, Hélix, Elysia; à propos du mouvement du
milieu, pour Limnaea peregra; à propos de la pression, pour Limnaea, Physa,
Cumingia, Crepidula; à propos de traumatisme, pour ISassa, Dentalium ; à propos
de facteurs biologiques, pour Liltorina, etc.
(2) Quelques essais de ce genre, d'après la littérature cunchyliologique princi-
palement, ont déjà été tentés, surtout dans le pays de Darwin : quelques pages sur
les variations chez les Mollusques en général, d'après les changements de l'envi-
ronnement, par CooKE [MolUisrs [Cambridge Natural History, vol. III, 189.'i, pp. 82
à 95J) ; un exposé plus détaillé, relatif aux Mollusques terrestres et d'eau douce de
la Grande-lîretagne, par Taylor {A Monograph of the Land and Freshwaler Mol-
lusca of Ihe British Isles, vol. I, 1894-1895, pp. S9 à 122); quant au travail un peu
antérieur de Locard [L'influence des milieux sur le développement des Mollusques
[Mém. Soc. Agric. Hist. nat., etc., Lyon, 1892J), il est de peu d'utilité, car il n'est
guère fait que d'après des travaux de deuxième ou de troisième main el même
d'après des ouvrages de vulgarisation populaire !
479
L'examen des faits ainsi réunis permettra de décider si ces
facteurs extérieurs ont une action spécifique, si les réponses de
l'organisme aux divers stimuli extérieurs ne sont pas spécifiques
de ces divers facteurs extérieurs, mais bien les mêmes quels que
soient ces facteurs, ou bien s'il n'y a de spécifique dans la
variation que la constitution interne de l'organisme, comme
certains l'imaginent (^).
A défaut de solution définitive immédiate, on aura du moins
posé ainsi la question sur un terrain propice oii une solution
peut être atteinte expérimentalement, c'est-à-dire par la méthode
scientifique.
1. — Régime alimentaire.
De nombreux Mollusques sont susceptibles de changer de
régime alimentaire, non seulement en captivité, mais aussi dans
les conditions normales de liberté; on a fréquemment constaté,
notamment, le passage du régime normalement végétarien au
régime Carnivore. Voici quelques exemples de ces variations
plus ou moins spontanées de régime :
Troclitis magiis, normalement herbivore, mange des Asté-
ries (~) ; de même, T. obliquatus mange des pontes de Nudi-
branches et autres (^).
Des Patudina ont été observées avec des tendances carni-
vores (^) ; Aplysia mange ses propres œufs (^) et la même
(1) Lang, Ueher Vererbungsversuche. (Verh. deutsch. Zool. Gesellsch., 1909,
pp. n et suiv.)
(2) Robert, Recherches sur le développement des Troques. (Arch. Zool. expér.,
3« série, t. X, 1903, p. 10.)
(5) Fleure and Gettings, Notes on common species of Trochus. (Quart. Journ.
MiCR. ScL, 1907, p. 461.)
(*) Benson, Further remarks on the property of enduring drought and the carni-
vorous propensiiies of a species o/'Paludina. (Gleanings of Science, vol. II, 1830.) —
Moquin-Tandon, Histoire naturelle des Mollusques terrestres et fluviatiles de France,
1. 1, p. 54 {Paludtna contecta).
(^) Fischer, Manuel de Conchyliologie, pp. 49 et 93.
— 480 —
particularité a été reconnue chez les Limnaea, PlanoiMs, et
encore pour Succinea (^) ; parmi les Céphalopodes, Eledone
moschata en captivité dévore aussi ses propres œufs (^).
La propension à remplacer par le carnivorisme le régime
phytophage habituel a été constatée dans un grand nombre de
Pulmonés; exemples :
P/iysa hijjmorum (•^) ; Plu/sa sp. mangeant des Gammariis ("*);
Pliysa fontinalis, dont beaucoup d'observateurs ont constaté
qu'ils mangent, en captivité, les Mollusques enfermés avec eux;
Limnaea stagnaiis mangeant de jeunes Tritons (^), des Epi-
noches C^), des larves de Dytique (') ; j'ai vu moi-même cette
espèce en liberté ronger des débris de boucherie (os de bœuf)
jetés dans un fossé ; Limnaea peregra manejeant des têtes de
poissons morts (^), et en captivité, je lui ai vu, en l'absence de
nourriture végétale, ingérer un Echinorhynque que j'avais
extrait d'un Gammariis et des Hydres i)runes, et, en présence de
nourriture végétale, déjeunes Paludina nouveau-nés; Limnaea
palustris se nourrissant de carcasses de chats et de chiens (^),
de sangsues vivantes (/'^) ; Limnaea peregra var, profunda
(espèce abyssale du lac Léman) ayant l'estomac et l'intestin
bourrés de petits Crustacés (Phyllopodes, Copépodes, Ostra-
(*) CooKE, Molluscs. (Cambridge Natural History, vol. III, -1895, p. 34 [Limnaea
stagnaiis].) — Walter, The Behavior of the Pond Snail, Lymneus elodes Say.
(CoLD Spring Harbor 3I0N0GRAPHS, vol. VI, 4906, p. 21 [L. elodes].)
(2) JouBiN, Sur la ponte de V Eledone et de la Sèche. (Arch. Zool. expér., 2^ série,
t. VI, 1888, p. 157.)
(5) Nelson, Physa hypnorum occasionally carnivorotis. (Naturalist, vol. I,
1865.
(*) Walter, loc. cit., p. 22.
{^) Semper, Die naturliche Existenzbedingungen der Thiere, Bd I, p. 73.
(«) Ullyet, Science Gossip, vol. XXII, 1888, p. 214.
(') Cooke, loc. cit., p. 34.
(*>) Cockerell, Science Gossip, 1885, p. 24.
('■') Baker, fide Walter, loc. cit., p. 21.
(i«) Sterki, NaïUilm, vol. V, 1891, p. 94.
— 181 -
codes), d'œufs de Vers, de larves de Chironomes (^) ; Planorbis
contortus absorbant des substances animales (^).
Les Arion et les Limax sont connus depuis longtemps comme
mangeant volontiers la chair des animaux et la préférant même
aux végétaux (^) ; Arion ater (cmp'mcorum) mange d'autres Pul-
monés nus, des Lhiio, des Insectes, et Limax marginata mange
également de ces derniers (^) ; quelques autres Limax ("') sont
dans le même cas et notamment L. maximus (^) et L . agrrstis C) .
Certains Hélix ont été reconnus occasionnellement carnivores:
H. nemoralis {^) , H. aspersa (^) , H, pisana (**^), ainsi que Poly-
gyra albolabris C^^j ; Zonites algiriis mange divers Hélix (^^) ;
plusieurs Hijalinia dévorent d'autres Gastropodes (^^), et Steno-
gijra (Rumina) decollata se comporte de même y^'^), ainsi que
Acliatina pantliera {^'').
(1) RoszKOWSKY, Contribution à Vctude des Limnées dii lac Léman. (Rev. suisse
DE ZooL., t. XXII, 19-14, p. 519.)
(2) Pfeiffer, fide Moquin-Tandon, loc. cit., 1. 1, p. 5i.
(5) Leydig, Bie Hauldecke vnd Schale der Gastropoden, nebst eine Uebersicht der
einheimischer Limaciden. (AucH. F. Naturgesch., Bd LXII, 4876, p. 61.) — Yung,
Contributions à Vhistoire plii/siologique de L'Escargot. (Mém. cour. Acad. Belg.,
t. XLIX, 1887, p. 8.)
(*) Kew, Naturalist, 1889, p. 103. — Oalgliesch, Carnivorous propensities of a
slug. (ZooLOGiST, 4e Série, vol. II, 1907, p. 277.)
(^) Theobald, a carnivorous Habit in Limax. (The Zoologist, vol. XIX, 1861.)
(6) Ransom, Carnivorous TasteoflAmax maximus. (The Zoologist, vol. XIX, 1861.)
(^j Oldham, Carnivorous Habits of Limax agrestis. (The Zoologist, 3e série,
vol. XX, 1896.)
(^) Sowerby, Hélix nemoralis a carnivorous animal. (Zool. .Iourn., vol. I, 1824,
p. 284.)
(9) Hall, Hélix aspersa carnivorous. (Victorian Natukalist, vol. XVIK, 1902.)
(1") Cooke, Loc. cit., p. 33.
(!') Simpson, loc. cit., 1901, p. 249.
(--} Ducos DE Saint-Germain, fide Moquin-Tandon, loc. cit., 1. 1, p. 54; ou de la
viande (Paladhile, fide Cooke, loc. cit., p. 33).
(15) Ou même de la viande : Seibert, Hyalinia als fleischfresser. (Nachr. bl.
DEUTSCH. Malkazool. Gesellsch., Bd V, 1873.) — Hele, Jowr». ofConch., vol. V, p. 43.)
(1*) BiNNEY, The terres trial air-breathing Mollusks oflhe United States and the adja-
cent territories of Nortli America. (Bull. Mus. Compar. Zool., vol. IV, 1878, p. 193.)
('») Gibbons, Journ. ofConch., vol. II, p. 143.
31
48-2
À . Action sur le tube digestif. — a) Sur la mandibule : par
exemple chez Hélix nemoraiis et H. Iiortensis, quand ces
espèces se nourrissent d'herbes tendres et succulentes, il se
développe peu de côtes sur une mandibule comparativement
délicate, et si, au contraire, elles ont une nourriture plus
grossière, sur le côté d'une route poussiéreuse, la mandibule
est plus dure, avec des denticules plus forts et plus nombreux (^).
b) Sur la radula : celle-ci est perdue dans les Gastropodes
suceurs et parasites [Doriopsis, CoralliophUa, Eulimidae, Pyra-
midellidae, etc.).
c) Sur l'intestin : il est perdu dans les parasites internes
(Entoconcha , Enteroxenos) et même chez Mitcronalia variabilis
(p. 153, fig. 98); tant que dure le régime parasitaire des larves
d'Unionidae, le tube digestif n'y existe pas encore {•).
On connaît aussi la lonsrueur réduite de l'intestin dans les
formes carnivores : Lamellibranches abyssaux (Ciispidaria ,
Poromya, Silenia ou Cetoconc/ia, Philobrya) comparés aux
littoraux; Testacella comparé à Limax (^).
B. Action sur les divers organes intérieurs. — a) Le foie accu-
mule et arrête des produits nuisibles mélangés aux aliments (^).
b) Par un régime très prolongé (trois mois, par exemple) à
base de plomb, il y a accumulation de cette dernière substance
dans les centres cérébraux chez Hélix aspersa et Zonites
algirus ('').
(1) GiiovvTHEU, Sa>??<îe Go.f^t>, 1883.
(2) Faussek, Parasitismm der Anodin ta-larven. (Mém. Acâd. Saint-Pétersbourg
[Cl. Phys. et Math ], 9e série, t. XI!I, 1905, n» 6.)
P) Idem, ibid., 8" série, t. XIII, 1905, n« 6.
{■*) Heckel, De quelques phénomènes de localisation de matières minérales et orga-
niques chez les Mollusques. (Comptes rendus Acad. Soi. Paris, t. LXXIX, 1874,
pp. 616 et 617; et Journ. Anat. Physiol., t. XI, 1877, p. 553 [plomb sous forme de
céruse ou d'acétaiej.) — {a'énot, Études physiologiques sur les Gastéropodes Pul-
monés. (Arch. de Biol., t. XII, 1892, pp. 25 à 27.)
(S) Heckel, loc. cit., 1874, p. 614.
— 483 —
c) Sur les reins : les substances insolubles, injectées, s'accu-
mulent dans l'intérieur des papilles du rein gaucbe des Dioto-
cardes (^).
d) Sur les glandes lympbatiques : elles accumulent, en les pha-
gocytant, les substances insolubles injectées : glandes aortiques
des Bullidae, Pleurobranchidae et Doridae, appendices du cœur
branchial des Céphalopodes, etc. (^).
C. AcTcoN SUR LA TAILLE. — Elijsïa vlridis nourri de Clado-
pliora au lieu de Codiiim, atteint une taille beaucoup plus
grande; cette modification est donnée comme une ^ variation
expérimentale (^) ».
D. Action sur la forme. — Dans Limnaea stagnalis, nourri
exclusivement de laitue, cette nourriture a influé sur la forme
de quelques individus ; le bord extérieur de l'ouverture de leur
coquille s'est replié en dehors (^) (il peut cependant n'y avoir
là qu'une simple coïncidence). Mais c'est surtout chez les para-
sites que cette modification est sensible : dans divers Eulimidae,
on constate la perte de l'opercule, puis de la coquille, du sac
abdominal spirale, des yeux, etc.
E. Action sur la reproduction (glande génitale et sexualité) . —
Les parasites, d'une façon générale, sont hermaphrodites (Gastro-
podes : Odostomia, Angustispira, certains Sûlifer, Entoconcha,
(1) KowALEVSKY, Ein lieitraq zur Kenntniss der Exkretionsorgane. (Biol. Cen-
TKALBL.. Bd JX, 1889, p. 233 [Haliotis Cuber eu la la}.) — Pelseneer, Recherches
morphologiques et phylogénétiijues sur les Mollusques archaïques. (Mém. cour. Acad.
Belg., t. LVII, 1899, p. SA [Trochus cinerarius].)
(-) CuÉNOT, Etudes sur le sang et les glandes lymphatiques dans la série animale.
(AiiCH. ZooL. EXPÉR., 2e série, t. IX, 1891, et 4e série, t. LIV, 1914.)
(3) Hecht, Contribution à l'étude des Nudibranches. (Mém. Soc. Zool. France,
t. VIII, 1896, p. 22 )
(*) Nourry, Observations embryogéniques de la Limnaea stagnalis. (Comptes
rendus Assoc. franc, Avanc. Sci., 27' session. [Nantes], 1899, p. 498.)
— 484 —
Enteroxenos, Ctenoscidum; Lamellibranches : Montacuta, Jous-
seaumiella, Entovalva, Scioberetia) ; un certain nombre d'entre
eux sont devenus vivipares : Entoconcha et tous les genres de
Lamellibranches cités ; cette viviparité apparaît même dans des
semi-parasites ou simples commensaux (Lepton sp.) (^).
Patella fi^/r/ofa présente parfois des cas d'hermaphroditisme; le
régime alimentaire déterminerait ces modifications de sexualité (").
F. Action sur la couleur. — a) Pour une partie plus ou
moins grande du corps (tube digestif, téguments, etc.) :
1. Ancijius jliiviatUis maintenu trois jours dans une solution
de cochenille présentait l'estomac et la cavité buccale colorés en
rougeâtre (^).
2. Dans une eau faiblement teintée par la fuchsine, les
Pulmonés d'eau douce ont, au bout de quelques jours, le foie
fortement coloré, ainsi que la mandibule et la radule (^).
3. Une nourriture mélangée de garance colore les cartilages
des Céplialopodes [Sepia officinalis, Loligo vulgaris, Octopus
vulgaris) et les « stylets » (auxquels s'insèrent les rétracteurs
de l'entonnoir) de Octopus vulgaris, mais elle est sans action
sur la coquille de ces Céphalopodes, non plus que sur celle des
Gastropodes [Hélix aspersa, Zonites algirus) (^).
(1) Pelseneer, Les Lamellibranches de l'Expédition du Siboga (partie anatomique ,
p. 4-2.
(^) Gemmill, On sonie Cases of hermaphroditism in the Limpet. (Anat. Anz ,
Bd Xll, 1896, p. 39-2.)
('') Moquik-Tandon, Histoire naturelle des Mollusques terrestres et flnviatiles de
France, t. I, p. .^5.
(*) CuÉNOT, Études pliysiologiques sur les Gastéropodes Pulmonés. (Arch. de Bioi-.,
t. XII, 1892, p. '26.)
(^) Heckel, Note sur l'action du régime colorant par la matière tinctoriale de la
garance (Rubia tinctorum) sur les Mottusques Gastéropodes (Ann. Soc. Acad. Nantes,
Se série, l. 111, 1873); ci De quelques phénomènes de localisation de matières miné-
rales et organiques chez les Mollusques Gastéropodes et Céphalopodes (Comptes
rendus Acad. Soi. Paris, t. LXXIX, 1874, pp. 616 et 617).
485
4. D'autre part, dans des formes à téguments plus ou moins
transparents (et surtout sans coquille externe), la coloration
varie manifestement avec la nourriture, non seulement pour le
tube digestif et ses annexes, mais pour le sang et même les
divers tissus tégumentaires, etc. ; c'est ainsi que l'on voit de
nombreux Nudibranches, par exemple, prendre une coloration
due aux organismes dont ils se sont nourris; c'est une homo-
cbromie alimentaire :
Elijs'ia viridis dont les individus émeraude, après avoir été
dix-lmit jours sur des algues rouges, sont devenus conformes
à la (c variété )) aiiranûaca (^) ; Scyltaea pelagica est de couleur
différente suivant l'algue habitée et mangée (voir P partie,
p. 144); Fiona marina est gris-bleu ou brun pâle, suivant qu'il
s'est nourri de Vélelles ou de jeunes Anatifes (p. 143) ; Eolis
coronata est coloré en vert après avoir mangé des Elijsia
viridis et Eolis papillosa est coloré en violet (non seulement
dans son tube digestif, mais dans tous ses tissus) quand il
est nourri d'Actinies (~); Madrella aurantiaca (Eolidien), vivant
sur des Bryozoaires du genre Eschara, en prend exactement
la couleur jaune d'or ou jaune orangé (^) ; Goniodoris castanea
prend la couleur des Botrijlliis sur lesquels et aux dépens
desquels il vit ('^).
Pliilllaplysia lafonti qui vit sur les zostères et s'en nourrit,
en prend exactement la couleur (^).
Cryptoc/iiton stelleri échappe généralement à la vue au milieu
des algues rouges (Gigartina exasperata) dont il fait sa nourri-
(1) Pelseneeu, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Loc. cit., p. 68 )
(2) Hechi', Contribution à l'étude des Nudibranches. (JIém. Soc. Zool. Franck,
t. VIII, 1896, p. 23.)
(•') Vayssière, Mollusques 0 pis thobr anches du golfe de Marseille, supplément.
(AiNN. Musée Marseille, t. VII, 1903, p. 89.)
(*j Garstang, Journ. Mar. Biol. Assoc, New ser., vol. I, p. 418.
(S) Fischer, Manuel de Conchyliologie, p. 106.
~ 486 —
ture (^), et il en est de même pour plusieurs autres espèces de
Chitons (^).
Ostrea eduiis, à Arcachon, a le sang et la généralité des
tissus incolores, colorés en violet par le pigment des spores
d'Algues ingérées (^) ; de même, les huîtres de JVlarennes sont
colorées en vert par le pigment d'une Diatomée (Navicidaria
ostrearia) dont elles font leur alimentation (^), et un phénomène
analogue se produit chez Mija arenaria, dans des conditions
semblables (^).
Mais cette coloration d'origine alimentaire peut, dans divers
cas, n'être pas durable et disparaître plus ou moins vite après la
disparition de la cause; ainsi, chez Lamellaria perspicua, coloré
par le pigment des Synascidies {Lcptoclinum , etc .) , et chez Doris
verriicos a, coloré par les Eponges, la coloration subsiste quelques
mois, tandis que les huîtres vertes, dans les « claires » où il n'y
a pas de Navicularia ostrearia, sont décolorées en peu de jours,
même en trente-six heures.
b) Pour la coquille : un assez grand nombre d'auteurs ont
conclu de leurs observations sur les Gastropodes pulmonés à
l'influence des substances organiques ingérées sur la coloration
(1) Heath, The excretory and circulatory Systems of Cryptociiiton stelleri Midd.
(BiOL. Bull., vol. IX, 1905, p. 2i4.)
(2) Morse, Adaplive coloration of MoUusra. (Proc. Boston Soc. Nat. Hist.,
vol. XIV, 1872, |). 141.) — ScHMiDTLELv, fide Slmroth, Bronn's Thier-Reich, M III
(Mollusca), abth. I, p. 853 : Chiton rubicundus sur des algues calcaires (Mro!)ab!e-
ment Litholaniniinn).
(ï) Descouts, Sur la cause de la coloration violacée des Huîtres du bassin d' Arca-
chon. (Comptes rendus Acad. Sci. Paris, i. LXXXV, 1877, p. 967.)
l'i) Gaillon, Sîir la cause de la coloration des Huîtres et sur les animalcules qui
servent à leur nutrition. (Journ. de Phys., t. XCi, 18-24, p. 224.) — Puységur, Xote
sur la cause du verdissement des Huîtres. (Bev. marit. et colon., t. LXIV, 1880,
p. 248.) — Bay Lankester, On green Oyslers. (Quart. Journ. Micr. Sci., vol XXVI,
1885.)
(5) Byder, On the green coloration of the gills and palps of tlie Clam (Mya
arenaria). (Bull. U. S. Fish. Comm., vol. V, IMî, pp. 181-185.)
— 487 -
de la coquille; ainsi chez Hélix liortcnsis, près des tanneries, il
se constilue une « variété » colorée en brun (^) .
//. liortcnsis à bandes transparentes se trouve particulièrement
sur les groseilliers à maquereau (^),
H. aspersa est plus vivement coloré dans les lieux cultivés
que dans les lieux incultes (^).
H. aspersa, nourri de feuilles de laitue, acquiert une couleur
plus foncée; sa variété blanc jaunâtre fonce lorsqu'elle est
soumise au régime de la laitue (^).
H. (Pijramidula) alternata, dont la couleur de la coquille est
celle du.bois pourri dont l'animal se nourrit, et varie avec l'arbre
où il se trouve (^).
H. arbustorum (jui présente sur Spiraea et sur Tussilago
une variété jaune et dont la coquille change de couleur
pendant la croissance, par suite du changement de nourri-
ture; ainsi, sa variété f'usca devient flavescens ou typique
lorsqu'elle est nourrie de choux ou de laitue au lieu de « wild
parsnage [^) ».
Hélix nemoralis vivant dans le gazon sec a une coquille jaune,
au bord des bois une coquille rouge ou rouge-brun (").
H. nemoralis sur le sable présente peu de bandes, et sur
l'herbe beaucoup de bandes, c'est-à-dire une coloration plus
(1) Von Mautens, Nachr. bl. deutsch. Malakoz. Gesellsch., 1872, p. 44. — Tisch-
BEiN, tide Taylor, A Monograph of the Land and Freshwater MoUusca of the British
Isles, vol. I, p. 88.
(2j CoLBEAU, Ann. Soc. MalaroL BeUj., t. XII, 1877, )). XLiii.
(') CouTAGNE, De la variabilité de l'espèce chez les Mollusques terrestres el d'eau
douce. (Comptes uendus Assoc. franc. Avanc. Sci., session de La Rochelle [4882],
p. 550, 1883.)
(*) « Tlie more letUice I gave, the darker and dingier the epiilermis became » :
Hele, Journ. of Conch , vol. IV, 1883, p. 100; confirmé par Stanuen (tide Taylor,
loc. cii., p. 94) : H. aspersa devenant presque uniformément noir, par une nourri-
ture délicate.
(5) Ormsbee, Nantilus, vol. X, 1896, p. 64.
(6) Baii.ue, tide Taylor, loc. cit., part XX, 1914, p. 42.
C) WiNKVVORTH, Essex Natur., vol. XIII, p. 256.
— 488 —
marquée (comparer avec l'observation ci-dessus, H. aspcrsa,
p. 487) (^) ; divers autres Heiix offrent encore des phéno-
mènes de ce genre (^) ; mais il faut reconnaître que certaines
de ces observations manquent de précision ou de netteté.
Il s'en trouve d'ailleurs qui sont contradictoires; ainsi pour
la variation albine (de la coquille), elle serait parfois d'ori-
gine alimentaire (phytophage) : H. Iwrtensis var. olivacea
et //. arhustorum, var. fusca, nourris jusqu'à maturité, de
turneps et de choux, acquièrent une coquille de caractère
albin (^) ; tandis que, d'après un autre observateur, de jeunes
H. arhustorum, var. flavescens, nourris de choux et de turneps,
deviennent plus sombres (:*).
En outre, il est des expériences qui ont, sur certaines
espèces, donné des résultats négatifs :
Hélix aspersa et Zonites algirus, avec une nourriture mélan-
gée de garance, ont fait voir que celle-ci est sans action sur la
couleur de leur coquille (de même que sur la coquille des
Céphalopodes) (^) ; et cependant chez Liniuaea stagnalis,
nourri de pain mêlé de garance, quelques individus montrèrent
la partie nouvellement formée de la coquille colorée en rose (^).
Quant aux Mollusques aquatiques vivant dans un milieu
artificiellement coloré, leur coquille se colore plus ou moins,
mais d'une façon temporaire ('). De môme, chez eux, l'action
(1) Boycott, Journ. ofConch., vol. XIV, 1914, p. 100.
(2) Hawkins, Food as influencing varielies in Hélices. (Natukai.ist, febr. 1899.)
(^) Farker, tide Taylor, Loc. cit., t. I, p, 91 (concordance avec l'observation
ci-dessus, du palissement de H. arbuUorum nourri de choux).
(*) Scott, fide Taylor, loc. cit., vol. I, p. 92.
(5) Heckel, Note stir l'action dit régime colorant par la matière tinctoriale de la
garance (Rubia lincloruui) sur les Mollusques Gastéropodes. (AiNN. Soc. Acad.
Nantes, Sf série, t. 111, 1873, el Comptes rendus Acad. Sci. Paris, t. LXXIX, 1874,
p. 616.)
(6) Stierel, Dis.sertatio inauguralis sistens Limnaei stagnalis anatomen. Gôt-
tingen, 1815, p. 20.
(') Rajat, La vie des Mollusques (Limnaea limosa) dans les milieux artificiellement
colorés. (Comptes rendus Soc. Biol. Paris, 69e année, 1917, p. 173.)
— 489 —
colorante bien connue du bleu de inétiiylène sur certains
tissus vivants (surtout système nerveux), ne se maintient pas
non pbis (^) ; Ostrea cdidis, dans l'eau où est dissoute une
couleur d'aniline, ne colore que ses brancbies, et celles-ci
conservent leur coloration dans l'eau pure pendant plus de
dix jours (-).
Hélix nemoralis et H. Iiortensis ont des bandes et couleurs
qui paraissent indépendantes de la nourriture, et une lignée
nourrie, pendant plusieurs années, de macaroni, de feuilles
sèches de houblon et de carottes, a conservé la couleur et les
bandes pointillées de sa race (^) ; et cependant, Hélix aspersa,
nourri de végétaux poussés dans un sol sans calcaire, a formé
une coquille incolore (^), et j'ai moi-même constaté un phéno-
mène semblable pour Limnaea stagnalis (voir plus loin : Fac-
teurs chimiques).
G. Action sur la respiration. — - L'anhydride carbonique est
dégagé proportionnellement au poids de nourriture absorbée.
Deux groupes de quatre paires d'Escargots ont été l'un abon-
damment nourri, l'autre tenu à jeun; pour une même quantité
d'oxygène, le premier a fourni 9, 10, il et 13 parties d'anhy-
dride carbonique, tandis que le second groupe n'en a donné,
dans le même temps, que 4, 7, 8 et 9 parties {-').
(') Pterotrachaea et Carinaria .-Joseph,- Die vitale Methylenblau-IServenfârbungs-
methode bei Heteropoden. (Anat. Anz., Bd III, 1888, p. 420.) — Goniodoris castanea
(observations personnelles).
(«) Certks, Bull. Soc. Zool. France, t. X, 1885, p. 20.
(') I.ANG, Ueber die Mendelschen Geselze, Art- und Varietàtenbildung, Mutation
und Variation, imbesondere bei unsere Hain- und Gartenschnccken. \\'ei\ïi. Schw.
Naï. Gesei.lsch., 1906, pp. 248 et 249.)
(*) MoYNiER DE ViLLEPOix, Recherches sur la formation et l'accroissement de la
coquille des Mollusques. (Joukn. de i-'Anaï. et Physiol., t. XXVIII, 1893, p. 129.)
(S) Fischer, Sicr la respiration chez les Gastéropodes Pulmonés terrestres. (Journ.
DE COiNCH., t. IX, 1861, p. 101.)
— 490 —
Température.
1" Action suu l'activité respiratoire. — .4. D'une façon séné-
raie, celle-ci augmente avec l'élévation de la température; j)ar
exemple :
a) Pour des Pulmonés comme Hélix pomatia (^).
b) Pour les embryons de Aplijsia Ihnacina (-).
c) Pour Sepia officinalis adulte, oii le nombre des mouve-
ments respiratoires s'élève régulièrement quand la température
monte jusque vers 28", et où ce nombre décroît d'autre part,
lorsque celte température descend en dessous de la normale (^).
H. Action sur la quantité absolue d'anhydride carbonique
émis dans le même temps, par l'unité de poids de l'animal :
comme les autres animaux à température variable, les Mol-
lusques dégagent plus d'anhydride carbonique (et conséquem-
ment absorbent plus d'oxygène) par une température élevée que
par le froid; ainsi, parmi les Gastropodes, cette quantité aug-
mente avec la température, chez Hclix pomatia, le maximum y
étant observé le W juillet, et le minimum, le 18 janvier (^);
pour les Lamellibranches : chez Ostrea virginica et Mya are-
naria, la quantité d'oxygène absorbé augmente de 10° à 28' {")
(autre exemple : Tapes, voir ci-après : AJ. Résistance à l'asphyxie).
(*) Hesse, Zur Hmujerstoffwechsel der Weinbergschnecke. (Zeitschr. f. Allg.
Physiol., Bd X, 1910.)
(2) BiGLiA, Sur Véchanqe gazeux des œufs d'Aplysia liraacina dans les différentes
périodes de développement. (Auch. ital. ue Biol., l. LI, 1909, p. 150.)
(») Matisse, Action de la chaleur et du froid sur l'activité motrice et la sensibilité
de quelques invertébrés. (Bull. Stat. Bioi>. Arcachon, 13e année, 1910, pp. 29
et 30.)
(*) Bellion, Contribution à l'étude de l'hibernation chez les Invertébrés. Rech< relies
sur l'hibernation de l'Escargot (Hélix pomalia />.). (Ann. Univ. Lyon, nouv. série,
fasc. XXVII, 1909, p. 112.)
(S) MiTCHEi.L, The oxygcn requirements of shellfish. (Blll. U. S. Buheau Fish.,
vol. XXXII, d914, pp. 216 et 220.)
— 491 —
C. Action sur le nombre des inspirations dans les Pulmonés
aquatiques : on savait depuis longtemps que, même après
l'hiver, les Limnées quittent plus rarement le fond, pour venir
respirer à la surface, par temps froid (^) ; on a reconnu depuis,
que le nombre de secondes où le pneimiostome est ouvert à
la surface de l'eau augmente rapidement au-dessus de 9° C.
(48" F.) ; en dessous, cliez Limnaea auricularia et L. peregra,
pendant une dizaine de secondes par heure; et à 19" C. (66" F.),
pendant 115 secondes pour L. auricularia, et 62 secondes pour
L. pereyra; chez Planorbis corneus, pendant 35 secondes à 49",
au lieu de 17 secondes à 9° (^).
D. Sur le quotient respiratoire (rapport de l'anhydride car-
bonique éliminé à l'oxygène absorbé) : chez Hélix pomatia, il
diminue d'octobre à mai, et augmente de mai à octobre (^);
l'augmentation du nombre des bâillements de la coquille (alter-
natives d'ouverture et de fermeture) et leur plus grande ampli-
tude, chez Anodonta cygnea, avec l'élévation de la température,
est due à une consommation corrélativement plus grande d'oxy-
gène (^).
E. Sur la résistance à l'asphyxie : Tapes decussatus résiste
plus l'hiver qu'en été (il a besoin de plus d'oxygène en été) (^) ;
Hélix pomatia résiste à l'asphyxie pendant 80 à 90 heures en
hiver, et pendant 50 heures seulement en été ('') ; ces divers
(^) Karsch, Die Entwicklnngsgexchichte des Limiiaeus stagnalis, ovatus und
palustris. (Arch. f. Naturgesch., Bd XII, 1846, p. 238.)
(2) Taylor, a Monograph, etc., t. I, p. 305.
i5) Bellion, loc. cit., p. H7.
(*) Pawlow, Wie die Miischel ihre Schaale ôfj'net. (Ahch. ges. Physiol.,
Bd XXXVII, 1883, p. 9.)
(^) PiÉRi, Reclierches physiologiques sur Tapes decussatus et quelques Tapidés.
Laval, 1895, p. 24.
(«) YuNG, Quelques expériences nouvelles relatives au siège du sens olfactif chez les
Gastéropodes Pulmonés terrestres, particulièrement chez les Hélices et les Limaces.
(Actes Soc. helvét. sci. mat., t. LXXXV, 1903.)
— 492 —
phénomènes sont dus, ainsi que quelques autres parmi les sui-
vants, à une plus grande rapidité d'oxydation, à mesure que la
température s'élève.
2° Action sur la késistancb a l'i inanition. — Chez Tapes deciis-
satus, pris comme exemple de Lainellihranche, la résistance est
heaucoup plus grande aux basses températures ; elle dure de vingt
à trente jours en hiver, au lieu de six à douze jours en été (^).
3" Action sur la digestion. — Chez Limnaea stagnalis,
celle-ci est arrêtée au-dessous de 12' C. (^) ; chez Hélix pomatia,
l'action des sucs digestifs est activée par 37° à 38" (^).
4° Action sur la perte de poids pendant l'hibernation. — Elle
est d'autant plus grande que la leuipérature est moins basse
(pour les organes autres que le cœur et le système nerveux,
lesquels sont entretenus aux dépens du reste de l'organisme) ;
ainsi Hélix pomatia, dans les conditions naturelles, exposé au
froid du dehors, accuse une perte de poids d'un cinquantième ;
à l'abri, à 5°, d'un vingt-septième; à l'abri, à 13% d'un quaran-
tième (^) ; d'autres observations ont montré que chez cette même
espèce, la perte de poids est 10.31 7o à 10°-12% tandis qu'elle
est 19.07 7o à i8"-20°, c'est-à-dire près du double pour une
augmentation d'environ 10" (^) ; et encore que la perte de poids
est 1.7 fois plus grande à 18° qu'à T ou 8° {^).
Le jeûne produit la réduction (par dégénérescence cellulaire)
de la glande de l'albumine de Hélix pomatia et H. arhustorum ;
(*) PiÉiu, loc. cit., p. 19.
(2) Semper, Die natûrliche Exislenzbedingungen der Thiere, Bd I, p. 132.
Pj YuNG, Conlribution à l'histoire physiologique de l'Escargot. (Mém. cour. Acad.
BELG.,t. XLIX, 1887, p. 113.)
(1) Lang, Ueber den Saisonschlaf der Tiere. (ScHw. Pâdagog. Zeitschr., Bd IX,
1899.)
(5) Bellion, loc. cit., pp. 43 et 44.
(6) KïHN, Beitriige zur Biologie des Weinhergschnecke (Hélix pomatia L.).
(Zeitschu. wiss. Zoor, , Bd GIX, 1914, p. 143 )
— 493 —
cette dégénérescence est accélérée par l'élévation de la tempéra-
ture ; elle est aussi avancée en trois semaines à 83°, qu'en quatre
mois à la température ordinaire (^).
5° A.CTI0N SUR l'activité MOTRICE ET LA VITESSE DE LOCOMOTION (^) .
— L'une et l'autre augmentent à mesure que la température
s'élève; ainsi chez :
a) Plujsa primeana, elles sont plus grandes à 37''o qu'à
toute température plus basse, et moindres quand l'aquarium est
entouré de glace (^
b) Limnaea elodcs, il y a plus d'activité aux plus hautes tem-
pératures (^).
c) Limnaea coA«mc//fl,d'une façon générale, l'activité croît avec
l'élévation de la température ; elle diminue dans l'eau froide (^).
(1) Krahelska, ZjawLska redukcyjne w yruczole bialkmvym climakow. (BuLi..
INTERNAT. ACAD. CliACOVlE, 1912, p. 606.)
(2) Sur ce dernier point, on ne trouve guère de renseignements dans les ouvrages
de malacologie ; voici quelques cliitfres qui permettront de s'en faire une idée pour
les espèces replatrices : en une minute, le plus rapide des Trochus, T. helicinus,
fait normalement 4''"3t (Robert); Patella vulgata, ic"'25 (Morgan); Liltorina obtu-
sala, 2^'"08 et Rissoa cingilliis, 2''"23 (Colgan) ; Valvata piscinalù, 4:""3 et Bythinia
tenlaculata, 8 cenlimèlres (observations personnelles); Cydostoma elegans, 2™i5
(Taylor); Nassa incrassata, 3*'n04 (Colgan); Cî/pmm ejjan//ie/Hffi, 15 centimètres,
Marginella orensis, 25 centimètres (Olmsled,; Fidgur, Si^-i'ô (Wallacei; Builaocci-
denlaiis, 3 centimètres (Olmsted); Eolis drwnmondi, i\'■">^ (Colgan); Limnaea
peregra, 7'^"'5 (Tayloi') ; Amphipeplea gltitinosa, erwkon 4 centimètres, Planorbis
corneus et P. nitidus, environ 9 centimètres, Physa fonlinaiis, 6 centimètres
(observations personnelles); Physa primeana, 8"H (Walter); Hclix caniianfi,
7c"'5 (Taylor); Bi/iiviulu.s folliculus, 5 centimètres (Moquin-Tandon) ; des Limax,
13 à 14 centimètres (Taylor), et encore un peu plus chez Arion suhfuscus et
Daudebardia (Karlinski), tandis que pour Vallonia la vitesse ne dépasse guère
8 millimètres par minute (Sierki); les Chilon sont en général assez lents : G. fulvus
passe pour avoir une locomotion rapide (sans indication de nombre : Mac Andrew).
(3* Wai.ïer, The Behavior of Ihe Pond Snail, Limneus elodes Say, Odd Spring
Ilarbor Monographs. VI. (Brooklyn Inst. Arts and Sci., 1906, p. 25.)
(*) Walter, loc. cit., p. 25.
(5) CoLTON, Some Effecls of Environment on the Growth of Lymnaea columella.
(Proc. Acad. Nat. Sci. Philadelphia, 1908, pp. 435 et 436.)
— 494 —
Des résultats analogues ont été obtenus pour des Mollusques
marins :
a) Gastropodes : chez Haminea lujdaùs (navicida), l'activité
motrice diminue par l'abaissement de la température, pour
aboutir, à :2''o, à l'immobilité absolue; et
b) Lamellibranches : CAirdium editle, dès que la température
descend à 8", est absolument inactif (*).
6'^ Action sur les mouvements radulaires et ,sur ceux des cils
viBRATiLES. — rt) Radulc : dans Limnaea peregra (ovata), la
radule râpe (lèche) 8 fois seulement à 8°5 et 35 fois à 18°5 (^).
b) Cils vibratiles : dans MijlUus ediilis, les mouvements
ciliaires sont six fois plus rapides à 28" qu'à 19° (^).
7" Action sur la sensibilité et le système nerveux. — La sensi-
bilité de divers Mollusques marins varie avec la température; elle
est atténuée quand celle-ci s'abaisse, chez des CéphalopodesfScpia
officluntis) et des Gastropodes [Haminea liijdatis [navicida)] (^) ;
le ganglion palléal « étoile » des Céphalopodes et ses nerfs ont
leur activité influencée par le froid (^) ; chez Hélix pomatia, le
travail d'excitation réflexe est très rapide à 35° C. et lent de
(1) Matisse, Action de la chaleur et. du froid sur l'activité motrice et la sensibilité
de quelques invertébrés marins. (Bui.f,. Stat. biol. Akcachon, 13« année, iOlO,
pp. 41 et 42.)
(2) Brockmeier, Beitràge zur Biologie uuserer Sûsswassermollicsken. (Fohschungs-
BER. BiOL. Stat. Plôn, theil IV, 1896, p. 261.)
(5) Mac Alpine, Observations on ihe movements of the entire detached animal, and
of detached ciliated parts of bivalve Mollusks, viz., gills, mantle-lobes , labial palps,
and foot. (Proc. Roy. So.c Ei)INbur(ih, vol. Xy, 1889.)
{*) Matisse, loc. cit., pp. 24 et 41.
(S) Froehlich, ExpeiimentelleStudien am Nervensystem dcr Mollusken. Theil VIII.
Ueber den Ei?îfhiss der Abhïihlung, liohlensaiire und Narkose auf dus Mantelgan-
glion der Ccplialopnden und seiner Nerven. (Zeipschr. Allg. Fhysiol., Bd XI, 1910,
p. 407.)
— 495 —
9"^ à 12" ; la courbe est essentiellement plus rapide à une tempé-
rature élevée qu'à une basse température (^). Toutefois, l'excitabi-
lité nerveuse disparait par une forte élévation de la température,
déjà avant la paralysie du cœur, chez Mija arenaria (40") (^).
8° Action sur les contp.actions musculaires. — Dans Pecten
maximus, une faible élévation de température avive les contrac-
tions du muscle adducteur; par exemple, celles-ci sont plus
énergiques à 30° qu'à la température « ordinaire » ; et la force
musculaire s'accroît avec l'élévation de la température (^); chez
Unio loiigirostris, les contractions musculaires deviennent plus
rapides lorsque la température s'élève jusque vers 23° (^). Dans
Anodonta cijgnea, les bâillements (alternatives d'ouverture et de
fermeture des valves) augmentent en nombre quand la tempéra-
ture s'élève (et sont la conséquence d'une plus grande consom-
mation d'oxygène) (^). Dans Pliolas dactyius, la température,
en s'élevant de 10" à 35°, augmente l'amplitude et la rapidité des
contractions du siphon, engendrées par la lumière (^). Chez Tapes
deciissatus , l'énergie musculaire varie avec la température, elle
augmente de 0° à 20°, et diminue au delà ('). De même dans
les Gastropodes (exemple : Tritonium) , une température sutïï-
samment élevée produit le relâchement musculaire (^).
(1) Jordan, IJntersuchungen zur Physiologie des Nerveiisystemes der Pulmonnten.
(Arch. Ges. Physiol., Bd CX, 1905, p. 568 )
{-) YuNG, De l'innervation du cœur et de l'action des poissons chez les Mollusques
Lamellibranches. (Arch. Zool. expér., l'*' série, t. IX, 1881, p. 430.)
(^) CouTANCE, De l'énergie et de la structure musculaire chez les Mollusques Acé-
phales. Paris, 1878, respectivement pp. 40 et 163.
(*) L. et M. Lapicque, Action du curare sur les muscles d'animaux divers. (Comptes
RENDUS Soc. HiOL. Pauis, t. LXVIII, 1910, p. 1009.)
(5) Pawlow, Wie die Muschel ihre Schale ôffnet. (Loc. cit., p. 9.)
(6) Dubois, Sur l'action des agents modificateurs de la contraction photoderma-
tiquechez le Pholas dactyius. (Comptes rendus Acad. Sci. PARis.t.CIX, 1889, p. 320.)
(') PiÉRi, Recherches physiologiques sur Tapes decussatus et quelques Tapidés.
Laval, 1895, p. 163.
(8) Schônlein, Ueber die Einwirkung der Wârme auf der Tonus der Muskeln von
Schnecken und Holothurien. (Zeitschr. f. Biol., Bd XXXVI, 1898.)
— 496 —
9" Action sur les contractions du cœur. — Le nombre des
pulsations augmente par l'élévation de la température (d'où une
discordance fréquente des nombres donnés par des auteurs dif-
férents, n'ayant pas tenu compte — pour la même espèce — du
facteur calorifique).
Les plus anciennes observations relatives aux variations
thermiques du rythme cardiaque se rapportent aux Pulmonés;
le refroidissement y abaisse le nombre des battements du cœur,
notamment chez les Stylommatophores en hibernation ; ainsi
on constate successivement, chez les deux espèces suivantes (^) :
Hélix hortensis.
Hyalinia cellaria.
Températures.
22 pulsations
24
IMl C. (52 F.)
44 id.
12
6 66 (44 F.)
40 id.
41
3^33 (38 F.)
4 id.
9
-4044 (30 F.)
(^hez Hélix pomatia (placé dans l'eau) , le nombre de pulsa-
tions s'élève successivement avec la température :
Températures .
14o
470
20»
2405
30°
35-
38o
Pulsations. . .
35
48
50
53
70
90
400;
Au delà, il y a ralentissement (^).
Dans la même espèce, à sec, immobile et en hiver :
Températures . . 5» 40» 45» 20" 25° 30»
Pulsations. ... 4 42 47 26 38 54 "(3)
Dans les deux espèces suivantes, des oscillations analogues
ont été aussi reconnues : chez Hélix hoi^tensis, à 11°, 2^ pul-
(-) AsHFORD, On the action of the Heart in the Helicidae during hibernation.
(JoiRN. oF CoNCH., vol. 111, 4882, pp. 34 et suiv., et vol. IV, p, 13.)
(2) Richard, Recherches phxjsiologiques sur le cœur des Gastéropodes Pulmonés.
(Rev. d'Auveugne, 1886, p. 228.)
(3) YuNG, Contributions à Chistoirè physiologique de l'Escargot. (Loc. cit., p. 94.)
— 497 —
salions; à 3% H pulsations; chez //. nifesccns, à 18", 54 pul-
sations; à 1% 9 pulsations (^).
Dans llelix pomatia, pendant l'hibernation, la décroissance
progressive du noiiihre des battements du cœur, avec la tempé-
rature, a encore été confirmée : à 9", H pulsations; à 4°, 5; à
0°, 3; à — 3°5, 0 ; l'élévation de la température au-dessus de 8° y
détermine un accroissement plus rapide des pulsations, d'autant
plus rapide que cette élévation est plus brusque, les observations
ci-dessus étant confirmée, et le nombre atteint vers 19° étant de
50 à 53 H.
Succinea putris a montré de même que le nouibre de pulsa-
tions cardiaques monte et descend avec la température (^).
Dans Valloma pulcliclla, le cœur bat de 20 à 25 fois par
minute, entre 10° et 15% tandis que vers 30°, il atteint de 08 à
1 10 battements (').
Eniin, il a été expérimentalement reconnu, chez Hélix poma-
tia, que jusqu'à i8° le nombre des pulsations augmente réguliè-
rement : à 15°, 26 pulsations; à 22", 30; à 20°, 40; cà 35°, 40;
à 42°, 48; à 45", 68; à 48°, 74; et en dessous de 15°, il y a
décroissance : à 11°, 17 pulsations; à 10°, 12.6; à 5°, 10 (^).
Les Basommatophores se comportent de la mêuie façon;
Limnaea stagnalis a montré à 13"5, 13 pulsations; à 16°, \Q
pulsations; à 20°5, 30, et à 24°, 44 ('^).
(1) Taylok, a Monograph, etc., t. 1 (1899), respectivement pp. 298 et 299.
(-) Lang, Ueber den Saisonsschlaf der Tiere. (Schw. Pâdagog. Zeitschr., Bd IX,
^899.) Voir aussi, du même auteur : Ueber den Herzsclilag von Hélix pomatia L.,
w(VirenddesWinterschlafes.{FKSTSCHR.FÏHi R. Hertwig. Jéna, FiscJier, Bdlll, -1910.)
{') RiEPER, Sludie?î an Succinea. (Ann. Soc. Zool. and Malac. Bblg., t. XLVII
[1912], p. 162, tableau III, d913.)
(^) Steuki, ObservaLions on Vallonia. (Proc. Acad. Nat. Sci. PHiLADEi.PHrA, 1893,
p. 244.)
{:>) Beyxe, Recherches sur l'origine musculaire ou nerveuse de quelques réactions
du cœur aux variations de température. (Jolrn. Physiol. et Pathol. gén. Paris,
t. VII, 1905, pp. 978 et 979.)
{^) Richard, loc. cit., p. o. — Voir aussi Baker, On the pulsations of llie Molluscan
lieart. (Joukn. Clncunnati Soc. Nat. Histok., vol. XIV, 1897.)
32
— 498 —
Chez les Ancijlus, l'élévation de la température élève la fré-
quence des pulsations du cœur (^).
Des Planorbis corneus éclos depuis quelques jours ont mon-
tré : à 19°, de 78 à 85 pulsations, et à ^9°, 140 à 150 pulsa-
tions (l'eau était un peu refroidie vers la fin de l'expérience)
(observations personnelles) . Quant aux Phijsa, etc. , naturellement
adaptés aux eaux chaudes, les zooloi^istes qui les ont observés
n'ont malheureusement pas étudié leurs contractions cardiaques
comparativement aux mêmes espèces des eaux normales.
Parmi les autres Gastropodes, ont encore donné lieu à des
constatations de la même nature : Aphjsia (^) et Plerotra-
c/iaea sp. (^) : chez ce dernier, le cœur, de 18° à 21°, battait de
50 à 80 fois; de 34° à 37°, de 160 à 180 fois (arrêt à 39°-40°) ;
et ces observations ont été confirmées d'une façon détaillée
pour deux espèces de ce dernier genre : chez P. coronata, à
13°5, il y avait 50 battements; à 25°, 120; à 27°, 138; à 32°,
160; chez P. mutica, à 15°5, il y avait 60 battements; à 21°5,
92; à 23°, 115 (').
Les constatations faites chez les Lamellibranches sont de la
même nature : Pour Mija arenaria, les variations de température
ont donné les résultats suivants, en chauffant progressivement :
17o
20o
23o
30o
35o
40°
12
4S
25
35
40
48 pulsations (^)
(*) André, Contribution à l'étude anatomique et à la physiologie des Ancylus
lacustris et fluviatilis. (I\ev. suisse Zool., t. 1, 1893, p. 455.)
(2) FrEiNzel, Temperalurmaxima jïir Seethiere. (Arch. ges. Phys., I3d XXXVl,
1885 : avec l'accroissement de la température, le nombre des pulsations monte de
32 à 140, jusqu'à 33» C, puis décroît.) — Schoenlein, Ueber das Herz von Aplysia
limacina. (ZErrscHR. F. Biol., M XX, 1894, p. 202.)
(3) Knoli., Ueber die lierzthatigkeit bei einigeii Evertebraten und deren Beein-
fliissiing durch die Temperatur. (Sitzungsber. Akad. Wien [3Iath.-Naturw. Ki..],
Bd Cil, Abth. m, 1893, p. 393.)
(*) Rywosch, Zut Physiologie des Herzens und des Excretionsorgans der Hetero-
poden (Pterotracheen). (Arch. ges. Physiol,, Bd CIX, 1905, p. 361.)
(^) YuNG, De l'innervation du cœur et de l'action des poisons chez les Mollusques
Lamellibranches. (Arch. Zool. expér., !■■« série, t. IX, 1881, p. 430 [d'autres espèces
du même grouj)e suivent la même règle générale].) {Ibid., p. 429).
— 499 —
Chez Tapes decussatus, l'élévation de temjjératiire surexcite
les mouvements du cœur : à 25°, il y a 14 pulsations ; à 30% 45 ;
à 35% de 20 à 22; à 40°, 26 {').
Dans Anodonta cellensis, il a été observé les relations sui-
vantes : à 15°, 3 pulsations par minute; à 20% 5.5; à 25°, 7 ; à
30°, 6 (une seule fois); à 35°, 6.5; à 40°, 17.5 {^).
Chez Octopus vulgaris, une aut^mentalion de température
de 10° double la fré([uence des contractions du ventricule (^).
De sorte que d'une façon très générale, chez les divers Mol-
lusques, les contractions cardiaques augmentent en nombre
avec l'élévation de la température, jusque vers 40°.
10° Action sur l'activité vitale. — A. Hautes températures :
Un certain nombre de Pulmonés terrestres s'engourdissent sous
l'influence d'une température élevée (phénomène de l'estivation).
Parmi les Mollusques aquatiques, il en est assez peu qui puissent
résister à des températures un peu élevées ; d'une façon générale,
ils peuvent supporter une température un peu supérieure à 30°,
mais ils meurent avant 40°. Ainsi Physa acuta périt à 35° (sauf
s'il est adapté à des sources chaudes de 33° à 35°, auquel cas il
résiste jusqu'à 43°) ; Eledone meurt à 35° (^) ; Sepia ofjichialis est
tué d'autant plus rapidement que la température est plus haute :
après une heure, à 28° (^), mais après deux minutes, à 37° (*") ;
(') PiÉRi, Recherches physiologiques sur Tapes decussatus et quelques Tapidés,
1895, p. 63.
(2) Willem et Minne, Recherches expérimentales sur la circulation sanguine chez
l'Anodonte. (3Iém. col'R. Acad. Belg., t. LVII, 1899, p. 10.) — Voir encore Dubois,
Le rijthme cardiaque des Mollusques Lamellibranches. (Ann. Soc. Linn. Lyon,
nouv. série, t. XJ.V, 1899.)
(^) H. Fredekicq, Recherches expérimentales sur la physiologie cardiaque d'Ocio-
pus vulgaris. (Arch. intern. Physiol., t. XIV, 1914.)
(1) Frenzel, Temperaturmaximvm fur Seethiere. (Arch. Ges. Physiol., Bd XXXVI,
l88o, pp. 458, etc.)
(^) Matisse, Action de la chaleur et du froid sur l'activité motrice et la sensibilité
de quelques invertébrés marins. (Loc. cit., p. 18.)
(«) Bert, Mémoire sur la physiologie de la Seiche. (Mém. Soc. Sci. phys. et nat.
Bordeaux, t. V, 1867, p. 135.)
— 500 —
Sepiola atlantica, près d'éclore, est tué à 81"; et les diverses
larves de Gastropodes et de Lamellibranches marins que j'ai
examinées meurent entre 30° et ^7° (^). Et tout comme des
hivers rigoureux ont ravagé des huîtrières, on a vu des étés
torrides avoir le même effet (^).
Quelques espèces cependant sont moins sensibles à la chaleur
et peuvent même, à l'état naturel, vivre dans des eaux chaudes.
Divers auteurs qui ont traité des « faunes thermales », ont
— au moins en ce qui concerne les Mollusques — répété tou-
jours la même petite liste d'espèces, citant celles-ci de deuxième
ou de troisième main, sans recourir aux sources originales
anciennes, ni sans tenir compte de nombreux éléments d'infor-
mation plus récents. Il m'a donc fallu refaire ce travail aussi
complètement que possible.
Dans ces faunes d'eaux chaudes, on a voulu subdiviser en
espèces « thermales » proprement dites, habitant les eaux
au-dessus de iO°, et en « subthermales », propres aux eaux en
dessous de 40°. Mais cette division est purement arbitraire; car
cette température de 40" n'a aucune signitication particulière,
ni dans la nature inanimée, ni au point de vue physiologique.
Et si l'on désire absolument subdiviser, il serait préférable
de fixer une limite soit à la plus haute température des eaux
marines : 32°o (fond du golfe Persique), soit mieux encore à
la température normale du corps humain : 37°.
Quoi qu'il en soit, on a récemment cherché à établir que dans
les eaux chaudes à 43°, ou au-dessus, il n'y sl jamais d'animaux
ou d'algues proprement dites, mais seulement — de 43" à (33° —
des Cyanophycées. Comme on va le voir, cette constatation (^)
(1) Pelsekeeu, Sur l'enry thermie de certaines larves marines. (Loc. cit., p. 282.)
— Voir encore, aii sujet de températures supportées dans la nature par des Mol-
lusques marins : Richët, De quelques températures élevées auxquelles peuvent vivre
des animaux marins. (Arch. Zool. expér., "2« série, t. III, 1885, pp. vi-viii.)
{-) L'Uuitre américaine ne résiste que jusqu'à 32». (Mooke, Bull. U. S. Fish.
Comm., vol. XVII, 1908.)
(5) Setchell, Science, nouv. série, vol. XXVII, 1903, p. 934,
— :)0i —
n'est pas exacte d'une façon générale ; elle est contredite par
plusieurs exceptions, parmi lesquelles au moins quatre espèces
de Mollusques.
Dans les formes renseignées comme theruiales, il y a toute-
fois à écarter d'abord quelques cas particuliers, soit pour cause
de confusion de nomenclature, soit surtout pour observation
trop peu précise de la température :
Limnaea pcregra, dans des eaux à oH^To, à Gastein (^), alors
que les eaux thermales n'y ont au maximum que 49°6 (^).
« Bfjthinia » (Bythinclla) thcrmalis, à Abano dans des eaux
à 55" (^), o3° (■*) ou 50° (^), alors que les eaux les plus chaudes
où cette espèce a été trouvée (trois fois seulement) étaient à
Limnaea ovata [om pereijra) , var. tliermalh, Planorbis alhiis
et quelques autres espèces à 50°, dans la source de Salut à
Bagnères (') ; la température du ruisseau de Salut, là où y
vivent les Mollusques en question, n'étant que 25° à 27" (-).
a) Espèces habitant des eaux plus chaudes que 87° : Ces
diverses espèces sont mentionnées ici d'après les sources origi-
nales; les températures des eaux thermales ont été contrôlées
dans les ouvrages spéciaux. Dans les nappes ou cours d'eau
chaude, il y a souvent des températures différentes suivant les
(') Von Martens, Veber die Verbreihmg der europàischen Land- und Siisswasser-
Gasieropoden. (Wurtt. naturw. Jahuesheften, XI Jahrg., 1855, p. 11.)
(2) GuNTHER, Handbuch der Geophysik. Stuttgart, Ud II, 1899, p. 796.
(3) CuÉNOT, L'influence du milieu sur les animaux. Paris, 1894, p. 21.
(*) Weuer, Biologie der Tiere. (Nussbaum-Karsten-VVeber, Lelirbuch der Biologie
filr Hochsckulen, abschn. III.) lieipzig, 1911, p. 4'25.
(^) De Blainville, Mollusques, in Dictionnaiiîe des sciences naturelles,
t. XXXII, 1816-1830, p. 141.
(6) IssEL, Saggio sulla fauna termale iUdiana. (Atti Accad. Torino, t. XXXI,
1901.)
(") Von Martens, loc. cit., p. 10.
(^) Moquin-Tandon, Histoire naturelle des Mollusques terrestres et fluviatiles de
France, t. II, p. 5o"2.
50-2
divers niveaux en proCondeur, l'eau la plus chaude élanL la plus
superficielle; mais ce t'ait n'implique pas que la température
superficielle soit plus élevée que celle supportée réellement par
les animaux aquatiques. Car, pour les Pulmonés d'eau douce,
cette température maximum est toujours subie etrectivement,
lorsqu'ils viennent respirer à la surface.
La plus haute température à laquelle un Mollusque vivant
ait été rencontré dans la nature est 5:^° : Neritina tliermopliila,
de la Nouvelle-Bretagne (^); dans les eaux chaudes à 60°
d'Islande, il n'y a pas de Mollusques, mais seulement des
Algues (-).
Limnaea peregra (ovata), à 4^ -'^^ dans les sources de
Baden (Argovie) (^).
Bythinella (Paludestrina) aponensis (qui serait identique,
pour Kobelt, à B. tliermalis ci-après), à 46° au maximum (trois
fois seulement), près de Padoue, à Ahano ; la limite supérieure
normale est d'environ 42° (^).
Limnaea peregra, à 45°, dans la source d'Ax (Pyrénées) (^).
Ostrea cucullata, dans l'eau à 45°, Nouvelle-Bretagne (*^).
Bythinella (ou encore Paludinella, Belgrandia, Thermliij-
drobia) tliermalis, à 43°75, à San Giuliano près de Pise (").
Limnaea peregra (var. geysericola) et L. truncatula, à 42°5,
(1) STUDiiR, Fûrschungsnmc S. .V. S. Gazelle, ill Theil. (Zoologie und Géologie,
1890, p. 254.)
(2) Steenstrup, -24« Versamml. deutscli. Naturforsch. und Aertu. Kiel, 1846,
p. 221.
(3) Von Marïens, loc. cit., p. 10 (les eaux y ont de 46o à 50» : Daubrée, Les eaux
souterraiiies. Paris, l. II, 1887, p. 169); la même espèce, à Gastein, vivrait jusqu'à
environ 48° (Kde De Launay).
(*) Issel, Saggio xulla fauna termale italiana. (Loc. cit., 1901.)
(^) Gineste, Mollusques des eaux minérales des Pyrénées françaises et du bassin
sous-pyrénce7î. (Bull. Soc. Malac. France, t. II, 1885, p. 186.)
(6) Studer, loc. cit., 1890.
C) Issel, loc. cit., voir aussi Sulla terinobiosi negli animali acqualici (Atti Soc.
LiGUSTicA Se. NAT. GEOGu,, vol. XVII, 1906), et Sulla biologia termale (Intern. Revue
D. GES. Hydrobiol., Bd I, 1908).
— 503 —
dans les eaux sulfureuses d'Islande : Reikiavik, I.angan, Lau-
garvas et Kresuvvig (*).
Bijthinella peraiidieri, dans des eaux à 42°, près de Bône (^).
41° Vit • ^^fiysci lieterostropha, source chaude, Bath County
(Viiginia), et BuliijncUa (ou Slimpsoiùa) nicld'iniana, mêmes
conditions et station (^).
Melanopsis etrusca, espèce spéciale au\ thermes de Caldana,
à 41° {').
Pisidium cazertanum (var. thermale), source de la Raillière
à Cauterets, 39° au maximum (^).
Paludestrina proteus, sources chaudes près de Salton (désert
du Colorado), 38° (not under 1(J0° F.) («).
Limnaea pereyra (ovata), eaux à 37°-38°, à Bagnarolo (^).
h) Espèces habitant des eaux moins chaudes que 37° :
Limnaea peregra, eaux chaudes à 36° ^/g, Cheadle (^).
Fluminicola merriamï et Tryona clatlirala, eaux à 36° et une
fraction (97° F.), Pahranagat Valley (Nevada) [^).
Pfiijsa aciita, sources de Saint-Pierre (Dax), 33° à 35° (^^).
Planorbis corneus, à Bagnarolo, 34° (^^).
(') Steenstrup, loc. cit., 1846, p. 221. — Môrch, On the Land and Fresh water
Mollnsks of Iceiand. (Amer. Journ. of Conch., vol. IV, 1868, p. 43.) — Sikes, The
non-marine Mollusca of Iceiand. (Journ. of Conch., vol. XIV, 1913, pp. 55 et 56.)
(-) BouKGJiGNAT, tide Fischer, Manuel de Conchyliologie, p. 105.
(^) Blnxey, Land and Freshwater shells of Norlh America, respectivement part II,
p. 86, et part !II, p. 168. (Sjuthsonian Misceli.. Coll., 1865, pp. 143 et 144.) —
Stearns, The fossil frcsh-water shells of the Colorado Désert, their distribution,
environmenl, and variation. (Proc. U. S. nat. Musei'm, vol. XXIV, 1901, p. 292.)
(*) IssEL, Sagyio sulla faiina termale ilaliana. (Loc. cit., p. 56.)
(^) DuPUY, fide (iiNESTE, loc. cit., p. 187.
(«) Stearns, loc. cit., p. 277.
C) Issei., Sulla termobiosi negli animali acquatici. (Loc. cit., 1906, p. 40.)
(8) Masefield, Life in the Hot- Water Réservoir of the Tape Milt, Cheadle, Staf'
fordshire. (Trans. North Staff. Nat. Field Club, 1896.)
(9) Stearns, loc. cit., p. 286.
(*") Dubalen, Note sur les Mollusques qui vivent dans les sources chaudes de Dax
(Actes Soc. Linn. Bordeaux [Comptes rendus des séances], 1873, p. iv.)
(*') IssEL, Sulla termobiosi negli animali acquatici. (Loc. cir., p. 40.)
— 504 —
Plujsa acuta, dans le bassin d'un puits artésien à Rochefort,
3^2"5à33° (1).
Melania luhercidaUi, à 32% dans une source thermale au
pied du rocher de Constantine ("-).
Melania pracmorsa, Melanopsis jordanica, Neritina (Tlieo-
doxa), dans la source Aïn Tabijah (lac de Tihériade), 32° {^).
ISeritina fUiviatilis (var. prcrostiana), source de Caldana, et
Limnaea triincatula, sources de Vandieri, à 32'' (^).
Limnaca peregra, Phiisa acuta, Unio requieni, à Barbotan
(Gers), dans des eaux à 31° (°).
Pliysa acuta, var. gibbosa, 30°, La Preste (Pyrénées orien-
tales) (*^).
Limnaea peregra, à Burnley, dans des eaux à 29° (").
PInjsa acuta, var. suhopaca, à Rennes-les-Bains (Aude),
28° (S).
Limnaea peregra (var. thcrmalis), eaux de Barèges, 27° ('^)..
(') Regelsperger, Mollusques terrestrfs et d'eau douce recueillis aux environs de
Rochefort-sur-Mer. (Comptes rendus Assoc. fkaiN(;. Avanc. Sci., session de
La Uochelle, 188*2, p. S25, 1883; et Déformations remarquables de Physa acuta
observées à Rochefort-sur-Mer. (Actes Soc. Linx. Bordeaux, t. XXXIX, 1885, p. 4.)
(2) Raymond, Recherches anatomico-phijsiologiques sur les Mollusques de l'Algérie.
(JouKN. de Conçu., t. III, 185'2.) — Également dans les eaux chaudes des environs
du lac de Tibériade : Locard, Arch. Mus. Sci. nat. Lyon, t. III, 1883, p. 226; et
encore dans un ruisseau d'eau chaude près de Kerinan (Perse) : Issel, Catalogo dei
Molluschi raccolli délia Missione ilaliana in Persia. (3Iem. Accad. Sci. Torlno,
2e série, t. XXIII, 4866, p. 398.)
(3) Barrois, Rev. Biol. Nord, t. VI, 18i)4, p. 252.
(*) Issel, Saggio sulla fauna termale italiana. (Loc. cit., respectivement pp. 65
et 72.)
(5) DupuY, Sur quelques Mollusques trouvés à Barbotan (Gers). (Jouun. de Conçu.,
t. XV, 1877, p. 7 du tiré à part.) — Gineste, loc. cit., p. 182 (le maximum de tem()é-
rature du bassin de Barbotan est même de 35") iIbid., p. 188.)
(6) Massot, Énumération des Mollusques terrestres et (luviatiles vivants des
Pi/rénées orientales. (Soc. Agric. Sci. et Litt. Pyrénées orientales [Perpignan],
1872, p. 81.) — DuPUY, Catalogue des Mollusques terrestres et d'eau douce vivant
à La Preste (Pyrénées orientales). (Bull. Soc. Hist. nat. Toulouse, 1879.)
(") Long, fide Taylor, A Monograph, etc., vol. I, p. 76.
(8) GiNESTE, loc. cit., p. 183.
('•') BouBÉE, fide Gineste, loc. cit., p. 184.
— 505 —
Ufithiuclla parreijssi, sources cliaiides à Voslaii (^), 28° (la
décharge de la source est entre 28' et 86°).
IScritina fUiviatilis, var. t/wrmatis, et Ancijlus fluviatilis
(var. tliermalis ou jani), sources du Salut à Bagnères, de
25° à 27° (2).
Bijtliinella abbreviata, dans une source à 25°, Saint-Paul
(Pyrénées) (^).
En résumé, une quinzaine d'espèces de Gastropodes vivent
dans des eaux plus chaudes que 80° C. et peuvent supporter
''(1)° et exceptionnellement 52°.
Ce sont surtout : des Hydrobiidae [Bijtliinella et formes
voisines), Neritina , Melania et Melanopsis , et parmi les
Pulmonés, Limnaca pcregra et Pliysa acuta.
Au-dessus de 87° : Neritina tiicrmopliila, 52°; Bijtliinella
tliermalis, 42° à 46°; Ostrea cucullata, 42"; Bijtliinella perau-
dieri, 4:V' ; Bijtliinella nickliniana et Pliijsa heterostroplia
(voisin de acuta), jusqu'à 41° ^o' Liinnaea peregra, jusqu'à
46°25; Liinnaea truncatula, jusqu'à 42°5 ; Melanopsis etrusca,
41"; liijlliinella proteus, 88°.
Au-dessous de 87° : Bijtliinella (Trijonia) clatlirata et « Fiu-
minicola » (voisin de Bytliinia) merriami, 86° et une fraction;
Pliijsa acuta, jusqu'à 85°; Melania tuherculata, 32°; Melanopsis
praemorsa et M. jordanica, 82°.
Enfin, dans des sources chaudes de température un peu infé-
rieure à 80° ou de température non précisée, on a encore signalé
les espèces suivantes (principalement Hydrobiidae) :
Bijtliinella (Paludinella) parreijssi, 28° ou davantage;
B. abbreviata, 25° ; Tliermliydrobia (Bijtliinella) zimigasensis,
C) KoBELT, Catalog der iin europaeùchen Faunengebiet lebenden Binnencon-
chylien. Cassel, iSli, p. 63.
(2) Moquin-Tandon, loc. cit., t. II, p. 552. — Gineste, loc. cit., p. 186.
(5) Braun, fide Moquin-Tandon, loc. cit., t. II, p. 520.
— 506 —
Zimigas,Sardaigne(Paulucci); Bytliinella uzzieUiana (Pevse) (^);
BytliincUa (Pseudamnicola) lucensis, Lucques, eaux alcalines
tant soit peu chaudes ("^) ; Mclauopsis tliermalis, bassin du
Danube (Hongrie) ; 3Ï. doriac, sources chaudes de Kerman
(Perse) (^).
I.a plupart des formes des eaux chaudes sont eurytherines et
susceptibles de supporter aussi des eaux très froides : Limuaea
peregra en est un très bon exemple, dont on connaît une variété
« (jlacialis » dans des sources froides; dans les eaux froides des
montagnes, on rencontre encore des espèces de BijtlùneUa (ou
« Vitrella »), B. dwiker'i, etc. En outre, la généralité de ces
formes sont euryhalines en même temps que eurythermes,
c'est-à-dire qu'elles sont tolérantes d'une façon très générale;
par exemple :
Neritina existe dans la Baltique (?s . Iluviatilis) avec 1 et
jusqu'à 1 ^2 °/o <^G sel; dans le lac saumâtre de Steniies
(Orcades) avec Mija Iruncata (^) ; dans la mer d'Aral et dans le
lac salé Sary Kamych (au sud-ouest de la uier d'Aral) (3. fiuvia-
tilis) ; dans la Caspienne avec Cardium cdule, etc. (.V. iiturata);
dans la Méditerranée (A', viridïs ou « matoniana ») ; diverses
autres espèces aux Philippines, dans des eaux saumâtres ou
même salées (iV. mortoniana, N. piilchella, .Y. pmiacnsis) {^) ;
et dans les eaux saumâtres de l'Indo-Gliine : N. (Dostia) crepi-
dularia (^), etc.; iV. fir^/mea est très euryhalin, vivant à la fois
dans la mer, dans l'eau douce et dans l'eau sursalée (') .
Limnaen peregra se rencontre dans la Baltique, dans l'étang
(1) IssEL, Calulogo dei Molluschi raccoUi dalla Missione italiana in Persia.
(Loc. CIT., p. 403.)
n Stefam, Ann. Soc. Géot. Belg., t. XVIII, 1890-1891, p. 290.
(3) IssEL, Catalogo, etc. (Loc. cit., p. 400.)
(*) Jeffreys, Britisk Conchology, vol. III, 1865, p. 66.
(^) Semi'ER, Die naturliche E.nstenzbedingungen der Tkiere, Bti I, 1880, p. 280.
C*) FiscHEK, Manuel de Conchyliologie, p. 802.
Q) Metcalf, Neritina vire;inea variety minor. (Amer. Natur., vol. XXXVIII, 190i.)
— 507 -
salé de Berre (*), dans les lacs temporaires salés de la mer
d'Aral (^), dans le lac d'Ossegor (p. il"), dans les fossés sau-
màtres près de la rivière Blylh (^).
Plujsa existe dans les eaux saumâtres : P. fontinalis (^) ;
P. aciita, étang saumàtre d'Ossegor et chotts d'Algérie (J').
Melania et Melanopsis se rencontrent dans les cliotts du Nord
de l'Afrique C^) ; Melania tiibercidata dans les lacs amers du
canal de Suez, avec Cardium edidc (^).
Les Hydrobiidae comprennent des formes d'eau saumàtre :
H. ulvae des marais salants (jusque dans l'eau saturée) (^) ;
Ihjdrobia dans les chotts ('^) ; Bijtlùnia dans la mer Baltique et
la mer d'Aral, etc.
B. Basses températures : Divers Gastropodes et Lamelli-
branches peuvent être emprisonnés dans la glace et y subir
impunément de basses températures. Acmaea testuduialis n'est
pas tué dans la glace d'eau de mer ( — ^"5 C.) (^") ; Limnaea
auricidaria, pris dans un bloc de glace, y fut exposé à un froid
très vif sans être tué (^^) ; Paiudina vivipara et Anodonta cijgnea,
(*) GouRRET, Les étangs saumâtres du Midi de la France. (Ann. Mus. Marseille
[ZooL.], t. V, 1897.)
(2) Bateson, iide Cooke, loc. cit., p. 84.
(5) CooPER, Journ. of Gonch., vol. XIII, 1910, p. 14.
(*) Parke, Pliysa fontinalis in hrakish water. (Zoologist, vol. XXI, 1863.)
(^) GouTAGNE, Comptes rendus Assoc. franc. Avanc. Sci., session de La Rochelle
(1882), p. 543, 1883.
(^) TouRNOUER, Sur quelques coquilles marines recueillies par divers explorateurs
dans la région des cliotts sakarims. (Comptes rendus Assoc. franc. Avanc. Sc[.,
session de Paris, [1876J, p. 4.) — BlAiNchard, Résultats d'une excursion zoologique
en Algérie. (Mém. Soc. Zool. France, t. IV, 1891 [Melanopsis].)
Ç) Tournouer, loc. cit., p. 4.
(**) Ferronnière, Études biologiques sur les faunes supralillorales de la Loire-
Inférieure. (Bull. Soc. Sci. nat. Ouest France, 1901, p. 72.)
('-») Blanchard, loc. cit., 1891.
, (") WiLLCOX, Biology of Acmaea testudinalis. (Amer. Natur., vol. XXXIX, 1905,
p. 325.)
(") Garnier, Bull. Soc. Linn. Nord (Abbeville), t. I, 1840, p. 150.
— 508 —
dans la glace, supportèrent impunément — 5" C. (^) ; il a même
été constaté que des Anodonta et leurs embryons incubés dans
les branchies peuvent être congelés deux fois successivement
sans souffrir (^) ; des individus de CajcIgs cornca résistent à — 6°
et même à — 10" (^).
D'autre part, Limnaca stagnalis et Planorb'is corneus meurent
à une température de — 7", et Hélix liispida à — 8" (^) ; les autres
Hélix ne périssent par la gelée que vers — 10" seulement (^).
Et à ces froids intenses où H. aspersa et H. nemoralis sont tués,
Hijalinia cellaria résiste encore (^). Avion empiricorum aussi
résiste mieux que les Hélix à de basses températures (").
Cependant, des hivers rigoureux ont pu détruire des quan-
tités de Mollusques, par exemple celui de 18^0 qui fit disparaître
complètement un banc d'Iluitres en Zélande, et celui de 1890-
1891 qui tua également des millions d'Huîtres de Whitstable,
Teau de mer ayant atteint son point de congélation (^) ; et par
un autre hiver froid, dans les Etats méridionaux de l'Amérique
<lu Nord, une espèce de Hclicina fut décimée (^) ; enfin, les larves
de divers Gastropodes marins sont tuées à — 3" (^"). De sorte
que les expériences de Pictet, souvent rapportées et d'après
(1) JoLY, Comptes rendus Acad. Sci. Paris, 1842, p. 460; et Note sur des Anodonta
cygnea et des Pahidina vivipara qui ont résisté à la congélation. (Ann. Sci. nat.
[ZooL.], 3« série, t. III, 1845, p. 373.)
(2) Latter, Notes on Anodonta and Unio. (Proc. Zool. Soc. London, 1891.)
(5) KoRSCHELT, Ueber das Verhalten verschiedener Wirbelloser Tiere gegen niedere
Temperaturen. (Zool. Anz., Bd XLV, 1914. p. 116.)
(^) RoEDEL, Ueber das vitale Temperaturmininium wirbelloser Tliiere. Halle a. S.,
1881, pp. 13 et 14.
(5) Moql'in-Tandon, loc. cit., t. I, p. 116; confirmé par Roedel (/oc. cit., p. 14)
pour H. pomatia, tué par - lO».
(6) Van den Broeck, Ann. Soc. Malacol. Belg., t. VI, 1870, p. 4.
C) PoucHET, Recherches expérimentales sur la congélation des animaux. (Journ.
Anat. et Physiol., t. III, 1866.)
(8) CooKE, Molluscs. (Cambridge Natural History, vol. III, p. 112.)
(») Cooke, loc. cit., p. 24.
(10) Pelseneer, Sur le degré d'eury thermie de certaines larves marines. (Bull.
A( AD. Sci. Belg., 1901, p. 284 [Polycera, Eoiis\.)
— 509 —
lesquelles l'Escargot poiirrail résister pendant des heures ;i
— 120", demandent encore confirmation, bien qu'elles aient
été faites avec refroidissement et réchauffement progressifs (^).
11" Action sur la vitesse de maturation des œufs. — Chez
Lottia (Docoglosse), la maturation a lieu deux fois plus vite à
18" qu'à 8" (2).
12" Action sur la rapidité du développement embryonnaire. —
Cet effet a déjà été observé depuis assez longtemps dans bien
des groupes zoologiques; il se manifeste également chez les
Mollusques, où il a été surtout constaté en détail pour les
Pulmonés et les Opisthobranches :
a) Opisthobranches « Ptéropodes » : « En élevant artificielle-
ment la température de l'eau en hiver, les larves prennent leur
développement en peu de jours, au lieu d'y mettre un mois ou
davantage (^) ». Aplijsia limacina, à 20", achève son dévelop-
pement en 12 jours; de 28" à 25", en 8 jours; À. piinc-
tata, à M", en 25 à 80 jours; à 12", en 22 jours; à 14", en
19 jours (') ; chez Tcrgipes edivardsi, la durée du dévelop-
pement est très différente suivant la saison : la saison froide
le retarde beaucoup ('') ; Eoiis, Boris, Dendronotus éclosent
en Norvège au bout d'un mois [^) ; les mêmes espèces des
(*) PicTET, De l'emploi méthodique des basses températures en biologie. (Comptes
RENDUS 76«^ Session Soc. helvét, Sci. nat., 1893.)
(2) LoEB, On Chemical melhods. (Umv. of California Public. [Physiol.], vol. III,
1905, p. 3.)
(3) Fol, Sur le développement des Ptéropodes. (Arch. Zool. expér., Ire série, t. IV,
1875, p. 12.)
(*) Gârazzi, L'embnjologia deli Ap\)'sia. (Archiv. d'Anat. ed Embryol., vol. IV e V,
1906, p. 241.)
(5) VoN JSordmann, Essai d'une monographie du Tergipes Edwardsii. (Ann. Sci.
NAT. [ZooL.], 3« série, t. V, 1846, p. 144.)
(6) Sars, Arch. f. Naturge.sch., 1845, p. 205.
Ll B R A
y, nuAs^
— 510 —
mêmes genres, dans la Manche, ne mettent à éclore que de
10 à 15 jours; la température de l'eaii au commencement du
printemps y est respectivement de 5" à 6" et de 10° à 12" (^);
chez Dota coronata, la segmentation prend trois fois plus de
temps au printemps que plus taid avec une température plus
chaude (^) ; chez Doris bilamellata, l'éclosion est plus précoce
dans la saison chaude ; chez Cenia cocksi, il faut, pour achever
le développement, un quart de temps en plus en mars-avril
qu'en juillet (^).
b) Pulmonés : D'une façon générale, leurs œufs, pondus
en mai ou juin, mettent 15 à 20 jours pour éclore; en
octohre ou novembre, il faut deux ou trois fois davantage
(dans le Boulonnais, où la température a alors une dizaine de
degrés en moins) (^); chez Hélix aspersa, l'éclosion en année
très chaude demande seulement 17 jours (^) ou même 15
(observations personnelles) ; de même pour H. pomatia, sui-
vant la saison, le développement prend de 20 à 30 jours [^).
Les œufs de Ai'ion citer (empiricoriim), par temps chaud et
humide, éclosent au bout de 40 jours; par temps froid et
sec, au bout de 74 jours (^). Pour Agriolimax agrestis,
la température a une profonde influence sur la vitesse de
segmentation des œufs et conséquemment sur la rapidité du
(^) Dickson, Circulation of the surface waters of the North Atlantic Océan. (Phil.
Trans. Roy. Soc. London, série A, vol. CXCVl, 1901, pi. III.)
(2) Rabl, Uebcr die Enlwicklungsgescliiclite der Malernmschel. (Jen. Zeitschr.,
Bd XI, 1876, p. :m.)
(3) Pelseneer, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Loc. cit., p. 125.)
(*) Bouchard-Chantereaux, Observations sur les mœurs de divers Mollusques
terrestres et fluvialilcs dans le département du Pas-de-Calais. (Ann. Sci. nat. [Zool. |,
2® série, t. XI, dSSî), p. 303 [ou dans le « Catalogue » du même auteur, loc. cit.,
p. 1S2].)
(S) CooKE, Molluscs. (Cambridge Natural History, vol. III, p. 43.)
{«) Moquin-Tandon, loc. cit., t. II, p. 184.
(■) WoTTON, The life history of Arion ater. (Journ. of Conch., vol. VII, 181)3,
pp. 158 et suiv.)
— 514 —
développement; les basses températures exercent une action
retardatrice (^). Chez Limnaea peregra (ovata), la durée du
développement est « en raison de la température, de sorte
qu'en été ce développement est extrêmement rapide, tandis qu'il
est très lent au premier printemps » (^) ; pour L. stagnaiis,
l'éclosion est beaucoup activée par l'action de la chaleur
solaire (^), les durées extrêmes du développement pouvant être
de io jours seulement en été et de 40 jours en novendjre (^) ;
chez Phijsa acuta, elle a lieu au bout d'une vingtaine de jours,
et d'une quinzaine seulement dans les pays chauds ('') ; pour
P. fontinaiis, l'éclosion demande 30 jours lors d'un printemps
froid, 15 jours en juin (•").
c) Et là où l'on y fait attention, la même chose s'observe pour
les Streptoneures; exemples : chez Paludina vivipara, dans les
eaux plus chaudes, le développement est nettement plus rapide
que là où la température de l'eau est plus basse (~) ; chez
Purpura lapillus également, l'éclosion est plus précoce en
saison chaude (^).
(1) KoFOiD, On the earlij development of Limax. (Bull. Mus. Comp. Zool.,
vol. XXVII, 1895, p. 44.)
(2) DuM 'KTiER, Mémoire sur l'embryogénie des Mollusques Gastéropodes. (Ann. Sci.
NAT. [Zool ], .2« série, t. VIII, 1837, p. 131.)
(5) HoGG, Observations on the Development and Growth of the Water-Snait
(Limnaeus siagnalis). (Trans. Microscop. Soc, vol. II, 1854, p. 94 : « In warm
weather the eggs arrive at maturity in a much shorter lime, especially when exposed
to the light and warmth of the sun ».)
(*) Lereboullet, Recherches d'embryologie comparée, 3^ partie. Embryologie dit
Lymnaeus stagnaiis. (Ann. Scl nat. [Zool.], 4^ série, t. XVIII, 1862, p. 192 [de 18
à 40 jours].) — Vignal, Quelques observations sur les Limnaea stagnaiis Linné.
(Feuille jeunes natur., S^ série, 41^ année, 1911, p. 158 [ponte déposée en juillet,
éclosion après 15 jours ; ponte déposée en avril, éclosion après 22 jours].)
(5) Moquin-Tandon, loc. cit., t. II, p. 454.
(6) Wierzejski, Embryologie von Physa fontinaiis L. (Zeitschr. wiss. Zool.,
Bd LXXXIIl, 1905, p. 518.)
C) TôNNiGEs, Die iiildung des Mesodernis bei Paludina vivipara. (Zeitschr. wiss.
Zool., Bd LXI, 1896, p. 542.)
(8) PelseiNEER, loc. cit., p. 125.
— 512 —
Une température trop basse ou trop élevée contrarie, ralentit
ou suspend et arrête le développement des Mollusques :
a) Température trop élevée : par exemple Sepia officinalis,
Lacima patlidiila, LameUaria perspicua, Polycera oceUata,
Eolis coronatn, Hcrmaea h'ijida, P/wlas candida voient leur
évolution arrêtée à 30" ou 31"; Patella vidgata, Liltorina riidis,
Cenia cocksi à 36" ou 37" (^).
h) Température trop basse : Ostreci edulis, espèce méridio-
nale introduite dans la région boréale, pond pendant les mois
chauds; et si la température n'arrive pas à plus de 20", les
larves y perdent la faculté de se fixer [^) ; le développement de
Limnaea peregra (ovata) est arrêté (embryons tués) à — i'^ (^);
enfin diverses espèces dont les pontes sont toujours sous l'eau
voient leurs larves tuées par des températures basses auxquelles
résistent des espèces dont les pontes sont exposées entre les
limites des marées à des variations de température plus amples
(Potijcera oceUata et Eolis coronata ont leurs larves tuées à — 3°,
où résistent celles deLittorîna obtusata et de Patella vidgata) ('').
Il en est donc du développement embryonnaire comme
d'autres phénomènes physico-chimiques ; il est activé par l'élé-
ation de la température dans les limites d'un minimum et d'un
V
maxmium
Quelques observations faites jadis d'une façon sommaire, chez
les Mollusques, autorisaient déjà à formuler cette conclusion,
bien qu'il n'y ait pas eu de mesures faites dans la généralité des
(') lELSENEER, Sur le degré d'eunj thermie de certaines larves marines. (Bull.
ACAD. Belg., 1901, pp. 282 et 283, 1901.)
(-) Appellôf, Ueber die Betiehungen zwischen Fortp/lanzi/tig und Verbreituvg
mariner Tierformen. i^Verh. VIII inteun. Zool. Kongk., 1912, p. 307.)
(5) Pelseneeb, Sur le degré d'eurij thermie de certaines larves marines. (Loc. cit.,
p. 287.)
(^) Pelseneer, loc. cit., p. 284.
518
cas. Mais quelques-unes de ces observations ont été accompagnées
de mesures ou bien leurs indications permettent d'en faire après
coup (d'après la connaissance de la température moyenne pour
le lieu et l'époque de l'année dont il s'agit) ; et d'après celles-là,
il est visible qu'il faut pour le développement d'une espèce
déterminée, jusqu'à l'éclosion, un nombre déterminé de « degrés-
jours » (produit de la température moyenne par le nombre de
•jours).
Cette notion de degrés-jours est d'ailleurs utilisée par les
éleveurs (^), par les pisciculteurs, etc. (et, d'après ces
derniers, il faut pour le saumon environ 408 degrés-jours, soit
54 jours à 8°).
Ainsi pour Aplijsia piouiata, il faut environ 270 degrés-jours,
puisque, d'après Carazzi, l'éclosion a lieu en 25 jours à 11",
en 22 jours à 42°, en 19 jours à 44". Pour les espèces communes
d'Eolidiens, il faut environ 480 degrés-jours, puisque d'après
Sars, ils éclosent en Norvège au bout de 30 jours, que les
observations faites dans la Mancbe à la même saison donnent
45 jours et que les températures respectives de l'eau de mer y
sont 6° et 42° (p. 540). Enfin, parmi les Pulmonés d'eau douce,
Limnaea stagnalis exige environ 280 degrés-jours, puisque,
d'après Lereboullet, cette espèce éclôt en plein été au bout de
48 jours et en 40 au mois de novembre (les températures
moyennes respectives étant 46" et 7") (^).
(1) De Gasparin, Cours d'agriculture, l'" édit., t. III, 1843-1849, p. 461 (7S6 degrés-
jours pour le poulet [21 fois 36»]).
(2) Cette conception de la somme de chaleur nécessaire à l'accomplissement d'un
phénomène physiologique a déjà été introduite et traitée pour les organisiiies
terrestres, par Merria.ai {Laws of température control of the géographie distribution
o( terreslrial animais and plants (Nat. Geogr. Magas., vol. VI, 1894); cet auteur,
établissant l'importance pour la distribution de la vie, de la température à la
période de croissance et de l'activité reproductrice (limitée dans les pays non tropi-
caux), arrivait à cette formule : « Le même slade de végétation est atteint chaque
année, quand la somme des températures moyennes journalières atteint la même
valeur » (p. 231).
33
— 5i4 —
13° Action sur la croissance et la taille. — Il y a, d'une façon
générale, réduction de la taille par le froid ; au contraire, l'éléva-
tion de la température favorise la croissance; chez diverses espèces
terrestres et fluviatiles.il y a «croissance plus grande en été qu'en
automne (^) » ;chez Limnaea stagnalis, un printemps froid (1883,
neige et variations de température) est cause d'une croissance
discontinue et conséquemment d'une taille moindre ; par contre,
un printemps plus chaud et égal (1890) détermine une croissance
régulière et continue et une plus grande taille (-).
II en est de même pour la généralité des Pulmonés terrestres;
Stenogijra (Rumina) dccollata est énorme en Algérie et de
moindre volume dans les pays plus froids ('') ; Hclix aspersa
est plus grand en Algérie qu'en France (^), ainsi que H. vermi-
ciilata, H. lactea, II. aciita, Leucocliroa candidissima, Limnaea
auricularia ('') ; Leucoc/iroa candidissima atteint *20 à 30 milli-
mètres en Algérie, tandis qu'en France, h la troisième géné-
ration, sa taille arrive à 10 ou 1:2 millimètres.
Sur les montagnes, où la température est plus basse, les
divers Pulmonés aquatiques ont une coquille plus petite (•") :
Limnaea peregra des lacs des Pyrénées et des Alpes, par
exemple; L. auricularia des eaux froides des Alpes est adulte
avec une coquille à quatre tours au lieu de cinq (') ; dans le
ruisseau froid (8" à 10" en été) de Saint-Germain-Laval (Loire),
ij. peregra, L. paluslris et IHanorbis rotundatus n'ont que le
tiers de leur grosseur normale [^). Au contraire, près d'Oppeln,
(1) Bouchaud-Ghantereaux, loc. cit. (Ann. Sci. nat. [Zool.], 2« série, t. XI, 1839,
p. 307.)
(2) KoEBUCK and Butterel, fide Tayi.or, A Monograph, etc., vol. I, p. 83.
(5) Moquin-Tandon, loc. cit., t. II, p. 313.
{*) Taylor, loc. cit., t. I, p. 84.
(6) LocARD, L'influence du milieu sur le développement des Mollusques. (Mém. Soc.
Agkicult. Lyon, [4891], p. 09, 1892.)
(<5) Moquin-Tandon, loc. cit., 1. 1, p. 338.
(') Brot, fide LocARD, loc. cit., 1892, p. 70.
{*) Rajat et PÉJU, Relations entre les variations de forme et de taille des Mol-
lusques aquatiques et lu température du milieu ambiant. (Comptes rendus Assoc.
FRANC. AVANC. Sci., session de Lyon, 1907, p. 563.)
515
dans un bras mort de l'Oder, chauffé par l'eau de condensation
d'usines et dont la teinpéralure en hiver ne descend jamais
sous 5" C, Phiisa muta est représenté par une variation
« tlicrmalis » à coquille grande et épaisse (^).
De même, des espèces marines ayant une distribution balhy-
métrique étendue se montrent plus petites dans la profondeur,
où la température est plus basse; exemples : Pecten opercularis,
par 1,000 mètres, mesure seulement 10 millimètres, et vers la
surface, à la même latitude, il atteint jusqu'à 45 millimètres (-)
Mais une température très élevée peut produire, à ce point
de vue, le même résultat qu'une très basse température.
Limnaea pcrcgra qui est plus petit dans les lacs froids de
montagne, est nain également dans les sources thermales (^),
et ses variétés tlicrmalis (des sources chaudes) et glacialis (des
sources froides) sont également petites (^) ; la forme tliermaUs,
petite dans l'eau à 25°, est même déjà plus grande dans les eaux
moins chaudes des thermes (^) ; et ce même L. peregra, dans
les eaux chaudes de machine, à 29°, à Burnley, est de taille plus
petite, et plus petite dans des eaux analogues à SG^ê d'un
réservoir de condensation, à Cheadle (^) ; enfin, dans des eaux
à 25", à Lyon, L. prrcgra (vulgaris) est de moitié plus petit
que dans une eau normale ('). Dans les eaux chaudes de l'Amé-
rique du Nord, on a constaté encore une « depauperation in the
Limnaea in coïncidence with high thermal conditions (^) ».
Pliijsa acuta, dans des eaux à 35°, à Rochefort, est très
(1) BoETTGER, Beitrâge zur Kenntniss der Molluskenfauna Schlesiens. (Nachu.
BL. D. D. Malakoz. Gesellsch., Bd XLV, 1913.)
(2) LocARD, loc. cit., 1892, p. 83.
(3) Hazay, ilotlusken-Faima von Budapest. (Malak. Bl., 2^ série, Bd III, 1881.
p. 7 [sources thermales des environs de Budapest].)
(*) Taylor, loc. cit., t. I, p. 76.
(S) GiNESTE, loc. cit., p. 183.
(c) Respectivement Long et Masefield, fide Taylor, loc. cit., p. 77.
n LocARD, loc. cit., 1892, p 71.
(8) Stearns, The fossil fresh-water shells of the Colorado Désert, their distri-
bution, environment, and variation. (Proc. U. S. nat. Muséum, vol. XXIV, 1901,
p. 288.)
— 516 —
exigu (^); de même P. « laslei » (probablement P. fonî'malis),
dans des ruisseaux d'eau chaude provenant de machines,
présente à 20% une taille de 10 à 10 millimètres; à 23% de 9 à
6 millimètres; à 25". de 6 à 4 millimètres, donc d'autant plus
petite que l'eau est plus chaude (-).
Dans ces divers cas de réduction de taille, on peut être trompé
et croire à des phénomènes de pédogenèse qui ne sont qu'appa-
rents, ces petits individus étant parfailement adultes.
Ces multiples conslatations ont été confirmées expériuientale-
ment chez Limnaea stagnalis, où il a été reconnu qu'en dessous
de 12° il n'y a pas de croissance, et qu'elle est faible de 12" à 15",
tandis que l'optimum est à 25" (^), conséquemment qu'à des
températures plus élevées la croissance se réduit de nouveau.
D'autre part, la constance d'une teuipérature régulière favo-
rise une croissance continue et par conséquent l'acquisition
d'une taille plus considérable, contrairement à une température
plus variable, même avec une période temporaire plus chaude.
C'est ainsi que les espèces marines septentrionales sont plus
petites vers la limite méridionale de leur aire de dispersion :
(c British shells into the Mediterranean diminish in size (*) » ;
Natica dansa possède dans les districts arctiques élevés, non
atteints par le Gulf Stream, une plus grande taille, et dans les
aires plus chaudes devient plus petit ou donne naissance à des
formes naines C") ; il ressort d'indications des ouvrages de
conchyliologie que bien des espèces se comportent de la même
(1) Regelsperger, Comptes rendus Assoc. franc. Avanc. Sci., session de La Ro-
chelle (1882), p. mo, 1883.
(2) Rajat et PÉJU, Relations entre les variations de forme et de taille des Mol-
lusques aquatiques et la température du milieu ambiant. (Comptes rendus Assoc.
FiiANç. Avanc. Sci., session de Lyon [dOO?], p. 563.)
(*) Semper, Die natiïrliche Existenzbedingungen der Thiere, Bil I, p. -133.
(*) Jeffreys, Remarks on Mr. M. Andrew' s « Note on the comparative size of
marine Mollusca in varions Latitudes of the Enropaean Seas ». (Ann. Mag. Nat.
HiST., 3e série, vol. V, 1860, p. 197.)
(■^) Odhner. Northern and arctic Invertebrata in the Collection of the swedisk Stnte
Mu.seum. VL Prosobranchia Semiproboscidea. (K. Svensk. Vetensk. Akad. Handl.,
Bd L, no .5, 1913, p. 22.)
— 517 —
façon : Venus verrucosa, plus grand en Grande-Bretagne qu'à
Gibraltar et surtout aux Canaries; Astarte sidcata, également
plus grand en Grande-Bretagne qu'à Gibraltar; Arca pectuncu-
loides (ou raridentata), plus grand en Norvège qu'aux Hébrides
et surtout à Gibraltar ; Scalaria tiirtonae, plus grand en Grande-
Bretagne que dans la Méditerranée ; Ti'oclius cinerarius, plus
grand en Norvège que partout plus au Sud.
14" Action sur la RAPn)iTÉ de la régénération. — a) La régé-
nération complète de l'épitbélium s'accomplit en 64 jours (ou
plus), chez les Hélix, en février, et en 29 jours en juin (^j.
b) La régénération de la coquille est plus lente à 15° qu'à 25°;
elle est plus rapide à 20° qu'à 15", mais beaucoup moins rapide
à 20° qu'à 25" {^).
c) Celle du stylet cristallin de Mija arenaria, plus rapide en
été qu'en hiver (^).
15° Action sur l'épaisseur de la coquille. — Pour les Hélix,
en général, et pour les Lencochroa, Xerop/iyla, etc., notam-
ment, les rayons solaires produisent une plus grande épaisseur
de la coquille, qui est d'autant plus épaisse que le climat est
plus sec (^), de sorte qu'il y a ici deux facteurs (chaleur et
sécheresse) qui agissent simultanément; au Maroc (Fez), la
coquille de //. pomatia est très épaisse, comparée à celle des
individus anglais (^) ; la coquille de Cerion glans est également
d'autant plus épaisse qu'il est plus exposé à la chaleur (^).
(*) Carrière, Studien ïiber die Regenerationserscheinungen bei Wirbellosen. I. Die
Régénération bei den Pulmonntm. VVûrzburg, 1880, p. 22.
(2) Desroche, Régénération de la coquille chez les Gastéropodes aquatiques. Paris,
1907, pp. 8 et 9.
(5) hDMONSON, The reformation of the crijstalline stijle in Mya arenaria after
ext> action. (Journ. exper. Zool., vol. XXX, 1920, p. 259.)
(*) VON Martens, in Albers, Die Heiiciden nach natiirlicher Verwandtschaft
sxjslematisch geordnet. Leipzig, 2^ édit., 1860, pp. 4 et 5.
(5) COOKE, MolluSCS. (LOC. CIT., p. 25.)
(6) Plate, Die Variabilitàt und die Artbildung nach dem Prinzip geographischer
Formenketten bei den Çerion-Landschnecken. (Loc. cit., p. 447.)
518
Pour les Pulmonés aquatiques, on peut citer l'exemple de
Pliijsa acuta : près d'Oppeln, dans un bras mort de l'Oder,
chauffé par l'eau de condensation d'usines et dont la température
ne descend jamais en plein hiver au-dessous de 5" C, la co(juille
y est grande et épaisse (^). On a d'ailleurs déjà mis en lumière
l'influence de la chaleur sur la sécrétion du calcaire en général ;
celle-ci augmente avec la température chez les animaux marins (^).
Mais comme pour la taille, l'excès de chaleur contrarie aussi
l'épaississement; par exemple Pliijsa acuta, var. tliermalis, de
Barbotan (31"), a la coquille très mince et fragile (^); Limnaca
stagnalis du réservoir condensateur de Gheadle, dont l'eau
atteignait SG^Q, était petite et inincc (^) ; la variété tliermalis de
L. auricularia, dans des sources de 29" à 37", a la coquille plus
petite et plus mince (^) ; et chez L. peregra, les variétés tlierma-
lis (sources chaudes) et ylaciatis (sources froides) sont également
minces et petites (^) ; c'est-à-dire qu'ici encore les extrêmes dans
les deux sens produisent un effet analogue.
16" Action sur la colleur. — La température, soit par suite
de la latitude, soit par suite de l'altidude, cause des variations
dans la pigmentation des Mollusques, aussi bien pour les
téguments proprement dits que' pour la coquille. D'une façon
générale, le froid contrarie le développement des pigments
colorés, surtout du rouge, et favorise soit le pâlissement, soit le
développement du pigment noir. C'est ainsi que :
a) D'une part, à propos des téguments des Pulmonés, Limax
cinereo-niger, race du Nord de L. maximns, est souvent tout
(1) BoETTGER, Beitràge zur Kenntniss der Molluskenfauna Schlesiens. (Loc. cit.,
1913)
(*) MuRRAY and Irvine, Proc. Roy. Soc. Edinburgh, vol. XVll, 1889, p. 79.
(3) DUPUY, Sur quelques Mollusques trouvés à Barbotan. (Journ. de Conch., t. V,
1877 [p. 7 du tirage à part].)
(*) Masefield, loc. cit. (Trans. North Staff. Nat. Field Club, d896.)
(5) Weber, Ueber BinvenmoUnskenans Ost-Turkestan, Kashmir und West-Tibet.
(ZooL. Jahr. [Syst.J, Bd XXIX, d9l0, pp. 302-303.)
(6) Taylob, Journ. of Conch., vol. VI, p. 284, et A Monograph, etc., vol. I, p. 76.
— 519 —
noir, tandis qu'en Italie l'espèce est brillamment colorée (^);
L. marginatus, dans le Nord, le Nord-Ouest de la Grande-
Bretagne et dans les montagnes, est plus sombre, perdant les
couleurs qui résultent d'une station plus chaude [~)\ L. agrestis
se montre plus foncé en automne qu'en été (^) ; de même, chez
Succinea putris, la saison froide fonce la couleur des tégu-
FiG. 270. — Limax (Amalia) gracilis :
I, individu élevé à une température
constante de 2S». vue dorsale ; II, indi-
vidu élevé à une température con-
stante de 10°, vue dorsale. — D'après
Babor.
ments (^) ; pour Arion ater comme pour Limax maximus, la
chaleur empêche le dépôt du pigment noir dont les basses
températures favorisent le développement (^) ; enfin, il a été
montré expérimentalement que Amalia gracilis, jaune-brun
clair par une température constante de 25", devient mélanique
par une température constante de 10° seulement (^') (fig. 270).
(1) Taylor, Journ. ofConch., vol. V, p. 300.
(-) Taylor, a Monograph, etc., vol. I, p. 320.
(3) Norman, fide Taylor, loc. cit., p. 329.
(*) RiEPER, Studien an Succinea. (Ann. Soc. Zool. et Malac. Belg., t. XLII,
4912, p. 157.)
(5) SiMrtOTH, Ueber die Abhàngigkheit der Sckneckenbiidimg vom Klima. (Biol.
Centrabl., BdXXI, 1901.)
(6) Babor, Doplnky k Znamostem o Ceskyon SUmacich. (Vestnik Krâl. Ceské
Spolecnosti Nauk, Trida math, prorodov., 1894, p. 16.)
— 520 —
b) D'autre part, pour la coquille elle-même, il est reconnu
que le froid peut la pâlir (\); Hélix nemoralis et //. hortensis
sont moins colorés en Suède et plus colorés dans le Sud de
l'Allemagne (^) ; et l'on a signalé plusieurs fois l'abondance
de formes albines après les étés froids, humides et peu
ensoleillés (^). Quant aux coquilles marines de la côte ouest
de l'Amérique du Sud, elles sont noires dans de nombreux
genres (^) ; or, on sait que jusque vers l'Equateur, la tem-
pérature superficielle de l'eau de mer y est de 2°, 3° et
même 4° inférieure à la moyenne générale pour les mêmes
latitudes ('').
Un fait bien connu aussi (et qui a été signalé par plusieurs
auteurs : Forbes, etc.) est que les Mollusques marins septen-
trionaux, à la limite méridionale de leur habitat ou dans les mers
peu profondes, varient et prennent des couleurs plus brillantes
que celles de la même espèce vivant plus au nord ou à de plus
grandes profondeurs.
il° Action sur la forme de la coquille. — On constate que,
sous l'influence du froid, la spire chez certaines espèces de
Pulmonés devient plus allongée {^) ; il a été signalé que H(dix
pomatia des montagnes d'Auvergne a la spire plus conique que
(') CouTAGNE, De la variabiliié de l'espèce chez, les Mollusques terrestres et d'eau
douce. iLoc. cit., 1883, p. 550.)
(2) Clessin, Ueber Mitsbildungen der MoUusken und ihrer Gehàuse. (22 Jahresbeu.
NAT. H!ST. Veu. Augsburg, 1873, pp. 42 et 43.)
(5) Hartmann, Erd- und Siissiuasser-Gasteropoden der Sclnveitz, 1844, p. xvii. —
Tayloh, a MonO(jraph, etc., vol. I, p. 92.
(■') Fischer, Remarques sur la coloration générale des coquilles de la côte occi-
dentale d'Amérique. (Journ. de Conch., t. XXIII, d875, pp. 105 à 112.)
(^) KOPPEN, Temjieraturanomalie der Meeresoberflactie. (Peterm. Mitth., 1898,
p. 258, pi. XIX.)
(6) Bourguignat. fide Thomas (qui confirme la chose), Forme ancestrale de /'Hélix
candida. (Bull. Soc. Scl NaxNCy, 2'= série, t. IX, 1887, p. 7.)
521
dans la plaine (^) ; et différentes autres constatations analogues
faites sur les hauteurs paraissent devoir être rapportées à
l'action de la basse température qui y règne (voir plus loin :
5. Altitude).
Enfin, les deux cas suivants sont encore des exemples de
l'action de la chaleur sur la forme (il s'agit de mares ou réser-
voirs d'eau maintenue à une température au-dessus de la
normale par l'arrivée d'eau de condensation des vapeurs d'une
machine) : dans un réservoir de ce genre, à Swansea, tous les
Planorbis marginatus avaient une tendance à prendre la forme
scalaroïde; et dans une semblable, mare de minoterie à Rochdale,
il v avait abondance de la même monstruosité dans les mêmes
conditions (^).
18° Action sur l'acquisition de l'incubation et de la viviparité.
— Les basses températures déterminent fréquemment l'incu-
bation et la viviparité; par exemple :
a) Dans les formes subpolaires, telles que Hemiartlirum
setulosiim parmi les Amphineures ; Modiolarca, Lasaea, Pseudo-
kdlija, Venericardia, Anatina elliptica et Adacnarca nilens
parmi les Lamellibranches (^).
b) Dans les formes abyssales, Pfiilohrija et Isoconclia parmi
les Lamellibranches (^); Limacina lidicoides parmi les « Ptéro-
(*) BouiLLET, Catalogue des espèces et variétés de Mollusques terrestres et fluviatiles
observés jusqu'à ce jour à l'état vivant dans la haute et la basse Auvergne. Clermont-
Fernint), 1836.
(2) Taylor, a Monograph, etc., vol. I, p. HT.
(3) Pelseneer, Mollusques (Amiphineures, Gastropodes et Lamellibranches) du
voijage du S. Y. Bclqica, 1903, p. 51.) — Burne, Analomy of the Peleci/poda. (Brit.
antarct. [Terra Nova] Exped , 1910, Nat. Hist. Rep., zool., vol. I, 1920, p. 255).
Le phénomène a été observé encore dans des Alcyonaires, Actinies, Éehinodermes,
Némertiens et Annélides subantarctiques.
(*) Pelseneer, Les Lamellibranches de l'Expédition duSiboga (partie analomique),
1911, p. 48.
>22
podes )) Thécosomes (^) ; Holomenia gravida parmi les Amplii-
neures (-).
c) De même dans des Gastropodes Pulmonés spéciaux aux
régions élevées où régnent également de basses températures
(formes « alpicoles ») ; par exemple llelix (Pyramidiila)
rupestris {^) (de 1,000 à :2,000 mètres); H. (Acanthinula)
lamellata JefFreys (ou H. Iiarpa Say) (jusqu'à 2,100 mètres) (^) ;
l'oviparité et la viviparité pouvant apparaître dans une même
espèce, suivant qu'elle habite la plaine (plus chaude) ou la
région montagneuse (plus froide) : Patula strigosa (ou coopcri),
vivipare sur les Montagnes Rocheuses, ovipare dans les États
de l'Est (^).
Parmi les divers phénomènes physiologiques rapportés ci-
dessus, il en est un certain nombre (notamment perte de poids
pendant le sommeil hibernal, pulsations du cœur, maturation
des œufs, éclosion de ces derniers, etc.) qui suivent avec une
approximation très notable la règle de Van 't Hoff, que l'élé-
vation de la température de 10" double ou triple la vitesse des
réactions {^) ; ce qui n'a rien d'étonnant, ces différents phéno-
mènes étant eux-mêmes d'ordre chimique (respiration, . oxy-
dation, assimilation, etc.) ou bien ayant un phénomène chimique
à leur origine.
(1) BoNNEViE, Pteropoda. (Rep. Sci. Results « Michael Sars » Expedit., vol. Ill,
part I, 1913, p. -13 [de 500 à 1,001) mètres].)
(2) Heath, The Solenogastres. (Mem. Mus. Compak. Zool., vol. XLV, 1911, p. 150
|418 mctresj.)
(5) Moquin-Tandon, Observations sur trois Gastéropoîes ovooivipires. (Joukn. de
CoNCH., t. IV, 1853, p. 226; confirmé par Weinland [1878] et par Collier [1889].)
(*) Morse, Observations on tke lerreslrial Pulmonifera oj Maine and Caialoyie
of ail tke species of terrestrialand fhiviatile Mollusca in the State. (Journ. Portland
Soc. NAT. HisT., vol. I, 1864.)
(S) PiLSBRY, tide Simroth, Mollîisca. (Bronn's Tierreich, Bd III, teil 3 [Pulmonés],
p. 637.)
(«) Van 't Hoff, Chemische Dynamik, p. 225.
5-23 —
3. — Lumière.
Elle a une influence manifeste sur plusieurs phénomènes et
notamment sur la production et la multiplication de certains
pigments (^).
1" Pigmentation par la lumière. — a) Dans Ostrea, en quinze
jours, l'épithélium du manteau et de la branchie se pigmente
quand la valve supérieure est enlevée (^).
b) Dans de nouibreux Lamellibranches, les parties qui
peuvent sortir de la coquille ou (|ui reçoivent plus facilement
les rayons lumineux quand la coquille est entr'ouverte (siphons,
bords du manteau, surtout postérieur dans les Monomyaires, et
même la partie postérieure de la branciiie) sont seules pigmen-
tées : Arcacés, Aviculacés, ainsi que la partie antérieure du pied
(celle seulement qui peut faire saillie hors de la coquille) :
Cardium, Cardita, certains Veneridae : Venus aijinis (^).
c) Les Pholas dacUjlus qui vivent dans les eaux peu profondes
et fortement éclairées sont beaucoup plus pigmentés (^).
d) L'expérience typique faite sur Lithodomus iitliopliagiis
(espèce perforante) le démontre à l'évidence; les individus pro-
fondément enfoncés dans la roche manquent de pigment, sauf
(*) Fausser {Ueber die Ahlagerung des Pigmentes bei Mytilus [Zeitschr. wiss.
ZooL., Bd LXV, 1896, p. 119J) n'admet cependant pas cette influence et attribue la
pigmentation à l'intluence de i'oxy,uètie et son progrès à la durée de l'aération.
(2) ScHiEDT, in Rydeu, Diffuse pigm'mtation of the epidermis of tlie Oijster due to
prolonged exposure to the Ught. (Puce. Acad. Nat. Sci. Philadelphia, 4892, p. 3o0.)
— ScHiEDT, Some phenomena of animal pigmentation. (Amer. Journ. Physiol., vol. X,
1904 : Ostrea ediilis et 0. virginiana.)
(3) PelseiNeer, Les Lamellibranckes de l'Expédition du Sibo ja (partie anatomique),
pi. XX, fig. 31.
(*) Dubois, Recherches sur la Pourpre et sur quelques autres pigments animaux.
(Arch. Zool. expér., 5e série, t. II, 1909, p. 567.)
au bord du siphon et à la pointe extrême du pied (fig. 271,1) ; un
individu exposé librement à la lumière, pendant presque un an,
a eu finalement les parties antérieure et postérieure fortement
pigmentées, ventralement et dorsalement (*) (fig. 271, II).
FiG. 271. — Lithodomus lithophagus , vu ventralement : I, indi-
vidu profondément enfoncé à l'intérieur de la roche et dont
seulement l'extrémité libre du pied et des siphons sont faible-
ment pigmentées; II, individu ayant été pendant près d'un
an exposé à la lumière et montrant la pigmentation intense de
tout le pied, du bord du manteau et des siphons, ad, adduc-
teurs; br, branchies; cq, coquille; p, pied; pa^ manteau;
«, siphons. — D'après List.
2° Dépigmentation par l'absence de limièp.e. — a) Petit
nombre ou même absence d'yeux palléaux au côté inférieur
du manteau des Pectinidae (pp. 282 et i5G).
h) Yeux branchiaux présents des deux côtés de la larve
errante de Mcleagrina margaritij'era et de Anomia ephippium,
mais perdus à droite chez l'adulte fixé sur ce côté ('-).
(') List, Ueber tien Einfluss des Lichtes. (Arch. Entwickl.-Mech., Bd VIII, 1899,
p. 631, pi. XVI, fig. 2.)
{') Pelseneer, Les yeux branchiaux des Lamellibranches. (Bull. Acad. Belg.,
1908, pp. 776 et 778) ; et Les Lainellibrancltes de l'Expédition du Siboga (partie
anatomique), p. 109.
525
(') Rudimentation et réduction plus ou moins complète des
yeux de formes abyssales : Guivillca, parmi les Gastropodes (^),
Cirrothauma (^) ; absence complète de ces organes dans de
nombreux Gastropodes (^) et Lamellibranches abyssaux : œil
branchial [Dacrijdiiim et Arca (^), Modiola arata ('')], ou yeux
palléaux [!)eaucoup de Amussium, Spondijlus gnssoiii {^),
Limopsis pelagica (")].
d) Réduction des yeux et dépigmentation dans des formes
souterraines : Plusieurs espèces des grottes de la Carniole sont
aveugles, notamment Zospeum spelaeiim et quelques autres
(voisins des Carijcfiium) et Hélix (Patuln, ou encore « Spelaeo-
vonclia » j hauffeni ( - ) ; Bijtlnnella (» Bythiospeum »j peUu-
cida des eaux souterraines du Wurtemberg est dans le même
cas {^). Parmi les Gastropodes vivant dans les grottes, il en est
dont les téguments sont plus pâles à l'intérieur des grottes qu'au
dehors, par exemple Valvata erythropoiyia {^^).
Le petit Pulmoné CaecUianeUa acicuia, qui vit à quelques
décimètres sous terre, est également aveugle.
(*) Pelseneer, Sur l'œil de quelques Mollusques Gastropodes. (Mém. Soc. belge
MiCROScop., t. XVI, 1891, pp. 68 et 69, fig. 4 [3,000 mètres].)
(2) Chun, Cirrothauma, ein blinde Cephalopod. Leipzig, 1910 (3,000 mètres).
(5) Pelseneer, Sur l'œil de quelques Mollusques Gastropodes. (Loc. cit., p. 68
[divers genres jusqu'à 4,000 mèlres; on peut y ajouter encore Bathysciadium
(1,557 mètres), Eulima stenostoma (jusqu'à 2,662 mètres), Pleurotoma nivalis
(jusqu'à 1,107 mètres), Bathiidoris, etc.].)
{*) Pelseneer, L'œil branchial des Lamellibranches. (Loc. cit., p. 776 [Dacrij-
diuvi .-jusqu'à 5,000 mètres].)
(^) Pelseneer, Les Lamellibranches de l'Expédition du Siboga (partie anatomique),
p. 16.
(•>) Pelseneer, Les yeux branchiaux des Lamellibranches . (Loc. cit., p. 776.)
Ç) Pelseneer, Contribution à l'étude des Lamellibranches. (Arch. de Biol., t. XI,
1891, p. 189 [3,.300 mètres].)
(8) Fischer, Manuel de Conchyliologie, p. 209.
(9) Wiedersheim, Beitrâge zur Kenntniss der Wiirttemberqische Hohlenfaima .
(Verh. Phvsik.-Medic. Gesellsch. Wûrzburg, N. F.. Bd IV, 1873, p. 220.) —
De Rougemont, Étude sur la faune des eaux privées de lumière, 1876 .'« aucun rudi-
ment de point oculaire »).
(10) Hauffen, Verh. Zool.-Bot. Gesellsch. Wien, Bd VI, 1856 (Carniole).
— 5:16 —
e) Dépigmentation d'autres formes vivant à l'abri de la
lumière : Les MijtUus « (jalioprovincialis » (edidis) vivant dans
les bassins des caves obscures (aquarium de Naples) n'ont que
peu ou pas de pigment, et il en est de même pour les M. mini-
miis établis dans les canalisations d'eau de mer de l'aquarium :
ils sont presque absolument incolores (^); M. (jalioprovincialis,
dans les grottes obscures, est pâle ou incolore (-), tout comme
M. miniinus et Oslrea [^) ; dans l'Océan (Manche), Mytilus
ediiiis (l'orme galloprovincialis), vivant sous les pierres, est
également plus pâle : sa coquille est ambrée et l'animal peu
coloré (le pied, etc., reste incolore ou très peu pigmenté :
observations personnelles).
/') Action de la lumière particulièrement sur la couleur de la
coquille : L'exemple de Hclix nemoralis permet de l'apprécier ;
les individus qui sont couramment exposés à la lumière n'ont
pas la coquille incolore, à bandes transparentes et à péristome
blanc, que possèdent les exemplaires habitant les endroits
humides non ensoleillés [^) ; le développement de la couleur et
du dessin y est en relation avec la force et la durée de l'éclai-
rage; dans les endroits toujours à l'abri de la lumière du jour,
il y a plus d'individus sans bandes (^). De même, dans Hélix
austriaca, les individus à bandes colorées fortement marquées
se trouvent dans les endroits fort éclairés (*^).
(*) List, Veber dcn Einflms des IJchtes. (Loc. cit., pp. 627); et Die Myliliden.
(Fauna und Flora Golf. Neapel, S?*" monogr., 1902, p. 151.)
(2) List, Veber den Einllvss des Lichtes. (Loc. cit., p. 621.)
(5) LisT, Die Myliliden. (Loc. cit., p. 27 [« der Licht auf die Farbung der Kalk-
schale von Mytilus minimus einer deutlichen Einfluss ausùbt »].)
(*) Clessin, Ueber den Einfluss der Vmgelmng auf die Gehduse der Mollusken.
(.Iahresh. Ver. f. Vaterl. Naturk. Wurttemberg, 1897, p. 76.)
(S) Hensgen, IHomelrisclie Unlersuclinngen ïtber die Spielarten von Hélix nemo-
ralis. (BiOMETiiiCA, voL I, 1902, pp. 468 et suiv.)
(•>) Kl'Delin, Earbenvariation der Schnecke Hélix vindobonensis Fér. {= austriaca
Miihlf.), gescimmelt in der Vmgebiing der Stadt NicoUijev, Gouvernement Clierson.
(ZooL. Anz., Bd XLIII, 1914, p. 416.)
— 527 —
Ancfjlus jUivialilis, trouvé vivant dans un aqueduc en pierre,
avait sa coquille parfaitement blanche (^). D'une façon générale,
dans les Mollusques des conduites d'eau, en l'absence de lumière,
les coquilles sont plus faiblement colorées (^).
Des Molliis([ues uiarins, vivant à l'intérieur d'Épongés, ont
fréquemment des coquilles alhines (^).
Les Lamellibranches marins abyssaux ont une tendance à
avoir des coquilles sans couleur, en rapport avec l'absence de
lumière (^).
De même, les Limnées abyssales du lac Léman, comparées
aux individus littoraux de la même espèce, montrent le phé-
nomène de décoloration et leurs coquilles sont très pâles,
manquant de pigment et presque transparentes (■'). Les Vat-
vata et Pisidium des régions profondes du lac Biwa (Japon)
(jusqu'à 173 mètres) sont caractérisés non seulement par
leur petite taille et leur fragilité, mais encore par leur pâle
couleur (°)
g) Pigmentation différente des parties inégalement exposées
à la lumière : a. Dans les Cavolinia (Ihjalaea), on observe une
coloration plus grande des téguments et de la coquille, à la face
morphologiquement inférieure, mais tournée en haut, vers la
lumière, dans la natation C^).
(1) Hardy, Journ. ofConch., vol. XI, 1906, p. 273.
(2) LocARD, Les Mollusques des conduites d'eaux potables de Paris. (Rev. Sci.,
vol. IJI, 189;i)
(3) MonterOsato, Notizie intorno ad alcune conchiglie délia Costa d'Africa.
(BoLL. Soc. Malacol. Ital., t. V, d879, p. 214.)
(*) Smith, Report on the Lamellibranchiata. (Zool. Challenger. Expedit.,
part XXXV, 1885, p. 5.)
(S) RoszKOWSKY, Contributions à l'étude des Limnées du lac Léman. (Rev. suisse
DE Zool., t. XXII, 1914, pp. 510 et 519.)
C) Annandale, The Mollusca of Lake Biwa, Japan. (Mem. Asiat. Soc. Bengale,
vol. VI, 1916, p. 71.)
(^) SouLEYET, Zoologie du voyage de la « Bonite », t. II, 1852, p. 136.
— 528 —
[i. Dans la coquille des Jauthina (Gastropode pélai^ique), la
« base )) du dernier tour, dirigée en haut dans la natation, est
intensément colorée en bleu-violet, tandis que l'autre face, diri-
gée vers la profondeur, est blanche.
y, La coquille de presque tous les Pectinidae et des formes
voisines a la valve inférieure (droite) incolore ou peu colorée
(phénomène du « pleuronectisme ») ; le plus bel exemple en
est Amiissium pleuronectes, bien connu des collectionneurs, et
dont la valve inférieure est absolument blanche; mais ce n'est
nullement un cas isolé; .4. japonicum, dont la valve supérieure
est rouge, possède une valve inférieure d'un blanc pur (^) ;
Pecteu irradians, à Tampa, dont la valve supérieure est sombre
et brune, a par contre la valve inférieure variant du blanc au
jaune clair ou saumon clair (^), et ailleurs, généralement moins
pigmentée, à peu près ou tout à fait blanche (^). Chez Pecten
opcrcidaris, la valve supérieure est plus colorée que l'autre, qui
est toujours claire, parfois blanche ; mais la coloration de la
valve supérieure est plus claire dans les individus de la profon-
deur (^) ; Pecten iindulatus, dont la valve supérieure est pour-
prée, a la valve droite (inférieure) presque toujours blanche (ou
(*) Jackson, PInjlogemj of the Pelecypoda; ihe Aviculacea and their Allies. (Mem.
Boston Soc. Nat. Hist., vol. IV, 1890, p. 347 [ces deux espèces de Amiissium sont
littorales : les formes abyssales de ce genre ont leur deux valves incolores ou de
teinte « cornée » claire].)
{') .Davenport, Science, 1901, 30 août; et Comparison of some Pectens from ihe
Easi and West Coasls of the United States. (Mark Anmversarv Vol., 1903, p. 124.)
('') Jackson, loc. cit., p. 347. (a This différence bears a direct relation in the
amount of liglit to which the two valves are exposed ») : le fait est d'autant plus
intéressant que chez les très jeunes spécimens, non encore fixés, les deux valves
sont e'^a/en/CH^ jaune-brun clair, [Ibid., p. 344.)
(*) LocARD, Mollusques testacés et Brachiopodes. Résultats scientifiques de la cam-
pagne du « Caudan », fasc. 1. (Ann. Univ. Lyon, 1896, p. 208.) — Davenport,
Quantitative Studies in the Evolution of Pecten. Comparison of Pecten operculaiis
from three localities of British Mes. (Proc. Amer. Acad. Arts and Sci., vol. XXXIX.
1903, p. 137 [la chose est déjà sensible à une profondeur de 70 mètres : Eddy-
stone].)
— 5-20 —
quelquefois rosée) (^). Il en est chez les Spondylus comme dans
les Pectinidfie, les tbinics côtières ont la valve supérieure beau-
coup plus colorée que l'inférieure; mais sur les espèces abys-
sales exemple : S. c/ussoni), les deux valves sont également
incolores (^), comme pour les Amussium ci-dessus.
3" Action SUR LE DÉVELOPPEMENT. A. Développement ontogé-
nétique. — a) Ponle : Limuaea columella pond deux fois plus
d'œuls à la lumière que dans l'obscurité (^) ; les Limnées du lac
Léman déposent des pontes avec un plus petit nombre d'œufs
dans les régions profondes (et obscures) que dans les conditions
littorales (^j.
h) Durée du développement : Limuaea stagnalis éclôt plus
vite à la lumière que dans l'obscurité (^) ; il en est de njême chez
plusieurs Nudibranches pour lesquels l'essai a été fait (observa-
tions personnelles : pontes malheureusement indéterminées).
B. Développement régénératif. — L'obscurité complète,
toutes les autres conditions restant égales, cause un très léger
retard dans la régénération de l'œil, comparativement à la
lumière complète [Purpura lapillus) (*").
(1) Smith, Report on tke Lamellibranchiata. (Zooi>. Challenger Expedit.,
part XXXV, 1885, p. ^299.)
(') Fischer, Manuel de Conchyliologie, p. 939.
(3) Coi.TON, Some E/fects of Environment on the Groivlh of Lymnaea columella.
(Proc. Acad. Nat. Sci. Phii.adelphia, 1908, p. 445.)
(^) RoszKOWSKY, Contribution à l'étude des Limnées du lac Léman. (Loc. cit.,
p. 507.)
(S) YuNG, Contribution à l'histoire de l'influence des milieux physiques sur les
êtres vivants. (AiiCH. Zool. expér., 1'« série, t. VII, 1876, pp. 281 et 282 [27 jours
au lieu de 33J.) — De son côté, pour Planorbis carinatus, Driesch rapporte som-
mairement que la lumière est snns action sur la segmentation et le développement
ultérieur : Entwicklunqsmcchanische Studien. II. Ueher die Beziehungen des Lichtes
zur ersten Etappe des tliierischen Formbildungen. (Zeitschr. wiss. Zool., Bd LUI,
1891, p. 180.)
(•) Pei.seneer, Quelques observations sur la régénération chez les Gastéropodes et
les Turbellariés. (IX* Congrès intern. de Zool. [Monaco, 1913], p. 173, 1914.)
34
— 330 —
4° Quant à l'action des lumières simples colorées, il a été
reconnu chez Limnaea stagnalis, que le violet et le bleu activent
le développement, que le rouge et le vert sont nuisibles (^) ; et
chez Sepia et Loligo, que le bleu et le violet accélèrent l'évolu-
tion, que le rouge la retarde, et que le vert l'arrête (^). D'autre
part, pour Eiifsia viridis, le développement s'achève plus vite
dans le violet ou le rouge que dans toute autre couleur, même
qu'à la lumière blanche (■^).
Ces constatations (et notamment le fait que le violet est très
. généralement la couleur la plus favorable) sont en contradiction
avec l'opinion parfois exprimée, que le maximum d'activité pour
les végétaux est dans le violet, tandis que pour la plupart, sinon
la généralité des animaux, ce maximum serait dans le jaune-vert.
Chez Pliolas dactyius, l'amplitude des contractions des
siphons va en diminuant du blanc au vert, jaune, bleu, rouge;
leur rapidité est de plus en plus grande du violet au rouge, bleu,
vert, jaune et blanc; enfin leur durée est de moins en moins
longue dans le vert, jaune, bleu, rouge (^).
Dans Ostrea edulis et 0. vlrginïana, la lumière rouge seule
ne favorise pas la pigmentation des parties exposéesdu corps (^).
(*) YuNG, Contribution à l'histoire de l'influence des ynili eux physiques sur les êtres
vivants. (Loc. cit , pp*. 273, 274 et 281 [dans le violet : 17 jours; dans le bleu : 19;
dans le jaune : 25; dans le blanc : 27; dans le rouge : 36; dans le vert : dévelop-
pement arrêté].) — Yung, Comptes rendus Acad. Sci. Paris, t. LXVIi, 1878, p. 998.
(2) Yung, De l'influence des lumières colorées sur le dévloppement des animaux.
(Comptes rendus Acad. Sci. Paris, t. XCl, 1880, p. 440.)
(^) Pelseneer, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Loc. cit., p. 127.) —
LoEB affirme que les expériences où l'on arrête la lumière, gênent l'arrivée de
l'oxygène. (]ai dynamique des phénomènes de la vie, Irad. Daudin et Schaeffer.
Paris, 1908, p. 210.) — Pour ce qui concerne mes expériences, je puis affirmer qu'il
n'en est pas ainsi, et qu'à chaque fois, dos essais témoins étaient faits simultané-
ment, oîi, toutes les autres conditions étant égales, les œufs étaient, d'une part,
exposées à la lumière blanche et, d'autre part, à l'obscurité ou à l'une des lumières
colorées susdites, et cela sans qu'un trouble quelconque advint dans le récipient
soumis à la lumière blanclie.
(*) Dubois, Sur l'action des agents modificateurs de la conlractio?i photo'lermatique
chez, le Pholas dactyius. (Comptes rendus Acad. Sci. Paris, t. GIX, 1889, p. 322.
(^) ScHiEDT, Some phenomena of animal pigmentation. (Loc. cit., 1904.)
— 531 —
Des Hélix aspersa éclos normalement, puis élevés dans les
lumières monochromaticjiies (bleu, rouge, verte, jaune) pendant
plus de trois mois, ont montré leur pigment tégumentaire déve-
loppé, mais une coquille demeurée sans pigment (des témoins
élevés à la lumière blanche, avec la même nourriture, ont eu la
coquille normalement pigmentée; la lumière blanche est donc
indispensable pour l'apparition de ce pigment coquillier) (^).
Quant à l'action des rayons ultra-violets, elle a seulement été
examinée sommairement sur des embryons de Limnaea, où il a
été reconnu que la lumière du magnésium (particulièrement
riche en ces rayons) piodnit un effet funeste : excitation suivie
de paralysie et de mort (^j. Chez les Céphalopodes (Octopus
vulgaris), l'influence des lumières colorées sur le rythme respi-
ratoire va en décroissant du violet au rouge (^).
5° Action sur les mouvements de déplacement. — a) Sont posi-
tivement phototropiques (ou leucophiles) : les larves de Isclino-
ciiiton magdalenensis (^) ; CItilon marginatus adulte (■*) ; la plu-
part des larves de Gastropodes marins : Nassu reticiilata,
(1) SIoYNiER DE ViLLEPOix, Rechenhes sur la formation et l'accroissement de la
coquille des Mollusques. (JouiiN. de l'Anat. et Physiol., t. XXVIII, 1892, p. 8:^.) —
LoEB {La dynamique des phénomènes de la vie, édition fi'anç., 1908, p. 210) affirme
que la lumière est sans intluencc sur le développement (bien qu'il en ait observé
une chez Eudendrium) et que les expériences oii l'on arrête de la lumière gênent
en même temps l'arrivée de l'oxygène. ~ Pour ce qui concerne mes expériences
ci-dessus, je puis affirmer qu'il n'en est pas ainsi et qu'à cliaque fois, comme dans
les expériences de Moynier, des essais témoins étaient faits simultanément, où,
toutes les autres conditions étant égales, les œufs exposés à la lumière blanche se
sont développés comme normalement.
(2) IIertel, (Jeber BeeinfUlssuny des Organismus dnrch Licht, speciell durch
die cliemische wirksamen Strahlen.-Vergleichend-Physiologisclie Vnlersuchuy^gen.
(Zeitschk. Allg. Physioe., Bd IV, 4904.)
(5) Polimanti, Sur le sens chromatique de Octopus vulgaris recherché au moyen de
réactions dans le rythme respiratoire. !Arch. ital. Biol., t. LXIV, 1913.)
(*) Heath, The Development of Isclmochiton. (ZooL. Jahrb. [Anat. and Ontog.],
Bd XII, 4899, p. 627.)
(^) Willem, Contributions à l'étude physiologique des organes des sens ctiez les
Mollusques. I. La vision chez les Gastéropodes Pulmonés. (Arch. de Biol., t. XII,
1892, p. 34.)
— 53-2 —
Littorina littorea, divers Nudibranches (^), Capulus liunga'
ricus (^) et Purpura lapilliis à l'éclosion (^).
Rissoa octona (photophile, se dirigeant spécialement vers le
bleu, même quand l'intensité lumineuse y est moindre que dans
le rouge) (^) ; Nassa obsoleta (^) \Hij(dinia cristallina et quelques
autres Pulmonés terrestres ('') ; les Hélix en général (sauf
H. aspersa), Siiccmea, Limnaea stagnalis (").
h) Sont photophohes, ou négativement phototropiques : un
assez grand nombre de Gastropodes marins, pour lesquels d'an-
ciennes observations montrent qu'ils fuient la grande lumièi'e,
sans qu'il ait été fait d'expériences très précises à leur sujet ; tels
sont les Parmopliorus (P. corrugaliis), Phasitmella, Sigaretus
(S. tonganus), Cijpraea, Crepidula, etc. ; la chose a été constatée
plus formellement chez les adultes de Littorina rudis (®j, de
L. exigua (^) et de L. littorea (^"); ce phototropisme négatif des
Littorina a été confirmé pour L. l'iidis, avec cette réserve toule-
fois que le signe du phototropisme peut y changer (comme pour
d'autres tropismes, par exemple : géotactisme\ sous l'influence
(') Pelseneer, Recherches sur l'embryologie des Gash'opodes. (I.oc. cit.. p. 127.)
(2) Odhner, Beitrage zur Kenntniss der marinen Molluskenfauna von Rovigno in
Istria. (ZooL. Anz., Bd XLIV, d914.)
p) Pelseneer, lac. cit., p. 127.
(■*) Graber, Ueber die Helligkeits- und Farbenempfindlichkeit einiger Meerthiere.
(Sitzungsber. K. Akad. Wiss. Wien, [Abth. I], iSSr,, pp. 14o et 146.)
(S) DiMON. The Mud Snail : Nassa obsoleta, Cold Spring Harbor Monograpbs.
(Brooklyn ïnst. Arts and Scl, 1905, p|). 13, 15 et 17.)
('') Bolllnger, Zur Gastropodenfaima von Basel und Umgebung. Bâle, 1909, p. 45.
C) Willem, loc. cit., y. 34. — Collier, Journ. of Conch., vol. XiV, 1913, p. 118
(<i Hélix nemoralis, while avoiding ihe direct rays of the siin, are light-loving
créatures »;. — Baunacke, Studien zur Fragc der Statocystenfunktion. (Biol. Cen-
TRALBL., Bd XXXIII, 1913, p. 441 [Hélix pomatia et H. nemoralis ne laissent pas
voir d'héliotaclisme négatif].)
(8) Driesch, Heliotrojdsmiis bei Hi/ilroidpoliipen. (Zool. Jahrb. [Syst.], Bd V,
1890, p. 155 [cette espèce éviterait seulement les rayons bleus\.)
(9) WiTSUKiJRi, Négative Phototaxis and olher Properties of Littorina as Factors in
Determining its Habitat. (Annot. Zool. Japon, vol. IV, 1901, p. 16.)
(10) Kanda, siudies on ttie Geotropismus of the Marine Snail Littorina littorea.
(Biol. Bull., vol. XXX, 1916, p. 82.) (Haseman estime toutefois que L. littorea n'est
pas phototactique : Ibid., vol. XXXI, 1917.)
d'un changement dans un autre facteur : ainsi le phototropisme
négatif de L. radis (à l'état de déshydratation) devient positif à
l'état d'hydratation (*) ; Odostomia rissoides (p. 282) ; Melam-
pus lineatus (^) ; Planorbis (plusieurs espèces : corncus, etc.) (^)\
Linmaea elodcs, P/iysa primeana et P. gyrina (^), Succinea
putris, nouveau-nés (observations personnelles) ; Arion hortensis
et Limax agrestis (^) ; Polygijra albolabris (*^) ; Limax maximus
l'est négativement dans une lumière violente, positivement dans
une lumière faible (^).
Chez les Scaphopodes, Dcntalium entale est également
photophobe (-), et parmi les Lamellibranches, le sont aussi
Kellya suborbicularis et Modiolaria marmorala (^).
6° Action sur les Chromatopiiokes. — Chez Loligo pealel, les
chromatophores s'étendent et la coloration paraît plus foncée
dans l'obscurité (nuit) (^-').
7° Action suk la taille. — Il a été constaté que pour Clau-
silia bideutata, la taille est plus petite où l'ombre est plus
dense, et plus grande où l'ombre est modérée (^^).
(1) BoHN, Attractions et oscillations des animaux marins sous l'influence de la
lumière. (Mém. Inst. gén. Psychol., t. I, 4905.)
(2) DiMON, The Mud Snail. (Loc. cit., p. 20.)
(5) Willem, loc. cit., p. 34.
(*) Walter, The Behavior of the Pond Snail, Lymnaeus elodes Sny, Cold Spriny
Harbor Monographs. (Brooklyn Inst. Arts and Scl, 1906, p. 24.) — Kanda, The
Gcotropism of Fresinvater Snails. (BioL. Bull., vol. XXX, 1916, p. 96.)
(3) Baunacke, loc. cit., p. 436.
|6) Simpson, loc. oit , 1901, f). 278.
(^) Frandsen, Studies on the Reactions of Limax maximus to directive stimuli.
(Proc. Acad. Arts and Scl Boston, vol. XXXVII, 1901.)
(8) Lacaze-Duthiers, Histoire de l'organisation et du développement du Dentale.
(Ann. Scl nat. [Zool.], 4e série, t. VIII, 1857, p. 23.)
(3j Pelseneer, Mollusques (Amnhineures, Gastropodes et Lamellibranches) du
voyage du S. Y. Belgica, 1903, p. 44.
(*») Verrill, Nocturnal and diurnal changes in the colours of certain fishes and
of the Squid (Loligo) wiih notes on their spleening habits. (Amer. Journ. of Scl,
vol. III, 1897, p. 135 [par contre, chez des Crustacés comme Hippolyte, les chromo-
blastes montrent une rétraction nocturne, d'après Gamble et Keeble).]
(") Boycott, Observations on the local variations of Clausilia bidentata. (Journ.
OF CoNCH., vol. XVI, 1919, p. 21.)
584
4. — Humidité et sécheresse.
1'' Action sur la respiration et sur la résistance a la vie
ANinuRORiOTiQUE. — Cl) Aclioii de la vie aquatique (humidité) :
Il est divers Pulmonés basommatophores qui, vivant loin de la
surface de l'eau, ont perdu la respiration aérienne et adopté la
respiration aquatique, en remplissant d'eau leur cavité pulmo-
naire (plusieurs Limnaca, voir I"' partie, p. "211) ; dans différents
genres voisins, cette réadaptation à la vie aquatique a été suivie
de l'acquisition d'une branchie de néo-formation, non homo-
logue au cténidiuin perdu par les Pulmonés : Planorbis, Ancij-
lus, Biilimis, Miratesta, Siplionaria i la branchie des quatre
premiers (extra pulmonaire) étant mèuie différente de celle du
dernier (intrapulmonaire)] (^).
b) Action de la vie aérienne (sécheresse) : Inversement,
certains Streptoneures « Prosobranclies » ont perdu la respi-
ration aquatique et en même temps la branchie cténidiale qui en
était l'organe; leur cavité branchiale s'est ainsi transformée en
ce poumon », comme chez les Euthyneures Pulmonés; exemples :
les Cyclostoma, Cycloplioims, Helicina, etc. L'obsei'vation
montre dans la nature actuelle des formes voisines vivant plus
ou moins complètement hors de l'eau et dont l'appareil branchial
présente une réduction au même une rudimentalion considé-
rable : divers Littorina, Ci'emjwconchus, Ccritliidea, etc. (^).
Les Littorina, chez lesquels la branchie est le moins dégradée,
sont aussi ceux qui s'écartent le moins du niveau de la haute
mer : L. neintoides, à Raguse, est la plus grande partie de
l'année hors de l'eau, jusqu'à ^^ mètres au-dessus de la mer;
L. arhoricola Smith se trouve à Ceylan, à 180 mètres du port
de Trincomalee, jamais dans l'eau; />. muricata vit à la
(*) et (^) Pei.seneer, Prosobranches aériens et Pulmonés brànchifères . (Akch. de
BiOL., t. XIV, 1895.)
Jamaïque, au sommet des falaises, parmi les herbes (^).
L. rudis a été rencontré jus([u'à 150 mètres au-dessus du
niveau de la mer, sur des rochers (SainL-Kilda, Ecosse) (^) ;
cette espèce peut d'ailleurs se garder facilement pendant une
année à sec; des observations sur sa vie extra-aquatique et
sa résistance à l'absence d'humidité ont été faites en bien des
endroits (^).
Parmi les Neiitina (zoologiquement voisins des « Proso-
branches » Pulmonés : Hclicina), il en est (sous-genre Nerito-
dryas, tels que N. cornea, etc.) qui vivent toujours hors de
l'eau (^), souvent à plusieurs centaines de mètres (jusqu'à un
quart de mille) du rivage ('').
Il a été reconnu expérimentalement que, parmi ces formes
vivant plus ou moins longtemps hors de l'eau, les individus qui
résistent le plus longuement à la dessiccation sont ceux qui ont
une station plus élevée au-dessus du niveau de la mer : les
Purpura lapillus de la zone supralittorale résistent à 8 jours de
sécheresse, dans la proportion de ^3 °l^, tandis que ceux de la
zone infralittorale ne le font que pour 3%; de môme, chez
Littoiiiia rudis, les individus supralittoraux résistent à une
sécheresse de 2*2 ^^ jours, dans la proportion de 80 %»
contrairement à ceux de la zone semicotidale qui ne le font que
pour 40°/o (6).
Quant aux Pulmonés slylommatophores, on sait depuis bien
longtemps que la sécheresse les rend presque tous inactifs et
(1) CooKE, Molluscs. (Cambridge Natural ïIistory, vol. III, p. 20.)
(2) Dacie, Journ. ofConch., vol. XV, 1917, p. 179.
(5) Par exemple, par Herdman, Proc. and Trans. Liverpool Biol. Soc, vol. IV,
iS'JO, p 30.
(■*) Semper, Die naturliche Existenx-bedingungen der Thiere, Bd I, p. 230.
(S) Fischer, Manuel de Conchyliologie, p. 802.
(") Golgan, Notes on the adaptability of certain litlorml Mollusca. (Irish Natu-
RALiST, July 1910, p. 130 [il est reconnu en même temps (p. 131) que les Purpura
et Litlorina des niveaux élevés résistent mieux à l'eau douce que ceux des niveaux
inférieurs].)
— 536 —
détermine leur rétraction dans la coquille; si même une
démonstration expérimentale en était nécessaire, elle a été faite
pour Polijgijra thyroïdes et P. ])alliata (^). Mais leur résistance
à la dessiccation est souvent très grande et bien des exemples en
ont été cités qui ont repris une vie active après une ou plusieurs
ani:ées. C'est naturellement parmi les formes xérophiles (habi-
tant les dunes, pampas, déserts, etc.) que se trouvent ceux qui
résistent le mieux et font preuve de la plus grande vitalité ; il
en est (jui peuvent ainsi passer en état de léthargie trois ans et
plus (^). Parmi les espèces de nos régions, Pupa qidnqucdentata,
aux environs de jNarbonne, a pu être conservé à sec et sans
aucune nourriture, pendant un peu plus de quatre années (^).
D'autre part, llelix veatc/iii et Bnliminus pallidior (de l'île
Cerros, basse Californie) ont été impunément maintenus à sec
et sans nourriture durant six ans (^) ; c'est la durée maxinmm
que l'on connaisse; or, ce sont des Pulmonés de pays très secs
(désertiques), connue aussi Hclix lactea, H. desertorum,
H. caesareana, etc., dont la grande résistance est également
bien connue (^) ; leur régime normal les a rendus plus aptes à
résister à l'anhydrobiose.
(') Shei.ford, Tlie reactions of certain animais to gradients oj évapora ting power
of air. A stuiy in expérimental ecoloyy. (Biol. Bull. [Woods Hole], vol. XXV,
1913, p. 93.)
(2) Strobel, Saggio sui rapporti existenti fra la natura del suole e la distri-
huuone dei Molluschi terrestri e d'arqiia dolce. (Atïi Soc. ital. Scl, t. XIX, 1876,
p. 30.)
(5) Sarrat, fide Moquin-Tandon, loc. cit., t. I, p. 60.
(*) Stearns, On the vitality of certain land Mollusks. (Proc. Californ. Acad. Scl,
vol. VI, 1876, p. 185.)
(^) Gaskoin, Ann. Mag. Nat. Hist , 2« série, vol. IX, p. 495 : Hélix lactea, plus
de 4 ans. — Aucapitalnh:. Suspension de la vie de THelix lactea, Millier, du Sahara
algérien. (Rev. Mag. Zool., t. XVII, 1865, p. 212 : 4 ans.) — S. P. VVoodward,
Tenacity of Life in Snails. (Ibid., 3<^ série, vol. III, 1859 : H. desertorum, près de
5 ans.) — Von Martens, Veber das Wiederaa/Jeben von Landschnecken. (Sitzung-
SBER. Gesellsch. Naturforsch. Fr. Berlin, 1889, p. 159 : //. caesareana, 4 ans.)
— Darbishire, Journ. of Conch., vol. VI, 1889, p. 101 : H. aperta, 3 '/» ans.
— 537 ~
2" Action sur. la croissance et la taille. — L'iiuinidité est la
contlilion favorable et nécessaire à Tactivité et à la croissance
des Mollusques aériens. La croissance de Hélix nemoralis et de
//. aspersa est de près de 10 millimètres en quinze jours, en
temps chaud et humide (^) ; //. aspersa a même grandi de 3 cen-
timètres pendant la première quinzaine d'avril, par temps
humide (^).
Il a été reconnu, d'autre part, que les années sèches exercent
une influence défavorable sur la taille de diverses espèces de
Pulmonés, qui présentent alors le « mode » praematiirus, c'est-
à-dire qui, avec les caractères de l'adulte, ont ^2' 1, - ou même
3 tours de spire de moins (^) ; Pleurudonta acuto-goniasmos de
la Jamaïque a montré aussi une taille plus grande dans les
vallées humides que sur les montagnes sèches (^). C'est la con-
séquence naturelle de l'interruption de l'activité vitale et de la
croissance pendant les périodes de sécheresse. Voici d'ailleurs
encore une preuve que la sécheresse contrarie la croissance et
que l'humidité la favorise : l'été de 1858 fut très sec (spéciale-
ment dans le Sud de la France) ; les jeunes Hélix de l'année
étaient encore très petits en août ; puis à la fin d'août survinrent
des pluies abondantes, les jeunes Hélix variabilis, pisana,
aspersa, etc., mangèrent sans arrêt et grandirent de 1 centi-
mètre en quatre à cinq jours (^).
(^) LocARD, L'influence des milieux sur le développement des Mollusques. (Loc.
CIT., p. 80.)
(2) Cailuaud, Des monstruosités chez divers Mollusques. (Ann. Soc. Acad. Nantes,
t. XXXI. [4860], p. 6, 1862.)
(3) CouTAGNE, De la variabilité de l'espèce chez les Mollusques terrestres et d'eau
douce. (Comptes rendus Assoc. franc. Avanc. Sci., session de La Rochelle [i882J,
p. 540, 1883.) — La même constatation a été laite par le même auteur, notamment
pour Hélix striata. [Recherches sur le polymorphisme des Mollusques de France.
[Loc. CIT., 1895, p. 54].)
(*) Brown, Variation in some JamoLican shells o/Pleurodonta. (Proc. Acâd. Nat.
Sci. Philadei.phia, vol. LXIII, 1911, p. 162.)
(5) T. Scott, Journ. ofConch., 1887, p. 230.
— 538 —
Il est des observations en apparence contradictoires avec ce
qui vient d'être rapporté (^) ; elles sont dues à ce qu'on a
attribué à la sécheresse, une taille considérable due à une tem-
pérature moyenne plus élevée, cause d'une période d'activité
vitale et d'une croissance prolongée (voir plus haut : Action de
la température sur la taille)
3" Action sur la couleur. — a) Couleur de la coquille : 11 est
difficile d'établir ici le départ exact entre le rayonnement solaire
et la sécheresse; toujours est-il qu'il a été maintes fois observé
qu'une plus grande humidité rend les coquilles des Hélix plus
sombres, et que les rayons du soleil produisent à la fois une
plus grande épaisseur et une plus grande blancheur de la
coquille (^) ; par l'action de l'bumidité, Hélix arbustorum,
IL circinata et Succinea pfeifjeri sont plus sombres que de
coutume (^) ; Hélix nemoralis présente aussi une couleur plus
sombre dans les régions humides (^).
D'autre part, il a été constaté maintes fois que les coquilles
désertiques sont peu colorées et perdent leurs bandes; notam-
ment les spécimens désertiques d'espèces à distribution géogra-
phique étendue tendent à perdre toute trace de bandes colorées :
Hélix pomatia, H. niciensis, //. pisana, Lencoeliroa candidis-
(*) Plate, Die Variabilitàl und die Arllddung nacli dem Prinzip geagraphischcr
Formenketten bei den Cerion Landschnecken der Bahama-Inseln. (Loc. cit., p. 456 :
les Cerion les plus petits sont à l'Est, où il y a plus d'humidité; mais l'auteur
lui-même fait allusion à la température : p. 447.) — Les Cocidostyla ovoiden des
Philippines sont d'une plus grande taille près des rivages que dans l'intérieur
(QuADRAS, fide Sumner, The varietal Tree of a philippine pidmonate [Trans.
New-York Acad. .'■cl, vol. XV, 1896, p. 140|) : peut-être est-ce dû à l'humidité du
climat marin ; mais l'auteur ne donne aucune indication sur l'humidité relative des
différentes stations.
(2) Von Martens, in Ai.bers, Die Heliceen, 2^ édit., 1860, pp. 4- et 5.
(î) Leydig, Die llnutdecke viid Schaaie der Gaslropoden. (Archiv f. Naturgesch.,
Jahrg. LXII, 1876, p. &! du lir;ige à part.)
(•') i.EYDiG, Ueber Verbreitung der Thiere im Rliongebirge und Mainthal. (Vehh.
NATURHisT. Veii. prel'ss. Kheinl. UND Westf., 1881, p. i.iB.) — Il a été reconnu dans
divers groupes (Oiseaux, etc.) que l'humidité provoque le mélanisme.
— 539 —
•
sima (^). Sur des milliers de Hclix nemoralis recueillis dans les
collines de sable de Spurn Point (Yorkshire), il n'y en avait pas
une douzaine à bandes bien marquées ; quand les bandes étaient
présentes, elles étaient toutes plus ou moins brisées et discon-
tinues; or c'est là un des points les plus secs du Royaume-Uni,
au point de vue météorologique (^). Chez Cerion glans, c'est
aussi la diminution d'humidité qui cause la diminution de la
pigmentation de la coquille (^), et c'est probablement à la même
raison que, dans l'île chaude et sèche de Scoglio Kamik (l)al-
matie). Hélix (Macularia) vermicidata doit sa coquille presque
incolore, sans îrace de ses bandes caractéristiques (M.
Quant à des indications opposées à celles léunies ci-dessus (^),
elles sont peut-être dues à ce que l'action d'un froid humide a
été attribuée à l'humidité et non à la basse température.
b) Couleur des téguments : L'observation de la couleur des
téguments dans les Pulmonés nus confirme d'ailleurs ce qui
vient d'être exposé à propos de la couleur des coquilles. Ainsi,
Arion empiriconim dans les régions humides est plus sombre
et même noir (*^), et la couleur sombre des Arion de la région
littorale (aux environs de Hambourg, tous les spécimens sont
exclusivement noirs) est due à l'humidité du climat marin. De
(*) CooKE, Molluscs. (Cambridge Natural History, vol. III, pp. 25 et 80.) —
Taylor, a Monograph, etc., t. I, p. 93.
(2) Taylor, loc. cit , p. 99. — Bartholomew's, Physiral Atlas, vol. 111, 1899,
pi. XXIII.
(3) Plate, Die Arlbildunq bei Cerion-Landscfinecken de}' Bahama-lnseln. (Verh.
DEUTSCH. ZooL. Geseli.sch., 1906, p|). 131 et 132.)
(*) Sturany, Mo'lusca (in lieitrâqe znr Kenntniss der Fauna einiger daltnatischer
Insein). Veuh. Zool. Bot. Geseixsch. VVien, Bd LU, 1902, p. 381.)
(^) Clessln, Ueber den Ewfluss der Umgebung aiif die Gehàuse der Mollusken.
(.Jauresh. Ver. Vaterl. Natur. Wurttemberg, 1897, pp. 75, 76 et 85 : rhumidité
ferait disparaître la pigmentation de la coquille, respectivement chez Hélix hor-
tcnsis, H. nemoralis et Hyalinin rotundata.)
(6) Leydig, Die HaïUdecke und Schaale der Gastropoden. (Loc. cit., p. 62 du
tirage à part.)
540
sorte que l'on peut conclure, d'une façon générale, que le rayon-
nement exagéré et la sécheresse consécutive favorisent la dispa-
rition de la couleur et de l'ornementation colorée.
4° Action sur l'épaisseur de la coquille. — Comme on l'a vu
ci-dessus (3" Action sur la couleur), on a attribué à l'absence
d'humidité et aux rayons du soleil la blancheur et répaissein^
de certaines coquilles de Hélix (^) ; chez Cerion glatis, la forme
épaisse (et à fortes côtes) caractérise la région où règne une
plus grande sécheresse, et la forme mince et lisse, les régions
les plus humides (^).
5° Action sur la forme de la coquille. — a) Sur l'allongement
de la spire : Chez P yramidula alternata, de la Jamaïque, la
spire est plus haute (et la variabilité quant à l'élévation de cette
spire, plus grande) à l'ouest de l'île qu'à l'est (^), et l'humidité
est plus grande aussi à l'ouest qu'à l'est ("*). De la méuie
manière, Arionta californiensis passe de la forme haute,
imperforée, à la forme déprimée et ombiliquée, à mesure
(jue l'on passe à des régions plus sèches et plus chaudes ('').
Dans Pleurodonta acuto-goniasmos, l'élongation de la spire
est caractéristique des parties humides de l'iiabitat {^). On
remarque une tendance à l'élongation de la spire chez les
Hélix nemoralis et H. Iiortensis, au bord des cours d'eau seu-
(1) GooKE, Molluscs, p. 85 : les spécimens désertiques y sont beaucoup plus éyais
que le type.
(2) Plate, Die Variabililâl und die Artbildung nach dem Prinzip geographischer
Formenkelten bei den Cerion- Landsclinecken der Baluiina- Insein. (Loc. cit., 1907,
p. 447.)
(3) Baker, Spire variation in Pyramidula alternata. (Amer. Natur , vol. XXXVIII»
-1904, p. 66.)
(*) Bautholomew's, Physical Atlas, vol. III (Meteorology), 1899, pi. XXI.
(^) CooPEU, On tlie Law of Variation in the banded California Land Shells.
(Proc. Calif. Acai). Scl, vol. V, 1^75, p. 124.)
(6) Brown, Variation in some Jamuïcan shells o/'Pleurodonta. (Loc. cit., p. 162.)
- 5il —
lement (^). Pour llelir pomalia, la spire est plus élancée qu'en
pleine campagne, dans la forêt de Boulogne, où l'air est plus
humide (^).
Dans Littorina unij'asriala d'Australie, il a été reconnu que
les individus les plus exposés à l'humidité ont la coquille plus
courte (^) ; mais ici, ces individus sont en même temps exposés
à un mouvement plus violent du milieu (dans les hrisants), el
l'on sait l'action raccourcissante et aplatissante de ce facteur
(voir plus loin : 7. Conditions mécaniques).
FiG. 27'2. — Ancylus morirandi, imlividus ayant réliéci l'ouver-
ture de leur coquille à la suite d'une péiiode de sécheresse
(sur les individus placés dans les conditions normales, le
diamètre maximum est à l'ouverture même). I, le septum
apertural commençant à se former, vue' ventrale ; II, le
septum complètement achevé, vue du côté droit, un peu en
dessous; 0, ouvenure. — D'après Nordenskjôld.
b) Sur le rétrécissement de l'ouverture : Chez les Gastro-
podes Pulmonés du Nord de l'Airique, l'ouverture de la coquille
se contracte sous l'influence d'un climat sec (^). Un autre
exemple très frappant de cet effet est montré par Ancylus
moricandi de l'Amérique du Sud : l'ouverture s'y contracte
d'arrière en avant sous l'influence d'une période de séche-
resse ("') (hg. :27:2).
(1) Pekrol'd, Influence du régime def: eaux siu- les variations malacologiques.
(Annales de Malacoi.., t. Il, 1886, p. 290.)
(2) BoucHAiiD-CHANTEREAUX. Catalogue des Molhisques terrestres el fluviatiles
observés jusqu'à ce jour à L'état vivant fians le département du l^as-de-Calais .
(Loc. CIT., 1837, p. 173.)
(5) Haacke, Ueber Slandorlsvariettilen der sûdau^tralischen Littorina unifasciata.
ZooL. Anz., Bd VIII, l88o,^P- S05.)
{^) BouRGUitiNAT, Malacologie de l'Algérie, t. II, ISôi, p. 365.
(S) Nordenskjôld, Ueber die Ti'ockenzeitanpassung eines Ancylus von Siidanierica.
(ZooL. Anz., Bd XXVI, 1903, p. 690.)
542
c) Malléation de la coquille : Chez certains Gaslropodes (sur-
tout Pulmonés aquatiques), on trouve occasionnellement des
spécimens pourvus d'ime coquille à l'aspect martelé; ce marte-
lage plus ou moins régulier est attribué à la sécheresse; des
exemplaires soumis i\ la dessiccation montrent en effet sur leur
coquille des crêtes longitudinales et des enfoncements irrégu-
liers (').
6° Action sur la fonte. — ■ Succinea putris peut pondre soit
sur la terre humide, soit dans l'eau; et ses œufs se développent
dans l'eau aussi bien que dans l'air ("-). L'apparence de cette
ponte est toute différente suivant le milieu où elle est déposée;
la matière albumineuse, légèrement ambrée, qui réunit les œufs.
se dilate, devient incolore et tout à fait transparente, quand la
ponte est déposée dans l'eau, et cette ponte ressemble alors à
celle d'un Pulmoné aquatique (^).
7° Action sur le développement et la croissance embryonnaire.
— On a attribué à l'eau douce ou à l'humidité, la formation
d'une cavité de segmentation teuiporaire dans les stages pré-
(1) Mac Gii>livray. A llisiory of the Molluscous Animais of the Country of Aber-
deen, Kincardine and Banlj'. Londoii, 1843. — Il i'aul remarquer cependant, que
d'autres explications ont été offertes pour cette conformation : la malléation des
Limnaea serait causée d'après Lewis, })ar une croissance rapide dans l'eau chaude
(tide Steaiîns, The fossil Frrsh-water Shells of the Colorado Désert, their Distribu-
tion, Environment and Varialion. (Piioc. U. S. nat. Mus. Washington, vol. XXIV,
14901], p. 292, 4902.) — D'autre part, Stearns lui-même considère aussi cette
malléation comme explicable par la nature du fund : un fond vaseux exerçant une
compression modérée, pouvant déterminer la malléation. (Ibid., p. 29J.)— Enfin,
il a été leconnu. au contraire, que dans une mare vaseuse (ei |)auvi'e en nourriture),
la malléation, présente au début chez Limnaea stagnalis, a disparu. (I.euthardt,
MalakozoologischeNotizen. [T'ÀTiGKEUSBER. nat. Gesellsch. Rasellakd, 1904-190*).])
(-) MOQUIN-lAiNDOxN, loc. cit,, t. II, p. 54.
(') Moquin-Tando.v, loc. cit., t. II. p. 58. —Fol, Sur li développement des Gasté-
ropodes Pulmonés. (Arch. Zool. expér., l^e série, t. VllI, 1880, p. 105.) — J'ai
rencontré également des pontes aquatiques de Succinea putris, déposées sous des
feuilles flottantes, et je puis confirmer qu'elles avaient l'aspect de pontes de
Planorbis, moins coriaces et moins unies, et sui-lout non colorées.
— 543 —
coces de division de l'œuf (cavité qui manque dans les formes
marines) : Chez Amnicola, des Pulmonés, les Najades, Cyclas
et Dreissensia {^). D'autre part, il a été constaté chez Pliysa
fontinalis, qu'une basse pression et un temps pluvieux exercent
un effet retardateur sur l'évolution embryonnaire (^).
8 " Action sur le phototropisme . — On a vu plus haut
(p. 533) que la déshydratation rend lucifuge les Littorina rudis^
plus positivement phototropiques par [lydratation.
5. — Altitude.
Ce facteur ne paraît pas agir manifestement par lui-même
(c'est-à-dire par diminution de la pression), ou du moins cela
n'est pas clairement démontré. Il agit plutôt d'une façon indi-
recte, tantôt par le « froid », tantôt par la sécheresse (et l'on
trouvera plus haut, sous les rubriques : 2. Température et
4. Humidité et sécberesse, divers exemples de ce mode d'action).
Voici, au surplus, encore plusieurs autres cas où l'action
de l'altitude se fait sentir, sans qu'il soit toujours possible de
déterminer exactement par quel facteur :
1" Action sur la forme. — On a signalé maints exemples
d'allongement de la spire chez les Gastropodes Pulmonés :
Udix pomalia dans les montagnes d'Auvergne (^) et H. aspersa
dans les montagnes du sud de l'Europe (^) ; cette dernière
(1) KoFoiD, On the early Development of Limax. (Bull. Mus. Comp. Zool.,
vol. XXVil. 1805, respectivement pp. 97, 102 et 103.)
(2) WiERZEJSKi, Embryologie von Physa fontinalis L. (Zeitschr. wiss Zool.,
Bd LXXXIII, I90o, p. 518.)
(5) BouiLLET, Catalogue des espèces et variétés de Mollusques terrestres et fluviatiles
observés jusqu'à ce jour à l'état vivant dans la haute et la basse Auvergne. Clermont-
Ferrand, 1836.
(*) Recluz, fide Locard, L'action des milieux sur le développement des Mollusques.
(Loc, CIT., p. 65.)
— o44
espèce, acclimatée dans les régions montagneuses de Sicile,
y devient la forme H. mazzuli, à spire plus élevée, presque
lurriculée, au moins dans sa variété conoidea (^). De même
l'espèce //. arbustoniDi, quand elle s'élève dans les régions
montagneuses, devient plus élancée (^) ; et Limnnea truncalula
acquiert, par l'altitude, une spire plus allongée (^).
2" Action suu la taille. — En général, l'altitude est une
cause de réduction de la taille; elle agit d'ordinaire alors par le
froid ou la sécheresse qui raccourcit la durée de la saison où
l'animal est actif, se nourrit et grandit. Cette relation, (jui fait
(jue les individus des lieux élevés sont plus |)etits que ceux de
la même espèce habitant les plaines, a été reconnue depuis
longtemps pour la généralité des Pulmonés terrestres (^) ; elle a
été précisée pour un certain nombre d'espèces, notamment pour
Hélix obvoluta, Biilhmis ohscurns, B. snbcylindricus, ClausUia
lamhiata, C. parvula, C. nigricans de la haute Belgique (^) ;
Hélix arbustorum en France C") ; H. nemoralis, H. sylvatica,
H. candidiila, Clausilia laminata, C. plicata, etc., Limnaea
stagnalis en Suisse (') ; Hclix arlmsiorum et Clausilia rugosa
(1) Re, Di alcune Anomalie nei Moliuschi. (Boll. Sci. Pavia, t. \X, 1898.)
(^) CouTAGNE, De la variabilité de l'espèce chez les Mollusques terrestres et d'eau
donce. (toc. cit., 1883, p. 544.) — Taylor, loc. cit., part X, 1914, p. 436.
(^) Van den [inoECK, Excursions , découvertes et observations malacologiques faites
fendant Vannée 1870. (Ann. Soc. Mai.acol. Belg., l.V, p. 46.)
(*) Mouuin-Tandon, loc. cit., l. I, p. 338. — Dumont et Mortiixet, Catalogue
critique et malacoslaliqne des Mollusques de la Savoie et du bassin du Léman.
Genève, l8.-)7. — Stabile, Mollusques terrestres vivants du Piémont. Milan, 1864. —
CooKE, Molluscs, p. 84.
(S) Van den Broeck, Liste des Mollusques recueillis aux environs d'Arlon et de
Virton. (Ann. Soc. Mai.acol. Belg., t. VIII, 1873, p 6.)
(*) Coutagne, De la variabilité de l'e^^pèce chez les Mollusques terrestres et d'eau
douce. (f.,oc. CIT., 1883, p. 544.) — Stoll, Zur Zoogeographie der landbewohnenden
Wirbellosen. (Vierteijahrschr. nature. Gereixsch. Zurich, Jalirg. XL, 1895, p. 64
du tirage à part.) — Taylor, A Monograph, etc., part X, 1914, p. 436.
(^) Stoll, loc. cit., pp. 66 à 73 du tirage à part.
545
en Ecosse (Ben Lawen, Perthshire, à 3,000 pieds) {^) ; Limnaea
stagnaUs du lac Malham Tarn (Yorkshire, 1,250 pieds) (^) ;
Nani7ia cincta, N. riigata, Planispira zodiacus de Célèbes (^) ;
les Phijsa gijrina (0,000 pieds) et P. Iiumerosa (4,890 pieds)
de l'Amérique du Nord montrent l'influence nanisante de
l'altitude {').
Une exception apparente se trouve dans Bidimulus (Otosto-
miis) gliiesbregliti, de Guatemala, qui présente une forme plus
petite dans les vallées que sur les hauteurs ; mais elle ne fait que
confirmer la règle que l'altitufle agit par raccourcissement de la
saison d'activité et de croissance, car dans les hauteurs en
question la période de sécheresse est beaucoup plus courte que
dans les vallées (^).
3° Action sur la couleur. — On a vu plus haut, à propos de
l'action de la température sur la couleur (p. 518), que les
Mollusques Pulmonés prennent souvent une teinte sombre ou
noirâtre, ou bien perdent leur pigmentation (sauf la noire),
c'est-à-dire pâlissent, dans les régions élevées (froides). Un
exemple du premier cas se trouve chez Aiion empiricorum qui,
dans les Vosges et les Pyrénées (1,500 à 2,000 mètres), est
représenté par la forme ate?^ et en Irlande, sur les hauteurs
jusqu'à plus de3, 000 pieds, ne montre que la variété aterrima[^);
(1) Laidlaw, Skells at high Altitudes in Scolland. (JouuN. OF Conch., vol. XII,
1908, p. 192 [« somewhat dwarled »\.)
(2) CooKE, MoUuscs, p. 84 (« permanently dwaifed »).
(3) P. und F. Sabasin, Die LandmoUtiaken von Celebes. Wiesbaden, 1899, p. 'i36.
(^) Stearns, The fossil freshwater Skells of ilie Colorado Désert, their Distri-
bution, Environment and Variation. (Phoc. U. S. Nat. Muséum, vol. XXIV, 4901,
p. 293 : cette influence nanisante peut être neutralisée par la température élevée
des sources chaudes : par exemple, poui- Pkysa gyrina à 3,800 pieds de hauteur
[loc. cit.].)
(5) Stoll, loc. cit., p. 74.
(6) Stelfox, a list of tlie Land and Freshwater Mollusks of Ireland. (Proc.
R. iRiSH ACAD., vol. XXIX, 19U, p. 82.)
3S
— 546 —
et du second cas, chez HcHx arbustorum qui, dans les Alpes
bavaroises, est souvent de couleur claire (^), et dans le Sud-Est
de la France, est généralement d'autant plus pâle qu'il est trouvé
à une plus grande hauteur (^), tandis que dans d'autres régions
montagneuses, il est représenté par une forme sombre ou
(( fusca ». Lïmnaea truncatida acquiert aussi, par l'altitude,
une coquille plus foncée (^).
6. — Pesanteur.
1° AcTIOiN ATTRACTIVE OU REPULSIVE (« GÉOTACTISME »). DivcrSCS
espèces de Limax sont nettement géotactiques; chez L. maxi-
iiius, la déviation de la verticalité diminue avec le cosinus de
l'angle du plan de -station, et la limite extrême de la sensibilité
à la pesanteur est très faible ; la position de la tête varie fort
suivant les circonstances extérieures et intérieures (^); les divers
individus sont d'ailleurs différemment géotactiques (^). D'autres
Gastropodes Pulmonés aquatiques, Limnaea elodes et diverses
espèces de Limnaea, Planorbis et Phijsa sont négativement géo-
tactiques, en l'absence d'oxygène; mais le signe de tactisme
y change quand l'animal est pourvu d'oxygène {*"). De même,
Melampus lineatus, autre Pulmoné (marin), présente un géotac-
tisme négatif hautement développé (').
(1) Clessin, Ueber Missbildungen der Mollusken und ihrer Gehàuse. (22 Jahresber.
NAT. HisT. Ver. Augsburg, 1873, p. 43.)
(^) I.OCAUD, Sur quelques ras d'albinisme et de mélanisme chez les Mollusques
terrestres et d'eau douce de la faune françaixe. (Mém. Soc. Agric. Hist. nat. I.yon,
d883, p. 16.)
(^) Van den Broeck, Excursions, découvertes et observations malacologiques faites
en Belgique pendant l'année 18'0. (Ann. Soc. Malacol. Belg., l. V, 1870, p. 46.)
(1) Davenport and Perkins, A contribution to the Study of Geotaxis in the higher
Animais. (Journ of Physiol. Cambridi^e, vol. XXII, 1897.)
(^) Frandsen, Studies on the Reactions of Limax maxiiTius to directive slimnii.
(Paoc. AcAD. Arts and Scl Boston, vol. XXXVIl, 1901.) — D'après Baunacke,
Ij. agrestis est négativement géotactique.
(«) Wai.tek, The Behavioiir of the Pond Snail, Lymnaeus elodes Say. (Loc. cit.,
1906. pp. 26.27 in 32.) — KANifA. The Geotropism ofFreshwater S)iails (Loc. cit. . p. 96. )
(') DiMON, The Mud Snail : Nassa obsoleia. (Loc cit., 1905, p. 24.)
— 547 —
Parmi les Gastropodes à branchies, Nassa obsoleta et Rissoa
minuta présentent un géotactisme faible ou nul (ces espèces ne
sortant jamais de l'eau) (^). D'autre part. Littorina rudis et
L. palliata (qui sont très aériens et sortent beaucoup de l'eau)
manifestent un géotactisme négatif hautement développé (^).
De même, L. littorea (comme les précédents, assez aérien/
possède une sorte de géotactisme négatif, par diminution du
taux d'oxygène (^), comme Limnaea e/of/e* ci-dessus. Paludina
vivipara a aussi été reconnu négativement géotactique (^).
Quant aux Lamellibranches fouisseurs, comme on pouvait le
prévoir, ils se montrent positivement géotropiques : Anodonta
piscmalis (^). Enfin, les « larves » de Loligo sont négativement
géotropiques ('').
!2° Action sur la forme. — L'élongation de la spire dans cer-
tains cas résulte de l'action de la pesanteur ; chez Planorbis mul-
tiformis (^) et chez ClausUia (Alopia) iiirida, qui vit sur les
falaises perpendiculaires, tandis que d'autres individus de la
même espèce habitent des rochers horizontaux dans la vallée de
la Malaje; ceux qui rampent usuellement sur des roches perpen-
diculaires sont plus longs que ceux qui rampent sur des surfaces
de niveau (^).
D'autre part, la pesanteur n'influe pas sur la forme des
(1) DiMON, loc. cit., p. 24.
(2) McL, p. 24.
P) PiÉKON, Comptes rendus Soc. Biol. Paris, t. LXIV,-1908, p. 936.
(*) Baunacke, Studien znr Frnge nach der Sfatocystenfimktion. II. Noch einmal
die Geotaxis unserer Mollusken. (Biol. Centralbl., Bd XX.KIV, 1914, p. 509.)
(») Baunacke, lor. cit., pi». 511 et M^ï.
(6) LoEB, Ueber kiinstliche Umwandlung positiv heliotropischer Thiere in negativ
heliotropische iind uingekekrt. (Pfi.ugek's Arch. Physioi,., Bd LIV, 1893.)
(') Hyatt, Transformalinns of Planorbis at Steinhnm, luitkreinarks on the e/fects
of Gravity npon the farm of shelh and animais. (Pkoc. Amer. Assoc. Advanc. Sci.,
vol. XXIX, 1880.)
(**) CooKE, The Distribution and Habits o/" Alopia (Proc. Malacoi.. Soc. London,
vol. X, 1912, p. 93 )
— 548 —
coquilles de Lamellibranches fixés : alors même que Ostrea vir-
giniana est fixé en position renversée, c'est toujours sa valve
gauche qui est concave (/).
7. — Facteurs mécaniques.
Ils agissent sur la forme de l'aninial et de sa coquille, ainsi
que sur l'épaisseur et l'ornementation de cette dernière.
1° Action du mouvement du milieu sur la forme. — a) Gastro-
podes marins : Pour Patella vulgata, notamment, la chose a
été constatée depuis longtemps, et même examinée et mesurée
soigneusement ; on a reconnu ainsi que :
1 . A la limite de la marée haute, c'est-à-dire aux endroits où
les Patelles sont le moins longtemps exposées à l'agitation de
l'eau, la coquille a toujours une spire plus haute (^) ; elle y est
aussi plus étroite par rapport à la longueur (^) ;
:2. Vers la mer basse, au contraire, la forme est aplatie (^);
enlin, pour une longueur correspondante, les individus exposés
le plus à l'agitation de l'eau sont plus plats que les individus
abrités ('), notamment que ceux qui habitent des mares n'assé-
chant pas, c'est-à-dire des endroits où ils ne sont pas soumis aux
mouvements du milieu. La forme aplatie (depressa) est plus
« musclée >■ — et plus coriace conséquemment — et, par suite
de ce fait, elle est rejetée en beaucoup de localités comme ne
convenant pas pour servir d'amorce.
(1) Jackson, The development of the oyster ivith remarks on allied gênera. (Proc.
Boston Soc. nat. Hist., vol. XXIII, 1888.)
(2) Norman, Zoologist, 1860. — Giard : forme haute vers la terre : remarques
verbales. — Russell, Environmental Studies on the Limpet. (Proc. Zool. Soc.
LoNDON, 1907, p. 861.) — Dautzenberg, Feuille jeunes natur., 1914 : forme
« cnnica » Brown ou elevata Jeffreys, très haute, dans la zone la plus élevée.
(^) RussELL, loc. cit., p. 861.
(*) Mêmes auteurs et mêmes endroits que ci-dessus.
(°) RussELL, loc. cil., p. 863.
— 549 —
Chez une forme marine du Pacifique méridional, Crepidula
adolplici, il a été reconnu deux formes distinctes : l'une, vivant
dans la profondeur (eaux tranquilles), possède une spire haute;
l'autre, vivant dans les hrisants, présente une coquille plate (^).
Dans les formes spiralées, les eaux agitées causent le raccour-
cissement de la forme; chez Littorina, sur les rochers isolés
et exposés, la spire est courte et presque plate, les derniers
tours et l'ouverture sont larges (^) ; l'action des courants rend
moins élevée la spire des Buccinum, Purpura, ÎÂUorina, comme
elle rend uioins haute la coquille de Patella (^). Les Purpura
lapillus des endroits très exposés ont la spire plus courte d'un
quinzième environ (observations personnelles) ; la vie dans les
brisants rend leur croissance plus lente ('^).
b) Gastropodes d'eau douce : D'une façon très générale, les
Limnées montrent une forme plus courte et ramassée dans les
lacs à eaux agitées que dans les fossés et les mares ; il en est
ainsi pour Llmnaea palustris [■') ; de même, L. stagnalis, dans
les lacs à eaux agitées, forme une coquille à tours plus emboités
et à spire plus courte (var. lacustris Studer ou bodamica Miller),
ce qui provient de l'action des mouvements de l'eau (lac de Neu-
châtel, etc.) (•") ; et la même constatation a été faite dans le
Lough Neagh et d'autres lacs d'Irlande, où cette espèce est éga-
lement courte et tumide, semblable à la variété lacustris pré-
(1) Plate, Mitlheilungen ilber zoologische Studien an der chilenische Kûste.
(SlTZUNGSBER. AKAD. WlSS. BERLIN, 1894, p. 1071.)
(') Dall, On our knowiedge of tlie Biology of Mollusks. (Pnoc. Amer. Assoc.
Advanc. Sci., 1882, p. 434.)
(') Malard, Les méthodes statistiqties appliquées à l'étude des variations des
coquilles turbinées. (Bull. Muséum Paris, t. XII., 190(5, p. 328 [pour Littorina
unifasciata, voir une observation correspondante, plus haut, p. 541].)
(*) CoLTON, On some varieties o/'Thais lapillus in the Mount Désert région, astudy
ofindividual ecology. {Prog. Acad. Nat. Sci. Philadelphia, vol.LXVIII, 1916, p. 454.)
(S) Stkebel, Zur Morphologie der Conchylien. (Verh. Ver. Natukw. Unterhalt.
Hamburg, Bd II, [1875J. pp. 6 et 13, pi. II, fig. 13 et 14, 1876.)
(•5) Von Martens, Sarasin's Land-Mollmken von Celebe^ und die darin enthaltene
théorie der Formenketten. (Sitzungsber. Ges. Naturforsch. Freunde Berlin, 4899,
p. 204.)
— 550 —
citée (^) ; dans les endroits abrités et les ports protégés du lac
de Genève, L. stagiialis se montre avec une longue spire, tandis
qu'au contraire, là où l'eau subit de violents remous, il présente
une coquille globuleuse à spire courte, de la forme « lacus-
tris )) (^). Pour L. auricularia, il existe une forme « tumïda »
(correspondant à variété lamistris de L. stagnalis), présentant
l'abaissement de la spire et l'emboitement des tours, et qui se
rencontre seulement dans les lacs de Starnberg (Bavière), de
Constance et dans d'autres grands lacs alpins; sa conformation
ramassée, à tours emboîtés, est due à l'agitation superficielle
des eaux {^) ; la même cause explique une forme correspondante
de L. auricularia dans le lac de Issyk Koul (Turkestan) :
L. (c obliquata » Martens (^). L. peregra est représenté dans les
lacs du Nord-Ouest de l'Angleterre : Winderme (W. Moreland),
Derwentwater (Cumberland) et Llyn-y-Vanfach, par une forme
à spire courte, de conformation permettant de résister au res-
sac (^). Dans L. biformis, les diverses variations constatées dans
la forme sont des degrés divers d'arrondissement de la coquille,
en rapport avec des différents degrés de mobilité du milieu aqua-
tique dans lequelle elles se produisent (^).
Neritina aequinoxialis , de l'ile du Prince (golfe de Guinée), a
la spire courte et la base large, dans les eaux rapides de l'inté-
rieur, tandis que dans les eaux tranquilles de la côte, la spire y
(*) Stelfox, a list of Ihe Land and Freshwater Mollusks of Ireland. (Proc.
R. IRISH ACAD., vol. XXIX, 1911, p. 111.)
(') RoszKOWSKY, Contribution à l'étude des Limnées du lac Léman. (Rev. suisse
DE ZooL., t. XXII, 1914, p. 508.)
(') Clessin, Deutsche Excursions Molliisken Fauna. Nùrnberg, 1876, p. 368; et
Veber den Einfluss der l]vigebun<i avf die Gehâuse der Mollusken. 'Jahresh. Ver.
F. VaTERL. NaTLRK. WiJRTTEMBEKG, 1897, p. 80.)
(*) Heynemanx, IJeber Verànderlichkeit der Moih/skenschale. (Senkenb. nat. Ges.
Bericht, 1869-1870, p. 136, 1870.)
{^) Madison, Journ. of Conch., vol. V, p. 260.
C) Marcucci, Su alcune variazioni biologiche délia Limnaea biformis (Kils.).
Contributo alla studio delV influenz-a dell' ambiente nello sviluppo degli ammali.
(BoLL. Soc. ZooL. ITAL., 2« série, vol. VIII, 1907.)
— 551 —
est haute (^); N. fîuviatilis dans la Diirme à Bautschaute (Bel-
gique), c'est à-dire dans une eau très peu courante, est repré-
sentée par une forme à spire allongée (var. elongata) (").
On a cru trouver un exemple d'une action tout à fait opposée
dans Lhnnaea peregra qui caractériserait, avec sa spire relati-
vement saillante, les eaux courantes; tandis que la forme à
spire courte (L. « ovata ») se trouverait dans les mares et les
lacs (•^) ; mais il est tout à fait certain que les deux formes vivent
côte à côte, et que L. peregra vit notamment dans les eaux sta-
gnantes et courantes, comme L. ovata ['^). Il est d'ailleurs bien
connu que dans les eaux agitées ou à courant rapide, la forme
des organismes et des coquilles notamment s'aplatit et se rac-
courcit ; exemples, dans l'eau douce, le cas de JSaviceUa (^) et
pour ce qui concerne les Gastropodes marins, l'expérience cou-
rante a montré que les mieux (et pour ainsi dire les seuls) adap-
tés aux brisants, sont ceux qui ont acquis une forme aplatie,
peu saillante, ou courte et lisse, à large pied adhérent, tels que
C/iiton, Patella, Siphonaria, (iadhiia, Littorina obtusata,
Lacuna, Calyptraca, Crepidida, etc.; et pour ceux du lac d'Aral
spécialement, il a été constaté que leur adhérence est d'autant
plus forte que la surface de leur pied est plus grande et que
la hauteur de leur corps présente un moindre obstacle au
courant (*^).
c) Lamellibranches : Chez Miftilus edulis, l'agitation plus ou
moins grande de l'eau influe sur la forme de la coquille; dans
les eaux tranquilles où cette espèce est toujours immergée (sous
(1) Heynemann, loc. cit., p. 136.
(2) Van den Buoeck, Excursions, découvertes et observations malacologiques faites
en Belgique pendant Vannée 1870. (Loc. cit., p. 22.)
(2) Taylor, The variation of Liranaea peregra (MiHler). (Journ. of Conch.,
vol. VI, p 284.)
(^) Moquin-Tandon, loc. cit., l. II, pp. 467 et 470. — Bollinger, Zur Gastropo-
denfauna von Basel und Uingebung, pp. 136 et 137.
(^) Semper, Die natiirliche Existenzbedingungen der Tkiere, vol. II, p. 5.
(«) Alenitzin, Veber die Mollusken des Aral-Meeres. (Zeitschr. wiss. Zool.,
Bd XXVIII, 1877, pp. 406 et 407.)
— 552 —
la mer basse, etc.), elle a la coquille haute (dorso-ventralement)
et peu épaisse (forme galloprovincialis); là où elle émerge à
chaque marée, sa coquille est épaisse, moins haute, plus longue
et à byssus fort [M. edulis typique) ; enfin, dans les eaux très
agitées, la coquille est courte, épaisse, à byssus fort (forme
ivcurvatiis) (/).
Lorsque Aet/ieria habite des rapides, des cataractes ou des
eaux agitées, elle a une forme compacte et aplatie, et dans les
eaux tranquilles, sa forme est épineuse, légère, rappelant les
Hippurites (^).
Chez les Unionidae, de nombreuses observations ont été faites
à ce propos et ont fait depuis longtemps reconnaître que le
mouvement du milieu modifie la forme ("^). Dans Vnio picto-
rum, l'action du courant, rongeant le fond, a pour effet de com-
primer et d'allonger postérieurement la coquille, qui peut ainsi
rester partiellement enterrée et surtout plus solidement ancrée (^).
De même, dans les formes « platyrliynchus » Rossm. de Unio
pictorum, « bataims » [.am. et « dcciirvatus » Rossm. de
fj. crassus, et « rostrata » de Anodonta cygnea, la partie pos-
térieure est développée en bas par l'action du courant; le bord
inférieur est allongé et la partie postérieure presque en forme
(1) Pelseneer. La formation de variétés chez la moule comestible. (Ann. Soc.
Malacol. Belg.. t. XXVIII, 1893.) — Voir aussi Anthony, Influence de la fixation
pleurotliétique sur la morphologie des Mollusques acéphales dimyaires. (Ann. Sci.
NAT. [ZooL.J, 9e série, t. I, 1905, p. 240.) ~ Williamson, The Spaivning, Growth,
and Movement of the Mussel (Mylilus eiiulis L.), and the Spoutftsh (Solen siliqua L.),
(22th Rep. Fish. Board Scotland, Year 1906, p. 238, pi. XVI, tig. 31, 1908.) —
HiLBERT, Ueber Mytilus edulis und seine formen. (35 Ber. VVestpreuss. Bot.-Zooi,.
Ver. Danzig, 1913.)
(2) Anthony, lac cit., p. 367. — Simroth, Ueber einige Aetherien der Congofiillen.
(ZooL. Anz., 1890.)
(3) Picard, Sur les déviations dans le genre Unio. (Bull. Soc. Linn. Nord France,
t. I, 1840.) — Gallenstein, Die Schalenformungen der Muscheln des Wôrtker-Sees
in Kârnten. (Nachr. bl. Malakoz. Ge.^^ellsch., Bd XXIV, 1892 ) — Godet. Sur les
déformations des coquilles de bivalves habitant les eaux douces. (KvLh. Soc. Sci. nat.
Neuchatei., t. XXI, 189:5.)
(*) Bridgman, a Variely caused bij Locality. (Journ. of Conch., vol. I, 1875,
p. 70.)
— 553 —
de crochet arqué vers le bas et enfoncé dans la vase ; or ces
formes manquent dans les eaux profondes sans agitation (^). Le
courant, dans les bassins d'écluses produit, par son action sur
les Unio, des formes antérieurement tronquées et avec renver-
sement en avant du crochet (^) .
2" Action sur la musculature. — Dans Mytilus edulis (gallo-
provuiclalis), le muscle adducteur antérieur est toujours beau-
coup plus fort chez les individus des brisants que dans ceux des
places abritées (^) (si Ton examine des espèces différentes d'un
même genre, on voit que des espèces intercotidales ont une
musculature puissante, tandis que les formes abyssales possèdent
une musculature faiblement développée; le milieu qu'elles
habitent est dépourvu de mouvement).
3° Action sur l'épaisseur des coquilles. — Les coquilles des
eaux profondes sont plus minces que celles des formes corres-
pondantes des eaux peu profondes et agitées ; les Mollusques
abyssaux ont une coquille plus mince que celle des espèces ana-
logues du littoral. Parmi les formes marines littorales, les indi-
vidus (c exposés » de Patella vulgata sont plus épais que les
spécimens abrités (^) ; de même, parmi les Lamellibranches, la
forme Mytilus galloprovincialis » d'en dessous de la mer basse
(*) Jordan, Einfluss des beivegten Wasser auf die Gestaltung der Muscheln aus
der Familie Najades, Lam. (Biol. Centralbl., Bd I, 1881, p. 394.) — Sell, Einfluss
des bewegten Wassers auf die Gestaltung der Muscheln aus der Familie Unionidae.
(Nachrichtsbl. Mâlakoz. Gesellsch.. Bd XXXVIII, 1906, p. 18 i.)
(') March, Studies in Morphogenesis in Pelecypoda. I. A prelinwmry Note on the
variation in Unio pictorum, Unio turnidus and Anodonta cygnea. (Mem. Manchester
Litt. and Phil. Soc, vol. LV, n» 8, 1911.) — De jeunes Anodonta cxjqnaea retirés
d'un étang et placés dans un cours d'eau, sont devenus pareils à A. piscinalis.
(Communication verbale de M. Dautzenberg.)
(5) Ijst, Die Mytiliden. (Fauna and Flora Golf. iNeapel, monogr. 27, 1902,
p. 162.)
{^) Russell, Environmental Studies on the Limpet. (Loc. cit., p. 865)
oo4
est plus mince que la forme typique M. edulis, intercotidale (^).
Dans l'eau douce, Gastropodes et Lamellibranches présentent
également le même phénomène.
Les divers Limnaea auxquels l'eau agitée des grands lacs
donne une forme plus courte et plus ramassée présentent, en
même temps, une coquille plus épaisse, plus robuste et plus
fortement constituée : L. palustris (Strebel), L. stagnalis (Stel
fox), L. peregra (Madison) (p. 550 ci-dessus); la forme o/>/i-
quata du A. aur'iculans , spéciale au lac Issyk-Koul près du
Thian Schah (Turkestan), montre un épaississement de la
coquille, consécutif à l'agitation superficielle des eaux, plus
marqué encore que la variété lacustris de L. stagnalis dans le
lac de Constance (^i. Par contre, les formes lacustres de la pro-
fondeur (là où il n'y a pas de mouvement du milieu) possèdent
des coquilles minces : espèces « abyssales » de Limnaea du lac
Léman, L. stagnalis du lac Michigan, à 34 pieds de profon-
deur (^). Les Chilina des eaux courantes de l'Amérique du Sud
ont la coquille plus forte que les Limnaea voisins des eaux
tranquilles.
Les Gastropodes du lac Tanganyika ont un aspect « thalas-
soïde » dû à l'épaisseur de leur coquille, engendrée par la même
cause.
Pour les Najades, on a observé un effet analogue de l'agita-
tion de l'eau : Anodonta grandis et Unio luteolus de couleur
sombre, tous deux à coquille mince, « fuient » les parties peu
profondes du lacWinona(ïndiana), tandis que Unio luteol us claïv,
à coquille épaisse, est localisé dans ces parties peu profondes (^).
(1) Pelseneer, La formation de variétés chez la moule comestible. (Loc. cit.,
1893.)
(*) Heynemann, Ueher Verânderlichkeit der MoUuskenschale. (Loc. cit., 1870,
p 136.)
(2) Walkeu, tide Taylou, A Monograph, etc., vol. I, p. 77.
{^) Heaulee, Ecological Notes on the Mussels of Wiîiona, Pike, and Central Lakes
oj Kosciusko Counly, Indiana. (Biol. Bull., vol. XI, 1906, p. 308.)
555
ï/extension de la navigation à vapeur dans les rivières et
l'agitation du milieu qui en résulte, a eu fréquemment des con-
séquences du même ordre; à Lyon, il en est résulté l'extinction
de nombreux Mollusques ; seules les formes fixées ou les formes
à coquille épaisse (lourde par suite) ont persisté (^).
4° Action de mouvement ou milieu sur la charnière des Lamel-
libranches. — Les formes lacustres de Unio tumidus et de
U. crassus ont les dents cardinales principales faiblement déve-
fippées, tandis que leurs formes fluviales (exposées aux cou-
rants) ont toujours ces dents bien conformées (^) ; dans les
parties courantes, rapides, des fleuves de Silésie, Unio pictorum
a une dent postérieure de la valve gauche encore beaucoup plus
développée que l'antérieure (forme « pachyodon ») (^) ; d'une
façon générale, les Unio conservent leurs dents lorsqu'ils sont
exposés à l'action d'un courant rapide, mais tendent à les perdre
dans les eaux plus tranquilles de canaux, lacs et mares (^).
Cijdas rivicola et Pisidium amnicum (fluviatiles) ont deux
dents principales (dans chaque valve) que les individus lacustres
des mêmes espèces ne possèdent point (^). Enfin, les formes
profondes des lacs, parmi les Lamellibranches, sont aussi un
exemple de charnière moins développée; Pisidium urinator,
vers 300 mètres dans le lac de Genève, n'a qu'une seule dent
latérale à chaque charnière (^).
(1) LocARD, Éludes svr les variations malacologiques d'après La faune vivante et
fossile de la partie centrale du bassin du Rhône. (Ann. Soc. Agric. Lyon, S^ série,
t. III, 1881, p. 641.)
(2) Sei.l, Bvilogische Beobachtungen an Najaden. (Arch. f. Hydrobiol. und Plan-
TONK., Bd 111, 1907, p. 187.)
(5) Jordan, Einfluss des bewegten Wassers auf der Gestaltung der Mu^cheln der
Familie Najades, Lam. (l.oc. cit., p. 394.)
(*) CooKE, Molluscs, p. 274.
(^) Jordan, loc. cit., p. 394.
(6) Glessin, Les Pisidiums de la faune profonde des lacs suisses. (Bull. Soc. vaud.
ScL NAï. Lausanne, t. XIV, 1876.)
— 556 —
o° Action du mouvement du milieu sur l'ohnemExNtation. — Sur
les rochers plats el polis (par l'action des brisants), les Patella
vuUjata ont une coquille à surface lisse et à contour assez régu-
lier; au contraire, sur les roches inégales et raboteuses (non
polies par les biisants : on sait que Patella est très sédentaire),
la coquille est pourvue d'arêtes et présente un contour irrégu-
lier (^). Troplion (ic Murex )>) magellanicus, dans les eaux calmes,
est pourvu de grandes expansions foliacées, tandis que la même
espèce, en mer agitée, ne présente que des côtes treillissées
seulement (^). Dans le genre RaneU'i, les espèces à ornementa-
tion simplement noueuse se trouvent dans les places rocheuses
et sur les récifs de coraux (régions des brisants), tandis que les
espèces « ailées » habitent dans les eaux profondes (calmes) (^).
La forme « lamelleuse » de Purpura lapillus se trouve dans les
endroits abrités (^).
Dans l'eau douce, les mêmes effets s'observent encore : lo est
lisse (/o jluviatilis) en amont, où le courant est plus rapide dans
toutes les rivières, et épineux (forme spinosa) en aval (où le
courant est plus faible); et entre les spécimens pris en amont
dans les diverses rivières de l'habitat, la resseuiblance est ainsi
plus grande qu'entre ceux d'amont et d'aval dans la même
rivière (^). Les Neritina épineux [Clitlion) [N. diademq^ N.J,mw
gspma, iV. coronata, etc.) ne se rencontrent que là (^ wheré
the water is totally quiet (^') ». On a vu plus haut (p.;,55â) que
chez les Aetlieria, les eaux tranquilles présentent une forme
épineuse et les eaux agitées, une forme lisse et aplatie.
0° Action du mouvement du milieu sur le mode de fixation ou
l'attitude. — On constate — au moins chez des Gastropodes —
(*) RussELL, loc. cit., p. 865.
(*) JoHNSTON. An Introduction to the Conchology. Lotidon, 1850.
(*) H. and A. Adams, The Gênera of récent Mollusca, vol. 1, 1858, p. 105.
(•») Dall, Proc. U. S. Nut. Mus., vol. XLIX, 1916, p. 559.
(5) Adams, Variation in lo. (Proc. Amer. Assoc. Auvanc. Scr., vol. II, 1900, p. 14.)
(6) H. and A. Adams, The Gênera of récent Mollusca, vol. I, 1858, p. 385.
— 557 —
une orientation des animaux, tête en avant, qui a pour effet
d offrir le minimum de résistance; Nassa ohsoleta, par exemple,
s'oriente ainsi contre le courant (^); il y a peut-être ici la cause
indirecte de l'allongement de certaines formes sédentaires.
Tapes pullaster vit usuellement libre; mais dans des eaux à
mouvements sensibles, il s'attache par quelques filaments bys-
saux aux roches sous-marines.
7" Action mécanique du fond, plus ou moins cohérent. —
a) Action sur l'épaisseur de la coquille : Les diverses espèces de
Cardium habitant des fonds de dureté différente montrent une
épaisseur différente et un nombre différent de côtes ; la coquille
est plus mince et porte moins de côtes dans les fonds vaseux
(C. hians en est un exemple fort net) ; la même chose s'observe
à un degré moins marqué, mais au sein d'une même espèce
(C. ediile), dans les fonds un peu différents.
Chez les Najades, la variation des fonds détermine des varia-
tions d'épaisseur et de couleur; la forme épaisse de Unio luteolus
domine sur le fond dur, sableux et graveleux du lac Winona;
placée expérimentalement sur un fond vaseux, elle n'y résiste
pas, alors que la forme mince y prospère (^) ; de même, dans
Pike Lake et Center Lake, là où le fond est formé de fine vase,
résistent seulement les espèces à coquille mince et légère : Unio
fabalis, Anodonta (/ramlis et A. edentula (•'].
b) Action sur la forme : Un fond boueux ou vaseux déter-
mine souvent une forme ventrue de la coquille, par exemple
dans les Najades [Unio pictorum, U. tumidus, etc.) (^) ; chez les
Gastropodes, la vie en fouisseur, dans un fond mou, amène une
forme arrondie ou la réduction de la spire : Natica, Biilla, etc.
(<) DiMON, The Mud Snail : Nassa obsoleta, (Loc. cit., p. 26.)
(*) Headlee, Ecological notes on the Mussels of Winona, Fike, and Center Lakes
of Kosciusko Counlij, Indiana. (BioL. Bull., vol. XI, 1906, pp. 306 et 309.)
(3) Ibid., p. 313.
(*) March, Journ. of Conch., vol. XIII, 1911, p. 218.
— 558 —
c) Action sur l'ornementation : Des épines sont un soutien
ou un appui, dont l'acquisition s'observe dans les formes de
divers groupes, vivant sur un fond mou, peu cohérent; ainsi
parmi les Gastropodes marins vivant à la surface d'un fond mou,
il en est beaucoup où sont apparues des rangées d'appendices,
épines, etc., jouant ce rôle d'appui : Aporrhais, Murex {^), Pte-
rocera, Strombiis, etc. Bien des Lamellibranches sont ancrés
dans un fond mou à l'aide d'épines : Cijlherea dione, Unio spi-
nosiis, etc. Les épines de Cardiiim cclùnatum sont plus petites
sur un fond dur que sur un fond très meuble, vaseux, où elles
contribuent à la résistance à l'enfoncement (^). C. aculcatum,
sur un fin sable vaseux, a des épines allongées; par contre,
C. tubercnlatum vit sur un sable grossier et dur et ne possède
que des saillies très courtes; C ecliinatiim, dont les épines sont
plus courtes que celles de C. aculeatum, ne se trouve ni dans le
sable très mou, ni dans le sable très dur-(^).
d) Action sur la ponte : Limnaea cohimella, sur un fond de
sédiment (fond meuble conséquemment), pond plus d'œufs que
sur un fond rigide, sans sédiment, verre ou porcelaine, toutes
autres conditions étant égales (^).
8' Compression — a) Chez les formes fixées, elle détermine
des modifications de foruie; ainsi dans Ostrea, la compression a
pour effet l'élongation des coquilles (^).
(*) Ces épines peuvent même être utilisées pour ouvrir des coquilles de Lamelli-
branches (Arca) : Fkançois, Choses de Nouméa. (Ahch. Zool. Expér., 2" série, t. IX,
1891, p. 244, fig. [Murex for tispina].)
(2) WooDWARD, Darivinùm and Malacologtj. iPuoc. Mai.acoi,, Soc. London,
vol. VIII, 1909. p. i'80.)
(') HuNT, On tfie influence of wave-currents on the Fainia inliabitiiig :hallow Seas.
(JouKN. LiNN Soc. Lo.ndon [Zool.], vol. XVIII, 1886. pp. "266 et 273.)
{^) Coi.TON, Sowe Effects of Enviromnent on the Growth of Lyranaea colu-
inella Say. (Proc. Acad. Nat. Sci. Philadelphia, 1908, p. 444.)
(S) Gr.ASKK, Some Expérimenta on the Growth of Oijsters. (Science, 2^ série,
vol. XYII, 1903, pp. "i29-330.)
— 559 —
b) La compression mutuelle de deux ou plusieurs œufs dans
une même coque détermine parfois leur soudure et la constitu-
tion d'embryons multiples (p. 338).
c) Les secousses multiples et la compression consécutive des
œufs de fAttorina rudis par les infusoires parasites dans Tovi-
ducte (Protophrya ovicola), est cause que très souvent l'embryon
a la coquille déformée, déroulée, etc. (pp. i20et461, fig. 2(j5).
d) Les œufs de Hélix pomatia, comprimés pendant le déve-
loppement, donnent des jeunes planorboïdes, dont certains
paraissent même appartenir à une autre espèce; la columelle est
perpendiculaire à la surface de compression (^}.
e) La compression des œufs de Cummgia (probablement tel-
linoides) a pour eiFet de transformer la segmentation inégale en
segmentation égale (^).
/') Chez CrepidiUa [ornicata, un traitement mécanique vio-
lent détermine la production d'embryons incomplets (p. 308).
9° GeiNtrifugation. — Bien qu'elle paraisse sans effet sur la
segmentation chez Cumingia, elle cause un développement
anormal de l'œuf chez PItysa ancilla, si elle est exécutée après
l'émission du premier globule polaire (^) .
(1) KiJNKEL, Zuchtversuche mit linksgewundenen Wtinbergschnecken (Hélix poma-
tia). (ZooL. Anz., Bd XXVI, 1903. p. 662.)
(2) Browne, E/fects of Pressure on Cumingia Eggs. (Akgh. Entwigkl. Mech.,
Bd XXIX, 1910, p. i2o3 [il n'a pas été obtenu de larve, le développement s'élant
arrêté i.)
(3) BuowNE, loc. cit., p. 253 (même la eentrifugation prolongée; les secousses
sont également sans effet sur l'œuf de Cumingia). — Conki.in, The e/fects of centri-
fugal force upon the organization and development of the eggs of fresli water Pulmo-
nates. (Jouun. of Exper. Zool., vol IX, 1910, p. 444 [exceptionnellement il s'est
produit un embryon non tordu,: voir première partie, p. 354].)
— 560 —
10" Mérotomie. — Appliquée à l'œuf du ISassa (Ilijanassa)
ohsoleta, elle donne des fractions d'embryons (^) ; au contraire,
chez Aplijsia sp., les premiers blastomères isolés peuvent com-
pléter ce qui manque et conduire à un développement nor-
mal (^). Chez Dentalitnn entale, on peut obtenir la fécondation
et le développement de quarts d'ovule, même non nucléés; la
segmentation n'en est pas régulièrement progressive, celle du
cytoplasme étant en retard sur celle du noyau ; le développe-
ment s'en poursuit jusqu'au stade véliger (^) ; mais il se produit
souvent des larves naines (^).
8. — Etendue du milieu.
1" Gastropodes des îles. — a) Action sur la taille : On a
observé fréquemment que dans les îles, la taille est réduite,
comparativement à celle de la même 'espèce sur le continent
voisin ; ainsi, dans l'île de Ré, il est bien connu que Hélix
aspersa n'atteint que la taille de H. nemoralis ; Ovthalicus
inidatus est plus petit à la Trinité et à Grenade que sur le
continent sud-américain, et Streptaxis deformis de la Trinité
n'a que la moitié de la taille qu'il atteint à la Guyane (George-
town, Demerara) (•') ; les Helicidae de Madère sont étroitement
alliés à des formes de la région méditerranéenne, mais sont plus
petits de taille ('').
(*) (^KAMPTON, Expérimental Studies on Gasteropod Development. (Arch. Ent-
wiCKL. Mech., Bd III, 1896, pp. 6 et 7.)
(2) FujiTA, ISotes on some experiments on Molluscan eggs. (Zool. Mag. Tokyo,
vol. VIII, 4896.)
(5) Delage, Études sur la mérogonie. (Auch. Zool. expér., 3» série, t. VII, 1899,
pp. 388, 391 [fig. 7], et 392.)
(*) WiLSON, Expérimental Studies on Germinal localization. I. The Ger m- Régions
in ihe Egg of Dentalium. (Journ. of Exper. Zool., vol. I, 1904, p. 69 [exception-
nellement une larve avait deux plaques apicales et deux houppes ciliées : voir
%. ^2T6\.)
{^) Gibbons, Journ. of Conch., vol. II, 1878, p. 129.
(«) CooKE, Molluscs, p. 297.
5G1
b) Action sur la couleur : Les individus insulaires ofïrent
souvent une couleur plus sombre que les continentaux, de
sorte que, pour ce qui concerne les Gastropodes, la faune
terrestre est « obscurcie » (^). Un « mélanisme insulaire » a
d'ailleurs été signalé dans d'autres groupes que les Mollusques,
et les Hélix des îles dalmates en ont encore été donnés comme
exemples (^). Il est fort possible que ce soit ici l'bumidité du
climat qui intervienne (voir plus haut : 4. Humidité et séche-
resse, 4° Action sur la couleur
2" Gastropodes d'eau douce. — Dans des volumes d'eau de
peu d'étendue et notamment dans ceux qui sont susceptibles de
se dessécher, les Gastropodes au moins offrent le phénomène du
nanisme; d'une façon générale, il y ont une taille plus petite
et des tours moins nombreux {^) ; dans des mares pouvant être
presque desséchées, puis presque soudainement remplies, les
Limnées sont naines (^).
De nombreuses expériences ont confirmé celte observation de
la réduction de la taille des Gastropodes aquatiques élevés en milieu
confiné et réduit; on a pu ainsi ralentir et retarder la croissance de
diverses espèces dePulaionés d'eau douce : Limnaea stagnaiis [^) ,
(1) Fischer, De l'influence des îles sur les espèces. (Journ. de Conch., t. V, tSSG,
p. 3S.)
(2) Stukany, Mollnsca (in Beitrâge zur Kenniniss der Fauna einiger dalmaiischer
Insein). (Verh. Zool. Bot. Gesellsch. Wien. Bd LU, 1902, p. 381 [« . . . neigen
sonst auch die Landsclinecken der Insein zur Hervorbringen dunkler Formen »].)
(5) LocARD, L'influence du milieu sur le développement des Mollusques. (Loc. cit.,
1892, p. 117.)
(■f) Brot, fide Cooke, Molluscs, p. 88.
(^) HoGG, Observations on tlie Development and Growlh of the Water-Snail
(Limnaea stagnaiis). (Tuans. Microsc. Soc, vol. II, 18S4, p. 103 [spécimens ayant
encore à 6 mois la taille normale d'individus de 2 ou 3 semaines].) — Semper,
Ueber die WachstJiitmshedingungen des Lymnaeus stagnaiis. (Are. Zool.-Zoot. Inst,
WCrzuukg, Bd 1, 1874); et Die natiirlichen Exislenzbedingungen der Tkiere, Bd I,
p. 198, fig. 43 (la croissance est d'autant plus grande que le volume d'eau est plus
grand, jusqu'à 2 litres). — Dybowski, Beobachtungen ïiber das Wachsthum der
Limnaea stagnaiis /.. (Nachrichtsbl.' d. Malakoz. Gesellsch., 32 Jahrg., 1900,
pp. 111-114 [la grandeur est en rapport avec l'étendue du volume d'eau habité].)
36
— 562 —
Planorbis corneus (^), Limnaea peregra, etc. Et outre la réduc-
tion de la taille, la forme elle-même peut être influencée par le
volume du milieu liquide; par exemple chez Limnaea megasoma^
où telle était la modification de forme, consistant dans le rétré-
cissement de la spire, que dans l'opinion d'un concbyliologiste
réputé cette forme nouvelle n'avait pas de relation spécifique
î'.vec L. megasonui (^).
Mais dans les diverses expériences de ce genre, le volume
d'eau n'agit pas seul, ni peut-être pas directement par lui-
même, ni par l'étendue de la surface (^) et le manque de mou-
vement des animaux, mais par des facteurs d'ordre chimique
provenant du grand nombre d'individus réunis dans un petit
espace, et notamment par les excréta accumulés et surtout le
manque d'aération ("*).
 ces causes chimiques (voir plus loin : 9. Facteurs chi-
miques) de nanisme, s'ajoutent aussi des causes thermiques
(1) Halaschevv, influence du milieu extérieur et principalement des dimensions dit
bassin d'eau sur quelques Mollusques (en langue russe). (Mém. Soc. Natural. Nouv.
Russie. Odessa, t. XII, 1887 [Planorbis corneus arrive à une taille d'autant plus
|ieiite que la capacité du vase où il est élevé est plus petite elle-même : pi. I,
tig. 2, 3, 5 et 6].)
(2) Whitfield, Description of I.ymnaea (Bulimnaea) megasoma Say, with an
account of changes produced in the o/fsprinçi Inj unfavorable conditions of life. (Bull.
Ameh. Mus. Nat. Hist. [New-York], vol. I, 1882, p. 36 : « . . changing the spécifie
characters lo such an extent that when siiown lo a good working conchologist
[Dr. James Lewis] he gave it as his opinion that they could liave no spécifie relations
to each otiier ».) — Quatre générations successives ont été conservées dans un
milieu restreint, et ont montré une diminution continuelle de la taille et un rétré-
cissement de la spire; dans une autre expérience, après trois générations, la taille
n'était que des 4/7 de la taille primitive.
(2) De Varigny, Recherches sur le nanisme expérimental. (Journ. de l'Anat. et
Physiol., t. XXX, 1894, p. i84 [les mesures sont malheureusement ici entachées
d'inexactitude, parce que l'auteur a mesuré pêle-mêle des Limnées et des Physes :
voir fig. 9 et 10 (p. 161) et fig. 14 (|). 165), et em ore fig. 21 (p. 170).]
(*) Voir pour 1'. tude et l'explication de ces causes de nanisme : Willem, Obser-
vations sur la respiration cutanée des Limnées et son influence sur la croissance.
(i5uLL. ACAD. Belg., 3e série, t. XXXIl, 1896 [défaut d'aérationj.) — Colton, Some
Effects of Environment on the Growth of Lymnaea columella. (Proc. Acad. Nat. Sci.
Pnn.AD., 1908 [volume, excreia et aération].) — Legendre, Recherches sur le nanisme
expérimental. (Arch.Zool. expér., 4'=séric, t. VIII, 1908 [surtout aération et excréta].)
— 5(33 —
(voir plus haut, p. 48:2) ; de sorte que cette variation ou défor-
mation peut être le résultat de diverses causes d'inconfort et que
l'on peut en donner l'explication générale suivante : « Les
Gastropodes aquatiques sont très petits quand la température
ou la composition chiniicjue gêne leur développement (^) ».
3'' Autres effets du manque d'espace (dans le développement).
— Le milieu plus restreint ralentit la vitesse de l'évolution
embryonnaire, par exemple dans IA7n}iaea stagnalis, où elle se
fait normalement en 15 jours dans un volume de 5 litres et où
— toutes les autres conditions étant égales — elle ne s'achève
qu'en 50 bu ()0 jours dans un volume de 10 centimètres cubes,
ou cinq cents fois plus petit (^).
Suivant que la larve est libre ou qu'il y a éclosion avec la
forme adulte, la protoconque, dans un même genre, peut être
différente ou non des tours suivants (hétérostylie) ; ainsi, par
exemple, Purpura lioemastoma, l*. scrlata, etc., à larves libres,
c'est-ïi-dire se développant dans un milieu étendu, possèdent
une protoconque hétérostyle ; tandis que P. lapillus, se déve-
loppant sans larve libre (dans un milieu restreint, la coque de
l'œuf), a une protoconque ne différant pas des tours suivants (^).
(1) CouTAGNE, De la variabilité de l'espèce chez les Mollusques. (Loc. cit., 1883,
p. o43 [l'auteur en donne un exemple synthétique dans la [)uranssole, petit cours
d'eau à eaux légèrement chaudes et salines, où Nerilina (Theodoxia) (luviatilis,
Physa acuta et Limnaea limosa sont de proportions liliputiennes. les Limnées étant
trois fois plus petites que normalemeril].)
(2) NociuiY, Observations embryogéniques de la Limnaea s agnalis. (Comptes
RENDUS Assoc. FiiANç. AVANC. Sci., 27^ session. [Nantes, 1898], p. 501, 1899.)
(') Dans son travail : Ueber Hétérostylie bel Schneckenschale und ihre Erklânmg
(Nachrichtsbl. d. Malâkozool. Gesellsch., 1905, pp. 28 et 29), Boettgek attribue
des différences dans la protoconque, chez la même espèce, à des différences parfois
minimes dans la profondeur à laquelle le développement a lieu. — (^^kv-kHiStudies
of Gastropoda. IV. Value of the Protoronrh and early Conrh Stages im the Classi-
fication of Gastropoda [Proc. 7th intekn. Zool. Congr., 1912, p. 761 J), a avec raison
mis en doute l'intluence d'une aussi faible différence de profondeur; par con're,
il attribue de son côté la protoconque différente des tours suivants à l'hérédité :
cette explication ne peut se soutenir en présence du cas des Purpura ci-dessus, aux
diverses espèces voisines desquels on ne peut attribuer des hérédités différentes !
^
* i~t
64
Plusieurs œufs dans une même coque peuvent, par compres-
sion mutuelle en des points homologues, se souder et donner
naissance à des monstres doubles, triples, etc. (voir P® partie,
p. 308).
9. — Facteurs chimiques.
1° Composition du milieu aquatique, — A. Variation de la
salure : On a constaté l'intluence de celle-ci sur la forme,
l'épaisseur, la taille et même l'ornementation et la couleur de
la coquille, ainsi que sur la rapidité du développement, l'acti-
vité ciliaire, la continuité de la vie, l'œuf, etc.
a) Action de la diminution de salure chez les Mollusques
marins : 1 . Sur la forme : Chez des Gastropodes, on a
constaté une diminution de la longueur par rapport au dia-
mètre transversal, par exemple chez Littoiina littorea (^), chez
JSassa obsoleta, où le rapport de ce diamètre transversal à
la hauteur devient ^^/loo ^^ ^'^^^ ^'^ ^7ioo (^) '■> parmi les
Lamellibranches, on voit aussi la hauteur diminuer relativement :
chez les Cardium ediilc des stations d'eau douce prédomine le
type allongé (^).
2. Action sur l'épaisseur de la coquille : L'épaisseur en est
réduite dans l'eau saumâtre; les Littorina saumâlres tropicaux,
L. intermcdia, arujulifera, carinifcra, ne sont pas aussi épais
que les vrais Littorina marins (^) ; L. rudis a une coquille plus
(1) BUMPUS, The variations and mutations of the mtroduced littorina. (ZooL.
Bull. Boston, vol. I, 1898.)
(2) DiMON, Quantitative Study of the Effect of Environment upon the Forms of
Nassa obsolela and Nassa triviltata front Cold Spring Harbor, Long hland. (Biome-
TRIKA, vol. 11, -1902, p. .31.)
(5) Bateson, On variation of Cardium ediile apparently correlated to the conditions
of Life. (Phil. Trans. Roy. Soc. London, vol. CLXXX [B], 1889, p. 317.)
(*) Gibbons, Variation in tropical Littorina. (Juurn. of Conch., vol. I, 1874,
p. 339.)
— 565 —
mince dans les estuaires (^) ; de même, L. littorea s'y montre
plus léger : au fond de Red Wharf Bay (Anglesey), au débouché
d'un cours d'eau, le poids moyen en est à peine le cinquième
du poids des spécimens de l'extrémité de la baie, où l'eau est
normale (^) ; Nassa reticidala de la Baltique porte aussi une
coquille beaucoup plus mince que les individus de la Méditer-
ranée et de l'Océan (^). Dans \esPatella et les Buccinum, la dimi-
nution de densité (salure) diminue l'épaisseur de la coquille (^).
Et chez les Lamellibranches (Mija crrenaria, Tellina ballica), la
même chose a été observée dans la Baltique ('').
3. Action sur la taille : Toutes les espèces qui vivent dans
la Baltique (mer peu salée) y sont plus petites que dans la mer
du Nord et d'autant plus petites qu'elles proviennent des parties
les plus orientales (les plus pauvres en sel) ; il en est ainsi pour
Nassa reticidala C^), pour Littorina riidis qui, pour une salure
de 2.7 °/,. (côte danoise), a une taille de J8"""5, pour 1.5 7o,
1:2 millimètres et pour 1.2 -/o. 10 millimètres (") ; et les
Littorina littorea de Red Wharf Bay ci-dessus, de même qu'ils
étaient beaucoup plus légers dans l'eau saumàtre de l'estuaire,
y étaient aussi uîoitié plus petits que dans l'eau salée (^). Et,
d'autre part, les Lamellibranches de la Baltique y offrent la
même décroissance de l'Ouest à l'Est que les Littorina riidis :
Mytilus edulis de 110 millimètres à 21, Mya arenaria de
100 millimètres à 36.5, Cardium edide de 44 millimètres à 18,
(1) Glauk, a History of the British marine Testaceous Mollusca, 1855, p. 343.
(2) CoopER, Variation in Lutorina littorea L (Journ. of Gonch., vol. XIII, 1912,
p. 340.)
(3) MôBii'S, Die Bildung, Geltung und Bezeichnitng der Arthegriffe nnd ihre Ver-
hâltniss znr Abslammungslehre. (Zool. Jahrb., Bd 1, 188(3, p. 257.)
(^) Malard, Les méthodes statistiques appliquées à l'étude des variations des
coquilles turbinées (Buccins). (Bull. Muséum Paris, 1906, pp. 321 et 328.)
(5) MôBius, Jaliresher. Comm. z. wiss. Unters. deutsch. Meere, 1871, p. 138.
(6) MôBius, Zool. Jahrb., Bd 1, 1886, j). 257.
(') Johansen, On the variation observed in some northern species of Littorina.
(ViDENSK. Meddel. naturh. Foren., 1901, p. 301.)
(8) CooPER, lac. cit., p. 340.
Teilhid baltica de !23 millimètres à 15 (^). Cardium ediile, du
lac saumâlre de Timsah (Ismaïlia), est nain (-); Tellina baltica,
du ce Vieux-Port » de Wimereux (où la mer n'entrait plus
qu'aux plus fortes marées de pleine lune), était presque deux fois
plus petit que dans les fonds marins (observations person-
nelles); Mya arcnaria, du lac saumàtre Stennis (Orcades), est
dans le même cas (^), ainsi que celui de la Baltique, beaucoup
plus petit comparativement que les individus océaniques, par
exemple d'Islande et du Groenland (^); Arca granosa L., du
golfe du Bengale et de l'océan Indien, y atteint plus de 75 milli-
mètres de largeur : dans le « lac » Cbilka (côte orientale de
l'Inde), où l'eau n'est que légèrement salée, cette forme n'atteint
pas plus de 26 millimètres (^) ; enfin la même chose s'observe
pour Neritina virghiea (•') et pour Nassa obsoleta (').
4. Action sur l'activité ciliaire : Les cils des branchies, chez
Mactra (stultonmi), sont immobilisés dans l'eau qui a environ
la moitié de la densité de l'eau de mer normale (I gramme
de sel marin par 64 grammes d'eau douce), tandis que ces cils
battent dans l'eau salée par 2 ou 3 grammes de sel pour le
même volume liquide (soit une densité normale ou environ
doublée) {'').
(1) Brandt, Die Fauna der Ostsee, insbesondere die der Kieler Bucht. (Verh.
DEUTSCH. ZooL. Gesellsch., 1897.)
(') GoMPANYo, fide De Folin, Dernières observations sur les anomalies malacolo-
qiques de l'étang d'Ossegor. (Bull. Soc. Borda. Dax, 1879, p. 4 du tirage à part.)
(3) Jeffreys, Brilish Conchologij, vol. III, 1865, p. 66.
(*) Cooke, Molluscs. (Cambridge Natural History, vol. III, p. 84.)
{=) Annandale, The Mollusca of the Tai-Hu in the Kiagsu Province of China.
(Mem. Asiat. Soc. Bengale, \o\. VI, 1918, p. 818.)
C) Metcalf, Neriliria virginea variettj minor. (Amer. Natuu., vol. XXXVllI, 1904,
p. S6S.)
(') DiMON, Quantitative Sludy of the Effect of Environment upon the forms of
Nassa obsoleta and Nassa trivittala from Cold Spriiig Harbor. {i.oc. cit., pp. 26
et 33 [la densité de l'eau est très peu élevée dans le port de Cold Spring, et les
Nassa y sont beaucoup plus petits que les individus normaux des mêmes espèces].)
(^) Garner, On the Anatomy of the Lamellibranchiate Conchifera. (Trans. Zool.
Soc. LoNDON, vol. II, 1841, p. 9o.)
— 567 —
o. Action sur les battemenls du cœur : Ils deviennent moins
i'i'é([uents, par exemple cliez des LiUorina riidis nouveau-nés,
placés dans l'eau douce (^).
6. Action sur l'activité vitale : Toutes les formes marines ne
résistent pas également bien à la diminution de salure; il a élé
reconnu que, dans un même groupe, les formes les plus voi
sines du niveau de la haute mer sont les moins sensibles à cette
diminution (ou les plus « euryhalines ») (-) ; en outre, dans
une même espèce, les individus les plus voisins de cette même
limite sont plus euryhalins que ceux qui vivent vers la limite de
la mer basse; exemple : Purpura lapUlus, LUtorina rudis (^).
Il en est d'ailleurs pour les larves et embryons comme pour
les adultes, et par abaissement de la salinité, les embryons sui-
vants sont tués : Eolis papillosa, par ^/r, d'eau douce; E. con-
cinna, par °/g ; Doris biiamellata, Ancula cristata et Polyceru
oceUata, par ^/g; Gon'wdoris nodosa et Tritonia picbeia, par 7,;
Lamellaria pcrspicua et PliUine aperta, par ^/.^, parmi les Gas-
tropodes; et chez les Lamellibranclies, les trochosphères de
Plwlas candida sont tués par ^/j, et ceux de Macira subtruu-
cata, par ^/^ d'eau douce {^).
(1) Velskneek, L'origine des animaux d'eau douce (Bui.L. Acad. Bei.g., année 1905,
p. 719, 1906.)
(*) Beudânt, Mémoire sur la possibilité de faire vivre des Mollusques fluviatilis
dans les eaux salées et des Mollusques marins dans les eaux douces. (Journ. de
Physique, t. LXXXIII, 1816 [des formes comme Tellina incarnala, Pecten varias et
Chama lazarus (grijphoides), Haliotis^ tuberculata, etc., ne résistent pas à l'eau
douce, même lorsqu'on les y amène progressivement].) — De Varigny, Beitrag
zur Studium des Einflusses des sitssen Wassers auf die Seethiere. (Ckntralbi..
F. Physiol., Bd I, 1888, p. 566 [Doris et Venus sont tués après un certain temps par
l'adjonction d'un peu plus des deux tiers : soit 68,7 % d'eau douce ; Tapes decus-
satus résiste jusque dans l'eau tout à fait douce].) — Gogorza, Influencia del aqua
dulce en los animales marinos. (Anai>. Soc. Espan. Histor. natur., t. XX, 1891,
p. 221.)
(5) Col^-an, Notes on the adaptatnlitij nf certain littoral Mollusca. (Irish Natu-
RALIST, July 1910, p. 131.)
(*) Pelseneer, L'origine des animaux d'eau douce. (Burx. Acad. Belg , année 1903,
p. 716, 1906.)
— 5(38 —
Des formes « dessalées », replacées clans l'eau de mer, ne s'y
adaptent plus ; des Littorina tropicales, confinées dans des eaux
plus ou moins saumàtres, paraissent incapables de vivre dans
l'eau salée pure (^) ; Dreissensia polymorpha du bassin saumâtre
aralo-caspien, immigré depuis dans l'eau douce, ne supporte
plus l'eau de mer. (.es espèces ont perdu leur euryhalinité.
7. Action sur la durée du développement : 11 a été reconnu
que dans divers Gastropodes marins le développement est
ralenti ; ainsi chez Nassa reticulata, l'adjonction de ^3 d'eau
douce retarde l'éclosion de trois jours, et de ^/^ d'eau douce, de
cinq jours; pour les pontes de Hermaea hi/ida, leur éclosion a
lieu deux jours plus tard par adjonction de ^/.^ d'eau douce, et
trois jours plus tard dans le mélange où il y a ^'2 d'eau douce (^).
h) Action de l'augmentation de salure : a. Pour les formes
marines : 1. Action sur l'activité vitale : CardiuTfn cditle peut
vivre dans des eaux très sursalées ; on le trouve dans les chotts
avec les Melania et Mclanopsis, et même dans des eaux dont
l'excès de salure a tué ces Gastropodes (^); dans les marais
salants, cette mèirie espèce supporte des eaux avec i.86 7o àe
sels (^). Scrobiruku'ia pipei'ata et Ihidrohia idvae (Paludestrina
stagnnlis) — deux formes d'eau saumâtre — vivent dans l'eau
sursalée jusqu'à 6.3*2 "/o de sels {^) ; Littorina ritdis, dans ses
variétés tenehrosa et saxatilis, habite des eaux dont la teneur en
sels va respectivement jusqu'à 6.32 et 6 7o('')l ISeritina virginea
(*) Gibbons, Journ. of Conch., vol. I, 1875, p. 339.
(2) Pelsem;eh, loc. cit., 1906, p. 722.
(2) TouRNouER, Sur quelques coquilles marines recueillies par divers explorateurs
dans la région des Chotts sahariens. (Comptes rendus Assoc. franc. Avanc. Sci.,
session de Paris [1878], p. (\ du tirage à part.)
(*) Ferronnièhe, Études biologiques sur les zones supralittorales de la Loire-Infé-
rieure. (Bull. Soc. Sci. nat. Ouest France, 1901, p. 320.)
(^) Feuronnière, loc. cit., p. 320.
(^) Ibid., p. 320. — Celte espèce pourrait même résister à une salante de 8 "/o.
(NoRDENSRJoi.D, Beitràgc zur Kenntniss des Thie) lebens in Wassersanimlungen von
wechselnden Salzyehalt. [Ofvers. K. Vet. Akad. Fôrhandl., Stockholm, vol. LVII,
1900, p. 1124.])
— 509 —
vit dans des eaux sursalées dont la densité est de 1.038, soit
riche de 4.965 7„ de sels (^).
Mais une eau sursalée à l'excès devient inhabitable et le Mol-
lusque y meurt par ralentissement des pulsations cardiaques, le
cœur s'arrètant iinalement en systole ; il en est ainsi par
exemple pour Tapes decussatus, en peu d'heures, dès qu'il y a
4 °jo de sel en plus que dans l'eau de mer normale (^).
Une eau trop surchargée de sels tue aussi les larves des Mol-
lusques marins qui survivent tant que la salure n'atteint pas les
valeurs ci-après : les véligers de Polijcera ocellata, Eolis coro-
nata et Nassa reticidata sont tués par une adjonction de 3 7o
de sel, soit par une eau renfermant 0.4 7n de sels; et la trocho-
sphère de Plwlas candida est tuée lorsque la salure atteint 5.4 "/o
de sels (^).
2. Action sur la taille : Elle amène une réduction de celle-ci,
par exemple chez Neritina virginea (^) et chez Littoiina rudis (^),
qui y prennent respectivement les formes « minor » et saxa-
tilis (cette dernière étant une variété plus petite que le rudis
typiquej. Parmi les ('ardium edide des chotts, il y a également
une forme niinor ('').
La faune malacologique du lac Fnsaro (près de Baïes) (à
eaux très denses et sursalées) a aussi un caractère de « deperi-
mento » (").
(1) Metcai-F, Nei'itina virginea variety minor. (Amer. Natub., vol. XXXVIII, 1904,
p. 567.)
(2) PiÉRi, Recherches physiologiques sur Tapes decussatus et quelques Tapidés.
Laval, 1895, pp. 78-81. — Tandis que Mytilus edulis supporte 5 "/o de sels.
(NORDENSKJÔLD, loc. cit., p. 1127.)
(5) Pelseneer, Sur le degré d'eurylhermie de certaines larves marines. (Bui-l.
ACAD Belg., année 1901, p. 286.)
(*) Metcalf, loc. cit., pp. S66 et 567.
(S) FekrOiNN'ièue, loc. cit., p. 349.
C) TouRNOUER, loc. cit., pi. VI, tig. 3 et 4.
(') Bellîivi, Molluschi del Lago Fusaro e del Mare Morto nei Campi Flegrei.
(BoLL. Soc. iNatur. Napoli, t. XVI, 1902.)
— 570 —
3. Action sur la forme : Le Littorina juidis des eaux sursa-
lées des marais salanls (var. saxatilis, voir ci-dessus) se dis-
tingue non seulement par sa taille plus petite, mais par sa
suture plus profonde; Cardium edide, avec la salinité croissante
au-dessus de la normale, devient plus allongé : par exemple dans
les bassins sursalés à l'est du lac d'Aral \^) , dans les chotts
algériens (^), et dans les eaux sursalées des marais salants (^).
Chez un euihryon de Céphalopode (Loligo vulgaris) élevé
dans l'eau de mer « concentrée )>, on a remarqué que les bras
se sont développés en un bourrelet uni(]ue, résultant de leur
coalescence (fig. 245, p. 350).
4. Action sur l'épaisseur des coquilles : Celle-ci est réduite
notamment dans les Cardium cdiile d'eau sursalée des diverses
provenances (^).
5. Action sur la couleur : Les Cardium edule des eaux sur-
salées voisines du lac d'Aral sont plus hauts en couleur que le
type normal (^).
p. Action de l'augmentation de salure sur les formes d'eau
douce : I. Action sur l'activité vitale : Des Pulmonés d'eau
douce ont pu s'adapter progressivement à de l'eau salée renfer-
mant jusqu'à 4 7o de sel; mais les Gastropodes branchies y
résistent beaucoup moins bien [Paludina, iSerilina) (^) ; de
(*) Baïeson, On some Variations of ('ardium edule apparently Correlated lo tlie
Conditions of Life. (Phii.. Trans. Roy. Soc. London, vol. GLXXX, B, 1889, p. 316.)
(2) TouRNOUER, loc. Cit., pi. VI, fig. 5, 6 et 7 (formes allongées!.
(5) Ferronnière, loc. cit., p. 349 (forme « qiiadrata »).
(*) Toi'RNOUER, loc. cit., pi. VI, fig. 5 à 8 (variété « fragile »). — Bateson,
loc. cit., p. 316 (« having the character of thinness ») : également pour la forme du
lac sursalé d'Abukir (Egypte). — Ferronnière, loc. cit., p. 349 (var. quadrata'
forme amincie).
(=') Bateson, loc. cit., p. 316.
(6) Beudant, Mémoire sur la possibilité de faire vivre des Mollusques fli/viatiles
dans les eaux salées et des Mollusques marins dans l'eau douce. (Loc. cit., 1816.) —
GUPPY, iide Smitii, Proc. Zool. Soc. London, 1886, p. 588 (Neritina).
— 571 —
X
même Bijtliinia leaclii et Valvata piscinalis meurent dans l'eau
iidditionnée de 0 5 "/o de sel, tandis que leurs pontes et celles de
B. tentaculata s'y dévelopj)ent et le font même dans l'eau avec
1.5 P/oi par contre, ces dernières n'évoluent plus dans l'eau
à 2.5 7o du sel, si on les y place directement, mais bien si
elles y arrivent progressivement, après avoir passé d'abord par
une solution à 1.5 °/o (observations personnelles). Limnaea
peregra ('« (imosa ») s'acclimate progressivement à 5 grammes
de sel marin par litre, et y pond des œufs qui s'y développent
normalement (^). Dans l'étang d'Ossegor, brusquement envahi
par l'eau de mer, les l^liysa et Limnaea disparurent au bout
d'un mois (^), Àiiodonta cijgnaea s'adapte bien à l'eau de mer (-').
2. Action sur les poids : Limnaea stagnnlis, placé dans une
solution hypertonique de chlorure de sodium, perd d'abord de
l'eau, par osmose; puis ultérieurement augmente sa teneur en
eau et en sel, par absorption (^).
3. Action sur la forme : Limnaea peregra (<■( limosa «j et
Pliysa acuta dans le lac d'Ossegor devenu salé, ont présenté
fréquemment une variation consistant dans l'expansion du bord
de l'ouverture (°) ; Limnaea peregra et L. stagnalis des bassins
salés voisins du lac d'Aral offrent aussi ce genre de variation (^).
En outre, toutes ces espèces avaient souvent les tours plissés et
bossus et la columelle tordue; et les P/iysa des sources salées
(1) Rajat, L'action du chlorure de sodium sur les Mollusques aquatiques. (Comptes
RENDUS Soc. BiOL. Paris, 69^ année, i9I7, p. 472 [dans une eau chargée de plus de
5 grammes par litre, les adultes meurent au bout de huit jours].)
(*) De FoLiN, Faune lacustre de l'ancien lae d'Ossegor. (Bull. Soc. Borda [Dax],
4879.)
(3y Philippson, Hannevar et Thieken, Sur l'adaptation d'Anodonla cygnea à l'eau
de mer. (Arch. intern. Physiol , t. IX, 4944, p. 460.)
(*) Enriques, Ricerche osmotiche sulla Limnaea stagnalis. (Atti Accad. I.incei,
5e série, t. XI, 490^2, p. 448.)
(^) De FoLiN, Farine lacustre de l'ancien lac d'Ossegor. (Bull. Soc. Borda [Dax],
4879, p. 44, pi. I et II.)
(6) CooKE, Molluscs, p. 85, fig. 3.3, A, B, et fig. 34. (..
— 57-2 —
de Californie montraient de semblables déformations (^). Par
l'action de l'eau saiimàtre, les Bytliinia et les Limnaea ont par-
fois le sommet tronqué (^).
4. Action sur la taille : Les Limnaea et Physa du lac d'Osse-
gor étaient de petite taille (^) ; l'action nanisante de l'eau sau-
màtre a aussi été signalée sur les Physa nord -américains (^).
5. Action sur la rapidité du développement : Celui-ci est
ralenti, ])ar exemple chfez Physa fontinalis, où il dure une quin-
zaine de jours de plus que dans l'eau douce (■'); pour Physa
heterostropha et Amnicola limosa, ce même ralentissement a été
constaté, au moins à l'origine, mêuie dans les solutions les plus
faibles (*^).
c) Action de l'augmentation exagérée ou de la diminution
exagérée de la salure : La réduction de la taille a été amenée
chez Nassa obsolcta (p. 566) et diverses formes baltiques(p. 565)
par Ja diminution de salure, et chez Limnaea peregra, Physa
aciita, etc., par l'augmentation (p. 57:2); chez Cardium edule
(forme « minor » des chotts), Neiitina virginea et Litlorina
rudis, par augmentation ou par diuiinulion (pp. 566 et 568).
L'allongement de la forme se produit chez Cardium edule tant
par excès de salure que par diminution de la salure normale
(pp. 564 et 570). L'épaisseur de la coquille se réduit par augmen-
tation de salinité chez Cardium edule (p. 570), par diminution de
(1) Steakns, The fossil freshwater shells of the Colorado Désert, Iheir distribution,
environment and variation. (Puoc. LI. S. nat. Mus., vol. XXIV, 1901, p. 295.)
(2) GooPEU, Note on decollated shells. (Journ. of Conch., vol. XIII, 1910, |). 14.)
(') De Folin, loc. cit., pp. 43-45.
(*) Call, fide Stearns, The fnssil freshwater shells of the Colorado Désert, their
distribution, environment and variation. (Loc. cit., 1901, p. 293 )
(■^) WiERZFJSKY, Embryologie von Phy^a fontinalis L. (Zeitschr. wiss. ZooL.,
B 1 LXXXIII, 1905, p. 515.)
(6) KoFOiD, On the early Development of Limax. (Bull. Mus. Compar. Zool.,
vol. XXVIl, 1895, p. 105.)
— 573 -
celle salinité pour iSassa obsolcta, Littorina tropicaux et formes
baltiques (p. 565). Enfin le développement se ralentit par la
diminution de la salinité [Nassa reticidata, p. 568),. aussi bien
que par son augmentation (Pliijsa [ontinaiis, etc., p. 572).
B. Variation de la concentration en calcaire : a) Action de
l'abondance de calcaire : La composition cbimique de l'eau fait
varier l'épaisseur de la co(|uille des Unionidae {^) ; pour Ano-
donta cijgnaea, la j)léthore de substance calcaire détermine la
foi'iiie épaisse « incrassaîa », et les Pulmonés d'eau douce, dans
les lacs alpins à eaux riches en calcaire ont la coquille plus
solid.e et épaisse, par exemple chez Limnaca stagncilis et
L. auricidaria {^). Toutefois, dans une eau avec excès de cal-
caire (et absence d'acide humique), les Unionidae ont aussi une
coquille plus mince (^).
b) Action du défaut de calcaire sur la régénération et la crois
sance de la coquille : Dans une eau sans calcaire, la coquille n'est
régénérée que sous la forme exclusive d'une membrane orga-
nique molle, par exemple dans linodonta pouderosa (^) ; un
exemple observé dans les conditions naturelles a montré le même
phénomène pour la coquille entière : dans un étang situé sur
des roches granitiques (gneiss), et dont les eaux étaient
dépourvues de calcaire, les Unio complcniatus présentaient des
coquilles « cornées » et flexibles, se coupant aux ciseaux, mais
dont, par contre, l'épiderme était deux fois plus épais que
(1) PiCAUD, Mémoire sur les déviations dcuis le genre Unio. (Loc. cit., i840.)
(2) Clessin, Ueber Mis.'-bililungen der Mollusken und ihrer Gehànse. (22 Jahresber.
NAT. HisT. Ver. AuGSBi'RG, 1873, p. 73 , et Ueber den Einfluss der Umgebung aufdie
Gchàuse der Mollusken. (Jahresh. Ver. Vaterl. Naturk. Wurttemberg, 1897,
p. 80 ) — Stearns {lac. cit., p. 294) dit aussi que les Physa ont ia coquille plus
solide dans les eaux riches en matière « minérale ».
(») March, Journ. nf Conch., vol. XIII, d91i, p. 218.
(*) MoYNiER DE ViLLEPOix, Recherches sur la formation et l'accroissement de la
coquille des Mollusques. (Journ. de l'Anat. et Physiol., t. XXVIII, 1893, p. -122.)
- 574 — .
normalement (^) ; chez Limnaea stagnalis, roptîmum de
régénération s'observe à la teneur de Vsoo ^^ calcaire; elle
est beaucoup moins rapide au-dessus et au dessous de cette
proportion (^).
Dans une eau sans calcaire, ne renfermant que des plantes
écloses dans cette eau [Hijdrocharis et Ijemna), des pontes
fraîches de Limnaea stagnalis ont été placées; elles s'y sont
développées et ont éclos, en donnant des jeunes à coquilles
minces, membraneuses, presque incolores, allongées, dont beau-
coup d'individus ont gardé, jusqu'à leur mort, la respiration
aquatique, sans avoir d'air dans la cavité palléale (^). De jeunes
Lamellibranches en croissance (non déterminés), placés dans une
eau sans calcaire, ont montré leur coquille devenant d'abord
fragile, puis tout à fait memi)raneuse, par suite de la résorption
de la substance calcaire précédemuient formée (^). On verra plus
loin l'effet comparable d'un sol sans calcaire sur les Pulmonés
terrestres.
L'érosion au sommet des coquilles, produisant leur « décol-
lation )), est en rapport avec la composition des eaux et du fond.
Dans une eau où il y a moins de 4 grammes de calcaire par
4.5 litres (gallon), se produit l'érosion des coquilles ('') ; Bijt/ii-
nia teutaculala est le plus facilement érodé dans les eaux où le
(') RiCH, An aberrant ecological form of Unio corapJanalus Dillwyn. (Science
[N. Y.], new. série, vol. XLII, 1915, pp. S79 et S80.)
(2) Desroche, Régénération de la coquille chez les Gastéropodes aquatiques. Paris,
1907, p. 7.
(5) Observations personnelles. — Dans une eau semblable, des pontes de Limnaea
auricularia ne parvinrent pas à éclore (Moynierde Villepoix, loc. cit., 1893, p. Hl);
on sait que celte espèce est moins tolérante que les autres Limnaea, à la chaleur,
la salure, etc.
(*) Maâs, IJeber die Wirkung des liungers und der Kalkentziehung bei Kalkscti-
wammen und anderen Kalkauscheidenden Orgamsmen. (Proc. 7th intern. Zool.
CONGK. [Boston, 1907], |). 507, 1<H2.)
(^) Shrubsole, On the érosion of certain fre^hwater sliells. (JouuN. of Coxch.,
vol. V, 1886, p. 66.)
— 575 —
calcaire fait défaut (^) ; mais ce fait a été signalé pour les coquilles
aquatiques en général (^).
Quant à l'action du sulfate de calcium, il a été reconnu que chez
Ostrea il rend les vieux individus plus débiles que les jeunes (■^).
C. Action d'autres sels : a) Les coquilles sont également
érodées dans les cours d'eau où l'on déverse les rejets alcalins
d'usine chimique (^).
b) Sels de potassium (voir aussi plus loin : Action de poi-
sons chimiques) : Dans une solution de chlorure potassique, les
œufs de Mactra se développent parthénogénétiquement (°).
c) Sels de lithium : Par leur influence, les ébauches des oto-
cystes des Céphalopodes, au lieu de s'invaginer en dedans,
paraissent se dévaginer extérieurement (^).
d) Eau ferrugineuse : Il a été constaté que les coquilles des
Gastropodes fluviatiles y prennent une couleur rouge ou brun-
rouge très nette (') ; Paludinelta viridis, dans la source ferrugi-
neuse d'Audi nac (Ariège), acquiert une coquille de couleur
rouge {P. arubigi}iosa »,Boubée). Les Lamellibranches sont éga-
(1) Clessin, Ueber den Einfluss kalkarmen Bodem nuf die Gehàusenscfmecken.
(KORRESPONDEMZBL. ZOOL. MlNEU. VeR. ReGENSBURG. Bd XXV, 187i, |J. 125.)
(2) Stkobel, Saggio sui rapporli existenti fra la natura del suole e la distribuzione
dei Molluschi lerrestri e d'acqua dolce. (Atti Soc itai,. Sci., t. XIX, 1876, p. 24.)
(5) Oku, Ito et Fujita, The action of calcium sulpkate in living Oysters. (Journ.
FisHER. BuR. Tokyo, vol. X, 1901.)
(*) Lewis, Proc. Boston Soc. Nat. Hisi., vol. VI, p. 149.
p) KosTANECKi, Experimentelle Studien an den Eiern von Mactra. (Bui.L. intern.
ACAD. CUACOVIE, 1911, p. 157.)
(•*) ScHiMKËYiTSCH, Experivientelle Untersuchungen an meroblastischen Eiern.
I. Cephalopoden. (Zeitschr. wiss. Zool., Bd LXVII, 1900, p. S05.)
(') Chaillou, Influence du milieu sur la coloration artificielle d'une coquille
fluviatile. (Bull Soc. Sci. nat. Ouest France, t. V, 1895, p. 98.) — Germain, Étude
sur les Mollusques terrestres et fluviatiles vivants des environs d'Angers et du dépar-
tement de Maine-et-Loire, même recueil. 2^ série, t. III, 1903.) — Le même résultat
est atteint par le mélange d'oxyde ferrique à la nourriture. (Megusar, Ueber der
Einfluss ausserer Fakloren und ïiber Vererbung bei Krustazeen, Insekten, Mollusken
und Amphibien. [Verh. Ges. deutsch. Nature., Leipzig, Bd LXXXV, 1914, p. 719 :
imnaea stagnalis et Physa fontinalis.])
— 576 —
lement affectés par l'eau ferrugineuse, par exemple Unio pictormn
dont la nacre prend une teinte saumon tout à fait spéciale (*).
D. Variation dans l'afflux d'oxygène et dans l'aération : La
diminution de la quantité d'oxygène entraîne la diminution de
la taille chez les Pulmonés deau douce [Limnctea, p. 562; les
produits nocifs solubles des excréta y contribuent aussi). La
diniinution du taux d'oxygène détermine un géotropisme négatif
chez Littorina litlorca (p. 547). Dans une eau pauvre en oxy-
gène, les battements des valves d'Anodonta cjignea sont plus
fréquents (^). Par contre, le séjour dans une eau peu aérée fait
en général baisser le nombre des mouvements respiratoires chez
Octopits vuigaris (^) ; et le degré d'oxygénation du liquide circu-
latoire fait aussi varier le nombre des contractions ventricu-
laires (^). La tension de l'oxygène dans l'air atmosphérique en
augmente la consommation chez des Pulmonés tels que Limax;
sa tension dans l'eau ne fait pas varier cette consommation dans
des formes aquatiques comme Aplysia et Etedone {■').
L'augmentation d'oxygène, lorsqu'elle n'est pas très pro-
longée, diminue le dépôt de pigment dans le tissu nerveux de
Limnaca stagnalis, Hélix iucorum et Paludina vivipara (*').
L'oxygène repousse les spermatozoïdes eupyrènes et stimule les
apyrènes [Strombiis bituberculaîus) Ç').
(*) QuiLTER, Land nnd Frcshwaler Mollusca of Leicestershire. ^Trans. Leicester
IjITT. and Phil. Soc, 1888 [à Grobby Pool, Leicestershire].)
(«) Pawlow, Wie die Muschel ikre Schaale ôffnet. (Arch. ges. Physiol.,
15d XXXVII, 1885, p. 9.)
(=>) Fkéuéricq, Sur l'organisation et la physiologie du Poulpe. (Bull. Acad. Belg.,
2e série, t. XLVl, 1878, p. 43 du tirage à part.)
(*) FucHS, Beilrâge zur Physiologie des Kreislaufes bei den Cephalopoden. (Arch.
GES. Physiol., Bd LX, 189o.)
(5) He.nze, Ueber den Einfluss des Sauerstoffsdrncks avf den Gaswechsel einiger
Meeresliere. (Biochem. Zeitschr., Bd XXVI, 1910.)
(6) MoGLiA, Snl significato funz-ionale del pigmcnio nei gangli nervosi dei MoUuschi
Gaslernpodi. (Arch. Zool., vol. IV, 1910 [l'anhydride carbonique produil l'effet
contraire]-.) — Enriques e Zweibaum, Sul pigmento nel sistenia nervose degli
Invertebrati e su le suo madificitzioni sperinientali. (Bios, t. I, 1913.)
(■) lÎEiNKE, Report upon the liehavior of the Dimorphic Spermaioza «/"Strombus.
(Yearbook Carnegie Instit., 1914, p. 210.)
— 577 —
2" Composition chimique du sol ou du fond. — Sur des sols
pauvres en calcaire, les Mollusques ne prospèrent pas. Les
Gastropodes qui y vivent ne possèdent alors qu'une coquille
très mince, « cornée » et plus ou moins transparente ; par
exemple, dans ces conditions, Hdix pisana sécrète une coquille
tellement mince qu'il est difficile de la tenir en main sans la
casser (^) ; celle de //, arlmstorum l'est aussi, au point qu'on
pourrait la comparer à un Vitrina (^) , et le pour-cent de
calcaire dans cette coquille est de 94.7 i 7» ^ur les terrains
calcaires et de 93.01 7o sur le terrain granitique (•^) ; chez Hélix
striaîa des régions siliceuses le test est mince, tandis qu'il est
épais dans les régions calcaires (^) ; de même H. nemoraiis
sécrète une coquille épaisse et forte sur un terrain riche en
calcaire : dans une carrière de craie à Binninglon (Scarhorough),
elle atteint près de cinq l'ois son poids normal (forme « pondc-
î'osa ))) (^) ; tandis que sur le schiste éruptif près du sommet
de Macgillycuddy Reeks (Kerry), la coquille en est tellement
mince que les plus fragiles s'écrasent et que l'une d'elles,
demeurée intacte, ne pesait guère qu'un quart du poids
normal [^) ; vers la limite des régions granitiques, la coquille
de H. cingiUata est mince (") ; au sommet du Ben Lawers
(') Moquin-Tandon, Histoire naturelle des Mollusques terrestres et fluviatiles de
France, t. I, p. 337, et i. I!, p. 26'2.
(*) Ibid., t. 1, p. 56 (var. baylei).
(3) DoERiNG, Chemische Zusammensetzung der Pulmonatenschaale. Goeltingen,
4872.
(*) CouTAGNE, De la variabilité de l'espèce chez les Mollusques terrestres et d'eau
douce. (Comptes rendus Assoc. franc. Avanc. Soi., session de 1882 [La Rochelle],
p. 553, 1883); et Recherches sur le polymorphisme des Mollusques de France.
(Loc. CIT., p. 53.)
(^) Taylor; voir pour d'autres cas de la même espèce : Welch, Abnormalities in
the Shell o/ Hélix nemoraiis. (Irîsh Naturalist, vol. IX, 1900, p. 166.)
(6) Hardy, fido Taylor, A Monograph, etc., vol. I, p. 77.
(') Strobel, Essai d'une distribution orograpliiro-géogniphique des Mollusques
terrestres dans la Lombardie. (Mkm. Accad. Sci. Torino, 1857, p. 41.)
37
Air.'i
— 578 —
(Perthshire, Ecosse, environ 1,214 mètres, roche éruptive),
Vitrina pdlucida a la coquille tellement mince qu'elle ne résiste
pas à la manipulation (^). A Guernesey, oii il n'y a pas de
terrain calcaire, la coquille de //. aspersa est mince au point de
peser huit fois moins que son poids moyen d'ailleurs ('-). Même
sur les terrains gypseux, H. pomatia n'atteint pas l'ampleur
normale de sa coquille (^).
Le défaut de calcaire dans le sol déterminerait même des
modifications de la forme de la coquille; chez les Clausilia, elle
diminuerait de longueur, et dans Hélix lapicida, elle serait
arrondie (au lieu d'être carénée) à la périphérie (^). Enfin, la
rareté du calcaire entraîne la diminution du nombre ou la
disparition des dents de la cocjuille de Piipa (Pupilla) muscorum
et des autres espèces de Piipu et Vcrtigo ('').
Il a été constaté expérimentalement que de jeunes Hélix
aspersa, nouvellement éclos, nourris pendant quatre mois et
demi de végétaux poussés dans un sol sans calcaire, portaient
une co(|uille molle, incolore, transparente et de taille plus
petite que celle des individus normaux conservés comme
témoins, 8 millimètres au lieu de ir"™3, soit guère plus des
trois quarts (*^).
Il est néanmoins certaines formes qui se complaisent mieux
que d'autres sur les massifs rocheux, généralement non cal-
caires, et parmi elles on trouve justement des genres à
(1) Laidlaw, Shclls of Hicjh Aliitudes in Scolland. (Journ. of Gonch., vol. XII,
1908, p. 19-2 )
(*) Taylok, a Monograph, etc., vol. I, p. 77.
(3) LocARD, L'influence des milieux sur le développement des Mollîisques. (Loc. cit.,
p. 95.)
(*) Clessin, Ueber den Ëinfluss kalkarmen Bodens auf die Gekàusenschnecken.
(KOKRESPOiNDEiNZBL. ZoOL. MINERAL. VeR. ReGENSBURG, Bd XXV, 1871.)
(*) Clessin, Ueber den Ëinfluss der (Jmyebuug auf die Gehâuse der MoUusken,
(Jahresh. Ver. f. Vaterl. Naturk, WOiiTTEMBEKG, 1897, p. 77.)
(6) MoYNiER DE ViLLEPOix, Recherches sur la formation et l'accroissement de la
coquille des Mollusques. (Loc. cit., p. 129.)
— 579 —
coquilles peu épaisses : Dmidebardia, Vitrina, Uijalinia,
Zospeum, etc., et parmi les espèces aquatiques : Bytliinella,
Lartelia (*).
Les Mollusques qui vivent sur les terrains peu riches en
calcaire et dont la coquille est par ce fait plus mince, la ren-
forcent souvent par des plissements ou par des poils (^).
Certaines espèces aquatiques se montrent différentes suivant
la nature calcaire ou boueuse siliceuse du fond; ainsi Limnaea
sUujnalis piésente sa variété elop/iila toujours dans le premier
cas, et la variété turijida toujours dans le second (^).
10. - Facteurs biologiques.
1° On a attribué à des bactéries ou même à des spores d'Algues
l'érosion qui se produit dans les parties les plus anciennes
(sommet) des coquilles aquatiques (^) ; l'expérience montre que
c'est bien plutôt une action chimique qui en est cause et
notamment l'influence dissolvante de l'anhydride carbonique (^).
Les coquilles d'un grand nombre de Mollusques (Gastropodes
et Lamellibranches) sont parcourues par de lins canaux ramifiés
qui ont parfois été considérés comme des conformations nor-
males, bien qu'ils ne se rencontrent pas régulièrement dans tous
les individus (*"). Ces canaux sont dus à des végétaux inférieurs
perforant le calcaire (Cryptogames des groupes des Algues,
(*) HOLDHAUS, Ueber die Abhlingigkeit der Fauna vom Gestein. (Verh. VIII intekn
ZooL.-KoNGR., 1912, pp. 729 et 737.)
(') CouTAGNE, De la variabilité de l'espèce chez les Mollusques terrestres et d'eau
douce. (Loc. cit., p. 547.)
(5) LocARD, Élude sur les variations malacologiques d'après la faune vivante et
fossile de la partie centrale du bassin du Rhône. (Ann. Soc. Agric. Lyon, 5" série,
t. m, i88d, p. 652.)
(*) NoLL, Zool. Garten, Bd XXIII {Micrococcus conchivorus).
(S) MOYNIER DE ViLLEPOIX, loC. Cit., p. 111,
{^) Il n'y a guère que des Cyclas (C. lacustris, par exemple), où des canaux
normaux se rencontrent, correspondant à des prolongements épithéliaux très fins
du manteau.
— 580 —
Champignons, etc.) (^). Des Champignons parasites de ce genre
détruisent parfois par leurs filaments mycéliens.les yeux les plus
âgés (axiaux) de divers Chitons [Acanllwpleura ecliinata, Eno-
plocfiiton spiniger) (^) ; ils pénètrent, dans ce cas, à l'intérieur
de canaux préexistants renfermant ces organes sensoriels.
On a rapporté à l'existence d'une couche continue de Lcmna
à la surface des mares, la production des monstruosités scalari-
formes chez Planorbis marginatus , les individus déroulés
pouvant plus facilement percer cette couche pour venir respirer
à l'air libre (^). Mais cette « monstruosité » se produit un peu
partout et en bien des endroits où les Lemna font tout à fait
défaut; aussi a-t-on expliqué son apparition par maints autres
facteurs, tels que la chaleur (p. 521), la (iessiccation des mares,
la présence des Vorticelles, etc. 11 semble que cette variation,
d'ailleurs très varialde elle-même, peut avoir des causes diverses,
toutes déterminant un état d'inconfort, y compris la présence,
en quantité, de poussières de houille.
D'autre part, l'abondance de plantes aquatiques sur le fond a
été signalée comme une cause d'allongement de la spire chez les
Gastropodes aquatiques, tant dans l'eau douce (^) que dans ia
mer (^).
On a vu aussi, à propos de l'action de l'alimentation,
(') VVedl, Ueber die Bedeutiing '1er in den Schalen von munchen Acephalen und
Gasieropoden vorkommcnden Caniite. (Sitzungsber. Akad. Wiss. Wien [Math.-
Naturw. Ci..], B(1 XXXIII, 1858.) — Bornet et Klahaut, Sur quelques plantes vivant
dans le test calcaire des Mollusques. (Actes GoiNGRès Botan. Paris, 1889.) —
De Lagerheim, Trichophilus neniiie Lagerh. n. sp., eine neue epizootische Alge.
(liER. Botan. Gesi'LLSCH., Bd X, 189t', p. S [dans la coquille de Clausilia] )
(2) Plate Die Anatomie und Phylogenie der Chiionen. (Zool. Jahrb., Suppl. IV,
1 Heft, [1897], p. 199, et Suppl. IV, Bd II, 1 Heft, [1899], p. 502.)
(5) Van den Broeck, Quelques mots sur les Planorbis complanatiis scalaires de
Magnée. (Ann. Soc. Malacol. Bekg., t. VI, 1871, p. lxi.)
(*) Germain, Études S7ir les Mollusques terrestres et fluviatiles vivants des environs
d'Angers et du département de Maine-et-Loire. (Bull. Soc. Scl nat. Ouest France
[Nantes], 2e série, t. III, 1903, p. 12.)
(S) Pallary, Additions à la faune malacologique du golfe de Gabés. fJouRN. de
CONCH., t. LTV, 190t;, p. 116.)
581
l'influence d'Algues sur la couleur de certains Lamellibranches
(Ostrea), verdis par une Diatomée, ou brunis par des spores
d'Algues (p. 486).
2° Si l'on passe aux organismes animaux, on rencontre
d'abord l'action tératogène très manifeste d'Inlusoires sur les
embryons de Littorina rudis; dans cette espèce vivipare vit, en
très grande abondance, Protophnja ovicola, infusoire parasite;
celui-ci, par ses mouvements rapides, continus et désordonnés,
secoue sans interruption les œufs en inculpation ; et la multitude
des embryons monstrueusement déformés qui en résultent est
remarquable (exemples : fig. ^Go, p. 400) ; parmi ces embryons
à enroulement irrégulier, il en est qui survivent quelque temps
après l'éclosion et deviennent ces jeunes formes plus ou moins
déroulées (exemple : fig. 266) dont l'origine a été attribuée à
des Algues, faute de connaître l'existence du parasite dans l'ovi-
ducte maternel {^]
8° Des Hydres ont été indiquées comme causant une malfor-
mation de la coquille chez des Limnées sur lesquelles elles
étaient fixées; dans une petite mare près de Genève, les neuf
dixièmes des Limnaea peregra présentaient une déformation de
la columelle coïncidant avec l'abondance des Hifdra viridis ; l'an
d'après, le polype étant rare, les coquilles étaient normales (^).
A la même cause biologique, fixation d\tlijdra sur le bord de
l'ouverture coquillière, serait due l'existence chez Limnaea aiiri-
cularia, de deux ou plusieurs saillies sur cette lèvre extérieure,
entre lesquelles se trouve une ligne de moindre croissance (^).
(1) Sykes, Monstrosities of Littorina rudis. (Proc. Dorsetsh. Nat. Hist. Club,
1892, pp. 7 et 8 [la forme leprésentée par la figure 3 du travail cité était déjà scala-
liforme dès le somn^.el, par conséquent, avant l'éclosion : elle n'a donc pu être
déformée par une AlgueJ.)
(2) Brot, Ann. Soc. MalacoL BeUj., t XII, 1877, p. XLiii (figures dans Taylor,
A Monograpk, etc., t. I, p. 107, fig. 2'29 à 231).
(5) Sykes, Noie on Limnaea auricularia. (Journ. of Malacol. London, vol. III,
1894, pp. 34-36.)
— 58-2 —
4" Les hydraires Plumiilaria et Lijtocarpus, sur lesquels se
fixe Avicula (Pteria) zébra, y déterminent des variations dans
rornementation colorée de la coquille. Les lignes colorées
sombres, auxquelles cette espèce doit son nom, sont en rapport
avec la grosseur du polypier qui sert de support; elles sont
étroites et minces lorsque ce dernier est Lytocarpus , larges et
amples si c'est Phimiilaria, c'est-à-dire qu'elles correspondent
au diamètre des ramifications de l'Hydroïde. Au contraire, la
coquille larvaire du Lamellibranche est incolore dans les deux
cas (^).
5" Les Pedicularia et les Ovula [0. (Simnia) iiniplicata]
varient de couleur, du jaune au rouge, suivant la couleur de
l'Anthozoaire sur lequel ils sont fixés (^).
& De nombreuses coquilles de Mollusques (surtout de Lamel-
libranches) sont creusées de canaux par des Éponges perforantes
du fifenre CJiona.
7° Dans le groupe des Vers plats, de multiples Trématodes
sont parasites de Mollusques à l'état de sporocystes donnant des
Cercaires; sous cette forme, et par leur abondance, ils arrivent
à occuper tout l'espace des glandes génitales et à produire ainsi
la castration parasitaire ; celle-ci peut même se manifester exté-
rieurement par l'atrophie du pénis, par exemple chez Paludina
vivipara, sous rinfiuence des Cercaires de Distomum miiilare (^),
chez Littorina rudis, par l'action de Cercaria emasculans (^)
(1) Odhneb, Results of Dr E. Mjôbergs Swedish Scienlific Expéditions to
Australia 1910-1913. XVII. Molhisca. (Kungi-. Svenska Vetenskapsakad. Handi..,
Bd LU, n" 46. 1947, p. 16, pi. I, Hg. 6 et 7.)
(2) OsKORN, Mindcry among Marine Moliusca. (Science, vol. VI, 1886, p. 9.) -
Von Maltzan, Ovula acieularis Lain. an Gor£;onia tlabellum L. lebend. (SiTzrNGSBER.
Gfs. Natuufohsch. Fn. Berlin, 1888, p. 53.) — Gooke, MoUuscs, p. 70.
-t"') GiARD, Bull. Sci. France et Belgique, t. XIX, 1888, p. 310 (Cercaria eclii-
nifera).
{^) Pelseneer, Trématodes parasites de Mollusques marins (Bull. Scl France et
Belgique, t. XL, 1906, pp. 166 et 182.)
— 583 —
(voir fig. 273) ; Trocliiis c'merarius, Natica alderi, Limnaea
staynalis (^), Paluclesirina sUujnalis {^), Ilelix aspcrsa (^) et de
nombreux i^anielli branches sont souvent châtrés par d'autres
Cercaires.
Dans certains Lamellibranches, la couleur intérieure des valves
paraît liée à la présence de Trématodes parasites adultes; ainsi,
FiG. '273. — Liltorina riidi-i , deux mâles du môme ât^e : I, normal, et
If, châtré par Ccrcaria emafcnluns et à pénis atrophie conséquemment;
vue antérieure, b^ bouche; op, opercule; p, pied;/)», manteau; pe, |)énis;
/, tentacule. — D'a|)ièp Pelseneer (1906).
chez Anodonta plana, de nombreux individus présentaient une
coquille rouge intérieurement; dans tous il y avait des Disto-
mides adultes sur la paroi intérieure du manteau (^).
Enfin divers Trématodes et Ceslodes, pénétrant entre le man-
teau et la coquille de certains Lamellibranches, à l'état de hirves,
y déterminent la production de perles (margarose) ou plus sim-
plement celle de protul)érances coquillières, nacrées ou non; un
(^) Semper, Die naturlichen Existenzbedingungen (1er Thiere, Bd I, p. 259.
(2) Boycott, Notes on the Aimtomy ayid Reproduction of Paludestrina stagnalis
(JOURN. OF CONCH., vol. XVI, 1920, p. 97.)
(') Garnault, La castration parasitaire citez Hélix aspersa. (Bull. Scl France et
Belgique, 2e série, t. III, 1889, p. 137.)
(*) OsBORN, Observations on the pnrasitism of Anodonta plana Lea bij a distomid
Trematode at Chaiitauqua, New York. (Zool. Bull., vol. I, 1898.)
— 584 —
Trématode (Distome) chez (Jnio mari/aritifer (^) , un Tré-
inatode (Bracliijcaeliumj chez Mijiilus edulis (^), un Cestode
chez Mcleagr'ma marcjaritifera ('').
8" Comme les Végétaux et les Eponges ci-dessus, il est des
Aimélides qui creusent les coquilles de nombreux Mollusques;
Polijdora ciliata perfore la coquille de Purpura lapillus (*), de
Trocfius ohli<ju((tus. etc., surtout dans la région de la columelle ;
Poiijdora sauguinca perfore les coquilles d'Ostrea (^).
Des Annélides tubicoles (Serpula, etc.) et des Bryozoaires,
en se fixant sur des coquilles de Lamellibrarjches [Pecten, etc.),
en altèrent souvent la forme {^), en y déterminant par exemple
une entaille.
9" Parmi les Arthropodes, des Balanus fixés sur des Gastro-
podes (par exemple Troclius obliquatus : observation person-
nelle) y empêchent la continuité des tours et y provoquent un
commencement de scalariformité. Le Copépode Splanchnotro-
plius, parasite de Nudibranches, peut y causer la division du
tiîbe digestif en plusieurs tronçons distincts, chez Eolis coro-
nata (p. 179).
Les larves d'un Diptère {Cliironomus) s'établissant entre le
bord du manteau et la coquille, chez Phijsa fontinalis, y pro-
duisent la réduction du nombre des digitations palléales et même
la furcation postérieure du pied ({t. 115 et fig. ^4).
(1) De Filippi (1856), Dubois (1909).
(2) Garner (1871), Dubois (1901), Jameson (1902), Giard (1903), Herdman and
Hornell (1903).
(3) Kelaaid (1857), Diguei (1899), Herdman and Hornell (1903), Giard (1903),
Seurat (1906).
(*) Giard, Deux ennemis de l'Ostrciiuliure. (Bl'll. Sci. Départ. Nord, t. XIII,
1881, p. 72.)
(«) Ibid., p. 72.
(fi) DAVExroRT, Quantitative Studies in the Evolution of Pecten. III. Comparison
of l'ecten opercularis from three localities of the Brilish Isles. (Proc. Amer. Acad.
Arts and Sci., vol. XXXIX, 1903, p. 137.)
- 585 —
10° Enfin des Mollusques eux-mêmes peuvent être cause de
modifications chez d'autres animaux de leur propre groupe :
a) Chez des formes fixées : La valve libre des Aiiomla fixés
sur des Pecten reproduit l'ornementation de ceux-ci (^); le
même phénomène s'observe dans un grand nombre d'autres
Mollusques fixés, tant vivants que fossiles : l^lacunopsis jur'un-
sis et Ostrea sp. (secondaires) montrent sur leur valve supé-
rieure l'ornementation respective de Goniomifa scripta et de
Ammonites liarveifi (^); Plicatula marginala (tertiaire), dont la
valve libre reproduit exactement les détails du substratum, même
la striation d'un Bryozoaire sur lequel la valve inférieure est
attacbée (^) ; Placimanomia otfre ainsi l'ornementation de Saxi-
domus['^);Myochama, celle d'autres Lamellibranches sur lesquels
il s'attache [Trigonia, CrassateUa, etc.); Cliama, Spomlylus,
Ostrea, etc., font de même; Hinnites giganteus a également
reproduit ainsi un Sei'pulti [■') ; et des Gastropodes sédentaires,
dont le bord de la coquille s'applique étroitement sur des Lamel-
libranches, reproduisent également l'ornementation de ceux-ci
sur leur propre co(juille : Capuliis, Crepidula foniicata [*'), et
leur forme dépend entièrement alors de celle de leur support
de n'importe quel groupe zoologique; et il en est, à ce point
de vue, des Capulidae fossiles [Platijceras, où les plis lon-
gitudinaux sont dus surtout aux caractères de la surface
(*) Labbé, La Thiynwrnorphosc et la variation lente dans le genre Anomia. (Bull.
Soc. Sci. Ouest France [Nantes], 3« série, t. II, 1913, p. xliv.)
(2) JuDi), On the anomalous mode of growtk of certain Fossil Oijsters. (Geol.
Magas.. 1871. pi. IX.)
(5) Jackson, Phylogeny of the Pi'Iecypoda; the Aviculidae and their Allies. (Mem.
Boston Soc. Nat. Hist., vol. IV. 1890, p. 3:)2.)
(*) Griffin, Adaptation of the shell of Placunanomia to that of Saxidoraus.
(Trans. New-York Acad. Sci., vol. XVI, 1898. p. 77.)
(5) Gray, Phil. Truns. Roy. Soc. London, 1833, p. 774.
(6) Graff, Adaptation of the Shell of Crepidula fornicala to the Shell of Pecten
jacobaeus. (Trans. New-York Acad. Sci., vol. XV, 1897, p. 67.)
— 580 —
d'attache : Crinoïde) (^) comme des actuels (;). Des Ostrea
ediiiis se fixent quelquefois dans l'intérieur de coquilles de
Cardium, ce qui réduit le bâillement de leur propre coquille à
quelques millimètres et modifie le manteau au point de les faire
paraître ties espèces très différentes (^).
La variation peut même ne pas se borner à la forme, mais
aller jusqu'à la couleur; exemples pris parmi les Lamelli-
bianches : des individus de Ostrea rdulis, fixés sur des Mytilus
« galloprovhicialis », en prennent non seulement la forme,
mais la couleur, et pour leurs deux valves ('') ; deux Anomia
patcUiformis étaient fixés sur deux Pecten opercularis de cou-
leur différente, l'un très sombre, l'autre très clair; les deux
Anomia avaient pris des couleurs différentes, ressemblant étroi-
tement à celle de la coquille sur laquelle chacune était atta-
chée ((') ; exemples choisis parmi les Gastropodes : Acmaea
pclta, fixé sur Mytilus edulis, change de forme et de couleur et
devient le type connu sous le nom de « Nacella peltoides »
Dali ('') ; Crepidula convexa, attaché sur Ilyanassa et sur Litto-
rina, présente une coquille à pigmentation foncée, tandis que,
fixé sur Ostrea, il offre une couleur plus pâle C').
Enfin la taille elle-même peut dépendre de celle du substra-
(*) Keyes, On the Altachment of Platyceras to Palueccri-nolds and ils cffects in
vwiUfying the fonns of the shell. (Proc. Ameu. Phil. Soc, vol. XXV, 1888, p. 240.)
(-) CoiNKLiN, Environmental and sexual dimorphism in Crepidula. (Proc. Acad.
Nat. Sci. Philadelphia, 1898, p. 435.)
(3) Lenniek, Sur une anomalie très fréquente observée à Dives (Calvados) dans le
développement des Huîtres. (Bui.l. Soc. Zool. I'rance, t. XIX, 1894, p. 59.)
(*) Dubois, Recherches sur la pourpre et sur quelques antres pigments animaux.
(Arch. de Zool. kxpér., 5» série, t. II, 1909, pp. 5-63.)
(S) J. K. TAYFXtR, Journ. of Conch., vol. XIII, 1912, p. 342 (localité : Jersey).
('■') Hemphill, On the vnriatiom of Acmaea pelta Esch. (Proc. Acad. iNat. Sci.
Philadelphia, 1881, pp. 87 et 88 [atlaclié an contraire sur l'algue Phyllospora
menziesxi, celle espèce prend encore un autre aspect, qui a été décrit sous ie nom
de Nacella instabilis].)
(") CoNKLiN, Environmental and sexual dimorphism in Crepidula. (Proc. Acad.
NAT. Sci. Phii.adei piiia, d898, p. 435.)
— 587 —
tum (autre Mollusque) sur lequel est établi l'individu considéré :
la forme naine de Crepidula plana est déterminée par la taille
plus petite des coquilles sur lesquelles elle est logée; et certains
individus montrent, par leur forme, qu'ils ont été à un certain
moment des nains, puis, qu'ayant changé de substratum, ils ont
accru leur taille jusqu'à couvrir la nouvelle surface sur laquelle
ils se sont établis (^).
b) Sur des formes perforées : Des Lithodomus creusant dans
la coquille des Conus, du côté de la spire, obligent ce Mollusque
à se contracter et à épaissir sa coquille vers ce côté (~) ; les
mêmes Litliodomns produisent le mèm"e effet dans les coquilles
de Meleagrina (-), et un Pholadide, Pcnitella parva, dans celles
de Haliotis (^).
c) Lamellibranches attaqués par des Gastropodes carni-
vores : Divers genres de Lamellibranches [Spondyius, Cliama,
Meleagrina, etc.) possèdent des saillies plus ou moins déve-
loppées au bord de la coquille; l'expérience a démontré qu'il
y a là un phénomène de sélection naturelle amené par l'action
d'un facteur biologique ; ceux qui possèdent les saillies les
plus puissantes jouissent d'une immunité relativement consi-
dérable comparativement à ceux qui en sont dépourvus, vis-à vis
des Gastropodes carnassiers qui perforent leurs coquilles
(Murex, etc.) (^).
C) CoNKLiN, loc. cit., respectivement pp. 439 et 440.
(2) GnAY, fide Fischer, Manuel de Conchyliologie, p. 2t.
(') Observations personnelles (1891);. voir aussi Annândale, An ennemy oj
certain Pearl Oyster in the Persiun Gulf. (Rec. Indian Mus. Calcutta, vol. I, ^907,
p. 176 [Lithodomus malaccanus].)
(*) Stearns, On certain parasites, commensals, and domiciliares in the Pearl
Oyster. (Ann. Rep. Smithson. Inst. for 1886, 4889.)
(^) Crossi>and, The marginal Processes of Lamellibranch Shell. (Proc. Zoor, Soc.
LoNDON, 1901, p. 1037.)
588
d) Gastropodes aquatiques manquant de calcaire : Fréquem-
ment on a constaté, chez des Limnaeidae par exemple (^), que
les individus se lèchent mutuellement la coquille au point de
l'amincir considérablement, et même de faire faire hernie par le
sac viscéral {Limnaea peregra) (^).
e) Action sur les œufs : Dans les Gastropodes à œufs stériles
nutritifs [Purpura, Fasciolaria, etc.), lorsqu'il y a beaucoup
d'embryons dans la coque, le vitellus nutritif collectif ainsi con-
stitué est plus vite épuisé et les embryons évoluent plus vite,
sans devenir aussi gros (^). Quand il y a plus de Mollusques
dans un espace déterminé, chacun d'eux pond proportionnelle-
nient moins d'œufs : par exemple Limnaea columcUa (^).
/') Action sur le sexe : Les Crepidula (hermapiirodiles pro-
tandriques) demeurent parfois neutres; ce sont des « mâles »
restés isolés; au contraire, les jeunes deviennent mâles '«adultes»
(avec pénis et spermatozoïdes) par le voisinage des grands spé-
cimens déjà femelles ou sur le point de le devenir ( ').
II" Parashisme. — Sous l'influence du uiilieu biologique con-
stitué par l'hôte, les Mollusques parasites sont modifiés d'autant
plus profondément que leur parasitisme est plus complet et plus
interne. On constate chez eux la perte progressive de la radula
(p. 482), du pied et de l'opercule, la rudimentation du tube
digestif (p. 154), la disparition de l'enroulement spiral de la
(*) MoquiN'Tandon, loc. oit , t. I, p. 55. — Stuobel, Saggio sui rapporti essislenti
fra la nalura dei suolo e la dv.tnbuzione dei Molluschl icrrcslri e d'acqua dolce.
(Atti Soc. ital. Sci. nat. Milano, t. XIX, 1870.)
(2) Van den IJroeck, Excursions, découvertes et observations malacologiqiies faites
en Belgique pendant l'année 1870. (Ann. Soc. Malacoi.. Bei.g., t. V, 1870, p. 46.)
(') Pelseneer, Recherches .sur l'embri/ologie des Gastropodes. (Loc. cir., p. 39.)
(*) Coi/roN, SonieEfJécts o[ Environment on the Groiulh o/'Lyinnaea co'umella Say.
(Proc. Acad. nat. Sci. Phu.adelphia, 1908, p. 444.)
(^) H. N. GouLD, Influence of environment on sex. (Joukn. Exper. Zool., vol. XXIII,
1917); el Transference of the tnale stimulus throuyk sea water. (Ibid., vol. XXIX,
1919, pp. 113 et suiv.)
— 589 —
niasse viscérale, de la coquille, de la torsion du système ner-
veux (^), des yeux, de tout système nerveux apparent (ihitocon-
clia), de toute coloration, de la séparation des sexes (^).
12° Alimentation. — On a vu plus haut (p. 48 i) combien
souvent la proie ingérée liahituellement exerce une influence
colorante sur les Mollusques.
v.c
oc
r-'
FiG. 274. — Phijsa fontinalis, embryons dans l'œuf : A, avec foies peu
développés el pressant excliisivemeiil sous l'invagination préconc.liylienne,
la coquille demeurant très petite ; vue du côté droit. — B, avec invagina-
tion préconciiylienne peu développée, ei les foies normalement constitués,
pressant et faisant saillie en dehors de l'invagination préconchylienne;
vue po-térieure. cq, coquille; hep, foie ;i. c, invagination préconcliylienne;
oc, œil ; œ, œsophage; /*, pied; pa, manteau. — Original.
13" Action mécanique d'une partie de l'organisme sur d'autres
PARTIES. — a) Foie : L'absence de pression du foie sur l'invagi-
nation préconchylienne est cause que celle-ci ne se dévagine pas
ou guère el qu'il ne se forme pas de coquille ou rien qu'un rudi-
ment de cette dernière, toutes les fois que les foies s'arrêtent
(1) Gliez Cten osmium. (Heath, A new Geniis ofparasitic Gastropods. [BiOL. Bui.l.,
vol. XVIIl. 1910, p. 104].)
(2) Sont hermaphrodites, les Gastropodes parasites externes : Pelseneeria,
quelques Stilifh\ Gasterosiphon el les Pyraniidellidae, et probahlement tous les
Gastropodes parasites internes (nu moins : Entoconcha, Enteroxenos, Ctenosculum),
les Lamellibranches commensaux et parasites suivants : Montacuta, Jonsseaumiella,
Entovalva, Scioberetia.
- 590 —
de bonne heure dans leur développement (Limnaea stagnalis,
Aplysia piinctata, p. 338, fig. '2:28) ou n'ont eux-mêmes qu'un
minime développement (Pliysa fontinalis, tîg. 274, A).
b) Réduction de la coquille : Quand, pour toute autre cause,
l'invagination préconchylienne est arrêtée dans son développe-
ment ou n'a qu'un développement rudimentaire, le foie est t'orcé
à faire saillie en dehors de cette invagination et de la coquille
réduite qu'elle a formée : Limnaea stagnalis (tig. 231 et 232) ;
P/iijsa fontinalis (fig. 274, B).
c) Vitellus embryonnaire : La pression de vitellus en excès
euipêche le creusement de la cavité palléale et est cause que la
branchie se constitue extérieurement sur la nuque (Purpura
(api! lus, etc., p. 347, fig. 240).
d) Muscle columellaire : Son absence ou son développement
défectueux peut être cause que les tours de la coquille des Gas-
tropodes ne soient pas étroitement juxtaposés et que la spire
prenne l'aspect scalaroïde ou cératoïde; les divers cas de la
forme « cornucopia » ou cératoïde qui ont été examinés chez
Hélix aspersa, ont montré que l'animal pouvait quitter sa
coquille et n'y était pas attaché par un muscle columellaire
(p. 28) ; il est donc vraisemblable que le développement impar-
fait de ce dernier est cause que les divers tours de la masse vis
cérale ne prennent pas contact et que, par suite, la spire soit
déroulée.
44" Parmi les facteurs extérieurs d'ordre biologique, la fécon-
dation et l'hybridation sont encore des causes éventuelles de
variation. Mais la fécondation ne peut agir comme cause efficace
de variation qu'à la condition que les parents soient déjà variés
eux-mêmes; les exemples d'hybridation rentrent assez bien dans
ce cas, puisque, alors, l'un des deux parents est plus ou moins
« varié » par rapport à l'autre (voir pour la variation et l'héré-
dité dans l'hybridation : V partie, I, 6).
— 591
11. — Facteurs extérieurs d'ordre artificiel.
En dehors des facteurs extérieurs habituels, ou auxquels les
organismes sont exposés normalement dans leur milieu naturel,
il en est d'autres auxquels les ont soumis artificiellement (par-
fois sous forme de fragments) des physiologistes plus famili(îrs
avec le travail du laboratoire qu'avec l'observation dans la
nature. Tels sont notauiment l'action des courants électriques,
celle des poisons chimiques, ou des radiations des corps radio-
actifs.
Par conséquent, les expériences instituées à ce sujet n'ont pas,
pour l'objet du présent travail, une importance bien considé-
rable. Néanmoins elles ne peuvent être passées entièrement
sous silence, dans une revue de l'action des « facteurs exté-
rieurs ». Les principaux résullats généraux en sont donc rap-
portés ici, ainsi que quelques indications bibliographiques pour
les lecteurs désireu^î de se renseigner plus complètement sur ces
points spéciaux.
1° Action des courants électriques. — Elle a été étudiée parti-
culièrement sur les muscles et notamment sur le cœur (mais
dans des conditions peu naturelles : péricarde ouvert, ou même
cœur excisé!).
L'effet est souvent plus rapide et plus net par l'action du
courant sur le nerf du muscle que sur le muscle lui même.
a) Gastropodes : Chez Hélix pomalia, le courant induit
arrête le cœur en systole (contraction permanente) (^); le cou-
rant agissant sur le ganglion viscéral ou sur le nerf d'arrêt de
Ransom, il y a arrêt du cœur en diastole (il faut un courant
(') RiCHAUD, Recherches physiologiques sur le cœur des Gastéropodes Pulmonés.
(Revue d'Auvergne, t. II, 1888, p. 7.) — Yung, Contributions à l'histoire physiolo-
gique de l'Escargot. (Mém. cour. Acad. Belg., t. XLIX, 1887, p. 93.)
— 59-2 —
assez fort pour obtenir l'arrêt complet; un courant faible dimi-
nue le nombre des pulsations) (*).
Chez Àplysia, l'excitation électrique des ganglions sous-œso-
phagiens (stomato-gastriques) est plus active sur le tube digestif
que celle des centres viscéraux; l'excitation électrique des gan-
glions viscéraux ou des nerfs cardiaques qui en sortent ren-
forcent les contractions du cœur (^).
L'excitation électrique des centres pédieux ou des gros troncs
qui en naissent, provoque la contraction des muscles du pied chez
Troclius lineatus comme pour Hélix pomatia ; la contractilité est
plus rapide dans Patelin vidgata, surtout pour les muscles du
bord (progression) que pour ceux du centre (adhérence) (").
h) Lamellibranches : Chez Tapes, le courant provoque des
pulsations cardiaques plus nombreuses; de fortes décharges
déterminent de vives et rapides contractions ('*). Chez Pecten,
par l'action du courant induit, la partie striée du muscle adduc-
teur présente des battements rapides (^). L'action du courant
sur les centres pédieux provoque la contraction du j»ied (Ano-
donta (oiigirostris, Mytilus edulis. Venus verrucosa), et cette
excitabilité — comme dans les Gastropodes — est d'autant plus
rapide, que la contractilité est plus grande; chez Solenvagina,
elle est supérieure à ce qu'elle est chez les autres formes [^).
(1) YuNn, loc. cit., p. 95. — Voir encore sur ce point : Fostiîh and Pew-Smith,
Proc. Roy. Soc. London, vol. XXIIl, t875, p. 318, oiArch. mûr. A7tat.,M XIV, 1877.
p. 317.) — Carlson, Science. (New- York), vol. XVII. — Pompilian, Comptes rendus
Soc. Biol. Paris, 1899. — Caudot, Jourri. PInjs. et Pathol. gcn., t. XI, 1909, p. 787.
(2) BoTTAZi et Eniuques, Recherches physiologiques sur le système nerveux
viscéral. (Auchives itai,. Biol., t. XXXIV, 1900, respectivement pji. 120, 121 et 122.)
(3) L. et M. IvAPiCQUE, Quelques chronolaxies chez des Mollusques et Crustacés
marins. (Comptes rendus Soc. Biol. Pauis, t. LXIX, 1910, p. 2t^0.)
(*) PiÉui, Recherches physiologiques sur Tapes decussalus et quelques lapidés.
Laval, 1895, p. 53.
(•*') Coutance, De l'énergie et de la structure musculaire chez les Mollusques
acéphales. Paris, 1878, p. 35.
(6) \j. et M Lapicque, loc. cit., p. 280.
— 593 —
L'action d'un courant constant agissant sur la commissure
viscérale, dans Anodonta cygnea, provoque la contraction des
adducteurs, contraction d'autant plus rapide que le courant est
plus intense (^). Le courant induit appliqué sur le ganglion
viscéral ou sur les nerls qui vont de ce ganglion au cœur,
chez Mya et Solcn, produit l'accélération des contractions car-
diaques (^). Chez Solen (Ensis) directus, quand les diverses
paires de ganglions sont isolées (par section des connectifs et des
nerfs circumpalléanx), l'excitation électrique des ganglions céré-
braux provoque la contraction de l'adducteur antérieur; celle
des ganglions viscéraux, la contraction des siphons, et celle des
ganglions pédieux, la contraction de tout le pied; dans les
mêmes conditions (section des connectifs), l'excitation électrique
des tentacules palléaux ventraux cause la contraction de l'adduc-
teur antérieur; la stimulation des siphons cause la contraction
des bords palléaux postérieurs, et celle des nerfs palléaux cause
la contraction des siphons, de l'adducteur postérieur et du man-
teau (^).
L'action de courants constants de grande intensité a été étu-
diée sur des Gastropodes et des Lamellibranches, sans résultat
particulier ("*).
c) Céphalopodes : Le courant appliqué sur le ganglion pal-
léal de Sepia ofjicinalis produit la contraction du manteau, alors
même qu'un courant équivalent sur le nerf palléal reste sans
(*) Pawlow, Wie die Muschel ihreSchale ôffnet. (Arch. ges. Physiol., Bd XXXVIl,
•1885. p. 14.) — Voir aussi, pour l'action du courant électrique sur ce Lamelli-
branche : Biedermann, Bcilriige zur allgemeine Nerven- uni Muskelphysiologie.
Ueber die elektrische Erregung des Schliessmuskels von Anodonta. (Sitzungsber.
Akad. Wiss. Wien, III abth., 1885.)
(2) YuNG, De l'innervation du cœur et de l'action des poisons chez les Mollusques
Lamellibranches. (Arch. Zool. expér., lf« série, t. IX, d881, pp. 426 à 429.)
(3) Drew, The Physiology of the nervous System of the Razor-Shell Clam (Ensis
directus Con.). (Journ. Exper. Zool., vol. V, 1908, pp. 319 et 320.)
(*) Blasius und ScHWEizER, Electrotropismus und verwandte Erscheinungen.
(Pflugers Arch. Physiol., Bd LUI, 1893.)
38
— 594 —
effet (^). Au contraire, l'excitation des nerfs palléaux par un
courant induit détermine, chez le Poulpe, la fatigue, la narcose
et l'asphyxie (^).
L'excitation électrique des nerfs des bras de Eledone moscfiata
produit la contraction des muscles des bras, des ventouses et des
chromatophores (^).
Le courant induit sur les nerfs du cœur de Sepia officinalis
y détermine l'arrêt en diastole (^). Chez Octopus vulgaris, le
courant agissant sur les nerfs de la veine cave (nerfs du cœur)
accélère les contractions cardiaques (on a vu le même effet chez
Mifa et Solen ci-dessus) ; il les modère au contraire quand il est
appliqué sur les nerfs viscéraux (''). L'excitation électrique
directe du ventricule des Céphalopodes en accélère les pulsa-
tions, et si le courant est fort, le tétanise (*^).
Électrotactisme. — Lorsque des Mollusques aquatiques sont
placés dans l'eau, entre deux électrodes, et que le circuit est
fermé, l'excitation est nulle à la cathode, ou plus faible qu'à
l'anode; quand le circuit s'ouvre, l'excitation est nulle à l'anode,
et plus ou moins grande à la cathode (~).
Limnaea stagnalis et d'autres Gastropodes, pour un courant
faible, sont négativement galvanotactiques (comme les Anné-
(*) Bert, Mémoire sur la physiologie de la Seiche. (Mém. Soc. Sci. phys. et nat.
Bordeaux, i. V, 4867, p. 131.)
(2) BoRUTTAU, L' électropathologie des nerfs amyéliques du Poulpe. (Trav, Stat.
ZooL. Arcachon, 8e année, 1906.)
(2) Golasanti, Anatomische und Physiologische Untersuchungen iiber den Arm
der Cephalopoden. (Arch. Anat. und Physiol., 1876, p. 495.)
(*) Hert, loc. cit., p. 13-2.
(8) Frédéricq, Sur l'organisation et la physiologie du Poulpe. (Arch. Zool. expér.,
Ire série, t. VII, 1878, p. 556.)
(«) Ransom, On Ihecardiac Rhythm of Invertebrata. (Journ. of Physiol., vol. V,
1885.)
(') Na(;el, Fortgeselzte Beobachtungen iiber polare galvanische Reizung bei Was-
serthiere. (Arch. ges. Physiol., Bd LUI, 1892 : p. 334 [Aplysia punctata], p. 335
[Pleurobranchiis vieckeli], p. 336 [Scaeurgus letracirrus, Janus cristatus, Nassa
reticulata^ Hélix horlensis, Limnaea et Planorbis].)
595
lides, et contrairement à la généralité des Arthropodes) (^
Les larves pélagiques de Clionopsis (krolini) et de Pneumono-
derma (mediterraneum) , sous l'influence du courant continu, se
montrent galvanotactiques, contrairement à d'autres larves (^).
"1° Action des i'oisons chimiques, — a) Gastropodes : Chez
Nassa (Ilyanassa) obsoleta, l'acide cyanhydrique n'a qu'une
action très faible; le curare, injecté à Natica (Lunatia) héros,
ne montre aucun signe d'effet funeste; tandis que sur ces ani-
maux, l'hydrate de chloral est brusquement fatal, et le cyanure
de potassium également, quoique moins rapide (^). Ce dernier,
en solution très faible, fait réagir Haminea à la lumière, mieux
que dans l'eau de mer pure (^). Les ions sodium, potassium et
OH augmentent l'excitabilité du cœur (Strombus) que diminuent
les ions calcium, magnésium et H (^).
Les acides minéraux (même à la dose très faible d'un mil-
lième) constituent des poisons musculaires très énergiques,
tuant rapidement, arrêtant le cœur en systole (Hélix pomatia),
et il en est de même pour les bases (•'). Le curare, à dose toxique
pour les Vertébrés, a peu d'effet sur Hélix pomatia (') (comme
(*) Nagel, Ueber Galvanotaxis. (Arch. ges. Physiol., Bd LIX, 1895.) — Dewitz,
Ueberden Rkeotropiswus bei Thieren. (Arch. f. Anat. und Physiol. [Physiol. Abth],
Suppl. 1899 [le cas est le même pour les Kajades que pour les Limnaeides].) —
Rose signale aussi, chez la « Lymnée », un galvanotropisme très net. {Sur quelques
iropisme<!. [Comptes rendus Acad. Sci. Paris, t. CL, 1910, p. 154oJ )
(") Carlgren, Ueber die Einwirkuny der constanten galvaniachen Stromes auf
niedere Organismen. 2 Mittheilung. Versuchean verschiedenen Entivickelungsstadien
einiger Evdrtebraten. (Arch. f. Anat, i;nd Physiol. [Physiol. Abth.J, 1900.)
(3) RicE, On the effects of certain Poisons on Mollusca. (Amer. Journ. of Scl,
3" série, vol. IX, 1875, p. 155.)
(*) DitZEWiNA, Action du cyanure de potassium sur des animaux exposés à la
lumière (Comptes rendus Soc Biol. Paris, t. LXX, 1918, p. 758.)
(5) Mac Clendon, On the Hydrogen ion concentration in sea water and the physio-
logical effects of the ions in sea water. (Proc. Nat. Acad. Sci. U. St., vol II.
p. 689, 1917.)
(6) YuNG, Contributions à l histoire physiologique de iEscargot. (Mém. cour. Acad.
Belg., t, Xi.IX, 1887, pp. 102 à 104.)
C) VuLPiAN, De l'action des substances toxiques dites « poisons du cœur » sur
l'Escargot. (Comptes rendus Acad. Sci. Paris, t. CXLV, 1879.)
— 596 —
sur Natica ci-dessus et sur les Mollusques en général et moins
encore dans les Lamellibranches que dans les Gastropodes, voir
ci-après); il y ralentit le processus d'excitation musculaire (^).
Des alcaloïdes tels que la strychnine ralentissent les contrac-
tions musculaires chez Hélix pomatia, et tuent en arrêtant le
cœur en systole (~). La brucine y est plus active encore, tandis
qu'elle est moins puissante sur Limax, où il en faut plus de
5 centigrammes pour déterminer la mort (•^). La pelletiérine
injectée exerce une action rapide en relâchant les muscles des
(^gastropodes ['^). L'aconitine abolit les mouvements « volon-
taires » chez Limax; elle est peu active sur l'Escargot, de même
que l'atropine, tandis que i centigramme de celle-ci tue
Limax (""j.
Dans Pterotracliaea, la cocaïne tue le cœur, tandis que le chlo-
roforme en active les pulsations ('').
Sur Arcliidoris, le nicotine a une action définitive paralysante,
inhibant les actions nerveuses (^).
Hélix pomatia est paralysé en extension au bout de dix à
(1) L. et M. Lapicque, Action du curare sur les muscles d'animaux divers.
(Comptes rendus Soc. Biol. Paris, t. LXVIII, 1910, p. 1010.)
(2) Richard, Recherches phrjsiologiques sur le cœur des Gastéropodes Pulmonés.
(Revue d'AuvergiNe, t. II, 1886, p. 41.)
(^) Dubois, tide Locard, L'influence des milieux sur le développement des Mol-
lusques. (Loc. cit., 1892, p. 129.)
(*) ScHôNLELN, Ueber die Einwirkung der Wàrme auf der Tonus der Muskeln von
Schnecken und Holothurien. (Zeitschr. f. Biol., Bd XXXVI, 1898.)
(S) Dubois, loc. cit., p. 129. — Autres travaux relatifs à l'action de poisons sur
des Pulmonés et notamment l'Escargot : Steiner, Ueber die Wirkung des ameri-
kanisches Pfeilyiftes curare (Arch. Akat. und Physiol., 1875, p. 145.) — Heckel,
De L'action des sels de strychnine sur les Mollusques Gasiéropodes. (Comptes rendus
ACAD. Sci. Paris, t. LXXXVIII, 1879, p. 916.) — Krukenberg. Vergleichend-to.vico-
logisehe Untersuchungen. (Vergleichende Physiologische Studien, I Abtii., 1880,
|). 77.) — KoEHi.ËR, Recherches physiologiques sur l'action des poisons chez les
Invertébrés. Nancy, 1883. — Ransom, On the cardiac rhythm of Invertebrata. (JouRN.
OF Physiol., t. V, 1885.)
(«) Rywosch, Zur Physiologie des Herzens und des Excretionsorgane der Hetero-
poden (Pterotracheen). (Argh. Ces. Physiol., Bd CIX, 1905, p. 370.)
C) Greenwood, On the action of nicotin upon certain invertebrates. (Journ.
Physiol. Cambridge, vol. XI, 1890.)
597
vingt heures dans une solution d'hydroxylamine à ^ /g ou 1 "/o (^)-
Chez Aplysia, les alcaloïdes, en général, abolissent le tonus
musculaire et relâchent les muscles, tandis que les glycosides
élèvent ce tonus en activant les contractions (2). Chez Doris, le
curare a, ainsi que chez Hélix, Ihjanassa et iSatica, une action
plus énergique que dans les Lamellibranches (^).
b) Lamellibranches : Le curare y a peu d'effet, par exemple
chez Mifci et chez Solen (^) ; il y ralentit le processus d'excita-
tion musculaire, d'une façon d'autant plus marquée que le
muscle est normalement plus rapide, chez Vnio longirostris (■').
La strychnine, à forte dose, tue en arrêtant le cœur, de même
que la nicotine et la vératrine {^). L'atropine est sans action sur
Anodonla, Mya arenaria et Solen ensis (').
Anodonta cijgnea dans une faible solution d'hydroxylamine,
est paralysé en extension au bout de dix à vingt heures (^).
Chez Mytilus, Lithodomus et Arca, le curare a également une
faible action, tandis que le sulfocyanate de potassium arrête le
cœur en diastole (à forte dose) (■'). Les sels de potassium sont
d'ailleurs moins favorables à la vie des Mollusques que les sels
de magnésie, et ceux-ci que les sels de sodium. Le sulfate de
(^) HoFER, Ueber die làhmende Wirkung des tlydroxylamins aiif die contractilen
Elemente. (Zeitschu. wiss. Mikr., Bd VU, 1890.)
(*) BoTAZZi et Enriques, Recherches physiologiques sur le système nerveux viscéral
des Ai)lysia et de quelques Céphalopodes. (Arch. ital. Biol., t. XXXIV, 4900, pp. 429
et 141.)
{') KiiiJKEiNBERG, bc. cU., \). 34; et Dubois, toc. cit., p. 129.
(*) YuNG, De l'innervation du cœur et de V action des poisons chez les Mollusques
Lamellibranches. (Arch. de Zool. expér., l^e série, t. IX, 1881, p. 443.)
(^; L. et M. Lapicque, Action du curare sur les muscles d'animaux divers.
(Comptes rendus Soc. Biol. Paris, t. LXVIII, 1910, p. 1010.)
(6) YuNG, De l'innervation du cœur et de Vaction des poisons chez les Mollusques
Lamellibranches. (Arch. Zool. expér., 1'^ série, t. IX, 1881, respectivement pp. 435
et 444.)
(") Dubois, fide Locard, loc. cit., p. 129.
(8) HoFER, Ueber die làhmende Wirkung des Hydroxylamins auf die contractilen
Elemente. (Loc. cit., 1891.)
(9) Krukenberg, loc. cit., p. 34.
— 598 —
soude jouit d'une neutralité conservatrice bien accusée : Tapes
decussatus a vécu soixante-quatre jours dans une solution à
35 millièmes; dans une solution semblable de sulfate de magnésie,
Miltiliis edidis a vécu dix jours, Venus reticidata, quinze jours,
et Tapes decussatus, soixante jours. L'aflaiblissement muscu-
hiire, déterminé par ces substances, débute par la partie striée (^).
L'action nocive des sels potassiques est démontrée par le fait
que Tapes decussatus est tué en quelques minutes dans une
solution d'iodure ou de chlorure de potassium, de la densité de
l'eau de mer; chez la même espèce, les acides et les bases
arrêtent le cœur en systole (comme dans les Gastropodes, voir
ci-dessus), après quelques minutes; la caféine ralentit les batte-
ments du cœur et arrête celui-ci en diastole (^).
c) Céphalopodes : Le curare est peu actif, tandis que la
strychnine, même à faible dose, exerce une action puissante et
tétanise les muscles chez Sepia (^), Loligo, Elcdone et Octo-
pus (^). Le curare à faible dose paralyse les terminaisons du
nerf viscéral; à forte dose il excite les nmscles du ventricule car-
diaque; la muscarine ralentit les contractions de ces muscles et
arrête le cœur en diastole; l'atropine provoque une contraction
exagérée et persistante des muscles du cœur (^) ; d'une façon
générale, cette dernière rend tout l'animal inerte (*"). L'ergotine
(*) (^OUTANCE, Action biologique des sels de l'eau de mer au point de vue de
l'entretien des animaux marins. (Bull. Soc. Acclimat. Paris, 3« série, t. X, 4883,
respectivement pp. 401, 104 et 405.)
(2) PiÉRi, Recherches physiologiques sur Tapes decussatus et quelques Tapidés.
Laval, 4895, respectivement pp. 408, i09, 425 et 443 (la caféine tue Limax à la dose
de 4 centigramme, mais elle est sans action sur l'Escargot : Dubois, fide Locard,
loc. cit., p. 429).
(5) Bert, Mémoire sur la physiologie de la Seiche. (Mém. Soc. Sci. phys. et nat.
Bordeaux, t. V, 4867, p. 467.)
(*) YuNG, De Faction des poisons chez les Mollusques. (Arch. Sci. phys. et nat.,
t. VII, 4882, p. 42 )
(^) Uansom, On the cardiac rhythm of Invertebrates. (Journ. of Physiol., vol. V,
4885.)
(6) MooRE, Chemical di/ferenliation of the central nervous System of Invertebrates.
(Proc. Nat. Acad. Sci. U. S., vol. III, 4917, pp. 598 et suiv.)'
599
stimule les muscles lisses du jabot de Eledone moschata (^). La
nicotine, chez Sepiola, paralyse en inhibant les actions ner-
veuses (^). La cocaïne, sur Octopus et sur les embryons de
Sepia, agit comme anesthésicjiie et poison protoplasmique (^).
Il est à remarquer que des alcaloïdes comme la strychnine
et la caféine agissent sur les centres cérébraux des Céphalo-
podes (^), tandis que des corps aromatiques tels que le phénol
et le camphre agissent sur les ganglions palléaux (^) ; le
bromure d'éthyle injecté anesthésie Eledone moschata (^).
Le chlorure de potassium détermine une expansion extrême des
chromatophores (^). Les acides minéraux, même très faibles,
tuent par arrêt des mouvements respiratoires, de même les
bases (").
(') De Varigny, Contribntinn à Vétude de Vinfluence exercée par l'ergotine sur les
fibres musculaires lisses. (Comptes rendus Soc. Biol. Paris, 8^ série, t. V, 1888,
p. 105.)
(2) Greenwood, On the action of nicntin upon certain invertebrates. (Journ. of
Physiol. Cambridge, vol. XI, 1890.)
(5) Danilewsky, Ueher die physiologische Wirkung des Cocaïns auf wirbellose
Tkiere. (Arch. ges. Physiol., Bd LI, 1892.)
(*) Baglioxi, Physiologische differenzierung verschiedener mechanismen des Cen-
tralnervensy stems. 2. Untersuchungen an Eledone moschata und anderen Wirbel-
losen. (Zeitschr. f. aij.gem. Physiol., Bd V, 1905, pp. 43 et suiv.) — Moore,
loc. cit., 1917.
(^) Heymans, Le bromure d'éthyle comme anesthésique opératoire chez les Céphalo-
podes. (Bull. Acad. Belg., 3« série, t. XXXII.)
(6) Moore. loc. cit., 1917. — L'aciion des poisons sur les chromatophores a
encore été étudiée par Pallechi, Boll. Mus. Zool. Anat. Camp. Genova, n» 2, et
Atti Soc. Ligust. Sci. nat., vol. III, 1892; et par Hofmann, Arch. ges. Physiol.,
Bd GXVIII, 1907.
(') YuNG, loc. cit., pp. 9 et 10. — Yung, Recherches expérimentales sur l'action
des poisons chez les Céphalopodes. (Mitth. Zool. Stat. Neapel, Bd III, 1882, p. 97.)
— Au sujet des Céphalopodes, on peut voir encore : Colasanti, Ricerche anato-
miche e fisiologische sopra il bracchio dei Cefalopodi. (Atti Accad. Lincei, vol. III,
1876.) — Krûkenberg, loc. cil. (Sepia, Eledone.) — Klemensiewics, Beilràge zur
Kenntniss des Farbenwechsels der Ceplialopoden. (Sitzungsber. K. Akad. VViss.
WiEN, Bd LXXVIII, 1878 [Eledone\.) — Phisalix, Recherches physiologiques sur les
chromatophores des Céphalopodes. (Arch. de Physiol., 1892.)
600
d) On peut encore mentionner ici comme exemple d'action
de poisons chimiques sur les Mollusques, le fait bien connu que
fréquemment les exploitations minières de cuivre (par exemple
en Corse) et de plomb font disparaître les Mollusques aqua-
tiques des ruisseaux voisins.
3" Action des rayons X. — Sur les œufs de Planorbis, il a été
constaté que l'activité de la division cellulaire est stimulée au
début; puis, après une phase d'accélération, une phase de
dépression survient, qui retarde tinalement le développement de
l'œuf (i).
4° Action de corps radioactifs. — L'influence du radium
trouble profondément le développement des Mollusques, par
exemple de Pliolas candida et de Pliiline aperta (^).
12. — Isolation.
On a parfois fait intervenir l'isolation ou séparation géogra-
phique comme facteur direct et suffisant d'évolution, en lui
attribuant un rôle dans la formation des espèces. C'est surtout
au sujet de Puimonés insulaires du Pacifique que ce facteur a
été évoqué par des auteurs regardant l'action du milieu propre-
ment dit comme impuissante; mais ces auteurs n'invoquent pas
alors des facteurs « internes », l'isolation géographique étant
aussi un hcteur exterme !
C'est ainsi que pour les Achatiiiella des îles Sandwich ou
Hawaï on a considéré que l'abondance des variations ne serait
pas en rapport avec la « monotonie » des facteurs extérieurs
(1) Richards, The effecLs of X rays on the rate ofcell division in the early cleavage
o/" Planorbis. (BioL. Bull. [Woods Hole], vol. XXVII, 1914, p. 87.)
(2) TuR, Expérience sur faction du radium sur le développement de Pholas candida.
(Comptes rendus Soc. Biol. Paris, t. LXX, 1911, p. 679); et mémoire en polonais
sur Philine. (Varsava Prot. Orsc. Jest., t. XXI, 1910, p. 171.)
— GOl —
et que l'isolation serait la cause de la formation des espèces (^).
Et pour les Parlula de Tahiti, il a été considéré aussi que
l'isolation géographique les influence comme les AcIialhieUa
ci-dessus (^).
D'autre part, on a fait très justement remarquer, à propos
de ces Acliatinella, que ce qui nous semble identique ou
monotone peut ne pas l'être pour des Gastropodes (^), et que
chaque vallée en question possède ses petites particularités, en
climat, végétation, qualités du sol, etc. (^).
En outre, il a été démontré que l'explication par isolation
est inapplicable, puisque diverses espèces de Acliatinella de
l'archipel des îles Hawaï sont j)résentes sur plusieurs îles à
la fois (^).
L'isolation est, en elïet, insuffisante; car elle ne peut, par
elle-même, engendrer de nouvelles différences, ni renforcer les
différences existantes; elle ne peut que conserver éventuellement
ces dernières :
1° S'il y a effet cumulatif de l'action du milieu sur plusieurs
générations successives.
(1) GuLiCK, On Diversity in Evolution under one Set of external Conditions.
(JouRN. LiNN. Soc. LoNDOM [ZooL.], vol. XI, 1873.) — A propos de Achatinella multi-
zonata (du même archipel), Cooke exprime aussi l'idée que l'isolation joue un rôle
plus important que l'environnement. (Distribution and Variation of Achatinella
multizonala from Nuuanu Valley. (Occas. Papers Bernice P. Bishop's Mus. Hono-
lulu, vol. II, nM, 1903, p. 70].)
(^) Mayer, Some Species of Partula fyvin Tahiti. (Mem. Mus. Comp. Zool.,
vol. XXVI, 1902, p. 131 : « It. is probable that the geographical isolation plays
a more important part in the formation of new species ».) — Crampton [The Prin-
ciple.'i of Geographical Distribution as illustrated by Snails of the genus Partula
inhabiting Southeastem Polynesia [Verh. VIII intehn. Zool. Kongu. (Graz), 1912,
p. 647J) partage aussi cette manière de voir.
(5) Wallace, Darwinism, 1889, p. 148.
(*) Plate, Die Variabilitàt und die Artbildung nach dein Prinzip geographischer
Formenketten beiden Cerion-Landschnecken der Baliama-lnseln. (Arch. Rassen-und
Gesellsch. Biol., 4 Jahrg., 1907, p. 46i); et Ueber die Bedeutung des Darivin'schen
Selectionsprinrips und Problem der Artbildung. Leipzig, 2e édit., 1903, p. 194.
(^) BoRCHERDiNG, Achatmellen-Faunu der Sandwich Insein Molokai. (Zoologica,
Heft XLVIII, 1906, p. 48.j
602
2° S'il y a croisement entre individus variés de la même
manière (comme dans le cas des Limnées sénestres d'une même
petite mare, p. 464). Elle peut ainsi faciliter la séparation de
deux formes voisines; on en trouve un exemple dans le cas des
Pecten frkjidus et P. fragiiis, qui sont deux races d'une même
forme, déterminées par des conditions de milieu (thermiques, etc.)
différentes, et dont l'isolation (le premier dans l'océan Arctique,
le second dans l'océan Atlantique) a achevé la séparation (p. 452).
Mais elle ne peut pas, à elle seule, faire plus que faciliter cette
séparation et notamment elle ne peut pas provoquer de varia-
tions, pas plus que la sélection (celle-ci, en effet, ne guide pas
la variation, mais elle fait disparaître naturellement les carac-
tères inaptes à prospérer dans le milieu considéré).
On pourrait d'ailleurs imaginer une séparation purement
topographique, avec conditions d'existence restant inaltérées
dans les parties séparées; le résultat de la séparation ne serait
pas la différenciation d'espèces (^). C'est là, au surplus, un
phénomène qui s'observe conslamment; quantité d'espèces ont
leur distribution réellement discontinue et ne se composent, en
somme, que de colonies séparées par des distances plus ou moins
grandes; ces diverses « colonies », bien loin de former des
espèces, constituent rarement des races locales, et même, dans la
plupart des cas, ne montrent guère de variation véritable lorsque
leurs stations sont semblables par leurs conditions de milieu.
L'isolation ou séparation n'est donc pas nécessaire, et en tout
cas pas suffisante, pour permettre la constitution de formes nou-
velles, que celles-ci soient actuelles ou fossiles (^).
(*) OrtmaNiN, On Séparation and its bearing on Geoiogy and Zoôgeoç/rapliy . (Amer.
JouRN. OF Sci., 4e série, vol. IV, 1896, p. 08 : cf We can imagine a purely ç,eogra-
phical séparation with the conditions of existence remaining inaltered in tlie sepa-
rated parts : there a différenciation of species does not resuit, and the original
species continues to exist without change ».)
(*) Par exemple, pour les transformations des Melanopsis et Vivipara tertiaires
de Kos qui se sont produites sans isolation. (Neumayr, Ûeber den geologischen Bau
der Insein Kos. [Denkschr. K. Akad. Wien (Math.-Naturw. Kr,.), Bd XL, 1879,
p. 96].)
603 —
III. — Rôle de la durée dans la production
des variations.
Si les conditions de milieu sont capables de produire des
variations dans les organismes, elles ne le sont cependant pas
dans toutes les circonstances, et surtout elles ne le sont pas
d'une façon immédiate dans la généralité des cas.
L'expérience montre — et le bon sens indique d'ailleurs —
que la variation est « physiologique » avant d'être morpholo-
gique; c'est-à-dire que les causes extérieures agissent d'abord
sur le fonctionnement et que la variation de forme ou d'aspect
de l'organe est la conséquence de son fonctionnement prolongé
dans une nouvelle direction.
Tout fonctionnement modifie en effet le fonctionnement
ultérieur, en rendant l'organe plus apte à fonctionner une nou-
velle fois comme précédemment. La répétition du stiumlant et
de l'acte (donc la multiplication du fonctionnement) rend l'acte
plus aisé : la répétition d'un processus semblable en améliore le
rendement, c'est-à-dire le facilite et l'augmente ; et ce change-
ment dans le fonctionnement retentit à la longue sur l'organe
lui-même en y produisant des modifications, ou variations mor-
phologiques : par là apparaît l'influence de la durée ou du temps
dans la production des variations.
Un changement dans les conditions biologiques peut donc
accumuler les effets de la variation produite par elles, grâce à
leur continuité. On attribue souvent à la doctrine darwinienne
l'introduction de la notion d' « effets cumulatifs » dans les phé-
nomènes d'évolution, par la succession des générations, c'est-
à-dire par la durée. Or, Lamarck avait toujours tenu compte de
cette notion du temps pour la production des variations. Il
l'exprime nettement en disant notamment que : « Tout ce que
la nature a fait acquérir ou perdre aux individus par l'influence
des circonstances où leur race se trouve depuis longtemps
— 604 —
exposée... (^) »; il y a donc ici concordance des deux doctrines.
Les variations continues et les variations d'apparence discon-
tinue se comportent d'ailleurs différemment à ce point de vue.
1. — Variations d'apparence discontinue.
Il n'y a guère d'exemples de variation continue due à un fac-
teur extérieur agissant pendant une courte durée. Un facteur de
ce genre, au contraire, est susceptible de déterminer des varia-
tions d'apparence discontinue.
Il n'y a sans doute que les individus d'espèces très tolérantes
qui puissent subir des modifications brusques du milieu (voir
IV^ partie, p. 430) ; mais l'expérience fait voir cependant qu'une
cause extérieure brusque — plus ou moins violente — peut
produire une variation d'apparence discontinue, sans que rien
paraisse changé d'une façon permanente dans les conditions
ambiantes : cette cause agit alors avec peu de durée, «à très courte
distance (ou au contact), sur un point ou sur une petite partie
seulement de l'organisme. C'est ce qui arrive pour des variations
brusques de diverses sortes :
a. Pour celles qui apparaissent sur l'embryon (variations con-
génitales) : Lorsqu'une cause a pu leur être reconnue, celle-ci a
été trouvée extérieure et de courte durée, par exemple dans les
cas de tératogenèse.
p. Pour des variations apparaissant chez l'adulte seulement :
Elles ont une cause extérieure, telle que la régénération, etc. En
effet :
1" Des variations brusques ou d'apparence discontinue sont
fVéquennnent la conséquence de phénomènes tératologiques ; et
(1) Lamarck, Philosophie zoologique, t. I, 1809, p. 23S; et l'on retrouve cette
même idée en divers autres endroits : « pendant une longue durée » {ibid., p. v);
« à l'aide d'un temps suffisant » (p. 66); « après un temps suffisant » (p. 73);
« changent avec le temps » (p. 224).
— 605 —
bien des observateurs ont signalé l'analogie des variations
brusques et des monstruosités : La ligne de démarcation est
impossible à tracer entre elles, car il n'y a des unes aux autres
qu'une simple différence de degré.
Or ces phénomènes tératologiques sont amenés par des « acci-
dents » qui ne sont pas toujours nettement définis, mais que les
cas bien étudiés permettent de rapporter à une cause extérieure
brusque, agissant pendant un temps assez court (réduit à une
certaine période de l'ontogénie), sur une partie ou sur un point
de certains individus isolés, souvent des conditions défavorables
d'élevage, excès ou défaut de chaleur, d'oxygène, manque
d'espace ou compression, etc., ou encore traumatismes intra-
utérins, ou arrêts de croissance déterminés par des facteurs
extrinsèques. Ainsi :
^4. Manque d'espace : Ce cas est celui d'œufs multiples dans
une coque unique d'Opisthobranche, de Pulmoné, etc., œufs
qui, par suite d'une compression momentanée en des points
appropriés, ont donné un monstre double ou triple, par sou-
dure de deux ou plusieurs œufs [Pliiline, Dendronotus, Lim-
naea, Plujsa, Limax, Nassa, etc.; voir I" partie, p. 383).
B. Compression ou poussée exercée par des intrus dans
l'utérus maternel gravide : Cas des Littorina rudis développés
en présence d'Infusoires parasites {Protoplinja; voir P^ partie,
p. 343, et lY' partie, p. 46i).
C. Compression exercée artificiellement sur des œufs de
Cumingia, de Hélix pomatia, et y produisant respectivement
une modification de la segmentation et des embryons planor-
boïdes (voir ci-dessus, p. o59).
D. Compression exercée sur les téguments par l'endoderme,
lorsque l'invagination préconchylienne et la coquille sont peu
développées : Limnaea stagnalis (P^ partie, p. 341 et fig. l231
et %32) .
— 606 —
E. Mutilation des œufs, produisant des embryons imparfaits,
nains, etc., par exemple, chez Dentaimm entale : embryon à
deux plaques apicales et à deux houppes ciliées (F* partie,
p. 348etfig. 275).
FiG. 275. — Dentalium. entale, larve
provenant d'un œuf incomplet et
pourvue de deux plaques apicales et
de deux houppes ciliées : I et 11. —
D'après Wilson.
"2" Après la naissance, des causes extérieures de même allure
(agissant pendant peu de temps, à peu de distance, souvent au
contact) déterminent des variations d'apparence discontinue :
A. Chez des Pulmonés terrestres ou fluviatiles, par l'action
de l'homme ou du bétail- (^).
B. Chez des Lamellibranches marins, Pecten irradians, par
exemple (^).
C. Des coquilles scalaroïdes peuvent être dues à l'interposi-
tion de corps étrangers (parfois d'organismes), tant dans des
formes marines [Troclius obtiquatus, voir ci-dessus, p. 584,
Facteurs biologiques) que Pulmonés (^) ; la scalariformité
(1) Bâkeh, Someinteresting Molluscan nions trosities. (Trans. Acad. Sci. St. Louis,
vol. XI, -1901, p. 143 : « Monstrosities among land and freshwater shells are
conslanlly occurring and are, curiously enough, more often produced by external
causes, as man and cattle, than by atropby or hypertrophy of any part of the
animal ».)
(5) Davenport, On the Variation of the Shell of Pecten irradians. (Amer. Natur.,
vol. XXXIV, 1900, pp. 876-877 : « The varions abnormalities of Pecten are either
explained as self-adjustments to accidents or as sports which represent typical
conditions in allied species ».)
(*) Re, Di alcune Anomalie nei Molluschi. (Boll. Sci. [Pavia], t. XX, 1898.)
— 607 —
n'affecte pas la coquille, dès le sommet, alors. Si elle existe dès
ce sommet, elle est congénitale et peut provenir, dans ce cas,
d'une cause extérieure agissant sur l'embryon.
D. Des variations d'apparence discontinue peuvent être déter-
minées par un traumatisme — cause violente, de courte durée,
agissant au contact et en un point — chez l'adulte : Il se pro-
FiG. 276. — Hélix nemoralis, individu dont
les deux tentacules postérieurs ont repoussé
soudés, après ablation ; vu du côté gauche.
cq, coquille ; p, pied ; t, tentacule antérieur
gauche ; t\ tentacules postérieurs soudés.
— D'après Carrière.
FiG. 277. — Purpura lapillus, in-
dividu dont le tentacule S;auche
a été régénéré bifide ; vue ven-
trale de la partie antérieure.
oc, œil droit; p, pied; t. bi, ten-
tacule bifide. — Orififinal.
duit souvent dans ce cas, en effet, une variation « brusque » de
nature régénérative, sous forme d'une hétéromorpliose ou régé-
nération irrégulière plus ou moins caractérisée, engendrée par
ce traumatisme; exemples :
a) Tentacule légénéré en place d'un œil, chez Patclla viilgata
(p. 4-59, fig. 268) (').
b) Tentacules fusionnés chez Hellx, etc. (p. 117 etfig. 276),
après ablation suivie de régénération.
c) Tentacule régénéré bifide, après amputation, chez Pur-
pura lapillus (p. ill et fig. 277), ISassa reticulata et N. mwa-
bilis, Planorbis corneus (voir T® partie, pp. 112 et 114).
(1) Ce cas est comparable, en somme, à la régénération d'une antenne en place
d'un œil chez divers Arthropodes : régénération obtenue expérimentalement dans
Penaeus (Hekbst, Ueherdie Régénération von Antennenahnlichen Organen am Slelle
von Augen [Arch. Entwickl.-Mech., Bd II et IX, 1896 et 1899]), naturellement dans
Palinurus (Ariola, ibid., Bd XVIII, 1904, p. 248).
— 608 —
d) Yeux l'égénérés à deux en place d'un seul : Chez divers
Pulmonés terrestres [Hélix pomatia, H. arbustornm , Succinea
putris, voir V" partie, p. 280).
e) Siphon régénéré bifurqué, après amputation, chez Nassa
mutabUis (fig. 278) (variation observée dans un Pleurotoma
regtdaris fossile, sous forme de siphon coquiliier dédoublé :
r*' partie, p. 90).
Fig. 278. — Nassa mutabilis, individu dont le siphon est régénéré bifide ; vu
du côté gauche, cq, coquille; fi. p, filaments pédieux postérieurs; gl. p,
glande pédieuse; oc, œil gauche; op, opercule; p, pied; si, si', les deux
branches du siphon régénéré; /, tentacule gauche. — D'après Hanko.
/') Pied régénéré bifurqué ou trifurcpié, dans Pliijsa fonti-
nalis, après amputation de la partie postérieure par une larve de
Chironomiis (voir I'^ partie, p. 121, fig. 79 et 84 à 8(3), dans
yassa mutabilis (P^ partie, p. 122).
g) Opercule repoussé paucispiré au lieu de multispiré, dans
des Trochus (P' partie, p. 131, fig. 93).
Donc, comme pour les variations congénitales ci-dessus, les
diverses variations d'apparence brusque apparaissant chez
l'adulte, qui viennent d'être citées, sont toutes également dues
à une cause extérieure agissant plus ou moins violemment,
pendant une courte durée, à petite distance et sur une petite
partie de l'organisme.
— 600 —
Par analogie, on peut conclure que de nombreuses autres
variations d'apparence brusque peuvent avoir été engendrées
par des actions de ce genre.
Car les variations discontinues appartiennent en effet presque
toujours aux variations dites « spontanées », produites sans que
rien paraisse changé dans les conditions ambiantes durables. En
outre, les diverses variations tératologiques, régénératives,
inérotomiques, etc., sont toutes des variations sahs adaptation;
et l'on peut remarquer que la généralité des autres variations
brusques sont dans le même cas; elles sont inadaptatives, c'est-
à-dire non en rapport avec les conditions générales régnantes
du milieu.
L'analogie est donc de plus en plus grande ; et de cette ana-
logie des phénoniènes, on peut conclure à l'analogie des ori-
gines pour l'ensemble des variations d'apparence brusque : cause
extrinsèque, de durée réduite, agissant à courte distance et sur
un point seulement de l'organisme.
Ce qui montre bien la courte durée des causes extérieures
déterminant les variations brusques, c'est que ces causes n'ont
pas toujours le pouvoir d'engendrer une variation durable chez
l'individu; il peut y avoir autorégulation, et la variation brusque
— temporaire — disparaît quand la durée de la cause est insuf-
fisante. Le milieu ayant agi par l'un ou l'autre facteur de courte
durée, comme producteur de variation, agit alors en tant que
milieu général durable, en régulateur, et comme éliminateur de
variations trop auiples, non adaptées à ce milieu général. Voici
quelques exemples, parmi les Mollusques, de variations d'appa-
rence brusque disparaissant ainsi :
a) Retour à la spirale radiale moyenne de la coquille, dans
les Clausilia laminata variés d'une façon exagérée à ce point de
vue (p. 473).
b) Retour à l'indice moyen de coquilles trop courtes de Lim
naea staynalis (p. 421, fig. 267).
89
— 610 —
c) OEut' de Planorbis cornens ayant subi momentanément
quelque influence troublant la régularité de sa segmentation, et
se développant en embryon asymétrique (p. 359, fig. 261);
celui-ci redevient symétrique par la suite, dans les conditions
normales.
d) CEufs de Heiix pomatia ayant été comprimés pendant leur
développement et ayant donné des jeunes planorboïdes, tels que
certains d'entre eux paraissaient appartenir à une autre espèce ;
après l'éclosion, la pression ne s'exerçant plus, la forme nor-
male a été reconstituée pendant la croissance (^).
e) Des Limnaea auricularia (lac de Davos) présentaient, dans
le bord de l'ouverture coquillière et du manteau, des entailles
causées par l'action mécanique d'un parasite ; par la croissance
ultérieure, ces entailles étaient régularisées après disparition du
parasite (~).
/') OEuf coupé : Un fragment d'œuf ne donne qu'un embryon
incomplet chez Nassa (Uyanassa) obsoieta (p. 560) ; tandis
qu'une moitié ou un quart d'ovule de Dentalium entale, même
non nucléé, peut être fécondé, se segmenter et donner une
larve veliger complète, mais souvent naine (p. 560).
2. — Variations continues.
1° Si des variations d'apparence discontinue sont engendrées
par des causes de peu de durée, il en est tout autrement pour
les variations continues. L'expérience montre, en eft'et, que
celles-ci correspondent à des causes extérieures également
continues, d'intensité plus ou moins modérée, mais agissant
(*) KûiNKEL, Zuchtversucke mit linksgeumndenen Weinbergschnecken (Hélix poma-
tia). (ZooL. Anz., Bd XXVI, 1903, p. 662.)
(*) Sykes, Note on Limnaea auricularia. (JouRN. OF Malacol., vol. lil, 1894,
p. 3i.)
— 611 —
pendant un temps prolongé sur l'organisme entier, même à
grande distance. Cela ressort du fait maintes fois démontré que
l'adaptation à un milieu ou à une condition de ce milieu (et
conséquemment la variation adaptative correspondante qui en
résulte) ne peut être brusque, l'une et l'autre doivent toujours
être progressives, c'est-à-dire qu'elles exigent la durée. En effet :
A. Le brusque passage d'une condition à une autre très
différente est généialement nuisible ou même mortel; exemples :
a) Les Pfiysa et Limnata de l'étang d'Ossegor ont disparu
après un mois d'action de l'eau salée brusquement introduite
dans cet étang (ci-dessus p. 571); une brusque adaptation n'a
pas été possible.
b) Bijthinia leaclii et Vcdvata piscinalis (et vraisemblablement
bien d'autres Gastropodes fluviatiles à branchies) meurent dans
l'eau additionnée de 7-2 °/o cl^ sel (p. 571).
e) La généralité des Gastropodes d'eau douce sont tués
lorsqu'on les introduit brusquement dans l'eau chaude dont la
température n'atteint même pas 40°; Plujsa acuta est ainsi tué
à 35^ (p. 499) ; des larves de Mollusques marins à 31° (p. 500).
B. L'adaptation est lente et progressive : a. Dans la vie
individuelle : a) Pour la coquille de Patella vulgata : « This
case of the rough and smooth Limpet shell is of interest in that
it shows that a small change in an environment may produce
through its continuons action a large cunnilative resuit by a
summation of successive Utile effects (^) » (voir p. 556).
b) Anomia fixé sur un Pecten prend progressivement l'aspect
de celui-ci (p. 585).
(*) RussELL, Environmental Studies on the Limpet. (Proc. Zool. Soc. London,
1907, p. 870.)
— 612 —
c) Divers Mollusques fluviatiles, tués par le passage brusque
dans l'eau renfermant 4 "/„ de sels, s'y adaptent au contraire
progressivement (expériences de Beudant, etc., voir p. 570);
de même, en sens inverse, pour des formes marines introduites
dans l'eau douce.
d) Les embryons de certains Mollusques marins s'adaptent
progressivement à la dessalure de l'eau : Eolis papiUosa jusqu'à
1 Ml "/o de sels (où ils sont tués, s'ils y sont placés directement),
ainsi que Cenia cocksi (et même les adultes de celui-ci) (^).
e) Réciproquement, des embryons de Mollusques d'eau douce
s'adaptent progressivement à l'eau salée : Ihjthhiia leachi,
B tentactilata, Valvata piscinalis, au moins jusqu'à "2.5 7o
{observations personnelles, voir p. 571) ; Pliysa heterostroplia,
Àmnicola limosa ont leur développement arrêté par le brusque
passage dans l'eau à 0.75 "/o, et s'adaptent au contraire progres-
sivement à vme salure de 0.3(S 7o (^) 5 Physa fontinalis peut
même supporter jusqu'à 25 7o de sels, si la ponte y est amenée
progressivement (^).
/') Physa acuta vivant dans une eau thermale à 33°, peut
résister à 43°, température supérieure de 8" à celle qui est
mortelle (35°) pour les P. acuta normaux (^) ; P. laslei s'adapte
progressivement à des températures élevées, en montant de l'eau
moins chaude à l'eau plus chaude ("*).
(*) Pelsiîneer, L'origine des animaux d'eau douce. (Bull. Acad. Sci. Belg., 1903,
p. 71(i, [1906].)
(*) KoFOiD, On ihe early Development of Limax. (Bull. Mus. compar. Zool.,
vol. XXVII, 1895, p. 105.)
(') WiERZEJSKi, Embryologie von Physa fontinalis L. (Zeitschr. wiss. Zool.,
Bd LXXXIII, 1905, p. 514.)
(') DuBALEN, Note sur les Mollusques qui vivent dans les sources chaudes de Dax.
(Actes Soc. Linn. Bordeaux. Comptes rendus des séances, t. XXIX, 1873, p. iv.)
{^) Rajat et Péju, Relations entre la variation de forme et de taille des Mollusques
aquatiques et la température du milieu ambiant. (Comptes rendus Assoc. franc.
AvANC. ScL, [session de Lyon], t. XXXV, 1907, p. 563.)
613
En résumé, on peut constater une lenteur générale de l'adap-
tation des individus au milieu ; mais progressivement, cette
adaptation se fait même à des conditions différant grandement
de celles du milieu priuiitivement habité; pour les adultes, les
embryons et les œufs, il se produit une sorte d' « entraînement ».
La chose a été observée dans la nature et elle a été confirmée
par de nombreuses constatations expérimentales.
[3. Dans la vie de l'espèce : a) Les organes dont le fonction-
nement est réduit ou supprimé par les conditions de milieu ne
disparaissent pas brusquement : ils se « rudimentent » lente-
ment, avec le temps, et leurs rudiments persistent longtemps.
Les organes rudimentaires sont ainsi une preuve qu'il faut un
nombre suffisant de générations pour qu'une particularité de ce
milieu extérieur détermine sur une espèce organique une modi-
fication profonde de cette nature (^) ; ils font donc voir que ce
n'est pas par une évolution brusque que des caractères dispa-
raissent : on peut en prendre comme exemple le ludiment de
branchie cténidiale persistant encore aujourd'hui chez l'adulte de
certains Prosobranches aériens : Ccritliidea et Cremnoconcliusi^^) .
L'onlogénie individuelle apporte d'ailleurs la confirmation de
cette disparition progressive dans la phylogénie; par exemple, le
vélum rudimentaire de Purpura lapiUus s'atténue peu à peu
jusqu'à disparaître totalement pendant la vie embryonnaire (^) ;
la cavité résultant de l'invagination cérébrale des Pulmonés
(*) Darwin avait reconnu jadis et maintes fois exprimé, pour divers êtres vivants,
que les « animaux et plantes s'acclimatent peu à peu » (La variation des animaux
et des plantes, t. II, p. 377) et que la modification ne se manifeste qu'après
« plusieurs générations » (ibid., t. Il, p. 277); de même, Vernon dit : « The adapta
tion of the second génération to tlie environment will be from this cause (cumu
lative efifect) slill further increased ». (Variation in Animais and Plants. London,
1903, p. 390.)
(*) Pelseneer, Prosobranches aériens et Pulmonés branchifères. (Arch. de Biol.,
t. XIV, 1895, pp. 854 et 357, pi. XIV, fig. 8.)
(') Pelseneer, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Loc. cit., pi. X,
fig. 6,7et8.)
— GI4 —
disparaît progressivement peu de jours après l'éclosion chez
Hélix aspersa (^), Limax maximiis (^), etc.
b) Réciproquement, un organe ou caractère ne se constitue et
n'apparaît pas brusquement; il s'acquiert lentement, aux dépens
d'éléments préexistants. Le vélum des larves nageuses, par
exemple, s'accroît avec la durée de la vie larvaire, c'est-à-dire
avec la durée de l'action du milieu « pélagique » (p. i57 : larves
dites Sinusigera, Mac Gillivraijia) (^).
c) Les espèces littorales, plus « entraînées » aux variations
de salure, supportent plus facilement la dessalure de l'eau de
mer (tant adultes que larves) (p. 567).
d) Les Pliifsa s'adaptent progressivement à des températures
élevées, par exemple P. laslei, en montant de l'eau moins
chaude à l'eau plus chaude (^).
e) Ces mêmes Pliijsa montrent une réduction progressive de
taille par la durée plus longue de leur exposition à une tempé-
rature élevée (^).
(*) Pelseneer, Études sur des Gastropodes Pulmonés. (3Iém. Acad. Belg., t. LIV,
4901, p. 33.)
(2) Henchman, The origin and development of tlie central nervous system in Limax
maximus. (Bull. Mus. Compak. Zool., vol. XX, 1890, pp. 195 et 200.)
(') On n'a jamais songé, jusqu'ici, à comparer entre elles les durées des vies
larvaires des Mollusques à vélum différemment développé. Voici les quelques
notions que l'on possède à ce sujet; on verra qu'il n'y a pas une simple coïncidence
partielle, mais un rapport régulier et constant entre la durée de la vie larvaire et la
saillie et la grandeur du vélum : Ischnochiton magdalenensis (simple cercle cilié) :
un quart d'heure à une heure [Heath]; Trochus (vélum à peine saillant) : 3 jours
[Robert] ; Littorinn liltorea (vélum saillant) : au moins une semaine [Caullery
et Pelseneer]; Nassa obsoleia (vélum étendu) : environ 9 jours [Dimon]; Nudi-
branches : Doris bilamellata, Tritonia (vélum bien développé) : plus d'un mois
[Pelseneer] ; quant aux larves eupélagique?, connues sous le nom de Mac Gilli-
vrayia et de Sinusigera, avec de grands vélums profondément découpés, leur
organisation très avancée et le nombre de tours de leur coquille montrent qu'elles
sont âgées et que leur vie larvaire a été extrêmement longue.
(*) Rajat et Péju, Relations entre les variations de forme et de taille des Mol-
lusques aquatiques et la température du milieu ambiant. (Comptes rendus Assoc.
FRANC. AvANC. Sci., [sesslou de Lvon], t. XXXV, 1907, p. 563.)
(S) Ibid.
— 615
/') Purpura lapillus et fÀtto7-ina rudis (espèces très séden-
taires et sans larve nageuse) de la. zone supralittorale (plus
exposés à la dessiccation) résistent mieux à la sécheresse que les
individus intercotidaux des mêmes espèces (^).
cj) Les espèces désertiques de Pulmonés terrestres résistent
mieux que toute autre espèce aérienne à la déshydratation; elles
sont plus longuement préparées et entraînées (voir p. 530).
C. Lorsqu'il y a réversion après modification morphologique,
c'est avec lenteur; ainsi : a) Une « forme » rapliidia (Bourgui-
gnat) du Limnaea staynalis, un an après qu'on l'eut rencontrée,
se présente sous un aspect intermédiaire entre L. « rapliidia »
et L. stagiialis typique el ne revient à ce dernier que la troisième
année (^).
b) La variété involuta du Limnaea peregra, après plusieurs
générations en captivité reconstitue la forme pereyî^a typique (^).
c) Les formes abyssicola Bi'ot de Limnaea palustris, et
profunda Clessin de L. peregra (ovata), à la première géné-
ration provenant de pontes écloses en aquarium (donc dans des
conditions littorales), « présentent une tendance très marquée
au retour à l'espèce type », c'est-à-dire n'y retournent pas
brusquement non plus ('').
(1) CoLGAN, Notes on the adaptability of certain littoral Molluscs. (Irish Natu-
RALiST, Jiily 1910, p. d3t.)
(2) LocARD, L'influence du milieu sur le développement des Mollusques. (Loc. cit.,
p. 106.)
(*) More, Limnaea involuta probably a variety of Limnaea peregra. (Zoologist,
1889, p. 154.)
(•*) HoszKowSKi, Notes sur les Limnées de la faune profonde du lac Léman. (Zool.
Anz., Bd XL, 1912, p. 379); et Contribution à l'étude des Limnées du lac Léman.
(Rev. suisse de Zool., t. XXII, 1914, p. 494 [L. abyssicola « montre une tendance
accentuée » à revenir à la forme type de L. palustris].)
- 611) —
d) Physa acuta avait vu sa taille réduite par l'action des
eaux chaudes d'un puits artésien à Rochefort; les eaux chaudes
cessèrent un jour de se déverser dans le bassin où vivaient les
individus de cette espèce; on a constaté depuis « que leurs
dimensions se sont un peu accrues et qu'elles semblent perdre
cet aspect de rachitisme si frappant chez celles qui vivaient dans
Teau chaude (^) «.
Ce n'est donc que progressivement que ces diverses espèces
purent se désadapter.
D. Les facteurs continus de variation exercent, grâce à la
durée, un effet cumulatif, non seulement pendant la vie indivi-
duelle (comme pour le cas des Patclla, Anomia, etc., ci-dessus,
p. 611), mais dans la suite des générations, en orientant les
variations et en produisant ces variations de sens déterminé ou
« orthogénétiques », dont l'existence est si fréquente (voir
II" partie, pp. 383 et 389).
(^e sont, en effet, les stimulants du monde extérieur qui
déterminent le fonctionnement des organismes. Et ce fonction-
nement lui-même détermine des modifications (chimiques ou
autres) et des reconstitutions; de sorte que les modifications
dans la constitution acquise le sont naturellement par la lente
action du milieu sur tout l'oiganisme depuis sa naissance.
Mais ces causes de variation par l'influence du milieu sont aussi
les seules dont l'action soit continue (voir plus haut, pp. 441
et 610) et par suite les seules capables de donner à l'évolution
une direction fixe; l'action continue à la seconde génération,
sur une espèce déjà influencée pendant la première et ayant
transmis à la suivante, la modification qui en résulte : celle-ci
est plus grande à la fin de la seconde, et ainsi de suite. De cette
manière, par hérédité et par contimiité de l'action du milieu.
(*) Rbc.elsperger, Déformations remarquables de Physa acuta observées à Roche-
fort-sur-Mer. (Actes Soc, Linn. Bordeaux, t, XXXIX, 1885, p. 7.)
- 617 —
peuvent s'expliquer à la fois, d'une part, les effets cumulatifs
(p. 380) et, d'autre part, les variations orientées ou orthogéné-
liques, ainsi que les relations entre ces deux ordres de faits.
L'observation et l'expérience montrent, au reste, que l'adap-
tabilité, l'adaptation effective au milieu et la variation continue
orientée qui en résulte dans une même localité, augmentent avec
le nombre des générations, autrement dit avec la durée du
temps; tandis qu'elles montrent rarement, d'une génération à
une autre qui la suit immédinlement, des différences très sen-
sibles. Des exemples de cette influence de la durée sur la pro-
duction orientée de variations continues peuvent être pris dans
les formes fossiles et subfossiles ou dans les espèces vivantes :
a) L'étude des Planurbis muUij'ormis de Steinheim a consti-
tué une gigantesque expérience ; et si les auteurs qui les ont
étudiés (^) n'ont pas eu en leur pouvoir le déterminisme complet
de cette expérience, au moins en possédaient-ils des éléments
suffisants pour conclure à l'évolution progressive des i'ormes et
à l'action irrécusable du temps dans cette circonstance.
b) Pour les Mollusques marins subfossiles et vivants d'Omori,
« tbe profound changes which taken place in the size and con-
tour of certain species demand time (^) ».
c) Pour divers Pulmonés insulaires, a été aussi reconnue l'in-
fluence de la durée dans la production de variations orientées :
1. Chez (]erion (jlans des Bahamas (^).
(1) HiLGENDORF (1867-1877), Hyatt (1880), Hickling (1913) : Ille partie, p. 393.
(2) Morse, Coiuparison beliveeii the ancien t and modem Molluscan Fauna of
Omori, Japan. (Mem. Sci. Départ. Univ. Tokio [Extract], 1879, p. 9.)
(2) Plate, Die Variabilitàl und die Artbildung nach deni Prinzip geographischer
Formenketten bei den Cerion Landschnecken der Bahama-lnseln. (Loc. cit., 1907,
p. 459 ) — Le même auteur avait déjà manifesté la même façon de voir dans Ueber
die Bedeutung des Darivin schen Selectionsprincips und Problème der Artbildung.
Leipzig, 1903, p. 28 : « Die Wiri\ung gleichbleibender ausserer Factoren sich im
Laufe der Generationen verstârken kann, wie ja auch vielfach individuel! mit der
Zeitdauer die Wirkungen einer Ursache zunehmen ».
— 018 —
2. Chez les Acfiatinetia des îles Sandwicli, la rapidité de
l'évolution dépend de la rapidité de la succession des généra-
tions (\) ; dans les Parlida des îles Tahiti [P. nodosa, P. ciara,
P. otafieitana, etc.), l'apparition de nouvelles variétés s'est pro-
duite dans l'espace d'une trentaine d'années (^).
d) Chez Limnaea megasoma qui, après trois générations, a
montré une variation (nanisme, etc.) plus accentuée qu'après
la première (^).
e) (]hez Limax cinereo-niger, après trois générations parthé-
nogénétiques (sans hybridation), un individu blanchâtre a donné
des albinos purs (^).
/') En sens inverse, on a vu ci-dessus (p. 6i5), que lorsqu'il
y a réversion d'une forme variée vers le type primitif, c'est après
plusieurs années que celle-ci est reconstituée [Limnaea rapliidia
redevenant L. stagnalis, etc.).
Tout cela n'arriverait pas si les organismes étaient préadaptés
(voir plus loin, cette même quatrième partie, V. Préadaptation).
Les animaux intolérants sont en effet bien plus nombreux que
les tolérants ; et l'on observe de multiples exemples (géologiques
et actuels) de disparition brusque par suite de brusque modifi-
cation dans les conditions du uiilieu; ou bien, à défaut de cette
disparition (effet mortel) chez des es{)èc.es déjà moins intolé-
0) Gui.iCK, On Diversity in Evolution under one Set of exlernal Conditions.
(Jouhn. LiNN. Soc. LoNDON fZooL.], vol. XI, 1873, p. S04.)
(2) GuAMPTON, The Prinriples of Geographical Distribution as illustrated by Snails
of the gemis Partula inhabiting Southeastern Polynesia. (Veuh. VIII inteun. Zool.
KONGR. [GUAZ], 1912, pp. 646 et 647.)
(5) Whitfield, Description of Limnaea (Bulimnaca) megasoma, Say, with an
Accovnt of changes produced in the offspriug by unfavorable conditions of Life.
(Bull. Amer. Mus. Nat. Hist. New-York, vol. 1, 188-2, p. 36.)
(*) Kungkel, Ein bisher unbekannter, grimdlegenden Faktor fiir die Aufjindung
eines Vcrerbungsgesetztes bel den Nacktschnecken. (Verh. Ges. Nature. Leipzig,
bd LXXXIII 11911J, p. 437, I91i>.)
— 619 —
rantes, se manifeste par la même cause une « dépaupération »
— souvent sous forme de nanisme — par toutes les conditions
d'inconfort de diverse nature : température, conditions chi-
miques, défaut d'espace, e(c. (p. 568).
L'influence de la durée se révèle dans le fait que quand il y a
changement de milieu, apparaissent d'abord, plus ou moins
vite, des races physiologiques, présentant des différences dans
des particularités de leur alimentation, de leur reproduction, de
leur résistance, etc., sans qu'il y ait aussitôt modification mor-
phologique perceptible ; car celle-ci ne peut apparaître dans
l'organe ou dans la forme qu'après modification (et modifica-
tion suffîsammenl durable) dans le fonctionnement. On sait en
effet combien tout fonctionnement rend un organe plus apte à
fonctionner une nouvelle fois comme précédemment (p. 603);
c'est là notamment la source de tous les mouvements instinctifs
et réflexes secondaires. Et cette aisance plus grande ne peut pro-
venir que d'une modification laissée dans l'organisme même,
par le fonctionnement précédent.
Un exemple typique de variation et de race physiologiques de
ce genre se trouve dans les Physa acuta, déjà cités des sources
chaudes de Dax; alors que des individus normaux de cette espèce
meurent à 35°, ceux qui vivent dans ces sources chaudes à une
température de 33° à 35", meurent seulement à 43° (p. 499) ;
c'est là une preuve que dans ces derniers il y a déjà quelque
chose de changé dans la constitution du protoplasma, résistant
davantage à la coagulation. De sorte que :
a) Avec le temps, les variations d'apparence discontinue
s'atténuent ou disparaissent, souvent au cours d'une seule géné-
ration; tandis que
b) Avec le temps, les variations continues, d'abord physiolo-
giques, s'accentuent et peuvent amener finalement une diver-
gence de caractères d'avec la souche et même, dans certains cas,
produire une race, une variété ou une espèce distincte.
— 620 —
11 y a donc une condition nécessaire à l'adaptation automa-
tique des organismes à leurs conditions d'existence et à l'acqui-
sition de caractères nouveaux éventuels produits par cette adap-
tation ; c'est la continuité de l'action des facteurs extérieurs,
c'est-à-dire leur durée.
Divers observateurs, qui sont d'avis que le milieu est sans
influence sur l'éclosion de variations, ont remarqué, non sans
raison, que dans des espèces qu'ils avaient examinés, l'influence
du milieu ne se manifestait pas.
Mais cette absence de manifestation pouvait être due soit :
a) A ce que certaines formes n'ont qu'une variabilité très
faible [IIV partie, p. 4:27) ; soit
h) Surtout à ce que l'expérience était insuffisamment pro-
longée.
Il faut par conséquent se garder, d'après une expérience de
durée insuflîsante, de nier l'influence des facteurs extrinsèques
et des conditions de milieu sur la modification des espèces. Car
le plus souvent, la variation ne se produit qu'après accumula-
tion de l'effet, et en outre elle ne peut nous être perceptible
avant un certain degré de modification morphologique.
Parmi les conditions qui favoriseront la rapidité du change-
ment et l'apparition de variations se trouvent donc :
1° La succession rapide des générations (plutôt que le temps
absolu).
2" L'action effective du milieu dès un âge très précoce de la
vie individuelle.
.4. Pour ce qui concerne la première condition, elle a déjà
été constatée par divers auteurs ayant exauiiné la question chez
les Mollusques; pour les Achatinella des îles Sandwich (^) ;
{*) GuLicK, On Uiversity in Evolution vnder one Set of external Conditions.
(Loc CIT., p. 504.)
6-21
pour des Pulinonés terrestres du genre Uelix (^) ; pour les
Mollusques en général (^) ; à propos de Planorbis midtifor-
rnis (^).
B. Plus tôt une variation apparaît dans l'ontogénie, plus pro-
fondément elle est empreinte.
A propos de ce dernier point, la question se pose de savoir
si, parmi les variations « congénitales » (voir IP partie, p. 395),
il en est qui soient vraiment indépendantes de l'action directe de
facteurs extérieurs ou du milieu
On a rencontré ci-dessus (dans cette même IV^ partie) de
nombreux exemples d'actions variées des facteurs extérieurs,
tant sur des œufs et des embryons que sur des adultes. Il y a
d'ailleurs impossibilité de séparer œuf, embryon, jeune et
adulte; car il n'y a pas entre eux de discontinuité; ils pré-
sentent la même constitution spécifique et le même pouvoir
réactionnel; et l'influence du milieu ne commence pas brusque-
ment à un moment déterminé. Il y a même, d'une façon géné-
rale, une adaptabilité plus grande des états jeimes, à l'action des
facteurs extérieurs (voir X" partie, Hérédité, I, 7, Influence de
la durée, et IIP partie, p. 4i4).
Et quand toute une série d'œufs se développent dans des con-
ditions en appar^ence identiques, beaucoup différent cependant
l'un de l'autre, quant à la position, la pression (compression
umtuelle, espace disponible, etc.), l'éclairage, l'aération, et ainsi
de suite.
(*) CouTAGNE, Recherches sur le polymorphisme des Mollusques de France, ([.oc.
CIT., p. 185 [la fixité d'un caractère étant proportionnelle à son ancienneté].)
(2) Sykes. Variation in Mollusca. (Phoc. JIalacoi,. Soc. London, vol. VI, 190o,
p. 253 : « Générations of MoUuscs succeeds one anolher very quickly, and change
of surroundings is liable to hâve a speedy effect ».)
(3) Hyatt, The genesis of Ihe tertiary species of Planorbis at Steinheim. (Anniv.
Mem .Boston Soc. Nat. H;st., 1880, p. 27 [un caractère héréditaire dii à une cause
physique ou autre, normale ou anormale, apparaît dans la génération suivante
plus tôt que quand il s'est renrontré la première fois dans les ancêtres : il « s'ancre »
donc avec le nombre de généiaiionsj.)
— 6-22 —
Pour ce qui est même des variations d'apparence discontinue
et des « anomalies », on ne peut davantage atTirmer à priori
qu'elles existent avant la fécondation ; car dans tous les cas où.
l'on a expérimenté, on a vu ces anomalies résulter d'une pertur-
bation survenue après la fécondation, dans le cours du dévelop-
pement, sur l'embryon d'abord parfaitement régulier et normal
(par exemple : les monstres doubles de Gastropodes soudés par
compression mutuelle, dans une coque à deux ou plusieurs
œufs, sans qu'il s'en produise dans d'autres coques de la même
ponte).
A celte question de savoir si les facteurs extérieurs sont vrai-
ment sans action avant la « naissance », l'expérience permet
donc de répondre négativement, d'après les cas connus.
A l'exemple des monstres doubles de Limnaea et de Physa
(p. 31 i), on peut ajouter encore celui des Littorina ruilis irré-
gulièrement enroulés ou même déroulés, par suite de la présence
de parasites dans l'oviducte maternel (p. 581); Limnaea mega-
soma nés petits, allongés et à glandes génitales modifiées, par
suite du confinement dans un espace réduit pendant plusieurs
générations (p. 562), etc.
Enfin, à propos de ce deuxième point (action de facteurs
extérieurs depuis un âge très précoce), on pouriait se demander
encore si l'action prolongée du milieu est favorisée par une nais-
sance très précoce, en d'autres termes si la variabilité est moindre
dans les formes à éclosion tardive (qui naissent pareilles à
l'adulte ; incubatrices ou acbevant leur développement entier
dans l'œuf, etc.) que dans celles à larves errantes et à éclosion
précoce.
A première vue, cela ne semble guère. Ainsi dans des genres
à espèces incubatrices à côté d'espèces à larve libre, on voit
ihtrea eduiis aussi variable que 0. angulata, bien que ce der-
nier soit ovipare, à éclosion très précoce, et le premier, incuba-
teur; cbez Littorina littorea (à larve libre), la variabilité n'est
guère plus grande que dans L. rndis, incubateur; Pnrpura
— 623 —
kaemastoma, à larve libre, n'a pas révélé une plus grande varia-
bilité que P. lapillus, qui éclôt tardivement avec la forme de
l'adulte; les Paludina vivipares paraissent aussi variables que
les espèces ovipares voisines, et il en est de même pour la
généralité des Pulmonés vivipares; les Melania vivipares varient
sensiblement autant que les lo proches parents, à larves
libres, etc.
On a vu d'ailleurs que même incubés ou conservés
longtemps dans l'œuf, les embryons ne sont pas à l'abri
des causes extérieures de variation et que l'action de la tem-
pérature, de la salinité, etc., s'exerce an travers de la coque
des œufs.
Mais nos connaissances sur ces questions sont encore frag-
mentaires, et il n'est pas impossible qu'il y ait moins de varia-
bilité de l'adulte, chez ceux-là qui passent un temps plus ou
moins long, comme embryon ou larve, dans un milieu différent
de celui où vivent les adultes; par exemple pour des formes
parasites internes, à larve libre, telles que Entoconclia, Ente-
roxenos, etc.; des modifications acquises à l'état larvaire peuvent
être sans influence sur les autres phases (modifications du vélum
ou d'autres organes non permanents).
Les causes extérieures de variations brusques sont, comme
on l'a vu, elles-mêmes brusques ow.de courte durée (p. 604), et
incapables, par suite, d'impressionner profondément les orga-
nismes; tandis que les causes extérieures de variations continues
sont elles-mêmes continues, et justement pour cela, seules
capables de produire un effet cumulatif et une impression pro-
fonde dans l'organisation.
C'est ainsi qu'une variation continue est d'autant mieux mar-
quée qu'elle a commencé à se constituer plus tôt, et non pas
simplement parce qu'elle a apparu brusquement d'une façon
très précoce; car on vient de voir que des variations congéni-
tales, amenées par une action brusque, disparaissent fréquem-
ment de très bonne heure.
6-24
Cet effet de la durée dans les variations continues s'explique :
1" Parce que les stades jeunes sont plus variables (étant plus
plastiques : voir IIP partie, p. 424, et IV' partie, p. 478) ; et
l'action du milieu est d'autant plus puissante qu'elle opère
conséquemment sur des phases moins avancées.
2° Parce que la modification n'est d'abord que physiologique,
tout fonctionnement influant sur le fonctionnement ultérieur (^).
Tout fonctionnement rend en effet l'organe plus apte à fonction-
ner une nouvelle fois conmie précédemment. La répétition du
stimulant et de l'acte — donc la multiplication du fonctionne-
ment — rend l'acte plus aisé; la répétition de processus sem-
blables en améliore ainsi le rendement, en le facilitant et en
l'augmentant; et ce changement dans le fonctionnement ne
retentit qu'à la longue sur l'organe lui-même, en y produisant
des modifications, qui constituent la variation morphologique,
conséquence de la variation physiologique préalable. Par là
apparaît l'influence de la durée ou du temps dans la production
des variations continues.
IV. - Variations concordantes et variations
discordantes.
1. — Variations concordantes
1° Dans des espèces différentes. — On constate fréquemment
que diverses espèces, dans un même milieu, — conséquemment
soumises à l'aclion de certains facteurs identiques, — mani-
festent des variations analogues ou correspondantes ; ce sont les
(*) Il en est ainsi pour les organismes et pour les corps inorganisés : relèvenient
du 0 dans les thermomètres ; maiJ[nétisme rémanent dans le noyau de fer des
électro-aimants qui servent, etc. — C'est au point que pour prévoir les phénomènes
dans leur durée et leurs voies, on est obligé de connaître — au moins pour un
certain intervalle de temps immédiatement antérieur — l'histoire de 1' « élément
actif ».
— G2o —
variations « parallèles » de Darwin (^). Et lorsque la modifica-
tion parallèle se produit sur des formes de groupes assez dis-
tincts d'origine, en les rendant extérieurement assez semblables
par certains caractères, c'est le pbénomène bien connu de con-
veri^ence. Dans les deux cas, une même cause de variation afîecte
pareillement diverses formes plus ou moins différentes ; les
exemples en sont abondants parmi les Mollusques :
a) Coquilles albiniques de diverses espèces dans une même
localité : Environs de Lewes, \9 espèces; Hele Bay (Ilfra-
combe), H espèces; Hastières, 5 espèces (p. 468).
b) Coquilles noires des Mollusques marins de la côte ouest
de l'Amérique méridionale (p. 468).
c) Cypraea néo-calédoniens, de multiples espèces, fréquem-
ment allongés, anormalement épaissis et à extrémités ros-
trées (^).
d) Chitonides à séries évolutives orthogénétiques paral-
lèles (3).
e) Divers Pulmonés terrestres de France, où certains cas de
physionomie spéciale propre à une espèce se retrouvent dans
les autres espèces de la même station, de sorte qu'on peut
raisonnablement attribuer leur production à l'influence du
milieu (^).
f) Variations parallèles de Cerion glans varïum et de C glcms
cinereum (^).
(1) Darwin, De l'origine des espèces, trad. Royer, p. 193.
(2) JoussEAUME, Bull. Soc. Zool. Fratice, 1882, p. 307. — Dautzenberg, Journ. de
Conch., t. LIV, 1906, p. 263.
C) Plate, Die Anatomie und Phylogenie der Chitonen. Theil G. (Zool. Jahrb.,
Suppl. Bd V, 1901, p. 352.)
(*) Coutagne, Recherches sur le polymorphisme des Mollusques de France.
(Loc. CIT., passim.)
(s) Plate, Die Variabilitàt und die Artbildung nach dem Prinzip geographischer
Formenketten bei den Cerion Landschnecken der Bahama-lnseln. (Loc. cit., p. 448.)
40
— 6^G —
g) Gastropodes du district lacustre desséciié (Utah, Nevada,
Californie), devenant unanimement plissés (^).
/?) Forme conique plus ou moins aplatie de Patelin (Strep-
toneure) et de Siplionarin (Pulmoné), vivant dans les mêmes
conditions (brisants marins) ; forme nue et ovoïde de Doris
(Nudibranche) et de Oncidium (Pulmoné), tous deux marins
littoraux.
i) La sécheresse est la cause commune de réduction de la
taille dans les diverses espèces de Liicidella (L. granulosa,
L. auréola) (^).
J) Les divers étages géologiques montrent de multiples
exemples de Molluscjues fossiles se trouvant dans le même cas,
c'est-à-dire ayant subi des modifications de même nature, sous
l'intluence de semblables conditions de milieux : des erreurs
dans les relations phylogénétiques opposées ont même parfois
été dues à ces convergences (^) ; des exemples typiques de ces
modifications parallèles se trouvent dans :
1 . Paludina, Melanopsis et ISeritina carénés de Cos (p. 393).
2. Modification correspondante dans les Mactra, Dreissensia
(Congeria) et Cardium des dépôts d'eau saumàtre entre le
Miocène et le Pliocène : sinus palléal plus grand que de
coutume chez Mactra, commencement de sinus dans Dreissensia
et Cardiiim, où normalement il n'y en a pas (^).
(') Dall, Insular Landshell Faunas especially as illustrated by the data obtaincd
hy G. Baur in the Galapagos Islands. (Piioc. Acad. Nat. Sci. Philadelhia, 1896,
p. 408.)
(2) Brovvn, Variation in two species of Lucidella frow Jamaica. (Froc. Acad.
Nat. Sci. Philadelphia, vol. LXV, 1913, p. 17.)
(^) Phimppi, Einige Felilerquellen auf dem Gebiete der phylogenischen Erkennlniss.
(SiTZUNGSBER. Natukforsch. Gesellsch. Berlin, 1889, pp. 87-90.)
(*) FOiNTANNES, Sur certaines corrélations entre les modifications qri éprouvent des
espèces de genres différents soumis aux mêmes influences. (Comptes rendus Acad.
Sci. Paris, t. CIII, 1886, p. 1022.)
— 627 —
3. Tapes et Mactra néogènes de Roumanie (^) et Unio biclzi
et Limnocardiiim ciicestiense convergeant par leurs crochets
saillants et leurs grosses dents cardinales antérieures (p. 409).
A;) Ce sont naturellement plutôt des cas exceptionnels, que
ceux où un très grand nombre de formes différentes sont pareil-
lement modifiées toutes ensemble par un même facteur; car
toutes les espèces ne sont pas toujours également modifiables ou
plastiques (voir IIP partie, p. 420). Il y a cependant des
exemples de convergence très étendue :
1. Dans les parasites de divers embranchements;
2. Dans les animaux pélagiques des différents phylums.
Quoi qu'il en soit, cette fréquence des variations concordantes
observée dans des cas si variés, sont des preuves de l'action spé-
cifique des facteurs extérieurs du milieu (p. 479).
2° Dans une même espèce. — On doit placer également ici les
cas de variation « concordante » amenée dans une même espèce
par deux facteurs opposés ou supposés tels, c'est à-dire où le
même elïet est engendré par des facteurs en apparence diffé-
rents : en réalité, ce sont alors les deux extrêmes d'un même
facteur également écartés de l'optimum, lequel seul favorise le
développeuient normal (croissance, obtention de la taille habi-
tuelle de l'animal et de sa coquille, épaisseur ordinaire de
celle-ci, etc.). Il y a ainsi variations concordantes ou mieux
« d'apparence concordante », quand l'excès ou le défaut d'un
agent extérieur se traduit par des effets analogues ou d'appa-
rence analogue :
a) Une température trop élevée ou trop basse (chaleur extrême
ou froid extrême) sont un égal obstacle au développement em-
bryonnaire (voir plus haut, p. 512) et à la croissance (p. 515
(1) FoMTANNES, ContribuUons à la faune malaroloqique des terrains néogènes de la
Roumanie. (Ann. Mus. Lyon, t. IV, 1886.)
()-28
6) Elles sont aussi un égal obstacle à l'acquisition de l'épais-
seur normale de la coquille : Les Limnaea peregra des sources
chaudes (var. thermalis) ou des sources froides (var. glacialis)
sont également minces (^).
c) Des températures élevées ou des températures basses, chez
des formes eury thermes, peuvent produire également le nanisme :
Pour Limnaea percgra ci-dessus, les variétés thermalis et gla-
cialis sont également petites; L. truncaUda est représenté par
sa « même » forme (minuta) dans les eaux froides de montagne
et dans les eaux thermales d'Islande; en le constatant, on avait
même conclu à la « faible influence des différences de tempéra-
ture (^) ». Or, cela démontre simplement l'influence identique
des températures extrêmes : puisqu'elles ont toutes deuxpoii r
résultat la réduction de la taille ou le nanisme.
(l) L'excès ou le défaut de salure peut aussi produire ce
nanisme chez les espèces marines euryhalines (voir plus haut,
p. 572 : iSeritina virginea, Littorinn î^dis et Cardium edule).
e) Cet excès ou ce défaut de salure peut encore déterminer
l'allongement de la forme de la coquille chez Cardium edule
(p. 57-2).
/') L'excès ou le défaut de calcaire a pour conséquence la
minceur des coquilles de Najades (p. 573).
g) Les très hautes ou très basses températures produisent
également l'engourdissement des Pulmonés (respectivement
estivation et hibernation).
(') Taylor, Journ. of Conck., vol. VI, p. ^284; et A Monograph, etc., vol. I, p. 76.
(-) Heynemann, Ueber Verànderlicklicit der Molliiskenschale. (Berichï Senkenb.
NAT. Gesellsch., 1869-1870, p. 137.)
— 629
2. — Variations « discordantes ».
4° Des cas se sont présentés où il semble que les mêmes fac-
teurs du milieu n'agissent pas de la même façon sur différentes
espèces qui y sont soumises; et il y aurait même des formes
spécifiques assez voisines qui ne seraient pas affectées de la
même manière par un environnement semblable.
Darwin avait déjà constaté de ces modifications dissemblables
sous des conditions à peu près analogues (^) ; mais cette analogie
incomplète suffît à conserver des différences aux deux milieux;
comparés, et dès lors, des modifications dissemblables qui en
résulteraient ne seraient nullement en désaccord avec ce qui a été
constaté jusqu'ici relativement à l'action des facteurs extérieurs.
Conmie il a été rappelé plus haut (p. 4-87), à propos de
l'extraordinaire variété des Acliatineda des îles Sandwich, on a
attribué aux diverses vallées qu'ils habitent les mêmes condi-
tions de milieu [^) ; mais ainsi que Wallace l'a fait remarquer
non sans raison (voir plus haut, p. 438), ce qui nous semble
pareil ou identique, peut ne pas l'être pour des Pnlmonés.
On a constaté aussi (p. 427) que chez deux espèces plus ou
moins voisines : Paludina proteus et P. longinqua, les mêmes
conditions n'agissent pas semblablement. Mais il est impossible
que tons les organismes soient également modifiables (voir
IIP partie, p. 430); la première des deux Test ici à l'extrême,
d'où son nom spécifique f/jro/ewsj, mais les deux formes n'offrent
pas également prise aux causes modificatrices. Les formes les
plus tolérantes sont plus susceptibles de variations diverses : ce
sont les moins spécialisées (IIP partie, III, p. 431) et vraisem-
blablement les plus voisines de la souche de leur genre.
(1) Dauwln, La variation des animaux et des plantes, t. II, p. 309.
(2) GuLiCK, On Diversily of Evolution under one set ofExternal Conditions. (Journ.
LiNN. Soc. LoNDON [ZooL.J, vol. XI, 1872, p. 498): et Divergence under the same
environment as seen in the Haivaîan snails. (Amer. Natur., vol. XXXVIII, 190'4.)
— 680 —
Au reste, ce ne sont pas seulement certaines formes dans un
genre qui peuvent varier plus que d'autres du même genre; un
genre entier peut être plus variable qu'un autre, tant parmi les
fossiles que parmi les actuels. Ainsi il a été constaté que les
Cerion actuels ont une variabilité dont les autres Pulmonés
n'approchent pas (îles Bahama) (^); et parmi les Gastropodes
fossiles, dans un même niveau (Pliocène), Fidijur varie beau-
coup, tandis que Strombiis, etc., ne varie pas [^) ; et l'on pour-
rait beaucoup multiplier les exemples. Car il en est ici couime
pour les espèces; et il y a des genres moins spécialisés qui ont
conservé un patrimoine variable plus vaste et qui sont plus sus-
ceptibles de s'adapter à des conditions plus diverses.
Donc les apparentes discordances dans les effets du milieu
peuvent être dues :
a) A ce que des milieux analogues ne sont pas identiques.
h) A ce que toutes les formes ne sont pas également
variables.
2° D'autre part, on a vu des cas où sur des espèces différentes,
ou encore au sein d'une même espèce, des facteurs différents
— ou supposés tels — ont amené des variations semblables.
a) Dans le premier cas (espèces différentes), on a considéré
comme milieux différents des milieux qui n'étaient pas sem-
blal)les par tous leurs caractères; mais il n'était pas du tout
démontré que, parmi les facteurs multiples des deux milieux
considérés, il n'en est pas d'identiques, cause des mêmes effets.
Ainsi, la blancheur de la coquille a été attribuée à la nature
chimique du sol pour des espèces terrestres calcicoles, et aux
(1) Plate, Die Artbiklung bel den Cerion-Landschnecken der Bahama-lnsdn.
(Veuh. deutsch. Zool. Gesellsch., 1906, p. 131.)
{*) Leidy, Remarks on the nature of organic species. (Trans. Wagner free Lnst.
OF Sci. [Philadelphia], 1889, p. 53.)
— 631 —
qualités physiques du sol et de l'environnement pour des espèces
terrestres xérophiles (recherchant la sécheresse) (^) ; mais il
n'avait pas été noté en même temps, de part et d'autre, l'inten-
sité de l'énergie rayonnante (lumière et chaleur).
h) Dans le second cas (pour une même espèce), il a été établi
plus haut (p. 6i8) que des facteurs « différents » produisant
des variations semblables, n'étaient eux-mêmes que les extrêmes
d'un même facteur. Pour un autre exemple, Ihlix piilcliella, la
variation costata a été attribuée par certains à l'humidité, par
d'autres aussi bien à la sécheresse (^) ; mais il n'a pas été recher-
ché si un autre f;icteur commun aux deux sortes de stations
n'était pas la cause effective de la susdite variation; de même
pour la variation alpestris de //. arbustorum, présente aussi bien
dans une région basse, marécageuse, à Hoddesdon, que dans les
régions montagneuses, etc.
V. — Préadaptation.
Les organismes ne varient pas tous, ni toujours, d'une façon
purement passive; c'est-à dire que ce ne eiont pas, dans tous les
€as, des conditions nouvelles qui « viennent » les trouver, par
suite d'un changement plus ou moins brusque dans le milieu
qui les environne. Ce sont eux également qui peuvent, par suite
de déplacements plus ou moins rapides, mais nécessairement
progressifs, changer activement de milieu et se trouver ainsi
soumis à des conditions nouvelles, différentes des conditions
précédentes.
Mais les organismes ne sont pas tous également plastiques,
pas tous également adaptables ou également capables de toutes
(*) Strobel, Essai d'une distribution orographico-géographique des Mollusques
terrestres dans la Lombardie. (Mem. Accad. Sci. Torino, 1857, i)p. 49 et 50.)
(2) CooKE, Molluscs. (Cambridge Natural IIistory, vol. III, p. 88.)
63-2
les adaptnlions diverses; et même chacun d'eux n'est pas suscep-
tible des mêmes adaptations que d'autres (voir IIP partie : Limi-
tation de la variabilité, p. 43:2) ; les êtres très spécialisés ne sont
plus guère adaptal)les à des conditions très différentes; ceux-l:i,
au contraire, qui sont moins différenciés, sont plus lolérants,
supportent le mieux ces cliangements de milieu, s'y adaptent
plus facileuient et plus pu moins rapidement; et ceux-là, rela-
tivement aux autres, paraissent « préadaptés ».
On est ainsi porté assez souvent à considérer couime « pré-
adaptées » des formes simplement tolérantes, c'est-à-dire qui
supportent plus aisément que les autres un second uiilieu assez
différent de l'originel. Au surplus, lorsque de nouvelles condi-
tions de milieu surgissent, ce sont nécessairement les orga-
nismes dont l'organisation se rapproche le plus de celle qui est
immédiatement adaptable à ces conditions, qui seront le mieux
conservés et qui sembleront préadaplés.
. Il est évident, enfin, que si des animaux peuvent s'adapter à
de nouvelles conditions d'existence, c'est parce que leurs par-
ties préexistantes le permettent. 11 y aura donc, pour tout milieu
déterminé, des organismes qui sont, par avance, adaptables et
d'autres, inadaptables; mais la confusion n'est pas possible ici,
car préadaptable n'est nullement préadaplé!
En réalité, il n'y a pas d'organismes préadaplés à des condi-
tions autres que celles auxquelles ils sont provisoirement ada])-
tés. Il n'y a pas de préadaptation au sens propre, absolu, du
mot adaptation, antérieure au séjour dans le milieu nouveau;
car si des organismes étaient préadaptés, ils pourraient êtie
brusquement acclimatés à un nouveau milieu tout à fait différent,
ce qui est contraire à l'expérience générale chez les Mollusques;
on y a vu, en effet, l'adaptation ne se faire (jue lentement, à la
température, à la dessalure, etc. (pp. OU et suiv., IV" partie, III,
Rôle de la durée).
Et de quelque ordre que soit la différence de leurs deux sortes
de conditions d'existence successives, le changement entraîne
— 633 —
fatalement des modifications dans certains fonctionnements, et
certaines fonctions modifiées déterminent inévitablement des
diftërences dans la constitution morphologique. Il n'est donc
pas permis de dire que jamais un organisme soit préadapté à
des conditions de milieu nouvelles.
D'ailleurs aucune preuve formelle n'a été apportée à l'appui
de la doctrine de la préadaptation; ou bien, quand un
« exemple » en a été indiqué, il tombe à faux, comme l'hérésie
ci-après d'après laquelle sont préadaptés au parasitisme les
Gastropodes sans radula, voisins de Eulima qui, sans raclula,
n'est pas parasite! (^).
Comme les autres Gastropodes à coquille, les Eulima ont été
décrits par des conchyliologistes; et la plupart d'entre eux ont
été recueillis à l'état de coquilles vides, au bord de la mer ou
dragués dans le même état, sur des fonds coquilliers, tout
comme la majorité des Odostomia, Stilij'er, etc. De sorte que,
à priori, on ne pouvait rien afiirmer de leur régime.
Malgré cela, on en a dit « Eulima are not parasitic (^) » ;
« species of Eulima (e. g. polita) known to be not para-
sitic (^) » ; et que les Eulimes parasites sont rares (/*).
Or, sur la quinzaine d'espèces de Eulima qui ont été trou-
vées vivantes, en place, il n'en est pas une seule qui ne soit
parasite (voir ci-après leur liste); et cela est d'autant plus net,
que pour toutes encore, ce substratum naturel est un Echino-
derme vivant. 11 est donc vraiseuiblable que toutes les espèces
de ce genre sont parasites internes ou externes (bien que moins
profondément fixés que les Stilifcr, etc.), aussi bien que les
(*) Davenport, The animal Ecology of tlie Cold Spring Sand Spit ivilh revmrks
on tlie Iheory of ailaplatUnt. (Decenn. Public. Univ. Chicago, vol. X, 1903, p. 137.)
(2) Jeffheys, Briiish Conchology vol. IV, p. 180.
(') CooKE, Molhiscs, p. 80.
(*) NiEKSïRASZ, Dié purasilischen Gastropoden. (Ergebn. und Fortschr. d. Zooi, ,
Bd III, 1913, p. 545 : trois espèces seulement sont citées [p. 536].)
— 634 —
autres Gastropodes sans radula, du même groupe (Gymno-
glossa). Tel est le cas pour la série des formes que voici :
1. Eidima sp., dans l'estomac d'une Holothurie, îles Fidji (^).
2. E. sp., libre dans une Holothurie des Philippines (-).
3. E. sp., fixé sur la peau d'une Holothurie des Philip-
pines (^).
4. Plusieurs espèces sur des Astéries des Philippines ("*).
5. Une même espèce parasitant plusieurs hôtes : E. distorla ;
a. Dans Holotliuria intestinalis (Norvège) (•'').
(j. D'une façon constante sur Echinus esculentus, souvent par
4 ou 5 (Madère) («).
y. Sur Strongijlocenlrotus (probablement lividus) (Rovigno,
Adriatique) (~').
6. E. sp., sur des Astéries (Nouvelle-Calédonie) (^).
7. E. ptUocrinicola, sur Ptïlocrinus pinnatus (Pacifique
N.-K.) (^).
8. E. capillastericola, sur Capillastcr multiradiatiis (Singa-
pour) ('').
(*) CuMiNG, fille Steenstrup, in Muller, Ueber Synapta digitata und iiber die
Erzeuijuvg von Schnerken in Holoihurien. Berlin, 1852, p. 29.
(^) Sempeii, Die nalûrlichen Existenz-bedingungen der Thiere, t. II, p. 187,
fig. m a.
(î) llnd., p. 187, fig. 95ft. .
(') Ihid., t. IL p. 186.
(K) M. Saks, fide Maushai.l, Journ. ofConch., vol. XV, 1917, p. 199.
C) Watson, Report on tlie Scaphopoda and Gastropoda. (ZooL. Challenger
Exi-EDiT., part XI, II, 1886, p. 5U7.)
("; Odhnkr, Molizen iiber die Fauna der Adria bei Rovigno. (Zool. Anz., Bd XLIV,
I9I4, p. 168.)
(**) Maiuk, lide Fischer, Manuel de Conchyliologie, p. 782.
('■') Baktsch, a new parasitic Mollusk of ihe genua Eulima. (Proc. U. S. nat. Mus.,
vol. XXXII, 1907, p. 555.)
(*") iÎARTscH, Eulima capillastericola, nov. sp. (Vid. Meddel.f. Naturhist. Foren,
Copenhague, 1910, p. 196.)
— 635 —
9. E. equestris, sur Stellaster equestris (océan Indien) (^).
10. E. munita, sur Goniocidaris tubaria (Australie du
Sud (2).
li. £". subulnta; c'est encore un Eiilima parasite que le
« Stylina (Sùlifer) comatulicola » (^). En effet, cette forme,
que j'ai pu examiner moi-même, diffère des Stilifer ou Stylina
par l'absence de pseudopallium et par la présence d'yeux et
d'opercule; de Mucronaiia, par l'absence du sommet mucroné;
et elle a tous les caractères coqnilliers et anatomiques de
Eulima. C'est très certainement le parasite déjà signalé autrefois
sous le nom de « Melania cambcssedcsl », fixé par son « pied »
(trompe) sur Comatida (''), laquelle espèce est E. subulata
Donovan (non Stilifer subnlatus Broderip), du sous-genre
Leiostraca ou Subularia.
12. E. oleacea, parasite d'une Holothurie (Tliijone briareus)
du Vineyard Sound (Etats-Unis) (^).
13. E. acicula (« Stilifer acicnla » Gould), parasites des
Holothuries (Fidji), est aussi un Eulima {^) et n'a d'ailleurs pas
de pseudopalliuui.
(•) KoEHLEU et Vaney, Nouvelles formes de Gastéropodes parasites. (Bull. Sci.
France et Belgique, t. XLVI, 1912, p. 205.)
(2) Hedley, Report on the Mollusca obtained by the F. I. S. « Endeavour », chiefty
of Cape ^Yiles, S. A. (Zool. Res. Fish. Expek. Endeavour, Commonwealth of
AUSTRALIA, DeP. OF TrADE AND CUSTOMS, 4911, |i. 110.)
(5) Graff, Stylina comatulicola, eiyi neuer Srhmarotzer der Comaiula mediler-
ranea. (Zeitschr. wiss. Zool., Bd XXV, sui'|)l. 1875, p. 124 : communication préli-
minaire, sans figure ni description d(~taillée, oubliée par Vaney et par Nierstkasz,
dans leurs revues presque simultitnéps des Gastropodes parasites.)
(*) Belle Chiaje, Memorie sulla storia e notomia degli Animali senza vertèbre,
t. II, p 134, pi. LXVIII, fig. 16.)
(5) Verrill and Smith, Report upnn the invertebrate Animais of Vineyard Soini i
and the adjacent ivaters. (Uep. U. S. Fish. Comm., 1871-1872, [1873].)
(6) Hedley, The marine Fauna of Queensland. (Australasian Assoc. Advanc.
Science Proc, 1909, p. SbO.)
— 636 —
14. E. (Melanella) commensalis, sur Amblypneustes sp. (
15. E. exidata Smith a été dragué (plusieurs individus
vivants) à la même station où ont été pris, en même temps, de
nombreux Heureaster lioclgsoni (^) ; il est peu douteux que
celui-là est parasite de celui-ci.
16. Eulima solitaria, sur Hotot/iuria (Panama) (^).
Si l'on s'en tenait à une indication d'un récent travail, on
pourrait repousser d'emblée l'assertion de Davenport : « Eulima
sans radula et non parasite » ; il y est dit, en effet, que E. polita
possède « une radule avec de nombreuses dents » (''), tandis qu'il
y est reconnu que E. distor^ta n'en possède point. Mais il n'est
donné ni figure ni description de cette radula, qui serait éven-
tuellement si importante pour fixer les relations phylogénétiques
des Gymnoglosses; l'auteur dit d'ailleurs, de la forme en
question, qu'elle lui a été adressée « sous ce nom » par la station
zoologique de Naples; c'est donc qu'il ne se porte pas garant
lui-même de la détermination, ce qui est au moins prudent.
Des spécimens authentiques de E. polita se sont toujours
montrés dépourvus de cet appareil si caractéristique : « We hâve
dissected many of the E. polita, but never found in the proboscis
or lingual riband the least appearance of spinous processes ('') » ;
(*) Tate, 0)1 some australian species of Enlimidae and Pi/ramidellidae. (Trans.
R. Soc. South Austhalia, vol. XXII, 1898, p. 28, pi. IVlns, ûg. 2.)
(^) Smith, Mollnsca. Part I. Gaslropoda Prosobranchia, Scaphopoda and Pde-
cypoda. (Zool. Bhit. Antauct. [« Terra Nova »] Exped., vol. Il, n" 4, p. 64,
station 316.)
{') C. B. Adams, fide Carpenter, Report on the présent state of our knowledge
witk regard to the Mollnsca of the West Coasi of North America. (Rep. 26 th JIeet.
Bkit. Assoc. Advanc. Sci., 1857, p. 274.)
(■*) RosEN, Z//r Kenntniss der parasitischen Schnecken. (LuNU Univ. Arsskr., [n. f.J,
Afd. 2, vol. VI, no 4, 4910, p. 63.)
(^) Clark, A Hislory of the british marine Testaceous Mollusca, p. 449 ; le même
aut'^ur, parlant du pharynx de cette espèce, dit encore (p. 451) : « wilhout spinous
armature ».
637
el (le mon côté, j'ai examiné E. poUta par dissection et par
coupes en série et conslalé toujours l'absence complète de
radula. Cette absence est d'ailleurs affirmée par tous les ouvrages
généraux qui parlent de la question (^). Elle vient d'être mise
définitivement hors de doute par de nouvelles observations
établissant l'absence complète de mandibules et de radula dans
les spécimens examinés (^). C'est-à-dire qu'on peut conclure :
1" que tous les Eulima (y compris E. polita) sont déjà dépour-
vus de radula, mais 2° que tous les Eulima qui ont été trouvés
sur leur substratum naturel sont parasites d'Ecliinodermes.
Les animaux parasites, d'une façon générale, montrent
d'ailleurs excellemment l'invraisemblance de la préadaptation.
Ils font voir, au contraire, la continuité progressive du pré-
datisme ou de l'épizoïsme, du commensalisme, puis du parasi-
tisme vrai, c'est-à-dire l'adaplation continue et orientée. Des
formes comme Monstrilia, à phase adulte libre et nullement
dégradée, ne pourraient être sérieusement considérées comme
préadaptées; leur stade jeune, seul dégradé, montre que l'adap-
tation se limite au strict nécessaire, à la période même où elle
est appropriée (tout comme dans les formes à évolution inverse
où c'est la phase larvaire qui est restée libre et non dégradée).
Tout autre exemple de préadaptation se trouve dans le même
cas; on peut le voir, par exemple, pour les Mollusques d'eau
douce, pour les Mollusques terrestres, pour les iMoUusques
cavernicoles et abyssaux :
à) Dreissensia polymorplia, adapté à l'eau douce des rivières,
au point de ne plus pouvoir supporter l'eau salée, n'est cepen-
(*) Adams, Tlie V.enera of récent Molltisca, vol. I, p. 235 : « teelh and lingual
membrane rudimentary ». — Saus, Mollusca regionis arclicae ISorvegiae, p. 19H :
« radula el maxilla omnine désuni ». — Fischeu, Manuel de Conckyliolngie, p. 780 :
« sans radule ni mâchoires ». — Cooke. MoUuscs, p. 80 : « llie same absence of
radula should occur in sp. oi Eulima (e. g. E. polita).
(-) JoNKEP., Ueber den BuU der parasitische Ga-;tropoden. (Tydschu. ned, Dieuk.
Vereen., 2« série, vol. XV, 1, 1916, p. 51 : « Kiefer, Railula und Speiclieldrûsen
fehlen ganzlich bel allen drei Exeiupiaren ».)
— 038 —
dant pas préadapté, puisqu'il possède encore une larve péla-
gique, à vélum bien développé.
h) Les Gastropodes terrestres ne sont pas préadaptés, car il
s'en trouve dans tous les groupes, et tous proviennent égale-
ment de Gastropodes branchies et possèdent encore soit des traces
rudimentaires de branchie, soit, au moins dans le très jeune
âge, le rudiment de l'organe sensoriel branchial (osphradium).
c) Les yeux rudimentaires de certains iMollusques caverni-
coles et abyssaux montrent que ces animaux n'étaient j)as pré-
adaptés, d'autant plus qu'on connaît divers cavernicoles qui ont
des yeux bien développés dans le jeune âge.
A aucun moment de l'histoire de la terre, il n'v a eu d'or^a-
nismes préadaptés à des conditions (jui ne se réalisèrent que plus
tard. La doctrine de la préadaptation n'explique pas, au surplus,
le phénomène si général et si frappant de l'adaptation. On a vu
(IIP partie, p. 481) que c'est le caractère d'être aussi peu spécia-
lisé que possible qui permet la variation et l'adaptation; c'est-
à-dire que ce sont les formes les moins spécialisées qui sont les
plus susceptibles de variation et conséquemment d'adaptation.
Or, une préadaptation serait manifestement une spécialisation;
et des formes prétendument préadaplées seraient — elles —
déjà spécialisées et par conséquent seraient dans les conditions
peu favorables à des adaptations nouvelles.
D'ailleurs, il est un autre phénomène très universellement
admis, c'est celui de la « création de l'organe par la fonction » ;
or il y a dans cette dernière constatation un argument puissant
contre la préadaptation, puisque celle-ci en serait absolument
l'antithèse, alors que l'observation a reconnu la généralité du
principe que la fonction conditionne ou « crée » l'organe.
En somme, la préadaplation, si ingénieusement qu'elle soit
défendue (^), est une illusion d'inconscient finalisme.
(*) CuÉNOT, ÏM genèse des espèces animales, pp. 290, 306, 327, 363 et 413.
039 —
VI. — Résumé.
I. — Chez tous les Mollusques examinés, on a constaté que
les facteurs extérieurs («milieu» ou «environnement ») exercent
une action spécifique sur les différents phénomènes physiolo-
giques, c'est-à-dire sur le fonctionnement (pp. 479 à 600).
ir. — L'action des facteurs extérieurs peut être globale
(s'exerçant sur tout Torganisme) (p. 61 i) ou locale (s'exerçant
sur une partie seulement) (p.60i). Dans le premier cas (action
globale), si elle est brusque, elle détermine généralement un
effet nuisible ; si elle est lente et continue, elle détermine un
effet faible, mais tolérable.
L'action lente et continue d'un facteur extérieur produit ordi-
nairement d'abord une variation physiologique, qui se manifeste
simplement par la constitution d'une variation physiologique et
éventuellement d'une « race biologique « ou éthologique. Mais
le fonctionnement modifié d'un organe (par continuité de l'action
du facteur extérieur) agit à la longue (souvent après plusieurs
générations) sur la conformation et la constitution de cet organe,
et détermine par là des modifications morphologiques (p. 6:24) :
c'est la réaction de l'organisme qui s'adapte (cinétogenèse ou
automorphose), adaptation traduite ainsi par l'acquisition de
caractères morphologiques nouveaux.
IlL — La durée pendant laquelle le milieu agit renforce
l'adaptation, ainsi que l'intensité de la variation qui en résulte :
principe de la cumulation des effets ou de la majoration des
caractères (pp. 616et6"23i; par là s'explique aussi l'orientation
(orthogenèse) de nombreuses variations continues. Par contre,
les facteurs brusques (sans durée) n'ont généralement pas d'effet
durable, ni de variation morphologique comme conséquence.
IV. — La plupart des variations fréquentes (et probablement
toutes) sont en rapport avec une particularité dans les condi-
tions d'existence. Mais les modifications lentes ou continues (et
— 640 —
presque toutes les variations fréquentes sont de cette espèce) ne
sont pas les seules qu'engendrent des causes extérieures : cer-
taines variations d'apparence discontinue leur doivent aussi nais-
sance (p. 604), tant chez l'adulte que dans la vie embryonnaire
(variations congénitales). Alors c'est par une action locale (oppo-
sée à l'action globale ci-dessus : II) : ce sont des causes plus ou
moins violentes, agissant pendant peu de temps, au contact ou
à peu près, et sur une partie seulement de l'organisme (p. 609).
V. — Bien que toutes les espèces ne montrent pas une égale
sensibilité à l'action des facteurs du milieu, et réagissent ainsi
inégalement (p. 430), cependant, il arrive, fréquemment que
diverses espèces peuvent, pour certains caractères, dans un même
environnement, présenter une variation concordante ou parallèle
(p. 6:24), et cela est une preuve de l'action spécifique des hc-
teurs extérieurs.
Un effet analogue ou concordant peut aussi se produire par
des causes en apparence opposées; mais ce sont alors les deux
modes d'action extrêmes et contraires (défaut et excès) d'un
même facteur : Température, salure, etc. (p. 628).
VI. — On ne connaît pas d'autres causes déuiontrables pou-
vant faire subir des variations aux organismes. Les causes
« internes » ou spontanées sont purement hypothétiques ; on
les a supposées internes parce qu'on n'a pas encore perçu la
cause externe engendrant la variation qu'on leur attribue.
D'autre part, la sélection seule, ou l'isolation seule, sont impuis-
santes à provoquer la naissance de variations. Il est donc légi-
time d'attribuer à des causes dépendant du milieu, la généralité
des variations observées chez les Mollusques.
VII. — Les Mollusques n'ont pas montré jusqu'ici d'exemj)le
de « préadaptation » à des conditions d'existence dans lesquelles
ils n'étaient pas placés auparavant (p. 633).
641
CINQUIÈME PARTIE
Hérédité des variations.
Sur l'hérédité des variations chez les Mollusques, il n'existe
encore qu'un bien petit nombre d'observations. De simples
observations sont d'ailleurs insuffisantes à ce sujet : celui-ci
nécessite aussi une expérimentation précise. Or, les recherches
expérimentales sont, à ce propos, encore bien moins nombreuses.
A ce dernier point de vue, on peut même dire que l'expérimen-
tation n'a surtout porté que sur les coquilles de certains Gastro-
podes, et que ce sont principalement, chez le genre Hclix, les
variations sans bandes et les individus sénestres qui ont donné
lieu à quelques essais.
Voici, au surplus, les principales constatations faites en cette
matière :
I Variabilité de l'hérédité.
1. — Variations non héréditaires.
A. Les deux parents étant semblables : a) Sinistrorsité chez
Hélix pomatia : Les individus accidentellement sénestres de cette
espèce, recueillis à grand'peine en petit nouibre, ont toujours
<lonné, après accouplement entre eux, des jeunes dextres. La
chose avait été constatée dès 1799 par Chemnitz (^) ; et ses obser-
vations ont été plusieurs fois confirmées plus récemment ('-).
(1) Chemnitz, Fortpflanziing des linksgewundenen Weinhergscknecken. (Der Natur-
FORSCHER, 17(S2.)
(2) Lang, Klcine biologisclie BeobaclUitngen iiber die Weinbergschnerke (Hélix
po:nalia L.). (Vierteuahrschr. Naturforsch. Gesellsch. Zuiuch, Bd XLI, 1898,
p. 4b9 [16 pontes : 847 jeunes, tous dextres].) — KOnkel, Zuchiversuche mit links-
gewundenen Weinbergschnecken (Hélix pomatia L.). (ZoOL. Anz., Bd XXVI, 1903,
pp. 660 et 661 [14 pontes, 551 jeunes, tous dextresj.)
41
642
b) Sinistrorsité chez Limnaea paliistris : Les pontes de plu-
sieurs individus sénestres, accouplés entre eux, ont donné des
jeunes tous dextres (*).
c) Scalariforniilé chez diverses espèces de Planorbis (surtout
P. complanatiis et P. corneus) : Cette malformation a parfois été
rencontiée en nonibre et pendant plusieurs années au mêmu
endroit(^) et même supposée héréditaire (^). Mais, en réalité, cette
anomalie est extrêmement rare dès le sommet ; et, en outre, là
où elle est fréquente (Magnée), elle est infiniment variée et d'une
multiplicité de types de déroulement, incompatible avec une
variation héréditaire régulière. La permanence ne serait ici que
le résultat de la permanence de la condition extérieure détermi-
nant mécaniquement la scalariformité. La non-hérédité de cette
variation a d'ailleurs été reconnue expérimentalement (^).
d) Forme « abyssicola » de Limnaea palustris : Lorsque des
pontes en sont élevées en captivité, dans les conditions « litto-
rales », la première génération obtenue ressemble déjà à
L. palustris (^).
c) La variation albolaleralis de Ainon empiricorum : Deux
individus de cette variation, accouplés ensemble, ont donné
24 jeunes de la forme typique A. empiricorum noirs, 2 de la
variation scharffi, mais pas un seul de la forme albolaleralis
présentée par les parents (-').
(1) Dewitz, Ueber die Erhlichke.it der Inversion der Molluskenschale. (Zooi.. Anz.,
Bd Xl.VIli, 1916, p. 2.)
(2) PiKÉ, Recherches malacoloçiiques sur le Planorbis cmnplanatus (forme scalaire).
(Ann. Soc. Malacol. Belg., l. VI, 1871, p. 6 du tiré à part |à Magnée, province de
Liège, Belgique ].) — Barbie, Utie monstruosité de Planorbis corneus. (Mém. Acad.
Dijon, 2'^ série, t. II, 1854, [>. 195 [canal à Dijon].)
(3) PiUK, Inc. cit., p. 6.
(*) Ci.EssiN, Ueber (khdusenmissbildungen der Planorben. (Malakoz. Blatter,
Bd XX, 1873, p. 68 : il n'y a pas de transmission de la variété scalariforme.i
(^) RoszKOWSKY, Soles stir les Limnées de la faune 'profonde du lac Léman.
(ZooL. Anz., Bd XL, 1912, p. 379 : L. abyssicola « serait une forme de formation
contmiie, que les conditions de fond empêchent de se fixer ».)
(6) Goi.LiNGE, Colnur variations in some british Slugs. (JouRN. OF Conch., vol. XII,
1911, p. 235.)
643
Il y avait intérêt à expérimenter aussi sur les caractères des
« parties molles « d'espèces testacées, et notamment sur ceux
qui se prêtent facilement à ce genre d'expérience : la colora-
tion tégumentaire, par exemple (comme on l'a fait pour des
Lépidoptères, Amphibiens, Volailles et Souris), Deux objets
favorables, PInjsa foiUinalis et Plauorhh corneus m'ont présenté
le moyen d'essayer, sans disposer des installations d'établisse-
ments ofïiciels et avec un simple et rudimentaire outillage per-
sonnel :
f) Il est parmi les P/ii/sa foutiualis des individus à pigmen-
tation nulle ou pres(jue, d'une teinte ocre jaune clair uniforme,
laissant transparaître la couleur rouge du bulbe buccal (voir
r* partie, p. 147); l'expérimenlation a été lépétée |)lusieurs
années consécutives et a consisté à isoler par paires des indi-
vidus de ce type sans pigment noir et à en élever les pontes.
Les divers essais ont tous donné des individus avec autant de
pigment noir que la descendance de Physa normaux.
g) Deux individus albinos parfaits, sans pigment rétinien, de
Planorbis corneus (voir 1"" partie, p. 148),
après avoir été isolés durant quelques
jours, pendant lesquels aucun ne pondit,
furent réunis dans le même aquarium
et s'accouplèrent. L'un d'eux pondit; la
ponte, parfaitement normale, renfermait
15 œufs.
Ces derniers évoluèrent régulièrement;
et bien avant leur éclosion, on pouvait
déjà reconnaître que tous les embryons ¥\G.'ii^. — pianorbiscor-
étaient pourvus de pigment rétinien, wew^, jeune de lO jours,
f^ , , .1 ' -1 • <> -^ né de parents albinos;
Eclos et élevés, ils se pigmentèrent, en vu dorsaiement (l'œil est
outre, par toute leur surface tégumen- pigmenté);pz, pigment té-
taire; et dès le dixième jour, la tête gumentaire. - Original.
était fortement chargée de pigment noir (fig. ^79).
644
//) Une profonde variation de taille, le nanisme, chez Crej)i-
dnla piano, n'est pas le moins du monde héréditaire (^) ; et
dans la même espèce, des modifications de forme de la coquille
n'ont pas été reconnues héréditaires non plus (^).
l) La variation à quatre bandes (sans deuxième bande) chez
Hetix hoi'tnisis n'a pas donné une descendance pareille à elle-
même, mais bien des jeunes à cinq bandes [^).
B. Les deux parents étant différents (soit de deux variations
différentes, soit un seul varié et l'aulre normal) : a) Un
Odostomia lissoidcs élait pourvu d'un seul œil (F" partie,
p. 280), disposition sûrement congénitale, l'œil étant sessile
dans cette espèce et ne pouvant être amputé avec le tenta-
cule; il fut accouplé avec un individu normal de la même
espèce (heruiaphrodite) ; tous deux pondirent : les deux pontes
renfermaient une centaine d'embryons dont chacun portait
deux veux.
b) Un Limnaea auriculuria , né avec deux yeux à gauche
(p. 278, fig. 159), a été élevé et s'est accouplé avec un exem-
plaire normal; il a pondu 62 œufs dont tous les embryons
n'eurent que deux yeux pairs.
c) Hélix nemoralis avec une sixième bande sur la coquille :
Lorsqu'un individu, affecté de cette brusque et rare variation,
est accouplé avec un spécimen sans bande, aucun des descendanis
ne présente l'anomalie (^).
(') CoNKLiN, Environmental and sexnal dimorpliisin in Crepidiila. (Piioc. Acad.
Natur. Sci. Philadelphia, 1898, p. 441.)
{-) CoNKLiN, loc. cit., p. 436.
(3) LaiN'G, Uebcr die Mendeischen Gexetze, An- und Varietàtenbildung, Mutation
und Variation, imbesondere bei umeren llain- und Garlenschnecken. (Vekhandl.
ScHWEiz. Nat. Gesellsch,, 1906, p. 25d.)
{*■) I.ANd, Ueber die Mendeischen (îesetze, Ar:- und Varieliitenbildung, etc. (Loc.
CIT., p. 243.)
— 645 —
n-u.
d) Chez diverses espèces, sont encore non héréditaires
certaines variations dans le caractère des bandes de la coquille
qui « constituent des muta-
tions dans le sens de De
Vries » (*) ; ainsi, dans Hélix
liortensis, deux individus aux-
quels manquait la troisième
bande (l'un ayant pour for-
mule 1-2045, l'autre 10005)
ont donné des jeunes ayant
tous cette troisième bande (*).
e) Un P/ujsa fontinalis à
pigmentation noire intense et
un autre à piguientation nulle
(individu de couleur ocre jaune
clair uniforme) sont accouplés
(l'expérience étant répétée avec
plusieurs couples semblables) ;
les di\ erses pontes obtenues
ont donné 21 embryons, tous
également bien pourvus de
pigment noir dès l'éclosion
(fig. 280), aussi bien que les
jeunes des autres Plujsa, et
cette pigmentation a été en
croissant dans la suite.
f) Deux Avion subfuscus,
appartenant l'un à la variation
griseus, l'autre à la variation
succineus, sont accouplés; les cinq œufs de la ponte obtenue
FiG. 580. — Phijsa fontinalis, peu après
la naissance, né de deux individus dont
l'un à pigment noir intense, l'autre sans
pigment noir; vue dorsale, co, cœur;
di, digiialions pallé^iles gauches; d',
digitations palléales de droite ; oc. œil ;
p, pied; pa, manteau; pi, pigment
tégumentnire noir; pn, poumon rendu
visible par l'air y contenu; r, rein;
t, tentacule. — Original.
(1) Lang, loc. cit., p. 251.
— 646 —
donnent des jeunes appartenant tous à la forme typique normale
siibfusens (^),
C. Un seul des parents étant connu : Pisidium steinbruclii
(forme hermaphrodite et incubatrice) : Un individu « inverse »,
caractérisé par l'inversion de la charnière (valve gauche avec
les dents de la valve droite et réciproquement) portait dans
ses branchies des jeunes qui étaient tous normaux ; l'inversion
ne paraît donc pas héréditaire (^).
D. On voit donc que les variations sans hérédité sont, dans
la généralité des cas, des variations d'apparence discontinue ; et
que celles-ci disparaissent ordinairement par métissage, c'est-
à-dire par ampliimixie : par exemple, la sixième bande de la
coquille chez Hélix nemoraiis, l'œil double dans Limnaea
auricularia, l'œil absent dans Odosiomia rissoides, toutes
variations d'ailleurs isolées.
Et même lorsque, évitant l'amphimixie, dans des conditions
artificielles, deux individus présentant la même variation discon-
tinue sont accouplés, on constate que leur variation ne se
transmet pas et disparaît aussi : albinisme de Planorb'is corneus,
inversion de Hélix pomatia, nanisme, etc. ; et cela concorde
avec la conclusion de Lang sur ses études de l'hérédité cliez les
Hélix : « les variations très rares ne sont pas ou ne sont que
très peu héréditaires (^) ».
(*) CoLUNGE, Colour variations in some british Slugs. (Journ. of Conch., vol. XII,
1909, p. 23(5.)
(*) Odhneij, Slulies on the morpholigy, the taxonoiny ami Ike relationfi of
récent Chamidae. (Kgl. Svensk. Vetensk. Akao. Handl., vol. LIX, n" 3, 1919,
p. 7.)
(*) Lang, Ueber die Mendelsclien Gezetze, etc. (Loc. cet., p. 251.)
— 647 —
2. — Variations héritables.
A. Les deux parents étant semblables : a) Sinislrorsité chez
Limnaea stagnalis : Des exemplaires sénestres de cette espèce
ont été rencontrés en abondance dans une petite mare près
d'Aerschot (Belgique) (*); élevés en aquarium, ces individus
se sont accouplés, ont pondu et donné des jeunes qui ont
permis « de constater directement l'hérédité de la variété ('^) ».
L'hérédité avait d'ailleurs été reconnue aussi dans la nature :
la variation a été constatée pendant plusieurs générations dans
la même mare; et elle s'y serait probablement perpétuée si des
collectionneurs avides, par leurs récoltes inconsidérées, n'en
avaient provoqué la disparition.
b) La présence ou l'absence de bandes sur la coipiille de
Hélix nemoralis a été reconnue héritable depuis longtemps : les
individus à bandes multiples donnent constamment des jeunes
pourvus (sauf deux ou trois exceptions sur une centaine) de
bandes multiples apparaissant de bonne heure; tandis que les
exemplaires non rayés n'ont donné — presque sans exception —
que des jeunes dépourvus de bandes (^). Depuis, il a été confirmé
que chez //, hortensis jaune à cinq bandes bien développées,
ainsi que chez H. nemoralis rose à formule 00345, toute la
descendance est conforme aux parents pour la couleur et la
(*) CoLUN, Sur la Limnaea stagnalis Linné et sur ses variétés observées en Belgique.
(Ann. Soc. Malacol. Belg., t. v[l, 1873. p. 83.)
(2) CoLUN, loc. cit., p. 92; et ibid., p. lxxxix : « M. GoUin annonce qu'il possède
actuellement, dans son aquarium, de jeunes individus sénesires «le Limnaea
stagnalis, provenant d'une ponte d'un des exemplaires semestres recueillis aux
environs d'Aerschot par M. de Bullemont. Cette anomalie reraafquable se refirodiiit
donc, positivement par hérédité. » — L'auteur avait reconnu l'impossibilité pour les
individus sénestres de s'accoupler avec les dextres (p. 93).
(^) Baudei.ot, Considérations physiologiques sur la fonction génératrice des Mol-
lusques Gastéropodes. (Bull. Soc. Sci. nat. Strasbourg, l^e année, 1869, p. i;i2.)
— (3i8 —
disposition des bandes (^), et (|ue cliez les deux espèces en
question, divers autres caractères des bandes et de la couleur des
cocjuilles sont héritables (^).
c) Le « mélanisine » chez Limnaea peregra (race profimda) :
De la ponte d'un individu mélanotique,il est sorti deux individus
sur trois, également mélanotiques (^).
d) Coquille albinique (« albinisme » de la coquille tout à fait
indépendant de celui de l'animal : voir p. 150, et variation
d'ailleurs continue). Cet albinisme, chez certains Pulmonés, est
héréditaire dans les conditions naturelles et en captivité (^) ;
exemples :
Hclix aspcrsa : La l'orme à coquille albine s'est reproduite
régu'ièrement chaque année, pendant plus de dix ans consécu-
tiv<ment, dans le même jaidin, près de Lyon (^) ; la variation
unicolore, blanchâtre (exalbidaj, a donné, comme descendance
de deux individus de race pure, des jeunes tous pareils aux
parents C").
//. incdvnata : Il en a été obtenu toute une éclosion de jeunes
albins provenant d'un individu qui était affecté lui-même d'albi-
nisme coquillier (').
//. lapicida : L'alhinisme delà co(|uille y paraît héréditaire; la
(') Seibeut, Ufl er (las Verhallen der Biindervarielalen von Hélix horiensis M und
llelix ncniorfilip L. bei der Fort-pllanzimcj. (Nachiuchtsbl. d. Malakoz. Gesellsch ,
VllIJalirg., 1876, p. 66.)
(-) Lang, loc. cit., pp. 236, 247 et 250 (l'albinisme de la coquille y est cependant
considère comme une variation « récessive »).
(5) lloszKovs'sKY, Contribution à l'élude des Limnéex du lac Léman. (Rev. suisse
deZool., t. XXII, I9i4, p. 519.)
{^) Tayi.ok, a Monograph, etc., vol, I, p. 92,
(^) K(iY, fille l.dCARD, Sur quelques cas d'albinisme et de mélanisnie chez les
Mollusques terrestres et d'eau douce des faunes françaises. (Ann. Soc. Agkic. Lyon,
1883, p|). 9, dO et 33 du tiré à part.)
(6) Stei.fdx, Researches mto the hereditary characters of sonie of our Britisk
MoUusca. (JouRN. OF COiNCH., vol. XV, 1918, p. 268.)
P) Coi.BEAU, Ann. Soc. Malacol. Belg., t. VII, 1873, p. Lxxxix.
— 6i9 —
Ibrnie albine est encore aussi commune à La Presle (Pyrénées)
après trente ans qu'elle l'était en 1880 (^); et il est telle autre
localité britainiique où cette forme albine est devenue plus
commune depuis 18G5, où elle y était inconnue [^).
H. (Campylnea) cingulata, où les descendants de parents
« albins » ont toujours une coquille blanche, tandis que ceux
de parents pourvus de bandes ont également une coquille à
bandes (^).
H. nemoralis, dont la variation à fond blanc ou blanchâtre, à
bandes transparentes, se rencontre dans le Midi, en colonies se
reproduisant constamment avec les mêmes caractères (^).
//. «« scrpcntina » Moquin-Tandon n'est que la variation
albine noimale et héréditaire de //. magnetii Cantraine (^).
e) Couleur i^otige de la coquille de Littorhia litlorca (voir
1"^ partie, p. 42) : Pendant plusieurs années, à Wimereux, j'ai,
au cours de l'été, rassemblé sur la roche d'une même petite
mare, isolée à mer basse, tous les exemplaires rouges que je
ramassais vivants à chaque marée basse, sur toute l'étendue des
rochers de la Tour de Groï; à la suite de cette pratique répétée,
j'ai constaté que la forme en question, rare partout (fide Jef-
freys, Dautzenberg et Durouchoux, etc.), y est devenue bien
plus abondante : Il est donc vraisemblable que les individus
rassemblés artificiellement se sont accouplés et reproduits, et
que leur couleur rouge s'est transmise héréditairement (il y
avait ici impossibilité à recueillir directement la descendance,
car les pontes ne sont pas fixées mais bien emportées vers la
haute mer, où éclosent les véligers).
(1) RliCHAUD, fidf LocARD, loc. Cit., p. 20,
(2) Jackson, iouru. ofConck., vol. XII, 1909.
(') KuNKEL. Zuchtversiiche mit Cam|)\laea cingulata Sluder. (Abhandl. Senckk.mj.
Geseui.sch Fhankfi'rt, B 1 XXXII, 1910.)
(■*) LoCARD, loc. Cit., p. 13.
(») Ihid., p. 1 1 .
— 650 —
/') Hélix nemorcdis à péristome blanc : Il en existe des colo-
nies dans lesquelles ce caractère se reproduit par hérédité (/).
g) Forme géante de Limnaca stagnaUs (variation maxima)
de 8 centimètres de longueur, héréditaire dans son milieu natu-
rel (^). On peut remarquer ici que, d'après certains auteurs, la
forme et surtout la taille de la coquille varient d'une génération
à l'autre ou au cours de la vie individuelle, sous l'influence du
milieu, tandis que la couleur serait le plus souvent hérédi-
taire (^).
fi) Absence de pigment chez L. peregra (ovata) de la profon-
deur du lac Léman, var, koeliieri Honigmann (à yeux roses) :
Elle a est probablement un caractère héréditaire (^) ».
/) Coloration jaune d'or des téguments dans L. stagnaUs
var, (lutea) : Les jeunes provenant de deux individus de cette
variation étaient également jaunes (^).
(1) I^OCARD, Sote sur les Hélices françaises du groupe de /'Hélix nemoralis, 1882;
et Sur quelques cas d'albinisme et de mélanisme. (Loc. cit., p. dS.)
(2) Cou.iN, Sur la Liranaea stagnalis et sur ses variétés observées en Belgique.
(Loc. ciT , p. 94.)
(5) RoszKOWsKY, Contribution à l'étude des Limnées du lac Léman. (Loc. cit.,
1914, |). 51't.) — Stelfox, a Cross betiueen typical Hélix aspersa and var. exalbuia ;
ils resiiits and lessons. (Journ. of Conçu., vol. XIV, 191 >, p. 29.').) — Colto.n, On
some varielies of Thaïs lapillus in tlie M mnt Désert région, a Study of individual
Ecolagy. (Puoc. Acad. Nat. Sci. Philadelphia, vol. LXVIIl, 1916, p. 45;S.) — Néan-
moins, l'opinion que" les difterences de couleur chez Heiix nemoralis ne seiaienl
pas d-'S variétés hcritables, a aussi été défendue : Haktwki, Zur Foripflauzung
einiger Lnndschnecken, Hélix lactea L. und H. nemoralis L. (Zool. Gauten,
29 Jiihri,'., 1.-88.)
(•*) KitszKovvsKY, loc. CÎt., p, 49,^).
(*) Ooi.LiN. loc. cit., p. 93. — li'auteur donne comme conclusion à ses expériences
sur l'hérédité des variations dan-; Limnaea, que « lorsque deux Limnées de variété
semblable, (|uelque éloignée qu'elle soit du type, s'accouplent et vivent dans des
coniliiions identiques à celles dans lesquelles elles sont nées et ont vécu elles-
mêmes, la variété de forme ou de couleur de l'animal ou de la coquille persistera
cliez les petits » (p.. 92).
— 651 —
j) P/iijsa fontinalis fortement pigmentés en noir : Des spéci-
mens (le cette espèce présentent une pigmentation intense, d'un
noir velouté continu, non seulement sur le pied, mais au bord
du manteau, à la tête et même un peu aux tentacules (P* partie,
p. 140). Des individus de cette variation, réunis avant la période
de ponte, se sont accouplés et ont pondu : dès avant l'éclosion,
tous les embryons montraient du pigment noir abondant dans
la région céphalique (sur les pontes du type ordinaire moyen,
on constate aussi que presque tous les nouveau-nés sont un peu
pigmentés à cette place) ; et peu de jours après l'éclosion, le
pigment avait augmenté beaucoup en étendue et en intensité.
k) Couleur canelle des téguments chez Limax agrestis : Deux
individus de cette variation, conservés ensemble, ont pondu
l'un 28, l'autre 35 œ ifs; tous ceux-ci, à l'éclosion, ont donné
des jeunes qui sont devenus en grandissant de la même couleur
que leurs parents (^).
/) Couleur blanche chez L. cinereo-niger : Un individu blanc
donna parlhénogénétiquement des jeunes, parmi lesijuels il en
était de bhincs purs; un de ces derniers donna, de la même façon,
des descendants albinos purs {^).
m) Élongation de la spire dans Limnaea megasoma : Pen-
dant plusieurs générations successives, la forme de plus en plus
étroite et allongée des premiers tours de spire, s'est transmise
héréditairement (•^).
(1) Bouch\iid-Gha.ntere.\ux, Catalogue des Mollusques terrestres et flaviatiles
observés jusqu'à c- jour à l'état vivant dm'! le lépartenient du Pas- le- G dais . (.VIém.
Soc. Aditic. Sci. ET Aiirs [Boulognk-.suu-Ueu], 1336, p. 167, [H37].)
(^) KuNKEL, Ein bislier uabiikiin ilt'.r, qruidleg enter Fakt^tr filr die Auffinlunj
eines Vererhu xjsies'tzes bei den N ickt'fchn'cken. (Verhandl. Gksellsch. d. Naturf.
Leipzig, Bl LXXXIII, 1912.)
(3) vVrtirFivLo, Dtscription of Lyrnnaea (Bulimnaca) megasoma, Saij, with an
acconnt of ck'inge< prodticed in tin off Dnnq hy anjavorable cou litioa of life. (Buli,.
Amer. Mus. Nat. Hist. New-York, vol, I, 1882.)
— 652 —
li. Un seul parent étant connu : Vivipara lanaonis (espèce
unisexuée, vivipare), forme tiès variaiile par la nature de sa
carination; dans tous les individus gravides examinés, les jeunes
cocjuilles, retirées de la mère, avaient la même carination que
cette dernière (^).
C. Les deux parents n'étant pas de la même variation (cas de
métissaiie) : a) Phijso foutinalis de la variation à téguments très
fortement pigmentés, accouplé avec un individu de la variation
sans pigment noir dans la peau : La première variation est héré-
ditaire et l'est seule (p. 645).
h) Hclix hoi'tnisis des deux variations, sans bande trois d'une
part (formule : 1^045) et avec bande trois seulement (formule :
00800) d'autre part, accouplés, donnent une progéniture tout
entière pourvue de la troisième bande (^).
c) Limnaca megasoma : La variation à spire étroite a été
accouplée avec la forme typique; les deux individus pondirent,
mais la progéniture de la ponte provenant de l'individu varié, a
seule été élevée jusqu'à une taille d'un huitième de pouce (envi-
ron 3 millimètres), et ses caractères n'ont pas été indiqués;
probablement parce que ces jeunes étaient encore trop petits
pour voir si les caractères de la variation étaient apparus (^^).
Parmi les diverses variations héréditaires, il y a donc — con-
trairement à ce qu'on observe pour les variations non hérédi-
taires (p. 646) — maintes variations continues.
C) Bartsch, The Philippine po?îiùnails of the genns Vivipara. (Piioc, U. S. Nat.
Mus., vol. XXXll, 1907, p. d46.i
(2) I.ANG, ieher die Memielschen Gesetze, Art- imd Varietâteiibildung, Mutation
tind Variation, insbesondere bei unsern Uain- laid Garlenschnecken. (Loo. cit.,
p. 251.)
(5) VVhitfiei.d, Description of Lymnaea (Bulimnaea) megasoma, Say, wi'h an
accoiint of changes produced in the offupring by vnfavorable conditions of life.
(l.oc. CIT., p. 36.)
653
En outre, on y rencontre des variations continues croissant
progressivement d'importance d'une génération k la suivante :
Liniax cincreo-niger, variation pâle et presque albine (p. 881,
II" partie), Limnaca mec/asoma, variation à spire progressive-
ment plus allongée (p. ()5I).
Et ceci concorde avec le phénomène qui n'en est que la réci-
proque, c'est-à-dire avec la lente et progressive disparition d'an
caractère de variation, d'une génération à la suivante, comme
par exemple :
Limnaca involula redevenant L. peregra après quelques
générations (p. 015).
L. raphidia Bourguignat redevenant L. stagnalis après trois
années (IV*' partie, p. (3 15).
L. ahgssicola redevenant L. palustris, mais non brusquement
(1V« partie, p. 615) (').
L'expérience montre en même temps que la généralité de ces
variations héréditaires sont des variations fréquentes, et l'expé-
riuientation sur les Hclix, notamment, a fait voir que tous les
caractères qui sont présents chez un grand nombre d'individus
sont à un haut degré héréditaires (^), tandis qu'on a vu plus
haut (p. ()i6) que ce sont surtout les variations isolées qui sont
non héréditaires. Et l'expérimentation sur ces mêmes Pulmonés
a donné comme résultat que de nombreux caractères de colora-
tion et de bandes sont transmis presque inchangés, même dans
le croisement (^), et qu'il n'en est guère de si insignifiants qui
ne puissent être héréditaires ('^).
(*) Pour la variation à spire allongée de Limnaea megasoma, une ponte prove-
nant de la première génération, remise dans les conditions naturelles, donna des
individus avec les caractères de la forme typique ; mais l'expérience n'a pas été
faite avec les générations ultérieures. (Whitfield, loc. cit., p. 34.) — On verra
cependant plus loin (V* partie, I, 7, Influence de la durée et du milieu) qu'une
variation continue peut, avec le temps, atteindre au degré d'hérédité; le fait qu'une
variation de ce genre semble actuellement inhérilable, n'implique pas qu'elle ne
sera jamais hériiable.
(') Lang, loc. cit., p. 250.
(5) Ibid., p. 2o0.
(*) Ibid., p. 247.
654 —
3. — Variations à hérédité inconstante, c'est-à-dire ne se
transmettant pas à la descendance de tous les individus
ou à toute la descendance d'un même individu.
Un caractère déterminé peut être, au sein de la même espèce,
tantôt héréditaire, tantôt non héréditaire; en voici divers
exemples :
A. Albinisme de la coquille : a) Chez Hclix incarnata, où
l'on a observé « toute une éclosion de //, incarnata albinos,
provenant d'un individu aiïécté lui-même d'ali)inisiue (^) » ;
tandis que dans un autre cas semblable, chez la mêuie espèce,
a normal young bave been bred (^) ».
b) Chez II. sylvatica, où l'albinisme (de la coquille) est indi-
viduel ou héréditaire (^).
B. Présence ou absence de certaines bandes chez les Hélix :
a) H. hortensis, où des expériences répétées d'accouplement
d'individus sans troisième bande (formule : 12045 X 1^045)
ont été faites : presque tous les exemplaires nés des pontes
obtenues étaient pourvus de la troisième bande (formule : iiî3 i5),
deux spécimens, toutefois, étant pareils aux parents (^).
b) Dans H. nemoralis, les individus à une seule bande très
étroite donnent des jeunes à co(piille unie, ou bien plus ou
moins rayée, c'est-à-dire présentant une certaine « indifterence
dans les caractères extérieurs (^) ».
(1) CoLiîEAU, An7i. Soc. Malacol. Belg., t. VII, p. lxxxix.
(2) SvKKS, Variation in récent Molluscs. (Pkoc. Malacol. Soc. London, vol. VI,
1905, p. 258.)
(') LocARD, Sur quelques cas d'albinisme et de viélanisme chez les Mollusques
terrestres et d'eau douce de la faune française. (Loc. cit., p. 15 du tirage à part.)
(*) Lano, loc. cit., p. 251.
{^) BAUDELdT, Considérations physiologiques .sur la fonction génératrice des Mol-
lusques Gastéropodes. (Bull. Soc. Sci. nat. Strasbourg, l'^ année, 1868, p. 132,
[18t)9J.)
_ 655 —
c) Dans H. nemoralis, l'accouplement de deux individus de
la variation sans troisième bande donna un exemplaire pareil
aux parents, tandis que les autres portaient la troisième bande (^).
C. Couleur de la coquille cbez Partula otalieitana (vivipare),
dont il existe deux variations, de couleur jaune clair, d'une part,
et plus colorée, d'autre part : a) Variation claire : 96 adultes
renfermaient 150 jeunes; de ceux-ci, 106 étaient pareils par la
couleur aux parents; 29 étaient plus colorés (du type de la
seconde variation) et 15 plus clairs que tous les autres.
6) Variation plus colorée : 119 adultes renfermaient 198
jeunes, dont 08 pareils aux parents, 80 plus clairs (comme la
première variation) et seulement 10 plus colorés que tous les
autres (^).
D. Sinistrorsité : a) Chez Limnaea peregra, où, d'une part, à
peu près la moitié des jeunes provenant d'individus dextres
(d'une mare des environs de Leeds où l'inversion avait apparu)
étaient sénestres, les autres dextres (^), et, d'autre part, dans une
mare analogue de Hesleden, les jeunes provenant d'individus
sénestres étaient presque en nombre égal dextres et sénestres,
avec une légère prépondérance de sénestres (^). Plus récemment,
des élevages de pontes d'individus sénestres ont donné 696 jeunes
dextres et 138 sénestres. Trois [)ontes étaient exclusivement
sénestres, dix, exclusivement dextjes, et sept, mixtes. Parmi ces
dernières, trois contenaient une majorité de jeunes sénestres,
et quatre, une majorité de dextres : des trois premières, l'une
renfermait seulement un embryon dextre, une autre, seulement
(1) Lang, loc. cit., p. 251.
(2) Mayer, Some Species of Partula of Tahiti. A Study in Variation. (Mem. Mls.
CoMPAR. ZooL., vol. XXVI, 1902, p. 133.)
(5) I AYLOK (commiinicalion épislolaire),
(*j Trechman, Limnaea peregra monsir. sinistrorsum, in Diirham. (The Natl-
RALisT, April 4906, p. H3.)
G56
quatre dextres, et la troisième montrait douze fois plus de
sénestres que de dextres; des quatre dernières, trois ne renfer-
maient (ju'un individu sénestre seulement (^).
h) Hclix aspersa : Des exemplaires sénestres, accouplés enire
eux, ont donné une progéniture entièrement dextre (~) ; d'autre
part, une race sénestre de cette espèce s'est reproduite pendant
plusieurs années, à la Rochelle, dans le jardin de d'Orbignv (^).
c) Canipeloma heterostroplia (ou decisa) (espèce vivipare) :
Une femelle dextre renferme de 2 à 2.5 7o d'embryons sénestres,
les autres étant normaux (^) ; chez une femelle sénestre, on a
rencontré ^25 jeunes dextres et 2 sénestres, soit près de 5.5 7o ( ') ;
et dans un autre exemplaire femelle sénestre, il en a encore été
trouvé davantage : 4 (°).
d) Partula nodosa (espèce vivipare) : Le sens de l'enroule-
ment Y a iMie hérédité irrésjulière :
a) Parfois ce sens est stable d'une génération à la suivante (~),
[3) Parfois l'enroulement est hérité de sens contraire : un
adulte dextre renfermait seulement une ])rogéniture sénestre {^).
(') Hargreaves, Sinistrnl Limnaea peregra Midi., and ils progeny. (Journ. of
CoNCH.,vol. XVI, 1919. p. 56.)
(-) Sanier, fide Caimjaud. Catalogue des Mollusques recueillis dans la Loire-
Inférieure, -1865, p. 2''20. — Gassiès, fide Cotty, Note sur des coquilles sénestres.
(Bull. Soc. I>l\n. Nord France. Amiens, t. II, 1874-187o.) — Hele, Journ. of Concli.,
vol. IV, 4883.
(5) Jeffreys, On the oriqin of species. (Ann. Mag. Nat. Hlst., 3^ série, vol. VI,
1860, p. 15-2.)
{*) Call, Reversed Mdanthones. (Amer. Natur., vol. XIV, 1880. p. 207.)
(■■) Beecheu, Some almornial and palhological forms of Fresh-Water Sliells from
the vicinity of Albany. (36lh Rep. New-York State Mus. Nat. IIist., I88i, ji 52.)
(6) Nylander, fide Sykes, Varùilion in récent Mollusca. (I.oc. cit., pp. 2()8 et
269.)
(") Mayer, Some Species of Parlula of Tahiti. A Study in Variation (Loc. cit.,
p. 428.)
(S) Mayer, loc. cit., p. 128.
— 61)1 —
e) 11 en est de même pour Partula otaheitana (également
vivipare) : Les embryons que l'on trouve dans un adulte sont
tous (le même sorte, identiques ou non aux parents; dans cette
espèce, qui est aussi ampliidrome, les adultes sénestres ne
donnent, en certains endroits, rien que des embryons sénestres,
ailleurs des dextres ou sénestres ; et pareillement, des dextres
peuvent donner des jeunes dextres ou sénestres, le type des
parents étant toujours prédominant (^).
E. Couleur des téguments chez Ai-ion subfuscus : L'accou-
plement de la variation griseus avec la variation succincus a
donné une fois toute une progéniture typique, et une aulre
fois une progéniture composée de 10 individus typiques,
8 griseus, 4 succineus et 11 individus à dos jaune-brun et à
côtés gris (^).
F. Bandes, couleur, etc., chez Hélix hortensis et H. nemo-
ralis : Chaque caractère de variation peut être tantôt hérédi-
taire, tantôt non {^) ; l'hérédité y est un facteur au plus haut
point variable (') ; et au cours des générations, elle peut aug-
menter ou diminuer [^) ; il y a toujours des jeunes avec des
combinaisons de bandes s'écartant de celles des parents ('').
(') Cra.mpton, Sliidies (yn Ihe variation, distribution, and évolution of tlie genns
Paitula. The Species inhabiting Tahiti. (Carnegie Inst. Washington. Publ. n» 228,
1917.)
(^) Coi,i,iNGE, Cnlour variation in some british Slugs. (Joirn. of Conçu., vol. XII,
1909, p. 236.
(5) Lang, Ueber die Mendelschen Geseixe, Art- und Varietdlenbildiing, Mutation
und \'ariatio)t, insbesondere bei umeren Hain- und Gartenschnecken. (I.oc. cit.,
p. 248.)
(*) I.AN(i, lac. cit., p. 250.
(^) Ibid., p. 252.
(«) Brockmeier, Zur Fortpflanzî/ny von Hélix iienioralis vnd H. hortensis, nach
Beobachtungen in der Gcfangenschaft. (Nachrbl. Mai.akoz. Gesellsch., 20 Jahig.,
1888, pp. il3-H6.)
4^
— f)58 —
4. — Variations à hérédité alternante.
Des cas d'hérédité alternante ont été observés très rarement.
On ne peut guère y rapporter que l'exemple suivant :
Limnaca pcregra, dans certaines localités, montre une varia-
tion de petite taille, annuelle, donnant comme progéniture une
variation plus grande, bisannuelle {}) ; dans la même espèce,
un changement bisannuel a encore été rencontré : L-ne forme
« lahiosa » donnant une forme plus grande (Umosa) et récipro-
quement, dans des saisons successives (~), à Sissinghurst (Kent).
11 serait possible qu'il y eut là une alternance de générations,
normale puis pédogénétique, déterminée par des causes exté-
rieures non reconnues.
5. — Variations à hérédité mendélienne.
On a cru trouver une norme « expli([uant » cette inconstance
de l'hérédité chez la descendance d'un même couple, dans les
« lois )) de Mendel.
En dehors des Mollusques, il y a, comme on sait, des cas
assez nombreux qui ne répondent pas aux prévisions mendé-
liennes, uiême parmi ceux étudiés sous la suggestion incon-
sciente, mais tyrannique, des formules de Mendel (^). L'exemple
des Mollusques montre que, chez ce phyluni aussi, la loi de
Mendel n'est pas toujours conhrmée.
A. Ilclix avec et sans bandes (/Y. iiemoralis et //. Iiortcnsls) :
a) Expériences de Lang : Deux //. /lortotsis sans bandes,
accouplés ensemble, donnent, s'ils sont de race pure, des jeunes
(1) Dean, Periodic variation in Limnaea pereger {Millier). (Joikn. of Conçu..
vol. XIII, 1910, pp. 48 à 51)
(-) Boycott and Mowki.i,, Proc. Woolhope iSatiir. Fielil Club (tidc Dean, loc. cit.,
p. 52).
(3) Par exemple chez les Pigeons. iLoisel, Comptes rendus Soc. Uiol. l'aris,
t. I.VIIF. 19(M, pp. 465-'(6S; Whitman, Biol. Bull., vol. VI, 1904, pp. 315-316.)
— 659 —
qui sont tous, exclusivement, sans bande. Dans les mêmes con-
ditions, deux spécimens à cin([ bandes donnent des jeunes à cinq
handes, éi;alement de race pure. Mais lorsqu'un individu sans
bandes, de race pure, est accouplé avec un individu à cinq
bandes, de race pure, la descendance est exclusivement compo-
sée de spécimens sans bandes ; toutefois, ceux-ci sont « bybrides »,
et accouplés entre eux, ils donnent 50 7o d'exemplaires sans
bandes, pareils à eux-mêmes (« hybrides »), 25 °/„ de spécimens
sans bandes de race pure, et !25 "/o d'individus à cinq bandes,
de race pure également (^). C'est-à-dire que les lois de Mendel
sont applicables !
Pourtant, dans ces croisements entre individus difïerents, le
résultat n'est que plus ou ïnoins conforme aux règles mendé-
liennes, ou approchant (-).
h) De même, dans l'espèce //. aspersa, un individu typi({ue
supposé pur, étant accouplé avec un spécimen de la variation
exalbida également supposé pur, la descendance des deux fut
entièrement semblahle au type (d'où conclusion que le caractère
exalbida est « récessif ») ; puis les individus de cette première
génération, accouplés entre eux, donnèrent 72 jeunes de carac-
tère exalbida, pour 289 du type noruial, ce qui correspond à
peu près au quart iïexalbida purs que devraient donner des
hybrides mendéliens {^).
Cependant d'autres expériences ne donnent pas la confirma-
tion de ces règles, pas même d'une façon approchante. Ce sont
des expériences entreprises sur le même sujet, mais sans préoc-
(1) I.AN(;, Ueber die Mendelschen Geselze, Art- und Varietàtenbindung, Mutation
und Variation, insbesondere bei unsern Hain- und Gartoiscknecken. (I.oc. cit.,
p|). 214 et suiv., pi. I.)
(2) « Duichschniltlich », lac. cit., p. 215; « genau », p. 218; « annahernd »,
p. 221 ; etc.
(5) Stelfox, a Cro.ss between lypical Hélix aspersa and var. exalbida; its reauUs
and lessons. (Jouun. of Conch., vol. XIV, 1915, p. 294.)
— 660 —
CLipation de contrôler ces lois, car elles turent faites avant l'exhu-
mation du travail de Mendel,et sont toutes antérieures à l'époque
où le mendélisuie obsédait l'esprit des expérimentateurs; toutes
échappèrent d'ailleurs à Lang.
c) Expériences de Baudelot : Chez des exeuiplaires unis (sans
bande) de Helit nemoralis, les pontes donnent des jeunes tous
unis, presque sans exception (c'est-à-dire qu'il n'y en avait
qu'un très petit nombre pourvus de bandes); et quant aux
individus à bandes, leurs pontes donnent des jeunes (sauf
2 à iJ 7o) l'ayés, les bandes apparaissant de très bonne heure (^).
Or, si tous les parents étaient « purs », tous les jeunes auraient
dû être pareils aux parents; et si des parents étaient «hybrides»,
la proportion d'individus différents devait être plus ii,rande :
-25 7o.
d) Expériences de Arndt : Ayant accouplé deux //. nemo-
ralis sans bandes ou unis, il obtient 56 jeunes, sur lesquels
il s'en trouve 41 7c ^"^'^^ bandes; ce qui est beaucoup trop si les
parents sont hybrides, et à plus forte raison s'ils sont de race
pure (^).
e) Dans les expériences récentes de Stelfox, un H. nemoralis
de la variation à cinq bandes, accouplé avec un autre de la varia-
tion à trois bandes (0(1845), a donné 87 jeunes dont 10 à cinq
bandes, 26 à trois (00845) et un sans bande (^) ; et d'autre part,
deux individus à cinq bandes ont eu comme descendance près de
la moitié déjeunes sans deuxième bande (*).
l') Baudei.ot. Considérations }}hysiolo(iiqves sur la (onction génératrice des Mol-
lusques Gastéropodes. (Bull. Soc. Scl .\at. Strasboukg, i''- année, 1869, p. 182.)
(-) Arndt, Ueber Vererbung der Biyidenvarietaten bei Hélix nemoralis L. (Aucu.
Vek. Freindk d. Natuugesch. .Mecklembuug, 29 Jalirg., d875, p. 148.)
(^) Stelfox, Researcfies into the heredUarij characters of some of our liritisk
Mollusca. (.louRN. OF Co.NTH , vol. .\V, -1918, p. 270.)
(') Stelfox, lac. cit., \k 2()9.
À^.
()61
/') Les (lescendanls de deux paires de H. nemoralis composées
chacune d'un individu à cocpiille jaune pourvue de bandes noires
et d'un autre rouge unicolore, étaient, pour les quatre mères,
Ions unicolore rouge-brun (^).
g) Enfin les expériences de Schuinann n'ont nullement donné
une confirmation des règles de Mendel; elles tendent à montrer,
notamment, que « les jeunes ressemblent plus au père qu'à la
mère », c'est-à-dire que //. ncmoralis sans bande pondant après
accouplement avec IL ne)m)r((lisii bandes, les jeunes élevés ne sont
(pie pour un huitième seulement sans bande, tous les autres étant
avec bande, proportion trop forte pour les lois de Mendel si les
deux progéniteurs sont purs, et également s'ils sont hybrides (^).
Il en est de même pour les variations suivantes, dont les exem-
plaires sont purs par définition, puisque l'accouplement d'indi-
vidus sénestres avec les dextres parait impossible (voir p. 047,
note 2) .
H. L'nnnaea pcregru sénestres : Des individus sénestres,
accouplés ensemble, ont donné des jeunes parmi lesquels dextres
et sénestres étaient en nombre presque égal, avec à peine une
légère prédominance en faveur des sénestres (p. 655). Si les pro-
géniteurs étaient de race « pure » , tous les descendants auraient dû
être pareils à eux ; dans le cas contraire, et si la sinistrorsité était
(c récessive », il n'aurait dû apparaître aucun individu séneslre.
(]. Campeloma amphidrome : Aussi bien chez les individus
dextres que chez les sénestres, il n'y a jamais qu'un très petit
nond^re de jeunes sénestres (1.5 à 5.5 "/o) (p- 650), c'est-à-dire
jamais une proportion correspondant à une hérédité mendé-
lienne.
(1) Hartwig, Ziir Fortpflanmng einiger Heliciden. (Zooi,. Garten, Bd XXX, 1889,
p. 191.)
(*) ScHUMANN. Zuchlversuche mit Hélix nenioralis. (Schr. Naturforsch. Ge-
SELLSCH. Danzig, neue folge, Bd VI, 1885, p. 233.)
66-2
/). Paiiula amphidromes : Dans une même espèce, un intli-
vidu peut ne donner que des jeunes tous d'un sens d'enroule-
ment contraire au sien; cliez P. nodosa, un exemplaire dextre a
été rencontré renfermant seulement une progéniture sénestre ('),
et parmi les P. sinlstrorsa , quatre spécimens sénestres ne con-
tenaient que des jeunes dextres (~) ; tous les autres adultes des
deux espèces ne donnaient (jue des descendants enroulés connue
eux-mêmes.
E. Planorhis coiiieus albinos : In individu accouplé avec un
autre tout à fait semblable (voir p. 6i3), pondit 15 œufs; de
ceux-ci sortirent lo jeunes, tous parfaitement pigmentés (tégu-
ments et rétine) (tîg. :279). Si les deux progéniteurs avaient été
de race « pure », toute leur descendance eût dû être tout entière
sans pigment aucun. Si les deux étaient des « hybrides » d'albi-
nos pur et de pigmenté pur, alors il aurait dû y avoir (au cas
où les lois de Mendel sont généi'ales) un quart de descendants
albinos purs.
Nous somuies donc loin de rencontrer la démonstration con-
stante de l'hérédité mendélienne régulière.
Bien des cas — sinon le i^rand nombre — restent en dehors
de ces lois, ou obéissent à d'autres lois non encore formulées.
Il est sage, par consécpient, de ne pas nous satisfaire immédia-
tement sans réserve, d'une représentation « particulaire » de
l'hérédité, et de ne pas nous figurer une relation mathéuiatique
simple entre les progéniteurs et leur descendance.
Car, à mesure que les observations se multiplient, on voit les
dirticultés croître pour ces théories « explicatives » et la néces-
sité pour elles de se surcharger de complications verbales. Ainsi,
par exemple, dans le cas des liybrides de llcH.t liortciisis, entre
i
(*) Mayfu, S')ine Specii's of Pailula (*/ Tahiti. A Sltidij of Variation, (l-oc. cit.,
p. 428.)
(*) Maykr, loc. cit., \). 130.
— 6(];î —
forme à coquille rougeàtre (ruhella) et forme à coquille jaune
(UhellulaJ : le jaune est d'abord reconnu et proclamé « domi-
nant w ; puis, ultérieurement, il fut constaté que la coloration
jaune est « quelquefois récessive », la coloration rouge faisant
son apparition plus tard; cela s'explicpie alors par une « imper-
fection de la douiinante ».
De même, l'absence de bandes sur la coquille de cet Hélix
est d'abord reconnue et proclamée dominante sur la présence
de bandes; mais, par la suite, on doit faire cette réserve qu'elle
n'est dominante que dans la plupart des cas, et l'on dut conclure
alors que, à côté de l'absence de bandes dominante, il peut y
avoir aussi une absence de bandes récessive, les deux étant simi-
laires par l'aspect extérieur (^).
Les causes d'iiérédité naturelle, dans chaque cas,sonttropcom-
plexes pour pouvoir être traitées d'une façon tout à fait simpliste
et rigide. Car dans l'étude de l'hérédité, comme dans celle de la
variation, on se trouve en présence d'un très grand nombre de
facteurs siuniltanés, qu'il n'est pas encore aisé de dissocier,
L'héritabilité ou la non-héritabilité d'une variation résulte de
la nature de ces multiples facteurs en conflit et du mode de réac-
tion de l'organisme (voir notamment plus loin : Influence de la
durée et influence du milieu). Toute variation continue paraît
pouvoir atteindre le degré d'héritabilité; et le fait qu'une varia-
tion déterminée de cette nature semble actuellement non héri-
table, n'implicjue pas qu'elle le restera toujours. Et comme on
doit le reconnaître, il y a une contradiction manifeste à ce sujet
dans la façon de voir de Lang; après avoir établi que chaque
caractère peut être tantôt héréditaire et tantôt non, six lignes
plus bas, il repousse la distinction des variations basée sur la
discontinuité, pour la remplacer par celle basée sur l'hérédité (^).
(1) Stelfox, Researches into Ihe heredilary characters of some of our Hritish
Mnllusca. (JOIRN. OF CoNCH., vol. XV, 1918, p. 270.)
{') Lang, Veber die Mendelsrhen Gesetze, etc. (Loc. cit., p. 248.)
mi —
6. — Hérédité dans l'hybridation.
1" Dans le « métissage ». — On a vu plus haut quelle descen-
dance peut donner l'union de parents dissemblables d'une niônie
espèce (un individu varié, l'autre normal, ou bien tous deux de
variations ditïerentes : métissage proprement dit) :
a) Dans certains cas, le caractère varié est non héritable
(p. 664).
//) Dans d'autres, le caractère varié est bérilal)le (p. 652).
2° Quand les deux parents sont d' « espèces » duférentes
(HYBRn)ATioN PROPREMENT dite) . — Ou a supposé jadis qiie de
nouvelles formes spécifiques pouvaient surgir comme consé-
quence d'unions entre espèces voisines. 11 y avait donc intérêt à
observer ce genre d'unions, qui sont d'ailleurs assez rares, sur-
tout dans la nature.
.i. Gastropodes : On a cependant constaté divers de ces
accouplements (dits « adultérins ») chez quelques Gastropodes
libres ou captifs; mais le plus souvent il n'y a pas eu de
produits obtenus ou du moins observés. Ce fut le cas notamment
pour les accouplements d'espèces différentes paruii les Strepto-
neures : Littorina ohtiisata et L. liltorea, L. litiorca et L. nidis,
L. obtusata et Ij. rudis (^).
Le phénouiène a été rencontré beaucoup |)lus souvent dans
les Pulmonés; uiais ici encore les produits n'en ont pas ordi-
nairement été recueillis ou décrits. Voici, au surplus, les
(1) TiiOMi'SoN, Ann. Mag. Nal. Hisl., 2^ série, t. X, 1852, p. 76. — Sauvage,
3oiirn. de Conch., l. XXI, 1873, p. 422. — Pei.seneer, Mcm. Acad. Belg., série in-4o.
t. m, 19tt, p. 10. — Des accouplements entre deux espèces diftërentes de Strepo-
matidae ont aussi été observés par Lewis (Erie Canal) sans que les espèces soient
désignées : Wetherbv, Remarks on the Variation in Form of (fie Family Strepo-
matidae. (Proc. Clncinnati Soc. Nat. Hist.. vol. I, 187(5, p. -i.)
— 005 —
espèces entre les(iiielles des accouplements exceptionnels ont été
signalés :
I. Slylommatophores : Hélix aspersa et fJ. ncmoralis (^);
H. aspersa et H. vermiculata ('^) ; //. nemoraiis et H. /iortensis(');
H. variahilis et H. pisaiia ('); //. Iiortensis et //, arhuslomm,
ainsi que //. Iiortensis et II. siflratica [-') ; H, planospira et
H. setipila ( -') ; Succiiiea putris et S. pfeill'eri {').
!2. Chez les Limnéens, surtout entre Limnaea peregra(ovata)
et les autres espèces (^}, notamment avec L. auricularia et avec
L. palustris (^), également entre L. stagnalis et L. auricu-
laria (^") ; L. cmarginata et L. lancesta, et encore L. stagnalis
et Jj. emarginata (^^) ; entre L. columella et />. humiiis (^^).
{•) Lecoq, Note sur les accouplements adultérins de quelques Mollusques. (.Iourn.
DE Conçu., t. II, 1851, p. 245.)
(-) Gassiks, Observations sur une note de M. Lecoq, relative aux accouplements
adultérins de quelques Mollusques. (JouuN. de Co.nch., t. III, 1852, p. -107.)
(5) RossMAESSLER, Gassiès {loc. Cit.), Bkockmeier, Ucber Bas tarde von Ilelix
nemoraiis und Hélix hortensis. (Tagebi. GI Versamml. Naturf. ind Aerzte.
Cologne, 1889) ; Coutag>e, Lang, etc.
(^) Gassies, loc. cit.
(S) BoLLixNGER, Zur GasteropodenfauTia von Basel tind Umgebunq. Bâle, 1909, p. 84.
C) De Folin, Sur le croisement des Ilelix planospira et setopiia. (Actes Soc. Linn.
Bordeaux, 1879); et Hijbridité chez les Mollusques. (Feuille jeun. Natuk., t. IX,
1878-1879, p. 47.) — Voir encore : liijbrid Hélices. (JouRN. OF Gonch , vol. XI, p. 196.)
(") I.0CARU, Études sur les variations malacologiques d'après la faune vivante et
fossile de la partie centrale du bassin du Rhône. (Anx. Soc. Agric. IIist. Natur.
Lyon, 5« série, t. III, 1883, p. S15.)
(**) BOLLINGER, loc. cit., p. 136.
('■*) Heynemann, Begaltmig zwischen Limnaea auricularia und peregra. (Nachr.
Bl. Malakozool. Gesellsch., Bel 1,1869, p. 37.) — Collin, Sur la Limnaea stagnalis
et sur ses variétés observées en Belgique. (Loc cit., p. 91 : L. peregra [« limosa »] et
L. palustris; L. peregra et L. auricularia.)
('") Châster, a Cross between Limnaea stagnalis and L. auricularia. (.Iourn. of
CoNCH., vol. IX, 1900, p. 281)
("j Baker, The Lymnaeidae of North and Middle America. (Chicago Acad. of Sci.
Publication n» 3, 1911.)
C) Colton, Selffertilizalion in the air-breathing pond Snails. (Biol. Bill.,
\ol. XXXV, 1918, p. 48.)
— mi) —
3. L'hybridation bispécitique a aussi été supposée entre les
Gastropodes ci-après : Entre espèces voisines dePcniula (^), entre
espèces de Vitrina (^), entre Bulbnus prunimis et li.vuUjans{^),
entre Zonites volutella et Z. mignelinus ('), entre Liguus rosa-
ceiis et L. castmieo-zouatus (•'), entre LiicideUa auréola et
L. (jrauulosa (''), entre diverses espèces de Arionta (A. arrosa,
A. exarata, A. californiensis) ('), entre lleli.v iiemoralis et
//. Iiortensis (^), entre certains Plufsa (•^) , certains P//r-
/)//;-(/ (f*^*), etc.
4. D'autre part, des produits d'hybridation ont parfois été
signalés mais non décrits chez llelix variahilis et il. pisuna
(') IIartman.n, On Ihe species nf the genus Parlula. (Bull. JIus. Compar. Zool.,
vol. IX, 1881, p. 173.)
(-) FuRTADo, On a Case of cotnplete abortinn of the lieproductive Organe of
Vitrina. (Ann. Mac;. Xat. Hist., .i*" série, vol. IX, 188*2, p. 398 : les Vitrina stériles
seraient des hybrides.)
(^) Mor.ELET, Notefi si/r ihisloire naturelle des Açores. 1860, pp. 186 et 187 : un
Bulinui.s intermédiaire entre ces deux espèces est supposé leur hybride.
(^) Drouet, Éléments de la faune açoréenne : une coquille trouvée avec ces deux
espèces, ayant la couleur de la première et la forme de la seconde.
(•') l'n.suuY, A Stiidy of the Variation and Zooyeoijrapky of Ligmos ic Florida.
(JouRN. AcAD. Nat. Sci. Philadei.phia, 2e série, vol. XV, 1912, pp. 452, 434,
466, etc.) — L'hybridation y serait démontrée par le l'ait que hi ponte d'un même
individu pourrait donner des jeunes des ditïérents types de coloration corres-
pondant a deux ou trois des formes suivantes : Liguus crenalus, L. roseatus,
L. castaneo-zonatus : on pourrait peut-être plus justement y voir la preuve que ces
trois types de coloration ne sont que des différences individuelles d'une même
forme spécifique.
if') Brown. Variation in two species of Lucidella from Jainaica. (Proc. Acad. Nat.
Sci. Phii>ai>ei.phia, vol. LXV, 1913, pp. 12 et 18.)
(■) CooPER, On the Law of Variation in the banded California Land Shelts. iVnoc.
Caukornia Acad. Sci., vol. V, 1875, p. 122.)
(^) CoiTAGiNE, Recherches sur le polipnorphisiue des Mollusques de France. (Loc.
CIT., pp. 76, 77 et 78 : sur le nombre total d'individus des deux espèces, à Orsay,
aux bords de l'Yvette, il y aurait 9 % d' « intermédiaires » à péristome fauve,
manifestement issus de croisement et considérés comme hybrides inféconds ou à
fécondité amoindrie I)
(■') Stear.ns, The fossU Fresh-ivater Shells of the Colorado Désert, their Distri-
bution, Environment and Variation. (Puoc. U. S. Nat. Mus. [Washingto-nI,
vol. XXiV, 1902, p. 294 : a Evidence of hybridization is at once suggested vi^here
a large number of individuals are compared ».)
('») Dai.]., Proc. U. S. Nat. Mus., vol. XLIX, 1916, p. 561.
— 007 —
4
((iassiès, loc. cit.), ainsi que chez //. Itoiiensis et //. (trbuslorutn
(Bollinger, loc. cit.) et chez //. arbustorum et //. ncmoralis (^).
Dans quelques rares cas seulement, il en a été décrit : les
produits de H. planispira et de H. setipila ont la même spire
déprimée et la même suture profonde que //. planospira, et les
poils (mais plus courts) de //. setipila {^), c'est-à-dire qu'il y
aurait hérédité mélangée ou mosaïque et non hérédité alternative
ou mendélienne ; l'accouplement de Limuaea stagnatis et de
L. auricularia a donné des produits ressemblants à t.. peregra
qu'on a désigné sous le nom de « pereg routes », voyant ici un
cas d'hérédité atavique, /.. peregra étant supposé l'ancêtre
commun des deux espèces accouplées (^).
A côté de ces essais occasionnels plus ou moins anciens,
à résultats isolés et conséquemment un peu incertains, il n'y a
que deux séries d'expériences suivies avec étude détaillée des
produits; elles portent l'une sur les llelix nemoralis, liortensis
et austriaca, l'autre sur les diverses espèces indigènes de
Limuaea :
a] llelix : Des hybrides de //. hortensis et H. nemoralis
présentaient la forme du péristome du premier et la couleur des
lèvres et de la carène du second, c'est-à-dire que pour les
caractères d'espèce il y a mélange (comme dans le cas ci-dessus
des iiybrides de H. planospira et IJ. setipila) et hérédité en
mosaïque (^), bien (jue pour quelques caractères ils soient
considérés comme hybrides mendéliens ( ') ; leur fécondité est
(') (iLESSiN, Hélix arbusLorum und ihre Varietaten. (Correspo.ndeiNZBL. Kegens-
KL'RG. Vehein, 188'2.)
(2) De Fomn, Sur le croisement des Hélix phniospira et setopila. (Loc. en.)
(5) Chastei'., a Cross between IJmnaea stap^rialis und L. auricularia. (Jouun. of
GoNCH., vol. IX, 1901), p. 282.)
(i) La>g, Ueber die Mendelschen Gesetze, Art- und Varietutenbildung, Mutation
und Variation, insbesondere hei unseren Hain- und Gartenschnecken. (I^oc. cit.,
1906. pp. 233, 234 et 235.)
(•") I.A.NG, loc. cit., p. 232.
(3()8
souvenl léduiLe (comme celle des mêmes hybrides observés par
(-outagne, plus haut) (^).
Toutefois, cette hybridation véritable n'est pas fréquente.
Et le plus souvent, même entre deux espèces très voisines, il n'y
a que de faux bâtards ou bâtards « unilatéraux » (-), avec
ressemblance maternelle, les caractères « récessifs » de la mère
passant notamment à la descendance (^). De nouveaux essais
d'hybridation, entrepris sur ces deux mêmes espèces, ont con-
firmé cette ressemblance unilatérale (^).
Entre espèces moins voisines, H. nenioralis et //. austriaca,
ou //. Iiortensis et //. austriaca, le résultat est toujou)'s un faux
hybride ou faux bâtard unilatéral, à ressemblance ujaternelle (').
h) JÀmnaea : Pendant l'année 1918, j'ai tenté un certain
nombre d'expériences de croisement, surtout dans les combi-
naisons où l'accouplement n'avait pas encore été constaté, et
particulièrejnent avec la |)articipation de L. glutinosa, j)arce (jue
le caractère très spécial du manteau rabattu sur la coquille s'y
reconnaît déjà avant la fin de la vie embryonnaire (').
(*) Lang, loc. cit., p. 231.
('^) I.ANG, Fortgesetzte Vereibungss Indien. III. Falsche (einstitige) Bastarde von
Tachca nrtcn. (Zeitschr. f. indukt. Abstamm.- und Vererb.-Lehre, Bd V, dOll,
pp. 134 el 136.)
(5) Lang, loc. cit., pp. 131 el 135. — Une confirinalion de cette ressemblance
exclusivement maternelle de ces « hybrides », se trouve dans la faible variabilité
de la longueur de leur diverticulum, de leur dard et de leur pétloncule du récepta-
culum seminis : caractère propre à Uelix hortensis (mère), contrairement à H. nemo-
ralis (père). (Ki.elner, Zeitschr. /. Indukt. Abstamm-. und Vererb.-Lehre, Bd. IX,
4913, pp. 231, 240 et 299.)
(*) Stelfox, Journ. of Conch., vol. XIV, 1915, p. 313 : La descendance hybride
de Ileli.r nemoralis et H. hortensis étant d'une Façon bien marquée nemoralls, par
le dard, les glandes muqueuses (vésicules multitides) (meilleurs caractères dis-
liiictifs), etc.
C^) Lang, loc. cit., pp. d31 et 135.
('■) A cause de ce caractère, l'espèce gb/tinosa est considérée comme appartenant
à un autre sous-genre ou genre : Aniphipeplea, par beaucoup de malacologistes :
AoAMS, Fischer, Kohelt, Cooke, Tavlor, etc.
- am —
Ces essais ont été faits avec mes modestes installations per-
sonnelles, en prenant les précautions suivantes : Des individus
adultes ont été pris en hiver (février), avant la période d'accou-
plement; cette précaution est indispensable, caries individus
ayant déjà été accouplés, peuvent pondre plusieurs fois des œufs
fécondés par du sperme du premier accouplement. Ces exem-
plaires ont été isolés deux à deux, par couples comj)osites des
diverses combinaisons ci-après, dans la plupart des([uelles
l'accouplement n'avait pas encore été observé.
L. (jlulinosa et L. anricularia; L. ghitinosa et L. pafustris;
L. glutinosa et L.staf/iialis; L.gluthiosa et L. peregra ; /^. pere-
gra et L. stagnaiis; L. peregra et A. palustris; L. paliistris et
/>. stagnaiis; L. anricularia et L. stagnaiis; L. anricularia et
L. palustris.
Pour la généralité (le ces combinaisons, l'expérience a été
faite sur plusieurs couples séparés; et pour plusieurs d'entre
elles, elle a été répétée l'année suivante. Dans chacune d'elles il
y a eu des accouplements, le plus souvent dans les deux sens,
c'est-à-dire chaque espèce « fécondant » l'autre à son tour: en
outre, presque chaque accouplement a été suivi d'une ponte ou
mêuie de plusieurs; enfin la presque totalité de ces pontes ont
pu être élevées jusqu'à l'éclosion et même au delà. Voici d'ail-
leurs les résultats obtenus (^) :
I. L. glutinosa et !.. palustris : D'abord accouplement avec
glutinosa fonctionnant comme mâle; le lendemain une ponte
est déposée, offrant par la taille (3""5 de long), la forme et le
nombre des œufs (85, dont une coque à trois anifs), tous les
caractères des pontes de L. palustris; un deuxième accouple-
ment, avec L. palustris comme mâle, donna le lendemain une
ponte, déposée par /.. glutinosa, ayant tous les caractères des
(*) Pelseneer, f^'hybridalio)! che:- les Mollusques. (Comptes hendus Acad. Sci.
Pauls, t. CXI.VIU, 1919. |i. IGoO.)
— (370 —
ponles de cette espèce (boyau cylindrique allongé, avec œufs
disposés régulièrement en deux rangs, au nombre de45(^);
plusieurs jours après une troisième ponte fut déposée par
L. palustris, et du même caractère que la premièi'e; le lende-
main, quatrième ponte, déposée par L. ghitiuosa et analogue à
la deuxième.
:2. L. (jluiinosa et L. auricular'ni : Un premier accouplement
a lieu, L glutinosa fonctionnant comme mâle; une ponle est
déposée peu après, par le L. auricidaria, montrant tous les
pontes de cette espèce : ruban de 10 centimètres de long, avec
810 co([ues, dont 3 à ^ œufs; un deuxième accouplement avec
L. auricularia fonctionnant comme mâle, eut comme résultat
une ponte déposée par (jluthiosa, avec tous les caractères des
pontes normales de cette espèce : (>8 œufs sur deux rangs, et
près de 0 centimètres de long; plusieurs jours après les deux
individus [)ondirent de nouveau, de la même façon; puis, à de
courts intervales, auricularia déposa encore quatre pontes suc-
cessives, toujours de même aspect.
3. L. glutinosa et L. stagnai is : Après un accouplement oii
L. stagnalis faisait fonction de mâle, glutinosa pondit, deux
fois successivement, à (juelques jours d'intervalle; les pontes
étaient du caractère normal de l'espèce.
i. L. glutinosa et L. pcrcgra : Deux couples furent isolés;
pour chacun, glutinosa fonctionna connue mâle; les pcregra
pondirent chacun trois fois : pontes et anifs semblables à ceux
des peregra accouplés entre eux.
5. L peregra et L. stagnalis : Accouplements dans les deux
sens, suivis de pontes, dont chacune offrait la forme, la taille
(*) l^a disposition des œufs en deux ou li'ois ianç,ées lont,niudinales est caracté-
risii(|ue jiour celle espèce; la longueur de la ponte y esl de 3 à (3 centimètres et le
iioml)re d'œui's y alLeinl jusqu'à 68, soit plus que n'en indique Moquin-Tandon ; la
taille de la ponte y dépasse aussi la longueur renseignée par lui.
— 671 —
et le nombre d'œiifs caractéristiques pour l'espèce de l'individu
qui la déposa; lualheureuseni^nt la ponte de stagnalis fut dévo
rée par la mère.
(>. L. peregra et L. polustris : A la suite d'un accouplement
où palustris joua le rôle de mâle, peregra déposa en deux
semaines quatre pontes ayant, par la forme, la taille et le
nombre d'œufs, les caractères des pontes normales de L. pere-
gra.
7. L. auricularia et L. stagnalis : Leur accouplement ne fut
pas observé; mais cliacun des deux individus pondit : auricu-
laria deux fois, stagnalis une fois, tous deux comme normale-
ment.
<S. L. palustris et L. stagnalis : Quatre couples séparés don-
nèrent tous des pontes; mais pour trois d'entre eux, ce fut seu-
lement palustris qui déposa des œufs; dans le quatrième, les
deux espèces remplirent successivement le rôle de femelle et
pondirent; partout les pontes étaient semblables à celles que
dépose normalement l'espèce.
1). L. palustris et L. auricularia : Pour plusieurs couples,
un seul accouplement a été observé, auricularia jouant le rôle
de femelle et déposant dans la suite plusieurs pontes successives.
Celles-ci étaient par tous lein's caractères des pontes normales
de L. auricularia; de même, les embryons qui en sortirent ne
présentaient que des caractères maternels exclusivement.
11 y eut donc :
1. Pour L. glutinosa, des pontes après accouplement :
a. Avec L. stagnalis, fi. avec L. palustris, y. avec L. auricu-
laria.
Ces trois sortes de pontes ont évolué et éclos. Toutes étaient
semblables aux pontes normales de L. glutinosa, par les carac-
tères de l'enveloppe, des coques et des œufs ; c'est-à-dire qu'elles
— 07-2 —
élaienl allongées, en forme de boyau cylindrique à bords paral-
lèles, de 8 à 0 centimètres de long, assez coriaces relativement;
les œufs y étaient disposés régulièrement en deux (plus rare-
ment trois) rangées longitudinales, au nombre de 20 à 08; elles
leur étaient pareilles aussi par la durée de l'évolution : une qua-
rantaine de jours par temps froid ; enfin également par les carac-
tères des embryons et des nouveau-nés : tous semblables entre
eux et aux embryons éclos normaux (de glutinosa par gluti-
nosa) : gros, pâles (rien qu'avec du pigment jaune), à manteau
rabattu sur le bord de la coquille, laquelle est globuleuse et à
spire courte. Les différences étaient plus grandes entre certains
individus d'une même ponte qu'entre ceux de pontes de diverses
oricines.
2. Pour L. ])alustris, des pontes après accouplement :
a. Avec ].. (ilutinosa, (3. avec L. stagnalis.
Ici encore toutes les pontes étaient pareilles à des pontes
normales de L. paiustris (accouplé à L. palustris) ; et les
embryons qui en sortirent étaient — malgré leur diversité d'ori-
gine — pareils entre eux et à des embryons normaux de l'espèce
mère : petits, fortement pigmentés en noir, et à coquille moyen-
nement allongée, et brunâtre.
8- Pour fj. peregru, des pontes après accouplement :
a. Avec /.. glutinosa, ,3. avec L. stagnalis, v. avec L. palustris,
jouant le rôle de mâles.
Ces diverses pontes, toutes semblables entre elles et iden-
tiques aux pontes normales, donnèrent à l'éclosion des jeunes
pareils aux nouveau-nés normaux : pâles (très peu pigmentés),
à coquille jaunâtre, avec spire courte.
4. Pour /.. auricularia, des pontes après accouplement :
a. Avec L. glutinosa, [3. avec L. stagnalis, y. avecL. palustris.
Ces pontes et leur contenu offrirent toujours les caractères de
ceux que donne normalement />. auricularia accouplé avec un
— ena —
individu de sa propre espèce : pontes larges et longues, avec de
très nombreux œufs, irrégulièrement distribués et produisant
des embryons peu pigmentés avec cependant une masse sombre
dans la partie postérieure du pied, et pourvus d'une coquille
jaunâtre et courte.
5. Enfin, pour L. stagualis, des pontes après accouplement :
a. Avec L. palitstris, [i. avec L. auricularia.
Pontes et embryons furent pareils aux pi'oduits normaux
de L. stagualis : à leur naissance, les jeunes étaient pigmentés
à la tète et à la partie antérieure du pied ; leur coquille était
jaune et allongée; et après quelques jours cette forme allongée
et la couleur claire de la coquille étaient encore plus reconnais-
sablés.
De sorte que dans tous ces accouplements dits « adultérins »
ou d'hybridation, et sans qu'aucune exception ait été observée,
chaque individu dépose des œufs et pontes du caractère de sa
propre espèce : par la grandeur et la couleur des œufs, la gran-
deur et la forme des coques, la grandeur et la forme de la ponte
et la disposition des coques dans son intérieur. Et ceci n'est
d'ailleurs que très naturel, puisque ces œufs et cette enveloppe
de la ponte sortaient de sa glande génitale et de son oviducte,
où ils avaient pris naissance. .
Mais en outre, dans chaque ponte, tous les embryons présen-
taient également les caractères maternels, c'est-à-dire ceux de
l'espèce qui a pondu, caractères très reconnaissables dès l'éclo-
sion, et mieux encore quelques jours après, par la forme de la
coquille (').
(1) Ainsi s'explique le caractère que présentait la descendance provenant d'un
Limnaea auricularia, après accouplement avec un L. stagnalis jouant le rôle de
mâle. D'après les observations de Chaster (voir ci-dessus, p. 667), ces produits
ressemblaient à L. peregra. Or, les embryons de L. auricularia et ceux de L. peregra
se ressemblent, en effet, beaucoup.
43
— 074 —
Les deux séries d'expériences, celles sur llelix (^) et celles
sur Limnaea, conduisent donc à des résultats et à des conclu-
sions identi(|ues : Les hybrides bispécifiques de Gastropodes
Pulmonés sont des hybrides unilatéraux, présentant exclusive-
ment les caractères maternels, môme lorsipie les espèces accou-
plées sont très voisines. Dans ce dernier cas seulement, il peut
y avoir (judijucfois des hybrides véritables ; il s'en est présenté
occasionnellement [)Our Hélix hortensiseiU . ncmoralis[di\ même
sous-genre Tachea], et pour //. planospira et 11. setipila (du
même sous-genre Cdmpulaea) (p. 067). Et alors, il y a chez eux
hérédité mélangée et non hérédité uiendélienne (p. 007).
Ces faux hybrides résultent du fait ipiil n'y a pas eu fécon-
dation véritable, au sens strict du mot, mais embryogenèse sans
amphimixie, ou « parthénogenèse » sans conjugaison, induite
par du sperme étranger, celui-ci n'étant qu'un simple stimulant,
comme peuvent l'être diverses substances chimiques. On a donc
affaire ici à un phénomène de pseudogamie, et particulièrement
de pseudogamie « avec paternité cinétique (^) »,
Je n'ai naturellement pas examiné un à un lous les œufs de
chaque ponte obtenue; mais, au moins dans les œufs pondus
par les Limnaea auricularia, L. pahistris et L. cjlntiuosa, iso-
lés et accouplés avec des individus d'espèce ditiférente, il n'y a
eu émission que d'un seul globule polaire, qui s'est visiblement
conservé jusqu'au delà du stade gastrula; ce globule unique
(*) I.ANG, Ueber die Mendelschen Gesetze, etc. (Loc. cit., 1906, pp. 231 à 23o.) —
Die Basiardirung von Hélix liortensis Millier wul Hélix nemoralis L., ein Untcrsu-
chttmj zur etperimentcllc Xcrcrbungslehre. Jena, 1898. — Fortgesctzte Vercrbungs-
.studien. 111. t'alsche (einseitiqe) Baslarde von Tachea-. \rlen. (Loc. ciT , 1911, pp. 131
à 136.)
(2) GiARD, Dissociât 1071 de la notion de paterwlé. (Comptes iîendus Soc. Biol.
Paris, t. LV, 1903, p. 497.) — On pourra remarquer que ces produits « bâtards »
ont, comme les produits parlliénogénéliques, les chromosomes de leurs noyaux,
non réduits (Baltzeb, Ueber die Chromosomen der Tachea (Hélix) horiensis,
T. auslriaca und der soiienannten einseitige hastarde T. horiensis et T. austriaca.
lAacH. F. Zellfohsch., Hd Xi, 191.^î, p. loi].)
— 675 —
(caractéristique des œufs parthénogénétiques) ne s'est jamais
divisé lui-même : ce que l'ait souvent le premier globule polaire
de nombreux Gastropodes, dans les cas de fécondation normale.
Il en est, en somme, pour les Gastropodes comme pour
d'autres groupes zoologiques, par exemple les Échinodermes,
où les hybrides bispécifiques sont également unilatéraux, à carac-
tères exclusivement maternels (^).
B. Lamellibranches : Ici il ne peut plus être question
d'accouplement, mais de fécondation plus ou moins artificielle,
puisque le sperme est toujours émis dans l'eau. Les exemples
supposés ou observés sont aussi fort peu nombreux. On en a
cité seulement parmi les Huîtres d'Europe (^) ou les Najades
d'Amérique (•^). Le seul cas expérimental indiscutable est celui
de Pilotas candùla et de P. crispata : les oeufs de chaque espèce
ont été traités par du sperme de l'autre; de part et d'autre, il y
a eu segmentation et formation de larves, tout comme pour les
œufs normaux témoins; mais les larves n'ont pas atteint leur
métamorphose en captivité, de sorte qu'il n'a pu être constaté à
quelle espèce se rapportaient les caractères des « hybrides »
obtenus, tant est grande la ressemblance des larves des deux
espèces (■^).
3° Hérédité après accouplement entre formes de genres entiè-
rement DIFFÉRENTS. — Cas tout à fait exceptionnel, donnant
éventuellement des « hybrides » bigénériques :
A. Pour une même classe ou ordre (Pulmonés) : a) Accou-
plement de Pupa cinerea et de CAausilia « laminaris » (ou
(1) Hagedorn, On Ihe Purely Motherhj Characters of the Hybrids produced from
tke Eggs of Strongylocentrotus. (Arch. Entwickl.-mech., Bd XXVII, 1909, pp. 4-20.)
(2) MoNTAUGÉ, Sur l'hybridation et la fécondation des Huîtres. Bordeaux, 1880. —
Gressy, Les Huîtres métisses. Vannes.
(5) Hybrides (?) de Margaritana margaritifera et de Anodonia undulata (1902).
(*) Pelsen'eer, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Loc. cit., p. 78.)
— 076 —
hidentata) (\) : constaté une vingtaine de t'ois, mais sans que les
produits aient été observés.
h) Stenoyyra (Rumina) decoUata et Hélix variahilis (^).
c) et (/) Stenogijra decollata et Ihjalinia ceUaria; Stenoyyni
decoUata et Hélix pisana {^).
e) Arion empiricorum et Limax cinereus (^).
f) Papa sp. et Butiniulus sp. (■).
g) Pyramidula rotundata et Vitrea lucida
h) Limnaea perecp^a et Planorbis corneus ['), exemple extra-
ordinaire entre une forme dextre et une forme sénestre.
Dans ces divers exemples, il n'v a généralement pas eu de
produits obtenus ou du moins observés; et au surplus, il n"v a
certainement pas eu fécondation véritable, malgré un accouple-
ment etfectif; puisque les « hybrides w bispécifiques ci-dessus
étaient de faux hybrides, à plus forte raison le sont aussi les
hybrides bigénériques dont il s'agirait maintenant.
Il y aurait eu progéniture dans les deux cas suivants :
I . VowvStenogyra f Rumina) decollata et Hyalinia ceUaria {^) .
(<) Lecoq, ^ote sur les accouplements adultérins de quelques Mollusques. (.Iourn.
deConch., t. 11,1851, p. 245.)
(2) Accouplement constaté par Astier et par (iASsiÈs, Observations sur une note
de M. Lecoq relative aux accouplements adultérins de quelques Mollusques. (Journ.
DE CONCH., t. III, 1852, p. 107.)
(5) Gassiès. Métis de Rumina decollata. fAcTEs Soc. Linn. Bordeaux, 1879,
p. 230.)
(■*) LocARD, Études sur les variations malacologiques, etc. (Anis. Soc. Agric, hist.
NAT. Lyon, 5« série, t. III, 1883. p. 515.)
(3) Taylor, a Monograph, etc., vol. l, p. 374.
(*>) Caziot, Note on tfie pairing of Pyramidula rotundata (MiUl.) witli Vilrea
lucida (Drap.). (Proc. Malacol. Soc. London, vol. V, 1902, p. 11.)
C) W. Lang, On the pairing of Limnaea pereger with PlanorM? corneus. (Proc.
Malacol. Soc London, vol. VII, 1907, p. 310.)
(S) G.\ssiÈs, loc. cit.
— 077 —
2. Pour le même Stenogjira decoUata el Hélix pisana, les
hybrides étant souvent scalaritbrines et étranges, usuellement
semblables à la mère (*) : cette particularité (la mère étant
Stenofiyra decoUata) confirme l'absence de fécondation réelle;
et cette ressemblance maternelle concorde avec ce qui est connu
dans d'autres groupes pour des hybrides bigénériques (-).
B. Hybrides de classes différentes : On peut choisir ici
encore des formes à type de segmentation différent; j'ai fait
ainsi des essais de fécondation artificielle d'ovules de Pholas
candida par du sperme de Patella vulgata (^). J>es œufs se
développèrent en se segmentant à la façon suivie chez la mère
(l*holas) et donnèrent des larves identiques à celles de Pholas
candida. A plus forte raison que chez les hybrides bigénériques
précédents, il n'y avait pas eu conjugaison.
(.. Hybrides d'embranchements différents : l.e développe-
ment d'œufs d'Oursin fSfr<m(iijlocentrotus) a pu être provoqué
par du sperme de Lamellibranche (Mijiilus) et de Chiton, mais
sans qu'il y ait fusion de deux pronuclei mâle et femelle {*) ; le
même résultat a été obtenu par du sperme de Gastropode
(Chlorostoma) sur des ovules de Sirom/iflocentrotns francis-
eanus (•') ; le sperme de Nassa fllfianassaj obsoleta a |)rovoqué
(*) Gassiès, ibid. — Taylok, A Monograpli, etc., vol. 1, p. 374. — Schaîiff, Notes
on a hybrid Rumina decollata. (Journ. of Conch., vol. II, 1879.)
(2) lilchinodermes : des hybrides bigénériques de genres qui se segmentent dirté-
remmenl (Echinus microlnbcrcidatus et Sphaerecidnu.s cjranularis) ont donné des
larves « hybrides >' à segmentation maternelle iBoveri, 1891). — Ampiiibiens : des
ovules de Pdodyles puncUitus ou de Bufo calamita, fécondés par du sperme de
Triton alpestris, se sont développés, la division n'aftectant que le pronucleus
femelle, comme dans une parthénogenèse (Bataillon, 1906).
(5) Pelseneeu, Kecherches sur l'einbrijoloyie des Gastropodes. (I-oc. cit., p. 78.)
{*) Kui'ELWiESER, Versuclie liber Evtwirkliingserregung und Membranbildung bei
Sceigeleiern durck Molluskensperma. (BiOL. Gentralbl., Bd XXVI, 1906, pp. 745-
748.')
(•■■) LoLii, The mechanistic Conception of Life. Cliicago, 1912, p. 198.
— 078 —
un début d'évolution (élimination des globules polaires) sur des
œufs de Némertien (Cerchratultis) (^) ; enfin, j'ai obtenu moi-
même la segmentation (conformément au type maternel) des
œufs de Pholas candida par l'action du sperme d'Annélide
(Iternu'Ua alveolata) (1918).
De tout ce qui précède, il résulte donc que l'iiérédité de
propriétés et caractères des deux parents n'est possible que
lorsque ceux-ci appartiennent à la même espèce (représentée
éventuellement par des variations on des races plus ou moins
dislaiites), et exceptionnellement quelquefois lorsqu'ils sont
de deux espèces très voisines l'une de l'autre (dont la dissocia-
tion n'est peut-être pas encore complètement réalisée : Hélix
nemoralis et //. horlensis, du même sous-genre Taehea d'une
part, et llelix planospirii et //. setipiUi, du même sous-genre
(Aiinpylaea d'autre part).
Enfin, dans ces seuls cas connus d'bybridation bispécifique
véritable, l'hérédité est mélangée et non mendélienne (p. 667).
7. — Influence de la durée et du milieu sur l'hérédité.
1" Durée. — L'intluence de la durée n'est pas négligeable
lorsqu'il s'agit de riiéritabilité ou de la non-liéritabilité d'une
variation.
Une variation est d'autant mieux fixée ou susceptible d'être
transmise et perpétuée qu'elle a été déterminée par l'intluence
d'une action exercée plus fréqueunnent ou pendant un temps
plus long, en d'autres termes, par l'infiuence d'une action qui,
dans l'évolution pbylogénétique, s'est fait sentir sur un [)lus
(1) Morse. Arteficial parthenogenesis and hybridization in the egçis of certain
invertebralcs. (Jouhn. Expek. Zooi,., vol. XIII, 191iJ, \k 471.)
— 071) —
grand nombre de générations. C'est ce qui a été reconnu
notamment au sujet des Mollusques suivants :
a) Ac/iatinella des îles Sandwich : La rapidité de l'évolution
y dépend de la rapidité de succession des générations (^).
b) IHanorbis multiformis : l'hérédité y progresse avec les
générations (« loi d'hérédité accélérée ») (^).
c) Pulmonés terrestres : La lixité d'un caractère y est simple-
ment proportionnelle à l'ancienneté de ce caractère, ancienneté
mesurée non par le temps, mais par le nombre de générations
pendant lesquelles il s'est transmis sans modifications (^).
d) Nudibranches (Eolis papillosa) : Des variations indivi-
duelles y peuvent devenir héréditaires après plusieurs géné-
rations (^).
e) (k'rion (jlans : 11 y a fixation héréditaire de caractères par
l'intluence de la durée, notamment par la multitude des géné-
rations successives ('').
/') lleiix hortensis et //. )U'moralis : L'hérédité, au cours des
générations, peut s'accroître (^).
(1) GuLicK, On Diversily m Evolution nnder one Set of externat Conditions.
(JOUKN. LiNN. Soc. LOJNDON [ZooL.J, vol. XI, 1873, p. 304.)
(2) Hyatt, TIw genesis of tlte tertiarij f^pecies of Planorbis at Sicinlieim. (Anniv,
Mem. Boston Soc. Nat. Hist., 1880, p. 27.)
(^) GouTAGNE, Redierches sur le polymorphisme des Mollusques de France. (Loc.
CIT., 1895, pp. 185 [et 170].)
(■'*) IIechi'. Contribution à l'étude des Nudibranches. (Mém. Soc. Zool. France,
t. VIII, 1896, |). U.)
(^) Plate, Die Variabililiit und die Artbildung nach deni Prinzip geoyraphisclier
Formenkettcn bei den Cerion Lundsclinecken der Bahama-lnseln. (Loc. cit., pp. 459
et 461.) — Voir tiussi, du même auteur. Die Mutalionstlieorie im Lichte zoologiscJier
Tatsache. (Comptes rendus du Vie CoiNGRès internat. Zool.. 1905, p. 207 : il y a
progression dans l'héréilité d'un caractère au cours des générations.)
(") Lang, ileber die Mcndelschen Gesetze, Art- und Varietàlenbildung, Mutation
und Variation, insbesondere bei unseren Hain- und Gartenschnecken. (Loc. cit.,
p. 252.)
— 080 —
g) Gastropodes sénestres : On a vu plus haut (p. 056) que la
variation sénestre, non héritable au début (lorsqu'elle apparaît
isolément), peut devenir héritable avec le temps.
Mais, d'autre part, cette puissance de l'hérédité peut aussi
(liminucr avec le temps, c'est-à-dire que l'hérédité d'un caiactère
n'est pas indéfinie, à cause des obstacles qu'elle rencontre, et
notamment dans l'action du milieu : autrement, on ne consta-
terait jamais de variation d'une génération à l'autre. Le temps
qui consolide l'hérédité dans son ensemble rend cette transmis-
sibilité moins parfaite dans les détails et le fait progressivement.
La constatation en a été faite notamment par l'étude des
variations chez les Hélix du sous-genre Tac/iea (H. Iiortoms,
ft. iicmoralisj où l'hérédité, au cours des générations, peut
s'accroître ou dhnimier (^).
Mais cette variation de l'hérédité (en plus ou en moins), au
cours des générations, n'est pas propre aux seuls Mollusques;
et, en dehors de leur groupe, bien d'autres exemples ont été
signalés où cette action de la durée s'exerce sur l'hérédité des
variations.
En résumé, la diu'ée de la vie individuelle a donc une influence
certaine sur la rapidité de l'évolution, c'est-à-dire sur la rapidité
de la « fixation » des variations. Les espèces à vie individuelle
très longue, à reproduction tardive et réalisée un petit nombre
de fois seulement pendant une longue période, ne sont proba-
blement pas susceptibles de variations aussi rapidement hérédi-
taires.
Au reste, ici comme ailleurs, il y a parallélisme entre l'espèce
et l'individu. Tout comme un individu peut s'adapter progres-
sivement à un changement important dans son milieu (voir
IV'' partie, p. 61:2), de même l'espèce entière ou une partie de
celle-ci, dans une région déterminée, est à chacjue génération
(•) Lang, Veber die Mendelschen Geseix-e, etc. (Loc. crr., p. 252.
081
nouvelle, par suite de l'aclion continue d'un facteur extérieur
dans une nième direction (^), de plus en plus adaptée au
milieu, par la constitution de ses cellules et de ses organes.
lL° Milieu. — On peut remarquer, dans l'iiérédité de certaines
variations, des changements en rapport avec un changement
dans les conditions de milieu. Des influences extérieures peuvent
ainsi contrecarrer notamment les règles uiendéliennes de l'iiéré-
dité; et de là on peut conclure que ce qu'on a appelé atï'aiblisse-
ment ou imperfection des ce dominantes » ou renforcement des
récessives sont peut-être la conséquence de cette influence de
l'environnement..
.1. Chez Parttila otaheitana, le phénomène s'observe tant
pour le caractère du sens de l'enroulement que pour celui de la
couleur de la coquille. C'est ainsi que des individus de cette
espèce ovipare et amphidrome provenaient de quatre vallées
différentes successives; de la première vallée à la dernière :
a) Le nombre d'embryons sénestres va en diminuant forte-
ment, leur proportion étant successivement 100 °/o, 78 7o»
o5.5 7„et0%n.
h) Le nombre d'embryons plus clairs que le parent va en
décroissant rapidement de 88.7 % à 41 "/,, ('), tandis que la
proportion d'embryons plus colorés que le parent va en croissant
de M.8%à58.8 7, {').
(1) OuTMANN, Science, vol. XXVII, 1908, p. 546 : « Heredilary variations aie only
to be expecled if Uie variation of environment keep.'^ on in the .saine direction, tljat
is to say where il ceases to be a fluctuation and to become a mutation » (dans le
sens de Waagen, tîon de De Vries).
{-) Mayeu, Some Species o/Partula of Tahiti. (Loc. cit., p. ["li et tableau p. 133.)
(•■>) Mayeh, loc. cit., p. 133.
(*) Ibid., p. 131
— 08-2 —
/>. Cliez LuiDiuea nieyasomu, l'hérédilé de la forme à spire
allongée est supprimée quand cette tbriiie est remise dans les
conditions naturelles en liberté (^).
C. Chez Linuiaea <.(- profunda » (variation abyssale de L. pcrc-
(jra), lors({ue des pontes de la profondeur sont élevées en milieu
c( littoral » favorable, elles donnent des individus de la forme
pereijra ; au contraire, en milieu défavorable (basse température,
bnnière faible, etc.), la descendance montre la forme fordi de
la variation profunda (-).
/>. Action égale du milieu sur les éléments reproducteurs
(germinaux) et sur les éléments du reste du corps (somatiques).
11 n'est pas d'une giande importance pour la recherche des fac-
teurs de l'évolution, de savoir s'il y 'à variation directe, simul-
tanée et indépendante (« induction parallèle ») sur le germen et
le soma, ou bien s'il y a variation sur le soma d'abord, puis
indirectement, par l'intermédiaire de celui-ci, sur les éléments
germinaux. Mais il est très vraisemblable que le phénomène
peut se réaliser par les deux voies.
a) Intluence directe : L'influence du milieu s'exerce surtout
sur les organes externes; et l'on a vu (pp. iOT et suiv.) que c'est
parmi ceux-ci que se trouvent les organes les plus variables. Or
les éléments germinaux (gonades ou organes reproducteurs) ne
sont pas toujours cachés « au centre de l'organisme », internes
et abrités, et par là moins accessibles et trop peu exposés pour
être susceptibles de recevoir du milieu ambiant aucune modifi-
cation directe.
On jjeiit citer, en effet, divers exemples de Mollus(pies à
(*) WiUTFiELu, Description of I.ymnaea (Bulimnaeai megasoma, Say, etc. (Loc.
CIT., p. 34. j
(■^) lîdszKowsKY. Contribution à l'élude des Liinnces du lac Léman. (IIev. slisse
DE /oui.., L XXU, 1914, p. ;rl8.)
— 683 —
gonades superficielles, no laminent dans les Lamellibranches :
Clavaijella a l'ovaire partiellement dorsal et superficiel; Saxi-
cava présente la gonade (mâle ou femelle) recouvrant même
dorsalement le péricarde; l)eaucou|) d'autres ont la gonade
superficielle et ventrale, dans la masse saillante (Pecten herma-
phrodite), et même dans des saillies plus ou moins ramifiées de
la masse viscérale dans la cavité palléale (donc dans le milieu
extérieur) : Montaciita , Axinus, Lucinidae divers.
Et si l'action évolutive de l'environnement ne s'exerçait utile-
ment que sur le germen seulement, ces Cormes ainsi organisées
seraient plus sensibles que les autres à l'action des agents exté-
rieurs, ce qui n'est pas le cas.
Au surplus, d'une façon générale, les organes génitaux super-
ficiels ou profonds, leur structure et leur fonctionnement
montrent, aussi bien que les autres oi'ganes, (pi'ils subissent
l'influence des conditions extérieures.
1 . Dans les espèces intercotidales, la glande génitale renferme
des œufs moins nombreux et beaucoup plus gros que dans les
espèces voisines vivant sous le niveau de la mer basse : par
exemple chez (lenia eocksi, où ils sont de 25 à 30 fois plus volu-
mineux que chez Hermaea bi/ida (^).
2. Des genres marins ovipares deviennent vivipares dans les
régions subpolaires et abyssales (IV* partie, p. 5^21).
3. Des espèces parasites acquièrent aussi ce régime vivipare
[Enteroxenos , ceriSLins Lepton, etc.).
4. Les larves parasites de Anodonta sont pondues vivantes.
5. Chez divers Pulmonés terrestres, on a trouvé « l'appareil
sexuel si sensible en général aux influences du milieu (^) ■ .
(') Fei.seneer, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (I^oc. cit., 19H,
|.. 71, pi. XXII, iig.'à.)
(*) CoLTAGNK, Recherches sur le polymorphisme chez les Mollusques de France.
(i.oc. CIT., [1. 126.) .<*<\T 1
3>^OS Hz
.-V>
— (Î84 —
Dans ces diverses modifications, il est impossible de dire, à
priori, si c'est directement ou indirectement que les éléments
germinaux ont été influencés. Mais il y a des exemples où
l'influence indirecte, par l'intermédiaire des éléments soma-
ti(pies, est indéniable.
h) Influence indirecte : L'hérédité de caractères larvaires est
une preuve de la transmissibilité de variations acquises par
réaction des éléments somatiques sur les éléments germinaux.
Divers appareils (tels que le vélum) sont des organes acquis
secondairement, sous l'influence des conditions du milieu, poi-
danl la vie larvaire, à la durée de laquelle leur existence est
limitée.
Or, au mouient oii ces appareils disparaissent, les éléments
reproducteurs ne sont, non seulement pas encore fonctionnels,
uiais même bien souvent, pas encore différenciés. Et (juand
ces éléments reproducteurs sont formés, les causes propres
à la vie larvaire qui ont engendré ces caractères larvaires,
ont cessé d'agir. Les cellules germinales (qui transmettent
le caractère à la descendance) n'ont donc pu être influencées
directement.
Le simple bon sens indique d'ailleurs que la fécondation ne
peut agir comme cause efficace de variation, qu'à la condition
que les parents (c'est-à-dire leurs éléments somati(jues) soienl
déjà eux-mêmes variés.
Il est difficile, dans l'état actuel de nos connaissances, de
décider dans un grand nombre de cas si une variation a son
origine dans la modification des éléments germinaux ou dans
celle des éléments somatiques. Mais s'il est certain que toutes
les cellules dérivant d'un même œuf, au moment oii elles se
constituent, ont des propriétés héréditaires senddables, il est
certain aussi que dans la suite elles peuvent se différencier sous
l'influence des facteurs extérieurs ou des cellules voisines. Il est
également certain (jue les cellules germinales subissent directe-
— f)85 —
ment on indireelemenl ces intluences, et que dans hien des cas
elles sont modifiées indirectement par l'intermédiaire des élé-
ments somatiques, préalablement modifiés par le milieu.
On pourrait donc donner comme conclusion à ce chapitre
celle qu'exprimait en 1906 Montgomery : « Our conclusion is
that variation, progressive or régressive, and also mutation, in
tact any inherited modification of the race, is instituted by sti-
mulus of tlie environment, by a change not appearing tirst within
the germ plasm (^) ».
II. — Hérédité de variations acquises.
La question qui se pose n'est pas de savoir si les variations
acquises sont héréditaires ou non; elle est moins simple et en
même temps plus précise : Il s'agit de savoir quelles sont
les variations acquises qui sont héréditaires, et quand elles
leso nt.
Ce qui se transmet à l'œuf, et par lui au descendant, ce sont
des propriétés ; et les caractères (les variations étant des carac-
tères nouveaux) ne sont en somme que la manifestation de ces
propriétés de l'œuf. Mais tout fonctionnement suffisamment
prolongé laisse une trace (propriétés et caractères) dans l'orga-
nisme, dans tout l'organisme, y compris éventuellement les
éléments reproducteurs ; puis, de ceux-ci, propriétés et carac-
tères passant à la descendance, des acquisitions nouvelles peuvent
devenir héréditaires.
A priori déjà, on peut dire que des variations acquises sont
héritables; car :
D'une part, beaucoup de variations faibles ou continues sont
héritables (p. ()52) ;
(<) Montgomery, The Analysis of Racial Descmt in Animais. New-York, 1906,
|). 146. )
— (18(1 —
D'autre part, la généralité des variations faibles ou continues
sont dues à l'action du milieu (IV* partie, |>p. i79 et suiv.),
c'est-à-dire « acquises ».
(]ette hérédité de variations acquises n'est pas toujours aisée
à démontrer par une expérience, à cause du temps prolongé que
nécessite souvent la fixation d'une propriété nouvelle. Mais à
défaut de démonstrations expérimentales nombreuses, on peut en
trouver des preuves par l'observation, dans le développement
individuel, et outre ces dernières, dans le développement j)hylo-
génétique des divers groupes. Et les données morphologiques
fournissant ce dernier ordre de preuves suffiraient, par voie
indirecte, pour imposer l'adoption de la transmissibilité de
variations acquises, si même il n'y en avait pas de vérifications
expérimentales satisfaisantes sur des variations actuelles.
Partisans et adversaires de l'hérédité des variations acquises
ont discuté bien des fois certains cas de caractères acquis héré-
ditaires; mais ce sont presque toujours les mêmes exemples qui
reviennent dans ces débats ; et parmi eux, il n'en est pour ainsi
dire jamais qui se rapportent aux Mollusques.
J'apporte donc ici, pour les verser à la discussion, les
exemples relatifs à leur groupe, que l'on peut donner à l'appui
de cette héritabilité.
Mais auparavant je dois encore faire remarquer que varia-
tions congénitales et variations acquises ne sont pas exactement
opposées les unes aux autres ; et que, notamment, variations
acquises comprend davantage que « variations non congéni-
tales », car un certain nombre au moins des variations congé-
nitales (ou prénatales) sont aussi acquises, c'est-à-dire engen-
drées par des causes extérieures (voir VP partie, III). Et d'autre
part, si une variation anciennement héréditaire apparaît usuel-
lement de bonne heure, d'une façon précoce, la réciproque n'est
pas vraie ; et un caractère précoce (congénital ou prénatal) n'est
pas nécessairement héréditaire, comme le veulent les adversaires
de l'hérédité des variations acquises.
— ()87 —
1. — Variations acquises héréditaires et variations acquises
non héréditaires chez les Mollusques.
\° Variations héréditaires. — Paiini les exemples suivants,
on remarquera une série de propriétés et de caractères dont la
constitution ou la disparition ne sont nullenient provoquées par
les conditions présentes du développement. En d'autres termes,
il y a des caractères d'adaptation à un facteur extérieur, acquis
jadis à l'un ou l'autre moment de l'existence individuelle, qui
réapparaissent sous forme de caractères emhrj/onnaires chez des
descendants qui ne sont plus soumis à l'action de ce facteur. La
transformation de ce premier caractère en ce second ne peut
avoir été obtenue que par voie héréditaire. Une multitude de
phénomènes embryonnaires s'expliquent facilement par l'héré-
dité de caractères acquis et sont inexplicables sans elle. C'est
le cas pour bien des organes rudimentaires.
A. Vélum : Certains Mollusques lluviatUes montrent, dans
leur développement, le stade veliger des formes se développant
en mer, dans un vaste espace aquatique; exemple parmi les
Lamellibranches : Dreissensia polymorplia. Or le vélum est une
acquisition larvaire (cercle cilié [céphalotroque] devenu saillant).
Et la même chose s'observe pour les Mollusques se développant
entièrement dans la coque de l'œuf et éclosant sous la forme
adulte : Neritina (ovipare), Melania (vivipare), les Pulmonés
fluviatiles [Limnaea, etc.) et, parmi les Gastropodes marins :
Purpura lapillus, Littorina rudis (vivipare) , Odostomia ris-
soides, etc. ; le vélum acquis s'y est conservé héréditairement
(comme les ébauches fœtales du placenta, qui réapparaissent
dans le développement in vitro : Brachet) ; de même encore, les
ISucîda incubés conservent leur vélum (test) (^).
B. Parasitisme : C'est une variation acquise qui fait que les
larves d'espèce parasite ne peuvent achever leur développement
(1) Drew, The Life Historij of Nucula delphinodonla {Mighels). (Qlakt. Jouun.
MicK. Soi., vol. XLIV, p. 382!)
— ()88 —
ailleurs que dans ou sur leur hôte normal : larves parasites
«rUnionidae, larves de Gastropodes Gymnoglosses (Eulimidae,
Entoconcfia).
C. Organe apical larvaire : Cet appareil du veliger est une
autre acquisition larvaire, conservée comme le vélum, dans les
formes à développement 'mivucSipsuh'irefBuccinum undalum) (^).
D. Crochets des larves « gtocliidium » : Ces appareils de
fixation ont été acquis secondairement par les larves d'Unionidae
devenues parasites; ces crochets apparaissent héréditairement
«lans le développement avant que la larve se tixe. Cette forme
larvaire (jlocliidium est héréditairement conservée dans les
(piehfues Najades (]ui ont secondairement perdu le parasitisme
larvaire : Stropliitus cdcntulus, Anodonla imhecillis {^).
E. Absence héréditaire de radula dans les parasites : La radula
est un organe très archaïque dans les Mollusques. Secondai-
rement, un certain nombre d'entre eux l'ont perdue, notamment
les parasites. Cette perte ou gymnoglossie est une variation
acquise sous l'influence du facteur extérieur : régiuie parasitaire.
Or ce caractère est hérité ; et alors que dans tous les Mollusques
à radule, cet appareil se constitue très tôt, chez tous les parasites
dont le développement est connu (Odostomia, Kntoconcha,
Enteroxenos), aucune trace ne s'en montre plus.
F. Un certain nombre de Gastropodes, soit par adaptation à
la vie terrestre (Pulmonés), soit par adaptation à la vie pélagique
(Thécosomes droits : Cavolinia, (Uio, etc.), ont perdu le cteni-
diuui originel des Mollusques; et l'examen de leur développe-
ment montre qu'aucune trace de branchie cténidiale ne se
conserve chez eux, même sous forme de rudiment ; la disparition
acquise du ctenidium y est donc héritée.
(*) ?E\.SEKEF.R, Recherches sur l'embryolof/ie de^Gastropodes.{Loc.cvr.,i9ii,\)AQ.)
(*) Lefkvke and Curtis, Metamorphosis ivilhovt parasitism in the Unionidae.
(Science, n. s., vol. XXXIII, 1911, p. 863.) — Howard, A second case ol nietamor-
pkosis without parasitùm in the Unionidae. (Ibid., vol. XL, 1914, p. 353.)
— 089 —
(i. Coquille larvaire supplénienlaiie de Lumellaria : Cette
première coquille larvaire, caduque, non homologue à celle des
autres Mollusques, est une acquisition en rapport avec la
longueur de la vie larvaire libre; elle apparaît héréditairement,
bien avant l'éclosion de la larve des Lameilaria (^).
//. Yeux larvaires (branchiaux) desLamellibranches: Quelques
t'amilles de cette classe possèdent des yeux larvaires, acquis au
cours du développement libre (Mytilus, Avicula, Arca, Ano-
mia, etc.). Ces organes manquent, en effet, à tout âge dans les
plus anciens des Lamellibranches : les Nuculidae. Or, ils sont
conservés à l'état adulte, donc fixés héréditairement, chez
plusieurs d'entre eux, malgré une coquille épaisse qui les
recouvre [Arca, Mijtilus, etc.), ou des deux côtés, à l'état
larvaire, disparaissant chez l'adulte, du côlé de la fixation
[Aïionùa, Melcagrina) (p. 524).
t. Incapacité de vivre dans l'eau salée normale : Certains
Mollusques d'origine marine récente, confinés dans des eaux plus
ou moins saumàtres ou immigrés dans l'eau douce, sont
devenus incapables de vivre encore dans l'eau salée normale :
a) Dieissensia polipuorplia (originaire de la mer pliocène
aralo-caspienne), immigré dans l'eau douce.
h) Des Littorina tropicaux continés dans les eaux plus ou
moins saumàtres (^).
Ces formes ont constitué ainsi des espèces au moins « physio-
logiques » d'abord; et si la comparaison en était possible avec
leurs ancêtres immédiats éteints, à défaut de différence morpho-
logique dans les coquilles, des différences morphologiques
d'organisation ne seraient nullement improbables.
(1) Pelseneer, loc. cit., pp. 24 et 2S.
(*) GiHBONS, Variation in tropical Littorina. (Journ. of Conch., vol. I, 1874,
p. 339.)
U
cm
J . Dissimilitude des valves : Les Ostreu sont caractérisés non
seulement par l'inégalité de leurs deux valves, mais encore par
leur dissimilitude structurale : la valve gauche (attachée ou
« inférieure ») est sans couche prismatique déjà chez le jeune;
cette particularité est acquise par suite des conditions mécaniques
extérieures de la fixation directe par la substance même de la
co(|uille; et la valve fixée étant ainsi la valve modifiée, ce it is a
case of inlierited or ac(|uired characteristics (^) ».
K. Sinus byssal : Les Lauiellihranches hyssogènes sont ori-
ginairement symétriques [Arca, etc.); mais de nombreuses
formes en sont couchées sur un côté et alors la valve inférieure
est échancrée par un « sinus byssal >>. Tels sont nolammenl la
i^énéralité des Pectinidae et des organismes voisins.
Ce sinus est donc une variation acquise par suite de la fixation
sur un côté et engendrée mécaniquement par la pression du
byssus. Or, cette variation acquise est héréditaire : elle apparaît,
en effet, au stade libre, dans de très jeunes individus, avanl la
fixation par le Inissus, donc sans être engendrée mécani(|uement
par ce dernier, comme à l'origine.
La preuve s'en trouve dans le genre Pecten : les Pectcn ont
le sinus byssal constitué dès le début de la dissoconque (-), alors
qu'ils ne sont pas fixés aussitôt, et bien avant la tin (k' la vie
libre. P. irradians en est un exemple bien net, montrant que
ces formes passent, après la « prodissoconque » et depuis la
constitution de la dissoconque, par trois phases biologi(pies
distinctes successives :
a) Phase de rej)tation ;
//) Période byssale ;
(■) Période natatrice.
(1) Jackson, Phylogeny of the Pclecypoda ; the Aviculacea and their Allies. (Mem.
Boston Soc. Nat. Mist., vol. IV, 1890, p. 318.)
(«) Jackson, loc. cit., \i. 336, pi. X.WIU, tig. 10.
— 691
Or, on voit déjà sur la dissoconque très jeune, encore lisse, un
sinus byssal dès la fin de la prodissoconque (fig.!28i , 1, s. b.) (^).
1 X 5 0 -nny
H y^jtOfW
FiG. 281, 1.— Jeune P ecl en ir radians, stade népionique précoce, encore lisse, vu du
côté droit, x SO, montrant le sinus byssal commençant avec le stade initial de la
dissoconque. ^, valve gauche; s. b, sinus byssal; pr, prodissoconque; d'après
Jackson. — FiG. SSI, II. — Jeune Pecten irradians, plus âgé (|ue le précédent,
montrant déjà le commencement des côtes rayonnantes, x 40, vu du côté droit;
d'après Jackson. — Fig. 281, III. — Jeune Pecten irradians, plus âgé que le pré-
cédent, avec côtes rayonnantes bien développées, X 16, vu du côté gauche, les
tentacules du lobe droit n'étant pas représentés, o, œil ; p, pied ; pa, manteau ;
5. n, stade népionique précoce tout à fait lisse (correspondant à la tig. 281, I);
d'après Jackson.
Et les côtes rayonnantes de la coquille apparaissent elles-mêmes
au cours de la croissance, au bord des valves (fig. 281, II)
(*) Bernard, Recherches ontogéniques et morphologiques sur la coquille des Lamel-
libranches. (Ann. Soi. xat. [Zool.J, 8^ série, t. VIII, 1898, p. 132 [P. opercularis,
P. varius, P. maxinius].)
— 69^2 —
agrandies, longtemps avant la fixation par le byssus; et
(juand la croissance est telle que la dissoconque lisse ne
forme plus relativement qu'une très minime partie de la
surface (tig. 281, III). la phase libre (reptatrice) n'est pas
encore terminée. C'est-à-dire que la fixation par le byssus ne
se fait que longtemps après que le sinus byssal de la coquille
s'est constitué (^).
Mais il y a plus : il existe des formes, voisines de Pecten, qui
sont fixées non j)ar le byssus, mais par la substance même de la
valve inférieure. Ainsi en est-il, par exemple, pour les Spondijlus,
qui ont perdu le byssus.
Or l'observation des jeunes iniHvidus de ce genre montre (pie
S. asjten'hnus présente dès la phase initiale de la dissoconque.un
sinus hijssal à la valve droite (^); il en est pareillement pour
S. croceus, S.variei/atus, S. ducaiis, S. varius ('); et de même
aussi pour S. yaederopus, où la jeune dissoconcpie et l'adulte
fixé montrent éi>'alement un stade Pecten avec sinus bvssal à la
valve droite (^).
L. Sillon de la glande byssogène : Chez les Pecte)i, Lamel-
libranches asymétriques, ce sillon sur le pied est asymétrique :
oblique, à partie dorsale (postérieure ou en bas dans la position
physiologique) déviée vers la droite; c'est là une asymétrie
acquise par la fixation sur le côté droit. Des espèces (pii ne
filent plus de byssus à l'état adulte ont encoie cet orifice
allongé de la glande byssogène, oblique et asymétri(|ue.
(1) Il en est ainsi dans les diverses espèces dont les jeunes stades ont été
observés : P. glaber montre déjà, dès la fin de la vie larvaire, un large sinus byssal.
(Odhner, Beitràge zur Kenntniss der marinen Molluskenfavna von Roviqno in
Istrien. [ZooL. Anz., Bd XLIV, 1914, p. 159].)
(*) Jackson, loc. cit., pi. XXVII, tit^-. 4.
(3) Ibid., 1890, p. 351.
(*) Bernard, Troisième note sur le développement et la morphologie de la coquille
chez les Lamellibranches (Anisomy aires). (Bull. Soc. géol. France, 3« série,
t. XXIV, 1896, p. 441.)
— 098 —
dévié vers la droile; par exemple : l\ tenuiscostatus (^), P. in-
(k.i'us (■'), etc.
M. Asymétrie des deux l'oies : C'est un caractère éminemment
gastropodien, acijuis au cours de l'évolution pliylétique, avec la
torsion du corps. Mais divers Nud-ibranches redevenus secon-
dairement symétriques, ont réacquis une symétrie secondaire de
certains organes internes, et notamment des deux foies : Lima-
pontia (^), dénia (^). Or, dans le développement, l'asymétrie des
l'oies est conservée et, au début de l'ontogénie, ces organes sont
très inégaux ("') : ce caractère acquis est donc conservé hérédi-
tairement.
N. Ornementation secondaire de la coquille : Des Mollusques
teslacés, lorsqu'ils sont étroitement accolés à une surface acci-
dentée (autre Mollusque à coquille ornementée), en reproduisent
le relief sur leur propre co({uille; divers Gastropodes (voir
IV'' partie, p. 585), Lamellibranches, et parmi ces derniers,
Anomia (p. 585).
Anomia se fixe dès son plus jeune âge. Quand il le fait sur
un autre Lamellibranclie à coquille pourvue de côtes, tel que
Pi'cteu, sa valve inférieure, à mesure de sa croissance, s'applique
étroitement sur le substratum en en épousant ainsi tout à fait le
relief : le bord libre de cette valve est donc sinueux ou en ligne
brisée. Aussi la fermeture efficace de cet Anomia n'esl-elle
assurée que par le développement du bord de la valve supérieure
(*) Drew, Tke Habits, Anaiomy, and Emhryology of the Giant Scallop (Pecten
tenuicostalus Mighels). (Univ. of Maine Stud., n» 6, 1906, pi. IV, iig. 8.)
(') Pelsenedr, Les Lamellibranches de l'Expédition du Siboga (partie anatomique),
19H, pi. XII, fig. 3.)
(5) Vayssière, Recherches zoologiques et anatomiques sur les Mollusques Opisiho-
branches du golfe de Marseille. II. (Mém. Mus. Marseille, t. III, 1888, p. 445.)
(*) Pelseneer, Recherches sur l'embryologie des Gastrjpodes. (I^oc. cit., )). 73.)
(^) Pelseneer, ibid.
— GUi —
identique ;i celui de la valve inférieure. De sorte qu'au cours de
la croissance, les deux valves (l'inférieure d'une façon immé-
diate, l'autre par l'interuiédiaire de la précédente) reproduisent
exactement le relief de ce substratum, c'est à-dire les côtes du
Pccten .
Or il a élé rencontré des Aiioniia, fixés sur des rochers lisses,
et montrant cependant sur leur coquille, une ornementation
pectiniforuie, comme les individus fixés sur des Pccten. Et l'on
sait (jue les Aiiomia ne se déplacent pas. La disposition pré-
sentée n'étant pas déterminée par le support actuel, ne peut
donc avoir été causée que par l'hérédité (^).
O. Coloration de la valve inférieure : Dans certains Pecti-
nidae, la valve inférieure (droite) est différennnent colorée, par-
fois incolore (IV" partie, j». 5:28). Cette particularité, consé-
(pience du plus faible éclairage, est devenue réi;ulièrement
héréditaire dès les premiers stades (nageurs) dans divers .1/////S-
s'uDii : A. plciuvnectes, A. japouicum, etc., tout counne chez les
Poissons IMeuronectes, oii, counne on sait, cette particularité ne
(Hsparait pas (juand la face inférieure est éclairée (Cunnin-
gham, 1<S93].
P. Asyuiétrie : In certain nombre de Lamellibranches, par
suite de la fixation sur le côté, sont devenus asymétritjues;
cette asymétrie secondaire, acquise, porte sur de multiples
organes : cocpiille, uiusdes du byssus, adducteur, rectum, sinus
byssal, etc. Or elle est héréditaire avant la fixation, c'est-à-dire
qu'elle apparaît déjà dans les stades jeinies encore libres^
donc quand la cause déterminante n'existe pas encore ou en
l'absence de l'excitation qui a été la cause première de l'asymé-
trie ac([uise
(*) Labbé, La Thigmomorphose et la variation lente dans le genre Anomia. (Bui.i.
Soc. Soi. Ouest France [Nantes], 3'" série, t. H, 1913, p. xliv.)
Ainsi cette asymétrie est liéritée dès le début du stade disso-
conque, qui est déj;i iiiéquivalve avant la fixation, chez :
a) Oslreii : O. cdulis ('), (J. rirginiamt {'), (). Ihihclhila (^).
b) Avicula staminnoisis (*),
r) PlaciDianomia paleUij'onnis (•').
d) Pecten : P. irradiiuis (*'), bien avant Tapparition des côtes
rayonnantes, c'est-à-dire bien avant la fixation et l'asymétrie
(voir %. -281 11, p. 691).
e) Anomiii cphippiuin, dont la larve velii;er possède déjà
l'asymétrie marquée par le sinus byssal de la valve droite (future
valve fixée) (').
O. D'ailleurs, les ori;anes rudimentaires, en général, ne sont
pas seulement une preuve que de nombreuses variations sont
lentes à s'établir (voir HP partie, p. 412, et IV" partie, p. (113),
mais en même temps une preuve de l'bérilabilité de semblables
variations, c'est-à-dire une preuve que des variations ac({uises
sont transmissibles.
En effet, la riidimentation ne se fait pas brusquement d'une
génération à une autre ; mais elle a lieu lentement et progres-
sivement. Cette rudimenlation est une acquisition; c'est une
variation acquise sous l'influence d'un facteur (bi milieu; et
cette variation acquise peut être héréditaire, puisque l'organe
(*) HoRST, De Ontwikkelingsgeschiedenis van den Oester (Ustrea eclulis />.).
(Tydschr. Ned. Diehk. Veueea., Suppl. Deel 1, 1884, pi. XVIII, tig. 36.)
{-) Jackson, The Phylocjeny oftlie Peleeypoda. (Loc. cit., p. 312.)
(*) Bernard. Troisième note sur le développement et la morphologie de la coquille
des Lamellibranches. (Loc. cit., t. 1, 1896, p. 447, fig. 45 et 447.)
(^) Bernard, ibid., p. 4'i7.
(«) Ibid., p. 443.
(c) Jackson, loc. cit., pi. XXVIIl, iig. 10.
(') Morse, Remarks on the Relations o/Anoraia. (Proc. Boston Soc. Nat. Hist.,
vol. XIV, 1874, p. 153, tig. 1 et 2.) — Pelseneer, Les Lamellibranches de l'Expé-
dition du Siboga (partie anatomique), 1911, pi. IV, fig. 3.
— 61)6 —
ne réapparaît pas si les conditions radinienlanles ont disparu.
Cette irréversibilité est une preuve de la fixité (c'est-à-dire de
l'hérédité) de ces caractères acquis. Or, de cette hérédité dans
l'acquisition de la rudiuientalion, on peut conclure à l'hérédité
dans l'acquisition d'ini développement progressif d'organe.
L'édification d'un organe est due à l'apparition d'un fonction-
nement nouveau, c'est-à-dire à une réaction de l'organe contre
le stimulus des conditions extérieures (automorphisme). L'or-
gane apparaissant insensiblement est héréditaire, connue sont
héréditaires les organes se rudimentant insensiblement, chacun
d'eux avec les nouveaux caractères (ju'il ac(|uiert en modifiant
son usage, en plus ou en moins.
Au surplus, un certain noml)re d'auteurs qui ont étudié les
Mollusques, ont en même temps examiné cette ([uestion de la
transmissibilité héréditaire des modifications acquises; et l'on
peut remarquer ([u'ils ont conclu à l'hérédité de diverses varia-
tions acquises, par exemple à propos des formes suivantes :
IHunorhis multiformis, où l'on voit l'apparition héréditaire
de caractères acquis (^) ;
Oslrea, dont la motHficalion de la valve gauche (attachée) est
une caractéristique acquise héréditaire (^) ;
Mollusques en général (•^) ;
Céphalopodes (Loligo pcaleij, oîi une variation fréquente dans
la segmentation de l'œuf peut être héréditaire (') ;
Pulmonés : Quand les circonstances produisant certaines
variations sont de caractère permanent et affectent la masse des
(*) Hyatt, The yenesis of the tertiarij species of Planorbis at Steinheiin. (A.nniv.
Mem. Boston Soc. Nat. Hist., 1880, p. '11.)
(2) .Iackson, The Phylogeni/ of the Pdecypoda. (Loc. cit., 1889, p. 318.)
(^) Dall, Dyn amie influence in Evolution. Washington, 1890.
{*) VVatase, Stndies on Cephalopodx. I. Cleavage of llie Ovum. (Journ. of Mokph.,
vol. IV, pp. 291 et 294 [« since the eggs from the same animal show siniilar varia
tien in cleavage, such a lendency to vary may become hereclitary »],)
(>97
individus d'une espèce de tout un district, la l'orme modifiée
devient héréditaire et constitue une sous-espèce, variété géogra-
phique ou race (^) ;
Voluta : Les espèces argentines « présentent des variations
provenant du genre de vie » (donc acquises) « et devenues héré-
ditaires (^) )) ;
Najades : « ïhat variations are produced hy tlie surrounding
conditions, and that Ihese variations uiay be transmitted (^) » ;
Nudibranches Eolh papiUosa), où « les jeunes issus d'indi-
vidus en état de variation naissent avec des variations hérédi-
taires » par suite « des conditions spéciales d'habitat et surtout
d'alimentation venant à se réaliser pour plusieurs générations
successives (^) » ;
Partuia, où « the constitutions and inlierited tendencies of
the snails of any given valley are quite différent from those of
the snails of any other valley (■') » ;
Pecten : « Expérimental work has also proved the inheri lance
of thèse environmental induced changes (*^) » ;
(]hitonidae et Pulmonés (~) ;
(1) Taylor, a Monoyrapk of the Land and Freshwater MoUusca of the British
Mes, vol. I, 1894, p. m.)
(*) Lahille, Contribucion al Estudio de las Volutas argentinas. (Rev. Mus. Plata,
i. II, 1895, p. 34.)
(3) Orïmann, On Séparation, ant Us bearing on Geology and Zoogeoyraphtj . (Amer.
JouRN. OF Sci., 4e série, vol. iV, 1896, \). 69.)
(*) Hecht, Contribution à l'étude des iSudibr anches. (Mém. Soc. Zool. France,
t. VIll, 1896, p. -24.)
{^') Mayer, Some species of Parlula of Tahiti. A Studîj in Variation. (Loc. cit.,
190-2, p. 123.)
(••) Davenport, Quantitative Studies in the Evolution of Pecten. Coniparison of
Pecten opercularis fro)n ihree localities of British Isles. (Proc. Amer. Acal». Arts
AND Sci., vol. XXXIX, 1903, p. 145.)
(') Pi>ATE, Ueber die Bedeutung des Dartvin'schen Selectionspnncips und Problem
der Artbildung. Leipzig, 1903, p. 145 : « Dass somatogene Eig-enschaiïen erblich
sein kônnen » ; et spécialement Cerion : Die Variabilitât und die Artbildung nach
dem Prinzip geographischer Fornienketten bei den Cerion Landschnecken der
Bahamas-lnseln. (Arch. f. Râssen- und Gesellsch. Biol., Bd IV, 1907, pp. 458 et
459.)
— 098 —
Lameliil)i'anches (adtl acteurs) : « Les dispositions anato-
luiqiies permettant les nioiivenients de bascule des valves se sont
réalisées peu à peu par les efforts des Mollusques dirigés dans
des sens déterminés et ensuite transmises par hérédité (M » ;
Hélix (') ;
Gastropodes (vélum) (•') ;
Partiila, dans les nouvelles variations desquels : « tlieir
young prove tlie fixity of tlieir newly acquired characters, in the
mnjority ol* cases ("*) ».
^" Vahiatio.ns non héréditaires. — D'autre part, diverses varia-
tions ac([uises par la co([uille (Gastropodes) ne se sont pas révé-
lées héréditaires expérimentalement :
À . Variation accpiise sous l'influence (hi milieu confiné :
Allongement et étroitesse des premiers tours de spire chez
L'nnnacu inetjdsoma: cette variation disparaît dans les individus
provenant de ponte de parents « variés « de la première géné-
ration, lemise et éclose dans les conditions normales (■').
H. Variations acquises par l'influence (hi milieu « al)yssal » :
a) Limnaca abijssicola (variation de L. lacustvis), dont une ponte
mise en aquarium dans des conditions k littorales » manifeste
une tendance très mar(|uée à retourner au type dès la première
génération (p, 6i'2) .
(1) Mauceaux, Recherches sur la morphologie, l'histologie et la physiologie com-
parée des muscles addncleiirs des Mollusques acéphales. (Arch. Zool. expék., ^e série,
t. II, 1909, p. 462.)
(*) Lang, Veber Vererbungsversucke. (Verh. deutsch. Zool. Gesei.lsch., 1909.)
(^) Pelseneer. Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (I.oc. cit., 1911,
p. 142.)
(*) Crami'TON, The Principles of Geographical Distribution us illustrated by Snails
of the genus Parlula inliabiting Southeastern Polynesia. (Verh. VII intern. Zool.
KoNGR., 1912, p. 648.)
(•'■) VVhitfield, Description of Limnaea (Bulininaea) megasoma, Say, etc. (Loc.
CIT., p. 34.)
— ()99 —
/>) L. proj'unda (variation de L. peregra), dont une ponle,
mise en milieu littoral, donne aussi une nouvelle génération de
la forme peregra lovata) ('
C Variation acquise sous l'intluence probable d'une action
mécanique : La variation brusque scalarifbrme de Plunorbis
coïnplanatxs n'a jamais été reconnue liéréditaire (p. im).
H' Mais il n'y a pas, pour les variations acquises, de sépara-
tion brusque entre l'héritabilité parfaite et la non-hérédité
absolue et complète. (]ar on rencontre des stades intermédiaires
entre ces deux états.
Ainsi, dans des variations d'autres espèces de Limnaea, on a
constaté que le retour au type originel n'est pas hnisque, ne se
fait (|ue progressivement et demande plusieurs années ou géné-
rations successives, mar(puuit ainsi une hérédité maintenue d'une
façon relative.
a) Limnaea involuta : Après plusieurs générations en capti-
vité, la spire renti'ante de la forme « involuta » s'est effacée, et
la forme peregra a réapparu (-).
(1) lioszKowsKY, Contribution à l'étude des Limnécs du lac Léman, (t.oc. cit.,
(.p. 493 et 517.)
(-) More, Limnaea involuta prohably a varietij of Limnaea peregra. (Zoologist,
1889, p. 154.) — Williams {Zoologist, 1889, p. 235) n'accepte pas cette idenlitication
et tient L. involuta pour une « espèce » alpine. La forme en question a d'ailleurs
'Hé rencontrée en diverses stations, en dehors de l'originale : Asliburton (Phillips,
Limnaea involuta in Countij Cork [luisH Natuualist, vol. XVllI, 1910]); Barley Laive,
Comté Cork (Phillips, Journ. of Conck., vol. XII, 1Ï09, p. 253); Lough Crincaum,
Comté Killarney (De Vismes Kane, tide Taylou, A Monograph, etc., vol. I, 1894,
pi. I, tig. 4); et chaque étang tourbeux de cette région possède sa variation à as|)ect
particulier, dont chacune est intermédiaire entre les deux formes en question :
L. peregra et L. involuta (Stelfox, A List of the Land and Freshwater Mollusks of
Jreland [Pkoc. Irish Acad., vol. XXIX, 1911, p. 111 1). L'organisation de L. involuta
est d'ailleurs celle de L. peregra (Goodsiu, An Account of the Anatomij o/Limnaeus
involutus (Ann. Mag. Nat. Hist., U" série, vol. V, 1840]); et au surplus, il y a au
Musée de Dublin des coquilles d'apparence normale de L. peregra, avec l'indi-
cation : « Progeny of L. involuta, reared under ariificial condition >■> (Stelfox,
loc. cit.).
— 70(1 —
h) Lutinaea « raphidia » : rorme 1res allongée de L. sta-
ynalis, apparue une année dans le lac Silau près de Nantua;
l'an d'après, se montra une (bruie intermédiaire entre L. « raphi-
dia )) et L. staf/nalis, et la troisième année seulement, la forme
stagnalis seule régna sans partage (^) : exemple nouveau de
lent retour au type.
c) Même dans L. « ahjissicola » ci-dessus, pour les jeunes de
la première génération obtenue après cessation des conditions
(léteruiinant la variation ('), il est indiqué seulement (ju'ils
(( présentent une tendance très marquée au retour à l'espèce
type », c'est-à-dire que l'hérédité de la variation n'était pas
elï'acée complètement.
d) Pour L. ))ie(/as(nna, on a obtenu le retour à la forme ori-
ginelle en opérant sur la première (/énéralion qui présentait la
variation; mais l'expérience n'a pas été refaite avec les généra-
tions ultérieures (^).
Conséquemment, tout comme les variations « congénitales »,
il est bien certain (|ue les variations acquises ne sont pas tou-
jours héréditaires. Mais dans la lutte entre l'hérédité, d'une
part, et la modiiication par le milieu, d'autre part, ce n'est pas
toujours le même facteur qui l'emporte.
2. — Conditions fondamentales de la perpétuation
des variations acquises.
1" OrrosiTiON E.NTHE hérit.vbujté et perpétuation. — 11 y a à dis-
tinguer ici entre l'hérédité ou transmissibilité et la fixation réelle
ou [)erpétuation d'une variation. Ce sont là, en effet, deux choses
essentiellement différentes au point de vue du résultat effectif final.
(,') LoCAiiD, L'influence du milieu sur le développement des Mollusques. (I^oc. cit.,
1892, p. 106.)
(*) RoszKOVvsKY, Contribution à l'étude des Limnées du lac Léman. (Loc. cit.,
p. 379.)
(•■•) Whitfield, Description of Limnaea (Bulimnaea) raegasoraa, Say-, etc. (Loc.
CIT., p. ,34.)
— 701 —
Il ne suffit pas qu'une variation soit transmissible pour
qu'elle donne naissance à une race, variété ou espèce nouvelle.
Il faut, pour qu'elle puisse se fixer, qu'elle s'étende à une
nombreuse descendance; et pour cela, qu'elle soit présente sur
de nombreux individus contemporains (p. 658).
Car si même la variation est transmissible, mais peu fréquente,
il n'y aura, par suite du très petit nombre d'individus (lui peuvent
la transmettre , que bien peu de spécimens de la génération
suivante sur les([uels elle pourra se manifester, surtout si le
caractère n'est présent que dans un seul des progéniteurs.
il faudrait donc, pour qu'elles soient régulièrement perpétuées,
que les quelques individus qui en sont exceptionnellement
affectés puissent être artificiellement choisis, isolés dans une
petite couMiumauté et fécondés exclusivement entre eux.
Or, d'une façon très générale, les variations discontinues sont
isolées (IP partie, p. 371) : elles n'apparaissent (jue sur un
nombre très limité d'individus, un sur des centaines de niille ou
sur des millions. Conséquemment, ces variations d'apparence
discontinue et rares doivent être celles qui sont le phis rarement
fixées on perpétuées ; car elles doivent être inévitablement noyées
par l'ampbimixie, effacées par le croisement avec les très
nombreux individus normaux ou non variés de la même façon,
c'est-à-dire qu'elles sont éliminées dans la transmission par ce
simple fait qu'elles sont peu nombreuses ou isolées.
Les écarts brusques ou très saillants sont ainsi toujours
suppriuiés par l'ampbimixie, s'ils ne l'ont pas été déjà par la
sélection. Et il y a de la sorte un retour plus ou moins
lapide à la moyenne ou au type, non plus par descendance
(comme suivant la loi de Galton), mais par absence de descen-
dance.
Conséquemment, et contrairement à la paradoxale <■<■ loi de
Delbœuf », les variations isolées n'ont pas de chances d'être
fixées et elles sont ainsi sans influence appréciable sur l'évolution
future.
— 70-2 —
:2° Fréulence. — I^armi les facteurs tjui peuvent intervenir
pour l'aire varier, en plus ou en moins, la perpétuation de
variations aecjuises, il y a done d'abord la fréquence de ces
variations.
Le fait que l'isolation des variations est un obstacle grave à
leur perpétuation apparaît chez les variations d'apparence con-
tinue : on a vu {p|>. (Ml et G43) (jue si des individus à variation
discontinue, pareils entre eux, sont accouplés en captivité
(c'est-à-dire réunis artificiellement dans ce but), la variation peut
cependant ne pas s'hériter {Hélix poniatia sénestres, Planorhis
cunicns albinos, etc.).
Parfois, dans les mêmes conditions artificielles, une variation
d'apparence discontinue est héritée : llelix aspersa sénestres
(p. (mO).
Mais (la}is la nature, la variation d'apparence discontinue
disparaît ordinairement par suite de l'amphimixie, conséquence
de l'impossibilité pour le petit noml)re d'individus qui en sont
afVectés de s'unir entre eux.
Au contraire, les variations continues ac([uises, bien des fois
orientées par effet cunuilatif, sont le plus souvent héréditaires,
même parmi les plus faibles, quand elles sont fréquentes (ce
qui est le cas habituel), c'est-à-dire quand l'amphimixie ne peut
les faire disparaître.
(]'est d'ailleurs une très universelle constatation, (|ui ne peut
guère être mise en doute, que, pour qu'il se constitue un type
nouveau, il faut que la variation apparaisse sur un grand
nombre d'individus simultanémeni ou, en d'autres termes, (|u'im
caractère acquis ne se hxe héréditairement (}ue s'il est amené par
une variation fréquente, tandis (pie, dans le cas contraire, il est
supprimé par l'auiphimixie.
8" Durée. — On a vu, pour les variations en général, <{ue
la transmissibilité dépend de la durée et augmente au cours des
générations (p. 078).
— 703 —
D'autre part, le l'ail que les caractères anciens sont moins
variables (111' partie, p. 41:2) est aussi une preuve que la durée
(nombre des générations) auL;mente et renforce l'hérédité.
L'hérédité ancienne exige ainsi, pour être vaincue, une action
prolongée du milieu dans un sens déterminé : c'est-à-dire que
la durée est nécessaire pour que des caractères nouveaux ou
nouvellement acquis se fixent héréditairement à leur tour. Leur
hérédité peut surtout s'accroître quand le l'acteur générateur de
la variation continue à agir, en accumulant ses effets; c'est le
contiaire pour les variations acquises brusquement, qui sont
difficilement fixées et perpétuées (il n'y a d'exception que dans
le cas extraordinaire oii une modification à l'origine — première
segmentation de l'œuf — peut se répercuter sur la forme
générale déhnitive : inversion).
Tout comme la variation apparaît plus ou moins vite, de
même un caractère nouveau (résultant d'une variation acquise)
devient héréditaire plus ou moins vite. Et rinsuccès éventuel de
certaines expériences sur riiéritabilité de variations acquises est
ainsi fort naturel. 11 est aussi illégitime de conclure à leur non-
hérédité après une seule génération, que de conclure à l'impuis-
sance du milieu à faire varier une espèce, après une seule
génération aussi.
Conséquemment, les variations acquises sous l'influence du
milieu seront d'autant plus héréditaires que, dans l'évolution
individuelle, le milieu aura agi depuis un moment plus précoce,
c'est-à-dire depuis un plus jeune âge.
Et ce qui contribue à ce résultat, c'est que l'adaptation est
d'autant plus parfaite que l'organisme qui s'adapte est plus
jeune (IIP partie, p. il9). Les êtres les plus jeunes subissent
plus facilement et plus profondément l'influence du milieu par
le fait (ju'ils sont encore moins évolués, moins spécialisés, donc
plus modifiables, plus plastiques; ce que démontrent notam-
ment :
a) Le changement de couleur plus facile, suivant le milieu,
— 704 —
et l'élasticité de chani^ement de coloration se perdant avec l'âge :
Eljisia (p. 42ri) (1).
h) La régénération plus rapide chez les jeunes, souvent
même impossible chez l'adulte : Purpura, Limnaea (p. i;25).
c) L'adaptation plus aisée à de plus amples variations, par
exemple pour la salure ou la dessalure : Ihjthinia, etc. (p. i:2i).
On peut encore noter à l'appui de cette hérit;d)ilité |)lus par-
faite avec le temps, le fait (pie la disparition d'un organe dit
rudimentaire est d'autant plus complète que sa perte est plus
lointaine dans l'évolution phylogénétique. Ainsi le manque
d'yeux est comnnm à un certain nombre de Gastropodes
pélagiques; mais celle absence est complètement héréditaire
chez les « Ptéropodes », ([ui ne montrent aucune trace d'œil
dans le développement, tandis (jue Janthiiia montre encore
deux yeux au stade veliger (^). Or, les Ptéropodes sont connus
depuis le Crétacé, tandis qu'on n'a rencontré des Jaufhiua
fossiles que dans les couches tout à fait supérieures du Tertiaire
(Pliocène).
III. — Opposition entre hérédité et variabilité.
A. Les variations sont d'autant moindres par le nombre,
l'ampleur, etc., que l'organisme est plus âgé; en d'autres
termes, l'âge diminue la variabilité (fréquence et ampleur des
variations) (IIP partie, p. 428). C'est-à-dire qu'il y a stabilité
croissante dans les individus comme dans les races. En effet, il
(1) Les Arthropodes sont à ce point de vue dans le même cas que les Mollusques :
Hippolyte (Gamble [Quart. Journ. Micr. Sci., vol. LV, 1910]).
(«) Haddon, Notes on the Development of Molliisca. (Quart. Jourx. Micu. Sci.,
vol. XXII, 1882, pi. XXXI, fig. 11, c.) — Il en est de même dans le développement
des Janthina vivipares : Fischer, Manuel de Conclujiiologie, p. 776.
— 705 —
y a ici un parallélisme avec la loi de « récapitulation )>, dans le
fait que :
a) D'une part, chez un même groupe, les espèces différen-
ciées ont une variabilité plus réduite que les moins spécialisées
(11^ partie, p. 480).
h) Et, d'autre part, dans une même espèce, les stades précoces
(œuf, embryon, jeune) sont plus tolérants et plus variables que
les phases plus avancées (IIP partie, p. il 9, et V*' partie, p. 703
ci-dessus) .
Et précisément, ces phases plus âgées sont plus évoluées; et
l'adaptabilité aux facteurs du milieu est plus grande dans les
stades plus jeunes, qui sont plus réceptifs à ces influences, plus
adaptables et plus plastiques, tandis que la plasticité devient
moins grande avec l'âge et que l'elfet de l'environnement ou du
milieu diminue ainsi régulièrement depuis les premiers temps
du développement.
B. D'un autre côté, les organes de formation récente ou
cénogénétiques ne constituent que la réciproque des organes
en rudimentation.
Et il en est de ces organes ou caractères jeunes comme des
individus jeunes, des races plus jeunes (moins évoluées) et des
groupes à leur origine : la variabilité y est plus grande. On a
vu, en effet (IIP partie, p. 412, etc.), qu'il en est ainsi pour les
organes d'origine récente.
De sorte que, pour les caractères ou organes, les individus et
les espèces (ou groupes zoologiques), la variabilité est d'autant
plus réduite (limitée) qu'ils portent le poids d'une plus longue
hérédité de variation (c'est-à-dire que cette variation date de plus
de temps : plus grand âge ontogénique pour les individus, plus
grand âge phylogénétique pour les organes ou espèces) ; et à
une moins longue adaptation correspond au contraire une plus
grande variabilité.
45
— 706 —
Pour tous, les deux mêmes facteurs : milieu (V*^ partie,
p. ()8!) et lemjts influent donc sur l'hérédité comme sur la
variabilité.
C'est le milieu qui a créé l'iiérédité (comme les variations);
c'est le temps qui fait varier cette hérédité : d'abord en crois-
sant, — nulle au début, cette hérédité a grandi avec le temps pen-
dant lequel a duré l'influence du milieu, — puis en décroissant
avec le temps, (juand celte influence originelle a cessé ou a été
vaincue par d'autres.
11 y a donc opposition entre hérédité et variation. Il ap])araît
en effet — par la variabilité plus grande des organes cénogéné-
tiques — un rapport inverse entre l'hérédité, (i'une part, et la
variation, d'autre part. Tout comme les éléments cellulaires, les
organes qui ont beaucoup évolué (en se spécialisant de plus en
plus) ne sont plus aussi variables; là où l'hérédité (récente)
s'est exercée depuis plus longtemps, la variabilité est moindre.
Par conséquent, serait fondé en fait, le principe énoncé jadis
indépendamment et sous des formes un peu diverses par un cer-
tain nombre de naturalistes, que la variabilité fut beaucoup plus
grande à l'origine de la vie (et des groupes et sous-groupes
primitifs) et l'hérédité moins importante (^).
Cette « loi » envisage plutôt les individus et leurs groupes
que les organes; elle est donc très analogue à celle exprimée
relativement aux espèces, en termes également variés, par
d'autres naturalistes et philosophes (IIP partie, p. 438 : Réduc-
tion ou limitation de la variabilité)
(1) Naudin, Les espèces affines et la théorie de L'évolution. (Bull. Soc. Bo'ian.
France, t. XXI, 1874, p. 247.) — Hurst, Biological Théories. (Natuual Science,
1882, pp. 578 et suiv.) — Sedgwick, Variation and soine Pkenomens connected with
Ueproduetion a)id Sex. (Reports Brit. Assoc. Advanc. Sci. [Dover], 1899, pp. 17
et 18.) — CouTAGNE, Recherches sur le poltjmorphisiiie des Mollusques de France.
(Loc. cit., 1895, p. 185 : « On con(.;oit fort bien que l'évolution ail été très rapide
à ses débuis, alors que l'hérédité n'avait pas, comme de nos jours, pour l'enchaîner
dans des limiies étroites, le souvenir d'un nombre immense de générations à peu
près identiques ».)
— 707
IV. — Résumé.
I, — Dans les variations continues, rexpérience fait voir que
riiéritabilité est fréquente, même pour les plus faibles ou les
plus insignifiantes (pp. 652 et 053) ; pour les variations d'appa-
rence discontinue, au contraire, l'héritabilité est rare (p. 040).
[I. — Mais une même variation, dans la même espèce, peut
être tantôt héréditaire, tantôt non héréditaire (p. 654) : il en
est ainsi notamment, non seulement quand les deux parents
appartiennent à deux états variés différents ou à deux races dif-
férentes (p. 057), mais encore lorsque les deux parents sont
identiques (du même type normal ou de la même race : p. 054).
Il est donc impossible de considérer l'hérédité comme une pro-
priété d'une régularité constante et toujours pareille.
lU. — Dans l'hybridation de variations et de races, l'hérédité
est souvent non mendélienne (pp. 007 et 074). Dans l'hybri-
dation bispécifique, l'hérédité paternelle est nulle (pp. 008,
074 et 077) : d'où le rôle négligeable de cette hybridation dans
la formation d'espèces nouvelles.
IV. — Le milieu peut modifier l'hérédité (p. 681) ; il agit sur
les éléments reproducteurs (germinaux) comme sur les éléments
du reste du corps (somatiques) (pp. 082 et suiv.).
\. — il y a des variations acquises héréditaires (p. ()87).
VI. — 11 faut distinguer entre héritabilité et perpétuation
(p. 700); ce qui favorise surtout l'hérédité, c'est la durée pen-
dant laquelle le facteur générateur de la variation a agi et le
temps depuis lequel la variation a apparu (p. 702); ce qui favo-
rise surtout la perpétuation d'une variation, c'est sa fréquence,
c'est-à-dire le grand nombre d'individus sur lesquels elle se
manifeste à la fois (p. 702).
VII. — L'hérédité et la variation sont souvent en raison
inverse (p. 704).
708
SIXIÈME PARTIE
Unité des variations.
On a vu ci-dessus (IP partie) que c'est surtout au point de
vue de l'intensité, de la fréquence et de l'orientation que l'on
peut pratiquement subdiviser les variations; d'autre part, si le
classement d'après l'épocjue d'apparition et d'après l'héritahilité
n'est guère applicable d'une façon aussi générale, il n'en est pas
moins très intéressant cependant de rechercher, chaque fois ([u'il
est possible, si une variation est antérieure ou postérieure à la
naissance (p. 394, Variations congénitales), et encore si elle est
héréditaire ou non (V'' partie).
Mais cela fait, il importe de voir si, dans chacun de ces modes
de classification en deux groupes, les deux sortes de variations
reconnues (continues et discontinues, fréquentes et isolées, etc.)
sont chaque fois complètement opposées par la nature ou le
principe. C'est ce qu'il y a lieu d'examincT maintenant, en se
basant sur les renseignements fournis par l'étude des Mollusques
dans les ciiapitres précédents.
I. Unité des variations quant à leur amplitude
ou intensité.
Au sens mathématique du mot, l'évolution est nécessairement
toujours discontinue; car, par suite de la limitation de la vie
individuelle et par suite de la succession des individus constituant
une lignée, il y a toujours discontinuité entre un organisme et
sa descendance et conséquemment entre une forme et une autre
— plus ou moins différente — qui en descend immédiatement;
il y aurait discontinuité alors même (|u'il y aurait parfaite iden-
tité entre celles-ci.
— 709 —
Mais au sens biologique, l'identité est exclusive de disconti-
nuité; et cette dernière n'est même qu'un cas très spécial de
l'évolution : c'est le brusque changement d'une forme spécifique
en une autre et d'une génération déterminée à sa descendance
immédiate. Tandis que la continuité est caractérisée par l'absence
de ces brusques transformations.
Pour toute une école, les variations brusques ou discontinues
sont d'une autre nature que les variations continues. Dans
l'école opposée, on tient au contraire ces dernières pour iden-
tiques, quant à la nature, aux variations d'apparence discon-
tinue.
Les mutationnistes partent de cet axiome que les espèces
naissent seulement par variation brusque. Pour eux, les difïe-
rences (variations) séparant une génération de la précédente,
dans une même espèce, sont d'une autre essence que la diffé-
rence (variation) séparant une espèce nouvelle, à sa naissance,
de l'espèce même dont elle descend. C'est-à-dire que les diffé-
rences spécifiques sont ainsi considérées comme d'une autre
nature que les différences individuelles. Et il y aurait deux sortes
de variabilité et de variation : celle qui s'exerce au sein de
l'espèce — en soi quasiment immuable (^) — et celle qui, dans
des circonstances exceptionnelles, s'exercerait d'une espèce à
une autre.
On pourrait ici faire l'objection préalable que les espèces n'ont
pas d'existence propre : elles ne sont constituées que par les
individus; et ceux de ces derniers qui naissent d'une génération
précédente avec des différences plus ou moins « spécifiques »,
ne sont pas engendrés d'une autre façon que ceux qui voient le
jour avec des différences dites « individuelles ». ~
Mais en réalité, cette interprétation par les mutationnistes,
des variations brusques et des différences spécifiques, est pure-
(*) De Vries, Espèces et variétés, trad. Blaringhem, p. 296 (Bibl. Sci. intern.)
« Les espèces ne varient pas ; seuls quelques individus se transforment. »
— 710 —
ment hypothétique; elle ne constitue aucunement une explica-
tion hiologique hasée sur l'observation et l'expérimentation;
elle aiïirme, mais ne démontre nullement, que les variations
brusques et les différences spéciiiques sont (Vuue autre essence
que les variations continues et les différences individuelles ; elle
afïirme, mais ne (h^montre pas, que ces variations brusques
forment une exception léelle parmi les autres variations.
Des variations r^éeUement brusques ou discontinues seraient
miraculeuses et surnaturelles. Admettre l'existence de ces varia-
tions de nature exceptionnelle et leur donner une explication
purement verbale constitue un simple expédient; et il est assu-
rément plus conforme à l'esprit scientiiique de tenter une sim-
plification ou une unification possible, en tâchant de ramener à
une règle générale, un fait, une particularité, un phénomène
d'apparence exceptionnelle, isolée ou anormale.
De sorte que, toutes les fois qu'on se trouve en présence de
faits exceptionnels, la première tâche qui s'impose est de recher-
cher, par tous les moyens, l'explication rationnelle qui pourra
les faire rentrer dans la règle commune. Mais cette recherche
exige souvent plus d'application et de peine que la constatation
du fait <■<■ exceptionnel « lui-même!
Or, de l'étude détaillée des variations dans les Mollusques, il
ressort des conclusions fort nettes sur ce point ; elle montre,
en effet, (jue les variations « brusques » sont :
a) D'apparence discontinue; et
h) De même nature que les autres variations.
1. — Apparence discontinue des variations « brusques <>.
1 " CoNTLXiiTÉ EXTRE LES LNDivmus. — L'auqjlitude de la varia-
tion ne caractérise pas exclusivement les variations discontinues;
car on constate que l'écart peut être plus grand entre les deux
extrêmes d'une même variation continue (ou même entre l'un
— 711 —
des extrêmes et la normale) qu'entre une variation discontinue
et sa forme d'origine.
Les Formes extrêmes de variation continue peuvent naitre aussi
de la forme normale, donc avec un écart qui peut paraître aussi
brusque que celui qui sépare cette dernière et une variation dis-
continue éventuelle : elles présentent, par conséquent, la même
« discontinuité y> que celle-ci. Et cette discontinuité va en crois-
sant, depuis les phases relativement faibles de variation continue
jusqu'aux plus extrêmes. Et dans bien des cas cette disconti-
nuité est énorme entre les individus extrêmes (premier ou der-
nier de la courbe de variation) d'une même variation continue et
la uioyenne normale; si bien qu'une variation discontinue peut
être au total de uioindre amplitude que l'écart de l'un de ces
deux extrêmes à cette moyenne. De sorte que si l'on considère
l'un de ceux-là, isolé de ses intermédiaires, il différera plus
encore de sa forme originelle qu'une variation discontinue pro-
prement dite.
Or, cette éventualité a pu et pourra encore se produire bien
des fois; car les individus extrêmes, dans toutes les variations
continues, sont peu nombreux (voir une courbe de variation
quelconque) ; mais comme ils sont les plus « marqués », ils sont
parfois les seuls que l'on remarque. Alors, les intermédiaires
échappant, la variation et l'écart paraissent de l'ordre discontinu
ou spécitique et sont même pris pour tels.
Ainsi, parmi les variations extrêmes de Paludomus (Taiialia)
aculeatits, d'après un petit nombre d'exemplaires, on a établi
viiuft-quatre espèces différentes; par contre, « whatever charac-
ters we sélect as the grounds of classifications, the différences
observable when but a small number of spécimens are compared,
are eliminated by speciuiens of intermediate characters v^hen we
attempt to apply such classification to a large number from
various localities (^) ».
(1) Blanfoud, bc. cit., 1862, p. 609.
— 712 —
Il en a été de même pour deux autres formes déjà citées dans
l'introduction (p. (3) : l'une, dont les divers états ont été pris
pour de multiples espèces rangées dans deux sous-genres diffé-
rents (Hélix gncdiieriamis), l'autre, qui n'a pas donné lieu à la
création de moins de trente-quatre « espèces », distribuées dans
plusieurs genres différents (Tanganificia riifo/ilosa).
Au reste, il est bien d'autres exemples qui le font voir :
A. Dans la même génération : Un trop petit nombre d'indi-
vidus sont examinés, soit dans la même région, soit dans toute
l'aire de dispersion de l'espèce considérée; alors la courbe de
variation établie peut montrer deux ou plusieurs sommets, c'est-
à-dire des angles rentrants. Mais l'examen de séries suffisantes
révèle, dans la presque universalité des cas, des formes de pas-
sage montrant la continuité de la variation ; et dans le polygone
ou courbe construit sur ces matériaux, on voit, pour n'importe
(juel caractère, la forme normale ou moyenne passer insensible-
ment aux formes les plus extrêmes, sans variation brus(jue ou
discontinue (^).
La preuve s'en trouve non seulement dans les multiples
exemples, déjà cités plus liaut (pp. 373 et 699), rencontrés
occasionnellement, mais surtout dans le fait que, chaque fois
qu'on a cherché ces intermédiaires, on les a trouvés. Il en est
ainsi notamment lorsqu'on a pu recueillir sur de grandes éten-
dues, de très nombreux spécimens, ce qui était surtout possible
(1) JJne courbe ou polygone « polymodal » (à plusieurs soramels) dans tout cas
normal, est dû au petit nombre d'individus examinés ; exemples : Physa gijrina,
p. 73 ci-dessus; Pyramidiila alternata (Baker, Spire variation in Pyramidula
alternata | Amer. Natur., vol. XXXVIII, 1904, p. 663J), où, |»our l'indice, le polygone
est « trimodal » : mais il est dressé sur des exemplaires peu nombreux ! ; etc. —
Et si, pour des individus nombreux, il se produit un dédoublement de la courbe ou
polygone de variation, cela résulte, soit d'un dimorphisme régulier et constant,
soit d'un accident dû à une cause naturelle (déformation causée par un para-
site, etc.), soit, entin, au mélange de deux types de variation (comme pour le cas
du nomlire des côtes dans Cenon glans oarium de Nassau) (Plate, Die Variabilitàt
und die Artbildunç) nach dem Prinzip geographischer Formenketten bei den Cerion-
Landschnecken der Bahama-lnseln [Loc. cit., 1907, p. 449J).
— 713 —
pour lesGastropodesPulmonés; aussi est-ce particulièrement chez
eux, comme on va le voir, qu'on a rencontré bien des exemples
de <c chaînes géographiques » unissant le type spécifique à des
variétés distinctes ou même à des espèces très voisines :
a) Parmi les Arionta de Californie, il y a passage graduel
entre la variété haute et im perforée de A. californiensis des
régions froides et humides, à la variété déprimée et ombiliquée
des régions plus sèches et plus chaudes (respectivement :
A. vincta, et A. nemorivaga d'une part, et A. ramenîosa,
A. reticulata et A. bir de/ es i d'anire part) (^), de même qu'entre
il. keletti et ses variétés A. redemita, trijoni, intercisa, crebris-
triata et sieanisiana (^).
b) Parmi les Iberns de Sicile, on observe entre les formes de
deux cantons, des intermédiaires de passage existant dans la zone
intermédiaire : par exemple, entre /. scabriusada et /. sicana,
par /. ç/lobularis et /. ptatijcheles (^).
c) Les Limax (Amalia) carinata et sowerbyi d'une part, et
L. gagates et carinata d'autre part, passent insensiblement de
l'un à l'autre (^).
(/) Les formes repeUini et alpicola de Hélix arbustorum pré-
sentent, dans les stations géographiquement intermédiaires, des
individus qui leur sont morphologiquement intermédiaires (^).
e) Les Hélix cespitum et H. terveri d'une part, et //. cespi-
tiim et variabilis d'autre part, ont montré ces mêmes intermé-
diaires géographiques (*^).
(1) CooPEK, On the Law of variation in the banded California Land Sfiell.s. (Proc.
California Acad. Soi., vol. V, 187o, p. 122.)
(2) CooPER, toc. cit., p. 123.
(^) KoBELT, Excursionen in Sicilien. Die sicilianiscken Iberus. (Jahrb. deutsch.
Malacoz. Gesellsch., Bd VIII, 188f, pp. 62 et 63.)
{■*) Taylor, a Monograpk of the Land and Freshwater Mollusca of the British
hles, vol. I, 1894, p. 59.
(5) CouTAGNE, Recherches sur le polymorphisme des Mollusques de France. (LoC.
CIT., 1895, p. 174.)
(6) CouTAGNE, ibid., pp. 100 et 129 respectivement.
— 714 —
/') Les diverses formes de Coclilostijla ovoidea sont reliées
entre elles par des transitions insensibles (^).
y] Les tbriiies de ■Xanina cincta, espèce très polymorj)lie,
constituent dans l'espace une série ou chaîne géograpliique con-
tinue, malgré que les extrêmes en soient fort distants, et qu'ils
aient même été placés dans des sous-genres dilïérents : .V. cincta
dans le sous-genre Xcsta, et yaninn limbifera dans le sous-
genre Hemiplecta (-).
//) Sur (juatre vallées consécutives des îles Tahiti, Partula
otaheitana montre dans les deux vallées uioyennes les intermé-
diaires successifs entre les formes des deux vallées extrêmes
(amphidromie avec dextrorsité prédominante, et amphidromie
avec sinistrorsité prédouiinanle, entre dextrorsité d'une part, et
sinistrorsité d'autre part) (^).
i) Dans le genre AsInniineUa, la variation cooperae de l'espèce
thompsoniuna est intermédiaire entre le type et la variation por-
ter a e (■*).
/") (km'whasis vir(/inica est très variahle aux environs de Was-
hington, mais tous les intermédiaires se rencontrent entre les
diverses variations ("').
A) Chez Hclix nenioralis et 11. Iiortcnsis, il existe toutes les
formes intermédiaires entre celle à cinq bandes fusionnées et
(1) SuMNEU, The varielal Tree of a Philippine Pulmonate. (Loc. cit., p. 137 :
« I found it possible to bridge over the gasp by insensible gradations, and, placing
the mosl extrême forms at the termini of the branches, such a tree as I hâve repre-
sented was the resuit ».)
(2) P. und F. Sarasin, Die Land-Molltisken von Celebes, i89i^, pp. 229 et 234,
pi. XIX : « l»ie Endglieder der Nanina dncla Kelte leben weit von einander entfernt »,
d'autres chaînes semblables y sont encore indiquées.
(^) Mayek, Some species o/' Partula [roin Tahiti. A Sliidy in Variation. (Mem. Mus.
CoMPAR. ZooL., vol. XXVI, 19U2, p. 131 et 133.)
(*) CocKERELL, Variation in the Snail-genus Ashmunella. (Proc. Acad. Nat. Sci.
Philadei.phia, vol. LV, 1903, p. 615.)
(îi) Bartsch, Variation in Goniobasis. (Science, new série, vol. XXIII, 1906,
p. 465 : « intergrades everywhere exists ».)
- 7lo -
celle sans aucune bande; et les formes qui, en certains endroits,
paraissent séparées sont, en d'autres places, reliées par d'abon-
dants intermédiaires, unissant les deux extrêmes et démontrant
leur continuité (^).
/) Chez Cerion glans des Babama s'observe une cbaîne géo-
graphique continue, depuis la forme à côtes fortes et saillantes
mais peu nombreuses, jusqu'à la forme à côtes nombreuses et
faibles, menant elle-même la forme lisse (^). Et l'on a pu con-
clure, à ce propos : « Ueberall sehen wir allmàhliche Uebergang
im Sinne Darwins, mid nirgends plôtzlicbe mutative Aenderun-
gen im Sinne De Vries (--) ».
tn) Les variétés gerneri et riistica de Hélix poinatia vivent
partout ensemble, avec toutes les transitions possibles (^) ; il y
a d'ailleurs dans cette espèce tous les intermédiaires dans les
variations de taille, dans les variations entre la forme normale
et la forme globuleuse, entre celle-ci et la forme planorbaire, de
même qu'entre la forme normale et la forme conique et entre
celle-ci et la variation scalariforme ( ').
n) La forme Limnaea « involuta » est spéciale au sud-ouest
de l'Irlande; mais chaque étang de la région a sa forme distincte;
{^) Lang, Ueber die Mendelschen Gesetze, Art- und Varietâtenbildwnj, Mutation
und Variation, insbesondere bei unseren Hain- und Gartenschnecken. (Verhandl.
ScHVV. Naturhist. Gesellsch., 1906, pp. 245, 246 et 247, pi. III : « Es gibt also
Populationen [« population » pris dans le sens opposé à lignée purej in denen zwei
Formen, die sich in gewissen Kolonien je scharf gesciiiedene Mutationen gegen-
ùberstelien, durch kontinuierlich Reihen von Uebergangsformen verbunden sind,
sich also wie Varialionen verhalten, und zwar kônnen zwei Extrême auf ganz
verschiedenem Wege kontenuierlich mileinander verbunden sein ».)
(2) Plate, Die VariabilitUt und die Artbildung nach dem Prinzip geoyraphischer
Formenketten bei den Cerion-Landschnecken der Bahaina-lnseln. (Loc. crr., 1907,
p. 603.)
(^) Plate, Die Artbildung bei den Cerion-Landschnecken der Bakamas. (Verhandl.
DEUTSCH. ZooL. Gesellsch., 1906, p. 135.)
(•i) Bollinger, Zur Gaslropodenfauna von Basel und (Jmgebung. Bàle, 1909, p. 23.
(S) YuNG, Les variations de la coquille d'Hélix pomalia. (Arch. Sci. phys. et nat.,
t. XLIV, 1917, pp. 74 et 73.)
710
et ces diverses formes unissent L. involiita à L. praetenuis, et
par celle-ci à l'espèce typique L. pereyra (^).
Parmi les Gastropodes d'eau douce, on peut mentionner
l'exemple de :
o) Melania Itoliindrl, dans la rivière Bosna (at'tluent de la
Save) : Les individus du cours inférieur étaient minces et épi-
neux, ceux du cours le plus supérieur, lisses et épais; dans la
portion intermédiaire se trouvait une forme de passage, moins
épaisse que ces derniers et sans épines (-).
p) Les diverses formes d'/o du Tenessee présentent aussi,
depuis la partie supérieure des cours d'eau jusqu'à leur partie la
plus basse, le passage progressif des formes lisses aux formes
de plus en plus épineuses (14 « espèces ») (■^).
q) Parmi les espèces marines, les formes « communes » étu-
diées à ce point de vue, ont révélé les mêmes intermédiaires
quant à la forme, intermédiaires aussi quant à la station, par
exemple : \assa reticiilata (p. -575); Patelin vulgata, dont la
forme « intennedia », marquant le passage entre les variétés
conica et dcpressa, leur est également intermédiaire topogra-
pliiquement (p. 375) ; Pecten irradians, dont les variations de
couleur montrent des intermédiaires dans les individus de loca-
lités intermédiaires, etc. (^).
(^) Stelfox, a list of the Land and Freshwater MoUusks of Ireland. (Proc.
R. IRISH ACAD., vol. XXIX, 1911, p. 110.)
(-) MoELLENDORF (voNj, Bcitràge z-icr Fauna Bosnien (Mollusken). Gôrlitz, 1873,
pp. 59 et 60.
(^) Adams, Ttie variation and Ecological Distribution of the Snails of the Genus lo.
(Mem. Nat. Acad. Sci. Washington, vol. XU, 1915, p. 10 [« none of thèse forms are
distinctly isolaled from allied forms by llie absence of intergradation », pp. 38
et 76, pi. I].)
{*■) Davenport, Evolution xvithout mutation. (Journ. Exper. Zool., vol. II, 1905,
p. 140.)
— 717 —
B) Si l'on compare entre eux des spécimens de (jénérations
successives, on trouve, en réalité, que dans la transmission d'une
variation, la dilterence est le plus souvent peu importante d'une
génération à la suivante; et c'est là ce qui échappe réquemment
à l'observation des [)aléontologistes.
Des individus de deux formes diflerentes, de deux dépôts suc-
cessifs, supposés descendants directs les uns des autres et démon-
trant ainsi une évolution u discontinue », peuvent avoir été
séparés par quantité de générations au cours d'une évolution
prolongée et continue !
L'apparente discontinuité résulte alors de ce qu'il y a —
pour employer un langage de physiologiste — un « seuil »
artificiel (seuil ou intensité minimum perceptible) et que
sur trois générations consécutives ou davantage, A, B, C,
D, etc., un seuil est imperceptible entre deux générations
immédiates ; de sorte qu'on aurait : A = B, B = C, C = D, etc.,
u)ais sans que pour cela A soit le moins du monde égal à C et
surtout à D.
Et dans des cas spéciaux où des représentants de ces géné-
rations intermédiaires ont pu être exhumés, apparaît leur conti-
nuité; on en trouve notamment la démonstration dans les
observations concordantes de maints paléontologistes :
a) Les Paludina de Phuka (^).
h) Les Planorhis de Steinheim (^).
(*) Neumayr, Ueber den geologisohen Ban der Insein Ko.^. (Denkschu. K. K. Akau.
WiEN [Math.-Naturw, Kl.J, Bd XL, 4880, p. 308 : « Die Existenz eines Profiles wie
das von Pliuka frûher geschilderten, in wechem die auf einander folgenden muta-
tionen und ihre Zwischenglieder ohne die geringste Unterbrechung in gleichmâs-
sigster Reihenfolge uber einander liegen ».)
(2) Voir les divers travaux de HilceiNdorf et de Hyatt, déjà cités, et de Hickling
{Variation of Planorbis multiformis [Mem. and Proc. Manchester Lit. and Phil.
Soc, vol. LVII, 1913, p. 20 : « Production of extensive morphological changes by
a processus of purely continuous variation »|).
— 718 —
c) Le passage progressif entre deux espèces bien marquées de
(lassidaria : C. laevigata miocène et C. striata actuel, par un
(kissidaria pliocène de Costa-Rica (^).
<l) La variation graduelle dans le groupe Cancellaria cancel-
lata, depuis le type miocène du bassin de Vienne jusqu'à l'espèce
actuelle de la Méditerranée (^).
c) Le passage progressif de FuUjur contrarius pliocène à
F. perversus actuel, par augmentation de spinosité (^).
/') La longue série de formes intermédiaires reliant directe-
ment Mrlanopsis parreijssi Miihlf. aux individus les plus anciens
de la forme fossile de Biscbofstadt (').
g) Le passage de Pectcn eboreus Conr., du Pliocène, à
P. irradians de l'borizon suivant ('').
Et quand les séries paléontologiques sont « discontinues »,
c'est que les anneaux intermédiaires sont momentanément
inconnus, par suite d'exploration géologique insuffisante ou
iuipossible.
:2" Quant aux variations d'ordre méristique, qui se prêtent
naturellement mieux que les variations substantives (ou de
forme, de couleur, etc.) à des mesures ou ;» des calculs du genre
simpliste, elles semblent, à première vue, tellement discontinues
qu'on les lange souvent parmi les variations brusques ou
(( explosives », ainsi nommées par opposition aux variations
(1) Gabb, Genesis o/" Cassidaria striata Lcuti. (Proc. Acad. iNat. Sci. Philadelphia,
1875, p. 361, pi. XXIV.)
(2) HoERNES, Die Fossile MoUusken des Tertiàrbeckens von Wien, 1856, etc.
(5) Leidy, Remarks on the nature of orcjanic species. (Trans. Wagner free Instit.,
1889, p. 53.)
(*) BuUvSiNA, Mit th. Nal. Ver. Steiermark, 1902, p. 101.
(S) Davenport, Evolution without mutation. (Journ. of expek. Zool., vol. II,
1905, p. 142.)
719
graduelles ou progressives : les choses « qui se comptent »
paraissent, en effet, discontinues.
Cependant, de même qu'il n'y a pas de nombres tels qu'entre
eux il n'y ait pas d'intermédiaire, pareillement dans une même
série évolutive de variations méristiques, il n'y a guère deux
formes telles qu'elles ne soient pas reliées par des stades inter-
médiaires successifs passant de l'un à l'autre.
Car ces variations méristiques ne paraissent d'une nature
différente des autres qu'en supposant que, pour les organes ou
appareils en nombre déterminé, il ne peut y avoir d'intermé-
diaire entre un appareil et deux appareils, et ainsi de suite, et
qu'il a fallu passer brusquement du nombre un au nombre deux
ou trois, etc. ; et que conséquemmenl, là où il y a deux dents,
deux vertèbres, deux organes au lieu d'un seul, c'est brusquement
que cette évolution a dû se faire.
Or toutes les variations méristiques ne sont pas nécessaire-
ment des variations « explosives » ou discontinues. En effet,
deux cas peuvent se présenter parmi elles :
A. Ou bien il y a de multiples parties semblables dans un
appareil et le nombre de ces parties varie légèrement, en un peu
plus ou en un peu moins.
B. Ou bien un organe normalement unique d'un côté ou pour
tout le corps entier (exemple : œil céphalique, pénis, etc.) est
brusquement doublé ou triplé.
.1. Dans le premier cas, l'augmentation ou la diminution
d'une unité dans le nombre des parties ou des organes multiples
n'est pas d'un autre ordre de grandeur que la longueur plus ou
moins grande d'un même organe non divisé; la nature de la
variation est progressive, avec intermédiaires, donc incontesta-
blement continue ; et sa continuité est démontrée par la possibi-
lité d'être exprimée au moyen d'une courbe à un seul sommet,
même dans les cas où elle montre le plus d'amplitude.
720
Ainsi un individu de Plufsa est rencontré avec un nombre de
digitations palléales beaucoup plus grand (fig. 18) ou beaucoup
plus petit (fig. 22) que normalement : on pourrait supposer
qu'il y a variation discontinue; et si l'on n'examine que peu
d'exemplaires, la courbe de variation construite montrera deux
sommets, comme il est arrivé pour P. gyrina (p. 73). Par
contre, si l'on passe en revue un nombre considérable de
spécimens, on obtiendra une courbe à un seul sommet (iig. 17).
Au reste, c'est ce que montrent :
a. De multiples exemples de cette continuité dans les varia-
tions méristiques de cet ordre, c'est-à-dire dans le nombre :
a) Des circonvolutions intestinales de certains Clûton et
Chaetoderma (p. 154).
b) Des brancbies dans chaque espèce de Cliiton (p. 203).
c) Des « branchies » dans diverses espèces de Doridiens
(p. -208).
d) De filaments branchiaux dans diverses espèces de Gastro-
podes et de Lamellibranches (pp. 205 et 213).
e) De papilles du bord du pied des Scaphopodes et des Proto-
branches (pp. 133 et 134).
f) Des ventouses sur un bras de Céphalopode (p. 368).
(j) De renflements annulaires sur l'appendice caudal de
Firoloidcs et de Pteroiracliaea (p. 123).
Il) Des digitations palléales des diverses espèces de P/iysa
(p. 71).
/) Des glandes palléales de Oncidium (p. 99).
;') Des bouquets de spicules palléaux des Hemiartlirum
(p'.69).
— 7:21 —
k) Des denticules sur la dent médiane de la radula chez im
grand nombre d'espèces de Gastropodes {Nassa reticulata, Eolis
papillosa, etc.) et même d»i nombre des dents dans une même
rangée rucbilaire, transversale ou longitudinale, d'un Gastro-
pode (p|). l(i() et 177).
/) Des yeux dorsaux dans un grouj)e d'yeux chez certaines
esj)èces de Oncidiiun (p. 28:2).
m) Des yeux dorsaux dans une rangée d'une valve chez de
nombreuses espèces de Ghilonidae (p. 272).
n) Des otoconies dans les otocystes de chaque espèce de
Pulmoné (p. 285).
(>) De grosses concrétions dans la cavité coquillière de Arion
empiricoriim et des Janellidae (p. 92).
p) Des côtes sur la coquille de chaque esj>èce de l*cctçn et de
(kirdiiim (\). 57).
q) Des perforations dans la coquille des Haliotis (p. 50).
r) Des vésicules multitides dans les Hélix (p. 237) et des
glandes péniales de Vagiuula (p. 232).
[j. Mais, en outre, on n'est pas sans connaître d'assez
nombreux exemples d'individus adultes ou nouvellement éclos
qui offrent des stades intermédiaires entre deux unités succes-
sives : ils [)résentent des organes ou formations supplémentaires
mais incomplets (tout comme en dehors des Mollusques on
connaît des exemples de demi-segment, de demi-vertèbre, etc.) :
a) Digitation palléale de Plufsa fontinalis, |)lus ou moins
divisée, menant à deux digitations distinctes (p. 88).
b) Division plus ou moins profonde des glandes muqueuses
(vésicules multifides) du conduit femelle de diverses espèces de
Hclir (p. 237).
40
I éÊÊmà
c) Branchie de Chiton plus ou moins profondément divisée,
jus(}u'à former deux ou trois branches distinctes (p. ^O^) ;
même phénomène dans des Pleurobranches et des Doridiens
(pi>. 207 et 208).
d) Valve de Chiton manjinatus incomj)lètement divisée e«
deux d'un côté (p. 2H).
c) Œil palléal de Pccten sp. divisé en deux (p. llHH).
/■) Un demi-lilament su|)|dénientaii'e dans une branchie de
Lamellibranche (sur un côté d'une lame branchiale) (|). 218).
(j) Une demi-côte sup|)lémenlaire dans la C0(|uille de Peclcn
(p. 59).
h) Une demi-perforation dans la co(piille de Uaiiotis (p. 50).
/) Vn^ partie seulement de la troisième ranL;ée de « test-
cells » de Yoldia (imatula (p. 348).
/) Denticuh' de la dent radulaii'c de .\(tssu reticuiata, divisé
en deux, menant à la constitution de deux dents distinctes
(p. 107); et l'on a vu à ce sujet les Buccinidae présentant
courauuuent la variation (hi nombre des denticules. Parlant de
ces Bucc'mum undatum à dent centrale avec trois denticules,
Bateson dit qu'ils « are abnormal forms and bave presumably
arisen by discontinuity (^) ». Or quand une dent centrale de la
radule montre à une |)lace une d<'nt de plus que dans la réi;ion
antérieure, on trouve dans les rangées intermédiaires, chez Ar/î.s7/
reticuiata, loules les Iransilions successives enire un denlicule
indivis el les deux denticules provenani de sa bij)arlilion
(p. 167 (M tig-. 107); el des cas analogues onl élé observés dans
lîuiciirm undatum : ce qui prouve bien qu'il n'y a pas, dans
ce genre de variation, un cas de discontinuité {^).
(1) Bateson, toc. cit., p. 263.
(2) El il en esi ainsi dans tant de variations d'appareils méristiques que, pour
divers mutalionnisies orthodoxes, ces variations méristiques sont « continues ».
^3
B. Mémo dans le socoiul cas (organe nornialejnenl unique,
brusquement doublé ou triplé), la variation n'est pas nécessai-
rement brusque et sans intermédiaire; car ici encore il a été
©hservé des stades de passage progressif entre l'unité et son
multiple simple :
a) Un œil cépbali<|ue incomj)lèle]nent divnsé en deux dans
t^nrpura lapillus, lAmnaca palustris (tig. :28^ ci-après),
L. gkitinosa.
b) Un tentacule céphalique de Gastropode, incomplètement
divisé en deux, menant ainsi à la constitution de deux tentacules
distincts ((». 109), etc.
3" De sorte ipie, quand inie variation parait brusque, c'est-
à-dire quand une discontinuité semble se manifester dans l'évo-
lution, cela peut résulter le |)lus souvent de l'ignorance des
stades intermédiaires et non de leur inexistence.
Il n'v a guère, en etïét, d'absenc<' réelle d'intermédiaire entre
individu varié et individus normaux que dans quelques cas
j)articuliers :
A. Quand la variation est née à la suite d'une régénération,
notamment [)ar hétéromorphose : tentacule supplémentaire
(Patclla, Purpura, etc., pp. 451) oi t)07) ; tentacules soudés
[Heiix, Limux, etc., p. 117); œil su])plémentaire [Succinea,
p. ^80); opercule anormal [Troc/ius, Tmuida, \). 130).
/i. Dans des cas tératologi(pies ou (huis d'autres variations
excessives. Car des variations d'ordre tératologique — et même
leurs états les plus accentués — ne constituent (jue les cas
extrêmes des variations brusques : ces dernières passant insensi-
blement aux premières et n'en étant séparées que par des degrés.
(J. Dans les cas fort rares où il y a impossibilité matérielle
à la constitution d'intermédiaires, par exemple dans l'inver-
— 724 —
sion : l'enroulf mcnl ini-|>;irlie dexlre, ini-|>arlio séneslre (ou
inversement) ne se renconlntnl (|ue dans des Gastropodes où
la co<juiHe adult<' el la co(juille endjryonnaire sonl liY[)er-
slroplies l'une par rapport à l'auh'e, sans (pie rien soit eliani^é
au sens de l'enroulenienl de l'animal : Odostcnuia, Melampus,
Solarium, elc. El dans ces cas d'inversion, il y a cependant
une certaine continuité entre les générations successives, par
les races ampliidiomes, de plus en plus sénestres (exemple :
l*artula otaheitana, |)p. (i81 et 736).
Mais dans ces ois même où l'intermédiaire est absent, il n'y
a ce|)endanl ])as de discontinuité vérilahh'; car pour les or|i;a-
nismes |»araissant, à l'éclosion (tu à l'état adulte, pj'ésenler une
variation discontinue, il y a (tout couune j)Our les individus
extrêmes d'une variation continue) continuité dans la vie indi-
viduelle à j)artir de la l'orme normale plus ou moins reculée
jusqu'à la constitution de l'état en apparence discontinu qui
caractérise l'individu adulte ou fraîchement éclos ; si donc ces
variations semblent a|)paraitre brus<|uement dans l'espèce, elles
ap|>araissent néanmoins d'une fagon progressive et continu*'
ciiez l'individu, tout connue une variation continue pi'oprement
dite.
Ces pbénomènes d'organogénèse anormale (ontogéni([ue, ou
régénérative) ne t'ont d'ailleurs (|ue se conformer, en cela, à la
règle générale, car il en est ainsi dans tout processus ontogé-
nique, tant avant qu'après la naissance (et souvent assez long-
temps après), comme par exemple :
Quand un (jeuf fécondé se segmente en deux cellules, ce
n'est pas brusquement, mais insensiblement qu'il passe du
stade 1 au stade 2; de même, pour tout organe qui se forme
par creusement ou |)ar saillie dans une surface unie, c'est
progressivement, c'est-à-dire d'une façon continue, qu'il appa-
raît et se constitue ; de même encore, lorsque les cellules
indilïérenciées d'un œuf en segmentation produisent des cellules
spéciales d'un tissu déterminé, ce n'est pas non plus d'une
— 7!25 —
façon brusque ou (iisconlinne, niMis |)ur tninsformalion insoii-
sible on continue;
C'est progressivement (jue le pied (les bras) vient entourer la
bouche chez les Ophalopodes; que le ganglion hraciiial se
séj>are du ganglion pédieux proprement dit [Sepia, <'tc.);
C'est progressivement (pie le ganglion pl<Mn-al des Lamelli-
branches se fusionne avec le c«'M'ébral [Lasaea, Dreissensia,
Tcredo, Unionidae); (|ue les centres cérébraux, |)riuiitivement
voisins, s'éc^irtenl dans divers Lajuellibranches, el que les viscé-
raux, originairement distants, s'y rapprochent;
C'est progressivement ([ue disparaît l;i cavité cérébrale des
Pulmonés Stylommalophores {Ifelix, etc.) ; (pic dis|)arait
l'osphradium de ces mêmes Stylommat(q)hores ; (pie disparaît
la glande byssogène des ('.\iclas el des Najades, le v(dum des
larves de Mollus(pies (lUirpura hiplllus, etc.) ;
C'est progressivement (pie les otocystes des M()lius(pies
s'enfonceni dans le pied el jiis(pie dans le ganglion pédieux
[Lasaea, Moutacuta, de. |>ai'mi les Lamellibranches);
C'est progressivemenl, bien après i'éclosion, (pie se constitue
la nageoire méta|K)diale de Carinaria ;
C'est progressivemenl (pie se constitue, après réclosi(ui,
l'asymétrie des Lamellibranches tels (pie Pecten , etc.. le
Irou dans la valve inférieure de Anomia; (pie le mnnieau
recouvre la co(piille dans divers Gastropodes et Lamelli-
branches à co(piille plus ou moins interne; (pie la jeune
co(piille spiralée de Pateila, FissiireUa, etc. devient coni(pie;
(pie les bords ventraux du manteau et de la co(juille se soud(Mit
et forment un tube, chez Uottalium; (pie les Teredinidae
prennent leur forme allongée, par le grand dévelop|)ement des
siphons ;
C'est progressivemenl et après I'éclosion (pie se constitue la
« branchie » |)alléale de Planorbis conieus et des antres Pul-
monés branchies ;
C/est progressivemenl et a)>rès I'éclosion (pie les glandes
— 7-2(3 —
i;(''ni[al(\s s'élcndent dans \e iiianleau des Mytilidae (d'avani (M1
ari'ièiv) (^) ;
C'est loiil à l'ail progressivemenl vl bien après l'éciosion ({(le
le ifénis se C(Hislilue chez Paludinn, aux dépens du tenlacuie
droil ; au inoinenl de l'éclosion el encore pendant bien des
semaines après, b^s jeunes mâles ont les deux tentacules abso-
lument seHd)lables; et celui de droite ne se transforme (pie len-
leiiienl en nu penis court et obtus (observations |»ersonnelles) ;
(^e n'est (|ue |»rogressivement (pj'apparaissenl les multiples
yeux des (^hitonides (-) ;
C Vsl progressivement (pie dis|)araissenl : le sinus caudal
(podocyste) des embryons d'/Ze/ù ; les reins larvaires des divers
Pulmonés Slylommaloplion^s : llcli.v aspcrsa, (Me. (^); la saillie
viscérale embryoïniaire des Niidibrancbes, au moins cbez Cenia
C()l,si ('). El même (piand il se produit une l)rus(pie modification
de conditions de vie, les exemples de varialion brus(pie sont
encore rares dans r(''voliirion individuelle; on ne peiil guère
citer, au momeni où l'animal passe de la vi(^ larvaire (îiageuse)
à la vie adulte (replalrice). (pie l'betérostylie de la co(piille
(diveis Gastropodes Slreptoneures : Purpura haenidsloma. etc.)
el la [(('l'Ie de l'opercule [Patella. Pleiirobrancbes, Nudi-
brancbes, (Me. h
Les pbas(^s les |)lus extrêmes de variation discontinue el les
variations continues pro|)remenl dites n'ap|>araissenl de même
(pie par une érolution continue dans le (lév(doppemenl indivi-
duel.
(') Pelseneer, Les Lamellibranches de l'Expédition du Siboga (partie anatomique).
(SiBOGA-ExPED., part. LI1I«, 1911, pi. V, l\^. 3 et 4, pi. VI, fig. 8 et 9.)
(*) Pelsea'EEr; Mollusques ( Aniphineiires, Gastropodes et Lamellibranches).
(RÉsiLT. VoY. s. Y. Bei.gica, 1903, pi. I, fig. 2 et 4.)
{') Pelseneer, Études sur des Gastropodes Pulmonés. (Mém. Acad. Belg.. t. iJV,
d901, 11. 60.)
(*) Pelseneer, Recherches sur rembrijologiv des Gastropodes. (Loc. cit., i9M,
pi. XXI K tig. 18 à 20.)
— m —
En etïet, pour l(»us les individus apparlenani à ces cas sus-
fiientionnés, si l'on remonte dans l'évolution ontogénique, il se
rencontre une phase jusqu'à laquelle ils ne se distinguent pas
de leurs congénères normaux ; et ce n'est (pi'après cette phase
tfue leur divergence se manitéste ; et elle ne va plus dès lors, en
s'accentuanl, <pie progressivement aussi, c'est-à-dire d'une façon
continue. On peut en trouver de nombreux exemples, lant dans
le développement ontogéni(]ue cpie dans le développement régé-
nératif (cas de variation discontinue produits par des hétéromor-
phos(*s) :
.4. Si fort (pi'une variation s'écarte de la noruiale, rex[>é-
rience montre toujours (pi il y a eu dans la vie de l'individu
varié, un juoment plus ou moins lointain où il n<' différait pas
des individus normaux de même âge, de son espèce (^).
Il en est ainsi, par exeuiple, dans les cas suivants :
a) Tous les Plufsa fontinalis, un peu avant l'éclosion, ne
possèdent qu'une digilalion palléale à droite (fig. 16); certains
adultes en montrent cependani onze, alors (|ue la uioyenne est
huit.
h) Les renflements annulaires de l'appendice caudal sont en
nombre variable chez Firoloides (p. 1213); tous les individus à
l'état de jeun(^ larve n'en |)résentent (pie deux (^).
c) Un Gastropode adull.e ou à l'éclosion possède j)arfois un
œil supplémentaire; ceux chez lesrpiels on a observé l'appari-
(1) Ce moment est, en règle générale, d'autant plus reculé que l'écart est
lui-même plus grand. C'est-à-dire que c'est aux variations les plus marquées qu'il
a fallu d'ordinaire le plus de temps pour se constituer ; mais elles se constituent
aussi d'une façon progressive ou continue, si même la cause de la variation est
violente ou énergique (expériences diverses de tératogénèse).
(1) Krohn, Beitrâge :.ur Entwickelungsgeschichte der Pteropoden und Heteropoden.
Leipzig, 1860, p. 3t.
— /2» —
lion première (l«^ cet appareil ont tkil voir (pi'il se consliliiail
par division progressive d'un œil normal et (pi'avanl celle phase
l'individu considéré élail |ioiirvii de deux yeux normaux comme
ses congénères de même âge : Pur-
pura lapHlus (}). 7:28), lÀmnaea
palustris (lig. 282), /.. glulinosa.
d) Le nombre (("veux ou de
rangées d yeux doisaiix (cocpiil-
liers) augmenle progressivement
dès un certain à^c dans les Clii-
tons, nolannnent chez Tonicia
[asl'ujialn (p 278) : tous les
individus montrenl (pie les plus
jeiMies stades ociilés comportent
loiijoui's une seule paire d'veux
(sur la (leuxiènie valve) (^).
FiG. iM. — Limnaea pahtslris.
embryon (non tordu et à spire
exogaslrique) avec IVril droit
commençant à se diviser en deux ;
\ue antérieure, a, anus;//,l)0uc!ie;
bu, bulbe buci-al ; cq, coquille;
hep, t'oies; oc. d, œil doulde;
œ, œsophage; /', pied; st. esto-
mac. — Original.
(') Au moulent de léclosion,
diM'i's Littoriiia ru(li.s peuvenl être
déformés (déroulés ou à enroule-
uient irrégiilier) par I action d'un
Inlusoire \y.\rns\[e( Protophripi ori-
colii) dans Toviducte uialernel;
mais mèjue dans un oviducte parasité, les très jeunes stades
sont tous réguliers et pareils (piant ;i renroulement, ce
«pi(^ démontrent, au surplus, les premiers tours des individus
déforjués (fig. 20a) ; de même, les jeunes co([uilles d<' celle sorte
de variation, trouvées mortes peu d<' temps après l'édosion.
présentent la même régularité du sommet (fig. 260) ('^).
(') Pei.sExNEEr, Mollusques { Amphineures, Gastropodes et Lamellibranches).
(Expédition m S. Y. Belgica, 1903, p. 34, pi. I, tig. 4.)
(*) Sykes, On some Honstrosities o/'Littorina rudis Maton. (Loc. cit., p. 1 : « The
nucleus of the shell is in ail case regular ».)
rJ.\
/') Il arriw que d'une ponte de Limnaea stagnalis, etc., sorte
un monstre constitué par deux individus plus ou moins fusion-
nés (p. -ÎII); les deux œul's dont provient ee uu)nstre double
sont, jusqu'après le stade gastrula, tout à fait pan^ils aux autres,
leur soudure n'ayant lieu ({u'après ce stade, et ne se faisant (jue
pi'Of/ressiremeut (tig. ^210, -211, -212 et 213).
(j) Pour toutes les variations |»lus ou moins i)nis<pies [»ré-
sentées par des embryons, lorsqu'elles ont pu être suivies dès
leur origine, il a été constaté qu'elles apparaissent d'une façon
continue : apparition (et dis|)arition ultérieure) de l'asymétrie
de la tèt<* chez un Planorbis corneus (p. 3^)8) ; a|>|)arition de la
hernie endodermique dans des Limnaea stai/nalis (|>. ■lï'î);
branchie extérieure de l^urpura lapUlus (p. 3i(), etc.
li. Dévelo|)pements régénéralifs : a) Quand on a amputé à
un Palella vulyala un d'il avec ses éléments nerveux sous-
jacenls. l'œil n'est pas régénéré et il apparaît à sa piac<' un
tentacule (tig. 268, [>. 459) ; mais ce tentacule ne se dévelopjte
(pie progressivejuent, counuençant par une saillie imperceptible
et linissant par égaler à |»eu près, en longueur. \c tentacule
normal du même côté.
h) Toutes les fois (pi'im organe enlevé rej>ousse bitide. il
counnence par se montrer très modérément divisé en un |)oint
seulement, et la division peut même s'arrêter à des degrés 1res
divers suivant les individus considérés; il en est ainsi pour la
généralité des variations méristi([ues dues à une régénération et
qu'on a jui reproduire expérimentalement ; les deux bourgeons
n'oni appaiu (pie [U'ogressivement pour :
1 . Un tenta<'ule repoussé bifide dans Purpura lapillus
(fig. 277).
2. Un siphon repoussé bilide dans iSassa inutabilis (p. GOH,
lig. 278).
730
3. Des Ifiitaculos pédionx postérieurs repoussés en nombre
double dans .\assa miitahUis (/).
4. Lors([u'une Cercaire ac<|uier( une
([ueue i)i- ou lrii'nr(|uée (fig. :288), ce n'est
pas bnisqueiuenl, uiais par division pro-
gressive de l'exlréiiiile libre, pendanl le
développeinenl, elc.
Il n'v a donc pas de variations discon
linues, mais seulement des variations
. ,. ., d apparence discontinue; car celles-ci sont
fera, uidividu ;i queue ' '_
ti'ifurquee, vu dorsale- Continues aussi dans leur mode de consti-
ment.- D'après Pelse- („iion. El l'évolution conlinue observée
neei'. . , ,, , ,
toujours dans 1 onlogenes<' est une preuve
nouvelb^ de la conlinuile réelle des variations d'apparence
discontinue.
2. — Identité de nature entre les variations d'apparence
discontinue et les variations continues.
La différence ne réside <pie dans la vitesse relative d<' leur
constitution : Les variations dites discontinues sont des varia-
tions « accélérées » et offrent un cas de développeuKMit condensé
ou abrégé. C'est-à-dire (jur les variations se réalisent plus ou
moins vite; leur différence d'intensité résulte de leur différence
de vitesse, et les variations d'apparence <liscontinu<' (brus({ues
ou de grande amplitude) ne sont (jue la forme plus accélérée de
la variation conlinue proprement dite.
Dans une borloge électri(|ue, une aiguille saule brusfpiement
toutes les soixante secondes; cependant les minutes (pi'elle
marque ne sont pas d'une autr<' nature cpie celles ([u'a marcjuées,
en marcbant insensiblemcnl , pour notre (eil — et d'une façon
(*) Hanko, Ueber das Regenerationsvermùgen und die Régénération verschiedener
Organe von Nassa mulabilis. (Arch. Entwickl. Mech., Bd XXXVIII, 1914, p. 498.)
781
conlinue — l'îiiguille d'une autre horloge ordinaire, par un
déplacenienl <|ui n'est visible «ju'après un nombre considérable
de secondes; et les secondes ainsi mesurées ne sont [)as d'une
autre nature (jue les premières.
11 en est de même pour les variations : Les unes peuvent être
apparentes à nos yeux, d'une génération à la suivante : ce sont
les variations brusques ou discontinues, appelées aussi « salta-
tions », dénommées encore d'une façon très significative, varia-
tions « en marches d'escalier (^) »; les autres demandent, pour
être percej)tibles à nos sens, un intervalle de plusieurs généra-
lions. Mais elles sont néanmoins, les unes et les autres, de la
même nature.
Contrairement à roj)inion des mutationnistes, ce n'est (\\\\n
tipparcnce que l'évolution est [tarfois discontinue. Rapide ou
l(Mite, visible ou non, toute variation traverse les mêmes phases :
elle est continue en dépil d'une a|)parente discontinuité. Un
individu qui descend d'un autr<' n'en a pas été toujours discon-
tinu ; et de même, la (lifï'érenc<' (variation) d'avec son {u'ogéni-
teur, et de sa génération d'avec la j)récédente, n'a pas brusque-
ment surgi : elle s'est produil<' plus ou moins lentement, d'une
manière conlinue et progressive, au cours de l'évolution indivi-
(hielle des exemplaires qui constituent cette génération nouvelle.
Cela n'en prouve pas uioins que les variations « bruscpies »
sont de la uu^'uie nalur<' que les autres (^). Car il est im[)Ossible
d'établir entre elles une limite séparatrice précise; ces variations
ne ditïérent les unes des autres que d'une façon quantitative et
non ([ualitativ(\
(') GiARD, Sur un exemplaire chilien de Pterodela pedicularia L. à nervation
doublement anormale. (Actes Soc. Sci. Chili, t. V, 18*Jo, p. 21.) — tl. Douvillé,
Comment les espères ont varié. (Comptes rendus Acad. Sci. Paris, t. CLI, 1910,
p. 706.)
(2) En dehors de la généralité des évohitionnistes, qui partageiil cette manière
de voir, on peut encore trouver des mutationnistes qui l'ont exprimée : « Il ne
semble pas qu'il y ait une ditîérence essentielle entre la variation discontinue
et celle qui paraît continue ». (Cuénot, Recherches sur l'hybridation. [Proc,
7th Internat. Zool. Congr., 1912, p. 110].)
— 73-2 —
II. — Unité des variations quant à leur hérédité
(variation de l'hérédité dans la sinistrorsité prise
comme exemple).
Au poini (le viif do lu Ininsmissibililc, il ii'v a |)as li(Mi de
séparer les varialioiis en deux groujjes dislinels el oj)])Osés : les
variations héréditaires et les variations non héréditaires, iesj»ee-
tivement synonymes, |)Oiir les niiilalionnistes, de « nmlalions »
et de « tluetiialions ».
Des nmtationnisles ce|)endant sonl déjà obligés de reconnaître
eux-mêmes (ju'il n'y a rien d'absolu dans celte distinclion ; el
ils admettent que les tluclualions ne sonl |)as toujours nécessai-
renienl non héréditaires et peuvent être transmises d'une façon
incouiplèle; el cpie, d'autre |>art, les mulalions ne sonl pas
toujours transmises complètement el constaunneni el qu'il en
est d' « intixables » (^).
En réalité, il peut y avoir hérilabililé tant du côté des vaiia-
lions d'apparence discontinue que du côté des variations
continues. On a vu, en etlél, (pi une variation n't'sl pas néces-
sairement héréditaire ou non héréditaire, cl (prune même
variation se montre tantôt héréditaire, tantôt luui hérétiitaire,
non seulement dans des espèces voisines, mais encore au sein de
la même espèce (pp. 65i et suiv.).
L'étude de la sinistror.>ilé montre d'ailleurs le passage
progressif el la continuité — c'est-à-dire l'unité des variations
— entre la sinistrorsité individuelle non héréditaire et la
sinistrorsité en nond)re et héréditaire
Il y a à distinguer entre sinistrorsité spécifniue el sinistrorsité
« individuelle ». Comme exemple de la première, tout \o
monde connail bien les Plnisa^ les Triforis, etc. ; el c(Hume
(*) CuÉNOT, Lu genèse (les espèces animales. I*;ii'is, 1911, p. I;:i8.
— 783 —
exemple de la seconde, les individus exceptionnellenienl
sénestres (variation d'apparence disconlinue) de Hélix pomatia,
H. (ispersa, elc (voir I"^ partie, p. 30).
Au poinl de vue de la Iraiisiuissibilité, il taul distinguer entre
la sinistrorsité héréditaire el la sinistrorsité non héréditaire-.
Or la sinistrorsité spécifique est normalement héréditaire, tandis
«pie la sinistrorsité « individuelle » n'est pas héréditaire chez
HeiiJL' pomatia (|». 641).
Se basant sur cette seule constatation, les umtationnistes
tiennent la jjiemière pour une « umtation » et la seconde pour
une « fluctuation », commettant ainsi une pétition de |)rincipe,
d'ailleurs, puisipi'ils disent « nuitation » parce (ju'il y a hérédité
et puisque quand ils parlent de nuitation, ils l'atlirment hérédi-
taire parce (jue <c mutation ».
Or l'expérience montre, dans tous les cas ])ossibles, V unité
du phénomène. En effet :
r 1! y a identité morphol(>gi([ue :
A. Dans les adultes : Un Hélix pomatia ou un H. variahUis
individuellement sénestre a les organes (cœur, orifices anal,
rénal, génitaux) disj)Osés comme ceux d'un (Uausilia sj)éci-
ficpiement sénestre.
H. Dans le développement depuis la segmentation : La
segmentation est « rétrograde » dans toutes les espèces
sénestres; la parfaite constance de cette concordance (entre la
sinistrorsité de l'adulte el la segmentation rétrograde de
l'ieuf) ne permet pas de douter un seul instant que tous les
individus accidentellement sénestres dans une espèce dextre
proviennent d un (eut* anormalement segmenté suivant le mode
rétrograde.
Car l'expérience montre <proccasionnellemenl des œufs à
segmentation rétrograde peuvent apparaître — en nombre plus
ou moins grand — dans une espèce dextre [Pterotrachaea
— 734 —
mutica, par exemple, iig. 105. p. HO'S) el ces œiit's ne penvenl
être bi source ([iie d'inclividus séneslres {')•
On penl donc déjà induire, de ce (|ni précède, (jue ions \es cas
d'inversion, <pj'ils soient normaux on accidentels, ne son! pas
seiilemeni des varialions analogues, mais encore des varialions
de la même nalure morphologi<p]e, dès le début.
i" L'unité du phénomène est surloul démontrée par l'exis-
tence d'intermédiaires entre la sinistrorsité s|)écifique el ly
sinistrorsilé individuelle, d'une part, et entre la sinisirorsité
hérédilaire el la sinistrorsité non héréditaire, d'autre pari.
Ces intermédiaires sont les amphidrotnes, espèces à enroulement
indifïéremmenl dextre ou sénestre, où il existe tcuijours une
sinistrorsité en nombre, inférieure ou su|)érieure à la dextrorsilé
suivant les cas.
Or parmi ces amphidromes eux-mêmes, il y a des degrés.
Il existe notamment des auiphidromes « ]»ermanents » {Vnrtula,
Compcloma, etc., voir ci-dessus, p. ()56), el des amphidromes
temporaires (connue certains Limnaea indigènes : L. pengra,
voir ci-dessus, j>. (i55).
a) Amphidromes |»ermanents. Il faut y distinguer :
a. Les es])éces t'ranchemcnt amphidrouies, chez lesquelles,
dans toute l'étendue de la disiriluition géographicjue, les indi-
vidus dextres et sénestres sont régulièrement mélangés : c'est le
cas de diverses esi»èces de Pulmonés terrestres comme les
Arioplianta, les Orthalinis, Clausilia fussiana, Buliminus
(1) Dans Vnio cotnplanalm, tous les œufs d'un individu avaient le blastomère A
plus gros que D, contrairement à la rèj^le : on peut y voir un exemple d'inversion.
(LiLLiE, The Embryology of Ihe Unionidae. [Joubn. of Morph., vol. X, 1895, p. 13].)
— Il y a d'autres organismes que des Mollusques où de semblables inversions se
rencontrent : dans un Ascaris, il arrive qu'un œuf sur 40 ait une segmentation
à symétrie renversée. (Zuk Stuassen, Embryonalcntwicklung der Ascaris megalo-
cephala. |Auch. f. Entw. Mech., Bd III, 1896].)
— 735 —
reversaUs; des Gastropodes fluviatiles comme les Limnaea des
îïes Hnwaï (^) el les (Aimpclotna ; des Gastropodes marins coiïime
Fidgur carica et F. perversum.
|S. Celles qui présentent une localisation de deux races, l'une
dextre, l'autre sénestre, en deux régions dittérentes de l'aire
£féograj)hi(jue de res[)èce. Il en est ainsi pour :
Pupoides pacificus, constamment dextre au nord-est de
l'Australie el dans les îl<»s voisines, mais toujours sénestro dans
l'île Cassini (-) ; Kulota mercatoria, sénestre dans l'île Koumé-
Shima (sud du .la|»on), dextre ailleurs (^) ; il existe une race
exclusivemenl sénestre de Bulimus punis dans les montagnes
|)rès d'Urmia i^Perse), tandis qu'ailleurs, aux environs d'Urmia,
l'espèce est seulement dextre {*) ; de même, (Jwndrula quadri-
dons uiontre une race sénestre dans le Winschgau seulement, et
une race dextre |)arlout ailleurs (•').
Les deux cas ci-dessus ne sont d'ailleurs pas absolument
ti'anchés et entre les deux se Irouvent :
V. De véritables interujédiaires, c'est-à-dire des formes (|ui,
dans une partie de leur dislribution géograpbi(pie, sont f'ran-
cbemenl anijthidromes, el <pii, en d'autres |)oints, ou bien ne
montrent ([u'un seul sens d'enroulement ou présentent même les
deux sens séparés en deux endroits différents :
1 . Pupoides contrarius^ amphidrojne au centre de l'Australie,
exclusivement sénestre sur la côte ('') ; certains Clausilia ampbi-
(*) Pkase. Remarks on the s]pecies ofMelania and Limnaea inhabiling ihe Hawaiian
Islands. (Amer. .Iourn. of Conch., vol. VI, 1870, p. 4 : « Sinistral and dextral
spécimens of the same species are found in company with each other ».)
(2) Smith. Proc. Malacol. Soc. London, vol. I, 1894, p. 96.)
(5) Ancey, Observations sur les Mollusques Gastéropodes sénestres de l'époque
actuelle. (Bull. Sci. I'rance et Belgique, t. XI^, 1906, p. 187.)
{*) Naegele, fide Hesse, Kann sich die abnorme Windungsrichtung bel den
Gastropodenvererben? (Zool. Anz., Bd XLIV, 1914.)
(5) Gredler, Nachr. Bl. Deuisch. Mnlakowol. Ces., Bd XXXIII, 1901, p. 28.
(6) Ancey, loc. cit., p. 196.
— 730 —
di'oiiies (le Transylvanie otl'renl yine. race locale d'un enroiileinenl
déLerniiné : une race dexlre de (.. leucosti(/ma (^), une race
dexlre de C. straniinicollis ('^).
^. Huli)nh}u.s candclaris, dextres et sénestres « not usually
fonnd absoiulely altogetlier (^) » ; Partula otaheitana , stricte-
ment aniphidrouie dans les portions centrales de son aire géo-
grapliiijue, exclusivement sénestre à l'une des extrémités, exclu-
sivement dextre à l'autre (^).
0. i\Iais ici encore, on peut voir une étape menant à ce der-
nier stade. C'est le cas de certaines espèces auipliidromes ayant
des individus presque tous d'un seul sens d'enroulement, sans
que ce soit un phénomène local :
1. Individus prescpie tous sénestres : lÂniuuea turgidu/a,
L. vompaclu, L. amhiyua, et presque tous les L/m»rtc« àmphi-
dronies de Hawaï (') ; certains Amphidromus (dont on a fait le
sous-i>enre Sipidromus) : A . eoutrarius, A . adamsi.
:2. Individus presque tous dextres : Les diverses espèces de
(Aiiupelofua; Partula vcxil/uni, P. a/finis.
h) Amphidromes temporaires : lis montrent le passage entre
les formes normalenient dextres et les amphidromes perma-
nents :
a. Limnaca percgra : A ^Yiedikon (près de Zurich), dans une
(1) Flach, Uehpy eine rechtaqpwundcne Rasse dcr Glausilia (Papilliffra) leu-
costigma Rossm. [var. convertita). (Mitt. Naturvviss. Ver. Aschaffenbcrg, Bd VI.
-1907.' p. 75.)
(') D'un côté d'un ruisseau, strictement amphidrome (avec quatre cinquièmes de
sénestres); de l'autre côté, exclusivement dextre (fide Bielz).
(5) Fide Nevill.
(*) Mayer, Some Species of Partula of Tahiti. A Stuiy in Variation. (Loc. cit.,
1902, p. 133.)
(^) Pease, Remarks on the species of Melania and l.imnaea inhabiting the Hawaiian
Islauds. (Amer. .Iourn. of Conch.. vol. VI. p. 4 : « The latter (dextral) are rare al
ail localities ».)
— 737 —
petite mare, 12 individus sénestres rencontrés sur environ 150,
d'après Mousson; à Hesleden (comté de Durham), dans une
petite mare, plusieurs exemplaires sénestres, d'après Tristram et
d'après Trechman ; dans une petite mare au nord de Leeds,
d'après Nelson (^).
p. Limnaca stagnalis : D'abord 7 individus sénestres sur 30
(soit 23 °/„), puis encore 20 spécimens sénestres, dans une
petite mare (de moins de 100 mètres carrés) près d'Aerscliot
(Belgique) (^).
On peut donc, ici, citer surtout des Pulmonés aquatiques
habitant de petites mares, parce que là tous les exemplaires
d'une même ponte ne peuvent pas se disperser. Mais, bien que
cette dispersion ne soit pas empêchée dans les Pulmonés ter-
restres, il V a aussi à noter, parmi eux, par exemple : trois
Heiix aspersa sénestres pris à Epsom {^), les multiples
H. aspersa sénestres rencontres aux environs de La Rochelle ("*) ;
les très nombreux spécimens de //. nemoralis sénestres subfos-
siles de Bundoran (comté de Donegal, Irlande), etc. (^).
3° Entin l'unité du phénomène est encore démontrée par le
fait suivant : 11 y a, au point de vue de la sinistrorsité, des
intermédiaires entre l'hérédité parfaite et régulière (comme dans
Pliysa fontinalis, par exemple) d'une part, et le défaut d'héré-
dité d'autre part (chez Heiix pomatia individuellement sénestre).
(') Mousson, in Hartmann, Erd- und Siisswasser-Gasteropoden der Sriweitz.
Sint-G;illen, -1844. — îbechman, I.imnaea peregra, monst. sinistrorsum, in Durham.
(The Naturalist, d906, p. 113.) — Nelson, Reversed Limnaea peregra in Leeds.
(The Naturalist, 1901, p. 210.)
(2) CoLLiN, 8ur la Limnaea stagnalis Linné et sur ses variétés observées en Bel-
gique. (ANN. Soc. MaLACOL. I5ELG., t. VII, 1873, pp. LXI elLXXXVL)
(5) Daniell, Sivmltaneous occurrence of five sinistral examples of Hélix aspersa.
(JOURN. OF CONCH., vul. 1, 1874, p 50.)
(*) Cailliaud, Catalogue des Radiaires, Annélides, Cirripèdes et Mollusques marins,
terrestres et fluvialiles de la Loire-Inférieure. Nantes, 1865, p. 220.
(S) Plus de 2,000 : Collier, Journ. of Conch., vol. XIV, 1913, p. 121.
47
— 738 —
On sait, en effet, (jue les expériences de fécondation entre
deux individus exceptionnellement sénestres de H. pomatia ont
toujours donné exclusivement des produits dextres (ci-dessus :
p. 6ii).
Mais à côté de ce cas extrême, il y a toute une série d'inter-
médiaires :
a) Sinistrorsité avec hérédité régulière occasionnelle : Hélix
aspersa, dont les exemplaires sénestres ont ordinairement donné
une progéniture dextre, a aussi pendant plusieurs générations
montré une colonie régulièrement sénestre (voir ci dessus :
p. G5G).
b) Sinistrorsité en nombre avec hérédité partielle (amphi-
dromie teuiporaire) chez Lhtmaea pereijra. Comme on Ta vu
plus haut, il est des espèces où l'amphidromie a apparu parfois
localement, pour plus ou moins longtemps; c'est le cas pour
L. pcrcgra notamment (on sait d'ailleurs qu'il y a dans le genre
Limnée, bien des espèces exotiques — polynésiennes — nor-
malement amphidromes : L. oa/iouensis, etc.).
1. Près de Leeds, pendant plusieurs années, dans une petite
mare, la sinistrorsité de L. peregra fut observée en nombre
(voir ci-dessus : p. 655) ; mais tous les individus sénestres furent
enlevés par les collectionneurs. Toutefois, des exemplaires
dextres de cette même mare, mis en aquarium, donnèrent des
pontes dont sortirent près de moitié d'individus sénestres (*).
2. Près de Hesleden (voir ci-dessus : p. (>55), la sinistrorsité
en multiples exemplaires a été constatée plusieurs fois en une
trentaine d'années (au moins vers 1875, en 1895 el en 1903) (')
dans une même petite mare. En aquarium, les incHvidus sénestres
(^) Tayloiî, communicalion épistolaire.
(2) TiuxHMAN, Limnaea perogra, monst. sinislrorsum, in Di/rham. (The Natu-
RAUST, 1901, p. 2d0.)
— 739 —
accouplés ont donné une progéniture où les dextres et les
sénestres étaient presque en nombre égal, avec une légère pré-
pondérance des sénestres.
c) Sinistrorsité en nombre, avec hérédité totale et régulière
(sinistrorsité locale temporaire). Elle a été remarquée pendant
plusieurs générations, chez une autre Limnée non amphidrome
normalement, L. stagnalis, dans une petite mare près d'Aer-
schot (voir ci-dessus : p. 647). Durant plusieurs années, on y
observa des exemplaires sénestres en abondance; élevés en aqua-
rium, ils pondirent et montrèrent « l'hérédité de la variété (^) ».
Celle-ci avait été reconnue aussi dans la nature et s'y serait d'ail-
leurs perpétuée encore, si là également des collectionneurs
avides n'avaient provoqué la disparition de ces spécimens
inverses (comme pour les L. peregra de Leeds, cités plus
haut) .
d) Amphidromie normale, avec hérédité partielle : Parmi les
Streploneures, chez les Paludinidae nord-américains unisexués
vivipares du genre Campeioma (ou Mclantho), on y observe,
constamment (dans les diverses espèces du genre examinées à ce
point de vue), que les individus dextres sont mélangés d'un
petit nombre d'individus sénestres. Or, dans l'oviducte d'un
Campeioma devisa (ou lieterostroplia) dextre, il y a d'une façon
régulière, de 2 à 2 ^j^ "/^ de jeunes sénestres, chez une femelle
dextre de C. intégra, 2 7o, <ie C. rufa, l à 1 ^2 % (^)- D'autre
part, chez un Campeioma femelle sénestre, il a été rencontré
25 jeunes dextres et 2 sénestres, soit près de 5 ^j^ 7c, et dans
une femelle sénestre de C. decisa, il a été trouvé jusqu'à 4 jeunes
individus sénestres (voir ci-dessus : p. 656).
(*) CoLLiN, Sur la Liranaea stagnalis Linné et sur ses variétés observées en Bel-
gique. (LOC. CIT., p. LXXXIX.)
(2) Gall, On reversed Melanthones. (Loc. cit., p. 207.)
— 740 —
e) Amphidromie normale avec hérédité partielle ou totale :
Dans une seule et même espèce, l'hérédité partielle et l'hérédité
parfaite et régulière peuvent enfin se présenter siuiultanément,
suivant la localité; exemple : dans les Pulmonés terrestres
amphidromes du genre Partula des îles Tahiti.
Lorsqu'ils furent étudiés au point de vue de l'hérédité, ces
Gastropodes hermaphrodites et vivipares révélèrent que l'héré-
dité d'enroulement y est variable suivant l'endroit. En effet,
chez une même espèce, P. otalieitana :
i . Dans certaines vallées, tous les individus adultes sont
dextres et tous donnent exclusivement des jeunes dextres; tandis
que dans une autre vallée tous les adultes sont sénestres et
donnent exclusivement des jeunes sénestres.
2. Mais, d'autre part, dans les vallées intermédiaires, il y a
simultanément des adultes dextres et des adultes sénestres, et
malgré que l'accouplement paraisse impossible entre individus
d'enroulement différent, chacun, qu'il soit dextre ou sénestre,
donne indistinctement des jeunes dextres ou sénestres (*).
On voit donc qu'il n'y a pas de séparation tranchée entre
sinistrorsité héréditaire et sinistrorsité non héréditaire, puisque,
d'une part, il existe chez des amphidromes normaux, des races
sans aucune inversion héréditaire [Partula otalieitana ci-dessus,
races locales dextre et sénestre) ; et, d'autre part, il y a des Gas-
tropodes non amphidromes normaux, où s'observe cependant
une inversion locale ou temporaire, partielle ou totale : Lim-
naea perec/ra et L. stagnalis. Et le cas de ces Limnaea est par-
ticulièrement suggestif, puisqu'il concerne aussi des espèces non
auiphidromes, exactement comme les cas d'inversion observés
occasionnellement dans Ilelix potnatia.
(^) Mayer, Some species of Pariiila pf Tahiti. A Sludij in Variation. (Loc. cit.,
p. 131.) — Crampton, Siudies on the variation, distribution, and évolution of the
gmus Partula. The. species inhabiting ra/ii/î. (Carnegie Inst. Washington. Publi-
calion no 228, 1917.)
— 741 —
Or cette inversion chez Hélix et Limnaea est également con-
génitale : au lieu qu'un seul œuf se segmente inversement chez
Heiix, plusieurs ou beaucoup subissent la segmentation inverse
chez les Limnaea peregra et L. slagnalis cités plus haut. De
sorte que si, au lieu d'être pluripares, Pavtida, Campeloma,
Limnaea, Hélix, étaient tous unipares, les deux cas, inversion
individuelle des deux derniers d'une part, et amphidromie des
deux premiers d'autre part, se confondraient en un seul et
même phénomène.
En réalité, il n'y a pas à distinguer entre sinistrorsité spéci-
fique, supposée « mutation n héréditaire, et sinistrorsité acci-
dentelle, supposée « fluctuation » non héréditaire ; ces deux
dispositions identiques morphologiquement ne diflerent pas
qualitativement, mais seulement par le degré dans la fréquence
et dans l'hérédité.
La preuve s'en trouve dans le fait qu'on peut voir ce phéno-
mène biologique d'inversion sous toute une série de stades en
gradation continue, depuis la « monstruosité » individuelle,
nullement fixée d'habitude (Hélix pomatia), jusqu'aux espèces
normalement inverses, avec tous les intermédiaires possibles
entre l'absence d'hérédité et l'hérédité obligatoire. En effet :
A. Dans une même ponte, déposée ou éclose, il peut y avoir
exceptionnellement chez une forme dextre, un embryon sénestre
mêlé aux embryons normaux : c'est le cas des individus sénestres
rencontrés occasionnellement en petit nombre chez divers Gas-
tropodes. Et le fait, qui doit nécessairement arriver autant de
fois qu'il y a de cas accidentels d'inversion, a été observé réelle-
ment plusieurs fois dans des Paludines vivipares : P. coniecta (^),
P. vivipara (ou fasciata) (^).
(1) Standen, Journ. ofConcli., vol. XII, 1907, p. 68.
(2) Drummond, Notes on the development «/"Paludina vivipara, etc. (Quart, Journ.
MiCR. Sci., vol. XLVI, 1902, p. 12-2.) — Hashagen, Ueber eme links gewundene Vivi-
para fasciata, (Nachrichtsbl. Malakozool. Gesellsch., 1907.)
— 742 —
Les individus inverses de cette nature, au moins chez Hélix
pomatia (et le plus souvent chez H. aspersa), donnent alors,
accouplés entre eux, des pontes à embryons tous dextres.
Il est à noter que cette apparition de l'inversion accidentelle
ne se fait pas indifféremment en tout point de l'habitat géogra-
phique des espèces considérées. Pour beaucoup d'entre elles, on
a remarqué des localités ou des régions où cette sinistrorsité est
plus fréquente (pp. 38 et 737).
B. Cette dernière circonstance (multiplicité des individus
inverses dans une partie de la distribution géographique) con-
duit à des cas où l'inversion est tellement fréquente chez une
espèce normalement d'un seul sens, qu'elle s'observe pendant
plusieurs générations successives et devient ainsi, mi moins tem-
porairement, héréditaire pour une partie de la descendance,
quel que soit le sens de l'enroulement du parent ; exemple : chez
les lÂmnaea staynalis et L. peregra cités plus haut, et trouvés
dans de petites mares, donc dans des conditions favorahles pour
empêcher la dispersion des individus inverses, et favorables en
même temps à l'isolation de la race ainsi formée.
C. La chose devient indéfiniment normale et régulière, chaque
ponte renfermant tonjours un petit nombre de spécimens
sénestres : cas des Melantho (ou Campeloma) cités plus haut
(p. 656), de Clansilia fussiana, etc. (p. 73 i), dans l'utérus
desquels il y a d'une façon constante — tant chez les femelles
dextres que chez les sénestres — quelques embryons sénestres.
D. Ensuite, il peut se taire que dans ces espèces « amphi-
dromes ^) (produisant normalement des jeunes dextres et
sénestres), il y ail localement des individus exclusivement
inverses n'engendrant que des jeunes du même enroulement que
les parents : race locale sénestre de Partula otalieitana, race
dexlre de Clansilia lencostigma, etc.
— 743 —
E. Ce cas de ponte tout entière inverse a été constaté
d'ailleurs dans au moins une forme dextre [Pterotrachaea
miitica, p. 303), et peut donc produire éventuellement le même
résultat dans l'hypothèse d'isolation de cette génération inverse.
L'apparition de la première inversion dans une lignée est un
phénomène isolé, comme dans la première éventualité ci dessus :
tielix pomatia ; la cause qui détermine l'inversion de la segmen-
lation n'a pu agir d'une façon continue ou constante, puisque
son action, si même elle a été brusque, n'a pas été profonde et
n'a atteint qu'un ou que quelques œufs ; et l'expérience montre
que cette inversion n'est pas héréditaire. La variation ne peut
se fixer, alors même que deux individus inverses sont artifi-
ciellement isolés et accouplés ensemble.
Mais dans les deux cas suivants le phénomène apparaît comme
fréquent : la cause déterminante a dû agir plus longtemps et
d'une façon plus marquée, à preuve qu'il y a assez fréquemment
hérédité de l'enroulement inverse et que l'inversion est réguliè-
rement fixée sur une partie de la descendance.
Enfin la sinistrorsité devient complètement héréditaire lorsque
la variation elle-même est devenue générale en un point déter-
miné (exemple : inversion en nombre de Hélix aspersa à La
Rochelle, p. 65(3; de Limnaea stagnalis près d'Aerschot,
p. 647), et que l'isolation « physiologique » ne permet que
l'accouplement de deux parents semblables (/). Et puisque la
variation est devenue générale, c'est évidemment que l'agent
(1) Il a été reconnu que deux individus, l'un dextre et l'autre sénestre, np peuvent
s'accoupler {Hélix aspersa : Jackson, Atlempt to breed from a sinistral Hélix
pomatia, \vith notes on the reproduction of ihe dart (Joukn. of Conch., vol. XI,
1906, p. 341). — Limnaea stagnalis : Coi.lln, Sur la Limnaea stagnaJis Linné et sur
ses variétés observées en Belgique (Loc. cit., p. 93). — Cette impossibilité est
toutefois contestée, l'accouplement entre individus d'enroulement inverse ayant été
observé tant dans Hélix pomatia que dans Limnaea peregra. (Bûchner, ISachtràgc
zur Revision der Varietàten von Hélix pomatia L. [Jahresb. Ver. Vaterl. Nature.
Stuttgart, 56 Jahrg-., 1900J. — Hutton, Notes on Limnaea pereger monst. sinistror-
sum. [JoL'RN. OF Conch., vol. XVI, 1919, p. 58].)
— 744 -
causal a agi pendant un temps suffisant et avec un eftet intense^
en produisant une modification profonde et complète.
Et la généralisation de la sinistrorsité est amenée aussi par la
disparition progressive, dans une zone déterminée, des indivi-
dus à sens d'enroulement originel (dernier cas ci-dessus) : on
en voit un exemple naturel dans le cas de Partida otalieitana
(espèce vivipare) ; on trouve manifestement la variation orientée :
dans les vallées de Tahiti, où cette espèce est amphidrome. les
individus sénestres '< bi^eed triicr to tlieir type », c'est-à-dire
donnent un pourcentage sénestrede jeunes, supérieur au pourcen-
tage dextre donné par les individus dextres ( ^) . L'hérédité partielle
ou irrégulière est remplacée alors par l'hérédité constante (-).
Ainsi peut s'expliquer, après un nombre approprié de géné-
rations, la présence de races sénestres dans les espèces dextres
et inversement, auxquelles il a été fait allusion, ainsi que l'exis-
tence d'espèces très voisines — l'une dextre, l'autre sénestie —
dans certains genres : Neptunea (^), Clausilia, etc.
De sorte que si, dans ce phénomène, on tient couiple du
temps, on comprendra facilement les différences dans la fixité
de la variation, d'après les différences dans la durée d'action du
facteur qui en est cause. Si ce facteur a agi pendant longtemps,
son influence a pu devenir générale, et par là, ses effets ont pu
se manifester avec une hérédité complète.
{«) Mayer, Some Species of Partula of Tahiti. A Study in Variation. (Loc. cit.,
p. 125.)
(2) Cette explication de la croissance de l'hérédité pour la sinistrorsité csl
aecep'ée par Lang {Ueber die Mendelschen Gesetze, etc. [Loc. cit., p. "252J).
(') Neptunea aniiqua et Neptunea contraria (L.); il ne faut pas confondre celte
dernière forme avec l'anomalie individuelle séneslre {« N. sinistrorsa » Desliayes)
de iV. antiqua, comme l'ont fait Bateson (Materials for tfie study of Variation,
p. 64) et Sykes (Variation in récent Mollusca [Pnoc. Malacol. Soc. London, vol. VI,
p. 268 1) : N. contraria est une espèce distincte, qui ne vit que sur les côtes
océaniques du S.-VV. de la France, de la presqu'île ibérique et du N.-W. de l'Afrique
(et peut-être de l'Ouest de la Méditerranée); tandis que N. « sinistrorsa » ne se
ren(^ontre, à l'état d'individus isolés, que dans l'aire de dispersion (plus septen-
trionale) de iV. antiqua.
' — 745 —
En d'autres termes, l'inversion qui semi)le tellement discon-
tinue, qui est née « accidentelleuient », se fixe par évoliilion
progressive de son hérédité, dès que la cause ordinaire exerce
un effet assez étendu pour frapper plusieurs individus de la
ponte, au lieu d'un seul. Cette modification par inversion,
co!)ime tant d'autres modifications, est, au début, dépourvue de
stabilité; mais l'action causale du milieu se poursuivant, la
transformation devient de plus en plus régulièrement héri-
table.
Les divers cas énumérés, de sinistrorsité de plus en plus héré-
ditaire, montrent que, dès qu'une modification est devenue loca-
lement fréquente ou « plurale », elle est également devenue
héréditaire (son hérédité pouvant être partielle ou générale).
L'expérience a montré d'ailleurs (voir plus haut : p. 653) que,
d'une façon très générale, les variations fréquentes sont à un
haut degré héréditaires.
L'exemple de Limnaea percgra fait voir comment une espèce
normalement dextre peut, par variation fréquente, devenir un
amphidrome local ou temporaire, avec hérédité séneslre pour
enviion la moitié : ce qui constitue la « race intermédiaire » ou
demi-race des théoriciens. Et l'exemple de Partida otafuitaua,
race sénestre, montre, d'autre part, connnent une espèce
amphidrome peut, par variation fréquente et isolation, devenir
sénestre avec hérédité complète (^).
Dans cette variation qu'est la sinistrorsité, la cause de la
variation agit toujours sur l'œuf même, avant toute segmenta-
tion : dès la première division, apparaît la difterence entre
l'œuf donnant un individu dextre et celui qui donne un individu
sénestre; or l'hérédité de cette variation peut être nulle (Hélix
pomatia), irrégulière (Partula), faible (Campeloma), moyenne
(•) Mayer, Some Species of Partula of Taliili. (Loc. cit., p, 124 : « VVe seo, then.
Ihat ihe snails gradually change from dextral to sinistral as we pass from Tipaeiui
to Pirae Valley ».)
— 746 —
(fJmnaca peregra), totale [Hélix aspersa de La Rochelle, Lim-
naea stagnalis d'Aerschot).
La sinistrorsité est donc un exemple de variation « brusque ■>
pouvant être transmise, sans l'être toujours. De sorte que l'éga-
lilé souvent exprimée : variation discontinue (ou « muta-
tion ») = variation héréditaire est donc une hérésie (^) ; et que
l'on ne peut dire : « mutation est exactement synonyme de
variation héréditaire (^) ».
On peut, si l'on veut, décorer de deux noms différents (respec-
tivement variation discontinue ou « mutation « ou sallation, et
variation continue ou fluctuation) l'inversion de Hélix pomatia
d'une part, et celle de Limnaea stagnalis d'autre part, c'est-
à-dire deux variations équivalentes; on peut encore, à propos
des Partida amphidromes, dans certaines espèces desquels la
descendance est tantôt de même sens que le parent, tantôt
inverse, dire que dans le premier cas la sinistrorsité est « ger-
minale », et dans le second cas, « somatique » (^) ; mais lorsqu'on
l'aura fait, on n'aura rien expliqué de leur différence au point
de vue de l'Iiérédilé.
Quoi qu'il en soit, il a été déduit plus haut, de l'observation
d'autres variations, qu'un caractère déterminé peut être tantôt
héréditaire, tantôt non héréditaire, chez la même espèce, non
seulement au cours de la même génération, mais dans la même
ponte : cela est confirmé pour les variations d'apparence discon-
tinue, par l'étude de la sinistrorsité. Et d'autre part, on
connaît aussi des variations continues pouvant être transmises
(1) Il y a notamment une contradiction manifeste dans la façon de voir de Lang
à ce sujet : il rp[)ousse la distinction des variations basée sur la disconiiniiité, pour
la remplacer par celle qui est fondée sur l'hérédité [Veber die Mendelschen Gesetze,
Art- iind Varietatenbildung, Mutation und Variation, insbesondere bei iimeren Hain-
und Gartenschnecken [Verh. Schw. Naturw. Gesellsch., 1906, p. 248J); et dans le
même travail, six lignes plus haut, il établit que tout caractère peut être tantôt
héréditaire, tantôt non!
(^) CuÉNOT, La genèse des espèces animales, p. H6.
(3) CuÉNOT, in Année Biologique, t. XXII, 1919, p. 349.
— 747 —
(p. 65!2), ainsi que certaines d'entre elles à hérédité inconstante
(p. 657). De sorte que variations « brusques » et variations
continues se comportent, à cet égard, de la même façon.
Au reste, c'est la conclusion à laquelle arrivent la généralité
des auteurs qui ont examiné cette question chez les Mollusques :
a) Pulmonés terrestres en général : « Mais tous les carac-
tères, en fait, sont plus ou moins héréditaires (^). »
b) Hélix : tous les caractères qui se présentent dans un grand
nombre d'individus sont héréditaires à un haut degré, et les
variations isolées ne sont pas héréditaires; et des plus petits
détails dans la variation de la coloration et des bandes, il n'en
est'pas de si insignifiant, qui ne puisse être héréditaire (^).
c) Cerion : il n'y a pas d'opposition de principe entre
« variation fluctuante non héréditaire » et mutation héréditaire;
et ce qui est vrai pour Ildix (ci-dessus) l'est également pour
Cerion (^).
III. — Unité des variations quant à l'époque
de leur apparition.
Il n'y a pas davantage de différence qualitative entre les varia-
tions «congénitales » (antérieures à la naissance) et les variations
acquises (postérieures à la naissance) : et ces deux « sortes » de
(1) CouTAGNE, Recherches sur le polymorphisme des Mollusques de France. (Loc.
CIT., 1895, p. 209.)
(2) Lang, [Jeber die Mendelschen Gesetze, etc. (Loc. cit., p. 247.)
(^) Plate, Die Variabilitiit und die Arlbild mcj nach dem Prinzip geographischer
Formenketten bei den Cerion- Landschnecken der Bahama-lnseln. (Loc. cit., 1907,
respecliv^•mpnl pp. 458 et 460.) — Le même auteur constate encore que l'on trouve
toutes les transitions entre les variations peu ou pas héréditaires et îles mutations
entièrement héréditaires, et qu'entre les deux, il n'y a ni séparation morplio-
logiqne ni séparation physiologique (F/* Congrès intern. de Zool. Berne, 1905,
p. 205).
— 748 —
variations (p. 394) ne peuvent être opposées les unes aux autres.
En effet :
1° Parmi les variations congénitales, il en est :
A. Qui sont héréditaires; alors celles-ci peuvent avoir été
acquises pendant l'une ou l'autre des générations précédentes,
plus ou moins éloignées; exemple : vélum et autres appareils
larvaires (crochets des glochidiums d'Unionidae, etc., voir
V*" partie, pp. 687, 688, etc.).
B. D'autres qui peuvent être acquises par l'individu lui-même
dans le temps compris entre la fécondation et l'éclosion;
exemples : Littorina rudis nés déformés par suite de la pré-
sence de parasites dans l'oviducte maternel (p. 581); Limnaca
megasoma nés petits, allongés et à glande génitale modifiée,
par suite du confinement de la mère et des pontes dans un
espace réduit, durant deux générations (^) ; Limiiaea stagnalis
et autres Gastropodes nés doubles, par suite de la compression
mutuelle et de la coalescence de deux gastrulas (p. 333);
Pliysa anciUa né sans torsion ni enroulement, par suite de
centrifugation (p. 559); Hélix pomatia nés planorboïdes, par
suite de la compression des œufs pendant le développement
(p. 559 ) ; Purpura lapillus embryonnaires à branchie externe,
par suite de la quantité exagérée de vitellus nutritif, empêchant
le creusement de la cavité palléale (p. 346); larve de Dentalium
entale pourvue de deux organes apicaux, par suite de méro-
tomie de l'œuf (p. 600); etc.
Ces dernières variations sont donc à la fois des variations
acquises et des variations « congénitales » ; et comuie on ne
connaît pas d'autre cause démontrable d'apparition de varia-
(1) Whitfield, Description of Limnaea (Bulimnaea) megasoma, Say, witli an
account of changes prodiiced in llie offspring by unfavorable conditions of life. (Bn>L.
Amer. Mus. Nat. Hist. New-Yobk, vol. 1, 1882.)
— 749 —
lions, on peut dire que a tout caractère aujourd'hui congénital
a été à une certaine époque, un caractère acquis (^) ».
Il y a en effet continuité progressive entre « germe » ovule,
œuf segmenté, embryon, larve, jeune et adulte; et les actions
extérieures influencent /'mt et l'autre, sans commencer brusque-
ment à un moment déterminé; elles n'agissent pas moins
avant la segmentation qu'après; et un « accident » de dévelop-
pement peut arriver également à un moment quelconque de
l'ontogénie. Dans l'état actuel de nos connaissances, on ne peut
démontrer aucune variation nouvelle, qu'elle soit prédestinée
dans l'œuf, c'est-à-dire simplement due à l'état originel de
celui-ci, préalablement à l'influence de facteurs extérieurs.
Au contraire, diverses des variations congénitales (notam-
ment les exemples mentionnés ci-dessus : B, etc.) ont été
reconnues acquises au cours du développement, par l'action des
causes extérieures à l'œuf, à l'embryon ou à l'organe considéré.
2" D'autre part, la a naissance » n'a pas lieu au même état
de développement chez les divers organismes; et si les Vertébrés
sortent de l'œuf ou de l'oviducte à un état très avancé, il est par
contre beaucoup d'Invertébrés qui éclosent sans que leurs
larves soient déjà bien développées; et il peut y avoir des diffé-
rences très sensibles, à cet égard, entre des formes morpholo-
giquement très voisines. Ainsi, pour ne considérer que les
Mollusques, il y a :
A . Des œufs pondus séparés et dont les embryons sont immé-
diatement libres (Prt?e//f/, certains Trocluis^Niicida proxima^eXc).
B. Des œufs conservés dans une ponte, d'où les embryons
éclosent plus ou moins tard :
a) Sous forme de larve déjà avancée {JSiicula delphinodonta,
divers Trochus, et la généralité des Gastropodes).
(*) GoPE, Tlieprimary Factors of organic évolution, d896, p. 401.
■ j^ -os- O ^
— 750 —
h) Plus tardivement et sans larve libre, mais sous forme
d'organismes assez semblables aux parents [Purpura lapillus,
Littorina oblusata, Odostomiu
rissoides, Cenia cocksi, etc.).
C. Des œufs conservés dans
l'oviducte, les branchies, etc.,
de la mère, et dont les jeunes
sortent grands et âgés, après
incubation prolongée- [Palu-
dina, Littorina rudis, Cyclas
cornea, etc.).
Et si même la naissance se
produit à des stades correspon-
dants, un organe déterminé
peut y être à un état de déve-
loppement plus avancé dans une
espèce que dans une autre (^);
et il arrivera, parfois dans des
formes très voisines, que la
constitution définitive de cer-
tains appareils soit antérieure
à la naissance chez l'une et
postérieure à celle-ci chez une autre. Cela arrive, par exemple,
pour l'œil, le tentacule, etc. :
a) Œil : Tous les Eolidiens quittent l'œuf sous forme de
FiG. 284. — Awphorina olivacea, veliger
sur le point d'éclore, vu du côté droit.
a, anus; b, bouche; ci, cils; c p, cavité
palléale; gl. a. glande anale; h. d, h.
g, foies droit et gauche; in, intestin;
m. c, muscle columellaire; oc, œil;
op, opercule; ot, olocyste; p, pied;
r. l, rein larvaire; st, estomac; vl,
vélum. — D'après Pelseneer (1911).
(1) Paluiiina vivipara et Cgclas cornea, tous deux vivipares (incubés) et naissant
avec l'aspect de l'adulte, ont tous deux des ébauches paii'es des glandes génitales;
mais dans Cyrlas, les jjremières cellules génitales appai'aissent de très bonne heure
et sont fort développées à la naissance; tandis que dans Paludina, elles apparaissent
tardivement et sont peu avancées à la naissance. (Meisenhkimeu, Zeilschr. wiss.
Zool., Bd LXIX, 1901, p. 426.) — Il y a d'ailleurs bien des fois hétérochronie dans
l'ontogenèse : l'organe apparaît suivant les besoins de l'animal, et l'on voit, par
exemftle, l'intestin des jeunes Anodontes se constituer seulement après la vie
larvaire parasite.
751
veliger; mais Amphorina olivacea naît avec des yeux bien
constitués (fig. iî84), tandis que dans la généralité des Eolididae
(et des Nudibranches), l'œil ne se constitue qu'assez bien après
la naissance (^).
b) Tentacule : Les divers LameUaria quittent l'œuf à l'état
de veliger; mais L. perspiciia, à l'éclosion, possède ses deux
tentacules bien développés (^) ; il en est de même pour Lamel-
mx)
Fig. 28.J. — LameUaria sp., jeune larve
retirée de sa première coquille lar-
vaire, vue orale. /', pied; nio, bouche;
/, tentacule; v, lobe du vélum. —
D'après Pelseneer (l9Uo).
■nxo
Fig. 286. — Lamellariide, partie anté-
rieure d'une jeune larve, mo, bouche;
t, tentacule droit; v, lobe du vélum.
— D'après Pelseneer (190S).
laria sp. recueilli dans le golfe de Gascogne sous forme de larve
(fig. "285) (^); par contre, une troisième espèce de Lamel-
lariidae nait avec un seul tentacule, le droit (^) (fig. 286). De
même les divers Nassa sortent aussi de l'œuf à l'état de veliger;
mais à l'éclosion, iV. reticiilata n'a pas encore de tentacule
(1) Pelseneer, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Loc. cit., p. 61,
pi. XVlt, tig. iS à 20 [Amphorina olivacea].)
(2) Pelseneer, loc. cit., p. 26.
(') Pelseneer, Biscatjan Plancton, Mollusca. (Trans. Linn. Soc. London [Zool.],
2e série, vol. X, 1906, pi, XI, tig. 24.)
(*) Ibid., pi. X, tig. 19.
— 752 —
gauche, (jui ne se développe que plus tard (^) ; tandis que cette
particularité n'existe certainement pas dans les autres espèces,
puisqu'elle n'y a pas été signalée chez i\. niutabilis (^), ni chez
ÏS. obsoicta (3).
Si donc une variation identique apparaît à un stade morpho-
logiquement identique du développement de l'œil, par exemple
chez un Ampliorina et chez un Eolis papillosa, ou du tentacule
droit dans un Nassa reticulata et dans un autre Prosobranche
voisin, elle y sera d'un ordre différent : congénitale chez le
premier, tandis qu'elle ne l'est pas chez le second; de sorte
que la distinction entre variations apparues avant la naissance
ou après la naissance n'est nullement appropriée et précise :
elle est même vaine et illusoire.
IV. — Unité des variations quant à leur fréquence,
leur orientation et leur cause.
1° Pour ce (|ui concerne la fréquence, il n'y a pas de sépara-
tion nettement tranchée entre variation isolée et variation
fréquente; entre les deux il existe des transitions ou intermé-
diaires. Parmi ces transitions, les théoriciens distinguent même
ce qu'ils appellent des « races intermédiaires » : ce sont des
variations qui ne sont ni isolées, d'une part, ni assez générales
pour constituer une race locale, d'autre part.
Les variations qui, presque toujours, n'apparaissent que sur
des individus isolés, peuvent, dans certains cas, se montrer
en nomhre plun ou moins grand, justju'à devenir presque
(1) Pelseneei!, Hecherchcs sur rcmbryohgie des Gastropodes. (Loc. cit., p. 45,
pi. XII, fig. 16.)
(2j BoBKETZKY, Slndien liber die emhrynnale Eiitu'ickeli/iuj der Gastropoden. (AiiCH.
MiKR. A.VAT., Bd Mil, -1878.)
(3) OiMox, Tke Mud Sniil : Nassa ob?oIeta. (Cold Spring Harbor Monogr., vol. V,
1905.)
— iirt
générales; on peut en citer comme exemples, parmi les
Gastropodes :
a) La scalariformité chez Planorhis corn pi anal us (^), cer-
tains Hélix (^), Limnaea peregra (^).
b) L'albinisme de la coquille chez Planorbls corneiis ('),
certains Hcliv {-'), et même l'albinisme de l'animal chez Acme
lineata (^).
c) L'inversion, par exemple chez Hélix nemoralis ("), Hélix
aspersa (^), Limnaea peregra, L. stagnalis (^) et L. palustris
(p. 6-42).
d) La même absence de séparation précise entre les varia-
tions isolées et les variations fréquentes a été reconnue à
propos des Chitons (^'^).
C) PiHÉ, licckerches malucologiques. Notice sur le Planorbis eoinplanatus (forme
scalaire). (Ann. Soc. Mai.acol. Belg., l. VI, 4871 [des railliers|.)
(*) BoETTGER, Scalaroïde Hélix in Musse. (Nachrbl. Malacoz. Gesellsch , Bd XII,
1880.)
(3) Ghaster, Species and Varialion. i^Journ. of Conch., vol. XII, 1907, p, 29
[trois au même endroit].)
(^) Baudon, Journ. de Conch., 1838, p. 3l'i : « Tous, sans exception, montrant
l'albinisme le plus prononcé ».
(^) BuocKTON ToMi.iN, fidc Tavlor, loc. cit., vol. 1, p. 91 : des centaines de Hélix
rotundata de la variété albine. à Ilfracombe. — Lang, Fortgesetzte Vererbungs-
studien. I. Albinismus bei Bdnderschnecken. (Zi:itschr. f. indukt. Abstamm.- und
Vererbl'iN'gslehre, Bd V, 1911, p. 97 [colonie de Hélix nemoralis albins].)
(«) Chasteu, Specie: and Variation. (Journ. of Conch., vol. XII, 1907, p. 29.)
(^) Wei,ch, fide Collier, Notes on Ihe section Tachea o/" Hélix. (Journ. of Conch.,
vol. XIV, 1913, p. 121 [plus de 2,000 à Bundoran].)
(*) Daniell, Simultaneous occurrence of five .sinistral examples o/' Hélix aspersa.
(Journ. of Conch., vol. I, 1874.) — Colonie de Hélix sénestres de La Bochelle :
voir cinquième partie, I, 3, p. 656.
(9) Voir également cinquième partie, I, 3, p. 647.
(*o) « Eine scliarfe Grenze ist zwischen Singular-und Pluralvariationen natiirlich
nicht vorhanden ». (Plate, Die Anatomie und Phylogenie der Chitonen. Tlieil C,
[Loc. CIT., pp. 340 et S41J.)
48
— 754 —
2" Pour ce qui se rapporte à l'orientation, il y a aussi des
transitions entre variations déterminées et variations indéter-
minées, noLamment dans le t'ait que les premières n'existent
pas toujours seules, et qu'elles peuvent même n'être pas tou-
jours plus nombreuses que les autres.
11 n'y a pas de différence de principe entre ces variations
déterminées, que les paléontologistes désignent sous le nom de
« mutations » (^) et les autres (généralité des variations con-
temporaines ou dans l'espace). Ces dernières ont pour la plu-
part les mêmes caractères que les variations dans le temps,
rencontrées au même endroit, dans des dépôts géologiques
successifs. Cela a été reconnu pour les Mollusques, notamment
chez les Puhnonés {^) et chez les Chitons (^) ; toute variation
dans le temps a commencé nécessairement par être variation
dans l'espace.
3° Quant à ce qui concerne la cause des variations, il n'est
pas davantage possible d'établir une ditférence de principe
entre les variations à ce point de vue : on a reconnu (IV*' partie,
p. OtO) qu'il n'a pas été trouvé expérimentalement d'autre
cause de variation que des causes extrinsèques et des réactions
ultérieures à celles-ci. El les moditications lentes ou continues
ne sont pas les seules qui soient dues à des facteurs extérieurs :
diverses modifications d'apparence discontinue le sont aussi
(IV partie, pp. 004, etc.), c'est-à-dire sont acquises également,
tant congénitales que tardives (^j.
(*) Waagen, Neumayk, eic. (voir, par exemple, Neumayk, Die Stainmc des Ttcr-
reichs, 1889, p. 60).
(2) P. und F. Sakasin, Die Laniscknecken von Celebes, 1889, p. "ïèà.
(5) Plate, loc. cit., leil C, 1897, p. 537.
(*) C'est aussi la conclusion de Montgomerv [The Arudijds of racial Desceiil in
Animais. New-York, 190(5, p. 146) : « Our conclusion is tliat vaiialion, progressive
or régressive, and also mulalioii, in facl aiiy inhented inoditication ot Uie lace, is
inaliiUled l»y stimulus ot' euvironmont, oy a ciijnge nol appeaiiiig tirst withiii ihe
germ-plasm ».
755
V. — Résumé.
I. — Il est impossible de tracer une limite entre les variations
continues et les variations d'apparence discontinues : ces deux
sortes de variations ne diffèrent pas par la nature ou le principe.
Pour n'importe quel caractère, les variations peuvent, en effet,
être de toute amplitude; et d'autre part, les variations dites
continues ne sont discontinues qu'en apparence :
1" Ou bien elles sont faussement discontinues parce que les
intermédiaires ont échappé.
2° Ou bien, s'il arrive qu'il s'en manifeste brusquement d'une
génération à une autre, alors elles sont « continues » dans le
développemeni ou évolution de cliaque individu varié de la
nouvelle génération (p. 724). Ces variations ne sont donc que
la forme accélérée de la variation continue (p. 730).
II. — Les variations dites « congénitales » sont, probablement
toutes, des variations acquises au cours du développement onto-
génique (p. 748); conséquemment elles ne sont pas d'une autre
nature ([ue les variations acquises après la naissance.
m. — Toutes les variations se rapportent à un seul et même
ordre de phénomènes. Il est illusoire de vouloir établir entre
elles des différences qualitatives; et l'on n'arrive qu'à une fausse
précision en les séparant ainsi, tant au point de vue de l'héré-
dité (p. 732), à celui de la fréquence, de l'orientation, de leur
cause (p. 754), (ju'à celui de l'intensité ou du moment de leur
apparition : aucune de ces particularités n'est un critérium pour
les séparer ou les opposer les unes aux autres d'une façon
absolue.
— 756
SEPTIEME PARTIE
Variations les |plus importantes dans l'évolution.
I. — Rareté des variations d'apparence
discontinue.
1. — Raisons pour lesquelles on a cru à l'importance
des variations d'apparence brusque dans l'évolution.
Ce qui a fait croire à l'importance des variations d'apparence
discontinue dans l'évolution, et donné naissance à l'hypothèse
de l'évolution par variation brusque, c'est d'abord :
1" Que ces variations sont les [)lus faciles à constater. Ces
modifications d'apparence brusque a[)paraissent à première vue,
même à un œil peu exercé, au milieu d'individus normaux parmi
lesquels on les rencontre par hasard, sans recherche. Et elles
ont été, presque toujours, les seules reconnues jadis.
C'est ce qui fait que les recueils de variations publiés jusqu'ici
ont été essentiellement des recueils de variations discontinues.
Et c'est ainsi que beaucoup d'esprits très distingués ont été con-
duits à la conclusion que les changements très visibles et immé-
diatement mesurables sont les plus fréquents et que les varia-
tions discontinues sont les plus importantes ou mente les seules
importantes dans l'évolution (^).
(*) Si j'en juge d'après mon expérience personnelle, celte opinion, au moins chez
certains d'enlre eux, pourrait provenir de ce (ju'ils ont examiné la question sur trop
peu d'espèces, sur trop peu de spécimens, ou pendant trop peu de temps.
— 757 -
Les variations faibles ou oon'inues fn^jipdt moins les yeux,
au contraire, que les modifications briisques; elles ont été,
maii^ré leur fréquence et, leur mullip'icité réelle (IP partie,
p. 3G9), moins remarquées que ces de/nières; (t l'on n'avait
pas cherché à réunir les preuves évenluelles de la continuité
dans l'évolution, c'est-à-dire les exemples de variation lente ou
continue épars dans la littérature et constatables dans la nature.
Or le résultat fondamental obtenu en rassemblant tous les divers
exemples connus de variation chez les Mollusques, a été d'abord
la constatation que les variations continues sont les plus nom-
breuses, et que les variations brusques sont rares, non seule-
ment comme sortes de variation, mais surtout au point de vue
de la fréquence individuelle pour chaque sorte de variation dis-
continue.
2° Ensuite, en faveur des variations brusques comme seules
actives dans l'évolution, on a trouvé un simple argument
d'opportunité dans « le temps fort loni:? » qui eût été nécessaire
si l'évolution avait toujours ou exclusivement lieu par variations
continues.
A cette objection, il n'y a pas lieu de s'arrêter longuement;
car. si les espèces naissaient toujours par variation brusque,
depuis tant d'années que l'on recueille des observations suffi-
samment nombreuses et soignées dans ce domaine, on aurait pu
constater l'apparition de formes spécifiques nouvelles en foule :
Ce qui est bien loin d'être le cas ! Et pour les Gastropodes Pul-
monés, par exemple, un partisan de l'évolution par « causes
internes « et par « mutations « reconnaît qu'après trente ans,
aux îles Tahiti, il a pu naître des races ou variétés, mais pas
une espèce! (^).
(1) Crampton, The Principles nf Geogmpliical DistrihvJion as illuslrated by Snails
of ihe Gi'niis Parinla inhnbitiny Southeasiern Polynesia. (Vekh. VIII Intern. Zool.
KoNGR. [Graz], m% p. 647.)
758
Au surplus, si en peu de jours, parfois en peu d'heures, une
simple celliile (l'œuf) se transforme progressivement d'îine
façon continue en un organisme « supérieur » (ontogénie), on
ne peut concevoir aucune impossibilité à ce que, en des millions
de siècles, des organismes inférieurs se soient progressivement
transformés, au point de donner naissance aux formes les plus
« élevées •» de leur groupe (phylogénie).
3° Les deux motifs ci-dessus expliquent déjà en partie l'illu-
sion de divers naturalistes évolutionnistes, pour qui l'évolution
est nécessairement toujours discontinue et engendrée par des
variations brusques. Mais ce qui a également contribué à don-
ner naissance à cette hypothèse, c'est encore la supposition que
pour certains organes et appareils en nouibre déterminé, il ne
peut y avoir d'intermédiaires entre un appareil et deux appa-
reils, et que là où il y en a deux au lieu d'un seul, c'est brus-
quement que cette évolution a dû se faire.
Or on sait que dans une même génération, on peut trouver
des intermédiaires entre un organe normalement simple et le
même appareil double (p. 7^1) ; d'autre part, on a vu également
que les variations qui paraissent explosives d'une génération à
l'autre, sont aussi continues dans l'évolution individuelle : un
appareil anormalement double provient généralement d'un seul
organe qui s'est progressivement divisé en deux, au cours d'une
évolution individuelle continue (pp. 7:23 et suiv.).
Cette absence de changements brusques dans l'évolution onto-
génique (p. 7^4) est une preuve de l'absence vraisemblablement
générale de changements brusques dans l'évolution pbylétique,
c'est-à-dire dans l'évolution des phylums au cours des temps.
Car s'il y avait eu des changements brusques dans la phylogé-
nèse, il y en aurait eu immanquablement dans l'ontogenèse,
qui en est si souvent la récapitulation. Et cette ontogenèse nous
montre l'absence d'évolution discontinue.
— 759 —
2. — Petit nombre des variations d'apparence
discontinue.
1° Si les variations brusques sont plus immédiatement appa-
rentes, leur nombre est cependant beaucoup moindre que celui
des variations lentes ou continues; et en outre, chez chaque
espèce, la variation brusque n'afïecte dans la règle qu'un
très petit nombre d'individus (variation isolée) (IP partie,
p. 371).
On a vu aussi (partie II, p. 403) (|u'il y a une concordance
générale entre variations congénitales et variations brusques ; et
ces variations brusques ou amples des embryons, si elles ne sont
pas nombreuses chez les Mollusques, présentent cependant une
diversité notable, si on les compare aux variations brusques ou
discontinues rencontrées chez les adultes (p. -401), c'est-à-dire
que les modifications d'apparence discontinu^' sont particulière-
ment rares chez les individus en âge de se reproduire.
La rareté des variations d'apparence discontinue (et la fré-
quence beaucoup plus grande des variations continues) est
caractéristique de tous les Mollusques et probablement des autres
groupes zoologiques (^).
Lorsqu'il apparaît des formes supposées spécifiques, nées
brusquement dès la première génération, on a reconnu qu'elles
sont instables (Limnées de la profondeur du lac Léman : p. 042);
et quand des variations sont tellement amples qu'elles semblent
pour certains, ne pas avoir de relations spécifiques avec la forme
typique, cette instabilité s'est aussi manifestée : Variation de
(') A côié de l'absence générale d' affirmations au sujet de ces variations brusques,
011 |ieut constater aussi la présence de négations : dans le groupe le plus important
du règne animal, par le nombre des esp'"'' .•; (Coléoptères : i2U.0OO espèces environ),
« il c'a jamais été fait aucune constataiion relative aux phéoomèies de variation
brufque chez les Coléoptères ». (Iîoi-ij>'.:it. La Ici de ia l»ille et L'évolution des
Coléop''ères. [IX^ Congrès imebn. de Zool. (Monaco), 1914, p. 721].)
— 7()() —
Lïmnaea mcyasoma (pp. 084, 698 et 700), variation planor-
boïde de Hélix pomatia (p. 610).
L'éventuel Limnaea « slmrtle/fi » serait né brusquement
depuis 1866 de L. paliist?is, par variation discontinue (^) : mais
si la documentation est peu précise sur cette apparition, après
quarante années, ce que l'on peut affirmer avec certitude, c'est
que celte forme est une variation de L. pahistris à spire très
courte, comme on en connaît en Europe (~), oii nul n'a
songé à en constituer une espèce, car c'est une variation
« continue ».
Tandis que dans le cas où des formes très variables ont été
étudiées d'une façon approfondie dans leurs modifications, on y
a reconnu Tabsence de variations d'apparence brus({ue, tant chez
les Mollusques actuels que chez les fossiles :
a) Ciiez Ceriou f/lan.s « nirgends mutative iinderungen (^) ».
b) Chez « Planorbis » midtiformis de Steinheim : « No
one can indicate the point at which a nevv « form » or
« type » or « mutant » appears, the séquence being quite
unbroken (^). »
c) Cliez les Partula de Taliiti, exemple classique de variabi-
lité, en trente ans, il a apparu de inultij)les races, et pas une
espèce (ci-dessus, j). 757).
Au contraire, des espèces en voie de formation progressive
apparaissent à nos yeux, soit lors(pron suit des variations orien-
(') IUkeu. Application of de Vriese's mutation theorxj ta the Mollusca. (Amer.
Natur., vol. XL, 1900, p. 333, fig. 4.)
(2) Par exemple, la forme représentée sur la planche II, ligure 14, par Sthebei-,
Zur Morphologie der Conchylien. ( Verh. Ver. Naturw. Unterhalt. Hamburg, i875.)
(') Plate, Die Artbildumj bel den Cerion-Landschnecken der Bahamas. (Loc. cit..
p. 435.)
(*)■ HiCKLUNG, Variation of Planorl)is multiformis. (Mem. a.\d Proc. Manchester
Lit. a.M) Philos. Soc , vol. LVIl, pari. 111, 1913, p. "20.}
— 7()i —
tées, soit lorsqu'on applique à l'étude des variations les
méthodes bioniétriques, par exemple chez Patella (') ; et
d'autre part, certaines espèces qui varient dans plusieurs direc-
tions ne donnent pas brusquement naissance à plusieurs espèces
par voie discontinue, mais se montrent en voie de dissociation,
comme Sepia oflicinalis [^) .
D'ailleurs cette rareté chez les adultes des variations d'appa-
rence discontinue ou d'ordre spécifique ne ressort pas seule-
ment de l'observation et des statistiques faites au point de vue
de l'amplitude des variations; elle découle encore :
2° De la rareté des « écarts » dans les polygones de variation;
où les variations se groupent avec une remar(|uable régularité
autour de la moyenne. Il n'y a guère d'exemple, en effet, en
dehors des cas de dimorphisme, de polygones ou courbes à plu-
sieurs sommets (voir pp. 77, 203 et 712).
3" Des objections de paléontologistes. Là où l'évolution
pendant une assez longue période est prise sur le vif, on
trouve toutes les transitions et non des exemples de discon-
tinuité :
a) L'évolution paléontologique se fait par « almost imper-
ceptible gradations (^) ».
b) « La paléontologie ne peut préciser aucun fait bien démon-
tré de saltation (^) ».
(*) M^LARD, Les méthodes statistiques appliquées à l'étude des variations des
Patelles. (Buli,. Mus. Pauis, t. IX, 1903, p. 274 : « C'est une espèce en voie d'appa-
rition ».)
(2) CuÉiNOT, Sepia oilicinalis L. est une espèce en voie de dissociation. (Arch. Zool.
EXPÉR., t. LVI, 1917, p. 315.)
(î) Scott, Amer. Journ. ofSci., vol. XLII, 1894.
(*) Depéret, Les transformations du règne animal. Paris, Flammarion, 1907.
p. 284.
— 762 —
c) « The suclden appearance eather of new adaptative cha-
racters or of new types, does not rest on a demonstrible foun-
dation, so far as Palseontology is concerned (^) ».
d) Les constatations faites chez Planorbis multifonnis (ci-
dessus, p. 760).
e) Celles qui ont été faites dans toute une série d'autres
espèces de Mollusques, déjà rapportées plus haut (p. 717).
i'' De l'étude des organes rudimentaires, qui montre qu'un
appareil (c'est-à-dire un caractère) qui disparaît au cours de
l'évolution ne le fait pas brusquement (IV^ partie, p. 613).
3. — Causes de la rareté des variations d'apparence
discontinue.
1° Elles sont inadaptatives : souvent compatibles avec les
conditions particulières et temporaires de la vie embryonnaire
ou même larvaire (dans le liquide de l'œuf ou dans le liquide
011 la larve éclôt), elles sont incompatibles au contraire, pour
la plupart d'entre elles, avec les conditions de la vie do l'adulte;
elles disparaissent rapidement pour ce motif, avec les individus
qui en sont affectés : l'action du milieu est ainsi un obstacle
à la conservation des variations d'apparence discontinue (voir
IV^ partie, p. 473).
2° Elles sont iuiperpétuables : non seulement parce qu'elles
ne sont pas viables (p. iOl), mais surtout parce ([ue beaucouj)
d'entre elles ne sont nullejuent héréditaires (p. 646) et que
si certaines sont héri tables, l'amphiuiixie les a rapidement fait
disparaître, parce qu'elles sont isolées.
(') Osi; UN, Evolution as il appears to Ike Palaeontologist. (Puoc. 7t!i internat.
Zooi.. r,n>(ii;. [Boston], 1912, p. 73r;.)
— 763
II. — Conditions nécessaires pour qu'une variation
joue un rôle important dans l'évolution.
1. — Fréquence.
La variation doit affecter un grand nombre d'individus ; un
seul individu atteint par une variation, ne la transmet qu'à une
partie de sa descendance, donc à un très petit nombre d'autres,
si elle est héritable. De sorte que même alors, au bout de
quelques générations, une variation isolée disparaît, éliminée
dans les conditions naturelles par le croisement avec les indi-
vidus normaux.
Or l'expérience l'ait voir (pie les variations d'apparence
discontinue sont presque toujours des variations très rares ou
isolées (p. 371) ne se montrant que sur un individu adulte
unique par-ci par-là, isolé non seulement entre ses contempo-
rains, mais isolé aussi parmi les individus des difï'érenles géné-
rations de sa race, ne se présentant peut-être qu'une l'ois sur
cent mille ou sur un million.
Ces variations d'apparence discontinue ne sont donc poini
des caractèies de race et n'ont aucune chance de s'établir d'une
façon déllnitive, si même il pouvait y avoir parfois fixation
artificiellement en captivité.
2. — Continuité.
Les variations non continues sont en général non fixables,
pour de multiples autres raisons encore que leur rareté ci -dessus :
[" Dans de très nombreux cas, elles n'arrivent pas jusqu'à
l'état adulte ou de la reproduction :
a) Parce qu'elles sont non viables : si vers l'éclosion il y a
une assez grande diversité de variations d'apparence discontinue
(p. 399), à l'état adulte, au contraire, ces variations amples
sont fort rares ; on constate qu'elles ne survivent pas à l'éclb-
764
sion ou même qu'elles n'arrivent pas à l'éclosion, le développe-
ment s'arrètant avant la naissance : il en est ainsi pour les
variations qui présentent un organe important trop incomplè-
tement constitué, ou pour celles qui altèrent sensiblement la
forme extérieure du corps (p. 401). Ces variations congénitales
discontinues sont ainsi éliminées et le type normal se trouve
seul exclusivement maintenu à la génération suivante.
Les individus à variations brusques congénitales ne peuvent
se conserver que si l'expérimentateur arrive à les |)lacer dans
des conditions arliiicielles qui en permettent l'évolution jusqu'à
un âge plus avancé. Dans la nature elles sont éliminées parce
qu'elles sont incompatibles avec les conditions d'existence de
l'âge adulte : c'est-à-dire qu'elles sont non viables parce qu'elles
sont non adaptatives (pp. 401 et 609); il y a action prohibi-
trice du milieu sur ces variations amples congénitales.
Ces variations brusques sont ainsi éliminées automatiquement
par le milieu général, dont un l'acteur isolé ou temporaire,
accidentel, en a causé l'apparition : et cette élimination au
cours de la vie individuelle, avant l'état adulte, a lieu le plus
souvent dès le début; on en a vu bien des exemples plus haut :
Gastropodes à coquille droite (Palud'ma, Littorma, Purpura,
Limnaea, Pliiisn), Jjittorina à coquille irrégiilière, Melantho
sénestre, Limnaea à endoderme herniaire, monstres doubles, etc.
(pp. 400 à 402). Dans d'autres formes à variabilité constante,
il a été reconnu que les caractères des coquilles sont astreints
à une sélection si rigoureuse, que, seuls, les individus à coquille
très voisine du caractère moyen de la race |)euvent devenir
adultes et se reproduire : Clausilia laminata et HeMx arbusto-
rum, où chaque génération renferme nombre d'anijnaux
détruits par un processus sélectif qui réduit la variabilité (de
l'adulte) sans changer le caractère moyen (^).
(1) Wkldon, Sludy of natnral Sélection in Clausilia laminata. (Biometrika, vol. I,
1901.) — IM Cesnola, a first stutly of natnral Sélection in Hélix arbustorum, (Ibid.,
vol. V, 1907.)
— 765 —
Seuls, les animaux présentant des variations qui se produisent
p?'ogressivement au cours de l'existence entière, ne se trouvent
à aucun moment de celle-ci en désharmonie profonde avec le
milieu; et dès lors, la sélection ne peut pas exercer sur eux
cet eftet prohibitit' et destructeur qu'elle exerce sur les premiers.
C'est ce qui a été exprimé sous cette forme : « It is probable
that Somalie variations, by reason of tlieir adaptation to chan-
cfed surrounding, are ot'very great importance in évolution, oi'
greater importance than genetic variation (^). »
Il ne faut donc pas s'étonner de la « merveilleuse harmonie
entre les conditions d'existence des organismes et la structure
de ceux-ci » ; car ceux qui n'offraient pas cette harmonie à
l'éclosion, ou qui n'ont pu la réaliser progressivement après la
naissance, ceux-là sont morts!
b) Parce qu'elles sont atténuées, lorsqu'elles sont plus ou
moins viables. Beaucoup de variations congénitales d'appa-
rence discontinue, plus ou moins viables mais également
inadaptatives, s'atténuant avec l'âge et disparaissent alors plus
ou moins complètement, petit à petit (p. 402); exemples :
Limnaea stuynalis à coquille courte, symétiie de la segmen-
tation dans divers Gastropodes, asymétrie dans l'organisation
d'un jeune Planorbis (p. 402), jeune Heiix pomatia planor-
boide, etc. Dans tous ces phénomènes, il y a régularisation
automatique et, par là, élimination des écarts trop brusques,
soit sous l'mtluence du milieu, soit sous l'influence des parties
voisines de la région variée (c'est-à-dire encore par un agent
« extérieur » : p. 473).
En somme, il peut y avoir élimination de ces variations
congénitales d'apparence discontinue, soit par disparition totale,
soit par atténuation progressive. Et l'on doit donc reconnaître
que ces variations d'apparence discontinue, tératologiques.
(^) Vernon, Variation in Animais and Plants, 1903, pp. 389 et 390. (The inter-
NA.TIONAL SCIEiNTIFlC SERIES, VOl. LXXXVIII.)
766
pathologiques, régénératives, etc., n'arrivent pas souvent à l'état
adulte et à la possibilité de la reproduction. La courbe de
fréquence aux différents âges est ainsi très différente suivant
que l'on considère ces variations discontinues ou bien les con-
tinues : le diagramme ci-après en donne une idée (tîg. ^87"
D c
50
40
30
20
10
0
^
/^
~N
1 —
f
L^
/
\
/
/
1
\
^
1
/
V...
k
^
y
1
FiG. 287. — Diagramme représentant d'une façon schématique la proportion
relative aux divers âges, d'individus affectés respectivement de variations
d'apparence discontinue (D), ou de variations continues (C); s, segmenta-
tion; é, éclosion; a, état adulte
^2° Dans beaucoup de cas, elles sont non héritables (p. 646) :
ce qui s'explique bien souvent par le fait qu'elles sont généra-
lement dues à des causes de peu de durée (pp. 605 et suiv.).
3.
Orientation.
L'expérience a montré que les variations orientées se per-
pétuent en s'accentuant (p. 88!) (contrairement à des variations
brusques, non orientées, qui vont en s'alténuant : ci-dessus),
qu'elles sont en outre fréquentes ou même générales, et
(ju'elles présentent des espèces en voie de formation, soit nu
cours des temps, soit actuellement (p. 760).
4. — Adaptation.
Les variations non adaptatives sont très régulièrement élimi-
nées dans la nature : leur non-viabilité (p. 763) en est la preuve
et la conséquence.
— 767
5. — Absence de réversibilité.
Quand, dans un phénomène d'évolution proprement dite,
un caractère disparaît, il n'y a pas réversion à la forme anté-
rieure : « irréversibilité de l'évolution », dont tant d'exemples
sont connus (p. 474).
Or, quand une variation d'apparence discontinue disparaît, il
y a retour exact au type normal ou réversibilité : par exemple
dans le cas de Planorbis corneus albinos (p. 643). Les varia-
tions de ce genre n'appartiennent donc pas au domaine de
l'évolution proprement dite ou n'y participent pas.
6. — Acquisition postnatale.
Il arrive qu'une variation est visible au cours du dévelop-
pement embryonnaire, d'autant plus tôt qu'elle est d'ampleur
plus considérable (c'est-à-dire d'apparence plus discontinue) :
il en est ainsi, notamment, pour les variations tératologiques,etc.
Mais ces variations-là ne paraissent pas de l'ordre des variations
« spécifiques », c'est-à dire de celles qui, au cours de l'évolution
phylogénétique, sont susceptibles de devenir réellement des
caractères d'espèce.
Pour les autres variations, au contraire, il est manifeste que
l'effet (modification) peut ne se faire sentir que beaucoup plus
tard que la cause; et dans les animaux pluricellulaires ou au
moins la généralité des Métazoaires, il parait bien être ainsi
pour les variations de l'ordre de grandeur des variations
« spécifiques ».
Car, pour les espèces ou races fixées voisines, on sait que la
différence est plus petite entre les jeunes qu'entre les adultes,
et qu'elle peut même être nulle dans les stades précoces de
l'évolution individuelle.
Aussi est-ce dans les états jeunes que l'on voit la liaison
768
formelle entre les variations ou formes distinctes d'une même
espèce :
A propos des variations des Strepomatidae, il a été constaté
que les formes intermédiaires pour un»' même localité
n'existent pas dans la règle à l'état adulte {^) ;
Pour les Voluta, on recourt aux différences dans les formes
jeunes pour établir les bonnes espèces {^) ;
Crepidula adolphel Lesson et C. depressa Lesson diffèrent
à l'état adulte, tandis que les jeunes et les demi-adultes des
deux formes passent insensiblement de l'un à l'autre, si bien
qu'ils ne sont pas à distinguer (^) ;
L'examen des jeunes dans l'utérus prouve que dix-neuf
K espèces » différentes ne sont que des formes de variation d'une
seule et même espèce : Partula otaheitann (^).
Et même pour des espèces réellement ditférentes, c'est pro-
gressivement (jue les caractères spécifiques et variétaux adultes
apparaissent d'ordinaire, en elfet, assez tardivement (voir
p. 897); et si l'on peut, par exemple, déterminer les noms spé-
cifiques de certaines larves marines dans le plancton, sans que
lout le développement en ait été suivi, c'est généralement quand
dans la région il n'y en a qu'une espèce, ou une seule espèce
abondante du genre considéré.
Il y a là, dans ces caractères éventuellement dilïérents des
e.nbryons et des larves d'espèces très voisines, un point qui n'a
i^uère attiré l'attention des embryologistes proprement dits.
C) Wetherby, Reniarks on the Variation in Farm of the Faniili/ Strepomatidae,
ivith Description of New Species. (Proc. Cincinnati Soc. Nat. Hist., vol. I, 187().
p. .^.)
(«) Lahille, Contribucion al Estudio de las Volutas argenlmas. (Rev. Mus. Plata,
l. VI : Voluta par adoxa, et p. 29 : « Para establecer las species, es necessario diri-
girse siempre a las formas jovenes, y nona las formas adulias ».)
("') Plate, Mitllieilungen ilber zoologischen Studien an der Chileni,sche Kilsten.
(Srrz. Akad. Wiss. Berlin, M XL, 1894, p. 1072.)
(^) Mayer, Some species of Pariuia. A study in variation. (Mem. Mus. Compar.
ZooL., vol. XXVl. 1902.)
— 769 —
mais seulement celle de quelques entomologistes (larves de
Diptères, de Cynipides, etc.). Et pour les Mollusques, on ne
possède encore que fort peu de renseignements à ce propos;
mais quand on en a obtenu, on s'aperçoit de l'impossibilité de
distinguer les larves de deux espèces voisines; par exemple :
a) Boris bilamellata et /). pilosa (^).
b) Eolis papillosa et E. coronata (^).
c) P/iolas ccmdida et Pliolas crispata (^) .
d) Glochidium des Unio, et notamment de U'. tittoratis très
semblable à celui de U. margaritifev, et de U. batavus, très
semblable à celui de (/. pictorum (*).
On peut y trouver la preuve que les caractères distinctifs
actuels de deux espèces plus ou moins voisines n'apparaissent
pas de bonne heure, et — puisqu'ils sont liéréditaires homo-
chroniquement — qu'ils n'ont donc pas apparu de bonne heure
la première fois ; en d'autres termes, ces variations de l'ordre
des caractères « spécifiques » (ou susceptibles de le devenir) à
leur première apparition, n'étaient pas congénitales, mais bien
postérieures à la naissance.
Or ces diverses conditions ou qualités sont précisément celles
qui caractérisent les variations continues, et qui manquent au
contraire à la généralité des variations d'apparence discontinue
(voir notamment p. 403). Rien d'étonnant, par conséquent, à
ce que le rôle de ces dernières soit de minime importance dans
l'évolution phylogénétique.
Au reste, l'évolution ne peut faire exception parmi les phé-
nomènes biologiques; elle ne peut être que continue, si les
(•) Pei.seneeu, Recherches sur l'embryologie des Gastropodes. (Loc. cit., p. 55.)
(2) Ibid., p. 57.
(5) IHd., p. 78.
(*) ScHiERHOLTZ, Uebcr Enlwickeluni] der Unioniden. (Dknkschr. Akad. Wiss
WiEN [Math.-Naturw. Kr..], Bd LV, pp. 16 et 17.)
49
— 770 —
autres phénomènes biologiques sont continus. Or la continuité
est la règle dans la généralité d'entre eux, comme on peut s'en
assurer par les preuves ci-après :
III. — Preuves d'une évolution continue.
1. — Dans la phylogénie.
Les constatations de l'anatomie comparée et de la paléonto-
logie concordent à ce point de vue :
i° Dans l'anatomie comparée, on pourrait parcourir en détail
toute la morphologie des Mollusques et y rencontrer pour
chaque organe des preuves d'évolution phylogénétique cojiti-
nue (voir déjà p. 367) ; il faut nécessairement se borner à
quelques exemples :
a) On ne voit pas disparaître brusquement le muscle adduc-
teur antérieur des Lamellibranches : 11 y a toute une série de
formes qui marquent le passage de la disposition « dimyaire
isomyaire » à la disposition monomyaire, et l'on a même créé
le terme « anisomyaire » ou hétéromyaire, pour désigner ces
diverses formes intermédiaires.
b) On ne voit pas s'atrophier brusquement les muscles
adducteurs des Lamellibranches à coquille interne : Ces
appareils subissent une réduction préalable dans les formes à
coquille partiellement couverte par le manteau [Galeomma,
Scintilla, etc.).
c) On ne voit pas se réduire brusquement ces mêmes muscles
dans les formes abyssales de Lamellibranches : (Jette réduction
se manifeste déjà dans les formes côtières (infracotidales), com-
parées à celles qui vivent dans les brisants (exemple : Mijtiliis,
p. 553).
— 771 —
(/) On ne voit pas se constituer brusquement dans un groupe
déterminé (Gastropodes ou Lamellibranches), des formes de
Mollusques dégradés par le parasitisme : Au contraire, on trouve
dans les deux classes susdites, le passage progressif de la vie
épizoïque au commensalisme, puis au parasitisme de plus en
plus intérieur, avec dégradation croissante, comme il a déjà été
rappelé plus haut (p. i'iSS) [^]
e) On ne voit pas disparaître brusquement la seconde bran-
chie des Gastropodes : Ici encore il y a une série de dispositions
intermédiaires entre les genres à deux branchies symétriques
et ceux qui ne possèdent plus qu'une branchie; on en voit des
exemples dans Pleurotomaria, Haiiotis, Scissurella , etc.
f) On ne voit pas disparaître brusquement le second rein des
Gastropodes : Il y a toute une série de formes où l'un des deux
reins se réduit progressivement.
g) On ne voit pas brusquement la cloison musculaire des
Septibranchiés, tels que Cuspidaria, remplacer la cloison formée
par les branchies typiques des aiitres Lamellibranches : Il y a
des intermédiaires, tels que Lijonsiella et Poromija, où l'on voit
progressivement les éléments « branchiaux » se réduire et les
éléments musculaires prendre la prédominance.
h) L'œil fermé des Gastropodes n'apparaît pas brusquement :
L'organe est encore en forme de coupe ouverte (à cristallin nu)
dans un grand nombre de genres archaïques deRhipidoglosses.
/) Les formes « nues » de Gastropodes ne sont pas brusque-
ment séparées des formes teslacées : Dans tous les groupes, on
(1) Vaney, L'adaptation des Gastropodes au parasitisme. (Bull. Sci. France et
Belgique, t. XL VII, 1913.) — Pelsenkkr, Plujlogénie des Lamellibra^iches commen-
saux. (Bull Acad. Belg. [Sciences], 1909, p. 1144; et Les Lamellibranches de
V Expédition du Siboga [partie anatomiquej, 191 i, p. 50.)
— 772
trouve des intermédiaires constitués par des genres à coquille
partiellement couverte par le manteau, d'autres à coquille
interne, d'autres enfin, parmi ces derniers, où la coquille n'a
plus qu'un minuscule nucleus calcifié, continué par une pelli-
cule membraneuse (exemples : Notarclius, Gastropteron, etc.),
/) Le siphon palléal (antérieur) des Gastropodes Strepto-
neures et les siphons palléaux (postérieurs) des Lamellibranches
n'apparaissent pas brusquement dans l'évolution phylétique de
ces deux groupes : Ils sont d'abord courts, dans les formes les
moins modifiées, et ne se développent très longs que dans des
types très spécialisés; exemple : Fusiis (Rachiglosse) ; Pliolas,
Teredo (Lamellibranches sans ligament).
2° Ces constatations de l'anatomie comparée trouvent leur
confirmation paléontologique chaque fois que la Paléontologie
fournit des documents suffisants : On rencontre alors des séries
sans discontinuité (p. 717); ainsi :
a) Les monomyaires n'apparaissent pas brusquement : On
remarque que les Dimyaires isomyaires (JSucula) sont plus
anciens que les Dimyaires hétéromyaires (ou anisomyaires)
(Pinna, Plerinea), et que ceux-ci sont plus anciens que les
Monomyaires fOsf?'e«j ; de même dans un sous-groupe spécial,
Cardiacea, les Tridaciia (monomyaires) sont plus récents que
les Litliocardium (hétéromyaires), et ceux-ci plus récents que
les Cardium proprement dits (Dimyaires isomyaires).
h) Les Pliolas et Teredo à longs siphons sont plus récents
que les formes à siphons courts (Cardium, Astarte, etc.) ;
ef ces dernières sont plus récentes que les « asiphonés » :
Trigonia.
c) Les Gastropodes monobranchiés apparaissent après les
(libranchiés, et sont précédés par des dibranchiés à branchie
droite plus petite que la gauche (Pleurotomaria).
773 —
2. — Dans l'ontogénie, l'adaptation, la rudimentation,
l'hérédité, etc.
Cette continuité de l'évolution se retrouve dans :
i" L'ontogénie, comme on a pu en voir de multiples
exemples : pages 724 et suivantes.
2° Dans l'adaptation, comme le montrent les exemples cités
plus haut : page 611.
3" Dans la rudimentation : A propos de laquelle des exemples
de continuité ont été donnés page 613, exemples qui peuvent
s'ajouter à ceux rapportés ci-dessus à propos de la phylogénie
(p. 770).
4° Dans l'hérédité : Il n'y a pas de séparation brusque entre
l'hérédité parfaite et régulière et l'absence d'hérédité; en effet :
a) On a vu qu'un caractère déterminé peut être, dans la même
espèce, tantôt héréditaire, tantôt non héréditaire (p. 654).
b) Dans les phénomènes d'hybridation, il y a aussi continuité
entre hérédité et non hérédité, puisque entre deux espèces très
voisines, comme Hélix hortensis et H. nemoralis, il y a des
accouplements fertiles et d'autres qui ne le sont pas (p. 668) .
c) Dans le cas de variations acquises, et pour un même
exemple (Limnaea), on trouve encore des intermédiaires entre
l'absence d'hérédité et l'hérédité parfaite (p. 699).
d) Dans le phénomène de sinistrorsité ou d'inversion, on a
pu reconnaître aussi des intermédiaires entre l'hérédité parfaite
et régulière et le défaut d'hérédité (p. 737).
5" Dans l'atténuation des variations brusques : C'est progres-
sivement et d'une façon continue que cette atténuation s'effectue
(pp. 402 et 765).
— 774 —
6° Enfin la continuité apparaît encore dans ce fait qu'il n'y
a pas de séparation nette entre les variations « brusques » et
les variations lentes (p. 708), entre les variations congénitales
et postnatales (p. 747), entre les variations isolées et fré-
quentes (p. 752), etc.
Pour tous ces motifs divers, les variations d'apparence discon-
tinue ne peuvent jouer qu'un rôle d'importance secondaire ou
très restreint dans l'évolution.
IV. — Résumé.
I. — La morphologie animale, par ses trois branches : Ana-
tomie comparée. Embryologie et Paléontologie, a révélé la
phylogénie. On a tenté d'expliquer cette phylogénie par l'évo-
lution discontinue, c'est-à-dire par l'hypothèse des variations
brusques ou saltations.
Or, l'examen des variations chez les Mollusques montre la
généralité des intermédiaires, c'est-à-dire de la continuité, tant
dans l'évolution phylogénétique que dans l'évolution indivi-
duelle.
D'autre part, les variations d'apparence discontinue sont :
1° Non adaptatives, c'est-à-dire non en rapport avec les
conditions régnant dans le milieu (pp. G09 et 76i).
2** Peu profondément empreintes (dues presque toujours à
une cause extérieure de peu de durée (pp. 60i et 606).
8" Très rarement héritables (p. 6i6).
4" Très constauiment isolées ou rares chez l'adulte, alors que
plus fréquentes dans le jeune âge, ce qui est dû à leur caractère
inadaptatif (p. 371).
A cause de 1°, elles sont souvent non viables (p. 401).
A cause de 2% elles sont souvent régularisées ou atténuées
avec l'âge (p. 402) ; c'est-à-dire qu'à cause de 1" et 2*, elles
775
n'arrivent pas ordinairement à l'état adulte et sont ainsi souvent
non héritaldes.
A cause de 3° et 4° enfin, elles ne sont pas fixables, ou bien,
si elles sont héritables, elles sont le plus souvent non perpé-
tuables, par suite de l'amphimixie qui fait disparaître les pro-
priétés peu répandues dans l'espèce (p. 702). En d'autres
termes, le milieu contrarie leur viabilité, et l'amphimixie, d'autre
part, empêche leur transmissibilité : les deux ensembles exer-
cent sur elles une sélection énergiquement efficace.
II. — Il est par conséquent impossible d'expliquer l'évolu-
tion par les seules variations d'apparence discontinue. Ce sont
les variations continues, dues aux facteurs extérieurs, qui jouent
le rôle principal dans l'évolution, parce qu'elles peuvent :
\° Grâce à une durée suffisante de l'action d'un facteur
externe, être profondément empreintes et héritables (p. 703).
2" Grâce à leur fréquence, se maintenir dans les générations
suivantes (p. 763).
Iir. — L'évolution ne fait pas exception parmi les autres
phénomènes biologiques; elle est caractérisée comme ces der-
niers par sa continuité : celle-ci s'observe, en effet, dans la
phylogénie, l'ontogénie, la rudimentation, l'adaptation, l'héré-
dité, l'atténuation des variations, etc. (pp. 770 et suiv.).
— 776 —
HUITIEME PARTIE
Résumé général et conclusions.
I. — Des variations s'observent chez les Mollusques :
1" Dans toutes les espèces examinées.
2° Dans tous les organes.
3" A tous les âges, et notamment avant l'éclosion, dans le
développement embryonnaire (p. 289); au moment de la
« naissance », elles sont même nombreuses (mais sans que,
pour beaucoup d'entre elles, elles puissent arriver à l'état adulte) .
IL — Il n'y a, en somme, que deux sortes principales de
variations :
1° Les variations continues qui, d'ordinaire, sont en même
temps fréquentes (p. 373), orientées (p. 385), postnatales
(p. 399) et adaptatives (p. 403).
2° Les variations d'apparence discontinue qui, presque tou-
jours, sont en même temps isolées (p. 371), non orientées
(p. 394), prénatales (p. 399) et inadaptatives (pp. 609 et 762).
III. — 1° Les organes qui présentent le plus de sortes de
variations sont :
a) Les organes extérieurs (p. 407).
b) Les plus récents (p. 412).
c) Ceux qui sont en rudimentation (p. 410).
— 777 —
2" Pour une même espèce, la variabilité peut différer suivant
la localité considérée et suivant l'âge de l'individu; elle est plus
grande :
a) Dans les stations où les individus de l'espèce en question
ne sont pas encore longuement adaptés ou se trouvent dans la
nécessité de s'adapter encore (p. 415).
b) Dans le jeune âge (p. 419).
3" Entre espèces différentes, la variabilité est généralement :
a) En raison directe de l'étendue de la distribution géogra-
phique (p. 4:28) ;
b) En raison inverse du degré de spécialisation atteint
(p. 430).
IV. — 1" 11 est démontré expérimentalement que l'organi-
sation des Mollusques peut être modiliée par l'influence directe
des facteurs du milieu, exerçant une action spécifique (pp. 476
à 590) sur l'adulte et sur l'embryon, et donnant dans chacun
de ces cas, soit des variations continues (le plus souvent :
p. 610), soit des variations d'apparence discontinue (le plus
rarement : p. 604).
2" L'action modificatrice du milieu est d'autant plus profonde
qu'elle est plus prolongée : la variation dans le fonctionnement
retentit avec le temps sur l'organe, et devient variation
morphologique.
3° On ne connaît pas chez les Mollusques d'autre cause de
variation, expérimentalement démontrable. On peut par consé-
quent conclure que probablement toutes les variations sont
dues à l'action de causes extérieures, que toutes sont donc
acquises. Le déterminisme de la variation est purement méca-
nique; et l'intervention des influences de milieu est suffisante
pour expliquer l'apparition de toutes les nouvelles propriétés.
— 778 —
Il n'y a qu'une seule condition essentielle à la variabilité, tant
pour les organes et les individus que pour tous les groupes
zoologiques : c'est la diversité du milieu et la propriété de
l'organe ou des organismes de pouvoir s'adapter à cette diver-
sité, c'est-à-dire de n'être pas trop spécialisé.
4" Il n'y a pas chez les Mollusques d'exemple de préadap-
tation (p. 61^8).
V. 1° L'hérédité est le moins marquée dans les variations
d'apparence discontinue (p. 0-46). Au contraire, les variations
continues, même insignifiantes, sont souvent héritables (pp. 0>2
et (353).
2° Mais l'hérédité est assez fréquemment inconstante : une
même variation pouvant être tantôt héritable, tantôt non
(p. 654), sans qu'il y ait discontinuité entre l'hérédité complète
et l'absence d'hérédité (pp. 746 et suiv.). L'hérédité devient
plus régulière grâce à la durée : les variations les plus hérédi-
taires sont celles qui sont dues à une action plus prolongée de
leur cause originelle (p. 678).
3' Les variations continues, lorsqu'elles sont héritables, sont
seules perpétuables, grâce à leur fréquence (pp. 653 et 701).
4" L'expérience montre qu'il y a des variations accpiises héré-
ditaires (p. 687). Les causes extérieures peuvent influencer les
éléments reproducteurs (germinaux) comme les autres éléments
du corps ou somatiques (p. (iHîl).
VI. — L'amplitude, pas plus que l'hérédité, la fréquence,
l'orientation, la cause, etc., n'est un critérium pour diviser les
variations. Tout caractère peut varier plus ou moins lentement;
et il ne peut être établi de limite entre les variations brusques et
les variations continues : 11 n'existe pas entre elles de diffé-
rence qualitative ou de principe; toutes ces variations continues
— 779 —
ou discontinues sont de. la même nature; les dernières ne sont
que la forme accélérée des premières ; elles ne sont discontinues
qu'en apparence. Toutes les variations sont en fait continues,
acquises et d'origine ectogène.
VIL — Les variations d'apparence discontinue sont plutôt
exceptionnelles ; elles sont d'ailleurs isolées ou rares quant au
nombre des individus qu'elles affectent. Et bien qu'étant fré-
quemment congénitales, elles sont très souvent éliminées :
1° Avant l'état adulte :
a) Par non-viabilité (pp. 401 et 76i), ou
b) Par sélection (le milieu étant éliminateur des variations
brusques ou amples) (p. 473).
2° A l'état adulte reproducteur :
a) Par non-hérital)ilité (p. G46).
b) Si elles sont hérilables, par ampbimixie, à cause de leur
isolation.
11 en résulte donc qu'elles sont peu fixables, et qu'elles ne
jouent conséquemment qu'un rôle assez minime dans l'évolu-
tion.
Au contraire, les variations continues, acquises par l'action
de facteurs extérieurs durables, peuvent être héritables, et lors-
qu'elles sont fréquentes (cas général), transformer les caractères
d'une es|)èce en donnant naissance à des formes nouvelles. La
continuité caractérise l'évolution comme tous les phénomènes
biologiques.
Yliï. — Les conclusions ci-dessus sont tirées de l'étude
exclusive des Mollusques, bien que des exemples confirmatifs
pris dans d'autres groupes, aient pu être cités en cours de route.
Il est d'ailleurs douteux que ce qui est vrai pour les Mollusques,
ne le soit pas pour d'autres organismes encore.
— 780 —
Au surplus, de l'étude des variations chez les Mollusques,
ressort nettement la conclusion générale suivante :
Tout se passe comme si, dans ce groupe, l'évolution avait
lieu essentiellement par variations continues et orientées, dues
au milieu, avec hérédité de ces variations acquises lorsque la cause
qui les a produites a agi assez longtemps, et avec fixation effec-
tive ou perpétuation, lorsque ces variations sont fréquentes en
même temps qu'héritables. C'est-à-dire que les divers caractères
spécifiques actuels résultent, suivant toute vraisemblance, de
l'action du monde extérieur sur les générations précédentes (qui
les ont fixés par hérédité) et de leur conservation par les condi-
tions présentes.
-o-Hh<^-
ADDENDA ET CORRIGENDA
F'age 24, après la ligne 7 : la forme et la hauteur des valves varie suivant les individus,
par exemple dans Lophyrus articuLitus (Caupenter, Report on Ihe présent state
of our kiiowledge wilk regard to tke MiUusca of the West Goast of North America
[Rep. XXVIih Meet. Briï. Assoc. Adv. Sci., 18)7, pi. VIII, tig. 4]).
Page 29, ligne 2, au lieu de : hypertrophie, lire : « hyperstrophie ».
Page 3d, ligne 7, ajouter AinpuUaria ainpullacea L. : Wai.ker, A sinislrat Ampul-
laria (Nautilus, vol, XXXI, 1917, p. 35).
Pnge 37, noie 1 : Naegele ne donne pas 26.000 (comme le dit par erreur Ancey),
mais 20.000 {Naclirbl. Malakoz. GeselUch., 36 Jahrg., p. 26J sans référence
d'ailleurs, et pour le « Bassin du Rhône » : c'est donc très certainement la
statistique de de Mortillet, inexactement rapportée.
Page 41, ligne 4 : chez Pterocera lambis, une digitation supplémentaire, entre les
deuxième et troisième, a été observée par Willey, On a rare variation in Shell
o/" Pterocera lambis (Puoc. Linn. Soc. N. South Wales, vol. XXXI, 1896).
Page 42, noie 2 : le poids de la coquille de Hélix pomatia est également très
variable : Yung, Les variations de la coquille d'Hélix pomatia (AiiCH. Set. phys,
ET NAT., t. XLIV, 1917, pp. 74 et .'57). —Voir aussi : Buchnek, Die Grôssenextreme
bei unseren einheimischen Lani- und Sihswasser niollasken (Nachrbl, Malakoz.
Gesellsch., XLIX Jahrg., 1917, p. 167). La même variation de poids (ou d'épais-
seur) s'observe aussi dans l'épiphragme calcaire des Uelix, par exemple chez
H. aspersa : Allman, Note on the formation of Ihe epiphragma of Helix aspersa
(JouuN. LiNN. Soc. LoNDON [ZooL.], vol. XXV, 1896); d'autres variations indivi-
duelles de l'épiphragme se rencontrent encore, notamment l'épiphragme couvert
de substance coquillière, alors que normalement il se détache de la coquille :
J. Pfeffer, Ueber eine Abnormitàt des Gehduses der Pomatia pomatia L.
(Nachrbl. Malakoz. Gesellsch., XLIV Jahrg., 1912, p. 180).
Page 49, ligne 20 : dans un Fissurella virescens, au lieu d'une perforation au
sommet, il s'en trouvait deux : Carpenter, loc. cit., pi. VIII, fig. 6; dans
Glyphis inaeqiialis, la forme de l'ouverture au sommet est très variable :
ibid., pi. VII, fig. 4, i à n.
Page 51, ligne 5 : la variation de l'indice est très marquée dans Arca grandis :
Carpenter, loc. cit., pi. VI, tig. 1 et 2; de même varie, chez cette espèce, la
longueur relative des côtés antérieur et postérieur de la coquille : ibii., pi. VI,
tig. 1.
Page 53, ligne 3 : un Mytilus sp., inéquivalve, a été signalé par Broderip (On the
genus Gkama [Trans. Zool. Soc. London, vol. 1, 1835, p. 301J).
— 782 —
Page ?)5, note 6 : le genre Astarte présente plus fréquemment que d'autres, des
exemples d'inversion. Ainsi on cite encore : des A. basteroti à valves inverses
(CoLBEAU, Valves de /'Astarte Basteroti inverses [Ann. Soc. Malacol. Belg., t. III,
p. LX]), un A. sulcata, à valve droite montrant la dentition de la valve gauche
(Klmakovics, Dr Med. Artli. v. Sachsenheim's Molluskenausbeute im Nordlichen
Eismeer un der West- und Nordkilste Spitzbergens (Verhaxdl. Siebenburg. Ver.
Naturw., Bd XLI, Hermannsladt, 1897, p. 80), des A. triancjularis : près d'un
tiers d'individus inverses (Dall, Tertiary Fauna of Florida, 1903, p. 1482).
Page 55. note 8 : un Tellina semitorta inverse a été rencontré par Lynge, Marine
LameUibranchiata (Mém. Acad. r. Copenhague, série 7, [Sciences], t. V.. 1809,
p. 499); l'exemple de Tellina plicata, à extrémité postérieure courbée à gauche,
cité par Fischer, ne serait pas un vrai cas d'inversion, car il aurait une charnière
normale (Lamy, Coquilles séneslres chez les Lamellibranches [Bull. Mus. Hist,
Nat. Paris, 1917]). Des Pisidiuin scholtzi et P. steinbructii à charnière inverse
ont été observés par Odhner, Studies on the morphology, Ihe taxonomy and the
relations of récent Chamidae (K. Svensk. Vetensk. Akad. Handl., Bd LIX, n" 3,
1919, p. 7)).
Page 55, note 8 : les exemplaires dextres et sénestres de Chama u pulchella »
seraient des espèces différentes, appartenant même à des genres différents,
d'après Odhner 'loc. cit., 1919, p. 22).
Page 109, après la note 8 : un Littorina littorea avait aussi les deux tentacules
branchus (Joiinston, fide Jeffreys, British Concfiology, vol. III, p. 373).
Page 111, ligne 7 : deux autres spécimens de L. littorea possédaient un tentacule
branchu : l'un à droite, divisé jusqu'à la base, l'autre à gauche, bifurqué seule-
ment à l'extrémité (P. P. [observations personnelles]).
Page 112, ligne 7 : deux autres individus de cette espèce avaient le tentacule droit
bifide : le premier à l'extrémité, le second jusqu'à la base, comme celui repré-
senté figure 73, et aussi avec un œil à la base de chaque branche. (P. P.)
Page 117, note 4 : ajouter ('rozier. Fusion of i< rhinophores » in Chromodoris (Amer.
Natur., vol. LI, 1917, p. 756).
Page 122, ligne 12 : outre les variations mentionnées au sujet des tentacules pédieux
postérieurs chez Nassa reticulata, il a encore été recueilli un spécimen offrant
deux paires de ces appareils : la plus antérieure avec un assez grand intervalle
entre les deux organes, la postérieure avec un très petit intervalle entre eux (P. P.).
Page 129, après la dernière ligne : un Trochîis linealus avait quatre tentacules
épipodiaux au lieu de trois (Clark, fide Jeffreys, British Conchology, vol. III,
p. 348i; de même, un T. occidentalis i Jeffreys, loc. cit., p. 333).
Page 132, ligne 11 : un double opercule a encore été observé chez un Littorina
littorea (Rich, fide Jeffreys, British Conchology, vol. III, p. 374).
Page 132, note 9, ajouter : Cooke, A Colony of Nucella (olim Purpura) lapillus
(Linn.) with operculum malformed or absent (Proc 3Ialâcol. Soc. London,
vol. XII, 1917, p. 231).
Page 142, dernière ligne : au lieu d'avoir le siphon palléal et les tentacules, etc.
(parties faisant le plus fort, saillie hors de la coquille), d'un orangé intense, un
exemplaire de Cypruca europaea présentait ces organes d'une couleur rosée
jaunâtre, très claire (P. P.).
783
Page 151, après la ligne 16 : 4, un jeune Laciina palUdula à coquille albine, possé-
dait des yeux à pigment noir (P. P.).
Page 154, ligne -15, au lieu de : Acanthopleura, lire Acanthochiton.
Page 168, ligne 4 : à côté de cette variation continue, une variation brusque a été
reo' ontrée une fois : la dent centrale de toutes Ips rangées de la radula montrait,
dans un Nassa reticulata, 36 denticules, plus ou moins réguliers, les dents
latérales étant normales (P. P.).
Page 212, ligne 18 -. le nombre des inspirations varie également dans les Pulmonés
stylommatopliores; par exemple chez Polygyra ulbolahris, où il y en a de 16 à
48 en moyenne, mais fréquemment un nombre différent : Simpson, Anatomy and
Physioloyij of Polygyra albolabris and Limax maximus and Embryology of
Lirnax maximus (Bull. New York State Mus., n» 40, vol. VIII, 1901, p. 282).
Page 217, ligne i5 : il y a de 11 à 13 paires de feuillets branchiaux dans Eledone
cirrosa : Isgrove, Eledone (Proc. and Trans. Liverpool Biol. Soc, vol. XXIII,
1909, p 526).
Page 221, ligne 13 : Eledone cirrosa présente 5 ou 6 rangées d'appendices glandu-
laires des veines caves latérales dans le rein : Isgrove, loc. cit., p. 520.
Page 222, ligne 11 : ajouter Boulangé, Observations sur une anomalie de l'appareil
génital chez un Hélix pomatia (Feuille jeun. Natur., vol. XLIV, 1914, p. 65).
Page 224, ligne 12 : supprimer Lottia (Sciirria) gigantea.
Page 234, ligne 17 : dans chaque espèce de Liltorina, les nombre des saillies
glandulaires du bord extérieur du pénis présente des variations individuelles
continues, notamment chez L. rudis (de 6 à 17), chez L. obiusata (de 7 à 13), etc.
(P. P.).
Page 240, ajouter à la dernière ligne : les jeunes Xylotrya gouldi sont souvent
hermaphrodites : Sigerfoos, Natural Uistory, Organizaiion, and late Deve-
lopment of the Teredinidae, or Ship-Worms (Bull. Bur. Fish. Washington,
vol. XXVII, 1908, p. 224).
Page 246, après la ligne 18, ajouter : chaque ganglion cérébral peut donner un ou
deux nerfs antérieurs (au tentacule et aux lèvres) chez Crepidula adunca :
Heath, The nervous System of Crepidula adunca and its development (Proc.
AcAD. Nat. Sci. Philadelphia, vol. LXVIII, 1917, p. 480).
Page 247, après la ligne 9 : dans Chioraea dalli, le nerf cérébral du mufle naît
parfois indépendamment, parfois par une racine commune avec le nerf cérébral
céphalique antérieur : Heath, The Anatomy of an Eolid, Ghiofaea dalli (Proc.
AcAD. Nat. Sci. Philadelphia, vol. LXIX, !917, p. 143).
Page 250, après la ligne 7 : dans Chioraea dalli, il y a usuellement quatre paires de
nerfs pleuraux; mais il y a des cas où certains de ces nerfs sont fusionnés
[Ibid., p. 144).
Page 253, après la ligne 14 : dans Polygyra albolabris, outre le grand nerf posté-
rieur, il y a un nombre variable d'autres nerfs pédieux : Simpson, loc. cit.,
p. '272.
Page 276, ligne 12 : un Liltorina rudis, sur le tentacule gav'che, possédait deux
yeux voisins (P. P.).
— 784 —
Page 277, ligne 12 : huit autres individus (mâles ou femelles) ont été observés chez
Purpura lapillus, avec un troisième œil, à droite ou à gauche; un seul spécimen
en portait trois, très voisins l'un de l'autre, sur le tentacule gauche (P. P.).
Page 293, ligne 14 : Eolis coronata, dans une ponte exceptionnelle, a montré un
certain nombre de coques avec 2, 3 ou 4 œufs (P. P.).
Page 297, ligne 10 : le nombre d'œufs dans une même coque de ponte de Janus
crislatiis (dans la Manche) dépasse souvent 100 et atteint même parfois 230 (P. P.).
Page 30'i, ligne 12 : dans une même coque de ponte de Janus iristalus, on ren-
contre des embryons trois ou quatre fois plus volumineux que d'autres (P. P.),
Page 304, ligne 4 : dans Haminea solitaria, les globules polaires sont parfois très
grands et contiennent même des granules vitellins : Smai.lwood, Natural tiis-
torij o/' Haminea solitaria (Amer. Natur., vol. XXXVIII, 19U4, p 219).
Page 307. ligne 4 : dans Haminea solitaria, 30% des œufs montrent l'asymétrie
des deux premiers blastomères : Smallwood, loc. cit., p. 210.
Page 313, ligne 10 : des embryons multiples de divers autres Nudibranches ont
encore été observés pendant l'impression du présen' ouvrage (1920) : Cenia
cocksi, Hermaea bifida, Eolis coronata et Janus cristatus; mais ils n'ont évolué
jusqu'à l'éclosion que chez les trois derniers.
Les embryons doubles de Eolis coronata étaient plus ou moins soudés :
1° à masses viscérales et coquilles distinctes, la soudure ayant lieu par la masse
céplialo-|)édieuse; 2»' à masses viscérales et coquilles [laitiellement unies;
3' à masse viscérale et coquille uniques, les deux masses céphalo-pédieuses
restant distinctes.
Chez Janus cristatus, les embryons doubles étaient fréquents, à soudure
usuellement peu profonde et presque toujours effectuée par le bord du manteau;
outre des embryons doubles, il a été rencontré, dans cette espèce, des soudures
de 3, 4, 5 et même 6 gastrulas (P. P.).
Page 354, ligne 19 : un embryon non tordu, à anus postérieur, s'est trouvé dans
une ponte de Janus cristatus (P- P.).
Page 357, ligne 8 : dans l'otocyste droit d'un embryon de Eolis coronata, il y avait
3 otolithes au lieu d'un seul (P. P.)-
Page 392, après la ligne 9 : orientation vers une forme de plus en plus allongée et
étroite (tant pour la coquille entière que pour l'ouverture) chez Limnaea
shanensis, fossile, subfossile et actuel, dans la même région du lac Inlé (Ghan du
Sud, Birmanie) (Annandai.e, Aquatic Molluscs of the Inle Lake and Connecting
toalers [Rec. Ind. Mus., vol. XIV, 1918, p. 107, pi. X, fig. 5, 6 et 7j ).
Page 556, note 4 : avant Dai.l : Golton, On some varieties of Thais lapillus in the
Mount Désert région, a study of individual Ecology (Proc. Nat. Sci. Phiiadel-
phia, vol. LXVIII, 1917, p. 452). De même P. lamellosa est représenté dans les
eaux tranquilles, par sa forme très lamelleuse : Dall, etc.
Page 557, après la ligne 23 : D'autres Lamellibranches encore sont représentés
dans les fonds de boue molle, par leur furme fragile et incolore (Annandale,
tlec. Ind. Mus., vol. XIX, 1918, p. 174), par exem|)le Corbicula tenuistriata
(Annandale, Mem. Asiat. Soc. Bengale, vol. VI, part. I, 1916, p. 67).
TABLES
Pour faciliter l'utilisation du présent travail et y rendre les recherches
plus rapides, il a été confectionné trois tables alphabétiques :
1° Par noms d'auteurs, dont les observations ou les opinions relatives
à la variation sont rapportées ;
2" Par noms de genres, où des cas de variation sont cités;
3° Par noms de sujets (organes, particularités, etc.) relatifs à la
variation chez les Mollusques.
Index des noms d'auteurs.
Abric, 98.
Adaras, A. and H., 25, 74, 127, 300, 301,
556, 637.
Adams, G., 44, 464, 556, 716.
Adams, C.-B., 636.
Agassiz, L., 55.
Alcock, 35.
Aider and Hancock, 96, 98, 99, 107, 114,
143, 161, 170, 171, 177, 209, 287, 297.
Alenitzin. 551.
AUman, 781.
Amaudrut, 156, 176, 177, 248, 250, 252,
257.
Ancey, 6, 29, 30, 33, 34, 35, 36, 37, 735.
André, 175, 190, 211, 220, 498.
Annandale, 527, 566, 58:, 784.
Anthony, J.-(.., 3U, 31, l02.
Anthony, R., 52, 54, 56, 196, 214, 386,
552. '
Appellôf. 68, 104, 141, 270, 344. 410,
4-.2, 471,51-:!.
Arioia, 607.
Atkell, 116,117.
An.dt, 660
Artutfel, 52.
Ashlord, 32, 496.
Ashworlh, 226, 2-29.
Ashworih and lioyle, 105.
Astier-, 676.
Aucapitaine, 5^6.
50
— 786 —
Babor, 91, i80, 231, 232, 235, 262, 519.
Baer (von), 243.
Baglioni, 599.
Bailey, 165.
Baillie, 487.
Baily, 23.
Baker, 26, 54, 58, 62, 73, 212, 233, 387,
416, 422, 427, 480, 497, 540, 606, 665,
712, 760.
Balaschew, 453, 562.
Balch, 111,277.
Baltzer, 225, 674,
Barbie, 6i2.
Barrois, 135. 227, 504.
Bartholomew, 539, 540.
Barlsch, &U, 652, 714.
Basedow and Hedley, 144, 287.
Bataillon. 677.
Bat-son, 6, 15, 24. 51, 118, 332, 445,
507. 564, 670, 722, 744.
Baudelot, 2H8, 647, 654, 660.
Baudon, 118, 753.
Bauer, 119.
Baui.acke, 532, 533, 546, 547.
Baur, 106,
Beeclier, 35, 55, 62, 656.
Beeston, 34.
Bellevoye, 28.
Bellini, 428. 454, 569.
Bellion, 490, 491, 492.
Benson, 479.
Bergh, 95, 96, 98, 100, 108, 132, 155,
160. m, 168, 16'.t, 176, 177, 178, 187,
207, 208, 209. il9, 287. 292.
Bernard, 63, 189, 288, 691, 692, 695.
Bert. 140, 292, 424, 499, 594, 598.
Beu.ianl, 567, 570.
Beynt-, 497.
Beyrich, 46.
Biedermann, 593.
Bielz, 464 736.
Biélrix, 234. 235, 236, 238.
Bigclow, 464.
Biilnps, 454.
Binney, 31, 173,481,503.
Bispinghoff, 210.
Blainville (de), 20, 501.
Blanc, 226, 235.
Blanchard, E., 65, 68, 161, 266.
Blanchard, R., 507, 711.
Bland, 30, 31.
Blaney, 23.
Blanford, 6, 130, 370.
Blasius und Schweizer, 593.
Blochmann, 296, 297.
Blooraer, 212.
Boas, 157, 158, 469.
Bobretzkv, 297, 341, 752.
Boetlger,'6, 36, 37, 45, 515, 518, 563,
753.
Bôhraig, 246.
Bohn, 533.
Boll, 104.
Bollinger, 27, 28, 43, 46, 47, 49, 376,
451,532,665,715.
Bonnet, Gh., 117, 280.
Bonnet, R., 214.
Bonnevie, 106, 126, 158, 161, 386, 522.
Boolh, 34.
Borcherding, 601.
Borissiak, 64.
Bornet et Flahaut, 580.
Boruttau, 594.
Botazzi et Enriques, 255, 592, 597.
Boubée, 504.
Bouchard, 332.
Bouehard-Chantereaux, 145, 210, 241,
298, 300, 301, 463, 466, 510, 514, 541,
651.
Bouiilet, 521, 543.
Boulangé, 783.
Bouly de Lesdain, 418.
Bourguignat, 430, 503, 520, 541.
Bourne,'237. 284, 451,468.
Boussac, 450, 458.
Boutan, 136.
Bouvier, 29, 128, 175, 224, 246, 248,
250, 251, 252, 253, 254, 256, 257, 258,
259, 260. 285.
Boveri, 677.
Bowell. 301.
Bowell (Tomlin and), 47.
— 787 —
Boycott, 21, 33, 37, 148, 151, 173, 231,
452, 454, 466, 488, 533, 583.
Boycott (Moss and), 173. 466.
Boycott and Bowell, 658.
Boycott and Jaekson, 238.
Brachet, 657.
Brandt, 566.
Braun, 243, 505.
Brewster, 408.
Bridgman, 453, 552.
Brindley, 283.
Brock, 251, 346, 382, 413. 432, 444.
Brockmeier, 211, 421, 446, 494, 657,
665.
Broderip, 781.
Brooke, 418.
Brooks, 297.
Brot, 30, 514, 561, 581.
Brown, 47, 391, 537, 540, 626, 666.
Browne, 559.
Briick, 137.
Brusina, 718.
Brygider, 175.
Bûchner, 233, 743, 781.
Buglia, 490.
Burapus, 418, 419,564.
Burckhardt, 394.
Burne, 521.
Butterell and Roebuck, 514.
Byrnes, 295.
Gailliaud, 38, 53, 65, 537, 656, 737.
Call, 20, 26, 301, 401. 420, 572, 656, 739.
Carazzi, 255, 297, 299, 305, 509.
Cardot, 592.
Carlgren, 595.
Carlson, 245, 592.
Garpenter, 636, 781.
Carrière, 117, 135, 277, 411, 517.
Carus, 295.
Caltie, 60.
Caullery, 296.
Caullery et Pelseneer, 614.
Gavalié, 237.
Gaziot, 676.
Gépède, 420.
Gerny, 114.
Gertes, 489.
Ghadwick, 243.
Chaillou, 453, 575.
Ghampy, 469.
Gharpentier (de), 33, 35, 36, 151.
Ghaster, 46, 148, 163, 663. 667, 753.
Ghemnitz, 33, 35, 38, 641.
Ghéron,217, 268, 270, 271.
Ghun, 105, 217, 525.
Glaparède, 177, 285.
Glapp, 34.
Glark, 46, 61, 69, 101, 103, 108, 128,
130, 131, 134, 162, 180, 206, 283, 565,
636, 782.
Clessin, 37, 45, 46, 109, 274, 447, 453,
469, 520, 526. 539, 546, 550, 555, 573,
575, 578, 642, 667.
Glubb (Herdman and), 96.
Gockerell, 30, 418, 453, 480, 714.
Colasanti, 594, 599
Golbeau, 487, 648, 654, 782.
Golgan, 132, 493, 535, 567, 615.
Collier, 301, 388.532, 737.
Collin, G., 109, 146, 647, 650, 665, 737,
739, 743.
Collin, J., 165.
Collinge, 104, 146, 159, 226, 236, 389,
642,' 646, 657.
Golton, 26, 57, 243, 300, 450, 493, 529,
549, 558, 562, 588, 650, 665.
Gompanyo, 566.
Conklin, 21, 205, 296, 299, 308, 310,
354, 424, 447, 453, 471, 559, 586, 587,
644.
Gooke, A.-H., 39, 168, 170, 297, 299,
300, 301, 302, 454. 478, 480, 481, 508,
510, 517, 535, 539, 540, 545, 547, 555,
560, 566, 571, 582, 631, 633, 637,
782.
Gooke, G.-M.,601.
Cooper, J.-E., 53, 67, 173, 507, 565,
572.
Cooper, J -G., 376, 444, 540, 666, 713.
Cope, 379, 433, 441,442, 749.
— 788 —
Coste, 463.
Cotty, 656.
Couiagne, "28, 371, 388, 414, 415. 416,
427, 428, 429, 431, 445, 462, 474. 487,
507, 520, 537. 544, 563, 577, 579, 621,
625, 666, 679, 683, 706, 713, 747.
Coutance, 495, 592, 598.
Craighlon, 180.
Crampton, 437, 442, 560, 601, 618, 657,
698. 740, 757.
Crossland, 587.
Crowlher, 482.
Crozier, 782
Cuénot, 98, 171, 208, 209, 297, 377, 465,
470, 482, 485, 501, 638, 731, 732. 746,
761.
Ciiming, 634.
Cuvier, 94, 175, 177.
Dacie, 535.
Dakin. 297.
Dalgiiesch, 481.
Dali, 417, 446, 549, 556, 626, 666, 696,
782.
Danford, 68.
Danforth 15S.
Daniel, F., 32, 38. 57, 463.
Daniell, J.-E.. 737.
Danilewsky. 599.
Darl)ishire, 536.
Daresle, 83t)
Darwin, 7, 71, 299, 378, 410, 419, 436,
438, 440, 476, 613. 625.
Daube, 30.
Daubrée. 502.
Daulle, 3t.
Daulzenuerg, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 36,
37, 39. 40, 44. 648, 553, 625.
D.iiitzenbeig • t huiouchoux, 42.
Dav-nporl, 51. .S2, 53, 56, 57, 58, 59,64,
:^9>, 396, 397. 40W, 416, 440, 449, 462,
528. .^84, 606, 633 697, 71 h, 718.
Davenpori ;inil Hubhard, .^8.
Davc port and Peikins,546.
Davis and Fleure, 254.
Dawson, 425.
Dean, 388, 658,
De Filippi, 584.
De la Fontaine, 28.
Delage, 244, 332, 360.
Delaunay, 302.
Delbœuf, 701.
Del'Hopiial, 116.
Dalle Chiaje, 635.
Depéret, 433, 761.
Deschamps, 191.
Descouts, 486
Deshayes, 55, 56, 57, 61, 63, 66, 94, 103,
104, 127, 134, 137, 151, 194, 198, 265,
266, 377.
Deslongcliamps, 51.
Desmoulins, 114.
Desroche, 51 7, 574.
De Visraes Kane, 699.
De Vries, 372, 442, 709.
Dewitz, 70, 595, 642.
Dhére, 149.
Di Gesnola, 420, 764.
Dickin, 33.
Dickson. 610.
Ditîuet, 584.
Dimon, 26, 112, 242, 279, 297,408,416,
448, 532, 533, 546, 547, 557, 564, 566,
614, 752.
Dôring, 577
Uolieity, 48.
Dolln, 433
Douvillé, 451, 454 731.
Downing, 105.
Dr.iparnaiid, 43.
Drew, 104, 134, 135, 136, 181, 213, 264,
301,346,348,593.687,693.
Driesch. 529, 532.
Dropt, 2(i6.
Drouei, 666.
Drummond, 303, 354, 741.
Drzewina, 695.
Dubalen, 503, 612.
Dul.ois, 142. 49.^, 499, 504, 523, 630,
5^4, 586, 696, 697, 598
Diicos de Sainl-Germain, 481.
Dumont et de Morlillet, 544.
789 —
Dumontier, Mi.
Duprey, 109, dH,276.
Dupuy, 503. 518.
Durouchoux iDautzenberg et), 42.
Duval, 332.
Duvernoy, 262, 264, 265.
Dybowski, 561.
Eckhardt, 71, 72, 226.
Edmondson. 617.
Edwards, 132.
Eimer, 378, 384.
Eliot. 143, 171, 176, 209, 210, 245.
Elmhirst, 98, 107, 208.
Emery, 433.
Emmet, 34.
Enriques, 571.
Enriques iBotazzi et), 255.
Enriques et Zweibaum, 576.
Erlanger (von , 2l!>, 302.
Eschricht, 158.
Ësmark, 174.
Ewald, 454.
Farrer, 488.
Faussek, 456, 482, 523.
Ferronnière, 507, 668, 669, 670.
Férussac, 32, 33.
Fewkes, 123.
Fischel, 423.
Fischer, H., 140, 170, 190, 299.
Fischer, P., 17, 20, 29, 30, 31, 33, 34,
35, 36, 38, 56, 57, 65, 109, 111, 112,
116, 125, 128, 274, 275, 302, 392, 468,
479, 485, 489, 506, 520, 525, 529, 635,
561, 637, 704.
Fischer et Bouvier, 29.
Fischer iPerrier et), 189.
Fisher, 251.
Flach, 464, 736.
Flahaut (Bornet et), 580.
Fleure, 94, 179, 190, 250.
Fleure (Davis and), 254.
Fleure and Geitings, 479.
Fol,29l,299, 341,346, 509, 642.
Folin (de), 417, 4i4, 671, 672, 665,
667.
Fontannes, 383, 453, 469, 626, 627.
Forbes, 620.
Forbes and Hanley, 72, 101, 116.
Forel, 211.
Fôrster, 263.
Foster and Dew-Sraith, 592.
Fraas, 68.
Franck, 260.
François, 658.
Frandsen, 533.
Frederieq, H., 499.
Fredericq, L., 576, 594.
Frenzel, 498, 499.
Friele, 165, 167, 168.
Frohlich, 494.
Fuchs, 576.
Fujita, 425, 560, 575.
Furtado, 222, 666.
Gabb, 718.
Gaillon, 486.
Gaimard (Quoy et), 40, 146.
Gain, 146.
Gallenstein, 552.
Galton, 380, 701.
Gamble, 533, 704.
Garnault, 249, 260, 251, 256, 268, 259,
583.
Garner, 185, 268, 566, 584.
Garnier, 507.
Garslang, 485.
Gaskoin, 536.
Gasparin (de), 513.
Gassiès, 30, 666, 665, 676, 677.
Gegenbaur, 123, 175, 178, "205, 206, 229,
234, 309, 333, 335, 347,|348.
Geiser, 62.
Gemmill, 224, 484.
— 790 —
Geoffroy Saint-Hilaire , 34, 39, 414,
443.
Gérardin, 453.
Germain, 106, 449, 575, 580.
Ghosh, 254.
Giard, 145, 305, 418, 431, 433, 469. 477,
548, 582, 584, 674 731.
Gibbons, 481. 560, 564, 568, 689.
Gineste, 502, 504, 515.
Girod, 105.
Glaraann, 98, 174.
Glaser, 358, .558.
Godet, 5,52.
Gogorza, 567.
Goldfuss, 447.
Goodsir, 699.
Gould, A.-A., 17.
Gould, H.-N., 588.
Gourret, 507.
Grabau, 44, 163, 394, 438, 452, 475,
563.
Graber, 532.
Graf, 385.
Graff (von), 635.
Grave, 196, 213, 263, 286.
Gravely, 140, 183.
Gray, A., 378.
Gray,J.-E., 50, 131,585, 587.
Gredler, 735.
Greenwood, S96, 599.
Gressy, 675.
Griffin, 94, 141, 177, 188, 199, 217, 255,
267, 269, 289, 585.
Grimpe, 200.
Grobben, 221, 469.
Gross, 469.
Gude, 30.
Guiart, 255, 257, 287, 312, 333.
Guignon, 116, 280.
Gulick, 379, 442, 601, 618, 620, 629,
679.
Giinlher, 501.
Guppy, 570.
Gvvatkin, 162.
Gyngell, 388.
Gysser, 36.
H
Haacke, 453, 541.
Hadden, 388.
Haddon, 704.
Haeckel, 172.
Hagedorn, 675.
Hagenmûller, 34.
Hail, 481.
Haller, 21, 128, 154, 178, 184, 187, 219,
221,245,250,251,253.
Hancock, 96, 156, 218, 267, 270, 271.
Hancock and Embleton, 170, 171, 178,
188,191,258,261,285.
Hancock (Aider and), vide Aider.
Hanko, 90, 112, 118, 119, 121, 126, 139,
279, 280, 730.
Hanley (Forbes and), vide Forbes.
Hardy, 430, 527, 577.
Hargreaves, 656.
Hartmann, 34, 520, 666.
Hartwig, 650, 661.
Haseman, 532.
Hashagen, 741.
Hauer, 68.
Hauff"en, 525.
Hawkins, 453, 488.
Hazay, 515.
Headlee, 554, 557.
Headley, 453, 463.
Heatii, 16, 186, 20.5, 218, 298, 486, 52'2,
531,589,614,783.
Heathcote, 31,243.
Hecht, 95, 96, 99, 100, 106, 112, 114,
118, 145, 191, 292, 425, 483, 485, 679,
697.
Heckel, 453, 482, 484, 488, 596.
Hediey, 17, 464, 635.
Hefferan, 163.
Hele, 481,487, 656.
Heraphill, 586.
Henchman, 354, 614.
Henn, 22.
Hensgen, 448, 526.
Henze, 576.
Herbst, 607.
— 791 —
Herdman, 179, 214, 535.
Herdman and Clubb, 96.
Herdman and Hornell, 584.
Herlitzka, 332.
Hertel, 531.
Hesse, 490.
Heyraans, 599.
Heymons, 297, 307, 310, 333, 350.
Heynemann, 91, 174, 417, 443, 550, 551,
554, 628, 665.
Hickling, 26, 393, 421, 617, 717, 760.
Hilbert, 552.
Hilgendorf, 617, 717.
Hiliig, 268, 270,271.
Hofer, 596, 597.
Hofraann, 599.
Hoffmann, E., 117, 135, 281.
Hoffmann, R., 297.
Hogg, 511,561.
Hoîdhaus, 579.
Holmes, 294.
Honigmann, 132.
Hornell, 193.
Hôrnes, 433, 718.
Horsley. 37, 303. 388.
Horst, 695.
Houlbert, 759.
Howard, 688.
Howe, 387, 447.
Howes, 459.
Hoyle,17, 140,182, 183.
Hubbard (Davenporland), 58.
Humbert, 240, 466.
Hunt, 558.
Hurst, 706.
Hulton, W., 743.
Huxley, 206.
Huxley el Pelseneer, 217,
Hyatt, 393, 444, 547, 617, 621, 679, 696.
Igel, 182, 262, 286.
lUingworth, 250.
Irving, 165.
Isgrove, 268, 783.
Ishikawa, 469.
Issel, 501, 502, 503, 504, 506.
Ito, 425, 575.
Jackson, J.-W., 45, 375, 649, 743.
Jackson, R.-T., 17, 54, 57, 101, 214,
215, 445, 528, 548, 585, 690. 692, 695,
696.
Jacobi, 174, 230, 232, 233, 236, 466.
Jacquemin, 294.
Jameson, 584.
Jatia, 67.
Jeffreys, 21, 27, 35, 50, 55, 56, 112, 142,
277, 506, 516, 566, 633, 656, 782.
Jennings, 388.
Jhering (von), 219, 227, 244, 250, 267.
Jickeli, 62, 173.
Joba, 32.
Johansen, 162, 163, 565.
Johnson, 30, 152.
Johnson and Pilsbry, 40.
Johnston, G., 556, 782.
Johnston, R.-M., 420.
Johnptone, 214, 265.
Jolliffe, 47.
Joly, 508.
Jones and Preston, 33.
Jonker, 637.
Jordan, H., 62, 453, 553, 555.
Jordan, H.-E., 495.
Joseph, 489.
Joubin, 16, 105, 139, 140, 217, 302, 480.
Jousseaume, 43, 48, 53, 445, 625.
Joyeux-Laffuye, 190, 248, 253, 259.
Judd, 585.
Kanda, 531, 532, 5i6.
Karlinski, 493.
Karsch, 243, 298, 491.
Keber, 266.
Keferstein, 157, 217.
Kelaard, 584.
Relier, 236.
— 792 —
Kellog, 181, 241.
Kelsey, 50, 213, 240.
Kerr, 289.
Kew, 39, 481.
Keyes, 453, 586.
Kimakowics (von), 782.
Kisliinouye, 284.
Kleiner, 231, 237, 238, 239, 427, 434.
Klemensiewicz, 105, 599.
Kaoll, 498.
Kobelt, 48, 49, 60, 63, 505, 713.
Koehier, 596.
Koehier et Vaney, 635.
Koenig, 459.
Kofoid, 304, 511,543,572, 612.
Kôhler, A., 190.
Kôhler, W., 20, 111, 298.
Kôlliker, 301.
Koppen, 520.
Koren ei Danielssen, 297, 355.
Korschelt, 3u2, 508.
Kosianecki, 244, 575.
Kowalevsky, 100, 307, 339, 347, 471,
483.
Krahelska, 493.
Krasucki, 206.
Krohn, 727.
Krûkenberg, 149, 191, 596, 597, 599.
Kriisenstern, 69.
Kudelin, 526.
Kûhn, 492.
Kunkel, 38, 243, 295, 381, 402, 559, 610,
618.641,649,651.
Kupehvieser, 677.
Kuschakewitsch, 224.
Kwietniewski, 157, 158.
Labbé, 585, 694.
Lacaze-DuUiiers, 72, 94, 100, 126, 156,
180, 181, 188. 189, 192, 195, 196, 198,
226, 237, 240, 247, 248, 249, 250, 255,
256, 257, 258, 259, 260, 261, 293, 295,
296, 298, 304, 307, 309, 312, 333, 334,
457, 466, 533.
Lafont, 139.
Laffont, 35.
Lagatu, 20.
Lagerheira (de), 580.
Laîiille, 42, 46, 446, 697, 768.
Laidlaw, 545, 578.
Lamarck, 440, 477, 604.
Lams, 303.
Lamy, 782.
Lang, A., 38, 243, 388, 479, 489, 492,
497, 641, 644, 645, 646, 648, 652, 653,
654, 655, 657, 659, 663, 667, 668, 674,
679, 680, 698, 715, 744, 746, 753.
Lang, W.-D., 676.
Langer. 196.
Lankester, E. (Ray-), 149,|339, 341, 486.
Lapicque, 495, 592, 595, 597.
Laïaste, 38.
Laiter, 262, 508.
Laurent 295.
Lawson, 189, 235.
Lea, 31, 55, 63.
Lebour, 165, 167, 385.
Lecoq, 32, 665, 676.
Le Dantec, 433.
Lefèvre, Th., 51.
Lefevre and Curtis, 688.
Legendre, 242, 454, 562.
Leidy, 21, 64, 191, 392, 427, 630, 718.
Lennier, 586.
Lenssen, 276.
Lereboullet, 285, 511.
Leriche, 40. 90.
Letellier, 142.
Lett, 30.
Leuckart, 123, 205.
Leuihardt, 449, 542.
Levett, 40.
Lewis, 542, 575.
Leydig, 241, 248, 293, 444, 481, 538, 539.
Lillie,' 303, 307, 343, 734.
Linden, 389.
Lindsay, 58.
Lindstiom. 296.
List, 60, 104, 136, 137, 182, 262, 263,
264, 265, 456, 524, 526, 553.
Lo Bianco, 29J.
— 793 -
Locard, 33, 34, 43, 376. 446, 463, 504,
514, 515, 527, 528, 537, 546, 565, 561,
678, 579, 616, 649, 650, 654, 665, 676,
704.
Loeb, 244, 609, 647, 677.
Loesch, 68.
Loisel, 156, 658.
Long, 504, 515.
Loven, 164, 165, 170.
Lubbock, 392.
Lucas, 35, 36.
Lutz, 58.
Lynge, 782.
M
Maas, 574.
Mabille et Rochebrunne, 445.
Mac Alpine, 494.
Mac Andrew, 493.
Mac Glendon, 696.
Mac Curdy, 106, 336.
Mac Donald, 233.
Mac Farland, 171,223.
Mac Gillivray, 542.
Mac Intosh, 239.
Mac Lellan, 34.
Madison, 650.
Malard, 26, 386, 449, 649, 665, 761.
Maltzan (von), 582.
Mangenot, 235, 239.
Marceaux, 698.
March, 451,653, 567, 573.
Marcucci, 454, 550.
Marie, 634.
Marquand, 49.
Marrât, 46, 130.
Marshall, 63, 132, 634.
Martens (voa), 46, 447, 487, 601, 517,
536, 638, 549.
Masefield, 28, 421, 503, 515, 518.
Mason, 56.
Massart, 68, 392.
Massot, 504.
Massy, 47.
Matisse, 490. 494, 499.
Matthes, 286.
Mayer, A. -G., 386, 448, 464. 601, 656,
6:)6, 662, 681, 697, 714, 736. 740, 744,
746, 768.
Maytield, 47.
Mazzarelli, 176, 178, 187, 224.
Megusar, 114, 675.
Meisenheimer, 157, 230, 292, 296, 300,
304, 307, 760.
Mendel, 658.
Ménégaux, 193, 195, 196, 198.
Merriara, 513
Metcalf, 221, 384, 449, 506, 666, 569.
Metschnikow, 334.
Meyer, A., 219
Meyer, W.-T., 183, 199, 267, 287.
Meyer und Môbius, 98.
Michaud, 649.
Michel, 32.
Milne-Edwards, 191, 299, 459.
Milroy, 19.
Minot, 423.
Mitchell, 490.
Mitsukuri, 532.
Môbius, 376, 446, 665.
Môllendorf (von;, 716.
Moglia, 676.
Moitessier, 30, 33.
Montaugé, 676.
Montcalm, 35.
Monterosato (de), 527.
Montgomery, 414, 428, 685, 754.
Moore, A.-R., 45, 464.
Moore, J., 600, 698, 699.
Moqiiin-Tandon, A., 19, 20, 28, 31, 32,
33, 36, 39, 40, 46, 47, 48, 49, 63, 61,
62, 64, 72, 74, 90, 93, 104, 106, 116,
145, 147, 149, 169, 173, 211, 233, 237,
238, 239, 286, 291, 292, 294, 298, 300,
301, 388, 421, 479, 484, 493, 601, 604,
506, 508, 510, 511, 514, 522, 542, 644,
577. 588.
Moquin-Tandon, G., 188, 190, 207, 246,
249, 263, 266, 257, 268, 259, 260, 261.
More, 615, 699.
— 794 —
Morelet, 666.
Morgan, C.-L., 493.
Morgan, T.-H.. 334.
Morris, 244. 268.
Morse, E -S., 21, M, nS, 102, 103, 134,
389, 390, 391, 486, 522, 617, 693.
Morse, M., 678.
Morlillet ide), 37.
Mortillet (Dumont et de), 544.
Jlortimer, 34.
Moseley, 272.
Moss and Boycott, 466.
Moss and Webb, 237.
Mousson. 737.
Moynier de Villepoix, 65, 66, 489, 531,
573, 574, 578, 579.
Muller, H., und Gegenbaiir, 223.
Millier, J., 106. 2-23, 296, 348, 634.
MûUer, O.-F , 32.
Murray and Irvine, 518.
Musson, 418.
N
Nabias (de), 247.
Naegele, 37, 735. 781.
Nagel, 59 i, 595.
Nalepa, 188, 191.
Naudin, 706.
Nelson, 148, 480, 737.
Neumayr, 382, 393, 472, 602, 717,
734.
Nevill, 30, 34, 736.
Newton, 238.
Nierstrasz, 25, 69, 70, 125. 152, 183, 184,
186, 201, 202, 203, 205, 222, 274, 285,
633.
Noll, 579.
Nordenskjôld, 454, 541, 568, 569.
Nordinann, 295, 299, 509.
Norman. 519, 548.
Nourry, 41, 243, 294, 300, 310, 314, 315,
333, 483, 563.
Nylander, 656.
Nyst, 31.
Odhner, 164, 169, 215, 288, 391, 516,
582, 634, 646, 692, 782.
Oku, 425, 575.
Oldham, 148, 481.
Olmsted, 493.
Orbigny (d'), 656.
Ormsbee, 453, 487.
Ortmann, 214, 215, 380, 384, 438, 447,
602, 681, 697.
Osborn, H.-F., 362, 379, 762.
Osborn, H.-L., 288, 347, 582, 583.
Ostroumoff, 51 .
Oswald, 156, 176.
Owen, 199, 217.
Paladhile, 481.
Pallary, 449, 580.
Palleclii. 599.
Paneth, 123, 229.
Paravicini, 156, 223, 229.
Parke, 507.
Parona, 137, 139.
Partiel, 34, 35.
Palten, 283, 284, 307, 333, 471.
Paul (Neumayr und), 293.
Pauly, 211.
Pawlow, 491, 495, 576, 593.
Peach, 117.
Pearce, 28.
Pearson, 419, 423.
Pease, 735, 736.
Peck, 100, 118, 177, 227.
Pégot, 226, 229.
Peile, 111.
Péju (Rajat et), 454, 514, 516, 612, 614.
Péraudière (de la), 105.
Pérez, 243.
Perkins (Davenpoit and), 546.
Perrier, Edm., 441, 442.
Perrier, R., 187.
Perrier et Fischer, 189.
Perroud, 641.
— 795
Peter, 423, 471..
Petersen, 17.
Pfeffer, G , 140, 225, 239.
Pfeffer, J., 781.
Pfefferkorn, 268.
Pfeiffer, 481.
Philbert, 35.
Philippi, E., 626.
Philippi, R.-A., 48.
Phillips, 699.
Phillipson, Hannevar et Thieren, 571.
Phisalix, 599.
Picard, 443, 452, 573.
Pictet, 509.
Piéri, 491, 492, 495, 499, 569, 592,
598.
Piéron, 547.
Pilsbry. 22, 28, 464, 522, 666.
Pire, 642, 753.
Plate, 24, 25. 33, 47, 49, 93. 99, 154, 162,
172, 174, 179, 184, 185, 186, 201, 202,
203, 204, 211, 218, 234, 246, 248, 272,
273, 282, 371, 382, 389, 409, 411, 414,
427, 4.^0, 517, 538, 539, 540, 549, 580,
601, 617, 625, 630, 679, 697, 712, 715,
747, 753, 754, 760, 768
Poirier, 174.
Pojarkow, 213.
Poliraanti, 535.
Poluszinski, 2.35, 236.
Pompekj, 68.
Porapilian, 592.
Popovici, 236.
Porro, 31, 33, 39.
Pouchet, 286,508.
Prosch (Reinhardt og), 68, 410.
Pruvot, 205.
Purdie, 195.
Pulon, 32.
Puységur, 486.
Q
Quadras, 538.
Quatrefages (de), 210, 266, 294.
Quetelet, 10,76, 371,377.
Quilter, 576.
Quintaret, 229.
Quoy et Gaimard, 23, 40, 69, 108, 130,
142, 143, 146, 230, 275, 282.
Rabl, 214, 294, 296, 300, 302, 510.
Racovitza, 140, 414.
Raeymaekers, 38.
Rajat, 424. 488, 571.
Rajat et Péju, 454, 514, 516, 612, 614.
Randless, 174,250, 275.
Ransom, 481, 594, 596, 598.
Raymond, 504.
Ré, .^i44, 606.
Recluz, 33, 543.
Reeve, 75.
Regelsperger, 504, 516, 616.
Reinhardt, J.-I., og Prosch, 68, 410.
Reinhardt, 0., 294.
Reinke, 576.
Reynell, 55.
Rho, 345.
Rice, Ed., 213.
Rice, W.-N., -595.
Rich, 574, 782.
Richard, 496, 497, 591, 596.
Richards, 600.
Richet, 500.
Richiardi, 139.
Richter, 268, 269, 271.
Ridewood, 214.
Rieper, 145, 280, 395, 459, 497, 519.
Riley, 433.
Rjabinin, 453.
Robelin, 33.
Robert, 305, 308, 398, 479, 493, 614.
Roberts, G., 116.
Robin, 243.
Rochebrune (de) et Mabille, 445.
Roebuck, 123, 148, 159.
Roebuck and Butterell, 514.
Roedel, 508.
Rômer, 117.
— 796
Rosa, 381, 433.
Rose, 595.
Rosen, N., 21.
Rosen, 0., 636.
Rossiiiâssler, 38, 665.
Roszkowsky, 19, 148, 172, 233. 452,
481, 627. 529, 550, 615, 642, 648, 650,
682, 699, 700.
Rougemont (de), 525.
Rou'zaud, 230.
Rov, 648.
Russell, 26, 450, 548, 553, 556, 611.
Ryder, 332, 423, 486, 523.
Rywosch, 498, 596.
Sabatier, 105, 136, 195, 216.
Sacco, 393.
Saint-Simon, 32, 279.
Salelte, 27.
Sanier, 656
Sarasin, 292, 344, 384, 388, 442, 545,
714, 754.
Sarrat, 280, 536.
Sars, G.-O., 48, 49, 60, 168, 170, 171,
176, 637.
Sars, M., 133, 181, 295, 297, 509, 634.
Sassi, 2'iO.
Sauvage, 664.
Schako, 171.
Schaeffer, 217.
Schapiro, 180, 182.
Seharff, 677.
Schâuble, 182.
Schepman (Nierstrasz et), 152.
Schereschewsky, 241.
Schiaparelli, 379.
Schiedt, 523, 631.
Schierholz, 240, 343, 350, 769.
Schimkewilscli, 350, 359, 575.
Schkaff, 268, 270.
Schmaliz, 30.
Sclimidt, F., 256, 272, 355, 357.
Sc.limidt, 0., 37, 285, 286.
Schmidtlein, 486.
Schneider, 299.
SchôndorfiF, 18.
Schônlein, 495, 498, 596.
Schreiner, 283.
Schuberth, 235, 236, 237.
Schulze, 332.
Scliumann E., 661.
Schumann, W., 226.
Schwanecke, 197.
Schwelzer (Blasius und), 593.
Scott, T., 488, 537.
Scott, W.-B.,761.
Sedgwick, 706.
Seibert, 30, 481,648.
Selenka, 297, 299.
Sell, 62, 454, 553, 555.
Semper, 130, 225. 236, 239. 282, 298,
410, 443, 468, 480, 492, 606, 516, 535,
561,583,634.
Setchell, 500.
Seurat, 684.
Seydel, 134, 137.
Shaw. 32.
Shelford, 536.
Shrubsole, 574.
Siebold(von), 211.
Sigerfoos, 783.
Sikes, 503.
Simpson, 63, 292, 295, 430, 481, 533,
783.
Simroth. 20, 44, 71, 72. 114, 121, 126,
146, 147, 179. 226. 227, 231. 232, 234,
239 274. 296, 301, 450, 519, 552.
Slugocka, 299, 300.
Sluiter, 214.
Smallwood, 192, 784.
Smitli, E.-A., 28, 41 , 50, 56, 67, 94, 139,
375, 418, 527, 529, 636, 735.
Smith (Verrill and), 635.
Sollaud, 469.
Sordelli, 283, 286.
Souleyet, 125, 126, 178, 191, 205, 230,
234, 527.
Souverbie, 53.
Sowerby, 481.
Spence, 39.
— 797 —
Splitlstôsseï-, 182, 262, 265.
Stabile, 544.
Staff; 68.
Standen, 132, 430, 487, 741.
Stearns, 5, 22, 427, 448, 503, 515, 536,
642, 545, 572, 573, 587, 666.
Sleenberg, 224, 301.
Steenstrup, 140, 502, 503, 634.
Stefani, 506.
Steiner, 596.
Stelfox, 376, 452,545, 550, 648, 650, 659,
660, 663. 668, 699, 716.
Stempell, 102, 134, 181, 265, 266.
Stenta, 181.
Stepanotf, 241, 294.
Sterki, 161,480, 493, 497.
Stiebel, 286 488.
StoU, 544, 545.
Storrow, 144.
Slrebel, 549, 760.
StrobeJ, 417, 443, 536, 575, 577, 588,631.
Studer, 502
Stuiany, 470, 539, 561.
Sturm, 72.
Summer, 388. 714.
Sykes, 8, 22, 29, 30, 32, 33, 34, 35, 36,
37, 50, 63, 65, 114, 148, 169, 181,401,
420, 581, 610, 621, 654, 728, 744.
Tabor, 463.
Tate, 636.
Tauber, 90.
Taylor, F., 35.
Taylor, J.-K., 586.
Taylor, J.-W., 17, 21, 38, 42, 47, 49, 54,
61, 64, 65, 72, 159, 163, 212, 224, 478,
491, 493, 497, 514, 515, 518, 519. 521,
544, 577, 578, 628, 648, 655, 676, 677,
697, 713, 738.
Techow, 114, 117, 280. 395, 425.
Tennison- Woods, 282.
Terver, 32.
Tesch, 106, 123, 125, 157, 162, 164, 187,
206, 249, 264.
Theobald, 481.
Thiele, 289.
Thomas, 392, 520.
Thompson, 664.
Tischbein, 487.
Tomlin, 34, 36, 47, 468, 763.
Tomlin and Bowell, 47.
Tônniges, 301, 311.
Toureng, 267.
Tournouer, 61, 393, 507, 568, 669,
670.
Trechman, 46i, 635, 737, 738.
Trinchese, 96, 98, 144, 145, 161, 171,
288.
Trisiram, 737.
Troschel, 164, 165.
True, 453.
Tur, 293, 312, 332, 333, 600.
U
Ullyet, 480.
Ussow, 302, 304.
Vaillant, 102.
Valenciennes, 199, 217.
VanBeneden, 231, 267,271.
Van den Broeck, 116, 150, 151, 417,
468, 608, 544, 646, 651, 580, 688.
Vaney, 21, 635, 771.
Van Haren, 213.
Van Sione, 176.
Van 't Hoft; 622
Varigny (de), 463, 562, 667, 599.
Vassel, 418.
Vayssière, 20, 21, 27, 46. 65, 93, 94, 95,
98, 99, 100, 107, 112, 426, l37, 141,
143, 144, 160, 161, 168, 169, 170, 171,
176, 177, 178, 203, 2o6, 207, 208, 209,
226, 232, 233, 234, 245, 247, ^262, 253,
2:,8, 260, 26 1, 285, 287, 2J97, 299, 466,
483, 6'.*3.
Vernon, 419, 423, 765.
798
Verrill, 139, 152, 533, 635.
Vialleton, 305.
Vigelius, 221.
Vignal. 511.
Viguier, 307.
Vinassa, 46.
Vlès, 262.
Vogt, 349.
Vulpian, 596.
W
Waagen, 681, 754.
Wagner, 20, 286.
Walker, 61, 159, 211, 416, 554, 781.
Wallace, R.-S., 438, 601.
Wallace, W.-S., 493.
Wallis, 64.
VValler, 26, 212, 480, 493, 533, 546.
Warneck, 304.
Watase, 304, 305, 307, 400, 437, 696.
Watson, 49, 282, 634.
Webb (Moss and), 237.
Weber, A., 518.
Weber, F.-L., 784.
Weber, M., 501.
Wedl, 580.
Wegmann, 94, 175, 179, 190.
Weinland, 301.
Welch, 42, 577, 753.
Weldon, 402, 420, 473, 764.
Wéry, 58.
Wesenberg-Lund, 469.
Welherby,' 429, 444, 664, 768.
Weltstein, 71, 218, 244.
Whitfield, 172, 223. 381, 562, 618, 651,
652, 653, 682, 698, 700, 748.
Whitmam, 658.
Wiedersheim, 411,525.
Wiegmann, 116, 158, 161, 176, 187, 224,
227,231,253,280.
Wierzejski, 294, 305, 310, 314, 333, 511 ,
543, 572, 612.
Willcox, 224, 254, 285, 607.
WiUe. 125, 253.
Willem, 189, 212, 531, 532, 533, 562.
Willem et Minne, 499.
WiUey, 20, 67, 141, 199, 242, 289, 292,
781..
Williams, 37, 104, 149, 699.
Williams, L.-W., 199.
Williamson, H.-C, 136, 552.
Wiliiamson, M.-B.,50,
Wil?on, 302, 332, 348, 560.
Winkler, 268, 270.
Winkworth, 487.
W)ssel(von), 201, 224, 245.
Wollaston, 474.
Woodward, B.-B., 59, 558.
VVoodward, S.-P., 39, 68, 536.
Wotton, 243, 510.
Wright. 27.
Wurtemberger, 394.
Wyman, 391.
Yung, 18, 109, 116, 118, 119, 281, 481,
491, 492, 495, 496, 498, 529, 530, 591,
592, 593, 595, 597, 598, 599, 715, 781.
Zur Strassen, 734.
— 799
Index des genres et autres subdivisions.
Acanthinula, S22.
Acanthochiton, 69, 154, 201, 203, 204,
4H6. 720, 783.
Acanthopleura, 184, 185, 201, 203, 204,
218, 387, 580.
Acantliopsole, 95.
Acnrdo, 16
Acavus, 31, 174.
Acem, 176, 189,242,255,261.
Achatina, 28, 34, 464, 481.
Achatinella, 162, 378, 442, 600, 601 , 618,
620, 629, 679.
Adesia, 94, 177, 187. 255.
Acmaea, 224, 254, 285, 507, 586.
Acme, 35, 148, 285, 753.
Actinia, 145, 485.
Aciista, 224.
Adacnarca, 521.
Aegires, 100, 208, 387.
Aenigma, 284.
Aeolidiella, 170.
Aetheria, 196, 198, 214, 430, 552, 556.
Agathirses, 50.
Agriolimax, 91, 148, 231, 232, 234, 235,
510.
Alasmodonta, 63.
Alexundromenia, 205.
Alexia, 38, 73.
Algues, 485, 486.
Alopia, 5i7.
A)?jfl/2ffl. 231, 519, 713.
Ammonites, 432, 473.
Amnicola, 35, 543, 572, 612.
Amphibola, 171.
Ampkidesma, 53.
Amphidromus, 159, 736.
Amphioxus, 332.
Amphipeplea, 294, 300, 669.
Amphorina, 171, 751.
Ampullaria, 20, 111, 224, 254, 298, 391,
781.
Am//wm)H, 456, 525, 528, 694.
Anatina, 284, 521.
AncM/a, 97, 98, 207, 287, 293, 305, 387,
567.
Ancylus,ilS, 190, 210, 220, 226, 237, 294,
414, 430, 469, 484, 498, 527, 534, 544.
Aneitea, 174.
Aneitella, 93, 174.
Angustispira, 483.
Aniiélides. 163.
Anisomyaires, 770.
Anodonta, 64, 65, 104, 135, 137, 182,
196, 212, 262, 265, 266, 343, 411, 491,
499, 507, 547, 552, 554, 557, 571, 573,
576, 583, 592, 593, 597, 683.
Annmia, 16, 17, 59, 195, 220, 399, 445,
457, 524, 585, 586, 611, 616, 689, 693,
696, 725. ■
Aphanogonia, 468.
Aplexa, 75, 299.
Aphjsia, 143, 169, 176, 187, 189. 224,
242, 255, 261. 297, 299, 305, 339, 341,
399, 465, 479, 490, 498, 509, 513, 560,
576, 590, 592, 596.
Aplysiella, 118.
Aporrhais, 558.
Arca, 51, 58. 60, 283, 390 391, 429,
5^25, 566, 597, 6tt9, 69U, 781.
Archidoris, 596.
Architeuthis^ 139.
Argonauta, 20, 68, 267. 268, 271, 302,
303, 304, 398, 474.
Arion, 17, 19, 3U, 71, 92, 145, 147, 179,
180, 191, 225, 236, 243, -i86, 300, 303,
374, 410, 459, 468, 481, 508, 510, 533,
639, 546, 642, 645, 657, 676, 721.
Arionta, 376, 444, 540, 666, 713, 734.
— 800
Ariophanta, 225.
Ascaris, 734.
AslDiiunella, 714.
Aspergillum, 17.
Aslarte. 22, 55. 772, 782.
Atlanta, 18, 175, 205, 206, 230.
Atrina, 213, 263, 286.
Auricula. 38, 72, 431.
Avicula, 196. 582, 689, 695.
Axmiis, 683.
B
Balnnus, 584.
Ba/ea, 37, 224, 300.
Barleeia, ilO.
Barnea, 66.
Balhijdorts, 525.
Bathyscmdiiim, 525.
£afw.îa, 213.
Belemnites, 432, 473.
Bertkella, 100, 160, 207, 209.
Bi/idaria, 36.
BoLitacna, 105,
Borencinlon, 23, 184, 202, 203, 204, 387.
Bornella, 107, 177.
Bnuvieria, 100, 207, 247, 257.
Bryozoaires, 485.
Buccin opsix, 165.
Bucrinum, 21, 27, .35, 40, 41, 45, 46,
132, 156. I(i4, 165, 167, 187. 246, 252,
257, 2.i8, 260, 277, 288, 297, 355, 374,
885, 4i9, 549, .'165, 688, 772.
Bulimimis, 46, 22i. 230, 536, 734, 736.
Bidunnius, 301, 446. 545, 676.
Bnlinuis, 237, 544 666, 735.
Bulirius, 474, 534.
Bulla, 143, 168, 175, 206, 287,493, 557.
Bulloea, 33 i, 336.
Bursa, 41 , 375.
Bylkinella, 411, 601, 502, .^J03, 505, 506,
5-25, 579.
Bytinnia, 27, 28, 35, 48, 119, 121, 29^,
93, 298. 3i4, 424, 501, 507, 570, 572,
574, 611,612, 704.
Bythiospeiim, 411, 525.
CaeciliancUa, 34, 286, 525.
CaUiostnma, 127, 128.
CaUista, 194.
Callochiton, 184, 203, 273.
Calyptraea, 296, 299, 551.
Cainbieria, 6.
Campeloma, 20, 29, 106, 301, 336, 656,
661, 734, 735, 738, 741, 742, 745.
Campylaea, 674, 678.
Cancellaria, 718.
Capuliis, 532, 585.
Cardinalia, 127.
Cardita, 523.
Cardiiella, 464.
Cardium, 16. 51, 53, 56, 69. 60, 66, 103,
136, 213, 216, 223, 265, 284, 367, 426,
445 494, 506, 507, 523. 557, 558 564,
565, 566, 568, 569, 570, 672, 686, 626,
628, 721,772.
Cari,, aria. 125, 254, 399, 489, 726.
Carychium, 38. 47, .525.
Cassidaria, 46, 176, 288, 302, 375,
718.
Cassis. 41.
Cavolinia, 230. 299, 431, 527, 688.
Ceinuria (Puncturella), 219, 411.
Cenia, 299. 304, 347, 424, 457, 510, 512,
612,683,693, 725, 750,784.
Ceratosoma, 287.
CerberiUa, 96.
Cercaria, 683, 730.
Cerion, 33, 46, 48, 370, 375, 388, 411,
427, 450 539, 540, 617, 625, 679, 716,
747, 760.
Ceritliidea, 534, 613.
Centlmun, 248, 260, 450.
Celoconrha, 216, 482.
Chaetoderma, 154, 206, 720.
Chama, 55, 59, 63, 198, 585, 587,
782.
Cliamoslrea, 54.
Chenopus, 393.
Chtlim, 171, 211.
Ckioraea, 783.
Chironomus, 85, 86, 584.
— 801 —
aiiiu», 17, 22, 20, l.Vt, 184, 185, 186,
201, 203. 204, 2ia, 221, 244, 245, 307,
339, 374. 385. 470, 486. 531, 551, 677,
720, 722.
Cliitotiellus, -185, 218, 244. 368.
Cilla niiidoconcha, 456.
Chloroatoma, 677.
CJiondrula, 46. 735.
Chromodons. 18, 112, 169, 208, 209, 345,
782.
Cionella, 34
Cirroteutliis, 69, 410.
ilirrolhaumci, 525.
Clanculus, 128.
aatfsilia. 28, 34, 36. 37, 38, 45,
48, 116, 145, 162, 224, 280. 402,
420, 423, 464, 468, 469, 533, 544,
347, 580, 609. 675. 733, 734. 742.
744.764.
Clavagella. 683.
Ctio, 227, 688.
Ciione, 155, 158.
Cliovella, 132.
Clionopfiis, 157, 595.
Ctilhon, 556.
Cochlicopa, 27, 34.
Cochlostyla, 388, 538, 714.
ColumbeUa, 36.
Conchotepas, 21, 252.
Congeria, 626.
Connlm^ 48.
Conus, 27, 224, 260, 587.
Coralliophila, 482.
Corambe, 170, 190.
Corbicula, 784.
Corhula, 17. 53, 54, 103, 135
Corolln, 227.
ConjphelUi, 96, I4i, 171.
Crassatella, 585.
Cratena, 96.
Cremnocottchiis, 534, 613.
Grenat ida, 456.
Crepidula, 18, 21, 179, 205, 206, 263.
288, 296, 308, 310, 363, 447, 471, 532,
549, 551, 559, 585, 586, 587, .588, 768.
783.
Crueibulum, 246.
Cryplochiton, 16, 184. 203, 218. 24.5,
485.
Cryptoronchus, 69, 186.
Cryplophthalinus, 287.
Cryptoplax, 22, 25, 69. 71, 185, 201, 203,
218, 244, 387.
Ctenopleryx, 105.
CAenonculum , 48 i, 589.
Cucullaea, 454.
Cimingia, 244, 559, 605.
CMwa (CardileUa), 464.
Ci/spidaria, 482, 771.
Cm thon n, 170.
Cuvieiina, 126, 413.
Cynmiwn, 266.
Ci/c/ft.s, 15, 61, 64, 134, 135, 151. 213,
221, 241, 302, 375, 411, 508, 543. ,555,
725, 750.
Cyclowenia, 204.
Cyclophonts, 111, 534.
Cydostoum, 21, 35, 249, 250, 2.51, 256,
258, 534.
Ctjliiidrella, 39.
C?/m/>a, 301.
CymbiiUa, 178, 234, 307, 368. 399.
Cymbuliopsis, 100, 118, 477, 227.
Cypraea, 16, 41, 94, 178, 187, 2.i0, 2.53,
254, 2.56, 2.59, 260. 413, 445, 493, ,'J32,
782.
Cytherea, 558.
Dacrydiinn, 525,
Daphnia, 424.
Daudebardia, 71, 579.
DendronotiLs, 178, 288, 293, 310. 313,
314, 333, 3.34, 335, 409, 509, 605.
Dentalium, 180, 192, 244, 302, 304, 307,
347, 348. 368, 399, 533, 560, 606, 610,
725, 748.
Uexiobranchaea, 156, 157.
Diflacnides. 51.
Dinomenia, 1.52.
Diloma, 127.
Diplommatina, 35.
— 80-2
Dirona, ITd, 2-23.
Ditropia, 35.
Z>o/((/>e//a, 176, 252. 257, 261.
Dolium, 457.
Donax, 102, 103, 433, 151, 213, 214, 223.
Donder.sia, i52.
Dorcasiu, 31.
Dnridium, 90.
Doriopsis, I4i, 156, 210, 23i, 279, 482.
Z)om, 176, 191, 2U9, 245, 25^, 261, 285.
287, 293, 297, 309, 313, 335, 374. 470,
4S6, 509, 510, 567, 597, 626.
Dosinia, 63.
Uosiia. 506.
Uoto, 96, 98, 145, 293, 304 510.
Drei.ssensia, 52, 65, 262, 267, 363, 430,
543, 568, 626, 687, 689, 725.
Ebunia, 388, 390.
Echinospira, 44.
Eledone, 137, 139, 140, 183, 217, 268,
270, 302, 465, 480, 499, 576, 594, 598,
599, 783.
Elenchus, 127.
Elysia, 99, 1 14, 141, 145, 191 219, 220,
293, 30i, 3i9, 357. 358, 400, 413, 414,
425, 483, 485, 530, 704.
En a, 33, 36.
Enoplocliiton, 580.
Entn-oxenos, 106, 482, 484, 623, 683,
688.
Entoconcha. 106, 223, 296, 347, 482,
483, 484, 589, 623, 687, 688.
Entovalva, 484.
£o//;s 95, 96, 112, 114, 117, 118, 144,
145. 170, 171, 178, 179, 188, 191, 287,
292, 293, 297, 368, 414, 470, 485, 509,
512, 567, 569, 584, 612, 679, 697, 721,
784.
Epliippodonla, 436, 457.
Erato, 94.
Ercolama. 299.
Eitchelus, 128.
Ei/hadra, 159.
Euliimi, 525, 633 634, 635, 636, 637.
Eulota, 29. 33, 173,. 2.32, 466, 755.
Eupanjpha, 33.
Eurijaps, 249.
Eyriesia, 393.
Facelnia, 144, 171.
Fascioluria. 168, 347, 358. 400, 401,
408. 588.
Fenissacia, 33.
Fiona, 143, 293, 485.
Firoloides, 123, 164, 187, 206, 303, 341,
398,411. 720, 727.
Fissurella, \{), 2l8, 250, 399, 411.
Fluinmicolu, 503.
Foivlerina, 158.
FriUicicola, 27.
Fruiicocampnilat a, 159.
Fidyt/r, 21, 40, 44, 296, 392, 427, 452,
493,6.30, 718,735.
Fimis, 34, 38, 29,i, 427, 452, 470, 772.
Gadinia, 226, 431, 551.
Galeoiniiui, 100. 770.
Galvina, 292.
Gastrcckaena, 457.
Gaslroptemu 169, 178, 207, 252, 772.
Gastrosiphon, 456, 589.
Geomitra, 31.
Gibbuia, 46, 127, 130, 250, 275, 276.
Gihbus, 30.
GiUia, 35.
Glaucus, 187, 2i7, 2-.8.
Glessula, 34.
Glockidium, 688, 748.
Glyphis, 781.
Goniobasis, 714.
Goniodoris, 208, 209, 293, 387, 485, 489,
567.
Gwmilea, 525
Gundlarhia, 220.
— mn —
H
Hadra, Si, 158, 159. "253.
Haliolis, 49, 94, 179, 187, 190. -iJ9, 248,
250, -256, 257, 259, 260, 289, 869, 370,
396,483,587, 721,722,771.
Halopsyehe, 229, 230.
Ha)iiinea, 175, 287. 494, 784.
Harpa, 147, 251.
Hautlecoeiiria, 6.
Hedyle, 100.
Helcion, 94, 206.
HcUcarion, 468.
Helicella, 31, 32.
Helichia, 20, 508, 534.
Heiicogena, 32.
Hélix, 16, 17, 18, 19, 27, 28, 38. 39,
41, 43, 44. 49, 106, 108, 109, 116, 117,
118,119,125,145.151, 156,158,159,
180, 188, ti22, 223, 224, 225, 226, 227,
229, 230, 231, 234, 235, 236, 237, 238^
239, 243, 247, 249, 280, 281, 286, 289,
300, 301, 336, 387, 388, 417, 418, 420.
423, 427, 434, 443, 444, 447, 448, 462,
463, 466. 467, 468, 481, 484, 487. 488,
490, 491, 492, 496. 497, 508, 510, 514,
516, 520, 522, 526, 532, 536, 537, 538,
539, 540, 541, 543, 544, 559, 560, 561,
576, 577, 578, 583, 590, 591, 592, 595,
596, 597, 610, 614, 621, 631, 641, 644,
646, 647, 648, 649, 650. 652, 654, 655,
656, 657, 658, 660, 662, 665, 666, 667,
674, 676, 677, 678, 679, 680, 698, 702,
712,713,714,715, 721. 723,725,726,
733, 737. 738, 741, 742, 743, 745, 746,
747, 748, 783.
Hemiarthrum, 69, 501.
Heinicardiiim , 216.
Hemimenia, 204.
Hemiplecta, 714.
llermaea, 279. 293, 299, 304, 305, 307,
356, 357, 368, 395, 512, 568, 683, 784^
Héléromyaires, 772.
Hetéropodes, 205.
Hinnites. 57, 453, 585.
Hippoiyte, 704.
Hippuriies, 552.
Holomcnia, 205, 522.
Holospini, 39.
Hyalaea, 230. 527.
Hyalvda, 16, 30, 46, 145, 148, 151, 152
i:i9, 173, 231, 243, 452, 466, 468, 481 '
•496, 508, 579, 582, 676.
Hybocystis, 26.
liydrobm, 21, 507, 568.
Hyyroinia, 32.
I
Iherm, 6, 33, 45, 375, 713.
Jdalia, 99, 209.
Illex, 140, 268. 269, 270.
llyanassa, 391, 560, 586, 595, 597, 610,
677.
Iiifundilmliim, 284
Infusoires, 581.
Inioteuthis, 270.
lo. 44, 367, 375, 464, 566, 623, 716.
Isrhnochiton, 22, 154, 185, 201, 202
204, 298, 551.
Isoconcha, 521.
Isomyaires, 54, 772.
Jaminia, 47.
Janella, 93, 174.
Janthina, 296, 528, 704.
Janus, 18, 161, 297. 374, 455,594, 784.
Jonsseaiimidla, 484, 589.
K
Kelly a, 533.
Lacuna, 21, 206, 298, 512, 551, 783.
Laeocathaica, 223.
Lamellaria, 44, 91, 142, 164, 173, 189.
191, 276, 307, 347, 430, 486, 512, 567,
689,751.
8()i —
Lamellidoris. "208.
Laniprosloma, 127.
Lampsilis. -il, .^5. 62. 215.
Lanisles, 29.
LaoïiKt. 30.
Lartetia, 579.
La.m'a, o21,72o.
/.rt/ifl, 114.
Uda. 60, 101, 134, 181,412.
Lehiiiannia, 180.
Leio-slraca, 635.
LepiiJopleurus, 186, 203.
Lep Iaxis, 173.
Leptoclinuiii, 142, 486.
Leptou, 484, 683.
Lt'ptoplana, 460.
LepLoplax, 201
LeHCOc/im<, 31,392, 514, 538.
Liguus, 33, 666.
Lmrt, 135, 214, 429.
Linuicina, 16,126, 132,386,521.
Lxmapontia. 693, 723.
Lima/i;, 19, 30, 42, 116, 118, 121, 123,
145, 147, 148. 174, 180, 189, 227, 235,
243. 256, 272, 286, 292. 295, 300, 304,
307, 309, 313, 314, 332, 335, 346, 354,
355, 381, 389, 450, 457, 465, 481, 518,
' 519, 533, 541), 576, 579, 596. 614, 618,
651,653, 713,723.
Limnaea, 26, 27, 28, 3i, 41, 45, 86. 106,
109, 111,119.146,148,151,172,210,
211, 212, 220, 223, 233, 242, 243, 244,
246, 217, 248, 279, 281. 285. 294, 295,
296, 300, 302, 304, 307, 310, 314, 316,
317, 326, 327, 328, 330, 333, 334, 335,
336, 337, 339, 341, 343, 345, 346. 349,
354. 355. 356, 357, 386, 389, 395, .396,
399. 400, 401, 402, 409, 412, 417, 421,
422. 423, 425, 430. 440, 444, 446, 447,
449, 450. 451, 452, 463, 464, 469, 480,
483, 488. 491. 492, 497, 501, 502. 503,
504, 505, 507. 508, 51 1, 512, 513, 514,
515, 518, 529, 530, 531, 532, 533, 534,
544, 545, 546, 549, 550, 551, 554, 658,
560, 563, 571, 572. .574, 575, 581, 583,
.588, 590. .^94. 609, 610, 611, 615, 618,
628, 642, 644, 650, 651, 652. 653, 655,
658, 661, 665, 668, 674, 676, 682, 687,
698. 699, 700, 704. 715, 723, 728, 729
734. 735, 736. 737. 738, 740, 741, 745
746, 748. 784.
Limnocardiuni, 469, 627.
Limopsi.s, 60, 525.
Linudiix, 333.
Lilhncardium, 772.
Lùliodomus, 152, 262, 264, 457, 523,
587, 597.
Lithocflyphiis^ 418.
Littorimu 20, 27, 35, 39, 42, 45, 109,
111, 141, 162, 163, 187, 189, 206, 223.
227, 242, 276, 293. 296, 301, 343, 354.
355, 374, 418, 419, 420, 430, 457, 461,
464, 467, 512. 532, 534. .535, 541, 543.
547, 549, 551, 559, 564, 565, 567, 508,
570, 573, 576, 581, .'82, 586,615. 622,
628, 649. 664, 687, 689, 728, 748. 750,
782, 783.
Littorinida, 234.
Lobigcj-, 178.
Lolido, 17. 20, 67, 105. 152, 301. 304,
305, 30", 350. 358. 359, 400, 402. 437,
457, 48 i, 530, .533, 547, 570 598,
696.
Lophocercus, 178.
Lophyrus, 781.
Lotlia, 224, 244, 250, 251, 509.
Lucapina, 250.
Liicidella, 626, 666.
/.wcma, 53, 55, 59, 60, 212.
Lnrinop.sis. 103.
Lunalia, 163.391, 595.
Lutraria, 102, 103, 198, 265, 266,
368.
Lyonsia, 66.
Lyonsielln, 55, 771.
M
Mac-Gillivruyia, 457, 614.
Mttctm. 53, 56. 64, 103. 223, 244,
265, 367, 376, 431, 566, 567, 575,626,
627.
— 8()o
Maadaria, 539.
Madrella, 485.
Magilus. 16, 4.S6.
Marqarila. 108, 1-27, 130.
Marginella, 17, 36, 37. 493.
Manama, 177, 261.
Mar.senia (Lamellaria), -164.
Marsenina, 164.
Megadenus, 21.
Melampns, 546, 724.
.♦i^/a/na, 394, 504, 505, 507, 568, 623,
635,687,716.
Melanopsis, 3J3, 472, 503, 504, 505, 506,
507, 568, 626, 718.
Mêlant ho, 401, 420, 738, 742. 764.
Meleagrina, 16, 22, 59, 244, -221, 418,
.528, 584, 587, 689.
Melibe, 177.
Mel(>ngena, 176, 427.
Me.sode.sma, 56, 376.
Mesompky.i, 30.
Microdonla, 158, 160.
Mirate.sia, 534.
,«î>a, 21,36
Mitrocoiiia, 334.
.Modîo/a. 54, 136. 137, 182, 193. 239,
262, 264, 429, 525.
Modtolurca, 182. 240, 286, 474, 521.
Modiolaria, 262, 264, 533.
Monodmtla, 127, 428
Monstrillii, 637.
Montamta, 4-84, 683. 725.
Mopalia, 22, 184.
Mo.schiles, 137.
Miicmnalia, 125, 154, 274, 285, 411,
456, 482.
i/Mrea;, 16, 35. 40, 44. 48, 259, 277, 297,
299, 367, 558, 587.
Mya, 54, 198. 214, 262, 480, 490,
495, 498, 506, 617, 565, 566, 593,
597.
Miiochama, 60, 585.
Mytilu.s, 52, 56. 60, 64, 65, 104, 105,
134. 136, 152, 182, 195, 216, 262, 263,
284, 367, 374, 408, 429, 431, 446, 455,
494. 526, 551, 553, 556, 565, 568, 586,
592, 597, 598, 677, 689, 770. 781.
N
Nace.lla,\H, 586.
Najades, 62, 244, 447, 675, 697.
Nanina, 29, 176. 545,714.
Nassa, 26, 40, 45, 46, 48, 90, 109, 114,
412, 418, 449, 424, 422, 426, 430, 134,
432, 142, 155, 165, 175, 242, 277, 280,
297, 310, 344, 333, 334, 335, 344, 357,
385, 391, 397, 446, 439, 448, 460, 462,
472. 534, 532, 547, 557, 560, 564, 565,
568, 569, 572, 595, 608, 640, 677, 716,
724, 722. 729. 730, 754, 782, 783.
Natica, 27, 46, 163, 223, 229, 341, 390,
391,557,583,595,597.
Nautilus, 20, 68, 141, 199, 217, 242,
269. 289, 292.
ISatmella (Septaria), 20, 130, iil.
Navicnlaria, 486.
Nemhrolhu, 169.
Neodiloma. 427.
Neoinphalus, 428.
yieothainna, 45, 375, 393, 397, 464.
Neptuttea, 27, 35, 165, 167, 385. 744.
Nereis, 163.
Nerita. ^37,251.
Neritina, 35, 38, 177. 276, 285, 296, 393,
430, 449, 472, 502, 504, 505, 506, 538,
550,556, 566. 568, 570. 572, 626, 628,
687.
Neritodrijas, 535.
mtarchu.s, 125, 169, 245. 246, 297, 772.
Nucelia, 782.
Gueula, 59, 134, 135, 136, 181, 213, 301 .
347,363,411,474, 687, 749. 772
Muttalochiton, 23, 25.
Oclopus, 139, 217, 221, 302, 344 465,
484, 499, 531 , 576, 594, 598, 599.
Ocyikoe. 19.
Odo.skmna, 46, 280. 282, 293, 295, 298,
396, 431, 483. .533, 633, 644, 6i6, 687,
724, 750.
Oenothera, 419.
Olivella. 36.
— 806
Ommalostrephes, 217, 268, 270, 271.
Oncidiella, 99, 190, 212, 224, 248, 253,
239.
Oncidioim.s, 111, 164,277,288.
Onridinw, 18, 146, 282, 413, 431, 626,
720. 721.
Opisthubranches, 18.
Opi.lholeutlm, 182, 199, 271, 286, 368.
Orcula, 47.
Orthn liens, 29, 32, S60, 734.
Osranius, 94, 160, 196.
Ostrca, 15, 18, 59, 196. 214, 221, 240,
262, 374, 446, 451, 437, 486, 489, 490,
502. 505, 512, 523, 526, 530, 548, 558,
575. 581, 585, 386, 622, 690, 695, 696.
772.
Otala. 6, 33.
Otostomus. 545.
Ovula, 299, 582.
Oxy stèle, 127.
Pachytnenia, 205.
PaedocUont', 158.
Palaina, 37.
Palinurns, 459, 607.
Paludfstrina, 45, 375, 427, 430, 447,
502, .503, 568, 383.
Paludina, 18, 20, 45, 147, 163, 222,
227, 251, 285, 293, 300. 303, 354, 357,
376. 393, 472, 479, 507, 511, 370, 576.
582, 623, 628, 717, 764.
Paludindln, 48, 502. 575.
Paludomus, 6, 130, 711.
Pandora, 104.
Pdranienia, 205.
Parnwphorus, 532.
Parlyla, 385, 437, 442, 448, 464, 600,
618. 655. 656. 662,665, 681, 697. 698,
714, 724, 734. 736, 741, 742, 74i, 745.
746, 760, 768.
Pntella, 16, 26, 27, 109. 111. 190, 224,
2,54, 274. .307, 375, 386, 397, 398, '.14,
4.50, 459. 467, 484, .512, 548, 549, .551,
.553, 5.56. .565, .592, 607, 611, 616, 626,
677, 716, 723, 725, 726, 729. 749.
Panda, 161,522, 525.
Pecten, 15, 18, 51, 52, 53, 54, 56. 57, 58,
59, 64. 65. 101, 196, 213, 240, 264,
282, 283. 346, 367, 416, 429, 449. 452,
461, 462, 463, 466, 495, 515, 528,384,
586, 592, 602, 611, 690, 692, 695; 697,
716, 718,721, 722, 725.
Peclunculus, 195, 198. 283, 289.
Pedimlaria, 164, 582.
Pedipes, 114.
Pelseneena, 589.
Pelta, 143, 299.
Peiiaeiis, 459, 607.
Penilelld, 587.
Perna, 214, 215, 374.
Peronina, 234.
Petricola, 418.
PhaseoUcama, 261, 286. 368.
Phdsianelku 108, 130, 532.
Phidiana, 279.
Philine, 90, 91, 232, 257. 261, 293,
295, 309, 312, 313, 315. 332, 333,
334, 335, 336, 3.50, 409, 457, 567,
600, 605.
Philobriia, 193, 482, .521.
Pliilo»e.ris, 19
PhilopoUuiiis, 6.
Pliolas. 65, 103, 221, 263, 376. 4.57, 495.
512, 523, 530, a67, .569, 600, 675, 677,
678, 772.
Photiunla, 108, 128, 275.
PhiillapUisia, 485.
Phijllidia, 1.55.
Phylliroe, 223, 299.
Phijllodesmmm, 95.
Physa, 5. 37, 45. 73, 86, 88, 90, 107, 108,
114, 118, 119, 121. 125, 146,211,220,
227, 242, 256, 259, 281, 286, 294. 295,
296, 299, 303, 303, 310, 314, 315, 316,
317, 326, .327. 328, 329, 331, 334. 335,
343, 35 i, 3.56, 357, .385, .395, 396, 3'.)7,
399, 400, 401, 422. 430, 444. 447, 472.
480. 493, 498, 499, .503. .504, 505, 507,
511, 515. 518, .533, 543, 545, 546, .5.59,
571, .572, .573, .584, 590, 61 1, 612. 614,
616. 619, 643, 615, 6.S2 666, 720 721,
727, 732, 737, 748.
807
Pinna, 181. 193, 196, 213, 263, 264 286.
289, 772.
Pisidium, 61, 64, 104, 503. 527 535, 646,
782.
Plncostylus, 33.
Placuna. 193.
Placunanoinia, 59, 585, 695.
Placnnopm, 585.
Plagwla, 215.
Planispira, 545.
Planorbis, 27, 29, 41, 49, 108, 114. 118,
146, 148, 150, 210, 212, 233, 243. 274
279, 286, 289 29i, 300, 358 359, 421,
422, 423, 444, 465, 480, 481, 491. 498,
501. 503, 505, 514, 521, 533, 546, 547,
562, 580. 600, 607, 610, 617, 621, 6i-'.
643, 646, 662, 676, 679, 696, 699, 702,
717, 725,729,760,767.
Plalyceras, 585.
Plaxiphora, 185, 201, 204.
Plectnlroim,'i3\.
Pieurohranciddium, 341 .
Plenrobrnnchus, 18, 27, 94, 99, 108, 143.
159, 188, 189, 207, 256, 237, 261, 413,
457.
Pleurocera, 430.
Pleurodonla, bO, 391, 537, 540.
Pleurodonte, 47.
Pleuionectes, 694.
Pleur ophyllidia, 96, 98. 171, 187,
465.
Pleurotoma. 21. 40, 90, 168, 525,
608.
Pleurolomaria, 39i, 771, 772.
PlicatuUt, 59, 585.
Plulonia, 227.
Pncuinonoderma. 157, 595.
Polycera, 98, 100, 107. 114, 144, 208,
287, 309, 313. 335, 375, 387, 512, ,')67,
569.
Polycerella, 192.
Polydoutn, 127, 131.
Polygyra, 31, 481, 533. 536, 783.
Pomatias, 35.
Poro/>/î/a, 286, 482,771.
Proneomenia, 222.
Protophrya, 343, 461, 539. 728.
Pseudumnicolu, 506.
P.seudumussium, 456.
Pseudokellya, 321 .
Ptcria, 582.
Pterinea, 772.
Pterocera, 16, 338, 781 . .
Plerolrachaea, 18, 106, 123, 162, 164,
205, 229, 303, 347, 396, 398, 400, 4(J8,
431,489,498, 596, 723, 742.
Plisanida, 169, 391.
Punctiun, 30.
Punclurella (Cenioria), 219. 411.
Ptipa, 17, 26, 29. 33, 33, 38, 41,
45, 46, 173, 227, 301, 536, 578, 675,
676.
Pupilla, 378.
Pt/poides, 735.
Purpura, 27, 35, 41, 109, 111, 118, 142,
274. 277, 280, 296. 297, 299 304, 308,
346, 354, 358, 401, 408, 425, 429, 437,
470, 511, 529, 3:12, 535, 549, 556, 563,
567, 588, 590, 613, 613, 622, 666, 687,
704, 723, 725, 726, 728, 729, 748, 7''4,
784.
Pyramidula, 30, 301, 387, 416, 462, 470,
487, 522, 676. 712.
Pythia, 48.
Ranella, 48, 556.
Raiigia, 474.
Rhagada, 159.
HhipidogloFses, 771.
Rhopalimienia, 183.
Rhysolu, 468.
Rliytida, 30.
Ricinula, 43.
Ringiculn, 282.
Rissoa, 20. 39, 298, 532, 547.
/î<w,?/a,268, 270, 271.
Rostellaria, 16, 399.
Rotella, 128.
RudisLes, 432, 473.
/λ»i/Hfl, 28. 33, 481,676
— 80<S
Saxicava, 17, 103.
Saxidoiniis, 585.
Scaeurgus, 594
Scalâna, 48, 375.
Scaphander, 168, 176, i261.
Schizockiton, 201, 272
Scintilla, 413, 770.
Scloheretia, 456, 484, 589.
Scissurella, 93, 206. 771.
Scrobicularia, 198, 568.
Scurria, 224.
Scyllaea, 219, 485.
Sewe/e, 429.
St'j^m, 18, 20, 67, 140. 217, 268. 270,
271, 292, 301, 304, 484, 490, 494 499,
512, 530, 593, 594. 598, 599. 725.
Sepiola, 105, 140, 268, 301, 500, 599.
Septaria (Navicella), 130.
Septifer, 215, 454.
Serpulii, 584, 585.
Senipes, 16.
Sigaretus, 532
Silema, 215, 429.
Sdiqiiaria, 50.
Siinnia, 582.
Siiii/siyera, 457, 614.
Sipko, 165.
Siphonaria, 190, 210, 431, 467, 474, 534,
5 il, 626.
Sipkonodentaliiim, 133, 181.
Solarium, 724.
So/en, 103, 104, 137, 592, 593.
Solenomya, 18, 102, 103, 134, 213.
Spatha, 62.
Spclaeoconcka, 525.
Sphacnia, 5i, 103.
Sphaerechiiius, 334.
Spltaeriifut (Cyclas), 62.
Spiriulis, 126.
Spiruld, 16, 217.
Spi.sula, 56.
Splanchnotrophu.s, 180.
Spondglits, .525, .529, ,585, 587. 692.
Spomjù ibraii chaea , 1 57 .
Spurilla, 95, 96, 175.
Staurodoris, 470.
Stenogyra, 125, 187, 253, 481, 676, 677
Stenoteulhis, 268.
Sii7//d/-, 483, 633, 635.
Siimpsmia, 503.
Slrepomalidae, 444, 664, 768.
Slrcplaxis. 26, 560.
Slwmbns, 27, 40, 168, 230, 282, 427,
558, .576, 630.
Stnmqylocentrotus, 677 .
Strophin, 46, 48, 411.
Slrophilus, 688.
Stylina, 635.
Stylodonla, 31.
Subeinarcjinula, 109, 274.
Subularia, 635
S//cc(Hea, 19, 3i, 145, 159. 280, 300.
459, 470. 480, 497, 519, .532, .533, 538,
512 608.665,723.
S«va»ia, 160, 207.
Si/6'0«, 427.
Sycotypus, 296, 452.
SymphinolUy'fi'i.
Syn.iscidies, 486.
SyndosDiyii, 103.
Syndro)nus, l.^ij.
rachea, 33. 674, 678, 680.
TflHfiha, 6, 130, 370, 375. 711, 723.
Taiiyanyicia, 6, 712.
Tapev, 52, 53, 63, 103, 104, 223, 386,
.396, 431, 491, 492, 495, 499, 557. 569,
592, 597, 598, 027.
Telescopiuui, 285.
Tellina, 55, 181, 194, 376, 430,431, 474,
.565, 566, 782.
Tenagodes, .50.
Terebelliim, 108, 132, 168
Teredo, 15, 192, 194, 198, 363, 399, 728.
772.
Tcnjipes, 95, 299, 304, 305, .307, 857. 509.
Testacella, 126, 1.56. 189, 248, 2.58, 260,
482.
Tethys, 307.
— 809 —
Thai.s, 41, 549, 784
Thecacera, 97, 98, 207.
Thcodo.ra, ?)04.
Tliermhiidrobia, 305.
TfiUptodon, 347.
Thracia, 102, 368.
Thyca, 21, 45(j.
Tonicella, 186, 387.
Tonicia, 24, 185, 201, 203, 273, 728.
Torinia, 85, 184.
Trachydennon, 22.
Trevelyand, 208.
Tridacna, 102, 198, 772.
^rZ/briA-, 40, 457, 732.
Trigotiia, 585.
iTr/opu, 98, 99. 107, j 12, 287.
Tri Ion, 41.
Tritonia, 118, 219, 297.
Tritoniittn, 495.
Truono fusils, 35.
Trochocochlaea, 127.
Trochonanina, 225, 239.
Trochotoma, 51.
rro(,'/i«,y, 20, 27, 108, 119, 127, 128 131
141, 222, 250, 275, 276. 305, 308^ 368^,
398, 479, 483, 583, 592, 606. (i08, 723
749, 782.
Trophon, 4S, 5)6.
Triuicatella, 206.
Tryouia, 503, 505.
Turhinella, 28, 35. 36.
Tt/rbo, 130, 251,275.
Titnicula. 164.
Turtonia, 61.
Tuluja, 41.
Tylodina, 161, 252,
Tyloloma, 393
U
Vmbonium, 127.
IJmbrella, 99, 188, 190, 207, 225, 246
252, 266, 257, 258. 259, 260, 261. 285'
297. 307, 309, 313, 333. 350.
L'ngutina, 61, 65.
t/w/o, lo, 21, 54, 55, 62, 135, 240
241, 302, .307, 343, 350, 402, 411, 451,
469, 481, 495, 504, 552, 5S3, 554 555
.^37,573,627. ' '
Vrocydiis, 174,231, 239.
Uromlpinx, 26, 297, 418., 467, 471.
Vayinula, 232, 239. 721.
Vallonia, 32, 49, 493, 497.
Valvata, 27, 34, 189, 298, 525, 527 571
611,612 ' '
Valviitella, 130.
Velulina, 163.
Veneticardia, 6^1.
Veneridae, 63.
Vernis, 53, 63, 194, 213, 241, 367, 376
523, 592, 598.
Vennetus, 254, 296, 298.
Verticordia, 429.
Verligo, 34, 47, 578.
Vitraea, 676.
Vùrella, 411,^506.
Vùrim, 30, 71,1 16, 145, 226, 227, 577
578, 579, 666.
Vivipara, 35, 418, 652.
Voltita, 36, 46, 164, 187, 256, 301, 376,
427, 463, 697, 768.
Voiutharpa, 132.
Volulolyria, 1()4.
Volulopsis, 165, 167, 385.
Xesta, 30, 467 408, 714.
Xylol'-ya, 783.
Yoldia, 60, 101, 213, 348, 402, 468, 722.
Zonites, 28, 30. 152, 188, 237, 243, 482
484, 48i, 666.
Zospeuin, 525, 579.
— 810 —
ndex des sujets
Abdominal (Organe), 289.
- (Ganglion). 254, 255, 256.
Abhition des tours de spire. 38.
Absence d'œil, 282.
— de calcaire 489.
— d'opercule, 132.
— de tentacule. 118.
— de torsion. 354, 784.
Absorption, 484.
Abyssal (Mollusque), 429, 521, 527, 583.
Accouplement « adultérin», 342, 664.
— récipi'oque, 243.
— unilatéral, 242.
Accumulation d'ell'ei 380.
Acides, 595, .598,599.
Aconitine, 596.
Acquise (Variation). 394, 686, 730, 747.
Activité ciliaire, .566.
— motrice, 493.
— respiratoire. 490.
— vitale, 499. .567. 568.
Adaptable, 430.
Adaptation. 424.
Adai)lation progressive, Qii, 612, 614.
sans modification. 620.
Adducteur (Muscle). 104, 455.
Adulte, 14, 420, 469.
Aération. 562. 576.
Affei^ent, 190.
Agf^. 15, 419.
Aijritation du milieu. .556.
Aire striée (coquille de Sepia), 67.
Albiriisme de l'animai, 147, 465.
— de la cocjudle, 43, 150, 648,
783.
Albinos, 147.
Albuiuinipare (Glande). 235, 237.
Alcaloïdes, 596.
Alimentation, 479.
Allomor|ihose. 442.
Allongement, 26, .580, 784.
Allolrophie, 479.
Alpicoles, 522.
Alternative (Héréditéi, 667.
Altitude, 842.
Amphidromes, 29. 734.
Amphimixie, 380.646, 701
Amplitude des variations. 362.
Anastomose des cordons pédieux, 244,
2.50.
Anastomose rénale. 220.
Anévr'smes, 187, 194.
Angle de modiolisatiou, 54.
— de mytilisation, 52.
Anhydride carbonique. 489. 490, 491.
Anhydrobiose, 534, 536.
.\nus. 182.
Aorte, 188, 194, 195. 196, 198, 200.
Aorte postérieure 198.
Aplatissement 28, 52.
Apophyse myophore, 454.
Apparition tardive des caractères spé-
cifiques, 397.
Appendices aortiques, 186.
Appendice caudal tililbnne, 123.
A[)penilices dorsaux, 95.
Appendice épipodial, 125.
— pédieux, 121.
du pénis, 230. 2U.
- de la veine cave, 221.
Apyrène (Spermatozoïde), 576.
Aquatique, 518, 588.
Aral. .507, 551, .570, 571.
Arcachon. 470.
Archaïques (Organes), 410.
Arctique, 602.
Arête dorsale du pied. 123.
Armature stomacale, 176.
811 —
Arrêt de développement, 315. 339, 402.
Artère azygos antérieure, 198.
— brachiale. 199.
— buccale, 199.
— ga.'^ trique, 137.
— génitale, 186.
— hépatique, 195.
— palléale. 195.
— pédieuse, 197.
— proventriculaire, 199.
— siphonale, 199.
— .stomacale, 198.
— tentaculaire, 195.
— viscérale, 198.
A.sphyxie, 491.
Aspiration.s pulmonaires 212.
Asymétrie, 358, 694, 784.
Asymétrie de la coquille. 67, 475.
— des faisceaux de spicules, 69.
— des oreillettes, 184.
— de segmentation, 307.
— de tentacules, 112.
Atavique (Hérédité), 667.
Atrophie, 15, 456.
Alro|)ine, 597, 598.
Atténuation de variation, 423, 473, 765.
Attraction du « soi pour soi », 334.
Automorphisme, 696.
Automorphose, 441, 639.
Autorégulation, 422, 609, 765.
Aveugles (Mollusques), 282, 525.
Bâillement de la coquille, 53, 65, 495.
Balancier (Cnvierina), 426.
Baltique, 565.
Bandes de la coquille, 42, 526, 652, 654.
Bascule Mouvements de de la coquille,
698.
Bâtards, 66(S.
Battements du cœur, 496, 567
Bifurcation des branchies, 209.
— du conduit femelle, 235.
— (le dents caidin;des, 63.
— de (lents radulaii'es, 167.
Bifurcation du sifdion, 40, 608.
— de tentacules, 109, 607.
de rayons de la coquille, 58.
— du vas deferens, 226.
Bigénériques (Hybrides), 675.
Biologiques (Facteurs), 579.
Bispéciliques (Hybrides), 664.
Blastoderme, 304.
Blastomères, 307, 560, 784.
Bleu de méthylène, 489.
Bord de la coquille, 64.
Bord du manteau, 71, 101.
Bouche de la coquille, 39.
Boueux, 557, 579, 784.
Bouquets ciliés, 347.
Bouri'elet de l'ouverture coquillière, 39.
Branchiale incubatrice (Pociie), 241.
Branciiiales (Poches), 241.
Branchiaux (Filaments), 213.
Branchies, 209.
Branchies cténidiales. 201, 205, 207, 216,
346, 534, 638, 688.
Branchies palléales, 210, 534.
Bras des Céphalopodes, 137, 350.
Brisants, 4.%. 467, 5il, 551, 553.
Bromure d'élhyle, 599.
Brucine, 596.
Brusques (Variations), 362, 458, 710,
756.
Bulbe aortique, 197.
Bulbe buccal (Muscles du), 155.
Bulloïde, 28.
Byssogène (Appareil', 135
Byssus. 135, 557.
— larvaire, 350.
Cu'cum intestinal, 179, 180.
— stomacal, 18'2
Ciecums du vas deferens, 226.
Caféine, 598, 599.
Calcaire, 573, 577.
Camphre, 599.
Canal, 39, 579.
Captivité, 471.
81-2 —
Caractère acquis, 36!2, 687.
— archaïque, 410.
. - congénital, 394. 623, 686, 747.
— embryonnaire, 687.
— exlérieui-, 407.
— intérieur, 407.
— récent, MO.
— spécifique, 397.
Cardia, 177.
Cardinales (Dents), 5'J.
Carène, 45,
Carnivoi'isme, 479.
Cartilage (Céphalopode), 454
Caspienne, o06.
Castration, nt iJ29.
Causes des variations, 436
— externes, 439.
— internes, 436.
— spontanées, 438.
Cavernicole, 525
Cavité buccale, 155.
— cérébrale, 613, 726.
— coquillière, 90.
— (csophagieinie (Ledn), 181.
Cellules détachées, 469.
Cénogénétiques (Organes), 412, 434.
Centrifiigiition, 424, 559.
Céphaliques (.Xppendices), 156.
Céphalocones, 155.
Cératoïde, 27.
Cercle cilié, 347.
Céruse, 482.
Chaîne d'espèces, 388, 713.
— d'individus accouplés, 242.
Chaleur, 499, 512.
Charnière (Lamellibranches), 16, 30,
457, 555.
Chimique (racleui). 564.
Cliroaiatopliores, 105, 152, 533
Chromosomes, 224, 2-25, 674.
Cinctoi^énèse. 441, 639.
Cii'couvolutions intestinales. 154, 183.
Cloison, 38.
Cloisonnement, 38.
Cocaïne, 396, 599.
Cochenille, 484.
Co'ui', 182, 183, 187, 192.
Coïncidence des variations, disconti-
nues, isolées et congénitales. 403.
Coloration de la coquille, 24, 41,56, 546.
— du .sang, 148. 191.
— des téguments. 141, 425, 545.
Columellaire (Muscle), 28, 357.
Columelle, 38.
Commensal, 484.
Commissure pédieuse, 244, 250, 252.
— préviscérale, 263.
— viscérale, 253.
Comportement, 440
Composition chimique des eaux. 564.
Compression, 558, 605.
Concordantes (Variations), 469.
Concrescence des branchies, 215.
Concrétions, 93.
Condensation embiyogénique, 457.
Conditions chimiques, 564.
— conslanles. 472.
— internes, 437.
— mécaniques, 548.
Conduits génitaux, 225, 234.
Confinement, .'i60, 622.
Conformation, 13, 462.
Congénitales (Variations), 363, 394, 623.
686, 747.
Connectifs, 246, 248, 249.
Continues (Variations), 367, 369, 461,
610, 709, 769.
Continuité, 763.
Contractions musculaires, 495.
Convergence, 410, 467, 625.
Coquille. 21. 408, 486, 517, 526. 527,
540
Coquille embryonnaire, 339, 475.
— interne, 27,42, 457.
Cornucopia, 27
Corps pyri forme, 19.
Corrosion, 575.
Cosmopolite. i28
Côtes de la coquille, 2'>, 48, 58.
Côtes de la mandibule, 158.
Couleur d'aniline, 489.
— du cartilage, 484.
— de la coquille, 41 . 56, 486, 520,
526,531, 538, 546,561, 570.
— <SI8
Couleur du sang, 191, 486, 08 1.
— (les tég-uments, lil. 485, 0I8,
0:59,345.
Courant électrique, .■)91.
Courants, 549. 551, 552, 553.
Courbe de variation, 77, -203, 373.
Crête, 454.
Cristallin, 4M.
Crochet (coquille des Lamellibranches),
65, 313.
Crochets des Glochidinin, 688.
— péniaux, 234.
— (Sacs à), 157.
Croisements, 601 644, 652.
Croissance. 514. 537, 542, 573.
Ctenidium, 206.613.
Cuivre. 600.
Cumulative etïects, 380.
Curare, 595, 598.
Décollation, 38
Dédoublement du bord coquillier, 65.
Dédoublement du bord du manteau, 90.
Défini (Variations de sens), 362.
Degré-jour, 513.
Demi-cuirasse {Vitrina}, 71.
Demi-race, 745.
Denticules radulaires, 163.
Dents de la coquille, 59
— de l'estomac, 177.
— delà mandibule, 159,482
— de la radule, 163.
— cardinales, 59, 555.
— columellaires, 46.
— operculaires, 131.
Dépaupé'ation, 515, 619.
Dépigmentaiion, 486, 524.
Déroulement. 27, 68, 343.
Dései'tique, 536.
Déshydratation, 533, 615.
Déterminé 1 Varialion de sens), 362.
Développement, 289, 509, 529, 542.
Dextrorsité, 36.
Dicéphnlie, 106.
Dittérenciation, 431, 475.
Différencié, 432.
Digestion, 492.
Digilations palléales, 71.
Diliybride, 659.
Diminution de la spire, 27.
Dimorphisme, 26.
- sexuel, 19, 21.
Dipoilisme, 349.
Discontinues (Variations), 367, 370, 458,
604, 756
Discontinuité, 366, 708.
Discordance, 629.
Disparition de la coquille, 771.
— d'espèces, 432, 473.
Dispersion, 432.
Dissimilitude structui'ale, 690.
Dissoconque, 690.
Distribution, 428.
Diverticule du receplaculum seminis,
-.'36
Division de tentacule, li 9, 607.
Dominant, 663.
Doubles (Embryons), 308.
- (Individus). 106, 336.
Duplication du bord coquillier, 65.
Durée Unlluence de la) dans l'hérédité,
678, 702.
Durée (Influence de la) dans la variation,
603.
Éclairage 523.
Ectasie (ou anévrisme), 194.
Eciogène, 384.
Efférent, 191, 193.
Effets cumulatifs, 380, 601, 603, 616.
Élongation, 26, 540, 547, 580.
Électrotactisme, 594.
Embryogénique (Variation), 362, 469
Embi'yonnaire (Coquille), 339.
Émission de CO^ 489.
Endoderme, 345.
Enroulement, 29.
— irrégulier, 343.
814
Knlailles, "25, (ilO.
Environnement, dO, 44S, 639.
Épaisseur, 41, SI 7, 540, 553, 557, 564,
570, 57-2, 573, 784.
Epidémie, 573.
Epines, 44, 59, 556, 558.
— du pénis, 234.
Épiphragine, 781.
E|iipodial (Tentacule), 126.
Epi podium, 126.
Épilhélium, 517.
Êquivalve, 53.
Ergotine, 598.
Erosion, 574, 579.
Estivation, 499.
Estomac, 154,176,180, 181.
Étendue du milieu, 560.
Étoile (Ganglion), 268.
Étranglement de papilles dorsales, 95.
Eupyrène. 241, 576.
Euryhalin, 506, 567.
Eurytherme, 506.
Évolution phylogénélique, 382, 472,
678, 686, 704. '
Evolution continue, 770.
Excitation réttexe, 494.
Excréta, 562.
Expansion palleale, 69.
Explosives (Variations), 719.
Extension du manteau, 69, 71.
Extérieurs (Caractères), 407.
Externes (Causes), 439.
Extrinsèque, 439.
Facteurs biologiques, 579.
— chimiques. 564.
— externes, 476.
— internes, 436.
— mécaniques, 548.
Faisceaux de spicules, 69.
— de soies, 343.
Faux hybrides, 668, 674.
Ferrugineux, 575.
Feuillets l)ranchiaux, 209, 215.
Fibres musculaires, 346.
Filaments branchiaux, 205, 206, 213.
Filets. 48, 49.
Fissure continue (Haliotis), 50.
Fixation, 456, 556.
Fixées (Coquilles), 690, 692.
Flagellum, 231.
Fluctuation, 732, 746.
Foie, 154, 178, 181, 344,345. 482.
Fonds, .557, 577.
Forme de la coquille, 16, 25, 51, 483,
5'20, 540, 543, 547, 548, 557, 564, 570,
571.
Forme de ro[)ercule, 130.
du manteau, 71.
Fortes (Variations), 362.
Fouisseur, 557.
Fréquence des variations, 369, 702, 763.
Froid, 507, 512, 514.
Fuchsine, 484
Furcation, 88, 95, 111. 133, 204, 209.
Fusion, 89. 96, 116,213, 607, 782.
Galvanotactisme, 594.
Gamogéniques (Variations), 362.
Ganglions abdominaux, 254, 255, 256,
— brachiaux, 267.
— buccaux, 260, 270.
— cérébraux, 245, 261.
— préviscéraux, 263.
— nerveux. 455.
— viscéraux, 253, 262.
Ganglion médian, 262.
— pédieux, 250, 262.
— pénial, 455.
— pleural, 249, 261.
— de renforcement, 455.
— rlunophorique, 455.
— siphonal. 455.
— stomacal, 271.
— stomato-gastrique. 260.
Garance, 484.
Gastrula, 3 16.
Géographiques (Races), 462.
815 —
Géologiques (Variations), 393.
Géotactisme, .S46.
Géotropisme, 547.
Germen, 682
Germinales (Cellules), 684.
Glande albuminipare, 19, 23o, "231.
— byssogène, 135, 69'i.
— digeslive (Foie), 15i.
— oéni'ale, 221, 22-2, 239, 682.
— indélenninée. 177.
— lymphatique, 191, 483.
— muqueuse, 237.
— palléaie, 99.
— pédieuse, 125.
Glandes du pénis, 232, 783.
Glande péricardique, 221.
— phagocytai, e, 191.
— pré buccale, 181.
— prostatique, 19, 233.
— purpurigène, 142.
— salivai re, 175.
— sanguine, 191.
Globules polaires, 304, 674, 784.
Glycogène, 18.
Godronnés (Organes;, 216.
Gonogénique (Variation), 362.
Granulations coquillicres, 92.
Gymnoglossie, 688.
Gypseux (Sol), 578.
H
Hectocotyle, 19, 140.
Hémoglobine, 148.
Hépatiques (Conduits et orifices), 178.
Hérédité alternative, 667.
— atavique, 667.
— inconstante, 654.
— mélangée ou mosaïque, 667.
— de variations acquises, 685.
Hermaphrodites vrais, 224, 239.
— apparents, 229.
Herraaphroditisme, 224, 239, 484, 783.
Hernie endodermique, 345, 590.
Hétéromorphose, 459, 723.
Hélérostylie, 16, 563, 726.
Hexafurcation branctiiale, 209.
Hibernation, 492, 496.
Homochrone (Hérédité), 769.
Humidité, 534.
Hybrides d'espèce, 433, 664.
— de genre, 675.
Hydroxylamine, 696.
Hyi)ermérie, 24.
Hypertrophie, 29.
Hypomérie, 22, 24.
Iles, 560.
Immigrées Espèces), 416, 467.
Imperfection de la dominante, 663. 681.
Impressions musculaires. 104.
Inanition, 492.
Incomplets (Embryons ou larves), 308.
Incubatrices (Espèces), 484, 521, 622.
Indice (Variation de 1'). 26, 61, 67, 343.
Inéquivalves (Coquilles), 53, 781.
Inspirations, 212, 783.
Intensité des variations, 366.
Intercotidal, 429. 553,554.
Intermédiaires, 41, 44, 373. 699, 712.
Internes (Causes), 436.
Intestin, 154. 179, 182, 183, 482.
Intolérants, 431,618.
Invagination préconchylienne, 339. 344.
— osphradiale, 18.
Inversion, 28, 54, 303, 464, 656, 782.
Iris, 282.
Irréversibilité, 380, 767.
Isolation, 452, 600.
Isomyaires, 54, 772.
Jeunes, 372, 419, 703.
.lonctions interlamellaires, 213.
K
« Keel-line », 123.
8!6
Lacune péripalléale, 190.
— préeornéenne, 189.
Lame branchiale, 212.
Languette pédieiise antérieure, 134.
Larves, 457. 470.
Lentes (Variations), 36'2.
Ligament, 772.
Lithodesme, 66.
Lobes cervicaux. 108.
Lobe operculière, 126
Lobes tcntaculiformes buccaux, 180.
Loi de DeUxf'uf 701.
- (îal ton, 380, 701.
- L'cimarck, 440.
- Mendel, 658.
- Quetelet. 371, 377.
- Serres (ou de la récapitulation',
472, 70.').
Lumière, 523.
Lumières colorées. 530.
M
Màclioire, 158.
Majoration de la v.iriation, 383.
Malléation, 419, 542.
Mandibule. 158
Manteau, 69, 409.
Marais salants, 568.
Marches d'escalier (Évolution en), 731.
Margarose, 583.
Maturation, .'iOO.
Mé<'ani(}ues (Facteurs), .548.
Médilerianée, 463.
Mégalopodisme, 349.
Mélanisme, 561.
Membraneuse (Coquille', 574.
.Mendélieniie (Hérédité', 658.
Mer sans marée, 463.
Mer (Voisinage de la), .538, .539.
Mérislique, ;i80, 718.
Mérogonie, .560.
Mérotomie, 560.
Mésentères viscérau,x, 180.
Métamériques (Organes\ 414.
Mé tapi axe, 65.
Métis, 664.
Micromères, 306.
Milieu, 439.
iModitiable, 6'29.
Monomyarisme, 770.
Monstres doubles, triples, etc., 308,
784.
Morphogène (Action), 440, 477.
Morphologique (Variation), 441, 624.
Mosaïque i Hérédité en), 667.
Mouvements cdiaires, 494.
— du milieu, 548, .555, .556.
— radulaires, 494.
Multiples lŒufs. embryons, larves', 308,
784.
Multiplication d'opercule. 132.
— de pénis, 2'29.
— de tentacules, 109.
— d'yeux, 274, 608.
Muscarine, 598.
Muscle columellaire, 28, 3.57, 590.
Muscles adducteurs, 104, 455, 5.53.
— du bulbe, 1.55.
— du pénis, 233.
— du pied, 125, 136.
— rétraeteurs du bulbe, 155.
— rétracteurs du byssus, 136.
— rétracteurs du pénis, 233.
Mutations (De Vriesi, 366, 7,32. 746.
(\Vaagen\ 379, 382, 681.
N
Nageoires, 17, 105, 126.
Nanisme, 381,561,628.
Nerfs, 245, 246, 251,256, 783.
Nicotine, 596, 599.
Nombre d'embryons, 300, 301.
— d'œufs, 293, 457, 784.
— d'yeux, 274.
Non-adaptation, 415.
Notœum, 190.
Nucléus operculaire, 130.
817 —
Obscurité, 529.
Odeur alliacée, 152.
Œil, 272, 784.
Œsophage, 175, 181.
Œufs, 2«J2, 457. 588, 784.
stériles. 296.
Ombilic, 16, 27, 67, 416, 464.
Opercule, 16, 131, 782.
Oreillett», 187, 193.
Organe apieal. 688.
Organes cénogénétiques, 705.
— externes, 407.
— rudimentaires, 410, 613.
Orientées (Variations), 378, 784.
Orifices auriciilo-ventriciilaires,184, 193.
— de la cavité coquillière, 91.
— dans la coquille (Haliotis). 50.
— génitaux, 229, 239.
— hcpatiques, 178, 181.
— rénaux. 218.
— réno-péricardiques, 218, 219.
— du sinus veineux, 189.
Ornementation de la coquille, 24, 42,
57, 556, 5.^8, 693.
Orthngénèse, 879.
Oscillations rythmiques, 533.
Osmose, 571.
Osphradium, 288, 638.
Otoeoiiies, 285.
Otocyste, 15, 284, 784.
Otolithes, 286. 287, 357, 784.
Ouverture de la coquille, 37, 39, 341.
Oviducte, 234.
Ovipares, 298.
Ovovivipares, 300.
Oxygène, 400, 516, 576.
Palléales fdigitations), 71.
Palléaux (Yeux), 272.
Palmettes, 141.
Palpes, 181.
Papilles dorsales, 95, !)6.
Papilles pédieuses, 134.
— postanales, 289.
Parallèles (Variations), 625.
Parallélisme entre espèce et individu,
433, 680.
Parallélisme entre ontogénie et phylo-
génie, 613.
Parapodies, 125.
Parasites, 431, 482, 483, 623, 633.
Parthénogenèse, 243. 674.
Particules représentatives, 439.
Paucispiré, 131.
Pédogénèse, 297, 470, 516.
Pélagiques, 431, 528.
Pelleliérine, 596.
Pénis, 226, 583.
— (Glandes du), 232, 783.
— chez la femelle, 229.
Perforations de la coquille, 49, 370, 781.
Péricarde, 221.
Péristome, 38, 42.
Perpétuation, 700.
Perte de poids dans l'hibernation, 492.
Pesanteur, 546.
Phénol, 599.
Photopliobie, 53'2.
Phototropiques, 531.
Phototropisme, 542.
Phylogénétiques (Variations), 770.
Physiogénèse, 442.
Physiologiques (Variations), 603.
Pièces accessoires, 65.
Pied, 121, 349.
Pigment rétinien, 147, 274.
— ^ du système nerveux, 576.
— tégumentaire, 141, 347, 349,
631.
— vélaire, 347.
Pigmentation, 146, 523, 527.
Pilliers musculaires du ventricule, 194.
Pinnules des branchies, 209.
Planorbiforrae ou planorboïde, 28, 610.
Plaque apicale, 348, 606.
- stomacale. 176.
Plasticité du jeune âge, 424.
Pleuroncciisme, 528.
Plexus nerveux, 257.
52
— 818 —
Plexus solaris, 267. .
Plis branchiaux. ^44.
— columellaires, 44.
— variqueux. 46.
Plissements, 2U, 579.
Plomb, 482, 600.
Poche du dard, 232, 235, 237.
— brani'hiales, 241.
Podocyste, 726.
Pœcilot^onie, 469.
Poids, 41, 781.
Poils, 579.
Poisons, 595.
Polyasters, 305.
Polyembryonie, 332.
Polygone de variation, 712, 761.
Polymorpliisme, 426.
Polypéristomatisme, 39.
Polystomatisrae, 39.
Pontes. 291,470, 529,542,558.
Pores palléaux (ChiloDs),69.
Postnatal, 397.
Poumon, 212, 534.
— aquaiiciue, 211.
Préadapiation, 631.
Précornéenne (Lacune), 189.
Prénatal, 395, 686.
Pression, 543, ^-^8.
Préviscéraux (Ganglions), 263.
Prodissocoiique, 690.
Profondeur, 554, 556.
Protoconque, 470.
Protubérance palléale, 71.
— pédieuse, 134.
Pseudogamie, 674.
Pulsations cardiaques, 496.
« Pyriform appendage » {Nautilus), 242.
Q
Quotient respiratoire, 491.
Kace intermédiaire, 745, 752.
— locale, 462.
— physiologique, 619.
Radium, 600.
Radula, 152, 161. 182, 456, 633.
Ramification des bras, 137.
Rnmifications rénales. 218, 219.
Rayons de la coquille, 58.
— ultra-violets, 531.
— X, 600.
Ré file de), 41, 560.
Réadaptation, 423.
Récapitulation, 472, 703.
Réceiaaculum seminis, 225, 2i6.
Récessif, 648, 663.
Rectigraiation, 379.
Rectum, 182, 193.
Rédaplicalion, 65, 459.
Régénération, 397, 425, 459, 517, 529,
573, 607.
Régime alimentaire, 479.
Régions de plus grande variabilité, 415.
Régulation, 423, 765.
Rein, 218, 483.
Rein anal, 350.
— larvaire, 408.
Rentlement de la coquille, 52.
Renflements de l'appendice caudal
(Héiéropodes), 123, 727.
Renforcement des caractères, 383.
Réseau nerveux stomacal, 260.
Résistance à l'asphyxie, 491.
Résorption, 37, 574.
Respiration, 210, 489, 490, 534.
Retour à la moyenne, 380, 473, 701.
Rétractilité des branchies, 210.
Réversion, 615.
Rhmophore, 112, 287, 782.
Rochelle (La), 38, 656.
Rocheux, 55tj.
Rudimentaires (Organes), 410, 456, 613.
Sacs à crochets, 157.
Sac du dard, 232, 235, 237.
Saillies du bord de la coquille, 59.
— palléales intérieures, 104.
— péniales, 783.
819 —
Salinité, 570.
Saltation, 746.
Salure, 449. 564.
Sang, 191, 486.
Saumâtre. 506.
Scalaire. 27.
Scalatifnrme ou scalaroïde, 27, 521,
580, 606, 642.
Sécheresse, 534, 626.
Secousses, 461, 559.
Segmentation (Variations dans la), 303,
305.
Sélection (Élimination par la), 425.
Sels calciques, 576.
— de cuivre, 600.
— de lithium, 575.
— magnésiquep, 597.
— de plomb, 482.
— potassiques, 575, 597.
— sodiques, 897.
Sensibilité, 494.
Septa branchiaux, 215.
Séries évo utives, 719.
Seuil, 717.
Sexe, 20, 588.
Shell-hoaps, 389.
Silice, 577.
Sillon du bord du pied {Testacella),
126.
Sillons polaires, 308.
— rayonnants. 58.
Sinistroisiié. 29, 641, 647, 655, 732.
Sinus abdominal, 189, 192.
— branchial, 185.
— byssal, 690.
— caudal 726.
— contractile, 346.
— médian. 190.
— mésentérique, 200.
— nuchal, 346.
— palléal, 190.
— pédieux, 190, 346.
— périanal, 192.
— périviscéral. 192.
— veineux, 189.
Siphon de la coquille (Gastropodes),
40, 90.
Siphon (Manteau des Lamellibranches),
102, 151.
Sol, 577.
Soma, 682.
Somatiques (Éléments), 682.
Somatogéniques (Variations), 362.
Soudure d'appendices dorsaux, 96.
— de digitations palléales, 89.
— d'embryons, 309.
— de tentacules, 116, 607.
— de valves, 23.
Sources chaudes, 502.
Spadix, 141.
Spécialisation, 432.
Spermatocycles, 225.
Spermatozoïdes, 221, 241, 576.
Spicules génitaux, 222.
— palléaux, 69, 99.
Spirale radiale, 420, 609.
Spire, 26.
— operculaire, 130.
Spontanée (Cause), 438.
Stabilité croissante, 433, 704.
Sténohalins, 430.
Sténothermes, 430.
Stérile, 295.
Stomato-gastrique, 260, 266, 270.
Structure, 765.
Strychnine, 596, 597, 599.
Stylet cristallin, 182, 517.
Subpolaire, 521.
Subscalaire, 27.
Subthermales (Espèces), 500.
Supralittorales, 457, 535.
Sursalé, 568, 5T0.
Système nerveux, 244, 294, 783.
Taille (Variation de la), 40, 55, 302, 463,
483, 514, 533, 537, 544, 560, 565, 569,
572, 784.
Tali Fou, 44.
Talon (conduit hermaphrodite), 225.
Tanganyika, 43.
Téguments (Couleur des), 141, 485, 782.
— 820 —
Température, 490.
Tentacules céphaliques, 108, 782,
— épipodiaux, 126, 782.
— labiaux (Nautile!, 141.
— palléaux, 93. 101.
— pédieux, 121, 782.
— siphonaux, 102.
Tératogénèse, 461, 581, 727.
Tératologiques (Variations', 604.
Terminus (Groupes), 433.
« Test » (vélum-. 348.
Tétanisation, 594.
Tête, 106.
Thalassoïde, S54.
Thermales (Espèces), 500.
Tolérants, 430,618,632.
Torsion, 337.
— (Absence de), 354.
— et asymétrie, 337.
Tortillon, 71.
Transmissibilité, 696.
Traumatisme, 459, t07.
Triaster, 305.
Trifurcation (brancliies), 209.
Triplication du sac du dard, 235.
Troncature, 38.
Tube cérébral, 354.
— digestif, 152, 344, 482.
— péritonéal, 200.
Tubercules frotitaux, 106.
— palléaux, 94.
— des parapodies, 125.
— des valves (Chitons), 25.
Typique (Forme), 615.
U
Unilatéral (hybride), 668, 674.
L'nilatérale (hérédité).
Unité, 708.
Univalve (coquille de Lamellibranche),
343.
Vaisseaux, 189, 195.
— afférents au cœur, 191.
— branchiaux afférents, 196.
Vaisseaux rénaux afférents, 198.
Vallanvron, 42.
Valve (8e, de Chiton), 22,471.
Valvules, 194, 200 4:5.
Variabilité, 406, 704.
— de l'hérédilé, 641.
Variation accélérée, 394, 686, 730.
— acquise, 394, 686, 730, 787.
— concordantp, 4b9, 624.
— congénitale, 363, 394, 623, 686,
747.
— continue, 367.
— discontinue, H67.
— discordante, 6.:9
— embryonnaire, 289, 469.
— expérimentale, 483,
— fréquente, 369.
— héritable, 647.
— isolée, 369.
— méristique, 414. 718
— morphologique, 441, 624.
— non viable, 40'2.
— orientée, 378, 616.
Variations parallèles, 625.
Variation piiysiologique, 603, 619.
— postnatale, 397.
— prénatale, 39.'), 686.
— saisonnière, 18
— sans adaptation, 609.
— substantive, 380, 718.
Varices, 48.
Vas deferens, 226, 242.
Veine cave, 199.
— génitale, 200.
— hépatique, 190.
— pharyngo-ophtalmique, 200.
— pulmonaire, 191.
— supracéphalique, 199.
Veliger, 317, 560, 704, 751.
Vélum, 347, 470, 614, 687.
Ventouse ( Pneumonodemia) , 156, (Hété-
ropodes), 123, (Céphalopodes), 139.
Ventricule, 192, 193.
Vératrine, 597.
Vésicules multifides, 238.
Vienne, 38.
Vitellines (doubles masses), 344.
— 821 —
Vitellus en excès, 346, 590.
Vitesse de locomotion, 493.
Viviparité, 484.
Voile buccal, 107.
— frontal, 106.
Volume des œufs, 457, 784
w
Water tubes, 214.
Wimereux, 23, 41, 566.
Xérophiles, 536.
Yeux branchiaux, 16, 284, 689.
— céphaliques, 274, 355, 704, 783,
784.
— dorsaux (Oncidium), 282.
— palléaux, 272.
Zygoneurie, 253.
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
Introduction 5
PREMIÈRE PARTIE.
La variabilité chez les Mollusques 43
I. — Variations chez l'adulte dans les divers organes 14
1. Coquille 22
2. Manteau 69
3. Tête 106
4. Pied 121
5. Téguments en général (coloration) 141
6. Tube digestif 152
7. Système circulatoire. ... 183
8. Système respiratoire 801
9. Système excréteur 248
10. Système reproducteur 221
11. Système nerveux 54,4
12. Organes des sens 272
II. — Variations dans le développement 289
1. Variation dans l'aspect extérieur delà ponte 291
2. Variation du nombre des œufs 293
3. Variation de la taille des œufs, embryons et larves. ... 302
4. Variation dans la segmentation 303
5. Embryons ou larves incomplets . . 308
6. Embryons multiples 3O8
7. Variations dans l'organogenèse 339
ni. — Résumé ogn
— 824 —
DEUXIÈME PARTIE.
Pages.
Subdivision des variations 361
I. — Classement des variations 361
1. Les variations au point de vue de l'intensité 366
2. Les variations au point de vue de la fréquence 369
3. Les variations au point de vue de l'orientation 378
4. Les variations au point de vue de leur époque d'apparition . 394
5. Concordance g-énérale des variations continues, fréquentes,
orientées et postnatales, d'une part, et des variations d'ap-
parence discontinue, isolées, non orientées et prénatales,
d'autre part 403
II. — Résumé 404
TROISIÈME PARTIE.
Variabilité relative des organes, individus et espèces 406
I. _ Organes offrant le plus de variabilité 407
1. Organes extérieurs et organes intérieurs 407
2. Organes archaïques et organes d'origine récente .... 410
3. Organes nombreux ou métamériques 414
II. — Individus o/fra7it le plus de variabilité 415
1. Suivant la non-adaptation ■415
2. Suivant l'âge 4^9
III. — Espèces offrant le plus variabilité 426
1. Suivant l'étendue de la distribution géographique. ... 428
2. Suivant la spécialisation
IV. — Résumé
430
430
QUATRIÈME PARTIE.
Causes des variations 436
I. — Causes externes et causes internes 436
• ., 1. Causes externes 436
2. Causes internes 439
— 825 —
Pages.
II. — Les principaux fadeurs du milieu et leur action 470
i. Ui^gime alimentaire 479
2. Température 490
3. Lumière 523
4. Humidité et sécheresse 534
5. Altitude 543
6. Pesanteur 546
7. Facteurs mécaniques 548
8. Étendue du milieu 560
9. Facteurs chimiques 564
10. Facteurs biologiques 579
11. Facteurs extérieurs d'ordre artificiel 591
12. Isolation 6C0
III. — Rôle de la durée dans la production des variations . . . . . 603
1. Variations d'apparence discontinue 604
2. Variations continues 610
IV. — Variations concordantes et variations discordantes 624
V. — Préadaptation 631
VI. — Résumé 639
CINQUIÈME PARTIE.
HÉRÉDITÉ DES VARIATIONS 641
I. — Variabilité de l'hérédité 641
1. Variations non héréditaires 641
2. Variations héritables 647
3. Variations à hérédité inconstante 6.)4
4. Variations à hérédité alternante 658
5. Variations à hérédité mendélienne 658
6. Hérédité dans l'hybridation 6H4
7. Influence de la durée et du milieu dans l'hérédité .... 678
II. - Hérédité des variations acquises 685
1. Variations acquises héréditaires et variations acquises non
héréditaires chez les Mollusques 687
2. Conditions fondamentales de perpétuation des variations
acquises . . 700
ilî. — Opposition entre hérédité et variabilité 7(
IV. — Résumé À^^kf^^'^'-^ f
t\BK
— 826 —
SIXIÈME PARTIE.
Pages.
Unité des variations 708
I. - Unité des variations quant à leur amplitude ou intemité .... 708
1. Apparence discontinue des variations « brusques ». . . . 710
2. Identité de nature entre les variations d'apparence discon-
tinue et les variations continues 730
]I. _ irnité des variations quant à leur hérédité (variation de l'hérédité
dans la sinistrorsité prise comme exemple) 732
III. — Unité dès variations quant à l'époque de leur apparition. 747
IV. — Unité des variations quant à leur fréquence, leur orientation et
leur cause 752
V. - Résumé 7S5
SEPTIÈME PARTIE.
Variations les plus importantes dans l'évolution 756
I. — Rareté des variations d'apparence discontinue . . .... 756
1. Raisons pour lesquelles on a cru à l'importance des variations
d'apparence discontinue dans l'évolution 756
2. Petit nombre des variations d'apparence discontinue . . 759
3. Causes de la rareté des variations d'apparence discontinue 762
II. — Conditions nécessaires pour qu'une variation joue un rôle important
dans l'évolution 763
\. Fréquence 763
2. Continuité 763
3. Orientation 766
4. Adaptation 766
5. Absence de réversibilité 767
6. Acquisition postnatale 767
III. — Preuves d'une évolution continue 770
\. Dans la phylogénie 770
2 Dans l'ontogénie, l'adaptation, la rudimentation, l'hérédité et
l'atténuation des variations brusques 773
IV. — Résumé . 774
HUITIÈME PARTIE.
Résumé général et c<»nclusions 776
PUBLICATIONS ACADÉMIQUES DEPUIS LA RÉORGANISATION, EN 1816 ^
Mémoires, i 1-LIV (1820-iyOi); iq-4o.
j. Mémoires ouaronnés et Mémoires des savants étrangers, t. l-LXll (1817-1904)
i^n-4».
Mémoires couronnés, l. 1-IAVI t>S40-1904); in 8».
Tables des Memokes, nouvelle édition, 177:2-1897; in-8». — Supplément, 1898-1914.
Mémoires (n. sér.) in-4» de la Classe des sciences, 1. 1 à IV (S« fasc).
Mémoires (n. sér.) in-S» de la Classe des sciences, 1. 1 à V.
Mémoires (n. sér.j in-4» de la Classe des lettres, t. I à VII (3o fasc).
Mémoires (n. sér.) in-8" de la Classe des lettres, t. I à XIII {1er fasc).
Mémoires in-4« de la Classe des beaux-arts, 1. 1 (1er fasc.).
Mémoires in-8» de la Classe des beaux-arts, t. l (1er fasc ).
Tables de Logarithmes, par A. iNamur et P. Mansion; in-S».
Annuaire, 1« à 86">e auuée, 1833-1920 ; in-18. — Table des .\otices, 1919,
Règlements et Documents concernant les trois Classes (éditions de 1896 et de 1905);
in-18.
Fondations académiques, 1914, gr. in-8<>.
Bulletins, !« sér., t. 1-XXiII, avec annexes; — 1' sér., t. I-L; —3* sér. t. 1-XXXVI;
in-a». — Classe des sciences, années 1699-1920; Classe des lettres et des sciences morales
et politiques et des beaux-arts, années 1899-1920. — Classe des beaux-arts, années 1919-1920. —
Tables générales, 1632-1914, 9 vol. in-S».
Bibliographie académique, l" édit. (1834);,— 2e édit. (1874); — 3e édit. (i886j; —
4e édit. (1890); — oe édit. (1^07-1909); iu-18.
Catalogue de la Bibliothèque de l'Académie, 1« partie : Sociétés savantes et Hecueils
périodiques — 2e partie : sciences, lettres, arts (1881-1890); 4 vol. in-8».
Catalogues onomastiques des accroissements, 1883-1914, 3 toI. gr. in-8».
Catalogue de la bibliothèque du baron de Slassart (1863); in-8».
Centième anniversaire de fondation (1772-1872), 1872; 2 vol. gr. in-8».
Monuments de la liliérature flamande.
Œuvres de Van Maerlant : Dek natuhen bloemk, t. I*', publié par J. Bormans, 1857;
1 Tol. in-80. — KïMUYiiEL, avec Clossaif^, publié |)ar J. David, 1858-1860; 3 vol. — Alexandebs
Geesten, publié par Snellaert, 1860-1862; 2 vol. — Nederlaudsohe gedichten, etc., publiées
par Snellaert, 1869; 1 vol. ~ Parthonopeus van Bloys, publié par J. Bormans, 1871;
1 vol. — Speghel der Wysheit, van Jan Praet, publié par J. Bormans 1872; 1 vol.
Œuvres des grands écrivains du pays.
Œuvres de Chastelain, publiées par le baron Kervyn de Letlenliove. 1863-1863, 8 vol.
jQ.so. — Le premier livre des Chroniques de Froissart, par le même. 1863, 2 vol. —
Chroniques de Jehan le Bel, par L. i'olaiu. 1868, 2 vol. — Li Roumans de Cléoma-
dès, par André Van Hasselt. 1866, 2 vol. — Dits et Contes de Jean et Baudouin de
Condé, par Auguste Scheler. 1806, 3 vol, — Li ars d'amour, etc., par J. Petit. 1866-1872,
2 vol. — Œuvres de Froissart : Chroniques, par le baron Kervyn de Lettenhove. 1867-1877,
2() vol. — Poésies, par Aug. Scheler. 1870-1872,3 vol. — Glossaire, parle même. 1874, 1 vol, —
Lettres de Commines, par Kervyn de Lettenhove. 1867, 3 vol. — Dits de Watriquet
de Couvin, |iar A. Scheler. 1868, 1 vol. — Les Snfauoes Ogier, par le même. 1874, 1 vol —
Bueves de Gommarchis, par Adenès li Itois, par le même. 1874, 1 vol. — Li Roumans
de Bertes aux grans pies, par le mêo^e. 1874, 1 vol. — Trouvères belges du XIP
au XIV' siècle, par le même. 1876, 1 vol. — Nouvelle série, 1879, 1 vol. — Li Bastaris
de Bullion, par le même. 1877, 1 vol. — Récits d'un Bourgeois de Valenciennes
(XIV* siècle), par le baron Kervyn de Lettenhove. 1877, 1 vol. — Œuvres de Ghillebert
de Lannoy, par Cit. Poivin. 1878, 1 vol. — Poésies de Gilles li Muisis, par Kervyn de
Lettenhove. 1882, 2 vol. — Œuvres de Jean Lemaire de Belges, par J. Stecher. 1882-1891
4 vol. avec notice. — Li Regret Guillaume, par A. Soneler. 1882, 1 volume.
Biographie nationale. '
Biographie nationale, 1. 1 à XXU. Bruxelles, 1866-1914.
Commission royale d'histoire.
Collection de Chroniques belges inédites, publiées par ordre du Gouvernement,
123 vol. in-4o. (Voir la liste sur la couverture des Chroniques.)
Comptes rendus des séances, l'esér., avec table (1837-1849), 17 vol. in-8»; — S™* sér.,
avec table (1830-1889), 13 vol. in-8o; — 3<^' sér,, avec table (1860-1872), 15 vol. in-8» —
4»'» sér., avec table (1873-1891), 18 vol. in-8»; — S™» sér,, t. I-XI; à partir de 1902, t. 71-84.
Annexes aux Bulletins. Voir la liste sur la couverture des Chroniques et des Comptes
rendug.