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Full text of "Les vegetaux utiles de l'Afrique tropiclae francaise; etudes scientifiques et agronomiques; publiees sous le patronage de MM. Edmond Perrier et E. Roume"

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DOM  [>il  OOUVCKMeHrilT  DE  U  If  EI»t|»1.IOyE  FHJ^NCAlSt 

A  L  UNIVEWSJTÉ  D£  CALIfOPWlE 
SOUS  LES  AUSPICES  OCS-Fn<ENM  OF  FfiAMCC 


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LES  VÉGÉTAUX  UTILES 


DE 


L'AFRiaUE  TROPICALE  FRANÇAISE 


VOLUME  I.  —  FASCICULE  ï 


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CLAUDE    RICHARD  (1183-1869) 

Fondateur  do  la  station  agricole  de  Richard-Toll,  premier  jardin  d'essai 
créé  on  Afrique  tropicale. 


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LES /VÉGÉTAUX  UTILES 


DE 


L'AFRIQUE  TROPICALE  FRANÇAISE 


ÉTUDES  SCIENTIFIQUES  ET  AGRONOMIQUES 

PUBLIÉES    SOUS    LE    PATRONAGE    DE    MM. 

EDMOND    PERRIER  £.   ROUME 

De  rinstitat  Ancien  Directeur  de  l'Asie  au  Ministère  des  Colonies 

Directeur  du  Muséum  d'Histoire  Naturelle  Gouverneur  général 

de  Paris  de  l' Afrique  occidentale  française 

PAR 

M.  Aug.  CHEVALIER 

H 

Docteur  ès-sciences  naturelles 

Sous-Directeur  du  Laboratoire  Colonial  du  Muséum 

Chargé  de  missions  en  Afrique  1899-1905 


VOLUME    I.   —   FASCICULE   I 


SOMMAIRE 

Bd.  Peppiep  :  Préface.  —  Aug.  Chevalier  :  Introduction  et  Pro- 
gramme. —  Aug.  Chevalier  :  Histoire  de  l'Agriculture  en  Afrique 
tropicale.  —  Aufi^-  Chevalier  :  Un  essai  d*introduction  de  plantes 
utiles  dans  le  centre  de  l'Afrique.  —  Ang,  Chevalier  et  Bm. 
Perrot  :  Les  Pommes  de  terre  des  Pays  chauds  {Coleus  à  tubercules 
alimentaires). 


PARIS 

DÉPÔT    DES    PUBLICATIONS 

44,    RUE     DE    BUFFON,     41 
1905 


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PRÉFACE 


M.  Auguste  Chevalier  n'a  pas  besoin  d'être  présenté  au  monde 
colonial.  Ses  trois  missions  dans  l'Afrique  Occidentale  et  surtout 
la  dernière  du  Congo  au  lac  Tchad,  en  compagnie  de  MM.  le  D'  Dé- 
co rse,  CouRTET  et  Martret,  sont  connues  de  tous  ceux  qui  s'intéres- 
ressent  à  nos  colonies  africaines  par  leurs  brillants  résultats. 
M.  Chevauer  s'est  montré  non  seulement  explorateur  hardi,  orga- 
nisateur habile,  négociateur  prudent,  mais  encore  observateur  des 
plus  consciencieux  et  praticien  des  plus  avisés  pour  tout  ce  qui 
touche  à  l'agriculture.  Il  s'est  acquis,  au  point  de  vue  agricole,  la 
plus  enviable  notoriété  dans  tout  le  monde  colonial  africain  et  ce 
n'est  pas  une  médiocre  preuve  d'estime  que  lui  a  donnée  l'éminent 
gouverneur  de  l'Afrique  Occidentale,  M.  Roume,  en  l'autorisant  à 
placer  cette  publication  sous  son  patronage. 

L^agriculture  tropicale  ne  s'improvise  pas  plus  que  l'agricul- 
ture de  nos  pays  tempérés.  Les  végétaux  utiles  demandent 
sous  les  tropiques  d'autres  soins  que  chez  nous,  mais  ils  exigent 
tout  autant  de  sollicitude.  Ces  soins  varient  avec  la  nature  du  sol, 
les  conditions  biologiques  dans  lesquelles  les  plantes  ont  à  se  déve- 
lopper ;  ils  ne  sont  pas  les  mêmes  pour  les  diverses  variétés  d'une 
espèce  donnée,  à  plus  forte  raison  pour  les  espèces  différentes  ; 
les  plantes  cultivées  d'autre  part  peuvent  ne  pas  s'accommoder  de 
tel  ou  tel  sol,  de  telle  ou  telle  condition  climatérique  ou  ne  réussir 
dans  ce  sol,  dans  ces  conditions,  qu'en  suscitant  des  dépenses  hors 
de  proportions  avec  les  rendements.  Aussi  rien  n'est-il  plus  déli- 
cat que  d'organiser  la  mise  en  culture  d'une  colonie  neuve,  de 
manière  à  éviter  à  ceux  qui  y  consacrent  leurs  capitaux,  de  graves 
mécomptes,  sinon  la  ruine.  Parmi  les  productions  naturelles  de  la 


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VIII  PRÉFACE. 

région,  choisir  oelles  qui  peuvent  être  utilement  exploitées,  amé- 
liorées et  industriellement  cultivées,  comme  c'est  le  cas  pour  les 
plantes  à  caoutchouc  ;  parmi  les  productions  des  pays  étrangers 
d3  climat  analogue,  choisir  celles  qui  peuvent  être  utilement  im- 
portées, comme  c'est  le  cas  pour  les  cotonniers,  les  caféiers,  les 
cacaoyers,  les  bananiers,  etc.  ;  parmi  les  plantes  cultivées  dans 
la  métrq3ole  et  qu'il  est  si  doux  pour  les  colons  de  retrouver  à 
leur  portée  comme  tant  de  légumes  et  d'arbres  fruitiers,  choisir 
celles  qui  peuvent  enrichir  une  colonie  le  plus  rapidement  et  en 
rendre  le  séjour  le  plus  agréable  possible  :  c'est  là  une  œuvre  qui 
exige  tout  à  la  fois  la  science  approfondie  d'un  botaniste  et  la 
pratique  d'un  agriculteur  exactement  renseigné.  Ces  deux  qualités, 
M.  Auguste  Chevalier  les  possède  à  un  haut  degré.  Ses  missions 
successives  dans  nos  colonies  de  l'Afrique  Occidentale  lui  ont  fait 
connaître  exactement  les  diverses  régions  cultivables  et  les  g^res 
de  culture  qu'elles  peuvent  supporter.  Les  études  théoriques  qu'il 
a  pu  faire  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  comme  boursier  de  doc- 
torat, puis  comme  stagiaire,  enfin  comme  chef  du  service  bota- 
nique du  Laboratoire  colonial,  l'ont  exceptionnellement  armé  au 
point  de  vue  scientifique  ;  il  est  en  situation  mieux  que  personne 
de  conduire  les  recherches  expérimentales  que  pourrait  comporter 
l'établissement  de  cultures  nouvelles  en  Afrique,  d'apprécier  au 
point  de  vue  pratique  les  résultats  de  ces  recherches  ou  de  coor- 
donner ces  résultats.  La  publication  qu'il  entreprend  sera  le  guide 
le  plus  précieux  et  le  plus  sûr  pour  nos  colons  et  nos  administra- 
teurs. Toutes  les  plemtes  cultivables  en  Afrique  tropicale  y  seront 
passées  en  revue  et  leur  histoire  scientifique  agricole  et  écono- 
mique sera  traitée  avec  une  documentation  toute  personnelle  ou 
une  documentation  de  première  main  passée  au  crible  d'une 
science  très  étendue  et  d'une  méthode  dont  l'exacte  discipline  ne 
s'est  jamais  démentie. 

Attaché  au  Muséum  d'histoire  naturelle  par  des  liens  qui  devien- 
dront sans  doute  plus  étroits  avec  le  temps,  M.  Chevalier  peut 
ajouter  aux  ressources  ordinaires,  tout  ce  que  notre  grand  Éta- 
blissement contient  d'exceptionnels  moyens  de  recherches  et 
d'étude.  Un  herbier  qui  dépasse  en  richesse  tous  les  herbiers 
actuels,  qui  remonte  à  Tournefort  et  dans  lequel,  depuis  plus  de 
trois  cents  ans,  les  botanistes  les  plus  illustres  ont  accumulé  les 
types  de  leurs  descriptions  :  des  serres  qui  ne  sont  dépassées  par 
celles  de  Kew  que  pour  la  multiplicité  des  spécimens  et  qui  les 


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PRÉFACE.  DC 

dépassent  à  leur  tour  par  le  nombre  des  espèces  existantes  et  la 
beauté  des  échantillons  qui  les  représentent  ;  une  bibliothèque  de 
livres  d'histoire  naturelle  de  plus  de  200  000  volumes,  un  faisceau 
de  laboratoires  où  toutes  les  questions  qui  ont  trait  à  la  biologie 
théorique  ou  pratique  peuvent  être  rapidement  étudiées  et  résolues 
et  qui  apportent  ainsi  une  aide  puissante  a/u  Laboratoire  colonial 
dont  M.  Chevalier  est  spécialement  chargé. 

L'œuvre  de  M.  Chevalier  s'annonce  dans  les  meilleures  condi- 
tions de  succès. 

Ce  sera  un  monimient  élevé  à  l'Agriculture  de  l'Afrique  tropi- 
cale et  cette  œuvre  ajoutera  à  la  riche  couronne  du  Muséum  d'his- 
toire naturelle  de  Paris  un  brillant  fleuron. 

Edmond  Perrier, 

de  rinstltat. 
Directeur  du  Muséum  d'Histoire  natureUe. 


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INTRODUCTION 


Depuis  une  vingtaine  d'années,  les  plus  grands  efforts  ont 
été  faits  en  France  pour  tirer  parti  par  Tagriculture  et  l'exploita- 
tion des  forêts,  du  magnifique  domaine  colonial  que  nous  avons 
acquis  dans  l'Afrique  tropicale.  Des  missions  officielles  et  pri- 
vées sont  allées  à  plusieurs  reprises  étudier  les  ressources  végé- 
tales de  ces  vastes  possessions,  de  nombreux  fonctionnaires  et 
officiers  ont  maintes  fois  attiré  l'attention  sur  des  produits  nou- 
veaux que  notre  commerce  n'a  point  toujours  su  utiliser.  On  a. 
fait  connaître  aussi  de  nombreuses  productions  du  règne  végétal 
jusqu'alors  ignorées  en  Europe,  mais  dont  les  peuplades  du  Con- 
tinent noir  tiraient  depuis  longtemps  le  plus  utile  parti  dans 
l'alimentation  ou  la  médecine. 

Des  savants  se  sont  attachés  à  l'étude  botanique,  agricole, 
chimique  ou  thérapeutique  de  ces  produits.  Ils  ont  publié  par- 
fois sur  ces  sujets  des  mémoires  extrêmement  intéressants,  dis- 
persés dans  une  foule  de  publications.  Plusieurs  sociétés  et 
revues  d'agriculture  tropicale  se  sont  créées  en  France  et  aucun 
pays  plus  que  l'Afrique  tropicale  ne  leur  a  fourni  matière  à  des 
séries  d'études  sur  les  végétaux  utiles  de  la  zone  tropicale. 

Cependant,  lorsqu'on  examine  avec  un  peu  d'attention  la  plu- 
part de  ces  publications,  on  ne  tarde  pas  à  constater  les  grandes 
lacunes  qui  existent  dans  les  connaissances  acquises  sur  les  pro- 
ductions végétales  de  l'Afrique  et  sur  les  conditions  les  plus 
favorables  à  leur  culture  et  à  leur  exploitation.  Au  milieu 
des  innombrables  notices  consacrées  aux  plantes  utiles  et  aux 
produits  spéciaux  à  chaque  pays,  notices  dispersées  dans  de 
nombreux  périodiques,  c'est  seulement  de  loin  en  loin  que  l'on 
découvre  des  travaux  apportant  quelques  faits  nouveaux  enri- 
chissant la  science,  et  susceptibles  de  contribuer  au  progrès  de 
l'agriculture  de  ces  contrées  tropicales.  Même  sur  les  plantes 
dont  la  culture  est  de  la  plus  haute  importance  pour  lavenir  de 


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XII  INTRODUCTION. 

TAfrique  occidentale  française  :  plantes  à  caoutchouc,  arachide, 
cotonniers,  palmiers  à  huile,  caféiers,  colatiers,  arbres  à  gomme, 
bananiers,  etc.,  les  plus  grandes  incertitudes  existent  sur  les 
espèces  et  les  variétés  qu'il  y  aurait  intérêt  à  multiplier  ou  à 
protéger.  Leur  inventaire  est  à  peine  ébauché. 

En  ce  qui  concerne  les  essais  pratiques  de  culture,  pour  ime 
plante  déterminée,  essais  relatifs  à  chaque  colonie,  notre  igno- 
rance est  encore  plus  grande.  A  de  très  rares  exceptions  près, 
ainsi  que  nous  le  montrerons  par  la  suite,  nos  Jardins  d'essai 
coloniaux  —  en  Afrique  au  moins  —  sont  loin  d'avoir  donné  jus- 
qu'à ce  jour  ce  que  l'on  pouvait  attendre  d'eux.  Quant  aux  plan- 
tations privées  entreprises  par  des  Européens,  on  les  compte 
actuellement  à  la  Côte  d'Afrique  et  bien  peu  ont  produit  des 
résultats  satisfaisants.  Ces  résultats  ne  sont  d'ailleurs  connus 
que  d'un  public  très  restreint  de  spécialistes  ayant  visité  ces  con- 
trées. Aussi  les  sources  d'informations  auxquelles  voudrait  recou- 
rir un  planteur  nouveau  venu  en  Afrique  avant  de  s'engager 
dans  une  entreprise  culturale,  font-elles  presque  entièrement  dé- 
faut. 

La  publication  que  nous  commençons  s'efforcera  de  combler 
cette  lacune.  Ecrite  surtout  pour  les  techniciens,  elle  sera  essen- 
tiellement scientifique,  c'est-à-dire  qu'elle  ne  relatera  que  des 
observations  précises  et  les  digressions,  soi-disant  destinées  à  vul- 
gariser ces  études,  en  seront  soigneusement  bannies.  Nous  ne 
craindrons  pas  d'avoir  constamment  recours  à  la  terminologie 
scientifique.  Nous  le  répétons,  ces  études  sont  destinées  à  servir 
à  des  techniciens,  elles  n'ont  point  été  rédigées  en  vue  du 
grand  public  et  notre  tâche  sera  atteinte  si  elles  fournissent  aux 
naturalistes  et  aux  agronomes  spécialisés  dans  l'agriculture  tro- 
picale, des  indications  utiles  pour  collaborer  à  l'œuvre  à  laquelle 
nous  nous  sommes  consacré.  Nous  souhaitons,  en  un  mot, 
qu'elles  puissent  leur  éviter  les  tâtonnements  et  les  incertitudes 
que  nous  avons  nous-mêmes  rencontrés  quand  nous  avons  com- 
mencé à  voyager  en  Afrique.  A  ceux  qui  voudraient  s'éclairer 
sur  les  conditions  générales  de  la  culture  ou  de  l'exploitation 
des  grands  produits  coloniaux,  nous  recommandons  la  lecture 
des  manuels  et  des  monographies  spéciales  à  chaque  plante.  Il 
existe  d'excellents  ouvrages  de  cette  nature,  non  seulement  en 
France,  mais  surtout  en  Allemagne,  en  Angleterre  et  en  Hol- 
lande. 

Notre  but  est  essentiellement  de  faire  connaître  les  observa- 
tions,, en  grande  partie  inédites,  que  nous  avons  faites  sur  les 
plantes  utiles  au  cours  de  divers  voyages  en  Afrique.  La  plupart 
du  temps  ces  observations  seront  complétées  par  des  recherches 


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INTRODUCTION.  XIII 

de  laboratoire  et  des  renseignements  bibliographiques  puisés 
toujours  aux  sources.  Nous  nous  efforcerons  ainsi  de  rendre  jus- 
tice à  tous  ceux  qui  ont  contribué  à  faire  connaître  les  richesses 
de  notre  domaine  colonial.  Pour  les  énumérer  ici,  il  faudrait 
dresser  la  liste  de  tous  les  explorateurs  et  d'un  grand  nombre 
d'officiers  et  de  fonctionnaires  qui  se  sont  spécialement  attachés 
pendant  leurs  séjours  en  Afrique,  à  la  culture  ainsi  qu'à  l'étude 
et  à  la  récolte  des  plantes  utiles  et  de  leurs  produits.  Les  travaux 
de  quelques-uns  ou  les  collections  qu'ils  ont  formées,  collections 
aujourd'hui  déposées  au  Muséum,  ont  grandement  contribué 
aux  progrès  de  la  science  et  de  l'agriculture.  Adanson,  Palisot 
DE  Beauvois,  Richard,  Perrottet,  Leprieur,  Heudelot, 
LÉCARD,  Rançon,  Pierre,  Jacques  de  Brazza,  Thollon,  pour 
ne  citer  que  les  disparus,  ont  tout  autant  fait  pour  la  prospérité 
de  notre  domaine  colonial,  que  ceux  qui  ont  participé  à  sa 
conquête  et  à  son  organisation. 

En  entreprenant  cette  publication,  nous  avons  le  devoir  d'ex- 
primer notre  vive  gratitude  à  tous  ceux  qui  ont  contribué  à  sa 
réalisation,  d'abord  aux  initiateurs  et  aux  soutiens  de  nos  mis- 
sions en  Afrique,  MM.  le  général  de  Trentinian,  Chailley- 
Bert,  Milhe-Poutingon,  Chaudié  pour  les  missions  ;  Liard, 
Perrier,  Hamy,  Gentil,  pour  l'Expédition  que  nous  avons  diri- 
gée au  Centre  de  l'Afrique  comme  chef  de  la  mission  Chari-lac- 
Tchad. 

Qu'il  nous  soit  permis  de  rendre  publiquement  hommage 
aux  deux  hommes  qui  ont  bien  voulu  accepter  le  patronage  de 
ces  travaux  :  M.  Edmond  Perrier  de  l'Institut,  directeur  du  Mu- 
séum, et  M.  RouME,  gouverneur  général  de  l'Afrique  Occiden- 
tale. 

Nous  remercions  très  sincèrement  les  diverses  administra- 
tions publiques  qui  ont  bien  voulu  s'intéresser  à  cette  publica- 
tion en  allouant  les  premiers  fonds  indispensables  pour  com- 
mencer la  mise  à  jour  de  ces  travaux  :  le  Conseil  général  du 
Sénégal,  les  colonies  du  Sénégal  et  du  Soudan  ;  nous  exprimons 
particulièrement  notre  respectueuse  reconnaissance  à  M.  le  Mi- 
nistre des  Colonies  qui  a  bien  voulu  s'associer  à  ces  généreux 
concours  par  l'intermédiaire  du  Bureau  de  l'Afrique  et  du  Bureau 
des  Missions.  Enfin  que  le  Syndicat  cotonnier  français,  l'Asso- 
ciation cotonnière  coloniale,  le  dévoué  président  de  ces  deux 
sociétés,  M.  Esnault-Pelterie,  reçoivent  aussi  leur  part  de  nos 
remerciements  pour  le  concours  financier  qu'ils  nous  ont  spon- 
tanément accordé. 

Nous  espérons  bien  d'ailleurs  que  d'autres  concours  aussi 
précieux  nous  permettront  de  continuer  l'œuvre  commencée. 


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XIT  INTRODUCTION. 


PROGRAMME 


Nous  nous  sommes  efforcé  de  constituer  une  série  de  dos- 
siers sur  les  principaux  sujets  agricoles  intéressant  l'Afrique  tro- 
picale. Certains  de  ces  dossiers  visent  des  questions  générales, 
telle  est  VHistoire  de  V Agriculture  en  Afrique  occidentale  publiée 
dans  ce  premier  fascicule.  La  plupart  au  contraire  se  rapportent 
à  des  sujets  particuliers  dont  les  principaux  sont  : 

Les  plantes  à  caoutchouc  ; 

Le  cotonnier  et  sa  culture  ; 

Les  caféiers  ; 

Les  Coleus  alimentaires  ; 

La  culture  du  cacaoyer  à  la  côte  d'Afrique  ; 

Les  variétés  d'Elœis  (palmiers  à  huile),  leur  culture  et  leur 
exploitation  ; 

L'arachide  ; 

Les  plantes  vivrières  indigènes; 

Le  colatier  ; 

Les  bois  d'exportation  de  la  côte  d'Afrique  ; 

Les  plantes  fourragères  tropicales. 

Dès  que  nous  aurons  suffisamment  de  documents  sur  un 
sujet  pour  constituer  un  mémoire,  nous  en  ferons  la  publication. 
Nous  serons  très  reconnaissant  à  tous  ceux  qui  voudront  bien 
nous  apporter  leur  précieuse  collaboration  :  aux  coloniaux  qui 
enverront  des  renseignements  ou  des  documents  recueillis  par 
eux-mêmes  en  Afrique,  et  aux  spécialistes  scientifiques  qui  vou- 
dront bien  nous  prêter  leur  concours  pour  certaines  études  parti- 
culières. 

Nous  avons  été  grandement  aidé  dans  ce  travail  par  notre 
dévoué  compagnon  d'Afrique,  M.  Courtet,  notre  collaborateur 
de  tous  les  instants. 

Indépendamment  de  cette  publication  sur  les  plantes  utiles 
d'Afrique  tropicale,  dont  nous  ne  pouvons  encore  prévoir  l'éten- 
due, nous  avons  entrepris  de  publier  sous  le  titre  de  SUDANIA 
un  travail  général  sur  la  flore  de  l'Afrique  tropicale  française, 
principalement  de  la  Zone  Soudanienne,  c'est-à-dire  de  la  zone 
qui  s'étend  de  la  grande  forêt  du  Congo  au  grand  désert  du 
Sahara. 

Dans  cette  zone  où  la  France  possède  le  plus  vaste  empire 
du  monde,  nous  avons  eu  la  bonne  fortune  de  circuler  sur  un 
parcours  de  15.000  kilomètres  environ  depuis  la  Sénégambie  et 


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INTRODUCTION.  XV 

la  Guinée  française  jusqu'aux  confins  des  bassins  du  Ghari  et 
du  Nil,  recueillant  autant  de  matériaux  scientifiques  que  nous 
avons  pu.  Nous  croyons  avoir  rassemblé  tous  les  éléments  essen- 
tiels pour  dresser  un  inventaire  des  plantes  de  nos  colonies  de 
rOuest  africain.  Get  inventaire  comprendra  non  seulement  Ténu- 
mération  des  noms  scientifiques  des  plantes,  mais  aussi  l'indica- 
tion de  leur  distribution  géographique,  leurs  propriétés  et  leurs 
usages,  enfin  les  noms  indigènes  qu'elles  portent  chez  les  diffé- 
rentes peuplades  dont  nous  avons  traversé  les  territoires. 

Nous  ne  nous  faisons  point  d'illusions  sur  les  difficultés  de 
la  tache  que  nous  entreprenons,  mais  les  encouragements  bien- 
veillants que  nous  avons  rencontrés  auprès  des  savants  français 
et  étrangers  nous  sera  un  précieux  stimulant  pour  poursuivre 
une  œuvre  à  laquelle  nous  avons  résolu  de  nous  consacrer  parce 
que  nous  la  croyons  utile  à  la  prospérité  de  nos  colonies  et  au 
bon  renom  scientifique  de  la  France. 

AuG.  Chevalier. 

Paris,  le  15  janvier  1905. 


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LES  VÉGÉTAUX  UTILES 


DE 


.AFRIQUE  TROPICALE  FRANÇAISE 


L  —  Historique  de  Tagriculture  en  Afrique  occidentale  française, 

par  AuG.  Chevalier 

La  première  préoccupation  des  Normands  qui  vinrent  s'éta- 
blir au  XIV*  siècle  à  la  Côte  occidentale  d'Afrique  fut  de  chercher 
à  tirer  parti  des  richesses  végétales  naturelles  jusqu'alors  inex- 
ploitées» ou  utilisées  seulement  des  indigènes.  La  gomme  fut 
lon^emps  le  grand  produit  d'exportation  de  cette  contrée.  Puis, 
après  la  découverte  de  l'Amérique,  un  autre  genre  de  commerce, 
la  traite  des  esclaves,  fut  le  principal  aliment  des  transactions 
avec  l'Afrique  pendant  trois  siècles  successifs.  On  évalue  générale- 
ment à  12  millions  le  nombre  des  esclaves  qui  ont  été  enlevés 
à  l'Afrique  pour  être  portés  dans  le  Nouveau-Monde,  par  suite 
de  ce  trafic  parfaitement  légal  jusqu'au  milieu  du  xix*  siècle.  Si, 
à  ce  chiffre  déjà  élevé  on  ajoute  le  nombre  beaucoup  plus  fort 
des  individus  tués  pendant  les  guerres  déchaînées  dans  Tinté- 
rieur  en  vue  d'approvisionner  les  marchés  humains  de  la  côte, 
on  sentira  quel  désastre  pour  la  production  mondiale  a  été  ce 
régime  d'esclavage. 

Aujourd'hui  l'Afrique  tropicale  est  presque  vide  !  En  par- 
courant les  grandes  savanes  qui  s'étendent  du  Sénégal  au  Nil, 
on  a  presque  partout  la  sensation  de  circuler  en  un  désert.  Les 
villages,  peu  peuplés,  sont  éparpillés  à  de  grandes  distances  les 
uns  des  autres. 

Dans  le  bassin  du  Chari,  il  n'est  pas  rare  de  marcher  plu- 
sieurs jours  de  suite  dans  des  régions  parfaitement  habitables 
sans  rencontrer  d'êtres  humains.  Le  manque  d'habitants  est  la 
principale  cause  de  pauvreté  de  l'Afrique,  car  les  richesses  natu- 
relles y  sont  tout  aussi  abondantes  que  dans  les  autres  conti- 
nents, mais  il  n'y  a  personne  pour  les  mettre  en  valeur. 

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VÉGÉTAUX   UTILES   DE    LAFRIQUE. 


Origine  des  plantes  cultivées  en  Afrique 

La  traite  des  esclaves  a  cependant  eu  une  conséquence  utile 
qui  devait  modifier  complètement  les  conditions  d'existence  des 
peuplades  africaines.  Jusqu'au  xv*  siècle,  TAfrique  tropicale  était 
presque  complètement  dépourvue  des  espèces  végétales  qui  sont 
aujourd'hui  la  base  de  l'alimentation  de  ses  habitants.  En  dehors 
des  bananiers,  cultivés  dans  des  régions  forestières  et  du  sorgho, 
cultivé  dans  les  zones  des  savanes  et  des  steppes,  on  ne  connais- 
sait chez  les  noirs  que  de  rares  légumes  peu  connus  venus  pour 
la  plupart  de  l'Inde  lors  des  migrations  anciennes  ou  apportées 
plus  récemment  de  l'Orient  et  du  Nord  par  les  caravaniers  arabes 
et  berbères.  L'agriculture  était  donc  rudimentaire.  D'arbres  frui- 
tiers cultivés,  on  n'en  possédait  peut-être  qu'un  seul,  le  colatier 
planté  du  reste  dans  une  zone  fort  restreinte  de  l'extrème-sud 
du  Soudan  occidental.  Au  sud  du  Soudan  et  dans  la  Guinée 
française,  cet  arbre  présente  un  si  grand  nombre  de  variétés 
culturales  et  est  l'objet  de  tant  de  traditions,  qu'on  est  forcé 
d'admettre  que  sa  culture  remonte  à  la  plus  haute  antiquité.  Du 
reste  Léon  l'Africain,  dans  le  récit  de  ses  voyages,  parle  de 
la  noix  de  cola  (qu'il  appelle  gouro,  nom  qu'elle  porte  encore 
aujourd'hui),  comme  d'un  produit  déjà  commun  sur  les  marchés 
du  Soudan  au  xiv*  siècle.  La  conséquence  des  voyages  répétés 
à  la  côte  du  Nouveau  Monde  fut  d'apporter  en  Afrique  quantité 
de  plantes  utiles  qui  y  avaient  jusqu'alors  manqué  et  dont  la 
culture  se  répandit  avec  une  extrême  rapidité. 

Le  manioc,  le  maïs,  Varachide,  Vananas  et  peu-être  Vigname 
et  la  patate  ont  ainsi  été  apportés  vers  le  xv^  siècle  sur  le  con- 
tinent noir. 

Ces  introductions  ont  eu  une  portée  considérable  pour  l'amé- 
lioration des  conditions  d'existence  des  indigènes.  Un  état  social 
basé  sur  l'agriculture  s'est  ainsi  substitué  à  l'état  de  vie  précaire 
dans  lequel  se  trouvaient  des  êtres  qui  n'avaient  guère  vécu  jus- 
qu'alors que  des  produits  de  chasse,  de  pêche,  et  des  produits 
végétaux  qu'ils  cueillaient  dans  les  steppes  et  les  forêts. 

Introductions  faites  par  les  Portug^ais 

La  nation  portugaise  est  certainement  celle  qui  a  le  plus  puis- 
samment contribué  à  doter  l'Afrique  de  ressources  vivrière^  et 
de  richesses  agricoles.  Les  Portugais  ont  été  ainsi  les  plus  grands 
colonisateurs  du  monde.  Ils  ont  disséminé  dans  tous  les  pays 


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HISTORIQUE  DE  L'AGRICULTURE.  3 

chauds  du  globe  un  nombre  considérable  de  plantes  utiles, 
non  seulement  les  espèces  vivrières  de  première  nécessité,  mais 
encore  les  épices  et  les  condiments,  les  arbres  fruitiers,  les 
légumes  les  plus  usuels.  Partout  à  la  côte  occidentale  d'Afrique 
leur  souvenir  demeure  vivace  et  se  lie  dans  la  tradition  des  noirs 
à  l'introduction  de  nouvelles  ressources  végétales. 

Il  y  a  bientôt  deux  siècles  que  le  savant  dominicain  Lâbat 
écrivait  dans  la  relation  du  Voyage  de  Briie,  en  Sénégambie  : 
«  Les  Portugais  ont  demeuré  bien  des  années  dans  ce  pays,  en 
ont  fait  seuls  et  longtemps  tout  le  commerce,  y  ont  eu  des  forte- 
resses, des  établissements,  des  colonies  ;  on  voit  des  restes  de 
tout  cela  dans  bien  des  endroits *.  » 

Un  autre  vieil  historien  raconte  les  propos  suivants  tenus  par 
des  noirs  à  un  voyageur  débarquant  à  la  Côte  d'Or  au  xvii®  siècle  : 
«  C'est  la  terre  qui  nous  donne  l'or,  c'est  elle  qui  nous  produit  le 
maïs  et  le  riz,  c'est  la  mer  qui  nous  fournit  des  poissons,  quant 
aitx  fruits,  nous  les  devons  aitx  Portugais  gui  ont  planté  les 
arbres  sur  notre  sol^  i^. 

Les  plantes  alimentaires  usuelles  ainsi  introduites  se  sont 
répandues  avec  une  extrême  rapidité.  A  l'époque  du  voyage  de 
Brue  à  la  fin  du  xvii*  siècle,  le  manioc  était  déjà  connu  dans 
une  partie  du  bassin  de  la  Sénégambie.  Il  existe  certainement 
depuis  plusieurs  siècles  chez  toutes  les  peuplades  de  la  Forêt 
équatoriale. 

Les  arbres  fruitiers  se  sont  répandus  beaucoup  plus  lentement. 

A  l'exception  Am  citronnier  et  du  dattier,  plantés  par  les  mu- 
sulmans en  beaucoup  de  points  du  Soudan  et  venus  du  Nord,  on 
ne  trouvait,  en  dehors  des  régions  côtières,  pas  d'arbres  fruitiers 
cultivés  avant  la  pénétration  européenne. 

Il  faut  aussi  faire  une  exception  pour  les  pays  de  la  haute 
Guinée  compris  entre  le  Pouta-Djalon,  l'arrière  pays  de  Sierra- 
Léone  et  de  la  République  de  Libéria,  enfin  les  pays  du  Haut- 
Niger  et  de  l'empire  de  Kong.  Ces  contrées  ont  été  constamment 
sillonnées  par  des  caravaniers  du  Soudan  qui  se  rendaient  à  la 
côte  pour  y  trafiquer  des  esclaves  ou  pour  s'approvisionner  de 
noix  de  kola  chez  les  peuplades  forestières  vivant  au  Sud  des 
empires  soudanais.  Les  caravaniers  remportaient  avec  eux,  non 
seulement  des  marchandises,  mais  il  leur  arrivait  d'emporter  les 
fruits  des  Portugais  dont  ils  semaient  les  graines  en  route.  Ainsi 
s'explique  ce  fait  qu'on  rencontre  aujourd'hui  dans  toute  la  zone 
du    sud-ouest    du    Soudan,    qu'ils    traversaient,    de    magnifiques 

1.  LABAT,  Nouvelle  relation  de  VAfrique  Occidentale,  d'après  les  mémoires 
d'André  Brûe.  1728.  t.  IV,  p.  368. 

2.  Découvertes  en  Afriques  t.  I.  p.  209. 


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4  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L' AFRIQUE. 

arbres  fruitiers  :  Blighia  sapida  ou  Finzan,  orangers,  citron- 
niers, manguiers,  papayers,  Anona  squamosa,  auxquels  il  faut 
ajouter  en  Guinée  le  Persea  gratissima,  ou  avocatier  qui,  d'après 
M.  Teissonnier  a  été  introduit  par  les  Négriers  principalement 
au  Rio-Pongo  et  à  l'île  Matakong  ^ 

Le  Papayer  est  peut-être  le  seul  de  ces  arbres  qui  se  soit 
répandu  de  proche  en  proche  dans  les  villages  de  l'Afrique  occi- 
dentale jusqu'à  l'extrémité  du  Soudan.  De  nos  jours  encore,  ce 
végétal  se  propage  dans  les  villages  du  centre  de  l'Afrique  avec 
une  extrême  rapidité.  Le  voyageur  allemand  Junker  avait  trans- 
porté, en  1880,  les  premières  graines  dans  les  sultanats  de  TOuban- 
gui.  Lors  de  notre  pénétration  il  en  existait  déjà  quelques  pieds 
dans  les  Etats  du  Sultan  Snousi,  dans  le  Haut-Chari  oriental.  A  la 
suite,  des  missions  qui  ont  remonté  le  Congo  et  ses  affluents,  à  partir 
de  1885,  le  papayer  a  pénétré  dans  les  régions  les  plus  éloignées 
dii  centre  de  l'Afrique  et  en  particulier  dans  les  villages  situés 
au  bord  de  la  Sangha  et  de  l'Oubangui,  il  est  devenu  très  com- 
mun. 

V Ananas,  comme  le  papayer,  a  conquis  en  Afrique  tropicale 
de  vastes  espaces.  Originaire  de  l'Amérique  du  Sud,  il  a  sans  nul 
doute  été  apporté  à  la  côte  d'Afrique  par  les  navigateurs  portu- 
gais. Il  n'a  pas  seulement  été  multiplié  par  les  indigènes  autour 
des  villages.  Il  s'est  rapidement  propagé  dans  les  cultures  aban- 
données et  a  envahi  les  forêts  de  l'Afrique  tropicale,  aussi  bien 
celle  de  la  Côte  d'Ivoire  que  celle  du  Congo.  Il  pullule  aujour- 
d'hui sous  le  couvert  de  la  forêt  jusqu'au  centre  du  Continent 
(à  Bangui  par  exemple),  mais  il  n'a  pu  sortir  de  la  forêt,  et  dès 
qu'on  pénètre  dans  la  zone  guinéenne  (région  demi-forestière), 
on  n'en  rencontre  plus  que  quelques  colonies  cultivées  autour 
des  cases  par  les  indigènes.  Enfin  dans  la  zone  soudariienne,  il 
a  été  apporté  tout  récemment  par  les  feuropéens  ;  il  ne  se  main- 
tient dans  les  jardins  qu'avec  beaucoup  de  soins. 

Le  Rôle  des  grandes  Compagnies  aux  XVIF  et  XVIIP  siècles 

Si  les  Portugais  firent  beaucoup  d'efforts  pour  accroître  les 
ressources  de  la  Côte  d'Afrique,  il  semble  qu'il  n'en  fut  pas  de 
même  des  Grandes  Compagnies,  qui  monopolisèrent  le  commerce 
sur  la  côte  du  Sénégal  de  1626  à  1758. 

Dès  1728,  l'historiographe  de  la  Compagnie  des  Indes,  le 
R.  P.  Labat  expliquait  combien  étaient  dérisoires  les  quantités 
de  denrées  exportées  de  la  colonie  française,  par  rapport  à  ce 

1.  Teissonnier,  Agric.  prat.  Pa^s  chauds,  t.  I,  p.  157,  1901. 


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HISTORIQUE  DE  L'AGRICULTURE.  5 

que  Fon  eût  pu  tirer  par  l'agriculture.  Expliquant  la  routine  qui 
guide  les  indigènes  en  agriculture,  il  ajoute  :  «  Ce  serait  encore 
un  des  motifs  qui  devraient  engager  la  Compagnie  d'établir  sur 
les  terres  de  sa  concession  (il  s'agit  de  la  concession  du  Sénégal 
appartenant  à  cette  époque  à  la  Compagnie  des  Indes),  des  habi- 
tants blancs.  Elle  pourrait  les  placer  dans  les  endroits  où  le 
tabac,  Vindigo,  le  coton  et  autres  choses  viennent  avec  plus  de 
facilité  et  de  succès  et  les  ayder  à  faire  valoir  ces  terres.  Car  il 
est  seûr  qu'elle  en  retireroit  un  profit  considérable  et  donneroy 
ainsi  de  Temploy  a  bien  des  familles  que  la  misère  fait  beaucoup 
souffrir  en  Europe^  ». 

Après  avoir  exposé  ce  projet,  le  R.  P.  Labat  compare  notre 
manière  de  coloniser  à  celle  des  étrangers  et  cette  comparaison 
a  encore  de  nos  jours  toute  sa  saveur  et  est  malheureusement 
empreinte  d'une  profonde  vérité,  t  C'est  ainsi,  dit-il,  que  les 
Portugais,  les  Hollandais  et  d'autres  Européens  se  sont  établis 
en  bien  des  endroits;  et  plût  à  Dieu  que  nous  qui  avons  fait  une 
inhnité  de  découvertes  et  de  commencements  d'établissements, 
nous  les  eussions  continuez  avec  autant  de  persévérence,  de  fer- 
meté et  de  vigueur  que  nos  voisins  qui  jouissent  paisiblement 
du  fruit  de  nos  travaux  pendant  que  nous  ne  pensons  qu'à  de 
nouveaux  projets,  en  oubliant  aussi  facilement  ceux  que  nous 
avons  faits,  que  si  nous  n'y  eussions  jamais  pensé  ^.  » 

La  Compagnie  des  Indes  n'entendit  point  ces  sages  conseils 
et  elle  continua  à  demander  à  la  traite  des  esclaves,  des  bénéfices 
qui,  pour  être  peu  honnêtes,  n'en  étaient  pas  moins  beaucoup 
plus  sûrs. 

Voyage  d'Adanson  en  Afrique 

Cependant,  vingt  ans  plus  tard,  l'occasion  s'offrit  à  cette  so- 
ciété de  confier  à  un  jeune  naturaliste  qui  devait  acquérir  par 
la  suite  une  renommée  upiverselle,  l'étude  des  productions  natu- 
relles de  cette  partie  de  l'Afrique.  Un  élève  de  Bernard  de 
JussiEU,  Adanson,  s'offrit  pour  aller  étudier  l'histoire  naturelle 
du  Sénégal.  David,  alors  directeur  de  la  Compagnie  des  Indes 

1.  R.  p.  Labat.  Relation,  t.  L  p.  204. 

2.  Labat  {  J.  B.),  loc.  cit.,  II,  p.  205.  —  L'ouvrage  du  P.  Labat,  Souvelle 
relation  de  VAfrique  Occidentale,  contenant  une  description  exacte  du 
Sénégal  et  des  pays  situés  entre  le  Cap-Blanc  et  la  Rivière  de  Slerra- 
Léone,  etc.,  d'après  les  mémoires  d'André  Brtie,  Paris,  1728-1729.  Cet  ouvrage 
en  5  volumes,  qui  est  encore  la  base  de  nos  connaissances  sur  le  Sénégal, 
est  une  source  précieuse  de  renseignements  généralement  exacts,  sur  les 
productions  agricoles  et  forestières  de  TAfrique  Occidentale.  Il  put  être 
entrepris,  gr&ce  à  Tabond-ante  moisson  de  notes  et  de  documents  recueillis 
sur  place  par  A.  BrUe,  qui  fut  gouverneur  de  la  colonie  de  1697  à  1702,  et 
plus  tard  de  1714  à  1720. 


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6  VÉGÉTAUX  UTILES   DE  L'AFRIQUE. 

c  témoigna  beaucoup  de  joie,  nous  dit  Adanson,  d'une  entreprise 
qui  pouvait  être  aussi  avantageuse  à  la  physique  qu'au  com- 
merce de  sa  célèbre  Compagnie  ».  Adanson  s'embarqua  le 
3  mars  1749,  après  avoir  obtenu  «  une  place  dans  les  comptoirs 
de  la  Concession  du  Sénégal  et  son  passage  sur  le  premier  bâti- 
ment qui  partiroit  aussi-tôt  après  la  publication  de  la  paix  b.  Il 
débarqua  le  25  avril  1749  à  l'embouchure  du  Sénégal  et  reçut 
aussitôt  le  meilleur  accueil  de  M.  de  la  Brûe,  directeur  général 
de  la  Compagnie  qui  lui  donna  «  la  liberté  et  les  moyens  de 
s'étendre  dans  le  pays,  de  l'examiner,  d'en  reconnaître  les  pro- 
ductions ». 

Adanson  est  donc  le  devancier  de  tous  ceux  qui  ont  voulu, 
par  la  suite,  entreprendre  l'inventaire  des  productions  de  l'Afrique 
occidentale.  Non  seulement  il  en  posa  le  programme,  mais  il 
le  mit  à  exécution.  Pendant  les  cinq  années  qu'il  resta  en 
Afrique,  il  s'occupa  de  l'étude  de  la  région  avoisinant  «  la  con- 
cession Sénégal  »,  aujourd'hui  Saint-Louis.  Il  fit  en  outre  trois 
voyages  à'Podor,  deux  voyages  à  Corée.  Il  visita  le  Cap  Vert  et 
Ruflsque,  Portudal  sur  la  Petite  Côte,  Albréda  dans  la  Gambie. 
D3  ces  nombreux  voyages,  il  rapporta  à  son  retour  en  France,  à 
la  fin  de  l'année  1753,  une  foule  de  documents  relatifs  à  la  faune, 
à  la  flore,  aux  productions  agricoles  et  forestières. 

En  1757,  il  publia  la  Relation  abrégée  de  son  Yoyage*.  Il  fit 
connaître  une  foule  de  végétaux  intéressants  sur  lesquels  on  ne 
possédait  encore  en  Europe  que  des  connaissances  très  incom- 
plètes :  le  baobab,  le  palmier  à  huile,  le  palmier  rônier,  etc. 
Le  premier  de  tous  les  voyageurs  célèbres,  il  semble  avoir 
compris  l'organisation  sociale  des  Noirs  et  pressenti  l'impor- 
tance qu'auront  un  jour  ces  contrées  pour  le  commerce  de 
la  France.  Il  révéla,  dans  un  mémoire  resté  classique,  présenté 
à  l'Académie  des  Sciences  en  1784,  l'origine  de  la  gomme  ara- 
bique du  Sénégal,  qui  constituait  alors  avec  le  trafic  des  esclaves 
la  base  du  commerce  de  la  Côte  Occidentale.  Enfin,  nous  devons 
ajouter  que  c'est  au  cours  de  l'une  de  ses  excursions  dans  la 
presqu'île  du  Cap-Vert  qu'il  découvrit,  en  1750,  dans  la  forêt  de 
Krampsane,  la  liane  Toll  (Landolphia  Heudelotii),  qui  devait  deve- 
nir si  célèbre  plus  tard.  Il  est  vrai  qu'il  ne  soupçonna  pas  que 
cette  plante  fournirait  un  jour  pour  plus  de  20  millions  de  francs 
de  caoutchouc  par  an  et  ferait  la  richesse  de  contrées  jusqu'à 
nos  jours  improductives. 

Enthousiaste  des  contrées  qu'il  était  le  premier  à  étudier,  et 

1.  Adanson,  Histoire  naturelle  du  Sénégal,  Coquillages.  Avec  la  Relation 
abrépée  d'un  voyage  fait  en  ce  pays  pendant  les  années  1749  1750,  1751,  1752 
et  1753  (Paris,  C.-J.-B.  Bauche,  1757). 


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HISTORIQUE  DE  L  AGRICULTURE.  7 

peut-être  aussi  convaincu  qu'il  faut  présenter  les  pays  sur  les- 
quels on  veut  retenir  Tattention  du  public  sous  un  jour  plus 
riant  qu'ils  ne  sont  réellement,  Adai^sgn  a  été  accusé  d'avoir 
exagéré  la  fertilité  des  terres  du  Sénégal.  La  postérité  a  tenu 
grand  compte  de  ses  travaux  scientifiques,  cependant  elle  ne 
saurait  l'excuser  complètement  du  tableau  si  enchanteur  qu'il  a 
fait  de  ces  contrées. 

C'est  ainsi  qu'à  propos  de  Podor,  sur  le  moyen  Sénégal,  il 
s'exprime  en  ces  termes  :  «  Le  terrain  gras  et  argileux  de  ce 
pays  favorise  beaucoup  les  travaux  du  jardinage.  Aussi  les 
Français  cultivent-ils  avec  un  grand  avantage  plusieurs  variétés 
d'oranges,  de  citrons,  de  limons;  la  figue,  la  grenade,  la  goyave 
et  beaucoup  d'autres  fruits  excellents,  comme  Vananas,  la 
papaye  et  le  pignon,  espèce  de  cachiment  qui  peut  passer  pour 
un  des  meilleurs  fruits  des  paysi  chauds.  Tous  les  légumes  d'Eu- 
rope y  réussissent  en  profusion.  »  Il  est  certain  que  ce  tableau 
est  très  exagéré.  On  ne  rencontre  phis  en  ce  point,  l'un  des  plus 
chauds  du  globe,  que  quelques  arbres»  fruitiers  vivant  avec  peine, 
et  si  l'oranger,  la  figue,  la  grenade  et  le  cachiment  s'y  rencon- 
traient réellement  du  temps  d'ÂDANSON,  ils  ne  devaient  vivre 
qu'à  force  de  soins  et  y  être  très  peu  productifs.  De  même  le 
tableau  fait  par  Adanson  de  «  l'isle  du  Sénégal  »,  aujourd'hui 
Saint-Louis,  est  trop  flatté  pour  être  d'une  exactitude  rigoureuse. 
«  Les  sables  de  cette  isle,  dit-il,  sont  aujourd'hui  des  jardins 
d'un  grand  rapport.  Indépendamment  des  légumes  et  des  fruits  du 
pays  tels  que  Voseille  de  Guinée,  la  hatate,  Vananas,  Vorange,  la 
goyave  et  quelques  autres,  on  y  cultive  pendant  l'hiver  la  plupart 
des  herbages  et  des  légumes  de  l'Europe.  Le  figuier,  le  grenadier 
et  la  vigne  se  chargent  tous  les  ans  d'excellents  fruits.  Avec  un 
peu  de  travail  et  de  soins,  il  n'y  a  guère  de  fruits  ni  de  graines 
qu'on  n'y  recueillit  en  très  grande  abondance,  on  en  retireroit 
tout  ce  qu'on  voudroit  et  généralement  tout  ce  qui  est  nécessaire 
à  la  vie.  Enfin  le  terrain  de  l'isle  du  Sénégal,  tout  sablonneux 
qu'il  est,  produit  avec  tant  de  facilité,  que  beaucoup  de  plantes 
portent  plusieurs  fois  Tannée.  C'est  ce  que  j'ai  éprouvé  par  moi- 
même  dans  un  jardin  que  je  destinois  à  ces  expériences  et  chose 
qui  paraîtra  sans  doute  surprenante,  c'est  que  j'ai  semé  tels  et 
tels  légumes  dont  j'ai  fait  plus  de  douze  récoltes  dans  la  même 
année  ^.  » 

Il  est  indispensable  de  faire  la  part  de  l'exagération  dans 
cette  énumération,  mais  d'autre  part,  connaissant  l'esprit  scien- 
tifique qui  a  présidé  à  la  rédaction  des  notes  d' Adanson,  il  n'en 

1   Adanson,  lac.  cit.,  p.  48. 


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8  VÉGÉTAUX   UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

reste  pas  moins  très  probable  qu'il  existait  déjà  au  Sénégal,  il 
y  a  un  siècle  et  demi,  des  jardins  européens  très  prospères  et  les 
quelques  rares  jardins  à  la  française  qu'on  observe  aujourd'hui 
à  Sor,  près  Saint-Louis,  sont  loin  sans  doute  d'être  aussi  soigneu- 
sement entretenus  et  aussi  abondamment  pourvus  en  légumes 
et  arbres  fruitiers  que  ceux  qui  existaient  à  l'époque  d'ADANSON. 
Cela  ne  doit  point  nous  surprendre.  L'histoire  de  l'agriculture 
tropicale  nous  montre  que  de  très  grands  efforts  suivis  sont  indis- 
pensables,, pour  maintenir  prospère  en  un  pays  telle  culture  qui 
paraissait  acquise  à  ce  pays  pour  une  longue  période  d'années. 
La  décadence  de  nos  Antilles  est  un  exemple  frappant  de  la 
rapidité  avec  laquelle  s'anéantissent,  faute  de  soins,  les  plan- 
tations en  apparence  les  plus  durables. 

A  la  suite  de  son  voyage  au  Sénégal,  Adanson  a  acquis  un 
autre  titre  à  la  reconnaissance  des  coloniaux,  qui  l'absout,  si 
c'était  nécessaire,  du  bluff  auquel  il  s'est  laissé  aller. 

Il  est  le  premier  savant,  qui,  dès  le  xviii**  siècle,  ait  songé  à 
organiser  dans  nos  colonies  un  jardin  tropical,  pour  transporter 
d'une  contrée  à  l'autre,  les  végétaux  les  plus  utiles  à  Thoitime 
ou  les  plus  propres  à  développer  le  commerce  avec  la'  métropole. 
M.  Henri  Proideveaux,  secrétaire  de  l'Office  colonial  à  la 
Faculté  des  Lettres  de  Paris,  a  publié  en  1900  une  très  intéres- 
sante notice  consacrée  à  des  documents  inédits  sur  le  Sénégal 
datant  de  1763,  retrouvés  dans  les  archives  du  Ministère  des 
Colonies  et  dans  les  archives  de  la  Bibliothèque  nationale  ^  Ces 
documents  ne  laissent  aucun  doute  sur  le  rôle  éminent  qu'eût 
pu  jouer  le  grand  naturaliste.  Dans  son  manuscrit,  Adanson 
expose  entre  autres  choses  au  duc  de  Choiseul,  ministre  de  la 
•  Guerre  et  de  la  Marine  t  les  avantajes  qu'on  pourait  tirer  de 
cete  île  (Corée)  pour  la  nouvele  Kolonie  de  Kaiene  en  i  trans- 
plantant la  culture  de  beaucoup  de  plantes  utiles,  tant  pour  le 
comerse  que  pour  la  subsistance  des  habitans,  et  en  i  faisant 
passer  nombre  d'animaux  également  nécesseres  » .  Dans  une  autre 
partie  de  son  manuscrit,  Adanson  propose  au  Ministre  la  créa- 
tion à  Corée  d'une  pépinière  pour  transporter  à  Cayenne  diverses 
plantes  utiles,  notamment  l'arbre  donnant  la  gomme  arabique, 
€  une  nouvele  espèce  d'indigo  très  diférant  de  celui  d'Amé- 
rique »;  la  vigne  des  Canaries,  une  nouvelle  espèce  de  c  tabak 
en  arbre  de  8  à  10  pié  de  haut,  dont  la  tige  se  coupe  plusieurs 
fois  et  vit  deux  à  trois  ans  »,  enfin  un  grand  nombre  d'autres 
plantes  utiles  «  qu'on  peut  tirer  du  Sénégal  pour  Kaiene  »  et 
dont  il  donne  le  catalogue  détaillé.  Plus  loin  encore,  Adanson 

1.  Froidevaux  (Henry).  Les  mémoires  inédits  d'Adanson,  Bull,  de  gâogr. 
historique  et  descriptive,  N*  1,  1899,  p.  76. 


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HISTORIQUE  DE   L'AGRICULTURE.  9 

développe  les  avantages  que  le  gouvernement  retirerait  d'un 
voyage  qu'il  propose  d'accomplir  au  Sénégal,  devenu  à  cette 
époque  colonie  anglaise  (à  l'exception  de  Gorée).  Grâce  à  ce 
voyage,  la  colonie  de  la  Guyane  s'enrichirait  de  quantité  de 
produits  agricoles  nouveaux  t  tels  que  la  gomme,  l'indigo  et 
le  tabac  du  Sénégal,  la  vigne  des  Canaries,  etc.,  objets  auxquels 
un  autre  voyage  secret  ou  caché  de  même  sous  le  voile  des 
recherches  d'histoire  naturelle  et  de  simple  curiosité  dans  les 
Indes,  nommément  aux  isles  de  France,  à  Madagascar  et  Scé- 
lan,  aux  isles  Moluques  et  aux  Philippines  pourroit  ajouter  la 
cannelle  fine,  la  muscade  et  le  giroffle,  dont  le  commerce  a  resté 
jusqu'icy  aux  Hollandois,  exclusivement  à  toutes  les  autres 
nations.  Le  thé  pourroit  peut-être  encore  prendre  place  dans  ces 
nouvelles  acquisitions  en  poussant  le  voyage  jusqu'à  Macao  en 
Chine  »  (Fol.  29  v**  du  manus.  original). 

Avant  la  publication  de  ces  fragments  de  manuscrits,  Adanson 
était  déjà  réputé  naturaliste  de  gi'ande  valeur,  aUx  vues  extrême- 
ment  originales^  Un  petit  nombre  d'initiés  savaient  aussi  qu'il 
avait  été  au  Sénégal  un  voyageur  émérite  et  un  observateur  très 
fin.  Les  rapports  à  l'Académie  des  Sciences  et  sa  relation  con- 
tiennent en  effet  d'excellentes  observations  sur  la  géographie 
physique,  sur  la  faune  et  surtout  sur  la  flore  du  Sénégal  et  ils 
présentent  le  même  intérêt  que  s'ils  étaient  écrits  d'hier. 

La  découverte  des  manuscrits  où  sont  empruntées  les  cita- 
tions cirdessus  a  prouvé  qu'ADANSON  fut  aussi,  en  'colonisation 
agricole,  un  précurseur  de  grand  talent.  On  sait  qu'il  ne  put 
effectuer  les  voyages  qu'il  proposait  d'accomplir  au  Sénégal  et 
aux  Indes  «  pour  rassembler  à  Kaiene  les  richesses  dispersées 
çà  et  là  dans  les  diverses  colonies  de  l'Afrike  et  de  l'Amerike  », 
mais  il  n'est  pas  douteux  que  ses  mémoires  eurent  sur  les 
hommes  de  son  temps  qui  touchaient  aux  questions  coloniales, 
notamment  sur  le  chevalier  de  Turgot,  la  plus  heureuse  in- 
fluence. C'est  très  probablement  à  l'instigation  du  projet  d'AoAN- 
SON  que  furent  fondés  les  premiers  jardins  botaniques  tropicaux 
à  la  Réunion  et  à  la  Martinique. 

En  envoyant  plus  tard,  à  travers  tous  les  pays  chauds  alors 
accessibles,  des  naturalistes  et  des  jardiniers,  pour  y  répandre 
des  cultures  nouvelles  et  introduire  au  Muséum  des  richesses 
végétales  encore  inconnues,  le  savant  Bosc  ne  fit  que  mettre  à 
exécution  le  programme  tracé  par  Adanson  dès  1763. 

L'Afrique  tropicale  ne  fut,  à  cette  époque,  l'objet  d'aucune 
autre  grande  tentative  française  pour  développer  des  cultures 
coloniales  nouvelles.  La  France  n'y  avait  d'ailleurs  aucune  pos- 
session, le  Sénégal  ne  lui  ayant  été  restitué  qu'en  1814. 


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10  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

Essais  de  colonisation  agricole  en  Guinée 
a  la  fin  du  XVIII'  siècle 

Poussés  par  des  idées  philanthropiques,  ayant  pour  but  de 
remplacer  la  traite  des  esclaves  par  le  travail  librement  consenti, 
quelques  généreux  philosophes  étrangers  entreprirent,  à  la  fin 
du  xviii*  siècle,  la  création  de  colonies  agricoles  sur  la  côte 
d'AfriquQ.  Le  plus  actif  de  tous  fut  le  Suédois  Wadstrom.  Pen- 
dant un  premier  séjour  à  la  Côte  Occidentale  d'Afrique^  en  1788, 
cet  ingénieur  fut  frappé  t  de  la  constance  et  de  Tadresse  des 
nègres  à  filer  et  à  préparer  le  coton,  quoique  avec  les  machines 
les  plus  imparfaites.  A  son  retour,  il  voulut  travailler  dans  une 
manufacture  de  coton  à  Manchester,  afin  de  s'y  instruire  assez 
pour  être  en  état  de  montrer  ensuite  aux  Africains  les  princi- 
paux éléments  de  Tart  de  la  filature  *  ».  Il  publia  en  1794  un 
Essai  de  Colonisation.  On  dit  que  Bonaparte,  partant  pour  son 
expédition  d'Egypte,  voulut  avoir  un  exemplaire  de  cet  ouvrage. 
Wadstrom  ne  s'occupa  pas  seulement  de  la  question  du  coton, 
mais  il  rassembla  un  grand  nombre  de  documents  sur  le  travail 
des  indigènes,  les  cultures,  etc. 

La  mort  le  surprit  en  1799  et  l'empêcha  de  réaliser  son  pro- 
jet, mais  les  idées  qu'il  avait  semées  eurent  d'heureux  résultats 
pour  la  civilisation.  Après  son  retour  d'Afrique,  il  s'était  rendu 
à  Londres  avec  son  compagnon  de  voyage,  le  naturaliste  Sparr- 
MAN,  au  moment  où  l'on  commençait  à  s'occuper  dans  le  Parle- 
ment de  la  question  relative  à  l'abolition  de  la  traite,  t  Ils  furent 
mandés  devant  le  Conseil  privé  et  interrogés  à  plusieurs  reprises. 
Wadstrom,  qui  avait  obtenu  la  permission  de  rester  en  Angle- 
terre pendant  cette  importante  discussion,  produisit,  à  l'appui 
de  ses  déclarations,  le  journal  de  ses  opérations  en  Afrique.  Ses 
observations  parurent  à  la  fois  curieuses,  utiles  et  intéressantes, 
elles  furent  souvent  citées  dans  les  débats  du  Parlement.  Ses 
opinions  sur  l'abolition  de  la  traite  et  la  formation  des  colonies 
firent  naître  les  établissements  de  Sierra-Leoni  et  de  Boulema  ^.  » 

La  colonie  anglaise  de  Sierra-Léone  fut  en  effet,  à  l'origine,  un 
établissement  agricole  destiné  à  procurer  du  travail  à  quelques 
centaines  de  nègres  rapatriés  après  la  guerre  d'Amérique  de  1783 
ainsi  qu'à  60  colons  anglais  expédiés  à  la  côte  d'Afrique  en  1787. 
A  la  tête  de  cette  entreprise  se  trouvaient  deux  philanthropes, 
JoNAS  Hanway  et  Granville  Sharp,  ainsi  qu'un  botaniste  qui 
avait  séjourné  précédemment  à  Sierra-Léone,  le  D'  Smeathman. 

1.  Découvertes  en  Afrique,  1809,  t.  I,  p.  190. 

2.  Loc.  cit.,  p.  188. 


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HISTORIQUE  DE  L'AGRICULTURE.  11 

Ce  dernier  fut  chargé  de  diriger  rétablissement,  mais  il  mourut 
en  1788,  peu  de  temps  après  son  arrivée  sous  les  tropiques.  Dès 
lors  l'entreprise  périclita  et  malgré  des  sommes  énormes  obtenues 
par  la  propagande  habile  de  Wadstrom,  les  tentatives  de  cul- 
ture destinées  à  établir  un  courant  commercial  avec  l'Angle- 
terre :  culture  de  la  canne  à  sucre,  du  café,  du  riz,  eurent  des 
débuts  difficiles.  De  1808  à  1812,  les  dépenses  annuelles  de  la 
colonie  étaient  déjà  de  1.300.000  francs  environ.  La  c  Société  des 
Amis  »,  constituée  par  les  principaux  colons  établis  à  Sierra- 
Léone  à  cette  époque,  fit  passer  en  Angleterre  pendant  les  années 
1810  et  1811  une  certaine  quantité  de  m,  d'ivoire,  d'huile  de 
palme,  de  coton  et  de  café.  Les  exportations  de  ces  produits 
allèrent  ensuite  en  s'accroissant  d'année  en  année.  Puis  les  cul- 
tures vivrières  indigènes,  celles  du  sorgho,  du  manioc,  des  bana- 
niers prirent  de  plus  en  plus  d'extension.  Il  en  fut  de  même 
de  l'exploitation  des  produits  forestiers  végétaux  :  noix  de  palmes 
et  gomme  copal.  C'est  de  ce  point  que  rayonna  peu  à  peu  tout 
le  long  de  la  côte  du  golfe  de  Guinée  la  mise  en  exploitation  de 
ces  produits  africains.  Il  semble  très  probable  que  c'est  aussi 
dans  la  colonie  de  Sierra-Léone,  en  même  temps  qu'à  la  côte 
du  Gabon,  qu'a  pris  naissance,  vers  le  milieu  du  xix*  siècle,  l'ex- 
ploitation des  lianes  à  caoutchouc  qui  constituent  aujourd'hui 
la  principale  source  de  richesse  de  l'Afrique  tropicale. 

A  l'époque  où  les  Anglais  fondaient  Sierra-Léone,  les  Danois 
créaient  d'autres  établissements  agricoles  le  long  du  golfe  de 
Guinée,  dans  la  région  où  se  trouve  aujourd'hui  notre  colonie  du 
Dahomey.  Ce  fut  un  autre  botaniste,  le  D'  Paul  Erdmann  Isert 
qui,  de  1783  à  1786,  se  consacra  à  cette  tâche.  Sa  première  station 
fut  installée  au  fort  de  Christiansburg,  à  l'embouchure  de  la 
Volta  ;  il  se  rendit  ensuite  au  royaume  de  Dahomey,  à  Popo  ;  en 
dernier  lieu  il  se  rapprocha  d'Accra  et  établit  une  autre  station 
à  Aquapim.  Nous  ignorons  les  fluctuations  par  lesquelles  pas- 
^rent  ces  colonies  agricoles,  après  sa  mort  ;  ce  qui  est  certain, 
c'est  qu'elles  sombrèrent.  «  Les  colons  cultivèrent  avec  le  plus 
grand  soin,  dit-on  i,  le  mais,  le  mil  et  le  coton;  et  le  gouverne- 
ment danois  y  envoya  un  fermier  intelligent  pour  y  introduire 
l'usage  de  la  charrue.  » 

II  n'est  pas  douteux  qu'aucun  produit  agricole  n'en  ait  jamais 
été  exporté  et  que  la  traite  des  esclaves  ait  constitué  la  principale 
ressource  du  commerce. 

C'est  aussi  à  ces  établissements  danois  et  vers  la  même  époque 
que    séjourna    pendant    trois    années    le    botaniste    Thonning, 

1.  Découvertes  en  Afrioue.  t.  I,  p.  196. 


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12  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

conseiller  d'Etat  en  Danemark.  Thonning  rapporta  de  ces  con- 
trées un  herbier  et  des  notes  qui  ont  permis  à  Schumacher  de 
publier  en  1827  une  importante  Flore  de  la  Guinée, 

C'est  encore  dans  ces  mômes  contrées  que  se  rendit  le  natu- 
raliste français  Palisot  de  Beauvois,  de  1786  à  1788,  accom- 
pagnant le  capitaine  Landolphe  qui  allait  faire  des  opérations 
de  traite  sur  la  côte  des  royaumes  d'Oware  et  de  Bénin.  Il  y  fit 
surtout  de  la  botanique,  recueillant  les  éléments  de  sa  belle 
Flore  d'Oware  et  de  Bénin.  On  lui  doit  cependant  les  premiers 
renseignements  précis  sur  la  noix  de  Cola  et  sur  le  commerce 
indigène  auquel  elle  donne  lieu. 

Résultats  néfastes  de  la  traite  des  esclaves 

Pendant  les  deux  siècles,  durant  lesquels  le  Sénégal  est 
exploité  par  de  grandes  compagnies  à  monopole,  il  ne  semble 
pas  qu'une  seule  entreprise  agricole  sérieuse  ait  été  tentée  par 
ces  compagnies.  La  traite  des  esclaves,  de  l'or,  de  l'ivoire  et  de 
la  gomme  suffisait  à  alimenter  leur  commerce.  Par  suite  d'une 
choquante  aberration,  l'Afrique  se  vidait  peu  à  peu  de  sa  main- 
d'œuvre  et  malgré  le  déchet  énorme  qui  survenait  pendant  le 
transport  des  captifs  d'un  continent  à  l'autre,  l'Amérique  déve- 
loppait ses  productions  agricoles  à  l'aide  des  travailleurs  nègres 
enlevés  ainsi  à  l'Afrique.  Au  xviii*  siècle,  grâce  à  cette  main- 
d'œuvre,  l'exploitation  de  la  canne  à  sucre,  des  épiées  et  des 
graines  est  en  pleine  prospérité  dans  l'Amérique  du  Sud  et  les 
Antilles.  De  même,  dans  les  plantations  des  contrées  les  plus 
méridionales  de  l'Amérique  du  Nord,  la  culture  du  coton  prend 
naissance  dès  cette  même  époque  et  est  pratiquée  aussi  presque 
exclusivement  par  des  nègres. 

En  un  mot,  les  grandes  cultures  qui  font  encore  aujourd'hui 
la  richesse  de  l'Amérique  (coton,  caféier,  canne  à  sucre),  ont 
pris  naissance  sur  le  Nouveau-Monde  à  l'aide  de  la  main-d'œuvre 
africaine.  Elles  y  subsistent  encore  de  nos  jours,  grâce  à  cette 
main-d'œuvre  importée.  Si  l'Afrique  avait  conservé  tous  ces  tra- 
vailleurs et  les  avait  employés  sur  place  à  ces  mêmes  cultures 
qui  ont  fieuri  en  Amérique,  l'Afrique  Noire  serait  aujourd'hui  la 
plus  prospère  de  toutes  les  contrées  tropicales  du  globe. 

Tentative  de  colonisation  agricole  au  Sénégal, 
au  commencement  du  XIX^"  siècle 

Ces  pensées  généreuses  furent  proclamées  dans  notre  pays 
au  lendemain  de  la  Révolution  française  et  après  la  chute  de 


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HISTORIQUE   DE   L'AGRICULTURE.  13 

TEmpire.  Ce  ne  furent  pas  toutefois  exclusivement  des  considé- 
rations humanitaires,  qui  poussèrent  le  gouvernement  de  la  Res- 
tauration à  tenter  de  faire  produire  au  Sénégal  les  diverses  den- 
rées coloniales  que  nous  avaient  fournies  les  Indes  orientales  et 
occidentales. 

La  France  avait  vu  sombrer  après  la  guerre  de  Sept-Ans  son 
premier  grand  empire  colonial  ;  son  trafic  en  produits  exotiques 
était  presque  mort.  Elle  espérait  que  par  l'agriculture,  on  arri- 
verait à  produire  dans  la  seule  colonie  un  peu  étendue  qui  nous 
restait,  c'est-à-dire  au  Sénégal,  toutes  les  denrées  coloniales  dont 
nous  avions  besoin,  denrées  que  nous  allions  précédemment 
chercher  dans  les  contrées  tropicales  les  plus  diverses.  On  eut  le 
tort  de  croire  —  et  Adanson  aussi  l'avait  cru,  40  ans  plus  tôt,  — 
que  toutes  les  cultures  tropicales  peuvent  réussir  dans  n'importe 
quel  pays  tropical  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  tenir  compte  des 
différences  climatériques  parfois  très  grandes.  Ce  fut  une  erreur 
capitale,  très  dispendieuse,  mais  ce  fut  une  erreur  utile. 

Elle  permit  en  effet  d'arriver  à  une  appréciation  plus  saine  des 
conditions  du  travail  en  Afrique  occidentale.  Cet  échec  était  non 
seulement  la  condamnation  à  tout  jamais  de  la  culture  de  cer- 
taines plantes  dont  la  plantation  au  Sénégal  n'a  plus  été  tentée 
par  la  suite  ;  c'était  aussi  la  condamnation  d'un  système  de  cul- 
ture qui  nécessitait  l'emploi  d'une  main-d'œuvre  esclave  ou 
presque  identique  à  l'esclavage.  Cet  échec  laissait  au  contraire 
le  champ  libre  à  la  production  agricole  par  le  travail  indigène 
librement  consenti.  Ce  fut  l'avènement  de  la  culture  en  grand 
des  arachides  î 

Mais  les  essais  qui  furent  faits  sont  trop  féconds  en  ensei- 
gnements pour  que  nous  ne  les  examinions  pas  en  détail. 

La  période  des  plantations  sénégalaises  dont  nous  voulons 
parler  commença  en  1816.  Elle  dura  15  années  environ,  et  ce 
court  laps  de  temps  suffit  pour  engloutir  des  capitaux  assez  consi- 
dérables. 

La  première  région  envisagée  pour  l'établissement  de  grandes 
plantations  fut  la  presqu'île  du  Cap-Vert,  à  proximité  de  la  ville 
de  Dakar  qui  n'existait  pas  encore. 

Une  Société  coloniale  philanthropique  de  la  Sénégambie 
s'était  constituée  en  vue  de  mettre  cette  région  en  plantations. 
Elle  comptait  dans  sa  commission  d'administration  les  plus  hautes 
personnalités  de  l'époque  :  Bosc,  Sévigny,  de  Nozarieux, 
DE  .Brichambeau,  Scellier,  Landolphe,  Servois,  de  Nodier. 
Elle  se  proposait,  entre  autres  choses,  de  cultiver  des  fruits  tropi- 
ceux  pour  en  faire  l'importation  en  France.  On  voit  que  l'idée 
d'importer   en   Europe   des   fruits   frais   de   la   côte   occidentale 


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14  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

d'Afrique  ne  date  pas  d'hier.  Nous  avons  sous  les  yeux  un  volu- 
mineux mémoire  rédigé  par  Bpsc  et  Sévigny  i,  afin  de  présenter 
au  Conseil  d'État  les  doléances  de  la  Société,  le  gouvernement 
ayant  refusé,  en  1816,  de  lui  prêter  Taide  qui  avait  été  promise.  Ce 
curieux  factum  est  plein  d'utopies,  d'appréciations  erronées  sur 
les  possibilités  agricoles  du  pays.  Voici  d'abord  la  liste  des 
plantes  que  cultivera  la  société  et  dont  les  fruits,  dit  le  mémoire, 
enrichiront  la  colonie  :  Bananier,  goyavier,  papayer,  carambo- 
lier,  jacquier,  litchi,  longanne,  bibassier,  citronnier,  corosolier, 
cocotier,  cacaoyer,  avocatier,  sapotillier,  cayémetier,  frangipa- 
nier,  mangoustan,  vanille! 

Les  auteurs  ajoutent  qu'il  ne  leur  semble  pas  possible  que 
la  culture  de  la  canne  à  sucre  puisse  réussir,  mais  t  le  pays  est 
très  certainement  convenable  à  la  culture  du  café,  du  coton, 
de  l'indigo,  de  la  cannelle,  de  la  muscade,  du  girofle,  du  poivre 
et  des  autres  épices  ». 

Ils  pensaient  que  la  culture  du  gommier  «  qui  réussit  dans 
les  plus  mauvais  terrains  enrichirait  le  commerce  et  donnerait 
les  meilleurs  résultats  tant  pour  la  qualité  que  pour  la  quantité 
et  la  régularité  des  produits  b. 

Nous  ignorons  la  suite  qui  fut  donnée  à  cette  requête,  mais 
si  jamais  la  culture  de  plantes  équatoriales  telles  que  le  café, 
la  vanille,  le  cacaoyer,  la  cannelle,  la  muscade,  le  girofle,  etc., 
fut  tentée,  au  Cap-Vert,  elle  dut  conduire  à  de  rudes  désillusions  ! 

Mais  ce  fut  principalement  dans  le  Ouallo  et  toute  la  région 
du  Bas-Sénégal  que  le  Gouvernement  local  et  une  quinzaine  de 
sociétés  plus  ou  moins  importantes  portèrent  leurs  entreprises. 
Aucun  efîort  ne  fut  épargné  pour  arriver  au  but  que  Ion  se  pro- 
posait d'atteindre. 

Dès  1816,  le  Gouvernement  avait  fondé  le  Jardin  royal  de 
Richard-Toll  qui  devait  être,  à  cette  époque,  une  sorte  de  plan- 
tation modèle  destinée  à  fournir  des  renseignements  aux  colons 
et  à  leur  procurer  des  graines  et  des  jeunes  plantes  pour  la  mul- 
tiplication. €  Il  est  créé,  dit  une  ordonnance  du  Ministre  de 
la  Maison  du  roi,  en  vue  d'encourager  les  cultures  et  non  dans 
un  intérêt  privé.  » 

Le  8  mai  1819,  un  traité,  passé  avec  le  roi  et  les  prin- 
cipaux chefs  du  Oualo  moyennant  des  coutumes  annuelles, 
avait  cédé  à  la  France  en  toute  propriété  les  îles  et  terres 
du  Oualo  que  l'on  voulait  cultiver.  Pour  protéger  cette  région, 
on  installe  en  1820  et  1821  les  forts  de  Richard-Toll  et  de  Dagana 
dans  le  Oualo,  sur  la  rive  gauche  du  Sénégal. 

1.  Bosc  et  SÉVIGNY,  Mémoire  au  Conseil  (VËtnt  ponr  la  Société  coloniale 
philanthropique  de  la  Sénégambie,  Paris^  in-S",  64  p.  1817. 


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HISTORIQUE  DE  L'AGRICULTURE.  15 

Des  praticiens  de  très  grand  mérite  :  Claude  Richard^ 
(1816-1820),  Perrottet  (1820-1826),  Heudelot  (1824-1828),  occu- 
pèrent successivement  la  direction  de  cet  établissement  avec  le 
titre  de  botanistes-jardiniers  du  Gouvernement.  Plusieurs  socié- 
tés envoyèrent  aussi  dans  leurs  concessions  des  planteurs  expé- 
rimentés. La  colonie  leur  délivra  gratuitement  des  instruments 
aratoires,  et  pour  la  commodité  de  protection  des  plantations, 
la  banlieue  de  Saint-Louis  fut  divisée  en  quatre  cantons  agri- 
coles :  ceux  de  Dagona,  Richard-Toll,  Paf  et  Lampsar.  Le  gouver- 
nement recommanda  spécialement  la  culture  du  coton  et  de  Tin- 
digo,  mais  les  instructions  ajoutent  t  qu'on  cultivera  aussi  en 
grand  le  café,  la  canne  à  sucre  et  les  autres  végétaux  précieux 
des  deux  Indes  ». 

Enfin  le  Gouvernement  du  Sénégal  ne  se  contenta  psis  de  dis- 
tribuer aux  planteurs  des  conseils  et  des  graines. 

Le  16  mai  1822,  le  baron  Roger,  au  nom  du  roi,  accorde  des 
primes  pour  les  plantations  de  cotonniers  et  d'indigo,  et  quatre 
années  plus  tard,  la  culture  du  caféier,  du  ricin,  du  rocou  et  de 

1.  Nous  devons  à  M.  Th.  Fleury,  ingénieur  de  l'importante  huilerie  de 
MM.  Maurel  frères,  à  Bacadan,  près  Bordeaux,  et  petit-neveu  de  Claude 
Richard,  commimication  de  la  photographie  (datant  de  1865)  reproduite 
en  tète  de  cet  ouvrage.  C'est  aussi  à  Tobligeance  de  M.  Fleury  que  nous 
devons  les  précieux  renseignements  bibliographiques  suivants. 

«  Claude  Richard  était  né  à  Dampierre  (Doubs)  en  1783.  Sous  la  Révo- 
lution. U  p^dit  sa  famiUe  et  ses  biens  et  dut,  tout  jeune,  se  réfugier  en 
Suisse  où  11  fut  élevé  par  un  pasteur  protestant  qui  lui  enseigna  le  latin 
et  la  botanique.  Il  passa  une  partie  de  sa  jeunesse  à  Genève,  puis  dans 
le  Valîds. 

C'est  à  Genève  qu'il  connut  la  famille  De  Candolle.  Il  conserva  avec 
Pyramus  de  Candolle,  puis  avec  son  fils  Alphonse  de  Candolle,  des 
relations  suivies  jusqu'à  sa  mort. 

De  Suisse,  Claude  Richard  passa  en  Italie.  Napoléon  I*  le  chargea  de 
l'organisation  des  jardins  du  Corso,  à  Rome,  puis  plus  tard  de  celle  des 
jardins  de  Fontainebleau.  Il  le  fit  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  en  1808, 
à  rage  de  vingt-cinq  ans. 

En  1816,  Claude  Richard  fut  envoyé  en  mission  au  Sénégal  par  le 
Gouvernement.  Il  partit  en  qualité  d'agriculteur-botaniste^  pour  faire  des 
essais  de  culture  sur  les  bords  de  la  Taouey  et  pour  étudier  la  flore  du 
Sénégal.  Son  herbier  fut  adressé,  je  crois,  à  de  Candolle  et  à  Gay.  Son 
ami  Perrottet,  qui  vint  au  Sénégal  en  1824.  c'est-à-dire  quatre  ans  après 
son  départ  de  la  Colonie,  profita  d'une  partie  de  ses  collections. 

Perrottet  qui  devint  par  la  suite  directeur  du  Jardin  botanique  de 
Pondichéry,  resta  en  relations  avec  Richard  jusqu'à  sa  mort. 

Claude  Richard  rentra  en  France  en  1821.  mais  îl  y  resta  peu  de  temps, 
le  Gouvernement  l'envoya  en  Guyane  où  il  séjourna  quelques  années. 

C'est  de  là  qu'il  fit  des  recherches  sur  les  palmiers,  recherches  qui 
aboutirent  à  un  remarquable  travail,  récompensé  plus  tard  par  la  Société 
scientifique  de  Calcutta  qui  lui  décerna  sa  grande  médaille  d'or. 

«  Autant  que  je  puis  me  le  rappeler,  dit  M.  Fleury,  mon  oncle  Claude 
fit  ce  travail  sur  les  palmiers,  en  collaboration  avec  son  cousin  Achille 
Richard,  le  naturaliste,  professeur  à  l'Ecole  de  médecine  de  Paris. 

«  En  1829,  Claude  Richard  est  envoyé  à  Saint-Denis  (Réunion)  en  qualité 


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16  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

la  cochenille  bénéficient  aussi  d'encouragements  analogues.  Les 
droits  de  sortie  grevant  ces  produits  sont  en  outre  réduits  au 
minimum. 

Dès  1825,  on  recensait  sur  les  établissements  particuliers 
3.449.000  pieds  de  cotonniers,  ce  qui  au  Sénégal  ne  représente 
d'ailleurs  qu'une  production  annuelle  de  50  à  70  tonnes  de  coton 
égrené.  La  quantité  exportée  n'atteignit  d'ailleurs  que  14  tonnes 
cette  même  année  et  ce  chiffre  alla  ensuite  en  décroissant.  L'ad- 
ministration s'aperçut  bientôt  que  les  colons,  en  vue  de  toucher 
une  prime  plus  élevée,  pratiquaient  une  fraude  éhontée. 

Faidherbe,  qui  a  fait  dépouiller  les  archives  de  l'époque,  rap- 
porte €  qu'on  fichait  en  terre  pendant  la  nuit  qui  précédait  les  inspec- 
tions, des  branches  de  cotonniers  que  les  trop  confiants  inspec- 
teurs comptaient  pour  des  arbustes  vivants  ».  C'était  donc  la 
prime  ou  même  la  fraude  qui  faisait  vivre  le  colon  et  non  le 
rendement  de  la  plantation.  Du  reste,  un  pied  de  cotonnier  ne 
produisant  en  moyenne  (au  Sénégal)  que  20  grammes  de  soie 
nette,  le  kilog.  de  coton  était  payé  en  prime  plus  de  2  francs  au 
producteur  qui  recevait  10.000  francs  pour  une  plantation  de 
200.000  cotonniers. 

Des  primes  furent  aussi  accordées  «  pour  encourager  la  cul- 

de  directeur  du  Jardin  botanique,  qu'on  appelait  encore  jusque  dans  ces 
derniers  temps»  Jardin  du  Roi.  Pendant  les  trente-six  années  passées  dans 
ce  jardin,  il  introduisit  dans  la  Colonie  3  000  espèces  de  plantes,  la  plupart 
très  utUes. 

«  Ses  travaux  sur  les  Orchidées,  les  Cryptogames  et  les  Fougères,  faits 
avec  la  coUaboration  de  son  gendre,  le  docteur  Bernier,  ont  été  très 
remarqués. 

«  Je  ne  me  rappelle  plus  à  quelle  époque  il  fut  envoyé  à  Madagascar 
pour  étudier  la  flore  de  la  Grande  He.  Il  y  resta  deux  ans  et  en  revint 
avec  une  riche  collection. 

«  Bernier  l'avait  précédé  en  1834,  mais  la  mission  de  ce  dernier  était 
politique  autant  que  scientifique.  J'ai  donné  la  relation  de  son  voyage  dans 
le  Bxilletin  de  la  Société  de  Géographie  de  Bordeaux  en  1886. 

«  Bernier  et  Richard  ont  rendu  aux  montagnes  de  la  Réunion  la  végé- 
tation qu'elles  avaient  perdue,  en  y  acclimatant  une  espèce  de  Mimosée 
originaire  d'Australie  dont  la  croissance  est  fort  rapide,  V Acacia  dealbata 
qu'on  appelle  à  la  Réunion  :  Acacia  Bernier. 

«  Mon  oncle  avait  à  Saint-Denis  un  riche  herbier.  C'est  en  recherchant  à 
Madagascar  pendant  les  douze  voyages»  que  j'ai  faits  sur  la  côte  Est,  les 
plantes  qui  avaient  disparu  de  son  herbier  que  j*ai  étudié,  en  amateur,  la 
botanique  de  la  greuide  île. 

«  Claude  Richard  mourut  à  Saint-Denis  (Réunion)  en  mars  1869,  à  l'âge 
de  87  ans. 

«  Je  ne  pos.sède  de  mon  oncle  qu'une  photographie  prise  en  1865,  il  avait 
alors  82  ans.  C'est  la  seule  que  Ton  ait  de  lui.  > 

Nous  avons  cru  devoir  tirer  de  l'oubli  la  mémoire  du  modeste  pionnier 
de  l'agriculture  africaine  que  fut  Claude  Richard,  n  a  été  le  fondateur  du 
plus  ancien  Jardin  d'essai  de  nos  colonies  d'Afrique  et  son  nom  a  été 
conservé  pa^r  les  indigènes  qui  ont  nommé  Richard  Toll  (viUage  de  Richard) 
la  station  qu'il  avait  créée. 


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HISTORIQUE  DE   L  AGRICULTURE.  17 

ture  directe  du  cotonnier  par  les  nègres  du  Oualo  et  des  pays 
voisins.  L'agent  spécial  de  la  colonisation,  dit  la  proclamation, 
aura  mission  de  promettre  aux  indigènes  que  leur  coton  leur 
sera  payé  à  un  prix  qui  ne  sera  pas  moindre  de  30  centimes  par 
kilogramme  brut  ». 

Après  quatre  années  d'essais,  le  gouvernement  modifia  les  condi- 
tions dans  lesquelles  il  accordait  les  primes  ;  elles  furent  retirées 
à  la  culture  et  réservées  à  l'exportation,  mais  la  production 
n'augmenta  pas,  la  culture  du  cotonnier  dut  bientôt  être  aban- 
donnée et  considérée  comme  impraticable  i.  Toutes  les  sociétés 
sombrèrent  ou  se  transformèrent  en  compagnies  commerciales. 
L'une  des  plus  importantes,  qui  avait  pris  en  1824  le  nom  de 
Compagnie  commerciale  et  agricole  du  Galam  et  du  Oualo,  se  fit 
concéder  le  droit  d'exploiter  le  commerce  de  la  Haute-Séné- 
gambie.  Les  compagnies  firent  successivement  renouveler  leurs 
monopoles  jusqu'en  1848,  puis  on  ne  trouve  plus  trace  de  leur 
existence.  Est-il  besoin  d'ajouter  qu'aucune  de  ces  sociétés  ne 
semble  jamais  avoir  envisagé  sérieusement  la  possibilité  de  faire 
porter  ses  opérations  exclusivement  sur  l'agriculture?  De  l'aveu 
d'hommes  consciencieux  et  indépendants  de  l'époque,  les  grande^ 
sociétés  n'eurent  en  définitive  en  vue  que  de  pratiquer  l'antique 
traite  sénégalaise  sous  une  forme  plus  ou  moins  déguisée. 

Aussi  devons-nous  n'accepter  que  sous  réserve  les  explications 
des  échecs  qui  furent  alors  données  et  qui  amenèrent  le  gouver- 
neur Brou  à  déclarer  en  quelque  sorte  officiellement  «  qu'il 
n'est  plus  permis  de  douter  que  l'insuccès  des  cultures  au  Sénégal 
(là  où  elles  ont  été  tentées)  tient  à  des  obstacles  surhumains, 
qu'il  faut  bien  enfin  le  reconnaître  pour  couper  court  à  des 
dépenses  que  le  Gouvernement  répète  chaque  année  sans  avan- 
tage pour  la  France,  comme  sans  fruit  pour  le  commerce  et  sans 
résultat  pour  le  progrès  de  la  civilisation  en  Afrique  ». 

Nous  pouvons  trouver  facilement  les  véritables  motifs  de  ces 
échecs. 

Les  essais  agricoles  de  la  période  1820-1830  portèrent  sur  la 
plupart  des  plantes  tropicales  de  grande  culture.  Une  première 
catégorie  de  ces  cultures  comprenait  le  caféier,  la  ca7me  à  sucre, 
la  vanille,  la  cannelle.  Sous  le  climat  sec  du  Sénégal,  il  était, 
impossible  de  faire  produire  ces  plantes  et  même  de  les  conserver 
vivantes  quelque  temps.  Ce  qui  est  si  évident  aujourd'hui  ne 
l'était  pas  il  y  a  un  siècle,  et  Perrottet  lui-même  semble  avoir 
ignoré  que  presque  toutes  les  plantes  tropicales  n'arrivaient  à 
vivre  normalement,  et  par  suite,  à  donner  des  rendements  rému- 

1.  Faidhebbe,  Le  Sénégal,  1889.  p.  100-103. 


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18  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQLE. 

nérateurs  que  dans  des  conditions  climatériques  qui  étaient 
propres  à  chaque  espèce. 

Perrottet  et  ses  émules  crurent  qu'aucune  culture  de  la 
région  tropicale  ne  pouvait  réussir  au  Sénégal.  La  culture  de 
Varachide,  comme  l'on  sait,  devait  bientôt  leur  donner  tort.  Ils 
commirent  une  erreur  opposée  à  celle  qu'avait  faite  le  célèbre 
Adanson  quand  il  avait  cru  qu'il  suffirait  de  transporter  tous  les 
végétaux  utiles  du  Sénégal  à  la  Guyane  pour  les  y  acclimater. 

Perrottet  n'en  est  pas  moins  le  premier  naturaliste  qui  ait 
signalé,  avec  raison,  les  conditions  climatériques  du  Sénégal 
comme  très  défavorables  à  un  grand  nombre  de  cultures. 

€  On  a  avancé,  dit-il,  qu'aucune  entreprise  n'avait  été  faite 
pour  acclimater  au  Sénégal  la  canne  à  sucre,  le  caféier,  le 
cacao,  etc.  Il  n'existe  pas  un  seul  habitant  de  Saint-Louis,  même 
parmi  les  nègres,  qui  ne  puisse  affirmer  le  contraire.  Des  cannes 
à  sucre  venues  du  pays  de  Oualo  ont  été  vendues  à  Saint-Louis 
et  le  marché  de  cette  capitale  en  a  été  abondamment  pourvu  pen- 
dant plusieurs  jours  consécutifs,  et,  pour  ce  qui  nous  est  person- 
nel, nous  avons  utilisé  de  nos  mains,  sur  l'établissement  que 
nous  dirigions,  un  arpent  environ  de  canne  à  sucre,  un  arpent 
de  caféier  et  trois  arpents  de  rocouyer.  Ce  genre  de  cultures  n'a 
été  abandonné  que  parce  que  les  soins  trop  multipliés 
qu'exigeaient  ces  plantes,  ne  nous  laissaient  entrevoir  aucun 
résultat  avantageux  ni  même  l'espoir  de  voir  prospérer  ces 
plantations. 

€  La  canne  à  sucre,  à  l'aide  de  nombreuses  irrigations  qui 
lui  étaient  prodiguées  parvenait  à  un  développement  assez 
notable,  mais  par  la  raison  même  qu'elle  n'avait  pu  prospérer 
que  par  la  présence  d'une  grande  quantité  d'eau,  le  suc  qu'elle 
contenait  était  à  peine  sucré  et  par  conséquent  peu  propre  à  don- 
ner un  produit  satisfaisant. 

Le  caféier  lui-même,  malgré  les  arrosements  continuels 
auxquels  il  était  soumis,  pouvait  à  peine  soutenir  son  existence 
au  milieu  de  l'atmosphère  embrasée  dans  laquelle  il  se  trouvait 
plongé.  €  Les  plantations,  plusieurs  fois  renouvelées  dans  le  jardin 
de  Richard-ToU,  n'ont  eu  de  succès,  quant  à  la  conservation  des 
individus,  que  lorsqu'elles  ont  été  pour  ainsi  dire  couvertes 
de  grands  végétaux  et  placées  sous  un  grand  courant  d'eau 
continuel. 

€  Le  produit  de  cet  arbrisseau,  comme  celui  de  la  ca7îne  à 
sucre  obtenu  à  l'aide  de  ces  moyens  factices,  n'était  jamais  que 
de  mauvaise  qualité  ;  à  peine  quelques-unes  de  ces  semences 
pouvaient-elles  acquérir  la  faculté  de  se  reproduire. 

€  Dans  tous  les  cas,  des  moyens  aussi  dispendieux  ne  pouvaient 


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HISTORIQUE  DE   L  AGRICULTURE.  19 

être  pratiqués  en  grand,  à  moins  de  pouvoir  sacrifier  en  pure 
perte  des  sommes  énormes;  c^est  tout  au  plus  s'il  pourrait  être 
mis  en  usage  dans  un  jardin  de  quelque  étendue  *.  » 

Plus  loin,  Perrottet  donne  le  tableau  des  végétaux  sur  les- 
quels ont  porté  ses  essais.  On  voit  figurer  dans  sa  liste  : 

Le  mûrier  miUticaule  pour  Télevage  des  vers  à  soie  ; 

Trois  espèces  ou  variétés  de  nopal  (Cactus)  pour  l'élevage  de 
deux  sortes  de  cochenilles  ; 

Quatre  espèces  ou  variétés  de  cotonniers,  dont  deux  sortes 
d'Amérique  ; 

Trois  espèces  dUndigotiers  ; 

Le  caféier  d'Arabie  ; 

Le  poivre  noir  de  Cayenne  ; 

Le  canellier  de  Geylan  ; 

Le  giroflier  ; 

Le  tabac  commun  (Nicotiana  Tabacum)  ; 

La  canne  à  sucre  violette  de  Tahiti  ; 

Le  Bixa  Orellana  (rocou). 

€  La  culture  de  toutes  ces  plantes,  ajoute  le  même  auteur, 
a  été  essayée  plus  ou  moins  en  grand,  sur  plusieurs  établisse- 
ments et  notamment  sur  celui  de  Richard-Toll  appartenant  au 
Gouvernement.  Il  est  vrai  que  quelques-unes  d'entre  elles  se  sont 
détruites  peu  de  temps  après  leur  introduction  dans  la  colonie  ; 
les  autres  ont  plus  ou  moins  prospéré  ;  mais  toutes,  nous  le 
répétons,  ont  toujours  été  l'objet  de  soins  minutieux,  sans  donner 
aucun  résultat  notable  ;  abandonnées  à  elles-mêmes,  elles  péris- 
saient infailliblement  au  bout  d'un  certain  temps. 

€  Nous  faisons  remarquer  ici  que,  dans  l'énumération  qui  pré- 
cède, nous  n'avons  point  compris  ceux  des  végétaux  d'un  intérêt 
moins  général  et  cultivés  seulement  pour  leurs  fruits,  l'ornement 
des  jardins,  l'entourage  des  plantations,  etc.,  dont  plusieurs  avaient 
atteint  à  l'aide  d'irrigation  un  développement  très  satisfaisant, 
et  dont  la  réunion  en  groupes  offrait  un  abri  précieux  aux  plantes 
cultivées  dans  leur  voisinage  2.  « 

Ainsi  de  1820  à  1830,  des  cultures  en  grand,  sous  abri  et  à 
l'aide  d'irrigation,  furent  faites  au  Sénégal.  Que  l'on  soit  arrivé 
à  des  échecs  malgré  ces  précautions,  pour  la  culture  du  caféier, 
de  la  canelle,  du  poivrier  et  du  giroflier,  cela  n'a  rien  de  sur- 
prenant, mais  que  la  culture  des  cotonniers,  des  indigotiers,  du 

1.  Perrottet  (ex-directeur  de  Thabitation  dite  Sénégalaisa  naturaliste, 
voyageur  de  la  marine  et  des  colonies),  Observations  sur  les  essais  de 
culture  tentés  au  Sénégal  et  sur  Vinfluence  du  climat  par  rapport  à  la  vôgé- 
tatUm,  précédé  d'un  examen  général  sur  le  pays,  Paris,  1831,  p.  373. 

2.  Perrottet,  loc.  cit.,  p.  375. 


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20  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

nopal  et  du  tabac  n'ait  pu  réussir  même  avec  de  Tirrigation,  cela 
est  plus  étrange. 

Nous  croyons  Perrottet  de  bonne  foi  lorsqu'il  déclare  que 
les  plus  grands  efforts  furent  dépensés  pour  faire  réussir  ces 
entreprises  et  que  t  les  dernières  tentatives  de  colonisation,  aussi 
bien  exécutées  que  méthodiquement  suivies,  ont  prouvé  au  Gou- 
vernement d'une  manière  incontestable  que  le  Sénégal  n'est  sus- 
ceptible de  devenir  en  aucun  temps  une  colonie  agricole  ». 

Mais  dans  plusieurs  paragraphes  de  son  travail,  il  nous  révèle 
des  causes  indépendantes  du  climat  qui  auraient  suffi  à  elles 
seules  à  faire  échouer  les  entreprises.  Les  terres  du  Oualo  choi- 
sies pour  faire  les  plantations  étaient  les  plus  pauvres  de  toute 
la  Sénégambie  en  terres  cultivables,  t  Les  4/5  des  terres  qui  bor- 
dent le  fleuve  sont  salées  ou  ne  reçoivent  point  son  débordement.  » 
Par  suite  de  l'irrigation,  des  terres  jusque-là  cultivables  devin- 
rent d'une  stérilité  désespérante.  M.  Henri  Legomte  nous  a 
appris  qu'un  phénomène  semblable  s'était  produit  dans  cer- 
taines parties  de  la  Basse-Egypte  et  qu'il  était  nécessaire  d'em- 
ployer l'irrigation  avec  beaucoup  de  discernement  au  voisinage 
des  terrains  salés. 

Enfin  des  causes  politiques  entravèrent  aussi  les  colons.  En 
plusieurs  endroits  les  indigènes  se  réclamèrent  propriétaires  des 
meilleures  terres.  On  dut  payer  plusieurs  fois  la  valeur  de  ces 
terres,  ce  qui  n'empêcha  pas  des  conflits  fréquents  de  naître  entre 
les  planteurs  blancs  et  les  indigènes. 

En  résumé,  Perrottet  nous  paraît  être  beaucoup  plus  près 
de  la  vérité,  lorsqu'au  lieu  d'accuser  exclusivement  le  climat,  il 
envisage  ainsi  les  causes  de  la  non-réussite  :  «  Les  colons  avaient 
contre  eux  la  stérilité  du  sol,  les  inconvénients  du  climat,  un 
plan  de  colonisation  dont  les  baises  vicieuses  se  seraient  opposées, 
quand  bien  même  le  pays  eût  été  fertile,  à  ce  qu'ils  obtinssent  des 
résultats  avantageux,  les  tracasseries  et  les  friponneries  des 
nègres,  enfin  des  chefs  qui  ne  leur  accordaient  pas  la  protection 
nécessaire  au  succès  de  toute  grande  entreprise  ^  » 

M.  Maine,  ancien  inspecteur  en  chef  des  douanes  du  Sénégal, 
dans  une  très  intéressante  étude  sur  l'histoire  du  commerce  de 
cette  colonie,  a  donné  encore  comme  principale  cause  de  Tinsuc- 
cès,  l'hostilité  sourde  des  négriers  d'exportation,  dont  le  trafic 
coupable,  pour  être  devenu  clandestin,  n'en  était  pas  moins  actif  : 

€  La  culture  rendant  les  bras  nécessaires  dans  le  pays  même 
et  tendawi  à,  fixer  le  noir  à  la  terre,  augmentait  sa  valeur  d'achat 
et  rognait  (fautant  les  bénéfices  de  l'intéressante  corporation. 

l.  Perrottet,  loc.  cit ,  p.  367. 


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HISTORIQUE   DE   L'AGRICULTURE.  21 

€  La  culture  fut  donc  vaincue,  non  par  des  obstacles  surhu- 
mains, mais  par  l'insécurité  du  temps,  un  peu  aussi  par  la  légè- 
reté de  certains  agents  de  colonisation,  et  surtout  par  de  mysté- 
rieux incendies,  venus  on  ne  savait  d'où  (?)  qui  ravageaient  les 
plantations  au  moment  de  la  récolte.  Le  planteur  comprenait  et 
n'y  revenait  pas  ruiné  *.  » 

Il  faut  bien  avouer  aussi  que  tous  les  planteurs  étaient  pro- 
fondément ignorants  en  agriculture.  Ils  manquaient  de  la  foi 
scientifique  et  de  l'enthousiasme  nécessaires  à  la  réussite  de  toute 
œuvre  coloniale  nouvelle.  Quatre  établissements  seulement,  d'après 
Perrottet,  peuvent  être  cités  comme  ayant  fait  de  véritables  essais 
de  culture,  t  Les  autres  manquaient  à  la  fois  et  de  moyens  d'exé- 
cution et  d'hommes  capables  de  les  diriger  avec  quelque  succès.  » 

Et  puis,  il  y  eut  des  hommes  coupables  d'indifférence  dont 
le  rôle  eût  été  d'éclairer  le  gouvernement  de  la  métropole  et  les 
planteurs  et  qui  firent  preuve  du  plus  blâmable  laisser-aller  au 
moment  de  cette  poussée  vers  les  entreprises  agricoles. 

Nous  avons  cherché  à  faire  la  lumière  la  plus  complète  sur 
cette  question  en  nous  adressant  à  toutes  les  sources  d'informa- 
tion qu'il  nous  a  été  possible  de  trouver. 

Dans  les  Archives  du  Muséum  que  nous  avons  pu  consulter, 
grâce  à  l'obligeance  de  M.  le  D'  Hamy,  nous  avons  trouvé,  entre 
autres  documents,  le  suivant  que  nous  croyons  intéressant  de 
publier. 

C'est  une  lettre  d'un  jeune  naturaliste,  Sauvigny,  adressée 
au  botaniste  Desfontaines  alors  professeur  au  Muséum. 

Saint-Louis,  6  juin  1821. 

...Le  Ministèi*e  de  la  Marine  avait  demandé  un  agriculteur-bota- 
niste, j'ai  été  désigné  pour  remplir  cette  place,  mais  il  n'y  a  réelle- 
ment rien  à  faire.  M.  le  Gouverneur  m'a  déclaré  qu'il  n'avait  rien  à 
ordonner,  qu'il  n'avait  .aucune  instruction  à  mon  égard  et  que  je 
ferais  ce  que  bon  me  semblerait  (sic). 

Après  avoir  visité  la  rivière  dans  tout  l'espace  compris*  (40  lieues) 
entre  Saint-Louis  et  Dagana,  poste  français  et  principal  point  des  éta- 
blissements de  culture  projetés,  je  me  suis  trouvé  libre  de  tous  soins, 
en  sorte  que  je  me  suis  uniquement  occupé  de  faire  des  collections. 

J'ai  vu  dans  ma  course  à  Dagana  ce  qu'on  veut  bien  appeler 
Habitation  royale.  On  y  a  commencé  la  culture  du  cotonnier  et  déjà 
les  jeunes  plants  avaient  un  demi-mètre  de  hauteur  (après  8  mois  de 
plantation),  lorsque  les  eaux  de  la  haute  saison  de  1820  se  répandirent 
avec  force  et  entraînèrent  tout  ce  qui  se  rencontra. 

J'ai  vu  les  nouvelles  plantations  que  l'on  a  recommencées  dans  le 

1.  Exposition  de  1900.  Le  Sénégal,  p.  296.  Paris.  1900. 


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22  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

même  terrain  ;  leur  réussite  est  tellement  médiocre  qu'elle  ne  donne 
aucun  espoir  assez  satisfaisant  (sic). 

Beaucoup  de  gens  ont  vanté  la  culture  du  coton,  sans  parler  de 
la  difficulté  de  se  procurer  des  bras,  sans  parler  des  travaux  de  des- 
sèchement qui  sont  considérables,  mais  ce  qu'il  y  a  de  certain  (sic) 
c'est  que  plusieurs  avaient  pris  des  concessions,  mais  aucun  d'eux 
n'a  jugé  à  propos  d'entreprendre  le  moindre  travail.  L'ancien  gou- 
verneur lui-même,  M.  Schmoltz,  n'a  rien  fait,  bien  que  ce  soit  lui  qui 
ait  déterminé  le  gouvernement  à  cette  entreprise.  On  pourrait  à  ce 
sujet  dévoiler  un  long  système  de  charlatanisme  que  n'aurait  pas 
dédaigné  un  marchant  d'orviétan  (sic).  Je  laisserai  cela  jusqu'au 
moment  où  j'aurai  l'honneur  d'être  auprès  de  vous  ;  en  attendant, 
je  m'occupe  de  recueillir  des  collections. 

Devant  des  affirmations  semblables  on  s'explique  comment 
des  cultures  commes  celles  du  cotonmer,  de  Vindigotier,  du  tabac 
et  du  nopal  à  cochenille,  qui  par  Virrigation  auraient  pu  être 
rémunératrices  à  cette  époque  éloignée,  échouèrent  piteusement. 

Ce  qui  arrêta  ces  dernières  cultures,  ce  ne  fut  pas  le  climat 
«  impropre  à  toute  végétation  »,  comme  l'a  écrit  inexactement 
Perrottet,  ce  fut  avant  tout  l'ignorance,  parfois  rindifférence, 
et  partout  le  manque  de  méthode  dans  les  entreprises. 


Les  débuts  de  TArachide  au  Sénégal 

Des  échecs  répétés  pendant  dix  années  découragèrent  une 
administration  peu  enthousiaste  et  le  8  décembre  1829,  le  gou- 
verneur Brou,  devant  l'insuccès  des  cultures,  supprima  tous  les 
encouragements  accordés  jusque-là  par  la  métropole. 

Pendant  des  années,  le  commerce  vécut  presque  exclusive- 
ment de  la  gomme,  car  l'exportation  des  nègres  avait  disparu  ; 
s'il  s'en  exportait  encore,  c'était  clandestinement. 

\J arachide,  qui  est  devenue  le  produit  d'exportation  par  excel- 
lence du  Sénégal  n'avait  pas  encore  fait  son  apparition  sur  les 
marchés  d'Europe.  Elle  ne  figure  pas  sur  les  statistiques  offi- 
cielles d'exportation,  à  moins  —  ce  qui  est  très  probable  —  qu'elle 
ne  soit  coniprise  dans  les  graines  oléagineuses  diverses  qui, 
dès  1820,  étaient  apportées  dans  les  escales  du  Sénégal  et  de  toute 
la  côte  du  golfe  de  Guinée.  Elle  était  cultivée  depuis  longtemps 
en  Afrique  tropicale.  Les  Portugais  l'avaient  probablement 
apportée  du  Brésil  dès  le  xv*  siècle  ;  à  la  fin  du  xvii*  siècle,  Brue 
constatait  déjà  l'abondance  de  la  pistache  de  terre,  ainsi  que 
l'appellent  les  anciens  auteurs  dans  les  régions  sablonneuses  du 
Sénégal.  Plus  tard,  Adanson  mentionnait  aussi  en  1757  son  exis- 


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HISTORIQUE  DE   L'AGRICULTURE.  23 

tence  dans  les  cultu]|:es  indigènes.  Mais  près  d'un  siècle  devait 
s'écouler  encore  avant  qu'on  songeât  à  la  cultiver  sur  de  grandes 
étendues  en  vue  du  commerce.  Il  a  fallu  des  conditions  écono- 
miques toutes  particulières  pour  que  la  culture  de  cette  plante 
se  répande.  Il  a*  fallu  la  suppression  de  la  traite  des  esclaves, 
entraînant  d'^ine  part  l'augmentation  des  besoins  d'une  popu- 
lation venant  subitement  à  s'accroître  et  d'autre  part  la 
nécessité  pour  le  commerçant  de  trouver  un  nouvel  objet  de 
traite  remplaçant  la  traite  humaine.  Et  en  effet  nous  voyons 
l'arachide  commeocer  à  prendre  de  l'importance  commerciale 
vers  1850,  quelques  années  après  la  suppression  officielle  de  l'es- 
clavage. On  sait  que  c'est  le  4  mars  1848  que  parut  le  décret 
déclarant  que  nulle  terre  française  ne  pouvait  porter  d'esclaves 
et  qu'une  commission  présidée  par  Schœlcher  fut  chargée  d'en 
étudier  l'application. 

Suivant  une  tradition  qui  nous  a  été  rapportée  au  cours  de 
nos  voyages,  c'est  un  notable  commerçant  de  la  côte  d'Afrique, 
M.  HiLAiRE  Maûrel,  qui  aurait  principalement  aidé  à  vulgariser 
cette  culture  au  Sénégal.  A  des  chefs  indigènes  qui  offraient  de 
lui  vendre  des  esclaves,  il  conseilla  d'employer  ces  esclaves  à  la 
culture  des  arachides  dont  il  achèterait  les  récoltes.  Son  conseil 
fut  suivi  et  en  quelques  années  les  arachides  affluèrent  aux  comp- 
toirs de  sa  maison.  Hilaire  Maurel  prit  aussi  l'intiative  de 
faire  fabriquer  en  Europe  et  de  vulgariser  l'instrument  agricole 
aujourd'hui  connu  dans  toute  la  Sénégambie  sous  le  nom  d'Ai- 
laire  et  qui  sert  aux  nègres  à  préparer  les  terres  pour  la  culture 
des  arachides.  Il  remplaçait  un  instrument  analogue  mais  beau- 
coup plus  grossier,  fabriqué  jusqu'alors  à  grand'peine  par  les 
forgerons  indigènes. 

Suivant  une  autre  tradition,  les  premiers  sacs  d'arachides 
auraient  été  expédiés  vers  1840  à  Marseille  par  Granges  de  Saint- 
Louis,  et  Rousseau,  de  Ruflsque.  Enfin  Semler  rapporte  que 
dès  1837,  on  exportait  déjà  de  la  Gambie  670  tonnes  d'arachides 
par  an. 

Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  vers  1850  que  la  culture  de  cette  graine 
oléagineuse  se  mit  à  prendre  une  grande  extension  au  moment 
où  notre  autorité  commençait  à  s'étendre  dans  la  Sénégambie, 
ce  qui  permit  aux  indigènes  de  trouver  plus  de  sécurité  autour 
de  nos  postes  et  les  incita  à  produire  davantage. 

Il  est  intéressant  de  remarquer  que  c'est  précisément  à  la 
môme  époque  que  se  développe  dans  d'autres  parties  de  l'Afrique 
l'exploitation  des  produits  de  cueillette  jusqu'alors  inutilisés  ou 
tout  au  moins  très  délaissés  :  nous  voulons  parler  du  caoutchouc 
et  de  V huile  de  palme. 


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24  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 


L* Agriculture  au  Sénégal  sou8  Faidherbe 

A  l'arrivée  du  commandant  Faidherbe,  nommé  gouverneur 
du  Sénégal  en  1854,  la  vieille  colonie  française  de  TOuest  africain 
sortit  de  l'engourdissement  où  elle  était  tombée  pendant  tout  le 
règne  de  Louis-Philippe.  Faidherbe  consacra  dix  années  à  l'or- 
ganisation de  nos  possessions.  Cet  homme  d'Etat  remarquable, 
au  large  esprit  ouvert  à  toutes  les  initiatives,  ne  devait  pas  rester 
indifférent  aux  problèmes  agricoles  que  ses  prédécesseurs  n'avaient 
point  pu  résoudre.  Tous  les  efforts  de  son  administration  ten- 
dirent à  étendre  la  prospérité  commerciale  du  Sénégal  en  déve- 
loppant la  production  agricole  et  forestière  de  cette  colonie. 

Dès  son  arrivée  au  Sénégal,  il  demanda  à  la  métropole  l'envoi 
d'un  chef  de  cultures  pour  reprendre  les  anciennes  tentatives. 
EuG.  Simon,  ancien  élève  de  l'Institut  agronomique  de  Versailles, 
fut  désigné  pour  ces  fonctions.  En  1856-67  il  rétablit  le  jardin 
d'essai  de  Richard-Toll;  abandonné  depuis  près  de  30  ans.  Le  pro- 
fesseur Decaisne,  du  Muséum,  fut  consulté  et  fit  l'envoi  d'une 
serre  de  plantes  vivantes  les  plus  utiles  à  introduire.  Simon  a 
publié  la  liste  fort  intéressante  de  cet  envoi.  Enfin  six  autres 
serres  de  végétaux  utiles  furent  expédiées  d'Alger  à  la  demande 
de  Faidherbe.  Nous  pensons  que  c'est  de  cette  époque  que  date 
l'introduction  au  Sénégal  du  fllào  (Casuarina  equisetifolia)  et 
d'une  espèce  d'Eucalyptus,  arbres  qui  jouent  aujourd'hui  un 
rôle  très  intéressant  au  Sénégal,  dans  les  plantations  d'avenues 
et  dans  le  reboisement.  Des  plantations  de  cocotiers  furent  commen- 
cées à  Guet-N'dar.  Faidherbe  voulait  répandre  cet  utile  palmier 
dans  tout  l'estuaire  du  Sénégal. 

L'introduction  et  la  propagation  des  arbres  fruitiers  fut  l'un 
des  principaux  buts  poursuivis.  A  cette  époque,  les  bananiers, 
orangers,  goyaviers,  manguiers,  étaient  encore  très  rares  dans  la 
colonie.  Ils  furent  multipliés  et  répartis  ensuite  dans  tous  les 
postes  du  littoral  et  dans  l'intérieur  jusqu'au  fort  de  Médine  qui 
venait  d'être  réoccupé.  Pour  faire  ces  multiplications,  le  jardin 
de  Richard-Toll  fut  étendu  le  long  de  la  Taouey  et  les  magnifiques 
avenues  de  bambous  qu'on  y  observe  encore  aujourd'hui  furent 
plantées  pour  protéger  les  cultures  contre  le  vent  d'Est. 

Faidherbe  est  encore  le  premier  gouverneur  qui  ait  songé 
à  utiliser  la  main-d'œuvre  militaire  dans  les  essais  agricoles. 
«  On  pourra,  est-il  dit  dans  des  instructions  de  l'époque,  employer 
aux  travaux  de  la  pépinière,  ceux  des  soldats  blancs  qui,  avant 
leur  service,  auront  eu  des  occupations  les  rendant  aptes  aux 
travaux    horticoles.   »    Cette    mesure    eut    d'heureux    résultats. 


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HISTORIQUE  DE   L'AGRICULTURE.  25 

L*usage  s'est  conservé  dans  la  plupart  des  postes  militaires  de 
TAfrique  occidentale,  du  Tchad  et  du  Congo  de  détacher  à  l'en- 
tretien des  jardins,  les  sous-offlciers  blancs  ou  les  tirailleurs  noirs 
qui  montrent  le  plus  d'aptitudes  à  la  culture.  Ils  consacrent  à  ce 
travail  utile  un  temps  qui,  sans  ces  occupations,  serait  le  plus 
souvent  gaspillé.  Au  cours  de  nos  missions,  nous  avons  souvent 
constaté  les  importants  résultats  culturaux  obtenus  par  divers 
jardins  militaires  de  nos  colonies.  Un  jour,  nous  reviendrons  plus 
longuement  sur  cette  question. 

Après  Simon,  ce  fut  le  jardinier-botaniste  Th.  Légard  qui 
reprit  les  essais  de  Richard-Toll.  La  guerre  de  Sécession  venait 
d'éclater  et  devant  renchérissement  du  coton,  on  songea  à 
reprendre  la  culture  de  ce  textile  dans  presque  toute  TAfrique. 
Plus  de  10  millions  de  francs  furent  dépensés  à  cette  époque  en 
pure  perte  en  Algérie,  pour  y  développer  la  culture  du  cotonnier. 
Les  tentatives  faites  au  Sénégal  furent  beaucoup  plus  modestes 
mais  elles  n'en  eurent  pas  moins  un  certain  retentissement. 

Les  essais  officiels  de  culture  du  cotonnier  furent  faits  à  Ri- 
chard-Toll dès  1862,  sur  des  variétés  dites  du  pays  et  sur  des 
variétés  importées.  Avec  les  cotonniers  d'Amérique,  Légard 
obtint  par  l'irrigation  des  résultats  encourageants,  qui  ont  été 
cités  tant  de  fois  dans  ces  dernières  années*,  qu'il  est  inutile  de 
les  rapporter  ici.  Les  conclusions  furent  que  «  sans  irrigation  la 
culture  du  cotonnier  est  impossible  au  Sénégal  ». 

Des  tentatives  de  culture  en  grand  du  cotonnier  furent  faites 
à  la  même  époque  par  des  particuliers,  notamment  aux  environs 
de  Richard-Toll,  à  Dakar-Bango,  près  Saint-Louis  (1862-1864),  à 
Saint-Joseph  de  Ngazobil  (1865),  à  Mbao,  près  Ruflsque^. 

Partout  on  obtint  des  résultats  médiocres  et  l'exportation  de 
coton  qui  était  seulement  de  50  tonnes  en  1865,  redevint  nulle 
lorsque  les  conséquences  de  la  guerre  de  Sécession  ne  se  firent 
plus  sentir.  La  principale  entrave  à  la  culture  fut  partout  le 
manque  d'eau  et  le  vent  d'Est  (harmattan).  A  Ngazobil,  les  plan- 
tations furent  en  outre  dévastées  par  les  sauterelles. 

Les  essais  agricoles  à  l'époque  de  Paidherbe  ne  portèrent 
pas  seulement  sur  le  coton.  On  s'attacha  à  chercher  en  dehors 
de  Varachide  de  nouvelles  graines  oléagineuses.  Quelques  tenta- 
tives de  cultures  malheureuses  furent  faites  de  1860  à  1870,  sur 
le  ricin  et  le  pignon  d'Inde  (Jatropha  Curcas), 

Après  ces  nouveaux  échecs,  sous  le  gouverneur  Valière,  la 
colonie  retomba  dans  Timmobilité  du  passé. 

1.  Voir  en  particulier  Perruchot.  Exposition  universelle  de  1900,  Agri- 
culture, p.  413  et  414. 

2.  CouRTET,  Etude  sur  le  Sénégal,  Revue  coloniale,  1902,  p.  412. 


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26  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

De  1876  à  1882,  le  colonel  Brière  de  lIsle  donna  une  nou- 
velle impulsion  au  développement  économique  de  l'Afrique  occi- 
dentale française,  mais  les  terribles  épidémies  de  ôèvre  jaune 
qui  survinrent  (1878-1882),  entravèrent  la  colonisation  agricole. 
Cependant  c'est  vers  cette  époque  que  furent  plantés  la  plupart 
des  cocotiers  qui  existent  encore  dans  la  région  de  Saint-Louis. 

On  introduisit  aussi  des  Antilles  plusieurs  arbres  frui- 
tiers ou  d'ornement  qui  n'existaient  pas  encore  en  Afrique,  en 
particulier  le  raisin  de  mer  (Coccoloba  uvifera). 

En  janvier  1875,  avait  été  fondée  la  Société  (T agriculture  du 
Sénégal  avec  le  programme  «  de  faire  naître,  propager  et  encou- 
rager le  goût  de  l'agriculture  au  Sénégal  ». 

Cette  époque  marque  le  réveil  du  mouvement  colonial  en 
France.  Ce  n'est  plus  seulement  au  Sénégal  que  l'on  va  chercher 
à  créer  des  exploitations  agricoles,  mais  dans  toute  l'Afrique 
tropicale.  Les  événements  qui  se  sont  déroulés  depuis  cette 
époque  sont  des  plus  importants,  mais  ils  n'appartiennent  pas 
encore  au  domaine  de  l'histoire.  Nous  nous  contenterons  donc  de 
passer  rapidement  les  principaux  en  revue  et  dans  les  études 
qui  suivront,  études  spéciales  à  chaque  groupe  de  plantes  utiles, 
nous  reviendrons  plus  en  détail  sur  les  expériences  de  ces  der- 
niers temps  et  sur  les  faits  nouveaux  dont  s'est  enrichie  la  science 
de  l'agriculture  tropicale  sur  le  continent  africain  pendant  les 
trente  dernières  années. 

La  Période  contemporaine 

C'est  surtout  à  partir  de  1880  que  commence  pour  l'Afrique 
tropicale  une  nouvelle  phase  d'activité.  La  France,  TAllemagne, 
l'Angleterre,  la  Belgique  vont  acquérir  en  très  peu  de  temps  des 
domaines  immenses  et  nous  assistons  à  un  véritable  partage  du 
Continent  noir. 

Principalement  en  vue  de  trouver  de  nouveaux  débouchés 
pour  leur  commerce,  les  nations  intéressées  vont  s'implanter 
partout  sur  les  côtes  pour  s'avancer  rapidement  vers  l'intérieur. 
C'est  vers  l'exploitation  des  produits  naturels  et  principalement 
vers  l'agriculure  que  va  s'orienter  désormais  notre  politique  colo- 
niale. Et  depuis  25  ans,  en  effet,  un  nombre  considérable  d'entre- 
prises agricoles  surgissent  sur  tout  le  pourtour  du  Continent  afri- 
cain et  jusqu'au  centre  de  l'Afrique. 

Les  gouvernements  sont  les  premiers  intéressés  à  leur  succès, 
et  pour  chercher  à  guider  ces  entreprises,  ils  vont  créer  des  sta- 
tions agricoles,  à  partir  de  1890.  On  pourrait  nommer  cette  phase, 
Vépoque  des  jardins  dressais.  Il  s'en  crée  partout,  non  seulement 


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HISTORIQUE  DE  L'AGRICULTURE.  27 

dans  les  colonies  françaises,  mais  encore  au  Cameroun,  au  Congo 
belge,  à  la  Côte  d'Or,  à  Sierra-Léone.  Des  efforts  isolés,  également 
sérieux,  sont  entrepris  dans  une  autre  voie  par  de  nombreux 
officiers  et  fonctionnaires  coloniaux  :  au  fur  et  à  mesure  que 
s'effectue  la  pénétration  européenne,  des  jardins  sont  créés  autour 
des  postes  pour  la  culture  des  plantes  potagères  et  de  nombreux 
arbres  fruitiers  tropicaux  ainsi  que  des  arbres  d'avenues  sont 
transportés  de  proche  en  proche  jusqu'au  cœur  du  continent.  Cer- 
tains des  jardins  ainsi  créés  ne  laissent  rien  à  désirer.  Ils  devien- 
dront plus  tard  d'excellents  instruments  de  dissémination  des  végé- 
taux utiles.  Dans  les  colonies  françaises,  citons  principalement  les 
jardins  des  postes  de  Sedhiou  en  Casamance,  de  Siguiri  sur  le  Haut- 
Niger,  de  San  dans  la  boucle  du  Niger,  de  Port-Sibut  dans  l'Ou- 
bangui,  de  Bol  sur  le  Tchad,  qui,  lors  de  nos  voyages,  donnaient 
les  plus  belles  espérances. 

On  a  enfin  recherché  si  dans  l'étendue  nouvellement  acquise 
de  notre  domaine  colonial,  il  ne  se  trouvait  pas  des  produits 
forestiers  inutilisés  ou  dont  l'exploitation  était  incomplète  et  s'il 
n'existerait  pas  en  outre  des  espèces  de  grande  culture  qui, 
n'ayant  pas  réussi  le  long  de  la  côte,  seraient  plus  facilement  cul- 
tivables dans  l'intérieur. 

Pour  approfondir  ces  questions,  des  missions  sont  envoyées 
par  l'Etat  jusqu'au  centré  de  l'Afrique.  C'est  au  cours  de  trois 
d'entre  elles,  que  l'auteur  de  ces  lignes  a  rassemblé  la  plupart  des 
documents  contenus  dans  cette  publication.  Elles  ont  été  des 
missions  d'inventaire  des  productions  naturelles  de  nos  colonies 
et  c'est  au  général  de  Trentinian  que  revient  l'honneur  de  la 
première  initiative.  Il  comprit  qu'aussitôt  après  la  conquête 
d'une  colonie,  il  fallait  en  rechercher  les  ressources.  On  peut 
même  se  demander  s'il  n'eût  pas  été  préférable  de  faire  cet  inven- 
taire avant  la  conquête.  On  aurait  pu  éviter  parfois  de  regret- 
tables méprises.  Notre  domaine  colonial  africain  serait  peut-être 
moins  étendu  à  l'heure  actuelle,  mais  des  capitaux  importants 
et  de  précieuses  activités  pourraient  s'employer  plus  utilement 
dans  des  régions  dont  l'avenir  est  plus  certain  et  où  des  nations 
concurrentes  se  sont  installées. 

Quoi  qu'il  en  soit,  pendant  les  dernières  années,  de  grands 
progrès  ont  été  réalisés  en  agriculture  tropicale  par  toutes  les 
nations  établies  en  Afrique.  On  commence  à  comprendre  que 
l'agriculture  est  l'âme  d'une  colonie  et  que  les  productions  en 
matières  premières  forment  la  base  de  sa  richesse  et  de  son  exis- 
tence politique. 

Les  Portugais  ont  mis  l'île  de  San-Thomé  en  pleine  exploita- 
tion. Les  Espagnols  étendent  chaque  année  leurs  plantations  de 


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28  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L' AFRIQUE. 

cacao  à  Pernando-Po.  La  Grande-Bretagne  a  fondé  des  jardins 
à  Sierra-Léone,  à  la  Gold-Coast,  jardins  qui  ont  déjà  vulgarisé  plu- 
sieurs cultures  importantes.  Elle  cherche  en  ce  moment  à  déve- 
lopper la  production  cotonnière  au  Lagos  et  à  la  Nigeria.  Dès 
1884,  quand  le  Cameroun  devint  colonie,  TAUemagne  commença 
à  établir  des  plantations  de  cacaoyer  aux  environs  de  Victoria  et 
un  certain  nombre  de  ces  plantations  sont  en  pleine  prospérité 
aujourd'hui.  Depuis,  ont  surgi  des  plantations  d'arbres  à  caout- 
chouc (Hevea  et  Funtumia)  dans  différentes  parties  de  cette  colo- 
nie. Au  Togo,  des  efforts  très  sérieux  ont  été  faits  pour  dévelop- 
per la  culture  du  coton.  Enfin  nous  ne  devons  pas  oublier  les 
belles  missions  de  Schlechter,  de  Preuss,  de  Baum,  etc.,  orga- 
nisées par  le  kolonial  wirtschaftliche  Komitee,  pour  accroître  les 
connaissances  en  vue  de  la  culture  des  plantes  à  caoutchouc,  du 
cacaoyer  et  du  coton  en  Afrique  occidentale. 

En  France,  les  efforts  ont  peut-être  été  un  peu  plus  dissémi- 
nés, mais  ils  n'en  ont  pas  été  moins  persévérants  ni  moins  fruc- 
tueux pour  la  science  agricole.  Toutes  les  grandes  missions  des 
vingt  dernières  années  :  missions  de  Brazza  et  de  ses  collabora- 
teurs, missions  Binger,  Monteil,  Dybowski,  Maistre,  Liotard, 
Gentil,  ont  recueilli  et  publié  une  foule  de  renseignements  sur 
les  productions  forestières  et  les  possibilités  agricoles  de  nos 
colonies.  Des  naturalistes  se  sont  même  parfois  spécialisés  dans 
les  recherches  et  ont  obtenu  des  résultats  très  précieux.  Telles 
furent  les  missions  de  Thollon  et  de  Jacques  de  Brazza  au 
Congo  français,  celle  de  Henri  Lecomte  au  Mayumbe,  celle 
du  D*"  Rançon,  envoyée  dans  la  Haute-Gambie  sur  l'initiative  du 
D""  Hèckel,  dont  les  nombreuses  publications  sur  les  plantes 
utiles  d'Afrique  sont  bien  connues  du  public  colonial. 

Nous  devons  aussi  signaler  le  rôle  utile  qu'ont  eu,  pour  la 
diffusion  des  données  de  l'agriculture  tropicale,  les  revues  spé- 
ciales et  en  particulier  la  Revue  des  Cultures  coloniales,  que  le 
directeur,  M.  Milhe-Poutingon  n'hésita  pas  à  lancer  en  1897, 
à  une  époque  où  l'agriculture  coloniale  était  encore  peu  en  faveur 
dans  notre  pays.  En  outre,  un  autre  périodique,  le  Journal 
d^ Agriculture  tropicale,  dirigé  par  M.  Vilbouchevitch,  a  été 
fondé  en  1901. 

Il  y  a  lieu  de  citer  enfin  parmi  les  récentes  créations  impor- 
tantes intéressant  le  développement  de  l'agriculture  coloniale, 
l'organisation  d'un  service  technique  spécial  au  Ministère  des 
Colonies  avec  un  jardin  colonial  à  Nogent-sur-Marne  dont  la 
direction  a  été  confiée  à  M.  Dybowski.  Ce  service,  nous  n'en  dou- 
tons pas,  sera  d'une  grande  utilité  pour  les  contrées  dont  nous 
nous  occupons. 


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LES  JARDINS   D'ESSAIS.  29 

En  dernier  lieu,  mentionnons  les  jardins  d'essais  de  nos  colo- 
nies qui,  dans  ces  dernières  années,  en  acclimatant  en  Afrique 
une  foule  de  plantes  utiles,  ont  doté  le  Continent  noir  de  res- 
sources nouvelles.  A  la  vérité,  jusqu'à  ces  derniers  temps,  leur  rôle 
s'est  borné  là.  Les  expériences  de  culture  poursuivies  sur  une  cer- 
taine étendue,  c'est-à-dire  les  seules  qui  puissent  éclairer  le  colon  ou 
l'indigène  sur  les  plantations  à  entreprendre,  n'ont  encore  été 
faites  que  sur  une  échelle  très  restreinte.  Nous  examinerons  ces 
résultats  en  détail  quand  le  moment  en  sera  venu,  mais  il  nous 
^mble  utile  de  donner  dès  maintenant  l'énumération  de  ces 
jardins  avec  l'indication  succincte  des  acclimatations  qu'ils  ont 
tentées  et  des  expériences  qu'ils  ont  poursuivies. 


II.  —  Les  Jardins  d'essais  des  Colonies  françaises 
d'Afrique,  par  Aug.  Chevalier 

A.  —  Afrique  occidentale  française 

1**  Jardin  de  Richard-Toll  (Bas-Sénégal).  —  Le  jardin^  de 
Richar.d-Toll,  comme  nous  l'avons  vu,  a  été  fondé  en  1816  pat 
Claude  Richard  au  confluent  du  fleuve  Sénégal  et  de  la  Taouey, 
en  amont  de  l'estuaire  du  fleuve  et  à  environ  75  kilomètres  de 
Saint-Louis.  Ce  fut  à  l'origine  une  plantation  modèle,  destinée  à 
renseigner  les  colons.  C'est  donc  en  réalité  le  plus  ancien  jardin 
d'essai  de  nos  colonies.  Depuis  sa  fondation,  il  est  passé  par  des 
vicissitudes  très  diverses  sans  avoir  jamais  donné  de  résultats 
sérieux.  Supprimé  après  l'échec  des  essais  culturaux  en  1829,  il 
fut  rétabli  en  1856  par  Paidherbe.  Après  les  tentatives  de 
LÉCARD,  il  futde  nouveau  abandonné  à  lui-même.  Aussi,  lorsque 
M.  le  gouverneur  général  Chaudié  songea  à  reconstituer  un  ser- 
vice de  l'agriculture  au  Sénégal,  il  ne  restait  à  peu  près  rien  des 
anciennes  plantations.  L'entretien  du  jardin  a  absorbé  depuis  la 
fondation  des  fonds  considérables  qui  ne  doivent  pas  être  infé- 
rieurs à  un  million  de  francs.  Et  le  résultat  final  de  toutes  ces 
dépenses  a  été  de  conserver  vivants  quelques  grands  arbres  d'ave- 
nues offrant  peu  d'intérêt  (la  plupart  sont  des  arbres  indigènes 
en  Afrique  occidentale),  quelques  belles  touffes  de  bambous, 
quelques  arbres  fruitiers  plus  ou  moins  rachitiques,  et  de  pro- 
duire chaque  année  quelques  légumes  et  quelques  fleurs  que  l'on 
obtient  dans  de  bien  meilleures  conditions  dans  les  jardins  irri- 
gués de  Saint-Louis  ! 


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30  VÉGÉTAUX   UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

En  1898,  des  essais  agricoles  furent  repris  à  Richard-Toll.  Lors- 
que nous  avons  visité  le  jardin  en  1899,  il  s'y  trouvait  une  petite 
pépinière  d'arbres  fruitiers  et  d'essences  pour  les  avenues  ou  le 
reboisement.  On  faisait  en  outre  des  essais  très  modestes  sur  la 
culture  du  cotonnier  et  du  caoutchouc  Céara  (Manihot  Glaziowii). 
A  une  seconde  visite  que  nous  avons  faite  en  1902,  il  ne  restait 
plus  rien  de  ces  pépinières  et  de  ces  essais. 

Des  causes  nombreuses  ont  conduit  à  ces  mauvais  résultats. 
Il  faut  d'abord  incriminer  l'influence  asséchante  du  vent  d'Est, 
l'aridité  d'un  sol  argileux  très  difficile  à  modifier,  les  difficultés 
que  l'on  éprouve  pour  obtenir  de  l'eau  douce  pour  l'irrigation 
pendant  deux  ou  trois  mois  de  l'année.  A  la  fin  de  la  saison 
sèche,  en  effet,  l'eau  de  la  Taouey  devient  salée  et  ne  peut  plus 
être  employée  pour  l'arrosage.  Il  convient  d'ajouter  en  outre  que 
l'entretien  du  jardin  n'a  pas  toujours  été  conduit  d'une  façon  bien 
sérieuse  et  les  interruptions  fréquentes  qu'a  subies  ce  service  ont 
été  l'une  des  principales  causes  de  la  disparition  d'un  grand 
nombre  de  plantes  précédemment  introduites. 

Nous  pensons  qu'un  jour  le  problème  se  posera  d'organiser 
dans  le  Bas-Sénégal  une  station  agronomique  pour  l'étude  de  la 
culture  des  cotonniers  par  l'irrigation,  mais  ce  n'est  qu'après 
étude  détaillée  des  terrains  et  de  l'hydrographie  de  cette  région 
qu'il  sera  possible  de  déterminer  si  la  station  de  Richard-Toll 
constitue  bien  l'emplacement  rationnel. 

2**  Jardin  de  Sor  près  Saint-Louis  (Sénégal).  —  C'est  seule- 
ment en  1898,  que  cette  station  a  été  organisée  par  M.  Enfantin, 
dans  l'île  de  Sor,  aux  portes  de  Saint-Louis,  à  proximité  de  jar- 
dins privés,  où,  depuis  1860,  quelques  colons  sont  arrivés  dans  la 
culture  des  légumes,  des  plantes  d'agrément  et  de^  arbres  frui- 
tiers à  des  résultats  encourageants  ^. 

1.  Qu'il  nous  suffise  cte  signaler  pour  le  moment  : 

r  La  réussite  de  la  culture  de  la  pomme  de  terre  (variété  issue  d'une 
race  des  Canaries)  qui,  après  plusieurs  années  d'expériences  poursuivies 
par  M.  RiQUETTi,  lui  a  donné  des  récoltes  al)ondantes  (rendement  7  à 
8  p.  1)  et  un  produit  excellent; 

2*  La  création  par  M.  Gardette  d'une  variété  de  fraisier  issue  de  la 
Grosse  Bordelaise  (Fraisier  Capron)  suffisamment  rustique  au  Sénégal  et 
assez  productive  de  février  à  juin; 

3'  L'oMention  par  plusieurs  colons  d'une  race  de  vachers  à  fruits  doubles 
(deux  ovaires  accolés)  qui,  sans  avoir  la  saveur  de  nos  pêches  de  France, 
n'en  constitueront  pas  moins  un  produit  recherché  en  Afrique  Occidentale 
lorsque  cet  arbre  aura  été  suffisamment  multiplié  ; 

4*  L'introduction  dans  quelques  jardins  et  en  particulier  chez  M.  Maro- 
LEAU^  d'arbres  fruitiers  encore  rares  en  Afrique,  tels  que  le  savotUUer,  le 
Mammea  amerlcana;  quelques  bonnes  Mangues  greffées,  etc.; 

5*  La  multiplication  du  Figuier  (Ficus  Carica),  dont  la  croissance  est 


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LES  JARDINS   D'ESSÂIS.  31 

Ce  jardin  fut  formé  en  grande  partie  aux  dépens  des  pépi- 
nières du  Service  des  travaux  publics  du  Sénégal.  En  1899, 
M.  Perruchot  parvint  à  grand'peine  à  multiplier  à  Sor  un  certain 
nombre  d'arbres  d'avenues,  des  cocotiers,  des  plantes  à  caout- 
chouc, enfin  des  bulbilles  de  Fourcroya  et  6* Agaves  reçues  du 
jardin  de  Nogent.  En  1902,  en  dehors  de  ces  plantes  à  fibres  et 
des  arbres  anciens  parvenus  à  un  âge  avancé,  il  ne  restait  presque 
plus  rien  des  semis  tentés.  La  sécheresse  et  Taridité  du  terrain 
formé  exclusivement  de  sable  avaient  suffi  à  amener  ce  dé- 
sastre. 

Nous  ignorons  si  le  jardin  de  Sor  est  encore  Tobjet  de  soins 
d'entretien  au  moment  où  nous  écrivons  ces  lignes,  mais  nous  ne 
croyons  pas  qu'il  puisse  jamais  rendre  de  grands  services  à  l'agri- 
culture sénégalaise.  Il  serait  utilement  remplacé  par  la  création 
d'une  station  pour  la  culture  du  cotonnier  par  irrigation,  qui 
prendrait  place,  comme  nous  Tavons  indiqué  ci-dessus,  en  amont 
de  Saint-Louis,  au  bord  d'un  bras  du  fleuve  que  Ton  pourrait 
barrer  de  manière  à  y  accumuler  de  l'eau  douce  pour  toute 
Tannée. 

Sur  les  cultures  qu'il  sera  possible  de  tenter  plus  tard  dans 
les  vastes  domaines  sahariens  de  notre  empire  africain,  compris 
entre  la  Mauritanie  occidentale  et  le  lac  Tchad,  nous  ne  savons 
encore  rien  de  précis. 

L'installation  d'une  station  en  zone  sahélienne  serait  donc 
très  désirable,  car  elle  permettrait  probablement  d'élucider  ces 
problèmes.  Cette  station  pourrait  être  installée  soit  en  un  point 
de  la  Mauritanie  occidentale,  soit  aux  environs  des  lacs  de  la 
région  de  Tombouctou.  Dès  maintenant,  il  nous  semble  que  la 
culture  des  plantes  des  provinces  arides  du  Mexique,  en  parti- 
culier du  sisal,  pourra  être  tentée  avec  quelques  chances  de  suc- 
cès. Enfin,  partout  où  l'on  peut  avoir  de  Teau  en  permanence  et 
irriguer,  oa  pourra  entreprendre  toutes  les  cultures  d'oasis  et 
par  exemple,  introduire  les  bonnes  variétés  de  dattier  du  Sud 
algérien  et  tunisien  donnant  des  fruits  infiniment  supérieurs 
aux  dattes  de  la  Mauritanie,  du  Nord  du  Soudan  et  du  Kanem. 

toujours  difficile  dans  les  régions  tropicales,  a  été  rendue  possible  le  jour 
où  M.  Gardette  a  réussi  à  greffer  cet  arbre  sur  le  Figuier  Sycomore  indi- 
gène au  Sénégal  (Gang  des  Wolofs).  Nous  avons  signalé  une  de  ces  greffes 
qui,  dans  le  Jardin  de  M.  Gaillard  aîné,  avait  pris  un  magnifique  dévelop- 
pement et.  dès  la  troisième  année,  était  déjà  bien  ramifiée  et  couverte  de 
figues. 

&  Enfin  il  existe  des  parterres  dans  lesquels  on  trouve  une  grande  partie 
des  fleurs  vulgaires  de  nos  pays  tempérés  et  dont  la  culture  a  été  souvent 
réputée  comme  très  difficile  à  réussir  dans  les  contrées  tropicfiUes  :  tels 
sont  les  rosiers,  chrysanthèmes,  bégonias,  géraniums,  etc. 


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32  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

La  production  des  dattes*  dans  toutes  les  contrées  situées  au 
contact  sud  du  Sahara  ou  n'exista  pas,  ou  e3t  très  rudimentaire  à 
l'heure  actuelle.  La  création  d'une  station  spécialement  affectée 
à  la  propagation  de  ce  fruit  si  utile  rendrait  les  plus  grands 
services  aux  populations  de  la  Mauritanie. 

3**  Jardin  de  Harm,  près  Dakar  (Sénégal),  —  Le  Gouverne- 
ment général  de  l'Afrique  Occidentale,  par  un  arrêté  en  date  du 
8  juillet  1903,  a  affecté  les  terrains  de  Hann,  renfermant  les 
nappes  d'eau  servant  à  l'alimentation  de  la  ville  de  Dakar,  à  la 
création  d'un  jardin  public  et  de  pépinières  pour  le  reboisement, 
avec  <  une  division  d'essais  de  cultures  générales  et  de  cultures 
fruitières  et  d'acclimatement  de  plantes  exotiques  ».  Ce  jardin, 
actuellement  en  voie  d'organisation,  est  placé  sous  la  direction 
de  M.  Yves  Henri,  inspecteur  de  l'agriculure  de  l'Afrique  Occi- 
dentale française.  Mentionnons  en  passant  les  stations  culturales 
de  Tivaouane,  de  Kaolack,  au  Sénégal,  celle  de  Sédhiou  en  Gasa- 
mance,  la  ferme-école  de  Mbambey  au  Baol,  le  haras  de  Diourbel 
(Sénégal).  Créés  pendant  le  passage  de  M.  Perruchot  au  ser- 
vice de  l'agriculture  du  Sénégal,  ces  établissements  n'ont  eu 
qu'une  existence  éphémère. 

V  Jardin  du  Pénitencier  de  Thiès  (Sénégal).  —  Cet  établis- 
sement, dirigé  par  des  missionnaires  catholiques,  a  été  installé  il 
y  a  une  vingtaine  d'années  sur  la  ligne  de  chemin  de  fer  de 
Dakar  à  Saint-Louis.  Nous  l'avons  visité  à  trois  reprises,  en  1898, 
eh  1899  et  en  1902.  A  notre  premier  voyage,  les  cultures  don- 
naient les  plus  belles  espérances  ;  elles  portaient  l'empreinte 
donnée  par  le  directeur  d'alors,  le  R.  P.  Sébire,  qui  joignait  à 
ses  connaissances  sur  la  flore  du  Sénégal  un  goût  passionné  pour 
l'introduction  de  plantes  utiles  nouvelles.  Par  ses  relations  avec 
M.  Maxime  Cornu,  professeur  de  cultures  au  Muséum  d'his- 
toire naturelle,  et  grâce  à  ses  correspondants  des  Antilles,  il  était 
parvenu  à  cultiver  un  grand  nombre  de  végétaux  intéressants, 
jusqu'alors  inconnus  partout  ailleurs  en  Afrique  occidentale.  Il 
avait  en  outre  entrepris  quelques  essais  en  grand,  en  particulier 
sur  le  caoutchouc  de  Géara  (Manihot)  et  constitué  quelques  pépi- 
nières d'arbres  fruitiers  et  d'essences  de  reboisement.  On  trou- 
vera la  liste  des  plantes  qu'il  cultivait  dans  le  petit  livre  qu'il 
publia  à  cette  époque  ^ 

Malheureusement,  ce  jardin  à  la  fois  botanique  et  agricole, 
qui  était  le  plus  riche  de  tous  ceux  que  nous  avons  cités  par  le 

1.  R.  p.  A.  SÉBIRE.  Les  Plantes  uUles  du  Sénégal,  Paris,  1899. 


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LES  JARDINS   D'ESSAIS.  33 

nombre  des  espèces  et  la  beauté  des  exemplaires,  a  beaucoup 
périclité  depuis  le  départ  du  R.  P.  Sébire.  Presque  tous  les 
végétaux  qui  n'étaient  pas  susceptibles  de  donner  un  rendement 
immédiat  ont  été  éliminés. 


5°  Jardin  de  Kati  (Moyen  Niger),  —  Fondé  par  le  colonel 
DE  Trentinian  en  1897,  il  se  trouve  être  la  plus  ancienne  station 
d'essais  du  Soudan  français.  Les  vétérinaires  Cazalbou  et  Blot 
en  furent  les  premiers  organisateurs.  Ils  s'attachèrent  d'abord  à 
cultiver  des  plantes  potagères  pour  l'alimentation  des  troupes  du 
poste  et  constituèrent  les  premières  pépinières  d'arbres  fruitiers. 
Au  début  de  l'année  1899,  M.  Jacquey,  ingénieur  agronome, 
appelé  en  mission  par  le  général  de  Trentinian,  leur  succède 
et  entreprend  quelques  semis  de  cotonniers,  6: indigotiers^  de 
plantes  à  caoutchouc  (Céara  et  lianes  du  pays).  Son  collaborateur 
Martret  apporte  du  Muséum  deux  serres  Ward  contenant  une 
trentaine  d'espèces  de  plantes  utiles  vivantes  dont  la  culture  est 
commencée  à  Kati,  à  15  kilomètres  des  rives  du  moyen  Niger. 
C'était  probablement  la  première  fois  que  des  plantes  vivantes 
étaient  transportées  en  serres  Ward  dans  l'intérieur  du  continent 
africain.  Un  an  après,  il  nous  fut  donné  de  constater  le  travail 
accompli  par  MM.  Jacquey  et  Martret.  Les  plantes  du  Muséum 
avaient  été  multipliées  en  grand  nombre  par  bouturage  ou  mar- 
cottes, le  jardin  avait  été  considérablement  étendu  :  Une  magni- 
fique rizière,  où  étaient  cultivées  les  4  ou  5  variétés  soudanaises 
de  riz,  avait  remplacé  le  marais  qui  s'étendait  au  bord  du  ruis- 
seau arrosant  le  jardin.  Des  jeunes  plants  d'arbres  fruitiers 
avaient  été  distribués  à  tous  les  services  publics  et  à  quelques 
particuliers.  Nous  n'avons  pas  revu  le  jardin  de  Kati  depuis  cette 
époque,  mais  nous  savons  qu'il  a  cessé  d'être  le  siège  de  la  station 
agronomique  du  Soudan. 

Au  moment  où  s'organisait  la  station  dont  nous  venons  de 
parler,  le  général  de  Trentinian  projetait  de  créer  un  second 
jardin  à  Goundam,  dans  la  région  de  Tombouctou,  et  un  troisième 
à  Kissidougou,  dans  Textrême-sud  du  Soudan.  La  dislocation  du 
Soudan  ne  permit  pas  de  réaliser  ce  projet.  Cependant  un  chef 
de  cultures  fut  envoyé  au  Kissi,  et  M.  Rossignol,  membre  de  la 
mission  économique  de  1898,  transporta  dans  ce  pays,  à  grands 
frais,  quelques  germinations  de  caféier  qui  n'ont  sans  doute  pas 
réussi. 

6'  Jardin  de  Koulikoro  (Moyen  Niger).  —  Un  ingénieur  agro- 
nome, M.  Vuillet,  succéda  en  1900  à  M.  Jacquey  comme  direc- 

3 


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34  VÉGÉTAUX   UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

teur  de  la  station  agronomique  du  Soudan.  Sur  sa  proposition, 
M.  Merlaud-Ponty,  lieutenant-gouverneur  des  territoires  du 
Ilaut-Sénégal  et  Niger,  transporta,  en  1902,  la  résidence  de  Tingé- 
nieur  agronome  sur  le  bord  même  du  Niger,  à  Koulikoro,  qui 
sera  prochainement  le  point  terminus  de  ligne  du  chemin  de  fer 
du  Sénégal  au  Niger. 

C'est  donc  à  Koulikoro  que  se  trouve  aujourd'hui  le  jardin 
d'essai  principal  de  ces  territoires.  Ce  jardin,  que  nous  n'avons 
pas  vu,  est  sans  doute  encore  trop  jeune  pour  avoir  donné  des 
résultats  appréciables  ;  cependant  tous  ceux  qui  connaissent  l'ac- 
tivité de  M.  Vuillet  ou  l'ont  vu  à  l'œuvre  attendent  de  la  sta- 
tion de  Koulikoro  d'importants  résultats,  principalement  en  ce 
qui  concerne  la  culture  du  cotonnier  à  laquelle  elle  doit  se  consa- 
crer. Indépendamment  de  cette  localité,  quatre  autres  postes  ont 
été  choisis  dans  les  principales  régions  de  la  colonie  du  Haut- 
Sénégal  et  Niger,  pour  faire  des  expériences  analogues  sur  la 
culture  des  diverses  variétés  de  cotonniers.  Enfin,  dans  cette 
môme  contrée  du  Moyen-Niger,  V Association  cotonnière  coloniale 
poursuit  dans  les  principaux  villages,  sous  la  direction  technique 
de  M.  Jacquey,  des  essais  d'ensemencements  en  grand  des 
diverses  sortes  de  cotonniers  d'Amérique,  Des  résultats  encoura- 
geants ont  déjà  couronné  ces  premiers  efforts. 


7*  Jardin  de  Bobo-Dioulasso  et  Ecoles  indigènes  du  Soudan 
pour  la  récolte  et  la  préparation  du  caoutchouc.  —  Le  délégué 
du  Gouvernement  général  de  l'Afrique  occidentale  française  a 
installé,  l'année  dernière,  aux  environs  de  Bobo-Dioulasso,  une 
station  pour  l'étude  et  la  multiplication  des  lianes  à  caoutchouc 
du  pays  (Landolphia  Heudelotii). 

Il  a  en  outre  rétabli  les  écoles  créées  précédemment  par  le 
général  de  Trentinian,  pour  apprendre  aux  noirs  à  recueillir 
et  à  coaguler  le  latex  de  ces  lianes. 

En  1898,  le  général  de  Trentinian  fonda,  dans  la  région  Sud 
du  Soudan,  avec  le  concours  très  actif  du  commandant  de  Lar- 
TiGUE,  des  écoles  destinées  à  initier  les  indigènes  aux  meilleurs 
procédés  de  récolte  et  de  préparation  du  caoutchouc.  Nous  avons 
eu  l'occasion,  à  cette  époque,  de  voir  fonctionner  cette  heureuse 
institution  dans  les  cercles  de  Siguiri  et  de  Kouroussa,  et 
nous  avons  pu  apprécier  ensuite  les  heureux  résultats  qu'elle 
a  donnés. 

Le  fonctionnement  était  des  plus  simples.  A  Kouroussa,  par 
exemple,  qui  était  le  centre  d'une  région  où  la  liane  goïne  (Lan- 
dolphia  Heudelotii)   était    commune    et    en    pleine    exploitation, 


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LES  JARDINS  D'ESSÂIS.  35 

furent  groupés  un  certain  nombre  de  jeunes  indigènes  venant 
des  régions  les  plus  diverses  du  Soudan.  Les  commandants  de 
cercle  des  provinces  où  existait  la  liane  goïne,  et  où  elle  n'était 
pas  exploitée,  reçurent  Tordre  d'envoyer  à  Kouroussa  quel- 
ques jeunes  gens  de  chaque  village.  A  leur  arrivée  à  Kouroussa, 
ces  noirs  furent  mis  par  le  capitaine,  faisant  fonctions  d'adminis- 
trateur, en  rapport  avec  les  principaux  récoHeurs  de  caoutchouc 
du  village,  qui  les  emmenaient  avec  eux  dans  la  brousse  et  les 
initiaient  à  la  récolte  de  la  précieuse  gomme.  En  récompense, 
les  moniteurs  recevaient  en  cadeau  la  récolte  de  leurs  élèves. 
Quant  à  ces  derniers,  ils  étaient  logés  et  nourris  au  village  de 
liberté  attenant  au  poste.  Comme  résultat,  au  bout  de  quelques 
semaines,  ces  jeunes  gens  savaient  récolter  le  caoutchouc  ;  ils 
pouvaient  retourner  dans  leur  village  où  ils  se  mettaient  aussitôt 
à  exploiter  la  liane,  et  Tappftt  du  gain  amenait  bientôt  leurs  voi- 
sins à  les  imiter. 

Le  général  de  Trentinian  m'avait  demandé  de  profiter  de 
mon  passage  à  Bobo-Dioulasso  pour  initier  les  indigènes  de  cette 
région  aux  meilleurs  procédés  de  coagulation  des  latex.  Il  y  avait 
près  du  poste  un  plateau  ferrugineux  sur  lequel  on  comptait 
1.000  à  1.500  lianes  à  l'hectare.  Pas  une  seule  plante  de  la  région 
n'avait  encore  était  saignée.  L'administration  militaire  du  cercle 
se  mit  en  rapport  avec  quelques  noirs  récemment  revenus  de 
l'école  de  Kouroussa  et  rassembla  une  partie  des  hommes  valides 
du  village.  L'apprentissage  de  ces  hommes  se  fit  très  rapidement 
sous  mes  yeux  et  la  région  de  Bobo-Dioulasso,  où  j'avais  signalé 
l'abondance  des  lianes  inexploitées,  put  livrer  au  commerce,  dès 
l'année  suivante,  70  tonnes  de  caoutchouc  d'excellente  qualité. 

Ce  seul  exemple  suffit  à  montrer  l'intérêt  qu'ont  eu  et  que 
peuvent  encore  avoir  les  écoles  dont  nous  venons  de  parler. 

D'autre  part,  il  est  grand  temps  de  s'attacher  sérieusement  h 
la  culture  des  lianes  à  caoutchouc  sur  de  grandes  étendues,  telle 
que  l'ont  entreprise  les  Belges  au  Congo  Indépendant  depuis 
quelques  années.  A  différentes  reprises,  nous  avons  appelé  l'at- 
tentation  du  public  colonial  sur  cette  question,  et  nous  pensons 
toujours  que  si  la  culture  des  lianes  ne  nous  semble  pas  prati- 
cable pour  un  Européen,  à  cause  des  frais  généraux  considérables, 
de  la  lenteur  de  croissance  des  lianes  et  de  leur  faible  rendement, 
il  n'en  serait  sans  doute  pas  de  même  pour  des  plantations  entre- 
prises directement  par  les  indigènes,  surtout  si  l'administration 
intervenait  pour  astreindre  les  villages  à  faire  des  plantations 
collectives  et  prenait  les  mesures  indispensables  à  la  protection 
de  ces  cultures. 

Nous  traiterons  cette  question  en  détail  dans  l'un  des  pro- 


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3G  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

chains  fascicules  que  nous  consacrerons  aux  plantes  à  caoutchouc 
africaines. 

8**  JaTdin  de  Camay  en  (Guinée  française).  —  La  station  agri- 
cole de  la  Guinée  française  a  été  fondée  en  avril  1897  par  M.  le 
gouverneur  Ballay,  mais  son  organisation  technique  et  les  plan- 
tations qu'elle  comprend  aujourd'hui  sont  Tœuvre  d'un  ancien 
élève  de  TÉlève  d'horticulture  de  Versailles,  qui  fit  ensuite  un 
stage  dans  les  serres  du  Muséum,  M.  Teissonnier. 

Le  jardin  de  Camayen  (quelques  auteurs  écrivent  Camayenne) 
est  situé  sur  la  côte  de  la  Guinée  française,  à  2  ou  3  kilomètres 
de  la  capitale  de  cette  colonie,  la  ville  de  Conakry,  et  dans  la 
langue  de  terre  qui  s'avance  vers  les  îles  de  Los.  11  est  de  tous 
les  jardins  d'essais  français  en  Afrique  celui  qui  reçoit  les  plus 
abondantes  pluies.  On  a  constaté,  en  effet,  à  Conakry,  une  chute 
d'eau  de  4°*50  à  5"50  et  pendant  4  mois,  de  juin  à  octobre,  il 
pleut  presque  tous  les  jours,  comme  au  jardin  botanique  de  Bui- 
tenzorg.  Lorsque  nous  l'avons  visité  en  juin  1902,  le  jardin  de 
Camayen  comprenait  environ  7  hectares  en  cultures.  Une  seconde 
partie  non  cultivée,  mais  défrichée,  en  a  fait  partie  dès  l'origine  ; 
enfin  on  y  a  annexé,  en  1902,  une  troisième  portion  sur  laquelle 
il  pourra  s'étendre  plus  tard,  ce  qui  portera  sa  superficie  totale 
à  environ  30  hectares.  Le  terrain  paraît  assez  fertile  ;  le  sol  est 
rougeâtre,  ferrugineux,  mais  mélangé  d'une  forte  proportion 
d'humus.  La  mer  le  baigne  de  deux  côtés  et  la  végétation  spon- 
tanée environnante  se  compose  surtout  de  palmiers  à  huile  (Elœis). 

Le  directeur  a  publié  en  1901  un  intéressant  rapport  sur  les 
principales  cultures  qui  y  ont  été  entreprises*. 

De  tous  les  essais  qui  y  ont  été  entrepris,  le  plus  intéressant, 
celui  qui  donne  à  l'œuvre  de  M.  Teissonnier  un  mérite  exception- 
nel, a  été  la  culture  méthodique  et  la  sélection  du  Musa  sinensis 
et  des  variétés  de  choix  de  Vananas.  Grâce  à  la  ténacité  du 
Gouvernement  de  la  Guinée  et  aux  soins  constants  que  M.  Teis- 
sonnier a  prodigués  à  ces  plantes,  la  jeune  colonie  de  la  Guinée 
française  est  aujourd'hui  en  possession  d'une  nouvelle  source 
très  appréciable  de  revenus,  et  livre  dès  maintenant  à  l'exporta- 
tion, en  sérieuses  quantités,  des  bananes  et  des  ananas  de  toute 
première  qualité.  M.  Yves  Henry  a  pu  écrire  dernièrement  dans 
un  travail  très  documenté  sur  la  question  ^  :  «  La  production  des 
fruits  en  Guinée  est  sortie  complètement  de  la  période  des  essais  ; 
plusieurs  colons  s'y  livrent  déjà  sur  une  petite  échelle,  il  est  vrai, 
mais  avec   toutes   les  chances  de  succès  ;  les   produits  ont  été 

1.  Agriculture  pratique  des  pays  chauds,  1901,  p.  147. 

2.  Yves  Henry.  Bananes  et  Ananas.  1905.  p.  5. 


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VÉGÉTAUX    UTILES  DE   L  AFRIQUE. 


A.  Chevalier. 


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Fig.  1.  —  Jardin  d'essais  de  Camayen  (Guinée  Française). 
Plantation  de  Bananiers  de  Chine  et  d'Ananas  améliorés. 


Fig.  ?.  —  Jardin  d'essais  de  Libreville   (Jabon).  —  Plantation  dAréquiors. 


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LES  JARDINS   D'ESSAIS.  39 

accueillis  sur  nos  marchés  avec  une  faveur  marquée  et  seuls  nos 
procédés  de  transport  maritime  sont  à  améliorer,  dans  Tespoir 
de  voir  se  créer  un  marché  français  de  fruits  tropicaux.  » 

C'est  là  un  résultat  qui  fait  le  plus  grand  honneur  au  per- 
soimel  du  jardin  de  Camayen,  et  qui  place  cette  station  au  pre- 
mier rang  de  tous  les  jardins  coloniaux  d'Afrique. 

9**  Jardin  de  Dabou  (Côte  d'Ivoire).  —  Ce  jardin  a  été  fondé 
en  1896  par  Lelache,  ancien  élève  de  l'Ëcole  d'horticulture  de 
Versailles,  qui,  quelques  mois  plus  tard,  fut  massacré  par  les  indi- 
gènes. Ses  successeurs,  MM.  Bernard  et  Jolly,  firent  quelques 
plantations  d'arbres  à  caoutchouc.  Ce  jardin  d'essais  est  aujour- 
d'hui complètement  abandonné,  mais  une  société  privée,  la 
Société  coloniale  de  la  Côte  de  Guinée,  a  introduit  dans  la  même 
localité  un  certain  nombre  de  plantes  utiles  qui  sont  aujourd'hui 
en  culture. 

10**  Jardin  de  Bingerville  (Côte  d'Ivoire).  —  En  1900,  M.  Jolly 
a  constitué  à  Bingerville,  nouvelle  capitale  de  la  Côte  d'Ivoire, 
un  jardin  d'essais  qui  est  le  jardin  officiel  de  la  colonie.  Nous 
manquons  actuellement  de  renseignements  sur  les  essais  de  cul- 
ture qui  s'y  poursuivent.  Il  n'est  pas  douteux  que  de  sérieuses 
recherches  sur  la  culture  des  cacaoyers  et  celle  des  arbres  à 
caoutchouc  (Uevea  et  Funtumia)  seraient  très  profitables  à  la 
colonisation  de  cette  contrée. 

11**  Jardin  de  Porto-Novo  (Dahomey).  —  Ce  jardin,  dont  la 
création  remonte  à  1901,  nous  est  complètement  inconnu.  A 
Porto-Novo,  la  seule  localité  du  Dahomey  où  nous  avons  abordé, 
nous  avons  constaté  l'existence  de  plusieurs  plantes  introduites 
dans  ces  dernières  années  :  des  cocotiers,  des  Eucalyptus,  le  Melia 
Azedarah  ;  dans  les  jardins,  on  cultive  quelques  belles  plantes 
d'ornement  rapportées  de  l'intérieur  par  M.  Eugène  Poisson, 
en  particulier  des  Crinum,  des  Sanseviera,  et  une  intéressante 
cycadée,  VEncephalartos  Barteri. 

Il  y  aurait  le  plus  grand  intérêt  à  poursuivre,  dans  la  zone 
littorale  du  Dahomey,  comme  le  font  les  Allemands  au  Cameroun, 
la  multiplication  des  palmiers  à  huile  et  spécialement  des  variétés 
les  plus  productives  qui  ont  été  distinguées  dans  ces  derniers 
temps. 

Dans  les  régions  de  l'intérieur  où  doit  pénétrer  le  chemin  de 
fer,  c'est  vers  la  culture  du  cotonnier  que  vont  se  porter  les 
efforts  de  la  colonisation. 


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40  VÉGÉTAUX  UTILES   DE  L'AFRIQUE. 


B.  —  Congo  français  et  dépendances 

12''  Jardin  de  Libreville  (Gabon).  —  Si  ron  fait  remonter  la 
fondation  de  cet  établissement  à  Tépoque  où  Tadministration  de 
la  marine  créa,  vers  1850,  le  jardin  du  Gouvernement,  connu 
encore  sous  le  nom  de  jardin  de  Kérellé  et  adjaçait  au  jardin 
d'essais  actuel,  il  se  trouve  que  le  Gabon  est  la  seconde  des  colo- 
nies de  l'Afrique  tropicale,  par  ordre  chronologique,  à  avoir  orga- 
nisé un  service  agricole.  A  la  vérité,  nous  devons  dire  que  ce 
jardin  fut  à  l'origine  et  est  resté  un  parc  d'agrément,  où  les 
essences  du  Congo  tels  que  les  Musanga,  se  mélangent  de  la 
façon  la  plus  harmonieuse  avec  les  arbres  tropicaux  introduits  : 
les  Pandanus,  divers  palmiers,  de  grands  bambous,  des  man- 
guiers superbes.  Ce  jardin,  rempli  aujourd'hui  de  beaux  arbres 
et  planté  de  corbeilles  de  fleurs  variées,  est  un  des  sites  les  plus 
séduisants  qu'il  soit  possible  de  rencontrer  à  la  côte  d'Afrique. 

En  réalité,  la  station  d'essais  proprement  dite  n'a  été  fondée 
qu'en  1887  par  le  D'  Ballay,  à  cette  époque  lieutenant-gouver- 
neur du  Gabon. 

M.  Chalot  a  consacré  à  l'histoire  des  jardins  de  Libreville 
une  notice  importante  ^  qui  nous  dispense  de  nous  étendre  sur 
les  détails.  Rappelons  seulement  que  le  principal  organisateur 
du  jardin  d'essais,  fut  E.  Pierre,  ancien  élève  de  l'École  d'horti- 
culture de  Versailles  a  qui,  après  en  avoir  choisi  l'emplacement 
et  fait  effectuer  les  défrichements  nécessaires,  en  traça  le  plan... 
Pendant  près  de  six  années,  M.  Pierre  s'employa  activement  à 
faire  le  plus  possible  d'essais  de  culture  ;  il  fit  établir  une  pépi- 
nière importante  de  caféiers  destinée  à  fournir  des  plants  aux 
colons,  et  introduisit  un  certain  nombre  de  végétaux  utiles,  les- 
quels ont  été  par  la  suite  multipliés  et  répandus  dans  la  colonie  ». 
M.  Chalot  ajoute  que  Pierre  fut  grandement  aidé  dans  ces 
acclimatations  par  le  professeur  de  cultures  du  Muséum  d'hisr 
toire  naturelle,  Maxime  Cornu,  «  qui,  par  ses  conseils  et  ses  nom- 
breux envois  de  graines  et  de  plantes  de  toutes  sortes,  a  mérité, 
lui  aussi,  la  reconnaissance  de  la  colonie,  car  après  avoir  mora- 
lement coopéré  à  la  création  du  jardin  d'essais,  il  s'y  intéressa 
d'une  façon  effective  jusqu'à  sa  mort^  ». 

Pierre  succomba  à  la  peine  le  21  octobre  1892.  Il  fut  rem- 

1.  Agriculture  pratique  des  pays  chaudSy  t.  I,  p.  168. 

2.  Chalot,  loc.  cit.,  p.  170. 

Ajoutons  que  Maxime  Cornu  s'intéressa  également  à  tous  les  autres 
jardins  dont  nous  avons  déjà  parlé  et  le  Bananier  de  Chine,  de  la  Guinée  en 
particulier,  provient  des  serres  du  Muséum. 


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VéGKTAUX    UTILES   DE   l'AfRIQL'E. 


A.  Chevalier. 


FIg.  3.  —  Poste  de  Fort-Slbut  (Haut-Oubangui).  —  Premiers  Papayers  et  Citronniers 
introduits  dans  le  pays  en  1897  par  la  première  mission  Gentil. 


Fig.  4.  —  Jardin  dressais  de  Fort-Slbut  en  novembre  1903. 
Plantation  de  caoutchontiers  de  Ceara  {Manihot  Glaziowii),  14  mois  après  les  semis. 


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LES  JARDINS  D'ESSAIS.  43 

placé  en  1893  par  M.  Chalot,  ancien  membre  de  la  mission  de 
M.  Dybowski.  Pendant  huit  années,  M.  Chalot  a  consacré  tout 
son  temps  au  développement  des  cultures  du  jardin  de  Libreville. 
En  1901,  il  y  signalait  près  de  500  espèces  de  plantes  cultivées. 
Lorsque  nous  avons  visité  rétablissement  un  an  plus  tard,  on  y 
trouvait  un  grand  nombre  de  plantes  d'ornement  et  aussi  quel- 
ques petites  plantations  de  végétaux  de  grande  culture  :  vanille, 
poivrier,  cocotiers,  caféiers.  En  fait  de  plantes  à  caoutchouc, 
nous  avons  observé  quelques  plants  d'Hevea  et  de  CastiUoa  (intro- 
duits par  Chalot  en  1898).  Le  Funtumia  elastica  Preuss,  Tarbre 
à  caoutchouc  de  Tintérieur  du  Congo,  n'y  était  pas  encore  cultivé 
et  la  liane  Landolphia  Klainei  Pierre  était  représentée  seulement 
par  quelques  exemplaires. 

Enfin  le  jardin  possédait  aussi  un  seul  pied  de  Palaquium  oblon- 
gifolium  Burck,  l'arbre  à  gutta  introduit  en  1898  par  M.  Paul 
BouRDARiE  et  provenant  de  la  mission  Raoul  aux  Indes  néer- 
landaises. Mais  c'est  surtout  dans  la  multiplication  et  la  culture 
des  cacaoyers  que  M.  Chalot  a  obtenu  d'importants  résultats. 

Nous  avons  vu  au  jardin  une  collection  de  17  ou  18  variétés, 
introduites  par  lui,  représentées  chacune  par  quelques  exem- 
plaires en  excellent  état  et  donnant  déjà  des  fruits.  Ces  arbres 
permettront  à  la  colonie  de  constituer  bientôt,  le  long  du  Como  ^, 
une  plantation  modèle  plus  étendue,  car  le  jardin  de  Libreville 
n'a  que  6  hectares  et  ne  peut  plus  s'étendre.  Malheureusement 
ces  variétés  introduites  du  jardin  Victoria  au  Cameroun  sont,  de 
l'avis  de  Preuss  qui  les  a  fournies  «  de  qualité  moyenne  et  de 
valeur  secondaire  ^  » .  La  meilleure  est  Je  Forastero,  de  Trinidad, 
qui  ne  fournit  lui  aussi  qu'un  produit  de  valeur  secondaire.  Les 
variétés  introduites  sous  le  nom  de  La  Guayra,  Soconusco,  Criollo, 
ne  répondraient  aucunement  d'après  Preuss  aux  appellations 
dont  on  les  avait  ornées.  En  réalité,  toutes  ces  sortes  seraient  plus 
ou  moins  voisines  de  VAmelonado  de  San-Thomé,  et  ce  n'est  que 
tout  récemment  que  M.  Preuss  a  pu  rapporter  au  jardin  de 
Victoria  une  collection  très  complète  des  variétés  les  plus  esti- 
mées cultivées  dans  l'Amérique  du  Sud  et  dans  l'Amérique  Cen- 
trale. 

Il  est  à  souhaiter  que  la  colonie  du  Gabon  ne  tarde  pas  trop 
longtemps  à  rassembler  une  collection  analogue.  Jusqu'à  ce  jour, 
les  cacaos  du  Congo  ont  été  plus  appréciés  que  ceux  du  Came- 


1.  Luc,  Le  cacao  au  Congo,  Agric.  pratique  des  Pays  chauds,  1904, 
p.  299.  Lauteur  de  cette  note,  M.  Luc,  dirige  actueUement  le  Jardin  de 
Libre  vUle. 

2.  Preuss,  Le  Cacao  (traduction),  1902,  p.  2.  • 


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44  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

roun  sur  les  marchés,  mais  pour  maintenir  cette  supériorité,  il 
est  nécessaire  d'obtenir  des  sortes  de  plus  en  plus  parfaites. 

13**  Jardin  de  Brazzaville  (Congo  français).  —  La  création  de 
ce  jardin,  due  à  M.  Grodet,  date  de  1901. 

Le  premier  directeur  du  jardin,  M.  Luc,  avait  déjà  entrepris 
d'utiles  cultures  ^  lors  de  notre  premier  séjour  à  Brazzaville,  en  juil- 
let 1902. 

Au  début  de  1904,  quelques-unes  de  ces  plantations  avaient 
pris  un  remarquable  développement.  Certains  arbres  à  caout- 
chouc de  Ceara  s'élevaient  déjà  à  3"*50  de  hauteur,  les  Funtu- 
mia  elastica  atteignaient  2""50  de  hauteur  et  leur  tronc  à  la  base 
avait  la  grosseur  du  bras.  Les  quelques  exemplaires  de  cet  arbre  à 
caoutchouc  que  nous  avons  vus  à  Tétat  cultivé,  soit  à  Brazzaville,  soit 
à  Léopoldville,  sont  de  très  belle  venue,  et  nous  pensons  que  les 
expériences  sur  cette  culture  doivent  être  activement  poursuivies. 

On  a  songé,  il  y  a  quelques  mois,  à  abandonner  le  jardin  de 
Brazzaville  pour  installer  une  station  plus  haut  dans  le  Congo.  A 
notre  avis,  il  est  indispensable  de  maintenir  un  établissement 
modèle  de  cultures  pour  la  région  des  savanes  situées  au  Sud  de 
la  forêt  équatoriale.  Il  s'y  pose  un  assez  grand  nombre  de  pro- 
blèmes agricoles  à  élucider.  En  particulier,  c'est  au  jardin  de 
Brazzaville  qu'il  appartient  de  rechercher  ce  que  donnera  la  cul- 
ture des  plantes  fournissant  le  caoutchouc  des  herbes,  le  Landol- 
phia  Tholloni  Dewèvre  et  le  Landolphia  humilis  K.  Schumann. 
Nous  pensons  pour  notre  part  que  la  multiplication  de  ces  plantes 
est  très  difficile  et  que  ceux  qui  chercheront  à  se  livrer  à  leur 
culture  seront  déçus.  Il  est  d'autant  plus  indispensable  d'éclaircir 
cette  question,  et  le  jardin  de  Brazzaville,  sur  l'emplacement 
duquel  croissait  le  Landolphia  humilis  avant  son  défrichement,  est 
tout  indiqué  pour  tenter  ces  essais. 

Nous  sommes  aussi  persuadés  qu'il  y  a  le  plus  grand  intérêt 
à  créer  rapidement,  le  long  du  Congo,  dans  la  région  de  la  grande 
forêt  et  à  proximité  de  la  Sangha  et  de  l'Oubangui,  un  jardin 
équatorial  destiné  à  guider  la  colonisation  dans  cette  contrée  aux 
productions  forestières  si  spéciales  et  si  variées. 

C'est  là  surtout  qu'est  l'avenir  au  Congo  français  :  la  culture 
des  arbres  à  caoutchouc  (Hevea  et  Funtumia)  et  des  grandes  lianes 
de  la  forêt. 

14°  Jardin  de  Krébedjé  (Fort-Sibut),  —  Installé  par  la  mission 
Chari-lac-Tchad  en  1902,  nous  lui  consacrons  plus  loin  une  étude 
spéciale  et  nous  ne  le  citons  ici  que  pour  mémoire. 

1.  Agriculture  pratique  des  pays  chauds,  1901,  p.  182. 


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LES  JARDINS   D'ESSAIS.  45 

15°  Jardins  des  missions.  —  Bien  qu'elles  aient  poursuivi  un 
but  tout  spécial  que  nous  n'avons  pas  à  apprécier  dans  cette 
étude,  nous  ne  pouvons  passer  complètement  sous  silence  le  rôle 
joué,  au  point  de  vue  agricole,  depuis  de  nombreuses  années, 
par  les  missions  religieuses  installées  à  demeure  en  Afrique  tro- 
picale. 

La  plupart  de  ces  missions  ont  introduit  dans  nos  colonies  de 
riches  collections  de  plantes  utiles  ;  elles  ont  multiplié  ces  végé- 
taux et  en  ont  fait  des  plantations  importantes  quand  ils  étaient 
d'une  utilisation  immédiate  ;  enfin  parfois,  elles  les  ont  propagés 
chez  les  peuplades  indigènes  voisines. 

Dans  les  régions  de  l'intérieur  nouvellement  colonisées,  c'est 
toujours  dans  les  plantations  des  missions  que  nous  avons  ren- 
contré les  séries  les  plus  variées  d'arbres  fruitiers  tropicaux,  les 
cultures  les  plus  étendues  de  plantes  vivrières,  les  installations 
les  plus  pratiques  pour  l'utilisation  des  produits  végétaux. 

Certaines  de  ces  missions,  comme  celles  de  Libreville  et  de 
Mayumbe  au  Gaboq,  de  Brazzaville  au  Congo,  de  Bangui  et  de  Bes- 
sou  dans  le  Haut-Oubangui,  possèdent  de  vastes  vergers  qui  ne  lais- 
sent rien  à  désirer.  On  y  pratique  la  taille  des  arbres,  le  greffage, 
parfois  la  sélection  de  certaines  variétés.  A  la  ferme  de  Bessou, 
installée  seulement  depuis  huit  ans,  en  plein  cœur  de  l'Afrique, 
on  fait  de  Télevage  rationnel,  des  labours  à  la  charrue,  des  trans- 
ports de  denrées  et  d'engrais  dans  des  charriots  construits  sur 
place  ;  on  fabrique  de  l'alcool  en  distillant  le  jus  fermenté  de 
certains  fruits  et  bpaucoup  d'autres  opérations  que  Ton  n'est  pas 
habitué  à  observer  dans  les  pays  neufs.  Tous  ces  résultats  d'ordre 
essentiellement  pratique  ont  été  obtenus,  grâce  à  l'esprit  de  suite 
et  à  la  ténacité  des  missionnaires  fixés  à  demeure  dans  les  points 
qu'ils  ont  choisis,  après  de  multiples  recherches.  Il  s'est  trouvé 
aussi  des  hommes  désintéressés  comme  les  R.  P.  Duparquet 
et  Klaine,  savants  modestes  qui  ont  été  de  véritables  initiateurs 
en  agriculture,  et  qui  ont  fait,  pour  le  progrès  de  l'agronomie 
tropicale  dans  nos  colonies,  tout  autant  et  peut-être  plus  que  nos 
meilleurs  jardins  d'essai. 

Considérations  générales.  Conclusions 

L'examen  que  nous  venons  de  faire  montre  que  les  jardins 
d'essais  d'Afrique  tropicale  sont  loin  d'avoir  rempli  le  but  pour 
lequel  ils  ont  été  créés.  La  plupart  ne  sont  que  des  jardins  bota- 
niques très  imparfaits  dans  lesquels  on  a  accumulé  sans  ordre 
l'ensemble  des  plantes  utiles  ou  ornementales  qu'on  a  pu  se 
procurer.  Les  plantes  cultivées  n  ont   pas  toujours  été  choisies 


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46  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

par  des  personnes  prévenues  et  compétentes.  Nous  pourrions 
citer  tel  jardin  où  Ton  cultivait,  lors  de  notre  passage,  le  Funtumia 
afncana  à  la  place  du  F.  elastica  (ce  dernier  donnant  du  caout- 
chouc et  l'autre  n'en  contenant  pas)  ;  de  même  nous  avons  vu 
cultiver  des  Landolphia  non  producteurs  de  caoutchouc,  à  la 
place  de  bonnes  espèces. 

Pour  les  plantes  utiles  qui  avaient  un  intérêt  immédiat,  les 
arbres  fruitiers  par  exemple,  le  nombre  des  variétés  rfitôsemblées 
est  parfois  très  faible  et  ce  sont  les  espèces  les  plus  communes, 
de  qualité  médiocre,  qui  sont  ordinairement  multipliées.  Le  Jar- 
din colonial  de  Nogent,  par  ses  envois,  s'efforce  actuellement,  dans 
la  mesure  de  ses  moyens,  de  combler  les  lacunes.  Il  a  mis  cette 
année  en  distribution  bon  nombre  de  variétés  des  principaux  végé- 
taux de  culture,  mais  un  grand  pas  reste  encore  à  faire  dans  cette 
voie. 

Il  a  été  rarement  entrepris  des  expériences  en  grand  pour 
faire  des  essais  de  cultures,  en  terrains  variés,  avec  ou  sans 
arrosages,  avec  ou  sans  engrais.  Quand  ces  essais  ont  été  faits, 
ils  ont  porté  sur  des  plantes  de  grande  culture  indigne  :  le 
sorgho,  le  m,  Varachide,  etc.,  et  il  a  été  alors  constaté  qu'avec  nos 
procédés  de  culture  perfectionnés,  beaucoup  plus  dispendieux  que 
les  procédés  primitifs  employés  par  l'indigène,  on  n'arrivait  pas 
toujours  à  des  résultats  encourageants. 

La  culture  des  plantes  potagères  a  tenu  jusqu'à  ce  jour  une 
très  grande  place  dans  nos  jardins  dessais  d'Afrique.  C'est  même 
de  ce  côté  qu'a  porté  leur  effort  principal.  Il  n'en  est  résulté  rien 
de  définitif  ;  pas  une  nouvelle  variété  de  légume  n'a  été  constituée 
et  vulgarisée  ensuite  chez  les  indigènes.  Eîn  ce  qui  concerne  les 
espèces  d'Europe  difficiles  à  acclhnater  dans  les  pays  chauds  :  la 
pomme  de  terre,  Vartichaut,  Vasperge,  le  fraisier,  nous  n'avons 
rencontré  dans  aucun  jardin  de  tentatives  sérieuses,  poursuivies 
avec  méthode,  pour  rendre  leur  culture  possible.  En  revanche, 
les  légumes  vulgaires  :  radis,  salades,  chotix,  etc.,  ont  souvent 
tenu  une  grande  place  dans  la  production  des  jardins  d'essais, 
et  parfois  les  autorités  locales  ont  demandé  avant  toute  chose, 
aux  directeurs  des  stations  agricoles,  de  faire  produire  à  leurs 
jardins  ces  légumes  destinés  à  l'alimentation  des  Européens  vivant 
dans  les  chef-lieux. 

Ce  n'est  pas  là,  à  notre  avis,  le  rôle  primordial  d'une  station 
agricole  coloniale.  Il  est  démontré  depuis  longtemps  qu'avec  un 
peu  de  soins,  tous  les  légumes  communs  des  pays  tempérés  peu- 
vent se  développer  et  produire  dans  les  pays  chauds,  à  condition 
de  faire  un  choix  judicieux  des  variétés,  de  les  ensemencer  en 
temps  utile,  et  dans  des  conditions  rapidement  discernées  par  toute 


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LES  JARDINS  D 'ESSAIS.  47 

personne  qui  s'intéresse  à  la  culture.  Il  est  certain  qu'une  espèce  de 
nos  pays  n'est  pas  toujours  apte  à  végéter  sous  les  tropiques  dans 
les  conditions  normales,  mais  avec  un  peu  d'observation  ou  d'ex- 
périence, il  est  souvent  aisé  de  réaliser  les  conditions  artificielles 
de  milieu  qui  conviendront  à  la  vie  d'une  plante  herbacée,  aussi 
modifiée  et  aussi  modifiable  que  l'est  une  plante  potagère.  Au 
cours  de  nos  voyages,  ce  n'est  pas  dans  des  jardins  d'essais  diri- 
gés par  des  praticiens  expérimentés  et  sortis  d'écoles  spéciales, 
que  nous  avons  observé  les  plus  remarquables  légumes,  mais 
souvent  dans  des  postes  éloignés,  au  fond  de  la  brousse,  où  des 
Européens  isolés,  qui  n'avaient  jamais  fait  d'études  en  horticul- 
ture, s'étaient  improvisés  jardiniers. 

On  sait  depuis  longtemps,  et  je  l'ai  aussi  constaté,  que  les 
plus  beaux  jardins  potagers  se  trouvent  généralement  dans  les 
postes  militaires  de  nos  colonies.  Dans  quelques-uns  de  ces  jar- 
dins militaires,  à  Saint-Louis,  à  Sedhiou,  au  Soudan,  au  Ghari, 
nous  avons  constaté  des  résultats  surprenants  :  on  arrivait  à  pro- 
duire en  abondance  des  légumes  variés  et  de  toute  beauté,  et 
cependant  ceux  qui  dirigeaient  ces  jardins  étaient  le  plus  sou- 
vent des  sous-officiers  qui  n'avaient  reçu  aucune  instruction  tech- 
nique spéciale  ;  mais  ils  réussissaient,  parce  qu'il  donnaient  tout 
leur  temps  à  ces  essais  et  qu'ils  disposaient  d'une  main-d'œuvre 
abondante  de  soldats  noirs  plus  disciplinés  et  plus  intelligents 
que  les  manœuvres  qu'on  emploie  dans  les  stations  agricoles  que 
nous  avons  vues.  Tous  ceux  qui  ont  séjourné  à  Brazzaville  dans 
ces  dernières  années  connaissent  aussi  les  magnificjues  résultats 
en  culture  maraîchère  obtenus  par  quelques  prisonniers  anna- 
mites qui,  après  leur  libération,  se  sont  voués  au  jardinage. 
Grâce  à  eux,  chaque  matin,  le^  Européens  peuvent  se  procurer 
au  chef-lieu  du  Congo  français  un  approvisionnement  de  légumes 
variés.  Les  jardins  annamites  de  Brazzaville,  que  nous  avons 
pris  plaisir  à  examiner  en  détail,  sont  véritablement  entretenus 
avec  autant  de  soin  que  les  jardins  maraîchers  des  environs  de 
Paris. 

Il  nous  paraît  donc  prouvé  aujourd'hui  que  la  cvlture  marair 
chère  est  facile  à  réussir  dans  toute  V Afrique  tropicale,  et  il  n'est 
nullement  besoin  que  les  directeurs  des  stations  d'essais  consa- 
crent la  meilleure  partie  de  leur  temps  et  de  leur  intelligence  à 
faire  pousser  des  légumes  pour  l'alimentation  de  quelques  Euro- 
péens privilégiés,  comme  cela  s'est  produit  très  souvent.  De 
simples  ouvriers  noirs  habitués  à  ce  genre  de  travail,  et  guidés 
de  temps  en  temps  par  un  chef  européen,  arriveront  au  même 
résultat.  En  un  mot,  tout  Européen  qui  désire  avoir  un  jardin  et 
qui  dispose  d'une  heure  chaque  jour  peut,   avec  un   ou  deux 


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48  VÉGÉTAUX   UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

manœuvres  noirs,  se  constituer  un  potager  abondamment  pro- 
ductif, sans  qu'il  soit  besoin  de  l'intervention  d'un  ingénieur 
agronome  ou  d'un  jardinier  diplômé  ! 

Nous  ne  pensons  pas  davantage  que  le  rôle  d'un  jardin  d'essais 
soit  de  multiplier  en  grand  nombre  les  plantes  utiles,  pour  les 
distribuer  ensuite  gratuitement  ou  contre  rémunération  aux 
colons.  Que  cela  se  pratique  au  début  pour  certains  arbres  diffi- 
ciles à  introduire  comme  les  Hevea,  le  Fwitumia,  certains  caféiers 
rares,  rien  de  mieux  ;  mais  dès  que  quelques  centres  de  dissé- 
mination de  ces  plantes  se  sont  créés,  dès  que  le  commerce  peut 
les  livrer  en  grande  quantité  au  planteur,  et  c'est  le  cas  par 
exemple  pour  les  graines  de  Maniçoba  et  de  Cacao,  il  n'y  a  plus 
aucune  raison  pour  que  le  jardin  d'essais  continue  ses  distribu- 
tions de  graines.  Le  personnel  du  jardin  dépense  pour  ces  opé- 
rations un  temps  précieux  qui  serait  plus  utilement  consacré 
à  d'autres  recherches. 

De  même,  la  constitution  de  grandes  pépinières  pour  la  pro- 
duction d'arbres  d'ombrage  ou  d'avenues  destinés  à  planter  les 
voies  publiques  est  une  tâche  absorbante  qui  ne  doit  point  incom- 
ber aux  jardins  d'essais.  Il  en  est  de  même  pour  la  production  de 
nombreux  plants  de  fleurs  ou  de  toutes  autres  espèces  ornemen- 
tales destinés  à  la  décoration  des  places  et  des  jardins  publics. 

Qu'il  soit  utile  de  confier  à  des  jardiniers  européens  expéri- 
mentés ces  services  accessoires,  nous  ne  le  contestons  point, 
mais  le  genre  de  travail  qu'ils  ont  à  accomplir  doit  être  bien 
nettement  défini,  de  même  que  les  attributions  du  personnel 
chargé  de  l'entretien  d'un  jardin  d'essais  colonial  doivent  être 
également  très  précises,  et  les  résultats  pratiques  qu'il  obtiendra 
alors  seront  aussi  faciles  à  apprécier  qu'ils  ont  été  confus  jus- 
qu'à ce  jour. 

Quelles  doivent  donc  être  les  attributions  de  ces  stations  agri- 
coles tropicales  éparpillées  déjà  en  grand  nombre  à  travers  notre 
domaine  colonial? 

Pour  répondre  à  cette  question,  nous  devons  d'abord  passer 
en  revue  ce  qui  a  été  fait  à  l'étranger. 

Depuis  plusieurs  années,  nous  avons  étudié  le  rôle  joué  par 
tous  les  grands  jardins  tropicaux  du  monde  :  Buitenzorg  à  Java, 
Peradenya  à  Ceylan,  Calcutta  dans  les  Indes  ;  nous  avons  suivi 
surtout  les  résultats  pratiques  obtenus  par  les  principales  stations 
agricoles  coloniales  des  pays  bordant  l'Atlantique.  Créées  pour  la 
plupart  depuis  peu  d'années,  en  même  temps  que  nos  jardins 
d'essais  les  plus  récents,  certaines  ont  pris  rapidement  un  magni- 
fique épanouissement,  alors  que  nos  jardins  français  restaient 
stationnaires.  Plusieurs  ont  déjà  solutionné  des  problèmes  agri- 


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LES  JARDINS   D  ESSAIS.  49 

coles  de  la  plus  haute  importance.  Le  D""  Morris,  Tun  des  plus 
distingués  fonctionnaires  du  jardin  royal  de  Kew,  a  créé  à  la 
Trinidad,  aux  Ailtilles  anglaises,  une  station  agricole  qui  a  déjà 
obtenu  de  remarquables  résultats  relatifs  surtout  à  la  sélection 
des  cannes  à  aucre. 

Au  jardin  de  Victoria,  créé  par  les  Allemands  dans  leur  colo- 
nie du  Cameroun,  des  études  fort  variées  ont  été  poursuivies  ; 
mais  le  D'  Preuss  s'est  spécialement  attaché  aux  questions  sui- 
vantes : 

La  culture  et  la  préparation  du  cacao  ; 

La  culture  et  la  préparation  de  la  vanille  ; 

La  culture  en  grand  de  l'arbre  à  caoutchouc  d'Afrique  (Fun- 
tumia  elastica)  ; 

La  recherche  des  meilleures  variétés  de  palmier  à  huile  [Elœû 
Quineensis)  et  des  bons  procédés  d'exploitation  des  noix  de  palme. 

Au  jardin  d'Ahuri,  à  la  Gold-Coast,  fondé  en  1890  par  Sir 
Brandford  Griffit,  on  s'est  surtout  occupé  d'initier  les  indi- 
gènes à  la  culture  rationnelle  du  cacaoyer  et  du  caféier.  Pour  cela 
on  a  formé  des  jardiniers  et  des  cultivateur  indigènes  qui,  après 
avoir  fait  un  stage  rémunéré  au  jardin,  vont  s'établir  pour  leur 
compte  dans  diverses  régions  de  la  colonie. 

On  sait  le  magnifique  résultat  qui  a  été  obtenu  ainsi  dans  la 
culture  du  cacaoyer.  Le  cacao,  qui  était  à  peine  connu  il  y  a 
quelques  années  à  la  Côte  d'Or,  donne  lieu  aujourd'hui  à  une 
exportation  de  plusieurs  millions  de  francs. 

C'est  à  Eala,  près  de  Coquilhatville,  sous  l'équateur,  que  les 
Belges  ont  installé  le  Jardin  botanique  central  de  l'État  indépen- 
dant du  Congo.  Il  comprend  comme  annexe  un  jardin  d'essais 
€  destiné  à  l'établissement  d'expériences  sur  les  plantes  de 
grande  culture  ».  Les  deux  premiers  directeurs,  MM.  L.  Gentil 
et  Marcel  Laurent,  se  sont  surtout  attachés  à  Tétude  et  à  la 
multiplication  des  nombreuses  plantes  à  caoutchouc  du  Congo, 
et  ils  avaient  déjà  été  précédés  dans  ces  recherches  par  Dewèvre 
et  Emile  Laurent,  auxquels  il  convient  d'associer  le  nom  de 
M.  E.  DE  Wildeman  qui,  depuis  plusieurs  années,  poursuit  sans 
relâche,  au  Jardin  des  plantes  de  Bruxelles,  l'étude  des  matériaux 
botaniques  recueillis  par  ces  savants  observateurs. 

L'Etat  indépendant  du  Congo  a  été,  grâce  à  ce  concours 
d'hommes  expérimentés,  un  des  premiers  gouvernements  colo- 
niaux à  comprendre  qu'il  ne  suffit  pas  d'édicter  des  mesures 
législatives  pour  accroître  la  production  agricole  et  forestière 
d'une  contrée  nouvelle,  si  préalablement  Ton  n'a  pas  étudié  scienti- 
fiquement ces  productions.  Cet  apprentissage,  il  l'a  fait  à  ses 
dépens,  il  y  a  plusieurs  années. 


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50  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

On  sait  que,  dès  1899,  un  décret  du  Roi  Souverain  avait  astreint 
les  agents  de  TEtat,  les  particuliers  et  les  concessionnaires,  à 
planter  annuellement  un  nombre  d'arbres  ou  de  lianes  à  caout- 
chouc qui  ne  devait  pas  être  inférieur  à  150  pieds  par  tonne  de 
caoutchouc  récoltée  pendant  la  môme  période.  Un  important 
service  du  contrôle  de  la  replantation  du  caoutchouc  dans  les 
forêts  domaniales  fut  institué  en  même  temps.  On  avait  cepen- 
dant négligé  un  point  essentiel  :  les  connaissances  botaniques 
qu'on  possédait  alors  des  plantes  à  caoutchouc  d'Afrique  étaient 
tellement  rudimentaires  que,  même  les  spécialistes  les  plus 
compétents  n'arrivaient  pas  à  s'entendre  et  à  pouvoir  distinguer 
les  espèces  donnant  d'excellent  caoutchouc,  d'avec  d'autres  espèces 
qui  n'en  donnaient  pas  ou  produisaient  ime  substance  sans 
valeur.  Il  en  résulta  ceci  :  dans  la  plupart  des  plantations 
anciennes  de  lianes  à  caoutchouc,  les  espèces  utilisables  se  sont 
trouvées  mélangées  dans  d'assez  fortes  proportions  aux  bonnes 
espèces. 

Ailleurs,  c'est  un  arbre,  le  Funtumia  africana,  donnant  une 
résine  sans  valeur,  qui  a  été  multiplié  à  la  place  du  F.  elastica, 
l'arbre  à  caoutchouc  de  l'Oubangui.  Les  fonctionnaires  du  jardin 
d'Eala  ont  étudié  minutieusement  les  espèces  qu'il  y  avait  intérêt 
à  propager,  et  bien  que  la  lumière  ne  soit  pas  encore  complète- 
ment faite,  le  Gouvernement  de  l'Etat  Indépendant  peut  entre- 
prendre pour  son  propre  compte  et  faire  entreprendre  aux  par- 
ticuliers, avec  beaucoup  plus  de  chances  de  succès,  des  cultures 
sur  l'avenir  desquelles  il  commence  à  être  renseigné.  Le  nombre 
des  pieds  de  plantes  à  caoutchouc  cultivées  dans  ces  conditions 
au  Congo  belge  s'élève  déjà  à  plusieurs  millions,  alors  qu'on 
serait  bien  embarrassé  pour  trouver,  dans  l'ensemble  des  jardins 
d'essais  français  d'Afrique,  quelques  milliers  d'exemplaires 
appartenant  à  des  espèces  sur  la  valeur  culturale  desquelles  on 
soit  renseigné. 

Nous  pourrions  citer  un  grand  nombre  d'autres  plantes  de 
grande  culture  ayant  également  pour  l'avenir  de  nos  colonies  une 
importance  primordiale  et  sur  lesquels  aucun  essai  sérieux  n'a 
encore  été  fait  dans  les  jardins  français. 

Nous  voudrions,  en  un  mot,  que,  comme  dans  les  colonies 
étrangères,  les  directeurs  de  nos  stations  d'essais  concentrent  tous 
leurs  efforts  sur  un  très  petit  nombre  de  sujets  d'expérience, 
mais  qu'ils  n'hésitent  pas  à  faire  ces  expériences  sur  une  grande 
échelle.  C'est  ce  que  le  jardin  de  Camayen  a  fait  pour  le  bana- 
nier de  Chine  et  nous  avons  signalé  plus  haut  le  magnifique 
résultat  qui  a  été  obtenu.  Chaque  jardin  devrait  avoir  ainsi  de 
une  à  trois  questions  (au  maximum)  à  approfondir. 


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LES  JARDINS   D'ëSSAIS.  41 

Dans  la  zone  saharienne,  au  contact  du  Sahara,  on  étudierait  les 
problèmes  de  la  culture  du  dattier  et  des  fourrages  pour  Talimen- 
tation  du  bétail  ;  dans  les  jardins  de  la  zone  soudanaise,  Tétude 
de  la  culture  du  cotonnier  est  déjà  à  Tordre  du  jour,  mais  elle 
a  besoin  d'être  poursuivie  longtemps  et  sans  défaillances  ;  dans 
la  Guinée  française,  la  possibilité  de  la  culture  des  arbres  frui- 
tiers pour  l'exportation  des  fruits  tropicaux  en  Europe  est  démon- 
trée, mais  il  restera  toujours  à  préciser  quantité  de  détails 
connexes.  Dans  d'autres  parties  de  l'Afrique  occidentale,  il  fau- 
drait entreprendre  de  grands  essais  sur  la  culture  des  plantes  à 
caoutchoiu:,  des  palmiers  à  huile,  des  cocotiers ,  des  colatiers, 
des  cacaoyers,  etc. 

Au  Congo  français,  nous  avons  besoin  d'être  fixés  sur  les  pos- 
sibilités culturales  des  plantes  à  caoutchouc  :  arbres,  lianes  et 
petites  plantes  doncfant  le  caoutchouc  des  herbes,  La  multiplica- 
tion des  cacaoyers  est  déjà  avancée  dans  les  plantations  parti- 
culières du  Gabon,  mais  la  station  de  Libreville  doit  être  en 
mesure  d'éclairer  le  colon  sur  quantité  de  points  particuliers 
relatifs  à  la  culture  des  meilleures  variétés  en  terrains  appropriés 
et  relatifs  aussi  à  la  préparation  du  cacao. 

Les  jardins  d'essais  d'Afrique  doivent  s'atteler  courageuse- 
ment à  l'étude  de  ces  grandes  questions  et  leurs  expériences  ne 
doivent  plus  porter  sur  des  carrés  de  plantations  ayant  quelques 
mètres  de  côté,  comme  elles  Tont  trop  souvent  fait  jusqu'à  ce 
jour.  L'ère  des  tâtonnements  pendant  laquelle  on  cultivait 
«  n'importe  quoi  »  doit  être  définitivement  close.  Après  les  intro- 
ductions qui  ont  déjà  été  faites  et  qui  ne  sont  d'ailleurs  pas 
terminées,  il  leur  reste  à  poursuivre  sur  une  vaste  échelle  les 
quelques  recherches  expérimentales  pratiques  que  nous  indi- 
quions plus  haut.  De  grandes  étendues  leur  seront  indispensables 
et  les  moyens  d'action  ne  leur  manqueront  pas,  lorsque  l'adminis- 
tration ou  les  planteurs  verront  dans  ces  champs  des  instru- 
ments de  prospérité  agricole  et  des  guides  sûrs  pour  les  entre- 
prises de  colonisation. 

Cette  tâche  ainsi  comprise  sera  à  la  fois  vaste  et  simple,  et 
elle  aura  l'avantage  de  conduire  à  des  résultats  précis  et  parfois 
à  des  applications  immédiates.  Au  contraire,  en  portant,  comme 
elles  l'ont  souvent  fait,  leurs  recherches  sur  une  foule  de  ques- 
tions, en  cultivant  les  végétaux  les  plus  divers  sans  but  déter- 
miné, les  stations  agricoles  coloniales  font  fausse  route,  car 
elles  n'ont  pas  le  personnel  scientifique  suffisant  pour  suivre 
simultanément  toutes  ces  études.  Le  résultat  de  cette  multiplicité 
de  cultures  est  qu'aucun  problème  ne  se  trouve  finalement  résolu 
et  les  questions  de  première  importance,  comme  celle  de  la  cul- 


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58  VÉGÉTAUX   UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

lure  des  plantes  à  caoutchouc,  se  trouvent  perdues  de  vue.  Après 
quinze  années  d'efforts,  pas  une  plantation  de  ces  plantes  n'est 
encore  en  étal  de  produire  en  Afrique  occidentale,  ni  même  de 
donner  des  espérances  sérieuses  pour  l'avenir,  parce  que  toutes 
ont  été  faites  à  la  légère.  Et  pendant  que  nous  perdons  du  temps, 
les  réserves  forestières  de  l'Afrique  en  caoutchouc  s'épuisent 
rapidement  et  auront  quelque  jour  disparu,  si  l'homme  n'inter- 
vient pas  bientôt  pour  les  reconstituer.  C'est  aux  jardins  d'essais 
qu'il  appartient  d'abord  de  s'atteler  à  cette  belle  œuvre,  capable 
de  séduire  beaucoup  de  ceux  qui  ont  foi  dans  l'avenir  de  notre 
empire  africain. 


111,  —  Essai  dlntroduction  des  plantes  utiles  dans  le  centre 
de  l'Afrique,  par  Aug.  Chevalier 

CHAPITRE  !    —  LES  PRÉPARATIFS  DE  L'INTRODUCTION 

^ommùire  :  La  Mission  Chari-Lac  Tchad.  —  Le  chef  de  cultures  de  la  Mis- 
sion :  Vincent  Martret.  —  Le  choix  des  graines  et  des  plantes  vivantes 
eu  France.  Le  voyage.  Le  transport  des  plantes  vivantes.  Choix  de 
reïdplacunjent  d'un  jardin  d'essais. 

§  I.  ~  Mission  Ghari-lao  Tchad  (1902-1904) 

Organisée  par  le  Ministère  de  Tlnstruction  publique,  le  Minis- 
tère des  Colonies  avec  le  concours  du  Gouvernement  local  du 
Congo,  de  T Académie  des  Inscriptions  et  Belles-lettres  (fondation 
Garnier),  du  Muséum  d'Histoire  naturelle,  etc.,  la  mission  que 
nous  avons  dirigée  a  poursuivi,  pendant  son  séjour  de  22  mois 
en  Afrique  centrale,  non  seulement  l'étude  scientifique  et  éco- 
nomique des  productions  du  Haut-Oubangûi  et  du  bassin  du 
Tchad,  mais  elle  a  en  outre  cherché,  suivant  les  instructions 
qu'elle  avait  reçues  du  Gouvernement,  à  introduire  et  à  multi- 
plier en  Afrique  centrale  les  plantes  utiles  qui  y  manquaient  ou 
y  étaient  rares,  et  elle  a  essayé,  dans  la  mesure  des  moyens  dont 
elle  disposait,  de  les  répandre  dans  les  divers  postes  de  nos  pos- 
sessions. 

Avant  de  quitter  la  France,  M.  le  Ministre  des  Colonies,  à  la 
demande  du  commissaire  du  Gouvernement  au  Tchad,  M.  E.  Gen- 
til, nous  avait  chargé  de  constituer  un  jardin  d'essais  en  vue  de 
ces  in Irodac lions,  et  il  nous  donnait  à  notre  départ  les  instruc- 


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ESSAI   d'introduction   DES   PLANTES   UTILES.  53 

tions  suivantes  :  «  ...Vous  aurez  en  premier  lieu  à  vous  préoccuper 
de  la  création  d'un  jardin  d'essais,  sur  remplacement  où  cet 
établissement  vous  paraîtra  devoir  rendre  le  plus  de  services. 
Je  vous  signale  en  particulier  les  points  de  Fort-de-Possel,  Fort- 
Sibut  et  de  Fort-Crampel,  comme  répondant  le  mieux,  d'après 
l'avis  de  M.  Gentil,  aux  conditions  exigées  pour  cette  création. 
«  Vous  avez  également  à  examiner  les  cultures  principales  aux- 
quelles le  nouveau  jardin  d'essais  devra,  dès  l'abord,  apporter 
tous  ses  soins.  La  culture  des  diverses  plantes  à  caoutchouc  que 
produit  la  région,  l'acclimatement  des  légumes  et  fruits  d'Eu- 
rope, la  culture  des  fruits  tropicaux,  présentent  à  ce  point  de  vue 
une  importance  primordiale,  » 


§  II.  —  Le  Chef  de  culture  de  la  Mission  :  Vincent  Martret 

Pour  remplir  ce  programme,  il  nous  fallait  la  collaboration 
d'un  praticien  expérimenté,  très  au  courant  des  cultures  tropi- 
cales et  ayant  déjà  donné  des  preuves  de  son  zèle  en  introduisant 
ailleurs  des  plantes  utiles.  Nous  avions  vu  à  l'œuvre,  au  Soudan, 
Vincent  Martret  qui  remplissait  ces  conditions.  Il  était  en 
congé  en  France,  en  1901,  au  moment  où  s'organisait  la  mission  ; 
je  proposai  de  le  prendre  comme  chef  de  cultures  ;  il  accepta 
avec  enthousiasme.  Le  travail  qu'il  a  fourni  pendant  la  mission 
est  considérable.  Notre  infortuné  collaborateur  a  payé  de  sa  vie 
les  efforts  qu'il  avait  dépensés  pour  l'accomplissement  de  la 
tâche  qui  lui  était  confiée.  Après  six  mois  de  séjour  en  France, 
il  est  mort  le  7  octobre  1904  à  Plouigneau  (Finistère),  victime  de 
l'affection  paludéenne  qu'il  avait  contractée  aux  colonies.  Comme 
Heudelot,  mort  au  Sénégal  (en  1837),  comme  Pierre,  créateur 
du  jardin  de  Libreville,  et  mort  au  Gabon  (en  1892)  ;  Lelache 
assaasdné  à  la  Côte  d'Ivoire  ;  comme  Thollon,  mort  au  Congo 
en  1895,  Vincent  M.\rtret  appartenait  à  cette  modeste  classe  de 
fonctionnaires  coloniaux  qu'on  nommait  autrefois  «  les  bota- 
nistes-jardiniers de  la  Marine  ». 

Comme  eux,  il  aura  eu  une  vie  courte  mais  bien  remplie,  et 
son  nom  restera  intimement  lié  à  l'histoire  des  introductions  de 
plantes  utiles  dans  le  centre  de  l'Afrique. 

Vincent  Martret  était  né  à  Lanmeur  (Finistère)),  en  1875. 
Fils  de  petits  cultivateurs,  il  s'initia  parmi  eux  à  la  culture  maraî- 
chère qui  constitue,  comme  l'on  sait,  la  principale  ressource  du 
Nord  du  Finistère.  A  16  ans,  il  entra  à  l'école  d'agriculture  du 
Lézardeau  (lUe-et-Vilaine).  Il  en  sortit  en  1896  pour  venir  ter- 
miner ses  études  à  l'École  nationale  d'horticulture  de  Versailles. 


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54  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

Mais  Martrët  n'était  point  fait  pour  la  vie  sédentaire.  Sitôt 
diplômé,  il  entra,  en  1897,  dans  le  service  des  cultures  du  Mu- 
séum et,  sous  la  direction  du  professeur  Maxime  Cornu,  il  fut 
rapidement  au  courant  des  connaissances  techniques  utiles  aux 
praticiens  appe'lés  à  essayer  des  cultures  dans  les  pays  chauds. 

En  1898,  il  partit  au  Soudan  français,  dans  la  mission  orga- 
nisée par  le  général  de  Trentinian.  Il  avait  emporté  du  Muséum 
deux  petites  serres  de  plantes  vivantes  qu'il  réussit  à  transporter 
en  bon  état  jusqu'à  Kati,  près  du  Niger  moyen.  Là,  sous  la  direc- 
tion de  M.  Jagquey,  il  entreprit,  non  seulement  de  multiplier 
ces  plantes,  mais  il  lui  revient  aussi  le  mérite  d'avoir  exécuté  la 
plupart  des  belles  plantations  que  nous  avons  nous-même  obser- 
vées au  jardin  de  Kati,  à  la  fin  de  1899. 

L'activité  qu'il  déploya  au  cours  de  la  mission  Chari-Tchad, 
le  zèle  avec  lequel  il  nous  seconda,  firent  l'admiration  de  tous. 

Le  jardin  que  nous  allons  décrire  a  été  son  œuvre.  Il  est 
profondément  regrettable  qu'une  carrière  si  utile  à  la  colonisation 
ait  été  brusquement  interrompue  par  une  mort  prématurée. 

§  m.  —  Le  choix  des  erraines  et  des  plantes  vivantes  en  France 

La  mission  constituée,  nous  nous  sommes  occupés,  dès  le  début 
de  1902,  de  grouper  toutes  les  graines  et  les  jeunes  plantes 
vivantes  qu'il  y  avait  intérêt  à  emporter  en  Afrique  centrale.  En 
mars,  Martret  revenait  faire  un  stage  aux  serres  du  Muséum, 
dans  le  service  de  M.  le  Professeur  Costantin,  pour  multiplier  et 
grouper  les  plantes  que  nous  voulions  transporter  avec  nous  dans 
des  serres  Ward.  Le  Muséum,  continuant  des  traditions  vieilles 
de  plus  d'un  siècle,  contribue  toujours,  autant  qu'il  le  peut,  à 
l'introduction  dans  nos  colonies,  des  espèces  utiles  qu'il  a  pu 
obtenir  de  divers  côtés.  Dans  le  cas  présent,  il  nous  procura 
toutes  les  ressources  végétales  dont  il  disposait  dans  ses  serres 
et  dans  sa  collection  de  graines. 

M.  J.  Dybowskt,  au  Jardin  colonial  de  Nogent-sur-Mame, 
nous  donna  aussi,  avec  le  plus  grand  empressement,  un  certain 
nombre  d'espèces  de  graines  et  plantes,  existant  dans  ses  collec- 
tions et  qui  nous  manquaient. 

Enfin,  nous  devons  des  remerciements  tout  particuliers  à  la 
maison  Vilmorin-Andrieux  et  C**,  qui  mit  à  notre  disposition, 
avec  un  entier  désintéressement,  toutes  les  richesses  mentionnées 
sur  ses  divers  catalogues. 

Un  stock  très  important  de  graines  et  de  jeuiîes  plantes  put 
ainsi  être  emporté  de  France,  le  16  mai  1902. 


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ESSAI  d'introduction   DES   PLANTES   UTILES.  55 

Mais  là  ne  devaient  pas  se  borner  nos  efforts  :  nous  voulions 
aussi  profiter  des  essais  de  naturalisation  déjà  faits  à  la  Côte  occi- 
dentale d'Afrique  et  recueillir,  dans  les  jardins  existants,  tout  ce 
qu'il  pouvait  y  avoir  d'utile  à  transporter  d'une  région  à  l'autre, 
et  à  introduire  partout  où  c'était  possible,  et  spécialement  en 
Afrique  centrale.  Nous  nous  inspirions  en  cela  de  l'exemple  de  Per- 
ROTET  qui,  au  cours  de  sa  belle  carrière  coloniale,  dans  la  première 
moitié  du  xix**  siècle,  a  été  peut-être  le  plus  grand  introducteur 
de  plantes  dans  tous  les  pays  tropicaux  où  la  France  avait  des 
possessions  ^. 

Je  séjournai  avec  Martret  im  mois  au  Sénégal,  et  grâce  au 
bienveillant  accueil  du  Gouverneur  général  de  l'Afrique  occiden- 
tale française,  M.  Roume,  il  nous  fut  possible  de  rassembler  dans 
les  jardins  publics  et  particuliers  de  la  colonie  une  importante 
provision  de  graines. 

Au  jardin  d'essais  de  Camayen,  en  Guinée  française,  je  pus 
obtenir,  par  l'entremise  de  M.  Noirot,  quelques  jeunes  plants 
du  Miùsa  sinensis  qui  y  est  cultivé  avec  tant  de  succès,  ainsi  que 
des  œilletons  des  excellentes  variétés  d'ananas  :  Comte  de  Paris 
et  Baronne  de  Rothschild. 

A  l'escale  de  Porto-Novo,  au  Dahomey,  la  mission  prit  aussi 
diverses  graines. 

Un  court  arrêt  à  Libreville,  au  Gabon,  permit  de  visiter  le 
jardins  d'essais  et  d'obtenir  du  directeur,  M.  Couasnon,  plusieurs 
plantes  qui  nous  manquaient  encore. 

Il  en  fut  de  même  à  Brazzaville,  où  M.  Luc  mit  avec  la  plus 
grande  obligeance,  à  notre  disposition,  la  plupart  des  plantes 
existant  dans  son  jardin  récemment  créé.  Enfin,  divers  parti- 
culiers nous  donnèrent,  en  échange  des  plantes  ou  des  graines 
que  nous  leur  abandonnions,  lorsque  nous  en  possédions  une 

1.  Perrottet,  embarqué  sur  un  navire  de  la  Marine,  emportait  avec  lui 
à  chaque  voyage  toutes  les  plantes  qu'il  réussissait  à  se  procurer.  Il  séjour- 
nait quelque  temps  dans  une  colonie,  y  cultivait  les  espèces  apportées  avec 
lui  et  celles  qui  y  existaient  déjà.  A  son  départ,  il  emportait  de  nouvelles 
graines  ou  des  plantes  qu'il  avait  réussi  à  faire  et  les  déposait  dans  une 
autre  colonie  où  il  continuait  la  même  besogne.  C'est  ainsi  que  la  Guyane, 
le  Sénégal,  la  Réunion,  Madagascar  et  Tlnde  lui  doivent  bon  nombre  de 
levurs  Introductions.  C'est  lui  qui»  le  premier,  vers  1820,  a  signalé  à  Mada- 
gascar une  liane  du  genre  Landolphia,  comme  susceptible  de  donner  une 
gomme  analogue  à  celle  fournie  par  les  Hevea  qu'il  avait  vus  à  la  Guyane, 
c'est-à-dire  le  caoutchouc.  C'était  la  découverte  de  la  première  liane  à 
caoutchouc!  Deux  autres  voyageurs  français,  Adanson  et  Palisot  de 
Beauvois,  bien  avant  lui,  avaient  vu  d'autres  lianes  du  même  genre,  mais 
ils  n'avaient  pas  soupçonné  dans  le  latex  de  ces  plantes  l'existence  d'un 
produit  qui  ferait  un  jour  la  richesse  de  l'Afrique. 

Le  nom  de  Perrottet  tient  certainement  l'une  des  premières  places 
dans  la  liste  des  naturalistes  qui  ont  consacré  leur  vie  au  progrès  de  l'agro- 
nomie tropicale. 


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56  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

quantité  suffisante,  de  nombreuses  espèces  intéressantes  à  em- 
porter au  dernier  terme  de  notre  voyage. 

Nous  tenons  à  remercier  spécialement  les  missions  catholiques 
de  Thiès  (Sénégal),  de  Brazzaville  (Congo),  de  Bangui  et  de  Bes- 
sou  (Oubangui),  qui  nous  ont  procuré,  avec  le  plus  grand  empres- 
sement, quantité  d'espèces  et  de  variétés  d'arbres  fruitiers  de  la 
plus  grande  utilité. 

C'est  ainsi  que  les  bonnes  variétés  de  manguiers,  introduites 
par  nous  dans  les  bassins  de  l'Oubangui  et  du  Tchad,  provien- 
nent de  graines  qui  nous  avaient  été  données  en  grande  quantité 
à  la  mission  de  Thiès. 

Quant  à  la  plupart  des  mandariniers  de  Fort-Sibut,  ils  ont 
été  apportés  en  jeunes  plants,  préalablement  élevés  à  la  mission 
de  Brazzaville. 

Du  reste,  partout  où  elle  obtenait  des  dons  ou  des  cessions,  la 
mission  Chari-Tchad  s'efforçait  de  donner,  en  échange,  des  graines 
ou  des  jeunes  plants  d'espèces  qui  manquaient  encore  dans  les 
établissements  ou  les  jardins  que  nous  visitions. 

§  IV.  —  Le  transport  des  plantes  vivantes 

Martret  ne  parvint  à  sauver  la  plupart  des  plantes  vivantes 
que  nous  avions  emportées  de  France  ou  acquises  en  cours  de 
route,  qu'en  leur  donnant,  pendant  toute  la  durée  du  voyage, 
les  soins  les  plus  assidus.  Placées  dans  quatre  serres  Ward  ^  dès 
le  10  mai  1902,  elles  sont  parvenues  à  leur  destination,  c'est-à- 
dire  à  Fort-Sibut,  le  8  septembre.  Le  voyage  a  donc  duré  quatre 
mois.  Sur  le  paquebot  ainsi  que  dans  les  escales  où  il  nous  fut 
donné  de  séjourner,  Martret  s'en  occupa  constamment  pour  les 
aérer,  les  arroser,  les  garantir  du  soleil,  etc.  Jusqu'à  Bangui,  où 
nous  parvenions  le  15  août,  tout  se  passa  pour  le  mieux,  notre 
collection  restait  intacte.  Mais  à  partir  de  ce  point,  il  fallut  trans- 
porter les  serres  dans  un  chaland  étroit,  encombré  de  tout  le  maté- 
riel de  la  mission  ;  il  fallut  leur  faire  franchir  les  rapides  de  TOu- 
bangui  î  On  dut  ensuite  les  faire  voyager  en  pirogues  indigènes. 
Puis,  les  deux  derniers  jours,  les  serres  furent  transportées  sur 
la  tête  des  nègres  î 

Il  est  inutile  que  j'insiste  davantage  sur  ce  fait  que  mon  vail- 

1.  Martret  avait  choisi  de  petites  serres  mesurant  0'.45  de  longueur  sur 
O',30  de  largeur  et  0',45  de  hauteur.  Deux  serres  de  la  sorte  contiennent 
autant  de  plantes  qu'une  grande.  Une  serre  comnie  les  nôtres  peut  être 
facilement  portée  sur  la  tête  d'un  Noir,  tandis  qu'il  faut  quatre  hommes 
pour  porter  une  grande  serre  Ward,  dont  l'emharquement  et  le  débar- 
quement sont  difticiles.  Les  plantes  emballées  dans  de  grandes  serres 
risquent  aussi  de  souffrir  davantage  des  chocs. 


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ESSAI  d'introduction  DES   PLANTES   UTILES.  57 

lant  collaborateur  avait  non  seulement  à  veiller  sur  ses  plantes 
vivantes,  mais  encore  que  bien  d'autres  occupations  absorbaient 
son  attention.  Aussi,  une  assez  grande  quantité  de  jeunes  plantes 
délicates  moururent  dans  cette  dernière  partie  du  voyage  ou  suc- 
combèrent après  leur  transplan taion. 

§  V.  —  Choix  de  l'emplacement  d'un  Jardin  d'essais 

Suivant  les  instructions  ministérielles  qui  m'avaient  été  don- 
nées, le  jardin  à  constituer  devait  être  situé  entre  Fort-de-Possel 
et  Fort-Crampel.  Le  commissaire  du  gouvernement  au  Tchad, 
M.  le  lieutenant-colonel  Destenave,  me  conseilla  vivement  de  ne 
pas  trop  m'éloigner  de  TOubangui,  le  climat  devenant  rapide- 
ment impropre  à  beaucoup  de  cultures  tropicales,  au  fur  et  à 
mesure  qu'on  se  rapproche  du  Tchad.  En  outre,  il  attirait  spé- 
cialement nion  attention  sur  la  localité  de  Krébedjé  (Fort-Sibut), 
où  l'on  trouverait,  disait-il,  beaucoup  d'avantages  réunis  :  de 
l'eau  en  abondance,  de  grandes  cultures  indigènes  déjà  exis- 
tantes, de  la  main-d'œuvre,  etc. 

Un  emplacement  favorable  fut  en  effet  reconnu  dès  notre  arri- 
vée dans  ce  poste,  et  l'administrateur  du  cercle,  M.  GABomAUD, 
nous  procura,  quelques  jours  après  nôtre  arrivée,  les  travailleurs 
indispensables  pour  commencer  les  premiers  travaux  de  défri- 
chement. 


CHAPITRE  II.  —  LE  JARDIN   D'ESSAIS  DE  FORT-SIBUT 

Sommaire  :  Situation,  climatologie.  —  Composition  du-  sol.  —  Le  jardin 
proprement  dit.  —  Le  terrain  ferrugineux.  —  La  galerie  forestière.  — 
Les  bords  de  la  rivière. 

§  I.  —  Situation,  Climatologie 

Le  poste  de  Fort-Sibut  (nommé  encore  Krébedjé),  du  nom  du  chef 
de  village  indigène  installé  à  proximité)  se  trouve  au  cœur  de 
TAfrique,  dans  la  partie  la  plus  septentrionale  du  bassin  du  Congo, 
à  l'entrée  des  territoires  du  bassin  du  Tchad.  Il  a  été  fondé  par 
M.  Gentil,  lors  de  sa  première  mission  en  1897,  sur  la  Tomi, 
affluent  de  la  Kémo,  à  une  centaine  de  kilomètres  du  grand  coude 
de  rOubangui,  dans  lequel  se  jette  la  Kémo.  D'après  les  observa- 
tions et  les  calculs  de  M.  Bruel,  il  se  trouve  par  5''45'  de  lati- 
tude N.  et  par  17**  de  longitude  E.  Il  est  situé  à  environ  440  mètres 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 


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58  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

On  possède  encore  très  peu  de  données  sur  la  climatologie  de 
Fort-Sibut.  Rousset  en  1899,  et  Martret  en  1903,  ont  pu  y  faire 
quelques  observations,  mais  elles  ne  s'étendent  que  sur  quelques 
mois.  La  saison  des  pluies  va  de  fin  mars  à  fin  octobre.  Il  peut 
môme  y  avoir  un  à  trois  jours  de  pluie  dans  chacun  des  autres 
mois.  Les  mois  les  plus  pluvieux  sont  (comme  dans  toute  la  zone 
tropicale  africaine,  au  N.  de  l'Equateur),  juin,  juillet,  août,  sep- 
tembre. 

A  Mobaye,  sur  le  Haut-Oubangui,  Bruel  a  compté,  en  1897, 
101  jours  de  pluie  et  enregistré  1°'64  d'eau  ;  à  Port-Crampel,  sur 
le  Haut-Chari,  en  1900,  le  même  observateur  a  compté  118  jours 
de  pluie  et  recueilli  1™,57  d'eau  dans  l'année.  Nous  renvoyons 
du  reste  le  lecteur  à  l'excellent  et  consciencieux  travail  de  Bruel 
sur  la  météorologie  du  Haut-Chari,  publié  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  météorologique  de  France,  ainsi  qu'aux  observations  an- 
nexées à  ce  mémoire  que  Martret  avait  entrepris  de  faire  à  l'aide 
des  instruments  mis  à  sa  disposition  par  M.  Bruel. 

Port-Sibut  se  trouvant  dans  une  zone  intermédiaire,  entre 
Mobaye  et  Fort-Crampel,  on  peut,  jusqu'à  renseignement  plus 
précis,  admettre  qu'on  observe  en  moyenne  chaque  année  une  cen- 
taine de  jour  de  pluies  et  qu'il  tombe  environ  1™,50  d'eau.  C'est, 
comme  on  le  voit,  approximativement  le  climat  de  la  Haute-Côte 
d'Ivoire  et  du  Fouta-Djalon. 

§  n.  —  Composition  du  sol 

L'emplacement  du  jardin  d'essai  fut  choisi  sur  le  flanc  N.-E. 
du  poste,  en  bordure  de  la  rivière  Tomi  et  d'une  grande  galerie 
forestière  renfermant  des  sources,  et  qui  rejoint  la  Tomi  à 
500  mètres  environ  en  amont  du  poste. 

La  plus  grande  partie  de  l'emplacement  du  jardin,  celle  sur 
laquelle  nous  devions  installer  nos  pépinières  et  la  plupart  de 
nos  cultures,  était  située  tout  le  long  de  la  rivière  Tomi.  Couverte 
de  brousse,  d'arbres  et  de  hautes  herbes,  elle  avait  cependant  été 
cultivée  par  les  indigènes  avant  l'installation  du  poste  français,  et 
l'on  retrouvait  encore  en  un  coin  les  traces  d'un  champ  de  manioc 
abandonné  depuis  longtemps.  Nous  donnerons  plus  loin  la 
composition  de  la  végétation  spontanée.  Quant  au  sol,  il  était 
presque  partout  formé  d'une  épaisse  couche  de  terre  d'alluvion, 
riche  en  humus.  Au  retour  de  la  mission,  cette  terre  a  été  ana- 
lysée par  M.  HÉBERT,  chef  de  travaux  au  laboratoire  de 
M.  Armand  Gautier.  Cette  analyse  a  donné  les  résultats  suivants. 

Terre  de  surface  (0"  à  0°,30),  dans  la  partie  située  au-dessus  de 
la  zone  atteinte  par  l'inondation  annuelle  : 


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ESSAI  d'introduction   DES   PLANTES  UTILES.  59 

ANALYSE    PHYSIQUE  ANALYSE    CHIMIQUE 

Sable 910.0p.  1000      Azote 1,14  p.  1000 

Argile 30,7     —         Acide  pliosphorique.    .   .    traces. 

Calcaire traces.  Chaux traces. 

Humus 16,8     —         Potasse traces. 

Soude 1,09     — 

Magnésie traces. 

Dans  la  partie  la  plus  élevée  du  jardin,  la  terre  végétale  était 
remplacé  par  des  graviers  ferrugineux  et  même,  par  places,  la 
roche  (latérite  en  conglomérats)  venait  affleurer.  Nous  avons 
constaté,  au  cours  de  nos  voyages,  qu'un  tel  sol  est  éminemment 
propre  à  la  végétation  des  lianes  à  caoutchouc  d'Afrique  :  Lanr 
dolphia  owdriensis  et  Landolphia  HeudelotiL 

Enfin,  tout  contre  la  rivière,  de  quelques  mètres  en  contrebas 
du  jardin  proprement  dit,  dans  Tancien  lit  fluvial  qui  n'est  plus 
envahi  par  les  eaux  qu'au  moment  des  grandes  crues,  on  trouve 
d'épais  dépôts  de  terre  végétale  sablonneuse.  L'analyse  de 
M.  HÉBERT  a  donné  : 

ANALYSE  PHYSIQUE  ANALYSE  CHIMIQUE 

Sable 895,0  p.  1 000      Acide  phoôphorique.  .  .  .    traces. 

Argile 12.7     —  Chaux h  .  .  .    traces. 

Calcaire traces.  Soude 1,70  p.  1000 

HuiD'US.  .  • traces.  Potasse 0,20     — 

Magnésie traces. 

Ces  terres  de  rivage,  bien  ombragées  par  de  grands  arbres, 
sont  éminemment  favorables  aux  semis  de  plantes  demandant 
dans  leur  jeunesse  beaucoup  d'ombre  et  d'humidité,  mais  il 
serait  dangereux  d'y  installer  des  cultures  en  permanence,  ainsi 
que  nous  en  avons  fait  l'essai.  Ces  terres,  qui  n'avaient  pas  été 
envahies  par  les  eaux  pendant  toute  l'année  1902,  ont  été  subite- 
ment recouvertes  par  l'inondation  de  la  Tomi,  pendant  l'hiver- 
nage 1903.  Les  eaux  ont  séjourné  pendant  plusieurs  semaines  sur 
cette  partie  du  jardin,  tuant  presque  toutes  les  plantes  qui  s'y 
trouvaient  cultivées.  Il  en  résulta  un  petit  désastre  dans  certains 
essais  de  culture  entrepris  par  Martret,  qui  dut  renoncer  à  uti- 
liser ce  coin  en  hivernage. 

Le  terrain  qui  avait  été  choisi  pour  l'installation  du  jardin 
d'essais  comprenait  quatre  sortes  de  sols,  chacun  ayant  sa  végéta- 
tion spontanée  propre  et  se  prêtant  à  des  cultures  bien  détermi- 
nées. 

§  III.  —  Le  Jardin  proprement  dit 

C'est  là  que  Martret  fit  presque  tous  ses  essais.  Ce  coin  était 
formé   d'une   terre  d'alluvion   noirâtre   très   meuble.    Avant   le 


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60  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

défrichement,  la  végétation  spontanée  se  composait  surtout  de 
Panicum  (plusieurs  espèces  de  grande  taille),  un  Amomum  à 
tiges  de  1™  à  1"50  de  hauteur,  et  Vlmperata  des  tropiques  ;  cette 
graminée  aux  rhizomes  traçants  est  un  véritable  fléau  pour  Tagri- 
culture  en  Afrique,  car  elle  envahit  très  rapidement  toutes  les 
terres  qui  ont  été  une  première  fois  cultivées.  Comme  arbres  et 
arbustes,  il  n'y  avait  que  quelques  grands  Vitex^  VAiiona  sene- 
galensis,  le  Sarcocephalus  esculentus,  un  Bridelia  rabougri. 

Les  arbustes  furent  presque  tous  extirpés.  On  laissa  intacts 
les  grands  arbres.  Les  rhizomes  des  Amomes  et  des  Imperata 
furent  difficiles  à  enlever.  A  noter  aussi  la  difficulté  qu'on  eut 
pour  extirper  Vlcacina  senegalensis,  petit  arbuste  haut  de  30  cent, 
environ,  mais  qui  possède  un  gros  tubercule  de  la  grosseur  de 
la  tête,  enfoncé  parfois  à  O^'SO  de  profondeur. 

On  s'aperçut  aussi,  au  cours  de  ces  premiers  travaux,  qu'il 
faudrait  lutter  dans  l'avenir  avec  une  ennemie  redoutable  des 
cultures  tropicales  :  la  fourmi  blanche  ou  termite.  Elle  envahit 
spécialement  tous  les  terrains  où  l'on  enfouit  des  herbes  sèches 
et  même  de  l'engrais  de  ferme. 


§  IV.  —  Le  Terrain  ferrugineux 

La  partie  la  plus  élevée  de  l'emplacement  choisi,  située  en 
bordure  de  la  vieille  roche  de  Port-Crampel,  était  formée  d'un 
sol  pauvre,  rougeâtre,  argileux  par  places,  ailleurs  fortement 
sablonneux  et  formé  de  débris  de  roches  genésiques  provenant  de 
la  décomposition  des  massifs  voisins.  En  certaines  places,  comme 
nous  l'avons  dit,  la  roche  ferrugineuse  compacte  venait  affleurée 
à  la  surface.  La  végétation  spontanée  était  celle  des  savanes  du 
Soudan,  si  souvent  décrite  par  les  voyageurs.  Formée  d'arbres 
ou  de  touffes  d'arbustes  plus  ou  moins  espacées  les  unes  des 
autres,  mais  séparées  à  la  saison  des  pluies  par  de  hautes  herbes, 
et  en  particulier  par  plusieurs  'espèces  d'Andropogon,  elle  consti- 
tue ce  que  l'on  a  nommé  la  végétation  de  parc. 

Les  espèces  ligneuses  les  plus  caractéristiques  qui  y  croissent 
sont  des  Vitex,  des  Terminalia,  des  Anogeissus,  des  Afzelia,  des 
Daniella  et  des  Lophira.  Les  herbes  qui  croissent  entre  ces 
essences  s'élèvent  à  environ  2  mètres  de  hauteur  à  la  saison  des 
pluies.  Elles  ont  presque  toutes  une  souche  vivace,  mais  leur 
chaume  se  dessèche  dès  qu'arrive  le  mois  de  novembre  ot  môme 
plus  tôt,  dans  les  endroits  arides.  Les  incendies  d'herbes  allumés 
par  les  indigènes  brûlent  alors  toutes  les  parties  aériennes  dessé- 
chées et  toute  la  végétation  reste  dans  une  phase  de  vie  ralentie, 


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ESSAI   D^NTRODUCTION   DES   PLANTES   UTILES.  61 

jusqu'à  Tarrivée  des  premières  pluies  ;  seules  les  plantes  spon- 
tanées à  grandes  réserves  aqueuses  :  plantes  à  gros  rhizomes  ou 
à  bulbes,  euphorbes  cactif ormes,  certaines  lianes,  etc.,  entrent 
en  végétation  en  pleine  saison  sèche,  parfois  presqu'aussitôt  après 
le  passage  du  feu  de  brousse. 

Cette  végétation  à  adaptation  si  spéciale  caractérise  ce  que 
nous  avons  nommé  la  zone  soudanienne,  qui  va  du  Sénégal  à 
TAbyssinie.  Dans  les  colonies  françaises,  elle  s'étend  sur  un  demi- 
million  de  kilomètres  carrés.  Assurément,  ce  terrain  essentielle- 
ment aride  pendant  une  grande  partie  de  l'année  a  une  valeur 
agricole  très  médiocre.  Dans  les  endroits  où  il  y  a  suffisamment 
de  terre  végétale,  il  se  prête  à  la  culture  des  plantes  annuelles 
(sorgho,  éleusine,  sésame,  Hyptis,  arachide,  Vigna),  qui  peuvent 
évoluer  pendant  la  saison  des  pîaies.  Or,  pour  intéressantes  que 
soient  ces  cultures  indigènes,  il  est  peu  utile  de  chercher  à  les 
rendre  rationnelles  actuellement.  Mais  on  trouve  aussi  sur  ces 
terrains  ferrugineux  et  arides  du  Soudan,  deux  végétaux  du  plus 
haut  intérêt  pour  notre  industrie  :  les  lianes  à  caoutchouc  (Lan- 
dolphia  owariensis  et  L.  Heudelotii)  et  le  Karité  ou  arbre  à 
beurre  d'Afrique  {Buiyrospermxim  Parkii).  Quelques  touffes  de 
Landolphia  owariensis  existaient  déjà  sur  l'emplacement  du  jar- 
din d'essais  et  dans  les  environs,  et  il  était  facile  d'en  ensemencer 
d'autres.  Quant  au  Butyrospermum  Parkii,  il  ne  s'avance  pas  en 
Afrique  centrale  au  Sud  du  7*  parallèle.  Il  se  trouve  à  Fort-Cranî- 
pel,  à  sa  limite  Sud  extrême.  Le  climat  et  le  sol  de  Fort-Sibut  et 
de  Fort-Grampel  étant  sensiblement  identiques,  il  n'y  avait  aucun 
empêchement  pour  introduire  le  Karité  à  Fort-Sibut,  et  effecti- 
vement nous  avons  expédié  à  Martret,  en  juin  1903,  des  graines 
de  Karité,  dont  la  germination  a  réussi.  Si  ces  arbres  peuvent 
subsister  et  se  répandre  dans  la  contrée,  ils  fourniront  une 
graisse  qui  constituera  plus  tard  un  appoint  dans  l'alimentation 
des  indigènes. 

C'est  donc  spécialement  pour  faire  des  essais  d'acclimatation 
et  de  culture  des  lianes  à  caoutchouc  et  de  Karité,  qu'un  coin  de 
brousse  fut  choisi  pour  faire  partie  du  jardin  d'essais. 


§  V.  —  La  Galerie  forestière 

L'emplacement  comprenait  aussi  un  coin  de  galerie  forestière 
qui  abritait  plusieurs  sources  permanentes.  Depuis  la  publica- 
tion des  travaux  de  Schweinfurth,  on  nomme  galerie  des  mas- 
sifs forestiers  très  serrés,  larges  seulement  de  20  mètres  à 
500  mètres  et  situés  ordinairement  le  long  des  rivières  ou  seu- 


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62  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQÛE. 

lement  partout  où  il  existe  à  l'hivernage  au  moins  un  filet  d'eau 
courante.  Rien,  dans  les  pays  tempérés,  ne  peut  donner  une  idée 
de  ce  que  sont  ces  galeries.  A  la  lisière  des  grandes  étendues  de 
brousse  nue  ou  des  savanes  brûlées,  on  voit  surgir  brusquement 
des  cordons  d'arbres  aux  troncs  élevés  et  très  réguliers,  aux  cîmes 
verdoyantes  toute  Tannée.  Sous  le  dôme  de  verdure  de  ces  arbres, 
dôme  dressé  à  30  mètres  ou  40  mètres  de  haut,  s'étagent  deux 
autres  dômes  ;  Tun  formé  d'arbres  de  taille  moyenne,  l'autre  plus 
bas,  composé  d'arbustes,  puis  au  ras  du  sol  un  fouillis  d'amomes, 
de  Costus,  de  Palisota,  d'aroidées,  de  jeunes  palmiers.  Enfin, 
enlaçant  le  tout,  d'immenses  câbles  formés  des  lianes  les  plus 
diverses. 

Dans  la  partie  botanique  de  notrç  publication,  nous  décrirons 
plus  longuement  cette  formation  qui,  le  long  des  cours  d'eau,  est 
comme  un  étroit  prolongement  de  la  grande  sylve  équatoriale 
s'en  venant  mourir  jusqu'au  cœur  du  Soudan, 

Au  point  de  vue  agricole,  les  galeries  ont  une  grande  impor- 
tance. A  la  faveur  de  l'exubérance  de  la  végétation,  il  s'y  est 
accummulé  une  épaisse  couche  de  terre  végétale  très  riche  en 
humus.  De  plus,  l'eau  séjournant  sous  les  arbres  et  coulant  par- 
fois toute  l'année  maintient  une  fraîcheur  constante.  Enfin,  c'est 
exclusivement  dans  ces  galeries  qu'on  trouve  certaines  plantes 
utiles  du  Soudan  :  le  Coffea  excelsa  A.  Chev.,  le  Coffea  Dybowskii 
Pierre,  le  Piper  Clusii  DC,  le  Kapok  (Eriodendron  anfractuo- 
sum)  à  l'état  sauvage,  etc.  C'est  aussi  le  seul  genre  de  terrain 
où  l'on  puisse,  grâce  à  l'ombre  et  à  la  fraîcheur,  cultiver  en  per- 
manence les  plantes  tropicales  des  régions  forestières  humides, 
comme  le  cacaoyer,  la  vanille,  les  arbres  à  caoutchouc  (Funtu- 
mia,  Hevea,  Castilloa),  le  colatier,  etc. 

La  galerie  qui  formait  l'un  des  bords  du  jardin  d'essais  était 
alignée  de  TE.  à  l'O.  Elle  avait  en  moyenne  80  mètres  de  large 
et  s'étendait  jusqu'à  la  Tomi  sur  400  mètres  de  long  environ. 

Les  principaux  grands  arbres  qui  la  constituaient  étaient   : 
VEriodendron,  un  grand  Sarcocephalus  à  bois  jaune,  un  Khaya  ' 
différent  de  l'espèce  du  Sénégal,  mais  donnant  comme  elle  un 
bois  analogue  à  Vacajou. 

Martret  n'eut  malheureusement  pas  le  temps  d'entreprendre 
sous  cette  galerie  toutes  les  cultures  qu'il  eût  été  désirable  d'y 
faire.  Il  put  seulement  y  transplanter  plusieurs  centaines  de 
jeunes  plants  de  Coffea  congensis  Hiern.  des  rives  de  l'Oubangui, 
qui  avaient  été  arrachés  par  les  soins  de  M.  Courtet,  aux  envi- 
rons du  confluent  de  l'Oubangui  et  de  la  Kémo. 

Cette  plantation  réussit  d'ailleurs  fort  mal  et  quinze  mois  après 
avoir  été  faite,  il  ne  restait  plus  que  quelques  plants  chétifs  de 


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ESSAI  d'introduction  DES   PLANTES   UTILES.  63 

caféiers.  Une  plantation  de  Piper  Clusii^,  faite  à  Taide  de  bou- 
tures, eut  le  même  sort. 

En  somme,  les  essais  de  culture  sous  galerie  sont  entièrement 
à  reprendre.  Nous  sommes  persuadés  qu'ils  donneront  de  très 
intéressants  résultats  et  ils  permettront,  par  exemple,  de  cultiver 
dans  tout  le  Sud  du  Soudan  les  colatiers  et  les  caféiers  en 
arbres  (Coffea  excelsa  et  C.  Dybowskii),  Ajoutons  que  la  terre 
des  galeries  est  riche  en  éléments  fertilisants.  M.  Hébert  a  ana- 
lysé celle  que  nous  avions  recueillie  dans  la  vallée  du  Boro  (pays 
de  Snoussi,  par  7*  de  lat.). 

Cette  analyse  a  donné  les  résultats  suivants  : 
Pas  de  cailloux,  ni  chlore,  ni  acide  sulfurique. 

ANALYSE  PHYSIQUE  ANALYSE  CHIMIQUE 

Sable 883.0p.1000      Azote 3,58p.l000 

Argile 4,5     —         Acide   phosphorique.    .  .  traces. 

Calcaire traces.  Chaux traces. 

Humus 21,6  p.  1000      Potasse 0,16  p.  1000 

Soude 4.73     — 

Magnésie traces. 


§  VI.  —  Les  bords  de  la  rivière 

Enfin  la  rivière  Tomi  limitait  le  jardin  d'un  côté.  En  certaines 
places,  ses  talus  étaient  escarpés  et  bordés  d'arbres.  Nous  avions 
multiplié  au  haut  des  talus  quelques  pieds  de  Landolphia  owa- 
riensis  qui  y  croissaient  déjà  à  Tétat  sauvage. 

En  un  endroit  où  le  talus  de  la  rivière  était  incliné  à  45°  et 
ombragé  par  de  grands  Irwingia,  on  plaça  quelques  plants  de 
Coffea  congensis  des  rives  de  TOubangui.  Ces  caféiers  n'ont  pas 
mieux  réussi  que  sous  la  galerie,  bien  qu'ils  se  soient  trouvés 
dans  une  terre  riche  en  humus,  sur  un  talus  ombragé  et  suscep- 
tible d'inonder  à  la  saison  des  pluies,  comme  cela  arrive  dans  la 
station  du  Congo  où  ils  croissent  à  l'état  spontané.  Nous  considé- 
rons cette  plante  comme  d'une  culture  très  difficile  et,  malgré  la 
qualité  de  son  grain,  sa  propagation  n'est  pas  à  recommander. 

Nous  reviendrons  sur  cette  question  lorsque  nous  étudierons 
les  caféiers  d'Afrique. 

A  proximité  de  la  cour  du  poste  de  Fort-Sibut,  le  talus  des- 
cendait, non  sur  la  rivière,  mais  sur  une  marge  de  terres  d'allu- 

1.  Ce  poivre  que  vendent  sur  les  marchés  les  dUoulas  du  Soudan  occi- 
dental ne  semble  avoir  aucune  valeur  au  point  de  vue  de  l'exportation.  Le 
Piper  Famechoni  de  la  Guinée»  décrit  par  M.  Heckel  en  1902,  est  très  voisin 
du  Piper  ClusU,  si  même  il  ne  lui  est  pas  identique.  Ces  plantes  seront 
étudiées  dans  un  prochain  mémoire  sur  les  divers  poivres  d'Afrique  que 
prépare  en  ce  moment  notre  ami  M.  le  Prof  Perrot. 


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64  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

vions,  large  dune  trentaine  de  mètres.  Elle  fut  défrichée  dès 
notre  arrivée  et  ensemencée  en  m,  en  mdis^  en  pommes  de  terre^ 
en  tabac,  en  Coleus,  etc.  C'est  dans  ce  terrain  frais  que  fut  établi 
aussi  en  ;nai  19Ô3  une  pépinière  de  lianes  à  caoutchouc.  Malheu- 
reusement, ce  terrain,  dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  situé  seu- 
lement de  deux  mètres  au-dessus  du  lit  habituel  de  la  rivière,  fut 
envahi  par  Teau  au  moment  des  grandes  crues*.  L'inondation 
dura  si  longtemps  qu'elle  fit  mourir  toutes  celles  des  lianes  qui 
n'avaient  pas  encore  été  transplantées  dans  le  terrain  de  la 
deuxième  catégorie  (voir  ci-dessus).  Il  fallait  donc  renoncer  à  culti- 
ver, du  moins  pendant  la  saison  des  pluies,  cette  bordure  périodi- 
quement soumise  à  la  submersion.  Tout  au  plus,  pourra-t-on  l'uti- 
liser pour  l'installation  d'un  jardin  potager  pendant  la  saison 
sèche. 

En  résumé,  l'emplacement  choisi  pour  l'installation  du  jardin 
d'essais  est  formé  de  terrains  très  variés.  Il  remplit  en  outre 
diverses  autres  conditions  favorables. 

L'existence  d'une  rivière  sur  sa  bordure  permet  d'avoir  de 
l'eau  en  abondance  pendant  toutes  les  saisons.  Plus  tard,  in- 
stallation d'un  appareil  à  élever  l'eau  faciliterait  considérablement 
les  arrosages.  Situé  sur  la  route  de  convois  qui  joint  le  Congo  au 
Tchad,  notre  jardin  peut  fournir  aux  officiers  et  fonctionnaires 
les  graines  et  les  plants  pour  les  transporter  dans  les  postes  du 
Nord,  beaucoup  mieux  que  s'il  se  trouvait  en  dehors  de  la  ligne 
de  ravitaillement.  Situé  aussi  à  proximité  du  Haut-Oubangui,  il 
peut  procurer  les  mêmes  avantages  aux  postes  et  aux  factoreries 
de  cette  région.  Enfin,  sa  situation  géographique  est  telle  qu'il 
convient  à  la  fois  aux  cultures  de  la  zone  guinéenne  (zone  demi- 
forestière),  et  aux  cultures  de  la  zone  soudanienne,  c'est-à-dire 
la  région  des  savanes  et  des  plateaux  ferrugineux. 

En  un  mot,  il  remplit  toutes  les  conditions  requises,  et  peut 
devenir  un  excellent  instrument  de  dissémination  de  plantes 
utiles  pour  toutes  nos  possessions  du  Centre  africain,  situées  au 
Nord  de  la  forêt  équatoriale. 

1.  La  Tomi  coule  à  P'ort-Sibut  à  moins  de  100  kilomètres  de  sa  source  ; 
de  plus,  elle  recueille  en  amont  du  poste,  plusieurs  torrents  drainant  les 
hauts-plateaux  de  la  région.  Aussi,  quand  une  pluie  abondante  survient 
dans  cette  région,  il  n'est  pas  r£«re  de  voir  le  niveau  de  la  rivière  s'élever 
de  2  mètres  en  moins  de  vingt-quatre  heures.  On  ne  saurait  jamais  prendre 
trop  de  renseignements  lorsqu'on  établit  des  cultures  à  proximité  d'un  cours 
d'eau  dans  la  région  soudanaise.  Nous  avons  vu  plusieurs  fois,  au  cours 
de  nos  voyages,  des  jardins  complètement  dévastés  par  ces  inondations 
subites. 


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ESSAI  d'introduction  DES   PLANTES   UTILES.  65 


CHAPITRE  III.  —  LES  TRAVAUX  DU  JARDIN 
ET  LES  RÉSULTATS  OBTENUS 

Sommaite  :  Les  premiers  travaux  de  défrichement.  —  La  main-d'œuvre.  — 
Les  ensemencements.  —  Constitution  d'une  pépinière.  —  Principaux 
résultats.  —  La  culture  des  plantes  à  caoutcjiouc. 


La  saison  des  pluies  tirait  à  sa  an  lorsque  la  mission  Ghari- 
Tchad  parvint  à  Fort-Sibut  dans  les  premiers  jours  de  sep- 
tembre 1902.  Pour  profiter  des  dernières  ondées,  nécessaires  à 
assurer  la  germination  des  graines,  nous  devions  commencer  les 
premiers  défrichements  sans  retard.  Le  concours  de  l'administra- 
teur, M.  Gaboriaud,  nous  fut  au  début  très  utile.  Suivant  les 
instructions  données  par  M.  le  lieutenant<îolonel  Destenave, 
avant  son  départ  de  la  colonie,  il  nous  procura  les  manœuvres 
indigènes  dont  nous  avions  besoin.  Leur  nombre,  qui  était  au 
début  de  10  à  15  par  jour,  alla  malheureusement  très  rapidement 
en  diminuant.  Dans  les  mois  qui  suivirent,  il  ne  fut  plus  que 
de  deux  ou  trois  ouvriers  par  jour,  et  il  arriva  même  qu'en  1903, 
pendant  plusieurs  semaines,  Martret  neut  plus  un  seul  travail- 
leur. 

Notre  vaillant  collaborateur,  aidé  d'un  ou  deux  domestiques 
noirs,  dut  accomplir  lui-même  un  travail  manuel  considérable, 
qui  n'a  pas  peu  contribué  à  altérer  sa  santé.  Dans  ses  rapports  que 
nous  possédons,  il  a  consigné  les  déceptions  qu'il  éprouva  durant 
son  séjour  à  Fort-Sibut.  Pendant  toute  l'année  1903,  il  n*eut 
plus  qu'une  main-d'œuvre  tout  à  fait  intermittente,  constituée 
par  quelques  prisonniers  et  en  dernier  lieu  par  quelques  femmes 
seulement.  Il  est  profondément  regrettable  que  certaines  circons- 
tances particulières  aient  empêché  l'administration  locale  de 
tenir  les  promesses  qu'elle  avait  faites  de  nous  fournir  des  tra- 
vailleurs en  nombre  suffisante  La  mission  aurait  pu  résoudre 
diverses  questions  de  grande  importance  qu'elle  n'a  fait  qu'ébau- 
cher. Lorsque  Martret  eut  recours  à  la  main-d'œuvre  payée  et 
consentie  librement,  il  se  heurta  à  d'autres  difficultés.  Les  tra- 
vailleurs, après  avoir  reçu  une  brasse  d'étoffe  pour  quelques 
journées  de  travail,  s'en  allaient  et  ne  revenaient  plus. 

Le  travail  qu'ils  fournissaient  était  d'ailleurs  tout  à  fait  infime 
par  rapport  à  celui  qu'on  obtient  des  noirs  soudanais.  Il  faut 

1.  Pas  un  seul  jour,  pendant  toute  la  durée  de  la  mission,  ce  nombre 
n'a  atteint  le  chiffre  de  20,  ainsi  que  rindiquaient  les  instructions  données 
par  le  chef  de  la  colonie  au  moment  de  notre  arrivée  dans  le  territoire  du 
Tchad,  M.  le  lieutenant-colonel  Destenave. 

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66  VÉGÉTAUX   UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

donc  avouer  qu'une  région  aussi  pauvre  en  main-d'œuvre  consen- 
tie, où  Ton  ne  peut  pas  trouver  journellement  vingt  manœuvres 
libres,  après  six  années  d'occupation,  présente  un  avenir  bien 
incertain,  du  moins  dans  l'état  actuel  des  choses. 

Les  travaux  de  défrichement  commencèrent  le  14  septem- 
bre 1902.  C'était  une  mauvaise  époque  pour  ce  genre  de  travail, 
car  les  herbes  étaient  encore  trop  vertes  pour  être  brûlées. 

Le  capitaine  du  génie,  M.  Thomasset,  alors  directeur  des  tra- 
vaux dans  le  territoire  du  Tchad,  avait  eu  l'obligeance  de  mettre 
à  notre  disposition  quelques  outils  :  houes,  bêches,  machettes,  etc., 
qui  furent  de  la  plus  grande  utilité.  Les  indigènes  firent  aussi 
usage  de  leurs  outils  agricoles  des  pltis  primitifs,  mais  qu'ils 
manient  avec  plus  d'habileté  que  les  nôtres. 

Martret  commença  par  faire  l'enlèvement  des  herbes  à  la 
houe.  Puis  il  divisa  ses  travailleurs  en  deux  équipes,  l'une  char- 
gée d'enlever  les  arbres  avec  leurs  racines,  l'autre  défonçant  le 
terrain  à  0"25  de  profondeur.  Ce  labour  se  fit  à  grosses  mottes, 
afin  d'aérer  le  sol  (fig.  5). 

€  A  ces  travaux  préliminaires,  écrit  Martret,  j'apportai  tous 
les  soins  possibles,  car  quiconque  a  défriché  aux  colonies  sait 
les  inconvénients  d'un  mauvais  défrichement.  Les  racines  qu'on 
a  omis  d'enlever  ou  que  l'on  a  oubliées  attirent  les  termites  qui 
causent  de  grands  dégâts  aux  cultures.  Enfin  ces  racines  entra- 
vent les  labours,  ou  bien  encore,  dans  les  pépinières,  elles  empê- 
chent l'enlèvement  des  jeunes  plants  avec  leurs  mottes,  i 

§  I.  —  Semis 

En  mois  de  trois  semaines,  notre  chef  de  cultures  put  déblayer 
50  ares  de  terrain  bien  défoncé  (fig.  6). 

Ce  terrain  fut  transformé  en  planches  longues  de  10  mètres 
et  larges  de  1"20.  Il  employa,  pour  ce  travail,  une  équipe  de 
4  hommes  choisis  parmi  les  plus  intelligents  manœuvres. 

Dès  que  quelques  planches  furent  prêtes,  Martret  sema  les 
graines  les  plus  pressées,  c'est-à-dire  celles  qui,  perdant  leur  pou- 
voir germinatif  très  vite,  avaient  été  stratifiées  dans  du  terreau 
avant  notre  départ  de  France. 

C'est  ainsi  que  furent  immédiatement  confiées  au  sol  les 
graines  d'Orangers,  de  Citronniers,  de  Manguiers,  de  Papayers, 
ainsi  que  les  bulbilles  d'Agave  Sisalana  et  de  Fourcroya  gigantea. 

Les  jeunes  plantes  vivantes  apportées  du  Muséum  de  Paris, 
du  Sénégal,  de  Conakry  et  de  Brazzaville,  furent  aussi  placées  en 
terre  immédiatement. 

Pendant  que  levaient  les  premiers  semis,  d'autres  manœuvres 


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VÉGÉTAUX  UTILES  DE   l'AfRIQUE. 


A.  Chevalier. 


Fig.  5.  —  Jardins  d*e88ai8  de  Fort-Sibat  en  septembre  1902.  —  Premiers  défricberoenU. 


Fîg.  6.  -  Jardins  d'essais  de  Fort-Sibat,  —  Premiers  semis. 


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ESSAI  d'introduction   DES   PLANTES   UTILES.  69 

continuaient  les  défrichements  et,  au  fur  et  à  mesure  qu'un  petit 
carré  de  terrain  était  préparé,  il  était  ensemencé. 

Il  est  bon  d'ajouter  que  Martret  fut  constamment  livré  à 
ses  propres  moyens  et  qu'en  dehors  des  quelques  manœuvres  et 
des  quelques  outils  que  put  lui  procurer  l'administration  locale, 
il  n'eut  aucune  aide  étrangère.  Il  dut  bâtir  sa  case,  tracer  les 
allées  du  jardin  et  en  faire  les  déboisements  ;  n'ayant  aucune 
sorte  d'engrais  à  sa  disposition,  il  dut  compenser  cette  absence 
en  redoublant  de  soins  auprès  des  jeunes  plantes  au  fur  et  à 
mesure  qu'elles  se  développaient.  Il  avait,  d  autre  part,  à  veiHer 
à  la  conservation  des  collections  que  nous  centralisions  à  Fort- 
Sibut,  au  fur  et  à  mesure  des  récoltes.  Ce  n'était  pas  une  faible 
préoccupation  que  de  défendre  contre  l'humidité  et  les  termites, 
dans  une  case  nègre,  une  centaine  de  gros  ballots  d'herbiers^. 

Lorsque  la  Mission  eut  quitté  Port-Sibut  pour  continuer  ses 
recherches  plus  au  Nord,  Martret,  resté  seul  au  jardin,  vit  ses 
difficultés  augmenter  encore  du  fait  de  l'arrivée  de  la  saison 
sèche.  Les  jeunes  semis  n'étaient  pas  encore  assez  robustes  pour 
pouvoir  se  passer  d'arrosages  ;  beaucoup  moururent,  le  manque 
de  main-d'œuvre  n'ayant  pas  permis  de  leur  donner  suffisam- 
ment d'eau.  De  nouveaux  semis  furent  faits  dans  des  caisses  en 
bois  remplies  de  terre,  et  les  transplantations  dans  la  pépinière 
n'eurent  lieu  qu'à  l'arrivée  de  la  saison  des  pluies  suivante,  en 
juin  1903.  A  cette  époque,  le  chef  de  cultures  de  la  Mission  fut 
chargé,  par  l'administrateur  du  cercle  de  PortrSibut,  de  l'entre- 
tien du  potager  et  du  fruitier  du  poste,  et,  à  partir  de  ce  moment, 
il  donna  ses  soins  à  toutes  les  cultures  du  chef-lieu  du  territoire 
civil  du  Tchad.  C'est  ainsi  qu'il  put  planter  dans  la  cour  et 
les  environs  du  poste  un  certain  nombre  d'espèces  d'arbres  d'ave- 
nues que  nous  avions  introduits  dans  le  pays  :  Flamboyants,  Al- 
bizzia  Lebbeck,  Rocouyers,  Bancouliers,  Musa  religiosa  Dyb. 

Quant  aux  plantations  du  jardin  proprement  dit,  établi  par 
la  Mission  sur  l'emplacement  décrit  dans  le  premier  chapitre, 
on  pourra  juger  de  leur  étendue  par  le  plan  et  le  tableau  annexés 
à  ce  travail,  qui  ont  été  dressés  sur  place  par  M.  Courtet,  le 
4  novembre  1903. 


1.  Il  était  indispensable,  pour  pouvoir  apprécier  l'étendue  des  efforts 
dépensés  par  notre  infortuné  collaborateur,  que  le  lecteur  connût  les 
moyens  rudimentaires  dont  Martret  a  pu  disposer  pendant  toute  une 
année  ;  nous  pouvons  affirmer  quTieureusement  aucun  autre  jardin  d'essais 
de  TAfrlque  française  tropicale  ne  s'est  trouvé,  même  à  ses  débuts,  dans 
des  conditions  aussi  défavorables  et  aussi  difficiles.  Nous  avions  d'autant 
plus  à  cœur  de  rapporter  ces  faits  aujourd'hui  que  nous  ne  craignons  plus 
de  blesser  la  modestie  de  notre  vaillant  compagnon,  mort  victime  des 
efforts  qu'il  a  dépensés  là-bas.  A.  C. 


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70  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

La  superficie  totale  mise  en  culture  à  cette  époque,  en  y 
comprenant  les  allées,  était  de  4  hectares,  36  ares,  49  centiares,  et 
les  semis  ou  transplantations  ont  porté  sur  460  espèces  ou  variétés 
de  plantes  utiles. 

Ce  jardin  a  été  remis  par  nous,  le  6  décembre  1903,  au  mo- 
ment où  nous  quittions  Fort-Sibut  pour  rentrer  en  France,  à 
l'administration  locale,  représentée  par  M.  Fourneau,  délégué 
du  commissaire  général  du  Congo,  dans  les  territoires  du  Tchad. 

On  trouvera  dans  le  tableau  qui  suit,  la  liste  des  principales 
plantes  cultivées  dans  le  jardin  au  moment  de  notre  départ,  avec 
rétendue  de  la  superficie  qu'elles  couvraient,  ou  le  nombre  d'in- 
dividus par  lesquels  étaient  représentées  les  espèces  arborescentes. 


§  n.  —  Résultats  et  Avenir 

Ce  n'est  pas  après  une  année  de  tentatives,  pendant  les  diffi- 
cultés d'un  début,  dans  une  région  où  font  défaut  la  plupart  des 
moyens  d'action  qu'on  trouve  dans  tous  les  jardins  analogues  du 
littoral  de  l'Ouest  africain,  que  l'on  peut  se  prononcer  sur  les 
possibilités  culturales  de  la  région  du  Haut-Oubangui  et  du  Haut- 
Char  i. 

Le  jardin  de  Fort-Sibut  a  été  un  jardin  d'acclimatation  de 
plantes  utiles,  et  nous  n'avons  pas  la  prétention  d'en  avoir  tiré, 
après  un  an  d'essais,  autre  chose  que  des  acclimatations. 

Si  l'on  veut  que  la  station  de  Fort-Sibut  devienne  un  orga- 
nisme véritablement  utile  à  la  colonisation,  il  est  nécessaire  de 
continuer  à  l'entretenir  pendant  une  longue  suite  d'années  et  de 
confier  sa  direction  à  un  technicien  préparé  en  France  aux 
méthodes  qu'exige  la  culture  sous  les  tropiques.  Ce  n'est  pas,  en 
effet,  en  donnant  la  direction  d'un  tel  établissement  à  des  fonc- 
tionnaires coloniaux  même  très  dévoués,  mais  n'appartenant  pas 
aux  cadres  de  l'agriculture  coloniale,  que  Ton  parviendra  à  solu- 
tionner les  principaux  problèmes  agricoles  qui  se  posent  en 
Afrique  centrale. 

Pendant  quinze  mois,  la  Mission  Chari-Tchad  a  poursuivi  des 
ensemencements  et  des  expériences  dans  son  jardin,  mais  ses 
essais  et  ses  observations  demandent  impérieusement  à  être 
continués. 

Les  résultats  les  plus  importants  obtenus  sont  les  suivants  : 

1**  Arbres  fruitiers  introduits  pour  la  première  fois  à  Fort- 
Sibut  et  qui  manquaient  encore  dans  le  territoire  du  Tchad  : 
Mandarinier,  Pommier-Acajou,  Papayer  à  gros  fruits  du  Mexique 
(graines  provenant  du  jardin  de  Nogent),   diverses  variétés  de 


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ESSAI  D'INTRODUCTION   DES   PLANTES   UTILES.  71 

Manguiers^  améliorés  {provenant  des  missions  de  Thiès  au  Séné- 
gal et  de  Brazzaville),  Fabricotier  de  Saint-Domingve  (Mammea 
americana),  Tabricotier  d'Afrique  (Mammea  africana),  le  Bana- 
nier  de  Chine. 

2"*  Les  Papayers  vulgaires  et  les  Citronmers  avaient  été  intro- 
duits dès  1897,  par  la  première  mission  Gentil.  Les  Orangers,  les 
Cerisiers  de  Cayenne,  les  Goyaviers,  les  Corosoliers  existaient 
aussi  avant  notre  arrivée  2.  Martret  multiplia  ces  espèces  à  un 
grand  nombre  d'exemplaires. 

3°  Certains  de  ces  arbres  fruitiers  ont  été  envoyés  en  des 
points  du  territoire  où  ils  n'existaient  pas  encore.  Ainsi  nous 
avons  constaté  à  Ndellé  la  réussite  des  semis  suivants  faits  par 
M.  Grech  3,  aux  dépens  des  graines  que  nous  lui  avions  appor- 
tées :  Goyaviers,  Citronniers,  Cerisiers  de  Cayenne,  Papayers^ 
(variété  de  Port-Sibut).  Les  espèces  suivantes  ont  été  envoyées  en 
jeunes  plants  au  poste  de  Port-Archambault  :  Manguiers,  Oran- 
gers, Citronniers,  Ananas,  Citronnelle  (Androp.  citri-odorum). 

Toutes  ces  espèces  ont  repris  et  quelques  plants  avaient  déjà 
plus  d'un  pied  de  haut  à  notre  passage  en  novembre  1903. 

4**  La  culture  du  Tabac  et  spécialement  de  la  variété  Maryland 
a  donné  des  résultats  encourageants. 

ô*'  Le  grand  Bambou  de  Chine,  les  Agaves  textiles;  divers 
arbres  d'avenues  :  le  Flamboyant,  plusieurs  espèces  d'Eucalyp- 
tus, le  Filao,  le  Bancoulier,  le  LUas  du  Japon,  VAlbizzia  Leb- 
beck,  le  Rocouyer,  ont  été  introduits  pour  la  première  fois  dans 
le  territoire. 

6**  Quelques  légumes  des  pays  tropicaux  ;  cinq  espèces  ou 
variétés  de  Coleus  à  tubercules  alimentaires^  VOseUle  cTAbyssir 
nie,  le^Petsaï  ou  chou  de  Saigon,  la  moutarde  de  Chine  (Sinapis 
juncea),  ont  donné  en  culture  des  résultats  très  remarquables.  Ce 
sont  des  espèces  à  répandre  chez  les  indigènes. 

7®  Le  Riz  de  montagne  a  donné  un  rendement  de  100/1  avec 
une  production  de  1.200  kilos  à  l'hectare.  C'est  peu  si  on  com- 
pare ce  chiffre  aux  grands  rendements  de  l'Indo-Chine.  C'est 
cependant  une  culture  qu'il  importe  de  vulgariser,  dans  un  pays 

1.  Le^Mangot  ordinaire  existait  déjà  à  Fort-Sibut  où  il  avait  été  introduit 
par  radministrateur  Rousset. 

2.  La  plupart  de  ces  espèces  avaient  été  introduites  par  Rousset  et 
provenaient  les  unes,  des  plantes  cultivées  à  la  mission  de  Bessou,  les 
autres,  de  graines  envoyées  par  M.  Paul  Bourdarie. 

3.  Parmi  les  autres  semis  qui  ont  donné  des  plantes  intéressantes  à 
Ndellé,  mentionnons  :  le  tabac  géant,  le  melon  d'Alger,  la  pastèque  d'Egypte, 
le  fenouil,  le  soleil  du  Texas,  les  Zinnia.  Les  graines  de  toutes  ces  plantes 
provenaient  de  la  maison  Vilmorin. 

4.  Quelques  pieds  de  Papayers  existaient  dans  le  village  de  Ndellé  avant 
notre  arrivée. 


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72  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

aussi  pauvre  que  l'Afrique  centrale  où  les  marais,  qui  seraient 
cultivables  en  riz,  couvrent  de  si  vastes  étendues  pendant  la 
saison  des  pluies,  surtout  au  nord  du  9*  parallèle. 

600  kilos  de  riz  provenant  de  la  récolte  1903,  à  la  station 
d'essais  de  Fort-Sibut,  ont  été  laissés  à  l'administration  locale 
qui  les  a  employés,  nous  l'espérons,  à  répandre  la  graine  dans 
tous  les  postes  de  la  colonie.  Avant  de  quitter  Fort-Sibut,  nous 
avons  d'ailleurs  pris  soin  d'envoyer  à  M.  le  commandant  Lar- 
GEAU,  commandant  du  territoire  militaire  du  Tchad,  4  tonnelets 
étanches  (80  kilos)  de  ce  riz  pour  que  la  culture  en  fût  tentée 
dès  1904  dans  la  région  militaire  du  Tchad.  A  cet  envoi  étaient 
joints  :  des  graines  de  diverses  autres  plantes  faciles  à  multiplier, 
et  des  tubercules  des  diverses  variétés  de  Coleus,  inconnus  dans 
tout  le  bassin  du  Tchad,  au  Nord  dû  9*  parallèle,  au  moment 
de  notre  voyage. 

8°  Deux  hectares  de  terrain,  à  la  station  de  Fort-Sibut,  ont 
été  plantés  en  lianes  à  caoutchouc  du  pays  (Landolphia  owarien- 
sis).  Les  jeunes  plantes  étaient  encore  trop  chétives  en  dé- 
cembre 1903,  quand  nous  avons  quitté  le  pays  pour  qu'il  fût 
possible  de  juger  de  leur  avenir.  Des  semis  de  graines  du  caout- 
choutier  de  Céara  (Manihot  Glaziowii),  faits  en  octobre  1902, 
ont  donné  une  quarantaine  de  pieds  dont  quelques-uns  portaient 
déjà  des  fruits  en  décembre  1903  (fîg.  4). 

9°  Quant  aux  cultures  potagères,  les  ensemencements  faits  à 
Fort-Sibut,  ainsi  que  dans  la  plupart  des  postes  des  territoires 
du  Tchad,  ont  montré  qu'avec  un  peu  de  soins,  presque  tous  les 
légumes  d'Europe  peuvent  réussir  en  Afrique  centrale,  à  condi- 
tion de  les  ensemencer  en  saison  favorable.  On  trouvera,  dans 
un  des  tableaux  précédents,  la  liste  des  variétés  qui  conviennent 
spécialement  à  chaque  saison. 

10**  Enfin  les  observations  météorologiques  faites  par  Martret 
pendant  onze  mois,  et  qui  faisaient  encore  presque  complètement 
défaut  à  notre  arrivée,  sont  une  base  précieuse  de  renseigne- 
ments pour  la  culture. 

Ainsi  qu'on  peut  le  constater,  si  certaines  questions  sont  en 
grande  partie  résolues,  il  en  est  d'autres,  comme  la  culture  et 
la  dispersion  progressive  des  meilleures  variétés  d'arbres  frui- 
tiers, qui  demandent  à  être  poursuivies. 

Il  est  enfin  quelques  questions  que  le  jardin  de  la  Mission 
Chari-Tchad  eut  à  peine  le  temps  d'effleurer,  et  dont  l'examen 
est  cependant  de  la  plus  haute  importance  pour  le  développement 
de  nos  possessions  en  Afrique  centrale. 

Il  y  aurait  d'abord  ^and  intérêt,  pour  l'avenir  de  ces  contrées 
où  la  famine  accumule  tant  de  désastres  chaque  année,  à  mul- 


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VÉGÉTAUX   UTILES  DB  l'AfRIQUE. 


A.  Chevalier. 


Fig.  7.  —  Jardin  dressais  de  Fort-Slbnt.  —  Plantation  do  Bananier^ 


Fig.  8.  —  Jardin  dressais  de  Fort-Sibat.  —  Plantations  d'Agaves  (Sisal). 


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ESSAI   d'introduction   DES   PLANTES   UTILES.  75 

tiplier  et  à  améliorer  les  meilleures  sortes  de  plantes  vivrières 
indigènes,  telles  que  le  m,  le  sorgho,  le  manioc,  les  ignames,  les 
patates,  les  Coleus  alimentaires,  les  bananiers,  et  il  faudrait  ame- 
ner toutes  les  peuplades  à  cultiver  ces  précieuses  ressources. 

Une  autre  source  de  prospérité,  pour  toutes  les  contrées  qui 
s'étendent  depuis  le  Congo  jusqu'au  8**  parallèle,  est  la  lians  à 
caontchouc.  Malheureusement,  elle  est  souvent  très  clairsemée  dans 
la  brousse  et  son  exploitation  intensive  en  amènera  fatalement  la 
disparition  quelque  jour,  si  l'homme  n'intervient  pas  pour  faire 
des  repeuplements.  Mais  l'Européen,  nous  ne  saurions  trop  le 
répéter,  ne  peut  entreprendre  avec  chance  de  succès  une  sem- 
blable culture,  beaucoup  trop  onéreuse,  surtout  au  '  centre  de 
l'Afrique. 

Ce  que  des  particuliers  ne  peuvent  faire,  l'Etat  a  le  devoir  de 
le  faire  en  utilisant  la  main-d'œuvre  dont  il  disposera  presque  à 
son  gré,  le  jour  où  les  peuplades  primitives  seront  complètement 
pacifiées,  et  ne  seront  plus  astreintes  à  la  dure  corvée  du  portage 
humain. 

Les  stations  d'essais  du  centre  de  l'Afrique  doivent  en  défini- 
tive être  des  sortes  de  grandes  fermes-modèles,  où  les  indigènes 
seront  initiés  spécialement  à  la  culture  des  plantes  à  caoutchouc, 
et  nous  terminerons  cette  étude  en  reproduisant  textuellement 
les  conclusions  d'un  rapport,  aujourd'hui  publié  ^  que  nous 
adressions  dans  le  courant  de  notre  mission  à  M.  le  Commissaire 
général  du  gouvernement  au  Congo  : 

€  Lorsque  tous  les  districts  du  Chari  seront  mieux  connus, 
il  n'est  pas  douteux  que  le  rendement  de  ces  pays  en  caoutchouc 
augmentera  en  de  grandes  proportions,  mais  il  nous  semble 
cependant  que  c'est  surtout  la  culture  et  l'exploitation  rationnelle 
des  plantes  à  caoutchotœ  indigènes,  du  Congo  et  du  Chari,  qui 
aidera  puissamment  au  développement  économique  de  ces 
contrées. 

€  C'est,  selon  nous,  au  Gouvernement  de  la  Colonie  qu'il  appar- 
tient de  prendre  l'initiative  de  ces  essais. 

€  Lui  seul  dispose  de  moyens  assez  puissants  pour  amener  l'in- 
digène à  effectuer  ces  cultures  sous  son  contrôle  et  lui  seul  peut 
entreprendre  de  grandes  plantations  modèles  où  les  indigènes  de 
chaque  village  seront  employés  à  tour  de  rôle  pour  effectuer  le 
travail,  et  où  ils  s'initieront  à  la  pratique  de  cette  culture,  pour 
l'entreprendre  ensuite  dans  leurs  villages,  pour  leur  propre 
compte. 

€  J'ai  Thonneur  de  vous  proposer  à  cet  effet,  Monsieur  le  Com- 

1.  Journal  d'Agriculture  pratique  des  pays  chauds,  1903. 


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76  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

missaire  général,  la  création  de  deux  plantations  modèles  dans 
le  territoire  du  Chari.  L'une  d'elles  serait  située  à  Krébedjé  et 
pourrait  être  placée  au  jardin  d'essais  que  nous  y  avons  installé. 

Elle  emploierait  des  indigènes  de  race  Banda  et  cultiverait, 
outre  la  liane  du  pays,  l'arbre  à  caoutchouc  de  Bangui  (Funtumia 
elastica),  susceptible  de  réussir  dans  les  endroits  les  plus  boisés. 
Le  chef  de  cultures  de  la  Mision  Chari-Tchad  s'occupe  dès  main- 
tenant de  préparer  les  terrains  pour  ensemencer  les  graines  de 
plantes  à  caoutchouc,  dès  qu'elles  arriveront  à  maturité. 

€  L'autre  plantation  modèle  pourrait  être  installée  au  petit  poste 
des  Trois-Marigots,  situé  sur  la  route  de  ravitaillement,  à  24  kilo- 
mètres de  Port-Crampel.  Elle  pourrait  être  placée  sous  la  haute 
direction  de  M.  le  commandant  de  la  région.  Nous  avons  observé 
en  cette  localité  un  point  très  favorable  à  la  culture,  où  la  liane 
est  déjà  très  abondante. 

«  Cette  plantation  emploierait  surtout  des  travailleurs  Mandjias 
et  cultiverait,  outre  la  liane  du  pays,  la  liane  du  Soudan  [Lan- 
dolphia  Heudelotii),  susceptible  aussi  de  réussir  dans  le  pays. 

€  Outre  ces  plantations,  les  indigènes  seraient  initiés  à  la  cul- 
ture rationnelle  de  leurs  plantes  alimentaires  :  Manioc,  Sorgho^ 
Mais,  Patates,  Bananiers,  auxquelles  il  serait  bon  de  substituer 
de  meilleures  races  de  ces  mêmes  plantes  que  l'on  pourrait  faire 
venir  du  Sénégal  et  du  Brésil. 

«  Les  produits  de  ces  cultures  vivrières  serviraient  à  l'alimen- 
tation des  travailleurs  employés  aux  plantations,  et  les  semences 
améliorées*  se  dissémineraient  peu  à  peu  dans  le  pays. 

«  Lorsque  chaque  village  banda  ou  mandjia  aura  une  plantation 
étendue  de  lianes,  plantation  qui  constituera  une  sérieuse  richesse 
pour  lui,  les  habitants,  aujourd'hui  errants,  ne  changeront  plus 
remplacement  de  leurs  cases  d'une  année  à  l'autre,  ils  devien- 
dront sédentaires,  le  sol  qu'ils  cultiveront  plusieurs  années  de 
suite  s'améliorera  ;  leurs  ressources  vivrières  (manioc,  sorgho, 
haricots,  patates)  s*accroîtront,  enfin  ils  pourront  reconstituer 
leurs  réserves  de  volailles  et  leurs  troupeaux  de  chèvres,  aujour- 
d'hui presque  épuisés  par  leurs  guerres  passées  et  par  notre  occu- 
pation. En  procédant  ainsi,  on  les  habituera  à  la  prévoyance  et 
peu  à  peu  se  substitueront  des  ressources  certaines  à  l'imprévu 
du  lendemain. 

€  Telle  nous  semble  être  la  vraie  formule  de  la  colonisation  deins 
des  contrées  éloignées  où  existent  des  produits  qui  feraient  la 
richesse  de  certaines  colonies  côtières,  mais  qu'on  ne  peut  songer 
à  exporter,  tant  sont  grandes  actuellement  les  difficultés  de  trans- 
port. • 


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VlÎGÉTAUX    UTILES   DE   l'AfRIQUE. 


A.  Chevalier. 


I4MK9 


I.KGENDE  DU  PLAN   d'kNSEMBLE  DU    JARDIN  D*ACCLIMATATION  DE  FoRT-SiBUT 

A.  —  Plan  d'enseniMe  du  terrain  choisi. 

1.  --  Plantation  de  Coffm  conr/ensis  sous  la  galerie  forestière  du  ruisseau. 

2.  —  Partie  plantée  en  lianes  !\  caoutchouc. 

3.  -—  Plantations  diverses  (Voir  plan  de  détail), 
i.  -^  Essais  de  riz. 

5.  —  Emplacement  des  premiers  semis. 

B— Poste. 

C.  —  Emplacement  du  jardin  créé  par  M.  Gentil. 


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78 


VÉGÉTAUX  UTILES  DE   L'AFRIQUE. 


Légende  du  plan  détaillé  du  Jardin  d'acclimatation 
de  Fort-Sibut  ' 


Numéros 
des  carrés. 


Noms  dos  espèces  ot  Variétés  cultivées. 


Nombre 
de  pieds. 


1  Fourcroya  gigantea 190 

Mammea  amercicana 1 

Mammea  africana 1 

Diospyros  Kaki 4 

2  Indigoîeva  tinctoria » 

3  Bambou    indigène    [Oxytenanthera    abys- 

sinica) 50 

4  Poinciana  pulcherrima 20 

5  Tabac  Momatique  turc 

6  Coleus  rotundifolius  var.   rubra 

7  Ricin  sanguin,  Ananas  (baronne  de  Roth- 

schild) et  Ananas   (comte  de  Paris).  . 

8  Ricin  commun  et  un  pied  de  Bananier  de 

Chine  {Musa  sinansis) 

9  Coleus  rotundifolius  var.   nigra 

10  Hyptis  spicigera  (Labiée  oléagineuse).   .  . 

11  Piment  indigène  (Capsicum  frutescensj,   . 

12  En  assolement 

13  Manioc     indigène    acre     {Manihot    utilis- 

sima) 

14  En  assolement 

15  Albizzia  Lebbeck,  Reana   luA-urians.   ...      15 

16  Reana  luxurians 

17  Luzerne  de  Provence 

18  BLva     Orellana     (rocouyer).     —     Patates 

blanches  provenant  dn  jardin  de  Braz- 
zaville       33 

19  Coleus  Dazo,   Coleus  langouassiensis,   Co- 

leus rotundifolius  var.  alba » 

20  Corossoliers  (Anona  muricata^ 9 

Châtaignier  de  Cayenne  (Pachyra) 

21  Cerisiers  de   Cayenne   (Eugenia  Micheli).     1 

22  Coton  du  pays  (Gossypium  punctatum).  .  . 

23  Sorgho 

24  Eleusine  Coracana 

25  Sorgho 

26  Penicillaria  spicata 

27  Hyptis  spicigera  (labiée  oléagineuse).  .  .  . 

28  Papayers 78 

29  Manguiers  (variétés  en  mélange).  Coleus 

rotundifolius  variétés  diverses 70 

30  Mandariniers 30 

31  Citronniers 28 

32  Bananeraie  (variétés  cultivées  en  mélange) 

—  Ananas  du  Congo » 

33  Pépinière.     Cette    pépinière    contient    les 

planées  ci-après  : » 

Manguiers 60 

Cerisiers  de  Cayenne 34 

Citronniers 19 


Superficie 
des  carrés. 

3a,20c 


0a,75c 

2a,25c 
2a,00c 
0a,35c 
0a,66c 

0a,50c 

0a,40c 
6a,22c 
2a,3lc 
0a,46c 
la,96c 

2a.00c 
la.Slc 
8a,86c 
ia,5lc 
la,47c 


5a,87c 

0a,98c 
la,25c 

la,82c 
3a,43c 
la,07c 
ia,07c 
la,20c 
la,25c 
2a,40c 
7a,43c 

12a,60c 
3a,23c 
3a,23c 

4a,13c 

3a,15c 


1.  Les  numéros  de  la  première  colonne  correspondent  à  ceux  qui  sont 
portés  sur  le  plan  ci-dessus. 


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ESSAI  d'introduction  DES  PLANTES  UTILES. 

Naméros  Nombre 

des  carrés.  Noms  indigènes  et  Variétés  cultivées.  de  pieds. 

33  Mandariniers & 

Amarante  Crête  de  coq » 

Fenouil  de  Florence » 

Moutarde  de  Chine  {Sinapis  juncea),  » 

Choux  de  Saigon  (Brassica  sinensisj.  • 

Géraniums » 

Papayers » 

Asperges,  cardons,  pissenlits • 

Boutures  de  grenadiers • 

Moringa  pteryoosperma • 

Eucalyptus  globulus • 

Poinciana  pulcherrima » 

Œillets,  dattiers.  .  .  .  *. » 

Asperges » 

Physalis  peruvianum » 

Goyaviers  (4  espèces  ou  vcuriétés).  .  .  » 

Papayers  et  Rumex  abyssinicus  ...  » 

Tamariniers,  Karités  (Bassia  ParkiiJ.  » 

Karités  (Bassixi  ParkiiJ » 

Karités  et  lianes  à  caoutchouc  (Lan- 

dolphia  owariensisj » 

34  Bananeraie    (4  variétés   cultivées   en   mé- 

lange)   » 

35  Agave  Sisalana 104 

36  Citronniers 7 

37  Aleurites  triloba 6 

38  Orangers 20 

39  En  assolement » 

40  Aleurites  cordata 18 

Cassia  alata 4 

41  Albizzia  moluccana 9 

Pithecolobium  Sama 4 

Albizzia  Lebbeck 10 

42  Adansonia  digitata   (du  Congo  belge).  .  .  11 

43  Parkinsonia  aculeata 14 

44  Caoutchoutier    de    Céara    (Manihot    Gla- 

ziowii) *.  :  40 

Bauhinia  purpurea 5 

45  Karités 84 

46  Landolphia  owariensis  avec  rocouyers  et 

Ficus  Rokko 215 

a       Logement  du  Chef  des  cultures. 

b       Poulailler. 

c       Dépôt  d'outils. 

d       Observatoire  météorologique. 


79 


Superficie 
des  carrés. 


10a,4lc 
4a,73c 
2a,01c 
la,66c 
la,84c 
la.66c 
3a,88c 

10a,00c 


3a,2ic 
la,43c 

7a,62c 

62a,98c 

lh,95a,65c 


En  bordvire  le  long  des  allées  :  2  Melia  Azederach,  12  manguiers,  deux 
variétés  de  Canna,  aloès,  zinnias,  balsamines,  pervenches  blanches  et 
roses  de  Madagascar,  Datura,  grenadiers,  œillets.  Sisal,  amarante,  Age- 
ratum,  Encephalartos. 

Le  long  de  la  berge  de  la  Tomi  :  30  lianes  à  caoutchouc  et  deux  planches 
de  semis  de  Landolphia  owariensis. 

La  superficie  totale,  y  compris  les  allées,  est  de  4  hectares,  36  ares,  49  cen- 
tiares. 


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80  VÉGÉTAUX   UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

TABLEAU  I 

Plantes  de  grande  culture  expérimentées  à  la  Station 
de  Fort-Sibut 

Riz  (Oryza  saliva).  —  La  variété  cultivée  appartient  au  groupe 
des  Riz  de  montagne.  Elle  ne  réussit  bien  que  dans  les  terrains  très 
èumides,  à  la  saison  des  pluies.  Les  semences  provenaient  d'une 
culture  qui  avait  été  faite  Tannée  précédente  à  Port-Sibut  et  dont 
les  premières  graines  avaient  été  apportées  des  Falls  (Congo  belge). 
Semis  faits  au  début  de  la  saison  des  pluies  (7  avril)  ;  le  5  août  les 
plants  étaient  en  grains  ;  la  récolte  s'est  faite  dans  les  pi'emiers 
jours  de  septembre. 

Le  semis  avait  été  fait  en  place,  à  raison  de  5  kilogrammes  de 
graines  à  Thectare.  Le  rendement  a  été  de  900  kilogrammes  à  Thec- 
tare. 

Les  termites  qui  dévorent  le  pied  des  plantes  et  les  passereaux 
qui  mangent  les  grains  ont  été  des  ennemis  redoutables. 

Manioc  (Manihot  utUissima).  —  Quelques  plantations  avaient 
été  faites  dans  les  terrains  avoisinant  le  poste  de  Fort-Sibut,  mais 
c'est  surtout  à  la  ferme  de  Bessou  que  nous  avons  constaté  des 
résultats  intéressants. 

On  a  bouturé  la  variété  contenant  de  Tacide  prussique  dans  ses 
tubercules,  à  raison  de  80  à  90  tubercules  par  a/e.  Rendement  d'en- 
viron 400  kilogrammes  à  l'are.  Les  tubercules  de  cette  plante  qu'on 
tait  rouir  dans  les  rivières  avant  de  les  consommer,  pour  les  débar- 
rasser du  poison  qu'ils  contiennent,  constituent  la  base  de  l'alimen- 
tation dans  les  régions  du  H'aut-Oubangui  et  du  Haut-Chari  habi- 
tées par  les  Bandas  et  les  Mandjias. 

Coleus  à  tubercules  alimentaires.  —  Seront  plus  loin  l'objet 
d'une  étude  spéciale. 

Patate  (Ipomœa  Batatas).  —  Peut  se  cultiver  en  toute  saison  à 
Fort-Sibut.  D'une  culture  facile  et  d'un  rendement  assuré  en  quatre 
ou  cinq  mois.  On  trouve  chez  les  Bandas  du  Haut-Oubangui  une 
variété  à  tubercules  rouges  et  une  autre  à  tubercules  blancs.  Une 
variété  blanche,  de  qualité  supérieure,  provenant  de  la  Mission  de 
Brazzaville,  a  été  cultivée  avec  succès  au  Jardin  d'essais. 

Ignames  bulbifères  (Dioscorea  anthTopophagorum  A.  Chev.). 
—  Nous  avons  donné  ce  nom  à  une  espèce  cultivée  dans  presque 
tous  les  villages  Bandas  et  dont  nous  avons  vu  cinq  ou  six  variétés 
différentes.  Quelques-unes  ont  une  saveur  amère  et  sont,  au  dire 
des  indigènes,  très  toxiques.  Ces  dernières,  qui  contiennent  pro- 
bablement de  l'acide  cyanhydrique,  deviendraient  comestibles 
après  des  lavages  successifs  qui  entraînent  le  principe  toxique. 


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ESSAI  d'introduction   DES   PLANTES   UTILES.  81 

Beaucoup  de  peuplades  n'en  font  pas  usage  cependant  et  les  consi- 
dèrent comme  plaintes  fétiches.  L'une  d'elles  est  cultivée  près  de 
l'entrée  des  cases  et  on  lui  attribue  la  propriété  merveilleuse 
d'éloigner  les  voleurs. 

Les  variétés  douces  sont  cultivées  pour  l'alimentation  ;  on  les 
plante  près  les  clôtures  des  zéribas  ou  au  pied  des  arbustes  avoisi- 
nant  les  cases,  de  manière  que  la  plante  puisse  grimper  en  s'enrou- 
lant  sur  les  branches. 

Une  touffe  de  ce  Dioscorea  peut  donner  de  30  à  40  bulbes  aériens 
pesant  chacun  de  50  à  150  grammes. 

Igname  commune  (Discorea  alata).  —  Il  en  existe  un  petit  carré 
près  de  l'habitation  de  chaque  noir.  Au  début  de  la  saison  des 
pluies,  on  la  plante  sur  buttes  hautes  de  0°^,30  à  0™,40  et  espacées 
de  0™,80  à  1  mètre.  Les  tubercules  sont  fractionnés  et  enterrés  de 
3  à  4  centimètres  de  profondeur.  La  récolte  a  lieu  quatre  mois  et 
demi  après  la  plantation. 

On  cultive  encore  accidentellement,  dans  le  territoire  du  Haut- 
Oubangui,  deux  ou  trois  espèces  de  Dioscorea  actuellement  indéter- 
minées. 

Sorgho  (Andropogon  Sorghum),  —  Au  Nord  du  7*  parallèle, 
dans  le  bassin  du  Chari  forme  le  fond  de  l'alimentation  des  noirs  ; 
mais  à  Port-Sibut  sa  culture  est  déjà  fort  répandue.  On  rencontre 
surtout  une  variété  à  grain  rouge. 

Pour  la  culture  de  cette  céréale,  on  nettoie  le  sol  dès  février  ou 
mars.  On  brûle  sur  place  les  herbes  sèches,  les  bois  et  en  général 
tous  les  déchets  et  chaumes  anciens  qui  se  trouvent  dans  le  lou- 
gan. 

Après  deux  ou  trois  pluies,  quand  la  couche  arable  est  accessible 
aux  outils  de  culture,  on  défonce  le  sol  de  0"^,30.  L'indigène  va 
seulement  à  0™,15  de  profondeur.  Les  semis  se  font  dans  le  courant 
de  mai,  en  lignes  espacées  de  0^,60  à  0°^,70  et  à  intervalles  de 
0^,50  à  0°^,60  sur  chaque  ligne.  On  met  de  trois  à  quatre  grains 
par  paquet,  soit  environ  30  litres  à  Thectare  et  on  ramène  la  terre 
avec  le  talon  pour  recouvrir  légèrement  les  grains.  Si  le  sol  est 
humide,  la  germination  se  fait  trois  ou  quatre  jours  plus  tard. 
Ce  mil  atteint  sa  maturation  environ  six  mois  après  les  semis. 
Quand  il  est  mûr,  on  doit  prélever  d'abord  la  semence  de  la  sai- 
son suivante  en  choisissant  les  plus  beaux  épis  et  la  variété  que 
Fon  désire  conserver.  Généralement,  en  effet,  chez  les  indigènes, 
diverses  variétés  de  Sorgho  sont  mélangées  dans  la  même  culture. 

Mil  Chandelle  (Penicillaria  spicata).  —  Abondamment  cultivé 
dans  la  région  du  Bas-Chari,  mais  inconnu  dans  le  territoire  du 
Haut-Oubangui.  On  rencontre  les  premières  plantations  à  Fort- 
Crampel,  en  montant  vers  le  Nord.  Les  ensemencements  faits  à 

6 


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82  VÉGÉTAUX  UTILES  BE   L' AFRIQUE. 

Port-Sibut  ont  donné  des  résultats  très  inférieurs  à  ceux  qu'obtien- 
nent les  indigènes  du  Baguirmi.  On  emploie  environ  20  litres  de 
semences  à  l'hectare. 

Woandzeia  sùbterranea.  —  Se  sème  en  terrain  meuble  au  com- 
mencement de  la  saison  des  pluies,  à  raison  de  2  ou  3  graines  par 
paquets  distants  de  0",40  à  0°^,  50. 

Vigna  Catjang.  —  Plusieurs  variétés  à  tiges  rampant  sur  le  sol 
sont  cultivées  en  Afrique  centrale.  On  les  sème  souvent  en  cul- 
tures intercalaires  dans  le  Sorgho. 

Courgettes  à  huile.  —  Plusieurs  espèces  de  cucurbitacées  sont 
cultivées  en  Afrique  centrale  pour  leurs  graines  oléagineuses.  Nous 
leur  consacrerons  plus  tard  une  étude  spéciale. 

Reana  luxurians,  —  Graminée  souvent  connue  sous  le  nom  de 
téosinte,  appréciée  pour  la  nourriture  du  bétail.  Nous  ne  la  croyons 
pas  toutefois  supérieure  au  maïs  ou  au  sorgho.  Se  cultive  comme 
ces  plantes.  A  donné  des  rendements  satisfaisants  à  Fort-Sibut. 

Eleusine  Coracana.  —  Cultivé  dans  tout  le  bassin  du  Haut-Ou- 
bangui  et  dans  celui  du  Haut-Chari  jusqu'au  sud  du  Beguirmi. 
Semer  en  juin,  repiquer  un  mois  après.  La  graine  est  mûre  en 
octobre. 

On  fabrique  avec  la  graine  de  cette  petite  graminée  une  bière 
très  appréciée  des  indigènes. 

Hyptis  spicigera.  —  Se  sème  à  la  volée  au  commencement  de 
la  saison  des  pluies.  Levée  abondante.  Développement  rapide. 
Plante  à  graines  oléagineuses,  cultivée  par  les  Bandas  autour  des 
habitations. 

Sesamum  orientale.  —  Se  sème  dans  les  terrains  frais  riches  en 
humus,  au  début  de  l'hivernage.  Récolte  se  fait  3  ou  4  mois  plus 
tard.  A  Port-Sibut  les  indigènes  cultivent  deux  variétés,  une  à 
fleurs  complètement  blanches  et  l'autre  à  fleurs  rosées. 

Phaseolus  lunatus.  —  Connu  encore  sous  les  noms  de  Haricot 
de  Lima  ou  Haricot  du  Kissi.  Plante  vivace  très  productive,  très 
facile  à  cultiver.  Se  sème  à  raison  de  3  graines  au  pied  de  forts 
tuteurs  espacés  de  1  mètre  en  tous  sens.  De  nombreuses  variétés 
sont  cultivées  par  les  indigènes  de  l'Afrique  centrale. 


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Liste  des  Plantes  et  Graines  introduites  ou  dont  la  culture  a  été 
tentée  à  la  Station  d'essais  de  Krébedjé  (Fort-Sibut). 

TABLEAU  II 


NOM  BOTANIQUE. 


Anona 


—  reticulata. 

—  squamosa. 


—       Cherimolia  .   . 

Achras  Sapota 

Anneniaca  vulgaris  .   . 
Amygdalus  communis. 
Anacardium  occidentale 
Citnis  Bigaradia.  .  .  . 

—  aurantium.  .   .   . 

—  deliciosa 


medica 


Carica  Papaya,  4  espèces. 
Eugenia  Mtchelii  .... 


Psidium  à  gros  fruits 

— -       à  fruits  jaunes 
Mangifera  indica  . 


Mammea  americana. 

—  africana.  . 
Malus  communis  .  . 
PassiOora  edulis.  .  . 
Psidium  pyriferum  . 

—  pomiferum . 

—  Calcyanum . 

—  aromaticum 


—      sinense.  . 
Prunus  communis. 


NOM 

VDLOAIRB. 


PROVENANCE. 


A.  —  Arbres  fruitiers. 


Cœur  de  bceuf. 


Pomme ,      can- 
nelle. 
Cherimolier. 
Sapotillier. 
Abricotier. 
Amandier. 
Pomme  acajou. 

Bigaradier. 
Or.  commune. 
Mandarinier. 


Citronnier. 


Papayer. 

Cerisier  de 
Cayenne. 

Goyaviers. 

Manguiers. 


Pommier. 
Barbadine. 
Goyaviers. 


Prunier. 


Jardin  colonial 
de  Nogent. 
Vilmorin. 


Jardin  colonial. 
M.  Vilmorin. 


Mission 

Brazzaville. 

M.  Vilmorin. 

Mission 

Brazzaville. 

Jardin  colonial 

de  Nogent. 


Mission  Bessou. 
Jardin  colonial. 

Thiès,      Brazza- 
ville, Bessou. 
Jardin  colonial. 

M.  Vilmorin. 


QUANTITÉ 

SRMi^B. 


1  sachet. 


30  gr. 


20  gr. 
100  — 


10  gr. 
1  — 
10  - 
10  — 
13  — 
100  — 


RENDEMENT 
on 

RÉSULTATS. 


2  plantes. 

3  — 

4  — 
0  — 
2  — 
0  — 
0  — 

2  — 

3  — 

4  — 

5  — 

65  — 

17  — 

45  — 

70  — 


11  plantes. 
4      — 
4       - 

250  — 

1  - 

1  — 

0  — 

Pépinières. 
Acclimatées. 


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TABLEAU    II   [suite) 


NOM  BOTANIQUE. 


Prunus  V.  reine-claude 

—  Damas 

—  Couetsch  .   .   . 

Vitis  vinifera 

Musa  sinensis 


—  sapientium  , 

—  paradisiaca  . 


NOM 

VULGAIRB. 


Prunier. 


Vigne. 
Banane  de 

Chine. 
Bananier. 


PROVENANCE. 


M.  Vilmorin. 


Ck)nakry. 
Krebedjé. 


QUANTITÉ 


^       iOO  gr. 


10  gr. 
3  — 


RENDEMENT 


RKSULTAT8. 


B.  —  Plantes  industrielles,  commerciales,  textiles. 


Agave  Sisalana  . 
—     me.\icana. 


Ceratonia  siliqua  .  . 
Coffea  congensis.  .  . 
Cassia  occidentalis  . 
Fourcroya  gigantea  . 

Indigofera  tinctoria . 
Manihot  Glazioi^ii.  . 


Bixa  orellana 

Bulyrospermum  Parkia 
Nicotiana  Tabacum  .  . 


hanvre  Sisal. 

Agave  du 

Mexique. 

Caroubier. 

Café  de  la  rive 

Bontamaré. 

Chanvre  de 

Maurice. 

Indigotier. 

Caoutchoutier 

de  Céara. 

Rocouyer. 

Arbre  à  beurre. 

Tabac. 


Vilmorin. 


100  rejets. 


100  gr. 
285  pieds. 
1  sachet. 

200  œilletons. 
50  gr. 

1  sachet. 

250  gr. 
Acclimaté. 


Adansonia  digitata  .  .  .  . 
Bambusa  arundinacea.  .   . 

Oxytenanlhera  abyssinica. 


G.  —  Arbres  d*avenue,  de  reboisement,  d^ombrage. 

20  gr. 


Alunites  cordata 

—       triloba 

Acacia  Lebbeck 

Melia  Azederach 

Poincinia  regia 

Moringa  pterigosperma  . 

Ficus  Rokko 

Albizzia  moUucana  .   .   . 


Basbal. 
Bambou  de 

Chine. 

Bambous  des 

Niellims. 


Lilas  de  Perse. 

Flamboyant. 

Ben  aili. 

Rokko. 


Kinchassa. 

Sénégal. 

Ndélé. 
Vilmorin. 

Sénégal. 
Vilmorin. 


3  pieds. 
1  sachet. 


0 
U 
0 
0 

2 

104 


85 


98 
10 
95  plantes. 


190      - 

7      — 

4U      — 

:m     — 

220       — 
Indigènes. 


Acclimaté. 

50 

6 

30 
15 

6 

8 

2 
60 
40 


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ESSAI  d'introduction  DES   PLANTES   UTILES. 


85 


TABLEAU  III 

A.  —  Liste  des  variétés  de  plantes  potagères  qui  ont  été  cul- 
tivées à  Fort-Sibut  et  ont  donné  de  bons  résultats  (1903) 


Aubergine    violette    longue. 

Betterave    de    Castelnaudary. 

Céleri  plein  blanc  d'Amérique. 

Cresson  de  jardin  (Barbarea  prx- 
cox). 

Cresson  alénois. 

—       de  fontaine.  — 

Carotte    rouge    à    forcer    pari- 
sienne. 
—        Saint-Luc. 

Cerfeuil  commun. 

Cornichon  vert  maraîcher. 

Concombre  long  vert. 

Chou  cœur  de  bœuf  petit. 

—  Quintal   d'Auvergne. 

—  de  Dax. 

Epinard     de     Hollande     graine 

ronde. 
Fenouil  de  Florence. 
Haricot  flageolet  blanc  nain. 


Haricot  Barbes  nain. 
Laitue  d'Alger  graine  noire. 

—  Batavia. 

—  Romaine    blonde    maraî- 

chère. 
Chicorée  frisée  d'Italie. 
Melon  Prescot  Péril. 

—  cantaloup  d'Alger. 

—  noir  des  Carmes. 
Navet  des  vertus  race  Marteau. 
Oigneau  blanc  hâtif  de  Paris. 
Poireau  long  d'hiver. 

Pois  nains. 

Pe-Tsaï  amélioré  (chou  de  Chine). 

Moutarde  de  Chine. 

Persil  commun. 

Piment  doux. 

Radis  rose  à  bout  blanc. 

—  noir  d'hiver. 
Tomate  rouge  grosse. 


B.  —  Liste  des  variétés  de  plantes  potagères  qui  ont  été  cul- 
tivées par  MARTRBT,  en  1899,  à  Kati  (Soudan  français) 
et  ont  donné  les  meilleurs  résultats  *. 


1*  Légumes  de  saison  sèche. 


Aubergine   violette   longue. 

Betterave   de   Castelnaudary. 

Carotte  courte  à  châssis. 

—       rouge     à     forcer     pari- 
sienne. 

Céleri  plein  blanc. 

Chicorée  frisée  dltalie. 

Choux    Cabus    Quintal    d'Auver- 
gne. 

Choux  de  Dax. 

Concombre     vert     long     maraî- 
cher. 

Cornichon  fin  de  Meaux. 

Cresson  de  fontaine. 

Haricot  flageolet  blanc,  nain. 


Laitue  d'Alger. 

—  Batavia. 

~       Tom  Pouce. 

Romaine   grosse   blonde   maraî- 
chère. 

Romaine  blonde  lente  à  monter. 

Navet  à  forcer  demi-long. 

Persil  ordinaire.  • 

Poireau  gros  du  Midi. 

Pomme  de  terre  des  Canaries. 

Radis  rond  rose  à  bout  blanc. 

—  jaune  d'été. 
Tomate  rouge  grosse. 

—       Perfection. 


2*  Légumes  de  la  saison  humide. 


Scarolle  verte. 

Romaine  blonde  lente  à  monter. 
Carotte  rouge  courte  à  châssis. 
Navet  demi-long. 


Tomate  rouge  grosse. 
Aubergine  Perfection. 

—  violette  longue. 


1.  Cette  liste,  établie  par  Martret  à  son  retour  du  Soudan,  est  intéres- 
sante, à  compter  à  la  précédente. 


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86 


VÉGÉTAUX  UTILES  DE  L' AFRIQUE. 


G.  —  Liste  des  plantes  d'ornement  qpcii  ont  été  cultivées  avec 
succès  à  Fort-Sibut  en  1903 


Fleurs  et  plantes  d'ornement. 


Basilic  grand  vert  [Ocimum  vi- 

ride). 
Balsamines  doubles  variées. 
Celosie  à  panaches. 
Cryptostégia  Grandiflora. 
Dolique  pourpre  du  Soudan. 
Datura  Metel. 
Géranium   divers. 
Cannas  variés. 
—       jaunes. 
Pervenche  de  Madagascar. 
Maïs  du  Japon,   Introduit  aussi 

à  Ndellé. 
Pourpier  grande  fleur. 


Réséda  en  arbre. 
Rlcinus  Zanzibarentls. 
Ricin  Sanguin. 
Tagetes  erecta. 
Tabac  blanc  odorant. 
Souci  officinal. 

—     double    en    mélange,    in- 
troduit aussi  à  Ndellé. 
Soleil  du  Texas. 
Zinnias  élégant,  introduit  aussi 

à  Ndellé. 
Zinnias  double  nain. 

—        élégant    double    varié. 


TABLEAU  IV 

Dons  et  Envois  divers  (grralnes  et  plantes  vivantes)  * 

s  juillet  190%.  —  M.  Vecten,  plantation  Armor  près  Libreville. 

Provenance, 

2  boutures  Ananas  {var.  Comte  de  Paris).  Camayen. 

2  boutures  Ananas  {var.  Baronne  de  Rothschild).  Id. 

Graines  de  café.  Maison  Vilmorin. 

Graines  de  pêcher.  Id. 

Boutures  de  Patate  améliorée.  Mission    de    Thiès. 

2  août  1902.  —  Jardin  du  Commissariat  colonial  à  Brazzaville. 
Graines  des  plantes  ornementales  suivantes  : 


Noms. 

Provenance. 

Lonicera  caprifolium. 

Jardins  du  Sénégal 

Basilic. 

Muséum. 

Immortelle    (Helychrysum). 

Jardins  du  Sénégal 

Antigonum  leptotus. 

Id. 

Melon  du  Sénégal. 

Id. 

Amarante  Crête  de  coq. 

Id 

Helianthus  divers. 

Id. 

Pétunia  violacea. 

Id. 

Chrysanthemum. 

Id. 

Œillets  de  Chine  variés. 

Id. 

Rosa  alpina. 

Muséum. 

Heliotropum  peruvianum. 

Id. 

Mimulus  cardinalis. 

Id. 

Ageratum  cœruleum. 

Id. 

1.  La  Mission  Chari-Tchad  a  toujours  cherché  à  répondre  dans  la  me- 
sure de  ses  moyens  à  toutes  les  demandes  de  graines,  de  tubercules  et  de 
jeunes  plantes  qui  lui  ont  été  adressées.  Elle  donna  ainsi  pendant  le 
voyage  d'aller  à  de  nombreux  établissements  (jardins  d'essais,  missions, 
particuliers)  un  nombre  considérable  d'espèces  de  graines  et  de  jeunes 
plantes.  En  échange  nous  recevions  d'autres  semences  et  d'autres  plantes 
vivantes  utiles  et  nous  les  transportions  dans  d'autres  points  ou  bien  nous 
les  conservions  pour  les  introduire  dans  le  territoire  du  Tchad. 


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ESSAI  D'INTRODUCTION   DES   FIANTES   UTILES. 

2  août  1902.  —  Jardin  de  la  Mission  de  Brazzaville. 


87 


Plantes  vivantes  : 
Agave  sp. 

Ananas  {var.  baronne  de  Rothschild). 
Ananas  {var.  comte  de  Paris). 

Graines  de  : 

Manguiers,  diverses  variétés. 
Khaya  senegalensls. 
Thespesia  populnea. 
Melon  du  Sénégal. 


Provenance. 

Jardin  de  Sor. 

Jardin  de  Camayen. 

Id. 


Pénitencier   de    Thiès. 

Sénégal. 

Id. 

Id. 


i  juin  1902.  —  Jardin  de  la  ville  de  Dakar. 

Plantes  vivantes  : 
Garcinia   Loureiri. 
Copalfera  offlcinalis. 
Quassia  amara. 
Pilocarpus   racemosus. 
Pliocarpus  pennatifolius. 
Thrinax  barbadense. 
Thrinax  argentea. 
Achras  Sapota  (2  plants). 
Hopea  odorata. 


Graines  de  : 

Hibiscus  syriacus. 

Pœonia  offlcinalis. 

Mimulus  cuprœus. 

Pelargonium  zonale. 

Hibiscus  roseus. 

Viburnum    Tinus. 

Soja  hispida. 

Atriplex  hortensis. 
En  outre,  graines  de  10  espèces 


Cocos  sp. 

Bégonia   argyrostigma. 
Jasminum  Sambuc. 
Agave  rigida. 
Musa  textilis. 
Latania  rubra. 
Flacourtia  Ramontchi. 
Crescentia  Cujete. 


Helianthus  multiflorus. 
Phœnix  reclinata! 
Elaeis  guineensis. 
Parkia  biglobosa. 
Eryobothrya  japonica. 
Spondias  Birrœa. 
Diospyros    mespiliformis. 

de  plantes  potagères  ou  ornementales. 


6  juin  1909.  —  Jardin  de  Sor,  près  Saint-Louis. 

Plantes  vivantes  : 
Gouania    domingensis. 
Marsdenia  verrucosa. 
Artobothrys   odoratissimum. 
Capparis  sp. 
Garcinia  indica. 
Haronga    madagascariensis. 
Toluifera  Pereirœ. 
Swietenia  Mahogoni. 


Graines  de  ; 
Dahlia  coccinea. 
Cedrela  sinensis. 


Pithecolobium    Saman. 
Parmentiera    cereifera. 
Jasminum   Sambac. 
Funtumia  elastica. 
Pilocarpus  racemosus. 
Jambosa  sp. 
Platonia  insignis. 


Allium  odorum. 
Diospyros  Kaki. 


i7'28  mai  1902.  —  Jardin  de  M.  Bambey  et  Jardin  de  Diourbel  (Sénégal). 

Graines  de  : 

Néflier  du  Japon.  Rosiers  variés. 

Eugenia  myrtifolia.  Dahlias  variés. 

Paulownia    imperialis.  Tagetes  variés. 

En  outre  graines  de  14  espèces  de  plantes  potagères  ou  ornementales. 


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88 


2  juin  190Î. 


VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

Jardin  du  poste  de  Thiès  (Sénégal). 


Plantes  vivantes  : 
Jambosa  sp. 
Ochrocarpus  siamensis. 
Musa  textllis. 
Muraya  exotica. 
Payena  Lerli. 


Latanla  rubra. 
Sabal   umbraculifera. 
Thrinax  argentea. 
Gouania    domingensis. 


27  mai  1902.  —  Jardin  du  Pénitencier  de  Thiès. 

Plantes  vivantes  : 
Mammea  americana. 
Vangueria  edulis. 
Agave  rigida. 

Graines  de  : 
Rosiers   (8  espèces). 
Chrysanthèmes   variés. 


Luassia  amara. 
Thrinax  argentea. 


Lantana. 
Clarkla  elegans. 


12  juin.  —  Jardins  privés  de  Sor  (Sénégal)  appartenant  à  MM.  Riquetty 
et  Gardette. 

Graines  de  30  espèces  de  plantes  potagères  ou  ornementales  parmi  les- 
quelles : 

Pœonia  offlcinalis.  Viburnum  Tinus. 

Dahlia  coccinea.  Syringa  pekinensis. 

Paulownia  imperlalis.  Gilia  tricolor. 

Phytolacca  decandra.  Lobelia  erinus. 

25  juin.  —  Jardin  d'essais  de  Camayen  (Guinée  française). 
Un  plant  de  frï^isier  du  Sénégal. 

•     31  juillet.  —  Jardin  d'essais  de  Brazzaville  (Congo  français). 


Plantes  vivantes  : 

Provenance. 

Musa  slnensls  (deux  plants). 

Jardin  de  Camayen, 

Ananas  var.  baronne  de  Rothschild. 

Id. 

Opuntia  Ficus-indicœ. 

Sénégal. 

Piper  Bettle. 

Muséum. 

Sanseviera  cyllndrlca. 

Congo  belge. 

Patate  améliorée. 

Mission    de    Thiès. 

Graines  : 

Casuarlna  equlsetifolia. 

Sénégal. 

Ficus  sp. 

Id. 

Datura  Metel. 

Id. 

Thespesia  populnea. 

Id. 

Adansonia  digitata. 

Id. 

Khaya  senegalensis. 

Id. 

Eryobothrya  japonica. 

Canaries. 

Uvaria  œthlopica. 

Dahomey. 

Tamarindus  Indlca. 

Sénégal. 

Detarium  microcarpum. 

Id. 

Zizyphus  sativus. 

Id. 

Bousslngaultla.  - 

Id. 

Eucalyptus  tereticornis. 

Id. 

Coccoloba  uvlfera. 

Id. 

Averrhoa  Carambola. 

Id. 

Agave  sp. 

Id. 

Agave  sp.  (bulbilles). 

Id. 

Mangifera    indlca    (diverses    variétés).                Id. 

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ESSAI   d'introduction   DES   PLANTES   UTILES.  .        89 

TABLEAU    V 

Dons  et  Envois  de  plantes  faits  dans  les  territoires 
du  Haut-Oubangui  et  du  Tchad 

  novembre  I90i.  ■—  M.  le  lieutenant  Lebas,  au  lac  Fittrl. 

Graines  de  9  espèces  de  plantes  potagères  : 
En  outre,  graine's  de  : 

Papayers.  Barbadine    (Passiflora    quadrangu- 

Goyaviers.  laris). 

Citronniers.  Oseille  Sango  (Rumex  abyssiniens). 

12  novembre  1902.  —  M.  Grech,  résident  ciiez  le  sultan  Snoussi  à  Ndellé. 

Graines  de  10  espèces  de  plantes  potagères  : 
En  outre,  graines  de  : 

Caroubier   d'Algérie.  Ocimum   viride. 

Eucalyptus  globulus.  Soleil  du  Texas. 

Eryttiroxylon   Coca.  Souci  en  mélange. 

Soja  hisplda.  Pervenche    de    Madagascar. 

Rumex  abyssiniens.  Tabac  géant  à  fleur  pourpre. 

Coleus  rotundifolius.  Maïs  du  Japon. 

Sinapis  juncea.  Zinnia  en  mélange. 

Fenouil  de  Florence.  Anona  squamôsa. 

Agave  mexicana.  Anona  Cherimolia. 

Physalis    peruvianum.  Eugenia  Micheli. 

Antigonum  leptotus.  Goyaviers,   diverses  variétés. 
Canna  indica. 

6  février  1903.  —  M.  le  capitaine  Jacquin  à  Tjecna  (Baguirmi). 

Graines  de  8  espèces  de  plantes  potagères  : 
En  outre  : 
Rumex  abyssiniens   (oseille  Sango). 

24  février  1903.  —  M.   Scaronne,  poste  dn  la  Nana   (Haut-Chari). 

Gaines  de  6  espèces  de  plantes  potagères  : 
En  outre  : 

Papayers  (3  variétés).  Eucalyptus   robusta. 

Goyaviers   (3  variétés).  Cotonnier  Sea-Island. 

2  mars  1903.  —  M.  le  lieutenant  Hardeley  à  Bol  (sur  le  lac  Tciiad). 

Graines  de  9  espèces  de  légumes  : 
En  outre  : 

Citronniers  variés.  Moutarde  de  Chine. 

Goyaviers  variés.  Tabac  Maryland. 

Physalis  peruvianum.  Eucalyptus  sp. 

Piment  enragé. 

Août  1903.  —  M.  Hillebrand  à  la  Factorerie  de  Dangba  (Haut-Chari). 

Plantes  vivantes  :  Nombre  de  plaotes. 

Manguiers. 5 

Mandariniers 3 

Cerisiers  des  Antilles 6 

Citronniers 4 


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90  VÉGÉTAUX   UTILES  DE  L'AFRIQUE. 

Nombre  do  plantes. 

Papayers 4 

Flamboyants 2 

Caroubiers 2 

Goyaviers 2 

Eucalyptus  citrlodorus 4 

Touffes  de  Cannas 7 

Boutures  de  bambou  de  Chine » 

Boutures  de  Coleus  rotundifolius » 

SI  août  i90S.  —  M.  le  lieutenant  Dujour  à  Fort-Archambault  (Moyen- 
Charl)  : 

Plantes  vivantes  :  Nombre  de  plantes. 

Manguiers 7 

Citronniers 3 

Papayers 15 

Cerisiers  des  Antilles 6 

Goyayers 5 

Ananas » 

iO  décembre  1903.  —  M.  le  commandant  supérieur  des  troupes  à  Fort- 
Lamy  (Bas-Chari). 

4  tonnelets  de  graines  de  riz. 

1  caisse  de  tubercules  de  Coleus  Dazo. 

3  caissettes  de  tubercules  de  Coleus  rotundifolius. 

1  sac  de  graines  de  Papayers. 

1  sac  de  graines  de  citronniers. 

il  août  1909.  —  Jardin  de  la  Mission  de  Bangui  (Haut-Oubangui). 

Graines  de  9  espèces  de  plantes  potagères  : 
En  outre  : 

Reana  luxurians.  Anacardium  occidentale. 

Sapindus  sp.  Tabac  de  la  Havane. 

Caroubier   d'Algérie.  Moutarde  de  Chine. 

Spondias  lutea.  Réséda  odorant. 

Anona  reticulata.  Carica  Papaya   (variété) 

Anona   Cherimolia.  •             Maïs  dent  de  cheval. 

Anona  squamosa.  Riz  sec  de  Mandchourie. 

Eucalyptus  globulus.  Cotonnier  de  Géorgie. 
Lilas  commun. 

1^  septembre  190S.  —  Jardin  de  la  Mission  de  Bessou  (Haut-Ou bangui). 

Graines  de  : 

.\ntigonum   leptopus.  Pécher     de     Nouvelle-Calédonie. 

Psidium  Cattleyanum.  Pastèque    d'Egypte. 

Reana  luxurians.  Caféier  de  Bourbon. 

U varia  aethiopica.  Fourcroya  gigantea. 

Khaya  senegalensis.  Manguiers  variés. 

Malaleuca  Leucodendron. 


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ESSAI  d'introduction  DES   PLANTES  UTILES.  W 

TABLEAU  VI 

Envois  de  graines  et  de  tubercules  vivants  à  des  Établisse- 
ments scientifiques  ou  coloniaux  en  Europe 

r  MUSEUM  D'HISTOIRE  NATURELLE   DE  PARIS 


!«'  envoi.  —  //  juin 

Albizzia  moUucana. 
Acacia  albida. 
Bauhinia  rufescens. 
Commiphora  africana. 
Diospyros  mesplliformis. 
Detsurium  senegalense. 
Elœis  guineensis. 
Khaya  senegalensis. 


4902.  —  Saint-Lodis  (Sénégal). 

Lonchocarpus  formosianus. 
Parkinsonia  aculeata. 
Passiflora  senegalensis. 
Phœiiix  reclinata. 
Poinciana  pulcherrima. 
Thespesia  populnea. 
Boucerosia  Decalsneana  Lem.  (plante 
vivante). 


2«  envoi. 

Cordia  sp. 
Chrysobalanus. 

3«  envoi.  — 

Ipomœa  ornemental. 

Euphorbiacée. 

TriumXetta  sp. 

Bois  de  fer  et  bois  noir. 

Tephrosia  Vogelii. 

4*  envoi. 

Tabac  Batéké. 
Lippia  sp. 

Euphorbia  cactiforme. 
Dioscorea  n'  5. 
Elseis  de  l'Oubangui. 


23  juin  1902,  —  Dakar  (Sénégal). 

Mangifera,   diverses  variétés. 
Landolphia  Heudelotii. 

-  /"  aoiU  4902,  —  Brazzaville. 
Basilic  en  arbre. 
Landolphia  Klainei. 
Adauôonia  sulcata  A.  Chev.,  espèce. 

nouvelle   à  fruits  sillonnés. 
Strychnos  à  pulpe  vénéneuse. 

45  août  4902,  —  Bangdi. 

Casearia. 
Cucurbitacée. 
Cannas  variés. 

Café  de  l'Oubangui  (coffea  congen- 
sis). 


6«  envoi.  —  20  novembre  4902.  —  Krébedjé  (Fort  Sibut). 

Clitandra    Schweinfurthii.  Entada  sp. 

«  Khoyo  •.  Musa  Schweinfurthii  Warb. 

Erythrina  sp.  Mimosée  î  bois  de  construction. 

e«  envoi.  —  43  juillet  4903,  —  KRÉsEDJé. 
Coffea  excelsa.  thera  abyssinica). 

Landolphia   owariensis.  Parkia  fllicoldea. 

Bambous    des    Niellims    (Oxytenan- 

Plcintes  vivantes  rapportées  le  ÎS  février,  au  retour  de  la  mission. 


Encephalartos   septentrionalis 

Schweinf. 
Coffea  Dybowskii. 
Coffea  silvatica. 
Coffea  congensis. 
Donax  azurea. 
Canarium   (Brazzaville). 
Pollia  cyanosperma. 
M3rrosma  sp. 
Costus  sp. 
Hyptis  spicigera. 

Dioscorea   bulbifères   (4   variétés;. 
Coleus  Dazo  A.  Chev. 


Coleus  langouassiensis  A.  Chev. 
Coleus   rotundifolius    (3   variétés). 
Euphorbia   cactiformes   (2  espèces). 
Bambou  nain  de  Brazzaville. 
Amyrallidées    (3  espèces). 
Crinum  sp. 
Dipcadl  sp. 
Eulophia  sp. 
Angrœcum  sp. 
Polystachya  sp. 
MegacUnum  sp. 
Amorphophallus  sp. 


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92  VÉGÉTAUX  UTILES  DE  L' AFRIQUE. 

Cochlospermum    niloticum.  Daniella  thurifera. 

Caillea  dlchrostachys.  Tetrapleura  Thonningii. 

Gossypium  hlrsutum.  Tetrapleura   obtusangula. 

Gossypium  anonialum.  Riz  sauvage  du  Baguirmi. 

2*  ECOLE  SUPERIEURE  DE  PHARMACIE 

l*"-  envoi.  —  28  mai  4902,  —  Diodrbel  (Sénégal). 

Acacia  albida.  Parkia  biglobosa. 

Bauhinia  rufescens.  Tamarindus  indica. 

Detariuni  senegalense.  Cordyla  af ricana. 
Diospyros  mespiliformis. 

2*  envoi.  —  //  juin  4902,  —  Saint-Louis. 

Elœis  guineensis.  Ocimum  sp. 

Khaya  senegalensis.  Phœnix  reclinata. 

Lonchocarpus  formosianus.  Poinciana   pulcherrima. 

3«  envoi.  —  23  juin  4902,  —  Dakar. 

Mangifera.  Chrysobalanus  Icaco. 

Landolphia   Heudelotii.  Cordia  sp. 

4«  envoi.  —  /•'  août  4902.  —  Brazzaville. 

Strychnos  à  pulpe  vénéneuse.  Amomum  n*  1. 

Bixacée.  Amomum    stipulatum    Gagnepain. 

Landolphia  Klainii.  Tephrosia  Vogelii. 

Trachyphrynium  Braunnianum.  Euphorbiacée. 

6«  envoi.  —  /5  août  4902,  —  Bangui. 

Lippia.  Casearia. 

Euphorbia  cactiforme.  Cucurbitacée. 

Dioscorea  n'  5. 

e«  envoi.  —  43  juillet  4903,  —  Krebkojé. 

Bambous  des  Niellims.         '  Landolphia  owariensis 

Goffea  excelsa.  Parkia  fllicoidea. 

7«  envoi.   —  2i  février  4903,  —  Paris. 

Dioscorea  (4  variétés  bulbifères).  Funtumia  elastica 

Coleus  (5  espèces  ou  variétés). 

T  JARDIN  COLONIAL  DE  NOGENT-SUR-MARNE 

!«••  envoi.  —  44  juin  4902,  —  Diourbel. 

Bauhinia  rufescens.  Lonchocarpus  formosianus 

Coccinea  sp.  Parinârium  macrophyllum . 

Commiphora  africana.  Phœnix  reclinata. 

Diospyros  mespiliformis.  Poinciana  pulcherrima. 

Elœis  guineensis.  Ocimum  sp. 

Khaya  senegalensis.  Thespesia  populnea. 

2«  envoi,  —  /*•'  août  4902,  —  Brazz.wille. 

Bois  de  fer  :  bois  noir.  Triumfetta. 

Bois  de  fer  :  bois  jaune.  Ocimum  viride. 

Amonmm  rare  n*  1.  Landolphia  Klainii. 

Amomum  stipulatum.  Tachyphrynium    Braunnianum. 

Adansonia   sulcata.  Tephrosia  Vogelii. 


Mi  î     II  II 


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ESSAI  d'introduction   DES   PLANTES   UTILES.  93 

3*  envoi.  —  13  août  4902,  —  Bangui. 

Tabac  Batéké.  Elaeis  de  l'Oubangui. 

Cannas. 

4«  envoi.  —  43  juillet  4903,  —  Kkebedjf:. 

Coffea  excelsa.  Parkia  biglobosa. 

Landolphia  owariensis. 

Plantes  vivantes.  —  2i  février  4904,  —  Paris. 

Funtumia  elastica,  4  plants.  Sanseviera  guineensis,  2  plants. 

Encephalartos   septentrionalls  Sanseviera  2"*  espèce,  1  plant. 

Schwt,  1  plant.  Euphorbia  cactiforme,    bouture. 

Landolpbia   owariensis,   30   plants.  Aloe  Barteri,  1  plant. 

Coffea  congensis,  4  plants.  Dioscorea,  4  variétés  bulbifères. 

Coffea  silvatica,  4  plants.  Coleus    h    tubercules    alimentaires, 
Bambou  nain,  2  plants.  5  espèces  ou  variétés. 

4*  JARDIN  COLONIAL  DE  MARSEILLE 

lor  envoi.  —  44  juin  4902,  —  Saint-Louis. 

Bauhinia  rufescens.  Lonchocarpus   formosianus 

Coccinea  sp.  Ocimum  sp. 

Commiphora  africana.  Parinarium    macrophyllum. 
Diospyros    mespiliformis. 

2«  envoi.  —  /««•  aoiît  4902,  —  Brazzaville. 

Strychnos  à  pulpe  vénéneuse.  Adansonia  sulcata. 

Bois  de  fer  :  bois  noir.  Tephrosia  Vogelii. 

Bois  de  fer  :  bois  jaune.  Triumfetta. 

3*  envoi.  —  45  août  4902,  —  Bangui. 

Tabac  Batéké.  Discorea  n'  5. 

Euphorbia  cactiforme.  Casearia. 

4«  envoi.  —  25  avril  4903,  —  Paris. 

Coleus  rotundifolius  v.  alba.  Cucurbita'  sp.     (grosse    courge    de 
Coleus  rotundifolius  v.  rubra.  Fort-Sibut). 

Coleus  rotundifolius  v.   nigra.  Cucumis  sp.  (petite  courge  à  huile). 

Coleus  Dazo.  Dracsena  sp.  de  Brazzaville. 

Dioscorea,   4  variétés   bulbifères.  Coffea  silvatica  A.  Chev. 

5'  JARDIN  BOTANIQUE  DE  CAEN 

ler  envoi.  —  44  juin  4902.  —  Saint-Louis. 

.\lbizzia  mollucana.  Passiflora   senegalense. 

Cassia  occidentalis.  Poinciana  regia. 

Diospyros   mespiliformis.  Poinciana   pulcherrima. 

Elaeis  guineensis.  Pbœnix  reclinata. 

Khays  senegalensis.  Tamarindus  indica. 

Lonchocarpus  formosianus.  Thespesia  populnea. 
Parkinsonia  aculeata. 

2*  envoi.  —  4"  août  1902.  ■—  Brazzaville. 

Trachyphrynium    Braunnianum.  Ureim  lobata. 

Adansonia  sulcata.  Tephrosia  Vogelii. 

Basilic  en  arbre.  Bois  de  fer  :  bois  noir. 

Amomum  n*  1.  Bois  de  fer  :  bois  jaune. 
Amomum  stipulatum. 


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94 


Gardénia. 
Lippia. 


VÉGÉTAUX  UTILES  DE   L'AFRIQUE. 

3«  envoi.  —  /5  août  4902,  —  Bangui. 

Casearia. 
Canna. 

4*  envoi.  —  20  novembre  4902,  —  Kabbbojé. 


«  Khoyo  ». 

Erythrina  sp. 

Entada  sp. 

Cyanosperraum  calycium   Hook. 

Bauhinia  reticulata. 


Musa   Schweinlurthii. 
Clitandra   Schweinfurthii. 
Mimosée,  arbre  de  construction. 
Tuberculoïde   de   Dioscorea   n*   6. 


S*  envoi.  ~  43  juillet  4903,  —  Krbbedjé. 


Bambous   des   Niellims. 
Coffea  excelsa. 


Landolphia   owariensis. 
Parkia  âlicoidea. 


e«  envoi.  —  40  mai  4904. 


Paris. 


Coleus  Dazo 

Coleus  rotundifolius  v.  alba. 
Coleus,  rotundifolius  v.  rubra. 
Coleus,  rotundifolius  v.  nigra. 


Dioscorea    (4   variétés   bulbifères). 
Cucurbita  sp.    (grosse  courge). 
Cucumis  sp.  (petite  courge  à  huile). 


6*  JARDIN  BOTANIQUE  DE  MONTPELLIER 


l"  envoi.  —  44  juin  4902,  —  Saint-Louis. 

Dlospyros   mespillformis.  Polnciana  regia. 

Elœls  gulneensis.  Passiflora  senegalensis. 

Khaya  senegalensis.  Thespesia  populnea. 
Lonchocarpus  formoslanus. 

2«  envoi.  —  43  juillet  4903,  —  Krbbedjé. 

Coffea  excelsa.  Parkia   âlicoidea,    graines   parafû- 

Landolphia  owariensis.  nées. 

3«  envoi.  —  40  mai  4904.  —  Paris. 


Coleus  Dazo  A.  Chev. 
Coleus  rotundifolius  v.  alba. 
Coleus  rotundifolius  v.  rubra. 
Coleus  rotundifolius  v.  nlgra. 
Dioscorea  (4  variétés  bulbifères). 


Cucurbltacée    (grande   courge). 
Cucumis  sp.  (petite  courge). 
Dracœna  sp.   de   Brazzaville. 
Coffea  sUvatlca. 


r  JARDIN  BOTANIQUE  DE  BORDEAUX 


Dlospyros   mespillformis. 
Elœls  gulneensis. 
Lonchocarpus  formoslanus. 


!•'  envoi.  —  //  juin  4902.  —  Saint-Locis. 

Khaya  snegalensls 
Tamarlndus  Indlcus. 
Thespesia  polpulnea. 


Erythrina  sp. 
Entada  sp. 
Cyanospermum    calyclnum 


8»  envoi.  —  20  novembre  4902,  —  Krbbgdji^.. 

Bauhinia  reticulata. 
Musa  Schweinfurthll. 


Coffea  excelsa. 
Landolphia  owariensis. 


3*  envoi.  —  43  juillet  4903.  —  Krbbedjé. 
Parkia  Alicoidea. 


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ESSAI  d'introduction  DES  PLANTES  UTILES.  95 

4"  envoi.  —  23  février  4904,  —  Bordeaux. 

Funtumia  elastica.  Aloe  Barteri. 

Landolphla   owariensis.  Coleus  Dazo  A.  Chev. 

Coffea  congensis.  Coleus  rotundifolius  v.  alba. 

Coffea  silvatica.  Coleus  rotundifolius  v.  rubra. 

Bambou  nain.  Coleus  rotundifolius  v.  nigra. 

Sanseviera  guineensis.  Dioscorea    (4  variétés   bulbifères). 
Euphorbia  sp. 

8"  ENVOIS  DIVERS 

A  son  retour  en  France,  la  Mission  Chari-lac  Tchad  a  en  outre  expédié 
les  graines  et  les  tubercules  dont  elle  pouvait  disposer  à  tous  les  établisse- 
ments qui  en  ont  fait  la  demande.  En  dehors  de  quelques  plantes  d'intérêt 
économique  restreint,  elle  a  envoyé  un  lot  important  de  quatre  espèces  ou 
variétés  de  Coleus  à  tubercules  alimentaires,  ainsi  que  quatre  variétés  du 
Dioscorea  anthropophagorum  A  Chev.  (dont  les  tubercules  aériens  rem- 
placent la  pommé  de  terre  dans  le  centre  de  l'Afrique)  aux  établissements 
suivants  : 

Jardins  botaniques  de  Lyon,  Marseille,  Caen,  Nancy,  Bordeaux,  Jardin 
méditerranéen  de  la  villa  Thuret  à  Antibes,  Etablissements  de  la  Maison 
Vilmorln-Andrieux  et  C",  Jardin  du  Hamma  près  Alger,  plantation  Poirey  à 
Kouroussa  (Haute-Guinée). 

Ces  mêmes  plantes  et  quelques  spécimens  d'intérêt  exclusivement  bota- 
nique ont  été  envoyés  aussi  aux  Etablissements  scientifiques  étrangers 
suivants  :  Jardin  royal  de  Kew,  Jardin  de  Berlin,  Jardin  de  l'Etat  ^ 
Bruxelles. 


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TABLEAU  VII 

Observations  météorologiques 
faites  à  la  station  d'essais  de  Krébedjé  (Fort-Sibut). 

1"   TRIMESTRE 


JANVIER. 

FÉVRIER. 

MARS. 

1 

1 

2 

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4 

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8 

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10 

10 

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37,8 

8,5 

10 

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11 

11 

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11 

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12 

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12 

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19 

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19 

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14 

19 

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35,0 

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20 

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38 

10 

20 

726,15 

34 

15,2 

20 

724,15 

34 

24 

21 

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32,2 

10 

21 

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34,5 

16,5 

21 

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32,5 

20,4 

22 

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32 

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22 

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34 

17,5 

22 

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35,5 

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23 

725,20 

33 

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23 

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30 

17 

23 

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34,5 

24,5 

24 

725,18 

36 

14,9 

24 

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32 

14 

24 

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36 

22,5 

25 

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19 

•25 

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34 

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25 

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21,5 

26 

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33 

17 

26 

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34 

14 

26 

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36.2 

21 

27 

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35,2 

12,5 

27 

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35 

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27 

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38 

•22 

28 

728,15 

34,9 

10 

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38 

13 

28 

725,15 

36 

23,3 

29. 

728,16 

33 

14 

29 

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36,5 

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10,2 

30 

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22 

726.12 

35,401 

11,256 

727,366 

724,835 

36,09 

20,33 

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2-   TRIMESTRE   1903 


AVRIL. 

MAI. 

JUIN. 

.  1 

• 

5 

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1 

728,15 

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20,3 

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2 

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35,5 

22 

2 

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35,1 

22 

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2 

728,16 

35 

19,8 

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3 

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24 

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35 

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4 

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37 

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4 

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1,25 

5 

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29 

20 

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21,2 

0,75 

5 

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18,5 

0,90 

6 

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34 

22 

6 

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35,2 

21,3 

0,57 

6 

726,15 

33,5 

20,4 

0,74 

7 

725,20 

33,5 

23,8 

7 

727,15 

34 

21,5 

0,47 

7 

727,15 

34 

21,2 

0,66 

8 

725,20 

33,3 

22,9 

8 

726,20 

35,7 

20,8 

0,39 

8 

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33 

19.5 

0,50 

9 

730,17 

36,8 

20 

9 

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35,2 

20,3 

0,34 

9 

727,20 

33 

19,7 

0,68 

10 

724.24 

38,30 

21,9 

10 

726,20 

37,4 

21,8 

0,32 

10 

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33.7 

19 

0,76 

11 

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38 

21,7 

11 

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11 

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30 

19 

0,53 

12 

729,20 

38,2 

18,8 

12 

726,24 

36,8 

21,5 

0,89 

12 

727,16 

34,3 

19,4 

0,59 

13 

726,20 

32 

20 

13 

726,17 

36,7 

21,2 

0,61 

13 

727,20 

34,6 

19,9 

0,48 

14 

729,20 

33,8 

18,9 

14 

727,15 

37,2 

21,4 

0,51 

14 

720,20 

34,3 

19 

10,45 

15 

731,15 

35,8 

19,7 

15 

727,20 

30 

20,8 

0,46 

15 

728,15 

35 

18,8 

0,50 

16 

730,15 

37,6 

20 

16 

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35,2 

20 

0,42 

16 

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33 

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17 

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17 

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21 

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17 

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32,3 

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0,39 

18 

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37 

19,5 

18 

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20,2 

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18 

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34 

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0,37 

19 

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19 

19 

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0,47 

19 

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33,2 

20 

0,37 

20 

729,20 

38 

19 

20 

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34,1 

21,7 

0,46 

20 

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34 

18 

0,39 

21 

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38 

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21 

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18 

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21 

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34 

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22 

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20 

22 

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31 

21 

0,53 

22 

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32 

20 

0,37 

23 

729,19 

35 

21 

0,69 

23 

727,15 

34 

20,9 

0,47 

23 

728,18 

33 

20 

0,345 

24 

730,20 

35,5 

20,3 

0,51 

24 

726,23 

34 

19,2 

0,47 

24 

728,15 

33,4 

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0,34 

25 

729,24 

37 

20 

0,38 

25 

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34,5 

18,9 

0,46 

25 

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34,8 

18,7 

0,34 

26 

729,15 

37,7 

21 

0,32 

26 

727,16 

30 

18,8 

2,46 

26 

727,18 

30,6 

19,5 

0,93 

27 

730,17 

37,3 

21,6 

0,28 

27 

726,23 

33,5 

20,3 

1,61 

27 

726,24 

32,3 

19,2 

0,84 

28 

730,15 

34,6 

20,8 

0,35 

28 

726,20 

35,9 

20,5 

1,89 

28 

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33 

19 

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29 

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0,66 

29 

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36 

21 

1,80 

29 

729,20 

32,4 

18 

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TRIMESTRE  1903 


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TRIMESTRE   1903 

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100  VÉGÉTAUX   UTILES  DE  L'AFRIQUE. 


CHAPITRE   IV.  —   LES   COLEUS   A    TUBERCULES 
ALIMENTAIRES 

Par  MM.  Auer*  Chevalier  et  E.  Perrot 


Sommaire  :  Généralités.  —  Historique.  —  Aperçu  sur  les  genres  Plectran- 
thU8,  Coleus  et  Solenostemon.  —  Révision  des  espèces  de  genres  Plectran- 
thus  et  Coleus  possédant  des  tubercules.  —  Description  des  espèces 
comestibles  rencontrées  en  Afrique  tropicale.  —  Description  des  tuber- 
cules. —  Recherches  histologiques.  —  Composition  chimique  des  tuber- 
cules. —  Procédés  de  culture.  —  Rendements.  —  Utilisation.  —  Distri- 
bution géographique  et  noms  indigènes.  —  Tentatives  pour  répandre 
la  culture  des  Coleus  alimentaires  dans  toutes  les  contrées  tropicales. 
Conclusions. 


On  a  cru  longtemps  que  les  Solanées  et  les  Convolvulacées 
étaient  les  seules  familles  de  Gamopétales  susceptibles  de  produire 
des  tubercules  utilisés  par  Fhomme  pour  son  alimentation. 

Dans  son  Origine  des  Plantes  cultivées,  Alph.  de  Candolle 
consacre  de  longs  paragraphes  à  l'histoire  de  la  Pomme  de  terre 
et  de  la  Patate,  mais  il  paraît  avodr  ignoré  que  des  végétaux  d  une 
famille  voisine  des  deux  précédentes,  la  famille  des  Labiées,  pou- 
vaient aussi  donner  par  la  culture  des  tubercules  jouissant  de  pro- 
priétés analogues. 

MM.  Pailleux  et  Bois  ont,  depuis  de  nombreuses  années,  vul- 
garisé en  France  Tune  de  ces  plantes,  originaire  du  Japon  et  de  la 
Chine,  le  Stachys  afftnis,  aujourd'hui  bien  connu  sous  l'appella- 
tion de  Crosne  qui  est  le  nom  de  la  ville  où  Pailleux  cultiva 
d'abord  cette  espèce. 

Dans  la  plupart  des  contrées  tropicales  de  l'Ancien  Monde  on 
rencontre  des  plantes  de  la  même  famille,  appartenant  au  genre 
Coleus  et  qui  sont  également  cultivées  pour  leurs  tubercules  ali- 
mentaires. 

De  Placourt  avait  déjà  signalé,  en  1658,  l'une  de  ces  plantes 
rencontrée  à  Madagascar  dès  le  xvii*  siècle  ;  Rumphius  figura 
en  1747  une  plante  analogue  rencontrée  à  Java. 

Mais  ce  n'est  que  dans  ces  dernières  années  que  l'attention  des 
voyageurs  et  des  naturalistes  fut  de  nouveau  attirée  sur  ces  Labiées 
qui  jouent  réellement,  en  certaines  régions,  un  rôle  important 
dans  l'alimentation  de  l'homme. 

L'un  de  nous  a  rencontré  récemment,  dans  les  pays  les  plus 
divers  de  l'Afrique  tropicale,  plusieurs  espèces  et  variétés  nou- 


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ESSAI  d'introduction   DES   PLANTES   UTILES.  101 

velles  de  Coleus  alimentaires.  Nous  avons  noté  les  conditions  dans 
lesquelles  vivent  ces  plantes  ;  des  expériences  sur  leur  culture  ont 
été  poursuivies  à  la  station  de  Fort-Sibut  ;  enfin,  l'analyse  microsco- 
pique et  chimique  a  confirmé  la  haute  valeur  alimentaire  de  ces 
végétaux.  Nous  sommes  ainsi  en  possession  des  plus  importants 
documents  qui  aient  été  rassemblés  sur  ce  groupe  de  plantes  qu'il 
importe  de  faire  connaître  pour  les  répandre  dans  toutes  les  colo- 
nies tropicales. 

L'une  des  espèces,  le  Coleus  rotundifolius,  est  déjà  cultivée, 
sous  diverses  variétés,  dans  l'Inde,  à  Ceylan,  à  Java,  à  Madagascar, 
dans  TAfrique  tropicale  ;  elle  vient  d'être  introduite  en  Indo-Chine 
et  aux  Antilles.  Nous  montrerons  dans  ce  mémoire  que  ces  Coleus 
n'offrent  pas  seulement  un  grand  intérêt  scientifique  :  ils  sont 
appelés  à  prendre,  quand  on  les  aura  mieux  fait  connaître,  une 
grande  place  parmi  les  cultures  vivrières  de  tous  les  pays  tropicaux. 

§  I.  —  Historique 

1**  Coleus  rotundifolius.  —  De  Flacourt  est  le  premier  voya- 
geur qui  ait  parlé  des  tubercules  d'un  ColetLs  de  Madagascar.  Il  les 
nomme  Houmime  ou  Voamitsa.  «  Ce  sont,  dit-il,  de  petites  racines 
grosses  comme  le  pouce  qui  multiplient  extrêmement,  car  d'une 
plante  il  en  viendra  plus  de  deux  cents.  Elles  approchent  le  goût 
des  naveaux  ^.  » 

Plus  tard,  en  1769,  Commerson  récolta  la  même  plante  à  l'île 
Maurice.  L'étiquette  conservée  dans  l'herbier  du  Muséum  est  ainsi 
libellée  :  t  Oumimes  de  Madagascar  —  de  dessus  l'habitation  de 
M.  DuPONCEL,  aux  plaines  de  Willicus  —  en  mai  1769  —  Ile  de 
France.  »  Sur  l'étiquette,  Commerson  a,  en  outre,  reproduit  la 
note  de  Flacourt  citée  plus  haut. 

En  1811,  PoiRET,  continuateur  de  l'Encyclopédie  de  Lamark, 
décrit  la  plante  de  Commerson  sous  le  nom  de  Germanea  rotundi- 
folia. 

'  Plus  tard,  le  D'  Sims  décrit  la  plante  de  Madagascar  sous  le 
nom  de  Plectranthus  tematus,  et  celle  trouvée  par  Commerson  à 
Maurice,  qui  lui  était  identique,  fut  nommée  par  Bentham,  Plec- 
tTanthus  rotundifolius  (Poir)  Spr.  La  multiplicité  des  noms  créés 
pour  désigner  la  même  espèce  de  Labiée  ne  faisait  que  commencer, 
ainsi  que  nous  le  verrons  par  la  suite. 

En  1747,  RuMPHius  avait  figuré,  sous  le  nom  de  Glans  terrestris 
costensis,  une  plante  de  Java  du  même  genre  que  Blume  décrit, 
en  1825-1826,  sous  le  nom  de  Pleclranthus  tuberosus  ;  Bentham  en 

i;  De  Flacourt.  Histoire  de  la  grande  isle  de  Madagascar,  1658. 


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102  VÉGÉTAUX   UTILES  DE  L'AFRIQUE. 

a  fait  le  Coleus  tuberosus  qui  n'est  pas  identique  à  la  plante  d'Abys- 
sinie,  désignée  sous  ce  nom  par  Achille  Richard. 

La  plante  de  Java  rentre  encore  dans  Tespèce  de  Madagascar,  et 
conformément  aux  lois  de  la  nomenclature,  c'est  le  nom  de  Coleus 
Totundifolius  (Poir.)  qui  doit  prévaloir. 

On  trouvera  plus  loin,  dans  la  revision  des  Coleus  et  Plectran- 
thus,  antérieurement  décrits,  l'énumération  de  toutes  les  espèces 
de  ce  groupe  signalées  par  les  auteurs  comme  possédant  des  tuber- 
cules ou  des  racines  alimentaires,  ou  bien  seulement  voisines  des 
espèces  à  tubercules. 

Nous  voulons  seulement  dans  ce  paragraphe  suivre  Thistoire 
des  espèces  alimentaires  que  nous  avons  rencontrées  en  Afrique. 

Bentham  indique  encore  son  Coleus  tuberosus  à  Ceylan,  à  Am- 
boine  et  sur  la  côte  de  Coromandel.  Plus  tard,  dans  son  Flora 
indica,  il  rattache  à  la  même  espèce  son  Coleus  parviflorus,  nom 
qu'il  avait  créé  pour  désigner  une  plante  récoltée  par  Wight  dans 
nnde  orientale. 

C'est  beaucoup  plus  tard  qu'on  découvrit  le  Coleus  rotundifolitis 
sur  le  continent  africain. 

En  1884,  MM.  Pailleux  et  Bois  reçurent  du  Transvaal,  expé- 
diés par  M.  MiNGARD,  quelques  tubercules  désignés  par  les  Noirs 
de  race  Magwamba  sous  le  nom  de  Matambala.  Ils  leur  étaient 
signalés  comme  remplaçant  la  pomme  de  terre.  Cette  plante  fut 
mulipliée  de  bouture  et  fleurit  l'hiver  suivant  dans  les  serres  du 
Muséum.  M.  Bois  la  considéra  d'abord  comme  une  forme  de 
Coleus  tuberosus  Benth.  (non  Rich.)  à  inflorescences  compactes  et 
la  désigne  sous  ce  nom  i.  Plus  tard,  il  l'identifia  à  des  échantillons 
de  Plectranthus  ternatus  Sims  cultivés  au  Muséum.  Sagot,  par 
contre,  l'assimila  à  une  plante  de  l'herbier  du  Muséum  étiquetée 
par  Bentham,  Solenostemon  densiflorus  Benth.  Tous  ces  noms  doi- 
vent être  en  réalité  synonymes  et  nous  verrons  par  la  suite  qu'on 
à  bien  à  tort  mis  dans  deux  genres  différents  de  simples  variétés 
culturales  d'une  espèce  unique. 

Le  Coleus  du  Transvaal,  multiplié  au  Muséum  de  Paris,  he 
tarda  pas  à  être  introduit  par  les  soins  de  Maxime  Cornu  à  la  Côte 
occidentale  d'Afrique.  En  1887  ou  1888,  ce  savant  confia  à  Pierre, 
chargé  d'organiser  le  Jardin  d'essais  de  Libreville,  deux  petits 
tubercules  de  la  grosseur  d'un  gros  pois. 

Ils  végétèrent  suffisamment  pour  être  largement  multipliés  et 
répandus.  M^r  Carie  en  transporta  à  Loango  et  Thollon  en  em- 
porta par  rOgoué  jusqu'à  Brazzaville.  «  Au  Congo,  écrivait  Thol- 
lon, vers  cette  époque,   le  Matambala  croît  avec  une  vigueur 

1.  Pailleux  et  Bois,  Le  Potager  d'un  curieux,  2*  édition. 


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ESSAI  d'introduction  DES   PLANTES   UTILES.  103 

extrême  pendant  la  saison  des  çluies.  Pendant  la  saison  sèche  (de 
juin  à  octobre)  la  plante  végète,  mais  a  besoin  d'être  arrosée  pour 
produire  des  tubercules.  C'est  pendant  cette  période  que  les  fleurs 
se  montrent.  La  récolte  doit  être  faite  en  décembre  et  janvier.  On 
obtient,  par  touffes,  une  douzaine  de  tubercules  de  la  grosseur 
d'une  noix  et  beaucoup  d'autres  plus  petits  ^.  » 

C'est  probablement  de  l'époque  du  voyage  de  Thollon  que 
date  la  confusion  de  la  plante  qu'il  emportait,  avec  un  autre  tuber- 
cule analogue  connu  et  cultivé  depuis  longtemps  par  les  indigènes 
du  Congo.  Cette  plante  alimentaire,  que  nous  avons  observée  récem- 
ment nous-même  chez  diverses  peuplades  de  la  forêt  congolaise, 
leur  était  familière  bien  avant  la  pénétration  européenne,  et  si  la 
variété  apportée  par  Pierre  s'est  multipliée  en  quelques  points 
chez  les  indigènes,  ce  que  nous  ignorons,  en  beaucoup  d'autres 
c'est,  au  contraire,  la  variété  congolaise  des  indigènes  que  les  Euro- 
péens se  sont  mis  à  cultiver  dans  les  postes  dès  le  début  de  l'occu- 
pation française,  sous  le  nom  peu  exact  de  Pommes  de  terre  de 
Madagascar  que  lui  donnent  encore  aujourd'hui  tous  les  coloniaux 
européens  du  Congo.  C'est,  sans  aucun  doute,  cette  dernière 
variété  que  la  mission  Crampel  rencontra  en  1890  dans  l'Oubangui 
par  4"*  de  lat.  N.  2,  et  que  M.  Dybowski  observa  peu  après  dans 
les  cultures  du  poste  de  Loudima  ^. 

Près  du  golfe  de  Guinée,  une  plante  du  même  groupe  avait  été 
découverte,  en  1854,  par  Barter,  botaniste  de  l'expédition  anglaise 
de  La  Pléide,  dirigée  par  le  D*^  Baikie.  Barter  la  rencontra  dans 
le  Yorouba  près  des  bouches  du  Niger,  et  il  la  signala  dans  ses 
notes  comme  cultivée  par  les  indigènes  sous  le  nom  de  Krodyn. 
Elle  a  été  décrite,  en  1894,  par  Baker,  sous  le  nom  de  Coleiùs 
dysenterictis.  L'examen  des  spécimens  authentiques  de  cette  plante» 
conservés  dans  l'herbier  du  Muséum,  nous  a  convaincu  qu'elle 
était  entièrement  identique  au  Coleus  Coppini  du  Soudan  français. 

Cette  dernière  plante,  désignée  par  les  indigènes  de  race  Bam- 
bara  sous  le  nom  de  Oussou-ni-fing ,  a  d'abord  été  signalée  par 
M.  B1N6ER  dîms  la  relation  de  sa  belle  exploration  de  la  boucle  du 
Niger  (1888-1889)  *.  Il  trouva  le  tubercule  vendu  sur  le  marché  de 
Oual-Oualé,  dans  le  Gourounsi,  sous  le  nom  de  Ousou-fing.  M.  Bin- 
GER  n'ayant  pas  rapporté  d'échantillons,  Maxime  Cornu  crut, 
d'après  la  description  du  tubercule,  qu'il  s'agissait  d'un  Dioscorea 
btUbifère,  et  c'est  sous  ce  nom  que  la  plante  est  désignée  dans  l'ou- 


1.  Pailleux  et  Bois,  loc  cit.,  3*  éd.,  p.  379. 

2.  Pierre  in  Pailleux  et  Bois,  3*  éd.,  p.  380. 

3.  Dybowski,  Cultures  tropicales,  p.  369. 

4.  BiNGER,  Du  Niger  au  golfe  de  Guinée,  1892,  vol.  II,  p.  49. 


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104  VÉGÉTAUX  UTILES  DE   L' AFRIQUE. 

vrage  en  question.  En  réalité,  le  nom  de  Oussou-ni-fing  ou  Ousou- 
ftng  désigne  exclusivement  le  tubercule  de  Coleus  au  Soudan. 

En  1895,  GiiRKE,  sous  le  nom  de  Coleus  salagensis,  décrit  une 
Labiée  rapportée  de  Bismarckburg  au  Togo  par  Kling  et  Bûttner 
qui  est,  si  Ton  en  juge  par  sa  description,  absolument  identique 
aux  deux  précédentes  ^.  D'ailleurs,  l'auteur  fait  remarquer  que  cette 
espèce  est  connue  sous  le  nom  de  Ponvme  de  terre  de  Salaga,  et 
nous  avons  appris  au  Soudan  qu'effectivement  VOussou-rd-fing 
était  commun  dans  cette  ville  située  entre  le  Pays  de  Kong  et  la 
Côte  d'Or. 

Après  l'occupation  des  territoires  de  la  boucle  du  Niger,  VOus- 
sou-ni-fing  ne  tarda  pas  à  se  répandre  dans  la  plupart  des  jardins 
de  nos  postes  du  Soudan. 

Au  commencement  de  1894,  M.  le  D"*  Coppin  fit  parvenir  au 
Muséum  quelques  tubercules  de  cette  plante  que  Maxime  Cornu 
multiplia  en  serre,  mais  dont  il  n'obtint  pas  de  floraison.  Néan- 
moins, en  1900,  il  crut  devoir  lui  imposer  un  nom  nouveau  et  la 
nomma  Plectranthus  Coppini^.  En  1901,  M.  Heckel  parvint  à 
obtenir  au  Jardin  botanique  de  Marseille  la  floraison  de  VOussou- 
ni'fiing.  Il  reconnut  avec  raison  que  c'était  un  Coleus  et  il  en  a  fait 
le  Coleus  Coppini  Heckel. 

Maxime  Cornu  a  été  le  premier  à  montrer  qu'à  l'inverse  du 
Crosne,  le  Coleus  du  Soudan  avait  des  tubercules  très  riches  en 
amidon,  dont  la  composition  se  rapprochait  beaucoup  de  celle  des 
Pommes  de  terre.  Sa  note  se  terminait  ainsi  :  t  II  existe  donc  pour 
les  pays  chauds  des  tubercules  alimentaires  appartenant  à  la 
famille  des  Labiées,  plus  analogues  à  la  Pomme  de  terre  qu'au- 
cun de  ceux  qui  sont  cultivés  habituellement.  Très  faciles  à  cul- 
tiver et  à  multiplier,  ils  donnent  un  rendement  abondant,  ils  peu- 
vent acquérir  un  très  gros  volume»  et  peuvent,  sans  doute,  être 
améliorés  et  sélectionnés  par  la  culture.  Enfin,  ils  admettent  un 
climat  Véritablement  tropical,  ce  que  la  pomme  de  terre  n'admet 
pas  ;  ils  méritent  donc  la  plus  sérieuse  attention.  »  C'est  aussi  à 
Maxime  Coriîu  qu'on  doit  les  premiers  renseignements  sur  la 
structure  anatomique  du  tubercule  de  Coleus. 

2**  Coleus  Dazo.  —  Le  capitaine  Julien  est,  à  notre  connais- 
sance^  le  premier  auteur  qui  ait  cité  le  Dazo  parmi  les  plantes  qu'il 
a  vu  cultiver  dans  le  Haut-Oubangui.  Il  en  mentionne  simple- 
ment le  nom.  M.  Gentil  cite  aussi  le  Dazo  parmi  les  plantes  utiles 
rencontrées  par  lui  au  Haut-Chari. 

1.  In  Encleb,  Bot  Jahrb.  XIX,  p.  220. 

2.  M.  Cornu,  Note  sur  un  tubercule  nouveau  du  Soudan,  l'Ousounify. 
Compte-rendus  Acad.  Se,  1900,  p.  1268 

3.  «  Ils  ont  parfois  la  grosseur  d'une  noix.  »  Cornu,  loc.  cit. 


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ESSAI  d'introduction   DES   PLANTES   UTILES.  105 

Quelle  pouvait  être  cette  plante  qu'aucun  naturaliste  n'avait 
encore  observée  ? 

A  notre  arrivée  à  Brazzaville,  en  juillet  1902,  M.  Luc  nous 
montra  au  Jardin  d'essais  un  carré  de  ce  t  Dazo  »  dont  il  avait  reçu 
les  tubercules  du  Haut-Oubangui  et  qui  commençaient  seulement 
à  entrer  en  végétation.  Il  fut  aisé  de  reconnaître  une  Labiée. 
Quelques  jours  plus  tard,  un  indigène  de  race  Batékô  nous  apporta 
la  même  plante  et  nous  raconta  qu'on  la  trouvait  dans  la  brousse 
aux  environs  des  villages.  Les  indigènes  en  arrachaient  parfois 
des  pieds  pour  les  cultiver  autour  de  leurs  habitations,  mais  on 
considérait  plutôt  les  tubercules  comme  vivres  de  famine,  et  les 
enfants  seuls  allaient  les  déterrer  dans  les  savanes.  Nous  ne  tar- 
dâmes pas  à  rencontrer  la  plante  dans  une  localité  des  environs  de 
Brazzaville  que  nous  avait  indiquée  le  R.  P.  Rémy,  et  où  elle  parut 
bien  spontanée.  Nous  nous  trouvions  en  saison  sèche  et  les  tiges 
aériennes  étaient  sorties  de  terre  depuis  peu  de  temps.  Nous  avons 
noté  sur  nos  carnets  d'alors,  comme  noms  indigènes  donnés  à  la 
plante,  Dasso  ou  Dassou  (par  les  Batékés)  et  celui  de  Bigondé  (par 
les  Ba-Congo).     . 

Le  mois  suivant,  nous  retrouvions  la  plante  à  1  500  kilomètres 
plus  au  Nord,  dans  les  environs  du  poste  de  Bangui  où  elle  était 
cultivée  par  les  Bondjos.  Le  P.  Beauchêne  nous  assura  qu'on  la 
trouvait,  en  outre,  dans  toute  la  région,  chez  les  Bouakas,  les  Bou- 
zérous,  les  N'Babas  et  les  Ndris  ;  nous  la  remarquâmes  ensuite 
chez  un  grand  nombre  de  peuplades  du  Haut-Oubangui  et  du 
Haut-Chari  :  Ouaddas,  Benziris,  Langouassis,  Ndis,  Ouaccas, 
Mbrous,  Sabangas,  Mandjias.  Elle  existe  chez  la  plupart  des  peu- 
plades fétichistes  qui  vivent  dans  le  pays  du  sultan  Snoussi  à  l'ouest 
du  Haut-Nil.  C'est  dans  cette  dernière  contrée  qu'elle  a  été  observée 
en  fleurs,  en  décembre  1902,  et  qu'on  a  pu  constater  les  conditions 
étranges  dans  lesquelles  elle  fleurissait  :  les  grappes  naissaient 
exclusivement  sur  les  vieilles  tiges  arrachées  depuis  longtemps  et 
à  demi  desséchées.  Les  sujets  demeurés  en  place  et  encore  en  végé- 
tation ne  présentaient  rien  qui  fît  prévoir  une  prochaîne  floraison. 
Nous  avons  constaté  souvent,  depuis,  que  cette  espèce  ne  fleuris- 
sait que  quand  la  plante  avait  emmagasiné  dans  les  rhizomes  sou- 
terrains des  réserves  pour  entrer  dans  la  phase  de  repos  corres- 
pondant à  la  saison  sèche.  Au  moment  où  la  partie  aérienne  va  se 
dessécher,  alors  que  les  feuilles  sont  déjà  tombées,  les  grappes 
font  seulement  leur  apparition.  Cette  particularité  biologique  existe 
aussi  chez  quelques  autres  espèces  de  Coleus  et  de  Plectranthus  *. 

Les  matériaux  recueillis  au  cours  du  long  voyage  de  la  Mission 

1.  Voir  la  Uste  pubUée  plus  loin. 


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106  VÉGÉTAUX   UTILES  DE   L'AFRIQUE. 

Chari'lac  Tchad,  sont  les  premiers  documents  ayant  permis  de 
faire  une  étude  scientifique  et  agronomique  aussi  complète  que 
possible  sur  le  Coleus  Dazo. 

La  monographie  que  nous  publions  et  qui  était  rédigée  depuis 
plusieurs  mois  est  aussi  le  seul  travail  qui  ait  permis  de  recon- 
naître que  le  Dazo,  déjà  cité  depuis  plusieurs  années  par  divers 
voyageurs*,  était  une  Labiée  se  rapportant  au  genre  Coleus. 

Dès  le  mois  de  février  1904,  à  son  arrivée  en  France,  la  Mission 
Ghari-lac  Tchad  a  distribué  à  plusieurs  établissements  des  tuber- 
cules de  Coleus  Dazo,  afin  d'aider  à  la  diffusion  de  cette  utile 
espèce  dans  tous  les  pays  tropicaux  2. 

Enfin,  les  Coleus  langouassiensis  et  Coleus  brazzavillensis 
n'avaient  encore  retenu  l'attention  de  personne  avant  le  voyage  de 
la  Mission  Chari-Tchad, 


§  II.  —  Aperçu  sur  les  genres  Plectranthus,  Coleus 
et  Solenostemon 

Les  genres  Plectranthus  et  Coleus  de  la  section  des  Ocimées 
sont  morphologiquement  très  voisins,  et  nous  pensons  qu'il  n'y 
aurait  point  d'inconvénient  à  les  réunir,  s'ils  ne  contenaient  cha- 
cun une  centaine  d'espèces. 

Le  seul  caractère  constant  qui  permette  de  les  distinguer  réside 
dans  la  disposition  des  étamines  les  unes  par  rapport  aux  autres 
et  peut  ainsi  se  résumer  : 

Etamines  à  filets  Ubres  au-dessus  de  leur 
point  d'attache  à  la  gorge  de  la  corolle.  .  .  .   Plectranthus. 

Etamines  à  filets  soudés  en  un  tube  au-des- 
sus de  leur  point  d'attache  à  la  gorge  de  la 
corolle,  puis  libres  à  leur  extrémité Coleus. 

Or,  la  soudure  des  étamines  dans  le  genre  Coleus  existe  sur  un 
parcours  plus  ou  moins  long,  suivant  les  espèces. 

D'autre  part,  G.  H.  Wright  a  fait  rentrer  dans  le  genre  Plec- 
tranthus (PI.  insolitus)  une  remarquable  Labiée  à  feuilles  alternes, 
dont  les  filets  des  étamines  étaient  brièvement  connés  à  la  base. 

Enfin,  chez  beaucoup  d'espèces  de  ces  deux  genres,  les  fleurs 
sont  très  petites  :  quand  elles  sont  desséchées  et  aplaties  en  herbier, 

1.  Voir  notamment  :  Gentil.  La  Chute  de  l'empire  de  Rabah,  Tour  du 
monde,  27  déc.  1901,  p.  622. 

2.  Quelques  mois  plus  tard»  MM.  Chalot  et  Ammann  ont  publié  sur  le 
Coleus  bazo  une  petite  note  des  plus  incomplètes,  sans  même  attendre  que 
le  nom  que  nous  avions  attribué  à  cette  plante  fût  acquis  à  la  nomencla- 
ture botanique. 


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ESSAI  d'introduction   DES  PLANTES   UTILES.  107 

il  est  extrêmement  difficile  de  savoir  si  les  filets  staminaux  sont 
adhérents  ou  non  à  leur  base. 

Aussi,  nous  croyons  que  parmi  les  espèces  décrites  dans  le 
genre  Coleus,  il  se  trouve  de  véritables  Plectranthus  et  vice  versa. 
Ainsi  Ton  verra  dans  le  tableau  suivant,  le  Coleus  tuberosus  décrit 
loin  du  Plectranthus  ternatus,  alors  que  ces  deux  plantes  sont  pro- 
bablement deux  variétés  d'une  même  espèce  cultivée. 

De  même,  notre  Coleus  Dazo,  qui  semble  très  voisin  du  Plec- 
tranthus floribundus  N.  E.  Brown,  n'a  pu  cependant  lui  être  réuni, 
parce  que  N.-E.  Brown  déclare  les  étamdnes  libres  dans  la  plante 
qu'il  a  étudiée,  tandis  qu'elles  sont  très  nettement  monadelphes  à 
la  base,  dans  la  plante  que  nous  décrivons  plus  loin. 

Bentham,  dans  sa  monographie  des  Labiées  (1832-1836),  fait 
remarquer  t  qu'à  l'exception  du  Coleus  scutellarioides  et  de  deux 
ou  trois  autres  espèces,  les  plantes  du  genre  Coletcs  ont  un  port  si 
différent  des  Plectranthus  qu'il  n'est  pas  besoin  d'examiner  les 
étamines  pour  les  distinguer.  En  outre,  sauf  deux  ou  trois  espèces 
aussi,  les  Coleus  diffèrent  des  Plectranthus  par  les  lobes  latéraux 
du  calice  tronqués  et  leur  inflorescence  montre  toujours  une  ten- 
dance à  être  cymiforme  ». 

Depuis  cette  époque,  les  descriptions  d'un  grand  nombre  d'es- 
pèces nouvelles  dans  les  deux  genres  ont  montré  que  ces  observa- 
tions du  savant  monographe  n'étaient  pas  générales,  et  le  caractère 
des  étamines  libres  ou  monadelphes  à  la  base  est  véritablement  le 
seul  qui  différencie  génériquement  ces  plantes. 

Un  troisième  genre,  le  genre  Solenostemon  créé  par  Schuma- 
cher et  Thonning  est  venu  s'ajouter  à  ce  groupe.  Il  se  distingue 
des  Coleus  parce  qu'il  a  les  dents  antérieures  du  calice  connées  et 
qu'il  est  ainsi  nettement  hilobé.  On  ne  connaissait  primitivement 
qu'une  espèce  dans  ce  dernier  genre.  Récemment  ^  Baker  en  a  créé 
cinq  autres  spéciales  à  l'Afrique  tropicale,  et  une  septième  espèce 
existe  en  Amérique  tropicale.  Tout  récemment  encore  Hiern  en  a 
trouvé  deux  autres  dans  les  plantes  de  Welwitsch. 

Le  genre  Solenostemon,  bien  qu'admis  par  tous  les  auteurs,  est 
peu  distinct  des  Coleus.  Citons  enfin  le  genre  Germanea  Lam.  que 
Hiern  vient  de  substituer  au  genre  Plectranthus  parce  que  la 
dénomination  de  Germanea  serait  de  deux  années  plus  ancienne  ^ 
pour  la  science  botanique. 

1.  Beskrivelse  of  Guineiske  Planter,  1827. 

2.  Flora  of  tropical  Africa.  V,  p.  420. 

3.  Catalogue  Welwltsch's  African  plants.  1900,  p.  860 


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108  VÉGÉTAUX   UTILES   DE   L' AFRIQUE. 


§  III.  —  Revision  des  espèces  des  genres  Pleotranthos 
et  Goleus  possédant  généralement  des  tubercules  * 

Une  grande  partie  des  types  des  espèces  des  genres  Coleus  et 
Plectranthus,  voisins  ou  même  identiques  aux  plantes  africaines 
que  nous  avons  été  amenés  à  étudier,  manquent  à  Therbier  du  Mu- 
séum. Pour  comparer  nos  échantillons  à  ces  espèces,  nous  avons 
donc  dû  nous  borner  à  faire  un  examen  très  serré  de  tous  les  carac- 
tères différentiels  invoqués  par  les  auteurs  ;  nous  avons  acquis  ainsi 
la  certitude  que  plusieurs  noms  étaient  synonymes  et  désignaient 
la  même  plante.  C'est  ainsi  que  pour  nous  il  n'est  pas  douteux  que 
les  Coleus  rotundifolius  (Poir.)  A.  Chev.  et  Perrot,  C.  tuberosus 
(Blume)  Benth.  (non  Rich.),  C.  parviflorus  Benth.,  C.  dysentencus 
Baker,  C.  salagensis  Gûrke,  C.  Coppini  (M.  Cornu)  Heckel,  ne  cons- 
tituent qu'une  seule  espèce,  et  il  n'est  pas  douteux  que  C.  rotundi- 
folius, datant  de  1811,  est  le  plus  ancien  nom  qui  doit  être  conservé. 

Nous  avons  de  même  été  amenés  à  rapprocher  le  Plectranthus 
esculentus  N.  E.  Brown  de  notre  Coleus  Dazo  décrit  plus  loin,  et 
nous  pensons  que  c'est  à  la  suite  d'une  observation  incomplète 
que  N.  E.  Brown  a  fait  rentrer  la  plante  comestible  du  Natal  dans 
le  genre  Plectranthus  ^. 

Nous  avons  enfin  examiné  non  seulement  les  espèces  analogues 
ou  voisines  de  celles  que  l'un  de  nous  avait  rencontrées,  mais 
aussi  d'autres  espèces  éloignées  qui  ont  été  signalées  comme  possé- 
dant des  tubercules.  Tel  est  par  exemple  le  cas  pour  le  Coleus  bar- 
batus  (Andr.)  Benth.  et  pour  le  Coleus  edulis  Vatke. 

Nous  donnons  ci-dessous  les  descriptions  originales  de  toutes 
ces  espèces  telles  qu'elles  figurent  dans  le  Prodrome  et  dans  des 
publications  postérieures  où  un  certain  nombre  de  ces  descrip- 
tions étaient  dispersées.  Nous  voulons  mettre  ainsi  les  spécialistes 
à  même  de  contrôler  nos  rapprochements  et  donner  aux  natura- 
listes, vivant  dans  les  pays  tropicaux,  une  base  pour  leur  per- 
mettre d'étudier  plus  soigneusement  un  groupe  de  plantes  utiles 
répandues  dans  beaucoup  de  régions,  mais  qui  ont  encore  insuffi- 
samment attiré  l'attention.  Nous  énumérons  ces  espèces  à  la  suite 
les  unes  des  autres.  Il  est  très  probable  que  toutes  ces  descrip- 
tions se  rapportent  à  un  nombre  très  limité  d'espèces. 

1.  Nous  avons  compris  aussi  dans  cette  Uste  plusieurs  espèces  qui  ne 
sont  pas  connues  actuellement  comme  possédant  des  tubercules. 

2.  La  direction  du  Jardin  de  Kew  auquel  le  Coleus  Dazo  a  été  commu- 
niqué nous  écrit  que  notre  plante  diffère  de  celle  de  N.  E.  Brown  par  la 
dentelure  des  feuilles  et  par  les  dents  du  calice  beaucoup  plus  fines. 


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ESSAI  D'INTRODUCTION   DES   PLANTES   UTILES.  109 

PLECTRANTHUS 
L'HÉR.  (1788)  ;  Stirp,  I,  85.  —  Germanea,  Lamark  (1786),  II,  689  et  690. 

PLECTRANTHUS    TERNATUS 

SiMS,  BoL  Mag.,  p.  51,  t.  2.460  (1824);  Bojer,  HorL  MauriL,  p.  253; 
Benth.  in  DC,  Prod.  Xll,  p.  65.  —  Coleus  ternatus,  A.  Chev.  Ms. 

Herbe  vivace  haute  de  15  à  25  centimètres  à  racines  fibreuses 
portant  de  petits  tubercules  oblongs  (Jacques  et  Herinck). 

Tiges  dressées,  à  rameaux  blancs  tomenteux.  Feuilles  longue- 
ment pétiolées,  ovales,  arrondies,  aiguës,  à  grosses  crénelures, 
longuement  atténuées  à  la  base,  un  peu  charnues,  très  finement 
pubescentes  à  la  face  supérieure  ;  blanchâtres  en  dessous  ;  les 
feuilles  florales,  bractéiformes.  Grappes  à  faux  verticilles  un  peu 
lâches,  multiflores,  rapprochés.  Calice  campanule  à  dent  supé- 
rieure très  large  non  décurrente,  les  dents  inférieures  largement 
ovales,  aiguës,  très  courtes.  Corolle  dicline,  presque  trois  fois  plus 
longue  que  le  calice,  à  tube  un  peu  gibbeux  en  dessus,  à  gorge  à 
peine  renflée.  —  Port  du  Plect.  rotundfiolius,  dont  il  diffère  par  la 
pubescence  fine,  par  ies  feuilles  plus  aiguës  et  plus  rétrécies  à  la 
base  ;  souvent  (ou  constamonent  ?)  par  les  verticilles  de  feuilles 
groupées  par  trois  et  par  la  forme  du  calice.  Feuilles  florales  très 
entières,  glabres,  lancéolées,  longuement  acuminées.  Pédicelles 
courts  ;  calice  pubescent  ;  corolle  ponctuée  de  glandes  noires,  à 
lèvre  supérieure  très  brièvement  quadridentée  ;  Tinférieure  allongée, 
projetée  en  avant.  Organes  sexuels  plus  courts  que  la  corolle.  — 
(D'après  Bentham.) 

Habitat,  —  Madagascar,  Comores,  Maurice. 

Observations.  —  Dans  sa  description  originale,  Sims  indique  sa 
plante  comme  ayant  des  étamines  à  filets  connés  à  la  base.  C'est  donc 
par  suite  d'une  erreur  que  Bentham,  dans  sa  monographie,  a  main- 
tenu cette  espèce  dans  le  genre  Plectranthus.  Cette  plante,  aussi  bien 
que  le  Plect.  rotuiidifolius,  dont  elle  n'est  probablement  qu'une  variété, 
est,  d'après  Sims,  cultivée  à  Maurice  pour  ses  tubercules  (Bentham). 
—  Elle  y  a  été  introduite  et  y  est  connue  sous  le  nom  de  Oumine. 

Dans  le  Botanical  Magazine,  les  tubercules  sont  figurés  comme 
ayant  30  millimètres  de  long  sur  12  millimètres  d'épaisseur  et  les  plus 
gros  atteignent  25  millimètres  à  maturité.  Ils  sont  décrits  comme  cons- 
tituant un  mets  délicat  (N.-E.  Brown).  —  D'après  de  Flacourt,  les 
tubercules  de  cette  espèce  sont  désignés  à  Madagascar  sous  les  noms 
de  Houmine  ou  Voamitza.  —  Sims  donne  comme  nom  indigène  de  la 
plante  Omimé. 


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110  VÉGÉTAUX  UTILES  DE   L'AFRIQUE. 

PLECTRANTHUS   ROTUNDIFOLJUS 

(PoiR.  sub.  Gervianea).  Spr.  Syst.  2,  p.  690;  Benth.  in  DC,  Prod,, 
XII,  p.  65.  —  Germanea  rotundifolia  Poir.  Encycl.  méth,, 
SuppL  II  (1811).  —  Coleus  rugosus,  Benth.  in  Wall  PL  as.  rar,, 
II,  p.  15  (d'après  Bentham). 

Tige  couchée  à  la  base,  radicante,  à  rameaux  épais,  striés, 
dressés,  habituellement  glabres,  ou  rarement  finement  pubescents. 
Feuilles  pétidëes,  ovales,  arrondies,  obtusiuscules,  crénelées, 
arrondies  à  la  base  ou  bien  cunéiformes,  légèrement  décurrentes 
en  pétiole,  très  glabres,  épaisses,  nerviées,  les  florales  plus  petites 
en  forme  de  bractées.  Grappe  florale  simple,  à  fleurs  bleues,  dis- 
posées en  faux  verticilles  un  peu  lâches,  multiflores,  rapprochés. 
Calice  pubescent  campanule,  à  dent  supérieure  large,  oblongue 
aiguë,  à  peine  décurrente,  les  latérales  tronquées,  fes  inférieures 
largement  ovales  connées,  très  brièvement  acuminées.  Corolle 
décline,  presque  trois  fois  plus  longue  que  le  calice,  à  tube  un  peu 
gibbeux  à  la  base,  à  gorge  renflée,  à  lèvre  supérieure  brièvement 
quadridentée,  l'inférieure  allongée  étalée.  Organes  sexuels  plus 
courts  que  la  corolle.  —  (D'après  Bentham.) 

Habitat.  —  Ile  Maurice  (Commerson)  ;  Coromandel  (d'après 
Bentham). 

Orservation.  —  L'Herbier  général  du  Muséum  possède  la  plante 
de  Commerson  avec  deux  étiquettes  écrites  de  sa  maia  Ces  échan- 
tillons, bien  qu'ils  n'aient  pas  été  étiquetés  par  Poiret,  correspondent 
très  exactement  à  la  description  de  cet  auteur,  qui  a  été  faite  sur  des 
échantillons  existant  dans  l'herbier  Desfontaines,  échantillons  que 
nous  avons  pu  retrouver.  La  plante  de  Commerson,  de  l'herbier  du 
Muséum,  a  les  fleurs  groupées  en  une  grappe  courte  épaisse,  les 
feuilles  glabres,  arrondies  ou  un  peu  ovales,  et  correspond  aussi  exac- 
tement que  possible  à  la  description  de  Poiret  du  Coleus  rotundù 
folius.  D'autre  part,  elle  est  identique  aux  Coleus  Coppini,  C.  ternatus, 
C.  dysentericuSj  etc.,  cultivés  de  différents  côtés. 

Bentham  n'a  sans  doute  pas  soupçonné  quel  était  le  véritable  Ger- 
manea rotundifolia  Poiret.  Une  étiquette  jointe  à  la  plante  de  Com- 
merson dans  l'herbier  du  Muséum  porte  la  mention  suivante  écrite 
de  la  main  de  Bentham  lui-même  :  «  Plectranthus  densiflorus  Ben- 
tham. »  Ce  nom  n'a  pas  été  publié,  du  moins  il  n'est  mentionné  ni 
dans  le  Prodrome,  ni  dans  V Index  Kewensis. 

PLECTRANTHUS  M ADAQASCARIENSIS 

(Pers.).  Benth.  Labial,,  p.  83  et  in  DC,  Prod.,  XII,  p.  68  ;  P.  mauri- 
tianusy  Boj.,  Hort.  MaiiriL,  p.  254. 

Tiges  herbacées,  couchées,  villeuses,  à  rameaux  ascendants. 
Feuilles  pétiolées,  arrondies,  obtuses,  incisées,  crénelées,  très  vil- 


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ESSAI  d'introduction   DES   PLANTES   UTILES.  111 

leuses.  Grappes  allongées,  simples  ;  faux  verticilles  un  peu  lâches, 
formés  d'environ  dix  fleurs  ;  feuilles  florales  sessiles,  membra- 
neuses, arrondies,  cunéiformes,  caduques,  villeuses  en  dessous, 
glabres  en  dessus.  Calices  diclines,  les  fructifères  incurvés,  striés, 
à  dent  supérieure  ovale,  à  peine  acuminée,  courtement  décurrente, 
les  inférieures  lancéolées,  sétacées,  acuminées.  Corolle  dicline 
presque  trois  fois  plus  longue  que  le  calice,  à  tube  un  peu  gibbeux 
à  la  base,  réfracté  au  milieu.  —  Feuilles  de  Plect,  Thunbergii 
Benth.,  mais  plante  couverte  de  toutes  parts  de  longs  poils  blan- 
châtres. Corolle  de  Plec.  parvifloms  Willd.  —  (D'après  Bentham.) 
Habitat.  —  Madagascar,  île  Maurice,  Natal,  Arabie  heureuse. 

Observation.  —  Nous  avons  vu  de  beaux  exemplaires  de  cette 
espèce  dans  Therbier  du  Muséum.  Elle  diffère  surtout  de  la  précédente 
par  sa  villosité  abondante. 

PLECTRANTHUS    MISERABILIS 

Briquet  in  Engl,  Jahrb.,  XIX,  p.  180  ;  Baker  in  Th.  Dyer,  FI.  of.  trop. 
Afr.,  V,  p.  405. 

Plante  herbacée  portant  des  tubercules,  rampant  à  la  base,  s'éle- 
vant  ensuite  à  60  centimètres  de  hauteur.  Feuilles  pétiolées,  ovales- 
oblongues,  celles  du  haut  ayant  2^^,5  de  long,  aiguës,  cunéiformes 
à  la  base,  vertes  et  pubescentes  sur  les  deux  faces.  Inflorescence 
en  épi  long,  verticilles  inférieurs  distants  ;  bractées  fugaces.  Calice 
très  accrescent  ayant  1  millimètre  de  long  au  moment  de  la  florai- 
son, dent  supérieure  ovale,  les  latérales  ovales  acuminées,  les  infé- 
rieures sétacées.  Corolle  faisant  saillie  de  2  à  3  millimètres  de  la 
gorge  du  calice  ;  lèvre  inférieure  de  2  millimètre  de  long.  Ëtamines 
incluses  très  profondes.  (D'après  Briquet.) 

Habitat,  —  État  libre  du  Congo  :  Lunda  et  Mukenge  (Pogge). 

PLECTRANTHUS    ESCULENTUS 

N.-E.   Brown,   Kew  Btilletin,  1894,  p.   12. 

Racine  tubéreuse.  Tige  à  la  fin  décumbente,  pubescente.  Feuilles 
subsessiles,  ohlongues,  obtuses,  cunéiformes,  rétrécies  à  la  base, 
légèrement  pubescentes  sur  chaque  face,  à  nervures  primaires  peu 
proéminentes  en  dessous,  disparues  complètement  au  moment  de 
la  floraison.  Grappes  solitaires  ou  fasciculées,  simples,  légèrement 
scabres  et  munies  de  bractées,  et  naissant  à  Taisselle  des  feuilles 
tombées.  Bractées  opposées,  elliptiques,  obtuses,  un  peu  scabres, 
de  même  longueur  que  le  pédicelle,  ou  plus  courtes  que  lui.  Calice 
campanule,  un  peu  scabre,  inégalement  quinquéflde,  la  dent  posté- 
rieure elliptique,  ovale-obtuse,  les  autres  lancéolées,  acuminées. 


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112  VÉGÉTAUX   UTILES   DE  L'AFRIQUE. 

Corolle  dépassant  plus  de  deux  fois  le  calice,  jaune,  comprimée,  à 
deux  lèvres  inégales.  Tube  très  brièvement  gibbeux  à  la  base  ; 
lèvre  supérieure  très  courte,  à  quatre  dents  ;  lèvre  inférieure  falci- 
forme,  cymbiforme,  subaiguë,  pubescente.  —  Tiges  d'environ 
30  centimètres.  Feuilles  longues  de  4  centimètres  à  l^^.b,  larges 
de  1,  2,  à  25  millimètres.  Grappes  longues  de  16  à  25  millimètres  ; 
bractées  longues  et  larges  de  2  millimètres  ;  péddcelles  longs  de 
2  à  5  millimètres  ;  calice  long  de  3  à  4  millimètres  ;  corolle  longue 
de  14  millimètres.  —  (D'après  N.  E.  Brown.) 

Habitat.  —  Durban  ou  Natal  (J.  M.  Wood,  1886).  Les  tubercîiles 
nommés  t  Umbondive  »  ou  t  Pomme  de  terre  Kaffir  »  sont  très 
estimés  des  indigènes  du  Natal. 

PLECTRANTHUS    FLORIBUNDUS 

N.-E.  Brown,  Bullei.  Keiv,  1894,  p.  12. 

Tiges  élevées,  dressées,  subligneuses,  pubescentes.  Feuilles  ses- 
siles,  oblongues,  obtuses,  à  basa  arrondie  et  obtuse,  à  bords  sub- 
crénelés, un  peu  scabres  des  deux  côtés,  à  nervures  proéminentes, 
réticulées  en  dessous,  tout  à  fait  flétri  à  la  floraison.  Grappes 
solitaires  ou  fasciculées,  allongées,  multiflores,  simples  ou  ra- 
meuses, un  peu  scabres  et  munies  de  bractées,  naissant  à  Taisselle 
deô  feuilles  tombées  et  simulant  une  panicule  allongée  nue.  Brac- 
tées opposées  obovales,  elliptiques,  subaiguës,  un  peu  scabres,  de 
même  longueur  que  le  pédicelle  un  peu  scabre.  Calice  campanule, 
un  peu  scabre,  inégalement  quinquéfide,  à  dent  postérieure  large- 
ment elliptique,  obtuse,  les  autres  lancéolées,  acuminées.  Corolle 
dépassant  plus  de  deux  fois  le  calice,  jaune,  comprimée,  à  deux 
lèvres  inégales  ;  tube  très  brièvement  gibbeux  à  la  base  ;  lèvre 
supérieure  très  brièvement  quadridentée  ;  lèvre  inférieure  falci- 
forme,  cymbiforme,  subaiguë,  pubescente  ;  étamines  libres.  Tiges 
de  0^,60  à  1^,20,  à  partie  florifère  longue  de  0^^,30  à  0=^,45.  Pleurs 
longues  de  5  centimètres  à  T^d^^s^  larges  de  16  à  30  millimètres  ; 
grappes  longues  de  37  à  62  millimètres  ;  bractées  longues  de  3  milli- 
mètres et  larges  de  2  milimètres  à  2™™,5  ;  pédicelles  longs  de  3  à 
4  millimètres  ;  calice  long  de  6  millimètres  et  corolle  de  14  milli- 
mètres. —  (D'après  N.  E.  Brown.) 

Habitat.  —  Inanda  (Natal)  à  600  mètres  d'altitude  (Wood). 

PLECTRANTHUS    FLORIBUNDUS 
(Variété    LONQIPES) 

N.-E.  Brown  in  Kew  Bulletin,  1894,  p.  13  ;  Baker  in  Th.  Dyer,  Flora 
of  trop.  Afr.,  V,  p.  15. 

Pédicelles  une  fois  et  demie  à  trois  fois  plus  longs  que  les  brac- 


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ESSAI  d'introduction   DES   PLANTES   UTILES.  113 

tées  ;  corolles  orangées  de  deux  formes,  les  unes  profondément 
cymbiformes,  falciformes  ;  les  autres  droites,  moins  profondément 
cymbiformes.  Tiges  de  2™,50  à  4  mètres  de  haut  ;  bractées  longues 
de  2  à  4  millimètres  ;  pédicelles  de  4  à  10  millimètres  ;  corolles  de 
10  à  18  millimètres.  —  (D'après  N.  E.  Brown.) 

Habitat,  —  Angola  :  près  de  la  rivière  Cunene  (Johnston). 
Afrique  orientale  allemande  :  bas  plateaux  au  N.  du  lac  Nyassa 
(Thomson).  Afrique  centrale  anglaise  :  Nyassaland  (Meller,  etc.). 
Pays  des  Matabélé  (Baines). 

Observation.  —  Plectranthus  floribundus  est  voisin  de  P.  escu- 
lentus.  Il  en  diffère  par  sou  port  plus  dressé,  ses  tiges  plus  robustes, 
ses  feuilles  tout  à  fait  sessUes,  avec  des  bases  plus  largement  arron- 
dies, à  surface  plus  rude  et  à  réticulum  plus  proéminent.  La  variété 
tropicale  longipes,  devra  probablement  faire  une  espèce  distincte, 
quand  les  feuilles  seront  connues,  mais  à  Fexception  de  la  longueur 
des  pédicelles,  on  ne  peut  la  distinguer  actuellement  de  la  plante  du 
Natal. 

N.-E.  Brown,  qui  a  décrit  les  trois  dernières  espèces  ou  variétés, 
fait  remarquer  qu'elles  offrent  la  particularité  de  fleurir  après  la 
chute  des  feuilles  (de  même  que  le  Plectranthus  hiflorus  Baker  du 
Nayssaland).  Elles  appartiennent  à  la  section  Coleoides  (=  Germanea), 
caractérisée  par  un  calice  à  dents  Inégales,  la  dent  supérieure  étant 
ovale  et  les  inférieures  étroites,  acuminées. 

Dans  la  section  Isodon,  caractérisée  par  un  calice  à  dents  subé- 
gales, on  connaît  aussi  trois  espèces  africaines  fleurissant  après  la 
chute  des  feuilles.  Ce  sont  les  Plectranthus  defoliatus  Hochst.,  Plec- 
tranthus densus  N.-E.  Brown  et  Plectranthus  primulinus  Baker,  mais 
on  ignore  si  elles  possèdent  aussi  des  tubercules.  Enfin,  les  Coleus 
Dazo  et  C.  langouassiensis,  décrits  plus  loin,  présentent  aussi  la  même 
particularité  biologique. 

COLEUS 
LouR,  FL  Cochinch,  II,  p.  372  (1790). 

COLEUS   TUBEROSUS 

(Blume)  Benth.,  Lahiat,  p.  59,  1832,  et  in  DC.  Prod,,  XII,  p.  79.  —  Plec- 
tranthus tuberosus,  Blume  Bijdr.,  p.  838  (1825-1826).  —  Glans  ter- 
restris  costensis  Rumphius^  Herb.  Amb.,  V,  p.  372,  t.  132,  f.  1  et  2 

(1747). 

Calice  velu,  lèvre  supérieure  trifide,  à  lobe  inférieur  semi-bifide 
plus  long.  Verticilles  distincts,  pédicelles  uniflores.  Feuilles  ovales, 
crénelées,  à  base  cunéiforme  très  entière,  ordinairement  scabrius- 
cules.  —  (D'après  Blume.) 

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114  VÉGÉTAUX  UTILES  DE  L'AFRIQUE. 

Cultivé  dans  les  jardins  à  Java  (Blume).  —  D'après  M.  N.- 
E.  Brown,  cette  plante  est,  en  outre,  cultivée  à  Ceylan,  à  Amboine 
et  dans  d'autres  îles  de  l'archipel  malais.  Selon  Thwaites,  elle  serait 
aussi  cultivée  par  les  Cingalais.  Enfin,  Rumphius  la  donne  comme 
introduite  récemment  de  Java  et  de  Baly  à  Amboine.  Les  colons 
portugais  nommeraient  la  plante  Gotte  Keligam  ou  Goite  Keliniy 
€  probablement  parce  qu'on  la  cultive  beaucoup  sur  la  côte  de 
Coromandel,  dont  on  appelle  les  habitants  Kelin  ou  Quellin  » 
(Rumphius).  Ni  Roxburgh,.  ni  Wight,  ni  Arnot  ne  la  men- 
tionnent. 

Le  D*"  SiMS  compare  son  Plectranthtis  tematus  avec  VOcymum 
tuberosum  de  Roxburgh.  Cette  dernière  plante  qui  possède  des 
tubercules  ne  serait  pas  synonyme  de  Coleus  tuberosus,  mais 
appartiendrait  à  un  genre  voisin  et  constituerait  d'après  Bentham 
VOrthosiphon  rubicundus  (Don)  Benth.  Nous  ignorons  si  cette  der- 
nière Labiée  donne  un  produit  alimentaire. 

Hooker  fils  dans  la  Flore  de  l'Inde  et  après  lui  N.-E.  Brown, 
réunissent  au  Coleus  tuberostcs  de  Java  la  plante  suivante  de  l'Inde 
décrite  par  Bentham  comme  espèce  : 

COLEUS    PARVIFLORUS 

Benth.,  in  DC,  Prod.,  xii,  p.*72. 

Tige  glabre,  légèrement  charnue.  Feuilles  pétiolées,  largement 
ovales  ou  orbiculaires,  crénelées,  à  base  arrondie  ou  décurrente 
sur  le  pétiole,  les  florales  à  la  fin  caduques,  plus  courtes  que  le 
faux  verticille.  Grappes  allongées,  grêles.  Faux  verticilies  lâche- 
ment multifiores.  Pédoncules  des  cymes  presque  nuls.  Rameaux 
et  pédicelles  courts.  Dent  supérieure  du  calice  ovale,  les  latérales 
tronquées  (?),  les  inférieures  soudées  au  delà  du  milieu.  Inflores- 
cences et  fîeurs  du  Coleus  scutellarioides,  mais  celles-ci  plus  petites, 
Feuilles  plus  grandes  et  beaucoup  plus  larges,  très  peu  acuminées. 
—  (D'après  Bentham.) 

Habitat,  —  Péninsule  de  Tlnde  orientale  (Wight,  n**  2512). 

Nous  devons  mentionner  encore  tout  près  les  deux  espèces  sui- 
vantes, que  Ton  n'a  pas  jusqu'à  ce  jour  signalées  comme  possédant 
des  tubercules,  mais  qui,  d'après  les  descriptions  de  Bentham, 
semblent  très  voisines  de  Coleus  rotundifolius, 

COLEUS    BOJERI 

Benth.,  Labial,  p.  52,  et  Benth.,  in  DC.  Prod.  Xll,  p.  72. 

Tige  herbacée,  courte,  presque  simple,  pubescente,  rousse  ou 
villeuse.   Feuilles  plus  petites  que  celles  de   C.   scutellarioides, 


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ESSAI  d'introduction   DES   PLANTES  UTILES.  115 

pétiolées,  ovales,  obtuses,  non  acuminées,  crénelées,  arrondies  à  la 
base  ou  subcordées,  bullées,  subrugueuses,  hispidules  sur  les  ner- 
vures en  dessus  et  en  dessous,  tachées  de  pourpre  et  glandu- 
leuses en  dessous.  Grappes  allongées,  simples,  à  faux  verti- 
cilles  lâches,  portant  environ  dix  fleurs.  Pédoncule  commun 
et  rameaux  très  courts.  Calice  pubescent,  dicline,  à  dent  supé- 
rieure ovale,  obtuse,  à  peine  décurrente,  les  latérales  courtes  et 
arrondies,  les  inférieures  allongées,  aiguës,  soudées  sur  plus  de  la 
moitié  de  leur  longueur.  Gorge  de  la  corolle  à  peine  renflée.  — 
Faux  verticilles  et  fleurs  de  C.  scutellanoides,  mais  pédicelles  plus 
longs  et  plus  dressés.  Corolle  plus  petite,  glabre,  deux  fois  plus 
longue  que  le  tube  du  calice,  à  lèvre  inférieure  linéaire  égalant  le 
tube.  Etamines  brièvement  saillantes.  —  (D'après  Bentham.) 
Habitat.  —  Madagascar,  dans  TErayme. 


COLEUS   SCUTELLAR10IDES 

(L.,   sub.   Ocimum),   Benth.    in   Wall.    PL    as.    rar.,   II,   p.    16  et   in 
DC.  Prod.,  XII,  p.  73. 

Tige  à  base  lignifiée,  glabriuscule,  à  rameaux  glabres  ou  cou- 
verts d'une  pubescence  très  fine,  à  quatre  angles  obtus,  sillonnés. 
Feuilles  pétiolées,  longues  de  3<^"^,5  à  5  centimètres,  ovales,  courte- 
ment  acuminées,  dentées,  arrondies  à  la  base,  glabres  ou  à  peine 
tomenteuses,  très  nerviées  en  dessous,  fréquemment  subpur- 
purines, les  florales  largement  ovales,  membrenacées,  acuminées, 
à  la  fin  caduques,  plus  courtes  que  les  faux  verticilles.  Grappes 
florales  grêles,  allongées,  longues  de  33  centimètres  et  plus,  subra- 
meuses à  la  base.  Faux  verticilles  lâches,  multiflores,  les  inférieurs 
distants  les  uns  des  autres  de  2c™,5,  les  supérieurs  de  1  centimètre, 
ayant  de  dix  à  quinze  fleurs.  Pédoncule  commun  presque  nul.  Pédi-. 
celles  égalant  à  peu  près  les  rameaux  qui  sont  courts.  Calice  fructi- 
fère petit,  accrescent,  décline,  strié  à  la  base,  glabriuscule.  Gorge 
nue  intérieurement.  Dent  supérieure  ovale,  acutiuscule,  à  peine 
décurrente,  les  latérales  ovales,  très  obtuses,  les  inférieures  plus 
longues,  aiguës,  soudées  au  delà  du  milieu.  Corolle  à  peu  près 
cinq  fois  plus  longue  que  le  calice  fructifère,  grêle,  à  gorge  à  peine 
dilatée,  gibbeuse  à  la  base  ;  lèvre  supérieure  pâle,  ovale,  briève- 
ment quadridentée  ;  lèvre  inférieure  bleue,  deux  fois  plus  longue, 
concave,  incurvée  et  rétrécie  à  la  base.  Nucules  petites,  orbicu- 
laires,  comprimées,  lisses.  ^-  (Daprès  Bentham.) 

Habitat.  —  Amboine  (Dumont  d'Urville).  Ile  Maurice  (CoM- 
merson). 


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116  VÉGÉTAUX  UTILES  DE   L'AFRIQUE. 

COLEUS   SALAQENSIS 

GûRKE,  in  Eîig.  Jahrb.,  XIX,  p.  220  (1895^  ;  Baker,  in.  Th.  Dyer, 
FI  trop.  Air.,  V,  426. 

Racine  tubéreuse.  Tiges  rameuses,  pubescentes,  de  1  à  2  pieds 
de  long  ;  feuilles  longuement  pétiolées,  membraneuses,  ovales,  de 
5  centimètres  à  l^^.b  de  long,  2^^,b  à  3<^™,7  de  large,  aiguës, 
rétrécies  à  la  base,  presque  ou  entièrement  glabres,  ponctuées, 
glanduleuses.  Panicule  en  épi  lâche,  terminal  ;  verticilles  de  six  à 
dix  fleurs  ;  bractées  ovales,  pédicelles  de  8  à  12  millimètres  de 
long.  Calice  pubescent,  nu  à  l'intérieur  de  la  gorge  ;  dent  supé- 
rieure arrondie,  ovale,  aiguë,  à  bords  non  décurrents  ;  dents  laté- 
rales très  courtes,  arrondies,  obtuses  ;  'les  inférieures  acuminées, 
connées,  plus  courtes  que  la  supérieure.  Corolle  bleue,  de  8  à 
12  millimètres.  —  (D'après  Gûrke.) 

Habitat.  —  Togoland,  près  Bismarckburg  (Kling,  Bûttner). 
Connue  des  coloniaux  sous  le  nom  de  Pomme  de  terre  de  Salaga. 

COLEUS    DYSENTERICUS 

Baker  in  N.-E.  Brown,  Kew  Bulletin,  1894,  p.  10  ;  Baker  in  Th.  Dyer, 
FI  of  trop.  Afr.,  V,  p.  437. 

Racine  globuleuse,  tubéreuse.  Tiges  courtes,  robustes,  droites, 
glabres.  Feuilles  pétiolées,  charnues,  oblongues,  obtuses,  faible- 
ment crénelées,  glabres,  2c"^,5  à  5  centimètres  de  long,  étroitement 
et  très  graduellement  décurrentes  sur  le  pétiole.  Inflorescence  en 
épi  très  lâche,  de  7^^,b  à  12^=^,5  de  long  ;  verticilles  distants,  glo- 
buleux, sessiles,  faiblement  comprimés  ;  pédicelles  courts,  pubes- 
cents.  Calice  de  2<^™,5  de  long,  pubescent  ;  tube  campanule  ;  dent 
supérieure  ovale,  large.  Les  inférieures  petites,  deltoïdes.  Corolle 
de  8  millimètres  de  long,  velue  à  Textérieur. 

Habitat.  —  Lagos  :  Yorouba,  village  de  Zomba  (Barter,  n**  846). 

Cultivé  et  employé  dans  le  cas  de  dysenterie  sous  le  nom  de 
Krodyn. 

COLEUS   COPPINI 

(M.  Cornu).  Heckel  in  Milhe  Poutingon,  Revue  Cuit,  coloniales, 
i.  VIII,  20  mars  1901,  p.  166  ;  Rev.  Hortic.  Soc.  Hort.  Bouches-du- 
Rhône,  mars  1902,  p.  45,  49  et  fîg.  1.  —  Plectranthus  Coppini, 
M.  Cornu,  C.-R.  Acad.  Se,  7  mai  1900,  p.  1268  ;  A.  Chevalier.  Con- 
naissances  act.  Flore  Sénégal  et  Soudan,  1900,  p.  24  ;  D.  Bois, 
Bull.  Soc.  bot.  France,  t.  XLVIII,  26  mai  1901,  p.  108. 

Plante  herbacée  annuelle,  à  tubercules  noirs,  allongés,  ellip- 
tiques. Tiges  couchées  ou  dressées,  simples  ou  rameuses,  terminées 


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ESSAI  D  INTRODUCTION   DES   PLANTES   UTILES.  117 

par  des  inflorescences  plus  ou  moins  allongées.  Feuilles  opposées, 
assez  longuement  pétiolées,  charnues,  elliptiques,  ovales,  à  limbe 
fortement  nervié  en  dessous,  largement  denté  et  brusquement 
atténué  à^  la  base  puis  décurrent  le  long  du  pétiole,  prenant  une 
teinte  mauve  ou  bronzée  au  moment  de  la  floraison.  Épis  termi- 
naux composés  de  verticilles  floraux  tantôt  (au  Soudan)  pauciflores 
et  très  distants,  tantôt  très  rapprochés  (en  culture  à  Marseille). 
Pleurs  mauves,  petites,  en  cymes  contractées,  brièvement  pédon- 
culées,  accompagnées  de  bractées.  Calice  ovoïde,  en  forme  de 
cloche  ou  de  grelot,  à  lèvre  supérieure  ovale  et  plus  développée 
que  les  dents  de  la  lèvre  inférieure  droite,  déjetée  en  arrière  ;  les 
autres  dents  sont  ovales  et  petites.  Corolle  à  lèvre  supérieure  sur- 
baissée, à  quatre  fentes  ;  lèvre  inférieure  concave,  allongée,  sca- 
phoïde.  Étamines  quatre,  presque  égales,  fortement  appliquées 
contre  la  lèvre  inférieure  de  la  corolle  et  réunies  à  la  base  par  un 
anneau  membraneux  qui  ne  dépasse  pas  le  tiers  de  leur  partie 
libre.  Style  dépassant  les  anthères.  Akènes  ovoïdes  lisses.  — 
(D'après  Heckel). 

Habitat.  —  Soudan  français. 

A  la  suite  de  cette  énumération,  il  convient  de  citer  les  deux 
espèces  suivantes  qui  s'éloignent  beaucoup  des  précédentes,  mais 
qu'il  serait  intéressant  de  retrouver  aussi  en  Afrique  tropicale  et 
dans  rinde,  leurs  tubercules  étant  aussi  considérés  comme  utili- 
sables. 

COLEUS    BARBATUS 

(Andr.)  Benth.  in  Wall.,  PI.  Asiat.  Rat.,  II,  p.  15  et  in  DC.  Prod., 
XII,  p.  71.  —  Coletis  Forskolœi  Briquet.  —  Plect.  Forskolœi  Wild. 
Sp.  PL  III.  —  Ocimum  cinereum.  R.  Br.  in.  Sait.  Abyss., 
App.,  p.  64. 

Tige  à  base  ligneuse,  ascendante,  tomenteuse,  hispide,  à  poils 
raides  articulés,  haute  de  0™,  60  à  1  mètre.  Feuilles  de  4  à  6  centi- 
mètres de  long,  pétiolées,  ovales,  brièvement  acuminées,  dentelées, 
arrondies  à  la  base,  tomenteuses,  souvent  pourpres  ;  feuilles  flo- 
rales caduques,  plus  courtes  que  les  faux  verticilles,  ovales,  mem- 
braneuses, acuminées.  Pleurs  bleues  disposées  par  dix  à  quinze,  en 
faux  verticilles,  éloignés  les  uns  des  autres  de  3  à  4  centimètres, 
formant  des  grappes  allongées  de  33  centimètres  au  moins,  grêles, 
un  peu  rameuses  à  la  base  ;  pédoncule  commun  presque  nul  ;  pédi- 
celles  égalant  les  plus  courts  rameaux.  Calice  petit,  accrescent, 
presque  glabre,  penché,  strié  à  la  base,  à  gorge  nue  intérieurement, 
à  dent  supérieure  ovale,  aiguë,  peu  décurrente  ;  les  latérales  ovales, 
très  obtuses  ;  les  inférieures  plus  longues,  aiguës,  soudées  enti^ 
elles  au  delà  du  milieu.  Corolle  grêle,  cinq  fois  plus  longue  que  le 


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118  VÉGÉTAUX  UTILES  DE  L'AFRIQUE. 

calice,  bossue  à  la  base,  à  gorge  élargie,  à  lèvre  supérieure  pâle, 
ovale,  brièvement  quadridentée  ;  Tinférieure  bleue,  deux  fois  plus 
longue,  concave,  courbée,  plus  étroite  à  la  base.  Akènes  petits, 
ronds,  comprimés,  lisses.  —  (D'après  Bentham  puis  Jacques  et 
Heringk  pour  les  fleurs.) 

Habitat,  —  Indes  orientales,  Himalaya,  Arabie,  Abyssinie, 
Nubie,  Ouganda. 

D'après  la  Flore  de  Dalzell  et  Gibbon  et  une  étiquette  du 
D'  RiTCHiE,  cette  plante  est  cultivée  dans  le  Dekkari  pour  ses 
racines  charnues  que  les  indigènes  font  mariner  (N.-E.  Brown). 
Le  nom  de  la  plante  au  Tigré  est  Andeffdeff  (d'après  Schimper)  ^. 
Ce  sont  bien  des  racines  et  non  des  rhizomes  qui  sont  épaissies, 
mais  non  tubérisées. 

COLEUS    EDULIS 

Vatke,  in  Linnœa,  XXXVII,  p.  319  ;  Baker  in  Th.  Dyer,  FI.  of.  trop. 
.  Afr.,  V,  p.  425.  —  C.  tuberosns,  A.  RiCH.,  Tent.  FL  Abyss.,  Il,  p.  185  ; 
non  Benth.  =  C.  palustris  et  C.  rivulariSy  Vatke,  loc.  cit 

Plante  herbacée  vivace  avec  des  racines  renflées  à  l'extrémité 
en  tubercules  ohlbugs.  Tiges  herbacées  droites,  pubescentes,  de 
0°^,60  à  1  mètre  de  haut,  simples  ou  faiblement  rameuses.  Feuilles 
sessiles,  oblongues,  membraneuses,  crénelées,  faiblement  pubes- 
centes, de  7^=^,5  à  15  centimètres  de  long.  Faux  verticilles  très  flori- 
fères, distants,  formant  un  épi  simple  de  12<^™,5  à  15  centimètres 
de  long;  pédicelles  pubescents  plus  longs  que  le  calice.  Calice 
pubescent  de  3  à  4  millimètres  de  long  ;  dent  supérieure  ovale, 
aussi  longue  que  le  tube  ;  les  inférieures  lancéolées,  deltoïdes. 
Corolle  d'environ  12  millimètres  de  long,  à  lèvre  inférieure  forte- 
ment concave,  oblongue,  naviculaire,  presque  aussi  longue  que  le 
tube. 

Habitat.  —  Abyssinie  :  Province  de  Chiré  près  Kouaieta  et  Pro- 
vince de  Godjam  (Quartin-Dillon),  Begemeder  et  Jan  Meda  h 
2  800  mètres  d'altitude  (Schimper). 

Observation.  —  Cette  espèce,  croissant  sur  les  hauts  plateaux  de 
TAbyssinie,  pourrait  vraisemblablement  être  cultivée  dans  les  pays  à 
climat  tempéré. 

Achille  Richard,  qui  a  décdt  le  premier  l'espèce,  ajoute  à  sa 
description  : 

«  Une  note  du  D'  Quartin-Dillon  qui  accompagne  cette  plante, 
m'apprend  qu'elle  porte  des  ti^bercules  charnus,  assez  semblables  à 
ceux  de  la  pomme  de  terre,  non  seulement  par  la  forme,  mais  par 

1.  Le  Coleus  spicatus  Benth.  répandu  dans  l'Inde,  est  aussi  appelé 
«  Andeffdeff  »  en  Abyssinie. 


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ESSAI  d'introduction  DES   PLANTES  UTILES.  119 

leur  saveur.  Aussi,  cette  plante  est-elle  abondamment  cultivée,  sous  le 
nom  de  Daunech^  dans  les  nombreux  jardins  qui  entourent  le  village 
de  Kouaieta,  situé  à  une  hauteur  de  6.000  à  7.000  pieds  au-dessus  du 
niveau  de  la  meri.  » 

§  IV.  —  Descriptions  des  espèces  comestibles  rencontrées 
en  AMque  tropicale 

Nous  avons  présenté  dans  le  paragraphe  précédent  les  plantes 
décrites  comme  Coleus  ou  comme  Plectranthus  et  chez  lesquels  on 
a  signalé  des  tubercules.  Accessoirement,  quelques  espèces  voi- 
sines dont  on  ignore  le  système  radiculaire  ont  été  décrites  de 
même.  Nous  avons  conservé  presque  mot  à  mot  la  description  des 
espèces,  telle  qu'elle  a  été  faite  par  les  auteurs  cités,  nous  avons 
seulement  fait  des  transpositions  dans  le  texte,  de  manière  à  rendre 
toutes  les  descriptions  comparables  entre  elles. 

Cette  énumération  d'espèces  conduit  à  rapprocher  et  même  à 
réunir  en  une  seule  espèce,  le  Coleus  rolundifolius,  un  certain 
nombre  de  formes  distinguées  à  tort  et  dont  on  trouvera  plus  loin 
la  synonymie. 

De  même,  on  doit  rapprocher  du  Coleus  Dazo  dont  on  lira  la 
description  plus  loin,  l'espèce  qui  a  été  décrite  par  Brown  sous  le 
nom  de  Plectranthus  floribundus  et  qui  aurait  dû  être,  selon  nous, 
placé  dans  le  genre  Coleus  de  même  que  les  autres  espèces  voisines. 

Il  nous  reste  à  décrire  en  détail  les  espèces  de  ce  groupe  que 
nous  avons  rencontrées  2. 

COLEUS    ROTUNDIFOLIUS 

(PoiR.),  A.  Chev.  et  E.  Perrot. 

Racines  fibreuses,  très  ramifiées,  se  détachant  de  nombreux 
petits  tubercules  souvent  opposés  par  deux  le  long  des  tiges  souter- 
raines et  terminés  chacun'par  un  pinceau  de  radicelles.  Tiges  ram- 
pantes et  stolonifères  à  la  base,  émettant  souvent  de  petits  tuber- 
cules au  pied,  à  extrémités  redressées,  très  rameuses,  hautes  de 
20  à  30  centimètres,  quadrangulaires,  épaisses,  crassulascentes  et 
fragiles,  vertes  ou  rougeâtres  sur  les  angles,  glabrescentes  ou  plus 
ou  moins  velues.  Feuilles  opposées,  pétiolées,  un  peu  charnues, 
crassulascentes,  répandant  une  odeur  d'Ocimum  quand  on  les 
froisse,  ovales,  plus  ou  moins  spathulées,  subdeltoîdes,  longues 
de  3  centimètres  à  7^^,b  (pétiole  compris),  d'un  vert  clair  parfois 
maculées  d'une  teinte  plus  foncée,  et  se  teintant  de  rouge  lie  de 

1.  A.  RiCHABD,  Voyage  en  Ahyssinie,  Bot.  II,  p.  185. 

2.  Ces  descriptions  ont  été  faites  sur  le  vif  et  à  Taide  d'abondants  ma- 
tériaux. 


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120  VÉGÉTAUX  UTILES  DE   L'AFRIQUE. 

vin  en  vieillissant.  Pétiole  charnu,  facilement  cassant,  long  de  0c™,5 
à  3  centimètres,  un  peu  canaliculé  en  dessus,  glabre,  bordé  d'une 
marge  ciliée  formée  par  la  décurrence  du  limbe.  Limbe  long  de 

2  centimètres  à  4<^°^,5  sur  1<^™,5  à  3  centimètres  de  large,  arrondi 
au  sommet,  obtusiuscule  ou  faiblement  apiculé,  arrondi  à  la  base, 
puis  insensiblement  décurrent  le  long  du  pétiole,  à  bords  large- 
ment crénelés,  glabrescent  ou  velu,  hérissé  sur  les  deux  faces,  par- 
semé sur  la  surface  inférieure  de  nombreux  puits  ou  s'insèrent  des 
poils  sécréteurs  glanduleux,  fortement  rddé,  bulliforme,  à  nervures 
charnues  très  saillantes  en  dessous,  à  surface  supérieure  marquée 
de  dépressions  profondes  correspondant  aux  nervures.  Feuilles 
supérieures  petites,  arrondies  y  presque  sessiles,  souvent  caduques 
après  la  floraison.  Inflorescence  en  épi  terminal,  long  de  5  centi- 
mètres à  20  centimètres,  i>a,Ttois  ramifié  à  la  base  et  à  rachis  plus  ou 
moins  pubescent,  feuillée  à  la  base.  Faux  verticilles  distants  de  8  à 

3  .  millimètres,  confluents  au  sommet,  formés  de  petites  cymes 
opposées,  à  pédoncule  commun  presque  nul  et  comprenant  de  deux 
à  dix  fleurs  par  verticille  ;  bractées  d'un  vert  pâle,  pubescentes, 
ovales  et  brusquement  acuminées,  subuiées,  longues  de"  4  à  5  milli- 
mètres. Pédicelles  grêles,  pubescents,  de  0°^,5  à  2  millimètres  de 
long.  Fleurs  diclines,  d'un  bleu  pâle  ou  d'un  blanc  bleuâtre, 
longues  de  8  millimètres  en  moyenne.  Calice  pubescent,  d'un  vert 
pâle  ou  d'un  vert  rougeâtre,  couvert  de  petites  glandes,  long  de 
2"^"^,5  à  3  millimètres,  légèrement  accrescent  à  l'état  fructifère,  à 
tube  campanule  ;  lobe  supérieur  beaucoup  plus  grand  que  les 
autres,  ovale,  brusquement  acuminé,  à  bords  souvent  ciliés,  non 
décurrents  ;  les  deux  lobes  latéraux  sont  arrondis,  obtus,  réfractés 
et  obturant  l'entrée  du  tube  du  calice  après  la  floraison  ;  enfin,  les 
deux  lobes  inférieurs  très  petits  connés  à  la  basé,  à  partie  libre 
triangulaire,  acuminée.  Corolle  de  6  à  8  millimètres,  beaucoup  plus 
longue  que  le  calice,  extérieurement  pubescente  ;  tube  d'un  bleu 
très  pâle,  étranglé  et  recourbé  au-dessus  de  la  base  ;  lèvre  infé- 
rieure d'un  bleu  vif  parsemée  de  très  petits  points  gladuleux 
rougeâtres,  oblongue,  très  concave,  naviculaire,  presque  aussi 
longue  que  le  tube  ;  lèvre  supérieure  très  courte,  formée  de  quatre 
petits  lobes  arrondis,  extérieurement  d'un  bJeu  pâle,  légèrement 
roussfttre  par  suite  de  la  présence  d'un  grand  nombre  de  petites 
glandes,  inférieurement  d'un  blanc  roussâtre.  Étamines  quatre, 
incluses,  plus  courtes  que  le  style,  à  filets  glabres,  blanchâtres, 
soudés  à  la  base;  anthères  d'un  bleu  violacé,  arrondies.  Style 
blanchâtre  ;  stigmate  bifide  égalant  le  lobe  inférieur  de  la  corolle. 
Fruit  composé  de  quatre  nucules  très  petites,  lisses,  accompagnées 
à  la  base,  au  moment  de  la  floraison,  d'une  glande  peu  épaisse, 
insérée  sur  le  disque. 


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Végétaux  utiles  de  l'Afrique. 


A.  Chevalier. 


Fig.  9.  —  Un  ohamp  de  pommes  de  terre  de  Madagascar  {Coleus  rotundifoliiu), 

à  la  ferme  de  Bessou. 


Fig.  10.  —  Un  Champ  de  Dazo  {Coleus  ûazo),  à  la  ferme  de  Bessou. 


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ESSAI  d'introduction  DES   PLANTES   UTILES.  123 

Synonymes  :  Coleus  tuberosus  (Blume),  Benth.  (non  Rich.)  ; 
Coleus  parviflorus,  Benth.,  loc,  cit.  ;  C,  dysentericus,  Baker,  loc, 
cit.  ;  C.  salagensis,  Gûrke,  loc.  cit.  ;  C.  Coppini  (M.  Cornu)  Hec- 
KEL,  loc.  cit. 

Cette  espèce  extrêmement  variable,  dont  nous  venons  de  don- 
ner tous  les  synonymes  connus,  présente  plusieurs  variétés  très 
peu  distinctes  qui  sont  plutôt  de  formes  culturales.  Nous  avons 
distingué  les  suivantes  : 

Var.  javanicaminum.  A.  Chev. 

Synonymes  :  C.  tuberosus,  Benth.,  loc.  cit.  ;  C.  parviflorits, 
Benth.,  loc.  cit. 

Tubercules  à  peau  noirâtre.  Tiges  comme  dans  la  variété  sui- 
vante. Feuilles  plus  charnues  et  plus  luisantes  en  dessus. 

Habitat.  —  Cultivé  à  Java.  Introduit  dans  les  serres  du  Muséum 
en  1903,  par  M.  Bois. 

Observation.  —  Cette  variété,  dont  nous  avons  disséqué  des  fleiu*s 
dans  rherbier  du  Muséum,  et  dont  nous  avons  vu  des  pieds  vivants 
cultivés  dans  les  serres  du  Muséum,  est  si  voisine  de  la  variété  ci-après 
cultivée  au  Soudan,  qu'elle  ne  pourra  probablement  pas  en  être  dis- 
tinguée. 

Var.  nigra,  A.  Chev. 

Tubercules  adultes  couverts  d'une  peau  (couche  subéreuse) 
d'un  brun  noirâtre,  ovoïdes  ou  oblongs  ovoïdes,  pouvant  atteindre 
te  taille  d'un  œuf  de  pigeon  et  parfois  celle  d'une  pomme  de  terre 
(Solanum  tuberosum)  de  taille  moyenne.  Tiges  quadrangulaires, 
vert  rougeâtre,  presque  glabres,  même  à  l'état  jeune,  à  l'exception 
des  angles  qui  sont  marqués  d'aune  ligne  rouge  et  finement  pubé- 
rulents.  Feuilles  opposées,  ovales,  rhomboïdales,  obtusiuscules  ou 
parfois  subaiguës  (les  supérieures),  plus  ou  moins  cunéiformes  à  la 
base,  glabriuscules  ou  peu  velues  des  deux  côtés  ;  la  face  inférieure 
est  presque  toujours  teintée  en  rouge  lie  de  vin.  Pétiole  glîibre  ou 
finement  pubérulent,  non  cilié. 

Pour  la  description  des  autres  caractères  et  en  particulier  des 
fleurs,  voir  l'analyse  spécifique  ci-dessus  qui  est  faite  d'après  des 
échantillons  de  Coleus  rotundifolius  var.  nigra  cultivés  par  nous  au  . 
Jardin  d'essais  de  Port-Sibut. 

Habitat.  —  C'est  de  toutes  les  variétés  que  nous  avons  vues 
la  plus  répandue  au  Soudan  français,  d'où  elle  a  été  rapportée 
d'abord  au  Muséum,  puis  à  l'Institut  colonial  de  Marseille  et  distri- 
buée ensuite  dans  la  plupart  des  colonies  françaises 

Synonymes  :  Coleus  Coppini  Heckel,  pro  parte  ;  C.  salagensis 
GiiRKE,  pro  parte. 


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lU  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

Var.  rubra,  A.  Chev. 

Tubercules  petits,  ovoïdes,  n'ayant  en  général  que  2  centimètres 
de  long  sur  1  centimètre  de  diamètre.  Pelure  cTun  gris  rougeâtre, 
ou  d'un  jaune  rougeâtre.  Tiges  épaisses,  basses,  très  rameuses,  en 
touffes  denses,  à  quatre  ou  six  angles  suivant  que  les  feuilles  sont 
opposées  ou  verticillées  par  trois,  entièrement  vertes,  rarement  un 
peu  rougeâtres  à  la  base,  parsemées  de  très  longs  poils  blancs 
étalés,  peu  nombreux.  Feuilles  d'un  vert  clair,  ordinairement 
opposées,  parfois  verticillées  par  trois  sur  quelques  rameaux, 
ovales,  obtusiuscules,  à  base  un  peu  cunéiforme  et  décurrente  le 
long  du  pétiole,  à  surface  supérieure  tomenteuse,  hérissée  ainsi 
que  le  pétiole  de  longs  poils  blanchâtres. 

Habitat.  —  Introduit  d'abord  du  Transvaal  au  Muséum,  puis 
répandu  au  Congo  et  en  Indo-Chine.  Les  exemplaires  qui  ont  été 
cultivés  en  France,  dans  ces  dernières  années,  sont  venus  du  Jar- 
din d'essais  de  Gamayen.  Ils  ont  été  ensuite  répandus  dans  diverses 
régions.  Première  provenance  :  Madagascar  ? 

Synonymes  :  Coleus  ternatus,  A.  Chev.,  p.  109. 

Var.  alba,  A.  Chev. 

Tubercules  ovoïdes  ou  oblongs,  ovoïdes,  à  peau  mince,  blan- 
châtre ou  blanc  jaunâtre  (couleur  pelure  de  pomme  de  terre).  Le 
tubercule  a  toujours  une  forme  régulière  ;  sa  longueur  moyenne 
est  de  4cm,5  et  son  épaisseur  i^^.b.  Tiges  épaisses,  quadrangulaires, 
presque  glabres  à  l'état  adulte,  finement  pubescentes  dans  le  haut, 
à  angles  le  plus  souvent  rougeâtres,  très  saillants,  couverts  de 
nombreux  poils  blancs,  courts,  réfractés.  Feuilles  toujours  opposées, 
largement  ovales,  très  obtuses,  à  base  brusquement  arrondie,  spa- 
thulée,  à  peine  décurrente  le  long  du  pétiole.  Limbe  parsemé  de 
poils  courts  sur  les  deux  faces,  ordinairement  caducs  sur  la  face 
inférieure.  Pétiole  finement  velu  et  cilié. 

Habitat.  —  Cultivé  en  grand  par  les  indigènes  du  coude  de 
rOubangui  (Ndérès,  Ndis,  Mbrous,  Ouaddas)  et  du  Haut-Chari 
(Ndoukas).  Se  rencontre  aussi  parfois  mêlé  au  précédent  dans  les 
cultures  de  la  Boucle  du  Niger.  Distingué  parfois  par  les  Bam- 
baras  de  VOussou-ni-fing  (C.  tuberosus  var.  nigra),  sous  le  nom  de 
Oussou-ni-gué  (Petite  patate  blanche). 

COLEUS   BRAZZAVILLENSIS 

A.  Chev.,  sp.  nov.,  in  Schedul.,  1904. 

Souche  stolonifère  rampante,  à  tiges  souterraines,  portant  de 
petits  tubercules  arrondis  de  la  grosseur  d^un  pois.  Tiges  couchées 
à  la  base,  munies  de  racines  adventives  en  pinceau,  redressées  en- 


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ESSAI  d'introduction  DES   PLANTES  UTILES.  125 

suite  et  ordinairement  simples,  hautes  de  20  centimètres  à  60  centi- 
mètres, quadrangulaires,  non  cassantes,  grêles,  hérissées  de  poils 
blanchâtres.  Feuilles  opposées,  pétiolées,  velues,  molles,  ovales, 
lancéolées,  longues  de  4  à  6  centimètres  (pétiole  et  Idmbe  compris). 
Pétiole  étroit,  long  de  8  à  15  millimètres,  très  velu,  hérissé.  Limbe 
de  3  à  4  centimètres  de  long  sur  icna,2  à  ic"^,5  de  large,  ovale-lan- 
céolé, ou  lancéolé,  obtusiuscule  au  sommet,  étroitement  cunéi- 
forme à  la  base,  à  bords  crénelés,  paTsemé  de  poils  blanchâtres 
sur  les  nervures,  à  la  face  supérieure  et  à  la  face  inférieure.  In- 
florescence en  épi  terminal  simple,  long  de  10  à  25  centimètres, 
à  rachis  grêle,  velu,  hérissé,  dépourvu  de  feuilles.  Faux  verticilles 
écartés  de  20  à  30  millimètres  à  la  base,  les  supérieurs  presque  con- 
fluents, formés  de  petites  cymes  opposées,  à  pédoncule  commun 
presque  nul  et  comprenant  de  huit  à  douze  fleurs  par  verticille. 
Bractées  nulles  ou  très  fugaces.  Pédicelles  grêles,  pubescents,  de 
5  à  8  millimètres  de  long.  Fleurs  déclines,  bleues,  longues  de  8  à 
10  millimètres.  Calice  très  finement  pubescent  et  glanduleux,  cilié 
sur  les  bords,  d'un  vert  pâle,  long  de  3  à  4  millimètre  accrescent  à 
Tétat  fructifère  ;  à  tube  campanule  ;  lobe  supérieur  relevé  à  l'état 
fructifère,  ovale,  arrondi  au  sommet  ou  légèrement  apiculé,  tri- 
nervié  ;  les  deux  lobes  latéraux  sont  arrondis  obtus  ;  enfin,  les  deux 
lobes  inférieurs  sont  soudés  en  un  seul  terminé  par  deux  arêtes 
parallèles  et  égalant  sensiblement  le  lobe  supérieur.  Corolle  bleue, 
assez  grande,  de  8  à  10  millimètres  de  long,  beaucoup  plus  longue 
que  le  calice,  extérieurement  pubescente  ;  lèvre  inférieure  oblongue, 
fortement  concave,  naviculaire,  aussi  longue  ou  plus  longue  que 
le  tube  ;  lèvre  supérieure  formée  de  deux  lobes  courts,  arrondis, 
appliqués  tun  contre  Vautre,  lobes  latéraux  réduits  à  une  dent  à 
peine  accusée.  Étamines  quatre,  égalant  le  style  , incluses.  Stig- 
mate échancré.  Fruit  réduit  souvent  à  une  nucule  par  avortement 
des  trois  autres. 

Habitat.  —  Congo  français  :  Brazzaville,  spontané  dans  les 
savanes  marécageuses  et  au  bord  des  ruisseaux  (Mission  Chari- 
lac  Tchad,  n**  11 154),  janvier  1904. 

Observation.  —  Cette  espèce  diffère  très  nettement  du  Coleus 
rotundifolius,  par  ses  longues  grappes  de  fleurs  plus  grandes,  et  sur- 
tout par  les  feuilles  longuement  pétiolées  et  par  la  forme  du  lobe 
inférieur  du  calice.  Elle  s'en  rapproche  beaucoup  par  les  autres  carac- 
tères. Les  indigènes  du  Congo  n'utilisent  pas  ses  tubercules,  qui  sont 
d'ailleurs  très  petits,  à  surface  noirâtre  et  prolongés  par  une  ou  plu- 
sieurs racines  se  détachant  de  Textréniité  du  tubercule.  Elle  nous 
semble  voisine  du  Pleciranihus  miserahilis  Briquet. 


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126  VÉGÉTAUX  UTILES   DE  L'AFRIQUE. 

COLEUS  DAZO 

A.  Chev.,  in  Shedul,  1903. 

Tiges  émettant  au  collet,  outre  des  racines  fibreuses,  de  nom- 
breux rhizomes  charnus,  ramifiés,  les  plus  grands  atteignant  la 
grosseur  du  petit  doigt,  féculents,  blanc  jaunâtre,  hérissés  même 
à  l'état  adulte  de  nombreux  poils  blanchâtres.  Tiges  aériennes, 
droites,  raides,  croissant  ordinairement  en  grand  nombre  à  chaque 
touffe,  cylindriques  même  dans  le  haut,  rougeâtres  à  la  base,  cou- 
vertes jusqu'à  un  âge  avancé  de  longs  poils  blancs,  laineux,  crépus^ 
étalés.  Elles  se  ramifient  seulement  à  0°^,10  ou  0™,20  au-dessus  du 
sol  et  portent  dans  le  haut  de  nombreux  rameaux  dressés,  opposés, 
un  peu  fastigiés.  Ces  tiges  sont  subligneuses  au  moment  de  la 
floraison  et  atteignent  alors  0™,60  à  1  mètre  de  haut  et  parfois  jus- 
qu'à 1°^,50  de  hauteur.  Elles  sont,  à  cette  époque,  complètement 
dépouillées  de  feuilles  et  déjà  desséchées  au  deux   extrémités. 
Feuilles  subsessiles,  d'un  vert  clair,  oblongues  allongées,  obtuses  au 
sommet,  faiblement  cunéiformes  à  la  base,  d'un  vert  clair  sur 
les  deux  faces  ayant  de  7  à  8  centimètres  de  long,  sur  2c"^,2  à  3c°^,2 
de  large,  entières  ou  subcrénelées,  scabres  et  glanduleuses  sur  les 
deux  faces,  un  peu  velues  ;  nervures  très  proéminentes  en  dessous 
et  hérissées  de  poils  blancs.  Feuilles  supérieures  toujours  opposées, 
les  inférieures  parfois  alternes  ;  toutes  sont  caduques  avant  la  florai- 
son. Inflorescence  en  racèmes  simples,  se  développant  dans  la 
moitié  supérieure  de  la  tige,  alors  que  celle-ci  est  déjà  à  moitié 
desséchée  et  privée  de  feuilles.  Grappes  très  espacées,  ascendantes, 
naissant  par  une  ou  deux  au-dessus  des  cicatrices  foliaires,  ayant 
de  2  à  6  centimètres  de  long  (et  exceptionnellement  de  15  à  20  centi- 
mètres) et  portant  de  iO  à  40  fleurs  jaunes,  insérées  d'un  côté  seule- 
ment du  rachis  et  situées  à  l'aisselle  de  petites  bractées.  Axe  de 
l'inflorescence  grêle,  d'un  vert  jaunâtre,  couvert  de  poils  étalés, 
glanduleux.  Bractées  de  1  millimètre  à  1"*",5  de  long,  ovales,  spa- 
thulées,  arrondies  au  sommet,  velues  à  l'extérieur  et  d'un  jaune 
pâle.  Pédicelles  isolés  à  l'aisselle  des  bractées,  très  grêles,  ascen- 
dants, longs  de  4  à  6  millimètres  et  parfois  de  10  millimètres,  velus, 
glanduleux,  portant  une  fleur  insérée  à  120**  avec  le  pédicelle. 
Pleurs  d'un  jaune  vif,  inodores,  mais  dégageant  par  le  froissement 
une  odeur  très  forte  de  menthe,  longues  de  15  à  20  millimètres. 
Calice  pubescent,  glanduleux  à  l'extérieur,  lisse  à  l'intérieur,  long 
de  3  à  4  millimètres,  à  tube  campanule  et  à  cinq  lobes  dont  le 
supérieur  large,  triangulaire,  et  les  inférieurs  étroits,  pointus,  les 
deux  plus  inférieurs  séparés  par  une  fente  profonde.  Corolle  jaune, 
glabre  à  l'intérieur,  pubescente  à  l'extérieur,  surtout  sur  la  lèvre 


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ESSAI  d'introduction  DES   PLANTES   UTILES.  W 

inférieure.  Tube  élargi  en  entonnoir  et  présentant  à  la  partie  infé- 
rieure un  petit  étranglement  situé  à  2  millimètres  de  la  base,  et 
tout  le  long  de  la  face  inférieure  une  crête  blanch&tre  produite  par 
la  proéminence  de  la  colonne  staminale.  Lèvre  supérieure  très 
courte,  formée  de  deux  petits  lobes  verticaux  ;  lèvre  inférieure 
beaucoup  plus  grande,  dépassant  la  supérieure  de  5  à  8  millimètres, 
fortement  concave  et  à  bords  rapprochés  enveloppant  en  partie  les 
étamines. 

Ces  derniers,  didynames,  ont  les  filets  glabres,  blanchâtres, 
soudés  en  tube  ouvert  en  dessus  jusqu'à  leur  sortie  du  tube  de  la 
corolle  ;  leur  partie  libre  est  arquée  vers  le  haut  et  les  deux  infé- 
rieures les  plus  longues  égalent  la  lèvre  inférieure  de  la  corolle. 
Les  anthères  et  le  pollen  sont  jaunes.  Style  jaun&tre,  bifide  au  som- 
met, égalant  presque  les  deux  longues  étamines.  Une  large  glande 
jaunâtre,  ovale  arrondie,  formant  excroissance  sur  le  disque,  existe 
à  la  base  de  Tovaire.  Ce  dernier  est  formé  de  quatre  petites  nucules 
blanchâtres,  glabres. 

Habitat.  —  Brazzaville  (moyen  Congo)  dans  les  savanes,  à 
proximité  des  villages  Batékés  (échappé  de' cultures?).  Haut-Ouban- 
gui  :  cultivé  par  presque  toutes  les  peuplades  au  N.  de  Bangui. 
Haut-Chari  :  cultivé  par  de  nombreuses  peuplades,  notamment 
par  les  Mandja  de  la  Nana,  les  Banda  du  Gribingui  et  du  Pays  de 
Snoussi.  Ne  semble  plus  exister  au  nord  du  9*  parallèle. 

COLEUS    LANQOUASSIENSIS 
A.  Chkv.,  in  Sched,,  1903. 

Rhizomes  charnus,  cylindriques,  rameux,  digités,  beaucoup  plus 
gros  et  dune  teinte  blanc  jaunâtre,  plus  claire  que  dans  la  précé- 
dente espèce.  Ces  rhizomes  atteignent  jusqu'à  30  centimètres  de 
long  et  3<î"*,5  de  diamètre  ;  ils  sont  moins  noueux  et  présentent 
beaucoup  moins  d'œiUetons  que  C.  Dazo.  Tiges  aériennes  en  fais- 
ceaux, droites,  raides,  rougeâtres  et  cylindriques  à  la  base,  cou- 
vertes d'un  tomentum  de  poils  appliqués  et  hérissées  de  quelques 
poils  blancs  épars,  subligneuses  à  Tétat  adulte.  Jeunes  rameaux  à 
peine  hérissés,  mais  couverts  de  poils  courts  appliqués.  Feuilles 
subsessiles,  d'un  vert  sombre,  tombant  au  moment  de  la  florai- 
son (?),  un  peu  raides  et  pliées  en  gouttière  ouverte  en  dessus, 
oblongues  allongées,  de  6  à  8  centimètres  de  long,  sur  2  à  3  centi- 
mètres de  large,  obtuses  au  sommet,  faiblement  cunéiformes  à  la 
base,  crénelées-dentées,  avec  une  glande  rougeâtre  au  sommet  de 
chaque  dent,  à  marge  ordinairement  rougeâtre,  scabres  et  glandu- 
leuses sur  les  deux  faces,  un  peu  velues.  Nervures  très  proémi- 
nentes en  dessous  et  couvertes  de  nombreux  poils  courts,  blan- 


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128  VÉGÉTAUX   UTILES   DE  L'AFRIQUE. 

châtres.  Face  supérieure  parsemée  de  nombreux  points  glandu- 
leux. Caractères  floraux  inconnus. 

Habitat.  —  Cultivé  par  les  indigènes  du  Haut-Oubangui,  spécia- 
lement aux  environs  de  Bangui  et  de  Bessou.  Dans  cette  dernière 
localité  et  près  du  confluent  du  Kouango  et  de  TOubangui,  ce  sont 
exclusivement  les  indigènes  constituant  la  peuplade  Banda  des 
Langouassis  qui  connaissent  cette  plante. 

§  V.  —  Description  des  tubercules 

Comme  nous  l'avons  vu,  les  tubercules  des  Coleus  sont  des 
souches  tubérisées  dans  lesquelles  la  plante  accumule  des  réserves 
pour  la  saison  sèche,  époque  pendant  laquelle  beaucoup  d'espèces 
du  Soudan  entrent  dans  une  phase  de  repos.  Au  retour  des  pluies, 
des  bourgeons  apparus  sur  les  tubercules  produisent  de  nouvelles 
tiges  aériennes.  Ces  tiges,  après  avoir  fleuri,  se  dessèchent  lorsque 
Thivemage  prend  fin. 

Cultivés  en  serre  ou  sous  bâche  en  Europe,  les  Coleus  précé- 
dents prennent  un  port  très  différent  de  celui  qui  a  été  décrit. 

i**  Coleus  Totundifolius.  —  Les  tiges  des  variétés  ou  Coleus 
Totundifolius  prennent  en  serre  un  port  très  vigoureux.  Elles 
restent  droites  et  fleurissent  très  rarement  ^.  Les  tubercules  en  très 
petit  nombre,  quand  ils  existent,  atteignent  à  peine  la  grosseur 
d'une  noisette.  Cependant  M.  Heckel,  en  bouturant  des  tiges  de 
cette  plante,  a  obtenu  à  Marseille  des  tubercules  napiformes  pesant 
de  19  à  47  grammes  *. 

Dans  les  pays  tropicaux,  cette  espèce  produit  des  tubercules  en 
abondance  ;  ils  sont  arrondis  ou  ovoïdes,  ressemblant  à  des  tuber- 
cules de  Conopodium  denudatum,  mais  plus  réguliers  et  plus 
lisses.  Leur  taille  varie  habituellement  de  celle  d'une  noisette  à 
celle  d'un  œuf  de  pigeon.  Dans  les  terres  riches,  le  Coleus  Totundi- 
folius var.  nigra  peut  donner  exceptionnellement  quelques  tuber- 
cules qui  atteignent  la  dimension  d'un  œuf  de  poule  ou  d'une 
pomme  de  terre  moyenne.  On  trouve  souvent  une  centaine  de 
tubercules  par  touffe. 

2**  Coleus  Dazo.  —  Les  tubercules  de  cette  espèce  ne  sont  pas 
arrondis,  ni  ovoïdes,  mais  ils  sont  cylindriques,  très  allongés,  plus 
ou  moins  ramifiés  et  groupés  en  faisceaux  digités,  divergeant  de  la 
base  des  tiges  arériennes.  Ils  mesurent  ordinairement  de  5  à 
10  centimètres  de  longueur  et  leur  diamètre,  à  l'état  adulte,  varie 

1.  Sur  la  floraison  du  Coleus  Coppini  en  1901,  au  Jardin  colonial  de 
Marseille,  voir  Heckel,  Revue  horticole  des  Bouches-du-Rhône,  1902,  p.  51, 
avec  une  planche. 

2.  Revue  des  cultures-  coloniales,  1904,  p.  41.  avec  une  planche. 


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ESSAI  D  INTRODUCTION  DES   PLANTES   UTILES. 


129 


de  15  à  20  millimètres.  On  peut  rencontrer  jusqu'à  50  griffes  tubé- 
reuses, ramifiées  par  touffe  (fig.  11). 

Cultivé  en  serre,  le  Dazo  prend  aussi  un  port  différent  de  celui 
qu'il  a  en  pleine  terre  sous  le  climat  tropical.  La  tige  reste  plus 
courte  et  se  lignifie  à  peine.  Il  se  forme  très  rarement  des  tuber- 
cules. Au  Muséum  de  Paris,  malgré  les  soins  donnés  à  nos  Coleus 
par  M.  O.  Labroy,  chef  des  serres,  nous  n'avons  trouvé  que  très 


Fig.  11.  —  Une  griffe  do  Golens  Daao,  réduite  au  tiers  de  sa  grandeur  naturelle. 

exceptionnellement  un  ou  deux  très  petits  tubercules  par  touffe  de 
Dazo.  Enfin,  cette  espèce  et  la  suivante  qu'on  peut  difficilement 
multiplier  par  bouturage  dans  leur  pays  d'origine,  se  bouturent, 
au  contraire,  très  facilement  en  serre  ou  sous  chftssis. 

3®  Coleus  langouassiensis.  —  Ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut, 
cette  plante  très  voisine  du  Dazo,  a  aussi  ses  tubercules  cylin- 
driques groupés  en  faisceaux  digités,  divergeants,  insérés  à  la 
base  de  chaque  touffe.  Les  plus  belles  griffes  peuvent  atteindre 
jusqu'à  30  centimètres  de  longueur  et  3c°»,5  de  diamètre  (fig.  15). 


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130  VÉGÉTAUX  UTILES  DE  L'AFRIQUE. 

Nous  avions  prélevé  au  Jardin  d'essais  de  Fort-Sibut,  pour  la 
rapporter  en  France,  une  caisse  entière  de  cette  précieuse  espèce 
à  gros  rendements.  Malheureusement,  elle  a  été  volée  sur  la  route 
du  retour  et  nous  n'avons  pu  conserver  qu'une  seule  griffe  vivante 
qui  a  été  partagée  entre  les  serres  du  Muséum  de  Paris,  de  TEcole 
supérieure  de  pharmacie  et  du  Jardin  colonial  de  Nogent.  Il  a  été 
ensuite  possible  de  faire  de  nombreuses  multiplications  par  boutu- 
rage. 

§  VI.  —  Recherches  histologiques 

1**  Coleus  Totundifolius,  A.  Chev.  et  E.  Perrot. 

Tige.  —  La  structure  anatomique  de  la  tige  de  cette  espèce  ne 
diffère  guère  de  celle  que  présentent  la  plupart  des  Labiées  suffru- 
tescentes.  La  section  est  assez  franchement  quadrangulaire  et  le 
collenchyme  sous-épidermique  forme  quatre  amas  assez  volumi- 
neux aux  angles.  Les  faisceaux  libéro-ligneux  séparés  sont  pro- 
tégés, au  moins  chez  les  principaux,  par  quelques  fibres  périlibé- 
rieimes. 

Le  bois  est  vasculaire  et  en  général  peu  lignifié  ;  la  moelle 
épaisse  et  parenchymateuse,  sans  amidon  ni  tannin. 

La  protection  épidermique  est  assurée  chez  les  jeunes  tiges  par 
de  nombreux  poils  coniques,  pluricellulaires,  parfois  assez  allongés 
et  souvent  courts,  élargis  à  la  base,  et  terminés  par  une  cellule 
plus  ou  moins  arrondie.  Dans  les  tiges  plus  âgées,  les  poils  dispa- 
raissent pour  la  plus  grande  partie,  et  la  cuticule  reste  toujours 
mince  (4,  fig.  12). 

Pétiole  et  feuille,  —  La  feuille  présente  à  la  base  plutôt  un  long 
rétrécissement  pétiolaire,  qu'un  pétiole  vrai  dont  le  système  fasci- 
culaire  en  arc  est  très  proéminent  vers  la  face  inférieure.  Le 
nombre  des  faisceaux  isolés  dans  les  nervures  diminue  naturelle- 
ment avec  l'importance  de  celles-ci,  et  toujours  ces  faisceaux  sont 
parenchymateux,  composés  seulement  de  quelques  vaisseaux  et  de 
petits  paquets  de  tubes  criblés. 

La  cuticule  est  toujours  mince  et  le  mésophylle  bifacial,  carac- 
tères que  nous  retrouverons  chez  tous  les  Coleus  étudiés. 

Le  nombre  des  assises  paliissadiques  est  de  deux,  occupant  en- 
viron la  moitié  de  l'épaisseur  totale  du  mésophylle. 

Les  stomates  [st,  3,  5,  fig.  12)  sont  légèrement  proéminents 
au-dessus  de  la  surface  du  limbe,  nombreux,  particulièrement  à  la 
face  inférieure,  et  entourés  de  plusieurs  cellules  annexes  plus 
petites.  Les  poils  épidermiques  sont  massifs,  courts  et  coniques, 
plutôt  rares,  et  on  rencontre  aussi  des  poils  glanduleux  sécréteurs 
à  une  seule  cellule  de  tête.  Ces  derniers  sont  souvent  enfoncés  dans 


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VÉGKTAUI   UTILES    DK   L  AFRIQUE. 


A.  Chevalier  et  Perrot. 


fil  * 


Fig.  12.  —  Golens  rotundlfolins,  A.  Chbv.  et  E.  Pbrbot  (Voir  la  légende,  p.  136). 

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m  VÉGLlAUX  UTILES  DE   L'AFRIQUE. 

une  légère  dépression  épidermique,  et  n'ont  aussi  qu'une  cellule 
pédîcelle.  L'odéo-résine  sécrétée  s'amasse  en  abondance  entre  la 
couche  interne  cellulosique  de  la  membrane  et  la  couche  externe 
cuticulaire. 

Dans  les  tubercules  adultes,  Tépiderme  est  presque  toujours 
disparu  et  on  trouve  à  l'extérieur  une  mince  couche  de  liège  peu 
subérifié,  imprégné  de  matières  tannoïdes  et  de  couleur  générale- 
ment brunâtre,  un  peu  différente  avec  les  variétés.  L'écorce  secon- 
daire est  peu  développée  ;  elle  occupe  à  peine  la  dixième  partie 
du  rayon  et  présente  quelques  cellules  scléreuses  dans  sa  région  la 
plus  externe.  Le  liber  est  de  même  réduit  à  des  amas  de  fins  tubes 
criblés  (te,  flg.  12  et  2,  PI.  7).  La  masse  presque  tout  entière 
du  tubercule  est  constituée  par  le  cylindre  ligneux  (B,  flg.  2,  PI.  7), 
entièrement  parenchymateux,  sauf  quelques  files  de  vaisseaux  isolés 
ou  groupés  en  très  petit  nombre  vers  le  cambium.  La  moelle  au 
centre  est  assez  réduite.  Cette  structure  est,  en  somme,  celle  d'une 
tige  souterraine  tuberculeuse,  car  il  persiste  parfois  une  grande 
quantité  de  moelle,  mais  à  cylindre  central  volumineux. 

L'amidon  est  extrêmement  abondant,  formé  de  grains  arrondis, 
simples  ou  groupés  par  trois,  cinq  ou  plus,  et  alors  présentant  des 
faces  planes  correspondant  à  leurs  surfaces  d'accolement  (1,  2,  5, 
PI.  8). 

2*  Coleus  Dazo. 

La  tige  est  très  différente  de  celle  du  C.  rotundifolius  de  forme 
arrondie  et  non  plus  quadrangulaire  (1,  fig.  13).  Elle  est  protégée 
extérieurement  dans  les  tiges  âgées  par  un  liège  épais,  composé  de 
dix,  douze  assises  d'éléments  à  parois  à  peine  subérifiées.  Ce  péri- 
derme  comprend  seulement  quelques  assises  de  phelloderme  coUen- 
chymateux,  au  milieu  duquel  on  peut  rencontrer  des  fibres  allon- 
gées, fortement  lignifiées. 

Le  parenchyme  cortical  est  assez  développé  et  des  amas  de 
fibres  périlibériennes  coiffent  et  protègent  chacun  des  amas  libé- 
riens appartenant  aux  principaux  faisceaux  conducteurs  [sel,  1, 
fig.  13).  Ces  faisceaux  de  liber  sont  constitués,  comme  chez  la  plu- 
'  part  des  Gamopétales,  de  petits  paquets  de  fins  tubes  criblés,  dis- 
persés dans  le  parenchyme. 

Il  n'est  pas  rare  non  plus  de  constater  la  présence  de  fibres  ou 
sclérites  dans  le  tissu  libérien  lui-même  ou  dans  celui  des  rayons 
médullaires. 

Le  bois  en  anneau  complet  est  assez  lignifié,  avec  vaisseaux 
nombreux  disposés  en  files,  et  à  la  pointe  des  faisceaux  où  se  trou- 
vent les  éléments  vasculaires  primaires,  ces  derniers  sont  toujours 


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ESSAI  D  INTRODUCTION   DES   PLANTES   UTILES.  133 

entourés  de  cellules  parenchymateuses  très  petites  et  à  parois  très 
minces.  La  moelle,  assez  volumineuse,  est  formée  de  larges  élé- 
ments polygonaux  plus  ou  moins  arrondis,  laissant  entre  eux  des 
méats  pour  la  plupart  triangulaires. 

Les  cellules  des  parenchymes,  et  en  particuler  des  parenchymes 
médullaire  et  cortical,  sont  gorgées  d'amidon  en  grains  simples  ou 
composés  par  deux,  trois  petits  et  très  serrés  les  uns  contre  les 
autres  (5,  PL  8). 

Ajoutons  enfin,  que  l'épiderme  reste  presque  toujours  adhérent 
au  liège  cortical,  et  présente  alors  des  poils  tecteurs  à  base  large  et 
massive,  ou  bien  encore  très  allongés,  unisériés,  à  parois  peu 
épaisses,  et  munies  de  ponctuations  simples,  très  fines.  A  côté  de 
ces  poils,  on  trouve  aussi  çà  et  là  des  poils  capités  sécréteurs  {pg,  2, 
flg.  13). 

Feuille,  —  Les  feuilles  étant  sessiles,  il  n'existe  point  de  pétiole, 
mais  seulement  à  la  base  un  rétrécissement  du  limbe,  dont  la  ner- 
vure médiane  est  volumineuse  et  très  proéminente  à  la  face  infé- 
rieure. Cette  nervure  possède  un  système  fasciculaire  formé  de 
plusieurs  faisceaux  volumineux,  inégaux,  protégés  par  des  amas 
de  tissu  mécanique.  Les  poils  tecteurs  atteignent  une  dimension 
considérable  à  la  face  inférieure  de  la  nervure. 

La  structure  du  limbe  de  la  feuille  est  bifaciale,  avec  une  assise 
de  cellules  palissadiques  allongées,  occupant  presque  la  moitié  de 
l'épaisseur  totale  du  mésophylle  ;  l'assise  sous-jacente  est  composée 
d'éléments  un  peu  allongés  aussi  dans  la  direction  perpendiculaire 
à  la  surface. 

Le  parenchyme  lacuneux  est  lâche,  parsemé  de  nombreux  fais- 
ceaux provenant  des  nervures  secondaires.  Les  stomates  sont  pro- 
éminents et  plus  nombreux  à  la  face  inférieure,  avec  des  cellules 
de  bordure  beaucoup  plus  petites  que  celles  de  l'épiderme. 

Les  poils  tecteurs  toujours  pluricellulaires  sont  courts,  coniques 
ou  massifs  ou  plus  allongés,  unisériés  et  ponctués  ;  les  poils  capités 
sécréteurs  atteignent  de  même  d'assez  grandes  dimensions  et  ne 
sont  pourvus  que  d'une  cellule  pédicelle  réduite  et  d'une  grosse 
cellule  sécrétrice  terminale  {pg,  4,  fig.  13). 

Tubercules  aériens.  —  A  l'aisselle  de  certaines  feuilles,  dans  la 
partie  basilaire  des  tiges,  il  se  développe  parfois  des  tubercules 
aériens,  sorte  de  bulbilles  ovoïdes,  atteignant  1  centimètre  à  1<^,5 
de  long  sur  7  à  8  millimètres  de  diamètre  et  terminés  de  très  bonne 
heure  par  un  petit  bourgeon  foliaire  ou  florifère. 

Ces  organes  aériens  de  dissémination  du  végétal  ont  une  struc- 
ture rappelant  celle  de  la  tige  avec  quelques  particularités  dues 
au  phénomène  de  tuberculisation.  L'épiderme  persistant  à  cuticule 
mince  est  couvert  de  poils  tecteurs  pluricellulaires  de  formes  com- 


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VÉGÉTAUX    UTILES   DE   l'AfRïQUE. 


A.  Chevalier  et  Perrot 


E    Prrrot,  drl. 


Fig.  13.  —  Golens  Dazo,  A.  Chev.  (Voir  la  légende,  p.  13!)). 


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ESSAI  d'introduction   DES   PIjVNTES  UTILES.  135 


LÉGENDE  OE  LA  FIG.   12. 

Goleus  rotundifoliiis  (Poir.)  A.  Chbv.  et  Perrot.  —  1,  fragment  de  coupe  trans- 
versale au  niveau  du  cambium  dans  un  tubercule;  L,  région  libérienne;  tc^  paquets 
de  tubes  criblés;  fi,  bois  parenchymateux  avec  quelques  rares  vaisseaux;  2,  schéma 
de  la  coupe  à  la  base  de  la  feuille;  S,  stomate;  4,  schéma  de  la  coupe  transversale 
de  la  lige  :  col,  collenchyme  ;  fil,  faisceaux  libéro-ligneux  ;  m,  moelle  ;  6,  coupe 
lranst>€rsale  du  limbe. 


Légende  de  la  fig.  13. 

Goleus  Dazo.  —  1,  coupe  schématique  de  la  tige:  e,  épiderme  avec  poils  tec- 
teurs  et  glanduleux  ;  «,  liège  sous-épidermique  ;  se,  sclérites  corticaux  ;  sel,  sclé- 
renchyme  péricyclique ;  L,  liber;  B,  bois  ;  M,  moelle;  2,  fragment  de  coupe  mon- 
trant ïépiderme  de  la  lige  avec  ses  poils  lecteurs  p  et  sécréteurs  pg,  et  le  péndei*me 
sous-épidermique  :  «,  liège  ;  pc,  parenchyme  cortical  secondaire  ;  3,  coupe  sché- 
matique de  la  nervure  médiane  à  la  base  du  limbe  ;  4,  coupe  transversale  du  limbe 
foliaire  ;  pp,  parenchyme  palissadique  ;  mes,  mésophylle;  st,  stomate. 


Légende  de  la  fig.  14. 

Goleus  langouassiensis.  —  1,  faisceau  isolé  de  la  moelle  du  tubercule;  2,  coupe 
schématique  de  la  tige;  3,  limbe  foliaire;  4,  schéma  de  la  base  de  ta  feuille; 
5,  L,  liber;  B,  bois;  li,  limbe;  p,  poil  tecteur;  pg,  poil  glanduleux;  pc,  parenchyme 
cortical;  st,  stomate;  sel,  sclérenchyme ;  col,  collenchyme;  M,  moelle;  Le,  liber 
écrasé. 


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Végétaux  utiles  db  l'Afrique 


E.  Perrot.dri. 
Pig.  14.  —  Golens  langonassiensls,  A.  Chkv.  (Voir  la  légende,  p.  135). 


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ESSAI  d'introduction  DES   PLANTES  UTILES. 


137 


parables  à  ceux  de  la  tige.  Le  liège  sous-épidermique  est  à  peine 
subérifié,  et  le  parenchyme  cortical  assez  épais.  Le  cylindre  cen- 
tral est  représenté  par  des  faisceaux  conducteurs  épais,  disposés 
en  un  cercle,  largement  espacés  et  toujours  très  parenchymateux. 
Tous  ceux  que  nous  avons  examinés  à  Taisselle  des  feuilles  ne 


Fig.  15. 


Une  griffe  de  Coleus  langouassiensls,  d'après  une  photographie, 
mais  réduite  environ  au  tiers  de  sa  grandeur  naturelle. 


renferment  aucune  trace  d'amidon  figuré,  mais  Teau  iodée  donne 
avec  le  contenu  cellulaire  de  tous  les  éléments  parenchymateux 
une  coloration  bleue  intense.  On  doit  se  trouver  là  en  présence 
d'amidon  soluble,  et  il  serait  intéressant  de  voir  si  dans  ces  bour- 
geons tuberculeux  mûrs,  Tamidon  se  concrète  plus  tard.  Comme 
certains  de  ces  tubercules  semblent  devoir  donner  naissance  à  des 
inflorescences,  il  y  a  lieu  de  penser  qu'ils  sont  de  véritables  organes 


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138  VÉGÉTAUX  UTILES  DE  L' AFRIQUE. 

de  réserve,  permettant  la  floraison  si  bizarre  qui  a  été  décrite  pré- 
cédemment ^. 

Tubercules  souterrains,  —  Ces  tubercules  sont,  à  proprement 
parler,  des  tiges  souterraines  épaisses  et  charnues,  dépassant  à 
peine  la  grosseur  du  pouce,  rugueuses  à  la  surface,  un  peu  iné- 
gales, de  1  centimètre  de  diamètre  moyen.  Leur  aspect  velouté 
caractéristique  est  dû  à  Textrême  développement  du  revêtement 
pileux  qui  le  rend  très  sensible  à  l'œil  nu. 

Ces  poils,  qui  atteignent  jusqu'à  1°^,5  et  2  millimètres  de  lon- 
gueur, sont  identiques,  sauf  leur  nombre  et  leurs  dimensions,  à 
ceux  des  autres  Coleus,  De  môme  encore,  on  rencontre  des  poils 
capités  sécréteurs  abondants.  L'épiderme  persiste,  et  ne  s'exfolie 
que  chez  les  très  vieux  tubercules. 

Il  se  forme  à  cet  effet  un  épiderme  sous-épidermique  très  com- 
pact à  éléments  subéreux  et  à  parois  un  peu  colorées  en  brun. 
Le  parenchyme  cortical  assez  épais  est  parsemé  de  sclérites  isolés 
et  largement  ponctués.  Les  faisceaux  conducteurs  sont  représentés 
par  des  amas  de  tubes  criblés  et  de  vaisseaux,  et  la  zone  ligneuse 
forme  une  bande  parenchymateuse  dont  les  éléments  plus  petits 
et  radialement  orientés  permettent  une  délimitation  aisée  de  la 
région  médullaire  volumineuse  (M,  flg.  1,  PI.  7). 

Le  parenchyme  cortical,  libérien  et  médullaire  en  particulier, 
renferme  une  grande  proportion  d'amidon  en  grains  arrondis  ou 
accolés  par  deux,  trois,  rarement  en  nombre  plus  élevé  ;  ce  carac- 
tère et  la  dimension  moindre  les  différencient  de  ceux  du  €,  rotun- 
difolius  (5,  PL  8). 

3°  Coleus  langouassiensis,  A.  Chev. 

Tige,  —  Comme  chez  le  Coleus  Dazo,  la  tige  est  arrondie,  avec 
de  nombreux  poils  tecteurs  et  capités  et  un  li^e  sous-épidermique 
apparaissant  dans  les  tiges  âgées.  Le  cylindre  central  est  cepen- 
dant plus  compact,  et  non  partagé  en  faisceaux  bien  apparents. 

Le  liber  est  réduit  à  une  assise  parenchymateuse  mince  dont 
les  amas  de  tubes  criblés,  correspondant  aux  faisceaux  primitifs, 
sont  protégés  par  des  amas  plus  volumineux  de  sclérenchyme  péri- 
cyclique  (2,  flg.  14). 

Feuille.  —  La  base  rétrécie  du  limbe  comprend  une  nervure 
très  proéminente  à  la  face  inférieure,  et  concave  profondément  à 
la  face  supérieure.  Le  système  fasciculaire  est  formé  d'un  grand 
nombre  de  petits  faisceaux  groupés  en  un  arc  à  pointes  fortement 

1.  A  ce  propos  M.  Dubard,  maître  de  Conférences  à  la  Sorbonne,  nous 
apprend  en  effet  que  ces  tubercules  se  prolongent  fréquemment  en  inflo- 
rescences, et  il  a  pu  s'assurer  maintes  fois  de  ce  phénomène  curieux. 


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ESSAI  d'introduction  DES  PLANTES  UTILES.  139 

decourbées  en  dedans  (4,  fig.  14),  et  protégé  vers  la  face  supérieure 
par  une  forte  bande  de  collenchyme. 

Le  limbe  est  bifacial  avec  une  seule  assise  de  cellules  palissa- 
diques  occupant  un  tiers  environ  de  l'épaisseur  totale  ;  les  poils 
tecteurs  épidermiques  sont  parfois  énormes,  et  de  longueur  dépas- 
sant l'épaisseur  de  la  feuille,  et  les  stomates  très  proéminents  sont 
en  nombre  beaucoup  plus  grand  à  la  face  inférieure. 

Tubercules,  —  Ces  tubercules,  sensiblement  plus  volumineux 
que  ceux  des  autres  Coleus,  présentent  une  structure  comparable 
à  celle  du  C.  Dazo,  mais  il  y  vient  s'y  ajouter  une  particularité  inté- 
ressante. La  région  ligneuse,  de  même  très  nettement  délimitée, 
entoure  une  moelle  énorme  parenchymateuse  dans  la  profondeur 
de  laquelle  se  remarquent  quelques  faisceaux  cribro-vasculaires 
isolés  i/ev,  4,  PL  7)  dont  l'un  d'eux  a  été  figuré  avec  détail  en  1, 
fig.  14. 

Ce  sont  des  faisceaux  collatéraux  d'apparence  normale,  dont  la 
région  libérienne  externe  est  toujours  plus  ou  moins  écrasée.  La 
présence  de  ces  faisceaux  conducteurs  surnuméraires  est  très  carac- 
téristique de  cette  espèce. 

Tous  les  parenchymes  sont  gorgés  d'amidon,  particulièrement 
abondant  dans  la  moelle  et  l'écorce  et  formé  de  grains  isolés  ou 
accolés,  par  deux,  quatre,  rarement  plus,  un  peu  plus  gros  en 
moyenne  que  ceux  du  Dazo,  mais  de  forme  et  d'apparence  tout  à 
fait  identiques. 

En  somme,  au  point  de  vue  histologique,  et  par  l'examen  seul 
des  tubercules,  la  parenté  la  plus  étroite  s'établit  entre  le  Coleus 
Totundifolius  et  ses  variétés  :  alba,  rubra,  etc.,  qui  ne  sont  sans 
doute  que  de  simples  races  locales.  Tous  sont  caractérisés  par  une 
moelle  réduite  et  un  cylindre  ligneux  très  épais,  parenchymateux, 
avec  çà  et  là  des  files  de  vaisseaux  isolés  ou  groupés,  toujours  en 
petit  nombre.  Leur  revêtement  épidermique  est  beaucoup  moins 
développé  que  chez  les  espèces  dont  nous  allons  nous  occuper. 

Chez  les  Coleus  Dazo  et  C.  langouassiensis,  le  tubercule  riche 
en  poils  tecteurs  et  sécréteurs  chez  les  deux  autres,  au  lieu 
d'être  ovoïde,  devient  allongé,  c'est  une  véritable  tige  souterraine 
avec  une  moelle  énorme  et  une  zone  ligneuse  toujours  réduite.  Les 
poils  tecteurs  deviennent  abondants,  acquièrent  une  très  grande 
longueur  et  les  poils  sécréteurs  sont  nombreux. 

Einfln,  ajoutons  que  le  phénomène  de  tuberculisation  amène 
chez  les  gros  tubercules  du  C.  langouassiensis  l'apparition  de 
faisceaux  cribro-vasculaiïes  surnuméraires  isolés  dans  la  région 
médullaire. 

Si  l'on  s'adresse  à  la  structure  de  la  tige,  le  même  groupement 
s'établit   :  les  C.  Dazo,  langouassiensis  diffèrent  du  groupe  des 


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140  VÉGÉTAUX  UTILES  DE   L'AFRIQUE. 

C.  rotundifolius  par  la  section  arrondie  et  non  quadrangulaire,  et 
par  la  tendance  au  groupement  de  faisceaux  vasculaires  en  un 
anneau  plus  ou  moins  complet  et  fortement  protégé  par  des  amas 
de  sclérenchyme  péri-libérien.  Les  poils  épidermiques  sont  aussi 
plus  abondants  et  plus  volumineux. 

Les  caractères  distinctifs  que  pourrait  fournir  Texamen  histo- 
logique  des  feuilles  sont  moins  saillants,  et  cela  montre  suffisam- 
ment la  descendance  vraisemblablement  commune  de  toutes  ces 
espèces,  qu'un  examen  plus  détaillé  sur  des  échantillons  de  prove- 
nances diverses  seul  pourrait  permettre  d'affirmer,  si  la  chose  pré- 
sentait un  jour  un  intérêt  réel. 

Il  n'est  pas  jusqu'à  l'examen  microscopique  de  l'amidon  qui  ne 
vienne  confirmer  ce  que  nous  venons  d'exposer. 

En  regardant  la  pi.  8,  on  est  frappé  de  l'analogie  absolue  de 
forme,  de  groupement  de  l'amidon  de  toutes  ces  espèces.  L'identité 
est  complète  pour  les  tubercules  du  groupe  rotundifolius,  et  la  diffé- 
rence avec  les  C.  Dazo  et  langouassiensis  ne  porte  que  sur  le  mode 
de  groupement  des  grains  qui  sont  toujours  composés  en  plus  petit 
nombre  et  dont  les  dimensions  sont  un  peu  moindres. 

jii  VII.  —  Composition  chimique  des  tubercules 

Des  recherches  existent  déjà  concernant  la  composition  chimique 
des  Coleus  du  groupe  rotundifolius.  Des  D"  Le  Dantec  et  Boyé  * 
ont  donné  en  1900  une  analyse  rapide  du  Coleus  Coppini,  se  bor- 
nant à  signaler  dans  les  tubercules  15  p.  100  d'amidon  et  83  p.  100 
d'eau.  Les  recherches  faites  ensuite  par  M.  Heckel,  sur  des  tuber- 
cules ayant  poussé  à  Marseille,  n'offrent  dans  la  circonstance  qu'un 
intérêt  secondaire,  puisqu'elles  s'adressent  à  des  échantillons  dont 
la  comparaison  ne  saurait  être  faite  avec  ceux  qui  proviennent  des 
pays  tropicaux. 

M.  Ammann^  a  répété  ces  mêmes  analyses  sur  des  tubercules 
provenant  des  cultures  du  Jardin  d'essais  de  Gamayen  (Guinée). 
Voici  les  résultats  de  cet  auteur  ^  : 

c.  Coppini.       C.  tornatus. 

Sucres  réducteurs 6,41  8,20 

Amidon 58,05  58,23 

Matières  azotées 5,69  7,70 

Matières  grasses 0,86  0,82 

Cellulose  sacchariflable 12,29  12,11 

Cellulose  brute 3,43  2,66 

Cendres 5,15  4,07 

Matière  pectiques,  gommes,  etc 8,12  6,21 

1.  Annales  d'hygiène  et  de  médecine  coloniale,  1890,  n*  3,  p.  286. 

2.  Chalot  et  Amnann,  Notes  sur  le  Pleciranihus  ternatus  Sims  et  le 
Plectranthus  Coppini.  Max  Cornu,  Ag.  prat.  des  pays  chauds,  Paris,  1902, 
t.  I,  761,  765. 


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ESSAI  d'introduction   DES   PLANTES   UTILES.  141 

Sur  notre  demande,  M.  Balland,  pharmacien  principal  de 
l'armée,  dont  les  recherches  sur  la  valeur  alimentaire  des  denrées 
tropicales  sont  connues  de  tous,  a  bden  voulu  analyser  à  son  tour 
les  tubercules  des  différentes  espèces  de  tubercules  rapportées  par 
M.  Chevalier  de  sa  dernière  mission. 

Nous  résumerons  ces  recherches  dans  le  tableau  suivant  : 

composition  chimique  (Analyses  de  M.  Balland) 


COUUS  LiHCOUASSliniS 

GIUDS  liZO 

COL.  lOTUII 

Ttr.  ALU 

i  l'éUl 

■•TMl 

A  l'étit 
ne 

i  l'état^ 
BtrMi 

i  l'état 

SfC 

i  léUt 
Btraal 

A  l'état 

Matières  azotées.  ...      1,59 
~        grasses.    .    .     0,09 
--        amylacées.    .    10,07 

Cellulose 0,52 

Cendres 0,63 

12,32 
0,70 

78,02 
4,06 
4,90 

1,72 

0,54 

18,29 

1,34 

0,81 

7,56 
2,40 
80,59 
5,90 
3,55 

2,08 

0,33 

19,45 

0,83 

0,91 

8,82 
1,40 
82,42 
3,50 
3,86 

100  » 
Acide  phosphorique 

P205  p.  100.  ..  .      0,134 

100  . 
1,04 

100  . 
0,134 

100   « 
0,59 

100   » 
0,165 

100  . 
0,70 

COUnUTCn.  w.  UgA  COIEUSMTPKI.  varimA 

T  létaT"'^^'^  létal  7  rélaT"""'"^  lélTl 

lae                    see  src                    lec 

Eau 72,90            0,00  78,20            0,00 

Matières  azotées.  .  .  .      1,46            5,40  1,31            6,02 

—  grasses.  ...      0,30            1,10  0,20            0,90 

—  amylacées.   .    23,40           86,35  18,57           85,18 

Cellulose 0,87            3,20  0,85            3,90 

Cendres 1,07            3,90  0,87            4,00 

100  »          100   «  100   »         100   « 
Acide  phosphorique 

p.    100 0,133           0,49  0,157        *   0,72 

Il  y  a  absence  de  sucre. 

La  composition  chimique  de  tous  ces  tubercules  se  rapproche  essentiel- 
lement de  celle  des  pommes  de  terre  que  j'ai  examinée  antérieurement  par 
les  mêmes  procédés  i. 


§  VIII.  —  Procédés  de  culture 

1**  Coleus  rotundifolius,  —  Espèce  peu  exigeante  au  point  de  vue 
du  terrain.  Elle  croît  dans  n'importe  quelles  terres  de  cultures, 
mais  elle  donne  des  rendements  d'autant  plus  élevés  que  le  sol  est 
plus  meuble  et  plus  riche  en  humus.  Les  indigènes  du  Soudan  et 
du  centre  de  l'Afrique  la  cultivent  presque  sans  soins.  Quand  ils 
arrachent  les  tubercules  complètement  développés,  il  en  reste  tou- 
jours quelques-uns  dans  le  sol  et  ce  sont  ces  tubercules  qui  per- 

1.  Note  de  M.  Balland  (C.  B.  de  VAc.  des  Se,  1897). 


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IH  VÉGÉTAUX  UTILES  DE  L'AFRIQUE. 

mettent  à  la  plante  de  repousser  Tannée  suivante.  On  trouve  ainsi 
fréquemment  près  des  cases  nègres  des  touffes  de  Coleus  qui  se 
renouvellent  ainsi  chaque  année  sur  le  môme  emplacement,  sans 
le  moindre  entretien. 

Dans  ces  conditions,  à  moins  que  le  sol  ne  soit  très  riche  en 
humus,  les  rendements  sont  faibles. 

Avec  quelques  soins,  les  Européens  arrivent  à  obtenir  des 
rendements  bea,ucoup  plus  élevés  que  les  indigènes,  surtout  s'ils 
font  usage  des  engrais. 

On  peut  multiplier  la  plante  soit  par  tubercules,  soit  par  bou- 
tures. 

Dans  les  régions  jouissant  du  climat  soudanais  (six  mois  de  sai- 
son sèche  et  six  mois  de  saison  pluvieuse),  on  plante  les  tubercules 
au  commencement  de  la  saison  pluvieuse.  Voici  comment  il  a  été 
procédé  à  la  station  de  Fort-Sibut  : 

.  Le  terrain  est  divisé  en  planches  ;  on  plante  en  lignes  espacées 
de  0™,50  dans  des  paquets  distants  de  0°^,40,  à  raison  de  deux  petits 
tubercules  entiers  par  paquet  ;  on  recouvre  de  2  à  3  centimètres 
de  terre.  Une  semaine  plus  tard,  les  pousses  commencent  à  sortir 
nombreuses.  Le  buttage  pratiqué  au  fur  et  à  mesure  que  se  déve- 
loppent les  tiges  a  donné  d'excellents  résultats.  Les  tubercules 
résultent,  en  effet,  de  l'hypertrophie  de  bourgeons  qui  naissent  par 
paires  aux  nœuds  des  tiges  enterrées.  Lorsque  la  plante  est  com- 
plètement développée,  les  tiges  sont  étalées  sur  le  sol  et  celles  qui 
parviennent  à  s'enterrer  développent  ainsi  des  tubercules  sur 
toute  la  longueur.  La  durée  du  développement  est  de  cinq  à 
six  mois. 

Des  cultures  plantées  en  juin  peuvent  être,  récoltées  à  la  fin  de 
novembre,  mais  bien  avant  cette  date  on  peut  soulever  légèrement 
les  touffes  les  plus  vigoureuses,  enlever  les  tubercules  les  plus 
beaux  et  remettre  ensuite  les  touffes  en  place,  en  comprimant  la 
terre  avec  le  pied.  Quelques  semaines  plus  tard,  on  trouve  de  nou- 
veaux tubercules  développés  à  point. 

Quand  on  veut  pratiquer  la  multiplication  par  bouturage,  il 
faut  attendre  que  l'hivernage  soit  bien  assis. 

Les  boutures  sont  haJ3ituellement  obtenues  de  plantes  issues 
en  déposant  en  terre  quelques  tubercules  dès  que  débute  la  saison 
des  pluies.  On  peut  encore  prélever  ces  boutures  sur  les  plantes 
qui  se  développent  toujours  dans  les  cultures  de  l'année  précé- 
dente. Un  certain  nombre  de  tubercules  se  détachent  fatalement 
au  moment  de  l'arrachage  et  restent  en  terre. 

Pour  faire  des  boutures,  on  choisit  les  tiges  les  plus  vigoureuses 
et  l'on  détache  des  parts  longues  de  0°^,10  à  0™,15  ;  on  les  enfonce 
en  terre  à  un  pied  environ  de  distance  les  unes  des  autres,  en  les 


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ESSAI  D'INTRODUCTION   DES   PLANTES  UTILES.  143 

inclinant  de  manière  que  deux  nœuds  au  moins,  auxquels  on  a 
enlevé  les  feuilles,  soient  enterrés.  On  fera  bien  de  recouvrir  ces 
boutures  non  encore  reprises  d'une  légère  litière  ou  d'un  abri  de 
feuilles. 

Martret  a  constaté  que  par  le  bouturage,  on  obtenait  toujours 
des  rendements  moindres  que  par  les  tubercules. 

Il  est  également  possible  de  cultiver  le  Coleus  rolundifolius  en 
saison  sèche,  à  condition  de  le  planter  dans  un  terrain  alluvion- 
naire frais,  par  exemple  au  bord  d'une  rivière,  et  de  l'arroser  fré- 
quemment. On  peut  ainsi  faire  plusieurs  plantations  à  des  époques 
variées  de  manière  à  assurer  la  production  pendant  toute  l'année. 
Les  plants  venus  en  hivernage  donneront  naturellement  des  rende- 
ments bien  plus  forts.  On  peut  enfin  récolter  les  tubercules  en  une 
seule  fois  et  les  conserver  très  longtemps  dans  un  endroit  sec. 
Nous  en  avons  gardé  en  bon  état  à  Paris  pendant  toute  une  année. 
Les  tubercules,  lorsqu'ils  viennent  d'être  arrachés,  sont  très  riches 
en  eau  et  on  augmente  leur  qualité  en  les  laissant  flétrir  quelque 
temps  avant  de  les  consommer. 

A  la  ferme  de  la  Mission  de  Bessou,  située  sur  les  bords  du 
Haut-Oubangui,  on  cultive  cette  plante  sur  une  très  grande 
échelle  ;  nous  y  avons  vu,  en  septembre  1902,  une  surface  de 
cinq  hectares  exclusivement  occupée  par  cette  plante.  Les  terres 
sont  préparées  à  la  charrue  et  on  les  améliore  en  y  apportant  des 
engrais  de  ferme. 

2*"  Coleus  Dazo.  —  Bien  qu'appartenant  au  même  genre  que 
l'espèce  précédente,  cette  plante  est  beaucoup  plus  délicate  à  culti- 
ver. Chez  les  indigènes,  elle  se  reproduit  d'elle-même  plusieurs 
années  de  suite  dans  le  même  terrain,  un  certain  nombre  de  tuber- 
cules demeurant  dans  le  sol  après  l'arrachage. 

La  multiplication  par  bouturage  est  très  difficile  à  réussir,  on 
doit  s'adresser  exclusivement  à  des  tubercules.  Ces  derniers  sont 
mis  en  terre  au  début  de  la  saison  des  pluies,  c'est-à-dire  de  mai  à 
juillet.  On  peut  aussi  les  planter  dès  le  mois  d'avril,  mais  le 
R.  P.  MoREAU  a  constaté  que  les  tubercules  mis  en  terre  à  cette 
époque  ne  donnent  pas  bien  plus  tôt  que  ceux  qui  sont  ensemencés 
en  juillet.  La  récolte  commence  vers  le  15  octobre,  à  la  fin  de  la 
saison  des  pluies  et  se  poursuit  jusque  dans  les  premiers  jours  de 
décembre.  Nous  avons  cependant  acheté  aux  indigènes  à  Ouadda 
(Haut-Oubangui),  à  la  fin  d'août  1902,  plusieurs  paniers  de  tuber- 
cules de  Dazo  parfaitement  développés,  mais  ils  provenaient  proba- 
blement de  plants  restés  en  terre  d'une  année  à  l'autre. 

Enfin,  dans  le  sud  du  Congo  (à  Brazzaville)  où  le  climat  reste 
une  partie  du  temps  humide,  même  en  saison  sèche,  on  peut  récol- 
ter des  Dazo  pendant  presque  toute  l'année.  Quelques  pieds  ren- 


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144  VÉGÉTAUX  UTILES  DE  L'AFRIQUE. 

contrés  dans  la  brousse  en  juillet  à  la  fin  de  la  saison  sèche, 
avaient  des  tubercules  assez  développés  pour  être  consommés. 

Dans  le  territoire  du  Tchad,  nous  n'avons  jamais  vu  cultiver 
le  Coletts  Dazo  en  saison  sèche. 

Pour  cultiver  cette  plante,  Martret  a  procédé  de  la  façon  sui- 
vante au  Jardin  de  Port-Sibut  : 

Le  terrain  est  préparé  à  Tavance,  profondément  défoncé  et  bien 
ameubli.  La  plante  réussit,  en  effet,  mieux  si  la  terre  est  très 
remuée.  Il  faut  autant  que  possible  choisir  une  terre  argilo-sablon- 
neuse,  riche  en  humus,  mais'  pas  trop  humide.  Au  bord  des 
galeries,  où  il  se  maintient  toute  Tannée  une  grande  fraîcheur,  le 
Dazo  réussirait  mal,  alors  que  le  Coleus  rotundifolius,  au  con- 
traire, prendrait  un  beau  développement. 

On  multiplie  la  plante  en  divisant  les  tubercules  (griffes)  en 
fragments  ;  d'une  seule  touffe,  on  peut  faire  une  centaine  de  plants 
nouveaux  et  il  suffit  d'une  touffe  et  demie  pour  ensemencer  un  are. 

La  terre  étant  remuée,  on  fait  des  buttes  hautes  de  0°*,25  à  0°^,30, 
distantes  de  CP,70  à  Oj'^SO.  Au  sommet  de  chaque  butte,  on  enterre 
deux  fragments  de  griffes.  Une  semaine  ou  deux  plus  tard,  les 
premières  pousses  commencent  à  sortir^. 

Au  lieu  d'être  arrondis  comme  les  tubercules  de  Coleus  rotundi- 
folvus,  les  parties  comestibles  du  Dazo  sont  cylindriques  et  un  peu 
annelées  de  place  en  place,  mais  beaucoup  moins  que  ceux  des 
Crosnes,  En  assistant  à  leur  formation,  on  constate  que  ce  sont  des 
stolons  souterrains  (rhflzomes)qui  restent  charnus  et  emmagasinent 
des  substances  de  réserve. 

Dès  le  jeune  âge,  il  se  forme  un  grand  nombre  de  ces  stolons 
sur  la  partie  de  la  tige  qui  est  enterrée.  Il  s'en  forme  même  sur  la 
partie  aérienne  située  près  du  sol  ;  mais  ces  stolons,  s'ils  restent  à 
la  lumière,  prennent  bientôt  de  la  chlorophylle  et  se  transforment 
en  tiges  aériennes  feuillées.  Il  y  a  donc  utilité,  si  Ton  veut  aug- 
menter la  production,  de  faire  plusieurs  binages  successifs  et  de 
butter  chaque  touffe  à  mesure  qu'elle  se  développe,  les  stolons  se 
trouvent  alors  enterrés  et  donnent  de  nouvelles  griffes  comestibles. 

Quelques  personnes  conseillent  de  semer  les  Dazo  sur  une 
terre  unie,  comme  on.  le  fait  pour  les  pommes  de  terre  et  de  les 
butter  ensuite.  Martret  n'est  pas  de  cet  avis,  parce  que  les  rhi- 
zomes du  Dazo  sont  très  charnus  et  très  courts  à  l'état  jeune  et  il 
est  préférable  de  faire  dès  le  début  de  la  culture  une  butte  impor- 
tante que  l'on  n'a  plus  ensuite  qu'à  exhausser. 

Les  tiges  du  Dazo  sont,  en  effet,  dressées  et  croissent  par  touffes 
compactes,  au  lieu  de  s'étaler  comme  celles  de  la  Pomme  de  terre 

1.  Les  indigènes,  qui  buttent  rarement  le  Uazo,  cultivent  les  touffes  à 
des  intervalles  variant  de  0',40  à  0",50. 


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ESSAI   d'introduction   DES   PLANTES  UTILES.  145 

de  Madagascar  ;  en  remuant  la  terre  qui  se  trouve  éloignée  de  la 
tige,  on  n'est  donc  pas  exposé  à  endommager  les  griffes  qui  sont 
toutes  groupées  à  la  base  des  tiges. 

L'arrachage  se  fait  lorsque  les  tiges  aériennes  sont  devenues 
complètement  ligneuses  et  que  les  feuiles  commencent  à  tomber. 
A  ce  moment  la  tige  se  dessèche  par  le  bas  et  ne  peut  plus  émettre 
de  nouveaux  stolons. 

A  la  ferme  de  Bessou,  la  culture  du  Dazo  se  fait  à  la  charrue  et 
on  emploie  des  engrais  de  ferme.  La  terre  est  façonnée  en  sillons  et 
Ton  plante  les  tubercules  en  terrain  uni  ;  on  ne  les  butte  pas  par 
la  suite. 

En  1902,  les  cultures  du  Dazo  à  la  Mission  de  Bessou  s'éten- 
daient sur  7  hectares  (sur  35  à  40  hectares  qui  sont  consacrés  par 
les  missionnaires  à  Terisemble  des  cultures  vivrières  de  la  Mission). 
Le  R.  P.  MoREAU  se  proposait  d'étendre  encore  davantage  les 
années  suivantes  la  culture  du  Dazo,  cette  plante  étant  de  tous  les 
végétaux  cultivés  en  Afrique  centrale  celle  qui  donne,  avec  l'espèce 
suivante,  les  plus  grands  rendements. 

3**  Coleus  langouassiensis.  —  Se  cultive  exactement  comme  le 
C.  Dazo,  mais  il  est  beaucoup  plus  délicat.  En  1902,  environ  les  deux 
tiers  des  plantations  de  cette  espèce  ne  réussirent  pas  à  la  ferme  de 
Bessou,  parce  qu'après  la  mise  en  terre  des  griffes,  au  début  de 
l'hivernage,  une  période  sèche  survint  qui  tua  la  plupart  des  bour- 
geons au  moment  où  ils  allaient  sortir  de  terre. 

§  IX.  —  Rendements 

1"*  Coleus  tuberostùs,  —  Le  rendement  est  très  variable,  suivant 
la  richesse  plus  ou  moins  grande  du  terrain,  la  variété  cultivée  et 
la  saison  à  laquelle  se  fait  la  culture. 

A  la  station  de  Fort-Sibut.  Martret  a  obtenu  les  résultats  sui- 
vants pour  un  ensemencement  comprenant  500  touffes  à  l'are,  fait 
sans  engrais  : 

r  En  saison  des  pluies  : 

Variété  rubra  et  var.  alba; 

Multiplication  par  tubercules 50  kg.  à  l'are. 

—  par  boutures 45  kg.  à  l'are. 

Variété  nigra. 

Multiplication  par  tubercules GO  kg.  à  l'are. 

—  par  boutures.   ......    52  kg.  à  l'are. 

2*  En  saison  sèche  : 

Variété  rubra  et  variété  nigra. 

Multiplication  par  tubercules 20  kg.  à  Tare. 

Variété  nigra. 

Multiplication  par  tubercules 25  kg.  à  l'are. 

10 


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_.,    J 


146  VÉGÉTAUX  UTILES  DE  L'AFRIQUE. 

A  la  ferme  de  Bessou,  par  le  labourage  et  Temploi  des  engrais, 
on  obtient  des  rendements  qui  ont  été,  les  bonnes  années,  de 
8  000  à  12  000  kilogrammes  à  l'hectare  ;  ce  rendement  est  très  supé- 
rieur à  celui  des  patates  dans  la  même  région. 

Dans  les  diverses  régions  où  on  a  fait  des  essais,  les  résultats 
n'ont  pas  partout  été  les  mêmes. 

Ainsi  en  Cochinchine,  avec  le  Plectranthus  ternatus  (P.  tube- 
rosus  var.  rubra  ?),  on  a  obtenu  : 

Une  moyenne  de  1^^,5  par  pied,  ce  qui  représente  pour 
16  000  pieds  à  l'hectare,  24  tonnes  de  tubercules. 

Au  Tonkin,  avec  la  même  plante,  on  a  obtenu  i^^fi  par  pied, 
soit  25S6  à  l'hectare. 

Dans  cette  même  région,  avec  le  Coleus  Coppini  (C.  tuberosus 
var  nigra  ?),  on  n'obtiendrait  que  0'^«,93  par  pied,  soit  14  880  kilo- 
grammes à  [["hectare  ^. 

A  la  Basse-Terre  (Guadeloupe),  M.  Rollin  aurait  obtenu  pour 
douze  touffes  de  Plectranthus  ternatus  30  kilogrammes,  ce  qui  repré- 
sentait le  rendement  énorme  de  40  tonnes  à  l'hectare  ;  douze  touffes 
de  Coleus  Coppini  ont  donné  22  kilogrammes  de  tubercules,  soit 
30  tonnes  à  l'hectare  ^. 

Tous  ces  rendements  sont  entièrement  théoriques  et  probable- 
ment très  exagérés,  puisque  les  calculs  ont  été  faits  d'après  le 
rendement  de  quelques  touffes,  cultivées  dans  des  jardins  d'une 
manière  particulièrement  soignée  et  par  des  moyens  dont  la  grande 
culture  ne  peut  pas  user. 

Au  Jardin  d'essais  de  Camayen,  le  rendement  a  été  de  44  kilo- 
grammes à  l'are  pour  le  Coleus  Coppini  et  de  66  kilogrammes  pour 
le  Plectranthus  ternatus  ^. 

Notons  que  le  Plectranthus  ternatus  dont  il  s'agit  ici  est  bien 
identique  à  notre  Coleus  tuberosus  var.  rubra,  puisque  notre  plante 
désignée  sous  ce  nom  avait  précisément  été  apportée  de  Camayen. 
Il  est  à  remarquer  que,  dans  tous  les  essais,  c'est  toujours  le  Plec- 
tranthus ternatus  qui  a  donné  les  plus  forts  rendements.  Nous 
avons  constaté  l'inverse  en  Afrique  centrale,  où  la  plante  à  tuber- 
cules noirs  du  Soudan  (C.  Coppini)  a  donné  les  plus  forts  rende- 
ments dans  toutes  les  expériences. 

2**  Coleus  Dazo.  —  Cette  plante  donne  des  rendements  considé- 
rables lorsqu'elle  est  cultivée  avec  soin  et  les  chiffres  suivants  mon- 
treront que  c'est  une  plante  vivrière  de  première  importance,  qu'il 
y  aurait  intérêt  à  répandre  dans  tous  les  pays  tropicaux  du  monde. 

Au  Jardin  d'essais  de  Fort-Sibut,  Martret  a  obtenu,  dans  une 

1.  Bulletin  économique  de  Vlndo-Chine,  1901. 

2.  Revue  dés  cultures  coloniales,  1902. 

3.  Teisssonnier.  Agric.  prat.  des  pays  chauds,  1902,  p.  527. 


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ESSAI   d'introduction   DES   PLANTES   UTILES.  147 

culture  faite  sur  un  petit  espace,  un  rendement  moyen  de  2  kilo- 
IH'ammes  par  pied  et  comme  il  estimait  pouvoir  cultiver  150  touffes 
par  are,  cela  représenterait  un  rendement  de  30  tonnes  à  l'hectare. 

Dans  la  pratique,  les  rendements  sont  naturellement  moins 
élevés.  A  la  ferme  de  Bessou,  on  obtient  en  moyenne  1  kilogramme 
de  tubercules  par  pied  et  comme  on  compte  13  000  pieds  à  Thectare, 
on  récolte  en  définitive  13  tonnes  à  Thectare.  Nous  estimons  donc, 
en  tenant  compte  des  aléa,  que  l'on  peut  compter,  pour  une  cul- 
ture étendue  faite  à  l'aide  d'engrais,  sur  un  rendement  moyen  de 
10  à  15  tonnes  à  l'hectare. 

3**  Coleus  langouassiensîs.  —■  Cette  espèce  donne  par  touffe  un 
rendement  supérieur  d'un  tiers  à  la  précédente.  De  plus,  les  griffes 
sont  beaucoup  plus  grosses,  longues  parfois  de  20  centimètres  et 
dépourvues  de  fibres  qui  existent  fréquemment  dans  les  tubercules 
complètement  développés  du  Dazo  ordinaire. 

D'après  les  résultats  qu'il  avait  obtenus  sur  un  petit  carré  cultivé 
au  Jardin  de  Port-Sibut,  Martret  pensait  pouvoir  obtenir  425  kilo- 
grammes de  tubercules  à  l'are.  Dans  la  pratique,  nous  ne  croyons 
pas  qu'on  puisse  obtenir,  en  Afrique  centrale,  plus  de  15  à 
20  tonnes  à  l'hectare  pour  une  grande  culture,  et  encore  faudrait-il 
pour  cela  employer  des  engrais. 

§  X.  —  utilisation 

1^  Coleus  rotundifolius.  —  Tous  les  Européens  qui  ont  dégusté 
des  tubercules  de  cette  espèce  comparent  leur  saveur  à  la  pomme 
de  terre  et  la  trouvent  parfois  préférable.  Ainsi,  dans  une  intéres- 
sante notice  sur  la  culture  de  ce  végétal  nommé  Innala  à  Ceylan, 
M.  A.  DE  SiLVA  écrit  que  t  les  tubercules  d'Innala  sont  par  leur 
saveur  bien  supérieurs  à  la  pomme  de  terre  et  toujours  atteignent 
un  prix  plus  élevé  que  la  plupart  des  autres  racines  produites  par 
nie  de  Ceylan  1 1. 

Les  nègres  du  Congo  et  de  l'Oubangui,  souvent  réduits  à  la 
famine,  mangent  parfois  les  tubercules  de  tous  les  Coleus  sans  les 
faire  cuire.  Quand  ils  en  ont  le  temps,  ils  les  préparent  en  purée, 
assaisonnés  ou  non  avec  de  la  graisse.  C'est  aussi  en  purée  ana- 
logue à  la  bouillie  de  farine  de  mil  {Sorgho  et  Penicillaria)  que 
les  peuples  du  Soudan  mangent  VOussou-ni-fing , 

Les  plus  raffinées  Soudanaises  servent  parfois  le  tubercule 
coupé  en  morceaux  et  cuit  avec  des  poulets  découpés  soit  dans  du 
beurre  ordinaire,  soit  dans  du  beurre  végétal  de  karité  (Butyros- 
permum  Parkii).  L'un  de  nous  a  dégusté  chez  le  fama  Mademba,  à 

1.  A.  DE  SiLVA.  The  edible  «  Root  Crops  »  of  Ceylon,  Tropical  Agricul- 
turist,  V  avril  1904. 


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148  VÉGÉTAUX   UTILES  DE   L' AFRIQUE. 

Sansanding,  sur  le  Niger  moyen,  un  ragoût  ainsi  préparé  qui  était 
dc3  plus  appétissants  même  pour  un  palais  exigeant.  Les  Euro- 
péens emploient  ce  tubercule  aux  mêmes  usages  que  la  pomme  de 
terre  et  beaucoup  lui  trouvent  le  goût  de  la  pomme  de  terre  nou- 
velle. C'est  par  exemple  l'avis  de  M.  J.  Dybowski. 

Les  plus  gros  tubercules  de  la  variété  noire,  dont  la  taille  dé- 
passe parfois  celle  d'un  œuf  de  poule,  peuvent  être  cuits  entiers 
dans  l'eau  et  mangés  en  robe  de  chambre.  On  peut  encore  les  con- 
sommer frits,  en  purée,  en  ragoûts,  en  salades.  Il  n'est  pas  besoin 
de  couper  en  morceaux  les  tubercules  ordinaires,  en  raison  de  leur 
taille  minuscule.  On  les  débarrasse  seulement  de  la  peau  très 
facile  à  enlever. 

2°  Coleus  Dazo.  —  Le  Dazo  et  son  voisin  la  plante  des  Lan- 
gouassi  ont  des  qualités  très  différentes  de  la  Pomme  de  terre  de 
Madagascar  et  un  goût  sui  generis  qui  tient  à  la  fois  du  salsifis  et 
du  Crosne  du  Japon  [Stachys  af finis  Bnge). 

On  mange  surtout  le  Dazo  en  friture,  au  gratin,  ou  bien  en 
ragoût,  avec  diverses  sortes  de  viande.  Les  membres  de  la  Mission 
Chari'lac  Tchad  en  ont  fait  très  fréquemment  usage  dans  le  terri- 
toire du  Haut-Oubangui  et  dans  la  capitale  des  Ëtats  du  sultan 
Snoussi  sans  jamais  s'en  fatiguer. 

Il  serait  aisé  de  faire  de  ce  tubercule  des  conserves  au  vinaigre 
ou  des  pickles,  en  les  associant  aux  cornichons  ou  aux  petits 
oignons. 

Ajoutons  que  les  Dazos  sont  tout  aussi  faciles  à  préparer  que 
les  Crosnes  dont  ils  rappellent  l'aspect  extérieur  tout  en  étant 
beaucoup  moins  aqueux.  On  ne  les  pèle  pas,  mais  on  se  contente 
de  les  laver  avec  soin  et  de  les  gratter  un  peu  avec  le  tranchant  d'un 
couteau.  Leur  cuisson  ne  dure  qu'une  quinzaine  de  minutes. 

C'est,  en  somme,  un  légume  qui  ne  fait  point  double  emploi 
avec  la  Pomme  de  terre  de  Madagascar,  mais  qui  est  tout  aussi 
précieux  dans  les  pays  tropicaux. 

§  XI.  —  Distribution  géogrraphique  et  noms  indigènes 

Coleus  rotundifolius,  —  Cette  espèce  cultivée  sur  une  aire  très 
vaste,  dans  la  plupart  des  régions  tropicales  de  l'Ancien  Monde, 
manque  complètement  dans  le  Nouveau  Monde. 

En  Afrique  tropicale,  elle  paraît  localisée  à  l'Afrique  occiden- 
tale, au  centre  du  Continent  noir  et  au  Transvaal. 

Au  Soudan  français,  elle  est  localisée  dans  la  zone  guinéenne 
et  dans  la  zone  soudanienne.  Elle  manque  aux  régions  côtières  :  on 
ne  la  trouve  ni  au  Sénégal,  ni  en  Basse-Casamance,  ni  en  Basse- 
Guinée,  ni  à  la  Côte  d'Ivoire,  ni  môme  au  Bas-Dahomey;  par  contre, 


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ESSAI  d'introduction  DES   PLANTES  UTILES.  149 

elle  a  été  rencontrée  au  Lagos.  Sa  limite  occidentale  extrême  est  le 
Pacao  et  le  Fouladou  (Haute-Casamance)  ainsi  que  le  Pouta-Djalon. 

Elle  est  assez  répandue  dans  l'intérieur  du  Congo  français, 
depuis  Brazzaville  jusqu'au  coude  de  TOubangui,  et  on  nous  Ta 
signalée  aussi  dans  le  Congo  belge. 

Dans  le  centre  de  l'Afrique,  elle  est  cultivée  par  les  peuplades 
fétichistes  vivant  sur  les  plateaux  à  la  limite  des  bassins  de  TOu- 
bangui  et  du  Chari.  Dans  ce  dernier  bassin,  elle  pénètre  jusque 
chez  les  Ndoukas,  dans  le  Dar-el-Kouti  et  atteint  sa  limite  nord 
vers  le  9®  parallèle  ;  dans  la  boucle  du  Niger,  au  contraire,  elle 
s'avance  jusqu'au  15*  parallèle. 

L'origine  de  cette  plante,  comme  celle  de  la  plupart  des  plantes 
cultivées,  est  inconnue.  Ses  affinités  très  grandes  avec  les  Coleus 
madagascariensis  et  C.  brazzavillensis  indiqueraient  qu'elles  des- 
cend peut-être  d'une  forme  voisine  de  ces  deux  espèces,  vivant 
comme  elles  dans  les  marais.  Un  Ndi  nous  a  affirmé  qu'on  rencon- 
trait parfois  le  Gouroundou  au  bord  des  ruisseaux  du  pays  banda 
(Haut-Oubangui).  Nous  n'avons  jamais  pu  vérifier  cette  indication. 

En  Afrique  tropicale,  le  nom  indigène  du  Coleus  rotundifolius 
varie  d'une  peuplade  à  l'autre.  Dans  presque  tout  le  Soudan  fran- 
çais, le  tubercule  est  connu  sous  l'appellation  de  Oussou-ni-flng  ou 
Oussou-ni-gué,  mot  à  mot  petite  patate  noire  ou  petite  patate 
blanche,  suivant  qu'il  s'agit  de  la  variété  à  tubercules  noirs  ou  de 
celle  à  tubercules  blancs. 

Dans  le  cercle  de  Ségou  (moyen  Niger),  on  l'appelle  Fa-Birama, 
et  ce  nom  viendrait,  d'après  le  fama  Mademba,  de  ce  que  la  plante 
a  été  apportée  dans  le  pays  par  un  musulman  du  nom  de  Brahim. 

Eîn  Afrique  centrale,  le  Coleus  rotundifolius  est  appelé  Gou- 
roundou par  presque  toutes  les  peuplades  Bandas,  Ndougoui  par 
quelques  Ngaos,  Dazo  rabi  ^  par  quelques  autres  ;  parfois  Kouikiri, 
parfois  Mangouli  chez  les  Mandjias.  Enfin,  les  diverses  peuplades 
de  la  confédération  Ndouka  :  Télés,  Routos,  Ngam'as,  Koungouas, 
le  nomment  Mételé  ou  Matélé, 

Ajoutons  que  l'espèce  est  généralement  connue  des  colons  fran- 
çais, sous  le  nom  de  Pomme  de  terre  de  Madagascar  et  que  dès  1811, 
Poiret  Ta  appelée  Germaine  à  feuilles  rondes,  nom  qui  n'a  pas 
prévalu  dans  la  suite. 

2**  Coleus  Dazo.  —  Nous  ne  connaissons  pas  plus  l'origine  de 
cette  espèce  que  celle  de  la  précédente.  Elle  doit  être  propre  à 
l'Afrique  tropicale,  car  elle  n'a  point  encore  été  signalée  en  d'autre 

1.  Mot  à  mot  :  Dazo  des  musulmans.  Les  marchands  d'esclaves  islamisés 
ont  pénétré  parfois  dans  le  pays  Ngao  et  il  est  possible  qu'ils  aient  apporté 
avec  eux  le  Coleus  (venu  du  Kouti)  et  qu'ils  l'aient  introduit  chez  cette 
peuplade. 


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150  VÉGÉTAUX  UTILES   DE   L'AFRIQUE. 

région.  Nous  avons  mentionné  plus  haut  qu'elle  se  présentait  aux 
environs  de  Brazzaville,  avec  les  allures  d'une  plante  spontanée. 
Ttès  voisine  de  Tespèce  du  Natal,  décrite  par  M.  N.-E.  Brown,  il 
se  peut  que  toutes  les  deux  proviennent  des  savanes  situées  au 
sud  de  la  forêt  équatoriale. 

Le  Coleus  Dazo  existerait  aussi,  d'après  les  renseignements  que 
nous  avons  recueillis,  au  pays  Batéké  (Congo  français)  et  dans  le 
nord  du  Congo  belge. 

En  Afrique  centrale,  il  est  communément  cultivé  chez  la  plu- 
part des  peuplades  depuis  le  4^  jusqu'au  8*  parallèle,  dans  les  terri- 
toires du  Haut-Oubangui  et  du  Haut-Chari.  Il  ne  pénètre  pas 
jusque  dans  les  pays  Saras. 

Bigondé  est  le  nom  que  les  Bas-Congo  de  Brazzaville  donnent 
à  cette  plante.  Partout,  dans  le  Haut-Chari  et  le  Haut-Oubangui, 
elle  est  connue  sous  les  noms  de  Dazo,  Dozo,  Ndazo,  Dayou  ou 
Dazou,  chez  les  peuplades  les  plus  diverses  et  parlant  les  langues 
les  plus  différentes. 

3**  Coleus  langouassiensis.  —  Le  gros  Dazo,  connu  près  de  Port- 
de-Possel  sous  le  nom  de  Dazo  langouassi,  qui  rappelle  que  la  plante 
est  cultivée  surtout  chez  les  Langouassis  vivant  près  des  rives  de 
rOubangui  et  de  son  affluent  le  Kouango,  n'est  cultivée  que  sur 
aire  très  limitée,  depuis  le  coude  de  l'Oubangui  jusqu'au  confluent 
du  Mbomou  et  de  la  Kotto. 

§  xn.  —  Tentatives  pour  répandre  la  culture  des  Coleus 
alimentaires  dans  toutes  les  contrées  tropicales 

Comme  le  prouvent  les  chiffres  des  analyses  rapportées  plus 
haut,  les  Coleus  que  nous  avons  décrits  peuvent  devenir  vérita- 
blement les  Pommes  de  terre  des  régions  tropicales,  il  est  pour  cela 
indispensable  de  les  répandre  partout  et  d'accroître  leurs  dimen- 
sions par  une  culture  intensive. 

La  Mission  Chari-lac  Tchad  s'est  constamment  occupée  d'aider 
à  la  dispersion  de  ces  espèces. 

Pendant  notre  séjour  en  Afrique  centrale,  nous  çivons  expédié 
au  commandant  du  territoire  militaire  du  Tchad  un  lot  important 
de  tubercules  des  diverses  espèces  de  Coleus  cultivées  au  Jardin 
d'essais  de  Port-Sibut,  afin  de  les  acclimater  dans  le  Bas-Chari  et 
aux  environs  du  Tchad. 

Nous  avons  rapporté  en  France  plusieurs  caisses  de  tubercules 
du  Coleus  Dazo  et  des  trois  variétés  du  Coleus  rotundifoliics.  Il  en 
a  été  fait  une  distribution  très  large  aux  établissements  scienti- 
fiques et  coloniaux  suivants  :  Muséum  de  Paris,  Jardin  colonial 
de  Nogent,  École  supérieure  de  pharmacie  de  Paris,  Jardin  de  la 


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ESSAI   D'INTRODUCTION   DES   PLANTES   UTILES.  151 

villa  Thuret  à  Antibes,  Jardin  d'essais  du  Hamma  en  Algérie,  Jar- 
dins botaniques  de  Lyon,  Nancy,  Marseille,  Bordeaux,  Caen,  Jardin 
de  l'Ecole  d'horticulture  de  Versailles,  etc.  Enfin,  nous  en  avons 
envoyé  à  l'étranger  aux  jardins  botaniques  de  Kew,  Berlin  et 
Bruxelles.  De  divers  endroits  nous  avons  appris  que  toutes  les 
plantes  avaient  bien  végété  en  serre,  qu'elles  avaient  été  multipliées 
et  qu'on  pourrait  les  conserver  d'une  année  à  l'autre,  bien  qu'elles 
ne  produisent  dans  ces  conditions  que  très  peu  de  tubercules. 

Enfin,  dans  quelques  semaines,  nous  emporterons  en  Guinée 
française  une  provision  de  Coleus  Dazo  pous  introduire  cette 
espèce  en  Afrique  occidentale  française  où  elle  manque  encore 
totalement. 

Résultats 

Les  recherches  exposées  dans  ce  mémoire  peuvent  se  résumer 
ainsi  : 

Il  existe  dans  la  plupart  des  régions  tropicales  de  l'Ancien 
Monde  un  certain  nombre  d'espèces  de  Labiées  du  genre  Colezcs 
possédant  des  tubercules  riches  en  amidon,  qui  ont  des  propriétés 
alimentaires  très  comparables  à  celles  de  la  pomme  de  terre. 

Dans  les  colonies  françaises  de  l'Ouest  et  du  Centre  africain, 
nous  avons  rencontré  trois  espèces  de  ces  Coleus  vivant  à  l'état 
cultivé,  et  ime  quatrième  espèce  spontanée  aux  environs  de  Braz- 
zaville. Ces  espèces  peuvent  se  grouper  de  la  façon  suivante  : 

Tribu  des  OCINÉES  —  genre  COLEUS 

Section  A.    —   Calice    ayant   une  I     ^  ^        .  ^^  .  ^         ,  •       * 

lèvre  supérieure  formée  de  deux  lo-        P^re  inférieure  du  calice  terml- 

bes  connés  à  la  base,  courts.  Tu-  \  ^^^  ^^  deux  petits  lobes  confluents, 

hercules  ovoïdes  courts,   à  cylindre  ;  ^-  rotundîToiius. 

ligneux  épais  et  à  files  de  vaisseaux  i     ,  ^         .  ^^  . 

distincts,  se  rejoignant  presque  au  /     ^èvre  inférieure  du  calice  termi- 
centre.    Fleurs*  bleues.    Tige    qua-      ^^e  par  deux  arêtes  écartées 

grandulaire.  1  ^'  ^razzavillensis. 

qa^*;^«   p  rouno    aTTo«t    lûa    /     Feullles  entières  ou  subcrénelées. 

deSr^'dênfs    inféSii^ls  T^iUes      ^-^    ^e    faisceaux    surnuméraires 
longuement   lancéolées.    Tubercules   \  ^*^s  la  moelle, 
rhizomateux,    allongés   et   cylindri-   {     _     .„  ...     ^  ^,,   „„K^xlîiA^o 

eues,  cylindre  ligneux  étroit,  moelle      ,  f «""  f«  t"^f«  ^..tf  ^'f^c''?. 


abondante.  Fleurs  jaunes.  Tige  cy- 
lindrique. 


faisceaux    surnuméraires    dans    la 
moelle  du  tubercule. 

C.  langouassiensis. 


Le  Coleus  rotundifolius  ou  Pomme  de  terre  de  Madagascar  est 
la  plus  répandue  de  ces  espèces,  car  elle  existe  sous  des  noms  divers 
à  Java,  à  Ceylan,  dans  les  Indes  orientales,  à  Maurice,  à  Mada- 
gascar et  dans  l'Afrique  tropicale. 


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152  VÉGÉTAUX  UTILES   DE  L'AFRIQUE. 

Comme  cela  est  arrivée  pour  la  plupart  des  plantes  cultivées  à 
aire  étendue,  la  même  plante  a  été  décrite  dans  chaque  région  sous 
un  nom  différent.  En  réalité  :  Germanea  rotundifolia  Poiret  (1811;, 
Plectranthus  tuberosus  Blume  (1824)  non  Rich.,  Plectranthtis  ter- 
nattes  Sims  (1826),  Coleus  salagensis  Gûrke  (1895),  Plectranthus 
Coppini  M.  Cornu  (1900),  forment  une  espèce  unique  que  nous 
nommons,  conformément  aux  lois  de  la  nomenclature,  Coleus  rotun- 
difolius  (Poir.)  A.  Chev.  et  Perrot. 

Cette  espèce  présente  plusieurs  variétés  culturales  qui  ne 
diffèrent  pas  plus  entr«  elles  que  ne  diffèrent  les  unes  des  autres 
les  diverses  variétés  de  notre  pomme  de  terre  cultivée  (Solanum 
tuberosum).  Nous  connaissons  actuellement  quatre  de  ces  variétés 
culturales  ;  la  variété  javanica  qui  peut  être  regardée  comme  le 
type  de  l'espèce,  la  variété  nigra  ou  oussou  ni-fing  des  Bambaras, 
la  variété  alba  ou  ousson  ni  gué  des  Malinkés,  enfin  la  variété 
rubra  que  différentes  publications  récentes  ont  désignée  sous  le  nom 
impropre  de  Plectranthus  ternatus^  mais  qui  n'est  pas  un  Plectran- 
thus et  qui  n'est  pas  absolument  identique  (en  tant  que  variété)  à 
la  plante  décrite  par  Sims,  car  elle  n'a  qu'exceptionnellement  les 
feuilles  verticillées  par  3. 

Le  Coleus  Dazo  A.  Chev.  est,  comme  l'espèce  précédente,  cultivé 
sur  une  grande  échelle  au  Centre  de  l'Afrique.  Il  donne  des  tuber- 
cules qui  constituent  un  légume  bien  différent  de  la  pomme  de 
terre  de  Madagascar  et  est  appelé  à  prendre  dans  l'agriculture 
tropicale  la  place  importante  qui  doit  lui  revenir. 

Enfin,  le  Coleus  langouassiensis,  dont  la  culture  a  été  jusqu'à 
ce  jour  localisée  à  une  région  très  restreinte  de  l'Oubangui  est,  de 
toutes  les  Labiées  cultivées,  celle  qui  donne  les  plus  forts  rende- 
ments en  tubercules.  Après  les  six  mois  de  culture  qu'exige  cette 
plante,  on  obtient  une  récolte  qui  n'est  guère  inférieure  à  celle  que 
fournit  le  Manioc  en  trois  fois  plus  de  temps. 

Comme  plantes  vivrières  de  grande  culture  destinées  à  l'alimen- 
tation  des  indigènes  et  comme  légumes  pour  la  table  des  Européens 
vivant  sous  les  tropiques,  les  Coleus  cultivés  à  tubercules  alimen- 
taires sont  donc  dignes  du  plus  grand  intérêt  et  méritent  d'être 
propagées  dans  toutes  les  colonies  tropicales. 


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Vég^aux  utiles  de  l'Afrique. 


Tome  I.  Pl.  1. 


ff.  Courtet,  dei 


Golens  rotundlfolilis.  Pomme  de  terre  do  Madagascar. 

Inflorescence.  ;2.  Feuille.  ;  8.  Formes  diverie»  de  jeunes  tubercules  provenant  d'un  pied 
de  quatre  mois  de  (flantation. 


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VÉGÉTAUX   UTILES   DE    l'AfRIQUB. 


Tome  I.  Pl.  2. 


(^JSsi^\a  iuù. 


Colens  rotundlfoliuR.  Diverses  variétés. 


A.  Var.  AUm  ;  4,  Tif^e  ;  5,  Feuille.  —  B,  Var.  Migra  ;  1,  Faux-verticille  de  fleurs  ,  2,  Fleur  montrant  les 
étaminea  toud4«a  ;  8,  Calice  fructifère  ;  6,  Ti^e  ;  7,  Feuille.  —  G.  Var.  Babra  {Plectranthvu  ternatiu  mutt. 
anct,  non  tims)  ;  8,  Tige  ;  9.  Feuille. 


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Végétaux  utiles  de  l'Afrique. 


Tome  I.  Pl.  3. 


B.  Courtet  del. 


Golens  rotondifolins.  Insertion  dos  tubercules. 

I,  Végétation  loateiTaina  d'un  pied  de  quatre  mois  de  plantation;  2,  Coup«  transTertale  de  la  tige  ea  A 
8,  Coupe  transveraale  de  la  tige  en  B  ;  4.  Coupe  verticale  d'un  jeune  tubercule. 


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■^I- 


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Végétaux  utilbs  de  l' Afrique. 


Tome  I.  Pl.  4. 


C.H^éfntx    dd. 


GoleuB  brazBaTlllensIs. 


1.  Faux  ▼ertieille  de  fleart  ;  2.  Fleur  isolée  ;  8,  Calice  fructifère  ;  4,  Corolle  coupée  longitudinalement 
pour  montrer  let  étaminei  soudées. 


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Végétaux  utiles  de  l'Afrique. 


TOMK  I.  Pl.  5. 


Goleas  Daso.  —  Ctoleas  langouasslensis. 

1,  lDfloreic«nc«  ;  2,  Corolle  face  latérale  ;  8,  l'ace  laU'rale  du  calice  ;  4.  Face  supérieure  du  calicf  : 
5.  Face  inférieure  du  calice  ;  0,  Lèrre  supérieure  de  la  corolle  ;  7,  Faisceau  d  éiamines,  Cace  latérale  : 
8,  Palsoeau  d'éiamhies.  face  postérieure  :  0,  Gynécée  ;  10,  Dessus  de  l'anthère  aTant  la  déhiscence  : 
11.  Dessus  de  l'aothèrc  après  la  dtShiscenïe  ;  12,  Feuilles  ;  13,  Feuilles  de   Colaos  langouatslensis. 


11 


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Vkgktaox  utiles  de  l'Afrique. 


Tome  I.  Pl.  6. 


^i^r'^^^SSS^aï^T 


Jf,  (*imPtfl,  if  et, 


Coleas  Dazo  do  l'Afrique  centrale.  végtHatioa  souterraiiio. 


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VÉGÉTAUX   UTILES   DE   l'AfRIQUE. 


Tome  L  Pl.  7. 


te         P? 


E.  Perrot,  deL 

Goopes  schématlqaes  de  taberoales  des  divers  Golens. 


I,  ColMia  Daio  :  3,  8,  Goleot  rotandtfoUnt,  var-  alba  et  ntbra  ;  4,  Golens  langonsMiensis  :  s,  liège  sout- 
éptdermiqae  ;  to,  amas  de  tubes  criblés  ;  p,  poils  lecteurs  ;  pg,  poils  caplté»  ;  se  sclérites  ;  m,  moelle  :  fev, 
faisceaux  médillolres. 


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Végétaux  utiles  de  l'Afriqde. 


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Tome  I.  Pl.  8. 


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Amidons  des  divers  Golens 

vQsi  un  grossissement  de  450  diamètres  environ. 

5,'G.  Daso;  1,  2,  4,  Coleus  rotandifolias  et  var^tiés;  3,  G.  langcaeesiensis. 


E.  Perrot,  del. 


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LES  VÉGÉTAUX  UTILES 


DE 


L'AFRIQUE  TROPICALE  FRANÇAISE 


yasolovile    II 


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LES  VÉGÉTAUX  UTILES 


DE 


L'AFRIQUE  TROPICALE  FRANÇAISE 


ÉTUDES  SCIENTIFIQUES  ET  ACRONONifUES 

PtBLIBBS  SOUS  LB  PATRONAGE  DE  MM. 

EDMOND   PERRIER  E.   ROUME 

l«  riisUtit  Aidei  Dirrfteir  àt  l'Asie  ai  Miiistère  àt%  C«teikt 

Directeur  du  Muséum  d^Histoire  Naturelle  Gouverneur  général 

de  Paris  de  TAfrique  occidentale  française 

PAR 

M.  Aug.  CHEVALIER 

SMft-MmUir  àt  LaWrtttire  it$  laïUi-Etidet  an  Miiéui  de  Paris 
Chargé  de  missions  en  Afrique  occidentale. 


VB,mQiQ\xlm    II. 


SOMMAIRE: 

Le  Karité,  l'Argan 

et  quelques  autres  Sapotacées  à  graine 3  grasses  de  l'Afrique, 

par  Em.  PERROT. 


PARIS 

A.   Challamel,   Éditeur,  17,   Rue    Jacob 

1907 


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INTRODUCTION. 


Ce  deuxième  fascicule  de  la  publication  intitulée  «  Les  Végé- 
taux utiles  de  L'Afrique  tropicale  française  »  que  dirige  notre 
excellent  ami,  M.  Auguste  Chevalier,  a  ^té  conçu  sur  le  plan 
que  ce  dernier  a  lui-même  exposé  dans  son  Introduction. 

On  pourra  s'étonner  de  constater  un  écart  de  deux  années 
entre  l'apparition  de  ces  deux  fascicules  ;  l'explication  en  est 
aisée.  C'est  que  tout  d'abord  les  missions  successives  dont  est 
chargé  M.  Chevalier  lui  laissent  un  temps  bien  trop  restreint 
pour  lui  permettre  de  mettre  à  jour  ses  notes  et  de  rédiger  ses 
nombreuses  observations. 

En  effet,  de  retour  à  peine  de  son  long  et  pénible  voyage 
d'études  dans  la  région  du  Chari  et  du  Tchad,  la  confiance  du 
Gouverneur  général  de  l'Afrique  occidentale  française  lui  valut 
de  repartir  quelque  temps  après  pour  la  Guinée  et  diverses 
colonies  étrangères  de  l'ouest  africain. 

Rentré  en  France,  en  mars  1906,  il  la  quitta  de  nouveau  au 
mois  de  novembre  dernier  pour  la  Côte  d'Ivoire  où  il  étudie 
actuellement  la  flore  scientifique  et  économique  encore  si  mal 
connue  de  la  grande  forêt  tropicale. 

Hâtons-nous  de  dire  toutefois  que,  doué  de  l'activité  prodi- 
gieuse que  l'on  sait,  M.  Aug.  Chevalier  a  réuni  tous  les  élé- 
ments d'une  étude  sur  le  Cacao,  portant  particulièrement  sur  la 
culture  à  San-Thomé. 

Des  nouvelles  récentes  nous  permettent  de  penser  que  cette 
étude  nous  sera  communiquée  bientôt  afin  d'être  immédiatement 
publiée  par  nos  soins. 

D'autre  part,  M.  Chevalier  a  bien  voulu  accepter  notre  col- 
laboration pour  ce  service  de  publication,  et  celle  que  nous 
présentons  aujourd'hui  se  rapporte  à  des  plantes  appartenant 
à  une  famille  végétale  des  plus  importantes  au  point  de  vue 
économique:  celle  des  Sapotacées,  dont  quelques  espèces  four- 


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—  4  — 

nissent  la  GuUa,  la  Balata  et  des  corps  gras  connus  sous  les 
noms  de  Beurre  ou  Graisse  d^Illipé^de  Mohivrayde  Karité^  etc. 

L'une  d'entre  elles,  la  Graisse  de  Karité,  joue  un  rôle  pri- 
mordial dans  Talimentation  d*un  très  grand  nombre  de  peu- 
plades de  la  région  soudanienne,  de  la  Gambie  au  Nil;  la  place 
occupée  à  l'Exposition  de  Marseille  par  les  produits  du  Karité 
témoignait  de  l'intérêt  qui  s'attache  à  la  connaissance  appro- 
fondie de  tout  ce  qui  se  rapporte  à  ce  végétal. 

Nous  avons  réuni  tous  les  documents  publiés  sur  cette  ques- 
tion, nous  en  avons  extrait  avec  le  plus  grand  soin  ce  qui  nous 
a  paru  utile,  en  ajoutant  nos  observations  scientifiques  person- 
nelles et  les  renseignements  botaniques  inédits  de  M.  Chevalier. 
C'est  ainsi  que  fut  établie  cette  Monographie  à  laquelle  nous 
avons  ajouté  l'étude  aussi  complète  que  possible  de  VArganier^ 
cet  arbre  si  curieux  par  sa  localisation  géographique  au  Maroc, 
et  qui  fournit  dans  sa  région  de  croissance,  où  ne  saurait  végéter 
l'Olivier,  une  huile  comestible  très  estimée. 

Cette  question  de  l'Argan  n'est  évidemment  point  sans  inté- 
rêt pour  la  France,  à  cette  époque  où  notre  pénétration  écono- 
mique se  fait  au  Maroc,  vers  le  sud  par  la  Mauritanie,  et  à  l'est 
par  l'Algérie.  L'Arganier  ne  saurait-il  donc  étendre  son  aire 
de  dispersion  et  rendre  quelques  services  à  ces  contrées  dont  la 
mise  en  valeur  parait  plutôt  difficile  ? 

Enfiû,  par  une  série  d'études  incomplètes,  nous  avons  montré 
combien  nombreuses  étaient  les  graines  grasses  africaines  de  la 
famille  des  Sapotacées,  surtout  dans  la  zone  équatoriale  ;  plu- 
sieurs fois  elles  sont  apparues  sur  nos  marchés  et  nul  ne  saurait 
dire  si  l'une  d'entre  elles  ne  recevra  pas  quelque  jour  d'ap- 
plication directe  dans  notre  industrie. 

Nous  ajouterons  en  terminant  que  la  série  de  ces  études  mo- 
nographiques ne  sera  point  interrompue  et  qu'il  apparaîtra 
successivement,  après  le  Cacao  de  Chevalier,  celles  qui  se 
rapportent  aux  Palmiers  à  Huile,  aux  Colatiers,  etc. 

Em.  Perrot, 

Docteur  es -sciences, 
Professeur  à  TEcole  supérieure  de  Pharmacie 
de  Pans. 

Paris,  le  l*--  Mars  1907. 


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LES  VEGETAUX  DTILES 


DE 


L'AFRIQUE  TROPICALE  FRANÇAISE 


PREMIERE  PARTIE. 


Généralités  sur  les  Sapotacées. 


Le  Karité,  dont  Tétutle  approfondie  fait  le  principal  objet  de 
ce  fascicule,  est  un  arbre  de  la  famille  des  Sapotacées,  Tune 
des  plus  intéressantes  du  règne  végétal  en  n'envisageant  que 
les  produits  qu'elle  est  susceptible  de  fournir  à  Talimentation  et 
surtout  à  l'industrie. 

Divers  arbres  de  cette  famille  appartenant  aux  genres  Pala-- 
quiunij'Payena  (et  particulièrement  le  P.  Gutta  (Hook.)  Burck., 
renferment  une  émulsion  lactescente  de  laquelle  on  extrait  cette 
substance  de  toute  première  nécessité  dans  les  industries  de 
TélectricUé  et  que  rien  n'a  pu  remplacer  jusqu'alors  :  la  Gutta- 
percha. 

On  a  retiré  également  d[un  arbre  voisin  le  Mimusops 
Schimperi,  une  autre  substance  très  connue,  ayant  des  appli- 
cations industrielles  différentes  :  la  Balata.  Il  y  a  lieu  de  croire 
que  le  latex  de  plusieurs  espèces  de  cette  famille  présente  des 
caractères  laissant  pressentir  des  utilisations  nombreuses  et 
variées. 


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En  outre,  beaucoup  de  fruits  de  Sapotacées  sont  comestibles 
et  réputés  dans  leurs  pays  d'origine,  mais  ce  qui  nous  intéresse 
au  premier  chef  dans  cette  étude,  c'est  la  teneur  en  corps  gras 
des  graines  de  beaucoup  de  ces  végétaux  dont  un  tout  petit 
nombre  a  été  vraiment  étudié  jusqu'alors  et  encore  bien  super- 
ficiellement, comme  on  le  verra  dans  la  suite. 

Rappelons  rapidement  tout  d'abord  les  caractères  botaniques 
des  plantes  de  cette  famille. 

Les  Sapotacées,  qui  croissent  dans  les  régions  tropicales  et 
subtropicales  des  deux  continents,  sont  des  végétaux  ligneux 
qui  se  distinguent  de  suite  de  ceux  qui  appartiennent  aux 
familles  voisines  {Ebénacées^  Symplocacées^  Styracacées)  par  la 
présence  dans  leurs  tissus,  de  vaisseaux  remplis  d'une  émulsion 
laiteuse  (laticifères  articulés),  abondants  particulièrement  dans 
l'écorce  et  la  moelle  de  leurs  tiges. 

Ce  sont  la  plupart  du  temps  des  arbres,  à  feUilles  isolées 
simples,  penninerviées,  avec  des  fleurs  régulières  dans  les- 
quelles le  calice  et  la  corolle  sont  souvent  dédoublés,  le  premier, 
persistant  après  la  floraison.  Les  pétales  sont  également  assez 
souvent  pourvus  d'appendices.  Les  étamines,  sur  deux  ou  3  ran- 
gées, sont  parfois  réduites  et  stériles  dans  le  verticille  externe, 
et  les  anthères  s'ouvrent  en  dehors.  L'ovaire  est  pluriloculaire 
avec  un  ovule  dressé  par  loge. 

Le  fruit  est  d'ordinaire  une  baie  avec  de  peu  nombreuses 
graines,  réduites  souvent  à  l'unité  et  à  tégument  dur. 

Cette  enveloppe  externe  delà  graine  provient,  croyons-nous, 
de  la  zone  interne  du  péricarpe  qui  est  très  scléreux.  Le  té- 
gument réel  de  la  graine  est  au  contraire  réduit  à  une  mince 
membrane  papy  racée. 

L'albumen  entoure  l'embryon  et  il  est  huileux  ;  notons  toute- 
fois qu'il  peut  manquer. 

Engler,  le  savant  monographe  de  cette  famille,  dont  bon 
nombre  d'espèces  nouvelles  furent  également  décrites  par 
Pierre  (1),  le  regretté  botaniste  français  mort  récemment,  range 
toutes  les  plantes  de  la  famille  en  deux  sections  (2)  : 

(1)  Pierre.  —  Notes  botaniques,  Sapotacées.  Klincksieck,  Paris,  1890. 

(2)  Engler  et  Prantl.  —  Di*?  iiaturlicheii  Pflanzeuf.,  IV- s.,  p.  13i  et   Naclitràge 
xumlMV  T.,  p.  271. 


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—  7  — 

I.  PALAQUIÉES,  se  subdivisant  en  :  1'  lUipinéas 
9y ec  les  genres  Palaquium,  Illipe^Isonandra,  Payena^ 
etc.  ;  2^  Sideroxylinéas  avec  les  Argania,  Side- 
roxyloUy  Lucuma^  Bumelia,  etc.  ;  3*  Gluysophil* 
linéas  avec  les  Chrysophyllum,  Cryptogyne^  etc.  ; 
4<'  Aohradotypinéas. 

II.  MIMUSOPÉES     avec    les     genres    Mimusops     et 
Northea. 

Les  Sapotacées  sont  ainsi  réunies  en  une  quarantaine  de 
genres  et  comprennent  plus  de  400  espèces. 

^potBcéts  k  graines  renfermant  une  matière  grasse  utilisée 
ou  signalée  sur  les  marchés. 

La  plus  utilisée^  en  Europe,  des  graines  grasses  de  cette 
famille  est  le  Moh^rrah  ou  Mahvcrrah  (1)  {Illipe  latifolia 
(Roxb.)  Engler  =  Bassia  latifolia  Roxb.  !=  B.  villosa  Wall.), 
dont  riiuile  sert  en  savonnerie  ;  vient  ensuite  V Illipe  Malabro^ 
rum  Kônig  [Bassia  longifolia  L.)  dont  la  matière  grasse  con- 
crète est  connue  sous  le  nom  de  Beurre  cTIllipé* 

Tous  deux  sont  indigènes  dans  la  région  indo-malaise. 

De  V Illipe  butyracea  (Roxb.)  Engler,  on  retire  de  même  un 
beurre  végétale,  alimentaire  dans  son  pays  d'origine. 

Les  graines  de  VAchras  Sapota  L.  ont  été  également  signalées 
comme  pouvant  fournir  une  matière  grasse  industrielle;  de 
même  Pierre  a'décrit  les  gvdXïiesAe  Mimusops  Djave  (deLanes- 
san)  Engler  et  Mimusops  obovata  (Pierre)  Engler,  connues  au 
Gabon  sous  les  noms  de  Ndjave  et  Moabi.  Enfin,  Heim  a 
parlé  récemment  de  deux  autres  graines  appartenant  sans  doute 
au  genre  Sideroxylon  [Pachystela  Pierre),  section  Bakerisidc" 
roxylon  Engler  (2)  utilisées  de  même  au  Gabon. 

Le  nombre  de  ces  semences  utilisables  sera  certainement 
augmenté  au  fur  et  à  mesure  que  l'inventaire  économique  de 

(1)  Voir  pour  l'élade  de  la  graisse  et  du  Tourteau.,  Colun  et  Perrot.  Les  rési- 
dus indu8iriehfP»ns,  i90i,  i  vol.  in-So,  2fô  pp.  avec  93  fig.  dans  le  texte. 

(2)  Nachtrâge,  IV  i  ^nat.  Pflanienf.),  p.  tHS. 


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—  8  — 

nos  (Solôtiies  s'établira  ;  ajoutons  toutefois  un  moâ  cohcernant 
TArgan,  cette  huile  du  Maroc  très  localisée  géographique- 
ment,  dont  l'exportation  est  interdite  et  qui  sur  place  est  l'objet 
d'un  trafic  considérable.  L'huile  d'Argan  serait  au  premier  rang 
des  huiles  comestibles,  et  remplacerait  au  Maroc,  l'huile  d'olive 
dans  la  consommation  journalière. 

En  résumé,  les  plantes  connues  fournissant  des  corps  gras 
plus  ou  moins  intéressants  et  appartenant  à  la  famille  des  Sapo- 
tacées,  sont  : 

Illipe  [Bassia]  latifolia  :  Mohivrah,  Indo-Malaisie. 

Illipe  (Bassia)  malabrorum  :  lUipé,  — 

Illipe  {Bassia)  butyracea  :  Ghé  ou  Ghee,  Fulva,  Indo- 
^falaisie. 

Butyrospermum  {Bassia)  Parkii  :  Karité,  Afrique  (zone 
soudanienne). 

Argania  Sideroxylon:  Argan,  Maroc. 

Mimusops  Djave  [Tieghemella  africanà):  Ndjave,  Ou- 
réré,  Gabon. 

Tiegh.  Jollyana  [Baillonella  loxisperma)  :  ^NoumgoUy 
Gabon.  Cette  espèce  est  sans  doute  identique  à  la  précédente. 

Mimusops  (Baillonella)  obovata  :  Moabi,  Gabon. 

Tieghemella  ?  Heckelii  :  Makerou,  Côte-d'Ivoire. 

Mimusops  sp  !  Gabon. 

Diploknema  sebifera  P.  :  Minjag-tangkawang,  Bornéo. 

De  toutes  ces  espèces,  l'une  des  plus  importantes,  au  moins 
pour  l'avenir,  est  le  Karité  qui  fournit  une  matière  grasse 
alimentaire,  concrète  à  la  température  des  régions  tropicales  et 
qui  fait  l'objet  d'un  commerce  local  très  actif. 

Le  chiffre  d'exportation  en  Europe,  à  peine  sensible  il  y  a  quel- 
ques années  s'élève  rapidement  et  il  y  a  lieu  de  croire  à  un  trafic 
sérieux  d'ici  peu. 

Cet  arbre  étant  très  répandu  dans  toute  la  zone  soudanienne 
de  nos  possessions  de  l'ouest  et  du  centre  de  l'Afrique,  nous 
avons  cru  devoir  entreprendre  l'étude  monographique  qui  va 
suivre,  dans  laquelle  on  trouvera  l'ensemble  de  nos  connais- 
sances, tant  au  point  de  vue  scientifique  qu'au  point  de  vue  pure- 
ment économique. 


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—  9  — 

Nous  la  ferons  suivre  d'un  essai  sur  TArgan  et  les  autres 
graines  grasses  africaines  de  la  même  faraih  3  encore  à  peine 
connues. 

Ajoutons  que  le  produit  coagulé  du  latex  du  Karité  et  d'une 
ou  deux  autres  espèces  a  été  signalé  comme  susceptible  de  de- 
venir un  succédané  de  la  véritable  gutta  ;  nous  v^jrrons  par  la 
suite  ce  qu'il  faut  en  penser. 


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DEUXIEME  PARTIE. 


Le  Karité  {Butyrospermum  Par  kit  Kotschy). 


CHAPITRE  PREMIER 


Historique. 


NOMS  INDIGÈNES  :  Se  ou  Ce  chez  les  Malinkés,  les  Bambaras  ;  Kadé  ou 
Kadena  chez  les  Haolissas;  Tasso  dans  l'Amadoua;  Karé  ou  Karité  chez 
les  Sarracojës,  Wolofs  et  Toucouleurs  ;  Karradié  (Foulbés)  ;  Blankaidié 
(Sonraîs)  ;  Lontingné  (Senoufos)  ;  Oa(Tousans)  ;  I6ré  (Bobofiag)  ;  Baroona 
(Banda)  ;  Kedempo  (chez  les  KraUchi  au  Togo)  ;  Krankou  (Acbantîs), 
Ooumbon  (Kong),  etc.,  Shea,  Shee,  Sheabntter  (chez  les  Allemands  et 
les  Anglais). 

Au  fur  et  à  mesure  que  se  fait  chaque  jour  plus  aisée  la  pé- 
nétration du  continent  noir,  par  Tamélioration  des  voies  navi- 
gables et  par  la  construction  méthodique  de  routes  et  de  che- 
mins de  fer,  des  questions  économiques  nouvelles  surgissent 
dont  la  solution  intéresse  au  plus  haut  degré  nos  colonies 
africaines. 

Parmi  les  matières  premières  d'origine  végétale  qui  nous  sont 
signalées  dépuis  longtemps  comme  susceptibles  d*un  certain 
développement  commercial  en  Europe,  il  faut  citer  la  Graisse 
de  Kaxlté  (1),  ce  corps  gras  végétal  concret  est  extrait  des 

(1)  Nous  avons  souvent  supprimé  à  dessein  la  dénomination  de  Beurre  employée 
fréquemment  pour  désigner  les  corps  gras  concrets  d'origine  végétale,  des  débats 
encore  récents  à  la  Chambre  des  députés  nous  ayant  montré  qu'elle  pouvait  amener 
des  confusions  regrettables,  qui  tendaient  à  les  faire  frapper  d*08tracisme  en  France, 
sous  le  prétezte  exagéré  que  ces  produits  étaient  susceptibles  de  devenir  des  succé- 
danés du  beurre  ou  de  la  margarine. 


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—  12  — 

semences  de  Tarbre  du  même  nom,  plante  de  la  famille  des 
Sapotacées,  dénommée  d'abord  Vitellaria  paradoxa  par 
Gaertner  qui  n*eut  à  sa  disposition  que  des  graines,  puis  Bassin 
Parkii  par  G.  Don  et  classée  plus  tard  par  Kotschy  dans  le 
'genre  nouveau  Butyrospermum, 

Les  récentes  Expositions  ont  attiré  tout  particulièrement 
l'attention  des  industriels  sur  ce  produit  et  Textension  de  son 
utilisation  nous  semble  très  proche.  Notre  colonie  du  Dahomey 
et  la  région  de  Hte-Gambie  et  du  Niger  sont  le  plus  intéressées 
à  la  Tulgarisation  de  ce  produit,  dont  nous  allons  établir  une 
monographie  aussi  complète  que  possible. 

La  première  mention  que  nous  ayons  pu  retrouver  concernant 
la^ matière  grasse  alimentaire  du  Karité,  se  trouve  dans  Léon 
l'Africain,  mais  il  faut  s'adresser,  pour  trouver  une  véritable 
description,  au  Père  Labat  (1),  qui,  dans  sa  relation  du  voyage 
du  sieur  Brue,  s'exprime  ainsi  : 

Les  marchands  marabous  donnèrent  au  sieur  Brue  entre 
autres  choses  «  plusieurs  calebasses  remplies  d'une  certaine 
graisse  un  peu  moins  blanche  que  le  suif  de  mouton  et  à  peu 
près  de  la  même  consistance.  Ils  l'appellent  Bataula  dans  le 
pays.  Les  nègres  du  bas  de  la  Rivière  le  nomment  Bambouc 
Toulou  c'est-à-dire.  Beurre  de  Bambouc,  parce  qu'il  leur  en 
vient  de  cette  province.  Ce  Bambouc  Toulon  est  excellent  ;  on 
prétend  cependant  que  celui  qui  vient  de  la  province  Guiaoza 
à  320  lieues  à  l'est  de  Galam  et  sur  le  Niger  est  encore  meilleur. 

c<  L'arbre  qui  porte  le  fruit  dont  on  tire  cette  graisse  est 
assez  grand,  ses  feuilles  sont  petites,  rudeset  en  quantité  ;  quand 
on  les  froisse  dans  les  mains,  elles  rendent  une  liqueur  onc- 
tueuse (2);  le  tronc  de  l'arbre  incisé  en  rend  aussi  mais  en  petite 
quantité  ;  je  n'en  sçaurais  dire  davantage,  parce  que  ces  mara- 
bous sont  plus  curieux  d'apporter  le  beurre  que  de  faire  4a  des- 
cription de  l'arbre  qui  le  produit. 

«  Le  fruit  est  rond,  de  la  grosseur  d'une  noix  verte  entière.  11 
est  couvert  d'une  pellicule  grise  assez  mince,  sèche,  cassante, 
peu  adhérente  à  la  chair  qui  le  couvre.  Lorsqu'on  Ten  a  dé- 
pouillé, on  trouve  une  chair  blanche  tirant  tant  soit  peu  sur  le 

(1)  J.-B.  f^\BiT.  —  Nouvelle  relation  de  l'Afrique  occi  lenUle.  Paris,  17*28,  \\i ,  345. 

(2)  Evidemment  le  latex,  dont  nous  parlerons  plus  tard. 


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—  là  — 

rouge,  aussi  ferme  que  celle  d'un  marron  d'Inde,  onctueux  et 
d'une  odeur  de  vert  aromatique,  qui  renferme  un  noyau  de  la 
grosseur  d'une  noix  muscade  dont  la  coque  est  fort  dure  et 
pleine  d'une  substance  blanche  et  d'un  goût  de  noisette.  Les 
nègres  rompent  ce  noyau  sous  la  dent  et  en  trouvent  l'amande 
excellente. 

«  Quant  à  la  chair  qui  est  entre  le  noyau  et  l'écorce,  après 
qu'elle  est  concassée  ou  pilée  grossièrement,  on  la  met  dans  de 
l'eau  chaude  et  on  recueille  la  graisse  qui  vient  au-dessus. 

«  Les  nègres  se  servent  de  cette  graisse  comme  nous  nous 
servons  du  beurre  ou  du  saindoux  en  France,  ils  la  mettent  dans 
leurs  pois  et  souvent  la  mangent  toute  seule.  Les  blancs,  qui  en 
ont  mangé  sur  du  pain  ou  qui  en  ont  fait  des  sausses,  n'y  trou- 
Tent  de  différence  avec  le  saindoux  qu'une  légère  pointe  de  vert 
qui  n'est  point  désagréable  et  à  laquelle  on  est  bientôt  accou- 
tumé. Il  est  même  très  probable  que  l'usage  de  cette  graisse 
serait  fort  sain. 

«  Mais  on  l'employé  plus  ordinairement  et  avec  un  succès 
merveilleux  plus  prompt  et  plus  sûr  encore  que  l'huile  de  Palme 
à  la  guérison  des  rhumatismes,  des  douleurs  froides,  des  débi- 
lités ou  engourdissements  de  nerfs  et  autres  maux  de  cette 
nature. 

«  Il  suffit  d'en  frotter  les  parties  affligées  devant  le  feu  afin 
de  faire  pénétrer  la  graisse  aussi  avant  qu'il  est  possible  et  puis 
la  couvrir  d'un  papier  brouillard  avec  un  linge  doux  et  bien 
chaud  par  dessus.  Les  chirurgiens  français  se  sont  avisez  d'y 
mêler  de  l'esprit  de  vin  ou  de  l'eau-de-vie.  Les  nègres  préten- 
dent qu'il  vaut  mieux  boire  l'eau-de-vie,  que  de  l'employer  à  cet 
usage.  Ceux  qui  auront  besoin  de  ce  remède  et  qui  s'en  vou- 
dront servir  pourront  éprouver  laquelle  des  deux  manières  est 
la  meilleure  ». 

L'arbre  qui  produit  cette  graisse  de  Karité  fat  rencontré  pour 
la  première  fois  par  le  célèbre  voyageur  Munoo  Pabk,  le  28 
juillet  1796  à  Kabba,  entre  Segou  et  Sansanding,  dant  le  Haut 
Sénégal,  ou  il  est  encore  commun  de  nos  jours.  Il  vit  les  indi- 
gènes occupés  (1)  «  à  la  récolte  des  fruits  de  l'arbre  «  Shea  » 

(1)  Munoo  Park.  —  Travels  in  the  intenor  dittriett  of  Africa,  Bulmar,  London, 
1799,  202. 


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—  14  — 

avec  lequel  ils  préparent  le  beurre  véfjfétal  mentionné.  Les 
arbres  poussent  en  grande  abondance  dans  toute  cette  partie 
du  Bambara.  Ils  ne  sont  pas  plantés  par  les  indigènes,  mais 
croissent  naturellement  dans  les  bois  et  dans  les  terres  défri- 
chées pour  la  culture  où  tous  les  arbres  sont  coupés  sauf  le 
Shea. 

«  L'arbre  lui-même  ressemble  beaucoup  au  chêne  américain 
et  le  fruit  dont  le  beurre  est  préparé  par  ébullition  de  Tamande 
préalablement  séchée  au  soleil  qui  a  quelquefois  l'apparence 
d'une  olive  d'Espagne. 

m  L'amande  est  enveloppée  dans  une  pulpe  douceâtre  sous 
une  écorce  verte  et  mince  ;  le  beurre  a  l'avantage  de  se  con- 
server toute  l'année  sans  sel;  il  est  blanchâtre,  ferme  et,  à  mon 
goût,  d'une  saveur  exquise,  plus  exquise,  que  les  meilleurs 
beurres  que  j'aie  jamais  goûté  de  lait  de  vache. 

«  La  préparation  de  ces  produits  semble  être  un  des  premiers 
objets  de  l'industrie  de  cette  peuplade  et  des  états  avoisinants 
et  il  constitue  un  important  acticle  du  commerce  intérieur  ». 

D'après  ses  caractères,  Mungo  Park  rapporte  l'arbre  à  la 
famille  des  Sapotilliers. 

Plus  tard  Barth  (1)  rencontra  également  le  Karité  pendant 
une  grande  partie  de  ses  explorations.  Abondant  chez  les 
Haoussas,  il  dit  dans  la  partie  de  son  voyage  vers  l'Amadoua 
(p.  174): 

«  Le  tasso,  dont  nous  sucions  la  pulpe  comme  rafraîchisse- 
ment, est  le  fruit  de  l'arbre  à  beurre  [Bassia  Parkii)^  nommé 
Kadena  dans  le  Haoussa  ;  il  consiste  presque  exclusivement 
en  une  grosse  amande  de  la  grosseur  et  de  la  nuance  d'une 
châtaigne  ;  la  verte  enveloppe  en  est  garnie  d'une  très  .  mince 
couche  de  pulpe  jaunâtre,  dont  le  goût  est  des  plus  savoureux. 
Les  Marghi  en  tirent  en  grande  quantité  un  beurre  végétal 
dont  ils  se  servent  comme  assaisonnement  de  leurs  mets  et  même 
comme  médicament.  Ce  fut  là  que  je  revis  pour  la  première  fois 
cet  arbre  qui  avait  disparu  depuis  le  Haoussaoua  )>. 

Un  peu  plus  loin  il  rencontra  encore  le  Kadena  près  de  la 
chaîne  des  Wandara  ou  Mandara;  dans  le  district  de  Kofa,  les 

(1)  H.  Barth.  ~  Voyages  et  découvertes  danfif  T Afrique  septentrionale  et  centrale 
(1849-1865).  EdiUon  française,  1860,  t.  Il-III. 


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—  16  — 

naturels  font  également  beaucoup  de  beurre  végétal.  Il  se  fait 
rare  à  Textréme  frontière  de  TÂmadoua,  et  Bartu  pense  que 
Tarbre  à  beurre  ne  doit  pas  descendre  au-dessous  du  9*  degré 
vers  le  sud.  Le  Baghirmi  et  le  Bornou  oriental  en  sont  dé- 
pourvus. 

En  revanôhe,  vers  le  nord-ouest,  il  est  abondant  chez  les 
Foulbés  (Foulahs),  les  Gandos,  de  même  dans  le  royaume  de 
Macina  jusque  chez  les  Sonraf  (t.  III,  p.  243). 

Il  faut  arriver  maintenant  à  J.  Schweinfurth  pour  conti- 
nuer notre  enquête,  non  que  la  littérature  scientifique  soit 
muette  sur  le  Karité,  mais  il  s'agit  d'études  spéciales  faites  en 
Europe  sur  le  beurre  de  Karité,  et  nous  en  reparlerons  au  cha- 
pitre spécialement  réservé  à  cette  matière. 

Au  pays  des  Diours  (Haut-Nil),  Schweinfurth  (1)  établis- 
sant des  comparaisons  entre  les  essences  forestières  de  ce  dis- 
trict et  celles  de  notre  pays  dit  : 

«  A  première  vue  quelques-uns  des  arbres  de  cette  région 
ressemblent  beaucoup  à  nos  chênes,  comme  le  Terminalia^  le 
Bassia  ou  Butyrospermum.  Le  fruit  de  ce  dernier  consiste  en 
une  sorte  de  noix  globuleuse  ayant  un  peu  Taspectd'un  marron 
d'Inde,  mais  de  la  grosseur  d'un  abricot  de  belle  taille  et  en- 
veloppé d'un  brou  charnu  de  couleur  verte. 

Cette  enveloppe  qu'on  laisse  blettir,  ainsi  que  nous  faisons 
des  nèfles  et  qui  devient  mangeable,  est  considérée  comme  l'un 
des  fruits  principaux  du  pays. 

On  extrait  de  l'amande  du  Bassia  une  huile  qui,  sous  le  nom 
de  Beurre  de  Qalam,  joue  un  certain  rôle  dans  le  com- 
merce de  la  Gambie.  Sa  saveur  en  est  désagréable  ;  sa  pro- 
priété la  plus  précieuse  est  de  prendre  la  consistance  du  suif  à 
la  température  de  25^.  L'arbre  en  lui-même  est  très  beau,  son 
éoorce  rugueuse,  tendu  régulièrement  de  façon  à  présenter  des 
polygones  y  ajoute  à  sa  ressemblance  avec  le  chêne  ». 

ScHWEiifFURTH  a  rcncoutré  abondamment  cette  essence  dans 
le  pays  des  Dinkas,  des  Bongos,  des  Niams-Niams. 

En  1876,  CoRRE  (2)  déclare  que  le  Karité  ne  se  rencontre  pas 

(i)  SGHwmcFURT.  —  Ao  coeur  de  TAirique  (1868-1871).  Traduct.-Loretu.  Pari9, 
1875^1,216. 

(3)  GoRRB.  —  Eiqnisse  de  U  flore  et  de  la  faono  du  Rio-Nnnex.  —  Arch,  de  mé- 
dêiim  navàiê,  187d,  XXVI,  Vt. 


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—  16  — 

au  Rio-Nunez,  mais  se  montre  seulement  à  plus  de  vingt  jour- 
nées de  marche  au  delà  du  territoire  du  cercle  en  plein  Faùta. 

«  Il  pourrait  bien  se  faire,  ajoute-t-il^  qu'il  fut  aussi  ittoins 
commun  qu'on  ne  le  pense  généralement,  car  ce  pays  re(}oit  oe 
beurre  du  Fouta.  11  règne  d'ailleurs,  au  sujet  du  Beurre  de 
Galam,  une  erreur  singulière  et  depuis  longtemps  trop  accré- 
ditée par  les  livres  les  plus  classiques. 

«  Or,  des  renseignements  très  sérieux  et  très  dignes  de  foi 
m'ont  appris  que  l'on  devait  distinguer  dans  le  beurre  dit  de 
Qalam  et  de  toute  la  Sénégambie  : 

«  1**  Un  beurre  végétal^  désignés  par  les  Wolofs,  sous  le 
nom  de  BLarlté,  comme  tous  les  autres  beurres  végétaux.  Ce 
beurre  n'est  pas  préparé  en  grande  quantité  et  n'est  qu'excep- 
tionnellement l'objet  d'un  commerce  assez  limité  ;  il  vient  du 
Fouta,  sous  forme  de  pains  recouverts  de  feuilles. 

«  2"*  Un  beurre  animal^  préparé  dans  le  pays  de  Galam  mais 
surtout  importé  dans  ce  pays:  en  outre,  par  les  Maures,  en 
pots  de  terre,  par  les  Foulahs.  Ce  beurre  est  l'objet  d'un  com- 
merce assez  considérable,  non  seulement  dans  la  Sénéganibie  où 
les  Wolofs  le  connaissent  sous  le  nom  de  diou,  mais  encore  au 
Rio-Nunez,  où  les  caravanes  du  Fouta  l'apportent  dans  des  vases 
d'argile  cuite,  d'une  contenance  de  plusieurs  livres.  On  l'obtieut 
par  baratage  du  lait  de  vache,  puis  on  le  fait  fondre  sans,  y 
ajouter  aucun  ingrédient.  Ce  beurre  a  la  consistance,  l'aspect 
grenu,  fin,  l'onctuosité,  le  goût  délicat  de  notre  graisse  d'oie, 
une  couleui*  \ùï  peu  jaunâtre,  l'odeur  butyracée  fraîche;  il  rancit 
très  difficilement  et  peut  se  conserver  longtemps  dans  des  bou- 
teilles bien  bouchés,  sans  perdre  aucune  de  ses  qualités. 

a  L'unique  graine  du  Karité  que  j'ai  pu  me  procurer  présen- 
tait les  caractères  suivants  :  volume  d'un  œuf  de  pigeon,  forme 
subglobuleuse  ;  épiderme  dur  et  corné,  d'un  brun-sienne  assez 
foncé,  brillant  et  lisse;  sur  la  face  qui  correspondait  au  trophos- 
perme,  moins  convexe  que  le  reste  de  la  graine,  large  cicatrice 
ovale  d'un  brun  mat  foncé,  légèrement  rugueuse,  offrant  à  sa 
partie  supérieure  les  restes  du  trousseau  fibro-vascidaire  d'at- 
tache: au-dessus,  de  ce  dernier,  l'épisperme  forme  un  petit 
apicule  latéralement  dirigé. 

«  Le  beurre  est  retiré  de  l'amande  par  expression». 


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—  17  — 

Hauchkk  (1),  pharmacien  de  la  marine  en  1883,  ])ut)lie  une 
êtw^e  très  sérieuse  sur  ce  produit  de  Tarbre  à  beurre  «  qui  est 
attribué  par  les  uns  au  Lucuma  paradoxa  et  par  d'autres  au 
Bassia  Parkii^  du  nom  du  célèbre  explorateur  Mungo  Park 
qui,  le  premier,  atteignit  la  vallée  du  Niger  vers  la  fin  du  siècle 
dernier. 

«  Le  Karité  est  un  arbre  de  taille  moyenne  offrant  peu  d'abri. 
Il  est  assez  semblable,  par  le  port  et  Taspect,  au  chêne  d'Amé- 
rique. 

Après  avoir  rappelé  que  dans  le  Haut  Dahomey  le  climat  est 
à  peu  près  celui  du  Soudan  av(îc  deux  saisons  et  non  quatre  : 
saison  sèche  de  novembre  à  mai,  hivernage  juin-octobre, 
M.  François  (2) s'exprime  ainsi:  «  Les  arbres  «  Karité»  qui 
poussent  à  l'état  sauvage  dans  la  brousse  atteignent  quelque- 
fois 10  mètres  de  hauteur  et  donnent  beaucoup  d'ombre.  A  la 
saison  sèche,  ils  perdent  leurs  feuilles.  En  février-mars,  ils  se 
couvrent  de  fleurs  blanches  odorantes.  Au  milieu  de  juin,  les 
fruits  sont  mûrs.  La  pulpe^  qui  est  d'une  saveur  douce^  est 
comestible:  de  l'amande  ovoïde  et  brunâtre,  on  tire  une  graisse 
dite  «  Beurre  de  Karité  »  (3)  qui  est  employée  dans  la  cuisine  par 
les  noirs,  sert  aussi  à  l'éclairage  et  entre  avec  de  la  potasse 
dans  la  fabrication  du  savon  indigène.» 

Au  Togo  allemand,  il  se  fait  également  un  commerce  impor- 
tant de  Karité,  ce  qui  indique  que  cet  arbre  y  est  très  abondant. 

Chkvalier  (4)  a  rencontré  les  Sés  très  nombreux  au  cours 
de  son  voyage  d'exploration  à  travers  l'Afrique  occidentale.  A 
son  deuxième  voyage, il  envoya  même  des  graines  à  Martret, 
au  jardin  de  Fort^Sibut^  qui  à  cette  époque  était  en  voie  de 
formation.  Les  graines  y  germèrent  très  bien,  bien  que  cette 
latitude  soit  à  la  limite  extrême  de  croissance  spontanée  de  cet 
arbre,  car  en  Afrique  centrale,  il  ne  s'étend  guère  au-delà  du  7** 

(1)  Bauchir.  —  Etude  sur  le  Beurre  de  Karité.  —  Arch,  )nédecine  navale,  1883, 
XL,  372-378. 

(S)  G.  François.  —  Notre  colonie  du  Dahomey.  1  vol.  in-8<>,  Paris  1906,  Laroze^ 
édit.,  p.  68-59. 

(3)  VuiLLBT.  —  Notes  relatives  au  Beurre  de  Karité,  Ag,  prat,  deêpayê  chaudSj 
1902,  II,  n*  9,  357-364. 

(4)  A.  Chevalier.  -  Végétaux  utiles  de  l'Afrique  tropicale  française.  Paris  1906, 
1,  fasc.  1,  p.  61. 

2 


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-  18  - 

parallèle  et  ne  se  'rencontre  réellement  qu'à  partir  do  Fort- 
Crampel. 

Dybowski  a  également  signalé  la  présence  du  Karité  dans  le 
Haut  Congo. 

Dans  son  livre  actuellement  sous  presse  sur  la  mission  dans 
le  Cliari,  le  D*"  Chevalier  parle  également  du  Karité  ;  nous  lui 
empruntons  ce  qui  suit  ])Our  terminer  cet  historique  déjà 
long  : 

«  Le  Buiyrospermiiin  du  Haut  Chari  est  ordinairement  dé- 
pourvu de  feuilles  en  novembre  et  décembre.  En  janvier,  il 
épanouit  ses  gros  bouquets  de  fleurs  blanches  très  parfumées 
fort  visitées  par  les  abeilles  ;  en  même  temps  il  développe  ses 
feuilles  par  petites  touffes  à  l'extrémité  des  rameaux.  Elles  sont 
d'abord  rosées  et  prennent  une  teinte  verte  et  luisante  beaucoup 
plus  tard. 

«Les  fruits  mûrissent  du  15  mai  au  15  juillet.  On  les  trouve  en 
grande  quantité  sous  les  arbres  après  chaque  tornade.  Le  sol 
en  est  parfois  tout  jonché  et  l'on  a  l'illusion  d'être  dans  un 
verger  couvert  de  pommes  à  l'automne,  en  Normandie,  lors- 
qu'après  un  coup  de  vent,  les  fruits  se  sont  détachés  en  grand 
nombre.  Du  reste,  les  Karités,  Tamariniers  et  Ficus  dans  les 
champs  cultivés  entourant  les  villages  Saras  ne  sont  pas  sans 
analogie  avec  les  champs  de  poiriers  et  de  pommiers  autour  de 
nos  fermes  du  bocage  normand.  Ces  pommes  de  Karité,  écor- 
chées  en  tombant,  répandent  sous  les  arbres  une  bonne  odeur 
de  fruits  mûrs  lorsque  le  soleil  a  desséché  la  pluie  consécutive 
à  la  tornade.  C'est  alors  que  les  femmes  et  les  enfants  viennent 
faire  la  récolte.  Ils  recueillent  les  fruits  tombés  dans  de  grands 
paniers  tressés  en  fibres  de  palmiers  et  les  rapportent  au  village 
où  on  les  étale  au  soleil  sur  des  claies.  Ceux  qui  sont  mûrs  à 
point  et  très  beaux  sont  bientôt  triés  par  les  enfants  et  leur 
mince  mésocarpe  sucré  et  onctueux  comme  la  chair  du  fruit  de 
l'Avocatier  constitue  pour  eux  un  régal.  Cette  pulpe  d'un  jaune 
clair  est  réellement  agréable  et  pour  ma  part  je  trouve  que  les 
pommes  de  Karité  constituent  le  plus  exquis  fruit  de  table  de 
la  brousse  africaine,  à  l'exception,  toutefois,  du  fruit  d'une 
autre  Sapotacéc,  le  Synsepalum  dulcificiim^  le  plus  délicieux 
dessert  de  la  forêt  congolaise. 


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—  10  ~ 

«  IjOs  autres  fruits  de  Karité  sont  débarrassés  de  leur  pulpe 
par  des  lavages  à  grande  eau.  D'autres  fois  on  les  enterre  et  la 
pulpe  se  décompose  ou  est  mangée  par  les  larves  d'insectes. 
La  noix  de  Karité  est  alors  à  nu.  Sa  forme,  sa  couleur  et  sa 
taille  rappellent  le  marron  d'Inde. 

«  Pour  extraire  la  graisse,  on  enlève  la  coque  etPamande  blan- 
châtre, formée  d'un  gros  albumen  riche  en  matière  grasse,  est 
ensuite  pilée  dans  un  mortier  à  couscous.  Cette  pulpe  est  immé- 
diatement mélangée  avec  de  l'eau  dans  une  marmite  en  terre, 
puis  on  soumet  cette  mixture  à  l'ébullition.  La  matière  grasse 
entre  en  fusion  et  vient  surnager  à  la  surface  de  l'eau  ;  on  la 
retire  en  décantant  et  on  la  laisse  figer  en  pains.  Pour  obtenir 
du  beurre  très  pur,  il  suffit  de  faire  fondre  la  masse  une  seconde 
fois  et  quand  elle  est  à  l'état  liquide  on  laisse  tomber  dans  le 
récipient  quelques  gouttes  d'eau  froide  qui  fusent  en  entraînant 
toutes  les  impuretés  et  surtout  en  faisant  disparaître  le  goût  de 
rance  et  l'odeur  spéciale  que  garde  toujours  le  beurre  de  Karité 
vendu  sur  les  marchés  soudanais. 

«  Ainsi  traité,  le  beurre  de  Karité  peut  servir  à  la  place  du 
beurre  ordinaire  ou  du  saindoux  pour  la  préparation  des  ali- 
ments européens. 

«  J'en  ai  fait  usage  pendant  de  nombreuses  semaines  au  cours 
de  mon  premier  voyage  dans  la  boucle  du  Niger  et  l'ai  trouvé 
excellent. 

«  L'arbre  à  beurre  d'Afrique  {Butyrospermum  Parkii)^  le 
Karité  des  Sénégalais,  est  une  des  essences  les  plus  caractéris- 
tiques de  la  partie  du  bassin  du  Chari  comprise  entre  le  7*  et  le 
lO*  parallèle,  mais  c'est  surtout  entre  le  8®  et  9®  degré  1/2  qu'il 
abonde.  Au  Soudan  nigérien,  on  le  trouve  en  grande  quantité 
du  11**  au  12*  parallèle;  l'aire  de  cette  espèce  fait  donc  au  Soudan 
une  bande  qui  s'incurve  de  2  degrés  vers  l'équateur  du  centre 
de  l'Afrique.  Ce  Butyrospermum  identique  à  la  plante  de  la 
Guinée  et  du  Soudan  français,  forme  une  espèce  à  part  recon- 
nue d'abord  par  L.  Pierre,  l'auteur  de  la  Flore  forestière  de 
Cochinchine  et  nommée  dans  ses  notes  manuscrites  Butyros^ 
permum  mangifolium  pour  le  distinguer  du  B,  Parkii^  l'es- 
pèce commune  au  Dahomey,  au  Togo,  et  chez  les  Achantis.  Dès 
1876,  PoTAGOS  avait  signalé  la  présence  de  cet  arbre  dans  le 


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-  20  - 

pays  des  Kreich,  sur  la  limite  des  bassins  du  Chari  et  du  Nil. 
En  septembre  1892,  la  mission  C.  Maistre  le  rencontrait  sur 
les  bords  du  Gribingui. 

«  Les  Bandas  et  les  Mandjas  font  peu  usage  du  beurre  de 
Karité  et  paraissent  lui  préférer  là  graisse  de  termites. 

«  Au  contraire,  chez  les  peuples  des  fédérations  Ndoulea  et 
Sara,  cette  matière  grasse  est  d'un  usage  constant  pour  la  cui- 
sine et  surtout  pour  la  toilette. 

«  Tous  ces  peuples  mangeraient  leurs  pâtés  de  mil  ou  leurs 
légumes,  simplement  bouillis  dans  Teau,  plutôt  que  d'y  mettre 
du  beurre  de  Karité,  s'ils  n'ont  que  la  stricte  quantité  leur 
permettant  de  s'oindre  le  corps  et  surtout  la  chevelure. 

«  L'odeur  nauséeuse  que  les  Européens  trouvent  aux  nègres 
est  due  en  grande  partie  aux  graisses  et  huiles  rances  dont  ils 
s'enduisent  constamment  et  cela  ne  se  pratique  pas  seulement 
au  centre  de  l'Afrique,  mais  chez  tous  les  peuples  africains  chez 
lesquels  j'ai  vécu.  Même  à  Dakar  et  à  Saint-Louis,  plus  d'une 
dame  métis  et  plus  d'une  belle  demi-mondaine  sénégalaise, 
qu'elle  soit  Wolofe  ou  Peule,  a  conservé  l'habitude  de  s'enduire 
le  corps  avec  la  graisse  de  Karité  et  c'est  sans  doute  la  raison 
pour  laquelle  les  paniers  de  cette  denrée  enveloppés  de  feuilles 
d'arbres  pénètrent  si  loin  des  lieux  de  production.  C'est  un 
produit  pour  la  toilette  des  femmes  et  même  des  hommes,  au 
même  titre  que  les  pommades  parfumées. 

«  Même  dans  sa  zone  de  prédilection,  le  Karité  n^existe  pas 
partout.  Il  manque  complètement  dans  les  grandes  plaines  argi- 
leuses où  abondent  certaines  Combrétacées,  il  n'existe  pas  le 
long  des  rivières  ni  dans  les  terrains  marécageux,  il  est  rare 
aussi  qu'on  le  rencontre  au  haut  des  plateaux  ferrugineux  ou  sur 
les  massifs  granitiques. 

«  Il  est  ordinairement  abondant  à  leur  base  dans  les  terrains 
sablonneux  détritiques  ou  sur  les  pentes  rocailleuses.  Il  recher- 
che aussi  les  terres  profondes,  riches  en  humus  et  prend  un 
développement  magnifique  dans  les  terrains  cultivés  avoisinant 
chaque  village.» 

Le  capitaine  A.  E.  S.  (1)  dit  que  le  Karité  est  abondant  à 

(i)Cap.  Â.  E.  S.  —  Notes  sur  la  Haute  Côte  dlvoire,  Bull,  Soc,  géog,  commet' 
ciale,  1906,  XXVITI,  306. 


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—  21  - 

l*est  et  qu'on  le  soigne  à  la  façon  de  nos  arbres  fruitiers  sur 
la  rive  gauche  du  Bandama.  Les  fruits  sont  beaucoup  plus  volu- 
mineux dans  le  sud  que  dans  le  nord  au  voisinage  du  Soudan. 

«  11  croît  spontanément  dans  les  terrains  argilo-siliceux, 
schisteux-ferrugineux,  rocailleux  et  crevassés  qu'on  rencontre  le 
plus  souvent  dans  les  plaines  du  Haut-Sénégal  lorsqu'on  fait 
route  vers  le  Niger. 

«  D'une  manière  générale,  on  peut  dire  qu'il  existe  dans 
toute  la  vallée  supérieure  du  Niger,  c'est-à-dire  dans  tous  les 
pays  situés  à  l'est  de  nos  anciennes  possessions  sénégalaises 
avant  notre  pénétration  dans  le  Soudan. 

«  Il  est  surtout  commun  chez  les  Bambaras  et  notamment 
dans  le  Bélédougou  où  il  joue  un  rôle  très  important  dans  l'ali- 
mentation, la  médication  de  ces  peuplades  du  Haut-Fleuve. 

a  On  le  signale  également  dans  le  Bonré  et  dans  l'est  du 
Fouta  Djallon  où  il  est  plus  connu  sous  le  nom  de  Karé  que 
sous  celui  de  Karité. 

«  Il  est  tout  à  fait  inconnu  sur  la  côte  et  dans  nos  comptoirs 
du  sud  et  même  sur  tout  le  parcours  du  Sénégal  compris  entre 
Médine  et  St- Louis. 

«  Il  faut  remonter  jusqu'à  Boccaria,  petit  poste  situé  entre 
Médine  et  Bafoulabé  pour  en  rencontrer  quelques  pieds  peu 
vigoureux  et  par  petits  groupes.  11  devient  de  plus  en  plus 
répandu  à  mesure  qu'on  s'avance  vers  Kita  et  très  abondant  à 
Bammakou... 

«  Des  renseignements  puisés  à  de  bonnes  sources  nous  per- 
mettent également  d'allirmer  qu'il  est  très  commun  à  Ségou  et  à 
Tombouctou  (1). 

«  Comme  on  h;  voit,  cet  arbre  ])ousse  sur  une  étendue  de 
terrain  considérable  ;  et,  comme  sa  culture  n'exige  aucun  soin, 
on  peut  faire  les  supputations  les  plus  favorables  sur  son 
avenir,  » 

C'est  également  l'avis  du  commandant  Gallieni  (2)  et  de 
divers  autres  explorateurs. 

«  Le  Karité,  continue  Baucher,  se  reconnaît  de  loin,  à  son 

(1)  On  verra  que  ceUe  affirmation  est  exa^er^c  et  i|ue  Taire  de  dispersion  géogra- 
phique de  cet  arbre  ne  s'élève  pas  autant  vers  le  nord. 

(2)  Voir  plus  loin  p.  80. 


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—  22  — 

tronc  jaunâtre  boursoufllé  parcouru  de  sillons  assez  profonds.  Le 
système  cortical,  qui  est  très  développé  et  de  consistance  rela- 
tivement molle,  donne  par  incision,  un  suc  laiteux  assez  abon- 
dant. Les  rameaux,  en  général  courts,  bosselés  et  souvent 
terminés  en  massue,  portent  sur  toute  leur  longueur  des  cica- 
trices provenant  de  la  chute  des  premières  feuilles.  Ces  rameaux 
sont  d'un  brun-noirâtre  extérieurement,  tandis  qu'ils  apparais- 
sent teints  de  rose  ou  même  de  rouge  sur  une  coupe  transver- 
sale et  notamment  dans  la  zone  corticale. 

«  Les  feuilles  sont  groupées  à  l'extrémité  de  ces  courts 
rameaux.  Elles  sont  longuement  pédonculées,  peu  adhérentes, 
oblongues  et  légèrement  ondulées  sur  les  bords  ;  elles  ressem- 
blent assez  aux  feuilles  de  noyers.  Les  fleurs  sont  également 
terminales  et  situées  dans  le  voisinage  des  feuilles  ;  elles  appa- 
raissent en  mars.  Les  fruits  souvent  au  nombre  de  6  ou  8  par 
rameaux  sur  les  plants  vigoureux  et  en  plein  rapport;  ils  arrivent 
à  complète  maturité  en  juillet  et  août. 

«  Ces  fruits,  de  la  grosseur  d'une  de  nos  grosses  prunes  de 
France,  sont  des  sortes  de  drupes  à  épicarpe  d'un  vert-noiràtre 
à  maturité.  Le  sarcocarpe  est  charnu,  verdétre,  comestible  et 
recherché  des  indigènes.  Il  est  assez  difficile  d'en  comparer  le 
goût  à  celui  de  Tun  de  nos  fruits  de  France  ;  cependant,  à  ce 
point  de  vue,  il  se  rapprocherait  assez  du  prunier  sauvage. 

«  Après  avoir  dépouillé  le  fruit  de  cette  partie  charnue  dont 
l'épaisseur  ne  dépasse  pas  1  cm.,  on  voit  apparaître  une  coque  à 
pellicule  mince  mais  résistante,  luisante,  d'un  jaune  brunâtre  et 
ressemblant  assez  pour  les  dimensions,  la  forme  et  la  couleur  a 
un  marron  de  moyenne  grosseur. 

«  Cette  coque  n'est  pas  uniformément  luisante  sur  toute  sa 
surface.  Elle  présente,  en  effet,  une  partie  chagrinée  surmontée 
à  lune  de  ses  extrémités  d'ime  sorte  de  revêtement  ligneux  qui 
a  pu  faire  émettre  un  instant  l'opinion  que  ce  beurre  n'était 
peut-être  qu'un  exsudât  de  la  graine.  Le  poids  de  cette  coque  et 
de  la  semence  qu'elle  renferme  est  d'environ  5  grammes. 

«  En  brisant  cette  coque  indéhiscente,  on  met  à  nu  la  semence 
oléagineuse  de  laquelle  se  retire  exclusivement  le  beurre  végé- 
tal. Cette  semence  est  blanche,  de  consistance  ferme  et  légère- 
ment cireuse. 


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—  23  — 

«  On  ne  fait  pas  de  récolte  de  ce  fruit  à  proprement  parler  ; 
awis  chaque  matin,  les  femmes  et  les  enfants  vont  ramasser  les 
fruits  tombés  pendant  la  nuit  et  à  la  suite  des  tornades  assez 
fréquentes  aux  mois  de  juillet  et  d'août,  époque  à  laquelle  ils 
entrent  en  pleine  maturité.  » 

Quelques  années  plus  tard,  Heckel,  dont  tous  les  efforts 
scientifiques  se  sont  toujours  portés  vers  Tétude.  des  matières 
premières  originaires  de  nos  colonies,  reprenait,  en  collaboration 
avec  ScHLAGDENHAUFFEN,  Tétude  du  Karité  et  signalait  l'un  des 
premiers  que  le  latex  de  cet  arbre  était  susceptible  de  fournir  une 
sorte  de  gutta  douée  de  propriétés  des  plus  intéressantes  pour 
certaines  catégories  d'industries  (l). 

Après  une  nouvelle  note  en  1888  (2),  IIeckel  reprend  la 
question  et  publie,  sur  l'arbre  à  Karité  et  sur  la  graisse  qu'on  en 
retire,  un  travail  d'ensemble  assez  étendu  (3)  sur  lequel  nous 
aurons  à  revenir  fréquemment  dans  la  suite. 

Le  même  auteur  a  donné  aussi  une  étude  anatomique  que 
nous  compléterons  sur  certains  points  tout  en  rectifiant  quelques 
détails  ou  interprétations  histologiques  que  nos  matériaux 
d'essai  nous  ont  permis  d'établir. 

A  partir  de  cette  époque,  les  Revues  coloniales  françaises  et 
étrangères  se  sont  fréquemment  occupées  du  Karité  et  les  faits 
intéressants  seront  repris  dans  cette  monographie  au  moment 
utile. 

Qu'il  nous  soit  permis,  toutefois,  pour  terminer  cet  historique, 
de  reprendre  encore  quelques  observations  faites  par  les  divers 
explorateurs  africains. 

A  ce  j)oint  de  vue,  nous  citerons  tout  d'abord  le  D*"  Rançon 
qui  en  1891-1892  explora  la  Haute-(}ambie,  et  nous  a  laissé  un 
livre  des  plus  intéressants  sur  les  productions  naturelles  de 
celte  région.  Si  cet  auteur  a  parfois  recueilli  avec  un  peu  trop 
de  confiance  les  dires  des  indigènes,  il  n'en  est  pas  moins  vrai 
que  son  ouvrage  est  de  toute  nécessité  à  tous  ceux  qui  s'inté- 

(1)  Heckel  et  Schlaodenhauffen.  Sur  la  guUa  de  B.  Parkii.  C.  R.,  1885.  C.,1238 
et  C.  /.,  1069. 

Id.  Une  nouvelle  source  de  guUa  percha.  La  Nature,  1885, 1|,  325,  370,  405. 

(2)  Heckel.  1888,  C.  R.  1625. 

(3)  Heckel.  Sur  l'arbre  africain  qui  donne  le  Beurre  de  Galam  ou  de  Karité  et  sur 
son  produit.  Rev,  cuU,  col.  1897,  1, 193,  229. 


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—  24  - 

ressent  a  l'histoire  économique  de  cette  région.  C'est  ainsi  que, 
à  propos  du  Karité,  il  a  délimité  ses  régions  de  croissance,  et 
donné  de  nombreux  détails  sur  sa  biologie. 

«  Le  Karité  (1),  dit-il,  est  un  bel  arbre  de  la  famille  des 
Sapotacées.  C'est  le  Butyrospermum  Parkii  Don.  Il  est  très 
facile  à  reconnaître  dans  la  brousse  à  ses  feuilles  d'un  vert 
sombre,  poussant  en  touifes  verticillées  à  l'extrémité  des 
rameaux  et  à  ses  fruits  qui  sont  connus  et  fort  appréciés  non 
seulement  des  indigènes  mais  encore  des  Européens  qui  vivent 
au  Soudan.  Sa  pulpe  est  très  savoureuse  et  sa  graine  sert  à 
confectionner  un  beurre  végétal  apprécié. 

(c  II  existe,  au  Soudan,  deux  variétés  de  Karité  :  le  Mana 
et  le  Shee.  Cette  dernière,  de  beaucoup  la  plus  commune,  a 
l'écorce  noirâtre  et  profondément  fendillée.  Son  bois  est  d'un 
rouge  vif  à  la  périphérie  et  le  cœur  d'un  rouge  tendre  veiné  de 
blanc  et  de  jaune.  Son  feuillage  est  relativement  abondant*  Ses 
fleurs  sont  blanches,  portées  à  l'extrémité  d'un  long  pédoncule 
et  les  étamines  sont  très  nombreuses.  Le  fruit  est  une  drupe 
dont  la  pulpe  est  savoureuse.  La  graine  est  ovale  et  renferme 
une  amande  riche  en  matières  grasses.  La  floraison  a  lieu  du 
milieu  de  janvier  à  la  fin  de  février  et  les  fruits  sont  mûrs  dans 
les  premiers  jours  de  juin  ou  juillet,  selon  les  régions.  Ils  tom- 
bent quand  ils  sont  arrivés  à  maturité  complète  et  sous  les 
arbres  le  sol  est  jonché  de  graines.  Ces  graines  rancissent  très 
vite  et  pour  les  faire  germer,  il  faut  avoir  le  soin  de  les 
recueillir  sur  le  végétal  lui-même  et  de  les  mettre  immédiate- 
ment en  terre. 

«  L'écorce  du  Mana  est  au  contraire  blanc  grisâtre,  le  bois 
moins  rouge  se  rapprochant  plutôt  du  jaune.  Son  fruit  a  bien 
la  même  forme  que  celui  du  Shee,  mais  la  graine,  au  lieu  d'être 
ovale,  est  ronde  ;  enfin  a  caractère  distinctif  capital,  à  l'incision 
il  ne  laisse  dégoutter  aucun  suc  en  quelque  saison  et  quelque 
circonstance  que  ce  soit  (2).  » 

(1)  A.  Rançon.  Dans  la  Haute>Oambie.  Ann,  InsL  coL  Marseille.  1  vol.  in-^*, 
Paris  1891,  pp.  245  et  suivantes. 

(2)  n  n'est  pas  douteux  qae  le  D^  Rançon  a  commis  ici  une  grosse  erreur  botani- 
que ;  il  s'agit  du  Mené  ou  Lophira  alata,  plante  dont  le  port  ressemble  assez  au 
Karité,  pour  que  les  indigènes  l'appellent  le  faux  Karité,  nom  sous  lequel  il  est  aussi 
connu  en  Guinée. 


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—  25  - 

Nous  trouvons  au  sujet  du  Mana,  dans  les  notes  de  Cheva- 
lier, les  renseignements  suivants,  qui  confirment  entièrement 
notre  manière  de  voir  : 

«  7  février  1899,  Niana  (entre  Kouroussa  et  Siguiri).  On 
rencontre  toujours  beaucoup  de  Karités  ou  Ses.  Ils  sont  actuelle- 
ment en  fleurs,  qui  sont  très  odorantes  et  visitées  par  de  nom- 
breuses aboilles  (1)  ou  bien  ils  commencent  à  fleurir  et  sont 
toujours  dépourvus  de  feuilles  à  cette  saison, 

«  Quelques-uns  sans  fleurs  commencent  à  montrer  à  Textré- 
mité  des  rameaux  des  petites  rosettes  terminales 'de  jeunes 
feuilles  d'un  rouge-vert  tendre.  Ces  Karités  sont  d'ordinaire 
mêlés  aux  Manas  (Lophira  alata)  actuellement  feuilles  et 
portant  des  fruits  dont  la  maturité  est  avancée.  » 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  reviendrons  souvent  dans  d'autres 
chapitres  sur  les  renseignements  du  D*"  Rançon,  concernant 
l'utilisation  des  produits  du  Karité  (pulpe,  graisse,  matière 
guttoïde)  et  aussi  la  biologie  de  la  plante. 

Dans  sa  relation  du  voyage  du  Niger  au  Golfe  de  Guinée, 
BiNGEH  (2)  parle  à  son  tour  du  Karité  ou  Ce  et  comme  il  a 
eu  l'occasion  de  voir  lui-même  préparer  cette  graisse  avec  les 
fruits  il  donne  les  détails  ci-dessous  : 

«  L'écorce  verte  étant  enlevée  et  la  châtaigne  bien  séchée, 
soit  à  la  fumée,  soit  simplement  cuite  à  l'eau,  est  décortiquée, 
lavée  à  plusieurs  eaux  et  exposée  au  soleil. 

t<  L'amande  est  ensuite  grillée  et  réduite  en  granules  de  la 
grosseur  d'un  pois  cassé,  qui  sont  mis  de  suite  sur  le  feu,  dans 
des  pots  en  terre.  On  remue  jusqu'à  ce  que  ces  granules  soient 
fondus  et  présentent  la  consistance  d'une  pâte  :  cette  prépara- 
tion d'un  beau  brun  dégage  une  très  bonne  odeur  rappelant  le 
chocolat.  Cette  pâte  est  ensuite  broyée  entre  deux  pierres  afin 
d'écraser  les  grumeaux  qui  pourraient  rester  ;  puis  elle  est 
bouillie  dans  de  l'eau. 

«  On  écume  la  graisse  qui  nage  à  la  surface  et  on  la  triture 
avec  les  mains  une  fois  refroidie,  puis  elle  est  recuite  sans  eau 

(1)  A  ce  propos,  Chevalier  ajoute  que  le  miel  d'abeiUes  ayant  butiné  sur  les  Ses 
en  fleurs,  est  de  qualité  supérieure,  car  aussitôt  après  la  floraison,  le  miel  cesse  d'être 
d'un  parfum  agréable. 

(S)  BiNGER.  Du  Niger  au  golfe  de  Guinée.  Paris  18(H,  Hachette,  éd.,  p.  48. 


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—  26  — 

pour  Tépurer  ;  quand  elle  est  bien  liquide,  on  la  verse  dans  des 
calebasses  de  grosseur  variable,  suivant  le  poids  du  pain  que 
Ton  veut  obtenir,  en  ayant  soin  de  laisser  au  fond  du  chaudron 
les  corps  étrangers. 

a  La  graisse  refroidie  est  d'un  blanc  un  peu  verdàtre,  de  la 
consistance  de  la  cire,  on  Temballe  dans  de  grandes  feuilles 
d'arbre  et  le  pain  est  ficelé  à  Taide  de  fibres  d  ecorqp  d'arbre. 

«  Son  goût  est  nauséabond  quand  on  s'en  sert  pour  la  cuisine 
sans  l'épurer.  Pour  s'en  servir  utilement,  il  suflit  de  jeter  un 
peu  d'eau  dans  la  graisse  bouillante  pour  faire  disparaître  tout 
mauvais  goût. 

«  Cette  graisse  est  souveraine  pour  les  douleurs  rhumatis- 
males et  les  courbatures,  on  s'en  frictionne  les  parties  malades 
après  l'avoir  fait  légèrement  chauffer.  Après  de  grosses  fatigues 
les  noirs  ne  manquent  jamais  de  l'employer  et  je  me  suis  tou- 
jours bien  trouvé  de  les  imiter  à  ce  sujet.  » 

Au  Dahomey,  d'après  Liotahd,  l'arbre  atteint  parfois  les 
proportions  gigantesques  des  gros  chênes  de  France.  Il  se  fait 
de  son  beurre,  un  grand  commerce  avec  la  Nigeria  anglaise. 


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CHAPITRE  II. 


Etude  botanique  du  Karité. 


lÊorphologie  externe  et  interne.  Diagnose. 

C'est  Gœrtner  (1)  qui  le  premier  publia  uue  description  du 
fruit  de  Karité,  mais  il  n'eut  entre  les  mains  que  cet  organe  et 
il  désigna  sans  autres  documents  la  plante  productrice  sous  le 
nom  de  Vitellaria  paradoxa  que  Pierre  (2)  et  Bâillon  (3)  ont 
admis  tous  deux. 

Robert  Brown  avait,  sans  description,  proposé  celui  de 
Micadaiila  ;  G.  Don  (4)  rangea  Tespèce  découverte  par  Mungo 
Park  dans  le  genre  Bassia  et  Tappela  Bassia  Parkii.  Enfin  en 
1864,  KoTscHY  (5)  fit  de  la  plante  de  Don,  le  seul  type  connu 
d'un  genre  nouveau  pour  lequel  il  composa  le  nom  de  Butyro^ 
spermum,  qui  rappelait  la  principale  utilisation  de  la  graine. 

C'est  ainsi  que  le  Karité  reçoit  aujourd'hui  généralement  dans 
les  ouvrages  scientifiques  la  désinence  botanique  de  Butyro- 
spermum  Parkii  (G.  Don)  Kostchy  (6). 

Engler  a  adopté  cette  manière  de  voir  dans  «  die  natûrl. 
Pflanzenfamilien  IV-I,  138  »,  et  dans  sa  monographie  plus 
récente  des  Sapotacées  africaines  (7). 

{\)  G.  F.  Gœrtner.  Supplementum  Garpologiae.  Lipsiensis,  1805,  III,  Vitellaria 
paradoxa,  p.  131  et  PI.  205. 

(2)  PiERRB  in  BuU.  Soc.  linn.  Parié,  578. 
(S)  Bâillon,  Hist.  des  Plantes,  XI,  288. 

(4)  G.  Don  io  K.  DC.  Prodromus  VIII.  199  et  Oliv.  in  Trans,  Linn.  Soc.  XXIX, 
104,  t.  73. 

(5)  BtUyroêptrmum  in  SiU.  K.  Akad.  iciês,  Wien  1854, 1,  2. 

(6)  KoTSGHY  et  Peyritch.  pi.  Linneanae  20,  t.  8  6. 

(7)  A.  Engler.  Monog.  afrik.  Pllanzenfam.  und.  Gattungen.  —   Sapolaceœi9^i, 
VIII,  28-24. 


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—  28  — 

Une  seule  espèce  est  vraiment  connue,  et  nous  nous  range- 
rons à  Topinion  du  Musée  de  Berlin  en  ce  qui  concerne  la  déno- 
mination scientifique. 

KoTSCiiY  avait  fait  de  la  plante  que  Ton  rencontre  dans  le 
bassin  du  Nil  une  espèce  particulière,  que  Pierre  ramena  au 
rang  de  variété  [Butyrospermum  Parkii^  var.  niloticum 
(Kotschy)  Pierre). 

Nous  avons  prié,  avant  son  départ  pour  un  quatrième  séjour 
en  Afrique  occidentale  et  centrale,  notre  ami  le  D*"  Chevalier 
de  revoir  à  son  tour  les  nombreux  échantillons  recueillis  par  lui, 
afin  d'établir  les  principales  variations  de  IVspèce.  Nous  allons 
donc  donner  ici  la  diagnose  du  genre  établie  par  Kotschy  et 
la  description  du  type  et  de  ses  variétés  d'après  Chevalier,  qui 
a  eu  en  mains,  outre  ses  documents  personnels,  les  nombreuses 
notes  manuscrites  de  J.-B.  L.  Pierre,  le  savant  monographe 
des  Sapotacées,  mort  en  1905,  au  moment  où  il  mettait  la  main 
à  un  ouvrage  d'ensemble  sur  les  plantes  de  cette  famille. 

Diagnose  du  Genre  BUTTROSPEBMUM  Kotschy  (Benlh.  et  Hook  f. 
Gen.  PI.,  II,  p.  661). 

Calice  campanule,  avec  un  tube  court  ;  segments  en  2  rangées  distinctes,  habi- 
tuellement 8,  quelquefois  10.  Corolle  campanulée,  aussi  longue  que  le  calice,  avec  le 
même  nombre  de  segments,  qui  sont  entiers,  oblongs  et  très  imbriqués.  Etamines 
insérées  en  face  des  segments  de  la  corolle  à  leur  base  ;  filaments  subulés,  glabres; 
anthères  lancéolées-oblongues  ;  staminodes,  une  enti*e  chaque  filament,  grande, 
oblongue,  pétalo'ide,  fimbriée.  Ovaire  globuleux,  soyeux,  8-10  cavités  ;  style  long, 
subulé.  Baie  ellipsoïde,  avec  un  péricarpe  mince,  ferme  ;  semence  habituellement 
solitaire  par  avortement,  exalbuminée,  avec  des  cotylédons  amygdaloîdes  très  épais 
et  une  radicule  courte.  Arbres  dressés,  avec  un  suc  laiteux  abondant,  feuilles 
entières,  coriaces,  pétiolées,  stipulées,  habituellement  réunies  à  Textrémité  de 
ramuscules  et  fleurs  en  ombelles  denses,  partant  de  rcxtrômité  des  ramuscules,  avec 
les  feuilles. 

Endémique,  comprend  une  espèce  certaine  et  une  douteuse.  Feuilles  longues  de  6 
à  9  pouces,  avec  des  veines  saillantes.  1.  B.  Parhii  :  Feuilles  longues  de  2  à  3  pouces, 
avec  des  veines  grêles.  2.  3.?  Kirkii  f 

BUTYROSPERMUM  PARKll  (G.    Don)  Kotschy. 

Synonymes  :  Vilellaria  paradoxa.  GaeKn.  —  Bassia  Parkii  G.  Don.  — 
Mimusops  capiiala  Bak.  —  Mimusopn  pachyvlada  Bak. 


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Km.  Perrot. 


Lk  Karitk,  etc.,  1907. 


Pic  1.  —  Rameau  tUuri  d#  Karité.  —  Bulyroêpermum  Parkii 
?ar.  mangifolium  A.  Chev.  (Fleurs,  fruit  et  graine). 


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-  31  - 

Description  de  l'espèce,  —  Arbre  d'une  hauteur  do  12'"  à  20"', 
à  tronc  atteignant  un  diamètre  de  O^GO  à  l'"20. 

Branches  épaisses,  courtes,  formant  par  leur  ensemble  une 
couronne  rameuse  rappelant  celle  du  Quercus  pedunculata 
quelquefois  elles  sont  horizontales,  tombes,  peu  ramifiées. 

Ecorce  épaisse,  grisâtre,  rouge  à  Tintérieur,  profondément 
fendillée  et  divisée  en  petits  prismes  quadrangulaires  superposés. 

Bois  très-dur,  aubier  rougeâtre,  duramen  jaunâtre,  moelle 
glanduleuse,  à  la  fin  rougeâtre. 

Deux  sortes  de  rameaux  sur  Tarbre  adulte  ;  les  uns,  stériles 
ou  florifères,  plus  ou  moins  étalés,  sont  courts,  épais,  rendus 
noueux  par  les  cicatrices  foliaires  rapprochées,  transversa- 
lement elliptiques,  ne  portant  des  feuilles  qu'à  leur  extrémité,  ou 
dépourvus  de  feuilles  et  terminés  par  une  inflorescence  (fig.  1). 
Les  autres  plus  vigoureux  sont  des  rameaux  d'élongation  assez 
grêles,  à  cicatrices  foliaires  éloignées,  à  écorce  plus  mince  d'un 
gris  cendré  presque  lisse  ou  faiblement  fendillée  longitudinale- 
ment,  à  aubier  noirâtre  et  à  duramen  et  moelle  jaunâtre. 

Feuilles  alternes  de  10  à  35  centimètres  de  long  portées  sur 
un  pétiole  de  3  cm.  5  à  7  cm.  de  long,  à  insertion  un  peu  épais- 
sie, subquadrangulaire,  caniculée  en  dessus,  parcouru  de  fines 
stries,  brun  tomenteux,  à  la  fin  glabre. 

Limbe  obtus  un  peu  aigu,  à  base  fréquemment  aiguë  ou  un 
peu  inéquilatérale  rarement  arrondie,  entier,  à  peine  ondulé  ; 
les  jeunes  feuilles  sont  presque  membraneuses,  tomenteuses  par 
la  présence  d'un  duvet  brunâtre  dense  plus  pâle  en  dessous  ; 
adultes,  elles  sont  glabres  et  coriaces,  la  nervure  médiane  est 
proéminente,  aiguë  en  dessus,  très-fortement  accusée  en  des- 
sous ;  nervures  secondaires  au  nombre  de  20  à  35,  alternes  ou 
rarement  un  peu  opposées,  bien  moins  fortes  que  la  nervure 
médiane,  en  dessous  elles  sont  saillantes,  sensiblement  trans- 
versales, souvent  indivises  jusqu'au  bord,  où  elles  deviennent 
ascendantes  et  s'anastomosent  entre  elles  pour  constituer  à  la 
marge  un  bord  cartilagineux  épaissi. 

Fleurs  nombreuses,  réunies  en  corymbe  arrondi  inséré  à  l'ex- 
trémité de  gros  rameaux  courts,  elles  sont  pédicellées,  entre- 
mêlées d'écaillés  lancéolées,  acuminées,  brunâtres.  Pédicelle 
long  de  12  à  18""*  plus  ou  moins  roux  tomenteux. 


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—  32  — 

Calice  infère  à  8  lobes  roussûtres,  lonient(»ux,  parfois  lai- 
neux, à  lobes  ovales-lancéolés,  aigus  ou  brièvement  acuminés, 
coriaces. 

Corolle  hypogyne,  sub-rotacée,  tube  de  3"™  de  long,  velu, 
laineux  extérieurement  jusqu'à  la  moitié  supérieure  entre  les 
lobes  :  lobes  longs  de  8""*,  larges  de  2  à  3™™,  ovales  lancéolés 
aigus,  parfois  munis  de  quelques  dents  très-petites.  Staminodes 
au  nombre  de  6  à  10,  imbriqués,  à  onglet  très-court,  acumi- 
nés, à  acumen  très-étroit,  fimbriés  sur  les  bords. 

Etamines  au  nombre  de  8,  opposées  aux  lobes  de  la  corolle  et 
insérées  au  sommet  du  tube.  Ovaire  globuleux  un  peu  déprimé, 
fortement  hérissé,  ayant  ordinairement  8  loges  ou  moins  par 
avortement,  renfermant  chacune  un  ovule  attaché  au  milieu  de 
Tangle  central. 

Style  cylindrique,  couvert  à  sa  partie  inférieure  de  poils  his- 
pides,  courts,  glabre  en  haut  et  long  de  7™'".  Stigmate  obtus. 

Fruit  sphérique  ou  ellipsoïde,  d'un  jaune  verdâtre  à  maturité, 
renfermant  de  une  à  trois  graines  (le  plus  souvent  une). 

Batyrospermnm  Parkii  var.  manglfolium  (Pierre  1884  ms.)  A.  Chev. 

Feuilles  linéaires,  oblongues,  à  ^-24  paires  de  nervures  parallèles,  longuement 
pétiolées,  complètement  glabres  à  Téta t  jeune.  Pétales  atténués,  arrondis;  stami- 
nodes inclus,  obtusiucules,  terminés  par  une  seule  pointe.  Ovaire  5-8  loges  (le  plus 
souvent  5  loges).  Fruit  ovoïde  à  une  ou  deux  graines. 

Hab.  Tout  le  Soudan,  depuis  le  Haut-Sénégil,  Moyen-Niger,  jusqu'au  bassin  du 
Chari.  (Chevalier,  727,  6.685, 13.253  et  13.355). 

Batyrosparmiim  Parkii  var.  Poissoni  A.  Chev. 

Feuilles  oblongues,  très-obtuses  au  sommet,  à  20-24  paires  de  nervures  parallèles, 
très-saillantes  en  dessous,  souvent  brusquement  tronquées  à  la  base.  Jeunes  feuilles 
légèrement  pubescentes,  roussàtres.  Pétales  atténués,  arrondis.  Staminodes  terminés 
par  un  long  acumen  simple.  Ovaire  5-8  loges.  Fruit  arrondi,  roussâtre,  pubescent  à 
1  état  jeune,  1-2  graines. 

Hab.  Dahomey  (Eug.  Poisson,  n*  90, 1903.) 

Batjrrospermum  Parkii  var.  nilotioum  (Kotschy)  A.  Chev. 

Diffère  du  précédent  pas  ses  Teuilles  jeunes  fortement  tomenteuset,  roussàtres  sur 
les  deux  faces,  et  le  pétiole  restant  pubescent  à  un  âge  avancé.  Ovaire  6-10  loges  (le 
plus  souvent  6-8),  style  glabre.  Staminodes  obovales  sub^marginés  ou  longuement 
cuspidés,  avec  une  pointe  simple  ou  trilobée.  Fruit  ellipsoïde. 

llAB.  Bahr-el-Ghazal  (Schweinfurth,  1289,  2785, 1294.) 


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Km,  pKiinoT. 


Lk  Karitk,  etc.,   190t. 


FiG.  II.'—  Particularités  florales  du  But.  Poissoni  X.  Cliev.,  d'après  lei  dessias 
inédits  de  Pierre  {les  dimensions  indiquées  sont  toutes  réduites  de  i  iO). 


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—  35  - 

En  résumé,  il  t»xist(;  done,  d'après  Cuevalieh,  «  une  seule 
espèce  acluelleinent  connue,  très  polymorphe  et  dans  laquelle 
on  peut  distinguer,  outre  le  type^  trois  K^ariétés  s*y  rattachant 
par  des  formes  intermédiaires,  » 

Histologie. 

Nous  avons  dit  déjà  que  Hegkel  avait  donné,  dès  1885  (l),  les 
principaux  caractères  histologiques  du  Butyrospermum^  repro- 
duits plus  tard  dans  la  Revue  des  cultures  coloniales  ;  mais 
nous  ne  sommes  pas  toujours  d'accord  avec  les  interprétations 
de  cet  auteur  qui  d'ailleurs  ont  ét(';  récemment  critiquées  par 
Charlier  (2)  à  propos  de  son  étude  de  quelques  plantes  du 
genre  Bassia, 

Nous  reprendrons  donc  cette  étude  d'une  façon  complète  d'au- 
tant que  ce  dernier  auteur  ne  s'est  occupé  que  d'une  façon  tout 
à  fait  incidente  du  J?w/.Prtr/'A'tY.  Pour  cela  nous  nous  adresserons 
surtout  aux  deux  variétés  But,  mangifolium  et  B,  Poissoni 
dont  Chevalier  nous  a  fourni  des  échantillons  authentiques  et 
nous  attirerons  l'attention  sur  les  variations  assez  importantes 
des  caractères  anatomiques. 

Caractères  histologiques.  —  B.  mangifolium  A.  Chev. 

Tige.  —  Dans  les  tiges  âgées,  l'épiderme  est  exfolié  par  le 
fonctionnement  d'un  périderme  externe,  donnant  naissance  à 
un  liège  assez  épais  formé  d'éléments  à  parois  minces  ;  l'écorce  . 
secondaire  est  volumineuse  et  les  éléments  récents  {ch)  sont 
pour  la  plupart  remplis  d'une  substance  réfringente  homogène. 
Quelques  cellules  renferment  au  contraire  un  produit  granuleux 
et  sont  très  distinctes  des  précédentes  {cg),  enfin  plus  pro- 
fondément on  rencontre  des  cellules  à  latex  nettement  diffé- 
renciée et  se  colorant  par  l'orca nette  et  le  sudan-chloral  [lat). 
Ajoutons  que  bon  nombre  de  cellules  de  ce  parenchyme  secon- 
daire contiennent  un  cristal  prismatique  d'oxalate  de  cal- 
cium (fig.  III). 

(1)  Hegkel.  La  Nature,  1885  et  Rev,  cuit,  col.,  1901,  loc»  cit. 

(2)  Charuer.  Etude  des  plantes  à  Guita-percha  et  d'autœs  Sapolacées.  Thèse 
Doct,  Univ,  Paris  (Pharmacie)  1905,  1  vol.  in-8<>,  p.  68. 


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—  36  — 

t)ans  la  zone  interne  du  parenchyme  cortical,  les  laticifères 
sont  plus  nombreux  et  très  volumineux.  Le  cylindre  central  est 
indiqué  par  des  amas  irréguliers  de  sclérenchyme  protégeant 
le  liber,  qui  lui-même  renferme  des  îlots  sclérenchymateux  de 
soutien.  Les  laticifères  y  sont  relativement  peu  nombreux,  et 
les  cellules  à  cristaux  au  contraire  très  abondantes,  particuliè- 
rement autour  des  îlots  de  liber  primaire  épaissi  et  écrasé,  et 
autour  des  amas  scléreux  périlibériens  (fig.  III). 


FiG.  in.  —  CSoupa  transversale  dans  la  région  oortioale  de  la  tige  ftgèe 

du  B.  mangifolium.  —  p6,  Périderme  externe  ;  ch,  cellules  à  contenu  homo- 
gène ;  lat,  cellules  laticifères  se  colorant  par  Torcanette  ou  le  sudan-chloral  ;  cg, 
cellules  à  contenu  granuleux  ne  prenant  pas  les  colorations  ci-dessus  indiquées. 
G.  =  i60d. 


Le  bois  est  normal  avec  vaisseaux  et  sclérenchyme  ligneux 
en  disposition  mïttement  radiale,  formant  un  anneau  complet 
divisé  par  des  rayons  médullaires  à  une  seule  rangée  de  cel- 
lules. A  la  pointe  dos  faisceaux  vers  la  moelle,  et  séparés  d'eux 
par  une  bande  de  parenchyme  avec  cellules  à  contenu  huileux 
homogène,  ou  cellules  scléreuses  ponctuées  (fig.  XI),  on  trouve 


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—  37  — 

de  larges  laticifères,  parfois  accolés,  parfois  séparés  par  une  ou 
plusieurs  assises  de  cellules,  de  grandeur  très  irrégulière, 
souvent  recloisonnées  et  pourvues  chacune  d'un  cristal  prisma- 
tique d'oxalate  de  calcium.  Le  parenchyme  médullaire  central 
est  assez  dense  et  ne  renferme  guère  de  laticifères. 

En  dehors  de  cellules  à  contenu   translucide  homogène,  on 
doit  signaler  aussi  la  présence  de  cellules  à  contenu  granuleux. 


FiG.  IV.  —Coupe  transirarsale  dans  la  région  oortioale  interna  et 
libérienne  de  la  tige.  —  Lat,  laticifères  ;  scl^  amas  scléreux  ou  fibreux  péri- 
cycliques;  le^  liber  écrasé  à  parois  épaissies  et  cristalligène.  G.  =  180  d.  environ. 

Péiiole,  feuille,  —  Au  niveau  de  sa  sortie  de  la  tige,  le 
pétiole  renferme  un  système  fasciculaire  formé  d'un  arc  ligneux 
à  cimrbure  très  prononcée,  (ît  dont  les  pointes  sont  réunies  par 


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—  38  - 

une  lame,  qui  souvent  se  soude  entièrement,  mais  parfois  reste 
distincte.  Au  centre  de  la  région  péridesmique  correspondant  à 
la  moelle  de  la  tige,  on  remarque  un  certain  nombre  de  faisceaux 
criblés  ou  cribrovasculaires  surnuméraires  (i,  fig.V.)  caractéris- 
tiques :  les  unes  sont  en  effet  composés  seulement  par  des  amas 
de  tissu  criblé  (/?,  fig.  V)  ;  dans  les  autres,  il  est  appaioi 
quelques  faisceaux  ligneux  et  parfois  même  une  lame  ligneuse 
mince,  et  en  opposition  avec  elle,  une  bande  sclérenchymateuse 
formée  par  des  amas  périlibériens  rappelant  ceux  de  la  tige. 

Dans  la  région  moyenne,  la  structure  du  pétiole  est  identique, 
l'arc  ligneux  est  complet,  ou  la  lame  supérieure  le  plus  souvent 
est  disjointe  et  de  plus  il  s'est  séparé,  des  2  cornes  de  Tare 
normal,  un  faisceau  de  chaque  côté,  faisceau  destiné  à  fournir 
les  deux  premières  nervures  du  limbe  foliaire. 

En  faisant  la  coupe  à  une  certaine  distance  de  la  sortie  du 
tronc,  on  pourrait  croire  que  le  pétiole  naît  avec  trois  faisceaux 
(structure  trixylée  de  Pierre),  tandis  qu'au  contraire  il  n'existe 
qu'un  seul  faisceau  originel  (structure  monoxylée). 

Parfois  ces  deux  faisceaux  latéraux  ne  se  détachent  qu'à  la 
base  môme  du  limbe  (2,  fig.  V). 

La  structure  de  la  nervure  médiane  de  la  feuille  sera  iden- 
tique. Très  proéminente  à  la  face  inférieure,  elle  montre  le  même 
système  fasciculaire,avec  faisceaux  cribro-vnsculaires  surnumé- 
raires péridesmiques,  le  plus  souvent  seulement  criblés  (3,  lig.  V), 
et  plusieurs  faisceaux  détachés  des  cornes  de  l'arc,  pour  aller 
innerver  le  limbe. 

Les  laticifères  sont,  comme  dans  la  tige,  particulièrement 
abondants  dans  le  périderme  et  on  en  rencontre  aussi  quel- 
ques-uns dans  la  zone  parenchymateuse  entourant  la  nervure 
(parenchyme  neural). 

Le  limbe  foliaire  est  parcouru  par  des  nervures  nombreuses 
formant  un  réseau  assez  serré  et  régulier,  et  accompagnés  jus- 
que dans  leurs  plus  extrêmes  ramifications  par  les  fdets  de 
cellules  laticifères  qui  parfois  s'en  détachent  et  se  terminent 
dans  le  parenchyme  lacuneux  interfasciculaire  en  extrémité 
légèrement  renflée  [lat^  4,  fig.  V). 

Les  épidermes  sont  très  différents,  glabres  tous  deux,  au 
moins  à  l'âge  adulte.  Les  stomates  existent  seulement  à  la  face 


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39  — 


inférieure,  ils  sont  très  abondants,  mais  on  n'en  rencontre  pas 
au  niveau  des  nervures.  Ces  stomates  sont  ceux  des  Sapotacées, 
toujours  accompagnés  de  deux  cellules  annexes  parallèles»  à 
l'ouverture  stomatique  (i,  2,  iig.  VI). 


FiG.  V.^  Pétiole,  nerrare  médiane  et  limbe  foliaire.—  la^,  laticifère  ; 
8cl,  sclérenchyme  périlibérien  ;  fcvy  faisceaux  cribrovasculaires  surnuméraires  ; 
flj  faisceaux  cribléâ  surnuméraires  ;  ««,  épiderme  supérieur  ;  A,  hypoderroe  ; 
chf  cellules  à  contenu  homogène  réfringent  ;  n,  faisceau  se  rendant  aux  nervures 
dans  le  limbe. 

Les  cellules  de  l'épiderme  supérieur  (ces)  sont  à  parois  ondu- 
lées et  laissent  apercevoir,  dans  une  préparation  vue  de  face, 
le  r('*soau  polygonal  de  l'hypoderme  {h)  sous-jacent  (.?,  fig.  VI). 

En  elFot,  le  limbe  foliaire  des  Butyrospermuni  est  caracté- 
risé par  la  présence  d'un  hypoderme  formé  d'une  ou  plusieurs 


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40 


assises  de  cellules  (^i,  fig.  W,  dont  quelques-unes  paraissent 
contenir  une  substance  réfringente  analogue  à  celle  dont  nous 
avons  signalé  la  présence  dans  les  parenchymes  cortical,  libérien 
et  médullaire  de  la  tige. 


Fig.  VI.  —i.2,  Epiderme  inférieur  :  ei^  avec  stomates  ;  S,  épiderme  supé- 
rieur dont  les  cellules,  ces,  recouvrent  mais  laissent  apercevoir  les  éléments 
polygonaux,  /i,  de  l'hypoderme  ;  4,  épiderme  du  pédoncule  floral,  ou  de  fovairc, 
avec  poils  caractéristiques,  p. 


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—  41  — 

Le  mésophylle  bifacial  ne  eomprcnd  qu'une  seule  assise  de 
cellules  palissadiques  occupant  un  tiers  environ  de  Tépaisseur 
totale.  Quant  au  reste  du  parenchyme,  il  est  extrêmement 
lacuneux,  un  peu  plus  dense  à  la  face  inférieure,  parcouru  par 
une  nervation  extrêmement  riche,  et  de  nombreux  laticifères. 

Fruit,  —  N'ayant  pas  eu  à  notre  disposition  de  fruit  jeune 
ou  mûr,  mais  frais  et  bien  conservé,  nous  ne  pouvons  donner 
que  les  indications  généralement  connues  et  d'ailleurs  suffi- 
santes. La  péricarpe  est  charnu  et  papyracé  et  toujours  dis- 
paru dans  les  échantillons  expédiés  commercialement,  qui  sont 
constitués  par  la  graine  de  cette  baie,  à  laquelle  reste  souvent 
adhérente  une  couche  parenchymateuse  plus  ou  moins  détruite 
par  la  dessiccation. 

A  cet  état,  la  coupe  de  la  paroi  du  fruit  montre  une  zone 
externe  {E^  fig.  XI)  parenchymateuse,  adhérant  encore  à  la 
bande  libéro-Iigneuse  des  faisceaux  carpellaires  et  une  zone 
parenchymateuse  interne  formé  d'éléments  allongés  dans  le 
sens  tangentiel(/,  fig.  XI)  et  enfin  de  tégument  séminal  (^^)  très 
scléreux  qui  protège  Tamande. 


z^k^Ax'yc/cr: 


Fig.  VII.  —  Conpa  Bohématique  d'un  ovaire  Jeune  complet  :o,  loge 
ovuïaire;  p,  revélemenf  de  poils  caractéristiques  (voir  agssi  4,  fig.  IV). 

Adhérant  plus  ou  moins  à  cette  zone  scléreuse  vient  la  par- 
lie  interne  du  tégument  de  la  graine  nettement  parenchymateux 
l>apyracé  dont  les   celluh^s  sont   allongées   tangenti«»llement,  il 


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—  42  — 

est  très  mince  et  entoure  les  cotylédons,  épais,  charnus,  hui- 
leux ;  il  renferme  des  faisceaux  vasculaires  assez  développés. 
Le  fruit  provicml  du  développement  d'un  ovaire,  qui  dans 
notre  cas  comptait  six  loges  uni-ovulées  (fig.  Vil)  dont  une 
seule  se  développe  et  donne  Tunique  graine. 

L'amande  est  naturellement  entièrement  parenchymateuse 
avec  un  cercle  de  faisceaux  libéro-ligneux  et  de  larges  cellules 
qui  deviendront  les  organes  laticifères  (/«/,  fîg.  VIII). 

Notons  ici,  comme  particularité,  que  Tépiderme  de  la  paroi 
ovarienne,  particulièrement  au  niveau  des  loges,  est,  dans  le 
jeune  âge  tout  au  moins,  garnie  de  poils  rameux  à  deux  bran- 
ches très  inégales  et  à  parois  peu  épaissies.  Ces  mêmes  poils 
se  retrouvent,  à  la  quantité  près,  sur  le  pédoncule  floral 
(4,  fig.  VI). 


GOt 


Fj(i.  VUl.—  Coupe  dans  lo  cotylédon  de  la  graine:  é,  épùlennc;  lat,  cellules 
laticifôres  ;  cot^  tissu  parenchymateux  du  cotylédon  avec  faisceaux  vasculaires  f. 
G.  =  150d. 

Les  recherches  effectuées  sur  des  échantillons  d'origine  très 
différentes  et  sur  des  matériaux  rapportés  par  M.  Chevaijeh, 
conduisent  à  des  conclusions  absolument  identiques.  Les  va- 
riations rencontrées  sont  d(»  trop  peu  d'importance  pour  n'être 
pas  accidentelles. 


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—  43  — 

C'est  ainsi  que  parfois  chez  un  échantillon  provenant  du  pays 
de  Snoussi,  à  feuilles  appartenant  sans  doute  à  la  sous-espèce 
mangifoliiim ^  nous  avons  trouvé  parfois  quelques  rares  poils. 
Dans  une  variété,  dont  les  feuilles  semblent  converger  vers  le 
type  Pahkii  vrai,  nous  avons  vu  deux  assises  de  cellules  palis- 
sadiques,  mais  dans  certaines  régions  seulement. 

B,  Poissoni  (échantillon  de  A.  Chevalier  venant  de  la  Gold 
Coast. —  Les  différences  histologiques  constatées  permettent  de 
différencier  cette  variété  de  la  précédente  en  s'adressant  au 
pétiole  et  au  limbe  foliaire.  Son  aire  géographique  doit  s'éten- 
dre de  la  Côte  d'Ivoire,  par  la  Gold  Coast,  au  Dahomey,  mais 
toujours  au  sud  de  la  zone  d'extension  de  la  plante.  Les  poils 
rameux  à  branches  très  inégales,  seulement  rencontrées  chez  le 
B,  mangifolium^  sur  le  pédoncule  floral,  Tovaire  et  les  sépales, 
sont  ici  assez  nombreux  sur  les  deux  épidémies  et  répartis 
principalement  le  long  des  nervures  ;  dans  ces  mêmes  endroits 
l'épiderme  est  dépourvu  de  stomates  (J[,  lig.  X). 


FiG.  IX.  —  Voir  la  légende  à  la  page  suivante. 


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Ém.  Perrot. 


Le  IvARiTé,  ETC.  1907. 


FiG.  IX.  —  Pétiole,  nervure  du  B.  Poisêoni  :  i,  pétiole  ;  :^,  à  la  base  du  limbe  ; 
—  n,  faisceaux  se  rendant  uux  nervures  secondaires  ;  fcSj  faisceau  vasculaire  sur- 
numéraire ;  3y  vers  les  deux  tiers  supérieurs. 

Sur  le  pétiole  et  à  la  région  d  attacht»  au  limbe,  on  trouve 
aussi  des  poils  renflés  dont  il  est  impossible  de  déterminer 
exaet(»ment  la  l'orme  et  la  nature  sur  les  échantillons  dont  nous 
disposions.  Le  système  faseiculaire  se  rapproche  énormément 
de  celui  du  IS,  mangifoliuw^  avec  faisceaux  surnuméraires 
périd<'smi(pies  d(î  l'orme  très  irrégulière    /,  l^  iig.  IX  . 


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~  45  — 

Les  cristaux  prismatiques   d'oxalale   de   calcium    sont  très 
abondants    autour    des  faisceaux  et  jusque  dan»   Tépiderme, 


FiG.  X.  —  Limbe  du  B.  Poissoni  :  i^  Coupe  transversale  du  limbe  avec  poils 
en  navette  ;  2,  épiderme  vu  de  face,  arec  stomates  et  cellules  à  parois  épaisses  t, 
qui  sont  la  base  des  poils  en  navette  disparus  ;  3^  une  maille  du  fin  réseau  des 
oervures  anastomosées,  montrant  à  travers  Tépiderme  inférieur  un  laticifère  et  sa 
terminaison  libre  dans  le  mésophylle  lacuneux  sous-épiderraique. 


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-   4G  - 

et  il  est  facile  de  voir  sur  ce  même  épidémie  la  l)ase  sclérifiée 
de  riasertioii.des  poils  (t,  2,  fig.  X). 

L'hypoderme  est  ici  simple,  nous  ne  Pavons  pas  vu  dédoublé; 
de  même  le  mésophylle  ne  montre  qu'une  seule  assise  très 
différenciée  de  cellules  palissadiques  ;  ces  deux  caractères  sont 
particuliers  à  cette  sous-espèce. 


Forme  et  répartition  de  l'appareil  sécréteur. 

L*appareil  sécréteur  proprement  dit  est  formé,  comme  on  le 
sait,  chez  les  Sapotacées,  par  des  files  de  cellules  (1),  sortes  de 
laticifères  renfermant  le  plus  souvent  un  latex  guttoïde,  de 
nature  et  de  composition  extrêmement  variables  avec  les  espèces. 
Ces  laticifères  sont  très  abondants  dans  les  divers  organes  du 
végétal. 

Dans  la  tige,  on  en  rencontre  quelques-uns  dans  le  paren- 
chyme cortical,  d'autres  moins  volumineux  dans  le  liber,  mais 
les  plus  développés  sont  ceux  qui  parcourent  la  moelle,  princi- 
palement à  la  périphérie  [lat^  fig.  XI). 

Dans  le  pétiole,  les  laticifères,  petits  et  en  petit  nombre  dans 
le  liber  des  faisceaux,  sont  au  contraire  volumineux  et  abondants 
dans  la  région  péridesmique  des  nervures,  beaucoup  d'entre  eux 
accolés  intimement  aux  cordons  vasculaires  suivent  ces  derniers 
jusque  dans  les  plus  petites  ramifications  des  nervures  {,?,  fig.  X) 
d'où  elles  se  détachent  plus  ou  moins  pour  se  terminer  en  extré- 
mité aveugle  et  renflée  au  milieu  du  parenchyme  lacuneux  ;  par- 
fois certaines  ramifications  s'insinuent  entre  les  cellules  palis- 
sadiques,  pour  se  terminer  presque  dans  l'hypoderme. 

A  côté  de  cet  appareil  nettement  spécialisé,  et  dont  on  peut 
signaler  la  présence  jusque  dans  l'embryon  et  le  cotylédon,  il 
existe  des  sécrétions  qui  doivent  jouer  un  rôle  important  dans 
la  vie  de  la  plante. 

Elles  sont  situées  sur  des  cellules  isolées  (cA,  fig.  XI)  et  se 
manifestent  sous  deux  apparences  bien  distinctes.  Les  uns 
renferment  une  substance  réfringente,  homogène,  ne  se  colorant 
ni  par  Torcanette,  ni  par  le  Soudan  ;  2**  les  autres  à  contenu 
granuleux,  très  différent  du  précédent. 


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—  47  - 

Nous  ne  parlerons  pas  de  Toxalate  de  calcium,  qui  se  présente 
toujours  cristallisé  en  prismes  ;  il  est  abondant  surtout  dans  la 
région  périphérique  du  liber,  autour  des  paquets  du  scléren- 
chyme  péricyclique,  et  dans  la  moelle  dans  la  région  des  latici- 
fères.  Dans  la  feuille,  il  suit  les  nervures  et  se  retrouve  parfois 
jusque  dans  les  cellules  épiderraiques. 


FiQ.  XI.  —  Région  péiiphérique  de  la  moelle.  —  ^  trachées  indiquant 
la  pointe  interne  des  faisceaux  libéro-ligneux  ;  pm^  zone  parenchymateuse  péri- 
phérique de  la  moelle,  avec  cellules  à  contenu  réfringent  homogène  ou  à  cristaux  et 
cellules^scléreuses  ponctuées;  lai,  lames  de  cellules  laticifères  souvent  anastomo- 
sées entre  elles;  pm, parenchyme  médullaire  central  avec  cellules  à  contenu  granu- 
leux cg  et  k  contenu  réfringent  ch.  G:=  320  d.  environ. 

En  résumé,  le  Karité  le  plus  anciennement  connu,  c'est-à-dire 
la  variété  à  feuilles  de  Manguier,  le  B,  mangifolium  présente  les 
caractères  histologiques  suivants  :  présence  dans  la  tige  d'un 
périderme  vraisemblablement  sous-épidermique,  fournissant  une 


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-    48  - 

aboiidant(î  écorce  secondaire  et  permettant  la  facile  cicatrisation 
des  blessures  ;  présence  d'ilôts  sclérenchymateux  périlibériens 
et  de  paquets  de  fibres  dans  le  liber.  Rayons  médullaires  à  une 
seule  assise  ;  laticifères  en  fdes  de  cellules,  dans  les  divers 
parenchymes  mais  ])lus  volumineux  dans  la  région  périphérique 
de  la  moelle. 

Dans  le  pétiole,  on  remarque  un  système  fasciculaire  parti- 
culier formé  d'un  arc  lib. -ligneux  très  accentué,  dont  les  deux 
pointes  sont  réunies  plus  ou  moins  par  une  lame  vasculaire 
supérieure  et  tout  le  système  étant  protégé  par  des  îlots  très 
serrés  de  sclérenchyme.  A  l'intérieur  du  tissu  péridesmique,  il 
existe  un  nombre  variable  de  faisceaux  surnuméraires  :  les 
uns  réduits  à  un  amas  libérien,  les  autres  complets,  avec  l>ois 
central  représenté  le  plus  souvent  par  quelques  vaisseaux. 

Dans  toutes  les  nervures  un  peu  volumineuses,  on  retrouve 
ce  caractère  général. 

Le  mésophylle  est  bifacial  avec  une  rangée  de  cellules  palis- 
sadiques  occupant  1/3  de  son  épaisseur  totale,  mais  il  existe  à 
la  face  supérieure  un  hypoderme  à  une  ou  rarement  plusieurs 
assises.  Les  épidermes  sont  glabres  au  moins  à  l'état  adulte,  et 
les  stomates  à  deux  cellules  annexes  réparties  uniquement  à  la 
face  inférieure. 

La  variété  B.  Poissoni  se  différencie  surtout  par  la  présence 
de  poils  sur  le  limbe  foliaire,  surtout  au  dessus  des  nervures. 
Ces  poils  qui  n'existent  dans  la  variété  précédente  que  sur 
l'ovaire,  le  pédoncule  floral  et  les  sépales,  sont  partout  identi- 
ques :  ils  sont  formés  d'une  seule  cellule  à  deux  branches^,  l'une 
généralement  très  courte,  l'autre  au  contraire,  allongée  et 
leurs  parois  sont  presque  toujours  relativement  minces.  La 
trace  des  poils  tombés  se  trouve  aisément  en  examinant  les 
épidermes  de  face,  car  ils  sont  nombreux  sur  les  jeunes  organes. 

De  plus  l'hypoderme  comprend  ici  toujours  une  seule  assise 
de  cellules  jamais  dédoublées. 

Ajoutons  enlin  que  la  complication  de  structure  due  à  Tappa- 
rition  des  faisceaux  surnuméraires  péridesmiques  est  toujours 
plus  grande  dans  cette  variété. 

Nous  n'avons  pas  étudié  la  var.  niloticum  faute  de  bons 
échantillons. 


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CHAPITRE   III. 


Biologie  du  Karité,  sa  répartition  géographique. 


Il  ne  nous  semble  pas  inutile  de  grouper  en  un  chapitre 
spécial,  les  renseignements  épars  dans  les  relations  de  voyages, 
car  ils  vont  permettre  de  fixer  Tétendue  de  nos  connaissances 
sur  le  mode  de  vie  et  d'évolution  de  Tarbre  à  beurre  et  sur  son 
aire  d'extension  géographique. 

C'est  à  Taide  des  conclusions  de  ce  chapitre  que  nous  avons 
pu  établir  la  carte  annexée  à  ce  fascicule  et  fixer,  d'une  façon 
aussi  précise  que  cela  nous  fut  possible,  Taire  de  dispersion  du 
Butyrospermum  Parkii^  du  Sénégal  au  Nil. 

On  a  vu  que  le  Karité  est  un  arbre  qui  peut  atteindre  les 
dimensions  de  nos  plus  gros  chênes  (15-30  m.  de  hauteur  et 
jusqu'à  3  m.  et  plus  de  diamètre)  et  qui  ne  se  reproduit  sponta- 
nément qu'à  une  certaine  distance  de  la  côte,  jamais  sur  le 
littoral.  Les  premiers  Karités  que  l'on  rencontre  dès  qu'on 
approche  de  la  zone  où  l'espèce  est  endémique,  sont  stériles  et 
plus  loin,  au  contraire,  ils  fleurissent  abondamment,  quoiqu'il 
arrive  fréquemment,  que  seuls  quelques  arbres  sont  en  fleurs 
au  milieu  d'autres  déjà  garnis  de  leurs  feuilles,  mais  stériles  (1). 

Le  Karité,  suivant  la  région,  fleurit  de  janvier  à  mars,  et  les 
fleurs  apparaissent  avant  les  feuilles,  les  bourgeons  foliaires 
s'épanouissent  au  sommet  des  corymbes  de  fleurs  dès  l'appari- 
tion de  ces  dernières. 

Il  est  important  de  signaler  également  la  résistance  de  cet 
arbre  aux  feux  de  brousse,  grâce  à  la  formation  de  liège  sous- 
épidermique  qui  protège  le  liber  et  la  région  cambiale  contre 

(1)  Ce  fait  nous  a  été  confirmé  maintes  fois,  nous  n'en  voyons  pas  d'explication 

satisfaisante. 

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—  50  — 

J'action  du  feu.  Chevalier  nous  a  affirmé  que  les  pieds,  mêmes 
jeunes,  résistent  très  bien  à  cette  action  répétée  du  feu;  on 
s'explique  aisément  que  cet  arbre  soit  si  répandu  dans  toute  la 
zone  soudanienne  à  Texclusion  de  tout  autre,  sauf  toutefois 
les  gommiers  dans  la  région  de  croissance  de  ceux-ci. 

Dans  le  Haut-Dahomey,  pendant  la  sécheresse,  dit  M. 
François  (1),  période  au  cours  de  laquelle  ne  tombe  pas  une 
goutte  d'eau  et  surtout  dès  que  souffle  l'harmattan  (vent  nord- 
nord-est),  l'œil  ne  découvre  que  de  vastes  étendues  desséchées 
auxquelles  l'incendie  annuel  des  grandes  herbes  noircissant  le 
sol  et  les  arbres  ajoute,  dans  certaines  régions,  un  cachet  de 
désolation  navrant:  on  dirait  une  terre  de  mort  et  de  soif;  les 
arbres  souffrent  beaucoup  de  cette  sécheresse  et  des  feux  de 
brousse  périodiquement  allumés  par  les  indigènes  et,  s'ils  ne 
meurent  pas,  ils  dégénèrent;  seuls  résistent  à  ce  traitement  les 
Gommiers  et  les  Karités^  qui  conservent  leur  vert  feuillage. 

On  sait  aussi  que  Cazalbou  insiste  sur  l'existence  de  deux 
variétés  :  Ci  diona  (Karité  hàtif)  et  Ci  kosa  (Karité  tardif; , 
dont  les  caractères  botaniques  seraient  à  peu  près  identiques. 
Chez  la  première,  la  graine  est  plus  allongée  et  plus  volumi- 
neuse ;  chez  la  deuxième,  elle  est  plus  régulièrement  ovoïde. 

Nous  ne  possédons  aucun  autre  renseignement  technique  à  ce 
sujet. 

Rançon  a  dit  également  que,  vers  la  zone  limite  ouest  et 
sud,  en  Casamance  et  en  Guinée,  le  Karité  vivait  en  concurrence 
avec  le  Mana  {Lophira  alata)^  qu'il  avait  d'ailleurs  pris  pour 
une  espèce  différente  de  Butyrospermum, 

Chevalier  a  remarqué  le  même  fait  entre  Kouroussa  et 
Siguiri,  au  début  de  février,  avec  cette  différence  que  «  les 
Karités  sont  à  cette  époque  en  fleurs  et  complètement  dépour- 
vus de  feuilles.  Quelques-uns  cependant,  sans  fleurs,  commen- 
cent à  montrer  à'  l'extrémité  des  rameaux  de  petites  rosettes 
terminales  déjeunes  feuilles  d'un  vert-tendre. 

11  y  a  lieu  d'attirer  ici  l'attention  sur  ce  fait  biologique,  à 
propos  duquel  nous  n'avons  trouvé  aucun  détail  précis  :  c'est 
que  la  floraison  et  par  conséquent  la  fructification  paraissent 

(1)  Loe.  cit.f  page  57. 


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—  51  - 

être  irrégulières j  par  conséquent  entrainant  un  rendement 
irrégulier.  Pour  le  repeuplement  et  la  sélection^  il  est  égale- 
ment nécessaire  de  noter  la  lente  croissance  dé  l'arbre  qui 
atteint  Tâge  adulte  vers  30  ans,  et  ne  fournit  de  fruits  guère 
avant  Tàge  de  12  ou  15  années. 

Habitat.  —  Le  Karité  demande  un  sol  profond,  riche  en 
humus,  et  ne  vient  jamais  en  forêts  denses,  ni  dans  les  gale- 
ries de  bordui*e  des  rivières.  On  ne  le  rencontre  pas  non  plus 
dans  les  terrains  marécageux  ou  susceptibles  d'être  inondés,  et 
il  est  très  rare  sur  les  hauts  plateaux  ferrugineux  comme  il  ne 
saurait  se  développer  dans  les  savanes  à  sol  argileux. 

Station  préférée.  —  Bien  que  s'accomodant  très  bien  des 
terres  profondes,  le  Buty  rospermum  (^Yo\\.î>,\xvio\xi  sur  les  pentes 
des  collines  et  des  plateaux  rocailleux  ou  sablonneux,  autour 
des  villages  où  il  est  évidemment  en  culture  (1)  à  la  façon  de 
certains  arbres  de  nos  jardins  fruitiers. 

Ce  sont  ces  vergers  qu'il  importe  tout  d'abord  de  conserver, 
en  obligeant  les  indigènes  à  remplacer  les  arbres  qui  meurent 
et  à  ne  pas  arracher  sans  besoin  les  jeunes  ;  ces  plantations  sont 
nécessaires  en  outre  pour  retenir  le  sol  et  en  empêcher  la  des- 
sication,  par  le  chevelu  des  racines. 

Résumons,  en  disant,  qu'il  faut  au  Karité  un  sol  meuble,  comme 
les  latérites  sablonneuses,  détritiques,  et  jamais  des  terres  com- 
pactes comme  les  sols  argileux.  De  plus,  les  endroits  inondés, 
même  pendant  très  peu  de  temps  ne  sauraient  lui  convenir,  et 
quand  on  le  rencontre  dans  les  grandes  plaines  basses  du  Soudan, 
il  existe  uniquement  autour  des  villages,  sur  des  emplacements 
toujours  surélevés  par  rapport  au  niveau  moyen.  C'est  ainsi  que 
le  Karité  manque  aux  environs  immédiats  de  Djenné,  inondés 
pendant  une  partie  de  l'année,  et  qu'il  est  très  abondant  non 
loin  de  cette  ville,  dans  des  endroits  toujours  émergés. 

(1)  Nous  ne  serions  pas  étonnés  que  le  type  ancestral  du  Karité  soit  profondé- 
ment modifié,  et  qu*il  n'y  ait  une  assez  grande  quantité  de  variétés  dues  à  la  cul- 
ture; car  bien  que  les  indigènes  ne  paraissent  avoir  fait  aucune  sélection,  il  a  dû 
s'établir  des  races  locales  qui  peuvent  être  dissemblables,  comme  rendement  et 
nature  de  produit.  Des  observations  botaniques  scientifiques  sérieuses  seront  néces- 
saires pour  retrouver  le  type  sauvage  certain. 


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-  52  — 

Remarquons  encore  que  le?  Karité  ne  vient  jamais  au  l>ord  de 
la  mer,  et  on  peut  dire  qu'il  n'existe,  pour  ainsi  dire  pas,  à  moins 
de  200  km.  et  plus  des  côtes. 

Est-ce  une  question  d'altitude,  nous  ne  saurions  là  dessus 
émettre  d'hypothèse  hasée  sur  des  faits  d'ordre  scientifique  et 
cela  nous  amène  à  conclure,  comme  nous  en  avons  déjà  fait  la 
remarque,  qu'il  serait  de  tout  nécessité  d'être  renseigné  sur  la 
biologie  de  cet  arbre  et  de  ses  variétés,  surtout  si,  comme  il  y  a 
lieu  de  l'espérer,  son  exploitation  devient  une  des  sources  de 
richesses  de  notre  domaine  ouest  africain. 

Souhaitons  que  cet  appel  soit  entendu  et  que  les  observations 
recueillies  nous  apprennent  bientôt  également  quelles  sont  les 
causes  de  la  stérilité  de  nombreux  arbres  signalée  par  la 
plupart  des  voyageurs  et  surtout  vers  la  limite  de  la  zone 
d'extension  de  l'espèce. 

Répartition  géographique  du  Karité. 

Pour  établir  la  répartition  du  Karité,  nous  prendrons  les  ren- 
seignements fournis  par  les  divers  explorateurs,  et  pour  chaque 
région  : 

Guinée  française.  —  C'est  en  Guinée  française,  presque  à 
la  frontière  de  la  Guinée  portugaise,  que  se  trouve  l'extrême 
limite  ouest  d'apparition  du  Karité.  Le  D*^  Maclaud  l'a  en 
effet  rencontré  près  de  Kadé,  sur  le  16®  degré  de  longitude 
ouest. 

De  là  il  s'étend  vers  le  nord  suivant  une  ligne  qui  regagne 
assez  rapidement  le  15*  degré  sur  la  Gambie  où  nous  le  retrou- 
vons à  Damantang,  et  dans  le  désert  de  Tenda  ;  vers  le 
sud,  il  contourne  les  plateaux  de  Fouta-Djallon  où  il  ne  se 
rencontre  que  sur  le  flanc  nord  (un  peu  dans  le  Labé  et  seule- 
ment dans  la  région  ouest)  ;  il  n'existe  pas  à  Timbo,  mais  seu- 
lement plus  au  nord,  de  même  sa  présence  n'est  pas  signalée 
au  Sierra-Leone^  ni  dans  la  République  de  Libéria  ;  peut- 
être  cependant  sera-t-il  trouvé  dans  la  région  extrême  de  cette 
dernière  possession  à  la  frontière  de  notre  Guinée,   car  il   est 


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—  53  - 

signalé  comme  assez  abondant  à  Kissidougou  et  dans  le  district 
de  Beyla. 

Les  régions  de  croissance  maximum  sont  :  le  pays  des  Din- 
guiraï,  la  région  du  Haut-Tankisso,  celle  de  Kouroussa  sur  le 
Niger,  de  Kankan,  Bissandougou  et  Beyla,  ces  dernières  sont 
tributaires  des  affluents  du  Haut-Niger. 

Sénégal^  Haut-Sénégal  et  Niger.  —  On  sait  que  Mungo- 
Park  a  rencontré  le  Karité  pour  la  première  fois  le  23  juillet 
1796  entre  Ségou  et  Sansanding  sur  le  Niger,  et  Tarbre  y  est 
encore  commun  de  nos  jours.  Ce  voyageur  assignait  à  la  plante 
comme  limite  occidentale  la  ville  de  Toutaconda,  dans  le  désert 
de  Tenda  ;  elle  est  un  peu  plus  reculée,  comme  on  vient  de  le 
voir  par  Tobservation  du  D*"  Maclaud. 

Ranço'  Ta  rencontré  très  abondant,  surtout  dans  les  plaines 
de  Sillacounda,  de  Médina-Dentilia,  puis  aussi  aux  environs  de 
Diengui,  Dikkoy,  etc.,  sur  la  Haute-Gambie,  au  15°  degré  de 
longitude  ouest  ;  il  est  également  commun,  d'après  cet  auteur, 
dans  le  Badon,  chez  les  Niocolos  ;  il  le  signale  également  comme 
très  répandu  dans  la  steppe  soudanienne  de  la  vallée  de  la 
Falemé. 

Les  premiers  arbres  apparaissent  sur  le  Sénégal  entre  Médine 
et  Bafoulabé,  vers  Dinguira,  il  est  très  commun  chez  les  Bam- 
baras,  dans  le  Bélédougou,  le  F'ouladou,  le  Guénié,  le  Kalari, 
(Vuillet),  jusque  dans  le  Macina  où  il  atteindrait  environ  et  par 
plages  le  16°  degré  de  latitud(»,  sa  limite  nord  extrême,  car  il 
n'existe  pas  à  Gamdami  au  sud  de  ïombouctou. 

Il  n'existe  pas  en  revanche  dans  le  Kaarta  au  nord  de  Bafou- 
labé et  jusqu'au  Baoulé,  non  plus  dans  le  Nioro. 

Les  marchés  principaux  sont  donc  Kita,  Bammako,  Sansan- 
ding, Ségou,  Djenné,  Mopti,  Say,  Zinder-sur-Niger,  etc. 

Aux  environs  de  Djenné,  d'après  le  colonel  Viard,  il  existe- 
rait plus  de  160.000  pieds  de  Karité. 

Dans  la  Haute- Volta,  on  l'exploite  presque  partout  et  sur  une 
grande  échelle  dans  les  cercles  do  Koutiala,  Sikasso,  Bobo- 
Dioulasso,  les  provinces  du  Mossi  (Kipirsi,  Gourounsi). 

Côte  d'hoire.  —  Très  abondant  au  territoire  de  Kong 
(ViARD  ,  il  ajiparaît  chez  les  Baoulés  aussitôt  la  foret  vierge,  un 


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—  54  - 

peu  au-dessous  du  8*  paralèle.  Les  quelques  échantillons, 
stériles  pour  la  plupart,  que  l'on  rencontre  dans  le  Baoulé 
deviennent  plus  nombreux  vers  Bouaké,  mais  rares  encore  dans 
le  Djamala,  à  Boudoukou,  à  Séguéla,  mais  dans  le  district  de 
Touba,  Odjenné,  à  la  frontière  du  Libéria  et  de  la  Guinée  où 
nous  l'avons  signalé  comme  très  abondant,  surtout  dans  les 
régions  de  Beyla  et  Bissandougou. 

Le  cap.  A.  E.  S.  (1)  dit  que  le  Karité  croît  spontanément 
dans  l'est  de  la  Haute  Côte  d'Ivoire,  et  qu'il  est  susceptible 
d'une  certaine  culture  ;  on  l'entretient  comme  un  arbre  fruitier 
en  France,  sur  la  rive  gauche  du  Bandama. 

Togo,  —  D'après  le  comte  Zegh,  le  Karité  n'existe  plus  au 
sud  de  6**  18  dans  la  région  sud-ouest  du  Togo  et  6**  42  vers 
le  sud-est. 

Dahomey.  —  La  limite  extrême  est  ici  bien  descendue  vers 
le  sud,  et,  peu  au  nord  d'Abomey,  le  Karité  fait  son  apparition 
pour  être  commun  à  partir  de  Savalou  vers  le  8*  degré  de 
latitude. 

Le  Kolatier  (Cola  acuminata  R.  Br.)  ne  dépassant  guère  le 
7*  degré,  ici  comme  en  général  partout  ailleurs,  sa  zone  d'ex- 
tension n'atteint  jamais  vers  le  nord,  la  limite  sud  du  Butyros- 
permum. 

LiOTARoditque,  dans  le  Borgou  (10*  latitude),  cet  arbre  pousse 
tout  seul  dans  la  brousse  et  y  atteint  les  proportions  des  plus 
gros  chênes  de  France  ;  les  marchés  principaux  sont  Péreré, 
Nikki,  Parakou.  Borelli  ajoute  qu'il  est  commun  dès  Savalou  ; 
il  vit  dispersé  en  îlots  à  Carnotville,  d'après  le  commandant 
TouTÉE,  et  il  serait  abondant  sur  tout  le  9®  parallèle  en  allant 
de  Carnotville  vers  le  Niger. 

Nigeria.  —  L'arbre  commence  à  être  assez  répandu  à  partir 
du  confluent  de  la  Bénoué,  vers  Lokodja  (col.  Viard)  et  reste  très 
abondant  dans  la  vallée  de  cet  affluent  du  Niger  (Mizon).  Au 
nord,  on  ne  le  trouve  plus  dans  le  Bornou,  cependant  a  l'ouest 
Barth  le  signale  à  Katsena. 

(1)  Gap.  A.  E.  s.  —  Notes  sur  la  Haute  Côte  d'Ivoire.  BulU  Soc.  Géog,  cotnmer- 
cUOê.  1906,  XXVin,  n*  5,  304. 


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—  55  — 

Cameroun, —  Rencontré  par  Bahth  et  signalé  par  bon  nombre 
d'autres  voyageurs  dans  i'Adamaoua,  sa  limite  doit  s'étendre 
entre  les  (î*"  et  11^  degrés  de  tatitude. 

Congo  français,  —  L'optimum  de  croissance  du  Karité  nous 
est  donné  par  Chevalier  entre  les  S''  et  9®  degrés  de  latitude. 
Dybovvski  avait  signalé  sa  présence  dans  le  Haut-Congo 
(Oubanghi),  et  nous  savons  que  Chevalier  considère  cette 
essence  comme  Tune  des  plus  caractéristisques  du  bassin  du 
Chari,  entre  les  7*  et  9®  parallèles  ;  très  abondant  également 
dans  le  pays  de  Snoussi,  au  bord  du  Mamoum  tout  spéciale- 
ment. 

Au  nord,  dans  le  Bas-Cliari,  encore  abondant  aux  monts 
Niellims,  il  disparait  dans  le  Baguirmi,  le  Bornou.  La  limite 
sud  extrême  est  Fort-Crampel,  mais  toutefois  les  graines 
envoyées  fi  Krébedjé  (Fort-Sibut)  par  les  soins  de  Chevalier, 
ont  parfaitement  germé  dans  le  jardin  botanique  qu'il  avait 
créé  et  que  dirigeait  îivait  tant  de  sollicitude  le  malheureux 
Martret,  qui  y  contracta  la  maladie  qui  devait  l'enlever  à  son 
retour  en  Europe. 

Région  du  Nil, —  D'après  Schweinfurth,  le  Karité  est  abon- 
dant au  Djour,  chez  les  Bonjos,  les  Dinkas,  il  descend  jusqu'au 
dessous  du  6*'  ])arallèhî  et  devient  très  rare  chez  les  Niams- 
Niams.  Il  est  également  signalé  à  (iondokouro  sur  le  Nil  blanc 
ou  Bahr-el-Djebel,  dans  l'enclave  de  Lado. 

C'est  là  sa  limite  sud  extrême  en  Afrique  tropicale,  c'est-à- 
dire  vers  le  4*  degré  de  latitude  nord. 

Barth   et  le  D*"  Irwing  le  signale  à  Nype-eba,  Abbeokuto 
dans  les  pays    du  Nil,  le  Madi,  Gondokoro,  Kosanga,  Djour, 
etc. 

En  un  mot,  il  est  endémique  dans  toute  la  zone  soudannaise, 
du  Soudan  français  au  Soudan  égyptien. 


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CHAPITRE  IV. 


Produits  du  Karité:  Fruit,  Qraine,  Latex,  Bois. 


Le  Karité,  surtout  utile  à  cause  de  sa  graine  grasse,  donne 
aussi  à  Talimentation  la  pulpe  de  son  fruit,  à  l'industrie  le  pro- 
duit coagulé  de  son  latex  (fig.  XII),  à  Tindigène  son  bois,  quand 
il  est  âgé.  Quelques  mots  sur  ces  différents  produits. 

Description  du  fruit  et  de  la  graine,  —  Le  fruit.  Ci  dé 
(en  mandingue),  est  une  baie  charnue  ressemblant  à  une 
prune  de  nos  pays,  ou  rappelant  également  nos  abricots,  sphé- 
rique  ou  ellipsoïde,  jaune  verdâtre  tirant  plus  ou  moins  sur  le 
noir-verdâtre  à  la  maturité,  pubescente  à  Fétat  jeune  dans  cer- 
taines variétés.  Il  mesure  de  4  à  5  cm.  de  longueur  sur  3,5  à 
4.5  de  diamètre  transversal.  Cette  drupe  est  pourvue  d'un 
pédoncule  rougeàtre  de  25  à  30  mm.  A  la  base  du  fruit  persistent 
les  huit  divisions  du  calice.  Ils  sont  au  nombre  de  6-8  par 
rameau  sur  les  plants  vigoureux  et  en  plein  rapport. 

Le  péricarpe  charnu  renferme  de  1  à  2  (1)  graines,  et  le  plus 
souvent  une  seule  qui  est  alors  ovoïde.  Quand  il  y  a  deux 
graines,  elles  sont  aplaties  sur  la  face  commune.  Elles  mesu- 
rent, en  général,  environ  35  mm.  sur  25  de  largeur,  et  du  poids 
moyen  de  5  grammes. 

La  coque  est  très  mince,  luisante,  ligneuse,  de  couleur  variant 
du  jaune  brun  au  châtain  ;  elle  est  marquée  d'un  large  hile 
plus  ou  moins  cordiforme  gris  et  rugueux  et  renferme  une 
amande  riche  en  latex  et  en  matière  grasse.  A  l'extrémité  supé- 
rieure du  hiie,  on  constate  la  présence  d'un  faisceau  fibreux, 
reste  du  faisceau  libéro-ligneux  du  funicule. 

(1)  VuiLLET.  —  Etude  du  Karité.  Paris,  iQ(H.  André,  ëdit.,  p.  15. 


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-  57  — 

Récolle.  —  La  pleine  maturité  des  fruits  se  fait  vers  la 
mi-juin  et  les  vents  des  tornades  les  font  tomber  en  quantité. 
Les  indigènes  les  ramassent  et  laissent  un  certain  nombre 
devenir  blets ^  car  ils  affectionnent  particulièrement  la  chair  des 
fruits  qui  est  désagréable  aussitôt  cueillie,  mais  excellente 
quelques  jours  après.  Pour  cela,  ils  abandonnent  ces  fruits 
dans  un  trou  fait  dans  le  sol,  ou  dans  un  vase  de  terre  pendant 
quelques  jours. 

Chevalier,  nous  Tavons  vu,  n'hésite  pas 
à  classer  la  pulpe  du  fruit  du  Karité  parmi 
les   meilleurs  comestibles  ;  c'est,   dit-il,  le 
meilleur  fruit  du  Soudan,  bien  qu'il  y  ait  peu 
à  manger  dans  chaque  fruit,  la  graine  occu- 
pant la  plus  grande  partie  de  son  volume. 
Les  uns,  disent  que  la  chair  est  meilleure 
Fie  XII  —Graine de     ^^^1"^  ^^^  ^^^  blette, à  la  façon  de  nos  nèfles  ; 
Kaiité,  de  forme     les  autres,  que  le  fruit  a  la  saveur  deTabricot 
oToXde  (unpeuré-     Q^  jg  certaines  variétés  de  prunes. 

A  la  vérité,  il  nous  semble  que  le  fruit  du 
Karité  n'est  véritablement  bon  à  manger,  que  lorsqu'il  est 
complètement  miu\  sinon,  il  doit  être  acre  et  astringent. 

De  même,  l'amande  destinée  à  la  fabrication  de  la  graisse 
alimentaire  devra,  autant  que  possible,  parvenir  de  fruits  bien 
mûrs  pour  éviter  que  celle-ci  ne  renferme  des  produits  secon- 
daires dont  la  présence  enlève  évidemment  beaucoup  à  sa  qua- 
lité. 

Mais  c'est  néanmoins  le  beurre  qui  constitue  le  principal 
produit  de  cet  arbre. 

Ce  beurre,  obtenu  par  extraction  à  l'eau  bouillante,  a  toujours 
un  goût  assez  prononcé  et  désagréable  qui  disparaît,  soit  par 
ébullition  prolongée,  soit  en  projetant,  comme  le  font  les  nègres, 
de  l'eau  froide  dans  le  corps  gras  porté  à  un  point  voisin  de  son 
ébullition. 

Cette  matière  grasse,  par  la  quantité  assez  considérable 
d'acide  stéarique  qu'elle  renferme,  peut  acquérir  également  une 
importance  assez  grande  dans  l'industrie  de  la  bougie  et  du 
savon. 


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-  58  — 

Les  fruits  destinés  à  la  fabricatiou  du  beurre,  sont,  ou  bien 
séchés  au  soleil,  ou,  la  plupart  du  temps,  enfouis  dans  le  sol, 
pour  que  la  fermentation  de  la  pulpe  s'opère  et  mette  les  noyaux 
à  nu.  Les  graines  sont  alors  séchées  dans  des  grands  vases  de 
terre  (canaris)  et  prêtes  pour  la  torréfaction  et  la  fabrication  du 
beurre. 

D'après  Heckel  (1),  les  variations  de  poids  des  graines  du 
Karité  atteignent  de  5  à  11  gr.  environ,  et  la  proportion  du 
tégument,  par  rapport  à  Tamande,  est  de  1  à  3  environ.  Cazal- 
Bou  donne,  pour  les  2  variétés,  les  chiffres  suivants  : 


VARIÉTÉ 

Proportion 

du 
péricarpe 

0/0 

Proportion 

de 

Tamande 

0/0 

Nombre 

de 

graines  au 

kilo 

Proportion 

de  beurre  pai 

rapport  aux 

graines    0  o 

Ci  diona. . . . 
Ci  kosa 

52 
60 

48 
40 

120 
150 

26 
38 

La  récolte  des  fruits  qui  commence  ainsi  avec  Thivernage 
dure  jusqu'en  septembre,  tout  au  moins  dans  le  Haut-Sénégal 
et  le  Moyen-Niger. 

Ce  sont  les  femmes  et  les  enfants  qui,  journellement,  dans  la 
forêt,  surtout  après  les  orages  ou  les  tornades,  rapportent  au 
village  de  grands  paniers  ou  calebasses  remplis  des  fruits  que 
le  vent  a  fait  tomber.  Ils  les  serrent  dans  des  trous  cylindriques 
que  Ton  rencontre,  çà  et  là,  dans  les  villages  bambaras,  au 
milieu  même  des  rues  et  places. 

Répétons  qu'il  est  nécessaire  de  recueillir  les  fruits  bien 
milrs,  car,  si  on  les  cueillait  avant  la  maturité,  ils  renfer- 
meraient une  proportion  de  latex  plus  élevée  qui  enlèverait 
quelque  chose  à  la  qualité  et  à  la  quantité  du  beurre  extrait. 

Voici,  à  titre  de  document,  l'étude  chimique  de  la  graisse, 

(1)  Heckel.  —  Sur  Tarbre  africain  qui  donne  le  Beurre  de  Galam  ou  de  Karité . 
Rev,  cuit,  colf  1897,  n®  6,  p.  198. 


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—  59  — 

telle  qu'elle  fiit  remise  par  Schlagdenhauffen  à  Heckel,  et 
publiée  en  1897(1): 

l*"  La  graine  râpée  est  exposée  à  Tétuve  à  111**  pendant  4 
heures,  jusqu'à  ce  que  deux  pesées  successives  n'accusent  plus 
de  différences.  On  obtient,  de  la  sorte,  la  quantité  d'eau  d'hy- 
dratation ; 

V  On  Tépuise  par  l'éther  de  pétrole  pour  enlever  la  matière 
grasse  et  Ton  cesse  de  faire  fonctionner  l'appareil  quand  le 
liquide  provenant  de  l'allonge  est  entièrement  décoloré.  La 
solution  pétroléique  du  ballon  est  jaune*  paille.  Evaporée  au 
bain-marie,  elle  se  colore  davantage,  mais  fournit  après  refroi- 
dissement une  masse  solide  légèrement  ambrée.  Le  poids  du 
corps  gras  est  donc  le  deuxième  résultat  de  l'analyse  ; 

3**  A  cet  épuisement  par  l'éther  de  pétrole,  on  en  fait  suivre 
un  deuxième  par  l'alcool.  Le  liquide,  fourni  par  cette  opération, 
est  rouge  brun  et  contient  du  tannin  en  grande  partie  ainsi  que 
du  sucre  réducteur,  il  ne  renferme  pas  de  produits  alcaloï- 
diques. 

En  effet,  les  iodures  doubles  n'y  produisent  pas  de  précipité, 
le  phospho-molybdate  de  sodium  et  le  cyanoferride  de  fer 
fournissent,  le  premier,  une  coloration  bleu  vert  très  foncé,  le 
second,  un  précipité  bleu  intense,  réactions  qui  permettent  de 
soupçonner  la  présence  du  tannin,  et  que  corroborent  les  suivan- 
tes :  réduction  immédiate  du  permanganate  de  potasse  ;  réduc- 
tion lente  du  nitrate  d'argent  seul  et  rapide  quand  il  est  addi- 
tionné d'une  trace  d'ammoniaque  ;  réduction  immédiate  du 
chlorure  d'or  et  précipité  abondant  par  les  sels  plombiques.  Cet 
extrait  alcoolique,  repris  par  l'eau,  traité  par  l'acétate  triplom- 
bique,  fournit  un  précipité  qui  est  jeté  sur  filtre.  On  ajoute,  au 
liquide  de  (iltration,  du  sulfate  de  soude  et  Ton  examine  la 
solution  au  moyen  du  réactif  de  Bareswill.  Le  précipité  rouge 
indique  la  présence  du  sucre. 

«  Nous  n'avons  pas  cherché,  dans  ce  résidu  de  l'épuisement 
par  l'alcool,  d'autres  principes  de  constitution.  Qu'il  nous  suffise 
donc  d'indiquer  que  le  poids  de  l'extrait  alcoolique  comprend  du 
tanin,  du  sucre  et  d'autres  principes  restés  indéterminés. 

4**  En  faisant  bouillir  dans  l'eau   le    résidu   de   l'opération 

(1)  HiGKEL.  Rêv,  «ull.  co\.^  loc.  cit..  p.  232. 


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—  60  — 

précédente,  on  obtient  un  liquide  plus  foncé  que  le  précédent. 
Ce  liquide  ne  renferme  ni  tannin  ni  sucre,  mais  seulement  de  la 
gomme  et  de  la  matière  colorante. 

5**  Le  produit  d'épuisement  brun,  mais  ne  cédant  plus  rien  à 
Teau,  est  consacré  à  deux  opérations  :  l'une,  pour  y  déceler  la 
présence  de  matières  albuminoïdes,  et  l'autre,  pour  connaître  le 
poids  des  sels  fixes  et  les  matières  ligneuses  par  diflférence. 

«  L'ensemble  de  nos  déterminations  quantitatives  nous  permet 
donc  d'établir  de  la  façon  suivante  la  composition  immédiate  de 
la  graine. 

Eau  hygroscopique 6  72 

Epuisement  par  Téther  (corps  gras) 45  36 

—               alcool  (tannÎD,  sucre,  etc.) 12  60 

j    mucilage,  mat.  col 13  58 

~                ^^  i    selsfixes.  4  82 

Traitement  par  chaux  iodée  :  mat.  alb.  insolubles 10  25 

Incinération  :  sels  fixes 0  18 

Ligneux  et  pertes  (par  différence) 9  49 

100    » 

Le  rondement  obtenu,  par  les  indigènes,  en  beurre,  est  très 
différent  ;  cela  tient  à  leurs  méthodes  rudimentaires. 

C'est  ainsi  que  Chevalier  dit  que  36  kg.  de  fruits  ont  donné 
2  kg.  de  beurre,  soit  1/18  ou  5,5  %  ;  nous  trouvons,  d'autre 
part,  que  1  kg.  de  noix  donnent  environ  125  gr.  de  beurre  soit 
1/8  ou  12,5%. 

D'autre  part,  Cazalbou  donne  comme  rendement  :  5  kg.  de 
fruits  =  2  à  2  kg.  400  amandes  =  625  à  750  grammes  de 
beurre. 

Aucune  autre  recherche  véritableyient  sérieuse  et  complète 
n'a  été  faite  jusqu'alors  sur  ces  graines,  et  il  y  a  évidemment 
beaucoup  de  points  obscurs  ;  en  revanche,  les  publications  sur 
la  Graisse  ou  Beurre  de  Karité  sont  assez  nombreuses  et  nous 
consacrerons  un  chapitre  spécial  à  son  étude. 

11  eu  sera  de  même  pour  le  latex  qui  est  susceptible  de 
fournir  un  produit  concret,  désigné  sous  le  nom  de  Gutta-Ci 
ou  Gutta  de  Karité.  On  avait  espéré  pouvoir  l'utiliser 
comme  produit  succédané  de  la  Gutta-percha,  se  basant  évi- 
demment sur  la  place  systématique  du  Karité  dans  la  même 


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—  61  —  , 

famille  végétale  des  Sapotacées  ;  la  suite  de  cette  étude  mon- 
trera comment  cet  espoir  a  été  déçu. 

Le  Bois  de  Farbre  est  également  utilisé  par  les  indigènes  :  sa 
densité  est  de  1,12  ;  ils  s'en  servent  comme  bois  de  charpente 
ou  pour  en  faire  du  charbon  de  bois.  Il  est  de  couleur  rougeàtre, 
dur  et  très  lourd  ;  malheureusement  il  est  facilement  attaqué  par 
les  insectes. 


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CHAPITRE  V. 


De  la  graisse  de  Karité. 


S  1.  —  Généralités.  —  Historique. 

Dans  Texposé  historique  général,  nous  avons  reproduit  les 
notes  les  plus  importantes  sur  l'utilisation  de  ce  corps  gras  qui 
sera  sans  doute  bientôt  un  produit  industriel  de  grande  valeur. 
Nous  allons  maintenant  passer  en  revue  les  recherches  dont  il 
a  été  Tobjet. 

La  première  communication,  vraiment  intéressante,  fut  faite 
par  GuiBOURT,  en  1825,  à  l'Académie  royale  de  médecine  et  de 
pharmacie  (1).  «  Le  Beurre  de  Galam,  dit-il,  est  un  huile  végé- 
tale concrète,  blanche  comme  du  suif  en  pain,  mais  plus  onc- 
tueuse, venant  d'Afrique.  Son  odeur  et  sa  saveur  se  rapprochent 
de  celle  du  Beurre  de  Cacao.  Dissoluble  à  froid  dans  l'huile  de 
térébenthine  et  dans  Téther,  elle  Test  très  peu  dans  Talcohol 
même  chaud...  ». 

On  croyait  à  cette  époque  que  ce  produit  provenait  de  VElœis 
guineensis  h.  ou  Palmier  Avoira  ;  mais  Guibourt,  d'après  l'exa- 
men de  la  pulpe  sucrée  et  les  indications  fournies  par  Mungo 
Park,  pense,  avec  Virey,  que  le  Beurre  de  Bambouck 
et  le  Beurre  de  Galam  sont  des  produits  identiques,  issus 
d'un  même  arbre  de  la  famille  des  Sapotacées  et  appartenant  au 
genre  Bassia, 

Quelques  années  plus  tard,  A.  Bouchardat  (2)  a  publié  des 
notes  de  Vauquelin,  dans  lesquels  l'auteur  étudie  des  produits 
recueillis  sur  les  lieux  par  Le  Prieur  et  Masson,  attachés  à  la 

(i)  Journal  de  Pharmacie,  1825,  2«  série,  XI,  472. 

(2)  Journal  de  Pharmacie  et  des  Se,  accessoireSy  1890, 2*  s.,  XVI,  5B-57. 


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—  63  — 

colonie  française  du  Sénégal.  La  description  qu'il  donne 
d'après  leurs  échantillons,  de  cet  lUipé  butjrreux  semble 
bien  se  rapporter  au  But,  Parkii^  mais  il  ne  peut  faire  cesser 
l'incertitude  au  sujet  de  la  détermination  de  l'espèce. 

«  La  graine  étant  brisée,  dit-il,  on  trouve  une  amande  con- 
sistante, d'une  saveur  astringente  et  d'une  couleur  rougeàtre  ; 
au  moyen  de  l'eau  bouillante,  on  en  extrait  facilement  les  trois 
quarts  de  leur  poids  d'un  produit  gras  solide,  d'une  saveur 
douce  et  aromatique,  ayant  quelque  chose  de  la  muscade  et  du 
cacao  et  d'une  grande  blancheur. 

«  Le  liquide  dans  lequel  les  graines  avaient  bouilli  avait  une 
couleur  rougeàtre,  une  saveur  astringente  ;  il  contenait  de  l'acide 
gallique  et  du  tannin. 

«  Le  produit  gras  se  saponifie  complètement,  se  conserve 
très  bien,  car  du  beurre  préparé  sur  les  lieux  était  aussi  bon 
que  celui  que  nous  avons  extrait.  Si  la  culture  de  l'arbre  qui 
le  produit  était  facile,  l'importation  pourrait  en  être  avanta- 
geuse. 

«  M.  Masson,  chargé  du  Laboratoire  de  chimie  au  Sénégal, 
a  fait  quelques  essais  dans  le  but  de  substituer  les  graines  de 
rillipé  au  Cacao;  il  avait  joint  divers  échantillons  de  ces  pro- 
duits, mais  l'usage  seul  décidera  si  cet  emploi  peut  être  avanta- 
geux. Nous  avons  cru  convenable,  si  ces  essais  devaient;  être 
continués,  qu  il  serait  essentiel  de  diminuer,  par  quelque  moyen 
facile,  la  proportion  du  principe  astringent  dont  la  saveur  est 
trop  dominante.  » 

Il  était  intéressant  de  rapporter  ces  notes  écrites  au  commen- 
cement du  siècle  dernier  par  ces  savants,  car  la  question  en  resta 
là  pendant  plus  de  cinquante  années,  malgré  les  récits  toujours 
favorables  des  nombreux  explorateurs  africains,  pour  être  reprise 
seulement  à  l'époque  de  pénétration  soudanienne,  après  1882. 

Dans  cet  historique,  nous  ne  citerons  point  les  ouvrages 
classiques  ou  dictionnaires  d'histoire  naturelle  ou  de  botanique 
médicale,  qui  rééditent  tous  les  mêmes  renseignements  (1),  les 
mêmes  erreurs  ;  nous  continuerons  à  nous  adresser  uniquement 

(1)  Mbrat  et  DE  Lens.  —  Dict.  Mat.  méd.,  1829. 

Deghambre.  —  Dict.  encyclop.  des  Se.  nat.,  1889,  4«  s.,  XV,  557. 

Moquin-Tandon.  —  Bot.  m^cale,  408. 

GuiBOURT  et  Planghom.  —  Hist.  nat.  des  Drogues  simples,  7*  éd.,  II,  596, 


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—  64  — 

aux  mémoires  originaux.  Citons  toutefois  une  note  de  M.  Holmrs 
le  distingué  conservateur  du  Musée  de  la  Société  de  pharmacie 
de  Grande-Bretagne  qui,  en  1879  (1),  réunit  en  un  article  tous 
les  détails  qu'il  put  se  procurer,  et  desquels  nous  extrayons  une 
analyse  de  Oudemans  disant  que  le  Beurre  de  Karité  est  un 
mélange  de  70  %  d'acide  stéarique  et  de  30  ^/o  d'acide  oléique, 
sans  acide  palmitique.  Pfaff  confirme  ce  détail  et  dit  que  le 
point  de  fusion  est  différent  suivant  les  auteurs  :  Holmes  ajoute 
que,  en  1867,  T Angleterre  en  importait  70  tonnes  et  en  1878, 
300  à  600  tonnes. 

C'est  donc  seulement  en  1883,  que  parut  une  étude  vraiment 
digne  de  ce  nom,  sur  la  graisse  de  Karité.  Elle  est  due  à 
Baucher,  pharmacien  de  la  marine  (2),  qui  insiste  tout  d'abord 
«  sur  la  nécessité  d'adopter  définitivement  l'appellation  ci-des- 
sus qui  est  à  peu  près  la  seule  employée  aujourd'hui  au  Sénégal: 
et,  ajoute-t-il,  nous  ne  saurions  trop  engager  à  rejeter  l'ancienne 
dénomination  de  Beurre  de  Galam,  qui  peut  donner  lieu  à  une 
confusion  regrettable.  On  désigne  en  effet  aussi  sous  ce  dernier 
nom  un  beurre  d'origine  animale,  que  les  Maures  apportent  sur- 
tout pendant  la  traite  et  qui,  du  reste,  sert  à  peu  près  aux 
mêmes  usages.  » 

Cet  auteur  relate  avec  soin  l'aspect  extérieur  de  l'arbre,  qui 
croît  dans  les  terrains  argilo-siliceux,  schisteux,  ferrugineux, 
rocailleux  et  crevassés  des  plaines  du  Haut  Sénégal  vers  le 
Niger. 

Après  avoir  donné  les  caractères  extérieurs  de  la  plante,  de 
ses  fleurs  et  de  ses  fruits,  il  ajoute  (3): 

«  On  ne  fait  pas,  à  proprement  parler,  de  récolte  de  ce  fruit, 
mais  chaque  matin  les  femmes  et  les  enfants  vont  ramasser  les 
fruits  tombés  pendant  la  nuit  et  à  la  suite  des  tornades  assez 
fréquentes  aux  mois  de  juillet  et  août,  époque  à  laquelle  ils  en- 
trent en  pleine  maturité. 

«  On  rejette  ceux  qui  sont  incomplètement   mûrs   ou   trop 

(1)  Holmes.  —  Notes  on  Shea  Batter.  Pharm,  Journ,,  London,  1879,  IX,  818 
et  829. 

(2)  Baucher.  —  Etude  sur  le  beurre  de  Karité.  Arch.  de  méd.  navale,  1883,   XL, 
372-378. 

(3)  Nous  avons  extrait  ce  qui  va  suivre,  in  extenso,  do  travail  de  M.  Baucher,  qui 
a  mis  la  question  admirablement  aa  point. 


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~  G5  — 

avancés.  Les  procédés  d'extraction  eu  usage  pour  robtentiou 
de  ce  beurre  végétal  sont  assez  primitifs,  quoique  souvent  fort 
longs  et  laborieux  et  reposent  tous,  plus  ou  moins  sur  l'emploi 
de  Teau  bouillante;  ce  travail  est  naturellement  confié  aux 
femmes,  qui  y  emploient  une  partie  de  la  saison  sèche.  » 

Il  donne  ensuite  le  procédé  le  plus  généralement  employé  et 
qui  les  résume  à  peu  près  tous,  nous  y  reviendrons  plus  tard, 
de  même  que  sur  les  caractères  et  usages  du  produit. 

C'est  dans  ce  même  travail  qu'on  trouve  faite  en  France  la 
première  analyse  de  la  graisse  de  Karité  ;  elle  émane  du  Comité 
de  l'Exposition  permanente  des  colonies. 

£au 820p.t00 

Impuretés 180     — 

Graisw 090     — 

Par  la  saponification  on  obtient  (produit  débarrassé  de  son  eau 
et  de  ses  impuretés)  : 

Acides  gras  solides 50  10  o/o 

—  liquides 35  40  «  « 

Glycérineà28o  Baume 9  68 

104  18 

Cette  augmentation  de  poids  est  due  à  la  glycérine  qui,  en  se 
séparant  du  corps  gras,  fixe  un  poids  d'eau  égal  au  sien. 

Par  la  saponification,  pendant  les  premiers  temps,  le  produit 
exhale  une  odeur  agréable  semblable  à  celle  du  beurre  de  lait 
de  vache.  Les  acides  gras  solubles  ont  un  point  de  fusion  de  49^8. 

C'est  donc  à  partir  de  cette  époque  que  Ton  est  vraiment  bien 
renseigné  sur  la  valeur  de  cette  graisse  ;  aussi  nous  allons  as- 
sister à  de  nombreux  efforts  faits  en  vue  de  sa  vulgarisation, 
et  si  aujourd'hui,  comme  on  le  verra  dans  la  suite  de  cette 
étude,  elle  n'a  pas  encore  pris  dans  l'industrie  la  place  à  laquelle 
elle  est  en  droit  de  prétendre,  cela  tient  uniquement,  croyons- 
nous,  aux  difficultés  de  son  transport  à  la  côte  à  des  prix  abor- 
dables. 

S  IL*—  Préparation  de  la  graisse  de  Karité. 

Les  procédés  d'extraction  en  usage  pour  l'obtention  de  ce 
beurre  végétal  sont  assez  primitifs,  car  jusqu'alors  la  prépara- 


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—  66  — 

tion  du  produit  qui  est  à  peine  exportée  est  restée  entre  les 
mains  des  indigènes,  qui  emploient  les  procédés  les  plus  rudi- 
mentaires.  Malgré  les  quelques  variations  qu'ils  présentent  avec 
les  différentes  peuplades,  on  peut  les  résumer  ainsi  (1)  : 

Les  fruits  sont  d'abord  débarrassés  de  leur  partie  pulpeuse 
en  les  enfouissant  en  terre  pendant  un  temps  variable,  comme 
cela  se  pratique  pour  les  cacaos,  dits  terrés.  La  fermentation  ne 
tarde  pas  à  laisser  en  état  de  liberté  les  coques  protectrices  de 
l'amande  (2).  C'est  la  première  phase  de  l'opération,  au  début 
de  laquelle  on  a  eu  soin  de  rejeter  les  fruits  incomplètement 
mûrs  ou  trop  avancés. 

La  seconde  partie  consiste  dans  la  dessication  complète  de 
ses  coques  qu'on  commence  au  soleil  et  qu'on  termine  généra- 
lement dans  de  petits  fours  en  terre  chauffés  légèrement,  ana- 
logues à  ceux  qu'on  rencontre  à  l'entrée  de  chaque  case  bam- 
bara. 

Lorsqu'elles  ont  perdu  leur  humidité,  on  les  sépare  mécani- 
quement de  la  semence  qu'elles  contiennent.  Cette  semence  est 
ensuite  légèrement  chauffée,  puis  réduite  en  pâte,  soit  à  l'aide 
de  pilon,  soit  à  l'aide  de  pierres.  Cette  pâte  est  alors  portée 
dans  de  l'eau  maintenue  à  l'ébuUition.  Le  corps  gras  vient  nager 
à  la  surface  et  les  impuretés  gagnent  le  fond.  Après  refroidis- 
sement, on  enlève  le  beurre  et  on  le  bat  pour  chasser  une  partie 
de  l'eau  emprisonnée  dans  ce  traitement.  Il  en  reste  encore 
néanmoins  environ  8  p.  100.  On  en  forme  ensuite  des  pains,  de 
1-3  kg. ,  qu'on  entoure  de  feuilles  et  auxquels  on  donne  à  peu 
près  la  forme  et  la  dimension  de  nos  pains  de  munition. 

«  Il  est  évident,  écrit  ce  même  auteur  (il  y  a  par  conséquent 
bientôt  25  années)  que  le  procédé  qui  consisterait  à  réduire  les 
semences  en  pâte,  dans  un  mortier  chauffé  et  à  exprimer  ensuite 
cette  pâte  entre  deux  plaques  de  fer  étamées  et  préalablement 
échauffées  à  l'aide  de  l'eau  bouillante,  serait  de  beaucoup  supé- 
rieur: mais  nulle  part  il  n'est  encore  employé.  » 

Rançon  (3),  donne  des  renseignements  identiques  : 

Après  avoir  laissé  pourrir  les  fruits,  on  retire  les  noyaux  que 

(1)  Bauchir.  —  Loc.  cit,,  p.  375. 

(2)  n  peut  y  avoir  également  intervention  des  insectes,  comme  le  dit  Ghbvauer. 

(3)  Rançon.  —  Loe.  dt.,  p.  249. 


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-  67  — 

Ton  fait  sécher  et  griller  dans  un  four  d'argile.  La  coque  étant 
enlevée,  on  pile  les  amandes,  de  façon  à  former  une  pâte  bien 
homogène.  «  Cette  pâte  est  plongée  dans  Teau  froide  où  on  la 
laisse  pendant  24  heures,  puis  battue,  pétrie  et  tassée  en  forme  de 
pain,  enveloppée  de  feuilles  et  bien  ficelée.  Ces  pains  sont  sus- 
pendus dans  rintérieur  des  cases  et  peuvent  aussi  se  conserver 
pendant  longtemps.  » 

Il  y  a  là  une  erreur  ou  une  omission,  comme  cela  se  présente 
assez  fréquemment  dans  les  comptes-rendus  de  cet  observateur; 
les  pains  de  Karité  sont  certainement  de  la  graisse  extraite  par 
Teau  bouillante  ou  par  pression,  car  ils  ne  renferment  pas  de  débris 
végétaux  comme  on  en  trouverait  si  la  masse  était  constituée  par 
des  pains  d'amande  broyées,  même  après  malaxage  dans  Teau. 


FiG.  XIV.  —  Karité.  —  Triage  des  noix  au  Soudan  (ces  trois  figures  ont  été  repro- 
duites d'après  des  cartes  postales  envoyées  par  M.  le  D'  Conan  des  troupes  colo- 
niales à  Dakar). 

Hegkel,  en  1885,  reproduit  comme  nous  la  méthode  de  pré- 
paration décrite  par  Baucher,  le  travail  de  cet  auteur  étant 
absolument  digne  de  foi,  comme  Tout  confirmé  tous  les  rensei- 

(1)  Hegkel.  —  Loc,  ctf.,  La  Nature^  p.  371. 


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—  68  — 

nements  recueillis  dans  la  suite  par  les  divers  explorateurs  de 
la  région  soudanienne. 

Voici  maintenant,  d'après  le  comte  Zech  (1),  quelle  est  la 
méthode  employée  au  Togo  : 

«  Les  graines  sont  mises  à  sécher  au  soleil,  jusqu'à  ce  que 
la  partie  intérieure  se  soit  détachée  de  l'enveloppe,  puis  l'indi- 
gène brise  cette  enveloppe  et  enlève  le  noyau.  Pour  la  prépara- 
tion du  beurre,  les  indigènes  de  Kratschi  font  rôtir  les  graines 
dans  une  sorte  de  capsule  munie  de  très  nombreux  petits  trous 
que  l'on  place  au-dessus  du  feu.  Pendant  ce  rôtissage,  on 
retourne  constamment  les  graines  à  l'aide  d'une  sorte  de  spa- 
tule en  bois. 


i^zk    ^^ 

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FiG.  XIII.  —  Préparation  du  Beurre  de  Karité.  —  Torréfaction  et  pilon- 
nage des  amandes  de  Karité  an  Soudan. 

«  Dans  le  Djagomba,  les  indigènes  emploient  un  four  cylin- 
drique en  terre  glaise,  à  la  base  duquel  se  trouve  une  ouverture 
pour  le  foyer  ;  à  Tintérieur,  un  peu  au-dessus  de  la  moitié  de 
la  hauteur  se  trouve  un  gril  constitué  par  des  bâtonnets   de 

(1)  Zech.—  Le  Karité  au  Togo.  Tropenpflanzer  n*  9,  4903.  Eit.  in  Rev.cuU,  col., 
8«  année,  XIV,  4904,  n»  141,  44-45. 


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—  69  - 

bois  séparant  la  partie  supérieure  de  la  partie  inférieure  ;  le 
feu  est  allumé  dans  la  partie  inférieure  pendant  que  les  noix 
sont  amenées  dans  la  partie  supérieure. 

«  Le  rôtissage  dure  jusqu'à  ce  que  la  graisse  commence  à 
perler  à  la  surface  de»  noyaux  ;  ceux-ci  sont  alors  piles  dans 
un  mortier  de  bois  et  réduits  en  masse  pâteuse.  (]ette  dernière 
est  bouillie  dans  des  chaudrons  avec  de  Toau  et  la  matière 
grasse  vient  nager  à  la  surface  où  elle  est  recueillie  à.Taide 
de  calebasses.  Le  beurre  de  Karité,  préparé  dans  un  but  com- 
mercial, est  après  refroidissement  mis  en  pains  et  entouré  de 
feuilles. 


FiG.  XV.  —  Fabrioation  du  Banrre  de  Karité.  —  Le  bearre  est  décanté  et 
coulé  dans  des  calebasses. 

«  Cette  préparation  exige  \xnv  grande  main  d'œuvre,  par 
suite  une  perte  considérable  de  temps  et  aussi  de  matières 
utilisables.  Il  serait  à  désirer  que  Ton  puisse  introduire  une 
préparation  plus  rationnelle  qui  permettrait  d'utiliser  les  résidus 
qui  actuellement  sont  jetés. 

«  Le  colonel  Viard  (2)  donne  une  méthode  un  peu  différente. 

(2)  Viard.  —  La  préparation  et  le  commerce  du  beurre   de  Karité  au   Sou<lan 
français.  Rev.  culL  col.  1399,  V,  u»  41,  304-906. 


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—  70  — 

Chaque  année,  dit-il,  la  récolte  des  fruits  a  lieu  en  juin  aux 
approches  de  Thivernage.  Chaque  famille  indigène  se  contente 
de  ramasser  ou  d'abattre  les  noix  qui  lui  seront  nécessaires 
pendant  le  cours  de  Tannée.  La  fabrication  du  beurre  n'est  pas 
spécialisée  entre  les  mains  de  certains  indigènes.  Chacun 
travaille  pour  soi.  La  récolte  toute  entière  n'est  jamais  utilisée 
en  même  temps.  Les  indigènes  tiennent  à  se  ménager  pour 
toute  l'année  la  graisse  dont  ils  auront  besoin.  Cette  graisse, 
en  effet,  au  contact  de  la  chaleur  devient  rance,  il  est  donc 
nécessaire  de  n'en  fabriquer  qu'au  fur  et  à  mesure  de  la  con- 
sommation. Pour  conserver  les  noix,  les  indigènes  déposent  ces 
noix  avec  le  péricarpe  et  les  recouvrent  de  terre.  Elles  peuvent 
ainsi  se  conserver  toute  l'année. 

La  préparation  du  Karité  est  très  simple,  mais  les  moyens 
rudimentaires  employés  la  rendent  longue  et  pénible.  Elle  est 
la  même  partout. 

Les  fruits  ou  amandes  sont,  après  la  récolte,  débarrassés  de 
leur  brou.  On  les  expose  ensuite  au  soleil  pendant  2  ou  3  jours, 
puis  on  les  écrase  soit  avec  un  pilon,  soit  entre  deux  pierres 
plates.  Les  fragments  sont  séparés  des  débris  d'écale  et  piles 
une  première  fois.  Les  femmes  sont  chargées  de  ce  travail. 
Ainsi  broyée,  la  matière  sébacée  est  mise  à  sécher  pendant 
deux  jours  environ  sur  des  nattes,  puis  soumise  à  deux  nou- 
veaux passages  au  pilon  sép<irés  par  une  cuisson  dans  l'eau 
jusqu'à  ébuUition  complète. 

A  la  fin  de  ces  opérations,  on  obtient  une  sorte  de  pâte  peu 
compacte,  laquelle  est  versée  dans  de  grandes  calebasses  rem- 
plies au  préalable  d'un  peu  d'eau  chaude.  Cette  pâte  est  ensuite 
battue  vivement  à  la  main.  Il  se  forme  une  mousse  qu'on 
recueille  et  qu'on  fait  bouillir  dans  une  marmite  pendant  un 
temps  variant  de  12  à  24  heures. 

Le  liquide  épais  et  noirâtre  qui  s'est  déposé  au  fond  des 
calebasses  est  traité  de  la  même  façon,  mais  dans  un  vase 
séparé. 

Après  la  cuisson,  la  graisse  surnage  ;  on  la  recueille  en  l'écu- 
mant  avec  de  petites  calebasses  à  manche  et  on  la  verse  dans 
un  nkûpient.  La  matière  sébacée  se  fige,  nu  fur  et  à  mesun» 
qu'elle  refroidit  et  donne  le  beurre  dit  de  Karité. 


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—  71  — 

«  Le  produit  obtenu  contient  certainement  beaucoup  d'impu- 
retés qu'on  pourrait  éviter  en  filtrant  la  masse  graisseuse  à 
Tétat  liquide.  Il  serait  nécessaire  en  outre,  de  ne  pas  mélan- 
ger comme  le  font  les  indigènes  la  matière  végétale  issue  de  la 
mousse  et  celle  provenant  des  résidus  non  moussus.  La  qualité 
et  la  pureté  sont  à  des  degrés  différents  dans  les  deux  cas. 

«  Le  travail  assez  long  qu'exige  la  préparation  ainsi  faite 
par  les  indigènes,  l'apathie  de  ces  derniers  et  leur  idée  de  ne 
travailler  juste  que  pour  satisfaire  leurs  besoins  personnels  font 
qu'ils  s'intéressent  peu  au  commerce  du  Karité  :  aussi  ce 
produit  est-il  assez  rare  sur  les  marchés  et  coûte-il  assez 
cher».    • 

G.  Brousseau  (1)  donne  quelques  détails  complémentaires 
sur  la  façon  de  procéder  des  indigènes  du  cercle  du  Bourgou  au 
Dahomey  : 

«  La  récolte  se  fait  en  juin.  Le  fruit  est  vert,  de  la  grosseur  d'un 
abricot.  Les  indigènes  mangent  la  peau  et  la  pulpe  qui  enve- 
loppent la  graine  de  forme  ovoïde  et  de  la  grosseur  d'une  châ- 
taigne. On  laisse  sécher  les  graines  pendant  deux  mois  dans 
les  cases  au-dessus  des  foyers  pour  les  préserver  des  insectes. 

«  Au  mois  d'août,  on  casse  les  graines  insuffisamment  déhis- 
centes entre  deux  pierres  et  l'on  enlève  la  peau  de  cette  graine 
analogue  à  une  peau  de  châtaigne.  On  grille  à  petit  feu  les 
amandes  pour  les  durcir.  Ensuite  on  les  brise  entre  deux  roches 
de  granit  faisant  office  de  meule.  Les  femmes,  à  genoux,  pen- 
chées en  avant,  tiennent  à  deux  mains  une  roche  plate  qu'elles 
meuvent  sur  une  autre  plus  large  fixée  dans  le  sol  et,  avec  un 
mouvement  alternatif  d'avant  en  arrière  et  vice  versa^  exécutent 
ce  travail  très  pénible. 

«  On  met  la  poudre  ainsi  obtenue  qui  a  Taspect  du  café 
moulu  dans  des  sacs  qu'on  fait  bouillir  ensuite  dans  de  grandes 
jarres  pleines  d'eau  pendant  6  heures.  On  retire  le  sac  et  son 
contenu  bouillant  qu'on  dépose  dans  une  grande  calebasse.  On 
décante  avec  soin  le  beurre  qui  flotte  à  la  surface  de  l'eau  de 
la  jarre  et  on  obtient  ainsi  un  beurre  de  première  expression^ 
comestible  (couleur  et   aspect  du  beurre  ordinaire),  qui  sert  à 

(1)G.  Brousseau.— Extrait  d'un  rapport  à  M.  le  gouverneur  Liotard.  Agr, pratique 
des  PayS'Chaudê,  1902,  II,  n»  9,  360. 


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—  72  — 

la  cuisson  des  aliments..  Mon  cuisinier  a  pu  me  faire  manger 
des  bifleacks  cuits  avec  ce  beurre  de  première  qualité,  sans  que 
je  m'en  aperçoive.  On  presse  et  on  tord  ensuite  le  sac  et  son 
contenu  suffisamment  refroidis  et  on  obtient  un  beurre  de 
seconde  expression^  plus  foncé  de  couleur  qui  sert  à  Véclai^ 
rage  ;  on  fait  même  rebouillir  le  contenu  du  sac  préalablement 
séché  après  une  première  expression  pour  en  obtenir  un  beurre 
de  troisième  expression  qui  est  mélangé  avec  celui  de  la 
deuxième. 

«  Le  beurre  de  première  qualité  reste  comme  provision  dans 
les  familles  aisées  et  on  le  voit  assez  rarement  sur  les  marchés^ 
c'est  ce  qui  explique  que  le  beurre  d'exportation  est  toujours  de 
qualité  inférieure  (2®  expression)  ». 

Nous  extrayons  également  du  livre  de  François  (1)  la  note  sui- 
vante : 

«  Lorsque  le  fruit  atteint  sa  maturité,  il  tombe  ;  la  pulpe  ne 
tarde  pas  à  pourrir  et  l'amande  apparaît.  Les  amandes  sont 
ramenées  et  mises  à  sécher  pendant  une  quinzaine  de  jours  puis 
battues  pour  enlever  l'écorce.  Les  amandes  sont  ensuite  broyées 
et  grillées,  après  quoi  elles  sont  soumises  à  un  nouveau 
broyage  au  moyen  de  deux  pierres.  On  obtient  ainsi  une  masse 
pâteuse,  sur  laquelle  le  beurre  perle.  Cette  pâte  est  décantée, 
puis,  après  avoir  été  additionnée  d'eau,  est  placée  dans  une 
marmite  doucement  chauffée.  Le  beurre  liquide  de  couleur 
brune  monte  à  la  surface.  En  refroidissant,  il  présente  un  aspect 
jaunâtre. 

«  La  valeur  de  ce  beurre  de  Karité  est  y  sur  place,  d'environ 
cinquante  centimes.  Il  pourrait  donner  lieu,  si  toutes  les 
amandes  étaient  recueillies,  à  un  trafic  important  ».    • 


En  somme,  la  préparation  est  des  plus  primitives,  elle  se  fait 
par  l'intermédiaire  de  l'eau  bouillante  après  pilonnage  grossier. 
Il  est  évident  qu'il  y  a  aussi  une  assez  grosse  quantité  de 
matière  grasse  non  utilisée  et  restant  dans  les  grumeaux. 
D'autre  part,   le  point  de   fusion   assez  élevr»  (vers  30®"»  de  la 

(I)  Loc.  ci/,  p.  58. 


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-  73  — 

matière  rend  cette  intervention  nécessaire,  du  moins  pour  les 
indigènes. 

Industriellement,  l'extraction  à  Taide  de  placpies  chauffées  et 
par  tout  autre  procédé  raisonné  donnerait  sans  doute  un  excel- 
lent résultat. 

Toutefois,  on  doit  faire  remarquer  que  le  grillage  que  certaines 
tribus  font  subir  aux  amandes  a  peut-être  son  utilité,  car  il  ne 
faut  pas  oublier  que  cette  graine  renferme  du  latex  qui,  coagulé 
par  la  chaleur,  ne  saurait  souiller  la  graine  obtenue  ensuite. 

VuiLLET  et  Chevalier  nous  ont  dit  que  la  graine,  non  com- 
plètement mûre,  devait  renfermer  une  certaine  quantité  de 
matière  guttoide  et  les  essais  faits  dans  l'industrie  corroborent 
cette  observation  (l). 

L'intervention  du  grillage  doit  coaguler  toutes  les  matières 
albuminoides  et  aider  considérablement  à  l'extraction  du 
produit  ;  mais  alors,  cette  chaleur  employée  sans  méthode  n'al- 
tère-t-elle  pas  partiellement  la  matière  grasse  ?  (2). 

Signalons  encore  les  divergences  des  méthodes  signalées. 
Dans  certaines  régions,  les  indigènes  recueillent  les  fruits  et  les 
font  fermenter  pour  se  débarrasser  de  la  pulpe. 

Dans  d'autres  contrées,  les  fruits  sont  séchés  et  concassés 
ensuite,  parfois  même,  ils  sont  enterrés  afin  de  se  conserver, 
pour  procéder  à  l'extraction  de  la  matière  grasse  au  fur  et  à 
mesure  des  besoins. 

Des  essais  raisonnes  sont  nécessaires  dans  nos  usines  de  la 
métropole,  en  partant  de  noix  en  parfait  état  de  conservation, 
afin  d'obtenir  un  produit  identique  avec  une  méthode  rigou- 
reuse. 

L'épuration  semble  assez  délicate,  sans  doute  à  cause  des 
produits  fournis  par  les  laticifères  de  l'embryon  ?  D'autre  part, 
les  procédés  rudimentaires  des  indigènes  laissent  évidemment 
une  quantité  importante  de  matière  dans  les  résidus  (plus  de 
10  %)  et  les  traitements  successifs  et  longs  à  l'eau  bouillante 
altèrent  vraisemblablement  le  produit. 

(1)  MM.  RoGCA,  Tassy  et  de  Roux,  les  industriels  bien  connas  de  Marseille,  ont 
pris  à  ce  sujet  an  Brevet  (n"  344,  368)  ayant  pour  but  d'extraire  une  matière  gom- 
meuse  de  la  graisse  de  Karité. 

(2)  Aucune  recherche  n*a  été  dirigée  dans  ce  sens. 


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—  74  — 

Les  avantages  d'un  traitement  rationnel  et  d'une  extraction 
complète  compenseraient  peut-être  les  frais  d'envoi  supplémen- 
taires et  il  y  aurait  vraisemblement  intérêt  à  faire  venir  les 
noix  séchées,  comme  on  le  fait  pour  les  amandes  de  palmes  ; 
on  doit  encore  remarquer  que  la  noix  est  dans  le  cas  du  Karitë 
très  facile  à  briser  et  la  coque,  par  conséquent,  aisément  sépa- 
rable. 

§  III.  —  Rendement. 

Chevalier  écrit  dans  ses  notes  que  36  kg.  de  fruits  donnent 
2  kg.  de  beurre,  soit  55  gr.  par  kg.  de  fruits  (5,50  p.  1000  envi- 
ron) ou  bien  encore,  que  500  gr.  de  noix  rendent  61  à  63  gr.  de 
beurre,  soit  un  peu  plus  de  12  %. 

On  voit  combien  est  peu  élevée  la  proportion  de  beurre 
extrait,  et  quelle  perte  énorme,  par  rapport  à  la  teneur  en 
matières  grasses  démontrée  par  l'analyse  chimique. 

Cazalbou  (1)  donne  des  chiffres  un  peu  différents,  car  il  insiste 
sur  la  production  des  deux  variétés  du  Karité  :  le  Cl  Diona 
(Karité  hâtif)  et  le  Cl  Kosa  (Karité  tardif). 

Ci  Diona  :  5  kg.  de  fruits  donnent  2  kg.  400  d'amandes 
fraîches  (120  au  kilog.)  qui  renferment  625  gr.  de  beurre, 

soit  26  %. 

Ci  Kosa  :  5  kg.  de  fruits  donnent  2  kg.  d'amandes  fraîches 
(150  au  kilog.)  fournissant  750  gr.  de  beurre  : 

soit  37,5%. 

La  variété  tardive  fournirait  ainsi  un  rendement  de  12  7o 
plus  considérable.  Nous  croyons  devoir  faire  ici  quelques 
réserves  jusqu^à  plus  ample  informé. 

MM.  RoccA,  Tassy  et  de  Roux  ont  répondu,  à  une  question 
posée  par  nous,  que  sur  les  graisses  arrivées  en  coque  il  y 
avait  une  proportion  de  33  7o  ^^  coques  environ  et  67  %  d'a- 
mande. 

Traitées  dans  leur  laboratoire,  ces  amandes  ont  donné  : 

Humidité  Huile 

P'   échantillon  6.12  50.70 

2**     échantillon  8.71  46 

(  1  ;  Cazalbon.  Répertoire  de  police  sanitaire  vétérinaire,  Paris  1906,  u9»  5, 75,  76. 


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—  75  — 

La  teneur  en  huile,  extraite  par  les  procédés  de  laboratoire, 
serait  donc  voisine  de  50  %  du  poids  de  l'amande.  Ce  chiffre 
est,  d'ailleurs,  confirmé  par  M.  Milliau. 

Le  rendement  en  huile  dans  leur  usine,  sur  un  traitement  de 
40.000  kg.  environ,  n'est  pas  supérieur  à  36  %  ;  il  restait  dans 
les  tourteaux  de  9  à  10  %  d'huile. 

Ces  quelques  indications  montrent  qu'il  y  a  encore  des  progrès 
à  faire  pour  obtenir  le  rendement  total  ;  nous  sommes  heureux, 
toutefois,  de  profiter  de  cette  occasion  pour  remercier  vivement 
ces  industriels,  dont  l'initiative  hardie  autant  qu'éclairée  est 
bien  connue,  de  leur  amabilité  constante  à  notre  égard.  Ils  ont 
été,  croyons-nous,  les  premiers  à  s'occuper  de  cette  question  du 
Karité  et  à  en  triturer  une  quantité  importante,  ce  qui  permettra, 
sans  doute,  de  fixer  un  certain  nombre  de  points  des  plus  utiles 
au  point  de  vue  scientifique  et  au  point  de  vue  des  débouchés 
du  nouveau  produit,  soit  dans  l'industrie,  soit  dans  l'alimenta- 
tion. 

§  IV.  —  Caractères  et  composition  de  la  graisse  alimentaire 

de  Karité. 

Préparée,  comme  nous  venons  de  le  voir,  la  graisse  de  Karité 
se  présente  dans  le  commerce  sous  la  forme  de  pains  aplatis  ou 
lenticulaires  de  poids  variable  (généralement  de  3  à  5  kg.  et 
plus),  enroulés  de  feuilles  et  encerclés  à  l'aide  de  liens  végétaux. 
Elle  est  de  consistance  grenue,  blanc  plus  ou  moins  grisâtre, 
rappelant  l'apparence  d'un  suif  de  qualité  médiocre  ;  mal  pré- 
parée, elle  est  parfois  rougeâtre  et  de  valeur  industrielle  varia- 
ble avec  l'origine  géographique  (l).  Nous  avons  vu,  en  effet, 
que'  les  procédés  d'extraction  des  différentes  tribus  paraissaient 
assez  variables  dans  les  détails,  et  c'est  ainsi  que  les  beurres 
qui  arrivent  de  la  région  sud  au  Sierra  Leone,  sont  plus  estimés 
que  ceux  qui  proviennent  du  Haut-Sénégal,  à  Dakar  et  à  St- 
Louis. 

L'odeur,  peu  développée  à  froid,  et  qui,  d'ailleurs,  souvent 
n'est  autre  que  celle  de  la  matière  rance,  devient  à  la  cuisson 

(i)  Gela  tient  peut-être  aux  variétés  de  Tarbre,  mais  aussi  et  surtout  au  soin  et  à  la 
méthode  avec  lesquels  la  graisse  a  été  préparée. 


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—  76  — 

spéciale  et  désagréable  aux  Européens  (1).  Déjà,  nous  avons  dit, 
que  les  indigènes  s'en  débarrassent  en  projetant  dans  la 
graisse  bouillante  des  gouttes  d'eau  froide  qui,  en  se  volatisant, 
entraînent  les  substances  volatiles  odorantes. 

Bien  préparé  et  enveloppé  pour  être  soustrait  à  l'action  de 
l'air,  le  beurre  de  Karité  ne  rancit  pas  et  c'est  là  une  des  prin- 
cipales qualités  qui  ont  rendu  son  usage  courant  dans  toute 
l'Afrique  occidentale  et  centrale. 

Sa  propriété,  de  fondre  seulement  aune  température  relative- 
ment élevée  (entre  30  et  35®  d'après  Baugher),  en  permet  éga- 
lement le  facile  transport.  Ce  point  de  fusion  est  très  variable 
avec  les  auteurs,  comme  beaucoup  d'autres  chiffres  analytiques. 

HscKELen  a  donné,  en  1883,  l'analyse  sommaire  suivante  : 

«  Chauffé  à  120*  C,  il  donne  0,05  %  d'eau  et  0,10  de  brut 
obtenu  par  décantation  du  beurre  fondu.  Le  brut  consiste  en 
poussière  et  matières  ligneuses.  Saponifié  par  l'hydrate  de 
baryte  cristallisée,  le  beurre  de  Galam  donne  un  déchet  de 
5,15  %,  soit  un  rendement  en  acide  gras  de  94,85%  ;  les  acides 
gras  ont  un  point  de  solidification  de  53®.  La  pression  de  ces 
acides  gras  a  fourni,  d'une  part,  45  %  d'acide  stéarique  et  57  % 
d'acide  oléique,  d'autre  part  (2).  Purifié  par  l'alcool  à  95®,  l'acide 
stéarique*  a  un  point  de  solidification  de  -f-  67®.  » 

Hegkel  a  également  obtenu  par  l'éther  sulfurique,  25  %  envi- 
ron du  poids  total  des  graines  d'une  matière  grasse  d'aspect 
verdâtre  et  d'odeur  désagréable  très  différente  de  celle  du  pro- 
duit qui  nous  arrive  d'Afrique. 

Boois,  dans  le  Dictionnaire  de  Chimie  de  Wurtz^  donne 
également  quelques  chiffres  assez  différents  de  ceux  de  Hegkel  ; 
la  densité  du  beiu-re  de  Karité  serait  de  0,938. 

Enfin,  plus  récemment,  Ferdinand  Jean  (3)  a  repris  cette 
question,  nous  lui  empruntons  une  partie  de  son  mémoire  : 

(1)  L^B  personnes  qoe  nous  avons  consultées  s'accordent  à  reconnaitre  que  cette 
odeur  spéciale  rappelle  celle  du  Beurre  de  Cacao,  comme  l'avaient  rapporté  les  plus 
anciens  observateurs. 

(3)  Ceci  est  loin  de  concorder  avec  les  chiffres  de  Oudemans  que  nous  avons 
relatés  plus  haut;  cet  auteur  a  trouvé  70  o/o  d*acide  stéarique  et  90  <>/o  d'acide 
oléique. 

(3)  Ferd.  Jican.  —  Note  sur  le  Beurre  de  Karité.  Ami.  Chimie  analytique. 


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-  77- 

«  100  de  ces  graines  de  Kariié  sont  constituées  par  25  gr.  5 
de  co<[ues  et  71  gr.  5  d'amandes. 

«(  L'analyse  de  l'amande  nous  a  fourni  : 

Eau i0,06p.  100 

Matière  grasM 35^40    —     (1) 

Bitractif  solable  dans  Teau. . , .  96,44  dont  3^2  da  Unnin 

Cendras.... 2,50  p,  400 

Matières  cellulosiques. . .  .* 22,52     — 

«  Le  tourteau,  épuisé  de  la  matière  grasse,  renferme  1,75 
p.  100  d'azote  et  1,7  p.  100  de  cendres. 

«  Le  beurre  extrait  des  graines  de  Karité  est  blanc  et  fournit 
une  pâte  onctueuse,  légèrement  odorante  et  à  saveur  astrin- 
gente.. Il  est  possible  d'épurer  ce  beurre  par  un  traitement 
analogue  à  celui  qui  est  employé  pour  transformer  le  coprah  en 
beurre  de  coco  alimentaire,  épuration  qui  donne  un  déchet 
moindre  qu'avec  le  coprah,  parce  que  le  beurre  de  Karité  ne 
renferme  que  des  traces  d'acides  solubles  et  volatils. 

«  La  matière  extraite  par  l'éther  de  pétrole  des  graines  de 
Karité  a  fourni  les  indices  suivants  : 

Déviation  à  roléoréfractomëtre  (temp.  45»,  échelle  OB) 4-22" 

Point  de  fusion 90» 

Indice  de  saponification 175-176  KOH 

—     deReicherM.-W 2,6N/10 

Acides  gras  volatils  solubles  (en  acide  buytrique) 0,211 

Acides  gras  volatils  insolubles  (en  acide  butyrique) l,(fô 

_         ^    acides  insolubles  ^,  .^       .^ 

Rapport  :  — ri rrr—  X  ^^  =  ^^• 

acides  solubles  ^^ 

«  A  la  distillation,  d'après  le  procédé  Muntz  et  Coudon,  il  se 
sépare  des  acides  concrets  abondants  et  volumineux,  très  diffé- 
rents de  ceux  qu'on  observe  avec  le  beurre  de  Coco. 

«  Le  beurrefde  Karité,  préparé  au  pays  d'origine  par  pres- 
sion des  amandes  broyées  avec  l'eau,  nous  a  fourni  les  résultats 
suivants  : 

Oléoréfiradomètre +  iS* 

Point  de  fusion 30» 

Titre  des  acides  gras 54«5 

(libres 0,009  KOH 


(1)  Ce  rendement  est  extiémeaient  fkible  par  rapport  aux  chiffres  sigBalës  par  les 
différents  auteurs  et  qui  oscillent  toujours  entre  45  et  50  fl/o* 


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—  78  - 

Indice  de  saponification 0,175  KOU 

Acide»  volaUte  (R.  M.-W.) 4,19  N710 

Indice  d'iode 19,75  \*.  100 

Acides  solables .♦.- traces 

Acides  gras  (méthode  Renard) 11,09 

Point  de  fusion 67«8 

Acides  gras  des  sels  de  potassium 3,855 

Point  de  fusion ^  664 

«  Indice  Mougnaud  : 

Acides  volatils  solubles 3,2 

Acides  volatils  insolubles 0,5 

^  ^     acides  volatils  insolubles  v,  .^^      ^  ^ 

Rapport  :    — r; p-r ttï —  X  ^^  =  22,7 

acides  volatils  solubles     ^^  ' 

«  Le  beurre  de  Karité,  ne  contenant  ni  acide  caprylique,  ni 
acide  caproïque,  ne  fournit  pas  d'indices  argentiques,  ce  qui  le 
différencie  du  coco. 

Acide  gras  insoluble  (indice  Hehner) 91,2   p.  100 

Rendement  en  acides  concrets 69,28    — 

Rendement  en  acides  liquides 21,92    — 

Rendement  en  glycérine 8,816  — 

Saponification  ;  100  acides  gras 210desavondur 

«  D'après  ces  données  analytiques,  on  voit  qu'une  addition 
de  beurre  de  Karité  au  beurre  de  vache  a  pour  effet  de  reporter 
il  droite  la  déviation  de  l'oléoréfractomètre,  d'abaisser  le  chiffre 
de  saponification,  l'indice  Reichert  et  l'indice  argentique,  d'éle- 
ver l'indice  Hehner  et  d'élever  les  rapports  dans  la  méthode 
de  Muntz  et  Coudon  et  Mougnaud. 

«  Un  beurre  fraudé  par  addition  de  Karité  nous  a  donné  à 
l'analyse  les  résultats  suivants  : 

Densité  à  100' 865,3 

Oléoréfractomètre —  22» 

Indice  Crismer  (alcool  à  8195) 96* 

Indice  de  saponification 212  KOH 

«  Méthode  de  Muntz  et  Coudon  : 

Acides  volatils  solubles  (en  acide  butyrique) 4,665 

Acides  volatils  insolubles  (en  acide  butyrique) 0,94 

Rapport  =  20 

Dans  le  remarquable  ouvrage  de  Lewkowitch  (1),  on  lit  que  la 

(1)J.  Lewkowitch.  —  Ghemische  Technologie  und  Analyse  der  Oele,  Fette  und 
Wachse.  1905,  Braunschwig,  II,  279. 


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—  79  — 

semence  renferme  49  à  52  •/«  de  matières  grasses.  Le  beurre  de 
Shea  (suif  de  Noungou  (1),  Burro  di  Seha)  est  ferme,  de  couleur 
gris-blanchàtre  et  d'une  saveur  aromatique  particulière. 

Les  constantes  physiques  et  chimiques  oscilleraient,  d'après 
les  différents  auteurs  Vaxenta,  Milliau,  Allen,  Stohmann, 
Kassler,  Lewkowitch  (2),  dans  les  proportions  suivantes  : 

Densité  :  de  0,859  à  0,953  ;  point  de  fusion:  23**  à  30*»  ;  indice 
de  saponification  :  178,  192,3  ;  indice  d'iole  :  53,8,  67,2  ; 
indice  de  Hehner  :  94,76. 

De  semblables  variations  existent  pour  les  acides  gras  et  il 
n'est  pas  douteux  que  les  divers  observateurs  se  soient  trouvés 
en  présence  de  produits  différents,  soit  par  leur  origine  bota- 
nique, leur  méthode  de  préparation,  leur  degré  d'oxydation  ou 
enfin  d'adultération  par  des  matières  grasses  étrangères,  car 
d'après  des  communications  orales  qui  nous  ont  été  faites  de 
divers  côtés,  le  beurre  destiné  à  l'exportation  serait  fraudé  par 
les  noirs. 

L'analyse  la  plus  récente  de  M.  Milliau  donnerait  les  chiffres 
suivants  : 

Huile  coDtenae  dans  Tamande 45-49  «/o 

Poids  spécifique 0.928 

Saponification  sulfurique* 28 

Indice  diode. 68 

Saturation  par  la  soude  (Indice  Ferrie)..  15,1 

Solidification  des  acides  gras 58  à  54* 

Rendement  en  glycérine 9 

—  acide  gras 95,8 

Acides  gras  concrets 80  •/# 

—       fluides H  —  • 

Point  de  solidification  du  beurre 26* 

Acidité  en  acide  oléique .6,10 

Nous  ne  trouvons  nulle  part  d'autre  analyse  sur  la  nature  des 
acides  gras  cpii  composent  cette  graisse  végétale  et  pourtant  cela 
est  important.  Le  point  de  fusion  qui  semble  en  général  de  2V  à 
30**,  est  chez  certains  échantillons  élevés  jusqu'à  36*.  Il  semble 
évident  qu'on  a  dû  faire  subir  une  épuration  ayant  pour  but 
d'enlever  une  partie  des  glycérides  à  point  de  fusion  inférieur  à 

(1)  N'y  aurait-il  pas  erreur?  Le  suif  de  Noungou,  comme  on  le  verra  plus  tard,  est 

produit  par  une  Sapotacée  qui  croit  au  Ck>ngo,  et  qui  est  le  MimuBopi  Ljave  Engler. 

(â)  Voir  également  Touvrage  de  Ulzer  et  Klimont.  Ghemie  der  Fette,  Berlin,  1906. 


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—  80  — 


25®.  La  détermination  des  caractéristiques  telles  que  le  deman- 
dent les  industriels  ne  saurait  nous  satisfaire  entièrement. 


S  V.  —  Usages  de  la  graisse  de  Karité.  —  Commerce  local 
et  général.  —  Production. 

Usages.  —  Nous  avons  vu  que  le  principal  usage  de  la  graisse 
de  Karité  était  de  servir  aux  besoins  de  Talimentation  courante, 
c'est  ïe  beurre  végétal  du  Soudan;  mais  il  est  utilisé  pour  bien 
d'autres  usages. 

C'est  en  effet  la  graisse  préférée  pour  s'oindre  le  corpa  et  c'est 
le  cosmétique  par  excellence  des  négresses  de  la  plupart  des 
peuplades  de  l'ouest  et  du  centre  de  TAfricpie. 

La  graisse  de  Karité  est  aussi  un  médicament  pour  l'usage 
externe,  très  employé  en  friction  contre  les  douleurs  rhumatis- 
males. 

On  conçoit  dès  lors  aisément  que  les  Karités  se  rencontrent 
plus  abondants  aux  alentours  des  villages. 

En  Europe,  le  produit  n'est  pour  ainsi  dire  pas  encore  utilisé, 
toutefois,  il  en  est  arrivé  depuis  quelque  temps  une  certaine 
quantité  en  Angleterre  (1),  et  l'on  dit  qu'il  serait  employé  dans  l'in- 
dustrie du  chocolat  pour  remplacer  le  beurre  de  Cacao,  qu'on 
aurait  extrait  au  préalable  pour  le  vendre  séparément.  Il  cons- 
tituerait une  véritable  falsification  ;  les  experts  chimistes  ont  la 
crainte  de  le  voir  bientôt  mêlé  au  beurre  de  vache,  ce  qui  cons- 
tituerait pour  eux  une  recherche  supplémentaire,  la  liste  des 
corps  gras  alimentaires,  s'augmentant  ainsi  d'une  nouvelle  unité. 
Mais  serait-ce  une  raison  pour  le  frapper  d'ostracisme,  comme 
semblait  le  vouloir  tout  récemment  un  de  nos  ministres  (2). 

Cette  question  des  usages  européens  de  la  graisse  de  Karité 
a  préoccupé  tous  les  explorateurs  et  Galliéni  (3)  s'exprime  ainsi 
dans  les  quelques  lignes  qu'il  consacre  au  beurre  de  Karité  et 
à  l'arbre  qui  le  produit  : 

(1)  En  1867,  l'Angleterre  recevait  d^à  60  à  70  tonnes  de  Beurre  de  Karité;  en 
estime  l'importation  à  900  tonnes  environ  (Pharm.  Journal^  1879.  IX,  819). 

(3)  Em.  Perrot.  —  Les  corps  gras  végétaux  alimentaires  à  la  Chambre  des  Dé- 
putés. Bull.  Se.  pharmacol.,  XII,  déc.  1905, 321, 1906. 

(3)  Galliéni.  —  Exploration  du  Haut-Niger.  Tour  du  Monde. 


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—  81  — 

«  J(»  crois  (juo  ce  produit  pourrait  trouver  son  emploi  eu  Ku- 
i*ope  non  moins  que  Taracliide,  dout  nos  bâtiments  transportent 
(Faussi  grands  stocks  dans  nos  ports  dti  Marseille  et  de  Boi^ 
deaux.  Il  pourrait,  je  pense,  servir  non-seulement  à  la  confec- 
tion des  savons,  mais  aussi  à  celle  des  bougies. 

«  Toujours  est-il  qu'il  existe  sur  les  deux  rives  du  Niger 
d'immenses  forêts  de  Karité  qui  n'attendent  qu'une  exploitation 
facile  et  commode,  pour  être  mises  en  œuvre  et  lournir  un  objet 
d'échange  peut-être  plus  précieux  encore  que  V arachide,  » 

L'avenir  ne  tardera  pas  à  nous  dire  quel  parti  tirera  l'indus- 
trie de  cette  matière  nouvelle,  et  si,  comme  il  y  a  lieu  de  le 
croire,  on  arrive  à  purifier  le  produit  et  le  rendre  agréable  aux 
palais  européens,  ce  beurre  de  Karité  pourra  bien,  après  avoir 
été  raffiné  dans  la  métropole,  reprendre  le  chemin  des  pays  tro- 
picaux à  cause  de  sa  consistance  ferme  à  une  température  où  le 
beurre  ordinaire  de  vache,  la  margarine,  la  graisse  de  Coco 
alimentaire  sont  devenus  liquides. 

Ce  sera  peut-être  la  solution  du  problème  qui  nous  fut  posé  à 
diverses  reprises  par  des  coloniaux  des  Antilles  : 

Trouvez- nous  donc  une  matière  alimentaire,  agréable,  rappe- 
lant notre  beurre  et  encore  solide  aux  températures  moyennes 
des  régions  tropicales? 

Le  Karité  ne  pourrait-il  fournir  la  base  d'un  mélange  de  graisses 
alimentaires  répondant  à  ces  desiderata  ! 

La  graisse  de  Karité,  par  sa  consistance,  nous  parait  très 
désignée  pour  entrer  dans  le  domaine  des  préparations  phar- 
maceutiques à  base  de  corps  gras.  Elle  pourrait  donner  de  la 
consistance  avec  de  l'onctuosité  à  certains  ingrédients  et  sup- 
pléer le  beurre  de  cacao. 

W.  Busse  (1)  propose  une  autre  utilisation  :  c'est  de  mêler  la 
graisse  de  Karité  à  l'huile  de  Ricin  pour  graisser  les  machines  ; 
cela  existerait  déjà  au  Lagos,  d'après  une  communication  orale 
faite  à  cet  auteur  par  Bernegau. 

On  sait  que  l'huile  de  ricin  était  en  effet  très  employée  en 
Extrême-Orient  dans  ce  but,  mais  cpie  récemment  la  Direction 
de  l'Agriculture  constatait  le  remplacement  de  cette   huile  par 

(1)  w.  Busse.  -  Bericht  ûber  die  Pflanzenpathologische  Expedilion  nach  Kame- 
rum  undTogo.  Beifiefte  z%tm  tropenpnnzer^  Berlin,  190G,  Vil. 


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—  82  — 

les  graisses  minérales ^  qu^on  importait  à  des  prix  suffisamment 
modérés.  D'ailleurs  le  nombre  des  machines  est  encore  restreint 
en  Afrique 9  et  la  consommation  serait  de  ce  fait  bien  faiblement 
augmentée. 

Hambourg  et  Liverpool  ont  déjà  reçu  des  quantités  impor- 
tantes de  noix  et  de  corps  gras,  et  la  demande  s'élève  sans 
cesse  ;  l'avenir  économique  du  produit  comme  denrée  d'expor- 
tation ne  nous  semble  guère  douteux,  comme  on  va  le  voir  dans 
ce  qui  va  suivre. 

Commerce.  — Le  commerce  intérieur  est  assez  élevé,  et  donne 
lieu  à  des  échanges  importants  entre  régions  non  éloignées.  Ce 
courant  s'établit  des  districts  où  le  Karité  abonde  vers  ceux  qui 
en  sont  privés  pour  des  raisons  biologiques  quelconques  (ter- 
rains inondés,  sol  argileux  compact,  terrains  détritiques  sans 
humus,  plateaux  latéritiques  stériles,  etc.). 

Toutefois,  le  commerce  ne  s'étend  guère  au  delà  de  la  zone 
d'extension  géographique  de  l'espèce. 

Le  colonel  Yiard  évalue  approximativement  la  quantité  du 
beurre  de  Karité  obtenue  dans  le  Soudan  nigérien  à  350  ton- 
nes de  beurre,  ou  plus  de  1.000  tonnes  de  noix  (le  rendement 
moyen  du  beurre  étant  de  30  à  35  %). 

Ce  chiffre,  établi  en  1899,  ne  doit  évidemment  donner  aucune 
idée  réelle  de  la  faculté  productive  du  pays,  c'est  celui  de  la 
consommation  locale. 

Rançon,  à  propos  du  Niocolo,  dit  que  le  Karité  est  très  abon- 
dant et  que  les  indigènes  vont  vendre  le  beurre  qu'ils  ne  consom- 
ment point,  à  MaC'Carthy  et  Yabartenda  sur  la  Gambie. 

Il  nous  semble  d'ailleurs  que  la  Gambie  pourrait  devenir  une 
des  voies  d'exportation  du  Karité,  tout  au  moins  pour  cette 
région  extréme-ouest  de  la  zone  soudanienne 

En  1902,  au  Dahomey,  G.  Brousseau,  administrateur  des 
colonies,  écrit  à  M.  le  gouverneur  Liotard  (2): 

«  Indépendamment  de  ce  que  les  Anglais  peuvent  envoyer  en 
Europe  sur  le  marché  de  Liverpool,  il  se  fait  ici  un  grand  com- 
merce de  Karité  avec  Ibadan,  Illorin  et  toute  la  Nigeria  anglaise 

(2)  Ag,  praL  deê  Paya^Chauds,  loc.  cit.,  1902,  n*9,  p.  361. 


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—  83  — 

qui  est  à  pou  près  dépourvue  de  ces  produits.  L'arbre,  beaucou'p 
plus  rare  ne  pousse  pas  comme  ici,  eu  famille.  Surplace  mt^me, 
les  marchands  avisés,  font  provision  de  beurre  végétal  et  atten- 
dent la  saison  des  pluies,  moment  où  l'imprévoyance  des  indi- 
gènes cause  toujours  une  hausse  de  prix.  Ainsi  le  Karité,  qui 
valait  0,25  à  0,30  c,  en  novembre-décembre,  vaut  en  avril,  mai, 
juin  et  juillet,  sur  les  marchés  de  Parakou,  Péréré  et  Nikki, 
0,50  à  0,60  le  kg. 

«  En  somme,  tel  qu'il  est  aujourd'hui,  le  mouvement  com- 
mercial de  ce  produit  est  bien  peu  en  rapport  avec  la  production, 
qui  peut  être  doublée  et  triplée,  les  indigènes  exploitant  à  peu 
près  le  quart  de  la  récolte  totale. 

Nous  pourrions  citer  encore  bon  nombre  d'observations  iden- 
tiques, mais  cela  deviendrait  superflu;  la  vérité  est  ici  suffisam- 
ment démontrée  ;  en  dehors  des  noix  récoltées  pour  la  fabrica- 
tion du  beurre  destinée  à  la  consommation  des  indigènes,  il 
reste  une  belle  part  pour  l'exportation  et  on  peut  l'évaluer  sans 
crainte  à  plus  de  la  moitié  de  la  production  totale. 

Exportation.  —  Le  colonel  Viard  (l),qui  a  Tun  des  premiers 
étudié  ce  côté  économicpie  de  la  question,  pense  que  l'exporta- 
tion ne  serait  possible  «  que  sur  un  prix  moyen  d'achat  de  0^5 
à  0,20  le  kg.  »  Or,  le  kg.  de  beurre  vaut  couramment  0  fr.  25  le 
kg.  au  minimum  et  peut  atteindre  2  fr.  et  au-delà,  dans  certaines 
régions  pauvres  en  Karité. 

«  Il  faudrait  obliger,  ajoute-t-il,  les  indigènes  à  récolter 
toutes  les  noix  pour  obtenir  un  surcroît  dans  la  fabrication,  de 
laquelle  résulterait  naturellement  cet  abaissement  de  prix  prévu. 
Mais  le  résultat  serait  long  à  obtenir  et  pour  y  arriver  l'admi- 
nistration serait  contrainte  à  forcer  les  villages  et  cantons  du 
Soudan  à  se  libérer  de  l'impôt  en  apportant  dans  les  cercles  une 
quantité  de  beurre  égale  à  la  taxe  de  captation.  Les  commer- 
çants achèteraient  alors  directement  dans  les  cercles  producteurs 
le  beurre  de  Karité.  Cette  manière  de  faire  ne  me  parait  pas 
digne  d^être  encouragée.  » 
.   D'après  l'estimation  faite  par  F.  Jean  et  M.  Duclos,  il  résulte 

(A)  Viard,  loc.  cit.,  Rev.  cuit,  col.,  1899. 305. 


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—  84  - 

que  le  Karité  vaudrait  en  France  de  60()  à  700  francs  la  tonne, 
soit  0,60  à  0,70  le  kg.  (1). 

En  achetant  0,20  le  kg.,  le  prix  de  la  tonne  rendue  à  Marseille 
atteindrait  550  fr.  environ,  sans  compter  les  frais  que  nécessi- 
terait l'emballage  qui  devrait  ne  plus  être  aussi  rudimentaire. 
L'exploitation  ne  serait  guère  rémunératrice,  aussi  le  colonel 
ViARD  termine  sa  très  intéressante  note  en  disant  : 

«  Ces  considérations  suffisent  à  prouver  qu'il  ne  faut  pas 
chercher  à  expédier  le  beurre  en  France,  mais  plutôt  les  fruits. 
L'industriel  achèterait  les  noix  à  l'indigène  de  8  à  10  fr.  les 
100  kg.  Ce  prix  serait  largement  rémunérateur  (2)  pour  l'indi- 
gène qui  n'aurait  qu'à  cueillir  et  à  apporter  sa  récolte  sur  les 
marchés.  En  opérant  ainsi,  on  transportera,  il  est  vrai,  un  poids 
mort,  mais  ce  poids  peut  constituer  des  tourteaux  pour  la 
fumure  ou  pour  la  nourriture  des  bestiaux.  L'emballage  des 
noix  dans  des  sacs  se  fera  à  peu  de  frais. 

«  L'achat  des  noix  attirerait  l'attention  des  indigènes  sur 
l'exploitation  du  sol  et  augmenterait  la  production. 

«  Quant  à  modifier  les  procédés  employés  au  Soudan  par  les 
noirs  pour  extraire  le  beurre  de  Karité,  il  n'y  faut  pas  songer. 
Ce  sont  des  gens  apathiques,  ne  profitant  aucunement  des  bien- 
faits que  leur  apporte  la  civilisation  et  s'en  tenant  toujours  à  la 
routine.  Si  l'on  veut  exporter  le  beurre,  c'est  une  usine  qu'il  faut 
songer  à  installer  ici.  Les  résultats  produits  par  le  rendement  et 
la  fabrication  elle-même  seront  supérieurs.  » 

G.  Brousseâu,  en  1902,  fait  des  réflexions  identiques  qui 
méritent  également  d'être  reproduites  (3): 

«  Il  est  évident  que,  étant  donné  momentanément  le  prix  de 
transport,  0  fr.  50  par  kg.,  environ  le  double  du  prix  d'achat 
sur  place,  il  sera  bon  d'attendre  que  des  moyens  de  communi- 

(1)  Les  auteurs  de  ces  rapports  n'envisageaient  sans  doute  que  rutilisation  pos- 
sible dans  rindustrie  des  bougies  et  celle  des  savons  ;  mais  si  ce  produit  épuré 
prenait  une  place  comme  denrée  alimentaire,  il  est  certain  que  cela  lui  permet- 
trait de  supporter  des  charges  plus  lourdes  avant  son  arrivée. 

(2)  Faisons  remarquer  également  que  Textraction  du  beurre  par  des  procédés  en 
usage  dans  Tindustrie  européenne,  permettrait  d'obtenir  des  rendements  supérieurs 
sans  doute  à  40  ^/o  et  qui  ramènerait  le  prix  brut  du  kg.  de  beurre  aux  environs  de 
0  fr.  25. 

(8)  11  s'agit  ici  du  Dahomey  (voir  plus  haut). 


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—  85  — 

cation  plus  faciles  permettent  de  faire  descendre  à  la  côte  ce 
produit  encore  mal  étudié  et  peu  connu. 

«  II  faut  surtout  se  garder  de  conclure  des  expériences  faites 
sur  le  produit  d'exportation^  qui  n'est  pas  toujours  de  pre- 
mière  qualité. 

«  Mais,  en  attendant  les  résultats  des  expériences  praticpies 
pour  son  utilisation,  je  suis  convaincu  qu'il  est  également  facile 
de  réduire  et  d'améliorer  la  manipulation  par  la  division  du 
travail  au  moyen  de  procédés  mécaniques  simples. 

«  Il  me  semble  qu'un  broyeur,  composé  de  deux  cylindres  de 
fonte  remplis  de  vapeur  d'eau,  entre  lesquels  on  introduirait  des 
amandes  chaudes,  résoudrait  le  problème... 

«  En  résumé,  le  critérium  de  la  question  réside  tout  entier 
dans  ces  trois  facteurs  : 

1"  Moyens  de  communication  faciles  et  peu  coûteux  ; 

2**  Utilisation  industrielle  du  produit  ; 

3**  Diminution  du  prix  de  revient. 

A  la  Guinée  française,  M.  Coustlkier,  gouverneur,  écrivait 
H  M.  le  ministre  en  1902,  à  propos  du  Karité  : 

«  La  quantité  produite  est  très  minime  et  il  n'est  guère  possi- 
ble de  l'augmenter  d'une  façon  sérieuse.  En  outre,  le  prix  de 
vente  local  auquel  on  ne  saurait  faire  renoncer  les  indigènes 
puisqu'ils  trouvent  preneur  chez  leurs  congénères,  est  prohibitif 
au  point  de  vue  des  affaires.  Il  est,  en  moyenne,  de  i  fr.  à  1  fr.  25 
le  kg.  (1).  >, 

Dans  le  Haut-Sénégal  et  Niger,  M.  Vuillet,  répondant  à  la 
même  enquête,  évalue  de  50  à  100.000  tonnes  la  quantité  de 
beurre  de  Karité  produite  dans  le  Soudan  nigérien  dont  la 
majeure  partie  est  consommée  surplace.  10.000  tonnes  au  moins 
seraient  cependant  disponibles  pour  l'exportation. 

Les  achats  de  noix  pourraient  se  faire  en  juin-juillet  et  les 
gros  achats  de  beurre  en  juillet,  août,  septembre. 

En  calculant  avec  les  moyens  de  communication  dont  on  pou- 

(1)  Cette  brève  et  laconique  conclusion  de  l'enquête  de  M.  le  gouverneur  Goustu- 
HIER  nous  semble  un  peu  exagérée  ou  hâtive  ;  elle  peut  concerner  la  zone  méridio- 
nale de  la  Guinée,  mais  vers  le  Haut-Niger,  quand  le  chemin  de  fer  attendra  le  Tan- 
kisso,  puis  Kouroussa,  des  régions  riches  en  Karité  seront  traversées  où  le  prix  doit 
être  beaucoup  moins  élevé. 


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—  86  — 

vait  disposer  en  1902,  M.  Vuillet  montre  que  la  tonne  de 
graisse  de  Karité  reviendrait,  à  St-Louis,  aiix  environs  de 
600  fr. 

Le  comte  Zech  signale,  dans  les  rapports  commerciaux  de 
Hambourg,  les  «  Shea  nûsse  »,  noix  de  Karité,  comme  ayant 
une  valeur  marchande  de  12  à  14  fr.  les  100  kg.  Le  nouveau 
tarif  douanier  allemand  du  25  décembre  1902  accorde  la  fran- 
chise d'entrée  aux  noix  de  Karité,  parmi  les  fruits  oléagineux, 
tandis  (jue  le  beurre  est  classé  parmi  les  graisses  végétales  et  paie 
un  droit  d'entrée  de  1  fr.  25  par  quintal. 

Au  Togo,  les  exportations  de  la  graisse  de  Karité  se  font  par 
la  Gold-Coast  dans  la  proportion  de 


Kilogrammes 

Prix  moyeu 

Observations 

ANNÉES 

Valeur  en  francs 

du 

— 

exportés 

kilo 

Pays  d'importation 

1898 

3.614 

2.815 

0.77 

1899 

13.430 

8.916 

0.66 

1900 

10.130 

7.421 

0.73 

1901 

10.168 

9.464 

0.93 

1902 

9.180 

22.950 

2.50 

Allemagne. 

— 

19.980 

26.950 

1.32 

Angleterre. 

^~~ 

11.480 

5.951 

0.66 

Autres  pays. 

La  demande  européenne  va  donc  en  augmentant  sensiblement 
et  il  serait  intéressant  de  savoir  à  quel  chiffre  sMlève  actuelle- 
ment cette  exportation,  mais  il  n'est  pas  exagéré  de  l'évaluer  à 
quelques  centaines  de  tonnes,  le  Togo  allemand  en  fournissant, 
à  lui  seul,  plus  de  40  tonnes. 

Ce  qui  fait  dire  à  M.  François  dans  son  livre  sur  le  Daho- 
mey : 

«  Le  Karité  vaut,  sur  le  marché,  500  fr.  la  tonne,  soit  575  fr. 
environ  au  port  d'embarquement.  La  valeur  en  France  peut  être 
de  800  fr.  La  différence  est  faible.  L'exemple  de  ce  qui  se  passe 
au  Togo,  où  des  quantités,  chaque  année  plus  considérables,  de 
Karité  ont  été  exportées  depuis  1890,  nous  i>ormet  de  croire 
qu'il  y  a  encore  place  pour  un  bénéfice.  » 


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—  87  — 

D'autre  part,  Tusage  constant  que  font  du  beurre  les  indi- 
gènes du  Soudan  fait  que  la  production  est  limitée  par  les 
nécessités  même  de  cette  consommation. 

Un  fait  très  curieux  s'est  même  produit  qui  mérite  d'être 
rapporté  ;  les  exportations  de  la  Nigeria  du  Nord  qui  oscillaient 
autour  de  4  à  500  tonnes  d'amandes  et  200  tonnes  de  Beurre 
de  1900  à  1903,  furent  à  peu  près  nulles  en  1905. 

On  accusa  les  feux  de  brousse,  mais  il  semble  qu'il  faille 
admettre  aujourd'hui  une  raison  bien  plus  plausible  :  c'est  que 
les  caravanes  indigènes  pouvant  actuellement  circuler  avec  faci- 
lité dans  le  Bas-Niger,  les  produits  du  Karité  de  la  région 
soudanaise  trouvent  dans  ces  pays  un  débouché  tout  naturel. 

Tourteau  de  Karité, —  Analyse  et  usages. —  Une  question  du 
plus  haut  intérêt  économique  était  d'être  fixé  sur  les  qualités  du 
tourteau  ;  aussi  avons-nous  prié  la  maison  Rocca,  Tassy  et 
DE  Roux,  dont  on  connaît  la  complaisance,  de  mettre  à  notre 
disposition  une  certaine  quantité  de  tourteau  obtenu  dans  leur 
fabrication. 

Déjà  Ferd.  Jean  a  dit  que  le  tourteau  épuisé  de  la  matière 
grasse  renferme  1,75  %  d'azote  et  1,7  %  ^^  cendres. 

Dans  le  but  d'élucider  le  point  de  savoir  si  ce  tourteau  serait 
alimentaire  ou  tout  au  moins  non  toxique  pour  les  animaux, 
nous  avons  prié  M.  Deghambre,  professeur  de  l'Ecole  nationale 
d'agriculture  de  Grignon,  de  diriger  un  certain  nombre  d'expé- 
riences dont  nous  allons  exposer  les  résultats. 

M.  AuROUssEAU,  chimiste  de  la  station  agronomique  de 
Grignon,  a  fait  du  tourteau  une  étude  chimique  qui  fournit  les 
chiffres  suivants  : 

Humidité 9,500 

Azote  total 1 ,445 

Matières  grasses 17,70 

(Extractif  à  l*éther  de  pétrole  dont  7^90  soluble  dans  l'alcool  absolu  :  acides  gras) 

Cellulose  non  saccharifiable 10,200 

Hydrocarbooés  (par  différence) 53,70 

Les  proportions  des  matières  réductrices  atteignant  dans 
certains  cas  78  ^/q  après  simple  épuisement  de  la  matière  à 
l'eau  bouilhinte,  il  a  recherché  la  nature  de  ces  substances. 


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—  88  — 

Cet  épuisement  donne  : 

Substances  réductrices 78,80  o/V, 

Extrait  dans  le  vide "^Vo 

—     auB.M 240/, 

En  précipitant  la  coction  chlorhydrique  obtenue  en  partant 
du  tourteau  par  le  sous-acétate  de  plomb,  on  retire  du  préci- 
pité, après  cristallisation  et  purification,  de  longues  aiguilles 
blanches  insolubles  dans  la  plupart  des  solvants  ordinaires  des 
alcaloïdes  (alcool,  éther),  entièrement  volatils  à  la  température 
d^un  bec  Bunsen. 

(La  petite  quantité  obtenue  jusqu'à  ce  jour  n'a  pas  permis  à 
M.  AuROUssEAU  une  étude  plus  complète  de  ce  produit,  un  glu- 
coside  vraisemblablement). 

La  même  coction  chlorhydrique,  non  précipitée  par  le  sous- 
acétate  de  plomb,  donne  après  concentration  un  liquide  sirupeux 
à  saveur  sucrée,  dosant  40  gr.  de  substanc(îs  réductives  par 
litre. 

Les  essais  sur  la  valeur  nutritive  ont  été  poursuivis  pendant 
plusieurs  mois  par  M.  Dechambke  et  son  répétiteur  M.  Giniéis. 

Lapin.  —  Les  lapins  ont  accepté  le  tourteau  et  Font  consommé 
sans  éprouver  de  malaises  ni  de  troubles  digestifs. 

Mouton.  —  Un  premier  animal,  malgré  tous  les  artifices 
connus,  s'est  à  peu  près  refusé  à  manger  le  tourteau,  tant  et  si 
bien  qu'après  un  mois  il  n'en  prenait  que  quelques  grammes 
par  jour  et  il  fallut  y  renoncer. 

Deux  autres  moutons  furent  mis  en  expérience  :  un  berrichon 
et  un  solognot.. 

Poids  des  moutons  au  début  des  essais  : 

Berrichon 42  kilog. 

Solognot... ..;;.        34    — 

Les  animaux  absorbent  chacun  : 

Les  6  premiers  jours 50  grammes 

—  6  jours  suivants 100  -- 

—  4          —           200  — 

—  6           —           ; 250  — 

—  7           —           300  - 

—  6           -           350  - 

-6           —           400  - 

-5           -           450  - 


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Éh.  Përrot. 


Le  Karité,  etc.,  1907. 


FiG.  XVI.  —  Eléments  du  tourteau  de  Karité.  —  tg,  éléments  de  la  couche 
sclcreuse  ezUrne ;  tt,  couche  parenchymateufc  du  tégument;  cot^  parenchyme 
cotylédonaire ;  /*,  débris  de  Taisccaux.  (G.=  1(K)  diamètres  environ). 


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—  91  — 

Cette  quantité  peut  être  considéré  comme  le  maximum  que 
que  l'on  puisse  atteindre  avec  des  animaux  de  poids  moyen. 

Notons  que,  pour  arriver  à  ce  résultat,  il  a  fallu  46  jours, 
c'est-à-dire  une  période  d'accoutumance  beaucoup  plus  longue 
qu'avec  les  tourteaux  ordinairement  employés. 

Poids  vif  des  animaux  à  la  fin  de  la  période  d'essai  : 

Berrichon 48  kilog.»  gain  6  kilog. 

Solognot 39      —       —  5     — 

Conclusions.  —  M.  Deghambre  conclut  de  ces  essais  «  que 
le  tourteau  de  Karité  peut  être  donné  au  lapin  et  au  mouton.  Il 
n'occasionne  pas  d'accidents  chez  ce  dernier  qui  en  accepte  jusqu'à 
450  grammes  par  jour. 

«  Mais  l'appétence  est  peu  marcpiée.  On  tombera  certainement 
dans  la  pratique  sur  des  animaux  qui  n'accepteront  pas  le  tour- 
teau et  même  avec  ceux  qui  ne  manifesteront  pas  de  répu- 
gnance, la  période  d'accoutumance  sera  longue.  L'intérêt  comme 
tourteau  alimentaire  parait  donc  assez  limité  » . 

Ces  expériences  entreprises  pour  la  première  fois  sur  notre  désir 
montrent  que,  si  le  tourteau  de  Monwnx  {Hlipe  latifolia)  et  celui 
d'iLLiPÉ  (/.  longifolia)  sont  tous  deux  toxiques,  malgré  les 
affinités  de  famille,  le  tourteau  de  Karité  peut  être  donné  au 
bétail  sans  danger. 

Evidemment  sa  faible  teneur  en  azote  ne  le  classe  pas  parmi 
les  meilleurs  résidus  de  l'industrie  des  corps  gras,  mais,  en 
revanche,  il  contient  une  proportion  très  notable  de  matières 
grasses  et  d'hydrates  de  carbone. 

Mélangé  à  d'autres  tourteaux,  il  peut  devenir  un  adjuvant 
intéressant,  et  sa  valeur  commerciale  si  faible  qu'elle  soit,  peut 
s'ajouter  au  rendement  que  l'industrie  cherchera  à  tirer  de  la 
graine  importée. 


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CHAPITRE  VI. 


Nécessité  d'une  protection  du  Karlté  pour  éviter 
la  diminution  dans  le  nombre  des  arbres  existant 
actuellement. 


Plantations  nouvelles.  —  Réserves-forestières  aménagées  (1). 

Le  Karité  ou  Ce  n'appartient  point  à  la  végétation  dense  de 
la  forêt  ;  mais  plutôt  à  ce  que  Ton  peut  appeler  la  végétation 
de  parcs,  les  arbres  étant  toujours  assez  espacés.  Une  chose 
assez  curieuse  a  été  remarquée  par  divers  explorateurs  et  plus 
particulièrement  par  M.  A.  Chevalier,  c'est  que  les  peuple* 
ments  naturels  de  Karité  ne  se  formeraient  plus  d'une  façon 
normale,  car  on  ne  rencontre  presque  plus  de  jeunes  pieds.  Si 
Ton  considère  Tutilisation  des  produits  de  Farbre,  il  est  donc  de 
toute  importance  de  faire  intervenir  Thomme  pour  l'avenir  de 
cette  production. 

IlahUal.  —  Le  Karité  aime  les  sols  profonds,  riches  en  immus; 
il  ne  se  rencontre  jamais  dans  les  forets  denses,  ni  dans  les 
galeries  de  bordure  le  long  des  rivières,  non  plus  dans  les  ter- 
rains marécageux  ou  inondés  régulièrement.  Il  est  très  rare  sur 
les  plateaux  ferrugineux  et  il  n'existe  pas  dans  les  savanes  à  sol 
argileux. 

Sa  station  préférée  est  la  pente  des  collines  ou  plateaux  ro- 
cailleux ou  sablonneux,  assez  riches  en  humus  ;  il  s'accomode 
très  bien  des  terres  profondes. 

(l)  Communication  faite  par  nous  au  Congres  coloni€U  de  MarseilU  (septembre 
1906)  à  l'occasion  de  FExposition  coloniale,  et  que  nous  reproduisons  d'ailleurs  ici 
presque  in -extenso. 


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—  93  - 

On  le  rencontre  en  abondance  autour  des  villages,  où  il  a  été 
évidemment  multiplié,  mais  en  général,  il  y  aurait  nécessité 
de  veiller  à  l'entretien  de  ces  vergers,  les  indigènes  ne  rempla- 
çant pas  toujours,  il  s*en  faut,  les  pieds  qui  disparaissent,  et 
les  jeunes,  issus  de  germination  spontanée  autour  des  vieux 
sujets,  étant  arrachés  par  la  culture. 

Dans  la  brousse  du  Soudan,  le  Karité  ne  vient  naturellement 
pas  seul,  mais  on  y  trouve  associées  diverses  essences  fores- 
tières intéressantes  ;  telles  sont  : 

Le  Cailcedrat  ou  Acajou  d'Afrique  {Khaya  senegalensis)^  le 
Santal  d'Afrique,  ou  Kino  de  Gambie {Pterocarpus  erinaceus); 
le  Mené  [Lophira  alatà)^  qui  fournit  un  beurre  assez  estimé, 
VAfzelia  africana  dont  le  bois  est  apprécié  en  ébénisterie  et 
menuiserie  ;  le  Ver  mendia  macr optera^  le  Neté  [Parkia  biglo- 
bosa)j  otc.  Quelques  autres  arbres  utiles  croissent  aussi  dans 
ces  régions,  citons  :  le  Guierr,  le  Kinkéliba,  etc. 

Rappelons  ici,  et  pour  détruire  définitivement  une  légende 
accréditée  par  Rançon,  qu'il  n'existe  qu'une  seule  espèce  et  que 
le  Karité  est  remplacé  vers  le  sud  par  le  Mené  y  ou  faux  Karité, 
dont  l'importance  en  nombre  s'élève  au  fur  et  à  mesure  que 
diminue  celle  du  premier. 

La  nécessité  de  reconstitution  forestière  dans  la  brousse  d'une 
part,  jointe  à  l'importance  commerciale  future  du  Karité,  nous 
ont  amené  à  attirer  l'attention  du  Congrès  sur  l'intérêt  qui  s'at- 
tacherait à  la  constitution  de  réserves  forestières  aménagées^ 
dans  lesquelles  cet  arbre  précieux  jouerait  l'un  des  rôles  prin- 
cipaux. 

Etudiant  la  question  de  près  et  après  nous  être  documenté 
près  de  personnes  bien  renseignées,  et  dont  la  compétence  ne 
laissait  aucun  doute  pour  nous,  voici  comment  on  pourrait  pour- 
suivre la  réalisation  d'un  semblable  projet. 

Choix  de  l'emplacement.  —  L'idée  de  l'établissement  d'une 
semblable  réserve  étant  admise,  il  importerait  de  grouper  tous 
les  renseignements  sur  les  peuplements  actuellement  existants 
de  Karité,  et  choisir  une  région  où  ils  soient  sporadiquement  dis- 
persés d'une  façon  assez  régulière  pour  faciliter  l'aménagement 
futur. 


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—  94  - 

Il  nous  parait  que  cette  réserve  devrait  être  limitée  par  deux 
rivières,  pour  diminuer  les  risques  des  feux  de  brousse,  et  de 
préférence  établie  dans  Tangle  même  de  ces  deux  rivières. 

Il  va  sans  dire,  que  cet  emplacement  devrait  se  trouver  dans 
des  conditions  telles,  que  le  transport  à  la  côte  soit  aisé  et  le  prix 
de  revient  des  produits,  aussi  réduit  que  possible. 

Aménagement.  —  Le  terrain  choisi  pourrait  comprendre  huit 
à  dix  mille  hectares,  par  exemple,  que  l'on  diviserait  en  secteurs 
par  des  allées  très  larges  où  Ton  abattrait  la  brousse,  toujours 
pour  éviter  les  feux  de  brousse,  cette  plaie  de  l'Afrique,  à  qui 
Ton  doit  sans  aucun  doute  Tapauvrissement  graduel  du  pays. 

Ceci  fait,  dans  le  premier  secteur,  on  jalonnerait  avec  soin, 
de  façon  à  déterminer  les  endroits  où  Ton  planterait  les  graines. 
On  creuserait  une  fosse  peu  profonde  en  y  laissant  tomber  deux 
à  4  graines  fraichement  récoltées  ;  ne  pas  oublier  en  effet  que 
celles-ci  perdent  très  rapidement  leur  pouvoir  germinatif. 

A  la  germination,  on  enlèverait  les  plants  les  moins  vigoureux 
en  ne  laissant  subsister  qu'un  seul  d'entre  eux. 

Des  autres  pourront  être  repiqués  là  où  la  germination  serait 
nulle. 

11  serait  bon  d'ailleurs  d'établir,  en  outre,  une  pépinière  où 
l'on  pourrait  puiser  pour  le  remplacement  des  jeunes  pieds 
morts. 

Tout  arbre  âgé  qui  disparaîtrait  serait  remplacé  par  un  jeune 
pied  planté  en  changeant  im  peu  l'emplacement. 

Les  arbres  arrivés  à  Tàge  adulte  doivent  être  espacés,  étant 
donné  leur  mode  ordinaire  de  végétation,  d'une  distance  de  8 
mètres  environ. 

Mode  de  croissance.  —  L'accroissement  du  Karité  est  lent  et 
il  est  très  difficile  d'émettre  une  opinion  ferme  à  cet  égard,  car 
il  n'existe  guère  d'exemple  de  plantation  faite  par  Teuropéen. 

Toutefois,  à  son  dernier  voyage  à  Paris,  sir  H.  Johnston 
nous  a  cité  l'exemple  d'Aburi  dans  la  Gold-Coast,  où  des  Karités, 
plantés  en  1892  ou  1893,  portent  déjà  des  fruits  depuis  ces  an- 
nées dernières. 

On  peut  estimer  à   une  période  de  12  à  15  années  le   temps 


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—  95  — 

nécessaire  à  l'un  de  ces  arbres  pour  atteindre  Tàge  de  plein  rap- 
port (1). 

Association  forestière.  —  Liane  à  caoutchouc,  —  Nous  ne 
devons  pas  perdre  de  vue  qu'une  semblable  exploitation  devrait 
être  rendue  plus  productive  par  l'adjonction  de  végétaux  four- 
nissant des  produits  de  toute  première  valeur,  et  il  était  naturel 
de  penser  aux  lianes  à  caoutchouc. 

Les  conditions  biologiques  de  croissance  du  Karité  convien- 
draient admirablement  bien  à  l'une  de  ces  dernières,  la  liane 
Gohine  [Landolphia  Heudelotii).  Aussi,  dès  que  les  jeunes 
arbres  auraient  2  mètres  de  hauteur  on  sèmerait  au  pied,  une 
liane  dont  il  serait  très  facile  de  conduire  la  croissance,  pour 
en  rendre  l'exploitation  aisée  d'une  part,  et  pour  qu'elle  ne 
nuise  en  rien  au  développement  de  l'arbre,  d'autre  part  ;  il  im- 
porterait, par  exemple,  que  la  liane  ne  forme  pas  au  pied  de 
l'arbre  un  buisson  trop  touffu  qui  empêche  la  récolte  des  fruits 
de  Karité. 

Dès  la  première  année  de  mise  en  réserve,  il  faudrait  natu- 
rellement semer  cette  liane  au  pied  des  Karités  déjà  adultes  et 
existant  spontanément. 

Comme  on  estime  généralement  qu'un  Landolphia  n'est 
guère  exploitable,  au  point  de  vue  caoutchouc,  qu'après  10  à  15 
années,  on  voit  que  l'espace  du  temps  qui  s'écoulerait  avant  le 
rendement  réel  du  premier  secteur  peut-être  évalué  à  12  années 
environ. 

Mode  d'exploitation.  —  Nous  pensons  que  l'exploitation  de- 
vrait être  affermée  aux  indigènes,  suivant  des  conditions  que  le 
service  forestier  aurait  déterminées  et  qui  peuvent  varier  avec 
les  régions. 

La  cueillette  doit  être  faite  par  les  femmes  et  les  enfants,  car 
il  ne  faut  pas  songer  à  exiger  le  gaulage  des  arbres  ;  utiliser  les 
tornades,  comme  on  le  fait  actuellement,  serait  préférable. 

D'autre  part,  il  est  indispensable  que  le  fruit  soit  bien  mûr, 
car  cueilli  vert,  il  ne  fournit,  dit-on,  qu'une  quantité  très  faible 

(1)  Le  très  distingué  sir  H.  Jobnston  nous  a  de  même  confirmé  que  les  Icolatiers 
plantés  à  ce  même  jardin  atteignaient  une  disaine  de  mètres  de  hauteur. 


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—  m  — 

de  malien»  grasse.  Les  fruits  non  murs  renf(?rmeraiont  une 
quantité  considérable  de  latex  !  Ne  serait-ce  pas  simplement 
Témulsion  des  produits  de  réserve  d<»ramande,  non  encore  com- 
plètement constitués  ? 

Le  problème  du  concassage  dans  la  colonie,  pour  Tenvoi  de 
Tamande,  ou  du  corps  gras  brut,  ou  de  l'expédition  directe  de  la 
noix,  sera  résolu  plus  tard  et  probablement  sous  peu,  dès  que 
les  industriels  auront  fait  connaître  leur  prix  d'achat  par  quan- 
tités importantes.  Quoi  qu'il  en  soit,  au  point  de  vue  qui  nous 
occupe  tout  spécialement,  il  nous  a  semblé  nécessaire  d'exposer 
notre  manière  de  voir,  dont  la  réalisation  ne  présente  pas  de 
difTicultés  insurmontables. 

Sa  longue  échéance  ne  permet  guère  de  demander  cet  essai 
qu'à  l'administration  et  au  service  fon^stier,  aussi  avons-nou8 
poussé  plus  loin  nos  investigations.  Nous  avons,  en  effet,  cher- 
ché, en  nous  documentant  aux  sources  les  plus  autorisées,  à 
établir  la  dépense  qu'occasionnerait  l'établissement  d'une  sem- 
blable réserve  améliorée  et  nous  pouvons  conclure  que,  grâce  à 
la  récolte  fournie  par  les  arbres  adultes  spontanés  dans  la  ré- 
serve établie,  cette  dépense  serait  vraiment  peu  élevée  et  que  la 
forêt  reconstituée  fournirait  à  la  colonie,  quelques  10  ou  12  an- 
nées après,  un  revenu  véritablement  imposant. 

Un  premier  pas  dans  le  sens  que  nous  venons  d'indiquer  a 
été  fait  par  M.  Ponty,  lieutenant-gouverneur  du  Haut  Sénégal 
et  du  Niger,  sous  la  forme  d'un  Arrêté  portant  interdiction  de 
couper  les  Karités  (1). 

Cet  arrêté,  dont  nous  n'avons  eu  connaissance  que  par  le 
numéro  de  fin  novembre  1906  de  V Agriculture  pratique  des 
pays  chauds  (1),  mérite  que  nous  le  reproduisions  tout  entier, 
car  il  montre  que  notre  communication  au  Congrès  colonial  de 
Marseille,  en  septembre  dernier,  avait  sa  raison  d'être  et  n'était 
pas,  comme  on  se  plaît  à  le  répéter,  une  vue  de  l'esprit  d'un 
«  savant  de  Laboratoire.» 

ARRÊTÉ  DU  20  JUILLET  1906. 

Art.  i.—  La  coupe  des  arbres  dits  «  Karité  »  est  interdite  sur  tonte  la  colonie  du 
Haut-Sénégat-Nlger. 

(i)  Voir  1906,  n»  44,  p.  356. 


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—  07  — 

Cette  interdiction  s'applique  non  seulement  aux  particuliers,  mais  au'x  services 
publics  de  la  colonie. 

Art.  2. —  Exceptionnellement,  des  arrêtés  du  fiieutenant-gouverneur  pourront 
autoriser  la  coupe  du  c  Karité  •  aux  conditions  suivantes  : 

Cette  autorisation  sera  accordée  pour  une  durée  limitée  par  l'arrêté.  L'arrêté  fera 
connaître  l'étendue  et  les  limites  du  terrain  sur  lequel  le  bénéficiaire  sera  autorisé  À 
couper  le  Karité.  11  imposera  au  titulaire  de  l'autorisation  Vobligation  de  procéder 
i  des  plantations  de  la  même  essence  ou  de  valeur  équivalente  à  celle  des  bois 
abattus. 

La  demande  d'autorisation  devra  faire  connaître  les  motifs  de  la  demande  et 
l'usage  auquel  seraient  destinés  les  bois  à  abattre.  Ces  bois  ne  pourraient  être 
vendus. 

La  demande  d'autorisation  devra  être  accompagnée  d'un  rapport  favorable  de 
l'Administration  du  Cercle  où  seront  effectués  les  coupes. 

Art.  3.—  Le  titulaire  de  l'autorisation  devra  se  conformer,  etc 

W.   PONTY. 

Nous  serions  heureux  maintenant  de  voir  cet  arrêté  étendu  à 
la  Guinée,  à  la  Côte-d'Ivoire  et  au  Dahomey,  en  même  temps 
que  pourraient  être  examinées  par  les  autorités  compétentes  les 
questions  de  réserve  forestière  aménagée,  avec  secondairement 
essai  de  multiplication  de  lianes  à  caoutchouc,  qui  présentent 
un  intérêt  bien  plus  grand  que  le  Lonchocarpus  cyanescens. 
On  sait,  en  effet,  que  l'introduction  sur  les  marchés  mondiaux 
de  l'indigo  chimique  a  amené  une  grave  perturbation  dans  l'in- 
dustrie de  l'indigo  naturel. 

Pareil  fait  ne  semble  guère  vraisemblable,  du  moins  d'ici 
longtemps  en  ce  qui  concerne  le  caoutchouc  et  les  guttas. 

Nous  croyons  donc  fermement  à  la  possibilité  d'accroître  le 
trafic  de  ces  régions  par  la  mise  en  valeur  du  Karité,  et  qu'on 
nous  permette  de  rappeler  simplement  à  ce  sujet  ce  qu'en  a  dit 
Rançon,  car  nous  partageons  encore  sa  manière  de  voir  et  nous 
croyons  qu'il  appartient  à  l'Administration  de  prendre  toutes 
les  mesures  qui  doivent  aboutir  à  l'accroissement  graduel  du 
nombre  de  pieds  de  cette  espèce  de  notre  Soudan  : 

«  Il  y  aurait  là,  dit  Rançon  (1),  matière  à  créer  une  véritable 
richesse  agricole,  forestière  et  commerciale  pour  le  pays.  Mais 
il  faudrait  que  ceux  qui  s'en  occuperaient  fissent  tout  par  eux- 
mêmes,  car  jamais  on  n'arrivera  à  faire  cultiver  par  les  noirs 
aucun  autre  végétal  que  ceux  qui  sont  susceptibles  de  lui  donner 

(l)  A.  Rançon.— Dans  la  Haute-Gambie,  loc.  Ht.,  p.  484. 


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—  98  - 

un  rendement  immédiat.  On  n'arrivera  jamais  à  lui  faire  semer 
une  seule  graine  de  Kanté.» 

Tous  ceux  qui  connaissent  bien  le  noir  africain  sont  de  cet 
avis  ;  raison  de  plus  pour  conserver  ceux  qui  existent,  jeunes  et 
âgés  ;  pendant  ce  temps,  la  demande  sera  peut-être  assez  impor- 
tante pour  que  l'indigène  y  trouve  une  source  aisée  de  revenus, 
et  dès  alors  l'intervention  administrative  sera  inutile. 


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CHAPITRE  VU. 


Le  produit  guttolde  du   Karité  (Qutta-Ci). 


Les  nombreux  articles,  parfois  sensationnels,  écrits  sur  le 
produit  extrait  du  latex  de  Tarbre  à  beurre,  vont  nous  obliger  à 
faire  un  historique  sévère  de  la  question,  afin  de  chercher  à  en 
tirer  des  conclusions  définitives.  La  crainte  de  la  disparition 
des  arbres  producteurs  de  Gutta  vraie,  ainsi  que  la  valeur 
commerciale  de  ce  dernier  produit,  entraînèrent  à  des  recher- 
ches de  toute  nature  en  vue  de  trouver  un  succédané  ou  tout  au 
moins  de  signaler  un  produit  qui  puisse  la  suppléer  pour  bon 
nombre  d'usages. 

Il  était  tout  naturel  de  penser  que,  dans  cette  même  famille 
des  Sapotacées,  il  serait  peut-être  aisé  de  rencontrer  des  arbres 
appartenant  à  d'autres  genres  que  le  genre  Palaquium  et  sus- 
ceptibles de  fournir  une  drogue  de  valeur  réelle.  On  sait  que 
divers  Mimusops^  par  exemple,  donnent  un  produit  guttoïde, 
la  Balata,  susceptible  de  diverses  applications  industrielles,  et 
l'idée  que  les  Bassia  ou  Butyrospermum  pourraient,  à  leur 
tour,  fournir  une  substance  voisine  de  la  gutta,  ne  tarda  pas  à 
se  faire  jour.  C'est  Hegkel  qui,  le  premier,  étudia  la  question 
d'un  peu  près  en  1885,  et  qui,  s'appuyant  sur  l'analyse  chimique, 
conclut  hâtivement  à  la  presque  similitude  du  produit  du  Karité 
avec  la  gutta  des  Palaquium  et  Payena, 

L'exagération  de  ce  savant,  qui  fut  le  promoteur  des  études 
coloniales  en  France,  est  entièrement  excusable  à  l'époque  où 
parut  ce  travail,  car  les  milieux  scientifiques  étaient  alors,  pour 
ainsi  dire,  hypnotisés  par  les  cris  d'alarme  jetés  par  les  bota- 
nistes de  la  région  malaise,  les  voyageurs  et  aussi  les  commer- 
çants de  l'Europe. 


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—  100  — 

On  oublia  de  même  que  la  nature  intime  des  latex  est  extrê- 
mement différente  d'espèce  à  espèce  et  parfois  même  de  variété 
à  variété.  Qu'est-ce  que  le  caoutchouc  ou  la  gutta  ?  Aucune 
réponse  vraiment  satisf^sante  ne  peut  encore  nous  être  fournie 
par  la  science  chimique  et  les  teneurs  en  gutta^  fluavile  et 
albane  des  matières  guttoïdes  des  Sapotacées  ne  donnent 
aucune  indication  sérieuse  sur  la  valeur  industrielle  de  ces  der- 
nières. 

Malheureusement  nombreux  furent  les  observateurs  qui  pen- 
sèrent que  notre  Soudan  allait  fournir  en  abondance  une  gutta 
de  qualité  excellente,  et  nous  avons  vu  des  administrateurs 
affirmer  des  choses  analogues  dans  des  rapports  officiels  ;  à 
notre  avis,  cela  est  un  peu  excessif;  car  ceux-ci  présentent,  par 
leur  répercussion,  des  inconvénients  qu'il  serait  bon  d'éviter. 
En  matière  d'économie  coloniale^  toute  erreur  entraîne  un 
recul  dans  l'évolution. 


A  notre  connaissance,  c'est  Schwbinfurth  qui,  le  premier, 
attira  l'attention  sur  le  produit  extrait  du  latex  du  Butyrosper- 
mum  Parkii.  «  Il  découle  de  cet  arbre,  dit-il,  un  suc  abondant 
et  laiteux  qui  a  beaucoup  de  rapport  avec  la  gutta  ;  en  maints 
endroits,  les  enfants  en  font  des  balles? 

«  Fr.  BiLDER,  négociant,  établi  à  Khartoum,  apporta  à 
Vienne,  en  1861,  un  quintal  de  ce  produit,  mais  les  frais  de 
transport  furent  trop  élevés.  » 

Obagh  (1)  dit  toutefois  que  Sir  J.  Hooker,  en  1878,  signala 
la  gutta  du  Karité  comme  un  produit  susceptible  d'être  considéré 
comme  succédané  de  la  Gutta-percha. 

Nous  n'avons  pu  retrouver  aucune  trace  de  ce  qu'il  avait  pu 
advenir  des  100  kg.  de  gutta  de  Karité  de  Bilder  et  il  faut 
arriver  à  Hegkel  pour  entendre,  de  nouveau,  traiter  cette  ques- 
tion. Dans  sa  série  d'articles  du  journal  «  La  Nature  »  et  dans 
deux  notes  aux  comptes-rendus  de  l'Académie  des  Sciences  (2), 

(1)  Obach.  —  Die  Gattapercha.  Berlin,  1899.  Steinkopf  nnd  Springer  éd. 

(2)  Heckel.  —  La  Nature,  loc.  cit.  et  C.  R.  Ao,  deê  Se,  i885,  G,  1238, 1239  ;  CI, 
1069-1070  ;  1888,  G.,  1625. 


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—  101  — 

après  avoir  interprété  d'une  façon  plus  ou  moins  exacte  les  carac- 
tères histologiques  de  la  plante  et  montré  la  difficulté  que 
présenterait  Textraction  du  latex,  il  conclut,  d'après  les  analyses 
de  ScHLAGDENHAUFFEN,  à  Tavcnir  de  l'exploitation  de  la  Gutta 
de  Ba^sia. 

«  J'ai  pu  m'en  assurer  par  l'examen  de  l'emploi  d'une  certaine 
quantité  de  gutta  de  Karité  que  j'ai  en  vitrine,  depuis  4  années, 
au  Musée  colonial  de  Marseille.  Mais,  ce  n'est  là  qu'un  incon- 
vénient sans  grande  importance,  car  rien  n'empêche  que  l'in- 
dustrie de  la  gutta,  très  occupée  en  Europe  en  raison  des  mul- 
tiples applications  de  ce  produit,  ne  le  laisse  pas  longtemps 
inutilisé  dans  les  magasins...  Il  restera, du  ressort  des  diverses 
industries  qui  emploient  la  gutta,  de  décider  à  quel  usage  plus 
particulier  la  gutta  de  Karité  pourra  être  plus  spécialement 
affectée,  mais  tout  me  fait  supposer,  en  raison  des  propriétés 
isolantes  de  ce  produit,  que  l'industrie  des  cables  en  tirerait 
bon  profit.  » 

Les  conclusions  de  Heckel  étaient  ici  fort  prudentes  et  l'on 
verra  qu'il  n'y  a  rien  encore  à  y  ajouter. 

Voici  l'analyse  du  produit,  transcrite  par  Heckel  (1)  : 

«  Sa  densité  est  de  0,976,  tandis  que  Payen  indique  0,975  pour 
la  gutta  de  VIsonandra,  Elle  s'électrise  aussi  facilement  que 
cette  dernière  par  le  frottement  et  peut  dès  lors,  au  même  titre, 
servir  de  corps  isolant.  Elle  se  ramollit  dans  l'eau  chaude  de  la 
même  façon  que  la  gutta  commerciale  et  devient  adhésive  comme 
elle  à  la  température  voisine  de  TébuUition.  Au  point  de  vue 
chimique,  il  existe  cependant  quelque  différence,  car  les  deux 
produits  ne  se  comportent  pas  d'une  manière  identique  à 
V égard  des  dissolvants.  La  gutta  de  Bassia^  traitée  par  l'éther 
de  pétrole,  l'éther  ordinaire,  la  térébenthine  et  l'acide  acétique 
bouillant,  cède  à  ces  véhicules  moins  de  principes  solubles  que 
la  gutta  ordinaire  ;  en  outre,  les  liquides  évaporés  n'abandon- 
nent pas  des  produits  identiques.  Les  résidus  de  la  gutta  de 
Bassia  sont  poisseux  tandis  que  ceux  de  la  gutta  commerciale 
constituent,  pour  ainsi  dire,  un  vernis  sec  non  adhésif. 

«  Mais,  l'identité  est  à  peu  près  parfaite  au  point  de  vue  de 

(l)  Loc.  cit..  —  La  Nature,  p.  406. 


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—  102  — 

la  solubilité  dans  le  sulfure  de  carbone,  le  chloroforme,  la  ben- 
zine et  l'alcool  froid  ou  bouillant.  Pour  les  deux  premiers  de  ces 
dissolvants,  il  ne  reste  qu'un  résidu  insoluble  insignifiant,  brun 
noir,  à  la  condition  toutefois  qu'on  en  emploie  une  quantité 
suffisante.  Pour  le  pouvoir  dissolvant  de  la  benzine,  il  est  éga- 
lement le  même  :  le  résidu  insoluble  est  identique  dans  lès  deux 
produits,  mais  un  peu  plus  prononcé  que  dans  le  cas  précédent  ; 
pour  la  solubilité,  enfin,  dans  l'alcool  à  95®,  elle  est  égale  des 
deux  parts,  mais  ce  dernier  dissolvant  n'enlève  que  7  %  des 
masses  mises  en  expérience.  »  En  résumant  les  pouvoirs  dissol- 
vants des  divers  véhicules  et  rapportant  à  100  les  nombres 
obtenus,  on  arrive  aux  résultats  réunis  dans  le  tableau  suivant  : 


Gutta  commerciale . . . 
Gutta  de  Basisa 

Sulfure  II 

de 
carbone  || 

èi 

o  g 

4) 

C 

i 

1 

Q  fi. 

-S 

Essence  II 
de   téré- 
benthine 

Âcide     II 
acétique   1 
bouillant  || 

Alcool    II 
bouillant  || 

99.72 
97.92 

96.60 
98.28 

93.20 
93.80 

40.8 
20.1 

34.0 
18.1 

20 

8 

19.2 
12.8 

7 

7 

En  appliquant  au  J?a^^^  les  procédés  d'analyse  dus  à  Payen, 
Sghlagdenhauffen  a  obtenu  : 


Gutta 

Albana... 
Fluarde  .. 

Gutta  percha  brute 

Gutta 
deKaxitè 

Gutta  purifiée  par  CS*    1 

Noi 

N*2 

Gutta  vraie 

Ontta 
deKttittè 

92 
6 
2 

91.5 
6.5 
2 

91.5 
5.5 
3 

92 
5.8 
2.2 

91.5 
6 
2.5 

L'incinération  donne  1,20  ^/q  de  cendres  avec  la  gutta  de 
Bassia  et  1,26  %  ^^^^  ^^  gutta-percha  vraie,  et  il  y  a  «  iden- 
tité à  peu  près  absolue  dans  la  composition  des  cendres  des 
deux  provenances.  De  l'ensemble  de  ces  résultats,  il  est  permis 
de  conclure  à  l'identité  de  composition  chimique  des  deux  guttas 
et  nous  en  avons  déduit  que  celle  de  Bassia  devrait  pouvoir 


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—  103  — 

se  prêter  aux  mêmes  usages  industriels   que  les  guttas  ordi- 
naires.» 

Un  essai  fut  entrepris  à  l'imprimerie  Berger-Levrault,  de 
Nancy,  et  le  produit  fut  mis  entre  les  mains  d'un  ouvrier  spé- 
cialisé dans  la  confection  des  moules  pour  la  fabrication  des 
plaques  galvanoplastiques.  «  Or  il  résulte  de  cet  essai  impor- 
tant que  la  gutta  de  Bassia  se  laisse  malaxer  dans  l'eau  avec 
la  même  facilité  que  les  échantillons  types  du  commerce,  et,  en 
second  lieu,  que  les  échantillons  obtenus  ne  le  cèdent  en  rien  à 
ceux  que  Von  prépare  avec  les  meilleurs  guttas  de  Paris.  » 

Malgré  cette  étude,  on  ne  semble  guère  s*émouvoir  et  on  ne 
retrouve  de  traces  de  recherches  que  dans  un  rapport  adressé 
au  gouvernement  du  Soudan,  en  octobre  1893, par  le  D^'Goppin 
lequel  d'ailleurs  renferme  des  détails  précis  sur  le  mode  d'ob- 
tention du  produit  qu'il  étudia  à  Bissandongou  (1)  :  «  Nous  avons 
pu  extraire  nous-mêmes  de  la  gutta  de  Karité,  écrit-il.  Le  suc 
de  Karité  se  coagule  spontanément  après  une  exposition  de 
quelques  heures  à  l'air  ;  il  se  prend  en  masse  et  l'on  peut  en 
former  des  boules  qui  ne  sont  pas  poisseuses. 

«  Peu  de  temps  après  la  coagulation,  la  masse  jouit  d'une  cer- 
taine élasticité  qu'elle  perd  en  24  heures  ;  elle  devient  dure  et 
prend  la  consistance  de  la  cire,  elle  se  laisse  rayer  par  l'ongle, 
le  centre  est  friable  ;  si  l'on  plonge  une  boule  durcie,  dans  l'eau 
à  50®  environ,  elle  se  ramollit  et  devient  malléable;  par  le 
refroidissement,  elle  reprend  sa  solidité.  En  résumé,  les  boules 
obtenues  avec  du  Karité  nous  paraissent  ressembler  à  de  la 
gutta  et  nous  espérons  que  Von  en  pourra  tirer  parti.  » 

Cette  conclusion  était  sagement  prudente  et  avait  la  plus 
grande  importance,  puisqu'elle  émanait  delà  première  personne 
qui  ait  pu  sur  place  s'occuper  du  produit.  Pourquoi  ce  rapport 
est-il  resté  inaperçu  ?  (2). 

(1)  Voir  J.VuiLLET,  Etude  du  Karité  considéré  comme  producteur  de  Karité.  Paris, 
André,  éditeur,  1901,  4  fasc.  in-16,  36  pp. 

(2)  A  ce  sujet,  nous  émettrions  volontiers  un  vœu  que  nous  serions  très  heureux 
de  voir  prendre  en  considération  dans  les  hautes  sphères  administratives.  Celui  de 
livrer  à  la  publicité  tous  les  rapports  ou  fragments  de  rapports  officiels,  traitant  des 
questions  économiques  et  des  productions  naturelles  de  nos  colonies.  Nous  savons 
qu'il  en  est  de  remarquables,  renfermant  des  observations  de  réelle  valeur  scientifi- 
que qui  n'ont  pas  encore  vu  le  jour,  et  qu*il  serait  cependant  très  intéressant  de 
cdnnaitre. 


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—  104  — 

Mais  sous  l'impulsion  énergique  de  Hegkel,  une  mission  fut 
confiée,  en  1891,  au  D""  Rançon,  médecin  de  première  classe  des 
colonies,  à  l'efifet  de  rechercher  dans  notre  domaine  africain 
quelles  pourraient  être  les  espèces  à  latex  dont  le  produit  de 
coagulation  serait  utilisable  aux  lieu  et  place  des  guttas  de 
Palaquium. 

Pendant  deux  années,  cet  explorateur  parcourut  le  Soudan  où 
il  fit  im  nombre  considérable  d'observations  qui  nous  valurent, 
en  1894,  la  publication  d'un  livre  remarquable  qu'on  est  étonné 
d'avoir  vu  ignoré  de  M.  Vuillet  au  moment  de  la  rédaction  de 
son  petit  opuscule  sur  la  gutta  de  Karité. 

Voici  comment  Rançon  s'exprime  au  sujet  de  cette  drogue  (i): 

«  Si  l'on  incise  l'écorce  du  Karité  dans  toute  son  épaisseur, 
la  blessure  laisse  couler  un  suc  blanc  laiteux  qui,  par  évapora- 
tion,  donne  de  la  gutta-percha.  Nous  avons  fait  sur  place,  à  ce 
sujet,  les  études  les  plus  complètes.  Un  Karité,  arrivé  à  com- 
plet développement,  ne  donne  pas  plus  de  500  gr.  de  suc  et 
encore  en  pratiquant  sur  toutes  les  parties  de  l'arbre  et  aux 
époques  les  plus  favorables  une  dizaine  d'incisions. 

((  Le  rendement  diffère  suivant  la  saison,  les  heures  du  jour 
où  l'on  pratique  les  incisions,  Tâge,  l'état  des  végétaux  et  les 
régions  qu'ils  habitent. 

«  C'est  pendant  l'hivernage  et  à  l'époque  de  la  floraison  que 
le  rendement  est  le  plus  considérable,  c'est-à-dire  de  la  fin  de 
juin  au  commencement  de  février.  Pendant  la  saison  sèche,  de 
mars  à  juin,  il  ne  faut  pas  compter  sur  une  récolte  abondante. 

<c  La  quantité  de  suc  obtenue  est  bien  plus  faible  pendant  la 
journée  que  le  soir,  le  matin  et  la  nuit. 

«  L'âge  des  végétaux  influe  aussi  sensiblement  sur  le  ren- 
dement. Il  ne  faut  pas  s'attaquer  aux  arbres  trop  jeunes,  car  leur 
suc  contient  une  proportion  d'eau  considérable,  à  tel  point  qu'il 
se  coagule  difficilement.  De  plus,  le  produit  obtenu  n'est  pas 
aussi  bon  que  lorsque  le  végétal  est  plus  âgé.  Il  ne  convient 
pas  non  plus  d'inciser  des  Karités  trop  âgés,  car  on  n'obtient 
que  des  quantités  de  suc  absolument  insignifiantes  (2).  Il  est 

(1)  Rançon,  loc,  dt,,  p.  250. 

(2)  Gomme  Heckel  Ta  justement  fait  remarquer,  il  importe  beaucoup  de  s'inspirer 
des  particularités  anatomiques  de  structure  du  végétal ,  et  chacun  sait  que  Texploita- 


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—  105  - 

préférable  de  n'opérer  que  sur  des  végétaux  d'âge  moyen  et 
arrivés  à  complet  développement.  C'est  là  que  Ton  aura  les 
meilleurs  résultats  ;  de  plus,  Tarbre  ne  souffre  nullement  de  ces 
incisions,  si  nombreuses  qu'elles  puissent  être  (1). 

a  Les  végétaux  sains  doivent  être  préférés  à  ceux  qui  sont  en 
mauvais  état,  et  ceux  qui  vivent  sur  les  plateaux  et  les  versants 
des  collines  donnent  un  rendement  plus  considérable  que  ceux 
qui  vivent  dans  les  vallées. 

«  Le  suc  ainsi  obtenu  est  d'un  blanc  laiteux,  sirupeux  ;  il 
poisse  les  doigts  et  les  rend  collants.  On  ne  peut  guère  s'en  dé- 
barrasser que  par  le  raclage.  Il  se  coagule  rapidement  sous 
l'action  de  la  chaleur  solaire  et  par  évaporation.  Ce  coagulum 
n'est  autre  chose  que  de  la  gutta-percha  (2).  Si  on  Tobtient  sur 
l'arbre  même,  il  est  d'un  brun  rougeâtre  et,  sous  une  masse 
épaisse,  il  prend  la  couleur  noire  chocolat  très  foncée.  Cette 
coloration  est  due,  croyons-nous,  aux  substances  colorantes  que 
renferme  en  plus  l'écorce  du  végétal. 

«  Obtenu  dans  un  vase  à  l'air  libre,  il  se  présente,  au  con- 
traire, sous  l'aspect  d'une  masse  de  couleur  blanchâtre,  légère- 
ment teintée  en  rose  ;  ou,  sous  une  faible  épaisseur,  il  est 
absolument  opaque.  Réduit  en  boule  et  pétri,  ce  coagulum 
donne  au  palper  la  sensation  d'un  corps  gras.  Nous  croyons, 
en  effet,  que  la  gutta  de  Karité  n'est  pas  absolument  pure  et 
doit  contenir  des  matières  grasses  en  quantité  relativement 
considérable. 

«  Les  indigènes  n'extraient  pas  la  gutta  de  Karité  et  le  suc 
qu'il  donne  ne  leur  sert  à  rien.  Ils  n'en  connaissent  pas  les 
propriétés.  » 

En  1897,  Gazalbou  (3),  vétérinaire  militaire,  chef  du  service 

tioD  âuPalaquium  se  fait  en  abattant  les  arbres.  Les  réservoirs  à  latex  (laticifères)  sont 
ici  des  cellules  en  files  qui  résistent  évidemment  au  flux  vers  Textérieur.  De  plus, 
beaucoup  de  ces  éléments  sécréteurs  sont  situés  profondément,  très  protégés  par  du 
sclérenchyme,  quand  ils  ne  sont  pas  logés  dans  la  moelle,  où  Ton  ne  saurait  guère 
les  atteindre. 

(1)  Cela  n'a  rien  qui  doive  surprendre,  car  ces  incisions  n'intéressent  toujours 
qu'une  région  limitée  et  cela  pour  les  mômes  raisons  anatomiques  sur  lesquelles 
nous  avons  déjà  suffisamment  insisté. 

(2)  Cette  affirmation  exagérée  montre  combien  on  est  porté  parfois  à  conclure  selon 
ses  désirs. 

(3)  Cazâlbou.  —  l^s  jardins  d'essais  du  Soudan  français.  Rev.  cuU.  col. y  1899, 
IV,  n*  20,  24. 


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—  106  — 

des  cultures  du  Soudan  français,  adressait  au  lieutenant-gou- 
verneur des  échantillons  de  gutta  de  Karité  qui  se  ressentaient 
«  du  peu  d'habileté  des  indigènes  à  une  première  récolte.  Sa 
composition  est  presque  identique  à  celle  de  la  gutta  indus- 
trielle ». 

Les  envois  de  Cazalbou  parvinrent,  par  l'intermédiaire  du 
gouverneur,  aux  Chambres  de  commerce  du  Havre  et  de  Mar- 
seille et  leurs  réponses  retournées  au  gouverneur,  lui  furent 
communiquées  en  juillet  de  la  même  année. 

Voici  d'abord  la  réponse  de  la  Chambre  de  commerce  du 
Havre  (1)  : 

«  J'ai  soumis  à  l'examen  d'un  courtier  de  notre  place,  l'échan- 
tillon de  latex  de  Karité  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de 
m'adresser  à  la  date  du  30  avril  dernier,  et  voici  les  apprécia- 
tions de  cette  personne  compétente  : 

«  Ce  produit  est  bien  semblable  à  celui  importé  ici  sous  le 
nom  de  gutta-percka^  mais  la  préparation  en  est  défectueuse 
et  la  marchandise  reste  passablement  chargée  de  corps  étran- 
gers. 

«  Aifec  un  peu  plus  de  soin  dans  la  préparation,  Je  pense 
que  ce  produit  serait  susceptible  d'entrer  dans  la  consom- 
mation^ au  même  titre  que  la  gutta-percha  » . 

Celui  de  la  Chambre  de  commerce  de  Marseille  passa  entre 
les  mains  de  Hegkel,  qui  le  soumit  à  Texamen  d'un  des  manu- 
facturiers de  gutta  à  Marseille  (Maison  Poncelet). 

L'échantillon,  trouvé  très  pur  et  excellent,  présenta  toutefois 
un  inconvénient  :  «  excellent  pour  V industrie  du  gutta  quand 
il  est  de  récolte  récente,  il  présente  l'inconvénient  de  se  rési- 
nifier  et  de  durcir  outre  mesure  après  une  conservation  d'en- 
viron  une  années. 

A  cette  époque.  Jumelle  (2)  reprit  les  observations  de  Hegkel, 
qui  furent  de  mômes  rééditées  par  Obach  (3),  dans  son  livre  sur 
la  Gutta. 

(1)  M.  VuiLLET.  —  Loc,  cit.,  p.  8-9. 

(2)  H.  Jumelle.  —  Plantes  à  caoutchouc  et  à  gutta.  Arm.  Inst.   col.,   Marseille, 
1898, 6*  année,  V,  164. 

(3)  OBAcn.  —  Die  Gutta  percha,  1899,  1  vol.  in  8.  Dresden,  p.  58. 


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--  107  — 

En  1899,  le  même  Gazalbou  reprend  la  question  et  s'exprime 
ainsi  : 

a  Le  latex  est  intéressant  en  ce  qu'il  renferme  une  grosse 
proportion  de  gutta. 

«  L'époque  la  plus  favorable  pour  l'extraction  de  cette  subs- 
tance, dont  la  valeur  commerciale  augmente  sans  cesse  (1),  com- 
prendles  mois  de  décembre  et  de  janvier.  La  région  du  Kati  ren- 
fermant des  Karités  en  abondance,  il  a  été  facile  de  rechercher 
un  procédé  opératoire  pouvant  rendre  suffisamment  de  gutta  sans 
porter  atteinte  à  Texistence  de  Tarbre  producteur. 

«  Les  indigènes  (au  Soudan  français)  ne  se  servant  de  cette 
gutta  que  dans  des  circonstances  bien  limitées  [confection  de 
marteaux  de  balafons  ou  de  tams-tams),  n'ont  pas  de  méthode 
d'exploitation. 

«  Voici  le  procédé,  très  simple,  auquel  nous  nous  sommes  arrêté. 
Disons  auparavant  qu'il  existe  deux  variétés  de  Bassia  Parkii 
dont  l'une  seule  contient  de  la  gutta  :  c'est  la  même  qui  donne 
surtout  les  fruits  dont  on  extrait  le  beurre  et  qui  est  des  deux 
la  plus  vigoureuse. 

«  L'écorce  de  la  variété  à  gutta  est  remarquable  par  un  qua- 
drillé très  marqué  qui  ne  fait  jamais  défaut  et  intéresse  toute 
l'épaisseur  de  la  substance  corticale.  Toute  la  surface  du  tronc 
et  des  branches  est  recouverte  de  carrés  ou  de  rectangles  plus 
ou  moins  irréguliers,  dont  les  côtés  varient  de  deux  à  cinq  cen- 
timètres de  longueur.  Le  problème  consiste  à  dénuder  quelques 
plaques  carrées,  avec  le  couteau  indigène  ou  mieux  avec  un 
levier  de  fer  spécial  (2). 

«  On  introduit  l'extrémité  de  ce  ciseau  (de  forme  très  simple) 
dans  la  rainure  formant  le  côté  supérieur  du  carré  on  rectangle 
central,  et  par  im  simple  jeu  de  bascule,  le  carré  cortical  est 
détaché  et  met  à  nu  une  plaie  constituée  par  des  fibres  libérien- 
nes d'un  rouge  vineux.  Sur  le  côté  inférieur  de  ce  même  carré, 
on  pratique  une  incision  de  haut  en  bas  et  de  dehors  en  dedans 
qui  fera  gouttière  et  qui  recueillera  la  gutta.  On  arrive  très  fa- 
cilement à  pratiquer  cette  décortication  aussi  proprement  cpie 
possible  et  aussi  vite  qu'on  le  désire. 

(1)  Un  peu  exagéré  et  d'ailleurs  aucunemeut  prouvé. 

(2)  Voir  figure  in  Acv.  cuU.  col,  1899,  IV,  n»  30,  p.  25. 


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«  Le  latex  s'écoule  aussitôt  par  grosses  gouttes  blanches  du 
côté  supérieur  du  carré,  s'unit  en  passant  sur  la  plaie  à  celui 
qui  sort  de  la  surface  dénudée  et  se  collecte  dans  la  gouttière 
inférieure. 

«  Quand  le  temps  est  sec,  la  dessication  du  latex  est  suffi- 
sante après  10  à  12  heures  ;  mais  si  l'atmosphère  est  chargée 
d'humidité,  24  ou  36  heures  sont  nécessaires.  Au  bout  de  ce 
temps,  il  existe  dans  la  gouttière  pratiquée  sur  le  côté  inférieur 
du  carré,  une  masse  plus  ou  moins  agglutinée  d'un  blanc  légè- 
rement violacé,  adhérente  au  doigt  ou  à  n'importe  quel  objet  et 
qui,  par  la  traction  s'étire  jusqu'à  former  un  fil  des  plus  ténus, 
non  rétractile. 

«  On  récolte  cette  gutta  de  deux  façons  :  on  peut  l'enrouler 
autour  d'un  morceau  de  bois  quelconque,  qui  devient  alors  dans 
la  masse,  corps  étranger,  ou  on  associe  dans  la  bouche  les  diver- 
ses parties  de  gutta  recueillies  avec  les  doigts. 

a  Ces  dix  plaies,  pratiquées  sur  le  tronc  de  chaque  Karité  à 
hauteur  d'homme,  n'apportent  pas  d'influence  saisissable  dans 
la  vie  de  l'individu,  car  la  gutta  qui  reste  toujours  après  la  ré- 
colte aide  puissamment,  par  sa  nature  physique,  aux  phénomè- 
nes de  cicatrisation.  LeBassia.  Parkii  , avant  dix  ans,  ne  donne 
guère,  ni  fruits,  ni  gutta.  A  quinze  ans,  son  rapport  est  déjà 
sensible. 

«  La  gutta  ainsi  recueillie  est  une  substance  d'un  gris  clair  lé- 
gèrement violacé  ;  l'action  de  l'air  la  brunit  assez  lentement, 
elle  se  dessèche  et  est  alors  très  dure.  Elle  se  comporte  avec  les 
agents  physiques  (chaleur,  électricité,  etc.)  de  la  même  manière 
que  la  gutta  industrielle  ordinaire. 

«  Rendement,  — Chaque  jBâJ^^m,  ainsi  traité,  et  à  l'âge  adulte, 
donne  pour  les  dix  plaies  opératoires,  une  moyenne  de  150 gram- 
mes de  gutta.  Chaque  individu  peut  être  exploité  5  ou  6  années 
de  suite  à  hauteur  d'homme  et  ensuite  dans  les  régions  situées 
au-dessus.  » 

Au  point  de  vue  de  ses  propriétés  industrielles,  conclut  C\- 
ZALBOu,  cette  gutta  peut  être  employée  dans  l'industrie  des 
câbles. 

«  En  outre,  nous  nous  en  servons  dans  les  mêmes  conditions 


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que  la  gutta  industrielle  ordinaire,  pour  le  moulage  des  pieds 
défectueux  de  nos  animaux  domestiques.  » 

VuiLLKT  (1)  écrivit  à  propos  de  la  gutta  de  Karité,  un  petit 
opuscule,  qui  n*est  autre  chose  que  la  publication  de  son  rap- 
port adressé  à  M.  le  Délégué  du  Gouverneur  général,  le  4  sep- 
tembre 1900.  Il  ne  renferme  guère  d'observations  originales  et  ne 
fait  pas  avancer  d'un  pas  la  question.  C'est  une  compilation  in- 
complète, suivie  de  considérations  personnelles  sur  la  méthode 
d'extraction  et  sur  le  rendement  possible  d'une  exploitation. 
Nous  retiendrons  seulement  de  ce  fascicule  les  passages  sui- 
vants, renfermant  les  observations  originales  de  l'auteur: 

<c  L'âge  auquel  un  Karité  devient  exploitable  est  assez  difficile 
à  déterminer.  Comment  apprendre  l'âge  d'un  arbre  de  gens  qui 
ne  connaissent  pas  le  leur?  Cependant  il  résulte  de  nos  recher- 
ches qu'un  Karité  n'est  guère  exploitable  avant  sa  vingtième 
année.  De  20  à  35  ans,  un  Karité  bien  exploité  donnerait  un 
minimum  de  1  kg.  de  gutta,  poids  total  qui  serait  obtenu  en  le 
saignant  deux  années  sur  trois  pendant  15  ans.  Nous  indiquons 
oes  chiffres  approximatifs  d'après  nos  expériences  faites  dans  le 
Jardin  d'essai  de  Kati,  sur  des  Karités  incisés  au  commen- 
cement de  l'année  1897  et  en  janvier  1898,  par  le  vétérinaire 
Cazalbou  et  dont  il  avait  tiré  150  gr.  de  gutta  en  moyenne  par 
arbre  et  par  année,  et  d'après  l'observation  de  ces  arbres.  Les 
plaies  anciennes,  faites  par  un  procédé  que  nous  indiquerons 
plus  loin,  s'étaient  complètement  refermées  et  leur  place  n'était 
plus  marquée  que  par  un  bourrelet  de  tissu  cicatriciel. 

«  C'est  cette  méthode  d'exploitation  par  saignées  ne  mettant 
pas  en  danger  l'existence  de  l'arbre  et  renouvelées  deux  fois 
seulement  tous  les  trois  ans,  que  l'on  devra  adopter  si  l'on 
veut  tirer  parti  des  Karités  soudanais... 

«  Tout  en  ménageant  les  arbres,  un  ouvrier  payé  cinquante 
centimes,  au  maximum,  pourra  récolter  0  kg.  500  de  gutta  par 
jour.  » 

M.  VuiLLET  critique  le  procédé  d'extraction  de  Cazalbol,  car 
la  gutta  obtenue  du  latex  desséché  directement  sur  l'arbre  est 
de  moins  bonne  qualité  que  celle  obtenue   par  fermentation  du 

(1)  J.  YuiLkET.  —  Etude  dn  Karité  considéré  oomme  producteur  de  gutta,  Paris. 
André,  éd.,  1901, 1  fasc.  in-16, 36  pp.  avec  3  photographies. 


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—  110  — 

latex,  et  souvent  souillée  de  débris  ligneux  et  do  matières  étran- 
gères. Il  préconise  le  procédé  suivpnt,  qui  donnerait  la  gutta  la 
plus  pure  et  de  la  meilleure  qualité  : 

L'ouvrier  fait  à  l'arbre,  au  moyen  d'une  daba  (1)  à  lame  étroite 
et  bien  acérée,  des  blessures  petites  et  nombreuses,  ayant  la 
forme  de  rectangles  à  grands  côtés  verticaux,  de  10  centimètres 
carrés  de  surface  environ.  Le  nombre  des  plaies  variera  avec 
la  grosseur  du  Karité  et  sa  plus  ou  moins  grande  vitalité  :  on 
en  fera  par  exemple  de  4  à  8,  placées  par  séries  de  2  ou  3  sur 
une  même  ligne  verticale,  suivant  que  le  tronc  sera  allongé  ou 
trapu.  Le  latex  (Ci  Hana  en  mandingue)  suinte  de  suite  sur 
tout  le  périmètre  de  la  blessure. 

«  Le  noir  le  rassemble  et  le  recueille  avec  son  doigt,  qu'il  a 
mouillé  pour  empêcher  l'adhésion  et  le  fait  tomber  dans  une 
petite  calebasse  en  passant  le  doigt  sur  l'arête  vive  de  l'ou- 
verture. 

«  Peu  de  temps  après  la  récolte,  le  latex  entre  en  fermenta- 
tion. Il  lève  et  dégage  une  odeur  de  lait  fraîchement  caillé.  Au 
bout  de  12-36  heures,  il  se  divise  en  un  caillot  rose  ayant  la 
consistance  du  fromage  à  la  crème  et  en  un  sérum,  de  couleur 
variant  du  blanc  rosé  au  mauve. 

«  Le  caillot  doit  être  pétri  de  suite  dans  l'eau  froide  ;  des  fem- 
mes peuvent  faire  ce  travail. 

«  Quand  il  a  été  malaxé  pendant  quelques  minutes,  il  devient 
nerveux  et  un  peu  élastique,  mais  reste  malléable.  On  l'étend 
en  plaques  que  l'on  lave  pour  enlever  les  matières  étrangères. 
Puis  on  replie,  on  étend  et  on  nettoie  de  nouveau  ces  plaques 
en  répétant  l'opération  jusqu'à  ce  que  la  gutta  soit  arrivée  au 
degré  de  pureté  voulu. 

«  Quelques  heures  après  sa  préparation  la  gutta  du  Karité  a 
perdu  sa  malléabilité  et  pris  sa  consistance  véritable. 

«  La  gutta-ci  doit  être  conservée  dans  de  l'eau  renouvelée 
fréquemment.  Au  contact  de  l'air  elle  s'oxyde,  devient  cassante 
et  sa  résistance  spécifique  diminue  ;  il  en  est  du  reste  de  même 
de  la  gutta-percha.  »  (2), 

(1)  Petite  sape  à  manche  court,  dont  les  indigènes  se  servent  pour  remuer  la  terre. 

(2)  Nons  ne  nous  pouvons  expliquer  pourquoi  après  ce  rapport,  il  n'a  pas  été  fait, 
par  les  soins  de  TAdministration,  des  essais  d'utilisation  industrielle,  soit  officieuse- 


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—  111  — 

Citons  maintenant  pour  mémoire  une  note  de  Coviaux,  qui 
raconte  (1)  que  le  Karité  fournit  un  caoutchouc  (?)  qui  a  été 
trouvé  d'excellente  qualité,  et  arrivons  aux  recherches  de  Hbim 
et  Dehay  (2).  Ces  observateurs  étudièrent  5  échantillons  de 
gutta-ci  à  eux  remis  par  M.  Milhe-Poutingon,  directeur  de  la 
«  Revue  des  cultures  coloniales  »,  et  provenant  de  la  région 
de  Kati  au  Soudan.  Les  recherches  de  Heim  et  Dehay,  très  im- 
portantes, à  cause  des  conclusions  qui  en  découlent,  ont  été  à 
peu  près  ignorées,  et  il  est  vraisemblable  que  cela  tient  à  leur 
mode  de  publication  dans  un  recueil  très  peu  répandu;  nous  les 
reproduisons  in-extenso. 

Pour  la  facilité  des  descriptions  et  de  l'étude,  Heim  et  Dehay 
répartissent  arbitrairement  leurs  5  échantillons  en  3  sortes,  dé- 
signées par  les  numéros  1,  2,  3. 

Sorte  n^  1.  —  La  première  sorte  se  présente  sous  la  forme 
d'une  galette  de  10  cm.  de  diamètre,  d'une  épaisseur  de  3  cm., 
à  surface  extérieur  café  au  lait,  luisante,  offrant  sur  la  tranche 
une  couleur  plus  claire,  grisâtre  et  un  aspect  nettement  stratifié, 
dû  à  la  superposition  des  lamelles,  adhérentes  les  unes  aux 
autres,  celles-ci  présentent  dans  leur  épaisseur  d'innombrables 
alvéoles  de  petites  dimensions,  renfermant  de  fines  particules 
ligneuses  et  des  inclusions  aqueuses  (ces  galettes  résultent  sans 
conteste  du  reploiement  sur  elle-même  d'une  plaque  mince,  au 
moment  où  sa  coagulation  vient  de  s'effectuer).  La  surface  de 
section  exhale  une  odeur  marquée  de  fermentation  butyrique, 
elle  se  dessèche  rapidement,  à  la  manière  d'une  terre  argileuse, 
le  produit  est  dur,  cassant,  s'effritant  à  la  manière  d'une  résine. 

Sorte  n*  2.  —  Ne  diffère  de  la  première  que  par  sa  cou- 
leur d'un  brun  chocolat  et  l'alternance  sur  les  tranches  de 
veines  brunes  et  blanches  (évidemment  dues  au  noircissement 

ment,  soit  of&eieUement,  oa  bien  s'il  en  a  été  fiût,  pourquoi  n'ont-ils  pas  été  portés 
à  la  connaissance  du  public  intéressé. 

(1)  GoviAUx.  —  Les  produits  du  cercle  de  Ségou.  Rev.  cuU.  coL,  1901  ;  V, 
p.  302. 

{%  Hbdi.  —  Studêê  scientifiques  sur  les  matières  premières,  1  fascicule,  Paris, 
1901  (Travaux  du  Laboratoire  d'études  des  itaatières  premières  de  l'Office  national 
du  Commerce).  Le  produit  guttoïde  dit  gutta-oi  du  Soudao,  p.  56. 


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—  112  — 

rapide  de  la  surface  de  la  plaque   niince  de  coagulation,  avant 
son  reploiement  sur  elle-même). 

Sorte  n^  3.  —  Se  présente  sous  une  forme  très  singulière, 
celle  de  baguettes  aplaties,  résultant  sans  doute  de  Tétirement 
manuel  du  coagulum  encore  mou  ;  ces  baguettes  sont  sèches, 
d'une  teinte  brun  chocolat,  striées  de  lignes  alternativement 
pâles  ou  foncées,  très  cassantes,  s'effritant,  comme  les  galettes 
des  deux  sortes  précédentes,  avec  la  plus  grande  facilité. 

Composition^  propriétés,  —  Ces  trois  sortes  ont  sensible- 
ment les  mêmes  caractères  de  solubilité,  à  savoir  :  solubilité 
presque  complète  dans  la  benzine,  le  chloroforme,  le  sulfure  de 
carbone,  précipitation  partielle  de  ces  solutions  par  l'alcool, 
insolubilité  dans  l'éther,  solubilité  faible  dans  Téther  de  pé- 
trole (1). 

Leur  composition  est  la  suivante  : 

II  III 
Matières   tolubles    dans  l'alcool  (matières 

résinoïdes) 53      Vo      57      Vo  46  5  «  , , 

Matières  solables  dans  Teau 15             17  18 

Matières  mioérales  (cendres) 05             06  0  41 

Matières  guttoïdes  proprement  dites 45      o/o      49  7  o/o  52  3  o/o 

Toutes  renferment  une  assez  forte  proportion  de  matières 
azotées  ;  car,  chauffées  en  présence  d'une  lessive  concentrée  de 
potasse,  elles  dégagent  assez  abondamment  du  gaz  ammoniac. 

Les  matières  résinoïdes,  extraites  par  l'alcool,  se  présentent 
sous  la  forme  d'une  masse  cornée,  peu  colorée,  très  dure,  d'as- 
pect assez  analogue  à  celui  de  la  gélatine  sèche  et  racornie. 

Même  privées  des  matières  résinoïdes,  grâce  à  un  épuise- 
ment par  l'alcool  bouillant,  les  matières  guttoïdes  restent  encore 
à  froid,  dures  et  cassantes. 

Le  produit  brut,  soumis  en  présence  de  l'eau  à  l'action  pro- 
gressive de  la  chaleur,  se  ramollit  aux  environs  de  63*,  il  est 
alors  susceptible  de  prendre  une  empreinte,  mais  sous  Vin- 
fluence  du  refroidissement^  la  contraction  irrégulière  éprou- 

(1)  Faisons  remarquer  qne  dans  le  tableau  que  nous  reproduisons  plus  loin,  çotte 
solubilité  serait  «le  98V 


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—  113  — 

véc  par  la  /nasse  déforme  l'image,  on  miMUC  temps  que  le  pro- 
duit revient  à  sa  dureté  primitive  et  recouvre  son  caractère  de 
friabilité. 

Valeur.  —  Le  produit  de  coagulation  du  latex  de  Varbre 
«  Ci  »  du  Soudan,  préparé  dans  les  mêmes  conditions  que  oe- 
lui  soumis  à  notre  examen  est  un  produit  de  valeur  presque 
nulle.  Son  modo  de  préparation  est  évidemment  défectueux,  le 
latex  a  subi  la  coagulation,  alors  qu'il  tenait  encore  en  suspen- 
sion d'innombrables  particules  ligneuses,  le  coagulum  n'a  été 
qu'insuffisamment  exprimé  et  séché,  la  forte  proportion  d'eau 
incluse  a  permis  la  fermentation  des  matières  hydrocarbonées 
et  azotées  et  si  cette  fermentation  n'a  pas  altéré  la  qualité  de 
la  matière  guttoïde  (fait  peu  probable  à  priori),  elle  contribue 
dans  une  large  mesure  à  déprécier  la  valeur  commerciale  du 
produit. 

Avant  de  prononcer  contre  le  guttoïde,  fourni  par  le  «  Ci  » , 
une  condamnation  sans  appel,  il  y  aurait  lieu  d'étudier  la  com- 
position du  latex  et  de  procéder  à  des  essais  périodiques  et 
variés  de  coagulation,  mais  il  est  bien  à  craindre  que  le  mode 
de  coagulation  employé,  tout  défectueux  qu'il  puisse  être,  ne  soit 
pas  la  vraie  cause  du  peu  de  valeur  du  produit  obtenu.  Dans 
ce  guttoïde  (il  serait  tout  à  fait  abusif  de  le  qualifier  de  gutta), 
la  proportion  de  résine  n'est  pas,  en  effet,  suffisante  pour  le  faire 
rejeter  par  l'industrie,  mais  les  propriétés  physiques  de  la  ma- 
tière guttoïde,  même  privée  de  résine,  sont  toutes  différentes* 
de  celles  des  vraies  guttas.  Si  un  procédé  défectueux  de  coagu- 
lation peut  être  de  nature  à  augmenter  la  teneur  du  produit  en 
résine,  aux  dépens  delà  matière  guttoïde,  il  n'y  a  guère  d'exem- 
ple qu'il  puisse  modifier  les  propriétés  physiques  des  carbures 
d'hydrogène  constituant  la  matière  guttoïde. 

Heim  fait  remarquer  que  ses  produits  lui  semblent  différents 
de  celui  étudié  par  SGHLA.GDEPfHAUFFEN,  et  cependant,  comme  il 
devait  en  être  sûr  bientôt,  .la  gutta-Ci  est  bien  identique  à  la 
gutta  de  Karité  ou  tout  au  moins  les  deux  désinences  com- 
merciales se  rapportent  bien  au  produit  retiré  du  même  arbre. 

Le  tableau  suivant  donne  les  différences  de  solubilité  de  ces 
deux  produits  dans  les  divers  solvants  usuels  (1)  : 
(1)  HUM.  —  Lac.  cit.,  p.  60. 


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—  114  — 
GhiAres  de  Heim  et  Dehay  Chiffres 

DisaohrantB n*I  n«II  n*III   Sghiagdbmhauffbm 

SaUùre  de  carbone 100  100  100  S7  92 

Ether 8  17         92  111  301 

Chlorofanne 100  100  100  98  28 

Benxine 100  100  100  9S  80 

Ether  de  pétrole 96  99  98  18  1 

Térébenthine  (essence  sansdoate?)  100  100  100  3 

Acide  acétique 46  43  45  13 

Alooolà9&> 53  57  465  7 

Heim,  commentant  les  résultats,  conclut  que  la  valeur  du  pro- 
duit étudié  est  presque  nulle.  «  11  est  rigoureusement  rejeté  par 
les  fabricants  de  câbles,  et  les  industriels  qui  font  entrer  dans 
leurs  mélanges  (moides  pour  galvanos,  bacs  pour  accumula- 
teurs, etc.)  une  certaine  quantité  de  gutta  de  qualité  inférieure, 
hésiteraient  fort  à  y  incorporer  le  guttoîde  «  Ci  »,  en  raison 
de  sa  nature  cassante. 

<c  Nous  devons  ajouter,  continue-t-il,  que  l'occasion  nous  a  été 
donnée  d'examiner,  dans  la  collection  d'une  des  plus  grandes 
Sociétés  françaises  s'occupant  de  l'industrie  de  la  Gutta,  des 
boules  d'un  produit  guttoîde  de  la  grosseur  d'une  orange,  d'une 
teinte  grise,  offrant  l'aspect  de  boules  de  mastic  de  vitrier  sec, 
cassantes,  dures,  riches  en  impuretés,  présentant  la  plus  grande 
analogie  avec  le  produit  du  Soudan  ci-dessus  étudié,  envoyées 
il  y  a  deux  ans,  de  l'Afrique  occidentale  sous  la  dénomination 
de  «  Gutta  de  Karité  »  {Bassia  Parkii)^  qui  était  rejeté  au  môme 
titre  et  pour  les  mêmes  raisons  que  le  guttoîde  de  pi. 

«  Nous  nous  garderons  de  conclure  contre  la  gutta  de  Karité, 
mais  nous  ne  croyons  pas  excessif  de  réclamer  plus  de  pudeur 
de  ceux  qui  affirment  sans  hésitation  dans  les  rapports  admi- 
nistratifs (1)  que  le  Karité  fournit  un  caoutchouc  (l'auteur  veut 
sans  doute  dire  gutta)  qui  a  été  trouvé  d'excellente  qualité  par 
ceux  qui  en  ont  fait  l'essai.  11  pourrait  y  avoir  dans  ces  affir- 
mations une  source  d'erreurs  préjudiciables. 

«  On  semble  trop  oublier  que  la  cire  à  cacheter  est  apte  à  rece- 
voir et  à  conserver  de  fines  empreintes  et  qu'elle  n'a  rien  des 
propriétés  qui  font  la  valeur  des  vraies  guttas.  11  serait  urgent 
de  fixer  par  l'étude  du  latex  authentique  de  Karité  la  question 

(1)  Compte-rendu  analytique  de  la  séance  du  13  juio  1903,  p.  38. 


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—  115  - 

de  rutilisation  possible  par  l'industrie  de  son  produit  de  eoagu* 
lation  ». 

L'année  suivante,  en  1902,  le  même  auteur  revint  sur  la  ques- 
tion dans  une  réunion  de  la  section  d'Agriculture  coloniale  à  la 
Société  française  de  colonisation  (1).  Il  a  pu  recevoir  des  échan- 
tillons authentiques  du  produit  de  coagulation  du  Karité 
auquel  «  il  est  difficile  d'attribuer  à  ce  produit  un  nom  justifié  : 
ce  n'est  pas  une  gutta,  ce  n'est  pas  une  résine  ;  nous  avons 
adopté,  dit-t-il,  pour  désigner  ce  groupe  de  produits  mal  défi- 
nis, provenant  de  la  coagiJation  du  latex  de  certaines  Euphor- 
biacés  et  Apocynacées,  de  beaucoup  de  Sapotacées,  ce  nom  géna- 
ral  de  produits  guttoïdeSy  qui  rappelle  une  de  leurs  propriétés, 
celle  de  se  ramollir  à  chaud,  de  prendre  des  empreintes,  sans 
posséder  cependant  les  propriétés  physiques  essentielles  de  la 
vraie  gutta  ». 

Les  échantillons  provenaient  de  l'arbre  producteur  du  beurre 
de  Karité  :  l'un  expédié  à  la  Société  industrielle  des  téléphones 
avait  été  communiqué  par  M.  Yung,  ingénieur  de  cette  Société, 
et  s'était  résinifié  totalement  en  quelques  mois,  de  telle  sorte 
que  la  masse  était  entièrement  sèche,  friable  et  pulvérulente  ; 
l'autre  relativement  frais,  provenait  de  M.  Van  Gassel,  avocat 
général,  et  avait  été  préparé  quelques  mois  auparavant  dans 
la  région  des  sources  du  Niger  ;  il  avait  tous  les  caractères 
de  la  Gutta^Ci^éiudiée  précédemment  par  Heim  et  Dehay. 

«  C'est  une  galette  présentant  l'aspect  d'une  argile  compacte 
ayant  la  consistance  d'un  savon  dur  et  toute  pleine  de  très 
petites  alvéoles  remplies  d'eau,  cette  gomme  renferme  plus  de  la 
moitié  de  son  poids  sec  de  substances  résinoïdes,  et  ramollit 
dans  l'eau,  aux  environs  de  50^  et  est  susceptible  de  prendre  une 
empreinte  vers  65**,  mais  sous  l'influence  du  refroidissement, 
la  contraction  irrégulière  éprouvée  p€Lr  la  masse  déforme  l'image 
en  même  temps  que  le  produit  revient  à  sa  dureté  primitive  et 
recouvre  son  caractère  initial  de  friabilité. 

«  C'est  donc,  contrairement  à  ce  qui  a  été  dit,  une  détestable 
matière  première  pour  l'industrie  des  moules  de  galvanoplastie. 
Même  privée,  par  épuisement,    des  résines  qu'elle  contient,  la 

(1)  Voir,  par  exemple,  Coviaux.  Les  produits  du  cercle  de  Ségou,i2ciu.  cuit.  Col., 
1901,302. 


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-  116  — 

matière  guttoîde  du  Karité  présente  des  propriétés  physiques 
différentes  de  celles  de  vraies  guttas  ». 

Enfin  un  troisième  échantillon  provenant  de  M.  Lamy-Torhil- 
LON,  avait  été  reçu  pour  essais  par  ce  dernier  avec  Findication 
«  Guttade  Karité  de  la  Haute  Guinée  ». 

«  Cet  échantillon  est  formé  de  lanières  découpées  dans  une 
plaque  de  gomme  encore  molle  et  enroulée  sur  elle-même,  à  la 
manière  des  lanières  constituant  nombre  de  sortes  de  caoutchouc 
de  la  côte  occidentale  d'Afrique.  Cet  échantillon  y  également 
riche  en  résine,  a  servi  à  faire  un  essai  de  fabrication  indus* 
trielle  qui  a  abouti  à  sa  condamnation  sans  appel.  La  pré- 
tendue gutta  de  Karité  est  dépourvue  de  toute  valeur  indus- 
trielle. 

«  Il  y  a  cependant  lieu  de  vérifier  si,  par  une  étude  appro- 
fondie du  latex,  on  ne  pourrait  pas  aboutir  à  une  méthode  de 
coagulation  qui  fournisse  un  produit  de  quelque  valeur.  C'est 
chose  peu  probable  ;  en  tous  cas  un  fait  reste  acquis  :  de  l'avis 
des  industriels  les  plus  autorisés,  auxquels  nous  l'avons 
soumiSy  le  guttoîde  de  Karité^  tel  qu'il  est  actuellement  pré- 
paréy  ne  peut  trouver  acquéreur  en  Europe.  Les  colons  qui 
pourraient  être  tentés  d'entreprendre^  comme  le  conseillait 
récemment  Vuillet,  l'exploitation  simultanée  des  Karités  et 
des  lianes  volubiles  autour  de  leur  tronc  (Landolphia  et  liane 
indigofere  <c  Garaba  »,  Lonchocarpus  cyanescens),  feront 
sagement  de  tenir  compte  de  ces  données  positives^  qui  ne 
prêtent  à  aucune  discussion.  » 

Avec  ces  communications  de  Heim,  nous  voici  enfin  en  posses- 
sion d'un  document  important,  et  en  pleine  contradiction  avec 
les  affirmations  antérieures  ;  on  aurait  pu  croire  que  la  question 
ne  reviendrait  plus  que  pour  être  à  nouveau  soumise  à  l'expéri- 
mentation industrielle  et  scientifique,  il  n'en  est  rien  malheureu- 
sement, et  en  France  comme  à  l'étranger,  les  recherches  de  HsiM 
et  Dbhay  n'eurent  aucun  retentissement  et  restèrent  totalement 
ignorées.  On  continua  à  vivre  sur  les  «c  on  dit  »  du  passé. 

C'est  ainsi  que  AcKERMANN(i),  en  1904,  publie  une  note  ne 
renfermant  quoi  que  ce  soit  d'original,  note  qui  eut  un  certain 

(1)  AcKERMANN.  —  La  gutta  du  Karité,  Revuê  de  chimie  industrielle,  1904,  XY, 
310  et  Le  Caoutchouc  et  la  Guita,  Paria,  1906,  II,  n*  4, 132. 


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—  117  — 

retentissement  à  l'étranger  et  dans  laquelle  il  attirait  Tattention 
sur  les  faits  signalés  parCAZALBOU,  qui  prétendait  que  les  deux 
variétés  hâtive  et  tardive  de  Karités  fournissaient  du  latex  de 
qualité  très  différente  et  que  Tun  d'eux  seul,  pouvait  donner  une 
gutta  ayant  une  valeur  véritable. 

Rappelant  les  appréciations  diverses  portées  sur  cette  gutta, 
il  dit  : 

«  Cette  incertitude  sur  la  valeur  d'un  produit  qu'on  recherche 
avidement  de  tous  côtés  est  due  soit  aux  divers  procédés  de 
récolte  et  de  préparation  qui  ont  pu  être  employés,  soit  surtout 
à  rignorance  de  ce  fait  qu'il  existe  deux  variétés  de  Karité,  dont 
il  est  essentiel  de  ne  pas  confondre  le  latex  ». 

Il  est  vraiment  regrettable  que  Ackermai^n  n'appuie  son  aflBr- 
mation  par  aucune  observation  nouvelle,  et  pourtant  il  a  vu  de 
nombreux  échantillons  de  Karités  dans  la  région  de  Kati-Bam- 
mako,  d'où  il  revenait  à  cette  époque,  et  cette  région  est  en 
effet  particulièrement  riche  en  représentants  de  cette  essence 
forestière  ! 

Comme  on  l'a  vu,  la  question  n'avait  guère  attiré  l'attention  de 
nos  voisins  de  l'Est  pourtant  si  préoccupés  de  toutes  les  nou- 
veautés industrielles,  et  c'est  seulement  après  cette  note  de 
AcKERMANN  quc  Engler  (1),  Témineut  directeur  du  Jardin  bota- 
nique de  Berlin,  publia  à  son  tour  une  courte  notice  sur  les  moyens 
de  mettre  en  valeur  le  ButyrospermumParkii^M  Togo.  Engler 
fait  un  court  historique  de  la  question  et  insiste  uniquement  sur 
ce  fait  que,  le  Karité  étant  une  plante  de  la  famille  des  SapO' 
tacées,  on  a  parfaitement  raison  de  faire  des  recherches  dans  le 
sens  de  l'utilisation  du  produit  de  coagulation  du  latex.  Il  signale 
même  d'autres  arbres  du  Cameroun,  appartenant  au  genre  voi- 
sin Omphalocarpuin^  comme  devant  également  attirer  l'atten- 
tion au  sujet  de  leur  latex. 

Un  nouveau  travail,  d'ordre  chimique,  vit  le  jour  cette  même 
année  1904,  dans  un  laboratoire  industriel  de  Berlin,  où  il  fut 
entrepris  sur  des  échantillons  provenant  de  Bammako,  par 
MM.  Marckwald  et  Frank  (2).  L'échantillon  était  une  masse 

(1)  Engler.  —  Winke  zur   Verwertung  des  in  Togo  hàufigen.  Butyroêpermum 
Parkii.  NoHibl.  des  K,  bot.  Garten$  zu  Berlin,  1904,  p.  166. 

(2)  Marckwald  und  Frank.  —  Ucber  die  Guttaperchahaltige  Subtanz  aus  dem 
Harz  des  Karitebaumes.  Die  Gummizeitung,  1904,  XIX,  167. 


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—  118  — 

arrondie  de  3  cm.  environ  de  diamètre,  dont  la  surface  extérieure 
était  colorée  en  brun  par  des  débris  végétaux.  La  cassure  lais- 
sait voir  de  petites  perles  résineuses,  les  unes  tout  à  fait  blan- 
ches, les  autres  brunâtres,  qui,  alternant  avec  des  débris  ligneux, 
donnaient  à  la  surface  un  aspect  marbré.  Les  parties  résineuses 
se  laissaient  rayer  par  l'ongle.  L'analyse  donnait  la  composi- 
tion suivante  : 

Substance  guttoîde  (Quttaartige  S.) .      25  20  p.  100 

—  résinoide  (Harzartige  S.). . .      57  18     — 
Parties  végétales 5  76     — 

—  minérales 6  87      — 

Eau 504     - 

Par  traitement  au  chloroforme,  suivi  d'une  filtra tion  et  d'éva- 
poration  du  liquide  clair,  les  chimistes  obtinrent  un  gâteau  pres- 
que transparent  qui,  par  le  frottement,  devint  opaque. 

L'acétone  en  dissout  la  plus  grande  partie,  en  laissant  seule- 
ment une  substance  blanche  qui  se  comportait  sensiblement 
comme  la  gutta  de  la  gutta-percha. 

Cette  substance  se  laisse  malaxer  dans  l'eau  chaude,  mais 
redevient  dure  au  froid.  Elle  se  précipite  de  ses  solutions  par 
l'addition  d'acétone  ou  d'alcool. 

Ce  guttoîde  purifié  par  dissolution  et  précipitation  successives 
a  la  composition  élémentaire  suivante  ; 

Carbone 8126     p.  100 

Hydrogène....         10  48         — 
Oxygène 8  81         — 

Il  s'agissait  ici  d'un  produit  fortement  oxydé,  dont  le  produit 
d'addition  obtenu  au  peroxyde  d'azote  par  la  méthode  de  Wbbeh 
se  rapproche  du  nitrosite  de  Harribs  (C^^  H^^^  N^*). 

La  résine  restée  en  solution  est  visqueuse,  et  si  l'on  a  fait  la 
précipitation  du  guttoîde  par  l'alcool  ou  l'acétone,  on  peut  sé- 
parer deux  produits  résineux:  l'un  dur,  à  point  de  fusion  élevé 
et  l'autre  de  consistance  molle  et  gluante. 

Cette  résine  du  Karité,  traitée  par  la  potasse  alcoolique  (prin- 
cipalement la  partie  dure,  à  point  de  fusion  élevé),  donne  une 
odeur  de  cannelle  assez  prononcée. 

De  leurs  recherches,  Marckwald  et  Franck  tiennent  comme 
démontré  que  le  latex  de  Karité  renferme  une  gutta  ou  tout  au 


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—  119  — 

moins  un  produit  guttoïde  qui  se  rapproche  beaucoup  de  la 
gutta. 

L'année  suivante,  le  D'  Fendler  (1),  à  son  tour,  reçut  au 
Laboratoire  de  pharmacologie  du  professeur  Thoms,  à  Berlin  (2), 
6  échantillons  de  latex  et  produits  g^ttoîdes,  recueillis  par  les 
soins  du  D*"  Kersting  de  la  station  botanique  centrale  de  Lama, 
district  de  Transkara  au  Togo. 

L'échantillon  n®  i  était  coagulé  depuis  quelque  temps  et  se 
présentait  sous  forme  d'une  plaquette,  tel  que  les  naturels  le 
préparent  pour  fabriquer  leur  glu  avec  laquelle  ils  prennent  les 
petits  oiseaux. 

Les  n®*  2,  3,  4,  5,  consistaient  en  latex  inclus  dans  des  bou- 
teilles et  additionné  d'ammoniaque  à  l'état  frais  ;  le  n"*  5  était 
coagulé  ;  enfin  le  n*  6  avait  été  coagulé  et  le  produit  conservé 
sous  l'eau. 

Préparation  et  usages.  —  Dans  ce  pays  de  Transkara,  où  il 
n'y  a  pas  de  steppes  et  par  conséquent  pas  de  feux  de  brousse, 
dit  le  D*^  Kersting,  les  Karités  sont  nombreux  et  superbes. 

Leur  écorce  est  déchiquetée,  bosselée  et  couverte  même 
d'excroissances  grosses  comme  le  poing.  Les  indigènes,  à  l'aide 
de  leur  petite  hache,  font  de  petites  ouvertures  grandes  environ 
comme  une  pièce  de  5  marks.  Le  latex  s'écoule  et  le  sécrétât 
coagulé  est  recueilli  et  rassemblé  ;  les  années  suivantes  on  fait 
les  blessures  à  d'autres  endroits,  et  les  plus  anciennes  se  fer- 
ment par  formation  de  bourrelets  subéreux  qui  donnent  ces 
excroissances  verruqueuses. 

Le  produit  sécrété,  coagulé  (sécrétât),  est  ramolli  dans  l'eau 
chaude  et  à  cet  état  il  est  trituré  avec  huile  de  noyaux  de  pal- 
mes ;  il  conserve  alors  une  consistance  visqueuse  et  sert  à  la 
confection  de  pièges  à  glu. 

Le  même  sécrétât,  ramolli  dans  l'eau  chaude,  est  employé 
sans  huile  pour  attacher  sur  leurs  coiffures  de  danse  et  de  guerre 

(1)  G.  Fendler.  —  Zur  Kenntnis  des  Sekretes  von  Butyroêpermum  Parkii  (des 
sogenannten  Karite^jutta)  in  Arbeiten  ans  dem  phann .  Inttitutder  Universitât 
Berlin.  1906,  lU,  260-276. 

(2)  Ces  échantillons  avaient  été  adressés  à  M.  le  Professeur  D' ëngler  par  le 
D'  Kersting  dont  nous  avons  parlé  précédemment 


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—  120  — 

des  ornements  :  fèves  rouges,  perles,  morceaux  de  fer,  etc.  La 
jeunesse  enduit  de  cette  matière  les  extrémités  des  flèches  pour 
le  tir  à  la  cible  et  pour  la  chasse  des  petits  oiseaux. 

Etude  chimique.  —  La  plaquette  de  matière  guttoïde,  éti- 
(fuette  n**  1  est  de  couleur  brun  chocolat,  rougeàtre  intérieure- 
ment et  renferme  quelques  débris  végétaux.  Elle  est  dure  à  la 
température  ordinaire  et  se  pulvérise  sous  le  marteau  ;  elle  est 
friable  et  se  laisse  couper  très  mal  sans  suivre  la  direction 
imprimée  au  couteau. 

Elle  se  ramollit  et  devient  gluante  à  la  main,  et  de  petits 
morceaux  peuvent  être  malaxés.  Elle  ne  s'enfonce  pas  dans  l'eau, 
devient  plastique  à  35®,  gluante  au  dessus  de  40^,  visqueuse  et 
filante  vers  50®. 

Un  échantillon  moyen  bien  choisi,  malaxé  pour  le  rendre  bien 
homogène,  devient  plus  lourd  que  Teau,  prend  une  couleur  rose 
sale,  zébrée  en  noir  par  les  fragments  ligneux. 

Après  un  séjour  de  plusieurs  journées  dans  Teau,  la  substance 

guttoïde  reprend  sa  dureté  et  devient  à  nouveau  plus  légère  que 

Teau  et  la  masse  ainsi  traitée,  après  un  long  séjour  à  l'air, 

devient  brun  chocolat,  tandis  que  l'intérieur  reste  de  couleur 

chair  qui,  peu  à  peu,  se  fonce  à  son  tour. 

Un  échantillon  moyen  desséché  sur  l'acide  sulfurique  laisse 
par  calcination  6,98  %  de  cendres. 

Les  essais  de  solubilité  ont  donné  les  résultats  suivants  en 
prenant  5  gr.  d'échantillon  moyen,  séché  sur  l'acide  sulfurique 
sur  lequel  on  verse  95  gr.  d'un  des  dissolvants  et  laissé  en 
contact  pendant  deux  jours  en  agitant  de  temps  à  autre  et  lais- 
sant déposer  : 

Ethbr  :  Le  liquide  au  dessus  du  dépôt  est  louche.  On  en  prélève  une  partie  qui 
est  pesée  et  évaporée,  puis  traitée  avec  un  fort  excès  d'alcool  :  il  se  fait  un  précipité 
finement  floconneux  qui,  recueilli  et  desséché,  représente  10,2  ^/o  de  la  substance 
primitive. 

Par  évaporation  de  la  liqueur  filtrée,  on  obtient  47  ^/o  de  résine.  Par  des  traite- 
ments identiques  on  obtient  avec  : 

Ether  de  Pétrole  :  Substance    précipitable     par 

ralcool li.o    "/„ 

-^  —  Résine  dans  le  filtratum 49.4 


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-  121  — 

Benzine:  Subttanc*    précipitable    par 

ralcool 15.7 

—  Résine  da  filtratnm 46.2 

Chloroforme:  par  l'alcool 25.6 

—  Réime 80.U 

Tbtrachlorure  DE  Carbone  :       par  ralcool 16.61 

—  —  —  Résine 47.2 

Par  l'alcool  absolu  on  peut  dissoudre,  avec  un  semblable  traitement,  40  <>/o. 

En  résumé,  c'est  le  chloroforme  le  meilleur  solvant. 

Fendler  a  fait  subir  encore  à  des  échantillons  des  traite- 
ments variés  sur  lesquels  nous  ne  voulons  pas  nous  étendre 
plus  longuement  et  dont  nous  allons  résumer  seulement  les 
points  principaux. 

Si  on  chauffe  avec  précaution,  en  présence  de  permanganate 
de  potasse,  la  substance  privée  de  résine  (gnttoïde),  il  apparaît 
une  odeur  d'aldéhyde  benzoïque,  et  on  peut  en  extraire  un  pro- 
duit cristallisé  en  aiguilles  qui  fut  identifié  à  l'acide  cinna' 
inique,  ce  qui  n'a  rien  d'extraordinaire,  ce  corps  entrant  en 
combinaison  assez  fréquemment  dans  ce  genre  de  produits 
naturels. 

La  substance  primitive,  épuisée  par  l'alcool  chaud  ou  froid, 
reprise  par  le  chloroforme  et  le  filtrat  précipité  par  l'alcool 
puis  desséché  dans  le  vide,  donne  un  résidu  guttoïde  dont  les 
analyses  élémentaires  ont  fourni  les  chiffres  suivants  : 

Théorique              l^^  analyse  2*  analyse 

(CAO)    Carbone 88.14                     86.99  87.07 

(H»«)  Hydrogène....              11.86                     10.U8  10.98 

to       oxygène      2.14  1.95 

Après  purification,  Fendler  obtient  encore  les  chiffres  suivants  : 
C  =  87.29  H  =  11.21  0  =  1.90 

Cette  matière  n'est  donc  pas  un  carbure  d'Hydrogène  pur, 
puisqu'elle  renferme  toujours  une  proportion  non  négligeable 
d'oxygène. 

Tels  sont  les  résultats  analytiques  obtenus  en  opérant  sur  la 
matière  commerciale.  Les  recherches  sur  les  latex  des  flacons 
n***  2,  3,  4,  5  ne  les  infirmeront  guère. 

Le  contenu  des  flacons,  coagulé,  donne  un  caillot  de  couleur 
variant  du  blanc-rosé  au  rosé  clair  et  un  liquide  jaune  verdâtre. 
La  proportion  du  caillot  était  variable  :  de  8  %  dans  le  n**  2, 


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—  122  — 

elle  atteignit  15  %  dans  le  n*  3,  et  le  produit  obtenu  après 
ramollissement  dans  Teau  chaude  et  maxalage  de  couleur  gris 
blanchâtre  ou  rose  clair  était  plus  lourd  que  l'eau,  sauf  cekii  du 
n**  5  qui  resta  plus  léger.  Le  coagulum,  conservé  sous  Teau,  du 
n*  6  était  de  couleur  grisâtre,  friable,  ne  se  laissant  couper 
qu'en  s'eifritant,  plastique  dans  Peau  tiède,  mais  gluant  dans 
Teau  plus  chaude  ;  il  était  également  plus  lourd  que  l'eau. 

L'auteur  entreprit  alors  une  série  d'expériences  comparatives 
résumées  dans  des  tableaux  (1)  avec  une  Gutta  vraie  pauvre  en 
résine,  c'est-à-dire  de  très  bonne  qualité  et  une  gutta  vraie 
riche  en  résine. 

Il  existe,  dans  les  produits  obtenus  de  ces  divers  traitements, 
des  différences  considérables  et  la  consultation  de  ces  tableaux 
entraine  véritablement  la  conviction  que  le  produit  du  Karité  ne 
saurait  en  aucune  façon  être  rapproché  de  la  véritable  gutta. 

Voici  d'ailleurs  les  conclusions  résumées  de  Fkndler  que 
nous  avons  traduites  aussi  fidèlement  que  possible  : 

«  D'après  les  résultats,  les  échantillons  de  guttoïde  de  Karité 
que  j'ai  eus  à  examiner  peuvent  être  regardés  comme  sans  va- 
leur, si  on  les  considère  comme  succédanés  de  la  gutta.  Toute- 
fois, cette  manière  de  voir  ne  doit  aucunement  empêcher  de 
poursuivre  la  question  au  double  point  de  vue  botanique  et  chi- 
mique. » 

Il  revient,  en  terminant,  sur  l'idée  des  deux  espèces  de  Karité 
donnant  l'une  :  une  gutta  de  valeur,  l'autre  un  produit  sans 
utilisation  possible  et  qu'il  attribue  toujours  par  erreur  à  Acker- 
MANN.  Nous  savons  que  cette  observation  est  de  Gazalbou, 
aussi  nous  terminerons  cette  étude  critique  en  donnant  la  pa- 
role à  ce  dernier,  dont  la  robuste  foi  en  l'avenir  de  la  gutta  de 
Karité  n'est  pas  ébranlée. 

Dans  une  note  récente  (2),  après  avoir  cité  la  note  pessimiste 
de  IIeim,  Gazalbou  dit  que,  en  1902-1903,  à  son  retour  dans  la 
colonie,  il  étudia  à  nouveau  la  récolte  et  la  préparation  du  pro- 
duit, car  il  pensait  qu'une  telle  divergence  dans  l'appréciation 
de  la  gutta  de  Karité  pouvait  tenir  non  seulement  au  manuel 

(1)  Voir  ces  tableaux  p.  272  et  973  du  mémoire. 

(2)  GAZ4LB0U.  —  Le  Karité.  Répertoire  de  police  êanitaire  vétérinaire^  1906, 
XXII,  i\o  5  et  7,  p.  72-76,  98-100. 


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—  123  - 

opératoire,  mais  encore  à  rorigine  même  de  la  subitance.  On 
pouvait  en  effet  supposer  que  les  deux  variétés  de  Karité  don- 
naient des  guttas  différentes. 

«  L'étude  que  nous  venons  de  faire  récemment  (1905)  nous  a 
montré  que  les  deux  variétés  de  Karité  produisent  une  gutta 
sensiblement  de  même  valeur  et  qu'il  importe  avant  tout  de 
procéder  avec  soin  à  la  récolte  et  à  la  préparation  du  coagu- 
lum.  » 

Voici  les  conseils  qu'il  donne  à  ce  sujet: 

«  Récolte  et  préparation  de  la  gutta.  —  Disons  tout  de  suite 
que  nous  n'avons  pu  extraire  la  gutta  des  feuilles  de  Tarbre 
par  le  procédé  Ledeboer  (traitement  par  l'eau  chaude  ou  l'eau 
bouillante). 

«  Les  incisions  du  tronc  et  des  branches  principales  se  font 
facilement  en  soulevant  et  en  arrachant  les  carrés  corticaux  si 
bien  dessinés  dont  il  a  été  parlé  dans  la  partie  descriptive  de 
l'espèce. 

«  On  met  ainsi  à  nu  un  tissu  fibreux,  rouge  vineux,  duquel 
le  latex  perle  aussitôt.  Si  l'opération  se  fait  en  décembre-jan- 
vier (à  ce  moment  le  latex  nous  a  paru  plus  riche  en  substances 
guttoïdes),  la  coagulation  s'effectue  assez  vite  sous  l'influence 
desséchante  de  l'alizé  qui  souffle  alors  de  façon  régulière.  On 
peut  le  recueillir  vingt-quatre  heures  après. 

m  En  se  desséchant,  la  partie  fluide  qui,  dans  des  vaisseaux 
laticifères,  maintient  la  gutta  en  dissolution,  reste  pour  une 
partie  incluse  dans  le  coagulum.  Sous  l'action  de  l'air^  il  peut 
se  produire  des  fermentations  qui  nuisent  toujours  à  la  qualité 
commerciale  du  coagulum. 

«  Il  importe  donc  donc  d'éliminer  aussi  complètement  que  pos- 
sible cette  partie  liquide. 

«  Pour  cela,  au  fur  et  à  mesure  que  la  récolte  s'opère,  on  ra- 
mollit les  échantillons  apportés  dans  l'eau  chaude,  aussi  chaude 
que  la  main  peut  la  supporter.  Le  produit  se  ramollit  rapide- 
ment ;  on  le  malaxe  soigneusement  et  on  le  débarrasse  ainsi 
facilement  des  particules  ligneuses  qu'il  est  difficile  de  ne  pas 
enlever  du  tronc,  ainsi  que  du  liquide  lactescent  à  propriétés 
fermentescibles. 


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—  124  — 

#c  La  gutta  reste  alors  à  l'état  de  pureté. 

«  On  la  met  ensuite  dans  l'eau  froide  où  elle  prend  sa  consis- 
tance normale. 

«  Dans  cet  état,  elle  est  de  couleur  blanche.  Sous  l'action  de 
l'air,  elle  ne  tarde  pas  à  prendre  une  légère  teinte  brune  qui  va 
s'accusant  avec  le  temps  ;  ainsi  cpi'il  a  été  dit,  elle  se  résinifie. 

«  On  peut  toutefois  empêcher  cette  action  en  maintenant  la 
gutta  à  l'ombre  et  dans  l'eau.  Ainsi  elle  reste  blanche  et  con- 
serve toute  sa  valeur.  »  (1) 

Nous  ajouterons  que  M.  Cazalbou  nous  écrivait,  en  juillet 
dernier,  avant  son  départ  de  la  colonie,  que  des  échantil- 
lons de  coagulum,  préparés  par  lui  avec  le  plus  grand  soin, 
avaient  été  adressées  au  gouvernement  général,  qui  à  son  tour 
les  avait  fait  remettre,  aux  fins  d'analyse,  au  Jardin  colonial 
de  Nogent-sur-Marne  où  ils  doivent  être  depuis  mai  1906.  Il  y 
a  lieu  d'espérer  que,  sans  plus  tarder  davantage,  cet  établisse- 
ment oi&ciel  nous  dira  bientôt  dans  quel  sens  la  question  doit 
être  définitivement  résolue. 

Conclusions  concernant  le  produit  guttoïde  ou  pseudo-gutta 

du  Karité. 

Cet  historique,  que  l'importance  du  sujet  nous  incitait  à  ne 
pas  trop  écourter,  comporte  de  nombreux  enseignements  qu'il 
ne  serait  pas  inutile  de  dégager. 

Tout  d'abord,  au  point  de  vue  général,  il  montre  combien  il 
est  imprudent  de  s'engager  dans  une  voie  économique  nouvelle 
sans  s'être  préalablement  documenté  d'une  façon  satisfaisante, 
et  sans  avoir  effectué  des  essais  suivant  des  méthodes  rigou- 
reusement scientifiques. 

Pour  tous  les  essais  de  matières  premières,  la  collaboration 
intime  du  botaniste  et  du  chimiste  est  de  toute  nécessité  et  l'on 
reste  stupéfait  d'avoir  encore  à  le  répéter. 

L'industriel  et  ses  laboratoires  d'essai  (2)  n'interviennent  qu'en 

(1)  M.  Dybowski  nous  (ait  réponse»  en  date  du  15  janvier  1907,  que  «t  un  seul  des 
deux  colis  annoncés  est  parvenu  à  destination  »  et  que  des  recherches  étaient  opérées, 
aflo  de  pouvoir  commencer  des  études  comparatives. 

(2)  Nous  parlons,  bien  entendu,  de  rindustriel  moderne  digne  de  ce  nom,  qui  a 
des  laboratoires  bien  installés  en  vue  des  services  qu'ils  auront  à  rendre,  avec  des 


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—  125  — 

seconde  ligne ,  car  les  «  scientifiques  »  doivent  seulement  clier- 
cher  les  moyens  d'appliquer  aux  besoins  de  ceux-ci,  la  matière 
présentée  à  Tétude  et  dont  les  essais  chimiques  techniques  font 
pressentir  les  qualités  économiques. 

C'est  pour  avoir  méconnu  ces  principes  généraux  que,  depuis 
1885,  sur  une  analyse  sommaire,  la  question  du  guttoîde  de 
Karité  est  restée  stationnaire. 

Il  est  vraiment  extraordinaire  de  songer  qu'aucune  enquête 
sérieuse  n'a  encore  été  faite  par  les  services  spéciaux  pour  dé- 
terminer la  valeur  des  espèces  ou  variétés  de  cet  arbre  pro- 
ducteur de  deux  matières  susceptibles  d'utilisation,  dont  la  mise 
en  valeur  serait  du  plus  haut  intérêt  commercial  pour  toutes  nos 
colonies  de  l'Afrique  occidentale. 

De  même,  est-ce  que  la  France  manque  de  laboratoires  dans 
lesquels  le  produit  dont  il  s'agit  aurait  pu  faire  l'objet  de  re- 
cherches spéciales  ?  Nous  ne  le  croyons  pas. 

Toujours  est-il  que  jusqu'en  1902,  avant  les  expériences  de 
Heim  et  Dehay,  on  ne  savait  rien  de  précis. 

Depuis  lors,  il  n'est  plus  douteux  que  le  guttoîde  de  Karité 
est  un  produit  de  bien  médiocre  valeur,  si  on  le  considère  comme 
succédané  de  la  gutta-percha  vraie. 

Il  restait  à  ce  sujet  quelques  doutes,  car  on  pouvait  espérer 
encore  qu'il  existait  plusieurs  espèces  végétales  de  variétés  dont 
l'une  seule  fournissait  un  produit  utilisable. 

Le  doute  ne  semble  plus  permis  ;  malgré  les  tentatives  les  plus 
récentes,  nous  avouons  ne  plus  avoir  confiance,  et  les  recherches 
de  Fendler  ne  sont  point  pour  nous  rendre  optimiste. 

Peut-être  quelque  jour  trouvera-t-on  moyen  d'utiliser  la  ma- 
tière guttoîde  du  Karité  en  mélange  avec  d'autres  produits,  nous 
le  souhaitons,  mais  nous  n'y  croyons  guère. 

En  tous  cas,  elle  ne  sera  jamais  qu'un  produit  accessoire  et 
la  matière  grasse  seule,  extraite  du  fruit,  reste  un  produit  de 
première  valeur. 

chimistes  compétents  et  non  de  ces  industriels  à  qui  suffit  la  routine  ou  bien  encore 
ceux  pour  qui  on  laboratoire  technique  est  une  parure  que  Ton  affiche  et  non  un 
ustensile  dont  on  se  sert. 


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TROISIEME  PARTIE 


L'Argan. 


Historique. 

L.  Gentil,  maître  de  conférences  à  la  Sorbonne,  le  savant 
explorateur  du  Maroc,  fut  tellement  frappé,  au  cours  de  ses 
excursions,  de  l'intérêt  de  l'Arganier,  que,  dans  son  livre  qui 
n'est  qu'un  simple  récit  de  voyages,  très  documenté  d'ailleurs, 
il  a  fait  exception  pour  cet  arbre  qui  joue  dans  les  régions  du 
Haut- Atlas,  un  rôle  remarquable  au  point  de  vue  de  la  géogra- 
phie botanique  et  qui  est  d'une  réelle  importance  dans  la  vie 
économique  de  ces  pays.  Il  lui  consacre,  en  effet,  plus  de  vingt 
pages  formant  un  chapitre  spécial  ou  appendice  au  volume  (1). 
Nous  le  citerons  en  entier  dans  cette  étude,  en  faisant  remarquer 
avec  l'auteur  que  si  l'Arganier  a  une  influence  marquée  sur 
l'existence  des  populations  arabes  ou  berbères  des  contrées  qu'il 
recouvre,  et  bien  qu'on  en  ait  souvent  parlé,  «  il  mérite  encore 
Vattention  parce  qu'il  est  vraisemblablement  destiné  à  un 
plus  grand  avenir.  )> 

L'Arganier  est  très  anciennement  connu,  ainsi  que  le  prouve 
cette  note  de  l'Introduction  du  Traité  des  Simples  (2)  où  L. 
Leglerc  dit  que,  «  vers  l'année  1219,  Ibn  el-Beîthar  se  mit  en 
marche  pour  l'Orient.  Il  passa  par  le  Maghreb  et  dut  y  voyager 

(1)  L.  Gentil.  —  Exploration  au  Maroc.  Paris  1906,  un  vol.  in-8«,  Masson  et  Cie, 
éditeurs.  Supplément  :  QiMlgtMS  motê  but  VArganier,  341-364. 

(2)  IBM  kl-Bbîthar.  —  Traité  des  Simples  (Traduction  française  du  Dr  L.  Lbclerg. 
Notices  et  manuserits  de  la  Bibliothèque  nationale  1877,  T.  111,  53  ;  1881,  XXV, 

131  ;  188B,  XXVX,  244. 


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—  128  — 

îi  petites  journées,  vu  le  grand  nombre  d'observations  qu'il  y  a 
faites.  »  Ici  les  plantes  récoltées  sont  données  avec  leurs  noms 
indigènes,  c'est-à-dire  berbères.  Son  séjour  au  Maroc  est  accusé 
par  la  mention  de  VArganier, 

Plus  loin,  on  trouve  la  description  du  célèbre  botaniste  arabe  : 
«  Arganier  (Ardjfln),  c'est  un  mot  berbère  et  c'est  le  nom 
d'un  arbre  qui  se  trouve  dans  le  Maghreb  extrême,  dans  la 
province  du  Maroc.  Il  a  des  aiguillons  très  piquants  et  donne 
un  fruit  de  la  forme  d'une  petite  amande  appelée  vulgairement 
«  amande  berbère.  » 

Dans  le  même  ouvrage,  le  savant  arabe  rapporte  que  «  c'est 
un  fruit  qui  ressemble  à  un  petit  gland  de  couleur  jaune.  Sur  un 
de  ses  côtés  il  porte  une  dépression  étroite  qui  ne  pénètre  pas 
jusqu'à  l'intérieur.  Il  ressemble  intérieurement  à  une  graine  de 
Pin.  Il  est  fourni  par  un  arbre  de  haute  taille  du  Maghreb 
extrême.  Ce  fruit  est  chaud  et  resserre  le  ventre.  Son  huile  est 
avantageuse  contre  la  surdité  chronique  et  les  maux  d'oreilles  ». 
Ces  phrases  sont  d'iBN  Rodhouan,  citées  par  Ibn  el-Beîthar, 
qui  continue  :  c'est  rirdjân.  Les  Berbères  du  Maghreb  l'ap- 
pellent argân  ;  il  croit  au  sud  de  la  ville  de  Maroc,  dans  les 
cantons  de  Hàhâ  et  de  Regràgà.  Il  est  très  épineux  et  ses 
piquants  aigus  sont  un  obstacle  à  la  récolte  du  fruit.  On  en 
obtient  de  l'huile  en  donnant  d'abord  le  fruit  à  manger  aux  chè- 
vres et  aux  chameaux  à  l'époque  de  sa  maturité.  Ces  animaux 
rendent  les  noyaux  et  alors  on  les  recueille,  on  les  casse  comme 
des  amandes.  On  prend  la  pulpe  et  on  en  retire  une  huile 
comestible.  Chez  les  gens  du  pays,  c'est  une  des  meilleures 
huiles  et  des  plus  estimées.  On  la  connaît  sous  la  nom  d'huile 
d'ardjftn. 

Enfin,  dans  ce  même  ouvrage,  on  relève  encore  la  note  suivante  : 

«  HuiUd' arganier. —  On  dit  que  c'est  l'huile  de  herdjân,  que 
les  Berbères  du  Maroc  appellent  ardjân  ou  bien  encore  argàn. 
C'est  un  arbre  de  haute  taille,  épineux,  donnant  un  fruit  du 
volume  d'une  petite  amande  et  contenant  un  noyau.  Les  chèvres 
et  les  chameaux  mangent  ce  fruit  et  rejettent  le  noyau  que  l'on 
recueille,  que  l'on  triture  et  dont  on  extrait  l'huile  pour  l'em- 
ployer dans  les  préparations  alimentaires  à  Maroc  et  dans  les 
environs. 


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-  129  — 

«  Kllc  est  ilouco  comme  l*huile  d'olive,  nu  rapjiort  de  e(mx  qui 
(Ml  ont  mangé.  On  dit  aussi  que  Thuile  des  nègres  est  tout  autre 
chose  que  l'huile  d'Arganier,  que  c'est  une  huile  qui  vient  du 
pays  des  nègres,  qu'elle  est  très  échauffante  et  qu'on  l'emploie 
contre  les  maladies  de  nature  froide.   » 

Ce  que  raconte  l'auteur  au  sujet  des  chèvres  et  des  chameaux 
servant  de  dépulpeurs,  et  donnant  après  eux  un  produit  dont  on 
retirera  une  huile  alimentaire  pour  l'homme  avait  été  déjà  rap- 
porté par  Venture  de  Paradis  (1). 

El  Bekry,  le  géographe  arabe,  Edrissy  puis  Schousboe, 
ancien  consul  de  Danemark  à  Tanger,  confirment  le  fait,  et  ce 
dernier  ajoute  que  les  chevaux  et  les  ânes  n'en  veulent  pas 
manger. 

LÉON  l'Africain,  en  1510,  fait  mention  de  l'Arganier  et  la 
description  de  l'espèce  fut  donnée,  pour  la  première  fois,  par 
Linné  (1737).  Il  la  nomma  Sideroxylon  spinosum^  mais  le  spé- 
cimen, étudié  par  l'illustre  naturaliste  n'avait  pas  de  fleur,  ce  qui 
peut  expliquer  la  confusion  qu'il  a  faite  de  cette  plante  ligneuse 
avec  le  «  bois  de  fer  »  dont  il  se  distingue  cependant  par  un 
grand  nombre  de  caractères. 

Le  conseiller  d'Etat  G.  Hoest  (2),  après  un  séjour  de  trois 
années  au  Maroc  (1766-1768),  a  publié  un  très  intéressant 
mémoire  sur  la  Flore  du  Maghreb,  dans  lequel  il  décrit  longue- 
ment l'Arganier. 

Après  lui,  vinrent  Schousboe  et  Broussonnet  ;  le  premier, 
consul  danois,  parcourut  l'empire  du  Maroc  en  1791  et  1793,  et, 
pendant  un  long  séjour  dans  le  pays,  fit  de  la  botanique  le 
principal  objet  de  ses  loisirs  ;  le  second,  membre  de  l'Institut, 
chercha  dans  ce  pays  un  refuge  contre  les  terribles  événements 
politiques  de  son  époque.  Il  visita  Tanger,  Salé  et  Mogador  en 
1796  et  1898  ;  tous  deux  ont  décrit  VArgania. 

La  description  de  Broussonnet  a  été  adressée  à  l'Institut  en 
1802,  mais  ne  fut  jamais  publiée  (3). 

(1)  Dict.  berb.,  p.  230. 

(2)  Et  non  Schousboe,  comme  le  dit  à  tort  Gentil. 

(3)  Voir  Mém.  Sue.  Linnéenne  de  Parié,  1825,  III,  p.  19. 


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-  130  — 

Mais,  en  revanche,  Sghousboe  publia  des  renseignements 
qui  furent,  jusqu^a  ces  derniers  temps,  les  seuls  d'apparence 
bien  authentique  (1). 

«  L*Argan  du  Maroc,  dit  cet  auteur,  ne  se  rencontre  point 
dans  le  nord,  mais  seulement  vers  le  sud.  Les  personnes, 
auprès  desquelles  j^ai  cherché  à  prendre  des  renseignements 
précis,  se  sont  toutes  accordées  à  dire  qu'il  n'existe  qu'entre  les 
deux  rivières  Tansift  et  Suz  (Oued-Tansift  et  Oued-Sons),  par 
conséquent  entre  le  30*  et  le  32*  degré  de  latitude,  où,  du 
reste,  il  compose  la  majeure  partie  des  machis  (maquis). 

Il  fleurit  au  milieu  de  juin  ;  le  fruit  noue  vers  la  fin  du  mois 
suivant  ou  au  commencement  d'août  ;  il  continue  à  croître  len- 
tement jusqu'à  l'époque  des  pluies,  qui  commencent  à  tomber 
en  septembre.  A  partir  de  cette  époque,  il  augmente  dé  volume 
et  à  la  fin  de  mars  de  l'année  suivante  il  est  bon  à  récolter...  » 

A  cette  époque,  les  cultivateurs  se  rendent  dans  les  maquis 
d'Argan,  traînant  à  leur  suite  famille  et  troupeaux  ;  «  ils 
secouent  le  fruit  des  arbustes  et  en  séparent  sur  place  la  pulpe 
de  son  noyau.  Cette  pulpe  est  évidemment  mangée  par  les  cha- 
meaux, les  chèvres,  les  moutons  et  les  vaches.  L'àne  et  les 
mulets,  au  contraire,  la  rejettent.  Après  avoir  fait  provision  des 
noyaux  d'Argan,  les  Arabes  les  transportent  dans  leurs 
demeures. 

«  On  brise  la  coque  épaisse  et  ligneuse  entre  deux  pierres  pour 
retirer  les  amandes,  qui  sont  d'une  couleur  blanche.  Les  graines 
sont  torréfiées  sur  des  vaisseaux  de  fer  ou  de  terre  comme  le 
café  ;  pendant  tout  le  temps  de  l'opération,  on  les  remue  sans 
cesse  avec  une  baguette  afin  de  les  empêcher  de  brûler.  Pour 
arriver  au  degré  convenable  de  torréfaction,  les  graines  doivent 
avoir  une  couleur  brune  sans  aucune  carbonisation  extérieure. 
La  fumée  qui  s'échappe  pendant  l'opération  répand  une  odeur 
très  désagréable. 

«  Quand  la  graine  est  parfaitement  refroidie,  à  l'aide  d'un 
moulin  à  main  on  la  réduit  en  une  substance  pâteuse  qui 
ressemble  à  la  pâte  d'amande,  avec  cette  différence  que  la  couleur 

(1)  Sghousboe.  —  Beobachtung  ûbèr  das  Gewachsreich  in  Marokko,  1801,  p.  97, 
d'après  De  Noé,  Rev,  horticole^  i*'  avril  1853. 


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—  131  - 

(»st  hniae.  On  la  place  dans  un  vase  pour  extraire  Tliuile,  ce  qui 
s'effectue  en  versant  sur  elle  de  Peau  bouillante  et  en  la  pressant 
avec  les  mains. 

«  On  continue  la  manipulation  jusqu'à  ce  que  la  pâte  devienne 
solide  ;  plus  la  pâte  est  dure,  mieux  on  a  détaché  les  parties 
huileuses,  dont  on  la  dépouille  presque  entièrement  à  l'aide  de 
Teau  froide.  L'huile  qui  découle  est  enlevée  avec  des  verres 
propres.  Pour  obtenir  la  bonne  qualité  et  une  plu«  grande 
abondance  d'huile,  tout  dépend  des  pressées  de  la  pâte  et  de  la 
quantité  exacte  d'eau  chaude  qu'on  verse  sur  elle.  Il  est  toujours 
plus  prudent  de  la  ménager  que  de  l'employer  outre  mesure. 

«  La  pâte  devenue  solide  est  quelquefois  dure  comme  la  pierre, 
elle  est  d'une  couleur  noirâtre  et  d'un  goût  amer  et  désagréa- 
ble.       ' 

«  L'huile,  abandonnée  au  repos,  devient  limpide  et  sa  couleur 
est  brunâtre.  Pour  l'odeur  et  la  saveur,  elle  sent  le  roussi. 

«  Quand  on  l'emploie  dans  la  cuisine,  sa  fumée  irrite  fortement 
les  poumons  et  fait  tousser.  Lorsqu'on  l'utilise  pour  l'assaison- 
nement des  aliments,  son  goût  acre  et  vif  brûle  longtemps  le 
gosier  ;  les  gens  riches  la  mélangent  avec  de  Peau,  ou  bien  la  font 
bouillir  avec  un  morceau  de  pain  pour  enlever  cette  âcreté.  » 

De  Nok  ajoute  que  le  bois  d'Arganier  est  dur,  pesant,  résis- 
tant, et  qu'il  est  recherché  pour  les  travaux  de  menuiserie  et  la 
fabrication  des  ustensiles  de  ménage. 

Ali  Bey  el  Abbassi  (1)  rencontra,  en  1803,  une  multitude 
d'arbres  qui,  dans  le  pays,  sont  appelés  «  i^*gan  »,  ce  qui 
par  dessus  tout  lui  parut  magnifique.  Nous  extrayons  de  son 
récit  les  passages  suivants  : 

«  Cet  arbre  précieux  se  multiplie  de  lui-même,  sans  avoir 
besoin  de  cultiver,  en  sorte  qu'il  n'y  a  autre  chose  à  faire  que 
d'en  recueillir  le  fruit  :  c'est  une  espèce  d'olive  extrêmement 
grasse,  de  laquelle  on  extrait  abondamment  de  l'huile,  bonne  à 
tous  les  usages. 

«  Il  parait  que  Linné  a  mis  cette  plante,  ou  dans  le  genre 
RhammuSy  ou  dans  le  SiderojcUus;    il   la  nomme  Rhamnius 

(1)  Au  Bey.  —  Voyages  en  Afrique  eten  Asie.  Paris,  1814,  I,  254.  —  Au  Bey  est 
le  pseudonyme  de  Domingo  Badia  y  Lebucu,  savant  voyageur  espagnol,  né  en 
Biscaye  en  1766,  mort  en  1818  de  la  dysenterie  en  se  rendant  de  Damas  à  la  Mecque. 


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—  132  — 

sicuLus  dans  son  Système  et  Sideroxilus  spinosus  dans  son 
Herbier.  Le  savant  botaniste  Dryander  lui  donne  le  nom  de 
Rhammus  pentaphyllus\  mais  M.  Schousboe,  consul  du  roi  de 
Danemark  à  Maroc,  qui  a  examiné  les  plantes  du  pays  avec 
beaucoup  plus  de  soin  qu'on  ne  l'avait  encore  fait,  s'est  décidé 
à  suivre  les  botanistes  Retz  et  Wildenow,  qui  Tout  appelée 
EUeodendron  argan  (Gélastrinées). 

«  La  description  de  M.  Schousboe  est  sans  doute  la  plus 
complète  ;  il  y  a  seulement  quelques  petites  différences  que  Ton 
verra  dans  ma  partie  scientifique  (1).  L'arbre  se  trouvait,  à 
mon  passage,  en  pleine  fructification.  Il  est  épineux,  et  sur  le 
fruit  se  trouve  une  grande  abondance  d'une  sorte  de  gluten 
résineux,  dont  la  chimie  pourrait  peut-être  profiter.  Sa  pulpe, 
après  l'extraction  de  l'huile,  est  un  excellent  aliment  pour  les 
bœufs.  Il  y  en  a  dans  cet  endroit  un  bois  de  dix  à  douze  jour- 
nées de  chemin,  en  direction  N.  et  S.,  où  la  main  de  l'homme 
ne  fait  autre  chose  que  recueillir  les  fruits.  Ne  serait-il  pas 
possible  de  l'acclimater  dans  les  pays  méridionaux  de  l'Europe? 
Gela  vaudrait  bien,  à  mon  avis  l'acquisition  d'une  province.  » 

En  1853  (2),  parut  dans  la  Revue  Horticole  (3),  une  notice  du 
vicomte  de  NoÉ,  qui  rapporte  que  le  capitaine  de  frégate  de 
Maisonneuve  envoya,  en  1852,  au  Ministre  de  la  marine  «  tou- 
jours attentif  à  doter  la  France  des  produits  exotiques  utilisa- 
bles »  des  fruits  d'Arganier  que  ce  dernier  adressa  aux  jardins 
botaniques  du  Midi. 

Pour  suppléer  au  manque  de  renseignements  sur  la  biologie 
de  la  plante,  de  Noé  cherche  à  y  suppléer  en  étudiant  le  travail 
de  Schousboe,  dont  nous  venons  de  parler. 

En  1854,  le  sous-directeur  du  Jardin  botanique  royal  de 
Kew,  sir  W.  Hooker(4),  publiaà  son  tour  un  article  important 

(1)  Elle  ne  fut  jamais  écrite. 

(2)  A  citer  également  les  observations  d'Henry  Grâce,  vice-consul  d^Ângleterre  à 
Mogador  (1853)  et  Tétude  des  matériaux  transmis  par  lui  à  W.  Hooker;  puis  les 
données  consignées  dans  les  publications  des  explorateurs  marocains,  J .  Dalton 
Hooker  et  John  Baix  (1878). 

(B)  Vicomte  DE  Noé. — Mémoire  sur  TArgania  recommandé  comme  plante  oléa- 
gineuse. Revue  Horticole,  Paris,  1853  (!•''  avril). 

(4)  W.  Hooker.  —  On  the  «  Argan  »  Tree  of  Marocco  {Arg.  Sideroxylon  {Journ, 
of,  Botan.y  London,  1854,  VI,  97,  PI.  III  et  IV. 


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—  133  — 

sur  TArgan,  avec  deux  excellentes  planches  que  nous  repro- 
duisons et  son  article  commence  par  la  citation  in-extenso  d'une 
lettre  de  sir  Henry  Grâce,  vice-consul  à  Mogador  et  datée  de 
nov.  1853,  adressée  au  consul  général  de  Tanger,  sir  J.-H. 
Drummond  Hat. 

Parmi  les  détails  intéressants  de  cette  lettre,  il  faut  citer  la 
mention  de  différents  arbres  qui  paraissent  avoir  atteint  Tâge  de 
plusieurs  siècles  et  mesurant  26  pieds  anglais  de  circonférence 
au  tronc.  L'une  des  premières  branches,  qui  partent  à  3  pieds 
du  sol,  est  énorme  avec  11  pieds  de  circonférence.  Les  racines 
sont  grosses  et  s'étendent  à  une  grande  distance  de  l'arbre,  qui 
dans  son  ensemble  s'étend  en  couvrant  une  surface  dont  la  cir- 
conférence  peut  être  évaluée  à  220  pieds.  L'arbre  se  reproduit 
de  semis,  et  déjà  à  partir  de  4  ou  5  ans,  il  porte  des  fruits  que 
l'on  récolte  suivant  l'exposition,  de  mai  à  août. 

La  méthode  de  récolte  est  ici  décrite  avec  soin  :  «  Quand  les 
fruits  sont  mûrs,  on  conduit  les  troupeaux  de  moutons,  de  chè«- 
vres  et  de  vaches  sous  les  arbres,  que  Ton  bat  avec  une  longue 
gaule  ;  ces  animaux  dévorent  les  fruits  tombés  puis  sont  recon- 
duits à  leurs  étables  et  surveillés  très  sérieusement. 

«  Dès  que  l'acte  de  la  rumination  commence,  ils  rejettent  les 
noyaux  qui  sont  recueillis  avec  soin,  et  ce  n'est  que  par  hasard 
qu'ils  passent  par  l'estomac.  »  Mais  de  grandes  quantités  de 
fruits  sont  également  recueillis  par  les  femmes  et  les  enfants  et 
la  partie  charnue  du  fruit  est  enlevée  et  séchée  pour  nourrir  les 
animaux  pendant  la  période  hivernale. 

La  fabrication  de  l'huile  se  fait  comme  l'a  dit  Schousboe  et 
sir  H.  Grâce  ajoute  que  le  gâteau  qui  reste  (tourteau),  lequel 
renferme  encore  beaucoup  d'huile,  est  mangé  par  les  vaches, 
chèvres  et  moutons  ;  il  n'a  jamais  entendu  dire  qu'il  fut  employé 
comme  engrais  et  cependant  «  il  est  hors  de  doute  qu'il  ne  fasse 
un  excellent  fumier  ».  Quelques-uns  de  ces  Arganiers  croissent 
en  îlots,  mais  la  plupart  sont  solitaires. 

Grâce  au  comte  de  Clarendon,  le  jardin  de  Kew  put  entrer 
cette  même  année  1854,  en  possession  de  plantes  vivantes  et  de 
graines  fraîches. 

Sir  W.  llooKER  rapporte  d'ailleurs  que  cette  plante  a  été 
cultivée  on  Hollande  en  1697,  et  il  avait  été  introduit  en  Angle- 


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-    134  — 

torro  en  1711  par  la  duchesse  do  Beaufort  ;  on  la  considérait 
comme  une  plante  de  serre  chaude.  Non  content  d'en  semer  h 
Kew,  ce  savant  en  fit  parvenir  un  certain  nombre  de  pieds  ou 
de  graines  dans  différentes  colonies  anglaises  et  aux  Indes  orien- 
tales en  particulier,  pour  être  plantés  dans  les  régions  qui  sem- 
blaient lui  convenir  ;  nous  n'avons  pu  savoir  quel  avait  été  le 
résultat  de  ces  essais. 

Sir  W.  HooKER  passe  rapidement  en  revue  l'histoire  botani- 
que de  la  plante  et  cite  particulièrement  Dryander  qui  en  parla 
sous  le  nom  de  Rhammus  siculus  et  montre  l'erreur  de  Linné, 
qui  avait  identifié  le  Sideroxylon  spinosum  h  cette  dernière 
qui  n'était  autre  que  le  Rhus  pentaphyllum  de  Bocgone. 

En  1809,  CoRREA  de  Serra  avait  publié  une  description  brève 
de  la  plante  et  une  monographie  du  fruit,  accompagnée  d'une 
planche  (1). 

Ce  furent  Rœmer  et  Schultes  qui  ont  créé  le  genre  Argania 
que  Ehrlicher  et  de  Candolle  ont  également  admis. 

L'exemplaire  sur  lequel,  sir  W.  Hooker  a  fait  sa  description 
est  le  premier  spécimen  fleuri  qui  ait  été  vu  en  Europe 
(Fig.  XXX). 

Il  a  été  récolté  au  Maroc  par  Rroussonet  et  déposé  dans 
l'herbier  du  prof.  Gouan  où  ce  savant  put  l'étudier. 

En  voici  la  diagnose  telle  qu'elle  est  établie  actuellement: 

Caractères  botaniques. 

Argania  Sideroxylon  Rœm  et  Schult.  (2) 

Synonsrmes  :  Sideroxylon  spinotum  L.,  =  Rhammtu  êiculua  L.,  =  Rhammus 
peniaphyllus  L.,  =  Elœodendron  Argan  Retz. 

Caractères  générique$,  —  5  sépales  ovoïdes-arrondis,  imbriqués  et  seulement  un 
peu  rondes  à  la  base.  Corolle  avec  un  tube  court  à  segments  oblongs.  6  étamines 
à  filets  courts,  d'une  hauteur  à  peu  près  égale  à  celle  des  tubes  de  la  corolle  ; 
5  staminodes  aigus  souvent  un  peu  plus  longs.  Ovaire  ovoïde,  velu  à  2-4  loges, 
qui  se  prolonge  en  un  style  conique  en  forme  de  poinçon.  Le  fruit  est  une  drupe 
fusiforme  ou  ovoïde  arrondie,  renferman*:  de  1  à  4  graines.  Ces  graines  sont 
incluses  dans  une  masse  ligueuse  très  résistante,  formant  le  noyau  de  la  drupe^ 
et  entourés  d*un  tégument  parenchymateux  très-mioce.  L'albumen  oléagineux 
renferme  des  cotylédons  plans,  ovales,  lancéolés,  à  tigelle  courte  (Voir  fig.  X  VIII). 

(1)  CoRRKA  DE  Serra.  -  Ann.  Muséum  HUt,  nat.y  1809,  VIII,  393  (PI.  V,  fig.  1). 
{"2)  Voir  in  Baii.lon  JUtU.  S(h:  TAnn.  Paris,  910.  —  Kniuku,  Mono(j.  afrik.  Pflan- 
tenf.  (Sapolaceu'),  p.  *el  DC,  Prodr.,  Vlll.  187. 


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Un.  Perrot., 


Le  Kàrité,  btc.  1907. 


FiG.  XVII.  —  Morphologie  florale  et  aspect  de  VArgania  Sideroxylon, 
R.  et  Sch.  (d'après  Hooker). 


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Em.  Peurot. 


'/5.  8. 

Kio.  XVIII.  —  Fruit  et  graine  de  VArgania  Sideroxylon  (d'après  W.  Hooker.) 


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—  139  — 

Il  n'en  existe  qu'une  seule  espèce  qui  est  : 

L'arganier  [Argania  Sideroxylon^  Rœmer  et  Schultes)  ou 
arbre  d'Argan,  qui  tire  son  nom  du  mot  arabe  ou  chleuh, 
argane. 

C'est  un  arbre  toujours  vert,  dont  le  port  rappelle  celui  de 
l'olivier  ;  sa  hauteur  ne  dépasse  généralement  pas  6  mètres, 
elle  est  le  plus  souvent  moindre  ;  les  branches  inférieures  par- 
tent à  un  mètre  du  sol  d'un  tronc  droit,  à  écorce  grise.  Les  jeu- 
nes pousses  sont  couvertes  d'épines. 

La  feuille  est  lancéolée,  persistante,  verte  en  dessus,  plus 
pâle  en  dessous  comme  celle  de  l'olivier. 

L'arbre  fleurit  en  mai-juin. 

Le  fruit  ou  argan  est  vert  jaunâtre,  veiné  de  rouge  au  mo- 
ment de  la  maturité,  il  rappelle  par  sa  forme  une  grosse  olive; 
c'est  une  drupe  d'ordinaire  monosperme,  ovale,  glabre,  obtuse, 
quelquefois  un  peu  aiguë  ;  elle  renferme  une  ou  plusieurs  graines 
ovales  dont  la  coque  épaisse,  dure  et  très  lisse,  d'un  brun  pâle, 
contient  une  amande  oblongue  de  couleur  blanche. 

Il  convient  encore  de  dire  que  l'arganier  se  reproduit  facile- 
ment par  germination  et  que  les  jeunes  arbres  peuvent  porter 
fruit  au  bout  de  trois  à  cinq  ans.  Dans  son  pays  d'origine,  un 
mois  peut  suffire  à  l'apparition  d'une  pousse  ;  des  essais  de  re- 
production en  serre  effectués  d'abord  par  Sghousbob  à  Copen- 
hague, puis  par  Dalton  Hooker  en  Angleterre,  ont  pleinement 
réussi  ;  mais  les  tentatives  d'acclimatation  ont  désappointé  les 
coloniaux. 

L'arganier  est  absolument  inconnu  en  dehors  du  sud-marocain 
où  il  ne  recouvre  qu'une  étendue  limitée,  sur  laquelle  j'aurai 
l'occasion  d'insister  plus  loin.  On  s'accorde  à  regarder  cet  arbre 
et  le  Sideroxylon  Marmulano  Lowe,  de  l'île  Madère,  comme  les 
représentants  d'une  famille  dont  les  espèces  sont  en  majeure 
partie  tropicales. 

Ces  deux  essences,  qui  se  trouvent  ainsi  sur  le  même  parallèle, 
ne  coexistent  pas  et  sont  inconnues  aux  Canaries.  Elles  mon- 
trent, par  leur  situation  géographique,  une  relation  évidente 
entre  deux  régions  aussi  voisines  que  Madère  et  la  côte  du  sud 
du  Maroc  et  marquent  les  vestiges  d'une  flore  tropicale  disparue, 
qui  devait  ôtro  uniformément  répandue  à  cette  latitude. 


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—  140  — 

Histologie. 

Tige. —  Dans  la  tige  encore  jeune,  il  apparaît  un  périderme 
sous-épidermique  fournissant  une  écorce  secondaire  épaisse 
qui  s*exfolie  par  lames  courtes. 

La  région  périlibérienne  est  limitée  par  de  petits  paquets  de 
fibres  et  çà  et  là  quelques  cellules  scléreuses  ;  le  bois  et  le  liber 
sont  normaux,  avec  des  rayons  médullaires  à  une  seule  assise. 

Dans  la  moelle,  légèrement  sclériflée,  on  remarque  de  volu- 
mineux laticifères  à  contenu  granuleux,  se  colorant  par  For- 
canette  acétique  ou  le  Soudan-Ghloral. 


FiG.  XIX.  —  Sohéma  de  1a  stmoture  de  la  tige.  —  p.,  périderme  sous-épi- 
dermique ;  f,f  paquets  de  fibres  périlibérieiis ;  lat,,  laticifères;  B.,  bois. 

Charlier,  qui  a  étudié  déjà  les  laticifères  de  cette  plante, 
dit  que  les  laticifères  sont  rares  dans  le  parenchyme  cortical, 
très  nombreux,  au  contraire,  dans  le  liber;  il  n'y  en  a  pas 
dans  la  moelle.  Nous  ne  sommes  pas  d*accord,  comme  le  montre 
notre  figure,  comparée  à  la  sienne  (1). 

Le  contenu  de  ces  éléments  sécréteurs,  volumineux  dans  la 
moelle,    n'est  peut-t^tre  pas  identique,  à    certains  moments  de 

(i)  GiiARLiER.  —  Plantes  à  gulta,  loc.  cU.,  p.  70,  fig.  35. 


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—  141  — 

Tannée,  avec  celui  des  laticifères  libériens,  mais  nous  l'avons 
vu  se  colorer  par  les  réactifs  spéciaux.  Cuarlier  affirme  le 
contraire,  peut-être  n'a-t-il  pas  eu  entre  les  mains  le  véritable 
Argania. 

Pétiole  et  Feuille. —  A  sa  base,  au  sortir  de  la  tige,  le  pétiole 
ne  contient  qu'une  lame  vasculaire,  recourbée  en  arc,  et  vers  le 
milieu  de  sa  course,  il  se  détache  des  deux  pointes  de  Tare  un 
faisceau,  et  c'est  cette  structure  que  Ton  retrouve  dans  la  ner- 
vure médiane  et  les  principales  nervures  qui  sont  protégées  par 
des  amas  collenchymateux  assez  volumineux. 

1 


FiG.  XX.  —  Argania  Sidarozylon.  —  1,  %  3,  figures  schématiques  de  la  struc- 
ture du  pétiole  et  de  la  nervure  médiane  ;  4,  coupe  du  limbe  foliaire. 

Le  limbe  a  une  structure  aussi  normale  que  possible  :  épider- 
mes  glabres  avec  stomates  seulement  à  la  face  inférieure  :  mé- 
sophylle  bifacial  avec  une  assise  de  cellules  palissadiques  occu- 
pant plus  de  1/3  de  l'épaisseur  totale  et  un  parenchyme  très 
lacuneux. 

Les  laticifères  sont-  abondants  dans  la  feuille  et  accompa- 
gnent les  nervures  jusqu'à  leur  extrémité,  la  nervure  no  for- 
mant pas  un  réseau  à  mailles  régulières  comme  chez  les  Buty- 
rospermum. 

Pas  d'hypoderme,  stomates  avec  2  cellules  annexes  petites  et 
parallèles  à  Tostiole. 


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-   142  — 


Le  Fruit.  —  Le  fniit  est  une  drupe  reufermant  une  graine  le 
plus  souvent;  mais  il  n'est  pas  rare  d'en  rencontrer  2  ou  même 
3,  parfaitement  développées  ou  bien  inégales. 


ep 


FiG.  XX.  —  Aspeot  et  ooupe  du  fruit  d'ArgAnier  —  En  haut  la  struc 
ture  schématique  montrant  le  mésocarpe  charnu  avec  faisceaux  et  laticifères  et 
la  couche  interne  scléreuse;  à  gauche,  la  coupe  d'un  jeune  fruil  indiquant  les 
différentes  parties;  a,  6.,  montrant  Taspect  des  noyaux  d'Ârgan,  tels  qu'on  les 
rencontre  généralement,  privés  de  la  pulpe  extérieure  ;  ep  ,  épicarpe  ;  fil.,  fais- 
ceaux conducteurs  du  carpelle;  mes.^  tissu  charnu  du  péricarpe  avec  laticifères 
UU,  éwi.  ;  tégument  scléreux. 


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—  143  - 

La  partie  externe  du  péricarpe  est  charnue,  et  renferme,  ùpeu 
de  distance  de  Tépiderme,  une  rangée  de  faisceaux  lib. -ligneux 
à  bois  central.  Les  laticifères  sont  très  nombreux. 

Le  tégument,  qui  forme  Tenveloppe  extérieure  de  la  graine, 
est  extrêmement  dur,  et  constitué  par  un  amas  de  cellules  sclé- 
rcuses  très  épaissies  et  à  peine  cornées. 

L'amande  comprend    extérieurement   une   enveloppe    repré- 


ODt 


Fio.  XXn.  —  Coupe  de  la  graine  d'Argan.  —  fg,  dernière  assise  du  tégument  scléreux  ; 
i,  couche  tégumentaire  parenchymateuse  avec  cordons  vasculairés  ép9\s,coty  coty- 
lédons avec  laticifères,  lat. 

sentée  par  des  cordons  blanchâtres,  formant  à  la  surface  comme 
une  sorte  d'arilles  en  réseau,  qui  ne  sont  autres  que  des  cordons 
vasculairés  (libéro-ligneux),  imprimant  sur  la  face  supérieure 
de  la  feuille  cotylédonaire  des  sillons  ou  cannelures  assez  appa- 
rentes dans  la  couche  parenchymateuse  (i,  fig.  XXII). 


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—  144  — 


Répartition  géographique  (I). 

L'Arganier  existe  à  profusion  sur  une  certaine  étendue  de  la 
côte  sud-marocaine  et  à  Tintérieur  d'un  périmètre  que  les  obser- 
vations actuelles  ne  permettent  pas  encore  de  délimiter  d'une 
façon  définitive. 

De  plus,  les  différents  voyageurs  qui  en  ont  parlé  ne  se  sont 
pas  préoccupés  des  relations  qui  peuvent  exister  entre  Textea- 
sion  de  cet  arbre  et  la  nature  du  sol  sur  lequel  il  croît  ;  seul 
Henry  Grâce  paraît  s'être  inquiété  de  ce  coté  intéressant  de 
l'étude  de  l' Arganier  lorsqu'il  dit  qu'il  pousse  sur  un  sol  sableux 
et  sur  des  collines  où  l'irrigation  est  impossible. 

Il  résulte,  des  divers  récits  d'exploration  sur  le  Maroc  méri- 
dional, que  cet  arbre  paraît  s'étendre  à  toute  la  région  littorale 
atlantique  comprise  entre  les  29"  et  32°  degrés  de  latitude  nord; 
qu'il  s'enfonce  à  une  vingtaine  de  kilomètres  des  côtes  et  forme 
de  petits  bois  isolés  jusqu'à  une  profondeur  de  40  kilomètres, 
au  maximum. 

Mes  voyages  m'ont  permis  de  traverser  tout  le  pays  qu'il 
recouvre,  et  si  je  n'ai  pas  atteint  sa  limite  au  sud,  du  moins 
ai-je  pu  la  relever  vers  l'est.  Mes  recherches  géologiques  et 
géographiques  me  permettent,  en  outre,  de  donner  une  idée 
assez  nette  des  conditions  d'habitat  de  cette  curieuse  essence 
forestière. 

On  se  ferait  une  idée  fausse  des  forêts  d'Arganiers  si  on  les 
comparait  aux  bois  touffus  de  nos  pays  d'Europe  ou  des  régions 
tropicales.  Elles  sont  composées,  à  de  très  rares  exceptions 
près,  d'arbres  disséminés  qui  apparaissent,  de  loin,  comme 
autant  de  taches  noires  sur  un  sol  nu.  Les  plus  belles  que  j'aie 
vues  se  trouvent  non  loin  de  Mogador,  soit  à  l'Est  (El  Mau- 
chen),  soit  au  Sud  au  bord  de  l'ouad  Tidzi,  et  surtout  dans  la 
vallée  du  Sous,  notamment  dans  la  plaine  des  Houara. 

L' Arganier  se  rencontre,  en  allant  du  Nord  vers  le  Sud,  dans 
les  importantes  tribus  des  Ghiadma,  des  Haha,  des  Mtouga  et 

(1)  Toujours  d'après  Gentil  ;  mais  voir  aussi  la  note  du  Comte  de  Breuillé,  chef 
de  la  mission  militaire  française  au  Maroc,  in  Algéf'ie  agricole  1887,  p.  5445,  dans 
laquelle  on  trouvera  une  carte  de  Taire  de  végétation  de  l'Arganier. 


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—  145  - 

•lies  Ida  ou  Tanan  ;  enfin  il  s'étend  à  la  plus  grande  partie  de 
la  vallée  du  Sous.  Plus  au  Sud,  cet  arbre  existerait,  paraît-il, 
dans  la  région  littorale  du  Tazeroualt  jusqu'à  TOuad-Moun; 
mais  nous  n'avons  que  des  renseignements  douteux  à  ce  sujet, 
tandis  qu'il  résulte  des  explorations  du  vicomte  de  Foucauld 
que  l'essence  forestière  qui  nous  occupe  ne  s'étend  pas  à  l'est, 
dans  TAnti-Atlas. 


FiG.  XXIII.  —  Coupa  du  noyau  d'Argan..  —  Coupe  de  la  paroi  scléreuse  du 
fruit( noyau)  à  laquelle  adhéraient  encore  des  restes  du  parenchyme  mésocarpien 
E  et  I  avec  faisceaux  carpellaires  fll.  —  Le  tégument  scléreux  tg,  forme  une  gaine 
eztrèment  dure,  au  centre  de  laquelle  se  trouvent  le  plus  souvent  une  graine, 
parfois  deux  ou  même  trois,  plus  ou  moins  inégalement  développées  (Voir  fig. 
précédente  pour  la  coupe  de  Vamande, 

Je  n'ai  que  peu  de  chose  à  dire  des  Chiadma,  que   j'ai    vus 
seulement  à   l'extrémité  méridionale  du  Djebel  Hadid,  et  dans 

10 


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—  146  — 

cette  région  l'arbre  d'argan  croit  aussi  bien  sur  les  dunes  et  les 
alluvions  quaternaires  des  vallées  que  sur  les  argiles  et  grès 
crétacés  ou  sur  les  calcaires  jurassiques  qui  forment  la  voûte 
des  Djebel  Hadid  et  Kourat.  Les  nombreux  voyageurs  qui  m'ont 
précédé,  s'accordent  à  dire  que  l'Arganier  se  montre  au  delà, 
jusqu'à  la  vallée  de  l'Ouad-Tensift. 

Dans  les  Haha,  il  se  rencontre  un  peu  partout,  du  moins  à 
une  altitude  inférieure  à  800  ou  900  mètres.  Il  pousse  indiffé- 
remment sur  tous  les  terrains,  même  sur  les  dunes  quater- 
naires des  environs  de  Mogador  où  il  ne  forme  cependant  jamais 
d'importantes  forêts  parce  qu'il  y  a  été  souvent  détruit  par  le 
feu. 

Les  grès  pliocènes  offrent  également  un  sol  meuble  qui  con- 
vient très  bien  à  son  développement,  et  partout  sur  ces  grès, 
aussi  bien  à  l'est  de  Mogador  que  dans  les  Ida  ou  Guerd  et  les 
Ida  ou  Iceurn,  il  est  très  abondant. 

Au  sud  de  la  ville,  il  est,  à  partir  de  Tagouïdert,  fréquem- 
ment associé  au  Thuya  et  il  forme  de  belles  forêts,  notamment 
sur  les  bords  de  l'Ouad-ïidzi  et  plus  au  sud,  au  delà  de  TAsif- 
Igouzoulen.  Dans  l'Est,  en  se  dirigeant  vers  la  plaine  de  Marra- 
kech, on  le  voit  passer  sans  décroissement  brusque  des  grès 
tertiaires  aux  terrains  crétacés,  sur  le  Djebel  Tamerzakt  comme 
dans  les  Meskala  et  jusqu'au  Kourinat.  Sa  limite  extrême,  dans 
cette  direction,  est  située  au  voisinage  de  Dar  Moquadden  Mes- 
saoud,  soit  par  11*40'  environ  de  longitude  ouest. 

Les  sédiments  crétacés  de  la  côte,  dans  les  Ida  ou  Troumma 
et  les  Aït  Ameur,  offrent  encore  un  sol  propice  au  développe- 
ment de  cette  intéressante  essence  forestière,  et  cela  quelle  que 
soit  la  nature  des  sédiments  :  argileux,  gréseux  ou  calcaires. 
Enfin  les  calcaires  qui  forment  les  rides  anticlinales  du  Haut- 
Atlas  occidental  sont,  de  même  que  ceux  du  Djebel-Hadid, 
encore  très  susceptibles  de  supporter  l'Arganier.  Le  plateau  de 
Taguent  en  particulier  en  est  couvert  ;  mais  à  peine  s'élève-t-on 
sur  ces  plissements  jurassiques  —  qui,  ainsi  que  je  l'ai  fait 
remarquer,  descendent  des  hauteurs  pour  s'abaisser  graduelle- 
ment, jusqu'à  la  côte  —  qu'on  le  voit  s'effacer  rapidement  de- 
vant le  Thuya  à  gomme  sandaraque  qui  trouve  sur  ces  afileure- 
meuts  calcaires  son  sol  de  prédilection. 


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-  147  <- 

La  même  remarque  s'applique  aux  Ida  ou  Tanan  où  il  croît 
dans  la  zone  littorale  ;  tandis  qu'il  disparaît  dans  la  région 
montagneuse  à  partir  des  altitudes  assez  élevées  et  fait  place  à 
Tarar  partout  où  émergent  les  calcaires  jurassiques. 

Dans  les  Mtouga,  TArganier  ne  s'étend  qu'aux  régions  les 
plus  basses  ;  des  forêts  de  cet  arbre  forment  le  prolongement 
de  celle  des  Knafa  au-delà  d'Inù  n  Takandout  et,  dans  la  vallée 
de  rOuad  Igrounzar,  il  s'arrête  à  quelques  kilomètres  en  amont 
d'Aït  Biiout.  D'abord  développé  sur  le  trias  de  la  vallée  de 
Taghraghra,  il  se  montre  partout  ici  sur  les  terrains  crétacés  et 
sur  les  calcaires  à  silex  secondaires  ou  tertiaires. 

Mon  voyage  dans  le  Sous  m'a  encore  permis  quelques  remar- 
ques intéressantes  sur  l'extension  de  cet  arbre  si  curieux.  En 
descendant  la  vallée  de  l'Ouad  Tagouïrart  (haute  vallée  de 
rOuad  AU  Moussi),  j'ai  constaté  qu'il  apparaît  des  Talatirhan, 
pour  devenir  de  plus  en  plus  abondant  en  approchant  de  la 
Nzala  Argana,  qui  doit  son  nom  aux  belles  forêts  qui  l'entourent. 
Dans  cette  vallée,  il  croît  indifféremment  sur  les  schistes  pri- 
maires, les  grès  et  argiles  permiens,  les  terrains  crétacés  et  les 
alluvions  de  la  rivière  ;  il  s'arrête  au-dessous  d'Aglou  et,  à  la 
descente  du  col  des  Bidaoun,  on  le  voit  s'élever  bien  haut  sur 
le  flanc  méridional  du  Haut- Atlas. 

La  belle  plaine  du  Sous  constitue  la  région  de  prédilection 
de  l'Arganier.  Partout  dans  le  Mseguina,  les  Houara,  le  Ras  el 
Ouad,  il  règne  en  maître  aux  dépens  de  toute  autre  végétation. 
Il  atteint  même  la  vallée  de  l'Ouad  Tifnout  et,  bien  que  je  ne 
puisse  préciser  sa  limite  de  ce  côté,  je  puis  affirmer  qu'il  n'existe 
pas  au  pied  occidental  du  Djebel  Siroua,  dans  la  partie  supé- 
rieure de  l'Ouad  Touttal,  alors  qu'il  atteint  les  environs  de 
Laoulouz. 

Dans  la  plaine  de  Ras  el  Ouad  et,  plus  bas,  dans  les  Houara, 
il  forme  des  forêts  interrompues  seulement  par  des  clairières  qui 
sont  livrées  à  la  culture.  Enfin  cet  arbre  se  montre  au  bord  de 
l'Anti-Atlas,  et  il  s'élève  assez  haut  sur  le  flanc  méridional  du 
Haut- Atlas  ;  les  itinéraires  que  j'ai  suivis  sur  ce  versant  de  la 
chaîne  m'ont  permis  de  l'observer  partout,  autant  sur  les 
schistes  siluriens  et  dévoniens  que  sur  les  grès  permiens  ou 
sur  les  sédiments  crétacés. 


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—  148  — 

Vers  Test,  j'ai  constaté  qu'il  atteint  encore  le  village  d'Amzal, 
mais  il  se  refuse  à  monter  plus  haut  à  cette  longitude. 

Les  lignes  qui  précèdent  font  ressortir  le  grand  dévelop- 
pement de  TArganier  dans  un  périmètre  assez  imparfaitement 
délimité  et  relativement  restreint. 

Il  convient  de  remarquer  tout  d'abord  que  cette  essence  paraît 
tout  à  fait  indifférente  à  la  nature  du  sol.  Mes  recherches  ne 
peuvent  laisser  subsister  de  doute  à  cet  égard.  Les  terrains 
primaires,  secondaires  ou  tertiaires,  aussi  bien  argileux  ou  cal- 
caires que  siliceux,  meubles  que  compacts,  sont  susceptibles 
de  lui  offrir  un  sol  favorable  à  son  essor.  Il  faut  donc  chercher 
la  cause  de  sa  dissémination  dans  une  question  climatérique. 

Il  semble  bien,  en  effet,  que  la  température  et  Thumidité 
moyennes  de  l'atmosphère  soient  assez  uniformes  partout  où 
croît  TArganier.  Il  serait  sans  doute  prématuré  de  s'appuyer  à 
ce  point  de  vue  sur  les  rares  observations  météorologiques  faites 
dans  ces  contrées  ;  mais,  si  l'on  rapproche  de  mes  données 
personnelles  celles  acquises  par  les  explorateurs  qui  m'ont  pré- 
cédé, notamment  par  MM.  de  Foucault  ot  de  Segonzac,  on  peut 
se  rendre  compte  que  la  température  et  l'état  hygrométrique 
de  l'air  doivent  en  quelque  sorte  se  compenser  dans  toute 
l'étendue  du  pays  où  croît  l'Arganier. 

Il  ne  peut  vivre  qu'au-dessus  d'une  température  déterminée 
et  à  la  faveur  de  l'humidité  du  littoral  atlantique. 

Quelques  remarques  le  feront  mieux  comprendre. 

A  l'est  de  Mogador,  l'Arganier  ne  dépasse  pas  le  11^40'  de 
longitude  ouest,  il  ne  s'éloigne  donc  pas  à  plus  de  15  kilomètres 
du  littoral  et  il  ne  s'élève  de  ce  côté  qu'à  des  altitudes  d'envi- 
ron 400  mètres  à  Dar  Mogadden  Messaoud  et  de  moins  de  500 
mètres  dans  le  Kourimat.  A  une  faible  distance  de  là,  vers  le 
sud,  il  s'étend  plus  loin  à  l'est  et  atteint  une  hauteur  voisine  de 
700  mètres  ;  or,  tandis  que  l'influence  de  l'Atlantique  est,  dans 
le  premier  cas,  contrariée  par  les  collines  d'El  Hanchen  et  de 
Tamerzakt,  ici  l'humidité  de  TOcéan  peut  se  faire  sentir  plus 
loin  grâce  au  couloir  continu  de  la  vallée  de  l'Ouad  Kseb. 

Tout  le  long  de  la  côte,  dans  les  Hoka  et  les  Ida  ou  Tanan, 
la  limite  de  l'extension  de  cet  arbre  est  fonction  de  l'altitude. 

En  descendant  le  cours  de  l'Ouad  Aït  Moussi,  on  le  voit 


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—  149  - 

apparaître  à  partir  de  950  mètres  environ,  et  s'élever  vers  le 
col  des  Bibaoun  jusqu'à  plus  de  1000  mètres.  Il  semble  qu'il  y 
ait  là  un  fait  en  contradiction  avec  les  précédents  parce  que  nous 
sommes  à  environ  80  kilomètres  de  la  côte  ;  mais  il  convient  de 
remarquer  que  la  vallée  de  TOuad  Aït  Moussi  est  dirigée  vers 
le  sud  et  subit  l'influence  du  climat  de  la  plaine  du  Sous. 

Comme  il  a  déjà  été  dit,  la  haute  chaîne  de  l'Atlas  délimite 
nettement  deux  zones  climatériques  différentes  parce  qu'elle  offre 
une  barrière  presque  infranchissable  aux  vents  chauds  du  désert, 
et  j'ai  constaté  à  la  fin  de  décembre  jusqu'à  26**  au  thermomètre 
fronde,  à  El  Boura,  non  loin  de  Taroudant.  Le  Sous,  contrai- 
rement au  Haouz,  doit  participer  du  climat  saharien. 

Ainsi  s'explique  la  dissémination  de  l'Arganier  jusqu'à  des 
altitudes  élevées  dépassant  1300  mètres  au-dessous  du  col  des 
Bibaoun,  sur  le  flanc  méridional  du  Haut- Atlas.  On  peut  voir 
cet  arbre  dans  la  vallée  de  l'Ouad  Mentaga  et  dans  les  Aït  Yous 
s'élever  sur  le  revers  de  la  chaîne  et  subsister  jusqu'à  Amzal. 

C'est  encore  à  ce  climat  particulier  de  la  vallée  du  Sous  qu'il 
faut  attribuer  l'entension  vers  l'est  de  cette  essence  forestière, 
laquelle  se  retrouve  jusqu'au  voisinage  de  Laoulouz  par  10*30' 
environ  de  longitude  ouest,  soit  à  plus  de  150  kilomètres  de  la 
côte.  Et  l'une  des  conséquences  climatériques  de  la  puissante 
barrière  du  Haut- Atlas  sur  les  régions  septentrionales  a  été  de 
refouler  à  plus  de  100  kilomètres  vers  l'ouest  la  limite  de  l'Argia- 
nier. 

Usages,  —  L'Arganier,  si  intéressant  au  point  de  vue  bota- 
nique, offre  partout  où  il  croît  une  véritable  ressource  au  Maro- 
cain, qui  tire  parti  à  la  fois  de  son  bois,  de  sa  feuille  et  de  son 
fruit. 

Le  bois  d'Arganier  est  dur,  lourde  compact,  rivalisant  avec 
les  meilleurs  du  même  genre  ;  il  est  très  résistant,  de  couleur 
jaune.  Les  indigènes  ne  l'emploient  guère  que  comme  chauffage  ; 
ils  en  font  parfois  un  charbon  excellent,  supérieur  à  celui  du 
chêne  vert.  Les  branches  sont  trop  noueuses  pour  être  cou- 
ramment employées  pour  la  construction  ;  ils  lui  préfèrent  des 
bois  blancs  comme  le  Thuya,  dont  les  troncs  droits  forment  des 
perches  facilement  utilisables  pour  les  charpentes  ou  les  boise- 


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ries  grossières  des  maisons.  Les  feuilles  servent  de  nourriture 
aux  animaux  ruminants,  notamment  à  la  chèvre  et  au  chameau. 
Seuls  les  équidés  (cheval,  mulet,  âne)  se  refusent  à  en  manger. 

Il  est  assez  curieux  de  voir  le  chameau,  habitué  à  brouter 
les  herbes  des  pâturages  africains,  faire  usage  de  son  long 
cou  pour  atteindre  les  feuilles  de  Tarbre  à  sa  portée.  Et  rien 
n'est  plus  pittoresque  qu'un  troupeau  de  chèvres  dans  une  forêt 
d'Arganiers  :  les  unes  se  dressent  pour  manger  les  feuilles  les 
plus  basses,  tandis  que  d'autres  grimpent  et  se  tiennent  même 
sur  des  branches  assez  minces  pour  y  prendre  leur  aliment 
préféré. 

La  dent  de  la  chèvre,  si  funeste  à  la  plupart  des  végétaux 
persistants  dans  les  autres  pays,  laisse  également  des  traces 
sur  l'arbre  qui  nous  occupe  et  il  est  facile  de  reconnaître  les 
forêts  livrées  à  de  nombreux  troupeaux  de  ces  capridés,  par 
l'aspect  rabougri  des  branches  inférieures  et  des  petits  sujets. 
Mais  l'Arganier  est  assez  vivace  pour  résister  à  l'action  des- 
tructive de  ces  animaux. 

•  Si  Ton  tient  compte  de  l'énorme  quantité  de  peaux  de  chèvres 
utilisées  dans  l'Empire  chérifien  ou  fournies  par  lui  à  l'expor- 
tation —  preuve  irréfutable  d'une  agriculture  encore  des  plus 
sommaires  —  on  se  fait  une  idée  de  la  ressource  appréciable 
offerte  aux  indigènes  du  Maroc  sud-occidental  par  cette  essence 
forestière. 

Mais  là  ne  se  bornent  pas  les  vertus  de  l'arbre  du  Sous.  Le 
fruit  est  utilisé  par  eux  à  deux  effets  :  pour  l'alimentation  des 
ruminants  et  pour  la  fabrication  d'une  huile  fort  estimée,  l'huile 
d'argan.  La  récolte  en  est  très  facile  à  cause  de  sa  déhiscence  ; 
à  partir  du  mois  de  mai,  en  effet,  le  fruit  mûrit,  il  se  dessèche 
et  tombe  seul  ou  sous  l'action  de  la  moindre  agitation  ;  il  suffi- 
rait donc  de  le  recueillir  sur  le  sol  après  le  plus  faible  coup  de 
vent. 

Mais  le  Marocain  possède,  au  même  titre  que  les  Musulmans 
du  Nord  de  l'Afrique,  l'art  de  réduire  au  minimum  l'activité 
indispensable  à  son  existence.  Il  se  contente  de  pousser  ses 
troupeaux  dans  la  forêt,  et  chameaux,  bœufs,  vaches,  moutons, 
chèvres,  vont  deux  fois  par  jour,  le  matin  au  moment  de  la  fraî- 
cheur, le   soir  avant   le  coucher  du   soleil,  manger  les  argans 


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—  151  — 

dont  ils  sont  très  friands.  Seuls  les  Berbères  les  plus  actifs  et 
les  plus  prévoyants  font  ramasser  par  leurs  bergers  des  provi- 
sions de  ces  fruits,  qui  serviront  aux  mêmes  usages  durant 
rhiver. 

Les  animaux  ne  mangent  que  Tenveloppe  desséchée  du  fruit 
de  TArganier.  Tandis  que  la  chèvre  et  le  mouton  laissent 
tomber  de  leur  bouche  tout  ou  partie  des  noyaux,  les  chameaux 
et  les  bovidés  avalent  ces  derniers  et  les  rejettent  intacts  à 
retable,  en  ruminant.  C'est  surtout  là  que  les  femmes  et  les 
enfants  recueillent  avec  soin  les  noix  qui  vont  servir  à  la  fabri- 
cation de  rhuile  si  estimée. 

Ainsi  la  Nature,  déjà  si  prodigue  à  bien  des  égards  envers 
ce  beau  pays,  Ta  non  seulement  doté  d*un  arbre  précieux  pour 
la  nourriture  des  bestiaux,  mais  elle  a  en  quelque  sorte  voulu 
que  ces  derniers  épargnent  à  leur  maître  la  peine  de  récolter 
lui-même  Tun  des  éléments  importants  de  son  alimentation. 
L'huile  d'argan,  en  effet,  constitue,  avec  le  pain,  la  nourriture 
exclusive  des  indigènes  pauvres. 

La  seule  étude  chimique  que  nous  ayons  rencontrée  dans  la 
littérature  scientifique  est  due  à  M.  S.  Cotton  (l),qui  commu- 
niqua son  travail  à  la  Société  de  pharmacie  de  Lyon  en  1888. 
Cet  auteur  croyait  TArganier  répandu  dans  Tintérieur  de 
l'Afrique,  à  Madagascar  et  au  Maroc];  nous  savons  ce  qu'il  en 
faut  penser. 

«  Le  procédé  d'extraction  des  plus  primitifs  employés  par  les 
indigènes,  consiste  à  broyer  l'amande  dans  un  mortier  et  à  jeter 
la  pâte  dans  l'eau  chaude.  L'huile  qui  vient  surnager  est  recueilli 
directement. 

a  Jusqu'ici  cette  huile  n'a  pu  nous  parvenir,  grâce  aux  idées 
protectionistes  outrées  dont  fait  preuve  en  toute  chose  le  gou- 
vernement marocain.» 

M.  Cotton  devait  l'échantillon  d'huile  quia  servi  à  son  étude 
à  l'obligeance  du  D^  Andrieu,  pharmacien  à  Mogador  ;  il  cons- 
tate l'amertume  très  prononcée  de  l'amande  qui  la  fournit, 
tandis  que  l'huile  conserve  la  douceur  de  l'huile  de  noisette  ;  il 
décrit  le  fruit  et  le  noyau  qui  renferme  souvent  deux  amandes, 

(1)  s.  Cotton. —  Etude  sur  la  noix  d'Argan,  nouveau  principe  immédiat  TArga- 
nine.  J,  de  Ph.  ei  Ch.,  1888, 5«  série,  XVII1,298. 


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—  152   - 

avec  indication  fréquente  d'une  troisième  avortée,  comme  nous 
avons  eu  Toccasion  de  le  constater  fréquemment. 

«  L'amande,  continue  M.  S.  Cotton,  est  un  peu  plus  grosse 
que  celle  de  la  semence  de  Courge  dont  elle  présente  même  la 
forme.  L'arille  (1)  qui  l'enveloppe  presque  en  entier  en  réseau 
élégant  la  sépare  de  la  coque,  et  quoiqu'elle  soit  relativement 
comprimée  dans  celle-ci  au  point  de  prendre  parfois  une  forme 
triangulaire,  elle  reste  assez  libre,  grâce  à  l'arille,  pour  pouvoir 
se  détacher  facilement. 


m 


Fio.  XXIV.  —  Noyau  de  TArganier;  o,  fruit  partiellement  brisé  montrant  à 
rintérieur  de  la  coque  une  amande  à  la  surface  de  laquelle  court  un  réseau  de 
faisceaux  vasculaires  très  proéminents;  6  et  Cy  coupes  transversales  montrant  le 
développement  inégal  des  embryons. 

«  Elle  contient  en  abondance  une  huile  fixe,  douce,  non  sic- 
cative, se  figeant  à  0®,  s'épaississant  au  bout  de  12  heures  par 
le  réactif  de  Poutet  sans  se  solidifier  complètement,  ce  qui  la 
distingue  de  Thuile  d'olives.  Sa  densité  est  de  0,914. 

«  Indépendamment  de  la  forte  proportion  d'huile  que  contient 
Tamande  d'argan,  on  y  trouve  en  abondance  de  l'albumine  vé- 
gétale (2  %  environ)  ;  de  sorte  qu'à  l'état  frais,  cette  amande 
doit  être  considérée  comme  un  lait  végétal.» 

Cette  observation  est  parfaitement  juste,  et  cette  graine, 
comme  toutes  celles  des  Sapotacées,  renferme  des  laticifères 
ayant  un  contenu  guttoïde  analogue  à  celui  qui  gène  la  fabrica- 
tion du  produit  comestible  du  Karité. 

«  Il  arrive  parfois,  continue  ce  chimiste,  si  la  noix  s'est  des- 
séchée dans  de  mauvaises  conditions,  que  cette  albumine  se 
détruit  par  une  espèce  de  fermentation  particulière  ditférentiî  de 
la  putréfaction  ;  l'amande  prend  alors  un  aspect  di»  beurn?  sans 

(I)  Voir  o,  fig.  XXIV. 


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-^   153  — 

acquérir  un  goût  désagréable  (1).  On  peut  jusqu'à  un  certain 
point  assimiler  cette  transformation  à  celle  qui  se  produit  dans 
les  cadavres,  connue  sous  le  nom  de  gras  de  cadavres  ! 

«  Les  amandes  ainsi  modifiées  donnent  une  proportion  d'huile 
qui  peut  atteindre  et  même  dépasser  80  %. 

«  Le  rendement  en  huile  des  amandes  saines  que  nous  avons 
trouvé,  dans  une  expérience,  de  77  %,  n'est  jamais  tombé  au- 
dessous  de  66  %.  L'époque  de  la  récolte  parait  avoir  une  cer- 
taine influence  sur  ce  rendement,  car  les  amandes  les  plus 
mûres  sont  aussi  les  plus  riches  en  huile  (2). 

«  Un  avantage  que  présente  la  coque  de  ce  fruit,  c'est  que 
sa  dureté  et  son  épaisseur  ne  permettent  pas  facilement  aux 
insectes  d'y  déposer  leurs  œufs,  car  il  arrive  rarement  de  ren- 
contrer des  amandes  véreuses  ou  endommagées  par  les  vers. 

«  L'amande  d'argan  a  une  saveur  fortement  amère,  mais 
d'une  amertume  sui  generis  qui  n'a  rien  de  commun  avec 
l'amertume  de  l'amande  amère. 

«  Le  principe  amer  insoluble  dans  l'huile,  l'éther,  le  chloro- 
forme, le  sulfure  de  carbone  et  les  essences  minérales  se  dis- 
sout, au  contraire,  facilement  dans  l'eau  et  l'alcool  à  90®,  un 
peu  moins  facilement  dans  Talcool  absolu. 

«  Nous  basant  sur  ces  propriétés,  nous  sommes  arrivé  à  l'ex- 
traire à  l'état  de  pureté  par  le  procédé  suivant  : 

«  1"  L'amande,  broyée  finement,  est  traitée  par  l'éther  ou  un 
autre  dissolvant  pour  enlever  la  matière  grasse  ; 

(c  2®  Le  tourteau  est  repris  par  l'alcool  à  99**  à  chaud  ; 

«  3®  La  solution  alcoolique  filtrée  est  additionnée  d'étherpuret 
par  fraction  assez  espacée  pour  permettre  au  principe  amer 
d'acquérir  une  forme  cristalline  ; 

«  4®  Au  bout  de  quelques  jours,  l'alcool  éthéré  est  décanté 
et  les  cristaux  sont  traités  par  l'alcool  absolu  bouillant  qui 
les  abandonne  de  nouveau  par  le  refroidissement  à  l'état  de 
pureté  ; 

(1)  n  serait  intéressant  d*éludier  celte  action  fermentaire,  car  on  pourrait  peut- 
être  en  tirer  des  iodications  précieuses  pour  l'obtention  des  matières  crasses 
exemptes  de  produits  azotés. 

(î)  C'est  également  le  cas  pour  le  Karité,  et  la  remarque  e^t  générale  pour  toutes 
les  graines  de  Sapotacées  et  la  plupart  des  autres  graines  grasses. 


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—  154  — 

«  5"*  Ce  corps  cristallise  dansTalcool  en  petits  prismes  brillants 
très  courts,  mais  jusqu'ici  il  m'a  été  impossible  de  l'obtenir 
cristallisé  dans  Teau,  car  lorsqu'on  veut  le  recueillir  sur  un  filtre, 
la  simple  humidité  de  l'air  lui  communique  une  consistance 
gommeuse. 

«  C'est  un  principe  azoté,  dont  les  fonctions  chimiques  ne  pa- 
raissent pas  bien  énergiques.  Cependant  il  forme  avec  l'acide 
sulfurique  une  combinaison  définie  en  très  beaux  prismes  allon- 
gés. Cette  combinaison  nous  permettra  d'en  établir  la  formule 
lorsque  nous  aurons  à  notre  disposition  une  quantité  suffisante 
de  matière  première. 

«Je  lui  donnerai  le  nom  à^arganine  pour  rappeler  son  origine 
botanique.» 

L'auteur  n'a  pu,  sans  doute,  mettre  son  désir  à  exécution, 
probablement  à  cause  de  l'impossibilité  de  réapprovisionne- 
ment. 

Aussi  nous  allons  donner  simplement  les  renseignements  de 
M.  Gentil  sur  l'huile  et  sa  fabrication  (1)  : 

Fabrication  de  l'huile  (2).  —  La  fabrication  de  cette  huile 
est  des  plus  simples  et  des  plus  primitives.  Les  noyaux  sont 
cassés  entre  deux  pierres,  le  plus  souvent  par  des  femmes.  Les 
amandes  se  détachent  facilement  de  leur  coque;  elles  sont 
torréfiées  comme  des  grains  de  café,  dans  des  plats  en  terre 
cuite  à  bords  relevés,  ou  dans  des  plats  de  fer,  quelquefois 
aussi  sur  une  pierre  plate,  que  l'on  chauffe  sur  un  feu  doux. 
On  les  amène  à  une  couleur  brune  et  Ton  évite  leur  carbonisa- 
tion en  les  remuant  constamment  avec  une  palette  de  bois.  Les 
amandes  grillées  sont  de  suite,  après  refroidissement  complet, 
écrasées  dans  une  meule  à  bras  ;  puis  on  triture  à  la  main,  dans 
ime  terrine  posée  sur  des  cendres  chaudes,  la  pâte  ainsi  pro- 
duite en  l'arrosant  d'un  peu  d'eau  tiède.  On  pétrit  jusqu'à  ce 

(1)  L'Arganier  est  cultivé  depuis  près  d'un  demi-siècle,  au  jardin  du  Hamma  à 
Alger,  et  M.  Kiviëre  a  plusieurs  fois  parlé  de  ce  végétal  {Manuel  de  V Agriculteur 
algérien  1900,  p.  282-283,  Algérie  agHcole,  1885,  p.  3009,  etc.).  M.  Leray  y  a  égale- 
ment consacré  un  article  en  1887.  Voir  également  :  Cultures  du  Midi,  de  TAlgérie, 
Baillière,  1906,  p.  278. 

(2)  Comparer  avec  les  notes  de  Schousboe,  citées  plus  haut,  et  Tod  verra  qu*il 
n*y  a  rien  de  changé  dans  la  méthode  d^extraction,  depuis  un  siècle. 


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—  155  — 

qu  elle  devienne  très  dure,  et  toute  l'habileté  de  Topera teur 
consiste  à  employer  peu  d'eau. 

L'huile  surnageante  est  séparée  par  décantation  et  recueillie 
dans  des  vases.  ATétat  brut,  elle  est  d'une  couleur  brun  foncé 
et  d'une  saveur  acre  désagréable  ;  en  déposant,  elle  s'éclaircit, 
mais  garde  toujours  une  certaine  teinte  et  un  goût  fort.  Les  gens 
pauvres  la  consomment  ainsi,  tandis  que  les  autres  la  clarifient 
en  la  lavant.  Ils  font,  à  cet  effet,  une  émulsion  dans  de  Peau, 
qui  garde,  après  repos,  une  partie  des  impuretés  ;  oubien  ils  font 
macérer  dans  cette  dernière,  soit  à  chaud,  soit  à  froid,  un 
morceau  de  pain. 

Le  tourteau  d'argan  contribue  encore  à  la  nourriture  des 
chameaux,  des  bovidés,  des  moutons  et  des  chèvres.  Cette  fois 
encore,  les  équidés  se  refusent  à  en  manger. 

M.  MiLLiAU  vient  tout  récemment  d'étudier  l'Argan  et  nous 
pouvons  encore,  pendant  l'impression  de  ce  fascicule,  insérer  ici 
les  résultats  de  ses  analyses  (1)  : 

«  Le  péricarpe  représente  en  poids  32,78  7©  du  fruit,  la  coque 
62,78  et  l'amande  4,44. 

«  L'huile  représente  51,25  7o  du  poids  des  amandes  et  seu- 
lement 2,27  7o  du  poids  total  des  fruits. 

«  A  l'analyse  chimique,  l'huile  d'Argan  a  présenté  les  ca- 
ractères suivants  : 

Densité 918  5 

Acide  sulfuiique jaune 

Acide  solfuriqae  +  ac.  azotique brun-rouge 

—  après  ébuUition orange 

—  après  refroidisbement ...  — 

Vapeurs  nitreuses  donnant  une  masse  de consistance  de  miel 

Saponification  sulfurique  (relative)  absolue ? 

Indice  d'iode 98  5 

Solidification  des  acides  gras 25  3 

Saturation  de  5  gr.  par  la  soude 17  7 

Argent  métalliqu  e rien 

Nitrate  d'argent — 

Acide  chlorhydrique  et  sucre — 

Acidesgras.  I    ^""'^^i ?§  ? 

*         I    concrets 13  7 

(3)  MiLLiAU.  — L'Arganier  (A.  Sideroxylon).  Agr.  pr»  des  pays  chaUdt.  Paris, 
1907.  VII,  n»  46,  75-78. 


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—  156  — 

«  Ces  caractères  sont  fort  voisins  de  ceux  de  Thuile  d'olive 
dont  l'huile  d'Ârgan  se  distingue  cependant  par  la  solidification 
incomplète  sous  l'action  des  vapeurs  nitreuses  et  surtout  Tindice 
d'iode  notablement  plus  élevé.  La  teneur  en  acides  fluides  étant 
sensiblement  la  même  que  dans  l'olive,  il  s'ensuit  que  leur 
indice  d'iode  propre  (interne)  est  lui-même  plus  élevé,  ce  qui 
correspond  à  une  richesse  plus  grande  en  acides  non  saturés  : 
linoléique,  linolénique. 

«  L'huile  d'Argan  donne  par  saponification  un  très  beau  sa- 
von dur  de  couleur  un  peu  jaunâtre,  susceptible  d'un  beau  poli, 
moussant  peu  et  comparable  au  savon  d'huile  d'olive  par  l'en- 
semble de  ses  propriétés. 

La  fabrication  indigène  laisse  un  tourteau  résiduel  du  poids 
de  300  gr.  environ,  très  altérable  et  qui  est  donné  comme  ali- 
ment au  bétail. 

L'analyse  immédiate  de  ce  tourteau  a  donné  les  résultats  sui- 
vants : 

Mat.  azotées 32  19 

_    grasses 19  96 

—    amylacées 16  83 

Cellulose 4  60 

Humidité 22  98 

Mat.  minérales 4  04 

«  La  grande  teneur  en  humidité  explique  son  altérabilité  ;  une 
préparation  plus  soignée  en  vue  de  la  conservation  exigerait 
une  dessication  partielle.  De  même,  en  ce  qui  concerne  la  ri- 
chesse en  matières  grasses,  des  procédés  moins  primitifs  récu- 
péreraient au  moins  la  moitié  de  l'huile  restante.  » 

Au  point  de  vue  des  éléments  fertilisants^  sa  composition  élé- 
mentaire est  de  : 

Azote,  5,15  7o;  acide  phosphorique  1,20  7oî  potasse  0,67  ;  ce 
qui  le  classe  dans  les  mauvais  tourteaux.  Il  semble  à  l'auteur 
que  préparé  d'après  les  méthodes  européennes  et  ramené  à  sa 
teneur  moyenne  en  humidité  et  matières  grasses,  sa  composi- 
tion le  rapprocherait  du  tourteau  d'arachides  décortiquées  et 
qu'alors  sa  valeur  atteindrait  un  prix  voisin  de  12  fr.  les  100 
kilos,  c'est  à  dire  proche  de  celui  des  meilleurs  tourteaux. 


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—  157  — 

Conclusions.  —  M.  Gentil  termine  ainsi  son  étude  de 
TArganier  : 

«  Au  point  de  vue  de  son  utilisation  pratique,  il  est  bien  cer- 
tain que  l'agriculture  et  l'industrie  marocaine,  des  plus  primi- 
tives, n'ont  tiré  jusqu'ici  qu'un  parti  minimum  des  produits  de 
l'Arganier. 

a  Les  forêts  étendues  de  cet  arbre  si  curieux  ne  seront-elles 
pas  un  jour  l'objet  d'une  exploitation  active  ?  Vraisemblablement 
oui. 

<c  Sans  doute  il  ne  faudrait  pas  s'exagérer  les  vertus  de  l'ar- 
bre du  Sous,  mais  indépendamment  des  ressources  nutritives 
qu'offrent  sa  feuille  et  son  fruit  pour  la  nourriture  des  animaux, 
il  ne  faut  pas  oublier  qu'on  n'utilise  que  très  imparfaitement  son 
bois  et  ses  noix. 

«  Par  son  bois,  il  peut  fournir  un  excellent  combustible;  et 
il  ne  semble  pas  douteux  qu'il  prendrait  dans  la  construction 
et  l'ébénisterie  une  place  importante,  si  l'on  appliquait  aux  fo- 
rêts d'arganiersles  procédés  d'exploitation  mécanique  des  pays 
civilisés. 

«  Par  son  fruit,  il  donne  une  huile  assez  bonne  qui  entre 
presque  exclusivement  dans  l'alimentation  des  gens  du  pays, 
où  elle  remplace  l'huile  d'olive,  que  l'indigène  livre  au  com- 
merce. Aussi  le  Sultan  interdit-il  l'exportation  de  l'huile  d'Ar- 
gan  ;  il  permet  seulement  son  cabotage  d'un  port  du  Maroc  à 
un  autre.  Il  est  bien  difficile,  dans  ces  conditions,  de  se  faire 
une  idée  de  la  production  annuelle,  parce  que  la  statistique  est 
extrêmement  difficile  sinon  impossible  au  pays  du  Mc)ghreb;j'ai 
cependant  entendu  parler,  par  des  gens  compétents,  de  trois 
millions  de  kilogrammes  dans  les  bonnes  années.  Ce  chiffire 
serait  un  maximum  et  l'on  aurait  vu  dans  les  mauvaises  an- 
nées le  prix  de  l'huile  tripler  et  même  quadrupler  sans  qu'il  y 
ait  cependant  disette  absolue  à  cause  des  réserves  accumulées 
dans  les  silos  par  un  grand  nombre  de  fellah,  au  moment  des 
récoltes  surabondantes. 

«  Tout  serait  à  faire  pour  sa  fabrication,  il  faudrait  s'appli- 
quer à  trouver  un  moyen  de  décortication  mécanique  de  la  noix 
et  aussi  soumettre  l'huile  à  une  épuration  méthodique.  Quoique 
n'ayant  pas  un  goût  aussi  fort  que  l'huile  d'olive  non  épurée. 


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—  158  - 

elle  renferme  des  principes  vraisemblablement  nuisibles,  et  j'ai 
souvent  entendu  parler  par  les  indigènes  d'une  véritable  ivresse 
produite  par  une  forte  absorption  d'huile  d'Argan. 

«  Ainsi,  à  bien  des  points  de  vue,  l'Arganier  est  digne  d'in- 
térêt, ne  serait-ce  que  par  l'huile  qu'il  est  susceptible  de  donner 
et  qui  constitue,  pour  ainsi  dire,  l'unique  nourriture  des  Ber- 
bères pauvres  de  son  pays  d'habitat.  Il  semble  qu'il  y  ait  œuvre 
utile  à  faire  en  améliorant  la  fabrication  et  les  qualités  nutritives 
de  ce  produit  naturel  ». 

II  ne  nous  reste  rien  à  ajouter,  si  ce  n'est  que  nous  faisons 
actuellement  tous  nos  efforts  pour  combler  les  lacunes  qui  exis- 
tent encore  dans  l'état  de  nos  connaissances  sur  cet  arbre  sin- 
gulier, objet  de  la  curiosité  des  touristes  qui  touchent  à  la  côte 
occidentale  du  Maroc,  vers  Mogador. 

Dès  que  nous  aurons  reçu  en  quantité  suffisante  (1)  des  noix  et 
de  l'huile,  il  en  sera  fait  une  étude  approfondie;  il  restera  à  dé- 
terminer les  raisons  de  la  répartition  géographique  si  limitée 
de  cet. arbre,  qui  caractérise  pour  ainsi  dire  la  région  du  Sous. 
C'est  un  exemple  très  curieux  de  localisation  d'une  espèce  vé- 
gétale dans  un  périmètre  restreint  où  elle  se  trouve  cependant 
en  grande  abondance. 

Sa  limite  nous  est  encore  mal  connue,  et  il  est  peut  être  à 
espérer  qu'elle  pourra  s'étendre  par  la  culture  et  devenir  une 
source  de  revenus  pour  un  pays  où  l'olivier  ne  saurait  plus 
croître,  et  où  ne  se  rencontre  pas  encore  le  Karité,  dont  la  limite 
nord  extrême  est  le  15®  degré  de  latitude. 

Quant  aux  essais  d'acclimatation  en  Algérie  et  dans  le  sud 
de  l'Europe,  nous  n'en  voyons  pas  l'utilité  et  nous  sommes  eu 
cela  pleinement  d'accord  avec  M.  Rivière  qui  s'est  à  plusieurs 
reprises  occupé  de  la  question.  L'intérêt  de  l'Arganier  réside 
dans  son  exploitation  locale,  là  où  ne  saurait  croître  l'olivier. 

(1)  Au  dernfer  moment,  en  date  du  20  mars  1907,  M.  le  Consul  de  France  à  Moga- 
dor nous  avise  qu'il  a  pu  nous  faire  un  envoi  important  de  graines,  mais  que 
rexportation  de  Thuile  est  encore  absolument  impossible,  même  pour  une  simple 
étude  chimique. 


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QUATRIEME  PARTIE. 


Autres  Sapotacées  africaines  à  graines  grasses 
peu  connues. 


Un  certain  nombre  de  graines  ont  apparu  dans  le  commerce 
ou  dans  les  Laboratoires,  qui  seront  peut-être  un  jour  Tune  et 
l'autre  récoltées  pour  Tindustrie. 

Dans  Tétat  actuel  de  nos  connaissances,  elles  sont  à  peine 
connues,  au  point  de  vue  de  leur  origine  botanique  et  on  ignore 
complètement  la  biologie,  Textension  géographique  et  la  plus 
ou  moins  grande  abondance  des  plantes  productrices. 

Certaines  de  ces  Sapotacées  habitent  la  haute  forêt  de  la 
Côte  d'Ivoire,  les  autres  viennent  surtout  du  Cameroun,  du 
Gabon  et  du  Congo. 

Les  deux  auteurs  auxquels  nous  nous  adressons  pour  leur 
étude  préliminaire,  seront  naturellement  les  deux  savants  mono- 
graphes de  la  famille  des  Sapotacées,  MM.  Pierre  et  Engler. 

Ici  plus  que  jamais,  les  discussions  sur  les  synonymies  dans 
les  noms  botaniques  jouent  un  très  grand  rôle  et  cela  est  facile 
à  concevoir,  puisque  chaque  auteur  ne  recevait  au  début  que 
des  fragments  incomplets  d'organes  végétaux  et  donnait  provi- 
soirement un  nom  à  la  forme  complète  qu'il  n'avait  pu  se  pro- 
curer encore. 

Nous  avons  eu  entre  les  mains  les  descriptions  mêmes  de 
Pierre  et  les  avons  comparées  à  celles  du  distingué  directeur 
du  Muséum  de  Berlin,  et  nous  sommes  convaincu  qu'il  reste 
beaucoup  à  faire  pour  connaître  d'une  façon  définitive  les  Sapo- 
tacées équatoriales. 


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—  160  — 

La  plus  étudiée  est  le  Mimusops  Djave  (Lanessan)  Engler 
décrite  par  de  Lanessan  (1)  sous  le  nom  de  Bassia  Djavê^ 
appelée  Sa^^m  toxisperma  par  Raoul,  Tieghemella  af ricana  (2) 
puis  Baillonella  toxisperma  par  Pierre  (3),  enfin  replacée 
dans  le  genre  Mimusops  par  ëngler  (4).    ; 

Voisine  de  celle-ci  est  la  plante  désignée  sous  le  nom  de 
Moabi,  qui  est  le  Baillonella  obovata  Pierre,  dont  Engler, 
après  en  avoir  fait  le  Mimusops  obovata  (Pierre)  Engler,  en 
donne  enfin  la  description  sous  le  nom  nouveau  de  Mimusops 
Pierreana, 

On  trouve  encore  dans  les  notes  manuscrites  de  Pierre  une 
description  de  graines  venant  de  la  Côte-d*lvoire  et  qu'il  attri- 
bue à  une  espèce  nouvelle,  sans  doute  encore  de  ce  genre 
Mimusops  et  appartenant  au  sous-genre  Baillonella  admis 
par  Engler  ;  elles  sont  désignées  dans  les  notes  de  Pierre 
sous  le  nom  indigène  de  Makerou  et  scientifique  de  Tieghemella? 
Heckelii  {Herhier  h.  P.,  n**  6024,  communication  Heckel)  que 
Lecomte  considère  comme  extrêmement  voisine  sinon  identique 
au  Moabi. 

Enfin  récemment  (fin  1905)  nous  avons  reçu  a  notre  laboratoire  des 
graines  envoyées  au  Havre,  que  nousavons  soumisesà  M.  Pierre  ; 
elles  appartiennent  également  à  ce  genre  Mimusops  et  au  sous- 
genre  Lecomtedoxa  ou  Baillonella, 

$  1.  —  DJave  ou  Noumgou. 

Mimusops  Djave  (Lanessan)  Engler. 

Syn.  :  Basiia  Djave  de  Lanessan  ;  Bassia  toxisperma  Raoul  ;  Tieghemella 
a/rû;ana  Pierre  (manuscrit);  Baillonella  toxisperma  Pierre;  baillonella  Djave 
Pierre  ;  Tieghemella  Jollyana  Pierre  (manuscrit). 

La  première  mention  de  cette  plante  dont  les  graines  fournis- 
sent au  Gabon  une  matière  grasse  alimentaire  et  médicinale  se 
rencontre  dans  Touvrage  de  de  Lanessan  (1)  sur  les  plantes 
utiles  des  colonies. 

(1)  De  Lanessan.  —  Plantes  utiles  des  colonies  françaises,  p.  837. 

(2)  PiEitRE  avait  également  donné  à  la  graine  de  cette  plante  le  nom  de  Tieghe- 
mella f  Jollyana  (notes  manuscrites). 

(3)  Pierre.  —  Not.  bot.  Sapot.  (1^)  14-18  et  notes  manuscrites. 

(4)  Enqler.  —  Sapot.  africanse,  loc.  cit.  p.  81. 


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Ém.  Perrot. 


Le  Karité,  etc.,  1907. 


A 


^  iswv- 


FiG.  XXV.—  D'JaTe  ou  Nonatgoa,  Aftmti<op5  lyjave  (Lanessan)  Engler  (d*après 
Enolbr  in  Sapotacem  africanes,  Berlin  1904.  PI.  XXII). 


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-  163  — 

11  signale  des  graines  de  deux  arbres,  qu'il  dénomme  Bassia 
Djave  et  Bassia  Noumgou^  croissant  |  au  Gabon,  dont  les 
graines  donnent  jusqu'à  56  %  d'un  beurre  analogue  au  beurre 
de  Galam  (B.  de  Karité)  sous  les  noms  de  Agali-Djave  etAgali- 
Noumgou.  Ce  beurre  comestible,  quand  il  est  frais,  s'emploie 
également  en  friction  contre  les  douleurs  rhumatismales,  et  il 
ajoute  :  «  Une  autre  espèce  de  Bassia  connue  sous  le  nom  de 
Acole  ongounou  donne  aussi  une  matière  grasse  analogue  (1)  ». 

Cette  plante  dont  la  graine  fournit  une  matière  grasse  est 
connue  au  Gabon  sous  le  nom  de  Djai^e  ou  Njave  et  au  Came- 
roun sous  celui  de  Nùmgà  ou  Nounegou,  Voici  ce  qu'en  a  dit 
Pierre,  dans  ses  notes  : 

Cette  graine  lui  avait  été  envoyée  de  la  Société  pharmaceu- 
tique de  Londres  par  M.  Holmes,  sous  le  nom  de  African 
Poison^  appellation  qui  se  concilie  peu  avec  son  produit  qu'on 
dit  comestible,  mais  qui  s'explique  pourtant  parle  principe  amer 
que  contiennent  ses  cotylédons,  principe  d'ailleurs  assez  com- 
mun chez  les  Lucumées  et  analogue  à  celui  qu'on  retire  des 
amandes  amères.  Aussi  les  graines  du  Calospermun  marri' 
mosum  provoquent,  dit-on,  des  troubles  dans  le  cerveau  si  on 
en  consomme  avec  excès  (2). 

Cette  graine  est  une  Lucumée,  mais  différant  bien  de  tous  les 
genres  de  cette  tribu  :  «  Le  Baillonella  toxisperma^  dont  le 
fruit  et  les  fleurs  sont  encore  inconnus,  a  une  graine  longue  de 
6  centimètres.  Son  plus  grand  diamètre  (36  mm.)  est  au-dessous, 
du  milieu  de  la  face  ventrale  à  la  face  dorsale  et  ce  diamètre 
n'est  plus  que  de  15  millimètres  près  du  sommet.  Il  est  de  25 
millimètre  transversalement. 

«  Elliptique  un  peu  comprimée,  subgibbeuse  dans  la  partie 
confinant  au  micropyle,  arrondie  aux  deux  bouts,  même  à  la 

(1)  Nous  ne  voyons  pas  du  toat  de  quelle  graisse  il  s*agit  ici,  et  n'en  avons  nulle  part 
retrouvé  trace.  l\  s*agtt  sans  doute  d'un  de  ces  nombreux  produits  de  Sapotacées 
tropicales  qui  sont  apparus  successivement  par  petites  quantités  sur  nos  marchés. 

Enolbr.  «  Monog.  afrik.  Pfl.  Sapotacem  afrieana^  Berlin,  1904,  p.  81,  PI.  XXII 

etxxm. 

(S)  Ceci  serait  dû  sans  doute  à  la  production  d'acide  cyanhydrique,  car  la  présence 
de  glucoside  cyanogétique  a  été  signalée  dans  diverses  espèces  de  Sapotacées  appar- 
tenant aux  genres  BotMa,  Lwiuma^  Payena,  Voir  à  ce  sujet  :  Greshoff,  L'acide 
cyanhydrique  dans  le  r^ne  végétai,  Bull.  <Soc.  pAarmoco^,  Paris,  1906,  n»  11, 
p.  601. 


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—  164  — 

face  dorsale^  elle  a  une  cicatrice  ventrale  longue  de  56  milli- 
mètres recouvrant  un  peu  moins  de  la  moitié  de  sa  superficie. 
La  un  peu  rugueux,  d'aspect  terne,  Tépaisseur  de  son  tégument 
(environ  1  mm.)  est  à  peu  près  la  même  que  dans  les  autres 
régions.  La  partie  vernissée  a  une  teinte  brun  foncé  chocolat. 
Son  omphalodium  (4  mm.  sur  4  mm.)  est  situé  à  Textrémité 
supérieur  de  la  cicatrice  qui  est  aussi  le  sommet  organique  de 
la  graine.  La  marche  de  son  raphé  à  travers  le  test  est  par- 
conséquent  presque  rectiligne.  Le  deuxième  tégument  est 
intimement  adhérent  à  Texterne  et  s'en  détache  difficilement. 
Le  système  vasculaire  quoique  bien  développé  est  sans  relief. 
L'embryon  se  présente  entouré  dunucelle  et  d'une  mince  couche 
d'albumen.  Les  cotylédons  elliptiques  entièrement  libres,  bien 
appliqués  l'un  contre  l'autre  malgré  leur  épaisseur,  ne  sont  pas 
bombés.  Leur  commissure  est  tournée  vers  le  hile.  Ils  se  ter- 
minent en  bas  en  une  tigelle  courte  recourbée  en  forme  d'hame- 
çon et  dirigée  vers  le  micropyle. 

«  C'est  un  des  rares  genres  de  la  tribu  où  l'amidon  n'existe 
pas.  » 

Dans  les  mêmes  «  Notes  botaniques  (1)  »,  quelques 
pages  plus  loin,  Pierre  décrit,  dans  le  genre  Tieghemella^  une 
graine  qui  a  été  rapportée  à  la  même  espèce  ;  nous  voulons  trans- 
crire sa  description  afin  qu'il  soit  permis  de  comparer,  quand, 
selon  toute  vraisemblance,  ces  graines  grasses  assez  pombreu- 
ses  au  Gabon  seront  à  nouveau  envoyées  à  nos  collections. 

Il  existe  quelques  différences,  comme  on  va  le  voir,  entre  cette 
description  et  la  précédente. 

«  Le  genre  Tiegkemella^  dit  Pierre,  se  trouve  représenté 
dans  les  collections  de  la  Société  pharmaceutique  de  Londres, 
dans  le  Musée  de  Berlin,  au  Musée  de  l'Exposition  coloniale  à 
Paris  (2)  et  au  Muséum  de  Paris  (3A  Les  premières  graines  ont 
été  apportées  du  Gabon  par  M.  Aubry  le  Comte  en  1853.  Jus- 
qu'ici l'arbre  est  inconnu.  Les  noms  sous  lesquels  elles  sont 
cataloguées  sont  évidemment  erronés.  On  les  appelle  Vitellaria 

(1)  Pierre.  —  Loc.  cit.,  p.  18. 

(2)  Ancien  Musée  permanent  des  colonies. 

(3)  Ainsi  qu'à  la  Collection  de  matières  premières  de  TEcole  supérieure  de  phar- 
macie de  Paris. 


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Êm.  Pbrrot. 


FiG.  XXV I»—  DjAve,  Mitnusops  Djave  (Lanessan)  Engitr  {in  Notes  manuscrites  de 
PiKRRE  soui  le  nom  de  Tieg/temella  af ricana). 


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£h.  Perrot. 


Le  Karitb,  etc.,  1907. 


ISJ^UlM^y^ 


FiG.  XXVII.  —  Onreri  ou  DJato,    Mimusops  [>jave  Engler  (d'après  1«8  notes 
manuscritesâde  Pierri).  Frait  communiqué  par  Heckel. 


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—  169  — 

et  Lucuma  à  Berlin  et  Illipe  au  Musée  des  colonies,  probable- 
ment à  cause  de  la  grande  quantité  d'huile  qu'elles  renferment 

l56Vo). 

a  Le  nom  indigène  lui-même  est  suspect.  Ainsi  ces  graines 
au  Musée  colonial  (n®  3604)  portent  le  nom  gabonais  Ourèré, 
arbre  à  graisse;  et  au  Muséum  de  Paris,  d'après  M.  Poisson, 
celui  de  D'iavé  ou  D'javé. 

a  Pour  ne  pas  faire  confusion,  nous  rejetons  les  noms  de 
Bassia  Djai^e  ou  Bas,  Ourere,  nom  de  collection  non  publiés 
et  sans  nom  d'auteur  et  l'espèce  sera  le  Tieghemella  af ricana. 

a  Le  test  épais  et  dur,  le  conduit  raphéen  assez  long,  la  cica- 
trice elliptique  non  linéaire-oblongue,  éloignent  ce  genre  d'/Wi/>e 
et  indiquent  une  Lucumée.  Du  Vitellaria  Gaertner  (Karité),  il 
diffère  par  la  forme  oblongue  de  la  graine,  la  proéminence  de 
cicatrice,  le  test  très  dur,  non  coriace  et  peu  épais,  la  présence 
du  nucelle  et  de  l'albumen,  les  cotylédons  oblongs,  plans-con- 
vexes et  libre  d'adhérence,  la  tigelle  grosse,  assez  longue  et  un 
peu  recourbée  au  lieu  d'être  adnée. 

«  Cette  graine  a  ordinairement  8  cm.  de  longueur,  3,5  cm. 
de  largeur  de  la  face  ventrale  à  la  face  dorsale,  et  2,5  cm.  laté- 
ralement. Elle  est  obovée,  arrondie  en  haut,  atténuée  en  bas 
et  recourbée  en  dedans  dans  la  région  du  micropyle;  enfin 
carénée  vers  sa  partie  inférieure  dorsale.  Sa  cicatrice,  longue 
de  53  mm.  sur  25  mm.,  elliptique  oblongue,  arrondie  aux  deux 
bouts,  n'atteint  pas  le  sommet  de  la  graine  et  en  est  séparée 
par  un  intervalle  de  20  mm.  qui  est  exactement  la  course  inté- 
rieure du  canal  raphéen.  Son  omphalodium  ligneux  très  bombée 
et  très  épais  a  une  longueur  de  25-28  mm.  Il  atteint  le  milieu 
de  la  graine,  tandis  que,  dans  le  Vitellaria  paradoxa^  il  des- 
cend seulement  jusqu'au  tiers  de  la  face  ventrale,  par  consé- 
quent démontrant  un  raphé  plus  court. 

«  Sauf  cet  épaississement  de  la  région  du  hile,  le  tégument 
a  une  épaisseur  à  peu  près  égale  de  2  mm.,  et  a  une  coloration 
rouge  très  foncé  et  une  surface  lisse  et  brillante  en  dehors  de 
la  cicatrice. 

«  Le  deuxième  tégument  est,  quoique  mince,  remarquable- 
ment épais  et  s'enlève  difficilement.  Il  est  rouge  brun  et  violet. 
Le  système  vasculaire  très  serré  est  aplati.  L'albumen  très  ap- 


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—  170  — 

pauvri  autour  des  parties  supérieures  de  Tembryon  et  réduit 
souvent  au  nucelle,  forme  une  calotte  épaisse  rostrée  autour  de 
la  tigelle.  Celle-ci,  qui  a  7-8  mm.  de  longueur  et  dont  Pépais- 
seur  est  de  5-7  mm.,  est  légèrement  incurvée.  Les  cotylédons 
sont  oblongs,très  épais,  à  commissure  régulière  et  ne  se  rejoi- 
gnant pas  au  centre  mais  seulement  sur  les  bords.  Ils  contien- 
nent un  peu  de  gutta,  beaucoup  d*huile,  de  l'aleurone,  des 
leucites.  » 

On  admettra  donc  ici  avec  Engler  et  jusqu'à  preuve  du  con- 
traire Fidentité  d'origine  spécifique  des  graines  ainsi  décrites 
par  Pierre,  qui  proviendraient  du  Mimusops  D'jave^  dont  voici 
la  diagnose. 

c  Arbre  gigantesque;  rameaux  el  jeunes  feuilles  portant  principalement  sur  les 
pétioles  de  longs  poils  trôs  serrés,  de  couleur  ferrugineuse  ;  feuilles  groupées  au 
sommet  des  rameaux.  Stipules  linéaires-lancéolées  aiguës,  égalant  la  moitié  du  pé- 
tiole, couverts  de  longs  poils,  écartées  ou  courbées  en  dehors.  Pétiole  arrondi,  8  ou 
9  fois  plus  court  que  le  limbe  un  peu  coriace,  glabre  en-dessus  et  luisant,  lancéolé, 
acuminé  ;  nervures  latérales  primaires  au  nombre  de  35-40  de  chaque  côté,  très 
proéminents,  soudées  près  du  bord  ;  nervures  secpndaires  obliques  légèrement  proé- 
minentes, ainsi  que  leurs  ramifications,  formant  un  réseau  un  peu  serré .  Plusieurs 
pédicelles  axillaires  égalant  ou  surpassant  un  peu  les  pétioles  et  pourvus  de  nectai- 
res ovoïdes-aigus  ;  sépales  oblongs,  aigus,  couverts  d'un  revêtement  de  couleur  fer- 
rugineuse, de  poils  serrés.  Tube  de  la  corolle  un  peu  plus  court  que  les  segments 
ovo-lancéolés  ;  appendicules  de  même  forme  que  les  segments  primaires  :  filets  des 
étamines  insérés  dans  le  milieu  du  tube  de  la  corolle.  Anthères  ovales  terminées 
par  une  petite  pointe  et  de  longueur  égale  ;  stammodes  spathuliformes  pourvus  de 
longs  poils  à  la  partie  basale  et  extérieurement,  linéaires  et  un  peu  plus  courts  que 
les  pétales. 

Ovaire  ovoïde  à  longs  poils,  s'atténuant  en  un  style  conoïde  un  peu  plus  long  que 
lui,  8-loculaire;  ovules  attachés  au  milieu.  Le  fruit  est  une  grosse  baie  globuleuse 
un  peu  pointue  1-2  sperme  ;  semence  oblongue,  un  peu  comprimée  sur  Ucôté,  d'un 
brun  pâle  avec  cicatrice  oblongue  assez  large  et  un  peu  plus  courte  que  la  semence 
entière  ;  cotylédons  de  la  forme  de  la  graine,  un  peu  inégaux.  )» 

Cet  arbre  qui  doit  atteindre  des  dimensions  considérables, 
croit  au  Cameroun  et  au  Gabon  où  il  fleurit  en  octobre.  Ses 
rameaux  terminaux  qui  sont  assez  gros  et  courts,  10  à  15  cm. 
de  long  sur  1,5  à  2  cm.  de  diamètre,  portent  un  bouquet  de 
feuilles  verticillées  et  dans  Taxe  du  faisceau  ainsi  formé  par- 
tent les  fleurs  longuement  pédonculées  et  groupées  également 
en-dessous  du  faisceau  de  feuilles  terminales. 

Le  fruit  qui  mesure  6  cm.  de  diamètre,  est  nommé  Ouréré 
par  les  indigènes  ;  Tarbre  s'appelle  Noumgon  au  Cameroun 
et  Njave  ou  Djave  au  Gabon. 


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—  171  — 

Nous  avons  les  dessins  non  publiés  de  Pierre  et  nous  n'hési- 
tons pas  à  identifier  toutes  les  plantes  çlont  nous  avons  donné 
les  synonymies. 

Le  Djave  reste  entièrement  à  étudier  au  point  de  vue  de  sa 
répartition  géographique,  de  sa  fréquence  dans  la  haute  forêt 
où  il  parait  habiter,  et  aussi  au  point  de  vue  de  la  composition 
chimique  de  sa  graine. 

L'avenir  seul  dira  si  son  utilisation  est  possible  sur  '  place  ou 
comme  produit  d'exportation. 

Tout  ce  que  nous  savons,  c'est  que  les  graines  renferment 
une  proportion  importante  de  matière  grasse  utilisée  dans  l'ali- 
mentation de  certaines  peuplades  noires  ;  mais  on  y  a  signalé 
également  de  la  gutta,  de  Tamidon,  des  cristaux  et  une  matière* 
amère  donnant  un  goût  désagréable  au  produit. 

§  2.  —  Moabi  ou  ManiU. 
(Mimusops    Pierreana    Engler) 
8yn.—  BaUUméUik  obovaia  Pierre.  —  Mitniuops  cbwata  (Pierre)  Engler. 

Nous  reproduisons  pour  cette  plante  la  diagnose  manuscrite 
de  Pierre,  faite  en  1895  et  qui  ne  diffère  en  rien  de  celle  du 
savant  monographe  berlinois. 

Cette  espèce  a  été  recueillie  par  Legomte  dans  la  région  de 
Loango  du  Gabon,  sous  le  nom  de  Moabi  et  à  cause  de  son  beau 
bois  un  peu  rouge Atre.  Le  latex,  dit-il,  abandonne  une  gutta 
dure  et  cassante,  trop  résineuse...  Le  fruit  ne  contient  qu'une 
graine  occupant  toute  la  cavité. 

CSaraoières  botaniques.  —  Rameaux  épais  portant  des  stipules  ;  pétiole  et 
limbe  avec  revêtement  de  poils  malpighiens  ferrugineux,  grisâtre  en  dessous  î 
stipules  oblongues-lancéolées  membraneuses.  Feuilles  longuement  pétiolées  obo- 
vales,  brusquement  acuminées,  s'atténuant  peu  à  peu  vers  la  base,  glabres  en-dessus 
sauf  sur  la  nervure  médiane  proéminente  ;  les  petites  nervures  (24  de  chaque  cété) 
sont  contluentes  en  arc  prés  du  bord  ;  elles  sont  obliquement  transverses  et  presque 
parallèles.  Méristèle  naissant  horixontalement,  et  vers  le  milieu  de  la  nervure,  ob- 
cordée,  elliptique  et  accompagnée  dans  le  parenchyme  central  de  15  faisceaux  de 
forme  variable,  cuticule  de  répiderme  supérieur  un  peu  épaisse  ;  cellules  palissadi' 
ques  assez  régulièrement  disposées  et  occupant  le  tiers  du  mésophylle. 

Arbre  de  25  à  30  m.  de  hauteur,  avec  un  tronc  atteignant  à  la  base  3  m.  environ 
de  diamètre.  Stipules  longues  de  8  mm.,  persistantes  ou  bien  ramassées  avec  les 
feuilles  à  Textrémité  des  rameaux.  Pétiole  mesurant  3  à  5  cm.  et  le  limbe  12-20  cm* 
et  plus.  Fleurs  et  fruits  inconnus.  La  semence  obliquement  ovoïde  porte  une  large 


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-rr    172    — 

cicatrice  oblongoe;  elle  mesure  enviroa  5  cm.  de  longueur  sur  2?  mm.  de  largeur, 
de  la  cicatrice  au  dos  et  25  mm.  de  diamètre  latéral. 
Hab.~  Congo  français,  Gabon. 

Lkgomte  et  HÉBERT  ont,  en  1895  (1),  étudié  cette  graine  et 
s'expriment  ainsi  : 

«  On  rencontre,  dans  la  vallée  du  Kouilou  (Congo  français), 
entre  Kakamocka  et  Kitabi,  de  même  que  dans  une  des  pre- 
mières forêts  traversées  par  le  sentier  de  Loango  à  Brçizza- 
ville,  à  30  km.  environ  à  Test  de  la  première  de  ces  localités, 
un  grand  arbre,  véritable  géant  des  forêts,  que  les  noirs  du 
pays  désignent  sous  le  nom  de  Moftbi. 

Etude  botanique.  —  Le  Moàbi  est  une  plante  de  la  famille 
d«s  Sapotacées  ;  son  tronc  atteint  facilement  2  m.  50  et  même 
3  m.  de  diamètre,  à  2  m.  du  sol,  et  s'élève  à  25  m.  ou  35  m. 
avant  les  premières  branches. 

L'écorce  très  épaisse  (jusqu'à  0  m.  15  sur  les  gros  troncs), 
contient  dans  un  système  de  latioifères  aH^ic^lés  un  latex  assez 
abondant,  épais,  fournissant  par  la  coagulation  un  produit  assez 
riche  en  gutta-percha. 

Cet  arbre  diffère  du  Djave  {Baillonella)  par  ses  feuilles  et 
par  sesfrmts  ;  mais  les  fruits  présentent,  à  une  petite  différence 
de  taille  près,  les  caractères  de  ceux  du  Tieghemella  Heckelii 
(Pierre),  vulgairement  Maherou  du  Grand-Bassam. 

Les  graines  ont  environ  5  cm.  de  long,  3  cm.  à  3  cm.  5  de 
large  et  2  cm.  5  d'épaisseur. 

Sous  un  tégument  brun  de  l  mm.  d'épaisseur,  elles  contien- 
nent une  amande  formée  de  deux  cotylédons  charnus  laissant 
dépasser,  à  une  extrémité,  la  radicule  de  l'embryon. 

Celui-ci  contient,  principalement  à  la  périphérie  du  cylindre 
central,  une  multitude  de  laticifères  articulés,  constitués  par  des 
files  de  grosses  cellules  dont  le  contenu  paraît  surtout  rési- 
neux. Les.  cotylédons  ont  leurs  cellules  gorgées  de  gouttelettes 
de  graisse. 

Etude  chimique.  —  100  parties  de  graines  décortiquées  ont 
donné  une  proportion  de  36  parties  d'écorces  contre  64  d'amandes. 

(1)  Lecomte  et  Hébert.  —  C.-R.  de  TÂcad.  des  Sciences,  IBfô,  CXX,  t.  I,  p.  374  i 
377. 


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ËK.  Pbrrot. 


Le  Karitb,  etc.  1907. 


Fio.  XXVIII.— Moabi  oa  Makerou,  Mimuêopa  Pierrêana  Engler  (décrit  dans  les 
notes  de  Piekre  sous  le  nom  de  BaiUonella  obovata,) 


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—  175  - 

Les  écorceSy  pilées  et  tamidées,  puis  séchées  à  lOO*,  contenaient 
12,18  d'humidité  pour  100.  La  matière  séchée  présentait  la 
composition  suivante,  qui  parait  n'en  faire  qu'un  produit  de  peu 
d'importance  : 

GttidrM l^K) 

MatièMgnMet tjBb 

Matières  azotées  totales 4,87    (Asotes  0,70  pour  100) 

Matières         [    ^'^^■^'^^^ ^t^    (Aiote =0,06  pour  100) 

onranioiies        i   Sucres  réducteurs Traces 

Mh.buIZ.l-e.ai   S«cw.«onr«d«ete««....^  Trtw. 

l^poorlOO      I  0<««^^^^«^yé. 

\       gitaui,  etc. • i,io 

CeUolose M,46 

Autres  principes  (Vasculose,  zylane  on  analogue)  ; 
par  différence 90,00 

100,00 

Les  amandes  pilées,  après  dessication  à  100^,  ont  montré  en 
humidité  3,54  pour  100.  La  matière  grasse  a  été  extraite  par  la 
benzine  ;  la  distillation  de  ce  dissolvant  a  permis  d'isoler  une 
graisse  dont  la  proportion  était  de  45  à  50  parties  pour  100 
d'amandes,  ce  qui  correspond  à  un  rendement  d'environ  30  à 
35  de  matières  grasses  pour  100  de  graines  non  décortiquées. 

Le  tourteau  desséché,  après  épuisement  des  amandes  par  la 
benzine,  donne  à  l'analyse  les  résultats  suivants  : 

Gendres 4,40 

Matières  aiotées  totales i^    (Aiote=:3,06  pour  100) 

MfiÀ.^         1    Matières  azotées 18,60  (Âiote=  2  p.  100) 

^^IT  1   Sucres  réducteurs 0,57 

.^2^^,       {  Sucres  non  réducteurs 3,50 

toinuesaansieau  i  oommei,  tanins,  acides  vé- 

SpourlOO        I      ^^]^S.. 13,48 

Gellolose 18,75 

Résine... 12^ 

Autres  principes  (Vasculose,  xjlanes  ou  analogues); 

pardifléTMiee 34,18 

100,00 

Le  tourteau  de  Moàbi,  d'après  cette  composition,  constitue- 
rait donc  un  excellent  engrais,  ou  même  un  bon  aliment  pour 
le  bétail. 


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—  176  — 

Etude  de  la  matière  grasse.  —  La  graisse  extraite  des 
amandes  de  Moàbi  est  jaunâtre,  solide  à  la  température  ordi- 
naire :  elle  fond  à  32*-33*»  et  se  solidifie  à  25«-26^ 

Elle  est  très  soluble  dans  l'alcool  à  90®  ;  sa  densité  à  30",  à 
Fêtât  liquide,  est  de  0,894  ;  elle  présente  les  réactions  sui- 
vantes : 

Echauflfement  avec  l'acide  sulftirique  monohydraté,  -J-  24**  ; 

Avec  l'acide  azotique  et  le  mercure  :  masse  jaunâtre  se  soli- 
difiant après  une  heure  de  contact  ; 

Avec  la  potasse  (d^  =  i,34)  :  à  froid,  masse  blanc  jaunâtre  ; 
à  chaud,  savon  jaunâtre,  mou; 

Avec  l'acide  azotique  ftimant  :  coloration  rougeâtre  ; 

Avec  l'acide  sulfurique  :   coloration  rouge  ; 

Avec  l'eau  bouillante  et  la  litharge  :  emplâtre  mou  ; 

Degré  marqué  à  Toléoréfractomètre  d'Amagat  et  F.  Jean  : 
à45# 4-20,0 

La  graisse  de  Moabi,  après  saponification  par  la  soude  alcoo- 
lique puis  décomposition  des  sels  de  sodium  par  l'acide  sulfu- 
rique, a  fourni  88  pour  100  d'acides  gras  blancs,  fondant  à 
45'*-46**.  Les  sels  de  plomb  de  ces  acides,  traités  par  Tétber, 
ont  indiqué  pour  100  parties  50  parties  d'acides  liquides  et  50 
parties  d'acides  solides. 

Les  acides  liquides  ont  été  caractérisés  par  leur  transforma- 
tion en  acide  élaïdique  au  moyen  du  nitrate  acide  de  mercure  ; 
ils  «ont  formés  d'acide  oléique.  Les  acides  isolés  fondaient  à 
62"-63®  :  la  méthode  des  précipitations  fractionnées  a  fourni  par 
l'acétate  de  magnésium  trois  portions  dont  les  acides  gras 
régénérés  par  l'acide  chlorhydrique  ont  accusé  les  points  de 
fusion  et  les  compositions  élémentaires  ci-dessous  : 

1  »*  portion    2«portion    3«  portion 

Point  de  fusion ôB'-SO»  64*>,5  66o,5 

(    Caii>wieo^ 74,44  75,47  75,61 

"^^1:^1     1    Hydrogéneo/o 12,48  12,10  12,11 

Oxygène  (par  différ.o/o)  13,^  12,43  12.28 

Calculé  pour       


élémentaire 


C«*H"0*  C"H"0*  C"H«*0«  C*»H««0« 

Carbone  o/o 73,68  75,00  75,56          76,5 

Hydrogène  o/o 12,28  12,50  12,59           12,67 

Oxygène  o/„ I4,0i  12,50  11,86           11,28 


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-  177  — 

La  composition  de  la  première  portion  la  place  entre  Tacide 
myristique  et  Tacide  palmitique,  mais  on  a  vraisemblablement 
affaire  à  un  mélange.  La  deuxième  et  la  troisième  portion,  que 
le  rapprochement  de  leur  point  de  fusion  et  de  leur  composition 
peut  faire  considérer  comme  presque  identiques,  semblent  cor- 
respondre à  un  mélange  d'acides  palmitique  et  stéarique  et 
peut-être  d'acide  margarique. 

Les  eaux-mères  de  la  saponification  contenaient  environ  7 
parties  de  glycérine  pour  100  de  graisse. 

§  3.  —  Sur  deux  graines  oléagineuses  de  Sapotacées 

du  Congo. 

Pachystela  sp.  Heim. 

En  1982,  MussAT  présentait  à  la  Société  française  de  coloni- 
sation, des  échantillons  de  deux  graines  grasses, |  originaires  du 
Congo  que  Ton  proposait  à  l'industrie  (1)  et  que,  reconnaissant 
pour  appartenir  à  la  famille  des  Sapotacées,  il  envoyait  à  Pierre. 

L'une  de  ces  graines  réduite  à  ses  cotylédons  séparés  ne 
pouvait  se  prêter  à  une  investigation  scientifique,  l'autre 
pourvue  encore  de  son  tégument  fut  rapportée  par  Pierre  à  ce 
genre  Pachystela. 

M.  Heim  identifia  ces  graines  à  celles  qu'il  avait  eu  l'occa- 
sion de  voir  à  l'Exposition  de  Bruxelles  en  1897,  originaires  du 
Bas-Congo  belge  et  désignées  sous  les  noms  de  «  Illipé  [Bassia 
longifolia)  »  et  de  «  Mowra  {Bassia  latifolia)  »  et  nous  allons 
résumer  l'étude  qu'il  en  fit  en  collaboration  avec  MM.  Dehay  et 
Cordonnier  (1)  et  qu'il  désigna  sous  les_noms  de  «  Faux  lUipe  » 
et  «  de  Faux  Mowra  ». 

Faux  Mo'oirra  du  Congo  (Espèce  botanique  inconnue). 

Les  cotylédons  de  cette  graine  dont  l'origine  spécifique  ou 
même  générique  est  inconnue,  affectant  à  l'état  sec  une  forme 

(1)  Comme  toiigours,  Timportateur  n'avait  aucun  renseignement  à  fournir,  pas 
même  le  nom  de  la  région  d*où  provenaient  les  graines,  ni  leur  nom  indigène.  Que 
de  tempe  et  d'efforts  sont  rendus  inutiles  par  ce  manque  de  méthode. 

(2)  F.  Heim.  Sur  deux  graines  oléagineuses  du  Congo.  Soc,  fr.  de  colonisation. 
Bull  de  la  Sect.  d'agriculture  coloniale  1902,  i^'^  année,  n»  7, 146-158. 

12 


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—  178  — 

de  cuilleron  ovale  allongé,  convexe,  concave,  ayant  de  20  à  25 
millimètres  de  longueur  sur  10  à  12  de  lai'geur  et  3-4  milli- 
mètres d'épaisseur.  De  couleur  brun  cacao,  ils  sont  lisses 
mats,  d'une  saveur  fortement  astringente,  quelque  peu  aroma- 
tique plutôt  désagréable,  devenant  peu  à  peu  franchement 
amère. 


Fto.  XXIX«  —  Cotylédon  isolé  du  faux  Mowra  (face  interne).  G  =  2  d. 

Le  tissu  de  ce  cotylédon  est  constitué  par  un  parenchyme 
riche  en  cellules  à  graisse  ;  celles-ci  renferment  à  la  fois  des 
cristaux  confus  d'acides  gras,  solides  à  la  température  ordi- 
naire des  globules  huileux  et  des  sphérules  d'aleurone  assez 
volumineuses. 

L'auteur  dénonce  également  la  présence  de  tannin  dans  les 
cellules  groupées  par  3-4,  et  réparties  sans  ordre  dans  toute 
l'épaisseur  du  cotylédon  :  ne  serait-ce  pas  les  cellules  à  latex. 
Pas  d'amidon. 

On  a  pu  en  extraire  par  l'éther  de  pétrole  36,4  %  de  son 
poids  de  matière  grasse,  de  densité  0,956  à  -|-  15®,  dont  le 
point  de  fusion  est  de  34®  ;  elle  rancit  vite  et  acquiert  une 
odeur  désagréable  ;  elle  est  jaunâtre  pâle  et  pas  siccative. 

Densité  à -f- 45» 0,956 

Indice  d'Iode 99 

Point  de  solidification 26o 

—  fusion 34o 

—  —    des  acides  gras 48* 

ChifTre  d'acide 6,8 

Indice  de  Hehner 97,1 

Le  tourteau,  résultant  de  l'épuisement  de  la  graisse  par  le 
sulfure  de  carbone  contient  : 


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En.  Perrot. 


Le  Karité,  etc.,  190/. 


Fio.  XXX.  —Pachystela  sp.^  Faux  Illipé  duCongo .  Divers  aspects  de  la  graine  et 
des  cotylédons  ;  au  bas,  coupe  du  tégument  séminal,  d'après  Heim. 


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—  181  — 

Eau 3,2 

Cendres 8,6 

Matières  azotées  totales 27,3 

Matières  amylacées 41,9 

Cellulose 25 

Les  cendres  renferment  : 

Acide  phosphorique  21,43  ^/o  ;  magnésie  3,65;  Potasse  26,4 


Faux  Illipé  du  Congo. 

Les  graines  décrites  sous  ce  nom  par  Heim  et  appartenant  à 
une  espèce  encore  douteuse  de  Pachystela^  se  présentent  à  sec 
encore  recouvertes  de  leur  tégument,  comme  sensiblement  sphé- 
riques,  largement  déprimées  parallèlement  au  plan  de  sépara- 
tion des  cotylédons  ;  mais  cette  dépression  disparaît  après  un 
séjour  dans  Teau.  Le  tégument  séminal  unique,  mince,  chartacé, 
fragile  sur  le  sec,  légèrement  et  irrégulièrement  plissé,  est 
d'un  brun  noir  brillant,  sauf  sur  toute  Tétendue  du  hile  où  il 
est  mat. 


FiG.  XXXI.  —  Parenchyme  cotylédon  aire. 

La  graine  exalbuminée  se  compose  de  deux  gros  cotylédons, 
semi,  sphériques,  qui,  après  humidification,  mesurent  15  à  18 
millimètres  de  hauteur  sur  13  à  15  millimètres  de  largeur  et 
7  millimètres  d'épaisseur. 

La  plupart  des  graines  envoyées  avaient  subi  un  commence- 
ment de  germination,  et  avaient  été  évidemment  ramassées  à 
terre  au  pied  de  Tarbre  producteur. 

Au  point  de  vue  anatomique,  le  tégument  de  la  graine  com- 
prend un  épiderme  externe  scléreux  et  un  parenchyme  homogène 
avec  faisceaux  conducteurs  plongés  dans  sa  masse  ;  beaucoup 


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—  182  — 

de  cellules  de  ce  tégument  sont  tannifères,  et  d'autres  sont  des 
laticifères. 

Le  tissu  des  cotylédons  est  identique  à  celui  des  autres 
graines  grasses  des  Sapotacées. 

Cette  graine  abandonne  à  Téther  de  pétrole  42  %  ^*  P^^ 
expression  à  chaud  33  %  seulement  de  son  poids  de  graisse 
fusible  à  42«.  La  matière  grasse  obtenue  rancit  facilement  et 
acquiert  une  odeur  désagréable  ;  elle  est  soluble  dans  Téther, 
très  peu  soluble  dans  Talcool.  Les  constantes  sont  les  sui- 
vantes : 

Densité  à  -f  4&> 0.973 

Indice  d'iode 77 

Point  de  solidification 35» 

—  fusion iSJo 

—  —      des  acides  gras 55» 

Chiffre  d'acide 4,3 

Indice  de  Hehner 98,2 

Le  tourteau  provenant  de  l'épuisement  de  la  graine  par  l'éther  de  pétrole  ren- 
ferme : 

Eau 2,3 

Cendres d,9 

Matières  azotées 29,4 

—       amylacées 35,6 

Cel  lulose 3b,8 

Les  cendres  contiennent  :  Acide  phosphorique  29,7  «/q,  magnésie  2,5  et  potasse 
28,29. 

Usages,  —  «  Ces  deux  graines  paraissent  donc  susceptibles 
d'un  bon  emploi  en  savonnerie,  leur  rendement  en  graisse  est 
moyen  ;  la  richesse  de  celle  du  faux  Illipe  en  acide  stéarique 
peut  la  rendre  intéressante  pour  la  stéarinerie.  » 

Toute  autre  conclusion  est  impossible,  il  faudrait  savoir 
d'abord  quels  sont  les  végétaux  producteurs,  leur  aire  de 
croissance,  leur  possibilité  d'exploitation,  etc. 

Quant  aux  tourteaux,  toute  réserve  faite  sur  leur  toxicité, 
toujours  à  craindre  quand  il  s'agit  de  graines  de  Sapotacées,  ils 
seraient  susceptibles  d'acquérir  de  la  valeur  comme  engrais  ; 
la  saveur  amère  de  la  graine  du  faux  Mowra  ferait  certai- 
nement dédaigner  son  tourteau  par  le  bétail  ;  nous  avons  vu 
déjà  combien  diflicilement  le  tourteau  de  Karité  semblait  accepté 
par  les  moutons  en  particuli(»r. 


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—  183  — 

§  4.  -~  Une  nouvelle  graine  grasse  inconnue  du  Congo. 

Mimusops  sp,  (sous-genre  Baillonella  ou  Lecomtedoxa), 

Il  y  a  dix-huit  mois  environ,  une  maison  de  commerce  du 
Havre  envoyait  à  notre  Laboratoire  à  l'Ecole  supérieure  de 
Pharmacie,  une  graine  de  Sapotacée,  elliptique  allongée,  qui  ne 
répondait  à  aucune  description  connue  ;  il  en  avait  été  vendu 
une  certaine  quantité  sur  le  marché,  en  juillet  1905. 

Une  seule  personne  en  France  pouvait  nous  dire  rapidement 
si  la  graine  était  connue,  c'était  M.  Pierre  à  qui  l'échantillon 
fut  porté  par  M.  GoRis,  notre  chef  de  Laboratoire.  Le  savant 
monographe  de  la  famille  des  Sapotacées  nous  répondit  quelque 
temps  après  la  lettre  suivante  : 

«  J'ai  reçu,  de  votre  part,  des  graines  de  Sapotacées  du 
Congo.  De  leur  étude,  il  ressort  que  ces  graines  appartiennent 
à  la  tribu  des  Mimusopées,  et,  comme  il  faut  prendre  le  genre  le 
plus  anciennement  connu  pour  caractériser  la  tribu,  par  droit 
de  priorité,  au  lieu  de  Mimusopées,  il  faut  lire  Sapotées,  du 
Sapota  de  Plumier  —  injustement  remplacé  par  Achras  Linné. 

«  Quoiqu'il  en  soit,  vos  graines  indiquent,  comme  affinités, 
les  genres  Tieghemella^  Baillonella,  Lecomtedoxa.  De  ces 
trois  genres,  par  la  nature  de  l'embryon  à  cotylédons  plans- 
convexes,  plus  ou  moins  sébacés  et  par  les  restes  de  l'albumen 
formant  manchon  autour  de  la  radicule  et  finissant  en  lame 
ténue  plus  haut,  elles  diffèrent  peu. 

«  Cependant  sa  tigelle  est  presque  droite.  Par  leur  tégument 
mince,  elles  ont  quelque  rapport  avec  le  Baillonella  et  s'éloi- 
gnent beaucoup  des  deux  autres  genres.  Par  la  cicatrice  aussi 
longueque  la  graine,  c'est  un  Lecomtedoxa^  mais  moins  linéaire- 
oblongue  que  dans  ce  dernier  ;  la  cicatrice  est  aussi  longue  que 
chez  le  Baillonella  mais  bien  moins  large  ;  par  contre,  elle  est 
bien  plus  longue  et  moins  large  que  chez  le  Tieghemella. 

«  Comme  dans  ces  trois  genres,  le  hile  est  en  haut  très 
distant  du  micropyle  basilaire,  ce  qui  indique  Vatropie  de  l'o- 
vule. 

«  En  somme,  ces  graines  indiquent  un  genre  nouveau  qui,  pour 
les  auteurs,  sont  des  sous-genres,  parce  qu'ils  n'ont  pas  consi- 


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—  184  — 


déré  que,  chez  les  vrais  Mimusops^  l'ovule  est  complètement 
anatrope  ;  chez  les  Manilkara^  Tovule  est  hémitrope^  et  chez 
les  Butyrospermum  (Vitellaria),  les  NortheUy  les  Vitelliaropsls^ 
les  Semicipium,  Tiéghemella^  Baillonella  et  Lecomtedoxa, 
rovule,  ainsi  qu'il  vient  d'être  dit,  est  complètement  atrope. 


Fio.  XXXII.  —  Graine  de  Mimusopée  inconnue,  vendue  en  1905  sur  le  marché 
du  Havre  (Musée  de  l'Ecole  de  Pharmacie  de  Paris). 

«  Evidemment  ce  caractère  n'est  pas  le  seul  à  considérer.  U 
y  a  d'autres  différences  génériques  dans  les  stipules,  dans  la 
nervation,  dans  la  structure  du  pétiole  et  du  limbe,  enfin  dans 
la  fleur  et  la  graine. 

«  Vous  avoir  indiqué  cette  somme  de  différences,  c'est  vous 
din»  que  si  j'ai  la  conviction  intime  que  vos  graines  représentent 


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—  185  — 

un  genre  nouveau,  encore  faut-il  trouver  d'autres  caractères 
avant  de  nommer  le  genre  et  que  vous  me  rendriez  un  grand 
sei'viee  en  voulant  bien  vous  procurer  les  rameaux  fleuris  de 
cette  plante. 

<c  Considérant  ce  que  sont  les  Tieghemella^  les  Baillonella 
iît  Lecomtedoxa^  il  est  très  probable  que  vos  graines  provien- 
nent d'un  très  grand  arbre  et  qu'alors  il  sera  difficile  d'en  avoir 
des  échantillons...  ». 

Nous  avons  fait  tout  notre  possible  pour  nous  procurer  des 
échantillons,  en  bon  état,  de  l'arbre,  mais  sans  résultat. 

On  voit  néanmoins,  par  cet  exemple,  combien  il  doit  exister 
d'espèces  différentes  de  Sapotacées  dans  la  région  du  Gabon 
et  du  Congo,  dont  les  graines  renferment  toutes  une  assez 
grandtî  quantité  de  matières  grasses  dans  le  mélange  desquelles 
domine  le  glycéride  stéarique,  ce  qui  les  rend  toutes  intéres- 
santes. Des  explorations  scientifiques  ultérieures  nous  donne- 
ront quelque  jour  les  renseignements  nécessaires  pour  en  déter- 
miner les  caractères  et  la  valeur  économique. 

D'après  la  méthode  de  classification  de  Engler,  que  nous 
avons  adoptée,  il  ne  semble  pas  douteux  que  cette  graine 
n'appartienne  au  genre  Mimiisops  et  se  range  dans  la  section 
Baillonella. 


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CINQUIÈME  PARTIE. 


Conclusions. 


Do  ce  travail  il  est  nécessaire  de  tirer  uu  certain  nombre  d« 
conclusions  :  les  unes  d'ordre  général,  les  autres  plus  spéciales 
à  chaque  produit  et  d'ordre  économique. 

Disons  tout  d'abord  que,  malgré  nos  efforts,  il  existe  dans 
"Cette  étude  un  certain  nombre  de  lacunes  d'ordre  scientifique 
qui  nous  ont  obligé  à  laisser  dans  l'obscurité  quelques  points 
du  plus  haut  intérêt  pour  l'application.  On  est  étonné  de  voir 
aussi  combien  de  notions  manquent  encore  concernant  les  races 
ou  variétés  de  Karité,  dans  lesquelles  nous  avons  déjà  cru  dis- 
tinguer avec  Chevalier  3  types  :  l"*  type  du  Soudan  nigérien 
[B.  mangifolium)  ;  2"*  type  du  Dahomey  et  du  Cameroun 
[B.  Poissoni)  ;  3*  type  de  la  région  du  Nil  [B.  niloticum). 

Il  n'est  pas  douteux  pour  nous  que  les  adaptations  aux  condi^ 
tions  biologiques  de  milieu  n'influent  considérablement  sur  la 
production  des  graines,  leur  grosseur,  leur  composition,  etc., 
et  partant  sur  leur  valeur  industrielle  ! 

Des  envois  nouveaux  sont  nécessaires  qui  devront  compren^ 
dre,  avec  une  quantité  notable  de  graines  récoltées  dans  une 
région  donnée,  des  échantillons  copieux  d'herbier  avec  fleurs  et 
fruits. 

Les  analyses  des  laboratoires  compétents  permettront  alors 
d'être  iîxés  sui»  la  valeur  réelle  des  produits  d'origine  certaine  ; 
caries  contradietions  nombreuses  quo  nous  avons  relovées  dans 
les  rccherdies  chimiques  proviennent   soit  d'études  faites  sur 


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—  188  — 

des  graines  de  composition  différente,  ou   plutôt  des  beurres 
additionnés  de  graisses  étrangères,  eomme  Thuile  de  palme. 

D'autre  part,  le  fait  constant  de  la  stérilité  des  arbres  de  la 
xone  limite  naturelle  de  croissance  de  l'arbre,  mérite  d'en 
chercher  la  cause  déterminante  et  il  serait  intéressant  à  ce 
sujet  de  tenter  des  essais  de  culture  dans  des  régions  situées  en 
dehors  de  Taire  normale  de  dispersion  géographique  que  nous 
«Tons  indiquée  sur  la  carte  annexée  à  ce  fascicule. 

Il  serait  intéressant  de  savoir,  par  exemple,  ce  que  sont 
devenues  les  plantations  faites  par  Martret,  au  jardin  de  Fort- 
Sibut,  sous  les  instigations  de  M.  Aug.  Chevalier. 

Cette  absence  de  rensoignoments  précis  que  Ton  constate 
pour  la  plupart  des  études  de  ce  genre,  est  vraiment  néfaste  aux 
intérêts  mêmes  de  nos  colonies.  L'apparition  sur  nos  marchés 
de  graines  dont  il  nous  est  impossible  de  déterminer  l'origine 
botanique  devrait  cependant  inciter  les  maisons  de  commerce  à 
apporter  dans  leurs  essais  un  peu  plus  de  méthode  scientifique. 

Les  Laboratoires  compétents  leur  fourniraient  alors  des 
renseignements  très  précis  qui  leur  éviteraient  dos  essais  inu- 
tfles  ou  qui  les  aideraient  considérablement  dans  leurs  tenta- 
tives de  mise  en  valeur  des  concessions,  dont  elles  ont  assumé 
l'exploitation.  L'industrie  s'enrichirait  peut-être  fréquemment 
de  produits  dont  l'utilisationseraitpourelleune  véritable  source 
de  revenus. 

Ceci  dit,  examinons  maintenant  quelles  sont  les  conclusions 
spéciales  à  chaque  plante  étudiée  qu'il  nous  est  possible  d'énu- 
wérer,  d'après  les  recherches  que  nous  venons  d'exposer. 

§  1.  —  LE  KARITÉ. 

Aire  d* extension.  —  Le  Karité  est  un  arbre  élevé,  que  Ton 
rencontre  en  végétation  de  parc,  depuis  la  Gambie  vers  le  16** 
de  longitude  à  l'Ouest  jusque  vers  le  32**  de  longitude  Est  en 
fermant  une  bande  étroite,  limitée  dans  sa  région  Ouest  par  les 
8r  et  15®  parallèles  environ,  et  qui  s'incline  vers  Téquateur  au 
fer  et  à  mesure  qu'on  s'approche  du  Nil  où  elle  est  comprise 
entre  les  S**  et  7®  degrés  de  latitude.  Au  niveau  du  Chari,  son 


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aire  d'optimum  de  croissance  est  celle  que  bordent  les  7"  et  9* 
parallèles. 

Soit  une  bande  de  45  à  47*^  de  longueur  (5.000  km.  environ) 
avec  une  moyenne  correspondant,  en  largeur,  à  4  ou  5  degrés 
de  latitude. 

Comme  on  le  voit,  le  Kakité  ne  s'avance  jamais  jusqu'au 
littoral  ;  ce  fait  explique  la  difficulté  avec  laquelle  les  produits 
pénètrent  jusqu'à  nous. 

C'est  au  Togo,  au  Dahomey  et  au  Lagos,  que  les  régions 
exploitables  de  Karité  sont  le  moins  éloignées  de  la  mer. 

Peuplements.  —  La  question  de  savoir  si  le  Karité  n'est  pas 
cultivé  n'a  guère  d'intérêt  économique  et  d'ailleurs  ne  parait 
g^ère  difficile  à  résoudre.  Le  Karité,  répandu  comme  les  pom- 
miers dans  notre  Normandie,  est  toujours  l'objet  de  quelques 
soins,  de  telle  sorte  qu'en  réalité  il  a  dû  s'établir  des  sélec- 
tions artificielles  entraînant  la  production  de  races  locales 
nombreuses  dont  les  graines  peuvent  être  assez  différentes, 
tant  au  point  de  vue  du  nombre  et  du  volume  qu'à  celui  de  leur 
constitution  chimique. 

En  certains  endroits,  les  Karités  présentent  presque  une 
végétation  de  forêt  peu  dense,  mais  ceci  est  exceptionnel. 

Rappelons  toutefois  qu'il  existe  à  la  limite  d'apparition  du 
Karité  une  zone  plus  ou  moins  étendue  où  les  arbres  restent  à 
peu  près  complètement  stériles,  ce  qui  rend  très  difficile  la 
détermination  des  limites  de  la  zone  exploitable  (1). 

Modes  d'exploitation,  —  Si  l'on  suppose  la  graine  de  Karité 
devenue  un  produit  nécessaire  à  l'industrie  europé(*nne,  il  y  a 
lieu  de  se  demander  comment  on  devra  l'exploiter. 

Un  fait,  à  notre  avis,  prime  tout  :  c'est  la  manutention  consi- 
dérable, difficile  et  même  pénible  qu'exige  la  préparation  du 
produit. 

Il  nous  semble  bien  difficile  de  mettre  entre  les  mains  des 
indigènes,  des  machines  assez  compliquées  afin  d'obtenir  une 
graisse  plus  pure  par  des  moyens  plus  rationnels,  et,  au  moins 

(1)  Voir  la  carte  annexée  à  ce  fascicule  qui  donne  un  aperçu  sufjisamment  exact 
de  la  zone  d'extension  limite  du  Karité. 


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—  190  - 

jusqu'au  jour  où  Tinstallation  d'usines  sera  possible,  nous 
croyons  que  les  industriels  devront  essayer  de  tirer  profit  du 
Karité  en  traitant  eux-mêmes  les  graines. 

Le  pourcentage  plus  élevé  de  matière  grasse  extraite  com- 
pensera pour  une  grosse  part  les  frais  supplémentaires  de  trans- 
port. 

N'oublions  pas,  pour  Tavenir,  que  le  Nil  français,  comme  Ta 
dit  un  de  nos  explorateurs,  va  mettre  bientôt,  au  service  de  qui 
voudra,  une  puissance  mécanique  énorme  dont  sauront  profiter 
bien  vite  les  capitaux. 

La  préparation  de  la  graisse  de  Karité  est  aux  mains  des 
indigènes  longue  et  fatigante,  et  il  serait  incontestablement  très 
aisé  d'en  atténuer  beaucoup  les  difficultés.  Il  suffit  de  savoir 
dans  quelles  conditions  la  récoite  pourra  être  transportée 
sans  altération  trop  profonde,  et  ce  problème  ne  semble  pas 
insoluble  un  jour  prochain. 

L(*  meilleur  mode  d'exploitation  consistera  évidemment  à 
expédier  eu  Europe  la  noix  en  vrac,  décortiquée  ou  non.  Les 
procédés  en  vigueur  dans  nos  huileries  permettraient  sans 
doute  d'extraire  la  presque  totalité  de  la  matière  grasse,  et  le 
gain  obtenu  ainsi  compenserait  dans  une  très  large  proportion 
les  frais  de  fret  supplémentaire. 

Cette  méthode  aurait,  en  outre,  encore  un  avantage  :  celui 
de  supprimer  les  additions  frauduleuses  de  matières  étrangères 
(huile  de  palme  ou  autre  corps  gras),  additions  que  l'examen  des 
analyses  publiées  fait  apparaître  comme  à  peu  près  certaines 
et  d'un  usage  courant  chez  les  noirs. 

Régions  principales  de  production.  —  Les  régions  actuelles 
de  production  j)our  les  échanges  extérieurs  sont  la  Nigeria,  le 
Togo  ;  mais  la  Côte  d'Ivoire,  le  Dahomey  et  toute  la  région  du 
Soudan  nigérien  avoisinant  le  Nil  seront  susceptibles  d'être 
mises  en  exploitation,  dès  que  le  rail  qui  s'avance  à  grands  pas 
aura  franchi  la  distance  qui  sépare  la  côte  de  la  zone  produc- 
trice. 

Au  Cameroun,  les  Karités  apparaissent  presque  toujours 
stériles  vers  hî  5"  de  latitude»  ils  fructifient  abondamment  entre 
les  7"   et  9^  degn\s,  d'après  les  renseignements  communiqués 


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—  191  — 

par  le  commandant  Moll  an  retour  de  sa  mission  de  délimitation 
de  la  frontière  franco-allemande  de  cette  région. 

Sous  la  réserve  qu'il  pourra  supporter  les  frais  encore  consi- 
dérables de  transport  à  la  côte,  le  produit  du  Karité  deviendrait 
rapidement  lun  des  plus  intéressants  de  l'exportation  de  notre 
colonie  du  llaut-Sénégal-Niger,  et  plus  tard  de  la  Guinée, 
quand  le  chemin  de  fer  dé])assera  la  région  de  Timbo  et  attein- 
dra celle  du  Tinkisso. 

La  quantité  la  plus  considérable  de  beurre  exporté  jusqu'alors 
a  été  de  300  tonnes  en  1905,  venant  de  Lagos  et  dirigée  vers 
le  Gold  Coast  pour  la  consommation  indigène. 

La  Nigeria  du  Nord  (Compagnie  du  Niger)  a  également 
expoilé:  en  1900,  626  tonnes  valant  360.390  fr.  ;  en  1901, 
266  tonnes  valant  154.050  fr.  ;  en  1902,  181  tonnes  valant 
104.525  fr. 

Marseille  a  reçu  quelques  petits  envois,  et  nous  avons  cité 
celui  de  40  tonnes  traitées  par  MM.  Rocca,  Tassy  et  de  Roux, 
qui  se  sont,  les  premiers,  préoccupés  en  France  de  cette  ques- 
tion. 

On  nous  a  dit  qu'une  certaine  quantité  était  également 
arrivée  à  Bordeaux,  assez  récemment. 

Avenir  économique  de  la  graisse  concrète  dite  Beurre  de 
Karité,  —  Il  est  très  difficile  d'émettre  à  ce  sujet  une  opinion 
indiscutable,  car  nous  ignorons  encore  à  quels  usages  la  graisse 
de  Karité  sera  destinée  par  l'industrie. 

C'est  à  peine  si  des  essais  sérieux  ont  été  tentés  ;  il  y  a  lieu 
de  penser  que  la  graisse  de  Karité  pourra  dans  certaines  con- 
ditions entrer  dans  la  composition  des  graisses  alimentaires, 
mais  alors  concurrencera-t-elle  le  Coco  qui  prend  de  jour  en 
jour  une  place  |)lus  importante  ? 

La  forte  teneur  en  stéarine  que  les  auteurs  signalent  dans 
la  graisse  en  fera-t-elle  un  produit  de  premier  ordre  pour  l'in- 
dustrie de  la  stéarinerie  ?  Nous  l'ignorons.  L'étude  chimique 
est  (mcore  insuffisante. 

Le  point  de  fusion  élevé  du  beurre  de  Karité  le  rendra  très 
utile  dans  tous  les  cas,  où  l'on  désirera  une  matière  grasse 
concrète    destinée    aux    pays    chauds,    et    il    serait    vraiment 


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—  192    - 

piquant  de  voir  arriver  un  jour  en  Europe,  les  graisses  de 
Karité  en  quantité  considérable,  pour  en  extraire  un  corps  gras 
pur,  alimentaire,  réexpédié  sous  cette  forme  dans  les  régions 
tropicales,  comme  produit  de  consommation  courante. 

Toutes  ces  hypothèses  sont  permises  à  la  condition  toutefois 
que  la  matière  première  ne  manque  pas  au  premier  appel  impor- 
tant de  rindustrie,  que  son  prix  de  revient  ne  reste  pas  toujours 
trop  élevé,  et  que  la  pureté  en  soit  assurée. 

Etant  donné  Ténorme  consommation  locale  et  Tapathie  du 
noir,  pourra-t-on  recueillir  une  quantité  suffisante  aux  besoins 
d'une  grosse  industrie  ? 

Il  n'est  pas  inutile  de  faire  remarquer  que  le  Karité  est  un 
arbre  dont  la  production  ne  commence  sérieusement  que  vers 
Tâge  de  8  à  10  ans.  L'indigène  insouciant  laisse  les  feux  de 
brousse  lui  détruire  la  plus  grande  partie  des  jeunes  plants. 

Il  serait  donc  de  toute  nécessité  de  prendre  certaines  me- 
sures préventives  pour  faire  respecter  les  peuplements  exis^ 
tants  et  empêcher  la  destruction  des  pieds  encore  trop  peu 
protégés  par  leur  liège  externe  pour  résister  au  feu  dévasta- 
teur. 

L'administration  du  Haut  Sénégal-Niger  l'a  déjà  compris  en 
édictant  des  règlements  protecteurs.  Nous  croyons  cela  insuffi- 
sant et  c'est  pour  cela  que  nous  avons  préconisé  l'installation 
de  réserves  forestières  protégées^  voisines  des  futures  voies 
ferrées,  et  aménagées  pour  y  faire  en  même  temps  des  essais  de 
culture  de  lianes  caoutchoutifères.  Sous  ces  réserves,  nous 
n'hésitons  pas  à  dire  que  les  applications  multiples  dont  se  trou- 
vera susceptible  la  graisse  de  Karité,  permettent  de  supposer, 
et  déjà  des  "indices  sérieux  confirment  cette  manière  devoir, 
que  ce  produit  deviendra  l'objet  d'un  trafic  des  plus  importants 
pour  notre  empire  ouest-africain. 

Les  faibles  délais  qui  s'écouleront  maintenant  avant  que  la 
pénétration  du  continent  noir  ne  soit  un  fait  accompli,  laissent 
suffisamment  de  temps  aux  industriels  pour  terminer  leurs 
essais  et  à  l'Administration  pour  édicter  les  mesures  de  pré- 
voyance que  la  situation  comporte. 

Gutloïde  de  Karité,  —  La  longue   étude  que  nous  avons  ré- 


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—  193  — 

servée  à  ce  produit  provenant  du  latex  qui  s'écoule  des  bles- 
sures faites  à  l'arbre,  parait  absolument  concluante.  La  matière 
dite  «  gutta  de  Karité  »  est  un  produit  dénué  de  toute  valeur 
économique.  C'est  également  Tavis  de  M.  G.  Bertrand,  de 
l'Institut  Pasteur,  qui  depuis  de  longues  années  s'occupe  des 
latex  à  gutta  et  à  caoutchouc. 

Tout  au  plus,  et  ceci  est  loin  d'être  prouvé,  trouvera-t-on 
quelque  jour  à  utiliser  cette  matière  en  mélange  avec  d'autres, 
dans  certaines  industries  secondaires.    Il  était  vraiment  temps 

NOTA.  --  Au  moment  de  mettre  sons  presse,  le  commandant  Moll,  arec  lequel 
nous  avons  eu  roccasion  de  nous  entretenir  de  la  question  du  Karité,  a  bien  touIu 
nous  envoyer  les  renseignements  suivants,  qu'il  a  recueillis  au  cours  de  sa  mission 
de  délimitation  franco-allemande  du  Cameroun  : 

Sangha.—  Depuis  le  &>  de  latitude  Nord,  altitude  3  à  400,  on  commence  à  ren- 
contrer une  variété  de  Karité,  mais  ne  donnant  pas  de  noix  exploitable.  Son  aspect 
est  le  même,  avec  les  feuilles  en  bouquets  à  l'extrémité  de  rameaux  dénudés,  mais 
eUessont  d'un  vert  plus  foncé,  rouges  vers  la  pointe  et  d'aspect  plus  vernissé. 

Depuis  le  6»,  altitude  800  à  1000  môtres,  on  commence  à  rencontrer  le  Karité  à 
graine.  11  habite  les  savanes  des  hauts  plateaux,  formant  des  ilôts  d'arbres  assez 
espacés  les  uns  des  autres.  Les  sujets  ue  sont  pas  très  gros  et  mesurent  de  5  à  6 
mètres  de  hauteur  et  15  à  20  c.  de  diamètre. 

Les  indigènes  Bayas  et  M'Boums  le  connaissent,  mais  s'en  servent  peu,  comme 
substance  grasse,  ils  préfèrent  Thuile  de  sésame  et  le  beurre  animal.  Ils  mangent 
cependant  les  amandes  de  la  noix. 

Lakas.  —  En  continuant  vers  le  nord,  dans  la  grande  plaine  Laka  à  3  ou  400 
mètres  d'altitude,  on  trouve  beaucoup  de  beaux  Karités,  alternant  avec  les  mimosas 
pour  former  la  forêt  claire  qui  couvre  la  région.  Les  indigènes  Lakas  l'utilisent 
peu. 

Moundans.  —  Sur  le  10»  de  latitude  nord,  chez  les  Moudans,  les  Karités  sont 
superbes  et  en  assez  grande  quantité.  Les  indigènes  se  servent  de  sa  graisse.  Ils 
utilisent  les  noix  pour  polir  les  murs  de  leurs  cases  et  leur  donner  un  v#mt«  tm- 
perméabU  à  l'eau.  Les  grandes  jarres  à  eau  sont  aussi  vernies  à  l'aide  de  noix  de 
Karité.  On  utilise  peu  la  graisse  comme  nourriture,  on  préfère  le  beurre  animal, 
l'huila  d'arachide  ou  de  sésame. 

Haata-Béno«é.  ~  Tout  le  pays  de  la  Haute-Bénoué  est  couvert  de  forêts  de 
Karités,  mais  on  n'utilise  pas  ce  produit,  ou  la  consommation  chez  les  Haoussas,  si 
elle  existe,  est  d'une  importance  bien  faible.  C'est  qu'en  effet  on  ne  voit  sur  aucun 
marché  de  graine  de  Karité  et  par  contre  on  y  vend  du  beurre  et  de  l'huile  en 
quantités  considérables. 

Actuellement  il  n'y  aurait  rien  i  faire  comme  commerce  ni  comme  exportation 
du  Karité.  On  ne  peut  donner  aucun  prix,  car  il  n'y  a  pas  de  marché. 

Peut-être  pourraii-on  pousser  les  Moundans  et  les  Haoussas  à  exploiter  ce  pro- 
duit. Le  transport  par  eau  sur  la  Bénoué  permettrait  sans  doute  de  l'amener  à  la 
cêta  dans  de  bonnes  conditions. 


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-  194  — 

de  faire  justice  des  espoirs  qu'auraient  fait  naître  certaines 
affirmations  que  des  expériences  scientifiques  positives 
n'étaient  jamais  venues  confirmer. 

§  2.  —  L'ARGAN. 

Bien  moins  optimistes  seront  les  conclusions  qui  concernent 
rhuile  d'Argan,  car  la  production  restera  toujours  extrême- 
ment limitée. 

De  même,  la  dureté  de  son  noyau  est  un  autre  obstacle  à 
l'obtention  d'un  produit  de  prix  peu  élevé.  Toutefois,  il  était 
nécessaire  d'attirer  l'attention  sur  cette  huile  alimentaire  qui 
provient  de  régions  où  ne  croît  pas  Tolivier.  L'aire  si  restreinte 
de  sa  dispersion  au  Maroc  occidental  est  un  fait  biologique 
curieux,  et  il  serait  intéressant,  sinon  util(%  d'essayer  de 
l'étendre  vers  le  sud.  Dans  le  cas  de  réussite,  on  doterait  des 
pays  peu  privilégiés  d'un  végétal  des  plus  intéressants. 

,^  3.  —  AUTRES  GRAINES  GRASSES  AFRICAINES  DE    LA 
FAMILLE  DES  SAPOTAGÉE6. 

De  cette  quatrième  partie  de  ce  travail,  se  dégage  un  fait 
digne  d'attirer  l'attention  :  c'est  la  variété  des  végétaux  de 
cett(»  famille  dont  la  graine  est  susceptible  de  fournir  une  graisse 
comestible. 

La  région  du  Karité  n'est  pas  intéressée  à  la  question,  mais 
il  n'en  est  pas  de  même  de  notre  colonie  du  Congo. 

L'étude  botanique  de  quelques  plantes  est  faite  {Djave^ 
Moâbi)y  mais  il  en  existe  d'autres. 

Il  importe  de  déterminer  l'aire  de  végétation  des  arbres 
producteurs,  leur  nombre  au  milieu  des  autres  essences  de  la 
forêt,  et  de  faire  Tétude  chimique  accompagnés  d'essais  écono- 
miques de  la  matière  grasse  qu'elles  sont  susceptibles  de  fournir. 

Il  suffira  de  porter  ces  faits  à  la  connaissance  de  l'Adminis- 
tration et  des  Colons  pour  que  des  recherches  nouvelles  soient 
entreprises  bientôt  qui  fixeront  la  valeur  industrielle  de  ces 
produits. 


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PLAN    ET    TABLE    DES    MATIÈRES 

du  Fascicule. 


InitoductUvi , , ,  _ , _  ^  ^ ^  ^  _  ^ ^  ^  »l 

PBEMIÈnE    PAIITIB. 

Généralités  sur  les  Sapotacées , , ,.,..*..,,,,*  ^ 5 

E»£U3CIÈMB    PAHTrB. 

lie  Karité  s  Botyrospermum  Parkii  KoUi^}* 

Chapitre       I.  Hi^tonquc*  général j  j 

—  II.  Eluiie  boraiiiquts  du  KarUfi.  »....,, , ^,^  27 

—  HL  Biologie  du  Karilê.—  Sa  lépgrtiaon  jfjéofe'raphique 49 

IV,  Produits  du  Kûrîté .,.,,,  56 

-^  V.  De  k  Griiisa*  di^  Karjlé  : 

S  1 .  HifltoHque , .,..,.  flî 

^  2,  Préparîitioij ......,,., *...«»...,,..,.,,,,,,  (55 

§  3,  Réridemeiit *.--.*.....«..»...,..  74 

S  4.  CaractèPei  et  composition 75 

!*  5.  IJ»a^.  —  Commerce.  —  Production 80 

'i  6.  Tuurleau , ^7 

—  VL  Protection  du  Karité  et  Hés<:rveti  forestières  aménagées  . . ,  92 

—  VU,  Le  produit  gufloïde  du  Kcirilé  (Guttii-Ci) ,,,....,  m 

TKoisriiMK  PAnriE, 
Ii'Argftn . 

Historitfue  ......._,. _ .^^ 

Caractères  botaniqueii-,,,. , tZ, 

Répartition  géographique , ^ [/.".[]  \\â 

Usagea,  —  Huite  d'Argon _ _  _   '   ma^ 

QlîATaiÈME    PAI{Tir.. 

Autres  Sapotacées  africaines  à  graines  ffrasses  peu  connues. 

DjaT©  iiu  Noumgou  [  Mhnutopê  Bjam) ^^ 

Meâbi  iMimnsop»  Pierreana) ,*,... . .     /  i^i 

Diveraoâ  autres ■  ■  -  -  ^  ' 

' -  — \Tf 


CûDdllAioili 


1^7 


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tMPRlMBRlB    BT   LITHOORAPHIB  L.  DBCLUMB,    LONS-LB-SAUNIBR 


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LES  VÉGÉTAUX  UTILES 

DE  L'AFRIQUE  TROPICALE  FRANÇAISE 


FASCICULE    m 


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COULOMMIBRS 
Imprimerie  Paul  BRODARD. 


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f  r 


LES  VEGETAUX  UTILES 


DE 


L'AFRIQUE  TROPICALE  FRANÇAISE 


ÉTUDES  SCIENTIFIQUfS  ET  AGRONOMIQUES 

PUBLIÉES    SOUS    LE   PATRONAGE   DE   MM. 
EDMOND  PERRIBR  E.  ROUME 

De  rinftttut  AncIcD  Dlrcetenr  de  l'AsIo  aa  MinUtère  des  Colooiet 

Directeur  dn  Mnséam  d'Histoire  Naturelle  Gouverneiir  général 

de  Paris  de  l'Afrique  occidentale  française 

ET    DIRIGÉES    PAR 

M.   Aug.   CHEVALIER 

Soits-dlrecteiir  da  Laboratoire  de*  Uaatea-Étiidet  an  Maséam  de  Paris 
Chargé  de  missions  en  Afrique  occidentale. 


Fascicule   III 


SOMMAIRE  : 

Recherches  sur  les  bois  de  différentes  espèces 

de  Légumineuses  africaines 

par  Em.  PERROT  et  6.  GÉRARD 


PARIS 

A.  CHALLAMKL.,  Éditeur.  i7.  rue  Jacob 

1907 


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PRÉFACE 


L'appauvrissement  du  sol  de  l'Europe  en  forêts  par  suite  de  leur 
exploitation  inconsidérée,  amène  une  raréfaction  des  espèces  végétales 
arborescentes  telle,  que  Texploitation  des  bois  exotiques,  môme  de 
valeur  moyenne,  prend  aujourd'hui  des  proportions  considérables.  Ce 
oonmierce,  malgré  les  frais  qu'il  comporte,  est  en  effet  devenu  suffisam- 
ment rémunérateur  et  l'on  conçoit  aisément  que  la  variété  des  espèces 
ligneuses  actuellement  utilisées  par  les  diverses  industries  du  Bois  ne 
<;esse  de  s'accroître  chaque  jour  davantage. 

Ce  phénomène  économique  entraîne  comme  conséquence  l'envoi  sur 
les  marchés  métropolitains  d'essences  nouvelles  ou  peu  connues,  diverse- 
ment appréciées  et  affublées  de  noms  indigènes  ou  de  désinences  fantai- 
sistes qui  rendent  le  réapprovisionnement  souvent  très  difûcile. 

Cest  qu'en  effet  une  même  dénomination  commerciale  comme  celle 
à' acajou  par  exemple,  désigne  des  arbres  d'origine  botanique  extrême- 
ment différente,  et  il  arrive  fréquemment  qu'un  nouvel  envoi,  bien  que 
portant  le  même  nom  vulgsûre,  ne  présente  avec  le  précédent  qu'un  rap- 
prochement purement  officiel. 

Le  problème  se  pose  donc  pour  un  certain  nombre  de  cas,  et  la  solu- 
tion sera  de  plus  en  plus  impérieusement  nécessaire,  de  reconnaître, 
par  toutes  sortes  de  caractères,  l'origine  précised'une  bille  de  bois.  Cette 
identification  ne  peut  être  absolue  qu'à  l'aide  de  caractères  d'ordre 
scientifique,  et  c'est  pour  déterminer  quelques-uns  de  ces  caractères  que 
nous  avons  entrepris  le  travail  qui  fait  le  but  de  ce  livre. 

De  plus,  si  nous  admettons  que  plusieurs  espèces  arborescentes  sont 
susceptibles  de  fournir  des  matériaux  possédant  des  qualités  industrielles 
comparables,  il  deviendra  néanmoins  nécessaire  d'en  assurer  la  multipli- 
cation dans  la  colonie  intéressée  ;  leur  détermination  botanique  deviendra 
dès  lors  aussi  nécessaire  que  l'identification  du  produit  fourni. 

Détermination  de  l'espèce  productive  et  identification  certaine  du 
bois  sont  donc  indispensables.  D^ailleurs  l'utilité  de  la  diagnose  des  bois 
industriels  avait  depuis  longtemps  frappé  de  nombreux  observateurs,  et  il 
existe  sur  le  sujet,  en  des  langues  différentes,  des  travaux  de  réelle 
valeur  dont  nous  aurons  l'occasion  de  parler. 

Notre  ami  âug.  Chbvaubr,  dont  chacun  connaît  les  belles  et  infatigables 


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VI 


PRÉFACE 


^^'^. 


recherches  sur  les  végétaux  de  notre  Afrique  de  Touest^  s*était  déjà  préoc- 
cupé de  cette  question,  et,  au  moment  de  son  départ  récent  pour  un 
inventaire  botanique  et  économique  de  la  forêt  tropicale  de  la  c6te 
d'Ivoire,  il  voulut  bien  nous  charger  d'un  essai  d'études  comparatives 
micrographiques  appliquées  à  la  diagnose  des  bois. 

Les  tentatives  antérieures,  faites  dans  ce  but,  ne  nous  satisfaisaient 
point,  et  nous  avons  personnellement  pris  la  résolution  de  reprendre  le 
sujet,  en  cherchant  avant  tout  à  tirer  de  nos  recherches  une  application 
directe  àTindustrie. 

Nous  avons  choisi  tout  d'abord  des  essences  provenant  d*un  groupe 
végétal  homogène  (famille  des  Légumineuses),  et  nous  montrerons  avec 
Tun  de  nos  élèves,  M.  Gérard,  qui  nous  a  apporté  une  très  active  collabo- 
ration, que,  grâce  à  un  faible  grossissement,  on  peut  établir  des  points  de 
comparaison  du  plus  haut  intérêt  et  d*une  grande  précision.  Gr&ce  à  notre 
système  de  fiches,  chaque  bois  se  trouve  identifié,  et  il  suffira  à  un 
observateur  consciencieux  de  connaissances  très  modestes  pour  établir 
comme  nous  Tavons  fait  la  fiche  individuelle  correspondant  à  tous  les  types 
de  Bois  industriels  :  il  restera  à  terminer  la  densité  des  arbres  intéressants 
dans  la  colonie  productive,  à  en  assurer  la  reproduction,  et  la  suite  de 
nos  recherches  dira  si  notre  méthode  possède  réellement  les  qualités  de 
généralisation  que  nous  sommes  en  droit  dès  aujourd'hui  de  lui 
supposer. 

Em.  Perrot, 
Professeur  à  FËcole  supérieure  de  pharmacie  à  Paris. 


k  ^^'' 


Paris,  le  l*'  juillet. 


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INTRODUCTION 


Dans  Tétude  microscopique  du  bois  des  espèces  végétales  qui  font 
Tobjet  de  ce  travail,  nous  nous  sommes  efforcés  de  faire  ressortir  la 
valeur  économique  des  caractères  que  Ton  pouvait  dégager  des  considé- 
rations techniques. 

La  pratique  de  l'examen  microscopique  en  question  présentait  quelques 
difficultés  qui  ont  nécessité  l'emploi  de  méthodes  un  peu  spéciales  :  tout 
d'abord  nous  nous  trouvions  en  présence  d'échantillons  de  bois  dont  quel- 
ques-uns étaient  d'une  dureté  considérable  ;  leur  attaque  par  le  rasoir 
était  vraiment  difBcile,  surtout  pour  obtenir  des  préparations  aptes  à  la 
photographie  et  à  la  reproduction. 

U  était  de  toute  nécessité  de  chercher  à  ramollir  ces  tissus  :  après  avoir 
essayé  les  différents  procédés  décrits  dans  les  ouvrages  pour  atteindre  ce 
but,  nous  nous  sommes  arrêtés  à  la  méthode  suivante  qui  nous  a  toujours 
donné  les  meilleurs  résultats  :  des  fragments  du  bois  à  examiner,  de 
petite  taille  de  préférence,  sont  placés  dans  un  flacon  plein  d'eau  et 
soumis  à  l'action  du 'vide  obtenu  par  une  trompe  à  eau;  sous  cette 
influence,  un  bouillonnement  se  produit,  dû  à  l'échappement  des  gaz  ren- 
fermés dans  les  éléments  constitutifs  du  bois  ;  par  le  retour  de  la  pres- 
sion atmosphérique,  les  échantillons  se  laissent  facilement  pénétrer  par 
l'eau  qui  les  entoure.  Ensuite,  une  ébuUition,  plus  ou  moins  prolongée 
suivant  la  nature  du  tissu,  facilite  l'action  ramollissante  de  ce  liquide. 
Enfin  une  macération  de  durée  variable,  dans  l'eau  additionée  de  quelque 
antiseptique,  achève  de  transformer  les  tissus  les  plus  durs  et  les  plus 
compacts. 

L'échantillon  ainsi  préparé  pour  l'étude  histologique,  il  s'agissait  d'y 
pratiquer  des  sections  assez  minces  pour  en  permettre  la  photographie  ; 
et  pour  quelques-uns  d'entre  eux  la  difficulté  paraissait  insurmontable; 
celle-ci  fut  vaincue  grâce  à  l'emploi  du  microtome  du  professeur  Radais, 
dont  la  robustesse  se  prête  admirablement  à  des  recherches  de  ce  genre. 

Les  microphotographies  ont  été  faites  directement  par  nous  avec  le 
dispositif  de  la  maison  Stassnie  ;  nous  avons  dû  ensuite  rechercher  des 
colorants  énergiques  et  de  teinte  peu  photogénique  :  nous  avons  examiné 
successivement  les  verts,  les  rouges  et  les  jaunes,  étudiant  les  uns  après 
les  autres  :  la  fuchsine  ammoniacale,  les  carmins  et  pircrocarmins,  les 


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VIII  INTRODUCTION 

safranines,  le  vert  d'iode,  Tacide  pricrique,  etc.  ;  des  essais  comparatifs 
nous  ont  fait  adopter  les  formules  suivantes  qui  toutes  deux  ont  donné  de 
bons  résultats. 

l*"  Pour  les  préparations  dont  le  contenu  cellulaire  a  été  détruit  par 
rhypochlorite  de  soude  on  colore  simplement  par  contact  avec  une  solu- 
tion alcoolique  de  vert  d'iode  à  1  p.  100  environ;  la  coupe  est  ensuite 
lavée  à  Talcool  pour  la  débarrasser  de  lexcès  de  colorant,  déshydratée  et 
montée  au  baume  du  Canada  selon  le  procédé  habituel. 

2o  Pour  les  préparations  non  traitées  par  Teau  de  Javel,  nous  avons  eu 
recours  au  réactif  suivant  : 

Acide  chlorhydrique i  partie 

Eau 4  parties 

Phloroglucine    ..........    à  saturation 

dans  lequel  il  suffit  de  faire  séjourner  la  coupe  qudkjues  secondes  à  une 
température  de  70  à  80»,  pour  voir  prendre  une  belle  teinte  pourpre  à 
toutes  les  membranes  lignifiées. 

Il  a  été  possible  enfin  d'obtenir  des  reproductions,  ne  perdant  pour 
ainsi  dire  aucun  détail  des  clichés,  par  un  procédé  récent  de  photogravure 
d*origine  allemande,  tenu  secret  par  ses  auteurs  et  n'ayant  recours  à 
aucune  trame  pour  la  réalisation  des demi-teiates. 

P  ar  ce  procédé  seulement  les  clichés  étaient  une  reproduction  suffisam- 
ment fidèle  de  nos  microphotographies. 

Ce  travail  ne  comprend  qu'une  série  des  bois  appartenant  à  la  famille 
de  Légumineuses,  il  nous  a  cependant  permis  de  tirer  quelques  conclu- 
sions qui  sans  doute  ont  une  valeur  générale,  ce  que  nous  espérons 
démontrer  en  étendant  ces  recherches  à  tous  les  bois  de  la  grande  forêt 
tropicale  africaine. 

1.  Communiquées  à  la  Soc.  bot.  de  Pr,,  voir  Mémoire  n^  6,  BulL  Soc, 
bot.  Fr.,  1907,  LIV. 


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RECHERCHES 

SUR  LES  BOIS  DE  DIFFÉRENTES  ESPÈCES 

DE    LÉGUMINEUSES    AFRICAINES 


PREMIERE   PARTIE 


L'ANATOHIE  DU  TISSU  LIGNEUX  DANS  SES  RAPPORTS 
AVEC  LA  DIA6N0SE  DES  BOIS 


CHAPITRE   I.  —  GÉNÉRALITÉS. 

I.   —   NÉCESSITÉ  D  UNE  ÉTUDE  APPROFONDIE 
DU   TISSU   LIGNEUX. 

A  mesure  que  la  science  étend  son  domaine  et  généralise  ses 
applications,  Tindustrie  doit  de  plus  en  plus  s'inspirer  d'elle,  lui 
emprunter  ses  méthodes,  pour  substituer  une  technique  précise 
et  rigoureuse  aux  procédés  empiriques  employés  jusqu'à  ce 
jour. 

Nous  avons  vu  Tindustrie  sucrière  recourir  successivement  à 
l'emploi  du  densimètre,  de  la  liqueur  de  Fehling,  puis  du  pola- 
rimètre  qui  lui  permettent  d'arriver  plus  exactement  à  l'obten- 
tion intégrale  des  matières  sucrées  de  la  betterave,  de  surveil- 
ler la  concentration  et  le  travail  des  jus  sucrés  et  de  rechercher 

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2  EM.    PERROT    ET   G.    GÉRARD 

dans  les  déchets  les  petites  quantités  de  saccharose  qu'il  est 
encore  possible  de  leur  arracher. 

C'est  par  des  fermentations  faites  à  des  températures  rigou- 
reusement déterminées  et  maintenues  constantes  par  des  appa« 
reils  frigorifiques  permettant  un  réglage  facile  et  précis,  que  le 
brasseur  parvient  à  obtenir  des  boissons  de  qualités  déterminées. 
L'isolement,  Fexamen  microscopique,  la  culture  de  ses  levures 
pures  ou  associées  et  leur  ensemencement  dans  des  milieux 
aseptiques  lui  ont  permis  de  préparer  avec  certitude  des  bières 
ayant  telle  ou  telle  qualité  demandée  par  le  consommateur, 
chaque  opération  étant  scientifiquement  identique  à  la  précé- 
dente. L'examen  minutieux  de  leur  densité  lui  indique  à  quel 
moment  il  doit  arrêter  la  fermentation  pour  avoir  un  degré 
d'atténuation  déterminé. 

C'est  encore  au  microscope  que  les  éleveurs  de  vers  à  soie 
ont  recours  pour  déceler  et  enrayer  les  ravages  de  la  pébrine. 

Comme  on  le  voit  par  ces  exemples,  partout,  à  l'usage  exclusif 
des  indications  données  par  les  sens,  on  a  substitué  les  procédés 
physiques,  chimiques,  microscopiques  qui,  perfectionnant  les 
investigations  de  nos  facultés,  donnent  plus  de  régularité  aux 
observations  et  diminuent  les  causes  de  variations  dues  aux 
influences  personnelles  et  au  mode  d'appréciation. 

Les  bois  étaient  autrefois  utilisés  localement;  on  prenait  les 
espèces  que  l'on  avait  à  sa  portée,  basant  le  choix  simplement 
sur  les  formes  extérieures  :  longueur,  grosseur,  rectitude;  mais 
plus  tard,  l'exploitation  des  forêts  et  le  trafic  qui  en  dépend, 
s'étendant  à  des  contrées  plus  grandes,  la  nécessité  de  donner 
aux  meubles  plus  de  solidité  et  en  même  temps  plus  d'éléganc-e, 
la  plus  grande  variété  des  usages  auxquels  on  destinait  le  bois 
nécessitèrent  la  recherche  de  qualités  moins  apparentes  à  pre- 
mière vue  :  dureté,  solidité,  ténacité,  facilité  de  travail.  D'autre 
part,  à  mesure  que  le  nombre  des  espèces  augmentait  par  suite 
de  l'accroissement  des  moyens  de  transport,  on  devait  avoir 
recours  pour  les  reconnaître  à  une  observation  plus  détaillée,  et 
souvent  l'examen  à  la  loupe  devenait  nécessaire  pour  distinguer 
des  sortes  voisines. 

Actuellement,  des  raisons  économiques  tendent  à  augmenter 
encore   dans    des   proportions   considérables    le    nombre    des 


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ANATOMIE    DU   TISSU    LIGNEUX.  a 

espèces  employées  :  Tatilisation  des  richesses  forestières  de  nos 
colonies,  qui  fait  Tobjet  des  préoccupations  des  pouvoirs 
publics  et  de  quelques  industriels  avisés,  a  déjà  mis  sur  le 
marché  un  grand  nombre  de  bois  inusités  jusqu'alors,  sauf  par 
les  indigènes  qui  en  ignorent  les  qualités  et  n'en  tirent  qu'un 
parti  rudimentaire.  Il  sera  donc  nécessaire,  pour  se  reconnaître 
au  milieu  de  ce  grand  nombre  d'espèces  nouvelles,  et  pour 
déterminer  les  qualités  qui  destineront  un  nouveau  bois  plus 
particulièrement  à  tel  ou  tel  usage,  d'avoir  recours  à  une  tech- 
nique plus  rigoureuse  et  plus  précise. 

A  l'examen  macroscopique  sommaire  tel  qu'il  est  pratiqué 
actuellement  par  le  menuisier  et  le  charpentier,  à  l'étude  à  la 
loupe  de  nos  forestiers,  il  faudra  substituer,  ou  tout  au  moins 
ajouter,  comme  un  complément  indispensable,  l'examen  micros- 
copique détaillé,  examen  qui  devra  être  déterminé  par  une  tech- 
nique précise  et  suffisamment  simple  pour  être  à  la  portée  de 
l'industrie  intéressée.  Hàtons-nous  de  dire  que  cet  examen  ne 
doit  en  rien  effrayer,  car  la  difficulté  n'est  qu'apparente,  comme 
nous  essaierons  de  le  démontrer. 

Aux  caractères  de  dureté,  de  ténacité,  obtenus  a  priori^  on 
devra  substituer  des  constantes  physiques  rigoureuses,  détermi- 
nées selon  des  méthodes  scientifiques  dont  la  technique  sera 
fixée  d'une  façon  invariable,  pour  donner  des  résultats  constants 
et  indiscutables. 

Donc,  si  nous  voulons  mettre  en  exploitation  toutes  les 
richesses  forestières  de  nos  colonies,  si  nous  voulons  faire 
entrer  dans  notre  industrie  les  espèces  arborescentes  si  variées 
que  renferme  notre  domaine  colonial  africain,  si  nous  tenons  à 
nous  affranchir  ainsi  d'une  partie  des  importations  pour  les- 
quelles nous  sommes  actuellement  tributaires  de  l'étranj^er,  il 
est  nécessaire  de  déterminer  quels  sont  les  usages  qui  con- 
viennent le  mieux  à  chaque  variété  de  bois. 

Les  qualités  réclamées  par  les  industries  sont  en  effet  le  plus 
souvent  très  nettement  définies  et  nécessitent  une  importante  et 
rigoureuse  sélection  parmi  les  espèces  proposées. 

Prenons  un  exemple  :  pour  la  fabrication  des  bobines  de 
filature  on  a  généralement  recours  au  Bouleau,  beaucoup 
d'autres  végétaux  devant  être  rejetés  pour  des  causes  variées  : 


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4  EM.    PERROT   ET   G.    GÉRARD. 

le  Charme,  le  Hêtre  ont  des  bois  trop  résistants  et  ils  abîment 
rapidement  les  outils  employés  pour  les  travailler;  TAune,  le 
Peuplier,  trop  tendres,  s'écrasent  au  lieu  de  se  laisser  tailler;  les 
bois  résineux,  Pins,  Sapins,  possèdent  des  zones  annuelles  trop 
distinctes  et  se  séparant  trop  facilement  les  unes  des  autres  pen- 
dant le  travail.  Or,  chacun  des  éléments  constitutifs  du  bois  con- 
tribue, par  sa  forme,  sa  grandeur,  sa  position,  à  la  valeur  éco- 
nomique du  bois  considéré,  valeur  qui  est  pour  ainsi  dire  la 
résultante  des  qualités  élémentaires  conférées  à  Tensemble  par 
les  différents  tissus.  Il  faudra  donc  faire  de  chaque  espèce  arbo- 
rescente une  étude  détaillée,  permettant  de  la  reconnaître,  de 
déterminer  ses  qualités  et  d'en  déduire  les  services  que  Ton  peut 
en  attendre. 

II.   —   MÉTHODE  D  ÉTUDE  DU   TISSU   LIGNEUX. 

Ces  études  devront,  autant  que  possible,  reposer  sur  les  mêmes 
bases  pour  être  utilement  comparables  et  d'une  discussion  plus 
aisée;  c'est  pour  cette  cause  que  nous  croyons  utile  de  donner 
une  sorte  de  schéma  de  l'étude  générale  d'un  bois,  schéma  éla- 
boré d'après  la  discussion  des  méthodes  indiquées  par  les 
ouvrages  spéciaux  et  à  la  suite  de  l'examen  que  nous  avons  fait 
des  différents  bois  et,  en  particulier,  des  quelques  Légumineuses 
africaines  dont  nous  parlerons  dans  la  deuxième  partie  de  ce 
travail. 

Dans  un  premier  chapitre,  on  devra  réunir  tous  les  renseigne- 
ments généraux  concernant  l'espèce  considérée.  L'origine  bota- 
nique doit  être  rigoureusement  indiquée,  car,  sans  elle,  aucune 
certitude  ne  saurait  s'établir  ;  elle  sera  déterminée  par  le  nom  latin 
et  ses  synonymes  afln  de  pouvoir  se  reporter  aux  ouvrages  clas- 
siques, par  le  nom  français  et  les  noms  indigènes  qui  permet- 
tront de  se  reconnaître  parmi  les  renseignements  fournis  dans 
-es  nombreux  dialectes,  ainsi  que  dans  les  comptes  rendus  des 
missions  et  dans  les  ouvrages  des  explorateurs. 

L'indication  de  la  station  favorite  et  de  la  distribution  géogra- 
phique sera  un  auxiliaire  indispensable  pour  retrouver  l'espèce 
considérée  et  établir  les  foyers  d'exploitation. 

Enfin,  pour  terminer,  un  rapide  énoncé  des  caractères  bota- 


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ANATOMIE   DU   TISSU    LIGISEUl.  5 

niques  les  plus  saillants  permettra  sur  place  de  distinguer 
l'espèce  recherchée  de  ses  voisines. 

On  abordera  alors  la  deuxième  partie  qui  sera  constituée  par 
Tétude  particulière  du  bois;  cette  dernière  se  subdivisera  d'ail- 
leurs en  quatre  chapitres  bien  nets. 

Les  sens  étant  d'abord  nos  seuls  auxiliaires,  nous  procéde- 
rons à  un  examen  basé  uniquement  sur  la  vue,  le  toucher, 
Todorat  :  nous  noterons  ainsi  la  couleur,  Taspect  général,  la  pré- 
sence de  zones,  d'un  cœur  et  d'un  aubier  plus  ou  moins  dis- 
tincts; l'écorce  sera  également  ici  l'objet  d'un  examen  sommaire, 
étant  souvent  d'un  précieux  secours  pour  reconnaître  à  pre- 
mière vue  des  bois  d'aspect  semblable. 

Poussant  alors  notre  examen  plus  loin  et  utilisant  le  micros- 
cope, nous  ferons  une  étude  approfondie  des  différents  tissus. 
Nous  n'insistons  pas  davantage  pour  le  moment,  car  cet  examen 
microscopique,  faisant  le  principal  objet  de  ce  travail,  sera 
discuté  plus  tard  en  détail. 

Mais  là  ne  sauraient  se  borner  les  investigations,  et  il  faut 
encore  avoir  recours  à  deux  autres  séries  de  procédés. 

Les  déterminations  physiques  comprendront  la  densité,  le 
poids  du  mètre  cube,  la  porosité,  la  ténacité  dans  les  différentes 
directions,  l'élasticité,  la  dureté,  la  résistance. 

Pour  obtenir  ces  données,  il  est  nécessaire  de  recourir  à  des 
méthodes  généralement  compliquées  et  nécessitant  des  échan- 
tillons de  grande  dimension  ;  l'exiguïté  de  ceux  que  nous  possé- 
dons ne  nous  a  pas  permis  de  nous  livrer  à  cette  étude  qui 
d'ailleurs  est  en  dehors  du  cadre  fixé  à  ce  travail;  aussi  nous 
nous  sommes  bornés  à  donner  pour  chaque  espèce  la  densité. 

Viennent  ensuite  les  déterminations  chimiques  qui  ne  pré- 
sentent que  peu  d'importance  au  point  de  vue  des  applications 
et  se  borneront  à  quelques  réactions  colorées  donnant  des 
indices  de  reconnaissance  ou  signalant  certains  corps  (résines, 
gommes,  amidon)  pouvant  avoir  une  influence  sur  la  conserva- 
tion du  bois  : 

On  notera  avec  soin,  quand  il  y  aura  lieu,  la  coloration  des 
taches  obtenues  avec  différents  réactifs  tels  que  des  oxydants 
(potasse,  hypochlorites)  qui  font  varier  certains  pigments,  le 
perchlorure  de  fer,  le  bichromate  de  potasse  qui  décèleront  les 


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I  EM.    (»ERROT  ET   G.    GÉRARD. 

substances  tanniques,  leur  abondance,  leur  localisation,  Tiode 
qui  indiquera  la  présence  de  Tamidon. 

On  pourra  également  noter  rinflammabilité  plus  ou  moins 
facile  de  petits  fragments  du  bois  examiné,  Taspect  et  Todeur  de 
la  flamme,  la  nature  du  résidu;  la  couleur  des  décoctions 
obtenues  soit  dans  Talcool  (résines),  soit  dans  Teau  (matières 
tanniques),  leur  précipitation  par  certains  réactifs  (résines  et 
gommes)  devront  aussi  être  prises  en  considération. 

Enfin,  dans  une  dernière  partie,  on  indiquera  les  usag^ 
auxquels  ce  bois  est  affecté  chez  les  indigènes,  soit  dans  la 
charpente,  la  menuiserie,  Tébénisterie,  les  constructions  navales, 
soit  dans  la  teinture,  soit  en  médecine,  en  raison  de  leurs  pro- 
priétés pharmaco-dynamiques. 

On  conclura  ensuite,  en  faisant  ressortir  les  applications 
auxquelles  il  est  susceptible  de  répondre  :  dans  le  pays,  pour  les 
colons,  les  industries  locales,  les  services  du  génie  ;  chez  nous, 
pour  être  substitué  aux  bois  étrangers  actuellement  en  usage. 

De  ces  difîérentes  parties  de  Tétude  du  bois,  Texamen  micros- 
copique est  certainement  une  des  plus  importantes.  Son  grand 
avantage  est  de  présenter  une  technique  très  simple.  Tandis 
que  la  détermination  des  constantes  physiques  nécessite  des 
méthodes  compliquées  à  cause  du  peu  d'homogénéité  de  l'élé- 
ment considéré,  tandis  que  Texamen  chimique  sommaire  ne 
donne  que  des  renseignements  d'une  valeur  très  restreinte  au 
point  de  vue  des  applications,  Tétude  microscopique,  au  con- 
traire, fournit  une  foule  de  renseignements  obtenus  à  la  suik 
d'une  opération  simple  et  rapide.  Ses  données  seront  sans  doute 
d'une  rigueur  moins  mathématique,  d'une  exactitude  moins 
absolue,  mais  d'une  précision  généralement  suffisante  avec  un 
expérimentateur  exercé  :  c'est  donc  le  plus  souvent  au  micros- 
cope que  l'on  devra  avoir  recours. 

Nous  allons  entreprendre  maintenant  cette  étude  microsco- 
pique, mais  en  relatant  d'abord  les  travaux  qui  ont  été  faits  sur 
le  sujet  antérieurement  à  ce  jour. 


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ANATOMIE    DU    TISSU    LIGNEUX.  1 

CHAPITRE  IL  —  ÉTUDE  MICROSCOPIQUE. 

I.  —  HISTORIQUE. 

Parmi  les  différents  travaux  publiés  sur  la  structure  du  bois 
secondaire,  il  y  a  lieu  de  distinguer  deux  catégories.  Tandis  que 
le  plus  grand  nombre  des  auteurs  étudie  un  ou  deux  de  ses  élé- 
ments, quelques-uns  seulement  en  examinent  la  structure  dans 
son  ensemble.  Et  encore,  parmi  ces  derniers,  une  minorité  seule 
s*est  occupée  des  rameaux  âgés  pourvus  de  véritable  bois  par- 
fait. Or,  seul  celui-ci  doit  être  considéré,  quand  on  a  en  vue  les 
usages  de  cette  matière. 

Examinons  successivement  quelques-unes  de  ces  recherches  : 

En  1859,  Th.  Hartig*  a  publié  un  travail  bien  documenté  sur 
Tanatomie  des  bois  secondaires,  s'attachant  surtout  à  faire 
ressortir  les  caractères  différentiels  présentant  un  intérêt  systé- 
matique. 

Puis  vint  Regnault*  qui,  en  1860,  fit  remarquer  l'importance 
des  données  fournies  par  Texamen  microscopique  de  ces  tissus 
et  entreprit  à  ce  sujet  une  série  d'études  sommaires  de  quelques 
espèces. 

Quelques  années  plus  tard,  Rossmann',  dans  un  court  travail 
sur  les  bois  des  arbres  de  la  flore  allemande,  fait  une  étude  de 
leur  structure,  en  s'attachant  presque  exclusivement  à  Texamen 
des  zones  annuelles,  montrant  les  variations  correspondantes 
qui  se  produisent  dans  les  tissus,  variations  qui  atteignent  la 
densité,  la  grandeur  des  vaisseaux  et  leur  nombre. 

En  4867,  paraissent  deux  Mémoires  de  M.  J.  Chalon*, 
dans  lesquels  il  étudie  la  structure  des  tiges  ligneuses,  y  cher- 
chant surtout  des  caractères  distinctifs  devant  servir  à  leur 
diagnose;  mais,  dans  le  bois,  il  étudie  particulièrement  les  vais- 

1.  HARTiG(TH.),AnatomischeCharakteredesHolze8derLaubholzpflaazen. 
Bot.  Zeit.,  4859,  p.  93. 

2.  Regnault,  Recherches  sur  les  affinités  de  structure  des  tiges  des 
plantes  du  groupe  des  Cyclospermées.  Ann.  des  Se.  nat.,  4*  série,  t.  XIV. 

3.  RossMANN  (J.),  Ueber  den  Bau  des  Holzes  der  in  Deutschland  wildwach- 
senden  und  hàufigei'  cultivirten  Baume  und  Stràuche,  Frankfurt,  1865. 

4.  Chalon,  Anatoniie  comparée  des  tiges  ligneuses  des  Dicotylédones.  Gand.  — 
I"  Mémoire,  4867^  p.  46-24;  II«  Mémoire,  1868,  p.  14-18. 


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8  EN.    PERROT    ET    G.    GÉRARD. 

seaux,  leur  forme,  leur  taille,  leur  répartition  dans  les  zones 
vernales  et  automnales,  la  présence  de  thylles  et  enfin  Torne- 
mentation  de  leurs  parois  à  laquelle  il  attache  une  importance 
sans  doute  un  peu  exagérée. 

Parmi  les  familles  étudiées  par  lui  se  trouvent  les  Légumi 
neuses   dont   le   bois   fait,  dans  sa   publication,  l'objet  d'une 
description  rapide. 

Rien  d'important  dans  la  littérature  n'est  à  signaler  avant  le 
nouveau  travail  de  Th.  Hartig*,  en  1878,  où  il  est  réservé  un 
chapitre  concernant  le  bois  secondaire  accompagné  d'un  tableau 
devant  servir  à  la  détermination  des  espèces,  et  basé  sur  les 
caractères  signalés  en  1839  par  le  même  auteur. 

Après  les  publications  de  Kohl%  en  1881,  au  sujet  de  la  struc- 
ture des  Oléacées  et  les  pages  de  Jaensch%  en  1884,  sur  le  bois 
de  quelques  Légumineuses,  nous  arrivons,  en  1885,  à  l'impor- 
tant ouvrage  de  M.  Solereder*  sur  la  structure  du  bois  des 
Dicotylédones,  étudiant  un  nombre  considérable  d'espèces,  mais 
s'adressant  en  général  à  des  échantillons  trop  jeunes,  possédant 
un  bois  encore  incomplètement  formé  et  trop  souvent  différent 
de  celui  des  grosses  branches. 

Vient  ensuite,  en  1888,  le  travail  de  M.  le  D'  J.  Mûller*  dans 
lequel  on  trouve  une  étude  détaillée  et  comparative  des  bois  des 
essences  forestières  allemandes.  En  terminant,  l'auteur,  s'ap- 
puyant  sur  deux  séries  de  caractères,  donne  deux  modes  île 
classification  :  dans  l'un,  basé  sur  le  groupement  des  vaisseaux, 
on  distingue  trois  types  :  1°  Vaisseaux  franchement  disposés  en 
cercle;  2^  Passage  au  3^  type;  3°  Vaisseaux  disséminés; 
dans  l'autre,  on  considère  l'épaisseur  et  le  nombre  des 
rayons  médullaires,  et  l'auteur  établit  5  groupes  :  1°  Rayons 


i.  Hartig  (Th.),  Anatomie  and  Physiologie  der  Holzpflanzen.  Berlin,  i878. 

2.  KoHL,  Vergleichende  Untersuchung  ûber  den  Bau  des  Holzes  der 
Oleacene.  Dissert.  Leipzig,  1884. 

3.  Jaenscii,  Anat.,  einiger  Lez.  Hôizer.  Bei\  dcutsch,  lot.  Gesellsch.^  188»^ 
p.  268  292,  Taf.  V,  p.  233. 

4.  Solereder  (D»-  Hans),  Veher  den  systematischen  Wert  der  Holztrudur 
bel  den  Dicotyledonen.  Munich,  1885. 

5.  MiJLLER  (D»"  N.-J.-C),  Atlas  der  Holzstructur  dargestellt  in  Microphoto- 
graphien.  Halle,  1888.  —  Erlautern  der  Test,  zu  dem  Atlas  der  Holzstructur. 
Halle,  1888. 


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AIHATOMIK    DU    TISSU    LIGNEUX.  0 

médullaires  étroits;  2**  Rayons  médullaires  presque  d'égale 
largeur;  3*"  Rayons  médullaires  de  différente  grosseur,  grands 
et  petits;  4^  Rayons  médullaires  de  moyenne  grandeur  et 
petits;  5°  Très  grands  rayons  seulement.  A  ce  travail  est  adjoint 
un  atlas  microphotographique  faisant  ressortir  les  caractères 
des  principaux  bois  examinés. 

M.  Houlbert',  dans  sa  thèse  en  1893,  réunit  ces  différentes 
données  et  les  applique  à  Tétude  des  bois  des  Apétales  :  après 
avoir  indiqué  les  caractères  qui  doivent  servir  de  base  à  Tétude 
du  tissu  ligneux,  il  ajoute  à  la  terminologie  scientifique  une 
expression  nouvelle  destinée  à  synthétiser  dans  Tesprit  la  dis- 
tribution relative  de  tous  les  éléments,  vaisseaux,  fibres,  paren- 
chyme, et  rayons  médullaires  :  cet  ensemble  il  le  désigne  sous 
le  nom  de  plan  ligneux. 

Nous  tenons  à  signaler  cette  dénomination  très  expressive, 
car  nous  aurons  l'occasion,  dans  le  cours  de  ce  travail,  de 
l'employer  assez  fréquemment.  C'est  ce  plan  ligneux  qui 
variera  avec  les  différents  types  de  bois  et  caractérisera 
certaines  variétés. 

Quelques  années  plus  tard,  M.  E.  Mer^,  en  1897,  publia  une 
série  d'observations  appuyées  sur  des  expériences  personnelles 
et  se  rapportant  à  la  formation  du  bois  parfait  qu'il  a  étudié 
chez  le  Chêne. 

Il  en  conclut  que  la  transformation  de  l'aubier  en  duramen 
est  due  à  une  série  de  phénomènes  qui  peuvent  être  ramenés  à 
quatre  types  : 

1^  Résorption  de  l'amidon  des  cellules  ligneuses  et  radiales. 

2**  Apparition  dans  ces  éléments  d'une  plus  grande  quantité  de 
tannin. 

3**  Production  de  thylles  dans  les  gros  vaisseaux. 

i.  Houlbert,  Sur  la  valeur  systématique  du  bois  secondaire  [Assoc. 
franc,  pour  ^avancement  des  sciences).  Congrès  de  Paris,  1892.  —  Recher- 
ches sur  la  structure  comparée  du  bois  secondaire  dans  les  Apétales.  Thèse 
Paris,  1893  et  Ann,  d.  Se.  nat.y  1893,  7°  série,  Bot.,  t.  XVII,  p.  6. 

2.  Mer  ^E.),  De  la  transformation  de  l'aubier  en  bois  parfait  dans  les 
Chênes  Rouvres  et  pédoncules.  Ann.  d.  Se.  nat.j  Bot.,  8^  série,  t.  V,  1897-98, 
p.  339.  —  Formation  du  bois  parfait  dans  les  Chênes  Rouvres  et  pédon- 
cules. Bull.  Soc.  bot.  Pr.,  t.  XLH,  p.  582,  et  C.  A.,  t.  CXlI,  p.  91.  — 
Recherches  sur  la  formation  du  bois  parfait.  Bull.  Soc.  bot.  Fr.,t.  XXXIV, 
1887. 


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10  EM.    PERROT   ET   G.    GÉRARD. 

4"*  Imprégnation  par  le  tannin  des  parois  de  tous  les  éléments, 
mais  principalement  de  celles  des  fibres  ligneuses. 

Il  examine  ensuite  le  processus  de  ces  modifications,  en 
appuyant  par  des  expériences  personnelles  les  faits  qu'il 
avance. 

Il  constate  d'autre  part,  sans  rien  préjuger  du  mode  de 
passage,  la  concordance  qui  existe  entre  la  disparition  de 
l'amidon  et  l'apparition  du  tannin;  nous  aurons  d'ailleurs  l'occa- 
sion de  rapprocher  ces  faits  de  ceux  que  nous  observons  dans 
certains  bois  des  Légumineuses. 

Tout  récemment,  M.  H.  Stone*  a  publié  plusieurs  Notes 
se  rapportant  au  sujet  qui  nous  intéresse,  et  notamment  dans 
son  dernier  ouvrage,  The  limbers  of  commerce  and  their  identifi- 
cation, il  consacre  deux  chapitres  :  Introduction  et  Notes  prati- 
ques, à  l'exposition  de  sa  méthode  d'étude  du  bois. 

Il  discute  successivement,  dans  le  cours  de  ces  quelques 
pages,  les  caractères  organoleptiques,  l'examen  microscopique, 
la  constatation  des  couleurs  des  décoctions,  les  taches  obtenues 
par  des  réactifs  appropriés,  il  signale  enfin  quelques  méthodes 
de  détermination  des  propriétés  physiques  :  densité,  dureté, 
recourant  à  des  procédés  peu  précis  et  peu  scientifiques.  La 
partie  principale  de  l'ouvrage  est  formée  de  l'étude  de  nom- 
breux échantillons  de  bois  appartenant  à  toute  la  série  végétale, 
étude  succincte  accompagnée  de  nombreuses  photomicrographies 
donnant  très  nettement  l'aspect  des  coupes  transversales,  mais 
insuffisantes,  à  notre  avis,  en  raison  de  leur  trop  faible  grossis- 
sement, pour  la  constatation  utile  des  caractères  microsco- 
piques. 

En  1905,  M.  Beauverie^  fait  paraître  un  énorme  volume  sur 
«  le  Bois  »  dans  lequel,  après  un  examen  détaillé  de  l'anatomie 
de  ce  tissu,  l'auteur  ne  fait  pas,  à  notre  avis,  suffisamment 
ressortir  les  considérations  que  l'on  peut  déduire  de  l'élude 
microscopique  raisonnée.  11  s'étend  ensuite    d'une  façon  très 

1.  Stone  (H.),  Od  the  identification  of  wood  by  means  of  thc  anatomical 
characters.  Joum.  Society  of  Arts,  décembre  4904.  —  Reports  upon  the 
results  of  technical  Tests  applied  to  varions  woods.  Impérial  InstituU 
Journal.  —  The  timbers  of  commerce  and  their  identification.  Londres 
(William  Riders's  son),  4904. 

2.  Beauverie  (J.),  Le  Bois,  Encyclopédie  industrielle,  Paris,  4905. 


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AISATOMIE   DU    TISSU    LIGNEUX.  11 

détaillée  sur  les  méthodes  de  dissémination  d'ordre  physique; 
dans  le  deuxième  volume  il  examine  nos  principales  espèces 
arborescentes  et  les  ravages  des  parasites  dont  elles  peuvent 
être  les  victimes,  terminant  par  un  tableau  d'ensemble  des 
différents  usages  du  bois. 

A  côté  de  ces  travaux  se  rattachant  aux  recherches  générales, 
nous  devons  en  citer  d'autres  se  rapportant  uniquement  aux 
Légumineuses  et  à  des  particularités  de  certaines  espèces  ou  de 
genres. 

Tels  sont  ceux  de  Vuillemin  *,  ÏRÉcuL^et  Russel'  sur  l'appareil 
à  tannin  chez  les  Légumineuses;  ceux  de  Cœster*  sur  les  carac- 
tères anatomiques  des  Mimosées  et  de  Dellien*  sur  les  Césal- 
piniées. 

Quant  à  ceux  de  M.  Guignard^  sur  l'appareil  sécréteur  des 
Copaifera  en  1892,  —  sur  les  Daniella  et  leur  appareil  sécréteur 
en  1902,  —  sur  le  Cordyla  africana  en  1905,  nous  y  reviendrons 
plus  loin  quand  il  s'agira  des  plantes  correspondantes. 

Enfin  nous  citerons,  pour  terminer,  le  volumineux  travail  de 
NoRDu:«GER^  paru  en  Allemagne  en  1882,  qui  comprend  10  petits 
fascicules  et  un  nombre  considérable  de  coupes  de  bois  annexées 
en  nature  à  la  publication. 

Si  l'auteur  avait  accompagné  ses  coupes  de  descriptions  pré- 
cises et  de  schémas  exécutés  à  un  grossissement  suffisant,  le 
travail  auquel  nous  nous  livrons  eût  été  moins  utile.  Malheureu- 

1.  Vuillemin,  Appareil  sécréteur  des  Papilionacées.  Bull.  Soc.  bot.  de 
France,  t.  XXXVIÏI,  1891,  p.  193-200. 

2.  Trécul,  Tannin.  C.  K.,  l.  LX,  1865,  p.  225,  et  Ann.  se,  mit.,  série  5, 
t.  IV,  p.  378  et  s.  et  Adansonia,  t.  .VII,  p.  113-117. 

3.  RussELL,  Appareilsécréteur  des  Papilionacées.  Revue  de  Botanique,  t.  II, 
1890,  p.  341-344. 

4.  CcESTER,  Anat.  charakt,  d,  Mimoseen.  Diss.  Erlangen  u.  Mûnehen, 
1894,  1  Taf.,  p.  177. 

5.  Dellien,  Anat.  charakt.  d.  Cœsalpiniaceen.  Diss.  Erlangen  u.  Munchen, 
1892,  1  Taf.,  p.  104. 

6.  L.  GuiGNAHD,  Appareil  sécréteur,  Copaifera.  Bull.  Soc.  bot.  Fr.,  1892, 

XXXIX. 

Les  Daniella  et  leur  appareil  sécréteur.  Journ.  de  Bot. y  16<'  année, 
mars  1902,  p.  69,  et  C.  R.,  t.  GXXXIV,  p.. 885.  —  Quelques  observations 
sur  le  Cordyla  africana.  Journ.  de  Bot.,  19«  année,  juin  1905,  p.  109. 

7.  NoRDLiNGER,  Qucrschnitte  von  hundert  Holzarten.  Stuttgart,  1882. 
X  fascicules  (accompagnés  de  coupes  en  nature). 


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12  KM.    PËRUOT    ET   G.    GÉRAI\D. 

sèment  c'est  cette  absence  de  description  et  de  classification 
dans  rénumération  des  caractères,  qui  a  rendu  le  travail  de 
cet  auteur  inapte  aux  services  qu'on  était  en  droit  d'en  attendre. 
Toutefois,  cette  critique  acceptée,  c'est  un  véritable  monument 
dans  l'histoire  de  l'étude  anatomique  des  Bois,  que  nous  nous 
efforcerons  de  compléter  dans  la  suite  de  nos  recherches. 

II.  —  TECHNIQUE. 

A)  Eléments   constitutifs   du   tissu   ligneux. 

Les  études  que  nous  avons  faites  ont  surtout  porté  sur  les 
Légumineuses  africaines,  et  c'est  intentionnellement  que  nous 
nous  sommes  adressés  d'abord  et  presque  exclusivement  à  celte 
famille  :  ce  Mémoire  n'est  d'ailleurs  qu'une  étude  préliminaire 
et  fait  partie  d'un  tout  qui  comprendra  des  recherches  plus 
vastes  sur  tous  ces  bois  utiles  de  l'Afrique  et,  en  particulier,  de 
la  forêt  tropicale  *. 

On  trouve  en  effet  dans  cet  important  groupe  de  plantes, 
situé  vers  le  milieu  de  la  série  systématique  des  végétaux,  des 
caractères  moyens  et  bien  coordonnés;  d'autre  part,  l'impor- 
tance de  cette  famille  permet  de  considérer  des  types  assez 
variables  pour  entrevoir  les  modifications  dont  sont  susceptibles 
les  différents  éléments.  On  peut  donc  étudier  ici  un  type  de 
bois  donnant  une  idée  générale  très  nette  de  ce  tissu  et  permet- 
tant d'établir  une  méthode  de  travail.  Il  sera  ensuite  beaucoup 
plus  facile,  en  se  basant  sur  ces  données,  d'étudier  et  de  com- 
prendre les  variations  que  l'on  rencontrera  dans  les  autres 
familles. 

Avant  d'aborder  l'exposé  et  le  classement  des  différentes 
données  fournies  par  l'examen  microscopique  des  bois,  il  ne 
semble  pas  inutile  de  rappeler  brièvement  les  caractères  des 
éléments  qui  entrent  dans  leur  constitution,  ainsi  que  leur  rôle, 
leurs  fonctions  et  surtout  leur  disposition  respective. 

1.  Déjà  noire  excellent  ami  Aug.  Chevalier,  en  missionàla  Côte  d'Ivoire, 
nous  a  fait  parvenir  un  nombre  assez  élevé  d'échantillons  de  la  haute 
forêt  et,  comme  il  a  pu  récolter  lui-même  les  fleurs  et  les  fruits  de  ces 
arbres,  nous  allons  en  entreprendre  une  étude  systématique,  anatomique 
et  économique  aussi  complète  que  possible. 


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ANATOMIE   DU   TISSU    LIGNEUX.  13 

Le  bois  se  présentant  d'une  façon  générale  sous  forme  de 
cylindres  plus  ou  moins  réguliers,  Texamen  détaillé  de  sa 
structure  nécessitera  trois  séries  de  coupes  :  les  unes  transver- 
sales (T)  ;  les  autres  longitudinales,  pouvant  être  tangentielles 
(Lt),  c'est-à-dire  faites  suivant  des  plans  perpendiculaires  aux 
rayons,  ou  bien  radiales  (Lr)  quand  elles  passent  par  Taxe  du 
cylindre  ligneux  (PI.  I,  fig.  1). 

L'étude  de  ces  coupes  nous  permettra  de  reconstituer  dans 
l'espace  un  fragment  du  bois  considéré.  C'est  d'abord  comme 
élément  de  soutien  le  tissu  fibreux,  composé  de  fibres  qui,  peu 
nombreuses  dans  les  jeunes  rameaux,  vont,  sauf  de  rares 
exceptions,  se  multiplier  et  épaissir  leurs  parois  dans  les 
branches  âgées;  viennent  ensuite  les  éléments  conducteurs  qui, 
en  direction  axiale,  se  réunissent  en  groupes  d'apparence 
variable  constitués  par  un  ou  plusieurs  vaisseaux  entourés 
d'une  masse  de  parenchyme  plus  ou  moins  grande;  dans 
certains  cas,  ce  tissu  non  lignifié  disparaît  complètement,  les 
vaisseaux  étant  directement  incrustés  dans  la  masse  fibreuse. 
Ce  tissu  parenchymateux,  cellulosique  dans  les  jeunes  branches, 
aura  presque  toujours  subi  une  lignification  plus  ou  moins 
profonde  dans  les  bois  âgés  qui  seuls  nous  intéressent  et  sera 
désigné  sous  le  nom  générique  de  parenchyme  ou  sclérenchyme 
ligneux. 

Dans  le  sens  transversal  et  en  direction  radiale,  on  observe 
des  lames,  présentant  sur  la  coupe  trangentielle  une  section 
fusiforme,  constituées  par  des  cellules  parenchymateuses,  régu- 
lièrement disposées  comme  les  briques  d'un  mur  :  ce  sont  les 
rayons  médullaires.  Tous  les  éléments  ligneux  ou  scléreux  pos- 
sèdent sur  leurs  membranes  des  espaces  non  lignifiés  dont 
l'étude  peut  servir  dans  la  diagnose  du  bois;  ces  espaces  de 
forme  déterminée  et  que  l'on  connaît  sous  le  nom  de  ponctua- 
tions, sont  destinés  à  faciliter  les  échanges  de  nutrition;  c'est 
par  ces  endroits  que  se  font  la  circulation  des  sucs  et  les 
phénomènes  d'osmose;  les  vaisseaux,  en  particulier,  en  présen- 
tant sur  toutes  leurs  parois,  les  échanges  s'établiront  donc  aussi 
bien  dans  le  sens  de  leur  longueur  qu'en  direction  radiale. 

Les  cellules  parenchymateuses  avoisinantes  facilitent  la  dis- 
persion de  ces  matériaux  dans  une   direction  centrifuge  par 


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14  EM.    PERROT   ET    G.    CÉRARD. 

rapport  aux  vaisseaux;  quant  aux  rayons  médullaires,  Tabon- 
dance  des  ponctuations  sur  leurs  faces  transversales  montre 
qu'ils  offriront  une  excellente  voie  pour  la  circulation  radiale. 

Ces  quatre  éléments  fondamentaux,  auxquels  s'ajoutent  fré- 
quemment les  éléments  sécréteurs,  peuvent  donc  être  répartis  en 
trois  groupes  : 

1**  Éléments  conducteurs  :  vaisseatix, 

2**  Éléments  conjonctifs  jouant  quelquefois  un  rôle  important 
dans  les  phénomènes  d'échanges  osmotiques,  et  servant  presque 
toujours  à  l'accumulation  des  réserves  ou  des  produits  d'excré- 
tion (amidon,  matières  tanniques,  essences,  oxalate  de  chaux), 
ou  pouvant  avoir  par  l'épaississement  ultérieur  de  leurs  parois 
un  rôle  auxiliaire  de  soutien  :  parenchyme  et  sclérenchyme 
ligneux,  rayons  médullaires. 

C'est  dans  ces  tissus  que,  par  suite  de  la  formation  d'un  excès 
de  produits  d'excrétion,  se  différencieront  parfois  des  appareils 
sécréteurs  destinés  à  les  collecter. 

3*  Eléments  essentiels  de  soutien  :  fibres. 

Dans  le  courant  de  ce  chapitre,  nous  allons  étudier  ces  diffé- 
rents éléments  à  un  double  point  de  vue  : 

1^  Afin  de  tirer  de  leur  examen  des  caractères  permettant  de 
déterminer,  autant  que  possible,  les  espèces  ou  les  genres  qui 
ont  fourni  les  échantillons  :  pour  cela  il  faudra  noter  les  varia- 
tions de  forme,  de  grandeur  de  ces  éléments;  chacun  de  ces 
caractères  fera  ensuite  l'objet  d'une  discussion  ayant  pour  but  de 
déterminer  sa  généralité  et  sa  constance. 

2**  D'autre  part,  on  s'efforcera  de  trouver,  dans  la  forme  et  la 
disposition  respective  des  différents  éléments  constituants,  les 
qualités  du  bois  correspondant  et,  en  conséquence,  les  usages 
auxquels  il  doit  être  destiné. 

De  ce  qui  précède  ressort  nettement  le  plan  de  l'étude  du  bois 
telle  que  nous  la  comprenons  :  on  examinera  successivement 
vaisseaux,  rayons  médullaires,  parenchyme  et  sclérenchyme 
ligneux,  appareil  sécréteur,  soit  isolément,  soit  dans  leurs  rap- 
ports réciproques,  et  cela  suivant  les  3  plans  de  section  (trans- 
versal, radial  et  tangentiel),  dans  le  double  but  qui  vient  d'être 
indiqué,  c'est-à-dire  la  diagnose  et  la  détermination  des  qualités 
correspondantes. 


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AlfATONIfi    DU   TISSU    LIGISEOX.  15 

B)  Etude  de  ces  différents  éléments. 

1.  —-  Vaisseaux. 

Les  vaisseaux  se  présenteront  sous  deux  aspects  :  celui 
qu'offre  leur  section  transversale  et  celui  des  coupes  longitudi- 
nales. 

1"  Coupes  transversales. 

A.  —  Mode  de  groupement.  —  Dans  les  coupes  transver- 
sales, ce  qui  frappe  tout  d'abord,  c'est  le  mode  de  groupement 
de  ces  vaisseaux,  parfois  isolés  et  plus  ou  moins  éloignés  les  uns 
des  autres,  comme  dans  les  Acaciq  Sénégal^  Seyal  (PI.  I,  fig.  2 
et  3);  ils  peuvent  se  rencontrer  accouplés  généralement  par 
deu;x  dans  le  Tamarindus  indica  (PI.  I,  fig.  4),  réunis  par  deux 
ou  trois  dans  le  Parkia  africana  (PI.  I,  fig.  6)  ou  le  Prosopis 
oblonga  (PI.  I,  fig.  7). 

Le  Bauhinia  rufescens  (PI.  I,  fig.  9)  présente  très  souvent  des 
files  rayonnantes  formées  d'un  assez  grand  nombre  de  petits 
vaisseaux  et  terminées  par  un  ou  deux  grands. 

Dans  les  Detarium  (PI.  I,  fig.  10,  11  et  12),  on  rencontre 
assez  fréquemment  des  amas  formés  d'un  grand  nombre  de 
sections  vasculaires  serrées  les  unes  contre  les  autres,  sans  aucun 
intermédiaire  de  tissu  parenchymateux,  et  déformées  par  ces 
pressions  réciproques,  les  parois  qui  les  séparent  formant  des 
sortes  de  cloisons  sinueuses  irrégulières. 

Il  y  aura  évidemment  des  variations  entre  différents  échan* 
tillons  d'une  même  espèce  ou  même  entre  les  régions  d'une 
seule  coupe;  mais  les  types  que  nous  avons  signalés  se  rencon- 
treront fréquemment  et  avec  une  constance  suffisante  dans  les 
fragments  d'un  même  bois,  pour  permettre,  dans  certains  cas, 
d'en  déterminer  avec  de  grandes  probabilités  le  genre  ou  même 
l'espèce. 

B.  — Forme.  —  Examinant  ensuite  chaque  vaisseau  en  lui- 
même,  nous  sommes  amenés  à  considérer  la  forme  de  sa  sec- 
tion. Cette  dernière  est  en  effet  assez  variable  :  circulaire  dans 
les  Acacia  Sénégal^  altissima^  elle  devient  ovale  dans  les 
Daniellia  (hurifera,  Bauhinia  reiiculala  et  polygonale  ou  irrégu- 


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16  EM.    PERRO.L   ET   G.    GÉRARD. 

lièrement  arrondie  dans  le  Bauhinia  rufescens,  le  Parkia  afin- 
cana.  Dans  les  groupes  de  vaisseaux,  ces  sections  présentent 
généralement  une  ou  deux  parois  rectilignes  et,  même  dans  les 
amas  vasculaires  du  Deiarium  senegalense,  elles  ont  des  con- 
tours sinueux  (PI.  I,  fig.  11). 

Enfin  on  doit  signaler  une  autre  particularité  :  certains  bois 
présentent  souvent  des  vaisseaux  obstrués  par  des  thylles  (le 
Daniella  sp.1  en  donne  de  nombreux  exemples  (PI.  II,  fig.  1 
et  2)  ou  encombrés  de  matières  gommeuses  {Tamarindus 
indica^  Ormosia  laxiflora);  ces  dernières  constatations  rentrent 
plutôt  dans  Tordre  physiologique. 

C.  —  Dimensions.  —  La  dimension  des  vaisseaux  est  d'un 
intérêt  beaucoup  plus  grar\d.  Tandis  que,  dans  le  Swartzia 
-madagascariensis  leur  diamètre  est  compris  généralement  entre 
40  et  180  IL  (PI.  I,  fig.  5),  il  atteint  100  à  200  [l  dans  la  plupart 
des  autres  bois,  allant  même  jusqu'à  250  jjl  chez  ÏAcacia  aHù- 
sima  et  300  [x  chez  VErythrina  senegalensis. 

Nous  avons  donc  là  un  moyen  très  net  pour  ranger  les  bois 
suivant  la  grosseur  de  leur  grain  :  aux  grands  vaisseaux  corres- 
pondent en  effet  des  bois  à  grands  éléments,  généralement  peu 
serrés;  ceux  qui  rentrent  au  contraire  dans  les  premières  caté- 
gories ont  des  tissus  fins,  homogènes,  très  résistants  et  d'une 
dureté  plus  grande.  La  porosité  est  également  fonction  du 
diamètre  et  du  nombre  relatif  des  vaisseaux. 

Ce  caractère  encore  est  variable  et,  dans  un  même  bois,  nous 
rencontrerons  souvent  des |  vaisseaux  de  dimensions  très  diflé- 
rentes,  quelquefois  même  des  zones  plus  ou  moins  régulière- 
ment alternantes  de  petits  et  de  gros  vaisseaux,  comme  dans  le 
Tamarindus  indica  (PI.  V,  fig.  4).  Pour  avoir  des  résultats  con- 
cordants, il  faut  s'occuper  des  grandeurs  maxima  et  noter  le 
rapport  approximatif  des  unes  aux  autres. 

C'est  qu'en  effet,  tandis  que  certains  bois  ont  tous  leurs  vais- 
seaux sensiblement  de  même  diamètre,  d'autres,  au  contraire,  en 
possèdent  de  dimensions  très  variées;  chez  quelques-uns  enfin, 
ces  éléments  sont  ou  très  volumineux  ou  très  réduits,  et  ceux 
de  dimension  moyenne  sont  rares  ou  même  n'existent  pas. 

Ces  différents  aspects  sont  souvent  assez  nets  pour  fournir, 
avec  un  peu  d'exercice,  d'excellents  caractères  de  diagnose. 


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ANAÏOMIE    DU    TISSU    LIGNEUX.  IT 

D.  —  Nombre.  —  Reprenons  maintenant  Tétude  de  Taspect 
général  de  la  coupe  transversale  avec  un  grossissement  relati- 
vement  faible  (50  diam.  environ)  et  cherchons  àétablir  le  nombre 
de  sections  vasculaires  par  millimètre  carré. 

Cette  numération  peut  être  faite  très  facilement  à  l'aide  d'un 
oculaire  quadrillé  ou,  plus  simplement,  en  les  comptant  à  Taide 
de  la  chambre  claire  par  la  projection  sur  un  cadre  mesuré  à 
Tavance  une  ou  plusieurs  portions  de  coupe. 

Pour  plus  de  précision,  on  fera  naturellement  plusieurs 
numérations  dont  on  prendra  la  moyenne.  Les  chiffres  ainsi 
obtenus  varient  dans  de  grandes  proportions  d'un  bois  à  un 
autre  :  on  trouve  en  moyenne  2  vaisseaux  chez  V Acacia  altis- 
sirnay  3  chez  VAlbizzia  Lebbeck,  espèces  qui,  comme  nous 
l'avons  vu  précédemment,  possèdent  toutes  deux  de  grands 
vaisseaux,  tandis  que  le  Bauhinia  rufescens  donne  26  sections 
vasculaires  dans  le  même  espace. 

Bien  entendu,  certains  bois  offriront  sous  ce  rapport  de 
grandes  variations,  suivant  les  régions  examinées;  mais  le  fait 
est  plutôt  exceptionnel  quand  on  s'adresse  aux  végétaux  des 
pays  chauds,  et  cette  numération,  comme  on  le  verra  par  la 
suite,  fournit  une  indication  précieuse  dans  r identification  d\me 
espèce,  surtout  quand  elle  s'ajoute  aux  autres  caractères.  Parmi 
toutes  ces  considérations,  nous  ne.  voulons  pas  perdre  de  vue  la 
question  primitivement  posée  : 

Quelles  sont  les  indications  d'ordre  pratique  que  rindustriel 
pourra  tirer  d'une  semblable  étude? 

Les  vaisseaux  du  bois  étant  surtout  des  éléments  conducteurs, 
il  s'ensuit  que,  plus  ils  sont  nombreux  et  volumineux,  plus  le 
bois  est  poreux,  plus  il  est  perméable.  Or,  pour  certains 
usages,  cette  qualité  n'est  pas  à  dédaigner.  Quand  des  bois  sont 
destinés  à  être  enfouis  ou  exposés  aux  intempéries  sans  aucune 
protection  de  peinture  (comme  c'est  le  cas  pour  les  poteaux  de 
télégraphe,  les  traverses  de  chemin  de  fer),  on  généralement 
recours  à  des  procédés  d'injection  qui  permettent  d'imprégner 
ces  bois  de  substances  destinées  à  les  rendre  moins  putrescibles 
et  moins  facilement  attaqués  par  les  parasites.  Or  ces  tissus, 
abondamment  pourvus  de  gros  vaisseaux,  se  recomman- 
deront plus   particulièrement  à  ces   usages,   le  travail  d'injec- 

2 


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18  KM.     PERROT   ET   G.    GÉRARD. 

tion  étant  d'autant  plus  facile  et  d^autant  plus  rapide  qu'ils  sont 
plus  poreux*. 

2®  Coupes  longitudinales. 

La  disposition  des  sculptures  de  la  membrane  (ponctuations 
simples  ou  composées,  aréoles,  épaississements  annelés  ou 
spirales)  offre  également  des  différences  intéressantes  dont 
seules  les  coupes  longitudinales  permettent  Tétude. 

Les  vaisseaux  obstrués  par  des  thylles,  ou  renfermant  des 
écoulements  de  matières  gommeuses  ou  résineuses  seront  égale- 
ment remarqués  sur  ces  coupes. 

Ce  caractère  ne  devra  pas  être  pris  en  considération  d'une 
façon  trop  absolue.  Il  est  manifeste  que  certaines  espèces  sont  plus 
ou  moins  prédisposées  à  l'apparition  de  ces  formations  physio- 
logiques (la  vigne  en  offre  bien  souvent  l'exemple);  mais,  dans 
ces  espèces  mômes,  l'apparition  des  thylles  ou  Tobstruction  des 
vaisseaux  sont  des  phénomènes  variables  et  souvent  saison- 
niers. 

2.  —  Rayons  médullaires. 

1°  Coupes  transversales. 

En  coupe  transversale,  les  rayons  médullaires  n'intéressent 
que  par  leur  écartement  respectif  et  leur  mode  de  répartition. 
On  évalue  facilement  sur  ces  coupes  leur  nombre  par  millimètre. 
Dans  les  bois  âgés  de  plusieurs  années,  qui  sont  précisément 
ceux  qui  nous  occupent,  ces  rayons  médullaires  se  présentent 
sous  l'aspect  de  lignes  sensiblement  parallèles.  .En  les  comptant 
sur  un  espace  de  plusieurs  millimètres  (suivant  une  ligne 
perpendiculaire  au  rayon)  et  établissant  ensuite  la  moyenne, 
les  résultats  obtenus  seront  très  exacts  et  constants  pour 
chaque  espèce,  ce  qui  fournit  un  élément  de  diagnostic  de 
première  valeur  et  permet  de  vérifier  une  détermination  basée 
sur  d'autres  caractères.  Par  exemple  :  YErylhrina  senegalensis, 
V Acacia  altissima^  le  Mimosa  milans  chez  lesquels  on  en  ren- 
contre 3   à  4  par  mm.,  le  Parhia  africana  qui  en  possède  en 

1.  L'intérêt  de  ces  bois  est  assez  limité,  car  Tinjection  est  fonction 
de  la  pression  employée  pour  faire  pénétrer  le  liquide  conservateur;  ils 
sont  toutefois  encore  recherchés  pour  certains  usages. 


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ANATOMIE    DU   TISSU    LlCNEfJX.  i9 

moyenne  8,  les  Pterocarpus  erinaceus,  Bauhinia  rufescens  chez 
lesquels  on  en  trouve  environ  13  et  le  Batchinia  reticulcUa  chez 
qui  leur  nombre  atteint  18  dans  le  même  espace,  seront  facile^ 
ment  distingués  par  ce  seul  caractère. 

2^  Coupes  longitudinales. 

Les  rayons  médullaires,  dans  leur  structure  intime,  offrent 
un  caractère  très  variable  avec  les  espèces  :  c'est  le  nombre 
d'assises  cellulaires  qui  les  compi.  sent  en  épaisseur.  Ici  la  coupe 
transversale  ne  saurait  donner  de  renseignements  précis  ;  car 
suivant  que  la  section  passe  vers  la  limite  supérieure  ou  au 
centre  du  rayon,  elle  affecte  des  largeurs  différentes. 

C'est  à  la  coupe  tangentielle  qu'il  faut  recourir  et  les  varia- 
tions qu'elle  permettra  d'observer  seront  d'une  grande  utilité 
dans  l'étude  systématique  du  tissu  ligneux.  Non  seulement  le 
bois  issu  d'une  même  espèce  végétale  est  pourvu  de  rayons 
médullaires  de  même  épaisseur;  mais,  si  l'on  établit  des  groupes 
basés  sur  ce  principe,  les  échantillons  d'un  même  genre  ou  de 
genres  voisins,  tout  au  moins  dans  la  famille  des  Légumineuses, 
rentrent  dans  les  mêmes  séries. 

Les  rayons  médullaires  peuvent  ne  posséder  qu'une  seule 
assise  cellulaire  (Berlinia  acuminata,  PI.  II,  fig.  2,  3  et  4; 
Pterocarpus  erinaceus)  ;  dans  les  Bauhinia  reticulata  et  rufescens 
(PI.  II,  fig.  5  et  6),  la  lame  présente  parfois  deux  assises,  et, 
chez  la  plupart  des  autres  espèces,  on  trouve  en  moyenne 
3-4  cellules  d'épaisseur  [Parkia  africana,  Parkia  biglobosa, 
DanieUa;  PI.  II,  fig.  8,  9,  11  et  12).  La  série  des  Acacia  et 
des  Mimosa  possède  des  rayons  médullaires  à  7  et  8  cellules 
(PI.  n,  fig.  13);  et  enfin  VErijthnna  senegalensis  arrive,  pour 
terminer,  avec  une  dizaine  de  cellules.  Souvent,  à  côté  de  ces 
rayons,  on  en  voit  de  plus  petits,  moins  épais,  toujours  faciles  à 
distinguer  du  type  principal  et  dont  on  ne  devra  pas  se  soucier 
dans  cette  estimation. 

Pour  la  hauteur,  ces  rayons  médullaires  présentent  également 
des  types  distincts  ;  formés  de  4  à  8  assises  de  cellules  super- 
posées dans  le  Pterocarpus  erinaceus ,  le  Bei'linia  acuminata,  ils 
sont  très  irréguliers  dans  le  Bauhinia  reticulata  où  ils  com- 
prennent souvent  20  et  30  cellules,  formant  alors  de  véritables 


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20  RM.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 

lames  verticales,  rniaces,  qui  coupent  radialement  la  masse  du 
bois.  Dans  certaines  espèces,  V Acacia  Adaiïsonii,  par  exemple, 
on  rencontre  fréquemment  des  rayons  médullaires  élevés  et 
affectant  la  forme  de  8,  phénomène  dû  à  la  soudure  de  deux 
rayons  simples. 

Un  autre  caractère  important,  allant  parfois  jusqu'à  permettre 
ridentification  de  Tespèce,  c'est  la  forme  et  la  dimension  des  cel- 
lules qui,  dans  la  coupe  tangentielle,  terminent  en  haut  et  en 
bas  la  section  du  rayon. 

Généralement  de  même  grandeur  que  les  autres,  elles  pré- 
sentent dans  les  Daniella  un  aspect  tout  spécial  :  elles  sont  en 
effet  de  beaucoup  plus  grandes  que  leurs  voisines  (PI.  II,  fîg.  8 
et  12). 

Dans  VErythrina  senegalensis,  toujours  en  coupe  tangen- 
tielle,  on  voit,  à  la  périphérie,  des  cellules  très  grandes  former 
une  sorte  d'encadrement,  dans  le  centre  du  rayon  se  trouvent 
des  éléments  cellulaires  très  petits  et,  ces  éléments  extrêmes  sont 
réunis  par  des  cellules  passant  progressivement  d'une  dimension 
à  l'autre. 

Enfin,  tandis  que  leurs  parois  sont  généralement  minces  et 
possèdent  une  forme  polygonale  due  à  leurs  pressions  réci- 
proques, Y  Acacia  Sing^  le  Parkia  africana  nous  offrent  des 
éléments  nettement  arrondis,  empilés  les  uns  sur  les  autres  en 
laissant  des  méats  intercellulaires  assez  considérables  (PI.  II, 
%.  10). 

Sur  VOrmosia  laxiflora^  une  pression  latérale  a  donné  aux 
cellules  une  forme  allongée  dans  le  sens  de  la  hauteur  (PI.  II, 
fig.  9). 

Sur  ces  coupes  tangentielles,  on  pourra  aussi  examiner  les 
ponctuations  des  parois,  on  constatera  alors  le  fait  suivant  : 
elles  sont  généralement  vues  de  face  et  semblent  se  trouver 
uniquement  sur  les  parois  des  rayons  médullaires  parallèles  au 
plan  de  section  (PI.  V,  fig.  2). 

3.  —  Tissus  fibreux  et  sclérenchymateux. 

i*»  Rapports  de  ces  deux  tissus. 

L'étude  de  ces  deux  tissus  est  entièrement  connexe  à  cause 
de  leurs  relations  intimes.  Ils  méritent  d'autre  part  un  examen 


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ANATOMIE   DU   TISSU    LIGNKUX.  21 

attentif,  car  leur  importance  est  primordiale  au  point  de  vue 
particulier  qui  nous  occupe. 

Ils  forment  en  effet  la  partie  constitutive  fondamentale  du  bois, 
ils  lui  donnent  ses  qualités  industrielles  et  partant  sa  valeur 
commerciale.  Les  fibres  sont-elles  en  majorité?  le  bois  sera 
dur,  résistant,  dense;  au  contraire,  Texcès  de  sclérenchyme  ou 
parenchyme  ligneux  le  rendra  plus  léger,  plus  tendre,  impropre 
à  certains  usages. 

Apprécier  la  plus  ou  moins  grande  abondance  de  chacun  de 
ces  tissus,  c'est-à-dire  leur  proportion  relative,  est  de  toute 
nécessité  et  nous  employons  pour  cela  la  méthode  suivante  : 

A  Taide  de  la  chambre  claire,  on  fait  une  projection  schéma- 
tique d'une  coupe  dans  laquelle  on  note  les  plages  fibreuses  et 
parenchymateuses,  en  s'attachant  à  les  limiter  le  plus  rigoureu- 
sement possible;  sur  ce  tracé,  que  Ton  fera  de  préférence  au 
grossissement  100  (pour  faciliter  les  mensurations  de  vaisseaux, 
la  numération  de  rayons  médullaires,  etc.),  on  délimite  un  carré 
de  10  centimètres  de  côté,  par  exemple,  que  Ton  partage 
ensuite,  par  des  lignes  parallèles  à  ses  côtés,  distantes  de  1  cen- 
timètre, en  100  petits  carrés  élémentaires  ayant  chacun  i  cen- 
timètre de  côté  (PI.  III,  fig.  7). 

Pour  obtenir  le  rapport  que  nous  voulons  établir,  on  comptera 
le  nombre  de  carrés  occupés  par  chacun  d'eux.  Tout  carré 
renfermant  à  la  fois  les  deux  tissus  sera  compté  comme  appar- 
tenant à  celui  qui  s'y  rencontre  en  plus  grande  quantité,  ce  qui 
sera  facile  à  estimer  au  premier  abord,  étant  donné  le  peu 
d'étendue  de  ces  surfaces  élémentaires. 

Pour  les  bois  zones,  on  devra  laisser  de  côté  la  partie  printa- 
nière  et  s'occuper  seulement  des  régions  où  les  deux  tissus  sont 
nettement  distincts. 

De  cette  façon,  on  arrive  à  un  rapport  p  de  première  utilité 

pour  la  diagnose,  surtout  si  l'on  a  eu  soin  de  faire  plusieurs 
numérations  successives  dont  on  prend  ensuite  la  moyenne;  ce 
rapport  est  d'une  constance  vraiment  remarquable  pour  chaque 
espèce.  Sa  grandeur  correspondra  généralement  à  la  dureté 
du  bois,  pour  des  tissus  de  même  grain. 
Au  point  de  vue  de  la  différenciation  des  espèces,  on  peut 


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22  EM.    PERROT    ET    G.    ^RARD. 

juger  de  rimportance  de  cette  donnée,  dans  certains  cas,  en 
considérant  les  quelques  résultats  mentionnés  sur  le  tableau 
suivant,  qui  montrent  les  écarts  constatés  et,  par  conséquent, 
plaident  victorieusement  en  faveur  de  Timportance  de  ce 
caractère  : 

Rapport — p. 

=  jT^ = 7:  Erythrina  senegalensis 

20       1    ,       .    ^. 
=  ^  =  T  Acacia  bing. 

39 2  (  Cassia  Sieberiana. 

61       3  (  Detarium  senegalense. 
50 1  (  Berlinia  acuviinat.a . 

30      T  (  Tamarindus  indica, 

=  ^  =  j  Prosopis  oblonga. 

Évidemment,  ces  rapports  pourront  être  modifiés  dans  une 
certaine  mesure  par  les  conditions  climatériques  ou  par  Fâge  ; 
mais  de  telles  variations  oscilleront  entre  des  extrêmes  relati- 
vement peu  éloignés,  et,  avec  Taide  des  autres  caractéristiques, 
op  affirmera  bien  vite,  dans  la  plupart  des  cas,  l'individualité 
histologique  de  Tespèce  en  question. 

Un  mot  maintenant  sur  les  aspects  différents  dus  à  la  répar- 
tition de  ces  deux  tissus,  aspects  nettement  visibles  à  l'œil  nu 
ou  à  la  loupe  sur  la  tranche  polie  du  bois. 

D'abord  le  bois  peut  être  constitué  par  une  masse  presque 
entièrement  sclérenchymateuse  renfermant  seulement  quelques 
travées  de  fibres  :  c'est  le  cas  de  VErythrina  senegalensis 
(PI.  III,  fîg.  1)  ;  puis  ces  parties  fibreuses  s'épaississent,  sépa- 
rant le  tissu  ligneux  en  bandes  parallèles,  droites  dans  V Acacia 
Seyaly  YAcacia  altissinia  (PL  III,  fig.  2),  sinueuses  dans 
YAlbizzia  Lebbeck  (PI.  III,  fig.  3). 

On  les  rencontre  également  anastomosées  entre  elles  et  limi- 
tant des  plages  sclérenchymateuses  allongées  de  grandeur 
variable  :  Parkia  biglobosa,  Dichrostachys  nutans^  Detarium 
senegalense  (PI.  III,  fig.  4). 

Ce  genre  de  tissu  prenant  ensuite  plus  de  régularité,  les  îlots 


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ANATOMIE    DU    TISSU    LIGNEUX,  23 

parenchyniateux  sont  arrondis,  séparés  les  uns  des  autres  par 
un  réliculum  fibreux  :  tel  est  Taspect  présenté  par  le  Parkia 
africana,  le  Tetrapleura  Thonningh,  le  Berlinia  acuminata 
(PL  III;fig.  5). 

Enfin,  la  dernière  disposition  est  caractérisée  par  une  masse 
fibreuse  formant  la  partie  .principale  du  bois  et  parsemée  de 
quelques  îlots  sclérenchymateux  petits,  généralement  compris 
entre  deux  rayons  médullaires  et  renfermant  un  ou  deux  vais- 
seaux, comme  dans  le  Prosopis  abloriffaÇPl.  III,  fig.  6)  ou  géné- 
ralement deux  ou  trois  {Tamarindus  indica)  (PI.  V,  fig.  4). 

Quelquefois  plusieurs  îlots  se  soudent,  s'anastomosent,  don- 
nant des  bandes  disposées  en  accents  circonflexes  alternant  les 
uns  avec  les  Siuives  {A  bizzia). 

Tous  ces  aspects  types  peuvent  d'ailleurs  présenter  de  nom- 
breuses variations  suivant  l'importance  du  tissu  fibreux  et  la 
grosseur  des  éléments  cellulaires. 

Passons  maintenant  à  Tex^men  particulier  de  chacun  de  ces 
tissus  : 

2°    SCLÉRENCHYME. 

A  proprement  parler,  on  rencontre  toujours  du  sclérenchyme 
ligneux,  car  les  parois  cellulaires  se  sont  toujours  plus  ou  moins 
lignifiées  et  ont  acquis  la  propriété  de  fixer  le  vert  d'iode. 

Les  coupes  transversales  permettent  d'étudier  la  régularité  et 
la  dimension  des  cellules  qui  le  composent  et  qui  varient  avec 
les  végétaux  :  le  tissu  parenchymateux  forme  le  plus  souvent, 
même  dans  les  bois  fibreux,  une  sorte  de  gaine  enveloppant  les 
vaisseaux  et  destinée  probablement,  en  dehors  de  son  rôle  de 
dissémination  des  matériaux  apportés  par  ces  derniers,  à  les 
protéger  contre  un  écrasement  dû  à  la  croissance  centrifuge  du 
végétal. 

Cependant  cette  gaine  sclérenchymateuse  manque  quelquefois 
partiellement  :  c'est  ainsi  que,  dans  ï Acacia  altissima  (PI.  III, 
fig.  2),  on  voit  les  vaisseaux,  au  moins  en  partie,  en  contact 
direct  avec  les  bandes  fibreuses,  sans  aucun  intermédiaire  de 
tissu  élastique. 

Quelquefois  même  {Acacia  Adansonii),  les  éléments  vascu- 
laires  se  présentent  fréquemment  enfouis  tout  entiers  dans  lea 


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^24  EM.    PËRROT    ET   G.    GÉRARD. 

parties  fibreuses  accompagnées  seulement  d'une  très  petite  quan- 
tité de  parenchyme  ligneux. 

Dans  Tétude  de  ces  cellules  sclérenchymateuses  en  coupe 
transversale,  il  y  aura  lieu  de  bien  indiquer  :  1**  leurs  dimensions, 
quand  elles  seront  toutes  à  peu  près  de  même  taille;  2°  leur 
forme,  qui  peut  être,  suivant  les  cas,  rectangulaire,  hexagonale 
ou  tout  à  fait  irrégulière;  3**  leur  répartition,  car  dans  certains 
végétaux,  en  effet,  elles  se  rangent  avec  une  grande  régularité 
en  files  radiales. 

Les  coupes  longitudinales  seront  généralement  de  minime  inté- 
rêt pour  l'étude  de  ce  tissu  et  ne  fourniront  guère  que  des  indi- 
cations sur  la  longueur  et  la  course  de  ses  éléments  constitutifs. 

D'autre  part,  ce  tissu  étant  essentiellement  l'élément  vital  du 
bois,  il  y  aura  lieu  d'étudier  le  contenu  des  cellules  qui  le  com- 
posent (amidon,  oxalate  de  chaux,  résine,  etc.). 

Ajoutons  enfin  que  ce  tissu  lignifié  est  fréquemment  parcouru, 
dans  la  famille  des  Légumineuses,  par  des  organes  sécréteurs 
différenciés  (poches  ou  canaux)  présentant  un  intérêt  très  grand 
pour  la  systématique,  certains  genres  seuls  en  étant  pourvus, 
Copaifei*ay  Uaniella^  Détartum,  etc.  11  faudra  donc  faire  une 
étude  détaillée  de  ces  organes,  décrire  leur  forme,  leur  mode 
de  développement  et  leur  disposition,  vérifier  si  l'on  est  en  pré- 
sence de  poches  ou  de  canaux  isolés  ou  anastomosés,  et,  dans 
ce  dernier  cas,  indiquer  l'orientation  de  ces  anastomoses. 

C'est  encore  dans  le  parenchyme  que  l'on  rencontre  souvent 
des  formations  gommeuses  :  ce  sont  des  lacunes  généralement 
groupées  en  zones  concentriques  et  séparées  seulement  les  unes 
des  autres  par  les  rayons  médullaires  qui  eux-mêmes,  plus  tard, 
se  désagrègent  également  ;  sur  les  bords  de  ces  lacunes  on  voit  les 
cellules  se  dissocier,  épaissir  leurs  membranes,  ^ubir  des  phé- 
nomènes de  gélification  et  disparaître  ensuite  les  unes  après  les 
autres  dans  la  partie  gommeuse  centrale  qu'elles  augmentent  de 
leur  masse  (PI.  V,  fig.  i). 

Ces  substances  (sucs  résineux,  baumes,  oléo-résines  des 
canaux  sécréteurs,  gommes  ou  kinos)  ont  parfois  une  valeur 
commerciale  réelle  et,  en  conséquence,  il  ne  faut  pas  manquer 
de  les  signaler  avec  le  plus  grand  soin,  toutes  les  fois  qu'on  les 
rencontre. 


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ANATOMIE   DU    TISSU    LIGNEUX.  25 


3**  Fibres. 


Le  tissu  fibreux  qui,  comme  nous  Tavons  vu  au  début  de  ce 
chapitre,  est  en  quantité  variable  suivant  les  plantes,  mérite  un 
examen  très  attentif;  c'est  lui  en  eflet  l'élément  principal  de  la 
solidité,  de  Télasticité,  delà  résistance  du  bois. 

Par  les  coupes  transversales,  on  déterminera  le  diamètre  des 
fibres,  on  constatera  la  régularité  plus  ou  moins  grande  de  leur 
forme,  de  leur  grosseur,  de  leur  répartition. 

Le  tissu  fibreux  peut  en  effet  se  montrer  sous  trois  aspects 
principaux. 

D'abord,  toutes  les  sections  des  fibres  ont  sensiblement  le 
même  diamètre  comme  dans  V Acacia  Sénégal  (PI.  IV,  fig.  3); 
dans  le  Mimosa  nutanHy  au  contraire,  elles  présentent  la  plus 
grande  variété  de  taille  (PI.  IV,  fig.  1);  enfin  VErifthrina  sene- 
galensiSy  le  Daniella  ihurifera  possèdent  de  grosses  fibres 
distantes  les  unes  des  autres  et  réunies  par  un  nombre  variable 
d'éléments  beaucoup  plus  petits,  les  tailles  moyennes  faisant 
complètement  défaut  (PI.  IV,  fig.  2). 

Un  élément  important  à  mesurer  ou,  tout  au  moins,  à  signaler, 
c'est  l'épaisseur  des  parois  de  ces  fibres,  épaisseur  que  Ton 
pourra  évaluer  en  fonction  du  rayon,  et  qui  peut  atteindre  les 
deux  tiers  ou  même  les  trois  quarts  de  sa  longueur,  ne  laissant 
au  centre  de  l'élément  fibreux  qu'une  cavité  extrêmement 
réduite. 

Quelquefois  ce  lumen  est  rempli  de  matières  tannoïdes 
colorées  (rouges  phlobaphéniques),  très  difficilement  solubles, 
qui  en  imprègnent  aussi  les  membranes  :  c'est  ce  que  l'on  ren- 
contre dans  le  cœur  de  VOrmosia  laxiflora  ou  du  Swarlzia 
madagascariensis . 

Dans  les  coupes  longitudinales,  il  faudra  étudier  la  longueur 
des  fibres,  leur  mode  d'enchevêtrement,  la  forme  de  leur  extré- 
mité. 

Dans  les  sections  tangentielles  en  particulier,  on  constatera 
le  trajet  plus  ou  moins  sinueux  qui  leur  sera  infligé  par  la  posi- 
tion des  rayons  médullaires. 

On  verra  également  que,  dans  certains  cas,  le  lumen  est 
unique,  tandis  que  dans  d'autres,  la  cavité  primitive  de  la  cellule 


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26  EM.    PËRROT    ET    G.    GÉRARD. 

devenue  fibreuse,  s'est  fragmentée  plus  tard  en  plusieurs  loges 
par  formation  de  cloisons  transversales. 

Les  parois  enfin  peuvent  présenter  des  canalicules  en  quantité 
variable. 

Tous  ces  caractères  doivent  être  pris  en  considération  pour  qu'on 
puisse  arriver  à  se  faire  une  conception  synthétique  des  qualités 
du  bois  considéré  :  les  fibres  petites,  de  faible  diamètre,  à  parois 
épaisses,  donnent  la  force;  leur  longueur  rendra  le  bois  plus 
tenace,  plus  élastique;  plus  elles  seront  enchevêtrées,  moins  il 
sera  susceptible  de  se  fendre  pendant  le  travail  ou  la  dessiccation. 

4.  —  Zones  saisonnières. 

Les  bois  ne  présentent  généralement  pas  en  coupe  transver- 
sale un  aspect  absolument  homogène.  Dans  nos  pays  particu- 
lièrement, où  les  saisons  bien  tranchées  amènent  un  arrêt  de  la 
végétation  pendant  Thiver,  des  régions  ligneuses  de  composition 
différente  se  forment  à  la  période  d'activité  maxima  (prin- 
temps) et  à  l'automne,  déterminant,  sur  la  section,  des  zones 
alternativement  plus  claires  et  plus  foncées.  Dans  beaucoup  des 
bois  soudanais  que  nous  avons  examinés,  on  trouve  également 
des  zones  plus  ou  moins  marquées.    . 

En  étudiant  microscopiquement  la  structure  de  ces  différentes 
régions,  il  est  facile  de  constater  que  ces  teintes  variables 
peuvent  être  dues  à  plusieurs  causes. 

Notons  tout  d'abord  que  le  tissu  est  plus  fibreux  à  Tépoque 
qui  correspond  à  notre  automne,  plus  parenchymateux  quand  il 
a  été  formé  de  janvier  à  mars. 

Dans  les  bois  où  l'on  remarque  extérieurement  des  bandes 
assez  régulièrement  disposées  et  formées  alternativement  de 
tissu  parenchymateux  et  de  fibres,  les  zones  sont  indiquées 
souvent  par  un  rapprochement  plus  grand  des  lignes  fibreuses. 

Le  nombre  et  les  dimensions  des  vaisseaux  sont  aussi 
influencés  par  l'époque  de  l'année  où  ils  se  sont  formés  :  nom- 
breux, serrés,  d'un  diamètre  relativement  réduit  de  janvier  à  mai, 
ils  vont  en  s'écartant  et  augmentant  de  section  dans  le  bois  formé 
de  juin  à  octobre  (PI.  V',  fig.  4). 

Ces  zones  correspondent  sensiblement  aux  mêmes  époques 
que  chez  nous  et  ce  fait  est  assez  important  à  signaler. 


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ANATOmiS    DC    TISSU    LIGNEUX.  27 

On  a  pu  constater  en  effet  que  des  échantillons  âgés  de  plu- 
sieurs années,  à  zones  nettement  apparentes  et  coupés  au  début 
de  janvier,  présentaient  comme  dernière  tranche  de  bois,  près 
du  cambium,  le  tissu  fibreux  propre  à  l'automne  :  le  Tama- 
rindus  indica^  les  Detarium  en  donnent  des  exemples  très  nets. 

D'autres  faits  faciles  à  constater  peuvent  également  déceler 
ces  zones  saisonnières. 

Dans  les  végétaux  atteints  de  gommose.  on  remarque  la  for- 
mation de  lacunes  dues  à  la  gélificatton  des  parois  cellulaires 
du  tissu  parenchymateux.  Dans  la  même  région,  les  vaisseaux 
et  les  cellules  sclérenchymateuses  ou  fibreuses  renferment  fré- 
quemment des  écoulements  de  matière  gommeuse. 

Or,  tous  ces  tissus  altérés  sont,  tout  au  moins  au  début  de  la 
maladie,  uniquement  répartis  dans  la  zone  printanière. 

Ce  phénomène,  qu'il  est  facile  de  constater  sur  nos  Rosacées 
indigènes,  sur  certains  Gommiers  exotiques,  a  été  retrouvé 
notamment  dans  le  bois  du  Burkea  africana  (PI.  V,  fig.  5). 

Dans  cette  plante,  on  distingue  par  places  jusqu'à  4  zones 
concentriques  de  lacunes  gommeuses. 

M.  GuiGNARD,  au  sujet  de  l'appareil  sécréteur  des  Copaifera, 
fait  remarquer  que  les  canaux  présentent  souvent  des  anasto- 
moses, mais  il  montre  que  ces  communications  sont  toujours 
établies  dans  une  même  zone  annuelle.  Des  faits  analogues  ont 
été  constatés  par  nous  chez  les  Detarium  où  Ton  voit  les  canaux 
sécréteurs  rangés  en  lignes  concentriques  (PI.  V,  fig.  3  et  VI, 

fig.  i). 

Dans  un  jeune  échantillon  de  Detarium  senegalense,  nous 
avons  constaté,  dans  presque  toutes  les  premières  cellules 
parenchymateuses  correspondant  au  bois  printanier,  la  présence 
d'une  série  continue  et  rarement  interrompue  de  cristaux  d'oxa- 
iate  de  chaux.  Cet  alignement  d'oxalate  calcique  affecte  aussi 
dans  le  végétal  la  forme  d'un  cylindre  adossé,  du  côté  externe, 
au  bois  fibreux  formé  pendant  l'automne  de  l'année  précédente. 

Or,  dans  V Acacia  Sénégal,  au  milieu  d'un  tissu  homogène,  on 
rencontre  à  des  distances  assez  grandes,  mais  correspondant 
assez  nettement  à  des  zones  d'accroissement,  des  cercles  formés 
par  une  suite  ininterrompue  de  cellules  à  oxalate  adossées  très 
souvent  à  une  bande  fibreuse. 


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28  EU,    PERUOT    KT    G.    GÉKARD* 

Il  est  alors  tout  à  fait  vraisemblable  d'attribuer  à  cette  forma- 
tion la  même  signification. 

Cette  abondance  momentanée  de  cristaux  d'oxalate  serait  due 
à  une  excrétion  exagérée  correspondant  à  la  phase  de  suracti- 
vité vernale. 

Enfin,  dans  un  échantillon  d'Acacia  allissima  qui  nous  a  été 
remis,  le  bois,  très  régulièrement  strié  de  bandes  fibreuses  et  sclé- 
renchymateuses  parallèles  et  très  rarement  anastomosées,  pré- 
sente les  particularités  suivantes  : 

Au  centre,  un  premier  noyau  de  4  mm.  de  diamètre  corres- 
pondant à  la  première  année,  puis  une  zone  de  12  mm.  d'épais- 
seur renfermant  28  bandes  régulièrement  espacées,  formées 
pendant  la  deuxième  année,  puis  brusquement  une  autre  zone 
de  28  bandes  placées  à  distances  égales,  mais  occupant  un 
espace  double  (24  mm.  d'épaisseur),  enfin  une  troisième  zone  de 
28  bandes  ayant  24  mm.  d'épaisseur,  et,  pour  terminer,  le  cam- 
bium.  Cet  échantillon  a  été  recueilli  vers  le  mois  de  janvier. 

Nous  constatons  ici  3  fois  de  suite  une  modification  brusque 
et  nettement  marquée  dans  la  rapidité  de  végétation  de  V Acacia 
allissima. 

5.  —  Cœur  et  aubier. 

A  côté  de  ces  différenciations  de  zones  annuelles,  il  y  a  lieu 
de  mentionner  l'existence,  dans  certains  végétaux,  d'un  noyau 
central  différant,  par  sa  couleur  et  sa  densité,  du  bois  périphé- 
rique. 

Le  Swartzia  madagascariensis,  VOrmosia  laxiflora,  par 
exemple,  présentent  très  nettement  ce  caractère  d'un  bois  noi- 
râtre central,  semblable  à  celui  du  Gayac,  qui  est  entouré  d'un 
tissu  clair,  jaune  crème,  comparable  au  Buis. 

D'autres  végétaux,  et  ils  sont  les  plus  nombreux,  présentent  au 
centre  un  cœur  également  plus  foncé;  mais,  au  lieu  que  le  pas- 
sage se  fasse  brusquement,  le  cœur  étant  limité  par  une  ligne  de 
démarcation  très  nette,  on  voit,  à  la  périphérie  de  ce  dernier,  une 
teinte  dégradée  qui  fait  passer  insensiblement  d'une  partie  à 
l'autre. 

Étudiant  de  près  ces  formations,  on  peut  constater  que  la 
structure  de  la  portion  centrale  est  absolument  analogue  à  celle 


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ANATOMIE    DU    TISSU    LIGNEUX.  29 

de  la  zone  périphérique  :  la  seule  variation  à  relever  est  due 
à  la  présence  d'une  grande  quantité  de  matières  tannoïdes 
colorées  qui  imprègnent  les  membranes  et  emplissent  le  lumen 
des  fibres  ainsi  que  certaines  cellules  du  sclérenchyme  ligneux  et 
des  rayons  médullaires.  De  plus,  dans  ces  régions,  les  vais- 
seaux sont  presque  toujours  obstrués  par  des  matières  de  nature 
goromeuse  insolubles.  • 

Cette  transformation  de  Taubier  en  duramen  (cœur)  est  tou- 
jours identique  et  confirme  les  conclusions  que  M.  Mer  a  tirées 
de  son  étude  sur  le  cœur  du  Chêne  : 

Il  n*y  a  jamais  d'amidon  dans  la  région  ligneuse  centrale,  qui 
est  au  contraire  riche  en  matières  tanniques  et,  si  les  vaisseaux 
ne  sont  que  rarement  obstrués  par  des  thylles,  ils  se  présentent 
presque  d'une  façon  générale,  remplis  par  des  matières  gom- 
meuses  ou  riches  en  tannin.  Ces  phénomènes  sont  donc  abso- 
lument du  même  ordre. 

Dans  d'autres  expériences,  M.  Mer  a  montré  que,  si  l'on 
écorce  partiellement  un  Chêne,  la  duraminisation  est  de  beau- 
coup plus  précoce  dans  les  régions  où  l'on  fait  cette  opéra- 
tion. Or,  dans  l'échantillon  iïOrmosia  laxiflora  qui  nous  a 
été  remis  par  M.  Chevalier,  il  est  facile  de  remarquer  que  le 
contour  du  cœur,  loin  d'être  circulaire  comme  dans  le  Swartzia^ 
émet  au  contraire  des  prolongements,  qui  s'avancent  jusqu'au 
cambium  (PI.  IV,  fig.  11);  on  se  rend  compte  de  suite  que, 
précisément  à  ces  places,  l'écorce  manque  et,  la  plaie  étant 
noircie  et  partiellement  cicatrisée,  on  doit  en  conclure  que  cet 
écorcement  est  antérieur  à  la  date  de  la  récolte  de  l'échantillon. 
Là  encore,  il  y  a  donc  un  accord  complet  entre  ce  que  l'on 
constate  chez  VOrmosia  laxiflora  et  ce  que  M.  Mer  a  obtenu 
chez  le  Chêne. 

La  duraminisation  semble  donc  devoir  être  attribuée  à  une 
mortification  du  tissu  ligneux,  mortification  précédée  d'une 
imprégnation  tannique;  cette  transformation  étant  occasionnée 
par  un  éloignement  trop  considérable  du  cambium  ou  des  tissus 
placés  au  delà  (liber).  Cet  éloignement  les  empêche  de  fournir 
aux  régions  centrales  une  quantité  suffisante  d'éléments  vitaux, 
et  ne  permet  pas  à  ces  dernières  l'élimination  de  leurs  produits 
d'excrétion. 


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30  EM.    PERROT    ET    G.    GÉRARD. 

Il  en  résulte  que  le  tissu  considéré  devient  le  siège  d*uDe 
accumulation  de  ces  matières  riches  en  substances  tannoïdes. 

Ce  fait  est  appuyé  par  la  constatation  que  la  destruction  de 
Técorce  et  du  cambîum  amène  une  mortification  prématurée  du 
bois  et  la  diffé'-'îaciation  en  duramen  des  régions  s'avançant 
jusqu'à  la  périphérie  du  cylindre  ligneux. 

La  distance  du  cambium  à  la  zone  -de  duraminisation  peut 
d'ailleurs  varier  avec  les  espèces  en  raison  de  la  structure  du 
tissu  ligneux  :  elle  est  particulièrement  faible  chez  VOrmosia 
laxiflora,  le  Swartzia  madagascariensis,  le  Prosopis  oblonga 
qui  possèdent  des  bois  compacts  et  peu  perméables,  c'est  ce 
qui  nous  permet  de  trouver  sur  des  branches  relativement  jeunes 
un  cœur  déjà  nettement  formé. 

Des  phénomènes  analogues  à  la  duraminisation  se  produisent 
de  même  chez  certaines  espèces  quand  il  se  forme  une  lésion 
extérieure  peu  profonde.  Nous  avons  pu  les  observer  chez  le 
Tamarindus  indica,  où  le  bois  qui  entoure  la  plaie  prend  toutes 
les  apparences  de  celui  de  la  région  centrale  et  s'imprègne 
comme  lui  de  matières  riches  en  tannin  qui  lui  donnent  une 
couleur  rouge  caractéristique. 

Mais  une  déduction  intéressant  l'exploitation  industrielle  peut 
être  tirée  de  ces  considérations  anatomiques  et  physiologiques  : 
c'est  que  si  Ton  procède  à  un  écorcement  méthodique  des  bran- 
ches ou  du  tronc  d'un  de  ces  végétaux,  on  peut  obtenir,  en 
abattant  Tarbre  quelque  temps  après  cette  opération,  des  bois 
présentant  un  cœur  irrégulier  et  ayant  par  exemple  une  section 
étoilée.  Le  travail  de  ce  bois  au  tour  permettra  de  faire  appa- 
raître sur  sa  surface  cylindrique  des  lignes  ou  des  réseaux  plus 
ou  moins  réguliers,  se  dessinant  en  bois  noir  sur  un  fond 
clair. 

Il  n'y  a  pas  de  doute  que  l'ébénisterie  puisse  tirer  un  parti 
judicieux  de  ces  remarques;  les  bois  de  Swartzia  madagas- 
cariensis  et  d'Ormosia  laxiflora  auxquels  s'adressent  ces  obser- 
vations, constitués  par  des  tissus  fins  et  serrés,  se  prêtent 
parfaitement  à  un  travail  soigné  et  à  la  confection  d'objets  de 
valeur. 


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anâtomië  du  tissu  ligneux.  31 

6.  —Organes  sécréteurs. 

Dans  certaines  espèces  ligneuses  et  dans  beaucoup  de  familles 
végétales,  la  présence  d  organes  sécréteurs  :  cellules,  poches 
scbizogènes  ou  lysigènes,  canaux  simples  ou  anastomosés, 
laticifères,  etc.,  fournit  un  excellent  caractère  de  diagnose. 

Au  point  de  vue  pratique,  leur  étude  présente  en  outre  un 
grand  intérêt,  car  les  produits  de  sécrétion  de  ces  organes  sont 
souvent  la  source  de  matières  précieuses  pour  l'industrie  ou  la 
thérapeutique. 

Parmi  les  Légumineuses,  un  certain  nombre  de  genres  ont 
été  cités  comme  pourvus  de  ces  appareils.  M.  Guignajid  en 
particulier  a  décrit  ceux  des  Copaifera  et,  plus  récemment,  ceux 
du  Daniella, 

D'autre  part,  les  Detarium  que  nous  avons  eus  entre  les 
mains  {Detarium  senegalense,  microcarpum,  Heudelotii,  PI.  V 
et  VI)  nous  ont  permis  d'étudier  un  appareil  sécréteur  un  peu 
spécial,  mais  se  rapportant  au  même  type  et  se  rapprochant 
surtout  de  celui  des  Copaifera. 

Les  bois  renfermant  des  organes  à  contenu  résineux  ou  oléo- 
résineux,  seront  plus  réfractaires  à  l'attaque  des  insectes  et, 
par  conséquent,  de  conservation  beaucoup  plus  aisée;  mais,  en 
revanche,  leur  contenu  les  rendra  souvent  inutilisables  pour 
certains  usages  de  l'ébénisterie. 

Enfin  ces  produits  donneront  aux  tissus  qui  les  renferment  la 
propriété  de  brûler  avec  une  grande  facilité  et  en  répandant 
généralement  une  odeur  agréable.  Les  indigènes  ont  fréquem- 
ment recours  à  ces  combustions,  et  c'est  en  brûlant  des  bois  de 
Daniella  qu'ils  parfument  l'air  vicié  de  leurs  cases  d'où  l'hygiène 
la  plus  élémentaire  est  trop  souvent  bannie. 

En  même  temps  que  ces  appareils  sécréteurs  nettement 
différenciés,  il  y  aura  lieu  de  prendre  en  considération  les 
cellules  ou  tissus  abondamment  pourvus  de  matières  tanniques. 

Ces  substances  seront  facilement  décelées,  d'abord  par  la 
couleur  foncée  qu'elles  communiquent  aux  éléments  qui  les 
renferment  (contenu  cellulaire  ou  membrane),  ensuite  par  les 
réactifs  microchimiques  (perchlorure  de  fer,  bichromate  de 
potasse). 


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32  LM.    PERROT    ET    G.    GÉRARD. 

Leur  présence  et  surtout  leur  abondance  ont  une  grande 
importance  au  point  de  vue  de  la  conservation  du  bois,  le 
tannin  étant  le  principal  élément  de  la  durée  des  substances 
ligneuses  en  empêchant  leur  corruption. 

Ce  sont  ces  matières  tannoïdes  qui,  d'autre  part,  communi- 
quent à  certains  bois  les  belles  colorations  brunes,  rouges  ou 
noires,  qui  les  font  rechercher  des  ébénistes. 

7.  —  Amidon. 

Parmi  les  produits  de  réserve  existant  dans  le  tissu  ligneux, 
Tamidon  est  un  de  ceux  que  Ton  rencontre  le  plus  fréquemment; 
il  est  à  peu  près  uniquement  localisé  dans  le  parenchyme 
ou  le  sclérenchyme  ligneux  et  souvent  les  cellules  de  ce  dernier 
en  sont  absolument  bourrées  (le  Mimosa  nutans  par  exemple 
offre  cette  particularité,  PI.  IV,  fig.  12);  la  présence,  l'abondance 
et  la  forme  des  grains  d'amidon  seront  autant  d'éléments  de 
diagnose  méritant  d'être  pris  en  considération.  D'autre  part, 
son  existence  dans  un  bois  rendra  ce  dernier  très  attaquable 
par  les  vers  et  les  parasites.  Dans  ce  cas,  on  se  trouvera  donc 
en  présence  de  mauvais  éléments  de  construction  et  on  ne  devra 
les  employer  qu'avec  la  plus  grande  réserve. 

La  présence  de  l'amidon  pourra  souvent  être  reconnue,  sans 
l'aide  du  microscope,  par  la  simple  observation  de  la  tache  pro- 
duite par  l'eau  iodée  sur  la  tranche  du  bois. 

8.  —  Oxalate  de  chaux. 

En  dernier  lieu,  il  faut  signaler,  comme  élément  d'étude,  les 
crislaux  d'oxalate  de  chaux;  on  en  rencontre  dans  la  plupart 
des  bois,  mais  en  quantité  variable. 

Dans  les  Légumineuses,  ils  présentent  généralement  une 
forme  prismatique  (PI.  IV,  fig.  5,  6  et  7).  Ces  cristaux,  résidus 
de  l'assimilation  du  végétal,  se  rencontrent  presque  exclusi- 
vement dans  les  cellules  parenchymaleuses  voisines  des  fibres, 
où  l'oxalate  de  calcium  semble  avoir  sa  région  d'élection 
préférée. 

Ils  paraissent  ainsi  refoulés  à  travers  ce  tissu  jusqu'à  ce  qu'ils 
rencontrent  une  barrière  infranchissable  qui  ici  est  formée  par 


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ANATOMIE    DU    TISSU    LIGNEUX.  33 

le  tissu  fibreux  ;  daus  les  dernières  cellules  sciérenchyinaleuses 
une  stase  se  produit,  favorisant  la  précipitation  de  Toxalate  de 
chaux  dont  les  molécules  s'agglomèrent  pour  constituer  les 
formes  cristallines  précédemment  mentionnées. 

Les  échantillons  A'Acacia  Sénégal  que  nous  avons  examinés 
présentent,  sur  les  coupes  transversales,  des  lignes  concentriques, 
assez  régulières,  épaisses  de  1  ou  2  cellules  et  dont  tous  les 
éléments  contiennent  un  cristal  d'oxalate  de  chaux.  L'examen 
des  coupes  radiales  montre  que  cette  formation  s'étend  à  toute 
la  longueur  de  la  branche,  constituant  par  conséquent  des  sur- 
faces cylindriques  dont  toutes  les  cellules  sont  oxalifères. 

Le  plus  souvent,  ces  éléments  sont  adossés  à  une  plage  ou 
îlot  fibreux. 

Nous  avons  déjà  signalé  ce  fait  en  parlant  des  zones  saison- 
nières, et  nous  avons  vu  que,  dans  les  jeunes  branches  de  Delà- 
rium,  on  trouvait  aussi  de  ces  fibres  ou  rangées  de  cellules  à 
oxalate. 

L'examen  des  coupes  longitudinales  permet  de  constater  ce 
fait  que  les  éléments  oxalifères  sont,  dans  tous  les  bois,  réunis 
en  files  verticales  de  hauteur  variable,  mais  pouvant  atteindre 
quelquefois  une  longueur  considérable. 

Tandis  que,  dans  la  plupart  des  végétaux,  des  cloisonnements 
successifs  ont  amené  l'isolement  du  cristal  d'oxalate  dans  une 
cellule  beaucoup  plus  petite  que  ses  voisines,  chez  le  Ptero- 
carpus  erinaceusy  au  contraire,  on  trouve,  au  milieu  d'un  sclé- 
renchyme  à  petits  éléments,  de  grosses  cellules  arrondies, 
accolées  par  5  ou  6  et  légèrement  aplaties  par  ce  contact  réci- 
proque, qui  renferment  chacune  un  gros  cristal  d'oxalate  cal- 
cique  (PI.  V,  fig.  6). 

Ces  éléments  donnent  aux  coupes  tangentielles  du  P/erocar/?Ms 
un  aspect  tout  à  fait  particulier  et  bien  distinct  de  celui  des 
autres  bois  étudiés. 

Très  souvent  enfin,  on  voit  ces  séries  verticales  de  cellules 
oxalifères  se  placer  le  long  des  sections  des  rayons  médullaires, 
auxquelles  elles  forment,  en  coupe  tangentielle,  une  bordure 
plus  ou  moins  complète. 


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34  EM.    PEHROT    ET    G.    GÉRARD. 

III.  —  CONCLUSION. 

Si  maintenant  on  cherche  à  identifler  diverses  espèces  ligneuses 
en  s'aidant  de  Tétude  que  nous  venons  d'exposer,  on  s'aperçoit 
bien  vite  que  les  caractères  différentiels  sont  d'importance  très 
variable.  Tandis  que  les  uns  s'étendent  à  tous  les  végétaux 
d'une  même  famille  et  permettent  de  donner  la  caractéristiqu  e 
de  ce  groupe,  d'autres  sont  propres  à  un  ou  plusieurs  genres  : 
quelques-uns  enfin  permettent  de  pousser  plus  loin  la  diagnose 
et  de  distinguer  différentes  espèces  voisines. 

Nous  avons  vu,  par  exemple,  que  l'épaisseur  des  rayons  médul- 
laires, leur  nombre,  la  présence  ou  l'absence  de  canaux  sécré- 
teurs sont  presque  toujours  des  caractères  de  groupes  ou  de 
sections;  l'abondance,  la  répartition,  la  forme  des  cristaux 
d'oxalate  de  chaux,  le  volume  des  cellules  terminales  des  sec- 
tions tangentielles  des  rayons  médullaires  permettent  très  sou- 
vent la  différenciation  d'espèces  du  même  genre;  l'aspect  général 
du  tissu  parenchymateux,  le  trajet  sinueux  des  fibres  qui  con- 
tournent les  rayons  médullaires  rentrent  au  contraire  dans  les 
caractères  spéciaux  des  Légumineuses.  C'est  grâce  à  cette  struc- 
ture que  les  bois  de  cette  famille  sont  tenaces  et  se  fendent 
difficilement  dans  le  sens  longitudinal  en  donnant  des  sections 
ir  régulières. 

Si  maintenant  on  se  place  à  un  point  de  vue  encore  plus 
pratique  et  que  l'on  cherche  à  tirer,  de  l'étude  microscopique 
précédemment  décrite,  les  données  qu'elle  est  susceptible  de 
fournir  au  sujet  des  qualités  industrielles  du  bois  examiné,  on 
devra  procéder  à  une  discussion  approfondie  des  caractères  des 
principaux  éléments,  afin  de  déterminer  les  usages  les  plus 
avantageux  de  chaque  espèce. 

Des  bois  abondamment  pourvus  de  fibres  fines  et  à  parois 
très  épaisses  seront  très  résistants  et  conviendront  à  la  cons- 
truction et  à  la  charpente:  plus  leurs  éléments  seront  enche- 
vêtrés et  moins  ils  seront  susceptibles  de  se  fendre.  De  plus, 
pour  ces  usages,  on  devra  éliminer  ceux  dont  le  parenchyme 
est  bourré  d'amidon,  et  rechercher  surtout  des  tissus  qui 
renferment  des  résines,  ou  sont  très  riches  en  dérivés  tanni- 
ques. 


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ANATOMIE   WJ    TISSU    LIGNEUX.  35 

La  fabrication  des  canots,  bateaux,  tonneaux,  foudres  demande 
des  bois  légers,  résistants  et  suffisamment  souples  pour  épouser 
les  formes  arrondies  que  Ton  veut  leur  faire  prendre  :  on 
devra  donc  choisir  des  tissus  possédant  des  fibres  longues;  il 
faudra  éliminei*  pour  la  tonnellerie  ceux  qui  sont  pourvus  d'un 
appareil  sécréteur  et  sont  riches  en  résines  capables  de  se 
dissoudre  dans  les  liquides  qu'ils  devront  contenir,  en  leur 
communiquant  une  odeur  ou  une  saveur  désagréables. 

La  sculpture,  Tébénislerie,  le  travail  au  tour,  la  fabrication 
des  queues  de  billard,  manches  de  parapluie,  bobines  de  fila- 
ture, vis  de  pressoir,  poulies,  etc.,  demandent  du  bois  assez 
facile  à  travailler,  homogène  comme  texture,  se  fendant  diffici- 
lement et  à  grain  fin;  il  faudra  réserver  pour  ces  usages  les 
végétaux  qui  possèdent  un  tissu  fibreux  formé  de  petits  éléments 
et  rejeter  les  bois  dont  les  coupes  transversales  présentent 
des  zones  trop  distinctes  et  de  dureté  variable. 

Pour  les  revêtements  de  carrosserie,  intérieur  de  wagons  de 
chemin  de  fer,  voitures  de  tramways,  on  emploie  souvent  des 
bois  polis  et  simplement  vernis,  on  cherche  alors  des  espèces 
donnant  sur  les  planches  un  aspect  frisé  assez  décoratif  :  pour 
cela,  on  arrêtera  son  choix  sur  des  bois  légers,  suffisamment 
pourvus  de  zones  parenchymateuses  ainsi  que  de  hauts  et  larges 
rayons  médullaires  dont  les  sections  donneront  les  dessins 
recherchés. 

Le  placage  demande  également  des  tissus  très  homogènes, 
compacts,  à  éléments  d'une  grande  finesse  et  susceptibles,  par 
conséquent,  de  se  laisser  débiter  en  feuilles  d'épaisseur  très 
minime. 

En  vue  de  certains  usages,  pilotis,  traverses  de  chemin  de 
fer,  poteaux  télégraphiques,  on  rend  les  bois  moins  altérables 
en  les  injectant  avec  des  liquides  tenant  en  dissolution  des 
substances  antiseptiques,  destinées  à  empêcher  leur  corruption 
ou  leur  destruction  par  les  parasites. 

Comme  nous  Tavons  vu  précédemment,  les  bois  suffisamment 
pourvus  de  vaisseaux  assez  gros  conviendront  parfaitement  à 
ces  usages,  ces  éléments  vasculaires  facilitant  la  pénétration  et 
la  dispersion  du  liquide  injecté  . 

Ces  quelques  exemples  suffisent  pour  indiquer  dans  quel  sens 


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36  KM.    PËRROT    ET   G.    GÉRARD. 

on  doit  utiliser  les  indications  données  par  Tétude  microsco- 
pique du  tissu  ligneux,  soit  pour  la  détermination  des  espèces, 
soit  pour  le  choix  préliminaire  de  leurs  utilisations  possibles. 

Enfin,  une  autre  question  du  plus  haut  intérêt  se  pose  en  ce 
qui  concerne  les  essais  d'introduction  industrielle  de  bois  colo- 
niaux peu  connus. 

Sous  le  même  nom,  par  exemple  sous  celui  d'Acajou,  on 
importe  des  troncs  d'origine  botanique  diverse  et  de  qualité 
variable.  Il  serait  de  toute  utilité  de  posséder  des  caractères 
de  valeur  réelle  qui  puissent  permettre  à  la  grosse  industrie  de 
«'assurer  de  l'identité  d'un  envoi. 

Si  une  bille  de  bois  remplit  les  conditions  demandées  par  tel 
commerçant,  comment  s'assurera-t-il  que  l'envoi  suivant  sera 
identique? 

Les  caractères  d'apparence  extérieure  sont  presque  toujours 
insuffisants;  mais  si  l'on  fait  intervenir  les  caractères  microsco- 
piques, en  s'inspirant  de  ce  qui  vient  d'être  dit,  nous  ne  doutons 
pas  que  l'on  arrive  d'une  manière  à  peu  près  certaine  à  l'iden- 
tification rationnelle  de  l'espèce  productrice. 

Dans  ce  but,  nous  avons  établi  des  fiches  qu'il  suffit  de  rem- 
plir pour  tout  examen  de  bois,  et  qui  permettront  l'identification 
de  ce  dernier  *. 

Au  présent  travail  sont  annexées  S3  fiches  correspondant  aux 
bois  examinés  qui,  comme  nous  l'avons  dît,  appartiennent  tous 
à  des  espèces  végétales  de  la  même  famille  des  Légumineuses. 

Enfin  pour  appuyer  nos  affirmations,  nous  avons  fait  repro- 
duire une  série  de  25  microphotographies. 

1.  De  plus  pour  la  plupart  des  espèces  étudiées,  on  trouvera  dans  le 
texte  une  série  de  figures  schématiques,  destinées  à  montrer  à  un  faible 
grossissement  —  qui  est  généralement  de  50  diamètres  —  l'aspect  de  la 
section  transversale  du  bois  considéré.  Nous  avons  établi  dans  ce  but  les 
conventions  suivantes  :  le  tissu  fibreux  est  représenté  par  du  pointillé,  et 
le  tissu  conjonctif  lignifié  ou  non  est  en  blanc.  Les  rayons  médullaires  sont 
figurés  par  des  traits  parallèles  en  nombre  égal  à  celui  des  assises  cellu- 
laires qui  les  constituent  en  épaisseur. 


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Planches  avec  nombreux  dessins  schématiques  et  autres,  se 
rapportant  d'une  façon  plus  spéciale  au  texte  de  cette  première 
partie. 


Nota.  —  Les  planches  de  microphotographies,  reproduites  par  le 
procédé  dit  «  Spitzertypie  »  sont  brochées  avec  les  fiches  à  la  ftu  du 
fascicule. 


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h- 

Ft  Planche  I 

f  Fig.  1.  —  Aspect  d'un  fragment  de  bois  et  indication  des  coupes  à  faire 

i:  ,  pour  Tétude  microscopique. 

[f ,  Fig.  2.  —  Vaisseaux  de  V Acacia  Sénégal.  Gr.  60. 

f'^  Fig.  3.  —  Vaisseaux  de  V Acacia  Seyal.  Gr.  60. 

^  ;  Fig.  4.  —  Groupes  de  vaisseaux  du  Tamarindus  indien,  Gr.  60. 

^  Fig.  5.  —  Vaisseaux  du  Swartzia  madagascariensis.  Gr.  60. 

*^  Fig.  6.  ~  Groupe  de  vaisseaux  du  Parkia  africana.  Gr.  60. 

)  ,,  Fig.    7.  —  Groupe  de  vaisseaux  du  Prosopis  oblonga.  Gr.  60. 

Fig.    8.  —  Vaisseaux  du  Pterocarpus  erinaceus.  Gr.  60. 
';  Fig.    9.  —  Grou[)es  de  vaisseaux  du  Bauhinia  rufescens.  Gr.  60. 

Fig.  40.  —  Groupes  de  vaisseau j^  du  Detarium  ndcrocarpum,  Gr.  60. 

Fig.  11.  —  Groupes  de  vaisseaux  du  Detarium  senegalense,  Gr.  60. 
^  Fig.  12.  —  Groupes  de  vaisseaux  du  Cassia  Sieberiana.  Gr.  60. 


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Bois  de  Légumineuses  africaines. 

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1907.  PI.  I. 

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G.  GÉBARDad  nat.  del. 

PI.  I.  _  Mode  de  groupement  de  vaisseaux  ligneux. 


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Planche  II 

Fig.  1  et  2.  —  Coupes  transversale  et  tangentielle  d'un  vaisseau  obstrué 

par  des  thylles  (Daniella  sp).  Gr.  200. 
Fig.    3  et  4.  —  Rayons  médullaires  du  Berlinia  acuminata,  Gr.  200. 
Fig.    5.  —  Rayons  médullaires  du  Bauhinia  reticulata.  Gr.  200. 
Fig.    6.  —  Rayon  médullaire  du  Bauhinia  rufescens,  Gr.  200. 
Fig.    7.  —  Rayon  médullaire  du  Pterocarpus  erinaceus.  Gr.  200. 
Fig.    8.  —  Petits  rayons  médullaires  du  Daniella  thurifera.  Gr.  200. 
Fig.    9.  —  Rayon  médullaire  de  VOrmosia  laxiflora.  Gr.  200. 
Fig.  10.  —  Petit  rayon  médullaire  de  V Acacia  Sing.  Gr.  200. 
Fig.  11.  —  Rayon  QiéduUaire  du  Detarium  microcarpum.  Gr.  200. 
Fig.  12.  —  Rayon  médullaire  du  Daniella  thurifera.  Gr.  200. 
Fig.  13.  —  Rayon  médullaire  du  Dichrostachys  nutans.  Gr.  200. 


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Bois  de  Légumineuses  africaines. 


1907.  PI.  IL 


G.  GÈRARÙ  ad  nat.  tUl. 

PI.  II.  —  Fig.  1  et  2.  Vaisseaux  avec  Ihylles.  —  3  à  13.  Rayons  médullaires.. 


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Planche  III 

Fig.  I.  —  Aspeclde  la  coupe  transversale  de  rEry</irinascne^a/^sis.Gr.200. 
Fig.  II.  —  Aspect  de  la  coupe  transversale  de  Acacia  altissima,  Gr.  20. 
Fig.  III.  —  Aspect  de  la  coupe  transversale  de  VAlbizzia  Lebbeck,  Gr,  20. 
Fig.  IV.  —  Aspect  de  la  coupe  transversale  du  Dic/iros^ac^î/s  nw^aiw.  Gr.  20. 
Fig.  V.  —  Aspect  de  la  coupe  transversale  du  Berlinia  acuminata.  Gr.  20. 
Fig.  VI.  —  Aspect  de  la  coupe  transversale  du  Prosopis  oblonga.  Gr.  20. 
Fig.  VII.  —  Schéma  montrant  le  quadrillage  destiné  à  la  détermination 

F 

du  rapport  5,  placé  sur  une  coupe  de  Berlinia  acuminata.  Gr.  50. 

Fig.  VIII.  —  Coupe  transversale  de  VOrmosia  laxiflora.  Gr.  50. 


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Bois  de  Légumineuses  africaines. 


1907.  PL  III. 


G.  GÉRARD  ad  nat.  del. 

PI.  m.  —  Coupe  transversale  schématique  de  différentes  espèces. 


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Planche  IV 

Fig.        I.  —  Tissu  fibreux  du  Dichrostachys  nutans.  Gr.  300. 

Fig.      II.  —  Tissu  fibreux  du  Daniella  thurifera,  Gr.  300. 

Fig.    III.  —  Série  de  cellules  à  oxalate  de  chaux  situées  le  long  du  tissu 
fibreux  dans  VAcacixi  Sénégal,  Gr.  300. 
ig.     IV.  —  Parenchyme  lignifié  de  VErythrina  senegaknsiSy  en  coupe 
tangentielle.  Gr.  50. 

Fig.      V.  —  Cristaux  d'oxalate  de  chaux   du  Detarium  microcarpum,  en 
coupe  transversale.  Gr.  300. 

Fig.     VI.  —  Cristaux  d'oxalate  de  chaux  du  Ptevocarpus  erinaceuSy  en  coupe 
transversale.  Gr.  300. 

Fig.    VII.  —  Cristaux  d'oxalate  de  chaux  du  Detarium  microcarpum,  en 
coupe  tangentielle.  Gr.  400. 

Fig.  VIII.  —  Début  d'une  bande  de  tissu  fibreux  dans  VErythrina  senega- 
lensis.  Gr.  300. 

Fig.     IX.  —  Section  transversale  de  V Acacia  altissimaj  demi-grandeur  na- 
turelle. 

Fig.      X.  —  Section  transversale  du  Swartzia  madagascariensis,  demi-gran- 
deur naturelle. 

Fig.    XI.  —  Section  transversale  de  ÏOrmosia  laxiflora,  demi-grandeur 
naturelle. 

Fig.   XII.  —  Grains  d'amidon  dans  le  parenchyme  du  DtcAr(?s(ac/iysnM^aii5. 
Gr.  300. 


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Bois  de  Légumineuses  africaines. 


1907.  PI.  IV. 


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G.  GÉRARD  ad  nat.  del. 

PI.  IV.  —  Tissu  sclérenchymateux  et  fibreux,  crislalix. 


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Planche  V 

Lacune  gommeuse  dans  le  Burkea  africana.  (W.  300. 
Coupe  tangentielle  du  Bauhinia  ritfescens,  Gr.  300. 
Lignes    de    canaux    sécréteurs    dans    le    Detarium    micro- 
r,r.  50. 

Débutd'une  zone  saisonnière,  dans  le  Tamarindus  indica.  Gr.50 
—  Deux  lignes  concentriques  de  lacunes  à  gomme  dansleBwrA-^a 
afrirawi.  Gr.  50. 

Fig.     VI.  —  Rayon  médullaire  et  grosses  cellules  à  oxalate   de   chaux, 
dans  la  coupe  tangentielle  du  Pterocarpus  erinaceus.  Gr.  300. 


Fig. 

!.  - 

Fig. 
Fij.^ 

II.  - 
IIL  - 

Fig. 
Fig. 

curpum. 
IV.  - 
V.  — 

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Bois  de  Légumineuses  africaines. 


1907.  PL  V. 


G.GÉRAhD  a-l  nat.  del. 

PI.  V.  —  Diffcronls  aspects  de  coupes  transversales. 


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DEUXIÈME  PARTIE 


ÉTUDE  SPÉCIALE  DES  BOIS  DE  QUELQUES  LÉGUMINEUSES 
DE  L'AFRIQUE  OCCIDENTALE  FRANÇAISE 

Nous  allons  maintenant  appliquer  notre  technique  à  Tétude 
de  quelques-uns  des  bois  de  Légumineuses  originaires  de 
l'Afrique  occidentale  française  *. 

On  trouvera  pour  chaque  type  de  bois  l'examen  des  carac- 
tères extérieurs,  Tétude  microscopique  détaillée  et  un  tableau 
résumant  les  données  les  plus  saillantes  fournies  par  cette 
double  étude  ainsi  que  les  indications  numériques  les  plus 
importantes. 

Cette  étude  ayant  été  surtout  entreprise  en  vue  de  l'application 
économique  des  résultats  techniques,  nous  ne  nous  attacherons 
pas  à  suivre  dans  nos  descriptions  Tordra  systématique  naturel 
adopté  par  les  botanistes  ;  nous  nous  contenterons  au  contraire 
de  décrire  les  espèces  étudiées  en  les  rangeant  par  ordre  alpha- 
bétique d'après  leur  dénomination  latine  scientifique,  la  seule 
qui  soit  constante  et  fixe. 

ACACIA  ALTISSIMA  Lecard. 

L'échantillon  qui  portait  ce  nom,  étant  donné  ses  caractères,  et  ses  affinités 
doit  vraisemblablement  être  rapporté  au  :  Pithecolobium  altissimum  Roxb. 

Synonymes.  —  Mimosa  allissima  Oliver. 

Nom  français.  —  Acacia  Lecard. 

Noms  indigènes.  —  Peuhl  :  Foraberou,  Forabévo;  Diola  :  Bousé. 

Station.?  — 

Distribution  géographique.  —  On  le  rencontre  assez  fréquemment  au 
Sénégal  et  en  Casamance  où  il  croit  dans  plusieurs  localités  du  côté  de  Sandi- 
nievi  et  forme  -le  fond  des  forêts  dans  le  pays  des  Salantes. 

1.  Eq  1894,  M.  Lecomte  a  déjà  fait  remarquer  rintérêt  économique  de 
certains  bois  du  Congo  iliev.  gén.  Se,  V,  797)  et  on  trouve  dans  la  note 
consacrée  à  ce  sujet  quelques  microphotographies  dont  l'une  se  rapporte 
à  un  Pterocarpiis  (bois  rouge  du  Congo). 

4 


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50  ËM.    PERROT   ET    G.    GÉRARD. 

Caractères  botaniques  :  —  C'est  un  bel  arbre;  son  tronc 
s'élève  très  haut  sans  branches,  sa  cime  est  peu  fournie. 

Les  feuilles  sont  composées,  bipennées,  formées  de  folioles 
étroites.  Les  fleurs  sont  réunies  en  capitules  et  le  fruit  est  une 
gousse  plate  qui  se  contourne  légèrement  par  la  dessiccation. 
Les  graines  qu'il  renferme  sont  aplaties  et  portées  par  de  courts 
pédicules.   . 

Caractères  extérieurs.  —  Écorce.  —  L*écorce,  mince,  atteint 
environ  4  millimètres  d'épaisseur  et  possède  une  couche  épi- 
dermique  de  teinte  brune  peu  foncée;  en  section  transversale, 
elle  est  de  couleur  jaune  pâle. 

Bois.  —  Le  bois,  brun  jaunâtre  clair,  est  nettement  et  réguliè- 
rement parcouru  de  stries  simples  formées  alternativement  de 
tissu  fibreux  gris  brbn  et  de  parenchyme  ligneux  de  teinte  jaune 
paille;  rarement  ces  lignes  sont  bifurquées. 

On  distingue  également  une  série  de  zones  d'accroissement 
dans  lesquelles  l'écartement  et  la  longueur  des  bandes  ont  des 
valeurs  différentes  mais  constantes,  dans  une  même  zone,  le 
changement  se  faisant  brusquement, 

La  description  de  la  section  transversale  d'un  échantillon  a 
été  donnée  dans  les  généralités. 

Les  sections  radiales  montrent  une  striation  régulière  corres- 
pondant aux  bandes  précédemment  signalées  sur  la  face  trans- 
versale. Quant  à  la  coupe  longitudinale  langentielle,  elle  pré- 
sente une  apparence  pointillée  fine  et  régulière  déterminée  par 
les  sections  des  rayons  médullaires. 


Examen   microscopique. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  le  plus  généralement  isolés, 
mais  quelquefois  groupés  par  deux  ;  leur  section  présente  géné- 
ralement une  forme  arrondie  ou  ovale  et  leur  diamètre  est 
compris  entre  120  et  2S0  [x;  ils  sont  peu  nombreux  et  on  en 
compte  rarement  plus  de  deux  par  jnillimètre  carré;  on  les  voit 
souvent  placés  sur  le  bord  d'une  bande  fibreuse  dans  laquelle  ils 
s'incrustent  partiellement  sans  intermédiaire  d'aucun  élément 
sclérenchymateux  :  c'est  là  un  aspect  un  peu  spécial  et  qui 
mérite  d'attirer  l'attention. 


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i.ÉGUIII>EUSES    AFRICAINES.  51 

Quelques  vaisseaux  obstrués  pai'  des  thylles  sont  à  signaler 
particulièrement  dans  la  région  centrale. 

Rayons  médullaires.  —  Les  rayons  médullaires  sont  peu* 
nombreux,  on  n'en  trouve  que  3  ou  4  par  millimètre  et  leur 
écartement  assez  constant  est  de  200  à  330  [jl.  En  général  ils  sont 
épais  et  formés  de  6  à  8  rangs  de  cellules;  leurs  sections  sont 
en  coupe  tangentielle,  très  irrégulières  comme  taille  et  comme 
forme  (fig^.  1). 

Fibres  et  parenchyme.  ■ —  Le  tissu  conjonctif  est  composé, 
comme   nous  l'avons  vu  précédemment,  de  bandes  fibreuses, 


62 


Fig.  1.  —  Acacia  altissima  Lecard;  G.  =50;  coupe  transversale;  «  =  ^ 


ayant  en  moyenne  500  y.  de  largeur  et  formées  d'éléments  à 

paroi  peu  épaissie,  séparées  par  des  régions  sclêrenchymateuses 

dont  la  largeur  est  généralement  inférieure  à  400  \k  et  constituées 

par  des  cellules  prismatiques  régulièrement  placées  les  unes  à 

côté  des  autres  et  donnant  à  la  coupe  transversale  un  aspect 

quadrillé. 

T  ,F      62 

Le  rapport  p  =  gg. 

Les  fibres  longues  en  moyenne  de  800  |jl  ont  un  diamètre  qui 
oscille  entre  9  et  10  jjl. 

Oxalate  de  chaux.  —  L'oxalate  de  chaux  est  très  peu  abon- 


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52  EM.    PERROT   ET   G.    GÉRARD. 

dant  dans  ce  bois.  On  en  rencontre  quelquefois  un  cristal  dans 
une  cellule  hypertrophiée  d'un  rayon  médullaire. 

Amidon.  —  L'amidon  sous  forme  de  gros  grains  est  abondant 
dans  les  cellules  du  sclérenchyme  ligneux. 

Déterminations  physiques  et  chimiques. 

Densité  moyenne,  après  plusieurs  déterminations  :  D  =  0,494. 

Les  réactifs  employés  ne  donnent  aucune  réaction  colorante 
caractéristique;  quant  aux  décoctions,  aqueuses  ou  alcooliques, 
elles  sont  sensiblement  incolores. 

Le  poids  des  cendres  est  de  :  2,15  p.  100. 

Usages. 

V Acacia  altissima  fournit  un  bois  léger,  facile  à  travailler, 
et  susceptible  d'un  beau  poli  ;  les  indigènes  l'emploient  pour  la 
Construction  des  bateaux. 

On  le  compare  assez  fréquemment  au  bois  de  notre  Hêtre,  et, 
comme  lui,  il  est  sans  doute  susceptible  d'être  utilisé  en  menui- 
serie. 

L'écorce,  en  cataplasmes,  serait  un  remède  contre  les  maux 
de  côté  et  sa  décoction  permettrait  de  se  débarasser  du  ver  de 
Guinée. 

ACACIA  ARABICA  WiUd. 

Synonymes.  —  Acacia  Adansonii  Guill.  et  Perr.  =zA,  arabica  Roxb.  =:A. 
nilotica  Delib.  =-•  Mimosa  arabica  Lamb.  =  M.  nilotica  L.  ==  M.  astringens 
Tbomm. 

Bentham  en  a  distingué  4  variétés  correspondant  à  des  habitats  dilTérents  : 

{"  Variété  tomentosa^  que  l'on  rencontre  au  Sénégal. 

2"  Variété  nilotica,  de  la  c6le  orientale  d*Afrique  à  la  région  du  Nil, 

3"  Variété  indica,  répandue  à  l'état  sauvage 'ou  cultivée  dans  les  Indes 
anglaises. 

4**  Variété  Krattssiana,  aux  environs  de  Port  Natal. 

Nom  français.  —  Gommier  rouge. 

Noms  indigènes.  —  OulolT  :  Ouaki^  Neb-neb  ;  Ouioft  des  bords  du  Sénégal  :, 
Gonakie;  Toucou leurs  :  Gaoub,  Gaoude^  Gaodi,  Gaoudi,  Diabé;  Bambara  : 
Bagano,  Bonank,  Bouana,  Boina;  Sonhraï  :  Banigna;  Arabe  :  Amoura,  Talha; 
Temacheq  :  Apsaq;  Falor  :  Sep-nep;  Serère  :  Sep-nep;  None  :  Sep-nep; 
Sarakhollé  :  Diabbé;  Kassonké  :  DiabbCy  Bagana;  Malinké  :  Bagana;  Ouassalou  : 
Boïna, 

Station.  —  Il  pousbe  dans  tous  lés  terrains,  habitant  également  les  dunes  et 


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LÉGUMINEUSES   AFRICAINES.  53 

les  terres  argileuses  et  humides.  On  le  rencontre  plus  fréquemment  cependant 
au  voisinage  des  marigots. 

Distribution  géographique.  —  Son  aire  de  dispersion  est  extrêmement 
étendue;  il  habite  toutes  les  contrées  chaudes  de  l'ancien  continent  : 

En  Aiie  :  l'Arabie  et  les  Indes;  en  Afrique  :  la  haute  vallée  du  Nil  où  il  est 
abondant  surtout  au  confluent  du  Nil  blanc  et  du  Nil  bleu  et  en  Abyssinie; 
sur  la  côte  orientale  cCAfrique^  il  croit  dans  la  région  du  Zambèze  et  sur  les 
rives  de  la  Rovuma^  au  Cap  de  Bonne-Espérance  et  dans  le  Natal;  sur  la  c6te 
occidentale  :  dans  l'Angola,  le  Soudan  et  le  Sénégal. 

Les  échantillons  étudiés  proviennent  de  Dagana, 

Caractères  botaniques.  —  C*est  généralement  un  arbre  d'une 
dizaine  de  mètres  de  hauteur  possédant  un  tronc  droit  et  qui 
atteint  facilement  60  cm.  de  diamètre.  Sa  cime  est  irrégulière, 
assez  peu  dense,  avec  des  rameaux  tordus  et  recouverts  d'une 
écorce  mince  de  teinte  extérieure  terre  de  Sienne  foncée. 

Il  donne  en  assez  grande  abondance  une  gomme  qui  fait 
Tobjet  d'un  trafic  très  important;  c'est  en  effet  une  des  sources 
principales  de  la  gomme  dite  «  arabique  ». 

Ses  feuilles  sont  alternes,  bipennées  quelquefois  solitaires 
glabres,  longuement  pétiolées  et  formées  d'un  grand  nombre  de 
folioles  linéaires  oblongues.  Les  épines  sont  placées  par  paires, 
à  la  base  des  feuilles  et  dans  l'aisselle  de  ces  dernières,  on  trouve 
de  petites  glandes  sessiles. 

Les  fleurs  sont  axillaires  jaunes,  réunies  en  capitule^  globu- 
leux solitaires  portés  par  de  longs  pédoncules  ;  la  floraison  a 
lieu  en  janvier-février;  toutefois,  d'après  quelques  auteurs, 
d'autres  fleurs  apparaissent  dans  certaines  régions  en  septembre- 
octobre. 

Le  fruit  est  constitué  par  un  légume  bivalve  velouté,  aplati, 
légèrement  courbe.  Des  étranglements  accentués  marquent 
l'intervalle  des  graines  au  nombre  de  8  à  12.  Le  pédoncule  est 
long. 

Les  indigènes  le  nomment  Ballah,  il  est  comestible  et  donne 
un  Kino  rouge. 

Caractères  extérieurs.  —  Écorce. —  L'écorce  est  peu  épaisse 
irrégulière,  fibreuse;  elle  se  sépare  facilement  quand  elle  est 
sèche  et  présente  à  l'extérieur  une  teinte  terre  de  Sienne  tachée 
de  gris  ;  en  coupe  transversale  elle  est  brune  avec  de  nombreux 
points  clairs  correspondant  aux  sections  des  paquets  fibreux. 

Bois.  —  Le  bois  offre  à  l'extérieur  une  zone  périphérique  de 
teinte  jaune  d'ocre  avec  un  noyau  central  rouge  foncé  à  bord 


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L«Uk 


54  EN.    PERROT    ET    G.    GÉRARD. 

dégradé  et  estompé.  Sur  ces  teintes  fondamentales  on  distingue 
un  pointillé  clair,  dont  la  disposition  forme  des  zones  concen- 
triques assez  nettement  marquées. 

Ce  bois,  surtout  au  centre,  est  formé  par  un  tissu  homogène 
assez  dur,  devenant  plus  foncé  à  lair  et  prenant  ainsi  une  belle 
teinte  pourpre  sombre. 

Les  rayons  médullaires  apparaissent  sous  forme  de  fines 
stries  radiales  nettement  visibles  à  Tœil  nu. 

Examen  microscopique. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  quelquefois  isolés,  mais  le 
plus  souvent  groupés  par  deux  ou  trois;  la  forme  de  leur  section 
est  irrégulière  et  sinueuse,  toutefois  chez  ceux  qui  sont  groupés 
la  paroi  est  assez  fréquemment  rectiligne  sur  une  partie  de  sa 
fongueur.  Le  plus  grand  nombre  des  vaisseaux  mesure  de  100 
à  150  |i  de  diamètre,  mais  ils  sont  souvent  accompagnés  de  plus 
petits  ayant  de  40  à  100  [x.  Ils  sont  en  général  nombreux  mais 
leur  fréquence  varie  avec  les  zones  du  bois;  en  moyenne  on 
peut  en  compter  (petits  et  grands)  :  20  par  millimètre  carré. 

Rayons  médullaires.  —  Les  rayons  médullaires  sont  espacés, 
on  en  compte  4  à  5  par  millimètre  et  leur  écartement  varie 
entre  200  et  300  [jl.  Comme  largeur,  ils  varient  beaucoup,  les 
plus  nombreux  qui  donnent  à  la  coupe  longitudinale  tangen- 
tielle  son  aspect  spécial,  possèdent  dans  la  région  de  leur  épais- 
seur maxima,  6  à  7  cellules  juxtaposées;  on  en  rencontre  beau- 
coup cependant  n'ayant  que  2  ou  3  éléments  et  leur  hauteur  est 
beaucoup  moindre  (100  à  200  [x  au  lieu  de  600  à  700  (x  qu'attei- 
gnent facilement  les  premiers).  Les  cellules  de  ces  rayons  sont 
à  parois  minces  et  par  pression  réciproque  elles  ont  une  forme 
polygonale,  très  régulière  comme  diamètre;  les  cellules  termi- 
nales sont  de  la  même  taille  que  leurs  voisines. 

Fibres  et  Parenchyme.  —  Le  tissu  parenchymateux  est  peu 
abondant  et  se  rencontre  seulement  autour  des  vaisseaux;  il  est 
régulier  d'aspect  et  formé  généralement  de  cellules  ayant  une 
section  rectangulaire. 

Quelquefois  il  s'étend  latéralement  pour  donner  des  bandes 
assez  régulières  mais  toujours  étroites.  Dans  d'autres  régions, 
au  contraire,  il  est  encore  plus  rare. 


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i^r-*^  ■" 


LÉGUMINKOSeS   AFRICAINES. 


^5 


L'élément  fibreux,  au  contraire,  forme  des  espaces  considéra- 
bles et  constitue  la  plus  grande  partie  du  bois;  les  éléments  qui 
le  composent  sont  très  épaissis  :  leur  membrane  atteint  fré- 
quemment les  deux  tiers  ou  même  les  trois  quarts  du  rayon, 
mais,  au  contact  des  régions  parenchymateuses,  on  voit  l'épais- 
seur de  leurs  parois  diminuer  graduellement  en  même  temps 
que  leur  longueur,  passant  ainsi  sans  transition  brusque  aux 
cellules  parenchymateuses.  C'est  un  fait  sur  lequel  il  faut  insister, 


Fig.  2.  —  Acacia  arabica  WiUd.;  G.  :  50;  coupe  transversale. 

car  peu  de  Bois  le  présentent  d'une  façon  aussi  nette;  le  plus 
souvent  en  effet,  la  limite  entre  les  deux  tissus  est  extrêmement 
bien  tranchée  et  se  fait  instantanément  d'une  cellule  à  llautre. 

La  longueur  des  fibres  est  de  1  000  à  1  500  [i  et  leur  diamètre 
de  6  à  7  [JL. 

Oxalate  de  chaux.  —  L'oxalate  de  chaux  est  très  répandu 
dans  ces  bois  et  il  forme  souvent  des  files  longitudinales  d'une 
grande  longueur,  fait  un  peu  comparable  à  celui  signalé  dans 
ï Acacia  SenegaL 

Zones  saisonnières.  —  Comme  nous  l'avons  constaté  dans 
l'examen  macroscopique,  ce  bois  présente  des  zones  assez  nettes 
et  caractérisées  surtout  par  une  plus  ou  moins  grande  abon- 
dance des  vaisseaux  et  du  parenchyme  ligneux  qui  les  accom- 
pagne. 


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56  EM.    PERROT    ET    G.    GÉRARD. 

La  partie  centrale  du  bois  est  plus  foncée,  de  teinte  rouge 
acajou.  A  Taide  du  microscope  on  a  pu  constater  que  dans  la 
région  colorée  toutes  les  fibres  ont  leur  lumen  empli  d'une 
matière  brune  qui  Tobstrue  en  totalité. 

Déterminations  physiques  et  chimiques. 

On  donne  comme  poids  du  mètre  cube  9S0  kilogrammes. 

Nous  avons  déterminé  exactement  par  la  méthode  du  flacon  la 
densité  des  deux  bois  dans  plusieurs  échantillons  ;  les  moyennes 
sont  : 

pour  la  partie  périphérique  (aubier)  :  0,827, 
et  pouc  la  région  centrale  rouge  (cœur)  :  0,945. 

Le  rapport  des  deux  densités  est  jr — rr—  =  1,14. 

Les  réactifs  indiqués  ne  donnent  pas  avec  ce  bois  de  tache 
caractéristique. 

La  partie  centrale  ou  cœur  fournit  avec  Teau  une  décoction 
dune  teinte  rose  plus  ou  moins  accentuée;  avec  Talcool,  elle 
produit  un  liquide  peu  teinté  mais  présentant  une  légère  fluores- 
cence violette. 

Le  poids  des  cendres  est  de  :  1  gr.  20  p.  100. 

^  Usages. 

Yà' Acacia  arabica  fournit  un  bois  à  grain  assez  fin  très  dur,  ce 
qui  tient,  comme  nous  Tavons  vu,  à  Tabondance  des  fibres  et  à 
répaisseur  de  leurs  parois.  De  ce  fait,  il  est  difficile  à  travailler, 
mais  il  convient  très  bien  pour  les  courbes  et  les  bordages  des 
bateaux  ;  il  ne  se  laisse  pas  attaquer  par  les  vers  et  les  termites 
(d'après  les  rapports  du  pays)  et  il  laisse  exsuder  une  gomme, 
sous  rinfluence  des  piqûres  d'insectes  ou  des  gerçures  produites 
par  les  vents  pendant  la  période  de  sécheresse. 

Il  est  considéré  comme  propre  à  Tébénisterie,  la  menuiserie, 
la  charpente,  les  constructions  navales;  se  travaillant  assez  bien 
au  tour,  il  peut  être  utilisé  pour  la  fabrication  des  outils,  man- 
ches d'outils,  taparkas,  pilons,  mortiers,  calebasses,  formes 
pour  chaussures,  pieux  pour  les  quais.  Les  fruits  en  macération 
dansl'eau  etadditionnés  de  chaux  et  decendres  servent  à  tanner 


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r 


LÉGUMINHiUSES   AFRlCAlIiES.  57 

les  cuirs  et  à  leur  donner  une  teinte  noire;  ils  sont  également 
utilisés  dans  la  teinture  en  rouge,  en  raison  de  la  matière  tan- 
noïde  ou  Kino  rouge  qu'ils  renferment. 

Les  gousses,  écorces,  feuilles  constituent  paraît-il  un  excellent 
remède  contre  le  scorbut  :  pour  cela  il  suffît  de  les  mastiquer 
pendant  un  certain  temps,  sans  doute  toujours  par  Taction  de  ce 
même  tannoïde;  de  même  les  inf usions  d'écorces  et  de  fruits 
sont  employées  contre  les  ophtalmies  et  contre  la  dysenterie. 

La  poudre  du  fruit  séchée  sert  aussi  contre  les  rupias  syphili- 
tiques. 

L'écorce  des  jeunes  tiges  arrête  après  la  circoncision,  les 
hémorragies  et  hâte  la  cicatrisation  de  la  plaie. 

ACACIA  SENEGAL  W. 

Synonymes.  ^  Acacia  rupestris  Stocks  =  A,  Vereck  Guill.  et  Perr.  =  Mimosa 
Sénégal  Linné  =  M.  senegalensis  Laur.  =  Vereck  senegalensis  Adans. 

Nom  français.  —  Vereck\  gommier  blanc. 

Noms  indigènes.  —  OulofT:  Vereck,  Verack'^  Toucouleur  :  Patouki;  sarakhollé  : 
Guese-bini;  Kassonké  :  Sahe-fin;  Malinké  :  Sahe;  Bimbara  i  Sadie,  Donkoro; 
Ouassalou  :  Sadie;  Arabe  :  Aourouar;  Temacheq  :  Aouarouar;  Senoufo  :  Deligna; 
Falor  :  Ouki;  Serère  :  Ngobop;  Sonhraï  :  Deligna, 

Station.  —  V Acacia  Vereck  se  trouve  dans  les  terrains  secs  et  de  préférence 
dans  les  dunes  et  les  rochers. 

Distribution  géographique.  ~  On  le  rencontre  dans  la  zone  sahélienne  et 
sur  les  confins  du  désert  saharien,  depuis  la  Sénégambie  et  la  Mauritanie 
jusqu'à  la  Nubie.  Il  a  été  signalé  en  particulier  dans  la  province  de  Djdo/f 
dans  les  forêts  d*Alfatak  (en  face  de  Podor),  de  Lebiar,  de  i>ahel  où  il  est  très 
abondant,  —  au  pays  Maure  et  dans  le  Cayor  où  il  forme  de  nombreux  bosquets 
isolés. 

Il  se  trouve  également  dans  le  Oualo,  dans  Vile  de  Sor  et  au  voisinage  des 
fours  à  chaux  de  Saint-Louis, 

Dans  les  dunes  désertiques,  il  constitue  des  taillis  d'arbustes  épineux  souvent 
parasités  par  des  Loranthacées. 

Les  échantillons  étudiés  proviennent  de  la  province  de  Djdoff. 

Caractères  botaniques.  —  Arbustes  rameux  dès  la  base  ou 
petits  arbres  atteignant  au  plus  4  m.  de  hauteur,  avec  un  tronc 
ne  dépassant  généralement  pas  15  cm.  de  diamètre. 

La  cime  est  irrégulière  étalée,  et  Técorce  de  son  tronc  exté- 
rieurement gris  cendré.  Les  rameaux  portent  des  feuilles 
alternes  biparipennées,  brièvement  pétiolées  et  des  épines 
recourbées  ayant  3  à  4  cm.  de  longueur.  De  l'aisselle  des 
feuilles  partent  des  épis  cylindriques  de  fleurs  blanc-jaunàtres 
d'environ  8  mm.  de  diamètre,  réunies  quelquefois  par  2  ou  3 
sur  le  même  pédoncule. 


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58  EM.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 

La  floraison  a  lieu, en  mars  et  octobre. 

Les  fruits  ont  Taspect  de  gousses  plates,  sèches,  oblongues 
(10  cm./8  cm.),  bivalves  et  renfermant  4  à  6  graines  très  com- 
primées, possédant  une  dépression  en  forme  de  croissant,  ils  ne 
sont  pas  comestibles. 

Caractères  eztérieiirs.  —  Écorce.  —  Le  tronc  ou  les  grosses 
branches  possèdent  une  écorce  assez  épaisse,  irrégulière,  exté- 
rieurement brune  tachetée  de  blanc.  * 

La  section  transversale,  montre  à  la  périphérie  une  zone 
externe  brun  rouge,  puis  une  ligne  fibreuse  claire  à  Tintérieur 
de  laquelle  se  trouve  une  région  foncée  presque  noire.  -Cette 
écorce  se  détache  facilement. 

Bois.  —  Le  bois  est  de  teinte  générale  jaune  d'ocre,  chagriné 
et  strié  de  lignes  irrégulières,  sinueuses,  souvent  interrompues. 
Pur  et  assez  homogène,  il  présente  une  strialion  radiale  nette- 
ment apparente,  correspondant  aux  traces  des  rayons  médul- 
laires. 

Examen  microscopique: 

Vaisseaux.  —  Quand  on  examine  à  un  grossissement  modéré 
les  coupes  de  ce  bois,  on  constate  d'abord  que  les  vaisseaux 
sont  généralement  isolés  et  leurs  sections  transversales  de 
forme  assez  régulièrement  arrondie. 

Quelques-uns,  de  petites  dimensions,  ayant  environ  26  jx  de 
diamètre,  sont  disséminés  au  milieu  d'un  grand  nombre 
d'autres  de  taille  assez  constante  et  ayant  des  sections  qui 
varient  entre  100  et  120  a  de  diamètre;  leur  nombre  est 
généralement  de  16  à  20  par  mm.  carré  (fig.  3). 

Rayons  médullaires.  —  Les  rayons  médullaires  sont  larges 
et,  sauf  quelques  rares  exceptions,  ils  possèdent  de  5  à  8  cellules, 
d'épaisseur;  ils  sont  peu  nombreux  (en  moyennne  5  par  milli- 
mètre) et  leur  écartement  oscille  entre  iOO  et  350  jjl. 

Fibres   et  Parenchyme.  —  Le  tissu  conjonctif  est   assez 

•1  ri  ,  F       .       ,     50    .  20 

megal  comme  composition  :  le  rapport  p  varie  entre  «jî  et  ^. 

Les  fibres  sont  réparties  en  bandes  parallèles  sinueuses, 
d'épaisseur  variable;  de  grosseurs  différentes  et  de  forme  poly- 
gonale en  section  transversale,  leur  membrane  est  très  épaissie, 


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LÉGUMINEUSES    ÀFniCAl.NES.  59 

leur  longueur  est  voisine  de  1  000  ix  et  leur  diamètre  le  plus 
souvent  égal  à  9  [a. 

Les  cellules  parenchymateuses  sont  plus  grandes,  disposées 
avec  régularité .  et  sont  fréquemment  bourrées  de  grains 
d'amidon. 

Oxalate  de  chaux.  —  Elles  renferment  également  en  assez 
grande  abondance  des  cristaux  d'oxalate  de  chaux,  mais  ici  une 
particularité  est  à  noter.  Les  coupes  transversales  laissent  aper- 


Fig.  3.  —  Acacia  Sénégal  W.-G.  :  50;  coupe  transversale  ôâ  '^  P  "^  50* 

cevoir  des  lignes  noires  concentriques  généralement  continues, 
qui,  à  un  plus  fort  grossissement,  se  montrent  constituées  par 
des  séries  ininterrompues  de  cellules  renfermant  chacune  un 
cristal  d'oxalate;  elles  s'étendent  longitudinalement  sur  toute 
la  longueur  de  la  branche,  formant  ainsi  de  véritables  lames 
cylindriques  emboîtées  les  unes  dans  les  autres.  De  plus,  ces 
formations  sont  presque  toujours  adossées  à  des  régions  fibreuses 
dont  elles  forment  pour  ainsi  dire  la  bordure  externe. 

Zones  saisonnières.  —  Les  zones  saisonnières  sont  très  fai- 
blement indiquées  sur  les  coupes  transversales. 

Déterminations  physiques  et  chimiques. 

Commercialement,  le    poids   du    mètre  cube   est  dit-on  de 
930  kgr.  ;  la  densité  déterminée  au  flacon  est  de  0,963. 


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^0  lîM.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 

La  potasse,  le  perchlorure  de  fer,  les  hypochlorites  produisent 
sur  les  surfaces  de  section  des  taches  jaune  brun.  L'eau  iodée 
donne  des  colorations  bleues  dans  les  lignes  claires,  décelant 
ainsi  l'amidon  qui  remplit  les  cellules  parenchymateuses. 

Les  décoctions  aqueuses  ou  alcooliques  sont  sensiblement 
incolores  et  le  poids  des  cendres  est  de  :  1  gr.  32  p.  100. 

Usages. 

Le  bois  de  TAc.  Sénégal  avec  son  grain  fin  résistant,  se  tra- 
vaille facilement  mais  sa  taille  généralement  faible  et  la  facilité 
avec  laquelle  il  est  attaqué  par  les  vers  et  les  termites  restrein- 
dront beaucoup  les  services  qu'on  pourrait  être  tenté  de 
lui  demander. 

On  l'emploie  dans  le  pays  pour  faire  des  pilons,  des  taparkas; 
ses  racines  servent  à  faire  des  manches  d'outils. 

Comme  on  le  voit,  il  ne  peut  guère  servir  qu'à  la  confection 
de  petits  objets  d'usage  journalier;  mais  ne  doit  être  employé 
ni  pour  la  menuiserie,  ni  pour  la  charpente. 

Sa  plus  grande  valeur  vient  de  la  gomme  qu'il  laisse  exsuder 
6t  qui  forme  une  des  variétés  commerciales  les  plus  estimées. 


ACACIA  SETAL  Del. 

Synonymes.  —  Acacia  Giraffa  Delib.  et  var.  fistula  =  A.  fisliUa  Schwein. 
=  ^.  Sp.!  Heckel. 

Nom  anglais.  —  ShilUm-Wood. 

Noms  indigènes.  —  OulofT  :  Mpenah^  Sourour^  Fejichx  Toucouleur  :  Boulbe, 
Boulbi;  Sonhraï  :  Mpenah;  Sarakhollé  :  Guese-coule;  Kassonké  :  Sahe-Koyo; 
Bambara  :  i^acfie  ou  Zadie;  Ouassalou  :  Sahe;  Falor  :  Pek;  Serère  :  Ndomb; 
dans  le  Sennaar  :  Soff'ar, 

Station  :  Cet  Acacia  croit  dans  tous  les  terrains,  mais  on  le  rencontre  surtout 
en  abondance  dans  les  sols  argileux. 

Distribution  géographique.  —  It  est  répandu  dans  toute  VAfi-ique  tropi- 
cale, on  le  trouve  au  Sennaar,  dans  le  sud  de  la  Nubie;  il  est  très  commun  au 
Sénégal  et  au  Soudan  et  fréquent  surtout  dans  le  Fasna  et  dans  le  Ndoule.  Il 
est  également  signalé  sur  les  bords  du  Zambèze. 

Il  donne  la  gomme  de  Souakim  ou  de  Taka. 

Caractères  botaniques.  —  C'est  un  arbre  d'une  hauteur 
moyenne  de  12  m.  avec  un  tronc  atteignant  généralement 
35  à  40  cm.  de  diamètre.  Sa  cime  est  diffuse  avec  des  rameaux 
distants  et  des  feuilles  clairsemées. 


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LÉGUMINEUSES   AFRICAINES.  61 

Son  écorce  mince,  de  couleur  jaune,  verte  ou  rouge,  se 
détache  par  plaques;  elle  est  recouverte  d'une  poussière  blan- 
châtre qui  adhère  à  la  main. 

Les  feuilles  sont  alternes,  bipennées,  possédant  de  10  à  15 
paires  de  folioles  de  forme  allongée,  oblongue,  ayant  de 
3  à  6  cm.  d'une  extrémité  à  l'autre. 

Le  pétiole  est  court  et  à  sa  base  se  trouvent  des  épines  stipu- 
laires  étalées  par  paires  dont  la  longueur  atteint  souvent  jusqu'à 
6  cm. 

Les  fleurs  sont  axillaires,  réunies  en  capitules  solitaires  ou 
groupés  par  paires  avec  des  pédoncules  généralement  assez 
longs.  Elles  forment  des  boules  jaunes  émettant  une  odeur 
agréable  et  assez  pénétrante. 

Le  fruit  est  constitué  par  une  gousse  plate,  bivalve,  dont  les 
dimensions  sont  6  à  9  cm.  de  long  sur  2  à  3  de  large  avec  des 
étranglements  qui  marquent  les  intervalles  des  graines;  elle  est' 
toujours  un  peu  arquée. 

On  rencontre  assez  fréquemment  sur  cet  arbre  un  parasite 
nommé  tob  par  les  habitants  du  pays. 

Caractères  extérieuTB.  —  Écorce.  —  L'écorce  est  mince  et 
se  sépare  facilement  par  plaques;  en  coupe  transversale,  elle 
présente  une  zone  externe  de  teinte  brun  rouge  et  une  région 
interne  blanchâtre;  sa  face  interne  est  blanche  et  finement 
pointillée. 

Bois.  —  Le  bois  est  de  teinte  générale  jaune  brun  (couleur 
chêne)  finement  chagriné  et  strié  de  lignes  d'épaisseur  irrégu- 
lière, sinueuses,  de  couleur  terre  de  Sienne,  réparties  assez 
uniformément  sur  un  fond  jaune  d'ocre.  On  perçoit  très  nette- 
ment une  fine  striation  radiale  correspondant  aux  traces  des 
rayons  médullaires  et  il  n'y  a  pas  ici  de  zone  saisonnières 
apparentes. 

C'est  un  bois  dur,  très  nerveux,  homogène,  à  grain  assez  fin 
et  susceptible  d'un  beau  poli.  Il  renferme  souvent  de  l'amidon 
en  quantité  notable . 

Examen  microscopique. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  généralement  isolés,  de 
section  assez  régulièrement  circulaire,  et  de  deux  dimensions  : 


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62 


EN.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 


le  plus  grand  nombre  d'un  diamètre  variant  entre  100  et  180  |ji 
et  quelques-uns,  disséminés  parmi  les  premiers,  beaucoup  plus 
réduits,  ayant  un  diamètre  compris  entre  50  et  60  jx.  On  en 
rencontre  en  moyenne  H  par  millimètre  carré  ;  leurs  parois  sont 
ornementées  de  unes  ponctuations  dispersées  assez  régulière- 
ment en  lignes  obliques. 

Rayons  médullaires*  —  Les  rayons  médullaires  sont  généra- 
lement au  nombre  de  5  par  millimètre,  leur  écartement  variant 


Fig.  4.  —  Acacia  Seyal  Del. 


F       45 
G.  :  50;  coupe  transversale  p  =  kS"» 


entre  50  et  250  [jl;  la  plupart  de  leurs  cellules  sont  bourrées  de 
matières  colorantes  brunes. 

Les  coupes  tangentielles  montrent  qu'on  peut  les  répartir  en 
deux  séries  :  1®  les  plus  gros  et  les  plus  nombreux  ayant  6  à 
7  cellules  d'épaisseur  mais  généralement  courts;  les  plus  grands 
atteignent  au  maximum.  600  jjl,  et  ils  sont  souvent  brus- 
quement terminés  à  la  base  par  une  section  oblique.  2*  d'autres 
moins  nombreux,  plus  petits,  n'ayant  que  2  à  3  cellules  d'épais- 
seur, disséminés  un  peu  partout  mais  plus  nombreux  au  voisi- 
nage des  vaisseaux. 

Les  cellules  de  ces  rayons  médullaires  sont  à  parois  minces 
de  forme  arrondie  et  très  allongée  dans  le  sens  radial. 

Fibres  et  parenchyme.  —  Le  tissu  ligneux  est  formé  de 


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LÉCGIIINEIISES   ÀFRiCAINfiS.  6S 

cellules  à  parois  minces  et  coupé  par  des  bandes  de  tissu  fibreux. 
Le  rapport  p  est  en  moyenne  m- • 

Les  cellules  du  pturenchyme  lignifié,  régulièrement  disjposéés 
en  nies  radiales,  avec  une  section  nettement  hexagonale,  sont 
environ  3  à  4  fois  plus  hautes  que  larges  et  leurs  extrémités  le 
plus  souvent  brusquement  tronquées. 

Les  fibres  sont  longues  (en  moyenne  1  300  {x),  à  membranes 
très  épaisses,  le  plus  souvent  tapissées  intérieurement  par  un 
dépôt  prenant  énergiquement  le  vert  d'iode,  ne  laissant  ainsi 
qu'un  lumen  très  réduit. 

Elles  sont  très  irrégulières  de  forme  et  de  grandeur  en  sec- 
tion transversale  et  disposées  généralement  sans  ordre;  leur 
diamètre  dans  leur  partie  médiane  est  compris  entre  6  et  8  ]jl. 

Oxalate  de  chaux  et  Amidon.  —  L  oxalale  de  chaux  n'existe 
qu'en  petite  quantité  et  est  disposé  longitudinalement  en  files 
de  6  à  8  cristaux;  mais,  en  revanche,  les  cellules  parenchyma- 
teuses  sont  b*équemment  bourrées  de  grains,  d'amidon  sphéro- 
polyédriques. 

Déterminations  physiques  et  chimiques. 

Le  poids  du  mètre  cube  serait  de  735  kgr.  ;  nous  avons  trouvé 
comme  densité  au  flacon  : 

Pour  le  cœur  :  0,915,  pour  l'aubier  :  0,831  ;  le  rapport  de  ces 

deux  valeurs  est  *r — p — =4,10 

L'action  des  réactifs  ne  donne  pas  de  colorations  bien 
accentuées;  par  l'eau  iodée,  on  obtient  cependant  une  teinte 
bleu  foncé  due  à  la  présence  d'amidon. 

Quant  aux  décoctions  alcooliques  ou  aqueuses,  elles  sont 
très  peu  teintées. 

Le  poids  des  cendres  est  de  0  gr.  81  p.  100. 

Usages. 

V Acacia  Seyala,  généralement  le  tronc  droit;  il  se  laisse  faci- 
lement attaquer  par  les  vers  et  les  termites.  De  plus  il  laisse 
exsuder  une  gomme  qui  dans  certaines  régions  est  l'objet  d'un 
commerce  assez  important. 


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64  EN.    PERROT   ET   G.    GÉRARD. 

.  On  ne  peut  généralement  pas  en  tirer  de  grandes  pièces,  mais 
le  grain  fin,  serré,  la  dureté  et  la  nervosité  de  son  bois  en  font 
un  élément  précieux  pour  la  fabrication  des  manches  de  hache, 
de  dabos,  de  pelles  et  pour  la  confection  des  pilons  et  des 
fourches.  Sa  destruction  facile  par  les  parasites  et  son  aspect 
tortueux  ne  permettent  pas  de  remployer  pour  la  construction 
ou  la  fabrication  des  meubles. 

Dans  le  pays,  les  indigènes  utilisent  son  écorce  qui,  pilée  et 
mélangée  au  miel,  est  administrée  contre  la  dysenterie. 

ACACIA  SIEBERIANA  DC. 

Synonymes.  —  Acacia  Sing  Guill.  et  Per. 

Noms  indigènes.  —  Ouloiï  :  Sandandan,  Sing;  Toucouleur  :  Alouk,  Alouki; 
Sarakhollé:  Guese-bine;  Rassonké  :  Yen-de-cousaye,  Sing-Sing;  Malinké  :  Bransan- 
guhoni,  Kololo;  Bambara  :  Baggui;  Ouassalou  :  Kounguelegou;  Serère  :  Soûl, 
Ngh^ê;  Falor  :  Pek, 

Station.  —  Cet  Acacia  pousse  ud  peu  dans  tous  les  terrains,  mais  ses  régions 
de  prédilection  sont  les  coirtrées  rocheuses. 

Distribution  géographique.  —  On  le  rencontre  assez  communément  au 
Sénégal  et  au  Soudan;  il  se  trouve  en  assez  grande  abondance  au  OuaU)  et  au 
Cayor. 

Caractères  botaniques.  —  C'est  un  arbre  assez  droit,  attei- 
gnant fréquemment  jusqu'à  8  mètres  de  haut  avec  un  tronc 
dont  le  diamètre  dépasse  le  plus  souvent  50  centimètres. 

Sa  cime  diffuse,  légèrement  arrondie,  s'étale  en  parasol,  les 
branches  en  sont  généralement  courtes  et  tourmentées.  Il 
possède  une  écorce  peu  épaisse,  extérieurement  verdâtre  ou  gris 
brun. 

Les  feuilles  alternes,  bipennées,  possédant  17  à  18  paires  de 
folioles  oblongues  linéaires,  sont  accompagnées  d  épines  stipu- 
laires  étalées  de  3  à  4  cm.  de  long,  disposées  à  la  base  d'un 
pétiole  court. 

Les  fleurs  sont  blanches  axillaires,  réunies  en  capitules, 
généralement  solitaires  ou  quelquefois  par  paires,  portés  par 
des  pédoncules  ayant  environ  40  mm.;  elles  sont  très  odo- 
rantes, et  la  floraison  au  Sénégal  est  indiquée  comme  ayant  lieu 
au  mois  de  juillet;  Guillemin  et  Perrottet  donnent  pour  le 
Sénégal  :  mars  et  septembre. 

Le  fruit  est  une  gousse  très  aplatie  ayant  à  peu  près  la 
forme  d'un  S  très  allongé,  portée  par  un  court  pédoncule;  elle 


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LÉGUMINEUSES   AFRICAINES.  65 

est  bivalve  et  terminée  par  de  petites  pointes  aiguës  et  arquées, 
ses  dimensions  sont  en  moyenne  :  12  à  15  cm.  sur  5  à  7  mm.  ; 
de  légers  étranglements  marquent  la  portion  de  chaque  graine. 
Ce  fruit  est  coriace  et  pas  comestible. 

Caractères  extérieurs.  —  Écorce.  —  L'écorce  est  régulière, 
d'une  épaisseur  moyenne  de  5  à  7  mm.,  sur  un  tronc  âgé 
de  douze  ans  ;  elle  se  détache  facilement  et  présente  en  coupe 
transversale  une  teinte  générale  brune  tachetée  de  points 
clairs  correspondant  aux  sections  de  paquets  fibreux. 

Bols.  —  Le  bois  est  dur,  de  teinte  jaune  d*ocre,  avec  des 
places  plus  claires,  les  zones  sont  peu  marquées,  mais  il  existe 
généralement  un  cœur  assez  petit,  rougeâtre,  à  bords  estampés. 
Le  grain  est  de  finesse  moyenne  et  on  perçoit  facilement  une 
fine  striation  radiale  formée  par  les  rayons  médullaires  ;  la  face 
tangentielle  est  finement  pointillée  en  noir  sur  un  fond  clair 
par  les  traces  de  ces  rayons. 

Examen    microscopique. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  quelquefois  isolés,  mais 
plus  souvent  groupés  par  deux  ou  trois,  de  taille  inégale;  la 
forme  de  leur  section  est  irrégulièrement  sinueuse,  mais  sur- 
tout dans  les  groupes  leur  paroi  présente  fréquemment  des 
parties  recli lignes. 

De  diamètre  compris  entre  60  et  250  jx,  leur  nombre  varie 
de  4  à  6  par  millimètre  carré  et  leurs  parois  sont  ornementées 
de  ponctuations  en  forme  d'aréoles  allongées. 

Rayons  médullaires-  —  Les  rayons  médullaires  sont  en 
majorité  très  larges  possédant  de  6  à  8  files  de  cellules;  mais 
quelques-uns,  surtout  à  proximité  des  vaisseaux,  sont  très  petits, 
leur  épaisseur  n'étant  que  de  1,  2  ou  3  éléments  cellulaires. 

Ils  sont  également  de  faible  hauteur  et  souvent  tronqués  en 
biseau  à  une  de  leurs  extrémités.  Les  cellules  qui  les  forment 
sont  en  général  arrondies,  empilées  les  unes  sur  les  autres  sans 
déformation,  laissant  de  nombreux  espaces  libres,  et  avec  des 
parois  très  épaisses  (un  tiers  du  rayon). 

Elles  sont  en  général  de  taille  régulière,  mais  souvent  on  voit 
en  coupe  tangentielle  un  des  côtés  du  rayon,  bordé  d'une  série 
de  cellules  beaucoup  plus  grandes.  Ces  rayons  sont  générale- 

5 


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66  EN.    PERROT   ET   G.    GÉRARD. 

ment  au  nombre  de  4  i  5  par  millimètre  et  leur  écart  ement 
varie  entre  200  et  500  [jl. 

Fibres  et  parenchyme.  —  La  plus  grande  masse  du  tissu 
conjonctif  est  fibreuse,  parsemée  d*!lots  de  parenchyme  lignifié, 
quelquefois  étalés  en  bandes  et  renfermant  1  ou  2  groupes  de 
vaisseaux. 

Le  rapport  -p  qui  est  en  moyenne  ^  montre  bien  la  prédomi- 
nance de  Télément  fibreux. 

Les  cellules  lignifiées  sont  assez  régulièrement  disposées  en . 
files  radiales,  mais  plus  arrondies  et  n^ayant  pa^  la  forme  net- 
tement polygonale  que  Ton  rencontre  dans  V Acacia  Seyal  par 
exemple  : 

Elles  sont  en  général  3  à  4  fois  plus  longues  que  larges, 
presques  toujours  terminées  brusquement  et  possèdent  des 
parois  minces. 

Les  fibres  longues  en  moyenne  de  iOOO  [x  ont  un  diamètre 
variant  de  7  à  9  [x,  leur  parcours  est  sinueux;  les  coupes 
transversales    les   présentent   avec   des  sections  sensiblement 

2 

rondes,  leurs  parois  très   épaisses  atteignent  en  général  les  ^ 

du  rayon,  ne  laissant  ainsi  qu'un  lumen  très  restreint. 

Oxalate  de  chaux.  —  L'oxalate  de  chaux  est  peu  abondant  et 
réparti  sur  les  coupes  longitudinales  par  files  de  7  à  8  cristaux. 

Déterminations  physiques  et  chimiques. 

Le  poids  du  mètre  cube  est  généralement  indiqué  égal  à 
800  kilogrammes. 

La  densité  que  nous  avons  obtenue  par  la  méthode  du  flacon 

est  égale  à  :  0,946  pour  le  cœur,  0,851  pour  l'aubier. 

j  .      .      D  cœur         .  . . 

Leur  rapport  est  :  tt — r» —  =  1,11. 

Les   réactifs  ne  donnent  pas  de  taches  coloriées  nettement 
distinctes. 
Les  décoctions  aqueuses  et  alcooliques  sont  très  peu  colorées. 
Le  poids  des  cendres  est  de  1  gr.  70  p.  100. 


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LÉGUMINEUSES  AFRICAINES.  67 

Usages. 

Cet  ^cac/a  donne  des  troncs  assez  droits,  formés  d'un  bois  dur 
à  grain  fin  et  se  travaillant  bien;  mais  il  se  laisse  attaquer 
facilement  par  les  vers  et  les  termites. 

Il  est  bon  pour  les  meubles  légers,  les  caisses  d'emballage  ; 
on  peut  également  Tutiliser  pour  la  fabrication  des  pilons, 
mortiers,  calebasses,  taparkas,  manches  de  lances,  fourches. 

Sa  racine  en  décoction  fournirait  un  puissant  taenifuge  et 
servirait  au  traitement  de  Tincontinence  urinaire  chez  les 
enfants. 

La  macération  dans  l'eau  froide  de  la  racine  et  du  bois  serait 
un  bon  remède  pour  les  uréthrites  et  la  toux  rebelle  où  elle 
servirait  d'expectorant. 

Ses  racines  extrêmement  longues  donnent  un  bois  dur  et  très 
flexible,  de  couleur  brun  rougeàtre,  les  indigènes  l'utilisent  pour 
la  confection  de  manches  de  sagaies;  il  en  font  aussi  des 
manches  de  Gop  (houe  du  pays)  dans  le  Cayor. 

ALBIZZIA  ANTHELHINTHICA  Brongn. 

Synonymes.  —  Acacia  anthelminlhica  A.  Rich.  =  Mttsenna  antkelminthica 
A.  Rich.  =  Albizzia  fioribunda  Kotsch. 

Nom  français.  —  Moussena^  Gommier. 

Noms  indigènes.  —  Same;  Ouloff  :  Deda;  Falor  :  Ngorokolok, 

Station.  —  Il  pousse  de  préféreDce  dans  les  terrains  secs. 

Distribution  géographique.  —  U  existe  dans  différentes  contrées  de  V Afrique 
tropicale  :  Sénégal  et  Gambie,  Abyssinien  région  du  Zambêze,  Angola. 

Caractères  botaniques.  —  C'est  un  petit  arbre  atteignant  au 
Soudan  de  4  à  6  m.  avec  un  tronc  de  la*grosseur  de  la  cuisse. 
L'écorce  présente  une  surface  rugueuse,  elle  est  peu  épaisse. 
Les  feuilles  sont  composées,  bipennées,  on  trouve  en  général 
1  ou  2  paires  de  rachis  secondaires  portant  chacun  4  à  8  folioles  ; 
ces  dernières  sont  ovales,  obtuses,  glabres.  Les  fleurs,  de  teinte 
verdàtre,  sont  réunies  en  capitules;  ceux-ci,  portés  par  des 
pédoncules  courts,  sont  groupés  en  ombelles. 

Le  fruit  est  un  légume  sinueux  qui  ressemble  à  celui  du 
Lebbecky  mais  de  dimension  plus  faible. 

-Caractères  extériears.  —  Écorce.  —  L'écorce  a  de  3  à  5  mm. 
d'épaisseur  :  elle  est  assez  régulière  et  extérieurement  de  teinte 


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68 


EM.    PERROT   ET   G«    GÉRAHO. 


brun  clair;  en  coupe  transversale,  elle  est  brun  noir  et  montre 
à  la  périphérie  une  ligne  claire  fibreuse;  elle  est  très  adhérente 
au  bois. 

Bois.  —  Ce  dernier  est  compact,  homogène,  à  grain  fin, 
serré,  très  fibreux  ;  sa  couleur,  analogue  à  celle  du  Buis,  est 
jaune  pâle,  des  zones  sont  un  peu  indiquées,  par  une  surabon- 
dance des  vaisseaux  dans  certains  endroits. 

Examen   microscopique. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  se  présentent  le  plus  souvent  : 
isolés  ou  groupés  par  deux  :  leur  forme  est  assez  irrégulière*, 


F       fô 
Fig.  5.  —  AlLizzia  anlheîminlhica  Brongn.  G.  =  50;  coupe  transversale;  p  =  35" 

leur  diamètre  est  compris  entre  100  et  170  jx  et  leur  nombre  par 
mm.  carré  est  en  moyenne  égal  à  7. 

Rayons  médullaires.  —  Les  rayons  médullaires  sont  peu  nom- 
breux mais  répartis  d'une  façon  assez  régulière;  on  en  compte 
8  à  6  par  mm.  et  leur  écartement  oscille  entre  180  et  250  u. 

En  épaisseur,  ils  sont  généralement  formés  de  2  rangs  de  cel- 
lules, quelquefois  3.  Leur  hauteur  est  beaucoup  plus  irrégulière 
que  dans  VAlbizzta  Lebbeck.  On  en  voit  souvent  dont  la  section 
tangentielle  est  étranglée  dans  son  milieu,  fait  dû  à  la  soudure 
de  deux  rayons  superposés. 


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LÉGUMI!SË4JSES   AFRICAINES.  69 

Fibres  et  Parenchyme.  —  Le  sclérenchyme  ligneux  est  divisé 
en  îlots  ou  bandes  de  longueur  variable  réparties  dans  un  reti- 
culum  irrégulier  de  tissu  fibreux.  La  partie  sclérenchymateuse 
est  formée  d'éléments  à  section  hexagonale  assez  régulière- 
ment placés  en  files  radiales  les  fibres  sont  petites,  très  épaisses 
et  généralement  courtes  (900  à  1000  [xj,  leur  diamètre  est  de 

8  à  10  [JL.  Dans  la  coupe  transversale,  le  rapport  p  =  -M,  c*est-à- 

sensiblement  j. 

Oxalate  de  chaux.  —  L'oxalate  de  chaux  peu  abondant  est 
disséminé  aux  confins  du  tissu  fibreux  où  il  forme  de  courtes 
séries  verticales. 

Zones  saisonnières.  —  Les  zones  saisonnières  sont  peu 
marquées. 

Déterminations  physiques  et  chimiques. 

Par  la  méthode  du  flacon  nous  avons  obtenu  comme  moyenne 
de  plusieurs  déterminations  :  0,  864. 

La  plupart  des  réactifs  :  potasse,  perchlorure,  hypochlorite, 
donnent  simplement  des  taches  jaune  d'ocre.  L'eau  iodée  décèle 
souvent  de  Tamidon  en  produisant  une  tache  foncée.  Les  décoc- 
tions aqueuses  et  alcooliques  sont  sensiblement  incolores. 

Le  poids  des  cendres  est  de  :  1  gr.  28  p.  100. 

Usages. 

Le  bois,  très  dur  et  d'un  grain  fin  et  serré,  se  travaille  assez 
facilement,  mais  il  est  peu  employé;  YAlbizzia  n'est  en  général 
pas  très  abondant  et  il  ne  donne  que  des  troncs  de  petite 
dimension.  Il  est  susceptible  d'être  utilisé  en  raison  de  son 
homogénéité  et  de  son  tissu  compact  :  il  conviendrait  bien  pour 
la  confection  de  petits  objets  et  pour  le  travail  au  tour. 

Son  écorce  est  vantée  comme  vermifuge  et  d'usage  couran 
en  Abyssinie.  Ses  feuilles  servent  aux  indigènes  dans  le  panse- 
ment des  plaies  de  la  tête. 

Enfin  il  donne  en  assez  grande  abondance  une  gomme 
qui  ne  serait  point  dénuée  de  valeur! 


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70  Elf.    PERROT   ET   G.   GÉRARD. 

ALBIZZIA  LEBBECK  WUl. 

Synonymei.  —  Acacia  macrophylla  Bunge  =  Albizzia  Lebbeck  Ben  th. 
=  Mimosa  sirisêa  Roxb.  =  M.  frondosa  Kleio. 

Nom  indigène.  —  Saer, 

Station.  —  Terrains  arides. 

Distribution  géographique.  —  V Albizzia  Lebbeck  se  rencontre  dans 
V Afrique  tropicale  :  Gambie,  Femando-Pâ^  environs  de  Khartoum,  dans  Thémi- 
sphère  nord  —  et  en  Mozambique  dans  le  sud;  il  croit  également  en  Asie  : 
principalement  dans  les  Indes  anglaises. 

Caractères  botaniques.  —  Il  se  présente  sous  forme  d'un 
assez  grand  arbre,  rameux,  à  cime  dense.  Ses  branches,  dont 
les  extrémités  sont  glabres,  portent  des  feuilles  composées  pos- 
sédant 6  à  8  paires  de  folioles  elliptiques,  oblongues,  obtuses, 
brièvement  pétiolées.  Ses  fleurs  sont  pédicellées,  réunies  en 
capitules.  Son  fruit  est  un  légume  aplati  renfermant  des  graines 
en  nombre  variable. 

Caractères  extérieurs.  —  Écorce.  —  L'écorce  brune  est 
d'épaisseur  moyenne,  de  texture  fibreuse;  elle  se  sépare  assez 
facilement  du  tronc. 

Bols.  —  Le  bois,  dont  la  teinte  variable  est  fréquemment  brun 
rouge  très  foncé,  devient  presque  noir  en  vieillissant;  il  est  veiné 
et  chagriné  de  lignes  sinueuses  plus  foncées,  très  souvent  inter- 
rompues, correspondant  au  tissu  fibreux,  se  détachant  nette- 
ment sur  le  fond  plus  clair  du  parenchyme. 

Les  sections  radiales  et  tangentielles  sont  finement  striées  par 
les  alignements  des  rayons  médullaires,  nombreux  et  très  régu- 
lièrement disposés. 

Le  centre,  plus  foncé,  forme  un  cœur  à  peine  distinct. 

Examen   microscopique. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  le  plus  souvent  isolés;  leur 
section  est  généralement  ovale;  leur  diamètre,  assez  constant, 
est  compris  entre  IBO  et  200  [x;  très  distants  les  uns  des 
autres,  ils  sont  en  moyenne  au  nombre  de  3  par  millimètre 
carré.  Leur  paroi  cylindrique  présente  des  ponctuations  régu- 
lières comme  taille  et  disposition. 

Rayons  médullaires.  —  Les  rayons  médullaires  sont  généra- 
lement au  nombre  de  6  par  millimètre  et  leur  écartement  varie 


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LÉGUMINKUSES    AFRIGAINBS. 


71 


entre  70  et  300  [x.  En  coupe  tangentielle,  leurs  sections  sont 
petites,  comprenant  le  plus  souvent  en  épaisseur  2  rangées  de 
cellules;  très  rarement  on  en  rencontre  3.  Leur  hauteur  est  tou- 
jours voisine  de  100  [x. 

Fibres  et  Parenchynne.  —  Les  tissus  fibreux  et  sclérenchy- 
mateux  sont  formés  d*éléments  généralement  petits  irrégu- 
liers comme  taille  et  disposition;  les  fibres  forment  des  bandes 
sinueuses,  d'épaisseur  variable,  interrompues  fréquemment  et 


Fig.  6.  —  Albizzia  Lebbeck  Will.  — G.  : 


50;  coupe  tangentielle;  p  =  ^. 


souvent  anastomosées   ou    bifurquées,   elles  ont  un  parcours 

sinueux.  Leur  longueur  est  de  1200  à  1500  [x  et  leur  diamètre 

de  6  à  8  [JL,  leurs  parois  sont  fortement  épaissies.  Les  cellules 

parenchymateuses,  en  coupe  tangentielle,  se  présentent  avec 

des  formes  polygonales  très  irrégulières,  généralement  2  fois 

F       '\Ç\ 
plus  longues  que  larges.  Le  rapport  p  =  ^. 

Oxalate  de  chaux.  —  L'oxalate  de  chaux  y  est  peu  abondant 
et  disséminé,  formant  en  coupe  longitudinale  des  alignements 
constitués  par  un  petit  nombre  de  cristaux  superposés. 

Zones  saisonnières.  —  On  ne  distingue  pas  de  zones  nette- 
ment marquées  dans  ce  bois. 


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72  ËM.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 

Déterminations  physiques  et  chimiques. 

Par  la  méthode  du  flacon,  nous  avons  obtenu  pour  les  échan- 
tillons que  nous  avions  entre  les  mains  une  densité  égale  à 
0,793,  chiffre  un  peu  différent  de  celui  de  M.  Grisard,  qui  indique 
comme  constantes  : 

Densité  0,  802;  résistance  à  la  rupture  0,737;  élasticité  0,700. 

Les  oxydants  font  virer  la  teinte  au  brun  violet  puis  au  noir, 
les  autres  réactifs  ne  dpnnent  aucune  modification  intéressante. 

Les  décoctions  alcooliques  ou  aqueuses  ne  présentent  pas  de 
coloration  marquée. 

Le  poids  des  cendres  est  de  :  0  gr.  85  p.  100. 

Usages. 

Cet  arbre  donne  un  bois  dur,  à  grain  assez  fin;  il  se  conserve 
assez  bien,  se  travaille  assez  facilement  et  est  susceptible  de 
prendre  un  beau  poli.  Sa  texture,  et  Fenchevêtrement  de  ses 
fibres  en  font  un  tissu  compact  et  très  résistant.  Abrité,  il  est 
d'une  assez  bonne  conservation;  mais  quand  il  est  exposé  aux 
intempéries,  il  ne  résiste  guère  plus  de  de  dix  à  quinze  ans.  Il 
présente  assez  souvent  des  défauts  dus  à  la  présence  de  gout- 
tières. De  plus,  il  possède  un  aubier  inutilisable  se  laissant  atta- 
quer par  les  vers  peu  de  temps  après  Tabattage. 

Les  indigènes  en  font  des  pilons  pour  écraser  le  sel,  le  sucre  et 
les  graines  en  vue  de  l'extraction  de  Thuile  qu'elles  renferment. 

Aux  Indes,  on  l'utilise  dans  la  construction  des  bateaux.  A  la 
Réunion,  il  est  ti'ès  employé  et  rentre  dans  la  confection  des 
moyeux  et  jantes  de  roues;  on  l'utilise  également  pour  l'ébénis- 
terie,  le  travail  au  tour,  la  menuiserie,  les  instruments  aratoires, 
les  membrures  de  bateaux,  etc. 


BAUHINIA  RETICULATA  DC. 

Synonymes.  —  Bauhinia  inermis  Forsk.  =  B.  Thonningii  Schum.  =  B,  lama- 
rindicea  Delile  =  B.  platysUiqua  Perr. 

Nom  français.  —  Niama. 

Noms  indigènes.  —  OulolT  :  N*Guiguis,  Ghighis;  Toucouleurs  :  Barkehi, 
M*Barquehi,  Barkevi]  Sarakiiollé  :  Yafé;  Kassonké  :  Faro;  Malinké  :  Marna; 
Bambara  :  Niama;  Ouassalou  :  Niama;  Serère  :  Ngayo;  Diola  :  Boufdlal;  Arabe  : 
Babel;  Falor  :  Goguél;  Sonhraï  :  Fara-Fara. 


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LÉGUMINEUSES   AFRICAINES.  73 

Station.  —  On  le  rencontre  principalement  au  voisinage  des  marigots,  il  est 
aussi  très  commun  dans  les  taillis. 

Distribution  géographique.  —  Très  répandu  dans  VAfrique  occidentale  où 
il  s'étend  à  la  fois  sur  les  zones  soudaniennes  et  sahéliennes,  c'est-à-dire  de  12*" 
à  19^  de  latitude  nord.  Il  a  été  signalé  en  particulier  au  bord  des  eaux  de  la 
région  de  Tombouc/ou,  de  Kabarah^  d'Amassy,  près  du  marigot  de  Goundam^  à 
El  Ouladji  aux  environs  du  marigot  des  Maringouins,  à  Bakel  à  Sumpi.  11  est 
également  très  commun  dans  la  région  sénégalaise  dans  la  Guinée  el  la  côte 
d^Iooire. 

Caractères  botaniques.  —  C'est  en  général  un  arbre  de  taille 
moyenne  de  6  à  10  mètres,  rameux,  à  écorce  extérieurement 
gris  cendrée,  il  est  facile  à  reconnaître  au  premier  abord  à  ses 
feuilles.  Ces  dernières  sont  coriaces  vert  sombre,  généralement 
bifides,  réniformes,  palminerves,  à  disposition  alterne,  et  pour- 
vues d'un  pétiole  court;  les  nervures  sont  très  apparentes  à  la 
face  supérieure. 

Les  Qeurs  sont  blanches  ou  rose  pâle  et  disposées  en  petites 
grappes  le  long  des  branches;  elles  possèdent  un  calice  infundi- 
buliforme  à  cinq  dents,  5  pétales  et  10  étamines  basi-mona- 
delphes;  Tovaire  est  linéaire  tomenteux. 

La  floraison  a  lieu  en  octobre  et  mars. 

Les  fruits  du  Bauhinia  reticulata  sont  axillaires  et  se  présen- 
tent sous  forme  de  longues  gousses  aplaties,  arquées,  veloutées, 
indéhiscentes. 

Les  graines  sont  noyées  dans  une  pulpe  coriace  et  portées  par 
unlongfunicule. 

Les  végétaux  de  cette  espèce,  qui  croissent  au  nord  du  Soudan 
et  qui  s'avancent  sur  les  dunes  désertiques,  prennent  un  aspect 
bien  différent  :  les  feuilles  diminuent  de  taille,  Télongation 
annuelle  se  réduit  considérablement  et  si  Ton  ne  rencontrait  en 
traversant  les  régions  intermédiaires  tous  les  types  de  transition, 
on  pourrait  être  tenté  de  faire  de  ces  plantes  des  espèces  diffé- 
rentes. 

Caractères  extérieurs.  —  Écorce.  —  Le  tronc  ou  les  grosses 
branches  du  Bauhinia  sont  couvertes  d'une  écorce  adhérente 
d'épaisseur  moyenne  (environ  5  mm.),  extérieurement  de  teinte 
brun  clair  tachetée  de  gris  cendré;  elle  présente  en  coupe  trans- 
versale une  couleur  régulière  brun  noir. 

Bois.  —  Le  bois  est  dur,  compact,  homogène,  très  fibreux. 
Sa  couleur  est  brun  cannelle  plus  ou  moins  foncé,  présentant 
seulement  de   fines  ponctuations  plus  claires   réparties  assez 


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74  Elf.    PERROT   ET   G.    GÉRARD. 

régulièrement  sur  toute  la  surface  de  la  coupe  transversale. 
Quelques  zones  sont  faiblement  marquées  par  une  teinte  légè- 
rement plus  foncée  estampée  et  décroissant  sur  ses  bords. 

Les  échantillons  de  grosses  branches  que  nous  avons  eus  entre 
les  mains  présentaient  des  anomalies  de  développement  ayant 
déterminé  la  formation  de  dépressions  internes,  donnant  a  la 
coupe  transversale  et  aux  zones  marquées  à  sa  surface,  un 
aspect  tourmenté  tout  à  fait  spécial. 

Examen   microscopique. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  généralement  isolés,  quel- 
quefois groupés  par  deux,  rarement  plus.  Leur  forme,  assez 
irrégulière,  est  plus  souvent  ovale  (rapport  des  diamètres  1  à  1 ,5)  ; 
leur  grandeur  varie  de  50  à  100  et  même  150  [x.  Dans  les  diffé- 
rentes régions  des  coupes,  leur  nombre  variait  de  8  à  10  par 
millimètre  carré. 

Rayons  médullaires  —  Les  rayons  médullaires  comprennent 
généralement  une  seule  cellule  en  épaisseur,  quelquefois  2, 
jamais  3.  Leur  hauteur  est  très  variable;  ils  possèdent  en 
moyenne  de  4  à  8  cellules,  mais  quelques-uns  d'entre  eux  for- 
ment de  véritables  lames  verticales  s'enfonçant  à  travers  les 
tissus  et  possédant  jusqu'à  30  cellules  superposées  dans  le  sens 
longitudinal. 

Les  rayons  médullaires  sont  nombreux  (on  en  rencontre  en 
moyenne  16  sur  un  millimètre  de  coupe)  et  leur  écartement, 
faible,  varie  entre  20  et  80  |x. 

Ces  éléments,  examinés  en  coupe  longitudinale  tangentielle, 
sont  formés  de  cellules  arrondies,  à  membranes  assez  épaisses, 
se  présentant  sous  deux  aspects  différents. 

Les  rayons  médullaires  que  Ton  rencontre  dans  le  parenchyme 
ligneux  sont  terminés  généralement  par  une  grosse  cellule  de 
forme  arrondie  ou  ovale. 

Dans  les  régions  Gbreuses,  au  contraire,  les  cellules  terminales 
s'effilent  et  se  terminent  par  une  sorte  de  fer  de  lance. 

Ces  deux  sortes  de  rayons,  correspondant  les  uns  à  la  région 
fibreuse,  les  autres  à  la  zone  parenchymateuse  vasculaire  du 
bois,  se  distinguent  aisément,  dans  la  figure  7,  en  coupe  longi- 
tudinale tangentielle. 


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LÉGUMINEUSES   AFRICAINES^ 


75 


Fibres  et  Parenchyme.  — La  masse  du  bois  est  constituée  par 
des  quantités  à  peu  près  équivalentes  de  fibres  et  de  cellules 

parenchymateuses.  (Rapport  p  =  rsh 

Le  parenchyme  est  réparti  en  îlots  ou  bandes  plus  ou  moins 
allongées,  irrégulières,  souvent  renflées  en  épaisseur  dans  les 
régions  qui  renferment  des  vaisseaux.  Les  cellules  de  ce  tissu 
sont  assez  grandes  et  généralement  rangées  régulièrement. 

Les  fibres,  au  contraire,  sont  de  petit  diamètre,  6  à  8  |x,  irré- 


Fig.  1.  —  Bauhinia  reticulata  DC. 
G.  :  300;  coupe  longitudinale  tangen- 
tielle. 


Fig.  8.  —  Bauhinia  reticulata  DC. 

F        55 
G.  :  50;  coupe  transversale;  p  =  ^• 


gulières  de  grosseur;  la  section  transversale  est  arrondie  et  les 

1     1 
parois  très  épaisses  ont  une  épaisseur  égalant  ^  à  »  du  rayon, 

leur  longueur  est  de  1  200  à  1  500  jjl  en  moyenne. 

Oxalate  de  chaux.  —  Les  cristaux  d'oxalate  de  chaux,  assez 
peu  nombreux,  se  rencontrent  çà  et  là  sur  la  coupe  transversale 
et  paraissent  réunis  en  files  dans  les  sections  longitudinales. 

Ce  bois  de  Bauhinia  présente  donc  un  aspect  tout  à  fait  parti- 
culier, caractérisé  par  le  grand  nombre  et  la  faible  épaisseur  de 
ses  rayons  médullaires,  lesquels  possèdent  des  cellules  à  mem- 
brane légèrement  épaissie,  comme  aussi  par  son  grain  serré  et 
ses  fibres  fines  à  parois  très  épaissies. 


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76  EN.    PËKROT   ET   G.    GÉRARD. 

Ces  différentes  particularités  en  font  un  bois  à  grain  fin, 
serré,  homogène  de  structure,  résistant  dans  toutes  les  direc- 
tions et  se  fendant  difficilement,  car  ses  rayons  médullaires 
forts  et  nombreux  réunissent  solidement  ses  éléments  dans  le 
sens  radial. 

Déterminations  physiques  et   chimiques. 

La  densité,  déterminée  par  la  méthode  du  flacon,  a  été  trouvée 
égale  à  0,707.  Le  poids  antérieurement  établi  du  mètre  cube  est 
de  690  kilogrammes. 

La  potasse  forme  une  tache  brune  foncée;  le  perchlorure  de 
fer  amène  une  coloration  verdàtre  assez  intense,  les  autres 
réactifs  ne  donnent  aucun  changement  bien  marqué.  La  décoc- 
tion aqueuse  est  jaune  ambrée  et  Talcool  prend,  par  ébullition 
avec  ce  bois,  une  teinte  jaune  pâle.  Le  poids  des  cendres  est  de  : 
2  gr.  15  p.  100. 

Usages. 

Différentes  parties  de  cet  arbre  sont  employées  par  les  indi- 
gènes : 

Ses  feuilles  jeunes,  pilées  et  bouillies,  donnent  un  liquide 
acide  employé  pour  la  coagulation  du  latex  des  Landolphia. 
Celles  des  jeunes  rameaux  sont  mangées  par  les  troupeaux 
(vaches,  moutons,  chèvres). 

L'écorce  du  tronc  et  des  grosses  branches,  divisée  en  lan- 
nières,  fournit  aux  gens  des  liens  solides  qui  servent  pour  les 
assemblages  de  leurs  cases. 

D'autre  part,  certaines  vertus  médicinales  sont  attribuées  à  ces 
différentes  parties.  Les  feuilles  constitueraient  un  expectorant; 
les  infusions  d'écorce,  employées  lièdes,  seraient  un  excellent 
remède  contre  les  maux  de  dents.  La  poudre  que  Ton  trouve 
sur  la  surface  externe  du  fruit  serait  enfin  très  précieuse  comme 
pansement  des  plaies. 

Le  bois,  assez  dur,  se  travaille  cependant  facilement,  mais, 
d'après  les  renseignements  fournis  dans  le  pays,  il  se  laisserait 
attaquer  par  les  vers  et  les  termites? 

On  remploie  fréquemment  pour  Tébénisterie,  la  menuiserie 


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LÉGUMINEUSES   AFRICAINES.  17 

fine,  la  charpente,  le  charronnage,  les  constructions  navales 
(pirogues),  pour  la  fabrication  des  mortiers,  pilons,  taparkas 
en  raison  de  son  homogénéité  et  de  sa  dureté. 

Les  petites  branches  sont  employées  par  les  soudanais  comme 
sokios  (brosses  à  dents). 

Cette  espèce  ligneuse  semble  devoir  être  destinée  surtout  à  la 
petite  charpente  ç t  à  la  menuiserie. 

BAUHINIA  RUFESCENS  Lam. 

Synonymes  :  Baùhinia  Adansoniana  G.  et  P.  =  B.  rubescens  Pers. 

Nomi  indigènes.  —  OulofT  :  Banda,  Band;  Toucouleur  :  Samare,  Samnri- 
Bambara  :  si  filé,  sifili. 

Station.  —  Le  Baùhinia  rufescens  croit  de  préférence  dans  les  endroits  bas, 
marécageux;  il  est  aussi  assez  commun  dans  les  dunes  quand  elles  se  trouvent 
à  proximité  des  eaux. 

Distribution  géographique.  —  \\  est  asse^  commun  dans  la  Sénégambie  et 
la  région  de  Tomboucloa;  il  a  été  signalé  aussi  dans  le  Oualo  sur  les  rives  du 
Sénégal,  à  Amassy,  h.  Goundam;  aux  lacs  Faguibine  et  Horo,  à  Bas-eUMâ,  à 
Sumpi,  dans  la  Nubie,  le  Sennaar,  VAbyssinie,  le  Barh-el-Abiad.  Il  est  indiqué 
par  M.  Chevalier  comme  ayant  une  aire  de  dispersion  correspondant  assez 
nettement  à  la  zone  soudanienne. 

Caractères  botaniques.  —  C'est  un  arbre  de  petite  taille 
atteignant  6  à  8  m.  de  haut. 

Ses  feuilles  sont  petites,  en  forme  de  cœur,  bifides;  une 
variété  possède  des  feuilles  séparées  seulement  jusqu'à  la  moitié 
du  limbe. 

Les  fleurs  sont  blanches,  très  odorantes,  réunies  en  épis;  la 
floraison  a  lieu  en  octobre  et  en  mars.  Les  fruits  se  présentent 
sous  forme  de  gousses  noires,  étroites,  contournées  sur  elles- 
mêmes  et  divisées  par  des  étranglements  en  8  à  10  articles  ren- 
fermant chacun  une  graine. 

Quand  on  arrive  aux  confins  des  régions  désertiques,  on  le 
trouve  sous  un  aspect  un  peu  différent;  il  forme  alors  des 
arbustes  rabougris,  tortueux,  couverts  d'épines.  Leur  petite 
taille  est  alors  due  à  une  diminution  de  Télongation  annuelle. 

Caractères  extérieurs  —  Écorce.  —  Les  grosses  branches  et 
le  tronc  possèdent  une  écorce  de  moyenne  épaisseur  (environ  5 
à  1  mm.),  extérieurement  adhérente,  de  teinte  extérieure  brune 
foncée  tachée  de  gris.  En  coupe  transversale,  elle  est  brun  noir 
avec  une  zone  externe  plus  claire. 

Bols.  —  Le  bois  du  Baùhinia  rufescens  est  très  dur,  homo- 


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78 


KM.    PERROT    ET    G.    GÉRARD. 


gène,  compact,  son  grain  est  fin  et  serré;  sa  teinte  varie  du 
brun  jaune  cannelle  au  brun  foncé  et  sa  coupe  transversale  est 
semée  de  fines  ponctuations  claires;  les  zones  sont  peu 
apparentes. 

Les  échantillons  que  nous  avons  reçus  ont  une  section  trans- 
versale irrégulière  avec  de  nombreuses  dépressions,  dénotan 
une   torsion  des  branches  auxquelles  ils   appartenaient,   leur 
aspect  est  un  peu  comparable  à  celui  des  tiges  des  grosses  lianes. 

Examen  microscopique. 

Vaisseaux*  —  Les  vaisseaux  sont  isolés  ou  réunis  par  3  ou  4, 
et  généralement  ces  groupes  sont  formés  d'une  série  de  petites 


F        50 
Fig.  9.  —  Bauhinia  rufescens  Lam.  —  G.  :  50;  coupe  transversale;  p  =  ^. 

trachéides  accompagnées  de  1  ou  2  gros  vaisseaux  ;  assez  fré- 
quemment toutefois,  des  vaisseaux  de  diamètre  plus  petit  sont 
groupés  en  files  radiales  et  plus  ou  moins  accolés  directement 
les  uns  aux  autres  :  dans  ce  cas  leurs  sections  transver- 
sales sont  très  irrégulières  et  à  contour  sinueux.  Leur  dia- 
mètre varie  entre  20  et  100  [jl  et  leur  nombre  peut  atteindre  28 
par  mmq. 

Rayons  médullaires.  —  Les  rayons  médullaires  sont  égale- 
ment nombreux  :  environ  12  par  mm.,  leur  écartement  varie  de 


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LÉGUMINEUSES   AFRICAINES.  '  79 

20  à  150  [X  et  leur  épaisseur  est  de  1  ou  2  rangs  de  cellules; 
en  hauteur,  ils  comprennent  en  moyenne  de  4  à  7  cellules. 

Fibres  et  parenchyme.  —  Le  tissu  conjonctif  est  formé  par 
du  parenchyme  liquéfié  à  membranes  minces,  coupé  de  place  en 
place  par  des  bandes  fibreuses,  irrégulières,  sinueuses,  souvent 
anastomosées  :  c'est  uniquement  dans  les  îlots  sclérenchymateux 
ainsi  circonscrits  que  sont  localisés  les  vaisseaux-  Les  fibres 
sont  longues  (1 100  à  1  600  jx),  leur  diamètre  varie  généralement 
entre  6  et  8  [x,  et  leurs  parois  sont  très  épaisses  atteignant  1/3 

à  1/2  du  rayon;  le  rapport  p  est  en  moyenne  égal  à  :  ^. 

Oxalate  de  chaux.  —  L'oxalate  de  chaux,  disséminé  en  coupe 
transversale  le  long  des  régions  fibreuses,  forme  longitudinale- 
ment  des  séries  assez  longues  de  cristaux  superposés  sans 
interruption. 

Déterminations  physiques  et  chimiques. 

La  densité  déterminée  au  flacon  a  été  trouvée  égale  à  0,713. 

La  potasse  donne  une  tache  brune;  le  perchlorure  de  fer 
produit  un  noircissement  interne,  décelant  ainsi  de  fortes  pro- 
portions de  tannin  ;  les  autres  réactifs  ne  donnent  aucune  modi- 
fication sensible.  Les  décoctions  aqueuses  et  alcooliques  sont 
jaunâtres.  Le  poids  des  cendres  est  de  :  3  gr.  60  p.  100. 

Usages. 

Le  bois  fourni  par  le  Bauhinia  rufescens  est  très  dur,  à  grain 
Qn  et  homogène,  il  présente  une  grande  analogie  avec  celui  du 
Bauhinia  reticulata  et  il  est  susceptible  de  répondre  aux  mêmes 
usages. 

Les  indigènes  ont  recours  surtout  à  son  écorce  qui  leur 
fournit  des  liens  pour  monter  leurs  cases.  Elle  leur  est  utile 
également  pour  tanner  les  cuirs  et  constitue  pour  eux  un  excel- 
lent remède  contre  la  dysenterie,  la  petite  vérole,  la  lèpre, 
vraisemblablement  en  raison  des  matières  tanniques  qu'elle 
renferme. 

La  racine  est  employée  dans  les  fièvres  intermittentes  et  la 
décoction  des  feuilles  est  usitée  dans  les  maladies  des  yeux. 


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80  *  EH.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 

BERLINIA  ACUHINATA  Benth. 

Nomi  indigènei.  —  OuIofT  :  Sa;  Toucouleur  :  Sô;  SarakhoIIé  :  Sô;  Kassonké  : 
Sô;  Malinké  :  Sd,  Sau;  Bambara  :  Sô;  Ouassalou  :  Sô. 

Station.  —  II  pousse  dans  tous  les  terrains,  mais  il  présente  plusieurs 
variétés  correspondant  aux  endroits  secs  ou  humides;  il  est  commun  surtout 
près  des  marigots  et  pousse  généralement  par  groupes  compacts. 

Distribution  géographique.  ~  On  le  rencontre  dans  le  Sénégal  et  le 
Soudan  (environs  de  Siguiri^  Balaniy  etc.)  en  Sierra- Leone^  dans  le  Cameroun, 
au  Gabon  et  dans  le  Mozambique  sur  les  rives  de  la  Rovuma. 

Caractères  botaniques.  —  C'est  un  arbre  de  15  à  20  m.  dont 
le  tronc  atteint  en  diamètre  de  50  à  90  cm.  et  s'élève  générale- 
ment droit;  sa  cime  est  régulière,  étalée,  formée  de  rameaux 
longs. 

Son  écorce  est  extérieurement  gris  cendré  ;  elle  est  fendillée 
et  se  détache  par  plaques. 

Il  possède  des  feuilles  opposées,  paripennées,  formées  de  3 
à  6  paires  de  folioles  elliptiques-oblongues,  coriaces,  de  teinte 
vert  tendre,  luisantes  sur  la  face  supérieure  ;  les  nervures  sont 
peu  apparentes,  minces,  arquées,  et  fourchues  aux  extrémités. 
Ces  feuilles  apparaissent  en  février. 

Les  fleurs  sont  en  grappes  terminales,  simples  ou  composées; 
elles  possèdent  un  involucre  de  bractéoles;  leur  ovaire  est 
stipulé,  tomenteux  avec  un  style  long  et  glabre. 

Le  fruit  est  un  légume  long,  de  teinte  marron  foncé,  renfer- 
mant des  graines  plates,  de  forme  lenticulaire;  il  n'est  pas 
comestible. 

Caractères  extérieurs.  —  Écorce.  —  L'écorce  est  irrégulière; 
dans  sa  région  externe,  on  remarque  des  lignes  claires  sinueuses, 
souvent  interrompues  et  formées  par  la  section  de  régions 
fibreuses;  le  liber  est  assez  épais  et  parsemé  de  points  clairs. 

Bols.  —  Le  bois  du  Berlinia  acuminata  est  compact,  homo- 
gène, à  grain  fin  et  serré;  il  présente  des  zones  faiblement 
marquées.  Sa  teinte  générale  est  jaune  d'ocre,  avec  un  léger 
pointillé  plus  clair. 

Examen  microscopique. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  le  plus  souvent  isolés,  leur 
section  est  ronde,  leur  diamètre,  très  irrégulier,  varie  de  50  à 


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LÉGUMINEUSES    AFRICAINES.  81 

150  [jl;  ils  sont  généralement  répartis  au  nombre  d*une  dizaine 
par  millimètre  carré. 

Rayons  médullaires.  — Les  rayons  médullaires,  peu  nombreux 
(6  à  7  par  millimètre),  sont  distants  de  50  et  250  jx.  En  épais- 
seur ils  ne  possèdent,  sauf  de  très  rares  exceptions,  qu'une 
seule  cellule  et  en  hauteur  6  à  8,  quelquefois  même  jusqu'à  15. 
Ces  cellules  sont  très  irrégulières  et  en  coupe  tangentielle, 
certaines  sont  de  2  à  3  fois  plus  larges  que  les  autres. 

Fibres  et  parenchyme.  —  Le  tissu  conjonctif  est  formé  par 

un  réliculum  fibreux  entourant  de  petits  îlots  de  tissu  liquéfié 

renfermant  un  ou  plusieurs  vaisseaux.  Les  fibres  sont  longues 

(1  500  à  1  800  jx)  et  larges  de  8  à  10  \k  avec  des  membranes  très 

épaissies  atteignant  facilement  les  2/3  du  rayon,  les  cellules 

parenchymateuses  sont  aussi  très  irrégulières. 

T  ,  F       50 

Le  rapport  p  =  g^. 

Oxalate  de  chaux.  —  L'oxalate  de  chaux  est  assez  abondant 
dispersé  aux  bords  des  parties  fibreuses;  il  forme  souvent  des 
séries  verticales  assez  importantes. 

Déterminations  physiques  et  chimiques. 

La  densité  a  été  trouvée  égale  à  0,649, 

Parmi  les  réactifs  signalés,  la  potasse  amène  la  formation 
d'une  tache  brune;  les  autres  ne  produisent  aucune  modification 
sensible.  L'eau  donne  une  décoction  rose  pâle,  l'alcool  se  colore 
très  peu  en  présence  de  ce  bois.  Le  poids  des  cendres  est  de  : 
1  gr.  85  p.  100. 

Usages. 

Le  tronc  du  Berlinxa  acuminata  donne  un  bois  léger  et  assez 
fibreux,  mais  se  travaillant  bien;  malheureusement  il  se  laisse 
facilement  attaquer  par  les  vers  et  les  termites,  et  l'aubier  en 
particulier  se  pique  très  vite.  Les  indigènes  en  font  des  meubles, 
des  charpentes,  des  piliers  de  cases. 

Il  peut  être  avantageusement  utilisé  pour  l'ébénisterie,  la 
charpente,  la  grosse  menuiserie,  le  charronnage,  les  construc- 
tions navales  :  bordages  et  membrures. 

6 


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%'/  ^.' 


82  EM.    PERROT   ET   G.    GÉRARD. 

Les  feuilles  et  l^écorce  bouillies  seraient  un  remède  contre 
les  courbatures. 

BURKEA  AFRICANA  Hook. 

Distribution  géographique.  —  Le  Burkea  africana  se  rencontre  dans  la 
région  du  Niger^  et  dans  VAngola. 

Caractères  botaniques.  —  C'est  un  arbre  de  10  à  15  m. 
se  terminant  en  une  cime  touflue  portée  par  des  branches  fortes. 

Les  feuilles  se  réunissent  plus  abondamment  à  Textrémité 
des  branches;  elles  sont  composées  et  les  folioles  sont  portées 
par  desrachis  glabres.  Les  fleurs  sont  d'un  blanc  éclatant,  elles 
sont  nombreuses  et  réunies  également  à  l'extrémité  des 
rameaux. 

Le  fruit  est  un  légume  allongé,  de  couleur  brune  renfermant 
plusieurs  graines  légèrement  comprimées. 

Caractères  extérieurs.  —  Écorce.  —  L'écorce,  assez  adhé- 
rente au  bois,  est  d'une  épaisseur  moyenne,  5  à  7  mm.  irrégu- 
lière, formée  en  coupe  transversale  d'une  zone  interne  foncée  et 
d'une  région  externe  plus  claire  coupée  de  une  ou  deux  lignes 
fibreuses  blanchâtres,  légèrement  sinueuses. 

Bols.  —  Le  bois  est  très  fibreux,  mais  il  se  fend  assez  faci- 
lement; sa  teinte  générale  est  brun  clair  et  il  présente  une 
fine  striation  due  à  des  lignes  légèrement  sinueuses,  et  paral- 
lèles. De  place  en  place,  on  perçoit  une  ligne  circulaire  plus 
foncée  formée  d'une  série  de  points  bruns  correspondant  à 
chaque  espace  interradial.  Nous  verrons  que  ces  formations  ne 
sont  autres  que  des  séries  de  lacunes  gommeuses. 

Examen  microscopique. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  généralement  isolés  ou 
groupés  par  2  ou  3,  la  forme  de  leur  section  est  très  irrégu- 
lière, mais  leur  diamètre  petit  est  généralement  compris  entre 
20  et  100  [JL,  leur  nombre  par  mmq.  est  variable,  mais  le  plus 
souvent  faible  (5  à  6).  La  paroi  de  ces  vaisseaux  est  couverte  de 
larges  ponctuations  claires  séparées  seulement  par  un  mince 
réticulum  épaissi. 

Rayons  médullaires-  —   Les  rayons    médullaires  sont  au 


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LEGUMINEUSES   AFR1CA1?(ES. 


83 


nombre  de  10  à  12  par  mm.  et  leur  écarlement  varie  de  50  à 
150  [ji.  En  section  tangentielle  on  en  distingue  facilement  deux 
séries  :  des  petits  n'ayant  que  1  ou  2  cellules  d'épaisseur  et  d'au- 
tres grands  en  possédant  5  à  6  avec  une  hauteur  de  400  à  700  |x. 
Fibres  et  parenchyme.  —  Le  tissu  intermédiaire  est  formé  de 
bandes  parallèles  et  sensiblement  égales  formées  alternative- 
ment de  fibres  et  de  sclérenchyme,   leur  épaisseur  est  assez 


Fig.  10.  —  Burkea  africana  Hook.  —  G.  :  50;  coupe  transversale.  S  =  |^- 
A  droite,  lacune  à  gomme  avec  cellules  à  tannin  sur  le  pourtour.  G.  :  300. 

régulière  et  généralement  comprise  entre  50  et  80  \i.  Le  rap- 

^  F       50 
portp  =  gg. 

Les  cellules  sclérenchymateuses  sont  très  irrégulières  comme 
forme  et  grandeur  en  section  transversale.  Les  fibres  atteignent 
en  moyenne  1  500  à  1  900  [jl  avec  un  diamètre  variant  entre  10 
et  12  [x. 

Les  parois  de  ces  dernières,  très  épaisses  atteignent  1/2  à 
2/3  du  rayon. 

Zones  saisonnières-  —  Des  zones  sont  assez  nettement  indi- 
quées par  des  lignes  concentriques  de  tissu  présentant  de  nom- 
breuses lacunes  à  gomme;  dans  ces  régions,  généralement 
étroites,  on  voit  le^  vaisseaux,  remplis  plus  ou  moins  complè- 
tement par  des  matières  gommeuses,  et  le  tissu  parenchyma- 


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1 1 

i    1 


i 


84  £M.    PERROT    ET    G.    GÉRARD. 

I  i  teux  semé  de  séries  ininterrompues  de  lacunes  correspondant  à 

chaque  espace  interradial.  Quelquefois,  toute  une  bande  de  tissu 
ligneux  comprise  entre  deux  bandes  fibreuses  est  entièrement 
détruite  ;  seules  quelques  rangées  de  cellules  entourent  la  masse 
gommeuse,  et  souvent  celles  qui  forment  la  bordure  se  séparent 
de  leurs  voisines  et  s'isolent  dans  l'intérieur  de  la  lacune  ou 
elles  vont  se  dissocier  peu  à  peu  par  gélification  de  leurs  parois. 

i  Cette  gommose  est  donc  absolument  analogue  à  celle  que 

!  Ton  observe  chez  nos  Rosacées  indigènes.  Nous  insistons  prin- 

cipalement sur  cette  disposition  en  zones  concentriques  qui 
montre  que  la  formation  de  la  gomme  a  lieu  à  intervalles 
réguliers,  probablement  une  ou  deux  fois  par  an,  suivant  la 
succession  des  saisons,  comme  dans  nos  arbres  fruitiers  où  le 
tissu  atteint  en  premier  lieu  par  cette  dégénérescence,  est  tou- 

i  jours  le  parenchyme  printanier. 

i  Oxalate  de  chaux.  —  L'oxalate  de  chaux  se  trouve  disséminé 

î  i  sur  la  coupe  transversale  et  disposé  surtout  dans  les  cellules 

!  avoisinant  les  plages  fibreuses.  Les  cristaux  sont  groupés  en 

!  séries  verticales  plus  ou  moins  nombreuses. 

!  Amidon.  —  L'amidon  se  rencontre  en  assez  grande  abondance 

dans  les  cellules  sclérenchymateuses. 

I  Déterminations  physiques  et  chimiques. 

La  densité  de  ce  bois  par  la  méthode  du  flacon  est  de  0,677. 

.  i  La  potasse  amène  la  formation  d'une  tache  brun  foncé,  le 

perchlorure  de  fer  donne  une  teinte  verte  et  l'iode  une  légère 

!  coloration  bleu  foncé;  par  l'eau  et  par  l'alcool,  on  obtient  des 

décoctions  légèrement  teintes  eu  brun. 

Le  poids  des  cendres  est  de  :  3  gr.  25  p.  100. 

Usages. 

Le  Burkea  africana  fournit  un  bois  à  grain  assez  fin,  serré, 
mais  qui  se  laisse  facilement  attaquer  par  les  vers  et  les  ter- 
mites ;  il  est  fibreux  et  se  fend  facilement  ;  il  est  peu  usité  par 
les  indigènes. 

Il  peut  cependant  être  employé  pour  la  grosse  menuiserie  et 
la  charpente  légère. 


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LÉGUMINEUSES  ÀFRICAIISES.  85 


CASSIA  SIEBERIANA  DC. 

Synonymes.  —  Cassia  Javanicae  affinis  Benth. 

Nom  français.  —  Sinya. 

Noms  indigènes.  —  OulofT:  Sendiegney  Sindiègne;  Toucouleur  :  Sindiangue; 
Sarakhollé  :  Singuian;  Kassonké  :  Singuian;  Malinké  :  Singuian  Sindia; 
Barabara  :  Singuia,  Sindian;  Ouassalou  :  Singuia;  None  :  Sélé;  Diola  :  Kaseil; 
Falor  :  Thidiaye;  Soussou  :  Bangboîia, 

Station.  —  Le  Cassia  Sieberiana  croît  de  préférence  dans  les  terrains  secs. 

Distribution  géographique.  —  On  le  rencontre  assez  communément  dans 
le  Haut-Sénégal  et  au  Soudan^  en  particulier  dans  le  Cayor  et  le  territoire  de 
SietTa- Leone. 

Caractères  botaniques.  —  C'est  en  général  un  petit  arbre 
rameux  possédant  une  cime  dense,  régulière,  arrondie,  formée 
de  rameaux  nombreux,  enchevêtrés  :  garnis  d*un  feuillage 
abondant.  Il  atteint  fréquemment  5  à  7  m.  de  haut  et  son  tronc 
va  jusqu*à  35  cm.  de  diamètre.  Il  possède  une  écorce  mince 
ayant  environ  5  à  7  mm.  d'épaisseur  présentant  une  couche 
épidermique  sépia  ou  grisâtre. 

Ses  feuilles  sont  opposées,  paripennées,  obtuses,  presque 
sessiles  avec  une  nervure  médiane  peu  apparente  et  des 
nervures  secondaires  pennées;  elles  possèdent  des  stipules 
linéaires  dressés. 

Il  porte  des  grappes  pendantes,   axillaires,   terminales,  de . 
fleurs  jaune   orangé   vif,   possédant  5    sépales,   S    pétales   et 
10  étamines  libres  et  pourvues  de  longs  pédoncules;  elles  exha- 
lent une  odeur  agréable.  La  floraison  a  lieu  en  mars-avril. 

Le  fruit  se  présente  sous  la  forme  d'une  gousse  longue, 
arrondie,  noire,  légèrement  arquée,  et  pendante;  ses  dimen- 
sions sont  :  50  mm.  sur  15  en  moyenne. 

Extérieurement,  il  ressemble  à  la  Casse  des  Antilles.  Des 
graines  noires,  nombreuses,  sont  logées  à  l'intérieur  au  milieu 
d'une  pulpe  noire,  pâteuse  et  légèrement  sucrée. 

Ce  fruit  n'est  pas  comestible. 

Caractères  extérieurs.  —  Écorce.  —  Son  écorce  présente 
assez  nettement  en  coupe  transversale  deux  zones  sensiblement 
égales  :  l'une  externe  brun  rouge  clair,  l'autre  interne  foncée, 
de  couleur  sépia  et  mouchetée  de  points  clairs  correspondant 
aux  sections  des  paquets  fibreux  disséminés  dans  sa  masse. 

Bois*  —  Le  bois  est  très  dur,  très  fibreux,  homogène  et  de 


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86  EM.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 

grain  assez  fin  et  serré,  sa  teinte  est  jaune  d'ocre  pointillé  de 
clair. 
Les  zones  sont  peu  marquées. 

Examen  microscopique. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  irrégulièrement  groupés  : 
tantôt  isolés,  tantôt  par  deux  ou  trois,  quelquefois  même  ils 
forment  des  groupes  beaucoup  plus  nombreux.  La  forme  de 


Fig.  li.  —  Cassia  Sieberiana  DG.  G.  :  50;  coupe  T. 

F        40 
2  aspects  de  la  coupe  transversale  :  moyenne  de  ^  =  -t. 

leur  section  transversale  est  assez  nettement  circulaire  surtout 
chez  ceux  qui  sont  isolés.  Leur  diamètre  varie  entre  40  et  130  a, 
mais  en  général  il  est  très  voisin  de  la  moyenne  120  [x.  Leur 
nombre  est  de  15  à  17  par  mm.  carré. 

Rayons  médullaires.  —  Les  rayons  médullaires  sont  assez 
régulièrement  formés  de  deux  rangs  de  cellules  en  épaisseur, 
très  rarement  on  en  trouve  trois  et  bien  peu  nombreux  sont 
ceux  qui  n'en  possèdent  qu'une  rangée. 

On  en  rencontre  en  moyenne  de  7  à  8  par  mm.  et  les  cellules 
qui  les  forment  sont  fréquemment  remplies  de  matières  con- 
crètes et  leurs  parois  très  légèrement  épaissies. 

Fibres  et  parenchyme.  —  L'aspect  général  du  tissu  con- 


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LÉGOMlPÏEnSRS   AFRICAINES.  87 

joDctif  varie  un  peu  suivant  les  régions  :  tantôt  ce  sont  de 
grands  Ilots  parenchymateux  renfermant  un  ou  plusieurs  vais- 
seaux, souvent  aussi  les  bandes  fibro-sclérenchyinateuses 
s'étalent,  se  ramifient,  se  rejoignent,  formant  une  sorte  de 
réticulum  très  irrégulier. 

F 

Le   rapport  p  se   maintient  cependant    assez   constant   aux 

environs    de^.    Les    cellules    sclérenchymateuses    sont    en 

général  disposées  assez  régulièrement  en  files  radiales;  en  coupe 
longitudinale,  elles  se  présentent  avec  une  hauteur  ne  dépassant 
guère  3  fois  leur  diamètre  et  elles  sont  généralement  terminées 
carrément  à  leurs  extrémités. 

Les  fibres  sont  de  longueur  moyenne,  généralement  1  200  à 
i  300  [JL,  et  leur  largeur  atteint  généralement  8  à  10  [i.,  leurs 
sections  transversales  sont  le  plus  souvent  polygonales  avec  les 

angles  arrondis.  L'épaisseur  de  leurs  parois  varie  entre  «  et  s 

de  leur  rayon. 

Oxalate  de  chaux.  —  L'oxalate  de  chaux  se  présente  dissé- 
miné dans  les  coupes  transversales  et  réuni  par  files  dans  les 
sections  longitudinales. 

Déterminations  physiques  et  chimiques. 

Le  poids  du  mètre  cube  est  donné  comme  égal  à  504  kilogr. 
Nous  avons  trouvé  comme  densité  :  0,818  sans  pouvoir  expli- 
quer cette  énorme  différence  autrement  que  par  une  erreur. 

La  potasse  donne  une  tache  brun  foncé;  les  autres  réactifs 
ne  fournissant  aucune  particularité  importante.  Le  poids  des 
cendres  est  de  :  1  gr.  49  p.  100. 

Usages. 

Cet  arbre  donne  un  bois  souvent  un  peu  tors,  assez  dur  i 
travailler  mais  ne  se  laissant  pas  attaquer  par  les  vers  ni  par 
les  termites.  Les  indigènes  l'emploient  pour  la  fabrication  des 
meubles  et  de  différents  bibelots. 

Il  sera  surtout  précieux  pour  la  charpente,  le  charronnage 


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88 


EM.    PERHOT    ET   G.    GÉRARD. 


(moyeux,  rayons  de  roue),  la  menuiserie  et  Tébénisterie,  pour 
le  travail  au  tour,  la  fabrication  des  manches  d'outils,  des 
taparkas,  pilons,  mortiers,  moules  pour  mesurer  le  mil. 

Ses  feuilles  sont  données  en  infusion  contre  le  rhume;  en 
boisson,  en  bains,  en  massages  contre  les  maux  de  reins.  Sa 
racine  en  macération  est  employée  comme  purgatif;  en  boisson 
et  additionnée  de  ferbouki,  elle  constituerait  un  excellent 
remède  contre  les  maladies  des  voies  urinaires  ;  un  verre  chaque 
matin  aiderait  la  guérison  de  la  blennorrhagie. 


ir;;'/ 

i:.:- 


DALBERGIA  HELANOXTLON  Guill.  et  Perr. 

Noms  français.  —  Ebénier  du  pays,  Ebénier  du  Sénégal^  Ebénier  de  Sierra^ 
Leone, 

Nom  anglais.  —  African  grendilla-Wood, 

Noms  indigènes.  •—  OulofT  :  Guelembann;  Toucouleur  :  Ko/fé;  Rassonké  : 
Koffo;  Malinké  :  Ko/fo;  Bambara  :  Koffo\  Ouassalou  :  Iri-fin. 

Station.  —  Il  crott  facilement  dans  tous  les  terrains. 

Distribution  géographique.  -—  Rare  dans  la  forêt  des  Nones,  il  est  par 
contre  très  abondant  dans  le  Oualo  et  sur  les  bords  du  fleuve  Sénégal,  On  le 
rencontre  aussi  dans  le  Sénégambie,  le  Sennaarf  la  Nubie j  bord  du  Nil  blanc^ 
VAbyssinie  et  le  Mozambique. 

Caractères  botaniques.  —  C'est  un  arbre  de  12  à  15  mètres 
de  hauteur,  rameux,  à  cime  irrégulière,  étalée.  De  nombreuses 
épines  réparties  sur  ses  branches  sont  dues  à  la  transformation 
de  rameaux  avortés. 

Les  feuilles  sont  alternes,  imparipennées  ovales,  brièvement 
pétiolées,  les  stipules  sont  caduques. 

Les  fleurs  jaunes,  petites,  sont  groupées  en  grappes  terminales 
axillaires.  Elles  possèdent  un  calice  à  5  dents,  une  corolle 
papillonacée  et  10  étamines  monadelphes.  La  floraison  a  lieu 
d'octobre  à  février  (G.  et  P.). 

Le  fruit  est  un  légume  long,  stipité,  comprimé,  samaroïde, 
indéhiscent,  renfermant  généralement  une  graine  comprimée 
réniforme.  Il  n'est  pas  comestible. 

Caractères  extérieurs.  —  Écorce.  —  L'écorce  est  mince, 
généralement  elle  ne  dépasse  pas  1  à  2  millimètres.  Sa  couche 
externe  est  gris  cendrée. 

Bois.  —  Le  bois  est  dur,  de  teinte  noirâtre  et  finement  cha- 
grinée de  brun. 


{■^ 


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LÉGUMINEUSES   AFRICAINES.  89 

Examen  microscopique. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  très  irrégulièrement  distri- 
bués et  souvent  ils  marquent,  par  leur  abondance  variable,  des 
zones  nettement  visibles  au  microscope.  Leur  diamètre  est  géné- 
ralement voisin  de  200  [x  et  leur  nombre  varie  entre  2  et  12  par 
millimètre  carré.  Quelquefois  ils  sont  groupés  par  deux  ou  trois, 
mais  le  plus  souvent  on  les  rencontre  isolés  les  uns  des  autres. 
Beaucoup  d'entre  eux  sont  obstrués  plus  ou  moins  complètement 
par  des  matières  noires  qui  contribuent  à  donner  au  bois  du 
Dalbergia  sa  teinte  foncée. 

Rayons  médullaires.  —  Les  rayons  médullaires  sont  assez 
régulièrement  distants  les  uns  des  autres,  on  en  rencontre  en 
moyenne  10  par  millimètre.  En  épaisseur  ils  possèdent  généra- 
lement 4  à  6  rangs  de  cellules  dans  leur  partie  moyenne. 

Fibres  et  Parenchymes.  —  Les  fibres  sont  fines,  à  parois 
très  épaissies  et  le  plus  souvent  imprégnées  de  matières  tan- 
niques.  Le  tisSu  sclérenchymateux  très  abondant  est  formé  de 
cellules  irrégulières  comme  forme  et  grandeur. 

Zones  saisonnières.  —  Les  zones,  marquées  surtout  par  une 
variation  dans  l'abondance  des  vaisseaux,  sont  surtout  visibles 
dans  le  bois  de  la  région  centrale,  mais  beaucoup  moins  nettes 
dans  le  bois  périphérique. 

Déterminations  physiques   et  chimiques. 

Immergé  dans  l'eau  ou  dans  Talcool,  il  cède  à  ces  liquides 
beaucoup  de  matière  colorante.  Sa  décoction  dans  l'eau  pos- 
sède une  teinte  brun  vert.  Dans  l'alcool,  il  donne  une  teinte 
allant  du  rouge  brun  jusqu'au  noir. 

Il  brûle  facilement  avec  une  flamme  fumeuse. 

Usages. 

Cet  arbre  donne  un  bois  dur,  très  dense,  à  grain  fin  et  serré, 
sa  surface  prend  facilement  un  beau  poli  et  est  froide  au  toucher, 
ce  qui  marque  bien  sa  ressemblance  avec  le  véritable  ébène. 

Il  se  travaille  difficilement  et  ne  se  laisse  pas  attaquer  par  les 


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90  EM.    PERROT   ET   G.    GÉRARD. 

vers  ni  par  les  termites.  Il  est  bon  pour  Tébénisterie,  la  tablet- 
terie. On  l'emploie  surtout  pour  faire  des  coupe-papiers,  des 
tampons,  des  peignes,  des  épingles  à  cheveux.  Il  se  prête  éga- 
lement au  travail  au  tour  pour  des  objets  de  petites  dimensions  : 
cannes,  grains  de  chapelet. 

Les  indigènes  du  Soudan  lui  attribuent  un  pouvoir  assez  inat- 
tendu. Un  morceau  de  Guilemban  et  un  autre  de  bambou,  longs 
tous  deux  de  5  centimètres,  sont  réunis  dans  un  sachet  que  Ton 
suspend  au  cou  :  dans  ces  conditions,  ce  serait  un  remède  contre 
la  prodigalité!     ♦ 

DANIELLA  THURIFERÂ  John  Bennet. 
A  été  nommé  inexactement  Omphalobium  par  le  P.  Sbbire. 

Noms  indigènes.  —  Oulofî  :  Scmtan;  Toucouleur  :  Bamout;  Sarakhollé  : 
Santangiie;  Kassonké  :  Sanan;  Malinké  :  Sanan;  Bambara  :  Senar;  Ouassalou  : 
Sanan-y  Diola  de  Casamance  :  Boubalinangou;  Salante  :  Boldi\  Senoufa:  Seligué. 

C'est  Varbre  à  encens  de  Sierra  Leone. 

Station.  —  Cet  arbre  croît  par  individus  isolés  ou  plus  souvent  par  futaies 
presqueexclusivement  constituées  par  cette  espèce.  On  le  rencontre  en  particulier 
dans  la  brousse  et  les  savanes  de  la  zone  soudanienne  où  il  est  surtout  abondant 
sur  les  pentes  des  plateaux  ferrugineux.  Il  croît  aussi,  mais  en  plus  petite 
quantité,  dans  les  mêmes  terrains  de  la  zone  Guinéenne. 

Distribution  géographique.  —  Il  a  été  rencontré  dans  le  Fouta-Djallon, 
la  Gambie^  le  bassin  de  la  Casamance  depuis  Fogny  et  Ziguinchor  jusqu'à  Yadne 
et  Fouladougou;  dans  le  Soudan  français  :  Haut  Sénégal^  la  boucle  du  Niger 
jusqu'à  Sansanding  et  la  Haule-VoltOy  Tancien  pays  de  Samory;  dans  la  Ste/ra- 
Leone;  Femando-ROy  la  Haute  Côte  d'Ivoire  et  le  Haut-Congo. 

Caractères  botaniques.  —  Le  Daniella  thurifera  se  présente 
sous  forme  d'un  arbre  de  grande  taille  atteignant  fréquem- 
ment 30  à  35  mètres  de  hauteur  avec  un  tronc  dont  le  dia- 
mètre varie  de  0,80  à  2  m.  50.  Ce  tronc  est  généralement  droit, 
cylindrique  et  se  dresse  souvent  jusqu'à  8  mètres  de  hauteur 
sans  rameaux.  La  cime,  assez  serrée,  est  formée  de  branches 
dressées,  fastigiées. 

L'écorce  est  extérieurement  rougeâtre,  tachée  de  gris  cendré 
et  possède  un  liège  qui  se  sépare  par  petites  écailles,  les  jeunes 
rameaux  sont  grisâtres. 

Les  feuilles  sont  composées  et  possèdent  5  à  6  paires  de 
folioles  dont  la  base  voisine  du  rachis  forme  un  renflement 
moteur. 

Les  jeunes  feuilles  sont  velues,  iomenteuses,  leur  teinte  est 


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LÉGnMII<lEUSES   AFRICAINES.  91 

vert  rosé,  puis  elles  deviennent  ensuite  glabres  et  coriaces  ;  la 
nervure  médiane  est  saillante,  lés  secondaires  peu  apparentes. 
Ces  folioles  sont  parsemées  de  ponctuations  translucides  cor- 
respondant à  des  poches  sécrétrices  dispersées  dans  l'intervalle 
des  nervures.  Le  rachis  se  recouvre  de  bonne  heure  d'une  fine 
couche  de  liège.  La  chute  des  feuilles  a  lieu  en  décembre-janvier 
et  elles  réapparaissent  en  février-mars. 

Laûoraison  a  lieu  de  janvier  à  mars.  Les  fleurs  sont  blanches 
et  se  présentent  en  grosses  touffes  terminales  ayant  la  forme 
d'une  ombelle  très  aplatie. 

Le  fruit  est  un  légume  plat,  foliacé,  stipité,  subfalciforme, 
coriace,  et  renfermant  une  graine  également  très  aplatie  ;  il 
n*est  pas  comestible  et  mûrit  en  avril-mai. 

Caractères  extérieurs.  —  Écorce.  —  Il  possède  une  écorce 
épaisse  d'environ  7  millimètres  extérieurement  brun  rouge 
tachée  de  gris  cendré;  en  coupe  transversale,  elle  est  brun  foncé 
et  parsemée  de  taches  claires  disposées  très  irrégulièrement. 

Bois.  —  Le  bois  est  de  teinte  claire  présentant  alternative- 
ment des  zones  dures  et  compactes,  blanchâtres  et  des  régions 
poreuses  plus  tendres,  de  couleur  jaune  d'ocre  irrégulièrement 
mouchetées  de  clair. 

Les  sections  longitudinales  tangentielles  sont  semées  de  points 
correspondants  aux  rayons  médullaires,  juxtaposés  pour  former 
des  lignes  sinueuses  et  souvent  bifurquées. 

Examen  microscopique. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  généralement  isolés  mais 
quelquefois  réunis  en  petit  nombre;  leur  section  est  ovale  et  leur 
diamètre  varie  entre  80  et  200  [jl.  On  en  rencontre  en  moyenne 
4  par  millimètre  carré.  Ils  sont  placés  dans  les  bandes  de  sclé- 
renchyme  ligneux  et  les  régions  fibreuses  s'écartent  pour  les 
contourner. 

Rayons  méduilaires.  —  Les  rayons  médullaires  sont  distants 
de  100  à  200  |x  et  au  nombre  de  S  à  6  par  millimètre;  ils  sont 
de  hauteur  faible  et  leur  épaisseur  est  de  3  à  4  rangs  de  cellules, 
rarement  2. 

Fibres  et  parenchyme.  —  Le  tissu  intermédiaire  est  formé 
de  bandes  de  fibres  séparées  par  du  tissu  peu  épaissi.  Suivant 


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92 


EM.    PËRROT    ET    G.    GÉRARD. 


les  zones  on  trouve  surabondance  de  fibres  ou  de  parenchyme. 
Le  rapport  de  ces  deux  tissus  est  en  moyenne  de  7^. 

Le  tissu  parenchymateux  est  formé  de  cellules  régulièrement 
disposées  et  de  forme  assez  nettement  hexagonale. 

Les  sections  fibreuses  présentent  un  aspect  particulier  en 
coupe  transversale  par  suite  de  leur  disposition  régulière  en 
lignes  parallèles;  leur  longueur  est  de  1500  à  1900  ;jl  et  leur 


Fig.  12.  —  Daniella  Ihurifera  J.B.  —  G.  :  50;  coupe  transversale;  p  =  pr  : 
i>,  vaisseaux,  j,  poches  sécrétrices. 

diamètre  atteint  15  à  18  [jl;  l'épaisseur  de  leurs  parois  est  égale 
environ  au  quart  du  rayon. 

Oxaidte  de  chaux.  —  L'oxalale  de  chaux  est  dispersé  dans 
ces  tissus;  on  rencontre  souvent  de  Tamidon  dans  les  cellules 
parenchy  ma  teuses . 

Le  Daniella  renferme  un  appareil  sécréteur  qui  a  été  étudié 
d'une  façon  très  détaillée  par  M.  Guignard.  Il  est  formé  de  canaux 
sécréteurs  disséminés  dans  le  bois  et  en  général  plus  nombreux 
près  de  la  moelle.  Ces  canaux  rappellent  ceux  des  Copaifera^ 
mais  ils  sont  moins  régulièrement  rangés  en  cercles  concen- 
triques. Dans  les  coupes  longitudinales,  on  rencontre  de  nom- 
breuses anastomoses  tangentielles,  mais  très  peu  de  radiales. 


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LÉGUMINEUSES    AFIIICAIMES.  93 

La  formation  de  ces  canaux  a  lieu  dans  la  couche  cambiale, 
mais  ici  les  cellules  de  bordures  ne  proviennent  pas  d'un  seul 
élément,  car  le  canal  débute  par  un  espace  intercellulaire.  Le* 
méat  primitif  s'élargit  peu  à  peu  par  écartement  des  cellules 
entre  lesquelles  il  a  pris  naissance,  venant  ainsi  en  contact  avec 
d'autres  unités  adjacentes  qui  concourent  alors  à  en  former  la 
bordure.  Généralement,  les  parois  en  contact  ne  se  liquéfient 
pas  et  n'augmentent  pas  beaucoup,  mais  les  cellules  de  bor- 
dure disparaissent  peu  à  peu  par  fusion  de  la  membrane  limi- 
tant le  canal,  puis  dissociation  des  parois  latérales  dont  la 
lamelle  moyenne  se  résorbe  la  première. 

En  examinant  ensuite  différentes  parties  de  la  plante  M.  Gui- 
GNARD  a  rencontré  des  canaux  sécréteurs  dans  le  parenchyme 
cortical  des  jeunes  rameaux,  dans  les  tissus  parenchymateux  du 
réceptacle  floral,  et  des  poches  sécrétrices  dans  les  mailles  du 
réseau  des  nervures  de  la  feuille. 

Déterminations  physiques  et  chimiques. 

Le  poids  du  mètre  cube  est  donné  égal  à  614  kilogrammes.  La 
densité  que  nous  avons  obtenue  est  de  0,503. 

La  potasse  détermine  une  tache  brun  foncé.  Le  décocté 
aqueux  est  légèrement  coloré  en  brun;  l'alcool  dissout  quelques 
résines  et  les  teintures  concentrées  donnent  par  l'eau  un  préci- 
pité assez  abondant.  Le  poids  des  cendres  est  de  3  gr.  40  p.  100. 

Usages. 

Cet  arbre  fournit  un  tronc  droit  généralement  de  grande 
dimension,  dont  le  bois  léger,  à  assez  gros  grain,  à  cœur  rou- 
geâtre,  se  travaille  facilement  ;  mais  il  se  laisse  attaquer  par  les 
vers  et  les  termites,  surtout  l'aubier. 

Il  est  utilisable  pour  les  meubles  légers  et  les  caisses  d'em- 
ballage. 

Les  Indigènes  l'emploient  également  pour  faire  des  manches 
de  couteaux,  des  plats,  des  pirogues,  des  portes.  Le  service  de 
l'artillerie  au  Soudan  l'utilise  pour  la  menuiserie  et  les  cons- 
tructions légères. 


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91  EM.    PEKROT    ET   G.    GÉRARD. 

Dans  le  pays  Bambara,  les  indigènes  enlèvent  de  grands 
cylindres  d'écorce  après  avoir  fait  deux  incisions  transversales 
et  une  longitudinale;  ces  pièces  sont  ensuite  cousues  et  placées 
dans  le  haut  des  arbres  ou  elles  servent  de  ruche  pour  les 
abeilles.  Quand  les  nègres  manquent  de  ces  écorces,  ils  pren- 
nent des  troncs  creux  ou  des  claies  de  feuilles  de  palmier,  mais 
ils  les  enduisent  avec  de  la  résine  de  Daniella  qui  semble  là 
jouer  un  rôle  particulier. 

Il  est  également  très  recherché  par  les  indigènes  comme  bois 
à  brûler;  il  jouit  en  effet  de  la  propriété  de  se  consumer  len- 
tement, sans  s'éteindre  et  répand  en  se  consumant  une  odeur 
aromatique  très  agréable. 

Quelques  peuplades  récoltent  la  résine  à  la  saison  sèche  en 
faisant  des  incisions  à  Técorce  et  ils  la  brûlent  ensuite  pour  par- 
fumer leurs  cases. 

DETARIUM  HICBOCARPUM  Guill.  et  Perr. 

Synonymes.  —  Dialium  microcarpum  Guill.  et  Perr. 

Celle  espèce  esl  donnée  dans  Tlndex  Kewensis  comme  idenlique  au  Detanum 
senegalense. 

Cependant  elle  correspond  à  une  variété  bien  distincte  désignée  dans  le  pays 
sous  des  noms  différents;  nous  avons  cru  devoir  en  faire  une  description  spéciale, 
d'autant  que  les  échantillons  de  bois,  tout  en  ayant  des  caractères  communs, 
entre  autres  l'appareil  sécréteur,  présentaient  d'assez  nombreuses  différences, 
tant  comme  aspect  extérieur  que  comme  structure. 

Noms  indigènes.  —  Ouloff  :  Dank,  Danka,  Danha;  Toucouleur  :  Koncodie; 
Sarakhollé  :  Tamba;  Malinké;  Tamba;  Bambara  :  Tamba;  Ouassalou  :  Taba; 
Se  l'ère  :  Rahn. 

Station.  —  Comme  le  précédent  il  croit  surtout  dans  les  terrains  secs. 

Distribution  géographique.  —  Très  commun  au  Sénégal  et  au  Soudan 
il  a  été  rencontré  abondamment  en  Casamancey  en  Gambie^  au  Cayov,  au 
BaoL  Les  échantillons  étudiés  viennent  de  Soussour. 

Caractères  botaniques.  —  C'est  un  arbre  moins  élevé  que  le 
Detarium  senegalense^  atteignant  en  moyenne  7  m.  de  haut  avec 
0  m.  40  de  diamètre  et  possédant  une  cime  dense,  étalée,  et  un 
feuillage  abondant. 

Ses  feuilles  sont  alternes,  imparipennées,  à  folioles  alternantes 
ovales,  oblongues,  plus  écbancrées  que  celles  du  Detarium  sene- 
galensCy  luisantes  sur  la  face  supérieure,  ternes  au-dessous, 
brièvement  pétiolées,  la  nervure  médiane  est  saillante,  les  ner- 
vures secondaires  sont  pennées;  elles  possèdent  des  stipules 
lancéolées. 


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LÉGUMIIIEUSES   ÂPRtCAIISËS.  9% 

Les  fleurs  sont  jaunes,  réunies  en  grappes,  avec  chacune 
4  sépales  et  10  étamines;  la  floraison  a  lieu  en  juin. 

Le  fruit  est  de  forme  lenticulaire,  plus  petit  que  celui  du 
Dektrium  senegalense  ;  sa  chair  est  jaunâtre,  plus  sucrée,  et 
moins  fibreuse;  il  est  porté  par  un  long  pédoncule  et  renferme 
une  graine. 

Il  atteint  sa  maturité  en  mai. 

Caractères  extérieurs.  —  ÉCOPCe.  — -  L'écorce,  d'une  épais- 
seur d'environ  8  mm.,  présente  extérieurement  une  surface 
brune  tachée  de  gris  et  de  blanc;  sa  coupe  transversale  est  brun 
rouge  foncé,  tacheté  de  points  plus  clairs  correspondant  aux 
sections  des  paquets  de  fibres. 

Bois.  —  Le  bois  est  gris,  à  grain  fin  et  régulier,  présentant 
alternativement  des  zones  striées  ou  pointillées  de  rouge. 

Quelques  lignes  parallèles  concentriques  noires,  plus  ou  moins 
sinueuses,  sont  visibles  sur  cette  coupe  comme  sur  celles  du 
Detarium  senegalense. 

Examen  microscopique. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  presque  toujours  en  groupes 
nombreux  :  un  ou  deux  gros  et  beaucoup  de  petits  se.  pressant  à 
leurs  côtés,  leur  forme  est  assez  souvent  irrégulière.  Le  dia- 
mètre des  petits  est  d'environ  50  [x  les  autres  varient  entre  150 
et  220  [JL.  On  en  rencontre  en  moyenne  20  par  mm.  carré. 

Rayons  médullaires.  —  Les  rayons  médullaires  se  rencontrent 
au  nombre  de  5  à  6  par  mm.  et  sont  distants  de  100  à  300  |x. 
Leur  épaisseur  est  de  3  à  4  rangs  de  cellules',  rarement  1  ou  2. 

Fibres  et  parenchyme.  —  Le  tissu  fibreux  est  disposé  en 
bandes  irrégulières  souvent  bifurquées  décrivant  des  courbes 

F  4.2 

pour  éviter  les  groupes  de  vaisseaux.  Le  rapport  p  est  de  m. 

Les  cellules  du  tissu  lignifié  sont  assez  irrégulières,  à  mem- 
branes minces;  les  fibres,  longues  d'environ  800  à  900  |jl  et 
larges  de  10  à  12  [jl,  ont  des  parois  d'une  épaisseur  correspon- 
dant sensiblement  au  1/4  de  leur  rayon.  En  coupe  longitudi- 
nale, les  cellules  du  tissu  ligneux  présentent  une  section  rec- 
tangulaire. ( 

Oxalate  de  chaux.  —  L'oxalate  de  chaux  est  dispersé  et  assea 


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96 


EN.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 


abondant  en  coupes  longitudinales  ;  on  le  voit  en  séries  verticales 
souvent  assez  longues;  fréquemment  ces  files  bordent  les  rayons 


Fig.  13.  —  Detarium  microcarpuniG.elP. 

F     42 
G.  =  50;  coupe  transversale;  p=ëô» 


Fig.  14.  —  Detarium  microcarpum 
G.  et  P.,  —  G.  =  30  ;  coupe  longitudi- 
nale tangenlielle. 


médullaires;  dans  quelques  endroits,  môme,  on  rencontre  sou- 
vent des  cristaux  dans  les  cellules  de  ces  rayons. 

Dans  cette  variété  on  trouve  comme  dans  le  senegalense  des 
lignes  de  canaux  sécréteurs  dispersées  dans  le  bois  et  présen- 


Fig.  15.  _  Detarium  microcarpum  G.  et  P.  —  G.  :  300.  Canal  sécréteur 
dans  le  parenchyme  cortical  d'un  jeune  rameau. 

tant  les  mêmes  caractères  que  dans  le  suivant.  Sur  des  échantil- 
lons jeunes,  nous  avons  trouvé  également  des  canaux  sécréteurs 
dans  le  parenchyme  cortical  et  suivant  la  moelle  périphérique. 


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LI^GUMINEUSES   AFRICAINES.  97 

Déterminations  physiques  et  chimiques. 

La  densité  est  de  :  0,779. 

Les  oxydants  :  potasse,  hypochlorites,  donnent  des  taches  fon- 
cées, brun  noir.  Le  perchlorure  de  fer  décèle  le  tannin  par  une 
tache  noire.  L'eau  et  Talcool  donnent  des  décoctés  assez  nette- 
ment colorés  en  rouge.  Le  poids  des  cendres  est  de  :  1  gr.  30 
p.  100. 

Usages. 

Le  Deiarium  microcatyum  possède  un  tronc  droit  formé  d'un 
bois  dur,  à  grain  fin,  se  travaillant  bien  ;  il  ne  se  laisse  pas  atta- 
quer par  les  vers  et  les  termites.  Il  est  d'une  longue  durée  sous 
Teau  et  très  bon  pour  la  charpente,  les  pieux,  les  palissades, 
parce  qu'il  craint  peu  l'humidité  et  se  conserve  bien. 

Il  est  indiqué  surtout  pour  l'ébénisterie,  la  menuiserie,  la 
charpente,  le  charronnage,  les  constructions  navales,  les  courbes 
et  les  bordages. 

Il  laisse  exsuder  une  résine  odorante  qui  sert  à  parfumer  les 
appartements  et  les  vêtements. 

Du  fruit,  les  indigènes  mangent  la  chair,  brisent  la  coque, 
et  la  noix,  grillée,  broyée,  délayée  avec  de  l'eau  et  des  clous  de 
girofle,  donne  une  pâte  qui  est  réunie  en  boules.  Ces  dernières 
sont  attachées  pour  former  des  colliers  (Thiack-Danken  Ouloff), 
des  ceintures  [Perk-Dank  en  Ouloft)  qui  sont  portées  par  les 
femmes  Toucouleurs  et  Sarakholles. 

Les  Diolas  font  entrer  la  sève?  dans  le  poison  Korté,  dont  une 
pincée  sur  les  vêtements  peut  amener  la  mort? 

Cette  prétendue  sève  ne  serait-elle  pas  le  contenu  des  canaux 
sécréteurs? 

DETARIUM  SENEGALENSE  J.-F.  Gmelin. 

Noms  indigènes.  —  Ouloiï  :  Sdouk,  DiUih,  Detah,  Hol,  Holiy  Gnelj,  Deltach; 
Toucouleur  :  S'doli;  Mandingue  :  Delarr;  Bambara  :  ydaba-Coumba;  Serère 
N'doy  ou  S'dali;  Falor  :  Nom;  None  :  Tangalanj;  Malinké  :  Bodo, 

Station.  —  Ce  Detarium  préfère  les  terrains  secs. 

Distribution  géographique.  —  On  le  renconlre  assez  abondamment  au 
Sénégal,  surtout  près  de  la  côte,  en  Gasamance,  où  on  rappelle  quelquefois 
Tali  comme  VErylhrophlœum  guineense,  au  Cap  Vert,  où  il  est  désigné  sous  le 

7 


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98  EM.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 

nom  de  Mbidgem^  à  la  côte  d^Ivoire,  en  Sénégambie,  dans  la  région  du  Nil^ 
parliculièrement  sur  les  montagnes  situées  au  sud  de  Kordofan.  C'est  une  espèce 
particulièrement  endémique  de  la  zone  soudanaise. 

Caractères  botaniques.  —  Le  />.  senegalense  est  un  grand  arbre, 
atteignant  facilement  20  mètres  de  hauteur  avec  0,60  de  diamètre,  très 
touffu,  à  feuilles  alternes,  composées-imparipennées ;  les  folioles,  au 
nombre  de  7-8,  sont  de  forme  obovalç,  brièvement  pétiolées  et  légèrement 
échancrées  au  sommet;  leurs  bords  sont  droits,  la  nervure  principale  est 
saillante  à  la  face  inférieure,  les  nervures  secondaires  sont  pennées,  et 
les  espaces  qui  les  séparent  sont  occupés  par  un  reticulum  apparent 
formé  par  les  nervures  tertiaires. 

Les  fleurs,  de  couleur  jaunâtre  ou  blanc  verdâtre,  sont  réunies  en 
grappes;  leur  floraison  a  lieu  de  mars  à  juin. 

Le  fruit  se  vend  sur  les  marchés  du  Sénégal  :  c'est  une  grosse  boule 
verte  de  6  centimètres  de  diamètre,  il  est  charnu  et  renferme  une  pulpe 
légèrement  sucrée,  très  fibreuse. 

Une  variété  donne  un  fruit  amer,  qui  serait  vénéneux. 

Examen  macroscopique. 

Écorce.  —  Les  branches  et  le  tronc  sont  recouverts  d'une 
écorce  très  épaisse,  irrégulière,  présentant  extérieurement  une 
teinte  brune  tachée  de  gris.  En  coupe  transversale,  elle  est  de 
couleur  brun-rougeâtre,  parsemée  de  points  clairs  correspon- 
dant aux  paquets  fibreux.  De  place  en  place,  à  la  périphérie,  on 
distingue  des  sortes  de  croissants  plus  clairs  présentant  leur 
face  convexe  vers  Tintérieur. 

Bols.  —  Le  bois  est  homogène,  odorant,  rouge-brun,  avec 
quelques  zones  estompées  plus  claires.  On  peut  également 
voir  sur  la  coupe  transversale  un  certain  nombre  de  lignes 
fines,  noires,  légèrement  sinueuses  et  assez  régulièrement 
concentriques,  dont  Tétude  microscopique  fournira  la  signifi- 
cation. 

Examen  mic7^oscopique. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  généralement  réunis  en 
groupes  nombreux,  souvent  de  fprme  très  irrégulière  par  suite 
des  pressions  réciproques  avec  les  éléments  voisins.  De  plus, 


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LÉGUMINKUSES   AFRICAINES. 


99 


les  grands  vaisseaux  sont  presque  toujours  accompagnés  de 
très  petits;  c'est  pourquoi  leur  diamètre  varie  entre  30  et  200  \f 


Fig.  16.  —  Detarium  scner/alense.  1,  Coupe  transversale  schématique;  G.  =  40; 
•J,  Coupe  longitudinale  tangentielle;  G.  ^  nO;  3,  4,  5,  canaux  sécréteurs  dans  la 
moelle  d'un  jeune  rameau;  6,  canal  cortical. 

et  leur  nombre  oscille  aux  environs  de  20  par  millimètie  carré. 

Rayons    médullaires.  —  Les  rayons    médullaires    sont   peu 

nombreux    (5  ou  6  par  millimètre),  et  leur  écartement  varie 

de  100  à  300  \t,.  De  hauteur  très  variable,  ils  comprennent  dans 


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100  EM.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 

leur  plus  grande  épaisseur  de  3  à  5  rangées  de   cellules;  on 

en  trouve  cependant   quelques-uns  formés  d'un  seul  élément 

cellulaire  en  épaisseur. 

Fibres  et  Parenchynie.  —  Le  tissu   fibreux  est  réparti  en 

bandes  irrégulières,  souvent  ramifiées,  qui  s'insinuent  entre  les 

groupes  de  vaisseaux.  Les  fibres  sont  assez  courtes,  800  à  1000  y., 

et  leur  diamètre  moyen  est  de  10  à  12  [x;  leurs  parois  atteignent 

F       40 
en  épaisseur  1/3  à  1  /4  du  rayon.  Le  rapport  p  =  ^. 

Dans  le  bois,  les  zones  sont  peu  marquées. 

Oxalate  de  chaux-  —  L'oxalate  de  chaux  est  en  cristaux 
prismatiques  dispersés;  mais,  en  coupe  longitudinale,  on  voit 
ces  cristaux  s'aligner  en  assez  longues  séries  adossées  aux 
plages  fibreuses  ou,  souvent  encore,  aux  rayons  médullaires; 
d'ailleurs,  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  ces  éléments  cristallins 
dans  les  cellules  mêmes  qui  composent  ces  rayons  médullaires. 

Appareil  sécpéteup.  —  Un  caractère  particulier  du  bois  des 
Detarium  est  de  présenter  de  place  en  place,  visibles  surtout 
sur  les  coupes  transversales,  des  rangées  de  lacunes  corres- 
pondant chacune  à  un  espace  interradial  et  se  suivant  sans 
discontinuité  sur  tout  le  pourtour  de  la  branche.  Les  coupes 
longitudinales  permettent  de  se  rendre  compte  que  l'on  a  affaire 
à  de  véritables  canaux  sécréteurs  schizolysigènes  qui  courent 
dans  toute  la  largeur  du  bois. 

Ces  canaux  sont  assez  souvent  anastomosés  dans  le  sens  tan- 
gentiel,  par  suite  de  la  destruction  plus  ou  moins  tardive  du 
rayon  médullaire  qui  les  séparait;  dans  ce  cas,  des  coupes 
transversales,  pratiquées  dans  la  région  de  communication, 
montrent  une  grande  lacune  résultant  de  la  fusion  de  plusieurs 
organes  voisins  et  ayant  envahi  les  deux  espaces  interradiaux 
contigus.  Quelquefois,  une  de  ces  bandes  d'organes  sécréteurs 
se  bifurque  et  donne  naissance  à  deux  rangées  concentriques  de 
canaux  qui  continuent  à  cheminer  parallèlement  à  peu  de  dis- 
tance l'un  de  l'autre.  Sur  une  section  du  bois,  on  voit  les  cavités 
de  ces  canaux  pleines  d'une  matière  blanchâtre  fendillée,  soluble 
dans  l'alcool  et  de  nature  résineuse  par  conséquent.  Cette  matière, 
vue  sous  une  plus  grande  épaisseur,  prend  une  teinte  foncée, 
et  c'est  à  sa  présence  qu'il  faut  rapporter  les  lignes  noires  que 


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LÉGUMINEUSES   AFRICAINES.  lOt 

l'on  distingue  facilement  à  Tœil  nu  en  examinant  avec  soin  une 
bille  de  bois  (pi.  I,  (îg.  H).  Quelquefois  on  rencontre  quel- 
ques-unes de  ces  lacunes  isolées  des  autres  et  dispersées  dans  le 
tissu  ligneux.  Nous  sommes  donc  en  présence  d'un  appareil 
sécréteur  ayant  de  grandes  analogies  avec  celui  des  Copaifera, 
surtout  si  Ton  considère  la  disposition  en  lignes  concentriques. 

Nous  avons  étudié  la  répartition  et  le  mode  de  développement 
de  ces  organes  sécréteurs  dans  de  jeunes  tiges  provenant  des 
collections  de  M.  Aug.  Chevalier,  et  nous  n'avons  rien  à  ajouter 
à  ce  qui  a  été  décrit  antérieurement  par  M.  Guignard  chez  les 
Daniella, 

On  peut  constater  aussi  que  Ton  rencontre  des  canaux  sécré- 
teurs de  section  ovale,  dispersés  non  seulement  dans  le  paren- 
chyme cortical,  mais  formant  une  autre  série  dans  la  moelle 
périphérique. 

Autour  de  ces  canaux  médullaires,  les  cellules  sont  disposées 
très  régulièrement.  Le  contenu  de  tous  ces  organes  sécréteurs 
se  colore  avec  intensité  par  les  réactifs  indiqués  par  M.  Guignard 
(Soudan  lactique  et  orcanette  acétique).  Dans  les  jeunes 
branches,  il  n'existe  encore  aucun  canal  sécréteur  dans  le  bois; 
ceux-ci  apparaissant  plus  tard. 

Déterminations  physiques. 

La  densité  de  ce  bois  est,  d'après  nos  déterminations,  0,761. 
Xes  autres  déterminations  étant  empiriques  et  d'ordre  indus- 
triel, nous  ne  nous  en  sommes  pas  préoccupés,  du  moins  pour 
l'instant. 

Déterminations  chimiques. 

Seuls  les  oxydants,  potasse  et  hypochlorites,  font  passer  la 
teinte  rouge  du  bois  au  brun  très  foncé.  Le  perchlorure  de  fer 
décèle  la  présence  d'une  faible  quantité  de  tannin;  la  décoction 
aqueuse  est  rose,  et  celle  qu'on  obtient  par  l'alcool  présente  la 
même  teinte,  mais  un  peu  plus  foncée.  Le  poids  des  cendres 
est  de  1,15  p.  100. 

Usages, 

Le  bois  fourni  par  le  Delarium  senegalense  est  de  teinte  rouge 
vieux-chêne,  dur,  à  grain  serré,  et  très  odorant. 


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102  EM.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 

Il  résiste  bien  aux  intempéries. 

On  l'emploie  le  plus  fréquemment,  à  défaut  d'autres  essences, 
pour  les  courbes  des  embarcations.  Il  serait  également  bon,  sans 
doute,  pour  la  menuiserie  et  la  tabletterie*. 

Les  indigènes  l'utilisent  enfin  comme  bois  à  brûler. 

Notons  incidemment  que  le  fruit  est  employé  pour  soigner 
les  rhumes  et  les  maladies  de  poitrine;  on  brûle  les  noyaux  pour 
chasser  les  moustiques.  Les  racines,  les  écorces  et  le  bois,  en 
macération,  sont  un  remède  contre  l'anémie. 

Enfin,  les  indigènes  font  brûler  les  fruits  et  emploient  les 
cendres  pour  donner  de  la  force  au  tabac;  ils  mangent  la  pulpe 
du  fruit  préalablement  bouillie. 

DICHROSTACHTS  NUTANS  Benth. 

Synonymes.  —  Mimosa  nutans  Per.  =  Dichrostachys  nuloist  =  Caillea 
dichrostachys  Guill.  et  Perr.  =  Acacia  gracilis  Lecard  =  Dennanthus  Irichos- 
tachis  =  D.  leptostackys  DG.  =  Acacia  spinosa  E.  Meg.  =  A.  adenostylis  Fenzl. 

Nom  français.  —  Acacia  gracile. 

Noms  indigènes.  —  Ouloff  :  Sintj\  Sinthy, 

Station.  —  Endroits  secs. 

Distribution  géographique.  —  On  le  rencontre  en  abondance  en  Sierra- 
Leone,  au  Sénégal,  dans  le  Oualo,  en  Sénégamhie;  dans  la  région  du  Niger^  en 
Abyssinie  et  en  Nubie;  dans  V Angola  et  le  Congo,  sur  les  rives  du  Zambéze  el 
de  la  Rovuma. 

Caractères  botaniques.  —  C'est  en  général  un  petit  arbre  de 
6  à  10  m.,  à  rameaux  épineux. 

Ses  feuilles  glabres  possèdent  10  à  12  paires  de  folioles. 

Les  fleurs  sont  réunies  en  inflorescences  denses,  elles  sont 
hermaphrodites. 

De  Candolle  en  distingue  deux  variétés  :  le  Caillea  dichros- 
tachys  plus  connu  possède  des  fleurs  réunies  en  épis  et  de  teinte 
rose  et  jaune;  le  Caillea  leplostachys  fleurit  en  épis  plus  grêles, 
les  couleurs  sont  moins  tranchées. 

Le  fruit  est  un  légume  contourné  glabre. 

1.  Ici,  comme  dans  le  travail  spécial  qui  doit  suivre,  nous  ne  donnerons 
les  usages  que  sous  les  plus  extrêmes  réserves,  car  notre  enquête  nous 
a  appris  qu'il  fallait  n'accepter  les  opinions  antérieurement  émises  dans 
les  ouvrages  que  sous  bénéfice  d'inventaire.  GrAce  à  la  collaboration 
d'industriels  éclairés,  nous  espérons  un  jour  présenter  au  commerce  une 
sélection  sévère,  et  notre  but,  nous  le  répétons,  ne  va  guère  au  delà  de  la 
satisfaction  d'offrir  à  ces  industriels  des  caractères  techniques  d'identi- 
fication d'un  bois  dont  l'application  leur  semblera  possible. 


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LÉGUMINEUSES    AFRICAINES,  i03 

Caractères  extérieurs.  —  Écorce.  —  L'écorce  est  épaisse 
d'environ  5  mm.,  irrégulière,  blanchâtre  avec  des  écailles 
brunes;  en  coupe  transversale,  on  rencontre  en  partant  de  l'ex- 
térieur :  une  ligne  blanche  sinueuse,  puis  une  zone  étroite 
piquetée  de  brun  et  enfin  une  région  plus  large  de  teinte  claire, 
blanchâtre. 

Bois.  —  Le  bois  est  très  dur,  jaune  d^ocre  chagriné  de  lignes 
fines  sinueuses  de  teinte  brun  roux,  souvent  interrompues.  Il 
possède  un  cœur  rougeâtre  qui  se  décolore  très  rapidement. 

Les  coupes  transversales  montrent  une  fine  striation  radiale, 
très  apparente.  Dans  certaines  régions,  un  rapprochement  plus 
grand  des  lignes  fibreuses  indique  des  phases  d'activité  variable 
dans  la  végétation. 

Examen  microscopique. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  généralement  isolés  ;  leurs 
sections  sont  de  forme  irrégulière,  et  leur  diamètre  varie  entre 
80  et  200  [X.  On  en  rencontre  en  moyenne  5  à  6  par  millimètre 
carré. 

Leur  paroi  cylindrique  est  abondamment  pourvue  de  ponctua- 
tions simples,  disposées  assez  régulièrement  en  lignes  parallèles. 

Rayons  médullaires.  —  Les  rayons  médullaires  sont  généra- 
lement écartés  de  100  à  350  [x  et  leur  nombre  par  millimètre 
atteint  le  plus  souvent  4.  En  épaisseur  la  majorité  d'entre  eux 
comprend  7  à  8  rangées  de  cellules,  et  sont  de  forme  et  de  gran- 
deur très  irrégulière  :  tandis  que  certains  ont  jusqu'à  600  y.  de 
hauteur,  on  en  voit  d'assez  nombreux,  petits,  ne  mesurant  que 
50  à  60  jx  et  ne  possédant  que  2  ou  3  cellules  en  épaisseur. 

Dans  les  grands  rayons,  on  voit  fréquemment  sur  un  de  leurs 
côtés  une  première  rangée  de  cellules,  plus  grandes  que  les 
autres  et  très  régulièrement  disposées.  Les  membranes  cellu- 
laires en  sont  toujours  épaissies  et  les  coupes  tangentielles 
montrent  leurs  sections  à  peu  près  circulaires. 

Fibres  et  parenchyme.  —  Le  tissu  conjonctif  est  formé  d'une 
masse  de  sclérenchyme  peu  épaissi,  traversé  par  de  nombreuses 
bandes  de  fibres,  légèrement  sinueuses,  rarement  bifurquées 
ou  anastomosées;  la  largeur  de  ces  bandes  varie  entre  100  et 
300  [X. 


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104 


EM.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 


Les  fibres  sont  très  longues  (2  000  à  2  300  jx,  larges  de  12  à 
18  |jl)  et  possèdent  des  parois  très  épaissies;  elles  sont  très  enche- 
vêtrées. 

Quant  aux  cellules  parenchymateuses,  elles  sont  régulières, 


Fig.  il.  —  Dichrostachys nutans  Benth.  —A  gauche  :  coupe  langentieUe;  G. 

F        41 
à  droite  coupe  transversale  ;  G.  :  50  ;  -k  =  g^. 


50; 


rectangulaires   et  disposées  en   files  radiales  très  nettes.  Le 

,  F       41 

rapport  1^  =  59. 

Oxalate  de  chaux.  Amidon.  —  L'oxalate  de  chaux  est  peu 
abondant,  disséminé,  mais  le  sclérenchyme  renferme  une  quan- 
tité d'amidon  qui  remplit  ses  cellules. 

Déterminations   physiques   et  chimiques. 

Par  la  méthode  du  flacon,  la  densité  est  de  0,620. 

L*eau  iodée  donne  des  taches  bleues  très  nettes;  la  potasse 
produit  une  teinte  brune  un  peu  plus  foncée.  Les  décoctés 
aqueux  et  alcooliques  sont  très  peu  teintés. 

Le  poids  des  cendres  est  de  :  2,45  p.  100. 

Usages. 

Le  bois  du  Mimosa  nulans  est  formé  par  un  tissu  assez  dur, 
compact.  C'est  un  bon  bois  pouvant  être  utilisé  à  la  fois  pour 


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LÉGUMINEUSES    AFRICAINES.  105 

Tébénisterie  mais  surtout  pour  la  menuiserie  et  la  confection  des 
manches  d*outils. 

Les  feuilles  sont  employées  en  cataplasmes  dans  le  traitement 
des  abcès,  des  enflures  et  dans  les  maux  de  dents. 


ERTTHRINA  SENE6ALENSIS  DC. 

Synonymes.  —  Erythrina  laiifolia  Sch.  =  E,  guineensis  GD.  =  E.  Vogelii 
Hook. 

Nom  français.  —  Arbre  corail. 

Noms  indigènes.  —  OulofT  :  Houndieul;  Malinké  :  Serou]  Diola  :  Fousente- 
Farate. 

Station.  —  Endroits  secs. 

Distribution  géographique.  —  On  le  rencontre  assez  communément  au 
Sénégal,  au  Soudan,  dans  la  Haute  Côte  d'Ivoire,  en  Sierra-Leone,  en  Guinée  ; 
quelques  spécimens  sans  fleurs  et  sans  fruits  ont  été  trouvés  en  Abyssinie, 

Caractères  botaniques.  —  C'est  un  arbre  épineux  de  6  à 
10m.,  pouvant  même  en  atteindre  15,  avec  un  tronc  de  0,30  de 
diamètre,  généralement  touffu  et  formé  d'un  grand  nombre  de 
tiges  sorties  de  la  même  souche;  il  se  reproduit  facilement  de 
boutures  :  des  branches  grosses  comme  le  poignet  coupées  et 
plantées  forment  rapidement  des  racines  donnant  naissance  à  de 
nouveaux  plants. 

Le  feuillage  est  porté  par  des  branches  fortes  et  courtes. 

Les  feuilles  sont  trilobées,  coriaces,  glabres,  de  teinte  vert 
grisâtre  avec  des  nervures  épineuses. 

A  la  floraison,  qui  a  lieu  en  mai-juin,  apparaissent  de  nom- 
breux épis  terminaux  de  fleurs  d'un  rouge  éclatant,  qui  rendent 
V Erythrina  très  ornemental. 

Le  fruit  est  une  gousse  qui  renferme  des  graines  de  couleur 
rouge  corail  ;  elles  sont  nommées  par  les  indigènes  &eu^  ou  diariy 
ce  qui  signifie  :  œil  de  serpent. 

Caractères  extérieurs.  —  Écorce.  —  L'écorce  est  fibreuse, 
mince,  de  teinte  claire. 

Bols.  —  Le  bois  est  poreux,  mou,  léger,  de  teinte  pâle,  il 
présente  sur  la  section  transversale  une  striation  radiale  très 
visible  et  une  autre  formée  de  lignes  concentriques  dues  a  la 
section  des  bandes  fibreuses.  Les  coupes  longitudinales  tangen- 
tielles  montrent  une  abondante  ponctuation  correspondant  aux 
sections  des  rayons  médullaires 


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EM.    PERROT    ET    G.    GÉRARD. 


Examen  microscopique. 

Au  microscope,  VErythrina  senegalensis  a  un  aspect  très  par- 
ticulier qui  le  distingue  immédiatement  et  d'une  façon  très  nette 
de  tous  les  autres  bois  examinés  dans  ce  travail. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  isolés  ou  groupés  par  2  ou 
3,  leur  section  très  grande  a  un  diamètre  variant  de  200  à  300  (jl, 
sauf  de  rares  exceptions  ;  c'est  ici  que  Ton  rencontre,  parmi  les 


Fig.  18.  —  Enjthrina  senegalensis  DC.  —  A  gauche,  coupe  transversale  ;  G.  =  50  d., 

1?  \K 


p  =  i^:;  à  droite,  coupe  longitudinale  tangentielle;  G. 


=  50d. 


échantillons  étudiés,  les  plus  gros  vaisseaux.  Leur  nombre  par 
millimètre  carré  est  généralement  faible,  on  n'en  compte  guère 
en  moyenne  que  3  à  4. 

Leurs  parois  sont  recouvertes  d'un  reticulum  très  épaissi 
laissant  de  larges  mailles  formées  seulement  par  la  m^^lbrane 
primitive. 

Rayons  médullaires.  —  Les  rayons  médullaires  sont  peu 
nombreux  (en  moyenne  3  par  millimètre).  Leur  écartement  est 
en  conséquence  assez  grand  et  varie  entre  250  et  500  [x. 

On  en  distingue  deux  séries  :  les  uns  petits,  n'ont  qu'une  ou 
deux  cellules  d'épaisseur;  les  autres  sont  très  importants,  hautâ 
et  larges,  ils  sont  épais  généralement  de  9  à  12  cellules.  Ces 
dernières  sont  irrégulières  comme  grandeur  :  celles  de  la  péri- 


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LÉGUMINEUSES   AFRICAINES.  107 

phérie,  très  grandes,  celles  du  centre,  3  à  4  fois  plus  petites, 
réunies  entre  elles  par  des  éléments  qui  présentent  toutes  les 
tailles  intermédiaires. 

Fibres  et  parenchyme.  —  Le  reste  du  bois  se  compose  d'un 
tissu  parenchymateux  lignifié  formé  de  cellules,  grandes,  irrégu- 
lières, comme  forme  et  comme  taille,  à  membranes,  assez  for- 
tement lignifiées  et  parsemées  de  ponctuations  où  la  membrane 
est  restée  mince;  en  coupe  longitudinale  radiale,  elles  sont  rec- 
tangulaires tronquées  brusquement  aux  deux  extrémités;  mais 
en  coupe  tangentielle  elles  se  montrent  le  plus  généralement  avec 
des  extrémités  pointues,  elles  ont  alors  la  forme  d'hexagones 
allongés  et  plus  souvent  par  suite  de  leur  division  par  une 
cloison  transversale  placée  au  milieu,  elles  sont  pentagonales. 

Ce  parenchyme  lignifié  est  coupé  de  place  en  place  par  de 
minces  bandes  parallèles  de  tissu  fibreux;  l'épaisseur  de  ces 
bandes  est  de  50  à  80  jjl,  celle  des  parties  sclérenchymateuses 

F 

intercalées  est  en  moyenne  de  200  (jl.  Le  rapport  p  est  ici  très 

faible  et  égal  à  ^. 

Les  fibres  sont  d'épaisseur  très  irrégulière  ;  en  section  trans- 
versale, on  en  distingue  quelques-unes  avec  grosse  section,  dissé- 
minées au  milieu  d'autres  beaucoup  plus  petites.  Leur  longueur 
varie  de  2  000  à  2  200  (x  et  leur  diamètre  de  15  à  18  [x.  Leurs 
parois  sont  très  épaissies. 

Oxalate  de  chaux.  —  L'oxalate  de  chaux  est  peu  abondant, 
on  rencontre  des  cristaux  de  place  en  place  sur  le  bord  des 
régions  fibreuses,  ces  derniers  font  partie  de  courtes  séries  ver- 
ticales, ne  comprenant  généralement  pas  plus  de  6  à  8  éléments. 

Amidon.  —  Les  cellules  du  sclérenchyme  sont  bourrées  de 
grains  d'amidon  assez  gros,  arrondis,  pourvus  d'un  bile  linéaire. 


Déterminations  physiques  et  chimiques. 

La  densité  obtenue  par  la  méthode  du  flacon  est  égale  à  0,428, 
elle  place  donc  VErythrina  parmi  les  bois  les  moins  denses. 

Les  réactifs  oxydants,  le  perchlorure  de  fer  ne  donnent  rien; 
l'iode,  par  contre,  forme  une  tache  foncée  qui  décèle  la  présence 


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108  EM.    PËRROT   ET   G.    GÉRARD. 

de  Tamidon.  Les  décoctions  aqueuses  ou  alcooliques  sont  sensi- 
blement incolores.  Il  est  riche  en  cendres  :  4,40  p.  100. 

Usages. 

Le  bois  de  VErythrina  est  peu  résistant,  léger,  et  se  laisse 
attaquer  avec  une  grande  facilité  par  les  insectes  ;  fraîchement 
débité,  il  émet  une  odeur  forte  et  repoussante.  Les  indigènes  ne 
l'emploient  pas,  ils  se  servent  uniquement  des  pieux  d'jE'ry/Anna 
pour  établir  des  haies  ou  palissades,  profitant  de  la  grande  faci- 
lité avec  laquelle  on  en  obtient  des  boutures,  de  même  que  chez 
nous  on  emploie  fréquemment  le  Sureau. 

Son  bois,  blanc,  fibreux,  à  cœur  rouge,  peut  cependant  être 
employé  pour  la  confection  de  planches  légères. 


HERHINIERA  ELAPHROXTLON  Guill.  et  Perr. 

Noms  indigènes.  —  OulofT  :  M^Bilor  ou  Bt7or,  Billeur, 

Station.  —  Dans  les  endroits  marécageux  et  sur  les  rives  des  cours  (Feau  où 
il  forme  des  amas  flottants  qui  se  détachent  parfois  et  sont  entraînés  par  le 
courant  à  une  distance  souvent  très  grande  des  points  où  ils  se  sont  formés. 
C'est  ainsi  qu'il  à  été  vu  par  âdanson  :  un  de  ces  Ilots  flottants  était  descendu 
jusqu'à  Saint-Louis  où  il  fut  remarqué  \^t  cet  explorateur;  les  nègres  recon- 
nurent alors  Tarbre  qui  formait  cette  curieuse  végétation  flottante  comme  étant 
le  Bilor,  plante  qui  leur  fournit  un  bois  aussi  léger  que  le  liège. 

Distribution  géographique.  —  Il  est  assez  répandu  au  Sénégal  et  en 
Sénégamùie;  il  a  été  signalé  en  particulier  à  rentrée  du  lac  Panié-Foul  à 
l'endroit  où  il  débouche  dans  le  marigot  de  Taotié, 

Caractères  botaniq[ue8.  —  C'est  un  arbuste  rameux,  épineux 
dont  le  tronc  peut  atteindre  6  pouces. 

Ses  feuilles  sont  paripennées,  formées  de  folioles  alternes, 
ovales  oblongues,  échancrées  au  sommet;  le  rachis  est  pubes- 
cent,  les  stipules  lancéolées  dressées. 

Les  fleurs  sont  grandes,  de  teinte  orange,  elles  possèdent 
10  étamines  monadelphes;  un  ovaire  droit  comprimé;  un  style 
long,  arqué,  un  calice  bipartite. 

Le  fruit  est  un  légume  oblong,  contourné  en  spirale,  et 
renfermant  6  à  10  graines;  ces  dernières  sont  brunes,  réni- 
f ormes  et  possèdent  un  embryon  à  cotylédons  foliacés  et  à 
radicule  accombante. 

Caractères  extérieurs.  —  Les  échantillons  que  nous  avons 


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LÉGUMINEUSES   AFRICAINES.  109 

pu  examiner  proviennent  d'une  branche  ayant  environ  10  cm. 
de  diamètre;  cette  branche  ayant  séjourné  pendant  un  certain 
temps  dans  Teau  a  subi  une  transformation  qui  a  amené  la 
destruclion  de  ses  tissus  mous. 

Elle  présente  alors  un  aspect  assez  curieux;  elle  est  formée 
d'une  série  de  cylindres  lamelieux  emboités  les  uns  dans  les 
autres,  du  centre  jusqu'à  la  périphérie.  Dans  cette  dernière 
région,  une  écorce  fibreuse  peu  épaisse,  de  teinte  extérieure 
rougeàtre,  vient  limiter  et  maintenir  ce  tissu  peu  consistant. 

Si  l'on  fend  cette  branche  suivant  une  de  ses  génératrices, 
on  peut  alors  séparer  tous  les  feuillets  qui  forment  ce  bois 
comme  on  le  ferait  avec  les  pages  d'un  livre.  Chacune  de  ses 
lames  n'est  pas  homogène  mais  finement  et  régulièrement 
ajourée  et  réduite  à  un  réticulum  très  fin. 

Examen  microscopique. 

Cet  examen  est  très  incomplet,  car,  en  étudiant  en  détail  les 
feuillets  précédemment  décrits  et  qui  forment  la  masse  du  bois, 
on  se  rend  compte  que,  probablement  à  la  suite  d'un  séjour  plus 
ou  moins  prolongé  dans  l'eau,  les  tissus  ont  été  en  partie 
détruits  et  tous  les  éléments  mous  (parenchyme  et  rayons  médul- 
laires) ont  à  peu  près  complètement  disparu. 

Rayons  médullaires*  —  Le  réticulum  qui  constitue  ces 
feuillets  est  uniquement  formé  par  les  fibres  qui  ont  un  parcours 
légèrement  sinueux  pour  contourner  les  rayons  médullaires 
grands,  épais  de  4  à  5  cellules  dans  leur  milieu  et  très  régu- 
lièrement disposés.  Ces  derniers  ne  sont  représentés  que  par 
l'espace  devenu  libre  qui  les  contenait  précédemment  et  quelques 
débris  de  membrane  adhérents  à  la  périphérie. 

Oxalate  de  chaux.  —  Une  très  grande  quantité  d'oxalate  de 
chaux  se  trouve  répartie  le  long  des  fibres.  Ces  dernières,  en 
coupe  transversale,  sont  disposées  très  régulièrement  en  zones 
concentriques  minces  séparées  par  de  fines  bandes  parenchyma- 
teuses  dont  la  destruction  amène  la  séparation  des  cylindres 
fibreux  concentriques  et  explique  l'aspect  observé  à  pre- 
mière vue.    . 

Aucune  détermination  de  densité  n'a  pu  être  faite  sur  ce  tissu. 


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ilO  EM.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 

Usages. 

Le  tronc  de  cet  arbre  peut  être  débité  en  planches  d'une 
extrême  légèreté,  et  c'est  ce  caractère  qui  doit  seul  guider  si 
Ton  n'en  a  vu  que  son  utilisation.  C'est  d'ailleurs  en  raison  de 
cette  qualité  que  les  indigènes  se  servent  de  son  bois;  ils  le 
débitent  en  tronçons  d'une  longueur  d'environ  un  pied  qu'ils 
attachent  à  leurs  filets  où  il  tient  lieu  de  liège  servant  ainsi  à  en 
assurer  la  flottaison  {Lac  Panié-foul), 

Un  autre  parti  en  a  été  tiré  :  M.  Leprieur  étant  en  explora- 
tion dans  ces  régions  en  a  fait  débiter  de  minces  planchettes 
qu'il  plaçait  au  fond  de  ses  boîtes  à  insectes  et  qui  servaient 
à  piquer  ces  derniers.  Là  encore  elles  tenaient  lieu  du  liège  qui 
est  généralement  employé  pour  cet  usage. 

ORHOSIA  LAXIFLORA  Benth. 

Noms  indigènes.  —  Ouloiï  :  Simbach-,  Toucouieur  :  Doàole;  Kassonké  : 
Koulou-Koulou,  Tombarou;  Malinké  :  Koulou-Kotilou,  Tambarou;  Bambara  : 
Koulou-Koulou;  Ouassalou  :  Koulou-Koulou;  Sarakhollé  :  Fa. 

Station.  —  VOrmosia  lajiflora  pousse  de  préférence  dans  les  terrains  secs 
cl  recherche  surtout  les  sols  pierreux. 

Distribution  géographique.  —  U  a  été  rencontré  assez  communément 
dans  les  taillis  de  la  Haute  Guinée^  dans  la  Haute  Côte  d'Ivoire,  au  Soudanj  et 
sur  les  rives  du  Cameroun. 

Les  échantillons  étudiés  viennent  de  Siguiri. 

Caractères  botaniques.  —  C'est  un  arbre  de  taille  moyenne 
ayant  Je  5  à  15  m.  avec  un  tronc  de  diamètre  faible  et  généra- 
lement tortueux.  Sa  cime  est  dense,  légèrement  arrondie,  portée 
par  des  rameaux  nombreux  et  tordus.  L'écorce  est  rougeâtre, 
tachée  de  gris  cendré  chez  les  jeunes  branches. 

Ses  feuilles  sont  alternes,  presque  opposées,  par  suite  de 
Tentraînement  de  Tune  d'entre  elles;  elles  sont  composées, 
imparipennées,  possédant  13  folioles,  petites,  lancéolées- 
oblongues,  qui  portent  une  fine  échancrure  au  sommet;  ces 
dernières  sont  brièvement  pétiolées  et  le  rachis  est  long,  grêle, 
renflé  à  la  base;  les  folioles  sont  glabres,  coriaces,  tle  couleur 
vert  émeraude,  avec  une  nervure  principale  saillante  et  les 
autres  peu  apparentes;  les  feuilles  de  cet  arbre  sont  toutes  tom- 
bées au  début  de  février. 


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LÉGUM1?<E13SES   AFRICAINES.  lli 

Les  fleurs  sont  sessiles,  de  couleur  blanche,  réunies  en  pani- 
cules  serrés  disposés  à  l'aisselle  des  feuilles. 

Le   fruit  est  une  gousse  très  plate,  foliacée  renfermant  1  à 

2  graines;  il  n'est  pas  comestible. 

Caractères  extérieurs.  —  Écorce.  —  L'écorce  se  détache 
facilement  par  plaques,  elle  est  peu  épaisse,  atteignant  le  plus 
souvent  4  à  6  mm.  ;  elle  présente  en  coupe  transversale  en  allant 
de  l'extérieur  vers  l'intérieur  :  un  suber  mince  de  teinte  brun 
foncé,  puis  une  bande  de  fibres  péricycliques  de  couleur  jaune 
paille,    enfin  une    zone  libérienne   gris   brun   ayant    environ 

3  mm.  d'épaisseur. 

Bois.  —  Le  cylindre  ligneux  comprend  deux  parties  :  une 
zone  périphérique  de  5  à  12  mm.,  formée  d'un  bois  très  dur  à 
grain  fin,  de  couleur  jaune  clair,  ayant  sensiblement  l'aspect 
du  buis,  puis  un  noyau  central  formant  le  cœur,  dont  la  teinte 
est  brun  violet  foncé,  presque  noire;  cette  dernière  partie  est 
formée  d'un  bois  ayant  la  même  texture  que  le  précédent,  avec 
un  grain  fin  et  serré  et  une  grande  dureté;  sa  couleur  le  fait 
ressembler  au  Gaïac.  Dans  l'échantillon  à'Ormosia  provenant 
de  M.  Chevalier,  ce  cœur  n'était  pas  circulaire,  il  présentait  plu- 
sieurs prolongements  sectionnant  complètement  en  fragments 
la  bande  périphérique  de  l'aubier;  nous  verrons  plus  loin  la 
signification  de  ce  phénomène  (PI.  IV,  fig.  H). 

Examen  microscopique. 

Nous  avons  tout  d'abord  comparé  les  coupes  faites  sur  la 
partie  claire  et  celles  pratiquées  sur  la  région  centrale.  Nous 
avons  pu  ainsi  constater  qu'elles  présentaient  absolument  la 
même  structure,  la  partie  noire  ne  diffère  que  par  l'absence 
d'amidon,  l'imprégnation  de  ses  tissus  et  surtout  des  membranes 
de  ses  fibres,  par  une  matière  tannique  brune,  qui  est  la  cause 
de  la  coloration  de  ce  bois;  l'obstruction  des  vaisseaux  par  des 
matières  gommeuses  est  presque  générale. 

De  ceci  on  doit  conclure  que  Ton  est  en  présence  d'un  véri- 
table cœur  formé  par  le  même  processus  que  celui  qui  a  été 
étudié  en  détail  chez  le  chêne  par  AL  Mer,  et  dont  nous  avons 
parlé  dans  les  chapitres  généraux. 


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M2  KM.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 

C'est  en  réalité  un  tissu  mortifié,  dont  les  éléments  con- 
ducteurs sont  obstrués  et  qui,  étant  vraisemblablement  trop 
éloigné  du  cambium  pour  en  recevoir  des  éléments  vitaux, 
subit  une  dégénérescence  tannique.  Les  prolongements  de  ce 
duramen,  qui  ont  été  signalés  dans  Texamen  macroscopique, 
correspondent  à  des  parties  de  la  périphérie  où  Técorce  à  été 
détruite. 

Vaisseaux.  —  Si  nous  étudions  maintenant  le  bois  dans  sa 


Fig.  19.  —  Ormosia  laxiflora  Benth. — Coupe  transversale;  G.  =  50;  -r  =  50. 

structure  intime,  nous  lui  trouvons  les  caractères  suivants  :  les 
vaisseaux  sont  isolés  ou  groupés  par  deux,  leur  forme  est  arrondie 
ou  ovale,  leur  taille  est  faible,  leur  diamètre  est  généralement 
compris  entre  30  et  80  jx  et  leur  nombre  par  millimètre  carré 
est  de  14  en  moyenne. 

Rayons  médullaires.  —  Les  rayons  médullaires  sont  au 
nombre  de  10  par  millimètre  et  distants  de  70  à  200  (x.  Leur 
épaisseur  moyenne  est  de  2  ou  3  cellules.  Ces  dernières  sont 
arrondies  ou  légèrement  aplaties  dans  le  sens  de  la  longueur 
du  rayon.  Leurs  parois  sont  notablement  épaissies. 

Fibres  et  parenchyme.  —  La  masse  du  tissu  ligneux  est  sur- 
tout formée  de  fibres  courtes  (800  à  1000  [x  de  longueur), 
sinueuses,  enchevêtrées,  très  épaissies;  leur  diamètre  est  en 
moyenne  de  10  [x. 


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LÉGUMlNtlUSES   AFRICAINES.  il3 

De  place  en  place  on  peut  distinguer  des  îlots  allongés,  irrégu- 
liers, renfermant  un  ou  plusieurs  vaisseaux  et  formés  d'un  tissu 
parenchymateux  constitué  par  des  cellules,  irrégulières  de 
forme  et  de  grandeur,  à  membranes  épaisses. 

Le  rapport  p  =  23  • 

Oxalate  de  chaux.  —  L*oxalate  de  chaux,  peu  abondant,  est 
dispersé  dans  les  cellules  à  parois  plus  ou  moins  lignifiées  voi- 
sines des  bandes  fibreuses. 

Amidon.  —  On  distingue  d'assez  nombreux  grains  d'amidon 
dans  les  différentes  parties  du  tissu  lignifié. 

Déterminations  physiques  et  chimiques. 

Le  poids  du  mètre  cube  est  donné  égal  à  780  kgr.?  On  obtient 
comme  densité,  par  la  méthode  du  flacon,  bois  blanc  =  1,  10; 
bois  noir  =  1,14.  Ce  bois  est  en  effet  plus  lourd  que  l'eau  et  il 
tombe  immédiatement  au   fond  quand  on  le  plonge  dans  ce 

liquide.  Le  rapport  des  deux  densités  :  jr p —  =  1,03. 

Les  réactifs  mentionnés  ne  fournissent  que  peu  de  renseigne- 
ments, seule  l'eau  iodée  donne  une  tache  bleuâtre.  Les  décoctés 
avec  le  cœur  dans  l'eau  et  dans  l'alcool  sont  rouge  violet  très 
foncé.  Le  poids  des  cendres  est  de  :  1  gr.  46  p.  100. 

Usages. 

h'Onnosia  laxiflora  fournit  un  bois  très  dur,  à  grain  fin  et 
serré,  difficile  à  travailler  mais  susceptible  de  prendre  un  beau 
poli. 

Les  indigènes  s'en  servent  comme  bois  de  construction  et 
en  tirent  des  piliers  de  cases,  ils  en  font  aussi,  mais  rarement, 
des  battoirs  et  des  pilons. 

Il  fournirait  pour  les  Européens  un  excellent  bois  d'ébénisterie 
et  de  tournage.  Il  serait  peut-être  possible  par  un  écorcement 
régulier  d'obtenir  un  cœur  déformé  et  permettant,  après  un 
travail  approprié,  de  faire  apparaître  à  la  surface  des  objets 
polis  un  décor  en  noir  sur  fond  blanc  présentant  une  certaine 
originalité. 

8 


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414  EN.    PERROT   ET  G.    GÉRARD. 

Les  feuilles  en  infusion  faciliteraient  la  dentition  des  enfants 
et  feraient  disparaître  les  courbatures. 

PARKIA  AFRICANA  R.  Br. 

Synonymes.  —  Parkia  biglobosa  Benth.  =  Inga  biglobosa  Pal.  Beauv. 
=  /.  senegalensis  DC.  =  Mimosa  àiglandulosa  Jacq.  =  Proposis  facculifera  Dcsv. 

Noms  français.  —  Arbt^  à  fauve.  Mimosa  pourpre. 

Noms  indigènes.  —  OulofT  :  HouUe,  Oulli;  Toucouleur  :  Nete;  SarakhoUé  : 
Ne  te;  Rassonké  :  Nete;  Malin  ké  :  Nere,  Nete;  Bambara  :  Nere,  Nette;  Ouassalou  : 
Nere;  Portugais  créole  :  Farôba;  None  :  Yif;  Diola  :  Enokay;  Serère  :  Séou; 
Soussou  :  Neri. 

Station.  —  11  croit  facilement  dans  tous  les  terrains;  surtout  dans  les  forêts 
de  la  Senégambie. 

Distribution  géographique.  —  On  le  rencontre  dans  toute  V Afrique 
tropicale  entre  V Atlantique  et  le  Tchad;  dans  le  Haut  Sénégal^  la  Casamance^  la 
boucle  du  Niger,  la  Sierra- Leone,  le  Libéria,  Il  est  encore  très  abondant  dans  le 
Haut  Nil  et  aux  Indes  anglaises.  Les  échantillons  étudiés  ont  été  collectés  à 
Siguiri, 

Caractères  botaniques.  —  C'est  un  arbre  de  moyenne  gran- 
deur atteignant  généralement  de  15  à  20  mètres  de  haut  avec 
un  tronc  de  0,80  à  1  mètre  de  diamètre;  il  est  un  des  plus  beaux 
du  Sénégal;  sa  cime,  large,  étalée,  forme  un  immense  parasol 
soutenu  par  de  fortes  branches  desquelles  pendent  une  foule  de 
fleurs- réunies  en  grosses  boules  de  couleur  pourpre. 

Ses  feuilles  ressemblent  à  celles  des  Acacia;  elles  sont 
alternes,  bipennées,  formées  d'une  cinquantaine  de  folioles 
petites,  linéaires,  obtuses,  vert  grisâtre,  portées  par  un  rachis 
pubescent. 

Les  fleurs  sont  hermaphrodites,  de  couleur  rouge  pourpre, 
réunies  en  capitules  groupés  en  boules  et  suspendues  par  un  long 
pédoncule  lisse;  la  floraison  commence  avant  l'apparition  des 
feuilles. 

Le  fruit,  appelé  faroba,  est  formé  par  une  gousse  étroite, 
allongée,  de  30  cm.  sur  2  à  3,  bivalve,  comprimée,  renfermant 
une  pulpe  jaunâtre  sucrée  dans  laquelle  se  trouvent  des  graines 
plates,  en  forme  de  lentilles.  Le  fruit  mûrit  en  avril-mai  et 
fournit  une  farine  jaune  comestible. 

Caractères  extérieurs.  —  ÉcOPCe.  —  L'écorce  est  peu 
épaisse,  extérieurement  gris  cendré,  tachée  de  brun  clair;  en 
coupe  transversale,  elle  est  brun  noir. 

Bois.  —  Le  bois  est  homogène,  à  grain  demi-fin  assez  com- 


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LÉGUMINEUSES   AFRICAINES. 


115 


pact  cependant,  de  teinte  claire  blanchâtre;  il  est  finement  strié 
de  lignes  sinueuses,  blanches  sur  fond  légèrement  teinté. 

Les  zones  sont  indiquées  assez  nettement  par  un  rapproche- 
ment plus  ou  moins  grand  de  ces  stries.  On  ne  distingue  pas  de 
cœur. 

Examen  microscopique 

Vaisseaux-  —  Les  vaisseaux  sont  isolés  ou  groupés  par  deux 
ou  trois  :  leur  section  est  arrondie  ou  ovale,  leur  diamètre 
compris  entre  120  et  180  [x  et  leur  nombre  par  millimètre  carré 
de  3  à  4. 

Leur  paroi  cylindrique  est  finement  ponctuée. 

Rayons  médullaires.   —  Les    rayons   médullaires   sont   en 


F       *îQ 
Fig.  20.  —  Parkia  africana,  H.  Bn.  —  Coupe  transversale  ;  G.  =  50  d.  ;  p  =  ^. 

moyenne  au  nombre  de  3  ou  4  par  millimètre  et  leur  écar- 
tement  varie  entre  100  et  400  [x. 

En  épaisseur,  ils  possèdent  le  plus  souvent  3  cellules,  rarement 
4  ou  5.  Ces  dernières  sont  arrondies  et  leurs  parois  peu 
épaisses. 

Fibres  et  parenchyme.  —  Si  nous  examinons  maintenant  la 
structure  intime  du  bois  on  se  trouve  en  présence  d'un  réticulum 
composé  de  larges  bandes  de  tissu  fibreux  ayant  une  largeur 
moyenne  de  20ft  [x,  sinueuses  et  souvent  anastomosées. 


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116  EM.    PERROr  ET   G.    GÉRARD. 

Ces  plages  de  tissu  fibreux  présentent  vers  Textérieur  une 
délimitation  bien  distincte  et  on  rencontre  un  grand  nombre 
de  cristaux  d'oxalate  de  chaux  placés  dans  les  cellules  paren- 
chymateuses  avoisinantes  ;  quant  à  la  région  interne  de  ces 
bandes,  elle  présente  un  passage  progressif  au  tissu  parenchyma- 
teux,  et  la  délimitation  entre  les  deux  tissus  n'existe  pas  pour 
ainsi  dire.  De  plusj  de  ce  côté,  on  ne  rencontre  que  rarement 
des  cristaux  d'oxalate  calcique. 

Nous  signalons  ce  fait,  car  il  est  intéressant  de  rapprocher 
ces  séries  de  cristaux  d'oxalate  de  chaux,  adossés  à  une  barrière 
fibreuse,  des  formations  analogues  observées  dans  VAcacia 
Sénégal  et  dans  les  échantillons  jeunes  de  Detarium. 

Revenons  à  l'examen  des  coupes  :  le  tissu  fibreux  est  ici 
extrêmement  irrégulier  montrant  en  section  transversale  de 
petites  fibres  à  côté  d'autres  très  grosses.  Leur  longueur  moyenne 
est  de  1  200  [x  avec  un  diamètre  de  12  (x;  l'épaisseur  de  leurs 

parois  est  également  très  variable.  Le  rapport  p  ==  m. 

Entre  ces  bandes  fibreuses  se  trouve  un  tissu  parenchyma- 
teux,  plus  ou  moins  lignifié,  formé  de  grandes  cellules,  de 
forme  régulière,  carrée  ou  hexagonale  et  disposées  en  files 
radiales  très  distinctes.  Un  certain  nombre  d'éléments  cellulaires 
du  tissu  ligneux  ou  des  rayons  médullaires  sont  remplis  d'une 
matière  homogène  de  teinte  rouge  brique  foncée.  L'étude  des 
réactions  micro-chimiques  de  cette  substance  montre  qu'elle  se 
rapproche  des  matières  tanniques;  ce  qui  est  assez  particulier, 
c'est  qu'elle  ne  présente  pas  cet  aspect  granuleux  que  l'on  trouve 
généralement  dans  des  formations  analogues. 

Oxalate  de  chaux.  —  Nous  avons  parlé  précédemment  de 
l'oxalate  de  chaux,  ainsi  que  de  sa  répartition  en  coupe  trans- 
versale; dans  les  sections  longitudinales,  il  forme  de  longues 
séries  verticales,  ininterrompues. 


Déterminations  physiques  et  chimiques 

La  densité  trouvée  est  de  0,699.  Le  poids  du  me.  est  donné 
égal  à  554  kilogrammes. 
Aucun  des  réactifs  signalés  ne  donnent  de  coloration  sensible 


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LÉGUMINEUSES   AFRICAINES.  117 

et  les  décodés  sont  également  peu  colorés.  Le  poids  des  cendres 
est  de  :  3,20  p.  100. 


Usages. 

Le  bois  du  Parkia  africana  est  blanc,  tendre,  assez  nerveux, 
d'une  résistance  moyenne,  mais  d'une  très  grande  flexibilité  en 
raison  de  la  longueur  des  fibres.  Très  lourd  quand  il  vient  d*étre 
coupé,  il  ne  tarde  pas  à  se  dessécher,  il  devient  ainsi  plus  léger. 
Il  se  pique  rapidement  et  est  peu  employé. 

Il  convient  parfaitement  pour  tous  les  usages  où  nous  utili- 
sons le  bois  blanc  (peupliers  de  nos  pays)  :  grosse  menuiserie, 
caisses  d'emballage;  il  se  travaille  également  bien  au  tour. 

Les  indigènes  utilisent  la  pulpe  sèche  et  tamisée  qui  leur 
fournit  une  farine  roussâtre  qu'ils  mangent  avidement.  Cette 
farine  est  employée  mêlée  au  riz  et  aux  viandes;  les  indigènes 
en  font  également  des  tablettes  qui  gardent  plusieurs  mois  leur 
saveur  agréable;  elle  renferme  60  p.  iOO  de  sucre  et  les  man- 
dingues  qui  en  consomment  beaucoup  la  nomment  Neti^  Nedi 
ou  Neily.  Ils  emploient  aussi  la  pulpe  du  fruit  dont  ils  font  des 
boissons  fermentées;  les  graines  qui,  séchées,  pilées,  mises 
à  fermenter  dans  un  trou,  réunies  en  boules  et  torréfiées  donnent 
un  produit  destiné  à  remplacer  le  café. 

Ils  tirent  également  des  graines  une  graisse  de  cuisine  (sou- 
mara)  qui  est  très  prisée  pj^r  eux  ;  elle  a  une  odeur  nauséabonde 
et  les  Européens  ne  l'estiment  guère  ;  cette  matière  grasse  a  été 
proposée  pour  la  savonnerie. 

La  gousse  brûlée  sert  à  faire  du  Khata  qui  augmente  la 
puissance  du  tabac;  mêlée  à  l'indigo,  elle  donne  plus  d'éclat  aux 
étoffes. 

L'écorce  en  infusion  serait  souveraine  contre  la  rougeole  et 
la  petite  vérole;  en  inhalations,  elle  guérirait  les  maux  de 
dents.  Les  feuilles,  bouillies,  sont  données  contre  la  migraine, 
mais,  pour  obtenir  une  guérison  rapide,  il  faut  en  même  temps 
masser  la  tête  en  disant  des  prières;  de  plus  il  est  nécessaire 
que  les  feuilles  viennent  d'un  arbre  ayant  moins  de  3  mois 
d'existence  pour  que  les  oiseaux  n'aient  pas  eu  la  velléité  de  se 
percher  dessus! 


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4i8  EM.    PERROT   ET   G.    GÉRARD. 

PROSOPIS  0BL0N6A  Bentlu 

Synonymes.  —  Prosopis  lanceolala  Ben  th.  in  Hook. 

Noms  indigènes.  —  OuIofT  :  /r,  Ktre;  Toucouleur  :  Guire^  Koki;  Sarakhollé  : 
Korombine;  Kassonké  :  Guelen;  Âlalinké  :  Guelen;  Bambara  :  Gueleriy  GolU 
Noumou-Guire;  Ouassalou  :  Guelen^  Soumou-Guire. 

Station.  —  Le  Prosopis  pousse  facilement  dans  tous  les  terrains. 

Distribution  géographique.  —  On  le  rencontre  assez  communément  au 
Sénégal  et  au  Soudan,  aux  environs  du  Niger  et  jusque  près  de  Kordojan. 

Caraotères  botaniquee.  —  C'est  un  arbre  de  10  m.  de  haut 
avec  un  tronc  atteignant  80  cm.  de  diamètre;  sa  cime  est  irrégu- 
lière, étalée,  formée  de  branches  tortueuses  garnies  d'un  grand 
feuillage  assez  clairsemé;  Técorce  est  peu  épaisse,  extérieure- 
ment gris  cendré  teintée  de  sépia  et  laisse  exsuder  une  matière 
gommeuse. 

Ses  feuilles  sont  opposées,  bipennées,  assez  longuement 
pétiolées  avec  10  à  12  paires  de  folioles  elliptiques  sessiles. 

Les  fleurs  sont  blanches,  teintées  rarement  de  vert  ou  de 
jaune,  axillaires,  réunies  pour  former  des  épis  compacts;  elles 
possèdent  4  pétales,  10  étamines  et  sont  très  odorantes,  la 
floraison  a  lieu  généralement  en  juillet. 

Les  fruits  sont  allongés  (25  mm.  sur  13),  arqués,  un  peu 
méplats,  portés  par  un  pédoncule  assez  long  et  formés  extérieu- 
rement d'une  coque  épaisse  de  teinte  brun  roux;  ils  renferment 
des  graines  de  la  grosseur  d'une  lentille.  Ces  fruits  ne  sont  pas 
comestibles. 

Caractères  extérieurs.  —  Écorce.  —  L'écorce  est  irrégulière 
avec  une  épaisseur  variant  de  5  à  8  mm.;  en  coupe,  elle  est 
brun  noir,  avec  une  ou  deux  lignes  sinueuses  blanches,  quel- 
quefois interrompues,  correspondant  à  des  zones  fibreuses. 

Bois.  —  Le  bois  est  dur,  régulier,  à  grain  fin,  homogène, 
compact,  de  teinte  brun  rouge  foncé,  finement  et  régulièrement 
pointillé  en  clair;  on  y  distingue  une  zone  périphérique  brun 
assez  clair  et  un  cœur  rouge  pourpre  à  bords  estampés. 

Examen  microscopique. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  isolés  ou  en  groupes  peu 
importants  —  2  ou  3  au  maximum  —  la  forme  de  leur  section 
transversale  est  irrégulière  et  leur  diamètre  varie  entre  50  et 


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LÉGUMIfiEUSES   AFRICAINES.  Ii9 

120  [x;  on  en  rencontre  en  moyenne  6  par  millimètre  carré. 
Leurs  parois  sont  ornementées  d'une  façon  un  peu  spéciale,  'les 
ponctuations  sont  allongées  dans  le  sens  transversal  et  juxta- 
posées bout  à  bout,  donnant  au  premier  abord  l'apparence  de 
stries  parallèles,  quelquefois  ramifiées. 

Rayons  médullaires.  —  Les  rayons  médullaires,  au  nombre 
de  5  à  6  par  millimètre,  sont  distants  les  uns  des  autres  de  100 
à  300  (X.  Ils  possèdent  en  épaisseur  généralement  5  rangs  de 
cellules,  rarement  1  ou  2. 

Fibres  et  parenchyme.  —  La  masse  intime  du  bois  est 
formée  de  tissu  fibreux,  semé  çà  et  là  de  petits  îlots  de  paren- 

F       .  . 

cbyme  lignifié  entourant  les  vaisseaux.  Le  rapport  p  est  ici  très 

constant  et  voisin  de  ^^  soit  r . 
20         1 

En   section    transversale,  les   fibres   sont  très   irrégulières 

comme  forme,  grosseur,  et  disposition;  leur  longueur  est  de 

900  à  1100  [X  et  leur  diamètre  12  à  IS  jx;  leurs  parois,  très  forte- 

1     1 
ment  épaissies,   atteignent  en  épaisseur  tt  à  ^  du  rayon.    Les 

cellules  du  parenchyme  ligneux  ont  des  parois  minces. 

Oxalate  de  chaux.  —  L'oxalate  de  chaux  est  dispersé  sur 
la  coupe  transversale  ;  il  se  rencontre  surtout  en  bordure  des  îlots 
sclérenchymateux ;  en  coupe  longitudinale,  il  est  groupé  en 
séries  verticales  plus  ou  moins  longues. 

Déterminations  physiques  et  chimiques. 

On  donne  comme  poids  du  mètre  cube  1008.  Ce  bois  est  en 
effet  très  pesant.  La  densité  est  :  pour  le  cœur  1 ,024,  pour  Tau- 

bier0,896;  soit  :  Sr^îî^  =  1,14. 
'       '  D  cœur 

La  potasse  et  les  hypochlorites  donnent  des  taches  brun 
foncé;  avec  les  autres  réactifs  on  n'obtient  rien  de  caractéris- 
tique. Le  cœur  produit  avec  l'eau  un  décocté  brun  rouge,  avec 
l'alcool  il  forme  un  liquide  plus  clair.  Le  poids  des  cendres  est 
de  :  1  gr.  10  p.  100. 


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120  £M.    PEHROT   ET   G.    GÉRARD. 

Usages. 

Le  Prosopis  oblonga  fournit  lin  tronc  un  peu  tors,  à  bois  dur, 
possédant  un  grain  fin  et  serré,  se  travaillant  bien  et  suscep- 
tible d*un  beau  poli.  Il  ne  se  laisse  pas  attaquer  par  les  vers  et 
les  termites. 

Il  est  bon  pour  Tébénisterie,  la  menuiserie,  le  charronnage, 
la  charpente,  les  constructions  navales,  auxquelles  il  fournit  des 
membrures  excellentes.  On  peut  également  l'employer  pour 
faire  les  outils  de  menuisier  :  équerres,  rabots.  Ses  charbons 
restent  facilement  incandescents  pendant  vingt-quatre  heures. 

Dans  le  pays  on  fait  avec  les  petites  branches  un  charbon  très 
homogène,  brûlant  lentement  en  donnant  beaucoup  de  chaleur. 

Ce  charbon  est  très  employé  par  les  forgerons. 

Les  indigènes  réunissent  les  feuilles  et  les  écorces  pour  pré- 
parer les  peaux  :  pliées  séparément  et  incisées  puis  mises 
à  macérer  dans  Teau  froide,  les  peaux  sont,  dans  ce  but,  recou- 
vertes de  cendres  mouillées  pour  enlever  la  laine  ou  les  poils, 
puis  plongées  dans  le  bain,  ensuite  séchées  et  frottées  tous  les 
jours  pour  les  assouplir. 

Des  pilons  faits  avec  cet  arbre  posséderaient  des  propriétés 
soporifiques  ! 

Les  sorcières  mariées  y  ont  recours  :  le  lundi  et  le  vendredi, 
elles  vont  évoquer  le  diable  et,  afin  que  leurs  maris  ne  s'en 
aperçoivent  pas,  elles  placent  un  pilon  de  ce  bois  contre  les 
parties  charnues  de  leur  époux;  de  cette  façon  ce  dernier, 
sous  rinfluence  des  vertus  de  ce  bois,  ne  remarque  pas  leur 
absence,  et  elles  peuvent  en  toute  tranquillité  se  livrer  à  leurs 
ébats. 

Ce  bois  se  recommande  surtout  pour  les  applications  exigeant 
une  longue  durée  à  Thumidité  ou  sousTeau.  Son  incorruptibilité 
aux  intempéries  fait  qu'il  constitue  un  excellent  élément  pour 
le  pavage  des  rues. 

PTEROCARPUS  ERINACEUS  Porret. 

Synonymes.  —  Plerocarpus  Adansonti  DC.  =  P.  angolensis  DC.  =  P.  echi- 
natus  DC.  =  P.  santalmoides  L.  Heu  t.  =  P.  senegalensis  Vahl. 


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LÉGUMINEUSES   AFRICAINES.  121 

Noms  français.  —  Santal  rouge  d'Afrique,  Palissandre  du  Soufian  ou  du 
Sénégal,  Bois  de  Sang^Dragon  du  Sénégal, 

Nom  anglais.  —  African  rosenwood;  Bar  Woodl 

Noms  indigènes.  —  Ouloff  :  Vene,  Vén,  VinCy  Nekhe;  Toucouleur  :  Baniy 
Balevi;  SarakhoUé  :  N^Gognen;  Kassonké  :  Giieno;  Malinké  :  Gueno,  M'Gouin; 
Barabara  :  Goni,  Goué;  Ouassalou  :  Oouen;  Falor  :  Boket;  Serère  :  Bdn;  au 
Gabon  :  yPGoula. 

Station.  —  Il  pousse  dans  tous  les  terrains. 

Distribution  géographique.  —  Il  habite  principalement  le  Haut  Sénégal  y 
le  Soudan^  la  Haute  Côte  d*!voirfi,  la  région  du  Niger,  le  Gabon,  V Angola. 

Les  échantillons  étudiés  viennent  de  Siguiri, 

Caractères  botaniques  :  Le  Pterocarpus  erinacens  est  un 
grand  arbre  de  15  à  20' m.  avec  un  tronc  de  50  à  60  cm.  de 
diamètre;  ce  tronc  est  régulier,  bien  qu'un  peu  noueux,  élevé 
et  porte  une  cime  irrégulière,  étalée,  formée  de  branches  tor- 
tues, assez  grandes,  ayant  une  direction  sensiblement  horizon 
taie. 

L'écorce  est  de  teinte  gris  fer  tachée  de  sépia,  fendillée, 
rugueuse;  elle  se  détache  facilement  par  petites  plaques. 

Les  feuilles  sont  alternes,  composées,  imparipennées,  formées 
de  H  à  15  folioles  alternes,  ovales,  oblongues,  brièvement 
pétiolées,  luisantes  sur  la  face  supérieure,  ternes  et  veloutées 
au-dessous,  la  nervure  médiane  est  saillante,  le  limbe  est 
ondulé. 

Les  fleurs  sont  de  couleur  jaune  avec  un  collier  campanule  et 
8  à  10  étamines  monadelphes;  elles  sont  réunies  en  grappes  et 
apparaissent  avant  les  feuilles  en  février  ;  elles  exhalent  une 
odeur  de  coucou. 

Le  fruit  est  une  gousse  indéhiscente,  stipitée,  avec  une 
partie  centrale  renflée  et  couverte  de  piquants;  il  mûrit  en 
mai-juin,  et  renferme  une  graine  bordée  par  une  aile  membra- 
neuse circulaire  ondulée;  il  n'est  pas  comestible. 

Caractères  extérieurs.  —  Écorce.  —  L'écorce  est  assei 
épaisse  (15  mm.  sur  le  tronc)  ;  en  coupe  transversale,  elle  apparaît 
brune  et  pointillée  de  clair,  à  Tintérieur  on  distingue  une  zone 
moins  foncée. 

Bois.  —  Le  bois,  de  teinte  jaune  pâle  chez  les  branches 
jeunes,  devient  rose  et  même  rouge  vif  dans  le  tronc  et  les  gros 
rameaux;  il  possède  un  grain  serré  moins  (in  que  celui  du 
santal  rouge  de  Tlnde  et  il  est  très  dur.  Les  zones  saisonnières 
sont  faiblement  marquées. 


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122  EM.    PERROT    ET    G.    GÉRARD. 

Examen  microscopique. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  isolés  ou  réunis  par  deux; 
la  forme  de  leur  section  est  nettement  ovale  et  le  diamètre  de 
cette  dernière  varie  entre  50  et  120  [x. 

Leur  nombre  par  millimètre  carré  est  généralement  compris 
entre  8  et  10,  leurs  parois  latérales  portent  de  fines  ponctua- 
tions. 

Rayons  médullaires.  —  Les  rayons  médullaires  sont  très 


F       6S 
Pig.  21.  —  Plerocarpus  erinaceus  Ponret.  —  Coupe  transv.;  G.  =  50  d;  «  =x^. 

réguliers  et  tous  formés  d'une  seule  assise  de  cellules  en  largeur 
et  de  6  à  8  en  hauteur,  on  en  rencontre  en  général  12  par 
millimètre  et  leur  écart  est  compris  entre  30  et  160  (x.  Ce  qui 
frappe  surtout  c'est  leur  régularité  dans  la  coupe  tangentielle,  car, 
en  plus  de  leur  aspect  uniforme,  ils  apparaissent  rangés  en  séries 
horizontales  disposées  les  unes  au-dessus  des  autres.  Dans  les 
parties  parenchymateuses  on  voit  à  côté  de  ces  rayons  des 
séries  de  cellules  arrondies  beaucoup  plus  grosses  atteignant 
2  ou  3  fois  la  dimension  de  celles  des  rayons  médullaires,  mais 
dont  l'ensemble  donne  absolument,  en  plus  grand,  l'aspect  des 
sections  de  ces  rayons  ;  elles  renferment  chacune  un  gros  cristal 
d'oxalate  de  chaux  et  de  plus  elles  sont  isolées  dans  le  sens 
radial. 


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LÉGUMINEUSES   AFRICAINES.  123 

Nous  insistons  sur  ce  fait  car  il  est  absolument  caractéris- 
tique de  ce  genre  parmi  les  bois  que  nous  avons  observés. 

Fibres  et  parenchyme*  —  Si  Ton  considère  maintenant  le 
tissu  intermédiaire,  on  voit  qu'il  a  aussi  un  aspect  très  typique;  il 
est  presque  entièrement  formé  de  fibres  et  coupé  de  place  en 
place  par  des  bandes  transversales  de  tissu  sclérenchymateux 
n'ayant  en  épaisseur  que  i ,  2  ou  3  cellules  au  maximum  ;  ces 
bandes,  à  certains  endroits,  s'élargissent  brusquemment  pour 
donner  asile  à  un  vaisseau,  puis  reviennent  rapidement  à  leur 
laideur  primitive  ;  souvent  elles  s'anastomosent  ou  s'interrom- 
pent; les  fibres  sont  très  épaisses,  leur  longueur  atteint  géné- 
ralement 200  \L  et  leur  diamètre  9  à  12  [x. 

T  .F      68 

Le  rapport  p=g^. 

Oxalate  de  chaux.  —  Dans  les  coupes  transversales,  on  voit 
fréquemment  un  assez  grand  nombre  de  cristaux  d'oxalate  de 
cbaux  disséminés  et  logés  dans  des  cellules  parenchymateuses 
de  dimensions  bien  supérieures  à  celles  de  leurs  voisines;  ce 
sont  ces  dernières  que  nous  avons  vues  précédemment,  à  côté  des 
rayons  médullaires,  dans  les  coupes  longitudinales. 

Ce  bois  présente  donc  un  aspect  absolument  spécial,  ce  qui 
le  rend  très  facile  à  distinguer. 


^o^ 


Déterminations  physiques  et  chimiques. 

On  donne  comme  poids  du  mètre  cube  943  kgr. 

La  densité  que  nous  avons  obtenue  au  flacon  est  de  0,877. 
La  potasse  seule  fonce  le  pigment  avec  coloration  brune,  mais 
tous  les  autres  réactifs  ne  donnent  aucune  tache  caractéris- 
tique. Les  décodés  aqueux  et  alcooliques  ont  une  teinte  rose. 

Le  poids  des  cendres  est  de  :  1  gr.  64  p.  100. 

Usages. 

Comme  il  est  facile  de  s'en  rendre  compte  dans  les  examens 
précédents,  cet  arbre  possède  un  bois  dont  le  grain  est  d'une 
grande  finesse.  De  plus  son  homogénéité,  sa  dureté,  en  font  un 
produit  de  valeur.  Le  Jronc,  bien  que  quelquefois  un  peu  noueux. 


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124  KM.    PEUROT    ET   G.    GÉRARD. 

se  travaille  assez  bien,  mais  souvent  il  est  brûlé  intérieure- 
ment  par  les  feux  de  forêts. 

Les  indigènes  en  font  des  meubles,  des  charpentes,  des  mor- 
tiers à  riz  et  à  mil,  des  sièges,  des  bibelots;  il  mérite  d'être 
employé  pour  les  meubles  de  grande  valeur,  car  il  ne  se  laisse 
pas  attaquer  par  les  vers  et  les  termites.  Il  sera  également  pré- 
cieux pour  Tébénisterie  et  le  tournage. 

Il  est  importé  en  Europe  comme  bois  de  teinture;  son  prix 
atteint,  sur  le  marché  de  Gorée,  160  francs  le  stère. 

Les  indigènes  l'emploient  aussi  en  injections  contre  la  leu- 
corrhée et  le  font  servir  au  tannage  des  boissons  alcooliques. 
L'écorce  est  astringente,  elle  est  donnée  en  décoction  contre  la 
dysenterie,  les  maux  d'estomac;  les  peuplades  africaines  l'uti- 
lisent dans  le  tannage  des  peaux  ;  brûlée,  elle  fournit  une  cendre 
qui  hâte  la  cicatrisation  des  plaies. 

Les  feuilles  pulvérisées  excitent  l'appétit  et  sont  un  remède 
pour  les  maux  de  ventre.  Les  moutons,  les  bœufs  en  sont  très 
friands. 

Le  Pterocarpus  fournirait  aussi  une  sève  rouge  sombre, 
donnant,  après  dessiccation,  une  masse  astringente  analogue  au 
Kino. 

SWARTZIA  MADAGASCARIENSIS  Desv. 

Synonymes.  —  Cassia  madagascariensis  Poir. 

Noms  indigènes.  —  Appelé  Mucumbé  dans  les  possessions  portugaises  de 
l'Afrique  où  il  croit  naturellement  (forêts  de  Huilla  et  de  Pingo  andango). 

Station.  —  Le  Swartzia  pousse  de  préférence  dans  les  terrains  secs. 

Distribution  géographique.  —  Il  a  été  rencontré  dans  la  Haute  Guinée,  le 
Soudan,  sur  les  bords  du  lac  Tchad^  dans  la  région  du  Nil  et  en  Mozambique  à 
Pouest  du  lac  Nyassa. 

Caractères  botaniques.  —  C'est  un  petit  arbre  de  5  à  10  m., 
les  petites  branches  sont  grêles,  glabres  ou  couvertes  d'un  fin 
duvet. 

Les  feuilles  sont  composées  imparipennées  possédant  9  à 
H  folioles  alternes,  ovales,  elliptiques,  coriaces,  à  face  supé- 
rieure glabre. 

Les  fleurs  sont  solitaires  ou  en  inflorescences  peu  nombreuses 
portées  par  des  pédicelles  grêles. 

Le  fruit  est  une  gousse  allongée  renfermant  un  petit  nombre 
de  graines. 


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LÉGUMINEUSES    AFRICAINES. 


125 


CaractèreB  extérieurs.  —  Écorce.  —  L'écorce  est  extérieu- 
rement brune,  tachée  de  gris  cendré;  en  coupe  transversale,  elle 
présente  une  zone  externe  brun  foncé,  partiellement  exfoliée  et 
une  région  interne  de  2  mm.  d'épaisseur  ayant  une  teinte  claire 
régulière. 

Bols.  —  Le  bois  offre  de  grandes  analogies  avec  celui  de 
YOrmosia  laxi/lora;  il  est  formé  de  deux  parties  :  une  zone  péri- 
phérique ayant  environ  15  mm.  d'épaisseur  formée  d'un  bois  à 
grain  fin  serré,  jaune  pâle,  chagriné  très  légèrement  de  lignes 
irrégulières  un  peu  plus  foncées;  au  centre,  un  cœur  parfaite- 
ment circulaire,  d'un  diamètre  de  20  mm.,  est  constitué  par  un 
bois  dur,  serré,  à  grain  très  fin  et  de  teinte  brun  violet  foncé. 

Ce  bois  est  donc  en  tous  points  comparable  à  celui  de  YOrmo- 
sia laxiflora,  nous  allons  voir  que  cette  ressemblance  se  pour- 
suit dans  les  caractères  microscopiques. 


Examen  microscopique. 

Les  différences  entre  le  cœur  et    l'aubier  portent  sur  les 
mêmes  points  que  nous  avons  signalés   à  propos  de  YOrmosia. 


m^ 


F      60 


Fig.  22.  —  Swartzia  madagascariensis  Desv.  — -  Coupe  transv.  ;  G.  =  50  d.  ;^=t?- 


Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  isolés  ou  groupés  par  deux, 
leur  forme  est  irrégulière  et  leur  diamètre  varie  entre  40  et 


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126  EM.    PERROT   ET   G.    GÉRARD. 

90  [x;  leur  nombre  atteint  en  moyenne  16  par  mm.  carré.  Leur 
paroi  cylindrique  porte  de  très  nombreuses  et  très  fines  ponc- 
tuations. 

Rayons  médullaires.  — Les  rayons  médullaires,  distants  géné- 
ralement de  40  à  200  [x,  sont  au  nombre  de  10  par  mm. 

En  épaisseur,  ils  sont  formés  le  plus  souvent  de  2  rangs  de 
cellules  dans  leur  partie  centrale,  rarement  3;  leur  hauteur  est 
faible.  Les  éléments  cellulaires  qui  entrent  dans  leur  constitu- 
tion ont  des  parois  assez  fortement  épaissies. 

Fibres  et  parenchyme.  —  Le  tissu  fondamental  est  formé  de 
bandes  irrégulières,  sinueuses,  fréquemment  anastomosées,  cons- 
tituées par  du  tissu  fibreux;  elles  encadrent  des  îlots  irréguliers 
de  parenchyme  ligneux  avec  cellules  à  parois  assez  fortement 
épaissies  mais  de  forme  et  de  grandeur  irrégulières;  les  fibres 
sont  assez  courtes  1000  [x,  leur  diamètre  est  de  10  ;x  mais  leurs 
membranes  sont  très  épaisses. 

1  .F       60 

Le  rapport  p  =  jq- 

Oxalate  de  chaux.  —  L'oxalate  de  chaux  est  dispersé  sans 
ordre,  mais  plus  rare  que  dans  VOrmosia, 

Amidon*  —  Dans  le  bois  clair  périphérique,  on  rencontre  de 
Tamidon  en  quantité  assez  notable. 

Déterminations  physiques  et  chimiques. 
Les  densités  obtenues  sont:  pour  le  cœur  1,03,  pour  Tau- 
bier  0, 949.  Le  rapport  des  deux  ^r p —  =  1,08. 

Les  réactifs  ne  donnent  aucune  coloration  intéressante. 

Le  cœur  donne  un  décocté  aqueux  coloré  en  brun  violet; 
par  Talcool  on  obtient  un  liquide  de  teinte  identique  mais  moins 
foncée. 

Usages. 

Les  indigènes  ne  se  servent  guère  de  ce  bois,  à  cause  de  sa 
dureté,  ils  ne  peuvent  le  travailler  facilement  et  se  contentent 
généralement  d'en  faire  des  pieux  et  des  palissades.  Pour  cet 
usage,  il  est  en  effet  incorruptible. 


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LÉGUMIISËUSES   AFRICAINES.  i27 

Il  est  cependant  possible,  en  raison  de  la  finesse  de  son  grain 
et  du  poli  qu'il  est  susceptible  de  prendre,  de  remployer  dans 
rébénisterie  et  la  menuiserie  fine.  Au  tour,  on  pourrait  égale- 
ment en  tirer  de  nombreux  bibelots  tels  que,  jetons  pour  jeux, 
pions  pour  les  échecs,  marques,  etc. 

On  a  déjà  essayé  l'emploi  du  bois  de  Perdrix,  de  la  Guyane 
(Swartzia  tomentosa),  présentant  uue  structure  et  une  dureté 
analogues  à  celui-ci,  mais  ses  usages  ne  sont  pas  nombreux  à 
cause  de  la  difficulté  que  Ion  éprouve  à  le  travailler. 

TAMARINDUS  INDICA  L. 

Synonymes.  —  Tamarindus  occidentalis  Gaertn.  =  T.  officinalis  Hook. 
=  T,  umbrosa  Salisb. 

Nom  français.  —  Tamarin,  Tamarinier. 

Noms  indigènes.  —  OulofT  :  Dakhar,  D*Khar;  Toacouleur  :  Diammi  (pluriel 
Diabe)^  Diami,  Diane-,  Sarakhollé  :  Kharallé,  .So6;  Kassonké  :  Tombi;  Malinké  : 
Tombi;  Bambara  :  Tombi;  Ouassalou  :  To7ni;  Sourhaï  :  Bosogna;  fione  :  Kared; 
Falor  :  Kara  ;  Soussou  :  Tombigui. 

Station.  —  Le  Tamarin  pousse  facilement  dans  tous  les  terrains,  assez 
commun  autour  des  villages,  ce  qui  ferait  penser  qu'il  a  du  être  importé  autrefois. 

Distribution  géographique.  —  Il  est  abondant  dans  tout  le  Sénégal.  C'est 
surtout  un  arbre  de  la  zone  soudanienne,  mais  il  s'avance  plus  loin,  on  le 
rencontre  au  bord  des  marigots  et,  profitant  de  la  proximité  du  Niger  et  de  ses 
marécages,  il  s'avance  jusqu'à  Tombouctou, 

Il  a  été  rencontré  en  abondance  sur  les  bords  du  marigot  de  Goundam  et  en 
particulier  près  du  campement  d'ErMassara,  Un  individu  de  haute  taille  a  été 
trouvé  dans  la  dune  entre  Tombouctou  et  Tassakonte. 

Il  est  répandu  dans  toute  V Afrique  tropicale,  les  bords  du  Haut  Nil  {NU  blanc) 
VAbyssiniCf  le  Sennaar,  la  région  du  Zambèze,  VAngola,  11  est  cultivé  dans 
V Amérique  tropicale,  les  Antilles,  Curaçao,  le  Brésil. 

On  en  connaît  un  groupe  de  très  gros,  atteignant  plus  de  60  pieds  de  haut, 
près  de  N^Dombo,  au  bord  du  marigot  de  Taoué  :  les  chefs  indigènes  viennent 
discuter  à  leur  pied  les  intérêts  de  leur  pays. 

Caractères  botaniques.  —  Cet  arbre  atteint  10  à  20  m.  de 
haut  avec  60  cent,  à  1  m.  de  diamètre;  il  possède  une  cime 
arrondie,  très  dense,  avec  un  feuillage  nourri,  sombre,  porté 
par  des  branches  tortueuses  et  nombreuses.  L'écorce  est 
épaisse  et  atteint  souvent  12  mm.  avec  une  couche  extérieure 
se  détachant  par  plaques. 

Les  feuilles  sont  alternes,  paripennées,  portées  par  un  court 
pétiole;  les  folioles  sont  luisantes  sur  la  face  supérieure  et 
ternes  au-dessous. 

Les  fleurs  sont  petites,  nombreuses,  de  couleur  crème  ou  rou- 
geâtre,  très  odorantes.  La  floraison  a  lieu  en  mars  et  octobre. 


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<28  EM.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 

Le  fruit  est  allongé,  droit,  présentant  de  légers  étrangle- 
ments qui  marquent  remplacement  des  graines  :  Tépicarpe  est 
roux  foncé,  et  la  pulpe,  brune,  renferme  5  à  6  graines  marron 
foncé  très  brillantes. 

Ce  fruit  est  comestible,  légèrement  laxatif. 

Caractères  extérieurs  .  —  Écorce.  —  L'écorce  est  extérieu- 
rement tachée  de  gris  et  de  brun  ;  en  coupe,  elle  présente,  en 
partant  de  Textérieur,  un  suber  brun  roux,  puis  une  zone  de 
teinte  sépia  et,  à  l'intérieur  enfin,  une  région  très  foncée  poin- 
tillée  de  clair. 

Bols-  —  Le  bois  est  de  teinte  claire,  assez  poreux,  laissant 
voir  des  zones  faiblement  marquées.  Les  échantillons  que  nous 
possédions  renfermaient  quelques  anfractuosilés  venant  de  bles- 
sures cicatrisées,  le  tissu  ligneux  qui  formait  les  parois  de  ces 
cavités  était  mortifié  et  sa  teinte  rougeâtre  foncée  rappelait 
celle  du  cœur  de  différents  bois. 


Examen  microscopique 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  quelquefois  isolés  mais  le 
plus  souvent  groupés  par  deux,  leur  forme  est  irrégulière  et 
leur  diamètre  compris  entre  60  et  120  [x,  on  en  rencontre  en 
moyenne  13  par  millimètre  carré.  Ils  sont  le  plus  abondants 
dans  certaines  zones  étroites  comme  cela  se  produit  dans  le 
bois  vernal  de  nos  arbres. 

Rayons  médullaires.  —  Les  rayons  médullaires,  au  nombre  de 
8  par  millimètre,  sont  écartés  de  50  à  200  [x.  Ils  possèdent 
généralement  2  à  3  rangées  de  cellules,  rarement  une  seule; 
leur  hauteur  est  faible  et  en  coupe  tangentielle,  les  cellules 
sont  régulièrement  disposées  en  files. 

Fibres  et  parenchyme.  —  Dans  la  plus  grande  partie  du 
bois,  le  tissu  fondamental  est  très  nettement  formé  par  un 
reticulum  de  tissu  fibreux  encadrant  des  îlots  parenchymaleux 
lignifiés  losangiques,  renfermant  chacun  un  groupe  générale- 
ment formé  de  deux  vaisseaux.  Quelquefois,  ces  îlots  s'anasto- 
mosent par  deux  ou  trois.  Par  contre,  dans  les  bandes  richement 
vascularisées  dont  nous  venons  de  parler  et  qui  correspondent 
au  bois  de  janvier-février,  cette  différenciation  fibreuse  n'existe 


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LÉGUMINEUSES    AFRICAINES. 


i29 


pas  et  les  vaisseaux  sont  fréquemment  envahis  par  une  sécrétion 
gommeuse.  Le  rapport  p  =  «j^  (exception  faite  de  la  zone  vas- 

culaire  annuelle). 

Le  tissu  parenchymateux  est  formé  de  cellules  assez  régulières 
de  forme    sensiblement   hexagonale;    les   fibres    ont   environ 


pi  RA 

Fig.  23.  —  Tamanndus  indica  L.  —  Coupe  transversale;  G.  =  50;  p  =  ^* 

1  400  |x  de  long  sur  8  à  10  [x  de  diamètre,  leurs  parois  épaisses 
atteignent  1/3  à  1/2  de  leur  rayon. 

Oxalate  de  chaux.  —  L'oxalate  de  chaux  est  assez  abondant 
et  disposé  surtout  à  la  limite  du  tissu  sclérenchymateux;  sur 
les  coupes  longitudinales,  il  se  présente  en  séries  verticales  qui 
souvent  bordent  les  rayons  médullaires. 

Coçime  on  le  voit  cet  aspect  rappelle,  en  beaucoup  de  points, 
celui  du  Prosopis  oblonga,  bien  que  le  bois  du  Tamarindus  soit 
plus  riche  en  sclérenchyme  et  présente,  en  plus,  des  zones  non 
apparentes,  au  contraire,  dans  le  Prosopis  que  nous  avons  étudié. 

L'examen  des  parties  colorées  qui  avoisinent  les  anfractuo- 
sités  signalées  dans  Texamen  extérieur  a  confirmé  cette  opinion 
que  Ton  se  trouve  en  présence  d'un  bois  analogue  à  celui  du 
cœur  :  les  fibres  sont  envahies  {lumen  et  parois)  par  des  matières 
tanniques  qui  en  déterminent  la  coloration.  L'échantillon  que 
nous  possédons  a  un  très  petit  cœur  rouge  au  centre  et  présentant 
les  mêmes  caractères  microscopiques. 

9 


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130  EM.    PRRROT   ET   G.    GÉRARD. 

Déterminations  physiques  et  chimiques. 

Le  poids  du  mètre  cube  est  donné  égal  à  627  kilogrammes. 

La  densité  que  nous  avons  obtenue  est  de  0,777. 

Les  réactifs  désignés  n'ont  donné  aucune  coloration  appré- 
ciable. Le  cœur  fournit  un  décocté  aqueux  brun  rougel  I-«e 
poids  des  cendres  est  de  :  2,70  p.  100. 

Usages. 

Le  Tamarinier  fournil  un  tronc  droit  formé  d'un  bois  très 
dur,  fîbreux,  se  travaillant  assez  difficilement;  il  ne  se  laisse 
pas  attaquer  par  les  vers  et  les  termites.  Débité,  il  fournil  un 
cœur  noirâtre. 

Ce  bois  est  bon  pour  Fébénisterie,  la  menuiserie,  la  char- 
pente, le  charronnage.  Il  est  également  employé  pour  les  cons- 
tructions navales,  les  courbes  des  embarcations,  la  fabrication 
des  pilons,  des  mortiers. 

La  poudre  de  ses  feuilles  ou  leur  décoction  appliquée  sur  les 
plaies  serait  un  caustique  analogue  à  la  teinture  d'iode?  La 
pulpe  bouillie,  appliquée  sur  les  plaies,  ferait  pousser  les  chairs. 
L'écorce  est  astringente. 

Sous  le  nom  de  Bengla  (en  Ouloff),  on  désigne  des  confitures 
faites  avec  le  fruit  non  mûr,  lesquelles  seraient  un  bon  remède 
contre  la  fièvre. 

La  macération  ou  la  décoction  de  pulpe  est  donnée  comme 
laxatif,  fébrifuge  et  sialagogue.  Contre  la  soif,  de  la  pulpe  ou 
des  graines  placées  dans  la  bouche  amènent  une  salivation 
abondante.  Les  fleurs  pilées  Servent  à  préparer  un  couscoiis.  Les 
fruits  réunis  en  boules  hémisphériques  ou  en  galettes  se  con- 
servent longtemps,  on  les  consomme  ensuite  légèrement  sucrés. 
Les  petites  branches  servent  de  sokios  (brosses  à  dents). 

La  pulpe  est  encore  employée  pour  la  coagulation  des  latex  à 
caoutchouc. 

TETRAPLEURA  THONNINGII  Ws.  Hooker. 

Synonymes.  —  Adenanthera  tetraptera  Schum  et  Thon. 
Noms  indigènes.  —  Diola  :  Boussiline, 


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LÉGL'MIKEIJSES  AFRICAINES.  131 

Station.  —  Dans  la  Casamance  et  en  particulier  dans  la  forêt  de  Ziguinchor 
sur  le  chemin  de  Guidé. 

Distribation  géographique.  —  Le  Tetrapleura  Thonningii  croit  dans  la 
HoMle  Guinée  où  il  9e  rencontre  en  asset  grande  abondance;  on  le  trouve 
également  dans  VAngola, 

Caractères  botaniques.  —  C'est  un  grand  et  bel  arbre  à  cime 
arrondie  dense.  Le  tronc  et  les  grosses  branches  sont  recouverts 
d*uiie  écorce  grisâtre. 

Les  feuilles  sont  alternes  ou  subopposées,  formées  de  folioles 
peu  nombreuses,  petites,  serrées,  oblongues  ou  elliptiques, 
obtuses,  coriaces,  glabres. 

Les  fleurs  sont  réunies  en  inflorescences  peu  nombreuses. 

Le  fruit  est  un  légume,  ayant  environ  10  centimètres  de  long, 
dont  chacune  des  deux  valves  porte  sur  sa  face  dorsale  deux 
ailes  longitudinales  membraneuses. 

C'est  ce  caractère  qui  est  rappelé  dans  le  nom  générique  de 
cet  arbre. 

Caractères  extérieurs.  —  Écorce.  —  L'écorce  est  extérieu- 
rement gris  cendré  clair,  pointillé  de  noir,  crevassée;  son 
épaisseur  est  d'environ  5  millimètres.  Sur  la  coupe  transversale, 
on  voit,  en  commençant  par  l'extérieur  :  d'abord  une  zone  subé- 
rienne  de  teinte  brun  roux,  puis  une  région  interne  brune  tache- 
tée de  points  clairs  correspondant  à  des  sections  de  paquets 
fibreux. 

Bols.  —  Le  bois  est  de  teinte  claire,  à  grain  fin,  serré,  assez 
homogène  ;  il  est  légèrement  chagriné  en  plus  clair  et  ses  sec- 
tiohs  radiales  et  tangentielles  sont  finement  striées  parles  traces 
des  rayons  médullaires. 

Examen  microscopique. 

Vaisseaux.  —  Les  vaisseaux  sont  rarement  isolés,  le  plus 
souvent  groupés  par  deux  ou  trois  en  séries  radiales. 

La  forme  de  leurs  sections  est  arrondie  ou  aplatie  dans  les 
groupements.  Leur  diamètre  est  compris  entre  80  et  200  \l  et 
leur  nombre,  par  millimètre  carré,  en  moyenne  de  9  à  10. 

Leur  surface  cylindrique  présente  un  réseau  régulier  de  ponc- 
tuations simples. 

Rayons  médullaires.  —  Les  rayons  médullaires  assez  nom- 


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132 


EM.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 


breux  (on  en  rencontre  de  7  à  8  par  millimètre)  sont  irréguliè- 
rement distants;  leur  écart  varie  en  effet  de  50  à  300  [x  et  sou- 
vent ils  décrivent  des  courbes  pour  éviter  les  vaisseaux.  En 
épaisseur,  ils  ont  le  plus  généralement  2  à  3  cellules;  quant  à 
leur  hauteur,  elle  varie  de  50  à  300  [jl. 

Fibres  et  parenchyme.  —  La  masse  du  tissu  lignifié  est 
formée  de  fibres  irrégulières,  très  épaissies,  longues  d'environ 


Fig.  24.  —  Tetrapleura  Thonningii  W.  Hook.  —  Coupe  transversale; 


2  500  [X  sur  12  à  14  de  diamètre,  avec  d'assez  nombreux  flots 
de  parenchyme  lignifié  entourant  les  vaisseaux;  quelquefois 
ces  îlots  sont  légèrement  allongés  et  s'anastomosent  entre  eux; 
les  cellules  qui  les  composent  sont  petites  et  ont  des  mem- 
branes légèrement  épaissies  et  pourvues  de  ponctuations.  Le 

,  F       49 
rapport -p=gY. 

Comme  on  le  voit,  les  2  tissus  sont  sensiblement  en  quan- 
tités égales. 

Oxalate  de  chaux.  —  L'oxalate  de  chaux,  assez  abondant,  est 
disséminé  aux  confins  des  fibres  et  forme  en  coupe  longitudinale 
des  séries  de  cristaux  assez  longues. 


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LÉGUNIKEUSES   AFRICAINES.  133 

Déterminations  physiques  et  chimiques. 

Comme  densité  nous  avons  obtenu  :  0,744. 

Les  réactifs  indiqués  ne  donnent  aucune  coloration  intéres- 
sante. 

Les  décoctés  aqueux  et  alcooliques  sont  peu  colorés.  Le 
poids  des  cendres  est  de  :  2  gr.  10  p.  100. 

Usages. 

Ce  bois,  facile  à  travailler,  peut  être  utilisé  dans  la  menui- 
serie, la  construction  et  surtout  le  cbarronnage. 


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TROISIEME    PARTIE 


CONCLUSION. 

En  comparant  et  discutant  les  données  fournies  par  les  études 
précédentes,  il  est  facile  de  faire  ressortir  les  particularités  qui, 
par  leur  constance  et  leur  précision  permettent  de  caractériser 
les  espèces  et  de  reconnaître  si  deux  bois  d'origine  géographique 
différente  proviennent  bien  d'arbres  botaniquement  identiques  \ 

Parmi  les  caractères  extérieurs  que  fournit  l'examen  macro- 
scopique considérons  d'abord  la  couleur.  Cet  élément  est  celui 
qui  le  premier  s'offre  à  la  vue  et  doit  à  notre  avis  servir  de  base 
à  un  premier  classement.  On  séparera  ainsi  les  échantillons  en 
un  certain  nombre  de  groupements  et,  si  les  bois  possèdent  un 
cœur  et  un  aubier  différenciés,  on  considérera  uniquement  la 
couleur  de  la  partie  centrale  représentant  le  bois  parfait.  On 
peut  de  cette  façon  établir  les  classes  suivantes  : 

I.  Les  Bois  BLANCS  (type  Peuplier).  Exemple  :  Parkia  biglobosa, 

II.  Les  BOIS  JAUNE  ciTRiN  (type  Buis).  Exemple  :  Albizzia 
anthelminthica  (aubier  de  Swartzia  madagascariensis) , 

1.  Au  dernier  moment,  nous  avons  eu  connaissance  d'un  travail  dû  à 
MM.  D»*  J.-W.  MoLL  et  H. -H.  Janssonius  et  intitulé  «  Mikrographie  des 
Hoizes  ». 

Dans  cet  ouvage  important,  ces  deux  auteurs  divisent  l'étude  du  bois 
en  3  parties  comprenant  respectivement  :  Tanatomie  microscopique 
(description  de  la  masse  ligneuse),  l'histologie  (description  spéciale  des 
tissus),  la  cytologie  (description  des  éléments  cellulaires).  Après  avoir 
examiné  les  réactifs  employés,  ils  présentent  en  un  tableau  d'ensemble, 
renfermant  de  multiples  divisions  et  sous-divisions,  l'ensemble  des 
caractères  à  considérer  dans  une  étude  du  bois.  Enfin,  dans  une  deuxième 
partie,  ils  examinent  successivement  un  grand  nombre  d'espèces  ligneuses 
d'après  la  méthode  qu'ils  ont  indiquée.  Dans  les  nombreux  schémas 
répartis  dans  le  texte,  les  régions  parenchymateuses  sont  couvertes  de 
hachures,  représentation  conventionnelle  qui  a  l'inconvénient  de  rendre 
sensiblement  l'inverse  de  l'effet  produit  sur  l'œil  ou  sur  les  photographies. 
Cet  ouvrage  apporte  un  grand  appoint  à  la  connaissance  microscopique 
du  tissu  ligneux,  mais  il  nous  semble  qu'il  ne  rend  pas  inutile  celui  que 
nous  avons  entrepris. 


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CONCLUSION.  ia5 

III.  Les  BOIS  ROUGES  (type  Acajou).  Exemple  :  Prosopis 
oblonga  (cœur). 

IV.  Les  BOIS  NOIRS  (type  Ebène).  Exemple  :  Dalbergia  mêla- 
noxylon,  Swartzia  madagascariensis  (cœur). 

V .  Les  BOIS  DE  TEINTE  NEUTRE  pouvaut  so  subdiviser  en  : 

A.  Brun  jaune  (type  Noyer).  Exemple  :  Bauhinia  reticulata. 

B.  Brun  rouge  (type  Palissandre).  Exemple  :  Deiarium  sene- 
galense. 

Dans  ces  classes  ensuite  une  seconde  division  peut  être 
obtenue  en  formant  des  groupes  renfermant  : 

1°  Les  bois  ne  présentant  pas  de  cœur  diiTérencié.  Exemple  : 
Erythrina  senegalensis. 

T  Les  bois  présentant  un  cœur  à  contour  dégradé.  Exemple  : 
Prosopis  oblonga. 

3**  Les  bois  présentant  un  cœur  à  contour  net.  Exemple  : 
Ormosia  laxiflora. 

Enfin  une  autre  sélection  peut  être  obtenue  par  le  rapproche- 
ment des  espèces  ayant  un  grain  de  même  ordre  de  grosseur; 
on  aura  ainsi  : 

A.  Les  BOIS  A  GROS  GRAIN.  Exemple  :  Erythrina  senegalensis. 

B.  Les  BOIS  A  GRAIN  MOYEN,  Exemple  :  Parkia  bigloèosa. 

C.  Les  BOIS  A  GRAIN  FIN.  Exemple  :  Swartzia  madagasca- 
riensis. 

L*écorce,  par  son  épaisseur,  sa  régularité,  son  adhérence  au 
bois,  sa  couleur,  fournira  autant  de  renseignements  de  réelle 
valeur  pour  Tidentification  encore  plus  complète  de  Tespèce 
examinée. 

Les  déterminations  physiques  et  chimiques  que  nous  avons 
mentionnées  entrent  également  en  ligne  de  compte;  elles  ser- 
viront surtout,  au  point  de  vue  systématique,  en  fournissant  au 
dossier  de  Tespèce  un  chiffre  de  valeur  constante,  celui  de  la 
densité,  la  principale  utilité  des  autres  observations  de  ce  genre 
se  rapportant  surtout  à  la  détermination  des  qualités  économi- 
ques du  bois  considéré. 

De  Texamen  microscopique  on  doit  chercher  également  à 
déduire  une  subordination  des  caractères  qui  facilitera  le  dia- 
gnostic des  échantillons  commerciaux. 

En  première  ligne,  nous  placerons  le  caractère  tiré  de  Tépais- 


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136  EM.    PERAOT   RT   G.    GÉRARD. 

seur  et  du  mode  de  distribution  des  rayons  médullaires.  On 
notera  donc  toujours  avec  le  plus  grand  soin  le  nombre  de  cel- 
lules qui,  sur  les  coupes  tangentielles,  composent  ces  rayons 
médullaires  dans  leur  plus  grande  épaisseur,  ainsi  que  le  nombre 
de  ces  rayons  médullaires  répartis  par  millimètre  sur  les  coupes 
transversales. 

Ces  deux  indications  sont  le  plus  souvent  concordantes,  et 
coïncident  presque  toujours  dans  la  classification  des  caractères 
amenant  à  Tidentification  des  espèces. 

Dans  le  cas,  relativement  très  rare,  où  le  nombre  des  cellules 
des  rayons  médullaires  éloignerait  un  bois  de  la  série  normale- 
ment établie  par  le  nombre  de  ces  rayons,  cette  anomalie  elle- 
même  constituerait  un  nouveau  caractère  de  spécification.  Cette 
méthode  pour  les  Légumineuses  africaines  étudiées  nous  a. 
permis  d'établir  six  groupes. 

I.  —  Rayons  médullaires  possédant  généralement  une  assise 
DE  cellules.  — Le  nombre  des  rayons  médullaires  par  millimètre 
est  supérieur  généralement  à  10.  Exemples  : 

Pterocarpus  erinaceus 12  par  millimètre. 

Bauhinia  rufescens 12  — 

Bauhinia  reticulata 16  — 

Type  spécial  : 

Berlinia  acuminata 6  — 

IL  Rayons  médullaires  possédant  généralement  2  ou  3  assises 
DE  CELLULES.  —  De  5  à  10  rayons  médullaires  par  millimètre. 
Exemples  : 

Ormosia  laxiflora 10  par  millimètre. 

Swartziamadagascariensis.  .  .  \0  — 

Tetrapleura  Thonningii 7  — 

Cassia  Sieberiana 7  — 

Tamarindus  indica 7  — 

Albizzia  Lebbeck 6  — 

—      anlhelminlhica  ....  5  — 

Prosopis  oblonga 5  — 

IIL  Rayons  médullaires  possédant  3,  4  ou  o  assises  de  cellules. 


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CONCLUSION.  137 

—  De  5  à  10  rayons  médullaires  par  millimètre.  Exemples  : 

Deiarium  microcarpum  ....  6  par  millimètre. 

—        senegalense 6  — 

Daniella  thurifera 6  — 

Parkia  africana 5  — 

—  biglobosa 4  — 

A  part  : 

Burkea  africana H  — 

IV.  Rayons  médullaires  possédant  5  à  10  assises  de  cellules.  — 
De  4  à  5  rayons  médullaires  par  millimètre.  Exemples  : 

Accacia  Seyal 5  par  millimètre. 

—  Sénégal 

—  Sieberiana 

—  arabica 

—  allissima 

Dichrostachys  nutans 

Y.  Rayons  médullaires  possédant  8  a  12  assises  de  cellules.  — 
De  3  à  4  rayons  médullaires  par  millimètre.  Exemple  : 

Erythrina  senegalensis 3  par  millimètre. 

Dans  ces  déterminations  en  ce  qui  concerne  l'épaisseur,  on  ne 
tient  pas  compte  des  petits  rayons  ;  mais  on  se  base  uniquement 
sur  la  taille  moyenne  de  la  majorité  des  éléments  qui  contribue 
seule,  d  ailleurs,  à  donner  leur  aspect  général  aux  diverses 
coupes  tangentielles. 

Voici  donc  établies  déjà  diverses  séries  de  groupements  dans, 
lesquels  il  sera  facile  ensuite  d*établir  au  microscope  des  caté- 
gories nouvelles  grâce  i  la  plus  ou  moins  grande  richesse  en 

F 

fibres  ;  pour  cela  on  établira  comme  il  a  été  dit  le  rapport  p. 

C'est  ainsi  que  la  valeur  de  ce  rapport  du  tissu  fibreux  au  paren- 
chyme ligneux  séparera  par  exemple  dans  le  premier  groupe  : 

le  Bauhinia  rufèscens  p  =  —  soit  7  > 

F*      8f>         2 

du  Plerocarpus  erinaceus    p  =  00  *^**  T  * 


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138  ËM.    PERROT   ET    G.    GÉRARD. 

Dans  le  deuxième  groupe  on  différenciera  de  même  : 
VOrmosia  taxiflora  -p  =  ^  soit  j  » 

Y  A  Ibizzia  anthelminthica     p  =  ^^  soit  j  > 

le  Cassia  Sieberiana  p  =  ^  soit  ~  • 

Enfin,  comme  nous  l'avons  déjà  signalé  dans  la  première  partie 
de  ce  travail,  une  place  toute  spéciale  doit  être  réservée  à  l'indi- 
cation de  la  présence  ou  l'absence  d'un  appareil  sécréteur. 

Les  Daniella^  les  Detarium,  etc.,  sont  nettement  caractérisés 
par  ces  formations  dont  l'aspect  permet  une  diagnose  encore 
plus  rapide,  et  ce  caractère  est  de  première  valeur  pour  les  végé- 
taux qui  nous  occupent  dans  ce  travail. 

Les  ponctuations  des  vaisseaux,  les  formes  cristallines,  la  fré- 
quence et  la  disposition  de  l'oxalate  de  chaux  rendront  égale- 
ment possible  la  distinction  d'espèces  voisines  pour  lesquelles 
les  autres  caractères  seront  identiques  ou  présenteront  des  diffé- 
rences insignifiantes. 

Les  renseignements  fournis  par  l'étude  de  l'écorce  viendront 
également  apporter  leur  appoint  et  aideront  à  établir  la  classifi- 
cation dichotomique  qui  doit  être  dans  la  mesure  du  possible,  la 
conclusion  absolue  de  ces  études. 

Celle  classification,  quand  elle  sera  complète,  permettra,  dans 
la  plupart  des  cas,  d'arriver  facilement  et  rapidement,  à  l'aide 
de  l'examen  extérieur  et  de  l'étude  microscopique  du  bois  et  de 
son  écorce,  à  déterminer  à  quelle  famille,  àquelgenreou  môrae 
à  quelle  espèce  appartient  la  plante  productrice. 

Nous  n'avons  pas  encore  établi  un  tel  tableau  pour  les  Légu- 
mineuses étudiées,  ce  travail  serait  incomplet  et  en  conséquence 
inutile.  Mais,  plus  tard,  lorsque  le  nombre  des  bois  étudiés  sera 
beaucoup  plus  grand,  il  sera  dès  lors  possible  et  nécessaire  de 
tracer,  en  se  basant  sur  les  fiches  établies  pour  chaque  espèce, 
un  système  de  fiches,  de  consultation  aisée,  à  l'aide  duquel  toute 
personne  munie  de  notions  suffisantes  de  morphologie  végétale 
arrivera  rapidement  à  caractériser  toutes  espèces  ligneuses.  C'est 
pourquoi  nous  espérons  *  étendre  d'abord  la  série  de  ces  études 

1 .  Nous  réunissons  depuis  plusieurs  mois  tous  les  bois  de  la  forêt  tro- 


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CONCLUSION.  i39 

aux  différents  bois  de  l'Afrique  occidentale,  et  terminer  par 
l'établissement  de  ce  document  analytique  quand  nos  recherches 
activement  continuées  nous  auront  fourni  des  éléments  suffi- 
sants. 

Nous  plaçant  à  un  autre  point  de  vue  plus  pratique,  nous 
allons  faire  ressortir  maintenant,  par  une  simple  exposition  des 
données  recueillies  dans  la  deuxième  partie  de  ce  travail,  la 
connexité  qui  existe  entre  les  particularités  de  la  structure 
intime  d'un  bois  et  les  qualités  économiques  qui  en  résultent 
pour  lui. 

Parmi  les  déterminations  physiques  une  seule  a  été  abordée 
ici,  c'est  celle  de  la  densité,  et  quelques  remarques  s'imposent 
à  ce  sujet.  En  se  basant  sur  ces  données,  les  bois  peuvent  être 
répartis  entre  4  catégories  : 

1"  EXTBA-LÉGKBS  :  D  <  0,500. 

Exemple  :  Erythrina  senegaleiisis  chez  qui  D  =  0,428. 

2*  Bois  légers  :         0,500  <  D  <  0,750. 

Ex....  :  Daniella  ihurifera D  =  0,503 

Burkea  africana D  =  0,677 

Parkia  biglobosa D  =  0,699. 

3**  Bois  LOURDS  :        0,750<D<1  000. 

Ex....  :  Detariumsenegalense D  =  0,761 

Acacia  Sénégal D  =  0,963. 

4°  Bois  EXTRA-LOURDS  :        D  >  1  000. 

Ex....  :  Ormosia  laxi/lora  ha.  (aubier)=^  1100 ;Dc=l  140. 
Swartzia  madagascariensis De  =  1030. 

Si  nous  comparons  maintenant  les  densités  du  cœur  et  de 

l'aubier,  nous  trouvons  que  le  rapport  jr—y — r-r-^  est  le  plus 

fréquemment  compris  entre  1,05  et  1,15;  il  diminue  assez 
régulièrement  à  mesure  que  la  densité  de  l'aubier  augmente. 
C'est  ce  qu'exprime  le  tableau  suivant  : 

picale  africaine,  dont  nous  recevons  des  échantillons  parfaitement  déter- 
minés et  classés  par  M.  Aug.  Chevalier,  chargé  de  missions  spéciales  en 
Afrique  et  .dont  nous  entreprenons  simultanément  l'étude  systématique 
et  micrographique.  Le  travail  d'ensemble  sera  donc  poursuivi  sans  inter- 
ruption. 


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140  EM.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 

Prosopis  oblonga ££_1M_4  iz 

Acacia  arabica 1^ QM^ -  .. 

*     Da  — Ô327~*'^* 

Acacia  Sing Pc  _  0,946  _ 

Acacia  Seyal 5?_Mi^_4  4a 

Da  — 0,831— ^'^^ 

StoarUia  madagascariensis.     2^  =  ^'^\  =  \  m 

ua      0^545        '" 

Ormosia  laxiflora  ....         £i=iill_4  0^ 

Dâ    TTrcr  —  *'""^ 

Parmi  les  caractères  microscopiques,  il  convient  encore  de 
citer  le  diamètre  et  le  nombre  des  vaisseaux  ;  la  considération 
de  ces  deux  données  permettra  d*estimer  la  texture  plus  ou 
moins  grosse  du  tissu  ligneux;  les  éléments  vasculaires  suivent, 
en  effet,  d'une  façon  générale,  les  autres  éléments  du  bois  dans 
leurs  variations  en  grosseur  et  en  abondance;  d'autre  part, 
étant  de  taille  plus  grande  et  par  conséquent  plus  faciles  à 
mesurer,  il  y  aura  avantage  à  les  prendre  comme  élément  d'es- 
timation. 

Diamètre  Nombre 

des  vaisseaux.       de  vaisseaux 
par  millimètre. 

l""  Texture  très  fine  :                     0  à  100(1  10  i  ao 

Ormosia  laxiflora 80  |ji  14 

Swartzia  madagaseariensis .  .       90  |x  16 

2''  Textore  fine  :                               100  à  150  (jl  S  à  10 

Plerocarpus  erinaceus  .....     120  |ji  9 

Prosopis  oblonga 120  |x  6 

S""  Texture  moyenne  :                        150  à  200  {jl  3  à  4 

Parkia  biglobosa 180  |ji  4 

Daniella  thurifera. 200  jx  4 

4''  Texture  grosse  :                           200  à  250  {x  2  à  3 

Albizzia  Lebbeck 220  |x  3 

Acacia  altissima  .......     250  |jl  2 

5^  Texture  très  grosse  :                   250  [jl  à  oo  3  à  0 

Eryihrina  senegalensis 300  |x  2àâ' 


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CONCLUSION.  i41 

Or  Tune  des  expressions  commerciales  courantes  dont  on  se 
sert  dans  l'industrie  des  bois,  celle  de  la  nature  du  grairiy  se  rap- 
porte à  la  texture  intime  du  tissu  ligneux  et  n'est  autre  que 
la  résultante  de  plusieurs  propriétés  élémentaires  : 

l""  La  nature  et  le  mode  de  répartition  des  éléments  du  bois. 

2^*  La  disposition  relative  des  tissus  fibreux  et  du  parenchyme 
ligneux  indiquée  par  la  largeur  ou  Técartement  des  bandes 
fibreuses  qui  peut  varier  comme  on  le  sait  entre  des  limites  très 
étendues.  Cest  ainsi  que  la  largeur  des  bandes  fibreuses  dans 
le  Swartzia  madagascariensis  est  de  1 00  à  150  |jl  ;  dans  le  Dichros- 
tachys  nutans  de  300  \k  environ,  dans  V Acacia  Seyal  de  500  jx. 

3""  Enfin  la  largeur  et  le  nombre  relatif  des  rayons  médullaires. 

Les  fibres,  par  leur  épaisseur,  leur  longueur,  leur  trajet,  leur 
abondance,  donnent  à  certains  bois  des  qualités  spéciales,  aussi 
devons-nous  tenir  grand  compte  des  données  de  leur  étude  dans 
la  classification  commerciale.  La  dureté  est  fonction  de  l'abon- 
dance du  tissu  fibreux  comme  de  l'épaisseur  des  membranes 
(fibres  et  parenchyme  ligneux),  et  l'abondance  des  fibres,  donnée 

F 

par  le  rapport  p,  permet  de  répartir  les  bois  en  3  catégories. 

P        70 
1*  Bois  TRÈS  DURS  :  P^TÔÔ* 

Ex....  :  Prosopis  oblonga p  =  -g. 

P       77 
Ormosia  laxiflora P=  — . 

70        P        ^0 
2^  Bois  de  dureté  moyenne  :  jttjt  >  p  >  jtîâ  • 

P      fiK 
Ex,...  :  Albizzia  anthelminthica pi=  — 

F      39 

Detarium  senegalense p  =  TO- 

00  D  F  ^  30 

3*"  Bois  tendres  :  p  <  wwj  • 

P      j  K 
Ex....   :   Erythrina  senegalensis p  =  jT^. 

Mais  les  types  groupés  dans  ces  sections  établies  en  s'ap- 
puyant  sur  cette  seule  valeur  se  trouveront  fréquemment  séparés 


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142  EM.    PERBOT    ET   G.    GÉRARD. 

les  uns  des  autres  si  on  examine  l'épaisseur  des  parois,  c'est-à- 
dire  rimportance  de  la  lignification. 

L'élasticité  d'un  bois  sera  fonction  de  la  longueur  et  de  la 
finesse  des  éléments  fibreux  ou  parenchymateux  ;  les  bois  à 
fibres  courtes  comme  le  Prosopis  oblonga  ont  des  fibres  qui 
mesurent  de  900  à  1000  jx,  celles  de  VOrmosia  laxiflora  de  800 
à  1000  [x;  ils  sont  résistants  mais  peu  élastiques. 

Le  Tetrapleura  Thonningii,  au  contraire,  dont  le  bois  est  très 
élastique,  possède  des  fibres  longues  atteignant  2  500  [x  avec  un 
diamètre  de  11  à  14  (x. 

Qu'il  nous  soit  permis,  en  terminant  ces  déductions,  de  nous 
livrer  à  un  essai  de  groupement  de  bois  des  Légumineuses  afri- 
cains étudiées,  en  nous  basant  sur  les  usages  respectifs  auxquels 
ils  paraissent  destinés  par  les  qualités  que  nous  avons  fait 
ressortir*  : 

Menuiserie  légère  :  Acacia  Sieberiana^  Parkia  biglobosa^ 
Daniella  thunferat 

Menuiserie  fine,  tabletterie,  sculpture  :  Acacia  altissima^ 
Detarium  sénégalaise  et  microcarpum,  Bauhinia  reticulata  et 
rufescenSy  Afzelia  africana. 

Ebénisterie,  travail  au  tour,  gravure  sur  bois  :  Ormosia 
laxiflora,  Swartzia  madagascariensis,  Dalbergia  melanoxylon, 
Pterocarpus  erinaceus,  Prosopis  oblonga,  A  Ibizzia  anthelminthica. 

Charronnage,  manches  d'outils  :  Tetrapleura  Thonningii , 
A  Ibizzia  Lebbeck,  Cassia  Sieberiana. 

Charpentes  :  Cordyla  africana,  Tamarindus  indica,  Cassin 
Sieberiana. 

Bois  légers  pour  bateaux  :  Acacia  altissima. 
Bois  pour  courbes,  bordages:  Acacia  arabica,  Detarium  senega- 
lense  et  microcarpum. 

Nous  pensons  avoir  montré  suffisamment,  dans  les  quelques 
pages  qui  précèdent,  par  un  simple  rapprochement  de  chiffres 

1.  Il  est  bien  entendu  que  ces  conclusions  doivent  être  envisagées  sous 
la  réserve  expresse  de  la  possibilité  de  se  procurer  à  bon  compte  les 
espèces  en  question.  Il  faudra  en  déterminer  l'habitat,  l'abondance  dans 
divers  pays  et  la  facile  exploitation. 


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CONCLUSION.  143 

et  de  rapports,   Timportance  économique  et  la  précision   des 
données  fournies  par  Texamen  microscopique. 

Des  résultats  définitifs  ne  pourront  être  acquis  qu'après 
l'extension  de  cette  étude  à  une  quantité  suffisante  d'espèces 
ligneuses  appartenant  aux  diverses  familles  végétales  et  de  pro- 
venances géographiques  difîérentes. 


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ERRATA 

DAN^  LES  SYNONYMIES  DES  ESPECES  DÉCRITES  DANS  LA   DEUXiÈyE   PARTIE 


Page    49.   Lire  :  Mimosa  altissima  Ruxb,  et  non  Oliver. 

—  50.     —     Acacia  niloiica  Delile  et  non  Delib. 

—  Mimosa  adstringens  Schum.  et  Thonn.  et  non  astrin- 

gens  Thomm. 

—  60.     —     Acacia  Giraffa  Lieb.  el  non  Ac.  Gir,  Delib. 

—  A.  Fistula  Schweinf.  et  non  .4.  fislula  Sciiwein. 

—  70.     —     Albizzia  Lebbeck,  Benth.  el  non  Alb.  Lebbeck  Will. 

=  Acacia  Lebbeck  Willd. 

—  85.     —     Cassia  Javanicœ  Benth  :  supprimer  le  mot  affinis 

et  lire  C,  javanicœ,  Sieber  ex  Benth. 

—  102.     —     Dichrostachys  nutaris  et  non  D.  nulois. 

—  Acacia  gracilis  Mari,  et  non  Ac,  gracilis  Lecard. 

—  Desmanthus    irichoslachyus    et   non    Dennanlhus 

irichostachiis. 

—  114.      —     Mimosa  biglobosa  el  non  M.  biglandulosa. 

—  Prosopis  fieculifera  el  non  P.  facculifera. 

—  120.     —     Plerocarpus  ermac^us  Lam.  el  non  Pt.  erinaccus, 

Porrel. 
supprimer  P,  sanialnioides  L'Hér.  qui  est  synonyme 
de  Pt.  esculenlvs. 

—  130.     —     Tetrapleura  Thoiiningii  Benth.  el  Tct,  Thonningii 

W.  Hooker. 

BIBLIOGRAPHIE 


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exécutée  en  Î859-60.  Bull.  Soc.  Botan.,  1860,  t.  VII,  p.  902. 

10 


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10.  Chalon,  Tiges  ligneuses  des  Dicotylédones,  i^^  mémoire,  1867,  p.  16  à 
21  ;  2«  mémoire,  1868,  p.  14  à  18. 

—  Anatomie  comparée  des  tiges  ligneusesdes  Dicotylédones  Gand,  1867-1868. 

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12.  Chevalier  (Aug.),  La  végétation  de  la  région  de  Tombowtou.  Congrès 
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10  octobre).  (Extrait  du  compte  rendu,  p.  248  ii  275). 

13.  CoESTER,il?^tt^  Karakt.  d.  Mimoseen.  Diss.  Univ.  Erlangen.  —  1894,  177. 

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Soc.  Bot.  Fr.  ;  t.  XLH,  p.  582,  et  C.  H.,  t  CXII,  p.  91. 

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148  EM.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 

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TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  INDIGÈNES 


ABRÉVIATIONS 

Oulofr(ou  Wolofif  ou  Yolofif) 0. 

Toucouleurs  (ou  foulahs)  (laogue  :  foulbé) T. 

Saracole S. 

Kassonké K. 

Malinké M. 

Bambara B. 

Onassalou Oa. 

Sonhraî  (langue  kissour) ,  Son. 

Arabe Ar. 

Touareg  (langue  temacheg) tem. 

Timene t. 

Simba s. 

Sérère ser. 

None  (sérère  ou  Thiès)  .   . n. 

Mandingue  (ou  socé) m. 

Falor f. 

Diola D. 

Baynounke b. 

Salante Bal. 

Senoufo San. 

Haoussas H. 

Portugais  créole P. 

Anglais  créole  ou  Acou A. 


Absaq. 

Acacia, 

tem. 

Ahadès. 

Acacia  alhida. 

tem. 

Alouk. 

Acacia  Sieberiana, 

t. 

Alouki. 

—           — 

t. 

Amoura. 

—      arabica. 

ar. 

Aouarouar. 

—      Sénégal. 

tem, 

Aourouar. 

—           — 

Ar. 

Babdé. 

Daniella  thurifera. 

Bal. 

Babel. 

Bauhinia  reticulata. 

Ar. 

Bagana. 

Acacia  arabica. 

B. 

Bagana. 

—          — 

K. 

Bagana. 

~~          — • 

M. 

10. 

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150 


EM.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 


Baggui. 

Acacia  Sieberiana. 

B. 

Balansa. 

—      albida. 

Oa. 

_^ 

—         — 

B. 

Balevi. 

Pterocarpus  erinaceus. 

T. 

San. 

—               — 

ter. 

Bangboua. 

Cassia  Sieberiana. 

80U8SOU. 

Bani. 

Pteroc'irpus  erinaceus. 

T. 

Banigna. 

Acacia  arabica. 

son. 

Bara-na. 

9 

? 

Barkehi. 

Bauhinia  reticulata. 

T. 

Barkevi. 

—             — 

T. 

Billeur. 

Herminiera  elaphroxylon. 

O. 

Bilor. 

—                — 

O. 

Bissogna. 

Acacia  tortilis  H. 

Son. 

Bodo. 

Detunum  senegalen$e. 

M. 

Boïna. 

Acacia  arabica. 

B. 

Boïna. 

—         — 

Ôa. 

Boket. 

Pterocarpus  erinaceus. 

f. 

Bonank. 

Acacia  arabica. 

B. 

Bosogna. 

Tamarindus  indica. 

son. 

Bouana. 

Acacia  arabica. 

B. 

Boubalinangou. 

Daniella  thurifera. 

D. 

Bonbrib. 

Acacia  albida. 

D. 

Boufâlat. 

Bauhinia  reticulata. 

D. 

Boulbe. 

Acacia  Seyal. 

T. 

Boulbi. 

—       — 

T. 

__ 

—      tortilis  H. 

T. 

Boursâ. 

Mimosa  asperata. 

f. 

Bousayma. 

—           — 

0. 

Bousé. 

Acacia  altissima. 

D. 

Bousesègne. 

—     tortilis  H. 

D, 

Boussi-line. 

Tetrapleura  Thonningii. 

D. 

Boutefoul. 

Acacia  albida. 

D. 

Boutoulao. 

Acacia  ataxacantha  D.  C. 

D. 

Bransan. 

—      albida. 

K. 

Bransan  guhoni. 

Acacia  Sieberiana. 

M. 

Cada. 

—     albida. 

0. 

Cougou. 

Mimosa  asperata. 

son. 

Dakhar. 

Tamarindus  indica. 

0. 

Danha. 

Detarium  microcarpum. 

0. 

Dank. 

—                — 

O. 

Danka. 

—                — 

O. 

Ded. 

Mimosa  asperata. 

0. 

Ded. 

Acacia  pennata  W. 

O. 

Deda. 

—         — 

O. 

Deda. 

Albizzia  anthelminthica. 

O. 

Deligna. 

Acacia  Sénégal. 

sen. 

Deligna. 

■  —           — 

son. 

Detah. 

Detarium  senegalense. 

O. 

Diabbe. 

Acacia  arabica. 

K. 

Diabbe. 

—         — 

8. 

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UBIS  ALPHABÉTIQOB. 


m 


Diabé  (pluriel  de  Diammi). 

Diabi. 

Acacia  arabica. 

U 

Diahan. 

Fierocarpus  escuUntus. 

? 

Dialan  Kamban. 

Entada  africana. 

? 

Diami. 

Tamarindus  indica. 

T. 

Diammi  (pluriel  :  Diabé). 

—  '           — 

T. 

Diane. 

—             — 

T. 

Diegou. 

Pierocarpm  escukntus. 

? 

Dieli  Kamba. 

Bntada  africana. 

? 

Dimb. 

Cordyla      — 

O. 

Dimba. 

—           — 

O. 

Ditah. 

Detarium  senegalense» 

O. 

D*Khar. 

Tamarindus  indica. 

O. 

Dobole. 

Ormosia  laxifiora. 

T, 

Dougoura. 

Cordyla  africana. 

B. 

Dougouro. 

—            — 

Oa. 

Dougouto. 

—            — 

K. 

Douke. 

—            — 

T. 

Enokay. 

Parkia  biglobosa. 

D. 

Fâ. 

OrtMsia  laxifiora. 

S. 

Fancouhingui. 

.     ? 

BOUISOU. 

Fara-Fara. 

Bauhinia  reHculata. 

ton. 

Faro. 

—            — 

K. 

Farôba. 

Parkia  biglobosa. 

P. 

Feleriay. 

Lonchocarpm  formosianus. 

O. 

Fench. 

Acacia  SeyaL 

O. 

Forabero. 

—     altissima. 

peuhl. 

Foraberou. 

—           — 

peuW,. 

Fourmou. 

9 

? 

Fousente-farate. 

Erylkrina  ienegalensis. 

D. 

Gadiandj. 

Mimosa  asperata. 

T. 

Gaodi. 

Acacia  arabica. 

T. 

Gaoub. 

Acacia  arabica. 

T. 

Gaoud. 

—         — 

T. 

Gaoudi. 

—         — 

T. 

Ghighis. 

Bauhinia  reticulata. 

O. 

Gnélj. 

Detarium  senegalense. 

0. 

Goguêl. 

Bauhinia  reticulata. 

f. 

Goli. 

Prosopis  obUmga. 

e. 

Gonakie. 

Acacia  arabica. 

Q 

(dM  bords  du  Sénégal) 

Goni. 

Pterocarpus  erinaceus. 

9' 

Gononi. 

Vimosa  asperata. 

B. 

Goué. 

Pterocarpus  erinaceus. 

B. 

Gouen. 

—              — 

Oft. 

Guele. 

M. 

Guelen. 

Prosopis  oblonga. 

M. 



— 

Oa. 

__ 

_             — 

K. 

__ 

...             — 

B. 

Gueno. 

Pterocarpus  erinaceus. 

¥• 

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11^2 


EM.    PBRROT   ET  G.    GÉRARD. 


Guenb. 

Pterocarpus  erinacetu. 

K. 

Guerackiao. 

Mimosa  asperata. 

O. 

Guese-bine. 

Acacia  Sieberiana, 

8. 

Guese-bini. 

—     Sénégal. 

8. 

Guese-coule. 

—     SeyaL 

8. 

Guire. 

Prosopis  oblonga. 

T. 

Hak. 

Acaria  albida. 

f. 

Handiar. 

Lonchocarpui  formofianus. 

O. 

Hamout. 

Daniella  tkurifera. 

T. 

Hol. 

Dttarium  seneyaUnse. 

0. 

Holi. 

—               — 

0. 

Hom. 

—               — 

f. 

Houlle. 

Parkia  biglobosa. 

0. 

Houndieul. 

Erythrina  ienegalensis. 

o. 

Ir. 

Prosopis  oblonga. 

0. 

Jadié. 

Acacia  tortilis  H. 

B. 

Kada. 

—      albida. 

O. 

Kadd. 

—          _ 

0. 

Kade. 

—          — 

O. 

Kaki. 

Copaifera  copallina. 

? 

Kara. 

Tamarindus  indica. 

f. 

KarboD. 

Acacia  tortilis  H. 

P. 

Kared. 

Tamarindus  indica. 

Kaseit. 

Cassia  Sieberiana. 

DioU. 

Kassane. 

Acacia  albida. 

son. 

Kennwood. 

—     tortilis  H. 

Acou 

Kharallé. 

Tamarindus  indica. 

8. 

Ko-flna. 

M. 

Koki. 

Prosopis  oblonga. 

T. 

Kololo. 

Acacia  Sieberiana. 

M. 

KoQcodie. 

Detarium  microcarpum. 

T. 

Ko-nere. 

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Kongh'oli. 

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Korombine. 

Prosopis  oblonga. 

8 

Ko-sau. 

? 

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Kougnie  sad. 

Acacia  albida. 

8. 

Kougne-son. 

__        — 

8. 

Koulou-Koulou. 

Ormosia  laxiflora. 

M. 

—           — 

—           — 

B. 

K. 
Oa. 

Koungecelegou. 

Acacia  Sieberiana. 

Lerou. 

Erythrina  senegalensis. 

M. 

Maye. 

Mimosa  asperata. 

0. 

M'Barquehi. 

Bauhinia  reticulata. 

T. 

Mbaylo. 

Lonchocarpus  formosianus. 

O. 

M^bembé. 

—            senegalensis. 

? 

M'Bilor. 

Herminiera  elaphroxylon. 

O. 

M'bombay. 

Lonchocarpus  formosianus. 

sar. 

M'Gouin. 

Pterocarpus  erinaceus. 

m. 

Missa  amandan. 

? 

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TABLE   ALPHABÉTIQUE. 

IS 

Mpenah. 

Acacia  SeyaL 

son. 

Mpenah. 

—       — 

O. 

Namare. 

Bauhinia  rufescens. 

T. 

Namari. 

—           — 

T. 

N'daba-coumba. 

Detarium  senegalense. 

B. 

NMali. 

—               — 

ser. 

N  diander. 

Mimosa  asperata. 

O. 

N'doli. 

Detarium  senegalense. 

T. 

N  domb. 

Acacia  SeyaL 

ser. 

N  douk. 

Detarium  senegalense. 

O. 

NMoy. 

__             — 

ser. 

Neb-neb. 

Acacia  arabica. 

O. 

Nep-nep. 

—          — 

f. 

—    — 

—          — 

ser. 

Nere. 

Parkia  biglobosa. 

n. 
B. 

Nere. 

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m. 

— 

—         — 

Oa. 

Neri. 

—          — 

BOUSSOU. 

Nele. 

—          — 

T.  S.K.  M 

Neteguy. 

Acacia  rubra  Lecard. 

0. 

Nette. 

Parkia  biglobosa. 

B. 

Ngarap. 

Acacia  ataxacantha  D.  C. 

O. 

Ngayo. 

Bauhinia  reticulaia. 

ser. 

Nghas. 

Acacia  Sieberiana. 

ser. 

Ngobop. 

—      Sénégal. 

ser. 

— 

—      ataxacantha  D.  C. 

ser. 

N'gognen. 

Pterocarpus  ennaceus. 

8. 

Ngorokolok. 

Albizzia  anthelminthica. 

f. 

N'goula., 

Pterocarpus  erinaceus. 

Gabon. 

N'guiguis. 

Bauhinia  reticulata. 

O. 

Niama. 

—             — 

Oa. 

m. 

Noumou-guire. 

Prosopis  oblonga. 

B. 
Oa. 
B. 
O. 

Ouaki. 

Acacia  arabica. 

Ouankare. 

Cordyla  af ricana. 

S. 

Ouassa. 

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Ouki. 

Acacia  Sénégal. 

f. 

Oulli. 

Parkia  biglobosa. 

0. 

Patouki. 

Acacia  Sénégal. 

T. 

Pek. 

-      SeyaL 

f. 

Pêk. 

—      Sieberiana, 

f. 

Rahn. 

Detarium  microcarpum. 

ser. 

Rand. 

Bauhinia  rufesceyis. 

O. 

Randa. 

—           — 

O. 

Sadie. 

Acacia  SeyaL 

B. 

— 

—     Sénégal. 

Oa. 

Saer. 

Albizzia  Lebbeck. 

Sahe. 

Acacia  SeyaL 

Oa. 

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154 


EM.    PERROT    ET   G.    GÉRARD. 


Sahe. 

Sahe-fin. 

Sahe-koyo. 

Sam  ban  n. 

Same. 

Sanan. 


Sanar. 

Sandandan. 

Santan. 

San  tangue. 

Saon. 

Sélé. 

Selen. 

Seligué. 

Sendiègne. 

Séou. 

Sesban. 

SiUle. 

SiOli. 

Simbach. 

Sindia. 

Sindian. 

Sindiangûe. 

Sindiègne. 

Sindin. 

Sing. 

Sing-sing. 

Singuia. 

Singuian. 


Sini. 

Sinthy. 

Sintj. 

Sinya. 

Sipignan. 

Sô. 

Sob. 

Solay. 

Son. 

Soûl. 

Sourour. 

Taba. 
Talha. 

Tamba. 


Acacia  Sénégal. 

M. 

—     Sénégal. 

K. 

—     SeyaL 

K. 

—     rubra  Lecard. 

aer. 

Albizzia  anthebmntica. 

Daniella  thurifera. 

K. 

—            — 

M. 

—           — 

Oa. 

—           — 

B. 

Acacia  Sieberiana, 

O. 

Daniella  thurifera. 

O. 

8. 
ser. 

Loncliocarpus  formosianus. 

Cassia  Sieberiana. 

O. 

Sesbania  aegyptiaca. 

O. 

Daniella  thurifera. 

•6B. 

Cassia  Sieberiana. 

O. 

Parkia  biglobosa. 

ser. 

Sesbania  aegyptiaca. 

français. 

Bauhinia  i^ufescens. 

B. 

_             — 

B. 

Ormosia  laxiflora. 

O. 

Cassia  Sieberiana. 

M. 

—          — 

B. 

—          — 

T. 

Cassia  Sieberiana. 

O. 

Sesbania  aegyptiaca. 

T. 

Acacia  Sieberiana. 

O. 

—              — 

K. 

Cassia            — 

B. 

—               — 

Oa. 

S. 

K. 

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— 

M. 

Sesbania  aegyptiaca. 

f. 

Dichrostachys  nutans. 

O. 

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O. 

Cassia  Sieberiana. 

nom  français. 

Acacia  albida. 

P. 

Berlinia  acuminata. 

O.T.  8.K.M 

B.  oa. 

Tamarindus  indica. 

S. 

Lonchocarpus  formosianus. 

O. 

Acacia  tortilis  H. 

Simba. 

—     Sieberiana. 

ser. 

—     tortilis  H. 

O. 

—     SeyaL 

O. 

Detarium  microcarpum. 

Oa. 

Acacia  tortilis  H. 

Ar. 

—     arabica. 

AT. 

Detarium  microcarpum. 

B. 

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TABLE    ALPHABÉTIQUE. 

Tamba. 

Detarium  microcarpum. 

S. 
M. 

n. 

Tangalanj. 

—      senegalense. 

Thiaski. 

Acacia  albida. 

T. 

Thidiaye. 

Cassia  Sieberiana. 

f. 

Tiaski. 

Acacia  albtda. 

T. 

Tombarou. 

Ormosia  laxiflora. 

K. 

Tombi. 

Tamarindus  indica. 

n. 
B. 
m. 

Tombigui. 

—              — 

K. 

Soussou. 

Tomi. 

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Oa. 

Tondo. 

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Toumbo  K'hari. 

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Toumbou  M'Gouin. 

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Trafi  din  tera. 

Acacia  ataxacantha  D.  C. 

P. 

Vekhe. 

Pterocarpus  ennaceus. 

O. 

Vén. 

—               — 

O. 

Vene. 

—               — 

O. 

Vine. 

—               

O. 

Verack. 

Acacia  Sénégal, 

O. 

Vereck. 

Acacia  Sénégal. 

O. 

Yafé. 

Bauhinia  reticuUUa, 

S. 

Yen-de-cousaye. 

Acacia  Sieberiann. 

K. 

Yîf. 

Parkia  biylobosa. 

n. 

Yiie. 

Prosopis  oblongn. 

O. 

Zadie. 

Acacii  Seyal. 

B. 

155 


761-01    —  Coulommiers.  Imp.  Paul  BRODARD.  —  7-0*7. 


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Bois  de  Légumineuses  africaines. 


1907.  PI.  VI. 


Evythrina  sene(]alenn<  OC. 
—  Coupe  transversale. 
G.  =  20. 


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Erytii.  senegalensis  DC. 
—  Coupe  long.  lang. 
G.  =  20. 


Evylh.  senpfjaleusis\)(\.  —  Coupe 
transversale.  (ï.  =  85. 


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Eryth.  .seiieyalensis  DC. 
—  Coupe  long,  radiale. 
G.  =  20. 


Delarium  senegalense  Gm* 
—  Coupe  long.  tang. 
G.  =  20. 

liÉRARD  phot. 


CARACTÈRES     MICROSCOPIQUES     DU     BOIS 


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Bois  de  Légumineuses  africaines. 


1907.  PI.  VII. 


Detarium  senegalen.se  Gm. 
■  Cnupc    trnn^vorsiile. 


Detarium  microcarpum  G. 
l'i  P.  —  Coupe  lang* 
tarig.  G.  —  M, 


Detarium  senegalense  Gin. 
—  Coupe  transversale. 
G.  =  30. 


Detarium  microcarpum  G. 
et  P.  —  Coupe  transver- 
sale. G.  =  30. 

GÉRA  nu  phot. 


CARACTÈRES     MICROSCOPIQUES     DU     BOIS 


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Bois  de  Lég-amineuses  africaines. 


1907.  PI.  VIII. 


Bauhinia  rufescens  Lam 
—  Coupe  transvers.ilr 
G.  =  20. 


Bauhinia  ru/escens  Lam. 
—    Coupe    long.    lang. 

K.  =  20. 


\  Bauhinia  rufescens  Lam. 
—  (ioupe  long.  lang. 
G.  =  85. 


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l)a niella  thurifera  J.  B. 
—  Coupe  long.  tang. 
G.  =  20. 


Dichrostachys  nutans  Benlh. 
—  Coupe  long.  lang. 
G.  =  20. 

GÉRARD  phot. 


CARACTÈRES    MICROSCOPIQUES     DU     BOIS 


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Bois  de  Légumineuses  africaines. 


1907.  PI.  IX. 


Acacia  altissima    Lecard. 
—     Coupe     transv. 


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ic.  allissima   Lecard.   — 
Coupe     longit.     tan  g. 


Acacia  arabica  Wild.  — 
Coupe  long,  tan  g. 
G.  =  20. 


Sirarlzia  madagascn rien- 
sis  Desv.  — Coupe  trans- 
versale. G.  =  20. 

GÉRAUD  phoL 


CARACTÈRES     MICROSCOPIQUES     DU     BOIS 


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Bois  de  Légumineuses  africaines. 


1907.  PI.  X. 


»JiM 


l*arkia  africana  H.  Br. 
—  Coupe  long,  tfing. 
U.    -  20. 


Prosopis  oblonya  Benlh. 
—  Coupe  long.  tang. 
G.  =  30. 


A,     ^icht'ftttini    £>,    C.    — 


Pnrkia  africana    11.     Br. 
—   Coupe  transversale. 


Acacia  Siebeinana  DC. 
--  Coupe  long.  tang. 
G.  =  20. 


GÉRARD  phot. 

CARACTÈRES     MICROSCOPIQUES     DU     BOIS 


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Générât  Libraiy 

Vaivcnity  of  CalUoriua 

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