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Full text of "Le territoire et la population de l'Ukraine; contribution géographique et statistique"

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Kordouba,  îfyron 

Le  territoire  et  la 
population  de  1* Ukraine 


D«  MyRON  KORDOUBA 


LE  TERRITOIRE 
ET  LA  POPULATION 

DE 

L'UKRAINE 


CONTRIBUTION  GÉOGRAPHIQUE 
ET  STATISTIQUE 


Q 


BERNE 

IMPRIMERIE  R.  SUTER  &  CIE 

1919 


D"  MVRON  KORDOUBA 


LE  TERRITOIRE 
ET  LA  POPULATION 

DE 

L'UKRAINE 


CONTRIBUTION  GÉOGRAPHIQUE 
ET  STATISTIQUE 


Q 


BERNE 

IMPRIMERIE  R.  SUTER  &  CIE 

1919 


Préface  des  Editeurs. 

Cette  contribution  géographique  et  statistique  du 
Dr  Myron  Kordouba  était  terminée  et  prête  à  être  im- 
primée, en  été  1917  déjà,  et  elle  fut  publiée  en  langue 
ukrainienne  pendant  la  première  moitié  de  1918. 

Le  but  du  présent  travail  vient  d'être  indiqué  dans  le 
titre,  il  se  propose  de  préciser  les  frontières  du  terri- 
toire national  ukrainien  comme  entité  en  elle-même, 
afin  d'avoir  une  base  pour  déterminer  les  frontières  po- 
litiques de  l'état  ukrainien. 

L'auteur  eut  à  lutter  contre  de  grosses  difficultés,  à 
cause  de  la  documentation  arriérée,  imprécise  et  ten- 
dencieuse  de  la  statistique  officielle.  Ainsi  le  recensement 
russe  de  1897,  qui  est  seul  à  fournir  les  matériaux  pour 
la  statistique  des  nationalités,  ne  contient  aucune  indi- 
cation statistique  concernant  de  petites  unités  adminis- 
tratives telles  que  des  districts.  L'auteur  ne  compte,  du 
reste,  comme  territoire  ethnographique  ukrainien  que 
les  districts  qui  ont  une  majorité  ukrainienne  absolue 
ou  relative.  De  cette  façon  il  exclut  des  frontières  ethno- 
graphiques des  territoires  importants  qui  font  partie  du 
tout  ukrainien. 

Cependant  les  frontières  ethnographiques  ne  peuvent 
pas  être  déterminatives  dans  la  délimination  des  fron- 
tières politiques  de  l'état,  encore  faut-il  tenir  compte 
aussi  des  facteurs  économiques  et  stratégiques. 

Si  nous  nous  plaçons  à  ce  point  de  vue  là,  les  fron- 
tières politiques  de  l'état  ukrainien  doivent  embrasser 
un  territoire  beaucoup  plus  vaste  que  celui  qui  est  dé- 
fini dans  le  présent  ouvrage  du  Dr  M.  Kordouba. 


Voici  un  exemple  :  tandis  que,  selon  Dr  M.  Kordouba, 
la  Crimée  n'est  nullement  englobée  dans  la  frontière 
ethnographique,  cette  presqu'île  ne  peut  point  exister 
politiquement  d'une  façon  indépendante.  Mais  elle  n'en 
est  pas  moins  d'une  importance  considérable  pour  l'état 
ukrainien,  car,  après  tout,  n'est-elle  pas  la  gardienne  de 
la  Mer-Noire?  De  plus,  la  population  ukrainienne  de  la 
Crimée  forme  avec  la  population  «russe»  les  50  %,  tan- 
dis que  Ise  Tatares  n'entrent  en  ligne  de  compte  que 
pour  31  %. 

Or  ont  peut  dire  la  même  chose  de  tout  le  Ciscaucase. 
Dans  les  deux  parties  principales  de  ce  territoire,  le  pays 
de  Kouban  et  le  gouvernement  de  Stavropil,  les  Ukrai- 
niens ont  sinon  la  majorité  absolue,  du  moins  la  majo- 
rité relative,  et  ce  territoire  forme  la  partie  organique  de 
l'unité  ukrainienne  ethnographique.  Le  pays  du  Terek  et 
le  gouvernement  de  la  Mer-Noire  sont  habités  par  diffé- 
rentes peuplades  du  Caucase  et  par  des  peuplades  imi- 
grées.  Dans  le  gouvernement  de  la  Mer-Noire  ce  sont  sur- 
tout les  Ukrainiens,  dans  le  pays  du  Terek  surtout  les  peu- 
plades indigènes  du  Caucase.  La  contrée  du  Terek  relie, 
comme  partie  inséparable  de  toute  la  Ciscaucasie,  le  ter- 
ritoire national  ukrainien  avec  la  Mer  Caspienne.  Cette 
contrée  devrait  donc  déjà,  pour  des  raisons  d'ordre  éco- 
nomique, être  incluse  dans  les  frontières  de  l'état  ukrai- 
nien. 


Le  territoire  ethnographique  de  l'Ukraine. 

De  tout  temps  des  essais  ont  été  tentés  en  vue  de  dé- 
terminer exactement  le  territoire  habité  par  le  peuple 
ukrainien  et  en  vue  de  fixer  exactement  le  nombre  des 
Ukrainiens. 

Cependant  tous  ces  essais  ne  pouvaient  pas  prétendre 
être  scientifiquement  exacts,  du  moins  pour  autant 
qu'il  s'agissait  de  l'Ukraine  russe,  car  les  dates  authen- 
tiques nécessaires  à  cet  effet  manquaient  complètement. 
La  carte  de  Rittich-Petermann,  éditée  dans  les  commu- 
nications géographiques  de  Petermann  1878,  la  carte  de 
Georges  Velylchko,  du  commencement  des  années  1890, 
et  d'autres  se  basent  sur  des  données  très  différentes  et 
très  inégales  dans  leur  valeur  et  ne  donnèrent  par  con- 
séquent pas  une  entière  garantie  pour  l'exactitude  des 
détails.  Seulement  le  premier  recensement  russe  qui  fut 
exécuté  le  28  janvier  1897  donna  des  indications  détail- 
lées sur  le  nombre  et  le  territoire  de  tous  les  peuples  de 
l'empire  russe,  donc  aussi  du  peuple  ukrainien.  Malheu- 
reusement ce  recensement  n'a  pas  été  répété  plus  tard  ; 
les  indications  de  l'année  1897  sont  donc  jusqu'à  ce  jour 
la  seule  source  officielle  qui  nous  reste  pour  traiter  les 
questions  des  présentes  pages. 

Cependant  nous  devons  nous  défendre  déjà  ici  contre 
la  supposition  que  nous  pourrions  envisager  ce  recense- 
ment dans  tous  ses  détails  cortime  un  évangile  impec- 
cable, ainsi  que  l'a  fait  K.  Fortounatov  dans  sa  brochure 
«Les  Colonies  nationales  de  la  Russie»  de  même  que 
quelques  autres  savants.  Les  recensements  officiels  des 
nationalités  ont  le  défaut  d'être  soumis  aux  influences  de 


la  politique  officielle.  Ils  fourniront  donc  toujours  des 
résultats  en  faveur  des  peuples  nationaux  et  en  défaveur 
des  peuples  qui  ne  sont  pas  nationaux.  Les  recensements 
qui  ont  lieu  tous  les  dix  ans  en  Galicie  et  en  Hongrie, 
sont  un  exemple  classique  d'une  falsification  officielle  de 
la  statistique  nationale.  Le  recensement  russe  de  1897 
est  en  comparaison  encore  très  exact.  Cependant  ce  re- 
censement, lui  aussi,  est  tourné  en  faveur  du  peuple 
gouvernant  (Russie  septentrionale)  ;  cela  a  déjà  été  dé- 
montré par  Roussov  dans  son  rapport  présenté  à  la  So- 
ciété économique  libre  en  1905,  et  dans  son  ouvrage 
«Quelques  observations  sur  le  territoire  et  la  popula- 
tion de  rUrkaine»  (Ukr.  Vistnik,  1906).  V.  Kosovy,  lui 
aussi,  Ta  démontré  dans  son  travail  «Les  Frontières  na- 
tionales et  territoriales  de  l'Ukraine»  (Lit.  Nauk.  Vistnyk, 
1907).  Nous  voulons  essayer  d'appuyer  leur  controverse 
par  quelques  données  que  nous  puiserons  précisément 
dans  ce  recensement. 

Gomme  nous  venons  de  le  dire,  le  recensement  na- 
tional de  1897  est  fait  d'une  façon  très  irrégulière  et  in- 
conséquente, suivant  l'habileté  et  l'exactitude  plus  ou 
moins  grandes  de  ceux  qui  ont  dirigé  le  recensement  ou 
selon  le  point  de  vue  auquel  l'autorité  locale,  soit  le  pré- 
sident du  comité  local  de  recensement,  l'Ispravnik,  se 
plaçait  pour  ce  qui  concerne  la  question  nationale. 

Ainsi  il  est  connu  que  dans  les  gouvernements 
ukrainiens  où  la  population  vit  depuis  l'antiquité  ou 
du  moins  depuis  quelques  siècles,  il  ne  peut  pas 
être  question  d'une  colonisation  par  les  Russes.  Le 
nombre  des  Russes  est  très  petit  ici.  C'est  un  élément 
qui  vient  et  qui  part,  qui  change  continuellement  :  dit- 
verses  catégories  de  fonctionnaires,  des  prêtres  avec 
leurs    familles,   police,   gendarmerie,    des  autorités  mili- 


taires,  divers  professionnels,  etc.  Et  même  parmi  ces 
gens-là  tous  ne  sont  pas  Russes.  Il  y  a  parmi  eux 
beaucoup  d'Ukrainiens  sédentaires.  Toutes  ces  classes 
font  ensemble  1—2  %  de  la  population  en  moyenne. 
Uniquement  dans  les  centres  politiques,  d'affaires  et  dans 
les  centres  industriels  comme  Kiev  ou  Kharkiv  nous  ren- 
controns les  Russes  en  nombre  assez  grand  aussi 
dans  les  autres  classes  de  la  population,  parmi  les  com- 
merçants, les  gens  de  métiers,  spécialistes,  etc.  C'est 
ainsi  que  dans  les  parties  de  l'empire  russe  où  nous  avons 
une  population  au  sentiment  national  très  développé, 
par  exemple  en  Pologne,  le  recensement  n'indique  que 
V2— 2  %  de  Russes.  Même  dans  un  centre  aussi 
important  que  Varsovie  le  nombre  de  la  population 
russe  n'atteint  pas  le  8  %.  Nous  observons  le 
même  fait  dans  les  vieux  gouvernements  de  l'Ukraine, 
dans  les  districts  où  le  recensement  national  a  été  exé- 
cuté en  toute  forme  et  conscience.  Ainsi  le  pourcen- 
tage des  Russes  obtenu  par  le  recensement  oscille 
dans  tous  les  districts  du  gouvernement  de  Kiev  (à  l'ex- 
ception du  district  de  Kiev  et  de  Berditchev)  entre  1,1  % 
(district  de  Lipovetz)  et  2,3  %  (district  de  Vassylkiv) 
dans  le  gouvernement  de  Poltava  (à  l'exception  des  dis- 
tricts de  Poltava,  Konstantinohorod  et  Krementchoug), 
le  pourcentage  oscille  dans  tous  les  districts  entre  0,6  % 
(districts  de  Hadiatch  et  Zinkiv)  et  1,5  %  (district  de 
Loubni).  Même  dans  le  gouvernement  de  Tchernyhiv, 
qui  confine  immédiatement  au  territoire  national 
russe  et  qui  tous  les  pays  de  l'Ukraine  a  été  le 
plus  longtemps  sous  la  domination  moscovite,  nous  trou- 
vons des  districts  avec  un  pourcentage  tout  aussi  mi- 
nime de  Russes,  ainsi  par  exemple  les  districts 
de  Borzna  et  de  Krolevetz  avec  chacun  0,7  %,  Kozeletz 


8 

1  %,  Sosnytzia  1,2  %,  Oster  1,8  %,  Nijyn  1,9  %  et  d'autres 
encore.  Par  contre  il  est  fort  douteux  et  improbable  que 
les  chiffres  du  recensement  mentionné  soient  exacts, 
pour  ce  qui  concerne  le  nombre  des  Russes  dans 
les  districts  de  Kholm  et  de  la  Volhynie  où  il  oscil- 
lerait entre  2—6  %,  dans  la  majeure  partie  du  gouverne- 
ment de  Podolie  où  il  oscillerait  entre  2—7  %,  dans  les 
districts  ukrainiens  du  gouvernement  de  Grodno  entre 
3 — 10  %,  d'autant  plus  que  ces  territoires  ont  été  plus 
tard  sous  la  domination  moscovite,  qu'ils  sont  très 
éloignés  de  la  frontière  ethnographique  grande-russe  et 
qu'ils  ne  se  trouvent  point  du  tout  dans  la  direction  de 
la  colonisation  russe.  Il  est  non  moins  probléma- 
tique d'où  proviendraient  dans  le  gouvernement  de  Pol- 
tava,  district  de  Konstantinohorod,  12  %,  et  dans  le  gou- 
vernement de  Kharkiv,  district  de  Zmiïv,  même  35  %  de 
Russes.  Le  territoire-frontière  entre  la  Russie  et 
l'Ukraine,  lui  aussi,  est  tout  à  fait  commenté  en 
défaveur  des  Ukrainiens.  Tandis  qu'en  général  nous 
observons  aux  frontières  ethnographiques  une  bande 
plus  ou  moins  large  de  population  mixte,  nous  rencon- 
trons dans  la  contrée  de  Tchernyhiv  une  frontière  extra- 
ordinairement  bien  délimitée  qui  coïncide  à  merveille 
avec  les  frontières  de  district  :  dans  le  voisinage  immé- 
diat du  district  de  Novhorad^iverskyi  avec  4  %  de 
Russes  nous  avons  le  district  de  Starodoub  avec 
93  %  de  population  russe,  puis,,  avoisinant  au  dis- 
trict de  Sosnytzia  avec  1  % ,  le  district  de  Novozybkiv  avec 
94,5  %  de  Russes.  Il  nous  faut  ausii  envisager 
comme  fort  exagéré  en  défaveur  des  Ukrainiens  le  pour- 
centage des  Russes  dans  les  gouvernements  cis- 
caucasiens  soit  la  Nouvelle-Russie,  quoique  nous  ne  con- 
testions  pas   que   la    colonisation    russe   se   faisse    sen- 


tir  aussi  là-bas.  Cette  exagération  peut-être  prouvée  par 
des  documents,  en  se  basant  sur  les  indications  concer- 
nant l'immigration  dans  les  contrées  mentionnées  et 
concernant  l'origine  des  colons  arrivant  des  divers  gou- 
vernements. Prenons,  par  exemple  le  gouvernement  de 
Stavropil  que  les  Russes  et  les  Ukrainien  n'ont  oc- 
cupé que  tout  nouvellement  dans  le  courant  du  XIXe 
siècle.  Le  recensement  de  1897  a  compté  dans  ce  gouver- 
nement 203,368  colons,  nés  en  dehors  des  frontières  du 
gouvernement,  donc  immigrés  (la  population  entière  est 
de  873,301  âmes).  199,391  arrivèrent  de  la  Russie  d'Eu- 
rope (la  Finlande  exceptée),  50,270  d'entre  eux  prove- 
nant de  gouvernements  purement  russes,  soit  25,2  %, 
88,078  de  gouvernements  ukrainiens,  Poltava  et  Kharkiv, 
à  eux  seuls,  fournirent  53,474  immigrés,  soit  44,2  %.  Com- 
ment peut-on  donc,  en  présence  de  pareils  faits,  ajouter 
foi  aux  indications  du  recensement  concernant  la  natio- 
nalité, quand  ce  recensement  compte  dans  le  gouverne- 
ment de  Stavropil  53  %  de  Russes  et  seulement  36,6  % 
d'Ukrainiens  ? 

Dans  les  villes  le  recensement  national  a  été  exécuté 
d'une  façon  encore  plus  tendencieuse.  Selon  les  résultats 
du  recensement  de  1897  les  Ukrainiens  n'auraient  la  ma- 
jorité dans  la  population  des  villes  que  dans  le  district 
de  Poltava  (57,2  %)  et  le  district  de  Kharkiv  (54,2  %).  Il 
est  difficile  de  saisir  pourquoi  dans  les  villes  podoliques 
il  n'y  aurait  que  30,7  %  et  dans  les  villes  de  la  Volhynie 
que  19,7  %  de  population  ukrainienne,  tandis  que  dans  le 
territoire  derTchernyhov  voisin  de  la  Moscovie,  où  se 
trouvent  pourtant  4  districts  non  ukrainiens,  nous  avons 
dans  les  villes  d'après  le  même  recensement  48,8  % 
d'Ukrainiens  contre  24,1  %  de  Russes.  Par  con- 
tre, dans  le  territoire  de  Katerinoslav  nous  n'avons  de 


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nouveau  que  27,4  %  d'Ukrainiens  et  même  41,8  %  de 
Russes,  presque  deux  fois  autant  que  dans  le  ter- 
ritoire de  Tchernyhiv.  Cette  anomalie-là  et  d'autres  en- 
core, démontrent  tout  à  fait  clairement  que  les  commis- 
sions de  recensement  n'ont  saisi  ou  n'ont  voulu  saisir 
qu'exceptionnellement  leur  tâche  comme  elles  devaient, 
et  qu'elles  étaient  en  général  sous  l'influence  de  l'auto- 
rité qui,  elle,  proclamait  qu'au  fond  la  nationalité  ukrai- 
nienne n'existait  pas,  qu'il  y  avait  uniquement  un  dia- 
lecte populaire  ukrainien.  Ainsi  les  commissions  inscri- 
vaient tous  les  intellectuels  ou  demi-intellectuels  comme 
«Rouski»,  qui  ensuite  furent  rangés  parmi  les  Rus- 
ses, lors  des  calculs  sommaires.  Il  est  aussi  possible  que 
maint  prolétaire  de  la  ville,  maint  intellectuel  ait  indiqué 
sa  nationalité  comme  étant  «ruska»,  pour  cause  de  man- 
que de  sentiment  national,  ou  pour  des  motifs  politiques. 
On  n'enregistrait  comme  Ukrainiens  que  les  citoyens 
des  petites  villes,  les  habitants  des  quartiers  extérieurs 
dans  les  villes  plus  grandes  et  naturellement  aussi  les  in- 
tellectuels pleinement  conscients  de  leur  nationalité 
ukrainienne,  et  qui  y  tenaient.  Nous  avons  des  preuves 
qu'il  en  était  effectivement  ainsi.  Prenons,  par  exemple 
la  statistique  des  professions.  Le  recensement  de  1897  dé- 
montre que  88  %  des  Ukrainiens  s'occupent  d'agriculture 
et  d'occupations  analogues,  tandis  que  la  proportion  des 
agriculteurs  dans  toute  la  Russie  ne  fait  que  75  %  (sans 
la  Finlande).  Aucun  peuple  d'Europe  et,  comme  il  sem- 
ble, aucun  peuple  du  monde  ne  montre  une  proportion 
aussi  forte  d'agriculteurs.  Si  l'on  ajoute  que  3,6  %  d'U- 
krainiens se  composent  d'ouvriers  et  de  domestiques, 
et  que  4,6  %  travaillent  les  matières  premières  pour  les 
articles  de  ménage  et  les  habillements,  il  en  résulte  que 
le  peuple  ukrainien  est  partagé  entre  ces  trois  catégories 


11 

de  professions  et  qu'il  n'a  presque  point  de  représentants 
dans  les  autres  professions.  Or,  il  n'en  est  certainement 
pas  ainsi  et  chacun  qui  est  au  courant  des  conditions  de 
l'Ukraine  le  sait.  On  n'arrive  à  ce  résultat  que  par  le  fait 
que  le  recensement  a  enregistré  tous  les  représentants 
des  professions  libérales  dans  la  rubrique  des  Rus- 
ses. Cela  ressort  encore  plus  clairement  de  la  statis- 
tique de  l'instruction.  S'il  fallait  se  baser  sur  les  indica- 
tions du  recensement  de  1897,  il  faudrait  envisager  les 
Ukrainiens  comme  le  peuple  le  plus  arriéré  au  point  de 
vue  de  l'instruction,  comme  un  peuple  tout  à  fait  gros- 
sier, bref  comme  un  élément  de  l'empire  russe  tout  à 
fait  rébarbatif  à  toute  culture.  Qu'il  n'en  est  pas  ainsi, 
cela  est  démontré  non  seulement  par  le  passé  historique 
du  peuple  ukrainien,  mais  aussi  précisément  par  les  in- 
dications de  ce  recensement  si  l'on  sait  les  considérer  à 
leur  juste  valeur.  Comparons  les  gouvernements 
purement  ukrainiens  avec  les  gouvernements  purement 
russes.  Dans  le  gouvernement  de  Poltava  la  pro- 
portion de  ceux  qui  savent  lire  et  écrire  est  de  16,9  %, 
dans  celui  de  Kharkiv  de  16,8  %,  cependant  par  exemple 
dans  le  gouvernement  d'Orlov  de  17,6  %,  dans  le  gouver- 
nement de  Pskov  même  seulement  de  14,6  %,  et  enfin 
dans  le  gouvernement  de  Smolensk  qui  est  partie  blanc- 
ruthène,  partie  russe,  de  17,3  %.  Nous  prenons  par 
exemple  le  gouvernement  de  Voronije  avec  sa  po- 
pulation ukraino-rus§e  mixte  (Russes  63,3  %,  Ukrai- 
niens 36,2  %),  et  nous  aurons  pour  les  deux  peu- 
ples un  pourcentage  égal  de  ceux  qui  savent  lire  et  écrire, 
savoir  16,3  %  ;  il  en  est  presque  de  même  pour  le  gou- 
vernement de  Tchcrnyhiv  où  le  recensement  national 
a  été  exécuté  plus  ou  moins  objectivement,  savoir  un 
pourcentage  total  de  ceux  qui  savent  lire  et  écrire,   de 


12 

18,2%,  dont  16,4%  d'Ukrainiens.  Mais  à  côté  des  indi- 
cations ci-dessus  le  recensement  de  1897  accuse  des  ré- 
sultats tout  à  fait  différents  dans  quelques  autres  gouver- 
nements. Dans  celui  de  Kiev  le  pourcentage  total  de  tous 
ceux  qui  savent  lire  et  écrire  figure  avec  18,1  %,  dont 
seulement  11,8  %  d'Ukrainiens  ;  dans  le  gouvernement 
de  Katerinoslav  ce  pourcentage  est  de  21,5  %,  dont  seule- 
ment 14,4  %*  ;  dans  celui  de  Klierson  25,9  % ,  dont  seule- 
ment 15,3  %,  etc.  Mais  la  différence  est  surtout  frappante 
en  Volhynie  où  sur  un  pourcentage  total  de  17,2  %  de 
personnes  sachant  lire  et  écrire  il  n'y  aurait  que  9,4  % 
d'Ukrainiens,  donc  seulement  un  peu  plus  de  la  moitié. 
Chose  curieuse,  c'est  surtout  dans  les  gouvernements 
où  le  nombre  des  Russes  est  démesurément  grand, 
comme  nous  venons  de  le  montrer,  que  nous  rencontrons 
des  différences  considérables  dans  les  indications  relatif- 
ves  à  ceux  qui  savent  lire  et  écrire.  Qu'est-ce  que  cela 
veut  dire  sinon  que,  lors  du  recensement,  on  a  compté 
tout  un  grand  nombre  d'intellectuels  ukrainiens  dans  la 
rubrique  des  Russes?  La  statistique  des  professions  et 
des  personnes  sachant  lire  et  écrire  démontre  l'inexac- 
titude du  recensement  national. 

Les  objections  ci-dessus  prouvent  que  le  nombre  to- 
tal des  Ukrainiens  dans  l'Empire  de  la  Russie,  d'a- 
près le  recensement  de  1897,  a  été  sensiblement  ré- 
duit en  faveur  de  l'élément  russe  dominant  et  qu'il  est, 
pour  cette  raison,  bien  inférieur  à  la  réalité.  Mais  nous 
n'en  serons  pas  moins  forcés,  en  passant  maintenant  à 
l'examen  consciencieux  du  territoire  colonisé  par  le 
peuple  ukrainien,  de  nous  baser  sur  le  recensement  en 
question,  pour  la  bonne  raison  qu'il  n'existe  pas  de  sour- 
ces générales  de  ce  genre.  D'autre  part,  il  n'est  pas  per- 
mis, dans  un  travail  scientifique  objectif,  de  généraliser 


13 

sur  la  base  d'observations  faites  dans  quelques  villages 
ou  dans  une  seule  région.  Ce  n'est  que  dans  certains  cas 
isolés  et  rares  où  des  indications  absolument  sûres  et 
authentiques  permettent  de  le  faire,  que  nous  apporte- 
rons les  corrections  nécessaires  fondées  sur  une  base 
réelle.  Une  autre  nécessité  inévitable  qui  s'explique  en 
partie  par  la  nature  du  matériel  dont  nous  disposons, 
nous  oblige  de  prendre  le  district  comme  base  pour  nos 
considérations  d'ordre  ethnographique.  Or  il  va  de  soi, 
que  le  «gouvernement»  ne  saurait  fournir  cette  base. 
D'une  part  un  gouvernement  est  un  district  administratif 
excessivement  étendu,  et  les  nombreux  gouvernements  à 
population  mixte  montrent,  d'autre  part,  que  les  fron- 
tières des  gouvernements  ne  coïncident  que  fort  rare- 
ment avec  les  frontières  ethnographiques.  Mais  même 
les  «districts»  sont  encore  bien  trop  grands  pour  pouvoir 
servir  de  base  ou  d'unité  sûre  pour  la  démarcation  du 
territoire  national,  car  il  n'y  a  que  trop  de  districts  dont 
la  population  est  tout  à  fait  bigarrée,  vu  que  les  fron- 
tières de  district  n'ont  pas  été  établies  d'après  des  prin- 
cipes ethnographiques.  Nous  ne  saurions  fixer  une  fron- 
tière ethnographique  parfaitement  exacte  et  correspon- 
dant à  la  réalité  que  si  nous  possédions  des  dates  rela- 
tives à  la  composition  nationale  des  différents  villages 
ou  du  moins  des  volostes  (communes  collectives).  Ce 
n'est  qu'à  défaut  de  telles  indications  et  forcés  par  la  né- 
cessité inévitable  dont  nous  venons  de  parler,  que  nous 
prenons  le  district  comme  point  de  départ.  Et  ce  n'est 
que  dans  des  cas  où  nous  disposons  d'un  matériel  sta- 
tistique tant  soit  peu  authentique  que  nous  essayerons 
d'établir  une  frontière  plus  exacte.  Nous  comptons,  à  ce 
propos,  comme  territoire  ukrainien  proprement  dit  tous 
les  districts  dans  lesquels  les  Ukrainiens  forment  la  ma- 


14 

jorité  absolue  de  la  population  (c'est-à-dire  plus  de  50%) 
ou  dans  lesquels  aucune  nation  n'atteint  la  majorité  ab- 
solue mais  où  la  population  ukrainienne  atteint,  parmi 
toutes  les  nationalités,  au  moins  la  majorité  relative. 

Nous  commençons  l'étude  ou,  si  l'on  veut,  l'examen 
des  frontières  du  territoire  ukrainien  proprement  dit 
dans  le  nord-ouest.  Là  les  Blanc-Ruthènes  sont  les  voi- 
sins des  Ukrainiens.  Il  est  assez  difficile  d'établir  exacte- 
ment la  frontière  entre  l'élément  ukrainien  et  l'élément 
de  la  Ruthénie-Blanche,  car  il  se  trouve,  dans  le  district- 
frontière,  des  dialects  intermédiaires  que  les  savants  con- 
sidèrent tantôt  comme  ukrainiens  tantôt  comme  subdi- 
vision de  la  langue  de  la  Ruthénie-Blanche.  Le  recense- 
ment de  1897  démontre  que,  dans  le  gouvernement  de 
Grodno,  les  Ukrainiens  forment  la  majorité  absolue  de 
la  population  des  deux  districts  de  Berestie  et  de  Kobryn, 
qui  se  trouvent  le  plus  au  sud.  Au  troisième  district,  ce- 
lui de  Bilsk,  les  Ukrainiens  ne  formeraient  que  le  39,1  % 
(dans  les  villages  le  42  %)  de  la  population,  mais  ils  pos- 
sèdent ici  la  majorité  relative.  Rittich-Petermann  et  Ve- 
lytchko  ajoutent  au  territoire  de  l'Ukraine  aussi  le  dis- 
trict de  Proujany,  mais  d'après  les  dates  du  recensement 
il  s'agirait  là  d'une  enclave  de  la  Ruthénie-Blanche 
(75,5  %  de  Blanc-Ruthènes  et  seulement  6,7  %  d'Ukrai- 
niens). L'atlas  publié  par  le  commandement  allemand 
«Ost»  pour  illustrer  les  conditions  ethnographiques  dans 
la  Russie  occidentale  («Vôlkerverteilung  in  Westruss- 
land»,  2me  édition,  Hambourg,  L.  Friedrichsen  &  Cie., 
1917)  compte,  sur  le  tableau  d'ensemble,  le  district  de 
Proujany,  parmi  les  districts  de  l'Ukraine,  sur  les  cartes 
spéciales  par  contre,  parmi  ceux  de  la  Ruchénie-Blanche. 
Il  s'agit  ici  sans  aucun  doute  de  la  question  de  savoir  si  le 
dialecte  intermédiaire  du  district  de  Proujany  présente 


15 

plus  de  traits  communs  avec  l'ukrainien  ou  avec  la  lan- 
gue de  la  Ruthénie-Blanche.  Aussi  longtemps  que  cette 
question  préliminaire  n'est  pas  décidée,  on  n'a  aucune 
raison  pour  rejeter  ou  modifier  les  dates  du  recensement. 
On  établira  donc  comme  suit,  dans  le  gouvernement  de 
Grodno,  la  frontière  ethnographique  du  territoire  ukrai- 
nien :  en  amont  de  la  Narva  de  Souraje  jusqu'à  la  lisière 
de  la  forêt  vierge  de  Biélovieje,  puis  le  long  des  lisières 
ouest  et  sud  de  cette  forêt  jusqu'aux  sources  de  la  Lisna, 
un  affluent  droit  du  Bouh,  de  là  au  sud  jusqu'à  la  petite 
rivière  appelée  Mouchavetz  à  l'ouest  de  Kobryn,  en  fin  à 
l'est,  dans  une  courbe  vers  le  nord,  plus  ou  moins  le 
long  de  la  ligne  de  chemin  de  fer  Minsk-Berestie-Ly- 
tovske  jusqu'à  la  lasolda  et  de  là  en  aval  de  la  lasolda 
jusqu'à  la  frontière  du  gouvernement. 

Quant  au  gouvernement  de  Minsk,  le  recensement  of- 
ficiel ne  connaît  point  d'Ukrainiens,  c'est-à-dire  il  compte 
les  prétendus  Pyntchouks  comme  des  Blanc-Ruthènes.  Or 
une  telle  décision  des  membres  de  la  commission  statis- 
tique est  en  contradiction  avec  le  point  de  vue  de  la 
science  en  cette  matière.  Le  Pyntchouk  se  distingue  nette- 
ment du  Blanc^Ruthène  non  seulement  par  sa  constitu- 
tion physique  et  sa  langue,  mais  même  par  sa  manière 
de  s'habiller  ;  par  contre  il  ressemble  très  fortement  à  la 
population  du  district  volhynien  de  Policie.  Il  est  géné- 
ralement de  taille  moyenne,  carré  d'épaules  et  trapu. 
Il  a  la  figure  large,  ronde  et  les  pommettes  plus 
saillants  que  les  Blanc-Ruthènes,  ses  cheveux  sont  en  gé- 
néral plutôt  foncés.  Le  dialecte  des  Pyntchouks  appar- 
tient au  groupe  policien  de  l'ukrainien  et  se  distingue 
sensiblement  des  dialectes  blanc-ruthènes  voisins.  Il  ne 
connaît,  par  exemple,  pas  la  prononciation  blanc-ruthène 
d'un  certain  o  comme  a,  ce  qui  est  pourtant  un  trait  si 


16. 

caractéristique  du  blanc-uthène  ;  d'autre  part,  il  ne  con- 
naît que  dans  une  très  faible  mesure  le  c  et  le  dz,  et  en- 
core ces  deux  sons  ne  se  rencontrent  que  dans  les  vil- 
lages-frontières. Les  désinences  des  substantifs  et  des 
verbes  sont  tout  à  fait  ukrainiennes.  Pour  toutes  ces  rai- 
sons certains  connaisseurs  des  conditions  locales  comme 
Karskyi,  Sendriak  et  Dovnar-Zapolskyi  affirment  très 
positivement  que  les  Pyntchouks  sont  des  Ukrainiens  et 
non  point  des  Blanc-Ruthènes.  ^)  Cela  nous  autorise  donc 
pleinement  à  ajouter  au  territoire  ukrainien  tout  le  dis- 
trict de  Pinsk  et  le  secteur  sud  du  district  de  Mozyr.  En 
conséquence  la  frontière  du  territoire  ethnographique 
ukrainien  dans  le  gouvernement  de  Minsk  s*étend  de  la 
lasolda  dans  la  direction  nord-ouest  le  long  de  la  fron- 
tière ouest  du  gouvernement  jusqu'à  la  Chara  sur  le  lac 
Vygonovske,  passe  de  là,  près  de  Hancevitch,  à  la  petite 
rivière  appelée  Zna,  et  suit  la  rive  gauche  de  cette 
rivière  jusqu'à  son  embouchure  dans  le  Pripiat. 
Puis  elle  suit  le  Pripiat  vers  l'est  et  ne  quitte  plus  ce 
fleuve  jusqu'à  Mozyr.  Au-dessous  de  Mozyr  elle  tourne 
droit  au  sud  et  atteint  dans  le  nord-est  de  Ovroutch  la 
frontière  du  gouvernement  de  la  Volhynie.  Enfin,  tout  en 
suivant  la  frontière  du  gouvernement  de  Kiev,  elle  at- 
teint le  Dnipr,  un  peu  au-dessus  de  l'embouchure  du 
Pripiat  dans  le  Dnipr. 

Entre  l'embouchure  du  Pripiat  et  celle  du  Soje,  sur 
une  longueur  de  90  km  environ,  le  Dnipr  forme  la  fron- 
tière entre  la  Ruthénie-Blanche  et  l'Ukraine.  A  partir  du 
cours  inférieur   du  Soje   la  frontière   se  dirige  vers  l'est 

^)  Voir  <  Russie  >,  description  géographique  complète  de  notre 
patrie,  sous  la  rédaction  de  V.  P.  Semenov;  Vol.  IX:  Le  district  du 
Dnipr  supérieur  et  la  Ruthénie-Blanche,  Petrograd  1905,  p.  193—195, 
et  la  carte  annexée  :  Les  Peuplades  du  district  du  Dniepr  supérieur 
et  de  la  Ruthénie-Blanche. 


17 

et  coïncide  jusqu'aux  sources  du  Snov  avec  la  frontière 
administrative  entre  les  gouvernements  de  Mohyliv  et  de 
Tchernyliiv.  C'est  là  que  la  frontière  de  la  Ruthénie- 
Blanche  s'arrête  et  plus  à  l'est  ce  sont  les  Russes 
qui  deviennent  les  voisins  septentrionaux  des  Ukrainiens. 
Dans  le  territoire  de  Tchernyhiv  le  recensement  sépare 
les  quatre  districts  septentrionaux  de  Novozybkiv,  Sou- 
raje,  Mynsk  et  Starodoub  de  l'Ukraine  comme  n'appar- 
tenant pas  à  ce  pays.  Déjà  plus  haut,  lors  de  notre  examen 
critique  de  la  valeur  objective  du  recensement  de  1897, 
nous  avons  attiré  l'attention  sur  le  fait  qu'il  y  a  ici  une 
frontière  ethnographique  très  nette  séparant  deux  con- 
trées dont  l'une  (les  districts  de  Novozybkiv  et  de  Sta- 
rodoub) contient  94  %  de  Russes,  et  l'autre  (les 
districts  de  Sosnytzia  et  de  Novhorod-Siversky)  93  % 
d'Ukrainiens.  Ce  fait  saute  d'autant  plus  aux  yeux  qu'il 
n'y  a,  dans  cette  contrée,  point  de  frontières  géogra- 
phiques naturelles,  ni  un  fleuve  marécageux  comme  le 
Pripiat,  ni  des  montagnes  impraticables  qui  justifieraient 
une  démarcation  aussi  prononcée.  En  dehors  de  cela,  la 
colonisation  grande-russe  forme,  dans  le  district  de  No- 
vozybkiv, un  cône  étroit  faisant  saillie  vers  l'est  et  péné- 
trant profondément  dans  le  territoire  ukrainien  et  celui 
de  la  Ruthénie-Blanche,  le  district  de  Souraje  étant,  d'a- 
près le  recensement  blanc-ruthène.  Or,  des  cônes  de  ce 
genre  ont,  surtout  s'ils  se  trouvent  dans  une  plaine,  gé- 
néralement une  population  mixte.  Quant  au  district  de 
Starodoub,  on  y  trouve  environ  20,000  «Cosaques  petits- 
russiens»  que  le  recensement  a  comptés  parmi  les  Grands- 
Russes.  Mais  quoiqu'il  en  soit,  nous  sommes  forcés  d'ad- 
mettre, faute  d'autres  indications  positives,  que,  si  les 
Ukrainiens  habitant  ces  contrées  sont  assez  nom- 
breux, ils  n'en  constituent  pas  moins  la  minorité  de  la 

Kordouba  2 


18 

population.  Il  n'y  a  donc  aucune  raison  pour  incorporer 
ces  districts-là  dans  le  territoire  ukrainien  proprement 
dit.  C'est  pourquoi  nous  établissons  la  frontière  ethno- 
graphique comme  suit  :  elle  coïncide  d'aboi-d  avec  le 
cours  supérieur  du  Snov  en  allant  vers  l'est  jusqu'à  coude 
du  fleuve  au-dessous  de  Blesnia,  ensuite  elle  suit  l'af- 
fluent gauche  du  Snov  jusqu'au  village  de  Semenivka,  de 
là  elle  se  dirige  au  nord  dans  la  direction  du  village  de 
Kourkovytchi  et  puis  de  nouveau  à  l'est,  en  ligne  droite, 
jusqu'à  l'embouchure  du  fleuve  appelé  Soudova  dans  la 
Desna. 

A  l'est  de  la  Desna  la  frontière  ethnographique  entre 
l'Ukraine  et  la  Russie  suit  la  frontière  administra- 
tive, c'est-à-dire  politique  entre  les  gouvernements  de 
Tchernyhiv  et  d'Orel.  Quant  au  gouvernement  de 
Koursk,  le  recensement  indique  trois  districts  où  la  po- 
pulation ukrainienne  possède  la  majorité,  savoir  Poutyvl 
avec  52,5  %  (dans  les  villages  55,3  %),  Hraïvoron  avec 
58,8  %  (dans  les  villages  60,5  %)  et  Novo-Oskol  avec 
51  %  (dans  les  villages  55,6  %)  d'Ukrainiens.  Dans  le  dis- 
trict de  Souraje  les  Russes  (51,9  %)  et  les  Ukrai- 
niens (47,9  %)  sont  presque  au  même  nombre,  mais  dans 
trois  autres  districts  les  Ukrainiens  accusent  des  mino- 
rités considérables  :  Rylsk  31  %,  Korotcha  34,3  %  et  Bil- 
horod  21,2  %,  Ici  nous  rencontrons,  ce  que  nous  n'avons 
pas  trouvé  dans  la  partie  nord  du  gouvernement  de 
Tchernyhiv,  une  bande  assez  large  de  territoire  ukrai- 
no-russien  mixte  dans  laquelle  l'élément  ukrainien 
se  confond,  dans  la  direction  nord-est,  de  plus  en  plus 
avec  la  majorité  russe.  Et  c'est  justement  ici  que 
nous  possédons  le  moins  d'indications  relatives  à  la  na- 
tionalité par  villages  ou  du  moins  par  volostes  (commu- 
nes collectives).  Comme  nous  ne  voulons  pas  nous  per- 


19 

dre  en  hypothèses  *  dénuées  de  fondement,  comme  par 
exemple  V.  Kosovyi  (Liter.  Nauk.  Vistnyk  1907,  vol. 
XXXIX,  p.  330),  nous  sommes  obligés  de  faire  coïncider 
la  frontière  ethnographique  avec  les  frontières  contour- 
nées des  districts,  tout  en  nous  rendant  compte  que  cela 
ne  correspond  pas  parfaitement  aux  faits.  Ce  n'est  que 
pour  le  district  de  Soudja,  que  nous  quittons  ce  principe. 
Nous  considérons  donc  la  contrée  méridionale  sur  le 
Psiol  comme  faisant  partie  du  territoire  ukrainien 
proprement  dit,  en  nous  basant  entre  autres  sur  le  fait 
que  le  recensement  indique  pour  Soudja,  c'est-à-dire  le 
chef-lieu  de  district  lui-même,  deux  fois  autant  d'Ukrai- 
niens que  de  Russes.  La  frontière  ainsi  formée  va 
du  point  où  les  frontières  des  gouvernements  d'Orel, 
Tchernyhiv  et  Koursk  se  rencontrent,  au  nord  le  long  de 
la  ligne  de  chemin  de  fer  Hlouchiv-Vorojba  jusqu'à  la 
frontière  septentrionale  du  gouvernement  de  Kharkiv, 
tourne  ensuite,  avec  cette  frontière,  vers  l'est  et,  en  pas- 
sant au  nord  de  Soudja  et  du  cours  supérieur  du  Psiol, 
atteint  le  village  de  Dovhyi  Kolodiaz  ;  de  là  elle  revient, 
tout  en  décrivant  une  ligne  très  sinueuse  et  en  passant 
près  des  sources  de  la  Vorskla  et  de  la  Ouda,  jusqu'à  la 
frontière  du  gouvernement  de  Kharkiv,  exactement  au 
nord  de  Kharkiv.  Ensuite  elle  coïncide  avec  la  frontière 
du  gouvernement  de  Kharkiv  et  passe  près  de  Vovtchansk 
pour  atteindre  la  frontière  du  gouvernement  de  Voro- 
nije.  Dans  cette  contrée  la  colonisation  russe  avait, 
encore  au  XVIIe  siècle,  pénétré  très  loin  dans  le 
sud  jusqu'à  ce  qu'elle  se  heurta  à  une  contre-colonisa- 
tion ukrainienne  fort  puissante  laquelle,  en  avançant  vers 
l'est,  lui  barra  le  chemin.  Bilhorod,  sur  le  cours  supé- 
rieur du  Donetz,  était  au  XVIIe  siècle  le  centre  des  «vil- 
les ukrainiennes»    de    l'Ukraine    moscovite    disséminées 


20 

dans  la  région  de  Sivsk  et  de  Rylsk  jusque  vers  Khar- 
kiv.  Aujourd'hui  encore  la  frontière  ethnographique 
russe  se  rapproche  ici  jusqu'à  40—50  km.  de  la 
capitale  de  l'Ukraine  qui  se  trouve  sur  la  rive  droite  du 
Donetz.  La  frontière  ethnographique  tourne  ensuite  d'a- 
bord à  l'ouest  puis  au  nord  et  s'étend  de  la  frontière  du 
gouvernement  de  Voronije  le  long  du  fleuve  de  la  Ko- 
rotcha  jusqu'à  la  source  de  ce  fleuve,  tourne  ensuite  de 
nouveau  à  l'est,  traverse  le  fleuve  appelé  Oskol  à  mi- 
chemin  entre  Vieux-Oskol  et  Nouveau-Oskol  et  atteint 
finalement  la  frontière  du  gouvernement  de  Voronije. 

Pour  ce  qui  est  de  ce  dernier  gouvernement,  le  recen- 
sement a  constaté  la  présence  de  près  d'un  million  d'U- 
krainiens (36,2  %).  Une  ligue  qui  relie  Stary  Oskol  à  No- 
vokhopersk  partage  le  gouvernement  en  deux  moitiés  à 
peu  près  égales  :  une  moitié  nord  où  il  n'y  a  presque 
point  d'Ukrainiens,  et  une  moitié  sud  ou  ceux-ci  sont  très 
nombreux  ou  forment  au  moins  des  minorités  considé- 
rables. Les  quatre  districts  méridionaux  accusent  une 
majorité  ukrainienne.  Cette  majorité  atteignant,  pour  le 
district  de  Ostrohojsk,  90,3  %,  et  pour  celui  de  Bohou- 
tchar,  81,8  %,  on  a  bien  le  droit  de  prétendre  que  ces  deux 
districts  sont  de  ceux  ou  l'élément  ukrainien  est  repré- 
senté sous  la  forme  la  plus  rure.  Le  district  de  Birutch 
accuse  un  pourcentage  d'Ukrainiens  s'élevant  à  70,2  %, 
et  celui  de  Valouïki  51,6  %,  Quant  à  ce  dernier  district, 
nous  devons  faire  remarquer  que  la  petite  majorité  de 
l'élément  ukrainien,  telle  qu'elle  est  démontrée  par  le  re- 
censement, paraît  suspecte,  car  le  district  de  Valouïki  oc- 
cupe la  partie  sud-ouest  du  gouvernement  qui  confine  à 
celui  de  Kharkiv  et  se  trouve  partout  entouré  de  districts 
où  le  pourcentage  des  Ukrainiens  varie  de  70  à  90  %. 
D'autrt  part,  nous  rencontrons,  dans  le  gouvernement  de 


21 

Voronije  un  district  avec  une  majorité  ukrainienne  con- 
sidérable, nous  entendons  le  district  de  Pavlivsk  (42  % 
d'Ukrainiens  contre  52,9  %  de  Russes)  ;  quant  au 
secteur  sud  de  ce  district  qui  pénètre  comme  un  cône  en- 
tre deux  districts  purement  ukrainiens,  savoir  ceux  de 
Ostrohojsk  et  de  Bohoutchar,  nous  le  considérons  sans 
autre  comme  faisant  partie  du  territoire  ukrainien  pro- 
prement dit.  La  frontière  ethnographique  s'étend  de  la 
frontière  du  gouvernement  de  Koursk  dans  la  direction 
de  l'est  en  longeant  la  ligne  de  partage  des  eaux  des  deux 
rivières  de  la  Potudana  et  de  la  Sasna,  tout  en  se  rap- 
prochant toujours  plus  de  cette  dernière,  atteint,  près  de 
Korotoïak,  le  Don,  suit  ce  fleuve  jusqu'à  Pavlovsk,  tourne 
ensuite  à  l'est  et  au  nord-est,  et  atteint  enfin,  en  longeant 
la  ligne  de  partage  des  eaux  de  l'Osereda  et  de  la  Pid- 
hirna,  des  affluents  gauches  du  Don,  les  frontières  du  dis- 
trict du  Don.  ^) 

Passons  à  présent  à  l'examen  de  la  frontière  est  du 
territoire  ukrainien  proprement  dit.  Les  avis  sur  la  com- 
position nationale  de  la  population  du  district  des  Cosa- 
ques du  Don,  tels  que  nous  les  rencontrons  dans  la  litté- 
rature, sont  très  partagés.  La  plupart  des  auteurs  estiment 
que  les  Ukrainiens  ont  la  majorité  ici.  Telle  est  aussi 
l'opinion  de  l'auteur  du  travail  «Donska  oblast»  contenue 
dans  le  lexique  encyclopédique  russe  (Brockhaus  et 
Efron,  éditeurs).  Le  recensement  de  1897,  par  contre, 
accuse  ici  un  pourcentage  de  66,8  %  de  Russes  et 
seulement  de  28,1  %  d'Ukrainiens.  Mais  ce  n'est  pas  tout. 
D'après  le  même  recensement  officiel  un  seul  parmi  tous 


')  Nous  sommes  forcés  de  faire  remarquer  que  les  cartes  de 
Rlttich-Petermann  et  la  carte  de  l'Ukraine  par  Velychko  n'indiquent 
pas  exactement  la  frontière  ukrainienne  ethnographique  aux  gou- 
vernements de  Koursk,  de  Voronije  et  dans  le  sud-est. 


22 

les  districts  du  territoire  du  Don,  celui  de  Tahanroh,  pré- 
sente une  majorité  ukrainienne  (61,7  %).  En  dehors  de 
cela,  nous  trouvons  des  minorités  ukrainiennes  de  quel- 
que importance  encore  dans  deux  districts  :  dans  celui  du 
Donetz  38,9  %  et  dans  le  district  de  Rostov  33,6  %.  Ce 
dernier  district  contient  une  très  faible  majorité 
russe  (53,7  %)  due  exclusivement  aux  villes  de  Rostov  et 
de  Nakhitchevan,  lesquelles,  à  elles  seules,  possèdent  en- 
semble presque  la  moitié  de  la  population  de  tout  le  dis- 
trict. Dans  les  villages  du  district  de  Rostov  les  Ukrai- 
niens font  le  52  %  de  la  population,  donc  la  majorité  ab- 
solue. Or,  on  sait  que  c'est  la  population  de  tout  le  dis- 
trict qui  est  décisive  pour  le  caractère  national  d'un  dis- 
trict quelconque,  et  non  seulement  celle  de  la  capitale, 
car  à  la  longue  la  ville  ne  pourra  pas  se  soustraire  à  l'in- 
fluence de  ses  environs,  bien  au  contraire,  au  fur  et  à 
mesure  que  le  système  politique  change,  la  ville  chan- 
gera aussi  d'aspect  au  point  de  vue  national  et  s'adap- 
tera à  son  milieu.  Il  suffit,  par  exemple  de  penser  à  Pra- 
gue. Cette  ville  est  devenue,  en  peu  de  temps  relative- 
ment, un  centre  purement  tchèque,  après  avoir  été  une 
ville  en  majorité  allemande.  C'est  précisément  cette  con- 
sidération qui  nous  donne  le  droit  de  regarder  le  district 
de  Rostov  comme  une  partie  du  territoire  ukrainien  pro- 
prement dit.  Pour  ce  qui  concerne  le  district  du  Donetz, 
nous  devrons  l'éliminer  pour  le  moment  de  nos  considé- 
rations aussi  longtemps  que  nous  ne  posséderons  point 
d'indications  objectives  de  nature  à  renverser  la  statisti- 
que officielle  ou  qui  indiqueraient  au  moins  dans  quel- 
les parties  du  district  les  Ukrainiens  habitent  par  masses 
compactes.  Plusieurs  suppositions  émises,  à  ce  sujet  par 
différents  auteurs,  restent  pour  le  moment  de  simples 
suppositions.  En  partant  de  ce  point  de  vue  nous  traçons 


23 

la  frontière  est  du  territoire  ukrainien  ethnographique 
comme  suit  :  de  la  source  de  la  rivière  appelée  Pidhirna, 
un  affluent  gauche  du  Don,  vers  le  sud-ouest  et  ensuite 
vers  le  sud  le  long  des  frontières  est  des  gouvernements 
de  Voronije  et  Kharkiv,  ensuite  le  long  du  Donetz  jus- 
qu'à l'embouchure  de  la  Bila,  un  affluent  droit  du  Do- 
netz, puis  en  amont  de  la  Bila  jusqu'à  ses  sources,  de  là 
directement  vers  le  sud  jusqu'aux  sources  de  la  rivière 
appelée  Kripka  et  parallèlement  à  la  Kripka  jusqu'au 
Tuslov,  un  affluent  droit  du  Don  inférieur,  enfin  à  tra- 
vers le  Don  entre  Nakhitchevan  et  Aksaïsk  vers  le  sud- 
est  jusqu'au  fleuve  appelé  Kugu-Ieia,  au-dessus  de  Zou- 
bov  sur  la  frontière  du  district  de  Kouban. 

Cette  frontière  orientale  du  territoire  ukrainien  pro- 
prement dit  n'est  pas  du  tout  identique  avec  la  frontière 
de  la  diffusion  de  l'élément  ukrainien.  La  colonisation 
ukrainienne  avance  encore,  à  l'heure  qu'il  est,  irrésisti- 
blement, de  plus  en  plus,  vers  l'est  et  envahit  continuelle- 
ment de  nombreux  districts.  Nous  avons  mentionné  plus 
haut  que  le  district  du  Donetz  du  territoire  du  Don  qui 
confine  au  gouvernement  de  Kharkiv  a  accusé,  lors  du 
recensement  de  1897,  un  pourcentage  de  38,9  %  d'Ukrai- 
niens. Or,  les  Ukrainiens  envahissent  ce  territoire  par  le 
même  chemin  qu'ils  ont  déjà  choisi  précédemment  pour 
coloniser  ces  contrées  du  Don  moyen  colonisées  autre- 
fois par  les  Russes  ;  une  partie  des  colons  s'éta- 
blirent dans  le  territoire  desCosaques  du  Don,  en  augmen- 
tant continuellement  leur  pourcentage  parmi  ces  Cosa- 
ques, mais  la  grande  masse,  le  gros  desenvahisseurs,  passe 
outre.  C'est  ici  que  le  chemin  de  la  colonisation  ukrai- 
nienne dans  l'est  se  scinde.  L'une  des  deux  branches 
passe,  en  se  dirigeant  vers  le  sud-est,  par  les  districts  de 
Novokhopersk  (6,8  %  d'Ukrainiens)  et  de  Ust-Medvedetzk 


24 

(10,6  %  d'Ukrainiens)  du  territoire  du  Don,  pour  attein- 
dre finalement  le  Volga,  les  gouvernements  de  Saratov 
et  de  Samara.  Les  quatre  districts  sud  du  gouvernement 
de  Saratov  ont  accusé,  déjà  en  1897,  un  pourcentage  con- 
sidérable de  population  ukrainienne  :  Kamychin  15,1  % 
(Russes  44,4  %),  Atkarsk  13,4  %,  Balachovsk  13,2%, 
Tzaritzin  8  %,  Dans  le  dsitrict  de  Novouzensk  qui 
occupe  le  secteur  sud  du  gouvernement  de  Samara,  il  y 
avait,  en  1897,  17  %  d'Ukrainiens  contre  39,9  %  de 
Russes.  Puis  la  colonisation  ukrainienne  s'étend  sur  les 
gouvernements  d'Orenbourg  (district  d'Orenbourg  5,4%, 
district  d'Orsk  4,3  %  d'Ukrainiens)  et  Tomsk  (5,2  %,  dans 
plusieurs  districts  jusqu'à  8  %  d'Ukrainiens)  jusqu'aux 
parages  de  l'Océan  Pacifique  où  l'Ukraine  sibérienne  est 
en  train  de  naître.  Dans  le  district  de  l'Amour  du  pays 
de  l'Amour  le  recensement  accuse  la  présence  de  17,5  % 
et  dans  le  pays  de  l'Oussouri  méridional  de  25,2  % 
d'Ukrainiens  (contre  33,8  %  de  Russes).  La  seconde 
brancbe  de  la  colonisation  ukrainienne  va  vers  le  sud- 
est  et  passe  par  les  districts  de  Tcherkask  (18,9  %  d'Ukrai- 
niens) et  de  Salsk  (29,3  %  d'Ukrainiens,  32,6  %  de 
Russes)  du  territoire  du  Don,  d'une  part  dans  la 
Giscaucasie,  d'autre  part,  par  les  contrées  du  Volga  in- 
férieur, dans  l'Asie  centrale.  Trois  districts  du  gouverne- 
ment d'Astrachan  accusent  un  pourcentage  considérable 
d'Ukrainiens  :  Tehornoïarsk  40,8  %,  Tzarev  38,2  %,  Ye- 
notaïvsk  18  %.  Dans  les  territoires  d'Akmolinsk  et  de 
Semiritchen&k  le  pourcentage  de  la  colonisation  ukrai- 
nienne égale  presque  celui  des  Russes,  dans  les 
districts  de  Tchimkent  et  de  Avlistensk  du  pays  du  Sir 
Daria  il  le  dépasse  même.  Dans  tous  ces  territoires  (ex- 
cepté la  Giscaucasie,  ont  habité,  en  1897,  au  delà  des  fron- 


25 

tières  ethnographiques  de  l'Ukraine  proprement  dite,  en- 
ATiron  1,100,000  Ukrainiens. 

Le  territoire  de  la  colonisation  ciscaucasienne  appar- 
tient en  grande  partie  au  territoire  ukrainien  proprement 
dit  et  communique  avec  celui-ci  directement,  au  point 
de  vue  territorial,  par  les  districts  de  Rostov  et  de  Tahan- 
roh  de  la  contrée  du  Don.  Quant  au  pays  de  Kouban,  le 
recensement  de  1897  donne  aux  Ukrainiens  la  majorité 
relative  :  47,4  %  de  la  population  entière  contre  42,6  %  de 
Russes  et  10  %  d'autres  petits  peuples.  Avec  tout 
cela  le  territoire  est  réparti  entre  les  Ukrainiens  et  les 
Russes  de  telle  sorte  que  les  premiers  colonisent 
d'une  manière  très  intense  le  nord  du  pays  de  Kouban, 
tandis  que  les  Russes  ont  la  prépondérance  dans 
le  sud.  Trois  districts  accusent  une  majorité  absolue  de 
l'élément  ukrainien  :  ce  sont  Tamansk,  ci-devant  Tem- 
ruk,  avec  75,2  %  (dans  les  villages  79  %),  Yeisk  avec 
74  %  (dans  les  villages  81  %)  et  Katerynodar  avec  51,8  % 
(dans  les  villages  57  %).  Le  district  de  Kavkask  qui  se 
trouve  juste  au  milieu  de  ces  deux  derniers,  aurait  eu, 
d'après  le  recensement  de  1897,  une  majorité  russe  : 
51,8  %  de  Russes  et  45,8  %  (dans  les  villages)  d'Ukrai- 
niens. 

Nous  avons  démontré  déjà  au  début  que  le  recense- 
ment russe  officiel  des  différentes  nationalités  a  été,  sur- 
tout en  Ciscaucasie,  fait  d'une  manière  très  partiale  en 
faveur  de  l'élément  grand-russe.  La  colonisation  ukrai- 
nienne existe  ici  depuis  plus  longtemps  que  celle  des 
Russes  ;  nous  citons  comme  preuve  (à  côté  des 
témoignages  historiques  tels  que  l'établissement  des  Co- 
saques de  Zaporoh  et  d'autres)  le  fait  que  les  Ukrai- 
niens ont  colonisé  précisément  la  région  nord-ouest  qui 
est  bien  plus  fertile  et  se  prêle  mieux  à  l'agriculture  tan- 


2G 

dis  que  les  Russes  doivent  se  contenter  du  sol  plus 
maigre  des  montagnes.  Mais  même  en  nous  basant,  faute 
d'autres  dates  positives,  sur  les  chiffres  du  recensement, 
nous  ne  devons  pas  perdre  de  vue  que  la  colonisation 
n'est  pas  encore  terminée  ici,  que  bon  an  mal  an  de  nom- 
breux immigrés  affluent  de  toutes  parts  dans  ces  contrées 
et  que  le  tableau  ethnographique  des  différentes  contrées 
de  la  Ciscaucasie  doit  subir,  de  ce  chef,  de  grands  chan- 
gements au  courant  des  années.  L'étude  de  la  composi- 
tion actuelle  de  la  population  ciscaucasienne  ne  doit  donc 
pas  seulement  tenir  compte  de  l'augmentation  naturelle 
de  la  population,  mais  aussi  de  l'immigration.  Il  ne  suffit 
pas  d'établir  le  nombre  des  immigrants,  ce  qui  n'est  guère 
difficile,  mais  l'on  doit  chercher  aussi  à  établir  leurs  na- 
tionalités. Si  l'on  compare,  par  exemple,  dans  les  vieux 
gouvernements  ukrainiens  colonisés  depuis  longtemps, 
disons  en  Podolie  et  dans  le  gouvernement  de  Kiev  où 
l'émigration  et  l'immigration  se  contrebalancent  pour 
ainsi  dire,  les  résultats  du  recensement  de  1897  avec  ceux 
de  1914,  l'on  se  rendra  facilement  compte  que  l'augmen- 
tation varie,  pour  les  14  dernières  années,  entre  34,4  % 
et  34,7%.  La  moyenne  de  ces  pourcentages,  donc  34,5  %, 
représente  pour  nous  Faugmentation  naturelle  de  la  po- 
pulation dans  les  territoires  ukrainiens  due  à  l'excédant 
des  naissances  sur  les  décès.  Par  contre,  il  est  moins  fa- 
cile d'établir  la  nationalité  des  immigrants,  quoiqu'on 
puisse  le  faire  aussi,  et  même  assez  exactement.  Le  re- 
censement de  1897  montre  que,  par  exemple,  au  pays  de 
Kouban,  633,292  personnes  sur  1,918,881,  donc  un  tiers, 
étaient  nées  en  dehors  des  frontières  de  ce  territoire, 
c'est-à-dire  qu'elles  y  sont  venues  seulement  plus  tard.  Or 
on  peut,  à  l'aide  de  tableaux  spéciaux,  établir  d'où  ces  im- 
migrants sont  venus,  de  quels  gouvernements  et  de  quels 


27 

districts.  Nous  pouvons  trouver  ainsi  le  point  de  départ 
de  rimmigration  dans  le  pays  de  Kouban,  il  nous  est  pos- 
sible même  de  dire  que  les  immigrants  viennent  plus 
nombreux  ou  moins  nombreux  de  telle  contrée  ou  de 
telle  autre,  et  de  fixer  enfin  la  manière  dont  les  pourcen- 
tages des  immigrants  se  répartissent  sur  les  différents  gou- 
vernements et  districts.  Or,  comme  nous  connaissons 
d'autre  part  la  composition  nationale  de  la  population 
des  gouvernements  d'où  viennent  les  immigrants,  nous 
sommes  entièrement  en  droit  d'admettre  que  la  compo- 
sition des  immigrants  est  aussi  plus  ou  moins  la  même 
et  nous  pouvons  ainsi  établir  facilement  leur  nationalité. 
Or,  il  est  vrai,  que  nous  ne  saurions  faire  cela  sans  y  ap- 
porter en  même  temps  deux  corrections  consistant,  d'une 
part,  à  éliminer  les  juifs  qui  sont  exclus  de  l'immigra- 
tion dans  la  Ciscaucasie  et,  d'autre  part,  à  établir  sépa- 
rément le  pourcentage  des  villes.  Ceux  qui  immigrent  en 
Ciscaucasie  sont  pour  la  plupart  des  agriculteurs,  si  bien 
que  les  villes  ne  participent  que  dans  une  très  faible  me- 
sure à  ce  mouvement.  En  1897,  par  exemple,  la  popula- 
tion d'Odessa  a  fait  le  14,8  %  de  la  population  de  tout 
le  gouvernement  de  Kherson.  Cependant,  le  recensement 
accuse,  pour  le  pays  de  Kouban,  sur  11,639  immigrants 
venus  du  gouvernement  du  Kherson,  seulement  677,  c'est- 
à-dire  5,8  %  venus  d'Odessa  même,  pour  le  gouver- 
nement de  Stavropil,  sur  2788  habitants  du  gouvernement 
de  Kherson,  seulement  56  individus  ou  2  %  venus  de  la 
ville  même  d'Odessa.  Ce  fait  n'est  pas  sans  importance 
parce  que,  dans  les  gouvernements  ukrainiens  et  dans 
ceux  à  population  mélangée,  la  composition  ethnogra- 
phique des  villes  n'est  pas  la  même  que  celle  des  villages. 
En  faisant  tout  ce  calcul  très  compliqué,  nous  verrons 
que  parmi  ceux  qui  immigrent  dans  le  pays  de  Kouban 


28 

les  Ukrainiens  ont,  avec  50,4  %,  la  majorité  absolue,  tan- 
dis que  les  Russes  ne  participent  à  cette  immi- 
gration qu'avec  40  %.  Ainsi  Télément  ukrainien  augmente 
dans  le  pays  de  Kouban  d'année  en  année,  acquiert  la 
prépondérance,  bref,  ce  pays  est  de  plus  en  plus  ukrai- 
nisé,  pour  nous  servir  de  ce  terme.  Et  c'est  ainsi  que, 
dans  le  district  de  Kavkask,  le  pourcentage  des  Ukrai- 
niens a  augmenté,  en  17  ans,  de  1  %  (de  45,8  %  à  46  %), 
tandis  que  celui  des  Russes  a  diminué  de  2,4  % 
(de  51,8  %  à  49,4  %).  Les  Russes  n'y  forment  plus 
la  majorité  absolue  et  ne  dépassent  plus  les  Ukrainiens 
que  de  2,6  %,  En  prenant  encore  en  considération  que  le 
district  mentionné  est  entouré  de  territoire  purement 
ukrainiens,  qui  lui  envoient  aussi  leurs  émigrés  —  cette 
migration  intérieure  ne  ressort  pas  des  chiffres  du  recen- 
sement —  nous  sommes  pleinement  autorisés  à  le  con- 
sidérer déjà  maintenant  comme  un  territoire  avec  une 
majorité  ukrainienne  relative  et  absolue  et  de  l'ajouter 
au  territoire  ukrainien  ethnographique. 

Il  en  est  presque  de  même  pour  le  gouvernement 
de  Stavropil.  Le  recensement  de  1897  accuse  une  ma- 
jorité russe  pour  tout  ce  gouvernement  ;  c'est-à-dire 
55,3  %  et  seulement  36,6  %  d'Ukrainiens,  le  reste  se  ré- 
partit entre  différentes  peuplades  nomades  turco- 
tatares.  Une  majorité  ukrainienne,  très  faible,  s'est 
trouvée  dans  le  seul  district  de  Novorhrehorivsk 
(50,8  %),  dans  les  villages  54  %,  qui  fut  divisé,  en 
1900,  en  deux  districts  :  celui  de  Blahodarne  et  celui  de 
Praskovia  ;  le  nom  de  ce  dernier  fut  changé  en  1910  en 
Sviatohokhresta.  Dans  deux  autres  districts  les  Ukrainiens 
formaient  alors  une  minorité  considérable  :  dans  celui  de 
Medvijensk  dans  le  nord-ouest  45,5  %  (dans  les  villages 
48  %)  et  dans  celui  de  Oleksandrivsk  au  sud-ouest  38,3  % 


2& 

(dans  les  villages  40%).  Dans  le  premier,  il  y  eut  53,2%  de 
Russes,  dans  le  second  56,4  %.  L'augmentation  de 
la  population  se  monte,  pour  les  années  1897—1914  et 
pour  tout  le  gouvernement,  à  51  %,  c'est-à-dire  l'immigra- 
tion y  participe  avec  16,5  %.  Or,  si  nous  examinons  la 
composition  nationale  des  immigrants  de  la  manière 
illustrée  ci-dessus,  nous  trouvons  que,  parmi  les  immi- 
grants qui  s'établissent  au  gouvernement  de  Stavropil, 
les  Ukrainiens  font  le  49,5  %,  les  Russes  le  41,7  %. 
On  peut  donc  se  rendre  facilement  compte  que  la  pro- 
portion entre  la  population  ukrainienne  et  les  Russes  se 
modifie  continuellement  en  faveur  des  Ukrainiens. 

Il  ressort  de  ce  qui  précède  qu'il  devient  maintenant 
possible  d'établir  la  frontière  sud-est  du  territoire  ukrai- 
nien ethnographique  proprement  dit.  Elle  suit  la  rivière 
appelée  Kugu  Jeia  en  amont  jusqu'à  ses  sources,  passe 
de  là  dans  la  contrée  des  sources  du  Jahorlik  moyen,  se 
dirige  en  ligne  droite  vers  le  sud  jusqu'aux  sources  de  la 
Jeia,  et  en  passant  plus  loin  le  long  de  la  frontière  entre 
le  pays  de  Kouban  et  le  gouvernement  de  Stavropil  vers 
le  sud-est,  elle  traverse  la  rivière  appelée  Kalala,  un  af- 
fluent gauche  du  Jahorlik.  De  là  elle  tourne  vers  l'ouest, 
atteint  le  fleuve  du  Kouban  au-dessus  du  chef-lieu  de  dis- 
trict qui  s'appelle  Kavkask,  et  descend  le  Kouban  jus- 
qu'à l'embouchure  de  la  Bila,  son  affluent  gauche.  En- 
suite elle  va  de  nouveau  vers  le  sud,  longe  les  deux  fleu- 
ves de  la  Bila  et  de  la  Pchicha  jusqu'à  la  grande  crête 
du  Caucase  occidental,  c'est-à-dire  jusqu'à  la  frontière 
entre  le  pays  de  Kouban  et  le  gouvernement  de  la  Mer- 
Noire.  C'est  sur  cette  crête  et  sur  cette  frontière  qu'elle 
retourne  vers  le  nord-ouest  pour  atteindre  enfin  la 
mer  à  l'ouest  de  Novorossiisk.  Environ  120  km.  à  Test 
de  la  partie  ukrainienne  du  pays  de  Kouban  on  rencontre 


30 

une  grande  enclave  ukrainienne  ethnographique  com- 
prenant deux  districts  du  gouvernement  de  Stavropil, 
c'est-à-dire  Blahodarne  et  Sviatohokhresta,  couvrant  une 
superficie  de  presque  17,400  km.  carrés.  Cette  enclave 
est  séparée  du  territoire  ukrainien  proprement  dit  par  le 
district  de  Labinsk  du  pays  de  Kouban  ainsi  que  par  les 
districts  de  Stavropil  et  de  Medvijensk  du  gouvernement 
de  Stavropil,  dans  lesquels,  d'après  le  recensement  de 
1897,  les  Ukrainiens  forment  la  minorité  de  la  popula- 
tion. Elle  s'étend  de  la  rivière  du  Kalaus  des  deux  côtés 
de  la  rivière  appelée  Bouivol,  un  affluent  gauche  de  la 
Kouma  jusqu'au-delà  de  Kouma. 

A  côté  de  cela  les  Ukrainiens  se  sont  établis 
plus  ou  moins  nombreux  dans  d'autres  parties 
du  territoire  du  Caucase.  Ils  sont  le  plus  nombreux 
dans  les  districts  du  pays  de  Kouban  confinant  à  des 
districts  ukrainiens  purs,  et  dans  ceux  du  gouvernement 
de  Stavropil  :  dans  le  pays  de  Kouban  ce  sont  les  districts 
de  Maikop  (33,3  %  contre  58,2  %  de  Russes),  de 
Baltapachynsk  (27,1  %  contre  42,3  %  de  Russes) 
et  de  Labinsk  avec  18,9%;  au  gouvernement  de  Stavropil 
ce  sont  les  districts  de  Medvijensk  (45,5%  contre  53,2% 
de  Russes),  celui  de  Oleksandrivsk  (38,3  %  contre 
56,4  %  de  Russes)  et  enfin  celui  de  Stavropil  avec 
10,3  %.  Dans  les  territoires  des  peuplades  nomades 
de  la  partie  est  du  gouvernement  de  Stavropil  le  recen- 
sement a  trouvé  5,5  %  d'Ukrainiens  et  6,3  %  de 
Russes.  Dans  le  Tchornomorie  (le  territoire  de  la  Mer- 
Noire)  il  y  a  16,1  %  d'Ukrainiens,  42,8  %  de  Rus- 
ses, les  Ukrainiens  sont  le  plus  nombreux  au  district  de 
Tuapsé  avec  24  %  contre  31  %  de  Russes,  Dans  le 
territoire  de  Terek  nous  rencontrons  une  colonisation 
ukrainienne  considérable  dans  le  district  de  Piatihorsk 


31 

(13,8  %).  La  Transcaucasie  contient  peu  d'Ukrainiens, 
ceux-ci  sont  le  plus  nombreux  dans  le  district  de  Karsk 
du  gouvernement  du  même  nom  :  2,5  %  contre  12,7  % 
de  Russes.  Il  y  a  eu  en  tout,  en  1897,  au-delà  des 
frontières  du  territoire  ukrainien  proprement  dit  (  y  com- 
pris l'enclave  ethnoigraphique  dans  le  gouvernement  de 
Stavropil),  dans  tout  le  territoire  du  Caucase  plus  de 
470,000  Ukrainiens. 

La  frontière  sud  du  territoire  ukrainien  proprement 
dit  comprend  les  abords  de  la  Mer  d'Azov  du  détroit  de 
Kertch  jusqu'à  l'isthme  de  Pérékop.  Des  huit  districts  du 
gouvernement  de  la  Tauride,  trois  seulement  accusent  une 
majorité  ukrainienne,  ce  sont  Berdiansk,  Dniprovsk  et 
Mélitopil.  Le  reste  de  la  péninsule  de  la  Grimée  elle- 
même  accuse,  d'après  le  recensen;ent  de  1897,  unique- 
ment des  minorités  ukrainiennes  de  différentes  gran- 
deurs dans  l'ensemble  de  la  population  russe-tatare. 
Deux  d'entre  eux  qui  sont  plus  rapprochés  de  la  terre 
ferme  présentent  tout  un  mélange  de  peuples  parmi  les- 
quels les  Ukrainiens  occupent  un  rang  assez  important  ; 
dans  le  district  d'Eupatoria  ils  l'emportent  sur  les 
Russes  (21,1  %  contre  17,8  %),  mais  la  majorité  relative 
appartient  aux  Tatares  (42,6  %)  ;  dans  le  district  de  Pé- 
rékop nous  trouvons  même  quatre  peuples  représen- 
tés assez  également  (Tatares  23,7  %,  Russes  23,2  %, 
Allemands  22,8  %  et  Ukrainiens  22  %),  il  est  vrai  qu'ici 
encore  les  Tatares  possèdent  une  majorité,  si  faible  soit- 
elle.  On  mettra,  par  conséquent,  la  frontière  ukrainienne 
ethnographique  à  travers  l'isthme  de  Pérékop,  tout  en 
laissant  ainsi  de  côté  65,000  Ukrainiens  criméens.  Puis 
c'est  la  Mer-Noire  qui  forme  la  frontière  plus  au  sud.  Ce- 
pendant, le  district  d'Odessa  du  gouvernement  de 
Kherson   accusait,   lors   du    recensement,    une   majorité 


32 

russe  relative  de  37,7  %  contre  21,9  %  d'Ukrainiens,  mais 
uniquement  grâce  à  l'influence  de  la  grande  ville  d'O- 
dessa, qui  renferme  les  deux  tiers  de  la  population  de 
tout  le  district  ;  dans  les  villages,  la  majorité  appartient 
aux  Ukrainiens.  Nous  sommes  donc  en  droit  de  l'ajouter 
au  territoire  ukrainien  comme  nous  l'avons  fait  déjà  avec 
le  district  de  Rostov  du  territoire  du  Don,  et  pour  les  mê- 
mes raisons,  du  reste.  Font  encore  partie  de  l'Ukraine 
ethnographique,  deux  districts  du  gouvernement  de  la 
Bessarabie  ;  l'un  dans  le  sud,  Akerman,  l'autre  dans 
le  nord,  Khotin.  Dans  le  district  d'Ackerman  où  nous  nous 
trouvons  en  présence  d'un  grand  mélange  de  nationali- 
tés, les  Ukrainiens  possèdent  la  majorité  relative  avec 
26,7  %  (à  côté  de  21,3  %  de  Bulgares,  16,4  %  de  Roumains, 
16,3  %  d'Allemands,  9,7  %  de  Russes  et  d'autres)  ; 
dans  le  district  de  Khotin  ils  possèdent  même  la  majorité 
absolue,  avec  53,3%.  En  dehors  de  cela,  nous  rencon- 
trons une  colonisation  ukrainienne  de  quelque  impor- 
tance dans  les  districts  d'Ismaïl  (19,6  %),  de  Soroka 
(16,3  %),  de  Bilce  (11,4  %)  et  de  Bendery  (10,8  %).  La 
frontière  de  l'Ukraine  ethnographique  s'étend  donc  le 
long  de  la  Mer-Noire  au-delà  du  Liman  du  Dnistr  jus- 
qu'à l'embouchure  de  la  rivière  de  l'Ikala,  de  là  en  ligne 
droite  vers  l'ouest  jusqu'à  l'extrémité  nord  du  lac  de  lal- 
poukh,  en  touchant  chemin  faisant  la  pointe  supérieure  des 
•acs  de  Punduk  et  de  Ritaï.  Après  s'être  dirigé  en  amont 
de  la  rivière  du  lalpoukh  environ25km.,  elle  tourne  vers  le 
nord-est,  d'abord  le  long  de  la  Lunga,  un  affluent  gauche 
du  lalpoukh,  puis  elle  traverse  le  fleuve  du  Kunduk  près 
de  la  colonie  allemande  de  Leipzig  et  atteint  le  Dniestr 
au-dessous  de  Tiraspil.  De  là  elle  suit  ce  fleuve  jusqu'au- 
delà  de  Mohyliv-Podolsky  et  passe  ensuite  près  de  la 
grande  gare  de  Oknitza  pour  atteindre  le  Pruth  près  de 


33 

Karpatch.  C'est  avec  le  Pruth  qu'elle  rejoint  la  frontière 
autrichienne  près  de  Novosselitza.  Au-delà  de  cette  fron- 
tière ukrainienne  ethnographique  il  y  eut,  en  1897, 
145,163  Ukrainiens. 

Près  de  Novosselitza  la  frontière  sud  du  territoire 
ukrainien  ethnographique  entre  dans  l'ancienne  monar- 
chie austro-hongroise.  L'étude  des  conditions  ethnogra- 
phiques de  r Autriche-Hongrie  est  facilitée  sensiblement 
par  le  fait  que  nous  disposons  ici  d'un  matériel  statisti- 
que relativement  riche.  La  statistique  ethnographique  est 
en  usage  ici  depuis  fort  longtemps  déjà  et  depuis  1880 
on  procède  ici  tous  les  dix  ans  à  un  recensement  officiel  ; 
les  publications  statistiques  offrent  des  indications  rela- 
tives à  la  composition  ethnographique  de  la  population 
non  seulement  d'après  des  districts  politiques  et  judiciai- 
res qui  sont,  à  leur  tour,  bien  moins  étendus  que  les  dis- 
tricts russes,  mais  aussi  par  communes,  voire  même  par 
parties  de  communes,  de  villages  et  de  hameaux.  C'est 
pour  cela  aussi  que  nous  pouvons  établir  des  frontières 
ethnographiques  tout  à  fait  exactes,  tout  en  tenant 
compte  de  toutes  les  enclaves  ukrainiennes  et  étrangères. 
D'autre  part,  il  faut  faire  remarquer  que  même  en  Au- 
triche-Hongrie, par  endroits  même  plus  fortement  qu'en 
Russie,  les  indications  ne  sont  pas  toujours  dignes  de  foi 
et  ne  reflètent  pas  partout  les  conditions  effectives.  De- 
puis que  la  lutte  des  nationalités  a  éclaté,  mais  surtout 
depuis  que  les  chiffres  des  populations  des  différentes 
nationalités  sont  devenus  des  arguments  décisifs  pour 
l'obtention  de  certains  droits  politiques  et  pour  la  réali- 
sation de  certains  progrès  de  la  civilisation,  les  recense- 
ments nationaux  ont  toujours  donné  lieu  à  des  agitations 
passionnées  et  à  des  falsifications  en  masse  des  résul- 
tats des  recensements.  L'exécution  de  recensement  est  le 

Kordouba  8 


34 

privilège  du  pouvoir  politique  et  il  ne  faut  donc  point 
s'étonner  de  voir  que  les  nationalités  dominantes  ont 
aussi  une  influence  décisive  sur  leurs  résultats.  Or, 
comme  le  peuple  ukrainien  ne  joue  pas  un  rôle  décisive 
en  Autriche-Hongrie,  le  nombre  de  ses  ressortissants  est 
de  plus  en  plus  réduit,  surtout  dans  ses  districts-frontière 
ethnographiques  et  dans  les  villes.  Bien  entendu  cela 
s'opère  seulement  d'une  manière  fictive  sur  le  papier  ; 
car,  en  réalité,  et  fort  heureusement  du  reste,  ni  la  po- 
lonisation,  ni  la  magyarisation  ni  encore  la  romanisation 
de  la  population  ukrainienne  n'avancent  aussi  rapide- 
ment que  les  dates  statistiques  pourraient  le  faire  suppo- 
ser. 

Examinons  la  chose  une  fois  de  plus  près  dans  la 
Boukovine.  Ici  il  est  possible,  dans  certains  cas  isolés,  de 
prouver  directement  les  falsifications,  surtout  quand 
elles  sont  aussi  manifestes  et  aussi  impertinentes  que, 
par  exemple,  dans  le  village  de  Tohahor,  district  de  Czer- 
novitz.  Le  recensement  de  1890  accuse,  sur  un  total  de 
2070  âmes,  1070  (51,7  %)  Ukrainiens  et  916  (43,6  %)  Rou- 
mains, et  le  recensement  de  1900,  sur  un  total  de  2328 
âmes,  1086  Ukrainiens  et  1099  Roumains,  donc  des  pro- 
portions à  peu  près  égales  ;  en  1910,  par  contre,  il  n'y 
avait,  sur  2496  âmes,  plus  que  786  (31,5  %)  Ukrainiens 
et  1540  (61,7  %)  Roumains.  Celui  qui  ne  connaît  pas  la 
chose  admettra  tout  droit  qu'au  cours  des  dernières  dé- 
cades Tchahor  a  été  le  théâtre  d'une  véritable  migration 
des  peuples,  d'une  émigration  en  masse  des  Ukrainiens 
et  d'une  formidable  immigration  roumaine.  Or,  comme 
nous  savons  exactement  ce  qui  en  est,  pour  nous  en  être 
rendu  compte  sur  place  même,  nous  pouvons  assurer 
qu'il  n'y  a  rien  eu  de  tout  cela,  que  la  même  population, 
voire  les  mêmes  familles  qui  y  habitaient  déjà  en  1890 


35 

et  en  1900,  y  ont  habité  encore  en  1910  et  qu'il  s'agit  tout 
simplement  d'une  falsification  de  la  part  de  la  commis- 
sion de  recensement  qui  n'a  pas  hésité  à  fausser  la  vé- 
rité. Le  contraste  est  encore  plus  frappant  dans  le  cas 
de  la  localité  appelée  Milechivtzi  dans  le  district  de  Ra- 
dautz  pour  laquelle  le  recensement  de  1890  a  enregistré 
1697  Ukrainiens  et  566  Roumains,  celui  de  1900  2246 
Ukrainiens  et  168  Roumains  et  celui  de  1910  enfin  457 
Ukrainiens  et  2096  Roumains.  C'est  dans  le  district  de 
Soutchav  que  la  commission  de  recensement  a  procédé 
le  plus  incorrectement.  Elle  n'a  pas  hésité  à  y  changer, 
d'un  seul  trait  de  plume,  toute  une  série  de  villages  pure- 
ment ukrainiens  en  villages  roumains.  Mereceii,  par 
exemple,  aurait  été  habité,  en  1890,  par  1452  Ukrainiens 
et  16  Roumains,  en  1900,  par  1500  Ukrainiens  et  6  Rou- 
mains, et,  en  1910,  enfin,  par  447  Ukrainiens  et  1217  Rou- 
mains ;  pour  Danila  nous  trouvons  :  1890  :  564  Ukrai- 
niens et  100  Roumains,  1900  :  543  Ukrainiens  et  290  Rou- 
mains, 1910  :  1  Ukrainien  et  866  Roumains.  Pour  Ipo- 
techti  :  1890  :  1491  Ukrainiens  et  10  Roumains,  1900  : 
1552  Ukrainiens  et  51  Roumains,  1910  :  143  Ukrainiens 
et  1637  Roumains,  etc.  Or,  il  est  naturellement  impossi- 
ble de  prendre  au  sérieux  les  indications  fournis  par  le 
recensement  de  1910  qui  sont  en  flagrante  contradiction 
avec  toutes  les  dates  précédentes  et  contraires  à  la  réa- 
lité et  nous  pouvons,  par  conséquent,  de  plein  droit,  ad- 
juger ces  villages  au  domaine  linguistique  ukrainien. 
D'autre  part,  il  n'est  possible  de  corriger  les  dates  des 
recensements  que  dans  les  cas  les  plus  graves.  Dans  des 
cas  moins  graves  il  est  difficile  de  distinguer  la  réalité 
de  la  falsification.  La  statistique  des  confessions  ne  sau- 
rait nous  aider  ici  à  corriger  les  erreurs  de  la  statistique 
nationale,  comme  par  exemple  en  Galicie,  parce  que  les 


36 

Ukrainiens  aussi  bien  que  les  Roumains  dans  la  Bouko- 
vine  appartiennent  à  la  même  église  grecque-orientale. 
C'est  pour  cela  aussi  que  nous  indiquons  dans  nos  ta- 
bleaux les  résultats  des  deux  derniers  recensements  et 
faisons  remarquer  encore  que  le  chiffre  des  Ukrainiens 
tel  qu'il  résulte  de  nos  calculs  doit  être  regardé  simple- 
ment comme  un  minimum  et  non  pas  comme  une 
réalité. 

Une  seconde  particularité  de  la  statistique  austro-hon- 
groise officielle  c'est  qu'elle  ne  reconnaît  pas  la  nationa- 
lité juive  et  qu'elle  répartit  par  conséquent  les  juifs  en- 
tre les  autres  nationalités  tout  en  donnant  la  préférence 
aux  plus  influentes.  Dans  la  Boukovine  les  juifs  sont 
comptés  parmi  les  Allemands.  En  1900  il  y  avait,  dans 
la  Boukovine,  93,015  juifs  ;  sur  ce  total  91,907  furent  en- 
registrés comme  des  Allemands,  491  comme  des  Ukrai- 
niens, 446  comme  des  Roumains  et  171  comme  des  Po- 
lonais. Lors  du  recensement  de  1910  les  nationalistes 
juifs  (les  zionistes)  demandèrent  que  les  juifs  fussent  re- 
connus comme  une  nationalité  juive  proprement  dite  et, 
quand  le  gouvernement  n'y  donna  pas  suite,  ils  commen-^ 
cèrent,  de  propos  délibéré,  à  s'enregistrer  comme  Ukrai- 
niens, Roumains,  Polonais,  ce  qui  a  fait  augmenter  légè- 
rement le  chiffre  des  juifs  non-allemands.  Sur  un  total 
de  100,071  Juifs  95,706  s'inscrivirent  alors  comme  Alle- 
mands, 2102  comme  Ukrainiens,  1086  comme  Roumains 
et  1187  comme  Polonais.  Nous  mettons  maintenant  les 
Juifs  à  part  et  nous  en  faisons  un  groupe  spécial  non  seu- 
lement pour  mettre  les  dates  statistiques  de  l'Autriche- 
Hongrie  sur  la  même  base  que  les  indications  de  la  sta- 
tistique russe,  mais  aussi  à  cause  de  la  nature  de  la 
chose  elle-même  et  pour  tenir  compte  de  la  réalité.  Pour 
la  même  raison  nous  excluons  les  Lipovaniens  de  la  ru- 


37 

brique  «Ukrainiens»  où  le  recensement  officiel  les  fait 
figurer  et  nous  les  adjugeons  à  celle  des  Grands-Russes, 
vu  qu'ils  possèdent  effectivement  cette  nationalité. 

La  composition  de  la  population  de  la  Boukovine,  au 
point  de  vue  ethnographique,  est  assez  bigarrée,  car  en 
dehors  des  peuples  déjà  mentionnés  nous  y  trouvons  en- 
core des  Allemands  et  des  Magyares  qui  sont  assez  mé- 
langés entre  eux.  Les  colonies  ukrainiennes  vont  jusqu'à 
Soutchava,  les  colonies  roumaines  jusque  devant  les  por- 
tes de  Czernovitz.  Les  unes  empiètent  sur  les  autres  et 
forment  ainsi  des  îles  ou  enclaves  ethnographiques.  La 
plus  grande  enclave  ukrainienne  est  située  sur  les  fron- 
tières des  districts  de  Radautz,  de  Sereth  et  de  Soutchava, 
et  n'étant  séparée  du  territoire  ukrainien  proprement  dit 
que  par  un  cône  étroit  formé  par  deux  villages  roumains, 
elle  peut-être  réunie  assez  facilement  avec  le  grand  ter- 
ritoire dont  elle  devrait  faire  partie.  Nous  ne  nous  occu- 
perons ici  de  quelques  autres  enclaves  ukrainiennes  plus» 
petites  et  plus  éloignées,  comme  Ostra  et  Djemine  dans 
le  district  de  Kimpoloutig,  Katchyka  et  Glit  dans  celui  de 
Gouranoumore,  pour  ne  pas  compliquer  la  chose,  d'au- 
tant plus  que  cela  nous  ferait  sortir  de  notre  tâche  que  de 
vouloir  dénicher  tous  les  îlots  et  fragments  ethnographi- 
ques. Après  avoir  passé  la  frontière  de  l'ancienne  Au- 
triche-Hongrie près  de  Novoselitza,  la  frontière  sud  du  ter- 
ritoire ukrainien  ethnographique  fait  un  petit  contour 
au  nord  du  Prouth,  traverse  ce  fleuve  juste  avant  Czerno- 
vitz et  serpente  ensuite  sur  la  rive  sud  du  Pruth,  en  dé- 
crivant de  nombreuses  sinuosités,  de  nouveau  vers  Test 
pour  atteindre  la  frontière  roumaine.  De  là  les  colonies 
ukrainiennes  s'étendent  le  long  de  la  frontière  rumaino- 
autrichienne  en  petites  bandes  jusqu'au  fleuve  de  la  Su- 
tchava  et  passent  même,  près  de  Milechivtzi,  sur  la  rive 


38 

droite  de  ce  fleuve.  La  frontière  ethnographique,  une  fois 
arrivée  à  ce  point,  se  dirige  de  nouveau  tout  d'un  coup 
vers  le  nord  jusqu'à  la  ligne  de  partage  des  eaux  entre 
le  Pruth  et  le  Sereth.  Près  du  village  de  Kabivtzi  elle  va 
de  nouveau  directement  au  sud,  traverse  le  Grand  Se- 
reth en-dessus  de  Storojynetz,  le  Petit  Sereth  en-dessous 
de  Mold-Banilla  et  longe  les  crêtes  des  montagnes  pres- 
que en  ligne  droite  vers  le  sud  dans  la  direction  de  Kim- 
poloung.  Près  de  la  ligne  de  partage  des  eaux  de  la  Mol- 
davitza  et  de  la  Moldava  elle  se  dirige,  à  proximité  du 
mont  Pausa,  vers  le  sud-ouest,  coupe  la  Moldava  au-des- 
sous de  Briaza  et  atteint,  au-dessous  de  Kirlibaba,  la  Bis- 
tritza  Dorée  qui  forme  ici  la  frontière  contre  la  Hongrie, 
En  dehors  des  frontières  du  territoire  ukrainien,  comme 
nous  l'avons  défini  ci-dessus,  dans  les  trois  enclaves  eth- 
nographiques et  mélangés  avec  d'autres  nationalités,  nous 
trouvons  pour  Boukovine,  en  1900  :  16,740  Ukrainiens  ;  le 
recensement  de  1910  n'en  enregistre  plus  que  11,134. 

Il  n'est  guère  aisé  ni  agréable  d'avoir  affaire  à  des 
publications  statistiques  magyares.  Nous  ne  parlons  point 
ici  des  difficultés  de  la  langue  magyare,  mais  même  ceux 
qui  la  connaissent  ne  se  serviront  pas  des  indications 
statistiques,  sans  se  heurter  à  de  grandes  difficultés.  Le 
gouvernement  hongrois  supprime,  avec  un  zèle  digne 
d'une  meilleure  cause,  les  noms  originaux  des  localités 
pour  les  remplacer  par  des  noms  magyares  absolument 
arbitraires  qui  ne  ressemblent  point  à  ceux-là.  Ils  ont 
changé,  par  exemple,  le  nom  du  village  de  Ploske  en 
Dombostelek,  celui  de  Nelypyna  en  Harsfalva,  celui  de 
Dovhe  en  Hoschoumezo  et  ansi  de  suite  sans  y  ajouter,  ne 
serait-ce  qu'en  paranthèse,  la  désignation  ukrainienne. 
Mais  ce  n'est  pas  encore  tout.  Comme  s'il  le  faisait  ex- 
près, pour  compliquer  la  chose  encore  plus,  le  gouverne- 


39 

ment  hongrois  se  plaît,  au  moins  faut-il  le  croire,  à  chan- 
ger plusieurs  fois  de  suite  le  premier  nom  octroyé  par 
lui.  Le  même  village  qui  figure  lors  d'un  recensement 
sous  tel  et  tel  nom  figurera  lors  du  prochain  recensement 
sous  tel  autre,  mais  notez  bien,  sans  le  moindre  renvoi, 
sans  la  moindre  allusion  qui  pourrait  nous  trahir  le  nom 
précédent.  Le  village  de  Solotchyn  figure  en  1900  comme 
Solotchina,  en  1910  déjà  comme  Kiralyfiszallas  ;  Zvirska 
Huta  figure  en  1900  comme  Izvorhuta,  en  1910  sous  le 
nom  de  Foras  ;  Lintzi  s'appelle  en  1900  Inglicz,  en  1910 
nom  de  Forras  ;  Cholmetz  s'appelle  en  1900  Putkahel- 
mecz,  en  1910,  par  contre,  Korlathelmecz,  etc.  ;  des  exem- 
ples de  ce  genre  feraient  légion  si  l'on  voulait  les  énu- 
mérer  tous.  Ajoutons-y  encore  les  nombreux  changements 
administratifs  tels  que  le  partage  d'un  grand  district  en 
deux  petits,  les  modifications  dans  la  délimitation  de  dis- 
tricts voisins,  la  réunion  de  plusieurs  villages  en  une 
seule  commune,  et  chacun  trouvera  tout  naturel  que 
toute  étude  du  développement  des  conditions  ethnogra- 
phiques, toute  comparaison  des  résultats  de  deux  recense- 
ments consécutifs  doive  placer  le  savant  en  face  d'un 
chaos  qui  ne  lui  permettra  de  s'orienter  qu'au  prix  d'im- 
menses sacrifices  de  temps  et  de  peine. 

La  manière  dont  se  font  les  recensements  officiels  en 
Hongrie  au  point  de  vue  des  différentes  nationalités  rap- 
pelle sous  bien  des  rapports  ce  que  nous  avons 
vu  dans  la  Boukovine.  En  Hongrie  aussi  bien 
qu'en  Boukovine  la  statistique  des  nationalités  doit 
servir  les  intérêts  de  la  politique,  elle  s'efforce 
surtout  à  assurer  aux  Magyares  la  majorité  absolue 
parmi  toutes  les  nationalités  dans  l'état  hongrois.  Or 
comme  le  développement  naturel  est  assez  lent,,  la  statis- 
tique officielle  fait  tout  son  possible  pour  l'accélérer  au 


40 

moins  sur  le  papier.  Nous  exposerons  quelques  cas  plus 
frappants  sur  territoire  ukrainien  quand  nous  examine- 
rons les  détails.  Pour  le  moment  nous  nous  bornerons  à 
faire  remarquer  que  tous  les  intellectuels  d'origine  ukrai- 
nienne, le  clergé  uniate,  le  personnel  enseignant,  les  fonc- 
tionnaires etc.  avec  leurs  familles  sont  comptés  comme 
Magyars.  Les  Juifs  dans  les  villages  sont  pour  la  plupart 
enregistrés  comme  Allemands,  dans  les  villes  comme  Ma- 
gyars. Il  est  intéressant  de  voir  qu'en  1900  10,146  Juifs, 
c'est-à-dire  1,2  %  de  tous  les  Juifs  hongrois  —  un  chiffre 
assez  élevé  pour  les  conditions  du  pays  —  se  sont  inscrits 
comme  Ukrainiens.  Lors  du  dernier  recensement  de  1910 
le  nombre  des  Juifs  ukrainiens  est  tombé  à  2,702  ou 
0,3  %,  D'une  façon  générale  il  faut  remarquer  que  le 
dernier  recensement,  encore  bien  plus  que  les  précédents, 
a  été  exécuté  en  faveur  de  l'élément  hongrois.  Et  si  mal- 
gré tout  cela  le  nombre  total  des  Ukrainiens  dans  l'état 
hongrois  accuse  une  augmentation  pour  la  dernière  dé- 
cade, et  non.  seulement  une  augmentation  absolue  de 
429,447  (1900)  à  472,587  (1910),  mais  même  un  pourcen- 
tage plus  élevé  (2,3  %  au  lieu  de  2,2%)  de  la  population  de 
tout  le  pays,  ont  doit  cela  uniquement  au  fait  que  de  nom- 
breux villages  inscrits  autrefois  comme  slovaques,  ont  été 
reconnus  maintenant  comme  ukrainiens. 

Les  Ukrainiens  habitent  en  Hongrie  la  région  nord-est 
des  Carpathes,  savoir  des  secteurs  de  différentes  gran- 
deurs de  comitats  de  Marmaroche,  Ugotcha,  Bereg,  Oung, 
Zemplén,  Saros  et  Zips.  Dans  d'autres  comitats  les  Ukrai- 
niens ne  forment  que  des  enclaves  ou  îlots  et  des  colo- 
nies. Le  plus  grand  comitat  ukrainien  est  celui  de  Mar- 
maros  où  les  Ukrainiens  occupent  deux  tiers  de  la  su- 
perficie (6347  km^  sur  9720  km^)  et  font,  d'après  les  ré- 
sultats officiels  du  dernier  recensement  de  1910,  44,6  % 


41 

de  la  population  totale  du  comitat.  Des  dix  districts  de 
ce  comitat  cinq  appartiennent  au  territoire  ukrainien 
ethnographique,  savoir  Voliv  (en  magyar  Oekôrmezô), 
Dovha  (Dolha),  Houcht  (Huszt),  Tysa  (Tisza)  et  Toretz 
(Taraczviz),  puis  encore  des  parties  des  districts  de  Vysova 
(Viso),  Syhit  (Szigeth)  et  Tiatchovo  (Tecsô).  Deux  autres 
districts  font  partie  du  territoire  roumain  ethnographi- 
que. Le  comitat  de  Marmaroche  est  remarquahle  à  cause 
du  haut  pourcentage  de  sa  population  juive,  qui  est  de 
18,4  %,  et  sous  ce  rapport  il  occupe  le  premier  rang  parmi 
tous  les  comitats  hongrois.  Or,  sans  rencontrer  ici  des 
abus  ou  falsifications  trop  frappants  en  ce  qui  concerne 
le  recensement  et  la  manière  dont  il  s'est  fait,  nous  n'en 
rencontrons  pas  moins  dans  chaque  commune  plus  de 
Grecs-Orthodoxes  que  les  Ukrainiens.  La  différence  s'élève 
par  endroits  à  plusieurs  centaines  (par  exemple  à  Houcht  à 
5902  Grecs-Orthodoxes  et  seulement  à  5230  Ukrainiens),  et 
dépasse  considérablement  le  nombre  probable  des  per- 
sonnes effectivement  magyarisées.  On  peut,  d'autre  part, 
tracer  ici  exactement  la  frontière  ethnographique  d'après 
les  résultats  du  recensement.  Elle  se  dirige,  en  partant 
de  Kirlibaba  en  Boukovine  où  nous  l'avons  laissée,  vers 
le  nord-ouest  et  longe  ensuite  la  frontière  entre  la  Hon- 
grie et  la  Boukovine  et  plus  loin  celle  entre  la  Hongrie 
et  la  Galicie,  autrement  dit  elle  suit  la  crête  principale 
des  Carpathes  jusqu'à  la  pointe  de  Budiiv,  de  là  elle  longe 
la  ligne  de  partage  des  eaux  du  Vasyr  et  de  la  Rouskova, 
des  affluents  droits  du  Viso,  tourne  ensuite  vers  le  Viso, 
passe  près  de  Krasna  (Petrovakraszna)  sur  la  rive  gau- 
che du  Viso-Tisza,  traverse  la  Tisza  au-dessus  de  Szigeth 
et  longe  jusqu'à  Vyskovo  (Visk)  la  rive  gauche  de  la 
Tisza,  et  c'est  seulement  dans  la  contrée  de  Szigeth  et  de 
Tiatchovo  (Tescô)  qu'elle  fait  un  contour  vers  le  nord.  En- 


42 

dessous  de  Vyskovo  (Visk)  elle  passe  de  nouveau  sur  la 
rive  gauche  de  la  Tisza  et  se  rencontre  là  avec  la  fron- 
tière du  comitat  de  Ugosc. 

Dans  ce  dernier  comitat  les  Ukrainiens  forment, 
d'après  les  dates  de  la  statistique  officielle,  la  minorité 
aussi  bien  au  point  de  vue  territorial  qu'à  celui  du  nom- 
bre. Le  recensement  de  1910  accuse  37,5  %  d'Ukrainiens 
contre  46,5  %  de  Magyars  (avec  les  Juifs)  tandis  que,  en 
1900  encore,  les  Ukrainiens  faisaient  le  39,3  %  et  les  Ma- 
gyars le  42,9  %.  Des  deux  districts  dont  se  compose  ce 
comitat,  celui  de  Tisza,  cistiszanien,  est  en  ma- 
jeure partie  ukrainien,  celui  de  Tuszantul,  trans- 
tiszanien,  par  contre,  seulement  dans  son  secteur 
nord-est.  Le  tableau  des  confessions  montre  que 
62,7  %  de  la  population  de  tout  le  comitat  appar- 
tiennent à  l'église  grecque-orthodoxe.  Si  l'on  déduit  de  ce 
chiffre  10,6  %  de  Roumains  grecs-orthodoxes  et  environ 
4—5  %  de  Magyars  grecs-orthodoxes  qui  se  rencontrent 
effectivement  dans  ce  coin  sud-ouest  du  district  de  Tis- 
zantul,  il  reste,  pour  les  Ukrainiens,  encore  46—47  %  de 
la  population,  donc  la  majorité  relative.  Les  tableaux  de 
Tomachivsky^)  montrent  déjà  que  c'est  surtout  dans  le  dis- 
trict de  Ugocsa  que  le  territoire  ukrainien  a  été  délimité 
différemment  au  cours  du  XIXe  siècle  et  qu'on  a  profité 
de  chaque  recensement  pour  adjuger  aux  Magyars  quel- 
ques nouvelles  communes  ukrainiennes.  En  comparant 
les  deux  derniers  recensements  l'un  à  l'autre  nous  pou- 
vons de  nouveau  obtenir  les  mêmes  preuves.  Le  village 
d'Ardovec  (Szôllôsvégardo)  dans  le  district  cistisza- 
nien figure,  en  1900,  encore  comme  un  village  ukrainien 


^)  Voir  Tomachivsky,  Carte  ethnographique  de  l'Ukraine  hon- 
groise, Pétrograd  1910  ;  fragment  imprimé  du  <  Zbornik  po  slaviano- 
viedieniu>  III,  page  17. 


43 

avec  une  population  totale  de  1253  habitants  dont  903 
(72  %)  Ukrainiens  et  204  (16,2  %)  Magyars.  En  1910  Ar- 
dovec  figure  déjà  comme  un  village  magyar  avec  une  po- 
pulation totale  de  1141  âmes  dont  seulement  276  (24,2  %) 
Ukrainiens  (886  Grecs-Orthodoxes  !)  et  861  (75,5  %)  Ma- 
gyares. Le  village  de  Sasvar  compte  en  1900  704 
(78,4  %)  Ukrainiens  et  110  (12,2  %)  Magyars.  Dix 
ans  plus  tard  le  nombre  des  Ukrainiens  a  déjà 
diminué  presque  de  la  moitié  (41,8  %)  et  n'est  plus 
que  de  396  tandis  que  les  Magyars  s'élèvent  maintenant 
à  514  (54,3  %).  La  petite  ville  de  Doubovenka  (Kyraly- 
haza)  dans  le  district  de  Tiszantul  a  été  l'objet  d'une  opé- 
ration semblable.  D'après  l'avis  de  Tomachivsky  cette 
localité  est  en  majeure  partie  ukrainienne  et  a  possédé, 
en  1900  encore,  une  majorité  ukrainienne  relative  (1248 
habitants  ou  49,2  %  d'Ukrainiens  contre  1056  ou  41,6  % 
de  Magyars).  Mais  déjà  10  années  plus  tard  Doubovenka 
n'a  plus  que  932  (29,7  %)  Ukrainiens  (sur  1630  Grecs- 
Orthodoxes  !)  ;  en  revanche  le  chiffre  des  Magyars  a  aug- 
menté plus  du  double  ;  il  est  à  présent  de  2224  (70,2  %), 
Or,  il  saute  aux  yeux  qu'ici,  pas  plus  que  dans  la  Bouko- 
vine,  la  réalité  ne  procède  pas  par  bonds,  que  les  résul- 
tats officiels  ci-dessus  ne  méritent  pas  la  moindre  foi  et 
que  nous  pouvons  sans  autre  adjuger  les  localités  men- 
tionnées au  territoire  ukrainien.  Ceci  étant,  nous  traçons 
la  frontière  ethnographique  comme  suit  ;  de  la  frontière 
du  comitat  de  Marmaros  jusqu'au  Batar  supérieur,  un 
affluent  droit  du  Tour,  et  de  là,  au  sud  de  Doubovenka, 
sur  la  rive  gauche  de  la  Tisza.  Après  avoir  contourné,  en 
formant  un  demi-cercle,  Syvluch  (Nagyszollôs)  elle  passe 
de  nouveau  sur  la  rive  gauche  de  la  Tisza,  traverse  le  vil- 
lage de  Hemlivci  (Homlôcz)  au-delà  du  fleuve  du  Batar, 
pour  revenir  sur  la  rive  droite  de  la  Tisza  quelques  kilo- 


44 

mètres  plus  bas.  Puisse  elle  décrit  un  angle  droit  vers  le 
nord  et  atteint  le  fleuve  appelé  Borza  au-dessous  de  l'em- 
bouchure de  rirchava  (Ilosva). 

Dans  le  comitat  de  Bereg  les  Ukrainiens  occupent  la 
plus  grande  moitié  de  la  superficie  (2400  km^  sur  3783 
km^).  Récemment  encore,  en  1900,  ils  formaient  aussi, 
avec  45,7  %,  la  majorité  relative  de  la  population  (les  Ma- 
gyars faisant  le  44,7  %).  Le  recensement  de  1910  a  ren- 
versé cette  proportion  en  adjugeant  aux  Ukrainiens  seule- 
ment 42,6  %,  et  aux  Magyars  47,8  %  de  la  population. 
Nous  allons  voir  tout  de  suite  comment  ces  résultats  ont 
été  obtenus.  Des  sept  districts  de  ce  comitat  quatre  sont 
ukrainiens  :  Horichny  (Felvidék),  Latorcza,  Also-Verecz- 
ka,  Svaliava  (Szolyva)  ;  deux  mixtes  :  Munkacs  et  Tisza- 
hat  ;  un  magyar  :  Koseno  (Mezôkaszony).  Dans  le  dis- 
trict de  Felvidék  la  population  ukrainienne  s'est  montée, 
en  1900,  à  82,5  %  (sans  les  Juifs),  en  1910  ce  chiffre,  à 
en  croire  les  dates  officielles,  ne  serait  plus  que  de  70  %, 
bien  qu'il  s'agisse  dans  ce  cas  d'un  territoire  purement 
ukrainien  entouré  de  toutes  parts  de  districts  ukrainiens. 
Il  faut  en  chercher  la  raison  de  nouveau  dans  de  grands 
abus.  Le  village  de  Loza-Polianka  {Fûresmezô)  comptait, 
en  1900  :  610  (78,2  %)  Ukrainiens  et  51  (6,5  %)  Magyars, 
en  1910  nous  n'y  trouvons  plus  que  185  (21,8  %)  Ukrai- 
niens et  660  (78  %)  Magyars.  Le  village  de  Midianycia 
(Medencze)  qui  comptait  en  1900  615  (95,4  %)  Ukrainiens 
et  9  (1,4  %  Magyars,  compte  à  présent  313  (42,8  %) 
Ukrainiens  et  418  (57,2  %)  Magyars,  c'est-à-dire  le  nom- 
bre des  Magyars  à  Loza-Polianka  a  augmenté  pendant  la 
dernière  décade  de  dix  fois  et  à  Midianycia  même  de 
trente-cinq  fois.  Ainsi  deux  villages  purement  ukrainiens 
sont  devenus,  sur  le  papier,  des  oasis  magyares  sur  terri- 
toire ukrainien  !  Quelque  chose  de  semblable,  bien  que 


45 

moins  choquant  s'est  passé  ailleurs.  C'est  que  la  statis- 
tique a  commis  des  falsifications  aussi  à  l'égard  de  Ba- 
betchi  (Babakut),  Bilke,  Bostoka  (Gazlo)  où  de  nombreux 
Grecs-Orthodoxes  ont  été  enregistrés  comme  Magyars. 
Dans  le  district  de  Latorcza  le  village  de  Bozvehovo 
(Orozvég)  lequel,  en  1900  encore,  avait  au  moins  une  ma- 
jorité ukrainienne  relative,  39,5  %  contre  24,5  %  de  Ma- 
gyars, a  été,  en  1910  déjà,  un  village  en  majeure  partie 
magyar  parce  qu'on  adjugeait  aux  Magyars  37  %  et  aux 
Ukrainiens  seulement  30,8  %  de  la  population.  Dans  le 
district  de  Tiszahat  Bemeta-Dessus  (Felsôremete)  accuse 
80,3  %  d'Ukrainiens  et  17,8  %  de  Magyars,  d'après  le  re- 
censement de  1910  il  serait  maintenant  une  colonie  en 
majeure  partie  ukrainienne.  En  maniant  la  statistique 
nationale  de  cette  manière  le  gouvernement  hongrois 
arrivera  vite  à  la  réalisation  de  son  rêve  qui  ne  vise  à 
rien  moins  qu'à  voir  chaque  localité  hongroise  habitée 
par  100  %  de  Magyars.  Cependant,  un  recensement,  quel- 
les que  soient  ses  tendances,  ne  réussira  qu'à  voiler,  mais 
non  à  changer  la  vérité. 

La  frontière  ethnographique  dans  le  comitat  de  Béreg 
est  assez  irrégulière.  Elle  longe  la  Borza  pour  arriver,  tout 
en  formant  une  longue  bande  étroite,  jusqu'à  l'embou- 
chure de  la  Silva,  ensuite  elle  contourne  de  nouveau  vers 
le  nord  et  serpente,  en  traversant  le  fleuve  du  Bek  au- 
dessous  de  Barbovo  (Bardhaza),  dans  la  contrée  des  sour- 
ces de  ce  petit  fleuve  vers  l'ouest  et  atteint  la  Latorcza 
près  de  l'embouchure  de  la  Viznice.  De  là  elle  longe  la 
rive  droite  de  la  Latorcza,  passe,  quelques  kilomètres 
au-dessous  de  Munkacs,  sur  sa  rive  gauche,  traverse  six 
colonies  situées  au  nord  de  la  ligne  de  partage  des  eaux 
de  la  Borza  et  de  la  Latorcza  et  revient  ensuite  à  la  La- 
torcza. Enfin  elle  descent  en  aval  de  ce  fleuve  et  arrive 


46 

jusqu'à  l'embouchure  de  la  rivière  appelée  Stara  pour  y 
rejoindre  la  frontière  du  comitat  de  Oung. 

Le  comitat  de  Oung  est,  d'après  son  territoire,  en  ma- 
jeure partie  ukrainien.  D'après  sa  population  il  se  divise 
en  trois  parties  :  un  secteur  ukrainien,  un  secteur  slova- 
que et  un  secteur  magyar.  Dans  tous  ces  secteurs  la  ma- 
jorité relative  appartient  aux  Ukrainiens.  D'après  le  re- 
censement de  1900  il  y  avait,  dans  tout  le  comitat,  36,4  % 
d'Ukrainiens,  30,2  %  de  Magyars  et  28  %  de  Slovaques  ; 
en  1910,  38,1  %  d'Ukrainiens,  33,2  %  de  Magyars  et  22,4% 
de  Slovaques.  C'est  donc  ici  que  nous  rencontrons  pour 
la  première  fois  une  augmentation  reconnue  officielle- 
ment de  l'élément  ukrainien,  mais  non  pas  aux  dépens 
des  Magyars  qui  ont  augmenté  encore  plus,  mais  aux  dé- 
pens des  Slovaques.  A  partir  de  maintenant  les  Ukrai- 
niens n'ont  plus  seulement  pour  voisins  les  Magyars, 
mais  encore  les  Slovaques,  voisinage  qui  s'étend  même 
jusqu'au  point  le  plus  ouest  de  la  colonie  ukrainienne  en 
Hongrie.  En  même  temps  cependant  se  présentent  de 
grandes  difficultés  pour  l'établissement  de  la  frontière 
ethnographiques.  Dans  le  territoire-frontière  ukraino- 
slo vaques  nous  rencontrons  une  bande  tantôt  plus  large 
tantôt  plus  étroite  dans  laquelle  la  population  de  ces  deux 
peuples  slaves  très  apparentés  l'un  à  l'autre  est  fortement 
mélangée.  L'existence  de  cette  bande  a  donné  lieu,  entre 
autres,  à  la  formation  de  dialectes  intermédiaires  avec 
lesquels  non  seulement  les  statisticiens,  mais  encore  les 
philologues  ont  eu  maille  à  partir,  vu  qu'ils  n'arrivent  pas 
à  les  expliquer.  La  question  de  la  confession  ne  nous 
aidera  pas  beaucoup  dans  ce  cas  particulier,  car  parmi 
les  Slovaques  il  y  a  aussi  bon  nombre  de  Grecs-orthodo- 
xes. Ce  sont  seulement  les  travaux  de  Petrov,  Broch, 
Stavrovsky,  Cambel,  Hnatiouk,   Yerchratsky   et   d'autres 


47 

qui  ont  mis  la  chose  au  point  sous  bien  des  rapports  et 
permis  à  Tomachivsky  de  les  mettre  sur  une  base  solide. 
Le  recensement  hongrois  officiel  a  procédé  longtemps 
tout  à  fait  arbitrairement  et,  en  1890  et  en  1900,  enregis- 
tré sans  aucun  doute  des  villages  ukrainiens  comme  étant 
slovaques.  Ce  n'est  que  le  recensement  de  1910  qui  tra- 
vaille plus  soigneusement  et  qui  s'efforce  de  corriger  les 
fautes  commises  autrefois.  De  là,  comme  il  résulte  des 
tableaux  ci-joints,  de  fortes  différences  entre  les  résultats 
des  deux  derniers  recensements.  La  différence  est  surtout 
frappante  dans  le  district  de  Sobrantzi  (Szobrancz)  où 
elle  saute  vraiement  aux  yeux.  Le  recensement  de  1900 
n'avait  reconnu  comme  ukrainiennes  que  deux  commu- 
nes :  Beniatyna  (Vadaszfalva)  et  Porouba  (Németvagas). 
Tomachivsky  ^)  y  ajoute  encore  Honkivtzi  (Alsohunkocz), 
Konius  (Unglovasd),  Pidhorodia  (Tibavaralja)  et  Chli- 
vychtche  (Hegygombas).  Le  recensement  de  1910  indique 
encore  comme  étant  ukrainien  Jovsa  (Josza),  Rybnytzia 
(Felsohalas),  Ternavka  (Tarna),  Kolibabovtzi,  Kloko- 
tchovo,  Hnoïné,  Kouchin,  Prekopa  et  Poroubka,  mais  il 
ne  mentionne  plus  Beniatyna  que  Tomachivsky  considère 
comme  étant  en  majeure  partie  ukrainien.  Il  n'est  donc 
point  étonnant  si  le  pourcentage  des  Ukrainiens  au  dis- 
trict de  Sobranci  a  augmenté  tout  d'un  coup  de  3,4  % 
(1900)  à  21,9  %  (1910).  Nous  nous  basons  sur  le  recense- 
ment de  1910  qui  est  incontestablement  plus  conforme 
à  la  réalité  que  celui  de  1900,  tout  en  tenant  compte  de 
ce  que  toutes  les  communes  douteuses  sont,  au  point  de 
vue  du  territoire,  étroitement  reliées  avec  le  territoire 
ukrainien  proprement  dit,  de  confession  grecque-ortho- 
doxe et  qu'elles  ont  été  reconnus  comme  ukrainiennes  en 


*)  Voir  Tomachivsky,  pago  42. 


48 

majeure  partie  aussi  par  d'autres  savants.  A  ces  commu- 
nes nous  ajoutons  encore  Beniatyna,  d'autre  part  nous 
excluons  du  chiffre  des  Ukrainiens  fixé  par  le  recense- 
ment tous  les  catholiques  romains  et  les  protestants 
comme  étant  indubitablement  des  Slovaques. 

Quant  aux  autres  districts  du  comitat  de  Oung,  il  y 
aurait  à  parler  encore  de  la  magyarisation  soudaine  et 
brusque  (sur  le  papier,  bien  entendu  !)  du  village  de 
Dravtzi  (Oungdarocz)  dans  le  district  de  Oujhorod.  D'a- 
près le  recensement  de  1900  ce  village  vait  73,6  %  d'U- 
krainiens et  20,5  %  de  Magyars,  en  1910  il  accuse  tout 
d'un  coup  68,3  %  de  Magyars  et  seulement  26,9  %  d'Ukrai- 
niens. 

La  frontière  du  territoire  ukrainien  s'éloigne  de  la 
Latorcza,  en  formant  un  angle  droit,  pour  se  diriger  au 
nord,  d'abord  le  long  du  ruisseau  appelé  Cehansky,  un 
affluent  droit  de  la  Stara,  puis  elle  coupe  le  fleuve  appelé 
Oung  près  d'Ujhorod  (Oungvar)  et  longe  ensuite  la  rive 
droite  de  l'Oung  à  une  distance  de  4 — 5  km  du  fleuve 
jusqu'aux  sources  de  la  Strova.  Ici  elle  tourne  au  sud- 
ouest  dans  la  contrée  de  la  source  du  ruisseau  appelé 
Orechovsky,  un  affluent  gauche  du  Rybnitzky,  se  dirige 
de  nouveau  au  nord  vers  la  source  de  ce  dernier  fleuve, 
va  ensuite  à  l'ouest  et  atteint,  le  long  des  ruisseaux  Po- 
rubsky  et  Tarnavsky,  la  frontière  du  comitat  de  Zemplén 
non  loin  de  la  moyenne  Laborcza. 

Dans  le  comitat  de  Zemplén  les  Ukrainiens  habitent 
seulement  la  plus  petite  partie.  Celle-ci  se  trouve  dans  le 
nord  et  contient  beaucoup  de  montagnes.  Des  douze  dis- 
tricts de  ce  comitat  appartiennent  au  territoire  ukrainien 
proprement  dit  les  suivants  :  Mezôlaborcz  (sans  Hroubov 
et  Hrabovetz),  Snyna  (Szinna),  (sans  Papyn,  Snyna,  Ci- 
rotzkaBela  etDlouho),  une  partie  du  district  de  Stropkov 


49 

(sans  les  16  communes  dans  le  sud  de  ce  district)  et  trois 
communes  du  district  de  Hommon  (Machkivci  —  Mas- 
kocz,  Rokytiv  houmensky,  Homonnarokito  et  Rokytiv 
zdoubsky  —  Izbugyarokito).  En  dehors  de  cela  nous  trou- 
vons encore  des  enclaves  ou  îlots  ukrainiens  aussi  dans 
d'autres  districts  méridionaux,  mais,  pour  les  raisons  ex- 
pliquées ci-dessus,  nous  ne  les  comptons  pas  ici.  Sur 
toute  la  ligne  les  Slovaques  sont  les  voisins  des  Ukrai- 
niens et  la  fixation  de  la  frontière  slovaco-ukrainienne 
se  heurte  aux  mêmes  difficultés  que  dans  le  comité  pré- 
cédent de  Oung.  Dans  le  district  de  Snyna  (Szinna) 
quatre  grandes  colonies  slovaques  pénètrent  de  Touest, 
sous  forme  d'une  cône,  dans  le  territoire  ukrainien,  mais 
la  frontière  n'en  est  pas  moins  très  nette  ici.  Dans  le 
district  de  Houmenne  (Homonna)  les  deux  Rokytiv,  hu- 
mensky  et  zdoubsky,  sont  sans  aucun  doute  ukrainiens. 
Le  cas  de  Maskivtzi  (Maskocz)  et  celui  de  Dedatchivtzi 
(Dedafalva)  n'est,  par  contre,  pas  très  clair.  Nous  nous  en 
tenons,  pour  cela,  au  recensement  de  1910  d'après  lequel 
Maskivtzi  esit  ukrainien,  Dedatchivtzi  par  contre  slovaque. 
Mais  c'est  dans  le  district  de  Mezôlaborcz  que  la  situation 
devient  fort  embrouillée,  et  spécialement  dans  le  secteur 
qu'on  a  pris  du  district  de  Stropkov.  Des  21  communes 
de  ce  secteur  nouvellement  incorporé  le  recensement  de 
1900  a  enregistré  seulement  9  comme  ukrainiens,  et  tous 
les  autres  comme  slovaques.  Tomachivsky  ^)  considère 
encore  comme  ukrainiens  Bystra  Stropkivska  (Hegyes- 
bisztra),  Vladytcha,  Vychnia  et  Nyjnia  (Felsôladacs  et  Al- 
soladacs),  Drytchna  Zemplenska  et  Sarychska  (Kisderencs 
et  Nagyderencs),  Makivtzi  (Makos),  Mykova  (Miko),  Pol- 
iana  (Nagypolany)  et  Stachkivzti  zemplensky  et  sarychsky 


*)  Voir  Tomachivsky,  pages  70—71. 
Kordouba 


50 

(Kistavas  et  Nagytavas).  Il  est  intéressant  de  voir  que  le 
recensement  de  1910  confirme  absolument  cette  opinion 
et  reconnaît  encore,  comme  étant  également  ukrainien- 
nes, Havaï  et  Porouba,  c'est-à-dire  toutes  les  21  commu- 
nes. Dans  le  nouveau  district  de  Stropkov  (qui  a  été  di- 
minué) nous  nous  trouvons  en  présence  d'une  situation 
encore  plus  compliquée.  Ici  encore  le  recensement  de 
1900  a  adjugé  aux  Slovaques  toute  une  série  de  villages 
ukrainiens  et  déchiré  ainsi  entièrement  le  territoire 
ukrainien.  Le  recensement  de  1910  reconnaît  comme 
ukrainiens  la  plupart  des  villages  que  Tomackivsky  con- 
sidère tels,  savoir  Brusnytzia  (Borosnya),  Detrek  (Detre), 
Kolbivtzi  (Kôves),  Krijlivtzy  (Kisvôlgy),  Mracivtzi  (Dér), 
Rohojnyk  (Baratlak),  Tobaïk  (Felsôtokaj)  et  Jakuchivtzi 
(Jakabvôlgy),  en  outre  encore  Petkivtzi  (Petkes)  Il  reste 
encore,  enfermée  au  milieu  du  territoire  ukrainien,  une 
enclave  ou  îlot  slovaque  comprenant  les  villages  de 
Stropkiv  (Srtopko),  Velyka  Berejnytzia  (Nagyberezsnya), 
Hotcha,  Chandal  et  Olchava  vyjnia  et  nyjnia  (Felsôolsva 
et  Also-olsva). 

On  établira,  par  conséquent,  la  frontière  du  territoire 
ukrainienne  proprement  dit  dans  le  comitat  de  Zemplén 
comme  suit  :  de  la  moyenne  Laborcza  vers  l'ouest  le  long 
de  la  frontière  des  comitats  de  Oung  et  de  Zemplén  jus- 
qu'aux sources  de  la  rivière  appelée  Kamenytzia  (Ke- 
mencze),  un  affluent  gauche  de  la  Giroka  ;  de  là  vers 
le  nord-est  parallèlement  à  la  Giroka,  en  amont  du  fleuve 
jusqu'au  confluent  de  la  Ostrojnytzia  (Szedreske)  avec  la 
Ptcholynka  (Méhes)  qui  prennent  après  leur  réunion  le 
nom  de  Giroka.  Là,  la  frontière  tourne  vers  l'ouest,  tra- 
verse le  fleuve  de  l'Oudava  et  marche  ensuite,  en  formant 
une  bande  étroite,  entre  l'Oudava  et  la  Laborcza  vers  le 
sud,  se  retourne  alors  de  nouveau  vers  le  nord-est  jus- 


51 

qu'à  rOudava,  traverse  TOudava  au-dessous  de  Valkov 
(Kisvalko)  et  atteint  enfin  la  Topla  juste  à  l'endroit  où  la 
frontière  ouest  du  comitat  traverse  le  fleuve. 

Au  comitat  de  Saros  les  Ukrainiens  n'occupent  qu*un 
tiers  de  la  superficie.  Dans  les  vallées  des  fleuves  les  co- 
lonies slovaques  avancent  très  loin  vers  le  nord,  surtout 
dans  la  vallée  de  la  Topla  et  de  ses  affluents  gauches,  de 
la  Yarouha  et  de  la  Svierjova,  tout  en  ne  laissant  aux 
Ukrainiens  qu'une  bande  étroite  et  montagneuse  le  long 
de  la  frontière  galicienne.  Des  7  districts  de  ce  comitat,  un 
seul,  celui  de  Visko-Dessus  est  purement  ukrainien.  Ici  en- 
core le  recensement  le  1900  enregistre  toute  une  série  de 
villages  soi-disant  slovaques,  mais  celui  de  1910  a  réparé 
cette  faute  injustifiée  en  reconnaissant  comme  ukrainiens 
non  seulement  tous  les  villages  que  Tomachivsky  ^)  dé- 
signe comme  tels  (Komarnek  vyjny  et  nyjny  —  Felsôko- 
mamok  et  Alsokomarnok,  Bodroujal  —  Rozsadomb, 
Tchernyna  —  Felsôcsernye,  Dolhonia  —  Dolgonya, 
Havranetz  —  Kishollod,  Hrybiv  —  Kisgombas,  Kojou- 
chivtzi  —  Kôrmôz,  Kraïna  Bystra  —  Balorhegy,  Kroujlova 
Ruzsoly,  Myrolia  —  Mérfalva,  Prekra  —  Meredély,  Pe- 
tryna,  Soucha  —  Szarashegy  et  Svednytchky  —  Kisfagya- 
los),  mais  encore  Kapechova  (Kapiso)  et  Sorotchyn  (Szo- 
rocsany).  Ainsi  il  ne  reste  aux  Slovaques,  de  toutes  les 
communes  du  district,  que  Mestysko  (Kilhely),  Rivna 
(Rona)  et  Tychynetz  (Tizsény)  dont  le  territoire  se  relie, 
près  de  Stropkiv,  à  l'enclave  slovaque  ci-dessus.  Il  faut 
ajouter  encore  à  cette  même  enclave  Beniadykivtzi  (Be- 
nedekvagasa),  Chtchavnek  (Sosfûred),  Radoma  et  Ok- 
rou'hle  faisant  tous  partie  du  district  de  Gellért  et  figu- 
rant, aussi  d'après  le  recensement  de  1910,  comme  slova- 


')  Voir  Tomachivsky,  pa^-es  72 — 74. 


52 

ques  quoique  Tomachivsky  regarde  les  deux  premiers 
comme  ukrainiens.  D'une  façon  générale  lesdeux derniers 
rôcenseents  concordant  pour  le  district  de  Gellért  et  ad- 
jugent aux  Slovaques  encore  Vlatcha  (Balazsi).  Diurdios 
(Gyôrgyôs)  et  Koboulnytzia  (Kabalas).  Dans  le  district  de 
Bardiïv  (Bartfa)  nous  nous  trouvons  en  présence  de  deux 
petites  enclaves  slovaques  tout  près  de  la  frontière  gali- 
cienne qui  comprennent  les  communes  de  Stebnytzka  Huta 
(Esztebnekhuta)  et  Lenartiv.  Par  contre,  Stebnyk  (Eszte- 
bnek),  Regetiv  (Regettô),  Kryve  (Sarosgôbény),  Kryje 
(Kiskereszt)  et  Bohlarka  (Boglarka)  sont,  d'après  le  re- 
censement de  1910,  ukrainiens.  Tomachivsky,  lui  aussi, 
les  regarde  comme  tels,  sauf  le  dernier.  Dans  les  districts 
de  Lypiany  (Hethars)  et  Sabiniv  il  n'y  a  plus  cette  con- 
cordance que  nous  trouvons  entre  le  dernier  recense- 
ment et  les  explications  de  Tomachivsky.  Les  villages  de 
Hromoch  et  d'Oliynek  (Olajpatak)  déclarés  ukrainiens  par 
Tomachivsky  sont,  d'après  le  recensement  de  1910  et  tous 
les  recensements  précédents,  slovaques.  Or,  nous  suivons 
le  principe  qui  dit  que  dans  des  cas  de  doute  il  faut  se  dé- 
cider plutôt  pour  la  possibilité  plus  désavantageuse  au 
lieu  de  se  faire  passer  pour  partial  et  acceptons  dans  ce 
cas  particulier  le  recensement  officiel.  Il  faudra,  par  con- 
tre, regarder  Zavadka  (Gsergôzavod)  et  Poustepole  (Pusz- 
tamezô)  comme  ukrainiens  :  celui-ci,  parce  que  le  der- 
nier recensement  le  regarde  aussi  comme  tel,  et  Zavadka, 
non  seulement  parce  que  Tomachivsky  le  classe  parmi 
les  colonies  ukrainiennes,  mais  aussi  parce  que,  lors  du 
recensement  de  1900,  il  avait  92,3  %  de  population  ukrai- 
nienne. Si,  contrairement  à  cela,  le  dernier  recensement 
y  enregistre  90,4  %  de  Slovaques  et  pas  un  seul  Ukrai- 
nien (sur  100  %  de  population  grecque-orthodoxe),  il  faut 
considérer  cette  anomalie  comme  un  simple  malentendu. 


53 

La  frontière  ukrainienne  ethnographique  dans  le  co- 
mitat  de  Saros  tourne,  au  point  d'intersection  de  la  fron- 
tière du  comitat  de  Zemplén  avec  la  Topla  brusquement 
vers  le  nord  et  longe  le  versant  gauche  de  la  vallée  de  la 
Topla,  en  n'atteignant  qu'assez  rarement  le  fleuve  lui- 
même,  puis  elle  longe  aussi  le  versant  gauche  de  la  Ya- 
rouha,  un  affluent  de  la  Topla,  jusqu'au-delà  de  Zboriv 
(Zboro).  Ici  elle  revient  vers  l'ouest  et  va,  plus  ou  moins 
parallèle  à  la  frontière  galicienne  (à  une  distance  de  10 
à  15  km.  de  cette  frontière),  jusqu'au  Svierjov,  un  affluent 
gauche  de  la  Topla,  puis  en  aval  du  Svierjov  jusqu'à  em- 
bouchure, traverse  la  Topla  et  va  presque  en  ligne  droite 
au  sud  jusqu'à  la  ligne  de  partage  des  eaux  de  la  Torytza 
et  du  Setchkov.  De  là  elle  s'étend,  sous  forme  d'une  bande 
étroite,  jusqu'au  moyen  Setchkov  et  tourne  ensuite  de  nou- 
veau à  l'ouest,  en  longeant  le  versant  gauche  de  la  vallée 
de  la  Torytza,  et  en  se  rapprochant  de  plus  en  plus  du 
fleuve  lui-même.  Près  de  Lypiany  (Héthars)  elle  passe 
tout  d'un  coup  dans  la  région  des  sources  de  la  Lucynka 
(Litinye)  sur  la  hauteur  de  la  ligne  de  partage  des  eaux 
de  la  Torytza  et  du  Poprad  et  suit  cette  ligne  jusqu'à  la 
source  du  Louh,  un  affluent  droit  du  Poprad.  Près  des 
sources  du  Louh  elle  tourne  au  sud,  traverse  la  Torytza  au- 
dessus  de  l'embouchure  du  ruisseau  appelé  Slavkivsky 
et  atteint,  en  se  dirigeant  de  là  en  ligne  droite  vers  le  sud, 
la  frontière  du  comitat  de  Zips  (Szepes). 

C'est  ici  que  nous  nous  trouvons  déjà  sur  la  frontière 
la  plus  ouest  de  l'Ukraine  hongroise.  Des  huit  districts 
du  comitat  de  Zips  la  plupart  des  Ukrainiens  habitent  le 
district  de  Lioubovnia  stara  (Olublo)  où  ils  font  plus  d'un 
tiers  de  la  population.  Il  n'y  a  ici  que  six  villages  ukrai- 
niens. L'opinion  de  Tomachivsky  d'après  lequel  Krem- 
pakh  (Lublokorompa)  serait  ukrainien  n*est  pas  confir- 


54 

mée  par  le  recensement  de  1910  si  bien  qu'on  devra  ad- 
mettre qu'au  nord  de  Lioubovnia  stara  (Olublo)  les  colo- 
nies slovaques  vont  jusque  tout  près  de  la  frontière  de  la 
Galicie.  De  la  même  manière  nous  ne  saurions,  d'après  les 
résultats  du  recensement,  considérer  les  communes  de 
Repachi  nyjni  (Alsorépas)  et  Torysky  (Tarczafô)  dans  le 
district  de  Levotch  (Lôcse)  comme  étant  ukrainiennes.  La 
frontière  du  teritoire  ukrainien  proprement  dit  est  ici  la 
suivante  :  de  la  frontière  du  comité  de  Saros  elle  va,  en 
décrivant  un  demi-cercle,  au  sud-est  sur  la  hauteur  de  la 
ligne  de  partage,  des  eaux  entre  la  Torytza  et  le  Hemad, 
se  dirige  avec  cette  ligne  à  l'ouest,  sans  toutefois  attein- 
dre les  sources  de  la  Torytza,  retourne  de  nouveau  à  la 
frontière  du  comitat  de  Saros,  et  tout  en  longeant  la  fron- 
tière sud-ouest  de  ce  comitat,  elle  atteint  les  sources  du 
Yakoubiansky,  un  affluent  droit  du  Poprad.  Ici  elle  entre 
de  nouveau  dans  le  comitat  de  Zips,  va,  en  forme  d'un 
demi-cercle,  presque  jusqu'au  Poprad  au  nord-est  deKech- 
mark,  et  se  dirige  ensuite  vers  le  nord-est,  tout  en  lon- 
geant le  versant  droit  de  la  vallée  du  Poprad.  Ainsi  elle 
coupe  de  nouveau  la  frontière  entre  les  comitats  de  Zips 
et  de  Saros  et  traverse  le  territoire  de  ce  dernier  comitat 
jusqu'à  l'embouchure  du  Louh  dans  le  Poprad.  De  là  elle 
se  dirige  de  nouveau  vers  l'ouest,  en  suivant  la  rive  nord 
(gauche)  du  Poprad  et  revient  à  la  frontière  du  comitat 
de  Zips  pour  aller  de  là  au  nord  à  la  frontière  galicienne. 
Ensuite  elle  longe  cette  frontière  seulement  sur  une  dis- 
tance de  5  km.,  se  dirige,  exactement  au  nord  de  Stara 
Lioubovnia,  vers  le  sud  jusqu'au  versant  de  la  vallée  du 
Poprad,  qu'elle  suit  de  nouveau  dans  la  direction  de 
l'ouest,  traverse  la  ligne  de  partage  des  eaux  entre  le  Po- 
prad et  le  Dunaïetz,  sans  atteindre  ce  dernier,  et  coupe 
enfin  la  frontière  entre  la  Galicie  et  la  Hongrie.  En  de- 


55 

hors  de  cette  frontière  du  territoire  ukrainien  propre- 
ment dit  on  rencontre,  dans  le  comitat  de  Zips  encore, 
des  enclaves  ukrainiennes  disséminées  parmi  la  popula- 
tion slovaque  et  dont  la  plus  grande  se  trouve  sur  la  fron- 
tière des  districts  de  Hnyletz  (Gôllniczbanya)  et  de  No- 
voves  (Iglo).  En  tout  il  y  a  en  Hongrie,  en  dehors  des 
frontières  du  territoire  ukrainien  proprement  dit,  d'a- 
près le  recensement  de  1910  environ  30,000  Ukrainiens. 
Si,  lors  de  notre  examen  des  conditions  dans  la  Bou- 
kovine  et  en  Hongrie,  nous  avons  parlé  des  abus  commis 
lors  des  recensements  et  fait  ressortir  quelques  cas  spé- 
cialement graves,  il  faut  faire  remarquer  maintenant  qu'il 
s'y  est  agi  seulement  de  quelques  cas  isolées  et  sporadi- 
ques.  Ces  cas  concernant,  en  outre,  seulement  des  villa- 
ges isolés  ou  peuvent  être  bornés  à  un  territoire  plus  ou 
moins  contesté  sur  la  frontière  ethnographique.  Il  en  était 
ainsi,  par  exemple,  dans  le  district  de  Soutchava  et  dans 
les  comitats  de  Ugocsa  et  de  Bereg  en  Hongrie.  En  Gali- 
cie  il  n'en  est  pas  de  même.  Dans  ce  dernier  pays  nous 
pouvons,  pour  la  période  pour  laquelle  nous  possédons 
des  dates  statistiques,  constater  deux  phases  d'abus  com- 
mis lors  des  recensements.  Dans  la  première  période  ceux 
qui  détenaient  le  pouvoir  politique  dans  le  pays,  s'effor- 
çaient à  prouver  que  les  Polonais  forment  la  majorité 
absolue  de  la  population  du  pays  pour  pouvoir  baser  leur 
domination  politique  sur  des  indications  statistiques. 
Dans  cette  phase  de  l'application  et  de  l'utilisation  de  la 
statistique  nationale  ils  concentraient  leur  attention  sur- 
tout sur  le  territoire-frontière  ethnographique,  et  en  par- 
ticulier sur  les  parties  moyenne  et  nord  de  ce  territoire- 
frontière  ainsi  que  sur  les  villes.  Dans  la  seconde  phase, 
la  plus  récente,  l'administration  polonaise,  vu  la  demande 
de  plus  en  plus  forte  des  Ukrainiens  que  la  Galicie  soit 


56 

partagée  administrativement  en  une  Galicie  orientale  et 
en  une  Galicie  occidentale,  ou  ce  qui  revient  au  même, 
en  une  Galicie  ukrainienne  et  en  une  Galicie  polonaise, 
s*est  posé  pour  but  de  démontrer  qu'il  n'existe  point,  en 
Galicie,  un  territoire  ukrainien  proprement  dit  et  que  le 
pourcentage  des  Polonais  est  si  élevé  dans  la  Galicie 
orientale  qu'elle  doit  être  regardée  comme  un  territoire 
à  population  mixte.  C'est  en  ce  sens  qu'on  manie,  dès 
1900,  mais  plus  fortement  encore  depuis  1910,  la  statis- 
tique nationale.  Dès  lors  cette  tactique  ne  se  bornait  plus 
à  certaines  colonies  isolées  ou  à  certaine  territoire-fron- 
tière, mais  elle  commençait  à  s'étendre  sur  tout  le  pays. 
La  falsification  des  recensements  eut  lieu  d'après  un  cer- 
tain système  et  tout  à  fait  méthodiquement.  C'étaient  en 
première  ligne  les  Juifs  qui  devaient  servir  à  renforcer 
numériquement  l'élément  polonais  dans  la  Galicie  orien- 
tale, vu  que  les  Juifs  y  sont  particulièrement  nombreux 
dans  les  villes  grandes  ou  petites.  Chacun  qui  connaît 
les  conditions  dans  cette  partie  de  la  Galicie,  sait  que  les 
Juifs  galiciens  forment  un  élément  tout  à  fait  particulier 
qui,  en  thèse  générale,  n'a  rien  de  commun  avec  les  Po- 
lonais ni  au  point  de  vue  de  la  langue,  ni  à  celui  de  la 
religion  ou  des  traditions.  Néanmoins  la  statistique  offi- 
cielle les  classes  parmi  les  Polonais,  ce  qui  à  évi- 
demment pour  effet  de  considérablement  augmenter 
l'élément  polonais  en  Galicie,  d'après  le  dernier  recense- 
ment de  800,000  âmes  au  bas  mot.  Après  les  Juifs  vien- 
nent les  Ukrainiens  catholiques-romains.  Dans  la  partie 
ukrainienne  de  la  Galicie,  et  surtout  dans  la  région  du 
centre  et  dans  les  districts  podoliens,  nous  rencon- 
trons pas  mal  de  catholiques  parmi  la  population  indi- 
gène. Ils  forment  en  partie  des  communes  spéciales,  les 
soi-disantes  «colonies  masouriques»  ;  ce  sont  des  fonda- 


57 

tions  de  colonistes  venus  ici  relativement  récemment  de 
la  Galicie  occidentale.  Leur  langue  de  conversation  est  le 
polonais,  ils  n'entretiennent  point  de  rapports  avec  les 
Ukrainiens  dans  le  pays  et  appartiennent  sans  aucun 
doute  à  la  nation  polonaise.  La  plus  grande  partie  des  ca- 
tholiques de  la  Galicie  orientale  cependant  vit  dans  les 
villages  mélangée  avec  la  population  ukrainienne,  se 
sert  exclusivement  de  la  langue  ukrainienne,  ne  sait  pas 
même  le  polonais  et  se  sent  liée,  politiquement,  écono- 
miquement et  aussi  au  point  de  vue  de  la  civilisation, 
avec  ses  voisins  grecs-orthodoxes.  Au  point  de  vue  de 
leur  nationalité  ce  sont  aujourd'hui  des  Ukrainiens  pur 
sang  qui  doivent  être  considérés  comme  des  descendants 
de  colons  polonais  ukrainisés  ou  d'émigrés  ukrainiens 
convertis  au  catholicisme,  n'importe.  La  statistique  offi- 
cielle ne  fait  aucune  différence  entre  ces  deux  catégories 
et  classes  tous  les  catholiques-romains  sans  exception 
parmi  les  Polonais.  Le  chiffre  de  42,880  Ukrainiens  ca- 
tholiques-romains fourni  par  le  dernier  recensement  est 
vraiment  dérisoire  en  comparaison  de  la  réalité.  Mais  ce 
n'est  pas  tout.  Comme  les  deux  modes  de  falsifications 
décrits  ci-dessus  ne  fournissent  pas  encore  à  la  statisti- 
que nationale  le  résultat  qu'elle  désire,  les  commissions 
de  recensement  n'ont  pas  hésité,  ces  derniers  temps,  à 
enregistrer  aussi  des  Grecs-catholiques  comme  des  Polo- 
nais quoique  chacun  sache  que  l'église  grecque-ortho- 
doxe en  Galicie  possède  tous  les  signes  caractéristiques 
d'une  église  strictement  nationale  et  que  le  professeur 
Smolka  lui-même  ait  constaté,  à  plusieurs  reprises  et  à 
grand  regret  dans  son  dernier  ouvrage  ^)  que  les  soi-di- 
sant «gente  Rutheni,  natione  Poloni»,  c'est-à-dire  des 
Grecs-catholiques  d'après  la  confession  et  des  Polonais 
')  Le  Monde  Russien. 


58 

d'après  la  nationalité,  sont  déjà  sur  le  point  de  disparaî- 
tre. Cette  catégorie  de  personnes  se  limite  à  un  tout  petit 
nombre  d'individus  qui  sont  entrés  du  reste,  ces  derniers 
temps,  dans  l'église  catholique-romaine.  Le  recensement 
officiel  de  1910  accuse  235,328  Polonais  grecs-catholiques, 
ce  qui  a  paru  douteux  même  à  un  savant  étranger  qui 
n'est  pas  au  courant  des  conditions  locales.  ^)  Il  ne  faut 
donc  point  s'étonner  si,  étant  donné  ce  mode  de  recen- 
sement en  Galicie,  les  Polonais  qui  formaient  avant  une 
minorité  nationale,  sont  devenus  non  seulement  une  ma- 
jorité relative,  mais  même  absolue,  et  si  le  pourcentage 
de  la  population  polonaise  augmente  dans  les  propor- 
tions presque  américaines,  plus  rapidement  encore  que 
celui  de  la  population  magyare  de  Hongrie.  C'est  ce  qui 
résulte  du  tableau  suivant  : 

Date  du  Nombre  total  de  la  population 

recensemert  de  la  Galicie 

1846 2)  4^875,149 

1851 »)  4,555,477 

1857 ^)  4,632,866 

1880  ....         .     .  "*)  5,938,461 

1890 -»)  6,578,835 

1900 ")  7,284,703 

1910 *)  7,980,477 

Dont 
Ukrainiens  Polonais  Allemands  Juifs 

2,441,771  (50.1°/o)  1,994,802  (40.97o)  100,000  (2.07o)  335,071     (6.97o) 

2,281,839  (50.17o)  1,864,101  (40.97o)  93,387  (2.07o)  312,962     (6.97o) 

2,085,431  (45.07o)  1,981,076  (42.77o)  114,293  (2.57o)  448,973     (9.77o) 

2,549,707  (42.97o)  3,058,400  (51.57o)  324,336  (5.57o)         — 

2,835,674  (43.17o)  3,509,183  (53.37o)  227,600  (3.57«)         — 

3,074,449  (42.27o)  3,988,702  (54.87o)  211,752  (2.97o)         — 

3,208,092  (40.27o)  4,672,500  (58.57o)  90,114  (1.17o)         — 

*)  Dr.  W.  Hecke,  Augmentation  de  la  population,  migration  in- 
térieure et  langue  de  conversation.  Stat.  Monatshefte,  N.  F.  XIX, 
pages  653—723. 

^)  D'après  les  calculs  de  Hein. 

^)  D'après  les  calculs  des  tableaux  statistiques  de  l'ancienne 
monarchie  autrichienne. 

*)  Recensements  officiels. 


59 

Une  statistique  arrangée  de  la  sorte  sert  ensuite  aux 
hommes  de  politique  et  aux  savants  de  base  sur  laquelle 
ils  établissent  leurs  thèses  dirigées  contre  les  demandes 
des  Ukrainiens.  Une  de  ces  thèses  est  en  première  ligne 
l'affirmation  qu'il  n'est  pas  possible  de  considérer  la  Ga- 
licie  orientale  comme  un  territoire  ukrainien  parce  qu'il 
s'y  trouve  des  districts  avec  une  majorité  polonaise.  Ces 
districts  seraient  au  nombre  de  cinq  :  ceux  de  Lemberg, 
Peremychl,  Skalat,  Tarnopol  et  Terebovla.  D'après  le  re- 
censement de  1910  la  composition  nationale  de  la  popu- 
lation de  ces  districts  est  la  suivante  : 

Districts  Ukrainiens  Polonais  Allemands 

Lemberg  (sans  la  ville)    .    .    36.67o  6I.670  1.87o 

Peremychl 44.67o  52.27o  2.27o 

Skalat 47.770  52.070  0.370 

Tarnopol       48,07o  51,47o  0.47© 

Terebovla 48.07o  51.77o  0.17o 

Or,  lors  du  recensement  de  1880  encore,  tous  ces  dis- 
tricts formaient  une  majorité  ukrainienne.  C'est  en  1890 
que  le  district  de  Skalat  accuse,  le  premier,  une  toute  pe- 
tite majorité  polonaise  (49,8  %)  de  Polonais  et  48,5  % 
d'Ukrainiens).  En  1900  le  district  de  Lemberg  est  déjà  en 
majorité  polonais  tandis  que  celui  de  Skalat  accuse 
10,000  Ukrainiens  de  plus  que  de  Polonais.  Tout  cela 
n'est  qu'une  manœuvre  pour  pouvoir  enfin,  en  1910,  pré- 
senter cinq  districts  «polonais»  dans  la  Galicie  orientale. 
Pour  bien  comprendre  la  création  artificielle  de  l'élé- 
ment polonais  dans  ces  districts  nous  nous  occuperons 
pendant  un  moment  de  leur  composition  au  point  de  vue 
des  confessions  : 

Distrlcuj                      Grecs-catholiques  etîrméSi*iSS  '^^'^ 

Lemberg  (sans  la  villt-)     .    .    45.y7o                 43.47©  8.77© 

Peremychl 50.0«/o                 35.87*  14.17© 

Skalat 50.37©                 36.67©  13.27© 

Tarnopol       53.67©                 32.67©  13.97© 

Terebovla 61.67©                 3Ô.47©  y.07© 


60 

On  voit  donc  que,  même  en  supposant  que  tous  les 
catholiques-romains  soient  de  nationalité  polonaise,  les 
Polonais  ne  posséderaient  pas  même  la  majorité  relative 
dans  quelque  district  que  ce  soit.  Les  Ukrainiens  grecs- 
orthodoxes,  par  contre,  ont  une  majorité  relative  uni- 
quement dans  le  district  de  Lemberg,  dans  les  quatre  au- 
tres, par  contre,  la  majorité  absolue.  Dans  ce  dernier  cas 
il  ne  servait  donc  à  rien  d'enregistrer  tous  les  Juifs 
comme  Polonais  si  bien  qu'il  fallait  y  ajouter  encore  des 
quantités  de  Grecs-catholiques.  Une  comparaison  du  ta- 
bleau des  nationalités  avec  celui  des  confessions  montre 
que,  dans  le  district  de  Lemberg,  par  exemple,  les  «Polo- 
nais» grecs-orthodoxes  font  presque  le  10  %  de  la  popu- 
lation totale,  dans  d'autres  un  peu  moins,  suivant  le  be- 
soin. De  cette  manière  on  peut  sans  peine  transformer 
tous  les  districts  de  la  Galicie  orientale  en  districts  polo- 
nais. La  réalité  est  cependant  toute  autre.  Dans  le  dis- 
trict de  Tarnopol,  par  exemple,  que  nous  connaissons  fort 
bien,  tout  au  plus  un  tiers  des  catholiques-romains  est 
polonais,  deux  tiers,  par  contre,  indubitablement  ukrai- 
niens. C'est  pourquoi  le  pourcentage  des  Polonais  dans 
ce  district  est  tout  au  plus  de  11  %,  et  celui  des  Ukrainiens 
presque  de  75  %.  La  comparaison  de  ces  chiffres  avec  les 
dates  officielles  nous  montre  l'étendue  et  l'importance  des 
falsifications  commises  lors  des  recensements  en  Galicie. 
Ce  n'est  donc  point  étonnant  que  même  un  savant  polo- 
nais, le  professeur  Romer,  dans  une  conférence  faite,  le 
4  janvier  1917,  au  «Kolo  literackie»  à  Lemberg,  désigne 
le  recensement  galicien  officiel  comme  fortement  défiguré 
en  faveur  des  Polonais.  Cela  nous  ôte  aussi  toute  possibi- 
lité d'utiliser  les  dates  de  la  statistique  nationale  de  quel- 
que manière  que  ce  soit,  et  nous  force  d'établir  nos  cal- 
culs exclusivement  sur  la  base  des  confessions.  Nous  ne 


61 

considérerons  donc  plus,  pour  ce  qui  est  du  territoire  ga- 
licien, comme  Ukrainiens  les  grecs-orthodoxes  et  le  pe- 
tite nombre  de  grecs-orientaux  qui  ont  déclaré  être 
Ukrainiens.  Nous  mettons,  comme  partout,  les  Juifs  à 
part  et  nous  compterons  comme  Polonais  tous  les  catho- 
liques-romains, aussi  les  42,822  que  le  recensement  offi- 
ciel reconnaît  comme  des  Ukrainiens.  En  faisant  cela 
nous  savons  parfaitement  bien  que  nous  diminuons  ainsi 
le  vrai  nombre  des  Ukrainiens  de  quelques  centaines  de 
mille,  mais  nous  préférons  prendre  la  chose  comme  elle 
est  et  de  rester  objectifs  que  de  nous  perdre  en  conjec- 
tures et  d*oprérer  avec  des  chiffres  fictifs  qui  ne  prou- 
veraient rien  et  ne  contribueraient  pas  à  mettre  la  chose 
au  point. 

On  sait  que  le  territoire  ukrainien  pénètre,  dans  les 
Carpathes  et  dans  les  régions  voisines  sur  territoire  hon- 
grois et  galicien,  sous  forme  d'un  cône,  bien  plus  vers 
Touest  que  dans  les  vallées,  et  qu'il  sépare  le  domaine 
linguistique  polonais  de  celui  de  la  langue  slovaque.  Du 
côté  de  la  Galicie  nous  rencontrons,  comme  qui  dirait, 
comme  avant-postes,  des  colonies  ukrainiennes  dans  le 
district  judiciaire  appelé  Krostzienko  du  district  politique 
de  Novytarg,  quatre  communes  ukrainiennes  pures,  savoir: 
Bila  et  Tchorna  Voda,  Yavorky  et  Clakhtova,  qui  forment 
en  quelque  sorte  une  presqu'île  au  milieu  de  la  Mer-Polo- 
naise, ne  communiquant  avec  le  reste  du  territoire  ukrai- 
nien que  par  l'Ukraine  hongroise.  Puis  la  frontière  ethno- 
graphique retourne  à  la  frontière  hongro-slovaque,  mais 
encore  sur  la  rive  droite  du  Poprad  elle  se  dirige  de  nou- 
veau au  nord  et  va  tout  près  de  la  ligne  de  chemin  de  fer 
Novy  Santch-Hrybiv,  tout  en  ajoutant  au  territoire  ukrai- 
nien tout  le  district  de  Mouchyna  et  huit  communes  du 
district  judiciaire  de  Novy  Santch  (Kotiv,  Labova,  Labo- 


62 

vytzi,  Matiieva,  Nove  Selo,  Mala  Roztoka,  Skladyste  et 
Ouhryn).  Ici  elle  tourne  vers  Test,  et,  en  passant  au  sud- 
ouest  de  Hrybiv,  elle  coupe  le  district  de  Hrybiv  diago- 
nalement  en  deux  parties  :  une  partie  méridionale,  gran- 
de, ukrainienne,  et  une  partie  septentrionale,  petite,  po- 
lonaise. Elle  partage  également  le  district  judiciaire  de 
Gorlitze  au  sud  de  Gorlitze  et  atteint  dans  le  secteur  est 
de  ce  district  la  grand'route  reliant  Gorlitze  à  Jmyhorod. 
Ensuite  elle  va,  avec  cette  route,  jusque  devant  Jmyho- 
rod, le  chef-lieu  d'un  district  judiciaire  dans  le  district  po- 
litique de  Yaslo,  conturne  la  ville  dans  un  demi-cercle  du 
côté  sud-ouest,  et  tout  en  se  tenant  à  une  distance  de 
3—4  km.  de  la  grand'route  Jmyhorod-Doukla,  elle  tra- 
verse les  monts  Dania  et  Hyrava  et  arrive  jusqu'à  la 
Yasolka  au  sud  de  la  petite  ville  de  Doukla.  A  quelques 
kilomètres  ab  sud  de  la  Yasolka  elle  entre  dans  le  dis- 
trict de  Sanok,  tourne  de  là  un  peu  au  nord,  reprend  près 
de  la  station  balnéaire  de  Ivonitch  de  nouveau  la  direc- 
tion de  l'est,  passe  tout  près  de  Rymaniv,  traverse,  à  l'est 
de  cette  petite  ville,  la  ligne  de  chemin  de  fer  Korosno- 
Sanik  et  le  fleuve  appelé  Vysloka  et  atteint  finalement, 
au  nord  de  Sanik,  le  cours  supérieur  du  San.  Au  com- 
mencement elle  est  très  prononcé  de  sorte  qu'elle  déli- 
mite un  territoire  contenant  approximativement  90  % 
d'Ukrainiens,  pour  devenir  un  peu  moins  nette  au  dis- 
trict de  Sanok.  Ici  nous  rencontrons,  des  deux  côtés  de  la 
frontière  ethnographique,  des  colonies  à  population  mé- 
langée et  des  îlots  ou  enclaves  ethnographiques,  au  nord 
des  enclaves  ukrainiennes,  au  sud  des  enclaves  polonai- 
ses. Une  enclave  ukrainienne  assez  grande  qui  comprend 
plusieurs  communes,  se  trouve  dans  la  partie  nord  du 
district  judiciaire  de  Korosno.  Comme  jusqu'ici,  nous  ne 
tiendrons  aucunement  compte  de  ces  enclaves,  tout  en 


63 

les  adjugeant  au  territoire  dans  lequel  elles  sont  situées. 
De  cette  manière  le  pourcentage  de  la  population  polo- 
naise, ou  mieux,  de  la  population  catholique-romaine 
monte  dans  le  secteur  ukrainien  du  district  de  Sanik  jus- 
qu'à 30  %.  Il  faut  remarquer  que  nous  constatons  ici, 
dans  les  districts-frontière  de  l'Ukraine  galicienne,  pres- 
que partout  une  diminution  de  la  population  au  lieu  d'une 
augmentation.  Voilà  les  conséquences  de  l'émigration  en 
masses  en  Amérique  qui  a  commencé  le  plus  tôt  parmi 
les  Lemkis.  Il  n'y  a  que  le  district  de  Novy  Santch  qui 
présente  une  faible  augmentation.  Le  district  de  Sanik,  à 
l'exception  du  district  judiciaire  de  Boukivsko,  accuse 
une  augmentation  légèrement  plus  forte. 

La  frontière  du  territoire  ukrainien  proprement  dit, 
une  fois  arrivée  au  cours  supérieur  du  San  au-dessous 
de  Sanik,  se  dirige  vers  l'est  et  s'étend  en  aval  du  San, 
en  séparant  du  territoire  ukrainien  la  partie  du  district 
de  Bereziv  qui  se  trouve  à  l'est  du  fleuve.  Ce  n'est  qu'au- 
dessous  de  l'embouchure  de  la  Bar}^tchka  qu'elle  s'éloi- 
gne un  peu  du  San  pour  faire  place  à  deux  colonies  polo- 
naises situées  sur  la  rive  droite  du  fleuve,  en  face  de 
Dyniv.  Deux  grands  villages  ukrainiens  sur  la  rive  gau- 
che du  San,  Hlidno  et  Loubno,  forment  une  enclave  eth- 
nographique dans  le  territoire  polonais.  D'autre  part, 
nous  possédons,  dans  le  village  de  Dylongova,  une  en- 
clave polonaise  sur  territoire  ukrainien.  Au-dessous  de 
Dyniv  la  frontière  ethnographique  revient  au  San  et  suit 
le  fleuve  à  l'est.  Près  du  village  de  Babytch,  à  l'est  de 
Doubetzko,  elle  passe  sur  la  rive  gauch  du  San  et,  en  tour- 
nant au  nord,  elle  quitte  ce  fleuve  qui  continue  son  cours 
dans  la  direction  de  l'est.  C'est  ainsi  qu'elle  arrive  à  la 
ligne  de  partage  des  eaux  entre  le  San  et  le  Vyslok,  tourne 
en  traversant  le  mont  Boukovy,  au  nord-est,  et  suit  la 


64 

frontière  des  districts  de  Yaroslav  et  de  Peremychl  jus- 
qu'aux sources  du  ruisseau  appelé  Kachytzki,  un  affluent 
gauche  de  la  Rada.  Ici  elle  se  dirige  de  nouveau  au  nord, 
le  long  du  ruisseau  appelé  Rokytnytzia,  tourne  avec  lui 
à  Test,  va  à  rembouchure  du  Kachytzky  dans  la  Rada,  et 
rejoint  avec  la  Rada  de  nouveau  le  San  au-dessous  de 
Radymno.  Après  avoir  traversé  le  San,  elle  tourne  tout 
d'un  coup  à  l'est  et  va  jusqu'au-delà  du  cours  inférieur 
de  la  Vychnia,  en  faisant  place  à  deux  communes  polo- 
naises: Michalovka  et  Doumkovitze.  Mais  immédiatement 
après  elle  revient  avec  la  Vychnia  vers  le  San.  A  partir 
de  l'embouchure  de  la  Vychnia  elle  suit  constamment  le 
San,  en  s'écartant  très  peu  du  côté  est  près  de  Nelepko- 
vice  (au-dessous  de  Yaroslav)  et  de  Siniava,  pour  attein- 
dre de  nouveau  des  colonies  ukrainiennes  sur  la  rive 
gauche  du  fleuve  telles  que  Doubno  à  l'embouchure  du 
Vyslok  et  Sylianka  près  de  Lejaïsk.  C'est  ainsi  qu'elle 
parvient  avec  le  San  jusqu'à  l'embouchure  de  la  Zolota 
et,  en  allant  en  amont  de  la  Zolota,  enfin  à  la  frontière 
russo-galicienne. 

Ge'st  ici  qu'elle  entre  dans  le  gouvernement  de  Kholm 
qui  a  été  séparé  de  la  Pologne  et  composé  des  territoires 
dans  lesquels,  d'après  le  recensement  du  1er  janvier  1909, 
les  grecs-orthodoxes  (Ukrainiennes  et  Grands-Russes) 
possédaient  la  supériorité  numérique  sur  les  catholiques- 
romains  (Polonais). 

Cependant,  en  examinant  ces  districts  de  plus  près, 
on  se  rend  compte  que,  sur  les  huit  districts  de  ce  gou- 
vernement, les  Ukrainiens  forment  seulement  dans  six  la 
majorité  de  la  population  :  la  majorité  absolue  dans  ceux 
de  Rila,  Volodava,  Hroubechiv  et  Konstantyniv,  la  majo- 
rité relative  dans  ceux  de  Kholm  et  de  Tomachyv.  Dans 
les  deux  districts  qui  pénètrent  le  plus  vers  le  sud-ouest, 


65 

savoir  ceux  de  Bilhoraï  et  de  Zamostie,  les  Polonais  ont 
la  prépondérance.  C'est  pourquoi  nous  séparons  ces  deux 
districts  du  territoire  ukrainien  proprement  dit,  parce 
que  nous  ne  possédons  pas  de  dates  correspondantes 
pour  pouvoir  établir  la  frontière  de  commune  à  com- 
mune, vu  que  les  communes  sont  très  mélangées  ici  au 
point  de  vue  des  nationalités.  La  frontière  ouest  de 
rUkraine  ethnographique  s'étendra  donc  le  long  du  cor- 
don russo-galicien  vers  l'est  jusqu'aux  sources  de  la 
Tanva,  un  affluent  droit  du  San.  Là  elle  tourne  au  nord, 
suit  le  versant  ouest  de  la  ligne  de  partage  des  eaux  du 
Vepr  et  du  Bouh,  traverse  la  région  des  sources  du  Vepr 
et  de  son  affluent  dront,  la  Topornytzia,  et  atteint,  près 
de  Krasnostav,  de  nouveau  le  Vepr.  Elle  longe  ensuite  la 
frontière  ouest  du  gouvernement  de  Kholm  jusqu'au 
Bouh  au-dessous  de  Melnyk,  descend  ensuite  le  Bouh 
jusqu'à  l'embouchure  du  Nouretz,  et  va  enfin  en  amont 
du  Nouretz,  jusqu'à  ce  qu'elle  atteint,  en  ligne  droite,  le 
Narev. 


Kordouha 


IL  La  population  dans  le  territoire  ethno- 
graphique de  l'Ukraine. 

Le  territoire  ethnographique  de  l'Ukraine,  renfermé 
dans  les  frontières  décrites  ci-dessus,  a  la  forme  d'un  tra- 
pézoïde  situé  entre  les  20,5me  et  45me  degrés  de  longi- 
tude géographique  est  de  Greenwich  et  entre  le  44me  et 
53me  degré  de  latitude  géographique  nord.  Les  colonies 
ukrainiennes  les  plus  occidentales  se  trouvent  entre  le 
Poprad  et  le  Dounaïetz  dans  le  comitat  de  Zips  en  Hongrie 
et  dans  le  district  de  Novitarg  en  Galicie.  C'est  le  district 
de  Sviatohochresta  du  gouvernement  de  Stavropol  qui  se 
trouve  le  plus  à  l'est.  Le  district  qui  s'étend  le  plus  au  sud 
c'est  celui  de  Katerynodar  au  pays  de  Kouban,  tandis  que 
celui  de  Bila  du  gouvernement  de  Grodno  s'étend  le  plus 
au  nord.  Le  côté  sud  du  trapézoïde  ukrainien  est  en  même 
temps  aussi  le  côté  le  plus  long.  Il  a  une  longueur  de 
presque  2000  km.  Le  plus  court  côté  c'est  celui  de  l'ouest, 
du  Dounaïetz  supérieur  jusqu'à  Narva,  long  de  420  km. 
L'Ukraine  ethnographique  couvre  une  superficie  de 
739,162  km%  dont  664,635  km^  appartiennent  à  l'Ukraine 
russe,  59,854  km^  à  l'Ukraine  autrichienne  (en  Galicie  et 
et  Boukovine),  et  enfin  14,673  km^  à  l'Ukraine  hongroise. 
L'Ukraine  russe,  à  elle  seule,  est  à  peu  près  de  12,000  km^ 
(la  superficie  de  la  Haute-Autriche)  plus  petite  que  toute 
l'ancienne  Autriche-Hongrie,  y  compris  la  Bosnie  et 
l'Herzégovine.  L'Ukraine  dans  son  ensemble  dépasse 
l 'Autriche-Hongrie  de  62,547  km^,  donc  d'un  territoire 
de  la  grandeur  de  la  Bavière  (sans  le  Palatinat).  L'état 
formé  du  territoire  habité  par  des  Ukrainiens  serait  le 
second  en  Europe  comme  étendue. 


67 

La  population  de  l'Ukraine  ethnographique  s'éleva  en 
janvier  1914  à  46,012,000  âmes.  L'Ukraine  russe  compte 
39,604,500  habitants,  donc  juste  autant  que  la  France. 
L'Ukraine  autrichienne  a  5,839,000  habitants,  et  enfin 
l'Ukraine  hongroise  568,500.  D'après  le  chiffre  de  sa  po- 
pulation l'état  ukrainien  occuperait,  parmi  les  états  euro- 
péens, le  cinquième  rang,  après  la  Russie,  l'AUemangne, 
l'ancienne  Autriche-Hongrie  et  la  Grande  Bretagne.  Il 
compterait  en  outre  seulement  un  demi  million'  d'habi- 
tants de  moins  que  la  Grande-Bretagne.  La  densité 
moyenne  de  la  population  de  l'Ukraine  ethnographique 
est  aujourd'hui  de  62,3  par  kilomètre  carré.  A  cet  égard 
elle  est  bien  inférieure  à  celle  des  états  plus  peuplés  de 
l'Europe  occidentale  et  centrale.  D'autre  part  elle  dépasse 
considérablement  la  densité  de  la  population  des  pays  du 
Nord  de  l'Europe  :  Norvège  (densité  7,9),  Suède  (12,6), 
Jutland  (46,8)  sur  le  kilomètre  carré.  La  densité  moyeene 
de  la  population  en  Ukrain€  dépasse  celle  de  la  Russie 
européenne  (27,5)  et  de  l'Espagne  (39,5)  et  l'emporte 
aussi  sur  celle  des  pays  balkaniques  à  l'exception  de  la 
Turquie  d'Europe.  Elle  se  rapproche  déjà  assez  forte- 
ment de  la  densité  moyenne  en  France  (73,8)  et  en  Au- 
triche-Hongrie (76),  tout  en  dépassant  celle  des  pays  al- 
pins de  l'ancienne  monarchie  :  Salzbourg,  Carinthie,  Car- 
niole,  Tyrol.  La  densité  de  la  population  est  du  reste  fort 
inégale  dans  les  différentes  parties  de  l'Ukraine.  Elle 
est  le  plus  grande  dans  l'Ukraine  autrichienne  :  97,6  sur 
1  kilomètre  carré  ;  dans  l'Ukraine  russe  elle  est  de  59,6,  et 
le  plus  petite  dans  l'Ukraine  hongroise  :  38,7.  Mais  les 
différences  ne  sont  pas  moins  grandes  dans  chacun  des 
trois  territoires  de  l'état  ukrainien.  La  plus  grande  den- 
sité se  rencontre  en  Boukovine,  c'est-à-dire  dans  la  partie 
ukrainienne  du  district  de   Czemovitz  :    238,9    par   km* 


68 

(égale  à  la  densité  moyenne  en  Angleterre),  dans  le  dis- 
trict de  Stanislau  190,2,  dans  celui  de  Peremychl  165,1  et 
dans  le  district  de  Kolomya  enfin  161,9,  ces  trois  districts 
se  trouvant  en  Galicie  ;  les  trois  districts  ukrainiens  les 
plus  peuplés  en  Russie  sont  :  Kiev  (158),  et  Kharkov 
(154,3).  Dans  tous  ces  districts  on  reconnaît  facilement 
l'influence  des  grandes  villes  qui  ne  concertrent  non  seu- 
lement la  population  dans  leurs  centres  mêmes,  mais  en- 
core plus  ou  moins  sur  la  périphérie  et  dans  les  districts 
voisins.  Viennent  ensuite  les  districts  :  Sniatyn  (149), 
Lemberg  (sans  la  ville  même)  (136,3),  et  Petchenijyn 
(131,6)  en  Galicie,  la  partie  ukrainienne  du  district  de 
Sereth  (142)  et  le  district  de  Kitzman  (132,6)  en  Bouko- 
vine,  lesquels,  sans  renfermer  de  grandes  villes,  n'en  ac- 
cusent pas  moins  une  plus  grande  densité  que  la  densité 
moyenne  en  Bohême  (130,3  sur  1  km^).  Possèdent  entre 
110  et  130  habitants  sur  le  km^  en  Galicie  les  districts  : 
Tovmatch  (129,7),  Stry  (127,8),  Drohobytch  (125,7),  Tar- 
nopil  (124,8),  Horodenka  (120),  Boutchatch  (119,6),  Tere- 
bovla  (117,9),  Sambir  (116,9),  Rohatyn  (113,3),  Roudky 
(112,8),  Tchorkiv  (112,1),  Houssiatyn  (112,1),  et  Mostyska 
(110,9);  en  Boukovine  la  partie  ukrainienne  du  district  de 
Sutchava  (120,6)  ;  dans  l'Ukraine  russe  les  districts  de 
Kamenetz  podilsky  (122,1),  Vynnytzia  (116,1),  Proskouriv 
(114,2)  et  Berditchiv  (112,4).  Cette  densité  correspond  à 
la  densité  moyenne  en  Italie  (120,9)  et  en  Allemagne 
(120).  Ont  plus  de  100  habitants  par  km^  en  Galicie  les 
districts:  Zalistchyky  (106,9),  Borstchiv  (106,7),  Skalat 
(106,1),  Bibrka  (102,5)  et  Zolotchiv  (101,5);  en  Boukovine: 
Vachkivci  (105,1)  et  Zastavna  (103,8)  ;  dans  l'Ukraine 
russe  les  districts  :  Mohyliv  (109,5),  Kaniv  (104,6),  Bratz- 
lav  (104,1),  Ouchytzia  (103,8),  Starokonstantyniv  (103,4), 
Khotyn  (102,9),  Hroubechiv  (102,7)  et  Tcherkassy  (102,5). 


69 

Les  contrées  fortement  peuplées  se  trouvent,  dans 
l'Ukraine  autrichienne,  en  général  au  sud  de  la  ligne 
Peremychl-Lemberg-Zolotchiv-Tarnopol  jusqu'au  terri- 
toire voisin  des  Carpathes,  dans  l'Ukraine  russe  ces  con- 
trées comprennent  le  pays  de  Kholm,  la  Podolie  et  le 
pays  de  Kiev.  Dans  l'Ukraine  hongroise  la  densité  de  la 
population  n'atteint  nulle  part  le  chiffre  de  100,  cette  par- 
tie de  l'Ukraine  étant  avant  tout  un  pays  montagneux  et 
ne  renfermant  pas  de  grandes  villes.  La  population  est  le 
plus  clairsemée  dans  les  régions  montagneuses  de  la  Bou- 
kovine  sud-ouest,  dans  les  parties  ukrainiennes  des  dis- 
tricts de  Radautz  (14,9)  et  de  Kimpoloung  (16,4),  puis  en- 
core dans  la  contrée  du  moyen  Pripet  dans  le  district  de 
Mozyr  (16,8  sur  km^).  Ont  entre  20  et  30  habitants  par 
km^  dans  l'Ukraine  russe  les  districts  :  Kavkask  dans  le 
pays  de  Kouban  (20,4),  Dniprovsk  dans  le  gouvernement 
de  la  Tauride  (25,3),  Pynsk  (28,1),  toute  l'enclave  ukrai- 
nienne dans  le  gouvernement  de  Stavropil  (28,3)  et  le 
district  d'Ovroutch  (29,1)  en  Volhynie  ;  dans  l'Ukraine 
hongroise  les  districts  :  Tiszavôlgy  (22,2)  et  Taraczviz 
(27,7)  du  comitat  de  Marmaros,  Tiszahat  (28,6)  et  Also- 
vereczke  (29,9)  au  comitat  de  Bereg,  Homonna  (27,5)  et 
Szinna  (26,5)  dans  le  comitat  de  Zemplén  et  Gellért 
(25,5)  dans  le  comitat  de  Saros.  En  général  ce  sont  les 
régions  situées  au  pied  des  Carpathes  et  du  Caucase  où  la 
population  a  la  moins  grande  densité,  ensuite  encore 
dans  les  contrées  marécageuses  du  Pripet. 

La  grande  masse  de  la  population  dans  l'Ukraine  eth- 
nographique est  naturellement  ukrainienne.  Nous  avons 
signalé  déjà  dans  la  première  partie  de  notre  étude  que 
le  peuple  ukrainien  ne  possède  nulle  part  une  autonomie 
politique,  qu'il  n'est  nulle  part  maître  chez  lui  et  qu'il  est 
au  contraire,  soumis  partout  à  la  domination  de  peuples 


70 

étrangers  et  ennemis  qui  concentrent  en  leurs  mains  tout 
le  pouvoir  administratif  et  manient  les  recensements 
comme  bon  leur  semble  au  détriment  des  Ukrainiens. 
Cela  étant,  nous  ne  disposons  donc  point  de  dates  abso- 
lument authentiques  et  absolument  sûres  concernant  le 
chiffre  total  de  la  population  ukrainienne.  Ainsi  il  ne  nous 
reste  donc,  après  avoir  opéré  quelques  corrections  mini- 
mes dont  il  a  déjà  été  question  ci-dessus,  la  possibilité 
d'indiquer  le  nombre  minimum,  à  titre  de  limite  infé- 
rieure, c'est-à-dire  ce  nombre  qui  indique  combien  d'U- 
krainiens il  doit  y  avoir  dans  tous  les  cas  d'après  les  in- 
dications des  peuples  qui  régnent  sur  nous.  Ce  chiffre 
minimum  des  Ukrainiens  habitant  le  territoire  de  l'U- 
kraine ethnographique  tel  que  nous  venons  le  présen- 
ter, s'élève  à  32,662,000  âmes,  c'est-à-dire  environ  71  % 
de  la  population  totale  des  pays  en  question.  Ce  pour- 
centage pourrait  peut-être  paraître  trop  bas  en  compa- 
raison du  pourcentage  des  peuples  dominants  en  Europe, 
des  Français,  Italiens  et  Allemands  dans  leurs  territoires 
purement  nationaux.  Mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  les 
pays  ukrainiens  qui  étaient  soumis  pendant  des  siècles 
à  des  empires  et  à  des  gouvernements  étrangers,  ont  subi 
aussi  en  même  temps  les  influences  d'une  immigration 
venue  du  dehors,  cette  immigration  ne  s'étendant  pas 
seulement  sur  certains  territoires-frontière,  mais  aussi 
sur  les  villes  et  sur  les  districts  industriels  et  d'une  façon 
générale  sur  les  points  les  plus  avantageux  dans  le  cen- 
tre du  pays,  ensuite,  que  nous  avons  éliminé  les  Juifs  qui 
constituent,  sur  territoire  ukrainien,  un  pourcentage  as- 
sez important  de  la  population,  en  les  élevant  au  rang 
d'un  groupe  national  spécial,  tandis  que  les  Français,  les 
Italiens  et  les  Allemands  comptent  les  Juifs  habitant  sur 
leurs  territoires  comme  des  nationaux  ;  ensuite,  que  de 


71 

nombreux  Ukrainiens  pur  sang  enregistrés,  par  des  re- 
censeurs peu  scrupuleux,  en  Russie  comme  Grands-Rus- 
ses, en  Hongrie  comme  Magyars,  en  Boukovine  comme 
Roumains,  ont  contribué  à  la  diminution  du  pourcentage 
des  Ukrainiens  établi  par  le  recensement  et  à  l'augmenta- 
tion du  pourcentage  de  la  population  étrangère  ;  et  en- 
fin, que  la  plus  grande  moitié  des  catholiques-romains 
dans  la  Galicie  orientale  sont  des  Ukrainiens  et  que  ce 
n*est  que  faute  d'indications  statistiques  exactes  que  nous 
sommes  forcés  de  les  classer  tous  parmi  les  Polonais. 
Pour  ces  raisons  le  résultat  des  calculs  indiqué  par  nous 
doit  être  considéré  comme  assez  favorable  si,  en  dépit 
de  toutes  les  difficultés,  le  pourcentage  de  la  population 
ukrainienne  dans  les  pays  ukrainiens  atteint  encore  en- 
tièrement le  pourcentage  des  Polonais  dans  les  dix  gou- 
vernements de  la  Pologne  dite  Pologne  du  Congrès 
(71,9  %). 

Les  trois  territoires  politiques  entre  lesquels  se  répartit 
rUkraine  ethnographique  montrent  certaines  différences 
dans  la  hauteur  du  pourcentage  de  la  population  ukrai- 
nienne. Dans  l'Ukraine  autrichienne  ce  pourcentage  est 
en-dessous  du  pourcentage  moyen  et  ne  s'élève  qu'à 
63,6  %,  mais  en  réalité  il  y  est  sensiblement  plus  élevé  et 
atteint  d'après  les  calculs  de  Tomachivsky,  le  70  %.  Dans 
l'Ukraine  russe  il  s'élève  jusqu'à  72  %,  dans  l'Ukraine 
hongroise  même  77,5  %.  En  comparant  ces  résultats  du 
mois  de  janvier  1914  avec  ceux  de  1897  ou  de  1900,  nous 
constatons  un  léger  déplacement  en  faveur  de  l'élément 
ukrainien.  Le  pourcentage  des  Ukrainiens  dans  tout  le 
territoire  est  tombé  de  71,6  %  à  71  %,  il  a  donc  diminué 
de  0,6  %.  Dans  l'Ukraine  autrichienne  cette  diminution 
est  plus  grande  que  la  diminution  moyenne  et  atteint 
1,6  %  (de  65.2)  à  63,6  %),  quoique  l'augmentation  natu- 


72 

relie  de  la  population  ukrainienne  soit  plus  forte  que 
celle  des  Polonais.  On  peut  expliquer  ce  fait  par  la  crois- 
sance plus  rapide  de  Télément  polonais  dans  les  villes 
et  par  la  plus  forte  émigration  des  Ukrainiens,  mais  aussi 
par  la  conversion  forcés  de  grecs-orthodoxes  au  catholi- 
cisme romain.  Dans  l'Ukraine  russe,  elle  aussi,  nous  pou- 
vons constater  une  légère  diminution  du  pourcentage  des 
Ukrainiens  (environ  0,6  %),  quoiqu'il  n'y  ait  pas  eu  là  un 
second  recensement  des  nationalités.  Cette  diminution 
résulte  de  ce  que  les  grandes  villes  et  les  districts  indus- 
triels avec  leur  fort  pourcentage  de  population  étrangère 
s'accroissent  plus  rapidement  que  les  villages  purement 
ukrainiens  et  les  contrées  agricoles.  Dans  l'Ukraine  hon- 
groise, par  contre,  le  pourcentage  des  Ukrainiens  est 
monté  de  75,9  %  (en  1900)  à  77,5  %  surtout  grâce  au  fait 
qu'un  certain  nombre  de  villages  ukrainiens  qui,  en  1900, 
avaient  été  enregistrés  comme  des  villages  slovaques,  ont 
été  reconnus  comme  ukrainiens  par  le  recensement  de 
1910. 

Si  nous  considérons  le  territoire  ukrainien  en  particu- 
lier nous  constaterons  des  différences  bien  plus  impor- 
tantes quant  au  chiffre  du  pourcentage  des  Ukrainiens. 
Le  district  de  Zinkov,  dans  le  gouvernement  de  Poltava, 
est  le  plus  pur  au  point  de  vue  national  ;  là  les  Ukrai- 
niens forment  le  98,1  %  de  la  population  ;  ensuite  le  dis- 
trict de  Kobylaky  dans  le  même  gouvernement  avec 
97,3  %  d'Ukrainiens.  En  général,  tout  le  gouvernement 
de  Poltava  est  très  égal  au  point  de  vue  national,  car  il 
s'y  trouve  93  %  de  population  ukrainienne.  Son  pendant 
est  le  gouvernement  de  Tchernyhiv  (sans  les  quatre  dis- 
tricts du  nord  qui  ne  sont  pas  ukrainiens)  avec  91,8  % 
d'Ukrainiens.  Ensuite  viennent  les  gouvernements  de 
Kharkiv   (80,6  %)    et   de    Podolie    (80,2  %)    et    la   par- 


73 

tie  moyenne  et  septentrionale  du  gouvernement  de 
Kiev,  où  le  pourcentage  des  Ukrainiens  oscille  dans  les 
villes  entre  82%  et  89,4%.  Les  parties  des  gouvernements 
de  Katerinoslav  et  de  Kherson  accusent,  eux  aussi,  un 
pourcentage  élevé  de  population  ukrainienne  ;  au  gou- 
vernement de  Katerinoslav,  les  districts  :  Novomoskovsk 
(93,2  %),  Verkhnedniprovsk  (90,3  %)  et  Oleksandrivsk 
(82,5  %)  ;  au  gouvernement  de  Kherson  le  district  d'Olek- 
sandria  (85,1  %).  Nous  trouvons  la  même  chose  pour  le 
district  d'Ovroutch  du  gouvernement  de  la  Volhynie  avec 
83,4  %  d'Ukrainiens,  et  dans  les  districts  d'Ostrohojsk 
(90,3  %)  et  de  Bohoutchar  (81,8  %)  du  gouvernement  de 
Voronije.  Doivent  être  regardés  encore  comme  très  égaux 
au  point  de  vue  national  les  districts  de  Zastavna  89,4  %), 
Kitzman  (87,4  %),  et  Vaohkivtzi  (82  %),  en  Boukovine, 
Tourka  (80,2%),  Kalouch  (80,7%),  Bohorodtchany  83,5%), 
Kossiv  (83,3  %)  et  Petchenyjin  (87,4  %)  dans  la  Galicie 
orientale.  Les  districts  dans  lesquels  la  population  ukrai- 
nienne vit  très  serrée  en  ce  sens  qu'elle  forme  de  gran- 
des masses  compactes,  sont  les  parties  ukrainiennes  des 
districts  de  la  Galicie  occidentale  :  Hrybiv  (94,1  %),  Gor- 
lice  (92,7  %),  laslo  (87,7  %),  et  Korosno  (91,9  %)  d'U- 
krainiens) ;  enfin  les  districts  hongrois  de  Voliv  (Okôr- 
mezô,  82,2  %)  et  Dovjany  (Dolha,  82,5  %)  au  comitat  de 
Marmaros,  Berezne  (Berezna,  83,7%)  et  Peretchyn  (Peree- 
seny  85%)  au  comitat  d'Oung,  Mezôlaborcz  (81,2%  d'U- 
krainiens) dans  le  comitat  de  Zemplén  et  la  plus  grande 
moitié  des  territoires  ukrainiens  formés  des  districts  des 
comitats  de  Bereg,  Saros  et  Zips  (Szepes)  (entre  82,6%  et 
91,4%  d'Ukrainiens).  Le  plus  petit  pourcentage  d'Ukrai- 
niens se  trouve  au  district  d'Odessa  (21,9  %)  où  les  Ukrai- 
niens, par  suite  de  la  prépondérance  du  grand  centre  com- 
mercial, c'est-à-dire  la  ville  d'Odessa,  avec  son  caractère 


74 

internationale/)  forment  la  minorité.  Les  Ukrainiens  pos- 
sèdent encore  la  minorité  dans  le  district  de  Rostiv  du 
territoire  du  Don  (33,6  %),  ce  que  nous  avons  déjà  fait 
ressortir  dans  la  première  partie  de  notre  enquête.  Quant 
au  troisième  endroit  où,  d'après  les  dates  statistiques  of- 
ficielles, les  Ukrainiens  ont  également  la  minorité,  c'est- 
à-dire  le  district  de  Kavkask  dans  le  pays  de  Kouban,  la 
majorité  grande-russe  y  est  très  douteuse  et  dans  tous  les 
cas  seulement  temporaire,  car,  comme  il  a  été  démontré 
plus  haut,  elle  diminue  constamment  grâce  à  la  prépon- 
dérance de  l'immigration  venue  des  gouvernements  ukrai- 
niens et  ne  dépasse  plus  la  population  ukrainienne  que 
de  2,6  %  (46,8  %  d'Ukrainiens  et  49,4  %  de  Grands-Rus- 
ses) au  plus.  Un  petit  pourcentage  d'Ukrainiens  se  ren- 
contre encore  dans  les  districts  suivants  :  Akerman  dans 
le  gouvernement  de  Ressarabie  (26,7  %),  où  environ  dix 
nationalités  vivent  mélangées  l'une  à  côté  de  l'autre,  Ti- 
raspil  au  gouvernement  de  Kherson  (33,3  %),  Rilsk  au 
gouvernement  de  Grodno  (39,1  %),  Stropko  dans  le  co- 
mitat  de  Zemplén  (39,8  %),  Kholm  (41,9  %)  et  Tomachiv 
(44,1  %)  au  gouvernement  de  Kholm,  Czernovitz  en  Rou- 
kovine  (44,2  %),  Lemberg  sans  le  territoire  de  la  ville 
de  Lemberg  elle-même  (45,9  %)  et  Marioupil  dans  le  gou- 
vernement de  Katerinoslav  (46,1  %).  Mais  dans  tous  ces 
districts  la  population  ukrainienne  l'emporte,  numérique- 
ment parlant,  sur  toute  autre  population,  et  forme  par 
conséquent  ce  qu'on  appelle  une  majorité  relative.  Tout 
en  nous  résumant,  nous  devons  dire  que  les  territoires 
ukrainiens  les  plus  purs  au  point  de  vue  national  com- 
prennent une  large  bande  des  deux  côtés  du  Dnipr  de 


')  La  ville  de  Lemberg"  qui  forme  un  territoire  politique  à  part 
et  ne  contient  que  19,17o  d'Ukrainiens,  ne  nous  intéressera  pas  ici, 
vu  quMl  s'agit  sans  son  cas  d'un  phénomène  purement  local. 


75 

la  Stouhna  jusqu'au  Zaporoje,  à  l'ouest  jusqu'à  la  fron- 
tière galicienne,  à  l'est  jusqu'au  moyen  Don  et  à  l'Aïdar, 
un  affluent  gauche  du  Donetz,  ensuite  le  pays  des  Car- 
pathes  du  côté  de  la  Galicie  et  de  la  Hongrie,  les  régions 
galiciennes  situées  au  pied  des  Carpathes  et  le  nord  de  la 
Boukovine  entre  le  Dniestr  et  le  Prouth.  Les  éléments 
étrangers  sont  le  plus  nombreux  dans  les  territoires-fron- 
tière sud  et  nord-ouest 

De  nombreux  Ukrainiens  vivent  encore  en  dehors  des 
frontières  de  l'Ukraine  ethnographique.  Nous  avons  déjà, 
dans  la  première  partie  de  cette  enquête,  fait  ressortir 
les  principaux  districts  de  la  colonisation  ukrainienne  sur 
territoire  russe.  Le  recensement  officiel  de  1897  accuse 
un  chiffre  total  de  22,380,551  Ukrainiens  dans  tout  l'an- 
cien empire  russe.  Ce  chiffre  doit  être  augmenté  du  nom- 
bre des  Pyntchouks  du  district  de  Pynsk  et  de  la  partie 
sud  du  district  de  Mozyr,  puisque,  comme  nous  l'avons 
démontré  ci-dessus,  ils  ont  été  enregistrés  faussement 
comme  Blanc-Ruthènes.  Cela  revient  à  dire  que  le  vrai 
nombre  des  Ukrainiens  en  Russie  s'est  élevé,  en  1897,  à 
22,624,067,  c'est-à-dire  à  18,1  %  de  la  population  totale  de 
l'empire.  Sur  ce  chiffre,  2,150,667  vivaient  alors  en  de- 
hors des  frontières  de  l'Ukraine  ethnographique.  Or,  en 
admettant  pour  ces  colons  la  même  augmentation  de  la 
population  que  les  Ukrainiens  accusent  en  Ukraine,  soit 
37,3  %,  quoiqu'il  soit  plus  grand  en  réalité,  étant  constam- 
ment augmenté  par  de  nouveaux  immigrants,  nous  obte- 
nons pour  le  mois  de  janvier  1914  le  chiffre  de  2,952,870 
âmes,  c'est-à-dire  que  le  chiffre  de  tous  les  Ukrainiens 
dans  l'empire  russe  s'est  élevé,  à  cette  date,  à  35,614,890 
individus.  En  y  ajoutant  le  chiffre  des  Ukrainiens  vivant 
dans  toute  l'ancienne  monarchie  austro-hongroise,  soit 
4,241,490,  on  arrive  à  la  somme  totale  de  39,614,890  Ukrai- 


76 

niens  pour  l'Europe.  ^)  Quant  au  nombre  des  Ukrainiens 
en  Amérique  nous  manquons  d'indications  statistiques 
précises.  Des  personnes  qui  connaissent  les  conditions 
en  Amérique  et  la  presse  ukrainienne  en  Amérique  éva- 
luent leur  chiffre  à  800,000  à  1,000,000  individus.  Dans 
tous  les  cas  nous  pouvons  être  sûrs  qu'il  existe  dans  le 
monde  entier  environ  41,000,000  Ukrainiens. 

Mais  revenons  à  l'Ukraine  ethnographique.  Les  peu- 
ples étrangers,  non-ukrainiens,  vivant  dans  l'Ukraine, 
sont  pou  la  plupart  des  Russes.  D'après  les  da- 
tes statistiques  officielles  ils  seraient  au  nombre  de 
5,376,800,  soit  de  11,7  %  de  la  population  totale.  Dans 
l'Ukraine  hongroise  il  n'y  a  point  de  Russes  du 
tout.  Dans  l'Ukraine  autrichienne  il  y  a  près  de  3000  Li- 
povaniens  qui  vivent  dans  quelques  villages  de  la  Rou- 
kovine.  Le  gros  des  Russes  vit,  par  conséquent, 
dans  l'Ukraine  russe  (5,373,860)  où  leur  pourcentage 
s'élève  jusqu'à  13,6  %.  Ce  chiffre  est  sans  doute  exagéré, 
grâce  à  la  partialité  des  membres  des  commissions  de 
recensement  et  ensuite  grâce  au  fait  que  tous  les  intel- 
lectuels et  tous  ceux  qui,  faute  de  sentiment  national, 
ont  indiqué  leur  nationalité  comme  «ruska»,  furent  en- 
registrés comme  Russes.  Mais  ne  disposant  pas  d'au- 
tres dates  nous  voilà  bien  obligés  d'opérer  avec  cel- 
les des  recensements  officiels.  Le  plus  grand  pourcen- 
tage de  population  russe  se  trouve  dans  les  ter- 
ritoires ci-après  :  au  district  de  Rostov  dans  le  territoire 
du  Don  (53,7  %),  où  ils  forment  la  majorité  absolue  de 
la  population,  et  au  district  de  Kavkask  dans  le  pays  de 
Kouban  (49,4  %).  Viennent  ensuite  :  Novooskol  (48,9  %), 


^)  Ne  sont  pas  compris  dans  ce  chiffre  les  Ukrainiens  en  Roumanie 
(Dobroudja),  la  statistique  roumaine  ne  distinguant  pas  la  population 
d'après  les  nationalités. 


77 

Poutivl  (46,9  %)  et  Hravoron  (40,9  %)  dans  le  gouver- 
nement de  Koursk,  Valouïki  (48,4  %),  au  gouvernement 
de  Voronije,  Slavianoserbsk  (46,3  %),  au  gouvernement 
de  Katerinoslav  et  l'enclave  ukrainienne  dans  le  gouver- 
nement de  Stauropil  (44,4  %),  où  les  Russes  éga- 
lent en  nombre  presque  les  Ukrainiens.  Les  districts  ci- 
après  accusent  encore  plus  d'un  tiers  de  population 
russe  ;  Kharkiv  (39,7  %),  Zmiïv  (35,2  %)  du  gou- 
vernement de  Kharkiv,  Odessa  (37,7  %)  au  gouvernement 
de  Kherson,  Katerinodar  (34,7  %)  au  pays  de  Kouban,  et 
Mélitopol  au  gouvernement  de  la  Tauride  (33,7  %).  Le 
plus  petit  pourcentage  de  Russes  dans  l'Ukraine 
russe  se  rencontre  dans  les  districts  :  Hadiatch  (0,6  %), 
Zinkiv  (0,6  %),  Pereiaslav  (0,8  %)  et  Myhorod  (0,9  %)  du 
gouvernement  de  Poltava,  Borzna  (0,7  %)  et  Krolevetz 
(0,7  %)  du  gouvernement  de  Tchernyhiv.  D'une  façon  gé- 
nérale, ces  deux  derniers  gouvernements  (le  dernier  sans 
ses  quatre  districts  du  nord)  accusent  le  plus  petit 
pourcentage  de  Russes,  le  premier  2,6  %,  le  second 
3,2  %.  Vient  après  eux  la  Podolie  (3,3  %),  la  Volhynie 
(3,5  %)  et  le  pays  de  Kholm  (3,7  %).  Au  gouvernement  de 
Kiev  l'élément  russe  atteint  déjà  le  5,9  %,  grâce 
à  l'influence  de  la  grande  ville  de  Kiev.  En  comparant 
toutes  les  données  statistiques  nous  constatons  que  dans 
l'Ukraine  l'élément  russe  est  le  plus  fréquent  dans 
le  secteur  nord-est  du  territoire-frontière  voisin  des 
Russes,  soit  dans  les  parties  ukrainiennes  du  gou- 
vernement de  Koursk  (43,4  %  de  Russes)  et  de 
Voronije  (22,6  %)  et  dans  le  territoire  du  Don  (42,3  %), 
ensuite  dans  les  colonies  du  sud,  dans  la  Nouvelle-Russie 
et  en  Ciscaucasie.  Par  contre,  toute  la  partie  moyenne  et 
septentrionale  de  l'Ukraine,  du  méridien  de  Katerinoslav 
(35  degrés  de  longitude  géographique  est  de  Greenwich), 


78 

jusqu'aux  frontières  ouest  n'accuse  qu'un  très  faible  pour- 
centage de  Russes. 

Le  second  peuple,  comme  nombre,  non-ukrainien 
dans  l'Ukraine  sont  les  Juifs.  Ils  y  vivent  au  nombre  de 
3,795,760  et  forment  le  8,2  %  de  la  population  totale  de 
l'Ukraine.  Leur  pourcentage  est  tombé  un  peu  ces  der- 
nières années,  car  en  1897  encore  (ou  en  1900)  il  était  de 
8,4  %.  Les  Juifs  sont  répandus  sur  tout  le  territoire  de 
l'Ukraine  ethnographique  et  constituent  la  population  des 
villes  par  excellence  ;  dans  les  villages  il  n'y  en  a  que 
très  peu,  et  là  encore  ils  s'occupent  surtout  du  commerce 
et  moins  des  autres  professions.  Cependant,  leur  diffu- 
sion dans  l'Ukraine  n'est  pas  aussi  égale  qu'on  pourrait 
croire.  Une  grande  différence  existe,  sous  ce  rapport,  en- 
tre l'Ukraine  austro-hongroise  et  l'Ukraine  russe.  Dans 
l'Ukraine  autrichienne  ils  font  le  12,6  %  de  la  popula- 
tion totale,  dans  l'Ukraine  hongroise  ce  pourcentage  est 
de  12,2  %.  Il  y  a  lieu  de  faire  remarquer,  à  ce  propos, 
qu'il  diminue,  ces  derniers  temps,  dans  la  partie  autri- 
chienne (en  1900  il  était  encore  de  13  %),  dans  la  partie 
hongroise  il  a  augmenté  de  1  %  (en  1900  11,2  %).  Dans 
l'Ukraine  russe  le  pourcentage  des  Juifs  est  bien  plus  pe- 
tit, car  il  ne  fait  que  le  7,5  %  de  la  population  et  occupe 
le  même  rang  aussi  en  1897.  Mais  cette  différence  entre 
l'Ukraine  austro-hongroise  et  l'Ukraine  russe  n'existe 
qu'en  apparence.  Une  différence  réelle  dans  la  densité  de 
la  population  juive  n'existe  que  dans  l'Ukraine  qui  se 
trouve  sur  la  rive  droite  du  Dnipr  et  celle  qui  se  trouve 
sur  la  rive  gauche  de  ce  fleuve,  sans  tenir  compte  des 
frontières  politiques.  On  sait  que  l'Ukraine  de  la  rive  gau- 
che est  un  de  ces  territoires  dans  lesquels  le  gouverne- 
ment impérial  avait  défendu  aux  Juifs  de  s'établir  ;  c'est 
pourquoi  leur  pourcentage  y  est  fort  petit  :  2,1  %.  En  re- 


79 

vanche  il  s'élève  dans  l'Ukraine  de  la  rive  droite  à 
12,6  %,  c'est-à-dire  il  égale  tout  à  fait  au  pourcentage  des 
Juifs  dans  l'Ukraine  autrichienne.  Les  Juifs  sont  le  plus 
nombreux  dans  les  parties  ukrainiennes  des  districts  de 
Szigeth  et  de  Vyskovo  (Visk)  du  comitat  de  Marmaros 
et  dans  les  districts  du  gouvernement  de  Kholm.  Le  pre- 
mier de  ces  trois  districts  accuse  24,5  %  de  Juifs,  les  deux 
autres  23,4  %,  ce  qui  est  d'autant  plus  remarquable  qu'il 
n'y  a  point  de  grandes  villes.  Après  eux  viennent  les  dis- 
tricts de  Berdytchiv  (23,1  %)  du  gouvernement  de  Kiev, 
d'Odessa,  dans  le  gouvernement  de  Kherson  (22  %  de 
Juifs),  ensuite  la  partie  ukrainienne  du  district  de  Czer- 
novitz  en  Boukovine  (21,4  %),  puis  le  district  de  Berestie 
dans  le  gouvernement  de  Grodno  (20,8  %)  et  celui  de 
Pinsk  du  gouvernement  de  Minsk  (19,5  %)  ;  enfin  en 
Galicie  les  districts  de  Lemberg  (ensemble  avec  la  ville 
de  Lemberg  19,3  %),  Kolomya  (19,1  %),  Stanislaviv 
(18,8  %),  Vyjnytzia  en  Boukovine  (18,9  %)  et  le  secteur 
ukrainien  du  district  de  Stropko  dans  le  comitat  de  Zem- 
plén  (17,6  %).  Les  Juifs  sont,  d'autre  part,  le  moins  nom- 
breux dans  les  secteurs  ukrainiens  des  gouvernements  de 
Voronije,  Koursk,  Stavropil,  Kouban  et  dans  le  dis-trict 
de  Tahanroh  du  territoire  du  Don  où  ils  n'atteignent  pas 
même  le  0,1  %.  Au  gouvernement  de  Kharkiv  ils  forment 
à  peine  le  0,5  %  de  la  population. 

Après  les  Juifs  viennent,  en  troisième  lieu,  les  Polo- 
nais. On  en  compte,  pour  tout  le  territoire  de  l'Ukraine 
ethnographique,  2,079,500,  soit  4,5  %  de  la  population  to- 
tale. Ils  sont  répandus  fort  irrégulièrement.  Dans  l'U- 
kraine hongroise  il  n'existe  point  de  Polonais  du  tout. 
Dans  l'Ukraine  russe  leur  nombre  dépasse  809,000,  soit 
2  %  de  la  population.  Dans  l'Ukraine  autrichienne  il  sont 
le  plus  nombreux,  soit  1,270,400,  c'est-à-dire  21,8  %.  Là 


80 

encore  il  existe  une  différence  très  prononcée  entre  la 
Boukovine  et  la  Galicie.  En  Boukovine  il  n'y  a  que  très 
peu  de  Polonais,  en  tout  27,000  ou  5  %  de  la  population  ; 
par  contre,  leur  pourcentage  devrait,  en  Galicie,  s'élever 
jusqu'à  23,1  %.  Nous  disons,  notez  bien,  «devrait  s'éle- 
ver» ;  car  il  faut  songer  ici  à  la  réserve  faite  dans  la  pre- 
mière partie  de  cette  enquête.  Vu  le  peu  de  valeur  des  in- 
dications officielles  sur  la  statistique  nationale  en  Gali- 
cie nous  avons  dû,  n'ayant  pas  d'autre  fondement,  nous 
baser  sur  la  statistique  des  confessions.  Or,  si  nous  som- 
mes arrivés,  pour  l'Ukraine  galicienne,  à  un  chiffre  de 
Polonais  de  1,243,370,  celui-ci  n'indique  que  le  nombre 
des  catholiques-romains  dont  la  plupart  sont  des  Ukrai- 
niens qui  n'emploient  pas  la  langue  polonaise  et  l'ignorent 
même  le  plus  souvent.  Ce  n'est  que  le  manque  d'indica- 
tions statistiques  positives  concernant  le  vrai  nombre  des 
Polonais  en  Galicie  qui  nous  a  forcés  de  classer  tous  les 
catholiques-romains  parmi  les  Polonais.  Ceux-ci  sont  le 
plus  fréquents  dans  le  territoire  de  la  ville  de  Lemberg  où 
ils  forment  la  majorité  absolue,  soit  le  50,3  %.  Ici  tous 
les  catholiques-romains,  eux  aussi,  sont  des  Polonais.  Il 
en  existe  aussi  beaucoup  au  district  de  Lemberg  (43,4  %) 
où  ils  égalent  presque  les  Ukrainiens.  Mais  dans  ce  dis- 
trict on  peut  compter,  déjà  parmi  les  catholiques-romains, 
pas  mal  d'Ukrainiens.  Dans  le  district  de  Tomachiv  du 
gouvernement  de  Kholm  le  pourcentage  des  Polonais 
n'est  pas  beaucoup  plus  petit  (41,1  %).  Le  pourcentage 
dans  les  autres  districts  ukrainiens  de  ce  gouvernement 
varie  entre  14  %  et  27,6  %.  Viennent  ensuite  les  districts  : 
Terebovla  (39,4  %),  Skalat  (36,5  %),  Bilsk  (au  gouverne- 
ment de  Grodno,  34,9  %),  Tchesaniv  (34,5  %),  Tarnopil 
(32,4  %)  ;  les  secteurs  ukrainiens  des  districts  de  Sanik 
(32,1  %)  et   de  Peremychl   (31,8  %),   Mostyska    (31,8  %), 


81 

Zbaraje  (31,6  %)  et  le  secteur  ukrainien  de  Bereziv 
(31,4  %  de  Polonais).  Nous  voyons  donc  que  Télément 
polonais  est  le  plus  fort  dans  les  districts  adjacents  à  la 
Pologne  ethnographique  dans  la  plaine  et  dans  le  coin 
nord-est  de  la  Podolie  galicienne.  En  revanche  les  dis- 
tricts montagneux  de  l'Ukraine  galicienne  les  plus  occi- 
dentaux accusent  un  très  petit  pourcentage  de  Polonais, 
ainsi  par  exemple  les  secteurs  ukrainiens  des  districts  de 
Novytarg  (0,5  %),  Hrybiv  (3,2  %),  Gorlice  (3,9  %),  Ko- 
rosno  (5,5  %),  laslo  (9,9  %).  Le  même  phénomène  peut 
s'observer  aussi  dans  les  contrées  des  Carpathes  situées 
plus  vers  l'est,  dans  les  districts  de  Tourka  (6  %),  Skole 
(8,3  %),  Bohorodtchany  (5,1  %),  Petchenijyn  (3,6  %)  et 
Kossiv  (4,8  %). 

Le  quatrième  des  peuples  non-ukrainiens,  vivant  dans 
l'Ukraine,  toujours  d'après  le  chiffre  de  leurs  populations, 
ce  sont  les  Allemands  que  nous  évaluons  à  871,270  âmes, 
soit  1,9  %  de  la  population  totale  de  l'Ukraine.  Ils  ne  vi- 
vent nulle  part  très  serrés  mais  disséminés  à  plusieurs 
endroits  du  territoire.  Il  est  intéressant  de  voir  que  le 
pourcentage  des  Allemands  dans  l'Ukraine  russe  (2  %) 
est  plus  grand  que  dans  l'Ukraine  autrichienne  (1,2  %) 
ou  hongroise  (1,2  %).  Avec  tout  cela,  leur  pourcentage 
comparé  à  celui  du  reste  de  la  population  dans  l'Ukraine 
russe  n'a  pas  changé  ces  dernières  années,  dans  l'Ukraine 
austro-hongroise  il  a  baissé  même  un  peu,  bien  que  très 
légèrement.  Dans  certains  districts  de  l'Ukraine  russe  le 
pourcentage  de  l'élément  allemand  est  même  assez  im- 
portant. C'est  dans  le  district  d'Akerman  du  gouverne- 
ment de  Bessarabie  (16,3  %)  et  dans  le  district  de  Kholm 
(13,3  %)  que  les  Allemands  sont  plus  nombreux.  A  part 
cela,  nous  trouvons  encore  un  nombre  assez  important 
d'Allemands  dans  les  districts  deLoutzk  12%),  Novhorod 

Kordouha  6 


82 

volynsky  (10,9  %)  et  Jitomir  (10,8  %)  du  gouvernement 
de  la  Volhynie  ;  dans  les  districts  d'Odessa  (10,3  %)  et 
de  Tyraspil  (9,8  %)  du  gouvernement  de  Kherson,  dans 
celui  de  Rivne  au  gouvernement  de  Volhynie  (8,9  %)  ; 
Berdiansk  dans  le  gouvernement  de  Tauride  (7,8  %)  et 
de  Marioupil  (7,5  %)  du  gouvernement  de  Katerinoslav. 
Quant  à  l'Ukraine  austro^hongroise,  ce  n'est  que  dans  la 
partie  ukrainienne  du  district  de  Czernovitz  en  Boukovine 
que  les  Allemands  vivent  plus  ou  moins  nombreux 
(9,7  %).  C'est  le  district  de  Stryï  qui  accuse  le  plus  fort 
pourcentage  d'Allemands  en  Galicie  (4  %),  dans  l'Ukraine 
hongroise  c'est  dans  le  district  de  Taraczviz  dans  le  co- 
mitat  de  Marmaros  que  l'élément  allemand  est  le  plus 
nombreux  (4,8  %).  Nous  pouvons  donc  facilement  nous 
rendre  compte  que  les  colons  allemands  ont  donné  la 
préférence  d'une  part  au  pays  de  Kholm  et  à  la  Volhynie, 
d'autre  part  au  territoire  de  la  Mer-Noire  ou  à  la  contrée 
dite  Nouvelle^Russie.  Dans  les  autres  régions  ils  se  per- 
dent dans  la  grande  masse  de  la  population  ukrainienne. 
Voilà,  pour  ainsi  dire,  les  principaux  peuples  de 
l'Ukraine  ethnographique,  non  seulement  par  rapport  au 
nombre,  mais  aussi  parce  que  nous  les  rencontrons  dans 
toute  l'étendue  de  notre  territoire  ou  au  moins  dans  sa 
plus  grande  partie.  A  côté  d'eux  l'Ukraine  ethnographique 
héberge  encore  quelques  autres  petits  peuples  dont  aucun 
n'atteint  le  1  %  de  la  population  ukrainienne.  Ceux  qui 
occupent,  sous  ce  rapport,  la  première  place  ce  sont  les 
Roumains  (de  la  Moldavie).  On  évalue  leur  nombre  dans 
l'Ukraine  à  435,240  âmes,  c'est-à-dire  à  0,9  %  de  la  popu- 
lation. Dans  l'Ukraine  hongroise  il  y  en  a  500  à  peine. 
En  Galicie  on  ne  rencontre  point  de  Roumains  du  tout, 
par  contre  ils  atteignent  le  6,8  %  dans  l'Ukraine  de  la 
Boukovine.   Dans  l'Ukraine  russe  ils  sont  le  plus  nombreux 


83 

au  district  de  Tyraspil  (gouvernement  de  Kherson 
(24,9  %)  et  aux  districts  de  Khotin  (23,8  %)  et  d*Akerman 
(16,4  %)  du  gouvernement  de  Bessarabie.  Ils  sont  assez 
nombreux  aussi  dans  les  districts  d'Ananiïv  (13,5  %)  et 
d'Elisavethorod  (6  %)  du  gouvernement  de  Kherson.  Des 
colonies  roumaines  se  rencontrent  encore  dans  les  dis- 
tricts de  Balta  (4,5  %)  et  d'Olhopil  (2,9  %)  du  gouverne- 
ment de  lo  Podolie,  dans  le  district  de  Bakhmout  du  gou- 
vernement de  Katerinoslav  (1,9  %)  et  même  dans  celui 
de  Taman  du  pays  de  Kouban  (1  %).  Les  Bulgares 
(159,240  âmes  =  0,3  %)  forment  des  groupes  plus  ou 
moins  importants  au  district  d'Akerman  du  gouverne- 
ment de  Bessarabie  (21,3  %)  et  district  Berdiansk 
de  la  Tauride  (10,1  %),  ils  sont  moins  nombreux 
déjà  dans  les  districts  de  Tyraspil  (3,3  %)  et  d'Odessa 
(1  %)  du  gouvernement  de  Kherson.  Les  Grecs  (104,780 
âmes,  0,2  %)  vivent  principalement  au  district  de  Mariou- 
pil  du  gouvernement  de  Katerinoslav  où  ils  font  le  19  % 
de  la  population,  ensuite  aux  districts  de  Taman  (4  %)  et 
de  Katerynodar  (1,4  %)  du  pays  de  Kouban  et  enfin  au 
district  d'Odessa  du  gouvernement  de  Kherson  (1  %), 
Les  Arméniens  (49,400  âmes,  0,1  %)  habitent  le  district 
de  Rostiv  du  territoire  du  Don  (6,9  %),  le  secteur  ukrai- 
nien du  gouvernement  de  Stauropil  (1,6  %)  et  enfin  le 
district  de  Katerynodar  du  pays  de  Kouban  (1,1  %).  Men- 
tionnons encore,  pour  finir,  que  37,780  Tchèques  habi- 
tent le  gouvernement  de  la  Volhynie  où  ils  font  le  5,3  % 
de  la  population  du  district  de  Doubno  ;  32,960  Magijars 
dans  l'Ukraine  hongroise  ;  27,570  Circassiens  —  le  district 
de  Katerynodar  du  pays  de  Kouban  où  ils  font  le  6,6%  de 
la  population  totale  ;  23,240  Tatares  —  le  district  de  Ma- 
rioupil  du  gouvernement  de  Katerinoslav  (6,1  %)  ;  22,570 
Turques  —  le  district  d'Akerman  du  gouvernement   de 


84 

Bessarabie  (3,9  %)  et  celui  de  Marioupil  du  gouvernement 
de  Katerinoslav  (2,1  %)  ;  12,570  Slovaques  —  les  comitats 
ouest  de  l'Ukraine  hongroise  ;  et  enfin  environ  10,000 
Blanc-Ruthènes  —  le  district  de  Bila  du  gouvernement 
de  Grodno  et  peut-être  encore  sporadiquement  le  district 
de  Pynsk. 


Statistique  de  la  population 

dans  les  limites  ethnographiques 

de  l'Ukraine. 


86 


Statistique  de  la  population  dans  les 


Pays, 

gouvernements 

et  districts 

Ô  ta  o)  "S"  '• 

Dont  en  Vo                             1 

as 

rabre  de 
lat.  d'ap 
StatistK 
1897  (Rui 
1900  (Al 
Hongrie 

g 
1 

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30 

S 

9 

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M 
P 

Pi 

l 

"3 

•-5 

< 

s 

o 

< 

Ukraine  russe 

Gouv.  Kholm 

Kholm 

2,139.3 

167,105 

41.9 

6.3 

27.6 

10.9 

13.3 

— 

— 

— 

Bila 

2,022.2 

107,843 

55.5 

5.0 

15.7 

23.4 

— 

— 

— 

— 

Volodava     .... 

1,861.9 

115,790 

62.6 

2.4 

14.8 

15.5 

4.7 

— 

— 

— 

Hroubechiv     .    .    . 

1,660.7 

138,562 

55.7 

1.9 

25.9 

16.2 

— 



— 

— 

Konstantyniv  .    .    . 

1,470.3 

60,854 

68.4 

2.4 

14.2 

14.9 

— 

— 

— 

— 

Tomachiv   .... 

1,301.3 

113,108 

44.1 

2.6 

41.1 

12.2 

— 

— 

— 

— 

Total 

10,455.7 

703,262^) 

52.6 

3,7 

24.4 

15.3 

4.0 

— 

— 

— 

Gouv.  Grodno 

District  Bilsk  .    .    . 

3,562.0 

164,441 

39.1 

5.9 

34.9 

14.9 





_ 

4.9«) 

Berestie  ..... 

4,880.9 

218,432 

64.4 

9.9 

3.9 

20.8 

— 

— 

— 

— 

Kobryn 

5,258.4 

184,453 

79.6 

4.0 

2.2 

13.7 

— 

— 

— 

— 

Total 

13,701.3 

567,326 

61.0 

6.7 

12.1 

16.5 

— 

— 

— 

1.4») 

Gouv.  Minsk 

District  Pynsk    .    . 

11,866.4 

230,763 

74.3 

3.3 

2.6 

19.5 

— 

— 

— 

— 

Mozyr  (partie  mérid.) 

8,087.5 

90,580 

79.4 

1.7 

2.1 

16.4 

— 

— 

— 

— 

Total 

19,953.0 

321,343 

75.83) 

2.8 

2.4 

18.3 

— 

— 

— 

— 

Gouv.  Yolhynie 

Jytomir 

7,700.3 

433,859 

62.4 

5.9 

5.7 

14.3 

10.8 

— 

— 

— 

Volodymyr-Vol.    .    . 

6,430.0 

277,265 

72.1 

2.7 

8.4 

10.4 

5.7 

— 

— 

0.6 

Doubno  

3,958.5 

195,058 

68.2 

4.5 

6.5 

11.5 

3.6 

— 

— 

5.3 

Zaslav 

3,476.8 

208,742 

76.9 

1.7 

7.0 

13.3 

0.8 

— 

— 

— 

Kovel.    ..... 

7,382.3 

211,493 

78.5 

3.8 

4.6 

11.9 

0.9 

— 

— 

— 

Kremenetz  .... 

3,328.8 

219,934 

80.7 

3.4 

3.0 

12.3 

— 

— 

— 

— 

Loutzk 

7,467.8 
ent  de  1900 

252,550 

57.0 

5.2 

9.7 

14.1 

12.0 

— 

— 

1.5 

»)  D'après  le  recensem 

*)  Ruthèn 

es-Blancs. 

87 

iimiles  ethnographiques  de  l'Ukraine. 

Nombre  de 
population 
d'après  le  cal- 
cul de  1914 

Dont 

• 

k 

r 

a 

«3 

S 

1 

§ 

ï 

1 

-S 

B 

O 

00 

'o 

O 

W 

«3 

S 

< 

194,300 

81,410 

12,240 

53,630 

21,180 

25,840 

90.8 

i4§,100 

78,870 

7,110 

22,310 

33,250 

— 



— 

— 

71.5 

120,800 

75,620 

2,900 

17,880 

18,720 

5,680 

— 

— 

— 

64.9 

170,500 

94,970 

3,240 

44,160 

27,620 

— 

— 

— 



102.7 

92,000 

62,930 

2,210 

13,060 

13,710 

— 



— 



62.6 

122,100 

53,850 

3,170 

50,180 

14,900 

— 

— 

— 

— 

93.8 

841,800 

447,650 

30,870 

201,220 

129,380 

35,520 

— 

— 

80.5 

210,300 

82,230 

12,410 

73,400 

31,330 

10,3002) 

59.0 

270,300 

174,080 

26,760 

10,540 

56,220 

— 

— 

— 

— 

55.4 

235,000 

187,060 

9,400 

5,170 

32,200 

— 

— 

— 

— 

44.7 

715,600 

443,370 

48,570 

89,110 

119,750 

— 



— 

10,300») 

52.2 

333,600 

247,860 

11,010 

8,670 

65,050 

28.1 

136,100 

108,060 

2,310 

2,860 

22,320 

— 

— 

— 

— 

16.8 

469,700 

355,920 

13,320 

11,530 

87,370 

— 

— 

— 

— 

23.5 

611,000 

381,260 

36,050 

34,830 

87,370 

65,900 

79.4 

381,300 

274,920 

10,300 

32,030 

39,660 

21,730 



— 

2,290*) 

59.3 

274,200 

187,500 

12,340 

17,820 

31,530 

9,870 



— 

14,530 

69.3 

274,500 

211,090 

4,670 

19,220 

36,510 

2,200 

— 

— 

— 

78.9 

293,100 

230,080 

11,140 

13,480 

34,880 

2,640 



— 

— 

39.7 

302,200 

243,880 

10,270 

9,070 

37,170 

— 

— 

— 

— 

91.0 

360,100 

205,500 

18,730 

34,930 

50,780 

43,210 



— 

5,400 

48.2 
aes. 

•)  Compt 

tés  avec  lee 

Ruthènes-Blancs  dans  la  f 

5tati8ti(iue  offlcleUe.            •)  Tchèqi 

88 


T>n«-r 

©« 

II 

Nombre  de  po- 
pulat.  d'après 
la  statistique 

de  1897  (Russie) 

et  1900  (Autr.- 

Hon^rie) 

Dont  en  V» 

Fays, 

gouvernemeuts 

et  districts 

en 
1 

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05 

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G 
O 

'o 

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S 

< 

g 

'S 

s 

1 
1 

"3 
< 

Novhorod-Vol.     .    . 

7,205.0 

348,950 

65.5 

2.4 

5.2 

15.6 

10.9 

Ovroutch     .... 

10,554.4 

205,390 

83.4 

4.1 

1.4 

10.6 

1.2 

— 

— 

Ostroh 

3,065.9 

169^351 

76.7 

2.5 

6.6 

10.8 

1.5 

— 

— 

1.6 

Rivne 

8,611.1 

273,001 

60.5 

3.5 

9.2 

16.0 

8.9 

— 

— 

1.7 

Starokonstantyniv  . 

2,556.2 

193,889 

76.9 

2.9 

5.6 

14.3 

— 

— 

— 

— 

Total 

71,735.9 

2,989,482 

70.1 

3.5 

6.2 

13.2 

5.7 

— 

— 

0.9>) 

Gouv.  Podolie 

Kamenetz    .... 

2,884.0 

266,350 

79.0 

4.1 

2.7 

13.9 

— 

— 

— 

— 

Balta  .    . 

7,765.8 

391,018 

76.9 

3.9 

0.9 

13.6 

— 

4.5 

— 

— 

Bratzlav 

3,079.8 

241,868 

82.6 

3.3 

2.0 

11.6 

— 

— 

— 

— 

Vynnytzia 

2,980.8 

248,314 

74.5 

7.2 

5.1 

12.4 

— 

— 



— 

Haïssyn  . 

3,382.9 

248,142 

86.3 

1.9 

1.2 

10.4 

— 

— 

— 

— 

Letytchiv 

2,699.0 

184,477 

80.8 

3.7 

1.7 

13.2 

— 

— 

— 

— 

Lityn.    . 

3,321.8 

210,502 

83.1 

3.1 

2.1 

11.4 

— 

— 

— 

Mohyliv  . 

2,746.0 

227,672 

80.5 

2.8 

1.9 

14.5 

— 

— 

— 

Olhopil    . 

4,007.9 

284,253 

81.6 

2.2 

1.4 

11.5 

2.9 

— 

— 

Proskouriv 

2,690.9 

226,091 

78.2 

2.9 

6.4 

12.1 

— 

— 

— 

— 

Ouchytza 

2,840.1 

223,312 

84.6 

2.3 

1.2 

11.4 

.— 

— 

— 

— 

Yampil    . 

3,617.9 

266,300 

85.7 

1.8 

1.8 

10.4 

— 

— 

— 

~ 

Total 

42,016.9 

3,018,299 

80.2 

3.3 

2.3 

12.2 

— 

0.9 

— 

— 

Gouv.  Kiev 

Kiev 

5,653.9 

541,483 

56.2 

27.3 

3.4 

11.1 

1.1 

— 

— 

— 

Berdytchiv .    . 

3,410.9 

279,695 

67.1 

3.7 

5.8 

23.1 

— 

— 

— 

— 

Vassylkiv    .    . 

4,132.1 

315,823 

83.6 

2.3 

1.3 

12.1 

— 

— 

— 

— 

Zvenyhorodka 

3,465.1 

274,704 

88.0 

1.4 

— 

9.7 

— 

— 

— 

— 

Kaniv      .    .    . 

3,259.6 

268,860 

88.7 

1.1 

— 

9.7 

— 

— 

— 

— 

Lypovetz    .    . 

2,891.2 

211,825 

82.0 

1.1 

1.9 

15.0 

— 

— 

— 

— 

Radomysl    .    . 

9,600.6 

315,629 

78.4 

3.9 

1.9 

13.1 

2.3 

— 

— 

— 

Skvyra    .     .     . 

3,722.6 

251,257 

83.5 

1.3 

2.4 

12.5 

— 

— 

— 

— 

Tarastcha   .    . 

3,328.0 

245,752 

87.6 

1.2 

1.8 

9.4 

— 

— 

— 

— 

Ouman    .    . 

4,295.0 

320,744 

85.4 

1.8 

0.9 

11.7 

— 

— 

— 

— 

^)  Tchèque 

s. 

89 

Nombre  de 
population 
d'après  le  cal- 
cul de  1914 

Dont 

■Il 

r 

a 
'3 
1 

as 
O 

■S 

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1 

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1 

s 

s 

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S 

ê 

Sx 

a 
o 
W 

92 

O 

=5 
< 

485,200 

317,810 

11,630 

25,230 

75,690 

52,890 

67.3 

307,500 

256,460 

12,610 

4,310 

32,700 

3,690 

— 

— 



29.1 

244,500 

187,530 

6,110 

16,140 

26,400 

3,670 

— 

— 

3,910 

79.7 

391,000 

236,550 

13,690 

35,970 

62,590 

34,790 

— 

— 

6,650 

45.4 

264.400 

203,500 

7,670 

14,210 

37,810 

— 

— 

— 

— 

103.4 

4,189,000 

2,936,080 

155,210 

257,240 

553,090 

240,680 

— 

— 

37,750^) 

58.4 

352,300 

278,320 

14,440 

9,510 

48,970 

122.1 

537,800 

413,670 

20,970 

4,840 

73,140 

— 

24,200 

— 

— 

69.2 

322,900 

266,720 

10,660 

6,460 

37,460 

— 

— 

— 

— 

104.9 

346,200 

257,920 

24,930 

17,660 

42,930 

— 

— 

— 

— 

116.1 

333,600 

287,900 

6,340 

4,000 

34,700 

— 

— 

— 

98.7 

245,900 

198,690 

9,100 

4,180 

32,460 

— 

— 

— 

— 

91.1 

283,700 

235,760 

8,800 

5,960 

32,340 

— 

— 

— 

— 

85.4 

300,600 

241,980 

8,420 

5,710 

43,590 

— 

— 

— 

— 

109.5 

378,100 

308,530 

8,320 

5,300 

43,480 

— 

10,970 

— 

— 

94.3 

307,300 

240,330 

8,910 

19,670 

37,180 

— 

— 

— 

— 

114.2 

294,800 

249,400 

6,780 

3,540 

33,610 

— 

— 

— 

— 

103.8 

364,100 

303,460 

6,370 

6,370 

36,830 

— 

— 

— 

— 

97.8 

4,057,300 

3,282,680 

134,040 

93,200 

496,690 

— 

35,170 

— 

— 

96.5 

895,700 

503,380 

244,530 

30,450 

99,420 

9,850 

158.4 

383,400 

257,260 

14,190 

22,240 

88,570 

— 

— 

— 

— 

112.4 

401,100 

336,240 

9,220 

5,210 

48,520 

— 

— 

— 

— 

97.0 

354,110 

311,610 

4,960 

— 

33,850 

— 

— 

— 

— 

102.2 

341,000 

302,470 

3,750 

— 

33,080 

— 

— 

— 

— 

104.6 

271,000 

222,220 

2,980 

5,150 

40,650 

— 

— 

— 



93.7 

418,700 

328,260 

16,330 

7,950 

64,850 

9,630 

— 

— 

— 

43.6 

311,î)00 

260,440 

4,050 

7,490 

38,990 

— 

— 

— 

— 

83.8 

303,200 

2f>6,600 

3,640 

6,460 

28,500 

— . 

— 

— 

— 

91.1 

416,200 

355,440 

7,490 

3,750 

48,700 

— 

— 

— 

— 

96.9 

•)  Tchèq 

ues. 

1 


90 

Pays, 

gouvernements 

et  districts 

li 

Nombre  de  po- 
pulat.  d'après 
la  statistique 

de  1897  (Russie) 

et  1900  (Autr.- 

Hongrie) 

Dont  en  •/« 

en 

g 
g 

ta 

a 

6 

S 

ta 

a 
î 

o 

.2 

a 
o 

X 

00 

s 

"3 

< 

Tcherkassy      .    .    . 

3,924.6 

307,542 

84.9 

1.3 

9.8 

_ 

_ 

_ 

_ 

Tchyhyryn.     .     .     . 

3,273.7 

225,915 

89.4 

1.5 

— 

8.6 

— 

— 

— 

— 

Total 

50,957.3 

3,559,229 

79.2 

5.9 

1.9 

12.1 

0.4 

— 

— 

— 

Gouv.  Tchernyhiv 

Tchernyhiv     .     .     . 

3,672.0 

162,123 

86.2 

6.7 

— 

7.6 

— 

— 

— 



Borzna 

2,802.7 

146,595 

93.8 

0.7 

— 

2.5 

3.0 

— 

— 

_ 

Hlouchiv 

3,091.5 

142,661 

91.6 

4.2 

— 

3.9 

— 

— 

— 

Horodnia     .... 

4,014.9 

153,040 

86.8 

8.2 

4.6 

— 

— 

— 

— 

Kozeletz 

3,102.2 

135,129 

95.3 

1.0 

— 

3.5 

— . 

— 

— 

— 

Konotop 

2,410.6 

156,535 

90.9 

3.8 

— 

4.9 

— 

— 

— 

— 

Krolevez      .... 

2,693.3 

131,089 

96.3 

0.7 

— 

3.0 

— 

— 

— 

— 

Novhor.  Siversky    . 

3,889.1 

146,236 

91.1 

4.2 

— 

4.4 

— 

— 

— 

— 

Nijyn 

3,817.9 

168,718 

91.8 

1.9 

— 

5.9 

— 

— 

— 

— 

Oster 

4,542.2 

150,358 

92.5 

1.8 

— 

2.5 

— 

— 

— 

— 

Sosnytzia    .... 

4,297.7 

170,057 

94.2 

1.2 

— 

4.5 

— 

— 

— 

— 

Total 

38,334.1 

1,662,541 

91.8 

3.2 

— 

4.5 

0.3 

— 

— 

— 

Gouv.  Poltava 

Poltava 

3,388.1 

227,795 

88.2 

5.8 

5.1 







Hadiatch     .... 

2,460.8 

142,806 

96.9 

0.6 



2.4 





— 

— 

Zinkiv     ..... 

2,250.4 
4,425.2 

140,304 
227,594 

98.1 
95.6 

0.6 
1.0 

— 

1.3 
3.4 

— 

— 

— 

— 

Zolotonocha    .     .    . 

Kobyliaky  .... 

3,672.5 

217,875 

97.3 

1.0 

— 

1.6 

— 

— 

— 

— 

Konstantynohorod  . 

6,078.9 

230,310 

86.1 

11.9 

— 

0.9 

1.1 

— 

— 

— 

Krementchoug-    .     . 

3,429.0 

244,894 

80.3 

5.7 

— 

13.1 

— 

— 

— 

— 

Lokvytzia  .... 

2,640.7 

150,985 

95.8 

1,0 

— 

3.1 

— 

— 

— 

— 

Loubni    .     . 

2,343.8 

136,613 

95.0 

1.5 

— 

3.3 

— 

— 

— 

— 

Myrhorod 

2,659.1 

157,790 

97.1 

0.9 

— 

1.9 

— 

— 

— 

— 

Pereiaslav 

4,091.3 

185,306 

93.8 

0.8 

— 

5.3 

— 

— 

— 

— 

Pyriatyn 

3,267.9 

163,505 

95.2 

1.0 

— 

3.8 

— 

— 

— 

— 

Piylouka 

3,274.5 

192,502 

94.6 

1.0 

— 

4.3 

— 

— 

— 

— 

Romny    . 

2,600.5 
3,310.8 

186,497 
173,375 

93.5 
96.6 

1.8 
1.0 

I 

4.2 
2.3 





__ 

— 

Khorol    . 

Total 

45,893.5 

2,778,151 

93.0 

2.6 

— 

4.0 

0.2 

— 

— 

— 

91 


Nombre  de 
population 
d'après  le  cal- 
cul de  1914 

Dont 

k 

«2 

es 
S 

o 
Oh 

'B 

« 
S 

< 

os 

1 
1 

'o 

i 

1 
< 

402,400 

341,640 

5,230 

39,430 

102.5 

293,900 

262,750 

4,410 

— 

25,280 

— 



— 



89.8 

4,792,600 

3,746,310 

320,780 

87,700 

579,840 

19,480 

— 

— 

— 

94.0 

210,400 

181,370 

11,990 



15,990 

_ 

57.3 

187,300 

175,690 

1,310 



4,680 

5,620 



— 



66.8 

187,700 

171,930 

7,880 



7,320 

— 



— 



60.7 

207,400 

180,020 

17,010 



9,540 

— 

— 

— 



51.5 

173,000 

164,870 

1,730 



6,050 

— 

— 

— 



55.7 

210,900 

191,710 

8,010 

— 

10,330 

— 



— 



87.5 

178,900 

172,280 

1,250 

.._ 

5,370 

— 







66.4 

204,700 

186,480 

8,590 



9,010 





— 



52.6 

235,100 

215,820 

4,470 



13,870 





_ 



61.6 

214,300 

198,230 

3,860 



5,360 

— 



— 



47.2 

225,000 

211,950 

2,700 

— 

10,780 

— 

— 

— 

— 

52.4 

2,234,700 

2,050,350 

68,800 

— 

98,300 

5,620 

— 

— 

58.3 

311,200 

274,480 

18,050 

15,870 

91.9 

195,300 

189,250 

1,170 

— 

4,690 

— 



— 

— 

79.3 

18f),400 

182,860 

1,120 

— 

2,420 

— 

— 

— 



82.8 

299,000 

285,840 

2,990 

— 

10,170 

— 



— 



67.6 

311,600 

303,190 

3,120 

— 

4,990 



— 

— 

84.8 

327,500 

281,980 

38,970 

— 

2,950 

3,600 



— 



53.9 

337,500 

271,010 

19,240 



44,210 





98.4 

200,400 

191,970 

2,000 

— 

6,210 

— 



— 



75.9 

190,400 

181,000 

2,860 

— 

6,280 

— 

— 





82.3 

207,500 

201,480 

1,870 

— 

3,940 

— 



— 



78.0 

245,f)00 

230,370 

1,960 

— 

13,020 

— 

— 

— 



60.0 

233,100 

221,910 

2,330 

— 

8,860 

.... 

— 

— 



71.3 

259,100 

245,110 

2,690 

— 

11,140 

— 



— 



79.1 

247,200 

231,130 

4,450 

— 

10,380 

— 

— 

— 

95.0 

240,300 

232,130 

2,400 

— 

6,630 

— 

"~~ 

— 



72.6 

3,792,100 

3,623,720 

106,120 

— 

150,660 

7,580 

— 

— 

76.0 

92 


"r»_     _ 

Nombre  de  po- 
pulat.  d'après 
la  statistique 

de  1897  (Russie) 

et  1900  (Autr.- 

Hongrie) 

Dont  en   «/o 

Pays, 

gouvernements 

et  districts 

co 

1 

£ 

OQ 

ê 

1 

O 

1 

«3 
1 

00 

1 

co 

a 

B 
o 

'o 

o 

"3 
< 

Gouv.  Khar 
Kharkiv.     .     . 
Akhtyrka     . 
Bohodoukhiv 
Valky      .     .     . 
Vovtchansk 
Zmiïv      .    . 
Izum  .     .     . 
Koupiansk  . 
Lebedyn 
Starobilsk   . 
Soumy     .     . 

kiv 

3,306.0 
2,778.5 
3,149.3 
2,439.2 
3,987.3 
5,567.8 
7,727.8 
6,907.7 
3,098.9 
12,342.9 
3,187.2 

348,488 
161,243 
159,806 
144,322 
166,787 
231,491 
280,474 
234,182 
178,144 
359,285 
228,094 

54.9 
87.6 
88.2 
97.2 
74.8 
63.7 
86.2 
86.6 
95.3 
83.4 
92.0 

39.7 
11.8 
11.5 

2.6 
25.0 
35.2 
12.1 
13.2 

4.4 
16.2 

7.2 

1.2 

2.9 



_ 

1.5 

~ 

— 

__ 

Total 

Gouv.  Koursk 
Hraïvoron   .... 
Novy-Oskol      ... 

Poutyvl 

Soudja  (parlie  méridionale) 

54,492.6 

3,065.4 
3,198.7 
2,866.1 
1,400.8 

2,492,316 

177,479 

157,849 

164,433 

75,132 

80.6 

58.8 
51-0 
52.5 

70.0 

17.7 

40.9 
48.9 
46.9 
SO.O 

0.2 

0.5 

0.4 

— 

— 

Total 

Gouv.  Voronij 

Birutch 

Bohoutchar     .     .    . 
Valouïky     .... 
Ostrohojsk  .... 
Pavlovsk  (partie)    . 

10,531.0 

4,399.7 
9,671.3 
4,637.1 
8,080.3 
2,102.1 

574,593 

200,668 
309,965 
188,113 
273,837 
78,682 

56.6 

70.2 
81.8 
51.6 
90.3 
80.0 

43.4 

29.8 
18.2 
48.4 
9.4 
20.0 

— 

_ 

— 

— 

— 

- 

Total 

Territoire  du  Don 

Rostiv 

Tahanroh    .... 

28,890.5 

6,898.3 
13,963.0 

1,051,265 

369,732 
412,995 

76.2 

33.6 
61.7 

22.6 

53.7 
32.6 

— 

3.3 

1.3 
4.6 

— 

— 

6.9 

Total 

20,861.4 

782,727 

48.4 

42.3 

— 

1.6 

2.9 

■ 

— 

3.3^) 

*)  Arméniens. 

93 


Nombre  de 
population 
d'après  le  cal- 
cul de  1914 

Dont 

Densité  par 
1  km» 

f 

J 

1 

o 

•M 

'3 

•-5 

os 
1 

a 

< 

•S 
S 

o 

.2 

s 

1 

< 

510,200 
204,100 
207,700 
193,900 
234,100 
309,600 
399,100 
325,200 
232,300 
485,400 
315,200 

280,100 
178,780 
183,190 
187,480 
175,110 
197,220 
344,020 
281,620 
221,380 
404,820 
289,990 

202,550 

24,080 

23,890 

5,140 

58,530 

108,980 
48,290 
42,940 
10,220 
78,630 
22,700 

6,120 

14,800 

6,000 

— 

— 

— 

154.3 
73.5 
65.9 
80.0 
58.7 
55.6 
51.6 
47.1 
75.0 
39.3 
98.6 

3,416,800 

251,600 
208,100 
218,700 
101,850 

2,743,710 

147,940 

106,130 

114,820 

71,300 

625,950 

102,800 
101,760 
102,570 
30,550 

6,840 



17,100 

13,670 

— 

62.7 

82.1 
65.1 
76.3 
72.7 

780,250 

286,300 
445,000 
273,000 
398,800 
116,850 

440,190 

200,770 
364,010 
140,870 
360,220 
93,440 

337,680 

85,230 
80,990 

132,130 
37,500 

23,360 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

75.0 

65.1 
46.0 
58.9 
49.3 
66.6 

1,519,960 

559,1K)0 
63(),700 

1,150,310 

188,130 
392,840 

349,210 

300,660 
207,660 

— 

18,480 

7,280 
29,290 

— 

— 

38,640 

62.6 

81.2 
46.6 
67.4 

1,196,600 

1 

680,970 

608,220 

— 

19,160 

36,670 

— 

— 

39,490») 

')  Armer 

dens. 

1 

94 


Pays, 

gouvernements 

et  districts 

Surface 
en  km* 

Nombre  de  po- 
pulat.  d'après 
la  statistique 

de  1897  (Russie) 

et  1900  (Autr.- 

Hongrie) 

Dont  en  •/• 

*3 

1 

.2 

Oh 

1 

eâ 

B 

< 

os 

g 

S 

1 

M 

< 

Gouv.  Stavropil 

Blahodarne      .    .    . 

9,721.1 

— 

— 

— 

— 

— 

— 



— 

Sviatohochresta  .    . 

7,676.4 

246,644 

50.8 

45.7 

— 

— 

0.8 

— 

— 

1.6 

Total 

17,397.5 

246,644 

50.8 

45.7 

— 

— 

0.8 

— 

1.6^) 

Territoire  de  Kouban 

Katerynodar   .    .     . 

8,373.2 

245,173 

51.8 

34.7 

— 

— 

— 

— 

— 

10.6=) 

Yeïsk 

13,801.3 

277,300 

74.0 

24.1 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

Kavkask      .... 

15,865.3 

249,182 

45-8 

51.8 

— 

1.6 

— 

— 

— 

Taman 

16,129.6 

342,976 

75.2 

17.3 

— 

1.0 

— 

4.0») 

Total 

53,160.5 

1,114,631 

63.2 

30.5 

— 

— 

0.3 

0.3 

3.7*) 

Gouv.  Tauride 

Berdiansk   .... 

8,764.9 

304,718 

58.8 

18.6 

— 

2.6 

7.8 

— 

— 

10.1») 

Dniprovsk  .... 

13,035.4 

212,241 

73.6 

21.3 

— 

3.0 

1.3 

— 

— 

— 

Melitopil      .... 

13,246.0 

384,239 

54.9 

33.7 

— 

4.2 

5.2 

— 

— 

— 

Total 

35,064.3 

901,198 

60.6 

25.6 

— 

3.5 

5.2 

— 

— 

3.5«) 

Gouv.  Katerynoslav 

Katerynoslav  .    .    . 

7,523.8 

357,207 

55.7 

22.2 

2.2 

13.0 

5.8 

— 

— 

— 

Oleksandrivsk      .    . 

10,015.6 

271,678 

82.5 

6.9 

— 

5.1 

5.2 

— 

— 

— 

Bakhmout  .... 

9,224.3 

332,478 

58.2 

31.9 

— 

2.8 

3.8 

1.9 

— 

— 

Verkhnedniprovsk  . 

7,015.0 

211,674 

90.3 

4.8 

— 

2.6 

2.1 

—     — 

— 

Marioupil    .... 

9,177.6 

254,056 

46.1 

14.7 

— 

4.5 

7.5 

— 

— 

27.2«) 

Novomoskovsk    .     . 

6,531.3 

260,368 

93.2 

3.8 

— 

1.4 

1.3 

— 

— 

~ 

Pavlohorod      .    .    . 

8,815.5 

251,460 

79.7 

14.6 

— 

2.9 

2.3 

— 

— 

— 

Slavianoserbsk    .    . 

5,089.8 

174,753 

50.5 

46.3 

— 

1.5 

— 

— 

1 

— 

Total 

63,392.9 

*)  Grecs  1.4, 
440  (1.3),  An 

2,113,674 

68.9 

17.2 

0.6 

4.7 

3.8 

0.4 

3.7 '«) 

*)  Arméniens. 

•)  Grecs.      »)  Grecs  23 

Arméniens  1.1,    Circassiens  8.1.                *)  Grecs  4.0. 

nenlens  3,800  (0.2),  Circassiens  27,570  (1.6)     •)  Bulgares. 

")  Grecs  72,390,    Turques  8,000, 

95 


Nombre  de 
population 
d'après  le  cal- 
cul de  1914 

Dont 

a- 
■2  S 

Q 

5C 

B 

'S 

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03 

S5 

1 

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1 

1 

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S 
1 

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p 
S) 

o 

CQ 

£ 
1 

272,600 

248,100 

218,640 

4,100 

6,110 

28.0 

219,900 

50.4  7o 

44.4  7o 

— 

— 

0.9  7o 

— 

— 

1.2  7o 

28.6 
28.3 

492,500 

248,100 

218,640 

— 



4,100 

— 



6,110») 

50.4  7o 

44,4  7o 

0.9  7o 

1.2  7o 

415,700 

1 

214,130 
51.5  7o 

146,800 
35.5  7o 

— 

— 

— 

— 

36,150^) 

49.6 

427,500 

301,360 
70.5  7o 

113,130 

26.5  o/o 



— 

— 

~ 

— 

31.0 

422,900 

197,730 
46.8  7o 

208,710 
49.4  7o 



6,240 

15  7o 

— 

— 

20.4 

497,700 

365,240 
73.4  7o 

94,360 
18.9  7o 

— 



— 

4,800 
0.9  7o 

18,500«) 
3.7  7» 

30.9 

1,763,800 

1,078,460 

563,000 

— 

6,240 

4,800 

53,810') 

32.6 

61.2  7o 

31.9  7o 

0.3  7o 

0.2  7o 

3.1  7o 

442,500 

260,190 

82,410 

11,610 

34,520 





44,690«) 

50.5 

330,000 

242,880 

70,290 

— 

9,900 

4,290 

— 



— 

25.3 

551,600 

302,830    185,890 

— 

23,170 

28,680 

— 

— 

— 

41.6 

■L:3éiA.MMX 

805,900 

338,590 



44,680 

67,490 

— 

44,690») 

37.8 

600,300 

334,370 

133,270 

13.210 

78,040 

34,820 

_ 

_ 

79.8 

431,800 

356,240 

29,790 

— 

22,020 

22,450 

— 

— 

— 

43.1 

550,600 

320,450 

175,640 

— 

15,420 

20,920 

10,460 



— 

59.7 

326,100 

294,470 

15,650 

— 

8,180 

6,850 

— 



— 

46.5 

381,100 

175,640 

56,010 

— 

17,150 

28,580 



103.6ÏÛ") 

41.5 

415,(X)0 

386,780 

15,770 

— 

5,810 

5,400 

— 



— 

63.5 

408,300 

325,420 

59,610 

— 

11,840 

9,390 

— 



— 

46.3 

342,400 

172,910 

168,630 

— 

6,130 

— 

— 



— 

67.3 

3,455,600 

2,366,280 

644,270 

20,730 

rcassien? 
l'atares  8 

163,590 

128,410 

13,020 

— 

103,670") 

54.6 

•)  Grecs 
*)  Grecs 
Tatares 

1.6,  Armeni 
19.0,    Turqi 
23,240. 

ens  0.3,  (' 
les  2.1,    ' 

1  1.8.         •)  Grecs  4 
1.                '•)  Grec 

1,880  (1.2),  Clrcasslons  27.670  (6.6).      1 
8  2.8.    Turques  0.3,    Tatares  1.1.      1 

96 


Pays, 

gouvernements 

et  districts 

le 

Nombre  de  po- 
pulHt.  d'après 
la  statistique 

de  1897  (Russie) 

et  1900  (Autr.- 

Hongrie) 

Dont  en  Vo                               1 

a 
a» 

1 

i 

:3 

a 
o 

o 

eu 

a 

i 

< 

B 

1 

2 

os 
1 

Gouv.  Kherson. 

Kherson 

19,137.9 

587,804 

55.1 

26.7 

0.9 

11.6 

3.5 

0.8 

— 



Ananiïv  .    -    .    .    . 

9,041.5 

265,762 

62.0 

11.1 

— 

8.3 

3.8 

13.5 

— 



Yelyssavet  (hrad)    . 
Odessa 

15,889.0 
9,749.6 

613,283 
610,042 

66.1 
21.9 

16.2 
37.7 

3.0 

9.2 
22.0 

0.9 
10.3 

6.0 
1.0 

— 

2.0») 

Oleksandria     .    .    . 

9,810.2 

416,576 

85.1 

9.9 

— 

3.7 

— 

— 

— 

— 

Tyraspil 

7,170.4 

240,145 

33.3 

17.1 

— 

9.9 

9.8 

24.9 

— 

3.32) 

Total 

70,798.6 

2,733,612 

53.5 

21.1 

1.1 

11.8 

4.5 

5.4 

— 

1.2') 

Gouv.  Bessarabie. 

Akerman     .... 

8,003.4 

265,247 

26.7 

9.7 

— 

4.6 

16.3 

16.4 

— 

25.2') 

Khotyn 

3,985.2 

307,532 

52.3 

6.3 

— 

15.6 

23.8 

— 

— 

Total 

11,988.6 

572,779 

41.0 

7.8 

— 

10.5 

7.6 

20.3 

— 

11.6») 

Ukraine. 

Total 

664.635 

27,183.072 

72.6 

13.0 

2.0 

7.5 

2.0 

0.9 

— 

2.0 

Galicie. 

Neu-Markt  (part.)  ''') 

54.9 

2,408 

98.5 

— 

1.1 

0.4 

— 

— 

— 

Novy-Santch  (pari.)  '') 

392.7 

21,145 

76.7 

— 

15.0 

7.4 

0.7 

— 

— 

— 

Hrybiv  (Grybow)     . 
(partie)  '^) 

190.1 

10,122 

94.1 

— 

3.2 

2.7 

— 

— 

— 

— 

Horlyci  (Gorlice)     . 
(partie)  ^'-) 

442.2 

21,456 

92.7 

— 

3.9 

3.1 



— 

— 

— 

Yaslo  (partie)  '^) .     . 

201.9 

8,736 

87.7 

— 

9.9 

2.4 

— 

— 

— 

— 

Krosno  (partie)  ^^)    . 

191.5 

8,389 

91.9 

— 

5.5 

2.6 

— 

— 

— 

— 

Sianik  (Sanok)    .    . 
(partie)  ^«) 

1,098.2 

ecs  1.0.      l 
»)  Bulgares 

trict  Mouch 
du  district 

lu  district  ] 

86,848 

60.3 

— 

30.0 

9.3 

— 

— 

— 

*)  Bulgares  1.0,   Gr 
res  21.3,  Turques  3.9. 
ChUakhtova.         ")  Dis 
")  Partie  méridionale 
")  Partie  méridionale  ( 

Bulgares  3.3.       »)  Bu 

80,580,  Turques  14,750. 

yna  (entier  et  8  comm 

Horlytzi  20  commune 

Doukla  (14  communes). 

Igares  0.9,   Grecs  0.3.       »)  Bul- 

»)  Bulgares  9.8,  Turques  1.8. 

unes  dans  le  district  de  Neu- 

3.       ")  Partie  méridionale  du 

")  Excepté  six  communes 

97 


Nombre  de 
population 
d'après  le  cal- 
cul de  1914 

Dont 

es 

f 

75 

'3 
1 

o 
0^ 

'B 

i 

1 

00 

a 

es 

i 

o 

1 

a 
o 

a 

4 

822,600 

453,250 

219,630 

7,400 

98,900 

28,790 

6,580 

43.0 

371,800 

230,520 

41,270 

— 

30,860 

14,130 

50,190 

— 

— 

41.1 

785,800 

519,410 

127,300 

— 

72,300 

7,070 

47,150 

— 

— 

49.8 

894,400 

195,870 

337,190 

26,830 

196,770 

92,120 

8,940 

— 

17,890*) 

91.7 

556,500 

473,580 

55,090 

— 

20,590 

— 

— 

— 

— 

56.7 

313,500 

104,400 

53,610 

— 

31,040 

30,720 

78,060 

— 

10,350^) 

45.7 

3,7:/4,600 

1,977,030 

834,090 

41,520 

450,550 

172,830 

100,920 

— 

42,920») 

53.3 

378,300 

101,0i() 

36,700 

J 

17,400 

61,660 

62,040 

_ 

95,330«) 

46.3 

409,400 

218,200 

30,800 

— 

64,370 

— 

97,440 

— 

— 

102.9 

787,700 

319,210 

67,500 

— 

81,770 

61,660 

159,480 

— 

95,330«) 

65.7 

D 
28,505.240 

5.373.860 

809.000 

2.991.920 

796.850 

256.700 

870.070 

59.6 

72% 

13.6  7o 

2.0  7o 

7.5  7o 

2  7o 

0.9  7o 

0.2  7o 

2,060 

2,050 
99.5  7o 

10 
0.5  7o 

— 

— 

— 

— 

— 

37.5 

21,910 

16,430 
75.0  7o 

— 

3,790 
17.3  7o 

1,690 
7.7  7o 

10 

0.0  7o 

— 

— 

— 

55.8 

9,600 

9,300 
94.1  7o 

— 

310 

3.2  7o 

260 
2.7  7o 

— 

— 

— 

— 

50.5 

20,580 

19,080 
92.7  7o 

— 

800 
3.9  7o 

640 
3.1  7o 

— 

— 

— 

— 

46.5 

7,960 

6,980 
87.7  7o 

— 

790 

9.9  7o 

190 
2.4  7o 

— 

— 

— 

— ' 

39.4 

8,230 

7,560 
91.9  7o 

— 

450 

5.5 -/o 

220 

2.6  7o 

— 

— 

— 

43.0 

92,960 

54,000 

— ■- 

29,840 

9,110 

— 

— 

— 

— 

84.6 

58.1  7o 

,960.  -      • 
08  dan 8  1 
)va,  I^abf 
ommunen 
lloaale  di 

32.1  7o 

Bul(i:are 

e  district 
vvtzi,  Ma 
.  '♦)  Partie 
1  district 

9.8  7o 

8.          •)  H 

Kroscier 
tvliva.  Ne 
i  méridloi 
Rymanlv, 

3CS  42,92C 
chôma  ^ 
oka,  Sklfl 
yhorod ( 
i  le  disti 

'•)  Quatr 
Sande/ : 
district  f 
dan»  la 

140,  Grecs  8 
ft.s  commun 
Kotiv,  Lah 
lorlytzl  t-i  c 
partie  môrlc 

ulfirares  .33,970,  Gr 
iko  :  Blla  Voda,   T 
ve-8elo,  Mala-Ko.st 
lale  du  di8trict  .)m 
18  communes  dani 

K        ')  Bulffa- 
/oda,  Javorki, 
idyHto,  Uliryn. 
9  communes), 
ict  de  Sianlk. 

Kordouba 


98 


Pays, 

gouvernements 

et  districts 


le 


6  05  CD  ®    '. 

•^S2§§§ 


Dont  en  •/• 


te 

.9 

1 

ce 

eô 

c3 

§ 

s 

a 

© 

s 

o 

s 

^ 

o 

o 

eu 

*-i 

-t: 

a: 

W 

Beresiv  (partie)  ')    . 
Peremychl  (partie)  ^) 
Yaroslav  (partie)^) 
Lantzout  (partie)  *) 
Lisko .    .    . 
Dobromil     . 
Tzechaniv  . 
Yavoriv  .    . 
Mostyska    . 
Sambir    .    . 
Stary-Sambir 
Tourka  .    . 
Drohobytch 
Skole  .    .    . 
Stry    .    .     . 
Jydatchiv    . 
Dolyna   .    . 


95.2 
939.1 
861.2 

45.8 

1,831.6 

886.6 


754.6 

948.1 

725.0 

1,458.4 

1,456.2 

1,268.8 

659.4 

936.0 

2,497.5 


9,481 
136,543 
61,895 
3,863 
95,362 
68,987 
79,568 
78,002 
79,184 
96,215 
56,859 
71,057 
134,056 
49,771 
66,737 
74,158 
105,262 


63.8 
53.6 
68.2 
78.0 
71.2 
67.5 
53.6 
79.2 
61.0 
63.1 
77.2 
85.9 
66.2 
77.5 
62.5 
75.1 
73.3 


31.4 

4.8 

— 

— 

— 

30.-8 

14.3 

1.2 

— 

27.1 

4.5 

0.2 

— 

16.9 

4.8 

— 

— 

— 

14.5 

13.7 

0.6 

— 

— 

21.5 

9.6 

li 

— 

— 

32.7 

12.6 

09 

— 

— 

10.4 

8.4 

.t8 

— 

— 

29.8 

9.1 

0.1 

— 

— 

27.2 

8.4 

1.3 

— 

— 

12.0 

10.7 

— 

— 

— 

2.8 

11.0 

0.3 

— 

— 

15.0 

16.4 

2.4 

~~ 

— 

7.9 

10.3 

3.6 

— 

15.7 

16.1 

5.7 

— 

— 

13.8 

9.5 

1.5 

— 

— 

9.1 

13.2 

4.3 

— 

— 

*)  6  communes  du  district  Dyiiiv  et  5  communes  du  district  Bereziv.       *)  Excepté  7 
munes,  district  Radymno  excepté  6  communes  et  district  Syniava  excepté  Nelepkovitze. 


99 


Nombre  do 
population 
d'après  le  cal- 
cul de  19U 

Dont 

1: 

2 

1 

.2 

1 

"o 

a 
ce 

< 

'S 

1 

1 

9,990 

6,370 
63.8  7o 

— 

3,150 

31.470 

480 

4.8  7o 

— 

— 

— 

— 

104.9 

155,240 

81,350 
52.4  7o 

— 

49,370 
31.8  7o 

21,580 
13.9  0/0 

1.860 
1.2  7o 

— 

— 

165.1 

68,880 

46,220 
67.1  7o 

— 

20,250 
29.4  7o 

2,620 
3.8  7o 

80 

0.1 7o 

— 

— 

80.0 

3,670 

2,870 
78.0  7o 

— 

620 
16.9  7o 

180 

4.8  7o 

— 

— 



— 

80.0 

99,430 

69,900 
76.3  7o 

— 

14,920 
15.0  7o 

14,020 
14.1  7o 

600 

0.6  7o 

— 

— 

— 

54.3 

73,040 

46,^10 

64.C-/0 

— 

19,430 
24.4  7o 

7,670 
10.5  7o 

770 
1.1  7o 

— 



82.4 

88,640 

46,5"40 
52.5  % 

— 

30,580 
34.5  7o 

11,080 
12.570 

440 
0.5  7o 

— 

— 

78.0 

89,340 

70,5âO 
79.0  7o 

— 

11.260 
12.6  7o 

6,520 

7.3  7o 

980 

1.1 7o 

— 





89.3 

90,440 

54,170 
59.9  7o 

— 

28,760 
31.8  7o 

7,420 
8.270 

90 

0.1 7o 

— 



— 

110.9 

110,810 

67,480 
60.9  7o 

— 

32,910 
29.7  7« 

9,190 

8.2  0/0 

1,230 

1.270 

— 



— 

116.9 

62,000 

46,130 
74.4  7« 

— 

9,240 
14.9  7o 

6,630 
10.7  7o 

— 

— 





85.5 

90,250 

72,380 
80.2  7o 

— 

5,400 
6.070 

12.220 
13.6  7o 

250 

0.3  7o 

— 



— 

61.9 

182,980 

109,060 
59.6  7o 

— 

38,790 
21.2  7o 

31,470 

17.2  0/0 

3,660 
2.0  7o 

— 





125.7 

57,030 

44,140 
77.4  7o 

— 

4,730 
8.3  7o 

6,100 
10.7  7o 

2,050 
3.6  7o 

— 

— 

— 

45.0 

84,250 

51,390 
6I.O70 

— 

16,010 
19.0  7o 

13,400 
15.9  7o 

3.370 
4.070 

— 





127.8 

86,090 

65,160 
76.7  7o 

— 

12,650 
14.6  7o 

7,040 

8.2  7o 

1,250 
1.5  7o 

— 

.-•- 



92.0 

1 

1 

1 

116,400 

88,230 

76.8  7« 

-4. 

10,810 
9.2  7o 

13,160 
11.3  7o 

4,210 
3.7  7o 

~ 





46.6 

«•ommun* 

V  4  Cf. nu 

ïn  situées  à 
iinnefl  daoH 

l'ouest  du  difltrict  Doubetz 
le  district  Lejaysk  (Doubn 

ko.       •)  Dans  1h  district  Yaro8lav  7  com-      1 
0,  OJana,  Joukhiv  et  Sylianka.                      | 

100 


Pays, 

gouvernements 

et  districts 


s  ta 


O  03  O  lU    '. 


Dont  en  7o 


Kalouch  .  , 
Stanyslaviv 
Bohorodtehany  . 
Nadvirna  . 
Tovmatch  . 
Kolomia  .  . 
Kossiv  .  . 
Petchenijyn 
Sniatyn  .  . 
Horodenka  . 
Rava-Rouska 
Jovkva  .  . 
Horodok .  . 
Lemberg  (Ville)  . 
Lemberg  (District) 
Roudky  .... 
Bibrka  .... 
Peremychlany     . 


1,182.8 
868.9 
892.6 

1,916.7 
918.7 
799.7 

1,919.7 
376.7 
603.9 
904.1 

1,401.0 

1,202.8 

887.1 

32.0 

1,263.6 
703.0 
890.6 
925.4 


87,161 

134,100 

61,665 

79,116 

105,769 

109,212 

84,045 

37,136 


91,447 


105,185 
90,227 
71,482 
170,203 
125,931 
70,440 
79,390 
77,238 


79.9 
59.0 
81.8 
74.0 
73.9 
64.3 
82.6 
84.0 
80.0 
76.9 
69.8 
72.2 
65.8 
19.9 
49.3 
65.5 
68.9 
61.4 


8.7 

21.0 

4.3 

11.9 

16.5 

14.4 

4.4 

3.9 

7.0 

11.3 

14.3 

14.8 

21.6 

49.4 

39.2 

25.3 

18.0 

24.8 


10.1 
19.1 
12.9 
13.0 

8.3 
19.7 
12.3 
12.0 
12.0 
11.6 
14.4 
11.1 

9.7 
26.5 

8.2 

8.6 
12.3 
12.2 


1.3 
0.9 
0.6 
1.1 
1.0 

o.(i 

0.9 

1.1 
1.7 
2.7 
3.0 
2.9 
0.2 
0.3 
1.4 


101 


Nombre  de 
population 
d'après  le  cal- 
cul de  1914 

Dont 

Q 

00 

a 
o 

a 
■g 

1 

1 

0 

•s 
'3 

1 

< 

.S 
S 

.2 

1 

& 

1 

<3 

100,500 

81,100 
80.7  7o 

— 

10,000 

10.0  7o 

8,404 
8.4  7o 

960 
0.9  7o 

— 

— 

— 

85.0 

165,260 

95,190 
57.6  7o 

— 

36,850 
22.3  7o 

31,070 
18.8  7o 

2,150 
1.3  7o 

— 

— 

— 

190.2 

71,800 

59,950 
83.5  7« 

— 

3,660 
5.1  7o 

7,750 
10.8  7o 

430 
0.6  7o 

— 

— 

— 

80.4 

94,130 

69,660 
74.0  7o 

— 

11,860 
12.6  7o 

11,860 
12.6  7o 

750 
0.8  7o 

— 

— 

— 

49.1 

119,160 

87,110 
73.1  7o 

— 

21.210 
17.8  7o 

9,891 
8.3  7o 

950 

0.8  7o 

— 



— 

129.7 

129,540 

80>t90 
61.'m'7o 

— 

23,060 
17.8  7o 

24,740 
19.1  7o 

1,550 
1.2  7o 

— 

— 

— 

161.9 

86,330 

71,910 

88.3'7o 

— 

4,140 

4.8  7o 

9,760 
11.3  7o 

90 

0.1 7o 

•  — 

— 

— 

45.0 

49,690 

43,470 
87.4  7o 

— 

1,770 
3.6  7o 

4,450 
9.070 

— 

— 

— 

— 

131.6 

90,000 

71,640 
79.6  7o 

— 

7,290 
8.1  7o 

10,350 
11.5  7o 

720 

0.8  7o 

— 

— 

— 

149.0 

92,210 

70,170 
76.1  7o 

— 

11,800 
12.8  7o 

10,140 
11.0  7o 

— 

— 

— 

— 

120.0 

118,380 

82,090 
70.1  7o 

— 

17,050 
14.4  7o 

17,170 
14.5  7o 

1,180 

1.0  7o 

— 

— 

— 

84.5 

102,480 

74,810 
73.070 

— 

16,090 
15.7  7o 

9,840 
9.6  7o 

1,740 
1.7  7o 

— 

— 

— 

85.2 

82,030 

54,390 
66.3  7o 

— 

18,700 
22.8  7o 

7,050 
8.6  7o 

1,890 
2.3  7o 

— 

— 

— 

92.5 

216,900 

41,430 
19.1  7o 

— 

109.100 
50.3  7o 

60,300 
27.8  7o 

5,900 
2.7  7o 

— 

— 

— 

6.778.1 

172,280 

79,080 
45.9  7o 

— 

74,770 
43.4  7o 

14,990 

8.7  7o 

3,100 
1.8  7o 

— 

— 

— 

136.3 

79,320 

50,370 
63.5  7o 

— 

22,050 
27.8  7o 

6,580 

8.3  7o 

320 

0.4  7o 

— 

— 

— 

112.8 

91,270 

63,430 
69.6  7o 

— 

17,070 
18.7  7o 

10,500 

11.670 

270 

0.3  7o 

— 

— 

— 

102.6 

89,370 

64,680 
62.3  7o 

~~~ 

23,060 
26.8  7o 

10,830 

11.070 

800 
0.9  7o 

~"~ 

— 

— 

96.6 

102 


Pays, 

gouvernements 
et  districts 


"S 


02  (D 


O   00  ®  ®    '. 

^2  s  sis- 

o  s  rt  ©-s 


Dont  en  •/« 


Rohatyn .    .  . 

Berejany     .  . 

Pidhaïtzi     .  . 
Boutchatch 

Tchortkiv   .  . 
Zalistchyky 

Borchtchiv  .  . 

Houssiatyn .  . 

Terebovla  .  . 

Skalat     .    .  . 

Tarnopil     .  . 

Zbaraje  .    .  . 

Zboriv     .    .  . 

Zolotchiv    .  . 


Brody      .    .    . 

Kaminka-Stroumy- 
lova     .    .    . 


Sokal 


1,146.8 

1,161.9 

1,060.0 

1,192.7 

694.2 

717.8 

1,024.9 

872.9 

697.3 

917.0 

1,164.0 

739.6 

630.7 

1,183.2 

1,752.0 

1.521,4 


Total  Galicié 


54,577.1 


108,416 

95,164 

88,035 

123,704 

71,981 

77,641 

109,220 

93,854 

77,212 

91,763 

131,632 

67,383 

54,397 

108,619 

138,170 

104,094 

100,155 


71.4 
61.2 
63.1 
59.5 
63.1 
73.7 
69.0 
60.3 
51.7 
51.7 
55.3 
62.0 
69.6 
62.0 
62.3 
60.8 
66.4 


4,731,651 


64.9 


16.1 
27.0 
27.5 
27.6 
25.0 
13.9 

n.9 

26.3 
37.7 
33.6 
29.5 
30.4 
17.4 
23.9 
20.1 
23.1 
18.4 


12.4 
11.5 

9.3 
12.9 
11.4 
12.2 
13.1 
13.4 
10.4 
14.6 
15.0 

7.5 
12.4 
13.5 
17.4 
116 
14.8 


0.1 
0.3 


0.4 


0.2 
0.0 
0.2 

0.3 
0.5 
0.1 
2.1 
0.3 


21.1 


12.81  1.0 

i 
I 


103 


Nombre  de 
population 
d'après  le  cal- 
cul de  19U 

Dont 

13 

Q 

OQ 

O 

1 

ai 
O 

!» 

« 

O 

'B 

•-5 

en 
g 

S 
© 

< 

1 

1 

03 

•S 

1 

1 

129,930 

93,160 
71.7  7o 

— 

22,610 

17.4  7, 

14,030 

10.8  7o 

130 

0.1 7o 

— 

— 

— 

113.3 

107,700 

66,670 
61.9  7o 



29,840 
27.7  7o 

11,090 
10.3  7o 

100 

0.1 7o 



— 

— 

92.7 

95,200 

62,360 
65.5  7o 



25,420 
26.7  7o 

7,420 

7.8  7o 

— 

— 

— 

89.8 

142,680 

79,760 
55.9  7o 



44,800 
31.4  7o 

17,980 
12.6  7o 

— 



— 

— 

119.6 

77,790 

47,690 
61.3  7o 



21,780 
28.0  7o 

8,090 
10.4  7o 

230 

0.3  7o 

— 

— 



112.1 

76,750 

54,720 

71.3'yo 



12,750 
16.6  7o 

9,210 
12.0  7o 

— 

— 

— 

— 

106.9 

109,350 

75,c40 
68.9  Vo 

21,220 
19.4  7o 

12,790 
11.7  7o 

— 

— 

— 



106.7 

97,800 

59,3^0 
60.7  7o 



27,000 
27.6  7o 

11,340 
11.6  7o 

— 



— 

— 

112.1 

82,200 

42,330 
61.5  7o 



32,390 

39.4  7„ 

7,400 
9.0  7o 

80 

0.1 7o 

— 

— 



117.9 

97,280 

48,920 
50.3  7o 



35,500 
36  5  7o 

12,830 

13.2  7o 

30 
0.070 



— 

— 

106.1 

145,280 

77,730 
53.5  7o 



47,070 

32.4  7o 

20,190 
13.9  7o 

290 

0.270 



— 

— 

124.8 

72,730 

44,290 
60.6  7o 



22,980 

31.6  7o 

5,460 
7.5  7o 

— 



— 

98.3 

62,250 

43,880 
70.5  7o 



11,950 
19.2  7o 

6,350 
10.2  7o 

60 

0.1 7o 

— 



— 

98.7 

120,000 

75,120 
62.6  7o 



30,600 

26.5  7o 

13,920 

11.6  7o 

360 
0.3  7o 



— 

— 

101.5 

148,630 

92,750 
62.4  7o 

32,250 

21.7  7o 

23,040 
16.5  7o 

160 

0.1 7o 

— 

— 

84.8 

118,680 

71,040 
60.7  7o 

29,200 
24.6  7o 

16,070 
12.7  7o 

2,200 

1.7  7o 



— 

— 

78.0 

111,980 

73,360 
66.6  7o 

■ 

21,610 
19.3  7o 

16,690 
14.9  70 

330 
0.3  7o 



— 

— 

83.9 

5,378,660 

3,416,000 
63.6  0/^ 



I.243.W0 

23,1  7o 

661,490 
12.3  7o 

47,380 
0.970 

— 

— 

— 

98.6 

104 


Pays, 

gouvernements 

et  districts 


O   OD    O   ® 
•-      -rît-- 


u 

Dont 

en  « 

/. 

s  © 

«5 

oa 

^-^  bu 

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3 

a 

■4-> 

s 

o 

;3 

3 

O 

o 

« 

0^ 

•-5 

< 

« 

S 

Boukovine. 

Tchernivtzi  (partie) 
Vachkivci  .  .  .  . 
Wyjnytzia  .  .  .  . 
Zastavna  .  .  .  . 
KimpoloTing  (part.)O 

Kitzman 

Eadaoutz  .... 
Sereth  (partie)  .  . 
Storojynetz  (partie) 
Soutchava  (partie)  . 


Total  Boukovine 


Ukraine  hongroise. 
Marmaros. 

Vychova  (partie)     . 


Voliv 


Houst 

(sans  Vychkova) 

Dovha     .... 


703.7 
400.8 


1,288.7 


492.8 
525.0 
344.8 
911.3 
277.6 
235.6 
96.5 


5,276.8 

447.3 

1,150.3 

677.3 

607.9 


138,803 
42,812 
50,285 
51,502 
7,662 
43,131 
11,180 
36,090 
19,796 
10,242 


411,503 


8,809 
27,686 
36,348 
16,866 


49.6 

. 

7.9 

21.4 

9.7 

9.6 

0.0 

78.6 

— 

3.0 

14.1 

0.5 

0.3 

— 

72.6 

0.8 

1.3 

20.8 

2.3 

0.5 

— 

88.2 

— 

2.0 

9.3 

0.2 

0.1 

— 

71.5 

— 

3.0 

12.3 

7.5 

4.4 

— 

88.1 

— 

1.6 

9.0 

oi; 

0.2 

— 

72.6 

— 

2.4 

13.4 

6^9 

2.7 

— 

63.6 

6.7 

2.4 

11.8 

7.2 

7.9 

— 

70.5 

— 

4.9 

10.7 

5.5 

9.8 

— 

79.6 

5.4 

0.8 

3.4 

1.7 

7.4 

1.4 

68.3 

0.8 

4.1 

15.6 

5.0 

4.8 

0.4 

71.6 

_ 

25.7 

0.5 

0.5 

1.4 

81.9 

— 

— 

160 

0.5 

0.0 

1.5 

75.9 

— 

— 

15.4 

0.1 

0.1 

8.1 

84.6 

— 

~ 

10.2 

0.9 

0.0 

1.8 

*)  Excepté  enclave  ukrainienne  dans  le  district  Stoulpikany. 


105 

Nombre  de 
population 
d'après  le  cal- 
cul de  1914 

DOE 

it 

SI 

G 
O 
O 
0^ 

< 

1 

Ë 

1 

1 

< 

168,110 

74,300 

18,150 

37,990 

14,120 

20,680 

60 

238.9 

44.2  7o 

10.8  7o 

22.6  7o 

8.4  7o 

12.3  7o 

0.070 

42,120 

34,540 

— 

1,680 

5,340 

270 

230 

— 

— 

105.1 

82.0  Vo 

4.0  7o 

12.7  7o 

0.7  7o 

0.6  7o 

57,120 

43,640 

340 

1,200 

10,800 

910 

90 

— 

— 

44.3 

76.4  7o  ' 

0.6  7o 

2.1  7o 

18.9  7o 

1.6  7o 

0.2  7o 

51,380 

45,930 

— 

1,130 

4,210 

50 

60 

— 

— 

103.8 

89,4  7o 

2.2  7o 

8.2  7o 

0.1 7o 

0.1 7o 

8,600 

6.050 

— 

210 

850 

810 

560 

— 

— 

16.4») 

70.3  7o 

2.4  7o 

9.0  7o 

9.4  7o 

6.570 

45,740 

39,980 

— 

1,370 

3,890 

210 

120 

— 

— 

132.6 

87.4  7o 

3.070 

8.5  7o 

0.5  7o 

0.3  7o 

13,590 

10,180 

50 

1,850 

1,020 

250 

— 

— 

14.9 

74.9  7o 

0.4  7o 

13.6  7o 

7.5  7o 

1.8  7o 

39,420 

24,140 

2,060 

1,460 

4,730 

2,400 

4,100 

— 

— 

142.0 

62.5  7o 

5.3  7o 

3.7  7o 

11.1 7o 

6.1  7o 

10.4  7o 

22,710 

13,880 

— 

1,730 

2,250 

1,000 

3,820 

— 

96.4 

61.1  7o 

7.6  7o 

9.970 

4.4  7o 

16.8  7o 

11,640 

8.510 

520 

50 

360 

280 

1,410 

170 

— 

120.6 

75.2  7o 

4.5  7o 

0.4  7o 

3.1  7o 

2.470 

12.1  7o 

1.570 

460,430 

301,150 

2,950 

27,030 

73.270 

21,070 

31,320 

230 

— 

57.1 

65.4  7o 

0.6  7o 

5.9  7o 

15.9  7o 

4.6  7o 

6.8  7o 

0.5  7o 

10,196 

7,520 

2,390 

10 

30 

190 

22.8 

73.7  7o 

23.4  7o 

0.1 7o 

0.3  7o 

1.9  7o 

32,910 

27,050 
82.2  7o 

— 

— 

6,130 
15.6  7o 

40 

0.1 7o 

— 

660 

2.070 

— 

32.6 

43,450 

32,810 

— 

— 

7,000 

30 

20 

3,390 

— 

64.2 

76.5  7o 

16.1  7o 

0.1 7o 

0.070 

7.8  7o 

20,410 

16,840 

— 

— 

2,160 

230 

ÎK) 

630 

— 

33.6 

82.6  7o 

iikrainiei 

10.6  7o 

1.1 7o 

0.4  7o 

2.6  7o 

')  Excep 

►té  enclave 

me  dans  le  distric 

t  Stoulpikany. 

1 

106 


Pays, 

gouvernements 

et  districts 


:3  a 


ce  ®   ' 


5fe 


;ïï  s  ® 


Dont  en  V» 


Syhit  (partie) .    . 
Tyssa.    .    .    .    . 


Toretz     .... 
(sans  Kerkhed) 

Tiatchovo  (partie) 


162.3 
1,717.1 
1,252.9 

331.9 


9,987 
33,005 
28,983 


68.7 
67.8 
76.0 
79.6 


25.8 
13.8 
17.1 
15.0 


0.3 
1.6 
4.8 
0.1 


2.6 
0.1 
0.1 
0.2 


3.0 

16.7 

1.9 

2.6 


Total 

Ugosca. 

Tiszaninnen  (partie) 

Tiszantul  (partie)    . 


6,347.0 

444.3 
150.4 


177,305 

25,003 
11,395 


75.9 

87.3 
71.6 


13.7 

10.0 
14.0 


1.4 

0.0 
0.0 


0.3 

0.0 
1.8 


6.0 

2.6 
12.6 


Total 

Bereg. 

Horichny^).     .     .     . 

Latorcza     .    .    .    . 

Mounkatchiv  (part.) 
(Miinkacs) 

Tiszahat  (partie)  ^  . 
Also-Vereczke  .  . 
Svalava 


594.7 

412.7 

387.5 

303.3 

52.9 

588.7 
656.1 


36,398 

27,195 

26,055 
24,828 
1,384 
15,292 
17,868 


82.3 

82.5 
73.8 
85.1 
80.1 
78.4 
75.8 


Total 


2,401.2 


112,622 


79.4 


11.2 

14.8 
11.6 
6.7 
8.0 
14.9 
12.9 


0.0 

0.7 
2.1 
4.1 

0.8 
3.5 


0.6 


5.8 

1.1 
10.2 

4.0 
10.8 

3.5 

5.8 


12.0 


2.2 


5.2 


^)  Changements  administratifs  entre  1900  et  1910  :  les  communes  Kvassovo  et  Remeta 
fut  détaché  du  district  Svalava  et  en  sa  place  furent  jointes  les  6  communes  du  district 


107 

Nombre  de 
population 
d'après  le  cal- 
cul de  1914 

Dont 

(S 

1 

.2 

«M 

*s 

oa 

1 

S 
© 

< 

a 
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S 

d 

CD 

2 

bu 

< 

13,700 

9,550 

3,380 

10 

90 

560 

84.4 

69.7  7o 

24.5  7o 

0.0  7o 

0.7  7o 

4.1  7o 

38,120 

26,270 

— 

— 

5.150 

210 

110 

6,170 



22.2 

68.970 

13.5  7o 

0.5  7o 

0.3  7o 

16.2  7o 

34,750 

25,790        — 

— 

6,120 

1,840 

40 

940 



27.7 

74.2  7o 

17.6  7o 

5.3  7o 

0.1 7o 

2.7  7o 

18,710 

14,060        — 

— 

3.270 

20 

110 

470 



56.7 

78.9  7o 

17.570 

0.1 7o 

0.6  7o 

2.5  7o 

212,240 

160,590 

— 

— 

34,600 

2,390 

490 

12,010 



33.4 

75.6  7o 

16.2  7o 

2.0  7o 

0.2  7o 

6.0  7o 

27,510 

24,070 

_ 

~~' 

2,670 

3 

10 

690 



61.9 

87.5  7o 

9.7  7o 

0.070 

0.070 

2.5  7o 

13,110 

8,170 

— 

_ 

1,650 

13 

30 

2,320 



87.2 

62.3  7o 

12.6  7o 

0.1 7o 

0.2  7o 

17.7  7« 

40,620 

32,240 

— 

— 

4,320 

16 

40 

3,010 



68.3 

79.6  7o 

10.8  7o 

0.070 

0.1 7o 

7.6  7o 

33,320 

25,890 
77.7  7o 

— 

— 

5,130 
15.4  7o 

170 
0.5  7o 

— 

2,070 

6.2  7o 

— 

80.2 

30,000 

22,230 

— 

— 

3,330 

510 

— 

3,150 

600 

77.4 

74.1  7o 

11.1 7o 

1.7  7o 

10.570 

2.070 

29,220 

24,570 

— 

— 

1,930 

1,160 

— 

1,310 

30 

963 

84.4  7o 

(>.6  7o 

4.070 

4.5  7o 

0.1 7o 

1,510 

1,300 
86.0  7o 

— 

— 

110 
7.1  7o 

— 

— 

80 
5.1  7o 

— 

28.6 

17,630 

13,770 

— 

— 

2,700 

130 

— 

900 

110 

29.9 

78.1  7o 

15.3  7o 

0.7  7o 

5.170 

0.6  7o 

23,250 

16,720 

— 

— 

3,300 

1,000 

— 

1,660 

300 

35.4 

71.9  7o 

14.270 

4.3  7o 

7.1  7o 

1.3  7o 

134,930 

104,480 

— 

— 

16,500 

2,970 

— 

9,160 

0.040») 

66.2 

77.5  7o 

12.2  7o 

2.2  7o 
rchny. 

6.8  7o 

0.8  7o 
Also-Ver 

oczk 

Nijnia  sr 
Kapocha 

>nt  transfér 
•)L 

Ses  ici  du  district  de  lUny 
es  Slovaques. 

•)  Le  district 

108 


^ 


Pays, 

gouvernements 

et  districts 


O  ce  ©  ©    '. 

©'u!-2S;rfcf 

l22|i| 


Dont  en  Vo 


Ung. 
Bereznc 

Peretchyn   .     .     .     . 

Seredno  

(sans  Khomec) 

Sobranci  (partie)     . 

Ujhorod  (partie)  *)  . 
(Ungvar) 


811.9 
623.5 
243.6 
303.2 
184.3 


22,803 

20,084 

12,494 

8,811 

7,730 


86.0 
85.4 
68.2 
9.6 
76.7 


8.8 

5.7 

13.9 

10.5 

5.6 


0.2 
0.9 
0.8 
0.7 
0.3 


Total 

Zemplén. 

Houmenne  .... 
(3  communes) 

Mezôlaborcz    .    .    . 
(sans  2  communes)^) 

Snyna     

(sans  4  communes) 

Stropkiv  (partie) 


2,166.5 

32.7 
544.3 
834.0 
229.3 


71,922 

844 

17,093 

21,465 

7,290 


72.4 

75.0 
70.0 
85.2 
26.0 


8.7 

5.0 
10.9 

5.3 
18.2 


0.6 


0.5 
0.7 
0.3 


1.5 
3.7 
3.6 
3.4 
13.8 


4.0 

0.8 
2.3 
1.4 
3.5 


1.5 

3.4 

11.3 

75.4 

3.7 


13.02 

16.6 

12.2 

5.1 

49.6 


Total 

Saros. 

Bardiiv  (partie)*)    . 

Vychkiv  (Vychnyj)^) 
Gellert  (partie)^)     . 


1,640.3 

386.4 
483.9 
108.7 


13,791 

16,073 

2,822 


70.4 

69.0 
60.6 
55.9 


9.3 

5.2 
8.2 
2.7 


0.6 

0.3 
0.1 


2.0 

0.6 
1.1 
0.5 


14.8 

23.7 
26.8 
37.6 


^)  Changements  administratifs  :  le  district  Seredno  fut  détaché  du  district  Ujhorod 
'j  Changements  administratifs  entre  1900  et  1910:  le  district  Mezôlaborcz  s'est  formé  d'une 
administratifs  entre  1900  et  1910  formé  de  la  partie  septentrionale  des  Zelchov,  partie 
du  vieux  district  de  Makovetz.  •)  Comprend  le  reste  du  district  ancien  de  Topla. 


109 

Nombre  de 
population 
d'après  le  cal- 
cul de  1914 

D  ont 

r 

ce 

s 
.2 

02 

5 

«2 

es 

S 
< 

09 

S 

'0 

a 
0 

a 

"3 
< 

26,010 

21,770 

2,450 

50 

1,200 

340 

32.0 

83,7  7o 

9.4  7o 

0.2  7o 

4.6  7o 

1.3  7o 

21,770 

18,510 

— 

— 

1,160 

110 

— 

1,260 

610 

34.9 

85.0  7o 

5.3  7o 

0.5  7o 

5.8  7o 

2.8  7o 

13,070 

9,550 



— 

1,790 

20 

— 

1,160 

490 

53.7 

73.1  7o 

13.7  7o 

0.1 7o 

8.9  7o 

3.7  7o 

9,680 

5,720 

— 

— 

970 

30 

— 

410 

2,440 

31.9 

59,1  7o 

10.070 

0.3  7o 

4.1  7o 

25.2  7o 

8,330 

5,810 



— 

500 

30 

— 

1,640 

330 

45.2 

69.8  7o 

6.070 

0.470 

19.7  7o 

4.070 

78,860 

61,360 



— 

6,870 

240 

— 

5,670 

4,210» 

36.4 

77.8  7o 

8.7  7o 

0.3  7o 

7.1  7o 

5.3  7o 

900 

760 
84.3  7o 

— 

— 

60 

6.5  7o 

20 

2.30/0 

50 
5.1  7o 

27.5 

17,570 

14,270 



— 

1,950 

130 

— 

550 

260 

32.3 

81.2  7o 

11.1 7o 

0.7  7o 

3.1  7o 

1.570 

22,130 

19,360 



— 

1,080 

90 

— 

420 

420 

26.5 

87.5  7o 

4.9  7o 

0.4  7o 

1.970 

1.9  7o 

8,050 

3.200 



— 

1,420 

30 

— 

280 

280 

35.1 

39.8  7o 

17.6  7o 

0.3  7o 

3.5  7o 

38.8  7o 

48,650 

37,590 



— 

4,510 

250 

— 

1,270 

3,410 

29.7 

77.3  7o 

9.3  7o 

0.5  7o 

2.6  7o 

7.070 

13,200 

10,900 





570 

30 



130 

1,210 

34.2 

82.6  7o 

4.3  7o 

0.3  7o 

1.070 

9.2  7o 

16,300 

13,020 

— 

— 

1,130 

20 

240 

1,170 

33.7 

79.3  7o 

6.9  7o 

0.1 7o 

1.470 

7.2  7o 

2,770 

1,510 



— 

90 

5 

70 

840 

25.5 

54,5  7o 

3.3  7o 

0.2  7« 

2.6  7o 

30.3  7o 

(ues. 
lents 
peste 

et  en  sa 
partie  d 
nord-ou€ 

place  fnroi 
u  district  H 
)8t  de  Mako 

it  jointes  6  communes  du  district  Kapocha.             •)  Les  Slovac 
umenne  et  21  conmiunos  du  dlstrictlStropklv.             •)  Chanjren 
vetz  et  6  communes  du  district  do  Topla.          •)  Comprend  le  i 

110 


Pays, 

gouvernements 
et  districts 

Nombre  de  po- 

F)ulat.  d'après 

a  statistique 

de  1897  (Russie) 

et  1900  (Autr.- 

Hongrie) 

Dont  en  •/• 

02® 

C! 

'S 
2 

09 

.2 
o 

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1 
1 

1 

Ijypiany  (partie)  ')  . 
Sabiniv  (partie)')    . 

251.4 
62.4 

11,135 
2,806 

88.2 
68.4 

— 

— 

3.4 
2.5 

0.3 
0.1 

— 

0.8 
0.8 

5.7 
27.0 

Total 

Zips. 

Kesmark     .... 
(comm.  Hodermark) 

Podhrad 

(eommones  Oleh  et  Podproteh) 

Starov 

(comm.  W.L.  et  Folv) 

Loubovnia  Stara     . 
(6  communes) 

1,292.8 

17.2 

22.5 

39.2 

152.0 

46,627 

721 

685 
1,397 
7,305 

69.9 

87.2 
84.1 
90.3 
91.4 

5.5 

2.2 
2.5 
3.2 
2.1 

0.2 
2.3 

0.2 

— 

0.8 
0.1 

0.7 
0.6 

21.83 

3.6 

13.3 

2.3 

4.1 

Total 

Ukraine  hongroise 

Total 

Total  de  l'Ukraine 
ethnographique 

230.9 
14,673.4 

10,108 
501,674 

90.4 
75.9 

2.3 
11.2 

0.3 
1.2 

0.1 

0.6 
4.5 

4.4* 
5.5^ 

739.162 

32,827,900 

71.6 

11.1 

4.5 

8.4 

1.9 

0.9 

0.07 

1.53 

*)  Formé  de  la  pai 
^)  Slovaques. 

*tie  nord-ouest  du  district  de  Vyjniotorytza.             ')  Formé  de 

111 


03  a*'* 

Dont 

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Nombre 
populatic 
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9,660 

8,830 

91.470 

290 

3.0  7o 

20 
0.2  7o 

— 

110 

1.2  7o 

220 
2.3  7o 

38.4 

2,660 

2,300 
86.6  7o 

— 

— 

60 
2.5  7o 

5 

0.2  7o 

— 

70 
2.7  7o 

130 

4.9  7o 

42.6 

44,590 

36,560 
82.070 

— 

— 

2,140 

4.8  7o 

80 
0.2  7o 

— 

620 
1.4  7o 

3,570=^) 
8.0  7o 

34.5 

580 

510 
88.3  7o 

— 

— 

10 
1.7  7o 

10 

1.7  7o 

— 

6 

0.8% 

20 
3.1  7o 

33.7 

850 

780 
92.2  7o 

10 
1.5  7o 

— 

40 

5.070 

37.8 

1,290 

1,190 
92.2  7o 

— 

— 

30 
2.4  7o 

10 

0.570 

— 

20 

1.370 

30 

2.4  7o 

32.9 

5,880 

5,330 
90.7  7o 

— 

— - 

90 
1.5  7o 

10 

0.1 7o 

65 

1.1 7o 

250 
4.2  7o 

38.7 

8,600 

7,810 
90.8  7o 

140 

1.6  7o 

30 

0.370 

90 

1.070 

340*) 

4.070 

37.2 

668,490 

440,630 

69,080 

5,970 

530 

32,730 

12,570^) 

38.7 

77.5  7o 

12.2  7o 

1.1 7o 

0.1 7o 

5.8  7o 

2.270 

4S.Q12.000 

32.662.000 

5,376.800 

2,079.500 

3,795.760 

871,270 

435.240 

32.960 

958.470 

62.3 

71.070 

11.7  "/o 

■ 

4.570 

8.270 

1.9  7" 

0.970 

0,07  7o 

1.7370 

parties  < 

les  District 

?  :  Vyjnio 

torytza  e 

t  do  Setc 

likiv. 

*)  Slovatj 

ues. 

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HB  Kordouba,   >tyron 

3608  Le  territoire  et  la 

U5K68       population  de  l'Ukraine 


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