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Kordouba, îfyron
Le territoire et la
population de 1* Ukraine
D« MyRON KORDOUBA
LE TERRITOIRE
ET LA POPULATION
DE
L'UKRAINE
CONTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE
ET STATISTIQUE
Q
BERNE
IMPRIMERIE R. SUTER & CIE
1919
D" MVRON KORDOUBA
LE TERRITOIRE
ET LA POPULATION
DE
L'UKRAINE
CONTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE
ET STATISTIQUE
Q
BERNE
IMPRIMERIE R. SUTER & CIE
1919
Préface des Editeurs.
Cette contribution géographique et statistique du
Dr Myron Kordouba était terminée et prête à être im-
primée, en été 1917 déjà, et elle fut publiée en langue
ukrainienne pendant la première moitié de 1918.
Le but du présent travail vient d'être indiqué dans le
titre, il se propose de préciser les frontières du terri-
toire national ukrainien comme entité en elle-même,
afin d'avoir une base pour déterminer les frontières po-
litiques de l'état ukrainien.
L'auteur eut à lutter contre de grosses difficultés, à
cause de la documentation arriérée, imprécise et ten-
dencieuse de la statistique officielle. Ainsi le recensement
russe de 1897, qui est seul à fournir les matériaux pour
la statistique des nationalités, ne contient aucune indi-
cation statistique concernant de petites unités adminis-
tratives telles que des districts. L'auteur ne compte, du
reste, comme territoire ethnographique ukrainien que
les districts qui ont une majorité ukrainienne absolue
ou relative. De cette façon il exclut des frontières ethno-
graphiques des territoires importants qui font partie du
tout ukrainien.
Cependant les frontières ethnographiques ne peuvent
pas être déterminatives dans la délimination des fron-
tières politiques de l'état, encore faut-il tenir compte
aussi des facteurs économiques et stratégiques.
Si nous nous plaçons à ce point de vue là, les fron-
tières politiques de l'état ukrainien doivent embrasser
un territoire beaucoup plus vaste que celui qui est dé-
fini dans le présent ouvrage du Dr M. Kordouba.
Voici un exemple : tandis que, selon Dr M. Kordouba,
la Crimée n'est nullement englobée dans la frontière
ethnographique, cette presqu'île ne peut point exister
politiquement d'une façon indépendante. Mais elle n'en
est pas moins d'une importance considérable pour l'état
ukrainien, car, après tout, n'est-elle pas la gardienne de
la Mer-Noire? De plus, la population ukrainienne de la
Crimée forme avec la population «russe» les 50 %, tan-
dis que Ise Tatares n'entrent en ligne de compte que
pour 31 %.
Or ont peut dire la même chose de tout le Ciscaucase.
Dans les deux parties principales de ce territoire, le pays
de Kouban et le gouvernement de Stavropil, les Ukrai-
niens ont sinon la majorité absolue, du moins la majo-
rité relative, et ce territoire forme la partie organique de
l'unité ukrainienne ethnographique. Le pays du Terek et
le gouvernement de la Mer-Noire sont habités par diffé-
rentes peuplades du Caucase et par des peuplades imi-
grées. Dans le gouvernement de la Mer-Noire ce sont sur-
tout les Ukrainiens, dans le pays du Terek surtout les peu-
plades indigènes du Caucase. La contrée du Terek relie,
comme partie inséparable de toute la Ciscaucasie, le ter-
ritoire national ukrainien avec la Mer Caspienne. Cette
contrée devrait donc déjà, pour des raisons d'ordre éco-
nomique, être incluse dans les frontières de l'état ukrai-
nien.
Le territoire ethnographique de l'Ukraine.
De tout temps des essais ont été tentés en vue de dé-
terminer exactement le territoire habité par le peuple
ukrainien et en vue de fixer exactement le nombre des
Ukrainiens.
Cependant tous ces essais ne pouvaient pas prétendre
être scientifiquement exacts, du moins pour autant
qu'il s'agissait de l'Ukraine russe, car les dates authen-
tiques nécessaires à cet effet manquaient complètement.
La carte de Rittich-Petermann, éditée dans les commu-
nications géographiques de Petermann 1878, la carte de
Georges Velylchko, du commencement des années 1890,
et d'autres se basent sur des données très différentes et
très inégales dans leur valeur et ne donnèrent par con-
séquent pas une entière garantie pour l'exactitude des
détails. Seulement le premier recensement russe qui fut
exécuté le 28 janvier 1897 donna des indications détail-
lées sur le nombre et le territoire de tous les peuples de
l'empire russe, donc aussi du peuple ukrainien. Malheu-
reusement ce recensement n'a pas été répété plus tard ;
les indications de l'année 1897 sont donc jusqu'à ce jour
la seule source officielle qui nous reste pour traiter les
questions des présentes pages.
Cependant nous devons nous défendre déjà ici contre
la supposition que nous pourrions envisager ce recense-
ment dans tous ses détails cortime un évangile impec-
cable, ainsi que l'a fait K. Fortounatov dans sa brochure
«Les Colonies nationales de la Russie» de même que
quelques autres savants. Les recensements officiels des
nationalités ont le défaut d'être soumis aux influences de
la politique officielle. Ils fourniront donc toujours des
résultats en faveur des peuples nationaux et en défaveur
des peuples qui ne sont pas nationaux. Les recensements
qui ont lieu tous les dix ans en Galicie et en Hongrie,
sont un exemple classique d'une falsification officielle de
la statistique nationale. Le recensement russe de 1897
est en comparaison encore très exact. Cependant ce re-
censement, lui aussi, est tourné en faveur du peuple
gouvernant (Russie septentrionale) ; cela a déjà été dé-
montré par Roussov dans son rapport présenté à la So-
ciété économique libre en 1905, et dans son ouvrage
«Quelques observations sur le territoire et la popula-
tion de rUrkaine» (Ukr. Vistnik, 1906). V. Kosovy, lui
aussi, Ta démontré dans son travail «Les Frontières na-
tionales et territoriales de l'Ukraine» (Lit. Nauk. Vistnyk,
1907). Nous voulons essayer d'appuyer leur controverse
par quelques données que nous puiserons précisément
dans ce recensement.
Gomme nous venons de le dire, le recensement na-
tional de 1897 est fait d'une façon très irrégulière et in-
conséquente, suivant l'habileté et l'exactitude plus ou
moins grandes de ceux qui ont dirigé le recensement ou
selon le point de vue auquel l'autorité locale, soit le pré-
sident du comité local de recensement, l'Ispravnik, se
plaçait pour ce qui concerne la question nationale.
Ainsi il est connu que dans les gouvernements
ukrainiens où la population vit depuis l'antiquité ou
du moins depuis quelques siècles, il ne peut pas
être question d'une colonisation par les Russes. Le
nombre des Russes est très petit ici. C'est un élément
qui vient et qui part, qui change continuellement : dit-
verses catégories de fonctionnaires, des prêtres avec
leurs familles, police, gendarmerie, des autorités mili-
taires, divers professionnels, etc. Et même parmi ces
gens-là tous ne sont pas Russes. Il y a parmi eux
beaucoup d'Ukrainiens sédentaires. Toutes ces classes
font ensemble 1—2 % de la population en moyenne.
Uniquement dans les centres politiques, d'affaires et dans
les centres industriels comme Kiev ou Kharkiv nous ren-
controns les Russes en nombre assez grand aussi
dans les autres classes de la population, parmi les com-
merçants, les gens de métiers, spécialistes, etc. C'est
ainsi que dans les parties de l'empire russe où nous avons
une population au sentiment national très développé,
par exemple en Pologne, le recensement n'indique que
V2— 2 % de Russes. Même dans un centre aussi
important que Varsovie le nombre de la population
russe n'atteint pas le 8 %. Nous observons le
même fait dans les vieux gouvernements de l'Ukraine,
dans les districts où le recensement national a été exé-
cuté en toute forme et conscience. Ainsi le pourcen-
tage des Russes obtenu par le recensement oscille
dans tous les districts du gouvernement de Kiev (à l'ex-
ception du district de Kiev et de Berditchev) entre 1,1 %
(district de Lipovetz) et 2,3 % (district de Vassylkiv)
dans le gouvernement de Poltava (à l'exception des dis-
tricts de Poltava, Konstantinohorod et Krementchoug),
le pourcentage oscille dans tous les districts entre 0,6 %
(districts de Hadiatch et Zinkiv) et 1,5 % (district de
Loubni). Même dans le gouvernement de Tchernyhiv,
qui confine immédiatement au territoire national
russe et qui tous les pays de l'Ukraine a été le
plus longtemps sous la domination moscovite, nous trou-
vons des districts avec un pourcentage tout aussi mi-
nime de Russes, ainsi par exemple les districts
de Borzna et de Krolevetz avec chacun 0,7 %, Kozeletz
8
1 %, Sosnytzia 1,2 %, Oster 1,8 %, Nijyn 1,9 % et d'autres
encore. Par contre il est fort douteux et improbable que
les chiffres du recensement mentionné soient exacts,
pour ce qui concerne le nombre des Russes dans
les districts de Kholm et de la Volhynie où il oscil-
lerait entre 2—6 %, dans la majeure partie du gouverne-
ment de Podolie où il oscillerait entre 2—7 %, dans les
districts ukrainiens du gouvernement de Grodno entre
3 — 10 %, d'autant plus que ces territoires ont été plus
tard sous la domination moscovite, qu'ils sont très
éloignés de la frontière ethnographique grande-russe et
qu'ils ne se trouvent point du tout dans la direction de
la colonisation russe. Il est non moins probléma-
tique d'où proviendraient dans le gouvernement de Pol-
tava, district de Konstantinohorod, 12 %, et dans le gou-
vernement de Kharkiv, district de Zmiïv, même 35 % de
Russes. Le territoire-frontière entre la Russie et
l'Ukraine, lui aussi, est tout à fait commenté en
défaveur des Ukrainiens. Tandis qu'en général nous
observons aux frontières ethnographiques une bande
plus ou moins large de population mixte, nous rencon-
trons dans la contrée de Tchernyhiv une frontière extra-
ordinairement bien délimitée qui coïncide à merveille
avec les frontières de district : dans le voisinage immé-
diat du district de Novhorad^iverskyi avec 4 % de
Russes nous avons le district de Starodoub avec
93 % de population russe, puis,, avoisinant au dis-
trict de Sosnytzia avec 1 % , le district de Novozybkiv avec
94,5 % de Russes. Il nous faut ausii envisager
comme fort exagéré en défaveur des Ukrainiens le pour-
centage des Russes dans les gouvernements cis-
caucasiens soit la Nouvelle-Russie, quoique nous ne con-
testions pas que la colonisation russe se faisse sen-
tir aussi là-bas. Cette exagération peut-être prouvée par
des documents, en se basant sur les indications concer-
nant l'immigration dans les contrées mentionnées et
concernant l'origine des colons arrivant des divers gou-
vernements. Prenons, par exemple le gouvernement de
Stavropil que les Russes et les Ukrainien n'ont oc-
cupé que tout nouvellement dans le courant du XIXe
siècle. Le recensement de 1897 a compté dans ce gouver-
nement 203,368 colons, nés en dehors des frontières du
gouvernement, donc immigrés (la population entière est
de 873,301 âmes). 199,391 arrivèrent de la Russie d'Eu-
rope (la Finlande exceptée), 50,270 d'entre eux prove-
nant de gouvernements purement russes, soit 25,2 %,
88,078 de gouvernements ukrainiens, Poltava et Kharkiv,
à eux seuls, fournirent 53,474 immigrés, soit 44,2 %. Com-
ment peut-on donc, en présence de pareils faits, ajouter
foi aux indications du recensement concernant la natio-
nalité, quand ce recensement compte dans le gouverne-
ment de Stavropil 53 % de Russes et seulement 36,6 %
d'Ukrainiens ?
Dans les villes le recensement national a été exécuté
d'une façon encore plus tendencieuse. Selon les résultats
du recensement de 1897 les Ukrainiens n'auraient la ma-
jorité dans la population des villes que dans le district
de Poltava (57,2 %) et le district de Kharkiv (54,2 %). Il
est difficile de saisir pourquoi dans les villes podoliques
il n'y aurait que 30,7 % et dans les villes de la Volhynie
que 19,7 % de population ukrainienne, tandis que dans le
territoire derTchernyhov voisin de la Moscovie, où se
trouvent pourtant 4 districts non ukrainiens, nous avons
dans les villes d'après le même recensement 48,8 %
d'Ukrainiens contre 24,1 % de Russes. Par con-
tre, dans le territoire de Katerinoslav nous n'avons de
10
nouveau que 27,4 % d'Ukrainiens et même 41,8 % de
Russes, presque deux fois autant que dans le ter-
ritoire de Tchernyhiv. Cette anomalie-là et d'autres en-
core, démontrent tout à fait clairement que les commis-
sions de recensement n'ont saisi ou n'ont voulu saisir
qu'exceptionnellement leur tâche comme elles devaient,
et qu'elles étaient en général sous l'influence de l'auto-
rité qui, elle, proclamait qu'au fond la nationalité ukrai-
nienne n'existait pas, qu'il y avait uniquement un dia-
lecte populaire ukrainien. Ainsi les commissions inscri-
vaient tous les intellectuels ou demi-intellectuels comme
«Rouski», qui ensuite furent rangés parmi les Rus-
ses, lors des calculs sommaires. Il est aussi possible que
maint prolétaire de la ville, maint intellectuel ait indiqué
sa nationalité comme étant «ruska», pour cause de man-
que de sentiment national, ou pour des motifs politiques.
On n'enregistrait comme Ukrainiens que les citoyens
des petites villes, les habitants des quartiers extérieurs
dans les villes plus grandes et naturellement aussi les in-
tellectuels pleinement conscients de leur nationalité
ukrainienne, et qui y tenaient. Nous avons des preuves
qu'il en était effectivement ainsi. Prenons, par exemple
la statistique des professions. Le recensement de 1897 dé-
montre que 88 % des Ukrainiens s'occupent d'agriculture
et d'occupations analogues, tandis que la proportion des
agriculteurs dans toute la Russie ne fait que 75 % (sans
la Finlande). Aucun peuple d'Europe et, comme il sem-
ble, aucun peuple du monde ne montre une proportion
aussi forte d'agriculteurs. Si l'on ajoute que 3,6 % d'U-
krainiens se composent d'ouvriers et de domestiques,
et que 4,6 % travaillent les matières premières pour les
articles de ménage et les habillements, il en résulte que
le peuple ukrainien est partagé entre ces trois catégories
11
de professions et qu'il n'a presque point de représentants
dans les autres professions. Or, il n'en est certainement
pas ainsi et chacun qui est au courant des conditions de
l'Ukraine le sait. On n'arrive à ce résultat que par le fait
que le recensement a enregistré tous les représentants
des professions libérales dans la rubrique des Rus-
ses. Cela ressort encore plus clairement de la statis-
tique de l'instruction. S'il fallait se baser sur les indica-
tions du recensement de 1897, il faudrait envisager les
Ukrainiens comme le peuple le plus arriéré au point de
vue de l'instruction, comme un peuple tout à fait gros-
sier, bref comme un élément de l'empire russe tout à
fait rébarbatif à toute culture. Qu'il n'en est pas ainsi,
cela est démontré non seulement par le passé historique
du peuple ukrainien, mais aussi précisément par les in-
dications de ce recensement si l'on sait les considérer à
leur juste valeur. Comparons les gouvernements
purement ukrainiens avec les gouvernements purement
russes. Dans le gouvernement de Poltava la pro-
portion de ceux qui savent lire et écrire est de 16,9 %,
dans celui de Kharkiv de 16,8 %, cependant par exemple
dans le gouvernement d'Orlov de 17,6 %, dans le gouver-
nement de Pskov même seulement de 14,6 %, et enfin
dans le gouvernement de Smolensk qui est partie blanc-
ruthène, partie russe, de 17,3 %. Nous prenons par
exemple le gouvernement de Voronije avec sa po-
pulation ukraino-rus§e mixte (Russes 63,3 %, Ukrai-
niens 36,2 %), et nous aurons pour les deux peu-
ples un pourcentage égal de ceux qui savent lire et écrire,
savoir 16,3 % ; il en est presque de même pour le gou-
vernement de Tchcrnyhiv où le recensement national
a été exécuté plus ou moins objectivement, savoir un
pourcentage total de ceux qui savent lire et écrire, de
12
18,2%, dont 16,4% d'Ukrainiens. Mais à côté des indi-
cations ci-dessus le recensement de 1897 accuse des ré-
sultats tout à fait différents dans quelques autres gouver-
nements. Dans celui de Kiev le pourcentage total de tous
ceux qui savent lire et écrire figure avec 18,1 %, dont
seulement 11,8 % d'Ukrainiens ; dans le gouvernement
de Katerinoslav ce pourcentage est de 21,5 %, dont seule-
ment 14,4 %* ; dans celui de Klierson 25,9 % , dont seule-
ment 15,3 %, etc. Mais la différence est surtout frappante
en Volhynie où sur un pourcentage total de 17,2 % de
personnes sachant lire et écrire il n'y aurait que 9,4 %
d'Ukrainiens, donc seulement un peu plus de la moitié.
Chose curieuse, c'est surtout dans les gouvernements
où le nombre des Russes est démesurément grand,
comme nous venons de le montrer, que nous rencontrons
des différences considérables dans les indications relatif-
ves à ceux qui savent lire et écrire. Qu'est-ce que cela
veut dire sinon que, lors du recensement, on a compté
tout un grand nombre d'intellectuels ukrainiens dans la
rubrique des Russes? La statistique des professions et
des personnes sachant lire et écrire démontre l'inexac-
titude du recensement national.
Les objections ci-dessus prouvent que le nombre to-
tal des Ukrainiens dans l'Empire de la Russie, d'a-
près le recensement de 1897, a été sensiblement ré-
duit en faveur de l'élément russe dominant et qu'il est,
pour cette raison, bien inférieur à la réalité. Mais nous
n'en serons pas moins forcés, en passant maintenant à
l'examen consciencieux du territoire colonisé par le
peuple ukrainien, de nous baser sur le recensement en
question, pour la bonne raison qu'il n'existe pas de sour-
ces générales de ce genre. D'autre part, il n'est pas per-
mis, dans un travail scientifique objectif, de généraliser
13
sur la base d'observations faites dans quelques villages
ou dans une seule région. Ce n'est que dans certains cas
isolés et rares où des indications absolument sûres et
authentiques permettent de le faire, que nous apporte-
rons les corrections nécessaires fondées sur une base
réelle. Une autre nécessité inévitable qui s'explique en
partie par la nature du matériel dont nous disposons,
nous oblige de prendre le district comme base pour nos
considérations d'ordre ethnographique. Or il va de soi,
que le «gouvernement» ne saurait fournir cette base.
D'une part un gouvernement est un district administratif
excessivement étendu, et les nombreux gouvernements à
population mixte montrent, d'autre part, que les fron-
tières des gouvernements ne coïncident que fort rare-
ment avec les frontières ethnographiques. Mais même
les «districts» sont encore bien trop grands pour pouvoir
servir de base ou d'unité sûre pour la démarcation du
territoire national, car il n'y a que trop de districts dont
la population est tout à fait bigarrée, vu que les fron-
tières de district n'ont pas été établies d'après des prin-
cipes ethnographiques. Nous ne saurions fixer une fron-
tière ethnographique parfaitement exacte et correspon-
dant à la réalité que si nous possédions des dates rela-
tives à la composition nationale des différents villages
ou du moins des volostes (communes collectives). Ce
n'est qu'à défaut de telles indications et forcés par la né-
cessité inévitable dont nous venons de parler, que nous
prenons le district comme point de départ. Et ce n'est
que dans des cas où nous disposons d'un matériel sta-
tistique tant soit peu authentique que nous essayerons
d'établir une frontière plus exacte. Nous comptons, à ce
propos, comme territoire ukrainien proprement dit tous
les districts dans lesquels les Ukrainiens forment la ma-
14
jorité absolue de la population (c'est-à-dire plus de 50%)
ou dans lesquels aucune nation n'atteint la majorité ab-
solue mais où la population ukrainienne atteint, parmi
toutes les nationalités, au moins la majorité relative.
Nous commençons l'étude ou, si l'on veut, l'examen
des frontières du territoire ukrainien proprement dit
dans le nord-ouest. Là les Blanc-Ruthènes sont les voi-
sins des Ukrainiens. Il est assez difficile d'établir exacte-
ment la frontière entre l'élément ukrainien et l'élément
de la Ruthénie-Blanche, car il se trouve, dans le district-
frontière, des dialects intermédiaires que les savants con-
sidèrent tantôt comme ukrainiens tantôt comme subdi-
vision de la langue de la Ruthénie-Blanche. Le recense-
ment de 1897 démontre que, dans le gouvernement de
Grodno, les Ukrainiens forment la majorité absolue de
la population des deux districts de Berestie et de Kobryn,
qui se trouvent le plus au sud. Au troisième district, ce-
lui de Bilsk, les Ukrainiens ne formeraient que le 39,1 %
(dans les villages le 42 %) de la population, mais ils pos-
sèdent ici la majorité relative. Rittich-Petermann et Ve-
lytchko ajoutent au territoire de l'Ukraine aussi le dis-
trict de Proujany, mais d'après les dates du recensement
il s'agirait là d'une enclave de la Ruthénie-Blanche
(75,5 % de Blanc-Ruthènes et seulement 6,7 % d'Ukrai-
niens). L'atlas publié par le commandement allemand
«Ost» pour illustrer les conditions ethnographiques dans
la Russie occidentale («Vôlkerverteilung in Westruss-
land», 2me édition, Hambourg, L. Friedrichsen & Cie.,
1917) compte, sur le tableau d'ensemble, le district de
Proujany, parmi les districts de l'Ukraine, sur les cartes
spéciales par contre, parmi ceux de la Ruchénie-Blanche.
Il s'agit ici sans aucun doute de la question de savoir si le
dialecte intermédiaire du district de Proujany présente
15
plus de traits communs avec l'ukrainien ou avec la lan-
gue de la Ruthénie-Blanche. Aussi longtemps que cette
question préliminaire n'est pas décidée, on n'a aucune
raison pour rejeter ou modifier les dates du recensement.
On établira donc comme suit, dans le gouvernement de
Grodno, la frontière ethnographique du territoire ukrai-
nien : en amont de la Narva de Souraje jusqu'à la lisière
de la forêt vierge de Biélovieje, puis le long des lisières
ouest et sud de cette forêt jusqu'aux sources de la Lisna,
un affluent droit du Bouh, de là au sud jusqu'à la petite
rivière appelée Mouchavetz à l'ouest de Kobryn, en fin à
l'est, dans une courbe vers le nord, plus ou moins le
long de la ligne de chemin de fer Minsk-Berestie-Ly-
tovske jusqu'à la lasolda et de là en aval de la lasolda
jusqu'à la frontière du gouvernement.
Quant au gouvernement de Minsk, le recensement of-
ficiel ne connaît point d'Ukrainiens, c'est-à-dire il compte
les prétendus Pyntchouks comme des Blanc-Ruthènes. Or
une telle décision des membres de la commission statis-
tique est en contradiction avec le point de vue de la
science en cette matière. Le Pyntchouk se distingue nette-
ment du Blanc^Ruthène non seulement par sa constitu-
tion physique et sa langue, mais même par sa manière
de s'habiller ; par contre il ressemble très fortement à la
population du district volhynien de Policie. Il est géné-
ralement de taille moyenne, carré d'épaules et trapu.
Il a la figure large, ronde et les pommettes plus
saillants que les Blanc-Ruthènes, ses cheveux sont en gé-
néral plutôt foncés. Le dialecte des Pyntchouks appar-
tient au groupe policien de l'ukrainien et se distingue
sensiblement des dialectes blanc-ruthènes voisins. Il ne
connaît, par exemple, pas la prononciation blanc-ruthène
d'un certain o comme a, ce qui est pourtant un trait si
16.
caractéristique du blanc-uthène ; d'autre part, il ne con-
naît que dans une très faible mesure le c et le dz, et en-
core ces deux sons ne se rencontrent que dans les vil-
lages-frontières. Les désinences des substantifs et des
verbes sont tout à fait ukrainiennes. Pour toutes ces rai-
sons certains connaisseurs des conditions locales comme
Karskyi, Sendriak et Dovnar-Zapolskyi affirment très
positivement que les Pyntchouks sont des Ukrainiens et
non point des Blanc-Ruthènes. ^) Cela nous autorise donc
pleinement à ajouter au territoire ukrainien tout le dis-
trict de Pinsk et le secteur sud du district de Mozyr. En
conséquence la frontière du territoire ethnographique
ukrainien dans le gouvernement de Minsk s*étend de la
lasolda dans la direction nord-ouest le long de la fron-
tière ouest du gouvernement jusqu'à la Chara sur le lac
Vygonovske, passe de là, près de Hancevitch, à la petite
rivière appelée Zna, et suit la rive gauche de cette
rivière jusqu'à son embouchure dans le Pripiat.
Puis elle suit le Pripiat vers l'est et ne quitte plus ce
fleuve jusqu'à Mozyr. Au-dessous de Mozyr elle tourne
droit au sud et atteint dans le nord-est de Ovroutch la
frontière du gouvernement de la Volhynie. Enfin, tout en
suivant la frontière du gouvernement de Kiev, elle at-
teint le Dnipr, un peu au-dessus de l'embouchure du
Pripiat dans le Dnipr.
Entre l'embouchure du Pripiat et celle du Soje, sur
une longueur de 90 km environ, le Dnipr forme la fron-
tière entre la Ruthénie-Blanche et l'Ukraine. A partir du
cours inférieur du Soje la frontière se dirige vers l'est
^) Voir < Russie >, description géographique complète de notre
patrie, sous la rédaction de V. P. Semenov; Vol. IX: Le district du
Dnipr supérieur et la Ruthénie-Blanche, Petrograd 1905, p. 193—195,
et la carte annexée : Les Peuplades du district du Dniepr supérieur
et de la Ruthénie-Blanche.
17
et coïncide jusqu'aux sources du Snov avec la frontière
administrative entre les gouvernements de Mohyliv et de
Tchernyliiv. C'est là que la frontière de la Ruthénie-
Blanche s'arrête et plus à l'est ce sont les Russes
qui deviennent les voisins septentrionaux des Ukrainiens.
Dans le territoire de Tchernyhiv le recensement sépare
les quatre districts septentrionaux de Novozybkiv, Sou-
raje, Mynsk et Starodoub de l'Ukraine comme n'appar-
tenant pas à ce pays. Déjà plus haut, lors de notre examen
critique de la valeur objective du recensement de 1897,
nous avons attiré l'attention sur le fait qu'il y a ici une
frontière ethnographique très nette séparant deux con-
trées dont l'une (les districts de Novozybkiv et de Sta-
rodoub) contient 94 % de Russes, et l'autre (les
districts de Sosnytzia et de Novhorod-Siversky) 93 %
d'Ukrainiens. Ce fait saute d'autant plus aux yeux qu'il
n'y a, dans cette contrée, point de frontières géogra-
phiques naturelles, ni un fleuve marécageux comme le
Pripiat, ni des montagnes impraticables qui justifieraient
une démarcation aussi prononcée. En dehors de cela, la
colonisation grande-russe forme, dans le district de No-
vozybkiv, un cône étroit faisant saillie vers l'est et péné-
trant profondément dans le territoire ukrainien et celui
de la Ruthénie-Blanche, le district de Souraje étant, d'a-
près le recensement blanc-ruthène. Or, des cônes de ce
genre ont, surtout s'ils se trouvent dans une plaine, gé-
néralement une population mixte. Quant au district de
Starodoub, on y trouve environ 20,000 «Cosaques petits-
russiens» que le recensement a comptés parmi les Grands-
Russes. Mais quoiqu'il en soit, nous sommes forcés d'ad-
mettre, faute d'autres indications positives, que, si les
Ukrainiens habitant ces contrées sont assez nom-
breux, ils n'en constituent pas moins la minorité de la
Kordouba 2
18
population. Il n'y a donc aucune raison pour incorporer
ces districts-là dans le territoire ukrainien proprement
dit. C'est pourquoi nous établissons la frontière ethno-
graphique comme suit : elle coïncide d'aboi-d avec le
cours supérieur du Snov en allant vers l'est jusqu'à coude
du fleuve au-dessous de Blesnia, ensuite elle suit l'af-
fluent gauche du Snov jusqu'au village de Semenivka, de
là elle se dirige au nord dans la direction du village de
Kourkovytchi et puis de nouveau à l'est, en ligne droite,
jusqu'à l'embouchure du fleuve appelé Soudova dans la
Desna.
A l'est de la Desna la frontière ethnographique entre
l'Ukraine et la Russie suit la frontière administra-
tive, c'est-à-dire politique entre les gouvernements de
Tchernyhiv et d'Orel. Quant au gouvernement de
Koursk, le recensement indique trois districts où la po-
pulation ukrainienne possède la majorité, savoir Poutyvl
avec 52,5 % (dans les villages 55,3 %), Hraïvoron avec
58,8 % (dans les villages 60,5 %) et Novo-Oskol avec
51 % (dans les villages 55,6 %) d'Ukrainiens. Dans le dis-
trict de Souraje les Russes (51,9 %) et les Ukrai-
niens (47,9 %) sont presque au même nombre, mais dans
trois autres districts les Ukrainiens accusent des mino-
rités considérables : Rylsk 31 %, Korotcha 34,3 % et Bil-
horod 21,2 %, Ici nous rencontrons, ce que nous n'avons
pas trouvé dans la partie nord du gouvernement de
Tchernyhiv, une bande assez large de territoire ukrai-
no-russien mixte dans laquelle l'élément ukrainien
se confond, dans la direction nord-est, de plus en plus
avec la majorité russe. Et c'est justement ici que
nous possédons le moins d'indications relatives à la na-
tionalité par villages ou du moins par volostes (commu-
nes collectives). Comme nous ne voulons pas nous per-
19
dre en hypothèses * dénuées de fondement, comme par
exemple V. Kosovyi (Liter. Nauk. Vistnyk 1907, vol.
XXXIX, p. 330), nous sommes obligés de faire coïncider
la frontière ethnographique avec les frontières contour-
nées des districts, tout en nous rendant compte que cela
ne correspond pas parfaitement aux faits. Ce n'est que
pour le district de Soudja, que nous quittons ce principe.
Nous considérons donc la contrée méridionale sur le
Psiol comme faisant partie du territoire ukrainien
proprement dit, en nous basant entre autres sur le fait
que le recensement indique pour Soudja, c'est-à-dire le
chef-lieu de district lui-même, deux fois autant d'Ukrai-
niens que de Russes. La frontière ainsi formée va
du point où les frontières des gouvernements d'Orel,
Tchernyhiv et Koursk se rencontrent, au nord le long de
la ligne de chemin de fer Hlouchiv-Vorojba jusqu'à la
frontière septentrionale du gouvernement de Kharkiv,
tourne ensuite, avec cette frontière, vers l'est et, en pas-
sant au nord de Soudja et du cours supérieur du Psiol,
atteint le village de Dovhyi Kolodiaz ; de là elle revient,
tout en décrivant une ligne très sinueuse et en passant
près des sources de la Vorskla et de la Ouda, jusqu'à la
frontière du gouvernement de Kharkiv, exactement au
nord de Kharkiv. Ensuite elle coïncide avec la frontière
du gouvernement de Kharkiv et passe près de Vovtchansk
pour atteindre la frontière du gouvernement de Voro-
nije. Dans cette contrée la colonisation russe avait,
encore au XVIIe siècle, pénétré très loin dans le
sud jusqu'à ce qu'elle se heurta à une contre-colonisa-
tion ukrainienne fort puissante laquelle, en avançant vers
l'est, lui barra le chemin. Bilhorod, sur le cours supé-
rieur du Donetz, était au XVIIe siècle le centre des «vil-
les ukrainiennes» de l'Ukraine moscovite disséminées
20
dans la région de Sivsk et de Rylsk jusque vers Khar-
kiv. Aujourd'hui encore la frontière ethnographique
russe se rapproche ici jusqu'à 40—50 km. de la
capitale de l'Ukraine qui se trouve sur la rive droite du
Donetz. La frontière ethnographique tourne ensuite d'a-
bord à l'ouest puis au nord et s'étend de la frontière du
gouvernement de Voronije le long du fleuve de la Ko-
rotcha jusqu'à la source de ce fleuve, tourne ensuite de
nouveau à l'est, traverse le fleuve appelé Oskol à mi-
chemin entre Vieux-Oskol et Nouveau-Oskol et atteint
finalement la frontière du gouvernement de Voronije.
Pour ce qui est de ce dernier gouvernement, le recen-
sement a constaté la présence de près d'un million d'U-
krainiens (36,2 %). Une ligue qui relie Stary Oskol à No-
vokhopersk partage le gouvernement en deux moitiés à
peu près égales : une moitié nord où il n'y a presque
point d'Ukrainiens, et une moitié sud ou ceux-ci sont très
nombreux ou forment au moins des minorités considé-
rables. Les quatre districts méridionaux accusent une
majorité ukrainienne. Cette majorité atteignant, pour le
district de Ostrohojsk, 90,3 %, et pour celui de Bohou-
tchar, 81,8 %, on a bien le droit de prétendre que ces deux
districts sont de ceux ou l'élément ukrainien est repré-
senté sous la forme la plus rure. Le district de Birutch
accuse un pourcentage d'Ukrainiens s'élevant à 70,2 %,
et celui de Valouïki 51,6 %, Quant à ce dernier district,
nous devons faire remarquer que la petite majorité de
l'élément ukrainien, telle qu'elle est démontrée par le re-
censement, paraît suspecte, car le district de Valouïki oc-
cupe la partie sud-ouest du gouvernement qui confine à
celui de Kharkiv et se trouve partout entouré de districts
où le pourcentage des Ukrainiens varie de 70 à 90 %.
D'autrt part, nous rencontrons, dans le gouvernement de
21
Voronije un district avec une majorité ukrainienne con-
sidérable, nous entendons le district de Pavlivsk (42 %
d'Ukrainiens contre 52,9 % de Russes) ; quant au
secteur sud de ce district qui pénètre comme un cône en-
tre deux districts purement ukrainiens, savoir ceux de
Ostrohojsk et de Bohoutchar, nous le considérons sans
autre comme faisant partie du territoire ukrainien pro-
prement dit. La frontière ethnographique s'étend de la
frontière du gouvernement de Koursk dans la direction
de l'est en longeant la ligne de partage des eaux des deux
rivières de la Potudana et de la Sasna, tout en se rap-
prochant toujours plus de cette dernière, atteint, près de
Korotoïak, le Don, suit ce fleuve jusqu'à Pavlovsk, tourne
ensuite à l'est et au nord-est, et atteint enfin, en longeant
la ligne de partage des eaux de l'Osereda et de la Pid-
hirna, des affluents gauches du Don, les frontières du dis-
trict du Don. ^)
Passons à présent à l'examen de la frontière est du
territoire ukrainien proprement dit. Les avis sur la com-
position nationale de la population du district des Cosa-
ques du Don, tels que nous les rencontrons dans la litté-
rature, sont très partagés. La plupart des auteurs estiment
que les Ukrainiens ont la majorité ici. Telle est aussi
l'opinion de l'auteur du travail «Donska oblast» contenue
dans le lexique encyclopédique russe (Brockhaus et
Efron, éditeurs). Le recensement de 1897, par contre,
accuse ici un pourcentage de 66,8 % de Russes et
seulement de 28,1 % d'Ukrainiens. Mais ce n'est pas tout.
D'après le même recensement officiel un seul parmi tous
') Nous sommes forcés de faire remarquer que les cartes de
Rlttich-Petermann et la carte de l'Ukraine par Velychko n'indiquent
pas exactement la frontière ukrainienne ethnographique aux gou-
vernements de Koursk, de Voronije et dans le sud-est.
22
les districts du territoire du Don, celui de Tahanroh, pré-
sente une majorité ukrainienne (61,7 %). En dehors de
cela, nous trouvons des minorités ukrainiennes de quel-
que importance encore dans deux districts : dans celui du
Donetz 38,9 % et dans le district de Rostov 33,6 %. Ce
dernier district contient une très faible majorité
russe (53,7 %) due exclusivement aux villes de Rostov et
de Nakhitchevan, lesquelles, à elles seules, possèdent en-
semble presque la moitié de la population de tout le dis-
trict. Dans les villages du district de Rostov les Ukrai-
niens font le 52 % de la population, donc la majorité ab-
solue. Or, on sait que c'est la population de tout le dis-
trict qui est décisive pour le caractère national d'un dis-
trict quelconque, et non seulement celle de la capitale,
car à la longue la ville ne pourra pas se soustraire à l'in-
fluence de ses environs, bien au contraire, au fur et à
mesure que le système politique change, la ville chan-
gera aussi d'aspect au point de vue national et s'adap-
tera à son milieu. Il suffit, par exemple de penser à Pra-
gue. Cette ville est devenue, en peu de temps relative-
ment, un centre purement tchèque, après avoir été une
ville en majorité allemande. C'est précisément cette con-
sidération qui nous donne le droit de regarder le district
de Rostov comme une partie du territoire ukrainien pro-
prement dit. Pour ce qui concerne le district du Donetz,
nous devrons l'éliminer pour le moment de nos considé-
rations aussi longtemps que nous ne posséderons point
d'indications objectives de nature à renverser la statisti-
que officielle ou qui indiqueraient au moins dans quel-
les parties du district les Ukrainiens habitent par masses
compactes. Plusieurs suppositions émises, à ce sujet par
différents auteurs, restent pour le moment de simples
suppositions. En partant de ce point de vue nous traçons
23
la frontière est du territoire ukrainien ethnographique
comme suit : de la source de la rivière appelée Pidhirna,
un affluent gauche du Don, vers le sud-ouest et ensuite
vers le sud le long des frontières est des gouvernements
de Voronije et Kharkiv, ensuite le long du Donetz jus-
qu'à l'embouchure de la Bila, un affluent droit du Do-
netz, puis en amont de la Bila jusqu'à ses sources, de là
directement vers le sud jusqu'aux sources de la rivière
appelée Kripka et parallèlement à la Kripka jusqu'au
Tuslov, un affluent droit du Don inférieur, enfin à tra-
vers le Don entre Nakhitchevan et Aksaïsk vers le sud-
est jusqu'au fleuve appelé Kugu-Ieia, au-dessus de Zou-
bov sur la frontière du district de Kouban.
Cette frontière orientale du territoire ukrainien pro-
prement dit n'est pas du tout identique avec la frontière
de la diffusion de l'élément ukrainien. La colonisation
ukrainienne avance encore, à l'heure qu'il est, irrésisti-
blement, de plus en plus, vers l'est et envahit continuelle-
ment de nombreux districts. Nous avons mentionné plus
haut que le district du Donetz du territoire du Don qui
confine au gouvernement de Kharkiv a accusé, lors du
recensement de 1897, un pourcentage de 38,9 % d'Ukrai-
niens. Or, les Ukrainiens envahissent ce territoire par le
même chemin qu'ils ont déjà choisi précédemment pour
coloniser ces contrées du Don moyen colonisées autre-
fois par les Russes ; une partie des colons s'éta-
blirent dans le territoire desCosaques du Don, en augmen-
tant continuellement leur pourcentage parmi ces Cosa-
ques, mais la grande masse, le gros desenvahisseurs, passe
outre. C'est ici que le chemin de la colonisation ukrai-
nienne dans l'est se scinde. L'une des deux branches
passe, en se dirigeant vers le sud-est, par les districts de
Novokhopersk (6,8 % d'Ukrainiens) et de Ust-Medvedetzk
24
(10,6 % d'Ukrainiens) du territoire du Don, pour attein-
dre finalement le Volga, les gouvernements de Saratov
et de Samara. Les quatre districts sud du gouvernement
de Saratov ont accusé, déjà en 1897, un pourcentage con-
sidérable de population ukrainienne : Kamychin 15,1 %
(Russes 44,4 %), Atkarsk 13,4 %, Balachovsk 13,2%,
Tzaritzin 8 %, Dans le dsitrict de Novouzensk qui
occupe le secteur sud du gouvernement de Samara, il y
avait, en 1897, 17 % d'Ukrainiens contre 39,9 % de
Russes. Puis la colonisation ukrainienne s'étend sur les
gouvernements d'Orenbourg (district d'Orenbourg 5,4%,
district d'Orsk 4,3 % d'Ukrainiens) et Tomsk (5,2 %, dans
plusieurs districts jusqu'à 8 % d'Ukrainiens) jusqu'aux
parages de l'Océan Pacifique où l'Ukraine sibérienne est
en train de naître. Dans le district de l'Amour du pays
de l'Amour le recensement accuse la présence de 17,5 %
et dans le pays de l'Oussouri méridional de 25,2 %
d'Ukrainiens (contre 33,8 % de Russes). La seconde
brancbe de la colonisation ukrainienne va vers le sud-
est et passe par les districts de Tcherkask (18,9 % d'Ukrai-
niens) et de Salsk (29,3 % d'Ukrainiens, 32,6 % de
Russes) du territoire du Don, d'une part dans la
Giscaucasie, d'autre part, par les contrées du Volga in-
férieur, dans l'Asie centrale. Trois districts du gouverne-
ment d'Astrachan accusent un pourcentage considérable
d'Ukrainiens : Tehornoïarsk 40,8 %, Tzarev 38,2 %, Ye-
notaïvsk 18 %. Dans les territoires d'Akmolinsk et de
Semiritchen&k le pourcentage de la colonisation ukrai-
nienne égale presque celui des Russes, dans les
districts de Tchimkent et de Avlistensk du pays du Sir
Daria il le dépasse même. Dans tous ces territoires (ex-
cepté la Giscaucasie, ont habité, en 1897, au delà des fron-
25
tières ethnographiques de l'Ukraine proprement dite, en-
ATiron 1,100,000 Ukrainiens.
Le territoire de la colonisation ciscaucasienne appar-
tient en grande partie au territoire ukrainien proprement
dit et communique avec celui-ci directement, au point
de vue territorial, par les districts de Rostov et de Tahan-
roh de la contrée du Don. Quant au pays de Kouban, le
recensement de 1897 donne aux Ukrainiens la majorité
relative : 47,4 % de la population entière contre 42,6 % de
Russes et 10 % d'autres petits peuples. Avec tout
cela le territoire est réparti entre les Ukrainiens et les
Russes de telle sorte que les premiers colonisent
d'une manière très intense le nord du pays de Kouban,
tandis que les Russes ont la prépondérance dans
le sud. Trois districts accusent une majorité absolue de
l'élément ukrainien : ce sont Tamansk, ci-devant Tem-
ruk, avec 75,2 % (dans les villages 79 %), Yeisk avec
74 % (dans les villages 81 %) et Katerynodar avec 51,8 %
(dans les villages 57 %). Le district de Kavkask qui se
trouve juste au milieu de ces deux derniers, aurait eu,
d'après le recensement de 1897, une majorité russe :
51,8 % de Russes et 45,8 % (dans les villages) d'Ukrai-
niens.
Nous avons démontré déjà au début que le recense-
ment russe officiel des différentes nationalités a été, sur-
tout en Ciscaucasie, fait d'une manière très partiale en
faveur de l'élément grand-russe. La colonisation ukrai-
nienne existe ici depuis plus longtemps que celle des
Russes ; nous citons comme preuve (à côté des
témoignages historiques tels que l'établissement des Co-
saques de Zaporoh et d'autres) le fait que les Ukrai-
niens ont colonisé précisément la région nord-ouest qui
est bien plus fertile et se prêle mieux à l'agriculture tan-
2G
dis que les Russes doivent se contenter du sol plus
maigre des montagnes. Mais même en nous basant, faute
d'autres dates positives, sur les chiffres du recensement,
nous ne devons pas perdre de vue que la colonisation
n'est pas encore terminée ici, que bon an mal an de nom-
breux immigrés affluent de toutes parts dans ces contrées
et que le tableau ethnographique des différentes contrées
de la Ciscaucasie doit subir, de ce chef, de grands chan-
gements au courant des années. L'étude de la composi-
tion actuelle de la population ciscaucasienne ne doit donc
pas seulement tenir compte de l'augmentation naturelle
de la population, mais aussi de l'immigration. Il ne suffit
pas d'établir le nombre des immigrants, ce qui n'est guère
difficile, mais l'on doit chercher aussi à établir leurs na-
tionalités. Si l'on compare, par exemple, dans les vieux
gouvernements ukrainiens colonisés depuis longtemps,
disons en Podolie et dans le gouvernement de Kiev où
l'émigration et l'immigration se contrebalancent pour
ainsi dire, les résultats du recensement de 1897 avec ceux
de 1914, l'on se rendra facilement compte que l'augmen-
tation varie, pour les 14 dernières années, entre 34,4 %
et 34,7%. La moyenne de ces pourcentages, donc 34,5 %,
représente pour nous Faugmentation naturelle de la po-
pulation dans les territoires ukrainiens due à l'excédant
des naissances sur les décès. Par contre, il est moins fa-
cile d'établir la nationalité des immigrants, quoiqu'on
puisse le faire aussi, et même assez exactement. Le re-
censement de 1897 montre que, par exemple, au pays de
Kouban, 633,292 personnes sur 1,918,881, donc un tiers,
étaient nées en dehors des frontières de ce territoire,
c'est-à-dire qu'elles y sont venues seulement plus tard. Or
on peut, à l'aide de tableaux spéciaux, établir d'où ces im-
migrants sont venus, de quels gouvernements et de quels
27
districts. Nous pouvons trouver ainsi le point de départ
de rimmigration dans le pays de Kouban, il nous est pos-
sible même de dire que les immigrants viennent plus
nombreux ou moins nombreux de telle contrée ou de
telle autre, et de fixer enfin la manière dont les pourcen-
tages des immigrants se répartissent sur les différents gou-
vernements et districts. Or, comme nous connaissons
d'autre part la composition nationale de la population
des gouvernements d'où viennent les immigrants, nous
sommes entièrement en droit d'admettre que la compo-
sition des immigrants est aussi plus ou moins la même
et nous pouvons ainsi établir facilement leur nationalité.
Or, il est vrai, que nous ne saurions faire cela sans y ap-
porter en même temps deux corrections consistant, d'une
part, à éliminer les juifs qui sont exclus de l'immigra-
tion dans la Ciscaucasie et, d'autre part, à établir sépa-
rément le pourcentage des villes. Ceux qui immigrent en
Ciscaucasie sont pour la plupart des agriculteurs, si bien
que les villes ne participent que dans une très faible me-
sure à ce mouvement. En 1897, par exemple, la popula-
tion d'Odessa a fait le 14,8 % de la population de tout
le gouvernement de Kherson. Cependant, le recensement
accuse, pour le pays de Kouban, sur 11,639 immigrants
venus du gouvernement du Kherson, seulement 677, c'est-
à-dire 5,8 % venus d'Odessa même, pour le gouver-
nement de Stavropil, sur 2788 habitants du gouvernement
de Kherson, seulement 56 individus ou 2 % venus de la
ville même d'Odessa. Ce fait n'est pas sans importance
parce que, dans les gouvernements ukrainiens et dans
ceux à population mélangée, la composition ethnogra-
phique des villes n'est pas la même que celle des villages.
En faisant tout ce calcul très compliqué, nous verrons
que parmi ceux qui immigrent dans le pays de Kouban
28
les Ukrainiens ont, avec 50,4 %, la majorité absolue, tan-
dis que les Russes ne participent à cette immi-
gration qu'avec 40 %. Ainsi Télément ukrainien augmente
dans le pays de Kouban d'année en année, acquiert la
prépondérance, bref, ce pays est de plus en plus ukrai-
nisé, pour nous servir de ce terme. Et c'est ainsi que,
dans le district de Kavkask, le pourcentage des Ukrai-
niens a augmenté, en 17 ans, de 1 % (de 45,8 % à 46 %),
tandis que celui des Russes a diminué de 2,4 %
(de 51,8 % à 49,4 %). Les Russes n'y forment plus
la majorité absolue et ne dépassent plus les Ukrainiens
que de 2,6 %, En prenant encore en considération que le
district mentionné est entouré de territoire purement
ukrainiens, qui lui envoient aussi leurs émigrés — cette
migration intérieure ne ressort pas des chiffres du recen-
sement — nous sommes pleinement autorisés à le con-
sidérer déjà maintenant comme un territoire avec une
majorité ukrainienne relative et absolue et de l'ajouter
au territoire ukrainien ethnographique.
Il en est presque de même pour le gouvernement
de Stavropil. Le recensement de 1897 accuse une ma-
jorité russe pour tout ce gouvernement ; c'est-à-dire
55,3 % et seulement 36,6 % d'Ukrainiens, le reste se ré-
partit entre différentes peuplades nomades turco-
tatares. Une majorité ukrainienne, très faible, s'est
trouvée dans le seul district de Novorhrehorivsk
(50,8 %), dans les villages 54 %, qui fut divisé, en
1900, en deux districts : celui de Blahodarne et celui de
Praskovia ; le nom de ce dernier fut changé en 1910 en
Sviatohokhresta. Dans deux autres districts les Ukrainiens
formaient alors une minorité considérable : dans celui de
Medvijensk dans le nord-ouest 45,5 % (dans les villages
48 %) et dans celui de Oleksandrivsk au sud-ouest 38,3 %
2&
(dans les villages 40%). Dans le premier, il y eut 53,2% de
Russes, dans le second 56,4 %. L'augmentation de
la population se monte, pour les années 1897—1914 et
pour tout le gouvernement, à 51 %, c'est-à-dire l'immigra-
tion y participe avec 16,5 %. Or, si nous examinons la
composition nationale des immigrants de la manière
illustrée ci-dessus, nous trouvons que, parmi les immi-
grants qui s'établissent au gouvernement de Stavropil,
les Ukrainiens font le 49,5 %, les Russes le 41,7 %.
On peut donc se rendre facilement compte que la pro-
portion entre la population ukrainienne et les Russes se
modifie continuellement en faveur des Ukrainiens.
Il ressort de ce qui précède qu'il devient maintenant
possible d'établir la frontière sud-est du territoire ukrai-
nien ethnographique proprement dit. Elle suit la rivière
appelée Kugu Jeia en amont jusqu'à ses sources, passe
de là dans la contrée des sources du Jahorlik moyen, se
dirige en ligne droite vers le sud jusqu'aux sources de la
Jeia, et en passant plus loin le long de la frontière entre
le pays de Kouban et le gouvernement de Stavropil vers
le sud-est, elle traverse la rivière appelée Kalala, un af-
fluent gauche du Jahorlik. De là elle tourne vers l'ouest,
atteint le fleuve du Kouban au-dessus du chef-lieu de dis-
trict qui s'appelle Kavkask, et descend le Kouban jus-
qu'à l'embouchure de la Bila, son affluent gauche. En-
suite elle va de nouveau vers le sud, longe les deux fleu-
ves de la Bila et de la Pchicha jusqu'à la grande crête
du Caucase occidental, c'est-à-dire jusqu'à la frontière
entre le pays de Kouban et le gouvernement de la Mer-
Noire. C'est sur cette crête et sur cette frontière qu'elle
retourne vers le nord-ouest pour atteindre enfin la
mer à l'ouest de Novorossiisk. Environ 120 km. à Test
de la partie ukrainienne du pays de Kouban on rencontre
30
une grande enclave ukrainienne ethnographique com-
prenant deux districts du gouvernement de Stavropil,
c'est-à-dire Blahodarne et Sviatohokhresta, couvrant une
superficie de presque 17,400 km. carrés. Cette enclave
est séparée du territoire ukrainien proprement dit par le
district de Labinsk du pays de Kouban ainsi que par les
districts de Stavropil et de Medvijensk du gouvernement
de Stavropil, dans lesquels, d'après le recensement de
1897, les Ukrainiens forment la minorité de la popula-
tion. Elle s'étend de la rivière du Kalaus des deux côtés
de la rivière appelée Bouivol, un affluent gauche de la
Kouma jusqu'au-delà de Kouma.
A côté de cela les Ukrainiens se sont établis
plus ou moins nombreux dans d'autres parties
du territoire du Caucase. Ils sont le plus nombreux
dans les districts du pays de Kouban confinant à des
districts ukrainiens purs, et dans ceux du gouvernement
de Stavropil : dans le pays de Kouban ce sont les districts
de Maikop (33,3 % contre 58,2 % de Russes), de
Baltapachynsk (27,1 % contre 42,3 % de Russes)
et de Labinsk avec 18,9%; au gouvernement de Stavropil
ce sont les districts de Medvijensk (45,5% contre 53,2%
de Russes), celui de Oleksandrivsk (38,3 % contre
56,4 % de Russes) et enfin celui de Stavropil avec
10,3 %. Dans les territoires des peuplades nomades
de la partie est du gouvernement de Stavropil le recen-
sement a trouvé 5,5 % d'Ukrainiens et 6,3 % de
Russes. Dans le Tchornomorie (le territoire de la Mer-
Noire) il y a 16,1 % d'Ukrainiens, 42,8 % de Rus-
ses, les Ukrainiens sont le plus nombreux au district de
Tuapsé avec 24 % contre 31 % de Russes, Dans le
territoire de Terek nous rencontrons une colonisation
ukrainienne considérable dans le district de Piatihorsk
31
(13,8 %). La Transcaucasie contient peu d'Ukrainiens,
ceux-ci sont le plus nombreux dans le district de Karsk
du gouvernement du même nom : 2,5 % contre 12,7 %
de Russes. Il y a eu en tout, en 1897, au-delà des
frontières du territoire ukrainien proprement dit ( y com-
pris l'enclave ethnoigraphique dans le gouvernement de
Stavropil), dans tout le territoire du Caucase plus de
470,000 Ukrainiens.
La frontière sud du territoire ukrainien proprement
dit comprend les abords de la Mer d'Azov du détroit de
Kertch jusqu'à l'isthme de Pérékop. Des huit districts du
gouvernement de la Tauride, trois seulement accusent une
majorité ukrainienne, ce sont Berdiansk, Dniprovsk et
Mélitopil. Le reste de la péninsule de la Grimée elle-
même accuse, d'après le recensen;ent de 1897, unique-
ment des minorités ukrainiennes de différentes gran-
deurs dans l'ensemble de la population russe-tatare.
Deux d'entre eux qui sont plus rapprochés de la terre
ferme présentent tout un mélange de peuples parmi les-
quels les Ukrainiens occupent un rang assez important ;
dans le district d'Eupatoria ils l'emportent sur les
Russes (21,1 % contre 17,8 %), mais la majorité relative
appartient aux Tatares (42,6 %) ; dans le district de Pé-
rékop nous trouvons même quatre peuples représen-
tés assez également (Tatares 23,7 %, Russes 23,2 %,
Allemands 22,8 % et Ukrainiens 22 %), il est vrai qu'ici
encore les Tatares possèdent une majorité, si faible soit-
elle. On mettra, par conséquent, la frontière ukrainienne
ethnographique à travers l'isthme de Pérékop, tout en
laissant ainsi de côté 65,000 Ukrainiens criméens. Puis
c'est la Mer-Noire qui forme la frontière plus au sud. Ce-
pendant, le district d'Odessa du gouvernement de
Kherson accusait, lors du recensement, une majorité
32
russe relative de 37,7 % contre 21,9 % d'Ukrainiens, mais
uniquement grâce à l'influence de la grande ville d'O-
dessa, qui renferme les deux tiers de la population de
tout le district ; dans les villages, la majorité appartient
aux Ukrainiens. Nous sommes donc en droit de l'ajouter
au territoire ukrainien comme nous l'avons fait déjà avec
le district de Rostov du territoire du Don, et pour les mê-
mes raisons, du reste. Font encore partie de l'Ukraine
ethnographique, deux districts du gouvernement de la
Bessarabie ; l'un dans le sud, Akerman, l'autre dans
le nord, Khotin. Dans le district d'Ackerman où nous nous
trouvons en présence d'un grand mélange de nationali-
tés, les Ukrainiens possèdent la majorité relative avec
26,7 % (à côté de 21,3 % de Bulgares, 16,4 % de Roumains,
16,3 % d'Allemands, 9,7 % de Russes et d'autres) ;
dans le district de Khotin ils possèdent même la majorité
absolue, avec 53,3%. En dehors de cela, nous rencon-
trons une colonisation ukrainienne de quelque impor-
tance dans les districts d'Ismaïl (19,6 %), de Soroka
(16,3 %), de Bilce (11,4 %) et de Bendery (10,8 %). La
frontière de l'Ukraine ethnographique s'étend donc le
long de la Mer-Noire au-delà du Liman du Dnistr jus-
qu'à l'embouchure de la rivière de l'Ikala, de là en ligne
droite vers l'ouest jusqu'à l'extrémité nord du lac de lal-
poukh, en touchant chemin faisant la pointe supérieure des
•acs de Punduk et de Ritaï. Après s'être dirigé en amont
de la rivière du lalpoukh environ25km., elle tourne vers le
nord-est, d'abord le long de la Lunga, un affluent gauche
du lalpoukh, puis elle traverse le fleuve du Kunduk près
de la colonie allemande de Leipzig et atteint le Dniestr
au-dessous de Tiraspil. De là elle suit ce fleuve jusqu'au-
delà de Mohyliv-Podolsky et passe ensuite près de la
grande gare de Oknitza pour atteindre le Pruth près de
33
Karpatch. C'est avec le Pruth qu'elle rejoint la frontière
autrichienne près de Novosselitza. Au-delà de cette fron-
tière ukrainienne ethnographique il y eut, en 1897,
145,163 Ukrainiens.
Près de Novosselitza la frontière sud du territoire
ukrainien ethnographique entre dans l'ancienne monar-
chie austro-hongroise. L'étude des conditions ethnogra-
phiques de r Autriche-Hongrie est facilitée sensiblement
par le fait que nous disposons ici d'un matériel statisti-
que relativement riche. La statistique ethnographique est
en usage ici depuis fort longtemps déjà et depuis 1880
on procède ici tous les dix ans à un recensement officiel ;
les publications statistiques offrent des indications rela-
tives à la composition ethnographique de la population
non seulement d'après des districts politiques et judiciai-
res qui sont, à leur tour, bien moins étendus que les dis-
tricts russes, mais aussi par communes, voire même par
parties de communes, de villages et de hameaux. C'est
pour cela aussi que nous pouvons établir des frontières
ethnographiques tout à fait exactes, tout en tenant
compte de toutes les enclaves ukrainiennes et étrangères.
D'autre part, il faut faire remarquer que même en Au-
triche-Hongrie, par endroits même plus fortement qu'en
Russie, les indications ne sont pas toujours dignes de foi
et ne reflètent pas partout les conditions effectives. De-
puis que la lutte des nationalités a éclaté, mais surtout
depuis que les chiffres des populations des différentes
nationalités sont devenus des arguments décisifs pour
l'obtention de certains droits politiques et pour la réali-
sation de certains progrès de la civilisation, les recense-
ments nationaux ont toujours donné lieu à des agitations
passionnées et à des falsifications en masse des résul-
tats des recensements. L'exécution de recensement est le
Kordouba 8
34
privilège du pouvoir politique et il ne faut donc point
s'étonner de voir que les nationalités dominantes ont
aussi une influence décisive sur leurs résultats. Or,
comme le peuple ukrainien ne joue pas un rôle décisive
en Autriche-Hongrie, le nombre de ses ressortissants est
de plus en plus réduit, surtout dans ses districts-frontière
ethnographiques et dans les villes. Bien entendu cela
s'opère seulement d'une manière fictive sur le papier ;
car, en réalité, et fort heureusement du reste, ni la po-
lonisation, ni la magyarisation ni encore la romanisation
de la population ukrainienne n'avancent aussi rapide-
ment que les dates statistiques pourraient le faire suppo-
ser.
Examinons la chose une fois de plus près dans la
Boukovine. Ici il est possible, dans certains cas isolés, de
prouver directement les falsifications, surtout quand
elles sont aussi manifestes et aussi impertinentes que,
par exemple, dans le village de Tohahor, district de Czer-
novitz. Le recensement de 1890 accuse, sur un total de
2070 âmes, 1070 (51,7 %) Ukrainiens et 916 (43,6 %) Rou-
mains, et le recensement de 1900, sur un total de 2328
âmes, 1086 Ukrainiens et 1099 Roumains, donc des pro-
portions à peu près égales ; en 1910, par contre, il n'y
avait, sur 2496 âmes, plus que 786 (31,5 %) Ukrainiens
et 1540 (61,7 %) Roumains. Celui qui ne connaît pas la
chose admettra tout droit qu'au cours des dernières dé-
cades Tchahor a été le théâtre d'une véritable migration
des peuples, d'une émigration en masse des Ukrainiens
et d'une formidable immigration roumaine. Or, comme
nous savons exactement ce qui en est, pour nous en être
rendu compte sur place même, nous pouvons assurer
qu'il n'y a rien eu de tout cela, que la même population,
voire les mêmes familles qui y habitaient déjà en 1890
35
et en 1900, y ont habité encore en 1910 et qu'il s'agit tout
simplement d'une falsification de la part de la commis-
sion de recensement qui n'a pas hésité à fausser la vé-
rité. Le contraste est encore plus frappant dans le cas
de la localité appelée Milechivtzi dans le district de Ra-
dautz pour laquelle le recensement de 1890 a enregistré
1697 Ukrainiens et 566 Roumains, celui de 1900 2246
Ukrainiens et 168 Roumains et celui de 1910 enfin 457
Ukrainiens et 2096 Roumains. C'est dans le district de
Soutchav que la commission de recensement a procédé
le plus incorrectement. Elle n'a pas hésité à y changer,
d'un seul trait de plume, toute une série de villages pure-
ment ukrainiens en villages roumains. Mereceii, par
exemple, aurait été habité, en 1890, par 1452 Ukrainiens
et 16 Roumains, en 1900, par 1500 Ukrainiens et 6 Rou-
mains, et, en 1910, enfin, par 447 Ukrainiens et 1217 Rou-
mains ; pour Danila nous trouvons : 1890 : 564 Ukrai-
niens et 100 Roumains, 1900 : 543 Ukrainiens et 290 Rou-
mains, 1910 : 1 Ukrainien et 866 Roumains. Pour Ipo-
techti : 1890 : 1491 Ukrainiens et 10 Roumains, 1900 :
1552 Ukrainiens et 51 Roumains, 1910 : 143 Ukrainiens
et 1637 Roumains, etc. Or, il est naturellement impossi-
ble de prendre au sérieux les indications fournis par le
recensement de 1910 qui sont en flagrante contradiction
avec toutes les dates précédentes et contraires à la réa-
lité et nous pouvons, par conséquent, de plein droit, ad-
juger ces villages au domaine linguistique ukrainien.
D'autre part, il n'est possible de corriger les dates des
recensements que dans les cas les plus graves. Dans des
cas moins graves il est difficile de distinguer la réalité
de la falsification. La statistique des confessions ne sau-
rait nous aider ici à corriger les erreurs de la statistique
nationale, comme par exemple en Galicie, parce que les
36
Ukrainiens aussi bien que les Roumains dans la Bouko-
vine appartiennent à la même église grecque-orientale.
C'est pour cela aussi que nous indiquons dans nos ta-
bleaux les résultats des deux derniers recensements et
faisons remarquer encore que le chiffre des Ukrainiens
tel qu'il résulte de nos calculs doit être regardé simple-
ment comme un minimum et non pas comme une
réalité.
Une seconde particularité de la statistique austro-hon-
groise officielle c'est qu'elle ne reconnaît pas la nationa-
lité juive et qu'elle répartit par conséquent les juifs en-
tre les autres nationalités tout en donnant la préférence
aux plus influentes. Dans la Boukovine les juifs sont
comptés parmi les Allemands. En 1900 il y avait, dans
la Boukovine, 93,015 juifs ; sur ce total 91,907 furent en-
registrés comme des Allemands, 491 comme des Ukrai-
niens, 446 comme des Roumains et 171 comme des Po-
lonais. Lors du recensement de 1910 les nationalistes
juifs (les zionistes) demandèrent que les juifs fussent re-
connus comme une nationalité juive proprement dite et,
quand le gouvernement n'y donna pas suite, ils commen-^
cèrent, de propos délibéré, à s'enregistrer comme Ukrai-
niens, Roumains, Polonais, ce qui a fait augmenter légè-
rement le chiffre des juifs non-allemands. Sur un total
de 100,071 Juifs 95,706 s'inscrivirent alors comme Alle-
mands, 2102 comme Ukrainiens, 1086 comme Roumains
et 1187 comme Polonais. Nous mettons maintenant les
Juifs à part et nous en faisons un groupe spécial non seu-
lement pour mettre les dates statistiques de l'Autriche-
Hongrie sur la même base que les indications de la sta-
tistique russe, mais aussi à cause de la nature de la
chose elle-même et pour tenir compte de la réalité. Pour
la même raison nous excluons les Lipovaniens de la ru-
37
brique «Ukrainiens» où le recensement officiel les fait
figurer et nous les adjugeons à celle des Grands-Russes,
vu qu'ils possèdent effectivement cette nationalité.
La composition de la population de la Boukovine, au
point de vue ethnographique, est assez bigarrée, car en
dehors des peuples déjà mentionnés nous y trouvons en-
core des Allemands et des Magyares qui sont assez mé-
langés entre eux. Les colonies ukrainiennes vont jusqu'à
Soutchava, les colonies roumaines jusque devant les por-
tes de Czernovitz. Les unes empiètent sur les autres et
forment ainsi des îles ou enclaves ethnographiques. La
plus grande enclave ukrainienne est située sur les fron-
tières des districts de Radautz, de Sereth et de Soutchava,
et n'étant séparée du territoire ukrainien proprement dit
que par un cône étroit formé par deux villages roumains,
elle peut-être réunie assez facilement avec le grand ter-
ritoire dont elle devrait faire partie. Nous ne nous occu-
perons ici de quelques autres enclaves ukrainiennes plus»
petites et plus éloignées, comme Ostra et Djemine dans
le district de Kimpoloutig, Katchyka et Glit dans celui de
Gouranoumore, pour ne pas compliquer la chose, d'au-
tant plus que cela nous ferait sortir de notre tâche que de
vouloir dénicher tous les îlots et fragments ethnographi-
ques. Après avoir passé la frontière de l'ancienne Au-
triche-Hongrie près de Novoselitza, la frontière sud du ter-
ritoire ukrainien ethnographique fait un petit contour
au nord du Prouth, traverse ce fleuve juste avant Czerno-
vitz et serpente ensuite sur la rive sud du Pruth, en dé-
crivant de nombreuses sinuosités, de nouveau vers Test
pour atteindre la frontière roumaine. De là les colonies
ukrainiennes s'étendent le long de la frontière rumaino-
autrichienne en petites bandes jusqu'au fleuve de la Su-
tchava et passent même, près de Milechivtzi, sur la rive
38
droite de ce fleuve. La frontière ethnographique, une fois
arrivée à ce point, se dirige de nouveau tout d'un coup
vers le nord jusqu'à la ligne de partage des eaux entre
le Pruth et le Sereth. Près du village de Kabivtzi elle va
de nouveau directement au sud, traverse le Grand Se-
reth en-dessus de Storojynetz, le Petit Sereth en-dessous
de Mold-Banilla et longe les crêtes des montagnes pres-
que en ligne droite vers le sud dans la direction de Kim-
poloung. Près de la ligne de partage des eaux de la Mol-
davitza et de la Moldava elle se dirige, à proximité du
mont Pausa, vers le sud-ouest, coupe la Moldava au-des-
sous de Briaza et atteint, au-dessous de Kirlibaba, la Bis-
tritza Dorée qui forme ici la frontière contre la Hongrie,
En dehors des frontières du territoire ukrainien, comme
nous l'avons défini ci-dessus, dans les trois enclaves eth-
nographiques et mélangés avec d'autres nationalités, nous
trouvons pour Boukovine, en 1900 : 16,740 Ukrainiens ; le
recensement de 1910 n'en enregistre plus que 11,134.
Il n'est guère aisé ni agréable d'avoir affaire à des
publications statistiques magyares. Nous ne parlons point
ici des difficultés de la langue magyare, mais même ceux
qui la connaissent ne se serviront pas des indications
statistiques, sans se heurter à de grandes difficultés. Le
gouvernement hongrois supprime, avec un zèle digne
d'une meilleure cause, les noms originaux des localités
pour les remplacer par des noms magyares absolument
arbitraires qui ne ressemblent point à ceux-là. Ils ont
changé, par exemple, le nom du village de Ploske en
Dombostelek, celui de Nelypyna en Harsfalva, celui de
Dovhe en Hoschoumezo et ansi de suite sans y ajouter, ne
serait-ce qu'en paranthèse, la désignation ukrainienne.
Mais ce n'est pas encore tout. Comme s'il le faisait ex-
près, pour compliquer la chose encore plus, le gouverne-
39
ment hongrois se plaît, au moins faut-il le croire, à chan-
ger plusieurs fois de suite le premier nom octroyé par
lui. Le même village qui figure lors d'un recensement
sous tel et tel nom figurera lors du prochain recensement
sous tel autre, mais notez bien, sans le moindre renvoi,
sans la moindre allusion qui pourrait nous trahir le nom
précédent. Le village de Solotchyn figure en 1900 comme
Solotchina, en 1910 déjà comme Kiralyfiszallas ; Zvirska
Huta figure en 1900 comme Izvorhuta, en 1910 sous le
nom de Foras ; Lintzi s'appelle en 1900 Inglicz, en 1910
nom de Forras ; Cholmetz s'appelle en 1900 Putkahel-
mecz, en 1910, par contre, Korlathelmecz, etc. ; des exem-
ples de ce genre feraient légion si l'on voulait les énu-
mérer tous. Ajoutons-y encore les nombreux changements
administratifs tels que le partage d'un grand district en
deux petits, les modifications dans la délimitation de dis-
tricts voisins, la réunion de plusieurs villages en une
seule commune, et chacun trouvera tout naturel que
toute étude du développement des conditions ethnogra-
phiques, toute comparaison des résultats de deux recense-
ments consécutifs doive placer le savant en face d'un
chaos qui ne lui permettra de s'orienter qu'au prix d'im-
menses sacrifices de temps et de peine.
La manière dont se font les recensements officiels en
Hongrie au point de vue des différentes nationalités rap-
pelle sous bien des rapports ce que nous avons
vu dans la Boukovine. En Hongrie aussi bien
qu'en Boukovine la statistique des nationalités doit
servir les intérêts de la politique, elle s'efforce
surtout à assurer aux Magyares la majorité absolue
parmi toutes les nationalités dans l'état hongrois. Or
comme le développement naturel est assez lent,, la statis-
tique officielle fait tout son possible pour l'accélérer au
40
moins sur le papier. Nous exposerons quelques cas plus
frappants sur territoire ukrainien quand nous examine-
rons les détails. Pour le moment nous nous bornerons à
faire remarquer que tous les intellectuels d'origine ukrai-
nienne, le clergé uniate, le personnel enseignant, les fonc-
tionnaires etc. avec leurs familles sont comptés comme
Magyars. Les Juifs dans les villages sont pour la plupart
enregistrés comme Allemands, dans les villes comme Ma-
gyars. Il est intéressant de voir qu'en 1900 10,146 Juifs,
c'est-à-dire 1,2 % de tous les Juifs hongrois — un chiffre
assez élevé pour les conditions du pays — se sont inscrits
comme Ukrainiens. Lors du dernier recensement de 1910
le nombre des Juifs ukrainiens est tombé à 2,702 ou
0,3 %, D'une façon générale il faut remarquer que le
dernier recensement, encore bien plus que les précédents,
a été exécuté en faveur de l'élément hongrois. Et si mal-
gré tout cela le nombre total des Ukrainiens dans l'état
hongrois accuse une augmentation pour la dernière dé-
cade, et non. seulement une augmentation absolue de
429,447 (1900) à 472,587 (1910), mais même un pourcen-
tage plus élevé (2,3 % au lieu de 2,2%) de la population de
tout le pays, ont doit cela uniquement au fait que de nom-
breux villages inscrits autrefois comme slovaques, ont été
reconnus maintenant comme ukrainiens.
Les Ukrainiens habitent en Hongrie la région nord-est
des Carpathes, savoir des secteurs de différentes gran-
deurs de comitats de Marmaroche, Ugotcha, Bereg, Oung,
Zemplén, Saros et Zips. Dans d'autres comitats les Ukrai-
niens ne forment que des enclaves ou îlots et des colo-
nies. Le plus grand comitat ukrainien est celui de Mar-
maros où les Ukrainiens occupent deux tiers de la su-
perficie (6347 km^ sur 9720 km^) et font, d'après les ré-
sultats officiels du dernier recensement de 1910, 44,6 %
41
de la population totale du comitat. Des dix districts de
ce comitat cinq appartiennent au territoire ukrainien
ethnographique, savoir Voliv (en magyar Oekôrmezô),
Dovha (Dolha), Houcht (Huszt), Tysa (Tisza) et Toretz
(Taraczviz), puis encore des parties des districts de Vysova
(Viso), Syhit (Szigeth) et Tiatchovo (Tecsô). Deux autres
districts font partie du territoire roumain ethnographi-
que. Le comitat de Marmaroche est remarquahle à cause
du haut pourcentage de sa population juive, qui est de
18,4 %, et sous ce rapport il occupe le premier rang parmi
tous les comitats hongrois. Or, sans rencontrer ici des
abus ou falsifications trop frappants en ce qui concerne
le recensement et la manière dont il s'est fait, nous n'en
rencontrons pas moins dans chaque commune plus de
Grecs-Orthodoxes que les Ukrainiens. La différence s'élève
par endroits à plusieurs centaines (par exemple à Houcht à
5902 Grecs-Orthodoxes et seulement à 5230 Ukrainiens), et
dépasse considérablement le nombre probable des per-
sonnes effectivement magyarisées. On peut, d'autre part,
tracer ici exactement la frontière ethnographique d'après
les résultats du recensement. Elle se dirige, en partant
de Kirlibaba en Boukovine où nous l'avons laissée, vers
le nord-ouest et longe ensuite la frontière entre la Hon-
grie et la Boukovine et plus loin celle entre la Hongrie
et la Galicie, autrement dit elle suit la crête principale
des Carpathes jusqu'à la pointe de Budiiv, de là elle longe
la ligne de partage des eaux du Vasyr et de la Rouskova,
des affluents droits du Viso, tourne ensuite vers le Viso,
passe près de Krasna (Petrovakraszna) sur la rive gau-
che du Viso-Tisza, traverse la Tisza au-dessus de Szigeth
et longe jusqu'à Vyskovo (Visk) la rive gauche de la
Tisza, et c'est seulement dans la contrée de Szigeth et de
Tiatchovo (Tescô) qu'elle fait un contour vers le nord. En-
42
dessous de Vyskovo (Visk) elle passe de nouveau sur la
rive gauche de la Tisza et se rencontre là avec la fron-
tière du comitat de Ugosc.
Dans ce dernier comitat les Ukrainiens forment,
d'après les dates de la statistique officielle, la minorité
aussi bien au point de vue territorial qu'à celui du nom-
bre. Le recensement de 1910 accuse 37,5 % d'Ukrainiens
contre 46,5 % de Magyars (avec les Juifs) tandis que, en
1900 encore, les Ukrainiens faisaient le 39,3 % et les Ma-
gyars le 42,9 %. Des deux districts dont se compose ce
comitat, celui de Tisza, cistiszanien, est en ma-
jeure partie ukrainien, celui de Tuszantul, trans-
tiszanien, par contre, seulement dans son secteur
nord-est. Le tableau des confessions montre que
62,7 % de la population de tout le comitat appar-
tiennent à l'église grecque-orthodoxe. Si l'on déduit de ce
chiffre 10,6 % de Roumains grecs-orthodoxes et environ
4—5 % de Magyars grecs-orthodoxes qui se rencontrent
effectivement dans ce coin sud-ouest du district de Tis-
zantul, il reste, pour les Ukrainiens, encore 46—47 % de
la population, donc la majorité relative. Les tableaux de
Tomachivsky^) montrent déjà que c'est surtout dans le dis-
trict de Ugocsa que le territoire ukrainien a été délimité
différemment au cours du XIXe siècle et qu'on a profité
de chaque recensement pour adjuger aux Magyars quel-
ques nouvelles communes ukrainiennes. En comparant
les deux derniers recensements l'un à l'autre nous pou-
vons de nouveau obtenir les mêmes preuves. Le village
d'Ardovec (Szôllôsvégardo) dans le district cistisza-
nien figure, en 1900, encore comme un village ukrainien
^) Voir Tomachivsky, Carte ethnographique de l'Ukraine hon-
groise, Pétrograd 1910 ; fragment imprimé du < Zbornik po slaviano-
viedieniu> III, page 17.
43
avec une population totale de 1253 habitants dont 903
(72 %) Ukrainiens et 204 (16,2 %) Magyars. En 1910 Ar-
dovec figure déjà comme un village magyar avec une po-
pulation totale de 1141 âmes dont seulement 276 (24,2 %)
Ukrainiens (886 Grecs-Orthodoxes !) et 861 (75,5 %) Ma-
gyares. Le village de Sasvar compte en 1900 704
(78,4 %) Ukrainiens et 110 (12,2 %) Magyars. Dix
ans plus tard le nombre des Ukrainiens a déjà
diminué presque de la moitié (41,8 %) et n'est plus
que de 396 tandis que les Magyars s'élèvent maintenant
à 514 (54,3 %). La petite ville de Doubovenka (Kyraly-
haza) dans le district de Tiszantul a été l'objet d'une opé-
ration semblable. D'après l'avis de Tomachivsky cette
localité est en majeure partie ukrainienne et a possédé,
en 1900 encore, une majorité ukrainienne relative (1248
habitants ou 49,2 % d'Ukrainiens contre 1056 ou 41,6 %
de Magyars). Mais déjà 10 années plus tard Doubovenka
n'a plus que 932 (29,7 %) Ukrainiens (sur 1630 Grecs-
Orthodoxes !) ; en revanche le chiffre des Magyars a aug-
menté plus du double ; il est à présent de 2224 (70,2 %),
Or, il saute aux yeux qu'ici, pas plus que dans la Bouko-
vine, la réalité ne procède pas par bonds, que les résul-
tats officiels ci-dessus ne méritent pas la moindre foi et
que nous pouvons sans autre adjuger les localités men-
tionnées au territoire ukrainien. Ceci étant, nous traçons
la frontière ethnographique comme suit ; de la frontière
du comitat de Marmaros jusqu'au Batar supérieur, un
affluent droit du Tour, et de là, au sud de Doubovenka,
sur la rive gauche de la Tisza. Après avoir contourné, en
formant un demi-cercle, Syvluch (Nagyszollôs) elle passe
de nouveau sur la rive gauche de la Tisza, traverse le vil-
lage de Hemlivci (Homlôcz) au-delà du fleuve du Batar,
pour revenir sur la rive droite de la Tisza quelques kilo-
44
mètres plus bas. Puisse elle décrit un angle droit vers le
nord et atteint le fleuve appelé Borza au-dessous de l'em-
bouchure de rirchava (Ilosva).
Dans le comitat de Bereg les Ukrainiens occupent la
plus grande moitié de la superficie (2400 km^ sur 3783
km^). Récemment encore, en 1900, ils formaient aussi,
avec 45,7 %, la majorité relative de la population (les Ma-
gyars faisant le 44,7 %). Le recensement de 1910 a ren-
versé cette proportion en adjugeant aux Ukrainiens seule-
ment 42,6 %, et aux Magyars 47,8 % de la population.
Nous allons voir tout de suite comment ces résultats ont
été obtenus. Des sept districts de ce comitat quatre sont
ukrainiens : Horichny (Felvidék), Latorcza, Also-Verecz-
ka, Svaliava (Szolyva) ; deux mixtes : Munkacs et Tisza-
hat ; un magyar : Koseno (Mezôkaszony). Dans le dis-
trict de Felvidék la population ukrainienne s'est montée,
en 1900, à 82,5 % (sans les Juifs), en 1910 ce chiffre, à
en croire les dates officielles, ne serait plus que de 70 %,
bien qu'il s'agisse dans ce cas d'un territoire purement
ukrainien entouré de toutes parts de districts ukrainiens.
Il faut en chercher la raison de nouveau dans de grands
abus. Le village de Loza-Polianka {Fûresmezô) comptait,
en 1900 : 610 (78,2 %) Ukrainiens et 51 (6,5 %) Magyars,
en 1910 nous n'y trouvons plus que 185 (21,8 %) Ukrai-
niens et 660 (78 %) Magyars. Le village de Midianycia
(Medencze) qui comptait en 1900 615 (95,4 %) Ukrainiens
et 9 (1,4 % Magyars, compte à présent 313 (42,8 %)
Ukrainiens et 418 (57,2 %) Magyars, c'est-à-dire le nom-
bre des Magyars à Loza-Polianka a augmenté pendant la
dernière décade de dix fois et à Midianycia même de
trente-cinq fois. Ainsi deux villages purement ukrainiens
sont devenus, sur le papier, des oasis magyares sur terri-
toire ukrainien ! Quelque chose de semblable, bien que
45
moins choquant s'est passé ailleurs. C'est que la statis-
tique a commis des falsifications aussi à l'égard de Ba-
betchi (Babakut), Bilke, Bostoka (Gazlo) où de nombreux
Grecs-Orthodoxes ont été enregistrés comme Magyars.
Dans le district de Latorcza le village de Bozvehovo
(Orozvég) lequel, en 1900 encore, avait au moins une ma-
jorité ukrainienne relative, 39,5 % contre 24,5 % de Ma-
gyars, a été, en 1910 déjà, un village en majeure partie
magyar parce qu'on adjugeait aux Magyars 37 % et aux
Ukrainiens seulement 30,8 % de la population. Dans le
district de Tiszahat Bemeta-Dessus (Felsôremete) accuse
80,3 % d'Ukrainiens et 17,8 % de Magyars, d'après le re-
censement de 1910 il serait maintenant une colonie en
majeure partie ukrainienne. En maniant la statistique
nationale de cette manière le gouvernement hongrois
arrivera vite à la réalisation de son rêve qui ne vise à
rien moins qu'à voir chaque localité hongroise habitée
par 100 % de Magyars. Cependant, un recensement, quel-
les que soient ses tendances, ne réussira qu'à voiler, mais
non à changer la vérité.
La frontière ethnographique dans le comitat de Béreg
est assez irrégulière. Elle longe la Borza pour arriver, tout
en formant une longue bande étroite, jusqu'à l'embou-
chure de la Silva, ensuite elle contourne de nouveau vers
le nord et serpente, en traversant le fleuve du Bek au-
dessous de Barbovo (Bardhaza), dans la contrée des sour-
ces de ce petit fleuve vers l'ouest et atteint la Latorcza
près de l'embouchure de la Viznice. De là elle longe la
rive droite de la Latorcza, passe, quelques kilomètres
au-dessous de Munkacs, sur sa rive gauche, traverse six
colonies situées au nord de la ligne de partage des eaux
de la Borza et de la Latorcza et revient ensuite à la La-
torcza. Enfin elle descent en aval de ce fleuve et arrive
46
jusqu'à l'embouchure de la rivière appelée Stara pour y
rejoindre la frontière du comitat de Oung.
Le comitat de Oung est, d'après son territoire, en ma-
jeure partie ukrainien. D'après sa population il se divise
en trois parties : un secteur ukrainien, un secteur slova-
que et un secteur magyar. Dans tous ces secteurs la ma-
jorité relative appartient aux Ukrainiens. D'après le re-
censement de 1900 il y avait, dans tout le comitat, 36,4 %
d'Ukrainiens, 30,2 % de Magyars et 28 % de Slovaques ;
en 1910, 38,1 % d'Ukrainiens, 33,2 % de Magyars et 22,4%
de Slovaques. C'est donc ici que nous rencontrons pour
la première fois une augmentation reconnue officielle-
ment de l'élément ukrainien, mais non pas aux dépens
des Magyars qui ont augmenté encore plus, mais aux dé-
pens des Slovaques. A partir de maintenant les Ukrai-
niens n'ont plus seulement pour voisins les Magyars,
mais encore les Slovaques, voisinage qui s'étend même
jusqu'au point le plus ouest de la colonie ukrainienne en
Hongrie. En même temps cependant se présentent de
grandes difficultés pour l'établissement de la frontière
ethnographiques. Dans le territoire-frontière ukraino-
slo vaques nous rencontrons une bande tantôt plus large
tantôt plus étroite dans laquelle la population de ces deux
peuples slaves très apparentés l'un à l'autre est fortement
mélangée. L'existence de cette bande a donné lieu, entre
autres, à la formation de dialectes intermédiaires avec
lesquels non seulement les statisticiens, mais encore les
philologues ont eu maille à partir, vu qu'ils n'arrivent pas
à les expliquer. La question de la confession ne nous
aidera pas beaucoup dans ce cas particulier, car parmi
les Slovaques il y a aussi bon nombre de Grecs-orthodo-
xes. Ce sont seulement les travaux de Petrov, Broch,
Stavrovsky, Cambel, Hnatiouk, Yerchratsky et d'autres
47
qui ont mis la chose au point sous bien des rapports et
permis à Tomachivsky de les mettre sur une base solide.
Le recensement hongrois officiel a procédé longtemps
tout à fait arbitrairement et, en 1890 et en 1900, enregis-
tré sans aucun doute des villages ukrainiens comme étant
slovaques. Ce n'est que le recensement de 1910 qui tra-
vaille plus soigneusement et qui s'efforce de corriger les
fautes commises autrefois. De là, comme il résulte des
tableaux ci-joints, de fortes différences entre les résultats
des deux derniers recensements. La différence est surtout
frappante dans le district de Sobrantzi (Szobrancz) où
elle saute vraiement aux yeux. Le recensement de 1900
n'avait reconnu comme ukrainiennes que deux commu-
nes : Beniatyna (Vadaszfalva) et Porouba (Németvagas).
Tomachivsky ^) y ajoute encore Honkivtzi (Alsohunkocz),
Konius (Unglovasd), Pidhorodia (Tibavaralja) et Chli-
vychtche (Hegygombas). Le recensement de 1910 indique
encore comme étant ukrainien Jovsa (Josza), Rybnytzia
(Felsohalas), Ternavka (Tarna), Kolibabovtzi, Kloko-
tchovo, Hnoïné, Kouchin, Prekopa et Poroubka, mais il
ne mentionne plus Beniatyna que Tomachivsky considère
comme étant en majeure partie ukrainien. Il n'est donc
point étonnant si le pourcentage des Ukrainiens au dis-
trict de Sobranci a augmenté tout d'un coup de 3,4 %
(1900) à 21,9 % (1910). Nous nous basons sur le recense-
ment de 1910 qui est incontestablement plus conforme
à la réalité que celui de 1900, tout en tenant compte de
ce que toutes les communes douteuses sont, au point de
vue du territoire, étroitement reliées avec le territoire
ukrainien proprement dit, de confession grecque-ortho-
doxe et qu'elles ont été reconnus comme ukrainiennes en
*) Voir Tomachivsky, pago 42.
48
majeure partie aussi par d'autres savants. A ces commu-
nes nous ajoutons encore Beniatyna, d'autre part nous
excluons du chiffre des Ukrainiens fixé par le recense-
ment tous les catholiques romains et les protestants
comme étant indubitablement des Slovaques.
Quant aux autres districts du comitat de Oung, il y
aurait à parler encore de la magyarisation soudaine et
brusque (sur le papier, bien entendu !) du village de
Dravtzi (Oungdarocz) dans le district de Oujhorod. D'a-
près le recensement de 1900 ce village vait 73,6 % d'U-
krainiens et 20,5 % de Magyars, en 1910 il accuse tout
d'un coup 68,3 % de Magyars et seulement 26,9 % d'Ukrai-
niens.
La frontière du territoire ukrainien s'éloigne de la
Latorcza, en formant un angle droit, pour se diriger au
nord, d'abord le long du ruisseau appelé Cehansky, un
affluent droit de la Stara, puis elle coupe le fleuve appelé
Oung près d'Ujhorod (Oungvar) et longe ensuite la rive
droite de l'Oung à une distance de 4 — 5 km du fleuve
jusqu'aux sources de la Strova. Ici elle tourne au sud-
ouest dans la contrée de la source du ruisseau appelé
Orechovsky, un affluent gauche du Rybnitzky, se dirige
de nouveau au nord vers la source de ce dernier fleuve,
va ensuite à l'ouest et atteint, le long des ruisseaux Po-
rubsky et Tarnavsky, la frontière du comitat de Zemplén
non loin de la moyenne Laborcza.
Dans le comitat de Zemplén les Ukrainiens habitent
seulement la plus petite partie. Celle-ci se trouve dans le
nord et contient beaucoup de montagnes. Des douze dis-
tricts de ce comitat appartiennent au territoire ukrainien
proprement dit les suivants : Mezôlaborcz (sans Hroubov
et Hrabovetz), Snyna (Szinna), (sans Papyn, Snyna, Ci-
rotzkaBela etDlouho), une partie du district de Stropkov
49
(sans les 16 communes dans le sud de ce district) et trois
communes du district de Hommon (Machkivci — Mas-
kocz, Rokytiv houmensky, Homonnarokito et Rokytiv
zdoubsky — Izbugyarokito). En dehors de cela nous trou-
vons encore des enclaves ou îlots ukrainiens aussi dans
d'autres districts méridionaux, mais, pour les raisons ex-
pliquées ci-dessus, nous ne les comptons pas ici. Sur
toute la ligne les Slovaques sont les voisins des Ukrai-
niens et la fixation de la frontière slovaco-ukrainienne
se heurte aux mêmes difficultés que dans le comité pré-
cédent de Oung. Dans le district de Snyna (Szinna)
quatre grandes colonies slovaques pénètrent de Touest,
sous forme d'une cône, dans le territoire ukrainien, mais
la frontière n'en est pas moins très nette ici. Dans le
district de Houmenne (Homonna) les deux Rokytiv, hu-
mensky et zdoubsky, sont sans aucun doute ukrainiens.
Le cas de Maskivtzi (Maskocz) et celui de Dedatchivtzi
(Dedafalva) n'est, par contre, pas très clair. Nous nous en
tenons, pour cela, au recensement de 1910 d'après lequel
Maskivtzi esit ukrainien, Dedatchivtzi par contre slovaque.
Mais c'est dans le district de Mezôlaborcz que la situation
devient fort embrouillée, et spécialement dans le secteur
qu'on a pris du district de Stropkov. Des 21 communes
de ce secteur nouvellement incorporé le recensement de
1900 a enregistré seulement 9 comme ukrainiens, et tous
les autres comme slovaques. Tomachivsky ^) considère
encore comme ukrainiens Bystra Stropkivska (Hegyes-
bisztra), Vladytcha, Vychnia et Nyjnia (Felsôladacs et Al-
soladacs), Drytchna Zemplenska et Sarychska (Kisderencs
et Nagyderencs), Makivtzi (Makos), Mykova (Miko), Pol-
iana (Nagypolany) et Stachkivzti zemplensky et sarychsky
*) Voir Tomachivsky, pages 70—71.
Kordouba
50
(Kistavas et Nagytavas). Il est intéressant de voir que le
recensement de 1910 confirme absolument cette opinion
et reconnaît encore, comme étant également ukrainien-
nes, Havaï et Porouba, c'est-à-dire toutes les 21 commu-
nes. Dans le nouveau district de Stropkov (qui a été di-
minué) nous nous trouvons en présence d'une situation
encore plus compliquée. Ici encore le recensement de
1900 a adjugé aux Slovaques toute une série de villages
ukrainiens et déchiré ainsi entièrement le territoire
ukrainien. Le recensement de 1910 reconnaît comme
ukrainiens la plupart des villages que Tomackivsky con-
sidère tels, savoir Brusnytzia (Borosnya), Detrek (Detre),
Kolbivtzi (Kôves), Krijlivtzy (Kisvôlgy), Mracivtzi (Dér),
Rohojnyk (Baratlak), Tobaïk (Felsôtokaj) et Jakuchivtzi
(Jakabvôlgy), en outre encore Petkivtzi (Petkes) Il reste
encore, enfermée au milieu du territoire ukrainien, une
enclave ou îlot slovaque comprenant les villages de
Stropkiv (Srtopko), Velyka Berejnytzia (Nagyberezsnya),
Hotcha, Chandal et Olchava vyjnia et nyjnia (Felsôolsva
et Also-olsva).
On établira, par conséquent, la frontière du territoire
ukrainienne proprement dit dans le comitat de Zemplén
comme suit : de la moyenne Laborcza vers l'ouest le long
de la frontière des comitats de Oung et de Zemplén jus-
qu'aux sources de la rivière appelée Kamenytzia (Ke-
mencze), un affluent gauche de la Giroka ; de là vers
le nord-est parallèlement à la Giroka, en amont du fleuve
jusqu'au confluent de la Ostrojnytzia (Szedreske) avec la
Ptcholynka (Méhes) qui prennent après leur réunion le
nom de Giroka. Là, la frontière tourne vers l'ouest, tra-
verse le fleuve de l'Oudava et marche ensuite, en formant
une bande étroite, entre l'Oudava et la Laborcza vers le
sud, se retourne alors de nouveau vers le nord-est jus-
51
qu'à rOudava, traverse TOudava au-dessous de Valkov
(Kisvalko) et atteint enfin la Topla juste à l'endroit où la
frontière ouest du comitat traverse le fleuve.
Au comitat de Saros les Ukrainiens n'occupent qu*un
tiers de la superficie. Dans les vallées des fleuves les co-
lonies slovaques avancent très loin vers le nord, surtout
dans la vallée de la Topla et de ses affluents gauches, de
la Yarouha et de la Svierjova, tout en ne laissant aux
Ukrainiens qu'une bande étroite et montagneuse le long
de la frontière galicienne. Des 7 districts de ce comitat, un
seul, celui de Visko-Dessus est purement ukrainien. Ici en-
core le recensement le 1900 enregistre toute une série de
villages soi-disant slovaques, mais celui de 1910 a réparé
cette faute injustifiée en reconnaissant comme ukrainiens
non seulement tous les villages que Tomachivsky ^) dé-
signe comme tels (Komarnek vyjny et nyjny — Felsôko-
mamok et Alsokomarnok, Bodroujal — Rozsadomb,
Tchernyna — Felsôcsernye, Dolhonia — Dolgonya,
Havranetz — Kishollod, Hrybiv — Kisgombas, Kojou-
chivtzi — Kôrmôz, Kraïna Bystra — Balorhegy, Kroujlova
Ruzsoly, Myrolia — Mérfalva, Prekra — Meredély, Pe-
tryna, Soucha — Szarashegy et Svednytchky — Kisfagya-
los), mais encore Kapechova (Kapiso) et Sorotchyn (Szo-
rocsany). Ainsi il ne reste aux Slovaques, de toutes les
communes du district, que Mestysko (Kilhely), Rivna
(Rona) et Tychynetz (Tizsény) dont le territoire se relie,
près de Stropkiv, à l'enclave slovaque ci-dessus. Il faut
ajouter encore à cette même enclave Beniadykivtzi (Be-
nedekvagasa), Chtchavnek (Sosfûred), Radoma et Ok-
rou'hle faisant tous partie du district de Gellért et figu-
rant, aussi d'après le recensement de 1910, comme slova-
') Voir Tomachivsky, pa^-es 72 — 74.
52
ques quoique Tomachivsky regarde les deux premiers
comme ukrainiens. D'une façon générale lesdeux derniers
rôcenseents concordant pour le district de Gellért et ad-
jugent aux Slovaques encore Vlatcha (Balazsi). Diurdios
(Gyôrgyôs) et Koboulnytzia (Kabalas). Dans le district de
Bardiïv (Bartfa) nous nous trouvons en présence de deux
petites enclaves slovaques tout près de la frontière gali-
cienne qui comprennent les communes de Stebnytzka Huta
(Esztebnekhuta) et Lenartiv. Par contre, Stebnyk (Eszte-
bnek), Regetiv (Regettô), Kryve (Sarosgôbény), Kryje
(Kiskereszt) et Bohlarka (Boglarka) sont, d'après le re-
censement de 1910, ukrainiens. Tomachivsky, lui aussi,
les regarde comme tels, sauf le dernier. Dans les districts
de Lypiany (Hethars) et Sabiniv il n'y a plus cette con-
cordance que nous trouvons entre le dernier recense-
ment et les explications de Tomachivsky. Les villages de
Hromoch et d'Oliynek (Olajpatak) déclarés ukrainiens par
Tomachivsky sont, d'après le recensement de 1910 et tous
les recensements précédents, slovaques. Or, nous suivons
le principe qui dit que dans des cas de doute il faut se dé-
cider plutôt pour la possibilité plus désavantageuse au
lieu de se faire passer pour partial et acceptons dans ce
cas particulier le recensement officiel. Il faudra, par con-
tre, regarder Zavadka (Gsergôzavod) et Poustepole (Pusz-
tamezô) comme ukrainiens : celui-ci, parce que le der-
nier recensement le regarde aussi comme tel, et Zavadka,
non seulement parce que Tomachivsky le classe parmi
les colonies ukrainiennes, mais aussi parce que, lors du
recensement de 1900, il avait 92,3 % de population ukrai-
nienne. Si, contrairement à cela, le dernier recensement
y enregistre 90,4 % de Slovaques et pas un seul Ukrai-
nien (sur 100 % de population grecque-orthodoxe), il faut
considérer cette anomalie comme un simple malentendu.
53
La frontière ukrainienne ethnographique dans le co-
mitat de Saros tourne, au point d'intersection de la fron-
tière du comitat de Zemplén avec la Topla brusquement
vers le nord et longe le versant gauche de la vallée de la
Topla, en n'atteignant qu'assez rarement le fleuve lui-
même, puis elle longe aussi le versant gauche de la Ya-
rouha, un affluent de la Topla, jusqu'au-delà de Zboriv
(Zboro). Ici elle revient vers l'ouest et va, plus ou moins
parallèle à la frontière galicienne (à une distance de 10
à 15 km. de cette frontière), jusqu'au Svierjov, un affluent
gauche de la Topla, puis en aval du Svierjov jusqu'à em-
bouchure, traverse la Topla et va presque en ligne droite
au sud jusqu'à la ligne de partage des eaux de la Torytza
et du Setchkov. De là elle s'étend, sous forme d'une bande
étroite, jusqu'au moyen Setchkov et tourne ensuite de nou-
veau à l'ouest, en longeant le versant gauche de la vallée
de la Torytza, et en se rapprochant de plus en plus du
fleuve lui-même. Près de Lypiany (Héthars) elle passe
tout d'un coup dans la région des sources de la Lucynka
(Litinye) sur la hauteur de la ligne de partage des eaux
de la Torytza et du Poprad et suit cette ligne jusqu'à la
source du Louh, un affluent droit du Poprad. Près des
sources du Louh elle tourne au sud, traverse la Torytza au-
dessus de l'embouchure du ruisseau appelé Slavkivsky
et atteint, en se dirigeant de là en ligne droite vers le sud,
la frontière du comitat de Zips (Szepes).
C'est ici que nous nous trouvons déjà sur la frontière
la plus ouest de l'Ukraine hongroise. Des huit districts
du comitat de Zips la plupart des Ukrainiens habitent le
district de Lioubovnia stara (Olublo) où ils font plus d'un
tiers de la population. Il n'y a ici que six villages ukrai-
niens. L'opinion de Tomachivsky d'après lequel Krem-
pakh (Lublokorompa) serait ukrainien n*est pas confir-
54
mée par le recensement de 1910 si bien qu'on devra ad-
mettre qu'au nord de Lioubovnia stara (Olublo) les colo-
nies slovaques vont jusque tout près de la frontière de la
Galicie. De la même manière nous ne saurions, d'après les
résultats du recensement, considérer les communes de
Repachi nyjni (Alsorépas) et Torysky (Tarczafô) dans le
district de Levotch (Lôcse) comme étant ukrainiennes. La
frontière du teritoire ukrainien proprement dit est ici la
suivante : de la frontière du comité de Saros elle va, en
décrivant un demi-cercle, au sud-est sur la hauteur de la
ligne de partage, des eaux entre la Torytza et le Hemad,
se dirige avec cette ligne à l'ouest, sans toutefois attein-
dre les sources de la Torytza, retourne de nouveau à la
frontière du comitat de Saros, et tout en longeant la fron-
tière sud-ouest de ce comitat, elle atteint les sources du
Yakoubiansky, un affluent droit du Poprad. Ici elle entre
de nouveau dans le comitat de Zips, va, en forme d'un
demi-cercle, presque jusqu'au Poprad au nord-est deKech-
mark, et se dirige ensuite vers le nord-est, tout en lon-
geant le versant droit de la vallée du Poprad. Ainsi elle
coupe de nouveau la frontière entre les comitats de Zips
et de Saros et traverse le territoire de ce dernier comitat
jusqu'à l'embouchure du Louh dans le Poprad. De là elle
se dirige de nouveau vers l'ouest, en suivant la rive nord
(gauche) du Poprad et revient à la frontière du comitat
de Zips pour aller de là au nord à la frontière galicienne.
Ensuite elle longe cette frontière seulement sur une dis-
tance de 5 km., se dirige, exactement au nord de Stara
Lioubovnia, vers le sud jusqu'au versant de la vallée du
Poprad, qu'elle suit de nouveau dans la direction de
l'ouest, traverse la ligne de partage des eaux entre le Po-
prad et le Dunaïetz, sans atteindre ce dernier, et coupe
enfin la frontière entre la Galicie et la Hongrie. En de-
55
hors de cette frontière du territoire ukrainien propre-
ment dit on rencontre, dans le comitat de Zips encore,
des enclaves ukrainiennes disséminées parmi la popula-
tion slovaque et dont la plus grande se trouve sur la fron-
tière des districts de Hnyletz (Gôllniczbanya) et de No-
voves (Iglo). En tout il y a en Hongrie, en dehors des
frontières du territoire ukrainien proprement dit, d'a-
près le recensement de 1910 environ 30,000 Ukrainiens.
Si, lors de notre examen des conditions dans la Bou-
kovine et en Hongrie, nous avons parlé des abus commis
lors des recensements et fait ressortir quelques cas spé-
cialement graves, il faut faire remarquer maintenant qu'il
s'y est agi seulement de quelques cas isolées et sporadi-
ques. Ces cas concernant, en outre, seulement des villa-
ges isolés ou peuvent être bornés à un territoire plus ou
moins contesté sur la frontière ethnographique. Il en était
ainsi, par exemple, dans le district de Soutchava et dans
les comitats de Ugocsa et de Bereg en Hongrie. En Gali-
cie il n'en est pas de même. Dans ce dernier pays nous
pouvons, pour la période pour laquelle nous possédons
des dates statistiques, constater deux phases d'abus com-
mis lors des recensements. Dans la première période ceux
qui détenaient le pouvoir politique dans le pays, s'effor-
çaient à prouver que les Polonais forment la majorité
absolue de la population du pays pour pouvoir baser leur
domination politique sur des indications statistiques.
Dans cette phase de l'application et de l'utilisation de la
statistique nationale ils concentraient leur attention sur-
tout sur le territoire-frontière ethnographique, et en par-
ticulier sur les parties moyenne et nord de ce territoire-
frontière ainsi que sur les villes. Dans la seconde phase,
la plus récente, l'administration polonaise, vu la demande
de plus en plus forte des Ukrainiens que la Galicie soit
56
partagée administrativement en une Galicie orientale et
en une Galicie occidentale, ou ce qui revient au même,
en une Galicie ukrainienne et en une Galicie polonaise,
s*est posé pour but de démontrer qu'il n'existe point, en
Galicie, un territoire ukrainien proprement dit et que le
pourcentage des Polonais est si élevé dans la Galicie
orientale qu'elle doit être regardée comme un territoire
à population mixte. C'est en ce sens qu'on manie, dès
1900, mais plus fortement encore depuis 1910, la statis-
tique nationale. Dès lors cette tactique ne se bornait plus
à certaines colonies isolées ou à certaine territoire-fron-
tière, mais elle commençait à s'étendre sur tout le pays.
La falsification des recensements eut lieu d'après un cer-
tain système et tout à fait méthodiquement. C'étaient en
première ligne les Juifs qui devaient servir à renforcer
numériquement l'élément polonais dans la Galicie orien-
tale, vu que les Juifs y sont particulièrement nombreux
dans les villes grandes ou petites. Chacun qui connaît
les conditions dans cette partie de la Galicie, sait que les
Juifs galiciens forment un élément tout à fait particulier
qui, en thèse générale, n'a rien de commun avec les Po-
lonais ni au point de vue de la langue, ni à celui de la
religion ou des traditions. Néanmoins la statistique offi-
cielle les classes parmi les Polonais, ce qui à évi-
demment pour effet de considérablement augmenter
l'élément polonais en Galicie, d'après le dernier recense-
ment de 800,000 âmes au bas mot. Après les Juifs vien-
nent les Ukrainiens catholiques-romains. Dans la partie
ukrainienne de la Galicie, et surtout dans la région du
centre et dans les districts podoliens, nous rencon-
trons pas mal de catholiques parmi la population indi-
gène. Ils forment en partie des communes spéciales, les
soi-disantes «colonies masouriques» ; ce sont des fonda-
57
tions de colonistes venus ici relativement récemment de
la Galicie occidentale. Leur langue de conversation est le
polonais, ils n'entretiennent point de rapports avec les
Ukrainiens dans le pays et appartiennent sans aucun
doute à la nation polonaise. La plus grande partie des ca-
tholiques de la Galicie orientale cependant vit dans les
villages mélangée avec la population ukrainienne, se
sert exclusivement de la langue ukrainienne, ne sait pas
même le polonais et se sent liée, politiquement, écono-
miquement et aussi au point de vue de la civilisation,
avec ses voisins grecs-orthodoxes. Au point de vue de
leur nationalité ce sont aujourd'hui des Ukrainiens pur
sang qui doivent être considérés comme des descendants
de colons polonais ukrainisés ou d'émigrés ukrainiens
convertis au catholicisme, n'importe. La statistique offi-
cielle ne fait aucune différence entre ces deux catégories
et classes tous les catholiques-romains sans exception
parmi les Polonais. Le chiffre de 42,880 Ukrainiens ca-
tholiques-romains fourni par le dernier recensement est
vraiment dérisoire en comparaison de la réalité. Mais ce
n'est pas tout. Comme les deux modes de falsifications
décrits ci-dessus ne fournissent pas encore à la statisti-
que nationale le résultat qu'elle désire, les commissions
de recensement n'ont pas hésité, ces derniers temps, à
enregistrer aussi des Grecs-catholiques comme des Polo-
nais quoique chacun sache que l'église grecque-ortho-
doxe en Galicie possède tous les signes caractéristiques
d'une église strictement nationale et que le professeur
Smolka lui-même ait constaté, à plusieurs reprises et à
grand regret dans son dernier ouvrage ^) que les soi-di-
sant «gente Rutheni, natione Poloni», c'est-à-dire des
Grecs-catholiques d'après la confession et des Polonais
') Le Monde Russien.
58
d'après la nationalité, sont déjà sur le point de disparaî-
tre. Cette catégorie de personnes se limite à un tout petit
nombre d'individus qui sont entrés du reste, ces derniers
temps, dans l'église catholique-romaine. Le recensement
officiel de 1910 accuse 235,328 Polonais grecs-catholiques,
ce qui a paru douteux même à un savant étranger qui
n'est pas au courant des conditions locales. ^) Il ne faut
donc point s'étonner si, étant donné ce mode de recen-
sement en Galicie, les Polonais qui formaient avant une
minorité nationale, sont devenus non seulement une ma-
jorité relative, mais même absolue, et si le pourcentage
de la population polonaise augmente dans les propor-
tions presque américaines, plus rapidement encore que
celui de la population magyare de Hongrie. C'est ce qui
résulte du tableau suivant :
Date du Nombre total de la population
recensemert de la Galicie
1846 2) 4^875,149
1851 ») 4,555,477
1857 ^) 4,632,866
1880 .... . . "*) 5,938,461
1890 -») 6,578,835
1900 ") 7,284,703
1910 *) 7,980,477
Dont
Ukrainiens Polonais Allemands Juifs
2,441,771 (50.1°/o) 1,994,802 (40.97o) 100,000 (2.07o) 335,071 (6.97o)
2,281,839 (50.17o) 1,864,101 (40.97o) 93,387 (2.07o) 312,962 (6.97o)
2,085,431 (45.07o) 1,981,076 (42.77o) 114,293 (2.57o) 448,973 (9.77o)
2,549,707 (42.97o) 3,058,400 (51.57o) 324,336 (5.57o) —
2,835,674 (43.17o) 3,509,183 (53.37o) 227,600 (3.57«) —
3,074,449 (42.27o) 3,988,702 (54.87o) 211,752 (2.97o) —
3,208,092 (40.27o) 4,672,500 (58.57o) 90,114 (1.17o) —
*) Dr. W. Hecke, Augmentation de la population, migration in-
térieure et langue de conversation. Stat. Monatshefte, N. F. XIX,
pages 653—723.
^) D'après les calculs de Hein.
^) D'après les calculs des tableaux statistiques de l'ancienne
monarchie autrichienne.
*) Recensements officiels.
59
Une statistique arrangée de la sorte sert ensuite aux
hommes de politique et aux savants de base sur laquelle
ils établissent leurs thèses dirigées contre les demandes
des Ukrainiens. Une de ces thèses est en première ligne
l'affirmation qu'il n'est pas possible de considérer la Ga-
licie orientale comme un territoire ukrainien parce qu'il
s'y trouve des districts avec une majorité polonaise. Ces
districts seraient au nombre de cinq : ceux de Lemberg,
Peremychl, Skalat, Tarnopol et Terebovla. D'après le re-
censement de 1910 la composition nationale de la popu-
lation de ces districts est la suivante :
Districts Ukrainiens Polonais Allemands
Lemberg (sans la ville) . . 36.67o 6I.670 1.87o
Peremychl 44.67o 52.27o 2.27o
Skalat 47.770 52.070 0.370
Tarnopol 48,07o 51,47o 0.47©
Terebovla 48.07o 51.77o 0.17o
Or, lors du recensement de 1880 encore, tous ces dis-
tricts formaient une majorité ukrainienne. C'est en 1890
que le district de Skalat accuse, le premier, une toute pe-
tite majorité polonaise (49,8 %) de Polonais et 48,5 %
d'Ukrainiens). En 1900 le district de Lemberg est déjà en
majorité polonais tandis que celui de Skalat accuse
10,000 Ukrainiens de plus que de Polonais. Tout cela
n'est qu'une manœuvre pour pouvoir enfin, en 1910, pré-
senter cinq districts «polonais» dans la Galicie orientale.
Pour bien comprendre la création artificielle de l'élé-
ment polonais dans ces districts nous nous occuperons
pendant un moment de leur composition au point de vue
des confessions :
Distrlcuj Grecs-catholiques etîrméSi*iSS '^^'^
Lemberg (sans la villt-) . . 45.y7o 43.47© 8.77©
Peremychl 50.0«/o 35.87* 14.17©
Skalat 50.37© 36.67© 13.27©
Tarnopol 53.67© 32.67© 13.97©
Terebovla 61.67© 3Ô.47© y.07©
60
On voit donc que, même en supposant que tous les
catholiques-romains soient de nationalité polonaise, les
Polonais ne posséderaient pas même la majorité relative
dans quelque district que ce soit. Les Ukrainiens grecs-
orthodoxes, par contre, ont une majorité relative uni-
quement dans le district de Lemberg, dans les quatre au-
tres, par contre, la majorité absolue. Dans ce dernier cas
il ne servait donc à rien d'enregistrer tous les Juifs
comme Polonais si bien qu'il fallait y ajouter encore des
quantités de Grecs-catholiques. Une comparaison du ta-
bleau des nationalités avec celui des confessions montre
que, dans le district de Lemberg, par exemple, les «Polo-
nais» grecs-orthodoxes font presque le 10 % de la popu-
lation totale, dans d'autres un peu moins, suivant le be-
soin. De cette manière on peut sans peine transformer
tous les districts de la Galicie orientale en districts polo-
nais. La réalité est cependant toute autre. Dans le dis-
trict de Tarnopol, par exemple, que nous connaissons fort
bien, tout au plus un tiers des catholiques-romains est
polonais, deux tiers, par contre, indubitablement ukrai-
niens. C'est pourquoi le pourcentage des Polonais dans
ce district est tout au plus de 11 %, et celui des Ukrainiens
presque de 75 %. La comparaison de ces chiffres avec les
dates officielles nous montre l'étendue et l'importance des
falsifications commises lors des recensements en Galicie.
Ce n'est donc point étonnant que même un savant polo-
nais, le professeur Romer, dans une conférence faite, le
4 janvier 1917, au «Kolo literackie» à Lemberg, désigne
le recensement galicien officiel comme fortement défiguré
en faveur des Polonais. Cela nous ôte aussi toute possibi-
lité d'utiliser les dates de la statistique nationale de quel-
que manière que ce soit, et nous force d'établir nos cal-
culs exclusivement sur la base des confessions. Nous ne
61
considérerons donc plus, pour ce qui est du territoire ga-
licien, comme Ukrainiens les grecs-orthodoxes et le pe-
tite nombre de grecs-orientaux qui ont déclaré être
Ukrainiens. Nous mettons, comme partout, les Juifs à
part et nous compterons comme Polonais tous les catho-
liques-romains, aussi les 42,822 que le recensement offi-
ciel reconnaît comme des Ukrainiens. En faisant cela
nous savons parfaitement bien que nous diminuons ainsi
le vrai nombre des Ukrainiens de quelques centaines de
mille, mais nous préférons prendre la chose comme elle
est et de rester objectifs que de nous perdre en conjec-
tures et d*oprérer avec des chiffres fictifs qui ne prou-
veraient rien et ne contribueraient pas à mettre la chose
au point.
On sait que le territoire ukrainien pénètre, dans les
Carpathes et dans les régions voisines sur territoire hon-
grois et galicien, sous forme d'un cône, bien plus vers
Touest que dans les vallées, et qu'il sépare le domaine
linguistique polonais de celui de la langue slovaque. Du
côté de la Galicie nous rencontrons, comme qui dirait,
comme avant-postes, des colonies ukrainiennes dans le
district judiciaire appelé Krostzienko du district politique
de Novytarg, quatre communes ukrainiennes pures, savoir:
Bila et Tchorna Voda, Yavorky et Clakhtova, qui forment
en quelque sorte une presqu'île au milieu de la Mer-Polo-
naise, ne communiquant avec le reste du territoire ukrai-
nien que par l'Ukraine hongroise. Puis la frontière ethno-
graphique retourne à la frontière hongro-slovaque, mais
encore sur la rive droite du Poprad elle se dirige de nou-
veau au nord et va tout près de la ligne de chemin de fer
Novy Santch-Hrybiv, tout en ajoutant au territoire ukrai-
nien tout le district de Mouchyna et huit communes du
district judiciaire de Novy Santch (Kotiv, Labova, Labo-
62
vytzi, Matiieva, Nove Selo, Mala Roztoka, Skladyste et
Ouhryn). Ici elle tourne vers Test, et, en passant au sud-
ouest de Hrybiv, elle coupe le district de Hrybiv diago-
nalement en deux parties : une partie méridionale, gran-
de, ukrainienne, et une partie septentrionale, petite, po-
lonaise. Elle partage également le district judiciaire de
Gorlitze au sud de Gorlitze et atteint dans le secteur est
de ce district la grand'route reliant Gorlitze à Jmyhorod.
Ensuite elle va, avec cette route, jusque devant Jmyho-
rod, le chef-lieu d'un district judiciaire dans le district po-
litique de Yaslo, conturne la ville dans un demi-cercle du
côté sud-ouest, et tout en se tenant à une distance de
3—4 km. de la grand'route Jmyhorod-Doukla, elle tra-
verse les monts Dania et Hyrava et arrive jusqu'à la
Yasolka au sud de la petite ville de Doukla. A quelques
kilomètres ab sud de la Yasolka elle entre dans le dis-
trict de Sanok, tourne de là un peu au nord, reprend près
de la station balnéaire de Ivonitch de nouveau la direc-
tion de l'est, passe tout près de Rymaniv, traverse, à l'est
de cette petite ville, la ligne de chemin de fer Korosno-
Sanik et le fleuve appelé Vysloka et atteint finalement,
au nord de Sanik, le cours supérieur du San. Au com-
mencement elle est très prononcé de sorte qu'elle déli-
mite un territoire contenant approximativement 90 %
d'Ukrainiens, pour devenir un peu moins nette au dis-
trict de Sanok. Ici nous rencontrons, des deux côtés de la
frontière ethnographique, des colonies à population mé-
langée et des îlots ou enclaves ethnographiques, au nord
des enclaves ukrainiennes, au sud des enclaves polonai-
ses. Une enclave ukrainienne assez grande qui comprend
plusieurs communes, se trouve dans la partie nord du
district judiciaire de Korosno. Comme jusqu'ici, nous ne
tiendrons aucunement compte de ces enclaves, tout en
63
les adjugeant au territoire dans lequel elles sont situées.
De cette manière le pourcentage de la population polo-
naise, ou mieux, de la population catholique-romaine
monte dans le secteur ukrainien du district de Sanik jus-
qu'à 30 %. Il faut remarquer que nous constatons ici,
dans les districts-frontière de l'Ukraine galicienne, pres-
que partout une diminution de la population au lieu d'une
augmentation. Voilà les conséquences de l'émigration en
masses en Amérique qui a commencé le plus tôt parmi
les Lemkis. Il n'y a que le district de Novy Santch qui
présente une faible augmentation. Le district de Sanik, à
l'exception du district judiciaire de Boukivsko, accuse
une augmentation légèrement plus forte.
La frontière du territoire ukrainien proprement dit,
une fois arrivée au cours supérieur du San au-dessous
de Sanik, se dirige vers l'est et s'étend en aval du San,
en séparant du territoire ukrainien la partie du district
de Bereziv qui se trouve à l'est du fleuve. Ce n'est qu'au-
dessous de l'embouchure de la Bar}^tchka qu'elle s'éloi-
gne un peu du San pour faire place à deux colonies polo-
naises situées sur la rive droite du fleuve, en face de
Dyniv. Deux grands villages ukrainiens sur la rive gau-
che du San, Hlidno et Loubno, forment une enclave eth-
nographique dans le territoire polonais. D'autre part,
nous possédons, dans le village de Dylongova, une en-
clave polonaise sur territoire ukrainien. Au-dessous de
Dyniv la frontière ethnographique revient au San et suit
le fleuve à l'est. Près du village de Babytch, à l'est de
Doubetzko, elle passe sur la rive gauch du San et, en tour-
nant au nord, elle quitte ce fleuve qui continue son cours
dans la direction de l'est. C'est ainsi qu'elle arrive à la
ligne de partage des eaux entre le San et le Vyslok, tourne
en traversant le mont Boukovy, au nord-est, et suit la
64
frontière des districts de Yaroslav et de Peremychl jus-
qu'aux sources du ruisseau appelé Kachytzki, un affluent
gauche de la Rada. Ici elle se dirige de nouveau au nord,
le long du ruisseau appelé Rokytnytzia, tourne avec lui
à Test, va à rembouchure du Kachytzky dans la Rada, et
rejoint avec la Rada de nouveau le San au-dessous de
Radymno. Après avoir traversé le San, elle tourne tout
d'un coup à l'est et va jusqu'au-delà du cours inférieur
de la Vychnia, en faisant place à deux communes polo-
naises: Michalovka et Doumkovitze. Mais immédiatement
après elle revient avec la Vychnia vers le San. A partir
de l'embouchure de la Vychnia elle suit constamment le
San, en s'écartant très peu du côté est près de Nelepko-
vice (au-dessous de Yaroslav) et de Siniava, pour attein-
dre de nouveau des colonies ukrainiennes sur la rive
gauche du fleuve telles que Doubno à l'embouchure du
Vyslok et Sylianka près de Lejaïsk. C'est ainsi qu'elle
parvient avec le San jusqu'à l'embouchure de la Zolota
et, en allant en amont de la Zolota, enfin à la frontière
russo-galicienne.
Ge'st ici qu'elle entre dans le gouvernement de Kholm
qui a été séparé de la Pologne et composé des territoires
dans lesquels, d'après le recensement du 1er janvier 1909,
les grecs-orthodoxes (Ukrainiennes et Grands-Russes)
possédaient la supériorité numérique sur les catholiques-
romains (Polonais).
Cependant, en examinant ces districts de plus près,
on se rend compte que, sur les huit districts de ce gou-
vernement, les Ukrainiens forment seulement dans six la
majorité de la population : la majorité absolue dans ceux
de Rila, Volodava, Hroubechiv et Konstantyniv, la majo-
rité relative dans ceux de Kholm et de Tomachyv. Dans
les deux districts qui pénètrent le plus vers le sud-ouest,
65
savoir ceux de Bilhoraï et de Zamostie, les Polonais ont
la prépondérance. C'est pourquoi nous séparons ces deux
districts du territoire ukrainien proprement dit, parce
que nous ne possédons pas de dates correspondantes
pour pouvoir établir la frontière de commune à com-
mune, vu que les communes sont très mélangées ici au
point de vue des nationalités. La frontière ouest de
rUkraine ethnographique s'étendra donc le long du cor-
don russo-galicien vers l'est jusqu'aux sources de la
Tanva, un affluent droit du San. Là elle tourne au nord,
suit le versant ouest de la ligne de partage des eaux du
Vepr et du Bouh, traverse la région des sources du Vepr
et de son affluent dront, la Topornytzia, et atteint, près
de Krasnostav, de nouveau le Vepr. Elle longe ensuite la
frontière ouest du gouvernement de Kholm jusqu'au
Bouh au-dessous de Melnyk, descend ensuite le Bouh
jusqu'à l'embouchure du Nouretz, et va enfin en amont
du Nouretz, jusqu'à ce qu'elle atteint, en ligne droite, le
Narev.
Kordouha
IL La population dans le territoire ethno-
graphique de l'Ukraine.
Le territoire ethnographique de l'Ukraine, renfermé
dans les frontières décrites ci-dessus, a la forme d'un tra-
pézoïde situé entre les 20,5me et 45me degrés de longi-
tude géographique est de Greenwich et entre le 44me et
53me degré de latitude géographique nord. Les colonies
ukrainiennes les plus occidentales se trouvent entre le
Poprad et le Dounaïetz dans le comitat de Zips en Hongrie
et dans le district de Novitarg en Galicie. C'est le district
de Sviatohochresta du gouvernement de Stavropol qui se
trouve le plus à l'est. Le district qui s'étend le plus au sud
c'est celui de Katerynodar au pays de Kouban, tandis que
celui de Bila du gouvernement de Grodno s'étend le plus
au nord. Le côté sud du trapézoïde ukrainien est en même
temps aussi le côté le plus long. Il a une longueur de
presque 2000 km. Le plus court côté c'est celui de l'ouest,
du Dounaïetz supérieur jusqu'à Narva, long de 420 km.
L'Ukraine ethnographique couvre une superficie de
739,162 km% dont 664,635 km^ appartiennent à l'Ukraine
russe, 59,854 km^ à l'Ukraine autrichienne (en Galicie et
et Boukovine), et enfin 14,673 km^ à l'Ukraine hongroise.
L'Ukraine russe, à elle seule, est à peu près de 12,000 km^
(la superficie de la Haute-Autriche) plus petite que toute
l'ancienne Autriche-Hongrie, y compris la Bosnie et
l'Herzégovine. L'Ukraine dans son ensemble dépasse
l 'Autriche-Hongrie de 62,547 km^, donc d'un territoire
de la grandeur de la Bavière (sans le Palatinat). L'état
formé du territoire habité par des Ukrainiens serait le
second en Europe comme étendue.
67
La population de l'Ukraine ethnographique s'éleva en
janvier 1914 à 46,012,000 âmes. L'Ukraine russe compte
39,604,500 habitants, donc juste autant que la France.
L'Ukraine autrichienne a 5,839,000 habitants, et enfin
l'Ukraine hongroise 568,500. D'après le chiffre de sa po-
pulation l'état ukrainien occuperait, parmi les états euro-
péens, le cinquième rang, après la Russie, l'AUemangne,
l'ancienne Autriche-Hongrie et la Grande Bretagne. Il
compterait en outre seulement un demi million' d'habi-
tants de moins que la Grande-Bretagne. La densité
moyenne de la population de l'Ukraine ethnographique
est aujourd'hui de 62,3 par kilomètre carré. A cet égard
elle est bien inférieure à celle des états plus peuplés de
l'Europe occidentale et centrale. D'autre part elle dépasse
considérablement la densité de la population des pays du
Nord de l'Europe : Norvège (densité 7,9), Suède (12,6),
Jutland (46,8) sur le kilomètre carré. La densité moyeene
de la population en Ukrain€ dépasse celle de la Russie
européenne (27,5) et de l'Espagne (39,5) et l'emporte
aussi sur celle des pays balkaniques à l'exception de la
Turquie d'Europe. Elle se rapproche déjà assez forte-
ment de la densité moyenne en France (73,8) et en Au-
triche-Hongrie (76), tout en dépassant celle des pays al-
pins de l'ancienne monarchie : Salzbourg, Carinthie, Car-
niole, Tyrol. La densité de la population est du reste fort
inégale dans les différentes parties de l'Ukraine. Elle
est le plus grande dans l'Ukraine autrichienne : 97,6 sur
1 kilomètre carré ; dans l'Ukraine russe elle est de 59,6, et
le plus petite dans l'Ukraine hongroise : 38,7. Mais les
différences ne sont pas moins grandes dans chacun des
trois territoires de l'état ukrainien. La plus grande den-
sité se rencontre en Boukovine, c'est-à-dire dans la partie
ukrainienne du district de Czemovitz : 238,9 par km*
68
(égale à la densité moyenne en Angleterre), dans le dis-
trict de Stanislau 190,2, dans celui de Peremychl 165,1 et
dans le district de Kolomya enfin 161,9, ces trois districts
se trouvant en Galicie ; les trois districts ukrainiens les
plus peuplés en Russie sont : Kiev (158), et Kharkov
(154,3). Dans tous ces districts on reconnaît facilement
l'influence des grandes villes qui ne concertrent non seu-
lement la population dans leurs centres mêmes, mais en-
core plus ou moins sur la périphérie et dans les districts
voisins. Viennent ensuite les districts : Sniatyn (149),
Lemberg (sans la ville même) (136,3), et Petchenijyn
(131,6) en Galicie, la partie ukrainienne du district de
Sereth (142) et le district de Kitzman (132,6) en Bouko-
vine, lesquels, sans renfermer de grandes villes, n'en ac-
cusent pas moins une plus grande densité que la densité
moyenne en Bohême (130,3 sur 1 km^). Possèdent entre
110 et 130 habitants sur le km^ en Galicie les districts :
Tovmatch (129,7), Stry (127,8), Drohobytch (125,7), Tar-
nopil (124,8), Horodenka (120), Boutchatch (119,6), Tere-
bovla (117,9), Sambir (116,9), Rohatyn (113,3), Roudky
(112,8), Tchorkiv (112,1), Houssiatyn (112,1), et Mostyska
(110,9); en Boukovine la partie ukrainienne du district de
Sutchava (120,6) ; dans l'Ukraine russe les districts de
Kamenetz podilsky (122,1), Vynnytzia (116,1), Proskouriv
(114,2) et Berditchiv (112,4). Cette densité correspond à
la densité moyenne en Italie (120,9) et en Allemagne
(120). Ont plus de 100 habitants par km^ en Galicie les
districts: Zalistchyky (106,9), Borstchiv (106,7), Skalat
(106,1), Bibrka (102,5) et Zolotchiv (101,5); en Boukovine:
Vachkivci (105,1) et Zastavna (103,8) ; dans l'Ukraine
russe les districts : Mohyliv (109,5), Kaniv (104,6), Bratz-
lav (104,1), Ouchytzia (103,8), Starokonstantyniv (103,4),
Khotyn (102,9), Hroubechiv (102,7) et Tcherkassy (102,5).
69
Les contrées fortement peuplées se trouvent, dans
l'Ukraine autrichienne, en général au sud de la ligne
Peremychl-Lemberg-Zolotchiv-Tarnopol jusqu'au terri-
toire voisin des Carpathes, dans l'Ukraine russe ces con-
trées comprennent le pays de Kholm, la Podolie et le
pays de Kiev. Dans l'Ukraine hongroise la densité de la
population n'atteint nulle part le chiffre de 100, cette par-
tie de l'Ukraine étant avant tout un pays montagneux et
ne renfermant pas de grandes villes. La population est le
plus clairsemée dans les régions montagneuses de la Bou-
kovine sud-ouest, dans les parties ukrainiennes des dis-
tricts de Radautz (14,9) et de Kimpoloung (16,4), puis en-
core dans la contrée du moyen Pripet dans le district de
Mozyr (16,8 sur km^). Ont entre 20 et 30 habitants par
km^ dans l'Ukraine russe les districts : Kavkask dans le
pays de Kouban (20,4), Dniprovsk dans le gouvernement
de la Tauride (25,3), Pynsk (28,1), toute l'enclave ukrai-
nienne dans le gouvernement de Stavropil (28,3) et le
district d'Ovroutch (29,1) en Volhynie ; dans l'Ukraine
hongroise les districts : Tiszavôlgy (22,2) et Taraczviz
(27,7) du comitat de Marmaros, Tiszahat (28,6) et Also-
vereczke (29,9) au comitat de Bereg, Homonna (27,5) et
Szinna (26,5) dans le comitat de Zemplén et Gellért
(25,5) dans le comitat de Saros. En général ce sont les
régions situées au pied des Carpathes et du Caucase où la
population a la moins grande densité, ensuite encore
dans les contrées marécageuses du Pripet.
La grande masse de la population dans l'Ukraine eth-
nographique est naturellement ukrainienne. Nous avons
signalé déjà dans la première partie de notre étude que
le peuple ukrainien ne possède nulle part une autonomie
politique, qu'il n'est nulle part maître chez lui et qu'il est
au contraire, soumis partout à la domination de peuples
70
étrangers et ennemis qui concentrent en leurs mains tout
le pouvoir administratif et manient les recensements
comme bon leur semble au détriment des Ukrainiens.
Cela étant, nous ne disposons donc point de dates abso-
lument authentiques et absolument sûres concernant le
chiffre total de la population ukrainienne. Ainsi il ne nous
reste donc, après avoir opéré quelques corrections mini-
mes dont il a déjà été question ci-dessus, la possibilité
d'indiquer le nombre minimum, à titre de limite infé-
rieure, c'est-à-dire ce nombre qui indique combien d'U-
krainiens il doit y avoir dans tous les cas d'après les in-
dications des peuples qui régnent sur nous. Ce chiffre
minimum des Ukrainiens habitant le territoire de l'U-
kraine ethnographique tel que nous venons le présen-
ter, s'élève à 32,662,000 âmes, c'est-à-dire environ 71 %
de la population totale des pays en question. Ce pour-
centage pourrait peut-être paraître trop bas en compa-
raison du pourcentage des peuples dominants en Europe,
des Français, Italiens et Allemands dans leurs territoires
purement nationaux. Mais il ne faut pas oublier que les
pays ukrainiens qui étaient soumis pendant des siècles
à des empires et à des gouvernements étrangers, ont subi
aussi en même temps les influences d'une immigration
venue du dehors, cette immigration ne s'étendant pas
seulement sur certains territoires-frontière, mais aussi
sur les villes et sur les districts industriels et d'une façon
générale sur les points les plus avantageux dans le cen-
tre du pays, ensuite, que nous avons éliminé les Juifs qui
constituent, sur territoire ukrainien, un pourcentage as-
sez important de la population, en les élevant au rang
d'un groupe national spécial, tandis que les Français, les
Italiens et les Allemands comptent les Juifs habitant sur
leurs territoires comme des nationaux ; ensuite, que de
71
nombreux Ukrainiens pur sang enregistrés, par des re-
censeurs peu scrupuleux, en Russie comme Grands-Rus-
ses, en Hongrie comme Magyars, en Boukovine comme
Roumains, ont contribué à la diminution du pourcentage
des Ukrainiens établi par le recensement et à l'augmenta-
tion du pourcentage de la population étrangère ; et en-
fin, que la plus grande moitié des catholiques-romains
dans la Galicie orientale sont des Ukrainiens et que ce
n*est que faute d'indications statistiques exactes que nous
sommes forcés de les classer tous parmi les Polonais.
Pour ces raisons le résultat des calculs indiqué par nous
doit être considéré comme assez favorable si, en dépit
de toutes les difficultés, le pourcentage de la population
ukrainienne dans les pays ukrainiens atteint encore en-
tièrement le pourcentage des Polonais dans les dix gou-
vernements de la Pologne dite Pologne du Congrès
(71,9 %).
Les trois territoires politiques entre lesquels se répartit
rUkraine ethnographique montrent certaines différences
dans la hauteur du pourcentage de la population ukrai-
nienne. Dans l'Ukraine autrichienne ce pourcentage est
en-dessous du pourcentage moyen et ne s'élève qu'à
63,6 %, mais en réalité il y est sensiblement plus élevé et
atteint d'après les calculs de Tomachivsky, le 70 %. Dans
l'Ukraine russe il s'élève jusqu'à 72 %, dans l'Ukraine
hongroise même 77,5 %. En comparant ces résultats du
mois de janvier 1914 avec ceux de 1897 ou de 1900, nous
constatons un léger déplacement en faveur de l'élément
ukrainien. Le pourcentage des Ukrainiens dans tout le
territoire est tombé de 71,6 % à 71 %, il a donc diminué
de 0,6 %. Dans l'Ukraine autrichienne cette diminution
est plus grande que la diminution moyenne et atteint
1,6 % (de 65.2) à 63,6 %), quoique l'augmentation natu-
72
relie de la population ukrainienne soit plus forte que
celle des Polonais. On peut expliquer ce fait par la crois-
sance plus rapide de Télément polonais dans les villes
et par la plus forte émigration des Ukrainiens, mais aussi
par la conversion forcés de grecs-orthodoxes au catholi-
cisme romain. Dans l'Ukraine russe, elle aussi, nous pou-
vons constater une légère diminution du pourcentage des
Ukrainiens (environ 0,6 %), quoiqu'il n'y ait pas eu là un
second recensement des nationalités. Cette diminution
résulte de ce que les grandes villes et les districts indus-
triels avec leur fort pourcentage de population étrangère
s'accroissent plus rapidement que les villages purement
ukrainiens et les contrées agricoles. Dans l'Ukraine hon-
groise, par contre, le pourcentage des Ukrainiens est
monté de 75,9 % (en 1900) à 77,5 % surtout grâce au fait
qu'un certain nombre de villages ukrainiens qui, en 1900,
avaient été enregistrés comme des villages slovaques, ont
été reconnus comme ukrainiens par le recensement de
1910.
Si nous considérons le territoire ukrainien en particu-
lier nous constaterons des différences bien plus impor-
tantes quant au chiffre du pourcentage des Ukrainiens.
Le district de Zinkov, dans le gouvernement de Poltava,
est le plus pur au point de vue national ; là les Ukrai-
niens forment le 98,1 % de la population ; ensuite le dis-
trict de Kobylaky dans le même gouvernement avec
97,3 % d'Ukrainiens. En général, tout le gouvernement
de Poltava est très égal au point de vue national, car il
s'y trouve 93 % de population ukrainienne. Son pendant
est le gouvernement de Tchernyhiv (sans les quatre dis-
tricts du nord qui ne sont pas ukrainiens) avec 91,8 %
d'Ukrainiens. Ensuite viennent les gouvernements de
Kharkiv (80,6 %) et de Podolie (80,2 %) et la par-
73
tie moyenne et septentrionale du gouvernement de
Kiev, où le pourcentage des Ukrainiens oscille dans les
villes entre 82% et 89,4%. Les parties des gouvernements
de Katerinoslav et de Kherson accusent, eux aussi, un
pourcentage élevé de population ukrainienne ; au gou-
vernement de Katerinoslav, les districts : Novomoskovsk
(93,2 %), Verkhnedniprovsk (90,3 %) et Oleksandrivsk
(82,5 %) ; au gouvernement de Kherson le district d'Olek-
sandria (85,1 %). Nous trouvons la même chose pour le
district d'Ovroutch du gouvernement de la Volhynie avec
83,4 % d'Ukrainiens, et dans les districts d'Ostrohojsk
(90,3 %) et de Bohoutchar (81,8 %) du gouvernement de
Voronije. Doivent être regardés encore comme très égaux
au point de vue national les districts de Zastavna 89,4 %),
Kitzman (87,4 %), et Vaohkivtzi (82 %), en Boukovine,
Tourka (80,2%), Kalouch (80,7%), Bohorodtchany 83,5%),
Kossiv (83,3 %) et Petchenyjin (87,4 %) dans la Galicie
orientale. Les districts dans lesquels la population ukrai-
nienne vit très serrée en ce sens qu'elle forme de gran-
des masses compactes, sont les parties ukrainiennes des
districts de la Galicie occidentale : Hrybiv (94,1 %), Gor-
lice (92,7 %), laslo (87,7 %), et Korosno (91,9 %) d'U-
krainiens) ; enfin les districts hongrois de Voliv (Okôr-
mezô, 82,2 %) et Dovjany (Dolha, 82,5 %) au comitat de
Marmaros, Berezne (Berezna, 83,7%) et Peretchyn (Peree-
seny 85%) au comitat d'Oung, Mezôlaborcz (81,2% d'U-
krainiens) dans le comitat de Zemplén et la plus grande
moitié des territoires ukrainiens formés des districts des
comitats de Bereg, Saros et Zips (Szepes) (entre 82,6% et
91,4% d'Ukrainiens). Le plus petit pourcentage d'Ukrai-
niens se trouve au district d'Odessa (21,9 %) où les Ukrai-
niens, par suite de la prépondérance du grand centre com-
mercial, c'est-à-dire la ville d'Odessa, avec son caractère
74
internationale/) forment la minorité. Les Ukrainiens pos-
sèdent encore la minorité dans le district de Rostiv du
territoire du Don (33,6 %), ce que nous avons déjà fait
ressortir dans la première partie de notre enquête. Quant
au troisième endroit où, d'après les dates statistiques of-
ficielles, les Ukrainiens ont également la minorité, c'est-
à-dire le district de Kavkask dans le pays de Kouban, la
majorité grande-russe y est très douteuse et dans tous les
cas seulement temporaire, car, comme il a été démontré
plus haut, elle diminue constamment grâce à la prépon-
dérance de l'immigration venue des gouvernements ukrai-
niens et ne dépasse plus la population ukrainienne que
de 2,6 % (46,8 % d'Ukrainiens et 49,4 % de Grands-Rus-
ses) au plus. Un petit pourcentage d'Ukrainiens se ren-
contre encore dans les districts suivants : Akerman dans
le gouvernement de Ressarabie (26,7 %), où environ dix
nationalités vivent mélangées l'une à côté de l'autre, Ti-
raspil au gouvernement de Kherson (33,3 %), Rilsk au
gouvernement de Grodno (39,1 %), Stropko dans le co-
mitat de Zemplén (39,8 %), Kholm (41,9 %) et Tomachiv
(44,1 %) au gouvernement de Kholm, Czernovitz en Rou-
kovine (44,2 %), Lemberg sans le territoire de la ville
de Lemberg elle-même (45,9 %) et Marioupil dans le gou-
vernement de Katerinoslav (46,1 %). Mais dans tous ces
districts la population ukrainienne l'emporte, numérique-
ment parlant, sur toute autre population, et forme par
conséquent ce qu'on appelle une majorité relative. Tout
en nous résumant, nous devons dire que les territoires
ukrainiens les plus purs au point de vue national com-
prennent une large bande des deux côtés du Dnipr de
') La ville de Lemberg" qui forme un territoire politique à part
et ne contient que 19,17o d'Ukrainiens, ne nous intéressera pas ici,
vu quMl s'agit sans son cas d'un phénomène purement local.
75
la Stouhna jusqu'au Zaporoje, à l'ouest jusqu'à la fron-
tière galicienne, à l'est jusqu'au moyen Don et à l'Aïdar,
un affluent gauche du Donetz, ensuite le pays des Car-
pathes du côté de la Galicie et de la Hongrie, les régions
galiciennes situées au pied des Carpathes et le nord de la
Boukovine entre le Dniestr et le Prouth. Les éléments
étrangers sont le plus nombreux dans les territoires-fron-
tière sud et nord-ouest
De nombreux Ukrainiens vivent encore en dehors des
frontières de l'Ukraine ethnographique. Nous avons déjà,
dans la première partie de cette enquête, fait ressortir
les principaux districts de la colonisation ukrainienne sur
territoire russe. Le recensement officiel de 1897 accuse
un chiffre total de 22,380,551 Ukrainiens dans tout l'an-
cien empire russe. Ce chiffre doit être augmenté du nom-
bre des Pyntchouks du district de Pynsk et de la partie
sud du district de Mozyr, puisque, comme nous l'avons
démontré ci-dessus, ils ont été enregistrés faussement
comme Blanc-Ruthènes. Cela revient à dire que le vrai
nombre des Ukrainiens en Russie s'est élevé, en 1897, à
22,624,067, c'est-à-dire à 18,1 % de la population totale de
l'empire. Sur ce chiffre, 2,150,667 vivaient alors en de-
hors des frontières de l'Ukraine ethnographique. Or, en
admettant pour ces colons la même augmentation de la
population que les Ukrainiens accusent en Ukraine, soit
37,3 %, quoiqu'il soit plus grand en réalité, étant constam-
ment augmenté par de nouveaux immigrants, nous obte-
nons pour le mois de janvier 1914 le chiffre de 2,952,870
âmes, c'est-à-dire que le chiffre de tous les Ukrainiens
dans l'empire russe s'est élevé, à cette date, à 35,614,890
individus. En y ajoutant le chiffre des Ukrainiens vivant
dans toute l'ancienne monarchie austro-hongroise, soit
4,241,490, on arrive à la somme totale de 39,614,890 Ukrai-
76
niens pour l'Europe. ^) Quant au nombre des Ukrainiens
en Amérique nous manquons d'indications statistiques
précises. Des personnes qui connaissent les conditions
en Amérique et la presse ukrainienne en Amérique éva-
luent leur chiffre à 800,000 à 1,000,000 individus. Dans
tous les cas nous pouvons être sûrs qu'il existe dans le
monde entier environ 41,000,000 Ukrainiens.
Mais revenons à l'Ukraine ethnographique. Les peu-
ples étrangers, non-ukrainiens, vivant dans l'Ukraine,
sont pou la plupart des Russes. D'après les da-
tes statistiques officielles ils seraient au nombre de
5,376,800, soit de 11,7 % de la population totale. Dans
l'Ukraine hongroise il n'y a point de Russes du
tout. Dans l'Ukraine autrichienne il y a près de 3000 Li-
povaniens qui vivent dans quelques villages de la Rou-
kovine. Le gros des Russes vit, par conséquent,
dans l'Ukraine russe (5,373,860) où leur pourcentage
s'élève jusqu'à 13,6 %. Ce chiffre est sans doute exagéré,
grâce à la partialité des membres des commissions de
recensement et ensuite grâce au fait que tous les intel-
lectuels et tous ceux qui, faute de sentiment national,
ont indiqué leur nationalité comme «ruska», furent en-
registrés comme Russes. Mais ne disposant pas d'au-
tres dates nous voilà bien obligés d'opérer avec cel-
les des recensements officiels. Le plus grand pourcen-
tage de population russe se trouve dans les ter-
ritoires ci-après : au district de Rostov dans le territoire
du Don (53,7 %), où ils forment la majorité absolue de
la population, et au district de Kavkask dans le pays de
Kouban (49,4 %). Viennent ensuite : Novooskol (48,9 %),
^) Ne sont pas compris dans ce chiffre les Ukrainiens en Roumanie
(Dobroudja), la statistique roumaine ne distinguant pas la population
d'après les nationalités.
77
Poutivl (46,9 %) et Hravoron (40,9 %) dans le gouver-
nement de Koursk, Valouïki (48,4 %), au gouvernement
de Voronije, Slavianoserbsk (46,3 %), au gouvernement
de Katerinoslav et l'enclave ukrainienne dans le gouver-
nement de Stauropil (44,4 %), où les Russes éga-
lent en nombre presque les Ukrainiens. Les districts ci-
après accusent encore plus d'un tiers de population
russe ; Kharkiv (39,7 %), Zmiïv (35,2 %) du gou-
vernement de Kharkiv, Odessa (37,7 %) au gouvernement
de Kherson, Katerinodar (34,7 %) au pays de Kouban, et
Mélitopol au gouvernement de la Tauride (33,7 %). Le
plus petit pourcentage de Russes dans l'Ukraine
russe se rencontre dans les districts : Hadiatch (0,6 %),
Zinkiv (0,6 %), Pereiaslav (0,8 %) et Myhorod (0,9 %) du
gouvernement de Poltava, Borzna (0,7 %) et Krolevetz
(0,7 %) du gouvernement de Tchernyhiv. D'une façon gé-
nérale, ces deux derniers gouvernements (le dernier sans
ses quatre districts du nord) accusent le plus petit
pourcentage de Russes, le premier 2,6 %, le second
3,2 %. Vient après eux la Podolie (3,3 %), la Volhynie
(3,5 %) et le pays de Kholm (3,7 %). Au gouvernement de
Kiev l'élément russe atteint déjà le 5,9 %, grâce
à l'influence de la grande ville de Kiev. En comparant
toutes les données statistiques nous constatons que dans
l'Ukraine l'élément russe est le plus fréquent dans
le secteur nord-est du territoire-frontière voisin des
Russes, soit dans les parties ukrainiennes du gou-
vernement de Koursk (43,4 % de Russes) et de
Voronije (22,6 %) et dans le territoire du Don (42,3 %),
ensuite dans les colonies du sud, dans la Nouvelle-Russie
et en Ciscaucasie. Par contre, toute la partie moyenne et
septentrionale de l'Ukraine, du méridien de Katerinoslav
(35 degrés de longitude géographique est de Greenwich),
78
jusqu'aux frontières ouest n'accuse qu'un très faible pour-
centage de Russes.
Le second peuple, comme nombre, non-ukrainien
dans l'Ukraine sont les Juifs. Ils y vivent au nombre de
3,795,760 et forment le 8,2 % de la population totale de
l'Ukraine. Leur pourcentage est tombé un peu ces der-
nières années, car en 1897 encore (ou en 1900) il était de
8,4 %. Les Juifs sont répandus sur tout le territoire de
l'Ukraine ethnographique et constituent la population des
villes par excellence ; dans les villages il n'y en a que
très peu, et là encore ils s'occupent surtout du commerce
et moins des autres professions. Cependant, leur diffu-
sion dans l'Ukraine n'est pas aussi égale qu'on pourrait
croire. Une grande différence existe, sous ce rapport, en-
tre l'Ukraine austro-hongroise et l'Ukraine russe. Dans
l'Ukraine autrichienne ils font le 12,6 % de la popula-
tion totale, dans l'Ukraine hongroise ce pourcentage est
de 12,2 %. Il y a lieu de faire remarquer, à ce propos,
qu'il diminue, ces derniers temps, dans la partie autri-
chienne (en 1900 il était encore de 13 %), dans la partie
hongroise il a augmenté de 1 % (en 1900 11,2 %). Dans
l'Ukraine russe le pourcentage des Juifs est bien plus pe-
tit, car il ne fait que le 7,5 % de la population et occupe
le même rang aussi en 1897. Mais cette différence entre
l'Ukraine austro-hongroise et l'Ukraine russe n'existe
qu'en apparence. Une différence réelle dans la densité de
la population juive n'existe que dans l'Ukraine qui se
trouve sur la rive droite du Dnipr et celle qui se trouve
sur la rive gauche de ce fleuve, sans tenir compte des
frontières politiques. On sait que l'Ukraine de la rive gau-
che est un de ces territoires dans lesquels le gouverne-
ment impérial avait défendu aux Juifs de s'établir ; c'est
pourquoi leur pourcentage y est fort petit : 2,1 %. En re-
79
vanche il s'élève dans l'Ukraine de la rive droite à
12,6 %, c'est-à-dire il égale tout à fait au pourcentage des
Juifs dans l'Ukraine autrichienne. Les Juifs sont le plus
nombreux dans les parties ukrainiennes des districts de
Szigeth et de Vyskovo (Visk) du comitat de Marmaros
et dans les districts du gouvernement de Kholm. Le pre-
mier de ces trois districts accuse 24,5 % de Juifs, les deux
autres 23,4 %, ce qui est d'autant plus remarquable qu'il
n'y a point de grandes villes. Après eux viennent les dis-
tricts de Berdytchiv (23,1 %) du gouvernement de Kiev,
d'Odessa, dans le gouvernement de Kherson (22 % de
Juifs), ensuite la partie ukrainienne du district de Czer-
novitz en Boukovine (21,4 %), puis le district de Berestie
dans le gouvernement de Grodno (20,8 %) et celui de
Pinsk du gouvernement de Minsk (19,5 %) ; enfin en
Galicie les districts de Lemberg (ensemble avec la ville
de Lemberg 19,3 %), Kolomya (19,1 %), Stanislaviv
(18,8 %), Vyjnytzia en Boukovine (18,9 %) et le secteur
ukrainien du district de Stropko dans le comitat de Zem-
plén (17,6 %). Les Juifs sont, d'autre part, le moins nom-
breux dans les secteurs ukrainiens des gouvernements de
Voronije, Koursk, Stavropil, Kouban et dans le dis-trict
de Tahanroh du territoire du Don où ils n'atteignent pas
même le 0,1 %. Au gouvernement de Kharkiv ils forment
à peine le 0,5 % de la population.
Après les Juifs viennent, en troisième lieu, les Polo-
nais. On en compte, pour tout le territoire de l'Ukraine
ethnographique, 2,079,500, soit 4,5 % de la population to-
tale. Ils sont répandus fort irrégulièrement. Dans l'U-
kraine hongroise il n'existe point de Polonais du tout.
Dans l'Ukraine russe leur nombre dépasse 809,000, soit
2 % de la population. Dans l'Ukraine autrichienne il sont
le plus nombreux, soit 1,270,400, c'est-à-dire 21,8 %. Là
80
encore il existe une différence très prononcée entre la
Boukovine et la Galicie. En Boukovine il n'y a que très
peu de Polonais, en tout 27,000 ou 5 % de la population ;
par contre, leur pourcentage devrait, en Galicie, s'élever
jusqu'à 23,1 %. Nous disons, notez bien, «devrait s'éle-
ver» ; car il faut songer ici à la réserve faite dans la pre-
mière partie de cette enquête. Vu le peu de valeur des in-
dications officielles sur la statistique nationale en Gali-
cie nous avons dû, n'ayant pas d'autre fondement, nous
baser sur la statistique des confessions. Or, si nous som-
mes arrivés, pour l'Ukraine galicienne, à un chiffre de
Polonais de 1,243,370, celui-ci n'indique que le nombre
des catholiques-romains dont la plupart sont des Ukrai-
niens qui n'emploient pas la langue polonaise et l'ignorent
même le plus souvent. Ce n'est que le manque d'indica-
tions statistiques positives concernant le vrai nombre des
Polonais en Galicie qui nous a forcés de classer tous les
catholiques-romains parmi les Polonais. Ceux-ci sont le
plus fréquents dans le territoire de la ville de Lemberg où
ils forment la majorité absolue, soit le 50,3 %. Ici tous
les catholiques-romains, eux aussi, sont des Polonais. Il
en existe aussi beaucoup au district de Lemberg (43,4 %)
où ils égalent presque les Ukrainiens. Mais dans ce dis-
trict on peut compter, déjà parmi les catholiques-romains,
pas mal d'Ukrainiens. Dans le district de Tomachiv du
gouvernement de Kholm le pourcentage des Polonais
n'est pas beaucoup plus petit (41,1 %). Le pourcentage
dans les autres districts ukrainiens de ce gouvernement
varie entre 14 % et 27,6 %. Viennent ensuite les districts :
Terebovla (39,4 %), Skalat (36,5 %), Bilsk (au gouverne-
ment de Grodno, 34,9 %), Tchesaniv (34,5 %), Tarnopil
(32,4 %) ; les secteurs ukrainiens des districts de Sanik
(32,1 %) et de Peremychl (31,8 %), Mostyska (31,8 %),
81
Zbaraje (31,6 %) et le secteur ukrainien de Bereziv
(31,4 % de Polonais). Nous voyons donc que Télément
polonais est le plus fort dans les districts adjacents à la
Pologne ethnographique dans la plaine et dans le coin
nord-est de la Podolie galicienne. En revanche les dis-
tricts montagneux de l'Ukraine galicienne les plus occi-
dentaux accusent un très petit pourcentage de Polonais,
ainsi par exemple les secteurs ukrainiens des districts de
Novytarg (0,5 %), Hrybiv (3,2 %), Gorlice (3,9 %), Ko-
rosno (5,5 %), laslo (9,9 %). Le même phénomène peut
s'observer aussi dans les contrées des Carpathes situées
plus vers l'est, dans les districts de Tourka (6 %), Skole
(8,3 %), Bohorodtchany (5,1 %), Petchenijyn (3,6 %) et
Kossiv (4,8 %).
Le quatrième des peuples non-ukrainiens, vivant dans
l'Ukraine, toujours d'après le chiffre de leurs populations,
ce sont les Allemands que nous évaluons à 871,270 âmes,
soit 1,9 % de la population totale de l'Ukraine. Ils ne vi-
vent nulle part très serrés mais disséminés à plusieurs
endroits du territoire. Il est intéressant de voir que le
pourcentage des Allemands dans l'Ukraine russe (2 %)
est plus grand que dans l'Ukraine autrichienne (1,2 %)
ou hongroise (1,2 %). Avec tout cela, leur pourcentage
comparé à celui du reste de la population dans l'Ukraine
russe n'a pas changé ces dernières années, dans l'Ukraine
austro-hongroise il a baissé même un peu, bien que très
légèrement. Dans certains districts de l'Ukraine russe le
pourcentage de l'élément allemand est même assez im-
portant. C'est dans le district d'Akerman du gouverne-
ment de Bessarabie (16,3 %) et dans le district de Kholm
(13,3 %) que les Allemands sont plus nombreux. A part
cela, nous trouvons encore un nombre assez important
d'Allemands dans les districts deLoutzk 12%), Novhorod
Kordouha 6
82
volynsky (10,9 %) et Jitomir (10,8 %) du gouvernement
de la Volhynie ; dans les districts d'Odessa (10,3 %) et
de Tyraspil (9,8 %) du gouvernement de Kherson, dans
celui de Rivne au gouvernement de Volhynie (8,9 %) ;
Berdiansk dans le gouvernement de Tauride (7,8 %) et
de Marioupil (7,5 %) du gouvernement de Katerinoslav.
Quant à l'Ukraine austro^hongroise, ce n'est que dans la
partie ukrainienne du district de Czernovitz en Boukovine
que les Allemands vivent plus ou moins nombreux
(9,7 %). C'est le district de Stryï qui accuse le plus fort
pourcentage d'Allemands en Galicie (4 %), dans l'Ukraine
hongroise c'est dans le district de Taraczviz dans le co-
mitat de Marmaros que l'élément allemand est le plus
nombreux (4,8 %). Nous pouvons donc facilement nous
rendre compte que les colons allemands ont donné la
préférence d'une part au pays de Kholm et à la Volhynie,
d'autre part au territoire de la Mer-Noire ou à la contrée
dite Nouvelle^Russie. Dans les autres régions ils se per-
dent dans la grande masse de la population ukrainienne.
Voilà, pour ainsi dire, les principaux peuples de
l'Ukraine ethnographique, non seulement par rapport au
nombre, mais aussi parce que nous les rencontrons dans
toute l'étendue de notre territoire ou au moins dans sa
plus grande partie. A côté d'eux l'Ukraine ethnographique
héberge encore quelques autres petits peuples dont aucun
n'atteint le 1 % de la population ukrainienne. Ceux qui
occupent, sous ce rapport, la première place ce sont les
Roumains (de la Moldavie). On évalue leur nombre dans
l'Ukraine à 435,240 âmes, c'est-à-dire à 0,9 % de la popu-
lation. Dans l'Ukraine hongroise il y en a 500 à peine.
En Galicie on ne rencontre point de Roumains du tout,
par contre ils atteignent le 6,8 % dans l'Ukraine de la
Boukovine. Dans l'Ukraine russe ils sont le plus nombreux
83
au district de Tyraspil (gouvernement de Kherson
(24,9 %) et aux districts de Khotin (23,8 %) et d*Akerman
(16,4 %) du gouvernement de Bessarabie. Ils sont assez
nombreux aussi dans les districts d'Ananiïv (13,5 %) et
d'Elisavethorod (6 %) du gouvernement de Kherson. Des
colonies roumaines se rencontrent encore dans les dis-
tricts de Balta (4,5 %) et d'Olhopil (2,9 %) du gouverne-
ment de lo Podolie, dans le district de Bakhmout du gou-
vernement de Katerinoslav (1,9 %) et même dans celui
de Taman du pays de Kouban (1 %). Les Bulgares
(159,240 âmes = 0,3 %) forment des groupes plus ou
moins importants au district d'Akerman du gouverne-
ment de Bessarabie (21,3 %) et district Berdiansk
de la Tauride (10,1 %), ils sont moins nombreux
déjà dans les districts de Tyraspil (3,3 %) et d'Odessa
(1 %) du gouvernement de Kherson. Les Grecs (104,780
âmes, 0,2 %) vivent principalement au district de Mariou-
pil du gouvernement de Katerinoslav où ils font le 19 %
de la population, ensuite aux districts de Taman (4 %) et
de Katerynodar (1,4 %) du pays de Kouban et enfin au
district d'Odessa du gouvernement de Kherson (1 %),
Les Arméniens (49,400 âmes, 0,1 %) habitent le district
de Rostiv du territoire du Don (6,9 %), le secteur ukrai-
nien du gouvernement de Stauropil (1,6 %) et enfin le
district de Katerynodar du pays de Kouban (1,1 %). Men-
tionnons encore, pour finir, que 37,780 Tchèques habi-
tent le gouvernement de la Volhynie où ils font le 5,3 %
de la population du district de Doubno ; 32,960 Magijars
dans l'Ukraine hongroise ; 27,570 Circassiens — le district
de Katerynodar du pays de Kouban où ils font le 6,6% de
la population totale ; 23,240 Tatares — le district de Ma-
rioupil du gouvernement de Katerinoslav (6,1 %) ; 22,570
Turques — le district d'Akerman du gouvernement de
84
Bessarabie (3,9 %) et celui de Marioupil du gouvernement
de Katerinoslav (2,1 %) ; 12,570 Slovaques — les comitats
ouest de l'Ukraine hongroise ; et enfin environ 10,000
Blanc-Ruthènes — le district de Bila du gouvernement
de Grodno et peut-être encore sporadiquement le district
de Pynsk.
Statistique de la population
dans les limites ethnographiques
de l'Ukraine.
86
Statistique de la population dans les
Pays,
gouvernements
et districts
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Ukraine russe
Gouv. Kholm
Kholm
2,139.3
167,105
41.9
6.3
27.6
10.9
13.3
—
—
—
Bila
2,022.2
107,843
55.5
5.0
15.7
23.4
—
—
—
—
Volodava ....
1,861.9
115,790
62.6
2.4
14.8
15.5
4.7
—
—
—
Hroubechiv . . .
1,660.7
138,562
55.7
1.9
25.9
16.2
—
—
—
Konstantyniv . . .
1,470.3
60,854
68.4
2.4
14.2
14.9
—
—
—
—
Tomachiv ....
1,301.3
113,108
44.1
2.6
41.1
12.2
—
—
—
—
Total
10,455.7
703,262^)
52.6
3,7
24.4
15.3
4.0
—
—
—
Gouv. Grodno
District Bilsk . . .
3,562.0
164,441
39.1
5.9
34.9
14.9
_
4.9«)
Berestie .....
4,880.9
218,432
64.4
9.9
3.9
20.8
—
—
—
—
Kobryn
5,258.4
184,453
79.6
4.0
2.2
13.7
—
—
—
—
Total
13,701.3
567,326
61.0
6.7
12.1
16.5
—
—
—
1.4»)
Gouv. Minsk
District Pynsk . .
11,866.4
230,763
74.3
3.3
2.6
19.5
—
—
—
—
Mozyr (partie mérid.)
8,087.5
90,580
79.4
1.7
2.1
16.4
—
—
—
—
Total
19,953.0
321,343
75.83)
2.8
2.4
18.3
—
—
—
—
Gouv. Yolhynie
Jytomir
7,700.3
433,859
62.4
5.9
5.7
14.3
10.8
—
—
—
Volodymyr-Vol. . .
6,430.0
277,265
72.1
2.7
8.4
10.4
5.7
—
—
0.6
Doubno
3,958.5
195,058
68.2
4.5
6.5
11.5
3.6
—
—
5.3
Zaslav
3,476.8
208,742
76.9
1.7
7.0
13.3
0.8
—
—
—
Kovel. .....
7,382.3
211,493
78.5
3.8
4.6
11.9
0.9
—
—
—
Kremenetz ....
3,328.8
219,934
80.7
3.4
3.0
12.3
—
—
—
—
Loutzk
7,467.8
ent de 1900
252,550
57.0
5.2
9.7
14.1
12.0
—
—
1.5
») D'après le recensem
*) Ruthèn
es-Blancs.
87
iimiles ethnographiques de l'Ukraine.
Nombre de
population
d'après le cal-
cul de 1914
Dont
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194,300
81,410
12,240
53,630
21,180
25,840
90.8
i4§,100
78,870
7,110
22,310
33,250
—
—
—
71.5
120,800
75,620
2,900
17,880
18,720
5,680
—
—
—
64.9
170,500
94,970
3,240
44,160
27,620
—
—
—
102.7
92,000
62,930
2,210
13,060
13,710
—
—
62.6
122,100
53,850
3,170
50,180
14,900
—
—
—
—
93.8
841,800
447,650
30,870
201,220
129,380
35,520
—
—
80.5
210,300
82,230
12,410
73,400
31,330
10,3002)
59.0
270,300
174,080
26,760
10,540
56,220
—
—
—
—
55.4
235,000
187,060
9,400
5,170
32,200
—
—
—
—
44.7
715,600
443,370
48,570
89,110
119,750
—
—
10,300»)
52.2
333,600
247,860
11,010
8,670
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108,060
2,310
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22,320
—
—
—
—
16.8
469,700
355,920
13,320
11,530
87,370
—
—
—
—
23.5
611,000
381,260
36,050
34,830
87,370
65,900
79.4
381,300
274,920
10,300
32,030
39,660
21,730
—
2,290*)
59.3
274,200
187,500
12,340
17,820
31,530
9,870
—
14,530
69.3
274,500
211,090
4,670
19,220
36,510
2,200
—
—
—
78.9
293,100
230,080
11,140
13,480
34,880
2,640
—
—
39.7
302,200
243,880
10,270
9,070
37,170
—
—
—
—
91.0
360,100
205,500
18,730
34,930
50,780
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Ruthènes-Blancs dans la f
5tati8ti(iue offlcleUe. •) Tchèqi
88
T>n«-r
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II
Nombre de po-
pulat. d'après
la statistique
de 1897 (Russie)
et 1900 (Autr.-
Hon^rie)
Dont en V»
Fays,
gouvernemeuts
et districts
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1
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05
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g
'S
s
1
1
"3
<
Novhorod-Vol. . .
7,205.0
348,950
65.5
2.4
5.2
15.6
10.9
Ovroutch ....
10,554.4
205,390
83.4
4.1
1.4
10.6
1.2
—
—
Ostroh
3,065.9
169^351
76.7
2.5
6.6
10.8
1.5
—
—
1.6
Rivne
8,611.1
273,001
60.5
3.5
9.2
16.0
8.9
—
—
1.7
Starokonstantyniv .
2,556.2
193,889
76.9
2.9
5.6
14.3
—
—
—
—
Total
71,735.9
2,989,482
70.1
3.5
6.2
13.2
5.7
—
—
0.9>)
Gouv. Podolie
Kamenetz ....
2,884.0
266,350
79.0
4.1
2.7
13.9
—
—
—
—
Balta . .
7,765.8
391,018
76.9
3.9
0.9
13.6
—
4.5
—
—
Bratzlav
3,079.8
241,868
82.6
3.3
2.0
11.6
—
—
—
—
Vynnytzia
2,980.8
248,314
74.5
7.2
5.1
12.4
—
—
—
Haïssyn .
3,382.9
248,142
86.3
1.9
1.2
10.4
—
—
—
—
Letytchiv
2,699.0
184,477
80.8
3.7
1.7
13.2
—
—
—
—
Lityn. .
3,321.8
210,502
83.1
3.1
2.1
11.4
—
—
—
Mohyliv .
2,746.0
227,672
80.5
2.8
1.9
14.5
—
—
—
Olhopil .
4,007.9
284,253
81.6
2.2
1.4
11.5
2.9
—
—
Proskouriv
2,690.9
226,091
78.2
2.9
6.4
12.1
—
—
—
—
Ouchytza
2,840.1
223,312
84.6
2.3
1.2
11.4
.—
—
—
—
Yampil .
3,617.9
266,300
85.7
1.8
1.8
10.4
—
—
—
~
Total
42,016.9
3,018,299
80.2
3.3
2.3
12.2
—
0.9
—
—
Gouv. Kiev
Kiev
5,653.9
541,483
56.2
27.3
3.4
11.1
1.1
—
—
—
Berdytchiv . .
3,410.9
279,695
67.1
3.7
5.8
23.1
—
—
—
—
Vassylkiv . .
4,132.1
315,823
83.6
2.3
1.3
12.1
—
—
—
—
Zvenyhorodka
3,465.1
274,704
88.0
1.4
—
9.7
—
—
—
—
Kaniv . . .
3,259.6
268,860
88.7
1.1
—
9.7
—
—
—
—
Lypovetz . .
2,891.2
211,825
82.0
1.1
1.9
15.0
—
—
—
—
Radomysl . .
9,600.6
315,629
78.4
3.9
1.9
13.1
2.3
—
—
—
Skvyra . . .
3,722.6
251,257
83.5
1.3
2.4
12.5
—
—
—
—
Tarastcha . .
3,328.0
245,752
87.6
1.2
1.8
9.4
—
—
—
—
Ouman . .
4,295.0
320,744
85.4
1.8
0.9
11.7
—
—
—
—
^) Tchèque
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89
Nombre de
population
d'après le cal-
cul de 1914
Dont
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1
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92
O
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485,200
317,810
11,630
25,230
75,690
52,890
67.3
307,500
256,460
12,610
4,310
32,700
3,690
—
—
29.1
244,500
187,530
6,110
16,140
26,400
3,670
—
—
3,910
79.7
391,000
236,550
13,690
35,970
62,590
34,790
—
—
6,650
45.4
264.400
203,500
7,670
14,210
37,810
—
—
—
—
103.4
4,189,000
2,936,080
155,210
257,240
553,090
240,680
—
—
37,750^)
58.4
352,300
278,320
14,440
9,510
48,970
122.1
537,800
413,670
20,970
4,840
73,140
—
24,200
—
—
69.2
322,900
266,720
10,660
6,460
37,460
—
—
—
—
104.9
346,200
257,920
24,930
17,660
42,930
—
—
—
—
116.1
333,600
287,900
6,340
4,000
34,700
—
—
—
98.7
245,900
198,690
9,100
4,180
32,460
—
—
—
—
91.1
283,700
235,760
8,800
5,960
32,340
—
—
—
—
85.4
300,600
241,980
8,420
5,710
43,590
—
—
—
—
109.5
378,100
308,530
8,320
5,300
43,480
—
10,970
—
—
94.3
307,300
240,330
8,910
19,670
37,180
—
—
—
—
114.2
294,800
249,400
6,780
3,540
33,610
—
—
—
—
103.8
364,100
303,460
6,370
6,370
36,830
—
—
—
—
97.8
4,057,300
3,282,680
134,040
93,200
496,690
—
35,170
—
—
96.5
895,700
503,380
244,530
30,450
99,420
9,850
158.4
383,400
257,260
14,190
22,240
88,570
—
—
—
—
112.4
401,100
336,240
9,220
5,210
48,520
—
—
—
—
97.0
354,110
311,610
4,960
—
33,850
—
—
—
—
102.2
341,000
302,470
3,750
—
33,080
—
—
—
—
104.6
271,000
222,220
2,980
5,150
40,650
—
—
—
93.7
418,700
328,260
16,330
7,950
64,850
9,630
—
—
—
43.6
311,î)00
260,440
4,050
7,490
38,990
—
—
—
—
83.8
303,200
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6,460
28,500
— .
—
—
—
91.1
416,200
355,440
7,490
3,750
48,700
—
—
—
—
96.9
•) Tchèq
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1
90
Pays,
gouvernements
et districts
li
Nombre de po-
pulat. d'après
la statistique
de 1897 (Russie)
et 1900 (Autr.-
Hongrie)
Dont en •/«
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Tcherkassy . . .
3,924.6
307,542
84.9
1.3
9.8
_
_
_
_
Tchyhyryn. . . .
3,273.7
225,915
89.4
1.5
—
8.6
—
—
—
—
Total
50,957.3
3,559,229
79.2
5.9
1.9
12.1
0.4
—
—
—
Gouv. Tchernyhiv
Tchernyhiv . . .
3,672.0
162,123
86.2
6.7
—
7.6
—
—
—
Borzna
2,802.7
146,595
93.8
0.7
—
2.5
3.0
—
—
_
Hlouchiv
3,091.5
142,661
91.6
4.2
—
3.9
—
—
—
Horodnia ....
4,014.9
153,040
86.8
8.2
4.6
—
—
—
—
Kozeletz
3,102.2
135,129
95.3
1.0
—
3.5
— .
—
—
—
Konotop
2,410.6
156,535
90.9
3.8
—
4.9
—
—
—
—
Krolevez ....
2,693.3
131,089
96.3
0.7
—
3.0
—
—
—
—
Novhor. Siversky .
3,889.1
146,236
91.1
4.2
—
4.4
—
—
—
—
Nijyn
3,817.9
168,718
91.8
1.9
—
5.9
—
—
—
—
Oster
4,542.2
150,358
92.5
1.8
—
2.5
—
—
—
—
Sosnytzia ....
4,297.7
170,057
94.2
1.2
—
4.5
—
—
—
—
Total
38,334.1
1,662,541
91.8
3.2
—
4.5
0.3
—
—
—
Gouv. Poltava
Poltava
3,388.1
227,795
88.2
5.8
5.1
Hadiatch ....
2,460.8
142,806
96.9
0.6
2.4
—
—
Zinkiv .....
2,250.4
4,425.2
140,304
227,594
98.1
95.6
0.6
1.0
—
1.3
3.4
—
—
—
—
Zolotonocha . . .
Kobyliaky ....
3,672.5
217,875
97.3
1.0
—
1.6
—
—
—
—
Konstantynohorod .
6,078.9
230,310
86.1
11.9
—
0.9
1.1
—
—
—
Krementchoug- . .
3,429.0
244,894
80.3
5.7
—
13.1
—
—
—
—
Lokvytzia ....
2,640.7
150,985
95.8
1,0
—
3.1
—
—
—
—
Loubni . .
2,343.8
136,613
95.0
1.5
—
3.3
—
—
—
—
Myrhorod
2,659.1
157,790
97.1
0.9
—
1.9
—
—
—
—
Pereiaslav
4,091.3
185,306
93.8
0.8
—
5.3
—
—
—
—
Pyriatyn
3,267.9
163,505
95.2
1.0
—
3.8
—
—
—
—
Piylouka
3,274.5
192,502
94.6
1.0
—
4.3
—
—
—
—
Romny .
2,600.5
3,310.8
186,497
173,375
93.5
96.6
1.8
1.0
I
4.2
2.3
__
—
Khorol .
Total
45,893.5
2,778,151
93.0
2.6
—
4.0
0.2
—
—
—
91
Nombre de
population
d'après le cal-
cul de 1914
Dont
k
«2
es
S
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S
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1
1
'o
i
1
<
402,400
341,640
5,230
39,430
102.5
293,900
262,750
4,410
—
25,280
—
—
89.8
4,792,600
3,746,310
320,780
87,700
579,840
19,480
—
—
—
94.0
210,400
181,370
11,990
15,990
_
57.3
187,300
175,690
1,310
4,680
5,620
—
66.8
187,700
171,930
7,880
7,320
—
—
60.7
207,400
180,020
17,010
9,540
—
—
—
51.5
173,000
164,870
1,730
6,050
—
—
—
55.7
210,900
191,710
8,010
—
10,330
—
—
87.5
178,900
172,280
1,250
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5,370
—
66.4
204,700
186,480
8,590
9,010
—
52.6
235,100
215,820
4,470
13,870
_
61.6
214,300
198,230
3,860
5,360
—
—
47.2
225,000
211,950
2,700
—
10,780
—
—
—
—
52.4
2,234,700
2,050,350
68,800
—
98,300
5,620
—
—
58.3
311,200
274,480
18,050
15,870
91.9
195,300
189,250
1,170
—
4,690
—
—
—
79.3
18f),400
182,860
1,120
—
2,420
—
—
—
82.8
299,000
285,840
2,990
—
10,170
—
—
67.6
311,600
303,190
3,120
—
4,990
—
—
84.8
327,500
281,980
38,970
—
2,950
3,600
—
53.9
337,500
271,010
19,240
44,210
98.4
200,400
191,970
2,000
—
6,210
—
—
75.9
190,400
181,000
2,860
—
6,280
—
—
82.3
207,500
201,480
1,870
—
3,940
—
—
78.0
245,f)00
230,370
1,960
—
13,020
—
—
—
60.0
233,100
221,910
2,330
—
8,860
....
—
—
71.3
259,100
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—
11,140
—
—
79.1
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231,130
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—
10,380
—
—
—
95.0
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—
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—
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—
72.6
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—
150,660
7,580
—
—
76.0
92
"r»_ _
Nombre de po-
pulat. d'après
la statistique
de 1897 (Russie)
et 1900 (Autr.-
Hongrie)
Dont en «/o
Pays,
gouvernements
et districts
co
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kiv
3,306.0
2,778.5
3,149.3
2,439.2
3,987.3
5,567.8
7,727.8
6,907.7
3,098.9
12,342.9
3,187.2
348,488
161,243
159,806
144,322
166,787
231,491
280,474
234,182
178,144
359,285
228,094
54.9
87.6
88.2
97.2
74.8
63.7
86.2
86.6
95.3
83.4
92.0
39.7
11.8
11.5
2.6
25.0
35.2
12.1
13.2
4.4
16.2
7.2
1.2
2.9
_
1.5
~
—
__
Total
Gouv. Koursk
Hraïvoron ....
Novy-Oskol ...
Poutyvl
Soudja (parlie méridionale)
54,492.6
3,065.4
3,198.7
2,866.1
1,400.8
2,492,316
177,479
157,849
164,433
75,132
80.6
58.8
51-0
52.5
70.0
17.7
40.9
48.9
46.9
SO.O
0.2
0.5
0.4
—
—
Total
Gouv. Voronij
Birutch
Bohoutchar . . .
Valouïky ....
Ostrohojsk ....
Pavlovsk (partie) .
10,531.0
4,399.7
9,671.3
4,637.1
8,080.3
2,102.1
574,593
200,668
309,965
188,113
273,837
78,682
56.6
70.2
81.8
51.6
90.3
80.0
43.4
29.8
18.2
48.4
9.4
20.0
—
_
—
—
—
-
Total
Territoire du Don
Rostiv
Tahanroh ....
28,890.5
6,898.3
13,963.0
1,051,265
369,732
412,995
76.2
33.6
61.7
22.6
53.7
32.6
—
3.3
1.3
4.6
—
—
6.9
Total
20,861.4
782,727
48.4
42.3
—
1.6
2.9
■
—
3.3^)
*) Arméniens.
93
Nombre de
population
d'après le cal-
cul de 1914
Dont
Densité par
1 km»
f
J
1
o
•M
'3
•-5
os
1
a
<
•S
S
o
.2
s
1
<
510,200
204,100
207,700
193,900
234,100
309,600
399,100
325,200
232,300
485,400
315,200
280,100
178,780
183,190
187,480
175,110
197,220
344,020
281,620
221,380
404,820
289,990
202,550
24,080
23,890
5,140
58,530
108,980
48,290
42,940
10,220
78,630
22,700
6,120
14,800
6,000
—
—
—
154.3
73.5
65.9
80.0
58.7
55.6
51.6
47.1
75.0
39.3
98.6
3,416,800
251,600
208,100
218,700
101,850
2,743,710
147,940
106,130
114,820
71,300
625,950
102,800
101,760
102,570
30,550
6,840
17,100
13,670
—
62.7
82.1
65.1
76.3
72.7
780,250
286,300
445,000
273,000
398,800
116,850
440,190
200,770
364,010
140,870
360,220
93,440
337,680
85,230
80,990
132,130
37,500
23,360
—
—
—
—
—
—
75.0
65.1
46.0
58.9
49.3
66.6
1,519,960
559,1K)0
63(),700
1,150,310
188,130
392,840
349,210
300,660
207,660
—
18,480
7,280
29,290
—
—
38,640
62.6
81.2
46.6
67.4
1,196,600
1
680,970
608,220
—
19,160
36,670
—
—
39,490»)
') Armer
dens.
1
94
Pays,
gouvernements
et districts
Surface
en km*
Nombre de po-
pulat. d'après
la statistique
de 1897 (Russie)
et 1900 (Autr.-
Hongrie)
Dont en •/•
*3
1
.2
Oh
1
eâ
B
<
os
g
S
1
M
<
Gouv. Stavropil
Blahodarne . . .
9,721.1
—
—
—
—
—
—
—
Sviatohochresta . .
7,676.4
246,644
50.8
45.7
—
—
0.8
—
—
1.6
Total
17,397.5
246,644
50.8
45.7
—
—
0.8
—
1.6^)
Territoire de Kouban
Katerynodar . . .
8,373.2
245,173
51.8
34.7
—
—
—
—
—
10.6=)
Yeïsk
13,801.3
277,300
74.0
24.1
—
—
—
—
—
—
Kavkask ....
15,865.3
249,182
45-8
51.8
—
1.6
—
—
—
Taman
16,129.6
342,976
75.2
17.3
—
1.0
—
4.0»)
Total
53,160.5
1,114,631
63.2
30.5
—
—
0.3
0.3
3.7*)
Gouv. Tauride
Berdiansk ....
8,764.9
304,718
58.8
18.6
—
2.6
7.8
—
—
10.1»)
Dniprovsk ....
13,035.4
212,241
73.6
21.3
—
3.0
1.3
—
—
—
Melitopil ....
13,246.0
384,239
54.9
33.7
—
4.2
5.2
—
—
—
Total
35,064.3
901,198
60.6
25.6
—
3.5
5.2
—
—
3.5«)
Gouv. Katerynoslav
Katerynoslav . . .
7,523.8
357,207
55.7
22.2
2.2
13.0
5.8
—
—
—
Oleksandrivsk . .
10,015.6
271,678
82.5
6.9
—
5.1
5.2
—
—
—
Bakhmout ....
9,224.3
332,478
58.2
31.9
—
2.8
3.8
1.9
—
—
Verkhnedniprovsk .
7,015.0
211,674
90.3
4.8
—
2.6
2.1
— —
—
Marioupil ....
9,177.6
254,056
46.1
14.7
—
4.5
7.5
—
—
27.2«)
Novomoskovsk . .
6,531.3
260,368
93.2
3.8
—
1.4
1.3
—
—
~
Pavlohorod . . .
8,815.5
251,460
79.7
14.6
—
2.9
2.3
—
—
—
Slavianoserbsk . .
5,089.8
174,753
50.5
46.3
—
1.5
—
—
1
—
Total
63,392.9
*) Grecs 1.4,
440 (1.3), An
2,113,674
68.9
17.2
0.6
4.7
3.8
0.4
3.7 '«)
*) Arméniens.
•) Grecs. ») Grecs 23
Arméniens 1.1, Circassiens 8.1. *) Grecs 4.0.
nenlens 3,800 (0.2), Circassiens 27,570 (1.6) •) Bulgares.
") Grecs 72,390, Turques 8,000,
95
Nombre de
population
d'après le cal-
cul de 1914
Dont
a-
■2 S
Q
5C
B
'S
•s
ë
03
S5
1
o
03
1
1
©
<
c
•s
S
1
ce
p
S)
o
CQ
£
1
272,600
248,100
218,640
4,100
6,110
28.0
219,900
50.4 7o
44.4 7o
—
—
0.9 7o
—
—
1.2 7o
28.6
28.3
492,500
248,100
218,640
—
4,100
—
6,110»)
50.4 7o
44,4 7o
0.9 7o
1.2 7o
415,700
1
214,130
51.5 7o
146,800
35.5 7o
—
—
—
—
36,150^)
49.6
427,500
301,360
70.5 7o
113,130
26.5 o/o
—
—
~
—
31.0
422,900
197,730
46.8 7o
208,710
49.4 7o
6,240
15 7o
—
—
20.4
497,700
365,240
73.4 7o
94,360
18.9 7o
—
—
4,800
0.9 7o
18,500«)
3.7 7»
30.9
1,763,800
1,078,460
563,000
—
6,240
4,800
53,810')
32.6
61.2 7o
31.9 7o
0.3 7o
0.2 7o
3.1 7o
442,500
260,190
82,410
11,610
34,520
44,690«)
50.5
330,000
242,880
70,290
—
9,900
4,290
—
—
25.3
551,600
302,830 185,890
—
23,170
28,680
—
—
—
41.6
■L:3éiA.MMX
805,900
338,590
44,680
67,490
—
44,690»)
37.8
600,300
334,370
133,270
13.210
78,040
34,820
_
_
79.8
431,800
356,240
29,790
—
22,020
22,450
—
—
—
43.1
550,600
320,450
175,640
—
15,420
20,920
10,460
—
59.7
326,100
294,470
15,650
—
8,180
6,850
—
—
46.5
381,100
175,640
56,010
—
17,150
28,580
103.6ÏÛ")
41.5
415,(X)0
386,780
15,770
—
5,810
5,400
—
—
63.5
408,300
325,420
59,610
—
11,840
9,390
—
—
46.3
342,400
172,910
168,630
—
6,130
—
—
—
67.3
3,455,600
2,366,280
644,270
20,730
rcassien?
l'atares 8
163,590
128,410
13,020
—
103,670")
54.6
•) Grecs
*) Grecs
Tatares
1.6, Armeni
19.0, Turqi
23,240.
ens 0.3, ('
les 2.1, '
1 1.8. •) Grecs 4
1. '•) Grec
1,880 (1.2), Clrcasslons 27.670 (6.6). 1
8 2.8. Turques 0.3, Tatares 1.1. 1
96
Pays,
gouvernements
et districts
le
Nombre de po-
pulHt. d'après
la statistique
de 1897 (Russie)
et 1900 (Autr.-
Hongrie)
Dont en Vo 1
a
a»
1
i
:3
a
o
o
eu
a
i
<
B
1
2
os
1
Gouv. Kherson.
Kherson
19,137.9
587,804
55.1
26.7
0.9
11.6
3.5
0.8
—
Ananiïv . - . . .
9,041.5
265,762
62.0
11.1
—
8.3
3.8
13.5
—
Yelyssavet (hrad) .
Odessa
15,889.0
9,749.6
613,283
610,042
66.1
21.9
16.2
37.7
3.0
9.2
22.0
0.9
10.3
6.0
1.0
—
2.0»)
Oleksandria . . .
9,810.2
416,576
85.1
9.9
—
3.7
—
—
—
—
Tyraspil
7,170.4
240,145
33.3
17.1
—
9.9
9.8
24.9
—
3.32)
Total
70,798.6
2,733,612
53.5
21.1
1.1
11.8
4.5
5.4
—
1.2')
Gouv. Bessarabie.
Akerman ....
8,003.4
265,247
26.7
9.7
—
4.6
16.3
16.4
—
25.2')
Khotyn
3,985.2
307,532
52.3
6.3
—
15.6
23.8
—
—
Total
11,988.6
572,779
41.0
7.8
—
10.5
7.6
20.3
—
11.6»)
Ukraine.
Total
664.635
27,183.072
72.6
13.0
2.0
7.5
2.0
0.9
—
2.0
Galicie.
Neu-Markt (part.) ''')
54.9
2,408
98.5
—
1.1
0.4
—
—
—
Novy-Santch (pari.) '')
392.7
21,145
76.7
—
15.0
7.4
0.7
—
—
—
Hrybiv (Grybow) .
(partie) '^)
190.1
10,122
94.1
—
3.2
2.7
—
—
—
—
Horlyci (Gorlice) .
(partie) ^'-)
442.2
21,456
92.7
—
3.9
3.1
—
—
—
Yaslo (partie) '^) . .
201.9
8,736
87.7
—
9.9
2.4
—
—
—
—
Krosno (partie) ^^) .
191.5
8,389
91.9
—
5.5
2.6
—
—
—
—
Sianik (Sanok) . .
(partie) ^«)
1,098.2
ecs 1.0. l
») Bulgares
trict Mouch
du district
lu district ]
86,848
60.3
—
30.0
9.3
—
—
—
*) Bulgares 1.0, Gr
res 21.3, Turques 3.9.
ChUakhtova. ") Dis
") Partie méridionale
") Partie méridionale (
Bulgares 3.3. ») Bu
80,580, Turques 14,750.
yna (entier et 8 comm
Horlytzi 20 commune
Doukla (14 communes).
Igares 0.9, Grecs 0.3. ») Bul-
») Bulgares 9.8, Turques 1.8.
unes dans le district de Neu-
3. ") Partie méridionale du
") Excepté six communes
97
Nombre de
population
d'après le cal-
cul de 1914
Dont
es
f
75
'3
1
o
0^
'B
i
1
00
a
es
i
o
1
a
o
a
4
822,600
453,250
219,630
7,400
98,900
28,790
6,580
43.0
371,800
230,520
41,270
—
30,860
14,130
50,190
—
—
41.1
785,800
519,410
127,300
—
72,300
7,070
47,150
—
—
49.8
894,400
195,870
337,190
26,830
196,770
92,120
8,940
—
17,890*)
91.7
556,500
473,580
55,090
—
20,590
—
—
—
—
56.7
313,500
104,400
53,610
—
31,040
30,720
78,060
—
10,350^)
45.7
3,7:/4,600
1,977,030
834,090
41,520
450,550
172,830
100,920
—
42,920»)
53.3
378,300
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36,700
J
17,400
61,660
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_
95,330«)
46.3
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218,200
30,800
—
64,370
—
97,440
—
—
102.9
787,700
319,210
67,500
—
81,770
61,660
159,480
—
95,330«)
65.7
D
28,505.240
5.373.860
809.000
2.991.920
796.850
256.700
870.070
59.6
72%
13.6 7o
2.0 7o
7.5 7o
2 7o
0.9 7o
0.2 7o
2,060
2,050
99.5 7o
10
0.5 7o
—
—
—
—
—
37.5
21,910
16,430
75.0 7o
—
3,790
17.3 7o
1,690
7.7 7o
10
0.0 7o
—
—
—
55.8
9,600
9,300
94.1 7o
—
310
3.2 7o
260
2.7 7o
—
—
—
—
50.5
20,580
19,080
92.7 7o
—
800
3.9 7o
640
3.1 7o
—
—
—
—
46.5
7,960
6,980
87.7 7o
—
790
9.9 7o
190
2.4 7o
—
—
—
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—
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—
—
—
43.0
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54,000
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29,840
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—
—
—
—
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18 communes dani
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9 communes),
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98
Pays,
gouvernements
et districts
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Beresiv (partie) ') .
Peremychl (partie) ^)
Yaroslav (partie)^)
Lantzout (partie) *)
Lisko . . .
Dobromil .
Tzechaniv .
Yavoriv . .
Mostyska .
Sambir . .
Stary-Sambir
Tourka . .
Drohobytch
Skole . . .
Stry . . .
Jydatchiv .
Dolyna . .
95.2
939.1
861.2
45.8
1,831.6
886.6
754.6
948.1
725.0
1,458.4
1,456.2
1,268.8
659.4
936.0
2,497.5
9,481
136,543
61,895
3,863
95,362
68,987
79,568
78,002
79,184
96,215
56,859
71,057
134,056
49,771
66,737
74,158
105,262
63.8
53.6
68.2
78.0
71.2
67.5
53.6
79.2
61.0
63.1
77.2
85.9
66.2
77.5
62.5
75.1
73.3
31.4
4.8
—
—
—
30.-8
14.3
1.2
—
27.1
4.5
0.2
—
16.9
4.8
—
—
—
14.5
13.7
0.6
—
—
21.5
9.6
li
—
—
32.7
12.6
09
—
—
10.4
8.4
.t8
—
—
29.8
9.1
0.1
—
—
27.2
8.4
1.3
—
—
12.0
10.7
—
—
—
2.8
11.0
0.3
—
—
15.0
16.4
2.4
~~
—
7.9
10.3
3.6
—
15.7
16.1
5.7
—
—
13.8
9.5
1.5
—
—
9.1
13.2
4.3
—
—
*) 6 communes du district Dyiiiv et 5 communes du district Bereziv. *) Excepté 7
munes, district Radymno excepté 6 communes et district Syniava excepté Nelepkovitze.
99
Nombre do
population
d'après le cal-
cul de 19U
Dont
1:
2
1
.2
1
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a
ce
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'S
1
1
9,990
6,370
63.8 7o
—
3,150
31.470
480
4.8 7o
—
—
—
—
104.9
155,240
81,350
52.4 7o
—
49,370
31.8 7o
21,580
13.9 0/0
1.860
1.2 7o
—
—
165.1
68,880
46,220
67.1 7o
—
20,250
29.4 7o
2,620
3.8 7o
80
0.1 7o
—
—
80.0
3,670
2,870
78.0 7o
—
620
16.9 7o
180
4.8 7o
—
—
—
80.0
99,430
69,900
76.3 7o
—
14,920
15.0 7o
14,020
14.1 7o
600
0.6 7o
—
—
—
54.3
73,040
46,^10
64.C-/0
—
19,430
24.4 7o
7,670
10.5 7o
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1.1 7o
—
82.4
88,640
46,5"40
52.5 %
—
30,580
34.5 7o
11,080
12.570
440
0.5 7o
—
—
78.0
89,340
70,5âO
79.0 7o
—
11.260
12.6 7o
6,520
7.3 7o
980
1.1 7o
—
89.3
90,440
54,170
59.9 7o
—
28,760
31.8 7o
7,420
8.270
90
0.1 7o
—
—
110.9
110,810
67,480
60.9 7o
—
32,910
29.7 7«
9,190
8.2 0/0
1,230
1.270
—
—
116.9
62,000
46,130
74.4 7«
—
9,240
14.9 7o
6,630
10.7 7o
—
—
85.5
90,250
72,380
80.2 7o
—
5,400
6.070
12.220
13.6 7o
250
0.3 7o
—
—
61.9
182,980
109,060
59.6 7o
—
38,790
21.2 7o
31,470
17.2 0/0
3,660
2.0 7o
—
125.7
57,030
44,140
77.4 7o
—
4,730
8.3 7o
6,100
10.7 7o
2,050
3.6 7o
—
—
—
45.0
84,250
51,390
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—
16,010
19.0 7o
13,400
15.9 7o
3.370
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—
127.8
86,090
65,160
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—
12,650
14.6 7o
7,040
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1,250
1.5 7o
—
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92.0
1
1
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9.2 7o
13,160
11.3 7o
4,210
3.7 7o
~
46.6
«•ommun*
V 4 Cf. nu
ïn situées à
iinnefl daoH
l'ouest du difltrict Doubetz
le district Lejaysk (Doubn
ko. •) Dans 1h district Yaro8lav 7 com- 1
0, OJana, Joukhiv et Sylianka. |
100
Pays,
gouvernements
et districts
s ta
O 03 O lU '.
Dont en 7o
Kalouch . ,
Stanyslaviv
Bohorodtehany .
Nadvirna .
Tovmatch .
Kolomia . .
Kossiv . .
Petchenijyn
Sniatyn . .
Horodenka .
Rava-Rouska
Jovkva . .
Horodok . .
Lemberg (Ville) .
Lemberg (District)
Roudky ....
Bibrka ....
Peremychlany .
1,182.8
868.9
892.6
1,916.7
918.7
799.7
1,919.7
376.7
603.9
904.1
1,401.0
1,202.8
887.1
32.0
1,263.6
703.0
890.6
925.4
87,161
134,100
61,665
79,116
105,769
109,212
84,045
37,136
91,447
105,185
90,227
71,482
170,203
125,931
70,440
79,390
77,238
79.9
59.0
81.8
74.0
73.9
64.3
82.6
84.0
80.0
76.9
69.8
72.2
65.8
19.9
49.3
65.5
68.9
61.4
8.7
21.0
4.3
11.9
16.5
14.4
4.4
3.9
7.0
11.3
14.3
14.8
21.6
49.4
39.2
25.3
18.0
24.8
10.1
19.1
12.9
13.0
8.3
19.7
12.3
12.0
12.0
11.6
14.4
11.1
9.7
26.5
8.2
8.6
12.3
12.2
1.3
0.9
0.6
1.1
1.0
o.(i
0.9
1.1
1.7
2.7
3.0
2.9
0.2
0.3
1.4
101
Nombre de
population
d'après le cal-
cul de 1914
Dont
Q
00
a
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a
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1
1
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1
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100,500
81,100
80.7 7o
—
10,000
10.0 7o
8,404
8.4 7o
960
0.9 7o
—
—
—
85.0
165,260
95,190
57.6 7o
—
36,850
22.3 7o
31,070
18.8 7o
2,150
1.3 7o
—
—
—
190.2
71,800
59,950
83.5 7«
—
3,660
5.1 7o
7,750
10.8 7o
430
0.6 7o
—
—
—
80.4
94,130
69,660
74.0 7o
—
11,860
12.6 7o
11,860
12.6 7o
750
0.8 7o
—
—
—
49.1
119,160
87,110
73.1 7o
—
21.210
17.8 7o
9,891
8.3 7o
950
0.8 7o
—
—
129.7
129,540
80>t90
61.'m'7o
—
23,060
17.8 7o
24,740
19.1 7o
1,550
1.2 7o
—
—
—
161.9
86,330
71,910
88.3'7o
—
4,140
4.8 7o
9,760
11.3 7o
90
0.1 7o
• —
—
—
45.0
49,690
43,470
87.4 7o
—
1,770
3.6 7o
4,450
9.070
—
—
—
—
131.6
90,000
71,640
79.6 7o
—
7,290
8.1 7o
10,350
11.5 7o
720
0.8 7o
—
—
—
149.0
92,210
70,170
76.1 7o
—
11,800
12.8 7o
10,140
11.0 7o
—
—
—
—
120.0
118,380
82,090
70.1 7o
—
17,050
14.4 7o
17,170
14.5 7o
1,180
1.0 7o
—
—
—
84.5
102,480
74,810
73.070
—
16,090
15.7 7o
9,840
9.6 7o
1,740
1.7 7o
—
—
—
85.2
82,030
54,390
66.3 7o
—
18,700
22.8 7o
7,050
8.6 7o
1,890
2.3 7o
—
—
—
92.5
216,900
41,430
19.1 7o
—
109.100
50.3 7o
60,300
27.8 7o
5,900
2.7 7o
—
—
—
6.778.1
172,280
79,080
45.9 7o
—
74,770
43.4 7o
14,990
8.7 7o
3,100
1.8 7o
—
—
—
136.3
79,320
50,370
63.5 7o
—
22,050
27.8 7o
6,580
8.3 7o
320
0.4 7o
—
—
—
112.8
91,270
63,430
69.6 7o
—
17,070
18.7 7o
10,500
11.670
270
0.3 7o
—
—
—
102.6
89,370
64,680
62.3 7o
~~~
23,060
26.8 7o
10,830
11.070
800
0.9 7o
~"~
—
—
96.6
102
Pays,
gouvernements
et districts
"S
02 (D
O 00 ® ® '.
^2 s sis-
o s rt ©-s
Dont en •/«
Rohatyn . . .
Berejany . .
Pidhaïtzi . .
Boutchatch
Tchortkiv . .
Zalistchyky
Borchtchiv . .
Houssiatyn . .
Terebovla . .
Skalat . . .
Tarnopil . .
Zbaraje . . .
Zboriv . . .
Zolotchiv . .
Brody . . .
Kaminka-Stroumy-
lova . . .
Sokal
1,146.8
1,161.9
1,060.0
1,192.7
694.2
717.8
1,024.9
872.9
697.3
917.0
1,164.0
739.6
630.7
1,183.2
1,752.0
1.521,4
Total Galicié
54,577.1
108,416
95,164
88,035
123,704
71,981
77,641
109,220
93,854
77,212
91,763
131,632
67,383
54,397
108,619
138,170
104,094
100,155
71.4
61.2
63.1
59.5
63.1
73.7
69.0
60.3
51.7
51.7
55.3
62.0
69.6
62.0
62.3
60.8
66.4
4,731,651
64.9
16.1
27.0
27.5
27.6
25.0
13.9
n.9
26.3
37.7
33.6
29.5
30.4
17.4
23.9
20.1
23.1
18.4
12.4
11.5
9.3
12.9
11.4
12.2
13.1
13.4
10.4
14.6
15.0
7.5
12.4
13.5
17.4
116
14.8
0.1
0.3
0.4
0.2
0.0
0.2
0.3
0.5
0.1
2.1
0.3
21.1
12.81 1.0
i
I
103
Nombre de
population
d'après le cal-
cul de 19U
Dont
13
Q
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O
1
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1
129,930
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71.7 7o
—
22,610
17.4 7,
14,030
10.8 7o
130
0.1 7o
—
—
—
113.3
107,700
66,670
61.9 7o
29,840
27.7 7o
11,090
10.3 7o
100
0.1 7o
—
—
92.7
95,200
62,360
65.5 7o
25,420
26.7 7o
7,420
7.8 7o
—
—
—
89.8
142,680
79,760
55.9 7o
44,800
31.4 7o
17,980
12.6 7o
—
—
—
119.6
77,790
47,690
61.3 7o
21,780
28.0 7o
8,090
10.4 7o
230
0.3 7o
—
—
112.1
76,750
54,720
71.3'yo
12,750
16.6 7o
9,210
12.0 7o
—
—
—
—
106.9
109,350
75,c40
68.9 Vo
21,220
19.4 7o
12,790
11.7 7o
—
—
—
106.7
97,800
59,3^0
60.7 7o
27,000
27.6 7o
11,340
11.6 7o
—
—
—
112.1
82,200
42,330
61.5 7o
32,390
39.4 7„
7,400
9.0 7o
80
0.1 7o
—
—
117.9
97,280
48,920
50.3 7o
35,500
36 5 7o
12,830
13.2 7o
30
0.070
—
—
106.1
145,280
77,730
53.5 7o
47,070
32.4 7o
20,190
13.9 7o
290
0.270
—
—
124.8
72,730
44,290
60.6 7o
22,980
31.6 7o
5,460
7.5 7o
—
—
98.3
62,250
43,880
70.5 7o
11,950
19.2 7o
6,350
10.2 7o
60
0.1 7o
—
—
98.7
120,000
75,120
62.6 7o
30,600
26.5 7o
13,920
11.6 7o
360
0.3 7o
—
—
101.5
148,630
92,750
62.4 7o
32,250
21.7 7o
23,040
16.5 7o
160
0.1 7o
—
—
84.8
118,680
71,040
60.7 7o
29,200
24.6 7o
16,070
12.7 7o
2,200
1.7 7o
—
—
78.0
111,980
73,360
66.6 7o
■
21,610
19.3 7o
16,690
14.9 70
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—
—
83.9
5,378,660
3,416,000
63.6 0/^
I.243.W0
23,1 7o
661,490
12.3 7o
47,380
0.970
—
—
—
98.6
104
Pays,
gouvernements
et districts
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0^
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«
S
Boukovine.
Tchernivtzi (partie)
Vachkivci . . . .
Wyjnytzia . . . .
Zastavna . . . .
KimpoloTing (part.)O
Kitzman
Eadaoutz ....
Sereth (partie) . .
Storojynetz (partie)
Soutchava (partie) .
Total Boukovine
Ukraine hongroise.
Marmaros.
Vychova (partie) .
Voliv
Houst
(sans Vychkova)
Dovha ....
703.7
400.8
1,288.7
492.8
525.0
344.8
911.3
277.6
235.6
96.5
5,276.8
447.3
1,150.3
677.3
607.9
138,803
42,812
50,285
51,502
7,662
43,131
11,180
36,090
19,796
10,242
411,503
8,809
27,686
36,348
16,866
49.6
.
7.9
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9.6
0.0
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—
3.0
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0.5
0.3
—
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0.8
1.3
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0.5
—
88.2
—
2.0
9.3
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0.1
—
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—
3.0
12.3
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—
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—
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—
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—
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—
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—
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—
4.9
10.7
5.5
9.8
—
79.6
5.4
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3.4
1.7
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1.4
68.3
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4.1
15.6
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_
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0.5
1.4
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—
—
160
0.5
0.0
1.5
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—
—
15.4
0.1
0.1
8.1
84.6
—
~
10.2
0.9
0.0
1.8
*) Excepté enclave ukrainienne dans le district Stoulpikany.
105
Nombre de
population
d'après le cal-
cul de 1914
DOE
it
SI
G
O
O
0^
<
1
Ë
1
1
<
168,110
74,300
18,150
37,990
14,120
20,680
60
238.9
44.2 7o
10.8 7o
22.6 7o
8.4 7o
12.3 7o
0.070
42,120
34,540
—
1,680
5,340
270
230
—
—
105.1
82.0 Vo
4.0 7o
12.7 7o
0.7 7o
0.6 7o
57,120
43,640
340
1,200
10,800
910
90
—
—
44.3
76.4 7o '
0.6 7o
2.1 7o
18.9 7o
1.6 7o
0.2 7o
51,380
45,930
—
1,130
4,210
50
60
—
—
103.8
89,4 7o
2.2 7o
8.2 7o
0.1 7o
0.1 7o
8,600
6.050
—
210
850
810
560
—
—
16.4»)
70.3 7o
2.4 7o
9.0 7o
9.4 7o
6.570
45,740
39,980
—
1,370
3,890
210
120
—
—
132.6
87.4 7o
3.070
8.5 7o
0.5 7o
0.3 7o
13,590
10,180
50
1,850
1,020
250
—
—
14.9
74.9 7o
0.4 7o
13.6 7o
7.5 7o
1.8 7o
39,420
24,140
2,060
1,460
4,730
2,400
4,100
—
—
142.0
62.5 7o
5.3 7o
3.7 7o
11.1 7o
6.1 7o
10.4 7o
22,710
13,880
—
1,730
2,250
1,000
3,820
—
96.4
61.1 7o
7.6 7o
9.970
4.4 7o
16.8 7o
11,640
8.510
520
50
360
280
1,410
170
—
120.6
75.2 7o
4.5 7o
0.4 7o
3.1 7o
2.470
12.1 7o
1.570
460,430
301,150
2,950
27,030
73.270
21,070
31,320
230
—
57.1
65.4 7o
0.6 7o
5.9 7o
15.9 7o
4.6 7o
6.8 7o
0.5 7o
10,196
7,520
2,390
10
30
190
22.8
73.7 7o
23.4 7o
0.1 7o
0.3 7o
1.9 7o
32,910
27,050
82.2 7o
—
—
6,130
15.6 7o
40
0.1 7o
—
660
2.070
—
32.6
43,450
32,810
—
—
7,000
30
20
3,390
—
64.2
76.5 7o
16.1 7o
0.1 7o
0.070
7.8 7o
20,410
16,840
—
—
2,160
230
ÎK)
630
—
33.6
82.6 7o
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10.6 7o
1.1 7o
0.4 7o
2.6 7o
') Excep
►té enclave
me dans le distric
t Stoulpikany.
1
106
Pays,
gouvernements
et districts
:3 a
ce ® '
5fe
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Dont en V»
Syhit (partie) . .
Tyssa. . . . .
Toretz ....
(sans Kerkhed)
Tiatchovo (partie)
162.3
1,717.1
1,252.9
331.9
9,987
33,005
28,983
68.7
67.8
76.0
79.6
25.8
13.8
17.1
15.0
0.3
1.6
4.8
0.1
2.6
0.1
0.1
0.2
3.0
16.7
1.9
2.6
Total
Ugosca.
Tiszaninnen (partie)
Tiszantul (partie) .
6,347.0
444.3
150.4
177,305
25,003
11,395
75.9
87.3
71.6
13.7
10.0
14.0
1.4
0.0
0.0
0.3
0.0
1.8
6.0
2.6
12.6
Total
Bereg.
Horichny^). . . .
Latorcza . . . .
Mounkatchiv (part.)
(Miinkacs)
Tiszahat (partie) ^ .
Also-Vereczke . .
Svalava
594.7
412.7
387.5
303.3
52.9
588.7
656.1
36,398
27,195
26,055
24,828
1,384
15,292
17,868
82.3
82.5
73.8
85.1
80.1
78.4
75.8
Total
2,401.2
112,622
79.4
11.2
14.8
11.6
6.7
8.0
14.9
12.9
0.0
0.7
2.1
4.1
0.8
3.5
0.6
5.8
1.1
10.2
4.0
10.8
3.5
5.8
12.0
2.2
5.2
^) Changements administratifs entre 1900 et 1910 : les communes Kvassovo et Remeta
fut détaché du district Svalava et en sa place furent jointes les 6 communes du district
107
Nombre de
population
d'après le cal-
cul de 1914
Dont
(S
1
.2
«M
*s
oa
1
S
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<
a
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S
d
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2
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<
13,700
9,550
3,380
10
90
560
84.4
69.7 7o
24.5 7o
0.0 7o
0.7 7o
4.1 7o
38,120
26,270
—
—
5.150
210
110
6,170
22.2
68.970
13.5 7o
0.5 7o
0.3 7o
16.2 7o
34,750
25,790 —
—
6,120
1,840
40
940
27.7
74.2 7o
17.6 7o
5.3 7o
0.1 7o
2.7 7o
18,710
14,060 —
—
3.270
20
110
470
56.7
78.9 7o
17.570
0.1 7o
0.6 7o
2.5 7o
212,240
160,590
—
—
34,600
2,390
490
12,010
33.4
75.6 7o
16.2 7o
2.0 7o
0.2 7o
6.0 7o
27,510
24,070
_
~~'
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10
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87.5 7o
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0.070
2.5 7o
13,110
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—
_
1,650
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62.3 7o
12.6 7o
0.1 7o
0.2 7o
17.7 7«
40,620
32,240
—
—
4,320
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40
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79.6 7o
10.8 7o
0.070
0.1 7o
7.6 7o
33,320
25,890
77.7 7o
—
—
5,130
15.4 7o
170
0.5 7o
—
2,070
6.2 7o
—
80.2
30,000
22,230
—
—
3,330
510
—
3,150
600
77.4
74.1 7o
11.1 7o
1.7 7o
10.570
2.070
29,220
24,570
—
—
1,930
1,160
—
1,310
30
963
84.4 7o
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4.070
4.5 7o
0.1 7o
1,510
1,300
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—
—
110
7.1 7o
—
—
80
5.1 7o
—
28.6
17,630
13,770
—
—
2,700
130
—
900
110
29.9
78.1 7o
15.3 7o
0.7 7o
5.170
0.6 7o
23,250
16,720
—
—
3,300
1,000
—
1,660
300
35.4
71.9 7o
14.270
4.3 7o
7.1 7o
1.3 7o
134,930
104,480
—
—
16,500
2,970
—
9,160
0.040»)
66.2
77.5 7o
12.2 7o
2.2 7o
rchny.
6.8 7o
0.8 7o
Also-Ver
oczk
Nijnia sr
Kapocha
>nt transfér
•)L
Ses ici du district de lUny
es Slovaques.
•) Le district
108
^
Pays,
gouvernements
et districts
O ce © © '.
©'u!-2S;rfcf
l22|i|
Dont en Vo
Ung.
Bereznc
Peretchyn . . . .
Seredno
(sans Khomec)
Sobranci (partie) .
Ujhorod (partie) *) .
(Ungvar)
811.9
623.5
243.6
303.2
184.3
22,803
20,084
12,494
8,811
7,730
86.0
85.4
68.2
9.6
76.7
8.8
5.7
13.9
10.5
5.6
0.2
0.9
0.8
0.7
0.3
Total
Zemplén.
Houmenne ....
(3 communes)
Mezôlaborcz . . .
(sans 2 communes)^)
Snyna
(sans 4 communes)
Stropkiv (partie)
2,166.5
32.7
544.3
834.0
229.3
71,922
844
17,093
21,465
7,290
72.4
75.0
70.0
85.2
26.0
8.7
5.0
10.9
5.3
18.2
0.6
0.5
0.7
0.3
1.5
3.7
3.6
3.4
13.8
4.0
0.8
2.3
1.4
3.5
1.5
3.4
11.3
75.4
3.7
13.02
16.6
12.2
5.1
49.6
Total
Saros.
Bardiiv (partie)*) .
Vychkiv (Vychnyj)^)
Gellert (partie)^) .
1,640.3
386.4
483.9
108.7
13,791
16,073
2,822
70.4
69.0
60.6
55.9
9.3
5.2
8.2
2.7
0.6
0.3
0.1
2.0
0.6
1.1
0.5
14.8
23.7
26.8
37.6
^) Changements administratifs : le district Seredno fut détaché du district Ujhorod
'j Changements administratifs entre 1900 et 1910: le district Mezôlaborcz s'est formé d'une
administratifs entre 1900 et 1910 formé de la partie septentrionale des Zelchov, partie
du vieux district de Makovetz. •) Comprend le reste du district ancien de Topla.
109
Nombre de
population
d'après le cal-
cul de 1914
D ont
r
ce
s
.2
02
5
«2
es
S
<
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26,010
21,770
2,450
50
1,200
340
32.0
83,7 7o
9.4 7o
0.2 7o
4.6 7o
1.3 7o
21,770
18,510
—
—
1,160
110
—
1,260
610
34.9
85.0 7o
5.3 7o
0.5 7o
5.8 7o
2.8 7o
13,070
9,550
—
1,790
20
—
1,160
490
53.7
73.1 7o
13.7 7o
0.1 7o
8.9 7o
3.7 7o
9,680
5,720
—
—
970
30
—
410
2,440
31.9
59,1 7o
10.070
0.3 7o
4.1 7o
25.2 7o
8,330
5,810
—
500
30
—
1,640
330
45.2
69.8 7o
6.070
0.470
19.7 7o
4.070
78,860
61,360
—
6,870
240
—
5,670
4,210»
36.4
77.8 7o
8.7 7o
0.3 7o
7.1 7o
5.3 7o
900
760
84.3 7o
—
—
60
6.5 7o
20
2.30/0
50
5.1 7o
27.5
17,570
14,270
—
1,950
130
—
550
260
32.3
81.2 7o
11.1 7o
0.7 7o
3.1 7o
1.570
22,130
19,360
—
1,080
90
—
420
420
26.5
87.5 7o
4.9 7o
0.4 7o
1.970
1.9 7o
8,050
3.200
—
1,420
30
—
280
280
35.1
39.8 7o
17.6 7o
0.3 7o
3.5 7o
38.8 7o
48,650
37,590
—
4,510
250
—
1,270
3,410
29.7
77.3 7o
9.3 7o
0.5 7o
2.6 7o
7.070
13,200
10,900
570
30
130
1,210
34.2
82.6 7o
4.3 7o
0.3 7o
1.070
9.2 7o
16,300
13,020
—
—
1,130
20
240
1,170
33.7
79.3 7o
6.9 7o
0.1 7o
1.470
7.2 7o
2,770
1,510
—
90
5
70
840
25.5
54,5 7o
3.3 7o
0.2 7«
2.6 7o
30.3 7o
(ues.
lents
peste
et en sa
partie d
nord-ou€
place fnroi
u district H
)8t de Mako
it jointes 6 communes du district Kapocha. •) Les Slovac
umenne et 21 conmiunos du dlstrictlStropklv. •) Chanjren
vetz et 6 communes du district do Topla. •) Comprend le i
110
Pays,
gouvernements
et districts
Nombre de po-
F)ulat. d'après
a statistique
de 1897 (Russie)
et 1900 (Autr.-
Hongrie)
Dont en •/•
02®
C!
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2
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1
<
1
OD
1
1
1
Ijypiany (partie) ') .
Sabiniv (partie)') .
251.4
62.4
11,135
2,806
88.2
68.4
—
—
3.4
2.5
0.3
0.1
—
0.8
0.8
5.7
27.0
Total
Zips.
Kesmark ....
(comm. Hodermark)
Podhrad
(eommones Oleh et Podproteh)
Starov
(comm. W.L. et Folv)
Loubovnia Stara .
(6 communes)
1,292.8
17.2
22.5
39.2
152.0
46,627
721
685
1,397
7,305
69.9
87.2
84.1
90.3
91.4
5.5
2.2
2.5
3.2
2.1
0.2
2.3
0.2
—
0.8
0.1
0.7
0.6
21.83
3.6
13.3
2.3
4.1
Total
Ukraine hongroise
Total
Total de l'Ukraine
ethnographique
230.9
14,673.4
10,108
501,674
90.4
75.9
2.3
11.2
0.3
1.2
0.1
0.6
4.5
4.4*
5.5^
739.162
32,827,900
71.6
11.1
4.5
8.4
1.9
0.9
0.07
1.53
*) Formé de la pai
^) Slovaques.
*tie nord-ouest du district de Vyjniotorytza. ') Formé de
111
03 a*'*
Dont
Sh
Nombre
populatic
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9,660
8,830
91.470
290
3.0 7o
20
0.2 7o
—
110
1.2 7o
220
2.3 7o
38.4
2,660
2,300
86.6 7o
—
—
60
2.5 7o
5
0.2 7o
—
70
2.7 7o
130
4.9 7o
42.6
44,590
36,560
82.070
—
—
2,140
4.8 7o
80
0.2 7o
—
620
1.4 7o
3,570=^)
8.0 7o
34.5
580
510
88.3 7o
—
—
10
1.7 7o
10
1.7 7o
—
6
0.8%
20
3.1 7o
33.7
850
780
92.2 7o
10
1.5 7o
—
40
5.070
37.8
1,290
1,190
92.2 7o
—
—
30
2.4 7o
10
0.570
—
20
1.370
30
2.4 7o
32.9
5,880
5,330
90.7 7o
—
— -
90
1.5 7o
10
0.1 7o
65
1.1 7o
250
4.2 7o
38.7
8,600
7,810
90.8 7o
140
1.6 7o
30
0.370
90
1.070
340*)
4.070
37.2
668,490
440,630
69,080
5,970
530
32,730
12,570^)
38.7
77.5 7o
12.2 7o
1.1 7o
0.1 7o
5.8 7o
2.270
4S.Q12.000
32.662.000
5,376.800
2,079.500
3,795.760
871,270
435.240
32.960
958.470
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11.7 "/o
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4.570
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HB Kordouba, >tyron
3608 Le territoire et la
U5K68 population de l'Ukraine
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