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Full text of "Le trésor de Notre-dame de Chartres: rapport sur les archives de l'ancien chapitre"

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6000342001. 



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izjy 



DE NOTRE-DAME 



DE CHARTRES. 



iii<* a Î50k f\rni plaire* 1*11 <lcstt«e* au cemaivrvc. 



LE TRÉSOR 



DE 





DE CHARTRES. 



RAPPORT 



A M. LE MINISTRE DE L INTERIEUR SUR LES ARCHIVES DE L ANCIEN CHAPITRE 

DE LA CATHÉDRALE DE CHARTRES, 



. ///> < ^/HyMJ/c </r k 'à n /tu/. 

Conseiller Secrétaire-Général de la Préfecture d'Eure-et-Loir. 



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'iïiiuU 



CHARTRES, 

Imprimerie de GARNIER, Place des Halle», 1» et 17 

1841. 



rxyj. 



Au 18 e siècle , le Chapitre de Chartres, quoique déchu de sa splendeur 
première , était cependant un corps puissant, riche, honoré. Il dominait 
de fait et de droit sur un vaste territoire , et sur presque toute la France 
par F influence que lui donnaient son antiquité, sa réputation de piété, 
la possession d'une magnifique cathédrale et de fructueuses reliques. Il 
était propriétaire d'un grand nombre de maisons , de bois , de rentes , de 
seigneuries avec tous leurs droits féodaux ; chaque chanoine avait sa 
prébende , et touchait , outre le revenu de soi) canonicat , de nombreux 
droits de présence , primes promises à l'assiduité au* offices , et trop 
souvent recueillies par des absents munis de privilèges spéciaux. La 
réunion des titres de ces biens de toute nature , avec les chartes des 
fondations pieuses , les privilèges accordés par les papes et les rois , les 
papiers de l'œuvre , les registres capitulaires , les cartulaires , les plans 
des domaines et les pièces des différents procès soutenus par le Chapitre, 
formaient la collection complète des archives. 

Les archives étaient renfermées dans un lieu carré, voisin de la chambre 
capitnlaire. Tous ces titres et papiers étaient contenus dans cent dix-neuf 
caisses numérotées; chaque caisse se divisait en un certain nombre de 
cotes désignées parles lettres de l'alphabet, et chaque cote comprenait 
au besoin une Ou plusieurs liasses. Un inventaire en six tomes in-folio, 
avec une table générale donnait le moyen de faire les recherches. 

Les procédures avaient été placées à part sur des tablettes et inven- 
toriées dans un catalogue particulier en cinq tomes. 

Aux mauvais jours de la Révolution , cet ordre fut bouleversé ; le Cha- 
pitre était détruit , ses biens vendus nationalement , le culte aboli , les 

1 



2 
reliques profanées ; qu'importait les archives ? les titres des propriété» 
aliénées avaient été remis aux nouveaux acquéreurs , et la République 
en avait fait extraire tous ceux qui lui assuraient la jouissance des 
rentes payées autrefois au Chapitre. Aussi voyons-nous dans les notes 
qui nous restent , que le Citoyen Legendre , géographe-archiviste , ayant 
entrepris de remettre ces papiers en ordre , l'administration centrale lui 
prescrivit de cesser ce travail pour faire l'état des rentes foncières ap- 
partenant au ci-devant Chapitre. 

Les vieilles chartes de nos Bois, les Bulles des Papes que, dans un 
moment d'exaspération populaire, on aurait peut-être livrées aux flammes, 
comme on avait brûlé déjà presque toutes les liasses des procédures, 
restèrent donc entassées dans des greniers en attendant le retour de 
l'ordre et la fin du danger. 

En effet, quand le géographe Legendre eut obéi à l'administration 
centrale , qu'il eut fourni tout ce qu'on lui demandait et renvoyé dans 
les districts les pièces qui les concernaient, il revint à son premier trayait 
et révisa les six tomes de l'inventaire général , en ayant soin d'indiquer 
en marge les pièces existantes ou manquantes. 

Malheureusement Legendre était dénué de toute instruction ; il ignorait 
le latin, et ne savait pas même l'orthographe. Aussi, quand il fait un 
catalogue pour les registres du chapitre (ils ne sont pas portés sur l'an- 
cien inventaire) est-il forcé d'écrire en tête : quatre registres en latin pa- 
raissant être des cartulaires ; s'il rencontre de vieux titres sans aucune 
annotation récente au dos, il les comprend dans une liasse commune en 
inscrivant sur le tout : plusieurs pièces de parchemin en latin (1). Ce tra- 
vail peu intelligent eut néanmoins pour résultat de mettre un terme aux 
dévastations et au pillage des archives. Auparavant , on venait prendre à 
ce dépôt, regardé commeinutile, le parchemin dont l'artificier avait besoin 
pour les fêtes publiques , ou le relieur pour les registres de la commune ; 
depuis, on respecta les liasses du Citoyen Legendre , et ces précieuses col- 
lections ne furent plus pillées patriotiquement. Legendre rendit donc un 
véritable service. Cet homme n'a manqué ni de bon sens , ni de patience ; 
mais la bonne volonté ne peut tenir lieu de savoir, il fit du moins tout 
ce qu'il pouvait faire. 

(1) Ce qui fait que plut de cent pièces marquées, perdues par Legendre, ont été re- 
trouvées par moi et remises à leur place. 



3 

La bibliothèque do Chapitre avait partagé le sort des archives ; dès 
Tannée 1 794 , on s'occupa de débrouiller les monceaux de livres entassés 
dans Tune des salles des bâtiments de l'évêché et dans le chœur de la 
cathédrale : trois ans plus tard on ouvrait à l'école centrale du dépar- 
tement une bibliothèque publique. Les archives au contraire restèrent 
abandonnées à la confusion , et personne ne paraît s'en être occupé jus- 
qu'à l'organisation des préfectures. Plus tard , les papiers provenant du 
Chapitre furent mis, par l'autorité départementale, à la disposition des 
bibliothécaires ; on choisit , à peu près au hasard , les chartes qui sem- 
blaient mériter le plus d'intérêt , on les emporta à la bibliothèque et les 
conservateurs en commencèrent le dépouillement. 

Il ne parait pas que ce travail ait été long-temps continué , car nous 
n'avons maintenant qu'une cinquantaine de pièces annotées ou traduites 
par l'un des conservateurs , M. Rossard de Mianville , depuis Procureur 
du Roi à Chartres. 

A différentes époques , la dernière fois en 1 83 1 , on déposa ce qu'où 
put rassembler des papiers du Chapitre , aux archives départementales , 
où se trouvait déjà tout ce qui venait des autres couvents du diocèse. 
Il en résulta un encombrement excessif. L'archiviste dut d'abord donner 
ses soins au classement des pièces d'une utilité de tous les jours et fournir 
les renseignements demandés par les administrations et les particuliers ; 
c'est à peine si ces occupations courantes lui ont laissé le loisir de diviser, 
par grandes masses , les papiers des différents monastères. Si donc un 
ordre réel existe aux archives d'Eure-et-Loir , pour ce qui concerne l'ad- 
ministration du département et les communes , il n'y a pour la partie 
historique qu'un ordre apparent, sans classification, qui ne permet de 
rechercher utilement aucune pièce. 

J'avais résolu de foire cesser cet état de choses , au moins pour les 
papiers du Chapitre , et mon travail était déjà commencé , quand M. le 
Ministre de l'Intérieur écrivit à M. le Préfet pour appeler son attention 
sur cet objet. 

Il m'a fallu d'abord retrouver la clef de l'ancien catalogue heureu- 
sement conservé tout entier , ainsi que la table alphabétique qui en est 
le complément indispensable. J'ai dû ensuite remettre toutes les liasses 
et pièces dans l'ordre indiqué , afin de reformer les caisses du Chapitre , 
en réservant, pour l'examiner plus tard avec attention , tout ce qui ne 
pouvait se placer facilement dans ce classement. Ce premier travail, qui 



4 
a duré plusieurs mois , une fois terminé , j'ai revu avec soin toutes les 
liasses qui se trouvaient formées , rassemblé les pièces de celles qui 
avaient été mêlées , comparé chaque pièce avec les indications de Tin- 
ventaire , et j'ai marqué de deux traits à l'encre rouge tous les articles 
trouvés. Ainsi maintenant, Tordre primitif étant rétabli , les recherches 
sont faciles et la vue seule du catalogue indique ce qui est perdu et ce 
qui existe. 

Outre les pièces portées à l'inventaire , j'en ai rencontré d'autres qui 
appartiennent aussi aux archives du Chapitre ; elles étaient apparemment 
rassemblées autrefois sous le titre miscelianea général. Je les ai réparties 
dans les dossiers auxquels elles pouvaient se rattacher par leur objet , et 
je les ai toutes inscrites au catalogue général. 

Quant aux registres capitulaires et aux autres registres provenant de 
l'ancien Chapitre, il en existe un catalogue dressé par Legendre. Ces re- 
gistres ne contiennent que des actes d'acquisition , des baux , des comptes 
de recettes et dépenses ; ils présentent peu d'intérêt historique et ne peu- 
vent être non plus d'aucune utilité actuelle. Une partie des registres 
capitulaires et quelques cartulaires, où sont copiées les chartes ren- 
fermées dans les, liasses , sont restés à la bibliothèque de la ville ; ils sont 
là plus à la portée du public , et je ne pense pas que les archives doivent 
en demander la restitution. 

A la première inspection du catalogue général , je remarquai avec éton- 
nement qu'un grand nombre de chartes qui existaient lorsque Legendre lit 
son recollement , avaient été perdues depuis , ou au moins n'avaient point 
été restituées, lorsqu'en 1 83 1 on réintégra aux archives tout ce qui en avait 
été distrait en faveur de la bibliothèque. Je me suis alors occupé de 
chercher d'où pouvait provenir cette différence , et j'ai été assez heureux 
pour retrouver une grande partie de ces titres, parmi lesquels sont 
les plus précieux de tous par leur antiquité et leur importance his- 
torique. 

Pour faire avec fruit le dépouillement des archives , il était indis - 
pensable d'étudier d'abord l'histoire locale. Je lus , entre autres livres , 
Y Histoire des Carnutes et du pays Chartrain, par M. Ozeray (1). A la 
fin de cet ouvrage se trouvent des dissertations et notices sur l'histoire 
de Chartres, par M. Hérisson, juge au tribunal civil. Dans ces disser- 

(1) Chartrei, Garoicr fils, libraire. 1834, 2 vol. in-8°. 



5 
tations, page 407 , tome II, l'auteur annonce qu'il a tntr$ le$ mains un 
vidimus d'une charte de 1432 , par laquelle le roi Charles VII pardonne 
aux habitans de Chartres qui avaient suivi le parti du Roi d'Angleterre ; 
il donne une copie textuelle de ce titre. Plus loin, page 437 et suivantes , 
il transcrit également trois autres pièces : 1° ordre que Ton devait tenir 
lors de la translation du cœur du Roi Henri IV; 2° lettre de la Reine Anne 
d'Autriche à M. Lescot, nommé à l'évéché de Chartres 9 pour faire des 
prières dans son diocèse pour le repos de l'âme du Roi Louis XIII , 9 juin 
1 643 ; 3° lettre de M. Lescot au Chapitre. Ces quatre pièces sont inscrites 
au catalogue , elles existaient au temps de Legendre ; comme elles ne se 
retrouvaient plus il fallait bien en conclure que M. Hérisson les avait 
chez lui puisqu'il en donnait copie en 1835 , et que d'ailleurs il disait 
lui-même posséder le vidimus de Charles VII. 

Je fis part à M. le Préfet de cette découverte, et je le priai de me 
donner les moyens de faire réintégrer aux archives les pièces qui pa- 
raissaient leur appartenir. Les choses étaient en cet état quand la mort 
surprit M. Hérisson. Il p'était plus possible de retarder les réclamations 
que le département avait à faire ; on s'adressa à l'autorité judiciaire , et 
par une ordonnance de référé , le président du tribunal autorisa le juge de 
paix à faire , en levant les scellés , toutes les perquisitions nécessaires 
pour retrouver les quatre pièces désignées et toutes autres qui seraient 
reconnues appartenir aux archives du département. 

La perquisition eut lieu en ma présence : le vidimus de Charles VII , 
les lettres d'Anne d'Autriche et de H. Lescot , l'ordre pour l'entrée du 
cœur de Henri IV , et environ deux cents autres pièces provenant du 
Chapitre de Chartres , des abbayes de Saint-Jean , de Saint-Cheron , de 
Saint-Père ont été reconnues et restituées immédiatement par les hé- 
ritiers du défunt. 

Les pièces ainsi retrouvées sont presque toutes très-curieuses par 
leur objet ou par leur antiquité ; plusieurs sont revêtues de signatures 
autographes de personnages célèbres , Henri II , le Connétable Anne de 
Montmorency , Catherine et Marie de Médicis ; plusieurs sont des titres 
authentiques des reliques conservées autrefois dans le trésor , des arrêts 
émanés du Chapitre en matière spirituelle et temporelle, etc., etc. Tous 
ces papiers ont été remis à leur place , et j'ai marqué chaque article du 
catalogue d'un H à l'encre rouge. 

L'ordre matériel ainsi rétabli , il fallait apprécier la valeur de ces do- 



6 
cuments , les étudier sous le rapport historique , et enfin examiner ces 
chartes comme collection d'autographes et de monuments paléogra- 
phiques. J'ai essayé, dans ce rapport, de remplir cette tâche difficile. 
Je ne prétends point, sous le prétexte de rendre compte de l'état actuel 
des archives du Chapitre , improviser l'histoire du diocèse de Chartres : 
qu'on ne cherche donc point ici un ordre chronologique scrupuleux , ni 
des développements nouveaux sur les faits du passé; je n'ai qu'un but, 
celui d'indiquer aux hommes studieux qui voudront en faire usage , les 
richesses du dépôt confié à mes soins. 

Ce rapport est divisé en dix chapitres dont voici les sommaires : 

1° Du diocèse de Chartres , — couvents, — paroisses et communautés 
qui eu dépendaient. 

2° L'Évèque, — ses droits , — ses devoirs. — Notices historiques. 

3° Le Chapitre , — ses dignitaires , — ses privilèges. 

4° Du culte. — Œuvre Notre-Dame. 

5° Reliques. — Cérémonies extraordinaires. 

6° Fondations. — Chapelles. 

7° Juridiction spirituelle. — Juridiction temporelle. 

8° Biens et possessions du Chapitre. — Biens aliénés. — Maisons cano- 
niales. — Seigneuries. 

9° Prébendes. 

10° Paléographie. — Autographie. — Sceaux. 



I. 

Du Diocèse de Chartres. — - Paroisses et Couvents de 

sa dépendance. 



S'il fallait en croire les légendaires, la fondation de l'église de Chartres 
aurait été prophétisée long-temps avant l'incarnation de Jésus-Christ , 
et les Druides , chrétiens sans le savoir , auraient érigé un autel à la 
Vierge qui devait enfanter , Virgini pariturœ. Hais ce récit mérite peu 
qu'on s'y arrête, non plus que cette autre tradition qui fait remonter 
à Van 32 la première prédication de l'Évangile dans le pays Chartrain 
par un prétendu Saint Aventin. On pense que ces fables ne se sont 
établies qu'au 1 I e siècle, après l'incendie qui consuma l'église de Chartres 
et la plus grande partie de ses archives. 

Le seul fait à peu près certain que nous puissions adopter est le 
voyage que fit à Chartres Saint Martin de Tours , vers 368 , dont il est 
parlé dans Sulpice Sévère (1) ; Saint Martin opéra deux miracles, l'un à 
la ville et l'autre à la campagne , ce qui convertit beaucoup de monde 
suivant l'usage. 

Sous Clovis, vers 481, le diocèse n'avait pas encore une circons- 
cription déterminée , mais l'autorité de l'Evéque s'étendait sur tout le 
pays qu'avaient occupé les anciens Carnutes , ainsi que sur le Dunois et 
le Blaisois. Un autre Saint Aventin , qui fut enterré à Saint-Médard de 
Chàteaudun , remplissait les fonctions épiscopales dans ces deux derniers 
pays, du consentement de Saint Solen, évèque de Chartres. C'était encore 
la primitive église , les pasteurs , effrayés de conduire le troupeau des 
fidèles , ne demandaient pas mieux que de partager le fardeau : ainsi , 
Saint Solen , appelé au trône diocésain par le vœu du clergé , du peuple 
et du roi Clovis , à la conversion duquel il avait travaillé , refusa positi- 
vement d'y monter ; l'on sacra alors Saint Aventin , aussi dévoué mais 
moins timide. Aventin , à force de sollicitations , détermina Solen à porter 

(1) Dialog III. De virtutibui sancti Martini. 



8 
le titre d'évèque , et lui céda la première place ; l'autre , prolongeant cette 
noble lutte de désintéressement, accepta mais à condition qu'Aventin 
continuerait d'administrer spirituellement le Dunois et le Blaisois. 

Cette simplicité primitive et touchante ne dura pas long-temps , car dès 
573 , au quatrième concile de Paris , l'évèque Papoul disputait chau- 
dement le Dunois à Promotus, nommé évêque parSigebert, roi d'Orléans, 
et sacré par l'archevêque de Rheims. 

Au moyen-àge enfin, le diocèse de Chartres eut des limites déterminées. 
Il s'étendait alors depuis la Seine jusqu'à la Loire , commençant à Mantes 
et finissant à Pont-Levoy ; il avait ainsi plus de 50 lieues du midi au nord , 
et plus de 30 de l'orient à l'occident, depuis la Seine jusqu'à l'Huisne, 
de Notre-Dame des-Chainps à Nogent-le-Rotrou. Cet immense territoire 
lui avait valu en cour de Rome le surnom de grand diocèse et le rendait 
un des premiers sièges de France. Il était divisé en six archidiaconés : l'ar- 
chidiaconé de Chartres, ou grand archidiaconé , et les archidiaconés de 
Blois , de Vendôme , de Pincerais , de Dreux et de Dunois ; il comprenait 
953 paroisses. 

En ce temps-là , l'évoque de Chartres était premier suffragant de l'ar- 
chevêque de Sens. Mais quels étaient les droits du métropolitain sur ce 
puissant vassal? il serait assez difficile de le dire pour les temps anté- 
rieurs à 1350. Naturellement, tant qu'on avait eu besoin de protection 
et que les limites de la juridiction épiscopale n'avaient pas été bien éta- 
blies , TÉvéque de Chartres et le Chapitre avec lui , n'avaient pas de- 
mandé mieux que de se soumettre à l'autorité du métropolitain et de 
reconnaître sa suprématie temporelle et spirituelle. L'église de Chartres 
ayant pris une grande importance négligea de rendre son hommage et fit 
ses affaires sans consulter personne : réclamation de l'Archevêque , et de 
là, une querelle qui parait avoir duré plus de cent années. 

Le prélat de Sens soutenait que Chartres faisant partie de la quatrième 
Lyonnaise dépendait nécessairement de son archevêché, et que d'ailleurs 
les évèques de cette ville l'avaient, de temps immémorial , reconnu pour 
leur métropolitain. 

L'Évèque de Chartres et le Chapitre , prétendaient de leur côté qu'ils 
relevaient immédiatement du Saint-Siège , et que , de temps immémorial 
aussi » l'archevêque de Sens n'avait exercé aucun des droits métropo- 
litains dans le diocèse. 

De guerre lasse, les deux parties choisirent pour arbitres l'évèque 



9 
d' Auxerre , Pierre de Bay eux , les abbés de Saint-Victor et de Sainte- 
Geneviève de Paris , qui rendirent an jugement, confirmé par Clément VI, 
le 22 décembre 1350. 

Cette balle (1) décide que le Chapitre de Chartres sera à l'avenir 
exempt de la juridiction de l'église métropolitaine de Sens, comme droits 
de visite et d'administration , mais que les archevêques de Sens conser- 
veront dans toute l'étendue du diocèse de Chartres le droit d'exercer les 
fonctions pontificales , telles que la consécration , la bénédiction > le port 
de la croix. Il est aussi stipulé , dans cet accord , que le Chapitre de 
Chartres assignera , dans le voisinage de Sens , un fonds produisant an- 
nuellement dix livres tournois de rente, rachetable au gré des parties. 

Cet arrangement fut également bien reçu de part et d'autre, et les 
choses restèrent en cet état, sans nouvelle contestation jusqu'en 1623. 

A cette époque, Paris fut érigé en archevêché, et le premier archevêque, 
François de Gondy conclut , d'après l'ordre du Roi , une transaction avec 
l'évéque de Chartres , Léonard d'Etampes. Par cet acte , le Chapitre dé- 
clara consentir à l'érection de Paris en archevêché , à la condition que 
l'évéque de Chartres serait le premier suffragant du nouvel archevêque, 
et que le Chapitre , conservant tous ses anciens privilèges , demeurerait 
exempt de la juridiction métropolitaine. Le diocèse , par l'effet de cette 
transaction, se trouva placé, à l'égard de Paris, dans la position où il était 
depuis 1 350 à l'égard de Sens (2). 

Ce premier changement en amena d'autres beaucoup plus importants ; 
on venait de donner au diocèse un nouveau métropolitain , bientôt après 
on commença à rétrécir son territoire. D'abord on prit peu de chose, 
Souzy ou Choisy-aux-Bœufs et Trianon , pour arrondir la circonscription 
de Paris. Cet abandon fut arrêté par une transaction consentie par 
l'évéque , le 7 août 1686 ; le Chapitre voulut résister, puis deux ans plus 
tard, le 13 septembre 1G88, il ratifia tout. 

Ensuite le roi Louis XIV et Sa Sainteté le pape Innocent XII , recon- 
nurent la nécessité de créer un évêché à Blois : on négocia de nouveau 

(1) Bulle de Clément VI. Privilèges B, n« 4 , caisse X. 

Kola Benè. Toutes les pièces citées dans ce rapport , qui ne sont pas, comme celle ci, in- 
diquées en note de manière à pouvoir être recherchées facilement, n'existent plus aujourd'hui 
aux ârchires. 

(2) Transaction du 16 février 1623. Juridiction spirituelle A, u° 61 , caisse XXI. 



10 
avec le Chapitre qui cette fois se montra moins facile ; mais comment 
résister aux volontés du grand roi? 

Enfin, au mois de juillet 1097, une bulle du Saint-Père dépouilla le 
diocèse d'une grande partie de son territoire. Cette pièce est une de celles 
qui ont disparu postérieurement au travail de Legendre. Voici la copie 
textuelle de l'analyse qui en est faite à l'inventaire. 

« Bulle du pape Innocent XII, par laquelle le pontife, du consentement du 
» roi et de l'évêque et Chapitre de Chartres , distrait de l'église dudit Chartres 
* les cures des archidiaconés de Bloîs et de Vendôme et partie de celles de 
n l'archidiaconé de Dunois , pour en former un nouveau diocèse , et l'ériger 
» en évèché sujet à la métropole de Paris , sous le nom de Blois , et qui or- 
» donne la suppression du titre de l'abbaye de Joye rival, ordre de Préinontré, 
» et la réunion de la mance abbatiale seulement à Tévèché de Chartres , sous 
» la condition par révoque dudit Chartres , et ses successeurs à toujours , de 
» payer à chacun des archidiacres de Dunois , Blois et Vendôme , pour leur 
» tenir lieu de dédommagement de la perte de leur juridiction , la somme de 
» 300 livres. Lesdits archidiacres de Blois et Vendôme conservent leur titre 
» et prééminence dans l'église de Chartres , et aussi à la charge qu'avenant la 
» vacance du siège épiscopale de Chartres , le chapitre dudit lieu percevrait , 
» après ladite vacance, le revenu d'icelle abbaye, et en porterait les charges 
» pendant la première année de l'évêque successeur. » 

Par suite de ce démembrement , le diocèse ne compta plus que 753 
paroisses et ne fut plus divisé réellement qu'eu quatre archidiaconés. 

Aujourd'hui (1) il a les mêmes limites que le département d'Eure-et- 
Loir et compte 420 paroisses. Dans cette nouvelle circonscription sont 
comprises, 1G communes qui faisaient autrefois partie de l'archidiaconé 
de Beauce dans l'église d'Orléans et 7 autres de l'archidiaconé de Ven- 
dôme, église de Blois, tandis qu'un grand nombre de communes de 
l'ancien diocèse de Chartres se trouvent maintenant dépendre des diocèses 
de Versailles , d'Evreux , du Mans et d'Orléans. 

Même après 1G99 , lcvèché de Chartres était encore fort important ; on 
peut voir dans les Pouillcs le détail des abbayes , chapelles, communautés, 
etc., qui étaient sur son territoire. On trouve en somme 1537 bénéfices 
de tout genre , dont une grande partie à la nomination de l'évêque et du 
Chapitre. 

(1) Par le conconlat de IflOl , le département d'Eure-et-Loir eut le même cvèquc cjuc 
celui de Seine et-Oisc: l'ëvcché de Chartres ne fut rétabli qu'en 1821. 



Ces églises, chapitres , communautés ou contents m'étaient point sou- 
mis an même degré à l'autorité épisoopale , mais tons n'existaient qne du 
consentement de l'évoque , chef spirituel ; aucun ne pouvait s'établir dans 
la ville ou la banlieue sans obtenir en outre le consentement du Chapitre. 
Le pape Clément III l'avait ainsi ordonné par une bulle donnée au palais 
de Latran , le 2 e jour des ides de juin 1 190 (1). 

Clément m ne créa point un droit nouveau , car il nous reste du siècle 
précédent, 1090, un acte par lequel Yves, évêque de Chartres , permet 
de fonder le monastère de la Madeleine du Grand-Beau lieu. C'est un do- 
cument curieux , au moins par sa haute antiquité ; j'en ai fait nae copie 
qne j'ai jointe à l'original assez difficile à lire (2). 

Le privilège sanctionné par la bulle de Clément III subsista toujours 
depuis ; on pourrait au besoin citer de nombreuses pièces prouvant que 
le Chapitre n'abandonna jamais l'exercice de ce droit ; voyons maintenant 
quelles conditions il imposait aux établissements religieux placés ainsi 
soi» sa surveillance. 

Dans l'origine , il percevait des dîmes sur les revenus de quelques pa- 
roisses seulement; une Bulle donnée au Palais de Latran , le 22 mai 1256, 
par le Pape Alexandre IV , étendit ce droit à presque tontes les antres 
paroisses du diocèse (3). Les couvents furent aussi soumis successivement 
au paiement de quelques droits en argent ; le Chapitre de l'église de 
Saint- André , les religieux de Saint-Cheron , de Saint-Martin-an-Val , et 
les chanoines de Saint-Maurice-les-Chartres devaient un droit de procure 
et de repas au Chapitre de Notre-Dame , lors des processions qu'il devait 
faire dans ces maisons à différentes époques de Vannée. Ce droit fut 
d'abord acquitté en nature ; mais comme c'était une occasion perpétuelle 
de difficultés, on le convertit presque partout en une somme d'argent fixée 
par des arbitres. Les Filles-Dieu ne reçurent la permission de s'établir 
dans un des faubourgs de Chartres qu'à la condition de blanchir le linge 
de l'église toutes les fois qu'il serait nécessaire, moyennant cent sons 
par an. 

Ces obligations avaient toutes leur sanction ; si nous manquons des 
éléments nécessaires pour retrouver le code créé par le Chapitre pour 

(1) Bulle de Clément III. Paroisses et communautés en général. R. n* 3 , caisse IX. 

(2) Permission d'Yves de Chartres. Paroisses et communautés. N° 1, caisse IX. 

(3) Bulle d'Ale&ao4rc IV. 22 mai 1266. Paroisses et comuramautts. R. n» 2, caisse IX- 



12 
punir les infractions , on peut au moins citer de nombreux exemples de 
l'application de cette pénalité particulière. Ainsi, en 1363 les Filles-Dieu 
furent condamnées à l'amende pour avoir fait bâtir , sans autorisation , 
un oratoire dans leur maison ; mais les chanoines leur firent remise de 
l'amende et leur accordèrent la permission de garder leur chapelle (1). 

En 1361 9 plus sévère pour la communauté de l'Eau, le Chapitre laissa 
exécuter la sentence qui la condamnait à payer amende et de plus à dé- 
molir le clocher d'une chapelle qu'elle avait fait élever , quand on ne 
lui avait accordé que la permission de bâtir un simple oratoire (2) . 

Le Chapitre défendit ainsi toujours avec ardeur les droits que la Bulle 
de Clément III lui avait implicitement conférés sur les paroisses et les 
communautés de sa dépendance. Mais , quand la société française fut 
mieux organisée et que les lois civiles eurent une force véritable , il lui 
fallut bien renoncer à juger lui-même et demander aux tribunaux du 
pays les réparations qu'il se croyait en droit d'exiger. Ainsi le parlement 
eut à s'occuper, en 1758 , d'une grande querelle entre le Chapitre et le 
Curé de Saint~Aignan. 

Les Chanoines allaient chaque année , le jour de l'Ascension , chanter , 
à Saint- Aignan , Tierce et quelques autres prières ; ils devaient arriver 
processionnellement couverts de leurs chappes de cérémonie ; or , en 
1 758, la pluie tombant par torrents , le Chapitre ne trouva rien de mieux 
que de sortir tout simplement en surplis, espérant par ce moyen satisfaire 
aux lois de l'Église qui ordonnaient la procession , et aux lois de l'éco- 
nomie qui voulaient qu'on ne gâtât pas les ornements de l'œuvre. Le 
Curé de Saint- Aignan voyant venir une foule de Prêtres vêtus de surplis, 
au lieu de la somptueuse procession qu'il attendait , crut qu'on voulait lui 
faire injure , et sans examiner s'il pleuvait ou non , fit fermer son église, 
laissant le cortège se morfondre à la porte. Delà procès , sentence du 
bailliage de Chartres en faveur du Curé, appel de la part du Chapitre et 
enfin arrêt du Parlement (3) qui donne raison aux Chanoines et défend 
au Curé d'apporter à l'avenir aucun trouble dans l'exercice des droits 
qu'ils possèdent. 

(1) Toutes les pièces concernant ces divers droits et mentionnés en l'inventaire sont au- 
jourd'hui perdues. 

(2) Procuration de l'abbessc pour payer l'amende , 13 janvier 1361. Paroisses et commu- 
nautés. Q. n<> 10, caisse IX. 

(3) Arrêt du 28 août 1758. Paroisses et communautés. M. n« 2, caisse IX. 



13 
Ce procès parait être le dernier que le Chapitre ait eu à soutenir pour 
défendre sa prééminence contre les établissements religieux situés dans sa 
dépendance ; mais il avait eu souvent besoin de recourir ainsi aux moyens 
de rigueur pour la faire respecter par les Curés , les Abbés et Abbesses 
qui travaillaient sans cesse à s'affranchir des obligations que tous ce- 
pendant avaient acceptées en prêtant au Chapitre le serment de foi et 
hommage qui était ainsi conçu : 

« Ego /râler N Abbas humilis de N , prqfiteor me debere et pro- 

» mitlo me exibiturum huic sanclœ matri ecclesias Beatœ Marias subjectionem , 
» revtrentiam et obedientiam et in signum hujus rei et testimonium liane scrip- 
» turam propria manu consigno (1). » 

(1) Paroisses et communautés. R. n 9 1, caisse IX. 



14 



H. 

Ijes Evèques. — Leurs droite et leurs devoirs — Sr*>tlees 

historiques. 



La chronologie des premiers Évoques de Chartres a été un grand sujet 
de controverse pour les historiens locaux et , il faut le dire , les docu- 
ments que renferment les archives sur cette question ne sont pas de 
nature à en amener la solution. Deux catalogues des Évèques ont été 
dressés, l'un par les soins du Chapitre, l'autre par les Évèques; ces deux 
listes sont à peu près semblables; mais toutes deux rédigées dans un 
même but, renferment d'abord des erreurs volontaires , ensuite des 
omissions, des transpositions sans intérêt, partant de bonne foi. Ainsi 
ces catalogues peuvent bien aider à rétablir la véritable chronologie 
des Évèques , mais ne doivent pas empêcher de consulter d'autres do- 
cuments. Il me paraît cependant qu'à l'aide des historiens ecclésiastiques, 
des vies des saints , des catalogues des archives et des cartulaires de 
l'abbaye de Saint-Père , il ne serait pas impossible de retrouver la liste 
exacte et complète des Évèques de Chartres. 

Un pareil travail n'entre pas dans le plan de ce rapport , je me bor- 
nerai à donner quelques indications , résultat immédiat de l'examen des 
catalogues retrouvés aux archives. 

Nous diviserons la série des Évèques en trois périodes ; celle où les 
erreurs sont souvent volontaires , celle où les inexactitudes sont presque 
toujours le résultat de l'ignorance , celle où les faits principaux sont cer- 
tains : la légende , la chronique et l'histoire. 

La première période finit à Saint Solen , l'un des convertisseurs de 
Cl o vis. Avant cet Évêque , les catalogues inscrivent treize autres noms , 
tous accompagnés de l'épithète de saint. Le premier de ces prélats serait 
un Saint Aventin , Évêque en l'an 33 : cela est faux , car les premiers 
apôtres chrétiens dans les Gaules ne parurent que vers l'an 180. Viennent 
ensuite Saints Optât, Valentin, Martin, puis Saint Agnan. Celui-ci fat 
véritablement Évêque ; mais au lieu de placer son pontificat de 200 à 



15 
205, on verra qu'il est plus rationnel de le reporter vers la fin du 4 e siècle. 
Après Saint Agnan on trouve les noms de Sévère , Castor , Africain , 
Possessor, Polychrone, Pallade, Arboust, Flavius; quelques-uns ajou- 
tent un Saint Villicos , successeur de Pallade , tous personnages parfai- 
tement inconnus qui certainement n'ont point existé et ne sont là que 
par une fraude pieuse, pour établir mensongèrement une succession non 
interrompue depuis l'an 33 jusqu'à Saint Solen. 

On est étonné de ne point trouver sur ces catalogues Saint Cheron et 
Saint Santin , que certains auteurs placent immédiatement après Saint 
A vent in. Je fais bon marché de Saint Santin ; mais si la tradition populaire 
mérite quelque créance , si son autorité doit suffire pour faire adopter 
par l'histoire un personnage des temps antiques, il me parait impossible 
de ne point regarder Saint Cheron comme l'un des fondateurs du Chris- 
tianisme dans le pays Char train. 

Jean Fabry ou Lefôvre, Évèque de 1379 à 1389, passe pour être 
l'auteur de ces catalogues. Nommé par l' anti-pape Robert de Genève, il 
voulut, en adoptant de fausses légendes et en les faisant consacrer par le 
Saint-Père, se faire pardonner sa nomination peu orthodoxe et rehausser 
d'autant l'éclat de son église. Comment , en effet, n'aurait-on pas reconnu 
la toute-puissance de Notre-Dame de Chartres, lorsqu'on démontrait qu'en 
Tan 33 , la Vierge Marie elle-même avait pris la peine d'envoyer prêcher 
le Christianisme aux Ca mutes? 

En résumé , pendant ces premiers temps , deux noms méritent seuls 
d'être reueillis par l'histoire , et si , après avoir détruit ce qui est faux , 
il m'est permis de. hasarder une hypothèse en faveur de ce que je crois 
vrai , je dirai : Saint Martin de Tours ayant fait deux voyages , dans le 
pays de Chartres en 3G8 (1) , il se forma aussitôt une église chrétienne 
dont Saint Cheron et Saint Agnan furent les premiers Évêques ; mais ou 
ne sait rien de certain sur leur histoire et sur celle des prélats qui ont 
pu leur succéder jusqu'à Solen , en 483. 

Ce que j'appelle la période des transpositions et omissions involon- 
taires, commence à Solen et finit à Girard, Évèque en 879 : en effet, 
le mensonge chronologique est dès -lors sans intérêt; qu'importe à la 
gloire de l'église de Chartres qu'elle ait été gouvernée par plus ou moins 
d'Évéques dans ces temps de confusion et d'ignorance? Pendant cette 

(I) Voir au chapitre procèdent, page 7. 



16 
période de 400 ans , les catalogues des archives comptent trente Évèques; 
mais les principaux auteurs d'histoire locale ne sont d'accord ni sur le 
nombre , ni sur les noms de ces prélats. Doyen en admet 30 et Chevard 
26 seulement; enfin une quatrième liste en comprend 29. Il faudrait un 
long travail pour chercher la vérité au milieu de ce conflit d'opinions, et 
le résultat ne vaudrait pas le temps qu'on y perdrait. Je me contenterai 
de signaler seulejnent quelques-unes des erreurs contenues dans lei 
catalogues. 

Celui de l'Evèché place après Solen un second Aventin , qui n'est pas 
sur les catalogues du Chapitre. Nous avons déjà raconté pourquoi Aventin 
fut élu avant Solen , sur le refus de celui-ci , comment il exerça les fonc- 
tions épiscopales en même temps que lui , et comment il devint son suc- 
cesseur. Ces circonstances l'ont fait considérer comme le coadjuteur de 
Solen et son nom n'a pas été porté sur la liste du Chapitre. 

Les deux catalogues admettent une erreur bien facile à relever pourtant; 
* après Calétric, mort en 551 (1), ils inscrivent Magobodus, Sigoaldos 
et neuf autres prélats en us, ce qui conduit jusqu'en 657; puis ils pla- 
cent alors Papolus ou Papou! , de 657 à 662, et Betharius de 662 à 669. 
Nous avons déjà dit, et le fait est établi dans l'histoire de Fleury, que 
Papoul poursuivit l'usurpateur Promotus devant le quatrième concile de 
Paris : or, Promotus avait été nommé Évéque de Chàteaudun, par 
Sigebert, fils de Clotaire 1 er , Roi d'Austrasie de 562 à 575 ; le concile 
de Paris où fut condamné Promotus eut lieu en 573 : il est donc évi- 
dent que l'épiscopat de Papoul doit être fixé à une époque de cent ans 
plus reculée , et que l'opinion de ceux qui le placent entre 569 et 594 
parait seule conforme à la vérité. 

Il y a même raison de décider pour Béthaire , successeur de Papoul. 
Ici la rectification se fait par une note des catalogues , ce qui démontre 
en passant avec quelle légèreté ils ont été faits. Cette note dit que sous 
l'épiscopat de Béthaire , la ville de Chartres fut prise par Thierry , roi 
des Bourguignons , qui fit l'Évéque prisonnier et le rendit ensuite à la 
liberté en lui restituant les richesses de son église. La Bourgogne ne 
fut gouvernée par Thierry que de 596 à 6 1 3 ; c'est pendant la guerre 
que Thierry soutint contre Clotaire II qu'eut lieu ce siège de Chartres ; 



(t) Celte date et les soixante* sont celles des catalogues et sont fausses comme on Ta 
le Yoir. 



17 
Clotaire II régna de 584 k 628 ; Béthaire n'a donc pas pu être Évéque 
de 662 à 696, il faut donc reculer aussi de cent ans son épiscopat et le 
fixer entre 594 et 609. 

Ainsi Papoul et Béthaire ne sont pas à leur rang sur les catalogues , et 
il convient de les placer tous deux après Calétric et avant Magobodus. 
Pour ce dernier et ses successeurs jusqu'à Gyrard, de 609 à 879, je n'en 
dirai rien : il n'y a que confusion et obscurité pendant ces deux siècles ; 
chaque auteur fait sa liste de noms barbares, disposés comme il lui plaît, 
et quelques faits certains , mais éloignés les uns des autres , pourraient 
seuls servir de guides à celui qui chercherait à débrouiller ce chaos. Ainsi 
Bemuinus (1), Évéque au temps de Charlemagne, signa le partage des 
états de ee prince entre ses enfants. D'Argentré (2) , dans son histoire de 
Bretagne , parie d'un certain Aytard , Évéque de Nantes , qui devint 
Évéque de Chartres vers l'an 849, et retourna ensuite à Nantes ; Aytard 
ne figure sur aucun des catalogues déposés aux archives. Le cartulaire , 
de Saint-Père raconte la mort de Frotoboldus , Évéque tué par un 
soldat normand lors du siège de Chartres par Hasting, en 858 (3). 

Je ne pousserai pas plus loin l'examen des catalogues ; ces obser- 
vations suffisent pour démontrer qu'ils méritent fort peu de confiance , 
et renferment toutes les erreurs qu'une piété maladroite voulait accré- 
diter, et toutes celles que l'ignorance avait adoptées sans examen. 

I/Évèque Gyrard commence ce que j'ai nommé la période historique , 
et depuis son pontificat jusqu'à nos jours , il n'existe plus d'incertitudes 
chronologiques dans l'histoire du diocèse , pour les faits importants 
bien entendu. Cinquante-un Évéques remplirent successivement les 
fonctions épiscopalcs depuis la mort de Gyrard en 883 , jusqu'à la no- 
mination d'Erard de la Marck , par Louis XII en 1 507 ; quelques-uns 
ont acquis de la célébrité à différents titres ; pour l'intelligence de ce 
travail, il est nécessaire de les signaler dès à présent. 

Âganon (926-941) fut un des bienfaiteurs de l'abbaye de Saint-Père- 
lès-Chartres , qu'il dota de riches revenus ; on l'enterra dans l'église de 
ee monastère , et , par respect pour sa mémoire , le cartulaire des titres 

(1) Chermrd. Doyen. 

(2) D'Argentré, Histoire de Bretagne, L. 3. 

(S) Oieray, dans l'histoire du Pays Ghartrain , oublie cet évéque , et place le siège de 
Chartres par Hasting , sons le pontificat de Gislebert , qui probablement fat son successeur. 

3 



18 
de cette maison , qui contient le recueil de toutes les traditions locales , 
fut appelé de son nom Âganum. 

Fulbert (1007-1028) était évoque lors du troisième incendie de la 
ville et de la cathédrale de Chartres, Tan 1020; il recueillit d'abon- 
dantes aumônes pour le rétablissement de son église , et eut la gloire de 
commencer l'édifice qui subsiste aujourd'hui. Fulbert était un grand 
théologien, Doclor sacrœ theologiœ egreghis 9 episcopus gloriosus. Il 
fit le premier célébrer en France la fête de la Nativité de la Vierge 
Marie ; aussi lorsqu'il tomba malade , Notre-Dame daigna-t-elle le visiter 
et le guérir miraculeusement , en répandant sur son visage trois gouttes 
de son bienheureux lait. Beata virgo in egretudine laborantem visitant 
et mamiîîam de sinu producens, lactis beatissimi très guttas super faciem 
ejus jecit (1). Ce lait recueilli avec soin par Fulbert fut conservé au 
trésor de l'église de Chartres jusqu'à la Révolution. 

lves (1090-1115). Cet évèque eut quelque peine à faire reconnaître 
son élection , ce qui l'obligea d'aller à Borne où il fut sacré par le 
Pape Pascal II, en 1091. Il fonda l'abbaye de Saint-Jean dans un des 
faubourgs de Chartres, fit des règlements pour assurer la présence des 
chanoines aux offices, et laissa sous le titre de Panorma, un recueil 
de lettres et de sermons. Il est surtout célèbre par son opposition au 
divorce de Philippe I er et de la reine Bertrade , fille du comte de 
Montfort. Il fit construire un jubé à l'entrée du chœur de la cathédrale. 

Geoffroy de Lèves (1115-1148), successeur dlves, fut comme loi 
obligé d'aller à Borne implorer l'appui du Pape contre Thibault , comte 
de Chartres , qui l'avait chassé de la ville. Il joua un grand rôle dans 
les querelles religieuses , fut nommé légat du Pape en France et en 
Italie , combattit sans relâche les schismatiques , et par son zèle associa 
son nom à celui de Saint Bernard. Il fonda (1117), près de Chartres, 
l'abbaye de Josaphat, où il fut inhumé (2). 

Guillaume Albimanus (l 104-1176), bien que théologien distingué, 
est moins célèbre par lui-même que par sa famille; neveu de Thibault, 
comte de Chartres , il était frère de la reine Alix de Champagne , femme 

(1) Voir le Catalogue, Evoque n° 8, Caisse XI. 

(2) Un vidimns de cet acte de fondation et le« originaux de plusieurs donations faito 
au monastère de Josaphat, par les contemporains de Geoffroy, ont clé retrouvés chez 
M. Hérisson. 



19 
de Louis VII , et par' conséquent oncle de Philippe-Auguste. Il quitta 
Chartres pour l'archevêché de Reims. 

Pierre de Mincy (1260-1279) eut l'honneur de présider à la dédicace 
de la cathédrale ; il vit se terminer les longs débats du Chapitre et des 
Comtes de Chartres par un accord approuvé par Philippe-le-Hardi. 
Sous sou épiscopat, le 10 juin 1262, un incendie détruisit entièrement 
la ville , à l'exception de la cathédrale et des églises Saint-Père e l 
Saint-André. 

Robert de Joigny (1315-1326) était frère de Jean, Comte de Joigur 
et neveu de M ahault , troisième femme de Charles de Valois , Comte de 
Chartres. Il excommunia les Flamands rebelles au Roi , démonstration 
fort inutile que personne ne demandait : il se servit le premier à l'égard 
du Chapitre, du mot mandamus, et créa ainsi pour lui et ses successeurs 
une querelle interminable , triste genre de célébrité. 

Miles d'IUiers (1458-1492) « Le Roy Louis unzieme , iectant hors de 
»• procès Miles d'IUiers Evesque de Chartres, feut importuné luy en 
» laisser quelqu'ung pour se exercer. » L'anecdote à laquelle Rabelais 
fait ainsi allusion dans son Pantagruel (Liv. 3. Chap. V.), est rapportée 
par Bonaventure des Perricrs dans sa XXXVII e Nouvelle (1), avec 
plusieurs autres traits attribués au même Evesque. Je ne garantis point 
l'exactitude de ces récits , mais ils conviennent , en tout point , au 
caractère de ce prélat, dont la vie fut un scandale et l'administration 
un long procès. Je ne dis rien de plus ici : le mal laissant toujours 
plus de traces que le bien dans l'histoire, j'aurai plus d'une fois occasion 
de parler de cet orageux épiscopat (2). 

Les premiers Evèques de Chartres , comme dans toutes les églises 
naissantes , furent nommés directement par les fidèles. L'épiscopat 
appartenait alors au plus digne : mener une vie irréprochable était la 
seule manière de le solliciter. Un peu plus tard le clergé seul eut voix 
à l'élection de l'Evéque, le peuple ne fut plus consulté que pour la forme. 
A cette usurpation des droits de tous par le clergé , succéda bientôt 
l'usurpation des droits du clergé par le Roi : dès le 6 e siècle , Sigebert , 
Roi d'Austrasie, fit un Evèque de Chàteaudun, sans tenir compte des 

(t) Contes et Nouvelles de Bonaventure des Perricrs. Tom. H*, pag. 233. Amsterdam» 
1711. 

(2) Voir les chapitres 111 et VIII de ce rapport. 



20 
réclamations du métropolitain de Sens, du Chapitre de Chartres et 
de la multitude des fidèles. Le Concile de Paris fit justice des pré- 
tentions de Sigebert , et le clergé , ou plutôt le Chapitre seul , nomma 
les Evoques , sauf l'approbation de F Archevêque de Sens , celle da Pape 
et enfin celle du Roi pour le temporel. 

Ce droit fut exercé sans trouble jusqu'en 1028; Thierry fut alors 
nommé Evêque par Bobert-le-Pieux qui le maintint sur son 
malgré les chanoines et l'Archevêque de Sens. C'était on des 
tiques persécuteurs qui , à l'instigation de la reine Constance , brûlaient 
les Manichéens. Quelques années plus tard (1077) Philippe I«* se 
permit bien encore de nommer un Evêque qui disputa un instant le 
siège épiscopal à Geoffroy , de la famille de Godef roy de Bouillon , élu 
par le Chapitre ; mais Grégoire YII trancha la question en déclarant 
l'élu du Roi, ambitieux, usurpateur et rebelle au Saint-Siège. Ce fait 
est le seul qui ait troublé le Chapitre dans l'exercice de ses droits, 
jusqu'au commencement du 14 e siècle. 

L'Evéque, pendant tout ce temps, fut choisi par le Chapitre, mail 
toujours avec l'approbation de l'Archevêque et du Saint-Siège. Les Boii 
de France donnèrent d'abord, h ce qu'il parait, leur assentiment, pois 
le droit changea peu à peu, et au temps de Saint Louis, le Chapitre 
demandait au Roi la permission d'élire un Evêque. Il existe aux archiva 
une de ces permissions accordée par ce prince en 1259 (1). C'est d'a- 
près cette autorisation que fut élu Pierre de Haincy. 

Les Papes portèrent plus d'une atteinte aux droits du Chapitre , 
eux surtout par leur exemple, contribuèrent à les anéantir. (1326) 
Après la mort de Robert de Joigny, comme les chanoines hésitaient 
à faire un choix, Jean XXII nomma Pierre de Chappes qui resta i 
Avignon , et ne vit jamais sa ville épiscopale ; ses deux premiers 
successeurs, Jean Pâté (1328), Aimery de Chatelux (1331) furent 
désignés par le même Pape , sans la participation du Chapitre. Le 
siège étant devenu de nouveau vacant sous le pontificat de Clément VI, 
il nomma sans difficulté Guillaume Amy (1342). Ce prélat fit prendre 
possession de son évôché par procureur , et donna sa démission en 
désignant lui-même pour son successeur Louis de Vaucemain (1349) , 
que le Pape confirma sur la recommandation du Duc de Normandie. 

(1) Evêque, n° 20. Caisse XL 



2» 
Simon k Maye (1357), Jean Dangueran (1360) , Guillaume de Chenae 

(1369), Gnarin d'Arc? (1371) forent tons choisis directement par les 
Papes Innocent YI , Urbain T et Grégoire XI. Puis le Chapitre reprit 
ses droits et les exerça dans tonte leur plénitude , par l'élection libre 
d'Ebles-Dupuy (1376), pour les perdre de nouveau en 1379. Les Évêques 
forent ainsi nommés par le Chapitre , par le Roi , par le Pape, sans au- 
cune règle fixe jusqu'en 1 507 ; le droit passa alors an Roi de France. 
René d'Ulters venait de mourir , le Chapitre s'adressa au Roi Louis XII 
pour demander la permission d'élire un nouvel Évéque ; elle lui fut offl- 
tieUemeat accordée (1). • 

Bien que les termes de cette permission paraissent assurer toute liberté 
aux Chanoines , Louis XII et son ministre Georges d' Amboise , donnèrent 
leurs instructions secrètes , d'après lesquelles le Chapitre pouvait élire 
qui bon lui semblait pourvu que son choix s'arrêtât sur Erard de la Marck, 
Évéque de liège , qui fut en effet nommé. 

Plus tard , Erard de la Marck ayant pris parti pour Charles-Quint 
(1521), François I er déclara son siège vacant, lui donna pour successeur 
Louis Guillard, chassé de Tournay par l'Empereur, et dès-lors les Cha- 
noines restèrent dépouillés de leur droit d'élection. 

Les Évéqnes et le Chapitre eurent de fréquents démêlés avec les 
Comtes de Chartres : j'aurai occasion d'y revenir en traitant de la juri- 
diction temporelle , mais je dois dès à présent parler d'une querelle toute 
personnelle aux prélats. 

Les comtes de Chartres s'étaient arrogés le droit de piller la maison 
épisoopale à la mort de l'Évéque; l'exemple du maître fut exactement 
suivi par ses officiers et l'on en vint à piller aussi les maisons des cha- 
noines. Ce singulier droit d'aubaine convenait plus à un chef de brigands 
qu'à un seigneur suzerain; aussi fut-il abandonné par le Comte Etienne, à 
la fin du 1 1° siècle; mais ses successeurs moins désintéressés ne man- 
quèrent pas de l'exercer de nouveau avec rigueur, et les Évéqnes im- 
plorèrent la protection du Saint-Siège. On a conservé plusieurs bulles (2) 
qui déclarent sacrilèges et violateurs des droits ecclésiastiques les redou- 
tables Crantes de Chartres , qui n'en continuèrent pas moins leurs dé- 
prédations; la dernière bulle fulminée contre cet étrange abus est du 

(1) iréqne, n* 45, caisse XI. 

(2) Trois bulles de Pascal II , tans date d'année. Pmilègcs a , n* 28, caisse X. 



22 
Pape Innocent II (1) , 22 mars 1 132. Il est probable que les Évoques 
ne s'affranchirent tout-à-fait de cette violence qu'à prix d'argent , mais 
il n'existe aux archives aucune trace de cette transaction. 

Depuis le 16 e siècle, il ne resta plus des anciens droits du Chapitre, 
que quelques vaines cérémonies destinées à les rappeler. Ainsi, l'Évèque, 
après son élection , prétait le serment de respecter les droits et privilèges 
du Chapitre; une bulle de Célestin III (1195) avait consacré cet usage 
(2) ; quand il n'y eut plus d'élection , les Prélats continuèrent à prêter 
le serment (3). Puis le Chapitre dépouillé dune autorité réelle s'attacha 
minutieusement aux formes qu'on avait laissé subsister ; de là une foule 
de querelles sur les préséances et les menus droits à recueillir sur les 
objets du culte. On disputa pour savoir si un Évêque simplement élu 
et bulle , mais non encore sacré , pouvait être encensé à vêpres , et de- 
vait baiser le texte avant le célébrant (4). On disputa pour fixer la part 
qui devait revenir à l'Évèque sur le luminaire , les enterrements et le 
produit de la sonnerie des cloches. On disputa pour décider si l'Évèque, 
dans les processions , devait marcher entre les deux files des chanoines 
ou dans l'une des files. Enfin chacune des cérémonies de la première 
entrée (5) des Évêques devint ainsi l'origine d'un débat. A toutes ces 
querelles dont le retentissement s'étendait parfois jusqu'à Rome , l'Évo- 
que , presque toujours protégé par le Roi et le Pape , gagnait quelque 
chose et le Chapitre compromettait jusqu'à sa considération. 

Les droits régaliens en vertu desquels le Roi nommait aux bénéfices 
pendant la vacance du siège épiscopal , paraissent avoir été exercés , 
pour la première fois , dans le diocèse de Chartres , par Louis IX. Une 
sentence arbitrale rendue en 1244 par les Abbés de Saint-Denis et d'Her- 
nière , statuant sur un fait particulier , décide qu'à l'avenir , pendant la 
vacance du siège épiscopal , la collation des dignités , personnats et pré- 
bendes de l'église appartiendra alternativement au Roi et à l'Évèque 

(1) Balle d'Innocent II. Privilèges A, n° 32, caisse X. 

(2) Bulle de Célestin III. Évêque , n° 11 ter, caisse XI. 

(3) Chapitre. Z. Liasse 2. Actes des serments prêtés par les Évêques, caisse XI. 

(4) Consultation sur cet objet. Chapitre. Contre l'Évèque AA, n° 21 , caisse II. 

(5) Relation de l'entrée des Évêques de Chartres et des cérémonies qui l'accompagnent , 
par J. D. F. Chartres 1780, in -8°. L'existence de ce livre me dispense d'entrer dans des 
détails sur cet cérémonies. 



23 
successeur. Cette pièce et beaucoup d'autres du même genre annoncées 
au catalogue , concernant l'exercice des droits régaliens , ont été perdues 
pendant la Révolution. 

Le droit de régale d'abord fort restreint , s'étendait à presque tout le 
royaume au temps de Louis XIY ; le Pape Innocent XI , en 1 679 , pu- 
blia un bref pour engager ce prince à remettre les choses dans l'état 
primitif, ce que Louis XIY n'eut garde de faire. 

Pour terminer ce chapitre , il me reste à dire un mot des successeurs 
d'Erard de la Marck. 

Louis Guillard avait été nommé par François I er , en exécution du 
concordat passé en 1515 avec Léon X; le Chapitre protesta contre ses 
bulles d'institution qui contenaient des clauses contraires à ses droits , 
mais Guillard , qui tenait surtout à prendre possession , déclara qu'il 
n'entendait point faire usage de ces clauses , et tout rentra dans l'ordre 
(1). Pour Erard de la Marck , aussitôt que le Roi de France l'eut déclaré 
son ennemi, il fut nommé à l'évèché de Tournay par l'Empereur (1521), 
mais il éprouva de la part du clergé de ce diocèse les mêmes difficultés 
qu'on faisait à Chartres pour recevoir Guillard. Ambitieux et brouillons 
tous deux , ces Évêques eurent , dans leur commun intérêt , le bon esprit 
de s'entendre et ûrent un acte par lequel ils déclarèrent permuter en- 
tre eux (2). Cette convention conclue dès 1524, leva les scrupules de tout 
le monde et Guillard ût son entrée dans l'église de Chartres le 2 juillet 
1525. 

Guillard fut courtisan avant tout , par suite grand persécuteur des ré- 
formés pour plaire à François I er et couvrir de l'autorité royale son 
mépris perpétuel des règlements canoniques. Enfin , pour unir digne- 
ment un épiscopat de dix-huit ans , pendant lequel tous les privilèges 
du Chapitre furent mis en oubli, toutes les diguités vendues, il se lit 
donner le siège de Chàlons et résigna l'évèché de Chartres à son neveu 
Charles Guillard (1553). Ce marché fut ratifié par une bulle de Jules III 
qui ne pouvait blâmer à Chartres ce qu'il autorisait publiquement à 
Rome. 

Charles Guillard administra d'après l'exemple de son oncle , mais il 
n'eut pas comme lui le mérite de conserver pure la foi de l'Église ; ama- 

(1) Arrêt du Parlement, 19 juin 1525. ÉYeq., n° 49, caisse XI. 

(2) Permutation du 10 mars 1524. Êvêq., n* 48, caisse XI. 



24 
teur de nouveautés , il laissa prêcher la réforme sous ses yeux , encou- 
ragea les hérétiques et fut sur le point d'abjurer. Le seul service qui! 
rendit à son diocèse fut de désigner Nicolas de Thou pour son suc- 
cesseur (1573). 

Le nom de Nicolas de Thou tient une place glorieuse dans l'histoire 
de la ligue. Ce sage prélat mit tous ses soins à calmer les esprits , à 
adoucir les malheurs de la guerre civile. Pour prix de son zèle éclairé, 
de sa piété sincère , le ciel lui accorda l'honneur de sacrer Henri-le- 
Grand dans la cathédrale de Chartres. 

Les successeurs de ce vertueux Évêque ont été Philippe Harault, 
son neveu, mort en 1620; Léonard d'Etampes, nommé en 1641 à l'ar- 
chevêché de Sens ; Jacques Lescot , mort à Paris en 1 656 ; Ferdinand 
de Neuville de Villeroi , 1690 ; Paul Godet des Marets , 1709 ; Moustier 
de Mérinville, 1746; Bosset de Fleuri, en 1780; et enfin J.-B. de 
Lubersac qui occupait le siège au moment de la Révolution et refusa le 
serment à la constitution civile du clergé. 

Comme nous aurons rarement occasion dans ce rapport de parler de 
ces derniers Évéques 9 il me semble inutile de donner une analyse 
de leur biographie , ainsi que je l'ai fait pour quelques-uns de leurs 
prédécesseurs. 



25 



III. 



lie Chapitre , — ses dignitaires , — «es privilèges. 



U y a cent ans , le Chapitre de Chartres était composé de dix-sept 
dignités ou personnats, de soixante-seize chanoines, et possédait 150,000 
livres de revenu. 

Les dix-sept dignités étaient 1° le Doyen , 2° le Chantre , 3° le Sous- 
Doyen , 4° le Sous-Chantre, 5° le grand Archidiacre, 6° l'Archidiacre de 
Dunoîs , 7° T Archidiacre de Pinserais , 8° l'Archidiacre de Dreux , 9° 
l'Archidiacre de Blois, 10° l'Archidiacre de Vendôme, 1 1° le Chancelier, 
12° le Chambrier, 13° le Prévôt d'Ingré, 14° le Prévôt de Normandie, 
15° le Prévôt de Mazengey, 16° le Prévôt d'Anvers, 17° le Chefcier. 

Nous allons indiquer sommairement les fonctions de ces dignitaires en 
ajoutant quelques mots sur les Marguilliers-Clercs , mais il convient d'a- 
bord de s'occuper des chanoines. 

LES CHAHOIflES. 

Tout Chanoine, lors de sa réception, devait affirmer par serment, qu'il 
n'avait donné ni promis aucun argent à qui que ce fût pour son insti- 
tution canonique (1), ce qui n'empêcha pas de vendre et d'acheter des 
canonicats. 

En cas de vacance, l'Évèque devait convoquer le Chapitre et désigner 
de vive voix le canonisande ; le Chapitre examinait si le candidat réu- 
nissait les conditions voulues et transmettait ses observations à l'Évoque , 
qui alors instituait définitivement le Chanoine ; on procédait ensuite a 
sa réception solennelle. 

Tel était le droit confirmé par un arrêt du parlement , du 7 septembre 
1479, mais les choses se passaient rarement avec cette régularité. Tel 
Évèque désignait le canonisande sans assembler le Chapitre, tel nom- 

(t) Bulle du Pape Calixte II. 1119. Chapitre C. A. n« 2, caisse I". 



28 
mait contre son avis , tel procédait lui-même à la réception du nouvel 
élu : de là, entre le Chapitre et les Évoques, une longue suite de procès 
que renfermaient cinq liasses , indiquées au catalogue comme ayant été 
perdues pendant la révolution- 
Un chanoine nommé et reçu ne jouissait pas pour cela de toutes les 
prérogatives attachées à son titre , notamment de tous les produits du 
canonicat. Ainsi on distinguait d'abord les chanoines m minorions , c'est- 
à-dire simples tonsurés non encore investis dn sous-diaconnat : ceux-là 
devaient assister aux offices dans les stalles basses , la tête découverte, 
et ne touchaient presqu'aucun des revenus de leurs bénéfices. Les cha- 
noines ainsi nommés étaient presque toujours des jeunes gens protégés 
spécialement par nn Évoque ; mais il arrivait souvent que , le protecteur 
mort , le prélat qui lui succédait refusait de leur conférer les ordres , 
et les laissait ainsi pendant de longues années dans une position secon- 
daire (1). 

Venaient ensuite les chanoines stagiaires qui ne recevaient que 40 sous 
tournois par an sur les revenus de leurs prébendes jusqu'à ce qu'ils 
eussent fait une résidence personnelle de six mois (Décret de l'Arche- 
vêque de Sens, 1171). 

La résidence à Chartres et l'assistance aux offices étaient le droit gé- 
néral pour tous les chanoines ; une bulle de Luce II (1144) avait décidé 
que nul ne recevrait de distribution manuelle s'il n'avait assisté aux 
matines et à la messe du jour. Un statut de l'Évéque Renaud de Mouçon 
(1208) avait ordonné que nul ne pouvait gagner son gros, c'est-à-dire, 
sa part annuelle des dîmes , s'il n'avait résidé et assisté personnellement 
aux offices pendant six mois dans l'année, d'une Saint-Jean à l'autre. De 
plus, une bulle d'Alexandre III (1159) avait donné au Chapitre le droit 
de réduire à 20 sous les droits annuels des absents sur les produits de 
leurs bénéfices (2). Mais comme ces règles sévères se prêtaient mal aux 
caprices des Papes et des Bois , on inventa des privilèges à la faveur 
desquels les absents furent tenus pour présents , et n'eurent plus à sup- 
porter aucune retenue sur leurs revenus. 

Une bulle d'Honorius III (1216 à 1227) avait déclaré les chanoines 
absents déchus de tous droits sur les distributions affectées aux offices 

(1) Pièces et notes sur les chanoines in m in or ib us , cote N, n° 3, caisse I". 

(2) Bulle d'Alexandre III (4 arril U59).L, no 10, caisse I». 



27 
4a jour et u avait admis d'exception qu'en faveur des étudiants eu 
théologie; une bulle d' Innocent 1Y (1252) releva le chanoine Etienne, 
chapelain du Pape, de son serment de résidence et ordonna qu'il 
jouirait de tous les revenus de son canonicat (1). La porte ouverte 
aux abus ne se ferma plus : les ecclésiastiques attachés à la personne 
du Saint-Père ou de l'Archevêque de Sens , les conseillers clercs au 
parlement, les chapelains du Roi de France , les musiciens du Roi , 
MM. de la Sainte-Chapelle de Paris, les Évéques des autres diocèses, 
les avocats du Roi, les précepteurs des princes, purent conserver le 
titre de chanoines de Chartres, et ne rien perdre des avantages y 
att a ch ée, sans jamais résider. 

Enfin le scandale des absences alla si loin, qu'Henri IV fut forcé 
de foire un édit (mars 1606) pour y mettre ordre. Le nombre des 
chanoines privilégiés fut limité à six pour toutes les églises où il y 
avait plus de 36 prébendes. 

Les chanoines pouvaient , avec la permission du Saint-Père , résigner 
leurs canonicats , c'est-à-dire , donner leur démission en faveur d'une 
personne déterminée. U va sans dire que toute résignation était un 
acte de népotisme ou de simonie ; mais le Chapitre n'avait rien à voir 
là , aussi ne se méla-t-il jamais à ces petits trafics que pour défendre 
ses propres intérêts. On établit d'abord que ( 1437 ) nul ne pour- 
rait résigner son canonicat sans avoir au préalable réglé ses comptes 
avec le Chapitre; mais plus tard, comme cette loi entravait trop 
encore la transmission des bénéfices, on décida qu'il suffirait au 
résignant de se porter pleige et caution du résignataire. 

LE DOYEN. 

r 

Le Doyen était électif; c'était la seule dignité qui ne fût pas à la 
nomination de l'Évêque. Aussi est-il formellement exprimé dans les 
actes capitulaires que le Doyen n'est pas chef, mais membre consi- 
dérable du Chapitre et son premier justiciable. Ses fonctions l'obi i 
geaient à défendre les droits des chanoines contre l'Évêque d'abord , 
et contre tous autres qui eussent voulu leur porter atteinte. 

Ce qui parait singulier, c'est que ce gardien des privilèges du. 

(I) Vidimut de cette bulle. M , »• 2 , came I". 



28 
Chapitre n'était pas pour cela nécessairement chanoine. Tontes te 
pièces concernant le doyen sont aujourd'hui perdues ; mais en foil 
par les indications du catalogue que les prérogatives d'un Doyen 
non chanoine avaient été scrupuleusement réglées par des délibé- 
rations capitulaires et des arrêts du parlement. Un tel Doyen avait 
le droit d'entrer dans le lieu capitulaire avec voix consultative, d'y 
recueillir les voix des chanoines et de siéger au chœur avec toutes 1» 
prérogatives attachées à son titre : tel était au moins l'usage dm 
Chapitre du Mans qui parait avoir été adopté par celui de Chartres. 
Mille d'Illiers , quoique non Chanoine , fut reçu Doyen en 1 508 ; 1 
conserva ce titre après sa nomination à Tévéché de Loçon et ne le 
perdit que par son élection au siège de Chartres. 

La dignité décanale pouvait se résigner comme un simple cano- 
nicat ; ainsi le voulaient les usages , malgré les règles du drofc 
commun et de la plus vulgaire logique, d'après lesquelles toute 
charge élective semble ne pouvoir être transmise par l'élu sans l'in- 
tervention des électeurs. 

Outre les droits que le Chapitre pouvait exercer contre le Doyen 
son mandataire , il avait aussi à réclamer de lui certaines redevances 
particulières , charges obligées de sa dignité. Par exemple , le Doyen 
était tenu de fournir aux chanoines du vin clairet et des petits pâtés 
au retour de la procession des Rogations, la veille de l'Ascension; 
plus tard ce repas ne fut plus composé que de pain, de raves et de 
craquelins (sorte d'échaudés); enfin, par un accord conclu le 22 
mars 1769, il fut convenu que le Doyen ne serait plus redevable que 
de 24 onces de cire blanche envers chaque chanoine. 

LE CHANTRE. 

Comme à la Sainte-Chapelle de Paris , le Chantre était le second 
dignitaire du Chapitre ; il avait la direction du culte et ordonnait les 
processions , où il faisait briller orgueilleusement son bâton cantoral 
près de la crosse du prélat. Le Chantre, disent les anciens statuts, 
préside à l'office divin, au chant, aux cérémonies; il doit veiller 
non-seulement sur les heuriers et matiniers, mais encore sur tous 
ceux qui sont dans le chœur ; il installe les chanoines au chœur , les 
place au rang qu'ils doivent occuper, donne le signal aux musiciens, 



29 
avertit pour les encensements, annonce le Gloria in excelmkYÊvèqut, 
et enfin est chargé de chasser les chiens de l'église. Placuit capitulo 
quad cantor per se , vel per alium , seu per altos , expellat vel expelli 
facial canes ne intrent chorum et ecclesiam. (Reg. capitulaires 1397.) 

Il Ta sans dire que chacune des attributions du Chantre fut l'objet 
d'un procès; la lutte s'établit surtout entre lui et le Sous-Doyen. 
Celui-ci prétendait devoir remplacer le Doyen en cas d'absence, tandis 
que le Chantre soutenait que la suppléance du premier dignitaire 
appartenait de droit au second : le Chapitre décida en faveur du 
Chantre» 

Les fonctions de Chantre de F église de Chartres furent exercées 
plusieurs fois par des prélats étrangers au diocèse : au commencement 
du 1 3 e sièle , c'était le légat du Pape , Guillaume , Archevêque de 
Reims. Alors , ainsi que dans tous les cas privilégiés que nous 
avons indiqués en parlant des chanoines, le second dignitaire dis- 
pensé de la résidence, touchait les revenus de la charge et laissait 
comme de raison, 

« A des chantres gagés le soin de louer Dieu. » 

LE SOU S- DOT EN. 

Deux mots seulement sur le Sous-Doyen. Il suppléait ou aidait le 
Doyen dans ses fonctions , mais il ne le remplaçait pas dans ses 
honneurs et gardait son rang après le Chantre. 

Le Sous-Doyen était en outre archidiacre de la ville et banlieue 
et jouissait de tous les droits attachés à ce titre , ce qui lui donnait 
un revenu de 1,050 livres en sus de son canonicat. 

LB SOUS-CHAHTBE. 

Le Sous-Chantre (succenlor) tenait au bas chœur la place occupée 
ao chœur par le Chantre; à lui la direction de cette partie du ser- 
vice de f église, à lui de présider à tout ce qui se chante hors du 
cbceur ou de l'église dans les processions; à lui aussi de dresser la 
table du chant de chaque jour et de la faire afficher. 



30 



LES ABCHIDIACRES. 



Les Archidiacres sont les yeui de l'Évêque , disent les docteurs en 
droit canonique ; ils doivent suppléer le prélat dans ses fonctions x 
surveiller sous ses ordres les choses du culte dans toute retendue 
du diocèse. Ils ont les pouvoirs de l'Évêque par délégation et les 
exercent dans leur plénitude sous son autorité ; mais leurs attributions 
s'étendent surtout aux choses spirituelles, à l'administration du culte. 

Avant 1098, l'évèché de Chartres se divisait en ville et banlieue, 
où les fonctions d'Archidiacre étaient remplies par le sous- doyen, 
et en six archidiaconés , de Chartres ou grand archidiaconé , de 
Dunois, de Vendôme, de Puiserais, de Blois, de Dreux. Après la 
distraction des archidiaconés de Blois et de Vendôme, les deux 
dignités ne restèrent pas moins au Chapitre ; ces Archidiacres , sans ; 
avoir aucune juridiction sur les pays dont ils portaient le titre, 
reçurent chacun une rente de 300 livres sur l'abbaye de Joyenval, 
comme l'Archidiacre de Dunois qui perdait aussi 54 paroisses par 
l'érection du nouvel évéché de Blois. 

LE CHANCELIER. 

Comme les attributions attachées aux différents titres n'étaient pas 
les mêmes dans tous les Chapitres, il serait assez difficile de dire 
aujourd'hui quels étaient les droits et les devoirs du Chancelier de 
l'église de Chartres; tous les papiers concernant la chancellerie ont 
été perdus pendant la révolution et les indications du catalogue sont 
tout-à-fait insuffisantes ; elles apprennent seulement que la chancellerie 
n'était point une dignité mais un simple office; (1) que le Cham- 
brier de l'abbaye de Saint-Père-en- Vallée était tenu , à titre de re- 
devance , de fournir annuellement au Chancelier de l'église de Chartres 
huit paires de bottes de cuir ou de lui en payer la valeur à raison 
de 15 sols par paire. Guillaume Goulet ayant refusé cet impôt en 
1 43 1 , le Chapitre fulmina] contre lui une sentence de suspense et 
d'excommunication. 

Les catalogues font voir encore que le Chancelier était obligé par 

(1) Notes et extraits du Litre Vert. Chancellerie A , n° 7 , caisse XVII. - 



31 
sa dignité de prêcher la passion le Vendredi-Saint , et qu'il ne pou- 
vait commettre ce soin à un autre sans l'agrément du Chapitre. 

Enfin , il parait aussi que le Chancelier avait la police de la librairie 
et la surveillance des écrivains, puisque le 20 décembre 1606 , le 
bailli de Chartres fit défense à Nicolas Parfait, de la religion pré- 
tendue réformée, écrivain de profession établi dans la paroisse 
Sainte-Foy , d'exercer Fart de récriture dans la ville et faubourgs , 
n'en ayapt point obtenu la permission du Chancelier. 

LE CHAMBRIER. 

La Gbambrerie n'était pas non plus une dignité, mais seulement 
un office (I). Le Chambrier était tenu de fournir l'eau pour les 
bénitiers ; il occupait au chœur la 6 e place a parle decani et siégeait 
par conséquent après les Archidiacres : cependant lorsqu'il était question 
de la partition des prébendes et du choix d'icelles au Chapitre de 
Saint-Georges , il avait le droit d'opter immédiatement après le Sous- 
Chantre et avant tous les Archidiacres. 

Le Chambrier , et c'était là sans doute la plus importante de ses 
fonctions, présidait au partage des biens du Chapitre. Le doyen ayant 
voulu le troubler dans l'exercice de ce droit , il y fut maintenu par 
sentence du bailli du 8 avril 1718. 

LES PREVOTS. 

Au 18 e siècle les Prévôts n'avaient plus aucune des attributions 
originairement attribuées à leur titre ; dignitaires, mais non plus officiers 
du Chapitre , ils ne se distinguaient plus des autres chanoines que par 
le rang et les honneurs et ne possédaient point de droits plus étendus 
sur les pays dépendant de leurs prébendes. 

Dans l'origine , au contraire , les Prévôts étaient tout puissans. Il y 
avait quatre prévôtés appelées de Nogent , de Fontenay , d' ArnUly et de 
Beauce; ceux qui en portaient les titres avaient en outre l'adminis- 
tration de tout le temporel du Chapitre; ils étaient pour les affaires 
et la justice de ce monde , ce qu'étaient les Archidiacres pour le culte 
et la discipline. 

(1) Notes cl extraits du Litre Vert. Charobreric, n« 4, caisse XVII bis. 



32 

Qu'arriva-t-il ? les Prévôts d'abord modestes chanoines , assez dé- 
voués pour accepter la mission de veiller aux intérêts de l'église et 
de rendre la justice en son nom, devenus bientôt mandataires in- 
fidèles de leurs frères, ne se firent faute d'aucune exaction contre les 
vassaux du Chapitre. Saint Yves ( i) , à la fin du 11 e siècle , leur défendit 
de dépouiller aucun paysan de sa récolte entière. Puis (2) Goslin (1 140} 
de concert avec les prévôts eux-mêmes , fit un règlement pour mettre 
des bornes aux abus de tout genre de leur administration. Enfin, 
comme dans les revenus des biens de l'église , MM. les Prévôts avaient 
toujours la part du lion , le Chapitre leur retira l'administration da 
temporel pour partager régulièrement les prébendes. 

En 1 174 (3) Guillaume , Archevêque de Sens , fit translation au Cha- 
pitre , de toutes les justices des quatre Prévôtés. En 1 193 , par accord 
entre l'Évèque , le Chapitre et les quatre prévôts , il fut convenu que 
les revenus des prévôtés retourneraient en toute propriété au Chapitre 
à mesure que les prévôts viendraient à mourir et qu'on donnerait à 
leurs successeurs les quatre grandes prètrières dites de Normandie, 
de Mes a n g ey, d'Auvers et d'Ingré , qui seraient appelées prévôtés. Cet 
accord , approuvé par Philippe Auguste , fixa définitivement la position 
des Prévôts qui ne changea plus jusqu'à la suppression du Chapitre. 

LE CHEFCIER. ¥ 

Le Chefcier était la dernière dignité du Chapitre : il veillait à la 
conservation des reliques, à l'emploi de la cire, aux détails de l'œuvre, 
et nommait les six marguilliers-clercs dont la mission était de l'aider 
à remplir ses fonctions. 

La responsabilité du Chefcier s étendait à tous les objets accessoires 
du culte. Les registres capitulaires font voir qu'il était tenu de rem- 
placer ce qui était volé parmi les choses confiées à sa garde. Ainsi 
le Chapitre condamna un Chefcier à restituer une chemise déposée 
par dévotion sur la châsse de la Vierge, qui avait été dérobée par 

(1) Lettres de S«»nt Yves. Chapitre. Prévôtés en général GG, n° i, caisse II. 

(2) Lettres de Goslin. Chapitre. Prévôtés en général GG , n« 2, caisse 2. 

(3) Translation des quatre prévôtés au Chapitre. GG , n° 3 , caisse 2. 



33 
une iuain sacrilège ; un autre à fournir , à ses frais , des cierges en- 
levés du lieu où la , dévotion les avait placés ; un autre enfin à rendre 
à l'œuvre un urceau, un goupillon et un calice d'argent pris dans 
l'église (1). 



Nous savons que le Chapitre était fort jaloux de ses droits et savait 
les défettdfce : delà le soin tout particulier qu'il apportait à la rédaction 
des registres capitulaires qui offrent un recueil complet de sa juris- 
prudence et la chronologie exacte de tous les petits faits intérieurs. 
Mais c'était un trésor inaccessible aux profanes , car une ordonnance 
capitulaire défendait expressément d'en donner communication à qui 
que ce fût sans une permission spéciale. Le même esprit d'ordre et 
de conservation avait fait adopter l'usage d'entretenir auprès du 
Saint-Père des solliciteurs chargés de représenter en toute occasion les 
intérêts de l'église de Chartres. Il reste encore aujourd'hui quelques- 
unes des lettres de ces agents (2). Une charge analogue existait aussi 
auprès de l'Archevêque de Sens, tant qu'il fut reconnu comme mé- 
tropolitain. 

Avec le temps , le Chapitre perdit presque tous ses droits , l'élection 
de l'Évéque, l'exercice de la juridiction spirituelle et temporelle, etc.... 
Mais il conserva intacts les ws, cérémonies et préséances établis et 
réglés par les anciens : l'usage de porter la robe rouge les jours de 
fêtes solennelles ; celui d'envoyer à la chambre de ville deux députés 
qui avaient le titre d'échevins et prenaient le pas sur leurs collègues 
laies , etc, Enfin voici quel était Tordre que devaient tenir au chœur et 
dans les processions , messieurs les dignitaires et chanoines : 1° le Doyen, 
2° le Chantre, 3° l'Archidiacre de Chartres, 4° l'Archidiacre de Dunois, 
5° le Sous-Doyen , 6° le Sous-Chantre, 7° l'Archidiacre de Pincerais, 
8° l'Archidiacre de Blois, 9° de Dreux, 10° de Vendôme, 11° le 
Chambrfer , 1 2° le Chancelier , 13°, 14°, 15°, 16° les quatre Pré- 
TÔts, 17° le Chefcier (3) , et ensuite les chanoines par ordre d'ancienneté. 



(1) Extrait des registres capitulaires concernant les obligations du Chefcier. Chefccrie , 
n° 2 bis, caisse XX bis. 



(2) Chapitre P , n° 4 , caisse I". 

(3) Rang et préséance des dignités. Chapitre A , n» 34 , caisse I" 



5 



34 
Ce serait ici le lieu d'entrer dans quelques détails sur la discipline 
intérieure du Chapitre (1), mais les éléments d'un pareil travail man- 
quent absolument; les catalogues ne disent rien et je ne trouve en 
dehors que des notes informes , desquelles il résulte que l'on condamnait 
à l'amende pour les fautes commises au chœur ; que la fréquentation 
des femmes et servantes, des jeux publics, du cabaret, était punie 
de la discipline et de l'interdiction du sacrifice de la messe pendant 
un certain temps. Peut-être les pièces des jugemens disciplinaires 
rendus contre les chanoines ont-elles été détruites pendant la révo- 
lution; peut-être aussi l'usage du Chapitre était-il de ne pas laisser 
subsister les dossiers de pareils procès. 

Nous verrons, en traitant' de la juridiction spirituelle et temporelle 
et des biens possédés par le Chapitre, quels étaient ses différents 
droits et la manière dont il les exerçait par rapport à l'Évêque , aux 
seigneurs suzerains, à ses vassaux. Occupons-nous des privilèges que 
lui avaient accordés les Papes et les Bois; c'était là aussi une source 
de droits nombreux et profitables. 

Les privilèges des Papes sont généraux ou particuliers , selon qu'ils 
confèrent des droits , délèguent des pouvoirs , d'une manière absolue , ou 
qu'ils disposent pour des cas spéciaux. 

Les privilèges généraux ont pour objet de protéger l'Évoque et le 
Chapitre contre ceux qui pouvaient se trouver en position d'attenter à 
leurs droits; tels étaient les suivants : • 

Contre les légats apostoliques : Privilège aux chanoines de ne pouvoir 
être excommuniés , interdits , suspendus de leurs fonctions ou privés 
de l'entrée de leur église par la seule autorité d'un légat, délégué 
ou subdélégué de la cour de Rome , à moins que leurs lettres ou per- 
missions ne fassent mention expresse de ce droit en désignant nomi- 
nativement l'église de Chartres. A T tst litterœapostolicœplenam etexpressam 
fecerint de hac indulgentia et Carnotensis ecclesiœ mentionem. (2) 

Contre l'Archevêque de Sens : Privilège qui exempte le Chapitre de la 
juridiction du métropolitain, et qui défend à l'Archevêque de mettre 
pour quelque cause que ce soit aucune taxe sur les chanoines, sans 

(I) Correction et discipline. Chapitre A, n° 85, caisse I r *. 

' (2) Bulle du Pape Urbain IV, 12 mai 1261. Privilèges A, n° 11 bis, caisse X. Voir aussi 
Privilèges A, n° 4 bis , 5 , G. — Bulles semblables des Papes Innocent IV et Alexandre IV. 



35 
le consentement exprès du Saint-Siège dont le Chapitre relève immé- 
diatement (1). 

Contre les juges séculiers : Privilège qui affranchit les chanoines de 
tonte juridiction séculière, hors le cas de féodalité ou autre posses- 
sion séculière indulgemus ut nuilus vos aut aliquem veslrûm ad 

judicium pertrahat seculare, nisi rations feodi aut allerius cujuslibet 
possession** (2). 

Contre tout usurpateur ou spoliateur : Privilège qui place les cha- 
noines et tous leurs biens sous le patronage du Saint-Siège (3). 

Hais les Papes ne s'étaient pas bornés à promettre solennellement 
leur protection au Chapitre; pour mieux montrer leur bonne volonté , 
ils lui avaient aussi donné le droit de se défendre lui-même , lavaient 
armé des meilleures pièces de l'arsenal du Vatican (4). Le Chapitre était 
autorisé à excommunier quiconque entreprendrait de le molester, soit 
dans la personne de ses chanoines , soit dans celle de ses serviteurs , hommes 
de corps, vassaux, ou même dans ses biens, et tous ceux qui refu- 
seraient de lui payer les droits qui lui étaient dûs. 

Parmi les privilèges particuliers, il en est plusieurs qui ont été 
accordés à l'occasion de faits dont le récit n'est pas sans intérêt pour 
l'histoire des mœurs de nos aïeux. 

Des bulles émanées de Célestin III (1195) avaient conféré au Cha- 
pitre un privilège exorbitant qui ne tendait à rien moins qu'à rui- 
ner les seigneurs féodaux au profit de l'église. Les hommes de corps 
et serfs d'Adelle, comtesse de Blois et de Chartres, trouvant plus avan- 
tageux de servir les chanoines que leur maîtresse , désertaient jour- 
nellement ses domaines pour se donner au Chapitre. Les chanoines 
les accueillaient avec empressement, les faisaient jouir des privilèges 
et immunités accordés à tous leurs hôtes et domestiques. 

La comtesse de Blois présenta ses réclamations au Chapitre; elle 
faisait valoir ses droits légitimes sur les serfs de ses domaines , on 

;l) Balle de Clément IV. 22 décembre 1350. Privilèges B, n° 4, caisse X. 

(2) Balle de Célestin III. 19 juin 1195. Privilèges À, n° 3 bis, caisse X. 

(3) Bulles d'Alexandre III , Urbain III, Clément IV et Paul II. Privilèges A, n M 1, 2, 
1 1 et 24 bis, caisse X. 

(4) Bulle de Lace III de 1181 — 87. Privilèges A, n* 1 bis, caisse X. Voir aussi les 
Bulles d'Alexandre IV et de Martin IV. Privilèges A, n° 6 bis, 7, 8, 9, 13. 



36 
lui objecta les lois divines de l'église qui lui ordonnent d'ouvrir ses 
portes à tous les infortunés ; elle parlait raison , on lui répondit théo- 
logie. On choisit pour arbitre la reine Alix, veuve de Louis VII, et 
son frère l'Archevêque de Reims, Guillaume-aux-Blanches-mains , au- 
paravant Évêque de Chartres ; ils jugèrent en faveur de la comtesse. 
Appel au Saint-Siège : l'orgueilleux Céleslin III , était alors fort mal 
avec le Roi de France , Philippe- Auguste, et lui refusait la permission 
de répudier Iugebergc pour épouser Agnès de Méranie. 

Le moment était bon pour humilier la puissance séculière , on en 
profita ; l'Archevêque de Bourges fut délégué avec les Evèques de 
Paris et d'Orléans pour juger l'affaire ; ils décidèrent que le Chapitre 
était libre de recevoir à son service et de faire jouir de ses privilèges 
tous les hôtes, serfs et hommes de corps du Comte de Blois et de 
Chartres qui jugeraient à propos de le quitter. Cette sentence, confirmée 
par bulle du Pape , créa un droit que les hommes d'armes du Comte 
rendirent illusoire en faisant bonne garde pour empêcher les désertions. 
Toutes les pièces de ce curieux procès sont perdues , il ne reste plus 
que les indications du catalogue. 

Par privilèges spéciaux, Innocent IV et Alexandre IV (1253-1256; 
autorisèrent le Chapitre de Chartres à se retirer et à résider à Mantes ; 
voici à quelle occasion. 

Le jour de la Pentecôte 1253, je ne sais à quel propos, une vio- 
lente querelle s'éleva entre les bourgeois de la ville et les servans 
du Chapitre; ces derniers laissèrent deux des leurs sur la place. Les 
meurtriers, pour échapper au châtiment, allèrent trouver certaius cha- 
noines à eux connus , de ces hommes comme il y en a dans toutes les 
compagnies , petits esprits brouillons , ambitieux , turbulents et tou- 
jours désireux d'embarrasser leurs collègues; ils se donnèrent à eui 
et furent reçus au nombre de leurs serviteurs. Le Chantre Régnault 
de TÉpine critiqua vivement la conduite de ces chanoines ; Hugues de 
Chavernay, l'un d'eux, répondit par des menaces, et la nuit suivante le 
Chantre fut tué en allant à matines (1) ; alors la division fut au comble, 
on se battit tous les jours , et enfin le doyen et la majorité du Cha- 

(1) Magister Reginaldus de Spina quemdam de eisdem Canonicis de rcccplionc talium rc- 
darguil personnarum , hujutmodi redarguationem idem Canonicus moleste ferens , ci fuit 
graviter comminatus t et idem Cantor sequenti nocte, dum ad Matulinas accèdent extitit 
interfectui. Bulle d'Innocent IV. 125'i. Privilèges A» n° 5 Lis, caisse X. 



37 
pitre s'adressèrent au concile provincial qui leur accorda la permission 
de se retirer à Mantes , où ils purent célébrer leurs offices et jouir 
de tous leurs privilèges. Cependant les meurtriers ne restèrent pas 
impuuis : l'Archevêque de Sens et ses suffragants lesÉvèques de Paris, 
d'Orléans , d'Auxerre , de Troyes et de Meaux , siégeant en concile pro- 
vincial (juillet 1255), condamnèrent Hugues de Chavernay etGoslin son 
frère , auteurs du meurtre , à cinq années d'exil en Angleterre. Deux 
clercs , Gilbert dit Cocus et Jacques dit Besoce , reconnus complices de 
l'assassinat, furent exilés en Terre-Sainte. Cette sentence qui n'est pas 
tout à fait selon la justice distributive de nos jours , est un curieux monu- 
ment de la discipline ecclésiastique au 13 e siècle ; elle fait partie des 
pièces retrouvées chez M. Hérisson (1). 

En 1256, les chanoines se retirèrent de Mantes à Étampes et ne 
revinrent à Chartres que Tannée suivante. Macé était alors Évèque ; 
je ne sais quel rôle il joua dans toute cette affaire, mais il n'est nommé 
ni dans les bulles du Pape, ni dans les décrets du concile provincial. 
Au reste les historiens locaux ont à peine parlé de cet épisode in- 
téressant. 

Il fallut encore des lettres de privilège spécial des Papes Innocent 
IV et Alexandre IV (1249-1256) pour dispenser les chanoines de l'o- 
bligation de courir les chances du duel juridique. 

Les seigneurs laïcs pouvaient alors forcer les ecclésiastiques à prouver 
par la voie du duel , par eux mêmes ou par champions , la possession 
des hommes de corps qu'ils prétendaient leur appartenir. Cet usage 
s'établit en France seulement et par abus; partout ailleurs les ecclé- 
siastiques étaient dispensés du jugement de Dieu. Ces deux bulles 
ont été perdues à la Révolution. 

Enfin , par privilège spécial encore , dans les circonstances extraor- 
dinaires, lorsque sur la demande des Évèques, les Papes autorisaient 
la perception d'un don carilatif sur le produit des bénéfices du diocèse , 
cette obligation ne frappait point sur le Chapitre qui, au contraire, avait 
droit au tiers de la subvention accordée (2). 

J'ai déjà plusieurs fois signalé avec quel discernement les papiers 

(1) Chanterie A, n° 3, caisse XI ter. 

(2) Sentence et autres pièces au sujet du don caritalif. Pmilegcs A, n°* 17, 20, 
23 , etc., caisse X. 



38 
disparus des archives depuis le recensement des catalogues en 1796, 
ont été choisis, en voici une nouvelle preuve. À la fin du premier 
volume du catalogue , sous le titre de privilèges en général se trouve 
la liste de neuf titres d'un intérêt historique incontestable ; tous 
existaient après la Révolution : ils sont aujourd'hui égarés et aucun 
d'eux ne s'est retrouvé chez M. Hérisson. Parmi ces pièces étaient la 
Charte de Louis-le-Gros (1111), annonçant au Chapitre la destruction 
du château du Puiset ; diverses lettres patentes des Rois Philtppe-le-Bel , 
Philippe VI , Jean, Charles. VII, Louis XI; et enfin le serment prêté 
par Henri IV , le jour de son sacre à Chartres , entre les mains de 
l'Evèque , de maintenir et conserver les privilèges, immunités et droits 
anciens des églises du Royaume. 

Ce serment emportait à la fois pour le Chapitre de Chartres le 
maintien de tous les privilèges qui lui étaient communs avec le clergé 
du diocèse et du royaume , et la confirmation des privilèges spéciaux 
que lui avaient accordés nos anciens Rois. Ainsi le Chapitre ne re- 
connaissait d'autre seigneur supérieur et dominant que le Roi, à cause 
de sa couronne (1). 

Il pouvait prendre à son service des bourgeois , leur donner le titre 
d'avoués du Chapitre et leur attribuer ainsi à eux et à leurs familles 
les exceptions et prérogatives dont il jouissait lui-même (2). 

Il ne ressortissait que des juridictions supérieures et pouvait toujours, 
en toute matière, réclamer le droit de committimus qui lui avait été 
garanti par lettres de garde-gardienne renouvelées par tous nos Rois, 
depuis Philippe VI jusqu'à Louis XIV (3). 

Il était exempté du logement des gens de guerre et de l'obligation 
de fournir des chevaux et charriots pour les armées du Roi (4). 

Les chanoines n'étaient point sujets à l'impôt des tailles ainsi que 
les fermiers et sous-fermiers, si ce n'était à raison de leur patri- 
moine. 

Enfin le Chapitre conférait à ses serfs et hommes de corps des 

(1) Arrêt du Conseil. 3 mai 1686. Privilèges G, n° 2, caisse X. 

(2) Avoués du Chapitre. Privilèges E, caisse X. 

(3) Droit de Committimus. Privilèges D , caisse X. 

(4) Privilèges G, caisse X. 



39 
privilèges importants qui expliquent la désertion des vassaux de la 
Comtesse de Blois. Voici à ce sujet quelques détails. 

Par lettres de Louis-le-Gros (1128), les serviteurs et hommes de 
corps de l'Évèque et du Chapitre furent admis à témoigner en justice 
et à plaider contre toutes personnes libres ou serves , sans pouvoir en 
être empêchés par personne : quand ils étaient , pour les besoins de 
la guerre, appelés à servir dans les armées, ils ne perdaient point 
pour cela leur qualité de serviteurs du Chapitre , ni aucuns de leurs 
droits; louis-le-Jeune l'avait ainsi réglé par lettres-patentes (1168); 
Thibault, comte de Chartres et de Blois , affranchit aussi (1 1 8 1 ) les serfs 
et hommes de corps du Chapitre, habitant la ville, de la charge 
d entretenir les murs et fossés de la cité (1). 

C'était beaucoup pour les pauvres serfs du moyen âge; ils étaient 
assurés en outre de vivre sous la domination ecclésiastique , toujours 
plus douce et plus éclairée , si elle n'était ni moins avare , ni moins ab- 
solue, que celle des seigneurs laïcs (2). 

Le Chapitre protégeait énergiquement ses serviteurs; nous ne ci- 
terons qu'un seul exemple. Louis VIII, en 1224, confirma une sen- 
tence arbitrale rendue par Guérin , Évêque de Senlis , Chancelier du 
royaume, qui condamnait les fils du seigneur de Gallardon à faire 
amende honorable et à payer certaine somme (3) d'argent en expiation 
du crime par eux commis en maltraitant les serviteurs du Chapitre. 
Ces lettres sont parfaitement conservées ainsi que le sceau du prince 
qui y est attaché. 

Cependant cette condition de serviteurs du Chapitre n'était pas 
tellement heureuse qu'on ne s'efforçât incessamment d'en sortir. Chaque 

(I) Exemption accordée par Thibault. Privilèges F, n° 7. 

(î) Il armait souvent que pour récompenser un serf, le Seigneur laïc le donnait à 
«ne corporation religieuse. Celte coutume profitait ainsi à tout le monde, le Seigneur 
faiiait une bonne action qui ne lui coûtait guère , le serf acquérait une condition 
Meilleure , les moines avaient un serf de plus , et enfin l'influence du catholicisme 
tigmentait d'autant. Il existe dans les archives de l'abbaye de Bonneral une charte de 
ce genre , par laquelle Hugues, Seigneur de Méré ville, donne à l'abbaye un serf à lui , 
tioii qu'il l'avait promis sur la tombe d'Elvrard son fils. Cette pièce n'est point datée» 
■ttis l'écriture indique le commencement du 11' siècle. 

(3) Quadraginta tibra» Carnotense* , videlicet XX , libras in instanti festo Omnium Sanc- 
iorrat et XX libra* in sequenti festo Ascemionii Domini. Privilèges F, n« 8, caisse X. 



40 
père , chaque famille , rêvait pour ses fils , pour ses descendants , une 
autre existence encore , celle de l'homme libre. Quels étaient les hommes 
libres? les nobles, les prêtres. Que faire alors? devenir nobles... im- 
possible , il fallait pour cela ce que personne ne peut se donner , des 
ancêtres. Les rangs étaient complets, impénétrables, inaccessibles. Mais 
il y avait place pour tous dans la maison du Seigneur ; le Christ ne de- 
mande point au Lévite : Quel est ton père ? il lui dit : Veux-tu de- 
venir mon fils? Quelques études, une vie chaste, un peu de protection, 
suffisaient au pauvre serf pour obtenir la liberté ; mais ce trésor était 
pour lui seul , il ne devait le transmettre à personne , l'affranchis- 
sement était au prix de la tonsure. 

Un peu plus tard on affranchit pour de l'argent, mais encore avec 
tonsure; plus tard ce bienfait s'étendit davantage; on affranchit, 
toujours à prix d'argent, des hommes mariés, des femmes, des fa- 
milles entières. C'était un moyen de se procurer des ressources dans 
les moments difficiles ; l'avarice tournait au profit de l'humanité. Le 
peuple ainsi racheté aima davantage le catholicisme auquel il devait 
les premiers affranchissements. Telle est sans doute une des principales 
causes du peu d'empressement que montra la grande majorité de la 
nation pour les idées de la réforme. 

Nous possédons aux archives 22 actes de manumission et d'affran- 
chissement accordés par le Chapitre depuis 1252 jusqu'en 1344, 
parmi lesquels se trouvent ceux de plusieurs maisons bourgeoises do 
pays, entre autres des familles Chalines (1272) et Grenet (1316); ces 
actes précieux ont été analysés , annotés et mis en ordre par M. 
Rossard père • nous ne pouvons mieux faire que de renvoyer à cet 
estimable travail (1). 

(1) Actes d'affranchissement. Pririlégcs F, n° 14, caisse X. 



41 



IV 



Du Culte. — Œuvre Notre-Dame* 



Avant de parler da culte , il est naturel de dire quelques mots du 
magnifique édifice où se célébraient toutes les cérémonies du culte. La 
X)Uection des archives ne renferme rien qui se rattache à la construction 
le l'église : quelques notes recueillies dans les nécrologes et qui ont 
léjà été publiées (1) sont, avec ce que nous avons dit précédemment, 
les seuls renseignements positifs qu'on possède jusqu'à ce jour. La 
question de savoir à quelles époques furent exécutées les différentes 
parties du temple , reste entièrement abandonnée aux recherches et 
aux conjectures des savants , des antiquaires et des artistes. Fidèle 
au programme que je me suis tracé , ne perdant pas de vue l'objet de 
ce rapport qui est de faire connaître les documents déposés aux 
archives , je dois me borner à examiner quelques difficultés chro- 
nologiques, à détruire quelques erreurs accréditées. 

H. Lejeune a publié sur les sinistres de la cathédrale de Chartres 
une notice intéressante 5 qui m'a été fort utile pour me guider dans ce 
travail , mais qui , pourtant , contient quelques inexactitudes que je dois 
signaler. L'auteur s'est trop fié aux allégations de ses devanciers , et 
les a quelquefois reproduites sans les vérifier ; ainsi au commencement 
on lit : 

« Le premier sinistre qui frappa réglise de Chartres et dont les chroniques 
• nous ont conservé le souvenir , eut lieu , dit Souchet (2) au Chapitre deux 
» de son histoire manuscrite, sous le règne de Thierry second, Roi de France, 
» et pendant l'épiscopat de Flavius *, 37* ou 39* Evêque du diocèse. La ville 

(1) M. Lejeune. Notice sur les sinistres de la Cathédrale, in-12, chez Garnier, Imprimeur- 
Libraire à Chartres. (1839}. 

;?) I.e manuscrit de cette histoire inédite est à la bibliothèque de Chartres. 

G 



12 
» entière fut brûlée ainsi que son église , l'an 770. Le manuscrit de sa fon- 
» dation , dans lequel il a puisé ce document , s'exprime ainsi : » 

« La première destruction 

» Fut Tau de l'Incarnation (1) 

» Sept cent soixante et dix. » 

Autant d'erreurs que de mots; j'en suis bien fâché pour Souchet. 
D'abord celui qu'on désigne ordinairement sous le nom de Thierry 
second , est un fils de Childebert II , Roi de Bourgogne , il régna 
de 590 à 613, iious avons eu déjà l'occasion de parler de lui; donc 
si Thierry II était Roi , la date est fausse ; si au contraire la date est 
vraie , on ne sait plus comment expliquer la présence d'un Thierry Roi 
de France , quand Gharlemagne était depuis deux ans devenu le suc- 
cesseur de Pépin-le-Bref , son père. 

Loin de débrouiller ce désordre , l'étude de la chronologie des évè- 
ques ne fait que l'augmenter encore. Voici ce qu'on trouve sur le 
catalogue dressé par le Chapitre : 

« Flavius fuit XXXVII Episcopus. Incipit anno VII C XXVI. Sub rtgno 
*• Theodori secundi qui regnavit XV annos sub ducat u Caroli Marteili et rexit 
n eccltsiam XV annos. » 

Gomment l'incendie de 770 a-t-il eu lieu sous l'épiscopat de Flavius, 
quand celui-ci , nommé Évéque en 726 , a cessé de l'être quinze ans 
après, c'est-à-dire en 741? 

Le nom de Charles-Martel explique-t-il au moins quel est ce Thierry? 
ne serait-ce point Thierry IV, fils de Dagobert III? celui-là vécut bien 
sous la tutelle de Charles-Martel, mais couronné à l'âge de huit ans, 
en 721 , il mourut sans postérité en 737 ; il ne régnait donc point non 
plus lors de l'incendie de 770 ? 

Concluons que si la date de 770 est vraie , l'incendie n'a eu lieu ni 
du temps de Charles-Martel, ni sous le règne d'aucun Thierry, ni sous 
l'épiscopat de Flavius, et remarquons de plus que le catalogue do 
Chapitre ne fait aucune mention de ce sinistre. 

Ce n'est pas tout , sur le catalogue de l'Évéché , à côté du nom de 
Flavius est la note suivante : 



(1) M. Doublet de Boisthibault, Avocat à Chartres , dans une petite brochure dont noi>^ 
parlerons tout à l'heure, a répété tout cela en copiant aussi sans examen. 



43 
« Hic fuit tcmpore Caroli Calvi, qui regnare cepit anno 845. Hujus tempo re 
» Juit incendio vestata civitas Car no te ru is anno 870 et hoc tempore fuit statut uni 
<* le landit anno Domini 877. Istam combustionem vocat Gaufridus primam in 
» legenda sancti Aniani quam fecit. » 

Cette dernière version n'est pas pins concordante que la première ; 
d'abord le commencement du règne de Charles- le-Chauve y est mal 
indiqué, Louis I er son père mourut en 840. Ensuite comment cet 
incendie est-il appelé le premier en 870, quand un autre qui parait 
hors de doute avait déjà détruit la yille et l'église en 858? 

Je dis que l'incendie de 858 est hors de doute parce que les circons- 
tances en sont parfaitement connues. Les historiens placent ce fait sous 
le règne de Charles-le-Chauve : lors de l'invasion des Normands , Hasting 
leur chef s'empara de la ville et la brûla après un siège pendant lequel 
l'Évéque Frotobold périt en défendant la place. 

Comment accorder ces indications contradictoires? de quelle valeur 
peuvent être ces catalogues qu'on a toujours copiés servilement? Au 
milieu de ces erreurs , voici sans doute la vérité ; mais comme je n'ai 
aucune preuve à donner, je me borne à la présenter modestement 
comme une hypothèse ; je crois donc qu'il convient de rectifier les vers 
que nous avons cités plus haut et de dire : 

» Lu première destruction 
» Fat l'an de l'Incarnation 
• Cinq cent nouante et dix. ■ 

L'incendie de la ville et de l'église se trouvera ainsi fixé vers la 
siiième année de l'épiseopat de Béthaire, l'an 600, et Ton sait qu'en ce 
temps-là la cité de Chartres fut prise par Thierry II , Roi de Bour- 
gogne, alors en guerre avec son cousin Clotaire II (1). 

On est à peu près d'accord sur l'époque et les circonstances des 
aatres incendies que souffrit l'église de Chartres. Il en est un cependant 
sur lequel la controverse est encore flagrante, celui de 1194. Il ne se 
trouve aux archives du Chapitre aucune pièce qui fasse mention de 
cet événement , ce qui serait fort singulier si le fait était vrai ; Begnault 
de Mouçon était Évèque depuis 1 182, les catalogues entrent dans quel- 
ques détails sur son épiscopat ; ils parlent de chapelles par lui fondées , 

(1) Voir ci-dessus, page 16. 



44 
comment se tairaient-ils sur un fait aussi important? Dan autre côté 
plusieurs historiens rapportent des circonstances précises qui ne per- 
mettent guère de douter qu'il y ait eu au moins un incendie des voûtes 
construites auparavant en bois. En 1839 une notice fut publiée à ce 
sujet; ce petit ouvrage produit avec impartialité les pièces du procès. 
Les textes cités me paraissent si positifs , la réfutation qui leur est 
opposée si peu complète , qu'il m'est impossible de conclure avec 
l'auteur (lj qu'il n'y a pas eu d'incendie en 1194. 

La cathédrale de Chartres a déjà été l'objet de nombreux écrits ; on 
a examiné son architecture , ses vitraux, ses clochers plusieurs fois 
ruinés et reconstruits , et son antique jubé. Il n'existe aujourd'hui sur 
tous ces objets aucun document antérieur au XVI e siècle. On trouve 
seulement quelques actes qui ont rapport aux travaux occasionna par 
les incendies des clochers en 1506 et 1694 : la lettre originale datée 
de Versailles, 21 avril 1763, par laquelle l'Évèque Fleury autorisa 
le Chapitre à préluder aux indignes maçonneries qui déshonorent le 
chœur de la vieille basilique , par la démolition du jubé de Saint-Yves (2); 
et enfin le dossier complet de ces travaux, de 1763 à 1772. 

Les artistes ont souvent et avec raison blâmé l'ensemble de cette 
décoration moderne; ils n'ont pas même épargné le groupe de l'As- 
somption de la Vierge, du sculpteur Bridan. Il ne m'appartient pas de 
discuter une question d'art , ni d'examiner si ces ouvrages sont mauvais 
en eux-mêmes ou seulement déplacés au milieu d'un édifice du moyen- 
âge : mais il est bon de dire en passant , ce qu'ont coûté ces prétendus 
embellissements. 

Les marchés sont au dossier (3) avec les pièces justificatives et les 
quittances. Je ne ferai ici mention que des objets principaux , sans 
compter une foule de frais de détail restés à la charge du Chapitre , 
comme les transports, les échafaudages , les indemnités de voyage , etc. 

(1) M. Doublet de Boisthihault. 

* 

(2) Ordonnances capitulaires sur tout ce qui tient au culte et à l'administration de l'Eglise - 
Chapitre. A, n° 36, caisse l r «. — Réception des travaux du clocher ▼ieîl. Œuvre Notre- 
Dame. A , n° 33 , caisse III. — Lettre de M. de Fleury , même caisse , n° 38. 

(3) OEuTre Notre-Dame. A, 38 Lis, caisse III. — Ces pièces n'étaient point portées au* 
catalogue, mais leur place était naturellement à la suite d'autres pièces du même genrer 
qui étaient inventoriées. 



45 
Par convention do 17 janvier 1767 , Bridan (1) s'engagea à exécuter 
en marbre de Carrare le groupe de l'Assomption , composé au moins 
de quatre figures de huit pieds de proportion , d'après le programme 
suivant , savoir : 

« La Sainte Vierge s'enlevant au ciel soutenue sur des nues et de trois 
» Anges qui sembleront l'enlever ou la soutenir ; plusieurs têtes de Ché- 
» rubins seront répandues ça et là afin de rendre de la manière la plus na- 
» turelle, la plus expressive et la plus auguste, l'Assomption de la Sainte 
» Vierge qui semble s'élever au ciel par quelque vertu qui lui soit propre 
» en même temps que par le ministère des anges que Dieu lui a envoyés. » 

Bridan eut 30,000 livres pour sa main-d'œuvre; il alla lui-même 
choisir et acheter les marbres à Carrare et les fit transporter en France , 
ce qui coûta 33,056 livres. 

Le même sculpteur reçut 75,000 livres pour l'exécution et le pla- 
cement des huit bas- reliefs du chœur, représentant différents sujets 
de la vie de la Vierge. 

Les statues et les bas-reliefs qui décorent du côté de la nef l'en- 
trée principale du chœur, furent payés 12,000 livres au sculpteur 
Berruer (2) ; l'architecte Louis (3) reçut 1 1 ,000 livres. 

Il y eut pour 42,000 livres d'ouvrages en stuc; pour 33,000 livres 
d'ornements en bronze doré , tant à la grille du chœur qu'à l'autel ; 
pour 11,000 livres de serrurerie. Le mémoire du marbrier se monte 
à 18,000 livres. 

Ainsi l'ensemble de ces travaux principaux coûta au Chapitre 
236,056 livres. Si l'on comptait en outre les peintures , les achats 
de matériaux , les menuiseries des stalles et de la chaire épiscopale , 
etc. , cette somme serait certainement doublée. Et tout cet argent n'a 



(1) Bridan (Charles-Antoine) , dans une pièce écrite de sa main, prend le titre de Sculp- 
teur du Boy , membre et professeur de la Cadémie de peinture et de sculpture de Paris. Né 
en Bourgogne en 1730, cet artiste fut reçu à l'Académie en 1772; il professa pendant 
trente-deux ans et mourut à Paris le 28 arril 1805. 

(2) Berruer (Pierre) , membre de l'Académie, né à Paris ; il est l'auteur de deux bas-reliefs 
«|ai décorent le portique de l'École de médecine à Paris. 

(3) Louis ( Louis - Victor ) , pensionnaire du Roi et premier architecte du Roi de 
Pologne. 



46 
servi qu'à accomplir une œuvre sans goût , sans utilité , disgracieuse , 
regrettable à tout jamais (1). 

Au nombre des papiers de l'œuvre sont aussi quelques pièces aux- 
quelles une cérémonie récente prête un nouvel intérêt. Je veux parler 
des marchés passés par le Chapitre en différents temps pour la fonte 
des cloches (2). Ces documents peuvent servir à compléter un travail 
curieux publié en 1840, par ordre de l'Évèché, à l'occasion de la bé- 
nédiction des nouvelles cloches de la cathédrale (3). 

Ainsi ils apprennent que les trois cloches du clocher neuf , Anne , 
Renée , Jean-Baptiste, posées en 1510 furent fondues de nouveau en 
1570; que Jean-Baptiste prit alors le nom de Catherine, sans doute 
en l'honneur de la reine Catherine de Médicis; que ces trois cloches 
furent fondues encore une fois en 1606 ; enfin que pour le timbre on 
employa 7,000 de métal au prix de 6 livres les cent livres. 

L'auteur anonyme de l'ouvrage cité , qui a cherché avec beaucoup 
de patience dans les historiens locaux tout ce qui se rapportait h son 
sujet , a malheureusement oublié que les archives pouvaient renfermer 
des renseignements authentiques négligés par ses devanciers. 

Ainsi, par exemple, il laisse sans la résoudre la question de savoir 
quand fut fondu pour la seconde fois le gros bourdon Marie placé au- 
trefois dans le vieux clocher ; il aurait trouvé aux archives une quittance 
signée Jean Griffet , maître charpentier, de la somme de 100 livres 
pour avoir monté au clocher vieil et enhunè la cloche Marie , en date du 
22 juin 1510. L'inscription moitié profane de cette cloche méritait 
aussi d'être rapportée ; la voici (4) : 

« En ego sum pia , cul genitrix et nata tonantis 
» Nomen inextinctiim. virgo Maria dédit. 



(1) Sur tout ce qui précède on peut consulter le rapport officiel de M. Dideron an Ministre 
de l'instruction publique. 1838. 

(2) Œuvre Notre-Dame. A, 23, caisse III. 

(3) Prières et cérémonies pour la bénédiction des cloches, précédées d'une notice 
historique concernant la sonnerie ancienne et moderne de l'Eglise cathédrale de Chartres , 
in-1 2; Chartres 1840, chez Garnier, Imprimeur-Libraire. 

(4) OEuvrc Notre-Dame. A, 23 bis, caisse III. 



47 

» Ethere sublimi divin as intono laudes 

» Et faciles super os ad pia vota traho : 
» Armonicis hjrlarata sonis plebs tota résultat : 

» Surgit et ad sacras clerica turba preces. 
» Et que nuper eram , casu confracta sinistro , 

» Hoc Fabrice impensis sum reparata modo , 
» Mille et quingentos bis quinque peregerat orbes , 

» PJiebus ab eois sœpe revectus equis. 
» Rex. Ludovic us erat duodenus , s tr ennuies or mis , 

» Justicia firmus et pietate vigens. » 

Il est à remarquer que l'auteur de ces vers , qui pourtant vivait 
au XVI e siècle , a eu le bon sens de ne point faire dire à la cloche qu'elle 
a la vertu de chasser les démons dans les airs , et le bon goût de ne 
pas omettre le nom du prince régnant dans son inscription (1). 

J'ai dit que le Chefcier, chef de l'œuvre, avait sous ses ordres 
plusieurs officiers pour l'aider dans ses fonctions ; c'était , outre les 
marguilliers clercs , les deux porte-masses , le queux , le sous-queux , 
le portier , le sonneur , qui étaient les marguilliers laïcs. Il y avait aussi 
le draconnaire , les éteigneurs de chandelles , etc. Les éléments ne man- 
quent pas pour faire l'histoire de ces diverses charges et donner le 
détail de toutes ces fonctions dont plusieurs étaient tellement abjectes 
qu'il fallait un grand fond d'humilité chrétienne pour les accepter. 

Je pourrais dire quelles étaient en toutes circonstances les obli- 
gations d'un éteigneur de chandelles, ou d'un sous-queux ; je pourrais 
donner de longs détails sur les débats multipliés à propos du partage de 
la cire, de la fourniture de l'huile, de l'encens, etc., mais je préfère 
renvoyer les curieux aux documents eux-mêmes (2). 

L'œuvre Notre-Dame avait ses revenus et sa comptabilité à part. 
Ces revenus se composaient de la perception de plusieurs droits de 
censives , du loyer des boutiques adossées aux murailles de l'église , 
de rentes foncières, de rentes servies par des familles par suite de 
fondations , du produit des troncs , des oblations , et enfin d'une 
somme annuelle de 1,000 livres donnée à l'œuvre par l'Évéque à cause 
de l'abandon que le Chapitre lui avait fait de la chapelle Saint-Nicolas. 

(1) Voir la brochure de 1840 et les inscriptions des nourelles cloches. 

(2) OEiiYre Noire Dame. B, n* 13 et 1 4, caisse III. — BB. 6, 7 et 8. — CC. 4 , caisse IV. 



48 
Tout cela, en 1702, s'élevait seulement à 5,998 livres 18 sols : dans 
cette même année la dépense avait été de 5,019 livres 1 1 sols 9 deniers; 
restait ainsi 979 litres 6 sols 3 deniers d'économie. Ce compte de 1702 
est le seul qui se trouve aujourd'hui aux archives (1).' 

Mais si les revenus de l'œuvre étaient médiocres , ses richesses mo- 
bilières , d'après les inventaires qui nous restent , étaient très-cohsidé- 
rables. Le plus ancien de ces inventaires est daté de 1353 ; c'est 
aussi celui qui décrit le plus de merveilles ; les châsses , les vases satire* , 
les ornements resplendissaient alors d'une profusion totite orieâtà&e de 
saphir, de perles, d'émeraudes; il est parlé d'un paon d'or à bÇttefte 
déployée , nuancé de pierres précieuses. 

Ces trésors après tout n'étaient qu'en dépAt dans les églises; quand 
les nécessités de l'État l'exigeaient, le Roi ordonnait de tout vendre, 
et l'or qui avait servi à rehausser l'éclat des cérémonies du culte , se 
convertissait en fer pour combattre les ennemis de la France. 

Le trésor d'une cathédrale était avant tout le trésor public ; aussi 
au retour de la paix , le premier soin des souverains était-il de déposer 
entre les mains du clergé les plus riches dépouilles des vaincus. 

Souvent donc le magnifique mobilier de Notre-Dame de Chartres fat 
vendu et reconstitué par les munificences du Roi et des bienfaiteurs 
de l'église. De 1562 à 1591 les guerres de religion imposèrent au 
Chapitre de nombreux sacrifices (2). On vendit tout en ce temps là, le 
grand crucifix d'argent qui ornait le jubé , du poids de quatre-vingts 
marcs sans la croix (3), les lampes, les ornements , les reliquaires; 
c'était une nouvelle croisade , une guerre sainte , la cause de l'église 
bien plus que celle de la royauté. Tout rentra dans l'ordre sous le 
règne de Henri IV; ce prince se montra généreux pour l'église oi* 
s'était accomplie la cérémonie de son sacre , Marie de Médicis fit 1 
fondation d une lampe d'or qui fut volée plus tard (4) et l'État n'exige 
plus rien jusqu'en 1759 

(1) OEuYre Notre-Dame. A. 27, caisse III. 

(2) Eut des argenteries et reliques, rendues de 1562 à 1591. OEurre Notre-Dame. 
28, caisse III. 

(3) Billets trouvés dans le grand crucifix d'argent. Reliques. D. 19, caisse III. 

(4) Voir au chapitre de la juridiction temporelle. 



49 

Louis XV eut alors recours au clergé pour fournir aux frais des 
guerres d'Allemagne, et le Chapitre de Chartres, sur l'invitation du mi- 
nistre Saint-Florentin, envoya à la monnaie 195 marcs 1 once 3 gros 
d'argenterie appartenant à l'église (1). Quelques années plus tard le 
trésor de Chartres devait passer violemment tout entier entre les mains 
de l'Etat. 

L'église sous-terre formait une petite église à part, bien que con- 
fondue pour l'administration avec l'œuvre Notre-Dame. Cette partie de 
l'édifice, la seule que vit édifier l'Évéque Fqlbert, comprenait onze 
chapelles (2) ; la principale , était celle de Notre-Dame de Bon-Secours 
où était déposée l'image de la Vierge qui était en possession d'ex- 
citer plus particulièrement la dévotion. Bien des miracles s'accom- 
plirent par l'intercession de cette Vierge , et , quand le temps des prodiges 
visibles fut passé , le Pape Clément X institua en faveur de cette cha- 
pelle un miracle invisible et partant perpétuel. Pouvoir lui fut donné 
de délivrer une âme du purgatoire le jour de la commémoration des 
morts, pendant l'octave de cette fête et tous les lundis et samedis de 
l'année, toutes les fois que la messe y serait célébrée à l'intention 
d'un trépassé (3). Un sacristain était chargé de veiller au service de 
l'église sous-terre , d'assurer la célébration des offices et , enfin de 
surveiller et diriger la confrérie des sœurs des Cryptes. Cette asso- 
ciation religieuse remonte au XII siècle. Le mal des ardents faisant de 
grands ravages à Chartres , on invoqua le secours de la Vierge ; les 
malades se faisaient apporter dans l'église basse pour y faire leurs 
dévotions ; pour les recevoir et les soigner, on institua les sœurs 
des Cryptes et leur confrérie subsista toujours depuis. 

Une donation de 40 sols de rente qui leur fut faite en 1419 par 
une veuve Coiffet, et dans la suite d'autres libéralités formèrent peu 
à peu à ces sœurs, un petit revenu qui donna de l'importance à 
leur société. Les sœurs des Cryptes étaient nommées en Chapitre ; toutes 
les pièces qui se rapportent à cet objet, contenues autrefois en 18 
cottes, sont aujourd'hui perdues. 

(1) Œuvre Notre-Dame. A. 34, caisse III. — EE 7 , caisse IV. 

(2) Voir ci-après le chapitre des Chapelles. 

(3) Bulle de Clément X. 24 fc?rier 1670. 



50 

Les offices divins se célébraient à Chartres cotome partout aOlatas, 
sauf quelques usages particuliers , tel que celui de ne point s igs- 
nouiller à l'élévation , aujourd'hui abandonné. Parmi les nombreuses 
pièces qui ont rapport aux usages de l'église de Chartres, je A'tia 
signalerai que deux qui présentent un intérêt de curiosité : ce soft 
les statuts de la confrérie de la Yierge et une lettre de Henri A $k 
Chapitre 

Ces statuts ne portent pas de date , mais ils furent publiés an 
nom d'Erard de la Mark, c'est-à-dire de 1507 à 1521. L'exem- 
plaire imprimé que Ton conserve aux archives peut donc être tôfr- 
sidéré comme un monument des premiers temps de l'imprimerie (l). 
Le préambule de cet écrit rappelle sommairement toutes -kh légendes 
sur la fondation de la cathédrale : 

« La glorieuse Yierge Marie dès le commencement de la première église et 
» publication de la foy chrétienne , loy de grâce , a voulu estre honorée, louée 
» et vénérée et a esleu la dicte église comme son tabernacle et spécial domicile. 
» en terre. » (2) 

Vient ensuite le règlement de la confrérie : tous les fidèles du* 
diocèse, hommes , femmes, enfants, prêtres et laïcs sont appelés à 
à en faire partie ; une foule de grâces spirituelles leur sont promises , 
ils peuvent se faire absoudre des cas réservés par tout. prêtre de kor 
choix , etc. ; aussi l'Évéque d'ajouter : 

« Affin que lesdits confrères ne soient ingrats des crans bénéfices spirituels 
» et qu'il y ayt cause de leur donner tels bénéfices, nous vonlons et ordon- 
» nons vng chacun pour entrer en la dicte confrairic paye douze deniers 
» tournois et pour l'issue autant, et pour la continuation par chacun an six 
» deniers tournois, en comptant l'homme, la femme et les enfans pour ung. 
» Pour appliquer à la construction du cueur qui se fait en ladite église et 
» aultres grans ruynes et démolition qui ont été faictes en ladicte église par 
» fouldre, tempeste et tonnoyre. » 

Au moins le but de cette confrérie était utile, puisqu'il s'agissait 
d'exécuter le beau travail qui entoure le chœur de l'église. Le suc- 
cesseur d'Erard de la Mark, Louis Guillard, et plus tard Léonard 

(1) Voir le dernier chapitre de ce rapport. 

(2) Œuvre Nolrc-Dnmc. A. 18 , caisse III, 



tfl 



<f Estampes (1622) publièrent de nouveau ees statuts qui furent con- 
servés et exécutés jusqu'à la suppression du culte. 

La lettre de Henri II , datée d'Anet 28 octobre 1549 , porte la si- 
gnature autographe de ce prince. Elle fut écrite à l'occasion du refus 
Ait par le Chapitre de procéder à la réception de M e Claude Sublet, 
nommé chanoine par ordre du Roi à l'occasion de son avènement à 
la couronne. Sublet était précepteur de madame Diane , fille naturelle 
du Bol, et comme tous les gens de cour portaient la barbe longue; 
or , messieurs les chanoines de Chartres , tous rasés , prétendaient qu'il 
était impossible d'installer un chanoine barbu. Il parait que le Iloi 
leur fît d'abord observer que Sublet ne devant poiut résider , mais 
bien retourner auprès de son élève , <^ès qu'il serait reçu , il n'y avait 
aucun inconvénient à l'admettre au choeur avec sa bar^e : les cha- 
noines ne voulurent point entendre raison et refusèrent trois fois de 
recevoir leur nouveau collègue. Ce fut alors que Hepri II , irrité de 
ces délai? , écrivit la lettre dont il est question. Le style du prince 
est celui 4nn homme qui veut être obéi; il reproche vertement au 
Chapitre fes \ulQ\Urables département* , le* paroles quii sowwtes qu'il 
s'eg pçqpis et termine par cette phiwe éqergique : 

• Toutes ces choses nous sont un suffisant témoignage du peu de compte 

• que vous faites de nos instances , prières , mandemens et authorité , pour-' 
» quoy nous sommes jà résolus de ce que devons faire le cas advenant que 
» vous veuillez persister dans vqs refus et empêchements contre la réception 

* dudit Sublet (1). » 

(t) OBttvre Koirt-Dtme. C. n° 11» caiste III. 



52 



V. 



Relique*. — Cérémonie* extraordinaire*. 



Au moyen âge , c'était pour une ville , pour un peuple , un grand 
avantage que la possession de reliques en vénération. Les princes ne 
manquaient jamais d'emporter celles qu'ils trouvaient dans les Tilles 
abandonnées au pillage ; après les traités de paix , les Bois se don- 
naient réciproquement des reliques; enfin le souverain Pontife faisait 
de oes débris que l'opinion rendait précieux, un puissant moyen de 
récompense et d'émulation. Il serait aujourd'hui d'un courage trop 
aisé , d'une philosophie trop vulgaire de s'élever contre les objets du 
respect religieux de nos pères; mieux vaut, dans l'intérêt des études 
sur les antiquités nationales , s'en tenir aux récits pleins de mer- 
veilles que nous a transmis leur naïve croyance. Toutefois, avant 
d'aborder un sujet , si difficile à traiter sans éveiller des susceptibilités 
respectables , il n'est pas inutile de rappeler que l'auteur de ce rap- 
port s'est fait une loi sévère de n'affirmer rien sans être en mesure 
de le prouver par des pièces authentiqués. Dans ce chapitre surtout, 
lorsqu'il ne cite point textuellement, il analyse toujours : les docu- 
ments sont sous ses yeux : il raconte les faits tels qu'ils ont été , sans 
les torturer pour les plier à la justification d'une opiftion ou d'un 
système adopté à l'avance , car il est une chose qu'il faut respecter 
avant tout , la vérité. 

La plus sainte de toutes les reliques du trésor de Notre-Dame de 
Chartres est sans contredit la chemise de la Vierge Marie : ce vê- 
tement était le même que portait la mère de Jésus-Christ le jour de 
l'Annonciation et lors de son accouchement. Si on ne sait positivement 
comment cette chemise est venue à Chartres, on sait, à n'en pa& 
douter , que « Noire-Dame n'estait si souffreteuse et dénuée de moyens 
» quelle ri eus t des chemises pour changer et se tenir blanehement 



53 
» et nettement » (l). Donc il a pu se trouver après la mort de Marie 
un certain nombre de chemises que les fidèles ont partagées entre 
eux . Ces reliques furent cachées avec soin pendant les persécutions , et 
lorequ'enfin l'église nouvelle triompha , on les exposa aux hommages 
des chrétiens. 

Il y eut jusqu'à trois de ces chemises à la fois à Constantinople , 
et Von croit que c'est Tune d'elles qui fut depuis transportée à Chartres , 
soit qu'elle ait été envoyée directement à Charles-le-Ghauve , soit que 
ce prince Tait seulement retirée d'Aix-la-Chapelle, où son aïeul 
Charlemagne l'avait fait déposer. L'important est l'authenticité de la 
relique et die est suffisamment prouvée par les miracles qui se sont 
opérés dans la cathédrale de Chartres. 

Ces prodiges sont nombreux : sans compter l'intervention de la 
Vierge dans les sièges soutenus par les Ghartrains, ce qui se trouve 
raconté par tous les chroniqueurs , que de petits miracles particuliers 
obtenus du ciel en invoquant Notre-Dame ! Le poème des miracles de 
la Vierge, mis en vers français par Jehan le Marchand, en raconte 
beaucoup, mais le livre s'arrête à l'an 1252, et depuis, la piété ne 
cessa point de solliciter le crédit de Marie. 

On trouve aux archives deux attestations de miracles : 

1° Un vidimus de la relation d'un secours inespéré , accordé par la 
Vierge au comte de Boissons. Ce prince, en 1396, prisonnier des Turcs è la 
bataille de Nkopolis, fut emmené par eux enBitinie, lié, garotté, nu 
par le plus grand froid. Il se souvint alors de la chemise de la 
Vierge et promit à Notre-Dame de Chartres 600 florins d'or à la 
couronne s'il échappait à la mort. Bientôt la troupe qui le conduisait 
fut attaquée par un parti ennemi , et on le rendit à la liberté après lui 
avoir donné une robe et un chaperon (2). 

2° L'autre pièce est le procès-verbal, en date du 9 décembre 1668, 
de la guérison radicale d'un jeune homme devenu muet à la suite 
d'une maladie (3). 

(1) Dissertation sur U chemise de la Vierge, extrait de Sonchet , avec noies des Cha- 
ftoiaes Etienne et Brillon. Œuvre Notre-Dame, reliques D, n° 1, caisse III. (Tout ce 
qui suit n'est pour ainsi dire que l'analyse de cette dissertation.) 

(2) Œuvre Notre-Dame. Reliques D, n° G, caisse III. 
(*) OEtYre Notre-Dame. Reliques D, n° 15, caisse III. 



54 
Une chasse magnifique , minutieusement décrite en V inventaire du 
trésor, renfermait, la chemise de la Vierge (1) ; on promenait ce saipJi 
vêtement dan» les processions, l'église de Chartres l'avait plçcé da*a 
se& armes, il opérait des prodiges, et personne pourtant, ne Fava^ 
jamais tu. La châsse soigneusement scellée ne laissait aucune ouver- 
ture pour regarder dans l'intérieur. En 1679, quelques pierreries 
s étant, détachées, mirent à découvert un trou de la largeur du petâ 
doigt ^ on y introduisit la baguette d'or qui serrait à montrer tes 'nï 
tiques 

« Et on sentit , dit Souchet , les vestemens qui remplissent la sainte chasse 
» d'au bon demi*pied , l'on sentit qu'il y avait aussi parmi quelque chose de 
» solide. L'on ne voulut pas attirer à soy les vestemens dans la crainte de les 
» décbirqr et Von reboucha le trou avec de la tire. * 

Enfin en 1681 , on remarqua deux trous; un chanoine regarda par 
Pan d'eux , tandis qu'un de ses collègues approchait un cierge allumé 
de l'autre : 

a L'on vit alors fort à clair dans la sainte chasse et Ton aperceut de l'éjqCCe 
•> blanche comme linge de soye salie estendue dans, toute la capacité de U 
» chasse, à un des bouts il paraissait une estoffe comme droguet reyé blan- 
»» chastre. Au milieu de la chasse il y a sur le linge uo petit paquet de linge 
» noué autour d'une boëte ronde d'argent ou d'autre métal de la grosseur 
« d'un pouce et demi de diamètre, etc. » 

L'élise de Boacé en Beauce possédait aussi une chemise de 1 8 pouces 
de hauteur sur 17 do largeur, en toile de lin fort vieille et salie. On 
ne dit pas à qui était attribué ce petit vêtement , mais il faisait aussi 
des miracles; des voleurs V ayant pris ne purent sortir de l'église. 
On portait cette chemise aux incendies pour éteindre le feu et ohez 
les femmes grosses pour les soulager dans leur accouchement (2). 

La Vierge do Chartres n'était pas seulement l'objet de la dévotion 
locale ; la sainte chemise était honorée partout en fac simile. Il existé 
une correspondance (1678), entre les Jésuites missionnaires au Canada 
et le Chapitre de Chartres , à propos d'un vœu fait à Notre-Dame par 
les Hurons Abnakis. 

(1) OEirrre Notre-Dame. Reliques D, n° 8 , caisse III. 

(2) OEmre Notre Dame. Reliques D, n° 1 , caisse 111. 



55 
Les jésuites n'avaient pas manque* de prêcher toi Hurons que 
Dieu avait daigné se servir tics Druides eux mêmes pour annoncer 
n la terre la Tenue (lu Messie, et que ces barbares avaient élevé un 
temple Virginï paritwœ , là même où avait été bâtie depuis une 
magnifique cathédrale dédiée à Marie. Les nouveaux convertis , mêlant 
sans doute encore leurs superstitions aux notions chrétiennes qu'ils 
venaient de recevoir , voulurent se rendre favorable la Dame de 
Chartres et lui envoyèrent une ceinture de grains noirs et blancs de 
porcelaine avec une lettre dont voici la fin : 

" Au reste Vierge mire de Dieu , quoique vous ayez déjà enfanté votre lîls, 

- cela n'empêchera pas qu'à 1 cvemple d(?s tUiartrains nous ne vous honorions 
■ même à présent sous le litre de la Vierge qui doit enfanter, puisqu'il ne 
» tient qu'à vous en demeurant toujours Vierge , de nous avoir pour vos en- 
« failli. Comme nous vous honorons ici dans une chapelle semblable à la niai' 
~ son , où vousavei donné à Dieu une vie humaine , nous espérons que vous 
» nous y donnerez une vie spirituelle. Ce sera ainsi qu'étant toujours V*arge 
» vous serei aussi mère , non-seulement qui a enfanté ou qui enfante , mais 

- qui enfantera toujours jusqu'à coque Jésus soit parfaitement formé en nous 
" tous. C'est ce que nous vous demandons, tu présentant ce collier | 
• marque que nous sommes liés à vous en qualité de vos esclaves. » 

Le Chapitre de Chartres envoya aux Hurons une petite chemise en 
argeut renfermant des reliques. Les originaux de toutes les lettres 
des Abnakis sont eu langue huronne accompagnes de copies en fran- 
çais. Cotte correspondance est fort curieuse ; elfe montre avec quel art 
les jésuites savaient luire adopter la loi chrétienne par les sauvages 
eu soumettant les détails du culte à leurs habitudes idolâtres (I). 

Le trésor de Chartres possédait encore d'autres reliques de la Vierge : 
une fiole de son lait ; j'ai dit comment (2) on se l'était procuré ; et 
enfin une mèche de ses cheveux. Le Pape Urbain VI, donna ces 
cheveux à Jeau de France, Duc de Bcrry, oncle de Charles VI, qui 
eu fit présent à la cathédrale de Chartres en 1404. 

Ce même Duc de lïerry (1410) avait aussi donné à l'église un doigi 
de Saint Louis de Marseille (3). L'original de cette douatiou est aui 



(I) Vœu ilci Ahnaqms cl cori 
(î) Voir ci-dcssin , pu S c 18 

(3) Ofcum- Hotn Dm» D, b 



iipoiid.inti'. OEin 



56 
archives, ainsi que trois antres certificats du même genre. Le pre- 
mier atteste que lors de la translation des restes de Saint Odillon , 
abbé de Cluny (1347) , on tira une côte de son corps pour renvoyer 
h Chartres (1). Le deuxième (1348) est une donation faite par Roger, 
Archevêque de Bourges , d'une partie de la tunique de Saint Yves, ' 
prêtre, qu'il ne faut pas confondre avec TÉvêque (2). Le troisième 
atteste la vérité d'un morceau de la vraie croix ; il est signé par le 
Marquis Maidalchini. Innocent X donna cette relique à un Cardinal, 
oncle du Marquis ; celui-ci en fit présent à madame de Maintenon qui 
l'envoya à Des Marest, Évèque de Chartres (3). 

Toutes les autres reliques ne sont que mentionnées dans l'in- 
ventaire, et je ne vois pas que le Chapitre ait jamais possédé aucune 
pièce pour en prouver l'authenticité; ce qui est fort regrettable, 
car ces autres reliques n'étaient rien moins que le chef de Sainte Anne, 
mère de la Vierge , le chef de Saint Lubin , Évèque , le chef de 
Saint Mathieu , Apôtre , la main avec laquelle Saint Thomas toucha le 
côté du Sauveur , une dent de Saint Laurent , etc. Nous ne parlerons 
ici que de la châsse de Saint Thaurin et de celle de Saint Piat, objets 
fort importants dans un pays d'agriculture, puisque Saint Thaurin 
donnait la pluie et Saint Piat le beau temps. 

Saint Thaurin, l'un des apôtres de la Normandie , était particulièrement 
honoré dans l'abbaye de ce nom , à Évreux. Son corps entier était 
renfermé dans une magnifique châsse et des prodiges sans nombre 
opérés par ces reliques leur avaient fait une réputation des plus bril- 
lantes. Au 12 e siècle, après la prise d'Évreux, Philippe-Auguste s'em- 
para de Saint Thaurin et le transporta à Chartres. Ceux qui croient 
à l'incendie de 1194 prétendent que ce sinistre fut la punition de cet 
enlèvement sacrilège. 

Dans la suite , sans qu'on sut comment , le corps saint retourna 
en Normandie , et les moines de Saint-Thaurin continuèrent à l'exposer 
à la vénération des fidèles. Cependant, par délibération capitulaire du 
16 août 1656, messieurs de Chartres, attendu la grande sécheresse et 

(1) OEutre Notre-Dame. D, n° 4, caisse III. 

(2) OEirrrc Notre-Dame. D, n° 5, caisse III. 

(3) OEuTrc Notre-Dame. D, n* 17, caisse III. 



57 
nécessité d'eau pour les biens de la terre , ordonnèrent que la châsse de 
Saint Tbaurin serait descendue et promenée en procession (1); d'autres 
chercheraient peut-être laquelle de ces châsses renfermait le véritable 
corps de Saint Thaurin , je préfère imiter la prudence du clergé de 
Chartres et de celui d'Évreux qui , sans disputer , tenaient chacun pour 
le Trai Saint Thaurin le Saint Thaurin de son trésor (2). 

La possession du corps de Saint Piat était beaucoup plus légitime 
et aucune église voisine ne pouvait la revendiquer. Saint Piat vint dans 
les Gaules vers 285 avec Saint Quentin , Saint Crépin et Saint Crépi- 
nien; il passa par Chartres, où il prêcha avec succès, puis s'en alla 
à Tourna) où il souffrit le martyre vers 299. Lors de l'invasion des 
Normands, les habitants de Siclin, petite ville auprès de Tournay, 
craignant que les barbares ne brûlassent le corps de ce saint qu'ils 
conservaient pieusement , le transportèrent à Chartres où il resta 
toujours depuis. 

Nous avons de nombreux procès-verbaux d'ouverture de la châsse 
de Saint Piat; le plus ancien est de 1275 et le pins récent de 1609; 
chaque fois on trouva le corps entier, sans aucune corruption ni 
mauvaise odeur ; la tète était détachée du tronc , mais bien remise à 
sa place. La Reine Marie de Médicis assista à la dernière ouverture 
et ce fut à cette occasion qu'elle fit plusieurs présents à l'église (3). 

Saint Piat jouissait à Chartres du plus grand crédit; il donnait le 
beau temps quand on le lui demandait, lorsqu'en 1699, un M. de 
Botrou-Thoisy, capitaine de chevau-légers , en garnison à Tournay, 
s'avisa d'écrire cette phrase peu respectueuse dans une de ses lettres 
à son père : 

« On commence à craindre que la pluie continuelle qui tombe ici (à Tourna y), 
» ne nuise beaucoup au bled; si le beau teins ne revient MM. du Chapitre de 

• Tournay iront faire mouiller la châsse de Saint Piat. . . . cependant cette ce- 
» remonte ne se fait qu'à la dernière extrémité, d'autant qu'on a observé qu'il 

• en coûtait la vie à un chanoine toutes les fois que la chasse de ce saint a été 

• portée dehors » . 

(1) Chapitre A. 36. Caisse 1". 

(2) Voir la Notice sur la chasse de Saint Thaurin, publiée par M. Le Prcrot, membre 
de l'Institut , député de l'Eure. 

(3) Procès verbaux . OEurre Notre-Dame D, n« î) . caisse III. 

8 



58 
Voici donc un autre Saint Piat , beaucoup moins doux que celui 
de Chartres, mais qui enfin, à un chanoine près, opère le même 
prodige. Qu'importe? la foi ne recule pas pour si peu. Pourquoi pu 
deux Saint Piat, comme on avait déjà deux Saint Thaurin à dix-huit lieues 
l'un de l'autre? aussi le bon chanoine Etienne, garde du trésor de 
Chartres , ne fut-il point troublé à cette nouvelle. Il écrivit seulement 
à M. de Rotrou pour avoir quelques détails, concluant judicieusement 
que les chanoines de Tournay pouvaient fort bien avoir aussi le corps 
de Saint Piat par une rèduplication extraordinaire. M. de Rotrou traita 
l'affaire un peu militairement : 

u Quoiqu'il arrive , dit-il , je ne conviendrai jamais que le vrai Saint Piat 
» soit celui de Chartres. . ainsi, Monsieur, je ne vous passe point la réduplication 
» extraordinaire. Et la raison c'est que les chanoines sont la pluspart de mes amis 
» et tous intimes de ce bon Saint Piat. Ensuite M. TEvéque qui a beaucoup de 
» confiance au défunt , fait la plus grosse et plus magnifique chère du monde 
» et me fait très-souvent l'honneur de m'engager u sa table »> . 

Comme on pense bien , Etienne ne se paya pas de pareils motifs; 
il écrivit de nouveau, et il résulta de cette enquête que le second 
Saint Piat n'était point à Tournay où il n'y avait qu'un de ses doigts, 
mais à Siclin d'où cependant , disait-on , les reliques de Chartres avaient 
été tirées. Tous les originaux de cette correspondance sont joints aux 
procès-verbaux d'ouverture de la châsse (l). 

Au catalogue des archives, l'inventaire des pièces concernant les 
reliques, est suivi de l'inventaire des pièces qui ont rapport aux cé- 
rémonies extraordinaires : sous ce titre on ne trouve rien d'important 
antérieur à l'année 1562. 

Cependant bien des cérémonies remarquables se sont accomplies avant 
cette époque dans l'église de Chartres. Sans parler des temps antérieurs, 
Philippe VI, en 1328, fit un voyage à Chartres et paya 1000 livres 
à l'église pour racheter son cheval et ses armes qu'il avait promis de 
donner. Philippe VI en montant sur le trône à la mort de Charles 
IV son cousin , réunit à la couronne le Comté de Chartres dont il était 
titulaire. 

En 1356, le Roi Jean séjourna quelque temps à Chartres. La pré- 

(1) Les reliques, pour la plupart, ont été cachées pendant la révolution et rendues 
depuis à l'Eglise. 



59 
sence du prince fat sans doute l'occasion de fêtes religieuses ; il n'en 
reste d antres traces qu'un procès-verbal d'ouverture de la châsse de 
Saint Piat , faite par ordre du Roi , le premier septembre , dix-huit 
jours avant la bataille de Poitiers. 

Plusieurs extraits des registres capi tulaires , ayant trait aux céré- 
monies qui ont précédé ou suivi la signature du traité de Bretigny t 
oui déjà été imprimés par M. Hérisson; mais aucune des pièces ori- 
ginales citées n'existe aujourd'hui (1). 

Bien non plus sur la réconciliation solennelle du Duc de Bourgogne 
avec les enfants du Duc d'Orléans, qui eut lieu dans la cathédrale 
en présence du Roi Charles VI , le 2 mars 1 408 , ni sur l'entrée 
de la Reine Isabeau de Bavière , lorsqu'elle vint à Chartres méditer 
avec le Duc de Bourgogne les moyens de livrer le Roi aux mains 
des Anglais, le 9 novembre 1417. Rien encore qui se rapporte 
aux fêtes célébrées pendant les seize années de la domination an- 
glaise, notamment aux processions auxquelles, en 1418, le Roi Henri Y 
assista dévotement en personne, ou bien à la délivrance de la Aille, 
lorsque les bourgeois la livrèrent à Dunois et à Lahire, qui en prirent 
possession au nom du Roi le. 20 avril 1432. 

On a conservé Tordre des cérémonies particulières qui s'observaient 
dans l'église de Chartres à l'ouverture des jubilés (2), et chaque 
année le jour de la cène pour la consécration du saint-chrême (3) , 
ce qni présente fort peu d'intérêt ; mais on ne trouve aucun docu- 
ment sur la fête des fous, qui pourtant se célébra à Chartres jusqu'en 
1479, où elle fut abolie par décision du Chapitre; voici la mention 
qni en est faite aux registres capitulaires : 

« Attcntis scandalis, insolcntiis, turpitudinibus , abus ib us , querimoniis , pro- 
» clamationibus et aliis sinistris pcrpelratis plurics per horarios et matutinarios 
• aat altos deckoro etpannis ecclesiœ Carnotcnsi* in festo fatuorum quolibet anno 
» 1* die januarii in dedecus et vituperium ecclesiœ , scandalum que plurimorum 
» contra deum et ecclesiam. Capitulum dclcvit, cassavil et penitus annulavitprœ- 
» dictum fettum fatuorum , decernens , ex nunc prout ex tune et extunc prout 

» ex nunc, huJHsmodi festum facienlcs et célébrantes , ac papam fatuorum 

# 

(1) Notes sur l'histoire des Carnutes d'Ozeray. 

(2) Œuvre Notre-Dame. Usages de l'Église. C , n° 9 , cais»*IIK 

(3) Œuvre Notre Dame. Cérémonies extraordinaires. E, n" 11. caisse III. 



60 

» cli génies , ac cisdem audilium velfavorcm quovis modo prœbentcs , censuras, 
» sententias , fulminât iones ecclesiasticas ipso facto incurrerc. Tamen pueri al- 
» barum poterunt si voluerint celebrare et solemnisare suum festum , prout 
» consueverunt in festivitate sanctorum innocentium quolibet anno »» (1). 

Plusieurs églises ont encore aujourd'hui conservé l'usage de cé- 
lébrer cette fête des Saints Innocents, et ce jour là les enfants de 
chœur portent la chappe. 

Pendant les guerres de religion, de 15G0 à 1606, le pays Ghartrain 
devint le théâtre de grands événements , et par suite de nombreuses 
cérémonies furent célébrées dans la cathédrale, surtout sous le règne 
de Henri III. Ce Roi , au]milieu du désordre universel , trouva le moyen 
de venir seize fois en pèlerinage à Notre-Dame de Chartres. La mul- 
tiplicité de ces processions avait sans doute diminué leur importance , 
car c'est à peine si les registres capitulaires en font mention. Ce fut 
sans doute par ordre de ce prince qu'en 1583, le jour des Saints- 
Innocents , les habitants de Dreux et des paroisses voisines , au nombre 
de 1 8 à 20 mille , firent une procession à Chartres en actions de grâces 
de la fameuse et triomphante victoire de la bataille de Dreux, rem- 
portée sur les huguenots le 19 décembre 1562 (2). Le programme de cette 
fête existe encore , ainsi que les différentes pièces qui ont rapport 
h l'entrée de Henri IV, en 1591 , à son sacre en 1594, à la trans- 
lation de son cœur eu 1610, au service funèbre de Louis XIII. Tous 
ces documents ont été trouvés chez M. Hérisson et restitués cette 
année aux archives. 

Le plus curieux de tous est le procès- verbal de l'entrée du Roi , le 19 
avril 1591. Le siège de Chartres durait depuis le mois de janvier et les 
habitants , sommés plusieurs fois de se rendre , avaient répondu qu'ils 
ne le feraient que lorsque Henri aurait adopté la religion catholique. 
Mais le Béarnais ne trouvant point que Chartres valût une messe , fit 
donner l'assaut et l'on capitula. Le 18 avril, on régla le cérémonial 
et le 19 le Roi lit son entrée solennelle à trois heures de l'après 
midi : le clergé , les moines de tous les couvents de la ville allèrent 

(I) Chapitre A, ir> 30, caisse XVIII. 

ft) OEuvrc >*olrc Dame. L, n° 9, cii^c III. 



Gl 
au devant de lui à la porte Saint-Michel; là se trouvaient aussi les 
échevins avec les principaux habitants. 

« A quatre heures , dit le procès- verbal , le Roi s'est présenté à cheval au 
» devant de l'église cathédrale, au portail vers l'hôtel épiscopal où son logis 
» était préparé et aussitôt le Révérend en pontificat assisté des vénérables 
» Doyen , Chanoines , et Chapitre de son église revestus de chappes de drap 

• d'or , la croix précédant avec le texte de l'Evangile, eau béniste et cierges 
•> portés par les enfants de chœur et choristes en la manière accoustumée, est 
.. descendu jusqu'à la dernière marche dudict portail pour lui faire la rêvé- 
» rence au nom du clergé » . 

Soit le texte de la harangue de l'Évêqae Nicolas de Thou ; discours 
grave, sans flatterie, sans faiblesse, digne en tout point du prélat 
qui le prononçait et du prince auquel il était adressé. 

La réponse du Roi n'est point rapportée mot à mot , mais en voici 
1 analyse : 

• Sa majesté a fait responce que son intention avait toujours esté de main- 
» tenir et conserver en entier la religion et qu'il Pavait assez fait paraître par 

• la publication de ses édicts à son nouvel advénement à la corone, au surplus 

• que son affection envers le clergé n'estait moindre que celle de ses prédéces- 
- seurs ainsi que l'on connaîtrait à toutes occurrences » . 

Le clergé rentra dans l'église avec tous les catholiques présents; 
on chanta le Te Deum et le lendemain, tandis que le Béarnais assis- 
tait au service divin , selon son 4 culte , dans une maison particulière au- 
près de Saint-Saturnin , les Comtes de Saint-Pol , le Chancelier de 
France , le Maréchal de Byron , les officiers du Roi , réunis dans la 
cathédrale avec la noblesse, les magistrats de la ville et un grand 
concours de peuple , s'associaient aux prières du sage Évéque qui de- 
mandait à Dieu « de vouloir restablir le repos et tranquilitè publique 

» en le royaulme tant désolé par les guerres civiles soubs prétexte de 

» religion (1) 



» . 



(f) Proccs-Yerbanx de l'entrée du Roi. Œuvre Notre-Dame. E, n° 2, caisse III 



62 



VI. 



Chapelles et Fondations* 



Les fondations pieuses sont de deux espèces principales; elles ont 
pour objet une chapelle on un office. 

Le bienfaiteur qui voulait autrefois fonder une chapelle s'imposait 
ordinairement un plus grand sacrifice , puisqu outre le premier établis- 
sement qui était à sa charge, il devait doter la chapelle du revenu 
suffisant pour en assurer l'entretien matériel et le service par on 
prêtre , mais aussi il acquérait pour lui et ses descendants le droit 
de conférer ce bénéfice. Quand la chapelle avait des revenus consi- 
dérables, ou quelle provenait de plusieurs libéralités, on la divisait 
en portions , et dans ce dernier cas la nomination était alternative 
entre les fondateurs. Ces bénéfices étaient aussi amovibles ou inamo- 
vibles, selon qu'on pouvait ou non changer le titulaire. 

Les* fondateurs d'offices sont ceux qui laissent à l'église une somme 
d'argent, une propriété, un objet précieux, à la charge de faire à jour 
fixe certaines cérémonies, de réciter certaines prières. En général cela 
demandait moins d'argent qu'une fondation 'de chapelle ; cependant 
Ton voyait souvent l'indemnité annuelle pour un office , dépasser de 
beaucoup le modique revenu de quelques petites chapelles. 

CHAPELLES 

L'église de Chartres comptait cinquante-sept chapelles; onze étaient 
dans l'église sous-terre. Le pouillé de 1738 nous apprend que la plus 
riche, Sainte Catherine, avait 300 livres de revenu, et la plus pauvre, 
Saint Louis, 7 livres seulement. Il y avait en outre cinq chapelles 
étrangères, c'est-à-dire, dans d'autres églises du diocèse, mais pla- 
cées néanmoins sous la protection immédiate du Chapitre. Les re- 



63 
is de ces bénéfices , composés des produits de propriétés foncières, 
*entes hypothéquées ou simplement garanties par les familles des 
atears, eurent nécessairement à subir toutes les variations ame- 
par la marche du temps et quelques-uns finirent par s'éteindre 
-à-fait , tandis que d'autres prirent un accroissement considé- 

3. 

ne bulle de Martin V ( 1 430 ) attribuait aux heuriers , matuti- 
i, et autres serviteurs clercs de l'église, la possession des douze 
takats de la chapelle Saint Piat et de six autres chapelles amo- 
es à la collation du Chapitre (l). 

es chapelles dites des dix autels, dont cinq dans l'église d'en-bas, 
s des six autels , dont une seule dans l'église d'en-haut , toutes 
tiennes fondations , étaient conférées par le Sous-Doyen et le Ghef- 
; pour toutes les autres on suivait la volonté des fondateurs ou 
usages ordinaires de l'église. 

e ces cinquante-sept chapelles, vingt-six d'ancienne origine n'a- 
it point de fondateurs connus, trente-quatre avaient été établies 
de simples dévots la plupart chanoines ou dignitaires de l'église , 
mit devaient leur fondation à des personnages illustres. 
\ donnerai quelques particularités sur ces dernières, mais il faut 
ord parler de la chapelle et du Chapitre de Saint Nicolas. 
iir le terrain du palais épiscopal, à peu près où est aujourd'hui 
Tille d'entrée, était une chapelle fort ancienne sous l'invocation 
Saint Serge et Saint Bacche (SS. Sergius et Bacchus) qui appar- 
it à l'Évèque ; au mois de juillet 1190 Regnault de Mouçon en 
trésent au Chapitre , à la condition de célébrer un anniversaire pour 
•epos de l'a me de ses parents et de lui-même après son décès, 
termes de cette fondation font voir que les historiens de Char- 
ont tous été dans Terreur en fixant à Tannée 1191 le voyage de 
Evèquo en Palestine, puisqu'il était déjà de retour au mois de 

[et 1190 via hierosolimitata et temporis angu&tia nostrum pro- 

tum impedivit verum quoi ad prœsens possumus (2). 

e ne sais quand et comment la chapelle changea de patron ; mais, 



) Bulle de Marlin V. Chapelles. A, n° 5, caisse VI. 
) Chapelles. J , n* I , caisse VI. 



64 
dès 1387, Sergius et Bacchus, saints forts suspects à mon avis, m 
figuraient plus que pour mémoire et avaient cédé la place à on safflt 
de bonaloi, le grand Saint Nicolas. En 1584, Thiersaut, grand Chantre 
de l'église , fonda par son testament six canonicats à la chapelle Saiet 
Nicolas, lesquels étaient affectés aux heuriers, matutiniers et musi- 
ciens de l'église : ces bénéfices rapportaient chacun 30 livres et se 
donnaient par le Chapitre sur la présentation du Chantre. Plus 
tard (ICI 4), Loupereau, riche chanoine qui laissa tous ses biens i 
l'église, fonda six autres canonicats destinés aussi aux heuriers de 
l'église et rapportant chacun 120 livres. La chapelle Saint -Nicol* 
se trouva ainsi pourvue d'un Chapitre complet et devint une petite 
église à part dans la grande basilique. 

Le» choses subsistèrent ainsi jusqu'à Tannée 1702; le Chapitre, 
moyennant une rente de 1,000 livres, abandonna alors à l'Évèque 
la chapelle Saint-Nicolas pour la démolir : toutes les fondations furent 
transportées à la chapelle d'Aubremont ou des confesseurs, Tune des 
dix autels. 

Pendant les travaux de la démolition , on découvrit plusieurs tom- 
beaux antiques : l'un portait le nom de Saint Caletric, Évéque de 
Chartres , vers la fin du IV e siècle ; deux autres sans inscriptions 
renfermaient des ossements d'homme , de femme et d'enfants ; on 
pensa que c'était ceux des fondateurs de la chapelle; enfin dans un 
troisième cercueil de pierre , on trouva un squelette sans tète , et aus- 
sitôt les savants de chercher de quel personnage ce pouvait être les 
restes. Le père Mabillon fut consulté et se déclara d'abord pour l'É- 
vèque Frodbold tué pendant le siège des Normands en 858, puis 
ensuite pour Gilbert, son successeur. Mais on découvrit sur le tom- 
beau les lettres S. L. gravées profondément dans la pierre et l'on 
en conclut que c'était le corps de Saint Lubin, qui devait en effet 
se trouver sans tète puisque l'on montrait dès long-temps son cbef 
dans le trésor , et cette opinion prévalut , non parce qu'elle était plus 
vraisemblable , mais parce qu'elle plaisait davantage à la généralité du 
Chapitre et des fidèles (1). 

La chapelle Saint-Piat était , comme la précédente , une annexe de 
l'église Mère. Elle avait son Chapitre composé de douze canonicats régis 

(t) Correspondance avec Mabillon. Chapelles. J, n° 9, caisse Vf. 



65 
par la bulle de Martin V , et rapportant chacun 250 livres. La cha- 
pelle et le Chapitre devaient leur fondation à un prince de l'église, 
Aymery de Chatelutz, Cardinal de Saint-Martin in montibus. Ce pré- 
lat (1349), avait donné 12,000 florins d'or pour cet objet, à la condition 
que les chanoines célébreraient chaque jour le service divin en la 
même forme et de la même manière qu'il se fait à la cathédrale. Cet 
acte de fondation et tontes les pièces qui ont rapport à cette cha- 
pelle sont perdus. 

Sont Louis fit deux voyages à Chartres; la première fois (1256), 
il y eut une entrevue avec Henri III Roi d'Angleterre , dans le but 
de régler les conditions d'une paix honorable pour les deux nations. 
La seconde fois (1259), le monarque vint tout exprès pour terminer 
avec le Chapitre des difficultés survenues au sujet de certains droits 
royaux. La fondation des chapelles des Anges et des Vierges devint 
la conséquence de l'arrangement amiable qui fut conclu. 

La charte de cette fondation , scellée en cire verte , porte le mo- 
nogramme du Roi, et fait connaître avec les plus grands détails les 
intentions de Saint Louis : les deux chapelles, y est-il dit, l'une dédiée 
aux Saints Anges , l'autre aux Vierges , seront établies aux deux côtés 
de la porte du chœur, pourquoi le Roi donne 50 livres de revenu 
annuel à prendre sur la maison épiscopale et sur la terre de Fresnay , 
pour tenir lieu du droit de gîte et de procure qu'il avait sur ces deux 
propriétés ; 1 5 livres de rente seront affectées à chacun des chapelains 
et les 20 autres aux distributions du chœur , lors de la célébration 
des offices indiqués. On aime à lire cette clause si conforme à la pieuse 
bonté du prince, qui confondait dans un même sentiment sa famille 
et ses compagnons d'armes : « Quatuor libras Turonenses , in anniver- 
* $ario recolende memorie fratris nostri Roberli quondam Comitis Attre- 
» batensis et eorum omnium qui in Egypto et aliàs in transmarinis 
» partibus nobis ibidem existantibus decesserunt (1). » 

Alphonse , Comte de Poitiers et de Toulouse , frère de Saint Louis , 
mort en 1272, laissa au Chapitre une rente de 20 livres pour la 
fondation d'une chapelle sous l'invocation de Saint Thibault. Philippc- 
le-Hardi, héritier de tous les apanages de son oncle, les réunit à la 

(I) Chapelles. C. n I . caisse VI. 



GG 
couronne et ne se pressa pas pour cela d'exécuter le testament, car 
le legs ne fut régularisé qu'au mois d'avril 1277. 

La chapelle de Notre-Dame-Blanche était appelée Royale parcequ'elte 
avait été fondée par Philippe VI (1329), peu de temps après son voyage 
à Chartres (1). La collation était alternative entre les ducs d'Orléans 
et le Chapitre. 

Le fondateur de la chapelle de Notre-Dame des Comtes de Dreux , 
était Jean, Comte de Dreux et de Montpensîer qui l'a>ait dotée de 
30 livres de rente à prendre sur la prévôté de Dreux. Cette charte 
est de 1330 (2). 

La chapelle des Apôtres , appelée plus ordinairement des Chevaliers, 
avait une triple origine : la première portion , d'ancienne fondation, fai- 
sait partie des dix autels ; la seconde avait été instituée par un seigneur 
de Longueville et de Tillières , en faveur des enfants d'aube, de l'église 
collégiale de Saint-Nicolas de Maiutenon ; enfin la troisième portion fut 
créé par Bureau de Rivière, baron d' Anneau, Chambellan de Charles V, 
au nom et comme mandataire de plusieurs chevaliers et écuyers , 
à l'occasion d'une victoire qu'ils avaient remportée sur les infidèles dans 
Vile de Chypre , par l'intercession de Notre-Dame de Chartres (3). 
Nous n'avons pas cette charte de fondation , mais seulement une 
reconnaissance (1374), donnée par Elieone de FJavigny, chevalier, 
portant quittance de 40 florins d'or, payés en exécution de la promesse 
de Jean Bureau et de ses compagnons d'armes (4). Dans la suite, 
cette dernière portion fut réunie à la seconde sous un même titre et 
la présentation devint alternative entre le Chapitre , à cause de la fon- 
dation de Bureau de la Rivière, et les seigneurs de Longueville, à 
cause de la leur. Ce droit passa depuis aux seigneurs d'Imbermais, 
et les archives renferment plusieurs actes de collation signés de leur 
main (5). 
• La dernière chapelle dont nous ayons à parler est celle de la Tri- 

(1) Voir le chapitre précèdent, page 58. 

(2) Chapelles. CC. n" 1, caisse VII. Fondations, h' 14, caisse LXVII. 

(3) Chapelles. PP. n° 6. 

(4 ) - - n -2. 

(i) - _ n o |. 



67 
Dite. Elle avait été fondée au commencement du XV e siècle et dotée 
de 30 livres de rente par un Seigneur de la Trimouille et de Gonflant, père 
de Georges, Seigneur de la TrimouiUe-Sully, Graon et de Gonflans, l'un 
des compagnons d'armes de la Pucelle d'Orléans. 

FONDATIONS. 

La marche adoptée dans ce rapport doit être changée maintenant et 
pour les Chapitres qui suivent. J'ai été jusqu'ici presque toujours 
obligé de choisir , au milieu d'une foule de papiers confus et sans im- 
portance aucune, ceux qui pouvaient présenter encore quelquintérèt 
pour des hommes du 19 e siècle; j'ai dû plusieurs fois signaler l'ab- 
sence de documents précieux , en regrettant de voir si bien conservés 
des papiers volumineux remplis de vains détails de sacristie; j'ai, je 
crois , indiqué tout ce qui peut mériter l'attention des hommes stu- 
dieux et servir utilement aux éludes historiques. Dès à présent, au 
contraire, les matériaux abondent, chacane de ces pièces mérite examen; 
les unes peuvent servir à rectifier les erreurs chronologiques , les 
antres à fixer la généalogie des Comtes de Dreox , de Chartres 
et du Perche, et toules donnent d'utiles renseignements sur l'histoire 
ecclésiastique et sur celle des mœurs et des superstitions de nos 
aïeux. 

Cette observation devait précéder ce que j'ai à dire des fondations 
d'offices , cor la multiplicité des documents, tous curieux à différents 
titres , m'oblige à me renfermer dans des considérations générales que 
j'aurai soin cependant de justifier par des exemples. 

La plus ancienne de toules ces chartes et la seule qui appartienne 
au XI e siècle, est une lettre du Roi Robert (1031), par laquelle il 
approuve la donation que le Comte Manassès fait au Chapitre de 
Chartres de son fief d'Ormeaux , à la charge d'une messe par se- 
maine. 

La Reine Constance, l'un de ses fils, les principaux seigneurs de 
la cour sont les témoins de cet acte royal. Au nombre de ces der- 
niers est un Burchard de Hontmorenci. (Burcardus de Monlemorentiaco). 
Cette donation est sanctionnée par une clause pénale que voici : 

«• Ego vero Ai'gilti nos tri impressionc signari mandavimus, ut si quis Ulud at- 



68 

» iaminarc presumpscrit , tanquam reus majcstatu qui capiti meo injuriai* inty- 

» lerit auri libras trigenta sancte Dei genitrici Marie coaclus pcrsohat » (1). 

En parcourant le catalogue de ces fondations pieuses , on remarque , 
selon les différents siècles, de curieux changements. De tout temps, ks 
membres du clergé dépassent de beaucoup le nombre des autres fon- 
dateurs. Aux XII e et XIII e siècles ce sont surtout les seigneurs féodaux 
qui se montrent généreux pour l'église (2). Pendant cette période re- 
ligieuse et guerrière , chacun éprouve le besoin de s'assurer des priera 
de l'église avant d'aller combattre en Palestine ; un obit en cas de 
mort, une messe d'actions de grâce au retour. La noblesse est forte, 
croyante et sacrifie tout à la religion. La piété des grands diminie 
pendant les XIV e et XV e siècles (3) ; il ne suffit plus d'être noble pour 
donner à l'église , il faut encore être dévot ; on confond moins ses 
intérêts avec ceux du culle, presque toutes les fondations émanent 
des Rois et des chanoines ; chacun prend position ; on voit naître 
et se développer la lutte entre la royauté , soutenue par le peuple et 
le clergé d'une part , et les Seigneurs défenseurs obligés de la féo- 
dalité expirante. Le XVI e siècle est fertile en fondations ; cependant 
les guerres religieuses , la prédication de la réforme raniment peu le 
zèle des seigneurs (4) catholiques en faveur de Notre-Dame de Chartres, 
et l'exemple de Henri III n'est suivi que par des prêtres et des hommes 
de condition médiocre. 

Au XVII e siècle , les fondateurs appartiennent à toutes les classes de 
la société française. Enfin au XVIII e ce sont exclusivement des prê- 
tres et des personnes pieuses sans importance. 

Les fondations ont pour objet des services funèbres , rétablissement 
d'une fête de l'église, l'institution d'une procession, l'obligation de 

(1) Charte du Roi Robert. Fondations. A, n° 1, caisse LXVil. 

(2) Pendant ces deux siècles , le catalogue indique quarante-deux fondations , vinguhoit 
sont faites par les membres du Clergé , une par le Roi Philippe-le-Hardi (1277) , et qualone 
par les Seigneurs. La proportion des Seigneurs est de 1 sur 3. 

(3) Durant celle période on compte cent trois fondations. Soixante- quatorze sont laites 
par des Ecclésiastiques , six par des Rois et Reines de France , dix par les Seigneurs el 
quinze par de simples dérols , bourgeois et autres. La proportion pour les Seigneurs n'est 
plus que de 1 sur 10. 

» 

(4) Sur cinquante-neuf fondations, cinq viennent de Henri III , quarante-huit du Clergé, 
six de dé vols laies , pas une seule des Seigneurs. 



69 
chauter une prière déterminée ou même la création d'un laminaire 
a certain jour de l'année, du mois ou de la semaine. 

lies fondations d'anniversaires sont les plus nombreuses de toutes 
et présentent peu de particularités intéressantes. 

Parmi les fêtes instituées, il faut distinguer entre celles qui ne 
sont qu'une œuvre de dévotion et celles qui sont destinées à perpé- 
tuer la mémoire d'un fait important. Dans la première classe, je met- 
trai l'institution de la fête de la Conception de la Vierge par Assclin 
et Guerin, Chanoines eu 1281 (I), les cérémonies de l'Annonciation, 
do Sainte Marie-Madclaine et de Saint Roch, établies par Henri III (2), 
ainsi que beaucoup d'autres fûtes célébrées autrefois dans l'éghse de 
Chartres avec uue solennité particulière. 

Je me borne a signaler ces pièces qui peuvent être utilement con- 
sultées, mais je dois donner quelques détails sur deux fêtes qui 
devaient leur origine à des événements de notre histoire. 

Eu 1304, le Comte de Flandre s'étaut réuni au Roi d'Angleterre 
Edouard I er , Philippe-le-Rel marcha contr'eux , les atteignit, rem- 
porta une grande victoire a Blons-en-Puclle et s'empara de la Flandre. 
Le combat eut lica le 18 août, un grand nombre de Capitaines furent 
tués; mais le pieux Monarque au lieu d'attribuer son triomphe aux 
actes de la prudence humaine en reporta la gloire au Tout-Puissant. 

• Sic mirabilis Deus, mirabiliter pro nobis voluit operari ut merifo dki 

• possit iltn in à Domino et non ab hotnine vkloriam factam fuisse -. 
Voulant témoigner sa reconnaissance a Dieu, il donna 100 livres de 

rente à l'église de Chartres pour célébrer chaque année uue fête en 
l'honneur de Notre-Dame de la Victoire. Cette charte de Philippe-le-Bel 
est parfaitement conservée, ainsi que le grand sceau eu cire verte qui y 
est attaché ; c'est une pièce tout-à-fait historique et fort curieuse ; elle 
est accompaguée d'une autre charte de Charles V (13G7), qui confirme 
celte fondation et change seulement le mode de paiement des 100 livres 
de rente (3). 

La fête de Notre-Dame de la Rrcche avait une origine tout aussi 
loricuse. Je n'ai pas retrouvé l'acte de fondation , mais seulement 



(i) Fondu»». B , n« 3! ; oêIub LXV1I 

(ï) Fondation*. E. n° 27, catuc LXIi. 

(3} Fomhlinns. C , B* 3. - M., n" 3! . taille IAVII. 



70 
une délibération du Chapitre, datée du 8 février 1572. £n Chapitre 
assemblé , M e Marie Sallier , Chanoine , annonça qu'il avait l'intention de 
fonder à perpétuité une fête en l'honneur de la Vierge « pour être d- 
» lèbrèe par chacun an le 1 5 e jour du mois de mars , pareil jour que 
» moyennant la grâce de Dieu, le camp et assiegement fait par les en- 
>• nemis de la religion catholique , apostolique et romaine fut levé de 
» devant is environs cette ville de Chartres (1). Ce siège est celui de 1568, 
soutenu par la ville de Chartres contre l'armée des protestants , com- 
mandée par le Prince de Condé. De Linières avait été envoyé par 
Charles IX pour défendre la place ; secondé par le courage des habi- 
tons , il rendit inutiles les efforts de l'ennemi et tint bon jusqu'à l'ar- 
mistice qui précéda la paix de Lonjumeau. 

Henri III avait la manie des processions ; toutes ses libéralités sont 
accompagnées de cet accessoire indispensable , mais les fondations de ce 
genre comme celles des saluls et autres prières déterminées sont fort 
rares (2). Il n'en est pas de même des fondations de luminaire , elles 
sont très-nombreuses et de tous les siècles. La plus ancienne est l'œuvre 
de dame Elisabeth , Vidame de Chartres (vice domina) (3) qui assura à 
l'église 52 sols de rente à prendre annuellement sur le four au Vidame 
pour deux cierges , ardents tous les samedis devant la sainte châsse 
(1150). La plus nouvelle émane aussi d'une femme, Anne-Geneviève de 
Bourbon, Duchesse de Longueville (4); cette Princesse (1646), donna 
1,200 livres au Chapitre pour la fondation et l'entretien d'une lampe 
d'argent devant l'image de Notre-Dame des Cryptes. Pendant cet in- 
tervalle de cinq cents ans, on dépensa beaucoup d'argent pour établir 
de pieux luminaires ; presque tous les originaux de ces actes de dévotion 



(1) Fondations. E , n° 44, caisse LXVII. 

(2) Voici quelque» exemples : En septembre 1257 , fondation d'nne procession le jonr de 
la Natif iiê de la Vierge et de son Assomption , par Philippe, Sous-Doyen. Fondations. B, 22- 
— 11 décembre 1493, fondation d'une sUiion à la nef, la veille de l'Annonciation, par 
Toupineau , Chanoine. Fondations. D, 59. — Mai 1260 , fondation de l'antienne Salve Regina 
a^ec oraison , pour tous les samedis , par Pierre de Bourdcux , Archidiacre. Fondations, 
B, 25. 

(3) Fondations. A , n° 2, caisse LXVII. 
('■) Fondations. F , n n 30. 



71 
existent , notamment ceux de la fondation de la lampe d'or (1) de Marie 
de Médicis , 1 62 1 , et de la lampe d'argent dn financier Glande de Bol- 
lion, 1637 (2). 

Enfin, certains bienfaiteurs, sans aucune prescription spéciale, deman- 
daient pour nniqne condition de leur libéralité , d'avoir part aux prières 
de l'Église. Je citerai, pour exemple , des lettres patentes de Louis XI, 
données au Plessis-les-Tours, en décembre 1420, par lesquelles ce Mo- 
narque , avec grand renfort de formules hypocrites , donne à l'église de 
Chartres 500 livres de rente (3). 

Sons le rapport des objets donnés , les chartes de fondations peuvent 
encore fournir de curieuses observations. Elles sont des monuments 
précieux du droit qui régissait an moyen-Age les hommes et les choses. 
Cinq de ces titres confèrent à l'Église des droits sur les personnes , 
en voici une courte analyse: 

1° 1159. Chirographc portant confirmation par Philippe , Seigneur 
de Longvilliers, de la donation que les Chanoines de Saint-Vincent-les- 
Bois avaient faite au Chapitre , des hôtes qu'ils avaient à Longvilliers , 
pour avoir part aux prières de l'Église. Ces hôles étant tenus en fief 
parle sire de Longvilliers, son approbation était indispensable. 

2° i 188. Chirographe par lequel un Doyen du Chapitre donne pour 
un anniversaire ses batteurs de la grange d'Ebrardville (trituratores 
granchie Ebrardivillé) , de plus quelques droits féodaux et sa part dans 
les guesdes (4) dudit lieu d'Ebrardville (suatn partem de guesdiis) , on 
appelait guesdes une herbe à l'usage des teinturiers. 

3° 1209. Acquêt fait par le Chapitre de deux batteurs en grange à 
■évoisins. Philippe de Horchères , Chanoine , avait laissé 20 livres à 
charge d'anniversaires ; cet argent fut employé à acheter deux batteurs.. 

Johannes tnaior de Menuesin duos triluratores et cetera omnia que 

habebat in granica de Menuesin vendidit et qutlavil (5). 

4° 1216. Donation faite au Chapitre par Henri de Corbeille, Chanoine , 

(I) Fondations. D, n° 10. — (2) Id., n* 26. 

(3) Fondations. D, n° 53. 

(I) Fondations. À , n° 4, caisse LXVII. 

(S) Fondations. B, n° 7, caisse I.XVII. — Pour l'explication du mol ntaior , voir le vh*- 
l»ilre IX île ce raj>|M>rl 



72 
du droit de six métayers et de 20 sols de rente monnaie de Chartres, 
qu'il avait à prendre dans la grange et sur le champart de Nogent-le- 
Phaye , et ce , pour la fondation de son obit annuel. Dans cet acte le Cha- 
pitre fait savoir : Quod Stephanus maior de Nogento-Ficet sex mestivarios 

quoi habebat in granchia de Nogento-Ficet vendidit in perpetmmet 

quitavit concanonico Henriquo de Corbolio (1). 

5° 1335. Donation faite au Chapitre par Renault d'Ecrosne, Chan- 
celier, de deux cents arpents de bois au terroir de Lanneray, avec deux 
vassaux (cum duobus vassoribus) (2). 

Postérieurement à cet acte, il n'en existe aucun où il soit fait mention 
de pareils présents ; j'ai dû citer particulièrement ces cinq pièces qui , 
comparées avec d'autres de même nature , peuvent être un objet inté- 
ressant d'étude. 

Dans ces premiers siècles , on donnait aussi des droits féodaux (3) , 
des rentes établies sur des propriétés ou à prélever sur des redevances 
féodales (4). Les plus fervents donnaient même par anticipation tous les 
biens qu'ils posséderaient à leur décès ; ainsi fit Jean , Chantre d'Orléans, 
(1223) , pour tous les biens qu'il pourrait acheter par la suite à 
Bathonvilliers (5). Mais toutes ces libéralités ne s'étendent pas au-delà du 
1 5 e siècle ; à partir de cette époque on ne trouve plus que des do- 
nations de maisons , de rentes et surtout d'argent comptant. On em- 
ployait ordinairement ces sommes à l'achat d'une propriété dont le revenu 
servait à entretenir la fondation imposée par le bienfaiteur. 

(I) Fondations. B, n° 10, caisse LXVII. — (2) Id. G, n° 16. 

(3) Donation par GueriD de ThcuTy, d'une dixme àTheury pour son annirersaire. 1201. 
— Fondations. B, n° 5, caisse LX. — Donation par Guillaume de Chaumonl, Archidiacre, 
de tous les droits qu'il ayait à prendre dans la Grange de Charonville. 1288. Fondations. 
B, n° 36. 

(4) Donation par Thibault, Comte de Blois , de 7 lirres 10 sols de rente à prendre in per- 
teria sua de Carnuto (1218). Perteria, selon Du Cange, est le lieu où s'assemblaient les 
marchands pour fixer le prix de leurs marchandises , une sorte de bourse. Fondations. 
B , n* 11. — Donation de 20 sols de rente sur deux étaux unis à la Grande-Bouchcrir • 
(1434). Fondations. D, 31. 

(5) Fondations. B, n" 13 , caisse LXVII. 



73 



VII. 



JwrMtetlfMi spirituelle et temporelle du Chapitre. 



JURIDICTION SPIRITUELLE. 

La juridiction spirituelle du Chapitre était privilégiée ou ordinaire , 
selon qu'elle dérivait de bulles spéciales accordées par le Saint-Père ou 
bien des règles du droit commun ecclésiastique. Dans le premier cas , 
le Chapitre l'exerçait souvent par lui-même , dans le second il remet- 
tait toujours ses pouvoirs à son Officiai. 

La connaissance de toutes les affaires qui avaient rapport aux in- 
terdits et excommunications , la poursuite des hérétiques , la surveil- 
lance des fidèles et la conservation de la foi , appartenaient directement 
au Chapitre. 

L'Official connaissait des actions personnelles entre les ecclésiastiques , 
des causes concernant les sacrements, les vœux de religion, l'office 
divin , la discipline et autres matières purement spirituelles. 

S'il est facile de déterminer les objets compris dans les attributions 
du Chapitre , il l'est beaucoup moins de dire sur qui s'exerçait cette 
juridiction. L'Évêque avait aussi son Officiai et souvent il surgissait 
des doutes sur la compétence; d'un autre côté les Papes avaient ac- 
cordé aux chanoines des privilèges tellement étendus, que la limite 
qui les séparait des fonctions épiscopales était , en plusieurs cas , presque 
inappréciable ; de là de longs démêlés entre le Chapitre et le prélat. 

La querelle commença en 1315, sous l'épiscopat de Robert de Joigny 
qui s'était servi du mot mandamus en écrivant au Chapitre (I); on 
crut la terminer en 1328 par une transaction (2) qui semblait devoir 
régler complètement les droits respectifs. 



(1) Voir ci-dcTant, page 19. 

(2) Juridiction spirituelle. A, n° 22. 



10 



74 

Il était convenu que le Chapitre, relevant directement du Saint-Siège, 
n'était soumis à l'Évèque qu'en ce qui regardait les fonctions épis- 
copales; qu'il aurait toute juridiction au cloître, dans la ville et au 
dehors sur les endroits déterminés , comme l'abbaye de Naufle-le-Vieil, 
et sur tous les lieux du diocèse , dépendants du Chapitre , comme les 
prébendes, les chapelles étrangères et toute terre possédée par loi 
en propre , ainsi que sur toutes les personnes placées à quelque titre 
que ce fût sous sa dépendance. 

Mais comme il suffisait d'un prélat un peu ambitieux , d'un Doyen 
irascible pour recommencer la guerre , elle ne cessa pour ainsi dire 
jamais : les deux parties se disputaient encore les restes d'un pouvoir 
déjà presqu anéanti , quand elles furent mises d'accord par la Révo- 
lution. 

Je ne puis raconter les détails de cette rivalité dans laquelle Milles 
dllliers, Évéque (1459), joua surtout un grand rôle. Les choses s'ai- 
grirent à tel point sous son épiscopat, il y eut un tel feu croisé 
d'interdits et d'excommunications que le prélat , après avoir fait retentir 
le parlement de ses plaintes , obsédé le Pape de ses accusations contre 
les chanoines, prit le parti de battre en retraite en résignant son 
évôché à son neveu René; ce qui donna naissance à une difficulté 
de plus. 

Rien ne pouvait calmer cette rage de disputes , pas même la néces- 
sité de se réunir contre l'ennemi commun, et Monsieur de Seignelajr, 
en 1685, écrivit,. de la part du Roi, une lettre sévère au Chapitre 
qui contestait à l'Évoque le droit de recevoir les abjurations (l). 

La juridiction spirituelle de l'Évèque s'étendait sur tout le diocèse, 
et pendant la vacance du Siège , elle était exercée par le Chapitre qui 
pouvait continuer l'Official du prélat défunt ou en nommer un autre. 

Un grand nombre de pièces appartenant à cette série ne se retrouvent 
plus aujourd'hui et je le regrette, car d'après les indications du ca- 
talogue , certaines sentences prononcées par l'Official devaient présenter 
des particularités fort curieuses; mais heureusement les dossiers de 
la juridiction temporelle sont beaucoup mieux conservés. 



(1) Juridiction spirituelle. A, n<> 92, caisse XXI. 



75 



JURIDICTION TEMPORELLE. 



En 1607, le Chapitre, à propos d'une contestation légère avec le 
*révôt de la Tille , publia un mémoire qui présente le résumé de l'his- 
oire de sa juridiction temporelle (1). Je vais citer plusieurs extraits 
le ee factum , et il me suffira d'y ajouter quelques observations pour 
compléter ce qu'il convient de dire ici sur cet objet. 

« H est certain qu'au commencement les Evêques de Chartres estaient com- 
tes de Chartres , au ressort duquel comté , ils avaient toute justice civile , 
politique et criminelle sans recongnoistre'aucun supérieur que le Roi en son 
parlement à Paris , et pour tesmoigner de ce , les armes et sceaux de Vt> 
véché. . . Ces dictes armes sont mi-parties d'une mitre et une crosse d'un côté 
et de l'autre costé une espée et un armet. 

» Dont ils ont jouy jusqu'en Tan 925 que Harduinus cinquantième evesque 
de Chartres pour plus librement vaquer au spirituel délaissa à un sien frère 
nommé Audo, une grande partie des domaines du dict comté et jouissance 
d'iceluy et réserva sur son temporel et celui de son Chapitre les mêmes 
privilèges qu'il avait auparavant sans que l'un eust aucune supériorité sut 
l'autre, » 

Il est possible qu'en effet quelques-uns des Évéques de Chartres , sous 
la première race de nos Bois , aient reçu le titre viager , ou plutôt aient 

• 

été nommés aux fonctions de Comte , et qu'ainsi le pouvoir temporel se 
aeit trouvé plusieurs fois réuni dans les mêmes mains que le pouvoir spi- 
rituel ; mais il n'est point vrai que tous les Évéques aient eu cette double 
autorité jusqu'en 925. Il suffit d'ouvrir les anciens historiens nationaux , 
pour se convaincre que , sous le gouvernement Mérovingien , il y avait 
des Comtes à Chartres, à Poissy, à Vendôme, à Blois, qui adminis- 
traient les affaires temporelles , tandis que la juridiction spirituelle de 
FÉvêque s'étendait sur toutes les villes. Ainsi , en ee temps-là même , 
rÉvêque , quand il était Comte de Chartres , n'avait point pour cela au- 
torité temporelle sur tout le diocèse. 

On comprend très-bien que le Chapitre ait voulu faire croire que le 
comté de Chartres devait son origine au désintéressement d'un Évéque , 
mais cela est faux et je le prouve : 

(1) Juridiction temporelle. A, n° 10, caisse V. Ce mémoire est d'une écriture fort 
difficile à lire et il n'en existe aucune copie. 



76 

D'abord il n'y avait point d'Hardouin , Évoque de Chartres , en 925 ; 
le Prélat qui porte ce nom ne fat élu qu'en 955 ; ensuite , dès 943 , les 
chroniques font figurer comme Comte de Chartres, de Blois et de ïours, 
le déloyal Thibault-le-Tricheur qui prit une part importante aux. évé- 
nements de cette époque; de plus Yulphard , Abbé de Saint-Père, suc- 
cesseur d'Hardouin , fut élu Évêque en 962 ; enfin Eudes ou Odou* fils 
de Thibault-le-Tricheur , ne devint Comte que vers 975 ; donc , pas w 
mot n est exact dans ce que dit le mémoire de 1607 sur la fondattoftdft 
comté de Chartres par l'Évéque Hardouin qui ne pouvait «m anémie 
manière être le frère du Comte Eudes. 

Des historiens locaux (1) prétendent au contraire que Hardouin fat 
nommé Évêque par la protection du Comte Odon , en 955 , ce qui n'est 
pas vrai non plus par les mémeà raisons. Je ne connais pas un seul livre 
sur l'histoire de Chartres qui ne soit rempli de pareilles erreurs si fa- 
ciles pourtant à éviter avec un peu d'attention (2). 

m 

u Et de suite fut faict partage entre VKvesque et son Chapitre des drotcfe 
» de la dicte temporalité et Aist délaissé au dict Chapitre la jouissance pleine 
» et entière sur tous les subjects demourans au destroict de leur justice , tant 
» en la ville de Chartres au dedans de leur cloistre , que sur les advoués du 
» dict Chapitre , leurs serviteurs , Chapellains , Vicaires et habitans , en tous 
» cas civils et criminels sans que les officiers du Comte en ayeut jamais eu 
» connaissance, cour , ressort , ni juridiction et dont ils ont jouy par un fort 
» longtems. » 

Evidemment ce partage solennel n'est pas plus authentique que tout 
ce qui précède ; si la date est fausse , du moins le Tait est vrai , mais 
cependant on ne peut citer l'é[K>quc à laquelle il a commencé. 

Le mémoire donne ensuite de longs détails sur les démêlés du Chapitre 
avec les Comtes (3) à propos de la juridiction temporelle , et rapporte 
ainsi qu'il suit la transaction définitive qui y mit un terme, en 1 306 (4) : 

(1) Entre autres M. Ozeray, Histoire des Carnntcs, tome II, page 282. 

(2) M. Ozeray, par exemple, dans son premier roltimc , fait vivre Thibault-le-Trichcur en 
974 1 ce qui ne l'empêche pas de dire dans son second Yolame qu'Odon , son' fils , était 
Comte de Chartres en 9&5. 

(3) Voir le chapitre III de ce rapport, page 34. 

(4) Contre les Comtes de Chartres. Juridiction temporelle. E« n" 7, caisse V. 



77 
« Le Comté de Chartres estant venu eu la nain de Charles , fils de France , 
Comte de Valois, d'Alençon, de Chartres et d'Anjou qui avait épousé Ca- 
therine , Emperière de Constantinople , qui estait fils de Philippe III* qui 
estait fils de Saint-Louis, frère de Philippe-le-Bel et père de Philippe de 
Valois, les dicts officiers du dict Comte firent plusieurs excès aux officiers 
du dict Chapitre contre les droicts et libertés d'ycduy. 

• Sur lesquels fust faicte transaction à Pontoise le lundy après la faste de 
Satan Mathieu l'Apostre Tan 1306. Par laquelle tous les droicts et franchises 
furent confirmés, et spécialement que la justice de tout le cloistre, des 
£6* maisons canoniales estant hors iceluy quelque part quelles fussent en 
la terre du Comte , ensemble les autres maisons que tenaient les Chanoines 
à louage en la dicte ville estaient franches et exemptes de la justice du 
Comte , ensemble leurs familles et serviteurs 9 sans que les officiers du 
Comte y pussent prétendre ni entreprendre aucune juridiction. 

• Que les officiers de la justice du Comte ne pourraient faire aucuns exploits, 
ni actes de justice au cloistre ni es dictes maisons. 

• Et pour tenir ferme la dicte transaction , que les Comtes de Chartres une 
Sois en leur vie, ensemble les Bail 1 y et Prévost lorsqu'ils seraient reçus 
yroient jurer au Chapitre de garder la dicte transaction. » 

En 1328 , lorsque Philippe de Valois , par «on avènement, au trône , 
réunit le comté de Chartres h la couronne, cette convention fut confirmée , 
mais le Chapitre fit au Prince remise dn serment à cause de sa dignité 
royale (1). De nombreux arrêts cités au mémoire et rendus postérieu- 
rement, prouvent que la jnridiction temporelle ainsi reconnue fut toujours 
respectée (2). Il ne paraît pas non plus que l'érection du comté de 
Chartres en duché par François I er en 1 528 , ait rien changé au droit 
établi (3). 

« Le Roi Philippe bailla au dit Chapitre de Chartres pour juger les causes 
» provisoires et les exempts par appel du juge du dict Chapitre le Bailly 
» d'Orléans ou son lieutenant à Tenville , sans que le Bailly de Chartres en 
• peust connaître. 

» Et depuis ayant délaissé à son second fils le duché d'Orléans en apanage» 



(1) Juridiction temporelle. Contre les Comtes de Chartres. E, n° 9, caisse V. 

(2) Juridiction temporelle. Contre le Prérot de Chartres. F, n° 9, caisse Y. — Id. Contre 
les officiers du bailliage. G, caisse V. 

(3) Juridiction temporelle. Contre les Cojntes.de Chartres. E, n° 11» caisse Y- 



78 
» et que la juridiction ne s'exécutait plus à Yenville sous le nom du Roi , fust 
» baillé au dit Chapitre pour congnoistre aux dictes provisions et exempts et 
»> appels le Prévost de Paris ou son lieutenant à Poissy. 

» Mais pour la difficulté d'avoir par les dicts du Chapitre justice au dict 
» Poissy , le Roi Jehan par ses lettres patentes voulut que toutes les justices 
» du Chapitre fussent subjectes immédiatement de sa Chambre du parlement 
» et en icelle traictées , et affranchit les dicts du Chapitre , leurs justices , 
» officiers et subjects , et toutes les terres qu'ils possédaient alors et possc- 
* deraient à l'avenir de toutes autres Cours et juridictions. 

» Lequel privilège leur fust confirmé par le Roi Charles-le-Quint , en sa 
» Cour du parlement et ratifié par tous les Rois ses successeurs. » 

La juridiction temporelle du Chapitre était exercée en son nom par 
un délégué , nommé gratuitement par les Chanoines à la pluralité des 
suffrages. Cet officier tenait ses audiences hors du cloître, au lieu de 
Loëns, situé vis-à-vis les Lices (1) où est aujourd'hui la rue qui porte 
ce nom. 

Il prenait le titre de maire de Loëns ou Loing , juge et garde général 
de la juridiction temporelle (2). 

Ainsi lOfficial du Chapitre ne connaissait que des matières spiri- 
tuelles , à la différence de celui du Prélat qui jugeait aussi les causes 
temporelles dépendant du ressort fort restreint réservé en propre à 
l'Évêque. 

Haute , moyenne et basse justice appartenaient au Maire de Loëns; ses 
attributions s* étendaient depuis les plus mesquins délits de police , jus- 
qu'aux matières criminelles (3). 

Nous n'avons aucune sentence émanée de ce tribunal , antérieure 
au XV e siècle. fl parait qu'auparavant le Chapitre , abandonnant à cet 
officier les affaires civiles et la connaissance, des crimes et des délits 
vulgaires , s'était réservé les affaires importantes et les jugeait direc- 
tement. Je puis affirmer du moins , qu'il en était ainsi pour les crimes 
commis dans l'intérieur de l'église ; voici deux extraits des registres ca- 
pitulaires qui en donnent la preuve : 



(1) Lieu où se tenait le marché aut chevaux. 

(2) Juridiction temporelle. Officiers de Loëni. B, n° 7 , caisse V. 

(3) Juridiction temporelle. Officiers de Loen*. B, n* I", caisse V. 



79 

« Do flegttUve capitulaire (1353} > foL 72 , V* die sabatipost Quasimoào in 
* ckoro 9 preseniibus Archidiacono Vindomense el pluribus aliïs Canonicis y 
» Joannes de Mala miles gagnant emendam pro eo quod ipse et famulus juus 
» cognoverunt de nocte duos mulieres in ecclesia, quas in eadem carnaliter 
«• cognoverunt prout confessus fuit dictas miles. » 

« Dm registre capitulaire (1358), fol. 32. f* die mercurii post indica PÀi- 
» lippus Cœur de Roy gagnavit emendam Capitulo ad voluntatem Capituli pro 
» eo quod ipse perçus sit unum hominem in ecclesiausque ad sanguinis effusionem, 
» propter quod opportuit reconciliare ecclesiam (1), » 

Il parait qu'après le crime de 1353 , on ne regarda point l'église 
comme polluée , puisqu'il n'y eut pas de réconciliation : pour souiller 
le temple , il fallait absolument effusion de sang. La première de ces 
deux sentences est un monument de l'indulgence du Chapitre , puisqu'il 
punissait d'une simple amende , un crime ponr lequel , trois cents ans 
plus tard, le Maire de Loëns condamnait Marin Charpentier au fouet, 
au bannissement pendant six ans et à 200 livres d'amende, sans compter 
l'amende honorable avec tous ses accessoires. Il est yrai que Charpentier 
était marguillier-sonneur , et qu'il avait été surprix dans le jubé même 
avec sa complice (2). Mais en 1353, le Chapitre était à peu près sou- 
verain pour l'application de la peine comme pour le jugement du fait , 
tandis que postérieurement , le Maire de Loëns , comme tous les of- 
ficiers des justices particulières , était obligé de juger d'après les 
ordonnances royales. 

On trouve aujourd'hui aux archives (3) une collection fort incom- 
plète des sentences rendues par le Maire de Loëns en toute matière ; la 
ptns moderne est de 1 7 1 1 : quelques-unes sont accompagnées de l'arrêt 
coafirmatif du Parlement. Ces sentences ne sont point réunies sous un 
même titre; le catalogue classe chacune d'elles dans les caisses des 
seigneuries et des prébendes , selon les lieux qu'habitaient ceux qui sont 
l'objet de ces jugements. 

Pour terminer , je mentionnerai' ici l'existence du dossier de la pro- 
cédure dirigée en 1691 par la cour des monnaies contre Jacques Aubry 



(1) Extrait des registres capitulaire» , chapitra A, n° 36 , caisse I 

(2) Juridiction temporelle. A , n° 24 , caisse V. 

(3) Juridiction temporelle. A, n" 24, caisse V. 



r«. 



84 
Heureusement le scandale alla si loin qu'on s'en émût à Rome : 
Urbain III (1186), manifesta «on indignation par une bulle destinée à 
chasser du cloître la société impure qui s'y était établie. 

" « Nequivimus non admirarî, dit le Saint-Père, quod ïaîci quidam i/i chuutro 
» domos jure hereditario possidentes taies personnas admit tant , ptr quai cteri- 
» corum quies inhonesto strepitu perturbatur tt depotio populine dipinis intendat 
» officiis prepeditur : joculatoribus quîdem , aieatoribus , caupànibus ttïtitiâie- 
» ribus turpibus prescriplœ domus de consuetudine prava UcanUir. » • ' 

• ' * 'v ; ■• ■' 

Et , comme remède , il ordonne que lesdites musons ne pourront être 

. I - iju ■ ' ' l ' Jl.lt 

habitées que par les locataires en personne , avec leur famille vivant avec 
décence et honnesté ou bien par des clercs (1). 

La bulle d'Urbain m n'empêcha point le Chapitre de louer , au Xyi e 
siècle , les trois maisons canoniales , en face de la porte royale , à un laïc 
de mœurs assez irrégulières , S. H* le Roi Henri de Valois. Disons, pour 
être juste , qu'il ne parait pas y être jamais venu en mauvaise com- 
pagnie (2). 

Le bail fut passé le 17 février 1582; Philippe Hurautt de Chèverni, 
Garde des Sceaux , et Benoist Millon , Contrôleur général des finances , 
représentaient le Roi ; Jean de la Monnaye , Sous-Doyen , le Chapitre. 
Le prix de la location est fixé à six-vingts écus un tiers ou quatre cents 
livres tournois , de France ; il est stipulé qu'en l'absence du Roi et des 
Princes de sa famille , nul ne pourra demeurer dans lesdites maisons , si 
ce n'est le concierge. La ratification de cet acte par le Roi , fait connaître 
le motif de la location : « Pour l'affection que nous avons de continuer 
• les voyages et prières par nous commencées en l'église (3) de Chartres, 
» nous désirons nous accomoder des dictes maisons et les prendre tant 
» pour nous , la Royne nostre très chère et très amée compagne et les 
» enfans qu'il plaira à Dieu nous donner , que pour la Royne nostre 
» très honorable dame et mère. » 

La caisse des maisons canoniales renferme plusieurs titres d'une haute 
antiquité et fort utiles à consulter pour l'histoire particulière de la ville 
de Chartres. 

(1) Maisons canoniale*. Hiscallanea. K., a* 1, caisse LXJ. 

(2) Maisons canoniales. Miecellanea. A, n° 8, caisse I.X. 

(3) Aa chapitre V «le ce rapport , page GO, nous avons dit que Henri III Tint seiie 
fois en pèlerinage à Guartres. 



85 



SEIGNEURIES. 



Le Chapitre était possesseur de vingt - sept seigneuries qui toutes 
étaient tenues de lui , en prétrière par des membres de l'église. 

Sons ce titre de seigneurie on comprenait le petit compte, les petites 
matines , les petites rentes et les rentes de l'office, qui formaient des 
prétrières d'un genre particulier. 

La prétrière du petit compte était formée de biens et droits venus au 



.»*'«/ 



Chapitre par déshérence , aubaines , forfaitures et confiscations dans 
retendue de toutes ses seigneuries et justices. 

Il n'est pas facile de dire ce que c'était que les petites matines : 
toutes les pièces de cette section sont perdues. Cependant , d'après les 
indications du catalogue , on peut conjecturer qu'il s'agissait de biens 
et de droits de même nature que ceux du petit compte, mais dont la 
jouissance était spécialement affectée aux matiniers. 

Les catalogues font mention de quatre-vingt-quatorze rentes com- 
posant la prètrière nommée à bon droit des petites rentes, car tout cela 
ne produisait que 258 liv. 5 s. 24- 

Enfin , on appelait rentes de l'office celles dont le produit était affecté 
i contribuer à la splendeur du culte en général , ou bien à la célé- 
bration de cérémonies et de prières particulières. Ces rentes , au nombre 
de soixante-treize , se montaient ensemble à 1896 1. 17 s. 6 d. 

Le Chapitre était devenu possesseur de ces seigneuries par donations , 
échanges et acquêts successifs. Souvent c'était un Chanoine qui, ayant 
'acquis personnellement des domaines , les transmettait en mourant à sa 
compagnie , avec tous les droits qu'il exerçait lui-même. Les petits do- 
maines qui devaient foi et hommage au Chapitre étaient désignés sous 
te nom de branches ; plusieurs seigneuries comptaient un grand nom- 
bre de branches. 

Les droits du Chapitre variaient selon les lieux; souvent il partageait 
l'autorité avec des laïcs : ainsi à Gallardon , les droits seigneuriaux du 
Chapitre n'empêchaient pas l'existence des seigneurs laïcs. 

Dans toutes les seigneuries , les Chanoines levaient des tailles sur leurs 
sujets ; toutefois dans les deux seigneuries des dix-sept villes franches 
et des neuf villes franches , ce droit n'était point perçu. Hais il faudrait 
étudier toutes les pièces de chaque seigneurie pour énumérer tous ces 



82 
nation faite par le Roi à Hadébert, Ton de ses officiers, du lie* de 
Gamariconrt , près Beau vais, snr la rivière de Mamel (inpago Beluaem 
super fluvium Mastum villa rumine Galmaricurtis) , atec la seigneurie 
s'étendant sur quatorze manses, les serfs tant miles que femelles au 
nombre de -vingt-trois , etc. (1). 

On ignore comment tœtte seigneurie passa dans les ritirfns de TÊvéque 
de Chartres ; mais il parait certain que le successeur de Vulphard , Eudes 
(966-1002) en fit présent au Chapitre qui l'aliéna long-temps après. 

Depuis ces temps anciens jusqu'au XVIII e siècle , le Chapitre vendit 
définitivement trente-sept propriétés dont quelques-unes d'une grande 
étendue. Presque toutes les pièces de cette section sont perdues ; mais 
le catalogue fait connaître l'époque , les clauses et les conditions de cet 
ventes. Souvent les Chanoines, detchninéfr par le désir d'arrondir leur» 
domaines , vendaient des terres éloignées de Chartres pour en acheté; 
d'autres plus rapprochées. D'autres fois c'était pour se libérer d'osé 
obligation; ainsi Cotte vrard fut vendu en 1571 pour rembourser 300 
livres de rente que le Chapitre devait à la veuve d'Homiorat de Castéllan, 
médecin du Roi. Mais le plus grand nombre de ces aliénations eut lieu 
en exécution de ledit de janvier 1563 , par lequel Charles IX ordonna 
la vente des biens ecclésiastiques jusqu'à 100,000 écus. Depuis le oon&» 
mpneement de la monarchie, dans les calamités publiques, les biens 
du clergé devinrent toujours les biens du Roi; mais en ce temps-là c'était 
justice que l'église catholique payât les frais de ces guerres soutenues 
dans son intérêt ; il s'agissait de combattre l'hérésie et de détruire 
une religion rivale ; on prenait de l'argent partout. Le Chapitre de 
Chartres vendit une grande partie de son trésor (2) , et en outre sa 
seigneuries et domaines de Bcaumont-lcs-Cloycs , Cbavernay-le-Grabd,, 
Marsauceux, Mézières-en-Drouais , Charray, Le Fresne , etc. , etc. 

En 1586, un édit (Je Ilcnri III vint permettre aux ecclésiastiques <Je 
rentrer dans leurs biens, aliénés en vertu de ledit de 1563 , dans tous 
les cas où ils avaient eu à supporter la lésion de plus d'un tiers. Le 
Chapitre profita peu de cette permission , soit qu'il n'eût point été lésé, 
soit qu'il aimât mieux faire d'aufres acquisitions. 

Il est vrai que le but de cette mesure rigoureuse de 1563 ayant èié 



(1) Biens aliénés. P, n° J, caisse LXIV, 

(2) Voir ci-derant , page 48. 



uniquement d'avoir de l'argent, les Chanoines avaient , le plus souvent, 
eu soin, en aliénant le fonds, de faire réserve des droits qui conservaient 
leur autorité sur ces domaines. Ainsi la seigneurie de Charray f 1569) 
fut vendue , sauf la reversion de la justice en la mairie de Loëns ; 
celle de S. Vrain d'Escorcy fut aliénée sous la réserve de la uiouvauce 
et profit de fief; d'autres terres moins la dixme et autres droits 
utiles. 

MAISONS CANONIALES. 



Nous avons vu précédemment que , d'après l'accord de 1 30G , le Cha- 
pitre avait toute justice sur vingt-six maisons canoniales , désignées dans 
cet acte et sur les autres maisons que les Chanoines pouvaient tenir h 
loyer quelque part quelles fussent eu la terre du comté; mais il faut 
faire une distinction : ainsi, le droit était absolu pour les vingt-six mai- 
sons , tandis qu'il était restreint dans toutes les autres aux appartement! 
occupés par les Chanoines, leurs familiers, leurs domestiques, et ne 
pouvait s'appliquer aux autres personnes habitant i;t même maison (l). 
Les maisons canoniales étaient ordinairement tenues eu prètriercs par 
des memhres du Chapitre, qui devaient en jouir d'après les règlements 
capitulaires et les tenir en bon état. Quelques-unes cependant étaient 
mises en adjudication ; mais elles ne pouvaient être louées que par des 
membres de l'église de Chartres. Cette condition est formellement ex- 
primée dans les actes, entre autres dans le bail de plusieurs maisons, 
rue des Yasseleurs, fait à Gaultier Saulnier, clerc de l'église (1203) (2). 

Il n'en avait pas toujours élé ainsi : au XII" siècle quelques maisons 
canoniales, dans l'intérieur du cloître même , étaient possédées hérédi- 
tairement par des laïcs , qui , malgré le voisinage des gens d'églh 
les louaient a des femmes folles de leur corps. Armé de toutes les joies 
de ce monde, le diable assiégeait les abords de la vieille basilique; on 
ae pouvait aller au temple , sans respirer les vapeurs empestées de 
l'orgie, les éclats de rire retentissaient jusques daus le sanctuaire, 
les refrains lascifs , se mêlant au chaut des psaumes , venaient exciter le 
délire des sens dans le cœur des Gdèlcs. 



(1) Minons canoniale*. Miiccllniiea. K, ir 10, c. 
[5} Haisoli* canoniale», F. il" I , caisse tXl. 



84 
Heureusement le scandale alla si loin qu'on s en émût à Rome: 
Urbain III (1186), manifesta son indignation par une bulle destinée à 
chasser du cloître la société impure qui s'y était établie. 

« Nequivimus non admirari, dit le Saint-Père, quod laici quidam in clatutro 
» domos jure hereditario possidentes taies per sonnas admit tant , pet quàs cfcrt- 
» corum quies inhonesto strepitu perturbatur et devotio popuWne diïinù intendal 
» ojficiis prepeditur : joculatoribus quîdem , aUaloribus , cauponibusërïrtiitlie- 
» ribus turpibus prescriplœ domus de consuetudine prava UauUmr, • " 

Et , comme remède , il ordonne que lesdites maisons ne pourront être 
habitées que par les locataires en personne , avec leur famille vivant axtc 
décence et honnestè ou bien par des clercs (1). 

La bulle d'Urbain in n'empêcha point le Chapitre de louer , au XYl e 
siècle, les trois maisons canoniales , en face de la porte royale, à un laïc 
de mœurs assez irrégulières , S. M. le Roi Henri de Valois. Disons, pour 
être juste , qu'il ne parait pas y être jamais -venu en mauvaise com- 
pagnie (2). 

Le bail fut passé le 17 février 1582; Philippe Hurault de Cheverni, 
Garde des Sceaux, et Benoist Millon , Contrôleur général des finances, 
représentaient le Roi ; Jean de la Monnaye , Sous-Doyen , le Chapitre. 
Le prix de la location est fixé à six-vingts écus un tiers ou quatre cents 
livres tournois , de France ; il est stipulé qu'en l'absence du Roi et des 
Princes de sa famille , nul ne pourra demeurer dans lesdites maisons > si 
ce n'est le concierge. La ratification de cet acte par le Roi , fait connaître 
le motif de la location : « Pour l'affection que nous avons de continuer 

* les voyages et prières par nous commencées en l'église (3) de Chartres, 
» nous désirons nous accomoder des dictes maisons et les prendre tant 
» pour nous , la Royne nostre très chère et très amée compagne et les 

* enfans qu'il plaira à Dieu nous donner , que pour la Royne nostre 

* très honorable dame et mère. » 

La caisse des maisons canoniales renferme plusieurs titres d'une hante 
antiquité et fort utiles à consulter pour l'histoire particulière de la ville 
de Chartres. 

(1) Maisons canoniales. Miscellanea. K., n* 1, caisse LXI. 

(2) Maisons canoniales. Miseellaneo. À , n* 8 , caisse I.X. 

(3) An chapitre V de ce rapport , page 60, nous avons dit que Henri III Tint seixe 
fois en pèlerinage à Chartres. 



SBIGNEUBIES. 

le Chapitre était possesseur de vingt - sept seigneuries qui tontes 
étaient tenues de lui , en prétrière par des membres de l'église. 

Sons ce titre de seigneurie on comprenait le petit compte , les petites 
matines , les petites rentes et les rentes de V office, qui formaient des 
prétrières d'un genre particulier. 

La prétrière du petit compte était formée de biens et droits venus an 
Chaire par déshérence , aubaines , forfaitures et confiscations dans 
retendue de toutes ses seigneuries et justices. 

Il n'est pas facile de dire ce que c'était que les petites matines : 
toutes les pièces de cette section sont perdues. Cependant , d'après les 
indications du catalogue , on peut conjecturer qu'il s'agissait de biens 
et de droits de même nature que ceux du petit compte , mais dont la 
jouissance était spécialement affectée aux matin i ers. 

Les catalogues font mention de quatre-vingt-quatorze rentes com- 
posant la prètrière nommée à bon droit des petites rentes, car tout cela 
ne produisait que 258 liv. 5 s. 2 d. 

Enfin , on appelait rentes de l'office celles dont le produit était affecté 
i contribuer à la splendeur du culte en général, ou bien à la célé- 
bration de cérémonies et de prières particulières. Ces rentes , au nombre 
de soixante-treize, se montaient ensemble à 1896 1. 17 s. 6 d. 

Le Chapitre était devenu possesseur de ces seigneuries par donations , 
échanges et acquêts successifs. Souvent c'était un Chanoine qui, ayant 
acquis personnellement des domaines, les transmettait en mourant à sa 
compagnie, avec tous les droits qu'il exerçait lui-même. Les petits do- 
maines qui devaient foi et hommage an Chapitre étaient désignés sous 
le nom de branches ; plusieurs seigneuries comptaient un grand nom- 
bre de branches. 

Les droits du Chapitre variaient selon les lieux; souvent il partageait 
l'autorité avec des laïcs : ainsi à Gallardon , les droits seigneuriaux du 
Chapitre n'empêchaient pas l'existence des seigneurs laïcs. 

Dans toutes les seigneuries , les Chanoines levaient des tailles sur leurs 
sujets ; toutefois dans les deux seigneuries des dix-sept villes franches 
et des neuf villes franches , ce droit n'était point perçu. Hais il faudrait 
étudier toutes les pièces de chaque seigneurie pour énumérer tous ces 



84 
Heureusement le scandale alla si loin qu'on s'en émût à Rome : 
Urbain III (1186), manifesta son indignation par une bulle destinée à 
chasser du cloître la société impure qui s'y était établie. 

' « Nequivimus non admirari y dit le Saint-Père, quod laici quufam in cîimtro 

» domos jure hereditario possidentes taies personnas admittant y per quàs cUrir 

>» corum quies inhonesto strepitu perturbatur et deeotio poptdi ne divinis intendat 

» ojficiis prepeditur : joculatoribus quldem , aleatoribus , caupdnibustTïfltitU- 

» ribus turpibus prescriplœ domus de consuetudine prava hamimr. » • : 

Et , comme remède , il ordonne que lesdites maisons ne pourront être 
habitées que par les locataires en personne , avec leur famille vivant avec 
décence et bonnette ou bien par des clercs (I). 

La bulle d'Urbain in n'empêcha point le Chapitre de louer , au XVI e 
siècle , les trois maisons canoniales , en face de la porte royale , à un laïc 
de mœurs assez irrégulières , S. M. le Roi Henri de Valois. Oisons, pour 
être juste, qu'il ne parait pas y être jamais venu en mauvaise com- 
pagnie (2). ; 

Le bail fut passé le 17 février 1 582; Philippe Hurault de Cheverni , 
Garde des Sceaux , et Benoist Millon , Contrôleur général des finances , 
représentaient le Roi ; Jean de la Monnaye , Sous-Doyen , le Chapitre. 
Le prix de la location est fixé à six-vingts écus un tiers ou quatre cents 
livres tournois, de France ; il est stipulé qu'en l'absence du Roi et des 
Princes de sa famille , nul ne pourra demeurer dans lesdites maisons r si 
ce n'est le concierge. La ratification de cet acte par le Roi , fait connaître 
le motif de la location : « Pour l'affection que nous avons de continuer 

• les voyages et prières par nous commencées en l'église (3) de Chartres, 
» nous désirons nous accomoder des dictes maisons et les prendre tant 
» pour nous , la Royne nostre très chère et très amée compagne et les 
» enfans qu'il plaira à Dieu nous donner , que pour la Royne nostre 

* très honorable dame et mère. » 

• ■ * 

La caisse des maisons canoniales renferme plusieurs titres d'une haute 
antiquité et fort utiles à consulter pour l'histoire particulière de la ville 
de Chartres. 

(1) Maisons canoniales. Miscellanea. K,, »• 1, caisse LXX. 

(2) Maisons canoniales. Miteeilanea. A, n° 8, caisse \,\. 

(3) A* chapitre V de ce rapport , page 00, nous avons dit que Henri III Tint seize 
fois en pèlerinage à Chartres. 



85 



SEIGNEURIES. 

. . . ■ ' 



Le Chapitre était possesseur de vingt - sept seigneuries qui toutes 
étaient tenues de lui, en prêtrière par des membres de l'église. 

Sons ce titre de seigneurie on comprenait le petit compte, les petites 
mcUmes , les petites rentes et les rentes de V office, qui formaient des 
prétrières d'un genre particulier. 

La prétrière du petit compte était formée de biens et droits venus au 
Chapitre par déshérence , aubaines , forfaitures et confiscations dans 
retendue de toutes ses seigneuries et justices. 

Il n'est pas facile de dire ce que c'était que les petites matines : 
toutes les pièces de cette section sont perdues. Cependant , d'après les 
indications du catalogue , on peut conjecturer qu'il s'agissait de biens 
et de droits de même nature que ceux du petit compte, mais dont la 
jouissance était spécialement affectée aux mariniers. 

Les catalogues font mention de quatre-vingt-quatorze rentes com- 
posant la prêtrière nommée à bon droit des petites rentes, car tout cela 
ne produisait que 258 liv. 5 s. 2,d* 

Enfin , on appelait rentes de l'office celles dont le produit était affecté 
a contribuer à la splendeur du culte en général , ou bien à la célé- 
bration de cérémonies et de prières particulières. Ces rentes , au nombre 
de soixante-treize , se montaient ensemble à 1896 1. 17 s. 6 d. 

te Chapitre était devenu possesseur de ces seigneuries par donations , 
échanges et acquêts successifs. Souvent c'était un Chanoine qui, ayant 
'acquis personnellement des domaines , les transmettait en mourant à sa 
compagnie, avec tous les droits qu'il exerçait lui-même. Les petits do- 
maines qui devaient foi et hommage au Chapitre étaient désignés sous 
le nom de branches ; plusieurs seigneuries comptaient un grand nom- 
bre de branches. 

Les droits du Chapitre variaient selon les lieux; souvent il partageait 
l'autorité avec des laïcs : ainsi à Gallardon , les droits seigneuriaux du 
Chapitre n'empêchaient pas l'existence des seigneurs laïcs. 

Dans toutes les seigneuries , les Chanoines levaient des tailles sur leurs 
sujets ; toutefois dans les deux seigneuries des dix-sept villes franches 
et des neuf villes franches , ce droit n'était point perçu. Hais il fondrait 
étudier toutes les pièces de chaque seigneurie pour énumérer tous ces 



86 
droits féodaux. Il est donc inutile d'étendre davantage ces généralités ; 
je préfère citer quelques exemples. 

Seigneurie de Barjouville. — Le 18 mars 1212, Guillaume d'Aiguillon, 
chevalier , fit présent au Chapitre , des soieries de Barjouville et de Mo- 
rancez, pour tenir lieu de satisfaction des torts et dommages par lui 
faits h l'église. « Ego vite preterite et ir\juriQrum quas intuli Carno- 
» tensetn ecclesiam recordatue , neenon excomrnunicationum quas propter 
» hec multas incurri, etc. t etc. (1). » Plus tard le mémo Guillaume aban- 
donna encore trois setiers d'avoine , une pièce de terre et une rente de 
trois poules (2) ; puis avec le temps , par des acquêts successifs , le Cha- 
pitre eût à Barjouville une seigneurie d'où dépendaient cinq branches 
importantes. 

Seigneurie des Barres, -n- La possession première de ce domaine m 
iqonte à Charles Y (1269). Ce Prince donna aux Chanoines la terre des 
Jïarres et quelques héritages à Reboulin , pour décharger le trésor royal 
de la rente dont l'avait grevé Philippe-le-Bel po$r la fondation 46 Notre- 
Dame-de*la-Yicloire, et se libérer lui-même d'une rente de 220 {ivres 
parais (3) dongée pour cause de fondations. Cotte seigneurie avait sept 
branches. 

fioucjierie de jDreua. —En 1381 , Henri, Comte 4e Yaademoofc et 
dame Jfqrie de Luxembourg, son épouça, vendirent leur chàtetyenie de 
Houdan , et en même temps , tout ce qu'ils possédaient à Dreux et aux 
environs ; le Chapitre pqheta oep derniers biens qui se composaient de 
maisons, de bois, de rentes et <fe la boucherie. 

Personne ne pouvait vendre de viande en ville et banlieue de Dreux, 
AJinou eu la boucherie , où devait aussi se faire , sous peine de saisie , 
tout commerce de bœufs, porcs, moutons, veaux, lard, suifs, chan- 
delles (4). Louis de Yaudemont, était alors prisonnier des anglais et 
vendait son fief pour payer sa rançon : le Chapitre devint ainsi seigneur 
de la boucherie de Dreux et, comme tel , tenancier du Roi de Fiwce 4 
,<$gse de son ctytteçu de Gisors. 

(1) Barjouville. A, d° 1 , cause XXIX ter. 

(2) Id. Ici. 

(3) Lei Barres. 4, n° 1, caisse XXX. 
(*) Dretik. A. n* 8, caisse X!|XII. 



87 



IX. 



Le» Prébett*©*. 



Trente-deux caisses de l'ancien trésor étaient remplies des titres et 
paptafr de toute nature qui avaient rapport aux prébendes. 

La moitié de ces pièces environ existe encore aujourd'hui; là se 
trouvent des documents précieux pour l'histoire locale et pofcr l'histoire 
des institutions ecclésiastiques. 

Mais nous sommes déjà ai loin du temps où l'ancien droit a cessé 
d'être . pratiqué , où les établissements religieux ont été supprimés \ 
qu'il faut , avant de pouvoir se servir utilement de ces vieux manus- 
crits qu'obt épargné le temps, étudier Une langue technique , aujourd'hui 
sans application ; de même que je ne prétends point écrire l'histoire du 
diocèse x mate indiquer les matériaux indispensables àqui voudra l'écrire , 
je n'ai pas non plus l'intention de compiler un vocabulaire des termes 
de notte vieux droit féodal et ecclésiastique. On me permettra ce- 
^enàant de donner quelques définitions; elles sont ici nécessaire*, 
car je désite pouvoir être compris de tous , je ne veux point qu'on 
m'qtcuse d'affecter une stérile érudition de mots. Et d'abord qu'est-ce 
qu'nne prébende? 

Ce mot était souvent confondu avec celai de canonicat; cependant 
il n'avait pas la même signification. 

La prébende était le droit qu'avait un ecclésiastique , dans une église 
cathédrale ou collégiale qu'il desservait , de percevoir certains revenus 
et de jouir de certains privilèges. Le canonicat n'était que le titre et 
là qualité spirituelle de chanoine. On pouvait donc être chahoine sans 
prébende; tous les chanoines honoraires étaient dans ce cas, mais 
les chanoines seuls pouvaient posséder des prébendes. Delà cette 
antre définition qu'on trouve dans les recueils de jurisprudence : La 
prébende est un bénéfice et un revenu attaché à un canonicat. 



88 
Or , les bénéfices sont d'invention assez moderne ; ils étaient in- 
connus dans la primitive église. La subsistance des ecclésiastiques se 
prenait alors sur la masse des aumônes faites par les fidèles. Ce fond 
commun se partageait en deux parts , l'un servait à la nourriture des 
prêtres , l'autre à celle des pauvres , ce qui était même chose en ce 
temps là., Hais le triomphe porta un coup fatal aux mœurs des chré- 
tiens, et la permission, que les Empereurs donnèrent à l'église, d'ac- 
quérir des immeubles et de les faire valoir , contenait le germe de tous 
les désordres qui affligèrent plus tard la société chrétienne. Il ne paraît 
pas pourtant que les bénéfices ecclésiastiques tels qu'ils étaient constitués 
au XVIII e siècle aient existé avant le règne de Gharlemagne ; mais 
depuis, sauf quelques changements , ils subsistèrent toujours dans les 
mêmes conditions ; de manière que cette définition de Denisart (1) 
est exacte pour tous les siècles postérieurs. 

« On nomme bénéfice le droit de percevoir le revenu de certains biens 
>» ecclésiastiques , destinés à un prêtre ou clerc chargé de rendre à une église 
» les services prescrits par les canons , par l'usage ou par la fondation. » 

Ces généralités établies , occupons nous des prébendes de l'église 
cathédrale de Chartres. 

* J'ai dit au Chapitre IV de ce rapport , que jusqu'au 12 e siècle, les 
chanoines avaient vécu en commun des revenus de leur église, ad- 
ministrés par les quatre Prévôts au nom du Chapitre , mais qu'à cette 
époque , des plaintes générales s' étant élevées contre la conduite de ces 
mandataires peu fidèles , il était devenu nécessaire d'abord de mettre 
des bornes à leurs exactions, ensuite de leur retirer tout à fait un 
pouvoir dont ils abusaient. On partagea les bénéfices de l'église en 
un certain nombre de prétrières ou prébendes qui demeurèrent af- 
fectées à chaque canonicat 

Jusqu'à la révolution le mode de partage et d'administration resta le 
même au fond , mais il eût à subir souvent des changements de détail. 
Le nombre des prébendes s'éleva successivement jusqu'à 71 et chacune 
d'elles rapportait au titulaire , tous droits et charges acquittés , mille 
livres par année. 

Les seigneuries étaient aussi tenues en prêtrières par les chanoines 

(1) Recueil de jurisprudence. Art. Bénéfices. 



89 
, comptent pur conséquent au nombre des 71 prébendes. La différence 
Ait que ka titulaires des seigneuries relevaient dtreeteÊient du Cto» 
Are, qui Uw aérne relevai* seulement do Hoi, à cause de sa oou- 
yane ;. tandis que dans les simples prébendes , le Chapitre n'avait que 
gp droits. fins restreints qui laissaient subsister dans toute sa force 
: soprtofitift du .seigneur, dont relevaient les terres dépendant de la 
Bftepd** 

JiïkPV*' prébende* portait le nom du bourg principal situé sur son 
gp|^r*,àVexûeptt*n de trois, qui avaient un caractère particulier et 
£ff) : Appelait prébende du Saint-Esprit* prébende théologale, pré- 
«10* préœ^twiale. 

JU .ft&ébende du Saint-Esprit était un peu* moins lucrative que les 
rtres T bien que les fruit» et les revenus fussent les mêmes, parce 
le le prétrier ne touchait qu'un tiers de son gros et payait les deux 
itres à l'œuvre Notre-Dame. Voici pourquoi : Au XII e siècle l'évèquc 
egnault de Mouçon , du consentement du Chapitre , avait distrait les 
mx tiers de ce gros en faveur de l'hôpital du Saint-Esprit à Rome , 
où le nom de la prébende ; postérieurement cette redevance fut ra- 
îetée par Renault de Moulins , Chambrier de l'église de Chartres , 
ni en fit présent à l'œuvre en constituant une fondation d'office pour 
; repos de son âme. J'ignore quand vivait Renault de Moulins; cette 
«dation ne figure pas parmi les antres. Ces détails sur la pré- 
mà* du Saint-Esprit sont consignés dans une note du catalogue (t). 
L'ordonnance rendue en 1560 par le Roi Charles IX , aux états-gé- 
écaox d'Orléans , dispose article VIII : 

« En chaque église cathédrale et collégiale , serti réservée une prébende af- 
fectée à un docteur en théologie de laquelle il sera pourvu de l'Archevêque, 
Évéqne ou Chapitre y à la charge qu'il prêchera et annoncera la parole de 
Dieu , chaque jour de dimanche et fêtes solennelles : et aux autres jours il 
continuera trois fois la semaine une leçon publique de l'écriture sainte ». 

Aucun atitre que le théologal ne pouvait prêcher dans l'église de 
Ihattres sans la permission du Chapitre , qui statuait aussi sur les ex- 
Wé* temporaires présentées par le titulaire. 

la prébende théologale était , comme on le voit , bien loin d'être une 



(1) Tome l", page 21. 

12 



90 
sinécure ; aussi servait-elle par fois d'introduction aux plus hantes 
dignités du Chapitre. 
L'article IX de l'ordonnance d'Orléans est ainsi conçue : 

« En chacune église cathédrale ou collégiale , outre la prébende théologale, 

» une autre prébende ou le revenu d'icelle , demeurera destinée pour Feutre- 

» tennement d'un précepteur qui sera tenu , moyennant ce y instruire ta 

» jeunes gens de la ville gratuitement et sans salaire : lequel précepteur sera 

» élu par l'Archevêque ou Evcque du lieu , appelés les chanoines de leur 

» église et les maires , échevins, conseillers ou capitouls de la ville, et des- 

» tituable par l'avis des susdits ». 

Le Chapitre de Chartres montra peu d'empressement à se con- 
former à l'ordonnance ; la chambre de ville fut obligée de lui donner 
assignation pour l'y contraindre (13 décembre 1564). Ce fut seulement 
en 15G7 que Diogène Lefèvre, chanoine, fut mis en possession de 
la prébende précep tonale. 

Avant l'ordonnance de 1560, les écoles du diocèse étaient entiè- 
rement libres , sans statuts , et manquaient de surveillance. Lors de la 
nomination de Lefèvre , l'école de la ville de Chartres n'avait point de 
maison fixe , le maître réunissait ses écoliers où il voulait ; les choses 
demeurèrent ainsi jusqu'en 1572 ; la libéralité d'un simple citoyen donna 
alors le moyen de fonder un établissement régulier. Jean Pocquet, 
bourgeois de Chartres, argentier de l'Évêque, et Michelle Halhgre, 
sa femme, par acte du trois janvier 1572, firent présent à la ville 
d'une maison appelée le Chinche, derrière l'évêché , paroisse SaiBt- 
André, et de plusieurs autres biens, pour y établir un collège. Plus 
tard Henri III donna des lettres-patentes en faveur de cette maison, 
qui prit le titre de collège royal de Chartres chez Pocquet. Ce collège 
s'augmenta toujours depuis par tes libéralités publiques et particulières 
et devint un établissement important. Le titulaire de la prébende pré- 
ceptoriale en était le Principal ; il veillait à tous les détails de l'adminis- 
tration , dont il devait compte à l'Évêque et à ses grands-vicaires. 

La prébende suivait ordinairement le canonicat. On sait comment se 
conféraient les canonicats ( 1 ) ; il est inutile d'ajouter ici de nouveaux 
détails et d'analyser les nombreux arrêts rendus sur cette matière pour 



£1} Voir ci-devant , page 2S. 



91 
régler la prétentions de l'Évéque et du Chapitre (1). Examinons main- 
tenant les différents droits et charges attachés aux prébendes. 

Pour être complet, il faudrait parler de chaque prébende en par- 
ticulier , car il n'en existait peut-être pas deux , où les choses fussent 
identiquement les mêmes ; je ne puis donc ici que toucher aux points 
principaux du sujet et signaler quelques faits intéressants. 

Parmi les titres de la prébende de Sandarville (2) se trouve une 
pièce fort curieuse du mois d'avril 1250 ; le catalogue en fait ainsi 
l'analyse : 

» Acquêt fait par le Chapitre sur Thomas , maire de Sandarville et Alix 
ta femme , de la mairie dudit lieu et de toutes ses dépendances tenue en 
fief du Chapitre , et en outre de la prébende , dudit Sandarville que ledit 
maire tenait en fief du Chambrier de l'Evêque t etc. et ce pour et moyen- 
nant l'affranchissement dudit maire , et de sa femme et de leurs quatre en- 
fants , tous hommes de corps du Chapitre , et de plus pour la somme de 
800 livres chartraines une fois payée, et à la charge envers ledit Chambrier, 
d'une rente de 100 sols pour l'indemniser de la perte des droits féodaux 
qu'il avait sur ladite prébende ». 

Voici le texte même d'une partie de cet acte : 

Thomas maior de Sandarvilla et ejus uxor de assensu mariti sut 
tokm maioriam de Sandarvilla quam habebat et tenebat jure hère- 
diUario dictus Thomas moventem ab ecclesia Carnotense nec non et pre- 
btudam Carnotensem quam habebat et tenebat idem Thomas laicus, 

jwrê hereditario ab ecclesia Carnotense etc vendiderunt nobis decano 

et capitulo etc cesserur^ et dederunt pro manumittcndis ab eodem 

capùido sex personnes. Videlicet Thomas et Alesi ejus uxore suprà dictis 
et duobus eorum filiis Stephano et Guidone et Dyonisia et Alilia filiabus 
êorumdem qui predicii sex erant nostri hommes de corpore... et pro 
(kcties centum libris et 

H ne faut pas se laisser tromper par les mots et s'imaginer que 
ce titre ait quelque rapport au régime municipal déjà établi dans un 
grand nombre de villes et de bourgs. Cette pièce jette un grand jour 
sur le sujet qui nous occupe , elle explique comment l'administration 
des prébendes se substitua à celle des prévôts, mais voilà tout. 

(t) Chapitre T, n°9, caisse I". 

{T, Sandarville. A, n° 2, caisse CX. 



92 
Au VI e siècle déjà , chaque village des domaines du Chapitre de 
Chartres avait sou tnaior; c'était un officier ou serviteur chargé de 
recueillir les droits de toute nature dus au Chapitre par les autres 
habitants du village ; il conduisait les malfaiteurs en prison , faisait 
tous les exploits de justice et percevait par lui-même quelques revenus 
ou remises qui lui tenaient lieu de salaire. Cette charge était ordi- 
nairement héréditaire ; le fils , avant de remplacer son père , payait an 
prix convenu au Chapitre et prétait le serment suivant qui fait con- 
naître les attributions de cet office. 

<« Hoc audiatis, Do mini, quod ah hoc kora in antea a rusticis meas majoriœ non 

n exigam aurum y vel argentum y neque frumenlum, nec avenant,... neque aliquid 

» quod ad exact ionem aliquam pertineat , neque tenebo placita cor uni an te me , 

» neque submonebo eos sine jus su prœposili... pr aster eafidelis ero vobis a modo 

» de perquirendis et persolvendis redditibus vcstris, census vestras perquiram ad 

» terminum stabilitum sine fraude et dolo , et postquam suscepero infra quintum 

» decimum in caméra hujus ecclesiw reponam. » 

Ces fonctions ne faisaient point perdre à celui qui les exerçait la 
qualité de serf et d'homme de corps ; seulement elles ï enrichissaient, 
lui donnaient de l'importance, le rapprochaient du maître. Le maior 
était un serf, mais c'était le premier de tous les serfs du même bourg. 

Le mot majoria , mairie , signifiait à la fois le territoire sur lequel 
s'étendait le pouvoir du maire , la dignité dont il était investi et enfin 
les redevances qu'il percevait en cette qualité (I). 

Les prévôts avaient constitué un grand nombre de mairies héré- 
ditaires pour simplifier leur administratiofi ; il va sans dire que ces 
publicains en sous ordre , imitèrent l'avidité des prévôts eux-mêmes. 

Les fonctions de ceux-ci une fois supprimées et le partage des pré- 
bendes fait, les Chanoines sentirent la nécessité d'en finir aussi avec les 
maires ; mais ils possédaient des droits héréditaires concédés autrefois 
par les prévôts avec l'agrément du Chapitre, il fallut bien attendre 
et entrer en arrangement. 

Les mairies subsistèrent donc provisoirement en même temps que 
les prébendes ; mais on ne remplaça pas les maires morts sans pos- 



(1) Ducange cl le supplément de Charpentier. Le serment est tire du livre de pri- 
vilèges de l'église de Chartres et le détail des attributions du maire , du Code manuscrit 
de la même église ; ouvrages cités par D. Charpentier. 



93 
tenté, et le Chapitre s'impressa de racheter autant qui! put toutes 
'«I mairies établies dans ses domaines, soit en partie (1) , d'abord un 
tfjroit , puis un autre , puis un troisième, 90U en totalité comme pour 
^MutorviUe. 

Le* maires firent en sorte de Tendre le plus cher possible ; beau- 
coup ne cédèrent leurs droits qu'à la condition d'être affranchis, et, 
ttgte fois encore, les petits profitèrent des querelles de leurs mai- 
res* 

Ainsi donc l'acte par lequel Thomas vendit sa mairie et prébende 
le Sandarville n'était que la conséquence de la suppression des pré- 
vôtés, et cela ne veut pas dire que Thomas, serf et laie, ait jamais 
possédé une prébende dans le sens ordinairement attaché à ce mot. 

Le Chapitre , comme curé primitif de toutes les églises de son do- 
naine , avait droit à la dixme ecclésiastique. Par suite , tout Chanoine 
se trouvait curé primitif des paroisses dépendant de sa prébende et 
l'on nommait pour les desservir des prêtres qui avaient le titre de 
vicaires perpétuels. Ceux-ci recevaient un traitement fixé à 300 livres 
{U'on nommait portion congrue , et , moyennant ce , les Chanoines , 
somme gros dècimateurs , continuaient à toucher la dixme. Les pauvres 
ricaires perpétuels se plaignaient toujours, ils plaidaient même quel- 
quefois , perdaient leurs procès et se trouvaient , comme devant , ré- 
duits à la portion congrue, moins les frais de justice. 

C'est ainsi qu'était éludée par toute la France , la règle de l'église 
primitive qui accordait la dixme comme prix de ses services , à celui 
que les fidèles trouvaient continuellement auprès d'eux pour les con- 
soler et les bénir, à l'homme de la paroisse, au curé.. Aussi, cette of- 
frande qu'on se serait empressé de porter au pied du pasteur utile, 
on s'efforçait de la dérober au Chapitre, ce curé primitif sans fonc- 
tions , invisible toutes les fois qu'il ne s'agissait pas de toucher un 

tribut. 

Cependant le gros décimateur avait des obligations à remplir ; outre 
la portion congrue qu'il était tenu de payer au vicaire perpétuel , 
il devait entretenir et réparer les églises, les fournir des livres, or- 
nements et vases nécessaires au culte ; les archidiacres constataient 
dans leurs visites annuelles les besoins de chaque église. 

f .\) Voir ci-devant, page 71. 



94 

Le droit de toucher les dixmes ecclésiastiques existait dans tontes 
les prébendes ; on pouvait l'affermer ; de nombreux actes prouvent 
que le Chapitre de Chartres en usait ainsi le plus ordinairement. Mais 
il ne faut pas confondre ces dixmes avec celles que le Chapitre per- 
cevait dans plusieurs de ses domaines , non plus comme curé primitif, 
mais comme décimateur féodal. 

En 1198, Robert de Nogent (Robertu$ de Novigento) engagea an 
Chapitre la moitié de la dixme qu'il possédait à Nogent-sur-Eure , pour 
la somme de quinze livres chartraines (1). En 1228, Geoffroy Cor- 
nillet , écuyer , céda toutes ses dixmes de Lesville , moyennant l'abandon 
de 12 arpents de terre (2). En 1253 , les Chanoines achetèrent de Bar- 
«thélmy de la Heuze, écuyer, et d'Alix, sa femme, la grosse dixme 
de Fruncé (3) etc. Dans tous ces actes, il s'agit de dixmes inféo- 
dées. 

Charles Martel , pour récompenser les services de la noblesse fran- 
çaise, accorda à un grand nombre de seigneurs, le droit de dixme 
dans l'étendue des fiefs dont il les avait gratifiés. Telle est la véritable 
origine des dixmes inféodées. Il est bien vrai que Charles Martel créa 
ainsi un droit nouveau imité des usages de l'église , mais il ne lui fit 
véritablement aucun tort. Long-temps après pourtant, le clergé, équi- 
voquant sur le mot dixme , imagina d'accuser Charles Martel de l'avoir 
dépouillé de ces biens et les réclama par tous les moyens en son 
pouvoir. 

Le Concile de Latran (1179) décida que les laïcs ne pourraient 
posséder à l'avenir aucune dixme par droit héréditaire , sous peine 
d'excommunication; mais les canons de ce Concile ne furent jamais 
admis en France , et , sur la réclamation de Philippe-le-Bel , Clément Y 
ratifia cette exception par un bref apostolique. 

Les dixmes inféodées avaient été établies en France lors que les 
dixmes ecclésiastiques n'étaient point encore obligatoires ; leur conces- 
sion n'avait jamais été retirée ; elles n'avaient point changé de nature 
et les premières qu'avait possédées le clergé , lui étaient venues de la li- 



(1) Fontena y-sur-Eure. H, n° 1 , caisse XCIX. 

(2) Sandarville. C , n* 1 . caisse CX. 

(3) Bennes. F, n°2, caisse LXXXIV. 



95 
béralité des princes et des fidèles ; cependant on s'habitua peu à peu 
à regarder comme un retour au droit commun, les transmissions à 
titre gratuit ou onéreux , des dixmes inféodées aux ecclésiastiques , qui 
finirent par les posséder presque toutes. 

Ces dixmes ne changeaient pas de nature en passant aux mains du 
clergé ; elles conservaient leur impression féodale ; l'église lès possédait 
sans suppression de fief et se trouvait ainsi recevoir plus qu'elle n'au- 
rait pu justement réclamer , dans l'hypothèse d'une ancienne usurpation 
de dixmes ecclésiastiques par les seigneurs laïcs. 

Je pourrais donner beaucoup d'extension à ce Chapitre par l'énu- 
mération analytique et raisonnée des divers droits de past, de chatn- 
part, de cens, de tensement , que les Chanoines pouvaient exercer 
dans les prébendes ; mais ces détails intéressants ne peuvent trouver 
place dans un travail nécessairement peu étendu comme doit l'être 
celui-ci. 

Ici se termine ce que j'avais à dire sur les archives du Chapitre 
pour démontrer leur importance historique ; il ne me reste plus qu'à 
apprécier leur valeur comme collection d'autographes , de monuments 
paléographiques et de sceaux anciens; ce sera l'objet de la dernière 
partie de ce rapport. 



96 



« Hec sunt pignofa de bresagrio domino Xtonulfo trejeefense ép. • 

Ces mots écrits sur une bande étroite de parchemin de sept centi- 
mètres de longueur , servaient autrefois d'inscription à un petit paquet 
de reliques renfermé dans une châsse de l'ancien trésor. Il s'agit 
ici de saint Monulfe qui, dit-on, succéda àun Domitien, Évêque d'Utrecht, 
vers l'a» 560 et gouverna son diocèse pendant trente-neuf ans ; les 
BoUandistes font mémoire de ee prélat au 16 juillet. 

Cette courte inscription est le plus ancien monument paléographiqoe 
des archives. Les caractères sont presque en tous points conformes à 
ceux du manuscrit de Grégoire de Tours du VII e siècle, conservé à 
la bibliothèque royale. (n° 132. Notre-Dame). Cette écriture appelée, 
par M. de Champollion, cursive- mérovingienne, offre beaucoup de 
ressemblance avec l'écriture cursive, en usage dans les chancelleries 
d'Italie depuis le V e siècle jusqu'à l'adoption définitive de l'écriture 
lombarde. 

À ce précieux fragment sont joints un procès-verbal de dépôt au 
trésor , dressé par le Chanoine Grenier de Cauville , le 20 juillet 1 690 , 
et des notes antérieures du Chanoine Etienne qui font connaître les 
détails que je viens de donner : pour les rendre complets, je dois 
ajouter que cette inscription a été retrouvée dans les papiers de M. 
Hérisson (1). 

La plus ancienne pièce après celle que je viens de citer est la 
donation de Charles-le-Chauve (870) , dont j'ai déjà eu l'occasion de 
parler (2). 

(1) Œuvres Notre-Dame. Reliques D, n° 1 bis, caisse III. 

(2) Voir ci-dessus y page Biens aliénés. P, n° 1, caisse LXIV. 



97 

Ce titre est parfaitement conservé, le scel placé dans an trou percé 
\ers le bas an côté gauche est encore entier , mais un peu effacé ; je l'ai 
fait dessiner ainsi que le monogramme tracé de la main du prince (1), 
Manu propria firmavimus annulique nostri impressione insigniri jus- 
simus. Comme dans les chartes et diplômes des XI e et XII e siècles , 
les invocations et souscriptions sont en caractères allongés et serrés ; 
récriture du corps de l'acte diffère peu de celle des manuscrits de 
la même époque , seulement la partie supérieure des lettres B , D , H , 
L , est extrêmement prolongée. 

Voici comment le catalogue analyse une charte du Roi Eude, qui 
ne se trouve plus aujourd'hui (2) : 

• Donation faite à titre d'usufruit par Eude , Roi de France à Ricbodon , 
» nt femme et son fils aîné , d'un fief sur la rivière d'Eure , contenant trente 
» fermes au village de Jouy , en 892. » 

Ces deux titres du IX e siècle étaient les seuls qui existassent au trésor. 
Il n'y en avait qu'un du X e siècle ; l'original est aujourd'hui perdu ; 
mais il reste un vidimm authentique délivré par l'official au mois de 
novembre 1298. 

C'est la donation faite au Chapitre, en 946, de la terre et seigneurie 
d'Ingré par Hugues-le-Grand , Duc et Marquis des Français , père de 
Hugues Capet. Le donateur possédait cette seigneurie en sa qualité 
de Marquis d'Orléans ; l'acte fut ratifié par la signature de ses deux fils 
Hugues et Eudes et celle de son petit-fils Robert. Un grand nombre 
d'autres seigneurs figuraient aussi comme témoins ; leurs noms ne se 
trouvent pas sur le vidimm de 1 298 , mais bien sur une autre copie 
de 1764 délivrée par Lesage, notaire et principal tabellion de MM. les 
Chanoines (3). 

Cent ans plus tard (1048) le fils de Robert, Henri I er Roi de France, 
jugea à propos d'augmenter la libéralité de son aïeul de la donation 
du droit de voirie et de tous les autres droits qu'il avait encore à 
Ingré , se réservant seulement la perception annuelle de quatre septiers 
de vin par arpent pour le droit de protection et défense des habitants. 

(1) Planches, n m 1 et 2. 

(2) Voir ci-dessus , page 81 et le tome IV , page 172 verso du catalogue. 

(3) Caisse XXX . A , n" 1 . 

13 



98 
Cette charte n'a pas été perdue , mais le scel placé comme celui de 
Charles-le-Chauve est détruit; elle est datée de la 19 e année du règne 
de Henri , revêtue de son monogramme et marquée d'une croix tracée 
dé sa main , Manu propria signo crucis impre$so (I). 

J'ai parlé , au Chapitre des fondations , d'une charte de quelques an- 
nées antérieure à cette dernière, par laquelle le Boi Robert ratifia h 
donation faite au Chapitre par le Comte Mariasses (2). Ce titre est daté 
de la 35* année du règne de Robert (1031); l'écriture est beaucoup 
moins nette que celle des pièces dont je viens de foire mention , le 
sceau n'existe plus (3). 

Le Chapitre possédait encore deux pièces du XI e siècle fort fan* 
portantes; elles sont heureusement conservées. 

L'une est une déclaration de Thibault, Comte de Chartres (1083), 
par laquelle il rend au Chapitre les enfants issus des mariages con- 
tractés par les hommes de corps du Chapitre avec des filles serves de 
ses domaines , à condition que réciproquement , le cas échéant , rÉvêque 
et le Chapitre lui rendront les enfants issus des mariages contractés 
par ses hommes de corps avec les filles serves du Chapitre. 

Ce titre est marqué de la croix du Comte et de celle de sa femme 
Adélaïde ; il était autrefois accompagné d'un scel , non pas posé des- 
sus , mais pendant à des bandes de parchemin ; il n'en reste aucun 
morceau. 

L'autre pièce est l'original de la permission donnée en 1094 par 
l'Évêque Saint Yves à l'abbé de Cluny , et aux religieuses de la Charité 
de fonder le monastère de la Hadelaine du Grand-Beaulieu (4). 

J'ai cru devoir entrer dans ces détails pour le petit nombre de titres 
antérieurs au XII e siècle ; il ne serait pas possible de suivre la même 
marche pour les autres ; ce serait refaire l'inventaire du Chapitre par 
ordre chronologique et sans aucune utilité. Il suffira maintenant de 
signaler , en passant en revue les différentes espèces de pièces , celles 
qui peuvent donner lieu à quelques observations. La manière de placer 
les sceaux a plusieurs fois changé; les monogrammes, les signatures, 

(1) Prévôté d'Ingré, n* 2, caisse XVIII. Voir le monogramme, planches, n« 4. 

(2) Voir ci-devant, page 67. 

(3) Fondations. A, n° 1, caisse LXVII. Planches, n° 3, monogramme du Roi. 

(4) Paroisses et communautés. G, n° 1, caisse IX. Voir ci-devant, page II. 



99 
ptfeeatmt eauveM des pattietilailtés curieuse* , rteti nert à négliger 
dans l'élude de» monument* de notre histoire nationale. . 

Bulles des Papes. -^ Elles dont en grand nombre dans les collections 
te Chapitre ; tontes sont d'une Mie écriture , mais leur grandeur 
varie beaucoup. Celles des XII e et XIII e siècles portent ordinairement 
le chiffre du Saint-Père et les signes des cardinaux présens. 

Les soeattx en plomb sont attachés par des cordes on des lacs de 
wtie ronge et jaune. Avant PanI I] la gravure du seel pontifical , fort 
groràère d ailleurs , était la même pour tons les Papes ; le nom seul 
dtingeirit. Pwl II (1466) fut le premier qui substitua à limage in- 
firme de Saint Pierre et de Saint Paul de la face principale, deux 
figures régulières * et 4ux lettres barbares du revers , la représentation 
d'un Pape assis sur son trône et donnant son pied à baiser (1). 

Chartes et lettres des Rois de France et des seigneurs féodaux. — 
Boa» avons en occasion de citer un grand nombre de ces titres dans 
le cours de ce rapport , nous n'avons à parler ici que de leur aspect 
eitéMear. Jusqu'au XII e siècle les charte» royales sont signées de 
monogrammes qui sont tracés par le prince ou du moins accompagnés 
d*8M croix faite de sa main- Au XII e siècle , on ne trouve presque 
plas de monogrammes ni de croix , mais seulement des sceatix attachés 
par de» bandes de parchemin , on par des lacs de soie verte. 

Louis XI est le senl Roi qui paraisse avoir été dans l'a&fge de 
signer lin-même en tontes lettres (2) , et les archives de Chartres ne 
renferment aucune pièce émanée de ses successeurs où il soit fait 
mention de la signature royale jusqu'à François I er ; mais depuis ce 
prince, la coutume de signer s'est toujours conservée. 

Ces observations s'appliquent aussi aux titres émanés des seigneurs 
Modaux : ainsi , de même que nous possédons anx archives les* signa-» 
tures autographes de Henri II (3), Catherine de Médicis (4), Henri 

(.1) Voir tel deux sceau* tut planches n°* 5 et S. Bulle de Paul II. rVttilege*. A , 44 Eis , 
caisse X. 

(2) Acte de fondation par Louis XI. Fondations. D , n° 63 , caisse LXVIII. Voir aussi 
aux planches , n° 7 et ci-devant , page 71 . 

(3) Lettres de Heuri II an Chapitre ( tS4 9). OEûrre Notre-Dame. C, n« 11, caisse III. 
Voir ci-derant, page 61. 

(4) Lettres portant exemption du logement des gens de guerre (1574}. Privilèges. G» 
o" 12 , caisse X. 



100 
III (1) , Marie de Médias (2), Louis XJ1I (3), Anne d'Autriche (4), 
Louis XIV, (5) , Louis XV (6) , nous ayons aussi celles des connétables 
Charles de Bourbon (7) et Anne de Montmorency (8), du maréchal 
Aithus de Cossé (9), etc., sur des pièces originales, dont quelques-unes 
sont d'un grand intérêt. ■' 

Beaucoup de ces pièces sont en pariait état , mais les sceaux sufti 
en général fort mutilés ; j'en ai fait dessiner quelques-uns en choi- 
sissant de préférence ceux qui sont brisés en un grand aembre <le 
morceaux, et dont la conservation est devenue maintenant presque 
impossible : ainsi, le grand scel de Pierre d'Aleoçon (planché, 
n° 8), était brisé en un grand nombre de morceaux, et ce n'est 
qu'après les avoir rassemblés avec beaucoup de peine qu'il a été pos- 
sible de dessiner cette empreinte. La gravure de ce scel est d'un tra- 
vail admirable , aucune partie n'est négligée , tous les détails de costume 
et d'ornement sont d'un fini parfait. Le temps a malheureusement 
effacé une partie importante de l'empreinte. La draperie parsemée 
de fleurs de lys , placée derrière la figure du comte , est marquée 
diagonalement de larges rayures sur lesquelles sont tracés des ca- 
ractères aujourd'hui illisibles; on a négligé ces détails sur le dessin 
pour éviter la confusion. Ce beau scel est attaché à un acte en français 
du 29 mai 1403, par lequel le Comte d'Alençon céda au Chapitre 
sa seigneurie du Bois de Lèves en échange des terres de Germonval 
et de la Bretonnière , à la condition que le Chapitre célébrerait un ser- 



(1) Brevet du Roi Henri III accordant deux bourses au collège de Navarre pour les enfants 
de chœur de l'église (1579). Fondations. E , n° 48 , caisse LXIX. 

(2) Procès-verbal d'ouverture de la chasse de Saint Piat. Œuvre Notre-Dame. D, n° 9, 
caisse III. 

(3) Fondation d'un obit pour Henri IV. Fondations. F, n° 27 , caisse LXX. * 

(4) Uttred'Anned'Autricfce à M. Lescot( 1643). OEuTre Notre-Dame, E, n*6, caisse 1U. 

(5 et C) Lettres portant exemption du logement des gens de guerre (ICI 4). Privilèges. G , 
n° 13, caisse X. 

(7) Lettres de sauve-garde (1515). Privilèges. G, n° G, caisse X. 

(8) Exemption de loger les gens de guerre. Privilèges. G , n* 7 , caisse X. 
(0) Lettres de sauve-garde (1571). Privilèges. G, n* 7, caisse X. 



* v» 



via annaeLet ferait dire deu messes par semaine pour le repo§ dto 
w teftf laflaéieompeiHur l'inégalité des domaines ainsi échangés. 

£ietre^ Ostote d' Alençon, seigneur de Fongières et de Gallafdon* 
Vioomte de Beaumont , dénommé dans ce titre , était le troisième AI* 
do second Comte d' Alençon de la maison de Valois , et par eonsé~ 
qmmt l'arrière petit-fils du Roi Philippe-le-Hardi. Il était Vicomte 
ds Beaumont do chef de sa femme Marie Chamaillard ; il eut un grand 
nombre d'enfants légitimes et laissa de plus un fils naturel, Pierre, 
bétapd d* Alençon , seigneur d'Anneau , de Faucon et du Goulet. 

Le grand sort royal étant à peu près le même pour tous les princes, 
je n'ai fût dessiner que celui de Philippe-le-Bel qui est attaché à l'acte 
delà fondation faite en mémoire de la bataille de Mons-en-Puelle (1). 

Les dessins n°* 10 et 1 1 représentent les fragments des deux sceaux de 
l'acte de 1306, qui régla définitivement les droits des Comtes de Chartres 
et dn Chapitre par rapport à la juridiction temporelle (2). Le premier 
•ceà est celui de Charles , Comte de Valois , d' Alençon , de Chartres et 
d'Anjou, fils de Philippe III, Roi de France; l'autre est celui de sa 
femme, Catherine de Constantinople. 

N # 12. Scel de Mathieu , Vidame de Chartres, attaché à des lettres 
d'amortissement en faveur du Chapitre , d'un clos donné à l'église par 
un Chanoine en 1274. 

S* 13. Scel d'Isabelle, Dame de Tachainville , apposé au même ti- 
tra (3). 

H° 14. Scel de Louis, Comte d'Etampes, seigneur de Gallardon, at- 
taché aussi à des lettres d'amortissement de la terre de Germonval 
que le Chapitre tenait par échange de Hue du Boulay (4). 

Cyrographes. — Aux XI, XII et XIII e siècles, quand nos aïeux faisaient 
un contrat synallagma tique , ils avaient presque toujours le soin d'é- 
crire perpendiculairement au milieu d'un morceau de parchemin le mot 
sacramentel , qfrographum ; puis de chaque côté on dressait une copie de 
l'acte , ensuite on coupait le parchemin en'deux , de manière à diviser le 

(1) Planche, n° 9. Fondations. C, n* 3, caisse LXVII. Voir ci-detant, page 69. 

(2) Juridiction temporelle. K , n° 7, caisse V. Voir ci-devant , page 77. 

(3) Fondations. D, n° 29 , caisse LXVII. 

(4) Biens aliénés. S, o* I, caisse LXIV. 



102 
mot cyrograpkum ; chaque partie contractante se trouvait sàmi ea 
possession d'un titre à talon , et il suffisait de le rapprocher de tm 
semblable pour en vérifier l'authenticité. 

Les archives renferment plusieurs de ces ejrrograpbes (1) : pttspi. 
tons offrent de curieux détails sur l'histoire locale; un entr'a*tr** 
(1 183) nous apprend qu'il existait autrefois an lieu où sont aujourd'haj 
les prisons de la ville, un four appartenant aux frères de L'auto* 
de Notre-Dame et que ces bâtiments , occupés avant la révolution p« 
les Carmélites , étaient alors la propriété des Templiers (2J«. yi , 

Presque tous les cyrographes et beaucoup d'actes de donation, in- 
térieurs an XIII e sièele sont précédés de phrases préliminaires, corn 
sacrées à l'éloge de récriture , comme celle-ci (3) : Qttoniam phh 
rima in mundo aut negligentia aut antiquitate labi de sinu memarit 
possunt.... majores nostri ea que digna videbantxtr tcripto eommmâm 
iusserunt propter quod ambiLiosd temeritas reprimeretur * error «*W- 
guitatiê excîuderetur, dissentionis contentio sopiretur, etc...; eh ee temps- 
là encore , on écrivait le moins possible et Ton se croyait par con- 
séquent obligé de prendre des précautions oratoires lorsqu'on jugwot 
à propos de faire usage de cette garantie solennelle. 

Actes des officiers publics. — Expéditions. Ces actes sont efl grand, 
nombre , on peut les diviser en deux grandes classes ; nons placeront 
dans la première les actes émanés directement des officiers publics, 
baillis, officiaux , tabellions, notaires apostoliques, greffiers, etc., et 
qui ne pouvaient être faits sans leur concours; dans la seconde nous 
mettrons les copies, expéditions, vidimus de titres anciens délivrés 
par ces officiers qui en certifiaient l'exactitude. 

En général ees dernières pièces sont importantes ; c'est parmi elles 



(1) f° 1159.Cyro^rtphcporlcqucll > htltppcdc LoflgvtlIJeH confirme ta donation* qriefc* 
Chanoines de Saint-Vincent-les-Bois avaient faite an Chapitre des hâtes qu'ils avaient au£t 
Longvilliers , pour avoir part aux prières de l'église. Fondations. A, n° 3 , caisse LXVII. 

2° 1207. Donation faite au Chapitre par Guérin de Thcuvy, d'une dixme à Theuvy, 
pour la fondation de son anniversaire. Fondations. B, n° 5, caisse LXVII. 

3° 1209. Cyrographe portant acquisition par le Chapitre de deux batteurs en grange à 
Mévoisins. Fondations. B, n° 7, caisse LXVII. 

(2) Maisons canoniales. K , n° 24, caisse LXI. 

(3) Donation faite au Chapitre par Habile du Chastel , des vicairies de Chcsne et de 
Torcey. Chcsncs. A , n° 1 , caisse LXXXVIII. 



103 

qu'il faut placer le vidimus des lettre» de grâce accordées aux Char- 
trains par Charles VU, en juin 1432. Sous avons eu déjà l'occasion 
de parler de ce document historique que M. Hérisson a fait imprimer 
tout en entier dans ses notes sur l'histoire des Carnutes (I). Cette 
expédition de la charte originale est datée du 22 juillet 1433; elle 
est délivrée par Thibault d'Armagnac, bailli et capitaine de Chartres, 
scellée du scel de la chatcllenie de Chartres {2}. 

J'ni dit précédemment que la Charte de douatiou de Hogues-le-Grand, 
n'existait plus qu'en vidimus ; il eu est de même de plusieurs autres 
pièces fort curieuses. Quand il s'agissait de choses d'un intérêt gé- 
néral , on faisait à la fois plusieurs vidimus afin de donner à l'acte 
la plus grande publicité; ainsi lit-on pour les lettres de Charles VIF, 
car outre le vidimus retrouvé chez M. Hérisson, qui est bicu celui 
des archives du Chapitre, comme on peut s'en convaincre parles 
annotations inscrites au dos, il existe encore an autre vidimus de 
la même charte entre les mains de M. Lejeune , correspondant du 
ministère pour les monuments historiques. Lorsqu'au contraire il ne 
s agissait que d'intérêts privés , l'original du titre restait déposé au 
trésor, et l'on n'en tirait le vidimus que dans le cas où il était né- 
cessaire de faire une production en justice, ou bien lorsque le même 
titre devait être classé aux archives dans plusieurs divisions; ainsi la 
donation de Hugues-le-Crand était en original dans la caisse des pré- 
vôtés (3), et en vidimus dans la caisse de la seigneurie d'Ingré (4). 

Les pièces de la première classe sont ordinairement des actes de 
veille, des baux, des testaments. Plusieurs de ces actes sont passés 
devant les notaires apostoliques; ils sont marqués d'un monogramme 
dont les deux clefs pontificales forment l'ornement caractéristique (5). 
On sait que les notaires apostoliques, bien long-temps avant l'édit de 
1602, par lequel Louis XIV leur donna le titre et les pouvoirs de 
notaires royaux, faisaient, en concurrence avec ces derniers, tous les 

(I) Voir ci-deranl, page S. 

(i) Clergé de la nillc et banlieue. C, u" I". cause VIII. Planche) . n i ■ 

(3} Caiaic XVIII. 

(1) Caiiic XXXIII 1er. A, ■' I. 

[S) nimfcnt . ■ " ; - !'■ -I H D ■ IS nMMt LXVlll. 



104 
mêmes actes , mais sans pouvoir conférer aucun droit d'hypothèque. Les 
établissements ecclésiastiques aimaient mieux ordinairement s'adresser 
à ces notaires que l'Évêque nommait avec l'approbation du Saint Père. 
Leur nombre devint si grand , il en résulta tant d'abus que Henri II 
fut forcé de rendre un édit pour y mettre ordre ; enfin l'ordonnance 
de Louis XIV fixa la position légale de ces officiers publics , et die 
ne changea plus jusqu'à leur suppression. 

Ce que j'ai dit jusqu'ici fait voir que les archives de l'ancien Cha- 
pitre offrent une collection précieuse de monuments paléographiques 
dont les plus anciens remontent à près de mille ans. On peut ainsi 
étudier toutes les métamorphoses de l'écriture avant l'invention de l'im- 
primerie, depuis l'écriture mérovingienne de l'inscription de Saint 
Monulfe , jusqu'aux textes en lettres moulées , accompagnées d'arabes- 
ques et de miniatures , que les copistes du XV e siècle opposaient or- 
gueilleusement aux produits de la nouvelle industrie. 

Il n'existe aux archives qu'un seul manuscrit de ce genre ; la pre- 
mière page est entourée d'un cadre azuré avec des arabesques en or. 
Dans l'intérieur de la lettre «capitale du premier mot est une miniature 
qui représente saint Martin , coupant son manteau pour en donner la 
moitié à un pauvre. Le corps de l'acte est en lettres moulées d'une 
netteté admirable. Cette pièce datée du 16 décembre 1535, est une do- 
nation de rente faite au Chapitre par Martin Bocber , Abbé de Saint- 
Jean-en- Vallée , pour la fondation de la fête de saint Martin d'hiver et 
d'un anniversaire pour le repos de son âme (I). 

La plus ancienne pièce imprimée est un mandement par lequel Erard 
de la Marck publia les statuts de la confrérie de la Vierge (1507-1521). 
L'imprimerie était déjà connue en France depuis plus de cinquante ans ; 
mais la persécution avait empêché cette invention de se répandre , et ce 
n'est guère qu'à l'époque du mandement d'Erard de la Marck qu'on 
commença à se servir du nouveau procédé pour donner de la pubDdté 
aux actes des dépositaires du pouvoir. Le texte de cet acte est en carac- 
tères gothiques , la ponctuation et les abréviations sont les mêmes que 
dans les manuscrits contemporains ; en haut de la page est une gravure , 
semblable d'exécution à celles des plus anciens livres imprimés ; elle 



(I) Fondations. E, n 9 25, caisse LXIX. 



. . . . 105 

repr&cnte la Vierge tenant l'enfant Jésus sur ses genoux ; au second 
plaç sont deux Anges , l'un tient un livre , l'autre souffle dans une 
frompsite (1). 

Àvaqt dfi terminer par quelques observations particulières aux pièces 
émqnées du Chapitre et de quelques-uns de ses membres , on me per- 
mettra de signaler un titre fort curieux , mais qui ne fait point partie 
de la collection du Chapitre. C'est un acte d'échange de plusieurs lots 
idie terre, situés à Sours, entre l'Abbé de Saint-Jean-en-Yallée et Frère 
Jean-François , domorum militiœ templi in Francia preceptor. Il est daté 
de l'an 1280 ? et le petit scel de l'ordre du temple qui y est attaché est 
parfaitement conservé. 

Le domaine de Sours, près Chartres, avait été donné aux Templiers 
en il 92 par Ali? , Comtesse de Blois , sœur de Philippe II . Ces religieux 
y firent un établissement considérable auquel était joint un hospice 
pour les pèlerins; ils possédaient aussi, comme je l'ai déjà dit (2), une 
maison à Chartres. Lors de l'abolition de l'ordre en 1308 , ces deux 
propriétés furent données aux chevaliers de Malte qui firent de Sours 
le siège d'une commander ie. 

L'acte de 1 280 est donc de vingt-huit ans seulement antérieur à la 
destruction do l'ordre du Temple ; les papiers de ces chevaliers ayant 
été en grande partie brûlés , j'ai pensé qu'il serait utile d'indiquer l'exis- 
tence de ce titre et de donner un dessin du scel (3) qui s'y trouve 
apposé , bien que ce fût m' écarter du cadre de cet ouvrage , puisque la 
pièce se 'trouve parmi les papiers de l'abbaye de Saint-Jean en Vallée. 

« Les armes de l'évêché de Chartres sont mi-parties d'une mitre et une 
* crosse d'un costé , et de l'autre costé un espe et un armet. » 

dit le mémoire que nous avons cité (4) en traitant de la juridiction tem- 
porelle. Cela signifiait, disait-on , que les Évèques avaient dans l'origine 
réuni le titre de Comte à la dignité épiscopale. Nous devons ajouter que 
reçu était divisé en quatre parties , de manière que la mitre était à droite 

(1) OB<iTT« Notre-Dame. A, n° 18, caitte III. Voir ei-derant, page 50. 

(2) Voir ci-detant, page 102. 

(3) Planches n° 17. 

(4) Voir ci-detanl, page 75. 

14 



106 
sur champ 4e gueule , l'armet à côté sur champ d'unir et au d am ons à 
gauche l'épée sur gueule , à droite la crosse sur $zur (1). 

Le Chapitre n'avait point d'armoiries , son sccl ancien n'eu porte au- 
cune. Hais comme la plus précieuse des reliques conservées dans le 
trésor était la chemise de la Vierge, vers la fin du XVI e siècle le Chapitre 
adopta l'usage de faire précéder tous les actes émanés de lui d'une gra- 
vure représentant cette chemise , accompagnée de divers emblèmes. J'ai 
trouvé ce signe distinctif pour la première fois sur un mandement de 
Léonard d'Estampes, du 25 février 1622 (2). Au XVII e siècle le Chapitre 
plaça cette chemise sur un champ d'azur, et se composa ainsi, des armes 
qui remplacèrent les gravures beaucoup plus belles de l'ancien sed. 
L'image de la sainte chemise est gravée sur le dos de tous les livres de la 
bibliothèque du Chapitre , et l'usage de marquer ainsi tous les objets 
appartenant à la cathédrale s'est conservé jusqu'à nos jours. 

Nous avons la collection complète des armoiries des Évéques 4e 
Chartres depuis Geoffroy de Lèves (1115) jusqu'à Godet des Marais 
(1690); celles de MM. Moustier de Mérin ville, Bosset de Fleury et 4e 
Lubersac, derniers Prélats avant la révolution , manquent à ce recueil. 
Par compensation on y trouve les armes de saint Malard qui fut 9 selon 
Doyen , le vingt-cinquième Évoque de Chartres , et qui vivait \m le 
commencement du VII e siècle ; mais comme la science du blason est beau- 
coup plus moderne , je crois peu à l'authenticité de ces armoiries. 

J'ai fait dessiner (3) les sceaux de l'Archevêque de Sens , du Chapitre , 
de l'Évèque de Chartres , des Archidiacres , de l'Official et de plusieurs 
Chanoines. Ce sont les seuls qu'il a été possible d'exécuter, encore a- 
t-il fallu presque toujours copier d'après des fragments de plusieurs 
empreintes mutilées. Il est nécessaire d'accompagner ces figures de quel- 
ques explications. 

Scel de l'Archevêque de Sens (n° 20). — L'Archevêque est représenté 
assis tenant sa crosse de la main gauche , la main droite est levée , les 
doigts disposés pour donner la bénédiction , il est coiffé d'une sorte de 
mitre en forme de croissant , la légende était : Sigillum Willelmi Seno- 



(1) Planches, n° 18. 

(2) OEtiYre Notre-Dame. A, n* 18, caisse III. Hanches, n« 19. 

(3) Planches fi° 20 et suivants. 



\ 



107 
nensis Arckiepiscopi ; on ne peut plus lire qu'une partie du premier mot 
et du dernier ; au revers du scel est une tète dont les yeux sont cachés 
par un bandeau , arec cette légende qui explique l'allégorie : secretum 
meut* mieki (I). 

Scel de VÊvéque de Chartres (n° 21). — Je n'ai trouvé qu'une seule 
empreinte assez bien conservée ; l'Évéque est figuré debout ;{ la légende 
porte : Sigiltum GaUerii Episeopi Camotensis; le revers représente 
l'Évdque à genoux aux pieds de la Vierge, autour sont écrits ces mots : 
Ave Maria gratià plenâ. 

Ge fragment de scel est attaché à un acte de 1224 qui lait partie des 
papiers de l'abbaye de Josaphat. 

Scel du Chapitre (n° 22). — Au XII e siècle , sur le scel du Cha- 
pitre on voyait la Yierge assise, tenant l'enfant Jésus sur ses ge- 
noux , on lisait autour : Sigillum Capituli béate Marie Camotensis. Au 
XIII e siècle , et depuis jusqu'au XVII e , on conserva la même image sur 
la face principale ,. le revers* représenta l'annonciation , et les premiers 
moto de la salutation angélique servirent de légende. Enfin les Cha- 
noines choisirent en dernier lieu pour emblème la figure de la sainte 
chemise. 

H est fc remarquer que la Vierge gravée sur le scel n'est en rien sem- 
blable à l'image traditionnelle de Notre-Dame de Chartres telle qu'on 
la voit au haut du grand vitrail de la porte royale. 

Scel du Doyen (n° 23). — Tous les actes émanés du Chapitre com- 
mençaient par la formule Decanus et universitas Capituli, etc., et l'on 
y apposait le grand scel du Chapitre. Le Doyen n'en avait point par 
conséquent un qui fût propre à sa diguité , mais chaque Doyen adoptait 
le sien pour les actes où il était appelé à figurer de sa personne et non 
comme représentant le Chapitre. L'empreinte que j'ai fait dessiner est la 
seule qui soit entière , elle tient à un procès-verbal d'ouverture de la 
châsse de saint Piat, du 1 er octobre 1310 (2); le Doyen était alors 
Thibault d'Alnet. 
Sceaux des Archidiacres (n oi 24-25). — Les Archidiacres n'avaient 

(1) Cette dernière figure étant très- effacée, il m'eût été impossible de donner cette 
description sans les renseignements que H. Bernait) , Chanoine de la cathédrale de Sens ,. 
a bien voulu me communiquer. 

I?) Œuvre Notre-Dame. D, n° 9, caisse III. 



108 
point à ce qu'il parait un scel qui leur fût particulier. Chacun d'eux 
composait le sien en mettant son nom et son titre pour légende. Le 
n° 24 est le scel de l'Archidiacre de Vendôme en 1253 (1), le n° 25 
celui de l'Archidiacre de Chartres en 1288 (2). Us n'ont point de 
revers. 

Scel de V Officiai (n° 26). — Cette empreinte est celle que Ton ren- 
contre le plus fréquemment , il en existe en très-grand nombre ; toutes 
sont semblables ; la figure de l'Official ne se voit que jusqu'aux genoux, 
elle est entourée de cette légende : Sigillum Officiait* Carnotensis Curie. 
Au revers sont gravées une mitre et une crosse avec ces mots : Contra 
sigillum Curiœ Episcopalis Carno ternis. Ce scel est le plus ordinaire- 
ment attaché par des bandes de parchemin , bien qu'on le trouve aussi 
quelquefois suspendu à des lacs de soie verte. 

Sceaux des Chanoines. — Ces sceaux sont assez rares parce que d'abord 
les Chanoines n'avaient point tous un scel , ensuite parce qu'on se coq* 
tentait ordinairement pour tous les actes , d'apposer le scel de l'Official ; 
les empreintes que j'ai fait dessiner sont les seules qui se trouvent 
aujourd'hui assez bien conservées pour présenter quelque intérêt de 
curiosité. 

Le n° 27 est le scel de Gervais de Chàteauneuf , Chanoine de Chartres ; 
il est attaché à une donation faite par ce Gervais au Chapitre, de 100 
livres de rente à prendre sur le péage de Brou , à la charge d'un anni- 
versaire. Juin 1221 (3). 

Le n° 28 représente le scel d'Adam de Saint-Méry , Chanoine , qui 
donna plusieurs propriétés à l'église pour la fondation de son anni- 
versaire, en 1290 (4). 

Aux XIII e et XIY° siècles , pour donner plus d'authenticité à certains 
actes importants , on laissait beaucoup de blanc au bas de l'écriture et 
l'on découpait ensuite le parchemin en plusieurs languettes sur chacune 
desquelles un des témoins de l'acte apposait son scel. Quelques-uns des 
procès-verbaux d'ouverture de la châsse de saint Piat sont ainsi ac- 

4 

(1) BarjouTillc. A, n° 5, caisse XXIX. 

(2) Fondations. B, u° 36, caisse LXVII. 

(3) Fondations. B, n° 12, caisse LXVII. 

(4) id. n'37, id. 



109 
>mpagnés d'une effilée de petits sceau aujourd'hui brisés pour la 
lopart (1). 

Il n'est, point nécessaire de dire que parmi tous ces titres , il existe 
» autographes de plusieurs prélats qui ont occupé le siège de Chartres , 
ous ne signalerons ici que la signature autographe de l'Évêque de 
hou, elle se trouve sur un marché passé le 28 juin 1592 pour la 
mrnituro de l'eneens (2). 

(1) r roeèi < m U tt de 1810 et de 1S52. Œuvre Notre-Dame. D, n° 9, ctilte III. 
(J) OCurre Notre-Dame. B, n° 10, caisse III. 



4 
1 



«'■*' 



Dans le cours du travail qu'on vient de lire , j'ai eu l'occasion de 
relever plusieurs erreurs , de mettre en # lumière des faits inconnus ; 
cependant mon seul but était , comme je l'ai dit en commençant , d'in- 
diquer les matériaux que renferme le trésor du Chapitre et non d'en 
faire moi-même usage, il n'entrait pas dans le plan de mon rapport 
de rectifier les inexactitudes accumulées dans les publications qui ont 
recueilli les chroniques locales. Mais l'histoire du pays Ghartrain est 
tellement liée à l'histoire de la cathédrale qu'il est impossible de les 
séparer. Les documents sont confondus ensemble , les archives du Cha- 
pitre sont en même temps celles de la Beauce et de sa capitale , et , 
dans les manuscrits que possède la bibliothèque de la ville , la chronologie 
des Évêques tient plus de place que celles des Comtes et des Ducs de 
Chartres. 

Cependant on a négligé jusqu'à ce jour l'étude de ces pièces originales 
pour accorder toute confiance aux livres. Copier en les rajeunissant les 
vieux récits que la tradition a rendus populaires , est plus facile sans 
doute que de chercher laborieusement les faits dans des cartulaires , des 
chartes , des registres anciens , parmi une multitude de notes , de rè- 
glements , d'ordonnances aujourd'hui sans aucune utilité ; mais notre 
siècle ne veut plus de cette manière commode d'écrire l'histoire. 

Dans son ouvrage publié en 1835, M. Ozeray a essayé de secouer le 
joug de la tradition pour entrer dans une voie meilleure ; mais il est 
loin d'avoir réussi complètement ; et l'histoire générale du pays est 
encore à faire. 

L'examen des archives du Chapitre m'a souvent conduit à parler des 
crimes, des abus, des superstitions des temps passés. J'ai dit tout ce 
qui était vrai , tout ce qui paraissait présenter quelque intérêt sans cher- 
cher jamais à déguiser la physionomie des faits. 



111 

Personne aujourd'hui ne doit s'alarmer 4e pareils récits; au XIX e 
siècle la religion «'est pas solidaire des superstitions du moyen-âge , et 
ses ministres n'ont point à répondre des désordres de leurs devanciers ; 
le cnlte catholique dégagé des pratiques accessoires qu'avait imaginé un 
zèle peu éclairé , n'est point intéressé à la conservation des erreurs de 
détail qui subsistent encore dans quelques localités ; enfin si le souvenir 
des scandales d'nn Miles d'Illiers et d'un Charles Guillard peut affliger 
le respectable Prélat de ce diocèse, il ne peut certainement porter au- 
cune atteinte à la vénération qui lui est due. 

Qu'on ne s'étonne pas uou plus si j'ai eu plus souvent à signaler des 
abus et des fautes qu'à louer des actions vertueuses et charitables. Le 
clergé du diocèse de Chartres, et particulièrement le Chapitre, a sans 
doute beaucoup contribué au développement moral des peuples de la 
Beauce; j'ai dit quelle part il avait prise à l'abolition du servage. Mais 
la bienfaisance se cache pour agir ; la piété sincère évite le bruit et la 
gloire ; les sociétés humaines ont des tribunaux pour punir les coupables, 
elles n'en ont point pour juger les belles actions et les récompenser. 
Toute collection d'archives renferme donc pécessaireinent beaucoup de 
documents pour écrire l'histoire des crime? et des malheurs des hommes, 
et très-peu pour faire celle de leurs vertus. Si les Prélats de Chartres 
n'avaient jamais mérité les reproches du Saint-Père , si le Chapitre n'a- 
vait pas compté quelques membres indignes , s'il n'avait pas soutenu de 
nombreux procès , la collection de ces papiers serait bien moins consi- 
dérable et son histoire pour nçyus Jbeauconp moins curieuse. 

Les titres du Chapitre forment à peu près la dixième partie des do- 
cuments anciens que renferment aujourd'hui les archives d'Eure-et-Loir; 
le reste provient des autres établissements religieux qui existaient au- 
trefois sur le territoire du département. Voici la liste des principaux : 

CHAPITRES. 

Chapitre de Saint-Piat. 

— de Saint-André de Chartres. 

— de Saint-Nicolas de Mainte non. 

— de Saint-André de Chàteaudun. 

— de la Sainte-Chapelle de Dunois. 

— de Saiut-fiticuue de Dreux. 



112 
Chapitre de Haillebois. 

— de Saint-Jean de Nogent-le-Rotrou 

ORDRES RELIGIEUX. 

Augustins. (Hommes). 

Abbaye de Saint-Gheron. 

— de Saint-Jean de Chartres. 

— de la Madelaine de Chàteaudun. 

— de Saint-Vincent-des-Bois. 

— de Claire-Fontaine. 

(Femmes). 
Prieuré des Filles-Dieu de Chartres. 

Bénédictins. (Hommes). 

Abbaye de Saint-Père-en-Vallée. 

— de Josaphat. 

— de Bonneval. 

— de Coulombs. 

— de Thiron. 

— de Naufle-le-Vieux. 

Doyenné de Saint-Denis de Nogent-le-Rotrou. 

(Femmes). 

Abbaye d'Arcisses. 

— de Saint-Avit. 

Prieuré de Nazareth, à Nogent-le-Rotrou. 

Bernardins. 
Prieuré de filles , à Cou mile. 

Ce les tins. 
Abbaye d'hommes, à Eclimont. 



113 
Cordeliers. 
Maison de Chartres. 

Dominicains. 
Couvent de Jacobins, à Chartres. 

Fontevrault. 
Prieuré de Belhommert. 

Minimes. 
Maison de Chartres. 

Ursulines. 

Maison de Chartres. 

— de Château d un. 

— de Nogent-le-Rotrou. 

— de Vendôme. 

Prieurés simples. 

* 

Prieuré du Saint-Sépulcre de Chàteaudun. 

— de Notton ville. 

— de Saint-Sauveur, etc., etc. 

Cette nomenclature qui est loin d'être complète suffit pour faire 
comprendre de quelle importance serait le dépouillement de ce riche 
dépôt. Ne fit-on que mettre les pièces en ordre et les analyser ra- 
pidement dans leur ensemble , ainsi que j'ai essayé de le faire pour le 
trésor du Chapitre , ce serait déjà rendre un véritable service aux lettres 
et contribuer utilement aux progrès des études historiques. 



15 



i 



115 



EXPLICATION DBS PIiAWCHUBS- 



ïo 



1. — Scel de Charles-le-Chauve (870), voir pages 81 et 96. 

2. — Monogramme de Charles-le-Chauve , id. 

3. — Monogramme du Roi Robert (1031), y. p. 67 et 98. 

4. — Monogramme de Henri I er (1048), y. p. 97. 

5. — Scel ordinaire des Papes avant Paul H, y. p. 99. 

6. — Scel da Pape Paul H (1466), y. p. 99. 

7. — Signature de Louis XI (1483), v. p. 99. 

8. — Grand scel de Pierre d'Alençon (1403), v. p. 100. 

9. — Grand scel de Philippe-le-Bel (1367), y. p. 69 et 101. 

10. — Grand scel de Charles de Valois, Comte de Chartres (1306), 

v. p. 77 et 101. 

11. — Scel de Catherine de Constantinople , femme de Charles de 

Valois (1306), v. p. 77 et 101. 

12. — Scel de Mathieu , Vidame de Chartres (1274), y. p. 101. 

13. — Scel de la Dame de Tachain ville , id. 

14. — Grand scel de Louis, Comte d'Etampes, seigneur de Gai- 

lardon (1386), y. p. 101. 

15. — Scel de la Chàtellenie de Chartres (1432), y. p. 5 et 103. 

16. — Monogramme d'un Notaire apostolique (1477) , y. p. 103. 

17. — Petit scel de l'Ordre du Temple (1280), v. p. 105. 

18. — Armes de l'Évéché de Chartres, y. p. 50 et 105. 



116 
N° 19. — Chemise de la Vierge, d'après une gravure placée en têt* 

d'un mandement de Léonard d'Etampes, Évéque <L 
Chartres (1622), v. p. 52 et 106. 

20. — Scel de Guillaume , Archevêque de Sens, métropolitain d, 

diocèse de Chartres (XII e siècle), v. p. 106. 

21. — Scel de Gauthier, Évoque de Chartres (1224), v. p. 107- 

22. — Grand scel du Chapitre de Chartres, v. p. 107. 

23 . — Scel de Thibault d'Ànet , Doyen du Chapitre de Chartr* 

(1310), v. p. 57, 107 et 108. 

24. — Scel de Pierre de Bourgogne , Archidiacre de Vendôme 

(1253), v. p. 107. 

25. — Scel de Guillaume de Chaumont , Archidiacre de Chartres 

(1288), v. p. 107. 

26. — Scel de F Officiai, v. p. 107. 

27. — Scel de GervaisdeChàteauneuf, Chanoine (1221), v. p. 107. 

28. — Scel d'Adam de Saint-Méry , Chanoine (1290), v. p. 107. 



117 



ERRATA. 



Page 6 , ligne dernière ; au lieu de Autographie , lisez Autographes. 
Page 96, ligne dernière, au renvoi (2), après le mot page , ajoutez 81 



NOTE. 

L'auteur de la Notice sur les cloches ayant de nouveau fait imprimer la 
partie historique de son travail , dans P Annuaire départemental de 1841 , 
publié il y a quelques jours seulement , a réparé les omissions que je signale 
page 46. Je n'ai pu rien changer à ce rapport dont l'impression était alors * 
déjà terminée, mais je dois dire que mes observations s'appliquent seu- 
lement à l'édition de 1840. 

A. S. 



TABLE 



Pagci 

Etat actuel des archives de l'ancien Chapitre. — Plan du rapport 1 
I. Du Diocèse de Chartres, — paroisses et couvents de sa 

dépendance 7 

II. Les Évéques, — leurs droits et leurs devoirs. — Notices 

historiques 14 

III. Le Chapitre , — ses dignitaires , — ses privilèges. ... 25 

IV. Du culte, — œuvre Notre-Dame 41 

V. Reliques, — cérémonies extraordinaires 52 

VI. Chapelles et fondations 62 

VII. Juridiction spirituelle et temporelle du Chapitre. ... 73 

VIII. Biens aliénés. — Maisons canoniales. — Seigneuries. . . 81 

IX. Les prébendes « 87 

X. Paléographie. — Autographes. — Sceaux 96 

Observations générales. — Titres anciens étrangers au Chapitre. 

— Nécessité d'en faire le dépouillement 110 

Explication des planches 115 

Errata. — Note 117 




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