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Full text of "Lettres apostoliques de Pie IX, Grégoire XVI, Pie VII, encycliques, brefs, etc. : texte latin avec la traduction française en regard précédées d'une notice bibliographique avec portrait de chacun de ces papes, suivies d'une table alphabétique"

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BONS  LIVRES  :  ÉDITIONS  EXACTES  ET  BELLES 


LETTR F.S  A POSTOLIO UES 


DE 


FIE  IX.  GRÉGOIRE  XVI,  PIE  VII 

ENCYCLIQUES,  BREFS,  oie. 
Texte  latin  a\'ec  la  traduction  française  en  regard 


D'UNE-^OTICE  BIOGRAPHIQUE 

UK'ec  portrait    de  chacun   fie  ces  Papes 

sri\  ii:s 

D  [TNE   TABLE   ALPHABÉTIQUE 


f.v..  ■-■'/;     rognri    pro     ti'    ut    non    deficiut 

fiUes  trfi   ■  et  LU coiipri'in  fratres  tvos. 

Luc,   XXII,  2:^. 

Mon    amour    pour     Jcsus-Chpist    doit    s'étendre 
particulièrement  à  son  Vicaire  sur  la  terre. 
R.  P.  J'Alzon,  Directoire  des  Aûg.  de  l'Assomption. 


PARIS 

8,  rue  François  l'\  8 


:^ 


LETTRES  APOSTOLIQUES 


DE 


PIE  IX,  GRÉGOIRE  XVI,  PIE  VII 


TYPOGRAPHIE    KIRMIN-DIDOT    KT    C'".    —   MESNIL    (EURE). 


BONS  LI\^RE3}  ;û£piTIONS  EXACTES,  BELLES  ET  A  BON  MARCHÉ 


t 


LËTTOES  APOSTOLIOUES 


DE 


PIE  IX,  GRÉGOIRE  XVI,  PIE  VII 

ENCYCLIQUES,  BREFS,  etc. 
lexte  latin  avec  la  traduction  française  en  regard 

PRÉCÉDÉES 

D'UNE    NOTICE   BIOGRAPHIQUE 
avec   portrait    de   chacun    de    ces    Papes 


D'UNE    TABLE    ALPHABÉTIQUE 


Ego    autem    rogavi    pro    te    ut    non    deficiat 

fides  tua  :  et  tu confirma  fratres  tuos. 

Luc,  XXII,  23. 
Mon    amoup    pour    Jésus-Christ    doit    s'étendra 
piirticulièreraent  à  son  Vicaire  sur  la  terre. 
H.  P.  d'Alzom,  Directoire  des  Aug.  de  l'Assomptioa 


PARIS 

A.  ROaER  ET  F.  OHERNOVIZ 

ÉDITEURS 

7,   RDE  DES   GRANDS-AUGUSTINS,    7 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  witii  funding  from 

University  of  Ottawa 


littp://www.arcliive.org/details/lettresapostoliqOOcatli 


AVANT-PROPOS 


La  première  édition  des  Lettres  Apostoliques  de  S,  S.  Léon  XIII 
a  été  accueillie  très  favorablement  par  le  Souverain  Pontife,  les 
cardinaux,  les  évêques,  le  clergé  et  les  laïques  instruits. 

S.  S.  Léon  XIII  a  daigné  nous  faire  connaître  sa  satisfaction  : 

J"ai  le  plaisir  de  vous  dire  que  le  Saint-Père  a  accueilli  avec 
satisfaction  l'hommage  que  vous  avez  voulu  lui  faire  tout  re'cemment 
en  lui  offrant  le  volume  qui  contient  le  texte  latin,  avec  la  traduc- 
tion française  en  regard,  des  Lettres  Encycliques  de  Sa  Sainteté, 
précédées  d'une  notice  biographique.  Et,  en  retour,  il  a  bien  voulu 
me  charger  de  vous  transmettre  sa  Bénédiction  Apostolique. 

G.    BOCCALI. 

s.  Em.  le  cardinal  Bourret  expose  très  nettement  l'utilité  de 
cette  publication  : 

Votre  œuvre  des  Bons  Livres  est  vraiment  excellente 

Je  dois  une  mention  particulière  aux  Lettres  Apostoliques  de 
Léon  XIIL  Chacune  de  ces  Lettres  est  un  exposé  magistral  des 
vérités  qu'il  importe  le  plus  de  connaître  à  notre  époque.  Vous  avez 
bien  fait  de  les  publier  en  latin  et  en  français,  et  de  les  faire  pré- 
céder d'une  notice  biographique  sur  l'illustre  Pontife  qui  gouverne 
si  admirablement  l'Eglise  de  Dieu  en  ces  temps  troublés.  Quel 
est  le  prêtre  qui  ne  voudra  posséder  ce  beau  livre?  Quel  est  l'homme 
d'études  qui  n'en  doive  faire  le  code  de  ses  études?  Quel  est  l'homme 
d'œuvres  qui  n'y  voudra  chercher  les  inspirations  de  son  zèle  et  la 
règle  de. sa  conduite? 

Les  trois  volumes  de  la  nouvelle  édition  des  Lettres  Apos- 
toliques de  S.  S.  Léon  XIII  sont  les  premiers  de  la  seconde 
série  des  Bons  Livres.  Nous   continuons  cette  série  par  un 


VI  AVANT- PROPOS 

choix  des  Lettres  des  autres  papes  du  xix''  siècle  :  Pie  l\,  (jré- 
goire  XVI,  Pie  Yll.  On  trouvera  dans  ce  volume  les  documents 
les  plus  précieux  pour  l'histoire  contemporaine  et  Tétude  de  la 
théologie. 

Nous  avons  déjà  publié  le  texte  et  la  traduction  du  concile  du 
Vatican  dans  l'édition  condensée  des  cinq  premiers  volumes  des 
Questions  actiietles,  p.  3-43. 

Le  bon  accueil  qu'on  fera  à  ce  précieux  volume,  comme  à 
ceux  des  l^ettres  apostolif/ues  de  S.  S.  Léon  XIII,  nous  encou- 
ragera à  pousser  activement  la  publication  de  cette  seconde 
série  de  Bons  Livres. 


s.    s.    PIF-    IX 


BIOGRAPHIE  DE  PIE  IX  (*) 


Pie  IX  (Jean-Marie),  des  comtes  Mastdi  Ferretti,  né  le  13  mai  1792 
à  Sinigaglia,  dans  les  Etats  de  l'Eglise,  passa  cinq  anne'es  (1803-1808) 
au  collège  alors  renommé  de  Volterra,  dirige'  par  les  religieux 
Scolopies.  11  voulut  dès  lors  se  consacrer  au  service  de  l'Eglise; 
mais  une  grave  maladie  l'en  détourna.  Durant  un  voyage  qu'il  fît  à 
Notre-Dame  de  Lorette,  il  obtint  miraculeusement  sa  guérison  et  put 
entrer  dès  lors  dans  l'état  ecclésiastique.  Il  fut  successivement  ton- 
suré en  1809,  minoré  en  1818,  promu  au  diaconat  le  18  décem- 
bre 1818  et  célébra  sa  première  messe  le  jour  de  Pâques  1819,  à 
Rome,  dans  la  petite  église  de  SanVAnna  Dei  Falignano.  C'était 
la  chapelle  d'une  maison  de  refuge  d'enfants  pauvres  que  l'abbé 
Mastaï  catéchisa,  soigna,  dirigea  pendant  sept  années.  Le  Pape 
Léon  XII  ayant  envoyé  le  cardinal  Muzi  au  Chili,  l'abbé  Mastaï 
l'accompagna  en  qualité  d'auditeur.  Il  s'y  fit  remarquer  par  son 
habileté,  et  à  son  retour  se  distingua  également  par  la  sagesse  et 
le  désintéressement  avec  lesquels  il  administra  plusieurs  hôpitaux 
et  divers  établissements  de  bienfaisance  à  Rome,  entre  autres  le 
grand  hospice  de  Saint-Michel,  le  plus  ancien  et  l'un  des  plus 
vastes  établissements  de  charité  qui  existent  au  monde.  En 
1827,  il  devint  archevêque  de  Spolète.  L'auditeur  du  Chili  et  le 
président  de  Saint-Michel  s'était  ruiné  pour  les  pauvres.  Pour  payer 
ses  bulles,  le  nouvel  archevêque  dut  vendre  une  dernière  petite  pro- 
priété qui  lui  restait.  Grégoire  XVl  le  créa  cardinal.  Nommé 
m  fstto  dès  1839,  il  fut,  le  14  décembre  1840,  proclamé  cardinal, 
prêtre  au  titre  de  saint  Pierre  et  saint  Marcellin.  Il  devint  en  même 
temps  évêque  d'Imola,  comme  l'avait  été  Pie  VII,  dont  il  prit  le 
nom  au  moment  de  son  élection.  Au  moment  de  la  mort  du  Pape 
Grégoire  XVI,  le  cardinal  Mastaï  partit  pour  Rome,  où  il  arriva  dans 
la  soirée  du  12  juin  1846.  Le  15,  il  entra  au  conclave  avec  les  autres 
cardinaux.  Le  16,  il  fut  élu  à  l'unanimité.  Il  fut  couronné  le  21  du 
même  mois.  La  prophétie  de  Malachie  le  désigne  sous  les  mots  de 
Crux  de  Cruce,  qui  se  sont  parfaitement  appliqués  à  la  destinée  de 
ce  Pontife  pieux  et  vénéré.  Dès  le  commencement  de  son  règne,  il 
promulgua  une  amnistie  générale  en  faveur  de  ceux  qui  avaient  été 
condamnés  pour  des  délits  politiques  sous  les  gouvernements  pré- 
cédents, ordonna  une  foule  de  réformes  dans  l'administration 
politique  des  Etats  de  l'Eglise,  confia  notamment  les  plus  hautes 
fonctions  de  l'Etat  à  des  laïques  et  se  rendit,  par  ses  mesures  libé- 
rales etpaternelles  et  parl'affabilité  de  sa  personne,  l'idole  de  l'Italie  et 

(1)  Voir  Dictionnaire  encyclopédique  de  la  théologie  catholique,  publie 
par  le  D""  Wetzer  et  le  D""  AVelte.  traduit  de  l'allemand  par  F.  Goschler. 
Art.  Pie  IX.  Paris,  Gaume,  1868,  26  vol.  8°. 


X  niOGIlAPIlIF.    l)i:    l'IE    IX 

du  monde.  Le  cri  de  :  Vive  Pie  IX!  et  l'hymne  créé  en  son  hon- 
neur retentirent  dès  lors  dans  tout  l'univers.  Le  23  avril  1H48, 
le  Pape  donna  aux  Etats  de  l'EjL'lise  une  constitution  libre;  mais 
l'agitation  révolutionnaire  qui,  de  France,  s'était  propagée  en  Italie, 
dépassa  toutes  les  bornes,  et  le  Pape,  tout  à  l'heure  presque 
tlivinisé,  ne  fut  plus  en  sûreté  à  Home.  Son  premier  ministre,  le 
comte  Rossi,  qui  s'était  courat,'eusement  voué  à  l'œuvre  libérale  du 
Pape  et  au  service  personnel  de  Pie  I\,  fut  lâchement  assassiné 
par  les  révolutionnaires,  sur  le  seuil  même  de  la  Chambre  des 
députés,  qu'il  allait  ouvrir  au  nom  du  Souverain  Pontife. 

Pie  IX  lut  obligé  do  fuir  Rome;  vêtu  en  simple  prêtre,  et  parvint, 
grâce  au  concours  du  comte  Spaur,  ambassadeur  de  Bavière,  à 
s'échapper  dans  la  nuit  du  24  au  2o  novembre  1848.  Le  roi  de  Naples 
raccueillit  avec  respect,  et  le  Pape  demf^ura  d'abord  à  Gaëte,  plus 
tard  à  Portici,  touché  de  la  sympathie  que  lui  témoignait  toute  la 
chrétienté,  qui  vint  à  son  secours  par  la  ferveur  de  ses  prières  et 
l'abondance  de  ses  dons.  Le  gouvernement  révolutionnaire,  établi 
à  Rome,  sous  un  triumvirat  dont  faisait  partie  Mazzini,  se  maintint, 
au  milieu  de  l'agitation  et  du  désordre,  jusqu'au  moment  où  la 
France  envoya  une  armée  en  Italie  pour  réintégrer  le  Pape  dans  ses 
Etats,  et  rétablir  l'ordre  légitime.  Les  Français  occupèrent  Rome  le 
2  juillet  1849,  et,  après  avoir  destitue'  les  autorités  révolutionnaires 
et  remis  les  choses  à  peu  près  en  bon  ordre,  Pie  IX  rentra  à  Rome 
le  12  avril!  850. 

A  peine  rétabli,  Pie  IX  se  mit  avec  ardeur  au  travail.  Commerce, 
industrie,  finances,  instruction,  moralité,  la  république  avait  tout 
ruiné  ou  tout  paralysé;  Pie  IX  répara  tout.  Il  rétablit  les  finances, 
il  pourvut  à  l'éducation  de  la  jeunesse,  à  l'amélioration  des  détenus, 
au  secours  des  orphelins,  des  veuves,  des  infirmes,  des  vieillards; 
de  grands  et  nobles  travaux  furent  accomplis;  les  arts  eurent  une 
part  magnifique  dans  cette  restauration  universelle.  Pie  IX,  à  qui 
les  archéologues  ont  décerné  le  titre  de  vindex  antiqidtatis,  acheva 
la  restauration  de. la  voie  Appienne.  Aux  travaux  du  roi  temporel,  le 
Pontife  ajoutait,  avec  plus  d'éclat  encore,  ceux  de  la  souveraineté 
spirituelle.  L'œuvre  de  la  Propagande  fut  accrue,  des  réformes 
particulières  furent  opérées  dans  le  clergé  romain  ;  la  hiérarchie 
catholique  fut  rétablie  en  Angleterre  et  en  Hollande;  des  concordats 
furent  conclus  avec  divers  gouvernements;  le  dogme  de  llmma- 
culée  Conception  de  la  Sainte  Vieme  Marie  fut  défini  et  proclamé. 

Cependant,  les  signes  avant-coureurs  d'une  perturbation  prochaine 
se  multipliaient  en  Italie.  Dans  le  Conu'rès  de  Paris,  ouvert  à  la 
suite  de  la  guerre  de  Crimée,  on  formula  contre  le  gouvernement 
du  Pape  des  attaques  aussi  injustes  que  surannées  que  l'on  rendit 
publiques  afin  d'entretenir  l'agitation  des  esprits  contre  Rome. 
Dans  toute  l'Europe,  la  presse  révolutionnaire  redoubla  de  calom- 
nies contre  le  gouvernement  pontifical.  On  inventa  la  ridicule  et 
fameuse  affaire  de  Vinforluné  Mortara,  enfant  né  dans  le  judaïsme, 
qui,  ayant  été  baptisé  en  péril  de  mort,  avait  été  conformément 
aux  lois  de  l'Eglise  et  de  l'Etat  pontifical,  séparé  de  sa  famille, 


BIOGRAPHIE   DE   PIE   IX  XI 

élevé  aux  frais  du  Saint-Père,  quoique,  d'ailleurs,  ses  parents 
pussent  le  voir  autant  qu'ils  le  voulaient.  La  clameur  devint  uni- 
verselle; la  diplomatie  se  joignait  aux  journaux;  enfin  éclata  la 
guerre  d'Italie. 

Malgré  la  neutralité  du  Pape,  déclarée  et  admise,  malgré  la  pro- 
clamation de  l'empereur  des  Français,  qui,  en  entrant  en  Italie,  avait 
iraranti  au  Pape  Tentière  conservation  de  son  patrimoine,  le  Saint- 
Père  fut  dépouillé  des  Romaines  et  de  FOmbrie,  ses  plus  riches 
provinces,  non  par  la  France,  qui  ne  s'y  opposa  pas,  mais  par  le 
Piémont  qui  protita  de  l'inaction  du  gouvernement  impérial  et  de 
l'armée  française.  A  toutes  les  instances  faites  par  le  roi  Victor- 
Emmanuel  pour  entrer  en  arrangement,  par  tous  les  gouvernements 
pour  obtenir  la  ratification  de  ses  iniquités  et  arracher  au  Pape  la 
sanction  des  faits  accomplis,  Pie  ÏX  o[)posa  toujours  le  refus  le 
plus  formel,  le  plus  digne,  le  plus  résolu.  A  toutes  les  suggestions 
il  répondit  :  Non!  A  toutes  les  menaces  il  répondit  :  Faites!  Et, 
avec  ces  deu::  mots,  il  a  arrêté  jusqu'à  ce  jour,  aux  portes  de  Home, 
les  Ilots  montants  de  la  révolution. 

Apres  la  définition  de  l'Immaculée  Conception,  un  autre  acte 
solennel,  qui  a  si^malé  le  pontificat  de  Pie  IX,  étonné  le  monde  par 
sa  hardiesse  et  sori  succès,  attesté  l'inébranlable  foi  de  l'Eglise  et 
sa  persévérance  dans  ses  traditions,  fut  celui  de  la  canonisation  des 
martyrs  du  Japon,  auquel  il  convia  tous  les  évéques  de  la  chrétienté. 
Les  évéques  arrivèrent,  en  effet,  de  toutes  les  contrées.  La  France, 
l'Angleterre,  l'Espagne,  l'Allemagne,  la  Hollande,  l'Amérique, 
l'Afrique,  l'Asie  se  rencontrèrent  au  seuil  du  Vatican.  La  Russie 
elle-même  laissa  partir  quelques  évéques  et  quelques  religieux. 
Depuis  cent  ans,  aucun  ecclésiastique  n'était  venu  de  ces  contrées 
à  Rome  avec  un  passeport  moscovite.  Deux  nations  seulement 
n'étaient  pas  représentées  par  leur  épiscopat  :  le  Piémont  et  le 
Portugal.  Le  jour  de  la  Pentecôte  1862,  il  y  eut,  dans  la  basilique 
de  Saint-Pierre,  cinquante  mille  prêtres  et  fidèles  autour  de  trois 
cents  évêque.s  (1) 

I.  GOSCULER. 

(i)  Nous  ajouterons  à  ce  rapide  résumé  des  faits  du  glorieux  pontificat 
de  Pie  IX,  le  résumé  d'une  journée  de  ce  saint  Pontife,  tel  que  nous  le 
lisons  dans  un  intéressant  opuscule  auquel  nous  avons  emprunté  une 
partie  des  détails  de  notre  article,  incomplet  dans  le  texte  allemand 
(Célébrités  calholiques  :  S.  S.  Pie  IX,  par  M.  Louis  Veuillot  ;  Paris,  Victor 
Palnié,  ISti.'i)  : 

M  La  journée  du  Pape  commence  à  six  heures.  Aussitôt  habillé  il  fait 
une  visite  au  Saint-Sacrement  et  se  prépare  à  célébrer  la  Sainte  Messe. 
11  entend  une  seconde  messe  en  actions  de  grâces,  dite  par  un  prêtre 
de  sa  maison.  Il  donne  ensuite  audience  au  cardinal  secrétaire  d'Etat 
pour  les  aflaires  publiques  et  au  majordome  pour  celles  du  palais. 
11  lit  les  nombreuses  lettres  qui  lui  sont  adressées  et  les  remet  à  un 
secrétaire  avec  ses  instructions.  Pendant  ce  travail  du  matin,  il  fait 
une  légère  collation  :  un  peu  de  pain,  un  mélange  de  chocolat  et  de 
café,  un  verre  d'eau.  A  dix  heures  commencent  les  audiences  propre- 


Ml  BIOGRAPHIE  DE   PIE   l^ 

Le  9  juin,  les  évoques  répondaient  à  une  allocution  du  Pape: 
Nos  acclamantes  ac  plaudentes  respondemus  nos  tecuin  et  ad  carcerem  et 
ad  mortem  ire  paratos  esse.  La  catholicité  tout  entière  acclamait  ainsi 
le  Saint-Père  par  la  voix  de  ses  prélats,  car  lorsque  ceux-ci  ren- 
trèrent dans  leurs  diocèses,  des  manifestations  enthousiastes  vinrent 
de  tous  côtés  les  remercier  de  leur  vaillantealtitude  auprès  dePie  IX. 

Le  S  décembre  1804  parut  la  fameuse  encyclique  Quanta  cura, 
accompagnée  d'un  Syllabus  et  condamnant  :  le  panthéisme,  le  natu- 
ralisme, le  rationalisme  absolu,  le  rationalisme  modéré,  l'indiffé- 
rentisme.  le  latitudinarisme,  le  socialisme,  le  communisme,  les 
Sociétés  secrètes, les  Sociétés  bibliques,  les  Sociétés  clérico-liliérales, 
les  erreurs  relatives  à  l'Eglise  et  à  ses  droits,  les  erreurs  relatives  à 
la  société  civile  considérée  soit  en  elle-même,  soit  dans  ses  rapports 
avec  l'E^tlise,  les  erreurs  concernant  la  morale  naturelle  et  chré- 
tienne, les  erreurs  concernant  le  mariage  chrétien,  les  erreurs  sur 
le  principal  civil  du  Pontife  romain,  les  erreurs  qui  se  rapportent  au 
libéralisme  moderne.  Cette  remarquable  encyclique  condamnait 
ainsi  toutes  les  erreurs  de  notre  temps. 

En  1807,  Pie  L\  célébra,  le  21  Juin,  le  vingt-et-unième  anniversaire 
de  son  couronnement.  512  évêques,  plus  de  20  000  prêtres  et 
140  000  fidèles  étaient  accourus  à  Rome  pour  te'moigner  leur  atta- 
chement au  Souverain  Pontife.  Le  20  juin,  Pie  IX  tint  un  consistoire 
où  il  annonça  un  concile  œcuménique  devant  se  réunir  le  8  décem- 
bre 1809  et  le  7  juillet  il  prononça  la  béatification  de  22o  martyrs 
japonais.  A  peine  les  prélats  que  Pie  IX  avait  rassemblés  à  Rome 
étaient-ils  rentrés  dans  leurs  diocèses  qu'éclata  la  révolution 
italienne  soulevée  par  Garibaldi  et  soutenue  par  le  gouverneur 
piémontais-Italien. 

A  Mentana,  les  zouaves  pontificaux  et  un  régiment  français 
mirent  en  pleine  déroute  les  10  000  hommes  de  Garibaldi  et  la  chré- 
tienté tout  entière  s'unit  pour  subvenir  aux  besoins  du  Pape,  au 
moyen  du  «  denier  de  Saint-Pierre  ».  Enfin,  en  1869,  le  concile  du 
Vatican  proclama  Vinfaillibilité  du  Pape,  aux  acclamations  du  monde 

ment  dites;  elles  durent  ordinairement  jusqu'au  dîner,  à  deux  heures. 
Ce  dinar  est  d'une  simpficité  extrême.  Au  \atican,  le  Pape  mange  tout 
seul.  La  dépense  de  sa  table  est  de  1  écu  (.5  fr.  35)  par  jour.  A  trois 
heures  il  monte  en  voiture  et  se  fait  ordinairement  conduire  hors  des 
portes,  oii  il  peut  prendre  un  peu  d'exercice.  Parfois,  il  va  visiter  un 
monastère.  Entre  cinq  et  six  heures  il  est  de  retour;  les  audiences 
recommencent.  Elles  se  prolongent  jusqu'à  huit  et  dix  heures  de  la  nuit, 
souvent  plus  loin.  Alors  le  Pape  récite  son  office,  prie  encore,  et,  se 
retirant  dans  une  humble  chambre  carrelée,  sans  feu,  sans  meubles,  va 
enfin  prendre  son  repos. 

»  Outre  les  audiences  dites  extraordinaires  (qui  deviennent  habituelles 
et  quotidiennes),  un  jour  de  chaque  semaine  est  assigné  pour  une  classe 
déterminée  d'affaires.  Dans  le  courant  du  mois,  et  même  de  la  semaine, 
tous  les  services  généraux  de  l'Eglise  et  tous  les  services  particuliers  de 
l'Etat  sont  inspectés  et  dirigés.  Le  Saint-Père  voit,  en  outre,  quotidien- 
nement le  secrétaire  d'Etat  ou  son  substitut.  11  est  de  plus  informé  par 
sescamériers  secrets,  véritables  aides-de-camp  de  sa  charité.  » 


BIOGRAPHIE    DE    PIE   IX  XIII 

chrétien.  En  1870,  la  France,  en  guerre  avec  l'Allemagne,  retira 
les  soldats  qu'elle  avait  à  Rome. 

Le?  troupes  italiennes  y  entrèrent  le  20  septembre  1870  et  dès  lors 
commença  l'emprisonnement  du  Pape  au  Vatican.  Deux  fois  Pie  IX 
tenta  de  ifaire  cesser  les  hostilités  entre  la  France  et  l'Allemagne, 
mais  sa  voix  ne  fut  pas  écoutée  et  il  eut  la  douleur  de  voir  les 
affreuses  journées  de  la  Commune.  Depuis  lors,  Pie  IX  a  toujours 
montre  le  plus  grand  attachement  à  la  France;  de'plora  les  erreurs 
qui  s'y  élevèrent  avec  tant  de  force  à  partir  de  cette  époque,  mais 
applaudit  aussi  avec  bonheur  au  mouvement  catholique  qui  s'y 
produisit  :  le  dernier  pèlerinage  qu'il  reçut  fut  un  pèlerinage  français. 

En  Allemagne,  M.  de  Bismarck  organisa,  en  1872,  leKulturkampf 
ou  lutte  civilisatrice  (contre  l'Eglise).  Le  Pape  protesta  inutilement 
auprès  de  l'empereur  Guillaume;  la  persécution  redoubla  en  1874 
et  en  1875.  Pie  IX  s'empressa  de  prodiguer  les  encouragements  aux 
catholiques  persécutés  en  Allemagne,  en  Suisse,  en  Pologne,  dans 
de  magnifiques  encycliques,  et  s'efforça  d'adoucir  leufs  maux.  En 
Amérique,  Pie  IX  nomma  le  premier  cardinal  américain  aux  Etats- 
Unis.  Il  eut  la  douleur  de  voir  au  Brésil  les  évêques  de  Para  et 
d'Olinda  persécutés,  ainsi  que  nombre  de  prêtres,  par  les  francs- 
maçons,  mais,  en  revanche,  Garcia  Moreno  gouverna  pendant  six  ans 
l'Equateur  d'une  façon  digne  des  Gharlemagne  et  des  saint  Louis. 
Pie  IX  pleura  la  mort  de  ce  grand  homme  de  bien. 

Le  28  décembre  1877,  le  Pape  tint  un  dernier  consistoire,  créa 
deux  cardinaux  et  préconisa  6  évêques. 

Le  2  février.  Pie  IX  reçut  la  délégation  des  Chapitres,  des  paroisses, 
des  couvents  et  des  confréries  de  Rome  qui  venaient,  selon  l'usage, 
lui  offrir  les  cierges  de  la  Chandeleur.  Le  6  février  il  reçut  une  der- 
nière audience.  Le  lendemain,  à  5  h.  3/4,  Pie  IX  mourut  après  une 
douloureuse  agonie. 

Les  funérailles  de  ce  saint  Pape  furent  attristées  par  des  scènes 
ignobles.  Quand  le  corps  de  Pie  IX  fut  transporté  à  la  basilique 
Saint-Laurent,  désignée  par  lui-même  pour  le  lieu  de  sa  sépulture, 
une  bande  de  deux  ou  trois  cents  individus,  étrangers  à  Rome  pour 
la  plupart,  attaquèrent  le  convoi  en  criant  :  «  A  mort  le  Pape,  le 
Pape  à  l'eau!  »  La  police  romaine  ne  fit  rien  pour  empêcher  cette 
manifestation  odieuse  et  les  catholiques  durent  faire  au  Souverain 
Pontife  un  rempart  de  leurs  corps. 

La  modeste  tombe  de  Pie  IX  a  été  entourée  d'une  riche  grille  par 
Léon  XIII.  Elle  porte  cette  inscription  :  Hypogeo  tutando. 

Son  cœur  a  été  placé  dans  les  souterrains  de  la  basilique  de  Saint- 
Pierre. 

Pie  IX  a  vécu  8o  ans,  8  mois,  26  jours;  il  a  gouverné  l'Eglise 
catholique  31  ans,  7  mois  et  23  jours.  Il  mourut  le  7  février  1878. 

Dans  l'éloge  funèbre  de  Pie  IX  (1),  Mgr  Mercurelli  parle  du  grand 
Pape  en  ces  termes  : 

(1)  Cet  éloge  funèbre  a  été  enfermé  dans  un  double  tube  en  métal  et 
déposé  dans  le  cercueil  du  Pontife. 


XIV  BIOGRAPHIE   DE    FIE   IX 

«  Il  s'efforça,  avec  un  zèle  infatigable,  de  protéger,  relever  et  con- 
cilier entre  elles  les  Eglises  orientales  travaillées  par  le  schisme, 
les  disputes  et  les  dissensions,  en  essayant  de  nouvelles  règles  de 
conduite,  en  augmentant  le  nombre  des  évèques,  en  venant  à  leur 
aide  par  toute  sorte  d'offices,  par  sa  libéralité,  et  en  y  envoyant 
même  un  délégué  apostolique  et  un  légat  a  latere. 

»  Il  n'omit  rien  non  plus  pour  faire  cesser  la  persécution  de  la 
religion  catholique  en  Russie,  ou  du  moins  pour  arriver  à  l'adoucir, 
soit  par  les  conventions  qu'il  proposa,  soit  par  le  recours  aux 
ministres  de  cet  Empire,  soit  par  des  demandes  publiques,  soit  par 
des  lettres  spéciales  à  l'empereur,  soit  par  le  délégué  qu'il  lui 
envoya;  tandis  que,  durant  ce  temps,  il  ne  cessait  de  défendre  et  de 
confirmer  les  Ruthènes  et  de  consoler  les  Polonais.  Et  comme  par- 
tout les  alîaires  religieuses  étaient  en  détresse,  il  mit  toute  diligence 
à  stipuler,  avec  la  plupart  des  chefs  des  nations,  des  conventions 
par  lesquelles  les  droits  et  la  liberté  de  l'Eglise  fussent  sauvegardés. 

)>  Il  ne  cessa  jamais  de  dévoiler,  de  réfuter,  de  condamner,  par 
lettres  encyclitiues,  allocutions,  discours  publics,  lettres  à  des 
évèques  ou  à  des  personnes  privées,  les  erreurs,  cause  de  tant  de 
maux,  et  nommément  les  machinations  de  la  franc-maçonnerie  ;  il 
publia  le  célèbre  Syllabus,  qui  sera  perpétuellement  le  marteau  de 
toutes  les  erreurs;  et,  enfin,  il  convoqua  et  assembla  un  concile 
œcuménique,  afin  que,  en  y  proposant  clairement  la  vraie  doctrine 
sur  Dieu,  sur  l'Eglise  et  sur  l'autorité  et  l'infaillibilité  du  Souverain 
Pontife,  on  coupât  la  voie  à  tous  les  sophismes. 

»  Pendant  qu'il  s'est  ainsi  efï'orcé  de  saper  le  règne  de  Satan,  il 
s'est  appliqué  avec  le  même  zèle  à  dilater  le  règne  du  Christ,  à 
enflammer  la  foi  et  la  piété  des  catholiques  et  à  leur  procurer  de 
nouveaux  et  célestes  secours.  Il  a  rétabli  la  hiérarchie  ecclésias- 
tique en  Angleterre  et  en  Hollande,  et  il  traitait  de  son  rétablisse- 
ment'en  Ecosse  lorsqu'il  fut  la  proie  de  la  mort.  Il  envoya  des 
missions  jusqu'aux  extrémités  de  la  terre;  il  approuva  un  très  grand 
nombre  de  nouvelles  familles  religieuses  appropriées  aux  besoins 
particuliers  du  peuple;  il  favorisa  avec  ardeur  les  associations  catho- 
liques, instituées  pour  le  soutien  de  l'Eglise  et  l'utilité  du  pro- 
chain; il  unit  plus  étroitement  l'Eglise  universelle  au  Très  Saint 
Cœur  (le  Jésus;  il  lui  donna  pour  patron  saint  Joseph;  parmi  les 
héros  chrétiens  dont  les  actions  pouvaient  être  un  encourage- 
ment et  le  patronage  un  secours,  il  en  inscrivit  onze  sur  la  liste  des 
bienheureux  et  o2  sur  celle  des  saints  ;  il  augmenta  enfin  la  con- 
fiance et  le  culte  envers  la  Mère  de  Dieu  par  la  définition  dogma- 
tique de  son  Immaculée  Conception  :  par  de  tels  soins,  il  dilata  telle- 
ment l'Eglise,  qu'il  dut  ajouter  29  sièges  métropolitains  aux  anciens, 
132  sièges  épiscopaux,  3  nullius  diœcœsis,2  déle'gations  apostoliques, 
33  vicariats  apostoliques  et  13  préfectures  apostoliques. 

»  Quoique  placé  sous  une  domination  hostile,  il  défendit  toujours 
vigoureusement  les  droits  de  l'Eglise  et  du  Saint-Siège;  il  reprocha 
très  sévèrement  aux  puissants,  avec  une  liberté  apostolique,  le 
crime  d'usurpation  sacrilège,  et  publia  les  censures  portées  contre 


BIOGRAPHIE   DE   PIE   IX  XV 

eui  et  les  renouvela.  Il  veilla  à  la  splendeur  du  culte  divin,  refit, 
répara  et  orna  les  temples  avec  un  luxe  royal  ou  fournit  de  l'argent 
et  des  ornements  sacrés  pour  cela  et  chez  lui  et  à  l'étranger.  11 
proposa  une  mélhode  d'études  pour  l'avancement  de  la  vraie  science, 
établit  des  universités  catholiques,  érigea  des  Séminaires,  des 
gymnases,  des  écoles;  partout  enfin,  il  laissa  des  monuments  de  sa 
munificence;  il  fut  d'une  si  grande  libéralité  que  tout  ce  qui  lui 
parvenait  semblait  n'être  point  pour  lui,  mais  pour  les  autres. 

»  Comme  il  joignait  à  toutes  ces  vertus  une  bonté  et  une  affabi- 
lité vi-aiment  e.xtraordinaires,  il  se  conciliait  l'esprit  des  visiteurs  au 
point  d'élever  le  respect  et  la  dévotion  due  au  Vicaire  de  Jésus-Christ 
au  degré  du  plus  ardent  amour.  C'est  ce  que  témoignèrent  les 
adresses,  le  concours  si  fréquent  des  pèlerins,  et  surtout  les  fêtes 
des  années  jubilaires  de  sa  prêtrise,  de  son  épiscopat,  de  son  pon- 
tificat, qui  fournirent  des  marques  tout  à  fait  inaccoutumées  de  la 
piété  filiale  et  du  très  ardent  amour  de  tout  l'univers  catholique,  v 


Ouvrages  à  consulter  sur  S.  S.  Pie  IX. 

Bretoxxeau  (Henri).  Notice  biographique  sur  Notre  Saint-Pére  le  Pape 
Pie  IX,  ornée  d'un  beau  portrait.  Paris,  Sagnier  et  Bray,  1847,  in-12  de 
105  pages. 

Balleydier  (Alphonse).  Rome  et  Pie  IX,  avec  un  portrait  de  Pie  IX.  Paris, 
Pion,  1847,  1  vol.  8»  de  378  pages. 

Balmès  (Prêtre).  Pie  IX,  pontife  et  souverain.  Paris,  Lecoffre,  1848,  in-8o 
de  116  pages. 

Bexoist  (L.).  Vie  de  S.  S.  Pie  IX,  ou  biographie  de  cet  auguste  pontife, 
suivie  de  pièces  justificatives  et  d'un  tableau  chronologique  des  papes 
depuis  saint  Pierre  jusqu'à  ce  jour.  Paris,  Ilivert,  1848,  in-12  de  107  pages. 

Clavé  (P.).  Vie  et  pontificat  de  Pie  IX.  Paris,  1848,  8". 

Recueil  des  actes  de  Notre  Saint-Père  le  Pape  Pie  IX  (texte  et  traduc- 
tion). Tome  I^""  contenant  les  actes  de  Pie  IX  depuis  le  commencement  de 
son  pontificat  jusqu'au  is""  janvier  1848.  Publié  par  le  Comité  pour  la 
défense  de  la  liberté  religieuse.  Paris,  Lecolfre,  1848,  1  vol.  in-18  de 
374  pages. 

Clerc  (J.-B.).  Pie  IX,  Rome  et  l'Italie.  Paris,  Sagnier  et  Bray,  1849,  1  vol.  8» 
de  340  pages. 

Pie  IX  et  l'armée  française.  Lettres  de  Rome  (correspondance  de  VUni- 
vers).  Paris,  Lecoffre,  1830,  1  vol.  in-32  de  VIIl-177  pages. 

Spawr  (B«  de).  Relation  du  voyage  de  Pie  IX  à  Gaëte,  1832,  8°. 

Zambianchi  (Cl).  Révolution  et  jésuitisme  à  propos  de  Pie  IX  et  de  lord 
Palmerston.  Londres,  librairie  polonaise,  1836,  in-12. 

RosELLY  DE  LoRGUEs.  L'ambassadeur  de  Dieu  et  le  Pape  Pie  IX,  1874,  8°. 

DuMAX  (Abbé).  Pie  IX  avant  et  pendant  son  pontificat,  pages  d'histoire 
comemporaine  et  récits  anecdotiques.  Paris,  Palmé,  1877,  in-12  de  323  pages. 

Marvîotti  (Abbé).  Episcopat  de  Pie  IX  à  Spolète  et  à  Imola;  traduit  de 
l'italien  par  l'abbé  Brand.  Paris,  Olmer,  1877,  in-18  de  93  pages. 


XVI  BIOGRAPHIE   DE  PIE  IX 

FouGEOis  (Abbé  A.).  Histoire  de  Pie  IX,  son  pontificat  et  son  siècle. 
Paris,  Pougeois,  1877,  2  vol.  in-S»,  et  Paris,  Boussières,  1886,  in-8°. 

Tesi-Passebini  (Caiilo).  Pio  nono  e  il  suo  tempo,  opéra  storica.  Firenze, 
tip.  délia  SS.  Concezione,  1877-1881,  3  vol.  gr.  in-4o. 

Pie  IXj  aperçu  chronologique  de  sa  vie.  Lyon,  Josserand,  1877,  in-32 
de  30  pages. 

Triplice  oraaggio  alla  santita  di  Papa  Pio  IX  nel  suogiubileo  episcopale, 
oflerto  dalle  tre  romane  Académie,  pontificia  di  archeologia,  insigne  dellc 
belle  arti  denoniinata  di  S.  Luca,  pontificia  de  Nuovi  Lincei.  Homa,  tip. 
délia  Pace,  1877,  in-fol. 

HcGUET  (R.  P.).  Vie  intime  et  édifiante  de  Pie  IX  le  Bien-Aimi.-.  Paris, 
Castermann,  1878,  in-8o  de  392  pages. 

Mauty  (Abbé).  Le  pape  Pie  IX  et  l'empereur  Napoléon  III.  Pans,  Dou- 
niol,  1878,  in-8o  de  100  pages. 

Saint-Albin  (Alex.  de).  La  captivité  de  Pie  IX.  histoire  des  huit  der- 
nières années  de  son  pontificat.  Paris,  Palmé,  1878,  in-8o  de  C32  pages. 

Sylvain  (Abbé  Charles).  Histoire  de  Pie  IX  le  Grand  et  de  son  pontificat. 
Paris,  Desclée,  de  Brousver  et  C'«,  1878,  3  vol.  in-8o. 

Tardirel  (S.  P.).  Vie  du  Pape  Pie  IX,  ses  œuvres,  ses  douleurs.  Québec, 
Duquel,  1878,  in-8°  de  121  pages. 

Veuillot  (Louis).  Pie  IX.  Paris,  Palmé,  1878,  in-12  de  123  pages. 

Villefranche  (J.-M.).  Pie  IX,  sa  vie,  son  histoire,  son  siècle.  Paris,  1878 
in-S». 

Histoire  de  Pie  IX  le  Grand  et  de  son  pontificat,  par  un  membre  de 
I  Académie  des  Arcades  de  Rome.  Paris,  Ressaire  et  Olmer,  1878,  2  vol. 
in-12. 

tin  empereur,  un  roi,  un  Pape,  une  restauration.  Paris,  Charpentier, 
1879,  in-12. 

Ideville  (C'«  Henri  d').  L'ambassade  du  comte  Rossi  et  les  débuts  du 
pontificat  de  Pie  IX.  Lyon,  Vitte  et  Pérussel,  1885,  8°. 


^"'î'  "et, 


s.   S.  GREGOIRE  XYI 


BIOGRAPHIE  DE  GRÉGOIRE  XYI  ^'^ 


Grégoire  XVI  (Maur  Capellari),  pape,  né  le  18  septembre  1765  à 
Bellune,  dans  les  Etats  vénitiens,  reçut  sous  les  yeux  de  son  père, 
homme  instruit  et  religieux,  une  première  éducation  très  soignée. 
Entré  jeune  dans  l'Ordre  des  Gamaldules,  il  ne  tarda  pas  à  se  faire 
remarquer  de  ses  supérieurs  par  ses  rares  dispositions  à  l'étude  des 
langues  et  par  l'étendue  de  ses  connaissances.  Avant  d'être  promu 
au  sacerdoce,  il  fut  chargé  de  donner  des  leçons  de  théologie  dans 
différentes  maisons  de  son  Ordre.  En  1799,  il  publia  sous  ce  titre  : 
Le  triomphe  du  Saint-Sicge  et  de  VEgllse,  ou  les  novateurs  battus  par 
leurs  propres  armes,  un  traité  destiné  à  réfuter  les  doctrines  des 
jansénistes,  et  en  particulier  de  Tamburini.  Elu,  en  1807,  vice-pro- 
cureur général  de  son  Ordre,  il  fut  en  même  temps  nommé  abbé  de 
Saint-Grégoire,  à  Rome.  Deux  ans  après,  lors  de  l'enlèvement  du 
Souverain  Pontife  Pie  VII  de  sa  capitale,  il  se  retira  dans  lé 
monastère  de  Saint-Michel  de  Murano,  près  de  Venise,  où  il  reprit 
l'enseignement  de  la  théologie,  cherchant  dans  l'étude  des  Saintes 
Ecritures  une  consolation  aux  peines  que  lui  faisait  éprouver  ce 
triste  événement.  A  la  nouvelle  de  la  délivrance  du  Pontife,  il  fit 
éclater  sa  joie  dans  un  écrit  intitulé  :  Concours  extraordinaire  de  tant 
de  prodiges  considé^-c  comme  motif  de  foi,  et  se  hâta  de  retourner  à 
Rome  pour  y  présenter  l'hommage  de  son  respect  au  chef  de 
l'Eglise.  Nommé  par  Pie  VII,  qui  connaissait  tout  son  mérite,  con- 
sulteur  de  différentes  Congrégations,  il  fut  élu  vicaire  général  de 
l'Ordre  des  Gamaldules  à  la  place  du  savant  P.  Zurla,  créé  cardinal. 
Ses  talents  et  ses  services  le  désignaient  lui-même  à  cette  haute 
dignité,  dont  il  fut  revêtu  en  1826  par  le  pape  Léoiî  XII,  qui  lui  confia 
en  même  temps  la  place  de  préfet  de  la  Propagande,  où  il  apprit  à 
connaître  l'état  et  les  besoins  des  missions  auxquelles  il  devait 
donner  plus  tard  un  si  grand  développement.  Le  talent  qu'il  avait 
montré  pour  les  négociations,  dans  différentes  circonstances,  le  fit 
choisir  pour  conclure  un  Goncordat  avec  le  nouveau  royaume  des 
Pays-Bas;  et  ce  fut  avec  le  même  succès  qu'il  régla  les  intérêts  de 
l'Eglise  avec  la  république  des  Etats-Unis,  et  même  avec  la  Porte 
Ottomane,  dont  il  obtint  l'affranchissement  des  Arméniens  catho- 
liques établis  à  Gonstantinople.  Il  jouissait  donc  de  la  plus  grande 
considération  au  Sacré-Collège,  lorsque,  à  la  mort  de  Pie  VIII,  les 
cardinaux  jetèrent  les  yeux  sur  lui  pour  le  mettre  à  la  tête  de 
l'Eglise,  le  2  février  1831.  En  montant  sur  le  trône  pontifical,  il  prit 
le  nom  de  Grégoire  XVI,  à  la  mémoire  de  son  illustre  devancier.  Dès 
son  avènement,  il  eut  à  réprimer  les  insurrections  qui   se   mani- 

(1)  Voir  Dictionnaire  historique,  par  F.  X.  de  Feller,  art.  Gréçioire  XVI, 
Paris,  Gaume,  1847,  8  vol.  8». 


XX  BIOGKAPHIE   DE  GREGOIRE   XVI 

restaient  sur  plusieurs  points;  et  forcé  de  recourir  aux  armes  de 
rAulriclie  pour  »'toulîer  l'esprit  de  révolte  parmi  ses  sujets,  cette 
mesure  devint  le  prétexte  do  Toccupation  d'Ancône  par  les  Français. 
Lorsque  la  paix  fut  rétablie  dans  ses  Etats,  le  Souverain  Pontife 
s'occupa  d'introduire  des  réformes  utilos  dans  l'administration  de 
lajuslice  et  des  deniers  publics.  En  même  temps,  il  fonda  dans  les 
l)rincipales  villes  d'Italie,  des  écoles  et  des  collèges,  acheva  la 
reconstruction  de  Saint-Paul-hors-les-Murs,  fit  faire  d'utiles  travaux 
à  Tivoli,  et  institua  l'ordre  de  Saint-Grégoire  le  Grand. 

Comme  chef  de  l'Eglise,  il  établit  de  nouveaux  rapports  entre  le 
Saint-Siège  et  le  Portugal;  il  termina  la  lutte  soutenue  par  l'arche- 
vêque de  Cologne  contre  le  Cabinet  prussien  au  sujet  des  mariages 
mixtes,  en  les  autorisant  dans  de  certaines  limites;  et  dans  la 
mémorable  audience  qu'il  accorda  à  l'empereur  de  Russie,  en 
plaidant  noblement  la  cause  des  catholiques  devenus  les  sujets  du 
czar,  il  obtint  des  adoucissements  à  leur  condition  et  prépara 
leur  alTranchissement.  Grégoire  XVI  (1)  a  condamné  L'Hermc- 
siani)ime  en  Allemagne  et  le  Laménaisianisme  en  France,  et,  par  cet 
acte  de  son  autorité,  a  arrêté  les  progrès  de  ces  deux  nouvelles  héré- 
sies qui  menaçaient  d'envahir  l'Europe  (2).  Mais  le  grand  mérite  de 
ce  Pontife,  c'est  l'impulsion  qu'il  sut  donner  à  la  prédication  de 
l'Evangile  qui,  grâce  à  son  zèle  vraiment  apostolique,  s'est  déve- 
loppée avec  une  admirable  rapidité  dans  les  cinq  parties  du  globe; 
il  créa  75  cardinaux  et  institua  plus  de  500  évêques  dont  quarante 
nouveaux  en  Amérique  et  dans  l'Océanie  (3).  Sorti  du  cloître,  il 
garda  sur  le  trAne  pontifical  la  simplicité  et  l'austérité  monastiques 
Il  mourut  au  Vatican  dans  de  grands  sentiments  de  piété  et  entouré 
seulement  de  quelques  simples  prêtres,  le  !'=■■  juin  1846,  à  81  ans  et 
8  mois,  après  quinze  ans  de  règne.  Grégoire  XVI  sera  plus  illustre 
par  les  grandes  choses  qu'il  a  préparées  que  par  celles  qu'il  a 
laites. 


Ouvrages  à  consulter  sur  S.  S.  Grégoire  XVI. 

La  Farina.  —  Storia  d'Itafia  dal  1815  al  1850. 

LuBiEXSKi.  —  (C'«  Edouard)  Guerres  et  révolutions  (fltafie  en  1848  et  1849. 
M.\MiANi.  —  Précis  poHtique  des  événements  des  Etats  Romains. 
RoHUBACHER.   —    Histoirc    universelle   de    l'Etrlise    catholique,    t.    XIV. 
p.  700-733.  Paris,  Gaume,  1888. 

(1)  C'est  sous  le  pontificat  de  Grégoire  XVI  que  parurent  en  Suisse  les 
articles  de  Baden,  en  1834.  C'était  une  imitation  des  Articles  organiques. 
Grégoire  XVI  les  condamna  par  l'Encyclique  du  17  mai  1835.  Ils  furent 
néanmoins  acceptés  dans  une  partie  de  la  Suisse,  mais  les  catholiques 
résistèrent  énergiquement  aux  bandes  révolutionnaires  des  protestants 
et  libres  penseurs. 

(2)  Il  condamna  également  le  magnétisme  en  ce  que  ses  pratiques  peu- 
vent contenir  d'indécence,  d'immoralité,  de  supercherie  ou  de  sortilège. 

(3)  En  183'J,  Grégoire  XVI  célébra  solennellement  la  canonisation  des 
bienheureux  .Mphonse  de  Liguori,  François  Girolamo,  Jean  Joseph  de  la 
Croix,  Pacifique  de  San  Séverine,  Véronique  Giuliani. 


s.  s.  PIE  VII 


BIOGRAPHIE  DE  PIE  VII  (^) 


Contrairement  au  dé^ir  de  la  majorité  du  peuple  et  sous  l'inlluence 
de  la  France,  Rome  avait  été  décïare'e  république  en  1798.  A  peine 
l'armée  française  eut-elle  quitte'  Rome,  que  le  peuple  romain  se 
souleva  contre  la  nouvelle  république,  et  que  les  Etats  de  l'Eglise 
furent  reconquis  par  les  Napolitains  et  les  Autrichiens.  Mais  le 
prince  à  qui  les  Etats  romains  devaient  être  restitués  était  mort  le 
29  août  1709.  Pie  VI  avait  laissé  l'ordre  de  réunir  le  conclave  dans 
la  ville  où  se  trouveraient  le  plus  de  cardinaux.  En  conséquence,  le 
cardinal-doyen  Albani  convoqua  le  conclave  à  Venise,  et  il  s'y 
trouva,  en  effçt,  le  i"  décembre  1790,  sous  la  protection  de  l'empe- 
reur François  II,  trente-quatre  cardinaux  qui  procédèrent  à  l'élec- 
tion du  nouveau  Pontife.  Leur  choix  flotta  entre  les  cardinaux 
Beliisoni  et  Mattei;  mais,  comme  aucun  des  deux  candidats  ne 
réunit  les  deux  tiers  des  voix  nécessaires.  Hercule  Gonsalvi,  qui 
était  secrétaire  du  conclave,  et  qui  avait  déjà  rempli  d'autres  fonc- 
tions élevées,  proposa  le  cardinal  Barnabe  Chiaramonti,  et,  en  effet, 
celui-ci  fut  élu  le  14  mars  1800.  Par  reconnaissance  pour  son  pré- 
décesseur, qui  l'avait  revêtu  de  la  pourpre,  le  nouveau  pape  prit  le 
nom  de  Pie  VII.  Il  était  né  en  1742,  à  Césène,  de  la  famille  des 
comtes  Chiaramonti,  était  entré  de  bonne  heure  dans  l'Ordre  des 
Bénédictins,  était  devenu  lecteur,  c'est-à-dire  professeur  à  Rome, 
avait  gagné  la  bienveillance  du  pape  Pie  VI,  qui  était  son  parent, 
était  devenu  évêque  de  Tivoli,  puis  d'Imola,  enfin  cardinal  en  178S. 
Il  avait  manifesté  des  opinions  libérales  durant  son  séjour  à  Imola; 
il  avait  notamment,  dans  un  sermon  prêché  en  1708,  engagé  ses 
diocésains  à  obéir  au  gouvernement  de  la  république  cisalpine, 
puisqu'elle  existait  de  fait.  Ce  sermon  l'avait  fait  passer,  aux  yeux 
de  bien  des  gens,  pour  un  républicain  et  un  révolutionnaire.  Cepen- 
dant, Pie  VII  devait  devenir,  entre  les  mains  de  la  Providence,  un 
instrument  de  grâce,  et  subir  une  destinée  inconnue  à  tous  ses  pré- 
décesseurs. Dès  que  l'Autriche  et  Naples  se  montrèrent  disposées 
à  restituer  au  nouveau  pape  la  portion  des  Etats  de  l'Eglise  qu'elles 
avaient  reprise  aux  Français,  Pie  VII  se  rendit  à  Rome  (3  juillet  1800) 
Mais  le  danger  n'était  pas  loin.  A  peine  le  pape  était-il  rentré  dans 
Rome  que  Bonaparte  rétablit,  par  la  victoire  de  Marengo,  remportée 
le  14  juillet  1800,  la  gloire  des  armes  françaises,  singulièrement 
amoindrie  pendant  son  séjour  en  Egypte,  et  rien  n'empêchait  le 
vainqueur  de  se  rendre  à  Rome.  Mais  Napoléon  avait  été,  dans  l'in- 
tervalle, élu  premier  consul  (25  décembre   1799),  et,  après   avoir 

(1)  Voir  Diclionnaire  encyclopédique  de  la  théologie  catholique,  publié  par 
le  D''  Wetzer  et  le  D""  Welte,  traduit  de  l'allemand  par  1.  Goschler.  Art. 
Pie  VU.  Paris,  Gaume,  1868,  26  vol.  8°. 


XXIV  BIOGRAPHIE    DE    PIE    Vil 

vaincu  la  Révolution,  il  avait  résolu  de  rétalilir  l'R^lise  catholiquo 
en  France.  Il  se  montra,  par  conséquent,  bienveillant  envers  le 
Saint-Sièf,'e,  et  chercha  à  conclure  un  Conrordat  avec  le  Saint-Père. 
En  elTet,  Consalvi,  qui  avait  éténonim*'  cardinal  et  secrétaire  d"Elat, 
se  rendit  à  Paris,  où  fut  arrêté  le  Concordat  de  ISUl,  qui  stipula  le 
rétablissement  de  l'Eglise  catholique  en  France  et  une  nouvelle 
circonscription  des  diocèses.  Le  pape  promit  qu'il  demanderait  à 
tous  les  anciens  évoques  assermentés  et  non  assermentés  de  résigner 
leur  siège.  Le  premier  consul  devait  dès  lors  pouvoir  nommer  aux 
évêchés  vacants  des  candidats  qui  demanderaient  l'institution  cano- 
nique du  pape.  Les  curés  devaient  être  nommés  par  les  évèques,  les 
Séminaires  et  autres  établissements  reli^'ieux  être  sous  leur  abs(due 
dépendance.  Le  gouvernement  assurait  aux  évèques  et  aux  curés  un 
traitement  convenable  ;  les  évèques  prêtaient  serment  de  fidélité 
entre  les  mains  du  premier  consul.  Après  la  signature  de  ce  Concordat, 
Consalvi  gagna  de  plus  en  plus  la  confiance  du  pape;  il  fut  plus 
vard  remplacé  dans  cette  faveur  et  dans  ses  fonctions  par  le  cardi- 
nal Pacca.  Cependant,  ni  tous  les  évèques  émigrés  et  non  asser- 
mentés, ni  un  grand  nombre  d'évêques  assermentés  et  se  trouvant 
en  France,  n'étaient  disposés  à  donner  leur  démission  sans  réserve. 
Le  pape  en  eut  un  profond  ciiagrin,  qu'augmenta  la  résolution 
qu'avait  le  premier  consul  de  renommer  un  certain  nombre  d'évêques 
constitutionnels,  sans  qu'ils  eussent  donné  satisfaction  de  leur  con- 
duite schismatique. 

Enfin,  le  pape  eut  la  douleur  plus  grande  encore  de  voir  Napoléon 
ajouter  au  Concordat  une  série  d'articles  dits  organiques  qui  annu- 
laient une  partie  des  promesses  contenues  dans  le  Concordat.  Du 
reste,  le  premier  consul  rencontrait  de  son  côté,  dans  la  réalisation 
du  Concordat  et  dans  la  restauration  de  l'Eglise  catholique,  de 
nombreux  obstacles  et  de  graves  difficultés  de  la  part  de  son 
propre  entourage,  surtout  de  la  part  des  républicains  nourris  et 
élevés  dans  l'incrédulité.  «  On  croirait  difficilement,  disait-il,  la 
résistance  que  j'eus  à  vaincre  pour  ramener  le  catholicisme.  C'est 
au  point  qu'au  Conseil  d'Etat,  où  j'eus  grand'peine  à  faire  adoptei 
le  Concordat,  plusieurs  ne  se  rendirent  qu'en  complotant  d'y 
échapper  :  «  Eh  bien!  se  disaient-ils  les  uns  aux  autres,  faisons-nous 
protestants,  et  cela  ne  nous  regardera  pas.  »  Il  est  sûr  que,  dans 
ce  désordre  auquel  je  succédais,  sur  les  ruines  où  je  me  trouvais 
placé,  je  pouvais  choisir  entre  le  catholicisme  et  le  protestantisme. 
Il  est  tout  aussi  vrai  de  dire  que  les  dispositions  du  moment  pous- 
saient toutes  à  celui-ci.  Mais,  outre  que  je  tenais  réellement  à  ma 
religion  natale,  j'avais  les  plus  hauts  motifs  pour  me  décider.  En 
proclamant  le  protestantisme  en  France,  qu'eussé-je  obtenu?  Deux 
grands  partis  à  peu  près  égaux,  lorsque  je  voulais  qu'ils  n'y  en  eût 
plus  du  tout;  j'aurais  ranimé  la  fureur  des  ^'uerres  de  religion.  Ces 
deux  partis  (les  catholiques  et  les  protestants),  en  se  déchirant, 
eussent  annihilé  la  France  et  l'eussent  rendue  l'esclave  de  l'Europe, 
tandis  que  j'avais  l'ambition  de  l'en  rendre  maîtresse.  Avec  le  catho- 
licisme, j'arrivais  bien  plus  sûrement  à  tous  mes  grands  résultats  : 


BIOGRAPHIE   DE   PIE   VII  XXV 

au  dehors,  le  catholicisme  me  conservait  le  pape,  et,  avec  mon 
influence  et  nos  forces  en  Italie,  je  ne  désespérais  pas  tôt  ou  tard 
de  finir  par  avoir  à  moi  la  direction  de  ce  pape  (i).  » 

Malheureusement  pour  la  suite  des  bons  rapports  entre  le  pape 
et  l'empereur  Napoléon,  l'envoyé  français  à  Rome,  M.  Cacault,  dut 
céder  sa  place  à  l'oncle  de  l'empereur,  le  cardinal  Fesch.  M.  Cacault 
était  un  républicain  converti,  tîdèle  à  son  iiouvernement,  plein  de 
probité  et  de  délicatesse  envers  le  Saint-Sièpe,  particulièrement 
aimé  par  le  pape  et  le  cardinal  Gonsalvi.  Il  avait,  par  sa  loyauté  et 
son  habileté,  terminé  d'une  manière  pacifique  bien  des  affaires  épi- 
neuses. Ce  que  M.  Cacault  avait  parfaitement  arrangé  fut  dérangé 
parle  cardinal  Fesch,  qui  fit  même  renvoyer,  parle  gouvernement 
français,  un  de  ses  secrétaires  d'ambassade,  le  vicomte  de  Chateau- 
briand, trop  appliqué  à  observer,  vis-à-vis  de  la  cour  de  Rome,  le 
ton  de  déférence  respectueuse  dont  on  usait  autrefois  vis-à-vis 
d'elle.  D'un  autre  côté,  l'ambassadeur  se  plaignait  de  toutes  sortes 
de  complots  qu'on  fomentait  à  Rome  contre  son  neveu  Napoléon. 
Bientôt  on  comprit  pourquoi  le  cardinal  Fesch  avait  été  envoyé  en 
ambassade.  Le  8  mai  1804,  Napole'on  fut  proclamé  empereur,  et  le 
nouveau  souverain  témoigna  le  désir  d'être  sacré  par  le  pape.  On 
hésita  longtemps  dans  le  Sacré  Collège  à  répondre  à  ce  désir  ;  enfin 
on  se  détermina  pour  l'affirmative,  et  le  2  novembre  1804,  le  pape 
quitta  Rome  et  rencontra,  le  25  du  même  mois.  Napoléon  à  Fon- 
tainebleau. Il  entra  le  28  à  Paris,  et  sacra  solennellement  l'em- 
pereur dans  la  cathédrale,  le  2  décembre.  Napoléon  se  mit  lui-même 
la  couronne  sur  la  tête. 

Le  pape  voulut  profiter  de  l'occasion  pour  demander  au  nouvel 
empereur  le  retrait  de  plusieurs  décrets  nuisibles  à  l'Eglise,  mais  il 
ne  réussit  qu'en  partie,  en  obtenant,  par  exemple,  le  rétablissement 
des  Sœurs  de  Charité,  des  Lazaristes  et  des  prêtres  des  Missions 
étrangères. 

Après  avoir  terminé  ses  affaires  à  Paris,  Pie  VII  voulut  retourner 
dans  ses  Etats;  mais  Napoléon  le  retint  une  semaine  après  l'autre, 
et  finit  par  lui  suggérer  la  pensée  de  résider  dorénavant  à  Avignon. 
On  faisait  pressentir  au  pape,  en  cas  de  refus,  la  possibilité  d'une 
captivité  prolongée.  Mais  Pie  VII  ayant  craint,  dès  son  départ  de 
Rome,  qu"on  ne  le  retînt  violemment  en  France,  avait,  pour  le  cas 
échéant,  déposé  en  Sicile  un  acte  formel  de  résignation  du  trône 
pontifical.  Il  fit  pressentir  cette  résolution  extrême  en  ajoutant  que, 
si  on  le  retenait,  on  n'aurait  entre  les  mains  que  le  moine  Barnabe 
Chiaramonti.  Cet  argument  produisit  son  effet,  et,  le  soir  du  même 
jour,  le  pape  obtint  la  permission  de  partir.  Pie  VII  rentra  dans 
Rome  le  6  mai  1803,  à  la  grande  satisfaction  de  ses  sujets,  et  peu 
de  temps  après.  Napoléon  lui  envoya  en  cadeau  une  magnifique 
tiare  pontificale.  Mais  à  peine  Pie  VII  était-il  de  retour,  que  de  nou- 

(1)  Sentiments  de  Napoléon  sur  la  Dbnnité,  pensées  recueillies  à  Sainte- 
Hélène,  par  M.  le  comte  de  Montholon.  et  publiées  par  M.  le  chevaliè*- 
de  Heautcrne,  Paris,  V^  édit.,  p.  43-44. 


XXVI  BIOGRAPHIE    DE   PIE    VII 

velles  peineç  vinrent  l'accabler.  Napoléon  voulut  que  le  pape  pro- 
nonçât le  divorce  de  son  frère  Jérôme,  qui  avait  épousé  la"  lille  d'un 
négociant  protestant  des  Ktats-Unis  (M"*^  Patterson).  Le  pape,  ayant 
reconnu  que  le  mariage  était  parfaitement  valide,  ne  put  admettre 
la  demande.  Napoléon  décida  la  question  de  son  chef  et  maria  pour 
la  seconde  fois  son  frère  avec  la  princesse  Catherine  de  Wurtem- 
berg, sans  pouvoir  obtenir  de  Pie  VII  l'approbation  de  cette  union. 
Les  rapports  du  pape  avec  la  France  devenaient  de  Jour  en  jour 
plus  tendus,  et  le  cardinal  Fesch  augmentait  les  difficultés  par  la 
haine  qu'il  portait  au  cardinal  Cnnsalvi,  qu'il  accusait,  auprès  de 
Napoléon,  de  conspirer  avec  l'Angleterre,  l'Autriche  et  la  liussie. 
Lorsque  la  guerre  éclata  entre  ces  puissances  et  Napoléon,  celui- 
ci  fit  occuper  la  place  d'Ancône,  et  répondit  à  la  protestation  de 
Pie  VII  que  c'était  lui,  Napoléon,  qui  était  empereur  de  Home, 
révélant  nettement  ainsi  le  plan  qu'il  avait  formé  de  rendre  le  pape 
son  vassal.  Consalvi,  que  Napoléon  désif^nait  comme  la  cause  des 
dissentiments  entre  la  France  et  le  Saint-Siège,  remit  à  cette 
époque  son  portefeuille,  et  fut  remplacé  par  le  cardinal  Casoni, 
sans  que  la  situation  s'améliorât.  .Napoléon,  au  contraire,  ordonna 
au  général  Miollis  d'occuper  Rome,  en  déclarant  que  l'occupation 
ne  serait  que  temporaire  et  qu'elle  avait  lieu  pour  faciliter  le  pas- 
sage de  l'armée  française  se  rendant  dans  le  royaume  de  Naples. 
Mais  le  pape  ayant  résisté  à  de  nouvelles  exigences  de  l'empereur, 
celui-ci  revendiqua  les  Etats  de  TLglise  comme  un  don  fait  autrefois 
par  Gharlemagne,  et  le  secrétaire  d'Ltat  de  Pie  VII  fut  retenu 
prisonnier  dans  le  palais  du  pape.  Pie  VII  nomma  alors  pour 
remplacer  Casoni  le  courageux  cardinal  Pacca,  en  qualité  de  pro- 
secrétaire d'Etat  ;  mais  Pacca  fut  à  son  tour  enlevé  au  Souverain 
Pontife.  Enfin  parut  un  décret  de  Napoléon  qui  proclamait  Home 
ville  libre  et  abolissait  l'autorité  du  pape  sur  sa  capitale.  Le  pape 
avait  prévu  sa  prochaine  captivité.  Il  avait,  dans  cette  hypothèse, 
fait  préparer  une  bulle  d'excommunication  contre  .Napoléon,  et  dans 
la  nuit  du  10  au  11  juin  1809,  elle  fut  secrètement  affichée.  Dès 
qu'on  s'en  aperçut,  le  général  Miollis  donna  au  général  Radet  l'ordre 
de  s'emparer  du  pape  et  de  l'emmener.  Dans  la  nuit  du  4  au  i»  juillet, 
le  Quirinal  fut,  en  effet,  envahi  à  trois  heures  du  matin,  le  pape 
fut  arrêté  avec  le  cardinal  Pacca,  arraché  de  son  palais,  et,  sans 
avoir  le  temps  de  déposer  les  habits  de  clio'ur  dont  il  était  revêtu, 
il  fut  placé  dans  une  voiture  soigneusement  fermée.  La  voiture 
partit  avec  les  prisonniers.  Plus  le  voyage  était  brusque,  violent, 
l'humiliation  profonde,  plus  le  pape,  d'ailleurs  si  doux  et  presque 
si  faible,  se  montra  calme  et  énergique.  Ce  ne  fut  qu'au  bout  de 
deux  jours  que  les  domestiques  du  pape  le  rejoignirent  avec  le 
strict  nécessavre.  La  voiture  du  pape  fut  même  renversée,  et  le 
général  Radet,  qui  était  assis  sur  le  siège,  fut  jeté  dans  un  tas 
de  boue.  On  s'arrêta  à  Florence.  Le  pape  y  fut  déposé  dans  l'appar- 
tement où,  dix  ans  auparavant,  on  avait  retenu  captif  son  illustre 
.prédécesseur.  Au  bout  de  trois  heures  de  repos,  on  l'entraîna  plus 
ioin,  en  lui  enlevant,  à  son  grand  chagrin,  la  société  du  cardinal 


BIOGRAPHIE   DE    PIE   VII  XXVII 

Pacca.  Plus  Pie  VII  s'approchait  de  la  France,  plus  Tenthousiasme 
des  peuples,  eu  le  voyant,  redoublait,  tandis  que  le  gouvernement 
français  ne  lui  accordait  même  pas  la  permission  d'aller  visiter,  en 
passant  à  Valence,  la  tombe  de  son  pre'décesseur.  De  Valence, 
Pie  VII  fut  ramené  en  Italie,  et  on  lui  assigna  pour  prison  Savone, 
près  de  Gènes.  En  même  temps,  tous  les  cardinaux  furent  convoqués 
à  Paris,  et,  par  un  décret  du  7  février  18iO,  les  Etats  de  l'Eglise 
furent  incorporés  à  l'Empire.  On  allait  célébrer  le  mariage  de 
l'empereur  avec  l'archiduchesse  d'Autriche,  Marie-Louise  (2  avril 
1810).  Vingt-six  cardinaux,  présents  à  Paris,  assistèrent  à  la  céré- 
monie du  mariage  civil,  mais  il  n'y  en  eut  que  treize  au  mariage 
religieux.  Ceux  qui  s'étaient  abstenus  furent  bannis  de  Paris,  et  il 
leur  fut  défendu  de  porter  la  pourpre  à  l'avenir.  On  les  nomma  les 
cardinaux  noirs,  par  opposition  aux  cardinaux  rouges,  qui  s'étaient 
montrés  plus  dévoués  aux  intérêts  de  l'empire  français  qu'à  ceux 
de  l'Eglise.  Le  cardinal  Pacca  n'était  ni  parmi  les  uns,  ni  parmi 
les  autres,  car  il  était  captif  à  Fenestrelle,  et  le  pape  se  trou- 
vait privé  non  seulement  du  concours  de  son  ministre,  mais  de 
l'assistance  de  tous  ses  serviteurs,  même  de  celle  de  son  confesseur. 
Pie  VII  continuait  à  résister  aux  exigences  de  l'empereur,  qui 
s'oublia  au  point  de  faire  enlever  au  pape  tous  ses  livres,  même 
son  bréviaire,  et  donna  l'ordre  de  ne  plus  dépenser  à  l'avenir,  pour 
l'entretien  du  pape,  que  5  paoli  (3  fr.  20;  le  vieux  paolo  valait 
0  fr.  64).  Mais  cet  ordre  absurde  et  ridicule  ne  dura  que  deux 
semaines,  et  le  peuple  de  Savone  montra  d'autant  plus  d'attache- 
ment au  pape  que  l'empereur  lui  infligeait  plus  d'humiliations  et 
d'outrages.  Le  14  janvier  1811,  Napoléon  fit  déclarer  au  pape  qu'il 
avait  cessé  d'être  le  chef  de  l'Eglise  catholique,  et  qu'il  allait  user 
du  pouvoir  qu'avaient  exercé  ses  prédécesseurs,  les  empereurs 
romains,  en  destituant  et  instituant  les  papes.  Il  faisait  cette 
menace  pour  obtenir  de  Pie  VII  la  confirmation  des  évèques  qu'il 
avait  illégalement  institués,  mais  le  pape  demeura  inébranlable. 
Napoléon  appela  alors  en  Conseil  quelques  cardinaux,  un  certain 
nombre  d'évêques  et  d'abbés,  autour  de  lui,  aux  Tuileries.  Il  ouvrit 
lui-même  la  séance  par  une  vive  sortie  contre  Pie  VII.  Les  prélats 
gardèrent  le  silence.  Seul,  l'abbé  Emery,  supérieur  de  Saint- 
Sulpice,  âgé  de  quatre-vingts  ans,  aussi  vertueux  que  savant,  eut  le 
courage  de  dire  franchement  la  vérité  au  redoutable  César.  Napoléon, 
loin  d'en  vouloir  au  noble  vieillard,  comme  le  pensaient  en 
tremblant  les  prélats  consultés,  approuva  tellement  la  hardiesse  de 
M.  Emery  qu'il  dit,  en  s'adressant  au  cardinal  Fesch  :  «  Vous  êtes 
un  ignorant;  allez  trouver  l'abbé  Emery  et  faites-vous  instruire  par 
lui  dans  les  questions  canoniques.  »  Cependant,  Napoléon  ne  suivit 
pas  l'avis  de  M.  Emery,  qui  mourut  bientôt  après. 

L'empereur,  mal  conseillé,  convoqua  à  Paris,  en  1811,  un  concile 
aational  composé  des  évêques  de  l'empire  français  et  du  royaume 
d'Italie.  Le  cardinal  Fesch  présida  l'assemblée, et  il  eut,  cette  fois,  le 
courase  d'ouvrir  le  concile  en  lisant  la  profession  de  foi  du  concile 
de  Trente,  et  en  prêtant  le  serment  d'obéissance  envers  le  pape. 


XXVIII  BIOGRAPHIE   DE   PIE   VII 

Cette  démarche  lui  rendit  raiïection  de  Vie  VII,  et  fut  d'autant  plus 
importante  que  l'exemple  du  cardinal  fut  suivi  par  tous  les  prélats. 
Cependant,  dans  le  cours  de  ses  délibérations,  le  concile  adopta  une 
décision  dictée  par  l'empereur,  en  vertu  de  laquelle,  dans  le  cas  où, 
au  bout  de  six  mois,  le  pape  n'aurait  pas  coiilirmé  un  évèque  nommé 
par  l'empereur,  le  droit  de  confirmation  serait  dévolu  au  métropo- 
litain ou  au  plus  ancien  évéque  de  la  province.  Le  concile  national 
adopta  avec  une  obéissance  silencieuse  ce  décret antiranunique;  un 
seul  prélat  éleva  la  voix  contre  le  décret  :  ce  fut  (iaspard-Maxi- 
milien  Droste-Vischering.  Le  concile,  espérant  amener  le  pape  à 
son  avis,  lui  envoya  cinq  cardinaux  routes  à  Savone,  dans  le  cou- 
rant de  septembre  1811.  En  effet,  ils  obtinrent  de  Pie  VII  un  bref 
qui  autorisait  tout  ce  que  le  concile  national  avait  arrêté.  Les  car- 
dinaux espéraient,  au  retour,  les  éloges  et  les  récompenses  de  l'em- 
pereur, mais  Napoléon  rejeta  le  bref  et  ne  voulut  pas  se  réconcilier 
avec  le  pape,  parce  qu'il  n'aurait  plus  eu  de  motif  de  le  retenir  en 
captivité.  Pie  VII  fut  laissé  tranquille  pendant  l'hiver;  mais,  au  mois 
de  juin  1812,  il  reçut  l'ordre  de  venir  en  France,  dans  un  costume 
qui  empêchât  de  le  reconnaître,  et,  quoique  Pie  VII  fût  tombé 
malade  en  route,  au  point  qu'on  l'administra,  il  fut  entraîné  nuit  et 
jour,  et  privé  des  soins  et  de  la  commisération  qu'on  a  même  pour 
les  malfaiteurs.  Quand  il  fallait  s'arrêter  pour  manger,  le  pape  ne 
pouvait  sortir  de  la  voiture,  qu'on  mettait  sous  une  remise  ou  un 
hangar.  Pie  VII  arriva  ainsi  à  Fontainebleau.  Là,  il  ne  fut  entouré 
que  de  gens  dévoués  à  l'empereur  et  gardé  à  vue,  jusqu'au  moment 
où  l'empereur  revint  de  la  malheureuse  campagne  de  liussie.  Les 
sollicitations  des  cardinaux  rouges,  les  obsessions  des  personnes 
qui  entouraient  le  pape,  les  menaces  de  l'empereur  finirent  par 
briser  le  courage  du  Pontife  septuagénaire,  et  il  signa,  le  25  juin  1813, 
le  nouveau  Concordat,  qui,  lui  avait-on  affirmé,  ne  devait  avoir 
qu'une  valeur  provisoire.  Par  ce  Concordat,  le  pape  renonçait 
presque  à  toute  influence  sur  la  nomination  des  évêques;  il  pro- 
mettait de  résider  à  l'avenir  où  l'empereur  le  désirerait,  même  au 
palais  archiépiscopal  de  Paris,  avec  un  traitement  de  2000000  de 
francs,  en  renonçant  tacitem.ent  aux  Etats  de  l'Eglise. 

Cependant,  Pie  VII,  troublé  à  la  pensée  de  cette  funeste  condes- 
cendance, tomba  dans  une  profonde  mélancolie,  et  quelques-uns 
de  ses  cai'dinaux  noirs,  auxquels  on  rendit  la  liberté,  notamment 
Piétro  et  Pacca,  lui  firent  comprendre  le  véritable  état  des  choses. 
Encouragé  et  relevé  par  leur  forte  parole.  Pie  VII,  dans  un  acte  à 
la  fois  humble  et  digne,  rétracta  et  condamna  sa  faute,  et  ajouta 
qu'il  préférerait  mourir  plutôt  que  de  persévérer  dans  son  erreur. 
Il  envoya  ce  document  à  l'empereur,  le  pria  d'entrer  de  nouveau  en 
pourparlers,  et  défendit  sévèrement  aux  métropolitains  de  con- 
firmer aucun  évéque.  Napoléon  feignit  de  n'avoir  rien  reçu,  éloigna 
du  pape  ses  fidèles  conseillers,  et  publia  le  Concordat,  sans  toute- 
fois tenir  rigoureusement  à  son  exécution. 

Au  bout  de  quelque  temps.  Napoléon  chercha  à  renouer  les  négo- 
ciations avec  le  pape,  mais  celui-ci  ne  voulut  plus  se  prêter  à  des 


«iO(;R.UMI1E   de   pie   VII  XXIX 

conférences  inutiles,  et  la  bataille  de  Leipzig  ayant  été  perdue, 
Napoléon,  pour  donner  quelque  satisfaction  au  sentiment  public, 
laissa  le  pape  complètement  libre  (23  janvier  1814).  Tandis  que  Pie  VII 
partait  pour  Tltalie,  Napoléon,  dans  ce  même  palais  de  Fontainebleau 
où  il  avait  si  rigoureusement  traité  le  pape,  signait  son  acte  d'abdi- 
cation (avril  1814).  Louis  XVIII,  remonté  sur  le  trône  de  ses  ancêtres, 
noua  immédiatement  de  nouvelles  négociations  avec  le  Saint-Siège, 
et  le  malheureux  Concordat  de  1813  fut  annulé.  Pie  VII  était  rentré 
dans  Rome  le  24  mai  1814,  aux  cris  de  joie  des  Romains.  Quelques- 
unes  des  provinces  des  Etats  de  l'Eglise  qui  ne  lui  avaient  pas  encore 
été  restituées  lui  furent  rendues  par  le  Congrès  de  Vienne;  seule- 
ment, le  comtat  Venaissin  et  Avignon  demeurèrent  à  la  France. 
Lorsque  Napoléon,  échappé  de  l'île  d'Elbe  (26  février  1815),  fut 
rentré  aux  Tuileries,  son  beau-frère  Murât,  roi  de  Naples,  envahit 
les  Etats  de  l'Eglise,  et  Pie  VII  lut  obligé  de  s'enfuir  à  Gênes.  Mais 
la  prompte  chute  de  Napoléon  et  son  départ  pour  Sainte-Hélène 
affranchirent  Rome  de  tout  danger,  et  le  pape  réclama  les  chefs- 
d'œuvre  d'art  enlevés  à  Rome  par  le  traité  de  Tolentino.  Il  chercha 
à  guérir  les  blessures  que  la  Révolution  française  avait  faites  à 
l'Eglise,  et  conclut  à  cette  fin,  avec  divers  Etats,  des  Concordats  et 
des  conventions,  notamment  avec  la  France  et  la  Bavière  en  1817, 
avec  le  Piémont,  Naples,  etc.  Il  entra  en  négociations  avec  d'autres 
Etats.  Par  sa  bulle  SoUkitiido  anlmarum,  du  7  août  1814,  il  rétablit 
l'Ordre  des  Jésuites;  le  13  septembre  1821,  il  publia  une  bulle  contre 
les  carbonari.  Il  mourut  à  la  suite  d'une  chute,  le  20  avril  1823,  à 
l'âge  de  quatre-vingt-un  ans  et  six  jours,  après  avoir  régné  vingt- 
trois  ans  et  demi. 

La  prophétie  de  Malachie  l'avait  désigné  sous  les  mots  à'aqidla 
rapax,  ce  qui  peut  s'expliquer  en  ce  sens-,  ou  que  l'aigle  des  Fran- 
çais lui  avait  enlevé  tout  ce  qu'il  possédait,  ou  que  le  pape,  comme 
un  aigle  puissant,  avait  tout  ramené  à  lui. 

Deux  ans  auparavant.  Napoléon  était  mort,  le  5  mai  1821. 

Héfélé. 


Ouvrages  à  consulter  sur  S.  S.  Pie  VU. 

Rexnexkampff  (Alexaxder  vo\).  Ueber  Plus  VII  und  dessen  Exkomuni- 
kation  Napoléons.  S.  Petersburg,  gedruckt  beira  1  stem  Kadetten  Korps, 
1813,  in-12. 

SiMOX  (Hexry).  Vie  politique  et  privée  du  Souverain  Pontife  Pie  VII.  Paris, 
Sanson,  1823,  in-18. 

ART.iUD.  Histoire  du  Pape  Pie  VII.  Paris,  Le  Clère,  3'  édit.  1839,  3  vol.  8°. 

Artaud.  Storia  di  Pio  VII.  Vcnezia,  Picotti,  1839,  4  vol.  in-12. 

Histoire  du  pontificat  de  Pie  VII,  extraite  en  grande  partie  de  l'ouvrape 
de  M.  Artaud  et  des  Mémoires  du  cardinal  Pacca.  Paris,  Le  Clère,  1S4U. 
1  vol.  in-12. 

Histoire  des  démêlés  de  Pie  VU-  avec  Napoléon   au    sujet    des  affaires 


XXX  BIOGRAPHIE    DE    PIE   VU 

ecclésiastiques.  lievtie  des  questions  hislo7'iques,  t.  II,  549-594  (1866): 
m,  019(1867). 

C.  M.  F.  nE  V.  Légende  pontificale.  Légende  napoléonienne.  Pie  VU  et 
Napoléon  I",  1800-1815.  Chambéry,  Châtelain,  188  4,  8°. 

CiiAïu.oT  (.\bbé).  Pie  VII  elles  Jésuites,  traduit  de  l'italien  par  P.J.  Noury. 
Paris,  1884. 

Sangiinetti  (Le  P.  Sébastien).  La  Compagnie  de  Jésus  et  son  existence 
canonique  dans  l'Eglise.  R''ponse  au  livre  de  l'abbé  Chaillot  :  Pie  Vil  et 
les  Jésuites.  Paris,  liray  et  Retaux,  1884,  8", 

Chotaud  (H.).  Le  Pape  Pie  VII  à  Savone  d'après  les  minutes  des  lettres 
du  général  Berthier  au  prince  Borghèse.  Clermont-Ferrand,  Mont-Louis, 
1885,  8». 

Chotard  (H.).  Le  Pape  Pie  VU  à  Savone,  d'après  les  minutes  des  lettres 
inédites  du  général  Berthier  au  prince  Borghèse  et  d'après  les  mémoires 
inédits  de  M.  de  Lebzeltern,  conseiller  d'ambassade  autrichien.  Paris, 
Pion,  1887,  in-i8. 


Ouvrages  à  consulter 
sur  le  Concordat  et  les  Articles  organiques  (1) 

Dcpi.N-.  Réfutation  des  assertions  de  M.  de  Montalembert  et  défense  des 
Articles  organiques.  Paris,  1844,  8°. 

PouTALis  (J.  E.  M.).  Discours,  rapports  et  travaux  inédits  sur  le  Con- 
cordat de  1801,  les  .\rticles  organiques,  etc.  Paris,  Joubert,  1845,  in-8°, 

Dahicste.  Histoire  de  France.  Le  Concordat,  t.  IX,  passim.  Paris. 
Hachette,  1865-187.3,  9  vol.  in-8o. 

Railx.  Encycliques  et  documents  en  français  et  en  latin.  Bulle  de  rati- 
fication du  Concordat  de  1801,  t.  11,  585.  Bar-le-Duc,  Guérin,  1865,  2  vol.  8". 

Theineh.  Histoire  des  deux  Concordats,  Bar-le-Duc,  1869-1875,  2  vol.  8*. 

Defert.  Le  Concordat  de  1801  et  les  Articles  organiques.  Paris,  1878,  8». 

P'reppel  (Mgr).  Œuvres  polémiques.  Le  Concordat,  passim.  Paris,  Palmé 
1881-1S8S,  9  vol.  in-12. 

JoLY  (Abbé).  Etude  historique  et  juridique  sur  le  Concordat  de  1801. 
Paris,  librairie  de  l'OEuvre  Saint-Paul,  1881,  in-S". 

Amagat  (Df  A.  L.).  Discours  sur  le  Concordat  et  la  question  religieuse. 
Paris,  Doin,  1882,  8». 

Basoiix.  Questions  actuelles.  Faut-il  dénoncer  le  Concordat?  Boulogne 
sur-Mer.  Aigre,  18S2,  S». 

BoLLAY  DE  LA  Melrthe  (C'«).  La  négociation  du  Concordat.  Paris, 
Gervais,  1882,  2  vol.  8». 

BoiLAY  DE  LA  Meurthe  (C'«).  Documents  sur  la  négociation  du  Concordat 
et  sur  les  autres  rapports  de  la  France  avec  le  Saint-Siège,  en  1800  et 
1801.  Paris,  Leroux,  8". 

Rouoiette  (Abbé).  Le  Concordat  de  1801  et  les  Articles  organiques, 
Paris,  Rousseau,  1882,  in-18. 

Concordat  (Le)  et  la  proposition  Boysset.  Paris,  Palmé,  1882,  in-24, 

(1)  Voir  le  texte  du  Concordat  et  des  articles  organiques  p.  263  et  273 


BIOGRAPHIE   DE   PIE   VII  IXXI 

Texte  du  Concordat  et  des  Articles  organiques.  Paris,  Cotillon,  1882, 
Jn-iS. 

Ollivier  (Emile).  Le  Concordat  est-il  respecté?  Paris,  Garnier,  1883,  in-18. 

Picot  (Ch\  République  du  Christ  et  monarchie  du  Pape.  Infaillibilité, 
Concordat  et  Articles  organiques.  Avignon,  Picot,  1883,  8». 

Roche  (Jules).  Le  budget  des  Cultes,  la  séparation  de  l'Eglise  et  de 
l'Etat  et  les  Congrégations,  le  Concordat,  le  Syllabus.  Paris,  Marpon  et 
Flammarion,  1883. 

Concordat   (Le)  et  les  Articles  organiques.  Paris,   OEuvre  Saint- Paul, 

1883,  in-8o. 

Laxess.w  (J.  L.  de).  L'Eglise    et  l'Etat.    Conférence   sur  la   séparation 

de  l'Eglise  et  de  l'Etat,  faite  à  Chaumont.  Chaumont,  Roret,  1884,  in-16. 

Paris.  Les  propositions  de  loi  sur  le  Concordat.  Lille,  Lefebvre-Ducrocq 

1884,  in-16. 

GuiLBERT  (Mgr).  Abolition  du  Concordat  et  séparation  ae  l'Eglise  et  de 
î'Etat.  Bordeaux,  Duverdier,  1883,  8». 

Ollivier  (Emile).  Le  Concoi'dat  et  le  gallicanisme.  Paris,  Garnier,  1883, 
in-16. 

Ollivier  (Emile).  Le  Concordat  et  la  séparation  de  l'Eglise  et  de  l'Etat. 
Paris,  Garnier,  1883,  in-16. 

Ghastan  (Abbé).  Le  Concordat  et  le  gouvernement  de  la  République. 
Paris,  Lévy,  1886,  8°. 

Démarest  (Anatole).  La  vérité  sur  le  Concordat  de  1801.  Fontainebleau, 
Crépin,  1886,  8". 

Le  Concordat  et  la  séparation  de  l'Eglise  et  de  l'Etat.  Paris,  librairie 
nouvelle,  1886,  broc,  in-12. 

Bressox  (J.).  Assemblée  générale  des  catholiques  de  1887.  Rapport  sur 
!a  dénonciation  du  Concordat.  Paris,  Levé,  1887,  in-16. 

Franck  (J.).  Que  gagnera  la  France  en  dénonçant  le  Concordat?  Paris, 
Wattier,  1887,  S». 

Desjacques  (R.  p.).  La  nature  et  l'obligation  des  Concordats.  Questions 
actuelles,  édition  condensée,  t.  I-V,  p.  83.  Paris,  8,  rue  François  ler, 
1888. 

TcRixAZ  (Mgr).  Les  Concordats  et  l'obligation  réciproque  qu'ils  imposent 
à  l'Eglise  et  à  l'Etat.  Paris,  Retaux-Bray,  1888,  8°. 

Chamard  (Dom  François).  La  Révolution,  le  Concordat  et  la  liberté  reli- 
gieuse, Paris,  Letouzey,  1891,  in-16. 

Yillefranche  (J.  m.).  Le  Concordat.  Qu'on  l'observe  loyalement  ou 
qu'on  le  dénonce.  Paris,  Bloud  et  Barrai,  1891,  in-18. 

Perkaud  (Mgr).  La  discussion  concordataire  au  Sénat  et  à  la  Chambre 
des  Députés.  Paris,  Poussielgue,  1892. 

Brugère.  Histoire  ecclésiastique.  Le  Concordat,  p.  1138.  Paris,  Roger 
Chernoviz,  in-4«  lithographie, 

Hébrard  (.\bbé).  Les  Articles  organiques  devant  l'histoire.  Paris ,  in-8». 


LETTRES   APOSTOLIOUES 


ou 


ENCYCLIQUES,  BREFS.  & 


DE 


LL.  SS.  PIE  IX,  GRÉGOIRE  XVI,  PIE  VU 


PARIS 

A.  ROGER  ET  F.  CHERNOVIZ,  ÉDITEURS 

7,   RUE  DES   GRANDS  AUGUSTINS.   7 


SS.  PII  pp.  IX 

EPISTOLA  ENCYCLICA 

Venerabilibus  Fratribus  Patriarckis,  Primatibiis,  Archiepiscopis ,  et 
Episcopis  iiniversisgratiam  et  communionem  Aposlolicœ  Sedis  habeii- 
tibus. 

Plus  PP.  IX. 

Vener.\biles  Fratres, 

Salutem  et  Apostolicam  Benedictionem. 

Quanta  cura  ac  pastorali  vigilantia  Romani  Pontifices  prœde- 
cessores  nostri  exsequsntes  demandatiim  sibi  ab  ipso  Christo 
Domino  in  persona  beatissimi  Pétri  Apostolorum  Principis  offi- 
cium,  munusquepascendi  agnos  et  oves,  nunquam  intermiserint 
universum  Dominicum  gregem  sedulo  enutrira  verbis  fidei,  ac 
salutari  doctrina  imbuere,  eumque  ab  venenatis  pascuis  arcere, 
omnibus  quidem  ac  vobis  prgesertim  compertum  exploratum  que 
est,  venerabiles  Fratres.  Et  sane  iidem  decessores  nostri  augustae 
catholicœ  religionis,  veritas  ac  justitiiB  assertores  et  vindices, 
de  animarum  sainte  maxime  solliciti  nihii  potius  unquam 
habuere,  quam  sapientissimis  suis  Litteris  et  Constitutionibus 
retegere  et  damnare  omnes  hœreses  et  errores,  qui  divines  Fidei 
nostrae,  catholicœ  Ecclesiae  doctrinœ,  morum  honestati,  ac  sem- 
piternee  hominum  saluti  adversi,  graves  fréquenter  excitarunt 
tempestates,etchristianamciviiemquerempublicammiserandum 
in  modum  funestarunt.  Quocirca  iidem  decessores  nostri  Apo- 
stolica  fortitudine  continenter  obstiterunt  nefariisiniquorum  ho- 
minum molitionibus,  qui  despumantes  tanquam  iluctus  feri 
maris  confusiones  suas,  ac  libertatem  promittentes.  cum  servi 
sint  corruptionis,  fallacibus  suis  opinionibus,  etperniciosissimis 
scriptis  catholicœ  religionis  civilisque  societatis  fundamenta 
convellere,  omnemque  virtutem  ac  justitiam  de  medio  tôlière, 
omniumque  animos  mentesque  depravare,  et  incautos  impe- 
ritamque  prœsertim  juventutem  a  recta  morum.disciplina  aver- 
tere,    eamque    miserabiliter    corrumpere,    in    erroris  laqueos 


LETTRE  ENCYCLIQUE 

DE  SA  SAINTETÉ  PIE  IX 


A  tous  nos  vénérables  Frères,  les  Patriarches,  les  Primats,  les  Arche- 
vêques et  Eoêques  en  grâce  et  en  communion  avec  le  Siège  Aposto- 
lique. 

PIE  IX,  PAPE. 

VÉNÉRABLES  FrÈRES, 

Salut  et  Bénédiction  Apostolique. 

Tous  ont  appris,  tous  savent,  et  vous  mieux  que  personne,  vénérables 
Frères,  avec  quelle  sollicitude,  avec  quelle  vigilance  pastorale  les  Pontifes 
Romains  nos  prédécesseurs  ont  rempli  la  charge  et  le  devoir  qui  leur  a 
été  confié  par  Jésus-Christ  lui-même,  dans  la  personne  du  Bienheureux 
Pierre,  Prince  des  Apôtres,  de  paître  les  agneaux  et  les  brebis  :  jamais 
ils  n"ont  cessé  de  nourrir  fidèlement  des  paroles  de  la  foi  et  de  la  doc- 
trine du  salut  tout  le  troupeau  du  Seigneur  et  de  le  détourner  des  pâtu- 
rages empoisonnés.  En  effet,  gardiens  et  vengeurs  de  l'auguste  religion 
catholique,  de  la  vérité  et  de  la  justice,  ces  mêmes  prédécesseurs,  pleins 
de  sollicitude  pour  le  salut  des  âmes,  n'ont  jamais  rien  eu  plus  à  cœur 
que  de  découvrir  et  de  condamner,  par  leurs  Lettres  et  Constitutions 
pleines  de  sagesse,  toutes  les  hérésies  et  toutes  les  erreurs  ;  car,  con- 
traires à  notre  divine  foi,  à  la  doctrine  de  l'Eglise  catholique,  à  l'hon- 
nêteté des  mœurs  et  au  salut  éternel  des  hommes,  ces  erreurs  ont  excité 
souvent  de  violentes  tempêtes  et  appelé  sur  l'Eglise  et  sur  la  société 
civile  de  déplorables  calamités.  C'est  pourquoi  nos  mêmes  prédécesseurs 
s'opposèrent  constamment,  avec  une  vigueur  tout  apostolique,  aux  cou- 
pables machinations  de  ces  méchants,  qui,  semblables  aux  Ilots  de  la 
mer  en  furie,  jetant  l'écume  de  leurs  hontes  et  promettant  la  liberté, 
bien  qu'esclaves  de  la  corruption,  se  sont  efforcés  par  de  fausses  maximes 
et  par  de  pernicieux  écrits,  d'arracher  les  fondements  de  l'ordre  religieux 
et  de  l'ordre  social,  de  faire  disparaître  du  monde  toute  vertu  et  toute 
justice,  de  dépraver  les  cœurs  et  les  esprits,  de  soustraire  ù  la  règle  des 
mœurs   les  imprudents,  surtout  la  jeunesse  inexpérimentée,  qu'ils  ont 


4  LETTRE   EN'CYGLIQUE    DE    PIE    IS 

indiicere  ac  tandem  ab  Ecclesiae  catholicaî  sinu  avellere  conati 
sunt. 

Jam  vero,  uti  vobis,  venerabiles  Fratres,  apprime  notuni  ost, 
nos  vix  dum  arcano  divinœ  Providentiae  consilio  nullis  certe 
nostris  mentis  ad  banc  Pétri  catbedram  evecti  fuimus,  cum 
videremus  summo  animi  nostri  dolore  horribilern  sane  procellam 
tôt  pravis  opinionibus  excitatam,  et  gravissima  ac  nunquam 
satis  lugenda  damna,  quœ  in  christianum  populum  ex  tôt  erro- 
ribus  redondant,  pro  Apostolici  nostri  niinisterii  officie  illu^tria 
praedecessorum  nostrorum  vestigia  sectantes..  nostram  extiilimus 
vocem,  acpluribus  in  vulguseditisencyclicis  Epistolis  et  Allocii- 
tionibus  in  Consistorio  habitis,  aliisque  Apostolicis  Litteris 
praecipuos  tristissimee  nostrae  œtatis  errores  damnavinius,  exi- 
miamqu3  vestrani  episcopalem  vigilanliam  excitavimus,  et  uni- 
versos  catholicae  Kcclesise  nobis  carissimos  filios  etiam  atque 
etiam  monuimus  et  exhortati  sumus;  ut  tam  dirœ  contagia  pes- 
tis  omnino  horrerent  et  devitarent.  Ac  prsesertim  nostra  prima 
encyclica  Epistola  die  9  novembris  anno  1846  vobis  scripta, 
binisque  Allocutionibus,  quarum  altéra  die  9  decembris  1834, 
altéra  vero  9  junii  anno  1862  in  Consistorio  a  nobis  habita  fuit, 
monstrosa  opinionum  portenta  damnavimus  quœ  bac  potissimum 
aetate  cum  maximo  animarum  damno  et  civiiis  ipsius  societatis 
detrimento  dominantur,  quseque  non  solum  calbolicae  Ecclesiae, 
ejusque  salutari  doctrinae  ac  venerandis  juribus,  verum  etiam 
sempiternae  naturali  legi  a  Deo  in  omnium  cordibus  insculptae, 
rectœque  rationi  maxime  adversantur,  et  ex  quibus  alii  prope 
omnes  originem  habent  errores. 

Etsi  autem  haud  omiserimus  potissimos  hujusmodi  errores 
sœpe  proscribere  et  reprobare,  tamen  catholicae  Ecclesiae  causa 
animarumque  salus  nobis  divinitus  commissa,  atque  ipsius  hu- 
manae  societatis  bonum  omnino  postulant,  ut  iterum  pastoralem 
vestram  sollicitudinem  excitcmus  ad  alias  pravas  profligandas 
opiniones,  quaeexeisdem  erroribusveluti  ex  fontibus  erumpunt. 
Quae  falsœ  ac  perversae  opiniones  eo  magis  detestandae  sunt, 
quod  eo  potissimum  spectant,  ut  impediatur  et  amoveatur  salu- 
taris  illa  vis,  quam  catholica  Ecclesia  ex  divini  sui  Auctoris  in- 
htitutione  et  mandate  libère  exercere  débet  usque  ad  consumma- 
tionem  saeculi,  non  minus  erga  singulos  homines,  quam  erga 
nationes,  populos  summosque  eorum  principes,  utque  de  medio 
tollatur  mutua  illa  inter  Sacerdotium  et  Imperium  consiliorum 
societas  et  concordia,  quae  rei  tum  sacrée  tum  civili  fausta  sem- 
per  extitit  ac  salutaris  (Gregor.  XVI.  Epist.  encycl.  Mirm-i, 
15  aug.  1832). 

Etenim  probe  noscitis  venerabiles  Fratres,  hoc  tempore  non 


«   QUANTA   CURA    y,   S   DÉCEMBRE  1864  5 

voulu  corrompre  misérablement  pour  la  jeter  dans  les  filets  de  l'erreur 
et  enfin  l'arracher  du  sein  de  l'Eglise  catholique. 


Déjà,  vous  le  savez  très  bien,  vénérables  Frères,  sitôt  que,  par  le 
secret  conseil  de  la  Providence  et  sans  aucun  mérite  de  notre  part,  nous 
fûmes  élevé  à  la  chaire  de  Pierre,  voyant,  le  cœur  navré  de  douleur, 
l'horrible  tempête  soulevée  par  tant  de  doctrines  perverses,  les  maux 
immenses  et  souverainement  déplorables  attirés  sur  le  peuple  chrétien 
par  tant  d'erreurs,  nous  avons  élevé  la  voix,  suivant  le  devoir  de  notre 
ministère  apostolique  et  les  illustres  exemples  de  nos  prédécesseurs  ;  et 
dans  plusieurs  Encycliques  publiées  par  nous,  dans  des  Allocutions  pro- 
noncées en  Consistoire  et  dans  d'autres  écrits  apostoliques,  nous  avons 
condamné  les  principales  erreurs  de  notre  triste  époque;  nous  avons,  en 
même  temps,  excité  votre  admirable  vigilance  épiscopale  ;  nous  avons 
averti  et  exhorté  sans  relâche  tous  les  enfants  de  l'Eglise  catholique,  nos 
fils  bien-aimés,  d'avoir  en  profonde  horreur  et  d'éviter  la  contagion  de 
cette  peste  cruelle.  En  particulier  dans  notre  première  Encyclique  du 
9  novembre  1846,  à  vous  adressée,  et  dans  deux  Allocutions,  dont  l'une 
du  9  décembre  iSbi,  et  l'autre  du  9  juin  1862,  prononcées  en  Consis- 
toire, nous  avons  condamné  les  monstrueuses  erreurs  qui  dominent  sur- 
tout aujourd'hui,  au  grand  malheur  des  âmes  et  au  détriment  de  la 
société  civile  elle-même,  et  qui,  sources  de  presque  toutes  les  autres,  ne 
s'élèvent  pas  seulement  contre  l'Eglise  catholique,  contre  ses  salutaires 
doctrines  et  ses  droits  sacrés,  mais  aussi  contre  l'éternelle  loi  de  la 
nature  gravée  par  Dieu  même  dans  tous  les  cœurs  et  contre  la  droite 
raison. 


Nous  n'avons  donc  négligé  ni  de  proscrire  souvent  ni  de  réprimer  ces 
erreurs  principales;  cependant  la  cause  de  l'Eglise  catholique,  le  salut 
des  âmes  divinement  confiées  à  notre  sollicitude,  le  bien  même  de  la 
société  humaine  demandent  impérieusement  que  nous  excitions  de  nou- 
veau votre  sollicitude  à  condamner  d'autres  opinions,  sorties  des  mêmes 
erreurs  comme  de  leur  source.  Ces  opinions  fausses  et  perverses  doivent 
•être  d'autant  plus  détestées  que  leur  but  principal  est  d'enchaîner  et 
d'écarter  cette  force  salutaire  dont  l'Eglise  catholique,  en  vertu  de  l'insti- 
tution et  du  commandement  de  son  divin  Fondateur,  doit  faire  usage 
jusqu'à  la  consommation  des  siècles,  non  moins  à  l'égard  des  particuliers 
qu'à  l'égard  des  nations,  des  peuples  et  de  leurs  souverains  ;  ces  fausses 
opinions  veulent  aussi  détruire  l'union  et  la  concorde  mutuelle  du  sacer- 
doce et  de  l'empire,  toujours  si  salutaire  à  l'Eglise  et  à  l'Etat. 


En  effet,  il  vous  est  parfaitement  connu,  vénérables  Frères,  qu'aujour- 


6  LETTHE  ENCYCLIQUE  DE  PIE  IX 

paucos  roperiri,  qui,  civili  consortio  impium  absurdumque  na- 
turalimni,  ut  vocant.  principium  applicantes,  audciit  docere,  <(  op- 
timam  societatis  publica;  rationem,  civilemque  progressum  om- 
nino  requirere,  ut  humana  societas  conslituatur  et  gubernetur. 
nulle  habito  ad  religionem  respectu,  ac  si  ea  non  existeret,  vel 
saltem  nulle  facto  veram  inter  falsasquc  religiones  discrimine  ». 
Atque  contra  sacrarum  Litterarum,  Ecclesiae,  sanctorumque 
Patruni  doctrinam  asserere  non  dubitant,  «  optimam  esse  con- 
ditioneni  societatis,  in  qua  imperio  non  agnoscitur  officiuni 
coercendi  sancitis  pœnis  violatores  catholicaî  religionis,  nisi 
quatenus  pax  publica  postulet  ». 

Ex  qua  oninino  falsa  socialis  regiminis  idea  haud  liment  erro- 
neam  illam  fovere  opinionem  catholicaî  Ecclesiae,  animarumquo 
saluti  maxime  exitialem,  a  rec.  mem.  Gregorio  XVI  prœdeces- 
sore  nostro  deliramenium  appellatam  (Gregor.  XVI  Epist.  encycl. 
Mirari,  15  aug.  183:2),  nimirum  «  libertatem  conscientise  et  cul- 
tuum  esse  proprium  cujuscumque  hominis  jus,  quod  lege  pro- 
clamari  et  asseri  débet  in  omni  recte  constituta  societate,  et  jus 
civibus  inesse  ad  omnimodam  libertatem  nulla  vel  ecclesiastica, 
vel  civili  auctoritatecoarctandam,  quo  suos  conceptus  quoscum- 
que  sive  voce,  sive  typis,  sive  alia  ratione  palam  publiceque 
manifestare  ac  declarare  valeant  ».  Dum  vero  id  temere  affir- 
mant, haud  cogitant  et  considérant,  quod  libertatem  perditionis 
(S.  Aug.,  Epist.  105,  al.  166)  prœdicant,  et  quod  «  si  humanis 
persuasionibus  semper  disceptare  sit  liberum,  nunquam  déesse 
poterunt,  qui  veritati  audeant  resultare,  et  de  humanae  sapienliaî 
loquacitate  confidere,  cum  banc  nocentissimam  vanitatem  quan- 
tum debeat  fides  et  sapientia  christiana  vitare,  ex  ipsa  Domini 
nostri  .lesu  Christi  institutione  cognoscat(S.  Léo  Epist.  164,  al. 
133,  §2,  edit.  Bail.). 

Et  quoniam  ubi  a  civili  societate  fuit  amota  religio,  ac  repu- 
diata  divinœ  revelationis  doctrina  et  auctoritas,  vel  ipsa  germana 
justitiee  humanique  juris  notio  tenebris  obscuratur  et  amittitur, 
atque  in  verœ  justitiaî  legitimique  juris  locum  materialissubsti- 
tuitur  viSj  inde  liquet  cur  nonnulli  certissimis  sanœ  rationis 
principiis  penitus  neglectis  posthabitisque  audeant,  «  volunta- 
tem  populi  publica,  quam  dicunt,  opinione  vel  alia  ratione  nia- 
nifestatam  constituere  supremam  legem  ab  omni  divino  h^uma- 
noque  jure  solutam,  et  in  ordine  politico  facta  consummata,  eo 
ipso  quod  consummata  sunt,  vim  juris  habere  ».  Verum  ecquis 
non  videt  planeque  sentit,  hominum  societatem  religionis  ac  verae 
justitiœ  vinculis  solutam  nuilum  aliud  profecto  propositum  ha- 
bere posse,  nisi  scopum  coniparandi  cumulandique  opes,  nul- 
lamque  aliam  in  suis  actionibus  legem  sequi,  nisi  indomitam 


Œ   QUANTA   CURA    »,   8   DÉCEMBRE   1864  7 

d'hui  il  ne  manque  pas  d'hommes  qui  appliquent  à  la  société  civile  l'im- 
pie et  absurde  principe  du  JSadtralisme,  comme  ils  l'appellent  :  ils  osent 
enseigner  que  la  a  perfeclion  des  gouvernements  et  le  progrès  civil 
exigent  absolument  que  la  société  humaine  soit  constituée  et  gouvernée 
sans  plus  tenir  de  compte  de  la  religion,  que  si  elle  n'existait  pas,  ou  du 
moins  sans  faire  aucune  différence  entre  la  vraie  religion  et  les  fausses  ». 
De  plus,  contrairement  à  la  doctrine  de  l'Ecriture,  de  l'Eglise  et  des 
saints  Pères,  ils  ne  craignent  pas  d'affirmer  que  a  le  meilleur  gouverne- 
ment est  celui  où  l'on  ne  reconnaît  pas  au  pouvoir  l'obligation  de 
réprimer,  par  la  sanction  des  peines,  les  violateurs  de  la  religion  catho- 
lique, si  ce  n'est  lorsque  la  tranquillité  publique  le  demande  », 


En  conséquence  de  cette  idée  absolument  fausse  du  gouvernement 
social,  ils  n'hésitent  pas  à  favoriser  cette  opinion  erronée,  on  ne  peut 
plus  fatale  à  l'Eglise  catholique  et  au  salut  des  âmes,  et  que  notre  pré- 
décesseur d'heureuse  mémoire,  Grégoire  XVI,  appelait  un  délire,  savoir 
que  oc  la  liberté  de  conscience  et  des  cultes  est  un  droit  propre  à  chaque 
homme  ;  qu'il  doit  être  proclamé  et  assuré  dans  tout  Etat  bien  constitué; 
et  que  les  citoyens  ont  droit  à  la  pleine  liberté  de  manifester  hautement 
et  publiquement  leurs  opinions,  quelles  qu'elles  soient,  par  la  parole, 
par  l'impression  ou  autrement,  sans  que  l'autorité  ecclésiastique  ou 
civile  puisse  le  limiter  ».  Or,  en  soutenant  ces  affirmations  téméraires, 
ils  ne  pensent  pas,  ils  ne  considèrent  pas  qu'ils  prêchent  une  liberté  de 
perdition,  et  que,  oc  s'il  est  toujours  permis  aux  opinions  humaines 
d'entrer  en  contlit,  il  ne  manquera  jamais  d'hommes  qui  oseront  résister 
à  la  vérité  et  mettre  leur  confiance  dans  le  verbiage  de  la  sagesse  humaine, 
vanité  extrêmement  nuisible  que  la  foi  et  la  sagesse  chrétienne  doivent 
soigneusement  éviter,  conformément  à  l'enseignement  de  Notre-Seigneur 
Jésus-Christ  lui-même. 


Quand  la  religion  est  bannie  de  la  société  civile,  la  doctrine  et  l'auto- 
rité de  la  révélation  divine  sont  rejetées,  la  vraie  notion  de  la  justice  et 
du  droit  humain  sobscurcit,  se  perd,  et  la  force  matérielle  prend  la  place 
de  la  justice  et  du  vrai  .droit.  On  voit  donc  clairement  pourquoi  certains 
hommes,  ne  tenant  aucun  compte  des  principes  les  plus  certains  de  la 
saine  raison,  osent  publier  «  que  la  volonté  du  peuple  manifestée  par  ce 
qu'ils  appellent  l'opinion  publique  ou  de  telle  autre  manière,  constitue 
la  loi  suprême,  indépendante  de  tout  droit  divin  et  humain;  et  que, 
dans  l'ordre  politique,  les  faits  accomplis,  par  cela  même  qu'ils  sont 
accomplis,  ont  la  valeur  du  droit  ».  Mais  qui  ne  voit,  qui  ne  sent  très 
bien  qu'une  société  soustraite  aux  lois  de  la  religion  et  de  la  vraie  jus- 
tice ne  peut  avoir  d'autre  but  que  d'amasser,  d'accumuler  des  richesses, 
et  dans  tous  ses  actes  d'autre  loi  que  l'indomptable  désir  de  satisfaire 


8  LETTRE   ENCYCLIQUE    DE   PIE   IX 

animi  cupiditatem  inserviendi  propriis  voliiptatibus  et  commo- 
tlis?  Eaproplrr  hiijusmodi  homines  acerl)o  sane  odio  insectantur 
Ileligiosas  Familias,  quamvis  de  re  christiana,  civili,  ac  littera- 
ria  siimmoppre  méritas,  et  blaterant  easdem  nullam  habere  le- 
gitimam  existendi  rationem,  atque  ita  hœreticorum  commentis 
plaudunl.  Nam  ut  sapientissimo  rec.  mem.  Pius  VI  decessor 
noster  docebat,  «  regularium  abolitio  lœdit  statum  publicœ  pro- 
fessionis  consiliorum  evangelicorum,  lœdit  vivendi  rationem  in 
Ecclesia  commendatam  tanquam  Apostolicae  doctrinœ  consenta- 
neam,  lœdit  ipsos  insignes  fundatores,  quos  super  altaritus  ve- 
neramur,  qui  nonnisi  a  Deo  inspirati  eas  constituerunt  societa- 
tes  »  (Epist.  ad  card.  de  laRocbefoucault,  d  martii  1771).  Atque 
etiam  impie  pronunciant,  auferendam  esse  civibus  Ecclesiae  fa- 
cultatem,  «  qua  eleemosynas  christianœ  caritatis  causa  palam 
erogare  valeant  »,  acde  medio  tollendam  legem,  «  quacertisali- 
quibus  diebus  opéra  servilia  propter  Dei  cultum  prohibentur  », 
fallacissime  prœtexentes,  commemoratam  facultatem  et  legem 
optimœ  pubiicae  œconomiae  principiis  obsistere. 

INeque  contenti  amovere  religionem  a  publica  societate,  vo- 
lunt  religionem  ipsam  a  privatis  etiam  arcere  familiis.  Etenim 
funestissimum  Comviunismi  et  Socialismi  docentes  ac  profitentes 
eiTorem  asserunt  «  societatem  domesticam  seu  familiam  totam 
suae  existentiœ  rationem  a  jure  dumtaxat  civili  mutuari  ;  proin- 
deque  ex  lege  tantum  civili  dimanare  ac  pendere  jura  omnia 
parentum  in  filios,  cum  primis  vero  jus  institutionis  educatio- 
nisque  curandœ  ».  Quibus  impiis  opinionibus  machinationi- 
busque  in  id  prœcipue  intendunt  fallacissimi  isti  homines,  ut 
salutifera  catholicae  Ecclesiae  doctrina  ac  vis  a  juventutis  insti- 
tutione  et  educatione  prorsus  eliminetur,  ac  teneri  flexibilesque 
juvenum  animi  perniciosis  quibusque  erroribus  vitiisque  misère 
inficiantur  acdepraventur.  Siquidem  omnes,  qui  remtum  sacram 
tum  publicam  perturbare,  ac  rectum  societatis  ordinemevertere, 
et  jura  omnia  divina  et  humana  delere  sunt  conati,  omnia  nefa- 
ria  sua  consilia,  studia  et  operam  in  improvidam  prœsertim 
juventutem  decipiendam  ac  depravandam,  ut  supra  innuimus, 
semper  contulerunt,  omnemque  spem  in  ipsius  juventutis  cor- 
ruptela  collocarunt.  Quocirca  nunquam  cessant  utrumque  cle- 
rum.  ex  quo,  veluti  certissima  historiée  monumenta  splendide 
testantur,  tôt  magna  in  christianam,  civilem  et  litterariam  rem- 
publicam  commoda  redundarunt,  quibuscumque  infandis  modis 
divexare,  et  edicere  ipsum  clerum  «  utpote  vero  utilique  scientiae 
etcivilitatisprogressuiinimicum,  ad  omni  juventutis  instituendae 
educandœque  cura  et  oflicio  esse  amovendum  ». 

At.  vero  alii,  instaurantes  prava  ac  toties  damnata  novatorum 


a    QUANTA   CURA    »,    8    DÉCEMBRE    1864  9 

ses  passions  et  de  se  procurer  des  jouissances?  Voilà  pourquoi  les 
hommes  de  ce  caractère  poursuivent  d'une  haine  cruelle  les  ordres  reli- 
gieux, sans  avoir  égard  aux  immenses  services  rendus  par  eux,  à  la  reli- 
gion, ù  la  société  et  aux  lettres;  pourquoi  ils  déblatèrent  contre  eux  en 
disant  qu'ils  n'ont  aucune  raison  légitime  d'exister  :  ils  font  écho  aux 
calomnies  des  hérétiques.  En  elTet,  comme  l'enseignait  avec  tant  de 
vérité  Pie  VI,  notre  prédécesseur  d'heureuse  mémoire,  a  l'abolition  des 
ordres  religieux  blesse  l'état  qui  fait  profession  publique  de  suivre  les 
conseils  évangéliques  ;  elle  blesse  une  manière  de  vivre  recommandée 
par  l'Eglise  comme  conforme  à  la  doctrine  des  Apôtres;  elle  blesse,  enfin, 
les  illustres  fondateurs  d'ordres  qui  ne  les  ont  établis  que  par  l'inspira- 
tion de  Dieu  b.  Ils  vont  plus  loin,  et  dans  leur  impiété  ils  prononcent 
qu'il  faut  ôter  aux  citoyens  et  à  l'Eglise  la  faculté  «.  de  donner  publi- 
quement l'aumône  j>  et  abolir  la  loi  qui,  à  certains  jours  fériés,  œ  défend 
les  œuvres  serviles  pour  vaquer  au  culte  divin  t>.  Tout  cela  sous  le  faux 
prétexte  que  cette  faculté  et  cette  loi  sont  en  opposition  avec  les  prin- 
cipes de  la  véritable  économie  publique. 


Non  contents  de  bannir  la  religion  de  la  société,  ils  veulent  l'exclure 
de  la  famille.  Enseignant  et  professant  la  funeste  erreur  du  communisme 
et  du  socialisme,  ils  affirment  que  a  la  société  domestique  ou  la  famille 
emprunte  toute  sa  raison  d'être  du  droit  purement  civil,  et,  en  consé- 
quence, que  de  la  loi  civile  découlent  et  dépendent  tous  les  droits  des 
parents  sur  les  enfants,  même  le  droit  d'instruction  et  d'éducation  ». 
Pour  ces  hommes  de  mensonge,  le  but  principal  de  ces  maximes  impies 
et  de  ces  machinati&ns  est  de  soustraire  complètement  à  la  salutaire  doc- 
trine et  à  l'influence  de  l'Eglise  l'instruction  et  l'éducation  de  la  jeu- 
nesse, afin  de  souiller  et  de  dépraver  par  les  erreurs  les  plus  perni- 
cieuses et  par  toute  sorte  de  vices,  l'àme  tendre  et  flexible  des  jeunes 
gens.  En  effet,  tous  ceux  qui  ont  entrepris  de  bouleverser  l'ordre  reli- 
gieux et  l'ordre  social,  et  d'anéantir  toutes  les  lois  divines  et  humaines, 
ont  toujours  fait  conspirer  leurs  conseils  coupables,  leur  activité  et  leurs 
efforts  à  tromper  et  à  dépraver  surtout  la  jeunesse,  ainsi  que  nous 
l'avons  rappelé  plus  haut,  parce  qu'ils  mettent  toute  leur  espérance 
dans  la  corruption  des  générations  nouvelles.  Voilà  pourquoi  le  clergé 
régulier  et  séculier,  malgré  les  plus  indubitables  et  les  plus  illustres 
témoignages  rendus  par  l'histoire  à  ses  immenses  services  dans  l'ordre 
religieux,  civil  et  littéraire,  est  de  leur  part  l'objet  d'atroces  et  inces- 
santes persécutions;  et  pourquoi  ils  disent  que  «  le  clergé  étant  ennemi 
du  véritable  et  utile  progrès  dans  la  science  et  la  civilisation,  il  faut  lui 
ôter  l'instruction  et  l'éducation  de  la  jeunesse  ». 


11  en  est  d'autres  qui,  renouvelant  les  erreurs  funestes  et  tant  de  fois 


10  LETTRE   ENCYCLIQUE    DE   PIE  IX 

commenta,  insigni  impndcntia  audent  Ecclesiœ  et  hujus  Aposto- 
lica;  Sedis  supiemam  auctoritatem  a  Christo  Domino  ei  tribiitam 
civilis  auctoritatis  arbitrio  subjicere,  et  omniaejusdem  Ecclesia3 
et  Sedis  jura  denegare  circa  ea  quœ  ad  exteriorem  ordinem  per- 
tinent. Nanique  ipsos  minime  pudet  affirmare  «  Ecclesiœ  ieges 
non  obligare  in  conscientia,  nisi  cum  promulgantur  a  civili 
potestate  ;  acta  et  décréta  Romanoruni  Pontificum  ad  reiigionem 
et  Ecclesiam  spectantia  indigere  sanclione  et  approbatione,  vel 
minimum  assensu  potestatis  civilis  :  constitutiones  Apostolicas 
(Clément.  XII,  «  Ineminenti  »  ;  Benedict.  XIV,  «  Providas  Roma- 
noruni »  ;  Pii  VII,  «  Ecclesiam  »  ;  Leonis  XII,  «  Quo  graiiora  »), 
quibus  damnatur  clandestinae  societates,  sive  in  eis  exigatur, 
sive  non  exigatur  juramentum  de  sccreto  servando,  earumque 
asseciae  et  faulores  anathemate  mulctantur,  nullam  habere  vim 
in  illis  orbis  regionibus  ubi  ejusmodi  aggregationes  tolerantur 
a  civili  gubernio  ;  excommunicationem  a  Concilio  Tridentino  et 
Romanis  Pontificibus  latam  in  eos,  qui  jura  possessionesque 
Ecclesiae  invadunt  et  usurpant,  niti  confusione  ordinis  spiritualis, 
ordinisque  civilis  ac  politici,  ad  mundanum  dumtaxat  bonum 
prosequendum  ;  Ecclesiam  nihil  debere  decernere,  quod  obstrin- 
gere  possit  fidelium  conscientias  in  ordine  ad  usum  rerum  tem- 
poralium  ;  Ecclesise  jus  non  competere  violatores  legum  suarum 
pœnis  temporalibus  coercendi  ;  conforme  esse  sacrée  theolugice, 
jurisque  publici  principes,  bonorum  proprietatem,  quœ  ab 
Ecclesia,  a  Familiis  religiosis  aliisque  locis  piis  possidentur, 
civili  gubernio  asserere  et  vindicare  ».  Neque  erubescunt  palam 
publiceque  profiteri  hœreticorum  efîatum  et  principium,  ex  quo 
tût  perversœ  oriuntur  sententiae  atque  errores.  Uictitant  enim 
«  Ecclesiasticam  potcstatem  non  esse  jure  divino  distinctam  et 
independentem  a  potestate  civili,  neque  ejusmodi  distinctionem 
et  independentiam  servari  posse,  quin  ab  Ecclesia  invadanturet 
usurpentur  essentialia  jura  potestatis  civilis  ». 

Atque  silentio  praeterire  non  possumus  eorum  audaciani,  qui 
sanam  non  sustinentes  doctrinam  contendunt  «  illis  Apostolicœ 
Sedis  judiciis  et  decretis,  quorum  objectum  ad  bonum  générale 
Ecclesise,  ejusdemque  jura,  ac  disciplinam  spectare  declaratur, 
dummodo  fidei  morumque  dogmata  non  attingat,  posse  assen- 
sum  et  obedientiam  detrectari  absque  peccato,  et  absque  uUa 
catholicse  professionis  jactura  ».  Quod  quidem  quantopere  ad- 
versetur  catholico  dogmati  plenae  potestatis  Romano  Pontifici 
ab  ipso  Christo  Domino  divinitus  collatœuniversalem  pascendi, 
regendi,  et  gubernandi  Ecclesiam,  nemo  est  qiii  non  clarc  aper- 
teque  videat  etintelligat. 

In  tanta  igitur  depravatarum  opinionum   perversitate,  nos 


«  QUANTA  CURA  »,  8  DÉCEMBRE  1864  11 

condamnées  ilos  novateurs,  ont  l'insigne  impudence  de  dire  que  la 
suprême  autorité  donnée  à  l'Eglise  et  à  ce  Siège  apostolique  par  ^'olre- 
Seigneur  Jésus-Christ  est  soumise  à  l'autorité  civile;  de  nier  aussi  tous 
les  droits  de  celte  même  Eglise  et  de  ce  même  Siège  à  l'égard  de  l'ordre 
extérieur.  Dans  le  fait,  ils  ne  rougissent  pas  d'affirmer  que  k  les  lois  de 
l'Eglise  n'obligent  pas  en  conscience,  à  moins  qu'elles  ne  soient  promul- 
guées par  le  pouvoir  civil  ;  que  les  actes  et  décrets  des  Pontifes  Romains 
relatifs  à  la  religion  et  à  l'Eglise  ont  besoin  de  la  sanction  et  de  l'appro- 
bation, ou  tout  au  moins  de  l'assentiment  du  pouvoir  civil;  que  les 
constitutions  apostoliques,  portant  condamnation  des  sociétés  secrètes, 
soit  qu'on  y  e.xige  ou  non  le  serment  de  garder  le  secret,  et  frappant 
d'anathèmes  leurs  adeptes  et  leurs  fauteurs,  n'ont  aucune  force  dans  les 
pays  où  le  gouvernement  civil  tolère  ces  sortes  d'agrégations  ;  que  l'ex- 
communication fulminée  par  le  Concile  de  Trente  et  par  les  Pontifes 
Romains  contre  les  envahisseurs  et  les  usurpateurs  des  droits  et  des  pos- 
sessions de  l'Eglise  repose  sur  une  confusion  de  l'ordre  spirituel  et  de 
l'ordre  civil  et  politique,  et  n'a  pour  but  que  des  intérêts  mondains;  que 
l'Eglise  ne  doit  rien  décréter  qui  puisse  lier  la  conscience  des  fidèles 
relativement  à  l'usage  des  biens  temporels;  qu'elle  n'a  pas  le  droit  de 
réprimer  par  des  peines  temporelles  les  violateurs  de  ses  lois;  qu'il  est 
conforme  aux  principes  de  la  théologie  et  du  droit  public  de  conférer  et 
de  maintenir  au  gouvernement  civil  la  propriété  des  biens  possédés  par 
l'Eglise,  par  les  Congrégations  religieuses  et  par  les  autres  lieux  pies  ». 
Ils  n'ont  pas  honte  de  professer  hautement  et  publiquement  les  axiomes 
et  les  principes  des  hérétiques,  source  de  mille  erreurs  et  de  funestes 
maximes.  Ils  répètent,  en  effet,  que  «  la  puissance  ecclésiastique  n'est 
pas,  de  droit  divin,  distincte  et  indépendante  de  la  puissance  civile;  que 
cette  distinction  et  cette  indépendance  ne  peuvent  exister  sans  que 
l'Eglise  envahisse  et  usurpe  les  droits  essentiels  de  la  puissance  civile  ». 


Nous  ne  pouvons  plus  passer  sous  silence  l'audace  de  ceux  qui,  ne 
supportant  pas  la  saine  doctrine,  prétendent  que  «  pour  les  jugements 
du  Siège  apostolique  et  ses  décrets  dont  l'objet  déclaré  est  le  bien  géné- 
ral de  l'Eglise,  ses  droits  et  la  discipline,  dès  qu'ils  ne  touchent  pas  aux 
dogmes  de  la  foi  et  des  mœurs,  on  peut  refuser  de  s'y  conformer  et  de 
s'y  soumettre  sans  péché  et  sans  aucun  détriment  pour  la  profession  du 
catholicisme  ».  Combien  une  pareille  prétention  est  contraire  au  dogme 
catholique  de  la  pleine  autorité,  divinement  donnée  par  Notre-Seigneur 
Jésus-Christ  lui-même  au  Pontife  Romain,  de  paître,  de  régir  et  de  gou- 
verner l'Eglise  universelle!  Il  n'est  personne  qui  ne  le  voie  clairement  et 
qui  ne  le  comprenne. 


Donc,  au  milieu  de  cette  perversité  d'opinions  dépravées,  pénétre  du 


12  LETTRE   ENCYCLIQUE   DE   PIE   IX 

Apostolici  nostri  oflîcii  probe  meniores,  aede  sanctissima  nostra 
religione,  de  sana  doctrina  et  animarum  salute  nobis  divinitus 
commissa,  ac  de  ipsius  humanœ  societatis  bono  maxime  solliciti, 
Apostolicam  nostram  vocem  iterum  extoUere  existimavimus. 
Itaqne  onines  et  singulas  pravas  opinionos  ac  doctrinas  siniïilla- 
tim  hisce  Litteris  commemoratas  auctoritate  nostra  Apostolica 
reprobamus,  proscribimus  atque  damnamus,  easque  ab  omni- 
bus catbolicee  Ecclesiae  filiis,  veluti  reprobatas,  proscriptas  atque 
damnatas  omnino  baberi  volumus  et  mandamus. 

Ac  prœter  ea  optime  scitis,  venerabiles  Kratres,  hisce  tempo- 
ribus  omnis  veritatis  justitiœque  osores,  et  acerrimos  nostrse 
religionis  bostes,  per  pestiferos  libros,  liljellos,  et  ephemerides 
toto  terrarum  orbe  dispersas  populis  ilkidentes,  ac  malitiose 
mentientes,  alias  impias  quasque  disseniinare  doctrinas.  Neque 
ignoratis,  bac  etiam  nostra  setate  nonnullos  reperiri^  qui  satanae 
spiritu  permoti  et  incitati  eo  impietatis  devencrunt,  ut  Uomina- 
torem  Dominum  nostrum  Jesum  Cbristum  negare,  ejusque  Uivi- 
nitatem  scelerata  procacitate  oppugnare  non  paveant.  Hic  vero 
haud  possumus,  quin  maximis  meritisque  laudibus  vos  efîera- 
mus,  venerabiles  Fratres,  qui  episcopalem  vestram  vocem  con- 
tra tantam  impietatem  omni  zelo  attollere  minime  omisistis. 

Itaque  hisce  nostris  Litteris  vos  iterum  amantissime  alloqui- 
mur,  qui  in  sollicitudinis  nostrae  partem  vocati  summo  nobis 
inter  maximas  nostras  acerbitates  solatio,  laetitiœ,  et  consola- 
tioni  estispropteregregiam,  quapr8estatis,religionem,pietatem, 
ac  propter  mirum  illum  amorem,  fidem,  et  observantiam,  qua 
nobis  et  buic  ApostoJicse  Sedi  concordissimis  animis  obstricti 
gravissimum  episcopale  vestrum  ministerium  strenue  ac  sedulo 
implere  contenditis.  Etenim  ab  eximio  vestro  pastorali  zelo 
expectamus,  ut  assumentes  gladium  spiritus,  quod  est  verbum 
Dei,  et  confortati  in  gratia  Domini  nostri  Jesu  Christi,  velitis 
ingeminatis  studiis  quotidie  magis  prospicere,  ut  fidèles  curae 
vestrae  concrediti  «  abstineant  ab  herbis  noxiis,  quas  Jésus 
Cbristus,  non  colit.  quia  non  sunt  plantatio  Patris  »  (S.  Ignatius 
M.,  ad  Philadeph.  3).  Atque  eisdem  fidelibus  inculcare  nunquam 
desinite,  omnem  veram  felicitatem  in  homines  ex  augusta  nostra 
religione,  ejusque  doctrina  et  exercitio  redundare,  ac  beatum 
esse  populum,  cujus  Dominus  Deus  ejus  (Psal.  143).  Docete 
«.  catbolicae  Fidei  fundamento  régna  subsistere  (S.  Caelest., 
epist.  22  ad  Synod.  Epbes.  apud  Const.  p.  4200),  et  nihil  tam 
mortiferum,  tam  prseceps  ad  casum,  tam  expositum  ad  omnia 
pericula,  si  hoc  solum  nobis  putantes  posse  sufficere,  quod  libe- 
rum  arbitrium,  cum  nasceremur,  accppimus,  ultra  jam  a  Domino 
nihil  quœramus,  id  est,  Auctoris  nostri  obliti,  ejus  potentiam, 


«  QUANTA  CURA  »,  8  DÉCEMBRE  1864  13 

devoir  de  notre  charge  apostolique,  et  plein  de  sollicitude  pour  notre 
sainte  religion,  pour  la  saine  doctrine,  pour  le  salut  des  âmes  qui  nous 
est  confié  d'en  haut  et  pour  le  bien  même  de  la  société  humaine,  nous 
avons  cru  devoir  élever  de  nouveau  notre  voix.  En  conséquence,  nous 
réprouvons  par  notre  autorité  apostolique,  nous  proscrivons,  nous  con- 
damnons, nous  voulons  et  ordonnons  que  tous  les  enfants  de  l'Eglise 
catholique  tiennent  pour  réprouvées,  proscrites  et  condamnées,  toutes 
et  chacune  des  mauvaises  opinions  et  doctrines  signalées  en  détail  dans 
les  présentes  Lettres. 


Outre  tout  cela,  vous  savez  très  bien,  vénérables  Frères,  que  les  adver- 
saires de  toute  vérité  et  de  toute  justice,  que  les  ennemis  acharnés  de 
notre  sainte  religion,  au  moyen  de  livres  empoisonnés,  de  brochures  et 
de  journaux  répandus  aux  quatre  coins  du  monde,  trompent  aujourd'hui 
les  peuples,  mentent  sciemment  et  disséminent  toute  autre  espèce  de  doc- 
trines impies.  Vous  n'ignorez  pas  non  plus  qu"à  notre  époque  il  en  est 
qui,  poussés  et  excités  par  l'esprit  de  Satan,  en  sont  venus  t'i  ce  degré 
•l'iniquité  de  nier  le  dominateur  suprême,  Jésus-Christ  Notre-Seigneur, 
et  de  ne  pas  trembler  d'attaquer  sa  divinité  avec  la  plus  criminelle  im- 
pudence. Nous  ne  pouvons  ici,  vénérables  Frères,  nous  empêcher  de 
vous  donner  les  louanges  les  plus  grandes  et  les  mieux  méritées  pour  le 
zèle  avec  lequel  vous  avez  eu  soin  d'élever  votre  voix  épiscopale  contre 
une  si  grande  impiété. 


C'est  pourquoi,  dans  les  Lettres  présentes,  nous  nous  adressons  encore 
une  fois  à  vous  avec  amour,  à  vous  qui,  appelés  à  partager  notre  solli- 
citude, êtes  pour  nous,  au  milieu  de  nos  grandes  douleurs,  un  sujet  de 
consolation,  de  joie  et  d'encouragement,  par  votre  religion,  par  votre 
piété,  par  cet  amour,  cette  foi  et  ce  dévouement  admirables  avec  les- 
quels vous  vous  efforcez  d'accomplir  virilement  et  soigneusement  la 
charge  si  grave  de  votre  ministère  épiscopal,  en  union  intime  et  cordiale 
avec  nous  et  avec  ce  Siège  apostolique.  En  effet,  nous  attendons  de  votre 
excellent  zèle  pastoral  que,  prenant  le  glaive  de  l'esprit,  qui  est  la  parole 
de  Dieu,  et  fortifiés  dans  la  grâce  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  vous 
vous  attachiez  chaque  jour  davantage  à  faire  en  sorte  que,  par  vos  soins 
redoublés,  les  fidèles  confiés  5  votre  garde  «  s'abstiennent  des  mauvaises 
herbes  que  Jésus-Christ  ne  cultive  point,  parce  qu'elles  n'ont  pas  été 
plantées  par  son  Père  ».  Ne  cessez  jamais  d'inculquer  à  ces  mêmes 
iidèles  que  toute  vraie  félicité  découle  pour  les  hommes  de  notre  auguste 
religion,  de  sa  doctrine  et  de  sa  pratique,  et  qu'heureux  est  le  peuple 
dont  Dieu  est  le  Seigneur.  Enseignez  «  que  les  royaumes  reposent  sur  le 
fondement  de  la  foi,  et  qu'il  n'y  a  rien  de  si  mortel,  rien  qui  nous  expose 
autant  à  la  chute  et  à  tous  les  dangers,  que  de  croire  qu'il  nous  sufiit 
du  libre  arbitre  que  nous  avons  reçu  en  naissant,  sans  plus  avoir  autr.' 


14  LETTRE  ENCVCLIQUE   DE  PIE  IX 

ut  nos  ostendamus  liberos,  adjuremus  »  (S.  Innocent.  I,  epist.  29 
ad  Episc.  conc.  Carthag.,  apud  Const.,  p.  891). 

Atqiie  etiam  ne  omittatis  docere  «  regiam  potestatem  non  ad 
soliini  mundi  regimen,  sed  maxime  ad  Ècclesiae  prœsidium  osse 
coUatam  (S.  Léo,  Epist.  156  al.  125),  et  nihil  esse  quod  civita- 
tum  principibus  et  regibus  majori  fructui  gloriœque  essepossit, 
quam  si,  ut  sapienlissimus  fortissimusque  aller  prœdecessor 
noster  S.  Félix  Zenoni  imperatori  perscribebat,  Ecclesiam  catho- 
licam...  sinant  uti  legibus  suis,  nec  libertati  ejus  quemquam 
permiltant  obsistere...  Certum  est  enim,  hoc  rébus  suis  esse 
salutare,  ut,  cum  de  causis  Dei  agatur.  juxtaipsiusconstitutum, 
regiam  voluntatem  sacerdotibus  Christi  sludeant  subdere,  non 
prœferre  »  (PiusVII,  Epist.  Encycl.  Diu  satis  15  maii  1800). 

Sed  si  semper,  yenerabiles  Fratres,  nunc  potissimum  intantis 
Ecclesiae  civilisque  societatis  calamitatibus,  in  tanta  adversario- 
rum  contra  rem  catholicam  et  banc  Aposlolicam  Sedem  conspi- 
ratione  tantaque  errorum  congerie,  necesseomnino  est,  utadea- 
mus  cum  fiducia  ad  thronum  gratiue,  ut  misericordiam  conse- 
quamur,  et  gratiam  inveniamus  in  auxilio  opportuno.  Quocirca 
omnium  fideliumpietatem  excitareexistimavimus,  utunanobis- 
cum  vobisque  clementissimum  luminum  et  misericordiarum 
Patrem  ferventissimis  humillimisqueprecibus  sine  intermissione 
orent  et  obsecrent,  et  in  plenitudine  lidei  semper  confugiant  ad 
Dominum  nostrum  Jesum  Christum,  qui  redemit  nos  Deo  in 
sanguine  suo,  ejusque  dulcissimum  Cor  flagrantissimae  erga  nos 
caritatis  victimam  enixe  jugiterque  exorent,  ut  amoris  sui  vin- 
culis  omnia  ad  seipsum  trahat,  utque  omnes  homines  sanctissimo 
suo  amore  inflammati  secundum  Cor  ejus  ambulent  digne  Deo 
per  omnia  placentes,  in  omni  bono  opère  fructificantes.  Cum 
autem  sine  dubio  gratiores  sint  Deo  hominum  preces,  si  animis 
ad  omni  labe  puris  ad  ipsum  accédant,  idcirco  cœlestesEcclesiœ 
thesauros  dispensationi  nostrae  commisses  Ghristifidelibus  Apo- 
stolica  liberalitate  reserare  censuimus.  ut  iidem  fidèles  ad  veram 
pietatem  vehementius  incensi,  ac  per  Pœnitentiœ  sacramentum 
a  peccatorum  maculis  expiati,  fidentius  suas  preces  ad  Deum 
eftundant,  ejusque  misericordiam  et  gratiam  consequantur. 

Ilisce  igitur  Litteris  auctoritate  nostra  Apostolica  omnibus  et 
singulis  utriusque  sexus  catholici  orbis  fidelibus  plenariam 
Indulgentiam  ad  instar  Jubilaei  concedimus  intra  unius  tantum 
mensis  spatium  usque  ad  totum  futurum  annum  1865  et  non 
ultra,  a  vobis,  venerabiles  Eratres,  aliisque  legitimis  locorum 
Ordinariis  statuendum,  eodem  prorsus  modo  et  forma,  qua  ab 
initio  supremi  nostri  Pontiflcatus  concessimus  per  Apostolicas 
nostras  Litteras  in  forma  Brevis  die  20  mensis  novembris  anno 


«  QUANTA  CURA  »,  8  DÉCEMBRE  1864  15 

chose  à  demander  à  Dieu;  c'est-à-dire  qu'oubliant  notre  Auteur  nous 
osions  renier  sa  puissance  pour  nous  montrer  libres  ». 

Ne  négligez  pas  non  plus  d'enseigner  o  que  la  puissance  royale  n'est 
pas  uniquement  conférée  pour  le  gouvernement  de  ce  monde,  mais  par- 
dessus tout  pour  la  protection  de  l'Eglise,  et  que  rien  ne  peut  être  plus 
avantageux  ni  plus  glorieux  pour  les  chefs  des  Etats  et  les  rois  que  de 
se  conformer  à  ces  paroles  que  notre  sage  et  courageux  prédécesseur 
saint  Félix  écrivait  à  l'empereur  Zenon  :  «  Qu'ils  laissent  l'Eglise  catho- 
lique se  gouverner  par  ses  propres  lois,  et  ne  permettent  à  personne  de 
mettre  obstacle  à  sa  liberté...  H  est  certain,  en  effet,  qu'il  est  de  leur 
intérêt,  toutes  les  fois  qu'il  s'agit  des  afTaires  de  Dieu,  de  suivre  avec 
soin  l'ordre  qu'il  a  prescrit,  et  de  subordonner,  au  lieu  d'imposer,  leur 
volonté  royale  aux  prêtres  du  Christ.  » 


Mais  si  toujours,  vénérables  Frères,  nous  devons  nous  adresser  avec 
confiance  au  Trône  de  la  grûce  pour  en  obtenir  miséricorde  et  secours 
en  temps  opportun,  nous  devons  le  faire  surtout  maintenant,  au  milieu 
de  si  grandes  calamités  de  l'Eglise  et  de  la  société  civile,  en  présence 
d'une  si  vaste  conspiration  des  ennemis  et  un  si  grand  amas  d'erreurs 
contre  la  société  catholique  et  ce  saint  Siège  apostolique.  Nous  avons 
donc  jugé  utile  d'exciter  la  piété  de  tous  les  fidèles  à  s'unir  à  nous  et  à 
vous,  pour  ne  cesser  d'invoquer,  de  supplier  par  les  prières  les  plus  fer- 
ventes et  les  plus  humbles  le  Père  très  clément  des  lumières  et  des  misé- 
ricordes ;  pour  recourir  toujours  dans  la  plénitude  de  leur  foi  à  Notre- 
Seigneur  Jésus-Christ,  qui  nous  a  rachetés  pour  Dieu  par  son  sang;  pour 
demander  instamment  et  continuellement  à  son  très  doux  Cœur,  victime 
de  sa  brûlante  charité  pour  nous,  d'entraîner  tout  à  lui  par  les  liens  de 
son  amour,  et  de  faire  que,  embrasés  de  son  très  saint  amour,  tous  les 
hommes  marchent  dignement  selon  ce  Cœur  divin,  agréables  à  Dieu  en 
toutes  choses,  et  portant  des  fruits  en  toutes  sortes  de  bonnes  œuvres. 
Or,  comme  les  prières  des  mortels  sont  plus  agréables  à  Dieu  quand  ils 
viennent  à  lui  avec  des  cœurs  purs  de  toute  souillure,  nous  avons  ré- 
solu d'ouvrir  aux  fidèles  chrétiens,  avec  une  libéralité  Apostolique,  les 
trésors  célestes  de  l'Eglise  confiés  à  notre  dispensation,  afin  que,  excités 
plus  vivement  à  la  vraie  piété  et  purifiés  de  leurs  péchés  par  le  Sacre- 
ment de  Pénitence,  ils  répandent  avec  plus  de  confiance  leurs  prières 
devant  Dieu  et  obtiennent  sa  grâce  et  sa  miséricorde. 


En  conséquence,  nous  accordons,  par  la  teneur  des  présentes  Lettres, 
en  vertu  de  notre  autorité  Apostolique,  à  tous  et  à  chaque  fidèle  de  l'un 
et  l'autre  sexe  de  Funivers  catholique,  une  Indulgence  plénière  en  forme 
de  Jubilé,  à  gagner  dans  l'espace  d'un  mois  seulement,  durant  toute 
l'année  prochaine  de  1863,  et  non  au  delà  :  ce  mois  sera  désigné  par 
vous,  vénérables  Frères,  et  par  les  autres  Ordinaires  légitimes.  L'Indul- 
gence sera  gagnée  de  la  même  manière  que  nous  avons  indiquée,  au 
commencement  de   notre  pontificat,   par   nos   Lettres    Apostoliques  en 


ir,  LETTHE  ENeVCLIQUE   DE   PIE    IX 

1840  datas  ;  et  ad  universum  episcopalem  vestrum  Ordinem 
inissas,  quaiiim  initium  Arcano  dicinœ  Providentiœ  consilio.  et 
ciim  omnibus  eisdem  facultatibus,  quœ  per  ipsas  Littcras  a 
nobis  datœ  fuerunt.  V'olumus  tamen,  ut  ea  omnia  servontur, 
qu.c  in  commemoratis  Litteris  prœsci'iptasuntetea  exfipiantur, 
quœ  excepta  esse  declaravimus.  Ati^ue  id  concedimus,  non 
obstantibus  in  contrarium  facientibus  quibuscumqne,  ctiain 
sppciali  et  individua  mentione  ac  derogatione  dignis.  Ut  autem 
oninis  dubilatio  et  diflicultas  amoveatur,  earumdtim  Litterarum 
exeniplar  ad  vos  perferri  jussimus. 

«  llogemus,  venerabiles  Fratres,  de  intime  corde  et  de  Iota 
mente  misericordiam  L)ei,  quia  et  ipse  addidit  dicens  :  «  Miscri- 
ft  cordiam  autem  meam  non  dispergam  ab  eis.  »  Petamus  et 
accipiemus,  et  si  accipiendi  mora  et  tarditas  fuerit  quoniam 
graviter  ofTendimus,  pulsemu.s,  quia  et  pulsanti  aperietur,  si 
modo  puisent  ostium  preces,  gemitus,  et  lacrymœ  nostrse,  qui- 
bus  insistere  et  immorari,  oportet,  et  si  sit  unanimis  oratio...  ; 
unusquisque  oret  Deum  non  pro  se  tantum  sed  pro  omnibus 
fratribus,  sicut  Dominus  orare  nos  docuit»  (S.  Cyprian.  Epis.  11). 
Quod  vero  faciiius  Deus  nostris,  vestrisquo,  et  omnium  iidelium 
precibus,  votisque  annuat,  cum  omni  fiducia  deprecatricem 
apud  eum  adhibeamus  Immaculatam  sanctissimamque  Deiparam 
Virginem  Mariam,  quae  cunctas  hiereses  interemit  in  universo 
mundo,   quœque  omnium  nostrum  amanlissima  Mater  «  tota 

suavis  est ac  plena  misericordice omnibus  sese  exora- 

bilem,  omnibus  clementissimam  praebet,  omnium  nécessitâtes 
amplissimo  qiiodam  miseratur  afïectu  ».  (S.  Bernard.  Serm.  de 
duodecim  prœrogativis  B.  M.  V.  ex  verbis  Apocalyp.),  atque 
utpote  Regina  adstans  a  dextris  unigeniti  Filii  sui  Domini  nostri 
Jesu  Ghristi  in  vestitu  deaurato  circumamicta  varietate  nibil 
est,  quod  ab  eo  impetrare  non  valeat.  SufTragia  quoque  petamus 
beatissimi  Pétri,  Apostolorum  Principis,  et  coapostoli  ejus  Pauli, 
omniumque  Sanctorum  coelitum,  qui  facti  jam  amici  Dei  perve- 
nerunt  ad  cœlestia  régna,  et  coronati  possident  palmam,  ac  de 
sua  immortalitate  securi,  de  nostra  sunt  salute  solliciti. 

Denique  cœlestium  omnium  donorum  copiam  vobis  a  Deo  ex 
animo  adprecantes,  singularis  nostrae  in  vos  caritatis  pignus, 
Apostolicam  Benedictionem  ex  intimo  corde  profectam  vobis 
ipsis,  venerabiles  Fratres,  cunctisque  Clericis,  Laicisque  lideli- 
bus  curae  vestrse  commissis  peramanter  imperlimus. 

Datum  Roniee  apud  S.  Petrum  die  viii  decembris  anno  mdccclxiv, 
decimo  a  Dogmatica  definitione  Immaculatœ  Conceptionis  Dei- 
parse  Virginis  Mariœ,  Pontificatus  nostri  anno  decimo  nono. 

Plus  PP.  IX. 


€   QUANTA   CURA   »,    8  DÉCEMBRE    1864  17 

forme  de  Bref  du  20  novembre  1846,  envoyées  à  tous  les  Evê(jucs  de 
l'univers,  et  commençant  par  ces  mots  :  Arcano  divinœ  Provïdentiœ 
consilio,  et  avec  fous  les  mêmes  pouvoirs  accordés  par  nous  dans  ces 
Lettres.  Nous  voulons  cependant  que  toutes  les  prescriptions  contenues 
dans  les  susdites  Lettres  soient  observées,  et  qu'il  ne  soit  déroge  à 
aucune  des  exceptions  que  nous  avons  faites.  Nous  accordons  cela,  no- 
nobstant toutes  dispositions  contraires,  même  celle  qui  serait  digne 
d'une  mention  spéciale  et  individuelle  et  d'une  dérogation.  Et,  pour 
écarter  tout  doute  et  toute  difficulté,  nous  avons  ordonné  qu'un  exem- 
plaire de  ces  Lettres  vous  fût  remis. 

a  Prions,  vénérables  Frères,  prions  du  fond  du  cœur  et  de  toutes  les 
forces  de  notre  esprit  la  miséricorde  de  Dieu,  parce  qu'il  a  lui-même 
ajouté  :  Je  n'éloignerai  pas  d'eux  ma  miséricorde.  Demandons,  et  nous 
recevrons  ;  et,  si  l'effet  de  nos  demandes  se  fait  attendre  parce  que  nous 
avons  grièvement  péché,  frappons  ;  car  il  sera  ouvert  à  celui  qui  frappe, 
pourvu  que  ce  qui  frappe  la  porte,  ce  soient  les  prières,  les  gémissements 
et  les  larmes,  dans  lesquels  nous  devons  insister  et  persévérer,  et  pourvu 
que  la  prière  soit  unanime...;  que  chacun  prie  Dieu  non  seulement  pour 
lui-même,  mais  pour  tous  ses  frères,  comme  le  Seigneur  nous  a  enseigné 
à  prier.  »  Et,  afin  que  Dieu  exauce  plus  facilement  nos  prières  et  nos 
vœux,  les  vôtres  et  ceux  de  tous  les  fidèles,  prenons  en  toute  confiance 
pour  avocate  auprès  de  lui  l'Immaculée  et  très  sainte  Mère  de  Dieu,  la 
Vierge  Marie.  Elle  a  détruit  toutes  les  hérésies  dans  le  monde  entier  ; 
Mère  très  aimante  de  nous  tous,  «  elle  est  toute  suave...,  et  pleine  de 
miséricorde...,  elle  se  montre  accessible  à  toutes  les  prières  et,  très 
clémente  pour  tous,  elle  embrasse  tous  nos  besoins  avec  une  immense 
affection  et  une  tendre  pitié  ».  Debout,  en  sa  qualité  de  Reine,  à  la 
droite  de  son  Fils  unique  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  ornée  d'un  vête- 
ment d'or  et  de  parures  diverses,  il  n'est  rien  qu'elle  ne  puisse  obtenir 
de  lui.  Demandons  encore  les  suffrages  du  bienheureux  Pierre,  Prince 
des  Apôtres,  et  de  Paul,  son  compagnon  dans  l'apostolat  ;  ceux  aussi  de 
tous  les  Saints  du  ciel,  ces  amis  de  Dieu  qui  possèdent  déjà  le  royaume 
céleste,  la  couronne  et  la  palme,  et  qui,  désormais  sûrs  de  leur  immor- 
talité, restent  pleins  de  sollicitude  pour  notre  salut. 

Enfin,  implorant  pour  vous,  auprès  de  Dieu  et  de  tout  notre  cœur, 
l'abondance  de  tous  les  dons  célestes,  nous  donnons  du  fond  du  cœur  et 
avec  amour,  comme  gage  de  notre  particulière  affection,  notre  Béné- 
diction .apostolique,  à  vous,  vénérables  Frères,  et  à  tous  les  fidèles,  clercs 
et  laïques,  confiés  à  vos  soins. 

Donné  à  Rome,  près  Saint-Pierre,  le  8  décembre  de  l'année  1864, 
dixième  année  depuis  la  Définition  dogmatique  de  l'Immaculée-Conception 
de  la  Vierge  Marie,  Mère  de  Dieu, 

Et  de  Notre  Pontificat  la  dix-neuvième. 

PIE  IX,  PAPE. 


18  LETTRE   ENCYCLIiJL'I::   DL    l'iE    IX 

SYLLABUS 

COMPLECTENS  PR^CIPUOS  NOSTRiE  ^ETATIS  ERRORES  QUI  NOTANTUR  IN 
ALLOCLTIONIBUS  CONSISTORIALIBLS,  IN  ENCYCLICIS  ALUSQUE  APOSTOLICIS 
LITTERIS  SANCTISSIMI  DOMIiM    NOSTRI  PII    PAl'.EIX. 

I  I.  —  Pantheismus,  Naturalisîmis  et  liationalismus  absolutus. 

I.  iSulluin  supreinum,  sapienlissiinum,  providentissimumque 
Nunien  divinum  existit  ab  hac  rerum  universitate  distinctiirn, 
et  Deiis  idem  est  ac  rerum  natura,  et  idcirco  immutationibus 
obnoxius  ;  Deusque  reapsc  (it  in  homine  et  mundo,  atque  omnia 
Deus  sunt  et  ipsissimam  Dei  habent  substantiam  :  ac  una  eadem- 
que  res  est  Deus  cum  mundo,  et  proinde  spiritus  cum  materia, 
nécessitas  cum  libertate,  verum  cumfalso,  bonum  cum  malo,  et 
justum  cum  injusto.  (Alloc.  Maxima  quidem  9  junii  180:2.) 

II.  Neganda  est  omnis  Dei  actio  in  homines  et  mundum. 
(Alloc.  Maxima  quidem  9  junii  1862.) 

III.  Humana  ratio,  nullo  prorsus  Dei  respectu  habito,  unicus 
est  veri  et  falsi,  boni  et  mali  arbiter,  sibi  ipsi  est  lex  et  natura- 
libus  suis  viribus  ad  hominum  ac  populorum  bonum  curandum 
sufficit.  (Alloc.  Maxima  quidem  9  junii  1862.) 

IV.  Omnes  religionis  veritates  ex  nativa  humanse  rationis  vi 
dérivant;  hinc  ratio  est  princeps  norma  qua  homo  cognitionem 
omnium  cujuscumque  generis  veritatum  assequi  possitac  debeat. 
(Epist.  encycl.  Qui pluribus  9  novembris  1846.  —  Epist.  encycl. 
diiigulai'i  quidem  17  martii  1856.  —  Alloc.  Maxima  quidem 
9  junii  1862.) 

V.  Divina  revelatio  est  imperfecta  et  idcirco  subjecta  continue 
et  indefinito  progressui  qui  humanœ  rationis  progressioni  re- 
spondeat.  (Epist.  encycl.  Qui  pluribus  9  novembris  1846.  — 
Alloc.  Maxima  quidem  9  junii  1862.) 

VI.  Christi  fides  humanie  refragatur  rationi  ;  divinaque  reve- 
latio non  solum  nihil  prodest,  verum  etiam  nocet  hominis  per- 
feciioni.  (Epist.  encycl.  Qui  pîuribusd  novembris  18i6.  —  Alloc. 
Maxima  quidem  9  junii  1862.) 

VII.  Proplietiœ  et  miracula  in  sacris  Litteris  exposita  et  nar- 
rata  sunt  poetarum  commenta  et  christianœ  fidei  mysteria  pbi- 
losophicarum  investigationum  summa;  et  utriusque  Testamonli 
libiis  mythica  conlinentur  inventa:  ipseque  Jésus  Cbristus  est 
mylhica  fictio.  (Epist.  encycl.  Qui  pluribus  i)  novembris  1840. 
—  Alloc.  Maxima  quidem,  9  junii  1862.) 


ï  QUANTA  CURA  »,  8  DÉCEMBRE  1864  19 


SYLLABUS  (RÉSUMÉ) 

DES  PRINCIPALES  ERREURS  DE  NOTRE  TEMPS  SIGNALÉES  DANS  LES  ALLO- 
CUTIONS CONSISTORIALES,  ENCYCLIQUES  ET  AUTRES  LETTRES  APOSTO- 
LIQUES DE   NOTRE   TRÈS  SAINT-PERE  LE  PAPE  PIE  IX 

§  I.  —  Panthéisme,  naturalisme  et  rationalisme  absolu. 

I.  11  n'existe  aucun  Etre  divin,  suprême,  parfait  dans  sa  sagesse  et  sa 
providence,  qui  soit  distinct  de  l'universalité  des  choses  ;  Dieu  est  iden- 
tique à  la  nature  des  choses,  et  par  conséquent  assujetti  aux  changements; 
Dieu,  par  cela  même,  se  fait  dans  l'homme  et  dans  le  monde  ;  tous  les 
êtres  sont  Dieu  et  ont  la  propre  substance  de  Dieu.  Dieu  est  ainsi  une 
seule  et  même  chose  avec  le  monde,  et  conséquemment  l'esprit  avec  la 
matière,  la  nécessité  avec  la  liberté,  le  vrai  avec  le  faux,  le  bien  avec  le 
mal,  et  le  juste  avec  l'injuste.  (AUoc.  Maxima  quidem  du  9  juin  1862.) 

II.  On"  doit  nier  toute  action  de  Dieu  sur  les  hommes  et  sur  le  monde. 
(Alloc.  Maxima  quidem  du  9  juin  1862.) 

III.  La  raison  humaine,  considérée  sans  aucun  rapport  à  Dieu,  est 
l'unique  arbitre  du  vrai  et  du  faux,  du  bien  et  du  mal;  elle  est  à  elle- 
même  sa  loi,  elle  suffit  par  ses  forces  naturelles  pour  procurer  le  bien 
des  hommes  et  des  peuples.  (Alloc.  Maxima  quidem  du  9  juin  1862. 

IV.  Toutes  les  vérités  de  la  religion  découlent  de  la  force  native  de  la 
raison  humaine;  d'où  il  suit  que  la  raison  est  la  règle  souveraine  d'après 
laquelle  Ihomme  peut  et  doit  acquérir  la  connaissance  de  toutes  les 
vérités  de  toute  espèce.  (Encycl.  Qui  pluribus  du  9  novembre  1846.  — 
Encycl.  Sinqulari quidem  du  17  mars  1836.  —  Alloc.  Maxima  quidem 
du  9  juin  1862.) 

V.  La  révélation  divine  est  imparfaite,  et  par  conséquent  sujette  à  un 
progrès  continuel  et  indéfini  qui  répond  au  développement  de  la  raison 
humaine.  [ZncycX.  Qui  plurihus  du  9' novembre  1846. —  Alloc.  Maxima 
quidem  du  9  juin  1862.) 

VI.  La  foi  du  Christ  est  en  opposition  avec  la  raison  humaine,  et  la 
révélation  divine  non  seulement  ne  sert  de  rien,  mais  elle  nuit  à  la  per- 
fection de  l'homme.  (Encycl.  Qui  pluribus  du  9  novembre  1846.  —  Alloc. 
Maxima  quidem  du  9  juin  1862.) 

VII.  Les  prophéties  et  les  miracles  exposés  et  racontés  dans  les  saintes 
Ecritures  sont  des  fictions  poétiques  et  les  mystères  de  la  foi  chrétienne 
sont  le  résumé  d'investigations  philosophiques  ;  dans  les  livres  des  deux 
Testaments  sont  contenues  des  inventions  mythiques,  et  Jésus  lui-même 
est  un  mythe.  (Encycl.  Qui  pluribus  du  9  novembre  1846.  —  Alloc. 
Maxima  quidem  du  9  juin  1862.) 


20  LETTHE    KNCYCLIQCE    DE    PIE  IX 

I  II.  —  I{ationalis7nus  moderatus. 

VIII  —  Quum  ratio  humana  ipsi  religioni  aequiparetur,  id- 
circo  theologicœ  disciplinae  perinde  ac  philosophicse  tractandas 
sunt.  (Alloc.  Singidari  quadam  perfusi  9  decembris  1854.) 

IX.  Omnia  indiscriminatim  dogmala  religionis  christianae 
sunt  objectum  natiiralLs  scientiae  seu  philosophiœ  ;  et  humana 
ratio  hi.storice  tantum  exculta  potest  ex  suis  naturalibus  viribus 
et  principiis  ad  veram  de  omnibus  etiam  reconditioribus  dogma- 
tibus  scientiam  pervenire,  modo  hœc  dogmata  ipsi  rationi  tan- 
quam  objectum  proposita  fuerint.  (Epist.  ad  archiep.  Frising. 
Gi-ai'issimas  41  decembris  1862.  —  Epist.  ad  eumdem  Tuas  li- 
benler  21  decembris  1863.) 

X.  Quum  aliud  sit  philosophus,  aliud  philosophia,  ille  jus  et 
officium  habet  se  submittendi  auctoritati,  quam  veram  ipse  pro- 
baverit;  et  philosophia  neque  potest,  neque  débet  ulli  sese  sub- 
mittere  auctoritati.  (Epist.  ad  archiep.  Frising.  Graiissimas 
11  decembris  1862.  —  Epist.  ad  eumdem  Tuas  libenter  21  de- 
cembris 1863.) 

XI.  Ecclesia  non  solum  non  débet  in  philosophiam  unquam 
aniniadvertere,  verum  etiam  débet  ipsius  philosophise  tolerare 
errores,  eique  relinquere  ut  ipsa  se  corrigat.  (Epist.  ad  archiep. 
Frising.  Gravissimas  11  decembris  1862.) 

XII.  Apostolicœ  Sedis,  Romanarumque  congregationum  dé- 
créta liberum  scientiae  progressum  impediunt.  (Epist.  ad  archiep. 
Frising.  Tuas  libenter  21  decembris  1863.1 

XIII.  Methodus  et  principia,  quibus  antiqui  doctores  schola- 
stici  theologiam  excoluerunt  temporum  nostrorum  necessitatibus 
scientiarumqueprogressui  minime  congruunt.  (Epist.  ad  archiep. 
Frising.  Tuas  libenter  21  decembris  1863.) 

XIV.  Philosophia  tractanda  est,  nulla  supernaturalis  revela- 
tionis  habita  ratione.  (Epist.  ad  archiep.  Frising.  Ttias  libenter 

21  decembris  1863.) 

N.  B.  Gum  rationalismi  systemate  cohœrent  maximam  par- 
tem  errores  Antonii  Gûnther,  qui  damnatur  in  Epist.  ad  card. 
archiep.  Coloniensem  Eximiavi  ttiam  15  junii  1847,  et  in  Epist. 
ad  episc.  Wratislaviensem  Dolore  haud  mediocri  30  aprilis  1860. 

I III   —  Indifferentismus,  Latitudinarismus 

XV.  Liberum  cuique  homini  est  eam  amplecti  ac  profiter! 
religionem,  quam  rationis  lumine  quis  ductus  veram  putaverit. 
(Litt.  apost.  Multiplices  inter  10  junii  1851.  — Alloc.  Maxima 
quidem  9  junii  1862.) 

XVI.  Ilomines  in  cujusvis  religionis  cultu  viam  œternae  salutis 


c  QUANTA  CURA  »,  8  DÉCEMBRE  1864  21 


§  II.  —  Rationalisme  modéré. 

VIII.  Comme  la  raison  humaine  est  égale  à  la  religion  elle-même,  les 
sciences  théologiques  doivent  être  traitées  comme  les  sciences  philosophi- 
ques. (.\IIoc.  Singulari  quadamperfusi  du  9  décembre  1854.) 

IX.  Tous  les  dogmes  de  la  religion  chrétienne  sans  distinction  sont 
l'objet  de  la  science  naturelle  ou  philosophie;  et  la  raison  humaine, 
n'ayant  qu'une  culture  historique,  peut,  d'après  ses  principes  et  ses 
forces  naturelles,  parvenir  à  une  vraie  connaissance  de  tous  les  dogmes, 
même  les  plus  cachés,  pourvu  que  ces  dogmes  lui  aient  été  proposés 
comme  objet.  (Lettre  à  l'archevêque  de  Freising  :  Gravissimas, du  H  dé- 
cembre 1862.  —  Lettre  au  même  :  Tuas  libenter,du  21  décembre  1863.) 

X.  Comme  autre  chose  est  le  philosophe  et  autre  chose  la  philosophie, 
celui-là  a  le  droit  et  le  devoir  de  se  soumettre  à  une  autorité  qu'il  a 
reconnue  lui-même  être  vraie;  mais  la  philosophie  ne  peut  ni  ne  doit 
se  soumettre  à  aucune  autorité.  (Lettre  à  l'archevêque  de  Freising  :  Gra- 
visstJnas,  du  11  décembre  1862.  —  Lettre  au  même  :  Tuas  libenter,  du 
21  décembre  1863.) 

XI.  L'Eglise  non  seulement  ne  doit  dans  aucun  cas,  sévir  contre  la 
philosophie,  mais  elle  doit  tolérer  les  erreurs  de  la  philosophie  et  lui 
abandonner  le  soin  de  se  corriger  elle-même.  (Lettre  à  l'archevêque  de 
Freising  :  Gravissimas,  dn  11  décembre  1862.) 

XII.  Les  décrets  du  Siège  Apostolique  et  des  congrégations  romaines 
empêchent  le  libre  progrès  de  la  science.  (Lettre  à  l'archevêque  de  Frei- 
sing :  Tuas  libenter,  du  21  décembre  1863.) 

XIII.  La  méthode  et  les  principes  d'après  lesquels  les  anciens  docteurs 
scolastiques  ont  cultivé  la  théologie,  ne  conviennent  plus  aux  nécessités 
de  notre  temps  et  au  progrès  des  sciences.  (Lettre  à  l'archevêque  de 
Freising  :  Tuas  libenter,  du  21  décembre  1863.) 

XIV.  On  doit  s'occuper  de  philosophie,  sans  tenir  aucun  compte  de  la 
révélation  surnaturelle.  (Lettre  à  l'archevêque  de  Freising  :  Tuas  libenter, 
du  21  décembre  1863.) 

N.  B.  Au  système  du  rationalisme  se  rapportent,  pour  la  majeure 
partie,  les  erreurs  d'Antoine  Giinther,  qui  sont  condamnées  dans  la  lettre 
au  cardinal-archevêque  de  Cologne:  Èximiam  tuam,  du  15  juin  1857,  et 
dans  la  lettre  à  l'évêquedeBreslau  iDo/ore  haudmediocri,  du  30  avril  1860. 

§  III. —  Tndifférentisme,  Latitudinarisme. 

XV.  Il  est  libre  à  chaque  homme  d'embrasser  et  de  professer  la  reli- 
gion qu'il  aura  réputée  vraie  d'après  la  lumière  de  la  raison.  (Lettres 
apostoliques  :  Multiplices  inter,  du  10  juin  1851.  — Alloc.  Maxima  qui- 
dem  du  9  juin  1862.) 

XVI.  Les  hommes   peuvent    trouver  le  chemin  du   salut    éternel    et 


22  LETTRE   ENCYCLIQUE   DE   PIE   IX 

reperire  œtcrnamque  saliitem  asseqiii  possunt.  (Epist.  encycl. 
Qui  plio-ihus  9  novenibris  1846.  —  Alloc.  Ubi  primum  17  decem- 
bris  1847.  —  Epist.  encycl.  Singulari quidem  17  martii  1856. j 

XVII.  Saltem  bene  sperandum  est  de  œterna  illorum  omnium 
sainte,  qui  in  vera  Ghristi  Ecclesia  nequaquam  versantur.  f^Alloc. 
Sinfiulari  qnadam  9  decembris  1854.  —  Epist.  encycl.  Qtianto 
conficiamiir  17  augusti  1863.) 

XV'III.  Protestantismus  non  aliud  est  quam  diversa  verae 
cjusdem  christianœ  religionis  forma,  in  qua  œque  ac  in  Ecclesia 
catholica  Deo  placcre  datum  est.  Epist.  encycl.  Noscilis  et 
nobisaim  8  decembris  1849.) 

I IV.  —  Socialismus,  Commiinismus ,  Societates  clandestinœ, 
Societates  biblicœ,  Societates  clerico-liberalcs. 

Ejusmodi  pestes  sœpe  gravissimisque  verborum  formulis 
reprobantur  in  Epist.  encycl.  Qui  pluribiis  9  novemb.  1846;  in 
Alloc.  Quibus  quantisque  20  april.1849;  in  Epist.  encycl.  Noscitis 
et  nobiscum  8  dec.  1849  ;  in  AWoc.  Singulari  quadam  9  decemb.  1854 ; 
in  Epist.  encycl.  Quanto  conficiamur  mœrore  10  augusti  1863. 

I  V.  —  Errores  de  Ecclesia  ejusque  juribus. 

XIX.  Ecclesia  non  est  vera  perfectaque  societas  plane  libéra, 
nec  pollet  suis  propriis  et  constantibus  juribus  sibi  a  divino  suo 
Fundatore  collatis  :  sed  civilis  potestatis  est  definire  quge  sint 
Ecclesiœ  jura  ac  limites,  inlra  quos  eadeni  jura  exercere  queat. 
(Alloc.  Singulari  quadam  9  decembris  1854.  — .\lloc.  Multis  gravi- 
busque  17  decembris  1800.  —  Alloc.  Maxima  quidem  9  junii  1862.) 

XX.  Ecclesiastica  potestas  suam  auctoritatem  exercere  non 
débet  absque  civilis  gubernii  venia  et  assensu.  (Alloc.  Meminit 
unusquisque  30  septembris  1861.) 

XXI.  Ecclesia  non  habet  potestatem  dogmatice  definiendi 
religionem  catholicœ  Ecclesiœ  esse  unice  veram  religionem.  i  Litt. 
apost.  Multipliées  inter  10  junii  1851.) 

XXII.  Obligatio,  qua  catholici  magistri  et  scriptores  omnino 
adstringuntur,  coarctatur  in  lis  tantura,  quae  ab  infallibili 
Ecclesiae  judicio  veluti  fidei  dogmata  ab  omnibus  credenda  pro- 
ponuntur.  (Epist.  ad  archiep.  Frising.  Tuas  libenter  21  decem- 
bris 1863.) 

XXIII.  Romani  Pontifices  et  Concilia  œcumenica  a  limitibus 
suœ  potestatis  recesserunt,  jura  principum  usurparunt,  atque 
etiam  in  rébus  fidei  et  morum  definiendis  errarunt.  (Litt.  apost. 
Multipliées  inter  10  junii  1851.) 

XXIV.  Ecclesia  vis  inferendœ  potestatem  non  habet,  neque 


«  QUANTA   CURA   »,   8    DÉCEMBRE   1864  23 

obtenir  le  salut  éternel  clans  le  culte  de  n'importe  quelle  religion.  (Encycl. 
Qui  pluribiis  du  9  novembre  1846.  —  Alloc.  Ubï  primum  du  17  dé- 
cembre 1847.  —  Encycl.  Singulari  quidem  du  17  mars  183G.) 

XVII.  .\u  moins  doit-on  bien  espérer  du  salut  éternel  de  tous  ceux 
qui  ne  vivent  pas  dans  le  sein  de  la  véritable  Eglise  du  Christ.  (Alloc. 
Singulari  quadam  du  9  décembre  1854.  —  Encycl.  Quanto  conficiamur 
du  17  août  1863.) 

XVIII.  Le  protestantisme  n'est  pas  autre  chose  qu'une  forme  diverse 
de  la  même  vraie  religion  chrétienne,  forme  dans  laquelle  on  peut  être 
agréable  à  Dieu  aussi  bien  que  dans  l'Eglise  catholique.  (Encycl.  No- 
scitis  et  nobiscum  du  8  décembre  1849.) 


§  IV.  —  Socialisme,  Communisme,  Soct        secrètes^ 
Sociétés  bibliques,  Sociétés  clérico-libérales. 

Ces  sortes  de  pestes  sont  souvent  frappées  de  sentences  formulées  dans 
les  termes  plus  graves,  dans  l'Encyclique  Qui  pluribus  du  9  novem- 
bre 1846,  dans  l'Allocution  Quibus  quantisque  du  20  avril  1849,  dans 
l'Encyclique  ^oscitis  et  nobiscum  du  8  décembre  1849,  dans  l'Allocution 
Singulari  quadam  du  9  décembre  1834,  dans  l'Encyclique  Quanto  con- 
ficiamur mœrore  du  10  août  1863. 

§  V.  —  Erreurs  relatives  à  l'Eglise  et  à  ses  droits. 

XIX.  L'Eglise  n'est  pas  une  vraie  et  parfaite  société  pleinement  libre  ; 
elle  ne  jouit  pas  de  ses  droits  propres  et  constants  que  lui  a  conférés  son 
divin  Fondateur;  mais  il  appartient  «au  pouvoir  civil  de  définir  quels 
sont  les  droits  de  l'Eglise  et  les  limites  dans  lesquelles  elle  peut  les 
exercer,  (Alloc.  Singulari  quadam  du  9  décembre  18S4.  —  Alloc.  Multis 
gravibusquedu  17  décembre  1860. — Alloc.il/aa;maçuïdemdu9juin  1862.) 

XX.  La  puissance  ecclésiastique  ne  doit  pas  exercer  son  autorité  sans 
la  permission  et  l'assentinient  du  gouvernement  civil.  (Alloc.  Meminit 
unusquisque  du  30  septembre  1861.) 

XXI.  L'Eglise  n'a  pas  le  pouvoir  de  définir  dogmatiquement  que  la 
religion  de  l'Eglise  catholique  est  uniquement  la  vraie  religion.  (Lettre 
apostolique  Multipliées  inter  du  10  juin  1851.) 

XXII.  L'obligation  qui  concerne  les  maîtres  et  les  écrivains  catholiques 
se  borne  aux  choses  qui  ont  été  définies,  par  le  jugement  infaillible  de 
l'Eglise,  comme  des  dogmes  de  foi  qui  doivent  être  crus  par  tous.  (Lettre 
à  l'archevêque  de  Freising  :  Tuas  libenter,  du  21  décembre  1863.) 

XXIII.  Les  Souverains  Pontifes  et  les  Conciles  œcuméniques  se  sont 
écartés  des  limites  de  leur  pouvoir;  ils  ont  usurpé  les  droits  des  princes 
et  ils  ont  même  erré  dans  les  définitions  relatives  à  la  foi  et  aux  mœurs. 
(Lettre  apostolique  Multipliées  inter  du  10  juin  1831.) 

XXIV.  L'Eglise  n'a  pas  le  droit  d'employer  la  force;  elle  n'a  aucun 


24  LETTRE   ENCYCLIQUE   DE    l'IE    IX 

potestatem  ullam  temporalem  directam  vel  indirectam.  (Litt. 
apost.  Ad  ojjostolicœ  22  augusti  1851.) 

XXV.  Prœter  potestatem  episcopatui  inhœrentem,  alla  est 
attributa  temporalis  potestas  a  civili  iniperio  vel  expresse  vel 
tacite  concessa,  revocanda  propterea,  cuin  libuerit,  a  civili  im- 
perio.  (Litt.  apost.  Ad  apostoticœ  22  augusti  18ol.) 

XXVI.  Ecclesia  non  habet  nativum  ac  logitimum  jus  acqui- 
rendi  ac  possidendi.  (Alloc.  Niinquam  fore  15  decembris  1856.  — 
Epist.  encycl.  Incredibili  17  septembris  1863.) 

XXVII.  Sacri  Ecclesiœ  ministri  Romanusque  Pontifex  ab 
omni  rerum  temporalium  cura  ac  doniinio  sunt  omnino  exclu- 
dendi.  (Alloc.  Maxima  quidem  ^  ]\xm\  1862.) 

XXVIII.  Episcopis  sine  gubcrnii  venia,  fas  non  est  vel  ipsas 
Apostolicas  Litteras  promulgare.  (Alloc.  Nîinquam  fore  15  de- 
cembris 1856.) 

XXIX.  Gratice  a  Romano  Pontifice  concessae  existimari  debent 
tanquam  irritœ,  nisi  per  gubernium  fuerint  imploratae.  (Alloc. 
Niinquam  fore  15  decemljris  1856.) 

XXX.  Ecclesiae  et  personarum  ecclesiasticarum  immunitas  a 
jure  civili  ortum  habuit.  (Litt.  Apost.  Multipliées  inter  10  ju- 
nii  1851.) 

XXXI.  Ecclesiasticum  forum  pro  temporalibus  clericorum 
causis  sive  civilibus  sive  criminalibus  omnino  de  medio  tollen- 
dum  est,  etiam  inconsulta  et  reclamante  Apostolica  Sede.  (Alloc. 
Acerbissimum  27  septembris  1852.  — Alloc.  Nunquam  fore  15  de- 
cembris 1856.) 

XXXII.  Absque  ulla  naturalis  juris  et  œquitatis  violatione 
potest  abrogari  personalis  immunitas.  qua  clerici  ab  onere 
subeundae  exercendœque  militiaî  eximuntur  ;  banc  vero  abroga- 
tionem  postulat  civilis  progressus,  maxime  in  societate  ad  for- 
mam  liberioris  regiminis  constituta.  (Epist.  ad  episc.  Montisre- 
gal.  Siiifiularis  nobisque.  29  septembris  1864.) 

XXXill.  Non  pertinet  unicc  ad  ecclesiasticam  jurisdictionis 
potestatem  proprio  ac  nativo  juredirigere  theologicarum  rerum 
doctrinam.  (Epist.  ad  archiep.  Frising.  Tuas  libenter  21  decem- 
bris 1863.) 

XXXIV.  Doctrina  comparantium  Romanum  Pontificem  prin- 
cipi  libero  et  agenti  in  universa  Ecclesia,  doctrina  est  quae 
medio  œvo  prœvaluit.  (Litt.  apost.  Ad  apostolicœ  22  augusti  1851.) 

XXXV.  Nihil  vetat,  aiicujus  concilii  generalis  sententia  aut 
universorum  populorum  facto,  summum  pontificatum  ab  romano 
Episcopo  atque  Urbe  ad  alium  episcopum  aliamque  civitatem 
transferri.  (Litt.  apost.  Ad  apostolicœ  22  augusti  1851.) 

XXXVI.  Nationalis  concilii  defmitio   nuUam  aliam  admittit 


«  QUANTA  CURA  »,  8  DÉCEMBRE  1864  25 

pouvoir  tenipoicl  direct  ou  indirect.  (Lettre  apostolique  Ad  apostolicœ 
du  2-2  août  l8ol.) 

XXV.  En  dehors  du  pouvoir  inhérent  à  répiscopat,  il  y  a  un  pouvoir 
temporel  qui  lui  a  été  concédé  ou  expressément  ou  tacitement  par  l'au- 
torité civile,  révocahle  par  conséquent  à  volonté  par  cette  même  autorité 
civile.  (Lettre  apostolique  Ad  apostolicœ  du  22  août  1831.) 

XXVI.  L'Eglise  n'a  pas  le  droit  naturel  et  légitime  d'acquérir  et  de 
posséder,  (.\lloc.  Nunquam  fore  du  15  décembre  1856.  —  Encycl. /ncre- 
dîbili  du  17  septembre  1863.) 

XXVIL  Les  ministres  sacrés  de  l'Eglise  et  le  Pontife  Romain  doivent 
être  e.\clus  de  toute  gestion  et  autorité  sur  les  choses  temporelles.  (Alloc. 
Maxima  quidem  du  9  juin  1862.) 

XXVIII.  Il  n'est  pas  permis  aux  évêqucs  de  publier  même  les  Lettres 
apostoliques,  sans  la  permission  du  gouvernement.  (Alloc.  Nunquam 
fore  du  15  décembre  1856.) 

XXIX.  Les  grâces  accordées  parle  Pontife  Romain  doivent  être  regar- 
dées comme  nulles,  si  elles  n'ont  pas  été  demandées  par  l'entremise  du 
gouvernement.  (Alloc.  Nunquam  fore  du  15  décembre  1856.) 

XXX.  L'immunité  de  l'Eglise  et  des  personnes  ecclésiastiques  tire  son 
origine  du  droit  civil.  (Lettre  apostolique  Multiplices  inter  du  10 
août  1851.) 

XXXI.  Le  for  ecclésiastique  pour  les  procès  temporels  des  clercs,  soit 
au  civil,  soit  au  criminel,  doit  absolument  être  aljoli,  même  sans  con- 
sulter le  Siège  Apostolique  et  sans  tenir  compte  de  ses  réclamations. 
(Alloc.  Acerbissimumdu  27  septembre  1832.  —  Alloc.  Nunquam  fore  du 
13  décembre  1856.) 

XXXII.  L'immunité  personnelle,  en  vertu  de  laquelle  les  clercs  sont 
exempts  de  la  milice,  peut  être  abrogée  sans  aucune  violation  de  l'équité 
et  du  droit  naturel.  Le  progrès  civil  demande  cette  abrogation  surtout 
dans  une  société  constituée  d'après  une  législation  libérale.  (Lettre  à 
l'évêque  de  Montréal:  Singularïs  nobisque,  du  29  septembre  1864.) 

XXXIII.  Il  n'appartient  pas  uniquement  de  droit  propre  et  naturel  à 
la  juridiction  ecclésiastique  de  diriger  l'enseignement  des  choses  tiiéolo- 
giqucs.  (Lettre  à  l'archevêque  de  Freising  :  Tuas  libenter,  du 'il  dé- 
cembre 1863.) 

XXXIV.  La  doctrine  de  ceux  qui  comparent  le  Pontife  Romain  à  un 
j)rince  libre  et  exerçant  son  pouvoir  dans  l'Eglise  universelle,  est  une 
doctrine  qui  a  prévalu  au  moyen  âge.  (Lettre  apostolique  Ad  apostolicœ 
du  22  août  1851.) 

XXXV.  Rien  n'empêche  que  par  un  décret  d'un  concile  général  ou  par 
le  fait  de  tous  les  peuples  le  souverain  pontificatsoit  transféré  de  l'Evêque 
romain  et  de  la  ville  de  Rome  à  un  autre  évoque  et  à  une  autre  ville. 
(Lettre  apostolique  Ad  apostolicce  du  22  août  1851.) 

XXXVI.  La  définition  d'un  concile  national   n'admet  pas   d'auirc  dis- 


26  LETTRE  ENCYCLIQUE  DE.  PIE   IX 

aisputationem,  civilisque  administratio  rem  ad  hosce  terminos 
exigere  potest.  (Litt.  apost.  Ad  apostolicœ  22  augusti  1851.) 

XXXVII.  In.stitui  possunt  nationales  Ecclesiae  ab  auctoritate 
Romani  Pontificis  subductœ  planeque  divisœ.  (Alloc.  Midiis  fira- 
vibusque  17  decembris  1860.  —  Alloc.  Jamdudum  cernimiis 
ISmartii  1861.) 

XXXVIII.  Division!  Ecclesiae  in  orientalem  atque  occidentalera 
nimia  Romanorum  Pontificum  arbitria  contulerunt  (Litt.  apost. 
Ad  apostolicœ  22  augusti  1851.) 

I VI.  —  Errores  de  societale  civili  tum  in  se,  tiim  in  suis  Ecclesiam 
relationibus  spectata. 

XXXIX.  Reipublicse  status,  utpote  omnium  jurium  origo  et 
fons,  jure  quodam  pollet  nullis  circumscripto  limitibus.  (.Vlloc. 
Maxima  quidem  9  junii  1862.) 

XL.  Calliolicœ  Ecclesiae  doctrina  humanae  societatis  bono  et 
commodis  adversatur.  (Epist.  encj'cl.  Qui  pluribus  9  novem- 
bris  1846.  — Alloc.  Quibus  quantisque  20  aprilis  1849.) 

XLI.  Civili  potestativelabinfideli  imperante  exercitse  competit 
potestas  indirecta negativa  in  sacra;  eidem  proinde  competit  ne- 
dum  jus  quod  yocantexequatur,  sed  etiam  jus  appellationis,  quam 
nuncupant  ab  abusu.  (Litt.  apost.  Ad  apostolicœ  22  augusti  1851.) 

XLII.  In  conflictu  legum  utriusque  poteslatis,  jus  civile  prœ- 
valet.  (Litt.  apost.  Ad  apostolicœ  22  augusti  1851.) 

XLIII.  Laica  potestas  auctorilatem  habet  rescindendi,  decla- 
randi  ac  faciendi  irritas  solemnesconventiones  (vulgo  Concovdata) 
super  usu  jurium  ad  ecclesiasticam  iaimunitatem  pertinentium 
cum  Sede  Apostolica  inilas,  sine  hujusconsensu,  imoetea  récla- 
mante. (Alloc.  In  consistoriali  1  novembris  1850. —  AUoc.  Multis 
gravibusque  17  decembris  1860.) 

XLIV.  Civilis  auctoritas  potest  se  immiscere  rébus  quœ  ad  re- 
ligionem,  mores  et  regimen  spirituale  pertinent.  Hinc  potest  de 
instructionibus  judicare,  quas  Ecclesiae  pastores  ad  conscientia- 
rum  normam  pro  suo  munere  edunt;  quin  etiam  potest  de  divi- 
norum  sacramentorum  administratione  et  dispositionibus  ad  ea 
suscipienda  necessariis  decernere.  (Alloc.  In  consistoriali  1  no- 
vembris 1850.  — Alloc.  Maxima  quidem  9  junii  1862.) 

XLV.  Totum  schohirum  publicarum  regimen,  in  quibus  ju- 
ventus  christianae  alicujus  Reipublicœ  instituitur,  episcopalibus 
dnntaxat  seminariis  aliqua  ratione  exceptis,  potest  ac  débet 
attribui  auctoritati  civili,  et  ita  quidem  attribui,  ut  nuUum  alii 
cuicumque  auctoritati  recognoscatur  jus  immiscendi  se  in  disci- 
plina scholarum,  in  regimine  studiorum,  in  graduum  collatione, 


«  QUANTA  CURA  »,  8  DÉCEMBRE  1864  27 

cussion,   et  radniinistratioii    civile    peut  exiger   qu'on   traite   dans  ces 
limites.  (Lettre  apostolique  Ad  apostolicœ  du  22  août  1831.) 

XXXVII.  On  peut  instituer  des  Eglises  nationales  soustraites  à  l'auto- 
rité du  Pontife  Romain  et  pleinement  séparées  de  lui.  (Alloc.  Multis  gra- 
v/ftwsg'ue,  17 décembre  1860.  —  kWoc.Jamdudumcernimus,  ISmars  1861.) 

XXXVIII.  Trop  d'actes  arbitraires  de  la  part  des  Pontifes  Romains  ont 
poussé  à  la  division  de  l'Eglise  en  orientale  et  occidentale.  (Lettre,  apos- 
tolique Ad  apostolicœ  du  22  août  1851.) 


§  VI.  — Erreurs  relatives  à  la  société  civile,  considérée  soit  ert 
elle-même,  soit  dans  ses  rapports  avec  l'Eglise. 

XXXIX.  L'Etat,  comme  étant  l'origine  et  la  source  de  tous  les  droits, 
jouit  d'un  droit  qui  n'est  circonscrit  par  aucune  limite.  (Alloc.  Maxima 
quidem  du  9  juin  1862.) 

XL.  La  doctrine  de  l'Eglise  catholique  est  opposée  au  bien  et  aux 
intérêts  de  la  société  humaine.  (Encycl.  Qiii pluribus  A\i2  novembre.  1846. 
—  Alloc.  Quibus  quantisque  du  20  avril  1849.) 

XLI.  La  puissance  civile,  même  quand  elle  est  exercée  par  un  prince 
infidèle,  possède  un  pouvoir  indirect  négatif  sur  les  choses  sacrées.  Elle 
a  par  conséquent  non  seulement  le  droit  qu'on  appelle  d'exequatur,  mais 
encore  le  droit  qu'on  nomme  d'appel  comme  d'abus.  (Lettre  apostolique 
Ad  npostolicœ  du  22  août  1851.) 

XLII.  En  cas  de  conflit  légal  entre  les  deux  pouvoirs,  le  droit  civil 
prévaut.  (Lettre  apostolique  Ad  apostolicœ  du  22  août  1851.) 

XLIIl.  La  puissance  laïque  a  le  pouvoir  de  casser,  de  déclarer  et 
rendre  nulles  les  conventions  solennelles  (concordats)  conclues  avec  le 
Siège  Apostolique,  relativement  à  l'usage  des  droits  qui  appartiennent  à 
l'immunité  ecclésiastique,  sans  le  consentement  de  ce  Siège  et  malgré  ses 
réclamations.  (Alloc.  In  consistoriali  du  l*""  novembre  1850.  —  Alloc. 
Multis  gravibusque  du  17  décembre  1860.) 

XLIV.  L'autorité  civile  peut  s'immiscer  dans  les  choses  qui  regardent 
la  religion,  les  mœurs  et  le  régime  spirituel.  D'où  il  suit  qu'elle  peut 
juger  des  Instructions  que  les  pasteurs  de  l'Eglise  publient,  d'après  leur 
charge,  pour  la  règle  des  consciences;  elle  peut  même  décider  sur  l'ad- 
ministration des  sacrements  et  les  dispositions  nécessaires  pour  les  rece- 
voir. (Alloc.  In  consistoriali  du  l*""  novembre  1850.  —  Alloc.  Maxima 
quidem  du  9  juin  1862.) 

XLV.  Toute  la  direction  des  écoles  publiques  dans  lesquelles  la  jeu- 
nesse d'un  Etat  chrétien  est  élevée,  si  l'on  en  excepte  dans  une  certaine 
mesure  les  séminaires  épiscopaux,  peut  et  doit  être  attribuée  à  l'autorité 
civile,  et  cela  de  telle  manière  qu'il  ne  soit  reconnu  à  aucune  autre  auto- 
rité le  droit  de  s'immiscer  dans  la  discipline  des  écoles,  dans  le  régime 
des  éludes,  dans  la  collation  des  grades,  dans  le  choix  ou  l'approbation 


28  LETTRE  ENCYCLIQUE  DE   PIE   IX 

in  delectu  aut  approbatione  magistrorum.  (Alloc.  In  Consisto- 
riali  1  novembris  1850.  —  Alloc.  Quibiis  luctuosissimis  5  septem- 
bris  1851.) 

XLVI.  Imo  in  ipsisclericorum  seminariis  rnethodu.s  sludiorum 
adhibenda  civili  auctoiitati  subjicitur.  (Alloc.  Nunquam  fore 
15  decembris  1854.) 

XLVII.  Postulat  optima  civilis  socletatis  ratio,  ut  populares 
scholœ,  quœ  patent  omnibus  cujusque  e  populo  classis  pueris,  ac 
publica  universim  instituta,  quœ  litteris  severioribusque  disci- 
plinis  tradendis  et  educationi  juventutis  curandœ  sunt  desti- 
nata,  eximantur  ab  omni  Ecclesiœ  auctoritate,  modératrice  vi  et 
ingerentia,  plenoque  civilis  ac  politicœ  auctoritatis  arbitrio  sub- 
jicianlur  ad  imperantium  placita  et  ad  communionem  aetatis 
opinionum  amussim.  (Epist.  adarcbiep.  Friburg.  Quumnon  sine 
14julii  1864.) 

XLVIII.  Gatbolicis  viris  probari  potest  ea  juventutis  insti- 
tuendœ  ratio,  quae  sit  a  catholica  fide  et  ab  Ecclesiae  potestate 
sejuncta,  quseque  rerum  duntaxat  naturalium  scientiam  ac  ter- 
reuse socialis  vitae  fines  tantummodo  vel  saltem  primarium  spe- 
<;tet.  (Epist.  ad  archiep.  Friburg.  Quiim  non  sine  14  julii  1804.) 

XLIX.  Civilis  auctoritas  potest  impedire  quominus  sacrorum 
antistites  et  fidèles  populi  cum  Romano  Pontifice  libère  ac 
mutuo  communicent.  (Alloc.  Maxima  quidem  9  junii  1862.) 

L.  Laica  auctoritas  habet  per  se  jus  praesentandi  episcopos  et 
potest  ab  illis  exigere  ut  ineant  diœcesum  procurationem  ante- 
quam  ipsi  canonicam  a  S.  Sede  institutionem  et  Apostolicas 
Litteras  accipiant.  (Alloc.  Nunquam  fore  15  decembris  1856.) 

LI.  Imo  laicum  gubernium  habet  jus  deponendi  ab  exercitio 
pastoralis  mhiisterii  episcopos,  neque  tenetur  obedire  Romano 
Pontifici  in  iis  quœ  episcopatum  et  episcoporum  respiciunt  insti- 
tutionem. (Litt.  Apost.  Mnltiplices  inter  10  junii  1851.  —  Alloc. 
Acerbissimum  27  septembris  1852.) 

LIT.  Gubernium  potest  suo  jure  immutare  œtatem  ab  Ecclesia 
prœscriptam  pro  religiosa  tam  mulierum  quam  virorum  profes- 
sione,  omnibusque  religiosis  familiis  indicere,  ut  neminem  sine 
suo  permissu  ad  solemnia  vota  nuncupanda  admittant.  (Alloc. 
Nunquam  fore  15  decembris  1856.) 

LUI.  Abrogandœ  sunt  leges  quœ  ad  religiosarum  familiarum 
statum  tutandum,  earumque  jura  et  officia  pertinent  ;  imo  potest 
civile  gubernium  iis  omnibus  auxilium  prœstare,  qui  asuscepto 
religiosœ  vitœ  instituto  deficere  ac  solemnia  vota  frangerevelint  ; 
pariterque  potest,  religiosas  easdem  familias  perinde  ac  colle- 
giatas  Ecclesias  et  bénéficia  simplicia  ctiam  juris  patronatus 
penitus  extinguere,  illorumque  bona  et  reditus  civilis  potestatis 


«   QUANTA   CURA,   8   DÉCEMBRE   1864  29 

lies  maîtres.    (AIIoc.   /n  consistoriali  du   l"  novembre  1850.  —  Alloc. 
Quibus  luctHOStssimis  du  5  septembre  1851.) 

XLVI.  Bien  plus,  même  dans  les  séminaires  des  clercs,  la  méthode  à 
suivre  dans  les  études  est  soumise  à  l'autorité  civile.  (Alloc.  Nunquam 
fore  du  15  décembre  1856.) 

XLVll.  La  bonne  constitution  de  la  société  civile  demande  que  les 
écoles  populaires,  qui  sont  ouvertes  à  tous  les  enfants  de  chaque  classe 
du  peuple,  et  en  général  que  les  institutions  publiques  destinées  aux 
lettres,  à  une  instruction  supérieure  et  à  une  éducation  plus  élevée  de 
la  jeunesse,  soient  affranchies  de  toute  autorité  de  l'Eglise,  de  toute 
influence  modératrice  et  de  toute  ingérence  de  sa  part,  et  qu'elles  soient 
pleinement  soumises  à  la  volonté  de  l'autorité  civile  et  politique,  sui- 
vant le  désir  des  gouvernants  et  le  courant  des  opinions  générales  de 
l'époque.  (Lettre  à  l'archevêque  de  Fribourg:  Quum  non  sine  du  14  juil- 
let 1864.) 

XLVin.  Des  catholiques  peuvent  approuver  un  système  d'éducation 
en  dehors  de  la  foi  catholique  et  de  l'autorité  de  l'Eglise  et  qui  n'ait 
pour  but,  ou  du  moins  pour  but  principal,  que  la  connaissance  des 
choses  purement  naturelles  et  la  vie  sociale  sur  cette  terre.  (Lettre  à  l'ar- 
chevêque de  Fribourg  :  Quum  non  sine,  du  14  juillet  1864.) 

XLIX.  L'autorité  séculière  peut  empêcher  les  évêques  et  les  fidèles  de 
communiquer  librement  entre  eux  et  avec  le  Pontife  Romain.  (Alloc. 
Maxima  quidem  du  9  juin  1862.) 

L.  L'autorité  séculière  a  par  elle-même  le  droit  de  présenter  les 
évêques  et  peut  exiger  d'eux  qu'ils  prennent  en  main  l'administration 
de  leurs  diocèses  avant  qu'ils  aient  reçu  du  Saint-Siège  l'institution 
canonique  et  les  Lettres  Apostoliques.  (Alloc.  Nunquam  fore  du  15  dé- 
cembre 1856.) 

Ll.  Bien  plus,  la  puissance  séculière  a  le  droit  d'interdire  aux  évêques 
l'exercice  du  ministère  pastoral,  et  elle  n'est  pas  tenue  d'obéir  au  Pontife 
Romain  en  ce  qui  concerne  l'institution  des  évêchés  et  des  évêques. 
(Lettre  apostolique  Multiplices  inter  du  10  juin  1851.  —  Alloc.  Acerbis- 
simum  du  27  septembre  1852.) 

LU.  Le  gouvernement  peut,  de  son  propre  droit,  changer  l'âge  pres- 
crit pour  la  profession  religieuse,  tant  des  femmes  que  des  hommes,  et 
enjoindre  aux  communautés  religieuses  de  n'admettre  personne  aux 
vœux  solennels  sans  son  autorisation.  (Alloc.  Nunquam  fore  du  15  dé- 
cembre 1856.) 

LUI.  On  doit  abroger  les  lois  qui  protègent  l'existence  des  familles 
religieuses,  leurs  droits  et  leurs  fonctions;  bien  plus  la  puissance  civile 
peut  donner  son  appui  à  tous  ceux  qui  voudraient  quitter  l'état  religieux 
qu'ils  avaient  embrassé  et  enfreindre  leurs  vœux  solennels;  de  même 
elle  peut  supprimer  complètement  ces  mêmes  communautés  religieuses, 
aussi  bien  que  les  églises  collégiales  et  bénéfices  simples,  même  de  droit 
de  patronage,  attribuer  et  soumettre  leurs  biens  et  revenus  à  l'adminis- 


80  LETTRE   ENCYCLIQUE   DE    PIE   II 

administrationi  et  arbitrio  subjicere  et  vindicare.  (Alloc;  Acer- 
bissirnum  27  septembris  1852.  —  Alloc.  Probe  memineritis  22  janua- 
rii  18.j5.  — Alloc.  Cum  sœpe  26julii  185.j.) 

LIV.  lièges  et  principes  non  solum  ab  Ecclesiœ  jurisdictione 
eximuntur,  verunietiaininquœstioniljasjurisdictionisdiriinendis 
superiores  sunt  Ecclesia  (Litt.  apost.  Multipliées  inttr  10  junii 
1851.) 

LV.  Ecclesia  a  Statu,  Statusque  ab  Ecclesia  sejungendus  est. 
(Alloc.  Acerbissùnum  27  septembris  1852.) 

I  Vil.  —  Errores  de  ethica  naturali  et  Chi'istiana. 

LVI.  Morum  leges  divina  haud  egent  sanctione,  minimeque 
opus  est  ut  humanae  leges  ad  naturœ  jus  conformentur  aut  obli- 
gandi  vim  a  Deo  accipiant.  (Alloc.  Maxima  quidem9 iumi  1862.) 

LVII.  Philosophicarum  rerum  morumque  scientia,  itemque 
civiles  leges  possunt  et  debcnt  a  divina  et  ecclesiastica  auctori- 
tate  declinare.  (Alloc.  Maxiwa  qnidem  9  junii  1862. 

LVIII.  Aliœ  vires  non  sunt  agno.scendœ  nisi  illœ  quœ  in  mate- 
ria  positœ  sunt,  et  omnis  morum  disciplina  honestasque  collocari 
débet  in  cumulandis  et  augendis  quovis  modo  divitiis  ac  in 
voluptatibus  explendis  (Alloc.  Maxima  quidem  9  junii  1862.  — 
Epist.  encycl.  Quanto  conficiamur  10  augusti  1863.) 

LIX.  Jus  in  materiali  facto  consistit,  et  omnia  humana  officia 
sunt  nomen  inane,  et  omnia  humana  facta  juris  vim  habent. 
(Alloc.  Maxima  quidem  9  junii  1862.) 

LX.  Auctoritas  nihil  aliud  est  nisi  numeri  et  materialium 
virium  summa.  (Alloc.  Maxima  quidem  9  junii  1802.) 

LXI.  Fortunata  facti  injustitia  nuUum  juris  sanclitati  detri- 
mentum  afïert.  (Alloc.  Jamdndum  cernimus  18martii  1861.) 

LXIl.  Proclamandum  est  et  observandum  principium  quod 
vocant  de  non  interventu.  (Alloc.  Novos  et  ante  28  septembris 
1860.) 

LXIII.  Legitimis  principibus  obedientiam  detrectare,  imo  et 
rebellare  licet.  (Epist.  encycl.  Qui phiribus 9  novembris  1846.  — 
Alloc.  Quisque  vestrum  A  octobris  1847.  —  Epist.  encycl.  Noscitis 
et  nobiscum  8  decembris  1849.  —  Litt.  apost.  C^^m  catholica 
26  martii  1860.) 

LXIV.  Tumcujusque  sanctissimi  juramenti  violatio.  tum  quœ- 
libet  scelesta  flagitiosaque  actio  seuîpiternœ  legi  repugnans,  non 
solum  haud  est  improbanda,  verum  etiam  omnino  licita,  sum- 
misque  laudibus  elferenda,  quando  id  pro  patriœ  amore  agatur. 
(Alloc.  Quibus  quantisque  20  aprilis  1849.) 


«   QUANTA   CURA   »,   S   DÉCEMBRE   1864  31 

îration  et  à  la  volonté  de  rauforité  civile.  (Alloc.  Acerbisst'mum  du 
27  septembre  18o"2.  —  Alloc.  Probe  metnineritis  du  22  janvier  1853.  — 
Alloc.  Cum  sœpe  du  26  juillet  18oo.) 

LIV.  Les  rois  et  les  princes,  non  seulement  sont  exempts  de  la  juridic- 
tion de  l'Eglise,  mais  même  ils  sont  supérieurs  à  l'Eglise  quand  il  s'agit 
de  trancher  les  questions  de  juridiction.  (Lettre  apostolique  Multipliées 
inter  du  10  juin   1851.) 

LV.  L'Eglise  doit  être  séparée  de  l'Etat,  et  l'Etat  séparé  de  l'Eglise. 
(Alloc.  Acerbissimum  du  27  septembre  1832. j 


§  VII.  Erreurs  concernant  la  morale  naturelle  et  chrétienne. 

LVI.  Les  lois  de  la  morale  n'ont  pas  besoin  de  la  sanction  divine,  et 
il  n'est  pas  du  tout  nécessaire  que  les  lois  humaines  se  conforment  au 
droit  naturel  ou  reçoivent  de  Dieu  le  pouvoir  d'obliger.  (Alloc.  Maxima 
quîdem  du  9  juin  1862.) 

LYII.  La  science  des  choses  philosophiques  et  morales,  de  même  que 
les  lois  civiles,  peuvent  et  doivent  être  soustraites  à  l'autorité  divine  et 
ecclésiastique.  (Alloc.  Maxima  quîdem  du  9  juin  1862.) 

LVIII.  Il  ne  faut  reconnaître  d'autres  forces  que  celles  qui  résident 
dans  la  matière,  et  tout  système  de  morale,  toute  honnêteté  doit  consister 
à  accumuler  et  augmenter  ses  richesses  de  toute  manière,  et  à  se  livrer 
aux  plaisirs.  (Alloc.  Maxima  quidem  du  9  juin  1862.  —  Lettre  enclyc. 
Quanto  confxciamur  du  10  août  1863.) 

LIX.  Le  droit  consiste  dans  le  fait  matériel  ;  tous  les  devoirs  des  hom- 
mes sont  un  mot  vide  de  sens,  et  tous  les  faits  humains  ont  force  de 
droit.  (Alloc.  Maxima  quidem  du  9  juin  1862.) 

LX.  L'autorité  n'est  autre  chose  que  la  somme  du  nombre  et  des  forces 
matérielles.  (Alloc.  Maxima  quidem  du  9  juin  1862.) 

LXI.  Une  injustice  de  fait  couronnée  de  succès  ne  préjudicie  nullement 
à  la  sainteté  du  droit.  (^AUoc.  Jamdudum  cernimus  du  18  mars   1861.) 

LXII.  On  doit  proclamer  et  observer  le  principe  de  non-intervention . 
(Alloc.  A'oios  et  ante  du  28  septembre  1860.) 

LXIIl.  Il  est  permis  de  refuser  l'obéissance  aux  princes  légitimes  et 
même  de  se  révolter  contre  eux.  (Lettre  encycl.  Qui  pluribus  du  9  novem- 
bre 18i6.  —  Alloc.  Quisque  vestrum  A  octobre  1847,  —  Lettre  encycl. 
Noscitis  et  nobiscum  du  8  décembre  1849,  —  Lettre  apostolique  Cum 
catholica  du  26  mars  1860.) 

LXIV.  La  violation  d'un  serment,  quelque  saint  qu'il  soit,  et  toute 
action  criminelle  et  honteuse  opposée  à  la  loi  éternelle,  non  seulement 
ne  doit  pas  être  blAmée,  mais  elle  est  tout  à  fait  licite  et  digne  des  plus 
grands  éloges,  quand  elle  est  inspirée  par  l'amour  de  la  patrie.  (Alloc. 
Quibus  quantisque  du  20  avril  1849.) 


3»  LETTRE   E^•CYCLIQUE    DE    PIE    IX 

I  VIII.  —  Errores  de  matrimonio  christiano. 

LXV.  Nulla  ratione  ferri  potest,  Christiim  evexisse  matrimo- 
nium  ad  dignitatem  sacramenti.  (Litt.  apost.  Ad  apostolicœ 
2-2  augusti  1851.) 

LXVI.  Matrimonii  sacramentum  non  est  nisi  quid  conlraclui 
accessorium  ab  eoquc  separabile,  ipsumque  sacramenluin  in 
una  tantuni  niiptiali  benedictione  situm  est.  (Litt.  apo-st.  Ad 
apostolicœ  22  augusti  1851 .) 

LXV'II.  Jure  naturce  matrimonii  vinculum  non  est  indissolu- 
Dile,  et  in  variis  casibus  divortium  proprie  dictum  auctoritate 
civiii  sanciri  potest.  (Litt.  apost.  Ad  apostolicœ  22  augusti  1851. 
—  Alloc.  Acerbissimum  27  septembris  1852.) 

LXVIII.  Ecclesia  non  habet  potestatem  impedimenta  matri- 
monium  dirimentia  inducendi,  sed  ea  potestas  civiii  auctoritati 
competit,  a  qua  impedimenta  existentia  tollenda  sunt.  (Litt. 
aposl.  Multiplicesinter  10 iumi  [Soi.) 

LXIX.  Ecclesia  sequioribus  sgeculis  dirimentia  impedimenta 
inducere  cœpit,  non  jure  proprio,  sed  illo  jure  usa,  quod  a  civiii 
potestate   mutuata  erat.  (Litt.  apost.  Ad  apostolicœ  22  augusti 

1851.) 

LXX.  Tridentini  canones  qui  anathematis  censuram  illis  infe- 
runt  qui  facultatem  impedimenta  dirimentia  inducendi  Ecclesiae 
negare  audeant,  vel  non  sunt  dogmatici  vel  de  hac  mutuata 
potestate  intelligendi  sunt.  (Litt.  apost.  Ad  apostolicœ  22  augusti 

1851.) 

LXXI.  Tridentini  forma  sub  intirmitatis  pœna  non  obligat, 
ubi  lex  civilis  aliam  formam  prsestituat,  et  velit  ac  nova  forma 
interveniente  matrimonium  valere.  (Litt.  apost.  Ad  apostolicœ 
22  augusti  1851.) 

LXXII.  Bonifacius  VIII  votum  castitatis  in  ordinatione  émis- 
sum  nuptias  nullas  reddere  primus  asseruit.  (Litt.  apost.  Ad 
apostolicœ  22  augusti  1851.) 

LXXIII.  Vi  contractus  mère  civilis  potest  inter  christianos 
constare  veri  nominis  matrimonium  ;  falsumque  est,  aut  con- 
tractum  matrimonii  inter  christianos  semper  esse  sacramentum, 
aut  nullum  esse  contractum,  si  sacramentum  excludatur.  (Litt. 
apost.  Ad  apostolicœ  22  augusti  1851.  —  Lettera  di  S.  S.  Pio  IX 
al  Ile  di  Sardegna,  9  settembre  1852.  —  Alloc.  Acerbissimum 
27  septembris  1852.  —  Alloc.  Multis  gravibusque  17  decembris 
1860.) 

LXXIV.  Gausae  matrimoniales  et  sponsalia  suapte  natura  ad  fo- 
rum civile  pertinent.  (Litt.  apost.  Ad  apostolicœ 22  augusti  1851 .  — 
Alloc.  Acerbissimum  27  septembris  1852.) 


a    nUANTA   CURA    »,    S    DÉCEMBRE    1S64  33 


§  VHI.  —  Erreurs  concernant  le  mariage  chrétien. 


LXV.  On  lie  peut  établir  par  aucune  raisou  que  le  Christ  a  élevé  le 
mariage  à  la  iliguité  de  sacrement.  (Lettre  apostolique  Ad  apostoUcœ  du 
2-2  août  I80I.) 

LXVl.  Le  sacrement  de  mariage  n'est  qu'un  accessoire  du  contrat  et 
qui  peut  en  être  séparé,  et  le  sacrement  lui-même  ne  consiste  que  dans 
la  seule  bénédiction  nuptiale.  (Lettre  apostolique  Ad  apostoiicœ  du 
22  août  I80I.) 

LXVII.  De  droit  naturel,  le  lien  du  mariage  n'est  pas  indissoluble,  et 
dans  différents  cas  ie  divorce  proprement  dit  peut  être  sanctionné  par 
l'autorité  civile.  (Lettre  apostolique  .4(Z  aposfoiicce  du  22  août  I80I.  — 
Alloc.  Acerbissimiim  du  27  septembre  1832.) 

LXVin.  L'Eglise  n'a  pas  le  pouvoir  d'apporter  des  empêchements  diri- 
mants  au  mariage  ;  mais  ce  pouvoir  appartient  à  l'autorité  séculière,  par 
laquelle  les  empêchements  exista uts  peuvent  être  levés.  (Lettre  aposto- 
lique .l/u/i!';;/ices  inter  du  10  juin  1851.) 

LXIX.  L'Eglise  dans  le  cours  des  siècles,  a  commencé  à  introduire  les 
empêchements  dirimants,  non  par  son  droit  propre,  mais  en  usant  du 
droit  qu'elle  avait  emprunté  au  pouvoir  civil.  (Lettre  apostolique  Ad 
apostoiicœ  du  22  août  1831.) 

LXX.  Les  canons  du  concile  de  Trente  qui  prononcent  l'anathème 
contre  ceux  qui  osent  nier  le  pouvoir  qu'a  l'Eglise  d'opposer  des  empê- 
chements dirimants  ne  sont  pas  dogmatiques  ou  doivent  s'entendre  de  ce 
pouvoir  emprunté.  (Lettre  apostolique  Ad  apostoiicœ  du  22  août  1831.) 

LXXI.  La  forme  prescrite  par  le  concile  de  Trente  n'oblige  pas  sous 
peine  de  nullité,  quand  la  loi  civile  établit  une  autre  forme  à  suivre  et 
veut  qu'au  moyen  de  cette  forme  le  mariage  soit  valide.  (Lettre  aposto- 
lique Ad  apostoiicœ  du  22  août  1831 .; 

LXXII.  Boiiiface  VIll  a  le  premier  déclaré  que  le  vœu  de  chasteté 
prononcé  dans  l'ordination  rend  le  mariage  nul.  (Lettre  apostolique  Ad 
apostoiicœ  du  22  août  1831.) 

LXXUI.  Par  la  force  du  contrat  purement  civil,  un  vrai  mariage  peut 
exister  entre  chrétiens  ;  et  il  est  faux,  ou  bien  que  le  contrat  de  mariage 
entre  chrétiens  soit  toujours  un  sacrement,  ou  que  ce  contrat  soit  nul 
en  dehors  du  sacrement.  Lettre  apostolique  Ad  apostolicce  du  22  août 
1831.  —  Lettre  de  S.  S.  Pie  IX  au  roi  de  Sardaigne,  9  septembre  1832. 
—  Alloc.  Acerbissimiim  du  27  septembre  1832.  — kWoc.  Maltis gravihus- 
que  an  17  décembre  1860.) 

LXXIV.  Les  mariages  et  les  fiançailles  par  leur  nature  relèvent  du 
droit  civil.  (Lettre  apostolique  Ad  apostolicce,  22  août  1831.  —  Alloc. 
Acerbissimiim,  27  sei»t.  1832.) 


ri4  LETTRE   ENCYCLIQUE    DE    PIE    IX 

.V.  B.  IIuc  facere  possmit  duo  alii  errores  de  clericorum  cœli- 
batus  abolendo  ot  de  statu  matrimonii  statui  virginitatis  ante- 
ferendo.  Confodiuntur,  prior  in  opist.  encycl.  Qui  pluribus 
\)  novemliris  1846,  posterior  in  litteris  apost.  Multiplices  inter 
lOjunii  1851. 

I  IX.  —  Errores  de  civili  Romani  Pontifici  principatii. 

LXXV.  De  temporalis  regni  cum  spiiitiiali  compatibiliiate 
disputant  inter  se  cbristianœ  et  catholiciB  Ecclesiœ  fiiii.  (Litt. 
apost.  Ad  apostolicœ  22  augusti  1851.) 

LXXVI.  Abrogatio  civilis  imperii,  quo  Apostolica  Sedes  poti- 
tur,  ad  Ecclesiœ  libertatem  felicitatemque  vel  maxime  condu- 
ceret.  (AUoc.  Quibiis  quantisque  20  aprilis  1849.) 

iV.  B.  Prœter  hos  errores  explicite  notatos,  alii  complures  im- 
plicite reprobantur  proposita  et  assertadoctrina,  quam  catholici 
omncs  firmissime  retinere  debeant,  de  civili  Romani  Pi)ntificis 
principatu.  Ejusmodi  doctrina  luculenter  traditur  in  Alfoc.  Qui- 
bus  quantisque20 apri] .  1849;  in  Alloc.  Si semper  an tca  20  maii  I8o0 ; 
in  Litt.  apost.  Cîim  catholica  Ecclesia  26  mart.  1860;  in  Alloc. 
Novos'^S  sept.  1860;  in  Alloc.  Jamdudum  18  mart.  1861  ;  in  Alloc. 
Maxima  qiiidcm  9  iumi  1862. 

I  X. —  Errores  qui  ad  liberalismum  hodicrnum  referuntur, 

LXXVII.  .(Etate  bac  nostra  non  amplius  expedit.  religionem 
catholicam  haberi  lanquam  unicam  Status  religionem,  cœteris 
quibuscumque  cultibus  exclusis.  (Alloc.  Nemo  restrum  26  ju- 
lii  1855.) 

LXXVITI.  Ilinc  laudabiliter  in  quibusdam  catholici  nominis 
regionibus  lege  cautum  est,  ut  hominibus  illuc  immigrantibus 
liceatpublicum  proprii  cujusque  cultus  exercitum  habere.  (.\lloc. 
Acerbissimum  27  septembris  1852.) 

LXXIX.  Enim  vero  falsum  est,  civilem  cujusque  cultus  liber- 
tatem, itemque  plenam  potestatem  omnibus  attributam  quasli- 
bet  opiniones  cogitationesque  palam  publiceque  inanifestandi 
conducere  ad  populorum  mores  animosque  facilius  corrumpen- 
dos  ac  indilTerentismi  pestem  propagandam.  (AUoc.  Nunquam 
fore  15  decembris  1856.) 

LrXXX.  Romanus  Pontifexpotestac  débet  cum  progressu,  cum 
liboralismo  et  cum  recenti  civilitate  sese  reconciliare  et  compo- 
nere.  (Allo'c.  Jamdudum  cernimus  18  martii  1861.) 


<    QUANTA   CUr.A   »,   8   DÉCEMBRE   1864  35 

iV.  B.  —  Ici  peuvent  se  placer  deux  autres  erreurs  :  l'abolition  du 
célibat  ecclésiastique  et  la  préférence  due  à  l'état  de  mariage  sur  l'état  de 
virginité.  Elles  sont  condamnées,  la  première  dans  la  lettre  encyclique 
Qui  pluribas  da  9  novembre  18-i6,  la  seconde  dans  la  lettre  apostolique 
Multiplices  inter  du  10  juin  1851. 

§  IX.  —  Erreurs  sur  le  prttmpat  civil  du  Pontife  Romain. 

LXXV.  Les  fils  de  l'Eglise  chrétienne  et  catholique  disputent  entre 
eux  sur  la  compatibilité  de  la  royauté  temporelle  avec  le  pouvoir  spiri- 
tuel. (Lettre  apostolique  Ad  apostolïcœ  du  22  août  1851.) 

LXXVI.  L'abrogation  de  la  sou%'eraineté  civile  dont  le  Saint-Siège  est 
en  possession,  servirait,  même  beaucoup,  à  la  liberté  et  au  bonheur  de 
l'Eglise.  (Alloc.  Quibus  quantisque  du  20  avril  1849.) 

N.  B.  Outre  ces  erreurs  explicitement  notées,  plusieurs  autres  erreurs 
sont  implicitement  condamnées  par  la  doctrine  qui  a  été  exposée  et  sou- 
tenue sur  le  principal  civil  du  Pontife  Romain,  que  tous  les  catholiques 
doivent  fermement  professer.  Cette  doctrine  est  clairement  enseignée  dans 
l'Allocution  Quibus  quantisque  du  20  avril  1849  ;  dans  l'Allocution  S/ 
semper  antea  du  20  mai  1850  ;  dans  la  Lettre  apostolique  C«m  catholïca 
ecclesia  du  26  mars  1860;  dans  l'Allocution  Novos  du  28  septem- 
bre 1860;  dans  l'Allocution /anidud;<m  du  18  mars  1861  ;  dans  l'Allocu- 
tion Maxima  quidem  du  9  juin  1862. 

§  X.  —  Erreurs  qui  se  rapportent  au  libéralisme  moderne. 

LXXVIl.  A  notre  époque,  il  n'est  plus  utile  que  la  religion  catholique 
soit  considérée  comme  l'unique  religion  de  l'Etat,  à  l'exclusion  de  tous 
les  autres  cultes.  (Alloc.  A'emo  vestrum  du  26  juillet  1855.) 

LXXVllI.  Aussi  c'est  avec  raison  que,  dans  quelques  pays  catholiques, 
la  loi  a  pourvu  à  ce  que  les  étrangers  qui  s'y  rendent  y  jouissent  de 
l'exercice  public  de  leurs  cultes  particuliers.  (Alloc.  Acerbissimum  du 
27  septembre  1852.) 

LXXIX.  Il  est  faux  que  la  liberté  civile  de  tous  les  cultes  et  que  le  plein 
pouvoir  laissé  à  tous  de  manifester  ouvertement  et  publiquement  toutes 
leurs  pensées  et  toutes  leurs  opinions,  jettent  plus  facilement  les  peuples 
dans  la  corruption  des  mœurs  et  de  l'esprit,  et  propagent  la  peste  de 
V Indifférentisme.  (Alloc.  Numquam  fore  du  15  décembre  1856.) 

LXXX.  Le  Pontife  Romain  peut  et  doit  se  réconcilier  et  transiger  avec 
le  progrès,  le  libéralisme  et  la  civilisation  moderne.^  Alloc.  Jamdudum 
cernimus  du  18  mars  1861.) 


ss.  PII  pp.  IX 

EPISTOLA    ENCYCLICA 

Venerabilibus  Fralribus  Antonio  archiepiscopo  Sanclœ  Fidei  de  Bogota, 
et  episcopis  ejus  suffraganeis  in  Neogranatensi  Ropublxca, 

Plus  PP.  IX. 

Venerabiles  Fratiîes, 
Salutem  et  apostolicam  benedictionem. 

Incredibili  afflictamur  dolore,  et  una  vobiscum  ingemiscimus, 
venerabiles  Fratres,  cum  noscamus  quibus  nefariis  dirisquc  mo- 
dis  a  Neogranatensis  Reipublicse  gubernio  catholica  impetitur, 
perturbatur,  ac  dilaceratur  Ecclesia.  Equidem  verbis  satisexpri- 
merc  haud  possumus  multipliées  sacrilegosque  ausus,  quibus 
gubernium  idein  gravissimas  nobis  et  huic  Apostolicœ  Sedi  in- 
jurias afîerens,  sanctissimam  nostram  religionem,  ejusque  vene- 
randa  jura,  doctrinam,  cultum,  sacrosque  ministros  conculcare 
ac  destruere  contendit. 

Nanique  idem  gubernium  duos  pr;esertim  abhinc  annos  infan- 
das  edidit  leges  et  décréta,  quee  catholicee  Ecclesiœ,  ejusque  do- 
ctrinse,  auctoritati,  jurisbusque  vel  maxime  adversantur.  Hisce 
enim  iniquissimis  legibus  ac  decrelis  inter  alia  sacri  ministri 
prohibiti  sunt  ecclesiasticum  ministerium  exercere  sine  civilis 
potestatis  venia,  et  omnia  Ecclesiœ  bona  usurpata.  divendifa,  ac 
propterea  parochige,  et  religiosœ  utriusque  sexus  familice  et 
clerus,  ac  valetudinaria,  domusque  refugii,  piaeque  sodalitates, 
bénéficia,  et  capellaniae  etiam  juris  patronatus  suis  reditibus 
spoiiatse.  Atque  per  easdem  injustissimas  leges  et  décréta,  legi- 
timum  Ecclesiœ  acquirendi  ac  possidendi  jus  omnino  oppugna- 
tum.  et  cujusque  acathoiici  cultus  libertas  sancita,  et  omnes 
utriusque  sexus  religiosœ  familiœ  in  ?seogranatensi  territorio 
morantes  de  medio  sublatae,  earnmque  existentia  plane  inter- 
dicta, et  vetita  etiam  omnium  Litterarum  et  cujusque  Aposto- 
licee  hujus  Sedis  Rescripti  promulgatio,  et  exsilii  pœna  eccle- 


LETTRE  ENCYCLIQUE 

DE    SA    SAINTETÉ    PIE    IX 

A  nos  vénérables  Frères,  Antoine,  archevêque  de  Santa-Fé  de  Bogota, 
et  aux  éaéques  ses  suffragants  dans  la  république  de  la  Nouvelle- 
Grenade, 

PIE  IX,  PAPE 

VÉNÉRABLES   FrÈRES, 

Salut  et  bénédiction  apostolique. 

Nous  sommes  en  proie  à  une  incroyable  douleur  et  nous  gémissons 
avec  vous,  vénérables  Frères,  en  considérant  de  quelle  manière  cruelle 
et  coupable  le  gouvernement  de  la  république  de  la  INouvelle-Grenade 
attaque,  bouleverse  et  déchire  l'EsHse  catholique.  Nous  avons  peine  à 
trouver  des  paroles  qui  puissent  exprimer  ies  attentats  multipliés  et 
sacrilèges  de  ce  gouvernement.  Il  se  porte  contre  nous  et  ce  Siège  Apos- 
tolique aux  attaques  les  plus  violentes  pour  chercher  à  fouler  aux 
pieds,  à  détruire  notre  très  sainte  religion,  ses  droits  sacrés,  sa  doctrine, 
son  culte  et  ses  ministres. 


Depuis  deux  ans  surtout,  ce  gouvernement  a  promulgué  des  lois  et 
des  décrets  détestables,  entièrement  contraires  à  l'Eglise  catholique, 
à  sa  doctrine,  à  son  autorité  et  à  ses  droits.  En  vertu  de  ces  lois  et 
de  ces  décrets  iniques,  il  est,  sans  parler  du  reste,  défendu  aux  ministres 
sacrés  d'exercer  le  ministère  ecclésiastique  sans  l'autorisation  de  la  puis- 
sance civile;  tous  les  biens  de  l'Eglise  ont  été  usurpés  et  vendus,  ce  qui 
a  privé  de  leurs  revenus  les  paroisses,  les  familles  religieuses  de  l'un  et 
l'autre  sexe  ,  le  clergé,  les  établissements  hospitaliers,  les  maisons  de 
refuge,  les  pieuses  confréries,  les  bénéfices  et  même  les  chapellenies  éta- 
blies sous  le  droit  de  patronage.  Par  ces  mêmes  lois,  par  ces  mêmes 
décrets  contraires  à  toute  justice,  le  droit  légitime  de  l'Eglise  à  acqué- 
rir et  à  posséder  est  pleinement  violé,  la  liberté  de  tout  culte  non  catho- 
lique établie.  Elles  suppriment  toutes  les  communautés  religieuses  de 
l'un  et  de  l'autre  sexe  fixées  sur  le  territoire  de  la  république  et  leur 
interdisent  absolument  l'existence.  Elles  défendent  la  promulgation  de 
toutes  lettres,  de  tout  rescrit  émanés  de  ce  Siège  Apostolique,  infligeant 


38  LETTRE    ENCYCLIQUE   DE    PIE   IX 

siasticis  viris,  laïcis  vero  mulctœ  et  carceris  indicta,  si  huic 
ordinationi  obedire  recusaverint. 

Insuper  cisdem  detestandis  legibus  ac  decretis  slatuitur,  ut 
utriusque  cleri  viri  cxsilii  pœna  aHicianlur,  qui  legi  circa  hono- 
rum  Ecclesiœ  spoliationem  olitemperare  detrectaverint  ;  utque 
omnes  ecclesiastici  honiines  sacri  ministerii  munia  obire  minime 
queant,  nisi  primum  juraverint,  se  INeogranatcnsis  lleipiiblicœ 
constitulioni  cunctisque  illius  legibus  Ecclesiœ  tantopere  ad- 
versis,  jani  editis  et  in  posterum  edendis  obsequi,  ac  sinuil 
exsilii  pœna  iis  omnibus  infligitur,  qui  hujusmodi  impium  illi- 
citumque  jusjurandum  prœstare  minime  voluerint.  Iia;c  et  alia 
multa  omnino  injusta  et  impia,  quœ  singillatim  commemorare 
tœdet,  contra  Ecciesiam  a  iSeogranatensis  Reipublicœ  gubernio, 
proculcatis  omnibus  divinishumanisquejuribus,  suntconstituta. 

Cum  autem  vos,  venerabiles  Fratrcs,  pro  egregia  vestra  reli- 
gione  et  virtute  haud  omiseritis  tum  voce,  tum  scriptis  con- 
stanter  obsistere  tôt  iniquis  sacrilegisque  ejusdem  gubernii 
ausibus  et  decretis,  atque  Ecclesiœ  causam  et  jura  impavide  pro- 
pugnare;  tum  ejusdem  gubernii  furor  in  vos,  omnesque  eccle- 
siasticos  viros  vobis  addictos,  ac  proprii  oflicii  et  vocationis 
memores,  et  in  omnia  quse  ad  Ecciesiam  pertinent,  saevire  non 
destitit.  Quapropter  vos  fere  omnes  miserandum  in  modnm 
afflicti,  ac  militari  manu  comprehensi,  a  vestro  grege  violenter 
distracti,  in  vincula  conjecti,  in  exsilium  pulsi,  et  in  pestiferi 
aeris  regiones  amandati,  et  ecclesiastici  viri,  ac  religiosarum 
familiartim  aliimni  pravis  gubernii  ordinationibus  merito  ob- 
stantes,  vel  in  carcerem  detrusi  vel  exsilio  mulctati  mortemoccu- 
buere,  vel  in  silvis  vitam  agere  coacti  sunt. 

Cum  vero  omnes  virgines  Deo  devotae  ab  ipso  gubernio  fu- 
renter  crudeliterque  a  propriis  monasteriis  expulsœ,  et  ad  rerum 
omnium  inopiam  redactce  fuerint,  a  piis  fidelibus,  tristissima 
iilarum  conditione  vehementercommotis,  humaniter  in  proprias 
domos  receptse  et  admissœ,  id  œgerrime  ferens  gubernium,  mi- 
nitatur  velle  illas  ex  eorumdem  fidelium  domibus  expellere  ac 
disperdere. 

llinc  sacra  templa  et  cœnobia  nudata,  spoliata,  poUuU,  et  in 
militarium  stationum  usum  commutata,  eorumquc  sacra  su- 
pellex  et  ornamenta  direpta;  hinc  sacrorum  cultus  sublatus,  et 
chrislianus  populus  legitimis  suis  pastoribus  orbatus,  omni- 
busque  divinae  nostrœ  religionis  prsesidiis  misère  destitutus, 
cum  summa  nostra  vestraque  œgritudine  in  maximo  aeternaî 
salutis  discrimine  versatur.  Ecquis  catbolicis  humanisque  sen- 
sibus  animatus  non  vehementer  ingemiscet,  cum  videat  a  Neo- 
.  granatensi  gubernio  tam  gravi  tamque  crudeli  persecutione  ca- 


«c    IXCREDIBILI   AFFLIGTAMUR    »,    17    SEPTEMBRE    ISGo  39 

la  peine  de  Tcxil  aux  ecclésiastiques,  celles  de  l'amende  et   de  rempii- 
sonnenient  aux  laïques  qui  refuseraient  d'obtempérer  à  cette  défense. 

En  outre,  par  ces  lois  et  ces  décrets  détestables,  tout  membre  du 
clergé,  séculier  ou  régulier,  qui  refuseraitde  se  conformer  à  l'ordonnance 
qui  prescrit  la  spoliation  des  biens  ecclésiastiques  est  condamné  à  l'exil; 
il  est,  de  plus,  interdit  à  tous  les  ecclésiastiques  de  remplir  les  devoirs 
du  sacré  ministère,  s'ils  n'ont  préalablement  prêté  serment  d'obéir  à  la 
constitution  de  la  république  de  la  Nouvelle-Grenade  et  à  toutes  les  lois 
de  l'Etat,  tant  à  celles  qui  ont  déjà  été  portées,  quoique  si  préjudiciables 
à  l'Eglise,  qu'à  celles  qui  pourraient  être  édictées  plus  tard;  enfin,  on 
punit  de  l'exil  quiconque  refuserait  ce  serment  illicite  et  impie.  Toutes 
ces  prescriptions,  et  beaucoup  d'autres  qui  outragent  également  la  reli- 
gion et  la  justice,  et  qu'il  nous  répugne  de  rappeler  en  détail,  ont  été 
rendues  contre  l'Eglise,  par  le  gouvernement  de  la  Nouvelle-Grenade, 
au  mépris  de  toutes  les  lois  divines  et  humaines. 

Dans  votre  amour  pour  la  religion,  vénérables  Frères,  vous  n'avez  pas 
négligé  de  vous  élever  résolument,  tant  de  vive  voix  que  par  écrit,  contre 
tous  ces  attentats,  contre  tous  ces  décrets  iniques  et  sacrilèges,  ni  de 
défendre  avec  un  courage  que  rien  n'a  pu  ébranler  la  cause  et  les  droits 
de  l'Eglise.  Cette  conduite  a  excité  la  colère  du  gouvernement;  il  a  sévi 
avec  fureur  contre  vous,  contre  tous  les  ecclésiastiques  qui  vous  sont 
soumis,  qui  sont  demeurés  fidèles  à  leur  vocation  et  à  l'accomplissement 
de  leurs  devoirs,  et,  en  général,  contre  tout  ce  qui  appartient  à  l'Eglise. 
Vous  avez  été  presque  tous  cruellement  persécutés,  saisis  par  1.1  force 
armée,  séparés  avec  violence  de  vos  troupeaux,  jetés  dans  les  fers,  con- 
damnés à  l'exil  et  relégués  dans  des  régions  dont  le  climat  est  mortel  ; 
les  ecclésiastiques,  ainsi  que  les  membres  des  familles  religieuses  qui  ont 
résisté,  comme  ils  le  devaient,  aux  ordres  criminels  du  gouvernement, 
ont  été  ou  mis  en  prison  ou  exilés,  ils  ont  trouvé  la  mort  sur  une  terre 
étrangère,  ou  bien  ils  ont  été  forcés  de  mener  une  vie  misérable  au  sein 
des  forêts. 

Les  vierges  consacrées  à  Dieu,  après  avoir  été  toutes  brutalement 
chassées  de  leurs  monastères  par  ce  même  gouvernement  et  réduites  au 
dénûment  le  plus  extrême,  ont  reçu  l'hospitalité  chez  de  pieux  fidèles 
touchés  de  leur  condition  misérable;  mais  le  gouvernement,  furieux  de 
cet  accueil,  menace  de  les  chasser  des  maisons  où  elles  ont  trouvé  un 
asile  et  de  les  disperser. 

.A.ussi  les  temples  saints  et  les  couvents  ont-ils  été  dépouillés,  souillés, 
convertis  en  casernes;  les  ornements  et  tous  les  objets  sacrés  ont  été 
saisis,  le  culte  divin  supprimé,  et  le  peuple  chrétien,  auquel  on  a  enlevé 
ses  légitimes  pasteurs,  se- trouve  privé  de  tous  les  secours  de  notre  divine 
religion.  Qui  ne  voit  quels  périls  en  résultent  pour  le  salut  des  âmes  et 
quel  sujet  d'amère  affliction  c'est  pour  nous  et  pour  vous?  Quel  homme, 
animé  de  sentiments  catholiques  ou  seulement  d'humanité^ne  gémirait 
profondément  de  voirie  gouvernement  de  la  Nouvelle-Grenade  persécuter 


40  LETTRE    EN'CYCLIQUE    DE    PIE    IX 

Iholicam  Ecclcsiam,  ejusque  doclrinam.  auctoritatem,sacrasque 
personas  oppii^nari,  ac  tanlas  ab  ipso  suprcmoî  nostrœ  et  Apo- 
stolicœ  hujus  Sedis  auclurilati  injurias  et  cunlinnelias  inferri  ? 

Atque  illud  vel  maxime  dolendum,  venerabiles  Fralres,  quod 
nonniilli  ecclesiastici  homines  existere  potuerint,  qui  pravis 
ipsius  iiubernii  legibus  et  consiliis  obscqiii,  favere,  et  comme- 
moralum  illicitum  obedientiœ  jurainentiun  prœstare  non  dubita- 
runt,  cuni  raaximo  nostro  vestroque  mœrore,  et  bonorum  om- 
nium admiratione  ac  luctu. 

In  hac  igilur  tanta  rei  catholicœ  clade,  tantaque  animarum 
pernicie,  Apostolici  nostri  offiRii  probe  memores  ac  de  omnium 
Ecclesiaruin  bono  vel  maxime  solliciti,  et  nobis^  uli  clim  Pro- 
phetœ  indictum  existimantes  :  «  Clama,  ne  cesses,  quasi  tuba 
«  exalta  vocem  tuam,  et  annuntia  populo  mco  scelera  eorum,  et 
«  domui  Jacob  peccata  eorum  (1),  »  hisce  Litteris  Apostolicam 
nostram  attollentes  vocem,  omnia  gravissima  damna  et  injurias, 
a  Neogranatensi  gubernio  Ecclesise,  ejusque  sacris  personis  ac 
rébus,  et  huic  Sanctœ  Sedi  illatas,  incessanter  querimur  et  gra- 
vissime  exprobramus  Atque  omnia  et  singula,  quœ  sive  in  aliis 
rébus  ad  Ecclesiam  ejusque  jus  spectantibus  ab  eodeni  Neogra- 
natensi  gubernio,  et  ab  inferioribus  quibusque  illius  magistra- 
tibus  décréta  gesta,  seu  quomodolibet  attentatasunt,  auctoritate 
nostra  Apostolica  reprobamus,  damnamus,  et  leges  ac  décréta 
ipsa  cum  omnibus  inde  secutis  eadem  nostra  auctoritate  abro- 
gamus,  et  irrita  prorsus,  ac  nuUius  roboris  fuisse  et  fore  décla- 
ra m  us. 

Ipsos  autem  illorum  auctores  etiam  atque  etiam  in  Domino 
obtestamur,  ut  tandem  aliquando  suos  oculos  aperiant  super 
gravissima  vulnera  Ecclesiae  imposita,  ac  simul  recordentur 
serioque  considèrent  censuras  et  pœnas,  quas  Apostolicae  Con- 
stitutiones,  et  generalium  Conciliorum  décréta  contra  Ecclesiae 
jurium  invasores  facto  ipso  incurrendas  infligunt,  et  idcirco 
aniinœ  suce  misereantur  prœ  oculis  habentes,  «  quoniam  duris- 
«  sinium  iis  qui  prœsunt  fiet  judicium  (2).  » 

Atque  etiam  omni  studio  illos  ecclesiasticos  viros,  qui  guber- 
nio favenles  a  proprio  officio  misère  declinarunt,  moneums  et 
exhortamur,  ut  sanctam  suam  vocationem  animo  reputantes,  in 
jiislitise  veritatisque  viam  redire  propeient,  et  illorum  ecclesia- 
sticorum  hominum  exeinpla  œmulerilur,  qui  etiamsi  infeliciter 
lapsi  praescriptum  a  gubernio  obedientiae  juranienlum  praîstite- 
runt,  tamen,  cum  ingenti  nostro  ac  suoruin  antistitum  gaudio, 
idem  jasjurandum  retractare  ac  damnare  gloriati  sunt. 

(1)  Isaiœ.  Lxvui,  1.  —  (2;  Sap.,  v,  6. 


€    INCREDIBILI   AFFLICTAMUR    ï,    17    SEPTEMBRE    1S63  'il 

si  cruellement  l'Eglise,  attaquer  si  violeinmcnt  sa  doctrine,  son  autorift\ 
les  personnes  consacrées  à  Dieu,  se  porter  à  de  tels  outrages,  à  de  telles 
iniquités  contre  notre  autorité  suprême,  l'autorité  de  ce  Siège  Apostolique? 

Ce  que  l'on  doit  surtout  déplorer,  vénérables  Frères,  c'est  qu'il  ait  pu 
se  rencontrer  un  certain  nombre  d'ecclésiastiques  qui  n'ont  pas  bésité 
d'obéir  aux  lois  et  aux  conseils  détestables  de  ce  gouvernement,  de  les 
appuyer  et  de  prêter  le  serment  illicite  mentionné  plus  haut.  C'est  pour 
nous  et  pour  vous  une  source  de  grande  douleur  ;  pour  tous  les  gens  de 
bien  une  source  d'étonnement  et  de  deuil. 

Emu  de  cette  cruelle  épreuve  de  l'Eglise  catholique  et  de  la  perte  des 
âmes  qui  en  est  la  suite,  attentif  aux  devoirs  de  notre  charge  aposto- 
lique, plein  de  sollicitude  pour  le  bien  de  toutes  les  Eglises,  nous  consi- 
dérons comme  s'adressant  à  nous  cet  ordre  donné  jadis  à  un  prophète: 
«  Crie  et  ne  cesse  pas,  élève  ta  voix  comme  une  trompette  retentissante, 
«  fais  connaître  à  mon  peuple  les  crimes  qu'il  a  commis,  et  à  la  maison 
€  de  Jacob  les  péchés  dont  elle  s'est  souillée,  s  Aussi  nous  élevons,  dans 
ces  Lettres,  notre  voix,  nous  nous  plaignons  sans  cesse  des  outrages,  des 
injustices  criantes  dont  le  gouvernement  de  la  Nouvelle-Grenade  s'est 
rendu  coupable  à  l'égard  de  l'Eglise,  à  l'égard  des  personnes  et  des 
choses  consacrées  à  Dieu,  à  l'égard  de  ce  Saint-Siège;  nous  les  réprou- 
vons avee  la  plus  grande  énergie.  Tous  ces  attentats  contre  les  biens  et 
les  droits  de  l'Eglise,  soit  ceux  que  nous  avons  mentionnés,  soit  les 
autres  qui  ont  été  commis  par  ce  même  gouvernement  ou  par  ses  subor- 
donnés, décrets,  actes,  mesures  de  toutes  sortes,  nous  les  réprouvons  de 
notre  autorité  apostolique,  nous  les  condamnons  ;  de  plus,  nous  abro- 
geons ces  lois  et  ces  décrets  avec  toutes  leurs  conséquences,  en  vertu  de 
cette  même  autorité  ;  nous  les  déclarons  absolument  nuls  et  de  nulle 
valeur  pour  le  passé  aussi  bien  que  pour  l'avenir. 

Quant  aux  auteurs  de  ces  méfaits,  nous  les  supplions  instamment,  au 
nom  du  Seigneur,  d'ouvrir  enfin  les  yeux,  de  voir  quelles  graves  bles- 
sures ils  font  à  l'Eglise,  de  se  rappeler  en  même  temps,  en  y  rélléchis- 
sant  sérieusement,  les  censures  et  les  peines  que  les  constitutions  apos- 
toliques et  les  décrets  des  conciles  généraux  portent  contre  les  envahis- 
seurs des  droits  de  l'Eglise  et  que  ceux-ci  encourent  par  le  fait  même. 
Qu'ils  aient  donc  pitié  de  leur  âme,  qu'ils  se  souviennent  que  a  ceux  qui 
commandent  seront  a  jugés  avec  la  plus  grande  rigueur  s. 

Quant  aux  ecclésiastiques  qui  ont  appuyé  le  gouvernement  et  miséra- 
blement oublié  leurs  devoirs,  nous  les  avertissons  et  nous  les  exhortons 
de  toutes  nos  forces  de  se  rappeler  leur  sainte  vocation,  de  rentrer 
promptement  dans  le  chemin  de  la  justice  et  de  la  vérité,  de  suivre 
l'exemple  de  ceux  qui,  après  une  triste  chute,  se  sont  fait  gloire,  à  notre 
grande  joie  et  à  la  grande  joie  de  leurs  évêques,  de  rétracter  et  de  con- 
damner le  serment  d'obéissance  qu'ils  avaient  eu  le  malheur  de  prêter  au 
gouvernement. 


42  LETTRE   ENCYCLIQUE    DE    IME   IX 

Intérim  vero  amplissiinas  meritasqiic  vohis  tribuimus  laudes, 
venoraljilos  Fratres,  qui  laborantes  sicut  boni  milites  Christi 
Jesu,  ac  stienue  in  agonc  certantes  singulari  conslantia  et  foili- 
tutline.  quoad  per  vos  fieri  potuit,  seu  voce^  seu  litteris,  Ecclesife 
causam,  ejusque  doctrinani,  jura,  liberlatem  defcndere,  vestri- 
que  gregis  saluti  accurate  consulere,  cumque  contra  impias  ini- 
micorum  hominum  molitiones,  et  circumstantia  religionis  peri- 
cula  prœmunire  haud  omiseritis,  gravissimas  ornnes  injurias, 
moiestias,  et  asperrima  quœque  episcopali  robore  tolérantes. 
Itaque  dubitare  non  possumus,  quin  pari  studio  et  contentione, 
quantum  in  vobis  est.  pergatis,  ut  adhuc  cum  maxima  vestri 
nominis  laude  fecistis,  divinœ  nostrœ  religionis  causam  propu- 
gnare,  et  fldelium  saluti  prospicere. 

Débitas  quoque  laudes  deferimus  fideli  Neogranatensis  Reipu- 
blicae  clero,  qui  suge  vocationis  servantissimus,  et  nobis,  atque 
huic  Pétri  Cathedrœ  suisque  anlistitibus  addictus,  propter  Eccle- 
siam,  veritatem  et  justitiam  tam  vebementerexagitatus,  imma- 
nem  omnis  generis  insectationem  patientissime  est  perpessus  et 
patitur. 

Non  possumus  quin  admiremur  et  laudemus  tôt  virgines  Deo 
sacras,  quœ  etiamsi  a  suis  monasteriis,  violenter  expulsae,  et  ad 
tristem  egestatem  redactae,  tamen  cœlesliSponso  firmiter  adbœ- 
rentes,  ac  miserrimam  in  qua  versantur  conditionem  christiana 
virtute  perferentes,  non  cessant  dies  noctesque  effundere  corda 
sua  coram  Deo,  eumque  humiliter  enixeque  pro  omnium  ac  suo- 
rum  etiam  persecutorum  salute  exorare. 

Gollaudamus  item  catholicum  Neogranatensis  Reipublicas 
populum,  qui  ex  parte  longe  maxima  in  veteri  suo  erga  catbo- 
licam  Ecclesiam,  ac  nos  et  hanc  Apostolicam  Sedem,  et  erga 
suos  antistites  amore,  fide,  reverentia  et  obedientia  persévé- 
rât. 

Ne  cessemus  autem,  venerabiles  Fratres,  adiré  cum  fiducia 
ad  thronum  gratiœ,  et  humillimis  ac  fervenlissimis  precibus 
misericordarium  Patrem  ac  Deum  totius  consolationis  sine 
intermissione  orare  et  obsecrare,  ut  exurgat  et  judicet  causam 
suam,  et  Ecclesiam  suam  sanctam  a  tantis,  quibus  istic  et 
ubique  fere  orbis  premitur,  calamitatibus  eripiat,  eamque 
opportune  auxilio  soletur,  et  optatissimam  diu  in  tôt  tantisque 
adversis  serenitatem  et  pacem  clenientissime  largiatur,  om- 
niumque  misereatur  secundum  maguani  misericordiam  suam. 
atque  omnipotenti  s-a  virtute  efficiat,  ut  omnos  populi,  génies, 
nationes  ipsum  ^t  Unigenitum  Filium  suum  Dominum  nostrum 
Jesum  Cliristum  una  cum  sancto  Spiritu  adorent,  timeant, 
agnoscant,  ac  ex  toto  corde,  anima  ac  mente  diligant,  et  omnia 


c    INGUEDIUÎLI  AFFLIGTAMUR   »,    17    SEPTEMBRE    1863  43 

En  attendant  ce  retour,  nous  sommes  heureux,  vénérables  Frères,  de 
vous  payer  le  tribut  de  louanges  qui  vous  est  dû,  à  vous  qui  luttez 
comme  de  vaillants  soldats  de  Jésus-Clirist,  avec  autant  de  constance  que 
de  courage;  à  vous  qui,  de  vive  voix  et  par  écrit,  avez  défendu  autant 
qu'il  était  en  vous  la  cause  de  l'Eglise,  sa  doctrine,  ses  droits,  sa  liberté, 
et  veillé  avec  sollicitude  au  salut  du  troupeau  qui  vous  est  confié,  en 
ayant  soin  de  le  prémunir  contre  les  manœuvres  impies  des  hommes 
ennemis  et  contre  les  dangers  qui  menacent  la  religion;  à  vous  qui  avez 
soulTert  avec  une  constance  vraiment  épiscopale,  les  outrages,  les  vexa- 
tions, les  persécutions  les  plus  dures.  Aussi,  nous  n'en  pouvons  douter, 
vous  continuerez  autant  qu'il  sera  en  votre  pouvoir  de  déployer  le  même 
zèle  et  la  même  énergie  que  vous  avez  montrés  jusqu'ici,  avec  tant  de 
gloire,  de  défendre  la  cause  de  notre  divine  religion  et  de  pourvoir  au 
salut  des  fidèles. 

Nous  louons  aussi,  comme  il  le  mérite,  le  fidèle  clergé  de  la  république 
de  là  Nouvelle-Grenade.  Très  attaché  à  sa  vocation,  uni  fermement  à 
nous,  à  cette  chaire  de  Pierre  et  à  ses  prélats,  gravement  persécuté  pour 
la  cause  de  l'Eglise,  de  la  vérité  et  de  la  justice,  il  a  souffert,  il  souffre 
encore  chaque  jour  avec  une  invincible  patience  une  persécution  cruelle. 

Il  nous  est  impossible  de  ne  pas  louer,  de  ne  pas  admirer  tant  de 
vierges  consacrées  à  Dieu.  Bien  qu'expulsées  avec  violence  de  leurs  mo- 
nastères et  réduites  au  plus  triste  dénùment,  elles  sont  demeurées  invio- 
lablement  fidèles  à  l'Epoux  ceiesie,  eues  supportent  avec  une  vertu 
véritablement  chrétienne  leur  misérable  condition,  elles  ne  cessent  ni  le 
jour  ni  la  nuit  de  répandre  leur  cœur  devant  Dieu,  de  lui  demander 
avec  autant  d'humilité  que  de  ferveur  le  salut  de  tout  le  monde  et  même 
celui  de  leurs  persécuteurs. 

Nous  devons  louer  aussi  le  peuple  catholique  de  la  Nouvelle-Grenade, 
dont  l'immense  majorité  persévère  dans  l'amour,  la  foi,  le  respect  et  la 
soumission  qu'il  a  voués  depuis  si  longtemps  à  l'Eglise  catholique,  à 
nous,  au  Siège  Apostolique,  ainsi  qu"à  ses  pasteurs. 

Mais  ne  cessons  pas,  vénérables  Frères,  de  nous  présenter  avec  con- 
fiance devant  le  trône  de  la  grâce,  de  prier,  de  conjurer  avec  toute  l'hu- 
milité et  toute  la  ferveur  possibles  le  Père  des  miséricordes,  le  Dieu  de 
toute  consolation  ;  qu'il  se  lève  et  juge  sa  cause,  qu'il  arrache  son  Eglise 
aux  affreuses  calamités  qui  l'accablent  en  vos  contrées  et  sur  presque 
toute  la  surface  du  globe;  qu'il  la  console  et  lui  donne  le  secours  néces- 
cessaire  au  nioment  opportun  ;  qu'il  lui  accorde  dans  sa  clémence  la  paix 
et  la  sérénité  qui  sont  depuis  si  longtemps  l'objet  de  nos  vœux,  parmi  de 
si  nombreuses  et  de  si  accablantes  épreuves  ;  qu'il  ait  pitié  de  tous,  dans 
l'étendue  de  sa  miséricorde;  qu'il  fasse,  par  sa  vertu  toute  puissante, 
que  tous  les  peuples,  toutes  les  nations,  toutes  les  races  le  connaissent, 
l'adorent,  le  craignent  avec  son  Fils  unique  Jésus-Christ  Notre-Seigneur 
et  avec  l'Esprit-Saint  ;  qu'ils  l'aiment  aussi  de  tout  leur  cœur,  de  toute 


H-i  LETTRE  ENCYCLIQUE   DE   PIE   IX 

divina  manJala  ac  praeccpta  religiose  observantes,  ut  lilii  Iticis 
ambiilent  in  oinni  bonitate,  jiistitia  et  veritate. 

Di^mum  omnium  cœlestiuni  muneruin  auspicem,  et  ceiii.^si- 
mum  prœcipuœ  nostrge  in  vos  benevolentiai  pignus,Apostoli(am 
Benedictionem  ex  imo  corde  depromptam  vobis  ipsis,  venerabiles 
Fralres,  et  gregi  vestrae  vigilantiui  concredito  peramanter 
impertimus. 

Ûatuni  Romae,  apud  Sanctum  Petruin  die  xvii  septembris 
anno  mdccclxiii,  pontlQcatus  nostri  anno  decimo  octavo. 

Plus  PP   IX 


«    INCREDIBILI  AFFLIGTAMUIl   »,    17    SEPTEMBRE   1863  45 

leur  ûme  et  de  tout  leur  esprit  ;  qu'ils  observent  religieusement  les  com- 
niandeineuls  et  les  préceptes  divins,  qu'ils  vivent  ainsi  comme  les  fils  de 
la  lumière  avec  toute  bonté,  justice  cl  vérité. 

Enfin,  comme  gage  de  tous  les  dons  célestes  et  comme  indubitable 
témoignage  de  notre  bienveillance  spéciale  envers  vous,  nous  accordons 
avec  tendrc'sse  et  de  tout  notre  cœur  notre  bénédiction  apostolique  à  vous, 
vénérables  Frères,  ainsi  qu'au  troupeau  confié  à  votre  vigilance, 

Donné  à  Rome,  près  Saint-Pierre,  le  17  septembre  de  l'an  1863,  de 
notre  Pontificat  le  IS-'. 

PIE  IX,  PAPE. 


SS.  PJl  pp.  IX 

EPISTOLA  ENCYCLIGA 

Dilectis Filiis nostris  S.  R.E.  Cardinalibus  ac  venerabilibus  Fratrilms 
Archiepiscopis  et  Episcopis  Ilaliœ. 

Plus  PP.  IX 

DiLECTI   FiLII    NOSTRI   ET    VEXERABILES   FrATRES, 

Saiutem  et  apostolicam  benedictionem. 

Quanto  conficiamur  mœrore  ob  saevissimum  sacrilegumque 
bellum  in  omnibus  fere  terrarum  orbis  regionibus  catholicae 
Ecclesiae  hisce  asperrimis  teiupunuus  ailatum,  ac  praesertim  in 
infelici  Italia  ante  nostros  oculos  a  Subalpino  gubernio  pliires 
abhinc  annos  indictum,  et  magis  in  dies  excitatum.  quisque 
vestrum  vel  facile  cogitatione  assequi  potest,  dilecti  Filii  nostri 
ac  venerabiles  Fratres.  Verum  inter  gravissimas  nostras  angu- 
stias,  dnm  vos  intuemur,  maxime  afiicimur  solatio  et  consolatione 
Siquidem  vos  quamvis  omnibus  injustissimis  violentisque  mo- 
dis  miserandum  in  modum  vexati,  et  a  proprio  grege  avulsi,  in 
exilium  ejecti,  atque  etiam  in  carcerem  detrusi,  tamen  virtuteex 
alto  indulti  nunquam  intermisistis,  qua  voce,  qua  salutaribus 
scriptis,  Deiejusque  Ecclesiae  et  Apostolicaehujus  Sedis  causam, 
jura,  doctrinam  strenue  tueri.  vestrique  gregis  incolumitati  con- 
sulere.  Itaque  vobis  ex  animo  gratulamur,  quod  vehementer 
lœtamini  pro  nomine  Jesu  contumeliam  pati,  ac  meritis  vos  lau- 
dibus  eiîerimus  utentes  sanctissimi  nostri  decessoris  Leonis  ver- 
bis  :  «  Licet  laboribus  dilectionis  vestrae,  quos  pro  observantia 
«  catholicae  fidei  suscepistis,  toto  corde  compatiar,  et  ea  quae 

«  vobis illata  sunt,non  aliter  accipiam,quam  si  ipsepertule- 

«  rim  ;  intelligo  tamen  magis  esse  gaudii,  quam  mœroris,  quod, 
«  confortante  vos  Domino  Jesu  Christo.  in  evangelica  apostoli- 

«  caque  doctrinainsuperabiles  perstitistis Etcum  vos  inimici 

«  fidei  christianae  ab  Ecclesiarum  vestrarum  sede  divellerent, 


i 


LETTRE  ENCYCLIQUE 

DE  SA  SAINTETÉ  PIE  IX 

A  nos  Fils  bien-aimés  les  Cardinaux,  à  nos  vénérables  Frères 
les  Archevêques  et  Evêques  d'Italie. 

PIE  IX,  PAPE 

Fils  chéris  kt  vénérables  Frères, 

Salut  et  bénédiction  apostolique. 

Chacun  de  vous,  Fils  chéris  et  vénérables  Frères,  peut  aisément  se 
figurer  de  quelle  douleur  nous  sommes  atteint  par  suite  de  la  guerre 
sauvage  et  sacrilège  faite,  en  ces  temps  difficiles,  à  l'Eglise  catholique 
dans  presque  tous  les  pays  du  monde,  et  spécialement  par  suite  de  celle 
qui,  dans  la  malheureuse  Italie,  sous  nos  yeux  mêmes,  a  été  déclarée,  il 
y  a  plusieurs  années,  par  le  gouvernement  piémontais,  et  qui  devient  de 
jour  en  jour  plus  acharnée. 


Toutefois,  au  milieu  de  nos  graves  afflictions,  nous  éprouvons  une 
joie  et  une  émotion  profonde  quand  nous  jetons  les  yeux  sur  vous.  Vous 
êtes  douloureusement  tourmentés  par  toute  sorte  d'injustices  et  de  vio- 
lences, arrachés  à  votre  troupeau,  envoyés  en  exil,  et  même  jetés  en  pri- 
son ;  cependant,  armés  de  la  force  qui  vient  d'en-haut,  vous  n'avez  jamais 
cessé,  soit  par  la  parole,  soit  par  d'utiles  écrits,  de  défendre  courageuse-» 
ment  la  cause,  les  droits,  la  doctrine  du  Seigneur,  de  son  Eglise  et  du 
Saint-Siè.!;e,  tout  en  pourvoyant  au  salut  de  votre  troupeau.  Aussi  nous 
vous  félicitons  cordialement  de  ce  que  vous  êtes  heureux  de  subir  ces 
outrages  pour  le  nom  de  Jésus,  et  nous  emploierons,  pour  vous  donner 
les  louanges  que  vous  méritez,  les  paroles  de  notre  saint  prédécesseur 
Léon  :  «  Quoique  je  compatisse  de  tout  mon  cœur  aux  afflictions  que 
a  vous  avez  supportées  pour  la  défense  de  la  foi  catholique  ;  quoique  je 
«  ne  considère  pas  autrement  ce  que  vous  avez  souffert,  que  comme  si  je 
ï  l'avais  enduré  moi-même,  je  sens  toutefois  qu'il  y  a  plus  sujet  de  se 
«  réjouir  que  de  gémir  en  voyant  que,  fortifiés  par  notre  Seigneur  Jésus- 
«  Christ,  vous  êtes  restés  invincibles  dans  la  doctrine  évangélique  et 
«  apostolique;  et  que  chassés  de  vos  sièges  par  les  ennemis  de  la  foi 


'iS  LETTHE   ENCYCLIQUE   DE    PIE   !I 

«  maliiistis  peregrinationis  injuriam  pati,  quam  ulla  impietati^ 
«  ipsorum  contagione  violari  (1).  » 

Atque  utinam  vobis  tantarum  Ecclesiœ  calamitatum  finem 
mintiare  possimus!  Secl  nunquam  satis  lugenda  moruni  corru- 
plelaundique  ingravescens,  et  irreligiosis,  nefandis.obscœnisque 
bcriptis,  ac  scenicis  spectaculis  et  meretriciis  domibiis  fere 
ubiqueconstitutis,  ac  aliispravis  artibus  promota,  et  monstrosa 
omnium  errorum  portenta  qua(]uaversus  disseminata.  et  abo- 
minanda  vitiorùm  omniumque  scelerum  increscens  colluvie,  et 
mortiferum  incredulitatis  ac  indi/ferentismi  virus  longe  iateque 
diiïusum,  et  ecclesiasticne  potestatis  ac  sacrarum  rerum  legumque 
contemptio,  despicienlia,  et  injusta  ac  violenta  bonoruin  Eccle- 
siee  depopulatio,  et  aceirima  ac  continua  contra  sacros  mini- 
stros  ac  religiosarum  familiarum  alumnos.  virginesque  Dec 
devotas  insectatio,  ac  diabolicum  prorsus  adversus  Christum 
ejusque  Ecclesiam,  doctrinam  et  hanc  Apostolicam  Sedem 
odium,  et  innumerafere  alia  quae  ab  infensissimis  rei  catholicae 
hostibus  patranturet  quotidie  lamentaricogimur,  videnluropta- 
tissimiim  illud  protrahere  ac  differre  tempus,  quo  plénum  san- 
ctissimœnostrgereligionis.justitiaeacveritatistriumpbum  videra 
possimus.  Qui  quidem  triumphus  déesse  non  poterit.  etiamsi 
nobis  datum  non  sit  noscere  tempus  eidem  triumpho  ab  omni- 
potenti  Deo  destinatum.  qui  omnia  admirabili  divina  sua  provi- 
dentia  régit,  ac  moderatur,  et  ad  nostram  dirigit  utilitatem. 
Etsi  vero  cœlestis  Pater  Ecclesiam  suam  sanctam  in  hac  miser- 
riraa  et  mortali  peregrinatione  militantem  variis  aerumnis  et 
calamitatibus  affligi  et  vexari  permittit,  tamen  cum  ipsa  a 
Christo  Domino  supra  immobilem  et  lirniissimam  petram  sit 
fundata,  non  solum  nuUa  vi  nulloque  impetu  convelli  et  labefa- 
ctari  unquam  potest,  verum  etiam  ipsis  «  persecutionibus  non 
«  minuitur.  sed  augetur,  et  semper  dominicus  ager  segete 
«  ditiori  vestitur,  dum  grana,  quse  singula  cadunt,  multiplicata 
«  nascuntur  ». 

Quod,  dilecti  Filii  nostri  et  venerabiles  Fratres,  luctuosissimis 
etiam  hisce  temporibus  singulari  Dei  beneficio  evenire  conspi- 
cimus.  Nam  quamvis  immaculata  Cbristi  Sponsa  impioruni 
hominum  opéra  in  preesentia  vehementer  afflictetur,  tamen  de 
suis  hostibus  agit  triumphum.  Enimvero  ipsa  suos  triumphat 
hostes,  et  mirifice  splendescit  tum  singulari  vestra  et  aliorum 
venerabilium  fratrum  totius  calholici  orbis  sacrorum  antistitum 
erga  nos  et  hanc  Pétri  Gathedram  (ide,  amore,  observantia,  et 
eximia  constantia  in  catholica  unitate  tuenda;  tum  tôt  pientis- 

(1)  S.  Leonis  niag.  Epist.  CLiv  ad  Episc.  .-Egypt 


€  QUANTO  GONFICIAMUR  »,  10  AOUT  1863  49 

«  chrélienne.  vous  avez  préféré  soiifTiir  les  douleurs  de  l'exil  plutôt  que 
«  de  vous  souiller  le  moins  du  monde  au  contact  de  leur  impiété.  » 

Et  plût  au  Ciel  que  nous  pussions  aussi  vous  annoncer  le  terme  de  si 
grandes  calamités!  Mais  la  corruption  des  mœurs  qu'on  ne  saurait  jamais 
assez  déplorer  et  qui  se  propage  continuellement  partout  à  l'aide  d'écrits 
impies,  infAmes,  obscènes,  et  de  représentations  thé;Uralcs;  à  l'aide  de 
maisons  de  péché,  établies  presque  en  tous  lieux  et  d'autres  moyens 
dépravés;  les  erreurs  les  plus  monstrueuses  et  les  plus  horribles  dissé- 
minées partout  ;  le  croissantetabominable  débordement  de  tous  les  vices 
et  de  toutes  les  scélératesses;  le  poison  mortel  de  l'incrédulité  et  de  l'in- 
difTérentisme  largement  répandu;  l'insouciance  et  le  mépris  pour  le  pou- 
voir ecclésiastique,  pour  les  choses  et  les  lois  sacrées;  l'injuste  et  violent 
pillage  des  biens  ecclésiastiques  ;  la  persécution  féroce  et  continuelle  contre 
les  ministres  des  autels,  contre  les  élèves  des  familles  religieuses  et  les 
vierges  consacrées  à  Dieu;  la  haine  vraiment  satanique  contre  le  Christ, 
son  Eglise,  sa  doctrine,  et  contre  ce  Saint-Siège  apostolique;  enfin,  tous 
ces  autres  excès  presque  innombrables  commis  par  les  ennemis  acharnés 
de  la  religion  catholique,  et  sur  lesquels  nous  sommes  forcé  de  pleurer 
chaque  jour,  semblent  prolonger  et  ajourner  le  moment  désiré  où  il  nous 
sera  donné  de  voir  le  plein  triomphe  de  notre  sainte  religion,  de  la  vérité 
et  de  la  justice.  Ce  triomphe,  cependant,  ne  pourra  manquer,  quoiqu'il 
ne  nous  soit  pas  accordé  de  connaître  le  temps  que  lui  a  fixé  le  Seigneur 
tout-puissant,  lui  qui  règle  et  gouverne  toutes  choses  avec  son  admirable 
providence,  et  les  tourne  à  notre  avantage  Quoique  le  Père  céleste  per- 
mette que  sa  sainte  Eglise  militante  soit  tourmentée,  dans  ce  pèlerinage 
misérable  et  mortel,  par  diverses  calamités,  par  des  afflictions  diverses; 
néanmoins,  comme  elle  est  fondée  par  INotre-Seigneur  Jésus-Christ  sur 
une  pierre  immobile,  invulnérable,  non  seulement  elle  ne  peut  jamais 
être  renversée  ni  ébranlée  par  aucune  force,  par  aucune  violence,  mais 
encore,  «  loin  de  diminuer,  elle  s'accroît  par  le  fait  même  de  ces  persé- 
Œ  cutions,  et  le  champ  du  Seigneur  se  revêt  toujours  d'une  moisson  plus 
a  abondante,  tandis  que  les  grains  qui  tombent  un  à  un  renaissent 
«  multipliés.  > 


C'est  là,  Fils  chéris  et  vénérables  Frères,  ce  que  nous  voyons  aussi  se 
produire  dans  ces  temps  déplorables,  par  un  bienfait  s])écial  du  Seigneur. 
Il  est  vrai,  l'Epouse  immaculée  du  Seigneur  est  à  celte  heure  vivement 
aflligée  par  les  impies;  cependant  elle  triomphe  de  ses  ennemis.  Oui  elle 
en  triomphe  et  sur  elle  jettent  un  merveilleux  éclat,  soit  la  foi,  l'amoui-, 
ie  respect  envers  nous,  envers  la  Chaire  de  saint  Pierre,  et  l'admirable 
constance  à  défendre  l'unité  catholique,  qui  vous  distinguent  particuliè- 
retutn'x,  vous  et  nos  autres  vénérables  Frères,  les  évèques  de  tout  le 
monde  catholique;  soit  le  nombre  si  grand  des  œuvres  pieuses  de  reli- 


50  LETTHE   ENCYCLIQUE    DE    PIE    l\ 

simis  religionis  et  christianœ  charitatisoperibus,  qnae,Deoaiixi- 
liante,  niagis  in  dies  multiplicantur  in  catholico  orbe;  tum 
sanctissiniae  fidei  luniine  qno  magis  in  dies  tôt  illustrantur 
regiones;  tum  egregio  Gatholicorum  erga  ipsain  Ecclesiam,  ac 
nos  et  hanc  Sanctam  Sedem  amore  et  studio  ;  tum  insigni  et 
immortali  martyrii  gloria.  Nostis  enim  quomodo  in  Tunkini  et 
Cochinchinœprœsertim  regionibus,  episcopi,  sacerdotes  laïcique 
viri.  ac  vel  ipsœ  imbelles  mulieres,  ac  teneri  adolescentuli  et 
adolescentulae,  veterum  martyrum  exempla  aemulantes,  animo 
invicto  et  heroïca  virtute  crudelissimos  quosque  cruciatus  dc- 
spicere,  et  exulantes  pro  Christo  vitam  profiindere  vehementer 
ketantur.  Quae  sane  omnia  non  levi  nobis  vobisque  consolationi 
esse  debent,  inter  maximas  quibus  premimur  acerbitates. 

Verum  cum  apostolici  nostri  ministerii  oflicium  omnino  pos- 
tulet,  ut  Ecclesiœ  causam  nobis  ab  ipso  Christo  Domino  com- 
niissam  omni  cura  studioque  defendamus,  illosque  omnos 
reprobemus,  qui  Ecclesiam  ipsam,  ejusque  sacra  jura,  mini- 
stros,  et  hanc  Apostolicam  Sedem  oppugnare  et  conculcare  non 
dubitant,  idcirco  hisce  nostris  litteris  denuo  ea  omnia  et  singula 
conlirmamus,  declaramus,  ac  damnamus,  quee  in  pluribus  con- 
sistorialibus  Allocutionibus  aliisque  nostris  Litteris  cum  ingenti 
animi  nostri  molestia  lamentari,  declarare,  et  damnare  coacti 
fuimus. 

Atque  hic,  dilecti  Filii  nostri  et  venerabiles  Fratres,  iterum 
commemorare  et  reprehendere  oportet  gravissimum  errorem, 
in  quo  nonnulli  catholici  misère  versantur,  qui  homines  in  erro- 
ribus  viventes  et  a  vera  fide  atque  a  catholica  unitate  alienos, 
ad  aeternam  vitam  pervenire  posse  opinantur.  Quod  quidem  ca- 
tholicœ  doctrinœ  vel  maxime  adversatur.  Notum  nobis  vobisque 
est,  eos  qui  invincibili  circa  sanctissimam  nostram  religionem 
ignorantia  laborant,  quique  naluralem  legem  ejusque  praecepta 
in  omnium  cordibus  a  Deo  insculpta  sedulo  servantes,  ac  Deo 
obedire  parati  honestam  rectamque  vitam  agunt,  posse  divincC 
lucis  et  gratiae  opérante  virtute  œternam  consequi  vitam,  cum 
Deus,  qui  omnium  mentes,  animes,  cogitationes,  habitusque 
plane  intuetur,  scrutatur  et  noscit,  pro  summa  sua  bonitate  et 
clementia  minime  patiatur  quempiam  seternis  puniri  suppliciis, 
qui  voluntarise  culpae  reatum  non  habeat.  Sed  notissimum  quo- 
qiie  est  catholicum  dogma,  neminem  scilicet  extra  calhulicam 
Ecclesiam  posse  salvari,  et  contumaces  adverssus  ejusdem  Ec- 
clesiœ auctoritatem,  deiinitiones,  et  ab  ipsius  Ecclesiœ  unitate, 
atque  a  Pétri  successore  Jlomano  Pontiiice,  oui  vineœ  custodia  a 
Salvatore  est  commissa,  pertinaciter  divises,  œternam  non  pos*e 
obtinere  salutem. 


a  QUANTO  CONFICIAMUR  >,  10  AOUT  1863  51 

gion  et  de  charité  chrétienne  qui,  grûce  à  Dieu,  vont  chaque  jour  se  mul- 
tipliant davantage  dans  l'univers;  soit  la  sainte  lumière  de  la  foi,  qui 
chaque  jour  brille  d'un  nouvel  éclat  dans  des  contrées  si  nombreuses; 
soit  l'amour  et  le  zèle  ardents  des  catholiques  envers  l'Eglise,  envers  nous 
et  envers  ce  Saint-Siège;  soit  enfin  la  gloire  insigne  et  immortelle  du 
martyre.  Vous  savez,  en  effet,  que,  spécialement  dans  le  Tonkin  et  dans 
la  Cochinchine,  les  évêques,  les  prêtres,  les  laïques  et  même  les  faibles 
femmes,  les  adolescents  et  les  petites  filles,  imitent  les  exemples  des 
anciens  martyrs,  bravent  avec  un  courage  invincible,  avec  une  héroïque 
vertu  les  tourments  les  plus  atroces,  heureux  de  pouvoir  donner  dans 
l'exil  leur  vie  pour  le  Christ.  Toutes  ces  choses  doivent  être  pour  nous 
comme  pour  vous  d'une  grande  consolation,  au  milieu  des  afflictions 
cruelles  qui  nous  accablent. 


Mais,  les  fonctions  de  notre  ministère  apostolique  exigent  absolument 
que  nous  défendions  avec  toute  la  sollicitude  et  tous  les  efforts  possibles 
la  cause  de  l'Eglise  qui  nous  a  été  confiée  par  Kotre-Seigneur  Jésus- 
Christ  lui-même,  et  que  nous  réprouvions  tous  ceux  qui  ne  craignent 
pas  de  combattre  et  de  fouler  aux  pieds  cette  Eglise,  ses  droits  sacrés, 
ses  ministres  et  ce  Siège  Apostolique.  Aussi,  nous  confirmons,  par  cette 
lettre,  nous  déclarons  et  nous  condamnons  de  nouveau,  en  général  et  en 
particulier,  tout  ce  que  dans  plusieurs  de  nos  allocutions  consistoriales 
et  dans  d'autres  lettres,  nous  avons  été  obligé,  au  grand  regret  de  notre 
âme,  de  déplorer,  de  signaler,  de  condamner. 


Et  ici.  Fils  chéris  et  vénérables  Frères,  nous  devons  rappeler  de  nou- 
veau et  blâmer  l'erreur  considérable  où  sont  malheureusement  tombés 
quelques  catholiques.  Ils  croient  en  effet  qu'on  peut  parvenir  à  l'éter- 
nelle vie  en  vivant  dans  Terreur,  dans  l'éloignement  de  la  vraie  foi  et 
de  l'unité  catholique.  Cela  est  péremptoirement  contraire  à  la  doctrine 
catholique.  Nous  le  savons  et  vous  le  savez,  ceux  qui  ignorent  invinci- 
blement notre  religion  sainte,  qui  observent  avec  soin  la  loi  naturelle  et 
ses  préceptes,  gravés  par  Dieu  dans  le  cœur  de  tous,  qui  sont  disposés  à 
obéir  au  Seigneur,  et  qui  mènent  une  vie  honorable  et  juste,  peuvent, 
avec  l'aide  de  la  lumière  et  de  la  grAce  divine,  acquérir  la  vie  éternelle; 
car  Dieu  voit  parfaitement,  il  scrute,  il  connaît  les  esprits,  les  âmes,  les 
pensées,  les  habitudes  de  tous,  et  dans  sa  bonté  suprême,  dans  son  infi- 
nie clémence,  il  ne  permet  point  qu'on  souffre  les  châtiments  éternels 
sans  être  coupable  de  quelque  faute  volontaire.  Mais  nous  connaissons 
parfaitement  aussi  ce  dogme  catholique  :  qu'en  dehors  de  l'Eglise  on  ne 
peut  se  sauver,  qu'il  est  impossible  d'obtenir  le  salut  éternel  en  se'  mon- 
trant rebelle  à  l'autorité  et  aux  décisions  de  cette  Eglise,  en  demeurant 
opiniâtrement  séparé  de  son  unité  et  de  la  communion  du  Pontife 
romain,  successeur  de  Pierre,  à  qui  a  été  confiée  par  le  Sauveur  la 
garde  de  la  vigne. 


52  LETTRE    ENCYCLIQUE    DE    l'IE    L\ 

Clarissiina  enim  sunt  Christi  Domini  verba  :  «  Si  Ecclesiam  non 
«  audiorit,  sit  libi  sicut  cthnicus  et  publicanus  (1).  Qui  vos  audit, 
«  me  audit,  et  qui  vos  spernit,  me  spernit,  qui  autem  mespernit, 
«  spernit  eum  (jui  misit  me  (2).  Oui  non  crediderit,  condeninabi- 
«  tur  (3).  Qui  non  crédit,  jam  judicatus^est  (4).  Qui  non  est  me- 
«  cum,  contra  me  est,  et  qui  non  collii^it  mecum,  dispergit  (5).  » 
llinc  apostolus  PauUis  hujusmodi  liomines  dicit  «  subversos,  et 
«  proprio  judicio  condemnatos  (G),  »  et  Apostolorum  Princeps 
illus  <<  appellat  magistros  mendaces,  qui  introducunt  sectas  per- 
«  ditionis,  Dominum  negant,  superducentes  sibi  celerem  perdi- 
«  tionem  (7).  » 

Absit  vero,  ut  catholicte  Ecclesiai  filii  uUo  unquam  modo  ini- 
mici  sint  iis,  qui  eisdem  fidei  charitatisque  vinculis  nobiscum 
minime  sunt  conjuncti;  quin  imo  illos  sive  pauperes,  siveœgro- 
tantes,  sive  aliisquibusqueœrumnisafllictos,  omnibus  christianfe 
charitatis  officiis  prosequi,  adjuvare  semper  studeant,  et  in  pri- 
mis  ab  errorum  tenebris,  in  quibus  misère  jacent,  eripere,  atque 
ad  catholicam  veritatem  et  ad  amantissimam  matrem  Ecclesiam 
reducere  contendant,  qua}  maternas  suas  manus  ad  illos  amanter 
tendere,  eosque  ad  suum  sinum  revocare  nunquam  desinit,  ut 
in  lide,  spe  et  charitate  fundati  ac  stabiles,  et  in  omni  opère 
bono  fructificantes,  seternam  assequantur  salutem. 

Nunc  autei.i,  dilecti  Filii  nostri  ac  venerabiles  Fratres,  silen- 
tio  prœterire  non  possumus  alium  perniciosissimum  errorem  et 
malum,  quo  hac  nostra  infelicissima  aetate  hominum  mentes 
animique  misère  abripiuntur  ac  perturbantur.  Loquimur  nempe 
de  eiïrenato  ac  damnoso  illo  proprio  amore  et  studio,  quo  non 
pauci  bomines,  nulla  plane  proximi  sui  ratione  habita,  proprias 
utilitates  et  commoda  unice  spectant  et  quaerunt;  loquemur  de 
insatiabili  illa  dominandi  et  acquirendi  cupiditate,  qua  honesta- 
tis  justitiseque  regulis  omnino  posthabitis,  divitias  quovismodo 
cupidissime  congerere  et  cumulare  non  desinunt,  ac  terrenis 
tantum  rébus  assidue  intenti,  etDei,  religionis,  animœque  suae 
immemores,  suam  omnem  felicitatem  in  comparandis  divitiis  et 
pecuniœ  thesauris  perperam  collocant.  Meminerint  hujusmodi 
homines  ac  serio  meditentur  gravissima  illa  Christi  Domini 
verba  :  «  Quid  prodest  homini,  si  mundum  universum  lucretur, 
«  animse  vero  suae  detrimentum  patiatur  (8)  ?  »  Et  animo  sedulo 
reputent  quœ  apostolus  Paulus  docet  :  «  Qui  volunt  divites  fieri, 
a  incidunt  in  tentationem  et  in  laqueum  diaboli,  et  desideria 

(1)  Matt.,  xvni,  17.  —  (2)  Luc,  x,  16.  —  (3)  Marc,  xvi.  16.  —  (i)  Joan., 
III,  18.  —  (o)  Luc,  XI,  23.  —(6)  Tit.,  m.  H.  — (7)  2  Petr..  ii,  l .  — 
{8)  Matt.  XVI,  26. 


«  QUANTO  GONFICUMUR  »,  10  AOUT  4863  53 

Citr  les  paroles  du  Clirist  IS'olre-Scigneur  sont  parfaitement  claires  : 
R  S'il  n'écoute  pas  l'Eglise,  regarde-le  comme  un  païen  et  comme  un 
«  publicain.  —  Qui  vous  écoute  m'écoute,  qui  vous  méprise  me  méprise, 
«  et  qui  me  méprise  méprise  Celui  qui  m'a  envoyé.  —  Celui  qui  ne 
0  croira  pas  sera  condamné.  —  Celui  qui  ne  croit  pas  est  déjà  jugé.  — 
a  Celui  qui  n'est  pas  avec  moi  est  contre  moi,  et  celui  qui  n'amasse  pas 
a  avec  moi  dissipe.  »  Aussi  l'apôtre  Paul  dit  que  ces  hommes  sont  a  cor- 
«  rompus  et  condamnés  par  leur  propre  jugement  »  ;  et  le  Prince  des 
a  Apôtres  assure  qu'ils  sont  des  «.  maîtres  menteurs,  qu'ils  introduisent 
a  des  sectes  de  perdition,  qu'ils  renient  le  Seigneur,  et  attirent  sur  eux 
c  une  prompte  ruine  r. 


A  Dieu  ne  plaise  cependant  que  les  fils  de  l'Eglise  catholique  soient 
jamais  les  ennemis  de  ceux  qui  ne  nous  sont  pas  unis  par  les  mêmes 
liens  de  foi  et  de  charité;  ils  doivent  au  contraire  s'empresser  de  leur 
rendre  tous  les  services  de  la  charité  chrétienne,  dans  leur  pauvreté, 
dans  leurs  maladies,  dans  toutes  les  autres  disgrâces  dont  ils  sont  affli- 
gés; de  les  aider  toujours,  de  travailler  principalement  à  les  tirer  des 
ténèbres  des  erreurs  où  ils  sont  plongés  misérablement,  à  les  ramener  à 
l'Eglise,  celte  mère  pleine  d'amour,  qui  ne  cesse  jamais  de  leur  tendre 
affectueusement  ses  mains  maternelles,  de  leur  ouvrir  les  bras  pour  les 
établir  et  les  affermir  dans  la  foi,  l'espérance  et  la  charité,  pour  les  faire 
fructifier  en  toutes  sortes  de  bonnes  œuvres  et  leur  faire  obtenir  le  salut 
éternel. 


Maintenant,  Fils  chéris  et  vénérables  Frères,  nous  ne  pouvons  passer 
sous  silence  une  autre  erreur,  un  autre  mal  des  plus  funestes  qui  séduit 
misérablement,  dans  ces  temps  malheureux,  qui  trouble  les  esprits  et  les 
cœurs.  iNous  voulons  parler  de  cet  amour-propre,  de  cette  ardeur  effrénée 
et  nuisible  qui  porte  un  trop  grand  nombre  d'hommes  à  n'avoir  en  vue, 
à  ne  chercher  que  leurs  intérêts  et  leurs  avantages,sans  avoir  le  moindre 
égard  pour  leur  prochain;  nous  voulons  parler  de  ce  désir  insatiable  de 
dominer  et  d'acquérir,  qui  les  pousse  à  amasser  avidement  et  par  tous 
les  moyens,  au  mépris  même  de  toutes  les  règles  de  l'honnêteté  et  de  la 
justice,  et  à  entasser  sans  relâche  des  trésors.  Uniquement  préoccupés 
des  choses  de  la  terre,  oublieux  de  Dieu,  de  la  religion  et  de  leur  âme, 
ils  mettant  misérablement  tout  leur  bonheur  à  acquérir  de  l'or  et  des 
richesses.  Que  ces  hommes  se  rappellent  et  méditent  sérieusement  ces 
graves  paroles  du  Christ,  notre  Seigneur  :  «  Que  sert  à  l'homme  de 
«  gagner  le  monde,  s'il  perd  son  âme?  »  Qu'ils  réfléchissent  attenti- 
vement à  ce  qu'enseigne  l'apôtre  Paul  :  a  Ceux  qui  veulent  s'enrichir, 
a  dit-il,  tombent  dans  la  tentation  et  dans  les  filets  du  diable,  dans  beau- 


0  J  LETTRE   ENCYCLIQUE   DE    PIE   IX 

«  multa  inulilia,  el  nociva,  quaî  mergunt  homines  inintoiitum 
«  et  perditionem.  Radix  enim  omnium  maloruin  est  cii|>iditas, 
«  quam  quidem  appetentes,  erraverunt  a  fide  et  insenienint  se 
«  doloribus  multis  (1).  » 

K(|uidem  homines  juxta  propriam  ac  diversam  cujusqnc  con- 
dilionem  suis  laboribus  necessaria  vitae  praesidia  sibi  comparare 
debont,  seu  in  litteris  ac  scientiis  excolendis,  seu  in  artibus  tum 
ingenuis  tum  vulgaribus  exercendis,  seu  in  publiais  privatisque 
muneribus  obeundis,  seu  in  rerum  commercio  "habendo  :  sed 
omnino  oportet,  ut  omnia  cum  honestate,  justitia,  integritate  et 
chaiitate  agant,  et  Deum  praî  oculis  semper  habeant,  ejusque 
mandata  ac  prœcepta  diligentissime  observent. 

Jam  vero  dissimulare  non  possumus  acerbissimo  nos  angi 
dolore,  cum  in  Italia  nonnulli  ex  utroque  clero  reperiantur  viri, 
qui  adeo  sanctae  suae  vocationis  sunt  obliti,  ut  minime  erube- 
scant  exitialibus  etiam  scriptis  falsas  disseminare  doctrinas,  ac 
populorum  animos  contra  nos  et  hanc  Apostolicam  Sedem  exci- 
tare,  ac  civilem  nostrum  et  ipsius  Sedis  principatum  oppugnare, 
et  nequissimis  catbolicae  Ecclesise  ejusdemque  Sedis  hostibus 
omni  opéra  sludioque  impudenter  favere.  Qui  ecclesiastici  viri 
a  suis  antistitibus,  et  a  nobis,  atque  ab  hac  Sancta  Sede  desci- 
scentes,  et  Subalpini  giibernii  ejusque  magistratuum  favore  et 
auxilio  freti,  eo  temeritatis  devenerunt,  ut,  ecclcsiasticis  censu- 
ris  et  pœnis  plane  spretis,  minime  extimuerint  quasdam  omnino 
improbandas  Socielates  Clerico-liberali,  Di  mutuo  soccorso,  Eman- 
cipatrice  del  clero  italiano  vulgo  appellatas,  aliasque  eodem  pravo 
spiritu  animatas,  constituere,  et  quamvis  a  propriis  antistitibus 
merito  interdicti  a  sacro  ministerio  obeundo,  tamen  minime 
pavent  illud,  veluti  intrusi,  in  phiribus  templis  perpcram  et 
illicite  exercere.  Quapropter  et  commemoratas  detestando  socie- 
tates,  etimprobam  eorumdem  ecclesiasticorum  hominum  agendi 
rationem  reprobamus,  damnamus.  Atque  eodem  tempore  hos 
infelices  ecclesiasticos  viros  etiam  atque  etiam  monemus,  horta- 
mur,  ut  resipiscant,  et  redeant  ad  cor  propriœque  salnti  consu- 
lant,  serio  considérantes,  quod  «  nullum  ab  aliis  magis  prœju- 
«  dicium,  quam  a  sacerdotibus  tolérât  Deus,  quando  eos,  quos 
«  ad  aliorum  correctionem  posuit.  dare  de  se  exempla  pravita- 
a  tis  cernit;  »  ac  diligenter  méditantes,  districtam  ante  tribunal 
Christi  rationem  aliquando  esse  reddendam.  Faxit  Deus,  ut  hi 
miseri  ecclesiastici  homines,  paternis  nostrismonitis  oblempe- 
rant(  s,  velint  nobis  eam  adhibere  consolationem,  quam  nobis 
afïerunt  illi  utriusque  cleri  viri,  qui  misera  decepti  et  in  errorem 

(1)  I  Tim.  VI,  9,  10. 


«  QUANTO  CONFICIAMUR  »,  10  AOUT  1863  55 

a  coup  de  désirs  inutiles  et  nuisibles  qui  plongent  les  liommes  dans  la 
0  ruine  et  dans  la  perdition  ;  car  la  cupidité  est  la  racine  de  tous  les 
€  maux;  aussi  quelques-uns  en  y  cédant  ont  dévié  de  la  foi  et  se  sont 
a  engacés  dans  mille  douleurs.  » 


Les  hommes  doivent  assurément,  chacun  selon  sa  condition  propre  et 
spéciale,  travailler  à  se  procurer  les  choses  nécessaires  à  la  vie,  soit  en 
cultivant  les  lettres  et  les  sciences,  soit  en  exerçant  les  arts  libéraux  ou 
professionnels,  soit  en  remplissant  des  fonctions  privées  ou  publiques, 
soit  en  se  livrant  au  commerce;  mais  il  faut  absolument  qu'ils  fassent 
tout  avec  honnêteté,  avec  justice,  avec  probité,  avec  charité;  qu'ils  aient 
toujours  Dieu  devant  les  yeux,  et  qu'ils  observent  avec  le  plus  grand 
soin  ses  commandements  et  ses  préceptes. 


Mais  nous  ne  pouvons  le  dissimuler,  nous  éprouvons  une  amère  dou- 
leur de  voir  en  Italie  plusieurs  membres  de  l'un  et  de  l'autre  clergé  tel- 
lement oublieux  de  leur  sainte  vocation,  qu'ils  ne  rougissent  pas  de 
répandre,  même  dans  des  écrits  désastreux,  de  fausses  doctrines,  d'exciter 
les  esprits  des  peuples  contre  nous  et  contre  ce  Siège  Apostolique,  d'atta- 
quer notre  pouvoir  temporel  et  celui  du  Saint-Siège,  d'en  favoriser  impu- 
demment, avec  ardeur  et  toute  espèce  de  moyens,  les  déloyaux  ennemis, 
lesquels  sont  aussi  les  ennemis  de  l'Eglise  catholique.  Ces  ecclésiastiques 
se  détachent  des  évêques,  de  nous,  de  ce  Saint-Siège,  et  forts  de  la  protec- 
tion et  du  secours  du  gouvernement  picmontais  et  de  ses  administrateurs, 
poussent  la  témérité  jusqu'à  oser  établir,  au  mépris  absolu  des  peines  et 
des  censures  ecclésiastiques,  des  sociétés  tout  h  fait  condamnables  sous 
les  noms  de  œ  clérico-libérales,  de  secours  mutuel,  d'émancipatrice  du 
a  clergé  italien  »,  et  d'autres  encore,  animées  du  même  esprit  pervers; 
et,  quoique  les  évêques  leur  aient  justement  interdit  d'exercer  leur 
ministère  sacré,  ils  ne  tremblent  pas,  intrus  qu'ils  sont,  d'en  remplir 
criminellement  les  fonctions  dans  plusieurs  églises.  C'est  pounjuoi  nous 
réprouvons  et  nous  condamnons  et  ces  détestables  sociétés  et  la  conduite 
coupable  de  ces  ecclésiastiques.  Nous  avertissons  en  même  temps,  nous 
exhortons  de  plus  en  plus  ces  malheureux  de  faire  pénitence,  de  rentrer 
en  eux-mêmes,  de  veiller  à  leur  salut,  de  réfléchir  sérieusement  que 
«  Dieu  n'éprouve  pas  de  plus  giands  déplaisirs  qu'en  voyant  des 
a  prêtres,  chargés  de  corriger  les  autres,  donner  eux-mêmes  le  mauvais 
«  exemple  »  ;  enfin  de  méditer  attentivement  sur  le  compte  rigoureux 
qu'ils  devront  rendre  un  jour  au  tribunal  du  Christ.  Plaise  à  Dieu, 
qu'accueillant  nos  avertissements  paternels,  ces  infortunés  ecclésias- 
tiques veuillent  bien  nous  donncv  la  consolation  que  nous  recevons  des 


56  letthe  ExcYCLiQuii:  de  pie  ix 

inducti,  ad  nos  in  sinp:ulos  dies  confu.^^iunt  pœnitenles,  ac  sup- 
plie! prece  errati  veniam  et  a  censuris  ecclesiasticis  absolutio- 
nem  huniiliter  enixeque  implorantes. 

Oplinio  autem  noscitis,  dilecti  Filii  noslri  ac  venerabiles  Fra- 
tres,  impia  omnis  generis  scripta  e  tenebris  emissa,  ac  dolis, 
mendaciis,  calumniis  et  blasphemiis  plena,  et  scholas  acatholi- 
cis  magistris  tradilas,  et  templa  acatholico  cultui  deslinata,  ac 
multiplices  alias  diabolicas  sane  insidias,  artes,  conatiis,  (]uibus 
Dei  hominumqtie  hostes  in  misera  Italia  catholicam  Fcclesiam, 
si  fieri  unquani  posset,  funditus  evertere,  ac  populos  et  impro- 
vidam  prœsertim  juventutem  quotidie  magis  depravare,  cor- 
rumpere,  et  ex  omnium  animis  sanctissimam  nostram  fideni 
religionemque  radicitusextirpare  connituntur.  Itaque  nibil  dubi- 
tamus,  quin  vos,  dilecti  Filii  nostri  ac  venerabiles  Fratres,  con- 
fortati  in  gratia  Domini  Nostri  Jesu  Christi,  pro  egregio  vestro 
episcopali  zelo  pergatis,  ut  adhuc  cum  maxima  vestri  nominis 
laude  fecistis,  concordissimis  animis  et  ingeminatis  studiis  con- 
stanter  opponere  muruiii  pro  domo  Israël,  et  certare  bonum 
certamen  fidei,  et  ab  adversariorum  insidiis  fidèles  curae  ve- 
strœ  commissos  defendere,  illosque  assidue  monere,  et  exhortari, 
ut  sanctissimam  fidem,  sine  qua  impossibile  est  placere  Deo,  et 
quam  a  Ghristo  Domino  per  Apostolos  tenet  ac  docet  catholica 
Ecclesia,  constantissime  teneant,  ac  stabiles  et  immoti  perma- 
neant  in  divina  nostra  religione,  quse  una  est  vera  œternamque 
parât  salutem,  ac  civilem  etiam  societatem  vel  maxime  sospitat 
atque  fortunat. 

Quapropter  ne  desinatis  per  parochos  praesertim  aliosque 
ecclesiasticos  viros  vitœ  integritate,  morum  gravitate,  ac  sana 
solidaque  doctrina  spectatostum  divini  verbi  preedicatione,  tum 
catechesi  populos  curae  vestrœ  tradilos  veneranda  augustae  nostrae 
religionismysteria,  doctrinam,  praecepta,  disciplinamcontinenter 
et  ac-curate  docere.  Etenim  apprime  scitis,  ingentem  malorum 
partem  ex  divinarum  rerum,  quae  ad  salutem  necessariae  sunt, 
inscitia  plerumque  oriri,  ac  propterea  probe  intelligitis,  oninem 
curam,  industriamque  esse  adbibendam,  ut  hujusmodi  malum 
a  populis  depellatur. 

Antequam  vero  huic  nostrae  epistolae  finem  faciamus,  nobis 
temperare  non  possumus,  quin  méritas  Italiae  clero  laudes  tri- 
buamus,  qui  ex  parte  longe  maxima  nobis  et  huic  Pétri  oalhedrae 
ac  suis  antistitibus  ex  animo  adhœrens,  a  recta  via  minime  de- 
clinavit,  sed  illustria  suorum  antistitum  exempla  sequens,  et 
asperrima  quœque  palientissime  perferens,  munere  suo  egregie 
perfungitur.  Ea  profecto  spe  nitimur  fore,  ut  clerus  idem,  divina 
auxiliante  gratia,  digne  ambulans  vocatione  qua  vocatus  est. 


«  QUANTO  CONFlCIAMUn  »,  10  AOIIT  1SG3  57 

nieiiibrcs  dos  doux  clergés,  lorsque,  inallieurcusement  trompés  et  induits 
eu  eri'eur,  ils  icvionueut  ù  nous  cliaquo  jour  pleins  de  repentir,  implo- 
rant ardemment  et  d'une  voix  su|)plianle  le  pardon  de  leur  égarement 
et  l'absolution  des  censures  ecclésiastiques. 

Vous  le  savez  parfaitement,  Fils  chéris  et  vénérables  Frères,  tous  les 
genres  d'écrits  impies  sont  sortis  des  ténèbres,  remplis  d'hypocrisies,  de 
mensonges,  de  calomnies,  de  blasphèmes;  des  écoles  sont  confiées  à  des 
maîtres  non  calholiques;  des  temples  sont  destinés  aux  cultes  étrangers. 
Vous  savez  le  giand  nombre  des  autres  artifices  vraiment  sataniques,  les 
ruses  et  les  eilorts  qu'emploient  ces  ennemis  de  Dieu  et  des  hommes, 
dans  la  malheureuse  Italie,  pour  y  renverser  de  fond  en  comble  l'Eglise 
catholique,  si  jamais  ils  le  pouvaient,  pour  dépraver,  pour  corrompre 
chaque  jour  davantage  les  peuples,  et  spécialement  la  jeunesse,  pour 
arracher  de  tous  les  cœurs  notre  foi  et  notre  religion  sainte. 

Aussi,  nous  n'en  doutons  pas,  Fils  chéris  et  vénérables  Frères,  forti- 
fiés par  la  grâce  de  iNotre- Seigneur  Jésus-Christ,  et  sous  la  noble  inspi- 
ration de  voire  zèle  épiscopal,  vous  continuerez,  comme  vous  l'avez  fait 
jusqu'ici,  à  la  gloire  de  votre  nom,  de  vous  opposer  constamment,  d'un 
commun  accord  et  avec  un  redoublement  d'ardeur,  comme  un  mur 
autour  de  la  maison  d'Israël,  de  combattre  le  bon  combat  de  la  foi,  de 
préserver  des  embûches  des  ennemis  les  fidèles  confiés  à  votre  sur- 
veillance, de  les  avertir,  de  les  exhorter  sans  relâche  à  conserver  avec 
constance  cette  sainte  foi  sans  laquelle  il  est  impossible  de  plaire  à  Dieu, 
que  l'Eglise  catholique  a  reçue  de  Jésus-Christ  par  l'intermédiaire  des 
Apôtres  et  qu'elle  continue  d'enseigner,  à  rester  fermes  et  inébranlables 
dans  notre  divine  religion,  la  seule  vraie,  la  seule  qui  prépare  le  salut 
éternel,  celle  enfin  qui  assure  à  un  si  haut  point  la  paix  et  le  bonheur 
de  la  société  temporelle. 

Ne  cessez  donc,  surtout  par  le  ministère  des  curés  et  des  autres  ecclé- 
siastiques que  recommandent  l'intégrité  de  leur  vie,  la  gravité  de  leurs 
mœurs,  une  doctrine  saine  et  solide,  de  prêcher,  de  catéchiser  les  peuples 
commis  à  votre  sollicitude,  de  leur  enseigner  continuellement  et  avec 
soin  les  mystères,  la  doctrine,  les  préceptes  et  la  discipline  de  notre 
auguste  religion.  Car  vous  le  savez  très  bien  :  une  grande  partie  des 
maux  vient  ordinairement  de  l'ignorance  des  vérités  divines  nécessaires 
au  salut,  et,  par  conséquent,  vous  comprenez  parfaitement  qu'on  ne  doit 
négliger  ni  soins,  ni  efforts  pour  éloigner  des  peuples  un  tel  malheur. 

Avant  de  terminer  cette  lettre,  nous  ne  pouvons  nous  abstenir  de  don- 
ner des  éloges  mérités  au  clergé  d'Italie  ;  car,  pour  l'immense  majorité, 
il  demeure  attaché  à  cette  chaire  de  Pierre,  à  nous,  à  ses  prélats  ;  jamais 
il  n'a  abandonné  le  droit  chemin,  mais,  suivant  les  illustres  exemples  de 
ses  évèques,  et  souffrant  toutes  sortes  d'épreuves  avec  la  plus  grande 
patience,  il  remplit  admirablement  son  devoir. 

Kous  espérons  certainement  (ju'-ivcc  l'aide  du  secours  divin,  ce  même 


58  LETTRE    ENCYCLIQUE    DE    PIE    IX 

splcnrliilior.'x  suce  pietatis  ac  virtutis  speeimina  exhibere  semper 
contoiidat. 

Debiti)  quoque  laudnm  prœconio  prosequimur  tôt  virs^ines 
Deo  sacras,  quœ  a  propriis  monasteriis  violenter  exturlialie,  ac 
suis  redilijjus  spoliatoe,  et  ad  mendiritatom  redact8e,hand  lamen 
fregcrunt  fidem  quani  Sponso  dedeiunt;  sed  omni  constantia 
trislissimam  suam  conditiouem  tolérantes,  non  cessant  diurnis 
nocturnisque  precibus  levare  manus  suas  in  sancta,  Deiim  pro 
omnium  et  suorum  etiani  persecutorum  sainte  obsecrantes,  et 
misericordiam  a  Domino  patienter  expectantes. 

Meritis  etiam  laudibus  Italiœ  populos  ornare  gaudemus,  qui 
catholicis  sensibus  egregie  animati  tôt  impias  contra  Kcciesiam 
molitiones  detestantur,  et  filiali  nos  et  hanc  sanctam  Sedem  ac 
suos  antistites  pietate,  observantia,  et  obedientiaprosequi  vehe- 
menter  gloriantur,  quique  gravissimis  licet  diflicultatibus  ac 
periculis  prœpediti,  singularis  sui  erga  nos  amoris  studiique 
signilicationes  modis  omnibus  quotidie  exhibere,  et  maximas 
nostras  et  Apostolicoe  hujus  Sedis  augustias  tum  collatitia  pe- 
cunia,  tum  aliis  largitionilius  sublevare  non  desistunt. 

In  tantis  autem  acerbitatibus  tantaque  contra  Ecclesiam  exci- 
tata  tempestate,  ne  despondeamus  unquam  animum  dilecti  Filii 
nostri  ac  venerabilesFratres,  cum  et  consilium  nostrum  et  forti- 
tudo  sit  Christus,  ac  sine  quo  nibil  possumus,  per  ipsum  cuncta 
possumus;  qui  confirmans  praedicatores  Evangelii  et  Sacramen- 
toruin  ministros,  «  Ecce  ego,  inquit,  vobiscum  sum  omnibus 
«  diebus  usque  ad  consummationem  saeculi  (l),  »  et  cum  certo 
sciamus,  inf'eri  portas  nunquam  esse  précvalituras  adversus 
Ecclesiam,  quae  semper  stetit  stabitqiie  immota^  custode  et  vin- 
dice  Christo  Jesu  Domino  nostro,  qui  eam  sedificavit,  et  qui  fuit 
«  heri,  et  hodie,  ipso  et  in  sœcula  (2j.  » 

?se  desinamus  autem,  dilecti  Filii  nostri  ac  venerabiles  Fratres, 
ardentiore  usque  studio  in  humilitate  cordis  nostri  orationes  et 
postulationesDeo  perJesum  Ghrislum  dies  noctcsque  ofîerre,  ut, 
hac  turbulentissima  tempestate  depulsa  Ecclesia  sua  sancta  a 
tantis  calamitatibus  respiret,  et  ubique  terrarum  optatissima 
pace  ac  libertate  fruatur,  et  novos  ac  splendidiores  de  suis  ini- 
micis  agat  triumphos,  utque  omnes  errantes  divinre  suœ  gratiae 
lumine  perfusi,  ab  erroris  via  ad  veritatisjustitiœque  iter  rever- 
tantur,  ac  dignum  pœnitentiœ  fruclum  facientes,  perpetuum 
sancti  sui  nominis  amorem  et  timorem  habeant.  Ut  autem  dives 
in  misericordia  Deus  ferventissimis  nostris  precibus  facilius 
annuat,  invocemus  potentissimum  immaculatse  sanctissimœque 

(1)  Mntt.,  xxviii,  20.  —  (-2)  Ileb.,  xui,  8. 


■  QUANTO  CÛNFIGIAMIJK  »,  10  AOUT  1863  59 

clergé  correspondra  dignement  à  la  grâce  de  sa  vocation,  et  s'appliquera 
à  donner  des  preuves  de  plus  en  plus  éclatantes  de  sa  piété  et  de  sa  vertu. 

Eloges  également  mérités  à  tant  de  vierges  consacrées  à  Dieu  :  arra- 
chées violemment  de  leurs  monastères,  dépouillées  de  leurs  revenus  et 
réduites  à  la  mendicité,  elles  n'ont  pas  pour  cela  renié  la  loi  qu'elles 
avaient  jurée  à  l'Epoux;  mais  supportant  avec  toute  la  constance  possible 
leur  condition  déplorable,  elles  ne  cessent  ni  la  nuit  ni  le  jour  de  lever 
au  ciel  leurs  mains  suppliantes,  de  prier  Dieu  pour  le  salut  de  tous,  de 
leurs  persécuteurs  mêmes,  et  d'attendre  patiemment  la  miséricorde  du 
Seigneur. 

Nous  sommes  heureux  de  donner  aussi  les  louanges  qu'ils  méritent 
aux  peuples  d'Italie  :  admirablement  animés  de  sentiments  catholiques, 
ils  détestent  tant  d'impies  manœuvres  dirigées  contre  l'Eglise,  ils  se  font 
une  gloire  suprême  de  payer  un  tribut  de  piété  filiale,  de  respect  et 
dobéissance  à  ce  Saint-Siège,  à  nous  et  à  leurs  évêques  ;  bien  qu'empê- 
chés par  des  difficultés  et  des  périls  très  sérieux,  ils  ne  laissent  pas  néan- 
moins de  manifester  journellement,  de  toutes  les  manières,  l'amour  et  le 
dévouement  incomparables  qu'ils  ont -pour  nous,  d'alléger,  soit  par  les 
dons  recueillis  de  toutes  parts,  soit  par  d'autres  offrandes,  le  poids  acca- 
blant de  gène  où  nous  nous  trouvons  et  où  se  trouve  le  Siège  Apostolique. 

Au  milieu  de  tant  d'amertumes,  au  sein  de  la  tempête  violemment 
déchaînée  contre  l'Eglise,  ne  perdons  jamais  courage,  fils  chéris  et  véné- 
rables Frères.  Le  Christ  n  esi-n  pas  noue  conseil  et  notre  force  ?  Sans  lui 
nous  ne  pouvons  rien,  mais  par  lui  nous  pouvons  tout;  car  en  affermis- 
sant les  prédicateurs  de  l'Evangile  et  les  ministres  des  sacrements  : 
«  Voici,  dit-il.  que  je  suis  avec  vous  tous  les  jours  jusqu'à  la  consom- 
mation des  siècles.  »  Ne  savons-nous  pas  positivement  aussi  que  les 
portes  de  l'enfer  ne  prévaudront  jamais  contre  l'Eglise?  Elle  a  toujours 
été,  toujours  elle  sera  immuable  sous  la  garde  et  sous  la  protection  de 
Jésus-Christ  Notre  Seigneur  qui  l'a  édifiée,  qui  était  «  hier,  qui  est 
«  aujourd'hui  et  qui  sera  aussi  dans  les  siècles.  » 

Ne  cessons  pas,  cependant,  Fils  chéris  et  vénérables  Frères,  d'offrir 
jour  et  nuit,  avec  un  zèle  toujours  plus  ardent  et  dans  l'humilité  de  notre 
cœur,  des  supplications  et  des  prières  :  demandons  à  Dieu,  par  l'entre- 
mise de  Jésus-Christ,  de  dissiper  cet  affreux  ouragan,  de  faire  que  sa 
sainte  Eglise  respire  après  tant  de  calamités,  qu'elle  jouisse  dans  tout 
l'univers  de  la  paix  et  de  la  liberté,  objet  de  tous  nos  vœux,  qu'elle  rem- 
porte sur  ses  ennemis  de  nouveaux  et  d'éclatants  triomphes  ;  demandons 
que  ceux  qui  sont  égarés,  soient  tous  éclairés  par  la  divine  lumière  de  la 
grâce,  reviennent  de  l'erreur  au  chemin  de  la  vérité  et  delà  justice,  qu'ils 
produisent  de  dignes  fruits  de  pénitence,  qu'ils  aient  éternellement  la 
crainte  et  l'amour  du  saint  nom  de  Dieu. 

Et  pour  obtenir  que  dans  son  immense  miséricorde  Dieu  exauce  plus 
facilement  nos  ardentes  prières,  invoquons  le  patronage  puissant  de  riqi- 


GO  LETTHE   ENCYCLIQUE    DE    l'IE   IX 

Dei  Genitricis  Virp:inis  Mariœ  patrocinium,  ac  sulîragia  pelamus 
sanctonim  Apostolorum  Pétri  et  l'auli,  omniiimque  bealorum 
cœlitum,  ut  validis  suis  apud  Deum  deprecationibus  implorent 
omnibus  misericordiam  et  gratiam  in  auxilio  opportuno  et 
omnes  calamitates  et  pericula,  quibus  Ecclesia  ubique  ac  potis- 
simum  in  Italia  afdigitur,  potenter  avertant. 

Denique  certissimum  singularis  nostr.ne  in  vos  benevolentiœ 
pignus,  apostolicam  benedictionem  ex  inlimo  corde  profectam 
vobis  ipsis,  dilecti  Filii  nostri  ac  vencrabiles  Fratres,  et  gregi 
curœ  vestrre  commisse  peramanter  impertimur. 

Datum  Romœ  apud  S.  P<^trum  die  x  Augusti  anno  mdccclxiii, 
pontificatus  nostri  anno  decimo  octavo. 

Plus  PP    IX. 


a  QUANTO  GONFIGIAMUR  »,  10  AOUT  1863  61 

maculée  et  très  sainte  vierge  Marie,  mère  de  Dieu  ;  réclamons  aussi  les 
suffrages  des  apùtres  Pierre  et  Paul,  et  de  tous  les  bienheureux  habitants 
des  cieux.  Aii!  que,  par  leurs  supplications  puissantes  auprès  de  Dieu, 
ils  implorent  i)our  tous  la  miséricorde  et  la  grâce  en  temps  opportun, 
qu'ils  éloignent  efficacement  toutes  les  calamités,  tous  les  périls  dont 
l'Eglise  est  atlligée  partout,  et  spécialement  en  Italie. 

Enfin,  comme  un  témoignage  indubitable  de  notre  bienveillance  parti- 
culière envers  vous,  nous  donnons  afTectucusement  et  du  fond  du  cœur, 
la  bénédiction  apostolique  à  vous-mêmes,  Fils  chéris  et  vénérables  Frères, 
ainsi  qu'au  troupeau  confié  à  vos  soins. 

Donné  à  Pionic,  près  Saiat-Picrre,  le  10«  jour  d'août  de  Tannée  1863, 
la  18«  de  notre  pontificat, 

PIE  IX,  PAPE. 


SS.    PII  pp.   IX 

EPISTOLA   APOSTOLICA 
Plus  PP.  IX 

AD    PERPETUAM    REI    MEMOllIAU 

Cum  catholica  Ecclesia  a  Christo  Domino  fundata  et  instituta, 
ad  sempiternam  bominum  salutem  curandam  perfectœ  societa- 
tis  formam  vi  divinse  suse  institutionis  obtinuerit,  ea  proinde 
libertate  pollere  débet,  ut  in  sacro  suc  ministerio  obeundo  nulli 
civili  potestati  subjaceat.  Et  quoniam  ad  libère,  ut  par  erat, 
agendum,  iis  indigebat  prf»«idiis  ausp.  t.emporum  conditioni  ac 
necessitati  congruerent;  idcirco  singuiari  prorsus  divinse  Provi- 
dentiœ  consilio  factum  est,  ut  cum  ilomanum  corruit  imperium 
et  in  phira  fuit  régna  divisum,  Romanus  Pontifex,  quem  Chi'i- 
stus  totius  Ecclesiae  suae  caput  centrumque  constituit,  civilem 
assequeretur  principatum.  Quo  sane  a  Deo  ipso  sapientissime 
consultum  est,  ut  in  tanta  temporalium  principum  multitudine 
ac  varietate  summus  Pontifex  illa  frueretur  politica  libertate, 
quae  tantopere  necessaria  est  ad  spirilualem  suam  potestatem, 
auctoritatem  et  jurisdictionem  toto  orbe  absque  ullo  impedi- 
mento  exercendam.  Atque  ita  plane  decebat,  ne  catholico  orbi 
ulla  onretur  occasio  dubitandi,  impuisu  fortasse  civilium  pote- 
statum,  vel  partium  studio  duci  quandoque  posse  in  universali 
procuratione  gerenda  Sedem  illam,  ad  quam  propter  potiorem 
principal itatem  necesse  est  omnem  Ecclesiam  convenire  (1). 

Facile  autem  intelligitur,  quemadmodum  ejusmodi  Romanae 
Ecclesiœprincipatus,  licetsuapsenatura  temporalem  rem  sapiat, 
spiritualem  tamen  induat  indolem  vi  sacrse,  quam  habet,  desti- 
nalionis,  et  arctissimi  illius  vinculi  quo  cum  maximis  rei  Chri- 
slianœ  rationibusconjungitur.  Quud  tamen  nil  impedit,quominus 

(1)  S.  Iren.  cont.  Ikti-.  lib.  ui,  cap.  3. 


LETTRE  APOSTOLIQUE 

DE  SA  SAINTETÉ  PIE  IX 

PIE  IX  PAPE, 

POUR  EN   PERPÉTOEU  LA  MÉMOir.E 

Fondée  et  instituée  par  le  Christ" Notie-Seigneur  pour  procurer  le  salut 
éternel  des  hommes,  l'Eglise  catholique  a  obtenu  en  vertu  de  sa  divine 
institution,  la  forme  d"une  société  parfaite;  aussi  doit-elle  jouir  de  la 
liberté,  et,  dans  racconiplissement  de  son  ministère  sacré,  n"ctre  soumise 
à  aucun  pouvoir  civil.  Pour  agir  librement,  ainsi  qu'il  était  juste,  elle 
avait  besoin  de  secours  en  rapport  avec  la  condition  et  la  nécessité  des 
temps;  c'est  donc  par  un  décret  particulier  de  la  divine  Providence  que, 
lors  de  la  clnite  de  l'empire  romain  et  de  sa  division  en  plusieurs 
rojaumes,  le  Pontife  de  Rome,  établi  par  le  Christ,  chef  et  centre  de 
toute  son  Eglise,  a  acquis  le  pouvoir  temporel.  Ainsi  la  divine  sagesse  a 
voulu  qu'au  milieu  de  tant  de  princes  si  di'férents,  le  souverain  Pontife 
jouisse  de  cette  liberté  politique  qui  lui  est  si  nécessaire  pour  exercer 
sans  obstacle,  dans  tout  l'univers,  son  pouvoir  spirituel,  son  autorité  et 
sa  juridiction.  Car  il  convenait  assurément  que  le  monde  catholique 
n'eût  aucune  occasion  de  soupçonner  que  l'impulsion  des  pouvoirs  civils, 
ou  la  partialité  à  l'égard  de  quelques-uns,  pût  agir  sur  les  déterminations 
de  ce  Siège,  auquel  i  il  est  nécessaire  que  se  rattache  toute  l'Eglise  à 
cause  de  son  autorité  supérieure  ». 


Or  il  est  facile  de  comprendre  de  quelle  façon  ce  pouvoir  de  l'Eglise 
romaine,  quoique  temporel  de  sa  nature,  revêt  cependant  un  caractère 
spirituel;  c'est  en  vertu  de  sa  destination  sacrée  et  de  ce  lien  étroit  qui 
le  rattache  aux   intérêts  les  plus  grands  du  Christianisme.   Rien   n'ein- 


6'l  LETTRE   APOSTOLIQUE   DE    PIE    IX 

ea  omnia  rjuœ  ad  temporalem  quoque  populorum  felicitatem 
condiicunt  porPici  queant,  quemadmodum  ge.sti  a  ]{omanis 
Ponlificibus  per  tôt  sœcula  civilis  regiminis  historia  luculen- 
tissinie  testatur. 

Ciim  porro  ad  Ecclesiae  bonum  et  utilitatem  respiciat  prin- 
cipatus,  de  quo  loquimur,  mirum  non  est  quod  Ecclesifo  ipsius 
hostes  persœpe  illum  convellerc  et  labefactare  multiplici  insi- 
diarum  et  conatuum  génère  contenderint  :  in  quo  tamen  nefa-ria 
•  illorum  molimina,  Deo  Ecclesiam  suam  jugiter  adjuvante,  in 
irritum  serius  ocius  ceciderunt. 

Jam  vero  novit  universus  orbis  quomodo  luctuosis  hisce 
temporibus  infestissimi  Gatholicœ  Ecclesiaî  et  hujus  Apostolicae 
Sedis  osores  abominabiles  facti  in  stiirliis  suis  (1),  ac  loquentcs  in 
hf/pocrisi  mendacium  (2),  banc  ipsain  Sedem,  proculcalis  divinis 
hiimanisque  juiibus  civili,  quo  potitur,  principatu  spoliare 
nequiter  adnitantur,  idque  assequi  studeant  non  manifesta 
quidem,  ut  alias,  agressione  armorumque  vi,  sed  falsis  œque 
acperniciosis  principiis  callide  inductis,  ac  popularibus  motibus 
malitiose  excitatis.  Neque  enim  erubesçunt  nefandam  populis 
^  suadererebellionem  contra  legitimos  principes,  quœ  ab  Apostolo 
^clare  aperteque  damnatur  ita  docente  :  «  Omnis  anima  potes- 
«  tatibus  sublimioribus  subdita  sit.  Non  est  enim  potestas  nisi  a 
«  Deo  :  quse  autem  sunt,  a  Deo  ordinatae  sunt  Itaque  qui  resistit 
«  potestali,  Dei  ordinationi  resistit.  Qui  autem  resistunt,  ipsi  sibi 
«  damnationem  acquirunt  (3).  »  Dum  vero  pessimi  istiusmodi 
veteratores  temporalem  Ecclesiae  dominationem  aggrediuntur 
ejusque  venerandam  auctoritatem  despiciunt,  eo  impudentiae 
deveniunt,  ut  suam  in  Ecclesiam  ipsam  reverentiam  etobsequium 
palam  jactare  non  desinant.  Atque  illud  vel  maxime  dolendum, 
quod  tam  prava  agendi  ratione  sese  polluerit  non  nemo  etiam  ex 
iis  qui,  uli  Gatholicœ  Ecclesiae  filii,  in  ipsius  tutelam  atque  prae- 
sidium impendere  debent  auctoritatem  quae  in  subjectos  sibi  po- 
pulos potiuntur. 

In  subdolis  ac  perversis,  quas  lamentamur,  machinationibus 
prœcipuam  habet  partem  Subalpinum  gubernium,  aquopridem 
omnes  norunt  quanta  et  quam  deploranda  eo  in  regno  damna 
ac  detrimenta  Ecclesiae  ejusque  juribus  sacrisque  ministris  fue- 
rint  illata,  de  quibus  in  consistoriali  potissimum  Allocutions 
die  XVII  Januarii  mdccclv  habita  vehementer  doluimus.  Post 
despectas  hactenus  nostras  ea  de  re  justissimas  reclamationes 
gubernium  ipsum  eo  temeritatis  modo  progressum  est,  ut  ab 

(1)  Ps.  xni,  1.  —  (2)  1  Tiin.,  iv,  2.  —  (3)  S.  Paul.,  Ep.  ad  Uom  , 
c.  xiii,  V.  1,  et  SCI]. 


«   CUM   CATHOLICA   »,  26   MARS   1860  (j5 

pêche  ccpciidnnt  de  perfection  lier  les  moyens  qui  conduisent  à  la  féli- 
cité même  ten)|iorelIe  des  peuples;  riiisloirc  du  gouvernement  ponllfica] 
pendant  tant  de  siècles  en  est  un  éclatant  témoignage. 

Le  pouvoir  dont  nous  parlons  ayant  pour  objet  le  bien  et  l'utilité  de 
l'Eglise,  il  n"e>î  j)as  étonnant  que  les  emiemis  de  cette  Eglise  aient  eu 
si  souvent  recours  aux  perfidies  et  aux  tentatives  de  tout  genre  pour 
essayer  de  rébranler,  de  le  détruire  même.  Mais,  grâce  aux  secours  que 
Dieu  donne  constamment  à  cette  Eglise,  ces  manœuvres  criminelles  ont 
échoué  tôt  ou  tard. 


L'univers  entier  sait  aujourd'hui  comment,  en  ces  temps  douloureux 
les  plus  acliarnés  ennemis  de  l'Eglise  catliolique  et  du  Saint-Siège, 
«  devenus  abominables  dans  leurs  desseins  et  menteurs  hypocrites,  u 
s'efTorcent  criminellement,  en  foulant  aux  pieds  les  droits  divins  et 
humains,  de  dépouiller  ce  Siège  du  pouvoir  civil  qu'il  possède;  ils  cher- 
chent à  atteindre  ce  but,  non  plus  comme  d'autres  fois,  par  une  attaque 
à  découvert  et  par  la  force  des  armes,  mais  en  répandant  avec  adresse  de 
faux  et  pernicieux  principes,  en  excitant  perfidement  des  mouvements 
populaires.  En  efîet,  ils  ne  rougissent  pas  de  conseiller  aux  peuples  une 
rébellion  coupable  contre  les  princes  légitimes,  rébellion  que  l'Apôtre 
condamne  clairement  et  ouvertement  en  ces  termes  :  «  Que  toute  âme 
«  soit  soumise  aux  puissances  supérieures.  Car  il  n'y  a  point  de  puls- 
«  sauce  qui  ne  vienne  de  Dieu,  et  celles  qui  existent  ont  été  établies  par 
«  Dieu.  Celui  donc  qui  résiste  à  la  puissance  résiste  à  Tordre  Je  Dieu,  et 
«  ceux  qui  y  résistent  attirent  la  condamnation  sur  eux-mêmes.  »  En 
attaquant  la  domination  temporelle  de  l'Eglise,  en  méprisant  cette  auto- 
rité vénérable,  ces  imposteurs  odieux  sont  assez  impudents  pour  ne  cesser 
de  vanter  publiquement  leur  respect  et  leur  soumission  à  l'égard  de  cette 
même  Eglise.  Et,  ce  qu'il  y  a  de  plus  déplorable,  c'est  qu'on  ne  saurait 
dire  que  cette  conduite  coupable  n'ait  pas  souillé  quelqu'un  de  ceu.x  mêmes 
qui,  en  qualité  de  fils  de  1  Eglise  catholique,  doivent  employer  à  la  secou- 
rir et  à  la  |)rotéger,  l'autorité  qu'ils  possèdent  sur  les  peuples  qui  leur 
sont  soumis. 


A  CCS  manœuvres,  perfides  et  perverses,  a  pris  la  principale  part  le 
gouvernement  piémontais.  Tous  savent  combien  de  coups  déplorables 
ont  été  portés  dans  ce  royaume,  à  l'Eglise,  à  ses  droits  et  à  ses  ministres  ; 
imus  nous  en  sommes  déjà  plaint  vivement  dans  notre  Allocution  du 
22  janvier  18o5.  Après  avoir  méprisé  nos  plus  justes  réclamations,  ce 
même  gouvernement  a  poussé  l'audace  jusqu'à  ne  pas  craindre  datla- 


no  LETTRE   APOSTOLIQUE    DE    l'iE   IX 

irroganda  universali  Elcclesiae  injuria  minime  abstinuerit,  civi- 
lem  im|)et(Mi.s  principatum,  que  Ueiis  liane  lî.  Potri  Sedem 
instnictam  voluit  ad  apostolici  minislorii  libertatem,  uti  ani- 
madverlimus,  tuondam  alque  servandam.  Primum  sane  ex  mani- 
festis  aggrcssionis  indiciis  prodiil  (•uni  in  Parisiensi  convenlu, 
anno  muccclvi  acte,  ex  parte  ejusdem  Subalpini  gubernii,  inter 
hostiles  nonnullas  expositiones,  speciosa  ([n;edam  ratio  propo- 
sita  fuit  ad  civile  Romani  Pontilicis  dominiuin  inliniiandum,  et 
ad  ipsius  Sanctocque  hujus  Sedis  auctoritatem  imminuendam. 
Ubi  vero  superiore  anno  Italicum  exarsit  bellum  inter  Austrias 
imperatorem  et  fœderatos  invicem  imperatorem  (/alliarum  ac 
Sardinise  regem,  nihil  fraudis,  nihil  sceleris  prœtermissum  est, 
ut  Pontificiaî  nostrœ  ditionis  populi  ad  nefariam  defectionem 
modis  omnibus  impellerentur.  Hinc  instigatores  missi,  pecunia 
largiter  efïusa,  arma  suppeditata,  incitamenta  pravis  scriptis  et 
ephemeridis  admota,  et  omne  fraudum  genus  adhibitum  vel  ab 
illis,  qui  ejusdem  gubernii  legatione  Romce  fungentes,  nulla 
habita  gentium  juris  honestatisque  ratione.  proprio  munere  per- 
peram  abutebantur  ab  tenebricosas  molitiones  in  pontificii 
nostri  gubernii  perniciem  agendas. 

Oborta  deinde  in  nonnullis  ditionis  nostrœ  provinciis,  quse 
dudum  occulte  comparata  fuerat,  seditione,  illico  per  fautores 
regia  dictatura  proclamata  est.  stalimque  a  Subalpino  gubernio 
commissarii  adiecti,  qui  alio  etiam  nomine  posteaappellati  pro- 
vincias  illas  regendas  sumerent.  Uum  hicc  agerentur,  nos  gra- 
vissimi  ofticii  nostri  memores  non  prœtermisimus  binis  nostris 
Allocutionibus  die  xx  junii  et  xxvi  septembris  superiore  anno 
habitis  de  violato  civili  hujusce  S.  Sedis  principatu  altissime 
conqueri  simulque  violatores  série  monere  de  censurisacpœnis 
per  canonicas  sanctiones  inflictis,  in  quas  ipsi  proinde  misère 
inciderant.  Existimandum  porro  erat,  patratœ  violationis  aucto- 
res  per  iteratas  nostras  monitiones  acquerelas  ab  iniquopropo- 
sito  destitutos  ;  praBsertimcumuniversiCatholiciorbis  sacrorum 
antistites,  et  fidèles  cujusque  ordinis,  dignitatis,  et  conditionis 
eorumcurœcommissi,  suas  nostris  expostulationibusadjungentes 
unanimi  alacritate  nobiscum  hujus  Apostolicse  Sedis,  et  univer- 
salis  Ecclesise  justitiœque  causam  propugnandam  susceperint, 
cum  optime  intelligerent,  quantopere  civilis,  dequoagitur,  prin- 
cipatus,  ad  liberam  supremi  pontilicatus  jurisdictionem  inlersit. 
Verum  (horrescentes  dicimus  !)  Subalpinum  gubernium  non 
solum  nostra  monita,  querelas,  et  ecclesiasticas  pœnas  con- 
tempsit,  sed  etiam  in  sua  persistons  improbitate,  populari  suf- 
fragio  pecuniis,  minis  aliisque  callidis  urtibus  contra  omne  jus 
extorto,  minime  dubitavit  commemoratas  nostras    provincias 


«   CUM  CATHOLICA   »,  26    MAHS    I8G0  G 1 

qucr  les  Jroits  de  l'Eglise  universelle  eile-niômc,  en  cliciTiiant  à  renver- 
ser le  pouvoir  civil  que  Dieu  a  voulu  joindre  au  Siège  du  bienheureux 
Pierre,  pour  protéger  et  conserver,  comme  nous  Tavons  dit,  la  liberté 
du  ministère  apostolique.  Le  premier  indice  manifeste  de  cette  agression 
s'est  révélé  au  congrès  de  Paris,  en  lSo6,  lorsque,  entre  autres  proposi- 
tions hostiles,  le  gouvernement  piémontais  présenta  un  moyen  spécieux 
d'amoindrir  le  domaine  civil  du  Pontife  romain,  et  de  diminuer  l'auto- 
rité de  ce  Pontife  et  du  Saint-Siège.  Mais  lorsque  l'année  dernière,  la 
guerre  d'Italie  éclata  entre  l'empereur  d'Autriche  et  l'empereur  des 
Français  allié  au  roi  de  Sardaigne,  aucune  fraude,  aucun  crime  n'a  été 
épargné  pour  pousser  de  toute  manière  à  une  révolte  criminelle  les 
peuples  de  notre  domination  pontificale.  De  là,  des  émissaires  envoyés, 
de  l'argent  largement  répandu,  des  armes  fournies,  des  excitations  au 
moyen  de  brochures  et  de  journaux  corrompus,  toutes  sortes  de  fraudes 
employées,  même  par  ceux  qui  se  trouvaient  à  Rome  en  qualité  d'am- 
bassadeurs de  ce  royaume;  sans  tenir  compte  ni  du  droit  des  gens,  ni  de 
l'honneur,  ils  abusaient  indignement  de  leur  position  pour  former  de 
ténébreux  desseins  contre  notre  gouvernement  pontifical. 


Ensuite,  lorsque  la  sédition  préparée  de  longue  main  et  en  secret,  eut 
éclaté  dans  quelques  provinces  de  notre  domination,  aussitôt  des  affidés 
proclamèrent  la  dictature  royale,  et  des  commissaires,  appelés  plus  tard 
d'un  autre  nom,  furent  choisis  par  le  gouvernement  piémontais  pour 
administrer  ces  provinces.  Pendant  que  ces  choses  se  passaient,  attentif 
aux  graves  devoirs  de  notre  charge,  nous  n'avons  pas  manqué,  dans  nos 
deux  Allocutions,  du  iO  juin  et  du  26  septembre  de  l'année  dernière,  de 
nous  plaindre  hautement  des  atteintes  portées  au  pouvoir  civil  de  ce 
Saint-Siège,  et  d'avertir  en  même  temps  les  coupables  des  censures  et 
des  peines  canoniques  qu'ils  avaient  malheureusement  encourues.  On 
devait  espérer  que  les  auteurs  de  ces  violences  seraient  détournés  de 
leurs  criminels  projets  par  nos  avertissements  et  par  nos  plaintes  réité- 
rées, surtout  en  voyant  les  évêques  de  tout  l'univers  catholique,  et  les 
fidèles  de  tout  ordre,  de  toute  dignité,  de  toute  condition,  confiés  à  leur 
soin,  joindre  leurs  protestations  aux  nôtres  pour  défendre  unanimement 
et  courageusement  la  cause  de  ce  Siège  Apostolique,  de  l'Eglise  univer- 
selle et  de  la  justice  :  car  tous  comprenaient  très  bien  de  quelle  impor- 
tance est  le  pouvoir  civil  pour  le  libre  exercice  de  la  juridiction  du 
suprême  Pontificat.  Mais  (nous  le  disons  avec  horreur  !)  non  content  de 
mépriser  nos  avertissements,  nos  plaintes  et  nos  peines  ecclésiastiques, 
le  gouvernement  piémontais  persista  dans  sa  perversité.  En  captant 
contre  tout  droit  le  suffrage  populaire  au  moyen  de  l'argent,  des  me- 
naces, de  la  terreur  et  de  toutes  sortes  de  moyens  perfides,  il  n'a  pas 
hésité  à  envahir  les  provinces  de  nos  Etats  dont  nous  venons  de  parler. 


68  LETTRE   APOSTOLIQUE    DE    l'ÏE   IX 

invadere.  occupare,  et  in  siiam  potcstatem  doniinationemque 
redigei-e.  Vcrba  quidem  desunt  ad  tantiun  improbandum  faci- 
nus,  in  quo  plura  et  maxima  liabentur  facinora.  Grave  namque 
admillilur  sacrilegium,qno  una  simul  aliéna  jnra contra  natura- 
lein  divinanique  legeni  usurpantur,  Dinnisjuslitiœ  ratio  subver- 
titiir,  et  cujusquc  civilis  principatus  ac  totius  humanœ  societatis 
fuiidamenta  penitus  evertuntur. 

Cum  igiturex  una  parte  non  sine  inaximo  animi  nostri  do- 
lore  inlelligamus,  irritas  futuras  novasexpostuiationes  apud  eos 
qui  relut  aspidcs  siirdœ  obturantes  mires  suas  (1)  nihil  hiicusque 
monitis  ac  questibus  nostris  commoti  sunt  ;  ex  altéra  vero  parte 
intime  sentiamus  quid  a  nobis  intanta  reruin  iniquitate  omnino 
postulet  Ecclesise  hujusque  Apostolicœ  Sedis  ac  totius  Catliolici 
orbiscausa^  improboruni  hominum  opéra  tam  vehementcroppu- 
gnata,  idcirco  cavendum  nobis  est  ne  diutius  cunctando  gravis- 
simi  oflicii  nostri  muneri  déesse  videamur.  Ko  nempe  adducta 
res  est,  ut  ilhistribus  prœdecessorum  nostrorum  vestigiis  inhae- 
rentes  suprema  illa  auctoritate  utamur,  qua  cum  solvere,  tum 
etiam  ligare  nobis  divinitus  datum  est  ;  ut  nimiruni  débita  in 
sontesadhibeatur  severitas.  eaque  salutari  caeteris  exemplo  sit. 
Itaque  post  divini  Spiritus  lumen  privatis  publicisque  preci- 
bus  iniploratum,  post  adhil)itum  selectiie  VV.FF.  NN.  S.  II.  E.Car- 
dinalium  Congregationis  consiiium,  auctoritate  omnipotentis  Dei 
et  SS.  Apostolorum  Pétri  et  Pauli  ac  nostra  denuo  declaramus, 
eos  omnes  qui  nefariam  in  prœdictis  Pontiliciae  nostrœ  ditionis 
provinciis  rebellionem  et  earum  usurpationem,  occupationcm, 
^et  invasionem  et  alia  hujusmodi,  de  quibus  in  memoralis  no- 
stris Allocutionibus  die  xx  Junii  et  xxvi  Seplembris  superioris 
anni  conquesti  sumus,  vel  eorum  aliqua  perpetrarunt,  itemque 
ipsorum  mandantes,  fautores,  adjutores,  consiliarios,  adhœ- 
rentes  vel  alios  quoscumque  prœdictarum  rerum  executionem 
quolibet  preetextu  et  quo  vis  modo  procurantes,  vel  per  seipsos 
exequentes,  majorem  excommunicationem,  aliasque  censuras 
ac  pœnas  ecclesiasticas  a  sacris  canonibus,  apostolicis  Constitu- 
tionibus,  et  generalium  conciliorum,  Tridentini  praesertim  (2), 
decretis  inflictas  incurrisse,  et  si  opus  est,  de  novo  excommuni- 
camus  et  anathematizamus;  item  déclarantes,  ipsos  omnium,  et 
quorumcumque  privilegiorum,  gratiarum,  et  indultorum  sibi  a 
nobis  seu  Romanis  Pontificibus  prEedecessoribus  nostris  (]uomo- 
dolibet  concessorum  amissionis  pœnas  eo  ipso  pariter incurrisse; 
nec  a  censuris  hujusmodi  a  quoquam,  nisi  a  nobis,  seu  Ilomano 
Pontilice  pro  tempore  existente  (prœterquam  in  mortis  arliculo, 

(1)  Ps.  LVii,  1.  —  (2'  Sess.  xxil,  cap  \i,  De  rcform. 


€   CUM   GATHOLICA    »,    "26   MARS   1860  00 

tle  les  occuper,  de  les  réduire  en  son  pouvoir  et  sous  sa  domination.  Les 
paroles  nous  manquent  pour  llélrir  un  si  grand  crime;  il  en  renferme 
plusieurs  autres  des  plus  considérables.  C'est  en  elTct  un  énorme  sacri- 
lèije  puisque  cest  à  la  fois  violer  les  droits  d'antrui  au  mépris  des  lois 
divines  et  humaines,  renverser  toute  justice,  détruire  complètement  les 
fondements  mêmes  sur  lesquels  s'appuient  tout  pouvoir  civil  et  toute 
société  humaine. 


Nous  comprenons  d'un  côté,  non  sans  une  profonde  affliction  de  cœur, 
que  de  nouvelles  démarches  seraient  inutiles  auprès  de  ces  hommes  qui, 
c  bouchant  leurs  oreilles  comme  des  aspics  sourds,  »  n'ont  été  touchés, 
jusqu'ici,  d'aucun  de  nos  avertissements,  d'aucune  de  nos  plaintes;  nous 
.sentons  vivement,  d'un  autre  côté,  ce  qu'en  face  de  tant  d'iniquités 
demande  de  nous  la  cause  de  ce  Siège  .\postolique  et  de  tout  l'univers 
catholique,  si  gravement  attaquée  par  l'œuvre  de  ces  hommes  méchants, 
et  nous  avons  à  craindre  de  manquer  aux  devoirs  de  notre  redoutable 
charge,  si  nous  tardions  davantage  à  agir  ;  car  les  choses  en  sont  venues 
au  point  que  pour  marcher  sur  les  traces  de  nos  illustres  prédécesseurs, 
nous  devons  nous  servir  de  cette  suprême  autorité  que  Dieu  nous  a 
donnée  de  lier  aussi  bien  que  de  délier,  et  employer  à  l'égard  des  cou- 
pables une  sévérité  qui  soit  d'un  salutaire  exemple  pour  les  autres. 


C'est  pourquoi,  après  avoir  imploré  les  lumières  du  Saint-Esprit  par 
des  prières  publiques  et  particulières,  après  avoir  pris  l'avis  d'une  con- 
grégation spéciale  de  nos  vénéiables  frères  les  cardinaux  de  la  sainte 
Eglise  romaine,  par  l'autorité  de  Dieu  tout-puissant,  par  celle  des  saints 
apôtres  Pierre  et  Paul,  et  parla  nôtre,  nous  déclarons  que  tous  ceux  qui 
ont  pris  part  à  la  rébellion,  à  l'usurpation,  à  l'occupation  et  à  l'invasion 
criminelle  des  provinces  susdites  de  nos  Etats,  et  aux  actes  de  même 
nature  dont  nous  nous  sommes  plaint  dans  nos  Allocutions  du  20  juin 
et  du  26  septembre  de  l'année  dernière  ;  de  même  leurs  commettants, 
fauteurs,  aides,  conseillers,  adhérents,  ou  autres  quelconques  ayant 
procuré  sous  quelque  prétexte  et  de  quelque  manière  que  ce  soit  l'exécu- 
tion des  choses  susdites,  ou  les  ayant  exécutées  par  eux-mêmes,  ont 
encouru  l'excommunication  majeure  et  autres  censures  et  peines  ecclé- 
siastiques portées  par  les  saints  canons  et  les  constitutions  apostoliques, 
par  les  décrets  des  conciles  généraux  et  notamment  du  saint  concile  de 
Trente,  et  au  besoin  nous  les  excommunions  et  anathématisons  de  nou- 
veau. Nous  les  déclarons  en  même  temps  déchus  de  tous  privilèges, 
grâces  et  induits  accordés,  de  quelque  manière  que  ce  soit,  tant  par 
nous  que  par  nos  prédécesseurs.  Nous  voulons  qu'ils  ne  puissent  être 
déliés  ni  absous  de  ces  censures  par  personne  autre  que  nous-même  ou  le 
Pontife  romain  alors  existant,  excepté  à  l'article  de  la  mort,  et  en  cas  de 


70  LETTHE   APOSTOLIQUE    DE    PIE   IX 

et  tune  ciiin  reincidontia  in  easdenî  censuras  eo  ipso  qno  conva- 
luerint  absolvi  ac  lihorari  posse  ;  ac  insuper  inhabiles  ot  inca- 
paccs  esse,  qui  absolutionis  benelicinni  consequantur,  donec 
omnia  quoniodolibet  attentata  publiée  retractaverint,  rovocave- 
rint,  cassaverint,  et  aboleverint,  ac  omnia  in  pristinuin  statiim 
plenarie  et  cum  effcctu  redintegraverint,  vel  alias  dcbilam  et 
condignam  Ecclesiœ  ac  nobis,  et  huic  sanctœ  Sedi  satisfactionem 
in  procmissis  prœstiterint.  Idcirco  iilos  omnes  etiam  specialissima 
mentione  dignos,  necnon  illoruni  successores  in  ofliciis  a  retra- 
ctatione.revocatione,  et  abolitione  omnium,  ut  supra,  allentato- 
rum  perse  ipsos  facienda,  vel  alias  débita  et  condigna  Ecclesiic, 
ac  nobis,  et  dictœ  Sanctaî  Sedi  satisfactione  realiter  et  cum 
efîectuin  eisdem  preemissis  exhibenda,  prœsentium  Litterarum, 
seu  alio  quocumque  prœtextu,  minine  liberos  et  exemptos,  sed 
semper  ad  hœc  obligatos  fore  et  esse,  ut  absolutionis  bene- 
ficium  obtinere  valeant,  earumdem  tenore  prœsentium  decer- 
nimus  etpariter  declaranius. 

Dum  autem  hanc  muneris  nostri  partem,  tristi  nos  urgente 
necessitate,  mœrentes  implemus,  minime  obliviscimur,  nosmet- 
ipsos  illius  hic  in  terris  vicariam  operam  agere,  qui  non  vult 
«  mortem  peccatoris,  sed  ut  convertatur  et  vivat  »  (1),  quique 
in  mundum  «  venitquœrereetsalvum  facere  quod  perieral  »  (2). 
Quapropter  in  humilitate  cordis  nostri  ferventissimis  precibus 
ipsius  misericordiam  sine  intermissione  imploramus  et  expo- 
scimus.ut  eos  omnes,  in  quos  ecclesiasticarum  pœnarum  severi- 
tatem  adhibere  coacti  sumus,  divinœ  suœ  gratiœ  lumine  propi- 
tius  illustret,atque  omnipotente  sua  virtute  de  perditionis  via  ad 
salutis  tramitem  reducat. 

Decernentes  prœsentes  litteras,  et  in  eis  contenta  quœcumque, 
etiam  ex  eo  quod  preefati,  et  alii  quicumque  in  preemissis  inter- 
esse habentes,  seu  habere  quoniodolibet  praetendentes,  cujusvis 
status,  gradus,  ordinis,  prseeminentiae,  et  dignitatis  existant,  seu 
alias specifica  etindividua  mentione  et  expressione  digni  illis  non 
consenserint,  nec  ad  ea  vocati,  citati  et  auditi,  causœque,  pro- 
pterquas  pressentes  emanaverint,  sufficienteradductae,  verificatœ 
non  fuerint,  aut  ex  alia  qualibet  causa,  colore,  prœtextu,  et  ca- 
pite,  nullo  unquam  tempore  de  subreptionis  vel  obreptionis,  aut 
nullitatis  vitio,  aut  intentionis  nostrae,  vel  interesse  habentium 
consensus,  ac  alio  quocumque  defectu  notari,  impugnari,  in- 
fringi,  retractari,  in  controversiam  vocari,  aut  ad  terminos  juris 
reduci,  seu  adversus  illas  aperitionis  oris,  restitutionis  in  inte- 
grum,  aliudve  quodcumque  juris,  facti  vel  gratiœ  remedium  in- 

(1)  Ezech.,  xxxui,  11.  —  (2)  Luc,  xi\,  10. 


«   CUM   CATHOLICA   »,   26   MARS    1860  71 

convalescence  ils  relonibent  sous  les  censures;  nous  les  déclarons  entiè- 
rement inciipables  de  recevoir  Tabsolution  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  publi- 
quement rétracté,  révoqué,  cassé  et  annulé  tous  leurs  attentats,  qu'ils 
aient  pleinement  et  effectivement  rétabli  toutes  choses  dans  leur  ancien 
élat.  et  qu'au  préalable  ils  aient  satisfait,  par  une  pénitence  propor- 
tionnée à  leurs  crimes,  à  l'Eglise,  au  Saint-Siège  et  à  nous.  C'est  pour- 
quoi nous  statuons  et  déclarons,  par  la  teneur  des  présentes,  que  tous 
les  coupables,  ceux  mêmes  qui  sont  dignes  d'une  mention  spéciale,  et  que 
leurs  successeurs  aux  places  qu'ils  occupent  ne  pourront  jamais,  en  vertu 
des  présentes  ni  de  quelque  prétexte  que  ce  soit,  se  croire  exempts  et 
dispensés  de  rétracter,  révoquer,  casser  et  annuler,  par  eux-mêmes, 
tous  ces  attentats,  ni  de  satisfaire  réellement  et  efTcctivement,  au  préa- 
lable et  comme  il  convient,  à  l'Eglise,  nu  Saint-Siège  et  à  nous;  nous 
voulons  au  contraire  que,  pour  le  présent  et  l'avenir,  ils  y  soient  tou- 
jours obligés  alin  de  pouvoir  obtenir  le  bienfait  de  l'absolution. 


Mais  tandis  que,  pressé  par  une  urgente  nécessité,  nous  remplissons 
avec  affliction  cette  partie  de  notre  charge,  nous  ne  pouvons  oublier  que 
nous  tenons  sur  la  terre  la  place  de  celui  qui  «  ne  veut  pas  la  mort  du 
pécheur,  mais  qu'il  se  convertisse  et  qu'il  vive  »,  et  qui  est  venu  dans 
le  monde  «  pour  chercher  et  sauver  ce  qui  était  perdu  ».  Aussi,  dans 
l'humilité  de  notre  cœur,  nous  implorons  la  miséricorde  divine,  nous 
demandons  par  de  très  ardentes  prières  que  Dieu  veuille  bien  éclairer 
de  la  lumière  de  sa  grâce  ceux  contre  qui  nous  avons  été  obligé  d'em- 
ployer la  sévérité  des  peines  ecclésiastiques,  et  de  les  ramener  par  sa 
toute-puissance  de  la  voie  de  perdition  dans  le  sentier  du  salut. 


IVous  voulons  que  les  présentes  lettres  apostoliques  et  ce  qu'elles  ren- 
ferment ne  puissent  être  attaqués  sous  le  prétexte  que  ceux  qui  y  sont 
désignés  et  tous  ceux  qui  ont  ou  prétendent  avoir  intérêt  au  contenu 
desdites  lettres,  de  quelque  état,  grade,  ordre,  prééminence  et  dignités 
qu'ils  soient,  quelque  dignes  qu'on  les  suppose  d'une  mention  expresse 
et  personnelle,  n'y  ont  pas  consenti,  qu'ils  n'ont  pas  été  appelés,  cités  et 
entendus  à  l'eflet  des  piésentcs,  et  que  leurs  raisons  n'ont  point  été  pré- 
sentées, discutées  et  vérifiées.  Ces  mêmes  lettres  ne  pourront  pas  non 
plus,  et  sous  aucun  prétexte,  couleur  ou  motif,  être  considérées  comme 
entachées  du  vice  de  subreption,  d'obreption,  de  nullité  ou  du  défaut 
d'intention  de  notre  part  ou  de  la  part  de  ceux  qui  y  ont  intérêt.  Le 
contenu  de  ces  lettres  ne  pourra  non  plus,  sous  prétexte  de  tout  autre 
défaut,  être  attaqué,  atteint,  relouché,  remis  en  discussion  ou  restreint 
dans  les  termes  de  droit.  11  ne  sera  allégué  contre  elles  ni  le  droit  de 
réclamation  verbale,  ni  celui  de  restitution  dans  l'entier  état  précédent, 


i2  LETTRE   APOSTOLIQUE    DE   PIE    IX 

tenlari,  vel  impetrari,  aut  impctrato,  seu  etiam  motu,  scienliaet 
pote.slalis  ]»leniludine  paribus  concesso  et  emanato,  quempiani 
in  judicio,  vel  extra  illud  uli,  sou  juvari  ullo  modo  posse  :  sed 
ipsas  présentes  litteras  semper  lirmas,  validas,  et  eflicaces  exi- 
slere  et  fore,  suosque  plenarios  et  inlegros  elTectus  sortir!  et  ob- 
tinere,  ac  ab  illis,  ad  quos  spectat,  et  pro  tempore  quandocuni- 
que  spectabit  inviolabiliter  et  inconrusse  observari  :  siccjue  et 
non  aliter  in  prœmissis  pcr  quoscunique  jiidices  ordinarios  et 
dologatos,  etiam  causarum  palatii  npostolici  auditores,  et  S.  R. 
E.  Cardinales,  etiam  de  latere  Legatos,  et  Sedis  prœdictae  nun- 
tios,  aliosve  quoslibet  quoctimque  praeeminentia  et  potestate 
fungenles  et  functuros,  sublata  eis,  et  eorum  cuilibet  quavis  ali- 
ter judicandi  et  interprclandi  facultate  et  auctoritate,  judicari  et 
detiniri  debere,  ac  irritum  et  inane,  si  sccus  super  bis  a  quo(]uam 
quavis  auctoritate,  scienter,  vel  ignoranter  contigerit  attentari 

Non  obstantibus  prœmissis,  et  quatcnus  opus  sit,  nostra  et 
cancellariœ  apostolicee  régula  de  jure  quœsito  non  tollendo, 
aliisque  constitutionibus  et  ordinationibus  apostolicis,  nec  qui- 
busvis  etiam  juramento,  confirmatione  apostolica,  vel  quavis 
firmitate  alla  roboratis  statutis,  et  consuetudinibus,  ac  usibus, 
et  stylis  etiam  immemorabilibus,  privilegiis  quoque,  indultis  et 
Litteris  Apostolicis  prœdictis,  aliisque  quibuslibet  personis  etiam 
quacumque  ecclesiastica  vel  mundana  dignitate  fulgentibus,  et 
alias  quomodolibet  qualificatis  et  specialem  expressionem  requi- 
rentibus  sub  quibuscumque  verborum  tenoribus  et  formis,  ac 
cum  quibusvis  etiam  derogatoriarum  derogatoriis,  aliisque  effi- 
cacioribus,  efficacissimis  et  insolitis  clausulis,  irritantibusque, 
et  aliis  decretis,  etiam  motu,  scientia,  et  potestatis  plenitudine 
similibus,  et  consistorialiter,  et  alias  quomodolibet  in  contrarium 
prœmissorum  concessis.  editis,  factisac  pluries  iteratis  et  quan- 
ti^icumque  vicibus  approbatis,  confirmatis,  et  innovatis.  Quibus 
omnibus -et  singulis.  etiamsi  pro  illorum  sufficienti  derogatione, 
de  illis  eorumque  lotis  tenoribus  specialis,  specifica,  expressa,  et 
individua,  ac  de  verbo  ad  verbum,  non  autem  per  clausulas  gé- 
nérales idem  importantes,  mentio,  seu  quœvis  alia  expressio 
habenda,  aut  aliqua  alia  exquisita  forma  ad  hoc  servanda  foret, 
tenores  hujusmodi,  ac  si  de  verbo  ad  verbum,  nil  penitus  omisso, 
et  forma  in  illis  tradita  observata  exprimerentur  et  insererentur, 
prœsentibus  pro  plene  et  suflicienterexpressis  et  insertis  haben- 
tes.  illis  alias  in  suo  robore  permansuris,  ad  praemissorum  eiïe- 
ctum  hac  vice  duntaxat  specialiter,  et  expresse  derogamus,  et 
dorogatum  esse  volumus,  caeterisque  contrariis  quibuscumque 
non  obstantibus. 

Cum  autem  eœdem  preesentes  litlerse  ubique,  ac  prœsertim  in 


e    CUM   CATHOLICA    »,    26    MARS    ISt'O  73 

OU  tout  autre  uioycn  de  droit,  de  fait  ou  de  grAce.  Jamais  on  ne  pouna 
leur  opposer,  ni  en  jugement,  ni  hors  du  jugement,  aucun  acte  ou  con- 
cession émané  de  noli'e  propre  mouvement,  science  certaine  et  plein  pou- 
voir. Nous  déclarons  que  lesdites  lettres  sont  et  demeurent  fermes,  valides 
et  durables;  qu'elles  auront  et  sortiront  leur  entier  et  plein  etlet,  et 
toutes  leurs  dispositions  doivent  être  inviolablement  et  l'igoureusement 
observées  pai-  ceux  qu'elles  concernent  et  intéressent,  ou  qu'elles  pourrotit 
concerner  et  intéresser  dans  la  suite.  Ainsi  nous  ordonnons  à  tous  juges 
ordinaires  ou  délégués,  aux  auditeurs  mêmes  des  causes  de  notre  palais 
apostolique,  aux  cardinaux  de  la  sainte  Eglise  romaine,  aux  légats  a  latere, 
aux  nonces  du  Saint-Siège  et  à  tous  autres,  de  quelque  prééminence  et 
pouvoir  qu'ils  soient  ou  seront  revêtus,  de  s'y  conformer  dans  leurs 
décisions  et  leurs  jugements,  ôtant  à  toute  personne  le  pouvoir  et  la 
faculté  de  juger  et  d'interpréter  autrement,  et  déclarons  nul  et  invalide 
tout  ce  qui  serait  fait  au  préjudice  des  présentes,  avec  connaissance  de 
cause  ou  par  ignorance,  et  de  quelque  autorité  qu'on  ose  se  prévaloir. 


Et  autant  qu'il  en  ^-st  besoin,  nonobstant  ce  qui  j)récède  et  notre  règle 
et  celle  de  la  chancellerie  apostolique  sur  la  conservation  du  droit  acquis 
et  toutes  autres  constitutmns  et  décrets  apostoliques,  nonobstant  aussi 
tous  autres  arrêtés,  usages,  coutumes,  formules  même  immémoriales, 
privilèges  et  induits  confirmés  par  serment,  par  sanction  apostolique  ou 
de  tout  autre  manière  ;  nonobstant  aussi  les  susdites  lettres  apostoliques, 
tous  les  autres  personnages,  de  quelque  manière  qu'ils  soient  qualifiés  et 
de  quelque  dignité  ecclésiastique  ou  séculière  qu'ilssoient  l'evêtus,  quand 
bien  même  ils  prétendraient  avoir  besoin  d'une  désignation  expresse  et 
spéciale,  qu'ils  se  prévaudraient  de  clauses  dérogatoires  et  décisives, 
insolites  et  irritantes,  et  qu'ils  réclameraient  en  leur  faveur  des  décrets 
émanés  du  propre  mouvement,  de  la  science  certaine  et  de  la  plénitude 
de  la  puissance  du  Siège  A;i~-*-ii!i«i:e.  en  consistoire  et  ailleurs; 
nonobstant,  enfin,  toutes  autres  concessmns  faites,  publiées  et  renouve- 
lées à  rencontre  des  présentes,  si  souvent  que  ces  concessions  aient  été 
approuvées,  confirmées  et  renouvelées,  nous  déclarons  que  nous  déro- 
geons par  ces  présentes,  d'une  façon  expresse  et  spéciale  et  pour  cette 
fois  seulement,  à  ces  constitutions,  clauses,  coutumes,  privilèges,  induits 
et  actes  quelconques,  et  nous  entendons  qu'il  y  soit  dérogé,  quoique  ces 
actes  ou  quelques-uns  d'eux  n'aient  pas  été  insérés  ou  spécifiés  expressé- 
ment dans  les  présentes,  quelque  dignes  qu'on  les  croie  d'une  mention 
spéciale,  expresse  ou  individuelle,  ou  d'une  forme  particulière  dans  leur 
expression;  voulant  que  les  présentes  aient  la  même  foicc  (|uc  si  la 
teneur  des  constitutions  à  supprimer  et  celle  des  clauses  spéciales  à 
observer  y  étaient  nommément  et  mot  ù  mot  exprimées,  et  qu'elles 
obtiennent  leur  plein  et  entier  effet,  nonobstant  toutes  choses  à  ce  con- 
traires. 


Comme  il  est  de  notoriété  publique  qu'on  ne  peut  en  sûreté  répandre 


'■i  LETTRE   APOSTOLIQUE    DE    PIE   IX 

locis  in  qtiihiis  maxime  opus  esset,  nequeant  tute  publicari,  uti 
notoric  cnnslat,  voiumus  iilas,  seu  earum  exempla  ad  valvas 
ecclesiœ  l.ateranensis,  et  basilicœ  Principis  Apostolorum  nec 
non  Gancellarice  Apostolicoe,  Curiœqne  Generaiis  in  monte  Cita- 
torio,  et  in  acie  Campi  Florae  de  Urbe,  ut  moris  est,  aftigi  et 
publicari,  sicque  publicatas  et  affixas  omnes  et  singulos,  quos 
illaî  concernant,  perinde  arctare,  ac  si  unicuique  eorum  nomi- 
natim  et  personaliter  intimatœ  fuissent. 

Voiumus  autem  ut  earumdem  litterarum  transumptis,  seu 
exemplis,  etiam  impressis,  manu  alicujus  notarii  pubiici  sub- 
scriptis,  et  sigillo  alicujus  personœ  in  dignitate  ecclesiastica 
constitutœ  munitis,  eadcm  prorsus  fides  ubique  locorum  et  gen- 
tium  tam  in  judicio,  qunm  extra  illud  ubique  adhibeatur,  quce 
adhiberetur  ipsispra:?sentibus,  ac  si  forent  exbibitœ  velostensLU. 

Datum  lloma  apud  S.  Petrum  sub  annulo  Piscatoris,  die  xxvi 
Martii  anno  mdccclx,  Pontificatus  nostri  anno  decimo  quarto. 
Loco  si°"illi. 

Plus  PP.  IX 


«   CUM   CATHOLICA   »,   26   MARS    1860  75 

les  présenles  lettres  partout,  et  principalement  dans  les  lieux  où  il  im- 
porterait le  plus  qu'elles  le  fussent,  nous  voulons  que  des  exemplaires  en 
soient,  selon  l'usage,  publiés  et  aflicliés  aux  portes  de  l'Eglise  de  Latran 
et  de  la  basili(]ue  du  Prince  des  apôtres,  de  la  chancellerie  apostolique, 
de  la  cour  générale  au  mont  Citorio,  et  à  rentrée  du  Champ  de  Flore,  et 
qu'ainsi  publiées  et  affichées,  tous  et  chacun  de  ceux  qu'elles  concernent 
aient  à  s'y  conformer,-  comme  si  elles  leur  eussent  été  intimées  indivi- 
duellement et  nommément. 

?\ous  voulons  que  les  copies  manuscrites  ou  imprimées  de  ces  lettres, 
pourvu  qu'elles  soient  signées  par  un  notaire  public  et  revêtues  du  sceau 
de  quelque  personne  constituée  en  dignité  ecclésiastique,  reçoivent  dans 
tous  les  pays  du  monde,  tant  en  jugement  que  dehors,  la  même  foi  et  la 
même  confiance  que  l'inspection  même  de  la  minute  des  présentes. 

Donné  à  Uomc,  près  Saii'.t-Pierre,  sous  l'anneau  du  Pécheur,  le 
26  mar»  ISGO,  l'an  XIV  de  notre  Pontificat. 

PIE  IX,  PAPE. 


s.  s.  PII  IX 


EPISTOLA   ENCYCLICA 

Dilectis  Filiis  nostris  S.  R.  E.  Cardinalibus  ac  venerabilibus  Fratri- 
bus  Archiepiscopis  et  Episcopis  imiversœ  imperialis  ac  rogiœ 
Austriacœ  cUtionis, 


Plus  PP.  IX 

DiLECTI    FlLII    NOSTRI    ET    VEXERABILES   FhATRES 

Salutem  et  apostolicam  benedictionem. 

Singulari*  quidem  animi  nosiri  gaudio  cognoscimus,  vos» 
dilecti  Filii  nostri  ac  venerabiles.  Fratres,  nostris  et  carissimi 
in  Christo  filii  nostri  Francisci  Josephi  Austriae  imperatoris,  et 
régis  Apostolici  desideriis  cuique  veslrum  uno  fere  eodemque 
tempore  significatis,  quam  libentissime  obsequentes,  pro  egregia 
vestra  religione  et  pastoral!  sollicitudine  statuisse  convonire  in 
istam  imperialem  et  regiam  Vindobonensem  civitatem,  quo  ibi 
inter  vos  colloqui  et  consilia  conferre  possetis,  ut  rite  ea  omnia 
perliciantur,  quœ  a  nobis  cum  eodem  carissimo  in  Christo  filio 
nostro  sancita  sunt  in  Conventione,  quam  idem  clarissimus  et 
religiosissimus  princeps  cum  summa  nostra  consolatione  et 
immortali  sui  nominis  gloria,  ob  Ecclesiœ  jura  vindicata  bonis 
omnibus  praî  Isetitia  gestientibus,  ineundam  nobiscum  curavit. 
Itaque  dum  vobis,  dilecti  Filii  nostri  et  venerabiles  Fratres,  vel 
maxime  gratulamur,  quod  in  hoc  habendo  conventu  insigne  ac 
perspectum  vcstrum  pro  Ecclesia  studium  impense  ostenditis, 
nobis  temperare  non  possumus,  quin  vos  bac  occasione  pera- 
manter  alloquamur,  et  intimos  vobis  animi  nostri  sensus  ape- 
riamus,  ex  quibus  majorem  in  modum  intelligetis,  quanta  vos 
et  omnes  amplissimi  istius  imperii  tideles  populos  curas  vestrœ 
commissos  benevolentia  prosequamur. 

Atque  in  primis  quod  attinet  ad  commemoratae  Conventionis 
exspcutionem,  cum  optime  noscatis  multos  in  illa  esse  articules 
qui  a  vobis  prœcipue  sunt  exsequendi,tum  vehementer  optamus, 
ut  quoad  modum  in  eorumdem  arliculorum  exsecutione  unam 
eamdemque  certam  viam    atque  rationem   habere   velitis,  ca 


LETTRE  ENCYCLIQUE 

DE  SA  SAINTETÉ  PIE  IX 

A  nos  Fils  bien-aimés  les  Cardinaux,  à  nos  vénérables  Frères  les  Arche- 
vêques et  Evéques  de  tous  les  Etats  impériaux  et  royaux  d'Autriche, 

PIE  IX,  PAPE. 

Chers  Fils  et  vénérables  Frères, 

Salut  et  bénédiction  apostolique. 

INous  avons  appris  avec  une  joie  et  une  satisfaction  toute  particulière, 
Fils  bien-aimés  et  vénérables  Frères,  qu'empressés  de  déférer  aux  vœux 
exprimés  presque  au  même  moment  à  chacun  de  vous  par  nous-même  et 
par  notre  très  cher  fils  en  Jésus-Christ,  l'empereur  François-Joseph,  vous 
avez  résolu,  sous  l'inspiration  de  la  foi  qui  vous  distingue  et  de  votre 
zèle  pastoral,  de  vous  réunir  dans  la  ville  impériale  et  royale  de  Vienne, 
pour  y  discuter  et  y  conférer  entre  vous,  afin  qu'on  puisse  mettre  la 
dernière  main  aux  conventions  arrêtées  entre  nous  et  ce  fils  très  cher  en 
Jésus-Christ,  dans  le  Concordat  que  cet  illustre  et  religieux  prince  a  eu 
soin  de  conclure  avec  nous.  Ce  concordat  nous  comble  de  consolation  ;  il 
fait  l'immortelle  gloire  du  prince,  rend  à  l'Eglise  ses  droits  usurpés  et 
ravit  de  joie  tous  les  gens  de  bien.  Or,  en  vous  félicitant  avec  bonheur, 
du  zèle  remarquable  que  vous  faites  éclater  pour  l'Eglise  en  tenant  cette 
assemblée,  nous  ne  pouvons  nous  abstenir,  Fils  bien-aimés  et  vénérables 
Frères,  de  profiter  de  cette  circonstance  pour  vous  parler  avec  amour, 
vous  montrer  les  sentiments  intimes  de  notre  cœur  et  vous  faire  ainsi 
comprendre  davantage  combien  est  grande  l'affection  que  nous  avons 
pour  vous,  et  pour  tous  les  peuples  fidèles  de  ce  vaste  empire  confiés  à 
vos  soins. 


Et  d'abord  pour  ce  qui  regarde  l'exécution  du  concordat  précité,  vous 
n'ignorez  pas  qu'il  renferme  un  grand  nombre  d'articles  qui  vous  con- 
cernent tout  spécialement;  mais  nous  désirons  avec  ardeur  que  pour  la 
manière  de  les  accomplir,  vous  vouliez  bien  suivre  la  même  voie,  avoir 


/8  LETTIΠ ENCYCLIQUE  DE  PIE  IX 

tanicn  circunispectione  seduio  pnidenterque  adiiibita,  «jnam 
varia  diversarum  latissimi  Austriaci  imperii  provinci.irum 
adjuncta  postulare  poterunt.  Si  quœ  autem  de  aliciijus  articuli 
sensu  dubitatio,  vel  diflîcullas  oriatur^  quod  non  ferc  arbi- 
tr.'imur,  gratissimum  nobis  erit  iliam  a  vûbis  ad  nos  deferri,  ut, 
coUatis  inter  nos  et  Caesarem  Apostolicam  Majestalem  consiliis, 
veluti  in  trigesimo  quinto  ejusdem  Conventionis  articulo  cau- 
tum  est,  opportunas  declarationes  dare  possimus. 

Jam  vero  ardentissima  illa  charitas,  qua  universum  Domini- 
cum  gregem  nobis  ab  ipso  Christo  Domino  divinitusconimissum 
compiectimur,  et  gravissimum  Apostolici  nnstri  ministerii 
mumis  que  omnium  nationum  et  popuiorum  salutem  totis  viri- 
bus  procurare debemus,  urgent  nos,dilecti  Filii  nostri  acvcnera- 
biies  Fratres,  ut  eximiam  vestram  pietatem,  virtutem  et  episco- 
palem  vigilantiam,  majore  qua  possumus  contentione  etiam 
atque  etiam  excitemus,  ut  alacriori  usque  zelo  pergatis  omnes 
episcopalis  vestri  muneris  partes  diligentissime  implere,  ac 
nullis  neque  curis,  neque  consiliis,  neque  laboribus  unquam  par- 
cere,  quibus  sanctissimee  fidei  nostree  depositum  in  vestris  diœ- 
cesibus  integrum  inviolatumque  custodiatis,  et  vestri  gregis 
incolumitati  consulentes,  illum  ab  omnibus  defendatis  inimico- 
rum  hominum  fraudibus  et  insidiis.  Namque  probe  noscitis 
nefarias  multiplicesque  artes  ac  molitiones,  et  monstrosaomnis 
generis  opinionum  portenta,  quibus  callidissimi  perversorum 
dogmatum  architecti  improvidos  prœsertim  et  imperitos  a  veri- 
tatis  et  justitiae  tramite  avertere  atque  in  errorem.  exitiumque 
inducere  connituntur. 

Neque  ignoratis,  dilecti  Filii  nostri  ac  venerabiles  Fratres,  in- 
ter plurima  et  nunquam  satis  lugenda  mala,  quœ  ecclesiasticam 
et  civilem  societatem  vel  maxime  perturbant  atque  divexant, 
duo  potissimum  nunc  eminere,  quœ  aliorum  omnium  quœdam 
veluti  origo  non  immerito  videantur.  Vobis  enim  apprime  nota 
sunt  innumera  et  funestissima  sane  damna,  quse  in  christianam 
et  civilem  rem  publicam  ex  putidissimo  indiff'crentismi  errore 
redundant.  Hinc  enim  omnia  erga  Deum^  in  quo  vivimus.  move- 
mur,  et  sumus,  officia  penitus  neglecta  ;  hinc  sanctissima  reli- 
gio  plane  posthabita,  hinc  omnis  juris,  justitiae  virtutisque  fun- 
damenta  concussa  ac  propemodum  eversa. 

A  qua  turpissima  sane  indilferentismi  forma  haud  admodum 
distat  illud  de  religionum  indifïerentia  systema  e  tenebris  eru- 
ptum,  quo  homines  a  veritate  alienati  veraeque  confessionis 
adversarii  suaeque  salutis  immemores  et  inter  se  pugnantia 
docentes  et  nunquam  stabilitam  sententiam  habentes,  nuUum 
inter  diversas  fidei  professiones  discrimen  admittunt,  et  pacem 


«  SINGULARI   QUIDEM  »,  17    MARS  1856  70 

une  même  façon  de  les  entendre.  Ave/  soin  loutetois  de  prendre  avec 
prudence  toutes  les  précautions  que  pounont  réclamer  les  usages  dilTé- 
renls  des  dilVérentes  provinces  du  vaste  empire  d'Autriche.  Si  certains 
articles  présentent  des  doutes,  si  des  diflîcullés  surgissent,  ce  que  nous 
ne  croyons  pa^,  il  nous  sera  très  agréable  que  vous  nous  en  fassiez 
part;  nous  en  conférerons  avec  sa  majesté  impériale  et  apostolique,  ainsi 
qu'il  a  été  prévu  par  l'article  35  de  ce  concordat,  et  nous  pourrons 
donner  les  décisions  convenables. 


Maintenant  l'ardente  charité  qui  nous  fait  embrasser  dans  un  même 
sentiment  d'amour  tout  le  troupeau  du  Seigneur,  divinement  confié  à 
notre  sollicitude  par  Jésus-Christ  lui-même,  la  charge  redoutable  du 
ministère  apostolique  qui  nous  oblige  à  pourvoir  de  toutes  nos  forces  au 
salut  des  nations  et  des  peuples,  tout  nous  presse,  Fils  bien-aimés  et  véné- 
rables Frères,  d'exciter  de  plus  en  plus,  avec  toute  l'énergie  dont  nous 
sommes  capable,  votre  éminente  piété,  votre  ardeur,  votre  vigilance 
épiscopale  à  continuer  de  remplir  avec  un  zèle  de  plus  en  plus  ardent  et 
avec  le  plus  grand  soin  toutes  les  fonctions  de  votre  charge  pastorale; 
n'épargnez  ni  soins,  ni  avis,  ni  labeur  pour  conserver  intact,  inviolable, 
dans  vos  diocèses,  le  saint  dépôt  de  notre  foi  ;  veillez  sur  l'innocence  de 
vos  ouailles,  préservez-les  de  tous  les  pièges  et  de  toutes  les  embûches 
de  leurs  ennemis.  Car  vous  n'ignorez  pas  les  coupables  artifices,  les  ma- 
nœuvres multipliées,  les  séductions  de  tout  genre  et  les  monstrueu) 
systèmes  employés  par  ces  artisans  perfides  de  perverses  doctrines,  pour 
chercher  traîtreusement  à  faire  dévier  du  sentier  delà  vérité  et  de  la  jus- 
tice, surtout  les  imprévoyants  et  les  simples  et  à  les  jeter  dans  l'abîme 
de  l'erreur  et  de  la  perdition. 


Entre  les  mau^  sans  nombre  et  à  jamais  déplorables  qui  bouleversent 
et  déchirent  le  plus  la  société  religieuse  et  civile,  il  en  est  deux  surtout, 
vous  le  savez,  Fils  bien-aimés  et  vénérables  Frères,  que  l'on  peut,  à  bon 
droit,  considérer  comme  la  source  de  tous  les  autres.  Vous  connaissez 
parfaitement,  en  elîet,  combien  sont  nombreuses  et  funestes  les  calamités 
que  jette  sur  l'Eglise  et  sur  l'Etat  la  source  impure  de  l'inditrérentisme. 
Avec  ce  système,  en  effet,  on  néglige  complètement  tout  devoir  envers 
Dieu,  quoique  nous  trouvions  en  lui  la  vie,  le  mouvement  et  l'être,  on 
met  tout  à  fait  de  côté  notre  sainte  religion;  on  ébranle,  on  renverse 
presque  entièrement  tous  les  fondements  du  droit,  de  la  justice  et  de  la 
vertu. 


De  cette  plaie  hideuse  de  l'indifférentisme  diffère  peu  le  système  de 
l'indifférence  en  matière  de  religion,  système  sorti  des  ténèbres,  qui 
détourne  se$  adeptes  de  la  vérité,  les  rend  hostiles  à  la  pratique  de  toute 
vraie  croyance,  oublieux  de  leur  salut;  avec  lui  on  enseigne  des  prin- 
cipes contradictoires,  on  n'a  point  de  doctrine  arrêtée,  on  n'admet 
aucune  différence  entre  les  professions  de  foi  les  plus  divergentes,  on 


80  LETTRE    ENCYCLIQUE    DE    IME    IX 

passini  cum  omnibus  miscent,  omniljiisque  œternre  ritœ  por- 
tum  ox  qualibet  religione  patere  coiilendunt.  Nihil  çfiim  iiiter- 
est  illis,  îicet  diversa  tractantibus,  dum  ad  unius  verUatis  expu- 
gnationem  conspirent  (1). 

Videtis  profecto,  dilecli  Filii  nostri  ac  venerabile^'ï'ratres,  qua 
vigilantia  vobis  sit  excubandiun,  ne  tam  dirœ  contagia  pestis 
vestras  oves  misère  inficiant  ac  perdant.  Itaque  ne  desinatis 
popuios  vobis  traditos  ab  hisce  pernioiosissimis  erroribus  siîdulo 
del'endere,  eosque  catbolicœ  veritatis  doctrina  magis  in  dies 
accurate  imbuerc,  et  illos  doc3re,  qiiod  sicut  unus  est  Deus 
Pater,  unus  Christus  ejus,  unus  Spiritns  sanclus,  ita  una  est 
divinitus  revelata  veritas,  una  divina  fides  humanae  salutis  ini- 
tium,  omnisque  justificationis  fundamentum,  qua  justus  vivit, 
et  sine  qua  impossibile  est  placere  Dec,  et  ad  filioruni  ejus  con- 
sortium pervenire  (2)  ;  et  una  est  vera,  sancta,  catholica,  Apo- 
stolica,  Komana  Ecclesia,  et  Cathedra  una  super  Petrum  Domini 
voce  fundata  (3),  extra  quam  nec  vera  fides,  nec  eeterna  inveni- 
tur  salus,  cum  habere  non  possit  Deum  patrem  qui  Ecclesiam 
non  habet  matrem,  et  falso  confidat,  se  esse  in  Ecclesia,  qui 
Pétri  Cathedram  deserat,  super  quam  fundata  est  Ecclesia  (4). 
NuUum  vero  majus  potest  esse  delictum  et  nuUa  macula  defor- 
mior,  quam  adversus  Ghristum  stetisse,  quam  Ecclesiam  divine 
ejus  sanguine  partam  et  acquisitam  dissipasse,  quam  evange- 
licse  dilectionis  oblitum.  contra  unanimem  et  concordem  Dei 
populum  hûstilis  discordiee  furore  pugnasseC5). 

Cum  autem  ratio  divini  cultus  ex  hisce  duobus  constet,  piis 
dogmatibus  et  actionibus  bonis,  neque  doctrina  sine  operibus 
bonis  accepta  sit  Deo,  neque  opéra  recipiat  Deus  a  religiosis  dog- 
matibus sejuncta,  neque  in  solo  opère  virtutumaut  in  sola  obser- 
vantia  mandatorum,  sed  etiam  in  tramite  fidei  angustaet  ardua 
sit  via  quœ  ducit  ad  vitam  ;  tum  ne  intermittatis  fidèles  vestros 
populos  continenter  monere  et  excitare,  ut  non  solum  in  catho- 
licse  religionisprofessione  magis  in  dies  stabiles  et  immoti  per- 
sistant, verum  etiam  per  bona  opéra  certain  suam  vocationem 
et  electionem  facere  satagant.  Dum  autem  in  vestri  gregis  salu- 
tem  procurandam  incumbitis,  ne  omittatis  in  omni  bonitate, 
patientia  et  doctrina  miseros  errantes  ad  unicum  Christi  ovile, 
atque  ad  catholicam  unitatem  revocare  illis  prœsertim  Augu- 
stin! verbis  :  «  Venite,  fratres,  si  vultis  ut  inseramini  in  vite  : 
«  dolor  est,  cum  vos  videamus  preecisos  ita  jacere  ;  numerate 

(1)  Tertul.  de  praescript.  cap.  41. —  (2)  Rom.,  i,  17;  Hebr.,  xi,  6;  Trid., 
Sess.  VI,  cap  8.  —  (3)  S.  Gyprian.  Epist.  43.  —  (4)  S.  Cyprian.  de  unitat. 
Eccl.  —  (b)  S.  Cyprian.  Epist.  72. 


«  SINGULARI   QUIDEM  »,  17    MARS  1SÔ6  81 

Vit  en  paix  avec  toutes,  et  Ton  prétend  que  toutes,  à  quelque  religion 
qu'elles  appartiennent,  conduisent  au  port  de  l'éternelle  vie.  Eh!  que 
leur  importent  leurs  divisions  particulières,  pourvu  seulement  qu'ils  tra- 
vaillent h  h  ruine  de  la  vérité. 


Vous  voyez,  Fils  bien-aimés  et  vénérables  Frères,  de  quelle  vij^ilance 
vous  devez  f-.iire  preuve  pour  empêcher  la  contagion  de  cette  épidémie 
cruelle,  de  g;igner  vos  ouailles  et  de  les  perdre  à  jamais.  Ne  cessez  donc 
de  prémunir  avec  le  plus  grand  soin,  contre  ces  erreurs  damnables,  les 
peuples'  qui  vous  sont  confiés;  de  les  pénétrer  chaque  jour  plus  intime- 
ment des  enseignements  de  la  vérité  catholique;  de  leur  apprendre  que, 
comme  il  n'y  a  qu'un  seul  Dieu,  le  Père,  son  Christ  et  son  Esprit,  il  n'y 
a  qu'une  seule  vérité  divinement  révélée,  une  seule  foi  divine,  principe 
du  salut  de  Fliomme,  fondement  de  toute  justification,  vie  du  juste,  sans 
laquelle  il  est  impossible  de  plaire  à  Dieu  ni  de  parvenir  <à  l'hérilage  de 
ses  enfants;  qu'il  n'y  a  qu'une  seule  et  véritable  Eglise,  l'Eglise 
sainte,  catholique,  apostolique,  romaine;  une  seule  chaire  dont  le  Sei- 
gneur lui-même  a  posé  le  fondement  sur  Pierre,  loin  de  laquelle  on 
ne  pc'it  trouver  ni  véritable  foi,  ni  salut  éternel  ;  car  celui-là  ne  peut 
avoir  Dieu  pour  père  qui  n'a  pas  l'Eglise  pour  mère,  de  plus,  il  est 
absurde  de  se  croire  dans  l'Eglise  quand  on  divorce  avec  la  chaire  de 
Pierre  sur  laquelle  repose  l'Eglise  comme  sur  sa  base.  Mais  il  ne 
peut  y  avoir  de  plus  grand  crime,  point  de  honte  comparable  à  celle  de 
s'être  posé  en  adversaire  du  Christ,  d'avoir  travaillé  à  la  destruction 
de  cette  Eglise  acquise  et  engendrée  par  son  sang  divin,  d'avoir  oublié 
la  charité  évangélique,  d'avoir  lutté  avec  les  fureurs  de  la  discorde 
cruelle,  contre  les  cœurs  unis,  contre  les  enfants  paisibles  de  Dieu. 


Le  culte  divin  se  compose  de  deux  éléments,  de  la  foi  et  des  œuvres  : 
point  de  vraie  foi  sans  les  œuvres,  point  d'œuvres  agréables  à  Dieu  sans 
la  foi.  Ce  qui  rend  étroite  et  ardue  la  voie  qui  mène  à  la  vie,  ce  n'est 
pas  seulement  l'obligation  de  pratiquer  les  vertus  et  d'observer  les  pré- 
ceptes, c'est  aussi  la  nécessité  de  ne  point  s'écarter  de  la  foi.  Ne  cessez 
donc  d"'avertir,  de  presser  vos  peuples  fidèles  de  devenir  chaque  jour  plus 
fermes  et  plus  inébranlables  dans  leur  croyance  et  de  rendre  chaque 
jour  plus  assurée,  par  leurs  bonnes  œuvres,  leur  vocation  et  leur  admis- 
sion parmi  les  élus. 


Mais  en  vous  appliquant  à  procurer  le  salut  de  votre  troupeau,  ne 
négligez  point  de  travailler  avec  toute  la  bonté,  toute  la  patience  et  la 
sagesse  possibles  à  faire  rentrer  dans  le  bercail  unique  de  Jésus-Christ 
les  malheureux  égarés,  et  pour  les  rappeler  à  l'unité  catholique,  adressez- 
leur  particulièrement  ces  paroles  d'Augustin  :  «  Revenez,  Frères,  s'il 
«  vous  plaît,  pour  vous  enter  de  nouveau  sur  le  cep  ;  nous  souffrons  de 
«  vous  en  voir  retranchés  et  jetés  à  terre.  Comptez  seulement  les  prêtres 


82  LETTRE   ENCYCLIQUE   DE   PIE   IX 

«  sacerdotes  vcl  ab  ipsa  Petri  Sede,  et  in  ordine  illo  patiuin 
«  quis  cui  successit  videte  ;  ipsa  est  petra,  qiiam  non  vincunt 
«c  supcibœ  inferoruni  portae  (1).  »  Quicumque  extra  hanc  do- 
muni  agnum  comederit,  profanus  est  ;  si  quis  in  arca  Noe  non 
fuerit,  peribit  régnante  diluvio  (2). 

Vcrum  non  minori  sane  pernicie  alter  nunc  grassatur  nior- 
bus,  cui  ab  elatione  et  quodarn  veluti  rationis  fastu  raliona- 
lismi  nomen  est  inditum.  Non  improbat  certe  Ecclesia  (3)  corum 
studium  qui  veritatem  scire  volucrunt,  quia  Deus  hominis 
naturam  veri  adipiscendi  cupientissimam  fecit,  neque  improbat 
recta3  sanœque  rationis  studia,  quibus  aninius  excolitur,  natura 
investigatur,  et  abditissima  quyeque  ejusdeni  arcana  in  apertam 
proferuntur  lucom.  Siquidem  novit  ac  probe  tenetpientissima 
mater,  inter  collata  cœlitus  munera  (4)  illud  esse  prœclarum, 
quod  ratione  continetur,  et  quo  ea  omnia  ques  sensibus  obnoxia 
sunt  praetergressi,  insignem  quamdam  Dei  imaginem  in  nobis 
ipsis  prseferimus.  Novit  quœrendum  esse  donec  invenias,  et 
credendum  quod  invenisti,  dum  hoc  insuper  credas,  aliud  non 
esse  credendum  ideoque  nec  requirendum,  cum  id  inveneris  et 
credideris  quod  a  Christo  institutum  est,  qui  non  aliud  tibi 
mandat  inquirendum,  quam  quod  instituit  (5). 

Ecquid  igitur  est,  quod  ipsa  non  patitur,  non  sinit,  et  quod, 
pro  injuncto  sibi  oflicio  tuendi  depositi,  omnino  reprehendit 
ac  damnât?  Illorum  nimirum  inorem  vehementer  reprehendit,  ac 
semper  damnavit  et  damnât  Ecclesia,  qui  ratione  abutentes,  eam 
Dei  ipsius  loquentis  auctorilali  impie  et  stuUe  opponere  ac 
prœferre  non  erubescunt  neque  reformidant,  et  dum  insolenter 
se  extollunt,  propria  superbia  suoque  tumore  cœcati  veritatis 
lumen  amittunt,  fidem,  de  qua  scriptum  est,  qui  non  crediderit 
condemnabitur  (6j,  superbissime  aspernantur,  sibique  prœfi- 
dentes  (7)  diffitentur  ipsi  Deo  de  se  credendum  esse,  et  iis  qute 
cognitioni  nostree  de  se  tribuit,  obsequendum.  Hi  sunt  quibus 
constantissime  opponit,  œquum  esse  (8),  ut  de  cognitione  Dei 
ipsi  Deo  credamus,  cujus  scilicet  totum  est,  quod  de  eo  credimus, 
quia  utique  ab  homine  Deus,  uti  oportet,  cognosci  non  potuit, 
nisi  salutarem  sui  cognitionem  ipse  tribuisset.  Hi  sunt,  quos  ad 


(1)  S.  Cyrill.  Hierosol.  Cath.  IV.  Illuminnnd.  n.  2.  S.  Léo.  serni.  o. 
de  ÎVativJt.  Dom.  —  (2)  ',;î  psal.  contr.  part.  Donat.  —  (3;  S.  Hieronyiii., 
cpisl.  14,  al.  57.  ad  Damas.  —  (4)  Lactant.,  divin,  institut.,  lib.  m, 
cap.  I.  —  (5)  Clemens  Alex.  Stromat.,  lib.  i.  cap,  3,  lib.  ii,  cap  2.,  et 
Gregor.  Thaumaturg.  oraf.  pane^yr.  cap.  7,  13.  —  (S^Tertull.,  de  praps- 
cript.,  cap.  9.  —  (6)  Marc,  xvi,  v.  16.  —  (7)  S.  Iliiar.,  de  Trinit.  lib.  iv. 
—  (8)  Cassian.,  de  hicurnat.,  lib.  iv,  cap.  2. 


«  SINGULARI   QUIDEM  »,   17   MARS  1856  83 

a  qui  se  sont  succédé  sur  le  siège,  de  Pierre,  comment  sur  cette  chaire  de 
«  nos  pères  l'un  a  succédé  à  l'autre  :  ce  siège  est  la  pierre  contre  la- 
«  quelle  ne  peut  rien  l'orgueil  des  portes  inl'ernales.  Quiconque  mange 
«  l'Agneau  hors  de  cette  enceinte  est  un  profane  ;  quiconque  n'est  pas 
«  dans  celte  arche  de  JNoé  au  moment  du  déluge  périra.  » 


Une  autre  maladie,  non  moins  pernicieuse,  étend  maintenant  ses 
ravages  :  fruit  de  l'orgueil,  elle  fait  en  quelque  sorte  parade  de  la  raison 
et  s'intitule  r(7/î'ona//s?ne.  L'Eglise  ne  blâme  certainement  pas  l'ardeur 
qui  veut  savoir  la  vérité,  car  c'est  Dieu  lui-même  qui  a  mis  au  cœur  de 
l'homme  la  passion  du  vrai  ;  elle  ne  désapprouve  pas  non  plus  les  efforts 
que  s'impose  une  raison  droite  et  saine  pour  cultiver  l'intelligence,  étu- 
dier la  nature,  percer  les  mystères  les  plus  obscurs  et  mettre  au  jour  les 
secrets  qu'elle  cache  dans  son  sein.  Mère  pieuse,  elle  sait,  elle  est  complè- 
tement sûre,  que  l'un  des  plus  grands  bienfaits  du  ciel  est  celte  raison 
qui  nous  élève  au-dessus  de  ce  qui  tombe  sous  les  sens  et  nous  aide  à 
reproduire  en  nous-mêmes  la  grande  image  de  Dieu.  Elle  sait  qu'il  faut 
chercher  jusqu'à  ce  que  l'on  trouve  et  croire  ce  que  l'on  a  découvert, 
pourvu  que  l'on  se  persuade  encore  qu'il  ne  faut  croire,  et  conséquem- 
ment  rechercher,  après  l'avoir  trouvé  et  quand  on  le  croit,  que  ce  qui  a 
été  institué  par  le  Christ,  car  le  Christ  ne  commande  d'étudier  que  ce 
qu'il  a  établi. 


Qu'est-ce  donc  que  l'Eglise  ne  souffre  pas,  ne  permet  pas  ?  Qu'est-ce 
qu'elle  interdit  absolument  et  condamne,  comme  l'y  oblige  la  charge  qui 
lui  est  imposée  de  garder  le  dépôt  divin  ?  Ce  que  l'Eglise  réprouve  de 
toutes  ses  forces,  ce  qu'elle  a  toujours  condamné  et  condamne  encore, 
c'est  l'abus  que  font  de  la  raison  ceux  qui  ne  rougissent  ni  ne  craignent 
de  l'opposer  avec  autant  de  folie  que  d'impiété  à  la  parole  de  Dieu,  delà 
mettre  même  au-dessus.  Pleins  d'arrogance  et  de  présomption,  l'orgueil 
les  aveugle,  et  perdant  la  notion  du  vrai,  ils  dé(l;iignent  avec  fierté  la  foi 
dont  il  est  écrit  qu'en  manquer  sera  un  motif  de  condamnation  ;  ils 
nient,  dans  leur  confiance  en  eux-mêmes  qu'on  doive  s'en  rapporter 
à  Dieu  sur  Dieu,  sur  ce  qu'il  nous  propose  de  croire  et  de  savoir  de  lui. 
C'est  à  ces  hommes  que  l'Eglise  a  constamment  opposé  que,  sur  la  con- 
naissance de  Dieu,  il  est  juste  que  nous  nous  en  référions  à  Dieu  lui- 
même,  de  qui  nous  tenons  tout  ce  que  nous  croyons  sur  lui  :  car  jamais 
i'homrae  n'eût  pu  connaître  Dieu  comme  il  doit  être  connu  si  Dieu  même 
ne  s'était  révélé  à  lui  pour  son  salut.  Ce  sont  ces  hommes  que  l'Eglise 
s'efforce  de  rappeler  à  l'usage  du  sens  commun  en  leur  disant  :  «   Quoi 


8l  LETTRE   ENCYCLIQUE    DE    PIE    IX 

mentis  sanitatem  hisce  verbis  revocare  contendit  :  Quid  niagis 
contra  rationem,  quam  ratione  rationem  conari  transcendere  ? 
et  qiiid  magis  contra  fidem,  quam  credere  noile  quidquid  non 
possis  ratione  attingere  (Ij?  Atque  his  inculcare  non  desinit, 
îidem  non  rationi,  sed  auctoritati  inniti  (2);  nec  enim  dérobât, 
ut  cum  Deus  ad  hominem  loqiieretur,  argumentis  assereret  suas 
voces,  tanquam  fides  ei  non  haberetur,  sed  ut  oporluit,  est 
locutus,  quasi  rerum  omnium  maximus  judex,  cujus  non  est 
argumentari,  sedpronuntiare(3).  Hisapertissimedenunlialunam 
hominis  spem  unamque  salutem  positam  esse  in  christiana  lîde, 
quœ  veritatem  docens,  ac  divina  sua  luce  humanse  ignorantiae 
tenebras  discutiens,  pcr  caritatem  operatur,  et  in  catholica 
Ecclesia,  quse  verum  retinens  cultum,  est  stabile  ipsius  fidei 
domicilium  et  Dei  templum,  extra  quod,  citra  invincibilis  igno- 
rantiae excusationem,  quisquis  fuerit,  est  a  spe  vitœ  et  salu- 
tis  alienus.  Et  hos  gravissime  monet  ac  docet,  quod  humanae 
artis  peritia,  si  quando  tractandis  sacris  eloquiis  adhibetur,  non 
débet  jus  magisterii  sibi  arroganter  arripere,  sed  veluti  ancilla 
dominée  quodam  famulatus  obsequio  subservire,  ne  si  prœcedit 
oberret,  et  dum  exteriorum  verborum  sequitur  consequentias, 
intimée  virtutis  lumen  amittat,  et  rectum  veritatis  tramitem 
perdat  (-4). 

Neque  existimari  idcirco  débet,  nullum  in  Ecclesia  Christi 
profectum  haberi  religionis.  Habetur  namque,  idemque  maxi- 
mus, dummodo  tamen  vere  profectus  sit  fidei,  non  permutatio. 
Crescat  igitur  oportet,  et  multum  vehementerque  proficiat  tam 
singulorum  quam  omnium,  unius  hominis  quam  totius  Ecclesiœ, 
aetatum  acsœculorum  gradibus,  intelligentia,  scientia,  sapientia, 
qua  inlelligatur  illustrius  quod  antea  credebatur  obscurius,  qua 
posterilas  intellectum  gratuletur,  quod  vetustas  non  intellectum 
venerabatur,  qua  pretiosœ  divini  dûgma\is  gemmaeexsculpantur, 
fideliter  coaptentur,  adornentur  sapienter,  et  splendore,  gratia, 
venustate  ditescant,  in  eodem  tamen  génère,  in  eodem  scilicet 
dogmate,  eodem  sensu,  eademque  sententia,  ut  cum  dicantur 
Dove,  ron  dicantur  nova  (5). 

Neminem  vestrum  mirari  arbitramur,  dilecti  Filii  nostri  ac 
venerabiles  Fratres,si  pro  nostro  fidei  primatu  et  principatu  (6), 
de  lucluosissimis  hisce  ac  rei  cum  sacrœ,  tum  publicae  pernicio- 
sissimis    erroribus  denuo  locuti   simus,  eximiamque  vestram 

(1)  S.  Bernard.,  epist.  190.  —  (2)  S.  Bernard.,  de  Considérât.,  lib.  v, 
cap.  3.  — (3)Laclant.,  divin.  Inslilut.,  lib.  m,  c.ip.  i.  — (4)  Petr.  Dam. 
opuscul.  3tj.  cap.  o.  —  (5j  Vinc.  Lirin.,  Conimoiiitor.  —  (6)  S.  Anibros., 
de  hicarnal.  cap,  4.  n.  32.  Cassian,,  de  Incarnat.,  lib.  m,  cap.  12. 


«  SINGULARI   QUIDEM  »,  17    MARS  1856  85 

«  «Je  plus  contraire  à  la  raison  que  de  vouloir  s'élever  par  la  raison  au- 
n  dessus  (le  la  raison?  et  quoi  de  plus  contraire  à  la  foi  que  de  refuser 
t  de  croire  ce  que  la  raison  ne  peut  saisir?  » 


L'Eglise  ne  cesse  de  leur  répéter  que  le  fondement  de  la  foi  n'est  pas 
la  raison  mais  l'autorité  ;  car  il  ne  convenait  pas  que  Dieu  pariant  à 
l'homme  se  servît  d'arguments  pour  appuyer  ses  assertions  comme  si  l'on 
n'avait  pas  foi  à  sa  parole;  mais  il  s'est  exprimé  comme  il  a  dû,  c'est-à-dire 
comme  le  souverain  arbitre  de  toutes  choses  à  qui  il  appartient  d'affirmer, 
non  de  disputer.  Elle  leur  crie  hautement  que  tout  l'espoir  de  l'homme, 
que  tout  son  salut  est  dans  la  foi  chrétienne,  dans  cette  foi  qui  enseigne 
la  vérité,  dissipe  par  sa  lumière  divine  les  ténèbres  de  l'ignorance  humaine, 
opère  par  la  charité  ;  et  en  même  temps  dans  l'Eglise  catholique,  car  elle 
conserve  le  vrai  culte,  elle  est  le  sanctuaire  inébranlable  de  la  foi  même, 
et  le  temple  de  Dieu  hors  duquel,  sauf  l'excuse  d'une  ignorance  invincible, 
il  n'y  a  point  de  salut  à  attendre.  Elle  leur  disait  aussi,  avec  beaucoup 
d'autorité,  que  si  parfois  l'on  peut  donner  dans  l'explication  de  l'Ecriture 
place  à  la  science  humaine,  celle-ci  aurait  mauvaise  grâce  de  s'en  préva- 
loir. Son  rôle  n'est  pas  de  prétendre  avec  arrogance  faire  la  maîtresse, 
mais  d'obéir  comme  une  humble  suivante  :  en  marchant  la  première  elle 
pourrait  s'égarer,  elle  pourrait,  en  s'attachant  trop  aux  signes  extérieurs, 
aux  mots,  perdre  la  lumière  de  la  vertu  intérieure  et  s'écarter  du  droit 
sentier  de  la  vérité. 


II  n'en  faut  pas  néanmoins  conclure  que  dans  l'Eglise  du  Christ,  la 
religion  ne  fait  aucun  progrès,  elle  en  fait  certainement,  et  de  très  con- 
sidérables :  mais  il  est  nécessaire  que  ce  soient  des  progrès  et  non  des 
changements  dans  la  foi.  Faites  donc  croître,  il  le  faut,  faites  progresser 
énergiquemcnt  et  le  plus  possible,  pendant  le  cours  des  siècles  et  des 
âges,  l'intelligence,  la  science,  la  sagesse,  de  tous,  de  chacun,  et  de  toute 
l'Eglise;  que  l'on  voie  plus  clairement  ce  que  l'on  croyait  sans  le  voir; 
que  la  postérité  soit  heureuse  de  comprendre  ce  que  l'antiquité  vénérait 
seulement  par  la  foi  ;  que  l'on  polisse  les  pierres  précieuses  du  dogme, 
qu'on  les  adapte  avec  fidélité,  qu'on  les  monte  avec  sagesse,  qu'on  y 
ajoute  l'éclat,  la  grâce  et  la  beauté,  sans  toutefois  rien  changer,  c'est-à- 
dire  sans  rien  changer  au  dogme,  au  sens,  à  la  pensée,  en  variant  la 
forme  non  le  fond. 


Nous  le  croyons.  Fils  bien-aimés  et  vénérables  Frères,  nul  d'entre 
Tons  ne  s'étonne  si  à  raison  de  notre  primauté  spirituelle  et  de  notre  auto- 
rité suprême  nous  vous  avons  entretenus  itérativement  de  ces  erreurs 
déplorables  et  funestes  qui  atteignent  la  religion  et  la  société;  et  si  nous 
avons  cru  devoir  exciter  contre  elles  votre  admirable  vigilance  épisco- 


80  LETTRE   ENCYCLIQUE    UE    i'IE   IX 

npiscopalchi  vigilanliam  ad  ilios  prolli^andos  excilare  censue- 
rinins.  Ciim  cniin  inimicus  homo  non  cesset  superseminaie  zi- 
zania  in  medio  trilici,  tuni  nos,  qui  divina  disponente  l'rovi- 
dentia  dominico  agro  excolendo  prœsumus.  atque  uti  servi  tideles 
et  prudentes  super  Doniini  fanniliam  constituti  sumus  (1),  ab  iis 
partibus  explendis  desistere  non  debeamus,  quœ  ab  apostolico 
nostro  munere  separari  non  possunt. 

Nunc  vero  a  singulari  vestra  pietate  et  prudentia  exposcimus, 
ut  in  hoc  congressu  ea  potissimum  inter  vos  consilia  provide 
sapientenjue  inire  studcatis,  quœ  in  amplissimi  istius  imperii 
regionibus  ad  majorem  Dei  gloriam  promovendam,  ac  sempi- 
ternani  iiominum  salutem  procurandani  conduccre  exislimave- 
ritis.  Etsi  enim  vehenienter  in  Domino  lœtemur,  cum  noscamus 
multos  existere  tum  ecclesiasticos,  tum  laicos  homines,  qui 
Christianœ  fidei  et  caritatis  spiritu  egregie  animati  bonuni  Ghristi 
diflundunt  odorem,  tamen  non  mediocri  afiicimur  dolore,  cuna 
haud  ignoremus,  in  aliquibus  locis  nonnulios  ex  clero,  suae  di- 
gnitatis  et  oflicii  oblitos,  minime  ambulare  pro  ea  vocatione  qua 
vocati  sunt,  et  christianum  populum  sanctissimis  divinte  no- 
stree  religionis  prœceptionibus  parum  instructum,  gravibus- 
que  obnoxium  periculis,  a  pietatis  operibus  et  sacramentorum 
frequentia  infeliciter  abstinere,  atque  a  morum  honestate 
christianœque  vitœ  disciplina  deflectere,  et  ad  interitum  ruere. 
Persuasissimum  nobis  est  vos,  pro  spectata  vestra  episcopali 
sollicitudine,  omnes  curas  cogitationesque  esse  collaturos,  ut 
commemorata  damna  omnino  eliminentur. 

Et  quoniam  optime  scitis,  dilecti  Filii  nostri  ac  venerabiles 
Fratres,  quantum  ad  eccîesiastici  ordinis  disciplinam  instauran- 
dam,  populorum  mores  corrigendos  eorumque  damna  avertenda, 
vim  habeant  provincialia  Concilia  a  canonicis  sanctionibus  sa- 
pientissime  priescripta  et  a  sanctis  antistitibus  maximo  semper 
Ecclesiœ  bono  frequentata,  idcirco  vel  maxime  optamus,  ut  pro- 
vinciales Synodes  ad  sacrorum  Canonum  normam  rite  conceie- 
bretis,  quo  communibus  cujusque  ecclesiasticae  istius  imperii 
provinciœ  malisopportuna  ac  salutaria  adhibeatis  remédia.  Cum 
autem  multa  et  gravia  in  hisce  provincialibus  Synodis  a  vobis 
sint  agenda,  nostris  in  votis  est,  ut  pro  vestra  sapientia,  in  isto 
Vindobonensi  conventu,  concordissimis  animis  ea  inter  vos  sus- 
cipiatis  consilia,  quibus  unanimes  esse  possitis,  tum  circa  po- 
tiores  prœsertim  res  quœ  in  provincialibus  synodis  erunt  tra- 
ctandœ  ac  statuendœ,  tum  circa  illa  quœ  uno  eodemque  studio  a 
vobis  erunt  prœstanda,  ut  in  omnibus  istius  imperii  provinciis 

(1)  5.  Ainbros.,  de  fide  ad  Gratian.  impcrat.  lib.  v,  in  prolog. 


«  SINGULARI   QUIDEM  »,  17   MARS   1856  87 

pale.  Puisque  riiomme  ennemi  ne  cesse  de  semer  l'ivraie  au  milieu  du 
froment,  puisque  d'un  autre  côté  nous  sommes  chargé  par  la  divine 
Providence  de  veiller^sur  le  champ  du  Seigneur,  et  que  nous  sommes  le 
serviteur  tidèle  et  prudent  établi  sur  la  famille  du  Maître,  nous  ne 
pouvons  cesser  de  remplir  les  devoirs  inséparables  de  notre  charge  apos- 
tolique. 


Maintenant  ce  que  nous  demandons  à  la  piété  et  à  la  prudence  qui 
vous  distinguent,  c'est  que  dans  votre  assemblée  vous  appliquiez  voire 
pénétration  et  votre  sagesse  à  former  surtout  entre  vous  les  desseins  que 
vous  jugerez  capables  d'étendre  la  gloire  de  Dieu  et  de  procurer  le  salut 
des  hommes  dans  toutes  les  parties  de  ce  vaste  empire.  Il  est  vrai,  nous 
nous  réjouissons  amplement  dans  le  Seigneur  de  savoir  que  beaucoup 
d'ecclésiastiques,  voire  même  de  laïques,  animés  à  un  haut  degré  de 
l'esprit  de  foi  et  de  charité  chrétiennes,  répandent  la  bonne  odeur  de 
Jésus  Christ;  mais  aussi  notre  douleur  n'est  pas  légère  h  la  pensée  que 
dans  quelques  lieux  plusieurs  membres  du  clergé  oublieux  de  leur 
dignité  et  de  leur  devoir  ont  cessé  de  vivre  dans  l'esprit  de  leur  vocation, 
et  que  le  peuple  chrétien  peu  instruit  des  divins  enseignements  de  notre 
sainte  religion,  exposé  aux  plus  graves  dangers,  renonce  malheureuse- 
ment aux  œuvres  de  piété,  à  la  fréquentation  des  sacrements,  s'écarte  de 
l'honnêteté  des  mœurs,  des  règles  de  la  vie  chrétienne  et  court  à  sa  per- 
dition. Nous  en  sommes  intimement  persuadé,  votre  sollicitude  épisco- 
pale  bien  connue  consacrera  tous  ses  soins  et  toutes  ses  pensées  à  mettre 
un  terme  à  tous  ces  maux. 


Vous  savez,  Fils  bien-aimés  et  vénérables  Frères,  quelle  est  pour  amé- 
liorer la  discipline  ecclésiastique,  corriger  les  mœurs  des  peuples,  et 
détourner  les  périls  qui  les  menacent  l'inlluence  des  conciles  provin- 
ciaux, sagement  prescrits  par  les  saints  canons,  et  constamment  employés 
pour  le  bonheur  de  l'Eglise  par  les  plus  saints  prélats;  notre  vœu  le 
plus  ardent  est  donc  que  vous  célébriez  .selon  les  règles  canoniques,  ces 
synodes  provinciaux.  Vous  y  trouverez  les  remèdes  convenables  et  effi- 
caces, aux  communes  souffrances  de  chaque  province  ecclésiastique  de 
l'empire.  Comme  vous  aurez  ^  traiter  dans  ces  synodes  des  questions 
graves  et  nombreuses,  nous  désirons  que  dans  cette  réunion  de  Vienne 
vous  preniez  avec  votre  sagesse  et  d'un  plein  accord,  des  résolutions  sur 
les  questions  principales  qui  devront  y  être  traitées  et  décidées,  et  sur 
les  mesures  que  votre  zèle  également  réglé,  devra  employer  pour  assurer 


Ç8  LETTRE  ENCYCLIQUt:    DE    IME   IX 

divina  nostra  religio  ejusque  salutaris  doctrina  map:is  in  dies 
vigeat,  lloreat,  dominetur,  et  fidèles  populi,  déclinantes  a  iiialo 
et  lacientes  bonum,  ambulent  ut  (ilii  lucis  in  omni  bonilate, 
justilia  ac  veritate. 

Et  cnm  nihil  sit,  quod  alios  magis  ad  virtutcni,  pietatem,  ac 
Dei  cultum  assidue  instruat,  quam  eorum  vita  et  exemplum  qui 
se  divino  niinisterio  dedicarunt,  ne  prœtermittatis  omni  indiistria 
inter  vosea  statuere,  quibus  cleri  disciplinani,  ubi  prolapsa  est, 
instauretis,  et  accuratam  illius  institutionem,  ubi  opus  fuerit, 
promoveatis.  Quocirca,dilecti  Filii  nostri  ac  venerabiles  Fratres. 
coUatis  inter  vos  consiliis  conjunctisque  studiis,  diligentissime 
prospicite,  ut  ecciesiastici  viri  propriœ  dignitatis  et  officii  seuiper 
memores  ab  iis  oninibus  déclinent,  quœ  clericis  vetita,  quoique 
eos  nequaquam  décent,  ac  virtutum  omnium  ornatu  prœfulgentes 
exemplum  sint  fidelium  in  verbo,  in  conversatione,  in  caritate, 
in  fide,  in  castitate,  ut  diurnas  canonicas  horas,  qua  decet,  at- 
tentione,  ac  pietatis  affectu  recitent,  ac  sancta  oratione  se  exer- 
ceant,  et  rerum  cœlestium  meditationi  instent,  decorem  domus 
Dei  diligant,  sacras  functioneset  cœremonias  juxta  Pontificale  et 
Rituale  Romanum  peragant,  etproprii  ministerii  munus  naviter, 
scienter  ac  sancte  obeant,  et  sacrarum  prœsertim  disciplinarum 
studia  nunquam  intermittant,  et  sempiternœ  hominum  saluti 
quœrendœ  assiduam  navent  operam. 

Ac  pari  cura  consulite,  ut  omnes  cujusque  metropolitani, 
cathedralis  et  collegialis  templi  canonici  aliique  beneticiarii  choro 
addicti  morum  gravitate,  vitœ  integritate,  ac  pietatis  studio 
undique  praefulgere  studeant,  tanquam  lucerrice  ardentes  positœ 
super  candelabrum  in  templo  Domini,  et  omnes  suscepti  mu- 
neris  partes  diligenter  expleant,  residendi  legem  servent,  divini 
cultus  splendorem  curent,  atque  alacres  in  excubiis  Domini  divi- 
nas  laudes  studiose,  rite,  pie.  religiose,  non  vero  mente  vaga, 
non  vagis  oculis,  non  indecoro  corporis  statu  concélèbrent,  me- 
moria  semper  repetentes,  quod  ipsi  ad  chorum  accedunt,  non 
modo  ut  sanctissimum  Deo  cultum  venerationemque  tribuant, 
verum  etiam  ut  a  Deo  ipso  et  sibi  et  aliis  omne  bonum  depre- 
centur. 

Sed  quam  vehementer  ad  ecclesiasticum  spiritum  tuendum 
et  fovendum,  atque  ad  salutarem  constantiam  retinendam  con- 
férant spiritualia  exercitia,  innumeris  idcirco  per  Romanos  Pon- 
tifices  praedecessores  nostros  ditata  indulgcntiis,  quisque vestrum 
optinie  noscit.  Ea  proinde  cunctis  ecclesiasticis  vestris  viris 
etiam  atque  etiam  commendare  et  inculcare  ne  desinatis,  quo 
ipsi  certo  dierum  spatio  in  opportunum  aliquem  locum  sœpo 
secedent,  ubi  quavis  humanarum  rerum  cura  abjecta,  omnia  sua 


«  SINGULARI   QUIDEM  »,  17   MARS  1856  89 

à  notre  religion  divine  et  à  ses  salutaires  enseignements,  dans  toutes  les 
provinces  de  cet  empire,  une  vigueur,  une  beaulé.  une  autorité  (|Hi 
croissent  iliaque  jour  davantage;  et  pour  obtenir  que  les  peuples  fidèles 
s'éloignent  du  mal,  pratiquent  le  bien,  marchent  comme  des  enfants  de 
lumière  dans  la  bonté,  dans  la  justice  et  dans  la  vérité. 

De  tous  les  moyens  qui  peuvent  porter  continuellement  les  autres  à  la 
vertu,  à  la  piété,  à  l'amour  du  service  de  Dieu,  il  n'en  est  point  de  plus 
puissant  que  la  vie  et  l'exemple  de  ceux  qui  se  sont  dévoués  au  saint 
ministère  :  ne  négligez  donc  pas  de  prendre  entre  vous  et  avec  toute  votre 
prudence  les  moyens  propres  à  rétablir  la  discipline  dans  le  clergé,  par- 
tout où  elle  aura  subi  quelque  échec,  et  à  la  faire  prospérer,  où  le  besoin 
s'en  fera  sentir.  Par  conséquent.  Fils  bien-aimés  et  vénérables  Frères, 
après  avoir  mis  en  commun  vos  idées  et  vos  désirs,  employez  tout  votre 
zèle,  toute  votre  ardeur  à  faire  que  les  ecclésiastiques  n'oublient  jamais 
leur  dignité  ni  leurs  devoirs,  s'éloignent  de  tout  ce  que  le  clergé  ne  peut 
se  permettre  sans  faute  et  sans  inconvenance;  qu'ornés  de  toutes  les  vertus 
ils  servent  dexemple  aux  fidèles  dans  leurs  paroles,  leur  genre  de  vie, 
dans  la  charité,  la  foi  et  la  chasteté  dont  ils  feront  preuve;  qu'ils  récitent 
les  heures  de  chaque  jour  avec  l'attention  et  la  piété  désirables;  qu'ils 
s'exercent  à  la  prière  et  à  la  méditation  des  choses  du  ciel;  qu'ils  aiment 
la  beauté  de  la  maison  de  Dieu  ;  qu'ils  accomplissent  les  fonctions  saintes 
et  les  cérémonies  du  culte  sans  s'écarter  du  Pontifical  et  du  Rituel 
romain  ;  qu'ils  remplissent  les  devoirs  particuliers  de  leur  ministère  avec 
ardeur,  science  et  sainteté  ;  qu'ils  n'interrompent  jamais  l'étude  surtout 
des  sciences  sacrées,  et  qu'ils  travaillent  constamment  à  procurer  le  salut 
des  hommes  qui  leur  sont  confiés. 

Veillez  avec  un  égal  souci  à  ce  que  les  chanoines  de  inétropoles,  de 
cathédrales,  de  collégiales  et  les  autres  bénéficiers  astreints  au  service  du 
chœur  s'attachent  par  la  gravité  de  leurs  mœurs,  la  pureté  de  leur  vie. 
leur  amour  pour  la  piété,  à  briller  de  tous  côtés  comme  des  lumières 
placées  sur  le  chandelier  dans  le  temple  du  Seigneur;  qu'ils  remplissent 
avec  zèle  tous  les  devoirs  de  leur  ministère;  qu'ils  travaillent  à  la  splen- 
deur du  culte  divin,  observent  la  résidence,  veillent  avec  bonheur  pour 
célébrer  les  louanges  du  Seigneur  avec  application,  régularité,  piété, 
religion,  évitant  d'avoir  l'esprit  et  les  yeux  distraits,  une  attitude  peu 
décente;  qu'ils  n'oublient  jamais  que  s'ils  font  l'office  du  chœur  ce  n'est 
pas  seulement  pour  rendre  à  Dieu  le  culte  sacré  et  le  respect  qui  lui  sont 
dus,  mais  encore  pour  le  supplier  de  répandre  sur  eux  et  sur  autrui  toutes 
sortes  de  grâces. 

Mais  chacun  de  vous  sait  parfaitement  combien  servent  à  entretenir,  à 
nourrir  l'esprit  ecclésiastique,  et  à  assurer  la  constance  dans  le  bien,  ces 
exercices  spirituels  que  les  Pontifes  romains  nos  prédécesseurs  ont  enri- 
chis d'indulgences  sans  nombre.  Ne  cessez  donc  de  les  recommander  .'j 
tous  vos  ecclésiastiques  et  de  les  y  porter  de  plus  en  plus  :  que  pour  un 
nombre  de  jours  déterminés  ils  se  retirent  souvent  dans  un  endroit  con- 
venable. Là,  faisant  trêve  à  toute  occupation  humaine,  ils  devront  exa- 


00  LETTRE   ENCYCLIQUE    DE   PIE   IX 

facla,  dicta,  cogitatacorani  Deo  quam  diligenlissime  reputantes, 
et  aniios  œternos  assidua  meditalionc  habentes  in  mente,  ac 
maxinia  bénéficia  sibi  a  Deo  collata  rccolentes,  studeant  contra- 
ctas de  nuindano  pulvere  sordes  abluere,  et  resuscitare  gratiam 
quœ  ipsis  data  est  per  impositionem  manuum,  et  expoliantes  ve- 
tercm  hominem  cum  actibus  suis  novum  induant,  qui  creatus  est 
in  justitiaet  sanctitate. 

Quoniam  vero  sacerdotuni  labia  custodire  debent  scientiam, 
qua  et  respondere  possint  ils,  qui  legem  requirunt  de  ore  ipso- 
rum  (1),  et  contradicentes  revincere,  idcirco,  dilccti  Filii  nostri 
ac  venerabiies  Fratres,  in  rectam  accuratamque  cleri  institulio- 
nem  omnes  vestras  curas  convertatis  oportet.  Summa  igitur 
contentione  omnia  conamini,  ut  in  vestris  prœcipue  seminariis 
optima  ac  plane  catholica  vigeat  studiorum  ratio,  qua  adole- 
scentes clericivel  a  prima  pueritia,  per  probatissimos  magistros 
ad  pietatem,  omnemque  virtutem  et  ecclesiasticum  spiritum 
mature  fingantur,  ac  latinœ  lingua3  cognitione,  et  humanioribus 
litteris  philosophicisque  disciplinis  ab  omni  prorsus  cujusque 
erroris  periculo  alienis  sedulo  imbuantur.  Atque  in  primis  om- 
nem  adhibete  vigilantiam,  ut  cum  dogmaticam  tum  moralem 
theologiam  ex  divinis  libris  sanctorumque  Patrum  traditione, 
et  infallibili  Ecclesise  auctoritate  haustam  ac  depromptam,  ac 
simul  solidam  divinarum  litterarum,  sacrorum  Canonum,  eccle- 
siasticœque  historiée,  rerumque  Jiturgicarum  scientiam  congruo 
necessarii  temporis  spatio  diligentissime  addiscant.  Ac  vobis 
summopere  cavendum  in  librorum  delectu,  ne  in  tanta  grassan- 
tium  errorum  coUuvie  a  sanse  doctrinœ  semita  ecclesiastici 
adolescentes  temere  abducantur,  cum  prsesertini  haud  ignoretis 
viros  eruditos,  a  nobis  in  religione  dissidentes  et  ab  Ecclesia 
prœcisos,  in  vulgus  edere  tam  divinos  libros  quam  sanctorum 
Patrum  opéra,  concinna  illa  quidem  elegantia,  sed  sœpo,  quod 
maxime  est  dolendum,  vitiata,  ac  prgeposteris  commentariis  a 
veritate  detorta. 

Neminem  vestrum  latet  quantopere  Ecclesiœ  hisce  prœsertim 
temporibus  intersit  idoneos  habere  ministres,  qui  vitœ  sancti- 
tate, et  salutaris  doctrinœ  laude  prœstantes  ac  potentes  in  opère 
et  sermone,  valeant  Dei  ejusque  sanctse  Ecclesiœ  causam  strc- 
nue  tueri,  et  sedificare  domum  fidelem.  Nihil  itaque  intentatum 
est  relinquendum  ut  juniores  Glerici  vel  a  teneris  annis  sancte 
ac  docte  educentur,  quandoquidem  nonnisi  ex  ipsis  rite  institutis 
utiles  Ecclesice  ministri  fieri  possunt.  Quo  vero  facilius  pro  exi- 
mia  vestra  religione,  ac  pastorali  sollicitudine  accuratam  Cleri 

(1)  Malach.,  ii,  7. 


«  SINGULARI   QUIDEM  »,  17   MARS  1856  91 

miner  devant  Dieu,  avec  le  plus  grand  soin,  toutes  leurs  actions,  leurs 
paroles  et  leurs  pensées;  méditer  constamment  les  années  élcrnclles, 
songer  aux  immenses  bienfaits  qu'ils  ont  reçus  de  Dieu,  s'attacher  ain.i 
à  effacer  les  fautes  dont  ils  se  sont  souillés  dans  la  poussière  du  monde,  à 
faire  renaître  la  grâce  qui  leur  a  été  donnée  par  l'imposition  des  mains, 
à  se  dépouiller  du  vieil  homme  et  de  ses  mœurs  pour  revêtir  le  nouveau  qui 
a  été  créé  dans  la  justice  et  la  sainteté. 


Comme  les  lèvres  des  prêtres  doivent  être  les  dépositaires  de  la  science, 
afin  de  pouvoir  répondre  à  ceux  qui  veulent  par  eux  connaître  la  loi 
et  de  repousser  les  attaques  des  contradicteurs,  il  importe.  Fils  bien- 
airaés  et  vénérables  Frères,  que  vous  employiez  toute  votre  sollicitude  à 
procurer  au  clergé  une  bonne  et  saine  éducation.  Consacrez  donc  tous 
vos  efforts  et  tous  vos  moyens  à  faire  fleurir,  surtout  dans  vos  sémi- 
naires, les  études  bonnes  et  entièrement  catholiques  ;  que  dès  l'ûge  le 
plus  tendre,  les  jeunes  clercs  y  soient  formés,  par  des  maîtres  éprouvés, 
à  la  piété,  à  la  vertu  et  à  l'esprit  ecclésiastique;  qu'ils  y  puisent,  avec  la 
science  de  la  langue  latine  et  des  lettres  humaines,  des  connaissances 
philosophiques  pures  et  éloignées  de  tout  péril  d'erreur.  Veillez  ensuite 
et  particulièrement  à  leur  faire  enseigner  la  théologie,  soit  dogmatique 
soit  morale,  d'après  les  livres  divins,  la  tradition  des  saints  Pères  et 
l'autorité  infaillible  de  l'Eglise  ;  à  leur  faire  acquérir  aussi,  pendant  Je 
temps  nécessaire  et  convenable,  avec  le  plus  grand  soin  et  d'une  manière 
solide,  la  science  des  lettres  sacrées,  des  saints  canons,  de  l'histoire  ecclé- 
siastique et  de  la  liturgie.  Veillez  particulièrement  au  choix  des  livres, 
dans  la  crainte  qu'entraînés  par  le  déluge  d'erreurs  dont  nous  sommes 
inondés,  les  jeunes  ecclésiastiques  n'abandonnent  témérairement  la  voie 
des  saines  doctrines;  maintenant  surtout,  vous  le  savez,  que  des  hommes 
instruits  mais  séparés  de  nous  en  matière  de  religion  et  retranchés  de 
l'Église,  ont  publié  la  Bible  et  les  ouvrages  des  Pères  traduits  avec  une 
certaine  élégance,  mais  souvent,  hélas!  viciés  et  détournés  du  sens 
véritable  par  les  commentaires  infidèles  qui  les  accompagnent. 


Nul  de  vous  n'ignore  combien  l'Église  a  besoin,  particulièrement  à 
notre  époque,  de  ministres  capables,  distingués  par  la  sainteté  de  leur 
vie,  par  l'étendue  et  la  droiture  de  leur  science  en  œuvres  et  en  paroles, 
habiles  à  défendre  la  cause  de  Dieu  et  de  sa  sainte  Église  et  à  édifier  au 
Seigneur  une  maison  fidèle.  On  ne  doit  donc  rien  négliger  pour  donner 
aux  jeunes  clercs  dès  leur  bas  âge  une  éducation  docte  et  sainte;  c'est 
l'unique  moyen  de  former  pour  l'Église  des  ministres  vraiment  utiles. 
Or,  afin  d'arriver  de  plus  en  plus  à  procurer  aux  clercs  une  éducation 
qui  répoi  de  à  votre  éminente   piété,  à  votre  sollicitude   pastorale,  à  ce 


92  LETTRE   ENCYCLIQUE    DE    PIE    IX 

jnstitutionem  ex  qua  Ecclesiae  bonum ,  ac  populorum  salus 
tantopere  pendet,  quo.tidie  magis  promovere  valeatis,  ne  vos 
pigeât  exhortari,  rogare  egregios  vestrarum  diœcesium  eccle- 
siasticos,  laicosque  viros  divitiis  pollentes  et  in  rem  ratho- 
licam  prseclare  animâtes,  ut  vestrum  sectantes  exempium 
aliquam  pecuniœ  vim  perlibenter  tribuere  velint,  quo  nova 
etiarn  seminaria  érigera  et  congrua  dote  instruere  possitis,  in 
quibus  adolescentuli  clerici  vel  ab  ineunte  setate  rite  insti- 
tuantur. 

Nec  muiori  studio,  dilecti  Filii  nostri  ac  venerabiles  Fratres, 
ea  omnia  consilia  suscipienda  curate,  quibus  vestrarum  diœ- 
cesium juventus  cujusque  conditionis  et  sexus  magis  in  dies 
catholico  plane  modo  educetur.  Quapropter  episcopalis  vestrae 
vigilantise  nervos  intendite,  ut  juventus 'ante  omnia  spiritu 
timoris  Dei  mature  imbula,  ac  pietatis  lacté  enutrita,  nedum 
lidei  elementis,  sed  pleniori  sanctissimae  nostrœ  religionis 
cognitione  sedulo  excolatur,  atque  ad  virtutem  morumque 
honestatem  christianaeque  vitae  rationem  conformetur,  et 
ab  omnibus  perversionis  et  corruptionis  illecebris  et  scopulis 
arceatur. 

Pari  autem  sollicitudine  ne  desinatis  unquam  fidèles  populos 
vobis  commisses  opportunis  quibusque  modis  ad  religionem  et 
pietatem  etiam  atque  etiam  excitare.  Itaque  ea  omnia  peraglte, 
quibus  ipsi  lideles  populi  magis  in  dies  salutari  catbolicœ  ve- 
ritatis  ac  doctrinœ  pabulo  enutriti  Deum  ex  toto  corde  diiigant, 
ejusque  mandata  apprime  servent,  sanctuarium  ejus  fréquenter 
ac  religiose  adeant,  sabbata  ejus  sanctificent,  ac  sœpe  qua 
par  est  veneratione  et  pietate  tum  divini  sacrificii  celebrationi 
intersint,  tum  ad  sanctissima  Pœnitentiœ  et  Eucharistiœ  sacra- 
menta  accédant,  et  singnlari  devotione  sanctissimam  Dei  Geni- 
tricem  immaculatam  Virginem  Mariam  prosequantur  et  colant, 
ac  mutuam  intor  se  continuam  caritatem  habentes  et  precibus 
instantes  ambulent  digne  Deo,  per  omnia  placentes  et  in  omni 
opère  bono  fructificantes  (1). 

Cum  autem  sacrae  Missiones  ab  idoneis  operariis  peractaî 
summopere  conducant  ad  lidei  religionisque  spiritum  in  populis 
oxcitandum,  eosque  ad  virtutis  ac  salutis  semitam  revocaudos, 
vehementer  optamus  ut  illas  identidem  in  vestris  diœcesibus 
agendas  curetis.  Ac  méritas  summasque  laudes  iis  omnibus 
deferimus,  qui  e  vestro  ordine  in  suas  diœceses  tam  salntare 
sacrarum  Missionum  opus  jam  invexere,  ex  quo  divina  adspi- 
rante  gratia  uberes  fructus  perceptos  fuisse  gaudemus 

(1)  Coloss.,  I,  10. 


«  SINGULARI   QUIDEM  »,  17    MARS  1S56  93 

qu'exigent  la  gloire  de  l'Eglise  et  le  salut  des  peuples,  ne  vous  lassez  pas 
d'exliortor,  de  prier  les  ecclésiastiques  distingués  de  vos  diocèses,  les 
laïques  opulents  mais  bien  disposés  en  faveur  de  la  religion  catholique, 
de  vouloir  bien,  5  votre  exemple,  fournir  de  lion  cœur  quelque  somme 
d'argent  pour  vous  mettre  à  même  de  construire  et  de  doter  convena- 
blement des  séminaires,  destinés  à  donner  dès  l'enfance  une  bonne  édu- 
cation aux  jeunes  clercs. 


N'ayez  pas  moins  d'ardeur,  Fils  bien-aimés  et  vénérables  Frères,  à 
chercher  les  moyens  de  donner  à  la  jeunesse  de  vos  diocèses,  quels  que 
soient  sa  condition  et  son  sexe,  une  éducation  chaque  jour  plus  catho- 
lique. Déployez  donc  l'énergie  de  votre  vigilance  épiscopale  pour  que, 
pénétrée  de  bonne  heure  et  avant  tout,  de  l'esprit  de  crainte  de  Dieu,  et 
abreuvée  du  lait  de  la  piété,  la  jeunesse  acquière,  outre  les  éléments  de 
la  foi,  une  connaissance  exacte  et  plus  complète  de  notre  sainte  religion, 
se  forme  à  la  vertu,  aux  bonnes  mœurs,  à  l'esprit  de  la  vie  chrétienne  et 
s'éloigne  de  toutes  les  séductions,  de  tous  les  dangers  où  le  vice  triomphe, 
où  succombe  l'innocence. 


Même  sollicitude  pour  ne  cesser  jamais  d'exciter  de  plus  en  plus  et 
par  tous  les  moyens  possibles  les  peuples  fidèles  qui  vous  sont  confiés,  5 
la  piété  et  à  la  religion.  Ainsi  donc  faites  tout  pour  nourrir  chaque  jour 
davantage  ces  peuples  du  pain  salutaire  de  la  vérité  et  de  la  foi  catho- 
lique, leur  faire  aimer  Dieu  de  tout  leur  cœur,  observer  parfaitement 
ses  préceptes,  visiter  souvent  et  religieusement  son  sanctuaire,  sanctifier 
le  dimanche,  assister  fréquemment,  av^ecle  respect  et  la  piété  nécessaires, 
au  divin  sacrifice,  s'approcher  dignement  aussi  des  augustes  sacrements 
de  Pénitence  et  d'Eucharistie,  servir  et  honorer  avec  une  dévotion  toute 
particulière  la  très  sainte  Mère  de  Dieu,  l'immaculée  vierge  Marie,  avoir 
entre  eux  une  mutuelle  et  impérissable  charité,  persévérer  dans  la  prière, 
vivre  ainsi  d'une  manière  digne  de  Dieu,  lui  plaisant  en  toutes  choses  et 
fructifiaiit  en  toutes  sortes  de  bonnes  œuvres. 


Comme  les  missions  faites  par  des  ouvriers  capables  sont  éminemment 
propres  à  réveiller  dans  les  peuples  l'esprit  de  foi  et  de  i-eligion,  à  les 
faire  rentrer  dans  le  sentier  de  la  vertu  et,  du  salut,  nous  désirons  vive 
ment  que  de  temps  en  temps  vous  en  fassiez  oélébrcr  dans  vos  diocèses. 
Nous  félicitons  ardemment,  et  comme  ils  le  méritent,  tous  ceux  d'entre 
vous  qui  ont  déjà  introduit  dans  les  limites  de  leur  juridiction  cette 
œuvre  salutaire  des  missions,  d'où  nous  sommes  heureux  que  soient 
sortis,  sous  l'intluence  de  la  grûce  divine,  des  fruits  abondants. 


Oi  LETTRE   ENCYGLIUUli   DE   PlE    IX 

Hœc  potissimnm  in  islo  vestro  conventu  prœ  oculis  habeatis 
oportet,  dilccti  Filii  nostri  ac  venerabiles  Fratres,  ut  conimu- 
nibiis  nialis,  comnuinibus  studiis  provide  medcri  possitis.  Ete- 
nim  ;id  prœcipua  cujusque  vestrec  diœcesis  damna  reparanda, 
ejusque  prosperitatem  promovendam,  nibil  frequenti  ejusdem 
diœceseos  lustratione  et  dioicesanœ  synodi  celebratione  validius 
esse  probe  intelligitis.  Quœ  duo  quantopere  a  Concilio  praeser- 
tim  Tridcntino  sint  prœscripta  et  inculcata,  neminem  vestrum 
l'ugit.  Quamobrem  pro  spectata  vestra  in  gregem  vobis  com- 
missum  sollicitudine  et  caritate,  nihil  antiquius  habere  velitis, 
quam  ex  canonicis  sanctionibus  vestras  diœceses  impensissimo 
studio  invisere,  et  ea  omnia  accurate  perficere  quœ  ad  ipsani 
visilationem  fructuose  peragendam  omnino  pertinent.  Quo  in 
munere  obeundo  vobis  summopere  cordi  sit,  sumnaa  cura  ac 
paternis  prœsertim  monitis,  et  frugiferis  concionibus  aliisque 
opportunissimis  modis,  errores,  corruptelas  et  vitia,  si  quae 
irrepserin-t,  radicitus  evcllere,  omnibus  salutis  documenta  prœ- 
bere,  cleri  discipbnam  sartam  tectamque  tueri,  et  fidèles  spiri- 
tualibus  prœsertim  quibusque  subsidiis  juvare,  munire,  et 
omnes  Cbrislo  lucrifacere. 

Nec  dissimileni  diligentiam  impendite  in  diœcesanis  ibi  Sy- 
nodis  juxta  sacrorum  Canonum  normam  celebrandis  ea  prœ- 
cipue  statuentes,  quœ  ad  majus  cujusque  vestr»  diœcesis  bonum 
spectare  pro  vestra  prudentia  duxeritis. 

IS'e  vero  in  sacerdotibus,  qui  doctrinœ  et  lectioni  attendere 
debent,  quique  obstricti  sunt  oflicio  docendi  popuhim  ea  quœ 
scire  omnibus  necessarium  est  ad  salutem,  et  ministrandi  Sa- 
cramenta  (1),  sacrarum  disciplinarum  studium  unquam  restin- 
guatur  aut  languescat  industria,  optatissimum  nobis  est,  ut 
a  vobis,  ubi  lieri  possit,  in  omnibus  vestrarum  diœcesium 
regionibus,  instituantur  opportunis  regulis  congressus,  de 
morum  prœsertim  theologia  ac  de  sacris  ritibus,  ad  quos 
singuli  potissimum  presb^-teri  teneantur  accedere,  et  afferre 
scripto  consignatam  propositœ  a  vobis  quœstionis  explicatio- 
nem,  et  aliquo  temporis  spatio  a  vobis  prœfmiendo  inter  se 
disserere  de  morali  theologia  deque  sacrorum  rituum  disci- 
plina, postquam  aliquis  ex  ipsis  presbyteris  sermonemde  sacer- 
dotalibus  prœcipue  ofiiciis  habuerit. 

Cuni  autem,in  vestro  grege  procurando,  operam  prse  cœteris, 
manum  auxiliumque  vobis  prœstent  parochi,  quos  in  sollici- 
tudinis  partem  adscitos  et  in  arte  omnium  maxima  obeunda 
adjutores  habetis,    eorum   zelum  omni  studio  inflammare  ne 

(l)Concil.  Trident.,  Sess.  xxiii,  cap.  1-i  de  liel'orm. 


«  SINGULARI   QUIDEM  »,  17   MARS  1856  95 

Ce  que,  dans  votre  assemblée,  vous  devez  avoir  préfcrablement  devant 
les  yeux,  Fils  hien-aimés  et  vénérables  Frères,  c'est  de  vous  préparer  à 
faire  face,  })ar  des  elTorts  communs,  aux  maux  dont  vous  souffrez  tous. 
En  effet,  pour  réparer  les  pertes  principales  que  vos  diocèses  peuvent 
avoir  subies  et  augmenter  leur  prospérité,  il  n'y  a  rien  de  plus  efficace 
que  des  visites  fréquentes  et  des  synodes  régulièrement  tenus,  vous  le 
savez.  Vous  savez  aussi  que  le  Concile  de  Trente  surtout  a  recommandé 
et  prescrit  ces  deux  moyens.  La  sollicitude  et  la  charité  remarquables 
dont  vous  faites  preuve  envers  le  trou[)eau  confié  à  vos  soins  demandent 
donc  que,  oonl'ormément  aux  lois  canoniques,  vous  n'ayez  rien  plus  à 
cœur  que  de  visiter  vos  diocèses  avec  le  plus  grand  zèle  et  de  faire,  avec 
soin,  tout  ce  qui  peut  assurer  le  fruit  de  la  visite.  Or,  en  accomplissant 
ce  devoir,  attachez-vous  fortement,  par  vos  soins,  surtout  par  vos  avis 
paternels,  par  vos  utiles  discours  et  par  tous  les  moyens  les  plus  conve- 
nables, à  déraciner  les  erreurs,  les  désordres  et  les  vices  qui  auraient  pu 
se  glisser  dans  votre  troupeau;  à  distribuera  tous  l'enseignement  du 
salut,  à  raffermir  la  discipline  du  clergé,  à  aider,  à  fortifier  les  fidèles 
principalehient  en  leur  distribuant  tous  les  secours  spirituels,  et  à  les 
gagner  tous  à  Jésus-Christ. 


Prenez  également  à  tâche  de  célébrer  les  synodes  diocésains,  confor- 
mément aux  règles  des  saints  canons,  et  d'y  faire  les  ordonnances  que 
votre  prudence  jugera  les  plus  propres  à  procurer  le  plus  grand  bien  de 
chacun  de  vos  diocèses. 


Il  est  à  craindre  que  dans  les  prêtres  qui  doivent  s'appliquer  à  l'en- 
seignement et  à  l'étude,  à  qui  incombe  la  charge  d'instruire  le  peuple 
des  choses  dont  la  connaissance  est  indispensable  au  salut,  et  d'adminis- 
trer les  sacrements,  on  ne  voie  s'alïaiblir  l'amour  de  la  science  et  se 
refroidir  le  zèle;  aussi,  nous  désirons  souverainement  que  dans  les  diffé- 
rentes parties  de  vos  diocèses  vous  établissiez,  sitôt  que  vous  le  pourrez, 
des  conférences  où  l'on  s'occupe  préférablement  de  théologie  morale  et  de 
liturgie.  Les  prêtres  surtout  seront  tenus  de  s'y  présenter  avec  une  réponse 
écrite  aux  questions  posées  préalablement  par  vous,  d'y  discuter,  pendant 
un  temps  déterminé  par  vous  également,  sur  la  théologie  morale,  sur  les 
lègles  liturgiques,  après  que  l'un  d'eux  aura  prononcé  un  discours  qui 
devra  traiter  principalement  des  devoirs  du  sacerdoce. 


Les  curés  surtout  vous  prêtent  aide  et  secours  dans  Ja  conduite  de 
votre  troupeau;  vous  les  avez  admis  au  partage  de  votre  sollicitude  et  iis 
sont  vos  coopératcurs  dans  le  plus  grand  de  tous  les  arts.  Ne  cessez  donc. 
Fils  bien-ainiés  et  vénérables  Frères,  d'enflammer  leur  zèle,  de  les  exciter 


96  LETTRE   ENCYCLIQUE    DE    PIE   IX 

interniittatis,  dilecti  Filii  nostri  ac  venerabiles  Fraires,  ut 
propi'io  iminere  ea  qiia  par  est  diligentia  ac  relii^ione  f(lnl,^an- 
tur.  mis  idcirco  inculcate,  ut  nunquain  cessent  christianani  ple- 
bem  sibi  traditain  sedulo  pascere  divini  verbi  praiconio,  ac  S;icra- 
mentorum  et  multiformis  gratiaî  Dei  dispensatione,  et  rudes 
homines  ac  maxime  puerulos  christianae,  fidei  mj'steriis  nostrœ- 
que  religionis  documentis,  amanter  patienterque  erudire,  et 
errantes  ad  salutis  iler  adducere,  ut  summopere  studeant  odia, 
simultates,  inimicitias,  discordias,  scandala  tollere,  et  confor- 
tare  pusillanimes,  et  visitare  indrmos,  eosque  omni  prœsertim 
spiritual!  ope  juvare,  çt  miseros,  afflictos,  atque  aerumnosos 
consolari,  omnesque  exhortari  in  doctrina  sana,  et  monere  ut 
religiosissime  reddant  quœ  sunt  Dei  Deo,  et  quce  sunt  Ceesaris 
Csesari,  docentes  quod  omnes,  non  solum  propter  iram  sed 
etiam  propter  conscientiani,  principibus  et  potestatibus  subditi 
esse  et  obedire  debent  in  iis  omnibus,  quœ  Dei  et  Ecclesiae  legi- 
bus  minime  adversantur. 

Pergite  vero,  ut  facitis,  cum  summa  vestri  nominis  laude, 
dilecti  Filii  nostri  ac  venerabiles  Fratres,  accuratam  vestrarum 
diœcesium  relationem  statutis  temporibus  ad  nostram  Concilii 
Congregationem  miltere,  ac  nos  de  rébus  ad  ipsas  diœceses  per- 
tinentibus  diligenter  certiores  facere,  ut  majori  cum  vestree, 
tum  earumdem  diœcesium  utilitati  providere  possimus.  Nobis 
autem  innotuit  in  quibusdam  germanici  territorii  diœcesibus 
aliquas  circa  parochiarum  potissimum  collationem  invaluisse 
consuetudines,  et  nonnuUos  ex  vobis  optare  ut  hujusmodi  con- 
suetudines  serventur.  Nos  quidem  propensi  sumus  ad  adhiben- 
dam  indulgentiam,  postquam  tamen  easdem  consuetudines  ab 
unoquoque  vestrum  speciatim  ac  perdiligenter  expositas  débite 
examine  perpenderimus.  ut  eas  intra  illos  permittamus  limites, 
quos  nécessitas  et  prsecipua  locorum  adjuncta  suaderepoterunt, 
cum  pro  Apostolici  nostri  ministerii  munere  curare  omnino 
debeamus,  ut  canonicœ  prœscriptiones  generatim  sedulo  obser- 
ventur. 

Antequam  finem  huic  noslrse  Epistolae  faciamus,  quœ  vos 
omnes  Austriaci  imperii  sacrorum  antistites  alloqui  summopere 
gaudemus,  nostrum  ad  vos  sermonem  prœsertim  convertimus, 
venerabiles  Fratres  archiepiscopi  et  episcopi  qui  in  eodem  nobi- 
lissimo  imperio  morantes,  ac  nobiscum  in  vera  fide  et  catholica 
nnitate  conjuncti,  et  buic  Pétri  cathedrœ  adhœrentes,  Orientalis 
Fcclesiœ  ritus  et  laudabiles  consuetudines  ab  hac  Sancta  Sede 
probatas,  seu  permissas  colitis.  Compertum  exploratumque 
vobis  est  quo  in  pretio  hœc  Apostolica  Sedes  vestros  semper 
habuerit  ritus,  auorumobservantiam  tantopere  inculcavit,  quem- 


«SINGULAIU    QUIDEM   »,    17    MARS   1856  97 

de  tout  votre  cœur  h  accomplir  leurs  devoirs  avec  toute  l'activité  et  la 
religion  convenables.  Répétez-leur  que  jamais  ils  ne  doivent  omettre  de 
nourrir  avec  soin  le  peuple  qui  leur  est  confié,  par  la  prédication  de  la 
parole  de  Dieu,  la  dispensation  des  sacrements,  la  distrihulion  des  nom- 
breuses gn\ces  divines;  d'enseigner  avec  amour,  avec  paîience  aux  igno- 
rants, surtout  aux  petits  enfants,  les  mystères  de  la  foi  chrétienne  et  les 
vérités  de  notre  religion;  de  faire  rentrer  les  égarés  dans  le  chemin  du 
salut;  de  s'appliquer  particulièrement  à  détruire  les  haines,  les  rancunes, 
les  inimitiés,  les  discordes,  les  scandales  ;  h  fortifier  les  pusillanimes,  à 
visiter  les  malades,  à  leur  procurer  préférablement  les  secours  spirituels; 
à  consoler  les  malheureux,  les  afiligés  et  tous  ceux  qui  sont  dans  la 
peine;  enfin  h  apprendre  et  à  exciter  tout  le  monde,  conformément  à  la 
saine  doctrine,  à  rendre  religieusement  à  Dieu  ce  qui  est  à  Dieu,  à  César 
ce  qui  est  à  César;  car,  en  tout  ce  qui  n'est  contraire  ni  aux  lois  de  Dieu, 
ni  aux  lois  de  l'Eglise,  tous  doivent  se  soumettre,  obéir  aux  princes  et 
aux  puissances,  non  seulement  par  crainte  de  la  colère,  mais  par  devoir 
de  conscience. 


Continuez  comme  vous  faites,  et  â  la  grande  gloire  de  votre  nom.  Fils 
bien-aiuiés  et  vénérables  Frères,  à  envoyer  à  la  Congrégation  du  Concile, 
aux  époques  déterminées,  un  rapport  exact  sur  la  situation  de  vos  dio- 
cèses respectifs,  à  nous  mettre  avec  soin  au  courant  de  ce  qui  les  inté- 
resse, afin  que  nous  puissions  être  plus  utiles  soit  à  vous,  soit  à  ces  dio- 
cèses. 11  nous  est  parvenu  que  dans  plusieurs  diocèses  du  territoire  ger- 
manique certaines  coutumes  ont  prévalu  sur  la  collation  des  paroisses  et 
que  quelques-uns  d'entre  vous  en  désirent  la  conservation.  Nous  sommes 
disposé  à  user  d'indulgence  à  cet  égard,  après  avoir  cependant  soumis  à 
un  examen  attentif  ces  mêmes  coutumes  dont  nous  attendons  que  chacun 
devons  nous  fasse  une  relation  détaillée  et  approfondie;  nous  pourrons 
les  autoriser  dans  les  limites  que  la  nécessité  et  les  circonstances  princi- 
pales des  provinces  paraîtront  exiger;  notre  devoir,  avant  tout,  est  de 
faire  observer  soigneusement  les  prescriptions  canoniques. 


Avant  de  clore  cette  lettre,  où  nous  avons  le  bonheur  de  vous  entretenir, 
vous  tous  prélats  de  l'empire  d'Autriche,  nous  nous  adressons  à  vous 
spécialement,  vénérables  Frères  archevêques  et  évêques,  qui  dans  ce 
grand  empire,  en  union  avec  nous  dans  la  vraie  foi,  dans  la  doctrine 
catholique  et  attachés  à  cette  chaire  de  Pierre,  suivez  les  rites  de  l'Eglise 
orientale  et  ses  louables  coutumes,  approuvées  ou  permises  par  le  Saint- 
Siège.  Vous  avez  appris,  vous  comprenez  quel  prix  ce  Siège  Apostolique 
d  toujours  attaché  à  vos  rites  :  il  en  a  souvent  exigé  l'observation,  comme 


nS  LETTRE   ENCYCLIQUE   DE   PIE   IX 

admodum  luculenter  testantur  tôt  Romanorurn  Pontificum 
decessoriini  nostrorum  décréta  et  constitutiones,  inter  quas 
commemorare  satis  est  Litteras  Benedicti  XIV  praedecessoris 
pariter  nostri  die  xxvi  Julii,  anno  mdcclv  éditas,  qiiarum 
jnitiiim  Allalœ,  et  nostras  die  vi  Jannarii  anno  mocccxlviii  omni- 
bus Orientalibus  missas,  quœ  incipiunt  In  Suprema  Pétri  apostoli 
Secle.  Itaque  vos  etiam  summopere  excitamns,  ut  pro  eximia 
vestra  religione  et  episcopali  sollicitudine  ministerium  vestrum 
implentes,  atque  ante  oculos  habentes  ea  omnia  de  quibus  locuti 
sumus,  vestram  omnem  ciirani,  industriam  et  vigilantiam  con- 
tinenter  impendatis,  ut  vester  clerus  virtutibus  omnibus  orna- 
tus,  et  optimis  disciplinis  potissimum  sacris  accurate  excultus, 
in  s-?mpiternam  iidelium  salutem  quœrendam  intentissiino  stu- 
dio incumbat,  ut  fidèles  populi  instent  viani  quœducitad  vitam, 
ut  quotidie  magis  sancta  augeatur  et  amplificetur  catholicae 
religionis  unio,  et  sacramcnta  administrentur  ac  divina  cele- 
brentur  officia  juxta  vestram  disciplinam,  iis  tamen  lilurgicis 
libris  adhibitis,  qui  ab  bac  Sancta  Sede  probati  fuerunt.  Etcum 
nihil  nobis  optatius,  quam  vestris  et  vestrarum  fidelium  indi- 
gentiis  quam  libentissime  occurrere,  ne  omittatis  ad  nos  confu- 
gere,  nobisque  exponere  vestrarum  diœcesium  res,  et  illarum 
relationem  ad  nostram  Congregationem  fidei  propagandae  prse- 
positam  quarto  quoque  anno  mittere. 

Uenique,  dilecti  Filii  nostri  ac  venerabiles  Fratres,  vos  obte- 
stamur,  ut  intentissimo  studio  connitamini  magis  in  dies  con- 
gervare,  fovere,  et  augere  pacem  et  concordiam  inter  universum 
istarum  omnium  diœcesium  clerum  tum  latini,  tum  greeci 
catholici  ritus,  ut  omnes  qui  militant  in  castris  Domini,  mutuo 
fraternae  caritatis  afTectu  se  invicem  honore  prœvenientes,  Dei 
gloriae  et  animarum  saluti  unanimiter  ac  studiosissime  inser- 
viant 

Habetis  quœ,  pro  impensissima  nostra  erga  vos  et  fidèles 
istius  vastissimi  imperii  populos  caritate,  vobis,  dilecti  Filii 
nostri  ac  venerabiles  Fratres,  nunc  potissimum  significanda 
censuimus,  ac  pro  certo  habemus,  vos  pro  egregia  vestra 
virtute,  religione,  pielate,  ac  perspecta  in  nos  et  banc  Pétri 
Cathedram  fide  et  observantia,  hisce  paternis  nostris  desideriis 
monitisque  quam  libentissime  et  cumulatissime  esse  obse- 
cuturos.  Ac  plane  non  dubitamus,  quin  vos  omnes  dilecti  Filii 
nostri  ac  venerabiles  Fratres,  pastorum  Principem  Ghristum 
Jesum  continenter  intuentes,  qui  se  bumilem  et  mitem  corde 
est  professus,  quique  dédit  animam  suam  pro  ovibus  suis,  relin- 
quens.  nobis  exemplum  ut  sequamur  vestigia  ejus,  contendatis 
tolis  viribus  illius  exempla  sectari,  documenta  obsequi,  et  gregi 


«  SINGULAUI    QUIDEM  »,  17    MARS   18Ô6  99 

l'attestent  surabondamment  les  décrets  et  constitutions  de  tant  de  Pon- 
tifes romains  nos  prédécesseurs,  et  parmi  ces  décrets  et  constitutions 
les  lettres  de  Benoit  XIV  du  26  juin  1755,  qui  commencent  ainsi: 
Allatœ,  et  celles  que  nous-mêine  avons  envoyées  le  6  janvier  1848 
à  tous  les  Orientaux  et  qui  commencent  par  ces  mots  :  In  suprema  Petri 
apostoli  sede.  Ainsi  donc  nous  vous  engageons  aussi  de  toutes  nos  forces 
non  seulement  à  remplir  votre  ministère,  avec  toute  la  religion  et  toute 
la  sollicitude  pastorale  qui  vous  animent,  non  seulement  ^  fixer  vos 
regards  sur  tout  ce  que  nous  venons  de  dire,  mais  surloui  a  employer 
continuellement  vos  soins,  votre  intelligence,  votre  vigilance,  pour  obte- 
nir qu'orné  de  toutes  les  vertus,  profondément  instruit  des  sciences  et 
surtout  des  sciences  sacrées,  votre  clergé  s'occupe  avec  un  zèle  soutenu 
à  procurer  1,'éternel  salut  des  fidèles,  à  faire  marcher  les  populations  cnré- 
tiennes  dans  la  voie  qui  conduit  à  la  vie  ;  à  étendre,  à  augmenter  de 
jour  en  jour  et  de  plus  en  plus  la  sainte  unité  de  la  religion  "atho- 
lique,  à  administrer  les  sacrements  et  à  célébrer  les  divins  offices  selon 
votre  discipline,  mais  en  faisant  usage  des  livres  liturgiques  qui  ont 
reçu  l'approbation  du  Saint-Siège.  Et  comme  nous  ne  désirons  rien  tant 
que  d'avoir  le  bonheur  de  veiiir  en  aide  à  vous  et  aux  fidèles  de  votre 
juridiction,  n'oubliez  pas  de  recourir  à  nous,  de  nous  rendre  compte  des 
affaires  de  vos  diocèses,  d'en  envoyer  chaque  quatre  ans  le  rapport  à  notre 
Congrégation  de  la  propagande. 


Nous  vous  supplions,  en  terminant.  Fils  bien-aimés  et  vénérables 
Frères,  d'employer  tous  vos  efl'oi'ts  pour  conserver,  entretenir  et  augmen- 
ter chaque  jour  et  de  plus  en  plus  la  paix  et  la  concorde  parmi  les 
ecclésiastiques  du  rite  latin  et  du  riîe  grec-catholique  de  tous  ces  diocèses  ; 
que  ceux  qui  combattent  sous  l'étendard  du  Seigneur,  animés,  sans 
exception,  l'un  pour  l'autre,  d'une  aiTection  mutuelle,  d'une  fraternelle 
charité,  et  se  prévenant  par  des  témoignages  d'honneur,  s'attachent  tous 
d'un  com.mun  accord  et  avec  grande  ardeur  à  procurer  la  gloire  de  Dieu 
et  le  salut  des  âmes. 


Voilà,  chers  Fils  et  vénérables  Frères,  ce  que,  dans  notre  immense 
amour  pour  vous  et  pour  les  fidèles  de  ce  vaste  empire,  nous  avons  cru 
devoir  vous  faire  connaître.  iNous  tenons  pour  certain  qu'inspirés  par 
par  vos  éminentes  vertus,  votre  religion,  votre  piété,  votre  foi  et  votre 
respect  si  connu  pour  nous  et  pour  cette  chaire  de  Pierre,  vous  vous 
empresserez  d'obéir  à  nos  avis,  à  nos  paternels  désirs,  vous  irez  même  au- 
delà.  Bien  plus,  nous  ne  doutons  pas.  Fils  bien-aimés  et  vénérables  Frères, 
que,  les  yeux  continuellement  fixés  sur  le  Prince  des  pasteurs,  sur  Jésus- 
Christ  qui  s'est  montré  doux  et  humble  de  cœur;  qui  a  donné  son  âme 
pour  ses  brebis,  nous  laissant  son  exemple  pour  nous  inviter  à  marcher 
sur  ses  traces,  vous  travaillerez  de  toutes  vos  forces  à  le  prendre  pour 
modèle,  à  suivre  ses  enseignements,  à  veiller  assidûment  sur  le  troupeau 


100  LETTRE  ENCYCLIQUE    DE   PIE   IX 

cnraevestrœ  commisso  assidue  advigilare,  in  omnibus  laborare, 
ministerium  vcstiiirn  implere,  et  quœrere  non  qiuxî  vestrasunt. 
sed  (]uœ  Christi  Jesu.  neqne  jam  ut  dominantes  in  cleris,  sed  uti 
pa.stores,  imo  patres  amantissimi  et  facti  forma  ijregisex  animo, 
niliil  tam  molestum.  tam  impcditum,  tam  ardiium  unquam  fore 
putetis,  quod  in  omni  paticntia,  mansuetudiiie,  lenitate.  pru- 
dentia  ferendum,  expediendum  ac  providcndum  pro  ve.>?trarum 
ovium  salute  non  ruretis. 

Nos  intérim  in  humilitatecordis  nostrihaudomittimusassiduas 
fervidasque  clementissimo  liiminum  et  misericordiarnm  Patri 
Deo  totius  consolationis  adhil)erc  preees,  ut  iiberrima  ijuœque 
suae  bonitatis  dona  super  vos  propitius  semper  effundat,  quai  in 
dilectas  quoque  oves  vobis  concreditas  copiose  descendant.  Gujus 
divini  praesidii  auspicem  et  propensissimaj  aîque  ac  sludiosis- 
simfe  nostrae  in  vos  voluntatis  testem  Apostolicam  benedictionem 
ex  imo  corde  depromptam  vobis  singulis,  dilecti  Filii  nostri  ac 
venerabiles  Fratres,  cunctisque  istarum  Ecclesiarum  ciericis 
laicisque  (idelibus  peramanter  impeitimur. 

Datum  lloniiB  apud  Sanctum  Petrum  die  xvii  Martii,  anno 
MDCCCLvi,  Pontificatus  nostri  anno  decimo. 

FILS  PP.  IX 


«  SIN'GULARI    QUIDEM   »,    17    MAUS   1856  tOl 

qui  vous  est  confié,  à  vous  occuper  toujours,  à  remplir  votre  ministère,  à 
rechercher,  non  ce  qui  vous  plaît,  mais  ce  qui  plaît  à  .Icsus-Christ,  à  vous 
montrer,  non  les  dominateurs  du  clergé,  mais  ses  pasteurs,  mais  ses  pères 
très  aU'ectueux,  à  devenir  le  modèle  du  troupeau,  à  ne  trouver  rien  de  si 
pénible,  rien  de  si  difficile,  rien  de  si  ardu  (|uc  vous  ne  le  soutiriez,  que 
vous  ne  renlropreniez.  que  vous  ne  l'accomplissiez  avec  toute  la  patience, 
toute  la  mansuétude,  toute  la  douceur  et  toute  la  prudence  possibles 
pour  le  salut  de  vos  ouailles. 

Pour  nous,  nous  ne  cessons  d'adresser  les  prières  les  plus  ferventes  au 
doux  Père  des  lumières  et  des  miséricordes,  au  Dieu  de  toute  consolation. 
>"ous  lui  demandons  de  répandre  toujours  abondamment  les  effusions  de 
sa  bonté  propice  sur  vous,  et  de  les  faire  descendre  largement  sur  les 
chères  brebis  dont  vous  avez  la  garde.  Comme  gage  de  ce  divin  secours, 
comme  témoignage  de  notre  vive  alîcction,  de  notre  dévouement  envers 
vous,  nous  accordons  avec  amour  et  de  tout  notre  cœur  la  bénédiction 
apostolique  à  chacun  de  vous.  Fils  bien-aimés  et  vénérables  Frères,  à 
tous  les  clercs  et  à  tous  les  fidèles  de  vos  diocèses. 

Donné  à  Rome,  près  Saint-Pierre,  le  17  mars  de  l'année  18S6,  dixièn:e 
de  noire  Pontificat. 

PIE  IX,  P.\PE. 


SS.   PII   pp.  IX 

CONSTITUTIO 

PIUS  EPISCOPUS,  SERVUS  SERVORUM  DEI 

AD  PERPETUAM  P£I  MEMORIAM 

InelT.ibilis  Deus,  cujus  viœ  misericordia  et  veritas^  cujns  vo- 
luntas  omnipotentia,  et.  cujus  sapientia  attingit  a  fine  usque  ad 
finem  fortiter  et  dlsponit  omnia  suaviler,  cum  ab  omni  œterni- 
tate  praeviderit  luctuosissimam  totius  humani  generis  ruinain 
ex  Adami  transgressione  deiivandam,  atqiie  in  mysterio  a  scecu- 
lis  abscondito  primum  suae  bonitatis  opus  decreverit  per  Verbi 
incarnationem  sacramento  occultiore  compiere,  ut  contra  mise- 
ricors  suum  propositum  homo  diabolicge  iniquitatis  versiitia 
actus  in  culpam  non  periret,  et  quod  in  primo  Adamo  casurum 
erat  in  secundo  felicius  erigeretur,  ab  initio  et  ante  saecula  uni- 
genito  Filio  suo  Matreni,  ex  qua  caro  factus  in  beata  temporum 
plenitudine  nasceretur,  elecrit  atque  ordinavit,  tantoque  prae 
creaturis  universis  est  prosequutus  amore,  ut  in  illa  una  sibi 
propensissima  voluntate  complacuerit.  Quapropter  illam  longe 
ante  omnes  angelicos  Spiritus,  cunctosque  Sanctos  cœlestium 
omnium  charismatum  copia  de  thesauro  divinitatis  deprompta 
ita  mirifice  cumulavit,  ut  Ipsa  ab  omni  prorsus  peccati  labe 
semper  libéra,  ac  tota  pulchra  et  perfecta,  eam  innocentiae  et 
sanctitatis  plenitudinem  prœ  se  ferret,  qua  major  sub  Ueo  nulla- 
tenus  intelligitur,  et  quam  prœter  Deum  nemo  assequi  cogitando 
potest.  Et  quidem  docebat  omnino,  ut  perfeclissimse  sanctitatis 
splendoribus  semper  ornata  fulgeret,  ac  vel  ab  ipsa  originalis 
culpse  labe  plane  immunis  amplissimum  de  antiquo  serpente 
triumphum  referret  tam  venerabilis  mater,  cui  Deus  Pater 
unicum  Filium  suum,  quem  de  corde  suo  aequalem  sibi  genilum 
tanquam  seipsum  diligit,  ita  dare  disposuit,  ut  naturaliter  esset 
unus  idemque  commnnis  et  Patris  et  Virginis  Filius,  et  quam 
ipse  Filius  substantialiter  facere  sibi  matrem  elegit,  et  de  qua 
Spiritus  Sanctus  voluit,  et  operatus  est,  ut  conciperetur  et  nas- 
ceretur ille,  de  quo  ipse  procedit. 


CONSTITUTION 

DE  N.  T.  S.  P.  LE  PAPE  PIE  IX 

L'IMMACULÉE  CONCEPTION  DE  LA  SAINTE  VIERGE 


PIE  EVÈQUE 

SERVITEUR  DES  SERVITEURS  DE  DIEU 

En  mémoire  perpétuelle  de  la  chose. 

Dieu  ineffable,  dont  les  voies  soin  niiséricorde  et  vérité,  dont  la  volonté 
est  toute-puissance,  dont  la  sagesse  atteint  d'une  extrémité  jusqu'à  Tautre 
avec  une  force  souveraine  et  dispose  tout  avec  une  merveilleuse  douceur, 
avait  prévu  de  toute  éternité  la  déplorable  ruine  en  laquelle  la  trans- 
gression d'Adam  devait  entraîner  tout  le  genre  humain  ;  et  dans  les  pro- 
fonds secrets  d'un  dessein  caché  à  tous  les  siècles,  il  avait  résolu  d'ac- 
complir, dans  un  mystère  encore  plus  profond,  par  l'Incarnation  du 
Verbe,  le  premier  ouvrage  de  sa  bonté,  afin  que  l'homme,  qui  avait  été 
poussé  au  péché  par  la  malice  et  la  ruse  du  démon,  ne  pérît  pas,  con- 
trairement au  dessein  miséricordieux  de  son  Créateur,  et  que  la  chute 
de  notre  nature,  dans  le  premier  Adam,  fût  réparée  avec  avantage  dans 
le  second.  Il  destina  donc,  dès  le  commencement  et  avant  tous  les  siècles, 
à  son  Fils  unique,  la  Mère  de  laquelle,  s'étant  incarné,  il  naîtrait,  dans 
la  bienheureuse  plénitude  des  temps;  il  la  choisit,  il  lui  marqua  sa  place 
dans  l'ordre  de  ses  desseins;  il  l'aima  par  dessus  toutes  les  créatures, 
d'un  tel  amour  de  prédilection,  qu'il  mit  en  elle,  d'une  manière  singu- 
lière, toutes  ses  plus  grandes  complaisances.  C'est  pourquoi,  puisant  dans 
les  trésors  de  sa  divinité,  il  la  combla,  bien  plus  que  tous  les  Esprits 
angéliques,  bien  plus  que  tous  les  Saints,  de  l'abondance  de  toutes  les 
grâces  célestes,  et  l'enrichit  avec  une  profusion  merveilleuse;  afin  qu'elle 
fût  toujours  sans  aucune  tache,  entièrement  exempte  de  l'esclavage  du 
péché,  toute  belle,  toute  parfaite  et  dans  une  telle  plénitude  d'innocence 
et  de  sainteté  qu'on  ne  peut,  au-dessous  de  Dieu,  en  concevoir  une  plus 
grande,  et  que  nulle  autre  pensée  que  celle  de  Dieu  même  ne  peut  en 
mesurer  la  grandeur.  Et  certes  il  convenait  bien  qu'il  en  fût  ainsi,  il 
convenait  qu'elle  resplendît  toujours  de  l'éclat  de  la  sainteté  la  plus  par- 
faite, qu'elle  fût  entièrement  préservée,  même  de  la  tache  du  péché  ori- 
ginel, et  qu'elle  remportât  ainsi  le  plus  complet  triomphe  sur  l'ancien 
serpent,  cette  Mère  si  vénérable.  Elle  à  qui  Dieu  le  Père  avait  résolu  de 
donner  son  Fils  unique,  Celui  qu'il  engendre  de  son  propre  sein,  qui  lui 
est  égal  en  toutes  choses  et  qu'il  aime  coinme  lui-même,  et  de  le  lui  don- 
ner de  telle  manière  qu'il  fût  naturellement  un  même  unique  et  com- 
mun Fils  de  Dieu  et  de  la  Vierge;  Elle  que  le  Fils  de  Dieu  lui-même 
avait  choisie  pour  en  faire  substantiellement  sa  Mère;  Elle  enfin,  dans 
le  sein  de  laquelle  le  Saint-Esprit  avait  voulu  que,  par  son  opération 
divine,  fût  conçu  et  na-uît  Celui  dont  il  procède  lui-même. 


loi  CONSTITUTION   DE   PIE    IX 

Qiiani  original(-m  augiistœ  Virginis  innocentiam  cum  admira- 
bili  cjiisdeni  sanclitate,  prœcelsaqiie  Dei  matris  dignilate  omnino 
cohrcrentem  catholica  Ecclesia,  qiiœ  a  Sancto  semper  edocta 
Spiritu  columna  est  ac  firmamentiim  veritalis,  tanquam  doclri- 
nam  possidens  divinitusacceptam,  et  cœlestis  revelationis  depo- 
sito  comprehensam  mulliplici  continenter  ratione,  splendidisque 
factis  magis  in  dies  explicare,  proponeie,  ac  fovere  nunqnam 
deslitit.  Hanc  enim  doctrinam  ab  antiquissimis  teinporibus 
vigentem,  ac  fidelium  aniniis  penitus  insitam,  et  sacroruin  An- 
tistilum  eu  ris  studiisque  per  calholicain  orbem  mirifice  propa- 
gatam  ipsa  Ecclesia  luculentissime  significavit,  cum  ejusdem 
Virginis  Conceptionem  publiée  fidelium  cultui  ac  venerationi 
proponere  non  dubitavit.  Que  illustri  quidem  facto  ipsius  Vir- 
ginis Conceptionem  veluti  singularem,  miram,  et  a  reliquorum 
hominum  primordiis  longissime  secretam,  et  omnino  sanctam 
colendam  exhibuit,  cum  Ecclesia  nonnisi  de  Sanctis  dies  festos 
concelebret.  Atque  idcirco  vel  ipsissima  verba,  quibus  divinae 
Scripturœ  de  increata  Sapientia  loquuntur,  ejusque  sempiternas 
origines  reprœsentant,  consuevit  tum  in  ecclesiasticis  Officiis, 
tum  in  sacrosancta  Liturgia  adhibere,  et  ad  illius  Virginis  pri- 
mordia  transferre,  quœ  uno  eodemque  decreto  cum  divinae  Sa- 
pientise  incarnatione  fuerant  prœslituta. 

Quamvis  autem  hœcomnia  pênes  (ideles  ubique  prope  recepta 
ostendant,  quo  studio  ejusmodi  de  Immaculata  Virginis  Conce- 
ptione  doctrinam  ipsa  quoque  Ilomana  Ecclesia,  omnium  Eccle- 
siarum  mater  et  magistra,  fuerit  prosequuta,  tamen  illustria 
hujus  Ecclesiœ  facta  digna  plane  sunt,  quœ  nominatim  recen- 
seantur,  cum  tanta  sit  ejusdem  Ecclesiœ  dignitas,  atque  aucto- 
ritas,  quanta  illi  omnino  debetur,  quœ  est  catholicœ  veritatis  et 
unitatis  centrum,  in  qua  solum  inviolabiliter  fuit  custodita  re- 
ligio,  et  ex  qua  traducem  fidei  reliquœ  omnes  Ecclesiœ  mutuentur 
oportet.  Itaque  eadem  Romana  Ecclesia  nihil  potius  habuitquam 
eloquentissimis  quibusque  modis  Immaculatam  Virginis  Conce- 
ptionem, ejusque  cultum  et  doctrinam  asserere,  tueri,  promovere 
et  vindicare.  Quod  apertissime  planissimeque  testantur  et  décla- 
rant tôt  insignia  sane  acta  Romanorum  Pontificum  Uecessorum 
ISostrorum,  quibus  in  persona  Apostolorum  Principis  ab  ipso 
Christo  Domino  divinitus  fuit  commissa  suprema  cura  atque  po- 
tf'stas  pascendi  agnos  et  oves,  confirmandi  fratres,  et  universam 
legendi  et  gubernandi  Ecclesiam. 

Knimvero  Prœdecessores  Nostri  vehementer  gloriati  sunt 
AposLolica  sua  auctoritate  festum  Conceptionis  in  Romana  Ec- 
clesia inslituere,  ac  proprio  Oflicio.  propriaque  Missa,  quibus 
prœrogativa  immunitatis    ab  hœreditaria  labe  manifestissime 


n    INEFFAIHLIS   »,    S    DÉCh-MBIîE    1854  105 

Celle  innocence  originelle  de  l'ouguste  Vierge,  si  parfailemcnt  en  rap- 
porl  avec  son  a<lnui-al)le  sainteté  et  avec  sa  dignité  siiréniiiicntc  de  Mèi'e 
de  Dieu,  l'Eglise  catholique  qui,  toujours  enseignée  par  rEs|)rit-Saint, 
i-sl  la  colonne  et  le  fondement  de  la  vérité,  l'a  toujours  possédée  connue 
une  doctrine  reçue  de  Dieu  même  et  renfermée  dans  le  dépôt  de  la  révé- 
lation céleste.  Aussi,  par  Fexposilion  de  toutes  les  preuves  qui  la  dé- 
montrent, comme  par  les  faits  les  plus  illustres,  elle  n'a  jamais  cessé  de 
la  développer,  de  la  proposer,  de  la  favoriser  chaque  joui-  davantage. 
C'est  celle  doctrine,  déjà  si  florissante  des  les  temps  les  plus  anciens,  et 
si  profondément  enracinée  dans  l'esprit  des  fidèles,  et  propagée  d'une 
manière  si  merveilleuse  dans  tout  le  monde  catholique  par  les  soins  et 
le  zèle  des  saints  Evêques,  sur  laquelle  l'Eglise  elle-même  a  manifesté 
son  sentiment  d'une  manière  si  significative,  lorsqu'elle  n'a  point  hésité 
à  proposer  au  culte  et  à  la  vénération  publique  des  fidèles  la  Conception 
de  la  Vierge.  Par  ce  fait  éclatant,  elle  montrait  bien  que  la  Conception 
de  la  Vierge  devait  être  honorée  comme  une  Conception  admirable,  sin- 
gulièrement privilégiée,  différente  de  celle  des  autres  hommes,  tout  à 
fait  à  part  et  tout  à  fait  sainte,  puisque  l'Eglise  ne  célèbre  de  fêtes  qu'en 
l'honneur  de  ce  qui  est  saint.  C'est  pour  la  même  raison,  qu'emprun- 
tant les  termes  mêmes  dans  lesquels  les  divines  Ecritures  parlent  de  la 
sagesse  incréée  et  représentent  son  origine  éternelle,  elle  a  continué  de 
les  employer  dans  les  offices  ecclésiastiques  et  dans  la  liturgie  sacrée,  et 
de  les  appliquer  aux  commencements  mêmes  de  la  Vierge;  commence- 
ments mystérieux,  que  Dieu  avait  prévus  et  arrêtés  dans  un  seul  et 
même  décret,  avec  l'Incarnation  de  la  Sagesse  divine. 

Mais  encore  que  toutes  ces  choses  connues,  pratiquées  en  tous  lieux 
par  les  fidèles,  témoignent  assez  quel  zèle  l'Eglise  Romaine,  qui  est  la 
Mère  et  la  Maîtresse  de  toutes  les  Eglises,  a  montré  pour  cette  doctrine 
de  l'Immaculée  Conception  de  la  Vierge  ;  toutefois,  il  est  digne  et  très 
convenable  de  rappeler  en  détail  les  grands  actes  de  cette  Eglise,  à  cause 
de  la  prééminence  et  de  l'autorité  souveraine  dont  elle  jouit  justement, 
et  parce  qu'elle  est  le  centre  de  la  vérité  et  de  l'unité  catholique,  et  celle 
en  qui  seule  a  été  garanti  inviolablement  le  dépôt  de  la  religion,  et  celle 
dont  il  faut  que  toutes  les  autres  Eglises  reçoivent  la  tradition  de  la  foi. 

Or,  celle  sainte  Eglise  Romaine  n'a  rien  eu  de  plus  à  cœur  que  de 
professer,  de  soutenir,  de  propager  et  de  défendre,  par  tous  les  moyens 
les  plus  persuasifs,  le  culte  et  la  doctrine  de  l'Immaculée  Conception  : 
c'est  ce  que  prouvent  et  attestent  de  la  manière  la  plus  évidente  et  la 
plus  claire  tant  d'actes  importants  des  Pontifes  romains,  Nos  prédéces- 
seurs, auxquels,  dans  la  personne  du  Prince  des  Apôtres,  Notre-Seigncur 
Jésus-Christ  lui-même  a  divinement  confié  la  cliarge,  et  la  puissance 
suprême  de  paître  les  agneaux  et  les  brebis,  de  confirmer  leurs  frères, 
de  régir  et  de  gouverner  l'Eglise  universelle. 

Nos  prédécesseurs,  en  effet,  se  sont  fait  une  gloire  d'instituer  de  leur 
autorité  apostolique  la  fêle  de  la  Conception  dans  l'Eglise  Romaine,  et 
d'en  relever  rimportancc  et.  la  dignité  par  un  office  propre  et  par  une 
messe  propre,  où  la  prérogative  de  la  Vierge  et  son  exemption  de  la 
tache  héréditaire  étaient  affirmées  avec  une  clarté  manifeste.  Quant  au 


lOG  CONSTITUTION  DE    l'IE    IX 

asserebatur,  augere,  honcslare,  et  cultum  jam  institutuni  omni 
ope  promovere,  amplificare  sive  erugalis  iii(Julgeiitiis,sive  i'acul- 
tate  tributa  civitalibus,  provinciis,  regnisque,  ut  Deiparam  sub 
titiilo  Immaculatœ  Conceptionis  patronam  sibi  deligerent,  sive 
comprobatis  Sodalilatibus,  Congregationibus,  lleligiosisqne  Fa- 
niiliisad  Immaculatœ  Conceptiunis  honorem  institutis,  sivelau- 
dibus  eorum  pietati  delatis  qui  monasteria,  xenodochia,  altaria, 
templa  sub  Immaculali  Conceplus  titulo  erexerint,  aut  sacra- 
menti  religione  interpositaimmaculatamDèiparœ  Conceptionem 
streuue  propugnare  spoponderint.  Insuper  summopere  lœtati 
sunt  décernera  Conceptionis  feslum  ab  omni  Ecclesia  esse  ha- 
bendum  eodem  censu  ac  numéro,  quo  festum  IVativitatis,  idem- 
que  Conceptionis  festum  cum  octava  ab  universa  Ecclesia  cele- 
brandum,  et  ab  omnibus  inter  ea  quœ  prsecepta  sunt,  sancte  co- 
lendum,  ac  Pontificiam  Capellam  in  Patriarchali  Nostra  Liberiana 
Basilica  die  Virginis  Conceptioni  sacro  quotannis  esse  pera- 
gendam.  Atque  exoptantes  in  lidelium  animis  quotidie  magis 
fovere  banc  de  Immaculata  Deiparae  Conceptione  doctrinam, 
eorumque  pietatem  excitaread  ipsam  Virginem  sine  labe  origi- 
naii  conceptam  colendam,  et  venerandam,  gavisi  sunt  quam 
libentissime  facultatem  tribuere,  ut  in  Lauretanis  Litaniis,  et  in 
ipsa  Missse  Preefatione  Immaculatus  ejusdem  Virginis  prociama- 
retur  Conceptus  atque  adeo  lex  credendi  ipsa  supplicandi  lege 
statueretur.  iN'os  porro  tantorum  Prœdecessorum  vestigiis  inhcC- 
rentes,  non  solum  quae  ab  ipsis  pientissime  sapientissimeque 
fuerant  constituta  probavimus,  et  recepimus,  verum  etiam 
memores  institulionis  Sixti  IV  proprium  de  Immaculata  Conce- 
ptione Officium  auctoritate  Nostra  munivimus,  illiusque  usum 
universœ  Ecclesiœ  laetissimo  prorsus  animo  concessimus. 

Quoniam  vero  quge  ad  cultum  pertinent,  intimo  plane  vinculo 
cum  ejusdem  objecto  conserta  sunt.  neque  rata  et  fixa  manere 
possunt,  si  illud  anceps  sit,  et  in  ambiguo  versetur.  idcirco  De- 
cessoresNostri  Romani  Pontifices  omni  cura  Conceptionis  cultum 
amplificantes,  illius  etiam  objectum  ac  doctrinam  declarare  et 
inculcare  impensissime  studuerunt.  Etenim  clare  aperleque  do- 
cuere,  festum  agi  de  Virginis  Conceptione,  atque  uti  falsam.  et 
ab  Ecclesiœ  mente  alienissimam  proscripserunt  illoi'iim  opinio- 
nem,  qui  non  Conceptionem  ipsam,  sed  sanctificationem  ab 
Ecclesia  coli  arbitrarentur  et  aftirmarent.  Neque  mitius  cum  iis 
agendum  esse  existimarunt,  qui  ad  labetactandam  de  Immacu- 
lata Virginis  Conceptione  doctrinam,  excogitato  inter  primui» 
atque  alterum  Conceptionis  instans  et  momentum  discrimine,  as- 
serebant,  celebrari  quidem  Conceptionem,  sed  non  pro  primo  in- 
stanti  atque  momento.  Ipsi  namque  Prœdecessores  Nostri  suarum 


1 


«    INEFFAIÎILIS    »,    8    DÉCEMBRE    1854  107 

culte  déjà  institué,  ils  faisaient  tous  leurs  efforts  pour  le  répandre  et  le 
propager,  soit  en  accordant  des  indulgences,  soit  en  concédant  aux  villes, 
aux  provinces,  aux  royaumes,  la  faculté  de  se  choisir  pour  protectrice  la 
Mère  de  Dieu,  sous  le  titre  de  l'Immaculée  Conce|)tion  ;  soit  en  approu- 
vant les  confréries,  les  congrégations  et  les  instituts  religieux  établis  en 
l'honneur  de  llmmaculée  Conception;  soit  en  décernant  des  louanges  à 
Id  piété  de  ceux  qui  auraient  élevé,  sous  le  titre  de  l'Immaculée  Concep- 
tion, des  monastères,  des  hospices,  des  autels,  des  temples,  ou  qui  s'en- 
gageraient par  le  lien  sacré  du  serment  à  soutenir  avec  énergie  la  doc- 
trine de  la  Conception  Immaculée  de  la  Mère  de  Dieu.  En  outre,  ils  ont, 
avec  la  plus  grande  joie,  ordonné  que  la  fête  de  la  Conception  serait 
célébrée  dans  toute  l'Eglise  avec  la  même  solennité  que  la  fête  de  la 
^■alivité•,  de  plus,  que  cette  même  fête  de  la  Conception  serait  faite  par 
l'Eglise  universelle,  avec  une  octave,  et  religieusement  observée  par  tous 
les  fidèles  comme  une  fête  de  précepte,  et  que  chaque  année  une  chapelle 
pontificale  serait  tenue,  dans  notre  basilique  patriarcale  libérienne,  le 
jour  consacré  à  la  Conception  de  la  Vierge. 

Enfin,  désirant  fortifier  chaque  jour  davantage  cette  doctrine  de  l'Im- 
maculée Conception  de  la  Mère  de  Dieu  dans  l'esprit  des  fidèles,  et  exci- 
ter leur  piété  et  leur  zèle  pour  le  culte  et  la  vénération  de  la  Vierge 
conçue  sans  la,  tache  originelle,  ils  ont  accordé,  avec  empressement  et 
avec  joie,  la  faculté  de  proclamer  la  Conception  Immaculée  de  la  Vierge 
dans  les  litanies  dites  de  Lorette,  et  dans  la  Préface  même  de  la  messe, 
afin  que  la  règle  de  la  prière  servît  ainsi  à  établir  la  règle  de  la  croyance. 

IVous-même,  suivant  les  traces  de  Nos  glorieux  prédécesseurs,  non  seu- 
lement Nous  avons  approuvé  et  reçu  ce  qu'ils  avaient  établi  avec  tant  de 
piété  et  de  sagesse,  mais,  Nous  rappelant  l'institution  de  Sixte  IV^,  Nous 
avons  confirmé  par  Notre  autorité  rofficc  propre  de  Tlmmaculée  Concep- 
tion, et  Nous  en  avons,  avec  une  grande  joie,  accordé  l'usage  h  toute 
l'Eglise. 

Mais  comme  les  choses  du  cuUe  sont  étroitement  liées  avec  son  objet, 
et  que  l'un  ne  peut  avoir  de  consistance  et  de  durée  si  l'autre  est  vague 
et  mal  défini;  pour  cette  raison,  les  Pontifes  romains  Nos  prédécesseurs, 
en  même  temps  qu'ils  faisaient  tous  leurs  efforts  pour  accroître  le  culte 
de  la  Conception,  se  sont  attachés,  avec  le  plus  grand  soin,  à  en  faire 
connaître  Tobjet  et  à  en  bien  inculquer  et  préciser  la  doctrine.  Ils  ont 
en  effet  enseigné  clairement  et  manifestement  que  c'était  la  Conception 
de  la  Vierge  dont  on  célébrait  la  fête,  et  ils  ont  proscrit  comn)e  fausse 
et  tout  à  fait  éloignée  de  la  pensée  de  l'Eglise,  l'opinion  de  ceux  qui 
croyaient  et  qui  affirmaient  que  ce  n'était  pas  la  Conception,  mais  la 
Sanctification  de  la  sainte  Vierge  que  l'Eglise  honorait.  Ils  n'ont  pas  cru 
devoir  garder  plus  de  ménagements  avec  ceux  qui,  pour  ébranler  la  doc- 
trine de  l'Immaculée  Conception  de  la  Vierge,  imaginaient  une  distii>c- 
tion  entre  le  premier  et  le  second  instant  de  la  Conception,  prétendaient, 
f]u"à  la  vérité  c'était  bien  la  Conception  qu'on  célébrait,  mais  pas  le  pre- 
mier moment  de  la  Conception. 

.  Nos  prédécesseurs,  en  effet,  ont  cru  qu'il  était  de  leur  devoir  de  sou- 
tenir et  défendre  de  toutes  leurs  forces,  tant  la  fête  de  la  Conception  de 


108  CONSTITUTION    DE    VIE    IX 

pai'tium  esse  duxerunt,  et  Beatissiiïiie  Virginis  Conceptionis 
fosliim,  ot  ('onceptionem  pro  primo  instanti  tanquain  verum 
cuit  us  ol)jcctum  omni  studio  tueri  ac  piopugnare.  llinc  decre- 
toria  plane  verba.  quibus  Alexander  VII  DecessorNustersincerain 
Ivclesiœ  mentem  declaravit,  iiKpiiens  :  «  Sane  vêtus  est  Cbrisli 
fiilelium  erga  ejus  beatissimani  .Matrem  Virgincni  Mariaui  pietas 
sontentium,  ejus  animam  primu  instanti  ci'eationis,  atque  infu- 
sionis  in  corpus  fuisse  speciali  Dei  gratia  et  privilegio,  intuilu 
meritorum  Jesu  Christi  ejus  Filii  bumani  generis  Redemptoris, 
a  macula  peccati  originalis  prœservatam  immunem,  atque  in 
hoc  sensu  ejus  Conceptionis  festivitatem  solemni  ritu  culentium 
et  celebrantium  (i).  •» 

Atque  illud  inprimis  solcmne  quoque  fuit  iisdem  Decessoribus 
Nostiis  doctrinam  de  Immaculata  Dei  niatrisGonceptionesartam 
tectamque  omni  cura,  studio  et  contentione  tueri.  Etenim  non 
solum  nuUatenus  passi  sunt,  ipsam  doctrinam  quovismodo  a 
quopiara  notari,,  atque  traduci,  verum  etiam  longe  ulterius  pro- 
gressi  perspicuis  declarationibus,  iteratisque  vicibus  edixerunt, 
doctrinam,  qua  Immaculatam  Virginis  Conceptionem  profitemur, 
esse,  suoque  merito  baberi  cum  ecclesiastico  cuitu  plane  con- 
sonam,  eamque  veterem..  ac  prope  universalem  et  ejusmodi. 
quam  Romana  Ecclesia  sibi  fovendam,  tuendamque  suscepeiit, 
atque  omnino  dignam,  quœ  in  sacra  ipsa  Liturgia,  soleranibusque 
precibus  usurparetur.  Neque  bis  contenti.ut  ipsadeimmaculato 
Virginis  Conceptu  doctrina  inviolata  persisteret,  opinionem  buic 
doctrinre  adversam  sive  publiée,  sive  privatim  defendi  posse 
severissime  prohibuere,  eamque  multipliri  voluti  vulnere  con- 
fectam  esse  voluerunt.  Quibus  repotitis  luculentissimis  declara- 
tionibus, ne  inanes  viderentur,  adjecere  sanctionem  :  quœ  omnia 
laudatus  Prœdecessor  Noster  Alexander  VII  his  verbis  est  com- 
plexus: 

«  Nos  considérantes,  quod  Sancta  Romana  Ecclesia  de  Inte- 
meratœ  semper  Virginis  Mariœ  Conceptione  festum  solemniter 
célébrât,  et  spéciale  ac  proprium  super  hoc  ofllcium  olim  ordi- 
navit  juxta  piam,  devotam,  et  laudabilem  institutionem,  quœ  a 
Sixto  IV  Prœdecessore  Nostro  tune  emanavit,  volentesque  lau- 
dabili  huic  pietati  et  devotioni,  et  festo,  ac  cultu  secundum  illam 
exbibito,  in  Ecclesia  Romana  post  ipsius  cultus  institutionem 
numquam  immutato,  Romanorum  Ponlificum  Prœdecessorum 
jN'ostrorum  exemplo,  favere  nec  non  tueri  pietatem,  et  dcvotio- 
nem  banc  colendi,  et  celebrandi  beati.<simam  Virginem,  prœve- 

(1)  Alexander  Vil,  Gonst.  SolUcititdo  omnium  Ecclesiarum,  \ii  decem- 
bris  16U1. 


0    INIil'-FABILIS    »,    8    DÉCEMBRE    1S54  109 

la  Vierge  !)ietil>ciireuse,  que  le  premier  instant  de  sa  conception,  comme 
étant  le  vérilabic  objet  de  ce  culte.  De  Ifi  ces  paroles  d'une  autorité  tout 
à  fait  décisive,  par  lesquelles  Alexandre  Vil,  l'un  de  Nos  prédécesseurs, 
a  déclaré  lu  véritable  pensée  de  l'Eglise  :  «  ('/est  assurément,  dit-il,  une 
t  ancienne  croyance  que  celle  des  pieux  fidèles  qui  pensent  que  l'Ame  de 
«  la  bienheureuse  Vierge  .Marie,  Mère  de  Dieu,  dans  le  premier  instant 
(  où  elle  a  été  créée  et  unie  à  son  corps,  a  été,  par  un  privilège  et  une 
«  grâce  spéeiale  de  Dieu,  préservée  et  mise  à  l'abri  de  la  tache  du  péché 
«  originel,  et  qui,  dans  ce  sentiment,  honorent  et  célèbrent  solennelle- 
«  ment  la  fête  de  sa  Conception.  » 

Mais  surtout  Nos  prédécesseurs  ont  toujours,  et  par  un  dessein  suivi, 
lra\ aillé  avec  zèle  et  de  toutes  leuis  forces  à  soutenir,  à  défendi'c  et  ù 
maintenir  la  doctrine  de  rimmaculée  Conception  de  la  Mère  de  Dieu.  En 
ellet,  non  seulement  ils  n'ont  jamais  souffert  que  cette  doctrine  fût  l'objet 
d'un  blâme  ou  d'une  censure  quelconque;  mais  ils  sont  allés  beaucoup 
plus  loin.  Par  des  déclarations  positives  et  réitérées,  ils  ont  enseigné  que 
la  doctrine  par  laquelle  nous  professons  la  Conception  Immaculée  de  la 
Vierge  était  tout  à  fait  d"accord  avec  le  culte  de  l'Eglise,  etqu'on  la  con- 
sidérait à  bon  droit  comme  telle;  que  c'était  l'ancienne  doctrine,  presque 
universelle  et  si  considérable,  que  l'Eglise  romaine  s'était  chargée  elle- 
même  de  la  favoriser  et  de  la  défendre;  enfin,  qu'elle  élait  tout  à  fait 
digne  d'avoir  place  dans  la  Liturgie  sacrée  et  dans  les  prières  les  plus 
solennelles.  Non  contents  de  cela,  afin  que  la  doctrine  de  la  Conception 
Immaculée  de  la  Vierge  demeurât  à  l'abri  de  toute  atteinte,  ils  ont  sévè- 
rement interdit  de  soutenir  publiquement  ou  en  particulier  l'opinion 
contraire  à  cette  doctrine,  et  ils  ont  voulu  que,  frappée  pour  ainsi  dire 
de  tant  de  coups,  elle  succombât  pour  ne  plus  se  relever.  Enfin,  pour 
que  ces  déclarations  répétées  et  positives  ne  fussent  pas  vaines,  ils  y  ont 
ajouté  une  sanction.  C'est  ce  qu'on  peut  voir  dans  ces  paroles  de  Notre 
prédécesseur  Alexandre  VII  : 

«  Nous,  dit  ce  Pontife,  considérant  que  la  Sainte  Eglise  Romaine 
«  célèbre  solennellement  la  fête  de  la  Conception  de  Marie  sans  tache  et 
«  toujours  vierge,  et  qu'elle  a  depuis  longt-emps  établi  un  office  propre 
«  et  spécial  pour  cette  fête,  selon  la  pieuse,  dévote  et  louable  disposition 
<t  de' Sixte  IV,  Notre  prédécesseur,  voulant  à  Notre  tour,  à  l'exemple  des 
(I  Pontifes  romains,  Nos  prédécesseurs,  favoriser  cette  pieuse  et  louable 
a  dévotion,  ainsi  que  la  fêle  et  le  culte  qui  en  est  l'expression,  lequel 
'<  culte  n'a  jamais  changé  dans  l'Eglise  Romaine  depuis  qu'il  a  été  ins- 
«  titué;  et  voulant  aussi  protéger  cette  pieuse  dévotion,  qui  consiste  à 
"  honorer  par  un  culte  public  la  Bienheureuse  Vierge,  comme  ayant  été, 
«  par  la  grâce  prévenante  du  Saint-Espiit,  préservée  du  péché  originel; 
«  désirant  enfin  conserver  dans  le  troupeau  de  Jésus-Christ  l'unité 
4  d'esprit  dans  le  lien  de  la  paix,  apaiser  les  dissensions  et  ôter  toute 
«  cause  de  scandale  :  sur  les  instances  et  les  prières  des  susdits  Evêques 
«  et  des  chapitres  de  leurs  églises,  du  roi  Philip|)c  et  de  ses  royaumes, 
«  Nous  renouvelons  les  constitutions  et  décrets  (]ne  les  Pontifes  romains, 
«  Nos  prédécesseurs,  et  spécialement  Sixte  IV.  Paul  V  et  Grégoire  XV, 
«  ont  publiés  en  faveur  du  sentiment  qui  affirme  (|ue  l'âme  de  la  Dien- 
«  heureuse   Vierge  Marie,  dans   sa   création  et  au  moment  de  son  union 


110  CONSTITUTION    DE    IME    IX 

niente  scilicet  Spiritus  Sancti  gratia,  a  peccato  originali  prapser- 
vatani.  nipiiMilcsquc  in  Christi  grege  iinitatem  spiritus  in  vinculo 
pacis,  scdatis  oITensionibiis  et  jurgiis,  amolisque  scandalis  con- 
sorvnre  :  ad  pr.Bfatoruin  Episcoporum  ciim  Ecclesiarum  sn.irun 
Capitulis,  ac  Philippi  llegis,  ejusque  Regnorum  oblatani  .\obis 
instantiam,  ac  preces  ;  Conslitutioncs,  et  Décréta,  a  Ilomanis 
Pontilicibus  Praedecessoribus  Nostris,  et  prsscipue  a  Sixlo  IV, 
i'aulo  V  et  Gregorio  XV  édita  in  favorem  sententise  assorentis, 
Animam  beatae  Mariae  A'irginis  in  siii  creatione,  et  in  corpus 
infusione,  Spii'itus  Sancti  gratia  donatam,  et  a  peccato  originali 
prfeservatam  fuisse,  nec  non  et  in  favoiem  festi,  et  cultus  Gon- 
ceptionis  ejusdem  Virginis  Deiparae  secundum  piam  istam  sen- 
teiitiam,  ut  prœfertur,  exbibiti,  innovanius,  et  sub  censuris  et 
pœnis  in  eisdemGonstitutionibuscontentis,  observari  mandamus. 

«  Et  insuper  omnes  et  singulos,  qui  praefatas  Constituliones, 
seu  Decif'ta  ita  pergent  interpretari,  ut  favorem  per  illas  dictée 
sententiae,  et  festo  seu  cultui  secundum  illam  exbibito,  frustren- 
tur,  vel  qui  banc  eamdem  senlentiam,  festum  seu  cullum  in 
disputationem  revocare,  aut  contra  ea  quoquo  modo  directe, 
vel  indirecte  aut  quovis  prœtextu,  etiam  delînibilitatis  ejus 
examinandae,  sive  sacram  Scripturam,  aut  sanctos  Patres,  sive 
Doctores  glossandi  vel  interpretandi,  denique  alio  quovis  prœ- 
textu seu  occasione,  scriplo  seu  voce  loqni,  concionari,  tractare, 
disputare,  contra  ea  quid(iuam  determinando,  aut  asserendo, 
vel  argumenta  contra  ea  atlbiendo,  et  insoluta  relinquendo,  aut 
alio  quovis  inexcogitabili  modo  disserendo  ausi  fuerint;  prœter 
pœnas  et  censuras  in  Gonstitutionibus  Sixti  IV contentas,  quibus 
illos  subjacere  volumus,  et  per  prœsentes  subjicimus,  etiam 
concionandi,  publiée  legendi,  seu  docendi ,  et  interpretandi 
facultate,  ac  voce  activa,  et  passiva  in  quibuscumque  electioni- 
bus,  60  ipso  absque  alia  declaratione  privatos  esse  volumus; 
nec  non  ad  concionandum,  publiée  legendum,  docendum,  et 
interpretandum  perpétuas  inbabilitatis  pœnas  ipso  facto  incur- 
rere  absque  alia  declaratione;  a  quibus  pœnis  nonnisi  a  JNobis 
ipsis,  vel  a  Successoribus  Nostris  Romanis  Pontificibus  absolvi, 
aut  super  iis  dispensari  possint  :  nec  non  eosdem  aliis  pœnis, 
Nostro,  et  eoruiT.dem  Romanorum  PontiHcum  Successorum 
IVostrorum,arbitrio  infligendis,  pariter  subjacere  volumus  per 
prœsentes,  innovantes  Pauli  V  et  Gregorii  XV  superius  mcmo- 
ratas  Gonslitutiones  sive  Décréta. 

«  Ac  libros,  in  quibus  prsefata  sententia,  festum,  seu  cultus 
secundum  illam  in  dubiuni  revocatur,  aut  contra  ea  quomodo- 
cu  mque,  ut  supra,  aliquid  scribitur  aut  legitur,  seu  locutiones, 
conciones,  tractatus  et  disputationes  contra  eadem  continentur. 


oc    INKFFABILIS    »,    8   DÉCEMBRE    18ôi  111 

«  avec  le  corps,  a  été  dotée  de  la  grâce  du  Saint-Esprit  et  préservée  du 
«  péché  originel,  et  aussi  en  faveur  de  la  Conception  de  la  même  Vierge, 
«  mère  de  Dieu,  lesquels  sont  établis  et  praliqués,  comme  il  est  dit  plus 
<  haut,  en  conformité  de  ce  pieux  sentiment  ;  et  nous  commandons  que 
a  l'on  garde  lesdites  constitutions  sous  les  mômes  censures  et  peines  qui 
€  y  sont  portées. 


d  De  plus,  tous  et  chacun  de  ceux  qui  continueront  à  interpréter  les- 
e  dites  constitutions  ou  décrets  de  manière  à  rendre  illusoire  la  faveur 
«  qu'ils  accordent  au  susdit  sentiment,  ainsi  qu'à  la  fête  et  au  culte  éta- 
a.  blis  en  conséquence,  ou  qui  oseront  renouveler  les  disputes  sur  ce 
«  sentiment,  cette  fête  et  ce  culte,  de  quelque  manière  que  ce  soit, 
a  directement  ou  indirectement,  et  aussi  sous  quelque  prétexte  que  ce 
«  puisse  être,  même  sous  celui  d'examiner  s'il  peut  y  avoir  lieu  à  une 
«  définition  sur  ce  sujet,  ou  sous  le  prétexte  de  faire  des  gloses  ou  des 
«  interprétations  sur  la  Sainte  Ecriture,  les  saints  Pères  ou  les  Docteurs; 
«  ou  qui  oseront  enfin,  sous  quelque  autre  prétexte  et  à  quelque  occasion 
«  que  ce  soit,  de  vive  voix  ou  par  écrit,  parler,  prêcher,  disserter,  dis- 
n  puter,  soit  en  affirmant  et  décidant  quelque  chose  à  l'encontre,  soit  en 
«  élevant  des  objections  et  les  laissant  sans  réponse,  soit  en  employant 
«  enfin  quelque  autre  forme  ou  moyen  de  discussion  que  Nous  ne  pou- 
«  vons  pas  ici  prévoir;  outre  les  peines  et  les  censures  contenues  dans 
«  les  Constitutions  de  Sixte  IV  et  auxquelles  Nous  A'^oulons  les  soumettre 
c  et  les  soumettons  en  effet  par  ces  présentes;  Nous  voulons  de  plus  que 
Œ  par  le  fait  même,  et  sans  autre  déclaration,  ils  soient  privés  de  la 
«  faculté  de  prêcher,  faire  des  leçons  publiques,  enseigner  et  interpréter,, 
R  et  de  toute  voix  active  et  passive  dans  quelque  élection  que  ce  soit  ;  et 
«  en  outre  que  toujours  par  le  seul  fait,  et  sans  autre  déclaration  préa- 
a  lable,  ils  soient  frappés  d'une  perpétuelle  inhabilité  à  prêcher,  faire 
«  des  leçons  publiques,  enseigner  et  interpréter,  desquelles  peines  Nous 
«  Nous  réservons  à  Nous  seul,  et  aux  Pontifes  romains  Nos  successeurs, 
<t  le  droit  l'absoudre  ou  de  dispenser,  sans  préjudice  des  autres  peines 
Œ  qui  pourraient  Nous  paraître,  à  Nous  et  aux  Pontifes  romains  Nos 
«  successeurs,  devoir  leur  être  infligées,  et  auxquelles  ils  seront  soumis, 
«  coirme.  Nous  les  y  soumettons  par  les  préceptes,  renouvelant  les  Cons- 
«  tttutions  et  décrets  de  Paul  V  et  de  Grcj^oire  XV,  rappelés  plus  haut. 


«  Quant  aux  livres  dans  lesquels  le  susdit  sentiment  ou  la  légitimité 
«  de  la  fête  et  du  culte  établis  en  conséquence  sont  révoqués  en  doute, 
«  et  dans  lesquels  est  écrit  ou  se  lit  quelque  chose  à  l'encontre,  comme 
a  il  a  été  dit  plus  haut,  ou  qui  contiennent  des  dires,  discours,  traités  et 
€  disputes   contre  les   sentiments,  fêtes  et  cultes  susdits,  soit   que  ces 


112  CONSTITUTION    DE    l'IK    IX 

post  Pauli  V  supra  laudatutn  Decretum  édita,  aut  in  postoiiim 
quoniodolibet  edenda,  prohibemus  sub  pœnis  et  censuris  in 
Indice  lii)rorum  proliibitoruni  conlentis:  et  ipso  facto  absque 
declaralione  pro  expresse  proliibitis  haberi  voiunius  et  nianda- 
nnis.  » 

Umncs  autem  norunt  quanto  studio  bœc  de  Imniaculala  Uei- 
paive  Viiginis  Conceptione  doctrina  a  spectatissimis  llelii;iosis 
Familiis,  et  celebrioribus  Tlieoloùicis  Academiis  ac  pra-slaiilis- 
sir.iis  rerum  divinarum  scientia  Uoctoribus  fuerit  tradita.  asserta 
ac  propugnata.  Omnes  pariter  norunt  quantopcre  sollicili  fue- 
rint  Sacrorum  Antistites  vel  in  ipsis  ecclesiaslicis  .conv<*nlibus 
palam  publiceque  profileri,  sancliss^imam  Dei  Genitriceni  Virgi- 
nem  Mariam  ob  prœvisa  Christi  Domini  Redomptori  mérita 
nunquam  originali  subjacuisse  peccato,  sed  prœservatani  omnino 
fuisse  ab  originis  labe,  et  ideirco  subiimiori  modo  redemptam, 
Ouibus  illud  profecto  gravissimum,  et  omnino  maximum  accedit. 
ipsam  quoque  Tridentinam  Sj'nodum,  cum  dogmaticum  de  pec- 
cato originali  ederet  decretum,  quo  juxta  sacrarum  Scriptura- 
rum,  sanctorumque  Patrum,  ac  probatissimorum  Conciliorum 
testimonia  statuit,  ac  definivit,  omnes  homines  nasci  originali 
culpa  infectos,  tamen  solemniter  déclarasse,  non  esse  suse  inlen- 
tionis  in  decreto  ipso,  tantaque  delinitionis  amplitudine  com- 
prehendere  beatam,  et  immaculatam  Virginem  Uei  (ienitricem 
3Iariam.  Hac  enim  declaratione  Tridcnlini  Patres,  ipsain  beatis- 
simam  Virginem  ab  originali  labe  solntam  pro  rerum  teinpo- 
rumque  adjunctis  satis  innuerunt,  atque  adeo  perspicue  signifi- 
carunt,  nihil  ex  divinis  Litteris,  nihil  ex  traditione,  Patrumque 
auctoritate  rite  afferri  posse,  quod  tantae  Virginis  praîrogativae 
quovis  modo  refragetur. 

Et  re  quidem  vera  banc  de  Immaculata  beatissimae  Virginis 
Conceptione  doctrinam  quotidie  magis  gravissimo  Ecclesiae 
sensu,  magisterio,  studio,  scientia,  ac  sapientia  tam  splendide 
explicatam,  declaratam,  continnatam,  et  apud  omnes  catbolici 
orbis  populos,  ac  nationes  mirandum  in  modum  propagatam, 
in  ipsa  Êcclesia  semper  extitiss»^  veluti  a  majoribus  acceptam, 
ac  revelatse  doctrinœ  charactere  insignitam  illustri  venerandae 
antiquitatis  Ecclesiœ  orientalis  et  occidentalis  monumenta  vali- 
dissime  testantur.  Christi  enim  Ecclesia  sedula  depositorum 
apud  se  dogmatum  custos,  et  vindex.  nihil  in  bis  unquam  per- 
mutât, nihil  minuit,  nihil  addit,  sed  omni  industria  vetera  lide- 
liter,  sapienterque  Ivactando  si  qua  antiquitus  informata  sunt, 
et  Patrum  fides  sévit,  ifa  limare,  expolire  studet,  ut  prisca  illa 
cœlestis  doctrinœ  dogmata  accipiant  evidentiam,  lucem,  distin- 
ctionem,  sedretineantplenitudinem,  integrilatem,  proprietatem, 


a    INEFFABILIS    »,    8    DÉCEMBRE    1854  113 

«  livres  aient  été  publiés  après  le  décret  précité  de  Paul  V  ou  qu'ils  voient 

«  le  jour  à  l'avenir,  de  quelque  manière  que  ce  soit,  Nous  les  défendons 

«  sous  les  peines  et  les  censures  contenues  dans  l'Index  des   livres  pro- 

«  liibés,  voulant  et  ordonnant  que,  par  le  seul  lait  et  sans  autre  déclara- 

«  lion,  ils  soieiU  tenus  pour  expressément  défendus.  » 

Au  reste,  tout  le  monde  sait  avec  quel  zèle  cette  doctrine  de  l'Inima- 
culéc  Conception  de  la  Vierge,  Mèi'c  de  Dieu,  a  été  enseignée,  soutenue, 
défendue  par  les  ordres  religieux  les  plus  recoinmandables,  par  les 
Facultés  de  théologie  les  plus  célèbres  et  par  les  docteurs  les  plus  versés 
dans  la  science  des  choses  divines.  Tout  le  monde  sait  égalenienlcombicn 
les  Evêques  ont  montré  de  sollicitude  pour  soutenir  hautement  et  publi- 
quement, même  dans  les  assemblées  ecclésiastiques,  que  la  Très  Sainte 
Vierge  Marie,  Mère  de  Dieu,  en  prévision  des  mérites  de  Jésus-Christ, 
Nôtre-Seigneur  et  Rédempteur,  n'avait  jamais  été  soumise  au  péché 
originel  ;  mais  qu'elle  avait  été  entièrement  préservée  de  la  tache  d'origine, 
et  par  conséquent  rachetée  d'une  manière  plus  sublime.  A  tout  cela  il 
faut  ajouter  une  chose  qui  est  assurément  d'un  grand  poids  et  de  la  plus 
haute  autorité,  c'est  que  le  Concile  de  Trente  lui-même,  en  publiant  son 
décret  dogmatique  sur  le  péché  originel,  dans  lequel,  d'après  les  témoi- 
gnages des  Saintes  Écritures,  des  saints  Pères  et  des  conciles  les  plus 
autorisés,  il  est  établi  et  défini  que  tous  les  hommes  naissent  atteints  du 
péché  originel  ;  le  saint  Concile  déclare  pourtant  d'une  manière  solennelle 
que,  malgré  l'étendue  d'une  définition  si  générale,  il  n'avait  pas  l'inten- 
tion de  comprendre  dans  ce  décret  la  Bienheureuse  et  Immaculée  Vierge 
Marie.  Mère  de  Dieu.  Par  cette  déclaration,  les  Pères  du  Concile  de  Trente 
ont  fait  suffisamment  entendre,  eu  égard  aux  circonstances  et  aux  temps, 
que  la  Bienheureuse  Vierge  avait  été  exempte  de  la  tache  originelle,  et 
ils  ont  été  très  clairement  démontré  qu'on  ne  pouvait  alléguer  an'c 
raison,  ni  dans  les  divines  Ecritures,  ni  dans  la  Tradition,  ni  dans  l'auto- 
rité des  Pères,  rien  qui  fût.  de  quelque  manière  que  ce  soit,  en  contra- 
diction avec  cette  grande  prérogative  de  la  Vierge. 

C'est  qu'en  effet  cette  doctrine  de  l'Immaculée  Conception  de  la  Bien- 
heureuse Vierge  a  toujours  existé  dans  l'Eglise;  l'Eglise,  parla  très  grave 
autorité  de  son  sentiment,  par  son  enseignement,  par  son  zèle,  sa  science 
et  son  admirable  sagesse,  l'a  de  plus  en  plus  mise  en  lumière,  déclarée, 
confirmée  et  propagée  d'une  manière  merveilleuse  chez  tous  les  peuples 
et  chez  toutes  les  nations  du  monde  catholique  ;  mais,  de  tout  temps, 
elle  l'a  possédée  comme  reçue  des  Anciens  et  des  Pères,  et  revêtue  des 
caractères  d'une  doctrine  révélée.  Les  plus  illustres  monuments  de  l'Eglise 
d'Orient  et  de  l'Eglise  d'Occident,  les  plus  vénérables  par  leur  antiquité, 
en  sont  un  témoignage  irrécusable.  Toujours  attentive  à  garder  et  à 
défendre  les  dogmes  dont  elle  a  reçu  le  dépôt,  l'Église  de  Jésus-Christ 
n'y  change  jamais  rien,  n'en  retranche  jamais  rien,  n'y  ajoute  jamais 
rien  ;  mais  portant  un  regard  fidèle,  discret  et  sage  sur  les  enseignements 
anciens,  elle  recueille  tout  ce  que  l'antiquité  y  a  mis,  tout  ce  que  la  foi 
des  Pères  y  a  semé.  Elle  s'applique  à  le  polir,  à  en  perfectionner  la  for- 
mule, de  manière  que  ces  anciens  dogmes  de  la  céleslc  doctrine  reçoivent 
l'évidence,  la  lumière,  la  distinction,  tout  en  gardant  leur  plénitude, 
leur  intégrité,  leur  caractère  propre,  en  un  mot,  de  façon  quils  se  déve- 


ll'i  CONSTITUTION    DE   PIE   IX 

ac  in  siio  lanlum  génère  crescant,  in  eodeni  scilicet  dogmate, 
eodeni  sensu,  eademque  sentenlia. 

Eijuidein  Patres,  Ecclesiœque  Scriptores  cœlestibus  edocti 
eloquiis  nil'iil  anliquius  habuere,  quain  in  libris  ad  exp/icandas 
Scripturas,  vindicanda  doginala  criidiendosque  'fidèles  elueu- 
bratis  sumniam  Virginis  sanctilatem,  dignitatem,  atque  ab  oniiii 
peccati  labe  integritatem,  ejusque  praeclaram  de  leterrinio  liu- 
mani  generis  lioste  victoriam  inultis  mirisque  modis  cerlatim 
prœdicare  atque  etferre.  Quapropler  enarrantes  verba,  quibiis 
Dous  praeparala  renovandis  morlalibus  suse  pietatis  remédia 
inter  ipsa  mundi  primordia  prœnunlians  et  deceptoris  serpentis 
retudit  audaciam,  et  nostri  generis  speni  mirifice  erexit  inquiens: 
«  Inimicitias  ponam  inter  te  et  mulierem,  sementuum  et  semen 
illius,  »  docuere  divino  hoc  oraculo  ciare  aperteque  praemon- 
stratum  fuisse  misericordem  humani  generis  Redemptorem,  sci- 
licet Unigenitum  Dei  Filium  Ghristum  Jesum,  ac  designatam 
beatissimam  Ejus  Matreni  Virginem  Mariani,  ac  siraul  ipsissimas 
utriusque  contra  diabolum  inimicitias  insigniter  expressas.  Quo- 
circa  sicut  Christus  Dei  hominumque  mediator  humana  assumpta 
natura  delens  quod  adversus  nos  erat  chirographum  decreti, 
illud  cruci  triumphator  affixit,  sicsanctissima  Virgo  arctissinio, 
et  indissolubili  vinculo  cum  eo  conjuncta  una  cum  lilo,  et  per 
111  uni  sempiternas  contra  venenosum  serpentem  inimicitias  exer- 
cens,  ac  de  ipso  plenissime  triumphans  illius  caput  immaculato 
pede  contrivit. 

llunc  eximium,  singularemque  Virginis  triumphum,  excellen- 
tissimamque  innocentiam,  puritatem,  sanctitatem,  ejusque  ab 
onini  peccati  labe  integritatem,  atque  ineiïabiiem  cœlestium  om- 
nium gratiarum,  virtutum,  ac  privilegiorum  copiam,  et  magni- 
tudinem  iidem  Patres  vid^erunt  tum  in  arca  illa  Noe,  quœ  divi- 
nitus  constituta  a  communi  totius  mundi  naufragio  plane  salva 
et  incolumis  evasit;  tum  in  scala  illa,  quam  de  terra  ad  cœluin 
usque  pertingere  vidit  Jacob,  cujus  gradibus  Angeli  Dei  ascen- 
debant,  et  descendebant,  cujusque  vertici  ipse  innitebatur  Do- 
minus;  tum  in  rubo  illo,  quem  in  loco  sancto  Moyses  undique 
ardere,  ac  inter  crépitantes  ignis  llammas  non  jam  comburi  aut 
jacturam  vel  minimam  pati.  sed  pulchre  virescere  ac  florescere 
conspexit;  tum  in  illa  inoxpugnabili  turri  a  facie  inimici,  exqua 
mille  clypei  pendent,  omnisque  armatura  fortium;  tum  in  horln 
illo  concluso,  qui  nescit  violari,  ne(]uecorrumpi  ullis  insidiarum 
frandibus;  tum  in  corusca  illa  Dei  civitate,  cujus  fundamenta  in 
montibus  sanctis;  tum  in  augustissinio  illo  Dei  templo.  quod 
divinis  refulgens  splendoribus  plénum  est  gloria  Domini;tum 
in  aliis  ejusdem  generis  omnino  plurimis,  quibus  excelsam  Dei- 


i 


«    IXEFFABILIS    »,    8    DÊCEMBnE    1854  115 

loppenl  snns  changer  de   nature,  et  qu'ils  demeurent  toujours  dans  la 
même  vérité,  dans  le  même  sens,  dans  la  même  pensée. 


Or,  les  Pt  res  et  les  écrivains  ecclésiastiques,  nourris  des  paroles  célestes, 
n'ont  rien  eu  plus  à  cœur,  dans  les  livres  qu'ils  ont  écrits  pour  expliquer 
l'Ecriture,  pour  défendre  les  dogmes  et  instruire  les  fidèles,  que  de  louer 
et  d'exalter  à  l'envi,  de  mille  manières  et  dans  les  termes  les  plus  magni- 
fiques, la  parfaite  sainteté  de  Marie,  son  excellente  dignité,  sa  préservation 
de  toute  taclie  du  péché  et  sa  glorieuse  victoire  sur  le  cruel  ennemi  du 
genre  humain.  C'est  ce  qu'ils  ont  fait  en  expliquant  les  paroles  par  les- 
quelles Dieu,  annonçant  dès  les  premiers  jours  du  monde  les  remèdes 
préparés  par  sa  miséricorde  pour  la  régénération  et  le  salut  des  hommes, 
confondit  l'audace  du  serpent  trompeur,  et  releva  d'une  façon  si  conso- 
lante l'espérance  de  notre  race.  Ils  ont  enseigné  que  par  ce  divin  oracle  : 
<t  Je  mettrai  l'inimitié  entre  toi  et  la  femme,  entre  ta  postérité  et  la 
tienne,  »  Dieu  avait  clairement  et  ouvertement  montré  à  l'avance  le 
miséricordieux  Rédempteur  du  genre  humain,  son  Fils  unique,  Jésus- 
Christ,  désij,Mié  sa  Bienheureuse  Mère,  la  Vierge  Marie,  et  nettement 
exprimé  l'inimitié  de  l'un  et  de  l'autre  contre  le  démon.  En  sorte  que, 
comme  le  Christ,  médiateur  entre  Dieu  et  les  hommes,  détruisit,  en 
prenant  la  nature  humaine,  l'arrêt  de  condamnation  qui  était  contre  nous 
et  l'attacha  triomphalement  à  la  croix;  ainsi  la  Très  Sainte  Vierge,  unie 
étroitement,  unie  inséparablement  avec  lui,  fut,  par  lui  et  avec  lui,  l'éter- 
nelle ennemie  du  serpent  venimeux,  le  vainquit,  le  terrassa  sous  son  pied 
virginal  et  sans  tache,  et  lui  brisa  la  tête. 


Cette  éclatante  et  incomparable  victoire  de  la  Vierge,  cette  innocence, 
cette  pureté,  cette  sainteté  par  excellence,  cette  exemption  de  tout  péché, 
cette  grandeur  et  cette  ineffable  abondance  de  toutes  les  grftces,  de  toutes 
les  vertus,  de  tous  les  privilèges  dont  elle  fut  comblée,  les  mêmes  Pères 
les  ont  vues,  soit  dans  cette  arche  de  Noé  qui  seule,  divinement  édifiée, 
a  complètement  échappé  au  commun  naufrage  du  monde  entier;  soit 
dans  l'échelle  que  contempla  Jacob,  dans  cette  échelle  qui  s'éleva  de  la 
terre  jusqu'au  ciel,  dont  les  Anges  de  Dieu  montaient  et  descendaient  les 
degrés,  et  sur  le  sommet  de  laquelle  s'appuyait  Dieu  lui-même;  soit  dans 
ce  buisson  ardent  que  Moïse  vit  brûler  dans  un  lieu  saint,  et  qui,  loin 
d'être  consumé  par  les  flammes  pétillantes,  loin  d'en  éprouver  même  la 
moindre  altération,  n'en  était  que  plus  vert  et  plus  lloiissant;  soit  dans 
celte  tour  inexpugnable  à  l'ennemi  et  de  laquelle  pendent  mille  boucliers 
et  toute  l'armure  des  forts  ;  soit  dans  ce  jardin  fern)é  qui  ne  saurait  être 
profané  et  qui  ne  craint  ni  les  souillures,  ni  les  embûches;  soit  dans 
cette  cité  de  Dieu  tout  étincelante  de  clartés  et  dont  les  fondements  sont 
assis  sur  les  montagnes  saintes  ;  soit  dans  cet  auguste  temple  de  Dieu 
tout  rayonnant  des  splendeurs  divines  et  tout  plein  de  la  gloire  du  Sei- 
gneur ;  soit  enfin  dans  une  foule  d'autres  figures  de  ce  genre  qui,  suivant 


110  CONSTITUTION    Dli    PIE   IX 

parœ  dignitatem,  ejusque  illibatam  innocfntiam,  et  nulli  un- 
quam  luevo  ubnoxiarn  sanctitatem  insigniter  prœnunfiatam 
l'uisse  Patres  tradiderunt. 

A(J  hanc  eamdem  dis'inorum  munerum  veluti  summam,  origi- 
nalciiique  Virginis,  de  qua  natiis  est  Jésus,  integritatem  dcscri- 
bendaiu  iidem  Prophetarum  adhibentes  eloquia  non  aliter  ip^^am 
augustam  Virginem  concelebrarurit,  ac  uti  columbam,  et  sanctam 
Jérusalem,  et  excelsum  Dei  thronum,  et  arcam  sanctificilionis 
et  donium,  quam  sibi  reterna  œditicavit  Sapientia,  et  Reginani 
illam.  quœ  deliciis  afduens,  et  innixa  super  Dilectum  suuni,  ex 
ore  Altissimi  prodivit  omnino  perfecta  Speciosa  ac  penilus  cara 
Deo,  et  nulle  unipiam  labis  nœvo  maculata.  Cum  vero  ipsi  Pa- 
tres, Ecclesiseque  Scriptores  animo  menteque  reputarent,  bea- 
tissimam  Virginem  ab  Angelo  Gabriele  sublimissimam  Dei  Ma- 
tris  dignitatem  ei  nuntiante,  ipsius  Dei  nomine  et  jussu  gratia 
plenam  fuisse  nuncupatam,  docuerunt  bac  singulari  solemnique 
salutatione  nunquam  alias  audita  ostendi,  Deiparam  fuisse  om- 
nium divinarum  gratiarum  sedem;  omnibusque  divini  Spiritus 
charismatibus  exornatam,  imo  eorumdem  cbarismatum  infinitum 
prope  thesaurum;  abyssumque  inexhaustam,  adeo  ut  nunquam 
maledicto  obnoxia,  etuna  cum  Filio  perpétuas  benedictionis  par- 
ticeps  ab  Elisabeth  divino  acta  Spiritu  audire  meruerit  :  Bene- 
dicta  Tu  inter  matières,  et  benrdictus  fnictus  ventris  fui. 

llinc  non  luculenta  minus,  quam  concors  eorumdem  sententia, 
gloriosissimam  Virginem,  cui  fecit  magna,  qui  potens  est,  ea 
cœlestium  omnium  donorum  vi,  ea  gratiœ  plonitudine,  eaque 
innocentiaemicuisse,  qua  veluti  ineffabile  Dei  miraculum,immo 
omnium  miraculorum  apex,  ac  digna  Dei  Mater  extiterit,  et  ad 
Deum  ipsum  pro  ratione  creatœ  naturœ,  quam  proxime  acce- 
dens  omnibus,  qua  humanis,  qua  angelicis  preeconiis  celsior 
evaserit.  Atque  idcirco  ad  originalem  Dei  Genitricis  innocen- 
liam,  justitiamque  vindicandam,non  Eam  modo  cum  llevaadhuc 
virgine,  adhuc  innocente,  adhuc  incorrupta,  et  nondum  morti- 
feris  fraudulentissimi  serpentis  insidiis  decepta  sa3pissime  con- 
tulerunt,verum  etiam  mira  quadam  verborum,  sententiarumque 
varietate  prœtulerunt.  Heva  enim  serpenti  misère  obsequuta 
et  ab  originali  excidit  innocentia,  et  illius  inancipium  evasit,sed 
beatissima  Virgo  originale  donum  jugiter  augens,  quin  serpenti 
aures  unquam  prsebuerit.  illis  vim  potestatemque  virtute  divi- 
nitiis  accepta  funditus  labefactavit. 

Quapropter  nunquam  C(^^ssarunt  Deiparam  appellare  vel  lilium 
inter  spinas,  vel  terram  omnino  intactam,  virgineam,  illibatam, 
immaoulalam,  semper  benedictam,  et  ab  omni  peccati  conta- 
gione  liberam,  ex  qua  novus  formatus  est  Adam,  vel  irreprehen- 


a    I.NEI'-KAIJILIS    »,    S   DÉGEMBUE    1854  117 

les  Pères,  ont  été  les  emblèmes  éclatants  de  la  haute  dignité  de  la  Mère 
de  Dieu,  île  sa  perpétuelle  innocence,  et  de  cette  sainteté  qui  n'a  jamais 
souffert  la  plus  légère  atteinte. 

'Pour  décrire  ce  même  assemblage  de  tous  les  dons  célestes  et  cette 
originelle  intégrité  de  la  Vierge,  de  laquelle  est  né  Jésus,  les  mêmes 
Pères,  empruntant  les  paroles  des  Prophètes,  ont  célébré  cette  auguste 
Vierge,  comme  la  colombe  pure,  comme  la  sainte  Jérusalem,  comme  le 
trône  élevé  de  Dieu,  l'arche  de  la  sanctification  et  la  demeure  que  s'est 
bâtie  l'éternelle  Sagesse;  comme  la  Reine  qui,  comblée  des  plus  riches 
trésors  et  ap|)uyée  sur  son  bien-aimé,  est  sortie  de  la  bouche  du  Très- 
Haut,  parfaite,  éclatante  de  beauté,  entièrement  agréable  à  Dieu,  sans 
aucune  tache,  sans  aucune  flétrissure.  Ce  n'est  pas  tout,  les  mêmes  Pères, 
les  mêmes  écrivains  ecclésiastiques  ont  médité  profondément  les  paroles 
que  l'ange  Gabriel  adressa  à  la  Vierge  Bienheureuse  lorsque,  lui  annon- 
çant qu'elle  aurait  l'honneur  insigne  d'être  la  Mère  de  Dieu,  il  la  nomma 
pleine  de  grâces,  et  considérant  ces  paroles  prononcées  au  nom  de  Dieu 
même  et  par  son  ordre,  ils  ont  enseigné  que  par  cette  solennelle  saluta- 
tion, salutation  singulière  et  inouïe  jusque-là,  la  Mère  de  Dieu  nous  était 
montrée  comme  le  signe  de  toutes  les  grâces  divines,  comme  ornée  de 
toutes  les  faveurs  de  l'Esprit  divin,  bien  plus,  comme  un  trésor  presque 
infini  de  ces  mêmes  faveurs,  comme  un  abîme  de  grâce  et  un  abîme  sans 
fond,  de  telle  sorte  qu'elle  n'avait  jamais  été  soumise  à  la  malédiction, 
mais  avait  toujours  partagé  la  bénédiction  de  son  Fils,  et  avait  mérité 
d'entendre  de  la  bouche  d'Elisabeth,  inspirée  par  l'Esprit-Saint  :  «  Vous 
êtes  bénie  entre  toutes  les  femmes,  et  le  fruit  de  vos  entrailles  est  béni.  » 

De  là  ces  pensées,  exprimées  aussi  unanimement  qu'éloquemn^ent  j)ar 
les  mêmes  Pères,  que  la  très  glorieuse  Vierge,  Celle  en  qui  le  Tout- 
Puissant  a  fait  de  grandes  choses,  a  été  comblée  d'une  telle  effusion  de 
tous  les  dons  célestes,  d'une  telle  plénitude  de  grâces,  d'un  tel  éclat  de 
sainteté,  qu'elle  a  été  comme  le  miracle  ineffable  de  Dieu,  ou  plutôt  le 
chef-d'œuvre  de  tous  les  miracles;  qu'elle  était  digne  d'être  la  Mère  de 
Dieu,  qu'elle  s'est  approchée  de  Dieu  même  autant  qu'il  est  permis  à  la 
nature  créée,  et  qu'ainsi  elle  est  au-dessus  de  toutes  les  louanges,  aussi 
bien  de  celles  des  Anges,  que  de  celles  des  hommes.  C'est  aussi  pour  cela, 
qu'afin  d'établir  l'innocence  et  la  justice  originelle  de  la  Mère  de  Dieu, 
non  seulement  ils  l'ont  très  souvent  comparée  avec  Eve  encore  vierge, 
encore  innocente,  encore  exempte  de  corruption,  avant  qu'elle  eût  été 
trompée  par  le  piège  mortel  de  l'astucieux  serpent,  mais,  avec  une  admi- 
rable variété  de  pensées  et  de  paroles,  ils  la  lui  ont  même  unanimement 
préférée.  Eve,  en  effet,  pour  avoir  misérablement  obéi  au  serpent,  perdit 
l'innocence  originelle  et  devint  son  esclave;  mais  la  Vierge  Bienheureuse, 
croissant  toujours  dans  sa  grâce  originelle,  ne  prêta  jamais  l'oreille  au 
serpent,  et  ébranla  profondément  sa  puissance  et  sa  force  par  la  vertu 
qu'elle  avait  reçue  de  Dieu. 

Aussi  n'ont-ils  jamais  cessé  d'appeler  la  Mère  de  Dieu,  ou  bien  un  lys 
parmi  les  épines,  ou  bien  une  terre  absolument  intacte,  une  terre 
vierge,  dont  aucune  tache  n'a  même  eflleuré  la  surface,  une  terre  toujours 
bénie,  libre  de  toute  contagion  du  péché,  et  dont  a  été  formé  le  nouvel 
Adam;  ou  bien  un  irréprochable,  un  éclatant,  un  délicieux  paradis  d'in- 


118  CONSTITUTION   DE    PIE    IX 

sibileni.  lucidissimum,  amœnissimumque  innocentiee,  immorta- 
litalis,  ac  deliciaruin  paradisum  a  iJeo  ipso  consitum  et  ab 
(iinnibus  venenosi  serpentis  insidiis  defensum,  vel  lignum  im- 
marcescibile,  quod  peccati  vermis  nunquam  corruperit,  vel 
fontcm  semper  illiniem,  et  Spiritus  Sancti  virtute  signatum.  vel 
divinissimum  templum,  vol  immortalitatis  thesaurum,  vel  nnam 
et  solam  non  moiiis  sed  vitœ  (lliam,  non  irse  sed  gratiae  gormen, 
quod  semper  virens  ex  corrupta  infectaque  radice  singnlari  Dei 
providentia  prœter  statas  communesque  legcs  effloruerit.  Sed 
quasi  heec,  licet  splendidissima,  satis  non  forent,  propriis  defini- 
tisque  senlentiis  edixerunt,  nullam  prorsus,  cum  de  peccatis 
agitur,  habendam  esse  quaestionern  de  sancta  Virgine  Maria,  cui 
plus  gratiae  coliatum  fuit  ad  vincendum  omni  ex  parte  peccatum  ; 
tum  professi  sunt,  gloriosissimam  Virginem  fuisse  parentum 
reparatricem,  posterorum  viviticatricem,  a  saeculo  electam,  ab 
Altissimo  sibi  preeparatam,  a  Deo,  quando  ad  serpentem  ait  : 
«  Ininiicitias  ponam  inter  te  et  mulierem,  »  prcedictam,  quae 
procul  dubio  venenatum  ejusdem  serpentis  caput  contrivit;  ac 
propterea  affirmarunt,  eamdem  beatissimam  Virginem  fuisse 
per  gratiam  ab  omni  peccati  labe  integram,  ac  liberam  al)  omni 
contagione  et  corporis,  et  animse,  et  intellectus,  ac  semper  cum 
Deo  conversatam,  et  sempiterno  fœdere  cum  illo  conjunctam, 
nunquam  fuisse  in  tenebris,  sed  semper  in  luce,  et  idcirco  ido- 
neum  plane  extitisse  Christo  habitaculum  non  pro  habitu  cor- 
poris, sed  pro  gratia  originali. 

Accedunt  nobilissima  efîata,  quibus  de  Virginis  Conceptione 
loquentes  testati  sunt,  naturam  gratiae  cessisse  ac  stetisse  tre- 
niuiam  pergere  non  sustinentem;  nam  futurum  erat.  ut  Dei 
Genitrix  Virgo  non  antea  ex  Anna  conciperetur,  quam  gratia 
fructum  ederet;  concipi  siquidem  primogenitum  oportebat,  ex 
qua  concipiendus  esset  omnis  creaturae  primogenitus.  Testati 
sunt  carnem  Virginis  ex  Adam  sumptam  maculas  Adee  non  ad- 
misisse,  ac  propterea  beatissimam  Virginem  tabemaculum  esse 
ab  ipso  Deo  creatum,  Spiritu  Sancto  formatum,  et  purpureae 
rêvera  operae  quod  novus  ille  Beseleel  auro  intextum  variumque 
eflinxit,  eamdemque  esse  meritoque  celebrari  ut  illam,  quoe  pro- 
pi  iiim  Dei  opus  primum  extiterit  ignitis  maligni  telis  latuerit, 
et  pulchra  natura,  ac  labis  prorsus  oinnis  nescia,  tanquam  aurora 
undequaque  rulilans  in  mundum  prodiverit  in  sua  Conceptione 
Iminaculata.  Non  enim  decebat,  ut  illud  vas  electionis  commu- 
nibuç  lacesseretur  injuriis,  quoniam  plurimum  a  caeteris  diffe- 
rens,  natura  communicavit  non  culpa,  immo  prorsus  derebat  ut 
sicut  Unigenitus  in  cœlis  Patrem  habuit,  quem  Seraphim  ter 
Sanctum  extollunt,  ita  Matrem  haberet  in  terris,  quœ  nitore 


«    INEFFABILIS    »,    8   DÉCEMBRE    1854  110 

nocence  et  d'immortalité,  planté  par  Dieu  lui-même,  et  inaccessible  à 
tous  les  pièges  du  serpent  venimeux;  ou  bien  un  bois  incorruptible  que 
le  pécbé,  ce  ver  rongeur,  n'a  jamais  atteint;  ou  bien  une  fontaine  tou- 
jours limpide  et  scellée  par  la  vertu  du  Saint-Esprit;  ou  bien  un  temple 
divin,  un  trésor  d'immortalité  ;  ou  bien  la  seule  et  unique  fille  non  de  la 
mort,  mais  de  la  vie,  une  production  non  de  colère,  mais  de  grâce,  une 
plante  toujours  verte  qui,  par  une  providence  spéciale  de  Dieu,  et  contre 
les  lois  communes,  est  sortie  florissante  d'une  racine  flétrie  et  corrompue. 
Tout  cela  est  plus  clair  que  le  jour;  cependant,  comme  si  ce  n'était  point 
assez,  ils  ont,  en  propres  termes  et  d'une  manière  expresse,  déclaré  que, 
lorsqu'il  sa^nt  de  péché,  il  ne  doit  pas  même  être  question  de  la  Sainte 
Vierge  Marie,  parce  qu'elle  a  reçu  plus  de  grûce,  afin  qu'en  elle  le  péché 
fut  absolument  vaincu  et  de  toute  part.  Ils  ont  encore  professé  que  la  très 
glorieuse  Vierge  avait  été  la  réparatrice  de  ses  ancêtres  et  qu'elle  avait 
vivifié  sa  postérité;  que  le  Très-Haut  l'avait  choisie  et  se  l'était  réservée 
dès  le  commencement  des  siècles;  que  Dieu  l'avait  prédite  et  annoncée 
quand  11  dit  au  serpent  :  «Je  mettrai  l'inimitié  entre  toi  et  la  femme,  » 
et  que,  sans  aucun  doute,  elle  a  écrasé  la  tête  venimeuse  de  ce  même 
serpent;  et  pour  cette  raison,  ils  ont  affirmé  que  la  même  Vierge  bien- 
heureuse avait  été,  par  la  grâce,  exempte  de  toute  tache  du  péché,  libre 
de  toute  contagion  et  du  corps,  et  de  l'âme,  et  de  l'intelligence;  qu'elle 
avait  toujours  conversé  avec  Dieu;  qu'unie  avec  lui  par  une  alliance 
éternelle,  elle  n'avait  jamais  été  dans  les  ténèbres,  mais  toujours  dans  la 
lumière,  et  par  conséquent  qu'elle  avait  été  une  demeure  tout  à  fait  digne 
du  Christ,  non  à  cause  de  la  beauté  de  son  corps,  mr.is  à  cause  de  sa 
grâce  originelle. 

Viennent  enfin  les  plus  nobles  elles  plus  belles  expressions  par  les- 
quelles, en  parlant  de  la  Vierge,  ils  ont  attesté  que,  dans  sa  conception, 
la  nature  avait  fait  place  à  la  grâce  et  s'était  arrêtée  tremblante  devant 
elle,  n'osant  aller  plus  loin. 

11  fallait,  disent-ils,  avant  que  la  Vierge  Mère  de  Dieu  fût  conçue  par 
Anne,  sa  mère,  que  la  grâce  eût  fait  son  œuvre  et  donné  son  fruit  ;  il 
fallait  que  Celle  qui  devait  concevoir  le  premier-né  de  toute  créature  fût 
elle-même  conçue  première-née.  Ils  ont  attesté  que  la  chair  reçue  d'Adam 
par  la  Vierge  n'avait  pas  contracté  les  souillures  d'Adam,  et  que  pour 
cette  raison  la  Vierge  bienheureuse  était  un  tabernacle  créé  par  Dieu 
lui-même,  formé  par  le  Saint-Esprit,  d'un  travail  aussi  beau  que  la 
pourpre,  et  sur  lequel  ce  nouveau  Béséléel  s'était  plu  à  répandre  l'or  et 
les  plus  riches  broderies  ;  qu'elle  devait  être  célébrée  comme  Celle  qui 
avait  été  d'abord  l'œuvre  propre  de  Dieu,  comme  Celle  qui  avait  échappé 
aux  traits  de  feu  du  malin  ennemi,  et  qui,  belle  par  nature,  ignorant 
absolument  toute  souillure,  avait  paru  dans  le  monde,  par  sa  Conception 
Immaculée,  comme  l'éclatante  aurore  qui  jette  de  tous  côtés  ses  rayons. 
11  ne  convenait  pas,  en  effet,  que  ce  vase  d'élection  subît  le  commun 
outrage,  puisqu'il  était  si  différent  des  autres,  et  n'avait  avec  eux  de 
commun  que  la  nature,  non  la  faute  ;  ou  plutôt  comme  le  Fils  unique  a 
dans  le  ciel  un  Père,  que  les  séraphins  proclament  trois  fois  saint,  il 
convenait  absolument  qu'il  eût  sur  la  terre  une  mère  en   qui  l'éclat  de 


1-20  CONSTITUTION   DE   PIE   IX 

sanctilatis  nunquam  carnerit.  Atque  hœc  quid(2m  doctrina  adeo 
niajorum  mentes,  animnsqne  occupavit,  ut  singularis  et  omnino 
niirus  pênes  illos  invaluerit  loqnendi  usns,  quo  Ueiparam  sx'pis- 
sime  coiiipellarunt  inimaciilatam  unmiqne  ex  parle  imniacu- 
latain,  innocentem  et  innocentissiinaiii,  illibatam  et  iinde(|uaque 
illihalam,  sanctam  et  ab  omni  peccati  sordc  alienissimam,  totam 
puram,  totam  intemeralam,  ac  ipsam  prope  puritatis  et  inno- 
centiœ  formam  pulchritudine  pulchiiorem,  venustate  venu- 
sliorem.  sanctiorem  sanctilate,  solamquesanctam  purissiniamque 
anima  et  corpore,  qiiœ  siipergressa  est  omnem  integrit.item  et 
virginitatem,  ac  sola  tota  facla  domicilium  universai-um  gra- 
tiarum  Sanctissimi  Spiritus  et  quae,  solo  Deo  excepto,  extitit 
cuoctis  superior,  et  ipsis  Cherubim  et  Seraphim,  et  omni  exer- 
citu  Angelorum  natura  pulchrior,  formosior  et  sauctior,  cui  prœdi- 
car.dae  cœlestes  etterrenœ  linguse  minime  sufficiunt.  Quem  usum 
ad  sanctissimœ  quoqiie  Liturgiie  monumenta  atque  ecclesiaslica 
officia  sua  veluti  sponte  fuisse  traductum,  et  in  illis  passim  re- 
currere,  ampliterque  dominari  nemo  ignorât,  cum  in  illis  Deipara 
invocetur  et  prœdicetur  veluti  una  incorrupta  pulchritudinis 
columba,  veluti  rosa  semper  vigens,  et  undequaque  purissima 
et  semper  immaculata  semperque  beata,  ac  celebietur  uti  inno- 
centia,  qucfi  nunquam  fuit  laesa.  et  altéra  Heva,  quae  Emmanue- 
lem  peperit. 

Nil  igitur  mirum  si  de  Immaculata  Deiparœ  Virginis  Conce- 
ptione  doctrinam  judicio  Pacrum  divinis  Litteris  consignatam, 
tût  gravissimis  eorumdem  testimoniis  traditam,  tôt  illustribus 
venerandœ  antiquitatis  monuinentis  expressam  et  celebratam, 
ac  maximo  gravissimoque  Ecclesire  judicio  propositam  et  con- 
firmatam  tanta  pietate,  religione  et  amore  ipsius  Ecclesiœ  Pas- 
tores,  populique  fidèles  quotidie  magis  profitere  sint  gloriati,  ut 
nihil  iisdem  dulcius,  nihil  carius,  quam  ferventissimo  alfectu 
Deiparam  Virginem  absque  labe  original i  conceptam  ubique 
colère,  venerari,  invocare,  et  prsedicare.  Quamobrem  ab  antiquis 
temporibus  Sacrorum  Antistites,  Ecclesiastici  viri,  regulares 
Ordines,ac  vel  ipsi  imperatores  et  Reges  ab  bac  Apostolica  Sede 
enixe  efflagitarunt,  ut  Immaculata  sanctissimse  Dei  Genitris 
Conceptio  veluti  catholicœ  fidei  definirelur.  Quœ  postulationes 
hac  quoque  setate  iteratse  fueruntac  potissimum  felicis  recorda- 
tionis  Gregorio  XVI  Preedecessori  iNostro.  ac  nobis  ipsis  oblatse 
sunl  tum  ab  Episcopis,  tum  a  clero  sœculari,  lum  a  lleligiosis 
Familiis,  ac  summis  Principibus  et  fidelibus  populis. 

Nos  itaque  singulari  animi  Nostri  gaudio  b;oc  omnia  probe 
noscentes,  ac  serio  considérantes,  vix  dum  licel  immeriti  arcano 
divines  providentice  consilio  ad  banc  sublimem  Pétri  Calhedram 


a    INEFFABILIS    »,    8   DÉCliMBUE    1854  121 

sa  sainiplo  n'eût  jamais  été  flélri.  Et  cette  doctrine  a  tellement  rempli 
l'esprit  et  le  cœur  des  anciens  et  des  Pères  que,  par  un  langage  étonnant 
et  singulier,  qui  a  prévalu  parmi  eux,  ils  ont  très  souvent  appelé  la  Mère 
de  Dieu  immaculée  et  parlaitemeiit  iniMiaculée.  innocente  et  très  inno- 
cente, iri'éproclKible  et  absolument  irréprociiable,  sainte  et  tout  à  fait 
étrangère  à  toute  souillure  de  péché,  toute  j)ure  et  toute  chaste,  le 
modèle  et  pour  ainsi  dire  la  forme  même  de  la  pureté  et  de  l'innocence, 
plus  belle  et  plus  gracieuse  que  la  beauté  et  la  grftce  même,  plus  sainte 
que  la  sainteté,  seule  sainte  et  très  pure  d'ànie  et  de  corps,  telle  enfin 
qu'elle  a  surpassé  toute  intégrité,  toute  virginité,  et  que  seule  devenue 
tout  entière  le  domicile  et  le  sanctuaire  de  toutes  les  grûces  de  l'Esprit- 
Saint,  elle  est,  à  l'exception  de  Dieu  seul,  supérieure  à  tous  les  êtres, 
ptus  belle,  plus  noble,  plus  sainte,  par  sa  grâce  native,  que  les  chéru- 
bins eux-mêmes,  que  les  séraphins  et  toute  l'armée  des  anges,  si  excel- 
lente, rti  un  mot,  que  pour  la  louer,  les  langues  du  ciel  et  celles  de  la 
terre  sont  également  impuissantes.  Personne,  au  reste,  n'ignore  que  tout 
ce  langage  a  passé,  comme  de  lui-même,  dans  les  monuments  de  la  litur- 
gie sacrée  et  dans  les  offices  de  l'Eglise,  qu'on  l'y  rencontre  à  chaque  pas 
et  qu'il  y  domine;  puisque  la  Mère  de  Dieu  y  est  invoquée  et  louée, 
comme  une  colombe  unique  de  pureté  et  de  beauté;  comme  une  rose 
toujours  belle,  toujours  fleurie  ;  comme  l'innocence  même,  toujours 
pure,  toujours  immaculée,  toujours  heureuse,  qui  n'a  jamais  été  bles- 
sée ;  enfin,  comme  la  nouvelle  Eve,  qui  a  enfanté  rEninianuel. 

Faut-il  s'étonner,  après  cela,  si  une  doctrine,  qui,  au  jugement  des 
Pères,  est  consignée  dans  les  Saintes  Ecritures,  qu'ils  ont  eux-mêmes 
transmise  et  attestée  tant  de  fois  et  d'une  manière  si  imposante,  que 
tant  d'illustres  monuments  d'une  antiquité  vénérable  contiennent  d'une 
manière  expresse,  que  l'Eglise  a  proposée  et  confirmée  par  la  très  grave 
autorité  de  son  jugement  ;  en  un  mot,  si  la  doctrine  de  l'Immaculée 
Conception  de  la  Vierge,  Mère  de  Dieu,  a  été  l'objet  d'une  telle  piété, 
d'une  telle  vénération,  d'un  tel  amour;  si  les  pasteurs  de  l'Eglise  elle- 
même  el  les  peuples  fidèles  se  sont  fait  une  telle  gloire  de  la  professer 
chaque  jour  davantage,  en  sorte  que  leur  plus  douce  consolation,  leur 
joie  la  plus  chère  a  été  d'honorer,  de  vénérer,  d'invoquer  et  de  louer 
partout,  avec  la  plus  tendre  ferveur,  la  Vierge,  Mère  de  Dieu,  courue 
sans  la  tache  originelle?  Aussi,  dans  les  temps  anciens,  les  Evêques,  les 
ecclésiastiques,  les  ordres  réguliers  et  même  les  empereurs  et  les  rois, 
ont  instamment  prié  le  Siège  apostolique  de  définir  comme  un  dogme 
de  la  foi  catholique  l'Immaculée  Conception  de  la  très  sainte  Mère  de 
Dieu.  De  nos  jours  même,  ces  demandes  ont  été  réitérées,  el  surtout 
elles  ont  été  présentées  à  Notre  prédécesseur  Grégoire  XVI,  d'heureuse 
mémoire,  et  à  iNous-même,  tant  par  les  Evêques,  par  le  clergé  séculier 
et  par  le  cierge  régulier,  que  par  les  princes  souverains  et  les  peuples 
fidèles. 

Prenant  donc  en  sérieuse  considération,  dans  une  joie  profonde  de 
notre  cœur,  tous  ces  faits,  dont  nous  avons  une  pleine  reconnaissance  ;  à 
peine  élevé  sur  la  chaire  de  saint  Pierre,  malgré  notre  indignité,  pai'  un 
secret  dessein  de  la  divine  Providence,  avons-Nous  pris  en  main  le  gou- 


122  CONSTITUTION   DE    PIE    I.\ 

evecti  tolius  Ecclesias  gubernacula  tractanda  suscepinius,  nihil 
cerle  antiquius  habuimiis,  quam  pro  siimma  Nostra  vel  a  teneris 
annis  orga  sanctissimam  Dei  Genitricem  Virsinem  Mariam  vene- 
ratione,  pietate  et  alTectu  ea  omnia  peragere,  quaj  adhuc  in 
Ecclesice  volis  esse  poterant,  ut  beatissimte  Virginishonor  auge- 
retiir,  ejusque  preeroizativœ  uberiori  luce  nilerunt.  Omnem 
aiilem  maturitatem  adhibere  volentcs  constituimiis  peculiarem 
VV.  FF.  NN.  S.  R.  E.  Cardinalium  religione,  consilio,  ac  divi- 
narum  reruni  scienlia  illustrium  Gongregationem,  et  viros  ex 
clerc  tum  saîculari,  tum  regulari,  theologicisdisciplinisapprime 
excultos  selegimus,  ut  ea  omnia,  qu;c  Immaculatam  Virginis 
Gonceptionem  respiciunt,  accuratissime  perpenderent,  proprianfi- 
que  !?enlentiam  ad  nos  déferrent.  Quamvis.  autem  iVobis  ex 
receptis  poslulationibus  de  delinienda  tandem  aliquando  Imma- 
culata  Virginis  Gonceptione  perspectus  esset  plurimorum  Sacro- 
rum  Anlistilum  sensus,  tamen  Encyclicas  Litteras  die  2  Februarii 
anno  1849  Gajetge  datas  ad  omnes  Venerabiles  Fratres  totius 
calholici  orbis  Sacrorum  Antistites  misimus,  ut,  adhibitis  ad 
Deum  precibus,  nobis  scripto  etiam  signiflcarent,  quœ  esset 
suorum  fidelium  erga  Immaculatam  Deiparee  Gonceptionem 
pietas,  ac  devotio,  et  quid  ipsi  praesertim  Antistites  de  bac  ipsa 
definitione  ferenda  sentirent,  quidve  exoptarent,  ut,  quo  fieri 
solemnius  posset,  supremum  Nostrum  judicium  profcrremus. 

Non  mediocri  certe  solatio  affecti  fuimus  ubi  eorumdem 
Venerabilium  Fratrum  ad  Nos  responsa  venerunt.  Nam  iidem 
incredibili  quadam  jucunditate,  laetitia,  ac  studio  nobis  rescri- 
bentes  non  solum  singularem  suam,  et  proprii  cujusque  cleri, 
populique  fidelis  erga  Immaculatum  beatissimae  Virginis  Gon- 
ceptum  pietatem,  mentemque  denuo  confirmarunt,  verum  etiam 
communi  veluti  voto  a  Nobis  expostularunt,  ut  Immaculata 
ipsius  Virginis  Gonceptio  supremo  Nostro  judicio  et  auctoritate 
deliniretur.  Nec  minori  certe  intérim  gaudio  perfusi  sumus, 
cum  VV.  FF.  NN.  S.  R.  E.  Gardinales  commemoratse  peculiaris 
Gongrcgationis  et  praedicti  Theologi  Gonsultores  a  Nobis  electi 
pari  alacritate  et  studio  post  examen  diligenter  adbibitum  banc 
de  Immaculata  Deiparee  Gonceptione  definitionem  a  Nobis  eflla- 
gitaverint. 

Post  hsec  illustribus  Praedecessorum  Nostrorum  vestigiis 
inhserentes,  ac  rite  recteque  procedere  optantes,  indiximus  et 
habuimus  Gonsistorium,  in  quo  Venerabiles  Fratres  Nostros 
Sanctae  Romanse  Ecclesise  Gardinales  alloquuti  sumus  eosque 
summa  animi  Nostri  consolatione  audivimus  a  nobis  exposcere, 
ut  dogmatum  de  Immaculata  Deiparœ  Virginis  Gonceptione 
deflnitiunem  emittere  vellemus 


«    INEFFAIilLIS    »,    8   DÉCEMBRE    1854  123 

vcrnail  de  toute  l'Eglise,  que  notre  plus  ardent  désir  a  été,  suivant  la 
vénération,  la  piété  et  l'amour  dont  nous  sommes  animé  depuis  Nos  plus 
tendres  années  envers  la  très  sainte  Mère  de  Dieu,  la  Vierge  Marie, 
d'achever  tout  ce  qui  pouvait  être  encore  dans  les  vœux  de  l'Eglise,  afin 
d'accroître  l'Iionneur  de  la  bienheureuse  Viergeet  de  répandre  un  nouvel 
éclat  sur  ses  prérogatives.  Mais  voulant  y  apporter  toute  la  maturité, 
ISous  avons  institué  une  Congrégation  particulière,  formée  de  Cardinaux 
de  la  sainte.  Eglise  Romaine,  ÎNos  vénérables  frères,  illustres  par  leur 
piété,  leur  sagesse  et  leur  science  des  choses  divines,  et  iNous  avons  choisi 
tant  dans  le  clergé  séculier  que  dans  le  clergé  régulier,  des  hommes  spé- 
cialement versés  dans  l'étude  de  la  théologie,  afin  qu'ils  examinassent 
avec  le  plus  grand  soin  tout  ce  qui  regarde  l'Immaculée  Conception  de 
la  Vierge  et  nous  fissent  connaître  leur  propre  sentiment.  En  outre,  bien 
que  les  demandes  par  lesquelles  on  ISous  sollicitait  de  définir  enfin 
l'Immaculée  Conception  Nous  eussent  instruit  du  sentiment  d'un  grand 
nombre  d'Evèques,  Nous  avons  adressé  une  Encyclique,  datée  de  Gaëte, 
2  février  1849,  à  tous  nos  vénérables  Frères  les  Evêques  de  tout  le  monde 
catholique,  afin  qu'après  avoir  adressé  à  Dieu  leurs  prières,  ils  nous 
fissent  connaître  par  écrit  quelle  était  la  dévotion  et  la  piété  de  leurs 
fidèles  envers  la  Conception  Immaculée  de  la  Mère  de  Dieu,  et  surtout 
quel  était  le  propre  sentiment  des  Evêques  sur  la  définition  projetée  et 
leurs  désirs  à  cet  égard,  de  manière  que  nous  pussions  rendre  notre  ju- 
gement suprême  le  plus  solennellement  possible. 


Certes,  Notre  cœur  n'a  pas  reçu  une  médiocre  consolation  lorsque  le? 
réponses  de  Nos  vénérables  frères  Nous  sont  parvenues;  car  non  seule- 
ment dans  ces  réponses,  toutes  pleines  d'une  joie,  d'une  allégresse  et  d'un 
zèle  admirables,  ils  Nous  confirmaient  leur  propre  sentiment  et  leur 
tendre  dévotion,  ainsi  que  ceux  de  leur  clergé  et  de  leur  peuple  fidèle 
envers  la  Conception  Immaculée  de  la  Bienheureuse  Vierge,  mais  ils 
Nous  demandaient,  comme  d'un  vœu  unanime,  de  définir  par  Notre  juge- 
ment et  autorité  suprême  l'Immaculée  Conception  de  la  Vierge.  Notre 
joie  n'a  pas  été  moins  grande  lorsque  Nos  vénérables  frères  les  Cardinaux 
de  la  sainte  Eglise  Romaine,  membres  de  la  Congrégation  particulière 
dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  et  les  théologiens  consulteurs  choisis 
par  Nous,  Nous  ont  demandé,  avec  le  même  empressement  et  la  même 
joie,  après  un  mûr  examen,  celte  définition  de  la  Conception  Immaculée 
de  la  Mère  de  Dieu. 


Après  ces  choses,  suivant  donc  les  traces  illustres  de  Nos  prédécesseurs, 
et  désirant  procéder  régulièrement  et  selon  les  formes,  Nous  avons  or- 
donné et  tenu  un  consistoire,  dans  lequel,  après  avoir  adressé  une  allo- 
cution à  nos  vénérables  frères  les  Cardinaux  de  la  sainte  Eglise  Romaine, 
Nous  les  avons  entendus  avec  la  plus  grande  consolation  Nous  demander 
de  vouloir  bien  prononcer  la  définition  dogmatique  de  l'Immaculée  Con- 
ception de  la  Vierge  Mère  de  Dieu. 


124  CONSTITUTION    Dli    PIE    IX 

Raque  phirimum  in  Domino  confisi  advenisse  Icmporiim  op- 
porUiiiitatiMiifiio  Immaculatasanctissimse  DeiGeniliicis Viii;inis 
Mari.B  Conci^ptione  delinienda,  qiiara  divina  eloqtiia,  vene- 
randa  tradilio,  perpetuiis  Ecclesiœ  sensus,  singularis  calholico- 
runi  Antistituin,  ac  fidelium  conspiratio  et  insigriia  Prœdeces- 
sorum  Noslrormii  acta,  constitutioncs  mirifice  illustrant  atque 
déclarant;  rébus  omnibus  diligentissime  perpensis,  et  assiduis, 
fervidis(]ue  ad  Deum  precibusefTusis,  minime  cunctanduin  Nobis 
esse  censuimus  supremo  Noslro  jiidicio  Immaculatani  ipsius 
Virginis  Conceptionem  sancire,  delinire,  atque  ita  pienlissimis 
catholici  orbisdesideriis,  Nostrncque  in  ipsam  sanctissiriiam  Vir- 
ginem  pietati  satisfacere,  ac  simul  in  Ipsa  Unigenituin  i^'ilium 
suum  Dominum  iXostrum  Jesum  Christum  magis  atque  magis 
honorificare.  cum  in  Filium  redundet  quidquid  honoris  etlaudis 
in  Matrem  impenditur. 

Quare  postqnani  nunquam  intermisimus  in  humilitate  et 
jejunio  privatas  Nostras  et  publicas  licclesiœ  preces  Deo  Patri 
per  Filium  Fjus  offerre,  ut  Spiritus  Sancti  virtute  mentem  No- 
stram  dirigere,  et  confirmare  dignaretur,  implorato  universse 
cœlestis  Curiœ  praesidio,  et  advocato  cum  gemitibus  Paraclito 
Spirilu,  eoque  sic  adspiranle,  ad  honorem  Sanctce  et  Individuse 
Trinitatis,  ad  decus  et  ornamentum  Virginis  Deiparae,  ad  exal- 
tationem  Kidei  cntholicae,  et  Christianae  lleligionis  augmentum, 
auctoritale  Domini  Nostri  Jesu  Christi,  bealorum  Apostolorum 
Pétri  et  Paulin  ac  Noslra  declaramus,  pronunciamus  et  defini- 
mus,  doctrinam,  quœ  tenet  beatissimam  Virginem  Mariam  in 
primo  instanti  sage  Conceptionis  fuisse  singulari  omnipolentis 
Del  gratia  et  privilegio,  intuitu  meritorum  Christi  Jesu  Salva- 
lons  humani  generis.  ab  omni  orisinaîis  culpae  labe  prœserva- 
tam,  iinnuin(>m,esse  a  Deo  revelalam.  atque  idcirco  ab  omnibus 
iiuelibus  firmiter  coiistanterque  credendarn.  Quapropter  si  qui 
st'Cus  ac  a  iNobis  dclinitum  est,  quod  Deus  avertat,  prœsiimpse- 
rint  corde  senlire,  ii  noverint,  ac  porro  sciant,  se  proprio  judi- 
cio  condemnatos,  naufragium  circa  tidem  passos  esse,  et  ab 
unitate  Ecclesise  defecisse,  ac  pra'terea  facto  ipso  suo  semet 
pcenis  e  jure  statiitis  subjicere  si  quod  corde  sentiunt,  verbo  aut 
scri|  to,  vel  alio  qiiovi?^  externo  modo  signilicari  ausi  fuerint. 

Repi  tum  quidem  est  gaudio  os  Nuslrum  et  lingua  iXostra 
exullalidne,  atque  bumillimas  maxiinas(]ue  Christo  Jesu  Dumino 
Nostro  •■  gimus  et  semper  agemus  gralias,  quod  singulari  suo 
benelicio  INobis  licet  immerentibus  c(jncesserit  hune  honoi-e.m 
atque  h  ne  gioriam  et  laudem  sanctissimae  suae  Matri  otferre 
etdi  ceii  ère.  Certissima  vero  spe  et  omni  prorsus  liducia  mti- 
uiU!  fore,  ut  ipsa  beatissima  Virgo,  quœ  tota  pulchra  et  Imma- 


e   INEFFABILIS   »,    8   DÉCEMBRE    1854  125 

C'est  [jourquoi,  plein  de  confiance,  et  persuadé  dans  le  Seigneur  que 
le  temps  opportun  est  venu  de  di>finir  l'Immaculée  Conception  de  la  très 
sainte  Mère  de  Dieu,  la  Vierge  Marie,  que  la  divine,  la  vénérable  tradi- 
tion, le  sentiment  constant  de  lEglisc,  l'unanime  accord  des  Evêques 
catholiques  et  des  fidèles,  les  actes  mémorables  de  nos  prédécesseurs, 
ainsi  que  leurs  constitutions,  ont  mise  dans  une  admirable  lumière  et  si 
formellement  déclarée;  après  avoir  mûrement  pesé  toutes  choses,  après 
avoir  répandu  devant  Dieu  d'assidues  et  de  ferventes  prières,  Nous  avons 
pensé  qu'il  ne  fallait  pas  tarder  davantage  à  décider  et  définir  par  INoIre 
jugement  supièine  l'Immaculée  Conce|)tion  de  la  Vierge,  à  satisfaire 
ainsi  les  si  pieux  désirs  du  monde  catholique  et  iNotre  propre  piété  envers 
la  très  sainte  Vierge,  et  en  même  temps  à  honorer  de  plus  en  plus  en 
elle  son  Fils  unique  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  puiscjue  tout  l'honneur 
et  toute  la  gloire  qu'on  rend  à  la  Mère  rejaillit  sur  le  Fils. 


En  conséquence,  après  avoir  offert  sans  relâche,  dans  l'humilité  et  le 
jeûne.  Nos  propres  prières  et  les  prières  publiques  de  l'Eglise  à  Dieu  le 
Père  par  son  Fils,  alin  qu'il  daignût,  par  la  vertu  de  FEsprit-Saint, 
diriger  et  conlirmer  Notre  esprit;  après  avoir  imploré  le  secours  de 
toute  la  cour  céleste  et  invoqué  avec  gémissements  l'Esprit  consolateur, 
et  ainsi,  par  sa  divine  inspiration,  pour  l'honneur  de  la  sainte  et  indivi- 
sible Trinité,  pour  la  gloire  et  Fornement  de  la  Vierge  Mère  de  Dieu, 
pour  l'exaltation  de  la  foi  catholique  et  l'accroissement  de  la  religion 
chrétienne;  par  l'autorité  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  des  bienheu- 
reux apôtres  Pierre  et  Paul  et  de  la  Nôtre,  Nous  déclarons.  Nous  pro- 
nonçons et  définissons  que  la  doctrine  qui  tient  que  la  Bienheureuse 
Vierge  Marie,  dans  le  premier  instant  de  sa  conception,  a  été,  par  une 
grâce  et  un  privilège  spécial  du  Dieu  tout-puissant,  en  vue  des  mérites 
de  Jésus-Christ,  Sauveur  du  genre  humain,  préservée  et  exempte  de 
toute  tache  du  péché  originel,  est  révélée  de  Dieu,  et  par  conséquent 
qu'elle  doit  être  crue  fermement  et  inviolablement  par  tous  les  fidèles. 
C'est  pourquoi,  si  quelqu'un  avait  la  présomption,  ce  qu'à  Dieu  ne 
plaise,  de  penser  contrairement  à  Notre  définition,  qu'il  apprenne  et 
qu'il  sache  que,  condamné  par  sou  oroprc  jugement,  il  aurait  souffert 
naufrage  dans  la  foi  et  cessé  d'êtrô  aans  l'unité  de  l'Eglise;  et  que,  de 
plus,  il  encourt  par  le  fait  même  les  peines  de  droit,  s'il  ose  exprimer 
ce  qu'il  pense  de  vive  voix  ou  par  écrit,  ou  de  toute  autre  manière  exté- 
rieure que  ce  soit. 


En  vérité.  Notre  bouche  est  pleine  de  joie  et  Notre  langue  est  dans 
l'allégresse;  et  Nous  rendrons  toujours  les  plus  humbles  et  les  plus  pro- 
fondes actions  de  grâces  à  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  de  ce  que,  pnr 
une  faveur  singulière,  il  Nous  a  accordé,  malgré  Notre  indignité,  d'offrir 
et  de  décerner  cet  honneur,  cette  gloire  et  cet  hommage  à  sa  très  sainte 
Mère.  Nous  avons  la  plus  ferme  espérance  et  la  confiance  la  plus  assurée 
que  la  Vierge  bienheureuse  qui,  toute  belle  et  toute  immaculée,  a  écrasé 


\'2G  CONSTITUTION"    UK   l'IK    IX 

culatîi  venenosum  crudelissimi  serpentis  caput  contrivit,  et  salu- 
tem  attulit  mundo,  qnœque  Prophetarum,  Apostolorunii|ue 
prœconium,  et  honor  ftlartyrum,  oiiiniumque  Sanclorum  kclitia 
et  corona,  quœque  tutissimam  cuncloniin  periclitantium  pi'iTu- 
gium,  et  lidissima  auxilialrix,  ac  toUus  lerrarum  orbis  poleritis- 
sima  apud  unigenitum  Filium  suuin  medialrix,  et  conciliatrix, 
ac  priGclarissimum  Ecclesi;o  sancta3  decus  et  ornamentum, 
lirmissimumque  praesidium,  cunctas  semper  interemit  hœreses, 
et  fidèles  populos,  genlesque  aniaximis  omnisgeneris  calaniita- 
tibus  eripuit,  ac  Nos  ipsos  a  lot  ingruentibus  periculis  libera- 
vit,  velit  validissimo  suo  palrocinio  efficere,  ut  sancta  Mater 
Gatholica  Ecclesia  cunctis  amotis  diflicultatibus,  cunctisque 
profligatis  erroribus  ubicumque  gentium,  ubicumque  locorum, 
quotidie  magis  vigeat,  floreat,  ac  regnct  a  mari  usque  ad  mare 
et  a  tlumine  usque  ad  termines  orbis  terrarum,  onmique  pace, 
tranquillitate,ac  libertate  fruatur  ut  rei  veniam,  segri  medelam, 
pusilli  corde  robur,  afflicti  consolationem,  périclitantes  adjuto- 
rium  obtineant,  et  omnes  errantes  discussa  mentis  caligine  ad 
veritatis  ac  justitiee  semitam  redeant,  ac  fiât  unum  ovile,  et 
unus  pastor. 

Audiant  hœc  Nostra  verba  omnes  Nobis  carissimi  Catholicœ 
Ecclesiœ  filii,  et  ardentiori  usque  pietatis,  religionis,  et  amoris 
studio  pergant  colère,  invocare,  exorare  beatissimam  Dei  (îene- 
tricem  Virginem  Mariam  sine  labe  originali  conceptam,  atque 
hanc  dulcissimam  misericordise  et  gratiae  Matrem  in  omnibus 
periculis,  angustiis,  necessitatibus,  rebusque  dubiis  ac  trepidis 
cum  omni  fiducia  confugiant.  Nihil  enim  limendum,  nihilque 
desperandum  Ipsa  duce,  Ipsa  auspice,  Ipsa  propitia,  Ipsa  prote- 
gente,  quœ  maternum  sane  in  nos  gerens  animum,  nostraeque 
salutis  negotia  tractans  de  universo  humano  génère  estsollicita, 
et  cœli  terrœque  Regina  a  Domino  constituta,  ac  super  omnes 
Angelorum  choros  Sanctorumque  ordines  exaltata  adstans  a 
dextris  Unigeniti  Filii  sui  Domini  Nostri  Jesu  Ghristi  maternis 
suis  precibus  validissime  impetrat,  et  quod  quœrit  invenit,  ac 
frustrari  non  potest. 

Denique  ut  ad  universalis  Ecclesiœ  notitiam  hœc  Nostra  de 
Immaculata  Conceptione  beatissimse  Virginis  Mariée  definitio 
deducatur,  has  Apostolicas  Nostras  Litteras,  ad  perpetuam  rei 
memoriam  exstare  voluimus;  mandantes  ut  haruin  transumptis, 
seu  exemplis  etiam  impressis,  manu  alicujus  Notarii  publici 
subscriptis,  et  sigillo  personse  in  ecclesiastica  dignitate  consti- 
tutœ  munitis,  eadem  prorsus  fides  ab  omnibus  adhibeatur,  quœ 
ipsis  prœsentibus  adhiberetur,  si  forent  exhibitœ,  vei  ostensœ. 

Nulli  ergo  hominum  liceat  paginam  hanc  Nostrœ  declaratio- 


«    INEFI-'ABILIS    »,    8    DÉCEMBRE    1854  137 

b  fpte  voîiimcuse  ilu  cruel  serpent  et  apporté  le  salut  au  monde  ;  qui  est 
la  louauj^e  des  prophètes  et  des  apôtres,  l'honneur  des  martyrs,  la  joie 
Pi  la  couronne  de  tous  les  saints,  le  refuge  le  plus  assuré  de  tous  ceux 
qui  sont  en  péril,  le  secours  le  plus  lidèle,  la  médiatrice  la  plus  puis- 
sante auprès  de  son  fils  unique  pour  la  réconciliation  du  monde  entier; 
la  gloire  h;  plus  belle,  rornement  le  plus  éclatant,  le  plus  solide  appui 
de  la  sainte  Eglise;  qui  a  détruit  toutes  les  hérésies,  arraché  les  peuples 
et  les  nations  lidèles  à  toutes  les  plus  grandes  calamités,  et  Nous  a  iNous- 
mêmc  délivré  de  tant  de  périls,  menaçants,  voudra  bien  faire  en  sorte, 
par  sa  protection  toute  puissante,  que  la  sainte  Mère  l'Eglise  cathoikjo.f! 
triomphe  do  toutes  les  c'ifficultés,  de  toutes  les  erreurs,  et  soitde  jour  en 
jour  plus  forte,  plus  florissante  chez  toutes  les  nations  et  dans  tous  les  lieux  ; 
qu'elle  règne  d'une  mer  à  l'autre  et  depuis  les  rives  du  lleuve  jusqu'aux 
extrémités  du  monde;  qu'elle  jouisse  de  toute  paix,  de  toute  tranquil- 
lité, de  toute  liberté,  et  qu'ainsi  les  coupables  obtiennent  leur  pardon, 
les  malades  leur  guérison,  les  faibles  de  cœur  la  force,  les  afiligés  la 
consolation,  ceux  qui  sont  en  danger  le  secours;  que  tous  ceux  qui  sont 
dans  l'erreur,  délivrés  des  ténèbres  qui  couvrent  leur  esprit,  rentrent 
dans  le  chemin  de  la  vérité  et  de  la  justice,  et  qu'il  n'y  ait  plus  qu'un 
seul  bercail  et  qu'un  seul  pasteur. 


Que  les  enfants  de  l'Église  catholique,  Nos  fils  bien-aimés,  entendent 
Nos  paroles,  et  qu'animés  chaque  jour  d'une  piété,  d'une  vénération, 
d'un  amour  plus  ardent,  ils  continuent  d'honorer,  d'invoquer,  de  prier 
la  Bienheureuse  Mère  de  ï-neu.  la  Vierce  isarie,  conçue  sans  la  tache 
originelle  ;  et  que,  dans  tous  leurs  périls,  dans  leurs  angoisses,  dans  leurs 
nécessités,  dans  leurs  doutes  et  dans  leurs  frayeurs,  ils  se  réfugient  avec 
une  entière  confiance  auprès  de  cette  très  douce  Mère  de  miséricorde  et 
de  grâce.  Car  il  ne  faut  jamais  craindre,  il  ne  faut  jamais  désespérer, 
sous  la  conduite,  sous  les  auspices,  sous  le  regard,  sous  la  protection  de 
Celle  qui  a  pour  nous  un  cœur  de  mère,  et  qui,  traitant  elle-même  l'af- 
faire de  notre  salut,  étend  sa  sollicitude  sur  tout  le  genre  humain  ;  qui, 
établie  par  le  Seigneur  Reine  du  ciel  et  de  la  terre,  et  élevée  au-dessus 
de  tous  les  chœurs  des  anges  et  de  tous  les  ordres  des  saints,  se  tient  i^ 
la  droite  de  son  fils  unique,  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  et  intercédant 
auprès  de  lui  avec  toute  la  puissance  des  prières  maternelles,  trouve  ce 
qu'elle  cherche,  et  son  intercession  ne  peut  être  sans  effet. 


Enfin,  pour  que  cette  définition  par  Nous  prononcée  touchant  l'Imma- 
culée Conception  de  la  Bienheureuse  Vierge  Marie,  soit  portée  à  la  con- 
naissance de  l'Eglise  universelle.  Nous  avons  voulu  la' consigner  dans  nos 
présentes  Lettres  Apostoliques,  en  perpétuelle  mémoire  de  la  chose, 
ordonnant  que  les  copies  qui  seront  faites  desdites  Lettres,  ou  même  les 
exemplaires  qui  en  seront  impri«iés,  contresignés  par  un  notaire  public, 
et  munies  du  sceau  d'une  personne  constituée  en  dignité  ecclésiastique, 
obliennentfoi  auprès  de  tous,  de  la  même  manière  absolumentque  feraient 
les  présentes  Lettres  elles-mêmes,  si  elles  étaient  exhibées  ou  montrées. 

Qu'il  ne  soit  donc  permis  à  qui  que  ce  soit  de  détruire,  ou  d'attaquer, 


128  CONSTITUTION    DE    Pli:    IX 

nis,  pronuntiationis  ac  delinitionis  infringere,  vel  ei  ausu  teme- 
rario  advcM-.sari  et  contraire.  Si  quis  auteni  hoc  attentare  prae- 
siiin|»serit,  indignationem  omnipotfntis  Dei  ac  beatoruni  Pétri 
et  Pauli  Apostolorum  ejus  se  noverit  incursurum. 

Datum  Romai  apiid  Sanctiim  l'etriim  Anno  Incarnationis 
Dominicœ  millf^simo  octini^entesimo  quinqna^esimo  quarto, 
VI  Idus  deceinbiis  anno  mdcccliv,  Pontificatus  Nost' i  anno 
nono. 

FILS  PP.  IX. 


«   INEFFABILIS   »,   8   DÉCEMBRE    iS'A  129 

OU  conticilirc,  par  une  audacieuse  li-tnérité.  cet  acte  écrit  de  Notre  décla- 
ration, décision  et  définition.  Que  si  qu(^l(|u'un  avait  la  hardiesse  de  l'en- 
treprendre, qu'il  sache  qu'il  encourrait  l'indignation  du  Dieu  tout  puis- 
sant et  de  ses  Apôtres  Pierre  et  Paul. 


Donné  à  lîonic,  près  la  basilique  de  Saint-Pierre,  l'année  mil  huit  cent 
cinquantc-quatricMC  de  rhicarnalion  de  Notre-Seigneui ,  le  sixième  jour 
avant  les  Ides  de  Décembre  de  l'an  1834,  de  Notre  Pontificat  le  9-. 

PIE  IX,  PAIE. 


SS.  PU  pp.  IX 

LITIERE   APOSTOLIC.^ 

Damnatic  ti  prohioitio  operis  cui  tiiuhis  «  juris  ccciesiastici  insti- 
tutiojies  Joannis  Aepomuccni  ynytz,  in  reçjio  Taurincnsi  atheiupo 
professoris», —  itemqiie  :  «  In  jus  ecclesiasticum  uniiersum  tracta- 
tiones,  anctoris  ejusdem.  n 

AD    PERPETUAM  REI  MEMORI.'^ 

Ad  Apostolicse  Sedis  fastigium  sola  niiserentis  Uei  clementia,. 
nuUo  suffragio  meritorum  evecti,  atque  a  cœlesti  Patrefamilias 
vineae  suse  cuslodiendœ  preepositi,  omnino  officii  nostri  ac  mu- 
neris  esse  ducimus,  si  quee  noxia  germina  excrevisse  noscamus, 
ea  succidere  atque  evellere  stirpitus,  ne  in  Dominici  agri  per- 
niciem  altius  radices  agant  ac  dillundantur.  Et  sane  quum  jani 
Inde  ab  Ecclesiœ  surgencis  exoraio.  tanquam  in  igné  aurum, 
probari  oportuerit  electorum  iîdem.  idcirco  Apostoius,  vas  elec- 
tionis,monitûs  jam  tum  fidèles  voluit,  surrexisse  quosdam  qui 
«  convertunt  et  conturbant  Evangelium  Christi,  »  quibus  fal- 
sas  doctrinas  disseminantibus,  lideique  deposito  detrahentibus 
«  etianisi  angélus  evangelizet,  prceterquam  quod  evangiiizalum 
«  est,  anatbema  (1)  »  diceretur.  Et  quamquani  infensissimi 
veritatis  hostes  proiligati  seniper  victique  ceciderint,  nunquam 
tamen  destiterunt  assurgere,  acriusque  exerere  vires,  quibus 
universam,  si  fieri  posset,  Ecclesiam  labefactare  niterentur. 
llinc  profanas  manus  injicientes  in  sancta.  Apostolicœ  hujus 
Sedis  prœrogativas  et  jura  invadere,  Ecclesiœ  constitulionem 
pervertere,  atque  integrum  fidei  depositura  pessumdare  ausu 
impio  contenderunt.  Porro  elsi  nobis  magno  solatio  sit  Cbristi 
Servatoris  promissio,  quaportas  inferi  nunquam  contra  Ecclesiam 
prœvalituras  edicit,  non  possumus  tamen  non  intimo  cruciari 
animi  angore,  gravissimam  animarum  perniciem  considérantes, 
quam  ex  effreni  pravos  libros  edendi  licentia,  perversaque  impu- 

(1)  Galat.;  ),  7,  8. 


LETTRE  APOSTOLIQUE 

DE  SA  SAINTETÉ  PIE  IX 


Condamnation  et  pj^ohibition  d'un  ouvrage  intitulé  :  Institutions  de 
Droit  ecclésiastique,  par  Jean  Népomucène  Nuijtz,  professeur  à 
Vuniversité  royale  de  Turin,  —  et  d'un  autre  ouvrage  intitulé  : 
Traité  de  droit  ecclésiastique  universel,  du  même  auteur. 


POUR  EN  CONSERVER  LE  PERPETUEL  SOUVENIR 


Elevé  au  faîte  du  Siège  Apostolique  par  la  seule  clémence  d'un  Dieu 
miséricordieux,  non  par  nos  propres  mérites,  notre  droit  et  notre  devoir 
sont  de  rechercher  les  germes  nuisibles  afin  de  les  détruire,  d'arracher 
les  plantes  parasites  dans  la  crainte  qu'elles  ne  jettent  de  protondes 
racines  dans  le  champ  du  Seigneur,  et  ne  finissent  par  le  couvrir. 
Nous  voyons  en  effet,  que  dès  l'origine  de  l'Eglise,  la  foi  des  élus  ayant 
été  mise  à  l'épreuve  comme  l'or  dans  la  fournaise,  l'Apôtre,  ce  vase  d'élec- 
tion, voulut  mettre  les  fidèles  en  garde  contre  ceux  qui  falsifiaient  et 
dénaturaient  l'Evangile  :  à  ces  prédicateurs  de  doctrines  erronées,  aux 
infidèles  gardiens  du  dépôt  de  la  foi,  à  un  ange  même  s'il  eût  enseigné  un 
autre  Evangile  que  le  sien  on  devait  dire  anathènic.  Bien  que  les  ennemis 
les  plus  acharnés  de  la'  vérité  aient  succombé,  toujours  terrassés  et 
vaincus,  jamais  ils  n'ont  cessé  de  se  relever  et  de  redoubler  d'efforts 
pour  arriver,  s'il  était  possible,  à  la  destruction  de  l'Eglise  entière  ;  jetant 
sur  les  choses  saintes  un  bras  sacrilège,  leur  audace  impie  ne  tend  à  rien 
moins  qu'à  confisquer  les  prérogatives  de  ce  Siège  Apostolique  et  ses  droits, 
à  changer  la  constitution  de  l'Eglise,  à  détruire  l'intégrité  de  la  foi.  La 
promesse  de  Jésus-Christ  que  l'enfer  n'aura  jamais  raison  de  l'Eglise,  nous 
rassure,  il  est  vrai;  cependant  ce  n'est  pas  sans  un  profond  déchirement 
de  cœur  que  nous  voyons,  au  gi'and  détriment  des  âmes,  l'invasion 
effrénée  des  mauvais  livres,  l'impudence  et  la  scélératesse  porter  de  jour 
en  jour  sur  un  plus  vaste  plan  les  atteintes  les  plus  graves  aux  choses  de 
Dieu  et  de  la  reliiiion. 


132  LETTP.E   APOSTOLIQUE    DE    PIE   IX 

dentia,  ac  scelere  qiiidlilict  contra  divina  ac  sacra  audendi 
latins  in  dics  manare  comijorimus. 

Janivero  in  hac  libroruni  nndiqne  .^lassantinm  peste,  locum 
sibi  vindicat  opus  sic  inscriptnm  «  Juris  EcclfsiasUci  Institu- 
«  tiones  Joannis  Nepomuconi  Nuytz  in  reqio  Tanrinensi  athe- 
«  nceo  professons,  »  itemquc  «In  Jns  Ecclesiasticum  universum 
«  ïractationes  »  auctoris  ejiisdem,  cujns  nefarii  operis  doctrina 
ex  una  illius  athenaîi  cathi'dra  sic  dilTnsa  est,  ut  select;e  ex  eo 
acathoiicœ  thèses  ad  disputandum  propositœ  sint  prolytis  ephe- 
Ijis,  qui  lauream  seu  doctoris  gradum  conseqni  adspii'arent.  In 
liis  vero  libris  ac  thesibus  in  specieni  adserendi  jura  sacerdotii 
atqiie  iniperii,  ii  traduntur  errores,  nt  pro  saiutaris  doctrinre 
pneceptis  venenata  omnino  pocula  juventuti  porrigantur.  Auctor 
siqiiidem  pravis  suis  propositionibus  carunique  commentis,  iila 
oninia,  quœ  a  Romanis  Pontificibus  prœdecessoribiis  nostris, 
prœsertim  Joanne  XXII,  Benedicto  XIV,  Pio  VI,  ac  Gregorio  XVI, 
atque  a  tôt  Gonciliornm  decretis,  pra3sertim  a  Lateranensi  IV, 
Fluientino  ac  Tridcnlino  damnata,  janidiii  ac  rejecta  sunt, 
quodam  fuco  novitatis  adspersa  alque  illita  auditoribus  propo- 
nere  suis  ac  typis  edere  non  erubuit. 

Quandoquidem  palam,  et  aperte  in  editis  dicti  auctoris  libris 
asseritur,  Ecclesiain  vis  inferendœ  potestatem  non  habere,  ne- 
que  potestatem  ullam  lemporalem  directam  ,  vel  indirectam. 
Division!  Ecclesiœ  in  Orientalem  atque  Occidentalem  niniia 
Uomanorum  Pontilicum  arbitria  contulisse  ;  prœter  potestatem 
Episcopatui  inhcerentem,  aliam  esse  attributam  temporalem  a 
civili  imperio  vel  expresse,  vel  tacite  concessam  revocandam 
proptereacum  libuerit  a  civili  potestatevel  ab  infideli  imperante 
exeicitœ  competere  potestatem  indirectam  negativani  in  sacra; 
civilem  potestatem,  ab  ecclesiastica,  si  damno  afiiciatur,  sibi 
consulere  per  potestatem  indirectam  negativam  in  sacra  ;  illi 
competere  nedum  jus,  quod  vocant.  e.reqnatiir.  sed  vero  etiam 
appellationem  ab  abiisu:  in  conflictu  legum  utriusque  potestatis, 
jus  civile  prœvalere  ;  nihil  vctare  alicujns  Concilii  generalis 
sententia,  aut  universorum  populorum  facto.  Summum  Pontifî- 
catum  ab  Homano  Episcopo,  atque  Urbe  ad  alium  episcopum 
aliamque  civitatem  transferri  ;  nationalis  Concilii  detinilidnem 
nuUam  aliam  admittere  disputationem  et  civilcin  adniinistra- 
tionem,  rem  ad  hosce  termines  cxigere  posse  ;  doctrinam 
comparantium  libero  Principi  Ilomanum  Pontificem,  et  agenti 
in  universa  Ecclesia,  doctrinam  esse,  quœ  medio  œvo  prœvaluit. 
eiïectusque  adhuc  manere,  de  temporalis  regni  cum  spirituali 
compatibilitale  disputare  inter  se  Christianee  et  Catholicae 
Ecclesiœ  filios. 


«   AD  APOSTOLIG.E    »,   22  AOUT    ISÔl  133 

Au  nonil)re  de  ces  livres  pestilentiels  il  faut  placer  sans  contredit  le 
Cours  de  droit  ecclésiastique  de  Jean-yépoinncènc  I\iiytz,  professeur  à 
rathém'e  royal  de  Turin,  et  le  Traité  sur  le  droit  ecclésiastique  universel, 
du  même  auteur,  ouvrage  dont  la  doctrine  funeste  s'est  tellement  répan- 
due de  rathénée  où  elle  a  été  enseignée  d'abord,  qu'on  a  puise  dans  ce 
recueil  des  thèses  anticatlioliques  pour  être  soutenues  par  les  jeunes  aspi- 
rants au  grade  de  docteur.  Sous  prétexte  d'établir,  dans  ces  livres  et 
thèses,  les  droits  réciproques  du  sacerdoce  et  de  l'empire,  on  inocule  l'er- 
reur; au  lieu  des  enseignements  d'une  saine  doctrine  on  oiîre  à  la  jeunesse 
des  coupes  empoisonnées.  Dans  ces  pi'opositions  erronées  e't  dans  leurs 
dévelo|)pcmcnts,  l'auteur  n'a  pas  rougi  de  jeter  à  ''oreille  du  public  et  de 
livrer  à  l'impression  des  erreurs  déjà  condamnées  et  proscrites  ])ar  nos 
prédécesseurs  les  Pontifes  Romains,  surtout  par  Jean  XXII,  Benoît  XIV, 
Pie  VI  et  Grégoire  XVI,  par  une  foule  de  conciles,  en  particulier  par  le 
1V«  de  Latr;vi,  celui  de  Florence  et  de  Trente,  erreurs  qu'il  avait  pris 
soin  pourtant  de  recouvrir  d'un  vernis  de  nouveauté. 


On  a  trouvé  clairement  et  ouvertement  enseignées,  dans  les  livres 
publiés  par  l'auteur,  les  propositions  suivantes:  l'Eglise  n'a  pas  le  pouvoir 
de  contraindre;  elle  n'a  aucune  autorité  directe  ou  indirecte  sur  le  tem- 
porel ;  la  division  de  l'Eglise  en  Eglise  orientale  et  occidentale  a  sui'gi 
du  despotisme  des  Pontifes  Romains;  en  dehors  du  pouvoir  inhérent  à 
répiscopat,  il  y  a  un  pouvoir  temporel  qui  lui  a  été  concédé  ou  expres- 
sément ou  tacitement  par  l'autorité  civile,  révocable  par  conséquent  à 
volonté  par  cette  même  autorité  civile;  la  puissance  civile,  même  quand 
elle  est  exercée  par  un  prince  infidèle,  possède  un  pouvoir  indirect  négatif 
sur  les  choses  sacrées;  si  la  puissance  civile  est  lésée  par  le  pouvoir 
ecclésiastique  elle  peut  pourvoira  sa  conservation  par  le  pouvoir  indirect 
négatif  qu'elle  possède  en  caractère  de  religion;  elle  a  par  conséquent 
non  seulement  le  droit  qu'on  appelle  d'exequatur,  mais  encore  le  droit 
qu'on  appelle  d'appel  comme  d'abus;  en  cas  de  conflit  légal  entre  les 
deux  pouvoirs,  le  droit  civil  prévaut;  rien  n'empêche  que  par  un  décret 
d'un  concile  général  ou  par  le  fait  de  tous  les  peuples  le  souverain  ponti- 
ficat soit  transféré  de  l'Evêque  romain  et  de  la  ville  de  Rome  à  un  autre 
évèquc  et  à  une  autre  ville;  la  définition  d'un  Concile  national  n'admet 
pas  d'autre  discussion,  et  l'aduiinistration  civile  peut  exiger  qu'on  traite 
dans  ces  limites;  la  doctrine  de  ceux  qui  comparent  le  Pontife  romain  à 
un  prince  libre  et  exerçant  son  pouvoir  dans  l'Eglise  universelle,  est  une 
doctrine  qui  a  prévalu  au  Moyen-Age;  les  fils  de  l'Eglise  chrétienne  et 
catholique  disputent  entre  eux  sur  la  compatibilité  de  la  royauté  tempo- 
relle avec  le  pouvoir  spirituel. 


13'i  LETTRE   APOSTOLIQUE   DE   PIE   IX 

Plura  quoque  de  matrii)ionio  falsa  asseruntur,  niilla  ratione 
afTerri  posse  Christuni  evexisse  matrimonium  ad  dignitateni 
sacramenti  ;  matrimonii  sacranientiun  non  esse  nisi  qiiid  con- 
tractui  accessorium,  ab  coque  separahile,  ipsumque  sacramen- 
tuni  in  una  tantum  nuptiali  benedictione  situm  esse;  jure  na- 
turœ  matrimonii  vinculum  non  esse  indissolubile:  Kcclesiam  non 
habere  potestatcm  impedimenta  matrimonium  dirimentia  indu- 
cendi,  sed  eam  civili  poteslati  competere  a  qua  impedimenta 
existentia  tollenda  sint;  causas  matrimoniales,  et  si)Onsalia 
suapte  natura  ad  forum  civile  pertinere;  Ecclesiam  sequioribus 
sœculis  dirimentia  impedimenta  inducere  cœpisse,  non  jure  pro- 
prio  sed  iiio  jure  usam,  quod  a  civili  potestate  illis  mutuata 
erat;  Tridentinos  canones,  qui  anathematis  censuram  infenint, 
qui  facultatem  impedimenta  dirimentia  inducendi  Ecclesiœ  ne- 
gare  audeant,  vel  non  esse  dogmaticos,  vel  de  hac  mutuata  jdo- 
testate  intelligendos.  Quin  addit  Tridentinam  formam  sub  in- 
firmitatis  pœna  non  obligare  ubi  lex  civilis  aliam  formam  prae- 
stituat,  et  velit  hac  nova  forma  interveniente  matrimonium  valere; 
Bonifacium  VIII  votum  castitatis  in  ordinatione  emissum  nuptias 
nullas  reddere  primum  asseruisse. 

Plnra  denique  de  potestate  Episcopali,  de  pœnis  hœreticorum 
et  schismaticorum,  de  Romani  Pontificis  infallibilitate,  de  Con- 
ciliis  temere  atque  audacter  in  hisce  libris  proposita  occurrunt, 
quœ  persequi  singillatim  ac  referre  in  tanta  errorum  colluvie 
omnino  tœdeat. 

Quaproptei-  compertum  est  auctorem  per  hujusmodi  doctri- 
nam  ao  sententias  eo  intendere,  ut  Ecclesise  constilutionem  ac 
regimen  pervertat,  et  Catholicam  fidem  plane  destruat:  siquidem 
ne  errantes  in  viam  possint  redire  justitise,  externo  judicio  et 
potestate  coercitiva  Ecclesiam  privât,  de  matrimonii  natura  ac 
vinculo  falsa  sentit  ac  docet,  et  jus  statuendi,  vel  relaxandi  im- 
pedimenta dirimentia  Ecclesiœ  denegat,  et  civili  addicit  pote- 
stati  ;  denique  sic  Ecclesiam  cidem  civili  imperio  subditam  esse 
per  summum  nefas  asserit,  ut  ad  potestatem  civilem  directe, 
vel  indirecte  conférât  quidquid  de  Ecclesiaî  regimine,  de  perso- 
nis  rebusque  sacris,  de  judiciali  Ecclesiœ  foro  divina  est  institu- 
tione  vel  ecclesiasticis  legibus  sancitum,  atque  adeo  impium 
rénovât  Protestantium  systema,  quo  fidelium  societas  in  servi- 
tutem  redigitur  civilis  imperii. 

Ouanquam  vero  nemo  est  qui  non  intelligat  perniciosum  hu- 
jusmodi pravumque  systema  errores  instaurare  jamdiu  Ecclesiœ 
judicio  profligatos,  tamen  ne  simplices  atque  imperiti  decipian- 
tur.  admonere  omnes  de  pravœ  doctrinœ  insidiis  ad  nostrum 
pertinet  apostolatum;  expedit  siquidem,  ut  ibi  damna  fidei  sar- 


«   AD  APOSTOLIC.E   »,   22  AOUT   1S5I  135 

Il  a  v'-ï;nlemcat  enseigne  une  nuiuiJuilc  d'erreurs  sur  le  niaiioge  :  telles 
juiii  les  suivantes  :  On  ne  peut  établir  ])ar  aucune  raison  que  le  Christ  a 
élevé  le  mariage  îi  la  dignité  de  sacrement;  le  sacrement  de  mariage  n'est 
qu'un  accessoire  du  contrat  et  qui  peut  en  être  séparé,  et  le  sacrement 
lui-même  ne  consiste  que  dans  la  seule  bénédiction  nuptiale;  de  droit 
naturel,  le  lien  du  mariage  n'est  pas  indissoluble;  l'Eglise  n'a  pas  le 
pouvoir  d'apporter  des  empêchements  dirimants  au  mariage;  mais  ce 
pouvoir  appartient  à  l'autorité  séculière,  par  laquelle  les  empêchements 
existants  peuvent  être  levés;  les  causes  matrimoniales  et  les  fiançailles, 
par  leur  nature  propre,  appartiennent  à  la  juridiction  civile;  l'Eglise, 
dans  le  cours  des  siècles,  a  commencé  à  introduire  les  empêchements 
dirimants  non  par  son  droit  propre,  mais  en  usant  du  droit  qu'elle  avait 
emprunté  au  pouvoir  civil;  les  canons  du  Concile  de  Trente  qui  pronon- 
cent l'anathème  contre  ceux  qui  osent  nier  le  pouvoir  qu'a  l'Eglise  d'op- 
poser des  empêchements  dirimants  ne  sont  pas  dogmatiques  ou  doivent 
s'entendre  de  ce  pouvoir  emprunté;  il  ose  dire  que  la  forme  prescrite  par 
le  Concile  do  Trente  n'oblige  pas,  sous  peine  de  nullité,  quand  la  loi 
civile  établit  une  autre  forme  à  suivre  et  veut  qu'au  moyen  de  cette  forme 
le  mariage  soit  valide;  Boniface  VllI  a  le  premier  déclaré  que  le  vœu  de 
chasteté  prononcé  dans  l'ordination  rend  le  mariage  nul. 

L'auteur  ajoute  nombre  d'autres  assertions  téméraires  et  réprouvées 
sur  le  pouvoir  des  évêques,  les  peines  encourues  par  les  hérétiques  et 
les  schismatiques,  l'infaillibilité  du  Pontife  romain,  les  Conciles,  asser- 
tions dont  il  serait  fastidieux  de  poursuivre  le  détail  dans  un  ouvrage 
où  les  erreurs  fourmillent. 


De  ce  qui  précède,  il  résulte  clairement  que  le  but  de  l'auteur,  son 
intention,  est  de  changer  la  Constitution  de  l'Eglise,  sa  discipline,  de 
détruire  entièrement  la  loi  catholique;  et  de  fait,  pour  fermer  à  l'erreur 
toute  voie  de  retour  à  la  vérité,  il  prive  l'Eglise  de  tout  pouvoir  coer- 
citif,  de  toute  action  juridique  ad  extra.  11  enseigne  de  fausses  idées 
sur  la  nature  et  le  lien  du  mariage;  il  dénie  à  l'Eglise  le  droit  d'établir 
et  de  lever  les  empêchements  dirimants,  tandis  qu'il  l'accorde  au  pouvoir 
civil.  Pour  comble  d'audace,  il  afiirme  que  l'Eglise  est  subordonnée  au 
pouvoir  civil  ;  il  attribue  directement  ou  indirectement  à  ce  pouvoir 
tout  ce  qui,  dans  le  gouvernement  de  l'Eglise,  les  personnes,  les  choses 
consacrées  et  les.  tribunaux  ecclésiastiques,  est  d'institution  divine  ou 
sanctionné  par  les  lois  ecclésiastiques;  il  renouvelle  ainsi  le  système 
impie  du  protestantisme  qui  asservit  au  pouvoir  civil  la  société  des 
fidèles. 

11  n'est  personne  assurément  qui  ne  sache  que  ce  système  pernicieux, 
insensé,  ressuscite  des  erreurs  depuis  longtemps  foudroyées  par  les 
décrets  de  l'Eglise:  toutefois,  afin  que  la  simplicité  et  l'inexpérience  ne 
se  laissent  pas  surprendre,  notre  devoir  apostolique  est  d'indiquer  les 
pièges  que  récèle  cette  doctrine  perverse.  II  !n)|)(irte,  en  effet,  que  celui 
dont  la  foi  ne  saurait  défaillir  guérisse  les  blessures  faites  à  la  foi.  C'esf 


130  LETTRE   APOSTOLIQUE    DE    PIE   IX 

iantur,  iibi  non  polest  fides  sentire  defcctiim  (1).  Propterea  de 
unitatc,  atqiie  inlegrilate  Catholicae  fidci  ox  Apostolici  ininislerii 
oflicio  sollicili,  ut  fidèles  omnes  perveisam  auctoris  doctrinam 
devilent,  fidemque  a  Patribus  per  hanc  Apostolicam  Sedem,  co- 
lumnam  et  firmarnentum  veritatis,  acceplam  constanterteneant, 
niemoratos  lihros,  in  quibus  reconsitaî  nefariaî  opinione^  conti- 
nentiir  ac  defenduniur,  accurato  primuni  examini  subjefimus, 
ac  deinde  apostolicœ  censurœ  j^ladio  percellere  ac  damnure  de- 
crevimus 

Itaque  acceptis  consultationibus  in  Theologica  et  Sacrorum 
Canonum  facultatibus  Maojislrorum,  acceptisque  suffragiis  VV 
FF.  NN.  S.  R.  F.  Cardinalium  Congregationis  suprema3  et  uni- 
versalis  Inquisitionis,  motii  proprio  ex  certa  scieiitia  ac  matura 
deliberatione  nostra,  deque  apostolicœ  potestatis  plenitudine 
prœdictos  libros,  tanquani  continentes  propositiones  et  doctrinas 
respective  falsas,  temerarias,  scandaiosas,  erroneas,  in  S.  Sedem 
inji.!riosas,ejusdem  juribusderogantes,  Fcclesiœ  regimen  etdivi- 
nain  ejus  constitutionem  subvertentcs,  schismaticas,  hœreticas, 
Protestantismo  ejusque  propagationi  faventes,  et  bueresim  et  in 
systema  jamdiu  ut  hœreticum  damnatum  in  Luthero,  Baio, 
MarsilioPatavino,Jansenio,  Marco  Antonio  De-Dominis,  Richerio 
Laborde  et  Pistoriensibus,  aliisque  abEcclesia  pariter  damnatis 
inducentes  necnon  et  Canonum  Concilii  Tridentini  eversivas, 
reprobamus,  damnamus  ac  pro  reprobatis  et  damnatis  ab 
omnibus  haberi  volumus  et  mandamus. 

Prœcipinius  idcirco,ne  quisquam  fidelium  cujuscumque  condi- 
tionis  et  gradus,  etiamsi  specilica  et  individua  mentione  dignus 
esset,  audeat  prœfatos  libros  ac  thèses  apud  se  retinere,  aut 
légère  sub  pcënis  suspensionis  a  divinis  quoad  clericos  et  quoad 
laicos  excommunicationis  majoris  ipso  facto  incurrendis,  quarum 
absolutioneni  et  relaxationem  nobis  et  successoribus  nostris  Ro- 
manis Pontilicibus  reservamus,  excepto  tantum  quoad  excom- 
municationem  mortis  articulo.  Mandamus  quoque  lypographis 
ac  bibliopolis,  cunctisque  et  singulis  cujuscumque  gradus  et 
dignitatis,  ut  quoties  praedicti  libri  ac  thèses  ad  eorum  manus 
pervenerint,  déferre  teneantur  ordinariis  sub  iisdem  ro-spcctive 
pœnis,  nempe  quoad  clericos  suspensionis  a  divinis,  quoad  laicos 
excommunicationis  majoris  superius  comminatis.  Neque  tantum 
memoratos  libros  ac  thèses,  sed  alios  aliasquc  qucscumqnc  sive 
scriptis,  sive  typis  exaratos  libros,  vel  forte  cxarandos  >'A  impri- 
mendos,  in  quibus  eadem  nefaria  doctrina  renovctur  ex  inlegro, 
aut  in   parte  sub  iisdem  pœnis  superius  expressis  damnamus, 

(1)  S.  13crn.  Ep.  190. 


à 


«   AD  APOSTOLIC.TÎ    »,    22  AOUT    1851  137 

pourquoi,  chargé,  au  nom  du  ministère  apostolique  ([ue  nous  exerçons,  de 
veiller  à  ruiiité  et  à  l'intégrité  de  la  foi  catliolique,  nous  voulons  pré- 
munir les  fidèles  contre  la  doctrine  erronée  de  cet  auteur,  les  tenir 
étroitement  attachés  à  la  croyance  des  Pères,  transmise  par  ce  Siège 
Apostolique,  colonne  et  soutien  de  la  vérité;  aussi  nous  avons  soumis  à 
un  examen  scrupuleux  les  livres  précités  où  sont  contenus  et  défendus 
les  enseignements  détestables  par  nous  mentionnes;  puis  nous  avons 
résolu  de  les  frapper  du  glaive  de  la  censure  apostolique  et  de  les  con- 
damner 


En  conséquence,  après  avoir  pris  l'avis  des  maîtres  en  Théologie  et  en 
Droit  canon,  recueilli  les  suffrages  de  nos  vénérables  frères  de  la  Con- 
grégation suprême  et  universelle- de  l'inquisition,  de  nous-même,  de 
science  certaine  et  après  miire  délibération,  en  vertu  de  notre  plein  pou- 
voir apostolique,  nous  réprouvons  et  condamnons,  nous  voulons  et  nous 
ordonnons  que  tous  tiennent  pour  condamnés  et  réprouvés  les  livres  pré- 
cités comme  renfermant  des  propositions  et  des  doctrines  respectivement 
fausses,  téméraires,  scandaleuses,  erronées,  injurieuses  envers  le  Saint- 
Siège,  empiétant  sur  ses  droits,  subversives  de  la  discipline  de  l'Eglise  et 
de  sa  divine  constitution,  schisraatiques,  hérétiques,  favorisant  le  protes- 
tantisme et  sa  diffusion,  inclinant  vers  l'hérésie  et  le  système  déjà  con- 
damné dans  Luther,  Baius,  Marsile  de  Padoue,  Jansénius,  Marc-Antoine 
de  Dominis,  Richer,  Laborde,  le  conciliabule  de  Pistoie  et  autres  égale- 
ment condamnés  par  l'Eglise,  propositions  enfin  contraires  aux  Canons 
du  Concile  de  Trente. 


Donc  nous  défendons  à  tous  et  chacun  des  fidèles,  de  quelque  condition 
et  dignité  qu'il  soit,  fùt-ii  jugé  digne  d'une  mention  particulière  et  indi- 
viduelle, de  conserver  près  de  lui  les  livres  et  thèses  précités  ou  de  les 
lire  sous  peine  de  suspense  a  divinis  pour  les  ciercs,  et  pour  les  laïques 
de  l'excommunication  majeure  encourue  par  le  seul  fait  ;  ils  ne  pourront 
en  être  absous  ou  relevés  que  par  nous  et  nos  successeurs  les  Pontifes 
Romains,  excepté  pour  l'excommunication  en  cas  de  mort.  Nous  l'enjoi- 
gnons également  aux  imprimeurs  et  libraires,  à  tous  et  à  chacun,  de 
quelque  grade  et  dignité  qu'il  soit  :  chaque  fois  que  lesdits  livres  et  thèses 
leur  tomberont  sous  les  mains,  ils  seront  tenus  de  les  livrer  aux  ordi- 
naires sous  les  mêmes  peines  respectives  ci-dessus  fulminées,  à  savoir 
pour  les  clercs  de  la  suspense  a  divinis  et  pour  les  laïques  de  Texcommu- 
nication  majeure.  Et  nous  condamnons  et  réprouvons,  nous  défendons 
de  lire,  imprimer  ou  retenir  non  seulement  les  ouvrages  et  thèses  sus- 
mentionnés, mais  encore  tous  les  autres  livres  écrits  ou  imprimés,  à 
écrire  ou  à  imprimer,  dans  lesquels  cette  même  funeste  doctrine  serait 
exposée  en  entier  ou  partiellement,  et  ce,  sous  les  mêmes  peines  sus- 
édictées. 


138  LETTRE   APOSTOLIQUE    DE    PIE    IX 

reprobannis  atque  legi,  imprinii,  relincri  omnino  prohibemus. 

Horlamiir  tandem  in  Domino  et  observamus,  venerahile» 
Fralies,  qnos  nobiscuni  pastoraiis  zelus  et  sacerdotali.s  con- 
stantia  conjungit,  ut  pro  sibi  commisso  docendi  ministerio  omni 
sollicitudine  vigilantes  in  cuslodia  gregisChristi,  oves  suas  a  tam 
venenatis  pascuis,  hoc  est  ab  horum  librorum  lectione  avertere 
satagant  ;  et  quoniam  verilas  cnm  minime  defemlitur,  opprimitur  (1), 
murum  œneum,  etcolumnam  ferrcam  sese  constituantpro  domo 
Dei  contra  vaniloquos  et  seductores  qui  divina  atque  bumana 
jura  sus  deque  miscentes,  neque  Caesari  quœ  sunt  Caesaris,  neque 
quœ  Dei  sunt,  Deo  ipsi  reddentes,  sacerdotium  et  imperium 
commituntinter  se  atque adeo  impetere  utrumque,  atque  evertere 
connitunlur. 

Ut  autem  prœsentes  litterœ  omnibus  innotescant  nec  quis- 
quam  illarum  ignorantiam  prœtexere  et  allegare  valeat,  vo- 
lumus  acjubemusipsas  ad  valvas  basibeae  Apostolorum  Prin- 
cipis,  et  canceilariœ  apostolicœ  necnon  curiœ  generaiis  in  Monte 
Citatorio  et  in  acie  Gampi  Florœ  de  Urbe  per  aliquem  ex  curso- 
ribus  nostris,  ut  moris  est,  pubiicari,  illarumque  exempla  ibi 
affixa  reb'nqui  ;  sic  vero  affixas  ac  publicatas  perinde  omnes 
afficere,  ad  quos  spectant,  ac  si  unicuique  illorum  personaliter 
notificatcG  atque  intimatœ  fuissent.  Prœsentium  quoque  Littera- 
rum  transumptis  etiam  impressis,  manu  aUcujus  pubbci  nutarii 
subscriptis  etsigillo  personaî  in  ecclesiasticadignitateconstitutae 
munitis,  eadem  fideni  in  judicio  et  extia  haberi  voiumus,  quœ 
eisdem  bis  baberetur,  si  forent  exhibitœ  vel  ostensœ. 

Datum  llomee  apud  S.  Petrum  sub  annuio  Piscatoris,  die  xxii 
Augusti,  anno  mdcccli,  pontilicatus  nostri  anno  sexto. 

A.  Gard.  Lambruschini. 
(1)  S.  Fclix  m,  disl.  .S3. 


€   AD  APOSTOLIC.E    »,   22   AOUT    1851  t39 

Enfin  nous  exilerions  dans  le  Seigneur,  nous  supplions  nos  vénérables 
Frères,  que  leur  zèle  pastoral  et  leur  coiistanee  sacerdotale  nous  tiennent 
étroitement  unis,  de  faire  en  sorte  que  chacun  de  ceux  qui  sont  chargés 
de  dirigei-  une  partie  du  troupeau  du  Christ  confié  à  sa  garde,  s'attache 
à  éloigner  son  bercail  des  pfiturages  empoisonnés,  nous  voulons  dire  des 
livres  condamnés;  et  puisque  la  vérité  que  Ton  ne  défend  point  ne  tarde 
pas  h  succomber,  nous  les  exhortons  à  s'établir  comme  des  murs  d'airain 
et  des  colonnes  de  fer  pour  la  maison  de  Dieu  contre  ces  hommes  vains 
et  trompeurs  qui  confondant  les  droits  de  Dieu  et  ceux  de  l'homme,  ne  sa- 
vent faire  la  part  de  César  ni  celle  de  Dieu,  mettent  aux  prises  le  sacerdoce 
et  l'empire,  emploient  leurs  efforts  à  les  attaquer  et  à  les  renverser  tous 
deux. 


Pour  que  les  présentes  lettres  soient  connues  de  tous  et  que  personne 
ne  puisse  prétexter  de  leur  ignorance  et  s'en  faire  une  excuse,  nous  vou- 
lons et  ordonnons  qu'elles  soient  publiées  et  qu'un  exemplaire  en  soit  af- 
fiché, par  quelqu'un  de  nos  huissiers,  sur  les  portes  de  Saint-Pierre,  de 
la  chancellerie  apostolique,  aussi  bien  que  sur  celles  de  la  Cour  suprême  à 
Monte  Citatorio,  dans  la  ville,  sur  la  place  du  Champ  de  Flore.  Ainsi  af- 
fichées et  publiées  elles  obligeront  tous  ceux  qu'elles  concernent  comme 
si  elles  avaient  été  notifiées  et  signifiées  à  chacun  d'eux  personnellement. 
Les  copies  manuscrites,  ou  même  les  exemplaires  imprimés  des  présentes, 
pourvu  qu'ils  soient  revêtus  de  la  signature  d'un  notaire  public  et  mu- 
nis du  sceau  d'une  personne  constituée  en  dignité  ecclésiastique,  feront 
foi  en  justice  et  en  toute  autre  occasion  comme  si  l'exemplaire  original 
était  produit  ou  présenté. 


Donné  à  Rome,  auprès  de  Saint-Pierre,  sous   l'anneau  du  pêcheur,  le 
22^  jour  d'août,  l'an  18oî  ;  de  notre  Ponf.ificat  le  6". 


A.  Card.  Lambruschini. 


ss.  i>ii  pp.  IX 

LITTER.E  APOSTOLICiE 


Damnnlloel  prnkihilio  operis  tnsi'x  tomis  hispanico  idiomate  editisnb 
til'do  «  Defcnsa  de  la  autoritad  de  los  gobiernos  ij  de  los  obispos 
contra  las  pretenciones  de  la  caria  romana,  »  por  Francisco  de 
Panla  G.  Vigil.  Lima  18 18. 

AD    PERPETUAM    REI    MKMORIAM 

Multipliées  inter  gravissimasque,  quibus  undique  preniimur, 
olïicii  nostri  curas,  et  niaximas  hiijus  tf-mporiscalamitates,  quœ 
in  gliscenti  rerum  omnium  novitate  animum  nostrum  sollicitant 
anguntque  vehementer,  illud  aeeedit  magnopero  dolcndum,  quod 
libri  perniciosissimi  e  latebris  jansenistarum  aliorumque  hiijns 
geiieris  in  diem  enimpant,  quibus  hujiis  sœciili  lîlii  in  perstiasibi- 
libus  humanœ  sapientiaî  vcrl)is  loquunturperversa,ut  abducant 
discipulos  post  se.  Apostolici  itaque  nostri  ministerii  ratio 
postulat,  ut  libros  istiusmodi  solemniorem  in  modum  ad  catho- 
licœ  rcligionis  puritatem  ac  venerandam  Ecclesiœ  disciplinam 
tuendam  conservandamque  proscribamus,  et  damnemus,  ac 
Dominicum  gregem  a  pastorum  principe  Jesu  Christo  humilitati 
nostrœ  commissum  ab  exitiosa  illorum  lectione  et  retentione 
tanquam  ;i  vencnatis  pasciiis  omni  soUicitudine  praeservare  et 
avei'tere  non  prœtermittamus. 

Jam  vcro  cum  in  lucem  prodiisse  acceperimus  Librum  seu 
Opus,  sex  tomis  constans,  hispanico  idiomate  exaratum,  cul 
titulus  «  Defensa  de  la  autoritad  de  los  Gobiernos  y  de  los 
«  Obispos  contra  las  pretencionos  de  la  Curia  Romana.  por  Fran- 
«  cisco  de  Paula  G.  Vigil.  Lima  1848,  »  atque  ex  ipsa  operis 
inscriptione  satis  intellcxerimus.  anctorem  esse  hominem  in  banc 
Apostolicam  Sedem  malcvolo  animo  alTectum,  haud  omisimus 
illud  pervolvere,  ac  facili  negotio,  quamvis  non  sine  niaximo 
cordis  nostri  mœrore,  eumdem  librum  plures  Pistoriensis  Synodi 
errores  dogmatica  bulla  Auclorcm  fideifei.  rec.  Pii  VI  decessoris 
nostri  jam  conlixos  renovantem,  aliisque  pravis  doctrinis  et  pro- 
positionibus  iterum  iterumque  damnatis  undique  redundantem 
novimus  atque  perspeximus. 


LETTRE  APOSTOLIQUE 

DE  SA  SAINTETÉ  PIE  IX 


Condamnation  et  prohibition  iVun  ouvrage  en  six  volumes,  'public  en 
espagnol  sous  ce  titre  :  Défense  de  l'autorité  du  Gouvernement 
et  des  Évèques,  contre  les  prétentions  de  la  cour  Romaine.  » 
par  Fr  an  roi  s  de  Paule  G.  Vigil.  Lima  1848. 


POUR  CONSERVER  LE  PERPETUEL  SOUVENIR 

Au  milieu  des  sollicitudes  multipliées  et  si  pesantes  qui  nous  pressent 
de  toutes  parts  dans  rexercice  de  notre  charge,  au  milieu  des  grandes  ca- 
lamités de  ce  temps  qui  dans  le  changement  incessant  de  toutes  choses, 
inquiètent  notre  cœur  et  l'accablent  d'angoisses,  nous  souO'rons  surtout 
de  voir  sortir  chaque  jour  des  repaires  des  jansénistes  et  autres  gens  de 
la  même  espèce  les  livres  les  plus  pernicieux,  dans  lesquels  les  enfants 
de  ce  siècle  présentent,  sous  le  séduisant  langage  de  la  sagesse  humaine, 
des  doctrines  perverses,  afin  d'entraîner  des  disciples  à  leur  suite.  C'est 
pourquoi  la  nature  même  de  notre  charge  apostolique  exige  que,  pour 
défendre  la  pureté  de  la  religion  catholique  et  la  sainte  discipline  de 
l'Eglise,  nous  proscrivions  et  condamnions  ces  livres  de  la  manière  la 
plus  solennelle  et  que  nous  n'omettions  point  de  détourner  et  de  pré- 
server de  la  lecture  mortelle  et  de  la  possession  de  ces  écrits,  comme  de 
pâturages  vénéneux,  le  troupeau  du  Seigneur  confié  à  notre  humilité  par 
le  Prince  des  pasteurs,  Jésus-Christ. 

En  conséquence,  ayant  été  informé  qu'il  avait  paru  en  langue  espa- 
gnole un  ouvrage  en  six  tomes,  intitulé  :  «  Défense  de  l'autorité  des  Gou- 
a  vernemcnts  et  des  Evèques  contre  les  prétentions  de  la  cour  de  Home, 
«  par  François  de  Paule.  G.  Vigil.  Lima,  1848;  »  et  le  titre  seul  de  ce 
livre  nous  faisant  assez  entendre  qu'il  avait  pour  auteur  un  homme 
animé,  contre  le  Siège  Apostolique,  d'un  esprit  malveillant,  nous  l'avons 
lu,  et  il  nous  a  été  facile  de  voir,  à  notre  grande  douleur,  qu'il  renou- 
velait plusieurs  erreurs  du  Synode  de  Pistoie,  déjà  anathéniatisées  par  la 
Bulle  dogmali(iue  :  Auctorem  fidet,  de  notre  prédécesseur  Pic  VI,  d'heu- 
reuse mémoire,  et  que  d'autres  doctrines  et  propositions  perverses  plu- 
sieurs fois  comdamnées  y  débordaient  de  partout. 


142  LETTRE   APOSTOLIQUE    DE    l'IE    IX 

Auctor  enini,  licet  catholicus,  ac  divino  niinisterio,  uti  ft?i  tur, 
mancipatus,  ut  indiirerentismnm  ac  rationalismuni,  quo  se  in- 
fectum  prodit,  securius  ac  impune  soijuatur,  denesat  Ecclesife 
inesse  potestatem  dogrnatice  deliniendi,  religionem  Ecck-«iœCa- 
tholicœ  esse  unice  veram  religionem.  docetque  cuique  liberum 
esse  eam  amplecti  ac  profiteri  religionem,  quam  rationis  lu- 
mine  qnisductus  veram  putaverit;  legem  cœlibatus  impudenter 
aggreditur.  et  novatorinn  more  statum  conjugalem  anteponit 
statui  virginitatis;  potestUem,  qua  Ecclesia  donata  est  a  sue 
Divino  Institulore,  stabiliendi  impedimenta  matrimonium  diri- 
mentia  a  principibus  terrae  dimanare  tuetur,  eamque  Christi 
Ecclesiamsibi  arrogas=3  impie  aflirmat;  Ecclesife  et  personarum 
immunitatem,  Dei  ordinatioiic  et  canonicis  sanctionibus  consti- 
tutam,  ajurecivili  ortum  habuisse  asserit,  nec  illum  pudet  de- 
fendere,  majori  œstimatione  et  obsequio  prosequendam  esse  do- 
mum  oratoris  alicujus  nationis  quam  templum  Dei  viventis  ; 
gubernio  laico  attrilDuit  jus  deponendi  ab  exercitio  pastoralis 
ministerii  epi?;copos,  quos  Spiritus  sanctus  posuit  regere  Eccle- 
siam  Dei  (1)  ;  suadere  nititur  iis,  qui  clavum  tenent  publicarum 
rerum,  ne  obediant  Romano  Pontifici  in  iis,  quce  episcopatuum 
et  episcoporum  respiciunt  institutionem;  reges  alio.^que  princi- 
pes, qui  per  baptismum  facti  sunt  membra  Ecclesife,  subtrahit 
ab  ejusdem  Ecclesiœ  jurisdictione  non  secus  ac  reges  paganos  ; 
quasi  principes  christiani  in  rébus  spiritualibus  et  ecclesiasticis 
non  essent  filii  acsubditi  Ecclesiœ;  imo  cœlestia  terrenis,  sacra 
profanis,  summa  imis  monstrose  permiscens,  docere  non  veretur, 
terrenam  potestatem  in  quaestionibus  jurisdictionis  dirimendis 
esse  Ecclesiam,  quse  columna  est  et  firmamentum  veritatis  :  tan- 
dem ut  alios  quamplures  omittamus  errores,  eo  audaeiœ,  et  im- 
pietatis  progreditur,  ut  lîomanos  PontiQces  et  Concilia  œcume- 
nica  a  limitibus  sure  potestatis  recessisse,  jura  principum  usur- 
passe, atque  etiam  in  rébus  fidei  et  morum  defmiendis  errasse 
infando  ausu  contendat. 

Quanquam  vero  tôt  ac  tanta  in  eodem  opère  contineri  erro- 
rum  capita  cuique  facile  innotescat,  attamen  prœdecessorum  no- 
strorum  vestigiis  inhœrentes  mandavimus,  ut  in  nostra  Univer- 
salis  Inquisitionis  Congregatione  praefatum  opus  in  examen 
adduceietur,  ac  postea  ejusdem  Congregationis  judicium  nobis 
referretur.  Porro  Yen.  fratres  nostri  S.  11.  E.  cardinales  inqui- 
sitores  générales,  prœvia  ejusdem  operis  censura,  et  perpensis 
consultarum  sufïragiis,  memoratum  opus  tanquam  continens 
doctrinas  et  propositiones  respective  «  scandalosas,  temerarias, 

M)  Act..  XX,  28. 


«   MULTIPLICES   »,    10  JUIN    1851  143 

L'auleiir.  eu  effet,  quoique  catholique,  et  même,  comme  on  le  rapporte, 
ingagé  ilans  le  sacré  ministère,  voulant  s'abandonner  in)puiiénient  et  on 
)ute  sécurité  à  l'indiffércntisme  et  au  rationalisme  dont  il  se  montie 
ifeclé,  nie  que  TEglise  ait  le  pouvoir  de  définir  dogmatiquement  que  la 
feligion  de  l'Eglise  catholique  soit  la  seule  vraie  religion;  il  enseigne  que 
caacun  est  lihre  d'embrasser  et  de  piot'esser  celle  qu'il  jugera  véritable, 
eft  suivant  la  lumière  de  la  raison  ;  il  attaque  avec  impudence  la  loi  du 
cilibat,  et,  selon  la  coutume  des  novateurs,  il  met  l'état  conjugal  au- 
dessus  de  la  virginité;  il  prétend  que  le  pouvoir  qui  a  été  donné  à 
l'Eglise  par  son  divin  Fondateur  d'établir  des  empêchements  dirimants 
au  mariage,  émane  des  princes  de  la  terre,  et  il  pousse  l'impiété  jusqu'à 
affirmer  que  l'Eglise  du  Christ  l'a  injustement  usurpé;  il  avance  que 
l'immunité  de  l'Eglise  et  celle  des  personnes  qui  lui  sont  consacrées,  la- 
quelle a  été  constituée  par  l'ordre  de  Dieu  et  par  les  sanctions  canoniques, 
tirent  leur  origine  du  droit  civil,  et  il  n'a  pas  honte  de  soutenir  qu'on 
doit  plus  estimer  et  honorer  la  maison  de  l'ambassadeur  d'une  nation 
(|ueIconque  que  le  temple  du  Dieu  vivant;  il  attribue  au  gouvernement 
laï(|ue  le  droit  de  déposer  de  l'exercice  du  ministère  pastoral  les  Evèques 
que  le  Saint-Esprit  a  établis  pour  régir  l'Eglise  de  Dieu  ;  il  s'efforce  de 
persuader  à  ceux  qui  tiennent  le  timon  des  affaires  publiques  de  ne 
point  obéir  au  Pontife  Romain  dans  les  choses  qui  regardent  l'Episcopat 
et  l'institution  des  Evèques;  les  rois  et  autres  princes  qui,  par  le  bap- 
tême, ont  été  faits  membres  de  l'Eglise,  il  les  soustrait  à  la  juridictiou 
de  cette  même  Eglise,  comme  s'ils  étaient  des  rois  païens,  comme  si  les 
princes  chrétiens,  dans  les  choses  spirituelles  et  ecclésiastiques,  n'étaient 
pas  les  fils  et  les  sujets  de  l'Eglise. -Bien  plus,  par  une  monstrueuse  con- 
fusion des  choses  du  ciel  et  des  choses  de  la  terre,  du  sacré  et  du  pro- 
fane, des  choses  su|)érieures  avec  les  inférieures,  il  ne  craint  pas  d'en- 
seigner que,  lorsqu'il  faut  résoudre  des  questions  de  juridictmn,  la  puis- 
sance terrestre  est  supérieure  à  l'Eglise,  colonne  et  fondement  de  la  vérité. 
Enfin,  pour  omettre  un  grand  nombre  d'autres  erreurs,  il  pousse  l'au- 
dace et  l'impiété  jusqu'à  soutenir  avec  une  infâme  impudence  que  les 
Pontifes  romains  et  les  Conciles  œcuméniques  ont  outrepassé  les  limites 
de  leur  puissance,  usurpé  les  droits  des  princes,  erré  même  en  définissant 
les  choses  de  la  foi  et  des  mœurs. 


Il  est  évident  pour  tout  le  monde  que  ces  erreurs  si  nombreuses  et  si 
graves  existent  dans  ce  livre;  néanmoins,  suivant  la  coutume  de  nos 
prédécesseurs,  nous  avons  ordonné  que  cet  ouvrage  fût  examiné  par 
notre  Congrégation  de  l'Inquisition  universelle  et  que  le  jugement  de 
cette  Congrégation  nous  fut  ensuite  soumis.  Or,  nos  vénérables  frères 
les  inquisiteurs  généraux,  cardinaux  de  la  sainte  Eglise  romaine,  après 
avoir  pesé  la  censure  et  le  vote  préalable  des  consulteurs,  ont  été  d'avis 
que  l'ouvrage  susdit  doit  être  condamné  et  prohibé  comme  renfermant 
des  doctrines  et  des  propositions  respectivement  «  scandaleuses,  fausses, 
a  schismatiques,  injurieuses  pour  les  Pontifes  romains  et  pour  les  Con- 
«t  ciles  œcuméniques,  subversives  de  la  puissance,  de  la  liberté  et  de  la 
«  juridiction  de  l'Eglise,  erronées,  impies  et  hérétiques.   » 


144  LETTIlE   APOSTOLIQUE   DE    PIE    IX 

<(.  falsas,  schismalicas,  llomanis  Pontificiltus  et  Conciliis  œcu- 
«  nienicis  injuriosas,  Ecclesiœ  potc^^tatis,  libortatis,  et  Jurisdic- 
«  tionis  eversivas,  erroneas,  impias,  et  Inereticas,  »  daninan- 
diiiTi  atque  prohibendiim  censuenint. 

Ilinc  nos,  audita  prœdictonim  relatione,  et  cunctis  plene  ac 
mature  consideratis,  de  consilio  prœfatoriim  cardinalium,  atque 
etiam  molu  proprio,  ex  certa  scientia,  deque  Apostolicœ  pote- 
statis  plenitudine  mcmoratum  opus,  in  quo  doctrinae  ac  pioposi- 
tiones,  ut  supra  notatœ,  continentur,  ubicumque,  et  quocumque 
alio  idJomate,  seu  quavis  editione  aut  versione  hue  ustjue  im- 
pressum,  vel  in  posterum,  quod  absit,  imprimendum,  tenore 
prcesentium  damnamus  et  reprobamus,  atque  legi  ac  retinere 
prohibemus,  ejusdemque  operis  impressionem,  descriptionem, 
lectionem,  retentionem,  et  usum  omnibus  et  singulis  Ghristi  fi- 
delibus,  etiam  specifica  et  individua  mentione  et  expressione  di- 
gnis,sub  pœnaexcommunicationisper  contrafacientesipso  facto, 
absque  alia  declaratione,  incurrenda,  a*qua  nemo  a  quoquam, 
prœterquam  a  nobis  seu  Romano  Pontilice  pro  tempore  exi- 
stente,  nisi  in  mortis  articulo  constitutus,  absolutionis  benefi- 
cium  obtinere  queat,  omnino  interdicimus. 

A^olentes  et  auctoritate  apostolica  mandantes,  ut  quicumque 
librum  seu  opus  prœdictum  pênes  se  habuerint,  illud  statim 
atque  prœsentes  litterae  innotuerint,  locorum  ordinariis,  velhœ- 
reticœ  pravitatis  inquisitoribus  tradere  atque  consignare  te- 
neantur,  in  contrarium  facientibus  non  obstantibus  quibuscum- 
que. 

Ut  autem  eœdem  présentes  Litterœ  ad  omnium  notitiam  fa- 
cilius  perducantur,  nec  quisquam  illarum  ignorantiam  allegare 
queat,  volumus  et  auctoritate  pra3fata  dccernimus,  illas  ad  val- 
vas  basilicee  Principis  Apostolorum,  et  cancellariiE  apostolicse, 
nec  non  curiae  generalis  in  Monte  Citatorio,  et  in  acie  Campi 
Florsein  Urbe  per  aliquem  ex  cursoribus  nostris,  ut  moris  est, 
publicari,  illarumque  exempla  ibidem  affixa  relinqui  :  sic  vero 
publicatas,  omnes  et  singulos,  quos  concernunt,  perinde  afficere 
et  arctare,  ac  si  unicuiqueillorum  personaliternotiticati3e  et  inti- 
matœ  fuissent;  ipsarum  autem  pra^sentium  Litterarum  tran- 
sumptis,  seu  exemplis,  etiam  imprcssis,  manu  alicujus  notarii 
publici  subscriptis,  et  sigillo  personœ  in  ecclesiastica  dignitate 
conslitutce  munitis,  eamdem  prorsus  fidem  tam  in  judicio,  quam 
extra  illud  ubique  locorum  baberi,  quœ  haberetur  iisdem  prœ- 
sentibus,  si  exhibitœ  forent  vel  ostensœ. 

Datum  Romœ,  apud  S.  Petrum,  sub  annulo  Piscatoris,  die 
X  junii,  annoMDCcci.i,  pontificatus  nostri  anno  v. 

Plus  PP    IX 


«  MULTIPLICES   »,    10  JUIN   1851  145 

C'est  pourquoi,  rapport  nous  ayant  été  fait  de  ce  qui  précède,  et  toutes 

\choscs  étant  mùi'enient  considérées,  du  conseil  des  cardinaux  ci-dessus 

iésignés  et  aussi  de  notre  propre  niouvcnicnt,  de  noti'C  science  certaine 

;t  de  la  plénitude  de  la  puissance  apostolique,  nous  condamnons,  nous 

réprouvons,  selon  la  teneur  des   présentes,  nous  défendons  de  lire  cl  de 

Îetcnir  l'ouvrai^e  susdit  où  sont  contenues  les  doctrines  et  les  proposi- 
ions  qualiliécs  et  notées  comme  il  est  dit  ci-dessus,  ainsi  que  toutes  les 
éditions,  versions  ou  traductions  qui  en  ont  été  ou  qui  en  seraient  faites,  ' 
en  quelque  langue  et  en  quelque  lieu  qu'il  ail  déjà  été  imprimé  ou  qu'il 
le  soit  à  l'avenir,  ce  qu"à  Dieu  ne  plaise,  Nous  interdisons  donc  absolu- 
ment à  tous  et  à  chacun  des  fidèles  du  Christ,  même  fi  ceux  (jui  seraient 
dignes  de  mention  expresse,  spécifique  et  individuelle,  d'imprimer,  de 
transcrire,  de  lire,  de  garder  cet  ouvrage,  d'en  user  en  aucune  façon,  et 
cela  sous  peine  dcxcomtnunication  encourue  par  tout  contrevenant  ipso 
facto,  sans  qu'il  soit  besoin  d'aucune  autre  déclaration,  et  dont  per- 
sonne, à  moins  qu'il  ne  se  trouve  à  l'article  de  la  mort,  ne  pourra  obte- 
nir l'absolution  que  de  nous-même  eu  du  Pontife  Romain  existant  alors. 


Nous  voulons  et  ordonnons,  en  vertu  de  l'autorité  apostolique,  que 
quiconque  a  chez  soi  le  livre  ou  ouvrage  susdit  soit  tenu,  aussitôt  que 
les  présentes  lettres  lui  seront  connues,  de  le  livrer  et  de  le  remettre  à 
l'Ordinaire  du  lieu  qu'il  habite  ou  aux  inquisiteurs  de  la  perversité  héré- 
tique, nonobstant  ce  qui  pourrait  être  à  ce  contraire. 


Et  afin  que  les  présentes  Lettres  soient  plus  aisément  portées  à  la  con- 
naissance de  tous,  afin  que  personne  ne  puisse  prétexter  cause  d'ignorance, 
nous  vouions,  nous  décrétons,  en  vertu  de  l'autorité  apostolique,  qu'elles 
seront  publiées,  selon  l'usage,  par  quelqu'un  de  nos  huissiers,  aux  portes 
de  la  basilique  du  Prince  des  Apôtres,  de  la  chancellerie  apostolique,  du 
tribunal  suprême  à  Monte-Citorio,  dans  la  ville,  sur  la  place  du  Champ 
de  Flore,  et  que  des  exemplaires  y  demeureront  affichés.  Ainsi  promul- 
guées, elles  atteindront  et  obligeront  tous  et  chacun  de  ceux  qu'elles 
concernent,  comme  si  elles  avaient  été  notifiées  et  signifiées  à  chacun 
d'eux  personnellement.  Les  copies  manuscrites,  ou  même  les  exemplaires 
imprimés  des  présentes,  pourvu  qu'ils  soient  revêtus  de  la  signature 
d'un  notaire  public  et  munis  du  sceau  d'une  personne  constituée  en 
dignité  ecclésiastique,  feront  foi  en  justice  et  en  toute  autre  occasion 
comme  si  l'exemplaire  original  était  produit  ou  présenté. 


Donné  à  Rome,  auprès  de  Saint-Pierre,  sous   l'anneau  du  Pêcheur,  le 
10«  jour  de  juin,  l'an  1851  ;  de  notre  pontificat  le  5^. 

PIE  IX,  PAPE. 


SS.  PII  pp.  IX 

EPISTOLA     ENCVCLICA 

Archiepiscopis  et  Episcopta  Italiœ 

Vexerabiles   Fratres, 
Salutem  et  xVpostolicam  Benedictionem. 

Nostis  et  nobiscuinunaconspicitis,venerabiles  Fratres,  quanta 
nuper  perversitate  invaluerint  perditi  quidam  veritatis,  justitite 
et  honestatis  cujusque  inimici,  qui  sive  per  fraudem  omnisque 
generis  insidias,  sive  palam  et  tanquam  fluctusferi  maris  despu- 
mantesconfusionessuas,  etïrenatamcogitandi,  loquendi,  et  impia 
quseque  audendi  licentiam  quaquaversus  dilîundere  contendunt 
inter  tideles  Italise  populos,  et  catholicam  religionem  in  Italia 
ipsa  labefactare,  ac,  si  lîeri  unquam  posset,  funditus  evertere 
commoliuntur.  Apparuit  tota  diabolici  eorum  consilii  ratio  tum 
aliis  nonnuUis  in  locis,  tum  in  aima  preesertim  urbe,  supremi 
Pontificatus  nostri  sede,  in  qua,  nobis  abire  Inde  coactis,  libe- 
rius,  paucis  licet  mensibus,  debaccbati  sunt;  ubi  divinis  huma- 
nisque  rébus  nefario  ausucommiscendis,  eo  tandem  illorum  furor 
pervenit,  ut  spectatissimi  urbani  cleri,et  prœsulum  sacra  inibi 
Jussu  nostro  impavide  curantium  turbata  opéra,  et  auctoritate 
despecta,  vel  ipsi  interdum  miseri  aegroti  cum  morte  collu- 
ctantes,  cunctis  destituti  religionis  subsidiis,  animam  inter  pro- 
cacis  aliciijus  meretricis  illecebrasemittere  cogebantur. 

Jam  vero  etsi  doincepsRomana  eademurbs,  et  aliae  Pontificiae 
ditionis  provincise^  Deo  miserante,  per  catbolicarum  nationum 
arma  eivili  nostro  regimini  restitutœ  fuerint,  ac  bellorum 
tumultus  in  aliis  pariter  regionibns  Italiae  cessaverit,  non  desti- 
tere  tamen  nec  sane  désistant  improbi  illi  Dei  hominumque 
hostes  a  nefando  suo  opère,  si  minus  per  apertam  vim,  aliis 
certe  fraudulendis  nec  semper  occultis  modis  urgendo.  Verum 
infirmitati  noslrae  supremam  potius  Dominici  gregis  curam  in 
tanta  temporum  difficultate  sustinenti,  et  peculiaribus  hujusmodi 
Ecclesiarum  Italire  periculis  vehementer  afflictœ,  non  levis  inter 


LETTRE  ENCYCLIQUE 

DE    SA    SAINTETÉ    PIE    IX 

Aux  Archevêques  et  aux  É vécues  d'Italie 


VÉNÉRABLES  FrÈRES, 

Salut  et  Bénédiction  Apostolique. 

Vous  savez  et  vous  voyez  comme  nous,  vénérables  Frères,  quelle 
perversité  viennent  de  déployer  certains  hommes  perdus,  ennemis  de 
toute  vérité,  de  toute  justice,  de  toute  honnêteté  :  soit  par  fraude  et  par 
des  artifices  de  toute  espèce,  soit  ouvertement  et  jetant  comme  une  mer 
en  furie  l'écume  de  leurs  confusions,  ils  s'efforcent  de  répandre  de  toutes 
parts,  parmi  les  peuples  fidèles  de  l'Italie,  la  licence  effrénée  de  la 
pensée,  de  la  parole,  de  tout  acte  audacieux  et  impie  pour  y  ruiner  la 
religion  catholique,  et,  si  cela  pouvait  jamais  être,  pour  la  renverser 
jusque  dans  ses  fondements.  Tout  le  plan  de  leur  dessein  satanique  s'est 
révélé  en  divers  lieux,  mais  surtout  dans  la  ville  bien-aimée,  siège  de 
notre  pontificat  suprême,  où,  après  nous  avoir  _^.Jraintde  la  quitter,  ils 
ont  pu  se  livrer  plus  librement  pendant  quelques  mois  à  toutes  leurs 
fureurs.  Là,  dans  un  affreux  et  sacrilège  mélange  des  choses  divines  et 
des  choses  humaines,  leur  rage  monta  à  ce  point  que,  méprisant  l'autorité 
de  l'illustre  clergé  de  Rome  et  des  prélats  qui,  par  notre  ordre,  demeuraient 
intrépides  à  sa  tête,  ils  ne  les  laissèrent  pas  même  continuer  en  paix 
l'œuvre  sacrée  du  saint  ministère;  et,  sans  pitié  pour  de  pauvres  malades 
en  proie  aux  angoisses  de  la  mort,  ils  éloignaient  d'eux  tous  les  secours 
de  la  religion  et  les  contraignaient  de  rendre  le  dernier  soupir  entre 
les  bras  d'infâmes  prostituées. 

Bien  que,  depuis  lors,  la  ville  de  Rome  et  les  autres  provinces  du 
domaine  pontifical  aient  été,  grâces  à  la  miséricorde  de  Dieu,  rendues,  par 
les  armes  des  nations  catholiques,  à  notre  gouvernement  temporel  ;  bien 
que  les  guerres  et  les  désordres  qui  en  sont  la  suite  aient  également 
cessé  dans  les  autres  contrées  de  l'Italie,  ces  ennemis  infâmes  de  Dieu  et 
des  hommes  n'ont  pas  cessé  et  ne  cessent  pas  leur  travail  de  destruction  ; 
ils  ne  peuvent  plus  employer  la  force  ouverte;  mais  ils  ont  recours  à 
d'autres  moyens,  les  uns  cachés  sous  des  apparences  frauduleuses,  les 
autres  visibles  à  tous  les  yeux.  Au  milieu  de  si  grandes  difficultés,  por- 
tant la  charge  suprême  de  tout  le  troupeau  du  Seigneur,  et  rempli  de  la 
plus  vive  aftliction  à  la  vue  des  périls  auxquels  sont  particulièrement 
exposées  les  Eglises  de  l'Italie,  c'est  pour  notre   infirmité,  au  sein  des 


148  LETTRE   ENCYCLIQUE    DE    PIE    IX 

aerumnas  consolalio  est  ex  pastorali  vcstro  studio,  venerahiles 
Fratres,  cnjiis  niulta  nobis  documenta,  et  in  medio  pr<X't»'rit;c 
tempestatis  turbine  non  defuerant,  et  nova  in  dies  clarioraque 
obveniunt.  Ipsa  autem  rei  iîravitas  urget  nos,  ut  pro  débite 
Apostolici  oHicii  fraternitatiijus  vestris,  in  nostrœ  sollicitudinis 
partem  vocatis,  acriores  sermone  atque  hortationibus  nostris 
addamus  stimulosad  pnchanda  constanter  una  nobiscnm  prœUa 
Domini,  atque  ad  ea  oninia  concordibus  animis  providenda  ac 
prœstanda,  quibus,  Deo  benedicente,  et  damna  reparentur  quœ- 
cumque  llebgioni  sanctissimaî  per  Italiam  illata  jam  sint,  et 
imminentia  in  posterum  pericula  propulsentur. 

Inter  multipliées  fraudes,  quibus  prœdicti  Ecclesiee  hostes  uti 
consueverunt  ad  Italorum  animos  a  (ide  cathoh'ca  abalienandos, 
asserere  etiam,  et  quaquaversus  clamitare  non  erubescunt, 
catholicam  religionem  Italiae  gentis  gloriae,  magnitudini,  et 
prosperitati  adversari,  ac  propterea  opusesse,  ut  illius  locoPro- 
testantium  placita  et  conventicula  inducantur,  constituantur  et 
propagentur,  quo  Italia  pristinum  veterum  temporum,  id  est 
ethnicorum,  splendorem  iterum  acquirere  possit.  In  quo  sane 
illorum  commento  haud  facile  quis  existimaverit,  num  dete- 
standa  magis  sit  vesanœ  impietatis  malitia,  vel  impudentia  men- 
tientis  improbitatis? 

Etenim  spiritualeemolumentum  ut  de  potestate  tenebrarumin 
Dei  lumen  translati,  et  justificati  gratia,  Ghristi  hœredes  simus 
secundum  spem  vitœ  ceternœ,  hoc  scilicet  animarum  emolumen- 
tum,  acatholicos  religionis  sanclitatedimanans,  ejus  profecto  est 
pretii,  ut  quœcumque  hujus  mundi  gloria  et  faustitas  in  compa- 
ratione  illius  plane  in  nihilum  esset  computanda.  «  Quid  enim 
prodest  homini,  si  mundum  universum  lucretur,  animœ  vero 
suœ  detrimentum  patiatur?  Aut  quem  dabit  homo  comrauta- 
tionem  pro  anima  sua?  »  (Matth.,  xvi,  26. i  At  vero  tantum 
porro  abest,  ut  temporalia  illa  detrimenta  Italorum  genti  ad 
verse  fidei  professionnem  acciderint,  ut  imo  religioni  catholicae 
in  acceptis  referre  illa  debeat  si  llomano  labanteimperio  non  in 
eam  conditionem  deciderit,  in  quam  Assyrii  et  Ghaldaei,  Medi, 
Persaeque,  et  Macedones  populi,  multos  antea  dominati  per 
annos,  commutata  deinceps  temporum  vice,  dilapsi  fuerant. 
Etenim  nemo  prudens  ignorât,  per  sanctissimam  Ghristi  reli- 
gionem effectum  esse,  ut  Italia  non  solum  a  tôt  actantis,  quibus 
obruebatur,  errorum  tenebris  fuerit  erepta,  verum  etiam  ut 
inter  antiqui  illius  imperii  ruinas,  et  barbarorum  tota  Europa 
grassantiumincursiones.  ad  eam  nihilominus  gloriam  et  magni- 
tudinem  prœ  cœteris  totius  mundi  nationibus  se  provectam  con- 
spiceret,  ut  per  sacram  Pétri  cathedram  singulari  Dei  beneficio 


oc  NOSTIS  ET   NOBISGUM  »,  8   DÉCEMBRE   1849  149 

douleurs,  une  giaiule  consolation,  vénérables  Frères,  que  le  zèle  pasto- 
ral dont,  au  plus  fort  même  de  la  tempête  qui  vient  de  passer,  vous 
nous  avez  donné  tant  de  preuves,  et  ([ui  se  manifeste  clia([ue  jour 
encore  par  des  témoignages  de  plus  en  plus  éclatants,  tlependaut  la  gravité 
des  circonstances  nous  |)resse  d'exciter  plus  vivement  encore,  de  notre 
parole  et  de  nos  exhortations,  selon  le  devoir  de  notre  charge  Apostolique, 
votre  fraternité,  qui  partage  nos  sollicitudes,  h  combattre  avec  nous 
et  dans  l'unité  les  combats  du  Seigneur,  à  préparer  et  à  prendre  d'un 
commun  accord  toutes  les  mesures  pour  réparer,  avec  la  bénédiction  de 
Dieu,  le  mal  déjà  fait  en  Italie  à  notre  religion  sainte,  pour  prévenir  et 
repousser  les  périls  dont  un  avenir  prochain  la  menace. 


Entre  les  fraudes  sans  nombre  qut  les  susdits  ennemis  de  l'Église  ont 
coutume  de  mettre  en  œuvre  pour  rendre  odieuse  au.x  Italiens  la  foi 
catholique,  Tune  des  plus  perfides  est  celle-ci  :  ils  ne  rougissent  pas  d'af- 
firmer, de  répandre  partout  à  grand  bruit,  que  la  religion  catholique  est 
un  obstacle  à  la  gloire,  à  la  grandeur,  à  la  prospérité  de  la  nation  ita- 
lienne, et  que,  par  conséquent,  pour  rendre  à  l'Italie  la  splendeur  des 
anciens  temps,  c'est-à-dire  des  temps  païens,  il  faut  mettre  à  la  place  de 
la  religion  catholique,  insinuer,  propager,  établir  les  enseignements  des 
protestants  et  leurs  conventicules.  On  ne  sait  ce  qui,  en  de  telles  affir- 
mations, est  le  plus  détestable,  la  perfidie  de  l'impiété  furieuse  ou  l'im- 
pudence du  mensonge  éhonté. 


En  effet,  le  bonheur  spirituel  d'être  soustraits  à  la  puissance  des 
ténèbres  et  transportés  dans  la  lumière  de  Dieu,  d'être  justifiés  par  la 
grâce  et  de  devenir  les  héritiers  du  Christ  dans  l'espérance  de  la  vie  éter- 
nelle, ce  bonheur  des  âmes,  émanant  de  la  sainteté  de  la  religion  catho- 
lique, est  certes  d'un  tel  pri.x  qu'auprès  de  lui  toute  la  gloire  et  toute 
la  félicité  de  ce  inonde  doivent  être  regardées  comme  un  pur  néant. 
«  Que  sert  à  l'homme  de  gagner  tout  l'univers,  s'il  vient  à  perdre  son 
âme?  Ou  que  donnera  l'homme  en  échange  pour  son  âme?  »  .Mais,  bien 
loin  que  la  profession  de  la  vraie  foi  aitcausé  à  la  race  italienne  les  dom- 
mages temporels  dont  on  parle,  c'est  à  la  religion  catholique  qu'elle  doit 
de  nètre  pas  tombée,  à  la  chute  de  l'empire  romain,  dans  la  même 
ruine  que  les  peuples  de  l'Assyrie,  de  la  Chaldée,  de  la  Médie,  de  la 
Perse,  de  la  Macédoine.  Aucun  homme  instruit  ne  l'ignore,  en  effet  : 
non  seulement  la  sainte  religion  du  Christ  a  arraché  l'Italie  aux  ténèbres 
des  erreurs  si  nombreuses  et  si  grandes  qui  la  couvraient  tout  entière, 
mais  encore  au  milieu  des  ruines  de  l'antique  ein|)iie  et  des  invasions 
pes  barbares  ravageant  toute  l'Europe,  elle  l'a  élevée  dans  la  gloire  et  la 
grandeur  au-dessus  de  toutes  les  nations  du  monde;  possédant  dans  son 
sein,  par  un  bienfait  singulier  de  Dieu,  la  chaire  sacrée  de  Pierre,  l'It-i 


IJU  LETTRE    ENCYCLIOUE    DE    PIE    IX 

in  ipsa  collocatam  latins  atque  solidius  prœsideret  Religione 
divina,  qiiaiii  pr;efucM'at  olim  dominatione  terrena. 

Atque  ex  hoc  ipso  Apostolicœ  habendœ  Sedis  singulari  piivi- 
legio,  et  ex  religione  catholica  lirmiores  exinde  in  Italiae  popiilis 
radiées  obtinente  alia  porro  permulta,  eadenique  insignia  hene- 
licia  profecta  sunt.  Siquidem  sanctissima  Christi  religio  ver.e 
sapientise  raagistra,  humanitatis  vindex,  ac  virtulum  omnium 
fecunda  parens,  avertit  quidem  Italorum  animos  ab  infelicis 
illius  gloriaî  splendore,  quam  illornm  majores  in  perpetiio  bel- 
lorum  tumiillu,  in  extcrorumoppressione, atque  in  longe  maximo 
hominum  numéro,  ex  eo  quod  vigebat  jure  belli.ad  durissimam 
captivitatem  redigendo  posuerant.  sed  una  simul  Italos  ipsos 
catholicaî  veritatis  luce  collustratos  ad  sectandam  justitiam  et 
misericordiam,  atque  adeo  ad  prgeclara  etiam  pietatis  in  Deum 
et  beneficentiee  erga  homines  a3mulanda  opéra  excitavit.  llinc  in 
prœcipuis  Italiae  urbibus  admirari  est  sacra  templa,  et  alia 
Christianorum  temporum  monumenta,  haudquaquam  percruen- 
tos  labores  hominum  sub  captivitate  gementium,  sed  ingenuo 
vivificge  caritatis  studio  confecta,  et  pia  cujusque  generis  insti- 
tuta,  quœ  sive  ad  religionis  exercitia,  sive  ad  educationem  ju- 
ventutis,  et  litteras,  artes,  disciplinas  rite  excolendas,  sive  ad 
miserorum  œgritudines  et  indigentias  sublevandas  comparata 
sunt.  Ilœc  igitur  divina  religio,  in  qua  tôt  quidem  nominibus 
Italiae  salus,  félicitas  et  gloria  continetur,  hœc  scilicet  religio 
illa  est,  quam  ab  Italiae  populis  rejiciendam  inclamant  !  Lacrymas 
cohibere  non  possumus,  venerabiles  Fratrcs,  dum  conspicimus 
aliquos  nunc  Italos  reperiri,  improbos  adeo,  misereque  illusos, 
ut  pravis  plaudentes  doctrinis,  in  tantam  Italiae  perniciem  con- 
spirare  cum  ipsis  non  reformident. 

Sed  vero  ignotum  vobis  non  est,  venerabiles  Fratres,  praeci- 
puos  illos  hujus  scelestissimae  machinationis  architectos  eo  tan- 
dem spectare,  ut  populos  omni  perversarum  doctrinarum  vento 
agitatos,  ad  subversionem  impellant  totius  ordinis  humanarum 
rerum,  atque  ad  nefaria  novi  Socialismi  et  Communistni  systemata 
traducant.  IVorunt  autem  et  longo  multorum  sœculorum  experi- 
mento  comprobatum  vident,  nuilam  sibi  consensionem  sperari 
posse  cum  Ecclesia  catholica,  quœ  scilicet  in  custodiendo  divinae 
revelationis  deposito  nihil  unquam  detrahi  patitur  propositis 
fidei  veritatibus,  nihil  illis  pernova  hominum  commenta  admi- 
sceri.  Idcirco  consilium  inierunt  deltalis  populis  traducendis  ad 
Protestantium  placita  et  conventicula  ;  in  quibus,  ut  illos  deci- 
piant,  non  aliud  esse  dictitant,  quam  diversam  verœ.  ejusdem 
christianae  religionis  formam,  in  qua,  œqueac in  Ecclesia  catho- 
lica, Deo  placere  datum  sit.  Interea  minime  ignorant,  profuturum 


a  NOSTIS   ET    NOBISGUM  »,  8    DÉCEMBRE    1849  1^1 

lie  doit  ;i  la  reiii!;ioii  divine  un  empire  plus  solide  et  plus  étendu  que  son 
antique  domination  terrestre. 


Ce  privIK'ge  singulier  de  posséder  le  Siège  Apostolique,  et  de  A'oir  par 
cela  n)ênie  1;»  religion  catholique  jeter  dans  les  peuples  de  l'Italie  de  plus 
fortes  racines,  a  été  pour  elle  la  source  d'autres  bienfaits  insignes  et 
sans  nonil)re.  Maîtresse  de  la  A'éritable  sagesse,  protectrice  vengeresse 
de  rhumiinité,  mère  féconde  de  toutes  les  vertus,  la  sainte  religion  du 
Christ  détourna  l'ùme  des  Italiens  de  cette  soif  funeste  de  gloire  qui 
avait  entraîné  leurs  ancêtres  à  faire  perpétuellement  la  guerre,  à  tenir 
les  peuples  étrangers  dans  l'oppression,  à  réduire,  selon  le  droit  martial 
alors  en  vigueur,  une  immense  quantité  d'hommes  à  la  plus  dure  servi- 
tude; et  en  même  temps  illuminant  les  Italiens  des  clartés  de  la  vérité 
catholique,  elle  les  porta  par  une  impulsion  puissante  à  la  pratique  de 
la  justice,  de  la  miséricorde,  aux  œuvres  les  plus  éclatantes  de  piété 
envers  Dieu  et  de  bienfaisance  envers  les  hommes.  De  là,  dans  les  prin- 
cipales villes  de  l'Italie,  tant  de  saintes  basiliques  et  autres  monuments 
des  âges  chrétiens,  lesquels  n'ont  pas  été  l'œuvre  douloureuse  d'une 
multitude  réduite  en  esclavage,  mais  librement  élevés  par  le  zèle  d'une 
charité  pleine  de  vie.  Ajoutez  les  pieuses  institutions  de  tout  genre  con- 
sacrées, soit  aux  exercices  de  la  vie  religieuse,  soit  à  l'éducation  de  la 
jeunesse,  aux  lettres,  aux  arts,  à  la  sainte  culture  des  sciences,  soit  enfin 
au  soulagement  des  malades  et  des  indigents.  Telle  est  donc  cette  reli- 
gion divine,  qui  procure  à  tant  de  titres  divers  le  salut,  la  gloire,  le 
bonheur  de  l'Italie,  et  que  l'on  voudrait  faire  rejeter  par  les  peuples  de 
cette  même  Italie.  Nous  ne  pouvons  retenir  nos  larmes,  vénérables 
Frères,  en  voyant  qu'il  se  trouve,  à  cette  heure,  quelques  Italiens  assez 
pervers,  assez  livrés  à  de  misérables  illusions,  pour  ne  pas  craindre 
d'applaudir  aux  doctrines  dépravées  des  impies  et  de  conspirer  avec 
eux  la  perte  de  leur  patrie. 


Mais  vous  n'ignorez  pas,  vénérables  Frères,  que  les  principaux  auteurs 
de  cette  détestable  entreprise  ont  pour  but  de  pousser  les  peuples,  agités 
par  tout  vent  de  perverses  doctrines,  au  bouleversement  de  tout  ordre 
dans  les  choses  humaines,  et  de  les  livrer  aux  criminels  systèmes  du 
nouveau  Socialisme  et  du  Communisme.  Or  ces  hommes  savent  et  voient, 
par  la  longue  expérience  de  beaucoup  de  siècles,  qu'ils  ne  doivent  espérer 
aucune  complicité  de  l'Eglise  catholique  ;  car,  dans  la  garde  du  dépôt 
de  la  révélation  divine,  elle  ne  souffre  jamais  qu'il  soit  rien  retranché 
aux  vérités  présentées  par  la  foi  ni  qu'il  y  soit  rien  ajouté.  Aussi  ont-ils 
formé  le  dessein  d'attirer  les  peuples  italiens  aux  opinions  et  aux  assem- 
blées des  protestants;  là,  répètent-ils  sans  cesse  afin  de  les  séduire,  on 
ne  doit  voir  autre  chose  qu'une  forme  différente  de  la  même  véritable 
religion  chrétienne,  et  l'on  y  peut  plaire  à  Dieu  aussi  bien  que  dans 
l'Eglise  catholique.  En  attendant,  ils  savent   très   bien  que  rien  ne  peut 


152  LETTRE   ENCYCLIQUE    DE    PIE   IX 

summopere  inipiœ  su  o  causœ  principium  illud,  quod  in  Prote- 
stantiniii  i^Iacilis  prœcipuiim  est,  do  sarris  scilicet  Scripturis  pri- 
vato  uniusciijusi|ue  judicio  intolligondis.  Exinde  cnim  facilius 
sibi  fore  conlidunt,  ut  primo  quidem  sacris  ipsis  litteris  perperam 
interpretatis  abutanlur  ad  errores  suos,  quasi  Dei  nomine, 
difTundendos  ;  suhinde  autem  ut  honiines  superbissima  ilia  de 
divinis  rébus  judifandi  licenlia  inflatos  propellant  ad  communia 
ipsa  justi  honestiqiie  principia  in  dubium  revocanda. 

Absit  tamen,  venerabiles  Fratres,  ut  Itaiia,  ex  qua,  ob  Sedem 
Apostolici  magisterii  Jiomaî  constitutam,  nationes  àlia.'  incor- 
ruptos  sahitaris  doctrine  latices  haurire  soiitœ  sunt,  fiât  illis  in 
posterum  lapis  oiïensionis  et  petra  scandali  ;  absit,  ut  dilectae 
hœc  Dominica}  vineœ  pars  in  dirept.ionem  cedat  omnium  bestia- 
rum  agri  ;  absit,  ut  Itali  populi,  venefico  liabylonici  calicis 
haustu  dementati,  parricidaiia  contra  matrem  Ecclesiam  arma 
suscipiant.  Nobis  quidem,  uti  et  vobis,  in  hœc  tanti  periculi 
tempora  occulto  Dei  judicio  reservatis,  cavendum  omnino  est, 
ne  fraudes  atque  impetus  hominum  contra  Italiœ  fidem  conspi- 
rantium  extimescamus,  nostris  quasi  viribus  superandos  ;  cum 
nostrum  consilium  et  fortitudo  sit  Christus,  et  sine  quo  nihil 
possunius,  per  ipsum  cuncta  possimus  (Ex  S.  Leone  Magno, 
Epist.  ad  llusticum  Xarbonensem).  Agite  igitur,  venerabiles 
Fratres.  advigilate  impcnsius  super  creditum  gregcm,  eumque 
a  rapacium  luporum  iiisidiis  et  aggressionibus  tueri  contendite. 
Communicate  invicem  consilia,  pergite,  ut  jam  instituistis,  cœtus 
habere  inter  vos  ;  ut  malorum  initiis  et  prœcipuis  pro  locorum 
diversitate  periculorum  fontibus  communi  investigatione  per- 
spectis,  sub  auctoritate  ac  ductu  Sanctœ  hujus  Sedispromptiora 
mis  remédia  comparare  valeatis,  atque  ita  una  nobiscum  con- 
cordissimis  animis  totoque  pastoralis  studii  robore  curas  labo- 
resque  vestros,  Deo  adjuvante,  in  id  conferatis.  ut  omneshostium 
Ecclesiœ  impetus,  artos.  insidiœ,  molimina  irrita  fiant. 

Ea  vero  ut  in  irritum  cadant,  satagendum  omnino  est.  ne 
populus  de  christiana  doctrina  acde  loge  Domini  parum  instru- 
ctus,  et  diuturna  in  niultis  grassantium  virorum  licentia  hebeta- 
tus,  paratas  sibi  insidias  et  propositorum  errorum  gravitatem 
agnoscore  vix  possit.  A  vestra  igitur  pastorali  soilicitudine 
vehementer  exposcimus,  venerabiles  Fratres,  ut  nunquam  intor- 
mittatis  omnem  adhibere  operam,  quo  crediti  vobis  fidèles, 
sanctissima  religionis  nostrse  dogmata  ac  preecepta  pro  cujusque 
captu  diligenter  edoceantur,  simulque  moneantur,  et  excitenlur 
omnimodis  advitam  moresque  suos  ad  illorum  normam  compo- 
nendds.  Inflammate  in  eum  finem  ecclosiasticoruni  hominum 
zelum,    illorum  prsesertim,  quibus  animarum  cura  deraandata 


«  NOSTIS  ET   NOBISGUM  »,  8   DÉCEMBRE    1849  153 

l'Ire  plus  utile  à  leur  cause  impie  que  le  premier  principe  des  opinions 
prolestantes,  le  princi|)e  de  la  libre  interprétation  des  saintes  Ecritures 
par  le  jugement  particulier  de  chacun.  Ils  ont  la  confiance  qu'il  leur 
deviendra  plus  facile,  après  avoir  abusé  d'abord  de  l'interprétation  en 
mauvais  sens  des  Lettres  sacrées,  pour  répandre  leurs  erreurs  comme  au 
nom  de  Dieu,  de  pousser  ensuite  les  hommes,  enllcs  de  l'orgueilleuse 
licence  de  juger  des  choses  divines,  à  révoquer  en  doute  niC'me  les  prin- 
cipes communs  du  juste  et  de  l'honnête. 


IVéanmoins,  vénérables  Frères,  à  Dieu  ne  plaise  que  l'Italie,  où  les 
auties  nations  ont  coutume  de  puiser  les  eau.x  pures  de  la  saine  doctrine, 
parce  que  le  siège  apostolique  a  été  établi  à  Rome,  devienne  pour  elles 
désormais  une  pierre  d'achoppement  et  de  scandale  !  A  Dieu  ne  plaise 
que  cette  portion  chérie  de  la  vigne  du  Seigneur  soit  livrée  en  proie  aux 
bêtes!  A  Dieu  ne  plaise  que  les  peuples  italiens,  après  avoir  bu  la  démence 
à  la  coupe  empoisonnée  de  Babylone,  prennent  jamais  des  armes  parricides 
contre  l'Eglise  mère!  Quant  à  nous  et  quant  à  vous,  que  Dieu,  dans  son 
jugement  secret,  a  réservés  pour  ces  temps  de  si  grand  danger,  gardons- 
nous  de  craindre  les  ruses  et  les  attaques  de  ces  hommes  qui  conspirent 
contre  la  foi  de  l'Italie,  comme  si  nous  avions  à  les  vainci-e  par  nos 
propres  forces;  car  le  Christ  est  notre  conseil  et  notre  force;  sans  lui 
nous  ne  pouvons  rien,  mais  par  lui  nous  j)ouvons  tout.  Agissez  donc, 
vénérables  Frères,  veillez  avec  plus  d'attention  encore  sur  le  troupeau 
qui  vous  est  confié,  faites  tous  vos  efforts  pour  le  défendre  contre  les 
embûches  et  les  attaques  des  loups  ravisseurs.  Communiquez-vous 
mutuellement  vos  desseins,  continuez,  comme  vous  avez  déjà  commencé, 
d'avoir  des  réunions  entre  vous;  après  avoir  ainsi  découvert,  dans  une 
commune  investigation,  l'origine  de  nos  maux,  et  selon  la  diversité  des 
lieux,  les  sources  principales  des  dangers,  vous  pourrez  y  trouver,  sous 
l'autorité  et  la  conduite  du  Saint-Siège,  les  remèdes  les  plus  prompts  : 
et  pleinement  d'accord  avec  nous,  vous  appliquerez,  avec  l'aide  de  Dieu 
et  avec  toute  la  vigueur  du  zèle  pastoral,  vos  soins  et  vos  travaux  à 
rendre  vains  tous  les  efforts,  tous  les  artifices,  toutes  les  embiiches  et 
toutes  les  manoeuvres  des  ennemis  de  l'Eglise. 


Pour  y  parvenir,  il  faut  travailler  de  toutes  ses  forces  à  empêcher  que 
trop  peu  instruit  de  la  doctrine  chrétienne  et  de  la  loi  du  Seigneur, 
hébété  d'ailleurs  par  la  longue  licence  des  vices,  le  peuple  n'ait  peine  à. 
distinguer  les  embûches  qu'on  lui  tend  et  la  méchanceté  des  erreurs  qu'on 
lui  propose.  C'est  pourquoi,  nous  le  demandons  instamment  à  votre 
sollicitude  pastorale,  vénérables  Frères,  ne  cessez  jamais  d'appliquer 
tous  vos  soins  à  ce  que  les  fidèles  qui  vous  sont  confiés  soient  instruits, 
suivant  l'intelligence  de  chacun,  des  saintes  vérités  et  des  préceptes  de 
notre  religion:  qu'ils  soient  en  même  temps  avertis  et  excités  par  tous 
les  moyens  à  y  conformer  leur  vie  et  leurs  mœurs.  Enflammez  dans  ce 
bnt  le  zèle   des  ecclésiastiques,  surtout  de  ceux   qui   ont  charge  d'âmes; 


154  LETTRE  ENCYCLIQUE  DE   PIE   IX 

esf,,utserio  méditantes  ministeriuni,  quod  acceperimt  in  Domino, 
et  habentes  ob  oculos  Tridentini  Concilii  piœscripta  Ses.  v,  cap. 
2;  sess.xxiv.  cap.  4  et  7  de  llef.),  niajori  usque  alacritate,  prout 
temporum  ratio  postulat,  in  ohii.stiaiiœ  plebis  instructionem 
inrumbant,  et  sacra  eloquia,  a  saliilis  monita  in  omnium  cor- 
dibus  inserere  studeant,  annuntiando  ijisis  cum  brevitate  et  facili- 
tate  sermonis  vitia  qure  eos  dedinare,  et  virtutes  quas  sectari 
oporteat,  ut  pœnam  œternam  evadere,  et  cœlestem  gloriam 
consequi  valeant. 

Speciatim  vero  procurandum  est,  ut  fidèles  ipsi  impressum  in 
animis  habeant,  alteque  defixum  dogma  illud  sanctissima3  no- 
strœ  religionis,  quod  est  denecessitatecatholicœfideiad  obtinen- 
dam  salutem.  (Hoc  dogma  a  Cbristo  acceptuni,  et  inculcatum  a 
Patribusatquea  Conciiiis,  habeturetiam  in  formulis  Piofessionis 
Fidei,  tum  in  ea  scilicet,  quse  apud  Latinos,  tum  in  ea,  quae 
apud  Grœcos  tum  in  alia,  quae  apud  ceteros  Orientales  calholicos 
in  usu  est.)  Ilunc  in  finem  summoperc  conducet,  ut  in  publicis 
orationibus  fidèles  laici  una  cum  clero  agant  identidem  peculiares 
Deo  gratias  pro  inestimabili  catholicœ  religionis  beneficio,  quo 
ipso  omnes  clemcntissime  donavit,  alque  ab  eodem  misericor- 
diarum  Pâtre  suppliciter  pétant,  utejusdem  religionis  professio- 
nem  in  regionibus  nostris  lueri  et  inviolatam  conservaredignetur. 

Inlerea  vobis  ccrte  peculiaris  erit  cura,  ut  fidèles  omnes  tem- 
pestive  a  fraternitatibus  vestris  suscipiant  sacramentum  Gonfir- 
mationis,  per  quod  summo  Dei  beneficio  specialis  gratiae  robur 
confertur  ad  iidem  catholicam  in  gravioribus  etiam  periculis 
constanter  profitendam.  Nec  porro  ignoratis,  eumdem  in  finem 
prodessC:  ut  ipsi  a  peccatorum  sordibus,  per  sinceram  illorum 
detestationem,  et  sacramentum  Pœnitentiœ  expiati  sœpius  dévote 
percipiant  sanctissimum  Eucharistiœ  sacramentum,  in  quo  spi- 
ritualem  esse  constat  animorum  cibum  et  antidotum,  quo  libe- 
remura  culpis  quolidianis,  et  a  peccatis  mortalibus  praeserve- 
mur,  atque  adeo  symbolum  unius  illius  corporis,  cujusChristus 
caput  existit,  cuique  nos,  tanquam  membra,  arctissima  fidei, 
spei,  et  charitatis  connexione  adstrictos  esse  voluit,  ut  idipsum 
omnes  diceremus,  nec  essent  iii  nobis  schismata.  (Ex  Trid., 
sess.  XIII.,  Dec.  de  Euchar.  Sacramento,  cap.  2.) 

Equidem  non  dubitamus,  quin  parochi,  eorumque  adjutores, 
et  sacerdotes  alii,  qui  certis  diebus,  jcjuniorum  prœsertim  tem- 
pore,  ad  prgedicationis  ministerium  deslinari  consueverunt, 
auxiliarem  vobis  operam  sedulo  in  bis  omnibus  sint  prœstituri. 
Attamen  illorum  operœ  adjungere  interdum  oportet  extraordi- 
naria  subsidia  spiritualium  exercitiorum  et  sacrarum  missio- 
num,  quas,  ubi  operariis  idoneiscommissœ  fuerint,  valde  utiles 


i 


«  NOSTIS  ET   NOBISCUM  »,  8   DÉGEiMBRE    1849  155 

et  que.  méditant  profondément  sur  le  ministère  qu'ils  ont  reçu  dans  le 
Seigneur,  ayant  devant  eux  les  prescriptions  du  concile' de  Trente,  ils 
se  livrent  avec  la  plus  grande  activité,  selon  que  l'exige  la  nécessité 
des  temps,  à  l'instruction  du  peuple,  s'appliquent  à  graver  dans  tous 
les  cœurs  les  paroles  sacrées,  les  avis  salutaires,  leur  faisant  connaître, 
dans  des  discours  simples  et  courts,  les  vices  qu'ils  doivent  fuir  pour 
éviter  la  peine  éternelle,  les  vertus  qu'ils  doivent  rechercher  pour  obtenir 
la  gloire  céleste. 


Il  faut  veiller  spécialement  à  ce  que  les  fidèles  eux-mêmes  aient  pro- 
fondément gravé  dans  l'esprit  le  dogme  de  notre  sainte  religion  sur  la 
nécessité  de  la  foi  catholique  pour  obtenir  le  salut.  C'est  pourquoi  il 
sera  souverainement  utile  que,  dans  les  prières  publiques,  les  fidèles 
s'unissent  au  clergé  afin  de  rendre  de  temps  en  temps  de  particulières 
actions  de  grâces  à  Dieu  pour  l'inestimable  bienfait  de  la  religion  catho- 
lique qu'ils  tiennent  tous  de  sa  bonté  infinie,  et  de  demander  humble- 
ment au  Père  des  miséricordes  de  daigner  protéger  et  conserver  intacte 
dans  nos  contrées  la  profession  de  cette  même  religion. 


Cependant  vous  aurez  spécialement  soin  d'administrer  à  tous  les 
fidèles,  dans  le  temps  convenable,  le  sacrement  de  Confirmation;  par  un 
souverain  bienfait  de  Dieu  il  donne  la  force  et  une  grâce  particulière 
pour  confesser  avec  constance  la  foi  catholique,  même  dans  les  plus 
graves  périls.  Vous  n'ignorez  pas  non  plus  qu'il  produit  un  autre  effet, 
c'est  d'amener  les  fidèles  à  se  purifier  plus  souvent  des  souillures  de 
leurs  péchés  par  une  sincère  contrition  et  par  le  sacrement  de  Pénitence, 
et  à  recevoir  fréquemment  avec  dévotion  la  très  sainte  Eucharistie, 
nourriture  spirituelle  des  âmes,  antidote  qui  nous  délivre  des  fautes 
quotidiennes  et  nous  préserve  des  péchés  mortels,  symbole  de  ce  seul 
corps  dont  le  Christ  est  la  tète  et  auquel  il  a  voulu  que  nous  fussions 
attachés  comme  ses  membres  par  le  lien  si  fort  de  la  foi,  de  l'espérance 
et  de  la  charité,  afin  que  nous  ayons  tous  le  même  langage,  et  qu'il  n'y 
ait  pas  de  divisions  parmi  nous. 


Assurément  nous  ne  doutons  pas  que  les  curés,  leurs  vicaires  et  les 
autres  prêtres  qui  dans  certains  jours,  surtout  au  temps  du  jeûne,  se 
livrent  au  ministère  de  la  prédication,  ne  s'empressent  de  vous  prêter 
leur  concours  en  toutes  ces  choses.  Cependant  il  faut  de  temps  en  temps 
employer  encore  les  secours  extraordinaires  des  exercices  spirituels  et 
des  saintes  missions  ;  confiées  à  des  hommes  capables,  elles  sont,  avec 


150  LETTRE   ENCYCLIQUE   DE    PII:;   IX 

benediceiite  Domino  osse  constat  tum  fovon(la3  liunuiiiiu  jtidati, 
tum  ppcc.itoribus,  et  longo  eliam  vitionini  haljitti  dopravatis 
hominibus  ad  saliilaiem  pœnitentiani  oxritandis.  at(ii.ie  adeo  ut 
fidelis  popuhis  cr.îscat  in  scientia  Dei  et  in  omni  opère  bonc 
fruclilicel,  et  ubeiioribus  cœlestis  gratiœ  auxiliis  nmnitus  a  per- 
versis  inimicurum  Ecclesiœ  doctrinis  constantiiis  abliori-rat. 

Cseterum  in  bis  omnibus  voslrae  acsaccrdotum  vobis  auxilian- 
titim  curoc  eo  inler  aMa  spectabunt,  ut(ideles  majoreni  boirorem 
concipiant  illorum  scelerum,  qiitc  cumaMoiiim  scandalo  |)atran- 
tur.  Nostis  enim,  quantum  diversis  in  locis  excreverit  eorum 
numerus,  qui  sanctos  cœiites  vel  ipsum  quoque  sacrosanctum 
Uei  nomen  palam  blâspbemare  audent,  aut  in  concubinatu  vivere 
dignoscuntur  cum  incestu  interdum  conjimcto,  aut  festis  diebus 
servilia  opéra  apertis  etiam  oflicinis  exercent,  aut  Ecciesiœ 
prœcepta  de  jejuniis  ciboramque  delectu  pluribus  quoque 
adstantibus  contemnunt,  aut  alia  diversa  crimina  simili  modo 
committere  non  erubescunt.  Meminerit  igitur.  vobis  inslantibus, 
fidelis  popuUis,  et  serio  consideret  magnam  in  peccatorum 
bujusmodi  gravitatem,  et  severissimas  pœnas,  quibus  illorum 
auctores  plectendi  erunt  tum  pro  reatu  cujusque  criminis  pro- 
prio,  tum  pro  spiritual i  periculo,  in  quod  Fratres  suos  pravi  sui 
exempli  contagione  induxerunt.  Scriplum  est  enim  :  Vœ  mnndo 
a  scandalis...  Vœ  homini  illi  per  quem  scandalum  venit  (Matlh., 
xviii). 

Inter  diversa  insidiarum  gênera,  quibus  vaferrimi  Ixclesiœ 
humanaeque  societatis  inimici  populos  seducere  annituntur, 
ilkid  cerle  in  prœcipuis  est,  quod  nefariis  consiliis  suis  jamdiu 
paratum  in  novee  arlis  librarice  pravo  usu  invenerunt.  Itaque  in 
eo  loti  snnt,  ut  impios  libeilos,  et  epbemeridesacpageLas  men- 
dacii,  calumniarum.  et  seductionis  plenas  edere  in  vulgus  ac 
multiplieare  qjiotidie  non  intermittant.  Imo  et  prcesidio  usi 
Societatum  Biblicarum,  quœ  a  Sancta  bac  Sedejamdudum  dam- 
natae  sunt.  (Extant  ea  super  re,  prœter  alia  prœcedenlia  décréta, 
Enc3'clicee  litterce  Gregorii  XVI,  datœ  postridie  nonas  maii 
MDCCCXLiv,  quœ  incipiiint  :  fnter  prœcipuas  7nachinationes,  — cujus 
sanctiones  Nos  quoque  inculcavimus  in  Encycliq.  Ep.  data 
9  novemb.  1846),  sacra  etiam  Bibba  prœter  Ècclesiœ  régulas 
(Vid.  lleg.  4  ex  lis  quœ  a  Patribus  in  Conc.  Trid.  delectis  con- 
scriptœ  et  a  Pio  IV  a|)probatœ  fuerunt  in  Const.  Domini  fjrefjis 
24  mart.  1564  et  auditionem  eidem  factam  a  Congr.  Indicis, 
auctoritate  Ben.  XIV  17  jun.  1737,  quœ  omnia  prœmitti  soient 
Indici  libr.  probib.)  in  vulgareni  lingiiam  translata,  alque  adeo 
comipta  et  in  pravum  sensum  infando  ausu  delorla  dilîundere, 
illorumque  lectionem  sub  Religionis  obtentu  fideli  plebi  com- 


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a   NOSTIS  ET    NOBISCUM  »,  8   DÉCEMBRE    1849  157 

!a  bénédiction  de  Dieu,  très  utiles  pour  récliaulTer  la  piété  des  bons, 
excitci-  à  une  salutaire  pénitence  les  pécheurs  et  les  honunes  dépravés 
par  une  longue  habitude  des  vices,  faire  croître  le  peuple  fidèle  dans  la 
science  de  Dieu,  lui  faire  produire  toutes  sortes  de  biens,  le  munir  des 
secours  ahomlants  de  la  gnîce  céleste  et  lui  inspirer  une  invincible  hor- 
reur pour  les  doctrines  perverses  des  ennemis  de  l'Eglise. 


Du  reste,  en  toutes  ces  choses,  vos  soins  et  ceux  des  prêtres,  vos 
coopérateurs,  tendront  particulièrement  à  faire  concevoir  aux  fidèles  la 
plus  grande  horreur  pour  les  crimes  qui  se  commettent  au  grand  scandale 
du  prochain.  Car  vous  savez  combien,  en  divers  lieux,  a  grandi  le  nombre 
de  ceux  qui  osent  publiquement  blasphémer  les  saints  du  ciel  et  même 
le  très  saint  nom  de  Dieu  ;  qui  sont  connus  comme  vivant  dans  le  concu- 
binage et  y  joignent  ])arfois  l'inceste;  qui,  les  jours  fériés,  se  livrent  à 
des  œuvres  serviles,  leurs  boutiques  même  ouvertes;  qui,  en  présence 
de  plusieurs,  méprisent  les  préceptes  du  jeûne  et  de  l'abstinence,  ou  qui 
ne  rougissent  pas  de  commettre  de  la  même  manière  d'autres  crimes 
divers.  Qu'<à  la  voix  de  votre  zèle  le  peuple  fidèle  se  représente  et  consi- 
dère sérieusement  l'énorme  gravité  des  péchés  de  cette  espèce,  et  les 
peines  très  sévères  dont  seront  punis  leurs  auteurs,  tant  pour  la  culpabi- 
lité propre  de  chaque  faute  que  pour  le  danger  spirituel  que  la  conta- 
gion de  leur  mauvais  exemple  a  fait  courir  à  leurs  frères.  Car  il  est  écrit  : 
«  .Malheur  au  monde  à  cause  des  scandales...  Malheur  à  l'honimc  par  qui 
vient  le  scandale.  » 


Parmi  les  divers  genres  de  pièges  où  les  plus  subtils  ennemis  de 
l'Eglise  et  de  la  société  humaine  s'elforcent  de  prendre  les  peuples,  un 
des  principaux  est  assurément  celui  qu'ils  avaient  préparé  déjà  depuis 
longtemps  dans  leurs  criminels  desseins,  et  qu'ils  ont  trouvé  dans  l'usage 
dépravé  du  nouvel  art  de  la  librairie.  Ils  s"a|)|)liquent  tout  entiers  à  ne 
passer  pas  un  jour  sans  multiplier,  sans  jeter  dans  les  populations  des 
libelles  impies,  des  journaux,  des  feuilles  détachées,  pleins  de  men- 
songes, de  calomnies,  de  séductions.  Bien  plus,  usant  du  secours  des 
sociétés  bibliques,  qui,  depuis  longtemps  déjà,  ont  été  condamnées  par 
le  .Saint-Siège,  ils  ne  rougissent  pas  de  répandre  de  saintes  Bibles,  tra- 
duites en  langage  vulgaire,  sans  qu'on  ait  pris  soin  de  se  conformer  aux 
règles  de  l'Eglise,  profondément  altérées  et  rendues  en  un  mauvais  sens 
avec  une  audace  inouïe,  et,  sous  un  faux  prétexte  de  religion,  d'en 
recommander  la  lecture  au  peuple  fidèle.  Vous  comprenez  parfaitement, 


158  LETTRE  EXCYCLIQUE   DE  PIE  IX 

mentlare  non  verentur.  Ilinc  pro  sapienlia  vostra  oplime  intelli- 
gitis,  venerabiles  Fratres,  quanta  vobis  vi.silantia  et  sollicitiuJine 
adlaborandiim  sit,  ut  lideles  oves  a  postifora  illorum  lectione 
prorsus  adhorreant  ;  atque  ut  de  divinis  noniinatim  Litleris 
nieminerint,  neminem  hominum  id  sihi  arrogare  posse,  ut  suœ 
pnidentise  innixus  illas  ad  suos  sensus  contorquere  prœsumat 
contra  eum  sensum,  quem  tenuit  et  tenet  sancta  Mater  Ecclesia  ; 
cui  quidem  soli  a  Christo  Domino  niandatum  est,  ut  fidei  depo- 
situm  custodiat,  ac  de  vero  divinorum  Eloquiorum  sensu  et  in- 
terprotatione  judicet  (Vid.  Trid.,sess.  iv  in  Décret,  de  Editione  et 
usu  sacrorum  Librorum.) 

Ad  ipsam  vero  pravorum  librorum  contagionem  comprimen- 
dam  porutile  erit,  venerabiles  Fratres,  ut  quicumque  pênes  vos 
sint  insignis  sanœquedoctrinœvirialiaparva  item  molisscripta, 
a  vobis  scilicet  antea  probata,  edant  in  œdificationem  fidei,  ac 
salutarem  popuii  instructionem.  Ac  vestrœ  hinc  curœ  erit,  ut 
eadem  scripta,  uti  et  alii  incorruptœ  pariter  doctrinse,  probatae- 
que  utilitatis  libri  ab  aliis  conscripti,  prout  locorum  ac  perso- 
narum  ratio  suggesserit,  inter  fidèles  din"undantur. 

Omnes  autem,  qui  unavobiscum  in  defensionem  fidei  adlabo- 
rant,  eo  speciatim  spectabunt,  utpietatem,  venerationem,  atque 
observantiam  erga  snpremam  hanc  Pétri  Sedem,  qua  vos,  vene- 
rabiles Fratres,  tantopere  excellitis,  in  vestrorum  fidelium  ani- 
mis  infirment,  tueantur,  alteque  defigant.  Meminerint  scilicet 
fidèles  popuii,  vivere  hic  et  praesidere  in  successoribus  suis 
Petrum,  Apostolorum  Principem  (Ex  actis  Ephesini  Goncilii, 
Act.  III,  et  S.  Pétri  Chrysologi,  Epist.  ad  Eutychen),  cujus 
dignitas  in  indigno  etiam  ejus  herede  non  déficit  (Léo M.,  Serm. 
in  anniv.  Assumpt.  suœ).  Meminerint,  Ghristum  Dominum 
posuisse  in  hac  Pétri  cathedra  inexpugnabile  Ecclesiae  suae  fun- 
damentum  (Math.,  xvi,  18)  et  Petro  ipsi  claves  dédisse  regni 
cœlorum  (Ibid.,  v.l9)  ac  propterea  orasse,  ut  non  deficeret  fides 
ejus,  eidemque  mandasse  ut  confirmaret  in  illa  fratres  (Lucts 
xxvii,  31,  32)  ;  ut  proinde  Pétri  successor  Romanus  Pontifex  in 
universum  orbem  teneat  primatum,  et  verus  Christi  vicarius, 
totiusque  Ecclesiœ  caput,  et  omnium  christianorum  Pater  et 
doctor  existât.  (Ex  concilie  œcumenico  Florentino,  in  Def.  seu 
Decr.  Unionis.) 

In  qua  sane  erga  Ilomanum  Pontificem  populorum  commu- 
nione  et  obedientia  tuenda,  brevis  et  compendiosa  via  est  ad 
illos  in  catholicse  veritatis  professione  conservandos.  Neque  enim 
fieri  potest,  ut  quis  a  catholica  fide  ulla  unquani  ex  parte  rebellet, 
nisi  et  auctoritatem  abjiciat  Romanœ  Ecclesiœ,  in  qua  extat  ejus- 
dem  lidei  irreformabile  magisterium  a  divino  Redemptore  l'un- 


«  NOSTIS  ET   NOBISCUM  »,  8   DÉCEMBRE    1849  159 

dans  votre  sagesse,  vénérables  Frères,  avec  quelle  vigilance  et  quelle 
sollicitude  vous  devez  travailler  à  amener  les  chrétiens  à  fuir  avec 
horreur  ces  lectures  empoisonnées,  à  se  souvenir,  pour  ce  qui  est  nom- 
mément des  divines  Ecritures,  qu'aucun  homme,  appuyé  sur  sa  propre 
prudence,  ne  peut  s'arroger  le  droit  ni  avoir  la  présomption  de  les 
interpréter  autrement  que  ne  les  a  interprétées  et  que  ne  les  interprète 
la  sainte  Ei^lise,  notre  mère,  à  qui  seule  iNotre-Seigneur  Jésus-Christ  a 
confié  le  dépôt  de  la  foi,  le  jugement  sur  le  vrai  sens  et  l'interprétation 
des  Livres  divins. 


Or,  pour  arrêter  la  contagion  des  mauvais  livres,  il  sera  très  utile, 
vénérables  Frères,  que  des  livres  de  même  volume,  écrits  par  des 
honunes  de  science  distinguée  et  saine,  et  préalablement  approuvés  par 
vous,  soient  publiés  pour  l'édification  de  la  foi  et  la  salutaire  éducation 
du  peuple.  Vous  aurez  soin  de  faire  répandre  parmi  les  fidèles  ces 
mêmes  livres,  et  d'autres  livres  de  doctrine  également  pure,  composés 
par  d'autres  auteurs  selon  que  le  demanderont  les  lieux  et  les  personnes. 

Tous  ceux  qui  coopèrent  avec  vous  à  la  défense  de  la  foi  auront  spé- 
cialement en  vue  de  faire  pénétrer,  d'aflermir,  de  graver  profondément 
dans  l'esprit  de  vos  fidèles  la  piété,  la  vénération  et  le  respect  envers  ce 
Siège  suprême  de  Pierre,  sentiments  par  lesquels  vous  vous  distinguez 
éminemment,  vénérables  Frères.  Que  les  peuples  fidèles  se  souviennent 
qu'ici  vit  et  préside,  en  la  personne  de  ses  successeurs,  Pierre,  le  prince 
des  apôtres,  dont  la  dignité  ne  s'éteint  pas  dans  un  indigne  héritier. 
Qu'ils  se  souviennent  que  Jésus-Christ  iNotre-Seigneur  a  placé  sur  cette 
chaire  de  Pierre  l'inexpugnable  fondement  de  son  Eglise,  qu'à  Pierre  il 
a  donné  les  clefs  du  royaume  des  cieux,  qu'il  a  prié  afin  dobtenir  que 
la  foi  de  Pierre  ne  faillît  jamais,  et  ordonné  à  Pierre  de  confirmer  ses 
frères  dans  cette  foi.  Ainsi  le  successeur  de  Pierre,  le  Pontife  Romain 
possède  l'autorité  suprême  de  tout  l'univeis  ;  il  est  le  vrai  Vicaire  de 
Jésus-Christ,  le  Chef  de  toute  FEglise,  le  Père  et  le  Docteur  de  tous  les 
Chrétiens. 


Le  maintien  de  cette  union  commune  des  peuples  dans  robcissance 
au  Pontife  Romain  est  le  moyen  le  plus  court  et  le  plus  direct  de  les 
conserver  dans  la  profession  de  la  vérité  catholique.  En  cll'et,  on  ne  peu, 
se  révolter  contre  la  foi  catholique  sans  rejeter  en  même  temps  l'auto- 
rité de  l'Eglise  Romaine,  en  qui  réside  l'autorité  irréformable  de  la  foit 
fondée  par  le  divin  Rédempteur,  et  en  qui  conséquemment  a  toujours 


\G0  LETTRE   ENCYCLIQUE    DE    IME    IX 

flatiim,  et  in  qna  propterea  semper  consorvala  fuit  ea'quœ  est 
al)  Apostdlis  Iraditio.  Ilinc  non  nio^jo  antiquis  hfcreticis,  sed 
etiam  recentioril)ns  Protestantibus,  quorum  cœteroquin  tanla  in 
reliquis  suis  placitis  discordia  est,  illud  commune  semper  fuit, 
ut  auctoritatem  impugnarent  Apostolicas  Sedis,  quam  nulle 
prorsus  tempore,  nullaque  arte,  aut  molimine,  ne  ad  unum  qui- 
dem  ex  suis  erruribus  tolerandum  inducere  potuerunt.  Idcirco 
hodierni  etiam  Dei  et  humanœ  societatis  hostes  nihil  inausum 
relinquunt,  ut  Halos  populos  a  nostro  Sanctœque  ejusdem  Sedis 
obsequio  divellant;  rati  nimirum,tum  demum  possesibi  contin- 
gere,  ut  Italiam  ipsam  impietate  doctrinae  suse  novorumque 
systematum  peste  contaminent. 

Atque  ad  pravam  hanc  doctrinam  et  systemata  quod  attinet, 
notum  jam  omnibus  est,  illos  eo  potissimum  spe.ctare,  ut  liber- 
tatis  et  œqualitatis  nominibus  abutentes,  exitiosa  Communismi 
et  Socialismi  commenta  in  vulgus  insinuent.  Constat  autem,  ipsis 
seu  Communismi  seu  Socialismi  magistris,  diversa  licet  via,  me- 
thodo  agentibus,  illud  demum  commune  esse  propositum,  ut 
operarios  atque  alios  inferioris  prsesertim  status  homines  suis 
deceptos  fallaciis,  et  faustioris  conditionis  promissione  illusos, 
continuis  commotionibus  exagitent.  atque  ad  graviora  paulatim 
facinora  exerccant;  ut  postmodum  illorum  opéra  uti  possint  ad 
superioris  cujusque  auctoritatis  régi  mon  oppugnandum,  ad  expi- 
landas,  diripiendas,  vel  invadendas  Ecclesiœ  primum,  ac  deinde 
aliorum  quorumcumqueproprietales,  ad  omnia  tandem  violanda 
divina  humanaque  jura,  in  divini  cultus  destructionem,.  atque  in 
subversionem  totius  ordiniscivilium  societatum.  In  tanto  autem 
Italiœ  discrimine  vestrum  munusest,  venerabiles  Fratres,  omnes 
pastoralis  studii  nervos  inténdere,  ut  lidelis  populus  agnoscat 
perversa  hujusmodi  placita  et  systemata,  si  ab  aliis  decipi  se 
patiatur,  in  œternam  pariter  ac  temporalem  ejus  perniciem  fore 
cessura. 

Moneantur  itaque  fidèles  curœ  vestrœ  concrediti,  pertinere 
omnino  ad  naturam  ipsam  humanœ  societatis,  ut  omnes  aucto- 
ritati  obtemperare  debeant  légitime  in  illa  constitutœ;  necquid- 
quam  commutari  posse  in  prœceptis  Domini,  quœ  in  sacris  Lit- 
teris  ea  super  rem  annuntiata  sunt  ;  scriptum  est  enim  :  «  Sub- 
«  jecti  estote  omni  humange  creaturœ  propter  Deum  sive  régi, 
«  quasi  prœcellenti  ;  sive  ducibus,  tanquam  ab  eo  missis  ad  vin- 
ce  dictam  malefactorum,  laudem  vero  bonorum  :  quia  sic  est 
«  voluntas  Dei  ut  benefacientes  obniutescere  faciatis  impruden- 
«  tium  hominum  ignorantiam  :  quasi  libcri,  et  non  quasi  velamen 
«  habentes  malitiic  libertatcm,  sed  sicut  servi  Dei  »  (I  Pétri,  ir, 
13,   seq).    Et  rursus  :  «    Omnis  anima  potestatibus  sublimio- 


«  NOSTIS  ET   NOBISCUM  »,  8   DÉCEMBRE   1849  IGl 

été  conservée  la  tradition  qui  vient  des  apôtres.  C'est  pourquoi  les  héré- 
tiques anciens  et  les  protestants  modernes,  si  divisés  dans  le  reste  de 
leurs  opinions,  se  sont  toujours  entendus  afin  d'attaquer  l'autorité  du 
Siège  Apostolique  ;  et  ils  n'ont  pu,  en  aucun  temps,  par  aucun  artilice, 
par  aucune  manœuvre,  l'amener  à  tolérer  même  une  seule  de  leurs 
erreurs.  Aussi  les  ennemis  actuels  de  Dieu  et  de  la  société  humaine 
n'omettent  rien  pour  arracher  les  peuples  italiens  à  notre  obéissance  et  à 
l'obéissance  du  Saint-Siège,  persuadés  qu'alors  il  leur  sera  possible  de 
parvenir  à  souiller  rilalie  de  Timpiété  de  leur  doctrine  et  à  y  répandre 
la  contagion  mortelle  de  leurs  nouveaux  systèmes. 


Quant  à  cette  doctrine  de  dépravation  et  h  ces  systèmes,  tout  le  monde 
sait  déjà  qu'ils  ont  pour  but  principal  de  répandre  dans  le  peuple,  en 
abusant  des  mots  de  liberté  et  d'égalité,  les  peinicieuscs  inventions  du 
Communisme  et  du  Socialisme.  11  est  constant  que  les  chefs  soit  du 
Communisme,  soit  du  Socialisme,  tout  en  agissant  par  des  méthodes  et 
des  moyens  différents,  ont  le  dessein  commun  de  tenir  en  agitation 
continuelle  et  d'habituer  peu  à  peu  à  des  actes  plus  criminels  les  ouvriers 
et  les  hommes  de  condition  inférieure,  trompés  par  leur  langage  artifi- 
cieux et  séduits  par  la  promesse  d'un  état  de  vie  plus  heureux.  Ils  comp- 
tent se  servir  ensuite  de  leur  secours  pour  attaquer  le  pouvoir  de  toute 
autorité  supérieure,  pour  piller,  dilapider,  envahir  les  propriétés  de 
l'Eglise  d'abord,  et  ensuite  celles  de  tous  les  autres  particuliers,  pour 
violer  enfin  tous  les  droits  divins  et  humains,  amener  la  destruction  du 
culte  de  Dieu  et  le  bouleversement  de  tout  ordre  dans  les  sociétés  civiles. 
Dans  un  si  grand  danger  pour  l'Italie,  il  est  de  votre  devoir,  vénérables 
Frères,  de  déployer  toutes  les  forces  du  zèle  pastoral  pour  faire  com- 
prendre, au  peuple  fidèle  que,  s'il  se  laisse  entraîner  à  ces  opinions  et  à 
ces  enseignements  pervers,  il  sera  conduit  à  son  malheur  temporel  et  à 
sa  perte  éternelle. 


Avertissez  donc  les  fidèles  confiés  à  vos  soins  qu'il  est  essentiel  à  la 
nature  même  de  la  société  humaine  que  tous  obéissent  à  l'autorité  légi- 
timement constituée  dans  cette  société;  et  que  rien  ne  peut  être  changé 
dans  les  préceptes  du  Seigneur,  qui  sont  énoncés  dans  les  Lettres  sacrées 
sur  ce  sujet.  Car  il  est  écrit:  «  Soyez  donc  soumis  pour  l'amour  de 
Dieu  à  toutes  sortes  de  personnes,  soit  au  roi  comme  au  souverain;  soit 
aux  gouverneurs,  comme  à  des  hommes  envoyés  par  lui  pour  punir  les 
méchants  et  récompenser  les  bons.  Car  la  volonté  de  Dieu  est  que  par 
votre  bonne  volonté  vous  fermiez  la  bouche  aux  lioaimes  ignorants  et 
insensés;  libres,  non  pour  vous  servir  de  votre  liberté  comme  d'un  voile 
de  malice,  mais  pour  agir  en  serviteurs  de    Dieu.  »  Et    encore:  «  Que 


1C"2  LETTRE   ENCYCLIQUE    DE    l'IE    IX 

«  ribus  snbdila  sit;  non  est  enini  potestas  nisi  a  Deo  ;  qiiœ  autem 
«  sunt.  a  Deo  ordinatœ  sunt  ;  itaque  (jiii  resistit  potestati,  Dei 
«  ordinationiresistit:  qui  autem  resistmil.  ip>i  sibi  damnationem 
«  acqnivurit  »  (Rom.,  xiii,  i,  seq.». 

Sciant  priioterea,  esse  pariter  naturali^,  atque  adeo  incommii- 
labilis  conditionis  humanarum  renini,  ut  intcr  eos  etiam,  qui 
in  sublimiori  auctoritate  non  snnt,  alii  tamen  aliis^  sive  ob 
(liversas  animi  aut  corporis  dotes,  sive  ob  divitias  et  externa 
bujusmodi  bona  prœvaleant  :  nec  ullo  libertatis  et  aeqnalitatis 
obtentu  fieri  unquam  posse,  ut  aliéna  bona  vel  jura  invadere 
aut  quomodo  libet  violare  licitum  sit.  Perspicwa  boc  quoque  in 
génère  et  passiin  incHilcata  extant  in  sacris  Litteris  divina  prœ- 
cepta,  quibus  nedum  ab  occupatione  alienarum  rerum,  sed  ab 
ipso  etiam  ejus  desiderio  districteprobibemur  (Exodi,  xx,  15,  17. 
—  Ucuteronomii,  v,  19,  21). 

Sed  meminerint  insuper  pauperes  et  miseri  qnicumquc  homi- 
nes  quantum  ipsi  debeant  catholicce  religioni,  in  qua  intemerata 
viget  et  palam  prcedicatur  Christi  doctrina;  qui  bénéficia  in  pau- 
peres vel  miseros  collata  perinde  baberi  a  se  declaravit,  ac  si 
facta  sibi  ipsi  fuissent  (Matthœi,  xviii,  15;  xxv,  40,  45):  atque 
omnibus  prœnuntiatam  voluit  peculiarem  rationem,  quam  in  die 
Judicii  habiturus  est  de  iisdem  misericordiee  operibus,  sive  sci- 
licet  ad  pra3mia  seternae  vitœ  fidelibus  tribuenda,  qui  illis  vaca- 
verint:  sive  ad  illos,  qui  ea  neglexerint,  seterniignis  pœna  mul- 
ctandos  (Matthaei,  xxv,  34,  seq.). 

Ex  qua  Gbristi  Domini  prœnuntiatione,  aliisque  illius  circa 
divitiarum  usum  earumque  pericula  severissimis  monitis 
(Matthaei,  xix,  23,  seq.  —  Lucœ,  vi,  4;  xvii.  22;  seq.  —  Epist. 
Jacobi,  v,  1,  seq.),  in  Ëcclesia  catholica  inviolate  custoditis,  fa- 
ctum  porro  est,  ut  pauperes  et  miseri  apud  catbolicas  genteç  in 
longe  mitiore,  quam  apud  alias  quaslibet,  conditione  versentur. 
Atque  hi  quidem  in  regionibus  nostris  uberiora  adhuc  subsidia 
obtinerent  nisi  plura  instituta,  quœ  majorum  pietate  comparata 
fuerant  ad  ipsorum  levamen,  extincta  nuper  repetitis  publica- 
rum  rerum  commotionibus  aut  direpta  fuissent.  l)e  relique  pau- 
peres nostri,  Christo  ipso  docente  meminerint,  non  esse  cur 
tristes  sint  de  conditione  sua:  quandoquidem  in  paupertate  ipsa 
facilior  eis  parata  via  est  ad  obtinendam  salutem,  dummodo 
scilicetsuam  indigentiam  patienter  sustineant,  et  non  re  tantum, 
sed  spiritu  pauperes  sint.  Ait  enim  :  «  Beati  pauperes  spiritu, 
quoniam  ipsorum  est  regnum  cœiorum  ».  (Mattliaei,  v,  3.) 

Sciât  etiam  fidelis  populus  universus,  veteres  reges  ethnica- 
rum  rerum  prœsides  multo  graviusfrequentiusque  abusos  fuisse 
potestatesua;  atque  bine  religioni  nostrœ  sanctissimcein  acceptis 


«  XOSTIS  ET   NOBISCUM  »,  8   DÉCEMBRE    1849  16-^ 

toute  âme  soit  soumise  aux  puissances  supérieures;  car  il  n'y  a  point  de 
puissance  qui  ne  soit  de  Dieu,  et  toutes  les  puissances  existantes  sont 
ordonnées  de  Dieu.  Celui  donc  qui  résiste  aux  puissances  résiste  à  l'ordre 
de  Dieu  et  ceux  qui  y  résistent  attirent  sur  eux  la  condamnation.  » 

Qu'ils  sachent  encore  que,  dans  la  condition  des  choses  humaines, 
il  est  naturel  et  invaiiahle  que  même  entre  ceux  qui  n'ont  point  une 
autorité  plus  élevée,  les  uns  l'emportent  sur  les  autres,  soit  pai-  diverses 
qualités  de  l'csprii  ou  du  corps,  soit  par  des  richesses  ou  d'autres  biens 
extérieurs  de  celte  sorte;  et  que  jamais,  sous  aucun  prétexte  de  liberté 
et  d'égalité,  il  ne  peut  être  licite  d'envahir  les  biens  ou  les  droits  d'au- 
trui,  ni  de  les  violer  d'une  façon  quelconque.  Les  commandements 
divins  sur  ce  sujet,  qui  sont  gravés  çà  et  là  dans  les  Livres  saints,  sont 
fort  clairs,  et  nous  défendent  formellement  de  nous  emparer  du  bien 
d'autrui,  de  le  désirer  même. 


Que  les  pauvres  surtout  et  les  malheureux  se  rappellent  combien  ils 
doivent  à  la  religion  catholique,  Elle  garde  vivante  et  intacte,  elle 
prêche  hautement  la  doctrine  du  Christ,  et  le  Christ  a  déclaré  qu'il 
regarderait  comme  fait  à  sa  personne  le  bien  fait  aux  pauvres  et  aux 
malheureux;  il  a  de  plus  annoncé  d'avance  et  à  tous  le  compte  particu- 
lier qu'il  demandera,  au  jour  du  jugement,  sur  les  œuvres  de  miséri- 
corde, soit  pour  récompenser  de  l'éternelle  vie  les  fidèles  qui  auront 
accompli  ces  œuvres,  soit  pour  punir  de  la  peine  du  feu  éternel  ceux  qui 
les  auront  négligées. 


De  cet  avertissement  du  Christ  Notre-Seigneur  et  des  avis  très  sév^ères 
qu'il  a  donnés  touchant  l'usage  des  richesses  et  leurs  dangers,  avis  con- 
servés inviolablement  dans  l'Eglise  catholique,  il  est  résulté  que  la  con- 
dition des  pauvres  et  des  malheureux  est  de  beaucoup  plus  douce  chez 
les  nations  catholiques  que  chez  toutes  les  autres.  Les  indigents  obtien- 
draient dans  nos  contrées  des  secours  encore  plus  abondants  si,  au 
milieu  des  récentes  commotions  des  affaires  publiques,  de  nonibreu.x 
établissements  fondés  par  la  piété  de  nos  ancêtres  pour  les  soulager 
n'avaient  été  détruits  ou  pillés.  Au  reste  que  nos  pauvres  se  souvien- 
nent, d'après  l'enseignement  de  Jésus-Christ  lui-même,  qu'ils  ne  doivent 
point  s'attrister  de  leur  condition:  car  la  pauvreté  même  leur  a  préparé 
pour  le  salut  un  chemin  plus  facile,  pourvu  toutefois  qu'ils  supportent 
patiemment  leur  indigence,  et  qu'ils  soient  pauvres  non  seulement  en 
réalité,  mais  encore  en  esprit.  Car  il  est  dit  :  «  Heureux  les  pauvres  en 
esprit;  le  royaume  des  cieux  est  à  eux.  y> 


Le  peuple  fidèle  tout  entier  doit  savoir  aussi  que  les  anciens  rois  des 
nations  païennes  et    les  chefs  de   leurs   républiques  ont  abusé  de   leur 


lui  LETTUt:    ENCYCLIQUE    DE    PIE    I\ 

referenfJiini  esse  co.qnoscal,  si  prinripes  rliristianoriim  tempo- 
rum  irenliiim,  aliosqiie  in  illis  piiblicaruni  formidantes,  reli- 
gione  adnioncnle,  jndiciiim  dtirissiuiujn,  quocl  his.  qui  prœsunt, 
ftel ;  et  de.slinatiim  peccantibus  suppliciiini  sempiternuni,  in  quod 
potcnles  potenler  tormenta  ■palienlur  (Sapientiœ,  vi,  6,  7),  justiori 
erga  subjectos  populos  et  clementiori  regimine  utuntur. 

Agnoscant  denique  crediti  vestris  nostrisque  curis  fidèles, 
veram  perfectamque  hominum  lil)ertatem  et  rcqualitaleni  in 
christianœ  legis  custodia  positam  esse  ;  quandoquidem  Deus 
omnipotens,  qui  fecit  piisillum  et  mafjnum,  et  cui  luqualiter 
cura  est  de  omnibus  (Sapientiœ,  vi,8),  non  suhtrahet  personam  cujus- 
quam  (Actorum,  xvii,  31).  ac  diem  statuit  in  quo  judicalurus  est 
orbem  in  œquitate  (Matthœi,  xvi,  27),  in  suc  Unigenito  Christo 
Jesu,  qui  venturxis  est  in  gloria  Patris  sui  cum  amjelis  suis,  et  tune 
reddet  tinicuique  secundum  opéra  ejus. 

Quod  si  fidèles  iidem  paterna  suorum  pastorum  monita  et 
commemorata  superius  christianœ  legis  mandata  despicientes,  a 
supradictis  hodiernarum  machinationum  promotoribusdecipi  se 
patiantur,  et  in  perversa  Socialismi  et  Lommunismi  systeinata 
conspirare  cum  illis  voluerint,  sciant,  serioque  considèrent,  the- 
saurizare  se  sibimetipsis  apud  divinum  Judicem  thesauros  vin- 
dictœ  in  die  irœ,  nec  quidquam  intereaexconspiratione  illatem- 
poralis  in  populum  utilitutis,  sed  nova  potius  miseriarum  et 
calamitatum  incrementa  obventura.  Non  enim  datum  hominibus 
est,  novas  stabilire  societates  et  communiones  naturali  huma- 
narum  rorum  conditioni  adversantes  atque  idcirco  conspiratio- 
num  hujusmodi,  si  per  Italiam  dilatarentur,  non  alius  esse 
exitus  posset,  nisi  ut  hodierno  publicarum  rerum  statu  per 
mutuas  civium  contra  cives  aggressiones,  usurpationes,  caedes 
labefactato  funditusque  convulso,  pauci  tandem  aliqui,  multo- 
rum  spoliis  locupletati,  summum  in  communi  ruina  dominatum 
arriperent. 

Jam  vero  ad  fidelem  avertendum  ab  impiorum  insidiis,  et  in 
professione  custodiendum  catholicae  religionis,  atque  ad  verœ 
virtutis  opéra  excitandum,  magna,  ut  probe  scitis,  vis  est  in 
illorum  vita  et  exemple,  qui  divinis  se  ministeriis  mancipanint. 
Verum,  proh  dolor!  non  defuere  per  Italiam  aliqui,  pauci  illi 
quidem,  viri  ecclesiastici,  qui  ad  Kcclesiae  hostes  transfugœ  non 
minimo  illis  ad  fidèles  decipiendos  adjumento  fuerunt.  Sed  vobis 
certe,  venerabiles  Fratres,  novo  illorum  lapsus  stimulo  fuit,  ut 
acriori  in  dies  studio  in  cleri  disciplinam  advigiletis.  Atque  hic 
in  futurum  quoque  tempus,  pro  eo  ac  debemus  prospicere  cu- 
pientes,  tempcrare  nobis  non  possumus,  quin  commendemus 
denuo,  quod  in  prima  nostraad  totius  orbis  episcopos  Encyclica 


Œ  NOSTIS  ET   NOBISCUM  »,  8   DÉCEMBRE    1819  165 

pouvoir  beaucoup  plus  gravement  et  beaucoup  plus  souvent  :  par  là  il 
reconnaîtra  que  si  les  princes  des  temps  chrélicns  redoutent,  à  la  voix 
de  la  religion,  \o  jugement  trè.<  sévère  qui  sera  rendu  sur  ceux  qui  com- 
mande n  t.  cl  Vclerucl  supplice  destiné  aux  pécheurs,  supplice  dans  lequel 
les  puissants  seront  puissamment  lorturrs,  il  en  est  redevable  i  cette 
sainte  religion,  et  que  ces  princes  conduisent  les  peuples  qui  leur  >ont 
soumis  avec  plus  de  justice  et  de  douceur. 

Les  fidèles  confiés  à  vos  soins  et  aux  nôtres  doivent  reconnaître  enfin 
que  la  vraie  et  parfaite  liberté,  que  l'égalité  des  hommes,  ont  été  mises 
sous  la  garde  de  la  loi  chrétienne,  puisque  le  Dieu  tout-puissant,  qui  a 
fait  le  petit  et  le  grand,  et  qui  a  un  soin  égal  de  tous,  ne  soustraira  au 
jugement  la  personne  de  qui  que  ce  soit,  et  n'aura  égard  à  aucune 
grandeur  :  il  a  fixé  le  jour  où  il  jugera  l'univers  dans  sa  justiceen  Jésus- 
Christ,  son  Fils  unique,  qui  doit  venir  dans  la  gloire  de  son  Père  avec 
ses  anges,  et  qui  rendra  alors  à  chacun  selon  ses  œuvres. 


Si  les  fidèles,  méprisant  les  avis  paternels  de  leurs  pasteurs  et  les 
préceptes  de  la  loi  chrétienne  que  nous  venons  de  rappeler,  se  laissent 
troni|)er  par  les  promoteurs  des  manœuvres  actuelles,  s'ils  consentent  à 
conspirer  avec  eux  pour  les  systèmes  pervers  du  Socialisme  et  du  Com- 
munisme, qu'ils  le  sachent  et  le  considèrent  sérieusement  :  ils  amasse- 
ront pour  eux-mêmes  auprès  du  divin  Juge  des  trésors  de  vengeance  au 
jour  de  la  colère;  et  en  attendant  il  ne  sortira  de  cette  conspiration 
aucun  avantage  temporel  pour  le  peuple,  mais  bien  plutôt  un  accroisse- 
ment de  misères  et  de  calamités.  Car  il  n'est  pas  donné  aux  hommes 
d'établir  de  nouvelles  sociétés  et  des  communautés  opposées  à  la  con- 
dition naturelle  des  choses  humaines;  et  c'est  pourquoi  le  résultat  dé 
pareilles  conspirations,  si  elles  s'étendaient  en  Italie,  serait  celui-ci  : 
l'état  actuel  des  choses  publiques  serait  ébranlé  et  renversé  de  fond  en 
comble  par  des  luttes  de  citoyens  contre  citoyens,  par  des  usurpations, 
par  des  meurtres,  puis  au  milieu  de  la  ruine  commune  quelques 
hommes  enrichis  des  dépouilles  du  grand  nombre  saisiraient  le  pouvoir 
suprême. 


Pour  détourner  le  peuple  fidèle  des  embûches  des  impies,  pour  le 
maintenir  dans  la  profession  de  la  religion  catholique  et  l'exciter  aux 
œuvres  de  la  vraie  vertu,  l'exemple  et  la  vie  de  ceux  qui  se  sont  voués  au 
sacré  ministère  a,  vous  le  savez,  une  grande  puissance.  Mais,  ô  douleur! 
il  s'est  trouvé  en  Italie  des  ecclésiastiques,  en  petit  nombre,  il  est  vrai, 
qui  ont  passé  dans  les  rangs  des  ennemis  de  l'Eglise,  et  ne  les  ont  pas 
peu  aidés  à  tromper  les  fidèles.  Pour  vous,  vénérables  Frères,  la  chute 
de  CCS  hommes  a  été  un  nouvel  aiguillon  ;  il  vous  excite  à  veiller  avec  un 
zèle  de  plus  en  plus  actif  à  maintenir  la  discipline  du  clergé.  Et  ici,  vou- 
lant, suivant  notre  devoir,  prendre  des  mesures  préservatrices  pour  l'ave- 
nir, nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  vous  recommander  de  nouveau 
un  point  sur  lequel  nous  avons  déjà  insisté  dans  notre  première  Letti  e 


1(iC>  LETTRE    ENCYCLIOUE    DE    PIE    IX 

Epistola  inculcavimus  (novembris  1840.),  nempe  ut  nemini  cito 
mamis  imp(jiiatis  (I  Timoth.,  v,  22),  sed  in  ecclesinsticfe  niilitiaï 
delofiii  majorem  usquedili^cntiam  adhibeatis.  Ue  iis  praeseilim, 
qui  saci'is  ordinibus  initiari  desiderent.  inijuirere  et  diu  multum- 
qiie  invesligare  opus  est,  mim  ea  doctiina  gravilate  morum  et 
divini  cultus  studio  commcndentur,  ut  certa  spes  alTulgeat  fore, 
ut  tanquam  lucernœ  ardentes  in  domo  Duniini  eoruni  vivendi 
l'alione  atque  opéra  œdificationem  et  spiritualem  vestro  gregi 
ulilitalem  aiïere  queant. 

Oiioniam  vero  ex  monasteiiis  reclc  administratis  ingens  in 
Ecclesia  Dci  splendor  atque  utilitas  dimanat,  et  regularis  etiam 
clerus  adjutricem  vobis  in  procuranda  aniinarum  salute  operam 
navat,  vobis  ipsis,  veneiabiles  Fratres,  in  mandatis  damus, 
primum  quidem  ut  religiosas  familias  cujusque  diœcesis  nostro 
Domine  certiores  faciatis,  nobis  peculiaresœrumnasingemiscen- 
tibus,  quas  multas  illarum  in  recenti  calamitoso  tempore  per- 
pessse  sunt,  non  levi  interea  consobitioni  fuisse  animorum  pa- 
tientiam,  atque  in  virtutis  et  rcligionis  studio  constantiam,  quibus 
plurimi  ex  religiosishominibusadexemplum  secommendarunt; 
et  si  aliqui  non  defuerint,  quisuœprofessionis  obliti  cum  magno 
bonoruni  scandalo,  et  nostro  fratrumque  suorum  dolore  tur- 
pissime  prsevaricati  sunt  :  deinde  vero,  ut  prœsides  earumdeni 
familiaruni,  et  superiores,  ubi  opus  fuerit,  illarum  moderatores 
nostris  verbis  adhortemini,  ut  pro  sui  officii  debito,  nulli  par- 
cant  curœ  atque  industriœ,  quo  regularis  disciplina,  ubi  servatur, 
magis  in  dies  vigeat  et  floreat,  ubi  vero  detrimentum  aliquod 
passa  fuerit,  omnino  reviviscat  et  redintogretur.  .Moneant  in- 
stanter  iidem  prœsides,  arguant,  increpent  religiosos  illarum» 
alumnos,  ut  serio  considérantes  quibus  se  votis  Deo  obtrinxe- 
runt,  illa  diligenter  reddere  studeant,  suique  instituti  régulas 
inviolate  custodiant,  et  mortificationem  Jesu  in  suo  corpore  cir- 
cumferentes  ab  iis  omnibus  abslineant,  quaî  proprice  vocationi 
adversantur,  et  operibus  instent,  quœ  caritatem  Dei  ac  proximi, 
perfectteque  virtutis  studium  prœ  se  ferant.  Gaveant  praesertim 
supradicti  ordinum  moderatores,  ne  ulli  ad  religiosa  institula 
aditum  faciant,  nisi  cujus  antea  vitam,  mores  atque  indolem  ac- 
curatissime  expenderint;  ac  deinde  illos  tantum  ad  religiosam 
professionem  admittant,  qui  tyrocinio  rite  posito  ea  dederint 
verœ  vocationis  signa,  ut  judicari  merito  possit,  ipsos  non  alia 
de  causa  religiosam  vitam  amplecli,  nisi  ut  Deo  unice  vivant,  et 
suam  atque  aliorum  salutem  pro  cujusijue  instituti  ratione  pro- 
curare possint.  Super  bis  autem  deliberatum  fixumque  nobis  est, 
utea  omnino  serventur,  quœ  ad  rcligiosarum  familiaruni  bonum 
statuta  prœscripta(]ue  sunt  in  decrelis  a  noslra  Congregatione 


«  NOSTIS  ET   NOBISCUM  »,  8   DÉCEMBRE   1849  167 

Encyclique  aux  évêqucs  de  tout  Tunivcrs  :  nous  vous  rappelons  de  n'im- 
poser jamais  légèrement  les  mains  à  personne  et  d'apporter  le  soin  le  plus 
attentif  au  clioix  de  la  milice  ecclésiastique.  Il  faut  une  longue  recherche, 
une  minutieuse  investigation  au  sujet  surtout  de  ceux  qui  désirent  en- 
trer dans  les  ordres  sacrés  ;  il  faut  vous  assurer  qu'ils  se  recommandent 
par  la  science,  par  la  gravité  des  mœurs  et  par  le  zèle  du  culte  divin, 
de  façon  à  donner  l'espoir  certain  que,  semblables  à  des  lampes  ardentes 
dans  la  maison  du  Seigneur,  ils  pourront  par  leur  conduite  et  par  leurs 
œuvres  procurer  à   votre  troupeau   l'édification  et  Tulilité  spirituelles. 


L'Eglise  de  Dieu  retire  des  monastères,  lorsqu'ils  sont  bien  conduits, 
une  immense  utilité  et  une  grande  gloire,  et  le  clergé  régulier  vous 
porte  à  vous-mêmes,  dans  votre  travail  pour  le  salut  des  ;\mes,  un 
secours  précieux.  C'est  pourquoi  nous  vous  demandons,  vénérables 
Frères,  d'abord  d'assurer  de  notre  part  aux  familles  religieuses  de  cha- 
cun de  vos  diocèses,  qu'au  milieu  de  tant  de  douleurs  nous  avons  par- 
ticulièrement ressenti  les  maux  que  plusieurs  d'entre  elles  ont  eu  à  souf- 
frir dans  ces  derniers  temps,  et  que  la  courageuse  patience,  la  constance 
dans  l'amour  de  la  vertu  et  de  la  religion,  dont  un  grand  nombre  de 
religieux  ont  donné  l'exemple,  a  été  pour  nous  une  source  de  consola- 
tions d'autant  plus  vives  qu'on  en  a  vu  d'autres,  oubliant  la  sainteté  de 
leur  profession,  au  grand  scandale  des  gens  de  bien,  et  remplissant 
d'amertume  notre  cœur  et  le  cœur  de  leurs  frères,  prévariquer  honteu- 
sement. En  second  lieu,  vous  aurez  soin  d'exhorter  en  notre  nom 
les  chefs  de  ces  familles  religieuses,  et,  quand  cela  sera  nécessaire,  les 
premiers  supérieurs,  à  ne  rien  négliger  des  devoirs  de  leur  charge  pour 
rendre  la  discipline  de  plus  en  plus  régulière  là  où  elle  s'est  maintenue 
vigoureuse  et  florissante,  et  pour  la  rétablir  dans  toute  son  intégrité  et 
toute  sa  force  là  où  elle  aurait  reçu  quelque  atteinte.  Ces  supérieurs 
rappelleront  sans  cesse,  et  par  les  avertissements,  et  par  les  représenta- 
tions, et  par  les  reproches,  aux  religieux  de  leurs  maisons  qu'ils  doivent 
sérieusement  considérer  par  quels  vœux  ils  se  sont  liés  envers  Dieu,  s'ap- 
])liquer  à  tenir  ce  qu'ils  ont  promis,  garder  inviolablement  les  règles  de 
leur  institut,  et,  portant  dans  leur  corps  la  mortification  de  Jésus,  s'abs- 
tenir de  tout  ce  qui  est  incompatible  avec  leur  vocation,  se  donner  tout 
entiers  aux  œuvres  qui  entretiennent  la  charité  envers  Dieu,  envers  le 
prochain,  et  l'amour  de  la  vertu  parfaite.  Que  sur  toutes  choses  les 
modérateurs  de  ces  Ordres  veillent  à  ce  que  l'entrée  n'en  soit  ouverte  à 
aucune  personne  qu'après  un  examen  approfondi  et  scrupuleux  de  sa 
vie,  de  ses  mœurs  et  de  son  caractère;  que  personne  n'y  puisse  être 
admis  à  la  profession  religieuse  qu'après  avoir  donné,  dans  un  noviciat 
fait  selon  les  règles,  des  preuves  d'une  véritable  vocation,  de  telle  sorte 
qu'on  puisse  à  bon  droit  présumer  que  le  novice  n'embrasse  la  vie  reli- 
gieuse que  pour  vivre  uniquement  en  Dieu  et  travailler,  selon. la  règle  de 
son  institut,  à  son  salut  et  au  salut  du  prochain.  Sur  ce  point,  nous 
voulons  et  entendons  que  l'on  observe  tout  ce  qui  a  été  statué  et  pres- 
crit, pour  le  bien  des  familles  religieuses,  dans  les  décrets  publiés  le 


108  LDTTRE    I-NCYCLIQL'E    Dli    l'ili   IX 

super  sfalii  Recula  ri  uni  die  25  januarii  supcMiori  anno  editis,  et 
A|tost'»lica  noslra  auctorilale  sancitis. 

Posl  Ikcc  ad  sœcularis  cleri  deiectum  revocato  serrnone,  C(jit)- 
mendatam  in  primis  volumus  fratornitatibus  vestris  instructio- 
neni  et  educationem  minoruin  clericoruni,  quandofpndem  idunei 
Ecclesiae  ministri  vix  aliter  habeii  possunt,  quani  ex  illis,  cpii 
ab  adolescentia  et  prima  œtate  ad  sacra  eadem  ofdcia  rite  infur- 
mati  fuerint.  Pergite  igilur,  venerabilesFratres,  omnem  iinpen- 
dere  industriam  atque  operam,  quo  sacraî  niilitiae  tyrones  a 
teneris  annis,  quoad  ejuslieri  poterit,  in  ecclesiastica  seminaria 
recipiantur,  atque  inibi,  tanquam  novellse  plantationes  succre- 
scenles  in  circuitu  tabernaculi  Domini,  advilœ  innocentiam,reli- 
gionem,  modostiam,  et  ecclesiasticum  spiritum  conformenlur, 
simulque  litteras,  et  minores,  majoresque  disciplinas,  prœsertim 
sacras  addiscant  a  selectissimis  magistris,  qui  scilicet  doctrinam 
sectentur  ab  oinni  cujusque  erroris  periculo  alienam. 

Quoniam  vero  haud  facile  vobis  continget  minorum  omnium 
clericorum  cruditionem  in  seminariis  perlicere,  etcseteros  etiam 
ex  laicorum  ordine  adolescentes  ad  pastoralem  vestram  solli- 
citudinem  pertinere  non  est  dubium,  excubate  insuper,  venera- 
biles  Fratrcs,  aliis  omnibus  publicisprivatisque  scbolis,  et  quan- 
tum in  vobis  est  omni  ope  atque  induslria  adnitimini,  ut  tota  in 
illis  studiorum  ratio  ad  catholicœ  doctrinœ  normam  exigatur,  et 
conveniens  in  illas  juventus  ab  idcneis  et  probitate  ac  religione 
spectatis  magistris  ad  veram  virtutem,  bonasque  aites  ac  disci- 
plinas instituta,  opportunis  muniatur  prœsidiis  quibus  structas 
sibi  ab  impiis  insidias  agncscat,  et  exitiales  eorumdem  errores 
devitet,  atque  ita  sibi  et  christianse  ac  civili  reipublicae  orna- 
mento  et  utilitati  esse  possit. 

Eo  autem  in  génère  prœcipuam  vobis  planeque  liberam  au- 
ctoritatem  et  curam  vindicabitis  super  protessoribus  sacrarum 
disciplinarum,  et  in  reliquis  cninibus  quœ  Heligionis  sunt,  aut 
lleligionem  proxime  attingunt.  Advigiiaie.  ui  m  tota  quidem 
scholarum  ratione,  sed  in  his  maxime  quue  Heligionis  sunt,  libri 
adhibeantur  ab  erroris  cujusque  suspicione  immunes.  Commo- 
nete  animarum  curatores.  ut  seduli  vobis  adjutores  sint  in  iis, 
quœ  scholas  respiciunt  infantium  et  juvenum  primœ  .letatis  ;  quo 
destinentur  ad  illas  magistri  et  magistrœ  prcbatissimœ  bone- 
statis,  et  in  pueris  autpuellis  ad  christianœ  fidei  rudimenta  insti- 
tuendis  libri  adbibeantur  a  sancta  bac  Sede  probati.  ^ua  in  re 
dubitare  non  possumus,  quin  parochi  ipsi  exemplo  illis  sint,  et 
vobis  sedulo  instantibus,  in  pueros  ad  christianœ  doctrinœ  pri- 
mnnlia  instruendos  quotidie  magis  incumbant,  eamque  instru- 
ctionem  ad  graviores  sui  muneris  partes  omnino  pertinere  memi- 


a  NOSTIS   ET    XOHISCUM   »,  8    DÉCEMBRE    1849  t  GO 

2o  janvier   de   l'année  dernière,  par  notre   Congrégation  des   réguliers, 
décrets  revêtus  de  la  sanction  de  notre  autorité  Apostolique. 


Revenons  au  choix  du  clergé  séculier.  Nous  tenons  premiil^renient  ;'i 
recommander  à  votre  fraternité  l'instruction  et  Péducation  des  clercs 
mineurs;  car  l'Eglise  ne  peut  guère  espérer  trouver  de  dignes  ministres 
que  parmi  ceux  qui,  dès  leur  jeunesse  et  leur  premier  ûge,  ont  été,  sui- 
vant les  règles  prescrites,  formés  au  ministère  sacré.  Continuez  donc, 
vénérables  Frères,  à  user  de  toutes  vos  ressources,  à  faire  tous  vos 
efforts  pour  que  les  recrues  de  la  milice  sacrée  soient  autant  que  pos- 
sible reçues  dans  les  séminaires  ecclésiastiques  dès  leurs  plus  jeunes  ans, 
et  pour  que,  rangés  autour  du  tabernacle  du  Seigneur,  elles  grandissent 
et  croissent  comme  une  plantation  nouvelle  dans  l'innocence  de  la  vie, 
la  religion,  la  modestie,  l'esprit  ecclésiastique,  apprenant  en  même 
temps,  de  maîtres  choisis  dont  la  doctrine  soit  pleinement  exempte  de 
tout  péril  d'erreur,  les  lettres,  les  sciences  élémentaires  et  les  hautes 
sciences,  mais  surtout  les  lettres  et  les  sciences  sacrées. 


Mais,  comme  vous  ne  pourrez  que  difficilement  compléter  l'instruc- 
tion de  tous  les  clercs  mineurs  dans  les  séminaires;  comme  d'ailleurs 
les  jeunes  gens  de  l'ordre  laïque  doivent  assurément  être  aussi  l'objet 
de  votre  sollicitude  pastorale,  veillez  également,  vénérables  Frères,  sur 
toutes  les  autres  écoles  publiques  et  privées,  et,  autant  qu'il  est  en  vous, 
mettez  vos  soins,  employez  votre  iniluence,  faites  vos  etforts,  pour  que 
dans  ces  écoles  les  études  soient  en  tout  conformes  à  la  règle  de  la  doc- 
trine catholique  ;  pour  que  la  jeunesse  qui  s'y  trouve  réunie  soit  formée 
à  la  vertu,  aux  lettres,  aux  sciences  et  aux  arts  par  des  maîtres  rccom- 
mandables  sous  le  rapport  de  la  religion  et  des  mœurs;  pour  qu'elle  soit 
convenablement  préparée  à  reconnaître  les  pièges  tendus  par  les  impies, 
à  éviter  leurs  funestes  erreurs,  à  servir  utilement  et  avec  gloire  la  société 
chrétienne  et  la  société  civile. 


C'est  pourquoi  vous  revendiquerez  la  principale  autorité,  une  autorité 
pleinement  libre,  sur  les  professeurs  des  sciences  sacrées  et  sur  toutes 
les  choses  qui  sont  de  la  religion  ou  qui  y  touchent  de  près.  Veillez  à 
ce  qu'en  rien  ni  pour  rien,  mais  surtout  en  ce  qui  touche  les  choses  de 
la  religion,  on  n'emploie  dans  les  écoles  que  des  livres  exempts  de  tout 
soupçon  d'erreur.  Avertissez  ceux  qui  ont  charge  d'àmes  d"être  vos  coo- 
pérât eviA's  vigilants  en  tout  ce  qui  concerne  les  écoles  des  enfants  et  du 
premier  âge.  Que  les  écoles  ne  soient  confiées  qu'à  des  maîtres  et  à  des 
maîtresses  d'une  honnêteté  éprouvée,  et  que,  pour  enseigner  les  éléments 
de  la  foi  chrétienne  aux  petits  garçons  et  aux  petites  filles,  on  ne  se 
serve  que  de  livres  approuvés  par  le  Saint-Siège.  Sur  ce  point,  nous  ne 
pouvons  douter  que  les  curés  ne  soient  les  premiers  à  donner  rexem|)le, 
et  que  pressés  par  vos  incessantes  exhortations,  ils  ne  s'appliquent 
chaque  jour  davantage  à  instruire  les  enfants  des  éléments  de  la  doctrine 
chrétienne,  se  souvenant  que  c'est  là  un  des  devoirs  les  plus  graves  delà 


170  LETTIIE    ENCYCLIQUE    IJE    PIE    IX 

nerint  (Tii^lfrit.,  sess.  xxiv,  c.  A.  —  Honcd.  XIV,  Const.,  Htst 
minime,  7  fubr.  1742).  litleni  vero  adiiioiu-nrli  eriint.  ut  in  suis 
sive  ad  |)ueros,  sive  ad  reiiquani  plolji-m  inslructionibus  habere 
ob  oculos  non  omittant  Catechisnium  Homanuni,  quem  ex  dé- 
crète Tiidcntini  Concilii  et  S.  Pii  V,  ininiortalis  ineinoriœ  deces- 
soris  nosiri,  jussu  editum,  alii  |)orro  Suinnii  Pontilices,  ac  no- 
niinatim  fel.  record.  Clcmens  XIII  cunctis  animarum  pasloribus 
denuo  cûnimendatum  voluit,  tanquum  «  ad  pravarum  opinionuni 
fraudes  removendas,  et  ver-'un  sananique  doctrinam  propagan- 
dam  stabilitandamque  opportunissinium  subsidium  »  (In  Kncy- 
clicis  Litteris  ea  de  ro  ad  omncs  Episcopos  datis  14  junii  1761). 

Ilaud  sane  mirabimini.  venerabiles  Fiatres,  si  de  bis  fusiori 
aliquantulum  calamoscripsimus.  Enim  vero  prudentiam  vestram 
minime  fugit  periculoso  hue  tempore  vobis  nobisque  ipsis  omiii 
industria  atque  opéra,  ao  magna  animi  firmitate  connitendum  et 
invigilandum  esse  in  illis  omnibus,  quce  scholas  et  puerorum  ac 
juvenum  utriusque  sexus  instructionem  et  educationera  attin- 
gunt.  Nostis  enim,  hodiernos  Reiigionis  humanœque  societatis 
inimicos,  diabolico  plane  spiritu,  in  id  suas  omnes  artes  con- 
ferre,  ut  juvéniles  mentes  et  corda  a  prima  ip.sa  œtate  perver- 
tant.  Idcirco  etiam  nihil  intentatum,  nihil  prorsus  inausum 
relinquiint,  ut  scholas  et  instituta  quœlibet  juventutiseducationi 
deslinata  ab  Ecclesiœ  auctoritate  et  a  sacrorum  Pastorum  vigi- 
lantia  omni  ex  parte  subducant. 

Juxta  haec  firma  spe  sustenlamur  fore,  ut  carissimi  in  Christo 
filii  nostri  omnes  Italiaî  principes  fraternitatibus  vestris  potenti 
patrocinio  suo  adfuturi  sint,  quo  in  supradictis  omnibus  muneri 
vestro  uberius  satisfacere  valeatis:  nec  dubitamus,  quin  iidem 
ipsi  Ecclesiam  et  omnia  tam  spiritualia  quani  temporalia  ejus 
jura  tueri  vellint.  Id  quidem  religion i  congruum  est,  avitaeque 
pietati,  quase  in  exemplumanimatosostendunt.  Illorum  quoque 
sapientiam  non  latet,  initia  malornm  omnium,  quibus  tantopere 
aftligimur,  a  detrimentis  repelenda  esse,  quœ  Religioni  Eccle- 
siœque  CathoIica3Jamdiu,  prœsertim  vero  aProtestantium  œtate, 
irrogata  fuerant.  Perspiciunt  scilicet,  ex  depressa  stepius  sacro- 
rum Antistitum  auctoritate,  et  ex  crescente  in  dies  multorum 
contumaciaindivinisetecclesiasticisprœceptisimpune  violandis, 
factura  fuisse,  ut  minueretur  pariter  populi  obsequium  erga 
civilem  potestatem,  et  hodiernis  publicœ  tranquillitatis  inimicis 
planior  inde  pateret  via  adseditionos  contra  principem  commo- 
vendas.  Persiiiciunt  etiam,  ex  occupatis  non  rare,  direptisque, 
ac  palam  divenditis  temporalibus  bonis  ad  Ecclesiam  légitime 
proprietatis  jure  spectantibus,  contigi.sse,  ut  decrescente  in 
populis  reverentia  erga  proprietates  reiigionis  destinatione  con- 


«  NOSTIS  ET   NOBISCUM  »,  8   DÉCEMBRE    1849  171 

charge  fini  leur  est  confiée.  Vous  devrez  de  même  leur  rappeler  que 
dans  leurs  instructions  soit  aux  enfants,  soit  au  peuple,  ils  ne  doivent 
jamais  perdre  de  vue  le  Catéchisme  Romain,  publié  conformément  au 
décret  du  Concile  de  Trente,  par  l'ordre  de  saint  Pie  V,  notre  prédéces- 
seur d'immortelle  mémoire,  et  recommandé  à  tous  les  pasteurs  des  ûmes 
par  d'autros  Souverains  Pontifes,  notamment  par  Clément  XIII,  comme 
«  un  secours  on  ne  peut  plus  propre  à  repousser  les  fraudes  des  opinions 
perverses,  à  propager  et  à  établir  d'une  manière  solide  la  véritable  et 
saine  doctrine  ». 


Vous  ne  vous  étonnerez  pas,  vénérables  Frères,  si  nous  vous  parlons 
un  peu  longuement  sur  ce  sujet.  Votre  prudence,  assurément,  a  reconnu 
qu'en  ces  temps  périlleux  nous  devons,  vous  et  nous,  faire  les  plus 
grands  efforts,  employer  tous  les  moyens,  lutter  avec  une  constance  iné- 
branlable, déployer  une  vigilance  continuelle  pour  tout  ce  qui  touche 
aux  écoles,  à  l'instruction  et  à  l'éducation  des  enfants  et  des  jeunes  gens 
de  l'un  et  de  l'autre  sexe.  Vous  savez  que,  de  nos  jours,  les  ennemis  de 
la  religion  et  de  la  société  humaine,  poussés  par  un  esprit  vraiment  dia- 
bolique, s'attachent  à  pervertir  de  toutes  les  manières  le  cœur  et  l'intel- 
ligence des  jeunes  gens  dès  le  premier  ûge.  C'est  pourquoi,  il  n'y  a  pas 
de  moyen  qu'ils  ne  mettent  en  œuvre,  il  n'y  a  pas  d'entreprise  auda- 
cieuse qu'ils  ne  tentent  pour  soustraire  entièrement  à  l'autorité  de 
l'Eglise  et  à  la  vigilance  des  pasteurs  sacrés,  les  écoles  et  tout  établisse- 
ment destiné  à  l'éducation  de  la  jeunesse. 


Nous  avons  donc  la  ferme  espérance  que  nos  très  chers  fils  en  Jésus- 
Christ,  tous  les  princes  de  l'Italie  aideront  votre  fraternité  de  leur  puis- 
sant patronage,  à  remplir  avec  plus  de  fruit  les  devoirs  de  votre  charge 
que  nous  venons  de  rappeler.  Nous  ne  douions  pas  non  plus  qu'ils  n'aient 
la  volonté  de  protéger  l'Eglise  et  tous  ses  droits,  soit  spirituels,  soit  tem- 
porels ;  rien  n'est  plus  conforme  à  la  religion  et  à  la  piété  qu'ils  ont 
héritée  de  leurs  ancêtres  et  dont  ils  se  montrent  animés  ;  il  ne  peut,  d'ail- 
leurs, échapper  à  leur  sagesse  que  la  cause  première  de  tous  les  maux 
dont  nous  sommes  accablés  n'est  autre  que  le  mal  fait  à  la  religion  et  à 
l'Eglise  catholique  dans  les  temps  antérieurs,  mais  surtout  à  l'époque  où 
parurent  les  protestants.  Ils  voient,  par  exemple,  que  le  mépris  croissant 
de  l'autorité  des  évêques,que  les  violations  chaque  jour  plus  multipliées 
et  impunies  des  préceptes  divins  et  ecclésiastiques,  ont  diminué  dans 
une  proportion  analogue  le  respect  du  peuple  pour  la  puissance  civile,  et 
ouvert  aux  ennemis  actuels  de  la  tranquillité  publique  une  voie  plus 
large  aux  révoltes  et  aux  séditions,  lis  voient  que  le  spectacle  souvent 
renouvelé  des  biens  temporels  de  l'Eglise  envahis,  partagés,  vendus  pu- 
bliquement, quoiqu'ils  lui  appartiennent  en  vertu  d'un  droit  légitime  de 
propriété,  et  que  l'afTaiblissement,  au  sein  des  peuples,  du  sentiment  de 
respect  pour  les  propriétés  consacrées  par   une  destination  religieuse, 


172  LETTRE   ENXYCLIQUE   DE    PIE   IX 

secratas,  miilti  hinc  faciliores  prœberent  aures  audacissiinis 
novi  Sorialismi  et  Communismi  assevioy'ihna,  qui  alias  parileialio- 
ruiii  pi'oprietalesoccupari  acdispeiliii  aiit  aiia  quavisralinrn' in 
oinniiiiii  iisum  converti  posse  roniniiniscuntur.  Perepiciiint 
insuper  recidisse  paulatim  in  civilem  potestatem  impedimenta 
illa.  quce  jam  diu  multiplici  fraude  comparata  fuerant  ad  rohi- 
!>endos  Ecclesiae  Pastores,  ne  sacra  sua  auctoritate  uti  libère 
possent.  Perspiciunt  denique  calamitatum,  quibus  ur^^mur, 
nullum  aliud  inveniri  posse  promptius  et  majoris  virtutis  reme- 
dium,  quam  ut  refloreat  in  tota  Italia  splendor  Reiigionis  Eccle- 
siœque  Catholicœ,  in  qua  diversis  liominum  conditionibus  et 
indigentiis  opporlunissima  prœsto  esse  prœsidia  non  est  dubium. 

Siquidem  (verbis  utimur  S.  Augustini)  ;  «  Catholica  Ecclesia 
non  solum  ipsum  Ueum,  sed  etiam  proximi  dilectionem  atque 
caritatem  ita  complectitur,  ut  omnium  morborum,  quibus  pro 
peccatis  suis  animas  œgrotant,  omnis  apud  illam  medicinam 
prcepolleat.  Ipsa  pueriliter  pueros,  fortiter  juvenes,  quiète  senes 
prout  cujusque  non  corporis  tantum.sed  animi  œtas  est,exercet 
et  docet.  Ipsa  feminas  viris  suis  non  ad  explendam  libidinem, 
sed  ad  propagandara  sobolem,  et  ad  rei  familiaris  societatem 
casta  et  fideli  obedientia  subjicit;  et  viros  conjugibus  non  ad 
illudendum  imbeciliorem  sexum,  sed  sinceri  amoris  legibusprœ- 
ficit.  Ipsa  parentibus  filios  libéra  quadam  servitute  subjungit, 
parentes  filiis  pia  dominatione  prœponit.  Ipsi  fratribus  fratres 
Religionis  vinculo  firrniore  atque  arctiore,  quam  sanguinis, 
nectit,  omnemque  generis  propinquitatem  et  affmitatis  necessi- 
tudinem,  servatis  naturae  vokmtatisque  nexibus,  mutua  caritate 
constringit.  Ipsa  dominis  serves  non  tam  conditionis  necessitate, 
quam  officii  delectatione  docet  adhœrere;  et  dominos  servis, 
summi  Dei,  communis  Domini,  consideratione  placabiles,  et  ad 
consulendum  magis,  quam  coercendum  propensiores  facit.  Ipsa 
cives  civibus,  gentes  gentibus,  et  prorsus  homines  primorum 
parentum  recordatione  non  societate  tantum,  sed  quadam  etiam 
fraternitate  conjungit.  Docet  reges  prospicere  populis,  monet 
populos  se  subdere  regibus.  Quibus  honor  debeatur,  quibus 
affectus,  quibus  reverentia,  quibus  timor,  quibus  consolatio, 
quibus  exhortatio,  quibus  disciplina,  quibus  objurgatio,  quibus 
supplicium,  sedulo  docet,  ostendens  quemadmodum  et  non 
omnibus  omnia,  et  omnibus  caritas,  et  nulli  debeatur  injuria  » 
(S.  Augustinus.  de  Moribus  Cathol.  Ecclesiae  lib.  i). 

Nostrum  igitur  vestrumque  est,  venerabiles  Fratres,  ut  nulli 
parcentes  labori,  nulla  unquam  diiïicultati^  deterriti,  toto  pasto- 
ralis  studii  robore  tueamur  in  Italis  ]iupulis  cultum  catholicaç 
Religionis,  et  non  solum  obsistamus  alacriter  impiorum  cona- 


«  NOSÏIS  ET   NOBISCL'M  »,  8   DÉGEMUnE   184'J  173 

ont  eu  pour  effet  de  rendre  un  grand  nombre  d'iionimes  plus  accessibles 
nu.\  asMM'lions  audacieuses  du  nouveau  Socialisme  et  du  Communisme, 
cnseign:int  que  l'on  peut  de  même  s"emparer  des  autres  propriétés  et 
les  part;iger  ou  les  liansl'ornier  de  toute  autre  manière  pour  l'usage  de 
tous,  lis  voient  de  plus  retomber  peu  à  peu  sur  la  puissance  civile  toutes 
les  entraves  multipliées  jadis  avec  tant  de  persévérance  pour  empêcher 
les  pasteurs  de  l'Eglise  d'user  librement  de  leur  autorité  sacrée.  Ils  voient 
enfin  qu'au  milieu  des  calamités  qui  nous  pressent  il  est  impossible  de 
trouver  un  remède  d'un  effet  plus  prompt  et  d'une  plus  grande  efficacité 
que  la  religion  et  l'Eglise  catholique  refleurissant  et  reprenant  sa  splen- 
deur dans  toute  l'Italie;  car  elle  possède,  on  n'en  saurait  douter,  les 
moyens  les  plus  propres  à  secourir  l'homme  dans  toutes  les  conditions 
et  dans  tous  les  besoins. 

Eu  effet,  pour  employer  ici  les  paroles  de  saint  Augustin:  «  L'Eglise 
catholique  embrasse  dans  son  amour  etdans  sa  charité,  non  seulement 
Dieu  lui-même,  mais  encore  le  prochain  ;  et  dans  ses  mains  se  trouvent 
tous  les  remèdes  à  toutes  les  maladies  qu'éprouvent  les  unies  par  suite 
de  leurs  péchés.  Elle  exerce  et  enseigne  les  enfants  en  se  faisant  enfant, 
les  jeunes  gens  avec  force,  les  vieillards  avec  gravité, chacun,  en  un  mot, 
selon  que  l'exige  l'Age,  non  pas  seulement  du  corps,  mais  encore  de 
Tàme.  Elle  soumet  la  femme  à  son  mari  par  une  chaste  et  lidèle  obéis- 
sance, non  pour  assouvir  le  libertinage,  mais  pour  propager  la  race 
humaine  et  conserver  )a  société  domestique.  Elle  met  ainsi  le. mari  au- 
dessus  de  la  femme,  non  pour  qu'il  se  joue  de  ce  sexe  plus  faible,  mais 
afin  qu'ils  obéissent  tous  deux  aux  lois  d'un  sincère  amour.  Elle  assu- 
jétit  les  fils  à  leurs  parents  dans  une  sorte  de  servitude  libre,  et  l'autorité 
qu'elle  donne  aux  parents  sur  leurs  enfants  est  une  sorte  de  domination 
compatissante.  Elle  unit  les  frères  aux  frères  par  un  lien  de  religion  plus 
fort,  plus  étroit  que  le  lien  du  sang;  elle  resserre  tous  les  nœuds  de 
parenté  et  d'alliance  par  une  charité  mutuelle  qui  respecte  l'union  de 
la  nature  et  celle  qu'ont  formée  les  volontés  diverses.  Elle  apprend  aux 
serviteurs  à  s'attacher  à  leurs  maîtres,  non  pas  tant  à  cause  des  néces- 
sités de  leur  condition  que  par  l'attrait  du  devoir;  elle  rend  les  maîtres 
doux  à  leurs  serviteurs  par  la  pensée  du  Maître  commun,  le  Dieu 
suprême,  et  leur  fait  préférer  les  voies  de  la  persuasion  aux  voies  de  la 
contrainte.  Elle  unit  les  citoyens  aux  citoyens,  les  nations  aux  nations, 
et  tous  les  hommes  entre  eux,  non  seulement  par  le  lien  social,  mais 
encore  par  une  sorte  de  fraternité,  fruit  du  souvenir  de  nos  premiers 
parents.  Elle  enseigne  aux  rois  à  avoir  toujours  en  vue  le  bien  de  leurs 
peuples;  elle  avertit  les  peuples  de  se  soumettre  aux  rois.  Elle  apprend 
à  tous,  avec  une  sollicitude  que  r-.e::  ne  iasse,  à  qui  est  dû  l'honneur,  à 
qui  l'affection,  à  qui  le  respect,  à  qui  la  crainte,  à  qui  la  consolation,  à 
qui  l'avertissement,  à  qui  l'exhortation,  à  qui  la  discipline,  à  qui  la 
réprimande,  à  qui  le  supplice,  montrant  comment  toutes  choses  ne  sont 
pas  dues  à  tous,  mais  qu'à  tous  est  due  la  charité  et  à  personne  l'injus- 
tice, j) 

C'est  donc  notre  devoir  et  le  vôtre,  vénérables  Frères,  de  ne  reculer 
devant  aucun  labeur,  d'affronter  toutes  les  difficultés,  d'employer  toute 
la  force  de  notre  zèle  pastoral  pour  protéger  chez  les  peuples  italiens  le 
culte  de  la  religion   catholique,  non  seulement  en  nous  opposant  éner- 


174  LETTHli   ENCYCLIQUE   DE    PIE   IX 

tibus,  qui  Italiam  ipsam  ab  Ecclesice  sinu  evellere  comnioliuntur, 
sed  etiain  dégénères  illosltalia)  (îlios,  qui  jani  eorumdeni  aiiibus 
sednci  se  passi  fiierint,  ad  sakitis  viam  revocare  annitamur. 

Vf'i-iiinlainen,  cuin  omiie  daluiii  optimum  et  omne  domim 
perfectum  desursum  descendat,  adeamus  cnm  (idiicia  ad  throimm 
gratiœ,  venerabiles  Fratres,  et  cœlestem  himinum  et  misericor- 
diarum  Patrem  publicis  privatisque  precibus  orare  suppliciter 
atque  obsecrare  non  intermittamus,  ut  per  mérita  Unigenili 
Filii  sui  Domini  Nostri  Jesu  Chnsti,avertensfaciem  suam  a  pec- 
catis  nostris,  omnium  mentes  et  corda  virtute  gratige  suœ  pro- 
pitius  illustret,  ac  rebelles  quoque  ad  se  compellens  voluntates, 
Ecclesiam  sanctani  novis  victoriis  et  triumphis  amplificet;  quo 
in  tota  Italia,  imo  et  ubique  terrarum,  merito  pariter  ac  numéro 
populus  ci  serviens  augeatur.  Invocemus  etiam  sanctissimam 
Dei  Genitricem,  immaculatam  Virginem  Mariam,  quse  praevalido 
apud  Deum  patrocinio  siio  quod  quœrit  invenit,  et  frustrari  non 
potest,  atque  una  Petrum  Apostolorum  Principem  et  Coaposto- 
lum  ejus  Paulum,  omnesque  Sanctos  cœlites,  ut  clementissimus 
Dominus,  eorum  intervenientibus  precibus,  flagella  iracundin^ 
suae  a  lidelibus  populisavertat  ;  etcunctis,  qui  christiana  profes- 
sione  censentur,  tribuat  propitius  per  gratiam  suam  et  illa 
respuere,  quse  huic  inimica  sunt  nomini,  et  ea  quse  sunt  apUi 
sectari. 

Demum,  venerabiles  Fratres,  nostrse  in  vos  studiosissimse  vo- 
îuntatis  testem  accipite  ApostolicamBenedictionem,quamintimo 
cordis  alïectu,  vobis  ipsis,  et  clericis,  laicisque  fidelibus  vigi- 
lantiae  vestrae  concreditis  peramanter  impertimur. 

Datuni  Neapoii  in  suburbano  Portici,  die  viii  decembris  Anni 
MDCGCxLix,  Ponlificatus  nostri  anno  quarto. 

Plus  PP.  IX. 


a  NOSTIS  ET   NOBISCUM  »,  8   DÉCEMBRE    1849  175 

giquenicnt  aux  efforts  des  impies  qui  trament  le  complot  d'arracher 
notre  jatrie  elle-même  au  sein  de  l'Eglise,  mais  encore  en  travaillant 
puissamment  à  ramener  dans  la  voie  du  salut  ces  fils  dégénérés  de  Tlta- 
lie,  qui  déjà  ont  eu  la  faiblesse  de  se  laisser  séduire. 

Mais  tout  bien  excellent  et  tout  don  parfait  vient  d'en  haut;  approchons 
donc  avec  confiance  du  trône  de  la  grâce,  vénérables  Frères,  ne  cessons  pas 
de  supplier,  d'implorer,  de  conjurer  par  des  prières  publiques  et  parti- 
culières le  Père  céleste  des  lumières  et  des  miséricordes:  que,  par  les 
mérites  de  son  Fils  unique  iNotre-Seigneur  Jésus-Christ,  détournant  sa 
face  de  nos  jiéchés,  il  éclaire,  dans  sa  clémence,  tous  les  esprits  et  tous 
les  cœurs  par  la  vertu  de  sa  grâce;  que,  domptant  les  volontés  rebelles, 
il  glorifie  la  sainte  Eglise  par  de  nouvelles  victoires  et  de  nouveaux 
triomphes,  et  que,  dans  toute  l'Italie  et  par  toute  la  terre,  le  peuple 
qui  le  sert  croisse  en  nombre  et  en  mérite.  Invoquons  aussi  la  très 
sainte  Mère  di>  Dieu.  Marie,  la  Vierge  immaculée,  obtenant  tout  ce 
qu'elle  demande  par  son  tout-puissant  patronage  auprès  de  Dieu  ;  elle 
ne  peut  demander  en  vain.  Invoquons  avec  elle  Pierre,  le  prince  des 
apôtres,  Paul,  son  frère  dans  l'apostolat,  et  tous  les  Saints  du  ciel,  afin 
que  le  Dieu  très  clément,  apaisé  par  leurs  prières,  détourne  des  peuples 
fidèles  les  fléaux  de  sa  colère,  et  accorde,  dans  sa  bonté,  â  tous  ceux 
qui  portent  le  nom  de  chrétiens,  de  pouvoir  par  sa  grâce  rejeter  tout  ce 
qui  est  contraire  à  la  sainteté  de  ce  nom,  et  pratiquer  tout  ce  qui  lui 
est  conforme.  ' 

Enfin,  vénérables  Frères,  recevez,  en  témoignage  de  notre  vive  affec- 
tion pour  vous,  la  Bénédiction  Apostolique  que,  du  fond  de  notre  cœur, 
nous  donnons  avec  amour,  à  vous,  au  clergé,  et  aux  fidèles  laïques 
confiés  à  votre  vigilance. 

Donné  à  A'aples,  au  faubourg  de  Portici,  le  8  décembre  1849,  de  notre 
Pontificat  l'an  IV. 

PIE  IX.  PAPE. 


SS.  PII  pp.  IX  / 

EPISTOLA    ENGYCLICA 

Venerabilibus  fratribus,  Patriarcliis,  Primatibus,  Arckiepiscopis  et 
Episcopis  universis  gratiam  et  communionem  Sedis  Apostolicœ 
habentibus. 


Plus  PP.  IX 

Venerabiles  Fratres, 
Salutem  et  Apostolicam  Benedictionem. 
Qui  pluribus  jam  abhinc  annis  una  vobiscum,  venerabiles 
Fratres,  episcopale  munus  plénum  laboris,  plénum  sollicitudinis 
pro  viribus  obire,  ac  Dominici  gréais  partem  curœ  nostrae  com- 
missam  pascere  nitebamur  in  montibus  Israël,  in  rivis  etpascuis 
uberrimis,  ob  mortem  clarissimi  preedecessoris  nostri  Grego- 
rii  XVI,  cujus  certe  memoriam  atque  illustria  et  gloriosa  facta 
aureis  notis  inscripta  in  Ecclesiae  fastis  semper  admirabitur 
posteritas,  praeter  omnem  opinionem  cogitationemque  nostram. 
arcano  divinœ  Providentiœ  consilio,  ad  summum  pontilicatum, 
non  sine  maximaanimi  nostri  perturbationeactrepidationeevecti 
fuimus.  Etenim  si  semper  grave  admodum  et  periculosum  apo- 
stolici  ministerii  onusmerito  est  habitum  atque  habendum,hisce 
quidem  dinicillimischristianœreipublicaetemporibusvelmaxime 
formidandum.  Itaque  infirmitatis  nostrœ  probe  conscii,  et  gra- 
vissima  supremi  apostolatus  officia,  in  tanta  prsesertim  rerum 
vicissitudine,  considérantes  tristiti.Te  et  lacrymis  nos  plane  tra- 
didissemus,  nisi  omnem  spem  poneremus  in  Deo  salutari  nostro, 
qui  nunquam  derelinquit  sperantes  in  eo,  quique,  ut  polentiae 
suse  virtutem  ostendat,  ad  suam  regendam  Ecclesiam  infirmiora 
identidem  adhibet,  quo  magis  nia2:isque  omnes  cognoscant  Deum 
ipsum  esse,  qui  Ecclesiam  aamirabiii  sua  providentia  gubernat 
atque  tuetur.  lUa  etiam  consolatio  nos  vehementer  sustentât, 
quod  in  animarum  salute  procuranda  vos  socios  et  adjutores 
habeamus,  venerabiles  Fratres,  qui  in  sollicitudinis  nostrœ  par- 
tem vocati,  omni  cura  et  studio  ministerium  vestrum  implere, 
ac  bonum  certamen  certare  contenditis.  Hinc  ubi  primum  in 
sublimi  ac  Principis  Apostolorum  cathedra,  licet  immerentes, 
collocati  in  persona  beati  Pétri  gravissimum  munus  ab  ipso 
seternopastorum  Principe  divinitustributum  accepimus  pascendi 


LETTRE  ENCYCLIQUE 

DE  SA  SAINTETÉ  PIE  IX 

A  tous  nos  renerables  Frères  les  Patriarches,  les  Primats,  les  Arche- 
vêques et  Ëvéques  en  grâce  et  en  communion  avec  le  Siège  Aposto- 
lique. 

PIE  IX,  PAPE. 

VÉNÉRABLES   FrÈRES, 

Salut  et  Bénédiction  Apostolique. 
Depuis  plusieurs  années  nous  tâchions,  vénérables  Frères,  de  remplir 
avec  vous,  selon  nos  forces,  la  charge  si  laborieuse  et  si  pleine  de  solli- 
citude de  l'épiscopat,  et  de  paître  sur  les  montagnes  d'Israël,  au  milieu 
des  eaux  vives  et  des  plus  riches  pâturages,  la  portion  du  troupeau  du 
Seigneur  confiée  à  nos  soins,  quand,  par  suite  de  la  mort  de  notre  très 
illustre  prédécesseur,  Grégoire  XVI,  dont  la  mémoire  et  les  glorieuses 
actions,  gravées  en  lettres  d'or  dans  les  fastes  de  l'Eglise,  feront  toujours 
l'admiration  de  la  postérité,  nous  ayons  été,  contre  toute  notre  attente 
et  par  un  impénétrable  dessein  de  la  divine  Providence,  élevé  au  souve- 
rain pontificat,  mais  ce  n'est  pas  sans  une  très  grande  inquiétude  d'esprit 
et  une  vive  appréhension.  En  effet,  si  la  charge  du  ministère  apostolique 
a  toujours  été  regardée  avec  raison  et  doit  être  regardée  toujours  comme 
fort  grave  et  périlleuse,  c'est  surtout  dans  les  conjonctures  si  difficiles  où 
se  trouve  engagée  la  république  chrétienne  qu'elle  est  à  redouter.  Aussi, 
connaissant  notre  faiblesse  et  considérant  les  devoirs  extrêmement  impor- 
tants de  l'apostolat  suprême,  surtout  dans  des  circonstances  aussi 
fâcheuses,  nous  n'aurions  pu  que  nous  abandonner  à  la  tristesse  et  aux 
larmes,  si  nous  n'avions  placé  toute  notre  espérance  dan5  le  Dieu  notre 
Sauveur,  qui  n'abandonne  jamais  ceux  qui  espèrent  en  lui,  et  qui,  pour 
faire  éclater  la  grandeur  de  sa  puissance,  emploie  de  temps  en  temps  au 
gouvernement  de  l'Eglise  les  instruments  les  plus  faibles,  afin  que  tous 
connaissent  de  plus  en  plus  que  c'est  lui-même,  qui,  par  son  admirable 
providence,  gouverne  et  défend  cette  Eglise.  Une  autre  consolation  émi- 
nemment propre  à  nous  soutenir,  c'est  de  penser  que,  dans  nos  efforts 
pour  le  salut  des  âmes,  nous  vous  avons  pour  aides  et  coopérateurs, 
vous,  vénérables  Frères,  qui,  appelés  h  partager  notre  sollicitude,  vous 
appliquez  avec  tant  de  soin  et  de  zèle  à  remplir  votre  ministère  et  à  com- 
battre avec  courage.  Aussi,  du  moment  où,  placé,  sans  mérite  de  notre 
part,  sur  cette  chaire  sublime  du  Prince  des  Apôtres,  nous  avons  reçu 
du  Prince  éternel  des  pasteurs,  dans  la  personne  du  bienheureux  Pierre, 
la  charge  divinement  établie  et  si  importante  de  paître  et  de  gouverner, 


178  LETTHE  KNCYCLIQUE  DE  PIE  IX 

ac  recrendi  nun  solum  agnos,  univoi'sum  scilicet  fhristianiiin 
popiiluin.  venim  ctiam  oves,  hoc  est  anlislites,  niliilcc-rte  iiobis 
poliiis.  iiiliil  oplabiliiis  fuit,  quain  ut  inlimo  caritalis  afleclii  vos 
onincs  alloqucreniur.  Qiianiobrem  vixcJuin  ex  more  institiiloqiie 
decessorum  nostrorum  in  nostra  Lateraneiisi  basilica  suinmi 
ponlificatus  possessionem  suscepimus,  nuUa  inlerposita  niora, 
bas  ad  vos  Litteras  danius,  ut  eximiam  vestram  excitemus  pie- 
tateiii,  quo  majore  usque  alacritate,  vigilantia,  contentione  cus- 
todientes  vigilias  noctis  super  gregem  curœ  vestrœcommissnm, 
atque  episcopali  robore  et  constantia  adversus  teterrimum 
lîumani  generis  hostem  dimicantes,  veluti  boni  milites  Christ! 
Jesu,  strenue  opponatis  murum  pro  domo  Israël. 

IN'eminem  vestrum  latet,  venerabilcsFratres,  hacnostiadeplo- 
randa  œtate  acerrimum  acformidolosissimum  contra  calbolicam 
rem  universam  bellum  ab  iis  huminibus  conilari,  qui  nefaria 
inter  se  societate  conjuncti,  sanam  non  sustinenles  doctrinam. 
atque  a  veritate  auditum  avertentes,  omnigena  opinionum  por- 
tenla  e  tenebris  eruere,  eaque  totis  viribus  exaggerare,  atque 
in  vulgus  prodere  et  disseminare  contendunt.  llorrescimus  qui- 
dem  animo  et  acerbissimo  dolore  conlicimur,  cum  omnia  erro- 
rum  monstra,  et  varias  multiplicesque  nocendi  artes,  insidias, 
machinationes  mente  recogitamus,  quibus  hi  veritatis  et  hicis 
osores,  et  peritissimi  fraudis  artifices  omne  pietatis,  justiliœ, 
honestatis  studium  in  omnium  animis  restinguere,  mores  cor- 
rumpere,  jura  quœque  divina  et  humana  perturbare,  catholicam 
religionem  civilemque  societatem  convellere,  labefactare,  imo, 
si  fieri  unquani  posset,  funditus  evertere  commoliuntur. 

Noscitis  enim,  venerabiles  Fratres,  hos  infensissimos  christiani 
nominis  hostes,  cœco  quodam  insanientis  inipietatis  impetu 
misère  raptos  eo  opinandi  temeritateprogredi,  ut  inaudita  pror- 
sus  audacia  «  aperientes  os  suum  in  blasphemias  ad  Deum  » 
(Apocalyp.,  xiii,  6),  palam  publiceque  edocere  non  erubescant, 
commentitia  esse,  et  hominum  inventa  sacrosancta  nostrœ  reli- 
gionis  mysteria,  cathoHcœ  Ecclesioe  doctrinam  humanse  societa- 
tis  bono  et  commodis  adversari,  ac  vel  ipsum  Christum  et  Deum 
ejurare  non  extimescant.  Et  quo  facihus  popuHs  illudant,  atque 
incautos  prœsertim  et  imperitos  decipiant,  et  in  errores  secum 
abripiant,  sibi  unis  prosperitatis  vias  notas  esse  comminiscuntur. 
sibique  philosophorum  nomen  arrogare  non  dubitant,  période 
quasi  philosophia,  qute  tota  in  naturae  veritate  investiganda 
versatur,  ea  respuere  debeat,  quaj  supremus  et  clementissimus 
ipse  totius  naturae  auctor  Deus  singulari  beneficio  et  misericor- 
dia  hominibus  manifestare  est  dignatus,  ut  veram  ipsl  félicita tem 
et  salutem  assequantur.   Mine  pruîpostero  sane  et  fallacissimo 


«  QUI  PLURIBUS  »,  9  NOVEMBRE  1846  179 

non  seulement  les  agneaux,  ou  tout  le  peuple  chrétien,  mais  encore  les 
brebis,  ou  les  cvèques,  nous  n'avons  rien  eu  tant  i\  cauir,  (fue  de  vous 
faire  entmdre  à  tous  Texprcssion  de  notre  tendresse  et  de  notre  charité. 
C'est  pourquoi,  h  peine  avons-nous,  selon  l'usage  de  nos  prédécesseurs, 
pris  posse^sion  du  suprême  pontificat  dans  notre  basilique  de  Latran, 
que  nous  vous  adressons  ces  Lettres,  pour  exciter  AOtre  éminente  piété  à 
veiller  nuit  et  jour  sur  le  troupeau  confié  à  vos  soins,  avec  un  redouble- 
ment de  zèK'  et  d'activité,  à  combattre  avec  une  fermeté  et  une  constance 
cpiscopale  contre  le  terrible  ennemi  du  genre  humain,  et  à  former  ainsi, 
comme  de  ^ aillants  soldats  de  Jésus-Christ,  un  rempart  inexpugnable 
pour  la  défense  de  la  maison  d'Israël. 


Nul  d'entre  vous  n'ignore,  vénérables  Frères,  que,  .dans  ce  siècle 
déplorable,  une  guerre  furieuse  et  redoutable  est  déclarée  au  catholi- 
cisme. Unis  entre  eux  par  un  pacte  criminel,  les  ennemis  de  notre  reli- 
gion repoussent  les  saines  doctrines,  ils  ferment  l'oreille  à  la  voix  de  la 
vérité,  ils  produisent  au  grand  jour  les  opinions  les  plus  funestes  et  font 
tous  leurs  efforts  pour  les  répandre  et  les  faire  triompher  dans  le  public. 
Nous  sommes  saisi  d'horrçur  et  pénétré  de  la  douleur  la  plus  vive, 
quand  nous  réfléchissons  à  tant  de  monstrueuses  erreurs,  à  tant  de 
moyens  de  nuire,  tant  d'artifices  et  de  coupables  manœuvres,  dont  se 
servent  ces  ennemis  de  la  vérité  et  de  la  lumière;  habiles  dans  l'art  de 
tromper,  ils  veulent  étouffer  dans  les  esprits  tout  sentiment  de  piété,  de 
justice  et  d'honnêteté,  corrompre  les  mœurs,  fouler  aux  pieds  tous  les 
droits  divins  et  humains,  ébranler  la  religion  catholique  et  la  société 
civile,  les  détruire  même  de  fond  en  comble,  s'il  était  possible. 


Vous  le  savez  en  effet,  vénérables  Frères,  ces  implacables  ennemis  du 
nom  chrétien,  emportés  par  une  aveugle  fureur  d'impiété,  en  sont  venus 
à  un  degré  inouï  d'audace  :  «  ouvrant  leur  bouche  aux  blasphèmes  contre 
Dieu  »,  ils  ne  rougissent  pas  d'enseigner  hautement  et  publiquement  que 
les  augustes  mystères  de  notre  religion  sont  des  erreurs  et  des  inventions 
humaines,  que  la  doctrine  de  l'Eglise  catholique  est  opposée  au  bien  et 
aux  intérêts  de  la  société;  ils  ne  craignent  même  pas  de  renier  le  Christ 
et  de  renier  Dieu.  Pour  mieux  tromper  les  peuples,  poui'  entraîner  avec 
eux  dans  l'erreur  les  esprits  inexpérimentés  et  sans  science,  ils  feignent 
de  connaître  seuls  les  voies  du  bonheur;  ils  s'arrogent  le  titre  de  philo- 
sophes, comme  si  la  philosophie,  dont  le  propre  est  la  recherche  des 
vérités  naturelles,  devait  rejeter  ce  que  Dieu  lui-même,  auteur  suprême 
de  la  nature,  a  daigné,  par  un -insigne  bienfait  de  sa  miséricorde,  révéler 
aux  hommes  pour  les  conduire   dans  le  chemin  du  bonheur  et  du  salut. 


180  LETTHE  ENCYCLIQUE  DE  PIE  IX 

argumentandi  génère  nunqiiam  desinunt  human.i!  rationis  vim 
et  exfolloiitiani  appellare,  extollere  contra  sanctissimam  CInisti 
lidem,  alque  audacissime  blaterant,  eam  hiimanœ  refragari 
rationi.  (Juo  cei-te  iiihil  dementius,  nihil  magis  impium,  nihil 
contra  ipsani  rationem  magis  repugnans  tingi,  vel  excogitari 
polcst.  Etsi  enina  fides  sit  supra  rationem,  nulla  tamen  vera 
dissensio  nuilumque  dissidium  inter  ipsas  inveniri  unquam 
potest,  cum  ambœ  ab  iino  eodemque  immutabilis  œternœque 
veritatis  fonte  Dec  Optimo  Maximo  oriantur,  atque  ita  sibi  mu- 
tuani  opem  ferant,  ut  recta  ratio  fidei  veritatem  demonstret,  tuea- 
tur,  defendat;  tldes  vero  rationem  cognitione  mirifice  illustret, 
confirmet  atque  perficiat. 

Neque  minori  certe  fallacia,  vencrabiles  Fratres,  isti  divinae 
revelationis  inimici,  humanum  progressum  summis  laudibus 
eflerentes,  in  catholicam  religionem  temerario  plane  acsacrilego 
ausu  illum  inducere  vellent,  perinde  ac  si  ipsa  religio  non  Dei, 
sed  hominum  opus  esset  aut  philosophicum  aliquod  inventum, 
quod  humanis  modis  perfici  queat.  Inistos  tam  misère  deh'rantes 
perconimode  quidem  cadit,  quod  Tertullianus  sui  temporis  phi- 
losopbis  merito  exprobrabat:  «  Qui  stoicum,  et  platonicum,  et 
dialecticum  christianismumprotulerunt  w  (Tertull.,dePrœ.script., 
cap.  viii).  At  sane  cum  sanctissima  nostr'a  religio  non  al)  humana 
ratione  fuerit  inventa,  sed  a  Deo  hominibus  clementissime  pa- 
tefacta,  tum  quisque  vel  facile  intelligit  religionem  ipsam  ex 
ejusdem  Dei  loquentis  auctoritate  omnem  suam  vim  acquirere, 
neque  ab  humana  ratione  deduci  aut  perfici  unquam  posse.llumana 
quidem  ratio,  ne  in  tanti  momenti  negotio  decipiatur  et  erret. 
divinœ  revelationis  factum  diligenter  inquirat  oportet,  ut  certo  sibi 
constét  Deum  esse  locutum,  ac  Eidem,  quemadmodum  sapien- 
tissime  docet  Apostolusrationabileobsequium  exhibeat  (Ad  Rom. 
XIII,  1).  Quis  enim  ignorât  vel  ignorare  potest  omnem  Deo 
loquenti  fidem  esse  habendam,  nihilque  rationi  ipsi  magis  con- 
sentaneum  esse,  quam  iis  acquiescerefirmiterque  adhaerere.  quae 
a  Deo,  qui  nec  falli  nec  fallere  potest,  revelata  esse  constite- 
rit? 

Sed  quam  multa,  quam  mira,  quam  splendida  praesto  sunt 
argumenta,  quibus  humana  ratio  luculentissime  evinci  omnino 
débet,  divinam  esse  Christi  religionem,  et  «  omne  dogmatum 
nostrorum  ptincipium  radicem  desuper  ex  cœlorum  Domino 
accepisse  »  (S.  Joan.  Chrysost.,  honjil.  1  in  Isai.),  ac  propterea 
nihil  fide  nostra  certius,  nihil  securius,  nihil  sanctius  exstare, 
et  quod  firmioribus  innitatur  principiis.  Hœc  scilicet  fides,.  vitae 
magistra,  salutis  index,  vitiorum  omnium  expultrix,  ac  virtu- 
tam  fecunda  parens  et  altrix,  divini  sui  auctorisetconsummato- 


«   QUI  PLL'RIDUS   »,  9  NOVEMBllK   184G  181 

F.n  violant  ainsi  toutes  les  règles  dn  raisonnement,  ils  ne  cessent  d'en 
appeler  à  la  puissance,  h  la  supériorité  de  la  raison  humaine,  et  ils  l'élèvent 
contre  la  foi  sainte  du  Christ,  qu'ils  rojjrésenleiit  audacieuscment  comme 
rennemio  de  celte  raison.  On  ne  saurait  certainement  rien  iniai,'iner  de 
plus  insensé,  de  plus  impie,  déplus  contraire  à  la  raison  elle-mèine;  car, 
quoique  la  foi  soit  au-dessus  de  la  raison,  il  ne  peut  jamais  exister  entre 
elles  aucune  opposition,  aucune  contradiction  réelle,  parce  que  toutes 
deux  émanent  de  Dieu  même,  source  unique  de  l'immuable  et  éternelle 
vérité;  et  qu'ainsi  elles  doivent  s'entr'aider,  la  droite  raison  démontrant, 
soutenant  et  défendant  la  vérité  de  la  foi,  et  la  foi  affranchissant  la  raison 
de  toutes  les  erreurs,  l'éclairant,  l'affermissant  et  la  complétant  par  la 
connaissance  des  choses  divines. 


C'est  avec  la  même  perfidie,  vénérables  Frères,  que  ces  ennemis  de  la 
révélation  divine  vantent  sans  mesure  le  progiès  humain  et  voudraient, 
par  un  attentat  téméraire  et  sacrilège,  l'introduire  dans  la  religion  catho- 
lique, comme  si  cette  religion  était  l'œuvre,  non  de  Dieu,  mais  des 
hommes,  ou  une  invention  philosophique  susceptible  de  perfectionne- 
ments humains.  Sur  ces  malheureux  en  délire  tombe  directement  le 
reproche  adressé  par  Tertullien  aux  philosophes  de  son  temps  :  «  Ils  ont 
inventé,  disait-il,  un  christianisme  stoïcien,  platonicien  et  dialecticien.  » 
En  effet,  notre  très  sainte  relii;ion  n'a  pas  été  inventée  par  la  raison 
huniaine,  mais  Dieu  l'a  fait  connaître  aux  hommes  dans  son  infinie  clé- 
mence; chacun  comprend  donc  sans  peine  qu'elle  emprunte  toute  sa 
force  à  l'autorité  de  la  parole  de  Dieu,  et  qu'elle  ne  peut  être  ni  diminuée 
ni  perfectionnée  par  la  raison  de  l'homme.  La  raison  humaine,  il  est 
vrai,  pour  n'être  pas  trompée  dans  une  affaire  de  telle  importance,  doit 
examiner  avec  soin  le  fait  de  la  révélation  divine,  afin  d'être  assurée  que 
Dieu  a  parlé,  et  afin  que  sa  soumission  à  sa  parole  divine  soit  raison- 
nable, comme  l'enseigne  l'Apôtre  avec  une  grande  sagesse.  Qui  ignore, 
en  effet,  qui  peut  ignorer  que  la  parole  de  Dieu  mérite  une  foi  entière, 
et  que  rien  n'est  plus  conforme  à  la  raison  que  d'acquiescer  et  de  s'atta- 
cher avec  force  à  ce  qu'a  sûrement  enseigné  ce  Dieu  qui  ne  peut  ni  être 
trompé  ni  tromper? 


Mais  qu'elles  sont  nombreuses,  qu'elles  sont  admirables,  qu'cries  sont 
éclatantes,  les  preuves  qui  doivent  convaincre  clairement  la  raison  hu- 
maine que  la  religion  du  Christ  est  divine,  a  que  toutes  nos  croj^ances  ont 
leur  principe  et  leur  origine  dans  le  Seigneur  du  ciel  b,  et  qu'il  n'y  a 
rien  de  plus  certain,  rien  de  plus  sûr,  rien  de  plus  saint,  rien  de  mieux 
affermi  que  notre  foi?  Vraie  maîtresse  de  la  vie,  guide  sûr  dans  les  voies 
du  salut,  victorieuse  de  tous  les  vices,  mère  et  nourrice  féconde  des  vertus, 


182  LETTRE  ENCYCLIQUE  DE  PIE  IX 

ris  Christi  Jesu  nativitate,  vita,  morte,  resiirrectione,  sapientia, 
prodiuiis,  vaticinationibus  confirmata,  siipernœ  doctrinœ  luce 
undique  refulgens,  ac  cœlestiwm  divitiariim  dilata  tliesauris,  tôt 
prophetariiiii  pnxîdictionibus,  tôt  miraculorum  splendore,  tôt 
niartyrum  constantia,  tôt  sanctorum  coloria  vel  maxime  clara 
ot  insignis,  salutan^s  proferens  Christi  leges,  ac  majores  in  dies 
ex  crudelissimis  ipsis  persecutionibus  vires  acquirens,  univer- 
sum  orbem  terra  marique,  a  solis  ortu  usque  ad  occasnin,  iino 
crucis  vGxillo  pervasit,  atqne  idolorum  prolligata  fallacia,  erro- 
rum  depulsacaligine,  triumphatisqiie  cujusqiiegenerishoslibus, 
omnes  populos,  gentes^,  nationes,  utcumque  iminanitate  barba- 
ras,  ac  indole,  moribus,  legibus,  institutis  diversas  divinœ 
cognitionis  lumine  iliustravit,  atque  suavissimo  ipsius  Christi 
jugo  subjecit,  annimtians  omnibus  pacem,  annuntians  bona. 
Quee  certe  omnia  tanto  divinse  sapientiœ  ac  potentiae  fulgore 
undique  collucent,  ut  cnjusque  mens  et  cogitatio  vel  facile  intel- 
ligat  christianam  fidem  Dei  opus  esse.  Itaque  humana  ratio  ex 
splendidissimis  hisce,  œque  ac  lirmissimis  argumentis  clare 
aperteque  cognoscens  Deum  ejusdem  fidei  auctorem  existere, 
ulterius  progredi  nequit,  scd  quavis  difficultate  ac  dubitatione 
penitus  abjecta  atque  remota,  omne  eidem  lidei  obscquium 
prœbeat  oportet,  cum  pro  certo  habeat  a  Deo  tradituin  esse 
quidquid  fides  ipsa  hominibus  credendum  et  agendum  proponit. 
Atque  bine  plane  apparet  in  quanto  errore  illic  etiam  ver- 
sentur,  qui  ratione  abutcntes,  acDei  eloquiatanquamhunianum 
opus  existimantes,  proprio  arbitrio  illa  explicare,  interpretari 
temere  audent,  cum  Deus  ipse  vivam  conslituerit  auctoritatem, 
quee  verum  legitimumque  cœlestis  suae  revelationis  sensum  do- 
ceret,  constabiliret,  omnesque  controversias  in  rébus  fidei  et 
morum  infallibili  judicio  dirimeret,  ne  fidèles  circumferantur 
omni  vento  doctrinœ  in  nequitia  hominum  ad  circumventionem 
erroris.  Quœ  quidem  viva  et  infallibilis  auctoritas  in  ea  tantum 
viget  Ecclesia,  quae,  a  Christo  Domino  supra  Petrum,  totius 
Ecclesiae  caput,  principem  et  pastorem,  cujus  fidem  nunquam 
defecturam  promisit,  sedificata,  suos  legitimos  semper  habet 
Pontifices  sine  intermissione  ab  ipso  Petro  ducentes  originem, 
in  ejus  cathedra  collocatos,  et  ejusdem  etiam  doctrinœ,  dignitatis, 
honoris  ac  potestatis  heredeset  vindices.  Et  quoniam  ubi  Petrus, 
ibi  Ecclesia  (S.  Ambros.,  in  Psal.  40),  ac  Petrus  per  Romanum 
Pontificem  loquitur  (Concil.  Chalced.,  Act.  2),  et  semper  in  suis 
successoribus  vivit,  et  judicium  exercet  (Synod.  Ephes.,  Act.  3), 
ac  prœstat  quaerentibus  fidei  veritatem  (S.  Petr.  Chrysol.,  Epist. 
ad  Eutich.),  idcirco  divina  eloquia  eo  plane  sensu  sont  acci- 
pienda,  quem  tenuit  ac  tenet  hsec  ilomana  beatissimi  Pétri  ca- 


a  QUI  PLURIBUS  »,  9  NOVEMBRE  1846  183 

cette  loi  confirmée  par  la  naissance,  la  vie,  la  mort,  la  résurrection,  la 
sagesse,  les  prodi,:;os,  les  prédictions  de  son  divin  auteur  et  consommateur 
Jésus-Clirist,  brille  partout  de  la  lumière  d'une  doctrine  supéiieure, 
elle  est  enrichie  des  trésors  célestes,  illustrée  par  les  oracles  de  tant  de 
prophètes,  par  l'éclat  de  tant  de  prodiges,  par  la  constance  de  tant  de 
martyrs,  par  la  gloire  de  tant  de  saints;  de  plus,  portant  de  toutes  parts 
les  lois  salutaires  du  Christ,  et  acquérant  toujours  de  nouvelles  forces 
au  sein  des  plus  cruelles  persécutions,  elle  s'est  répandue  dans  tout 
l'univers,  du  levant  au  couchant,  armée  du  seul  étendard  de  la  croix;  et 
foulant  aux  pieds  les  idoles,  dissipant  les  ténèbres  des  erreurs,  triomphant 
des  ennemis  de  tout  genre,  elle  a  éclairé  des  lumières  de  la  connaissance 
divine  tous  les  peuples,  les  nations  les  plus  barbares,  les  plus  difTérentes 
de  caractère,  de  mœurs,  de  lois  et  de  coutumes;  et  leur  annonçant  à 
toutes  la  paix  et  le  bonheur,  elle  les  a  soumises  au  joug  si  doux  du  Christ. 
Ces  événements  portent  tellement  l'empreinte  de  la  sagesse  et  de  la  puis- 
sance divines,  qu'il  n'est  pas  d'esprit  qui  ne  puisse  aisément  comprendre 
que  la  foi  chrétienne  est  l'œuvre  de  Dieu.  Aussi,  convaincue  par  tant  de 
preuves  évidentes  que  Dieu  est  l'auteur  de  cette  foi,  la  raison  humaine 
ne  doit  pas  s'élever  plus  haut;  et  méprisant  les  difficultés,  repoussant 
tous  les  doutes,  persuadée  d'ailleurs  que  la  foi  ne  propose  rien  à  la 
croyance  et  à  la  pratique  des  hommes  qu'elle  ne  l'ait  reçu  de  Dieu,  elle 
est  obligée  de  s'y  soumettre  sans  réserve. 


On  voit  aussi  par  là  combien  est- grande  l'erreur  de  ceux  qui,  abusant 
de  la  raison,  et  traitant  les  oracles  divins  coiunie  une  œuvre  de  l'homme, 
osent  les  expliquer  à  leur  gré  et  les  interpréter  témérairement  :  Dieu 
lui-même  n'a-t,-il  pas  établi  une  autorité  vivante  pour  enseigner  et 
maintenir  le  vrai  et  légitime  sens  de  sa  céleste  révélation,  et  pour 
terminer  par  un  jugement  infaillible  toutes  les  controverses  en  matière 
de  foi  et  de  mœurs,  afin  que  les  fidèles  ne  tournent  pas  à  tout  vent  de 
doctrine,  entraînés  dans  les  pièges  de  l'erreur  par  la  perversité  des 
hommes?  Or,  cette  autorité  vivante  et  infaillible  n'existe  (jue  dans  cette 
Eglise  que  le  Christ  Notre-Seigneur  a  bâtie  sur  Pierre,  chef,  prince, 
pasteur  de  toute  l'Eglise,  et  à  la  foi  de  qui  il  a  promis  lie  ne  jamais 
défaillir.  Aussi  cette  Eglise  a-t-elle  toujours  eu  depuis  Pierre  des  Pon- 
tifes légitimes  qui  se  sont  succédé  sans  interruption  sur  sa  chaire,  héri- 
tiers et  défenseurs  de  sa  doctrine,  de  sa  dignité,  de  son  honneur  et  de 
sa  puissance.  Mais  là  où  est  Pierre,  là  est  l'Eglise  ;  Pierre  parle  toujours 
par  le  Pontife  Romain,  toujours  il  vit  dans  ses  successeurs  ;  par  eux  il 
juge,  et  offre  la  vérité  de  la  foi  à  ceux  qui  la  cherchent;  il  est  donc 
nécessaire   d'entendre  les  divers  oracles  dans  le  même  sens  qu'a  retenu 


184  LETTRE  ENCYCLIQUE  DE  PIE  ÎX 

thedra,  quœ,  omnium  Ecclesiarum  mater  et  map:istra  (Concil. 
Trid.,  Sess.  vu  do  Baptis),  fidem  a  (Ihrislo  Domino  tradilam, 
intogram  inviolatamque  semper  sGrvavit,  eamque  (idoles  edoi-uit 
omnibus  ostendens  salutis  semilam,  et  incorruplœ  veritatis  doc- 
trinam.  Hœc  siquidem  principalis  Ecclesia,  unde  unitas  sacerdo- 
lalis  exorta  (S.  Cyprian.,  lOpist.  55  ad  Cornel.  Pont.),  hœc  pie- 
tatis  metropolis,  in  qua  est  intégra  christianœ  religionis  ac  per- 
fecta  soliditas  (Litter.  Synod.  Jean.  Gonstantinop.  ad  Ilormisd, 
Pontif.;  et  Sozom.,  Ilistor.  lib.  m,  cap.  8  ,  in  qua  semper  Apos- 
tolicœ  cathedrcc  viguit  principatus  S.  August.,  Epist.  1G2).  ad 
quam  propter  potiorem  principalitatem  necesse  est  omnem  con- 
venire  Ecclesiam,  hoc  est  qui  sunt  undique  fidèles  (S.  Irenœus, 
lib.  III  contra  hœreses,  cap.  3),  cum  qua  quicumquenon  colligit, 
spargit  (S.  liieronym.,  Epist.  ad  Damas.  Pontif.). 

Nos  igitur,  qui  inscrutabili  Dei  judicio  in  hac  veritatis  cathedra 
collocati  sumus,  egregiam  vestram  pietatem  vehementer  in 
Domino  excitamus,  venerabiles  Fratres,  ut  omni  sollicitudine 
et  studio  fidèles  curse  vestrœ  concreditos  assidue  monere,  exhor- 
tari  connitamini,  ut  hisce  principiis  firmiter  adhœrentes.  nun- 
quam  se  ab  iis  decipi  et  in  errorem  induci  patiantur.  qui  abomi- 
nabiles  facti  in  studiis  suis  humani  progressus  obtentu  fidem 
destruere,  eamque  rationi  impie  subjicere  acDei  eloquiainvertere 
contendunt,  summamque  Deo  ipsi  injuriam  inferre  non  reformi- 
dant,  qui  cœlesti  sua  religione  hominum  bono  atque  saluti  cle- 
mentissime  consulere  est  dignatus. 

Jam  vero  probe  noscitis,  venerabiles  Fratres,  alia  errorum 
monstra  et  fraudes,  quibus  hujus  sœculi  filii  catholicam  reli- 
gionem,  etdivinam  Ecclesirc  auctoritatem,ejusque  legesacerrime 
oppugnare.  et  tum  sacrae  tum  civilis  potestatis  jura  conculcare 
conantur.  Hue  spectant  nefari;e  molitionis  contra  hanc  Romanam 
beatissimi  Pétri  cathedram,  in  qua  Ghristus  posuit  inexpugna- 
bile  Ecclesire  suse  fundamentum.  Hue  clandestinœ  illœ  sectœ  e 
tenebris  ad  rei  tum  sacrœ  tum  publicae  exitium  et  vastitatem 
emersœ,  atque  a  Romanis  Pontitlcibus  decessoribus  nostris 
iterato  anathemate  damnatse  suis  Apostolicis  Litteris  (Cle- 
mens  XH,  Const.  In  emimnti;  Bened.  XIV,  Constit.  Providas; 
Pius  Vn,  Ecclosiam  a  Jesu  Christo  :  Léo  XH.  Const.  Quo  firaviora) 
quas  nos  apostolicœ  nostrœ  potestatis  plenitudine  confirmamus, 
et  diligentissime  servari  mandamus.  Hoc  volunt  vaferrimce 
biblicœ  societates,  quœ  veterem  hœreticorum  artem  rénovantes, 
divinarum  Scripturarum  libros,  contra  sanctissimas  Ecclesise 
régulas,  vulgaribus  quibusque  linguis  translates,  ac  perversis 
sœpe  expl icat ion ibusinterpretatos,mnximeexemplarium numéro 
ingentique  expensa  omnibus  cujusque  generis  hominibus  eliam 


«  QUI  PLUIUBUS  »,  9  NOVEMBRE  1846  185 

et  retient  celte  cliairc  romaine  du  bienheureux  Pierre:  mère  et  maîtresse 
de  toutes  les  E!j;lises,  elle  a  toujouis  conservé  entière  et  inviolable,  elle  a 
enseigné  aux  fidèles  la  foi  reçue  du  Christ  Notre-Seigneur,  montrant  à 
tous  le  chemin  du  salut,  et  la  vérité  sans  corruption.  Elle  est  cette 
Eglise  principale  d'où  sort  l'unité  du  sacerdoce;  cette  métropole  de  la 
piété,  où  se  trouve  la  pleine  et  parfaite  solidité;  de  la  religion  chré- 
tienne, où  a  toujours  subsisté  dans  sa  force  la  primauté  de  la  chaire 
apostolique  ;  où  toute  l'Eglise,  c'est-à-dire  tous  les  fidèles,  quelque  part 
qu'ils  se  tmuvent,  doivent  recourir  à  cause  de  son  incomparable  auto- 
rité, et  avec  laquelle,  enfin,  quiconque  refuse  de  recueillir  ne  fait  que 
dissiper. 


Placé  par  un  impénétrable  jugement  de  Dieu  sur  cette  chaire  de 
vérité,  nous  faisons  dans  le  Seigneur  de  vives  instances  à  votre  éminente 
piété,  vénérables  Frères  ;  nous  vous  engageons  à  travailler  de  toute 
l'ardeur  de  votre  zèle  à  instruire  les  fidèles  confiés  à  vos  soins  ;  excitez- 
les  à  s'attacher  à  ces  principes,  à  ne  se  laisser  tromper  ni  entraîner  dans 
l'erreur  par  ces  hommes,  qui,  livrés  à  des  passions  détestables,  et  sous 
prétexte  de  favoriser  le  progrès  humain,  mettent  tout  en  œuvre  pour 
détruire  la  foi,  la  soumettre  à  la  raison  et  pervertir  la  parole  divine.  Ils 
ne  craignent  pas  d'outrager  ainsi  Dieu  lui-même;  car,  dans  son  infinie 
bonté,  il  a  donné  aux  hommes  sa  religion  céleste,  comme  un  moyen  de 
bonheur  et  de  salut. 


Vous  connaissez  bien  aussi,  vénérables  Frères,  les  autres  monstrueuses 
erreurs  et  les  artifices  qu'emploient  les  enfants  de  ce  siècle  pour  faire 
une  guerre  si  acharnée  à  la  religion  catholique,  à  la  divine  autorité  de 
l'Eglise,  à  ses  lois,  et  pour  fouler  aux  pieds  les  droits  de  la  puissance 
soit  ecclésiastique,  soit  civile.  Tel  est  le  but  des  coupables  manœuvres 
contre  cette  chaire  romaine  du  bienheureux  Pierre,  sur  laquelle  le 
Christ  a  établi  le  fondement  inexpugnable  de  son  Eglise.  Tel  est  le  but 
de  ces  sociétés  secrètes,  sorties  des  ténèbres  pour  la  ruine  de  la  religion, 
des  Etats,  et  déjà  plusieurs  fois  frappées  d'anathème  par  les  Pontifes 
Romains,  nos  prédécesseurs,  dans  leurs  Lettres  Apostoliques;  or,  dans  la 
plénitude  de  notre  puissance  apostolique,  nous  confirmons  ces  Lettres 
et  nous  voulons  qu'elles  soient  observées  avec  un  grand  soin.  Tel  est  le 
but  de  ces  perfides  sociétés  bibliques  qui  renouvellent  les  anciens  arti- 
fices des  hérétiques  et  ne  cessent  de  répandre,  à  un  nombre  immense 
d'exemplaires  et  à  très  grands  frais,  les  livres  des  divines  Ecritures 
traduits,  contre  les  très  saintes  règles  de  l'Eglise,  dans  toutes  les  langues 
vulgaires,  et  souvent  expliqués  dans  un  sens  pervers.  Ces   livres  sont 


18G  LETTUIi  LNCVGLIOUE  UK  VIE  IX 

rudioribus  i,n-aliulo  impertiri,  obtrudere  non  cessant,  ut  divina 
traditione,  Patnim  doctrina,  et  calholicœ  Ecclesiœ  auctorilate 
rejecla,onines  eloquiaDominipriv^ato  sno  judicio  interpretcnlur, 
eorumqiie  sensum  pervertant,  atque  ila  in  maximos  elabantur 
errores.  Quas  societatcs  suoriim  docessorum  excmpla  ai'mulans 
recol.  mem.  Gregoriiis  XVI,  in  cujus  locum,  meritis  licet  inipa- 
ribus,  suffccti  sumus,  suis  Apostolicis  Litteris  reprobavit 
(Gregor.  XVI,  in  Litteris  encyclicis  ad  omnes  episcopos,  ijuarum 
initium  Intcr  prœcipuas  machinationes) ,  et  nos  pariter  damnatas 
esse  volumus. 

Hue  spectat  horrendum,  ac  vel  ipsi  naturali  rationis  lumini 
maxime  repugnansde  cujusHbet  religionis  indiiïerentiasystema, 
quo  isti  veteratores,  omni  virtutis  et  vitii,  veritatis  et  erroris, 
honestatisetturpitudinis  sublato  discrimine,  hominesincujusvis 
religionis  cultu  œternamsahitem  assequi  posse  comminiscuntur, 
perinde  ac  si  ulla  unquam  esse  posset  participatio  jui^titia3  cum 
iniquitate,  aut  societas  lucis  ad  tenebras,et  conventio  Christi  ad 
Beiial.  Hue  spectat  fœdissima  contra  sacrum  clericorum  ca;ii- 
batum  conspiratio,  quse  a  nonnullisetiam,proh  dolor!  ecclesias- 
ticis  viris  foretur,  quipropriae  dignitatis  misère  obliti,  se  volup- 
tatum  blanditiis  et  illecebris  vinci  et  deliniri  patiuntur;  hue 
perversa  in  philosophicis  praesertim  disciplinis  docendi  ratio, 
quge  improvidam  juventutem  misenandum  in  modum  decipit, 
corrumpit,  eique  fel  draconis  in  calice  Babylonis  propinat;huc 
infanda,acvel  ipsi  naturalijuri  maxime  adversadeCo/wmMnjsmo, 
uti  vocant,  doctrina,  qua  somel  admissa,  omnium  jura,  res,  pro- 
prietates,  ac  vel  ipsa  humana^  societifs  funditus  everterentur; 
hue  tenebricosissimtc  eorum  insidiœ,  qui  in  vestitu  ovium,  cum 
intus  sint  lupi  rapaces,  mentita  ac  fraudulenta  piirioris  pietatis^ 
et  severioris  virtutis,  ac  disciplinte  specie  humiliter  irrepunt, 
blande  capiunt,  molliter  ligant,  latenter  occidunt,  hominesque 
ab  omni  religionis  cultu  absterrent,  et  dominicas  oves  rnactant 
atque  discerpunt.  Hue  denique,  ut  cœtera,  quse  vobis  apprime 
nota  acperspecta  sunt,  omittamus,  teterrima  tôt  undique  volan- 
tium  et  peccare  docentium  voluminum  ac  libellorum  contagio, 
qui  apte  compositi,  ac  fallaciœ  et  arliiicii  pleni,  immanibusque 
sumptibus  per  omnia  loca  in  christianœ  plebis  interitum  dissi- 
pati,  pestiferas  doctrinas  ubique  disséminant,  incautorum  potis- 
simum  mentes  animosque  dépravant,  et  maxima  religion!  infe- 
runt  detrimenta. 

Ex  hac  undique  serpentium  errorum  colluvie  atque  effrenata 
cogitandi,  loquendi  scribendique  licentia  mores  in  deterius  pro- 
lapsi,  sanctissima  Christi  spreta  religio,  divini  cultus  improbata 
înajestas,  hujus  Apostolicœ  Sedis  divexata  potestas,  Ecclesif» 


<t  QUI  PLUI'vIBUS  »,  'J  NOVEMBUE  18i6  187 

offerts  gratuitement  à  toute  sorte  de  personnes,  même  aux  plus  igno- 
rants, alin  que  cluicun  rejetant  la  divine  tradition,  la  doctrine  des  Pères 
cl  Tautorité  de  l'Eglise  catholique,  entende  les  oracles  divins  selon  son 
jugement.  proi)re,  en  pervertisse  le  sens  et  tombe  ainsi  dans  les  plus 
grandes  eneurs.  Le  Pontife  de  glorieuse  mémoire  à  qui  nous  succédons, 
bien  qu'inférieur  en  mérites,  Grégoire  XVI,  suivant  en  cela  l'exemple  de 
ses  prédécesseurs,  a  réprouvé  ces  sociétés  par  ses  Lettres  apostoliques  ; 
nous  voulons  aussi  qu'elles  soient  condamnées. 


Tel  est  le  but  de  cet  épouvantable  système  d'indifférence  pour  toute 
religion,  qui  est  absolument  opposé  aux  lumières  de  la  raison  elle-même. 
Dans  cet  affreux  système,  les  apôtres  de  l'erreur  suppriment  toute  dis- 
tinction entre  la  vertu  et  le  vice,  la  vérité  et  l'erreur,  l'honnêteté  et  la 
turpitude,  et  prétendent  que  les  hommes  peuvent  obtenir  le  salut  éternel 
dans  quelque  religion  que  ce  soit,  comme  s'il  pouvait  jamais  y  avoir 
accord  entre  la  justice  et  l'iniquité,  entre  la  lumière  et  les  ténèbres, 
entre  le  Christ  etBélial.  Tel  est  le  but  de  cette  infâme  conjuration  contre 
le  célibat  sacré  des  clercs  ;  ô  douleur  !  elle  trouve  faveur  même  auprès 
de  quelques  ecclésiastiques  qui,  misérablement  oublieux  de  leur  propre 
dignité,  se  laissent  flatter  et  vaincre  par  les  trompeurs  attraits  de  la 
volupté.  Tel  est  le  but  de  cette  manière  perverse  d'enseigner  surtout  les 
sciences  philosophiques;  elle  trompe  déplorablement  une  jeunesse  inex- 
périmentée, la  corrompt  et  lui  verse  le  fîel  du  dragon  dans  la  coupe  de 
Babylone!  Tel  est  le  but  de  l'exécrable  doctrine  dite  du  Communisme  : 
totalement  contraire  au  droit  naturel  lui-même,  elle  ne  pourrait  s'établir 
sans  renverser  de  fond  en  comble  tous  les  droits,  les  intérêts,  la  propriété, 
la  société  même.  Tel  est  le  but  des  menées  profondément  ténébreuses 
de  ces  hommes  qui,  cachant  la  rapacité  des  loups  sous  la  peau  des 
brebis,  s'insinuent  adroitement  dans  les  esprits,  les  séduisent  par  les 
dehors  d'une  piété  plus  élevée,  d'une  vertu  plus  sévère,  les  enchaînent 
doucement,  les  tuent  dans  l'ombre,  les  détournent  de  toute  pratique 
religreuse,  égorgent  et  mettent  en  pièces  les  ouailles  du  Seigneur.  C'est 
là,  enfin,  pour  ne  rien  dire  d'une  foule  d'autres  choses  qui  vous  sont 
assez  connues,  c'est  là  que  tend  cette  effroyable  contagion  de  livres  et 
de  brochures  qui  surgissent  de  toutes  parts  pour  enseigner  le  mal  : 
habilement  écrits,  pleins  de  fourberie  et  d'artifice,  répandus  en  tous 
lieux  et  à  grand  frais  pour  la  ruine  du  peuple  chrétien,  ces  livres  dissé- 
minent partout  des  doctrines  empoisonnées,  pervertissent  les  esprits  et 
les  cœurs,  surtout  des  ignorants,  et  causent  à  la  religion  un  mal 
immense. 


Par  suite  de  ce  déluge  général  des  erreurs,  de  cette  licence  effrénée 
dans  les  pensées,  dans  les  discours  et  dans  les  écrits,  les  mœurs  se  per- 
dent, la  sainte  religion  du  Christ  est  méprisée,  la  majesté  du  culte  divin 


188  LETTRE  ENCYCLIQUE  DE  PIE  IX 

oppugnata  alque  in  tiirpem  sorvitiilom  rcdacta  auctoritas,  epi- 
scoponim  jura  conculcata,  niati-jmonii  sanclitas  violata,  cujnsque 
potcstatis  rcgimen  labefactatum,  ac  tut  alla  tumchristianœ,  tum 
civilis  reipnblicœ  damna,  quœ  coinniunibus  lacrymis  una 
vobiscum  llcre  cogimiir,  venerabilcs  Fratres. 

In  tantaigiturreligionis,  rerum  ac  temporum  vicissitudine,  de 
univers!  Doaiinici  gregis  salute  nobisdivinituscommissavebomen- 
lei'solliciti,pro  Apostolicinostri  niinislcrio  oflicionibilceiieinau- 
siun,  nibilque  intciitatum  relinquemus,  quo  cunclœ  christiana3 
faniiliœ  bono  totis  viribns  consulamus.  Verum  prœclaram  ([iioque 
vestrani  pietateni,  virtutem,  prudentiam  summopere  in  Domino 
excitamus,  venerabiles  Fratres,  ut  cœlesti  ope  freti  una  nobiscum 
Dei,  ejusque  sanctse  Ecclesiœ  causam,  pro  loco,  quem  tenetis, 
pro  dignitate,  qua  insignili  estis,  impavide  defendatis.  Vobis 
acriterpugnandum  esse  intelligitis,  cum  minime  ignoretisquibus 
quantisque  intemerataCbristi  Jesu  Sponsa  vulneribusafficiatur, 
quantoque  acerrimorum  hostium  impetu  divexetur. 

Atque  in  primis  optime  noscitis.  vestri  muneris  esse  catholi- 
cam  lidem  episcopali  robore  tueri,  defendere,  ac  summa  cura 
vigilare,  ut  grex  vobis  commissus  in  eastabilis  et  immotus  per- 
sistât, quam  nisi  qtiisque  integram  inviolatamque  servai'erit,  absque 
dubio  in  œlcrnuvi  peribit  (ex  symb.  Qnicumqué).  In  hanc  igitur 
fidem  tuendam  atque  servandam  pro  pastorali  vestra  sollicitu- 
dine  diligenter  incumbite,  neque  unquam  desinite  omnes  in  ea 
insti'uere,  contirmare  nutantes,  contradicentes  argiiere,  infirmos 
in  fide  corroborare,  nibil  unquam  omnino  dissimulantes  ac 
ferentes  quod  ejusdem  fidei  puritatem,  vel  minimum  violare 
posse  videatur. 

Neque  minori  firmitate  in  omnibus  foveteunionem  cum  Gatho- 
lica  Ecclesia,  extra  quam  nulla  est  salus,  et  obedientiam  erga 
hanc  Pétri  cathedram,  cui  tanquam  firmissimo  fundamento  tota 
sanctissimae  nostr^e  religionis  moles  innititur.  Pari  vero  con- 
stantia  sanctissimas  Ecclesice  leges  custodiendas  curate,  qiiibus 
profecto  virtus,  religio,  pietas  summopere  vigent  ettlorent.  Cum 
autem  «  magna  sit  pietas  prodere  latcbras  impiorum  et  ipsum 
in  eis,  cui  serviunt,  diabolum  debellare  »  (S.  Léo,  Serm.  viii.. 
cap.  -i),  illud  observantes  monemus,  ut  omni  ope  et  opéra  mul- 
tiformes inimicorum  hominum  insidias,  fallacias,  errores,  frau- 
des, machinationes  fideli  populo  detegere,  eumque  a  pestiferis 
libris  diligenter  avertere  atque  assidue  exhortari  velitis,  ut  im- 
piorum sectas  et  societates  fugiens,  tanquam  a  facie  colubri,  ea 
omnia  studiosissime  devitet,  quœ  fidei ,  religionis  morumque 
integritati  adversanfur.  Qua  de  re  nunquam  emnino  sit,  ut  ces- 
setis  pi-œdicare  Evangelium,  quo  christiana  plebs  magis  in  dies 


«  QUI  PLURII3US  »,  9  NOVEMBRE  1846  189 

condamnée,  la  puissance  de  ce  sièi;e  apostolique  ofTciisée,  l'autorifé  de 
TEglise  attaquée  et  réduite  à  une  lionleuse  servitude,  les  droits  des 
évoques  foulés  aux  pieds,  la  sainteté  du  mariage  violée,  tous  les  pouvoirs 
ébranlés.  Ces  maux  et  tant  d'autres  qui  posent  sur  la  société  soit  chré- 
tienne soit  civile,  nous  obligent,  vénérables  Frères,  5  confondre  nos 
larmes  avec  les  vôtres. 

Dans  des  conjonctures  aussi  critiques  pour  la  religion  et  pour  tout, 
vivement  frappé  de  Tobligation  où  nous  sommes  devant  Dieu  de  veiller 
au  salut  de  tout  le  troupeau  du  Seigneur,  il  n'y  arien  certainement  dans 
le  devoir  de  notre  ministère  apostolique  que  nous  ne  soyons  disposé  à 
oser  et  à  entreprendre  pour  procurer,  selon  nos  forces,  le  bien  de  toute 
la  famille  chrétienne.  Mais  nous  faisons  au  nom  du  Seigneur  un  pres- 
sant appel  à  votre  insigne  piété,  à  votre  courage,  à  voire  prudence,  véné- 
rables Frères;  appuyés  sur  le  secours  du  ciel,  unissant  vos  efforts  aux 
nôtres,  défendez  avec  intrépidité  la  cause  de  Dieu  et  de  sa  sainte  Eglise, 
selon  le  poste  que  vous  occupez  et  la  dignité  dont  vous  êtes  revêtus. 
Vous  comprenez  avec  quelle  générosité  vous  devez  combattre,  puisque 
vous  voyez  le  nombre  et  la  grandeur  des  blessures  de  l'Epouse  sans 
tache  de  Jésus-Christ,  ainsi  que  la  violence  des  assauts  que  lui  livrent  ses 
ennemis. 

Et  d'abord  vous  savez  qu'il  est  de  votre  devoir  de  soutenir,  de  dé- 
fendre avec  toute  la  vigueur  épiscopale  la  doctrine  catholique,  et  de 
veiller  avec  le  plus  grand  soin  à  ce  que  le  troupeau  qui  vous  est  confié 
y  demeure  inébranlablement  attaché  ;  puisque,  «  ù  moins  de  l'avoir 
conservée  dans  son  intégrité  et  sa  pureté,  nul  ne  peut  éviter  la  perte 
éternelle  ».  Tournez  donc  toute  votre  sollicitude  pastorale  vers  le  main- 
tien et  la  conservation  de  celte  foi,  el  ne  cessez  de  l'enseigner  à  tous, 
d'affermir  ceux  qui  chancellent,  de  reprendre  ceux  qui  rallaquent,  de 
fortifier  ceux  qui  s'y  montrent  faibles;  ne  dissimulez,  ne  souffrez  ja- 
mais rien  de  ce  qui  pourrait  en  altérer  tant  soit  peu  la  pureté. 

Il  ne  vous  faut  pas  moins  de  fermeté  pour  entretenir  dans  tous  l'union 
avec  l'Eglise  catholique,  hors  de  laquelle  il  n'y  a  point  de  salut,  et 
l'obéissance  à  cette  chaire  de  Pierre,  laquelle  est  comme  le  fondement 
inébranlable  sur  lequel  repose  tout  l'édifice  de  notre  sainte  religion. 
Travaillez  avec  la  même  constance  à  faire  observer  les  saintes  lois  de 
l'Eglise,  éminemment  propres  à  ranimer  et  à  faire  fleurir. la  vertu,  la 
religion,  la  piété.  Mais,  comme  «  un  des  principaux  devoirs  de  la  piété 
est  de  démasquer  les  ténébreuses  menées  des  impies,  et  combattre  en 
eux  le  démon,  dont  ils  se  font  les  instruments  »,  nous  vous  conjurons 
de  mettre  tout  en  œuvre  pour  découvrir  au  peuple  fidèle  les  embûches, 
les  fourberies,  les  erreurs,  les  artifices,  les  machinations  si  multipliées 
des  hommes  ennemis,  et  pour  le  détourner  de  la  lecture  de  leurs  écrits 
pestilentiels,  exhortez-le  assidûment  à  fuir,  comme  il  ferait  à  la  vue 
d'un  serpent,  les  réunions  et  les  sociétés  des  impies,  à  éviter  avec  le 
plus  grand  soin  tout  ce  qui  porterait  atteinte  à  Fintégrité  de  la  foi,  de 
la  religion  et  des  mœurs. 

Ne  vous  lassez  donc  jamais  de  prêcher  l'Evangile,  afin  que  le  peuple 
chrétien,  toujours  plus  pénétré  des  très  saintes  maximes  de  la  loi  chré- 


19n  LETTIIE  ENCYCLIQUE  DE  PIE  IX 

sanctissimis  christianae  legis  prseceptionibus  erudita  crescat  in 
scicntia  Uei,  declinet  a  malo  et  faciat  boniim  atque  anjbulet  in 
vils  Domini.  Et  quoniam  noslis  vos  pro  (^hristo  legatione  l'ungi, 
qui  se  mileni  et  huniileni  corde  est  processus,  quique  non  venit 
vocare  juslos,  sed  peccatores,  relinquens  nobis  exerapliim,  ut 
si'([naniini  vestigia  ejus:  quos  in  niandatis  Domini  delinquentes, 
atque  a  veritatis  et  justiliae  semita  aberrantes  inveneritis,  haud 
omiltite  eos  in  spiritu  lenitatis  et  niansuetudinis  paternis  mo- 
nitis  et  consiliis  corripere  atque  arguere,  observare,  increpare  in 
omiii  bonitate,  patientia  et  doctrina,  cum  «  sa3pe  plus  erga  corri- 
gendos  agat  benevolentia,  quani  austeritas,  plus  exhortatio,  quani 
comminalio,  plus  cari  tas,  quampotestas»(Concil.Trid.,Sess,xiii, 
cap.  1  de  lleform.).  lllud  etiam  totis  viribus  praestare  contendite, 
venerabiles  Fratres,  ut  fidèles  caritatem  sectentur,  pacem  inqui- 
rant,  etquse  caritatis  et  pacis  sunt  sedulo  exequantur,  quo  cunctis 
dissensionibus,  inimicitiis,  œmulationibus.  siniultatibus  penitus 
extinctis,  omnes  se  niutua  caritate  diligant.  atque  in  eodem 
sensu,  in  eadem  sententia  perfecti  sint,  et  idem  unanimes  sen- 
tiant,  idem  dicant,  idem  sapiant  in  Ghristo  Jesu  Domino  nostro. 
Debilam  erga  principes  et  potestatesobedientiam  acsubjectionem 
christiano  populo  inculcare  satagite,  edocentes  juxta  Apostoli 
monitum  (Rom.,  xiii,  1,  2)  non  esse  potestatem  nisi  a  Deo, 
eosque  Dei  ordinationi  resistere,  adeoque  sibi  damnationem 
acquircrc,  qui  potestati  resistunt,  atque  idcirco  praeceptum  po- 
testati  ipsi  obediendi  a  nemine  unquam  citra  piaculum  posse 
violari  nisi  forte  aliquid  imperetur,  quoad  Dei  et  Ecclesise  legi- 
bus  adversetur. 

Verum  cum  «  nihil  sit,  quod  alios  magis  ad  piotatem  et  Dei 
cultum  assidue  instruat,  quam  eorum  vita  et  exemplum^  qui  se 
divino  minislerio  dedicarunt»  (Concil.  Trid.,  Sess.  xxii,  cap.i  de 
Reform.),  et  cujusmodi  sunt  sacerdotes,  ejusmodi  plerumque 
esse  soleat  et  populus,  pro  vestra  singulari  sapientia  perspicitis, 
venerabiles  Fratres,  summa  cura  et  studio  vobis  esse  elaboran- 
dum,  ut  in  clero  morum  gravitas,  vitœ  integritas,  sanctitas, 
atque  doctrina  eluceat,  et  ecclesiastica  disciplina  ex  sacrorum 
canonum  prœscripto  diligcntissime  servetur,  et  ubi  collapsa 
fuerit,  in  pristinum  splendorem  restituatur.  Quapropter,  veluti 
prœclare  scitis,  vobis  summopere  cavendum,  ne  cuipiam,  juxta 
Apostoli  prœceptum,  cito  manus  imponatis,  sed  eos  tantum 
sacris  initietis  oïdinibus,  ac  sanctis  tractandis  admoveatis 
mysteriis,  qui  accurate  exquisiteque  explorati,  ac  virtutum 
omnium  ornatu  et  sapientiœ  laude  spectati,  vestris  diœcesibus 
usui  et  ornamento  esse  possint,  atque  ab  iis  omnibus  déclinantes, 
quœ  Ciericis  vetita,  et  attendentes  lectioni,  exhortation!,  doc- 


«  QUI  PLURinUS  »,  9  NOVEMBRE  1846  191 

(ienne,  avance  dans  la  science  de  Dieu,  évite  le  mal,  fasse  le  bien  et 
marche  dans  les  voies  du  Seigneur.  Vous  savez  que  vous  êtes  les  repré- 
sentants du  Christ,  qui  s'est  montré  doux  et  humble  de  cœur,  et  (|ui  est 
venu  appeler,  non  les  justes,  mais  les  pécheurs,  nous  donnant  rexemple 
et  nous  invitant  à  marclicr  sur  ses  traces;  ayez  donc  soin  de  corriger  et 
de  reprendre,  dans  un  esprit  de  douceur  et  de  mansuétude,  par  des  avis 
et  des  conseils  paternels,  ceux  que  vous  verrez  transgresser  les  comman- 
dements de  Dieu  et  s'écarter  du  chemin  de  la  vérité  et  de  la  justice; 
employez  les  prières  et  les  réprimandes  en  toute  bonté,  patience  et  doc- 
trine, sachant  que  «  souvent,  dans  les  corrections,  la  bonté  obtient  plus 
que  la  sévérité,  l'exhortation  plus  que  la  menace,  la  charité  plus  que 
l'autorité  ».  Faites  aussi  tout  ce  qui  dépendra  de  vous,  vénérables 
Frères,  pour  amener  les  fidèles  à  pratiquer  la  charité,  à,  chercher  la 
paix,  à  accomplir  les  devoirs  qu'imposent  ces  vertus;  étouffant  ainsi 
toutes  les  discussions,  les  inimitiés,  les  rivalités,  les  rancunes,  ils  se 
chériront  mutuellement,  et  s'uniront  dans  une  même  pensée,  un  même 
sentiment,  une  même  volonté  en  Jésus-Christ  IVotre-Seigneur.  Appli- 
quez-vous à  inculquer  au  peuple  chrétien  l'obéissance  et  la  soumission 
dues  aux  princes  et  aux  puissances  ;  enseignez-leur,  selon  l'avis  de 
l'Apôtre,  qu'il  n'est  point  de  pouvoir  qui  ne  vienne  de  Dieu,  et  qu'en 
résistant  au  pouvoir  on  résiste  à  l'ordre  établi  de  Dieu,  en  provoquant 
sa  condamnation,  et  que,  par  conséquent,  nul  ne  peut  violer  sans  crime 
le  précepte  d'obéir  à  l'autorité,  à  moins  qu'elle  ne  lui  commande  des 
choses  contraires  aux  lois  de  Dieu  et  de  l'Eglise. 


Mais,  comme  c  rien  ne  contribue  tant  à  former  les  autres  à  la  piété  et 
au  culte  de  Dieu  que  la  vie  et  l'exemple  de  ceux  qui  se  sont  consacrés 
au  divin  ministère  j,  comme  la  conduite  du  peuple  est  le  plus  souvent 
la  reproduction  de  celle  des  prêtres,  vous  comprenez  dans  votre  haute 
sagesse,  vénérables  Frères,  que  vous  ne  sauriez  travailler  avec  trop  de 
zèle  à  faire  briller  dans  le  clergé  la  gravité  des  mœurs,  la  pureté  de  la 
vie,  la  sainteté  et  la  science,  à  maintenir  l'exacte  observation  de  la  dis- 
cipline ecclésiastique  établie  par  les  saints  canons,  et  à  lui  rendre  sa 
vigueur  partout  où  elle  serait  tombée.  C'est  pourquoi,  comme  vous  le 
savez,  en  vous  gardant  d'imposer  trop  tôt  les  mains  à  qui  que  ce  soit, 
selon  le  précepte  de  l'Apôtre,  n'initiez  aux  saints  ordres  et  n'appliquez 
aux  fonctions  saintes  que  ceux  qui,  après  d'exactes  et  rigoureuses 
épreuves,  vous  paraîtront  ornés  de  toutes  les  vertus,  recommandabics 
par  leur  sagesse,  propres  à  servir  et  à  honorer  vos  diocèses,  éloignes  de 
tout  ce  qui  est  interdit  aux  clercs,  appliqués  à  l'étude,  à  la   prédicafion, 


192  LETTRE  ENCYCLIQUE  DE  PIE  IX 

trinae  «  exemplum  sint  fidelium  in  verbo,  in  conversatione,  in 
caritate,  in  fide,  in  castitate  »  (I  ïimolh.,  iv,  12),  cunctisque 
aiïerant  venerationem  et  populum  ad  christianae  religionis 
inslilutionem  fingant,  excitent,  atqiie  inflamnient,  «  melius  enim 
profecto  est  »,  ut  sapientissime  monet  inimorlalis  memoriœ 
Benedictus  XIV  decessor  noster,  «  pauciores  habereministros, 
sed  probos,  sed  idoneos  atque  utiles,  quam  plures,  qui  in  œdifi- 
cationem  corporis  Christi,  quod  est  Ecclesia,  nequidquani  sint 
valiluri  »  (Bened.  XIV  in  Epist.  Encycl.  Ubi  primiim). 

Neque  vero  ignoratis,  majori  diligentia  vobis  in  illorum 
praîcipne  mores  et  scientiam  esse  inquirendum,  quibus  anima- 
rum  cura  et  regimen  committitur,  ut  ipsi,  tanquam  fidèles 
multiformis  gratiae  Dei  dispensatores,  plebem  sibi  concreditam 
sacramentorum  administratione,  divini  verbi  praedicatione  ac 
bonorum  operum  exemplo  continenter  pascere,  juvare,  eamque 
ad  omnia  religionis  instituta  ac  documenta  informare,  atque  ad 
salutis  semitam  perducere  studeant.  Intelligitis  nimirum  Parochis 
officii  sui  ignaris  vel  negligentibus  continno  et  populorum 
mores  prolabi,  et  christianam  laxari  disciplinam,  et  religionis 
cultum  exsolvi  atque  convelli,  ac  vitia  omnia  et  corruptelas  in 
Ecclesiam  facile invehi. 

Ne  autem  Dei  sermo  «  qui  vivus,  et  efficax,  et  penetrabilior 
omni  gladio  ancipiti  »  (Hebr.,  iv,  12)  ad  animarum  salutem  est 
institutus,  ministrorum  vitio  infructuosus  évadât,  ejusdem 
divini  verbi  praeconibus  inculcare.  prœciperenunquam  desinite, 
venerabiies  Fratres,  ut  gravissimum  sui  muneris  officium  aoima 
reputantes,  evangelicum  ministerium  non  in  persuasibilibus 
humanae  sapientiœ  verbis,  non  in  profano  inanis  et  ambitiosae 
eloquentiœ  apparatu  et  lenocinio,  sed  in  ostensione  spiritus  et 
virtutis  (I  Cor.,  xi,  4)  religiosissime  ex.erceant,  ut  recte  tractantes 
verbum  veritatis,  et  non  semetipsos,  sed  Cbristum  crucifixum 
praedicantes,  sanctissimœ  nostree  religionis  dogmata,  prœcepta, 
juxta  catholicœ  Ecclesiœ  et  Patrum  doctrinam  gravi  ac  splen- 
dido  orationis  génère  populis  clare  apertequeannuntient,  pecu- 
liaria  singulorum  officia  accurate  explicent,  omnesque  a  flagitiis 
deterreant,  ad  pietatem  inflamnient,  quo  fidèles  Dei  verbo 
salubriter  imbuti  atque  refecti  vitia  omnia  déclinent,  virtutes 
sectentur,  atque  ita  œternas  pœnas  evadere  et  cœlestem  gloriam 
consequi  valeant  Universos  ecclesiasticos  viros  pro  pastorali 
vestra  sollicitudine  et  prudentia  assidue  monete,  excitate,  ut 
serio  cogitantes  ministerium,  quod  acceperunt  in  Domino,  omnes 
proprii  muneris  partes  diligentissime  impleant,  domus  Dei  deco- 
rem  summopere  diligant,  atque  intimo  pietatis  sensu  sine  inter- 
missione    instent   obsecrationibus  et    precibus,    et    Canonicas 


«  OUI  PLDRinus  s,  9  NOVEMBRE  1846  193 

h  l'instruction,  capables  de  «  servir  de  modèles  aux  fidèles  dans  les 
paroles,  dans  la  conduite,  dans  la  charilc,  dans  la  foi,  dans  la  chas- 
teté »,  capables  encore  d'inspirer  le  respect  à  tous,  de  former,  d'exciter, 
d'enflammer  le  peuple  ù  la  pratique  de  la  religion  chrétienne;  «  car  il 
vaut  certainement  mieux  »,  ainsi  que  l'observe  notre  prédécesseur, 
Benoît  XIV.  d'inimortcUe  mémoire,  œ  n'avoir  que  peu  de  prêtres,  mais 
bons.  capal)les  et  utiles,  (|ue  d'en  avoir  un  grand  nombre  qui  ne  seraient 
pas  propres  à  édifier  le  Corps  du  Christ,  qui  est  l'Eglise  ». 


Vous  n'ignorez  pas  que  vous  devez  vous  enquérir  avec  plus  de  soin 
encore  des  mœurs  et  de  la  science  de  ceux  qui  sont  chargés  de  la  conduite 
des  âmes,  afin  qu'ils  s'appliquent  continuellement  comme  de  fidèles  dis- 
pensateurs des  divers  ticsors  de  la  grâce  de  Dieu,  à  nourrir  et  h  assister 
le  peuple  qui  leur  est  confié,  par  l'administration  des  sacrements,  par  la 
prédication  de  la  parole  divine,  par  l'exemple  des  bonnes  œuvres;  afin 
aussi  qu'en  le  pénétrant  de  l'esprit  et  des  maximes  de  la  religion,  ils  le 
fassent  marcher  dans  le  sentier  du  salut.  Vous  savez,  en  effet,  que  si  les 
curés  ignorent  leurs  devoirs  ou  négligent  de  les  remplir,  les  mœurs  des 
peuples  se  corrompent  aussitôt,  la  discipline  chrétienne  se  relâche,  on 
abandonne  les  pratiques  religieuses,  et  dans  l'Eglise  s'introduisent  aisé- 
ment les  désordres  et  tous  les  vices. 


«  Pleine  de  vie,  de  puissance,  et  plus  pénétrante  que  le  glaive  à  deux 
tranchants»,  la  parole  de  Dieu  a  été  établie  pour  le  salut  des  âmes,  et  ne 
doit  pas  devenir  infructueuse  par  la  faute  de  ses  ministres;  ne  vous 
lassez  donc  jamais,  vénérables  Frères,  d'avertir  et  de  commander  aux 
prédicateurs  de  cette  divine  parole,  de  se  pénétrer  de  l'extrême  impor- 
tance de  leurs  fonctions  ;  de  s'appuyer  religieusement,  dans  l'exercice 
du  ministère  évangélique,  non  sur  les  discours  persuasifs  de  la  sagesse 
humaine,  non  sur  les  efforts  et  les  artifices  d'une  vaine  et  fastueuse  élo- 
quence, mais  sur  l'assistance  de  l'esprit  et  de  la  vertu  d'en  haut;  de 
traiter  dignement  la  parole  de  vérité,  de  prêcher  le  Christ  crucifié,  au 
lieu  de  se  prêcher  eux-mêmes;  d'annoncer  aux  peuples  d'un  style  clair 
et  intelligible,  mais  plein  de  gravité  et  de  noblesse,  les  dogmes  et  les 
préceptes  de  notre  sainte  religion,  selon  la  doctrine  de  l'Eglise  catho- 
lique et  des  Pères  ;  d'expliquer  en  détail  les  devoirs  particuliers  de 
chacun;  de  détourner  tous  les  hommes  du  crime,  de  les  porter  à  la 
piété,  afin  que,  présentement  pénétrés  et  nourris  de  la  parole  de  Dieu, 
les  fidèles  s'abstiennent  de  tous  les  vices,  pratiquent  toutes  les  vertus, 
et  puissent  éviter  ainsi  les  peines  éternelles  et  parvenir  à  la  gloire 
céleste.  Dans  votre  sollicitude  et  votre  prudence  épiscopnles,  avertissez 
assidûment  tous  les  ecclésiastiques,  exhortez-les  à  considérer  sérieuse- 
ment le  ministère  qu'ils  ont  reçu  de  Dieu,  à  en  remplir  exactement  les 
obligations,  à  prendre  souverainement  à  cœur  la  gloire  de  la  maison  de 
Dieu,  à  s'adonner  sans  relâche  à  la  prière  et  à  la  récitation  des  heures 


194  LETTRE  ENCYCLIQUE  DE  PIE  IX 

lioras  ex  Ecclesiœ  praecepto  persoivant.  ([110  et  divina  sibi 
auxilia  ad  gravissima  oflifii  sni  mimera  obeunda  impetrare,  et 
Deum  christiano  populo  placatum  ac  propitium  ivddere  pos- 
sint. 

Cum  autem,  venerabiles  Fratres,  vestram  sapientiam  minime 
fugiat,  idoneos  Ecclesiœ  ministros  uonnisi  ex  optime  insUtulis 
clericis  fieri  posse,  magnamque  vim  in  recta  hoiinn  institutione 
ad  rcliquum  vitœ  cursum  inesse,  pergite  omnes  episcopaiis  ve- 
stri  zeli  nervos  in  id  potissimum  intendere,  ut  adolescentes  cle- 
rici  vel  a  teneris  annis  tum  ad  pietatem  solidamque  virtutem, 
tum  ad  litteras  severioresque  disciplinas,  prsesertim  sacras,  rite 
informcntur.  Quare  vobis  nihil  antiquius,  nihil  poilus  esse  dé- 
bet, quam  omni  opéra,  solertia,  industria,  ciericorum  Semina- 
ria  ex  Tridentinorum  Patrum  prescripto  iConcil.  Trid.,  Sess. 
XXIII.,  cap.  18,  de  Reform.)  instituere,  si  nondum  existunt, 
atque  instituta,  si  opus  fuerit,  ampliticare,  eaque  optimis  mode- 
ratoribus  et  magistris  instruere,  ac  intentissimo  studio  conti- 
nenter  advigilare,  ut  inibi  juniores  clerici  in  timoré  Domini,  et 
ecclesiastica  disciplina  sanote  religioseque  educentur,  et  sacris 
potissimum  scientiis,  juxta  catholicam  doctrinam  ab  omni 
prorsus  cujusque  erroris  periculo  alienis,  et  Ecclesice  traditio- 
nibus,  et  sanctorum  Patrum  scriptis,  sacrisque  cœremoniis,  ri- 
tibus,  sedulo  ac  penitus  excolantur;  quo  habere  possitis  gnavos 
atque  industries  operarios,  qui  ecclesiastico  spiritu  prœditi  ac 
studiis  recte  instituti  valoant  in  tempore  dominicum  agrum  di- 
ligenter  excolere,  ac  strenue  prœliari  prœlia  Uomini. 

Porro  cum  vobis  compertum  sit  ad  ecclesiastici  ordinis  digni- 
tatem,  et  sanctimoniam  retinendam  et  conservandam  pium  spi- 
ritualium  exercitiorum  institutum  vel  maxime  conducere,  pro 
episcopali  vestro  zelo  tam  salutare  opus  urgere,  omnesque  in 
sortem  Uomini  vocatos  monere,  hortari  ne  intermittatis,  ut 
ssepe  in  opportunum  aliquem  locum  iisdem  peragendis  exercitiis 
secedant,  quo,  exterioribus  curis  sepositis,  ac  vehementiori  stu- 
dio œternanim  divinarumque  reriim  meditationi  vacantes,  et 
contractas  de  mundano  pulvere  sordes  detergere,  et  ecclesiasti- 
cum  spiritum  renovare  possint,  atque  expoliantes  veterem  ho- 
minem  cum  actibus  suis,  novum  induant,  qui  creatus  est  in  jus- 
titia  et  sanctitate  (I  Ephes.,  iv,  2i)  Neque  vos  pigeât  si  in  Gleri 
institutione  et  disciplina  paulo  diutius  immorati  sumus.  Etenim 
minime  ignoratis  multos  existere,  qui  errorum  varieîatem,  in- 
constantiam,  mutabilitatemque  pertœsi,  ac  sanctissimam  no- 
stram  religionem  profitendi  necessitatem  sentientes,  ad  ipsius 
religionis  doctrinam,  prœcepta,  instituta  eo  facilius,  Deo  bene 
juvante,  amplectenda,  colendaque  adducentur,  quo  majori  Cle- 


«  QUI  PLURIBUS  »,  9  NOVEMBRE  1846  195 

canoniales,  confoniiéinent  au  précepte  de  l'Eglise,  dans  la  vue  d'obtenir 
le  secours  divin  pour  l'accomplissenient  de  leurs  importants  devoirs, 
d'apaiser  le  Seigneur  et  de  le  rendre  propice  au  peuple  chrétien. 


Comme  vous  n'ignorez  pas,  vénérables  Frères,  que  la  bonne  éducation 
des  clercs  est  le  seul  moyen  de  procurer  à  l'Eglise  de  bons  ministres,  et 
qu'elle  exerce  une  grande  inlluence  sur  tout  le  cours  de  la  vie.  continuez 
à  faire  tous  vos  efforts  pour  former  les  jeunes  clercs,  dès  leurs  tendres 
années,  à  la  piété,  à  une  vertu  solide,  à  la  connaissance  des  lettres,  à 
l'étude  des  hautes  sciences,  surtout  des  sciences  sacrées.  N'ayez  donc  rien 
tant  à  cœur  que  d'établir  des  séminaires  pour  les  clercs,  selon  les  pré- 
ceptes des  Pères  de  Trente,  là  où  il  n'y  en  aurait  pas;  d'augmenter,  s'il 
est  besoin,  ceu.x  qui  existent,  de  leur  donner  des  supérieurs  et  des  maîtres 
excellents,  de  veiller  incessamment  et  avec  la  plus  grande  application  à 
ce  que  les  jeunes  clercs  y  soient  élevés  saintement  et  religieusement  dans 
la  crainte  du  Seigneur,  dans  l'amour  de  la  discipline  ecclésiastique; 
qu'ils  y  soient  formés,  selon  la  doctrine  catholique  et  sans  aucun  danger 
d'erreur,  surtout  à  la  connaissance  des  sciences  sacrées,  des  traditions  de 
l'Eglise,  des  écrits  des  saints  Pères,  des  cérémonies  et  des  rites  sacrés  : 
ainsi  vous  aurez  d'infatigables  et  d'habiles  ouvriers;  animés  de  l'esprit 
ecclésiastique  et  bien  instruits,  ils  pourront  cultiver  le  champ  du  Père 
de  famille  et  soutenir  avec  gloire  le  poids  des  combats  du  Seigneur. 


Dans  la  conviction  où  vous  êtes  que  rien  n'est  plus  propre  à  entretenir, 
à  conserver  la  dignité,  la  sainteté  de  l'ordre  ecclésiastique,  que  la  pieuse 
institution  des  exercices  spirituels,  favorisez  de  toutes  vos  forces  cette 
œuvre  salutaire;  ne  cessez  d'exhorter  tous  ceux  qui  ont  été  appelés  à 
l'héritage  du  Seigneur  à  se  retirer  souvent  dans  quelque  lieu  propre  à  ces 
exercices;  que,  libres  des  affaires  extérieures  et  entièrement  appliqués 
à  la  méditation  des  vérités  éternelles  et  divines,  ils  puissent  se  purifier 
des  souillures  contractées  au  milieu  de  la  poussière  du  monde,  se 
retremper  dans  l'esprit  ecclésiastique,  se  dépouiller  du  vieil  homme  et 
de  ses  œuvres  pour  se  revêtir  de  l'homme  nouveau,  qui  a  été  créé  dans  la 
sainteté  et  la  justice.  Ne  regrettez  pas  que  nous  vous  ayons  parlé  un 
peu  longuement  de  l'éducation  et  de  la  discipline  du  clergé  :  car  vous 
n'ignorez  point  qu'il  y  a  une  multitude  d'hommes  dégoûtés  de  la  diver- 
gence, de  l'inconstance  et  de  la  mobilité  des  erreurs  ;  ils  sentent  la 
nécessité  de  professer  notre  sainte  religion,  et,  avec  le  secours  de  Dieu, 
ils  se  décideront  d'autant  plus  facilement  à  en  embrasser  la  doctrine, 
les  préceptes  et  les  pratiques,  qu'ils    verront   le   clergé  se  distinguer 


Î96  LETTRE  ENCYCLIQUE  DE  l'IE  IX 

rum  pietatis,  iiite.irritatis,  sapientiœ  laiido,  ac  virtutum  omnium 
expmplo  ot  splendore  CcCteris  antecellere  oonspexerint. 

Cœtcriim,  Fratres  carissimi,  non  dubilamus  qiiin  vos  omnes 
ardenli  erga  Deuni  et  homines  caritale  inconsi,  summoin  Ecde- 
siam  amoreinllammati,  angelicis  prene  virtulibiis  instructi,  epi- 
scopali  fortitudine,  jirudentia  miiniti,  uno  epdeinque  sanctœ  vo- 
Inntatis  desiderio  animati,  Apostolorum  vesligia  sectantes,  et 
(Ihiistum  Jesum  pastorum  omnium  exemplar,  pro  que  logatione 
lungimini,  imitantes,  quemadmodum  decet  episcopos,  concor- 
dissimis  studiis  facti  forma  gre.iïis  ex  animo,  sanctitatis  vestrae 
splendore  clerum  populumque  (idelcm  illuminantes,  atqueinduti 
viscera  misericordiœ  et  condolentes  iis  qui  ignorant  et  errant, 
dévias  ac  pereuntes  oves  evanîrelici  Pastoris  exemplo  amanter 
quœrere,  persequi  ac  paterno  affectu  vestris  humeris  imponere, 
ad  ovile  reducere,  ac  nuilis  neque  curis,  neque  consiliis,  neque 
laboribus  parcere  unquam  velitis,  quo  omnia  pastoralis  muneris 
officia  religiosissime  obire,  ac  omnes  dilectas  nobis  oves  pre- 
tiosissimo  Christi  sanguine  redemptas,  curœ  vestrœ  commissas 
et  a  rapacium  luporum  rabie.  iinpetu,  insidiis  defendere  easque 
abvenenatis  pascuis  arcere,  adsalutariapropellere,etquaoper5, 
qua  verbo,  qua  exemplo  ad  œternœ  salutis  portum  deducere 
valeatis.  In  majori  igitur  Uei  et  Ecclesise  gloria  procuranda  viri- 
liter  agite,  venerabiies  Fratres,  et  omni  alacritate,  sollicitudine, 
vigilantia  in  hoc  simul  elaborate,  ut  omnibus  erroribus  penitus 
depulsis,  viliisque  radicitus  evulsis,  fides,  religio.  pietas,  virtus 
majora  in  dies  ubique  incrementa  suscipiant,  cunctique  fidèles 
abjicientes  opéra  tenebrarum,  sicut  filii  lucis  aml)ulent  digne, 
Deo  per  omnia  placentes  eL  in  omni  opère  bono  fructificantes. 
Atque  inter  maximas  angustias,  difficultates,  pericula,  quœ  a 
gravissimo  cpiscopali  vestro  ministerio,  hisce  prœsertim  tempo- 
ribus,  abesse  non  possunt,  noiite  unquam  terreri,  sed  conforta- 
mini  in  Domino,  et  in  potentia  virtutis  Ejus,  «  qui  nos  in  con- 
gressione  nominis  sui  constitutos  desuper  spectans,  volentes 
comprobat,  adjuvatdimicantes,  vincentes  coronat  »  (S.  Cyprian., 
Ep.  77,  ac  Nemesia,  etc.). 

Cum  autem  nobis  nihil  gratins,  nihil  jucundius,  nihil  optabi- 
lius  quam  vos  omnes,  quos  diligimus  in  visceribus  Christi  .lesu, 
omni  affectu,  consilio,  opéra  juvare,  atque  una  vobiscum  in  Uei 
gloriam  et  catholicam  lidem  tuendam,  propagandam  toto  pec- 
tore  incumbere,  et  animas  salvas  facere,  pro  quibus  vitain 
ipsam,  si  opus  fuerit,  profundere  parati  sumus,  venite,  Fratres, 
obtestamur  et  obsecramus,  venite  magno  animo,  magnaque 
fiducia  ad  hanc  beatissimi  Apostolorum  Principis  Sedem,  Catho- 
licœ   unitatis  centrum,   atque  Episcopatus  apicem,   iinde  ipse 


«  QUI  PLURIBUS  »,  9  NOVEMBRE  1846  197 

davantage  du  reste  des  hommes  par   la  piété  et  la  pureté  de  sa  vie,  par 
sa  réputation  de  sagesse  et  l'exemple  de  toutes  les  vertus. 


Enfin,  très  chers  Frères,  nous  en  avons  la  douce  conviction,  embrases, 
comme  vous  l'êtes,  d'une  ardente  charité  envers  Dieu  et  envers  les 
hommes,  cntlammés  d'un  grand  amour  pour  l'Eglise,  enrichis  de  vertus 
presque  angéliques,  doues  d'un  courage  et  d'une  prudence  épiscopales, 
animés  tous  d'un  même  et  saint  désir,  marchant  sur  les  traces  des 
apôtres,  imitant,  comme  il  convient  à  des  évèques,  celui  dont  vous  êtes 
les  ambassadeurs,  Jésus-Christ  même,  le  modèle  de  tous  les  pasteurs, 
devenus  par  votre  union  la  forme  et  la  règle  du  troupeau,  éclairant  des 
rayons  de  votre  sainteté  le  clergé  et  le  peuple  fidèle,  ayant  des  entrailles 
de  miséricorde,  et  compatissant  vivement  au  sort  de  ceux  qui  s'égarent 
dans  les  ténèbres  de  l'ignorance  et  de  l'erreur;  vous  êtes  disposés, 
suivant  l'exemple  du  pasteur  de  l'Evangile,  à  voler  avec  amour  à  la 
recherche  des  brebis  qui  se  perdent^  <à  les  charger  avec  une  tendresse 
paternelle  sur  vos  épaules,  à  les  ramener  au  bercail,  à  n'épargner  ni 
soins,  ni  conseils,  ni  travail,  pour  remplir  l'cligieusement  tous  les  devoirs 
de  la  charge  pastorale;  pour  mettre  à  l'abri  de  la  rage,  des  attaques  et 
des  embûches  des  loups  ravisseurs  ces  chères  brebis  qui  sont  rachetées 
jiar  le  sang  précieux  de  Jésus-Christ,  et  confiées  i'i  vos  soins;  pour  les 
détourner  du  poison  de  l'erreur,  les  conduire  dans  les  bons  pâturages  et 
les  faire  aborder,  à  force  de  Joins,  d'instructions  et  d'exemples  au  port 
de  l'éternel  salut.  Travaillez  donc  généreusement,  vénérables  Frères,  à 
procurer  la  plus  grande  gloire  de  Dieu  et  de  l'Eglise,  et,  par  votre  acti- 
vité, votre  zèle,  votre  vigilance  et  votre  accord,  appliquez-vous  à  dissiper 
toutes  les  erreurs,  à  extirper  tous  les  vices,  à  faire  prendre  chaque  jour 
et  en  tous  lieux  de  nouveaux  accroissements  à  la  foi,  à  la  religion,  à  la 
piété  et  à  la  vertu.  Amenez  tous  les  fidèles  à  renoncer  aux  œuvres  de 
ténèbres,  à  se  conduire  d'une  manière  digne  des  enfants  de  lumière,  à 
chercher  en  tout  le  bon  plaisir  de  Dieu  et  ii  produire  toute  sorte  de 
bonnes  œuvres.  Au  milieu  de  tant  de  graves  embarras,  de  difficultés  et 
de  dangers  inséparables,  surtout  en  ce  temps,  de  votre  redoutable 
charge  épiscopale,  ne  vous  laissez  pas  abattre  par  la  crainte,  mais  cher- 
chez votre  force  dans  le  Seigneur,  et  confiants  en  la  puissance  de  sa 
grâce,  pensez  que  du  haut  du  ciel  il  a  les  yeux  fixés  sur  ceux  qui  sont 
dans  la  mêlée  pour  la  gloire  de  son  nom,  qu'il  applaudit  à  la  bonne 
volonté,  qu'il  aide  les  combattants  et  couronne  les  vainqueurs. 


Nous  vous  chérissons  tous  bien  vivement  dans  les  entrailles  de  Jésus- 
Christ,  et  nous  ne  désirons  rien  tant  que  de  vous  aider  de  notre  amour, 
de  nos  conseils,  de  notre  pouvoir  et  de  travailler  avec  vous  à  la  gloire  de 
Dieu,  à  la  défense,  à  la  propagation  de  la  foi  catholique  et  au  salut  de 
ces  âmes  pour  lesquelles  nous  sommes  prêt  à  sacrifier,  s'il  le  faut,  notre 
vie;  venez  donc,  chers  Frères,  nous  vous  en  conjurons,  venez  avec  un 
cœur  ouvert  et  une  entière  confiance  à  ce  siège  du  bienheureux  prince 
des  Apôtres,  centre  de  l'unité  catholique  et   faîte  de  l'épiscopat,  d'où 


198  LETTRE  ENCYCLIQUE  DE  PIE  IX 

episcopatus  ac  tota  ejusdem  nominis  auctoritas  mersit  ;  venite 
ad  nos  quotiescumque  nostrae  et  ejusdem  Sedis  auctoritatis  ope, 
auxilio,  prœsidio  vosindigere  noveritis. 

In  eam  porro  spem  erigimur  fore,  ut  carissimi  in  Chrislu  filii 
noslri  viri  principes,  pro  eorum  pietatc  et  religione  in  memoiiam 
revocantes  «  regiam  potestalem  sijji  non  solum  ad  inundi 
regimen.  sed  maxime  ad  Ecclesia3  praesidium  esse  collatam  » 
(S.  Léo,  Ep.  156  ad  Léon.  Aug.T>,  et  nos  cum  Ecclesiœ  cuisam 
tnm  eorum  regni  agere,  et  salutis,  ut  provinciarum  suarum 
quieto  jure  potiantur  (Idem,  épis.  43  ad  ïheodos.  Aug.),  com- 
munibus  nostris  votis.  consiliis,  studiis  sua  ope  et  auctoritate 
faveant,  atque  ipsius  Ecclesiœ  libertatem  incolumitatemque  de- 
fendant,  ut  et  «  Ghristi  dextera  eorum  defendatur  imperium  »  (Ib.) 

Quœ  omnia  ut  prospère  feliciterque  ex  sententia  succédant, 
adeamus  cum  fiducia,  venerabiles  Fratres,  ad  thronum  gratiae, 
atque  unanimes,  in  humilitate  cordis  nostri,  Patrem  misericor- 
diarum,  et  Deum  totius  consolationis  enixis  precibus  sine  inter- 
missione  obsecremus,  ut  per  mérita  unigeniti  Filii  sui  infirmi- 
tatem  nostram  omnium  cœlestium  charismatum  copia  cumulare 
dignetur,  atque  omnipotent!  sua  virtute  expugnet  impugnanles 
nos,  et  ubique  augeat  fidem,  pietatem,  devotionem,  pacem,  quo 
Ecclesia  sua  sancta,  omnibus  adversitatibus  et  erroribus  penitus 
sublatis,  optatissima  tranquillitate  fruatur,  ac  fiât  unum  ovile  et 
unus  pastor. 

Ut  autem  clementissimus  Dominus  faciiius  inclinet  aurem 
suam  in  preces  nostras,  et  nostris  annuat  votis,  deprecatricem 
apud  ipsum  semper  adhibeamus  sanctissimam  Dei  Genitricem 
Immaculatam  Virginem  Mariam,  quse  nostrum  omnium  dulcis- 
sima  mater,  mediatrix,  advocata,  et  spes  fîdissima  ac  maxima 
fiducia  est;  cujus  patrocinio  nihil  apud  Deum  validius,  nihil 
prsesentius.  Invocemus  quoque  Apostolorum  principem,  cui 
Christus  ipse  tradidit  claves  regni  cœlorum,  quemque  Ecclesiœ 
suœ  petram  constituit,  adversus  quam  portée  inferi  prœvalere 
nunquam  poterunt,  et  Coapostolum  ejus  Paulnm,  atque  omnes 
Sanctos  cœiites,  qui  jam  coronati  pos^ident  palmam,  ut  deside- 
ratam  divinse  propitiationis  abundantiam  universo  christiano 
populo  impetrent.  —  Denique  cœlestium  omnium  munerum  au- 
spicem.  et  potissimae  nostrae  in  vos  caritatis  testem,  accipite 
Apostolicam  Benedictionem,  quam  ex  intimo  corde  depromptam 
vobis  ipsis,  venerabiles  Fratres,  et  omnibus  clericis,  laicisque 
fideiibus  curœ  vestrœconcreditis  amantissime  impertimur. 

Datum  Romse  apud  Sanctam  Mariam  Majorem,  die  ix  No- 
vembris,  anno  mdcccxlvi,  Pontificatus  nostri  anno  primo. 

Plus  PP.  IX 


oc  QUI  PLURiBUS  »,  9  NOVEMBRE  1846  199 

répiscopat  lui-même  tire  son  origine  et  toute  son  autorité:  venez  à  nour, 
chaque  l'ois  que  vous  croirez  avoir  i)osoin  du  secours  de  la  protection  de 
notre  autorité  et  de  celle  de  ce  siège. 


Nous  en  avons  la  confiance,  les  princes,  nos  très  chers  fds  en  Jésus- 
Christ,  se  rappelleront,  dans  leur  piété  et  leur  religion,  que  «  la  puis- 
sance royale  leur  a  été  donnée,  non  seulement  pour  le  gouvernement 
du  monde,  mais  surtout  pour  la  défense  de  l'Eglise  »,  et  que  nous  sou- 
tenons en  même  temps  la  cause  de  l'Eglise,  celle  de  leur  royaume  et  de 
leur  salut,  pour  qu'ils  jouissent  en  paix  de  leur  autorité  sur  leurs  pro- 
vinces :  ainsi  nous  favoriserons,  par  leurs  secours  et  leur  autorité,  les 
vœux  et  les  désirs  que  nous  formons  en  commun,  et,  «  afin  que  la  droite 
du  Christ  prenne  la  défense  de  leur  empire  »,  ils  défendront  la  liberté 
et  la  prospérité  de  l'Eglise. 

Pour  obtenir  l'heureux  accomplissement  de  ces  désirs,  allons  avec 
confiance,  vénérables  Frères,  au  trône  de  la  grâce,  et  pénétrés  tous  d'un 
vif  sentiment  d'humilité,  adressons  sans  relâche,  au  Père  des  miséri- 
cordes et  au  Dieu  de  toute  consolation,  les  plus  instantes  prières;  que 
par  les  mérites  de  son  Fils  unique,  il  daigne  répandre  sur  notre  faiblesse 
l'abondance  des  dons  célestes,  qu'il  terrasse  nos  ennemis  par  sa  vertu 
toute  puissante,  qu'il  fasse  fleurir  partout  la  foi,  la  piété,  la  dévotion,  la 
paix;  que,  dissipant  toutes  les  erreurs,  toutes  les  oppositions,  l'Eglise 
jouisse  de  la  tranquillité  qu'on  doit  tant  désirer,  et  qu'il  n'y  ait  plus  qu'un 
troupeau  et  qu'un  pasteur. 

Mais,  pour  que  le  Dieu  très  clément  écoute  plus  facilement  nos  prières 
et  exauce  nos  vœux,  recourons  à  l'intercession  de  sa  très  sainte  Mère, 
l'immaculée  vierge  Marie,  notre  très  douce  mère,  notre  médiatrice,  notre 
avocate,  notre  espérance  la  plus  ferme,  l'appui  de  notre  confiance,  et 
dont  la  protection  est  ce  qu'il  y  a  de  plus  puissant  et  de  plus  efficace 
auprès  de  Dieu.  Invoquons  aussi  le  prince  des  Apôtres,  k  qui  le  Christ  a 
remis  les  clefs  du  royaume  des  cieux,  dont  il  a  fait  pour  son  Eglise  la 
pierre  fondamentale  contre  laquelle  les  portes  de  l'enfer  ne  pourront 
jamais  prévaloir;  invoquons  encore  son  collègue  l'apôtre  Paul,  ainsi  que 
tous  les  saints  habitants  du  ciel,  déjà  couronnés  et  en  possession  de  la 
palme,  afin  qu'ils  fassent  descendre  sur  tout  le  peuple  chrétien  les  tré- 
sors de  miséricorde  divine. 

Enfin,  comme  présage  des  dons  célestes,  et  en  témoignage  de  notre 
grande  charité  pour  vous,  recevez  la  Bénédiction  Apostolique  que  nous 
donnons  du  fond  de  notre  cœur,  à  vous,  nos  vénérables  Frères,  à  tous  les 
ecclésiastiques  et  aux  fidèles  la'i'ques  confiés  à  vos  soins. 


Donné    à    Rome ,  près    Sainte-Marie-Majeure ,    le  9    novembre  ,   l'an 
18i6,  de  notre  Pontificat  le  premier. 

PIE  IX,  PAPE 


SS.  GREGORII  PP.  XVI 

EPISTOLA    ENCYCLIGA 

Ad  omnes  Patriarchas,  Primates,  Arckiepiscopos  et  Episcopos. 

GREGORIUS  PAPA  XVI. 

Vexerabiles  Fratres, 

Salutem  et  apostolicam  benedictionem. 

Mirari  vos  arbitramur,  quod  ab  imposita  nostree  humilitali 
Ecclesiae  universas  procurati  ne  nondum  Litteras  ad  vos  dede- 
rimus,  prout  et  consueludo  vv:,!  a  ptiinis  temporibus  invecta,  et 
benevolentia  in  vos  nostra  postiilasset.  Erat  id  quidem  nobis 
maxime  in  votis,  ut  dilataremus  illico  super  vos  cor  nostrum, 
atque  in  communicatione  spiritus  ea  vos  adioqueremur  voce, 
qua  confirmare  fratres  in  persona  beati  Pétri  jussi  fuimus  (1). 
Verum  probe  nostis,  quanam  malorum  œruinnariimque  procella 
primis  pontificatus  nostri  momentis  in  eam  subito  aitiludinem 
maris  acti  fuerimus,  in  qua,  nisi  dextera  Dei  fecisset  virtutem, 
ex  teterrima  impiorum  conspiratione  nos  congemuissetis  de- 
mersos.  Refugit  animus  tristissima  tôt  discriminum  recensione 
susceptum  inde  mœrorem  refricare  ;  Patrique  potius  omnis  con- 
solationis  benedicimus  qui,  disjectis  perduellibus,  prœsenti  nos 
eripuitpericulo,  atque,  turbulentissima  sedata  tempestate,  dédit 
a  metu  respirare.  Proposuimus  illico  vobiscum  communicare 
consilia  ad  sanandas  contritiones  Israël  ;  sed  ingens  curarum 
moles,  quibus  in  concilianda  public!  ordinis  restitutione  obruti 
fuimus,  moram  tune  nostrœ  huic  objecit  voluntati.  Nova  inté- 
rim accessit  causa  silentii  ob  factiosorum  insolentiam,  qui  signa 
perduellionis  iterum  attollere  conati  sunt.  Nos  quidem  tantam 
hominum  pervicaciam,  quorum  eiïrenatus  furor  impunitate  diu- 
liirna.  impensœque  nostrae  benignitatis  indulgentia  non  deliniri, 
sed  ail  potius  conspiciebatur,  debuimus  tandem,  ingenti  licet 
cum  mœrore,  ex  collata  nobis  divinitus  auctoritate,  virga  com- 
pescere  (2);  ex  quo  prout  jam  probe  conjicere  potestis,  opero- 
cior  in  dies  instantia  nostra  quolidiana  facta  est. 

(t)  Luc,  xxu,  32.  —  [-2)  1  Gorinth.,  iv,  21. 


LETTRE  ENCYCLIQUE 

DE    N.   S.  P.   LE    PAPE   GRÉGOIRE  XVI 

A  tous  les  Patriarches,  Primats,  Archevêques  et  Eoéques, 

GRÉGOIRE  XVI,  PAPE. 

VÉNÉRABLES  Frères, 

Salut  et  bciiédiction  apostolique. 

Vous  êtes  sans  doute  étonnés  que,  depuis  le  jour  où  le  fardeau  du 
gouvernement  de  toute  l'Es'i'^e  a  été  imposé  à  notre  faiblesse,  nous  ne 
vous  ayons  pas  encore  adressé  nos  Lettres,  comme  l'auraient  demandé, 
soit  la  coutume  introduite  même  dès  les  premiers  temps,  soit  notre 
affection  pour  vous.  C'était  bien,  il  est  vrai,  le  plus  ardent  de  nos  vœux 
de  vous  ouvrir  tout  d'abord  notre  cœur,  et  de  vous  faire  entendre,  dans 
la  communication  de  l'esprit,  cette  voix  avec  laquelle,  selon  l'ordre 
reçu  par  nous  dans  la  personne  du  bienlieureux  Pierre,  nous  devons 
confirmer  nos  frères.  Mais  vous  savez  assez  quels  maux,  quelles  cala- 
mités, quels  orages  nous  ont  assailli  dès  les  premiers  instants  de  notre 
Pontificat  ;  comment  nous  avons  été  lancé  tout  à  coup  au  milieu  des 
tempêtes  :  ah  !  si  la  droite  du  Seigneur  n'avait  manifesté  sa  puissance, 
vous  auriez  eu  la  douleur  de  nous  y  voir  englouti,  victime  de  l'affreuse 
conspiration  des  impies. 

>'otre  cœur  se  refuse  à  renouveler,  par  le  triste  tableau  de  tant  de 
périls,  la  douleur  qu'ils  nous  ont  causée,  et  nous  bénissons  plutôt  le 
Père  de  toute  consolation  d'avoir  dispersé  les  traîtres,  de  nous  avoir 
arraché  au  danger  imminent  et  de  nous  avoir  accordé,  en  apaisant  la 
plus  terrible  tempête,  de  respirer  après  une  si  grande  crainte.  Nous 
nous  proposâmes  aussitôt  de  vous  communiquer  nos  desseins  pour  la 
guérison  des  plaies  d'Israël  ;  mais  le  poids  énorme  de  soucis  dont  nous 
fûmes  accablé  pour  le  rétablissement  de  l'ordre  public,  retarda  encore 
l'exécution. 

A  ce  motif  de  silence,  s'en  joignit  un  nouveau  :  l'indolence  des  factieux 
qui  s'efforcèrent  de  lever  une  seconde  fois  l'étendard  de  la  rébellion. 
A  la  vue  de  tant  d'opiniâtreté  de  leur  part,  en  considérant  que  leur 
fureur  sauvage,  loin  de  s'adoucir,  semblait  plutôt  s'aigrir  et  s'accroître 
par  une  trop  longue  impunité  et  par  les  témoignages  de  notre  paternelle 
indulgence,  nous  avons  dû  enfin,  quoique  l'ûme  navrée  de  douleur,  faire 
usage  de  l'autorité  qui  nous  a  été  confiée  par  Dieu,  les  arrêter,  la  verge 
à  la  main;  et  depuis,  comme  vous  pouvez  bien  conjecturer,  notre  solli- 
citude et  nos  fatigues  n'ont  fait  qu'augmenter  de  jour  en  jour. 


20C  LETTRE  ENCYCLIQUE   DE    fiRICr.OIItE   XVI 

Astcum,  qiiod  ipsum  iisdem  ex  causis  distuleramus,  jam  pos- 
sessionom  piuitiik'atus  in  Lateranensi  basilica  ex  more  in>titu- 
loque  niajorum  adiverinius,  omni  demum  abjecla  cunclatione, 
ad  vus  properamus,  venerabiles  Fratix'S,  testemque  nostrte  erga 
vos  voluntatis  epistolam  damus  lœlisvsimo  hoc  die,  que  do  Vir- 
ginis  sanotissimœ  in  cœlum  assunipttc  Iriumpho  soleninia  festa 
peragimus,  ut  quam  patronam  ac  sospiteni  inter  iiiaximas 
quasque  calamitates  persensimus,  ipsa  et  scribentibus  ad  vos 
nobis  adstet  propitia,  menlcmque  nostram  cœlesti  aftlatu  sue 
in  ea  inducat  consilia,  quae  christiano  gregi  futura  sint  quam 
maxime  salutaria. 

Mœrentes  quidem  animoque  tristitia  confecto  venimus  ad  vos, 
quos  pro  vestro  in  religionem  studio,  ex  tanta,  in  qua  ipsa  ver- 
satur,  temporum  acerbitate  maxime  anxios  novimus.  Vere  enim 
dixerimus,horam  nunc  esse  potestatis  tenebrarum  adcribrandos 
sicut  triticum  filios  electionis(l).  Vere«luxit,  et  deduxit  terra... 
«  infecta  ab  habitatoribus  suis,  quia  transgressi  sunt  leges, 
«  mutaverunt  jus,  dissipaverunt  fœdussempiternum  (2j.  »Loqui- 
mur,  venerabiles  Fratres,  quœ  vestris  ipsi  oculis  conspicitis, 
quœ  communibus  idcirco  lacrymis  ingemiscimus.  Alacris  exultât 
improbitas,  scientia  impudens,  dissoluta  licentia;  despicitur 
sanctitas  sacrorum,  et  quœ  magnam  vim  magnamque  necessi- 
tatem  possidet,  divini  cultus  majestas  ab  hominibus  nequam 
improbatur,  polluitur,  habetur  ludibrio.  Sana  hinc  pervertitur 
doctrina,  erroresque  omnis  generis  disseminantur  audacter.  Non 
leges  sacrorum,  non  Jura,  non  instituta,  non  sanctiores  quselibet 
disciplinée  tutae  sunt  ab  audacia  loquentium  iniqna.  Vexatur 
acerrime  Romana  hœc  nostra  beatissimi  Pétri  Sedes  in  qua  posuit 
Christus  Ecclesiae  firmamentum  ;  et  vincula  unitatis  in  dies  magis 
labefactantur,  abrumpuntur.  Divina  Ecclesiœ  auctoritas  oppu- 
gnatur,  ipsiusque  juribus  convulsis,  substernitur  ipsa  terrenis 
rationibus,  ac  persummam  injuriam  odio  populorum  subjicitur, 
in  turpem  redacta  servitutem.  Débita  episcopis  obedientia  infrin- 
gitur  eorumque  jura  conculcantur.  Personant  horrendum  in 
modum  academiae  ac  gymnasia  novis  opinionum  monstris,  quibus 
non  occulte  amplius  et  cuniculis  petitur  catholica  fides,  sed  horri- 
lîcum  ac  nefarium  ci  bellum  aperte  jam  et  propalam  infertur. 
Institutis  enim  exemploque  prœceptorum  corruptis  adolescen- 
tium  animis,  ingens  religionis  clades,  morumque  perversitas 
teterrima  percrebuit.  llinc  porro  freno  religionis  sanctissimœ 
projecto,  per  quam  unam  régna  consistunt,  dominatusque  vis 
ac  robur  lirmatur,  conspicimus  ordinis  publici  exitium,  labem 

(i)  Luc,  XXII,  o3.  —  (2)  Isaiœ,  xxiv,  o. 


«  MIRARI  VOS  »,   15  AOUT  1832  203 

Mais  puisque,  après  des  retards  nécessités  par  les  mêmes  causes,  nous 
avons  pris  possession  du  Pontificat  dans  la  Basilique  de  Latran,  selon 
l'usage  et  les  institutions  de  nos  prédécesseurs,  nous  courons  à  vous 
sans  aucun  délai,  vénérables  Frères,  etconuneun  témoignage  de  nos  sen- 
timents pour  vous,  nous  vous  adressons  cette  lettre  écrite  en  ce  jour 
d'allégresse,  où  nous  célébrons,  par  une  fête  solennelle,  le  triomphe  de  la 
très  sainte  Vierge,  et  son  entrée  dans  les  cieux.  Nous  avons  ressenti  sa 
protection  et  sa  puissance  au  milieu  des  plus  redoutables  calamités  : 
ah  !  qu'elle  daigne  nous  assister  aussi  dans  le  devoir  que  nous  remplis- 
sons envers  vous,  et  inspirer  d'en  haut  à  notre  âme  les  pensées  et  les 
mesures  qui  seront  les  plus  salutaires  au  troupeau  de  Jésus-Christ! 


C'est,  il  est  vrai,  avec  une  profonde  douleur  et  l'âme  accablée  de  tris 
tesse,  que  nous  venons  à  vous;  car  nous  connaissons  votre  zèle  pour  la 
religion  et  les  cruelles  inquiétudes  que  vous  inspire  le  malheur  des  temps 
où  elle  est  jetée.  IN'ous  pouvons  le  dire  en  toute  vérité  :  c'est  maintenant 
l'heure  accordée  à  la  puissance  des  ténèbres  pour  cribler,  comme  le  fro- 
ment, les  enfants  d'élection.  «  La  terre  est  vraiment  dans  le  deuil  ;  elle 
«  se  dissout,  infectée  par  ses  habitants;  ils  ont  en  effet  ti-ansgressé  les 
«  lois,  changé  la  justice  et  rompu  le  pacte  éternel  ».  Nous  vous  parlons, 
vénérables  Frères,  de  maux  que  vous  voyez  de  vos  yeux,  et  sur  lesquels 
par  conséquent  nous  versons  des  larmes  communes.  La  perversité,  la 
science  sans  pudeur,  la  licence  sans  frein  s'agitent  pleines  d'ardeur  et 
d'insolence;  la  sainteté  des  mystères  n'excite  pius  que  le  mépris,  et  la 
majesté  du  culte  divin,  si  nécessaire  à  la  fois  et  si  salutaire  aux  hommes, 
est  devenue,  pour  les  esprits  pervers,  un  objet  de  blâme,  de  profanation, 
de  dérision  sacrilège.  De  là,  la  sainte  doctrine  altérée  et  les  erreurs  de 
toute  espèce  semées  partout  avec  scandale.  Les  rits  sacrés,  les  droits,  les 
institutions  de  l'Eglise,  ce  que  sa  discipline  a  de  plus  saint,  rien  s'est 
plus  à  l'abri  de  l'audace  des  langues  d'iniquité.  On  persécute  cruellement 
notre  Chaire  de  Rome,  ce  Siège  du  bienheureux  Pierre  sur  lequel  le  Christ 
a  posé  le  fondement  de  son  Eglise;  et  les  liens  de  l'unité  sont  chaque 
jour  affaiblis  de  plus  en  plus,  ou  rompus  avec  violence.  La  divine  auto- 
rité de  l'Eglise  est  attaquée;  on  lui  arrache  ses  droits;  on  la  juge  d'après 
des  considérations  toutes  terrestres,  et  à  force  d'injustice,  on  la  dévoue 
au  mépris  des  peuples,  on  la  réduit  à  une  servitude  Jionteuse.  L'obéis- 
sance due  aux  évêqnes  est  détruite  et  leurs  droits  sont  foulés  aux  pieds. 
On  entend  retentir  les  académies  et  les  universités  d'opinions  nouvelles 
et  monstrueuses  ;  ce  n'est  plus  en  secret  ni  sourdementqu'elles  attaquent 
la  foi  catholique;  c'est  une  guerre  horrible  et  impie  qu'elles  lui  déclarent 
publiquement  et  h  découvert.  Or  dès  que  les  leçons  et  les  exemples  des 
maîtres  pervertissent  ainsi  la  jeunesse,  les  désastres  de  la  religion  pren- 
nent un  accroissement  immense,  et  la  plus  efl'rayante  immoralité  gagne 
et  s'étend.  Aussi,  une  fois  rejetés  les  liens  sacrés  de  la  religion,  qui  seuls 
conservent  les  royaumes  et  maintiennent  la  force  et  la  vigueur  oc  l'auto- 
rité, on  voit  l'ordre  public  disparaître,  l'autorité  malade,  et  toute  puis- 


204  LETTRE  ENCYCLIQUE  DE  GHÉGOinE  XVI 

principatus  omnisque  legilimœ  potestatis  convcrsionem  inva- 
lescere.  Qiia3  quidem  tanta  calaniilaliiin  coogeries  ex  illanim  in 
primis  conspiratione  societatum  ost  repetenda,  in  quas  qnidquid 
in  hœresibus  et  in  sceleratissimis  quihusqne  sectis  sacrilegiim, 
llagitiosum,  ac  blasphemum  est.  quasi  in  sentinam  quaindam, 
cum  omnium  sordium  concrctione  coniluxit. 

llœc,  venerabiies  Fratres,  et  alia  complura,  et  fortassis  eliam 
graviora,  qure  in  prœsens  percensere  longum  esset,  ac  vos  probe 
nostis.  in  dolore  esse  nos  jubent  acerbo  sane  ac  diuturno,  quos 
in  catbedra  principis  Apostoloium  constitutos zelus  univers;e  do- 
mns  Uei  comedat  prœ  caeteris  opus  est.  Vei-iim  cum  eo  nos  ioci 
positos  esse  agnoscamus,  quo  deplorare  duntaxat  innumera  heec 
mala  non  sufliciat,  nisi  et  ea  convellere  pro  viribus  connitamur  ; 
ad  oppm  tldei  vestrœ  confugimus  vestramque  pro  Catholici  gre- 
gis  sainte  sollicitiidinom  advocamus,  venerabiies  Fratres,  quo- 
rum spectata  virtus  ac  religio  et  singuiaris  prudentia  et  sedula 
assiduitas  animos  nobis  addit,  atque  in  tanta  rerum  asperitate 
afflictos  consolatione  sustentât  pcrjucunda.  Nostrum  quippe  est 
partim  vocem  tollere,  omniaque  conari,  ne  aper  de  silva  demo- 
liatur  vineam,  neve  lupi  mactent  gregem.  Nostrum  est  oves  in  ea 
duntaxat  pabula  compellere,  quœ  salutaria  iisdem  sint,  nec  vel 
tenui  suspicione  perniciosa.  Absit,  carissimi,  absit  ut,  quando 
tanta  premant  mala,  tanta  impendcant  discrimina,  suo  desint 
muneri  pastores,  et  perculsi  metu  dimittant  oves,  vel,  ol.'jecta 
cura  gregis,  otio  turpeant  ac  desidia.  Agamus  idcirco  in  unitate 
spiritus  communem  noslram  seu  verius  Dei  causam,  et  contra 
communes  hostes  pro  totius  populi  salute  una  omnium  sit  vigi- 
lantia,  una  contentio. 

Id  porro  apprime  prœstabitis,  si,  quod  vestri  muneris  ratio 
postulat,  altendatis  vobis  et  doctrinœ.  illud  assidue  revolventes 
animo,  «  universalem  Ecclesiam  quacumque  novitate  pul- 
«  sari  (1),  »  atque  ex  S.  Agathonis  pontificis  monitu,  «  nihil  de 
«  iis.  quse  sunt  regulariter  definita,  minui  debere,  nihil  mutari, 
«  nihil  adjici,  sed  ea  et  verbis  et  sensibus  iilibata  esse  custo- 
«  dienda  (2).  »  Immota  idne  consistet  firmitas  unitatis,  quse  hac 
B.  Pétri  cathedra  suo  veluti  fundamento  continetur,  ut  unde  in 
Ecclesias  omnes  venerandee  communionis  jura  dimanant,  ibi 
«  universis  et  murus  sit,  et  securitas.  et  portus  expers  fluctuum, 
«  et  bonorum  thésaurus  innumerabilium  (3).  »  Ad  eorum  itaque 
retundendam  audaciam,  qui  vel  jura  Sanctse  hujus  Sedis  infrin- 

(1)  S.  Celest.  PP.  Ep.  i\.  ad  Episc.  G;(lli;ir.  —  (2)  S.  .Agalho  PP.  Ep. 
ad  Imp.  apud  Labb.  Toiii    II,  pag.  235.  Ed    Maiisi. 
(3)  S.  Innocent.  PP.  Ep.  11.  apud  Couslant. 


a    MIRARI    VOS    u,    15   AOUT    183Î  205 

sance  légitime  menacée  d'une  révolution  toujours  plus  prochaine.  Abîme 
(le  malheurs  sans  fond,  qu'ont  surtout  creusé  ces  sociétés  conspiratrices 
dans  lesquelles  les  hérésies  et  les  sectes  ont,  pour  ainsi  dire,  vomi  comme 
dans  une  espèce  de  sentine,  tout  ce  qu'il  y  a  dans  leur  sein  de  licence,  de 
sacrilège  et  de  blasphème. 


Telles  sont,  vénérables  Frères,  avec  beaucoup  d'autres  encore  et  peut- 
être  plus  graves,  qu'il  serait  aujourd'hui  trop  long  de  détailler  et  que 
vous  connaissez  tous,  les  causes  qui  nous  condamnent  à  une  douleur 
cruelle  et  sans  relûche,  puisqu'établi  sur  la  Chaire  du  Prince  des  Apôtres, 
nous  devons  plus  que  personne  être  dévoré  du  zèle  delà  maison  de  Dieu 
tout  entière.  Mais  la  place  même  que  nous  occupons  nous  avertit  qu'il 
ne  suffit  pas  de  déplorer  ces  innombrables  malheurs,  si  nous  ne  faisons 
aussi  tous  nos  efforts  pour  en  tarir  les  sources.  Nous  réclamons  donc 
l'aide  de  votre  foi,  et  pour  le  salut  du  troupeau  sacré  nous  faisons  un 
appel  à  votre  zèle,  vénérables  Frères,  vous  dont  la  vertu  et  la  religion  si 
connues,  vous  dont  l'admirable  prudence  et  la  vigilance  infatigable 
augmentent  notre  courage  et  répandent  le  baume  de  la  consolation  dans 
notre  Ame  aflligée  par  tant  de  désastres.  Car  c'est  à  nous  d'élever  la  voix, 
d'empêcher  par  nos  efforts  réunis  que  le  sanglier  de  la  forêt  ne  boule- 
verse la  vigne  et  que  les  loups  ne  ravagent  le  troupeau  du  Seigneur.  C'est 
à  nous  de  ne  conduire  les  brebis  que  dans  des  pâturages  qui  leur  soient 
salutaires  et  où  l'on  n'ait  pas  à  craindre  pour  elles  une  seule  herbe  mal- 
faisante. Loin  de  nous  donc,  nos  très  chers  Frères,  au  milieu  de  fléaux, 
de  dangers  si  multipliés  et  si  menaçants,  loin  de  nous  l'insouciance  et  les 
craintes  de  pasteurs  qui  abandonneraient  leurs  brebis  ou  qui  se  livreraient 
à  un  sommeil  funeste  sans  aucun  souci  de  leur  troupeau!  Agissons  en 
unité  d'esprit  pour  notre  cause  commune,  ou  plutôt  pour  la  cause  de 
Dieu;  et  contre  de  communs  ennemis  unissons  notre  vigilance,  pour  le 
salut  de  tout  le  peuple,  unissons  nos  efforts. 


C'est  ce  que  vous  ferez  parfaitement  si,  comme  votre  charge  vous  en 
fait  un  devoir,  vous  veillez  sur  vous  et  sur  la  doctrine,  vous  redisant 
sans  cesse  à  vous-mêmes  que  «  toute  nouveauté  bat  en  brèche  l'Eglise 
«  universelle  ».  et  d'après  l'avertissement  du  saint  pape  Agathon,  «  rien 
«  de  ce  qui  a  été  régulièrement  défini  ne  supporte  ni  diminution,  ni 
«  changement,  ni  addition,  repousse  toute  altération  du  sens  et  même 
«  des  paroles.  »  C'est  ainsi  que  demeurera  ferme,  inébranlable,  cette 
unité  qui  repose  sur  le  Siège  de  saint  Pierre  comme  sur  sa  base;  et  le 
centre  d'où  dérivent,  pour  toutes  les  églises,  les  droits  sacrés  de  la  com- 
munion catholique,  «  sera  aussi  pour  toutes  un  mur  qui  les  protégera, 
«  un  asile  qui  les  couvrira,  un  port  qui  les  préservera  du  naufrage  et  un 
«  trésor  qui  les  enrichira  de  biens  incalculables.  »  Ainsi  donc  pour  répri- 
mer l'audace  de  ceux  qui   s'efforcent,  ou  d'anéantir  les  droits  du  Saint- 


206  LETTHE  ENCYCLIQUE  DE  GRÉGOIRE  XVI 

gère  conanlnr,  vel  dirimerc  Ecclesiarum  cum  ipsa  conjunctio- 
nem,  qu.'iun.i  enedein  nituntur  et  virent,  niaxfiniini  fidei  in  cam 
ac  venoralionis  sincerœ  studium  inculcate,  inclamantes  cum 
S.  Cypriano,  «  falsoconfidere  se  esse  in  Ecclesia,  qui  cathedram 
«  Pétri  deserat,  super  quam  fundata  est  Ecclesia  (1).  » 

In  hoc  ideo  elaborandum  vobis  est  assidueque  vigilandum,  ut 
fidei  depositum  custodiatur  in  tanta  liominum  impiorum  conspi- 
ratione,  quam  ad  illud  diripiendum  perdendumque  factam  ia- 
mentamur.  Meminerunt  omnes,  judicium  de  sana  doctrina,  qua 
populi  imbuendi  sunt,  atque  Ecclesice  universœ  regimen  et  ad- 
ministrationem,  pênes  Ilomanum  Pontilicem  esse  oui  «  plena 
pascendi,  regendi.  etgubernandi  universalem  Ecclesiam  potestas 
a  Ghristo  Domino  tradita  fuit,  »  uli  Patres  Florentini  Concilii 
diserte declararunt (2).  Est autem  singulorum  episcoporum  cathe- 
dra3  Pétri  lidelissime  adhœrere,  depositum  sancte  religioseque 
custodire,  et  pascere,  qui  in  eis  est,  gregem  Dei.  Presbyteri  vero 
subjecti  sint  oportet  episcopis,  quos  «  uti  animœ  parentes  susci- 
«  piendos  ab  ipsis  esse  (3)  »  monet  llieronymus  :  nec  unquam 
obliviscantur,  se  vetustis  etiam  canonibus  vetari,  quidpiam  in 
suscepto  ministerioagere,  ac  docendi  et  concionandi  munus  sibi 
sumere  «  sine  sententia  episcopi,  cujus  fidei  populus  est  credi- 
«  tus,  et  a  quo  pro  animabus  ratio  exigetur  (4;.  »  Certum  denique 
firmumque  sit,  eos  omnes,  qui  adversus  prœstitutum  hune  ordi- 
nem  aliquid  moliantur,  statum  Ecclesiœ,  quantum  in  ipsis  est 
perturbare. 

Nefas  porro  esset,  atque  ab  eo  venerationis  studio  prorsus 
alienum,  qua  Ecclesiee  leges  sunt  excipiendee,  sancitam  ab  ipsa 
disciplinam,  qua  et  sacrorum  procuratio,  et  morum  norma,  et 
jurium  Ecclesise  ministrorumque  ejus  ratio  continetur,  vesana 
opinandi  libidine  improbari,  vel  ut  certis  jurisnaturaeprincipiis 
infestam  notari,  vel  mancam  dici  atque  imperfectam  civilique 
auctoritati  subjectam. 

Cum  autem,  ut  ïridentinorum  Patrum  verbis  utamur,  constet 
Ecclesiam  «  eruditam  fuisse  a  Chrislo  Jesu  ejusque  Apostolis, 
«  atque  a  Spiritu  sancto  illi  omnem  veritatem  in  dies  suggerente 
«.  edoceri  (5),  »  absurduni  plane  est,  ac  maxime  in  eam  injurio- 
sum,  restaurationem  ac  regenerationem  quamdam  obtrudi,  quasi 
necessariam    ut    ejus    incolumitati   et  incremento   consulatur, 

(1)  S.  Cypr.  de  unitate  Eccles. 

(2)  Coiic.  Fior.  Sess.  25.  In  définit,  apiid  Lalib.  Tom  XVIII,  col.  o28. 
edit.  Venet.  —  (3)  S.  Hieron  Ep.  3,  ad  INopot.  a.i  ad  24.  —  (4)  Ex  Can, 
Ap.  38,  apud  Labb.  Tom.  1,  pag.  38.  Edit.  Mansi. 

(5)  Conc.  Tiid.  Sess.  13  dec.  de  Eucharisl.  in  proœm. 


«   MIRARI  VOS   »,    15  AOUT   1832  2U7 

Siège,  ou  d'en  détacher  les  églises  dont  il  est  le  soutien  et  la  vie,  incul- 
quez sans  cesse  aux  fidèles  de  profonds  sentiments  de  confiance  et  de 
respect  envers  lui.  faites  retentir  à  leur  oreille  ces  paroles  de  saint  Cyprien  : 
a  C'est  une  erreur  de  croire  être  dans  l'Eglise  lorsqu'on  abandonne  le 
a  Siège  de  Pierre,  qui  est  le  fondement  de  l'Eglise.  » 


Le  but  de  vos  efîorts  et  l'objet  de  votre  vigilance  continuelle,  doit  donc 
être  de  garder  le  dépôt  de  la  foi  au  milieu  de  cette  vaste  conspiration 
d'hommes  impies  que  nous  vojons,  avec  la  plus  vive  douleur,  formée 
pour  le  dissiper  et  le  perdre.  Que  tous  s'en  souviennent  :  le  jugement 
sur  la  saine  doctrine  dont  on  doit  nourrir  le  peuple,  le  gouvernement  et 
l'administration  de  l'Eglise  entière  appartiennent  au  Pontife  romain, 
«  à  qui  a  été  confié,  par  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  »  comme  l'ont  si 
clairement  déclaré  les  Pères  du  concile  de  Florence,  «  le  plein  pouvoir  de 
a  paître,  de  régir  et  de  gouverner  l'Eglise  universelle.  »  Quant  aux  évo- 
ques en  particulier,  leur  devoir  est  de  rester  inviolablement  attachés  à 
la  Chaire  de  Pierre,  de  garder  le  saint  dépôt  avec  une  fidélité  scrupuleuse, 
et  de  paître  le  troupeau  de  Dieu  qui  leur  est  soumis.  Pour  les  prêtres,  il 
faut  qu'ils  soient  soumis  aux  évèques  et  «  qu'ils  les  honorent  comme  les 
a  pères  de  leurs  âmes.  »  selon  l'avis  de  saint  Jérôme;  qu'ils  n'oublient 
jamais  quil  leur  est  défendu,  même  par  les  anciens  Canons,  de  rien 
faire  dans  le  ministère  qui  leur  a  été  confié,  et  de  prendre  sur  eux  la 
charge  d'enseigner  et  de  prêcher,  «.  sans  l'approbation  de  l'évêque,  à  qui 
n  le  soin  des  fidèles  a  été  remis  et  qui  rendra  compte  de  leurs  âmes.  » 
Qu'on  tienne  enfin  pour  une  vérité  certaine  et  incontestable,  que  tous 
ceux  qui  cherchent  à  troubler  en  quoi  que  ce  soit  cet  ordre  ainsi  établi, 
ébranlent  autant  qu'il  est  en  eux  la  constitution  de  l'Eglise. 


Ce  serait  donc  un  attentat,  une  dérogation  formelle  au  respect  que 
méritent  les  lois  ecclésiastiques,  de  blâmer,  par  une  liberté  insensée 
d'opinion,  la  discipline  que  l'Eglise  a  consacrée,  qui  règle  l'administra- 
tion des  choses  saintes  et  la  conduite  des  fidèles,  qui  détermine  les 
droits  de  l'Eglise  et  les  obligations  de  ses  ministres,  de  la  dire  ennemie 
des  principes  certains  du  droit  naturel,  incapable  d'agir  par  son  imper- 
fection même,  ou  soumise  à  l'autorité  civile. 


Mais  puisqu'il  est  certain,  pour  nous  servir  des  paroles  des  Pères  de 
Trente,  que  a  l'Eglise  a  été  instruite  par  Jésus-Christ  et  par  ses  Apôtres. 
«  et  que  l'Esprit-Saint,  par  une  assistance  de  tous  les  jours,  ne  manque 
«  jamais  de  lui  enseigner  toute  vérité,  «  c'est  le  comble  de  l'absurdité  et 
de  l'outrage  envers  elle  de  prétendre  qu'une  restaiiratton  et  qu'une 
régénération  lui  sont  devenues  nécessaires  pour  assurer  son  existence  et 
ses  progrès,  comme  si  l'on  pouvait  croire  qu'elle  aussi  fût  sujette,  soit  à 


'-M^ta^'  -■    ,    T,^lA.OL.' 


208  LKTTRE   ENCYCLIQUE   DE   GRÉGOIRE   XVI 

pjerinde  ac  si  censeri  ipsa  possit  vel  defectui,  vel  obscuralioiii, 
vol  aliis  hujuscemodi  incommodis  obnoxia  ;  quo  quodem  imtli- 
niine  eu  spectant  novatores,  iit  «  recentis  humante  institiilionis 
«  jaciantiir  futidanionla,  »  illudque  ipsiim  eveniat.  quod  dote- 
staturCyprianus,  ut  (jute  divina  n'sostcdiumanatiat  Ecclesia  1).» 
l'erpendant  vero,  qui  consilia  id  genus  niachiiiantiir,  uni  llomano 
Pontilici  ex  S.  Leonis  teslimonio  «  canonum  dispensationem  esse 
«  creditam  »  ipsiusque  duntaxat  esse,  non  vero  privati  hominis, 
«  de  paternarum  regulis  sanctionum  »  quidj)iaui  deceinere, 
atque  ita,  queniadmodum  scribitS.  Gelasius,  «  décréta  canonum 
«  librare,  decessorum((ue  prœceptamotiri,  utqu;e  nécessitas  teni- 
«  porum  restaurandis  Ecclesiis  relaxanda  déposait,  adhibita 
«  consideratione  diligenti  tempcrentur  {"2).  » 

Hicautemvestramvohiinusexcitataniproreligioneconstantiam 
adversus  fœdissimam  in  clericalein  ctelibatum  conjurationem, 
quamnostisefîervescerein  dieslalius,  connitentibuscum  perditis- 
simis  nostri  œvi  philosophis  nonnuUis  etiam  ex  ipsoecclesiastico 
ordine,  qui  personœ  obiiti  munensque  sui,  ac  bianditiis  abrepti 
voiuptatum,  eo  licentiaî  proruperunt,  ut  publicas  etiam  atque 
iteratas  aliquibus  in  locis  ausi  sint  adhibere  principibus  postu- 
lationesad  disciplinam  illam  sanctissimam  perfrmgendam.  Sed 
piget  de  turpissimishisceconatibus  longe  vos  scrmonedistinere, 
vestrroque  potius  religioni  tidentes  committimus,  ut  legem 
niaximi  momenti,  in  quam  lascivientium  Icla  undique  sunt 
intenta,  sartam  tectain  custodiri,  vindicari,  defendi,  ex  sacrorum 
canonum  prœscripto,  omni  ope  contendalis. 

Honorabile  deinde  Christianorum  connubium,  quod  «  Sacra- 
«  mentum  magnum  »  nuncupavit  Paulus  «  in  Christo  et  Eccle- 
«  sia  (3)  »  communes  nostras  cuias  efllagitat,  ne  quid  adversus 
ipsius  sanctitatem.  ac  de  indissulubiii  ejusdem  vinculo  minus 
recte  sentiatur,  vel  tentetur  induci.  Impense  id  jam  commenda- 
rat  suis  ad  vos  Litteris  felicis  recordationis  prœdecessor  noster 
Pius  VIII  :  adhuc  tamen  infesta  eidem  moiimina  succrescunt. 
Docendi  itaque  sunt  sedulo  populi,  matrimonium  semel  rite  ini- 
tum  dirimi  amplius  non  posse,  nexisque  connubio  Deum  indi- 
disse  perpetuam  vitae  societatem,  nodumque  necessitudinis,  qui 
exsolvi,  nisi  morte,  non  possit.  Memores,  sacris  illud  rébus 
adnumerari,  et  Ecclesiœ  proinde  subjici,  prœstitutas  de  ipso 
ejusdem  Ecclesias  leges  habeant  ob  oculos,  iisque  pareant  sancte 
accurateque,  ex  quarum  executione  omnino  pendet  ejusdem 
connubii  vis,  robur,  ac  justa  consociatio.  Gaveant,  ne  quod  sa- 

(1)  S.  Cypr.  Ep.  o-2,  Edit.  Baluz.  —  (2)  S.  Gelasius  PP.  in  Ep.  ad 
Episcop.  Lucaiiiœ.  —  (3)  Ej)lies.,  v,  32. 


€  MIRARI  VOS   »,   15  AOUT   1832  209 

la  défaillance,  soit  à  robscurcisscnient,  soit  à  toute  autre  altération  de  ce 
genre,  l^t  que  veulent  ces  novateurs  téméraires,  sinon  «  donner  de  nou- 
«  veaux  fondements  à  une  institution  qui  ne  serait  plus,  par  là  même, 
0  que  l'ouvrage  de  Ihonime  »  et  réaliser  ce  que  saint  Cj'prien  ne  peut 
assez  détester,  a  en  rendant  lEglisc  tout  humaine  de  divine  qu'elle 
a  est?  »  Mais  que  les  auteurs  de  semblables  manœuvres  sachent  et 
retiennent  qu'au  seul  Pontife  Romain,  d'après  le  témoignage  de  saint 
Léon  «  a  élé  confiée  la  dispensation  des  Canons,  »  que  lui  seul,  et  non 
pas  un  simple  particulier,  a  le  pouvoir  de  prononcer  a  sur  les  règles 
«  sanctionnées  par  les  Pères,  »  et  qu'ainsi,  comme  le  dit  saint  Gélase, 
€  c'est  à  lui  de  balancer  entre  eux  les  divers  décrets  des  Canons,  et  de 
«  limiter  les  ordonnances  de  ses  prédécesseurs,  de  manière  à  relâcher 
«  quelque  chose  de  leur  rigueur  et  à  les  modifier  après  mûr  examen, 
a  selon  que  le  demande  la  nécessité  des  temps,  pour  les  nouveaux  besoins 
«  des  églises.  » 

Nous  réclamons  ici  la  constance  de  votre  zèle  en  faveur  de  la  Religion 
contre  les  ennemis  du  célibat  ecclésiastique,  contre  celte  ligue  impure 
qui  s'agite  et  s'étend  chaque  jour,  qui  se  grossit  même  par  le  mélange 
honteux  de  plusieurs  transfuges  de  l'ordre  clérical  et  des  plus  impudents 
philosophes  de  notre  siècle.  Oublieux  d'eux-mêines  et  de  leur  devoir, 
jouets  de  passions  séductrices,  ces  transfuges  ont  poussé  la  licence  au 
point  d'oser,  en  plusieurs  endroits,  présenter  aux  princes  des  requêtes, 
même  publiques  et  réitérées,  pour  obtenir  l'abolition  de  ce  point  sacré 
de  discipline.  iMais  nous  rougissons  d'arrêter  longtemps  vos  regards  sur 
de  si  honteuses  tentatives,  et  pleins  de  confiance  en  votre  religion,  nous 
nous  reposons  sur  vous  du  soin  de  défendre  de  toutes  vos  forces,  d'après 
les  règles  des  saints  Canons,  une  loi  de  si  haute  importance,  de  la  con- 
server dans  toute  son  intégrité,  et  de  repousser  les  traits  dirigés  contre 
elle  de  tous  côtés  par  des  hommes  que  tourmentent  les  plus  infâmes 
passions. 

Un  autre  objet  appelle  notre  commune  sollicitude,  c'est  le  mariage  des 
chrétiens,  cette  alliance  honorable  que  saint  Paul  a  appelée  «  un  grand 
Sacrement  en  Jésus-Christ  et  en  son  Eglise.  » 

EtoufTons  les  opinions  hardies  et  les  innovations  téméraires  qui 
pourraient  compromettre  la  sainteté  de  ses  liens  et  leur  indisso- 
lubilité. Déjà  cette  recommandation  vous  avait  été  faite  d'une  manière 
toute  particulière  par  les  Lettres  de  notre  prédécesseur  Pie  VIII,  d'heu- 
reuse mémoire.  Cependant  les  attaques  de  l'ennemi  vont  toujours 
croissant;  il  faut  donc  avoir  soin  d'enseigner  au  peuple  que  le  mariage, 
une  fois  légitimement  contracté,  ne  peut  plus  être  dissous  ;  que  Dieu 
a  imposé  aux  époux  qu'il  a  unis  l'obligation  de  vivre  en  perpétuelle 
société,  et  que  le  nœud  qui  les  lie  ne  peut  être  rompu  que  par  la 
mort.  N'oubliant  jamais  que  le  mariage  est  renfermé  dans  le  cercle  des 
choses  saintes  et  placé  par  conséquent  sous  la  juridiction  de  l'Eglise,  les 
fidèles  auront  sous  les  yeux  les  lois  qu'elle-même  a  faites  à  cet  égard  ;  ils 
y  obéiront  avec  un  respect  et  une  exactitude  religieuse,  persuadés  que, 
de  leur  exécution,  dépendent  absolument  les  droits,  la  stabilité  et  la 
légitimité  de  Tunion  conjugale.  Qu'ils  se  gardant  d'admettre  en   aucune 


210  LETTRL   ENCYCLIQUE   DE   GRÉGOIIlE   XVI 

croniin  canunum  placitis  Gonciliorumque  tlecretis  officiât,  ulla 
ratiulie  admittant,  probe  gnari,  exitiis  infelices  illa  habitura 
esse  conjugia,  quœ  vel  adversus  EcclesiiB  disciplinain,  vel  non 
propitiato  prius  Dec,  vel  solo  œstu  libidinis  juri^antur,  quin  de 
sacramento  ac  de  mysteriis,  quae  illo  significantur,  ulla  teneat 
sponsos  cogitatio. 

Alteram  iiunc  pei'soquimur  causam  malorum  uberriman^,qui- 
bus  afllictari  Ln  prœsens  comploramus  Ecclesiam,  indiiïerentis- 
nuini  scilicet,  seu  pravam  illam  opinionem,  qiias  improborum 
fraude  ex  omni  parte  percrebuit,  qualibet  fidei  professione  reter- 
nam  posse  uninite  salutem  comparari,  si  mores  ad  recti  honesti- 
que  normam  exigantur.  At  facili  sane  negotio,  in  re  perspicua 
planeque  evidenli,  errorem  cxitiosissimum  a  populis  vestrse 
curœ  concreditis  propelletis.  Admonente  enim  Aposlolo  (1), 
«  unum  esse  Deum,  unam  fidem,  unum  baptisma,  »  extinie- 
scant,  qui  e  religione  qualibet  palere  ad  portum  beatitudinis 
adituni  comminiscuntur,  reputentque  animo  ex  ipsius  Servato- 
ris  testimonio,  «  esse  se  contra  Christum,  quia  cum  Christo  non 
«  sunt  (2),  »  seque  infeliciter  dispergere,  quia  cum  ipso  non  col- 
ligunt,  ideoque  «  absque  dubio  aîternum  esse  pcrituros,  nisi 
«  teneant  catholicam  fidem,  eamquc  integram  invioljitamque 
«  servaverint  (3).  »  Hieronymum  audiant,  qui,  cum  in  très 
partes  schismate  scissa  esset  Ecclesia,  narrât  se,  tenacem  pro- 
positi,  quando  aliquis  rapere  ipsum  ad  se  nitebatur,  constanter 
claniitasse  :  «  Si  quis  cathedrœ  Pétri  jungitur,  meus  est  (4).  » 
Falso  autem  sibi  quis  blandiretur,  quod  et  ipse  in  aqua  sit  rege- 
neratus.  Opportune  enim  responderet  Augustinus  (5)  :  «  Ipsam 
«  formam  habet  etiam  sarmentum,  quod  prsecisum  est  de  vite: 
«  sed  quid  illi  prodest  forma  si  non  vivit  de  radice?  » 

Atque  ex  hoc  putidissimo  indifferentismi  fonte  absurda  illa 
finit  ac  erronea  sententia,  seu  potius  deliramentum,  asserendam 
esse  ac  vindicandam  cuilibet  libertatem  conscientiœ.  Gui  qui- 
dem  pestilentissimo  errori  viam  sternit  plena  illa  atque  immo- 
derata  libertas  opinionum,  quae  in  sacras  et  civilis  rei  labem 
late  grassatur,  dictitantibus  per  summani  impudentiam  nonnul- 
lis,  aliquid  ex  ea  commodi  in  religionem  promanare.  At  «  quae 
«  pejor  mors  animœ,  quam  libertas  erroris?  »  inquiebat  Augu- 
stinus (6).  Freno  quippe  omni  adempto  quo  homines  continean- 
tur  in  semitis  veritatis,  proruente  jam  in  praeceps  ipsorum 
natura   ad    malum   inclinata,    vere   apertum   dicimus   puteum 

(1)  Epiies.,  IV,  o.  —  (2)  Luc,  xi,  23.  —  (3)  Symbol.  S.  Athanas.  — 
(4)  S.  Hier.  Ep.  58.  —  (S)  S.  Aug.  in  Psal.  contra  part.  Donat.  —(6) 
S.  Aug.  Ep.  166. 


€   MIRARI  VOS   ï,    15  AOUT   1832  21 1 

façon  rien  de  ce  (]ui  déroge  aux  règles  canoniques  et  aux  décrets  des 
conciles;  sachant  bien  qu'une  alliance  sera  toujours  malheureuse,  lors- 
qu'elle aura  été  formée,  soit  en  violant  la  discipline  ecclésiastique,  soit 
avant  d'avoir  obtenu  la  béucdiclion  divine,  soit  en  ne  suivant  que  la 
lougue  d'une  passion  qui  ne  leur  permet  de  penser  ni  au  sacrement,  ni 
aux  mystères  augustes  qu'il  signifie. 


Nous  venons  maintenant  à  une  cause,  hélas!  trop  féconde  des  maux 
déplorables  (jui  afiligent  à  présent  l'Eglise.  Nous  voulons  dire  Vindiffé- 
rentisvie,  ou  cette  opinion  funeste  réoandue  partout  par  la  fourbe  des 
méchants,  qu'on  peut,  par  une  profession  de  foi  quelconque,  obtenir  le 
salut  éternel  de  l'àme,  pourvu  qu'on  ait  des  mœurs  conformes  à  la  jus- 
tice et  à  la  probité.  Mais  dans  une  question  si  claire  et  si  évidente,  il 
vous  sera  sans  doute  facile  d'arracher  du  milieu  des  peuples  confiés  à 
vos  soins  une  erreur  si  pernicieuse.  L'Apôtre  nous  en  avertit  :  «  Il  n'y  a 
«  qu'un  Dieu,  qu'une  foi,  qu'un  baptême  »  ;  qu'ils  tremblent  donc  ceux 
qui  s'imaginent  que  toute  religion  conduit  par  une  voie  facile  au  port  de 
la  félicité  ;  qu'ils  réiléchissent  sérieusement  sur  le  témoignage  du  Sauveur 
lui-même:  «  qu'ils  sont  contre  le  Christ  dès  lors  qu'ils  ne  sont  pas 
1  avec  le  Christ  ;  ■»  qu'ils  dissipent  misérablement  par  là  même  qu'ils 
n'amassent  point  avec  lui,  et  que,  par  conséquent,  a  ils  périront  éternel- 
«  lement,  sans  aucun  doute,  s'ils  ne  gardent  pas  la  foi  catholique  et  s'ils 
oc  ne  la  conservent  entière  et  sans  altération.  35  Qu'ils  écoutent  saint 
Jérôme  racontant  lui-même,  qu'à  l'époque  où  l'Eglise  était  partagée  en 
trois  partis,  il  répétait  sans  cesse  et  avec  une  résolution  inébranlable,  à 
qui  faisait  effort  pour  l'attirer  à  lui:  «  Quiconque  est  uni  à  la  chaire  de 
a  Pierre  est  avec  moi.  »  En  vain  essayerait-on  de  se  faire  illusion  en 
disant  que  soi-même  aussi  on  a  été  régénéré  dans  l'eau,  car  saint 
Augustin  répondrait  précisément  :  «.  11  conserve  aussi  sa  forme,  le  sar- 
oc  ment  séparé  du  cep  ;  mais  que  lui  sert  cette  forme,  s'il  ne  vit  point  de 
a  la  racine?  » 


De  cette  source  empoisonnée  de  Vinclifferentïsme,  découle  cette  maxime 
fausse  et  absurde  ou  plutôt  ce  délire  :  qu'on  doit  procurer  et  garantir  à 
chacun  la  liberté  de  conscience  ;  erreur  des  plus  contagieuses,  à  laquelle 
aplanit  la  voie  cette  liberté  absolue  et  sans  frein  des  opinions  qui,  pour 
la  ruine  de  l'Eglise  et  de  l'Etat,  va  se  répandant  de  toutes  parts,  et  que 
certains  hommes,  par  un  excès  d'impudence,  ne  craignent  pas  de  repré- 
senter comme  avantageuse  à  la  religion.  Eh!  «  quelle  mort  plus  funeste 
«  pour  les  ùmes,  que  la  liberté  de  l'erreur!  »  disait  saint  Augustin.  En 
voyant  ôter  ainsi  aux  hommes  tout  frein  capable  de  les  retenir  dans  les 
sentiers  de  la  vérité,  entraînés  qu'ils  sont  déjà  à  leur  perte  par  un  naturel 
enclin  au  mal,  c'est  en  vérité  que  nous  disons  qu'il  est  ouvert  ce  puits 
de  l'abîme,  d'où   saint  Jean  vit  monter   une  fumée  qui   obscurcissait  le 


212  LLTTRE  ENCYCLIQUE  DE  GRÉGOIRE  XVI 

abyssi  (i),  e  quo  vidit  Joannes  ascondere  fumum  qdo  obscnia- 
tus  ost  sol,  lociistis  Pî  eo  prodeuntibus  in  vastit.itoin  bivras.  Inde 
enim  animorum  inimutationes,  inde  adolcscentium  in  détériora 
corruptio,  inde  in  populo  sacrorum  reriinique  ac  legiim  sandis- 
simarum  contemptus,  inde  uno  verbo  [lestis  rei  publica;  prae 
qiialibet  capitalior,  cum  experientia  teste  vel  a  prima  antiqui- 
tate  notum  sit,  civitates^  qiige  opibus,  imperio,  gloria  floruere, 
hoc  uno  malo  concidisse.  iiberlate  immoderata  opinionum,  li- 
centia  concionum,  rerunn  novandarum  cupiditate. 

Iluc  spectat  deterrima  i!Ia  ac  niinquam  satis  exsecranda  et 
deiestabilis  libertas  artis  librariœ  ad  scripta  quoclibet  edenda 
in  vulgus,  quam  tanto  convicio  audent  nonnulli  efflagitare  ac 
promovere.  Perhorrescimus,  venerabiles  Fratres,  intuentes  qui- 
bus  monstris  doctrinarum,  sou  potius  quibus  errorum  portentis 
obruamur,  quœ  longe  ac  late  ubique  disseminantur  ingenti 
librorum  multitudine,  libellisque  et  scriptis,  mole  quidem  exigiiis, 
malitia  tamen  permagnis,  e  quibus  nialedicitonem  egressam 
illacryinamur  super  faciem  terrse.  Sunt  tamen.  proh  dolor!  qui 
eo  impudentiœ  abripian'.ur,  ut  asserant  pugnaciter,  banc  erro- 
rum colluviem  inde  prorumpentem.  satis  cumuiate  compensari 
ex  libro  aliquo,  qui  in  bac  tanla  pravitatum  tempestate  ad 
religionem  ac  veritalcni  propugnandam  edatur.  Nefas  profecto 
est,  omniquc  jure  improbatum,  patrari  data  opéra  malum  certum 
ac  majus,  quia  spes  sit,  inde  boni  aliquid  habiliim  iri.  IS'umquid 
venena  bbere  spargi,  ac  publiée  vendi  comportarique,  imo  et 
obbibi  debere  sanusquis  dixerit,  quod  remedii  quidpiam  habea- 
tur,  quo  qui  utuntur,  eripi  eos  ex  interitu  identidem  contingat? 

Verum  longe  alla  fuit  Ecclesiae  disciplina  in  exscindenda  malo- 
rum  librorum  peste  vel  ab  Apostolorum  setate,  quos  legimus 
grandem  librorum  vim  publiée  combussisse  (2).  Satis  sit,  leges 
in  Concilio  LateranensiV  in  eam  rem  datas  perlegere,  et  consti- 
tutionem,  quse  deinceps  a  Leone  X  fel.  rec.  prsedecessore  nostvo 
fuit  édita,  ne  «  id  quod  ad  fidei  augmentum  acbonarum  artium 
«  propagationem  salubriter  est  inventum.  in  contrarium  conver- 
«  tatur.  ac  Christi  lidelium  saluti  detrimentum  pariât  (i).  » 
Id  quidem  et  Tridentinis  Patribus  maximœ  curœ  fuit,  qui 
remedium  tanto  huic  malo  adbibuere,  edito  saluberrimo  decreto 
de  Indice  librorum,  quibus  impura  doctrina  contineretur,  confi- 
ciendo  (4).  «  Pugnandum  est  acriter,  »  inquit  Clemens  Xlll  fel. 

(1)  Apocalyps.,  ix,  3.  —  (2)  Act.  xix.  \9.  —  (3)  Act.  Conc.  Lateran. 
V.  Sess.  10,  ubi  refertur  Const.  Leoiiis  X.  S.egeiida  est  anicrior  Const. 
Alexandri  VI,  Inter  muttiplices,  in  qua  niulla  ad  rem. —  (4)  Conc.  Trid. 
Sess.  XVIII  et  xxvi. 


«   MIRARI   VOS   »,    15   AOUT   183'î  213 

soleil,  et  des  sauterelles  sortir  pour  la  dévastation  <Ic  la  terre.  De  la,  en 
effet,  le  peu  de  stabilité  des  esprits  ;  de  là,  la  corruption  toujours  crois- 
sante des  jeunes  gens;  de  là,  dans  le  peuple,  le  mépris  des  droits  sacrés, 
des  choses  et  des  lois  les  plus  saintes  ;  de  là,  en  un  mot,  le  fléau  le  plus 
funeste  qui  puisse  ravager  les  Etats  ;  car  l'expérience  nous  l'atteste  et 
l'antiquité  la  plus  reculée  nous  l'apprend  :  pour  amener  la  destruction 
des  Etats  les  plus  riches,  les  plus  puissants,  les  plus  glorieux,  les  plus 
florissants,  il  n'a  fallu  que  cette  liberté  sans  frein  des  opinions,  cette 
licence  des  discours  publics,  cette  ardeur  pour  les  innovations. 


A  cela  se  rattache  la  liberté  de  la  presse,  liberté  la  plus  funeste,  liberté 
exécrable,  pour  laquelle  on  n'aura  jamais  assez  d'horreur  et  que  certains 
hommes  osent  avec  tant  de  bruit  et  tant  d'instance,  demander  et  étendre 
partout.  iNous  frémissons,  vénérables  Frères,  en  considérant  de  quels 
monstres  de  doctrines,  ou  plutôt  de  quels  prodiges  d'erreurs  nous  sommes 
accablés  ;  erreurs  disséminées  au  loin  et  de  tous  côtés  par  une  multitude 
immense  de  livres,  de  brochures,  et  d'autres  écrits,  petits  il  est  vrai  en 
volume,  mais  énormes  en  perversité,  d'oii  sort  la  malédiction  qui  couvre  , 
la  face  de  la  terre  et  fait  couler  nos  larmes  II  est  cependant,  ô  douleur! 
des  hommes  emportés  par  un  tel  excès  d'impudence,  qu'ils  ne  craignent 
pas  de  soutenir  opiniâtrement  que  le  déluge  d'erreurs  qui  découle  de  là 
est  assez  abondamment  compensé  par  la  publication  de  quelque  livre 
imprimé  pour  défendre,  au  milieu  de  cet  amas  d'iniquités,  la  vérité  et  la 
religion.  Mais  c'est  un  crime  assurément,  et  un  crime  réprouvé  par  toute 
espèce  de  droit,  de  commettre  de  dessein  prémédité  un  mal  certain  et 
très  grand,  dans  l'espérance  que  peut-être  il  en  résultera  quelque  bien  ; 
et  quel  homme  sensé  osera  jamais  dire  qu'il  est  permis  de  répandre  des 
poisons,  de  les  vendre  publiquement,  de  les  colporter,  bien  plus,  de  les 
prendre  avec  avidité,  sous  prétexte  qu'il  existe  quelque  remède  qui  a 
parfois  arraché  à  la  mort  ceux  qui  s'en  sont  servis  ? 


Mais  bien  différente  a  été  la  discipline  de  l'Eglise  pour  l'extinction  des 
mauvais  livres,  dès  l'âge  même  des  Apôtres.  Nous  lisons,  en  effet,  qu'ils 
ont  brûlé  publiquement  une  grande  quantité  de  livres.  Qu'il  suffise, 
pour  s'en  convaincre,  de  lire  attentivement  les  lois  données  sur  cette 
matière  dans  le  V^  Concile  de  Latran  et  la  Constitution  publiée  peu  après 
par  Léon  X,  notre  prédécesseur  d'heureuse  mémoire,  pour  empêcher 
€  que  ce  qui  a  été  heureusement  inventé  pour  l'accroissement  de  la  foi  et 
«  la  propagation  des  arts  utiles,  ne  soit  perverti  en  un  usage  tout  con- 
«  traire  et  ne  devienne  un  obstacle  au  salut  des  fidèles.  »  Ce  fut  aussi 
l'objet  des  soins  les  plus  vigilants  des  Pères  de  Trente  ;  et  pour  apporter 
remède  à  un  si  grand  mal,  ils  ordonnèrent,  dans  le  décret  le  plus  salu- 
taire, la  confection  d'un  Index  des  livres  qui  contiendraient  de  mauvaises 


214  LETTRE    ENCYCLIQUE    DE    GUÉGOIHE   XVI 

rec.  praedecessor  nosler  in  suis  de  noxioriim  librorum  proscri- 
ptione  encyclicis  Lilleris,  «pugnandum  est  «icriter,  quantum  res 
«  ipsa  efllagitat,  et  pro  viribus,  tôt  librorum  morlifera  extermi- 
«  nanda  pcrnicies  :  nunquam  enim  matera  subtrahetur  erroris, 
«  nisi  pravitatis  facinorosa  elemcnta  in  flammis  combusta 
«  depereant  (1).  »  Exhac  itaqiio  conslanti  omnium  œtatum  solli- 
citudine,  qua  semper  sancta  haic  Apostolica  Sedes  suspr-ctos  et 
noxios  libres  damnare,  et  de  bominnm  manibus  extorquera 
enisa  est,  patct  luculentissime,  quantopere  falsa,  temeraria, 
(Mdemque  Apostolicae  Sedi  injnriosa,  et  fœcunda  malorum  in 
christiano  populo  ingentium  sit  illorum  doctrina  qui  nedum 
censuram  librorum  veluti  gravem  nimis,  et  onerosam  rejiciunt, 
sed  eo  etiam  improbitalis  progrediuntur,  ut  eam  prœdicent  a 
recti  juris  principiis  abhorrere,  jusque  illius  decernendœ  haben- 
dseque,  audeant  Ecclesise  denegare. 

Gum  autem  circumlatis  in  vulgus  scriptis  doctrinas  quasdam 
promulgari  acceperimus.  quibus  débita  erga  principes  fides  atque 
submissio  labefactatur,  facesque  perduellionisubique  incendun- 
tur  :  cavendum  maxime  erit,  ne  populi  inde  decepti  a  recti 
semita  abducantur.  Animadvertant  onines,  «  non  esse,  juxta 
«  Apostoli  monitum,  potestatem  nisi  a  Deo  :  qnro  autem  sunt,  a 
«  Deo  ordinatie  sunt.  Itaque  qui  resistit  poteslati,  Dei  ordinationi 
«  resistit,  et  qui  resistunt,  ipsi  sibi  damnationem  acquirunt  (2).  » 
Ouocirca  et  divina  et  humana  jura  in  eos  clamant,  qui  turpissi- 
mis  perduellionis  seditionumque  machinationibus  a  (ide  in  prin- 
cipes desciscere,  ipsosque  ab  imperio  deturbare  connituntur. 

Atque  bac  plane  ex  causa,  ne  tanta  se  turpitudine  fœdarent 
veteres  Christiani,  sœvientibus  licet  persecutionibus,  optime 
tamen  eos  de  imperatoribusac  de  imperii  incolumitate  meritos 
fuisse  constat,  idque  nedum  fide  in  iis^  quai  sibi  mandabantur 
religioni  non  contraria,  accurate  prompteque  perflciendis,  sed 
et  constantia,  et  efîuso  etiam  in  prœliis  sanguine  luculentissime 
comprobasse.  «  Milites  christiani,  ait  S.  Augustinus,  scrvierunt 
«  impcratori  infideli  ;  ubi  veniebatur  ad  causam  Christi,  non 
«  agnoscebant,  nisi  illum  qui  in  cœlis  erat.  Distingnebant  domi- 
«  num  œternum  a  domino  temporal i,  et  tamen  subditi  erant 
«  propter  Dominum  œternum  etiam  domino  temporali  (3).  » 
Usée  quidem  sibi  ob  oculos  proposuerat  Mauritius  martyr  invi- 
ctus,  legionis  Tuebange  primicerius,  quando,  ut  S.  Eucherius 
refert,  heec  respondit  imperatori  :  «  Milites  sumus.  iniperator, 
«  tui,  sed  tamen  servi,  quod  libère  confitemur,  Dci...  Et  nunc 

(1)  Lit.  Clem.  XIII. Ghristiana'  -2j  iiov.  1760.—  (2)  Rom.,  \iii,  1,2, 
—  (3)  S.  Aug.  in  Psal.  124,  n.  7. 


«    MIRARI  VOS   »,    15   AOUT   1832  215 

doclrincs.  «  11  faut  combattre  avec  courage,  »  dit  Clément  XIII,  notre 
prédécesseur  d'heureuse  mémoire,  dans  sa  lettre  encyclique  sur  la  pros- 
cription des  livres  dangereux,  «  il  faut  combattre  avec  courage,  autant 
0  que  la  chose  elle-même  le  demande,  et  exterminer  de  toutes  ses  forces 
«  le  fléau  de  tant  de  livres  funestes  ;  jamais  on  ne  fera  disparaître  la 
«  matière  de  Terreur,  si  les  criminels  éléments  de  la  corruption  ne  pé- 
«  rissent  consumés  parles  flammes.  »  Par  cette  constante  sollicitude  avec 
laquelle,  dans  tous  les  ûges,  le  Saint-Siège  Apostolique  s'est  efforcé  de 
condamner  les  livres  suspects  et  dangereux  et  de  les  arracher  des  mains 
des  hommes,  il  apparaît  clairement  combien  est  fausse,  téméraire,  inju- 
rieuse au  Siège  Apostolique,  et  féconde  en  grands  malheurs  pour  le 
peuple  chrétien,  la  doctrine  de  ceux  qui,  non  contents  de  rejeter  la 
censure  comme  trop  pesante  et  trop  onéreuse,  ont  poussé  la  perversité, 
jusqu'à  proclamer  qu'elle  répugne  aux  principes  de  la  justice  et  jusqu'à 
refuser  audacieusement  à  l'Eglise  le  droit  de  la  décréter  et  de  l'exercer. 


Nous  avons  appris  que,  dans  des  écrits  répandus  dans  le  public,  on 
enseigne  des  doctrines  qui  ébranlent  la  fidélité,  la  soumission  due  aux 
princes  et  qui  allument  partout  les  torches  de  la  sédition;  il  faudra 
donc  bien  prendre  garde  que  trompés  par  ces  doctrines,  les  peuples  ne 
s'écartent  des  sentiers  du  devoir.  Que  tous  considèrent  attentivement  que 
selon  l'avertissement  de  l'Apôtre,  <t  il  n'est  point  de  puissance  qui  ne 
«  vienne  de  Dieu  ;  et  celles  qui  existent  ont  été  établies  par  Dieu  ;  ainsi 
«  résister  au  pouvoir  c'est  résister  à  l'ordre  de  Dieu,  et  ceux  qui  résis- 
«  tent  attirent  sur  eux-mêmes  la  condamnation.  »  Les  droits  divins  et 
humains  s'élèvent  donc  contre  les  hommes  qui,  par  les  manœuvres  les 
plus  noires  de  la  révolte  et  de  la  sédition,  s'efforcent  de  détruire  la  fidé- 
lité due  aux  princes  et  de  les  renverser  de  leurs  trônes. 


C'est  sûrement  pour  cette  raison  et  pour  ne  pas  se  couvrir  d'une 
pareille  honte,  que  malgré  les  plus  violentes  persécutions,  les  anciens 
chrétiens  ont  cependant  toujours  bien  mérité  des  empereurs  et  de  l'em- 
pire; ils  l'ont  clairement  démontré,  non  seulement  par  leur  fidélité  à 
obéir  exactement  et  promptementdans  tout  ce  qui  n'était  pas  contraire  à 
la  religion,  mais  encore  par  leur  constance  et  par  l'effusion  même  de 
leur  sang  dans  les  combats.  «  Les  soldats  chrétiens,  dit  saint  Augustin,  ont 
«  servi  l'«mpereur  infidèle;  mais  s'agissait-il  de  la  cause  du  Christ?  ils 
«  ne  reconnaissaient  plus  que  celui  qui  habite  dans  les  cieux.  Ils  distin- 
«  guaient  le  Maître  éternel  du  maître  temporel,  et  cependant  à  cause  du 
«  Maître  éternel  ils  étaient  soumis  au  maître  même  temporel.  »  Ainsi 
pensait  Maurice,  l'invincible  martyr,  le  chef  de  la  légion  thébaine,  lors- 
qu'au rapport  de  saint  Eucher,  il  fit  cette  réponseà  l'empereur  :  «  Prince. 
<(  nous  sommes  vos  soldats;  mais  néanmoins,  nous  le  confessons  libre- 
«  ment,  les  serviteurs  de  Dieu...  Et  maintenant  ce  péril  extrême  ne  fait 


210  LETTRE   ENCYCLIQUE   DE   GnÉGOIRE    XVI 

«  non  nos  hœc  ultima  vilae  nécessitas  in  rebellionem  coegit: 
«  lenenius  ecce  arma,  et  non  resistimus,  quia  mori,  quam  occi- 
«  dere  satins  volumus  (1).  »  Qiiaî  quidem  veterum  Christiano- 
rum  in  principes  fides  eoetiam  illustrior  elTuIget,  si  perpendatur 
cum  TfMlulliano  tune  tomporis  Christianis  «  non  defuisse  vim 
«  nunierorum  et  copiarum,  si  hostes  exertos  agere  voluissent. 
«  llesterni  sumus,  inquit  ipse,  et  vestra  omnia  implevinius, 
«  urbes,  insulas,  castella,  municipia,  conciliabula,  castra  ipsa, 
«  tribus,  decurias,  palatium,  senatum,  forum....  Cui  bello  non 
«  idonei,  non  prompti  fuissemus,  etiam  impares  copiis,  qui  lam 
«  libentor  trucidamur,  si  non  apud  istam  disciplinam  niagis 
«  occidi  liceret,  quam  occidere  ?...  Si  tantas  vis  hominum  in 
«  aliquem  orbis  remoti  sinuni  abrupissemus  a  vobis,  suiïudisset 
«  utique  pudore  dominationem  vestram  tôt  qualiunicumque 
«  amissio  civium,  imo  et  ipsa  destitutione  punisset.  Procul 
«  dubio  expavissetis  ad  solitudinem  vestram;...  queesissetis, 
«  quibus  imperaretis  :  plures  hostes,  quam  cives  vobis  reman- 
«  sissent  :  nunc  autem  pauciores  hostes  habetis  prae  multitudine 
«  Christianorum  i2).  » 

Praeclara  hœc  immobilis  subjectionis  in  principes  exempla, 
quœ  ex  sanctissimis  Christianae  religionis  prœceptis  necessario 
proficiscebantur,  detestandam  illorum  insolentiam,  et  improbi- 
tfitem  condemnant,  qui  projecta,  efïrenataque  procacis  libertatis 
cupiditate  œstuantes,  toti  in  eo  sunt,  ut  jura  quœque  principa- 
tuum  labefactent  atque  convellant,  servitutem  sub  libertatis 
specie  populis  illaturi.  Hue  sane  scelestissima  deliramenta  con- 
siliaque  conspirarunt  Waldensium,  Beguardorum,  Wicleûsta- 
rum,  aliorumquehujusmodi  filiorum  Belial,  qui  humani  generis 
sordes  ac  dedecora  fuere,  merito  idcirco  ab  Apostolica  hac  Sede 
toties  anathemate  confixi.  Nec  alia  profecto  ex  causa  omnes 
vires  intendunt  veteratores  isti.  nisi  ut  cum  Luthero  ovantes 
gratulari  sibi  possint,  «  liberos  se  esse  ab  omnibus  »  :  quod  ut 
facilius  celeriusque  assequantur,  flagitiosiora  quœlibet  audacis- 
sime  aggrediuntur. 

rs'eque  lœtiora  et  religioni  et  principatui  ominari  possemus  ex 
eorum  votis,  qui  Ecclesiam  a  legno  separari,  mufuamque  im- 
perii  cum  sacerdotio  concordiani  abnnnpi  discupiunt.  Constat 
quippe,pertiniesci  ab  impudentissimœ  libertatis  amatoribus  con- 
corcliam  illam,  quae  semper  rei  et  sacras  et  civili  fausta  extitit 
ac  salutaris. 

At  ad  caeteras  acerbissimas  causas,  quibus  solliciti  sumus,  et 

(1)  S.  Euclier.  apml  Ruinard.  Act.  SS.  MM.  de  SS.  .Mauril.  et  Soc,  n.  4. 
— (2j  Tertul.  in  Apolog.  Cap.  35. 


»    MIRARI   VOS    n,  15   AOUT    ISSÎ  217 

Œ  point  de  nous  des  rebelles;  vojcz,  nous  avons  les  armes  à  la  main,  et 
«  nous  ne  résistons  point,  car  nous  aimons  mieux  mourir  que  de  tuer.  » 
Cette  fidclilé  des  anciens  chrétiens  envers  les  princes  apparaît  plus 
illustre  encore,  si  Ton  considère,  avec  Tcrtullien,  que  la  force  du 
nombre  et  des  «  troupes  ne  leur  manquait  pas  alors,  s'ils  eussent  voulu 
«  agir  en  ennemis  déclares.  Nous  ne  sommes  que  d'hier,  dit-il  lui-même, 
«  etnous  remplissons  tout,  vos  villes,  vos  îles,  vos  iorteresses,  vos  muni- 
«  cipes,  vos  assemblées,  les  camps  eux-mêmes,  les  tribus,  les  décuries, 
«  le  palais,  le  sénat,  le  forum...  A  quelle  guerre  n'eussions-nous  pas  été 
«  propres  et  disposés  même  à  forces  inégales,  nous,  qui  nous  laissons 
«  égorger  avec  tant  de  facilité,  si  par  la  foi  que  nous  professons  il  n"éta;t 
«  pas  plutôt  permis  de  recevoir  la  mort  que  de  la  donner  ?  Nombreux 
«  comme  nous  le  sommes,  si,  nous  étant  retirés  dans  quelque  coin  du 
«  monde,  nous  eussions  rompu  avec  vous,  la  perte  de  tant  de  citoyens, 
<i  quel  qu'eût  été  leur  caractère,  aurait  certainement  fait  rougir  de  honte 
«  votre  tyrannie.  Quedis-je?  Cette  seule  séparation  eût  été  votre  chûti- 
«  ment.  Sans  aucun  doute,  vous  eussiez  été  saisis  d'etfroi  à  la  vue  de 
<i  votre  solitude...  Vous  eussiez  cherché  à  qui  comnaander;  il  vous  fût 
«  resté  plus  d'ennemis  que  de  citoyens;  mais  maintenant  vos  ennemis 
e  sont  en  plus  petit  nombre,  grâce  à  la  multitude  des  chrétiens.  » 


Ces  éclatants  exemples  d'une  constante  soumission  envers  les  princes, 
tiraient  nécessairement  leur  source  des  préceptes  sacrés  de  la  religion 
chrétienne;  ils  condamnent  l'orgueil  démesuré,  détestable  de  ces  hommes 
déloyaux  qui,  brûlant  d'une  passion  sans  règle  et  sans  frein  pour  une 
liberté  qui  ose  tout,  s'emploient  tout  entiers  à  renverser  et  à  détruire 
tous  les  droits  de  l'autorité  souveraine,  apportant  aux  peuples  la  servi- 
tude sous  les  apparences  de  la  liberté.  C'était  vers  le  même  but,  aussi, 
que  tendaient  de  concert  les  extravagances  coupables  et  les  désirs  crimi- 
nels des  Vaudois,  des  Béguards,  des  Wicléfistes  et  d'autres  semblables 
enfants  de  Bélial,  la  honte  et  l'opprobre  du  genre  humain,  et  pour  ce 
motif  ils  furent,  tant  de  fois  et  avec  raison,  frappés  d'anathème  par  le 
Siège  Apostolique.  Si  ces  fourbes  achevés  réunissent  toutes  leurs  forces; 
c'est  sûrement  et  uniquement  afin  de  pouvoir  dans  leur  triomphe  se  féli- 
citer, avec  Luther,  d'être  libres  de  tout  ;  el  c'est  pour  l'atteindre  plus 
facilement  et  plus  promptement  qu'ils  commettent  avec  la  plus  grande 
audace  les  plus  noirs  attentats. 


Nous  ne  pourrions  augurer  des  résultats  plus  heureux  pour  la  reli- 
gion et  pour  le  pouvoir  civil,  des  désirs  de  ceux  qui  appellent  avec  tant 
d'ardeur  la  séparation  de  l'Eglise  et  de  l'Etat,  et  la  rupture  de  la  con- 
corde entre  le  sacerdoce  et  l'empire.  Car  c'est  un  fait  avéré,  que  tous  les 
amateurs  de  la  liberté  la  plus  effrénée  redoutent  par  dessus  tout  cette 
concorde,  qui  toujours  a  été  aussi  salutaire  et  aussi  heureuse  pour 
l'Eglise  que  pour  l'Etat. 


218  LETTRE  ENCYCLIQUE  DE   GRÉGOIRE   XVI 

in  communi  discrimine  dolore  quodam  an.iîimnr  prrecipuo,  ac- 
cessere  consociationes  qnredani,  statitpie  ('ijotiis,  quibus,  quasi 
agniine  facto  cnm  cujnsciimque  etiam  lalsre  religionis  al  cultiis 
sectatoribus,  simulala  (luidem  in  religionempietate,  vere  tamen 
novitatis  seditionumque  ubique  proniovcndarum  cupidino,  li- 
bertas  omnis  generis  prœdicatur,  peiiiirbationes  in  sacram  et 
civilem  rem  excitantur,  sanctiorquaîlibet  auctorilas  discerpitur. 

HcBcperdolenti  sane  animo,  fidontes  tamen  in  Eo,  qui  iniperat 
ventis  et  facit  tranquillitatem,  scribimus  ad  vos,  venerabiles 
Fratres,  ut  induti  sciitum  lidei  contendatis  prœliari  strenue 
prœlia  Domini.  Ad  vos  potissiniuni  pertinet,  stare  pro  muro 
contra  omnem  altitudinem  extollontem  se  ad  versus  scientiam 
IJei.  Exerite  gladium  spiritus^  qnod  est  verbum  Dei,  habeantque 
avobispanem,  qui  esuriunt  justitiam.  Adsciti,  ut  sitis  cultores 
gnavi  in  vinea  Domini,  id  unum  agite,  in  hoc  simul  laixtrate,  ut 
radix  quœlibet  amaritudinis  ex  agro  vobis  commisso  evellatur, 
omnique  enecato  semine  vitiorum  convalescat  ibi  seges  keta  vir- 
tutum.  Eos  in  primis  afTeetu  paterno  complexi,  qui  ad  sacras 
prœsertim  disciplinas,  et  ad  philosophicas  quœstiones  animum 
appulere,  hortatores  auctoresque  iisdem  sitis,  ne  solius  ingenii 
sui  viribus  freti  imprudenler  a  veritatis  semita  in  viam  abeant 
impiorum.  Meminerint,  Deum  esse  «  sapientiœ  ducem,  eincnda- 
toremque  sapientium  (1),  »  ac  lieri  non  posse  ut  sine  Deo  Deum 
discamus,  qui  per  Verbum  docet  homines  scire  Deum  (ïJ).  Su- 
perbi,  seu  potius  insipientis  hominis  est,  fidei  mysteria.  quœ 
exsuperant  omnem  sensum,  humanis  examinare  ponderibus, 
nostrœque  mentis  ratione  conlidere,  qu;e  naturaî  humange  con- 
ditionedebilis  est  et  infirma. 

Cœterum  communibus  hisce  votis  pro  rei  et  sacrée  et  publicae 
incolumitate  carissimi  in  Christo  lilii  nostri  viri  principes  sua 
faveant  ope  et  auctoritate,  quam  sibi  collatam  considèrent  non 
solum  ad  mundi  regimen,  sed  maxime  ad  Ecclesiaî  praesidium. 
Animadvertant  sedulo,  pro  illorum  imperio  et  quiète  geri.  quid- 
quid  pro  Ecclesiœ  salute  laboratur:  imo  pluris  sibi  suadeant 
tidei  causam  esse  debere  quam  regni,  magnumque  sibi  esse  per- 
pendant,  dicimus  cum  S.  Leone  Pontifice,  «  si  ipsorum  diade- 
mati  de  manu  Domini  etiam  tidei  addatur  corona.  »  Positi 
quasi  parentes  et  tutores  popuiorum,  veram,  constantem,  opu- 
lentam  iisquietem  parient  et  tranquiliitatem,  si  in  eam  potissi- 
mum  curam  incumbant,  ut  incolumis  sit  religio  et  pietas  in 
Deum,  qui  habet  scriptum  in  femore  :  «  Rex  regum  et  Dominus 
dominantium  (3).w 

(1)  Sap.  vil,  15.  —  (12)  S.  Irenœus  lib.  iv,cap.  6.  —  (3j  .\poc.,  \ix,  16 


ot   MIRARI   VOS   »,    15   AOUT    1832  219 

Aux  autres  causes  de  notre  déchirante  sollicitude  et  de  la  douleur  acca- 
blante (]ui  nous  est  en  quelque  sorte  particulière  au  milieu  du  danger 
coninuui,  viennent  se  joindre  encore  certaines  associations  et  réunions, 
ayant  des  règles  déterminées.  Elles  se  forment  comme  en  corps  d'armée, 
avec  les  sectateurs  de  toute  espèce  de  fausse  religion  et  de  culte,  sous  les 
&pparences,  il  est  vrai,  du  dévouement  à  la  religion,  mais  en  réalité  dans. 
le  désir  de  répandre  partout  les  nouveautés  et  les  séditions,  proclamant 
toute  espèce  de  liberté,  excitant  des  troubles  contre  le  pouvoir  sacré  et 
contre  le  pouvoir  civil,  et  reniant  toute  autorité,  même  la  plus  sainte. 

C'est  avec  un  cœur  déchiré,  mais  plein  de  confiance  en  Celui  qui  com- 
mande aux  vents  et  rétablit  le  calme,  que  nous  vous  écrivons  ainsi,  véné- 
rables Frères,  pour  vous  engager  à  vous  revêtir  du  bouclier  de  la  foi,  et 
à  déployer  vos  forces  en  combattant  vaillamment  les  combats  du  Seigneur. 
A  vous  surtout  il  appartient  de  vous  opposer  comme  un  rempart  ù  toute 
hauteur  qui  s'élève  contre  la  science  de  Dion.  Tirez  le  glaive  de  l'esprit, 
qui  est  la  parole  de  Dieu,  ei  cionnez  la  nourriture  à  ceux  qui  ont  faim 
de  la  justice.  Choisis  pour  cultiver  avec  soin  la  vigne  du  Seigneur,  n'agissez 
que  dans  ce  but  et  travaillez  tous  ensemble  à  arracher  toute  racine  amère 
du  champ  qui  vous  a  été  confié,  à  y  étouffer  toute  semence  de  vices 
et  à  y  faire  croître  une  heureuse  moisson  de  vertus.  Embrassez  avec  une 
affection  toute  paternelle  ceux  surtout  qui  appliquent  spécialement  leur 
esprit  aux  sciences  sacrées  et  aux  questions  philosophiques  :  exhortez-les 
et  amenez-les  à  ne  pas  s'écarter  des  sentiers  de  la  vérité  pour  courir  dans 
la  voie  des  impies,  en  s'appuyant  imprudemment  sur  les  seules  forces  de 
leur  raison.  Qu'ils  se  souviennent  que  c'est  -<  Dieu  qui  conduit  dans  les 
<r  routes  de  la  vérité  et  qui  perfectionne  les  sages,  »  et  qu'on  ne  peut, 
sans  Dieu,  apprendre  à  connaître  Dieu,  le  Dieu  qui,  par  son  Verbe, 
enseigne  aux  hommes  à  le  connaître.  C'est  à  l'homme  superbe,  ou  plutôt 
à  l'insensé  de  peser  dans  des  balances  humaines  les  mystères  de  la  foi, 
qui  sont  au-dessus  de  tout  sens  humain,  et  de  mettre  sa  confiance  dans 
une  raison  qui,  par  la  condition  même  de  la  nature  de  l'homme,  est  faible 
et  débile. 


Au  reste,  que  les  Princes  nos  très  chers  fils  en  Jésus-Christ  favorisent 
de  leur  puissance  et  de  leur  autorité  les  vœux  que  nous  formons  avec 
eux  pour  la  prospérité  de  la  religion  et  des  Etats  ;  qu'ils  songent  que  le 
pouvoir  leur  a  été  donné,  non  seulement  pour  le  gouvernement  du 
monde,  mais  surtout  pour  l'appui  et  la  défense  de  l'Eglise  ;  qu'ils  consi- 
dèrent sérieusement  que  tous  les  travaux  entrepris  pour  le  salut  de 
l'Eglise,  contribuent  à  leur  repos  et  au  soutien  de  leur  autorité.  Bien 
plus,  qu'ils  se  persuadent  que  la  cause  de  la  foi  doit  leur  être  plus  chère 
que  celle  même  de  leur  empire,  et  que  leur  plus  grand  intérêt,  nous  le 
disons  avec  le  Pape  saint  Léon,  «  est  de  voir  ajouter,  de  la  main  du  Sei- 
oc  gneur,  la  couronne  de  la  foi  à  leur  diadème.  »  Etablis  comme  les  pères 
a  et  les  tuteurs  des  peuples,  ils  leur  procureront  un  bonheur  véritable 
et  constant,  l'abondance  et  la  tranquillité,  s'ils  mettent  leur  principal 
soin  à  faire  fleurir  la  religion  et  la  piété  envers  le  Dieu  qui  porte  écrit 
sur  sou  vêtement:  «  Roi  des  rois,  Seigneur  des  seigneurs.  » 


220  LETTRE  EXCYCLIQUE  DE  GRÉGOIRE   XVI 

Sed  ut  oinnia  hœc  prospère  ac  folicitor  evoniant,  levaimis 
oculos  nianusque  ad  sanctissimam  Virginein  Mariain,  quœ  sola 
iinivorsas  hœreses  int(M*emit,  noslracjue  niaxima  lidiicia,  iino 
Iota  ratio  est  spej  nostrtc  (1).  Suo  ipsa  patrocinio,  in  tanta  Do- 
minici  gréais  necessitate,  sludiis,  consilii.s,  actionibiisque  nostris 
cxitiis  secundissimos  iniploret.  Id  et  ai)  ai)ostol<»riim  principe 
Pelro,  et  alj  ejus  coaposlolo  Paulo  liuniili  pre*-»'  el'llagitenins,  ut 
stetis  onines  pro  niuro,  ne  fundanientinn  aliud  ponatiir  prœter 
id  ipiod  positiim  est.  Ilacjncunda  spc  freti,  conlidinius,  auctorein 
consummatorenique  fidei  .lesuni  Cliristuin  consolaturuin  tandem 
esse  nos  ouines  in  tril)ulationiljus,  quœ  invenerunt  nos  niniis, 
cœlestique  auxilii  auspicein  apostolicaui  lienedictionem,  voijis, 
venerabiles  Fratres,  et  ovibus  vestree  curae  traditis  peramanter 
inipertimur. 

Datuni  Romse  apud  S.  Mariam  Majorem  xviii  kalendas  sep- 
tembris  die  solemni  Assumptionis  ejusdeiu  B.  V.  MAItl.E,  anno 
Dominicœ  Incarnationis  mdcccxxxii,  Pontificalus  nostri  anno  ii. 

GREGORIUS  PP.  XVI. 


(1)  Ex  S.  iJcrnartlo,  Scrni.  de  Nat.  B.  M.  V.,  ^  '/. 


i  MIRARI   VOS   »,    15   AOUT   1832  221 

Mais  pour  que  toutes  ces  choses  s'accomplissent  heureusement,  levons 
les  yeux  et  les  mains  vers  la  très  sainte  Vierge  Marie.  Seule  elle  a  détruit 
toutes  les  hérésies;  en  elle  nous  mettons  une  immense  confiance,  elle  est 
même  tout  l'appui  qui  soutient  notre  espoir.  Ah  !  que  dans  la  nécessité 
pressante  où  se  trouve  le  troupeau  du  Seigneur,  elle  implore  pour  notre 
zèle,  nos  desseins  et  nos  entreprises  les  plus  heureux  succès.  Demandons 
aussi,  par  dhumbles  prières,  à  Pierre,  prince  des  Apôtres,  et  à  Paul, 
Tassocié  de  son  apostolat,  que  vous  soyez  tous  comme  un  mur  inébran- 
lable, et  qu'on  ne  pose  pas  d'autre  fondement  que  celui  qui  a  été  posé. 
Appuyé  sur  ce  doux  espoir,  nous  avons  confiance  que  l'auteur  et  le  con- 
sommateur de  notre  foi,  Jésus-Christ,  nous  consolera  tous  enfin,  au 
milieu  des  tribulations  extrêmes  qui  nous  accablent;  et  comme  présage 
du  secours  céleste,  nous  vous  donnons  avec  amour,  vénérables  Frères,  à 
vous  et  aux  brebis  confiées  à  vos  soins,  la  bénédiction  apostolique. 

Donné  à  Rome,  à  Sainte-Marie-Majeure,  le  18  des  calendes  de  sep- 
tembre, le  jour  solennel  de  l'Assomption  de  cette  bienheureuse  Vierge 
Marie,  l'an  1832  de  riafiarnation  de  Notre-Seigneur,  de  notre  Pontificat 
le  deuxième 

GRÉGOIRE  XVI.  PAPE. 


SS.  GREGORII  PP.  XVI 

EPISTOLA  ENGYCLICA 

Ad  omnes  Patriarchas,  Primates,  Archiepiscopos  et  Episcopos, 

GREGORIUS  PAPA  XVI 

Venerabiles  Fratres, 
Salutem  et  apostolicam  benediclioneni. 

Inter  prœcipuas  machinationes,  quibus  nostra  hac  aetate  aca- 
tholici  diversorum  nominnm  insidiari  cultoribus  catholicae  veri- 
tatis,  eorumque  animos  a  sanctitate  fidei  avertere  connituntur, 
haud  ultimum  tenent  locum  socielates  Biblica*,  quas  in  Anglia 
prinium  instilutas,  ac  longe  hinc  lateque  diffusas,  facto  veluti 
agniine  in  id  conspirare  conspicimus,  ut  divinarum  Scriptura- 
runi  libros  vulgaribus  quibusque  linguis  interpretatos  perma- 
gno  edant  exemplariiim  numéro,  eosqiie  inter  Ghristianos  juxta 
atque  infidèles  nulle  delectu  disséminent,  et  horum  quemlibet 
ad  ilios  nuUo  duce  legendos  alliciant.  Ita  igitur,  quod  suo  jani 
tempore  lamentabatur  Hieronymus  (1),  et  garni! œ  atiiii,  et  deliro 
seni,  et  sophistœ  verboso,  et  unicersis,  si  modo  légère  norint,  cu- 
jusque  conditionis  hominibus  communem  faciuntartemScriptu- 
raruni  sine  magistro  intelligendarum  :  imo,  quod  longe  absur- 
dissimum  pseneque  inauditum  est,  ne  ipsas  quidem  inlideliuni 
plèbes  ab  ejusmodi  intelligentise  communione  excludunt. 

Sed  vos  quidem  mmime  lacei.  venerabiles  Fratres,  quorsum 
haec  societatum  earumdem  molimina  pertineant.  Probe  enim 
nostis  consignatum  in  sacris  ipsis  Litteris  monitum  Pétri  apo- 
stolorum  Principis,  qui  post  laudatas  Pauli  epistolas,  esse  ail  in 
illis  «  queedam  diflicilia  intellectu,  quae  indocti  et  instabiles  de- 
ce  pravant,  sicut  et  cœteras  Scripturas,  ad  suam  ipsorum  perdi- 
«  tionem  ;  »  statimque  adjicit  :  «  Vos  igitur,  fratres,  praescientes 
«  custodite;  ne  insipientium  errore  traducti  escidatis  a  propria 
«  firmitate  (i2).  »  Hinc  et  perspectum  vobis  est  vel  a  prima  chri- 

(  l)  Epist.  ad  Pauliiium  ^  7, quae  est  epislola  lui,  toiu.  I.Op.S.Hieroii» 
edit.  Vallarsii.—  (2)  II  Pétri,  m,   16,  17. 


LETTRE  ENCYCLIQUE 

DE  N.  T.  S.  P.  LE  PAPE  GRÉGOIRE  XVI 

A  tous  les  Patriarches,  Primats,  Archevêques  et  Evêques, 
GRÉGOIRE  XVI,  PAPE. 

VÉNÉRABLES    FrÈRES, 

Salut  et  bénédiction  apostolique. 

Entre  les  manœuvres  principales  qu'emploient  de  nos  jours  les  non 
catholiques  de  dénominations  diverses,  pour  chercher  à  surprendre  les 
serviteurs  de  la  vérité  catholique  et  à  détourner  leurs  esprits  de  la  sain- 
teté de  la  foi,  les  sociétés  bibliques  ne  tiennent  pas  le  dernier  rang. 
Instituées  d'abord  en  Angleterre,  et  de  \h  répandues  au  loin,  nous  les 
voyons  former  comme  un  corps  d'armée  et  s'entendre  pour  publier  à  un 
nombre  infini  d'exemplaires  les  livres  des  divines  Ecritures  traduits  dans 
toutes  les  langues  vulgaires,  pour  les  disséminer  au  hasard,  soit  parmi 
les  chrétiens,  soit  parmi  les  infidèles,  pour  engager  chacun  à  les  lire  sans 
aucune  direction.  Aujourd'hui  donc,  comme  saint  Jérôme  le  déplorait 
déjà  de  son  temps,  on  accorde  «  au  babil  de  la  bonne  femme,  au  rado- 
te tage  du  vieillard  décrépit,  à  la  verbosité  du  sophiste,  à  tous  »  enfin,  de 
quelque  condition  qu'ils  soient  et  pourvu  qu'ils  sachent  lire,  la  faculté 
d'interpréter  les  Ecritures  sans  aucun  guide  ;  bien  plus,  ce  qui  est  le 
comble  de  l'absurdité  et  presque  absolument  inouï,  on  ne  refuse  pas 
cette  intelligence  aux  peuplades  même  infidèles. 


Vous  ne  pouvez  ignorer,  vénérables  Frères,  où  tendent  les  efforts  des 
sociétés  bibliques.  Vous  n'avez  pas  oublié  cet  avis  du  prince  des  apôtres, 
consigné  dans  les  saints  livres  :  après  avoir  loué  les  épifrcs  de  saint 
Paul,  il  dit  «  qu'elles  contiennent  quelques  endroits  difficiles  à  entendre, 
«  que  des  hommes  ignorants  et  sans  consistance  détournent  en  de  mau- 
«  vais  sens,  aussi  bien  que  les  autres  Ecritures,  pour  leur  propre  rume.  » 
Et  il  ajoute  incontinent  :  «  Vous  donc,  mes  frères,  qui  en  êtes  instruits 
ce  d'avance,  prenez  garde;  n'allez  pas,  emportés  par  les  égarements  de 
«  ces  insensés,  déchoir  de  votre  fidélité.  »  Aussi  est-il  bien  établi  pour 


224  LETTRE  ENCYCLIQUE  DE  GRÉGOIl'.E   XVI 

stiani  nominis  œlate  hanc  fuisse  propriam  liœreticorum  artem, 
ut  repudiato  verbo  Dei  lradito,et  Ecclesia'  Calholicœauctoritate 
rejecla,  Scripturas  aut  tnanu  interpolaront,  aut  sensu  evpositione 
interverterent  (I).  Nec  denique  iicnoratis,  quanta  vel  diliiientia 
vel  sapientia  opus  sit  ad  transferenda  lideliter  in  aliam  linguam 
eloquia  Domini;  ut  nihil  proinde  facilius  contingat  quani  ut  in 
eoiunidem  versionibus  per  societates  Biblicas  multiplicatis,  gra- 
vis'.iiini  ex  tôt  interpretum  vel  imprudentia  vel  fraude  inseran- 
tur  eiTores  ,  quos  ipsa  porro  illarum  mullitudo  et  varietas  diu 
occultât  in  perniciem  multorum.  Ipsarum  tamen  societatum  pa- 
rum  aut  nihil  omnino  interest,  si  hominos  Biblia  illa  vulgaribus 
sermonibus  interpretata  lecturi  in  alios  poliusquam  alios  errores 
dilabantur;  dummodo  assuescant  paulatim  ad  liberum  de  Scri- 
pturarum  sensu  judicium  sibinietipsis  vindicandum,  atque  ad 
contemnendas  traditiones  divinas  ex  Patrum  doctrina  in  Ecclesia 
Catholica  custoditas,  ipsumque  EcclesicB  magisterium  repudian- 
dum. 

Hune  in  fineni  Biblici  iidem  socii  Ecclesiam  Sanctamque  hanc 
Pétri  Sedem  calumniari  non  cessant,  quasi  apluribusjam  saecu- 
lis  fidelem  populum  a  sacrarum  Scripluraruni  cognitionearcere 
conetur:  quum  tamen  plurima  extent  eademque  luculentissima 
documenta  singularis  studii,  quo  recentioribus  ipsis  temporibus 
Summi  Pontilices,  eœterique  illorum  ductu  Catholici  antistites 
usi  sunt,  ut  Gatholicorum  gentes  ad  Dei  eloquia  scripta  et  tradita 
impensius  erudirentur.  Quo  imprimis  pertinent  décréta  Triden- 
tinœSynodi,  quibus  neduni  episcopis  mandatum  est,  ut  sacras 
Scripturas  divinamque  Lf.7cw  frequentius  per  diœcesim  annuntian- 
dam  curarent  (2),  sed,  ampliata  insuper  Lateranensis  Concilii  (3) 
institutione,  provisum,  ut  in  singulis  ecclesiis  seu  cathedralibus 
seu  collegiatis  urbium  insigniorumque  oppidorum  non  deesset 
theologalis  prsebenda,  eademque  conferretur  onmino  personis 
idoneis  sacrse  Scripturse  exponendse  et  interpretandae  (4).  De  ipsa 
postmodum  theologali  praebenda  ad  Tridentinae  illius  sanctionis 
normam  constituenda,  et  de  lectionibus  a  canonico  theologo  ad 
clerum  atque  etiani  ad  populum  publiée  habendis  actum  est  in 
plurimis  synodis  provincialibus  (5),  necnon  in  Romano  Goncilio 
anni  MDCGxxv  (6)  in  quod  Benedictus  XIII  fel.  rec.  praedecessor 

(l)  Tertuliianus,  lib.  de  Prœscriplionibus  adver.  hapreticos,  c.  37,  28. 

(:2)  Sess.  -2i,  c.  i,dc  llef.  —  |3)  Coiicil.  Latcran.  anni  1215,  sub  Inno- 
ccntio  III,  cap.  2,  quod  in  corpus  juris  reiatuni  est,  cap.  4^  de  Magistris. 
—  (4)  Trid.  Sess.  5,  c.  1  de  Réf.  —  (oi  In  Concil.  Mediol.  1.  an.  15Go. 
par.  1.  tit.  o  de  Prœb.  Theol.  —  Mediol.  V.  an  1579,  par.  III,  lit.  5  quce 
ad  bene/icior.  collât,  attin.  —  Aquensi,  an.  1585,  lit.  de  Canonicis.  — 
El  aliis  pluiib.  —  (Gj  Tit.  1,  cap.  6,  seqq. 


«   INTER  PRiECIPUAS   »,    8   MAI   1844  225 

vous  que.  dès  les  premiers  âges  du  christianisme,  le  propre  des  héréti- 
ijues  fut  de  répudier  la  parole  de  Dieu  transmise  par  la  tradition,  et  de 
rejeter  lautoritc  de  l'Eglise  catholique,  pour  lacérer  de  leur  main  les 
Ecritures,  ou  en  corrompre  le  sens  par  leur  interprétation.  Vous  n'igno- 
rez pas  non  plus  quelle  sollicitude,  quelle  sagesse  est  nécessaire  pour 
transporter  fidèlement  dans  une  autre  langue  les  paroles  du  Seigneur. 
Qu'y  a-t-il  donc  de  surprenant  si,  dans  ces  versions  multipliées  par  les 
sociétés  bibliques,  l'imprudence  ou  la  mauvaise  foi  de  tant  d'interprètes 
insère  les  erreurs  les  plus  graves,  que  la  multitude  et  la  diversité  des 
traductions  tiennent  longtemps  cachées  pour  la  ruine  de  plusieurs?  Mais 
qu'importe  à  ces  sociétés  que  les  lecteurs  de  leurs  traductions  tombent 
dans  une  erreur  ou  dans  une  autre,  pourvu  qu'ils  s'accoutument  insen- 
siblement à  juger  librement  et  par  eux-mêmes  du  sens  des  Ecritures,  à 
mépriser  les  traditions  des  Pères  conservées  dans  l'Eglise  catholique,  à 
répudier  même  l'autorité  enseignante  de  l'Eglise? 


Aussi  les  membres  de  ces  sociétés  ne  cessent  de  poursuivre  de  leurs 
calomnies  l'Eglise  et  le  Saint-Siège;  ils  l'accusent  de  chercher,  depuis 
plusieurs  siècles,  à  éloigner  le  peuple  fidèle  de  la  connaissance  des  Ecri- 
tures sacrées.  Et  cependant,  combien  de  preuves  éclatantes  du  zèle  remar- 
quable que,  dans  ces  derniers  temps  mêmes,  les  souverains  pontifes  et, 
sous  leur  conduite,  les  autres  évêques  catholiques  ont  mis  à  procurer  au 
peuple  une  connaissance  plus  approfondie  de  la  parole  de  Dieu  soit  écrite 
soit  transmise  par  la  tradition  !  A  cela  se  rapportent  en  premier  lieu  les 
décrets  du  concile  de  Trente;  il  y  est  d'abord  enjoint  aux  évêques  de 
veiller  à  ce  que  les  Ecritures  sacrées  et  la  loi  divine  soient  plus  fré- 
quemment expliquées  dans  leurs  diocèses;  de  plus,  enchérissant  sur  une 
institution  due  au  concile  de  Latran,  il  y  fut  réglé,  que,  dans  chaque 
église  cathédrale  ou  collégiale  des  grandes  cités  et  des  principales  villes, 
il  y  eût  une  prébende  théologale,  et  qu'elle  fût  conférée  exclusivement  à 
des  personnes  capables  d'exposer  et  d'interpréter  la  sainte  Ecriture.  Ce 
qui  concerne  l'érection  de  cette  prébende  théologale,  conformément  aux 
décisions  du  concile  de  Trente,  et  les  explications  publiques  à  donner  aux 
clercs  et  au  peuple  par  le  théologal,  fut  traité  ensuite  dans  plusieurs 
synodes  provinciaux  et  dans  le  concile  romain  de  l'année  17:2o,  où  avaient 
été  convoqués  par  le  pape  Benoit   XllI,  notre  prédécesseur  d'heureuse 


2-J()  LETTRE  ENCYCLIQUE  DE  GnÉGOIRE  XVl 

nosler  nedum  sacros  antistites  Ilomanœ  provincise.  sed  plures 
etiam  ox  anhiepiscopis.  episcopis,  cœtpiisque  locoruni  ordinariis 
SancUe  huie  Sedi  nulle»  medio  subditis  convocaverat(l).  Idem 
prœterea  Summus  Pontifex  eumdeni  in  lincm  nonnulla  constituit 
in  Apostolicis  Litteris,  quas  pro  Italia  nominalim  insulisque  ad- 
jacentibus  dédit  (2).  Vobis  deniqne.  venerabiles  Fratres,  qui  de 
conditione  sacrarum  rerum  in  cujusque  diœcesi  ad  Sedeni  Apo- 
stolicam  statis  teniporibus  referre  (3)  consuevistis.  ex  responsis 
per  nostram  Congregationeni  Concilii  ad  decessores  vestros,  aut 
ad  vos  ipsos  iterum  iterumque  datis,  perspectum  est,  quemad- 
modum  Sanctaeadem  Sedes  c^t  gratulari  episcopis  soleat  si  praî- 
bendatos  theologos  habeant  in  publicis  sacrarum  Lilterarum 
lectionibus  munere  suo  bene  fungentes,  ut  nunquam  intermittat 
excitare  atque  adjuvare  pastorales  illorum  curas,  si  alicubi  res 
adhuc  ex  sententia  non  successerit. 

Cœterum  ad  translata  in  vulgares  linguas  Biblia  quod  attinet, 
multis  jani  abhinc  sseculis  contigerat,  ut  diversis  in  locis  sacri 
antistites  majore  interdum  vigilantia  uti  debuerintubi  versiones 
hujusmodi  aut  in  occultis  lectitari  conventiculis,  aut  per  hœreti- 
cos  impensius  diffundi  animadverterent.  Atque  hue  spectant 
monita  et  cautiones  adhibitre  ab  Innocentio  III  glor.  mem. 
decessore  nostro  circa  laicorum  mulierumque  cœtus,  sub  pietatis 
obtentu  et  legendarum  Scripturarum  causa,  secreto  habitos  in 
Metensi  diœcesi  (4)  :  nec  non  et  peculiares  vulgarium  Bibliorum 
interdictiones,  quas  sive  in  Galliis  paulo  post  (5),  sive  in  Ilispa- 
niis  ante  sœculum  xvi  (6)  latas  invenimus.  Sed  ampliore  postmo- 
dum  providentia  opus  fuit,  cum  Lutherani  Calvinianique  acatho- 
lici,  incommutabilem  fidei  doctrinam  incredibili,  prope  errorum 
varietate  oppugnare  ausi,  nihil  intentatum  relinquebant  ut  fide- 
lium  mentes  deciperent  perversis  explicationibus  sacrarum  Lit- 
terarum  editisque  per  suos  asseclas  novis  illarum  in  popularem 
sermonem  interpretationibus;  quarum  quidem  exemplis  multi- 

(t)  In  Litteris  indictionis  Concilii  2i  deccmbris  1724.  —  (2j  Const. 
Pastoralis  officii,  XIV.  Kalend.  Junii,  an.  1727. 

(3)  Ex  Constit.  Sixti  V.  Romanus  Pontifex,  Xlll.  Kal.  Jan.  an.  1585  et 
Const.  Bened.  XIV.  Quod  sancta  Sardicensis  Sj/nodtis,  IX.  Kal.  de- 
cemb.  1740.  (T.  I.  BuUar.  ejusdem  Ponlif.,  et  ex  Instructione,  quaeexstat 
in  Append.  ad  dict.,  t.  I.) 

(4)  In  tribus  Litteris  datis  ad  Melenses,  alquead  illorum  episcopum  et 
capitul.,  nec  non  ad  abbates  Cistcrcienseni,  .Morimundenscm,  et  de  Crista, 
qua;  sunt  Epist.  141,  142,  lib.  11,  et  Epist.  235,  lib.  IIL  inédit.  Balutii. 
—  (5j  In  Concil.  Tolosano,  anni  1229,  can.  14.  —  (6)  Ex  testirnonio 
Cardinalis  Pacecco  in  Concilie  Tridentino  ^npud  Pallavicinuni,  Storia 
del  Concil.  di  Trente,  lib.  VI,  cap.  12.) 


0    IXTER   PR.ECIPUAS    »,    8    MAI    1844  227 

luénioire,  non  seulement  les  évêques  de  la  province,  mais  9ussi  plusieurs 
des  archevêques,  évoques  et  autres  ordinaires  des  lieux  qui  relevaient  im- 
médiatement du  Saint-Siège.  Dans  ce  but  encore,  le  même  souverain  pon- 
tife établit  plusieurs  statuts  dans  des  lettres  apostoliques  adressées  expres- 
sément à  l'Italie  et  aux  îles  adjacentes.  Et  vous,  nos  vénérables  Frères, 
qui  aux  temps  voulus,  avez  coutume  d'informer  le  Saint-Siège  de  l'état 
de  chacun  de  vos  diocèses,  vous  connaissez  les  réponses  données  par  notre 
Congrégation  du  concile  à  vos  prédécesseurs  et  réitérées  souvent  à  vous- 
mêmes  ;  et  vous  saA'ez  combien  le  Saint-Siège  s'empresse  de  féliciter  les 
évêques  lorsqu'ils  ont  des  théologiens  prébendes  qui  accomplissent  digne- 
ment leur  devoir  et  expliquent  en  public  les  saintes  Lettres;  comment  il 
ne  cesse  d'exciter,  d'animer  leur  sollicitude  pastorale,  lorsque  sous  ce 
rapport  il  ne  trouve  pas  encore  tout  ce  qu'il  désire. 


Quant  h  ce  qui  regarde  es  traduciions  de  a  Bible,  déjà  depuis  plu- 
sieurs siècles  les  évêques  ont  dû,  de  temps  en  temps  et  en  j)lusieurs  en- 
droits, redoubler  de  vigilance,  en  les  voyant  lues  dans  des  conventicules 
secrets,  et  répandues  avec  profusion  par  les  hérétiques.  C'est  à  cela  qu'ont 
trait  les  avertissements  et  les  décrets  de  notre  prédécesseur  de  glorieuse 
mémoire,  Innocent  III,  relatifs  à  certaines  réunions  secrètes  d'hommes 
et  de  femmes,  tenues  dans  le  diocèse  de  Metz,  sous  le  prétexte  de  vaquer, 
à  la  piété  et  à  la  lecture  des  livres  saints.  Nous  voyons  aussi  des  traduc- 
tions de  Bibles  condamnées  en  France  bientôt  après  et  en  Espagne  avant 
le  xvi®  siècle.  Mais  il  fallait  user  d'une  vigilance  nouvelle  avec  les  héré- 
sies de  Luther  et  de  Calvin.  Assez  audacieux  pour  vouloir  ébranler  la 
doctrine  immuable  de  la  foi  par  la  diversité  presque  incroyable  des 
erreurs,  leurs  disciples  mirent  tout  en  œuvre  pour  tromper  les  âmes  des 
fidèles  par  de  fautives  explications  des  saints  livres  et  de  nouvelles  tra- 
ductions, merveilleusement  aidés,  dans  la  rapidité  et  l'étendue  de  leur 


228  LETTRE  ENCYCLIQUE  DL;  GRÉGOIHE  XVI 

plicanuis,  et  citissime  divulgandis  inventœ  nuper  typographirœ 
artis  prresidio  juvabanlur.  Itaque  iis  in  regulis,  quœ  a  Patribus 
a  Tridcntina  Synodo  delcctis  conscripta-,  et  a  Pio  IV  fel.  niem. 
pra}decessore  nostro  (1)  approbatœ,  Indicique  libroruni  probi- 
bitorum  praeniissy3  siint,  generali  sanctione  slalutum  legitur.  ut 
Hiblia  vulgari  sernione  édita  non  aliis  perniitterentur  nisi  qui- 
bus  illorum  lectio  ad  fidei  atque  pietdlis  aiif/mnilum  profutiira  ju- 
dicarelur  (2).  Hmc  eidem  regulœ^  nova  subinde,  propter  persé- 
vérantes bœrelicorum  fraudes  cautione  constricta,  ac  demum 
auctoritate  Benedicti  XIV  adjecta  dcclaratio  est,  ut  permissa 
porro  babeatur  lectio  vulgarium  versionum,  quœ  «  ab  Aposto- 
«  lica  Sede  approbatae,  aut  cum  annotation!  1ms  desumptis  ex 
«  sanctis  Ecclesiœ  Patribus  vel  ex  doctis  Catholicisque  viris  » 
editœ  fuerint  (3). 

Non  defuere  intérim  novi  ex  Jansenii  scholasectarii,  qui  banc 
Ecclesiœ  Sedisque  Apostolicœ  prudentissimam  œconomiam  mu- 
tuato  a  Lutheranis  Calvinianisque  stylo  reprehendere  non  sunt 
veriti,  quasi  Scripturarum  lectio  unicuique  fidelium  generi 
omni  tempore  atque  «bique  locorum  utilis  et  necessaria  esset, 
atque  ideo  nemini  posset  auctoritate  ulla  interdici.  Hanc  vero 
Jansenianorum  audaciani  graviori  censura  reprehensam  habe- 
nms  in  solemnibus  judiciis,  quœ  toto  plaudente  catliolico  orbe 
contra  illorum  doctrinas  tulerunt  bini  rec.  mem.  Summi  Pon- 
tifices,  nimirum  Glemens  XI  in  Gonstitutione  Unigemtns 
anni  mdccxhi  f-4),  et  Plus  VI  in  Constit.  Auciorem  fidei 
an  ni  mdccxciv  (5). 

Ita  igitur  antequam  instituerentur  societates  biblicœ,  jamdu- 
dum  in  commemoratis  Ecclesiœ  decretis  fidèles  prœmuniti  fue- 
rant  ad  versus  hœreticorum  fraudem,  in  spccioso  illo  divinas 
Litteras  ad  communem  usum  dilTundendi  studio  latentem.  Pius 
autem  VII  glor.  rec  prœdecessor  noster,  qui  societates  ipsas 
suo  tempore  ortas  magnis  invalescere  auctibus  comperit,  haud 
sane  abstinuit  opponere  se  illarum  conatibus  tum  per  aposto- 
licos  suos  nuntios,  tum  per  epistolas  et  per  décréta  a  diversis 
cardinalium  S.  R.  E.  Congregationibus  édita  (6j,  tum  suis  dua- 

[i)  \nQ,on?,Wl.  Dominki  gregis,  24  marlii  156i.  —  (2)  In  Regulis 
Indicis  III  et  IV.  —  (3)  In  Addition,  ad  dict.  Regul.  IV,  e.\  dccrelo  Coii- 
grcgationis  Indicis  17  junii  1757. 

(4)  In  proscriptione  Propositionum  Quesnclli,««  num.  79  ad  85.  — 
(o)  In  daninationc  Proposit.  Pseudo-Synodi  Pistoriensis,  nuni.  G7. 

(6)  Impriniis  per  epistolani  Congregationis  Propagandae  Fidei  ad  vica- 
rios  aposlolicos  Persiœ,  Arnieni;p,  aliaruinque  Orienlis  regionuni  dalam 
3  augusti  1816,  et  per  Decieluni  <le  omnibus  liujusniodi  vcrsionibus 
edituni  a  Cong,  Indicis  23  junii  1817. 


a   INTER  PR.ECIPUAS   »,   8   MAI    1844  259 

débit,  par  Tari  nais-;ant  de  limpriniene.  Aussi,  dans  les  règles  que  rédi- 
gèrent les  Pères  choisis  par  le  coiieiie  de  Trente,  qu'approuva  notre  pré- 
décesseur Pie  IV,  d'Iieureuse  mémoire,  et  qui  furent  inscrites  en  tète  de 
l'index  des  livres  défendus,  il  est  expressément  statué  de  ne  permettre  la 
lecture  d'une  traduction  de  la  Bible  qu'à  ceux  qu'on  juge  devoir  y  jjuiser 
Vaccroissement  de  la  piété  et  de  la  foi.  Cette  i-ègle  dut  être  restreinte 
encore  à  raison  de  l'astuce  persévérante  des  hérétiques,  et  Benoît  XIV 
déclara,  avec  toute  son  autorité,  qu'on  pouvait  regarder  comme  permise 
la  lecture  des  traductions  a  approuvées  par  le  Siège  Apostolique,  ou 
a  publiées  avec  des  annotations  tirées  soit  des  Pères  de  l'Eglise,  soit 
a  d'interprètes  savants  et  catholiques,  a 


Cependant  il  se  rencontra  des  adeptes  de  la  secte  janséniste  qui, 
empruntant  la  logique  des  luthériens  et  des  calvinistes,  ne  rougirent  pas 
de  reprocher  à  l'Eglise  et  au  Saint-Siège  cette  sage  conduite.  A  leur  dire, 
la  lecture  de  la  Bible  était  utile  et  nécessaire  à  chaque  fidèle  en  tout 
temps  et  partout  ;  aucune  autorité  n'avait  donc  le  droit  de  l'interdire. 
Cette  audace  des  jansénistes  fut  condamnée  avec  plus  de  rigueur  dans 
deux  décisions  solennelles  que  portèrent  contre  leurs  doctrines,  aux 
applaudissements  de  tout  l'univers  catholique,  deux  souverains  pontifes, 
d'honorable  mémoire,  Clément  XI,  par  sa  constitution  Untgenitus  de 
1713,  Pie  VI,  par  la  constitution  Auctorem  fidei  de  1794. 


Ainsi,  les  sociétés  bibliques  n'étaient  pas  encore  établies,  et  déjà  les 
décrets  mentionnés  avaient  prémuni  les  fidèles  contre  l'astuce  des  héré- 
tiques, voilée  sous  le  zèle  spécieux  de  propager  la  connaissance  des  Ecri- 
tures. Pie  VH,  notre  prédécesseur  de  glorieuse  mémoire,  vit  ces  sociétés 
naître  et  prendre  de  grands  développements;  il  ne  cessa  de  résister  à 
leurs  efforts  par  ses  nonces  apostoliques,  par  des  lettres,  des  décrets  ren- 
dus dans  diverses  congrégations  des  cardinaux,  par  deux  lettres  pontifi- 


230  LETTRE  ENCYCLIQUE  DE  GRÉGOIRE  XVI 

buspontificiis  Litteris  quas  ad  Gnesnensem  (1)  atque  ad  Mohilo- 
viensem  (2)  archiepiscopos  dédit.  Sul)inde  Léo  XII,  fel.  niom. 
decossor  noster,  ipsa  illa  Biblicorum  sociorum  molimina  persé- 
cutas est  in  encyclicis  Litteris  ad  oniiies  catholici  nri)is  antistites 
datis  die  v  Maii  an.  mdcccxxiv;  idqiie  ipsuni  deniio  fecit  novis- 
simus  fel.  item  record  prœdecessor  noster  PiusVllI  in  encyclica 
Epistola  édita  die  xxiv  maii  an.  mdcccxxix.  Nos  tandem,  qui 
meritis  longe  imparibus  in  hujus  locum  successimus,  haud  sane 
prœtermisimus  eumdem  in  tinem  apostolicam  sollicitudinem 
nostram  impendere,  atque  inter  alia  cnravimus,  ut  sancilae  olim 
de  vulgaribus  Scripturarum  translationibus  regulae  in  (idelium 
memoriarn  revocarentur  (3). 

Est  aulem  cur  vobis  summopere  gratulemur,  venerabiles 
Fratres,  quod  excitati  pietate  prudentiaquevestra  et  supradictis 
decessorum  nostrorum  Litteris  confirmati  haudquaquam  ne- 
glexistis  commonere  ubi  opus  fuit  catbolicas  oves,  utab  insidiis 
caverent,  quœ  sibi  a  biblicis  sociis  struebantur.  Ex  hisce  autem 
episcoporum  studiis  cum  supremœ  hujus  Pétri  Sedis  sollicitudine 
conspirantibus,  benedicente  Domino  factum  est,  ut  incauti  qui- 
dam catholici  homines,  qui  biblicis  societatibus  imprudenter 
favebant,  perspecta  subinde  fraude,  ab  eisdem  recesserint,  et 
reliquus  fidelium  populus  immunis  ferme  a  contagione  perman- 
serit,  quae  inde  illi  imminebat. 

Ea  intérim  spe  tenebantur  sectarii  biblici,  ut  magnam  se  con- 
secuturos  laudem  non  ambigerent  ex  infidelibus  ad  christiani 
nominis  professionem  utcumque  inducendis  pcr  lectionem  sacro- 
rum  Codicum  vulgari  ipsoruip.  lingua  editorum,  (juos  ingenti 
plane  exemplarium  copia  missionariis,  seu  excursoribus  a  se 
destinatis,  per  illorum  regiones  distribui  ac  vel  nolentibus  obtrudi 
curabant.  Sed  hominibus  christianum  nomen  prœter  régulas  a 
Christo  ipso  institutas  propagare  conantibus  nihil  pœne  ex  sen- 
tentia  contigit,  nisi  quod  potuere  interdum  nova  creare  impe- 
dimenta catholicis  sacerdotibus,  qui  ad  gentes  ipsas  ex  Sanctaî 
hujus  Sedis  missione  pergentes  nuUis  parcebant  laboribus,  ut 
prœdicatione  verbi  Dei  sacramentorumque  administratione 
novos  Ecclesiœ  filios  parèrent,  parati  etiam  pro  illorum  sainte 
atque  testimonium  fidei  sanguinemsuum  inter  exquisita  quaeque 
tormenta  profundere. 

Jam  vero  inter  sectarios  illos  sua  ita  expectatione  frustratos, 
et  perdolenti  recogitantes  animo  ingenteni  pecunise  vim  hacte- 
nus  erogatam  suis  Bibliis  edendis  nulloque  fructu  divulgandis, 

(l)Die  i  junii  181G.  —  (-2(  Die  4  septemhris  181G.  —  (3)  hi  monito 
adjecto  ad  Decretuni  Congiegatioiiis  liulicis  7  januarii  183G. 


«    INTEIi    PR.ECIPUAS    i>,   S    MAI    1814  231 

cales  adressées  aux  archevêques  de  Gnesnc  et  de  Moliiloff.  Quant  à 
Léon  XII,  notre  prédécesseur  d'heureuse  mémoire,  il  signala  les  ma- 
nœuvres des  sociétés  bibliques  dans  sa  lettre  encyclique  du  o  mai  182i, 
adressée  à  tous  les  évêques  de  l'univers  catholique.  C'est  ce  que  fit 
aussi  Pie  VIH  dans  l'Encyclique  du  24  mai  1829.  INous  enfin,  qui  avons 
succédé  à  sa  charge,  si  indigne  que  nous  en  soyons,  nous  n'avons  pas 
oublié  d'appliquer  au  même  dessein  notre  sollicitude  pastorale,  et  nous 
avons  tenu,  entre  autres  chr.-^es,  à  rappeler  aux  fidèles  les  règles  déjà 
établies  relativement  aux  traductions  de  la  Bible. 


ÎSous  devons  ici  vous  féliciter  vivement,  vénérables  Frères,  de  ce 
qu'excités  par  votre  piété  et  votre  sagesse,  soutenus  par  les  lettres  de 
nos  prédécesseurs,  vous  n'avez  pas  négligé  d'avertir  au  besoin  le  trou- 
peau fidèle,  pour  le  prémunir  contre  les  pièges  tendus  par  les  sociétés 
bibliques.  Ce  zèle  des  évêques,  uni  à  la  sollicitude  du  Saint-Siège,  a  été 
béni  du  Seigneur;  avertis  du  mal,  plusieurs  catholiques  imprévoyants 
qui  favorisaient  les  sociétés  bibliques,  se  sont  retirés,  et  le  peuple  a  été 
presque  entièrement  préservé  de  la  contagion  qui  le  menaçait. 


Cependant  les  sectaires  biblisles  se  promettaient  une  grande  gloire;  ils 
comptaient  amener  jusqu'à  un  ceitain  point  les  infidèles  à  la  profession  du 
christianisme,  par  la  lecture  des  Livres  sacrés  publiés  dans  les  langues 
vulgaires  de  ces  peuples,  et  répandus  à  un  nombre  infini  d'exemplaires 
par  les  missionnaires  ou  colporteurs  qu'ils  envoient  dans  ces  régions 
pour  les  distribuer  à  qui  veut  les  recevoir  et  même  pour  les  faire  rece- 
voir bon  gré  mal  gré  à  qui  n'en  veut  pas.  Mais  à  ces  hommes  qui  cher- 
chent à  propager  le  nom  chrétien,  en  se  plaçant  en  dehors  des  règles 
instituées  par  le  Christ  lui-même,  rien  ou  presque  rien  n'a  réussi  selon 
leurs  espérances  :  ils  ont  pu  seulement  créer  quelquefois  de  nouveaux 
obstacles  à  ces  prêtres  catholiques,  qui,  après  avoir  reçu  leur  mission  du 
Saint-Siège,  vont  vers  ces  mêmes  peuples,  et  n'épargnent  aucun  labeur 
afin  d'engendrer  de  nouveaux  fils  à  l'Eglise  par  la  parole  de  Dieu  et  par 
l'administration  des  sacrements,  prêts  à  répandre  leur  sang  dans  les  plus 
eruels  supplices  pour  le  salut  des  âmes  et  en  témoignage  de  la  foi. 


Or,  parmi  ces  sectaires,  ainsi  frustrés  dans  leur  attente  et  réfléchissant 
dans  leur  esprit  chagrin  aux  sommes  immenses  dépensées  à  éditer  leurs 
Bibles  et  à  les  répandre  sans  aucun  lésultat,  il  s'en  est  trouvé  naguère 


232  LETTRE  ENCYCLIQUE  DE  GHÉGOIHE  XVI 

inventi  nupcr  aliqui  sunt,  qui  machinationes  suas  novo  quodam 
ordine  disposuerunt  ad  If.alorum  poli.ssimuni  nostrœque  ipsius 
urbis  civium  animos  prima  veluti  a^gressione  appctendos.  Sci- 
licet  exacccptis  modo  nuntiis  docunienlisque  conipertum  habe- 
mus,  plurcs  homines  diversarum  sectaniin  Neo-Eboraci  in  Ame- 
rica proximo  anno  convenisse,  pridioque  idus  Junias  inivisse 
novam  societatem  Fœderis  Christiani  nomine  nuncupatam,  et 
aliis  poiTO  atque  aliis  ex  omni  gente  sodalibus,  seu  coiistitutis 
in  ejusdem  auxilium  sodalitiis  amplificandam  ;  quorum  com- 
mune cum  ipsis  consilium  sit,  ut  religiosam  libertatem,  seu 
potius  vesanum  indifîerentiae  super  rcligione  studium  llomanis 
Italisque  cœteris  infundant.  Fatentur  enimvero  a  pluribus  rétro 
SGcculis  tantum  ubique  ponderishabuissellomanseltalaequegen- 
tis  instituta,  ut  nil  magnum  in  orbe  processerit,  quin  factum 
fuent  ab  aima  bac  Urbe  principium  ;  quod  quidem  non  ex  con- 
stituta  hic,  disponente  Domino,  suprema  Pétri  Sede,  sed  ex 
quibusdam  antiquee  Romanorum  dominationis  reliquiis,  in  usur- 
pata,  ut  dictitant,  a  decessoribus  nostris  potestate  permanenti- 
bus,  derivatum  volunt.  Quare  cum  statutum  illis  populos  uni- 
versos  conscientiœ  seu  potius  erroris  libertate  donare,  ex  qua, 
veluti  e  suo  fonte,  politica  ctiani  libertas  cum  publicae  ad  ipso- 
rum  sensum  prosperitatis  incremento  dimanet  ;  nihil  tamen  sibi 
posse  videntur,  nisi  prirnum  apud  Italos  Uomanosque  cives  ali- 
quid  profecerint,  eorum  deinceps  auctoritate  atque  studiis  pênes 
reliquas  gentes  magnopere  usuri.  Atque  id  facile  se  assecuturos 
confidunt,  cum  tôt  ubique  terrarum  Itali  sint  diversis  in  locis 
degentes,indequeinpatriam  haud  levi  numéro  rémanentes;  quo- 
rum non  paucos  vel  novarum  rerum  studio  sua  jam  sponte 
incensos,  vel  corruptos  moribus,  aut  inopia  afflictos  nnllo  fere 
negotio  ad  nomen  societati  dandum,  vel  saltem  ad  suamoperam 
pretio  ilii  vendendum  alliciant.  Eo  igitur  curas  suas  converte- 
runt,  ut  horum  manibus  undique  conquisitis  vulgaria  corrupta- 
que  Biblia  hue  advehantur  et  in  manus  fideliumclancuium  inge- 
rantur  :  itemque  ut  distribuantur  una  simul  pessimi  alii  libelli- 
que,  ad  mentem  legentium  ab  Ecclesiœ  Sanctseque  hujus  Sedis 
obsequio  abalienandam,  Italorum  eorumdem  opecompositi,  aut 
in  patrium  sermonem  translati  ex  aliis  auctoribus  ;  inter  quos 
Hisloriam  reformationis  a  Merle  ci Aubigné  conscriptam,  et  JMemo- 
rabilia  super  roformatione  apud  Italos  Joannis  Cric  prsecipue  dési- 
gnant. Cœterum  de  toto  hoc  librorum  génère,  quale  futurum  sit 
vel  ex  eo  intelligi  polest,  quod  societatis  statuto  prsescriplum 
fertnr  circa  peculiares  sodalium  quorumdam  coetus  librorum 
delectui  destinâtes,  videlicet  ut  nunquam  in  hos  ne  duo  quidem 
unius  ejusdtm  religiosœ  sectae  viri  conveniant. 


«    INTER    PR.ECIPUAS    »,    8    MAI    1844  233 

qui  ont  ourdi  leurs  trames  sur  un  nouveau  plan,  se  j)roposant  pour  but 
d'atteindre,  comme  par  une  première  attaque,  les  imcs  des  habitants  de 
l'Italie  et  des  citoyens  de  notre  propre  Ville.  11  nous  est  prouvé  i)ar  des 
messages  et  des  documents  reçus  il  y  a  peu  de  temps,  que  des  hommes 
de  sectes  diverses  se  sont  réunis  l'an  dernier  à  ÎNew-York  en  Amérique, 
et  la  veille  des  ides  de  juin,  ont  formé  une  nouvelle  association  dite  de 
VAlliance  chrétienne,  destinée  à  recevoir  dans  son  sein  des  membres  de 
tout  pays  et  de  toute  nation,  et  à  se  fortifier  par  l'adjonction  ou  l'affilia- 
tion d'autres  sociétés  établies  pour  lui  venir  en  aide,  dans  le  but  commun 
d'inoculer  aux  Romains  et  aux  autres  peuples  de  l'Italie,  sous  le  nom  de 
liberté  religieuse,  l'amour  insensé  de  l'indilîérence  en  matière  de  reli- 
gion. Car  ils  avouent  que  depuis  un  grand  nombre  de  siècles  les  institu- 
tions de  la  nation  romaine  et  italienne  sont  d'un  si  grand  poids,  que 
rien  de  grand  ne  s'est  produit  dans  le  monde  qui  n'ait  eu  son  principe 
dans  cette  Ville  mère;  ce  qu'ils  n'attribuent  pas  à  l'établissement  en  ces 
lieux,  par  la  disposition  du  Seigneur,  du  siège  suprême  de  Pierre,  mais 
à  certains  restes  de  l'antique  domination  des  Romains,  que  l'on  voit 
encore,  disent-ils,  dans  la  puissance  que  nos  prédécesseurs  ont  usurpée. 
Résolus  donc  de  gratifier  tous  les  peuples  de  la  liberté  de  conscience  ou 
plutôt  de  la  liberté  de  l'erreur,  d'oii  coule,  comme  de  sa  source,  et  pour 
l'accroissement  de  ce  qu'ils  appellent  la  prospérité  publique,  la  liberté 
politique,  ils  croient  ne  rien  pouvoir  si,  d'abord,  ils  n'avancent  leur 
œuvre  auprès  des  citoyens  Italiens  et  Romains,  dont  l'autorité  et  l'action 
sur  les  autres  peuples  leur  serait  ensuite  un  secours  tout  puissant.  Ce 
qui  leur  fait  espérer  d'atteindre  aisément  ce  premier  résultat,  c'est  qu'un 
si  grand  nombre  d'Italiens  séjournent  dans  les  diverses  parties  de  la 
terre,  d'où  un  grand  nombre  reviennent  à  la  patrie  :  beaucoup  d'entre 
eux  étant  déjà  ou  spontanément  enflammés  du  goût  des  choses  nouvelles, 
ou  corrompus  dans  leurs  mœurs,  ou  en  proie  à  la  misère,  on  les  déter- 
mine presque  sans  peine  à  s'enrôler  dans  l'Association  nouvelle  ou  du 
moins  à  lui  vendre  leur  concours  à  prix  d'argent.  Ainsi  donc,  après 
avoir  recueilli  ces  hommes  de  toutes  parts,  ils  emploient  tous  les  moyens 
pour  faire  porter  jusque  dans  Rome  leurs  Bibles  en  langue  vulgaire  et 
corrompues,  et  pour  les  faire  distribuer  clandestinement  aux  fidèles; 
pour  faire  distribuer  en  même  temps  et  afin  d'aliéner  l'esprit  des  lecteurs 
de  l'obéissance  due  à  l'Eglise  et  à  ce  Saint-Siège,  les  livres  et  les  libelles 
les  plus  détestables,  composés  par  ces  Italiens,  ou  traduits  par  eux  d'au- 
tres auteurs  ;  parmi  eux  ils  recommandent  particulièrement  l'histoire  de 
la  Réforme,  de  Merle  d'Aubigné,  et  les  Mémoires  sur  la  Réforme  en 
Italie,  de  Jean  Cric.  Du  reste,  on  peut  se  faire  une  idée  de  ce  que  peuvent 
être  tous  ces  écrits,  d'après  ce  statut  qu'on  attribue  à  l'association;  il  y 
est  dit  qu'on  ne  peut  jamais  admettre  dans  certaines  réunions  particu- 
lières pour  le  choix  des  livres,  deux  membres  appartenant  à  la  même 
secte  reliffieuse. 


234  LETTllE  EXCYCLIQUE  DE   GriÉCOinE   .\VI 

Hœc  lit  ]iiimnm  relata  ad  nos  sunl,  non  potuimus  equidem 
non  conlrislari  2:raviler  in  consideratione  periculi,  quod  ncdiim 
per  remota  ab_  Urhe  loca,  scd  prope  ipsum  Catholicaî  unitatis 
centrum,  incolumitati  rcligionis  sanctissimœ  a  sectariis  parari 
cognovimus.  Quamvis  enim  tiniendum  minime  sit  ne  deficiat 
unquam  Pétri  Sedes,  in  qua  inexpugnabile  Ecclesiœ  suai  funda- 
mentum  a  Christo  Uoniino  posilum  est,  non  ideo  tamen  cessare 
nos  licet  ab  illius  auctoritate  tuenda  :  et  ipso  insuper  supremi 
apostolatus  officio  admonemur  severissimse  rationis,  quam 
reposcet  a  nobis  divinus  pastorum  Princeps  ob  succrescentia  in 
Dominico  agro  zizania,  si  quœ  ab  inimico  homine  nobis  dor- 
mientibus  superseminata  fuerint,  atque  ob  creditarum  ovium 
sanguinem  quœ  nostra  bine  culpa  perierint. 

Itaque  nonnullis  S.  R.  E.  cardinalibus  in  consilium  adhibitis, 
ac  tota  rei  causa  graviter  matureque  perpensa,  ex  eorum  quo- 
que  sententia  deliberavimus  banc  ad  vos  omnes  dare  epistolam, 
venerabiles  Fratres,  qua  et  cunctas  supradictas  socie4,ates  bibli- 
cas  dudum  a  nostris  decessoribus  reprobatas  apostolica  rursus 
auctoritate  condemnamus;  et  nostri  pariter  supremi  Apostola- 
tus judicio  reprobamus  nominatim  et  condemnamus  memora- 
tam  novam  societatem  Christiani  Fœderis,  superiore  anno  Neo- 
Eboraci  constitutam,  et  alia  ejusdem  generis  sodalitia  si  quae 
jam  ei  accesserint  aut  in  posterum  accèdent  Hinc  notum  omni- 
bus sitjgravissimi  coram  Deo  et  Ecclesia  criminisreos  fore  illosi 
omnes,  qui  alicui  earumdem  societatum  dare  nomen,  aut  ope- 
ram  suam  commodare  seu  quomodocumque  favere  prœsumpse- 
rint.  Confirmamus  insuper  et  innovamus  auctoritate  apostolica 
supra  memoratas  praescriptiones  jamdiu  éditas  super  editione, 
divulgatione,  lectione  et  retentione  librorum  sacrae  Scripturœ  in 
vulgares  linguas  translatorum  :  de  aliis  vero  cujusque  scripto- 
ris  operibus  in  communem  notitiam  revocatum  volumas,  stan- 
dum  esse  generalibus  reguliset  decessorum  nostrorum  decretis, 
quœ  Indici  prohibitorum  librorum  prœposita  babentur;  atque 
adeo  non  ab  iis  tantum  libris  cavendum  esse  qui  nominatim  in 
eumdem  Indicem  relati  sunt,  sed  ab  aliis  etiam,  de  quibus  in 
commemoratis  generalibus  prioscriptionibus  agitur. 

Vobis  autem,  venerabiles  Fratres,  ulpote  in  nostrœ  sollicitu- 
dinis  partem  vocatis,  commendamus  in  Domino  vebementer,  ut 
apostolicum  judicium  et  mandata  bœc  nostra  oonireditis  pasto- 
rali  procurationi  vestrœ  populis  annuntietis  et  explicetis,  pro 
Joco  et  tempore;  fidelesque  oves  a  prœdicta  socieiate  Fœderis 
Christiani,  cœterisque  eidem  auxiliaiitibus,  nec  non  ab  aliis  bi- 
blicis  societatibus,  atque  ab  omni  cuin  illis  communicatione  aver- 
tere  connitamini.  Juxta  liœc  vestrum  quoque  erit  tum  Biblia  in 


«    IXTER    PR.ECIPUAS   »,    8    xMAI    1844  235 

Aussitôt  que  ces  clioscs  nous  ont  été  rapportées,  nous  n'avons  pu  que 
nous  al'tligcr  profondément  en  considérant  le  péril  préparé  par  les  sec- 
taires à  notre  sainte  Religion,  non  seulement  dans  les  lieux  éloignés  de 
Rome,  mais  jusqu'au  centre  même  de  l'unité  catholique.  On  ne  doit  pas 
craindre  ^ans  doute  de  voir  jamais  tomber  le  siège  de  Pierre  sur  lequel 
a  été  posé  par  le  Christ  Notre-Seigneur,  l'inexpugnable  fondement  de  son 
Eglise;  il  ne  nous  est  pas  permis  cependant  de  négliger  la  défense  de  son 
autorité,  et  l'office  même  du  suprême  apostolat  non:  rappelle  que  le 
Prince  divin  des  Pasteurs  nous  demandera  un  compte  rigoureux  de 
Tivraiequi  croît  dans  le  champ  du  Seigneur,  si  l'homme  ennemi  a  pu  en 
répandre  la  semence  pendant  notre  sommeil,  et  du  sang  des  brebis  con- 
fiées à  notre  garde,  si  c'est  par  notre  faute  qu'elles  ont  péri. 


Aussi,  après  avoir  consulté  plusieurs  cardinaux  de  la  sainte  Eglise, 
après  avoir  gravement  et  miirement  pesé  toute  l'afTaire,  de  leur  avis, 
nous  avons  résolu  de  vous  adresser  à  tous  cette  lettre,  vénérables  Frères. 
Nous  y  condamnons  de  nouveau,  en  vertu  de  l'autorité  apostolique, 
toutes  les  susdites  sociétés  bibliques  déjà  réprouvées  par  nos  prédéces- 
seurs ;  et  de  même,  par  le  jugement  de  notre  suprême  apostolat,  nous 
réprouvons  nominativement  et  nous  condamnons  l'association  nouvelle 
ci-dessus  désignée,  de  V Alliance  chrétienne,  constituée  l'an  dernier  à  New- 
York,  ainsi  que  toutes  les  sociétés  de  même  genre  qui  déjà  se  seraient 
unies  ou  qui  s'uniraient  dans  la  suite  à  cette  association.  Que  tous  le 
sachent  donc:  ce  serait,  devant  Dieu  et  devant  l'Eglise,  se  rendre  cou- 
pable d'un  crime  très  grave  que  de  s'affilier  ou  prêter  aide  à  quelqu'une 
desdites  sociétés  ou  de  les  favoriser  d'une  manière  quelconque.  Nous 
confirmons  en  outre  et  nous  renouvelons  par  notre  autorité  apostolique 
les  prescriptions  rappelées  plus  haut  et  déjà  depuis  longtemps  promul- 
guées sur  la  publication,  la  propagation,  la  lecture  et  la  conservation  des 
livres  de  l'Ecriture  sacrée  traduits  en  langues  vulgaires  ;  quant  aux  autres 
ouvrages,  quels  qu'en  scient  les  auteurs,  tous  doivent  savoir  qu'il  faut 
s'en  tenir  aux  règles  générales  et  aux  décrets  de  nos  prédécesseurs  ])iaccs 
en  tête  de  l'Index  des  livres  prohibés;  et  qu'on  doit  se  garder  non  seule- 
ment des  livres  nominativement  indiqués  dans  ce  même  Index,  mais 
encore  de  tous  ceux  dont  il  est  question  d'une  manière  générale  dans  les- 
dites  prescriptions. 

Pour  vous,  vénérables  Frères,  appelés  à  partager  notre  sollicitude, 
nous  vous  recommandons  vivement,  dans  le  Seigneur,  d'annoncer  et 
d'expliquer,  selon  les  lieux  et  les  temps,  aux  peuples  confiés  à  votre 
charge  pastorale,  ce  jugement  apostolique  et  nos  présents  commande- 
ments; faites  aussi  tous  vos  efforts  pour  éloigner  les  brebis  fidèlesde  la 
susdite  association  de  VAlliance  chrétienne,  et  de  toutes  celles  qui  lui 
viennent  en  aide,  ainsi  que  des  autres  sociétés  bibliques,  et  de  tout  rap- 
port avec  les  unes  et  les  autres.  Vous  devrez  encore,  d'après  cela,  oter 
des  mains  des  fidèles  soit  les  Bibles  traduites  en  langue  vulgaire,  publiées 


236  LETTRE  EN'CYCLIQUE  DE  GRÉGOIRE  XVI 

viilgarem  linguam  conversa,  quae  contra  supradictas  Roniano- 
nnn  roiiUliciim  sanctiones  édita  fucrint,  tum  alios  quoscunique 
proscriptos  damnososvc  libros  e  fidclium  manibus  evollere, 
atqnc  adeo  provid  rc  ut  fidèles  ipsi  et  monitis  et  auctoritate 
vestra  edoceanlur  quod  pabitli  genus  sibi  salulare,  quod  noxium  ac 
mortiferum  ducere  debeant  (1). 

Intérim  instate  quotidie  magis,  venerabiles  Fratres,  prœdica- 
tioni  verhi  Dei  tum  per  vos  ipsos,  tum  per  singulos  in  cujusque 
diœcesi  animarum  curatores,  aliosque  viros  ecclesiasticos  ei 
muneri  idoneos;  atque  advigilate  impensius  super  ilios  praeser- 
tim,  qui  destinati  sunt  lectionibus  sacrae  Scriptnrœ  publiée 
habendis,  ut  ofiicio  suo  ad  audientium  captum  diligenter  fun- 
gantur,  et  sub  nullo  unquam  obtentu  divinas  ipsas  Litteras  con- 
tra Patrum  traditionem  aut  praHer  Ecclesiee  Gatholicée  sensum 
interpretari  et  explicare  audeant.  Denique  sicut  boni  pastoris 
proprium  est  non  modo  tueri  atque  enutrire  adhœrentes  sibi 
oves,  sed  eas  etiam,  quœ  in  longinqua  recesserint,  quterere  ac 
revocare  ad  ovile;  ita  et  vestri  nostrique  muneris  erit  omnes 
pastoralis  studii  nervos  eo  item  intendere,  ut  quicumque  ab 
hujusmodi  sectariis  noxiorumque  iibrorum  propagatoribus 
seduci  se  passi  sint.  gravitatem  peccati  sui  per  Uei  gratiam 
agnoscant,  et  salutaris  pœnitentise  remediis  expiare  satagant  : 
nec  vero  abjiciendi  sunt  abeodem  sacerdotalis  sollicitudinis  stu- 
dio seductores  illorum,  prœcipuique  ipsi  impietatis  magistri; 
quorum  etsi  major  iniquitas  sit,  non  tamen  abstinere  debemus 
ab  eorum  salute,  quibus  polerimus  viis  et  modis,  impensius 
procuranda. 

Ceeterum,  venerabiles  Fratres,  contra  insidias  et  molimina 
sociorum  Fœdcris  Christiani  peculiarem  et  acriorem  imprimis 
vigilantiam  exposcimus  ab  iis  ex  vestro  ordine,  qui  Ecclesias 
regunt  in  Italia  sitas,  aut  aliis  in  locis  ubi  Itali  saepius  versan- 
tur,  maxime  autem  in  Italiœ  confiniis,  aut  ubicumque  emporia 
portusque  extant,  unde  frequentior  in  Italiam  commeatus  est. 
Cum  enim  sectariis  ipsis  propositum  sit  inibi  ad  efTectum  addu- 
cere  consilia  sua,  hinc  et  episcopos  potissimum  eorumdem  loco- 
rum  alacri  constantique  studio  nobiscum  allaborare  oportet 
illorum  machinationibus,  adjuvante  Domino,  dissipandis. 

lias  autem  nostras  vestrasque  curas  adjutum  iii  non  dubita- 
mus  praesidio  civilium  potestatum,  imprimis  potentissimorum 
Italiee  principum,  tum  pro  singulari  suo  studio  religionis  catho- 
licœ  conservandse,  tum  quod  ipsorum  prudentiam  minime  fugit 

(1)  Ex  niandato  Leonis  XII,  cdilw  uiia  cum  decrelo  Congregationis 
Indicis  20  niartii  i8-2o. 


a    INTEIt    l'R.ECIPUAS    »,    S    MAI    1844  237 

contrairement  aux  sanctions  ci-dcssns  rappelées  des  Pontifes  romains,  et 
de  plus,  veiller  à  ce  que,  par  vos  avertissements  et  par  votre  autorité, 
les  cliréliens  apprennent  quels  pâturages  ils  doivent  regarder  comme 
salutaires,  lesquels,  comme  nuisibles  et  mortels. 


Cependant,  appliquez-vous  chaque  jour  davantage,  vénérables  Frères, 
à  la  prédication  de  la  parole  de  Dieu,  soit  par  vous-mêmes,  soit  par  les 
curés  ayant  charge  d'âmes  dans  chaque  diocèse  et  par  les  autres  ecclésias- 
tiques propres  à  cette  fonction  ;  veillez  plus  particulièrement  sur  ceux-là 
surtout  qui  sont  chargés  d'expliquer  publiquement  l'Ecriture  sacrée  ; 
qu'ils  aient  soin,  en  s'acquittant  de  leur  office,  de  se  mettre  à  la  portée 
de  leurs  auditeurs,  et  qu'aucun  d'eux  ne  se  permette,  sous  quelque  pré- 
texte que  ce  soit,  d'expliquer  et  d'interpréter  les  divines  Lettres  dune 
manière  contraire  à  la  tradition  des  Pères  ou  en  dehors  du  sens  de 
l'Eglise  catholique.  Enfin,  comme  le  propre  d'un  bon  pasteur  est  non 
seulement  de  protéger  et  de  nourrir  les  brebis  qui  restent  près  de  lui, 
mais  encore  de  courir  à  la  recherche  de  celles  qui  se  sont  écartées  au 
loin  et  de  les  ramener  au  bercail,  ainsi  votre  devoir  et  le  nôtre  sera 
d'employer  toutes  les  forces  de  l'amour  pastoral  pour  faire  reconnaître, 
par  la  grâce  de  Dieu,  la  gravité  de  leur  péché  à  tous  ceux  qu'auraient  pu 
séduire  les  sectaires  ci-dessus  désignés  et  les  propagateurs  de  mauvais 
livres,  et  pour  lès  amener  à  expier  leurs  fautes  par  le  remède  d'une  sa- 
lutaire pénitence.  Votre  sollicitude  pastorale  ne  doit  pas  même  négliger 
les  séducteurs  de  tes  malheureux  ni  les  maîtres  eux-mêmes  del'iniquité; 
quoique  leur  iniquité  soit  plus  grande,  nous  ne  devons  pas  nous  abstenir 
de  procurer  avec  ardeur  leur  salut  par  toutes  les  voies  et  tous  les  moyens 
en  notre  pouvoir 


Au  reste,  vénérables  Frères,  nous  demandons  une  vigilance  particuliè- 
rement active  contre  les  embûches  et  les  tentatives  des  membres  de 
VAlljancc  chrétienne,  à  ceux  de  votre  ordre  qui  régissent  les  Eglises 
situées  en  Italie  ou  dans  les  lieux  que  les  Italiens  fréquentent  davantage, 
mais  surtout  dans  les  pays  limitrophes  et  partout  où  se  trouvent  des 
marchés  et  des  ports  d'où  le  passage  en  Italie  est  plus  fréquent.  Les  sec- 
taires s'efforçant  d'exécuter  leurs  desseins  dans  ces  lieux-là  mêmes,  c'est 
surtout  aux  évèques  de  ces  lieux  de  travailler  ardemment  et  constamment 
avec  nous  à  déjouer  leurs  manœuvres,  avec  le  secours  de  Dieu. 


Vos  efforts  et  les  nôtres  auront  nous  n'en  doutons  pas,  l'appui  des  puis- 
sances civiles,  et  particulièrement  des  très  hauts  et  très  puissants 
princes  de  l'Italie,  soit  à  cause  de  leur    zèle  pour  la  conservation  de  la 


238  LETTRE  ENCYCLIQUE  DE  GRÉGOIRE  XVI 

publicœ  etiam  rei  interesse  plurimum,  utsupradicta  sectariorum 
molimina  in  irrilum  cadant.  Constat  enim,  diutiirnoque  supe- 
rioruni  temporum  experimento  comprobatum  est.  populis  a 
fidelilate  atqne  obedientia  erga  suos  principes  retrahendis  non 
aliam  esse  planiorem  viam,  quam  indiiïerentiani  in  religionis 
negotio  a  sectariis  siib  religiosœ  libertatis  nomine  propagatam. 
Atque  id  ne  dissimulant  quidem  novi  illi  sodales  hœdevis  Cliris- 
tiani:  qui  licet  sese  alienos  profîteantiir  a  civiiibus  sedilionibus 
concitandis,  ex  vindicato  taincn  unicuique  de  plèbe  Jîibliorum 
interpretandorum  arbitrio,  dilliisaque  ila  in  Italorum  gentom 
omnimoda  qiiam  vocant  libertate  conscientiœ,  politicaiu  pariter 
Itaiiœlibertatem  sua  veluti  sponte  consecuturam  fatentur. 

Quod  vero  primum  et  maximum  est,  levemus  una  simul  ma- 
nus  nostras  ad  Deum,  venerabiles  Fratres.  eique  nostram,  totius- 
que  gregis,  et  Ecclesioe  suœ  causam  omni,  qua  possumus,  fer- 
vidarum  precum  humilitate  commendemus  ;  invocata  etiam 
deprecatione  piissima  Pétri  apostolorum  Principis  aliorumque 
Sanctorum,  ac  prœsertim  beatissimce  virginis  Marias,  cui  datum 
est  cunctas  hœreses  interimere  in  universo  mundo. 

Ad  extremum,  nostrœ  pignus  ardentissimœ  caritatis  aposto- 
licam  benedictionem  vobis  omnibus,  venerabiles  Fratres,  et 
concreditis  curœ  vestrœ  clericis,  laicisque  fidelibus  effuso  cordis 
affectu  peramanter  impertimur. 

Datum  Romaî  apud  S.  Petrum  postridie  nonas  maii  mdcccxliv, 
Pontificatus  nostri  anno  decimo  quarto. 

GREGORIUS  PP.  XVI. 


oc   INTEH    PR.ECIPUAS  =,   8   MAI   1844  239 

religion  catlioliqiie,  soit  parce  que  leur  sagesse  n'ignore  pas  qu'il  importe 
beaucoup  au  liion  public  de  faire  échouer  les  projets  des  sectaires.  Il  est 
constant,  en  ctVet,  et  l'expérience  des  temps  passés  ne  le  prouve  que 
trop,  que  rindilTércnce  en  matière  de  religion,  propagée  par  les  sectaires 
sous  le  nom  de  liberté  religieuse,  est  la  voie  la  plus  sûre  pour  retirer  les 
peuples  de  la  fidélité  et  de  Tobéissance  qu'ils  doivent  aux  jjrinces.  Elles 
nouveaux  associés  de  V Alliance  chrétienne  ne  s'en  cachent  pas.  Ils  pro- 
testent n'avoir  aucun  dessein  d'exciter  des  séditions  civiles;  mais  en  attri- 
buant à  chacun  indistinctement  l'interprétation  delà  Bible  et  en  propageant 
parmi  les  Italiens  ce  qu'ils  appellent  l'entière  liberté  de  conscience,  ils  se 
vantent  de  donner  par  là  même  la  liberté  politique  à  l'Italie. 

Mais  avant  tout  et  par-dessus  tout,  levons  tous  ensemble  nos  mains 
vers  Dieu,  vénérables  Frères  :  recommandons-lui  notre  cause,  la  cause 
de  tout  son  troupeau  et  de  son  Eglise,  par  les  prières  les  plus  humbles 
et  les  plus  fer%entes;  invoquons  aussi  la  très  pieuse  intercession  de 
Pierre,  le  Prince  des  Apôtres,  de  tous  les  autres  Saints,  et  surtout  de  la 
bienheureuse  Vierge  Marie,  à  qui  il  a  été  donné  d'exterminer  toutes  les 
hérésies  dans  tout  l'univers. 

Enfin,  et  comme  gage  de  notre  ardente  charité,  nous  vous  donnons 
avec  amour  et  avec  effusion  de  cœur  notre  bénédiction  apostolique,  à 
vous  tous,  vénérables  Frères,  à  tous  les  clercs  ainsi  qu'à  tous  les  fidèle.' 
laïques  confiés  à  vos  soins. 

Donné  à  Rome,  près  Saint-Pierre,  le  lendemain  des  nones  de  mai  1844 
de  notre  Pontificat  l'an  li«, 

GREGOIRE  XVI,  PAPE. 


SS.  PII  pp.  VIT 

LITIERE   APOSTOLICiE 


■piUS  PP.  VII 

Venerabilis   Frater, 

Salutem  et  apostolicam  benedictionem. 

Post  tain  diuturnas  easque  vehementissimas  tempestates,  qui- 
bus  et  Pétri  navis  mirum  in  modiim  agitata  fuit,  et  nos  etiam, 
qui  gubernaculum  ejus  immerentes  tenemus,  jactari  ac  prope- 
modum  obrui  visi  sumus,  comprimi  tandem  cœpta  estvcntorum 
inuentium  vis,  atque  eam,  quani  tamdiu  nostris  bonoiumque 
omnium  votis  precibusque  expetivimus,  reduci  confidimus  Iran- 
quillitatem.  Dum  vero  nos  pristinam  quo  tempore  minime  spe- 
rabanius  libertatem  adepti,  non  tam  nobis  ipsis  quam  Ecclesiœ 
restitutos  esse  lœtaremur,  ac  Patri  misericordiarum  de  hoc  tanto 
beneficio  gratias  humiliter  aueremus;  magna  facta  nobis  fuit 
consolationis  accessio,  quod  (Jallicanœ  nationi  designatum  regem 
esse  agnoverimus  e  stirpe  illa  progenitum  gloriosissima,  quœ  et 
sanctissimum  olim  regem  protulit  Ludovicum,  et  tam  insigni- 
bus  in  Ecciesiam  Dei,  atque  in  banc  Apostolicam  Sedem  meritis 
fulsit.  Atque  haec  quidem  voluptas  animum  nostrum  eo  usque 
pervasit,  ut  quanquam  publica  tantum  acta  Isetissimum  ad  nos 
hujus  rei  nuntium  attulerint,  nulia  tamen  tiabita  ratione  receptae 
consuetudinis,  de  extraordinario  in  Gallias  nuntio  ablegando 
cogitaverimus,  ut,  eo  interprète,  nuncupato  régi  restitutam 
potestatem  amplissimis  verborum  significationibus  gratulare- 
mur. 

Gaudium  tamen  hoc  nostrum  cito  grandissimus  perturbavit 
(iolor,  cum  scilicet  novam  regni  constitutionem  a  Parisiensi 
senatu  decretam  publicœ  ephemerides  retulerunt.  Dum  enim 
sperabamus  fore,  ut  commutatis  tam  féliciter  rébus,  non  modo 
impedimenta  omnia  catholicœ  religionis,  reclamantibus  perpé- 
tue nobis,  in  Galliis  parata  de  medio  quam  citissime  tollerentur, 
verum  etiam  splendori  ejus  atque  ornamento,  oblata  bac  oppor- 


LETTRE  APOSTOLIQUE 

DE  N.  T.  S.  P.  LE  PAPE  PIE  VÎI 

à  Mgr  de  Boulogne,  évêque  de  Troyes 

PIE  VU,  ÏÂVE. 

VÉNÉRABLE   FrÈRE, 

Salut  et  bénédiction  apostolique. 

Après  les  longues  et  furieuses  tempêtes,  qui  ont  si  étrangement  agité 
le  vaisseau  de  saint  Pierre,  et  qui  étaient,  semble-t-il,  sur  le  point  de 
nous  renverser  et  de  nous  engloutir  nous-mème,  qui  tenons,  quoique 
indigne,  le  gouvernail,  la  violence  des  vents  commence  enfin  à  s'apaiser, 
et  nous  pouvons  espérer  le  retour  de  la  tranquillité,  depuis  si  longtemps 
Tobjet  de  nos  vœux  et  de  nos  prières,  aussi  bien  que  de  celles  de  tous  les 
gens  de  bien. 

Après  avoir  ainsi  recouvré  notre  ancienne  liberté  au  moment  où  nous 
nous  y  attendions  le  moins,  nous  nous  réjouissions  d'avoir  été  rendus  à 
nous-même,  ou  plutôt  à  l'Eglise,  et  nous  rendions  au  Père  des  miséricor- 
des nos  humbles  actions  de  grâce  pour  un  si  grand  bienfait,  lorsqu'un 
nouveau  sujet  de  grande  consolation  est  venu  accroître  notre  joie  :  nous 
avons  appris  que  le  roi  désigné  pour  gouverner  la  nation  française  était 
un  descendant  de  cette  glorieuse  race  qui  a  produit  autrefois  saint  Louis, 
et  qui  s"est  illustrée  par  tant  de  mémorables  services  rendus  à  l'Eglise  et 
à  ce  Siège  Apostolique.  A  cette  nouvelle,  notre  contentement  a  été  si 
grand,  que,  sans  la  connaître  encore  que  par  la  voie  de  la  publicité,  et 
dérogeant  à  cet  égard  à  l'usage  établi,  nous  avons  résolu  d'envoyer  un 
nonce  extraordinaire  en  France,  pour  féliciter  ce  prince,  en  notre  nom 
et  dans  les  termes  les  plus  expressifs,  de  la  puissance  royale  qui  lui  est 
rendue. 

iMais  cette  joie  a  été  bientôt  troublée;  elle  a  fait  place  à  une  grande 
douleur,  quand  nous  avons  vu  la  nouvelle  constitution  du  royaume, 
décrété  par  le  sénat  de  Paris  et  publiée  dans  les  journaux.  Nous  avions 
espéré  qu'à  la  faveur  de  l'heureuse  révolution  qui  venait  de  s'accomplir, 
non  seulement  la  religion  cathcfiquc  serait  délivrée  sans  aucun  retard  de 
toutes  les  entraves  qu'on  lui  avait  imposées  en  France,  malgré  nos  cons- 
tantes réclamations,  mais  qu'on  profiterait  (V-  circonstances  si  favorables 
pour  la  rétablir  dans  tout  son  lustre  et  pourvoir  à  sa  dignité.  Or,  nous 


242  uETTIlE   APOSTpLIQUE   DE   PIE   VII 

lunitate:  consulcrolui- ;  viiliiniis  primiim,  servari  alluin  de  eain 
constilulione  silentiuin  sed  ne  Uei  omnipotentis  iiiiidem,  per 
quem  re^es  régnant  et  principes  impcrant,  lieri  meiiLionem. 

Facile iibi,venerabilis  Frater,  pouMis  [lersuadere,  quam  grave, 
qnam  acerbum,  quam  molesluni  hoc  accident  nobis,  quibus  a 
Jesu  Christo,  Uei  Fiiio  ac  Domino  nostro,  summa  christianœ  rei 
commissa  est.  Quomodo  enim  ferre  œquo  animo  possumus 
catholicam  religionem,  quam  primis  ipsis  Ecclesiae  sœculis  Gallia 
recepit,  quœ  tôt  fortissimorum  martyrum  sanguine  in  30  ipso 
regno  est  eonfirmata,  quam  longe  maxima  Gallorum  pars  pro- 
litetur,  et  vero  etiam  inler  gravissimas  superiorum  annorum 
adversitates,  persecutiones,  pericula,  fortiteret  constanter  asse- 
ruit,  quam  denique  stirps  ipsa,  ad  quam  dcsignatus  rex  pertinet, 
et  profitetur  et  tanto  studio  tutata  est  cathobcam,  inquimus, 
banc  sanctissimam  religionem^  non  modo  non  eam  declarari,  cui 
soli  in  universa  Gallia  iegum  praesidium  et  gubernii  auctoritas 
sulfragelur,  verum  etiam,  in  ipsa  instauratione  regni  penitus 
prœteriri  ? 

At  multo  etiam  gravior,  ac  vere  acerbissimus  cordi  nostro 
xlolor  accrevit,  quo  divexari  nos,  premi  conflictarique  fatemur 
ex  constitutiunis  articulo  vicesimo  secundo,  in  quu  perspeximus 
Ubertaiem  cultuum  et  conscientiœ,  ut  iisdem  quaî  iert  articulus 
verbis  utamur,  non  permitti  modo  vi  constitutionis,  sedlibertati 
hujusmodi,  prtetereaque  cultuum,  quos  vocant,  ministris  praesi- 
dium patrociniumque  promitti.  IS'on  opus  certe  multis  est,  cum 
tecum  agamus,  ut  plane  agnoscas,  quam  lethali  vulnere  catho- 
lica  religio  in  Galliis  per  hujusmodi  articulum  percellatur.  Dum 
enim  cultuum  indiscriminatim  omnium  libertas  asseritur,  hoc 
ipso  Veritas  cum  errore  confunditur,  ac  pari  loco  cum  haeretico- 
rum  sectis,  judaicaque  ipsa  perfidia,  sancta  et  immaculata  Christi 
sponsa  Ecclesia,  extra  quam  salus  esse  non  potest,  collocatur. 
Dum  vero  hœreticorum  etiam  sectis  eorumque  ministris  favor 
patrociniumque  promittitur,  eorum  non  personœ  modo,  sed  erro- 
res  etiam  ipsi  toleranturconfoventurque;  inquo  exitialisetnun- 
quam  satis  deploranda  haeresis  illacontinetur,  quœ  ut  D.  Augus- 
tinus  refert  «  omnes  hœreticos  recte  ambulare,  et  vera  dicere 
«  affirmât  :  quod  ita  est  absurdum,  ut  mihi  incredibile  videa- 
«  tur  (1).  » 

Non  minus  autem  et  mirari  et  dolere  debuimus  de  servata 
permissaque,  articulo  constitutionis  xxiii,  imprimendi  libertate, 
ex  qua  sane  quam  magna  pericula,  et  quam  certa  pernicies  mo- 
ribus  et  fidei  impendat,  si  dnbitare  quis  posset,  ipsa  praeterito- 

(IJ  De  Hœresibus,  iiuni.  Tii. 


a  POST  TAM  DIUTURNAS  »,  29  AVRIL  1814  243 

avons  remarqué  en  premier  lieu  que,  dans  la  constitution  mentionnée, 
la  relii^ion  catliolique  est  entièrement  passée  sous  silence,  et  qu'il  n'y  est 
pas  mcnie  fait  mention  du  Dieu  tout-puissant  par  qui  régnent  les  rois, 
par  qui  les  princes  commandent. 


Vous  comprendrez  facilement,  vénérable  Frère,  ce  qu'une  telle  omission 
a  dii  nous  faire  éprouver  de  peine,  de  chagrin,  d'amertume,  à  nous  que 
Jésus-Christ,  le  Fils  de  Dieu,  Notrc-Seigneur,  a  chargé  du  suprême  gou- 
vernement de  la  société  chrétienne.  Et  comment  ne  serions  nous  pas 
désolé?  Cette  religion  catliolique  établie  en  France  dès  les  premiers  siècles 
de  l'Eglise,  scellée  dans  ce  royaume  même  par  le  sang  de  tant  de  glorieux 
martyrs,  professée  par  la  très  grande  partie  du  peuple  français,  à  laquelle 
ce  même  peuple  a  gardé  avec  courage  et  constance  un  invincible  attache- 
ment à  travers  les  calamités,  les  persécutions  et  les  périls  des  dernières 
années,  cette  religion  enfin  que  la  race  à  laquelle  appartient  le  roi  dési- 
gné professe  elle-même,  et  qu'elle  a  toujours  défendue  avec  tant  de  zèle, 
non  seulement  elle  n'est  pas  déclarée  la  seule  ayant  droit  dans  toute  la 
France  à  l'appui  des  lois  et  de  l'autorité  du  gouvernement,  mais  elle  est 
entièrement  omise  dans  l'acte  même  du  rétablissement  de  la  monarchie  ! 


Un  nouveau  sujet  de  peine,  dont  notre  cœur  est  encore  plus  vivement 
affligé,  et  qui,  nous  l'avouons,  nous  cause  un  tourment,  un  accablement 
et  une  angoisse  extrêmes,  c'est  le  22^  article  de  la  constitution.  Non  seu- 
lement on  y  permet  la  liberté  des  cultes  et  de  conscience,  pour  nous 
servir  des  termes  mêmes  de  l'article,  mais  on  promet  appui  et  protection 
à  celte  liberté,  et  en  outre  aux  ministres  de  ce  qu'on  nomme  les  cultes. 
11  n'est  certes  pas  besoin  de  longs  discours,  nous  adressant  à  un  évêque 
tel  que  vous,  pour  vous  faire  reconnaître  clairement  de  quelle  mortelle 
blessure  la  religion  catholique  en  France  se  trouve  frappée  par  cet  article. 
Par  cela  même  qu'on  établit  la  liberté  de  tous  les  cultes  sans  distinction, 
on  confond  la  vérité  avec  l'erreur,  et  l'on  met  au  rang  des  sectes  héré- 
tiques et  même  de  la  perfidie  judaïque,  l'Epouse  sainte  et  immaculée  du 
Christ,  l'Eglise  hors  de  laquelle  il  ne  peut  y  avoir  de  salut.  En  outre,  en 
promettant  faveur  et  appui  aux  sectes  des  hérétiques  et  à  leurs  ministres, 
on  tolère  et  on  favorise  non  seulement  leurs  personnes,  mais  encore  leurs 
erreurs.  C'est  implicitement  la  désastreuse  et  à  jamais  déplorable  hérésie 
que  saint  Augustin  mentionne  en  ces  termes  :  «  Elle  affirme  que  tous 
«  les  hérétiques  sont  dans  la  bonne  voie  et  disent  vrai,  .absurdité  si 
e  monstrueuse  que  je  ne  puis  croire  qu'une  secte  la  professe  réellement.  » 


Notre  étonnement  et  notre  douleur  n'ont  pas  été  moindres  quand  nous 
avons  lu  le  23»  article  de  la  constitution,  qui  maintient  et  permet  lu 
liberté  de  la  presse,  liberté  qui   menace  la  foi  et   les  mœurs  des   plus 


2-i4  LEITHE   APOSTOLIQUE    DE    PIE    VII 

lum  lemporum  expericntia  docerct  :  plane  enini  constat,  hac 
potissimiim  via  de|)ravatos  prinium  popiilonini  mores,  turbas, 
ix'bellioiiGsque  conllatas.  Gravissima  ha;c  niala  in  tanta  homi- 
uuni  corru|)teIa  tiincnda  adhuc  essent,  si,  quod  Deus  avortai, 
libéra  cuilibetquœ  magis  placeant  typis  mandandi  poteslas  per- 
mitterctur. 

Nequevero  non  alias  de  nova  consliliitione  regni  dolendi  causas 
habenuis,  in  articulis  prœserlim  vi,  xxiv  et  xxv.  Singillatim  qui- 
dem  tibi  eas  exponere  praetcrniittimus,  eo  quod  facile  fraterni- 
talem  tuam  quo  ejiismodi  articuli  spectent  perspecturam  minime 
dubilanius. 

In  tanta  quidem  ac  tam  justa  perturbatione  animi  nostri,  ea 
spes  nos  solàtur,  fore,  ut  propositae  constitutionis  articulis, 
quos  memoravimus,  designatus  rex  minime  subscribat,  id  siqui- 
dem  ab  avita  pietate  atque  a  religionis  studio,  quo  incensum 
esse  non  dubilamus,  nobis  certissime  pollicennir.  At  quoniam, 
si  in  fidei  etanimarum  periculo  taceremus,  nostrum  certissime 
proderemus  ministerium,  bas  ad  te,  venerabilis  Frater,  cujus 
lidei  et  sacerdotalis  roboris  non  dubia  argumenta  habemus,  dare 
intérim  litteras  constituimus,  non  modo  ut  exploratum  sit  im- 
probari  vebementissime  a  nobis  ea  quœ  bucusque  tibi  exposui- 
mus,  etquidquid  contra  catbolicam  religionem  proponi  fortasse 
posset;  verum  etiam,  ut  collatisquoque,  cum  aliis  gallicanarum 
Ecclesiarum  prœsulibus  quos  tibi  adjungere  judicaveris,  conci- 
liis  studiisque,  des  operam  ut  tam  gravia  mala  quœ,  nisi  citis- 
sime  propuisentur,  Ecclesiœ  in  Galliis  imminent,  avertantur, 
legesque  illœ,  décréta,  aliœque  gubernii  sanctiones,  de  quibus, 
ut  probe  scis,  superioribus  annis  conqueri  nunquam  destitimus, 
quœque  adhuc  vigent,  removeantur. 

Itaque  designato  régi  te  sistas;  signifiées  ei  vehementissimum 
dolorem  quo,  post  tantas  adversitates  ac  tribulationes  hue  us- 
queperlatas,  in  communi  omnium  lœtitia  animus  noster  ob  prse- 
missa  contlcitur  atque  torquetur;  exponas  quam  gravia  catho- 
licaî  religioni  damna,  quanta  animabus  pericula,  quod  lldei 
exitium  in  Galliis  comparetur,  si  expositœ  constitutionis  articu- 
lis assentiretur;  omnino  nobis  persuadere  non  posse  regni  sui 
initium  auspicari  sic  velle,  ut  ab  infligendo  catholicse  religioni 
gravissimo  hoc  et  fere  insanabili  vulnere  ducat  exordium;  con- 
tra Deum  ipsum,  in  cujus  potestate  omnium  sunt  jura  regnorum, 
ab  eo  certissime  postulare,  ut,  quam  ei  tanto  cum  bonorum  om- 
nium nostroque  in  primis  gaudio  rcstituit  potestatem,  banc  in 
Kcclcsiœ  Dei  potissimum  columnam  atque  ornamentum  impen- 
dat;  sperare  nos  ac  vehementer  confidere,  fore  ut,  aspirante  Dco, 
vox  nostra,  te  interprète,  animum  ejus  tangat,  vcstigiaque  pre- 


<  POST  TAM  DIUTURNAS  n,  20  AVRIL  1814  245 

fjramls  ix'iils  et  d'une  ruine  cerlaine.  Si  qnchju'un  pouvait  en  douter, 
respéi'ioiice  des  temps  passés  sul'iiiait  seule  pour  le  lui  apprendre.  C'est 
un  fait  i^leinement  constaté:  celte  liberté  de  la  presse  a  été  l'instrunient 
principal  qui  a  premièrement  dépravé  les  mœurs  des  peuples,  puis  cor- 
rompu et  renversé  leur  foi,  enfin  soulevé  les  séditions,  les  troubles,  les 
révoltes.  Ces  malheureux  résultats  seraient  encoreactuellement  à  craindre, 
vu  la  méchanceté  si  grande  des  hommes,  si,  ce  qu'à  Dieu  ne  plaise,  on 
accordait  à  chacun  la  liberté  d'imprimer  tout  ce  qu'il  lui  plairait. 

D'autres  points  de  la  nouvelle  constitution  du  royaume  ont  été  aussi 
pour  nous  un  sujet  d'aflliction  ;  en  particulier  les  articles  6",  24«  et  2o«. 
Nous  ne  vous  exposerons  pas  en  détail  nos  raisons  à  cet  égard.  Votre  fra- 
ternité, nous  n'en  doutons  pas,  discernera  facilement  la  tendance  de  ces 
articles. 

Dans  une  si  grande  et  si  juste  afliîclLOn  de  noire  àme,  une  espérance 
nous  console,  c'est  que  le  roi  désigné  ne  souscrira  pas  les  articies  men- 
tionnés de  la  nouvelle  constitution.  La  piété  héréditaire  de  ses  ancêtres 
el  le  zèle  pour  la  religion,  dont  nous  ne  doutons  pas  qu'il  ne  soit  animé, 
nous  en  donnent  la  plus  entière  confiance. 

Mais  comme  nous  ne  saurions,  sans  trahir  notre  ministère,  garder  le 
silence  dans  un  si  grand  péril  de  la  foi  et  des  âmes,  nous  avons  voulu, 
vénérable  Frère,  vous  adresser  cette  lettre,  à  vous,  dont  nous  connais-; 
sons  la  foi  et  le  courage  sacerdotal,  pour  en  avoir  eu  des  preuves  nom 
équivoques,  non  seulement  afin  qu'il  soit  bien  constaté  que  nous  réprou- 
vons le  plus  énergiquement  possible  les  articles  ci-dessus  exposés,  et  toutj 
ce  qu'on  viendrait  à  proposer  de  contraire  à  la  religion  catholique,  mais| 
encore  afin  que,  vous  concertant  avec  les  autres  évoques  delà  France  que. 
vous  jugerez  à  propos  de  vous  adioindre.  et  vous  aidant  de  leurs  conseils 
et  de  leur  coopération,  vous  vous  elKu-ciez  ae  conjurer  le  plus  prompte-, 
ment  possible  les  grands  maux  qui  menacent  l'Eglise  en  France  et  de: 
faire  abolir  ces  lois,  ces  décrets  et  ces  autres  ordonnances  du  gouverne-' 
ment  qui  sont  encore  en  vigueur,  et  dont  nous  n'avons  cessé  de  nous 
plaindre,  comme  vous  le  savez,  pendant  les  précédentes  années. 

Allez  donc  trouver  le  roi  ;  faites-lui  savoir  la  profonde  affliction  dont,! 
après  tant  de  calamités  et  de  tribulations  endurées  jusqu'aujourd'hui,  et 
au  milieu  de  la  joie  générale,  notre  âme  se  trouve  assaillie  et  accablée  à 
cause  des  motifs  mentionnés.  Représentez-lui  quel  coup  funeste  pour  la 
religion  catholique,  quel  péril  pour  les  âmes,  quelle  ruine  pour  la  foi 
seraient  le  résultat  de  son  consentement  aux  articles  de  ladite  constitu- 
tion. Dites-le-lui  de  notre  part  :  nous  ne  pouvons  nous  persuader  qu'il 
veuille  inaugurer  son  règne  en  faisant  à  la  religion  catholique  une  bles- 
sure si  profonde  et  qui  serait  presque  incurable.  Dieu  lui-même,  aux 
mains  de  qui  sont  les  droits  de  tous  les  royaumes,  et  qui  vient  de  lui 
rendre  le  pouvoir,  au  grand  contentement  de  tous  les  gens  de  bien,  et 
surtout  de  notre  cœur,  exige  certainement  de  lui  qu'il  fasse  servir  prin- 
cipalement cette  puissance  au  soutien  et  à  la  splendeur  de  son  Eglise. 
Nous  espérons,  nous  avons  la  ferme  confiance  que,  Dieu  aidant,  notre 
voix,  transmise  par  vous,  touchera  son  cœur,   et  que,   marchant  sur  les 


246  LETTRE   APOSTOLIQUE    DE    PIE    IX 

mens  praedocessoriim  siiorum,  qui,  ob  assertam  totics  vindica- 
taniqut^caliiolicam  rcligionem,  chrislianissimorum  rcgum  al)  hac 
sancta  Sede  tituiuin  moiueriint,  quod  débet,  qiiod  boni  omnes 
expectant,  quod  nos  incensissimo  studio  flagitamus  lidei  catho- 
licœ  patrocinium  suscipiat. 

Exere,  venerabilis  Fraler,  vires  omnos  tuas,  ac  religionis  ze- 
lum  quo  (lagras,  gratiam  qua  vales  plurimum,  eloquentiam  qua 
prœslas,  in  maximum  hoc  sanctissimumque  opus  conféras.  Da- 
bitur  tibi  ccrte  a  Domino  quid  loquaris,  nosque  etiam  til)i  auxi- 
lium  de  sancto  precibus  implorare  nostris  non  praetermittimus, 
qui  interea  tibi  gregique  tuae  curœ  commisso  apostolicam  bene- 
dictionem  amantissime  impertimur. 

Datum  CesenaB;  die  xxix  aprilis  mdcccxiv,  pontifîcatus  nostri 
anno  xv. 

Plus  PP.  VU. 


«  POST  TAM  DIUTURNAS  >,  29  AVRIL  ISU  247 

traces  do  ses  prédécesseurs,  i\  qui  leur  dévouement  pour  la  religion 
catholique  et  la  dél'ense  qu'ils  en  prirent  tant  de  fois  si  généreusement, 
ont  valu  de  la  part  de  ce  Saint-Siège  le  litre  de  rois  très  chrétiens,  il 
prendra  en  main  la  cause  de  la  foi  eatholicjue,  comme  c'est  son  devoir, 
comme  tous  les  bons  l'attendent  de  lui,  comme  nous  le  lui  demandons 
nous-même  avec  les  plus  vives  instances. 

Déployez,  vénérable  Frère,  toutes  vos  forces,  tout  le  zèle  dont  vous 
êtes  animé  pour  la  religion;  faites  servir  h  cette  grande  et  sainte  cause 
l'ascendant  que  vos  qualités  vous  ont  acquis  et  l'éloquence  qui  vous  dis- 
tingue. Le  Seigneur,  nous  n'en  doutons  pas,  vous  suggérera  les  paroles 
convenables;  et,  de  notre  côté,  nous  implorerons  pour  vous  le  secours 
d'en  haut.  En  attendant,  nous  vous  donnons,  avec  toute  l'efTusion  de 
notre  cœur,  à  vous  et  au  troupeau  conlié  à  vos  soins,  la  bénédiction 
apostolique. 

Donné  à  Césène,  le  29®  jour  d'avril  de  l'année  181-i,  de  notre'  pontili- 
cat  la  15''. 

PIE  VII,  PAPE. 


SS.  PII  pp.  VII 

EPISTOLA    ENCYCLICA 

Venerabilihiis  fratnbus  patriarchis,  prwialibus,  arcJiiepiscopis,  et 
ep'iscopis  universis gratiam et communionem Sedis  Apostolicœ haben- 
tibtis, 

Plus  PP.  VII. 

Venerabiles  Fratres, 

Salutem  et  apostolicani  benedictionem 

Diu  satis  videmur  apiid  vos  tacuisse  ;  nunc  exaclis  duobus 
jam  mensibus,  iisque  non  cura  nec  labore  vacuis,  ex  quo  hoc 
tai)tum  oneris  nostme  imbecillitati  Deus  imposuit,  cunctaî  ut 
Ecclesige  suoe  nos  prœficeret,  obtcmperandum  nobis  est  non  tam 
consuetudini,  quœ  vel  ab  ultimis  temporibus  invaluit,  quam 
amori  erga  vos  nostro,  quem  necessitudine  collegii  duduni  sus- 
ceplum,  nunc  vero  mirum  in  modum  aucturn  pleneque  cuniula- 
tum  sentimus.  vos  ut  per  bas  litteras  saltem  adioquamur;  quo 
nibil  sit  nobis  dulcius,  nitîil  jucuncfius.  Ad  quod  nosetiam  velie- 
menter  hortatur  et  impellit  oflicii  illius,  quod  propriuni  nobis 
et  prœcipuum  est,  ratio  illis  consignata  et  declarata  verbis  :  «  Con- 
firma fratres  tuos.  »  Neque  enim  hoc  miserrimo,  ac  turbulen- 
tissimo  tempore  minus  quam  unqiiani  antea  Satan  «  expetivit 
«  nos  omnes,  utcribraret  sicut  triticum  ». 

Quanquarn  quis  est  tam  hebes^  tam  averso  a  nobis  animo, 
quin  intclligat  perindeque  perspiciat,  atque  illa,  quae  oculis  cer- 
nuntur,  in  liis  quoque  difticuUatibus,  et  asperitatibus  rerum 
prœstitisse  Christum,  quod  esset  professus,  ut  «  oraret  pro 
«  Petro,  ne  iides  ejus  deticeret  (^1)?  »  Obstupesceut  posteri  certe 
sapientiam,  magnitudinem  animi,  et  constantiam  Pii  VI,  ciijus 
potestati  nos  successimus  ;  utinam  vero  etiam  virtuti,  quœ  nuilo 
tempestatum  impetu^  neque  calamitatum  concursu  convclli  aut 
labefactari  potuit.  Ne  is  Martini  illius,  a  quo  nostrœ  olim  Sedi 
tanta  accessit  laus,  primum  in  adfirmanda  ac  defendenda  veri- 
tate  lidem,  in  perferendis  deinde  laboribus  et  œrumnis  parem 

(1)  Luc,  XXII,  31,  32. 


LETTRE  ENCYCLIQUE 

DE  N.  T.  s.  P.  LE  PAPE  PIE  VU 

A  tous  nos  vénérables  p'ères,  les  patriarches,    les  primats,  archevêques 
et  évêques  en  grâce  et  en  communion  avec  le  Siège  Apostolique. 

PIE  VII,    PAPE. 

VÉNÉRABLES   FrÈRES, 

Salut  et  bénédiction  apostolique. 

Il  vous  semble  sans  doute  que  nous  avons  assez  longtemps  gardé  le 
snence.  Deux  mois  déjà  se  sont  écoulés,  qui  n'ont  pas  été  pour  nous 
sans  souci  ni  labeur,  depuis  qu<i  Dieu  a  imposé  à  notre  infirmité,  le 
lourd  fardeau  de  la  direction  de  son  Eglise  Nous  devons  enfin  obéir, 
moins  à  une  coutume  qui  date  des  temps  les  plus  reculés,  qu  à  notre 
affection  pour  vous.  Formée  depuis  longtemps  dans  les  rapports  de  la 
confraternité,  nous  la  sentons  aujourd'hui  merveilleusement  accrue  et 
parvenue  à  son  comble;  aussi  rien  n'est-il  plus  doux  pour  nous  et  plus 
agréable  que  de  converser  avec  vous  au  moins  dans,  ces  lettres.  Ce  qui 
nous  y  engage  puissamment  encore  et  nous  y  détermine,  c'est  la  nature 
du  devoir  particulier  et  principal  de  notre  charge  consigné  et  exprimé 
dans  ces  paroles  :  «  Confirme  tes  frères.  »  Car  en  ces  temps  si  malheu- 
reux et  si  troublés,  Satan  n'a  pas  moins  désiré  «  que  par  le  passé  nous 
«  cribler  tous  comme  le  froment.  » 


Qui  serait  d'ailleurs  assez  aveugle  et  assez  indisposé  contre  nous  pour 
ne  point  voir  aussi  clairement  que  ce  qui  tombe  sous  les  jeux,  qu'au 
milieu  de  tant  de  difficultés  et  de  circonstances  critiques,  le  Christ  a 
rempli  sa  promesse  «  de  prier  pour  Pierre,  afin  que  sa  foi  ne  défaillît 
n  point.  ï  La  postérité  admirera  certainement  la  sagesse,  la  grandeur 
d'âme  et  la  constance  de  Pie  VI.  Plaise  à  Dieu,  qu'héritier  de  sa  puis- 
sance, nous  puissions  l'être  aussi  de  son  courage  :  ni  la  violence  des 
tempêtes  ni  le  concours  de  toutes  les  infortunes  n'ont  pu  l'abattre, 
l'ébranler  même.  A'a-t-il  pas  fait  revivre  devant  nous  ce  Martin  qui  a 
tant  honoré  ce  Siège,  par  sa  foi  à  professer  et  à  défendre  la  vérité,  par 
son    invincible    courage  à   supporter    les   travaux    et    les  souffrances? 


250  LETTRE   ENCYCLIQUE   DE   PIE    VII 

fortitudinem  nobis  retulit  civitateet  Sede  sua  crudelissimc  pul- 
sus,  imperio,  honore,  fortunis  omnibus  spoliatus,  statim  ut 
locum  quielis  et  tranquillitatis  aliquem  videbatur  nactus,  demi- 
grare  alio  compuisus,  adfecta  quainvis  tetate  et  valetudine  esset, 
ut  nec  pedibus  ingredi  posset,  in  longinquam  adeo  lerram  abstra- 
ctus,  quum  acerbioris  pra3terea  exilii  terror  identidem  ci  iiropo- 
nerctur.  qiuim,  nisi  alicujus  fuissetci  et  pietas  liberalitas  opitu- 
lata  non  habuisset  quo  se  et  paucos,  qui  se  assectarentur,  aleret, 
quum  ejus  infirmitas  et  solitudo  quotidie  tentaretur,  nunquam 
tamen  a  se  ipse  discessit,  non  ulla  fuit  deceptus  fraude,  nullo 
perturbatus  metu,  nulla  spe  debnitus,  nullis  incommodis  nec 
periculis  fractus  ;  nuilam  ab  eo  ne  litteram  qnidem  aut  vocem 
exprimere  inimici  potuerunt,  qutc  non  documento  esset  omnibus, 
Petrum  «  ad  hoc  usque  tempus  et  semper  in  suis  successoribus 
«  vivere  et  judicium  exercere,  quod  ncmini  dubium,  atque  omni- 
«  bus  adeo  cetatibus  apprime  cognitum  esse  (1),  »  auctor  valde 
bonus  in  conciho  Ephesino  pronuntiavit. 

Quanti  vero  faciendum  illud  est,  eo  quo  grati  sensu  animi 
memoria  repetendum,  quod  et  fuit  sane  tempore  Pii  VI  mors  a 
Deo  donata  (sic  enim  est  dicendum  potius  quam  vita  erepta), 
quum  nihil  jam  impedimento  esset,  quominus  de  successore 
illius  declarando  rite  deliberaretur!  Recordamini,  venerabiles 
Fratres,  quo  eramus  metu  soliiciti  et  suspensi,  quum  sanctœ 
Romanes  Ecclesise  cardinales,  et  insi  suis  sedibus  ejecti,  com- 
plures  in  custodiam  tradili,  aiiquot  ad  necem  expetiti,  permuiti 
mare  trajicere  summa  hieme  coacti,  rébus  nudati  suis,  egentes- 
que  omnes,  magno  plerique  intervalle  a  se  disjuncti,  quum  viis 
ab  hoste  obsessis,  nec  litterce  illos  inter  commeare,  nec  ipsi  quo 
vellent  oportuissetque  adiré  permittorentur  ;  nunquam  profecto 
videbantur  convenire  posse,  ut  Ecclesiœ  orbitati  succurrerent 
more  institutoque  majorum,  si  quis  casus  Pium  IV  perculisset, 
quem  quotidie  de  vita  dimicare  audiebamus.  Ouis  tum  adflictis 
ac  perditis  prope  rébus  humano  solum  consilio  atque  ope  nixus 
id  sperare,  quod  singulari  Dei  benignitate  evenit,  fuisset  ausus, 
non  ante  e  vita  Pium  VI  excessurum  quam  constituta  ab  ipso 
pontificiorum  post  se  habendorum  oomitiorum  ratione  cuncta 
fera  pacata  Italia,  comparatis  omnibus,  cardinales  frequentissimi 
Venetiis  praesto  essent  futuri  ad  suffragium  ferendum  in  caris- 
simi  in  Christo  filii  nostri  Francisci  llungarise  régis  apostolici,  et 
Bohemiaî  régis  illustris,  ac  Romanorum  imperatoris  electi  prœ- 
sidio  ac  tutela  ?  Agnoscant  vel  ex  bis  homincs,  frustra  quemquam 
conari  «  donum  Uei  »  evertere,  quœ  est  Ecclesia  super  Petrum, 

(1)  Aclio  1,  num.  1 1. 


«  DIU  SATIS  »,   15  MAI  1800  251 

Cruellement  expulsé  de  Rome  et  de  son  Siège,  privé  du  commandement, 
des  honneurs,  et  déporiillé  de  tous  ses  biens,  sitôt  que  Pie  VI  paraissait 
avoir  rencontré  un  lieu  de  repos  et  de  tranquillité,  il  était  contraint 
d'émigrer  encore,  malgré  son  grand  Age  et  1  épuisement  de  sa  santé; 
infirme  au  point  de  ne  pouvoir  marcher,  il  lui  fallait  aller  dans  des  con- 
trées lointaines;  et  quoiqu'il  lût  placé  à  chaque  instant  sous  la  menace 
d'un  exil  encore  plus  dur;  quoiqu'il  eût  été  dans  l'impuissance  de  suf- 
fire à  ses  besoins  et  à  ceux  des  quelques  peisonnes  de  sa  suite,  si  la 
piété  et  la  générosité  de  quelqu'un  n'était  venue  à  son  secours;  quoi- 
qu'on profitât  chaque  jour  de  sa  faiblesse  et  de  son  isolement  pour  le 
tenter,  jamais  sa  constance  ne  se  démentit  ;  il  ne  se  laissa  ni  surprendre 
par  la  ruse,  ni  ébranler  par  les  menaces,  ni  lléchir  par  les  promesses,  ni 
abattre  par  les  souffrances  ou  les  dangers  ;  ses  adversaiies  ne  purent 
produire  de  lui  une  seule  lettre,  une  seule  parole  qui  ne  lût  pour  tous 
la  preuve  et  qu'aujourd'hui  et  toujours  Pierre  vit  et  exerce  l'autorité 
«  dans  ses  successeurs  ;  »  c'est  ce  qu'un  grand  orateur  proclamait  dans 
le  concile  d'Ephèse  a  comme  un  fait  certain  aux  yeux  de  tous  et  dans 
tous  les  âges.  » 


Mais  ce  qui  doit  faire  au  plus  haut  point  l'objet  de  notre  admiration 
et  de  notre  reconnaissance,  c'est  que  Dieu  accorda  à  Pie  VI  le  bienfait 
de  la  mort  plutôt  qu'il  ne  le  ravit  à  l'existence,  au  moment  même  où 
cessait  tout  obstacle  au  choix  régulier  de  son  successeur.  Rappelez-vous, 
vénérables  Frères,  quelles  étaient  nos  craintes,  nos  sollicitudes  et  nos 
angoisses,  quand  les  cardinaux  de  la  sainte  Eglise  romaine,  expulsés, 
eux  aussi,  de  leurs  sièges,  étaient  la  plupart  jetés  en  prison,  quelques 
autres  poursuivis  et  menacés  de  mort,  beaucoup  forcés  de  passer  la  mer 
en  plein  hiver,  sans  aucune  ressource,  tous  dans  le  besoin,  séparés  sou- 
vent par  de  grandes  distances  ;  quand  l'ennemi  occupant  toutes  les 
issues,  ils  ne  pouvaient  ni  communiquer  par  lettres,  ni  se  rendre  selon 
leurs  désirs  où  les  appelait  le  devoir  :  alors  certainement  il  ne  semblait 
pas  possible  qu'ils  se  réunissent  afin  de  pourvoir  au  veuvage  de  l'Eglise 
selon  la  règle  et  les  institutions  de  nos  pères,  dans  le  cas  où  quelqu'ac- 
cident  serait  survenu  à  Pie  VI,  dont  nous  savions  la  vie  continuellement 
en  danger.  Eh  bien!  au  milieu  de  ces  aftlictions'et  dans  une  situation 
presque  désespérée,  qui  eût  pu,  en  ne  s'appuyant  que  sur  les  conseils  et 
les  ressources  de  la  sagesse  humaine,  prévoir,  ce  que  pourtant  préparait 
l'admirable  et  divine  Providence,  que  Pie  VI  ne  mourrait  qu'après  avoir 
réglé  la  manière  d'élire  le  futur  Pontife,  qu'après  la  pacification  presque 
complète  de  l'Italie  et  qu'au  moment  où  fout  étant  disposé,  les  cardinaux 
se  rencontreraient  en  grand  nombre  à  Venise  pour  donner  leur  suffrage, 
sous  l'égide  et  sous  la  protection  de  notre  très  cher  fils  en  Jésus-Christ, 
François,  roi  apostolique  de  Hongrie,  illustre  roi  de  Bohême,  élu  empe- 
reur des  Romains?  Ah!  que  les  hommes  reconnaissent,  à  ces  traits,  que 
l'on  lente  en  vain  de  renverser  «  la  maison  de  Dieu,  «c'est-à-dire  l'Enlisé 


252  LETTRE   EXCYCLIQUE   DE   PIE    VII 

Ycritate,  non  sohim  nomine  petram,  œdificatam,  contra  «  qnam 
«  portœ  infori  non  praevalebunt  (1),  fundata  enim  est  super 
«  petram  i2).  » 

Nemo  unqaam  religionis  Christianœ  hostis  fuit,  quin  bellum 
eodem  tempore  nefarium  cum  Pétri  cathedra  gesserit,  qua 
stante,  illacadere  et  labare  neqneat  :  cujus  pontificum  «  ordina- 
«  tione  et  successione,  »  uti  denunciut  aperte  omnibus  sanctus 
Irenœus,  «  ea,  quœ  est  ab  Apostolis  in  Ecclesia  traditio  et  veri- 
«  tatis  prœconatio,  pervenit  usque  ad  nos,  et  est  plenissima 
«  hœc  ostensio,  unam  et  eamdem  vivificatricem  fidem  esse, 
«  quœ  in  Ecclesia  ab  Apostolis  usque  nunc  sit  conservata  et  tra- 
ce dita  in  veritate  (3).  » 

Hac  prorsus  via  grassati  etiam  sunt,  qui  nostra  œtate  nescio 
quam  pestem  ac  labem  falsœ  philosophite  supponere  contende- 
runt  ei  philosophiae  (sic  enim  christianam  doctrinani  rectissinie 
appellant  grœci  prœserlim  Paires),  quam  Dei  Filius  œternaipsa 
sapientia  e  cœlo  detulit  atque  hominibus  impertivit.  Atqui 
«  scriptum  est;  »  pulchre  omnino  in  eos  Pauli  ista  jactantur  : 
«  Perdam  sapientiam  sapientium,etprudentiani  prudentium  re- 
«  probabo.  Ubi  sapiens,  ubi  scriba,  ubi  inquisitor  hujussœculi? 
«  Nonne  stultam  fecit  Deus  sapientiam  hujus  mundi  (4)?  » 

Quse  sane  eo  libentius  commemoramus,  venerabiles  Fratres, 
quod  inde  animus  mirum  in  modum  recreetur,  et  erigatur,  et 
inflammetur  ad  niiUum  defugiendum  laborem,  nullam  dimica- 
tionem  pro  Christ!  Ecclesia,  quam  is  nobis,  non  solum  non  oplan- 
tibus,  sed  ne  cogitantibus  quidem,  quin  multum  reformidantibus, 
regendam,  tuendam,  ornandam,  amplificandam  tradidit  et  com- 
mendavit  :  qui  certe  «  idoneos  nos  faciet  ministros  novi  testa- 
«  menti,  uti  sublimitas  sit  virtutisDei,  et  non  ex  nobis  (3).  » 

Quamobrem  vestram  nunc  excito  in  commonitione  sincerani 
mentem,  venerabiles  Fratres,  quos  hœc  nimirum  cura  etsollici- 
tudo  pro  sua  quemque  parte  tangit,  ut  conspiretis  nobiscum,  ut 
vestrum  in  id  studiiim,  diligentiam,  operam  conferalis.  Quod 
Christus  precatus  a  Pâtre  suo  est,  nunquam  ex  animo  eftluat  : 
«  Pater  sancte,  serva  eos  in  nomine  tuo.  ut  sint  unum  sicut  et 
«  nos...;  non  pro  eis  (Apostolis  sciliceti  rogo  tantum,  sed  et  pro 
«  eis,  qui  credituri  sunt  per  verbum  eorum  in  me,  ut  omnes 
«  unum  sint,  sicut  tu  Pater  in  me,  et  ego  in  te,  ut  et  ipsi  in  nobis 
«  unum  sint  (6).  »  Nostrum  est  maxime  oflicium  ejusmodi  uni- 
tatem  firmiter  tenere  et  vindicare,  ut  Gyprianus  admonet  {de 

(1)  Mallh.,  VII,  -2i.  —  (-2)  Matth.,  xvi,  IS.  —  (3)  Adv.  haeies.  lib.  m, 
cap  3.  —  (4;  I  Coiinlli.,  i,  19,  20.  —  (oj  II  Cor.,  m,  6.  —  ^G)  Joan., 
XVII,  II,  '20,  21. 


«  DIU  SATIS  »,  15  MAI  1800  253 

biMie  sur  Pierre;  que  Pierre  est  véritablement  digne  du  nom  qu'il  porte 
et  que  ri'glise  étant  ainsi  fondée  sur  la  pierre  <  les  portes  de  l'enfer  ne 
«  prévaudront  point  contre  elle.  » 


Jamais  la  religion  chrétienne  n'a  eu  d'ennemi  qui  n'ait  en  même 
temps  déclaré  à  la  chaire  de  Pierre  une  guerre  sacrilège;  car  tant  que 
cette  chaire  est  debout,  la  religion  ne  peut  ni  tomber  ni  chanceler. 
«  C'est  par  l'ordination  et  la  succession  de  ses  pontifes,  comme  saint 
«  Irénée  le  proclame  solennellement  devant  tout  l'univers,  ([ue  la  tradi- 
«  tion  répandue  par  les  Apôtres  dans  l'Eglise,  et  la  prédication  de  la 
«  vérité  sont  parvenues  jusqu'à  nous;  c'est  ce  qui  prouve  évidemment 
«  que  la  même  foi  vivifiante  a  été  conservée  et  transmise  avec  pureté 
«  dans  l'Eglise  depuis  les  Apôtres  jusqu'à  nous.  » 


A  ce  moyen  ont  eu  recours  aussi  ces  hommes  qui  de  nos  jours  ont 
opposé  je  ne  sais  quelle  horreur  et  quelle  infection  de  philosophie  men- 
teuse, à  cette  philosophie  (car  sous  ce  nom  les  Pères  grecs  surtout  ont 
désigné  la  doctrine  chrétienne  avec  une  profonde  justesse),  que  le  Fils  de 
Dieu,  l'éternelle  sagesse,  est  venu  du  ciel  révélera  la  terre.  Maison  peut  leur 
appliquer  merveilleusement  ces  paroles  de  saint  Paul  :  a  11  est  écrit  :  Je 
«  confondrai  la  sagesse  des  sages,  je  réprouverai  la  prudence  des  pru- 
t  dents.  Où  sont  les  sages,  les  docteurs  et  les  savants  du  siècle?  Dieu  n'a 
«  t-il  pas  convaincu  de  folie  la  sagesse  de  ce  monde?  » 


Nous  aimons  d'autant  plus,  vénérables  Frères,  à  vous  rappeler  tous  ces 
souvenirs,  que  nous  y  trouvons  un  merveilleux  motif  de  consolation, 
d'encouragement  et  de  zèle  pour  ne  reculer  devant  aucun  labeur,  aucun 
combat,  en  faveur  de  l'Eglise  du  Christ  que  lui-même  nous  a  confiée. 
Sans  aucune  prévision,  sans  aucun  désir  de  notre  part  et  malgré  nos 
frayeurs,  il  nous  a  chargé  de  la  gouverner  et  de  la  défendre,  d'en  aug- 
menter la  gloire  et  d'en  étendre  l'empire.  Il  saura  donc  certainement 
«  faire  de  nous  de  dignes  ministres  de  la  nouvelle  alliance,  de  telle  sorte 
«  sorte  que  notre  grandeur  vienne  de  la  vertu  de  Dieu  et  non  de 
«  nous.  » 


C'est  pourquoi,  vénérables  Frères,  vous  qui  avez  chacun  une  part  de 
ce  soin  et  de  cette  sollicitude,  je  fais  appel  à  vos  sentiments  'lévoués; 
travaillez  avec  nous,  consacrez  à  la  même  œuvre  votre  zèle,  votre  activité, 
vos  forces.  iN'e  perdez  jamais  de  vue  la  prière  du  Christ  à  son  Père  : 
«  Père  saint,  conservez-les  pour  votre  nom,  afin  qu'ils  soient  un  comme 
«  nous.  Ce  n'est  pas  seulement  pour  eu.\  (c'est-à-dire  pour  les  Apôtres) 
«  que  je  vous  prie,  mais  pour  ceux  qui  croiront  un  jour  en  moi  par  la 
«  vertu  de  leur  parole,  pour  que  tous  soient  un  comme  vous  en  moi, 
€  mon  Père,  et  moi  en  vous,  et  qu'ils  soient  eux-mêmes  un  en  nous.  » 
C'est  sur  nous  principalement  que  pèse  le  devoir  d'établir  et  de  mainte- 
nir fermement  cette  unité,  suivant  l'avis  de  Cyprien  De  l'unité  de  l'Eglise, 


254  LETTRE  ENCYCLIQUE   DE   PIE   VII 

unitate  Ecoles iœ),  quani  intuens  ac  deniirans  «  creflat  mundus, 
quia  lu  me  niisisli  (1);  »  quod  permit  orarc  Christus. 

Quamobrcm  Ghristi  ipsius,  qui  nobis  adest,  nec  a  nosiro  un- 
quani  latere  discedit,  nosquc  conliiiiial  illis  verhis  :  «  Non  tur- 
«  betur  cor  veslrum  rieque  forniidct;  creditis  in  Deum,  et  in 
«  me  crédite  (2),  »  ejus  auxilio.  inquam,  freti,  communi  studio  et 
alacritate  ad  communem  salutem  incumbamus.  Urbes,  oppida. 
agri,  civitates,  provinciae,  régna,  nationes  per  tôt  annos  jam 
divexatœ,  afflictœ,  miseras,  ac  perditce  solatium  aliquod  et  re- 
niedium  efflagitant;  quod  non  aliunde  quidem  est,  quam  a 
Ghristi  doctrina  quaerendum  sperandumque.  Nœ  qui  ab  illa 
alieno  adhuc  sunt  animo,  eos  possumus  confidentia  majore 
nunc  Augustini  vocibus  Jacessere  :  «  Dent  exercitum  taleni 
«  quales  doctrina  Ghristi  esse  milites  jussit,  dent  taies  provin- 
«  ciaies,  taies  maritos,  taies  conjuges,  taies  parentes,  taies 
«  filios,  taies  dominos,  taies  scrvos,  taies  reges,  taies  judices, 
«  denique  debitorum  ipsius  fisci  redditores  et  exactores,  quales 
«  esse  prœcipit  doctrina  chistiana,  »  quod  cum  eflicere  neqneant, 
«  non  dubitent  eam  confiteri,  magnam,  si  obtemperetur,  salutem 
«  esse  Reipublicce  (3).  » 

JNostri  ergo  muneris  et  officii  est,  venerabiles  Fratres,  homi- 
nibus,  gentibus  laborantibus  succurrere.  mala,  quorum  cogi- 
tatio  lacrymas  coniniovet..  quœ(|ue  premunt,  quœque  impen- 
dent, ab  omnium  cervicibus  depellere  :  nam  «  dédit  Ghristus 
«  pastores  et  doctores  ad  consummationem  sanctorum,  in  opus 
«  ministerii,  in  œdificationem  corporis  Ghristi  :  donec  occur- 
«  ranius  omnes  in  unitatem  fidei  et  agnitionis  Filii  Dei  (4).  » 
A  qua  opéra  navanda  si  quid  forte  quemquam  nostrum  deter- 
reat,  aut  impediat,  aut  retardet,  quo  se  llagitio  ille  ac  scelere 
adstringet?        ' 

Vos  itaqucj  venerabiles  Fratres,  oramus  primum  omnium  et 
obsecramus,  hortamur  et  monemus,  atque  adeo  vobis  manda- 
nuis,  ut  nihil  vigilantiœ,  nihil  diligentiœ,  nihil  curse,  nihil  plane 
laboris  prœtermittatis,  quo  «  depositum  custodiatis  »  doctrinaî 
Ghristi,  ad  quod  perdcndum  nostis,  quanta  conjuratio,  et  a  qui- 
bus  facta  sit.  Ne  quem  ante  in  cleruin  adsciscatis,  ne  cui  omnino 
«  dispensationem  »  credatis  «  mysteriorum  Dei,  »  ne  quem  con- 
fessiones  audire  aut  conciones  habere  patiamini,  ne  cui  curatio- 
nem  aut  munus  quodcumque  deferatis,  quam  sedulo  expendatis, 
et  excutiatis,  lenteque  «  probetis  spiritns  utrum  ex  Deo  sint  ^5)  ». 
Quandoquidem  utinam  non  usu  didicerimus,  quam   hœc  œtas 

(1)  Joan.,  XVII,  21.  —(2)  Joan.,  xiv,  1-  —  (3)  Lib.  83,    Quacst. 
(4)  Ephes.,  IV,  12.  —  (5;  Joan.,  iv,  1.  — 


a  DIU  SATIS  »,    15  MAI   1800  255 

afin  qu'à  celte  vue  «  le  monde  »  étonne  «  croie  que  c'est  vous  qui  m'avez 
(t  envoyé,  »  comme  dit  le  Christ  dans  la  suite  de  sa  prière. 


Appuyons-nous  donc  sur  le  secours  du  Christ  qui  nous  assiste,  se  tient 
sans  cesse  à  nos  côtés,  et  nous  fortifie  en  nous  disant  :  «  Que  votre  cœur 
ne  se  trouble  point;  ne  «  craignez  rien,  vous  croyez  en  Dieu,  croyez 
«  aussi  en  moi.  »  Appliquons-nous  dans  une  communauté  de  zèle  et 
d'ardeur  fi  procurer  le  salut  de  tous.  Les  cités,  les  villes,  les  bourgs,  les 
communes,  les  provinces,  les  royaumes  et  les  nations,  après  tant  d'années 
de  ravages,  d'aflîictions,  de  misères  et  de  bouleversements,  demandent  à 
grands  cris  quelque  soulagement  et  le  remède  à  leurs  maux.  Ce  remède 
ne  peut  venir  et  on  ne  doit  l'attendre  que  de  la  seule  doctrine  du  Christ. 
Maintenant  surtout  nous  pourrons  adresser  avec  plus  de  confiance  et  d'un 
air  triomphant  ces  paroles  de  saint  Augustin  à  ceux  qui  en  sont  encore 
éloignés  :  «  Q.u'on  nous  donne  des  soldats  et  des  citoyens,  des  maris  et 
«  des  épouses,  des  parents  et  des  enfants,  des  maîtres  et  des  serviteurs, 
€  des  rois,  des  juges,  enfin  des  débiteurs  et  des  receveurs  du  fisc,  tels 
n  que  les  veut  la  doctrine  chrétienne,  »  et  si  l'on  est  dans  l'impossibilité 
de  le  faire  «  qu'on  avoue  sans  détour,  que  la  fidélité  à  cette  doctrine 
a  serait,  pour  l'Etat,  une  grande  prospérité.  » 


Il  est  donc  du  devoir  de  notre  charge,  vénérables  Frères,  de  porter 
secours  aux  citoyens  et  aux  nations  en  souffrance,  de  détourner  de  toutes 
les  tètes,  les  maux  qui  les  accablent  dans  le  présent  ou  les  menacent  pour 
l'avenir,  et  dont  la  seule  pensée  provoque  nos  larmes.  Car  le  Christ  a  a 
«  établi  des  pasteurs  et  des  docteurs  afin  qu'ils  travaillent  h  la  perfection 
«  des  saints,  aux  fonctions  de  leur  ministère,  à  l'édificalion  du  corps  de 
0  Jésus-Christ  jusqu'à  ce  que  nous  nous  rencontrions  tous  dans  l'unité 
oc  d'une  même  foi  et  de  la  connaissance  du  Fils  de  Dieu.  »  De  quel  crime, 
de  quel  forfait  ne  se  rendrait  point  coupable  celui  d'entre  nous  qui  se 
laisserait  intimider,  détourner  ou  relarder  dans  l'exécution  de  cette 
œuvre? 


Aussi,  vous  surtout,  vénérables  Frères,  nous  vous  prions,  nous  vous 
conjurons,  nous  vous  exliortons,  nous  vous  avertissons,  nous  vous  com- 
mandons même,  de  ne  rien  négliger  sous  le  rapport  de  la  vigilance,  de 
l'activité,  de  la  sollicitude  et  du  travail,  pour  conserver  le  dépôt  de  la 
doctrine  du  Christ.  Combien,  hélas!  et  avec  quelle  fureur  on  travaille  à 
la  dissiper!  N'admettez  personne  dans  les  rangs  du  clergé,  ne  confiez  à 
personne  a  la  dispensation  des  mystères  de  Dieu,  »  le  ministère  de  la 
confession  ou  de  la  prédication,  ni  charge  d'ame,  ni  emploi  quelconque, 
avant  d'avoir  soigneusement  examiné,  contrôlé  et  mûrement  éprouvé 
'<  si  l'esprit  vient  de  Dieu  ».  Plût  au  ciel  que  notre  expérience  nous  per- 


256  LETTRE  ENCYCLIQUE   DE   PIE  VII 

magnam  «  pseudo-apostolorum  »  copiam  eiïuderit,  «  qui  siint 
«  opcrarii  siibdoli  transligurantes  se  in  Apostolos  Ghristi,  »  a 
qiiibus,  nisi  prospicianius,  ne,  «  sicut  serpens  Evam  .seduxit 
«  astulia  sua,  ita  corrumpentur  sensiis  fidelium,  et  excident  a 
«  simplicitate,  qiiœ  est  in  Chrislo  (1).  » 

Atque  «  universo  quidem  gregi,  in  quos  vos  Spiritus  sanctus 
«  posuit  episcopos  attendere  (2)  •»  vos  oportet.  Sed  omnium 
maxime  paterni  amoris  benevolentiœque  vestrœ  vigilantiam, 
studium,  industi'iam,  operam  pueri  sibi  et  adolescentes  depo- 
scunt  quos  cum  exemplo  suo  nobis,  tum  oratione  Christus  tam 
vehementer  comniendavit  (3),  quorum  in  teneris  animis  inficien- 
dis  et  corrumpendisomnescontenderuntnervos,  quires  privatas 
et  publicas  evertere,  divina  et  humana  jura  omnia  permiscere 
sunt  moliti,  spem  in  eo  maximam  nefaria  cogitata  perficiendi 
collocantes.  Pseque  hos  enim  fugit,  mollis  cerae  instar  illos  esse, 
qui  tractari  facile  et  in  quamlibet  partem  flecti  etfmgi  possint  : 
quam  vero  formam  semel  susceperint,  eam,  quum  aetate  pro- 
gressi  obduruerint,  pertinacissime  retinent,  aliamque  respuunt; 
ex  quo  tritum  illud  omnium  sermone  e  divinis  Litteris  prover- 
bium  :  «  Adolescens  juxta  viam  suam,  etiam  cum  senuerit,  non 
recedet  ab  ea  (4).  »  Nolito  ergo  committere,  venerabiles  Fratres, 
«  ut  filii  hujus  saeculi  prudentiores  «  quam  filii  lucis  in  genera- 
«  tione  sua  sint  5  .  »  Quibus  viris  regendi  in  seminariis  et  col- 
legiis  tradantur  pueri  et  adolescentes;  quibus  disciplinis  im- 
buantur  ;  qui  deligantur  in  lyceis  magistri,  quœscholœ  habeantur, 
etiam  atque  etiam  considerate,  pervestigate  sedulo,  odoramini, 
lustrate  omnia  :  excludite,  arcete  «  rapaces  lupos,  non  parcen- 
tes  »  innocontium  agnorum  gregi,  ac,  si  quo  forte  irrepserint, 
eos  inde  extrudite,  exterminate  protinus  «  secundum  potestatem, 
«  quam  dédit  vobis  Dominus  in  sedilicationem  (61.  » 

Quse  sane  potestas  vel  in  ea,  quœ  capitalior  sit,  exscindenda 
peste,  librorum  scilicet,  ut  a  nobis  tota  expromatur,  postulat 
ipsa  etiam  Ecclesise  salus,  reipublicae,  principum,  mortalium 
omnium,  quam  vita  nostra  multo  cariorcm  et  potiorem  habere 
debemus.  Quo  de  argumento  copiose  apud  vos  et  accurate  agit 
fel.  rec.  prœdecessor  noster  Clemens  XIII  in  suis  apostolicis  Lit- 
teris in  forma  Brevis  ad  vos  die  xxv  nov.  anno  mdcclxvi  datis. 
'Neque  illos  modo  libros  extorquendos  de  hominum  manibus, 
delendos  penitus  et  comburendos  dicimus,  quibus  aperte  do- 
ctrina  Ghristi  oppugnatur;  sed  etiam,  ac  multo  magis  omnium 

(1)  H  Cor.,  XI,  3. 

(2)  Acl.,  XX,  -28.  —  (3)  Matth  ,  xix  ;  Marc,  x;  Luc,  xviii. 

(4)  Prov., xxu,  6.  —  [bj  Luc,  xvi,  8.  —  (G)  Act. ,  xx,  29 :  II  Cor.,  vin,  10 


«  DIU  SATIS  »,  15  MAI  1800  2S7 

mit  d'ignorer  la  mullitiule  «  des  faux  apôtres  »  ciiifcndrés  de  nos  jours, 
«  artisans  de  ruses,  transfigurés  en  apôtres  du  (Ihrist!  »  Si  nous  n'y 
pourvoyons  ils  corrompront  sûrement  les  esprits  des  fidèles,  «  de  même 
«  que  le  serpent  séduisit  Eve  par  ses  artifices,  et  les  feront  déchoir  de  la 
u  >iniplicité  qui  est  selon  le  Christ.  » 


Il  faut  sans  doute  que  vous  soyez  attentifs  i  à  tout  le  troupeau  sur 
«  lequel  le  Saint-Esprit  vous  a  donné  la  surveillance.  »  Mais  la  vigilance, 
le  zèle,  l'industrie,  l'activité  de  votre  amour  paternel  et  de  votre  bien- 
veillance sont  dus  principalement  à  ces  enfants,  à  ces  jeunes  gens  que  le 
Christ  nous  a  reeonimaiulés  avec  tant  d'instances  par  ses  exemples,  et  par 
ses  discours,  et  dont  se  sont  attachés  à  pervertir  et  h  corrompre  les  tendres 
esprits,  de  toutes  leurs  forces  et  dans  l'espérance  de  réaliser  ainsi  plus 
sûrement  leurs  coupables  projets,  ces  conspirateurs,  ennemis  de  tcrut  bien 
public  et  privé,  qui  tendent  à  confondre  toute  notion  des  droits  divins  et, 
humains.  Ils  savent  bien  (jue  comme  une  cire  molle  qui  se  manie  facile- 
ment, que  l'on  plie  en  tous  sens,  et  qui  peut  recevoir  toute  empreinte,  ces 
jeunes  gens  garderont,  avec  les  progrès  de  l'âge,  celle  qu'ils  auront  une  fois 
reçue  et  refuseront  de  se  prêter  à  toute  autre  ;  de  là  ce  proverbe  des  livres 
sacrés  que  l'on  retrouve  dans  toutes  les  bouches  :  n  Le  jeune  homme  suit 
sa  première  voie;  dans  sa  <t  vieillesse  même  il  ne  la  quittera  point.  » 
Gardez-vous  donc  de  permettre,  vénérables  Frères,  que  les  enfants  du  siècle 
soient  plus  prudents  dans  la  conduite  de  leurs  alfairt^s  que  les  enfants  de 
lumière!  Considérez  sans  cesse,  recherchez  avec  soin,  pressentez,  exami- 
nez, à  quels  supérieurs  vous  devez  confier  le  soin  des  enfants  et  de  la 
'eunessedans  les  séminaires  et  les  collèges;  quelles  matières  il  faut  ensei- 
gner, quels  maîtres  il  faut  donner  aux  lycées,  quelles  écoles  il  faut  ouvrir. 
Excluez,  repoussez  oc  les  loups  rapaces  qui  n'épargneraient  point  »  le  trou- 
peau de  ces  agneaux  innocents,  et  si  quelques-uns  d'eux  s'y  glissent, 
chassez-les,  expulsez-les  immédiatement  «  selon  la  puissance  que  le  Sei- 
gneur vous  a  donnée  pour  «  l'édification.  » 


C'est  surtout  pour  arrêter  le  fléau  qui  fait  le  plus  de  ravages,  la  con- 
tagion des  mauvais  livres,  que  nous  devons  déployer  toute  cette  puis- 
snn(?e.  Aiosi  le  réclame  de  nous  le  salut  de  l'Eglise  et  de  l'Etat,  des 
j)ri lices  et  de  tous  les  mortels,  qui  doit  nous  être  plus  cher  et  plus  pré- 
cieux que  notre  propre  vie.  Notre  prédécesseur,  Clément  Xlll,  d'heureuse 
mémoire,  vous  a  déjà  longuement  et  exactement  entretenus  de  ce  sujet 
dans  ses  lettres  apostoliques,  en  forme  de  Bref,  datées  du  2.o  novem- 
bre 1766.  Nous  ne  disons  pas  qu'il  faille  arraclier  aux  mains  des  hommes, 
détruire  entièrement  et  brûler  seulement  les  livres  qui  combattent  ou- 
verrcment  la  doctrine  du   Christ  ;    nous  voulons  aussi   qu'on   détourne 


25ï>  LETTRE   ENCYCLIQUE   DE    PIE   VII 

sunt  mentes  atqiie  oculi  ab  iis  prohibcndi,  qui  occultius  illud 
atqne  ex  insidiis  faciunt.  Ad  quos  inlernoscendos  «  tractalu 
«  longo,  ut  Cyprianus  inquit  (1),  et  argumentis  opus  non  est: 
«  probatio  est  ad  (idem  facilis  compcndio  veritatis  :  »  lo(|uitur 
Dominus  ad  Petrum  :  «  Pasce  oves  meas  (2)  ».  Id  pabuli  ergo 
genus  oves  Christi  salutare  sibi  ducere,  id  amplecti,  eo  se  alere 
debent,  quo  Pétri  illas  vox  et  auctoritas  immiserit;  unde  vero 
hœc  avocet  ac  deterreat,  id  noxium  plane  ac  pestiferum  existi- 
marc,  ab  co  vehementissime  abhorrerc,  necuîlacapi  specie  per- 
vertique  illecebra.  Qui  non  ita  se  morigeros  prœbeant,  in  ovibus 
Christi  certe  numerandi  non  sunt.  Qua  in  causa,  venerabilesFra- 
tres,  non  possumus  connivere,  nec  tacere,  nec  remissiiis  agere  : 
nisi  enim  htcc  taiita  cogitandi,  loquendi,  scribendi,  legendique 
licentia  coerceatur  et  reprimatur,  hoc  malo,  quo  tamdiu  aftli- 
ctaniur,  relevati  tantisper  videbiinur  sapieritissimorum  et  for- 
tissimorum  regum  et  ducum  consilio  et  copiis:  ast,  ejus  stirpe 
et  scmine  non  sublato  et  extincto  (perhorresco  equidem  dicere, 
verum  est  dicendum),  serpet  iUud  latius,  et  roborabitur,  orbem- 
que  terrarum  totum  conipiectetur,  nec  ei  posthac  delendo  aut 
propuisando  militum  legiones,  excubitc,  vigiliae,  munitiones 
urliium,  propugnacula  imperiorum  suf(icient. 

Quem  nostrum^  venerabiles  Fratres,  non  moveat  et  excitet 
quod  per  Ezeciiielem  vatem  Deus  nobis  edicit  :  «  Fili  hominis, 
«  speculatorem  dedi  te  domui  Israël  :  et  audies  de  ore  meo  ver- 
«  hum,  et  annuntiabis  eis  ex  me.  Si  dicente  me  ad  impiuin: 
«  Morte  moiieris,  non  annuntiaveris  ei...,  ipse  impius  in  iniqui- 
«  tate  sua  morietur:  sanguinem  autem  ejus  de  manu  tua  requi- 
«  ram  (3).  »  Ilœc  me  sententia,  fateor.  dies  noctesque  exstimu- 
lat  ac  pungit,  nec  patietur  unqnam  in  meo  fungendo  munere 
inertem  esse  ac  timidum;  voDisque  me  non  modo  adjutorem  et 
fautorem  semper,  sed  pnncipem  ac  ducem  fore  polliceor  ac 
spondeo. 

Atqui  est  aliud  prœterea  «  depositum  custodiendum  »  nobis, 
veneraiiiles  Fratres,  magnaquc  animi  firmitudine  et  constantia 
tuendum,  sanctissimarum  sciHcet  Ecclesiœ  legum,  quibus  disci- 
plinam  suam  ipsa,  pênes  quam  nimirum  unam  ejusmodi  sit 
potestas,  constitiiit,  quibus  profccto  piotas  virtusque  iloret,  qui- 
bus Christi  Sponsa  «  terribilis  est,  ut  castrorum  acies  ordina- 
«  ta  (4)  »,quarum  plerœque  etiam,  «  velut  quœdam  fundamenta 
«  suntferendis  fidei  jactaponderibus,»  ut  S.Zozimi  prœdecessoris 
nostri  verbis  utamur  (5).  Nihil  est,  quod  civitatum  principibus 

(1)  S.  Cypr.,  de  Unit.  Ecclcsiœ.  —  (2)  .loan.,  xxi,  13.  —  (3;  Ezech., 
ni,  17,  18.  —  (i)  Cant.,  vi,  3.  —  (5)  Epist.,  7. 


B  DIU  SATIS  »,   15  MAI  1800  259 

l'esprit  et  les  yeiix  de  tous  les  fiilèles  de  ceux  surtout  qui  l'altaqucnt 
secrètement  et  avec  artifice.  «  Pour  les  discerner,  dit  saint  Cyprien,  il 
a  ne  faut  ni  un  long  examen,  ni  un  raisonnement  étudié;  le  (idèle  j)eut 
«  les  reconnaître  très  facilement  dans  l'intérêt  de  la  vérité.  »  Le  Sei- 
gneur a  dit  à  Pierre  :  a  Pais  mes  brebis.  i>  Ainsi  les  pâturages  que  les 
brebis  du  Christ  doivent  estimer,  rechercher  et  dont  elles  doivent  se 
nourrir,  ce  sont  ceux  où  les  conduisent  la  voix  et  l'autorité  de  Pierre; 
quant  à  ceux  dont  cette  voix  les  rappelle  et  les  détourne,  elles  doivent 
sans  hésitation  les  considérer  comme  nuisibles  et  empoisonnés,  les  fuir 
avec  horreur,  sans  se  laisser  entraîner  ni  séduire  par  de  trompeuses 
apparences  ni  des  dehors  attrayants.  Ceux  qui  n'ont  ])oint  cette  docilité 
ne  peuvent  sûrement  compter  parmi  les  brebis  du  Christ.  Sur  ce  sujet, 
vénérables  Frères,  nous  ne  pouvons  ni  dissimuler,  ni  nous  taire,  ni 
lléchir;  si,  en  effet,  l'on  n'arrête,  si  on  ne  réprime  cette  licence  effrénée 
dépensées,  de  paroles,  d'écrits  et  de  lectures,  nous  pourrons,  il  est  vrai, 
grâce  à  l'habileté  et  aux  armées  des  rois  et  des  capitaines  les  plus  sages 
et  les  plus  puissants,  paraître  tant  soit  peu  soulagés  du  mal  sous  lequel 
nous  gémissons  depuis  si  longtemps  ;  mais  la  racine  n'en  étant  point 
extirpée  ni  le  germe  détruit  ij'ai  horreur  de  le  dire,  et  pourtant  je  ne 
puis  le  taire!),  le  mal  s'étendra,  se  fortifiera,  ravagera  tout  l'univers,  et, 
plus  tard,  ni  légions,  ni  garnisons,  ni  sentinelles,  ni  remparts  de  ville, 
ni  barrières  d'empires  ne  suffiront  pour  l'anéantir  ou  l'éloigner. 


Qui  de  nous,  vénérables  Frères,  ne  se  sentirait  ému  et  animé  à  ces 
paroles  que  Dieu  nous  adresse  par  le  prophète  Ezéchiel  :  «  Fils  de 
l'homme,  je  t'ai  donné  pour  sentinelle  à  la  maison  d'Israël,  Tu  écoute- 
«  ras  la  parole  de  ma  bouche  et  tu  la  leur  annonceras  de  ma  part.  Si, 
a  lorsque  je  dirai  à  l'impie:  Tu  seras  puni  de  mort,  tu  nele  lui  annonces 
«  pas,  l'impie  mourra  dans  son  impiété,  mais  je  te  redemanderai  son 
«  sang.  B  Cette  sentence,  je  l'avoue,  m'excite  et  m'aiguillonne  nuit  et 
jour;  elle  ne  |)ermettra  jamais  que  je  m'acquitte  avec  indolence  ou  timi- 
dité des  fonctions  de  mon  ministère,  et  je  promets,  j'assure  que  je  ne 
serai  pas  seulement  votre  aide  et  votre  appui,  mais  aussi  votre  chef  et 
votre  guide. 


Nous  avons  encore,  vénérables  Frères,  un  autre  dépôt  à  conserver,  à 
garder  avec  une  grande  force  d'âme  et  une  invincible  constance  :  c'est 
celui  des  lois  saintes  de  l'Eglise.  Etablies  par  elle-même  pour  fornu'r  sa 
discipline,  car  elle  en  a  seule  le  pouvoir,  ces  lois  font  fleurir  infaillible- 
ment la  piété  et  la  vertu;  elles  rendent  l'épouse  du  Christ  «  terrible 
«  comme  une  armée  rangée  en  bataille;  »  et,  pour  emprunter  les  paroles 
de  notre  prédécesseur  Zozime,  plusieurs  d'entre  elles  sont  comme  des 
fondements  disposés  pour  soutenir  les  constructions  de  la  foi. 


Rien  n'est  plus  avantageux  et  plus  glorieux  pour  les  chefs  des  Étals 


260  LETTRE   ENCYCLIQUE    DE    PIE   VII 

ac  regibus  majori  fructui  gloriœque  esse  possit,  qiiani  si,  ut 
sapientissiinus  fortissimusque  aller  prtpdocessor  nostcr  S.  Félix 
Zenoni  inipciatori  prescribebat  :  «  Eccicsiam  catliolicam...  si- 
«  nant  uli  legibus  suis  ncc  iibertati  fjus  quemquani  permitlant 
«  obsistere...  Certum  est  onim,  hoc  robus  suis  esse  salutaro.  ut. 
«  curn  de  causis  Dei  agatur  juxta  ipsius  consliluluui,  regiam 
«  voluntatem  sacerdotibus  Gbristi  studeant  subdere,  non  prœ- 
«  ferre.  » 

De  bonorum  vero  Ecclesiœ  «deposito,  quee  quidem  vota  sunt, 
«  opes,  sacra  pecunia,  sanctoruni  subslaiilia,  ros  Dei,  »  quemad- 
niodum  Patres,  concilia,  divinœque  Litteraî  signidcant  ac  decla- 
ant,  ecquidnam  vobis,  venerabiies  Fratres,  prcecipiemus,  Eccle- 
^ia  nunc  iis  spoliata  misère  ac  nudata'?  Id  nempe  unum  ut  detis 
operam,  ut  contendatis,  quo  omnes  intelligant  ac  in  animum 
/nducant.  quod  Aquisgranense  olim  Conciiium  brevi  bac,  et 
perspicua,  accurataque  sententia  conclusit  :  «  Quisquis  quce 
«  abi  fidèles  de  haîreditate  possessionum  suarum,  ob  remedium 
«  animarum  suarum,  Deo  ad  honorem,  et  decorem  Ecclesiœ 
«  suœ,  ejusque  ministrorum  usus.  contulcrunt,  aut  abstulerit, 
«  aut  auferre  prœsumpserit,  procul  dubio  aliorum  data  in 
«  animée  suée  convertit  pericuhini  fl).  »  Non  certe  «  tenacitatis 
«  studio  »  (née  omni  ratione  cunctis  hoc  possumus  non  niiuMS 
quam  S.  Agapitus  preedecessor  nosterconfirmare)  «autsœcularis 
utilitatis  causa,  »  sed  divini  consideratione  judicii  (2)  ad  ea 
repetenda  movemur.  quorum  jubemur  «dispensatores  esse  fidèles 
«  et  prudentes  (3).  » 

Quanquam  nullum  plane  precibus,  nec  adhortationibus,  nec 
monitis,  necactionibus  nostris  relinquent  locum  christiani  reges 
civitatumque  principes,  qui  se  Ecclesiee  «  nutricios  (4)  »  per 
Isaiam  fuisse  dictos,  optime  tenent,  atque  esse  gloriantur;  quo- 
rum profecto  fides,  pietas,  œquitas,  sapientia,  religio  tantam 
spem  nobis  adfert,  tantamque  oxpectationem  excitât,  ut  pro 
certo  habeamus..  curaturos  illos  reddi  protinus  «  quœ  sunt  Dei 
Deo:  »  neque  commissuros  suas  personare  aures  bis  Dei  ipsius 
vocibus  et  querelis  :  «  Argentum  meum  et  aurum  tulistis,  et 
«  desiderabilia  mea  et  puloherrima  (5)  :  »  nec  dissimiles  Con- 
stantini  et  Caroli  Magnorum  futures,  quorum  preecipue  fuit  in 
Ecclesiam  nobilitata  liberalitas  et  justitia  :  quorum  etiam  alter 
se  professus  est  «  nosse  multa  régna,  et  reges  eoriim  propteroa 
«  cecidisse,  quia  Ecclesiam  exspoliaverunt;  »  cujus  rei  causa 

(1)  Cap.,  xxxvii,  tom.  IV  Coiic.  Ilanhiin.,  col.  1423.  —  (2)  Ep.  •*  ad 
Csesar.  ep.  Arelat.  Bull.  Rom.  toni.  XI,  f.  59.  —  (3)  Luc,  xii,  4-2. 
(4}  Isai.,  XLix,  23.  —  (H)  Joël.,  ni,  o. 


n  DIU  SATIS  k,   15  MAI   1800  261 

pt  pour  les  rois,  que  de  se  conformer  à  ces  paroles  adressées  à  rciiipereur 
Zenon  par  un  autre  de  nos  prédécesseurs,  le  sage  et  courageux  saint 
Félix  :  «  Qu'ils  laissent  l'Eglise  catholique  se  gouverner  par  ses  propres 
«  lois  et  ne  permettent  h  personne  de  mettre  obstacle  à  sa  liberté.  Car  il 
a  est  indubitable  que,  lorsqu'il  s'agit  des  choses  de  Dieu,  il  est  de  leur 
«  intérêt  de  suivre  l'ordre  qu'il  a  prescrit  et  de  s'attacher  à  soumettre, 
€  au  lieu  d'imposer  leur  volonté  royale  aux  prêtres  du  Christ.  » 


Quant  au  dépôt  des  biens  ecclésiastiques,  lesquels,  pour  nous  servir  des 
expressions  et  des  déclarations  des  Pères  des  conciles  et  des  saintes  Ecri- 
tures, sont  réellement  «  des  offrandes  faites  au  Seigneur,  les  ressources, 
«  le  trésor  sacré,  la  subsistance  des  saints  et  la  propiiélé  de  Dieu,  »  que 
pouvons-nous  vous  prescrire,  vénérables  Frères,  au  milieu  de  la  spolia- 
tion déplorable  et  du  dénùment  de  l'Eglise?  Une  seule  chose:  c'est  d'ap- 
.i)liqucr  vos  soins  et  vos  efforts  à  convaincre  et  à  persuader  chacun  de  ce 
qu'un  concile  d'Aix-la-Chapelle  a  exprimé  par  cette  sentence,  aussi  courte 
que  claire  et  précise  :  «  Quiconque  ravira  ou  tentera  de  ravir  ce  que 
«  d'autres  fidèles,  en  vue  du  soulagement  de  leur  ûme,  auront  consacré  à 
a  Dieu  de  leurs  propres  biens,  pour  l'honneur  et  l'ornement  de  son  Eglise 
a  et  pour  les  besoins  de  ses  ministres,  celui-là,  sans  aucun  doute,  fera 
«  tourner  les  dons  d'autrui  au  détriment  de  son  ûme.  »  Et  nous  pour- 
rions le  prouver  à  tous,  non  moins  clairement  que  notre  prédécesseur 
saint  Agapit:  «  Ce  n'est  certes  ni  l'esprit  d'avarice,  ni  la  vue  d'aucun 
«  intérêt  temporel,  »  mais  la  considération  des  jugements  de  Dieu  qui  nous 
porte  à  reven(li(]uer  ces  biens,  dont  nous  devons  être  «  les  dispensateurs 
«  fidèles  et  prudents  ». 


Mais  les  rois  chrétiens  et  les  chefs  des  Etats  ne  voudront  sûrement  nous 
laisser  aucun  motif  de  prier,  d'exhorter,  d'avertir  et  de  réclamer.  Ils 
savent  parfaitement  qu'lsa'ie  lésa  proclames  lésa  nourriciers»  de  l'Eglise 
et  ils  s'en  glorifient.  Leur  foi,  leur  piété,  leur  justice,  leur  sagesse,  et 
leur  religion  nous  donnent  tant  de  gages  d'espérance,  que  nous  sommes 
convaincus  qu'ils  s'empresseront  de  rendre  «  à  Dieu  ce  qui  est  à  Dieu,  » 
et  ne  s'exposeront  pas  à  entendre  retentir  5  leurs  oreilles  ces  paroles  et 
ces  plaintes  du  Seigneur:  «  Vous  avez  ravi  mon  argent  et  mon  or;  ce  que 
j'avais  de  plus  précieux  et  de  plus  beau.  »  Ils  voudront  ressembler  aux 
grands  empereurs  Constantin  et  Charlemagne,  qui  se  sont  ilUistrés  par 
leur  libéralité  et  leur  justice  envers  l'Eglise,  et  dont  l'un  a  même  déclaré 
«  qu'il  connaissait  beaucoup  de  royaumes  et  de  rois  tombés,  pour  avoir 
a  dépouillé  l'Eglise».  Aussi  déclare-t-il  hautement  à  ses  enfants  et  aux 


262  LETTRE  ENCYCLIQUE   DE    PIE   VII 

suis  liberis,  et  iis,  qui  poslca  rempuhlicam  gèrent,  edicit  nt 
inculcal  :  «  Quantum  valenius  et  possunius,  per  Deum  et  oninia 
«  sanctoium  mérita,  prohibemus  contcslamurque,  ne  taiia  la- 
«  ciant,  nec  faccre  volentibus  consentiant,  sed  adjutores  et  de- 
«  fensores  Ecclesiarum  et  cultorum  Dei  pro  viribus  existant  (1  ).  » 

Neque  illud  in  harum  litterarum  extiemo  celari  vos  oportet, 
venerabiles  Fratres,  «  quoniam  tristilia  mihi  magna  est,  et 
«  continuus  dolor  cordi  meo  (2),  »  pro  (iliis  meis,  qui  sunt  Gal- 
]in3  populi,  cœterique,  apud  quos  idem  furor  nondum  defeibuit. 
Quid  mihi  optatius  contingeret,  quam  vitam  pro  illis  profun- 
dere,  si  eorurn  salus  meo  posset  intcritu  repr.csentari  ?  Non 
inficiamur,  quin  prœ  nobisferimus,  permultum  ad  nostri  luctus 
acerbitatem  minuendam  ac  leniendam  vaiere  invictum  animi 
robur  et  constantiam,  quam  complurcs  ex  vol)is  prœstitislis, 
quœ  menti  observatur  quotidie  nostrœ,  quamque  omnis  generis 
quidcm  homines,  œtatis,  ordinis  mirilice  sunt  secuti,  qui  sane 
quidvis  injuriarum,  periculorum,  jacturarum,  suppliciorum 
perpeti,  inortemque  ipsam  oppetere  maluerunt,  prœclarumque 
id  sibi  existimarunt,  quam  ilîiciti  ac  nefarii  sacramenti  labe 
pollui,  ac  scelere  alligari,  atque  Sedis  Apostolicœ  decretis  ac 
sententiis  non  parère.  Nœ  haud  minus  est  virtus,  nostra  memo- 
ria,  quam  crudelitas  renovata  priscorum  temporum.  Neque  ulla 
vero  uspiam  gens  est,  quam  non  mea  cogitatio,  paternusque 
amor,  et  cura  complectatur,  cujus  a  nobis  et  a  veritate  dissidio 
non  valde  mœream  et  discrucier,  cuique  opituiari  non  gestiam. 

Nobiscum  ergo  societatem  etiam  coite  precum,  ut  post  diu- 
turnam  hanc  jactationem  «  Ecclesia  habeat  pacem,  ut  œdilice- 
«  tur  ambulans  in  timoré  Domini,  et  consolatione  sancti  Spiri- 
«  tus  (3),  »  nullaque  res  jam  impediat,  quin  «  unum  w  ex 
omnibus  nationibus  «  ovile  fiat,  et  unus  pastor  (4)  ».  Vobis 
interea  tam  bene  animatis  ac  paratis,  et,  cui  prcesidetis,  gregi 
apostolicam  benedictionem  propensissima  voluntate  impertimur. 

Datum  Venetiis  ex  monasterio  S.  Georgii  Majoris,  die  décima 
quinta  maii  millesimo  octingentesimo,  pontificatus  nostri  anno 
primo. 

Plus  PP.  VU. 

(1)  Ap.  Baluz.  Capit.,  1.  I,  cap.  ni.  —  (2)  Rom.,  ix,  2. 
(3)  Act.,  IX,  31.  —  (4)  Jo.ii.,  X,  16. 


«  DIU  SATIS  »,   15  MAI   1800  263 

futurs  ailministrateurs  de  ses  Etats  :  «  Au  nom  du  Seigneur  et  par  les 
«  mérites  des  saints  nous  leur  détendons  de  toute  notre  puissance  et  au- 
u  torité,  nous  leur  interdisons  de  rien  faire  de  semblable,  ni  d'être  les 
a  complices  de  pareils  attentats:  qu'il»  soient  plutôt,  dans  la  mesure  de 
a  leurs  forces,  les  appuis,  les  défenseurs  des  églises  et  des  serviteurs  de 
«  Dieu.  » 

Près  de  terminer  cette  lettre,  je  ne  dois  point  vous  dissimuler,  véné- 
rables Frères,  qu'une  profonde  «  tristesse  et  une  douleur  continuelle  rem- 
plissent mon  cœur  »  au  sujet  de  mes  enfants,  les  peuples  de  la  Gaule,  et 
d'autres  aussi  dont  le  délire  n'est  point  encore  calmé.  Ah  !  si  ma«nort 
pouvait  procurer  leur  salut,  qu'y  aurait-il  pour  moi  de  plus  désirable 
que  de  sacrifier  ma  vie  pour  eux?  INous  ne  le  nions  pas,  nous  le  procla- 
mons au  contraire  devant  vous,  ce  qui  contribue  singulièrement  à  adou- 
cir, à  tempérer  l'amertune  de  notre  douleur,  c'est  le  courage  et  la  cons- 
tance invincible  qu'ont  déployés  beaucoup  d'entre  vous  et  que  nous  ne 
cessons  d'admirer;  noble  exemple  qu'ont  suivi  glorieusement  des  hommes 
de  tout  rang,  de  tout  Age  et  de  toute  condition.  Car  ils  ont  préféré  s'expo- 
ser à  toute  sorte  d'injustices,  de  périls,  de  sacrifices  et  de  tourments, 
braver  la  mort  elle-même;  ils  ont  mis  là  leur  gloire,  plutôt  que 'de  se 
souiller  et  de  se  déshonorer  en  prêtant  un  serment  coupable  et  sacrilège, 
plutôt  que  de  n'obéir  pas  aux  décrets  et  aux  volontés  du  Saint-Siège. 
Oui,  nos  jours  ont  été  témoins  du  renouvellement  des  vertus  comme  des 
cruautés  des  premiers  âges.  Et  il  n'y  a  dans  l'univers  aucune  nation  que 
je  n'embrasse  dans  mes  pensées,  dans  mon  amour  paternel  et  ma  sollici- 
tude ;  il  n'y  en  a  point  dont  la  séparation  d'avec  pous  et  d'avec  la  vérité 
ne  nous  cause  des  chagrins  et  des  tourments,  et  à  laquelle,  je  n'ambi- 
tionne de  porter  secours. 

Formez  donc  aussi  avec  nous  une  conjuration  de  prières;  obtenons 
qu'après  cette  longue  tempête  «  l'Eglise  jouisse  de  la  paix,  qu'elle  pros- 
«  père  en  marchant  dans  la  crainte  du  Seigneur  et  la  consolation  de 
«  l'Esprit-Saint  »,  que  rien  ne  s'oppose  plus  à  l'union  de  tous  les  peuples 
en  un  seul  troupeau  sous  un  seul  pasteur.  »  Vous  cependant  qui  êtes  si 
bien  disposés  et  préparés  si  parfaitement,  recevez  la  bénédiction  aposto- 
lique :  nous  vous  la  donnons  de  tout  notre  cœur,  ainsi  qu'au  troupeau 
que  vous  conduisez. 

Donné  à  Venise,  au  monastère  de  Saint-Georges-le-Majeur,  le  quin- 
zième jour  de  mai,  de  l'an  mil  huit  cent,  le  prernier  de  notre  Pontificat. 

PIE  VII,  PAPE. 


CONCORDAT  DE  1801 

CONVENTION  ENTllE  SA  SAINTETÉ  PIE  VII  ET  LE  GOUVERNEMENT  FRANÇAIS 


Sa  Sainteté  le  Souverain  Pontife  Pie  VII,  et  les  premiers  Consuls 
de  la  Uiipublique  française,  ont  nommé  pour  leurs  plénipotentiaires 
respectifs  : 

Sa'Sainteté,  S.  Em.  Mgr  Hercule  Consalvi,  cardinal  de  la  sainte 
Eglise  romaine,  diacre  de  Sainte-Agatlic  ad  xiiburram,  son  secrétaire 
d'Etat;  Joseph  de  Spina,  archevètiue  de  Corinthe,  prélat  domestique 
de  Sa  Sainteté,  assistant  du  trône  poiitilical  ;  et'le  P.  Caselli,  théolo- 
gien consultant  de  Sa  Sainteté,  pareillement  munis  des  pouvoirs  en 
bonne  et  due  forme  ; 

Le  premier  Consul,  les  citoyens,  Joseph  Bonaparte  conseiller 
d'Etat,  Crétet,  conseiller  d'Etat  et  Dernier  docteur  en  théologie,  curé 
de  Saint-Laud  d'Angers  munis  de  pleins  pouvoirs  ; 

Lesquels,  après  échange  des  pleins  pouvoirs  respectifs,  ont  arrêté 
la  Convention  suivante  : 

Convention  entre  Sa  Sainteté  Pie  VII  et  le 
gouvernement  français. 

Le  gouvernement  de  la  république  fiançaise  reconnaît  que  la 
religion  catholique,  apostolique  et  romaine,  est  la  religion  de  la 
grande  majorité  (1)  des  citoyens  français. 

Sa  Sainteté  reconnaît  également  que  cette  religion  a  retiré  et  attend 
encore  en  ce  moment  le  plus  grand  bien  et  le  plus  grand  éclat  de 
l'établissement  du  culte  catholique  en  France,  et  de  la  profession 
particulière  qu'en  font  les  Consuh  de  la  république  (2). 

En  conséquence,  d'après  cette  reconnaissance  mutuelle,  tant  pour 
le  bien  de  la  religion  que  pour  le  maintien  de  la  tranquillité  inté- 
rieure, ils  sont  convenus  de  ce  qui  suit  : 

Art.  I".  La  religion  catholique,  apostolique  et  romaine  sera  libre- 
ment exercée  en  France  :  son  culte  sera  public,  en  se  conformant 
aux  règlements  de  police  que  le  gouvernement  jugera  nécessaires  pour 
la  tranquillité  piiblique. 

Consalvi  nous  apprend  dans  ses  Mémoires  quelle  lutte  il  eut  à  soutenir 
pour  obtenir  la  publicité  du  culte  catholique. 

«  L'argumentqui  revenait  sous  mille  fonneset  mille  couleurs...  était  l'im- 
possibilité absolue  d'exercer  partout  publiqueiuent  et  en  tout  les  pratiques 
du  culte,  spécialement  dans  les  villes  et  les  campagnes  où  le  nombre  des 


(1)  Longe  pars  maxima. 

(2)  Coinpliment  et  gage  de  protection  indirecte,  la  seule  que  put  espérer 
l'Eglise  à  cette  époque. 


CONCORDAT  DE    1801  265 

catholiques  était  inférieur  à  celui  des  sectaires  et  des  ennemis  du  catho- 
licisme... 

«  l.e  gouvernement  en  concluait  qu'il  lui  était  impossible  d'accepter  une 
publicité  indéfinie  du  culte  ;  et,  imposant  une  restriclion  qu'il  juf^c.iit 
absolument  nécessaire,  il  formula,  dans  les  ternies  suivants,  cet  article 
si  souvent  indiqué  et  si  fort  contesté  :  Le  culte  sera  public  en  se  con/or- 
mant  toutefois  aux  règlements  de  police.  « 

Consalvi,  craignant  qu'on  abusât  plus  tard  de  cette  clause  pour  asservir 
l'Eglise,  refusa  absolument  de  l'accepter  et,  après  une  discussion  qui  dura 
«  onze  heures  d'horloge  »,  il  triompha  des  commissaires  du  gouvernement 
par  ce  dilenme  :  «  Ou  l'on  est  de  bonne  foi  en  alTirmant  que  le  motif 
qui  force  le  gouvernement  à  exercer  la  publicité  du  culte  la  restriction 
de  se  conformer  aux  règlements  de  police  est  le  maintien  imyérieux  de  la 
tranquillité  publique  et  alors  le  gouvernement  ne  peut  pas  et  ne  doit  pas 
avoir  de  dithculté,  à  ce  qu'on  l'exprime  dans  l'article  ;  ou  le  gouvernement 
ne  souhaite  pas  qu'on  l'exprime,  et  alors  il  n'est  pas  de  bonne  foi,  et  il 
montre  par  là-même,  qu'il  veut  cette  restriction  pour  assujettir  l'Eglise 
à  ses  volontés.  »  Grâce  à  cette  prévoyance  et  à  cette  fermeté,  Consalvi 
obtint  la  rédaction  définitive  de  l'article  et  en  précisa  le  sens  pour  les 
jurisconsultes  de  bonne  foi. 

Art.  2.  — 11  sera  fait  par  le  Saint-Siège,  de  concert  avec  ]e  gouver- 
nement, une  nouvelle  circonscription  des  diocèses  français. 

Ce  n'est  plus  comme  en  1790,  le  gouvernement  français  qui  se  donne  !e 
pouvoir  de  délimiter  les  diocèses;  c'est  le  Saint-Siège,  de  concert  avec  le 
gouvernement,  celui-ci  n'y  concourant  que  par  son  approbation.  Tout  cela 
est  conforme  aux  principes  catholiques  et  renverse  les  théories  révolu- 
tionnaires. 

Art.  3.  —  Sa  Sainteté  de'clarera  aux  titulaires  des  évêchës  français 
qu'elle  attend  d'eux  avec  une  ferme  confiance,  pour  le  bien  de  la  paix 
et  de  l'unité,  toute  espèce  de  sacrifices,  même  celui  de  leurs  sièges. 

D'après  cette  exhortation, s'ilsserefusaientà  ce  sacrifice  commandé 
parle  bien  de  l'Eglise  (refus  néanmoins  auquel  Sa  Sainteté  ne  s'attend 
pas),  il  sera  pourvu  par  de  nouveaux  titulaires  au  gouvernement  des 
évêchés  de  la  circonscription  nouvelle  de  la  manière  suivante: 

Tous  ceux  qui  connaissent  l'histoire  doivent  avouer  que  jamais,  depuis 
Jésus-Christ,  on  n'avait  exigé  un  pareil  sacrifice  de  l'épiscopat  tout  cnLicr 
d'une  grande  nation,  qui,  loin  d'avoir  démérité  de  la  religion,  était  au 
contraire  couronné  de  l'auréole  de  la  persécution  et  du  martyre.  Cette 
considération  doit  obliger  l'Etat  à  se  conformer  plus  scrupuleusement  à 
l'esprit  du  Concordat, 

Art.  4,  —  Le  premier  consul  de  la  République  rîom???era,  dans  les  trois 
mois  qui  suivront,  la  publication  de  la  Bulle  de  Sa  Sainteté, aux  arche- 
vêchés et  évêchés  de  la  circonscription  nouvelle.  Sa  Sainteté  conférera 
l'inslituLion  canonique,  suivant  les  formes  établies  par  rapport  à 
la  France  avant  le  changement  de  gouvernement. 

C'était  une  faveur  de  la  part  du  Saint-Siège  d'attribuer  à  un  gouverne- 
ment sorti  de  la  Révolution,  un  privilège  qui  n'avait  été  accordé  jusqu'alors 
qu'à  des  rois  très  chrétiens  qui  rendaient  de  grands  services  à  l'Eglise. 

11  n'est  pas  besoin  ce  semble  de  relever  le  ridicule  qui  retombe  sur  ceux 


266  CONCORDAT    DK    1801 

qui  ont  voulu  attacher  à  l'expression  nominabil  «  il  nommera  »  le  sons  de 
faire,  de  créer.  Jamais  les  rois  de  France,  dont  le  premier  Consul  désirait 
les  privilèges,  n'ont  prétendu  créer,  faire  des  évi'ques.  Il  faut  donc  prendre 
le  mot  nommer  dans  le  sens  canonique  de  présenter.  Ce  n'est  que  par 
VInsliluliun  canonique  quel  qu'en  soit  le  coUateur,  qu'un  dignitaire  ecclé- 
siastique est  vraiment  revêtu  de  ses  fonctions  sacrées.  Ce  qui  l'a  précédé 
n'est  qu'un  préliminaire  inellicace. 

Art  5.  —  Les  nominations  aux  évêchés  qui  vaqueront  dans  la 
suite  seront  également  faites  par  le  premier  consul,  et  rinstitutiou 
canoi'lique  sera  donnée  par  le  Saint-Siège,  en  conformité  de  l'article 
précédent. 

Dans  cet  article,  il  n'est  rien  dit  des  conflits  qui  peuvent  s'élevi-r  entre 
le  Pape  et  le  gouvernement  civil,  sur  le  choix  des  sujets  désignés  pour 
ï'épiscopat.  Mais  comme  Bonaparte  avait  pour  but  de  se  faire  attribuer, 
et  rien  de  plus,  les  prérogatives  des  rois  de  France,  il  est  évident  que 
les  choix  des  sujets  présentés  peuvent  sous  l'empire  du  Concordat  du 
15  juillet  1801,  comme  sous  celui  de  Léon  X  être  réformés,  rejetés  et 
annulés  sans  que  le  Pape  ait  à  rendre  compte  de  son  refus.  M.  Emile 
OUivier,  qiii  exagère  les  droits  du  gouvernement  aux  dépens  de  ceux 
du  Saint-Siège,  reconnaît  cependant  l'évidence  de  ce  droit:  »  Le  Pape 
doit  conserver  sous  sa  responsabilité  devant  Dieu  et  devant  l'Eglise  le 
droit  d'accorder  ou  de  refuser  l'institution  canonique,  sans  donner  d'autre 
motif  de  sa  résolution  qu'un  non  possumus  non  motivé.  Sans  cela,  son 
droit  de  gouvernement  serait  paralysé  dans  sa  m;uiifestation  la  plus 
importante.  {L'Eglise  et  l'Etat  au  concile  du  Vatican,  t.  l,  p.  115.) 

Art  6.  —  Les  évêques  avant  d'entrer  en  fonctions  prêteront  directe- 
ment, entre  les  mains  du  premier  consul,  le  serment  de  fidélité  qui 
était  en  usage  avant  le  changement  de  gouvernement,  exprimé  dans 
les  termes  suivants  : 

«  Je  jure  et  promets  à  Dieu,  sur  les  saints  Evangiles,  de  garder 
obéissance  et  fidélité  au  gouvernement  établi  par  la  Constitution  de 
la  République  française.  Je  promets  aussi  de  n'avoir  aiicun»^  intelli- 
gence, de  n'assister  à  aucun  conseil,  de  n'entretenir  aucune  lic/ue, 
soit  au  dedans,  soit  au  dehors,  qui  soit  contraire  à  la  tranquillité 
publique;  et  si,  dans  mon  diocèse  ou  ailleurs,  j'apprends  qu'il  se 
trame  quelque  chose  au  préjudice  de  l'Etat,  je  le  ferai  savoir  à 
mon  gouvernement.  » 

AjtT,  7,  —  Les  ecclésiastiques  du  second  ordre  prêteront  le  même 
serment  entre  les  mains  des  autorités  civiles  désignées  par  le 
gouvernement. 

Avant  la  Révolution,  le  clergé  et  les  évêques  en  particulier  occupaient 
dans  l'Etat  une  situation  qui  permettait  de  les  traiter,  sous  ce  rapport, 
comme  des  personnages  dont  la  fidélité  était  nécessaire  au  bien  du  royaume. 
Après  la  suppression  de  leurs  privilèges,  le  serment  qu'on  leur  demande 
ne  s'explique  que  par  la  condescendance  de  l'Eglise  et  la  susceptibilité  de 
l'Etat.  Le  premier  consul  avait  à  compter  avec  tout  le  parti  révolution- 
naire, qui  tenait  à  imposer  un  serment  au  clergé  catholique,  toujours 
suspect  à  ses  yeux.  Le  représentant  du  Saint-Siège,  malgré  la  répugnance 
du  clergé  resté  fidèle  pour  toute  espèce  de  serments  qui  lui  rappelaient 
involontairement  la  tyrannie  révolutionnaire,  consentit  à  sanctionner  un 
serment  mais  absolument  inoflensif  au  point  de  vue  de  la  doctrine. 


CONCORDAT   DE    1801  267 

Art.  8.  —  La  formule  de  prière  suivante  sera  re'cite'e  à  la  fin  de 
l'oilice  divin  dans  toutes  les  églises  catholiques  de  France  :  Domine, 
salvam  fac  Rempublicain  ;  Domine,  salvosf'ac  Consules. 

Condescendance.  Les  prêtres  catholiques,  persécutés  pendant  dix  ans  par 
la  République,  ne  pouvaient  accepter  sans  mérite  de  prier  publiquement 
pour  ce  gouvernement  alors  même  qu'il  prenait  une  voie  plus  paciûque. 

Art.  9.  —  Les  e'vèques  feront  une  nouvelle  circonscription  des 
paroisses  de  leurs  diocèses,  qui  n'aura  d'effet  que  d'après  le  consen- 
tement du  |:;ouvernement. 

Les  circonscriptions  des  paroisses  étant  distinctes  des  circonscriptions 
des  communes,  on  ne  voit  pas  pourquoi  le  consentement  du  gouverne- 
ment était  requis  au  préalable  pour  l'exercice  d'une  juridiction  purement 
spirituelle.  Cette  concession  est  donc  une  nouvelle  condescendance  de  la 
part  de  l'Eglise. 

Art.  10.  —  Les  évêques  nommeront  aux  cures.  Leur  choix  ne 
pourra  tomber  que  sur  des  personnes  agréées  par  le  gouvernement. 

Aujourd'hui,  on  abuse  de  cet  article  en  différant  ou  en  refusant  d'agréer 
les  prêtres  choisis  par  les  évêques;  et  ce  ne  sont  point  les  curés  propre- 
ment dits,  mais  les  desservants  eux-mêmes,  et  les  simples  vicaires  qui 
passent,  contrairement  à  l'esprit  et  à  la  lettre  du  Concoi'dat,  par  la  férule 
du  préfet  ou  du  ministre. 

Toutes  les  exigences  du  gouvernement  consulaire  ne  sont  appuyées  que 
sur  l'exemple  de  l'ancien  régime  de  la  Constitution  civile  du  clergé, 
abrogée  officiellement  par  la  Convention. 

Les  dix  premiers  articles  du  Concordat  sont  une  série  d'énormes  conces- 
sions faites  par  l'Eglise  à  l'Etat,  en  échange  d'une  liberté  parcimonieu- 
sement accordée,  bien  qu'elle  fût  due,  en  vertu  même  du  principe  le  plus 
fondamental  de  la  Révolution. 

Ils  sont  donc  bien  injustes  ceux  qui  suppriment  ou  diminuent  cette 
liberté  de  droit  commun  et  achetée  au  prix  de  tant  de  sacrifices. 

Art.  11.  —  Les  évêques  pourront  avoir  un  chapitre  dans  leur 
cathédrale  et  un  séminaire  pour  leur  diocèse,  sans  que  le  gouverne- 
ment s'oblige  à  les  doter. 

Si  le  gouvernement  ne  contribue  en  rien  à  la  dotation  des  chapitres 
et  des  séminaires,  de  quel  droit  en  restreint-il  la  fondation,  en  la  repré- 
sentant comme  une  faveur,  une  licence  {pourront  aooir)  ? 

Aussi,  à  partir  de  1804,  la  législation  française  subit-elle  des  modifica- 
tions importantes,  en  faveur  des  chapitres  et  des  séminaires  ;  la  simple 
justice  l'exigeait.  Il  n'en  est  pas  de  même  sous  le  gouvernement  actuel. 

Le  Concordat,  ni  même  les  Articles  organiques  ne  disent  un  mot  de 
l'obligation  pour  les  jeunes  gens  destinés  au  sacerdoce,  de  satisfaire  à  la 
loi  qui  astreignait  tous  les  français  à  la  conscription  et  au  service 
militaire. 

Cette  immunité  était  considérée  comme  une  conséquence  de  la  vocation 
ecclésiastique.  La  Révolution  l'avait  respectée  tant  qu'elle  avait  reconnu 
un  culte  religieux  et  public.  Napoléon  I'^"',  au  déclin  de  sa  gloire,  alors 
qu'il  appelait  sous  les  drapeaux  tous  les  Français  capables  de  porter  les 
armes,  ne  songea  même  pas  à  imposer  le  même  joug  aux  jeunes  lévites. 

La  loi  du  21  mars  1832  détermina  définitivement  les  conditions  de  cette 


268  CONCORDAT   DE    1801 

immunité  supposée  par  le  Concordat,  et  rciifermée  dans  son  esprit.  Ces 
conditions  restèrent  les  mêmes  jusqu'à  l'adnption  de  la  loi  de  ISS'J. 

Les  articles  i  et  11  du  Concordat  consacrent  implicitement  cette  immu- 
nité ecclésiastique.  En  effet,  comment  lecullc  catholique  eût-il  joui  d'une 
pleine  et  entière  liberté,  si  tous  les  jeunes  gens  qui  se  destinaient  au 
'accrdoce  eussent  été  astreints  préalalilenicnt  au  service  militaire?  Le 
Concordat  met  en  vigueur,  en  faveur  du  gouvernement  consulaire,  les 
plus  importants  privilèges  de  l'ancien  régime,  il  était  bien  juste  que  le 
gouvernement  reconnût  cette  immunité,  et  certes,  Consalvi  n'aurait 
jamais  signé  le  Concordat  s'il  avait  prévu  qu'une  des  libertés  les  plus 
essentielles  à  la  religion  serait  un  Jour  refusée  et  anéantie  par  le  gou- 
vernement obligé  par  ce  Concordat. 

Art.  12.  —  Toutes  les  églises  métropolitaines,  cathe'drales,  pnrois- 
siales  et  autres,  non  aliénées,  nécessaires  au  culte,  seront  muscs  à  la 
disposition  des  évêques. 

Si  celte  expression  seront  mises  à  la  disposition  des  évêques,  évidemment 
empruntée  au  décret  d'aliénation  des  biens  du  clergé,  du  2  novembre  1789, 
ne  signifiait  que  l'usage;  il  s'en  suivrait  que  la  nation,  en  1"89,  ne  s'est 
approprié  que  l'usage  des  domaines  ecclésiastiques.  Cette  interprétation 
est  contraire  à  l'histoire.  Il  faut  admettre  que  cette  expression  est  une 
manière  atténuée,  pour  signifier  sont  la  propriété  de  la  nation,  comme  a 
osé  le  dire,  en  propres  termes,  la  Législative  de  1791 .  11  faut  donc  entendre 
l'article  12  du  Concordat  en  ce  sens  que  l'Etat  restitue  à  l'Eglise  les 
édifices  sacrés,  non  aliénés  (1). 

Pie  VII  affirme  expressément  cette  vérité  dans  sa  bulle  de  ratification, 
approuvée  et  reçue  par  le  gouvernement  consulaire  :  ■<  Quoique  nous 
eussions  vivement  désiré,  dit-il,  que  tous  les  temples  fussent  rendus  aux 
catholiques,  nous  avons  cru  qu'il  suffisait  d'obtenir  du  gouvernement  que 
toutes  les  églises  métropolitaines,  cathédrales,  paroissiales  et  autres, 
fussent  remises  à  la  disposition  des  évêques  (2).  »  Ce  qu'on  rend  à  un 
propriétaire  devient  nécessairement  sa  propriété.  Donc,  si  les  églises 
appartenaient  à  l'autorité  ecclési.islique  avant  la  Révolution,  en  1801, 
elles  lui  ont  été  rendues  au  môme  litre. 

Le  cardinal  Caprara,  dans  son  décret  du  9  avril  1802,  par  lequel  il 
promulgua  la  bulle  de  Pie  VII  :  Qui  Christi  Domini,  relative  a  la  nouvelle 
circonscription  des  évêchés,  recommande  expressément  aux  archcv.-ques 
et  évêques  des  nouveaux  diocèses,  «  d'appliquer  tous  leurs  soins,  pour  que 
les  éi'lises  métropolitaines  et  cathédrales  çîa  auraient  besoind'étreréparées ; 
ou  qui  manqueraient  complètement,  ou  ne  seraient  pas  pourvues  conve- 
nablement de  vases  sacrés  ou  des  autres  choses  requises  pour  l'exercice 
décent  des  fonctions  épiscopales  et  du  culte  divin,  soient  inunies  de  tout 
ce  qui  est  nécessaire  à  ce  double  point  de  vue.  » 

Un  simple  usager  n'a  pas  à  se  préoccuper  des  réparations  à  faire  aux 
bâtiments  qu'il  occupe.  Aussi,  le  gouvernement  actuel,  qui  prétend  avoir 


l'article  7-i  porte  :  "  Les  immeubles  autres  que  les  édifices  destinés  au 
logement  et   les  jardins  attenants  (qui  d'après  l'article  '12  doivent   être 

(1)  Voir  Bévue  catholique  des  Institutions  et  du  Droit,  t.  XXI,  pp.  i-o  et 
suiv.  M.  Gavouyère,  doyen  de  la  Eaculté  catholique  de  droit  d'Angers, 
prouve  parfaitement  cette  vérité. 

(2)  TllEl^EU,  loc.  cit,  t.  1«S  p.  2G4. 


CONCORDAT   DE    1801  269 

rendus  aux  curés  et  aux  desservants  des  succursales)  ne  pourront  être 
atîectés  à  des  titres  ecclésiastiques,  ni  possédés  par  les  ministres  du  culte, 
à  raison  de  leurs  fonctions.  « 

Donc  les  édifices  et  les  jardins  attenants,  dont  parle  l'article  72,  doivent 
être  considérés  comme  des  propriétés  ecclésiastiques  affectées  à  des  titres 
ou  à  des  fonctions  sacrées,  de  la  même  nature  que  les  bénéfices  avant  la 
Révolution,  la  prohibition  relative  aux  autres  immeubles  le  démontre 
jusqu  a  l'évidence.  JVl.  Portails  lui-même  l'avoue  expressément  dans  son 
rapport. 

«  On  avait  craint,  dit-il,  que  la  faculté  de  donner  des  immeubles  ne 
joignit  à  divers  autres  inconvénients  celui  de  devenir  un  prétexte  de  solli- 
citer et  d'obtenir,  sous  les  apparences  d'une  fondation  libre,  la  restitution 
souvent  forcée  des  biens  qui  avaient  appartenu  au  clergé  et  dont  l'alié- 
nation avait  été  ordonné  par  les  lois.  » 

On  doit  aussi  affirmer  la  propriété  ecclésiastique  «  des  édifices  ancien- 
nement destinés  au  culte  catholique,  actuellement  dans  les  mains  de  la 
nation  »,  dit  l'article  75,  et  qui  d'après  le  même  article,  à  raison  «  d'un 
édifice  par  cure  et  par  succursale,  seront  remis  à  la  disposition  des 
évêques.  » 

La  réalité  de  cette  propriété  ecclésiastique  ressort  aussi  de  l'article  76, 
par  lequel  il  est  statué  qu'il  sera  établi  «  des  fabriques,  pour  veiller  à 
l'entrelien  et  à  la  conservation  des  temples,  à  l'administration  des  aumônes.  >< 
Si  ces  temples  avaient  été  livrés  seulement  pour  l'usage  du  culte  par  le 
préfet  ou  la  commune,  c'eût  été  cette  dernière  qui  aurait  dû  être  chargée 
de  l'entretien  et  de  la  conservation  des  monuments.  La  création  des 
fabriques,  empruntée  à  l'ancien  régime,  démontre  qu'il  s'agit  d'une  pro- 
priété ecclésiastique,  dont  la  gestion  est  en  dehors  des  attributions  des 
autorités  civiles. 

Le  gouvernement  français  renie  cet  engagement  solennel  du  Concordat 
en  revendiquant  la  propriété  de  ces  églises  restituées  en  1801  aux  évêques, 
c'est-à-dire  à  l'autorité  diocésaine,  personne  morale  parfaitement  capable 
d'être  propriétaire,  aussi  bien  que  l'Etat,  les  départements,  la  commune, 
les  fabriques  ou  les  associations  industrielles. 

La  violation  du  Concordat  est  d'autant  plus  grave  que  la  plupart  de  ces 
églises  ont  été  construites  par  la  générosité  et  parfois  même  par  la  main 
des  fidèles,  l'histoire  de  la  splendide  cathédrale  de  Chartres  nous  en  fournit 
un  touchant  exemple. 

Art.  13.  —  Sa  Sainteté,  pour  le  bien  de  la  paix  et  l'heureux  re'ta- 
blissement  de  la  religion  catholique,  de'clare  que  ni  elle,  ni  ses 
successeurs  ne  troubleront  en  aucune  manière  les  acquéreurs  des  biens 
ecclésiastiques  aliénés,  et  qu'en  conséquence  la  propriété  de  ces 
mêmes  biens,  les  droits  et  revenus  y  attachés,  demeureront  incom- 
mutables  entre  leurs  mains  ou  celles  de  leurs  ayants  cause. 

Cet  article  renferme  un  aveu  implicite  de  l'invalidité,  ou  au  moins  de 
l'illicéité  de  l'aliénation  des  biens  ecclésiastiques  faite  en  1789.  Il  reconnaît 
aussi  implicitement  à  l'Eglise  le  droit  de  propriété  ;  ce  qui  est  une  réaction 
contre  le  principe  socialiste,  au  nom  duquel  la  nation  en  1789,  s'était 
emparée  des  biens  du  clergé  de  France. 

L'Eglise  a  cependant  besoin  des  biens  de  la  terre  pour  la  subsistance  de 
ses  ministres,  et  surtout  pour  l'exercice  de  la  charité  envers  les  pauvres. 

C'est  pourquoi,  comme  faible  compensation  des  biens  abandonnés,  le 
Concordat  alloue  aux  ecclésiastiques  un  traitement  qui  n'est  que  la  rente 
à  un  taux  infime  des  biens  pris  par  la  nation  et  ensuite  concédés  par 
l'Eglise. 


270  CONCORDAT  DE    1801 

Art.  14.  —  Le  f:ouvernemeiit  assurera  un  traitement  convenable 
aux  e'véques  et  aux  curés  dont  les  diocèses  et  les  paroisses  seront 
compii?  dans  la  circonscription  nouvelle. 

Evidemment  on  ne  se  conforme  ni  à  l'esprit  ni  à  la  lettre  du  Concordat 
qviand  on  traite  le  budget  des  cultes  comme  un  impôt  vulgaire  liont  on 
discute  publiquement  l'utilité  et  l'étendue,  et  surtout  quaud  nos  gcniver- 
nanls,  trop  oublieux  des  conventions  signées  par  le  Pape  et  par  la 
France,  regardent  les  traitements  ecclésiastiques  comme  une  laveur 
dont  on  pourrait  priver  le  clergé  sans  injustice. 

Le  1""  février  1889,  M.  Gauwain,  bien  qu'il  fût  commissaire  du  gouver- 
nement, eut  la  courageuse  indépendance  de  plaider  contre  le  gouver- 
nement, qui  depuis  1882  retient  par  mesure  administrative  (arbiti'aire) 
les  traitements  ecclésiastiques  (l). 

L'article  2  du  titre  Y  de  la  constitution  de  1791  porte  que  «  le  traite- 
ment des  ministres  du  culte  catholique,  pensionnés  en  vertu  des  décrets 
de  l'Assemblée  nationale,  fait  partie  de  la  dette  nationale.  ■• 

Pourquoi  le  traitement  des  ministres  du  même  culte,  pensionnés  en 
vertu  du  Concordat  et  m6me  des  Articles  organiques  reconnus  comme 
lois  de  l'Etat,  ne  ferait  pas  tout  aussi  bien  partie  de  la  dette  nationale. 

M.  Gauwain  n'a  pas  craint  d'affirmer  que  «  si  les  curés  et  les  desser- 
vants sont  créanciers  de  l'Etat,  ils  ont  le  droit,  comme  tout  autre  créan- 
cier d'être  payés  de  tout  ce  qui  leur  est  dû. 

Art.  15.  —  Le  gouvernement  prendra  également  des  mesures 
pour  que  les  catholiques  français  puissent,  s'ils  le  veulent,  faire  en 
faveur  des  églises  des  fondations. 

Le  projet  qui  fut  présenté,  le  13  juillet  ISOl,  au  Cardinal  Consalvi, 
portait  :  <>  Le  gouvernement  de  la  République  prendra  des  mesures  pour 
qu'il  soit  permis  aux  catholiques  français  de  faire  des  fondations,  en 
rentes  sw  l'Etat,  en  faveur  des  églises,  lesquelles,  dans  cette  jouissance, 
seront  soumises  à  toutes  les  charges  de  l'Etat  ». 

Après  vingt-quatre  heures  d'un  pénible  travail,  le  Cardinal  fit  accepter 
sa  nouvelle  rédaction,  qui  enlevait  au  projet  toutes  les  restrictions,  et 
même  l'impôt. 

Dans  la  lettre  du  12  mai,  adressée  à  Bonaparte,  Pie  VII  avait  expres- 
sément rappelé  ce  point  important  : 

"  Nous  ne  saurions,  disait-il,  nous  dispenser  de  vous  demander.... 
qu'il  soit  permis  aux  ecclésiastiques  et  aux  lieux  pieux,  de  recevoir  et  de 
posséder  même  des  biens  immeubles,  comnie  le  veulent  le  droit  et  l'usage 
très  ancien  de  l'Eglise.  »  (Theiner,  t.  1,  p  12.'j.) 

Sous  les  régimes  précédents,  le  gouvernement  avait  autorisé  les  évêques 
à  recevoir  sous  le  titre  légal  de  leur  mense,  plusieurs  immeubles  destinés 
à  des  œuvres  pies  de  diverses  natures. 

Nos  gouvernants  actuels  en  1880,  sous  prétexte  que  légalement  la 
mense  épiscopale  ne  peut  posséder  que  des'  biens  affectés  à  l'usage 
personnel,  cà  l'évoque  et  non  pas  k  d'autres  œuvres  ecclésiastiques,  a  fait 
vendre  à  l'encan  les  immeubles  qu'il  avait  autorisé  lui-même  à  placer 
sous  le  titre  lég.<l  de  mense  épiscopale. 

Le  8  avril  1883,  on  a  vu  quelque  chose  de  plus  révoltant  encore, 
M.  Thévenet,  ministre  des  cultes,  signait  un  décret  ainsi  conçu: 


(l)  Recueil  périodique  et  critique  de  jurisprudence,  de  juridiction  et  de 
doctrine,  3»  cahier  mensuel,  1889,  p.  12-22. 


CONXORDAT   DE    1801  271 

Akt.  1".  —  «  E?.t  approuvée,  pov.rlc  compte  de  la menseépiscopalecieNimes, 
l'r.cq'.iisition  faite  au  nom  de  cet  établissement  par  M.  Basson,  alors  cvt'que 
de  Ninieï.  suivant  contrat  reçu,  le  22  juin  1876...  d'un  jardin  et  dépen- 
dances, sis  commune  de  Sommières  (Gard)....  » 

Art  11.  —  "  Le  commissaire  pour  l'administration  des  biens  de  la  mense 
épiscopale  de  Nimes,  pendant  la  vacance  du  siège,  devra  faire  procéder 
imuK'diatement  à  l'aliénation  aux  enchères  publiques...,  des  immeubles 
dont  la  désignation  suit  :  Un  immeuble,..,  sis  à  Sommières  (Gard) » 

Boycr  de  bouillane,  éaiineat  avocat  de  Nimes,  apprécie  en  ces  termes 
ce  singulier  procédé  ministériel  : 

«  Que  penserait-on  d'un  tuteur,  achetant  un  immeuble  pour  le  mettre 
en  vente  le  lendemain  ?  Tous  les  hommes  sensés  estimeraient  que  ce  tuteur 
manque  à  son  devoir.  S'il  est  opportun  d'acquérir,  n'ordonnez  pas  la 
vente  ;  s'il  est  opportun  de  vendre,  n'ordonnez  pas  l'acquisition.  »  (1) 

Nous  trouvons  dans  ces  ventes  une  nouvelle  preuve  que  nos  gouver- 
nants s'écartent  de  l'esprit  et  même  de  la  lettre  du  Concordat. 

Art.  16.  —  Sa  Sainteté  reconnaît  dans  le  premier  consul  de  la 
République  française  les  mêmes  droits  et  prérogatives  dont  jouissait 
prè)>  d'elle  l'ancien  gouvernement. 

On  ne  peut  que  sourire  de  pitié  en  entendant  les  interprétations  qui 
ont  été  données  aux  prérogatives,  dont  il  est  question  dans  cet  article, 
par  la  Chambre  et  le  Conseil  d'Etat  en  1883.  Cependant  ce  dernier,  dans 
son  arrêt  de  1889,  n'a  pas  osé  persister  à  invoquer  cet  article  pour  étarer 
ses  théories  sur  la  sujétion  de  l'E^^lise  et  de  l'Etat:  mais  nos  députés  ne 
cesseront  pas  pour  cela  de  nous  dire  que  le  gouvernement,  en  vertu  de 
cet  article  16,  a  hérité  de  tous  les  droits  de  nos  monarques  à  régenter  à 
sa  guise  le  clergé  de  France. 

La  meilleure  manière  de  réfuter  ces  singulières  prétentions,  c'est  de 
citer  les  documents  contemporains  qui  relatent  ce  que  le  premier  consul 
lui-même  entendait  par  ces  droits  et  prérogatives  près  du  Saint-Siège. 
Il  charge  Cacault  de  rédiger  un  niémoire  sur  «  les  privilèges  et  droits  de 
toutes  natures  dont  jouissait  ia  rrance  a  Rome  avant  la  Révolution,  et 
de  l'envoyer  aussitôt  à  Paris,  afin  i]u'il  pût  servir  de  modèle  pour  bien 
rétablir  les  anciennes  relations  entre  les  deux  pouvoirs  (2).  » 

Pie  Vil,  dans  sa  Bulle  EccLesia  cru-^iaii.  v.i  parle  pas  autrement:  «  Eadem 
jura  et  privilégia,  quibus  apucl  sanccam  seaem  fruebatur  antiquum  regimen 
(Thei.ner,  II,  pièces  jus tif.,  p.  126.)  » 

Ceux  qui  liront  dans  les  Documents  inédits  sur  l'histoire  de  France,  la 
collection  des  principaux  privilèges  de  la  cour  conférés  par  le  Saint- 
Siège  (volume  in-4o  de  411  p.),  verront  qu'il  y  est  question  de  tout  autre 
chose  que  du  prétendu  droit  de  régenter  le  clergé  de  France  en  matière 
de  discipline  ecclésiastique  ou  civile. 

Art.  17.  —  Il  est  convenu  entre  les  parties  contractantes  que,  dans 
le  cas  ou  quelqu'un  des  successeurs  du  premier  consul  actuel  ne 
serait  pas  catholique,  les  droits  et  prérogatives  mentionnés  dans  l'ar- 
ticle  ci-dessus,  et  la  nomination  aux  évêchés,  seront  réglés,  par 


(1)  Note  sur  la  vente  des  immeubles  de  la  mense  épiscopale  de  Nimes,  in-S. 
Nimes  1883,  p.  lo. 

(2)  Thei.ner,  i,   251. 


272  CONCORDAT   DE    1801 

rapporta  lui,  par  une  nouvelle  convention.  Les  ratifications  seront 
échangées  à  Paris  dans  l'espace  de  quarante  jours. 

.\v.int  1789,  l'onction  sainte  que  recevaient  nos  rois,  le  serment  qu'ils 
faisaient  de  protéger  l'Eglise  dans  l'accoinpli'^senient  des  décrets  disripli- 
nair -s  promulgués  par  les  conciles,  dans  la  personne  de  ses  ministre-*, 
dans  ses  biens  et  ses  immunités,  conféraient  en  échange  à  ses  princes  des 
privilèges  qu'ils  pouvaient  considérer  comme  des  droits  héréditaires.  De 
là  les  concordats  qui  exprimaient  l'union  des  deux  pouvoirs  et  leur  entente 
réciproque. 

La  Révolution  de  1789  a  brisé  volontairement  cette  union  séculaire  du 
sacerdoce  et  de  l'empire.  Comme  l'a  très  bien  dit  à  la  Chambre  des  députés. 
Mgr  Freppel  :  la  séparation  de  l'Eglise  et  de  l'Etat  existe  en  France  depuis  1789. 

Le  Concordat  n'a  rien  changé  à  l'état  social  créé  par  la  Révolution;  il 
a  seulement  stipulé  un  modus  vivcndi  entre  deux  puissances  divisées 
désormais  par  deux  courants  et  deux  principes  contraires.  L'Eglise  vit 
de  la  foi  chrétienne:  l'Etat,  depuis  la  Révolution  non  seulement  n'admet 
plus,  mais  renie  la  foi  chrétienne  envisagée  comme  principe  social  et 
comme  guide  du  gouvernement  des  peuples. 

Le  chef  de  l'Etat  n'a  donc  aucun  droit  de  s'immiscer  dans  les  affaires  de 
l'Eglise.  11  ne  peut  agir  sous  ce  rapport  qu'en  vertu  d'une  concession, 
d'une  condescendance  qui  a  pris  sa  source  dans  une  situation  difficile  et 
délicate. 


ARTICLES  OR&ANIQUES 

DE   LA    CONVENTION    DU   26   MESSIDOR    AN   IX   ET   LOI    DU    18    GERMLNAL    AN   S 


i  On  fait  habituellement  suivre  le  texte  du  Concordat  du  texte  des 
Articles  organiques,  quoique  ces  derniers  ne  fassent  pas  partie  du 
Concordat. 

Les  Articles  organique^,  comme  chacun  le  sait,  furent  ajoutés 
subrepticement  par  Napoléon  au  Concordat,  sans  en  avertir  ni 
Pie  vil,  ni  ses  le'^ats.  Aussi  Pie  VII  protesta-t-il  à  plusieurs  reprises 
contre  cette  action  indigne.  Les  cardinaux  Gaprara  et  Consalvi 
firent  de  même. 

Il  est  utile  do  rappeler  aux  lecteurs  que  ces  Articles  n'ont  aucune 
valeur,  puisqu'ils  n'ont  pas  été  approuvés  par  Pie  VII,  l'une  des 
parties  contractantes. 

Nous  reproduisons  seulement  deux  des  protestations  de  Pie  VII. 
Pour  plus  de  détails,  voir  les  Questions  actuelles  :  Lettres  du  cardinal 
Consalvi  au  ministre  Cicault.  Protestation  du  cardinal  Caprani, 
légat  du  Saint-Siège,  t.  XI,  p.  132.  Les  Articles  organiques  ne  sont 
ni  une  loi  ecclésiastique,  ni  une  loi  de  l'Etat,  t.  XII,  p.  2.  La 
discussion  concordataire  au  Sénat  et  à  la  Chambre,  par  Mgr  Perraud, 
t.  XII,  p.  163. 

Lettre  de  Pie  VII  à  Napoléon  I". 

27  mai  1802.  27  mai  1802. 

«  Per  questo  Noi   vi  prft-  « C'est  pourquoi  nous  vous 

ghiamo  caldamente,  affinche  gli  supplions    chaleureusement    de 

Articoli   organici    che   ci   erano  faire  en   sorte    que  les  Articles 

ignoti,  ricevano  opportune  e  ne-  organiques,  qui  nous  étaient  in- 

cessarie  modificazioni  e  cambia-  connus,  reçoivent  les  modifica- 

menti.  tions  nécessaires. 

»    Notre  Cardinal  Légat  vous 

»  Il  Nostro  Cardinal  Legato  vi  fera  à  ce  sujet  connaître    plus 

farà  conoscere  su  di  cio  più  par-  particulièrement  nos  désirs  qui, 

ticolarmente   i  Nostri  desideri,  nous   en   avons   l'espoir,  seront 

che  confidiamo  che  saranno  da  complètement    satisfaits    par 

Voi  piainente  appagati »  vous » 

Dans  son  allocution  du  jour  de  l'Ascensioa  de  Notre-Seigneur  qu'il  fit 
répandre  partout.  Pie  VII  prolestait  aussi  contre  les  .\rticles  organiques 
et  disait  : 

Que  la  consolation  qu'il  éprouvait  du  rétablissement  de  la  reli- 
gion en  France,  lui  était  rendue  pourtant  bien  amère  par  les  lois 
organiques  qui  avaient  été  rédigées  sans  qu'il  en  sût  rien,  et  sur- 
tout sans  qu'il  les  eût  approuvées 


274  ARTICLES   ORGANIQUES 


Texte  des  Articles  organiques  de  la  convention 
du  26  messidor  an  IX  et  loi  du  18  germinal  an  X. 

TiTitE  pi".  —  Du  régime  de  l'Eglise  catholique  dans  ses 
rapports    généraux    avec    les    droits    et    la    police    de    l'Etat. 

AnT.  I»"".  —  Aucune  bulle,  bref,  rescrit,  décret,  mandat,  provision, 
signature  servant  de  provision,  ni  autres  expéditions  de  la  Cour  de  IJomc, 
même  ne  concernant  que  les  particuliers,  ne  pourront  être  reçus,  publiés, 
imprimés,  ni  autrement  rais  à  exécution,  sans  l'autorisation  du  gouver- 
nement. 

AiiT.  2.  —  Aucun  individu  se  disant  nonce,  légat,  vicaire  ou  commis- 
saire apostolique,  ou  se  prévalant  de  toute  autre  dénomination,  ne 
pourra,  sans  la  même  autorisation,  exercer  sur  le  sol  français  ni  ailleurs 
ancune  fonction  relative  aux  atfaires  de  l'Eglise  gallicane. 

AuT.  3.  —  Les  décrets  des  synodes  étrangers,  même  ceux  des  conciles 
généraux,  ne  pourront  être  publiés  en  France,  avant  que  le  gouvernement 
en  ait  examiné  la  forme,  leur  conformité  avec  les  lois,  droits  et  franchises 
de  la  République  française,  et  toiit  ce  qui,  dans  leur  publication,  pourrait 
altérer  ou  intéresser  la  tranquillité  publique. 

Art.  4.  —  Aucun  concile  national  ou  métropolitain,  aucun  synode  dio- 
césain, aucune  assemblée  délibérante,  n'aura  lieu  sans  la  permission 
expresse  du  gouvernement. 

Art.  5.  —  Toutes  les  fonctions  ecclésiastiques  seront  gratuites,  sauf 
les  oblations  qui  seraient  autorisées  et  fixées  par  les  règlements. 

Art.  C.  —  Il  y  aura  recours  au  Conseil  d'Etat,  dans  tous  les  cas  d'abus 
de  la  part  des  supérieurs  et  autres  personnes  ecclésiastiques. 

Les  cas  d'abus  sont  :  l'usurpation  ou  l'excès  de  pouvoir,  la  contraven- 
tion aux  lois  et  règlements  de  la  Républiqu(%  l'infraction  des  règles  con- 
sacrées par  les  canons  reçus  en  France,  l'attentat  aux  libertés,  franchises 
et  coutumes  de  l'Eglise  gallicane,  et  toute  entreprise  ou  tout  procédé  qui, 
dans  l'exercice  du  culte,  peut  compromettre  l'honneur  des  citoyens,  trou- 
bler arbitrairement  leur  conscience,  dégénérer  contre  eux  en  oppression 
ou  en  injure,  ou  en  scandale  public. 

Art.  1.  —  Il  y  aura  pareillement  recours  au  Conseil  d'Etat,  s'il  est 
porté  atteinte  à  l'exercice  du  culte  et  à  la  liberté  que  les  lois  et  les 
règlements  garantissent  à  ses  ministres. 

\nT.  8.  — ^^  Le  recours  compètera  à  toute  personne  intéressée.  A)  défaut 
de  plainte  particulière,  il  sera  exercé  d'office  par  les  préfets. 

Le  fonctionnaire  public,  l'ecclésiastique  ou  la  personne  qui  voudra 
exercer  ce  recours,  adressera  un  mémoire  détaillé  au  conseiller  d'Etat, 
chargé  de  toutes  les  afTaires  concernant  les  cultes,  lequel  sera  tenu  de 
prendre,  dans  le  plus  court  délai,  tous  les  renseignements  convenables; 
et,  sur  son  rapport,  l'alfaire  sera  suivie  et  définitivement  terminée  dans 
la  forme  administrative,  ou  renvoyée,  selon  l'exigence  des  cas,  aux 
autorités  compétentes. 

Titre  II.  —  Des  ministres. 

JjECTioN  PREMIÈRE.  —  Dispositions  générales. 

Art.  9.  —  Le  culte  catholique  sera  exercé  sous  la  direction  des  arche- 
vêques et  évêques  dans  leurs  diocèses,  et  sous  celle  des  curés  dans  leurs 
paroisses. 


ARTICLES   ORGANIQUES  275 

Art.  10.  —  Tout  privilôire  portant  exemption  ou  attribution  de  la 
juridiction  cpiscopale  est  aboli. 

Art.  U.  —  Les  archevêques  ou  évêques  pourront,  avec  l'autorisation 
du  gouvernement,  établir  dans  leurs  diocèses  des  Chapitres  cathédraux 
et  des  Séminaires.  Tous  autres  établissements  ecclésiastiques  sont 
supprimés. 

Art.  12.  —  Il  sera  libre  aux  archevêques  et  évêques  d'ajouter  à  leur 
nom  le  titre  de  citoyen  ou  de  monsieur.  Toutes  autres  qualités  sont 
interdites. 

Sectiox  II.  —  Des  archevêques  ou  métropolitains. 

Art.  13.  —  Les  archevêques  consacreront  et  installeront  leurs  suffra- 
gants.  En  cas  d'empêchement  ou  de  refus  de  leur  part,  ils  seront  suppléés 
par  le  plus  ancien  évêque  de  l'arrondissement  métropolitain. 

Art.  14.  —  Ils  veilleront  au  maintien  de  la  loi  et  de  la  discipline  dans 
les  diocèses  dépendants  de  leur  métropole. 

Art.  15.  —  Us  connaîtront  des  réclamations  et  des  plaintes  portées 
contre  la  conduite  et  "les  décisions  des  évêques  suffragants. 

Section  III.  —  Des  évêques,  des  vicaires  géiiéraux  et  des  Séminaires 

Art.  16.  —  vOn  ne  pourra  être  nommé  évêque  avant  l'âge  de  trente  ans, 
et  si  on  n'est  originaire  Français. 

Art.  n.  —  Avant  l'expédition  de  l'arrêté  de  nomination,  celui  ou  ceux 
qui  seront  proposés  ."jeront  tenus  de  rapporter  une  attestation  de  bonne 
vie  et  mœurs,  expédiée  par  l'évêque  dans  le  diocèse  duquel  ils  auront 
exercé  les  fonctions  du  ministère  ecclésiastique;  et  ils  seront  examinés 
sur  leur  doctrine  par  un  évêque  et  deux  prêtres,  qui  seront  commis  par 
le  premier  consul,  lesquels  adresseront  le  résultat  de  leur  examen  au 
conseiller  d'Etat  chargé  de  toutes  les  affaires  concernant  les  cultes. 

Art.  18.  —  Le  prêtre  nommé  par  le  premier  Consul  fera  les  diligences 
pour  rapporter  l'institution  du  Pape. 

Il  ne  pourra  exercer  aucune  fonction  avant  que  la  Bulle,  portant  son 
institution,  ait  reçu  l'attache  du  gouvernement,  et  qu'il  ait  prêté,  en 
personne,  le  serment  prescrit  par  la  convention  passée  entre  le  gouver- 
nement français  et  le  Saint-Siège. 

Ce  serment  sera  prêté  au  premier  consul;  il  en  sera  dressé  procès- verbal 
par  le  secrétaire  d'Etat. 

Art.  19.  —  Les  évêques  nommeront  et  institueront  les  curés.  Néanmoins, 
ils  ne  manifesteront  leur  nomination  et  ils  ne  donneront  l'institution 
canonique,  qu'après  que  cette  nomination  aura  été  agréée  par  le  premier 
consul. 

Art.  20.  —  Ils  seront  tenus  de  résider  dans  leurs  diocèses  ;  ils  ne  pourront 
en  sortir  qu'avec  la  permission  du  premier  consul. 

Art.  21.  —  Chaque  évêque  pourra  nommer  deux  vicaires  généraux,  e 
chaque  archevêque  pourra  en  nommer  trois;  ils  les  choisiront  parmi  les 
prêtres  ayant  les  qualités  requises  pour  être  évêques. 

Art.  22.  —  Ils  visiteront  annuellement  et  en  personne  une  partie  de 
leur  diocèse,  et,  dans  l'espace  de  cinq  ans,  le  diocèse  entier. 

En  cas  d'empêchement  légitime,  la  visite  sera  faite  par  un  vicaire 
général. 

Art.  23.  —  Les  évêques  seront  chargés  de  l'organisation  de  leurs 
séminaires,  et  les  règlements  de  cette  organisation  seront  soumis  ;i 
l'approbation  du  premier  consul. 

Art.  24.  —  Ceux  qui  seront  choisis  pour  l'enseignement  dans  les  Sénii- 


276  ARTICLES   ORGANIQUES 

naires,  souscriront  la  déclaration  faite  par  le  clergé  de  France,  en  1682, 
et  publiée  par  un  édit  de  la  inAine  année.  Il  se  soumettront  à  y  enseigner 
la  doctrine  qui  y  est  contenue,  et  les  év."-ques  adresseront  une  expédition 
en  forme  de  cette  soumission,  au  conseiller  d'Etat  chargé  de  toutes  les 
aOaires  concernant  les  cultes. 

Art.  25.  —  Les  évêques  enverront,  toutes  les  années,  a  ce  conseiller 
d'Etat,  le  nom  des  personnes  qui  étudieront  dans  les  Séminaires  et  qui  se 
destineront  à  l'état  ecclésiastique. 

AnT.  20.  —  Ils  ne  pourront  ordonner  aucun  ecclésiastique,  s'il  ne  justifie 
d'une  propriété  produisant  au  moins  un  revenu  annuel  de  trois  cents  franc«; 
s'il  n'a  atteint  l'âge  de  vingt-cinq  ans,  et  s'il  ne  réunit  pas  les  qualités 
requises  par  les  canons  reçus  en  France. 

Les  évêques  ne  feront  aucune  ordination  avant  que  le  nombre  des 
personnes  à  ordonner  ait  été  soumis  au  gouvernement  et  par  lui  agréé. 

Section  IV.  —  Des  curés. 

Art.  27.  —  Les  curés  ne  pourront  entrer  en  fonctions  qu'après  avoir 
prêté,  entre  les  mains  du  préfet,  le  serment  prescrit  par  la  convention 
pas!=ée  entre  le  gouvernement  et  le  Saint-Siège.  Il  sera  dressé  procès- 
verbal  de  cette  prestation,  par  le  secrétaire  général  de  la  préfecture,  et 
copie  collationnée  leur  en  sera  délivrée. 

Art.  28.  —  Ils  seront  mis  en  possession  par  le  curé  ou  le  prAtre  que 
l'évêque  désignera. 

Art.  29.  —  Ils  seront  tenus  de  résider  dans  leur  paroisse. 

Art.  30.  —  Les  curés  seront  immédiatement  soumis  aux  évêques,  dans 
l'exercice  de  leurs  fonctions. 

Art.  31.  — Les  vicaires  et  desservants  exerceront  leur  ministère  sous  la 
surveillance  et  la  direction  du  curé. 

Ils  seront  approuvés  par  l'évêque  et  révocables  par  lui. 

Art.  32. —  Aucun  étranger  ne  pourra  être  employé  dans  les  fonctions 
du  ministère  ecclésiastique,  sans  la  permission  du  gouvernement. 

Art.  33.  —  Toute  fonction  est  interdite  à  tout  ecclésiastique,  même 
Français,  qui  n'appartient  à  aucun  diocèse. 

Art.  34.  — Un  prêtre  ne  pourra  quitter  son  diocèse  pour  aller  desservir 
dans  un  autre,  sans  la  permission  de  son  évèque. 

Section  V.  —  Des  Chapitres  cathédraux  et  du  gouvernement  des  diocèses 
pendant  la  vacance  des  sièges. 

Art.  3d.  — Les  archevêques  et  évêques  qui  voudront  user  de  la  faculté 
qui  leur  est  donnée  d'établir  des  Chapitres,  ne  pourront  le  faire  sans  avoir 
rapporté  l'autorisation  du  gouvernement,  tant  pour  l'établissement  lui- 
même  que  pour  le  nombre  et  le  choix  des  ecclésiastiques  destinés  à  le  former 

Art.  36.  —  Pendant  la  vacance  des  sièges,  il  sera  pourvu  par  le  métro- 
politain, et,  à  son  défaut,  par  le  plus  ancien  des  évêques  suffragants,  au 
gouvernement  des  diocèses. 

Les  vicaires  généraux  de  ces  diocèses  continueront  leurs  fonctions, 
même  après  la  mort  de  l'évêque,  jusqu'à  son  remplacement. 

Art.  37.  —  Les  métropolitains,  les  Chapitres  cathédraux  seront  tenus, 
sans  délai,  de  donner  avis  au  gouvernement  de  la  vacance  des  sièges  et 
des  mesures  qui  auront  été  prises  pour  le  gouvernement  des  diocèses 
vacants. 

Art.  '^S.  — Les  vicaires  généraux  qui  gouverneront  pendant  la  vacance, 
ainsi  que  les  métropolitains  ou  capitulaires,  ne  se  permettront  aucune 
innovation  dans  les  usages  et  coutumes  des  diocèses. 


ARTICLES   ORGANIQUES  277 

Titre  UI.  —  Du  culte. 

Art.  39.  —  Il  n'y  aura  qu'une  liturgie  et  un  catéchisme  pour  toutes  les 
Eglises  de  France. 

Art.  4U.  —  Aucun  curé  ne  pourra  ordonner  des  prières  publiques 
extraordinaires  dans  sa  paroisse  sans  la  permission  spéciale  de  l'évêque. 

Art.  41.  —  Aucune  fête,  à  Texception  du  dimanctie,  ne  pourra  être 
établie  sans  la  permission  du  gouvernement. 

Art.  42.  —  Les  ecclésiastiques  useront,  dans  les  cérémonies  religieuses, 
des  habits  et  ornements  convenables  à  leurs  titres  :  ils  ne  pourront, 
dans  aucun  cas,  ni  sous  aucun  prétexte,  prendre  la  couleur  et  les  marques 
distinctives  réservées  aux  évêques. 

Art.  43.  —  Tous  les  ecclésiastiques  seront  habillés  à  la  française  et  en 
noir. 

Les  évêques  pourront  joindre  à  ce  costume  la  croix  pectorale  et  les  bas 
violets. 

Art.  44.  —  Les  chapelles  domestiques,  les  oratoires  particuliers  ne 
pourront  être  établis  sans  une  permission  expresse  du  gouvernement, 
accordée  sur  la  demande  de  l'évêque. 

Art.  45.  —  Aucune  cérémonie  religieuse  n'aura  lieu  hors  des  édifices 
consacrés  au  culte  catholique,  dans  les  villes  où  il  y  a  des  temples 
destinés  à  différents  cultes. 

Art.  46.  —  Le  même  temple  ne  pourra  être  consacré  qu'à  un  même 
culte. 

Art.  47.  —  11  y  aura,  dans  les  cathédrales  et  paroisses,  une  place  dis- 
tinguée pour  les  individus  catholiques  qui  remplissent  les  autorités  civiles 
et  militaires. 

Art.  48.  —  L'évêque  se  concertera  avec  le  préfet  pour  régler  la  manière 
d'appeler  les  fidèles  au  service  divin  par  le  son  des  cloches.  On  ne  pourra 
les  sonner  pour  toute  autre  cause,  sans  la  permission  de  la  police 
locale. 

Art.  49.  —  Lorsque  le  gouvernement  ordonnera  des  prières  publiques, 
les  évêques  se  concerteront  avec'Ie  préfet  et  le  commandant  militaire  du 
lieu,  pour  le  jour,  l'heure  et  le  mode  d'exécution  de  ces  ordonnances. 

Art.  50.  —  Les  prédications  solennelles  appelées  serinons,  et  celles 
connues  sous  le  nom  de  stations  de  l'A  vent  et  du  Carême,  ne  seron  faites 
que  par  des  prêtres  qui  en  auront  obtenu  une  autorisation  spéciale  de 
l'évêque. 

Art.  51.  —  Les  curés,  aux  prônes  des  messes  paroissiales,  prieront  et 
feront  prier  pour  la  prospérité  de  la  République  française  et  pour  les 
consuls. 

Art.  52.  —  Ils  ne  se  permettront,  dans  leurs  instructions,  aucune 
inculpation  directe  ou  indirecte,  soit  contre  les  personnes,  soit  contre 
les  autres  cultes  autorisés  par  l'Etat. 

Art.  53.  —  Ils  ne  feront  au  prône  aucune  publication  étrangère  à 
l'exercice  du  culte,  si  ce  n'est  celles  qui  seront  ordonnées  par  le 
gouvernement. 

Art.  o4.  —  Ils  ne  donneront  la  bénédiction  nuptiale  qu'à  ceux  qui 
justifieront,  en  bonne  et  due  forme,  avoir  contracté  mariage  devant 
ï'ollicier  civil. 

Art.  53.  —  Les  registres  tenus  par  les  ministres  du  culte,  n'étant  et  ne 
pouvant  être  relatifs  qu'à  l'administration  des  sacrements,  ne  pourront, 
dans  aucun  cas,  suppléer  les  registres  ordonnés  par  la  loi  pour  constater 
l'état  civil  des  Français. 

Art.  56.    —  Dans' tous  les  actes  ecclésiastiques  et  religieux,    on  sera 


278  ARTICLES    ORGAMQUES 

obligé  «le  se   servir   du   calemlrlcr  d'éqiiirinxe,   établi    par   les  lojs   de  la 
Héi)ublique:   on  désignera  les  jours  par  les  noms  qu'ils  avaient  dans  le 
calendrier  des  solstices. 
Aux.  57. —  Le  repos  des  fonctionnaires  publics  sera  fixé  au  dimanche. 

TiTiiE  IV.  —  De  la  circonscription  des  archevêchés,  des  évèchés 
et  des  paroisses,  des  édifices  destinés  au  culte,  et  du  traitement 
des  ministres. 

Section  I. —  De  la  circonscription  des  archevêchés  et  des  évêchés. 

Art.  58.  —  11  y  aura  en  France  di.x  archevêchés  ou  métropoles  et 
cinquante  évêchés. 

AuT.  59. —  La  circonscription  des -métropoles  et  des  diocèses  sera  faite 
conformément  au  tableau  ci-joint. 

Section  II.  —  De  la  circonscription  des  paroisses. 

Ar.T.  00.  —  Il  y  aura  au  moins  une  paroisse  dans  chaque  justice  de 
paix. 

11  sera  en  outre  établi  autant  de  succursales  que  le  besoin  pourra 
l'exiger. 

AuT.  Gl. —  Chaque  évêque,  de  concert  avec  le  préfet,  réglera  le  nombre 
et  l'étendue  de  ces  succursales.  Les  plans  anvtés  seront  soumis  au 
gouvernement,  ne  pouront  être  mis  à  exécution  sans  son  autorisation. 

Art.  G2.  —  Aucune  partie  du  territoire  français  ne  pourra  être  érigée 
en  cure  ou  succursale,  sans  l'autorisation  expresse  du  gouvernement. 

Art.  03.  —  Les  prêtres  desservant  les  succursales  seront  nommés  par 
les  évêques. 

Section  UI.  —  Du  traitement  des  ministres. 

Art.  64 —  Le  traitement  des  archevêques  sera  de  13  000  francs. 

Art.  65. —  Le  traitement  des  évoques  sera  de  10  000  francs. 

Art.  66. —  Les  curés  seront  distribués  en  deux  classes. 

Le  traitement  des  curés  de  la  première  classe  sera  porté  à  l'JOO  fr.  ; 
celui  des  curés  de  la  seconde  classe  à  1000  francs. 

Art.  67.  —  Les  pensions  dont  ils  jouissent,  en  exécution  des  lois  de 
r.\ssemblée  constituante,  seront  précomptées  sur  leur  traitement. 

Les  Conseils  généraux  des  grandes  communes  pourront,  sur  les  biens 
ruraux  ou  sur  leurs  octrois,  leur  accorder  une  augmentation  de  traitement, 
si  les  circonstances  l'exigent. 

Art.  68. —  Les  vicaires  et  desservants  seront  choisis  parmi  les  ecclé- 
siastiques pensionnés,  en  exécution  des  lois  de  r.Vsscmblée  constituante. 

Le  montant  de  ces  pensions  et  le  produit  des  oblations  formeront  leur 
traitement. 

Art.  60.  —  Les  évêques  rédigeront  les  projets  de  règlements  relatifs 
aux  oblations  que  les  ministres  du  culte  sont  autorisés'à  recevoir  pour 
l'administration  des  sacrements.  Les  projets  de  règlements  rédigés  par 
les  évêques  ne  pourront  être  publiés  ni  autrement  mis  à  exécution  qu'après 
avoir  été  approuvés  par  le  gouvernement. 

Art.  70.  —  Tout  ecclésiastique,  pensionnaire  de  l'Etat,  sera  privé  de  sa 
pension,  s'il  refuse,  sans  cause  légitime,  les  fonctions  qui  pourront  lui 
être  confiées. 

Art.  71. —  Les  Conseils  généraux  de  département  sont  autorisés  à 
procurer  aux  archevêques  un  logement  convenable. 


ARTICLES   ORGANIQUES  279 

Art.  72.  —  Les  presbytères  et  les  jardins  attenants  non  aliénés  seront 
rendus  aux  curés  et  aux  desservants  des  succursales,  A  défaut  de  ces 
presbytères,  les  Conseils  généraux  des  communes  sont  autorisés  à  leur 
procurer  un  logement  et  un  jardin. 

AuT.  73.  —  Les  fondations  qui  ont  pour  objet  l'entretien  des  ministres 
et  l'exercice  du  culte  ne  pourront  consister  qu'en  rentes  constituées  sur 
l'Etat;  elles  seront  acceptées  par  l'évêque  diocésain,  et  ne  pourront  être 
exécutées  qu'avec  l'autorisation  du  gouvernement. 

Art.  74.  —  Les  immeubles,  autres  que  les  édifices  publics,  destinés 
au  logement,  et  les  jardins  attenants,  ne  pourront  être  atiectés  à  des 
titres  ecclésiastiques,  ni  possédés  par  les  ministres  du  culte  à  raison  de 
leurs  fonctions. 

Sectio.x  IV.  —  Des  édifices  destinés  au  culte. 

Art.  75.  —  Les  édifices  anciennement  destinés  au  culte  catholique, 
actuellement  dans  les  mains  de  la  nation,  à  raison  d'un  édifice  par  cure 
et  par  succursale,  seront  mis  à  la  disposition  des  évêques  par  arrêté  du 
préfet  du  département. 

Une  expédition  de  ces  arrêtés  sera  adressée  au  conseiller  d'Etat  chargé 
de  toutes  les  affaires  concernant  les  cultes. 

Art.  76.  —  Il  sera  établi  des  fabriques  pour  veiller  à  l'entretien  et  à  la 
conservation  des  temples,  à  l'administration  des  aumônes. 

Art.  77.  —  Dans  les  paroisses  où  il  n'y  aura  point  d'édifice  disponible 
pour  le  culte,  l'évêque  se  concertera  avec  le  préfet  pour  la  désignation 
d'un  édifice  convenable. 


TABLE    DES    MATIERES 


Avant-propos V 

Portrait  et  biographie  de  S.  S.  Pie  IX VU 

Ouvrages  à  consulter  sur  S.  S.  Pie  IX. XV 

Portrait  et  biographie  de  S.  S.  Grégoire  XVI XVII 

Ouvrages  à  consulter  sur  S.  S.  (irégoire  XVI XX 

Portrait  et  biographie  de  S.  S.  Pie  VII XXI 

Ouvrages  à  consulter  sur  S.  S.  Pie  VII XXIX 

Ouvrages  à  consultersur  le  Concordatct  les  articlesorganiqucs.    XXX 
Encyclique  de  S.  S.  Pie  IX   «  Quanta  cura  »   sur  les  erreurs 
modernes,  aux  Patriarches,  Primats,  Archevêques  et  Evèques 

du  monde  catholique,  S  décembre  1S6A 2 

Zèle  des  Souverains  Pontifes  contre  l'erreur.  —  Ce  qu'a  déjà  Tait 
Pie  IX  contre  les  erreurs  actuelles.  —  Ce  qui  l'oblige  à  élever  de 
nouveau  la  voix.  —  Athéisme  dans  le  gouvernement.  —  Liberté  de 
conscience.  —  Liberté  des  cultes.  —  Liberté  de  la  presse.  —  Souve- 
raineté du  peuple  ;  doctrine  des  faits  accomplis.  —  De  l'aumône  et 
du  repos  des  jours  fériés.  —  Communisme,  socialisme,  éducation 
donnée  par  l'Etat.  —  Subordination  de  l'Eglise  à  l'Etat.  —  Obéis- 
sance due  à  l'Eglise.  Négation  de  la  divinité  de  Jésus-Christ.  — 
Exhortation  pressante  de  combattre  toutes  ces  erreurs.  —  Politique 
chrétienne.  —  Invitation  à  la  prière  pour  les  besoins  de  l'Eglise.  — 
Jubilé  —  S'adresser  à  la  Sainte  ^'ierge. 

SvLLABUS  (résumé)  des  principales  erreurs  de  notre  temps 
signalées  dans  les  allocutions  consistoriales,  encycliques  et 

autres  lettres  apostoliques  de  :<.  1.5.  P.  le  pape  Pie  LX 18 

Panthéisme;  Naturalisme  et  Rationalisme  absolu.  —  Rationalisme 
modéré!  —  Inditlërentisme,  latitudinarisme.  —  Socialisme,  commu- 
nisme, Sociétés  secrètes;  Sociétés  bibliques;  Sociétés  clérico-libé- 
rales.  —  Erreurs  relatives  à  l'Eglise  et  à  ses  droits;  erreurs  relatives 
à  la  société  civile,  considérée  soit  en  elle-même,  soit  dans  ses  rapports 
avec  l'Eglise.  —  Erreurs  concernant  la  morale  naturelle  et  chré- 
tienne. —  Erreurs  concernant  le  mariage  chrétien.  —  Erreurs  sur  !e 
principat  civil  du  Pontife  romain.  —  Erreurs  qui  se  rapportent  au 
libéralisme  moderne. 

Encyclique  de  S.  S.  Pie  IX  «I.ncredibii.i  afflictamur»,  sur  la  per- 
sécution dans  la  Nouvelle-Grenade,  à  Mgr  Antoine,  arche- 
vêque de  Santa-Fé  de  Bogota  et  au*  autres  évèques  de  la 
Nouvelie-Grenade,  y?  se^î^e/HÔre /(S65 36 


TABLE  DES   MATIÈRES  281 

Persécutions  impies  ;i  la  Nouvelle -Grenade.  ^  Lois  iniques  rendues 
depuis  deux  ans.  —  Asservissemenb  du  rainisti're  ecclésiastique.  — 
Confiscations .  —  Liberté  des  cultes.  ^  Suppression  des  commu- 
nautés religieuses.  —  Défense  de  promulguer  les  lettres  du  Pape.  — 
Obligation  de  prêter  serment.  —  Courage  des  évèques.  —  Fureurs- 
du  gouvernement  contre  l'épiscopat  et  le  clergé  fidèle.  —  Odieuses 
persécutions  '^ontre  les  religieuses.  —  Profanation  des  choses  sacrées. 

—  Dangers  pour  le  salut  éternel.  —  Défections  douloureuses.  —  Le 
Pape  doit  parler.  —  Ses  protestations.  —  Ses  e.xhortations.  —  Féli- 
citations aux  évèques.  —  Au  clergé.  — Aux  religieuses.  —  Au  peuple 
demeuré  fidèle.  —  Invitation  à  prier. 

Encyclique  de  S.  S.  Pie IX  «  Qu.\nto  configiamor  »,aux  cardinaux, 
archevêques  et  évèque*^  d'Italie,  iO  août  1863 46 

Consolations  que  donne  au  Saint-Père  l'épiscopat  italien.  —  Si  le 
triomphe  de  la  religion  n'est  pas  prochain,  il  est  sûr.  —  La  gloire  de 
l'Eglise  éclate  au  milieu  des  persécutions  actuelles.  —  Obligation  de 
condamner  l'erreur.  —  Indiiïérence  en  fait  de  religion.  —  Hors  de 
l'Eglise  point  de  salut.  —  Charité  obligatoire  envers  ceux  mêmes 
qui  ne  sont  pas  catholiques.  —  Attachement  à  la  terre. — Travailler 
pour  vivre.  —  Trahison  de  prêtres  italiens.  -^  On  veut  détruire 
l'Eglise  en  Italie.  —  Il  faut  résistera  ses  ennemis.  —  Nécessité  d'ins- 
truire le  peuple.  —  Félicitations  et  exhortations  au  clergé  fidèle,  aux 
religieuses,  au  peuple  clirétien.  —  Confiance  aux  promesses  de  Jésus- 
Christ.  —  Exhortation  à  la  prière. 

Lettre  apostolique  de  S.  S.  Pie  IX  «  Cum  catholica  »,  surle  pouvoir 
temporel  du  Pape,  26  mars  1860 62 

Desseins  de  la  Providence  en  accordant  au  Pape  un  pouvoir  tem- 
porel. —  Ce  pouvoir  est  sacré.  — ■  Comment  il  est  attaqué  par  les 
ennemis  de  l'Eglise.  —  Manœuvres  employées  contre  lui  par  le  gou- 
vernement piémontais.  —  Protestation  du  Pape,  des  évèques  et  des 
fidèles.  —  Usurpation  du  Piémont.  —  Obligation  imposée  au  Pape.  — 
Excommunication  des  coupables.  —  Elle  est  réservée  au  Pape.  — 
Vœux  en  faveur  des  excommuniés.  —  Rien  ne  peut  infirmer  la  sen- 
tence du  Pontife.  —  Publication  de  la  sentence. 

Encyclique  de  S.  S.  Pie  IX  «  Singulari  quideu  »,  sur  les  erreurs 
présentes  elles  rapports  de  la  raison  et  de  la  foi,  aux  cardi- 
naux, archevêques  et  évèques  d'Autriche,  47  mars  1836 78 

Assemblée  du  clergé  à  Vienne.  — Concordat  avec  l'empereur  d'Au- 
triche. —  Mode  d'exécution  du  Concordat.  —  Vigilance  pastorale. 

—  Première  source  de  nos  maux  :  Indifférence  en  matière  de  religion. 

—  Les  deux  éléments  de  la  religion.  —  Autre  source  de  maux  :  le 
rationalisme.  —  Exercice  légitime  de  la  raison.  —  La  raison  est  évi- 
demment obligée  de  se  soumettre  à  la  foi.  —  La  foi  repose  sur  l'au- 
torité. —  La  foi  nuit-elle  aux  progrès  de  la  science?  —  Nécessité  de 
ranimer  l'esprit  religieux.  —  Conciles  provinciaux.  —  Discipline 
ecclésiastique.  —  Retraites   ecclésiastiques.  —  Direction   des   Petits 


282  TABLE   DES   MATIÈRES 

et  (les  Grands  Séminaires.  —  Education  catholique  delà  jeunesse. — 
Missions.  —  Visites  éplscopalcs.  —  Synodes  diocésains.  —  Confé- 
rences ecclésiastiques.  —  Ministère  des  curés.  —  Leurs  devoirs.  — 
Rapports  ;'i  envoyer  à  Uonic  sur  l'état  des  diocèses.  —  Rites  et  cou- 
tumes de  l'Eglise  d'Orient.  —  Ranimer  le  zèle  du  clergé  oriental.  — 
Recourir  au  Pape.  —  Union  dans  le  clergé.  —  Jésus-Christ  modèle 
des  pasteurs.  —  Vœux  et  bénédiction  apostoliques. 

Constitution  de  S.  S.  Pie  IX  «  Ineff.xbilis  Deus  »  sur  l'Imma- 
culée-Conception de  la  Sainte  Vierge,  8  décembre  iSoi 102 

Concessions  faites  par  les  prédécesseurs  de  Pie  IX  en  faveur  de  l'Im- 
maculée Conception.  —  Alexandre  VII  sur  la  doctrine  de  l'Immarulée 
Conception.  —  Hommages  rendus  par  tous  les  chrétiens.  —  llom- 
luages  rendus  par  les  Pères  de  l'Eglise.  —  Figures  de  l'Immaculée 
Conception.  —  Figures  de  Marie.  —  Piété  des  Pères  et  des  chrétiens 
envers  Marie.  —  Réunion  du  consistoire.  —  Définition  du  dogme  de 
l'Immaculée  Conception.  —  Actions  de  grâces  à  Marie.  —  Recom- 
mandations aux  fidèles. 

Lettre  apostolique  de  S.  S.  Pie  IX  «  Ad  apostolic^  sedis  »  con- 
damnant et  prohibant  les  Institutions  du  Droit  ecclésiastique 
par  Nuytz.  et  le  Traité  de  droit  ecclésiastique  universel  du  même 

auteur,  22  août  iSoi 130 

Impérieuse  obligation  de  condamner  les  mauvais  livres.  Les 
ouvrages  de  Nuytz  reproduisent  des  erreurs  déjà  condamnées.  — 
Erreurs  relatives  à  la  puissance  ecclésiastique.  —  Erreurs  relatives 
au  mariage.  —  Autres  faussetés.  —  But  impie  de  l'auteur.  —  Sentence 
de  condamnation.  —  Suspense  et  excommunication.  —  Exhortation 
à  combattre  l'erreur.  —  Promulgation  de  la  sentence. 

Lettre  apostolique  de  S.  S.  Pie  IX  «  Multiplices  inter  «  condam- 
nant et  prohibant  la  Défense  de  l'autorité  du  gouvernement  et 
des  évoques  contre  les  prétentions  de  la  cour  romaine  par  Fran- 
çois de  Paule,  Y  0  juin  iSoi 140 

Erreurs  contenues  dans  l'ouvrage  de  François  de  Paule.  —  Quali- 
fications de  ces  erreurs.  —  Excommunication  prononcée  contre  les 
lecteurs  ou  les  possesseurs  de  l'ouvrage.  —  Publication  de  cette 
condamnation. 

Encyclique  de  S.  S.  Pie  IX  «  Ncstis  et  nouiscum  »  sur  la  religion 
en  Italie  et  les  erreurs  présentes,  aux  cardinaux,  arche- 
vêques et  é vêques  d'Italie,  8  décembre  1849 146 

Rage  impie  des  révolutionnaires  pendant  qu'ils  dominaient  à 
Rome.  —  Us  représentent  le  catholicisme  comme  un  obstacle  au 
bonheur  et  à  la  gloire  de  l'Italie.  —  Ce  que  l'Italie  doit  au  catholi-  • 
cisme.  —  Combien  la  civilisation  chrétienne  l'emporte  sur  la  civili- 
sation païenne.  —  Le  but  des  révolutionnaires  est  d'établir  le  socia- 
lisme et  le  communisme.  —  Prendre  courage  et  s'opposer  énergique- 
ment  au  mal.  —  S'appliquer  d'abord  à  l'instruction  du  peuple.  — 
Insister  sur  la  nécessité  d'être  catholique.  —  Réception  des  sacre- 


TABLE    DES  MATIÈRES  283 

ments.  —  Nécessité  des  missions.  —  Mauvais  livres  et  sociétés  bibli- 
ques. —  Y  opposer  la  composition  et  la  propagande  de  bons  livres. 

—  Attachement  à  l'Eglise  romaine.  —  Obéissance  au  Souverain  Pon- 
tife. —  Démasquer  les  desseins  pervers  du  socialisme.  —  Nécessité 
de  l'autorité.  —  De  l'inégalité  des  conditions.  —  Vraie  liberté,  égalité 
parfaite  dans  la  religion.  —  Affreux  dangers  du  communisme.  — 
Précautions  à  prendre  pour  l'admission  à  la  cléricature.  —  Avis  aux 
religieux.  —  Séminaires.  —  Education  religieuse  de  la  jeunesse.  — 
Sérieux  avertissements  donnés  aux  princes  par  les  événements 
actuels.  —  Remèdes  à  tous  nos  maux.  — ■  Ne  rien  négliger  pour 
s'opposer  aux  complots  des  méchants.  —  Recourir  à  la  prière. 

Encyclique  de  S.  S.  Pie  IX  «  Qui  pluribus  »,  aux  patriarches, 
primats,  archevêques  et  évêques  du  monde  catholique, 
9  novembre  48 i6 176 

Conspiration  ourdie  contre  la  religion  catholique  et  contre  la 
société  civile.  —  La  religion  représentée  comme  étant  contraire  aux 
lumières  de  la  raison.  —  La  religion  attaquée  au  nom  du  progrès. 

—  Preuves  éclatantes  de  la  divinité  de  la  religion.  —  Divine,  uni- 
verselle et  incomparable  autorité  de  l'Eglise  romaine.  —  Condam- 
nation nouvelle  des  sociétés  secrètes  et  des  sociétés  bibliques.  — 
Indifférence  en  matière  de  religion.  —  Célibat  ecclésiastique,  éduca- 
tion de  la  jeunesse.  —  Communisme.  —  Mauvais  livres.  —  Pureté 
de  la  foi.  —  Dévouement  à  l'Eglise  et  obéissance  à  ses  lois.  —  Pré- 
dication. —  Vertus  nécessaires  aux  prêtres.  — Devoirs  des  pasteurs. 

—  Devoirs  des  prédicateurs.  —  Education  des  clercs.  —  Sémi- 
naires. —  Retraites  ecclésiastiques.  —  Influence  du  clergé.  —  Obli- 
gations épiscopales.  —  Concorde  entre  le  sacerdoce  et  l'Empire.  — 
Prier  Dieu,  la  Sainte  Vierge,  les  apôtres  et  les  saints. 

Encyclique  de  saint  Grégoire  XVI  «Mirari  vos»,  aux  patriarches, 
primats,  archevêques  et  évêques  du  monde  catholique, 
U  août  4832 200 

Troubles  publics.  —  Etat  déploi'able  de  la  société.  Guerre  impla- 
cable déclarée  a  l'Eglise.  —  Désastre  qu'elle  attire  jusque  dans 
l'ordre  civil.  —  Le  devoir  des  Pontifes  est  d'y  remédier.  —  Attache- 
ment à  l'Eglise  romaine.  —  Les  évêques  soumis  au  Pape  et  les 
prêtres  à  l'évêque.  — Respect  pour  la  discipline  de  l'Eglise.  —  Enne- 
mis du  célibat  ecclésiastique.  —  Indissolubilité  du  mariage.  —  Autorité 
de  l'Eglise  sur  le  mariage.  —  Indifférentisme.  —  Liberté  de  con- 
science. ~  Liberté  de  la  presse.  —  Les  mauvais  livres.  —  Index  des 
livres  prohibés.  —  Soumission  due  aux  puissances.  —  Exemples 
donnés  par  les  premiers  chrétiens.  —  Maurice  et  la  légion  thébaine. 

—  Amis  prétendus  de  la  liberté,  trois  amis  du  despotisme.  —  Sépa- 
ration de  l'Eglise  et  de  l'Etat.  —  Sociétés  secrètes.  —  Obligation  de 
combattre  pour  ia  foi.  —  Les  princes  doivent  protéger  la  religion. 

—  Prier  avec  mstance. 

Encyclique    de   S.  S.    Grégoire  XVI    «   I.nter  pr^ecipuas  »,  sur 


284  TAIILE   DES   MATlicUKS 

l'étude  et  l'interprétation  de  la  Bible,  aux  patriarches,  pri- 
mats,arche  vôques  et  évèques  du  monde  cathol  ique,  S  mai  i  Si  i.  222 
Dessein  coupable  des  Sociétés  bibliques.  —  Tous  ne  sont  |)as 
capables  d'entenJre  l'Ecriture  par  eux-inéuies.  —  Combien  l'Eglise 
romaine  prend  à  tâche  de  faire  connaître  l'Ecriture  au  peuple.  — 
Précautions  à  prendre  pour  les  versions  de  la  Bible  en  lanj,'ue  vul- 
gaire, —  Condaumation  des  Sociétés  bibliques.  —  Uésultats  heureux 
de  cette  condamnation.  —  L'alliance  chrétienne  formée  contre  les 
Italiens.  —  Condanmation  de  l'alliance  chrétienne.  —  Règles  rela- 
tives aux  traductions  de  la  Bible  en  langue  vulgaire  et  aux  livres 
prohibés.  —  Instruire  avec  soin  les  fidèles.  —  Enseignement  de 
l'Ecriture.  —  Déjouer  les  etforts  tentés  auprès  des  Italiens.  —  Les 
princes  doivent  leur  appui.  —  Prière. 

Lettre  apostolique  de  Pie  VII  «  Post  t.\m  diuturn.\s  »,  à  Mgr  de 
Boulogne,  évoque  de  Troyes,  29  aiTiMS/4 240 

Joie  de  Pie  VII  à  l'avènement  de  Louis  XVIII.  —  Douleur  qu'il 
éprouve  :  la  nouvelle  constitution  ne  parle  pas  de  Dieu  ni  de  la  reli- 
gion catholique.  —  Elle  consacre  la  liberté  des  cultes,  la  liberté  de 
la  presse.  —  Autres  défauts.  —  Les  évoques  doivent  travailler  à  obte- 
nir que  le  roi  ne  souscrive  pas  ces  articles.  —  Considération  à  faire 
valoir.  —  Le  roi  doit  se  déclarer  protecteur  de  la  religion. 

Encyclique  de  S.  S, Pie  VII«Dius.\tis)),  aux  patriarches,  primats, 
archevêques  et  évêques  du  monde  catholique,  15  mai  4800.     248 

Eloge  de  Pie  VI.  —  La  Providence  se  manifeste  visiblement  pour 
lui  choisir  un  successeur.  —  Ainsi  Dieu  a  déjoué  les  complots  des 
ennemis  de  son  Eglise.  —  Confiance  en  Dieu  du  nouveau  Pontife. 
—  II  recommande  l'union  à  l'épiscopat.  —  La  religion  assure  le 
bonheur  des  peuples.  —  Tous  les  évèques  doivent  se  dévouer  à  la 
faire  fleurir.  —  Avec  quel  soin  ils  doivent  choisir  les  ministres 
sacres.  —  Pourvoir  à  l'éducation  chrétienne  de  la  jeunesse.  — 
Ecarter,  anéantir  les  mauvais  livres.  —  Vigilance  continuelle.  — 
Liberté  de  la  discipline  ecclésiastique.  —  Respect  dû  aux  propriétés 
ecclésiastiques.  —  Les  princes  doivent  être  les  protecteurs  de 
l'Eglise.  —  Union  de  prières. 

Texte  du  Concordat  de  1801 264 

Protestations  contre  les  Articles  organiques 273 

Texte  des  Articles  organiques  du  Concordat  de  ISOi 274 


TABLE  DES  MATIÈRES 

PAR  ORDRE  ALPHABÉTIQUE 


A 

Ad  aposfolicœ,  Encyclique  de 
S.  S.  Pie  IX 130 

Alexandre  VII  (Témoignage  de 
N.  S. -P.  le  Pape)  sur  la  doc- 
trine de  l'Immaculée  Con- 
ception      109 

Alliance  chrétienne  formée 
contre  les  Italiens 233 

—  (Condamnation   de  V). .     235 
Articles  organiques  (Protesta- 
tion contre  les) 274 

—  (Texte  des) 276 

Athéisme  dans  le  gouverne- 
ment          7 

Autorité  (Nécessité  de  1') 161 

B 

Bible  (Précautions  à  prendre 
pour  les  versions  de  la)  en 
langue  vulgaire,  227 235 

Bibliques  (Condamnation  des 
Sociétés),  23,    137,  183,  223,     229 

C 

Catholicisme  (Les  révolution- 
naires      représentent      le) 
comme  un  obstacle  au  bon- 
heur et  à  la  gloire  deTItalie .     1 49 
Catholique  (Nécessité  d'f'tre).     155 

Célibat  ecclésiastique,  187 209 

Chanoines  (Obligations  des)..       89 
Charité   obligatoire   envers  le 

prochain 53 

Chrétiens  (Exemples  de  sou- 
iTiission  au  pouvoir  donnés 

par  les  premiers) 215 

Civilisation  chrétienne  (Excel- 
lence de  la) 151 

Clergé  (Discipline  du)  89,  165, 
191 261 

—  (Influence  du) 197 

—  (Union  du) 99 

—  (Concorde  entre  le)    et 


le  pouvoir  civil 199 

—  (Assemblée  du)  à 
Vienne 77 

—  (Ranimer  le  zèle  du) 
oriental 99 

Cléricature  (Précautions  à 
prendre  pour  l'admission  à 
la) 167 

Clérico-libérales  (Condamna- 
tion des    Sociétés) 23 

Communisme  (Dangers  et  con- 
damnation du)  9,  23,  145, 
161,  165,  173 187 

Conception  (Bulle  «  Ineffa- 
bilis  »  proclamant  l'Imma- 
culée) de  Très  Sainte  Vierge.     103 

—  (Hommages  rendus  par 

les  chrétiens  à  l'Immaculée).     131 

—  (Hommages  rendus  par 

les  Pères  à  l'Immaculée)...     113 

—  (Figures  de  l'Imma- 
culée)      115 

—  (Doctrine  touchant  l'Im- 
maculée)      121 

—  (Définition  du  dogme  de 
l'Immaculée) 123 

Conciles  provinciaux 87 

Concordat  avec  l'empereur 
d'Autriche 77 

—  (Mode  d'exécution  du). .       79 
Concordat  de  1801  entre  S.  S. 

Pie  VII  et  l'empereur  Napo- 
léon I"".  Texte  et  observa- 
tions      264 

—  (Ouvrages    à    consulter  xxxt 
sur  le) 

Conditions  (De  l'inégalité  des).     163 
Conscience  (Liberté  de)7,  211,    243 

Cultes  (Liberté  des)  7,  39 243 

Cum  Catholica,  Encyclique  de 
S.  S.  Pie  IX 62 

D 

Dieu  (Existence  de) 19 

—  (Influence    de) 19 


286 


TADLE    DES    MATIERES    PaV;    ORDRE   ALPHABETIQUE 


iJiu  salis,  Kncvclique  de  S.  S. 
Pie    VII....; 248 

Droit  ecclésiaslique  (Cours  de} 
parNuyIz  et  Traité  sur  le 
droit  ecclésiastique  par  le 
môme  (133).  ConiJamiialion.     131 


Ecclésiastique  (Discipline)  89, 
165,  191 261 

—  (Erreurs  relatives  à  la 
puissance) 133 

Ecclésiastiques^Gouvernement 
des  biens) 261 

Ecritures  (Libre  interprétation 
des  Saintes) 153 

—  (Enseigncmentdes  Sain- 
tes) 22u 237 

Education  donnée  par  l'Etat.        9 

—  catholique  de  la  jeu- 
nesse, 93,  1(59,  187 237 

—  dans  les  Séminaires, 109.     193 
Egalité  parfaite  dans  la  religion 

chrétienne 163 

Eglise  catholifiue  (Autorité 
del') 183 

—  (Autorité  de  1')  sur  le 
mariage 209 

—  (Respect  pour  la  disci- 
pline de  l')... 207 

—  (Les  droits  de  V) 23 

—  (La  gloire  de  1")  éclate 
au  milieu  des  persécutions 
actuelles 49 

—  (Le  pouvoir  de  l') 11 

—  (Utilité  et  fruits  de   1').     173 

—  (L')  est-elle  opposée  aux 
progrès  de  la  science 21 

—  (L')  et  ses  rapports  avec 

la  société  civile 27 

—  (Obéissance,  dévouement 
et  attachement  à  1')  11,  159, 

189 203 

—  Guerre  déclarée  à  l')...     203 

—  (Hors  de  1')  point  de 
salut,  51 81 

—  (Séparation  de  1')  et  de 
l'Etat 217 

Erreur  (Zùle  des  Souverains 
Pontifes  contre  1') 3 

—  (Obligation  de  condam- 
ner I') 51 

Erreurs  présentes  (Ce  qu'a  fait 
Pie  IX  contre  les) 3 

—  (Syllabus  des) 19 

Evêques  (Obligations  des) 197 


—  (Soumission des)  au  l'ajie    207 

—  (Union  des) 233 


Foi  (La),  élément  de   la  reli- 
gion        81 

—  (La)  repose  sur   l'auto- 
rité        85 

—  (La)  ne  nuit  pas  aux  pro- 
grès de  la  science 83^ 

—  (Ramener   les   égarés   à 

la) 81 

—  (Obligation  de  combattre 
pour  la) 219 


Gouvernement  (Le)  athée,...        7 
Grégoire   XVI.  Portrait  (XV); 

biographie  (XVII)  ;  ouvrages 

à  consulter  (XX). 
Grenade  (Persécutions  dans  la 

Nouvelle) 37 


Incredibili  afflictamur.  Ency- 
clique de  S.  S.  Pie  IX 37 

Inditlérentisme,  21,  51,  79, 
187 211 

Ineffabilis  Deus,  Constitution 
de  S.  S.  Pie  IX 102 

Inler  prœcipuas,  Encyclique 
de  S.  S.  Grégoire  XVI 222 

Italie  (Ce  que  I')  doit  au  catho- 
licisme       i49 

i 

Jésus-Christ  (Divinité  de) 13 

—    Modèle  des   pasteurs...  99 

Jeunesse  (Education  de  la)  93, 

169,  187...- 257 


Libéralisme  moderne 33 

Liberté    de    conscience,    des 

cultes,  de  la  presse  (Voir  ces 

mots). 

—  (Vraie)  dans  la  religion 
chrétienne 163 

—  (Prétendus  amis  de  la).. .     217 
Livres  (Propagande  des  bons).     139 

—  (Impérieuse  obligation  de 
condamner  les  mauvais)  131, 

141.  157,  189,  213 237 

Louis   XVIII  (Joie  de  Pic  VII 
à  l'avènement  de) , ...     241 


TADLE    DES   MATIÈRES   PAR   ORDRE   ALPHABÉTIQUE 

M 

Jlariage  chrétien 33 

—  (Indissolubilité  du) 209 

—  (Autorité  de  l'Eglise  sur 
le).. 209 

—  (Erreurs  touchant  le). .. .  13o 
Marie  (Figures  de) 115 

—  (Innoceuce  de) 115 

—  ^Mérites,  gloires  de)... .  117 

—  (Pouvoir  de) 17 

Miracles  (Valeur  des) 19 

Mirari  vos,   Encyclique   de  S. 

S.  Grégoire  XVI 200 

Missions  paroissiales,  93 iS5 

Morale  naturelle  et  chrétienne 

(Erreurs  sur  la) 31 

Mulliplices  intei\  Lettre  apos- 
tolique de  S.  S.  Pie  IX 140 

N 

Naturalisme 19 

Nostis  et  nobiscitm,  Encj'clique 

de  S.  S.  Pie  IX 146 

Nuytz  (Condamnation  des  ou- 
vrages de),  133 137 


OEuvres  (Les),  élément  de  la 
religion 81 

Orient  (Rites  et  coutumes  de 
l'Eglise  d') 97 

Oriental  (Ranimer  le  zèle  du 
clergé) 99 


Panthéisme(Condamnationdu).      19 

Pape  (Obéissance  au) 159 

Pastorale  (Vigilance) 79 

Paule  (Erreurs  contenues  dans 
Touvrage  de  François  de) 
intitulé  :  Défense  de  l'auto- 
rité des  gouvernements  et  des 
évêques  contre  les  pré  tentioi" 
de  la  Cour  romaine  (141j. 
Condamnation  de  cet  ou- 
vrage (143).  Excommunica- 
tion des  lecteurs  et  des  pos- 
sesseurs       145 

Pauvres  (Combien  les)  doivent 

à  la  religion  catholique....     163 
Pères  (Hommages  rendus  par 
les)  à  l'Immaculée  Concep- 
tion de  Marie,  H3 117 

Persécutions  dans  la  Nouvelle 


287 

Grenade 37 

Peuple  (Souveraineté  du) 9 

—  Nécessité  d'instruire  le) 
fil 153 

Philosophie  (Soumission  de  la) 

à  la  religion  catholique 21 

Pie  VI  (Eloge  de) 249 

Pie  VII.  Portrait  (XXI).  Bio- 
graphie (XX 111).  Ouvrages  à 
consulter  (XXXI) 

—  (Joie  de)  à  l'avènement 
de  Louis  XVIII 241 

Pie  IX.  Portrait  (V).  Biogra- 
phie (VU).  Ouvrages  à  con- 
sulter (XIV) 

—  (Ce  qu'a  fait)  contre  les 
erreurs  actuelles 5 

Piémont  (Usuijiation  du) 67 

Piémontais  (Excommunica- 
tion des)  qui  ont  attaqué  le 

pouvoir  temporel 69 

Piété  (Esprit  de) 93 

Politique  chrétienne 13 

Pontifes  (Zèle  des  Souver.dnsj 

contre  l'erreur 3 

Post  tam  c/ù//?<)'?ifls,Lettreapos- 

tolique  de  S.  S.  Pie  VII....     240 
Pouvoir  (Soumission  au) 215 

—  (Exemples  de  soumission 
au)  donnés  par  les  premiers 
chrétiens 215 

Pouvoir  temporel  du  Pape,  35,     171 

—  (Desseins  de  la  Provi- 
dence en  accordant  au  Pane 

le) 63 

—  (Le)  est  sacré 65 

—  (Le)  attaqué  par  les  en- 
nemis de  l'Eglise  et  par  le 
gouvernement    piémontais.       65 

—  (Protestationsdu  Papeet 
des  évéques  contre  les  at- 
teintes portées  au) 67 

—  (Excommunication  por- 
tée   centre    les    Piémontais 

^i:i  ont  attaqué  le) 69 

Freaicateurs  {Devoirs  des)...  ÎS9 

ivresse  (Liberté   de  la)  7,  313.  243 

Prêtres  (choix  des) 255 

—  (Sollicitude    des)    pour 

les  fidèles 95 

—  (  Souuiission  des  )  aux 
évêques 207 

—  (Trahis(ms  des)  italiens      55 
Prière  (Invitation  à  la)  15,  43, 

.•;9,  175,  199,  2îil,  2o9 263 

Princes  (Les)  doivent  protéger 


288 


TABLE    DKS   MATIERES   PAR   ORDRE   ALPHABETIQUE 


la  religion 219 

l'roplicties  (Valeur  des) 19 

Q 

Quanta  cura,  Encyclique  de  S. 

S.  Pie  IX 2 

Quanloconficiamur,Encyc\\(\\xe 

de  S.  S.  Pie  IX 46 

Qui  pluribus.  Encyclique  de  S. 

S.  Pie  IX 176 

R 

Raison  (Exercice  légitime  de  la).      83 

—  (La)    est    obligée   de    se 
soumettre  à  la  foi 83 

Rationalisme 19 

—  (Le),sourcedenosuiaux).      83 

—  (Il  faut  éviter  lei 219 

Religieuses    (Suppression    des 

communautés)  dans  la  Nou- 
velle-Grenade         39 

—  (Utilité  des  commu- 
nautés)      167 

Religion  catholiq  ue  (Les 
dogmes  de  la) 21 

—  (Preuves  de  la  divinité  de 

la) 181 

—  (Lesdcuxélémentsdela).      81 

—  (Combien  lespauvres  doi- 
vent à  la) 163 

—  (La)  n'est  pas  contraire 
aux  lumières  de  la  raison.. .     181 

—  (La)  attaquée  au  nom  du 


progrès 181 

—  (Con  spiration  ourdie 
contre  la) 179 

—  (Indilî'érence     en     ma- 
tière de)  ol,  79,  187 211 

Retraites  sacerdotales,  89....  19o 

Richesses   (Amour  des) 53 


Sacrements  (Réception  des)..     1d5 

Salut  (Hors  de  l'Eglise  point 
de),   .">l 81 

Séminaires  (Direction  et  ins- 
truction dans  les),  iM,  If.'J. .     193 

Sinfjulari  guidem.  Encyclique 
de  S.  S.  Pie  IX 76 

Socialisme  (Dangers  et  con- 
damnation du),  9,  23,  14a, 
161,163 173 

Société  (La)  civile  et  ses  rap- 
ports avec  l'Eglise 27 

—    (L'étatdéplorabledela).    203 

Sociétés  secrètes,  bibliques  et 
clérico-libérales(Condamna- 
tion  des),  23 185 

Syllabusdeserreursprésentes.      19 

Synodes  diocésains 95 


Thébaine  (Maurice  et  la  légion).    213 
V 
I   Vienne  (Assemblée du  clergé  à).      77 


Tj-po^iaphie  Firmiu-Diilot  et  C 


.Mcsiùl  (Eure). 


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